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Full text of "Bibliothèque universelle des voyages .."

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University  of  Toronto 


Iittp://www.archive.org/details/bibliothqueuni06bouc 


BIBLIOTHEQUE 

UNIVERSELLE 

DES  VOYAGES. 

OU 

Notice  complète  et  raîsonnée  de  tous  les  Voyages  ancieiis 
et  modernes  dans  les  différentes  parties  du  monde , 
publiés  tant  en  langue  française  qu'en  langues  étran- 
gères, classés  par  ordre  de  pays  dans  leur  série  chrono- 
logique ;  avec  des  extraits  plus  ou  moins  rapides  des 
Voyages  les  plus  estimés  de  chaque  pays,  et  des  juge- 
mens  motivés  sur  les  Relations  anciennes  qui  ont  le  plus 
de  célébrité  : 

Par  g.  boucher  DE  Lk  RICHARDERIE, 

•    Ex- Juge  en  la  Cour  de  Cassation,  et  Membre  de  la  Société 
française  de  l'Afrique  intérieure,  instituée  à  Marseille. 

TOME  VI. 


A  PARIS, 

Cîiez  Treuttel  el"WuRTZ, ancien liôlel de Lauraguaia, 

rue  de  Lille,  n**  17,  vis-à-vis  les  Théatins; 
El  à  Stuasbouiig,  même  maison  de  conimercf. 

1808.  ..,— 

I   •  C>N»ADSANA 


Z 

■  aïs' 

im 


TABLE 

DES  SECTIONS  ET  DES  PARAGRAPHES 

contenus  dans  ce  volume. 


SUITE  DE  LA  CINQUIEME  PARTIE. 

SECTION   II. 

Descriptions  de  l'Amérique  septentrionale.  Voyages 
faits  dans,  cette  partie  de  T Amérique. 

§.  I.  J_/escriptions  générales  de  l'Améi'ique  septen- 
trionale. Voyages  communs  à  plusieurs  contrées  de  celte 
partie  de  l'Amérique P^ge   i 

5.  II.  Description»  de  la  haie  d'Hudson  ,  de  la  terre  de  La- 
brador ,  de  Terre-Neuve ,  du  Canada  ,  de  la  Gasperio 
(Gaspésie) ,  de  l'Acadie  ou  Nouvelle-Ecosse  ,  du  Cap- 
Breton  ,  et  des  contrées  adjacentes.  Voyages  faits  dans 
ces  parages 1  a 

§.  III.  Relations  communes  au  Canada  et  aux  Etals-Unis 

:••.••' 39 

5.  IV.  Descriptions   des  Etats-Unis  en  général.  Voyages 
faits  dans  difi'érentes  parties  de  ces  états  à  la  fois.  . .      55 
§.  V.  Descriplions  de  j^lusieurs  des  Etats-Unis  en  particu- 
lier. Voyages  faits  dans  ces  états ^5 

Nouvelle-Angleterre , ibicL 

Etal  de  Massachusset nj 

Etat  de  New-Harapshire. ^8 

Etat  de  Vermont , . .     •jc) 


V  TABLEDES    SECTIONS 

Etat  de  Connecticut page     75 

Etal  du  Nouveau-Jersey 80 

Etat  de  New-Yorck ibid. 

Etat  de  la  Pensylvanie 8i 

Etats  de  la  Virginie  et  du  Maryland 84 

Etats  du  Kentuky  et  du  Ténessée 91 

5«  VI.  Descriptions  de  la  Floride.  Voyages  faits  dans  celle 

contrée 1x8 

§.  VII.  Descriptions  de  la  Louisiane.  Voyages  faits  dans 

ce  pays ia4 

$.  VIII.  Descriptions  de  la  Californie.  Voyages  faits  dans 

cette  contrée i4o 

5.  IX.  Descriptions  du  Nouveau-Mexique.  Voyages  faits 

dans  ce  pays 148 

Ç.  X.  Descriptions  du  Mexique.  Voyages  faits  dans  celle 
contrée 149 

SECTION  m. 

Descriptions  des  Aoitilles  en  général. 

$.  I.  Descriptions  communes  aux  Grandes  et  Petites-An- 
tilles. Voyages  faits  dans  les  unes  et  les  autres  de  ce» 
îles i65 

§.  II.  Descriptions  des  Grandes-Antilles.  Voyages  faits 
dans  ces  îles 181 

Ç.  III.  Descriptions  des  Petites- Antilles.  Voyages  faits  dans 
ces  îles , 1 90 

SECTION    IV. 

Descriptions  de  l'Amérique  méridionale  en  géné- 
ral. Voyages  communs  à  plusieurs  contrées  de 
cette  partie  de  l'Amérique 204 

§.  I.  Descriptions  de  l'isthme  de  Panama  ,  de  la  Terre- 
Ferme  ,  de  rOrénoque ,  de  la  Nouvelle-Andalousie  et 
du  nouveau  royaume  de  Grenade 20& 


IT    DES    PARAGRAPHES.  vi; 

J.  II.  Voyages  faits  dans  la  Guiane.  Voyages  faits  dans  cette 

contrée P^ge  25 1 

Ç.  III.  Descriptions  du  Brésil.  Voyages  faits  dans  ce  pays. 

;  •  • • ^ 569 

Ç.  IV.  Descriptions  des  pays  arrosés  par  le  Maragnon  ou 
la  rivière  des  Amazones ,  et  du  Paragua3^  Voyages  faits 
dans  ces  contrées 807 

J.  V.  Descriptions  du  Pérou  et  du  Chili.  Voyages  faits  dans 
ces  deux  pays 3 1 9 

SIXIÈME   ET    DERNIÈRE   PARTIE.) 

SECTION    I. 

Voyages  faits  dans  l'océan  Pacifique  ou  la  mer  du 
Sud  en  général,  et  en  particulier  aux  groupes 
d'îles  compris  sous  la  dénomination  de  Poly- 
nésie     345 

Isles  Pélew 352 

Isles  Mariannes 358 

Les  Caroli)ies 869 

Isles  Sandwich ibid. 

Isles  Marquises 377 

Isles  de  la  Société 378 

Isles  des  Amis  et  des  Navigateurs 884 

Isle  de  Pàc^ues 388^ 

SECTION  II. 

Descriptions  des  Terres  Magellaniques.  Voyages 
faits  dans  ces  pays 39a 


X'iij  TABLE    DES    SECTIONS,   &C. 

SECTION    III. 

Descriptions  des  Terres  Australes.  Voyages  faits 
dans  ce  pays P^gc  4^^ 

Terres  australes  du  Saint-Esprit,  ou  Nouvelles-Hé- 
fcrides  ;  Nouvelle-Calédonie;  Louisiade  ;  îles  et 

détroit  de  Bougainville 4o8 

Nouvelle-Bretagne  et  Nouvelle-Irlande 4'^ 

Nouvelle-Hanovre,  îles  de  l'Amirauté,  desHermites 

et  de  l'Echiquier 4^  ' 

Isle  des  Papous  ou  Nouvelle-Guinée /»  la 

Nouvelle-Hollande 4^7 

Nouvelle-Zélande ^3i 

Terie  ou  île  de  Diémen  et  cap  de  Diénien 4^4 

TabIjE,  par  ordre  alpliabétique  ,  des  noms  des  Voyageurs 
et  des  Auteurs  de  Collections  et  d'Histoires  générales  des 
Voyages,  et  de  Traités  sur  leur  utilité 4^3 


ÏIN    UE    IK    TABLE    DU    TOME    SIXI1.;JIB. 


BIBLIOTHEQUE 

UNIVERSELLE 

DES  VOYAGES- 
SUITE-    ' 

DE  LA  CINQUIÈME  PARTIE, 


SECTION    IL 


Descriptions  de  V  Amérique  septentrionale, 
f^ojages  faits  dans  cette  partie  de  F  Amé- 
rique. 

3.  I.  Descriptions  générales  de  V^tnérique  septen- 
trionale, Voyages  communs  à  plusieurs  contrées 
de  cette  partie  de  V Amérique, 

ri.  APPORT  concis  et  slacère  fait  en  1621,  par 
Thomas  Hatriot ,  sur  Terre-Neuve  et  ]a  Virginie  : 
(  en  anglais  )  Brief  and  true  Rapport  of  the  New 
Fouudland  and of  Virginia.  Londres,  i62S,in-foL 

VI.  A 


â  BIELIOTHEQUB   DES    VOYAGES. 

Relation  dctout  ce  qui  s'est  passé  au  voyage 
de  M.  de  Brétigny  en  l'Amérique  occidentale-sep- 
tentrionale,  par  Paul  Bojer  ^  sieur  de  Pelit-Puy, 
avec  la  description  des  mœurs  des  Sauvages ,  un  dic- 
tionnaire de  la  langue ,  et  un  avis  à  ceux  qui  veulent 
y  établir  des  colonies.  Paris,  Ruelles,  i654,  in-8*. 

Description"  géographique  et  historique  des 
côtes  de  l'Amérique  septentrionale ,  avec  l'histoire 
naturelle  du  pays  ,  par  Denjs ,  enrichie  de  cartes 
géographiques.  Paris,  Billaine  ,  1672  ,  2  vol.  in-12. 

Description  d'un  voyage  dans  quelques  pays  et 
peuples  inconnus  de  l'Amérique  septentrionale  , 
par  P.  Marquette:  (en  allemand)  Beschreibung  einer 
Reise  und  etlicher ,  hisher  noch  unbekannter  Là'nder 
und  Vd'lker  in  Nord •■  America ,  von  P.  Marquette. 
1675  ,  sans  lieu  d'impression,  in-i3. 

—  La  même  ,  Leyde  ,  1757,  in-S**. 

Histoire  de  l'antique  Vinlande  ou  partie  de 
l'Amérique  septentrionale  ,  par  Thomas  Torfaeus  : 
(en  latin)  Thomae  Torfaei  Historia  antiquae  Vin- 
laudiae  seu  partis  Americae  septentrionalis .  Hanau  , 
1705  ;  i&îVf.  1715  ,  in-8°. 

Relation  d'un  pays  nouvellement  découvert 
dans  l'Amérique  septentrionale  :  (en  espagnol) 
Relacion  de  un  paiz  novemente  descubierto  en  Ame- 
rica. Bruxelles ,  1 7 19  ,  in-8°. 

L'Empire  Britannique  en  Amérique,  contenant 
l'histoire  des  découvertes ,  des  établissemens ,  des 
progrès  et  de  l'état  actuel  des  colonies  anglaises 
(dans  le  continent  et  le»  îles  de  TAnaérique ,  renfer- 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  5 

mant  le  tableau  de  ces  contrées  ,  le  sol ,  le  climat , 
les  productions  ,  le  commerce  de  Terre-Neuve  ,  de 
la  Nouvelle-Angleterre  ,  de  la  Nouvelle-Ecosse  ,  de 
la  Nouvelle-Yorck  ,  du  Nouveau-Jersey,  de  la  Pen- 
sylvanie  ,  du  Maryland ,  de  la  Viiv>inie ,  de  la  Caro- 
line ,  de  la  Géorgie  ,  de  la  baie  de  Hudson  ,  de  la 
Barbade ,  de  Sainte-Lucie  ,  de  Saint-Vincent ,  de  la 
Dominique ,  d'Antigues  ,  de  Moniferrat  et  Nevis ,  de 
Saint-Christophe  ,  d'Anguille ,  de  la  Jamaïque  ,  de 
Bahama  et  des  Bermudes  (  par  Jean  Oldmikon  )  ; 
seconde  édition  ,  revue  et  corrigée  ,  avec  la  conti- 
nuation de  l'Histoire  de  ces  colonies  ,  et  les  chan- 
gemens  qui  ont  eu  lieu  dans  leur  situation  et  leur 
commerce  ,  depuis  l'année   17 lo    jusqu^au  temps 
actuel ,  avec  cartes  :  (  en  anglais  )  The  British  Em- 
pire in  America  ,  containing  the  liistory  of  tlie  disco- 
very  y  seulement  y  progress  and  slate  oftlic  british  colo-^ 
nies  y  on  the  continent  and  island  of  America  :  being 
an  account  of  the  countrj ,  sol  ^  climale ,  product ,  and 
trade  of  New-Foundland,  New-England^  New-Scot- 
land  ,  New-Yorch  ,  New-Jersej ,  Pensjlvania ,  Ma- 
ryland, Virginia ,  Carolina ,  Hudson-Bai  ,  Barbades 
St.  Lucia  ,  St.  Vincent,  Dominîca  ,  Antigoa ,  Mont- 
f errât ,  Nevis ,  St.  Christophers ,  Anguilla  ,  Jamaïca, 
Bahama  and  Bermudes  i^bj  John  Oldmikon) ;  second 
édition,  corrected  and  amended;  with  the  continua- 
tion of  the  Historj  and  the  variation  in  state  and 
trade  of  those  colonies ,  from  the  year  1^00  and  the 
présent  time.  Londres,  Brothenton ,  1721,  2,  vol. 
in-8^ 

Histoire  naturelle  de  la  Caroline,  de  la  Flo* 

3 


4  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

ride  et  des  îles  de  Baliama  ,  coulenant  les  dessins 
colorie's  des  oiseaux  ,  poissons  ,  serpcals  ,  iusecles 
et  plantes ,  suivie  des  descriptions  en  anglais  et  en 
français  ,  avec  des  observations  sur  l'air  ,  le  sol ,  les 
eaux  ,  et  des  remarques  sur  l'agriculture  ,  les  grains  , 
les  le'guiues,  les  racines,  etc....  par  Marc  Cateshy  : 
(en  anglais;  Marc  Cateshy' s  Natural  Historj  of  Ca- 
rolina  ,  Florida  and  the  Bahama  islands  ,  containiitg 
the  figures  of  bird  heast ,  Jïshes  ,  serpents  ,  insects 
and  plants  ;  together  wirth  their  descriptions  in  en- 
glish  andfrench ,  to  which  are  added  observations  on 
the  air  y  soïl  and  waters ,  with  remarks  upon  agri- 
culture ^  grain.,  puise,  root ,  etc....  Londres  ,  1754- 
1745,  2  vol.  pet.  in-fol. 

Appendice  à  l'histoire  naturelle  de  la  Caroline  , 
etc..  :  (en  anglais) ^ppendijc  to  the  natural  history 
of  Carolina,  etc —   Ibid.  1748,  pet.  in-fol. 

—  La  mêiwe  avec  l'Appendice,  en  latin  et  en 
français  ;  édition  corrigée  et  augmentée  par  George 
Edwards,  avec  figures  coloriées.  Londres,  1764; 
ihid.  1771,  2  vol.  in-fol. 

La  même,  traduite  en  allemand  sous  le  titre  suivant: 

Beschreibung  von  Carolina  y  Florida  und  Ba- 
hama Insein.  ISuvemherg  ,  ij6j,  in-fol. 

Ce  magnifif£ue  ouvrage  est  infiniment  précieux  pour 
les  naturalistes. 

Idée  d'une  nouvelle  Histoire  générale  de  l'Amé- 
rique septentrionale ,  fondée  sur  un  volumineux 
recueil  de  figures,  de  symboles,  de  caractères, 
d'hiéroglyphes  ,  contenus  dans  les  Mémoires  des 
auteurs  indiens,  par  Lorenzo  Boturini ,  ayec  le  cata- 


AMÉRIQUE.    VOVAC.   DANS  L'AMER.  SEPT.  5 

logue  du  Musée  historique,  par  le  même  :  (on 
espagnol)  Idea  et'  wia  imova  Ilistoria  gênerai  de  la 
j/merica  septentrionale  ^  etc....  por  Lorenzo  Botii- 
rini.  Madrid,  1746,  in-Zi*^. 

Voyage  par  mer  entrepris  avec  Bering,  duKam- 
tschalka  aux  côtes  occidentales  de  l'Aniérique  ,  en 
174^ ,  par  Stellcr,  publié  par  P.  S.  Pallas  :  (en  alle- 
mand) Stellers ,  ini  Jahr  i^4i  ,  'von  Kaintschatka 
aus  mit  Berijig  unternommenen  Reise  nacli  den  West- 
Kiisten  in  America ,  x'on  P.  S.  Pallas.  In-8''. 

Voyage  fait  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  par 
PiericA'rt/mjde  l'ordre  de  l'académie  des  sciences, 
aux  dé[)ens  du  public  :  (en  suédois)  Kalrns  (Pélir) 
Resa  in  Norra  America ,paKongliga  swen^ka  veten- 
sc'iap^  -  Academiens  hefalning  ,  och  public  kostnen 
forràttad.  Stockholm  ,  1755,  56,  61 ,  5  vol.  in-8°. 

— Le  même,  traduit  en  allemand.  Gottingue, 
1754  à  1764;,  5  vol.  in-8°. 

— Item  en  anglais  par  R.  Forster.  1772  ,  2  vol. 
in-8°. 

Ce  Voyage  est  également  curieux  et  instruclif.  Il  noiis 
donne  des  notions  précieuses  sur  la  géologie  et  la  minéra- 
logie de  l'Amérique  septentrionale.  Les  descriptions  des 
minéraux  ont  cependant  le  défaut  de  ne  pas  être  conçues 
dans  des  termes  assez  précis,  ce  qui  tient  à  l'état  de  la 
science  d'alors.  Kalm  n'est  pas  en  général  un  boîiécrivani, 
mais  c'est  un  observateur  judicieux  et  impartial. 

Description  abrégée  des  possessions  anglaises 
et  françaises  dans  le  nord  de  l'Amérique,  pour  ser- 
vu'  à  l'explication  d'une  carte  publiée  sous  ce  titie 
par  Jean  Palairet ,  français  de  nation  :  (en  anglais) 


6  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Concise  Description  of  the  english  and  french  pos" 
sessions  in  North-yàmerica ,  for  the  îetter  explaining 
of  themap  puhlished,  -with  that  title  by  JohnPalairet, 
Londres,  1^55;  ihid.  iy55,m-8°. 

—  La  même  ,  en  français.  lySS,  in-8". 

—  La même,  en  allemand.  Leipsic  ,  1755,10-8'^- 
Etat  présent  du  nord  de  rAmérlque  :  (en  an- 
glais) The  présent  State  of  North- America.  Londres, 
1755,  in-8". 

Presque  tout  cet  ouvrage  est  tiré  des  Mémoires  histo- 
riques de  Dumont  ^  dont  je  donnerai  la  notice. 

Etat  des  Colonies  britanniques  et.  françaises 
dans  le  nord  de  l'Amérique  :  (en  anglais)  State  of 
the  hritish  and  french  Colonies  in  North- America, 
Londres,  1755,  in-8°. 

Annales  modernes  des  Colonies  anglaises  daniv 
l'Amérique  septentrionale,  depuis  l'an  1765  jus- 
qu'à présent,  par  Edmond  Burle  :  (en  allemand) 
Jahr-BûcJier  der  neucm  Geschichte  der  Englischcn 
P/lanzungen  in  Nord-Ameriha ,  von  dem  Jahr  iy5S 
ciuf  jetzige  Zeiten ,  von  Edmund  Burhe.  Leipsic, 
in58,in-8°. 

Relation  abrégée  du  nord  de  l'Amérique  ,  j)ar 
Boberl  Roger  :  (en  anglais)  Roherli  Rogeris  concise 
Account  of  North- America.  Londres,  1765  ,  in-8°. 

Observations  sur  l'Amérique  septentrionale  et 
les  Colonies  anglaises  ,  d'après  des  notions  coiîi- 
muniquées  par  le  docteur  Franhlin  ;  par  Godefroi 
Achenwall  :  (en  allemand)  Gottf.  Achenwalïs  An-- 
merkungen  liberNord-Amerika  und  ûber  dasige  Gî'os- 
Britannische  Colonien^aus  m.ûndlichen  Nachrichten 


AMERIQUE.    VOYAG.   DANS   L'AMER.   SEPT.         7 

des  Hemi  D.Franklin.  Francfort  et  Leipsic,  1769, 

Histoire  de  l'Amérique  septentrionale,  et  par- 
ticulièrement des  nations  qui  habitent  les  bords  du 
Mississipi ,  la  Floride  orientale  et  occidentale ,  la 
Géorgie ,  le  sud  et  le  nord  de  la  Caroline  et  de  la 
Virginie  ,  contenant  la  relation  de  leur  origine  , 
langages ,  mœurs  ,  religions  ,  usages ,  îoix  et  formes 
de  gouvernement ,  avec  de  nouvelles  cartes  qui  se 
rapportent  aux  contrées  décrites  dans  cette  histoire, 
par  Jacob  Adair,  écuyer,  négociant  chez  les  habi- 
tans  sauvages ,  et  résidant  dans  ces  contrées  pen- 
dant quarante  ans  :  (  en  anglais  )  Jacohi  Adairs  , 
esquire ,  a  trader  wîth  the  Jndians  j  and  résident  in 
their  countrj  ;  Historj  of  the  American  Indians  , 
particularly  those  nations  adjoining  to  the  Missis- 
sipi East-  and  JVest-Florida ,  Georgia  ,  South-  and 
North-Carolina  j  and  Firginia  ,  containing  an  ac- 
count  oj"  their  origin^  language ,  manners  ,  religions 
and  civil  customSj  laws  ,  a  map  to  the  countrj  rejer-^ 
red  to  in  the  history.  Londres  ,  lyyS,  in'4°. 

—  La  mônie ,  traduite  en  allemand.  Leîpsic , 
1782,  iu-8°. 

Voici  le  jugement  que  porte  sur-  cette  relation  M-  de 
Volney  (  Tableau  du  climat  et  du  sol  des  Etats  -  Unis 
d'Amérique,  page  435,  en  note). 

«Je  ne  parle  point,  dit-il,  du  livre  à'Adair  sur  les 
»  Criks  et  les  Cherokis  ,  parce  que ,  à  quelques  faits  vrais, 
»  il  a  mêlé  une  foule  de  faits  altéréa  ou  faux  ,  dana  l'infen- 
»  tion  de  prouver  que  les  Sativages  descendent  des  Juifs. 
»  Cette  extravagante  idée,  qui  d'ailleura  lui  est  commune 
•»  avec  plusieurs  missionnaires,  ne  l'a  conduit  qu'à  fair# 


8  BI  EL  lOTHÈQ  L'E    D  E  5    VOYAGES, 

»  envisager  SOUS  un  faux  jour  lout  ce  cjni  appartient  nvK 
»  Sauvages.  Ce  n'est  qu'avec  de  saines  nolious'sur  la  nalnia 
»  de  l'entendement  humain  ,  sur  sa  marche,  (t  sur  Ions 
»  les  principes  qui  gouvernent  et  modifient  l'Iioaime  de 
»  la  nature,  que  l'on  jKnU  bien  étudier  et  suivre  l'histoire 
»  des  nations  ».  ^ 

Voyage  dans  divers  etablissenieiis  au  nord  de 
l'Amérique,  en  lySg  et  1760,  avec  des  observa- 
tions sur  l'état  des  colonies.,  par  André  Burnahj  : 
(en  anglais}  Travels  through  ilie  middle  settlements  at 
JVorth- America  ,  in  ilie  jears  1^5 g  and  iy6o  ;  with 
observations  upon  the  state  of  colonies  :  hy  André 
J?u;7i«ij'.  Londres,  1775,  in-8°. 

Ce  Voyage  a  été  li'aduit  eu  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Voyage  dans  les  colonies  du  milieu  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  fait  eu  lySq  et  1760,  avec 
des  observations  sur  l'étal  des  colonies ,  par  M.  An- 
dré Bumaby,  ministre  de  Greenwicb,  traduit  d'après 
la  seconde  édition  par  M.  Wi!d.  Lausanne,  de  lu 
"Société  typographique  ,  ^J'J^y  in-8". 

Description  du  pavs  de  l'Amérique  septentrio- 
nale :  (en  allemand)  Beschreibujig  der  JVord-Anieri- 
canischen  Làndcr,  Eribrt,  1776,  in-8'\ 

Description  bislorique  et  géographique  de 
l'Amérique  septentrionale  :  (en  allemand)  Nord- 
Ainerica ,  historisch  und  geographisch  beschrieben, 
Hambourg,  'i'J'J'J'y  ibid.  1778,  4  vol.  in-8°. 

Histoire  de  l'Empire  britantiique  dans  l'Amé- 
rique septentrionale ,  et  premièrement  de  la  décou- 
verte de  ce  vaste  continent  par  S^ba&lieu   Cahot  ^ 


AMERIQUE.     VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.         9 

eu  1497  j  ^^  ^^  l'état  acluc]  des  glorieux  étaLiisse- 
niens  de  l'Auglelerrc  dans  ce  pays  ,  dout  la  posses- 
sion a  été  dernièrement  assurée  par  le  traité  de 
paix  de  I  765,  avec  cartes  :  (en  anglais)  The  Historj 
of  the  hritish  domination  in  Nortli-Anierica ,  from 
the  discoi'ery  of  that  vast  continent ,  by  Sébastian 
Cahot  y  in  14^^,  to  ils  présent  glorious  establish- 
ment ,  as  confirmed  by  the  late  treatj  of  peace  in 
iy63.  Londres,  1778,  in-4". 

Description  des  Colonies  européennes  dans  le 
nord  de  l'Amérique  :  (en  allemand j  Beschreibwig 
der  Europœischen  Colonien  in  Nord-Amerika.  Lcip- 
sic,  1778,  ii>8°. 

Voyage  au  Mississlpi,  à  la  Floride,  au  nord  de 
la  Caroline  et  en  Virginie  (en  allemand),  Breslau  , 
1780,  in-8«. 

Histoire  de  la  mission  des  Frères  évangéliqnes 
(  Hernhoutes)  parmi  les  nègres  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  par  George  Henri  LosJdel^  avec  caries  : 
(  en  allemand)  Geschichte  der  Mission  der  Evangei. 
Brader  unter  dsn  Indianern  in  JYord- America  ,  von 
G.  Hein.  Loskiel.  Barby ,  1789,  in-8". 

Voyage  dans  la  Caroline,  la  Géorgie,  la  Flo- 
ride ^  etc....  par  Guillaume  5rt/7/«7?i  .•  (en  anglais) 
Travels  throuc^h  Carolina ,  Georgia ,  Florida,  etc.. 
by  JVilliam  Bartram.  Londres,  1792,  2  vol.  in-S**» 

Ce  Voyage  a  élé  Ircîduit  en  français  sous  le  litre  sui- 
vant : 

Voyage  dans'  les  parties  de  l'Amérique  septen- 
trionale ,  savoir,  les  Carolines  septentrionale  el 
méridionale ,  la  Géorgie  ,  les  Florides  orienlale  el 


10  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

occidentale  ,  le  pays  des  Chérokées,  le  vasle  terri- 
toire des  Muscoculges  ou  de  la  Confédération  Creek, 
et  le  pays  des  Chaclaws  ,  contenant  des  détails  sur 
le  sol  et  les  productions  naturelles  de  ces  contrées, 
et  des  observations  sur  les  mœurs  des  Sauvages  qui 
les  habitent ,  par  William  Bartram ,  imprimé  à  Phi- 
ladelphie en  lygi  ,  et  à  Londres  en  1792  ,  et  tra- 
duit de  l'anglais  par  P.  V.  Benoist ,  enrichi  de  cartes 
et  de  planches.  Paris,  Carteret  et  Buisson ,  an  vu — 
1799,  2  vol.  in-8°. 

En  visitant  les  vastes  contrées  dont  le  titre  du  Voyage 
fait  rénuraération ,  Bartrara  s'est  singulièrement  attaché 
à  l'histoire  naturelle,  et  sur-tout  à  la  botanique  des  pays, 
objet  principal  de  ses  études.  Il  ne  laisse  presque  rien  à 
désirer  aux  naturalistes  sur  cette  dernière  partie. 

Quoique  les  recherches  de  ce  voyageur  se  soient  princi- 
palement dirigées  vers  cette  branche  des  productions  de 
la  nature ,  il  n"a  pas  négligé  d'observer  son  plus  bel  ou- 
vrage, l'homme.  Ill'a  soigneusement  étudié  chez  celles  des 
nations  sauvages ,  où  il  conserve  encore ,  dans  toute  sa 
rudesse ,  l'empreinte  de  ses  traits  primitifs. 

Description  topographique  du  territoire  de 
l'ouest  de  l'Amérique  septentrionale  ,  contenant 
une  relation  abrégée  du  climat ,  de  l'histoire  natu- 
relle ,  de  la  population  ,  de  l'agriculture ,  des  usages 
et  des  coutumes  de  cette  contrée  ,  par  George 
Imlaj  :  (en  anglais)  ^  topographical  Description  of 
ihe  western  territory  of  North-America  ,  containing 
a  succinct  account  of  ils  climate ,  natural  history , 
population^  agriculture,  manners  and  customs ,  hy 
George  Imlaj.  Londres,  1792  ,  in-S*'. 

Journal  d'un  voyage  dans  l'A-mérique  seplen- 


IMÉBIQUE.    VOYAG.  DANS  l'amer.  SEPT.       II 

trionale  :  (en  allemand)  Journal  einer  Beise  in  Nord- 
Ameriha.  (Inséré  dans  le  Génie  du  temps  ,  1795, 
X*  cahier.  ) 

Lettres  d'un  Hollandais,  écrites  pendant  un 
voyage  dans  l'Amérique  septentrionale  :  (en  alle- 
njand  )  Biiefe  eines  Hollànders  ai\f  einer  Beise  in 
Nord-Amerika.  (Inséré  dans  le  Journal  de  Berlin, 
1796,  5^  et  4^cah.) 

Relation  des  aventures  singulières  et  de  la 
captivité  de  Thomas  Barrj  chez  les  Indiens  Mon- 
sisri,  lors  de  son  exploration  des  contrées  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  durant  les  années  1797,1798 
et  1 799 ,  renfermant  des  détails  sur  les  usages  et 
les  coutumes  de  cette  tribu  ;  de  plus  ,  une  relation 
particulière  de  son  évasion  ,  accompagné  d'une 
femme  américaine,  les  infortunes  extraordinaires 
qu'il  a  essuyées,  et  son  heureuse  arrivée  à  Londres  ; 
écrite  par  lui-même  :  (en  anglais  )  iVarraiîVe  ofihe 
singular  adi^entures  and  captivitj  of  Thomas  Barrj 
among  ilie  Monsisri  Indians  ,  in  the  unexplored  re- 
gions  of  Nortli- America,  during  the  j cars  i/^/~I/^ç* 
including  the  manners  and  customs  of  that  tribu  :  also 
a  particular  account  of  ils  escape ,  accompanied  by 
an  American  femel ,  the  extraordinary  hardships 
thej  encountered  j  and  their  safe  arrivai  in  London, 
written  bj  himself,  Londres  ,  1 800  ,  in-8**. 

Description  de  celles  des  parties  de  l'Amérique 
septentrionale  qui  sont  contenues  dans  la  carte  des 
colonies  anglaises  de  l'Amérique ,  annexée  à  cette 
description  ,  par  T.  M.  Pownal  :  (en  anglais)  DeS' 
sription  of  such  parts  of  JSorth- America  as  are  coti" 


12  r,  r  B  L  I  O  T  H  È  Q  U  E    DES    VOYAGES. 

tained  in  the  annexed  map  oftJie  Brilish  Colonies  in 
America,  hj  T.  M.  Pownal.  Londres  ,  1800  ,  in-S*'. 

Voyage  en  Amérique  (  rAmérique  septentrio- 
nale), fait  clans  les  années  1798,  1799  et  1800, 
contenant  des  observations  sur  les  mœurs  et  la 
société  ,  accompagnée  d'un  apperçu  général  du. 
système  de  1  agriculture  américaine  et  de  ses  amé- 
liorations ,  par  R.  Parkinson  :  (en  anglais)  A  Tour 
in  America,  etc....  by  R.  Parkinson.  Londres, 
1806,  2  vol.  in-8''. 

Voyage  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  ou 
Lettres  adressées  par  un  voyageur  anglais  à  ses 
amis  en  Angleleire  ,  par  P.  TP'akefield  :  (  en  anglais) 
Ejtcursion  in  Norili- America ^  etc....  hjP.  Tf^ake- 
field.  Londres,  1806,  in-12. 

§.  II.   Descriptions  de  la  haie  de  Jludson,  de  la  terre 

de  Labrador,  de  Terre-Neuve ,  du  Canada,  de  la 

Gaspérie  j   de  l'Acadie   ou  Nouvelle- Ecosse  ^  du 

Cap-Breton  et  des  contrées  adjacentes,  f^oyages 

faits  dans  ces  parages. 

Outre  les  rela'ions  particulières  dont  je  vais  donner  les 
noiicesj  !es Lettres  édifiantes  fournissent  des  notions  inté- 
ressantes sur  les  contrées  qui  sont  l'objet  de  ce  paragraphe. 

BAIE  DE   HUDSON. 

Description  et  Plan  géographique  de  la  décou- 
verte d'un  détroit  ou  passage  à  l'ouest ,  devant  con- 
duire par  PAmériqne  à  la  Chine  et  au  Japon  ,  récem- 
ment cherché  par  l'Anglais  Henri  Hudson ;  de  plus, 
le  rapport  fait  au  roi  d'Espagne  d'un  pays  nouvelle- 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AmÉr.  SEPT.        l5 

ment  découvert  dans  la  cinquième  partie  du  ^loLe  , 
nommée  Australe  inconnue  ,  avec  la  descrij)tioa 
des  Terres  des  Sanioïèdes  et  des  (TarlaresJ  Tun- 
guses  ,  situées  en  Tartarie ,  à  la  naissance  du  détroit 
de  Wavgats ,  et  dernièrement  soumises  à  la  domi- 
nation des  Moscovites _,  et  quatre  caries  :  (en  latin) 
Descriptio  ac  delineatio  geographica  detectionis  fi  eti  j 
sivè  transitas  ad  occasum ,  suprà  terras  ^inericanas  ,, 
in  Chinam  atque  Japoniam  diicturi ,  recens  investi- 
gati  à  31.  Henrico  Hndson  anglo  :  item^  ez'egesis  régi 
Hispaniae  Jacta  super  tractu  recens  détecta  in  nuinlâ 
orbis  parte,  cui  nomen  ^dustralis  ,  incognita  ^  camDe- 
scriptione  Terraruni  Savioiedarwn  et  Tiatgusianorwn 
in  Tartariâ  ad  ortuni  freti  Kejgati  sitaruni ,  nuper- 
fjue  sceptro  3Ioscovitanini  addiclarum.  Amsterdam, 
Gérard  Hesselius ,  i6i5,  in-4^. 

Description  des  voyages  du  capitaine  Jean 
Munk  j  en  1609  et  1620,  au  détroit  de  Hudson  : 
(en  allemand)  Beschreihwig  der  Reisen  durch  Capit. 
Joli,  3Iunken  ,  inï  Jahr  160g  -  1620  ,nach  dem  Freto 
Hudson.    Francfort,  iG5o,  iu-^*^. 

Relation  de  plusieurs  contrées  voisines  de  la 
baie  de  Hudson  ,  par  Arthur  Dohs  :  (en  anglais) 
udn  jdccount  of  ihe  coinitries  adjoiuing  to  Hudson- 
Bay  ^  hj  Arthur  Dohs.  Londres  ,  1744?  iw-12. 

Relation  d'une  résidence  de  six  années,  de 
Joseph  Robson  dans  la  baie  de  Hudson  ,  depuis 
170^  jusqu'en  1756,  et  depuis  1745  jusqu'en  1747, 
(en  anglais)  Joseph  Robson  s  .Account  of  six  jear 
résidence  in  Hudson~Bay  from  iyS3  to  1706 ,  and 
ly-iS  to  j/é/.  Londres  ,  1752  ,  in-8^. 


l4  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Etat  présent  des  établissemens  de  la  baie  de 
Hudson,  par  Edouard  dC Humf reville  :  (en  anglais) 
State  of  ihe  Hudson-Bay  y  hy  Edwart  d'Humf reville. 
Londres,  1790,  in-S'^. 

TERRE  DE  LARRADOR. 

Relation*  abrégée  des  établissemens  cbez  les 
Eskimaux  et  sur  les  côtes  de  Labrador  :  (en  anglais) 
ji  hrief  Account  established  among  the  Eskimaus  on 
the  coast   of  Labrador.   Londres,  l'j'j^j  in-8"^. 

Journal  des  opérations  qui  se  sont  faites  et  des 
événemens  qui  se  sont  passés  pendant  un  séjour  de 
seize  années  sur  la  côte  de  Labrador,  par  George 
Cartwright  :  (en  anglais)  A  Journal  of  transactions 
and  événements  ,  during  a  résidence  of  nearly  six 
years  ,  part  of  the  coast  of  Labrador ,  by  George 
Cartwright.  Kew-Yorck  ,  1792  ,3  vol.  in-4°. 

Particularités  concernant  la  contrée  de  La- 
brador ,  par  Robert  Curtis  :  (eu  anglais)  Particulars 
ofthe  country  of  Labrador ,  by  Robert  Curtis.  (Insé- 
rées dans  les  Transactions  philosophiques,  vol.  64  , 
part.  1 ,  pag.  174  et  suiv.j 

TERRE-NEUVE. 

Voyage  de  Hara  à  Terre -Neuve  et  au  Cap-Bre- 
ton :  (en  anglais)  Hara  i  Voyage  to  New-Found- 
land  and  Cape-Breton,  iS36.  (Inséré  dans  la  Col- 
lection de  Hackluit.  ) 

Voyage  de  Humpb.  Gilbert  à  Terre-Neuve  : 


Amérique,  voyag.  dans  l'amer,  sept.  i5 
(en  anglais)  Humph.  Gilbert' s  Kojage  to  JYew-Found- 
land,iâ83.  (Ibid.) 

Relation  de  Terre-Neuve  ,  et  de  son  utilité  ; 
(en  anglais)  A  Relation  of  New-Foundland  ^  and  its 
commodities .  (  Ibid .  ) 

Voyage  au  nord-ouest  de  Terre-Neuve  :  (en 
anglais)  Kojage  to  the  nortk-west  of  JSew-Found^ 
Iand,i5g4.   (Ibid.) 

Abrogé  du  Voyage  de  Richard  TViihbourne  à 
Terre  -  Neuve  :  (  en  anglais)  Abstracts  of  Richard 
JViihhourne's  Voyage  to  New-Foundland,  (Inséré 
dans  la  Collection  de  Purchass.) 

CANADA. 

Brief  Récit  ,  succincte  narration  de  la  naviga- 
tion faite  aux  îles  de  Canada  ,  Hochelage  et  autres , 
et  particulièrement  des  niceurs  ,  langage  et  cérémo- 
nies d'habitans  d'icelles.  Paris,  Rosset ,  iSgS, 
in-4''. 

Discours  du  voyage  aux  Terres  -  Neuves ,  les 
Canadas,  etc....  par  Jacques  Cartier.  Rouen,  i5g8, 
in-8^ 

Dès  l'an  i5i8,  le  baron  de  Levi  avoit  découvert  une 
partie  du  Canada  :  non-seulement  Jacques  Cartier  ajouta 
à  ces  premières  découvertes,  mais  il  visita  tout  le  pays 
avec  les  lumières  d'un  homme  également  initié  dans  la 
géographie  et-  l'hydrographie  :  c'est  ce  qu'on  reconnoît 
dans  l'ouvrage  dont  je  viens  de  donner  la  notice  :  il  con- 
tient une  description  exacte  et  détaillée  des  côtes ,  de» 
ports  ,  des  détroits ,  des  golfes  ,  des  caps ,  des  livières ,  dea 
lies  qu'il  reconnut,  soit  dans  iea  navigation»  sur  le  £leuv» 


l6  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

de  Saint- Laurent,  soit, dans  ses  excursions  dans  la  partie 
continentale  du  Canada.  Encore  aujourd'hui ,  les  marins 
emploient  la  plupart  des  noms  qu'il  donna  aux  difFérens 
end roils  où  son  infatigable  activilé  le  porta. 

Histoire  de  la  découverte  du  grand  pavs  dit  la 
Nouvelle-France:  (en  allemand)  Historié  von  Eifin- 
dung  (ler  Grossen  Landschajt ,  Noua-Francia.  Hani- 
bouri;  ,  i6i5  ,  iiî-4°. 

D-s  Sauvages  ,  ou  Voyage  de  (Samuel)  Cham- 
plaiji ,  fait  en  la  Nouvelle- France  ,  l'an  i6o5.  Paris  , 
ïGo5,in-8^ 

Voyage  de  la  Nouvelle  -  France  ,  de  Samuel 
Champlain  ,  Xainlongeois  ,  capitaine  de  marme. 
Paris,  i6i5;  ihid.  ï6ij,  m-8*^. 

Les  divers  voya<jes  de  Samuel  Cliamplain  au  Canada  , 
et  Ini'.a  les  délails  de  sou  adminisiraiion  dans  celle  colonie  , 
son!  traités  avec  beaucoup  pl.is  détendue  et  de  soin  dans 
l'édition  çne  Champlain  lu i-incmé  donna  de  ses  Voyages, 
(  l  dont  v(  ici  le  litre  : 

Lis  Voyages  de  la  Nouvelle -France  occiden- 
tale, dite  Canada ,  faits  par  le  sieur  de  Champlain, 
Xainlongeois  ,  capitaine  pour  le  Roi  en  la  marine 
du  Ponent ,  et  toutes  les  découvertes  qu'il  a  faites 
en  ce  pays ,  depuis  l'an  i6o5  jusque  en  l'an  162g, 
où  se  voit  comment  ce  pays  a  été  découvert  par  les 
Français  sous  l'autorité  de  nos  Rois  Très-Chrétiens, 
jusque  au  règne  de  Sa  Majesté  à  présent  régnante 
'Louis  xiir ,  roi  de  France  et  de  Navarre  :  avec  un 
Traité  des  qualités  et  conditions  requises  à  un  bon 
et  parfait  navigateur  ,  pour  connoître  la  diversité 
des  estimes  qui  se  font  en  la  navigation ,  les  marques 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.        I7 

et  renseignemeos  que  la  providence  de  Dieu  a 
mises  dans  les  mers  pour  redresser  les  mariniers 
en  leur  roule  ,  sans  lesquels  ils  tomberoient  en  de 
grands  dangers  ,  et  la  manière  de  bien  dresser  les 
cartes  marines  ,  avec  leurs  ports  ,  rades  ,  îles  , 
sondes,  et  autres  choses  nécessaires  à4a  navigation. 
Ensemble  une  carie  générale  de  la  description 
dudit  pays ,  faite  en  son  méridien  selon  la  décli- 
naison de  la  guide -ai  niant ,  et  un  calécliisme  ou 
instruction  traduite  dki  français  en  lançraire  des 
peuples  sauvages  de  quelques  contrées  ,  avec  ce  qui 
s'est  passé  en  ladite  Nouvelle -France  en  l'année 
i65i  ;  av<?c  figures.  Paris,  Claude  Collet,  i652, 
in-4°. 

Ce  Voyat;e  ,  qui  inéiile  dèlre  reclieirlié  ,  n'esl  pas  commun. 

Champlain,  qui  réunissoil  à  une  rare  prudence  beati- 
coiip  de  résolution  el  de  couraf^e,  avoit  été  envoyé  par 
Henri  iv  dansle  Nouveau-Monde  en  qualité  de  rapitaine 
de  vaisseau  :  il  y  louda  en  quelque  sorte  au  Canada  léla- 
blissenienl  connu  sous  le  nom  de  Nouvelle-France,  dont 
il  fut  le  premier  gouverneui-.  Ce  fat  lui  qui  bâtit  la  ville 
de  Québec,  et  qui  concourut  essentiellement  à  l'éreclion 
d'une  nouvelle  compagnie  pour  îe  commeree  du  Canada. 
Il  habita  l'Améi-ique  plus  de  trente  ans.  Avec  cette  expé- 
lience  et  un  bon  esprit,  il  étoit  plus  propre  que  personne 
à  décrire  un  pays  qui  lui  éloil  si  bien  connu.  Le  clioix  qu'il 
a  fait  desévéuemens  divers  qui  avoieiit  eu  lieu  avant  lui, 
et  de  ceux  dont  il  fut  le  spectateur  ou  le  principal  acteur, 
est  très-judicieux.  Son  style  a  du  nattu-el  el  de  la  sijnpli- 
cjlc.  Comme  il  n'étoil  et  ne  pouvoit  êlre  ni  bon  physicien  , 
ni  bon  naturaliste,  une  crédulité  peu  éclairée  se  fait  remar- 
<pjer  quelquefois  dans  sa  narration,  qui  remonte  aux  ])re- 
inières  découvertes  faites  dans  celle  partie  de  l'Amérique 
par  Vezzerani ,  et  c{ui  descend  jusqu'en  i63i. 
VI.  IJ 


i8  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

HiSTOiïiE  de  la  Nouvelle-France,  conienaiit  les 
navigalioDS  ,  découvertes  et  liaLitalious  faites  par 
les  Français  aux  Indes  occidentales  et  Nouvelle- 
France ,  sous  l'aveu  et  l'autorité  de  nos  Piois  très- 
chrétiens,  et  les  diverses  fortunes  d'iceux  en  l'exé- 
cution de  ces  choses  ,  depuis  cent  ans  jusqu'à  huis  : 
en  quoi  est  comprise  l'histoire  morale ,  naturelle 
et  géographique  de  ladite  province  ,  avec  figures  ; 
par  Marc  Lescarbot ,  avocat  en  parlement,  témoin 
oculaire  d'une  partie  des  choses  ici  récitées.  Paris  , 
1609,  in-8°. 

—  La  même  ,  seconde  édition  ,  revue  ,  corrigée 
et  augmentée  par  l'auteur.  Paris,  1611  ;  ibid. 
5^  édition  ,  1617,  in-S". 

Histoire  de  la  Nouvelle-France  (en  allemand). 
Augshourg  ,  i6i5  ,  in-4°. 

E.ELAT10N  de  la  Nouvelle -France ,  par  le  P. 
5m/-^,  jésuite.  Lyon,  1616,  in-S'^. 

Lettre  de  Charles  Lallemand,  supérieur  des 
missions  des  Jésuites  au  Canada  ,  où  sont  coulenues 
les  mœurs  des  Sauvages.  Paris,  1G27,  in- 12. 

Brève  Relation  d'un  voyage  à  la  Nouvelle- 
France,  par  leP.Ze/eune,  jésuite.  Paris,  Cramoisi, 
i65i,  iD-8«. 

Le  grand  Voyage  au  pays  des  Hurons,  par  le 
P.  Oiih\'\e\  Sagard.  Paris,  Moreau  ,  i632  ,  in-12. 

Aulie  relation  sous  le  titre  suivant  : 

Histoire  du  Canada,  et  Voyages  que  quelques 
Récoletsy  ont  faits  pour  la  conversion  des  infidèles, 
parle  frère  i5fl^ar<i,  nhéodat-récolet.  Paris,  iGS-a; 
ibid.  i656,  in-8°. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.        IQ 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  Nouvelle- 
France  en  ranuée  i633.  Paris,  i634j  în-12. 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  dans  la  Nouvelle- 
France  en  1634,  par  le  P.  Lejeune ,  jésuile.  Paris, 
ï 635 -1640,  7  vol.  in-8°. 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  au  pays  des 
Hurons  en  lôSy,  par  François-Joseph  Le  Mercier. 
Rouen,  i658,  in-8®. 

Relation  de  la  Nouvelle-France ,  par  Barlhé- 
temi  Vincent,  depuis  l'an  i63i  jusqu'en  1649- 
Paris,  1641-1649,  4  vol.  in-8°. 

Relation  des  missions  des  PP.  Jésuites  à  la 
Nouvelle-France  ,  en  1647  ^^  1648,  par  le  Supé- 
rieur des  missions.  Paris,  1649,  in-8°. 

Relation  de  la  mission  des  PP.  Jésuites  aux 
Hurons  et  au  pays  plus  bas  de  la  Nouvelle-France  , 
en  1649  et  i65o  ,  parle  P.  V;i\ARas^ueneau.  Paris, 
i65o-i65i,  2  vol.  iu-i2. 

Histoire  véritable  et  naturelle  des  mœurs  et 
productions  du  pays  de  la  Nouvelle-France,  vul- 
gairement dite  le  Canada.  Paris,  Florentin  Lam- 
l3ert,  1664,  in-8''. 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  dans  la  Nouvelle- 
France  ,  depuis  1661  jusqu'en  i665,  par  Jérôme 
Lallemand.  Paris,  i665-  1666,  3  vol.  in-ia. 

Relation  du  Canada,  des  années  1 664-1 665, 
par  François  Le  Mercier^  Paris,  i666,  5  vol.  in-ia. 

Relation  du  Canada,  des  années  166761  1668, 
par  Jacques  Bordier.  Paris,  1669,  iu-12. 

Relation  du  Canada,  des  années  1669, 1^70? 

;2 


20  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

1671,  1672,    par  Claude  Ahlon.  Paris,    167J   et 
1674?  2  vol.  m-i2. 

Collection  de  plusieurs  Relations  du  Canada, 
depuis  i632  jusqu'en  1672.  Paris  ,  Cramoisi ,  i654 
et  années  suivantes,  jusqu'en  1672  ,  45  vol.  in-12. 

La  plupart  des  relations  précéderrtes  et  plusieurs  autres 
encore,  sont  comprises  dans  ce  volumineux  recueil. 

Quoique  la  plupart  des  auteurs  de  ces  relations  fussent 
imbus  des  préjugés  de  leur  état  et  de  leur  siècle,  et  jDar  con- 
séquent d'assez  médiocres  observateurs ,  elles  sont  néan- 
moins précieuses  sous  les  rapports  suivans  :  c'est  là  seule- 
ment qu'on  peut  prendre  une  assez  juste  idée  des  moeurs 
primitives  du  peu  de  nations  sauvages  qui ,  avec  une  pro- 
digieuse altération  dans  le  caractère  physique  et  moral , 
subsistent  encore  dans  l'immense  étendue  du  Canada  et 
des  contrées  adjacentes.  C'est  là  seulement  aussi  qu'il  reste 
des  traces  d'un  grand  nombre  de  peuplades  que  leurs 
communications  avec  les  Européens  ont  fait  rapidement 
disparoître  de  la  surface  du  globe,  soit  par  les  ravages  ds 
la  pelile-vérole,etles  guerres  où  les  alliances  avec  les  Fran- 
çais et  les  Anglais  les  ont  entraînées,  soit  par  le  funeste 
présent  que  ceux-ci  leur  ont  fait  de  la  poudre  à  canon  et 
de  l'eau-de-vie. 

Histoire  naturelle  des  mœurs  et  des  produc- 
tions du  Canada,  par  Pierre  Boucher.  Paris,  1664, 
in-12. 

Histoire  du  Canada  ou  de  la  Nouvelle-France  , 
par  François  Creujcius ,  en  dix  livres  :  (en  latin) 
HisLoria  Canadensis  et  No\>ae-  Franciae  ,  Ubri  x  , 
autore  Francisco  Creuxio.  Paris,  Cramoisi,  1664, 
iu-fol . 

Nouvelle  Relation  de  la  Gaspésie ,  qui  con- 
tient les  mœurs  et  la  religion  des  sauvages  Gaspé- 


AMERIQUE.    YOYAC.  DANS  L'AMER.  SEPT.       21 

siens  (i)  ,  porte-croix  ,  adorateurs  du  soleil ,  et  d'au- 
tres peuples  de  l'Amérique  septentrionale  ,  dile  le 
Canada  ,  par  le  P.  Chrétien  Leclercq  ,  missionnaire 
récolet.  Paris,  Auroy,  i6gi,  in-i2. 

—  La  même,  traduite  en  hollandais.  Amster- 
dam, lySs  ,  in-8°. 

Dans  cette  relation,  dont  l'auteur  montre  plus  de  juge- 
ment, moins  de  préjugés  qu'on  ne  devait  l'attendre  d'un. 
missionnaire,  le  tableau  des  moeurs,  des  usages,  des  opi- 
nions religieuses  des  Gaspé.siens  et  autres  peuplades  voi- 
sines ,  occupe  la  principale  place  :  la  narration  des  travaux 
apostoliques  n'est  qu'en  seconde  ligne. 

NouA''EAUx  Voyages  de  M.  le  baron  de  La  Hou- 
tan  dans  l'Amérique  septentrionale,  qui  contien- 
nent plusieurs  relations  de  différens  peuples  qui 
l'hahilent,  la  nature  de  leur  gouvernement,  leur 
commerce  ,  leurs  coutumes  ,  leur  religion  et  leur 
manière  de  faire  la  guerre  ;  l'intérêt  des  Français 
et  des  Anglais  dans  le  commerce  qu'ils  font  avec 
ces  nations  ,  l'avantage  que  l'Angleterre  peut  reti- 
rer dans  ce  pays ,  étant  en  guerre  avec  la  France  ; 
le  tout  enrichi  de  caries  et  de  figures.  La  Haye  , 
frères  Honoré,  1709,  2  vol.  in-12. 

Il  a  été  traduit  en  anglais  sous  le  titre  suivant  : 
Lyi  Hontan's   Kojage   in  America.   Londres  , 
1755,  in-8°. 

Il  a  été  traduit  aussi  en  hollandais  sous  ce  litre  : 
Reisen  Jiaar  America ,  van  Baron  La  Tlontan. 
La  Haye  ,  1739,  in- 8"^. 

(1)  Celle  peuplade  habiloil  le  pays  (jtti  euLouie  iiiie  baie  ù  IVm- 
bouchuie  du  (leuve  Saint- Laurtm. 


22  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Dans  un  temps  où  ,  comme  l'obsen'e  l'éditeur  de  ce 
Voyage,  les  relations  du  Canada  et  des  pays  adjacens  , 
presque  toutes  rédigées  par  des  missionnaires,  ne  préscn- 
loient  guère  qu'un  détail  de  messes ,  de  tniracles ,  de  con- 
versions ,  celle  de  La  Honlan  ,  qui,  à  des  faits  authen- 
tiques, mêloit  des  fictions  agréables,  quoique  écrites  d'un 
slyledur  et  barbare,  tel  qu'on  devoil  l'attendre  d'un  soldat 
de  fortune,  dut  être  accueillie  du  public  avec  une  cer- 
taine faveur.  Ce  qu'il  y  avoit  de  conforme  à  la  vérité  dan» 
le  Voyage,  dut  en  imposer  sur  ce  qu'il  contenoit  de 
fabuleux j  et  des  écrivaijis  d'une  grande  réputation  ,  tels 
que  Montesquieu ,  le  citent  avec  confiance.  Des  relation» 
j)ostérieures  ont  dévoilé  tous  les  défauts  qu'on  i-eprocbe 
avec  justice  à  la  relation  de  La  Hontan.  On  a  reconnu 
qu'il  avoit  fréquemment  altéré  les  faits,  que  presque  tous 
les  noms  propres  des  lieux  et  des  peuples  étoient  corrom- 
pus ,  et  qu'il  avoit  même  jeté  dans  sa  narration  des  épi- 
sodes absolument  fabuleux. 

Histoire  de  l'Amérique  sepleutrionale ,  conte- 
nant le  vovaoe  du  fort  de  Nelson  dans  la  Laie  de 
Hudson ,  à  rexlrémité  de  rAmorique  ,  le  premier 
établissement  des  Français  dans  ce  vaste  pays  ,  la 
prise  dudit  fort  de  Nelson;  la  description  du  fleuve 
de  Saint-Laurent ,  le  gouvernement  de  Québec  , 
des  Trois-Rivières  et  de  Moni-Ucal ,  depuis  i534 
jusqu'à  1701  ;  l'ijisioire  des  peuples  alliés  de  la 
Nouvelle-France ,  leurs  mœurs  et  leurs  maximes , 
et  leurs  intérêts  avec  toutes  les  nations  des  lacs 
Supérieurs ,  tels  que  sont  les  Hurons  et  les  Islinois, 
l'alliance  faite  avec  les  Français  et  ces  peuples  ,  la 
possession  de  tous  ces  pays  au  nom  du  Roi ,  et  tout 
ce  qui  s'est  passé  de  plus  remarquable  sous  MM.  do 
Traci  ;  de  Frontenac ,  de  La  Barre  et  de  Denonville  j 


AMERIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.       23 

riiisloirc  des  Iroquois ,  leurs  mœurs,  leurs  maximes, 
leuv  gouvernement ,  leurs  intérêts  avec  les  An- 
ij'lais  leurs  alliés  ,  tous  les  mouvemens  de  guerre 
depuis  i68g  jusqu'en  lyoi  ,  leurs  négocia'ions  , 
leurs  atubassades  pour  la  paix  générale  avec  les 
Français  et  les  peuples  alliés  de  la  Nouvelle-France  ; 
l'histoire  des  Abénaguis,  la  paix  générale  dans  toute 
FAmérique  septentrionale  sous  le  gouvernement 
de  M.  le  comte  de  Frontenac  et  M.  le  chevalier  de 
Callieres,  pendant  laquelle  des  nations  éloignées 
de  six  cents  lieues  de  Québec  s'assemblèrent  à 
Mont-Réal  :  par  M.  de  Bacqiwville  de  la  Potherie  , 
enrichie  de  figures.  Paris,  ]\ion  et  Didot,  1722, 
4  vol.  in-i2. 

Voyage  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  etc.... 
Amsterdam,  1^25,  4  vob  iQ-8°. 

Cet  ouvrage  el  le  précédent  sont  exactement  les  mêmes, 
et  ne  différent  que  par  les  titres. 

Ce  titre,  dans  rédiliou  de  Paris,  donne  un  apperçu 
suffisant  de  l'ouvrage.  Bacqueville  a  décrit  le  premier, 
d'une  manière  exacte,  les  établissemens  des  Français  k 
Québec  ,  à  Mont-Réal ,  aux  Trois-Rivières  :  il  a  fait  con- 
noilre  sur-tout  dans  un  grand  détail ,  et  en  jetant,  dans 
sa  narration,  beaucoup  d'intérêt,  les  moeurs,  les  usages, 
les  maximes,  la  forme  du  gouvernement  ,  la  manière  di? 
faire  la  guerre  et  de  contracter  des  alliances  de  la  nation 
Ircquoise  ,&[  célèbre  dans  cette  contrée  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale. Ses  observations  se  sont  encore  étendues  , 
comme  l'annonce  le  litre  ,  à  quelques  autres  peuplades, 
telles  que  la  nation  des  .Abénaguis ,  etc.... 

Aventures  du  sieur  Ciiarles  Le  Beau,  avocat 
eu  parlement,  ou  Voyage  curieux  et  nouveau  ])armi 


/ 


24  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

les  Sauvaijes  de  rAmériqne  septenîrloiiale  ,  dans 
lequel  on  trouvera  une  description  du  Canada  , 
avec  une  relation  très-particulière  des  anciennes 
coutumes ,  mœurs  et  usages  de  vivre  des  barbares 
qui  l'habilcnt,  et  de  la  manière  dont  ils  se  com- 
portent aujourd'hui  ;  ouvrage  enrichi  d'une  carte 
et  des  figures  nécessaires.  Amsterdam ,  Herman 
Vyt  Werf,  lySS,  i  vol.  in-î2. 

Les  situations  fâcheuses  où  divers  incidens  ,  dont  la 
naiTaliou  a  de  l'intérêt,  réduisirent  plus  d'une  fois  ce  voya- 
geur, l'ont  forcé  de  vivre  long-tem{is  au  milieu  des  Sau- 
vages de  l'Amérique  septentrionale.  Nul  autre  ne  nous  a 
fait  aussi  bien  connoître  les  moeurs,  les  usnges  ,  le  régime 
intérieur  des  trois  nations  les  plus  considérables  du  Ca- 
nada, les  Iroquoisj  les  Hurons  et  les  Algonquin?,  Il  relève 
soigneusemeni  les  inexactitudes ,  et  même  les  altérations 
de  la  vérité  qui  se  trouvent  dans  les  relations  précédentes  , 
et  particulièrement  dans  celles  du  baron  de  LaHontan. 

Histoire  et  Description  générale  de  laNouvelIe- 
France  ,  avec  le  Journal  historique  d'un  voyage  lait 
par  ordre  du  Roi  dans  .l'Amérique  septentrionale  , 
par  le  P.  Charlcvoix ,  enrichie  de  plusieurs  cartes 
géographiques.  Paris,  1744^  4  ^'o'-  iï^"4"' 

—  La  même  ,  ibid.  1744  ■>  6  vol.  in-12. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  anglais  sous  le  titre  suivant  : 

Voyage  dans  le  nord  de  l'Amérique  ,  par  Char- 
levoix  :  (en  anglais)  V^ojage  in  North- America ,  hy 
Charlevoix.  Londres,  1772,  2  vol.  in-4". 

De  toutes  les  relations  du  Canada ,  c'est  dans  celle-ci 
qu'on  peut  s'instruire  le  mieux  sur  les  élablissemens  faits 
dans  cette  contrée,  et  sur  le  caractère  physique  et  moral 
des  nombreuses  peuplades  quiy  étoienl  répmdues ,  et  dont 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DATIS  L'AMER.  SEPT.  ^5 
qiielqnes-niies  subsistent  encore.  On  regrette  seulement 
fjue  Charlevoix  ne  se  soit  pas  plus  resserré  ,  et  qu'à  des 
observations  très— intéressantes  ,  il  ait  ruêîé  quelquefois  des 
détails  extrêmement  minutieux. 

Histoire  des  Nations  iDdiennes  du  Canada,  avec 
nue  relation  de  plusieurs  autres  nations  dans  le 
nord  et  le  sud  de  l'Amérique ,  par  Cadwallador- 
Colden  :  (en  anglais)  History  of  tlie  Indian  ]Sa- 
lion  of  Canada,  witli  an  accoiuit.  oj  tlie  several 
other  nations  of  Jndians  in  North-and  South-^me- 
rica ,  hj  Cadwalhulor  Colden.  Londres  ,  1747  ;  i^i-d- 
1755  ,  2  vol.  in-8'^. 

Relation  des  démarches  faites  par  les  Anglais 
et  autres  habitans  proleslans  ,  à  l'effet  d'obtenir  une 
jiiaison  d'assemblée  dans  la  province  de  Québec  : 
(çn  anglais)  ^n  Account  of  the  procedings  of  tJic 
B.ritish  and  other  protestant  inhahitants  to  ohtain  a 
house  of  asscnihlj  in  tliat  province  of  Québec.  Lon- 
dres ,  i'j66 ,  in-i2. 

Journal  d'un  voyage  de  Stade  à  Québec  eii 
Amérique,  par  un  Officier  :  (en  allenjand  )  Tage.- 
hiicli  einer  Reise  von  Stade  nach  Québec  in  Amerika, 
von  einem  Officier.  Francfort ,  1776,  in-8°. 

Journal  du  voyage  des  troupes  auxiliaires  de 
Erunswick  et  de  Wolfenbuttel  à  Québec ,  par  F.  V. 
H/elcheimer  :  (en  allemand  )  Tagebuch  von  der  Reise 
dcr  Braunsclnveigischen  Aujciliartjiippen  von  TFolf- 
fcnbïiitcl  nach  Québec,  von  F.  J^.  Melcheimer.  Min- 
den,  1776,  in-8°. 

Histoire  du  Canada  depuis  l'époque  de  sa  dé- 
couverte,  elc —  par  George  Heriot  :  (en  anglais) 


20  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

The  Histojy  of  Canada ,  etc bj  George  Herlol. 

Tome  i^'".  Londres,  1806,  in-8°. 

Dans  ce  premier  volume ,  l'auteur  trace  d'abord  le 
tableau  des  différentes  peuplades  que  de  La  Salle  visita 
lors  de  son  premier  voyage  au  fleuve  du  Mississipi ,  lels 
que  les  Illinois ,  que  toutes  les  relations  du  Canadri ,  et  les 
guerres  qui  s'y  sont  élevées  entre  les  Français  et  les  An- 
glais,  nous  ont  si  bien  fait  connoitre;  les  Taensas ,  petite 
peuplade  de  huit  villages  qui  a  disparu  ;  les  Biàcatrouges  , 
que  de  La  Salle  et  ses  compagnons  appelèrent  les  Pleu- 
reux  ,  parce  que  dès  qu'ils  apperçurent  les  Français,  ils 
se  mirent  à  pleurer  joendanl  quelque  temps.  Cette  dispo- 
sition s'explique  par  l'usage  reçu  chez  eux  ,  toutes  les  fois 
qu'ils  appercevoicnl  un  voyageur,  de  se  rappeler  aussi- 
tôt le  souvenir  de  leurs  parens  défunts  qu'ils  croyoient 
partis  pour  un  long  voyage  ,etdont  ilsattendoienljdisoient- 
ils,  le  retour;  les  Ce  nia ,  qui  formoient  un  peuple  nom- 
breux ,  possédant  un  terrein  fertile  et  divisé  en  différens 
cantons,  lesquels  s'élendoientsur  un  espace  de  plus  de  vingt 
lieues  ;  les K uni^ateners ,  peuple  cruel  qui  jeloit  les  prison- 
niers faits  à  la  guerre  dans  une  chaudière,  où  on  les  faisoit 
griller  vivans,  pour  les  dé\orer  ensuite  ;  les  Cadodenhoi y 
peuple  très-hospitalier,  au  contraire ,  qui ,  sans  avoir  jamais 
vu,  jusqu'à  l'arrivée  de  La  Salle,  des  Européens  dont  ils 
avoient  seulement  entendu  parler,  firent  l'accueil  le  plus 
amical  aux  premiers  qui  s'offrirent  à  leurs  regards. 

Mais  c'est  sur  les  iVa^cAr-s  ,  nation  si  bien  cojinue  d'après 
toutes  les  relations  qui  ont  paru  sur  la  Louisiane,  que 
l'auteur  s'étend  davantage. 

ACADIE  ou  NOUVELLE-ECOSSE. 

Relation  du  voyage  du  Port-Royal  de  l'Acadie 
ou  de  la  Nouvelle-Ecosse  ,  dans  laquelle  ou  voit 
un  dclail  des  divers  iiiouvcaiens  de  la  Jiier  dans 


AMERIQUE.    YOYAC.   DANS  L'AMÉTx.  SEPT.       1'] 

vme  traversée  de  long  coins,  la  description  du  pays, 
la  corruption  dos  Français  qui  y  sont  établis,  les 
manières  des  difFérenics  nations  sauvages,  leuis 
habitations  et  leurs  cliasses  ,  avec  une  dissertation 
exacte  sur  le  castor ,  par  M.  Diereville.  Rouen  , 
1708,  in-i2. 

La  forme  de  ce  Voyage  est  très-bizarre  :  c'est  un  mé- 
lange de  prose  et  de  vers,  el  ces  vers  sont  de  la  prose 
rimée  :  on  peut  néanmoins  y  recueillir  quelques  notions 
assez  curieuses  sur  les  peuplades  de  i'Acadie. 

Histoire  géographique  de  la  Nonvelle-Ecossc  : 
(en  anglais)  Geographical  HisLorj  of  No<^a-Scotia. 
Londres,  i749)  in-8''. 

Celte  Histoire  a  élé  traduite  en  français  sous  le  titre 
suivant  : 

Histoire  géographique  de  la  Nouvelle-Ecosse. 
Paris,  ^749'  ^^^'^-  ^754?  iii-i2. 

—  La  même  ,  traduite  en  allemand.  Francfort 
ci  Lcipsic  ,  1760  ,  in-i2. 

De  la  Nouvelle-Ecosse  ou  de  I'Acadie  ,  par 
Chr.  Guill.  Stok  :  (en  allemand)  VonNeu-Schottland 
oder  Akadien ,  von  Chr.  Guill.  Stok.  (Inséré  dans 
les  Essais,  du  même  auteur,  sur  quelques  objets 
imporlans  pour  le  'service  de  l'Etat.  Francfort , 
1772  ,  in-S".) 

Remarques  sur  le  climat ,  les  productions  et  les 
avantages  naturels  de  la  Nouvelle-Ecosse  :  (en  an- 
glais )  lieniarks  on  ihe  climat ,  produce  and  natural 
cuh'autages  of  Nova-Scotia.  Londres,  178/j,  in-8'\ 

Relation  de  l'état  aciuel  de  la  Nouvelle-Ecosse; 


^8  UIBLIO'I'HÈQUE    DES     VOYAGES. 

(en   anglais)  An  Account   of  the  présent   sLate  of 
Nova-Scolia.  Londres,  iySG,  m-8°. 

Cet  ouvrage  a   été  traduit   en    français  sous   le   même 
litre  : 

Relation  de  l'état  actuel  de  la  Nouvelle-Ecosse , 
traduite  de  l'anglais  par  Soulès.  Paris,  1787,  in-8''. 

CAP-BRETON. 

L'importance  et  l'utilité  de  la  fameuse  île  du 
Cap-Breton  ,  prouvée  par  une  description  exacte, 
traduite  (en  ailemand)  Die  Wichtigkeit  iincl  Foriheile 
des  Cap-Brelon  ,  in  eiiier  richtigen  Beschreihung  dic- 
ser  bentfencn  Ifisel,  etc..  vorgestellt  und  durch  An- 
mcrkungen  erlàutert  ins  deutsclie  ilbenezl.  Leipsic, 
1747,  iu-8°. 

Description  des  mœurs  et  des  coutumes  des 
Mikmoses  et  des  Maiichaets  ,  nations  sauvages  qui 
dépendent  maintenant  du  gouvernement  du  Cap- 
Breton,  d'après  un  manuscrit  original  qui  n'avoit 
pas  encore  été  publié  :  par  un  Abbé  qui  vécut  plu- 
sieurs années  parmi  eux  ;  à  laquelle  on  a  ajouté 
plusieurs  pièces  relatives  aux  Sauvages ,  à  la  Nou- 
velle -  Ecosse  et  à  l'Amérique  septentrionale  en 
général  (en  anglais).  Londres,  Strouper  ,  1758, 
in-8«. 

Lettres  et  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
naturelle  et  civile  du  Cap-Breton  ,  jusqu'à  la  reprise 
de  cette  île  par  les  Anglais,  en  1758.  Londres, 
Jean  Nourse  ,  i76o,in-i2. 

Voyage  d'un  jeune  Officier,  ou  Histoire  d'un 


AMERIQUE.    VOYAG.   DANS  L'AMER.  SEPT.       29 

naufrage  sur  risle-Royale,autreme  l  nommée  Cap- 
Breton.  Supplément  aux  Voyage  pour  la  jeunesse  : 
(en  allemand)  Reise  eines  jungen  Officiers  zur  See  , 
oder  Geschichte  eines  Schiffbruchs  auf  dsr  Koenigs- 
lusel ,  itzt  Cap- Breton  genannt.  Eine  Bejlage  zu 
denReise-Besclireibimgen  fur  dieJugend.  Strasbourg, 
2  786,in-8^ 

CONTRÉES  ADJACENTES. 

Voyage  fait  par  ordre  du  Roi  dans  l'Amérique 
septentrionale  ,  pour  rectifier  les  côtes  de  l'Acadie, 
de  l'Isle-Royale  et  de  Terre-Neuve,  et  pour  en  fixer 
les  principaux  points  par  des  observations  astrono- 
miques ;  par  M.  de  Chabert ,  ouvrage  enricbi  de 
plusieurs  cartes.  Paris  ,  édition  du  Louvre  ,  lySS  , 
in-Zj.  . 

Voyage  du  Nouveau-Monde  (Amérique  septen- 
trionale ) ,  et  Histoire  intéressante  du  naufrage  Aw. 
P.  Crespel ,  avec  des  notes  historiques  et  géogra- 
phiques. Amsterdam,   lyo^jin-ia. 

La  négligence  du  siyle,  et  l'espèce  d'abandon  de  l'au- 
leur  dans  «a  correspondfince  avec  son  frère  ^  auquel  la 
relation  est  adressée,  garantissent  en  quelque  ^oiiesa  véra- 
cilé.  Los  oLservalions  qu'il  a  faites  sur  les  peuplades  vers 
lesquelles  il  étoil  envoyé  en  mission  ,sonl  assez  judicieuses, 
et  la  narration  de  son  naufrage  a  vraiment  de  l'intérêt. 

Relation  historique  d'une  expédition  contre 
les  Indiens  de  TOiiio,  en  l'année  1764,  sous  le 
commandement  de  Henri  Bouquet ,  enrichie  de 
cartes  et  de  gravures  :  (  en  anglais  )  An  Hislorical 
Account  oj  the  expédition  to  the  Oliio  hidiaus,  in  ihe 


50  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

year  1764 ,  undcr  the  coniinand  of  H.  Bouquet.  Lon- 
dres, Jefferyes,  1766,  m-4°. 

Cette  Relation  a  été  traduite  en  français  sous  le  titre 
suivant  : 

Relation  liistorique  de  rexpéditiou  contre  les 
Indiens  de  l'Ohio ,  en  1764,  parle  chevalier  Bou- 
quet,  traduite  de  l'anglais  par  C.  G.  F.  Dumas, 
enrichie  de  cartes  et  de  figures.  Amsterdam,  1769, 
in-8°. 

Voyage  dans  l'intérieur  du  nord  de  l'Amérique, 
durant  les  années  1766,  1767  et  1768,  par  Jona- 
than Carver  :  (en  anglais)  Traycls  through  the  inte^ 
rior  parts  of  North-  jimerlca  ^  in  the  jears  iy66  ^ 
jyôy  and  iy6S ,  hy  Jonathan  Carver.  Londres , 
1774-  1781,  in-8°. 

Ce  Voyage  a  été  Irèt-bien  traduit  en  français  sous  le 
titre  suivant: 

Voyage  dans  les  parties  intérieures  de  l'Amé- 
rinue  septentrionale,  pendant  les  années  1766, 
1767  et  1768,  par  Jonathan  Carver,  ouvrage  tra- 
duit de  l'anglais  ,  avec  des  remarques  et  quelques 
additions  du  traducteur  ,  orné  d'une  carte  oi^i  est 
tracé  le  cours  du  voyage.  Paris,  Pissot ,  1784, 
in-8°. 

Dans  cette  relation,  le  voyageur  a  donné  des  détails  fort 
curieux  sur  plusieurs  nations  américaines  que  les  Euro- 
péens,ne  connoissoient  que  de  nom,  et  dont  la  physiono- 
niic  morale,  suiva,nt  l'expression  de  Carver  lui-même, 
n'a  voit  point  élé  altérée  par  la  communication  avec  les 
peuples  d'Europe.  Dans  le  tableau  très-inléressant  qu'il  a 
tracé  de  l'origine  ,  du  langage,  des  moeurs  ,  des  usages,  de 
la  religion  des  différentes  peuplades  qu'il  a  visitées^  Carver 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMEll.  SEPT.  5l 
a  généralisé  ses  observations  par  des  rapprochemens  ingé- 
nieux qui  n'ont  jamais  rien  de  forcé.  La  parlie  de  son 
Voj'age  qui  roule  sur  l'hisloire  naturelle ,  n'est  pas ,  à 
beaucoup  près,  si  satisfaisante  :  on  peut  néanmoins  y 
puiser  encore  quelques  notions  utiles. 

M.  de  Volney  a  porté  sur  ce  voyageur  le  ju;ieraent  sui- 
vant {Tableau  des  Etats-  Unis  d^ Amérique ,  page  4^2)  : 

«  L'auteur  paroît  avoir  été  un  peu  crédule  et  très-vani- 
»  leux  ;  mais  malgré  ce  penchant  pour  les  Sauvages  qui 
5)  avoienl  flatté  sa  vanité  ,  on  voit  dans  ses  récits  de  la  droi- 
5)  ture  et  de  la  bonne-foi.  Les  aveux  qu'il  fait  de  son  peu 
))  d'instruction  et  de  son  incapacité  à  rédiger  une  grara- 
5)  maire  et  un  dictionnaire  sauvages,  me  font  beaucoup 
»  douter  qu'il  soit  le  rédacteur  de  son  ouvrage  ,  et  je  pense 
»  que  ce  service  lui  a  été  rendu  jDar  son  éditeur  ,  comme 
J)  il  est  arrivé  chez  nous  à  un  autre  voyageur  coiinu  ». 

Voyage  de  Le  Lo?tg  ,  interprèle  et  trafiquant 
chez  les  nations  Indiennes  ,  on  l'on  tronve  la  des- 
cription des  nsages  et  des  coiitnines  des  Améri- 
cains-Indiens du  nord  :  (en  anglais)  Le  Long's 
T^oyage  and  Travels  of  an  Indian ,  interpréter  and 
trader ,  describing  ihe  uianners  and  customs  of  tlie 
North  -  American  -  Indians.  Londres  ,  1 7^4  ?  ^  VoI. 
m-4°. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Voyages  chez  les  différentes  nations  sauvages 
de  rAmériqne  septentrionale,  renfermant  des  dé- 
tails curieux  sur  les  mœurs,  les  usages ,  les  céré- 
monies religieuses,  le  système  militaire,  etc.... 
des  Canhuagas,  des  Indiens  des  cinq  et  six  nations, 
Makanks  ,  Connecedagas  ,  Irbquois,  etc..  des  In- 
diens CliippeWais ,  et  autres  Sauvages  des  diverses 


Ù2  EIBLIOTHEOUE    DES    VOYAGES. 

tribus  ,  sur  leurs  langues  ,  le  pays  qu'ils  habitent , 
ainsi  que  sur  le  commerce  de  pelleteries  qui  se  fait 
chez  ces  peuples,  avec  un  état  exact  des  parties 
situées  sur  le  fleuve  Saint-Laurent ,  le  lac  Onta- 
rio,  etc....  par  J.  Le  Long ,  trafiquant  et  interprète 
des  nations  Indiennes  ;  le  tout  traduit  de  l'anglais  , 
avec  des  notes  et  des  additions  intéressantes  ,  par 
J,  B.  L.  J.  Billecocq  ,  et  une  carte  du  pays  situé  à 
l'est  du  Canada.  Paris  ,  Prault ,  au  ii  — 179^  j  ii'-8". 

L'inlelligence  des  langues  indiennes  donnoil  à  Le  Long 
la  facilité  de  pénétrer  chez  des  nations  presque  inconnues, 
dont  l'idiome  avoit  quelque  analogie  avec  celui  des  peu- 
ples fréquentés  par  les  Européens  :  elle  lui  a  été  d'un  grand 
secours  pour  ses  observations  judicieuses  sur  les  peu- 
plades qu'il  a  visitées  :  voici  celle  qu'a  faite  sur  la  Iraduc- 
lion,  et  sur  l'ouvrage  même,  M.  de  Volney  (  luco  cïtatn  , 
page  432): 

«  Il  est  fâcheux  que  le  traducteur  se  soit  permis  de  snp- 
»  primer  les  vocabulaires  ,  pour  (pielque  économie  de 
3)  librairie.  Cet  ouvrage  mérite  réimpression  avec  cor— 
))  rections  ;  car  il  est  le  plus  fidèle  tableau  que  je  connoisse 
»  de  la  vie  et  des  moeurs  des  Sauvages  et  des  trafiquans 
5)  canadiens  ». 

Voyage  du  lieutenant  Henri  Z'inier/aÂe,  chargé, 
dans  l'année  1760,  de  conduire  en  Angleterre  trois 
Sauvages  de  la  tribu  des  Cherokées  ,  renfermant 
des  détails  intéressaus  sur  cette  peuplade  d'habi- 
tans  du  nord  de  l'Amérique,  sur  leurs  mœurs ,  leurs 
usages ,  leur  forme  de  gouvernement ,  leurs  prin- 
cipes religieux  et  politiques  j  traduit  de  l'anglais 
par  J.  B.  L.  J.  Billecocq.  Paris,  Haulbert ,  an  v  — 
iyg7^  in-i8. 

Dans  sa  traduction  du  Vovage  de  Le  Lons,  M.  Eilîe- 


AMERIQUE,  VOYAC.  DANS  L'AMER.  SEPT.  OJ 
cocq  avoit  inséré  quelques  morceaux  de  celui  de  Tinil)?',-- 
Iake  :  on  doit  lui  savoir  gré  d'avoir  donné  la  traduction, 
entière  d'une  relation  qui  donne  de  grandes  lumières  sur 
les  Cherokées,  l'une  des  peuplades  les  plus  remarquables 
de  l'Amérique  septentrionale.  A  la  fin  de  ce  Voyage,  il  a 
jilacé  la  traduction  en  vers  du  chant  de  guerre  de  celte 
nation  ,  dont  il  avoit  donné  hx  traduction  en  prose  dans  la 
préface  du  Voyage  de  Le  Long.  Ces  traductions,  et  sur- 
tout la  dernière,  monirent  avec  quelle  énergie  d'expres- 
sion les  Sauvages  savent  rendre  les  grands  effets  de  la 
nature  et  les  fortes  émotions  de  l'ame. 

Voyage  de  Mout-Réal  sur  les  rives  du  fleuve 
Sainl-Laureut,  et  dans  le  continent  de  l'Amérique 
septentrionale  ,  à  travers  les  glaces  de  l'océan  Paci- 
fique ,  durant  les  années  de  1789  à  1795,  par 
Ale-xandre  Mahensie  :  (en  anglais)  T^ojoge  from 
Mont-Real ,  on  the  Rivers-Lauveiica  ^  thrûugh  to  con~ 
tinent  ofNorth -America,  in  the  frozew and  Pacific^ 
Océan,  in  the  jears  1^8 g  and  lygS ,  hj  Alex.  31a- 
kensie.  Londres,  Castel  et  Davier  ,  1801,  in-4°. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en. français  sous  le  titre  suivant: 

Voyages  d'Alexandre  Makensie  dans  l'intérieur 
de  l'Amérique  septentrionale,  fait  en  1789,  1792 
et  179^  ;  le  premier  ,  de  Mont-Réal  au  fort  Chi^ 
payau  et  à  la  baie  Glaciale  ;  le  second ,  du  foit 
Chipayan  jusqu'aux  bords  de  l'océan  Pacifique  ; 
précédés  d'un  tableau  historique  et  politique  siu- 
le  commerce  des  pelleteries  dans  le  Canada  ;  tra- 
duits de  l'anglais  par  J.  Castera,  avec  des  notes  ,  ci 
un  itinéraire  lire  des  papiers  du  vice-amiral  Bon- 
gainville  ,  enrichi  de  trois  grandes  cartes.  Paris  , 
Dentu,  au  x  — 1802  ,  5  v(>l.  in-S*^. 

VI.  c 


Ô/j.  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

Celle  relation  ,  li^ès-iiiléressanle  d'abord  par  les  rensei- 
guemens  géographiques  et  coiunierciaux  qu'elle  ren- 
ferme ,  l'est  encore  par  la  courageuse  persévérance  qu'a 
dise  le  voyageur  dans  ses  excursions. 

En  déclarant, dans  la  narration  de  son  premier  vo  âge, 
qu'il  n'avoit  pas  pu  trouver  de  passage  au  nord-ouest  , 
Makensieparoît  persuadé  que  ce  passage  tant  de  fois  cher- 
ché ,  et  qui  a  donné  lieu  à  tant  de  discussions,  n'exista 
réellement  pas.  C'est  en  conséquence  que  dans  son  second 
voyage,  il  s'est  attaché  à  cliercJier  une  communication 
commerciale  entre  les  deux  mers  par  les  fleuves  et  parles 
lacs  :  la  possibilité  de  celle  communication  lui  paroîl  aussi 
démontrée,  que  les  «grands  avantages  qu'on  en  tireroit 
pour  le  commerce  des  pelleteries  dans  le  Canada.  Un 
tableau  historique  de  ce  commerce,  sert  d'introduction  à 
son  Voyage  :  il  y  observe  que  la  plus  grande  partie  de  ce* 
pelleteries  passe  en  Angleterre  et  eu  Chine. 

A  la  têle  de  ce  tableau ,  Makensie  a  placé  quelques  réfle- 
:ïions  très-judicieuses  sur  la  marche  qu'on  prit  originai- 
rement pour  traiter  avec  les  Sauvages,  et  étendre  le  com- 
merce des  pelleleries:  il  y  juge,  avec  autant  d'imparlialilé 
que  de  philosophie ,  la  conduite  des  missionnaires  dans 
cette  partie  de  l'Amérique. 

Il  est  un  fait ,  dit-il ,  dont  il  ne  s'occupera  pas  à  cher- 
cher la  cause ,  mais  que  l'expérience  a  prouvé  ;  c'est  qu'il 
faut  beaucoup  moins  de  temps  aux  hommes  civilisés  pour 
.s'abandonner  à  la  vie  sauvage ,  qu'il  n'en  faut  aux  sau- 
vages pour  passeï"  à  l'état  de  civilisation.  Les  colons  cana- 
diens qui  suivirent  les  chasseurs  et  allèrent  trafiquer  dans 
l'intérieur  des  terres  ,  offrent  un  exemple  frappant  de 
celte  véi'ilé.  Les  moeurs  et  les  habitudes  des  Sauvages  leur 
plurent  tellement ,  que  renonçant  à  leur  première  manière 
de  vivre,  ils  se  fixèrent  parmi  eux....  Après  avoir  construit 
un  canot  d'écorcc  de  bouleau,  ils  y  embai-quoient  leurs 
marchandises  .  et  accompagnoient  les  chasseurs  sauvages.  - 
Ces  voyages  duroient  jusqu'à  douze  à  quinze  mois,  au 
bout  desquels  ces  coureurs  de  bois  (  c'est  le  nom  qu'on  leur 


AMÉllîQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  55 
tlonnoil)  revenoieiit  avec  de  riclios  cari^disans  de  pelle- 
teries ,  et  suivis  par  un  grand  nombre  de  Sauvages. 

Pendant  le  peu  de  temps  que  ces  hommes  restoient 
dans  les  villes,  pour  régler  leurs  comptes  et  se  procurer 
<les  marchandises,  ils  vivoient  communément  avec  une 
extrême  prodigalité....  En  jjassant  un  mois  sur  quinze  dans 
le  luxe  et  la  dissipation  ,  leur  but  étoit  atteint,  et  ils  se 
croyoient  assez  récompensés  de  leurs  travaux.  L'espèce 
d'éloignement  qu'avoient  ces  coureurs  de  bois  à  conserver 
ce  qu'ils  gagnoieut,  et  le  plaisir  de  vivre  sans  aucune  con- 
trainte, enfantèrent  bientôt  cliezeux  une  licence  de  mœur» 
qui  excita  les  plaintes  des  missionnaires.  Ceux-ci  obser- 
voieiit  avec  douleur  ,  qu'en  s'abstenant  de  remplir  les 
devoirs  du  christianisme,  de  tels  hommes  le  déshonoroient 
aux  yeux  des  naturels  qui  l'avoient  embrassé....  Ils  obtin- 
rent que  désormais  aucun  colon  nej^ourroit  aller  trafiquer 
avec  les  Sauvages,  sans  une  jDermission  du  gouverne- 
ment.... Les  permissions  ayant  été  le  plus  souvent  accor- 
dées par  la  faveur  à  gens  qui  ne  pou  voient  pas  en  faire 
.  usage,  et  rétrocédées  par  eux  aux  coureurs  de  bois,  ceux-ci 
redevinrent  l'objet  des  clameurs  bien  fondées  des  mis- 
sionnaires.... Mais  enfin  la  construction  de  plusieurs  forts 
à  la  jonction  des  grands  lacs  du  Canada,  arrêta  en  partie 
ces  désordres:  alors  des  hommes  estimables  qui  s'étoient 
retirés  du  service,  et  qui  avoieul  obtenu  des  permissions 
pour  faire  la  traite  des  pelleteries ,  se  livrèrent  à  ce  néooce 
avec  non  moins  d'honnêteté  que  d'intelligence:  ils  allèrent 
souvent  trafiquer  si  loin  des  côtes  et  des  jirincipaux  éta- 
blissemens  de  la  colonie,  qu'on  rangea  leurs  expéditions 
parmi  les  efforts  les  plus  élonnans  qu'ait  jamais  enfantés 
le  génie  du  commerce.  Ces  colons,  agissant  toujours  d'ac- 
cord avec  les  missionnaires,  surent  s'attirer  le  l'espect  des 
Sauvages....  Quant  aux  missionnaires,  si  le  courai^e  la 
c-onslance  et  le  dévouement  méritent  notre  admiration 
certes,  ils  ont  bien  droit  d'y  piélendre  par  les  incroyables 
iatigues  qu'ils  essuyèrent,  par  les  dangers  sans  cesse  renais'- 
î.a:i3  qu'il»  bnivcrcntj   mais  le  succès  ne  couronna  pa» 

2 


56       bibliotiièqut;  des  voyages. 

Irurs  efiforts ,  puisqu'à  peine  fronve-t-on  encore  au-delà 
<les  leinloiics  que  cultivent  les  Européens  dans  le  Canada, 
quelques  traces  des  travaux  apostoliques  de  ces  religieux. 
Ce  malheur  doit  être  attribué  à  la  manière  dont  ils  s'y 
prirent  pour  étendre  la  foi....  Ils  adoptèrent  les  mœurs  des 
nations  qu'ils  vouloient  convertir,  et  en  se  mettant  ainsi 
dans  leur  dépendance  ,.  ils  devinrent  l'objet,  non  de  leur 
vénéraîion  ,  mais  de  leur  mépris....  Avec  plus  de  connois— 
sance  du  cœur  liuinain  ,  ils  auroient  commencé  leur  ou-» 
vrage  en  enseignant  aux  Sauvages  quelques-uns  des  arts 
utiles  qui  sont  une  introduction  à  la  science,  et  qui  con- 
duisent par  degrés  aux  idées  d'une  conception  plus  diffi- 
cile. L'agriciiltuie  ,  si  propre  à  formel"  le  lieji  des  sociétés, 
étoil  la  première  chose  a  laquelle  il  falloit  accoutumer  les 
naturels  du  Canada.  Non -seulement  elle  fixe  les  peu- 
plades dans  les  endroits  où  elle  leur  procure  les  moyens 
de  subsister;  mais  elle  leur  donne  une  idée  de  la  propriété 
et  d'une  possession  durable  ,  bien  plus  avantageuse  sans 
doute  que  les  espérances  incertaines  de  la  chasse  et  les  pro- 
ductions éphémères  des  arbustes  sauvages  et  des  terre» 
incultes.  C'est ,  grâce  à  un  art  si  nécessaire  et  si  facile  , 
que  les  forêts  du  Paraguai  se  sont  changées  ,  sous  la  direc- 
tion des  jésuites  espagnols  ,  missionnaires  ,  sinon  plu» 
zélés,  du  moins  plus  habiles  que  ceux  du  Canada  (i) ,  en 
champs  fertiles  et  bien  cultivés  ,  et  que  leurs  sauvages  habi- 
laus  ont  appris  à  connoîlre  tous  les  avantages  de  la  civi- 
lisation.... En  s'écartanLde  cette  marche,  il  est  arrivé  que 
la  lumière  de  l'évangile  étant  toul-à-coup  apportée  à  plus 
de  mille  lieues  de  dislance  des  établissemens  européens, 
fut  bientôt  sans  éclat  au  milieu  de  l'épais  nuage  d'igno- 
rance qui  obscurcissoit  l'esprit  humain  dans  ces  contrées 
lointaines.  J'ai  souvent  parcouru  ,  dit  Makensie,  les  pays 
où  éloient  les  missionnaires,  et  je  peux  assurer  que  leur 
souvenir    ne    s'est   conservé    que    parmi   quelques   vieux 

(i)  Ces  mots  en  oaraclères  italiques  ne  soiU  pas  dans  le  Ublcau 
donl  je  donne  ici  iexîrait. 


AMÏllIÇtUE.  VOYAC.  PANS  L'AMER.  SEPT.  ^7 
€olons  qui  v  éloient  déjà  élablis,  lorsqii'en  1760  la  con- 
cession en  fui  faite  aux  Anglais.  Mais  s'ils  ont  %'aineiiient 
préclié  la  foi  aux  Sauvages  ,  ils  se  sont ,  au  moins  pendant 
l«ur  mission,  rendus  liès-utilcs  à  ceux  qui  faisoient  le 
commerce  des  pelieleries.  Dès  les  premiers  temps  qu'ils 
pénélrèrenl  dans  le  Canada,  ils  parvinrent  à  empêcher  de 
vendre  aux  Sauvages  les  liqueurs  spiriUieuses  ;  règlement 
très-sage  qui  malheureusement  ne  subsiste  plus,  parce 
que  ceux  qui  faisoient  le  commerce  des  pelleteries  trou- 
vèrent ]e  moyen  tie  réluder^en  feignant  de  faire  présent 
aux  Sauvages  des  liqueurs  qu'il  ne  leur  éloil  pas  permis  de 
leur  vendie. 

Dans  le  surplus  du  tableau  ,  Makensie  trace  les  progrès 
du  commerce  des  pelleleiies  :  la  natuie  et  les  bornes  de 
mon  ouvrage  ne  me  perujetlent  pas  de  l'y  suivre. 

Ses  deux  vovages  ne  sont  qu'un  récit  délaillé,  et  qui 
n'est  pas  dénué  d'intérèL .,  des  fatigues  et  des  dangers  qu'en- 
Iraiue  la  traite,  et  des  obstacles  sans  nombre  contre  les- 
quels il  eut  lui-même  à  lutter  dans  ses  excursions.  Lors  de 
son  preujier  voyage  ,il  s'avança  vers  la  mer,  et  il  ne  revint 
au  point  d'où  il  étoit  parti,  qu'après  cent  deux  jours  d'ab- 
sence ,  duiant  lesquels  le  mécontt  nlement  de  sa  petite 
troupe,  ou  fatiguée,  ou  inquiète,  doubla  pour  lui  les 
péjils  et  les  difficultés  de  la  rouie.  Quoique  Makensie  ne 
se  soit  occupé  ni  de  l'histoire  naturelle  ,  où  ,  de  son  aveu  , 
.  il  n'éloit  pas  initié,  ni  spécialement  même  d'observations 
sur  les  peuplades  sauvages  qu'il  a  visitées,  on  peut  néan- 
moins recueillir  de  sa  narration  quelques  traits  intéres— 
sans  sur  cette  espèce  d'hommes  qui  suit  les  simples  loix  de 
la  nature  ,  et  qui,  par  cela  même,  doit  paroître  extraordi- 
naire aux  nalions  policées. 

De  tontes  les  peuplades  américaines  avec  lesquelles  la 
voyageur  a  communiqué,  celles  qui  ont  le  plus  fixé  son 
attention  ,  ce  sont  les  Kinslenaux  et  les  Cliipoyans.  Le» 
jjremiers,  répandus  sur  une  vaste  partie  du  continent  de  _ 
l'Amérique  septentrionale  ,  ont  un  idiome  et  des  usage» 
commuas  avec  les  nalions  nui  habitent  les  contrées  limi- 


Î>S  1]  I  E  L  T  0  T  II  K  Q  U  -E    DES    T  O  Y  A  G  T;  S. 

tioplies  (les  possessions  anglaises  le  long  de  la  cote  de  La- 
brador, et  depuis  l'emboncliure  du  gnîfe  de  Saint- La ure)>t 
jusqu  à  Mont-Réal.  Une  industrie  qui  les  dislingue  parti— 
culièjenient ,  c'est  l'art  avec  lequel  ils  brodent  leurs  vèie— 
mens,  en  se  servant  de  piqnans  de  porcs-épics  et  des  soies 
des  daims  gris. 

Les  Chipoyans  ,  quoique  voisins  des  Kinstenaux,  n'en— 
tendent  point  la  langue  de  ces  derniers  :  la  leur  est  abon- 
dante et  difficile  à  apprendre  :  elle  est  divisée  en  plusieurs 
dialectes  que  parlent  les  différenles  tribus.  De  toutes  les 
peuplades  américaines  ^  c'est  la  plus  nombreuse;  mai» 
elle  ne  l'est  pourlani  pas  à  proportion  de  la  vaste  étendue 
qu'elle  occupe,  ce  que  Makensie  attril?ue  aux  ravages  de 
la  petite -vérole.  Il  est  remarquable  que  les  Chipoyans 
n'ont  pas  le  goût  des  liqueurs  fortes  ;  aussi  leurs  rixes  sont- 
elles  rarement  sanglantes.  Ils  ne  sont  ni  chasseurs  habdes, 
ni  bons  guei'riers.  Ce  n'est  que  par  le  grand  nombre  qu'ils 
l'emportent  sur  les  Européens.  Malgié  la  douceur  de  leur 
caractère,  ils  sont  dans  l'usage  de  ne  point  faire  de  pri- 
sonniers ,  et  de  massacrer  de  sang-froid  ceux  de  leurs 
ennemis  qui  tombent  en  leur  pouvoir;  mais  Makensio 
nie  formellement  qu'ils  soient  anthropoj)hages,  coinine  on 
les  en  avoit  accusés.  Il  assure  même  qu'il  n'a  pas  connu 
dans  l'Amérique  septentrionale,  une  seule  nation  cpii  le 
fût  réellement. 

Les  idées  des  Chipoyans  sur  la  création  du  monde  sont 
fort  bizarres,  et  leur  appartiennent  entièrement  :  celles 
qu'ils  ont  conservées  sur  une  révolution  diluvienne,  et  sur 
le  refuge  qu'offrirent,  lors  de  celle  grande  catastrophe  , 
les  hautes  montagnes,  sont  conformes  aux  traditions  des 
•Tnifs  et  de  beaucoup  d'autres  nations.  Outre  la  croyance 
de  la  métempsycose,  ils  ont  celle  d'un  jugement  dernier. 
Ils  croyent  quà  l'instant  qu'ils  meurent,  leur  ame  passe 
dans  un  a!itre  monde; qu'arrivés  sur  le  bord  d'une  grande 
rivière  ,  ils  s'embarquent  dans  un  canot  de  pierre  ,  et  que 
le  courant  les  porte  dans  un  grand  lac  ,  où  s'élève  dans  le 
centre  une  île  délicieuse.  C'est  là  qu'on  leur  prononce 


AMÉRIQUE.  AM">YAC.  DAN^S  T/AMER.  SFPT.  '5^ 
l'arrêt  irrévocable  de  leur  destinée.  Si,  pendant  ïeiir  vie, 
leurs  bonnes  actions  l'ont  emporté  sur  les  mauvaises  ,  on 
les  dél)arque  dansl  ile  ,  où  ils  jouissent  de  tous  les  plaisirs 
des  sens.  Dans  le  cas  contraire,  le  c.mot  s'enfonce,  et  ils 
restent  plongés  dans  le  lac  jusqu'au  jnenton,  faisant  sans 
cesse  de  vains  eflorls  pour  arjiver  à  l'île  fortunée  .  qu'ils 
voyent  toujours  sans  pouvoir  l'nlleindre.  ]1  est  assez  sin- 
gulier de  trouver  chez  les  Cln'poyans  la  barque  à  Caron , 
les  champs  Eliséens,  et  le  goufiVe  ou  Tarlare  des  Grecs. 

Les  délails  où  e.'-l  entré  Makensie  sur  les  autres  nations 
qu'il  a  visitées  dans  le  cours  de  ses  voyages,  n'ont  ni  le 
même  intérêt ,  ni  le  même  mérite  de  la  ni-îuveauté ,  que  les 
notions  qu'il  donne  sur  les  Chipoyans  et'  le.s  Kinstenaux. 

§.  III.     Relations  communes   au    Canada  et  au.r 
Etals-Unis. 

Notices  géographiques  ,  Ijistoiiques  et  poli- 
tiques ,  sur  la  partie  de  l'Amérique  septentrionale 
qui  est  Je  théâtre  de  la  guerre  entre  les  Français  et 
les  Anglais  :  (en  allemand)  Gcographisch-Historiscli- 
Polilische  JVachrichten  von  deni  Theil  des  Nordlichen 
.America ,  wo  z\vischen  den  Franzosen  und  Englàn— 
dem ,  Krieg  gefiïliret  wird.  Francfort  et  Leipsic  ^ 
1756,  in-8^ 

Journal  historique  du  capitaine  Jean  Knojc 
des  campagnes  de  i  ySy  ,  58 ,  Sg  et  60 ,  dans  l'Anié- 
rique  du  nord  (le  Canada  et  les  Etats  Unis)  ,  com- 
prenant les  événemens  les  plus  remarquables  à 
cette  époque  ,  particulièrement  le  siège  de  Québec 
sous  les  ordres  de  l'amiral  et  des  ofFiciers-géneraux, 
la  description  des  pays  oî^i  l'auteur  a  servi,  de  leurs, 
forts  et  de  leurs  garnisons ,  de  leurs  climats ,  sol  et 


4o  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

productions  ,  et  un  joiiiDal  régulier  Je  la  tempéra- 
ture de  l'air  :  on  y  a  joint  plusieurs  manifestes  , 
des  mandemens  de  Tévêque  du  Canada ,  et  le  régime 
français  de  cette  colonie  :  (en  anglais)  Capitaine 
John  Knox's  HisLorical  Journal  of  ilie  campains  in 
North-^merica,  for  the  jears  i/.^/ ,  68,  5g  and 
jy6o ,  coiitaining  the  most  reniarhable  concurrence  of 
the  period ,  particularly  two  sièges  of  Québec  under 
the  orders  of  ihe  admirai  and  gênerai  -  officers  ;  des- 
cription of  the  countries  where  the  author  has  seived  : 
with  their  forts  àjid.  gajjiisons  ,  their  climate  ,  soil , 
produce,  and  a  rcgular  diarj  of  the  weather;  also 
several  manifesiies  ,  a  mandate  of  the  hiskop  of  Ca- 
nada ;  the  french  order  and  dispositions  for  that 
colonj.  Londres,    1769,  2  vol.  in-/y°. 

Lettres  confidentielles  de  quelques  Officiers 
allemands  dans  le  Canada  et  la  IS ouvelle- Angle- 
terre ,  en  1777  et  1778,  sur  l'ctat  physique,  éco- 
nomique et  moral*  de  ces  pays  :  (  eu  allemand  ) 
J^ertrauliche  Bri'efe  von  Canada  und  Neu  England 
von  lyyy  und  lyyS  ,  ïiher  den  gegemvàrtigen  Phjsi- 
scheji,  (Econoniischen  und  3Ioralischen  Zustand  dieser 
Lànder(r>on  einigen  Deutscheii  Officiers^.  Gotlingue, 
177^,  in-8^ 

Voyage  dans  les  parties  iniérieures  de  l'Amé- 
rique ,  pendant  le  cours  de  la  deruière  guerre ,  par 
un  Officier  de  l'armée  rovale  ;  traduit  de  l'Anglais  , 
avec  une  carte  où  l'on  a  tracé  le  cours  du  voyage. 
Paris,  Briand  ,  1790,  2  vol.  iu-8°. 

Dans  la  premièie  partie  de  ce  Voyage,  la  scène  des 
observations  du  voyageur  est  le  Canada  :  dans  lu  seconde. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  ^l 
ee  sout  les  Etab-Unis.  Aucune  prévention  en  faveur  de 
la  cause  pour  laquelle  il  coniballoil,  n'a  dû  le  porter  à 
allérer  le  caraclère  moral  des  colons  du  Canada;  mais 
l'inlérêt  de  celle  cause  l'a  souvent  conduit  à  défignier 
celui  des  Anglo-Américains.  Il  dépeint  les  Colons  d  un 
rang  au-dessus  du  comiuiui  dans  le  Canada,  tels  que 
toutes  les  relations  nous  les  représentent ,  trè^-infalués  de 
leurs  préjugés  nobiliaires  et  du  régime  féodal,  passionnévS 
])our  les  plaisirs,  et  esclaves  des  praliques  minutieuses  de 
la  dévotion  ,  indolens  et  inaclifs  dans  l'intérieur  du  pays , 
et  ne  montrant  d'activité  que  dans  les  expéditions  loin- 
taines de  la  guerre. 

Quant  à  la  classe  des  fermiers  ,  il  s'y  est  opéré,  suivant  le 
voyageur,  la  révolution  la  plus  l.eureuse,  depuis  que  le 
Canada  a  passé  sous  la  domination  de  l'Angleterre.  Ces 
hommes,  jadis  si  paresseux  et  si  indolens,  sont  devenus 
actifs  et  industrieux.  Sans  cesse,  on  les  voit  s'occuper  à 
couper  des  Lois  iwmv  former  de  nouvelles  fermes  :  ce 
cliangemcnt  tient  sans  doute  aux  principes  de  liberté,  aux 
idées  d'égalité  politique  qui  ont  pris  raciue  dans  le  pays, 
aux  encouragemens  cjue  donne  le  gouvernement.  Le 
voyageur  néanmoins  a  cru  voir  que  les  Canadiens  regret- 
tent le  gouvernement  français;  mais  il  ajoute  que  ceci  ne 
doit  néanmoins  s'entendre  que  des  seigneurs  de  fief  qui 
ont  perdu  une  partie  de  leurs  prérogatives  féodales,  en 
passant  sous  la  dénomination  anglaise  (i).  La  classe  du  bas 
peuple  est  fort  insolente  dans  le  Canada  :  le  voyageur 
l'attribue  à  l'excessive  indulgence  du  gouvernement  an- 
glais. A  l'égard  des  femmes,  if  les  dépeint  vives,  d'un  bon 
caractère  et  très- obligeantes^  propres  dans  leur  mise,  mais 
n'ayant  aucune  piétention  à  la  beauté. 

Tous  les  jugemens  que  porte  le  voyageur  sur  les  Anglo- 
Américains, et  qui, comme  je  l'ai  déjà  fait  observer,  ont 
le  caraclère  de  la  prévention   et  de  la  haine,  se  trouvent 

(i)  Cette  assertion  est  dénieulie  par  M.  Weld  ,  daus  sou  Voyagé 
au  CaiiaiLj ,  dont  ;e  donueiai  iucessammeat  lu  iiotice. 


4^  EinLIOTIlÈQUE    DES    VOYAGlsS. 

luéiés  dans  sa  narralion,  avec  les  événemens  de  la  guerrs 
de  l'indépendance,  el  ne  sont  pas  suacejjtibles  d'être  pré- 
sentés par  apperçij 

Indépendammenl.  des  observalions  sur  les  hommes,  on 
tronve  dans  la  relation  des  détails  intéressans  sur  la  nature 
du  climat  et  celle  du  sol ,  sur  les  animaux  el  les  productions 
du  pays. 

JouRNAT,  d'un  voyage  fait  dans  l'inlérieur  de 
rAïuérique  septentriouale  ,  dans  lequel  on  donne 
des  détails  précieux  sur  Tinsurreclioa  des  Anglo- 
Américains,  et  sur  la  cljule  désastreuse  de  leur 
papier-monnoie  ;  traduit  de  l'anglais  el  enrichi  de 
noies  par  M.lNoël  ;  enrichi  de  cartes  et  de  figures. 
Paris,  La  Villette ,  \jg5  ,  2  vol.  in-8". 

Quoique  le  voyageur  ait  décrit  les  principaux  établisse- 
Mens  du  Canada  ,  et  légèrement  crayonné  les  moeurs  et  les 
«sages  des  Canadiens;  quoiqu'il  ail  aussi  donné  la  descrip- 
tion de  plusieurs  villes  des  Eiat,-~Unis,  et  tracé  quelque 
chose  du  caractère  de  leurs  habitans,  sa  relation  nous 
instruii  beaucoup  pins  des  événemens  politiques  el  mili- 
taires, qu'elle  ne  nous  procure  de  lumières  sur  le  pays  et  les 
peuples. 

Voyage  dans  le  Canada  et  les  Etats-Unis,  dans 
les  années  179^,  g6  et  97  ,  par  Jean  Weld  :  (en 
anglais  )  A  p  ojage  to  Canada  and  the  United-State 
of  America ,  hy  John  Weld.  Londres  ,  Jean  Stok- 
dale,  1799,  a  vol.  in-S". 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  allemand,  avec  des  planches  ; 
en  voici  le  titre  : 

/.  JVeld's  Reisen  durch  die  p^ereinigten  Slaateh 
l'on  Nord- Jmeriha.  Berlin  ,  Oehingc  ,  i8oo,  2  vol. 
in-8\ 


AMÉRIQUE.     YOYAG.  DANS   L'AMER.  SEPT.        /p 

—  Le  même,   ihid.    ïlaude  et    Spcacr  ,   iboi  , 

Ce  Voyage  a  élé  traduit  aussi  en  français  sous  un  Mfe 
qui  n'indique  qu'une  paiiie  des  pays  vigiles  v>nr  le  voya- 
geur. 

Voyage  au  Caiiadn  ,  pcnd.int  les  années  '79^  ? 
96  et  97  ,  par  Jean  Tf^eld;  oavrage  traduit  de  itm- 
gîais^  et  enrichi  d'une  carte  ge'ne'rale  du  pays,  et 
de  onze  planches  olTrant  ]es  points  de  vue  les  phis 
remarqucibles  ,  et  notamn^ent  le  fameux  saut  de 
IViagara.  Paris,  Le  Petit  jeime,  1800  .  3  vol.  in-8^. 

C*er,l  en  1796  que  M.  AVeld  ,  voyant  les  tronbles  de 
l'Irlande  ,  sa  patrie,  prendre  nn  caraclère  inquiétant,  s'e.st 
déterminé  à  jiasser  aux  E(a!s-Unis  et  au  Canada,  pour 
examiner  quelles    ressources    l'Amérique   septentrionaie 
pouvoit  offrir  à  ceux  que  leur  mauvaise  fortune  obligeroil 
de  qin'iler  leur  pays  natal.  C'est  à  Philadelphie  qu'il  débar- 
qua :  il  ne  donne  pas  de  celte  ville  une  idée  aussi  avanta— 
tageuse  que  beaucoup  d'autres  voyageurs.  IjCs  dehors  en 
sont  imposans  :  mais  lorsqu'on  y  entre,  on  ne  voit  qu'un 
amas  confus  de  magasins  construits  en  bois;   les  quais, 
fort    commodes    pour    l'embarcation   des   marchandises, 
.sont  de  la  même  conslruclion.  Derrière  ces  ruais  ,  règne 
une  longue  rue  qui  se  prolonge  parallèlement  à  la  rivière, 
et  qui  n'a  pas  trente  pieds  de  large.  Derrière  les  maisons 
siluées  du  côté  le  plus  éloigné  de  l'eau  ,  s'élève  une  haute 
collinequi  intercepte  l'air.  Cet  inconvénient  est  aggravé  par 
les  odeurs  fétides  qui  s'exiialent  des  immondices  de  la  boue 
dont  cette  rue  est  couverte,  et  dont  sont  remplies  quel- 
ques-unes des  maisons  où  il  y  a  peu  d  habilans.  Ce  méphi- 
tisme  est  si  fort,  que  le  voyageur  regardoit  comme  dan- 
gereux de  passer  dans  celle  rue.  C'est  là,  dit-il,  que  prit 
naissance  cette  fièvre  jaune  pestilentielle  qui ,  en  1790,  fit 
de  si  terribles  ravages  ,  et  si  souvent  répétés  depuis,  non- 


44  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

seulement  à  Philadelphie,  mais  dans  plusieurs  autres  par- 
ties des  Etats-Unis ,  et  même  au-delà.  Le  voyageur  s'étonae 
avec  raison  que  les  habitans  n'aient  j^ris  aucunes  précau- 
tions pour  purifier  l'air  empesté  qu'on  respire  dans  la  rue 
dont  il  s'agit- 

Autant  dans  les  anciens  quartiers  de  Philadelphie  les 
rués  sont  petites,  sales  et  infectes,  et  les  maisons  qu'elles 
renferment  mal  construites  et  peu  aérées,  autant  dans  les 
nouveaux  quartiers  jégne  une  propreté  remarquable. 
A  l'éiégance  de  la  construction  ,  les  maisons  réunissent 
l'avantage  d'une  grande  circulation  de  l'air,  et  d'une  dis- 
tribution faite  avec  beaucoup  d'intelligence.  Philadel- 
phie néanmoins  ne  renferme  pas  plus  de  cinq  à  six  édifices 
publics  qui  puissent  mériter  l'atlenlion.  De  ce  nombre, 
soijt  l'église  ])resl.yiérienne,  le  palais  des  Etats-Unis, 
l'hôtel  de  leur  président,  qui,  depuis  le  changement  du 
siège  du  gouvernement,  recevront  une  autre  destination: 
tels  sont  encore  l'hôpital ,  les  maisons  de  travail  et  de  cor- 
rection,la  prison.  Ces  derniers  établissemens  ne  brillent  pas 
même  par  l'élégance  de  leur  architecture  extérieure;  mais 
ils  sont  remarquables  par  l'heureuse  entente  de  la  distri- 
bution inlérieui-e,  et  par  l'excellence  du  régime.  La  pri- 
son sur-tout  frappa  singulièrement  le  voyageur.  11  n'estime 
pas  qu'il  en  existe  nulle  part  aucune  qui  soit  si  sagement 
administrée.  D'après  les  nouvelles  loix  pénales  publiées 
dans  la  Pensylvanie  ,  aucun  crime  n'est  puni  de  mort , 
exceplé  l'as^sassinat  commis  avec  préméditation  ,  ou  ]X)ur 
favoriser  l'exécution  d'un  rapt  ou  d'un  vol.  Tout  autre 
crime  n'est  punique  par  un  emprisonnement  solitaire, 
dont  la  duiée  est  proportiojinée  à  i'énormité  du  crime  : 
il  faut  voir  dans  la  relation  même,  le  mode  et  les  bons 
efifels  de  cette  inslilution. 

Le  voyageur  se  plaint  vivement  de  la  grossièreté  de  la 
Lasse  classe  du  peuple  en  Amérique  ,  sur-tout  à  Philadel- 
pliie.  Il  semble  ,  dit-il  ,  qu'elle  croie  l'observation  des  plus 
simples  égards  envers  les  étrangers,  incompatible  avec  1 1 
liberté  :  ceci  ne  regarde  que  les  Labilaaa  des  villes.  A  ceux 


AMÉRIQUlî.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  4^ 
delà  campaî^ae  ,il  reproclie  une  importune  et  vaine  curio- 
sité, qui  les  porte  à  accabler  de  questions  les  étrangers. 

Le  choix  de  remplacement  de  la  ville  où  devoit  s'as« 
sembler  le  congrès  ,  a  p?iiu  à  M  Weld  très-lienrenx  ,  en 
ce  que  cet  emplacement  est  aussi  central  qu'il  le  pouvoit 
être  par  rapport  à  tous  les  Elats-lhiis  ,  et  que  cette  nou- 
velle ville  féi'érale  ,  qui  s'élevoit  de  son  temps  sur  les  bords 
de  la  Palownac  dans  la  Virginie,  i:era^  Irès-avantageuse- 
ment  située  pour  le  commerce,  sans  lequel  aucune  cité 
Tie  peut  s'élever  à  un  haut  degré  de  splendeur  et  de  popu- 
lation. 

En  traversant  la  Pensylvanie,  il  Tut  frappé  de  la  ma~ 
nière  misérable  dont  vivent  les  fermiers.  11  ne  sait  s'il  faut 
l'attribuer  à  leur  sobriété  naturelle  ou  à  leur  économie  : 
on  poui"roit  peut-être  lexpliquer  par  ce  qu'il  observe  lui- 
même  aui' la  modicité  du  produit  de  la  terre.  Le  cultiva- 
teur américain  ne  retire  pas,  dit-il,  de  deux  cents  acres 
de  terre,  ce  qu'en  Angleterre  un  fermier  intelligent  retire 
de  cinquante  acres  seulement.  De  cette  observation,  il 
résulte  que  dans  la  Pensylvanie,  les  fiais  de  culture  doi- 
vent être  considérables,  tandis  que  les  produits  sont  mé- 
diocres. M.  W'eld  a  remarqué  dans  l'islbme  septentrional 
et  dans  le3  parties  basses  de  la  Virginie  ,  une  disparité  de 
conditions  inconnue  dans  toutes  les  autres  parties  des 
Etals-Unis,  si  ce  n'est  peut-être  dans  les  grandes  villes. 
Des  propriétés  territoriales  d'une  étendue  immense  sont 
entre  les  mains  d'un  petit  nombre  d'individus  qui  en 
relisent  des  revenus  considérables,  tandis  que  la  généralité 
du  peuple  est  dans  la  médiocrité.  La  plupart  des  grands 
propriétaires  reçoivent  une  éducation  très— soignée ,  et  les 
autres  n'en  ayant  aucune  ,  1  inégalité  devient  toujours  plus 
«ensible. 

Il  existe  dans  la  Virginie  une  loi  très-préjudiciable  an 
commerce  ,  c'est  celle  qui  rend  inviolable  toute  propriété 
territoriale.  Aussi  long-temps  qu'elle  existera,  les  étran- 
gers craindront  de  faire  crédit  à  des  gens  qui  peuvent  em-« 
ployer  le  produit  des  marc'uandises  qu'on  leur  aura  con- 


4^  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

fiées,  à  acheter  uue  terre  que  leurs  ci'éanciers  ne  pour- 
ront pas  faire  saisir.  Uim  des  plus  grandes  richesses  du 
pays,  consiste  dans  la  culture  du  tabac  ;  mais  elle  ne  tar- 
deroit  pas  à  décroître ,  si  l'on  coutinuoit  à  ruiner  le  sol 
par  la  pernicieuse  métliode  de  cultiver  toujours  en  tabac 
la  même  pièce  de  terre,  jusqu'à  ce  qu'on  en  ait  entière- 
taent  épuisé  les  sucs  nourriciers  :  mais  quelques  planteurs 
inlelligens  n'exigent  plus  qu'une  seule  récolte  de  tabac  sur 
une  terre  neuve  ;  ils  y  sèment  ensuite  du  blé  deux  années 
de  suite,  puis  du  trèfle  ;  et  ils  ont  soin  d'amender  la  terre  : 
les  bons  effets  de  ce  procédé  ouvriront  les  yeux  aux  autres 
cultivateurs. 

Dans  les  montagnes  qui  forment  la  lisière  de  la  Haute- 
Virginie,  on  a  fait  jusqu'à  présent  des  tentatives  infruc- 
tueuses pour  araoliorer  la  vigne  ,  ou  plutôt  pour  lui  don- 
ner toute  la  perfection  dont  elle  peut  être  suscep'ible  : 
M.  Weld  estime  qu'avec  le  temps  on  pourra  y  parvenir. 
C'est  une  chose  assez  remarquable  ,  que  dans  celte  partie 
de  l'Amérique ,  les  montagnes,  qui  y  sont  très -multi- 
pliées, n'atteignent  pas  même  le  degré  d'élévation  qu'ont 
quelques-unes  du  pays  de  Galles  en  Angleterre  (i).  Dans 
ces  montagnes,  le  serpent  à  sonnettes  est  très-commun  ; 
mais  comme  il  n'attaque  jamais  quiconque  ne  l'excite  pas, 
quoiqu'il  ne  se  détourne  point  pour  éviter  la  rencontre  des 
hommes,  il  est  rare  qu'on  en  soit  mordu  :  il  n'eu  est  pas 
de  même  du  serpent  cuivré,  qui  n'avertit  pas  de  son  ap- 
,  proche  comme  l'autre.  Quoique  son  venin  soit  moins 
subtil,  il  devient  mortel,  si  l'on  n'est  pas  secouru  à  teujps. 
Le  voyageur  s'étend  avec  complaisance  sur  le  caractère 
physique  et  moral  des  habitans  dt'ces  montagnes.  Les 
hommes  ont  l'air  de  la  force  et  de  la  santé  :  ils  sont  francs , 
puverts  et  hospitaliers  ;  mais  on  peut  leur  reprocher  un 

(i)  Celle  circonstance,  réunie  à  laul  d'autres,  ne  piouve- 
l-elle  pas  que  les  eaux  qui  couvrirent  la  surface  du  globe  Ion 
de  la  révolution  diluvienne,  ont  dà  plus  long-leuips  submerger 
l'Amérique  septentrionale  que  le»  Itiit*  de  l'aucieii  coalincul'' 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  fyj 
penchant  à  s'enivrer,  Irop  Hivorisé  par  l'abondance  d'eaii- 
de-vie,  qu'à  peu  de  frais  leur  pi'ocure  la  grande  qnantilé 
, de  pèches  qu'ils  recollent.  lie  bon  rnarclié  de  loules  les 
choses  nécessaires  à  la  vie  ,  contribue  aussi  à  les  rendre 
indolens  et  dissipés.  Leurs  femmes  ont  ,  comme  eux , 
beaucoup  de  goût  pour  les  plaisirs;  elles  ont,  au  reste, 
les  plus  belles  formes  ,  la  plus  belle  peau  ,  la  manière  de  se 
vèlir  la  plus  séduisante  ;  et  dins  leur  jeunesse,  elles  pour- 
roient  aux  peintres  fournir  des  modèles  de  fraîcheur  et  de 
beaulé. 

M.  Weld  ne  fait  pas  le  même  éloge  des  autres  habitana 
de  la  Virginie.  La  passion  du  jeu  dans  les  villes  ,  celle  des 
combats  de  coqs  à  la  campagne  ,  sont  l'amusement  favori 
des  personnes  au-dessus  du  commun  :  quant  aux  gens  du 
peuple,  ils  sont  excessivement  querelleurs,  et  quand  ils 
en  viennent  aux  mains  ,  ils  se  battent  comme  les  ani- 
maux, ce  II  n'est  pas  rare,  dit-il,  de  rencontrer  dans  ce 
j)  pays  des  hommes  qui  ont  perdu  un  œil  dans  les  com- 
x>  bals  ;  et  il  y  a  des  gens  qui  se  vantent  de  leur  adresse  à 
3)  en  arracher  un. . . .  Ces  misérables  ont  encore  une  cou- 
))  tume  plus  affreuse  que  celle-ci  :  ils  s'efforcent  aussi  d'ar- 
5)  radier  les  testicules  à  celui  qu'ils  combattent.  En  tra- 
»  versant  la  Virginie  et  le  Maryland  ,  j'entendis  parler, 
))  quatre  ou  cinq  fois  ,  d'hommes  relenusau  lit  par  suitedes 
»  blessures  qu'ils  avoient  reçues  dans  u\\  combat  de  ce 
))  genre.  Des  personnes  dignes  de  foi  m'ont  assuré  que 
))  dans  la  Géorgie  et  la  Caroline,  les  gens  du  peuple  sont 
3)  encore  plus  inhumains  ;  et  que  dans  quelques  parties  de 
ï>  ces  Etats,  soi-  quatre  hommes,  il  y  en  a  toujours  un  à 
33  qui  il  manque  wn  oeil  3). 

Dans  tous  les  jugeraens  que  porte  M.  ^Veld  sur  les 
habilans  des  Etats-Unis  ,  on  eiîtrevoit  les  traces  du  ressen- 
timent qu'a  laissé  dans  le  coeur  des  Anglais  la  séparation 
de  ces  colonies  d'avec  la  mère-patrie  :  il  ne  faut  donc  en 
général  adopter  ces  remarques  qu'avec  une  extrême  ré- 
serve. La  description  qu'il  fait  du  pays  ,  paroît  mériter, 
au  contraire,  une  confiance  entière,  et  il  y  développe  uii 


43  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

talent  distingué.  Sa  plume  décrit  les  difterens  sites  et  les 
divers  accidens  de  la  nature;  avec  sou  crayon,  il  les  a 
fidèlement  dessinés.  Le  tableau  qu'il  trace  ,  soit  des  grandes 
chutes  d'eau  de  la  rivière  de  Patho\vnac,  qui  se  précipite, 
par  différens  sauts,  d'une  élévation  de  soixante  et  un  pieds, 
soit  du  pont  de  roche  (i),  soit  des  beaux  paysages  dt;  la 
Virginie,  annonce  un  homme  exercé  à  traiter  le  genre 
descriptif.  Son  Voyage  dans  une  partie  des  Etats-Unis  est 
terminé  par  des  observations  curieuses  sur  les  étonnantes 
variations  de  l'atmosphère  dans  les  Etats-Unis,  et  sur- tout 
dans  la Pensylvanie  :  elles  sont  telles,  que  dans  ce  dernier 
pays,  ou  a  vu  le  thermomètre  de  Farenheit  varier  de  cin- 
quante degrés  dans  les  vingt-quatre  heures. 

En  entrant  dans  le  Haut-Canada  par  le  lac  Champlain, 
M.  Weld  trouva  établies  des  précautions  très-sévères  à 
l'égard  des  étrangers  :  elles  sont  la  suite  de  la  défiance  que 
le  gouvernement  anglais  a  conçue  pour  les  Américains. 
Il  fut  singulièrement  frappé  du  contraste  qu'offre  le  Canada 
avec  les  Eîafs-Unis  :  il  résulte  sur-tout  de  la  différence  du 
costume  ,  de  la  propreté  et  de  la  solidité  des  maisons,  de  la 
multitude  des  calèches  qu'on  rencontre  sur  les  routes  ,  des 
crucifix  qui  y  sont  1res- multipliés ,  du  grand  nombre 
d'églises  et  de  couvens  des  deux  sexes,  de  la  multitude  de 
prêtres  et  de  religieux,  de  la  différence  enfin  d'idiome, 
qui,  généralement  dans  le  Canada,  est  la  langue  fran- 
çaise. 

L'extraordinaire  beauté  du  paysage  dans  lesenvii-ons  de 
Montréal,ajouteausentiment  de  la  surprise, celui  de  l'en- 


(i)  Ce  pont,  l'ouvrage  siiljlime  de  la  ualnre,  est  ainsi  Kommé, 
parce  que  c'est,  dans  le  fond  d'un  abîme ^  nn  roclier  qui  joint  le* 
parois  de  deux  hautes  montagnes.  Par  un  travail  de  plusieurs 
jièclessans  doute,  un  ruisseau  a  percé  celle  masse  épaisse  de  qua- 
rante pieds  environ.  Ce  ruisseau  coule  aujourd'hui  sous  une  voùle 
qui  a  cent  cinquante  pieds  d'ouverture,  et  deux  cents  pieds  déié- 
vation.  On  en  trouvera  la  description  plus  détaillée,  non-seule- 
ment dans  le  Voya-'.e  même  de  M.  Weld ,  mais  dans  celui  de 
Chàlellux,  et  dans  les  notes  sur  la  Virginie,  de  M.  Jell'erson. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.       49 
CÎianlement.  Les  habitans  de  celle  ville,  donl   les  deux 
tiers  sont  Français,  et  dont  l'aiilre  liers  est  composé  cl'in-» 
dividus  originaires  de  la   Grande-Bretagne,  tous  négo-* 
ciaus  du  premier  ordre  ou  agens  du  gouvernement,  ont 
paru  à  M.  "Weld  ,  sans  aucune  distinction  de  nalion  , 
également  hospitaliers  et  très-accueillans  ,  sur -tout  pour 
les  étrangers.  Pendant  son  séjour  à  Mont-R.éal,  il  recueillit 
des  renseignemens  sur  deux  expéditions  qu'a  entreprises 
M.  Keause,  pour  pénétrer  par  les  terres  jusqu'à  l'océan 
Pacifique.  Ce  voyageur  avoit  éclioué  dans  la  première, 
mais  la   seconde  avoit  été  couronnée  d'un  plein  succès. 
M.  Weld  regrette  que  l'intéressant  journal  de  cette  expé- 
dition n'ait  pas  encore  été  publié.  En  jiarcourant  le  paya 
depuis  Mont-Réal  jusqu'à  Québec ,  il  observa  que  les  mai- 
sons, presque  toutes  construites  avec  des  troncs  d'arbres, 
étoient  néanmoins  bâties  avec  plus  de  soin  et  de  solidile 
que  dans  les  Etats-Unis.  Ces  troncs  d'arbres,  au  lieu  d'être 
bruts  et  raboteux,  comme   chez  les  Anglo-Américains, 
sont  parfaitement  équarris,  recouverts  de  blanc  en-dehors, 
et  doublés  de  planches  de  sapin  au-dedans;  mais  il  remar- 
qua aussi  que  les  habitations  des  Canadiens  sont  fort  désa- 
gréables par  l'air  fétide  el  grossier  qu'on   y  respire.  Cet 
inconvénient  résulte  de  leur  négligente  à  ouvrir  les  fenê- 
tres, même  dans  la  belle  saison  :  ils  ne  se  justifient  de  cette 
insouciance  ,  qu'en  alléguant  l'usage  du  pays  à  cet  égard. 

Les  observations  de  M.  Weld  sur  le  caractère  des  Cana* 
diens  en  général,  sont  conformes  à  celles  de  tous  les  autres 
voyageurs.  Les  gens  de  la  basse  classe  du  peuple  ,  dit -il , 
ont  toute  la  vivacité,  la  gaîlé  des  habitans  de  la  France  i 
ils  dansent,  chantent,  et  paroissent  s'inquiéter  peu    du 
lendemain   Ceux  d'une  condition  plus  relevée  ont  quelque 
chose  de  l'humeur  bru3q«]e  et  chagrine  qui  caiactérise  les 
Anglo-Améiicains:  mais  la  vanité  est  letrail  le  plus  lemar- 
qviable  et  le  plus  général  de  lous  les  Canadiens.  Très-peu 
de  ceux  qui  vivent  à  la  campagne  savent  écrire  et  lire-: 
ce  sont  les  femmes  qui  possèdent  le  peu  d'instruction  qu'on 
remarque  dans  le  pays  :  aussi  ont-elles  sur  les  hommes  un 
VI.  » 


5o  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

ascendant  si  marqué,  que  ceux-ci  ne  forment  aucune 
entreprise  sans  les  consulter.  Les  uns  et  les  autres  sont 
plongés  dans  la  superstition  ,  et  aveuglément  soumis  à 
leurs  prêtres. 

Depuis  la  cession  du  Canada  à  l'Angleterre,  cette  vaste 
contrée  est  divisée  en  deux  gouvernemens ,  qu'on  dis- 
tingue par  la  dénomination  de  Haut  et  Bas-Canada.  Dans 
chacun  des  deux,  le  pouvoir  est  entre  les  mains  du  gou- 
verneur, assisté  du  conseil  exécutif  nommé  par  le  roi, 
Le  pouvoir  législatif  appartient  concurremment  au  gou- 
verneur, à  un  conseil  législatif , et  à  une  chambre  de  repré- 
eentans;  mais  leurs  actes  n'ont  force  de  loi  qu'après  avoir 
été  sanctionnés  par  le  roi,  et  dans  certaines  circonstances, 
par  le  parlement  d'Angleterre.  Les  formes  pour  la  dis- 
cussion et  pour  l'adoption  des  bills,sont  à-peu-près  le» 
mêmes  que  celles  qui  ont  lieu  dans  les  deux  chambres  de 
ce  parlement.  M.  \'V"èld  entre  dans  des  détails  très  inlé- 
ressans  sur  la  forme  des  élections  et  sur  la  composition  de» 
diverses  autorités  constituées.  Il  observe  que  les  gouver- 
neurs des  deux  provinces  sont  indépendans  l'un  de  l'autre 
dans  leurs  fonctions  civiles,  mais  qu'à  l'égard  du  militaire, 
le  gouverneur  du  Bas-Canada  a  le  commandement  su- 
prême. 

Les  Français  ,  qui  forment  dans  le  Canada  la  majeure 
partie  de  la  population  ,  ont  conservé  ,  depuis  la  conquête  , 
non-seulement  leurs  propriétés  avec  toutes  les  préroga- 
tives qui  y  étoient  attachées ,  mais  encore  toutes  leurs  loix 
et  tous  leurs  usages.  Il  résulte  du  système  féodal  qui  s'est 
maintenu  dans  toute  sa  force  ,  qu'au  grand  préjudice  de 
l'agriculture,  la  plus  grande  partie  des  possessions  sont 
précaires.  L'introduction  de  la  forme  du  jury  dans  l'ins- 
truction criminelle,  immédiatement  après  la  conquête, 
est  un.  bienfait  dont  les  Canadiens  ne  sentent  peut^tre  pas 
tout  le  prix. 

Sans  être  dominante  dans  le  Canada,  la  i-eligion  catho- 
lique y  est  le  plus  universelleinenti'épandue.  Les  prêlre.s 
y  perçoivent  la  dime  sur  toutes  les  terres  possédées  par  le» 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  5î 
tcallioliques  :  celles  des  prolestans  nen  sont  pas  exemptes  ; 
mais  le  produit  s'en  verse  dan»  une  caisse  pour  être  appli- 
t|ué  aux  besoins  de  celle  communion.  Les  naturels  du 
Canada, que  les  missionnaires  se  flattent  d'avoir  convertis, 
végètent  dans  la  plus  alfreuse  misère  :  de  toutes  leurs  tri- 
bus si  nombreuses,  il  existe  à  peine  douze  cents  indi- 
vidus. 

Dans  un  pays  encore  tout  neuf,  et  presque  entièrement 
dénué  de  manufactures,  les  articles  d'importation  sont 
immenses:  ilscomp  rennent  tout  ce  qui  concerne  le  vête- 
ment et  l'ameublement  ,  une  grande  partie  même  des 
objets  nécessaires  pour  la  construction  des  maisons  et  des 
navires  ,  enfin  tout  ce  que  le  luxe  de  la  table  peut  exiger. 
On  importe  du  Canada  des  fourrures  dans  une  quantité 
prodigieuse  ,  du  blé  ,  de  la  farine,  de  la  graine  de  lin,  de 
la  potasse  ,  du  bois  ,  des  planches ,  du  merein  ,  du  poisson 
«ec ,  de  rhuile,  du  ginseng,  des  drogues  médicinales. 
Quoique  le  sol  soit  très-propre  à  la  culture  du  chanvre, 
elle  y  est  encore  très-languissanle. 

M.  Weld  fait  une  description  très-attachante  des  ma- 
gnifiques sites  qu'on  découvre  de  la  haute  ville  de  Qué- 
bec ,  et  sur-tout  du  cap  de  Diamant ,  élevé  de  mille  pieds 
au-dessus  du  fleuve  de  Saint-Laurent.  Dans  celte  partie  de 
son  cours  principalement ,  ce  fleuve  étale  les  scènes  les 
plus  imposantes.  Parmi  les  merveilles  qu'on  admire  dans 
les  environs  de  la  ville,  se  distinguent  la  cataracte  de 
Montmorency ,  formée  par  la  chute  de  la  rivière  du  même 
nom,  qui  se  précipite  d'une  hauteur  de  deux  cent  cin- 
quante pieds  ;  et  la  cataracte  de  la  Chaudière,  moins  haute 
de  moitié  ,  mais  dont  la  lai'geur  est  plus  considérable. 

Entre  le  golfe  du  fleuve  de  Saint-Laurent  et  Québec,  le 
terrein  est  fort  monlueux  -,  mais  en  remontant  ce  fleuve 
le  pays  devient  parfaitement  uni.  Presque  généralement, 
le  sol  est  une  couche  de  terre  légère  et  noirâtre ,  de  dix  à 
douze  pouces  d'épaisseur,  sur  un  lit  profond  de  terre 
grasse.  On  peut  juger  de  sa  fertilité  par  les  récoltes  abon- 
dantes que  les  Canadiens  en  retirent  constamment^  mal- 


52  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

gré  l'usage  communément  adopté,  de  ne  jamais  laisser 
reposer  les  terres,  de  ae  jamais  les  fumer.  Les  bords  du 
fleuve  leur  fourniroient  presque  sans  frais  une  proii- 
gieuse  quantité  de  marne;  et  néanmoins  un  très-petit 
nombre  de  cultivateurs  emploient  cet  engrais.  La  nature 
du  sol  du  Bas-Canada  convient  particulièrement  aux  menu» 
grains.  Le  tabac  y  prospère  aussi  ;  et  quoiqu'il  soit  reconnu 
d'une  qualité  supérieure  à  celui  de  la  Virginie  et  du  Ma- 
ryland  ,  on  n'en  cultive  pas  la  moitié  de  ce  qu'il  faut  pour 
la  consommation  du  pays.  Tous  les  végétaux  légiiinineux 
et  la  plupart  des  fruits  de  l'Europe  sont  excellens  au  Ca- 
nada. Les  groseilles ,  les  fraises ,  les  framboises  ,  les  raisin» 
de  Corinthe  même  ,  y  ont  un  goût  délicieux.  Les  framboi- 
siers y  sont  indigènes  ,  et  viennent  spontanément  dans  les 
forets.  Aucune  contrée  n'est  plus  riche  en  bois  de  toutes 
les  espèces-,  on  en  dislingue  sept  de  chênes  et  trois  de 
noyers.  Un  des  arbres  les  plus  précieux,  est  l'érable  à 
sucre  :  celui  qu'il  donne  ,  s'il  éloit  raffiné  ,  ne  le  céderoit, 
ni  pour  la  blancheur,  ni  pour  legovit,  au  meilleur  sucre 
des  îles;  mais  les  Canadiens,  qui  en  font  une  grande  con- 
sommation, ne  l'emploient  que  dans  l'état  de  cassonade. 
Du  suc  de  l'érable,  on  fait  encore  un  excellent  vinaigre, 
supérieur  au  vinaigre  blanc  de  France. 

L'air  du  Bas-Canada  est  très-pur  ,  sur-tout  depuis  Mont- 
Réal  jusqu'à  l'embouchure  du  fleuve  :  c'est  dans  la  partie 
haute  seulement  qu'on  est  attaqué  de  fièvres  inlermit- 
lenles ,  en  raison  de  ce  que  le  pays  est  une  plaine  con- 
tinue. 

Les  chaleurs  de  l'été  sont  aussi  excessives  au  Canada , 
que  les  hivei's  y  sont  rigoureux.  Dans  les  mois  de  juillet  et 
d'août ,  le  thermomètre  de  Fareuheit  raonle  souvent  à 
06  degrés.  L'intensité  du  froid  y  est  telle ,  que  malgré  la 
largeur  du  fleuve ,  il  est  entièrement  gelé  à  une  assez  grande 
profondeur,  et  que  la  navigation  est  interrompue  pendant 
plusieurs  mois.  C'est,  pour  les  Canadiens,  le  temps  du 
repos  et  des  plaisirs.  Dès  que  les  neiges  sont  tombées,  et 
qu'un  froid  clair  et  piquant  a  succédé  aux  brouillards^ 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMliR.  SEPT.  53 
on  ne  s'occupe  plus  que  d'assemblées,  de  visites,  de  par- 
ties de  musique  ,  de  festins  ,  de  danses  ,  de  jeux  et  de 
courses  dans  des  traîneaux  avec  lesquels  un  seul  clieval 
fait  faire  jusqu'à  quatre-vingts  lieues  en  un  jour.  Au- 
dehors,  on  se  garantit  du  froid  avec  les  fourrures;  dans 
l'intérieur  des  maisons,  par  des  poêles  placés  au  rez-de- 
chaussée,  dont  les  tuyaux  se  distribuent  dans  les  apparte- 
mens  supérieurs,  et  par  l'exacte  clôture  des  portes  et  des 
fenêtres,  revêtues  de  peaux  en-dedans  et  en-dehors.  Les 
chevaux  résistent  au  froid  le  plus  rigoureux  :  on  les  laisse 
souvent  plusieurs  heures  aux  portes  des  maisons  sans 
même  les  couvrir  (i). 

•  Le  dégel  arrive  presque  subitement  vers  la  fin  d'avril 
ou  au  commencement  de  mai  ;  mais  les  glaces  restent  long- 
temps dans  les  rivières  sans  s'y  dissoudre.  Le  brisement  de 
celles  du  fleuve  de  Saint-Laurent  s'annonce  par  un  bruit 
semblable  à  celui  du  canon.  La  fonte  des  neiges  grossis- 
sant les  eaux  ,  il  se  forme  des  montagnes  de  glace  qui  ne 
s'affaissent  qu'insensiblement ,  et  qui  obstruent  la  navi- 
gation long-temps  après  que  les  vestiges  du  froid  ont  dis- 
paru sur  ses  côles.  Aussi-tôt  après  le  dégel ,  la  végéla lion 
commence  ,  et  la  rapidité  de  ses  progrès  tient  du  prodi<fe. 
Les  chaleurs  de  l'été  suivent  de  très-près  les  apparences 
du  printemps.  En  peu  de  jours,  et  comme  par  un  eifet 
magique ,  la  plus  liche  verdure  orne  les  champs  ,  les  arbres 
sont  couverts  d'un  épais  feuillage  ,  les  plan  les  potagères  se 
succèdent  en  abondance  ,  et  le  grain  ,  semé  au  mois  de 
mai ,  se  récolte  à  la  fin  de  juillet.  On  ne  connoît  point  au 
Canada,  comme  dans  les  Etats-Unis,  les  variations  brus- 
ques de  température  :  l'automne  y  est  très-agréable  mais 
on  observe  une  dififérence  de  trois  semaines  entre  Québec 
et  Mont-Réal,  pour  la  succession  des  saisons. 

Pour  aller  de  Québec  à Mont-Réal,  M.  AVeld  dut  éprou- 
ver plus  de  diflicultésà  remonter  le  fleuve  qu'il  n'en  avoit 


(i)   On   a  pu   remarquer  la   même   chose  à  Pçlersboui''  et  à 
Moscou. 


t)4  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

trouvé  pourle  descendre:  elles  résultent  sur-tout  des  rapic!e» 
courans  que  forment  une  multitude  de  petites  îles;  les  bate- 
liers canadiens  les  franchissent  avec  une  force  et  une  adresse 
extraordinaires,  à  l'aide  de  crochets,  de  rames  et  dévoiles. 
Dans  sa  roule  ,il  fit  quelques  observations  sur  le  fleuve  de 
Saint-Laurent.  Ce  fleuve  prend  son  origine  dans  d'im-» 
meuses  lacs,  tels  qus  le  lac  Ontario,  le  lac  Ei'ié ,  le  lac 
Supérieur,  alimentés  eux-mêmes  par  le  graiid  nombre 
de  rivières  qui  s'y  déchargent.  Si  le  volume  d'eau  que  ces 
eaux  lui  fournissent,  ne  le  rend  pas  tout-  à-fait  aussi  con- 
."idérable  que  le  Mississipi ,  il  l'emporte  d'ailleurs  sur  ce 
dernier  fleuve  par  son  embouchure  libre  et  facile  après 
la  fonte  des  glaces,  tandis  que  celle  du  Mississipi  est  ob- 
struée dans  toutes  les  saisons  par  une  quantité  de  petites 
îles. 

Dans  le  Haut-Canada  ,  le  cuivre  est  extrêmement  com- 
mun :  le  fer,  sans  y  être  abondant  ,  n'y  manque  pas.  Il 
seroit  bien  intéressant  pour  la  colo.ie  d'en  exploiter  avec 
intelligence  les  mines,  et  d'encourager  aussi  la  culture  du 
chanvre  :  on  diminueroit  ainsi  les  frais  énormes  d'équi- 
pement des  navires,  pour  lesquels  il  faut  tout  tirer  de  la 
Grande-Bretagne. 

En  regagnant  par  le  Haut -Canada  les  Etats-Unis, 
M.  Weld  se  proposoit  sur— tout  de  visiter  la  fameuse  cata- 
racte de  Niagara.  Avant  de  s'y  transporter,  il  voulut  con— 
noître  la  ville  de  ce  nom  ,  capitale  du  Haut-Canada.  L'ac- 
croissement rapide  qu'avoit  pris  la  population  de  celte 
ville  l'étouna  singulièrement.  Cet  accroissement  est  dû 
aux  émigrations  des  Anglo- Américains,  qui  affluent  dans 
le  Canada  pour  y  trouver  des  terres  à  bon  prix.  Il  est  d'au- 
tant plus  extraordinaire  néanmoins, que  non-seulenienl 
la  ville  de  Niagara  ,  mais  ses  environs,  mais  tout  le  Haut- 
Canada  ,  sont  affligés ,  dans  les  deux  derniers  mois  de 
l'été,  par  des  fièvres  intermittentes  et  continues,  et  par 
une  fièvre  maligne  de  la  plus  fâcheuse  espèce,  qui  mois- 
sonne beaucoup  d'habilans.  La  saison  en  étoit  presque, 
passée,  lorsque  M.  Weld  arriva  dsins  le  pays;  il  put  donc. 


AMÉRIQUÏ.  VOYAC.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  55 
avec  toute  sécurité^  visiter  la  cataracte,  la  plus  éioiinanlo 
merveille,  en  ce  genre,  qu'offrent  les  deux  mondes.  Il 
faudroit  copier  en  entier  l'excellente  description  qu'il  en 
a  faite,  pour  en  donner  une  juste  idée.  Je  me  contenterai 
d'observer  qu'en  se  précipitant ,  la  rivière  ne  forme  pas 
une  nappe  unique,  mais  qu'elle  est  partagée  par  trois  îles 
en  trois  cafaractes  bien  distinctes  les  unes  des  autres.  Li 
plus  considérable,  qu'on  appelle  la  cataracte  du  Fer  à 
cheval,  parce  qu'elle  en  a  un  peu  la  forme  ,  n'a  que  cent 
quarante-deux  pieds  de  chute,  tandis  que  celle  des  deux 
autres  est  de  cent  soixante  ;  mais  elle  \\ç.\\  a  pas  moins  la 
prééminence,  tant  par  sa  largeur  que  par  sa  rapidité  ,  qtii 
excèdent  beaucoup  celle  des  deux  cataractes  qui  ont  plus 
de  chute.  La  largeur  totale  du  précipice  ou  de  l'abime 
que  présente  l'ensemble  des  trois  cataractes  ,  et  auquel  on 
a  donné  le  nom  de  Saut  de  la  rivière  de  JS^iagara,  est  de 
treize  cent  trente— cinq  pas;  et  l'on  estime  à  six  cent  soi- 
xante et  dix  mille  deux  cent  cinquante-cinq  tonneaux  ,  la 
quantité  d'eau  que  versent  par  minute  les  trois  cataractes. 
La  relation  de  la  route  tenue  par  M.  Weld,  pour  so 
transporter  du  Haut -Canada  aux  Etals -Unis,  par  un 
autre  chemin  que  celui  qu'il  avoit  pris  pour  arriver  dans 
la  même  contrée  ,  offre  des  détails  assez  curieux  ;  mais  en 
général ,  elle  est  beaucoup  plus  historique  qu'elle^  n'est 
descriptive. 

§.  IV.  Descriptions  des  Etats-Unis  en  général. 
r~ojages  faits  dans  différentes  parties  de  ces  Etats 
à  la  fois. 

Histoire  générale  de  la  Virginie,  de  la  Nou- 
velle -  Angleterre ,  et  de  plusieurs  îles  ,  avec  les 
noms  des  aventuriers ,  planteurs  et  des  gouver- 
neurs ,  depuis  l'année  i584  jusqu'à  la  présenta 
année  1626  ;  avec  les  opérations  de  ces  difTérenies 


56  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYACFg. 

colonies,  les  événemens  qui  y  sont  arrivés  lors  de 
leur  découverte ,  et  les  voyages  qui  y  ont  été  faits  ; 
cartes  et  descriptions  de  ces  régions  ,  leur  com- 
merce ,  peuples  ,  gouvernement ,  usages  et  reli- 
gion ,  autant  qu'on  a  pu  en  apprendre  jusqu'à  pré- 
sent ;  par  Jean  Smith:  (en  anglais)  The  gênerai 
History  of  Virginia  y  New-England ,  and  ilie  some 
îsles  ;  with  the  name  of  the  adwenturers ,  planters  or 
governors  froin  their  beginning ,  anno  i584  to  the 
présent  16^26 ;  with  the  proceedings  of  those  several 
colonies  ,  and  the  accident  that  hefell  theni  in  ail 
their  TOjages  and  discoveries  ;  also  the  descriptions 
of  ail  those  countries  j  their  commodities  ,  people , 
governnient,  colonies  and  religion  jet  known  ;  hyJohn 
Smith.  Londres,  1627;  ihid.  i632jin-fol. 

Détails  sur  le  malheureux  voyage  de  quelques 
Pèlerins  allemands  qui  alloient  dans  la  Peusylvanie 
et  la  Caroline  :  (en  allemand)  Ausfùhiiche  Be^ 
schreihung  der  ungliik lichen  Reise  einiger  ans  Teutsch- 
land  nach  dem  Engellàndischen  in  America  gelege- 
iien  Carolina  und Pensjh'ania  wallenden  Pilgrimme. 
Francfort,  1706;  ihid.  iyii,in-8**. 

Histoire  des  Colonies  anglaises  dans  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  de  leurs  établissemens  et  de 
leurs  progrès  (en  anglais).  Londres,  NicUolson, 
Ï708  ,  3  vol.  in-S''. 

Abrégé  historique  et  politique  des  commence- 
mens,  du  progrès,,  des  améliorations  et  de  l'état 
actuel  des  Etablissemens  anglais  dans  le  nord  de 
r Amérique  ,  par  François  Douglas  :  (en  anglais} 
Summarj  historieal  and  political  ôf  the  forst  ptlariting 


AmÉriqui:.  toyag.  dans  l'amér.  sept.  57 
■progressive ,  improvement  and  présent  state  of  the 
british  settlernents  in  North- America,  hj  Franc.  Dou- 
glas. Londres,  1755,  2  vol.  in- 8°. 

Histoire  et  comnieroe  des  Colonies  anglaises 
dans  l'Amérique  septentrionale  ,  où  l'on  trouve 
l'état  actuel  de  la  ])opulatiou  ,  et  des  détails  curieux 
sin  la  constitution  de  leur  gouvernement,  princi- 
palement sur  celui  de  la  Nouvelle-Angleterre  ,  de 
la  Pensylvauie  ,  de  la  Caroline  et  de  la  Géorgie ,  par 
(M.  Butel-Dumont).  Londres  (Paris)^  i755  ,  in-12. 

Le  Voyageur  américain,  ou  Observations  sur 
l'état  présent ,  la  culture ,  le  conmjerce  des  Colo- 
nies britanniques  en  Amérique  :  (en  anglais)  The 
American  Traveller ,  or  Ohsers^ations  of  the  présent 
State,  culture  and  commerce  qf  the  hritish  colonies 
in  America.  Londres,  176g,  in-4°. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  frauçais  avec  des  augmen- 
tations, et  a  paru  sous  le  tiU'e  suivant  : 

Le  Voyageur  américain,  ou  Observations  sur 
les  Colonies  britanniques  en  Amérique ,  traduit  de 
l'anglais,  augmenté  d'un  Précis  sur  l'Amérique  sep- 
tentrionale et  la  république  des  Etats -Unis  ,  par 
31.  (3Iandrillon) ,  avec  des  cartes.  Amsterdam, 
Schuring  ,  lySS  ,  5  vol.  iu-8^. 

Ce  fui  pour  répondre  au  vœu  du  fameux  comte  Cha- 
ihcim  qu'un  négociajit  anglais,  très— éclairé,  publia  ces 
obsji valions,  des  exemplaires  desquels  la  cour  d'Angle- 
teire,  intéressée  à  tenir  secrète  une  partie  des  opérations 
ûe.  la  niédopole  avec  ses  colonies  ,  empêcha  autant  qu'elle 
put ,  la  dissémination. 

Prlcis  de  l'état  actuel  des  Colonies  anglaises 


58  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

dans  l'Amérique  septentrionale  ,  par  M.  Dominique 
Blahfort ,  avec  la  réponse  de  M.  Franklin  à  l'inter- 
rogatoire qu'il  a  subi  devant  la  chambre  des  com- 
munes ,  au  mois  de  février  1766 ,  lorsque  la  résolu- 
tion de  l'édit  du  timbre  y  fut  mise  en  délibération  ; 
traduit  de  Tanglais.  Milan  ,  Frères  Reycends ,  1771, 
in- 12. 

Celle  traduction  se  trouve  à  la  suite  de  celle  du  Voyage 
tVOlof  Torrée  aux  Indes  orientales,  dont  j'ai  donné  la 
notice. 

Notice  historique  et  statistique  sur  les  Colonies 
anglaises  en  Amérique  ,  par  J.  B.  de  Schirach  :  (en 
allemand)  Hisiorisch-Statistiche  Notiz  der  Gros-Bri— 
tamiischen  Coloiiien  in  ^merika,von  J .  B . 'Von  Schi- 
rach. Francfort  et  Leipsic  ,  1776,  in-8°. 

Relation  historique  et  abrégée  des  Colonies 
britanniques  dans  le  nord  de  l'Amérique,  conte- 
nant leur  origine  ,  leurs  progrès  et  leur  état  actuel , 
particulièrement  de  la  province  de  Massachusset- 
Bay,  ensemble  des  provinces  de  la  Nouvelle-Angle- 
terre :  (  en  anglais  )  A  concise  historical  Account 
of  ail  the  British  Colonies  in  North- America ,  corn— 
prehending  their  rite,  pr^ogress  and  modem  state  ,  par- 
ticularlj  of  Massachusset-Bay ,  together  u>ith  the  pro- 
vince of  New-England.  Londres,  1776,  in-8°. 

Esquisse  des  Colonies  anglaises  dans  l'Amérique 
septentrionale ,  par  Sprengel:  (en  allemand)  AWz<? 
Schilderung  ,  etc....^'o«  Sprengel.  2*^  édition.  Got- 
tingue,  1777,  in-fol. 

Compte  rendu  au  comité  de  la  chambre  des  com- 
munes, le  29  avril  1779,  par  le  lieutenant  général 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'A^FR.  SEPT.       69 

sir  Guillaume  Howe  ,  relativement  à  sa  conduite 
pendaut  le  temps  qu'il  a  commandé  les  troupes  du 
Roi  dans  l'Amérique  septentrionale  :  on  y  a  Joint 
quelques  observations  sur  un  pamphlet  ayant  pour 
titre,  Lettres  à  un  Lord:  (en  anglais)  The  Narrative 
of  lient,  geiier.  sir  Jf  illiavi  Howe  in  a  committee  of 
the  house  of  communs  ofihe  2g  april  i//^  ,  relative 
ta  his  conduct  during  his  late  command  of  the  King 
troops  in  Norlh- America  :  ta  which  are  added  sonie 
observations  upon  a  pamphlet  entitled  Letters  to  a 
Noble  mau.  Londres,  Baldwin,  1780,  in-4°. 

Sous  un  litre  en  apparence  assez  étranger  aux  voyages  , 
cet  ouvrage  renferme  des  détails  curieux  et  inléiessans 
sur  l'Amérique  anglaise,  aujourd'hui  les  Etats-Unis. 

Voyage  de  Bekman  dans  les  colonies  du  milieu 
de  l'Amérique  septentrionale,  traduit  de  l'allemand 
par  Wild.  Lausanne,  1778  ,  in-8°. 

Annales  politiques  des  Colonies  formant  au- 
jourd'hui les  Etats-Unis,  et  de  leurs  établissemens 
jusqu'à  la  paix  de  1763  ,  par  George  Chalmer:  Çen 
anglais)  Political y4nnals  of  the  présent  United  Co- 
lonies,  from.  their  settlements  to  the  peacc  of  iy63 , 
by  William  Chalmer.  Londres,  1780,  in-H**. 

iVouvEAU  Voyage  dans  l'Amérique  septentrio- 
nale, en  l'année  1780,  et  campagne  de  l'armée  du 
comte  de  Rochambeau  ,  par  M.  l'abbé  Robin.  Paris, 
Moutard  ,  1782  ,  in-8''. 

—  Le  même ,  traduit  en  hollandais.  Amsterdam , 
1782,  in-8°. 

—  Le  même,  traduit  eu  allemand.  Nuremberg, 
J783,ia-6^ 


6o  EIBLIOTHÊQUE    DES    VOYAGES. 

A  la  suite  de  quelques  observations  astronomiques  ,  le 
voyageur  fait  la  description  de  la  ville  de  Boston  et  de  sa 
population.  Il  décrit  les  moeurs,  les  usages,  la  religion  ,  le 
commerce  de  ses  habitans.  Il  suit  à-peu-près  la  même 
marclie  relativement  aux  villes  de  Cambridge ,  de  New- 
port,  de  Philadelphie,  de  Baltimore,  de  ^Villiambourg. 
Le  tableau  qu'il  trace  de  l'élat  de  New-Jersey  est  sur-tout 
Ires-intéressant.  Quelques  observations  assez  curieuses  sur 
l'histoire  naturelle  des  Etats-Unis,  sur  le  caractère  phy- 
sique et  moral  des  Anglo-Américains,  sur  les  progrès 
des  sciences  et  des  arts  d'utilité  chez  ce  peuple;  enfin  la 
relation  de  la  marche  tenue  par  les  troupes  de  Rocham- 
beau  ,  annonce  plus  de  connoissance  de  l'art  militaii'e  , 
ou  au  moins  jdIus  d'intelligence  à  décrire  les  opérations 
d'une  armée,  qu'on  ne  s'y  seroit  attendu  de  la  j^art  d'un 
ecclésiastique. 

De  l'Étendue,  de  la  population,  du  climat  et 
de  la  fertilité  des  terres  des  Etats-Unis  de  l'Amé- 
rique ,  par  A.  F.  W.  Crome:  (eu  allemand)  Uher  die 
Groese  ,  J^olksmeuge  ,  Clima  und  Finclilbarlieit  des 
Nord  -\Amerikanischeji  Freystaats  ,  von  A.  F.  }V. 
Crome.  Dessau ,  iySS^  in-S*^. 

Spectatfur  Américain,  ou  Remarques  géné- 
rales sur  l'Amérique  septentrionale  et  sur  la  répu- 
blique des  Etals-Unis.  Amsterdam  ,  1784,  in-8°. 

Observations  sur  le  gouvernement  et  les  loix 
des  Etats-Unis  d'Amérique,  por  M.  l'abbé  de  Ma- 
hljr.  Amsterdam  ,  Rosard  et  C^,  1784,  in- 12. 

Les  Etats-Unis  de  l'Amérique,  après  la  paix 
de  1 783  ,  par  Jean-Jacques  de  Moser ^  avec  cartes  : 
(en  allemand)  IVord-  America  nach  dem  Friedens- 
schluss  'vom  Jahr  jy83 ,  von  Joh.  Jac.  von  Moser. 
Leipsic ,  178/1,  1785,  3  vol.  in-8°. 


AMERIQUE.     VOYÀG.   DANS  L'AMER.   SEPT.       6ï 

Voyage  de  M.  le  marquis  de  Chatelux  dans 
rAmërique  septentrionale  (les  Etats-Unis),  dans 
les  années  rySi  et  1782  ,  avec  une  carte  dressée 
pour  servir  au  Journal  de  ce  Voyage.  Paris ,  Prault , 
1786,2  vol.  in-8**. 

—  Le  même,  traduit  en  allemand,  avec  des 
notes.  Hambourg  ,  1786,  in-8''. 

—  Le  même  ,  traduit  en  anglais.  Londres,  1786, 
2  vol.  in-8*'. 

Examen  critique  des  Voyages  dans  l'Amérique 
septentrionale,  de  M.  le  marquis  de  Chatelux,  par 
Brissotde  TFarville.  Londres  (Paris)  ,  1785,  in-8°. 

Dans  la  relation  de  Clialelux  ,  la  descriplion  des  villes 
et  celle  des  siles  pittoresques  qu'offre  un  pays  presque 
neuf;  le  tableau  des  diflérenles  méthodes  empIo)'^ées  dans 
les  défrichemens  et  dans  la  culture  ;  les  jugemens  que 
porte  le  voyageur  sur  les  gouvernemens,  les  moeui's,  les 
usages ,  se  trouvent  confondus  avec  les  observations  d'un 
militaire  éclaiié ,  faites  sur  les  lieux  même  qui  furent  le 
théâtre  de  la  guerre  de  l'indépendance.  On  a  reproché  à 
Chatelux  de  n'avoir  reconnu  que  par  des  sarcasmes,  l'hos- 
pitalité franche  et  généreuse  des  Anglo-Américains.  Cette 
imputation  est  sans  doute  fort  exagérée,  mais  elle  n'est  pas 
toul-à-fait  destituée  de  fondement. 

Lettres  d'un  Fermier  américain  ,  concernant  la 
description  de  la  situation  de  certaines  provinces , 
des  mœurs  et  des  coutumes  qui  ne  sont  pas  géné- 
ralement connues  ,  par  Hector  Saint-John  de  Crei^c- 
cœur  :  (en  anglais)  Letters  from  an  American  Fra- 
vier ,  describing  certain  provincial  situations ,  nian- 
ners  and  customs  ,  not  generallj  hnown  ,  bj  Hector 
Saint-John  de  Crevecœur.  Londres,  1782,  in-8". 


62  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Ces  Lellres  ont  éié  traduites  en  français  sous  le  tifie 
suivant  : 

Lettres  d'un  Cultivateur  américain ,  adressées 

à  W""  H en  Esq"^ ,  depuis  l'année  1770  jusqu'en 

1786,  par  M.  Saint  John  de  Crep-ecceur,  traduites  de 
l'anglais,  et  enrichies  de  cartes  et  de  figures.  3^ édi- 
tion. Paris,  Cucliet,  1787,  5  vol.  in-8^. 

C'est  à  celte  édilioo  seule  qu'il  faut  s'attacher:  il  y  en  a  eu  deux 
autres  plus  ou  moins  inroniplèles.  La  première  n'est  qu'ea  un 
«eut  volume  ,  la  seconde  n'en  a  que  deux. 

Long-temps  avant  cette  lutte  sanglante,  qui  s'est  ter- 
minée, pour  les  Anglo- Américains  ,  par  l'affermissement 
de  leur  liberté  ,  la  correspondance  de  M.  de  Crevecœur 
avoit  commencé.  Cet  écrivain,  gentilhomme  normand  , 
mais  établi  depuis  lage  de  seize  ans  dans  le*  colonies  amé- 
ricaines de  la  Grande-Bretagne,  s'éloit  en  quelque  sorte 
naturalisé  Anglo-Américain.  Devenu  propriétaire  d'une 
habitation  sur  les  frontières  de  ces  colonies ,  il  fut  l'une  des 
premières  victimes  de  la  guerre  de  l'indépendance.  Les 
Sauvages  alliés  de  l'Angleterre  incendièrent  ses  possessions. 
C'est  principalement  aux  différentes  époques  de  cette  guerre 
mémorable  qu'il  écrivit  ses  Lettres  en  anglais.  Ayant  re- 
passé ensuite  dans  sa  patrie  originaire  ,  il  les  traduisit  lui- 
même  en  français;  et  comme,  par  le  non-usage,  il  avoit 
perdu  l'habitude  de  sa  langue  maternelle  ,  il  se  glissa  dans 
sa  li-aduclion  beaucoup  d'anglicismes  qui ,  loin  de  dépré- 
cier son  ouvrage ,  jettent  plus  d'énergie  dans  ses  expres- 
sions. 

L'impression  que  reçoit  son  ame  sensible  du  spectacle 
de  la  régénération  d'un  peuple  long-temps  opprimé  par 
la  métropole,  donne  aux  peintures  qu'il  fait  des  ravages 
exercés  par  les  troupes  anglaises  ,  et  de  l'héro'ique  jjersé- 
vérance  des  colons  américains,  un  caractère  vraiment 
sentimental.  Ce  que  ses  peintures  ont  souvent  desombre, 
«st  quelquefois  adouci  par  les  images  douces  et  riantes  des 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  65 
iravaux  champêtres  auxquels,  dans  les  moiueus  de  repos, 
les  colons  se  livrent,  des  jouissances  que  ces  travaux  leur 
procurent,  de  la  pureté  de  leurs  moeurs ,  de  leur  félicité 
domestique.  Aux  scènes  les  plus  eîi'rayantes  de  dévasta- 
lions  et  de  meurtres,  succèdent,  sans  affectation  de  con- 
trastes, les  situations  les  plus  attendrissantes. 

En  même  temps  qu'on  est  profondément  ému  à  la  lec- 
ture de  cette  correspondance  ,  on  y  puise  des  notions 
lumineuses  sur  la  partie  de  l'Amérique  septentrionale  la 
plus  intéressante  à  tous  égards.  C'est  principalement  sous 
les  rapports  de  la  population,  de  l'industrie,  du  com- 
merce, de  la  religion,  des  moeurs,  que  l'auteur  décrit  les 
Etals-Unis.  Quelquefois  aussi,  son  riche  pinceau  se  pro- 
mène sur  des  objets  relatifs  à  l'histoire  naturelle.  Aucun 
écrivain,  sur-tout,  n'a  fait  connoîlre  aussi  bien  que  lui, 
ces  peuplades  américaines  dontla  constitution  jDhysique  a 
bien  pu  être  détériorée  jDar  leurs  funestes  relations  uvec 
les  peuples  de  l'Eurojje,  mais  qui  n'en  ont  pas  moins 
conservé  toute  l'énergie  de  leur  caractère  original.  Les 
anecdotes  qu'a  répandues  l'auteur  dans  ses  Letircs,  sont 
autant  de  petits  drames  allendrissans  que  d'habiles  mains 
pourroient  mettre  en  œuvi'e  sur  plusieurs  de  nos  théâtres, 
pour  y  remplacer  des  situations  hors  de  la  nature,  ou  y 
suppléer  à  la  stérilité  de  l'invention.  Deux  hommes,  dont 
l'aulorilé  est  d'un  grand  poids  (i),  ont  reproché  à  M.  de 
Crevecoeur  sa  partialité  pour  les  quakers  :  peut-être  est- 
elle  excusable  en  faveur  d'une  secte  dont  les  membres  en 
général  rachètent  par  tant  de  qualités  estimables  quelques 
légers  défauts ,  indispensable  tribut  qu'ils  payent  à  la  foi- 
blesse  de  l'humanité. 

Voyage  dans  quelques  provinces  intérieures  et 
méridionales  des  Etats-Unis  de  l'Amérique ,  à  la 
Floride  orientale  et  aux  îles  de  Bahama  ,  en  ij8S 

(i)  Franklin  et  JcITerson, 


64  BIBLI  OTII  ÈqUT;    des    VOYAGES. 

et  1784,  par  J.  David  Schoepf  :  (en  allemand) 
Reise  durch  einii^e  der  rtiitllern  und  siidlichen  Kerei-* 
iiigten  Nord-Amerikanischen  Staaten  ^  nach  Ost^ 
Florida  und  den  Bahama  Inseln  ,  unternommen  ,  lit 
den  Jahren  1^83  und  iyS4  ,  von  J.  David  Schoepf. 
Erlang,  1788,  2  vol.  in-S^ 

Recherches  historiques  et  politiques  sur  les 
Etats-Unis  de  l'Amérique  septentrionale  ,  où  ïoxis 
traite  des  établissemens  des  treize  colonies  ,  de 
leurs  rapports ,  et  de  leurs  dissensions  avec  la 
Grande  Bretagne  ,  de  leurs  gouvernemens  avant  et 
après  la  révolution  ;  par  un  citoyen  de  Virginie  : 
avec  quatre  Lettres  d'un  bourgeois  de  New-Haven , 
sur  l'unité  de  la  législation.  Paris  ,  Froullé  ,  1788  , 
4  vol.  in-8^ 

Voyage  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  par  Louis  Castiglioni ,  fait  dans  les 
années  1785  à  1787  ,  avec  planches  :  (en  italien) 
J^iaqgio  negli  Stati  dcW  America  settentrionale , 
fuUi  negli  anni  lySS  a  1/8/ ,  di  Lodovico  Casti- 
glioni.  Milan,  1790,  1  vol.  in-8'\ 

Voyage  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique  ,  fait 
en  1784  5  contenant  une  description  de  la  situation 
présente  et  de  leur  population ,  de  l'agriculture  , 
du  commerce  ,  des  mœurs  de  leurs  habitans ,  des 
nations  Indiennes  ,  et  des  principales  rivières  ,  avec 
quelques  anecdotes  sur  plusieurs  membres  duCon- 
erès  et  officiers  généraux  de  l'armée  américaine  j 
par  J.  F.  D.  Smith,  traduit  de  l'anglais  par  M.  de 
Burents-Montchel.  Paris,  Buisson,  1791,  2  vol. 
m-8^ 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  65 
Cette  relation ,  dont  je  n'ai  pas  pu  me  procurer  l'ori- 
gînal ,  ne  louie  que  sur  qiiatre  des  Elals-Unis  ,  mais  d'une 
grande  importance,  la  Virginie,  le  Maryland  ,  les  deux 
■Carolines.  11  est  diliicile  de  ramasser  plus  de  notions  inté- 
ressantes que  l'ii  fait  le  voyageur  dans  deux  petits  volumes. 
Il  ne  se  borne  pas  eu  effc:  à  décrire  les  qu^.fre  Etals  que  je 
viens  d'indiquer;  ses  observations  s'étendent  à  plusieurs 
nations  indigènes,  et  même  à  ia  Louisiane  et  d'autres 
colonies  espagnoles. 

Nouveau  Voyage  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  fait  en  1788  par  J.  P.  Brissot 
(Warvîlle).  Paris,  Buisson  ,  1791,  3  vol.  in-S''. 

Dans  cette  relation ,  le  voyageur  a  généralement  em- 
brassé tout  ce  qui  étoit  du  ressort  de  la  stati&tique  :  religion , 
moeurs,  usages,  économie,  politique,  agiicullure,  com- 
merce ,  manufactures ,  sciences  et  arts.  Il  a  même  con- 
sacré un  volume  entier  à  tracer  le  tableau  des  relations 
commerciales  qu'il  seroit  avantageux  aux  deux  puissances 
des  Etats-Unis  et  de  la  France  d'établir  entre  elles.  La 
relation  ne  laisse  désirer  que  des  recherches  et  des  obser- 
vations sur  la  physique  du  pays  et  sur  son  histoire  natu- 
relle ;  mais  c'étoit  un  genre  de  connoissances  absolument 
étranger  à  l'auteur. 

Quelques  Renseignemens  relatifs  à  TAme'- 
rique  (anglaise)  ,  rassemblés  par  Thomas  Cooper , 
ci-devant  de  Manchester  :  (en  anglais)  Some  Infor- 
mation respecting  America  ,  collected  hj  Thomas 
Cooper,  late  of  Manchester.  Londres,  i794,in-8°. 
Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre  suivant  : 
Renseignemens  sur  l'Amérique  (anglaise),  ras- 
semblés par  Thomas  Cooper ,  ci -devant  de  Man- 
chester ,  traduits  de  l'anglais  ,  avec  une  carte. 
Paris ,  Maradan  ,  an  m  —  1795  ,  in-S". 

Cet  ouvrage,  le  fruit  de  dix-huit  mois  de  séjour  de  l'au- 
VI.  E 


^6  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

tfeur,  est  l'un  des  plus  instructifs,  et  sur-taut  des  moîna 
partiaux  ,  qui  ait  paru  eu  Angleterre  sur  les  Etats-Unis. 

Tableau  de  la  situation  actuelle  des  Etats-Unis 
d'Ame'rique  ,  d'après  Jedidiah  ;]/or>çe  et  les  meilleurs 
auteurs  américains  ,  par  Charles  Pictet^  de  Genève  ; 
ouvrage  enrichi  de  beaucoup  de  cartes  et  de  ta- 
bleaux. Paris,  Dupont,  1790,  2  vol.  ia-8'^. 

L'auleur  de  cet  ouvrage,  ainsi  qu'il  l'annonce,  a  puisé 
dans  d'excellentes  sources,  et  il  les  a  heureusement  em- 
ployées. 

Le  GAZETiEades  États-Unis,  contenant  une  de- 
scription authentique  de  ces  divers  Etats ,  leur  situa- 
tion actuelle,  leurs  limites  ,  leur  sol,  leurs  produc- 
tions ,  leur  climat ,  leur  population ,  leur  commerce 
et  leurs  manufactures  ;  par  Joseph  Scott ,  enrichi 
de  dix -neuf  cartes  :  (en  anglais)  The  TTnited-States 
Crazeteer ,  containiug  eut  auiheiitic  description  of  tlie 
several  States  ;  tlieir  situation  ejctant ,  boundery , 
soïl  y  produce ,  climats ,  population  ^  trade  and  nianu- 
factares  ;  illustrated  with  ig  niaps  ;  bj  Joseph  Scott. 
Philadelphie  ,  1 796 ,  iD-S*^. 

Tableau  historique  ,  géographique  ,  commer- 
cial et  philosophique  des  Etats-Unis  d'Amérique  et 
des  élablissemens  européens  dans  l'Amérique  et  les 
Indes  occidentales  ,  par  Guillaume  Winterbothani  : 
{en  anglais)  uàn  Historical ,  gcographical ,  commer- 
cial and  philosophical  f^iew  of  the  American  United-- 
States  and  the  European  settlements  in  America  and 
the  TFest-Lidies ,  bj  TP\  TFinterbotham.  Londres , 
1795,  In-S". 

Voyage  dans  l'imévieur  des  Etats-Unis ,  à  Baih , 


AMÉRIQUE.    VOYA  G.  TIAIVS  L'AMER.  SEPT.       Ôf 

Winchester,  dans  la  ville  de  Slienondoali  /etc.  etc. 
pendant  l'été  de  1 791  ;  seconde  édition ,  augnienlée 
de  descriptions ,  et  d'anecdoies  sur  la  vie  militaire 
et  politique  de  Georges  Washington  :  par  Ferdinand 
Bayard.  Paris  ,  Batilliot ,  an  vi — 1798  ,  in-8°. 

La  première  édition  de  cet  ouvrage  avoit  donné  lieu, 
à  plusieurs  critiques.  L'esprit  de  parti  avoit  dicté  les  unes, 
et  l'auteur  n'y  a  eu  aucun  égard.    Les  autres,  qui  por- 
toientsur  des  lacunes  essentielles ,  lui  ont  paru  bien  fon- 
dées, et  il  en  a  profilé. 

Journal  de  ïa  sortie  des  Etats-Unis  de  TAmé- 
rique ,  par  Wansey  :  (  en  anglais  )  Journal  of  the 
egression  totheUnited-States  of  America,  hj  Waii" 
sey.  Londres,  1798,  in-S". 

Voyage  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique,  en 
1795,  1796  et  1797,  par  la  Rochefoucault  -  Lian- 
court,  enrichi  de  plusieurs  cartes.  Paris,  Dupont, 
an  VII  — 1799?  8  vol.  iu-S". 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  anglais  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Voyage  de  la  Rochefoucault  aux  Etats-Unis 
d'Amérique,  etc..  :  (en  anglais)  La  Roche-Fow 
cauU's  Travels  to  the  United  ^States  of  America  » 
Londres  ,  1799 ,  2  vol.  in-4". 

Profondément  versé  dans  la  connoissance  des  matières 
économirjiies  ,  l'auteur  de  celle  relation  a  voyagé  dans  les 
Elals-Ujiis,  et  y  a  même  séjourné  pendant  trois  ans,  pour 
y  recueillir  les  notions  utiles  que  le  pays  pouvoit  lui  offrir 
dans  ce  genre,  et  il  y  a  fait  une  ample  el  riche  moisson.  Se» 
ohservalions,  qui  ont  toujours  le  caractère  précieux  de  la 
vérité  ,  se  sont  étendues  aussi  à  la  conslilulion  politique  du 
pays,  aux  moeurs,  aux  usages  de  ses  habitaus,  quelquefois 

a 


A 


Ç8  BIBLIOTHÈQUE    DES    TOYAGESl 

aussi  à  son  état  physique  et  à  son  histoire  naturelle.  CTesf 
un  des  guides  les  plus  sûrs  auquel  puissent  s'attacher  ceux 
qui  se  proposent  d'aller  former  des  éfablissemens  aux 
Etats-Unis.  Il  ne  se  borne  pas  en  effet  à  conduire  le  lec- 
teur dans  l'intérieur  du  pays  et  des  famille»,  il  le  fait 
pénétrer  encore  dans  les  parties  les  plus  reculées  des  Etals- 
Unis,  et  jusque  dans  le  Canada,  dont  il  fait  une  descrip- 
tion rapide  ,  mais  satisfaisante  sous  plusieurs  rapports. 

L'auteur  ,  au  siirplus,  apprécie  avec  une  rare  raodesli« 
l'avantage  qu'on  peut  retirer  de  sa  relation. 

a  Les  Etals-Unis ,  dit-il ,  sont  peut-être  la  partie  du 
5)  monde  entier  qu'il  est  le  plus  diflBcile  de  faire  connoître 
»  à  ceux  qui  n'y  voyagent  pas  par  eux-mêmes.  Cest  un 
»  iDays  tout  en  croissance  :  ce  qui  est  vrai  aujourd'hui  pour 
»  sa  population,  ses  étabiissemens ,  ses  prix,  son  com-' 
3»  merce,  ne  l'étoit  pas  il  y  a  six  mois  ,  et  ne  le  sera  plu» 
»  six  mois  plus  tard.  C'est  un  jeune  homme  sortant  de 
»  l'enfance  pour  entrer  dans  l'âge  de  la  puberté,  dont 
»  les  traits  ne  seront  plus,  dans  une  année,  semblable» 
>  au  portrait  fidèle  que  l'on  vient  d'en  faire.  Les  rensei- 
j)  gnemens  qu'à  l'époque  présente,  et  pendant  bien  de» 
»  années  encore ,  un  voyageur  peut  et  pourra  consigner 
r>  avec  le  plus  de  soin  ,  ne  sont ,  ne  seront  que  des  point» 
»  de  souvenir,  que  des  moyens  de  comparaison  pour  le» 
p  années  futures  ;  et  dans  ce  sens,  ces  renseignemens  m« 
»  semblent  loin  d'être  sans  utilité  ». 

Coup-d'œil  sur  les  Etats-Unis  d'Amérique ,  par 
Coxe  :  (en  anglais)  yiew  of  the  United- States  of 
America,  hy  Coxe.  Londres,  1800^  in-S''. 

Voyage  dans  la  Haute-Pensylvanie  et  dans  l'Etat 
de  Wew-Yorck,  par  un  membre  adoptif  de  la  natioQ 
d'Oneida  ,  traduit  et  publié  par  l'auteur  des  Lettres 
d'un  Cultivateur  américain  (  John  de  Crevecœur)  , 
enrichi  de  trois  cartes  et  de  sept  planches.  Paris, 
Jllaradan  ,  au  ix — 1801,  5  vol.  in-S"". 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'AMER.  SEPT.       69 

Ce  Voyage  .peut  être  regardé  comme  une  suite  des  tel— 
très  d'un  Cnltivaleur  américain,  quoique  M.  de  Crevé— 
cœur,  à  l'aide  d'un  prétendu  naufrage,  d'où  l'on  a  eu 
de  la;  peine ,  dil-il,  à  sauvei'  le  nianuscrit  qu'il  publie,  ne 
s'annonce  que  comme  le  traducteur  de  la  nouvelle  relation. 

Les  situations  des  personnages  qu'il  met  en  scène ,  ont 
le  même  cliarme  ;  les  tableaux  qu'il  trace  de  la  nalure 
^auvage  sont  aussi  riches;  l'intérêt  qu'il  inspire  pour"  tm 
peuple  qui  vient  de  briser  ses  fers,  est  aussi  vit.     •'1':*'  "'^ 

Mais  ce  qui  distingue  sur-lout  ce  Voyagé ,  ce  so'n l  aes 
détails  précieux  sur  l'état  des  peuples  indigènes  de  celle? 
partie  de  l'Amérique  septentrionale  avant  l'arrivée  de* 
Européens,  sur  les  causes  de  leur  dépérissement  et  de  leur 
foiblesse  actuelle  ,  sur  la  nalure  du  climat  où  les  élablisse- 
mens  progressifs  des  Européens  les  ont  confinés ,  enfin  sur 
la  révolution  importante  que  ces  progrès-là  mêni3"ônt 
opérée  dans  les  immenses'  contrées  attenantes  -aux  Etats- 
Unis.  '• 

Aucun  voyàgeiu'  n "a  si  t)iën  décrit  ces  assemblées  géué—* 
raies  ou  conseils  que  tiennent  les  Sauvages,  pour  délibérer 
sur  leurs  inlérêls  politiques.  Li'auleur ,  qui  y  à'àssisté ,  rap- 
porte quelques— uns  des  discours  qu'ils  y  prononcèrent; 
et  l'on  y  admire  une  éloquence  agreste  et  sublime  comme 
la  nalure. 

Voyages  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique, 
fait  pendant  les  années  1 795  à  1797 ,  par  Guillaume 
Priest ,  accompagné  du  Journal  de  l'auteur  sur 
l'océan  Atlantique  :  (en  anglais)  Travcls  in  the 
United- State  s  of  America,  hy  TVilliam  Priest ,  etc.... 
Londres,  Jansen  ,  i8or,  in-8". 

Tableau  du  climdt  et  du  sol  des  Etals- Unis 
d'Amérique  ,  suivi  d'éclaircissemens  sur  la  Floride, 
sur  la  colonie  française  au  Scioto ,  sur  quelques 
colonies  canadieuues  et  sur  les  Sauvages  ,  par  C.  F. 


7<^  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Volney  ;  ouvrage  enriclii  fie  quatre  planches  gra- 
vées ,  dont  deux  cartes  géographiques ,  et  une 
coupe  figurée  de  la  chute  de  Niagara.  Paris,  Cour- 
cier  et  Dentu ,  an  xii      i8o5  ,  a  vol.  in-8''. 

Celte  relalion  esf  le  fruit  de  trois  ans  de  séjour  dans  le» 
Elats— Unis.  En  donn;iiil  d'une  manière  très— abrégée  le 
tableau  de  I4  situation  géograpliique  des  Etats-Unis,  l'au- 
teur représente  ce  pays  comme  une  forêt  presque  univer-^ 
«elle ,  divisée  en  trois  grandes  régions  par  des  chaînes  de 
montagnes,  dont    il    détermine    l'élévation    extrême   et 
moyenne.  Il  indique  aus4  la  structure  intérieure  du  sol  , 
et  caractérise  les  pierres  et  les  roches  fondamentales  qui 
occupent  diverses  régions.  Après  avoir  parlé  des  anciens 
lacs  qui  ont  di&paru,  il  se  livre  à  des  conjectures  très-ingé— 
Jiieu&es  sur  l'ancien   état  du   pays.  La  description  qu'il 
donne  de  la  fameuse  chute  de  Niagara  n'est  pas,  à  beau- 
coup près ,  aussi  dçîaillée  que   celle  de  Weld  ,  mais  elle 
est  néanmoins  suffisante  pour  en  faire  prendre  une  jiisie 
idée.  Lea  trembleraens  de  terre,  au  nombre  de  plus  de 
quarante-cinq  qui  ont  eu  lieu  depuis  1628,    époque  de 
la  première  jjrrivée  des  Anglais;  dans  la  partie  de  l'Amé- 
rique soptentrionale  qui  forme  aujourd'hui  les  Etats-Unis, 
portent  Tauleur  à  croire  qu'ils  ont  du  être  aussi  violens. 
que  fréquens  dans  les  temps  anciens  ;  et  le  grand  nombre 
de  lacs  que  renferme  le  sol  des  Etats-Unis  ,  lui  paroisseat 
être  autant  de  cratères  de  volcans  éteints. 
,   Eu  s'occupant  du  climat  des  Etais-Unis,  l'auteur  le 
compare   avec  celui  de  l'Europe. aux   mômes  latitudes, 
quant  aux  vents  ,à  la  quantité  de  pluie,  à  l'évaporalion  et 
à  réleclricilé.  La  conclusion  générale  qu'il  lire  d'une  foule 
d'obscrva lions  particulières  qu'il  a   faites  dans  les  divers 
Etats-Unis,  c'est  que  la  température  tle  ce  climrtf.  est  infî- 
iiimcnt    plus  variable  que  celle  des  régions  de  J'Euiope 
situées  sousles  mêmes  parallèles  :  il  fait  remarquer  .-ioignt'ii- 
sèment  les  changen^ens  remarquables  qui  s'y  sont  succes- 
ivement  opérés  par  lea  ftbaltis  de  bois  et  les  défricheaiens» 


AMÉRIQUE.  TOYAC.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  yi 
C'est  un  service  sianalé  que  l'auteur  a  rendu  à  ceux  qui 
se  proposent  de  former  des  élfiblissemens  aux  Etats-Unis, 
d'être  enlié,  coninie  il  l'a  fait ,  dans  un  grand  détail  sur 
les  maladies  donunanfes  de  ce  pays,  et  particulièrement 
sur  la  fièvre  jaune ,  le  plus  terrible  fléau  de  ces  climats. 
Les  connoihsances  que  lui  avoient  procurées  d'anciennes 
études  en  médecine ,  lui  ont  donné  la  facilité  de  traiter 
ce  sujet  d'une  manière  bien  plus  instructive  que  ne  l'an— 
roit  fait  un  voyageur  dépourvu  de  ces  connoissances.  La 
digression  qu'il  s'est  permise  sur  les  vents  de  la  Suède  et 
de  la  Norwège  ,  n'est  rien  moins  qu'étrangère  à  son  sujet; 
elle  s'y  rattache  au  contraire  essentiellement. 

Le  tableau  que  l'auteur  trace  de  la  misérable  situa- 
tion des  colons  français  sur  le  Sciolo  ,  l'Oliio  ,  l'Ouabache, 
n'est  pas  propre  à  encourager  les  émigrans  de  France  à 
se  transporter  inconsidérément  aux  Etats-Unis.  Il  explique 
d'une  manière  très-plausible  le  dépérissement  général  des 
élablissemens  français  sur  les  frontières  de  la  Louisiane  et 
du  Canada,  tandis  que  ceux  des  A  nglo- Américain  s  j>ros- 
l^èrent  et  s'accroissent.  Il  trouve  les  véritables  raisons  de 
la  tlifférence  de  succès  des  entreprises  formées  par  des 
individus  de  l'une  ou  de  l'autre  nation,  dans  celle  des 
moyens  d'exécution  et  d'emploi  du  temps,,  c'est— à-dire, 
dans  ce  qu'on  appelle  le  caractère  national.  Cliez  le  Fran- 
çais, dit-il,  c'est  une  activité  pétulante  qui  ne  tient  compte 
ni  des  frais,  ni  des  obstacles  :  chez  le  colon  américain, 
de  sang  anglais  ou  allemand,  c'est  une  ténacité  i^hlegma— 
tique  qui  calcule  à  tète  reposée,  et  qui  s'occupe  sans  viva- 
cité ,  mais  sans  relâche,  de  tout  ce  qui  tend  à  la  création 
de  rétablissement ,  et  qui,  sans  s'arrêter,  marche  d'ya 
pas  ferme  à  son  joerfectionnemenl. 

Ce  fut  au  poiVg  Vincennes  que  l'auteur  eut  occasioa 
d'observer  les  Sauvages,  qu'il  y  trouva  rassemblés  pour  y 
vendre  le  produit  de  leur  chasse  rouge  (i).  On  poi  toit  leuf 

(i)  Lfs  Sauvages  appellent  i)eau  ronge  celle  du  daim,  doftt  iii 
•Hatise  a  lieu  en  juillet  et  eu  août. 


7^  lîtBLIOTnÈQUE    DES    VOYAGES. 

Tiombre  à  quatre  ou  cinq  cents  têtes  de  tout  âge,  de  lowl 
«exe,  et  de  diverses  nations  ou  tribus.  C'étoil  la  première 
fois  qu'il  voyoità  loisir  celle  espèce  d'hommes  ,  déjà  deve- 
nue rare  à  l'est  des  monts  Alleguanys  ou  Alleglianys  (i). 
Ici  l'auteur  fait  un  portrait  bizarre,  mais  très-fidèle,  delà 
configuration  jjbysique  des  Sauvages,  de  leur  habillement 
ordinaire  ,  de  leur  parure  dans  les  jours  de  fête.  Il  ajoute 
qu'en  traçant  l'esquisse  de  ce  tableau, il  le  montre  du  beau 
côtéîcar  pour  le  voir  iout  entier,  il  faut  se  figurer  que  dès  le 
jnalin  ,  hommes  et  femmes  vaguoient  dans  les  rues  uni- 
quement pour  se  procurer  de  l'eau-de-vie  ;  que  vendant 
d'abord  le  produit  de  leur  chasse,  puis  leurs  bijoux,  puis 
leurs  vêlemens ,  ils  ne  cessoient  de  boire  jusqu  à  pote 
absolue  de  leurs  facultés.  Dans  les  traits  difformes  de  cette 
peinture,  l'auteur  fait  entrer  toutes  les  .scènes  burlesques, 
dégoûtantes,  fâcheuses,  qu'offrent  en  Eui-ope  les  ivrognes 
les  plus  crapuleux.  Il  ne  sortoit  pas  le  matin ,  dit— il,  sans 
trouver  ces  Sauvages  par  douzairies  vautrés ,  au  sens 
propre,  avec  les  porcs.  Heureux  encore  s'il  n'étoit  pas 
spectateur  de  batteries  à  coups  de  couteau  ou  de  casse- 
tête,  qui,  année  commune,  produisent  dix  meurtres. 
A  vingt  pas  de  lui  ,  un  Sauvage  poignarda  sa  femme  à 
coups  de  couteau.  Quinze  jours  auparavant,  pareil  meurtre 
avoit  eu  lieu  ,  et  cinq  semblables  l'année  précédente. 
De— là  des  vengeances  immédiates  ou  dissimulées  des  pa— 
rens  et  de  la  famille ,  causes  renaissantes  d'assassinats  et 
de  guet-apens. 

Tel  est  l'un  des  inconvéniens  de  la  vie  sauvage  ;  mais 
l'auteur  auroit  pu  observer  que  c'est  sur  les  Européens 
qu'on  peut  en  rejeter  tout  le  blâme ,  puisque  ce  sont  les 
liqueurs  spiritueuses,  dont  ils  ont  introduit  l'usage  chez 
les  naturels  de  l'Amérique,  qui  sont  la  source  principale 
de  ces  excès. 

L'auteiu-  convient  que  c'est  avec  raison  qu'on  vante  la 

(j)  C'esl  ce  deiuier  nom  que  M.  Micliaujc  .comrixeoa  le  Terra 
donne  à  ces  niontaffues. 


Amérique,  voyag.  dans  l'amér.  sept.     yS 

taille  des  Sauvages  ;  qu'elle  est   en   général  svelle ,   bien 
prise,  et  plus  ou  moins  grande  et  forte,  suivant  le  sol 
qu'ils  habitent  ;  qu'on  ne  voit  jamais  parmi  eux  ni  boi- 
teux ,  ni  manchots,  ni  bossus,  ni  aveugles,  ni  individus 
mutilés  ,  ni  gens  affligés  de  hernies  ou  dans  un  état  misé- 
rable de  caducité  :  mais  avant  d'en  tirer  des  inductions 
trop  favorables  pour  leur  genre  de  vie,  il  faut  remarquer 
qu'il  arrive  fréquemment  chez  les  Sauvages,  que  les  parens 
délaissent  ou  détruisent  l'enfant  mal  conformé  qui  leur 
«eroit  à  charge;  que  tout  sujet  né  foible  doit  nécessaire- 
ment périr  de  bonne  heure  par  l'effet  des  fatigues;  qu'en- 
fin les  Sauvages  donnent  assez  fréquemment  la  mort  au3f 
invalides  et  aux  vieillards,  qui  souvent  aussi  la  sollicitent 
eux-mêmes.  On  vante  la  santé   robuste  des  Sauvages, 
poursuit-il;  sans  doute  l'habitude  de  supporter  toutes  les 
intempéries  de  l'air  donne  à  leur  constitution  une  vigueur 
qu'on  n'attend  pas  de  la  vie  efféminée  qu'on  mène  dans 
les  cilés  ;  mais  pour  apprécier  leurs  avantages  à  cet  égard, 
on  doit  observer  que  leur  manière  de  vivre  les  soumet 
nécessairement  à  des  irrégularités  et  à  des  excès  qui  affoi— 
blissent  peu  à  peu  leur  santé  et  ruinent  leur  tempérament. 
J'abrège  cet  examen  très-  approfondi  de  la  conslilulion. 
physique  et  morale  des  Sauvages,  sur   lequel  l'auteur  a 
essuyé  des  contradictions  de  la  part  des  partisans  de  l'état 
de  nature  ,  et  j'arriye  à  sa  conclusion,  qu'il  a  tirée  des  faits 
dont  il  a  été  témoin,   des  renseignemens  qu'il  k'est  pro- 
curés, et  des  observations  qu'ils  lui  ont  donné  lieu  dô 
faire. 

«Les  vertus  des  Sauvages,  dit-il,  se  réduisent  à  un 
»  courage  intrépide  dans  le  danger,  à  une  fermeté  iné- 
»  branlable  dans  les  tourmens  ,  au  mépris  de  la  douleur  et 
5)  de  la  mort,  et  à  la  patience  dans  toutes  les  anxiétés  et 
»  les  détresses  de  la  vie.  Ce  sont  là  sans  doute,  ajoute-t-il, 
))  des  qualités  utiles ,  mais  elles  sont  toutes  restreintes  9. 
»  l'individu  ,  toutes  égoïstes  et  sans  aucun  fruit  pour  la 
»  société:  de  plus,  elles  sont  la  preuve  d'une  existence 
»  réellement  misérable,  et  d'un  état  social  si  dépravé  et 


74  BIBLIOTHÈQUE    PES    VOYAGES. 

iJ  si  luil ,  que  l'homme  n'y  trouvant ,  n'y  espérant  aucnâ 
»  secours,  aucune  assistance,  est  obligé  de  s$'envelopper 
i)  dans  le  manteau  du  désespoir,  et  de  lâcher  de  s'en- 
»  durcir  contre  les  coups  de  la  falaiilé  )). 

Le  tableau  du  climat  et  du  sol  des  Elals-Unis  est  ter- 
miné par  un  vocabulaire  de  la  langue  des  Miamis.  Les 
deux  caries  géographiques,  l'une  du  continent  de  l' Amé- 
rique-Nord en  général ,  l'autre  des  Elals-Unis  en  parti- 
cuh'er  ,  paroissent  avoir  été  dressées  avec  soin  ,  et  elles  sont 
très-bien  gravées. 

Voyage  de  quatre  ans  et  demi  dans  les  Etats- 
Unis  de  r Amérique  ,  fait  dans  les  années  de  1798  à 
1802  ,  par  John  Davis  :  (en  anglais)  Travels  of  four 
years  and  a  half ,  in  the  United  States  oj America  , 
etc....  hj  John  Davis.  Londres,  Oslel,  1804,  iu-S**. 

L'auteur  ayant  été  allaclié  successivement  à  plusieum 
familles  dans  les  JEials-Unis  ,  en  qualité  d'instituteur ,  a 
eu  la  facilité  de  bien  ob.verver  lea  mœurs ,  les  usages,  la 
vie  domeslique  des  habilans.  Sous  ce  rapport  siu'-tout, 
son  Voyage  est  du  plus  grand  inlérêt. 

Journal  d'André  Ellicof.t  ,  commissaire  pour 
déterminer  les  limites  entre  les  Etats-Unis  et  les 
possessions  espagnoles  en  Amérique  :  (en  anglais} 
The  Journal  of  Andrews  Eîlicott  ,  for  detemiiuing 
the  houndery  hetween  the  United  States  and  the  pos- 
sessions of  his  Catholica  Majesty  in  America.  Lon- 
dres ,  i8o5  ,  in  8". 

L'Espion  Anglais,  ou  Lettres  adressées  à  un 
membre  du  Parlement  britannique,  pendant  un 
voyage  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique,  par  uuk 
jeune  Gentleman  :  (en  anglais)  TheBriiish  Spj,  etc.». 
Londres  ,  1 806 ,  in-8'\ 


JIMERIQUF.    VOYAC.   DANS   L'AMÉR.   SEPT.       yS 

^.  V.    Descriptions  de  plusieurs  des  Etats-Unis  en 
particulier.  J^ojages  faits  dans  ces  Etats. 

NOUVELLE- ANGLETERRE. 

Histoire  de  la  Nouvelle-Angleterre  ,  depuis  les 
premières  planlalions  que  les  Anglais  y  ont  établies 
en  1608  jusqu'en  l'année  j63o,  avec  la  forme  de 
leurs  gouvernemens  militaire,  civil  et  ecclésias- 
tique :  (en  anglais)  A  History  of  Nct^^-England  fvoin 
the  English  planting  j  171  tJw  jear  j6o8  nntil  thejear 
j63o  y  declaring  the  fonne  of  their  go^'emment  civil, 
military  and  ecclesiastic.  Londres,  i654 ,  in-4*'. 

DÉCOUVERTE  de  la  ]\ou\ elle- Angleterre  ,  d'E- 
douard Bland  :  (en  anglais)  The  Discoverj  of  New 
Britain  ,  by  Edward  Bland.  Londres,  i652  ,  in-4*'« 

Histoire  de  la  Nouvelle  -  Angleterre  ,  depuis  les 
commencemens  de  la  colonie  anglaise ,  savoir ,  de 
l'année  1628  à  l'année  j652  ,  par  T.  H.  :  (en  latin) 
Historia  JXovae-Avgliae  à  primordiis  Colouiae  angli- 
canae  y  scilicet  iC'lS  ad  annum  1662 ,  à  T.  H.  Lon- 
dres, 1654,  in -4°. 

Il  n'y  a  cjue  le  litre  en  latin  ,  le  corps  de  l'ouvrage  est  en 
anglais. 

Tableau  de  la  Nouvelle-Angleterre  ,  par  Guil- 
laume TVcod:  (  on  anglais)  Nav-England  Prospectus^ 
bj  William  Wood.  Londres,  in-8°. 

Nouveau  Canaan,  ou  Relation  abrégée  de  la 
Nouvelle-Angleterre  ,  par  Thomas  Morton  ,  en  trois 
livres  :  (en  anglais)  New-Canaan  ,  or  on  Ahstract  of 
New'England  y  in  iji  boohs ,  by  Thomas  Morton. 
Amsterdam,  1677,  la-4*'- 


y6  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Découvertes  curieuses  d^ns  la  Nouvelle-Angle- 
terre ,  en  oiseaux  ,  animaux ,  poissons  ^  serpeus  , 
plantes  ,  avec  les  remèdes  dont  se  servent  les  habi- 
tans  pour  se  guérir  de  leurs  maladies ,  blessures  et 
ulcères  ,  avec  une  description  exacte  d'une  sc/ua 
indienne  dans  tous  ses  atours,  un  poëmc  fait  sur 
cette  Indienne  ,  et  une  table  chronologique  des 
principaux  voyages  faits  dans  ce  pays ,  par  Jeau 
Josseljn ,  ouvrage  orné  de  cartes  :  (  en  anglais  ) 
New-England  rarities  discovered  in  birds ,  heasts , 
fishes  ,  serpents  and  plants  ,  of  that  country  :  together 
■with  the ph)  sicul  and  chirurgical  remédies  withwhick 
the  natives  constantlj  use  to  cure  distemper,  wounds 
and  s  ores  ;  also  aperfect  description  of  anindia  Squa 
in  ail  lier  hraveiy ,  with  a  poéni  net  improperly  cen-^ 
sured  upon  lier,  and  a  chronological  table  oj"  the 
rcmarkahle  passages  in  that  country  among  the  Eng- 
lish;  illustrated  with  cart ,  hj  John  Josseljn.  LoUr» 
dres  ,  1672  ,  in-i2. 

Rela TTOiv  de  trois  voyages  à  la  Nouvelle-Angle- 
terre ,  par  Jean  Josseljn  :  (  en  anglais  )  An  Account 
of  three  vojages  to  New  -  England  ,  bj  John  Jos^ 
seljn.  Londres,  16745  iïi-8". 

Histoire  de  la  Nouvelle-Angleterre^  par  Daniel 
JVealj  contenant  une  relation  impartiale  de  l'état 
civil  et  ecclésiastique  de  cette  contrée  en  l'année 
1700,  et  la  situation  actuelle  de  la  Nouvelle-Angle- 
terre ,  avec  des  nouvelles  cartes  soigneusement 
dressées  de  ce  pays  :  (en  anglais)  The  Historj  of 
JVe^v-Englandj  containing  an  impartial  account  of  the 
civil  and  ecclesiastical  ajfairs  of  the  country  to  th« 


AMÉRIQUE.  TOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  77 
Vear  lyoo:  with  the  présent  state  of  New-England , 
and  a  new  accurate  map  of  the  countrj.  Londres , 
1720,  ihid.  1747?  2  vol.  m-8°. 

Voyage  dans  la  Nouvelle-Angleterre,  en  1723 
et  1 724 ,  par  Christophe  Le^'ett  :  (en  anglais)  Kojage 
10  New  -  England  in  the  years  iy^3  and  1^24 ,  hy 
Chist.  Leuett.  Londres,  1728,  iu-4''. 

Histoire  chronologique  de  la  Nouvelle-Angle- 
terre ,  par  Thomas  Prince  :  (en  anglais)  Chronolo'^ 
gical  Historj  of  New-England,  hy  Thomas  Prince. 
Boston,  1736,  in-i2. 

ETAT  DE  MASSACHUSSET. 

Abrégé  de  l'Histoire  de  la  colonie  de  Massa- 
chusset-Bay,  par  Israël  Mauduit ,  relativement  à 
ses  chartes  et  à  sa  constitution  :  seconde  édition , 
avec  la  charte  originellement  accordée  à  cette  pro- 
vince sous  Charles  i*^"^  :  (en  anglais)  Israël  Mauduit's 
short  F^iew  of  the  colony  Massachuset  -  Bay  ,  -with 
respect  to  their  charter  and  constitution  :  second  édi- 
tion ,  with  the  original  charter  granled  to  that  pro- 
vince, in  the  act  of  Charle  i.  Londres,  I744>  iû'i^. 

Histoire  de  la  colonie  de  Massachusset-Bay , 
depuis  l'année  1628  jusqu'en  l'année  1760,  par 
Jiutchinson  :  (en  anglais)  History  of  the  colonia  of 
Massachuset-Bay  ,  from  1628  until  the  years  i/So, 
hy  Hutchinson.  Londres,  1760;  ihid.  1765,  2  vol. 
in-8^ 

'  Massachusensis,  ou  suite  de  Lettres,  contenant 
un  état  exact  de  plusieurs  fait^  importans  et  frap- 


y8  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

pans  relatifs  à  la  fon'lation  et  aux  troubles  actuels 
de  cette  province.  Quatrième  édition  ,  à  Boston,  et 
réimprimée  à  F^ondres  en  1776  :  (en  anglais)  MaS" 
sachusensis,  or  a  séries  of  Letters  containlng  a  faith" 
fui  State  of  mnuj  important  and  strikiiig  facts ^  which 
laied  ihe  fondation  ofthe  présent  troubles  in  that  pro' 
vince.  TV  édition,  Boston  printed.  London  reprinted.^ 
ï776,in-8^ 

ETAT   DE   NEW-HAMPSHIRE. 

Histoire  de  New-Hampshire  ,  par  Jérémie 
Belknap  :  (en  anglais)  The  Historj  of  New-tlamp^ 
shire ,  hj  Jeremie  Belknap.  Boston  ,  5  vol.  in-B**. 

Cet  ouvrage  n'a  point  élé  tradiiil  en  français  el  mérite- 
roit  de  J'être  avec  quelques  relrancliemens.  Voici  l'idée 
qu'en  donne  M.  de  Volney  ,  dans  son  Tableau  des  Etats- 
Unis.  Je  n'en  recueille  que  les  traits  principaux. 

«  Dans  les  deux  p'-emiers  volumes,  l'auteur  n'a  eu  pour 
5)  biit  que  de  faire  connoître  les  événemens  historiques  de 
5)  la  colonie  de  cet  Etal,  depuis  son  premier  établisse- 
»)  menl.  Le  tableau  qu'il  en  présente  est  d'autant  plus 
))  curieux,  que  l'on  y  trouve  l'origine  d'une  foule  d'usages 
»  qui ,  alors  établis  par  des  loix  coaclives  et  très-sévère- 
j)  menl  exécutées,  ont  tourné  en  habitudes  ^  et  composent 
»*kUJonrd'liui  jjlusieuis  parlies  du  caractère  des  Angio— 
î)  Américains.  L'on  y  voit  l'esprit  intolérant  des  premier» 
»  colons. . . .  Tous  les  délits  (M.  Volney  en  fait  l'énumé- 
3)  ration  ,  et  ils  portent  tous  sur  l'inobservation  de  plu— 
j)  sieurs  praliques  minutieuses  )  étoient  susceptibles  de 
T>  dénonciation,  et  la  dénoncialioa  eniporloit  peine  ;  ai.isi 
n  régnoit  une  vé-itablp  inquisition  terroriste,  et  les  esprits 
))  durent  coniracler  toutes  les  habiiudes  que  donne  la 
M  peisécution. ... 

»  Le  troisième  volume  est  une  description  ïnètliodique 


Amérique,  voyac.  tans  l'Amlr.  sept.  79 
>>  du  climat  ,  du  sol ,  de  ses  produits  na'.i'rels  el  arlificiels  , 
»  de  la  navigation ,  du  commerce,  de  ragricuUure  et  de 
»  tout  l'état  du  pays....  C'e-l  Uite  sla'isiique  r.ussi  exacte, 
}j  au.'^si  iiislruclive  qu'il  est  permis  aux  forces  el  aux  moyens 
»  d'un  particulier  d'en  produire  )). 

ETAT  DE   VERMONT. 

Histoire  du  pays  de  Vermont  ,  par  Samuel 
OmlUiams  :  (eu  anglais)  Tlw  Histor)'  oj  Vermont, 
hj  Samuel  Gmilliams .  Boston  ,  in-S*^. 

AI.  de  Volney  fait  de  cet  ouvrage ,  qui  n'est  pas  non 
plus  traduit  en  français,  le  même  éloge  que  de  celui  de 
Eelknap. 

Histoire  naturelle  et  politique  de  l'Etat  de 
Vermont  :  (en  anglais)  Natural  and  polltical  History 
of  the  State  of  Vermont.    1798,  in-8°. 

ETAT  DE   CONNECTICUT. 

Histoire  générale  du  Connectlcut,  depuis  scu 
premier  établissement  sous  George  Fenrich,  écuyer, 
jusqu'à  la  période  où  ses  liaisons  avec  la  Grande- 
Bretagne  ont  cessé  ,  contenant  une  description  de 
cette  province  et  plusieurs  anecdotes  intéressantes, 
par  uu  Gentleman  de  cette  province  :  (en  anglais) 
A   gênerai  Histoiy  of  Connecticut ,  from  its  first 
seulement  under  Qcorge  Fenrich  ,  esq,  ,  to  its  latest 
period  amitj  with  Great-Britain  :  including  a  de- 
scription of  the  country  and  many  curions  and  inte- 
ressing  anecdotes  ,  hy  a  Gentleman  of  the  pro\^ince. 
Londres,  1781,  iD-12. 


8o         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

ETAT  DU  NOUVEAU-JERSEY. 

Description  historique  de  la  province  et  de  la 
contrée  de  l'ouest  du  Nouveau- Jersey  :  coup*d'œil 
sur  les  loix  ,  coutumes  et  religion  de  ses  liaLitans  , 
îa  température  du  climat,  la  richesse  du  sol ,  etc.... 
par  Gabriel  Thomas  :  (en  anglais)  Historical  descrip- 
tion of  ilie  province  and  çountry  ofWest-New- Jersey, 
of  their  laws ,  customs ,  r^eligion ,  the  air  and  cli- 
mate ,  the  fortune  of  the  soil ,  etc..  hy  Gabriel  Tho' 
mas.  Londres,  1698,  in-8''. 

ETAT   DE  NEW-YORCK. 

Histoire  de  la  province  de  la  Nouvelle-Yorck 
et  de  sa  découverte  ,  par  Guillaume  Smith  .•  on  y  a 
joint  la  description  de  cette  contrée  et  de  ses  habi- 
tans  :  (en  anglais)  William  Smith  Historj  of  the 
province  of  New-Yorck  ;  froni  the  first  discovery,  to 
ivhich  is  annexed  a  description  of  the  country  and 
inhabitants.  Londres,  lySy;  ibid.  1776,  in-8''. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  sous  le  tilre  sui- 
vant : 

Histoire  de  la  Nouvelle-Yorck ,  depuis  la  dé- 
couverte de  cette  province  jusqu'à  notre  siècle , 
dans  laquelle  on  rapporte  les  démêlés  qu'elle  a  eus 
avec  les  Canadiens  et  les  Indiens,  ses  guerres  contre 
ces  peuples ,  les  traités  et  alliances  qu'elle  a  faits 
avec  eux,  etc....  on  y  a  joint  une  description  géo- 
graphique du  pays ,  et  une  histoire  abrégée  de  ses 
habitans,  de  leur  religion,  de  leur  gouvernement 


AMFRIQLTi;.    VOYAG.  DANS  r.'AMÉR.  SEVT.       8i 

civil  et  ecc'esîasîique  ,  par  \N  illiaiii  Sniiihj  traduit 
de  l'anglais.  Londres,  1767,  in-12. 

ETAT   DE   LA   PENSYLVANIE. 

Lettres  de  Peiui ,  et  description  de  îa  Pensyl- 
vanie,  La  Haye,  1684  >  in-i'^' 

Description  de  la  province  nommée  par  les 
Anglais  Pensylvanie  ,  par  Thomas  Campavius  :  (eu 
suédois)  Kort  Beskrifuing  om  proviiizen  jij  Swerige, 
af  de  Eiigelshe  kallad  Pensylvania  ,  'ved  Thomas 
Campaidus,  Stockholm,   1702,  in-4°. 

—  La  même,  traduite  en  allemand.  Francfort, 
1702  ,  in-8". 

PiELATiON  da  voyage  de  Pdchard  Castehnan  dans 
la  Pensylvanie,  en  17 10. 

Cette  relation  est  imprimée  à  la  suite  do  Voyage  imagi- 
naire du  capitaine  Boyle.  Amsterdam,  1710,  1  vol.  in-12. 

Observations  de  Jeun Bartraiîi  sur  les  habitans^ 
le  climat ,  le  sol ,  les  rivières  ,  les  productions  ,  les 
animaux  et  d'autres  objets  dignes  d'être  remarqués, 
faites  dans  le  cours  d'un  voyage  dans  la  Pensyl- 
vanie ,  àOuetango,  Oswego  et  au  lac  Ontario  :  ou 
y  a  joint  une  relation  de  la  cataracte  de  Niagara  , 
par  Pierre  Kalni:  (en  anglais)  John  Bartrams  Obser- 
vations on  the  inhahitants  climate  ,  soïl ,  rii^efs  ,  pro- 
ductions,  animais  j  and  olher  worth  notices ,  niade  in 
his  travels  from  Pensylvaiùa ,  to  Ouetango  ,  Oswego 
and  the  lake  Ontario  :  to  which  is  annexed  a  curions 
account  of  the  cataract  of  Niagara  ,  hr  Peler  Kahn. 
Londres,  I75i,  iu-S". 


82  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Etat  actuel  de  la  Pensylvanie.  Paris,  1756, 
in-13. 

Voyage  en  Pensylvanie,  de  17^0  à  1754,  pai" 
Goillieb  Mitteber^er :  (en  allemand)  B.eise  nacli  Pen^ 
syh'amen  ,  von  lySo  bis  lySé ,  von  Gotlîieh  Mitte^ 
berger.  Slutgard,  1766,  in-8''. 

Il  n'y  a  giièi"^  cî'inléressant  dans  ce  Voyage,  qtif  la  con- 
lioissance  que  donne  jVJilteberger  des  séductions ,  des 
noirceuis  ,  de  ton  les  les  manoeuvres  coupables  qu'inspire 
]a  cnpidiié,  pour  enlever  en  Allemagne  des  individus 
de  tout  âge  et  des  deux  sexes,  et  les  traîner  aux  Elals— 
Uiils. 

Journal  d'une  tournée  de  deux  mois,  faite  par 
Charles  Beatty  ,  en  vue  de  propager  la  religion 
parmi  les  habitans  de  la  frontière  de  la  Pensylvanie  : 
(en  anglais)  Journal  of  aview  of  promoting  religion 
civiongst  tlie  frontiers  of  Pensjlvania ,  bj  Ch.  Beatty , 
Londres,  1768,  in-S*^. 

—  Le  même,  traduit  en  allemand.  Francfort  et 
Léipsic,  1771  ,  in-i2. 

Histoire  naturelle  et  politique  de  la  Pensyl- 
vanie ,  et  de  l'établissement  des  Quakers  dans  celle 
contrée,  traduite  de  Pallemand  par  M.  D.  S. ,  cen- 
seur royal  ,  précédée  d'une  carte  géographique. 
Paris,  Gaueau,  1768,  in-12. 

Quoique  cet  "ouvrage  ne  soil  annoncé  que  comme  une 
simple  traduction  ,  on  en  chercheroit  en  vain  l'original 
dans  aucune  langue,  dit  le  prétendu  traducteur.  Il  a 
voulu  seulement  annoncer  par-là  ,  qu'une  grande  p;irlie 
du  fond  de  l'ouvrage  éloit  tirée  de  deux  écrivains  étran- 
gers ,  dont  l'un  vérifablement  ,  comme  on  vient  de  le 
voir,  est  allemand  (  Gottlieb  IrliUebsrger) ,   et   l'autre. 


ATilLRIQUE.  VOYAG.  DAA'S  L'AMÉH.  SEPT.  83 
Plene  Â'n/c-s  ,  est  lîH  voviii^cur  .suédois.  Il  uoil  piincipa- 
lenieiil  à  celui-ci  toute  la  parlie  d'Jiistoiie  nalmelic!  :  Mu— 
teberger  ne  lui  a  guère  fourni  que  la  relation  de  son 
voyage  et  des  manœuvres  dont  ;e  viens  de  rendre  compte 
à  l'arlirle  de  la  lelation  de  ce  voyageur  :  mais  il  a  puisé 
dans  loules  les  sources  que  j'ai  précédemment  indiquées, 
concernant  la  Pensylvanie.  Depuis  qu'il  a  écrit,  tout  a 
subi  de  grands  changemens  d'ans  ce  pays,  sous  les  rap- 
ports agronomiques,  industriels,  civils,  politiques  :  le 
climat  même  a  éprouvé  des  alléralions  :  une  des  plus 
funestes,  est  l'irruption  de  la  fièvre  jaune  ,  dont  on  doit, 
comme  on  l'a  vu  ,  regarder  la  Pensylvanie  comme  le  Fojer 
originaire.  On  peut  néanmoins  y  recueillir  encore  des  no- 
tions curieuse»  sur  la  Pensylvanie,  et  particulièrement  sur 
les  Sauvages,  ses  habitans  aborigènes.  Apiès  quelques  con- 
jectures sur  Lur  oiigine,  l'auleur  a  décrit  dans  un  assez 
grand  délad  leur  manière  de  se  vêlir  ,  de  se  nourrir  et  de 
se  loger:  il  a  donné  une  idée  de  leur  langage,  de  leurs 
usages,  de  l'espèce  d'éducation  qu'ils  donnent  à  leurs 
enfans,  des  cérémonies  qu'ils  observent  dans  leurs  funé- 
railles, de  la  façon  dont  ils  portent  le  demi.  L'espèce  de 
culte  qu'ils  pratiquent ,  la  forme  de  leur  gouvernemonl  et 
cle  leurs  as.sembléés  publiques  sont  aussi  l'objet  de  ses 
recherches.  Enfin  ,  s'ajjpnyant  sur  l'autorité  des  écYi^ains 
qu'il  a  consultés,  il  attribue  à  ces  Sauvages  une  mémoire 
fort  heureuse,  une  mesure  assez  étendue  d'intelligence 
et  il  vante  le  bonheur  de  leur  condition.  Les  vovageurs 
modernes,  comme  on  le  verra,  ne  font  pas  une  j^einliue 
Oussi  flatteuse  de  la  vie  sauvage. 

Extrait  du  m  ao  use  rit  d'un  Siléslen  ,  de  l'cinnt'e 
lySS,  concernant  les  Mohawks  ,  PhiJadeljihie  et 
Baltimore  :  (en  alJeniaiid}  u4uszug  ans  eiiier  Ilandr- 
$clirîj}'t  dues  Schlesiers ,  toiu  Jahr  1/8.S ,  die  3/o- 
hawks ,  Philadelphia  und  Baltiinory  betrejjeud,  fin- 
séré  dans  le  Journal  geogi-.  de  f  abri,  1788, 4*"  cali.j 


•S4  ÈIBLIOTHEQUE    DTÎS    VOYAGES. 

ETATS  DE  LA  VIRGINIE  ET  DU  MARYLAND. 

Voyage  de  Philippe  Amiâas  et  Arthur  Barloip 
sur  les  côtes  de  la  Virginie  ,  eu  i584  :  (en  anglais) 
Philip.  u4midas's  and  Arthur  Bnrlow' s  p^oyageto  the 
coast  of  Virginia ,  in  i584.  (Inséré  dans  la  Collec- 
tion de  Hakluit.) 

Df.ux:  Voyages  de  Crinville  ,  faits  en  Virginie 
«n  1686-1590  :  (en  anglais  )  Ttro  Voyages  to  Vir- 
ginia j  in  lôSô-iSgO ,  hy  Grinville.  (Inséré  ibid.^ 

Voyance  de  Jean  JVithe  en  Virginie  ,  en  l'année 
iSqo  :  (en  anglais) /o/j/i  TVithe's  Voyage  to  Virgi- 
nia, in  i5<)0.    (Inséré  ihid.^ 

Relation  des  avantages  qu'offre  la  contrée  de 
la  Virginie ,  par  Thomas  liariot  :  (en  anglais)  Thom. 
Hariot's  Account  of  the  coinmodities ,  etc....  in  the 
cowitry  of  Virginia.  (Insérée  ibid.^ 

Descpjption  du  naturel  et  des  coutumes  des 
liabitans  de  la  Virginie  :  (eu  anglais)  A  Description 
of  the  nature  and  manners  of  inhabitants  of  Virgi' 
nia.  (Insérée  ibid.) 

Merveilleux  et  étrange  Rapport  ,  toutefois 
fidèle  j  des  curiosités  qui  se  trouvent  en  Virginie  , 
des  façons  des  habitans  d'icelîe  ,  etc....  traduit  uou- 
velienient  d'anglais  en  français  ,  à  Francfort- sUr-Ie- 
Mein,  de  l'imprimerie  de  Jean-Michel,  aux  frais 
de  Théodore  Debry,  l'an  iSç^o,  avec  figures;  se 
vend  dans  la  boutique  de  Sigismond  Faerebond  , 
petit  in-fol.    ^ 

Cet  ouvrage,  dont  j'ai  recueilli  le  lilredans  un  calalogue. 


AMERIQUE.    yOYAG.   DjIN3  L'AMÉR.  SEPT.       85 

a  beaucoup  d'aïudogie  axcc  le  buivaul,  soit  par  l;i  coiifor- 
iiiilé  des  noms  de  l'éditeur,  de  rimprimeur ,  du  libraire  et 
de  la  ville,  soil  j.iar  la  dal(?;  mais  comme  le  litre  est  tout 
diflëienl,  j'ai  cru  devoir  l'annoncer  séparément. 

Briève  Histoire  de  la  Virginie  ,  dédiée  à  Guil- 
laume comle-palaiin  du  Rhin  ,  et  duc  de  ]a  Haute 
et  Basse-Bavière,  enrichie  de  l'écusson  colorié  de 
ses  aimes.  A  Francfort ,  de  l'imprimerie  de  Jeaa 
Wechel ,  aux  dépens  de  Théodore  Debry,  logo, 
avec  les  vrais  pourtrails  et  façons  de  vivre  des  .peu- 
ples d'une  partie  de  l'Amérique  nouvellement  ap- 
pelée Virginie  parles  Anglais  qui  furent  envoyés  la 
découvrir  l'an  i585,  à  la  principale  charge  de  hono- 
rable messire  Raleigh ,  chevalier  et  sur-intendant 
des  mines  d'étain  ,  favorisé  de  celte  entreprise  par 
S.  î\î.  la  reine  d'Angleterre  ,  et  autorisé  par  ses 
leltres-[)alentes  ;  recueilli  diligemment  et  tiré  sur  lo 
naturel  par  Jean  Wiih  ,  qui  a  été  expressément  en- 
voyé audit  pays  pour  ce  faire  l'année  susdite  i585, 
et  celle  de  l'an  i588,  puis  taillé  en  cuivre  et  nou- 
vellement mis  en  œuvre  par  Théodore  Debry ,  à  ses 
propres  dépens.   iSgo,  p.  iu-fol. 

Ce[  ouvrage  est  rare. 

Les  porirails,  les  caries  'géographiques  et  les  plans  ,. 
dont  l'ouviage  est  enricbi,  ont  été  coloriés  avec  la  plus 
grande  vérilé  d'imitation  et  le  jilus  riche  choix  de  cou— 
leurs,  dans  un  exemplaire  que  j'ai  eu  sou.s  les  yeux,  et 
dont  on  refusoii  cent  quarante  francs.  Les  fii^ures  sont  au 
nombre  de  vingl-lrois  :  en  voici  la  liste  que  j'ai  copiée 
dans  la  table  indicative  placée  à  la  lète  de  cet  exeraplaiie^ 
où  elles  se  Irouvoient  l)ien  complètes. 

I    Cbarle  de  toute  la   côte  de  A''irgin!e.    2.  Arrivée  des 
Auglaii  tu  Virginie.  3.  Un  des  grand*  seigneurs  deV^ir- 


86  BlBLlOTnÈQTTE    DES    TOYAG2S. 

ginie.  4-  Une  noble  dame  de  Secota.  5.  Prêtre  de  Secota, 
6.  Fille  noble  de  Secota.  7*  Les  grands  seigneurs  de  Boo- 
mark.  8.  Noble  dame  de  Pomeioolk.  o.  L'accoutrement 
d'hiver  d'un  vieillard,  de  Pomeioolk.  lo.  Comme  les  dame» 
de  la  Mouquepoacq  portent  leurs  enfans.  i  i.  L'enchan- 
tement. 12.  La  manière  de  faire  les  bateaux.  i3.  La  ma- 
nière de  pécher  des  habituns  de  Vii ginie.  l/^.  Griile  de 
bois  à  boucaner  le  poisson.  i5.  Façon  des  pots  de  terre 
auxquels  se  cuisent  leurs  viandes,  i6.  La  façon  déman- 
ger. 17.  Feu  de  joie  des  fêtes  solemnelles.  18.  La  façon  de- 
danser  de  ceux  de  Virginie  en  leurs  fêles  solemnelles. 
19.  La  ville  de  Pomeioolk.  20.  La  ville  de  Secota.  2  i.  Ki- 
vosa.  22.  Les  sépultures  des  seigneurs.  7.3.  Marques  d'au- 
cuns des  principaux  seigneurs  de  Virginie. 

La  Virginie  bien  appréciée  par  la  description 
de  la  terre  de  Vlr<^inlc  qui  lui  est  contigiie  ;  outre 
un  Voyage  continuel  de  quatre  ans,  et  de  décou- 
vertes environ  mille  milles  est  et  ouest ,  par  Don 
Francori  de  Soto  ;  par  Richard  Haklult  "(eu  anglais^. 
Londres,  1609,  in-4°. 

La  Virginie  évaluée  par  la  description  du  pays 
limilro|)lie  de  la  Floride,  traduit  du  portugais  par 
Kicliard  Hakluit  :  (en  anglais  F^irginias  riches  eva- 
lued  b)  ihe  description  of  Florida ,1ier  neighhour,etc. 
translatedfrom  portughcse  hj  Richard  Hahluit.  Lon- 
dres ,  1619,  in-4°. 

Examen  de  la  Virginie  ,  ou  Description  natu- 
relle et  politique  de  cette  contrée  ,  par  Guillaume 
Bidloch  :  (en  anglais)  flrginict  ejcaniinala  ,  or  a 
liaturàl  and.  political  Description  of  his  cowiUy  ^  by 
William  DuUocL.  Londres  ,  i64j  ,  in-4". 

La  Vierge  triomphante,  ou  la  Virginie  appré- 


AMERIQUE.    VOYAO.  DANS  L'AMER.  SEPT.       bj 

ciéc  à  sa  juste  valeur  ,  parllculièrenient  dans  sa 
partie  méridionale  ,  avec  la  fertile  Caroline  ,  et  la 
non  moins  fertile  île  de  Roannoak  ,  par  Edouard 
William  :  (^eu  anglais)  f  irgo  triwnphans  ,  or  T^ir^i^ 
nia  j'ichlr  and  tonlj  valued  more  especialj  tlie  sout/t 
parts  there  of  with  tJie  fertile  Carolina  and  no  les  s 
excellent  isle  oj  Roannoak ,  hj  Ldwart  ff  illiain. 
Londres,  iG5o,  m-4-". 

CaractÈPiE  de  la  province  de  Maryland_,  par 
Georges  Alsop  :  (en  anglais)  George  Alsop  s  Caracter 
of  the  province  of  Marjland.  Londres,  1666,  in-8". 

Voyacl:  d'un  Français  exilé  pour  la  religion, 
avec  la  description  de  la  Virginie  et  duMaryland. 
La  Haye,  1687,  in-8^ 

Relation  de  diverses  choses  observables  dans 
la  Viiginie  ,  par  Jean  Clayton  :  (en  anglais)  ^;i 
jé-CCount  of  several  observables  in  Virginia  ,  bj  John 
Clayton.  (Insérée  dans  les  Transactions  philoso- 
phiques, vol.  17,  n^  201.) 

Relation  de  la  Virginie  ,  par  Thomas  Glover  : 
(en  anglais)  uén  Account  of  Virginia  ^  hy  Thomas 
Clover.  (Inséré  ibid.  vol.  11,  n°  126.) 

Lettre  de  Hugues  Jones  concernant  diverses 
choses  observables  dans  le  Maryland  :  (en  anglais) 
A  LeLter  concerning  several  observables ,  in  Marj- 
land,  bj  Hugo  Jones.  (Ins.  ibid.  vol.  ai,  n°  259.) 

Histoire  de  l'état  actuel  de  la  Virginie ,  en 
deux  parties  :  i.  l'histoire  de  ses  établissemens; 
a.  les  productions  naturelles  et  les  productions 
accideaielles    convenables    à   celle  contrée ,    par 


88  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

Bird  :  ^en   anglais)   Historj  and  présent  state   of 
Virginia  in  four  parts  :  i.  the  history  of  tlie  forst 
settlements  of  Virginia  ;   2.   tlie  natural  productions 
and  conveniences  of  tlie  countrj  ,by  Bird.  Londres, 
J705,  in-S'^. 

HiSTOiRK  de  la  Virginie ,  par  un  habitant  né  dans 
le  pays  même  (R.  B.  Be\^erley)j  avec  des  particu- 
larités ,  et  une  relation  abrégée  concernant  les  indi- 
gènes ,  les  Anglais  et  les  liabitans  de  cette  colonie , 
avec  planches  :  (en  anglais)  Histojj  of  Virginia , 
hy  a  native  and  inhahitant  of  the  place ,  Çthe  R.  B. 
Bei^erlej  )  a  particular  and  short  account  of  the 
Indians,  English  and  negros  inhabitants  ofthe  colony» 
Londres,  1702;  ihid.  1722,  in-8°. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  ea  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

HrSTOiRE  de  la  Virginie  ,  contenant ,  i .  lliistoire 
du  premier  établissement  dans  la  Virginie,  et  de  soa 
gouvernement  jusqu'à  présent;  a.  les  productions 
naturelles  et  les  commodités  du  pays  ,  avant  que 
les  Anglais  les  y  négociassent  et  les  améliorassent  ; 
5.  la  religion  ,  les  loix  et  les  coutumes  des  Indiens 
naturels ,  tant  dans  la  guerre  que  dans  la  paix  ; 
4-  l'état  présent  du  pays ,  tant  à  l'égard  de  la  police 
que  de  l'amélioration  du  pays  ;  par  un  auteur  natif 
et  habitant  du  pays  :  traduite  de  l'anglais,  et  enri- 
chie de  figures.   Paris,  Ribou,  1707,  in-12. 

Voici  le  développement  que  l'auteur  original,  né  Anglo- 
Aniéricai)],  comme  on  le  voit,  a  donné  aux  difléren» 
points  qu'il  a  traités  pour  compléter  l'histoire  de  la  Vir- 
ginie, el  dont  le  tiUe  de  l'ouvrage  donue  l'apperçu. 


\ 


-AMLP.TQTJE.  VOYAC.  BAN?  L'AMKR.  SIPT.  vC) 
I/e  premier  livre  renferme  l'hisloriquc  de  ioiis  ies  évé— 
ijeu)ens  qui  se  sont  passés  en  Virginie  depuis  l'élablisse— 
menl  des  Anglais.  L'auteur  y  fait  un  lapide  exposé  de 
loJiles  Itsguerrcs  qu'ils  onl  eu  à  soutenir  contre  lesliidiens, 
p|  deii  causes  qui  les  ont  produites  :  il  y  exagère  un  peu 
les  massaoes  et  les  autres  inforlunes  dont  l'esprit  vindi- 
ralif  (]es  indigènes  a  été,  suivant  lui ,  la  source  :  il  y  Irace 
le  tableau  de  l'administration  des  divers  gouverneui-s  en— 
■^'oyés  par  l'Angleterre  dans  la  Virginie,  et  raj^porle  même 
les  principaux  actes  que  l'assemblée  générale  des  colona 
y  a  passés  de  leur  temps.  Dans  le  second  livre  ,  il  s'occupe 
des  productions  naturelles  du  pays  ,  et  de  l'élal  où  les 
A  nglais  le  trouA'èient  à  leur  arrivée  :  mais  quelque  sen- 
sible qu'il  fût  aux  beautés  des  ouvi  âges  de  la  nature  ,  ni  le 
pays  où  il  vivoit,  ni  l'époque  même  où  il  écrivoit,  ne 
ponvoient  lui  fournir  en  ce  genre  des  connoissances  assex 
éiendiies  pour  traiter  ce  sujet  d'une  manière  entièrement 
satisfaisante.  Le  troisième  livre  est  consacré  à  donner  un 
détail  exact  de  tout  ce  qui  concerne  les  Indiens,  relative- 
ment suj-tout  à  leur  religion,  leurs  usages,  les  formes 
diverses  de  leurs  gouvernemens.  Les  planches  insérées 
dans  l'ouvrage,  mal  exécutées  quant  à  la  gravure,  mais 
dont  l'auteur  atteste  que  les  dessins  ont  été  faits  d'après 
nature  ,  peuvent  donner  une  idée  ,  au  moins  imparfaite, 
du  costume  de  ces  jjeuples ,  et  des  plus  remarquables 
d'entre  leurs  coutumes.  Celle  partie  de  l'ouvrage,  où  l'au- 
teur paroît  n'avoir  rien  avancé  que  d'après  ses  propres 
recherches  ou  le  témoignage  de  gens  dignes  de  foi,  est 
beaucoup  plus  précieuse  que  les  autres,  parce  qu'elle  nous 
fait  connoître,  ou  des  peuplades  qui  n'existent  plus ,  ou 
les  moeurs  orisinelles  du  j^eiil  nombre  de  celles  qui  exis- 
tent encore.  Dans  le  quatrième  livre ,  l'auteur  s'est  atta- 
ché à  décrire  la  forme  du  gouvernement  que  les  Anglais 
avoient  introduite  dans  la  Virginie  :  mais  ceci,  pour  la 
plus  grande  partie,  n'apjsartient  qu'à  l'histoire,  jDuis- 
t^a'en  s'afTranchissanl  du  joug  de  la  métropole,  la  Virginie 
a  enlièremeiii  changé  la  fonue  de  sou  ^ouveiuement.  Il 


9^^  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

en  faiil  dire  aillant  des  observations  qu'il  a  faites  sur  le 
peu  de  soin  qu'avoient  les  Anglais,  d'établir  en  Virginie 
des  nianufaclnres  ,  et  des  avantages  qu'ils  auroient  pu  ea 
tirer,  s'ils  avoient  un  i^eu  plus  favorisé  ce  genre  d'établis— 
aemens.  L'affranchissement  de  la  Virginie  a  imprimé  un 
mouvement  rapide  au  commerce  et  à  l'industrie  de  ca 
])a3'.s.  Mais  ce  que  l'auteur  a  exposé  dans  son  ouviage  sur 
les  formes  qu'on  observe  dans  celle  contrée  ,  soit  au  civil , 
soit  au  criminel  ,  pour  Tadminislration  de  la  justice,  a 
encore  son  application  aujourd'hui ,  puisqu'il  s'est  opéré 
peu  de  changemens  à  cet  égard. 

La  même  observation  peut  s'appliquer  aux  détails  dans 
lesquels  il  est  entré  sur  la  température  de  l'air  de  la  Vir- 
ginie, sur  la  chaleur  excessive  et  les  effrayans  orages  qu'on 
y  éprouve  ,  les  insectes,  soit  dangei-eux,  soit  incotnmodes, 
dont  on  y  est  tourmenté;  les  maladies  qui  y  régnent,  les 
diverlissemens  auxquels  on  s'y  livre. 

Etat  actuel  de  la  Virginie  ,  avec  un  coup-d'œll 
rapide  sur  le  Marylaud  et  le  nord  de  la  Caroliiie, 
par  Hugues  Jones  r  (en  anglais)  Présent  state  of 
p^irginia  ,  ivith  a  short  njiew  of  Maryland  and  North- 
Carolina,  bj  Hugo  Jones.  Londres,  17:24?  in-8®. 

Description  lopograpbique  de  la  Virginie,  du 
Maryiaud  et  de  la  Caroline  septentrionale  ,  conte- 
nant les  rivières  d'Oliio,  Konhawa  ,  Scioto  ,  Clié- 
rokees ,  Wabasli  ,  des  Illinois^  du  Misslssipi  ;  tra- 
duite de  l'anglais  de  Hutchins.  Paris,  1781,  in-8°. 

Voyages,  découvertes  et  entreprises  du  capi- 
taine Jean  Smith ,  dans  la  Virginie ,  par  Frédéric 
Scheihler  :  (en  allemand)  Reisen  ,  Entdekungen  und 
ZTntersuchuiigen  des  Schîf' Capitaine  Johann  Smith  in 
f'irginicnjvon C.  Fricd. Scheihler.  Berlin,  1 782,111-8° . 

iliSTOiuE  de  la  Virginie  ,  par  Thomas  Jejfcrson , 


AMERIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  Si:PT.       C)I 

écuver  5  précédée  dïine  carie  de  la  Vir^^inic  d'une 
feuille  enlière  :  (en  anglais)  Ilistorj  of  Kirgiuia ,  hj 
Th.  JeJJ'crson  ,  to  v^hich  is  prefixed  a  large:  whole 
sheet  map  of  T'^irginia.  Boston  ,  1^84,  in-8". 

Obstryations  sur  la  Virginie  ,  par  Tlioujas /e/"- 
fcrson  ,  avec  cartes  :  (en  anglais)  Noies  on  flrginia^ 
by  Thomas  JeJJerson.  Philadelphie,  i  ^82  ;  Londres, 
1788,  in-8". 

Cet  ouvrage  a  élé  traduit  en  français  sous  le  litre  suivant  : 
Observations  sur  la  Virginie,  par  M.  J'^'^* 
{JeJJerson)  ,  traduites  de  l'anglais.   Paris,  Barrois 
aîné  ,  1786,  iu-8'\ 

Sous  le  titre  modeste  de  Noies  ou  d'Observations ,  cet 
ouvrage,  de  l'un  des  personnages  les  plus  lecommau— 
dables  des  Etats-Unis,  est  un  excellent  tableau  de  la 
constitution  actuelle  de  la  Virginie  ,  de  sa  législation  ,  de 
aon  commerce,  de  ses  miinufactures ,  de  sa  navigation  et 
de  sa  milice. 

ETATS  DU  KENTUKY  ET  DU  TÉNESSÉE. 

Dlcouverte  ,  établissemens  et  état  actuel  de  la 
colonie  de  Kenluky  ,  avec  un  essai  sur  l'hisioire 
naturelle  et  topographique  de  cette  importante 
contrée,  par  Jean  Filson  :  (en  anglais)  Disvovery , 
selllements  and  présent  state  of  Kcntukj ,  and  an 
essay  towards  the  tppographj-  and  natural  hislory 
oflhat.  iinporlani  countrj ,  hj  John  Filson.  "SVilming- 
tonsur-la-Délaware,  1784,  in-8^. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre suivani  : 

Histoire  de  Kentuky,  nouvelle  colonie  à  l'ouest 

de  la  Virginie ,  coDteaam  ,  i^.  la  découverte,  lac- 


f)2  BI  BLIOTH  KQUE    DES    TOYACES. 

qius:!:on  ,  l'établissement  ,  la  description  topogra- 
pnicjue  ,  l'histoire  naturelle  ,  etc.  du  territoire  j 
2".  la  relation  historique  du  colooel  Boon  ,  un  des 
premiers  colons ,  sur  les  guerres  contre  les  natu- 
rels ;  5°.  l'assemblée  des  Piankashaws  au  poste 
Samt-Vinceut  ;  4*^.  un  exposé  succinct  des  nations 
mdieunes  qui  habitent  dans  les  limites  des  Treize- 
Etats-Unis,  de  leurs  mœurs  et  coutumes,  et  des 
réflexions  sur  leur  origine  ,  et  aull'cs  pièces:  traduit 
de  l'anglais  de  M.  John  Filson  par  M.  Parraud , 
avec  une  carte  du  Kentuky  ;  ouvrage  pour  servir 
de  suite  aux  Lettres  d'un  Cultivateur  américain. 
Paris ,  Buisson  ,  \-^jd)3  ,  in-S*^. 

On  trouve  dans  la  relalion  de  Filson  ,  un  taMeau  fidèle 
de  la  colonie  du  Kenluky  jusqu'au  (einps  où  l'auteur  écri- 
voit  :  mais  depuis  celle  époque,  elle  a  reçu  ,  plus  qu'aucun 
autre  des  Elals-Unis,  des  accroissemens  considérables: 
il  faut  donc  joindre  à  celte  Hisloire  de  Kenluky,  les  trois 
relalions  suivantes  : 

DÉCOUVERTES  et  établissemens  dans  l'Etat  de 
Kentuky,  avec  un  essai  siu-  la  topographie  et  l'his- 
toire naturelle  de  cette  importante  contrée  ,  par 
Georges  Inilai  :  (en  anglais)  The  discoverj ,  settle- 
mcuts  mid  state  of  KeutiiJij  ,  and  an  essaj  towards 
llir.  lopographj  and  natuval  liistorj  qftliat  important 
cowiii'Y ,  hy  George  Inilay.  S'"  édition.  Londres, 
1797,  in-S''. 

Le  pour   et  contre,  ou  Avis  à  ceux  qui  se 
proposent  de   passer  dans  les  Etals -Unis  d'Amé- 
rique ,  suivi  d'une  description  du  Kentuhj  et  du  Gke- 
iies).,  deux  nouveaux  établissemens  les  plus  consi- 
^  dérablcs  dans  cette  partie  du  monde  ,   avec  une 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  tîANS  L'AMÉr.  SÏPT.       95 

carte  typomélrique  ,  par  Louis  Biidel ,  pasteur  de 
l'église  française  à  Baie.  Paris  ,  Levrault,  an  xii  — 
^8o4 ,  in-,ii2. 

Avec  la  clesciiplion  de  deux  contrées  des  Etals-Unis 
«iir  lesquelles  nous  n'avions  que  la  relation  de  Filson  ,  déjà 
un  peu  ancienne,  vu  les  progrès  rapides  qu'ont  faits  ces 
colonies  depuis  que  l'auteur  anglais  les  a  décrites,  l'eu-' 
vrage  de  M.  Bridel  renferme  des  notions  intéressantes , 
mais  néanmoinspeu  neuves, sur  l'histoire  naturelle,  l'agri- 
culture ,1e  commerce,  de  plusieurs  autres  parties  des  Etals- 
Unis.  C'efit  d'ailleurs  un  excellent  gui<le,  ainsi  que  l'an- 
nonce le  litre,  pour  ceux  qui  veulent  aller  s'établir  dans 
ces  contrées.  Le  planteur  y  trouvera  des  instructions  Irès- 
uliles  ,  et  qui  le  garantiront  des  méprises  qu'on  est  exposé 
à  commettre  dans  les  défricheraens  et  les  plantations. 

Voyage  à  l'ouest  des  monts  Allegbanys,  dans 
les  Etats  de  l'Ohio  ,  du  Kentuky  et  du  Ténessée ,  et 
retour  à  Charles-Town  par  la  Haute-Caroline  ,  con- 
tenant des  détails  sur  l'état  actuel  de  l'a^jriculture 
et  les  productions  naturelles  de  ces  contrées  .  ainsi 
que  des  renseigneniens  sur  les  rapports  commer- 
ciaux qui  existent  entre  ces  Etats  et  ceux  situés  à 
Test  des  montagnes  et  la  Basse-Louisiane,  avec  une 
carte  très-soignée  des  Etats  du  centre ,  de  l'ouest  et 
du  sud  des  Etats-Unis;  par  F.  A.  Michaux.  Paris, 
Levrault ,  an  xii  —  i8o4,  ii^-S*^. 

Le  même  ,  traduit  en  anglais  sous  le  litre  suivant  : 
Voyage  à  l'ouest  des  monts  Alleglianys,  dans 
les  Etats  de  l'Ohio ,  Kentuky  et  Ténessée  ,  par 
F.Michaux,  traduit  de  l'original  français  par  B. 
Lambert:  (en  anglais)  Travels  to  the  west  %vo  of 
the  uillei^liany s -Montes  ,  etc.  bj  F.  Jldichaux ,  etc. 
l-oudres,  Macatmau,  i8o5,  iu-8°. 


9f  RIBLICfTIlflQUE    D  T:  5    VOYAGES. 

Jean  Filsoii,  clans  sa  relation  dont  je  viens  de  donner  la 
notice,  nous  avoit  donné  une  histoire  assez  détaillée  dn 
Kentucke,  ou  de  Kentucky;  mais  sa  relation  remonte  à 
plus  de  vingt  ans;  et  celle  contrée,  comme  je  l'ai  fait 
observer,  a  essuyé  bien  deschangemens  et  a  reçu  bien  des 
améliorations  depuis  celle  époque. 

Le  Voyage  dans  la  haute  Pensylvanie,  que  j'ai  fait  égale- 
ment connoître,  nous  avoit  procuré  quelques  renseigne— 
mens  sur  l'état  du  Ténessée  et  sur  les  nionls  Alléghaiiys; 
mais,  outre  leur  brièveté,  ils  éloient  déjà  anciens,  et  la 
face  du  pays  a  considérablement  changé  depuis  leur  pu- 
blication. La  description  de  ces  contrées  éloit  donc  un 
«ujet  presque  entièrement  neuf  à  traiter.  M.  Michaux  l'a 
rajeuni  encore  par  d'excellentes  observations  sur  les  rap- 
ports commerciaux  entre  ces  Etats  et  ceux  qui  sont  situés 
a  l'est  des  monts  Alléghanys.  Il  nous  a  donné  aussi  le 
dernier  état  de  la  malheureuse  colonie  française  de  Scîioto, 
sur  laquelle,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  M.  de  Volney ,  dans  son 
Tableau  des  Etats-Unis,  nous  avoit  transmis  des  renseigne- 
"raens plu»  étendus,  mais  déjà  un  peu  anciens. 

La  relation  de  M.  Michaux  n'est  pas  seulement  précieuse 
à  cet  égard,  elle  l'est  encore  pour  les  délails  où  il  entre  sur 
la  Carolijie  méridionale,  et  même  sur  quelques  autres 
parties  des  Etats-Unis. 

Ce  fut  à  Charles-Town,  capitale  de  la  Caroline  du  sud  , 
que  M.  Michaux,  qui  avoit  déjà  séjourné  aux  Elats-Uuis, 
et  qui  y  retournoit  en  l'an  ix ,  débarqua  au  mois  d'octobre 
de  cette  année.  La  fièvre  jaune,  cette  maladie  bilieuse  et 
inflammaloire,  le  fléau  de  l'Amérique  septentrionale,  et 
oui  y  a  étendu  ses  ravages  jusqu'à  la  Nouveile-Oiléaus, 
désoloit  à  cette  époque  la  ville  de  Cîiarles-Town.  Beaucoup 
d'habilans,  pour  y  échapper,  quoique  moins  sujets  à  en 
être  atteints  que  lesétrangers,  s'éloient  réfugiés  dans  l'ile  de 
6o//v«»,  située  à  sept  milles  de  Charles-Town.  B'aprèê 
robservation  qui  avoit  été  faite,  que  les  étrangers  nouvel- 
lement arrivés  d'Eiuope  ou  des  Etats-unis  d'Amérique,  et 
qui  viennent  immédialemeuthabilcr  celle  ile, se  pi é»ci  vent 


'amértquî;.  voyac.  dans  l'Amer.  sept.     qS 

delà  fièvre  jaune,  plusieurs  compagnons  de  M.  Michaux 
s'y  réfugièrenl  ;  mais  lui  s'obslina  à  rester  dans  la  ville  , 
et  se  flalla,  par  ini  régime  propre  à  cahner  l'elTerves- 
cence  du  saiig,  de  se  préserver  de  la  maladie  :  mais  il 
n'en  fut  pas  moins  atlaqué,  et  il  éprouva  seulement  qiie. 
Bans  être  un  préservatif,  ce  régime  peut  contribuer  à 
diminuer  la  violence  du  mal  et  empêcher  qu'on  y  sur- 
combe; mais  il  ne  fut  pas  affranchi  d'une  coiivalesceace 
très-pénible.  Soit  foibîesse  de  tempérament,  soil  mauvais 
régime  ,  les  huit  dixièmes  des  étrangers  arrivés  cette  année- 
là  même  à  Charles-Town,  et  qui  restèrent  dans  la  ville, 
moururent  de  la  fièvre  jaune.  Ou  doit  savoir  gré  à  M.  Mi- 
chaux d'avoir  consigné  dans  sa  relation  des  renseigneraeni 
si  utiles  pour  les  émigrans  vers  les  Etats-r-Unis. 

Charles-Town,  située  au  confluent  de  deux  rivières, 
occupe  un  espace  de  terrein  d'environ  un  mille.  C'est  sur 
celle  d'Asheley  qu'est  placée  la  partie  de  la  ville  la  plus 
commeryanle  et  la  plus  peuplée.  La  construction  des  sec- 
tions de  quai ,  qui  s'avancent  assez  loin  dans  la  rivière  pour 
faciliter  aux  navires  marchands  le  chargement  de  leurs 
cargaisons,  paroîlra  bien  singulière  aux  habitaus  de  nos 
grandes  villes,  qui  ne  connoissent  que  les  quais  construits 
en  pierre.  Ceux  de  Charles-Town  sont  faits  de  troncs  de 
choux-pabuistes ,  fixés  ensemble,  et  disposés  en  carré  le» 
vins  au-dessus  des  autres.  Ces  troncs,  beaucoup  mieux 
qu'aucunes  autres  espèces  d'arbres  du  pays,  se  conservent 
<ians  l'eau  un  grand  nombre  d'années. 

Les  rues  de  Charles-Town,  larges,  mais  non  pavées, 
ftvec  des  trottoirs  en  brique,  sont  très-incommodes  pour 
les  gens  de  pied,  par  les  nuées  de  sable  qu'élève  la  circu- 
lation des  carrosses  et  des  cabriolets ,  beaucoup  plus  consi- 
dérables, toute  proportion  gardée, à  Cliarle.s-Town  qu'en 
fiucune  autre  ville  de  l'Amérique.  Les  sept  dixièmes  de  la 
ville  sont  conslruils  en  bois,  le  reste  l'est  en  brique.  Des 
pompes  placées  de  distance  en  dislance,  fournissent  aux 
habitans  une  eau  si  saumâtre,  qu'il  est  étonnant  que  les 
étrangers  puissent  s'y  accoutumer.  Le  dernier  recensement 


C)  )  El  HT.  ÎOT  II  ÈQUE    DES    VOYAGES. 

fait,  en  i8o'5  ,  porloit  la  populaliou  de  Charles-To^rn  k 

10,69a  blancs,  el  à  9o5o  esclaves. 

On  ne  conuoît  point  dans  cette  ville  les  hôtels  garnis, 
les  chambres  à  louer,  les  tables-d'hôle ,  les  restaurateurs. 
Tout  cela,  pour  les  étrangers,  est  remplacé  par  des  peu— 
fiions  où  l'on  est  logé,  nourri,  éclairé.  A  Charles-Tovvn , 
el  dans  toute  la  Caroline,  le  prix  de  ces  pensions  est  de  1 2 
à  20  piastres  {63  à  io5  francs)  par  semaine.  Ce  prix  excessif 
n'est  point  dans  la  proportion  de  celui  des  déniées  :  le 
bœuf  y  colite  rarement  plus  de  douze  sols  la  livre;  les 
légumes,  à  la  vérité,  y  sont  plus  cljers  que  la  viande. 
M.  Michaux  auroil  pu  s'étonner  que  dans  un  pays  où  les 
bestiaux  sont  si  multipliés,  et  où  1  argent  nionnoyé  est  assez 
rare,  le  prix  de  la  viande  s'élève  si  haut.  Indépendamment 
des  objets  de  consommation  que  le  pays  fournit,  le  port 
de  CharIeE-To%vn  est  constamment  rempli  de  petits  bàli— 
mens  venant  de  Boston,  de  New-Yorck,  de  Philadel- 
phie, et  des  petits  ports  intermédiaires;  ils  sont  chargés  de 
grains,  de  farines,  de  foins,  de  salaisons,  de  pommes— dé- 
terre, de  légumes  et  même  de  planches  et  de  bois  de  char- 
pente. Cliose  singulière!  quoique  ces  produits  soient  ap- 
portés de  trois  ou  quatre  cents  lieues,  ils  sont  moins  chers 
que  ceux  du  pays,  malgré  leur  supériorité  bien  reconnue. 
Les  marchés  de  Charles-Town  sont  approvisionnés  eu 
]iiver  de  poissons  de  mer  vivans,  apportés  de  la  pointe 
septentrionale  des  Etats-Unis  ,  dans  des  bàtimens  disposés 
de  manière  que  l'eau  de  la  mer  s'y  renouvelle  continuelle- 
ment. Ces  navires  chargent  en  l'etour  du  riz  et  des  cotons, 
dont  la  pliis  grande  j^-ulie  est  réexportée  en  Europe,  le 
fret  étant  toujours  à  tpeilleur  compte  dans  les  états  du  nord 
que  dans  ceux  du  midi.  Le  colon  en  lame  qui  reste  dans  le 
nord  est  plus  que  sufFisaiTt pour  alimenter  les  manufactures, 
qui  sont  en  petit  nombre  :  l'excédent  se  débite  dans  les 
campagnes ,  où  les  femmes  fabriquent  de  grosses  cotonnades 
pour  l'us-ige  de  la  famille. 

Un  fait  aussi  inexplicable  que  celui  de  la  cherté  de  la 
viande,  k  CUailes-Towa>  c'est  le  haut  prix  du  boi«dnas 


Amérique,  voyag.  va'ss  l'aMér.  sept.     Qy 

celle  ville.  Il  y  coûte  cle  40  à  5o  francs  la  cercle  ;  e!  cepen- 
dant les  forets,  auxquelles  ou    ne   peut  pas  assii-n  r  'le 
limites,  commencent  à  six  milles  et  même  à  une  moiudro 
dislance  de  la  ville,  et  le  tianspoit  en  est  facilité  par  les 
deux    rivières,    au    confluent    desquelles   elle    est    située. 
M.  Michaux  a  donné  la  solution  de  ce  pioblème  écono-* 
inique,  en  disant  que  cette  clierté  tient  au  haut  prix  élevé 
de  la  main-d'oeuvre  ;  mais  cette  solution  paroîtra  peut-être 
insufEsante  ,  si  l'on  considère  que  l'exploilation  des  bois 
n'est  pas  un  objet,  ni  d'une  grande  industrie,  ni  d'une 
longue  durée, que  le  transport  de  ces  bois  est  très-court,  et 
enfin  que  les  hahilans  de  Charles-Town  peuvent  y  em- 
ployer, ainsi  qu'à  l'exploilation,  leurs  enclaves,  dont  le 
ïiombi'e,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  égale  à-peu-près  celui  des 
blancs.  Quoi  qu'il  en  soit, le  fait  paroît  constant,  puisque, 
comme  l'observe  le  voyageur,  un  grand  nombre  de  jîarli— 
culiers,  par  économie,  brûlent  du  charbon-de-lerre  que 
l'on  apporte  d'Angleterre.  C'est  assurément  la  chose  du 
monde  la  plus  étonnante,  qu'un  peuple  qui  a  si  près  de  soi 
des  forêts  immenses,  fasse  venir  des  combuslibles  de  plus 
de  neuf  cents  lieues  de  dislance. 

L'étude  de  la  botanique  des  Etats-Unis  euiro'l  beaucoup 
dans  les  excursions  que  M.  Michaux  se  pioposoit  tVv  fiire. 
Dès  qu'il  fut  rélabli  de  sa  maladie,  il  alla  résider  dans  un© 
petite  habitation  située  à  dix  milles  de  CIiarles-Tow!),  et  oà 
son  père,  l'un  des  plus  habiles  et  des  plus  modestes  bota- 
nistes de  ces  derniers  temps,  avoil  formé  un  jarriin  bola-»^ 
nique  :  il  y  trouva  une  belle  collection  d'arbres  e\  de  plantes 
du  pays,  rapportés  de  divei'ses  contrées  de  l'AmériLiue  par 
son  père  ,  et  même  un  grand  nombre  d'arbres  de  l'aMcien 
continent,  que  cet  infatigable  botaniste  5'  avoit  plantés,  et 
qui  avoienl  survécu  à  un  abandon  presque  total  pendant 
plus  de  quatre  années  :  il  en  fait  en  partie  l'énumération. 
La  société  d'agricultuie  delà  Caroline  possède  actuellement 
ce  jardin ,  et  suit  toutes  les  vues  de  celui  qui  l'a  ciéé. 
M.  Michaux  employa  le  reste  de  l'automne  à  faire  des 
ooUections  de  graines  qu'il  envoya  en  Europe,  et  l'hiver  à 
TI.  C 


gS  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

visiter  les  paiiies  de  In  Basse-Caroline,  h  reconiioîlre  le.* 
endioils  on  ,  l'année  siiivanle,  il  pomroit  faire  des  recolles 
plus  abondan!es,  et  je  j)rocurer  des  espèces  désirées  qu'il 
n'avoit  pis  pu  recueillir  pendant  l'automne.  A  celte  occa- 
sion ,  il  observe  que  dans  l'Amérique  septentrionale,  et 
peut  être  plus  (ju'en  Euro])e,  il  est  des  plantes  qui  n'ha- 
bitent que  des  endroits  délerrainés,  d'où  il  arrive  qu'un 
boianisle  ,  malgié  son  aclivilé  el  son  zèle,  ne  les  rencontre 
qu'au  b')ut  de  quelques  années  ,  tandis  qu'un  autre  doit  à 
un  heureux  hasard  l'avantage  de  les  trouver  dès  la  pre- 
mière excursion. 

Au  printemps  de  l'an  dix,  M.  Michaux  quitta  Charles- 
Towii  pour  se  rendre  à  New-Yorck.  Ses  observations  sur 
cette  ville,  dont  il  évalue  la  population  à  5o,oco  âmes, 
parmi  lesqu^lles  on  ne  compte  qu'un  petit  nombre  de 
nègres,  se  léf'nisent  à  remarquer  que  la  vie  y  est  beaucoup 
moins  chère  qu'à  Chailes-Town. 

Ses  excursions  botaniques  dans  le  Nouveau- Jersey  nous 
ont  procuré,  entre  autres  richesses  de  ce  genre,  des  détails 
intéressans  i:)Our  les  botanistes,  sur  le  chêne  qucrcitron  et 
sur  diiFéreutes  espèces  et  variétés  de  noyers  irts-multipliés  , 
non-seulement  dans  les  Etals-TJnis,  mais  sur  tous  les 
points  de  l'Amérique  sepleulrionale.  Quoique  la  distance 
de  New-Yorck  à  Philadelphie,  où  il  se  rendit  en  quittant 
la  première  de  ces  deux  villes,  soit  de  cent  milles,  il 
remarqua  que  tout  le  pays  intermédiaire  est  entièrement 
défriché,  et  que  les  fermes  y  sont  contiguës  les  unes  aux 
autres. 

Sur  Philadelphie  ,  il  observe  que  ,  jusqu'à  présent  , 
c'est  la  ville  la  plus  grande  ,  la  plus  belle  et  la  plus  peuplée 
des  Etals-Unis;  la  population  y  va  toujours  en  cràissanl. 
En  lytQ»  ^llf'  n'étoit  ipie  de  onze  mille  habitans;  en  1786  , 
çlle  b'éloit  déjà  élevée  à  quarante  mille;  on  l'évalue 
aujourd'hui  à  soixante  et  dix  mille.  Le  petit  nombre  de 
nègres  qui  s'y  trouvent  sont  libres  et  servent  de  domesti- 
ques, l!  n'est  peul-êlre  pas  dans  l'ancien  continent  de 
ville  qui  soit  bùtie  sur  un  pUn  si  régulier.   Les  rues  »• 


lîWERlQrE.    VOYAÔ.   DANS  L'AMÉR.  SEPT.       QC) 

conpeiil  à  angles  droits,  elles  sont  larges  de  cuianinie  à 
cinqtianie   pieds;  celle  du    iiiilien  a  iiiciue   le  doîîblc  dé 
largeur.   C'est   dans   cette  grande    rue    qu'est   le   m;!!*  !ié 
remarquable  par  ton   étendue  et   par  l'extrême  propreté 
qui  y  est  maintenue  :  placé  au  centre  de  la  ville,  il  occupe 
environ  un  tiers  de  sa  longueur.  Les  rues  Font  pavées  et  ont 
de   larges  trottoirs   en    brique.   î)es    pompes    placées   de 
chaque    côté,  à  cinquante  toises  de  distance  les  unes  des 
autres,  fournissent  une  eau  qui  n'ej-t  pas  saumàtre  comme 
celle  de  Charles— Tosvn  :  chacune  de  ces  pomj)t'S  est  sur-' 
mouiée  d'une  lanterne.  Plusieurs  rues  sont   plantées  de 
peupliers  d'Jlalie  d'une  belle  venue  qui  bordent  les  mai— 
.■^ons.  On  ne  rencontre  à  Philadelphie  aucun  pauvre,  non. 
plus  que  dans  les  autres  parties  des  Etats-Unis  :  on  y  doit 
ce  rare  avantage  à  l'amour  et  au  liesoin  du  travail,  à  la 
rareté  des  bras,  à  la  cherté  de  la  main-d'œuvre,  à  un 
commerce  actif,  à  la  multiplicité  des  propriétés.  Ces  partie 
cidai'ités  complètent  le  tableau  que  jious  a  tracé  de  Phila-» 
delphie  M.  Weld. 

De  cette  ville,  M.  Michaux  s'avança  \'ers  Lancasier 
par  une  route  bien  entretenue,  au  moyen  des  péages  ou 
droits  de  passe  qui  y  sont  établis  de  dislance  en  distance. 
Dans  cet  inteivalle,  le  pays  est  très-fertile  :  la  belle  végé- 
tation des  grains  annonce  que  le  terrein  en  est  meilleur 
que  celui  d'entre  Ne%v-Yorck  et  Philadelphie.  Chaque 
propriété  a  sa  clôlui'e.  Cela  est  général  dans  toute  l'étendue 
des  Etats-Unis.  Toutes  les  terres  mises  en  culture  sont 
closes,  pour  les  garantir  des  incursions  des  bestiaux  de 
toute  espèce  que,  dans  la  plus  grande  partie  de  l'année, 
chacun  laisse  errer  dans  les  bois,  qui,  sous  ce  rapport, 
sont  communs. 

Les  tavernes  sont  très-multipliées  dans  la  roule.  Dans 
presque  toutes  on  parle  allemand.  Les  voyageuis  y  (ont 
fréquemment  arrêter  les  ntages  ou  voitures  puîilic.ues, 
pour  y  boire  quelques  verres  de  groî(.  Cette  boisson,  ciont 
l'usage  est  général  dans  les  Elalj—Unis,  est  un  anéiango 
d'eau-de-vie  et  d'ejiu ,  ou  de  rhum  et  d'eau ,  dor.t  Ja  prc» 

2 


100        BI  ELIOT  II  KQUE    DES    VOYAGES, 
portion  dépend   uniquement  du   goût  de  chatiue  per— 
•onnf. 

Laiicasler  est  une  petite  ville  de  quatre  à  cinq  mille 
âmes,  bâiie  sur  un  plan  régulier,  comme  Philadelphie. 
Sur  la  route  de  celte  viUe  à  Shippenhurgli ,  la  première  ville 
qu'on  rencontre  est  Coliimbia. 

Ici,  M.  Michaux  croit  devoir  observer  que  dans  les 
Etais-Unis,  l'on  donne  souvent  le  nom  de  ville  à  un 
assemblage  de  sept  à  huit  maisons,  et  que  la  manière  de  les 
construire  n'est  pas  la  même  j'ai'-fout.  A  Philadelphie 
toutes  les  maisons  sont  en  brique.  Dans  les  autres  villes  et 
dans  les  campagnes  qui  les  environnent,  la  moitié  et  sou- 
vent même  la  totalité  des  maisons  est  construite  en  plan- 
ches-, mais  dans  les  Efals  du  centre  et  du  sud,  et  particu- 
lièrement dans  ceux  qui  sont  situés  à  l'ouest  des  monts 
Alleghanys,  les  sept  dixièmes  des  habitans  logent  dans  ce 
qu'ils  appellent  des  log-houses.  Ces  maisons  sont  faites  avec 
des  troncs  d'arbres  de  vingt  à  trente  pieds  de  longueur  sur 
quatre  à  cinq  pouces  de  diamètre,  jjlacés  les  uns  au- 
dessus  des  autres  et  maintenus  par  des  entailles  faites  à 
leurs  extrémités.  Le  comble  est  formé  de  morceaux  de 
pareille  longueur  ,  mais  plus  minces,  destinés  à  supporter 
les  bardeaux  qui  y  sont  attachés  avec  des  chevilles  de 
bois.  La  cheminée,  chose  étrange!  est  construite  aussi 
avec  des  troncs  d'arbres  d'une  longueur  convenable.  Le 
contre- coeur  ,  en  terre  glaise  de  six  pouces  d'épaisseur 
seulement,  sépare  le  foj'cr  d'avec  le  mur  en  bois.  Malgré 
ce  peu  de  précautions,  les  incendies  sont  rares  dans  le» 
campagnes.  Dans  ces  maisons,  très-mal  closes  et  froides 
en  hiver,  malgré  la  quantité  de  bois  qu'on  y  brûle,  deux 
grands  lits  reçoivent  toute  la  famille  :  souvent,  dans  l'été , 
les  enfans  couchent  enveloppés  d'une  couverture  sur  le 
plancher ,  élevé  d'un  ou  de  deux  pieds  au-dessus  du  sol. 
On  se  sert  de  lits  déplume  au  lieu  de  matelas.  Les  mou- 
tons étant  très -rares  (i),  la  laine  est  fort  chère,  on   la 

{i)  M.  Micbaux  u'iudique  poiul  la  cause  de  celte  rareté.  Pent- 


«»»♦..  r'$.i"-'^-^ 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  lOI 
réserve  pour  faire  des  bas.  Les  halMllemens  de  la  faïuiile 
sont  suspendus  sur  une  longue  perclie.  A  celte  descriplion, 
où  le  voyageur  paroît  n'avoir  rien  outré ,  ne  croiroit-on  pas 
qu'il  s'agit  d'un  peuple  à  demi-sauvage? 

Les  stages  n'allant  pas  au-delà  de  Sliippenburgli,  pour 
gagner  Vittshurg ,  il  falloit  faire  à  pied  cetle  roule  ,  qui  est 
de  cent  soixante  milles ,  ou  acheter  des  chevaux  que  les 
habitans  vendent  le  double  de  leur  valeur.  M.  Michaux 
en  acheta  un  en  commun  avec  un  ofiQcier  américain  :  il 
fut  convenu  entre  eux  de  le  monter  tour  à  tour. 

Le  jour  de  leur  arrivée  à  Bedfort ,  qui  se  trouvoit  sur 
leur  route,  étoit  un  jour  de  réjouissance  pour  les  habitans 
des  campagnes,  qui  célébroient  dans  celte  petite  ville  la 
suppression  de  l'impôt  mis  sur  les  distilleries  de  wischeyon , 
eau-de-vie  de  seigle.  Les  tavernes  éloient  remplies  de 
buveurs  de  celle  liqueur.  Les  chambres,  les  escaliers  et  la 
cour  étoient  jonchés  d'hommes  mort-ivres.  Ceux  qui  poU" 
voient  encore  desserrer  les  dents.  n'exjDrimoient  que  des 
accens  de  fureur  et  de  rage.  La  passion  pour  les  liqueurs 
spiritueuses  caractérise  singulièrement  les  liaoilans  des 
campagnes.  N'en  ayant  point  chez  eux,  ils  quittent  leurs 
maisons  pour  aller  s'enivrer  de  temj^s  à  autre  dans  les 
tavernes.  Leur  boisson  ordinaire,  en  été,  n'est  que  de 
l'eau  ou  du  lait  aigre,  tandis  qu'ils  pourroienl  faire  de  bon 
cidre,  les  pommiers  de  loute  espèce  réussissant  à  merveille 
dans  leur  pays.  M.  Michaux  en  a  vu  qui ,  venus  de  pépins  , 
donnoient  des  pommes  de  huit  à  ueufpouces  de  circon-' 
férence;  mais  ils  .^e  soucient  peu  de  celte  liqueur  aussi 
salutaire  qu'agréable;  ils  la  trouvent  tiop  douce. 

Près  de  Bedfort,  M,  Michaux  trouva  couché  par  t^rre 
el  enveloppé  d'une  couverture,  un  homme  qui,  la  veille, 
a  voit  été  mordu  par  un  serpent  à  sonnetles.  Les  premiers 
.«symptômes  qui  se  manifestèrent  après  l'accident,  furent 
de  violens  vomissemens,  auxquels  succéda  immédiatement 

être  faul-il  l'attribuer  à  rcxtrème  luiinidilé  du  climat ,  qui ,  coinuie 
ou  le  sail  ,  esl  si  coulraire  à  la  couytiliUiou  des  bèlcs  à  iaiue. 


102  BIBLIOTHEQUE  DES  VOYAGES.  ' 
une  forte  fièvre.  Au  moment,  où  le  voyageur  le  vit,  sa 
jambe  et  sa  cuisse  éloient  prodigieusement  enflées,  sa  res- 
piration étoil  laborieuse,  et  sa  physionomie  turgescente, 
et  semblable  à  celle  de  quelques  hydrophobes  qu'il  avoit 
eu  occasion  de  voir  à  la  Charité.  11  lui  fit  quelques  ques- 
tions, mais  le  malade  étoit  tellement  accablé,  qu'il  fut 
impossible  d'en  tirer  aucune  réponse.  M.  Michaux  apprit 
de  quelques  personnes  de  la  maison,  qu'aussi-tôt  après  la 
morsure,  on  avoit  appliqué  sur  la  plaie  le  suc  de  quelques 
plantes,  en  attendant  l'arrivée  du  docteur  qui  demeuroit  à 
quinze  ou  vingt  milles.  J'ai  connu,  ajoute- t-il,  plusieurs 
personnes  à  qui  le  même  accident  étoil  arrivé.  Celles  qui 
n'en  sont  pas  mortes,  sont  restées  constamment  valétudi- 
naires et  très-sensibles  aux  variations  de  l'atmosphère. 
Les  plantes  qu'on  emploie  contre  la  morsure  des  serpens 
à  sonnettes  sont  très-multipliées,  et  presque  toutes  sont 
tirées  des  chicoracées.  Il  y  a  beaucoup  de  serpeus  à  son- 
nettes dans  cette  partie  montagneuse  de  la  Pensylvanie  : 
M.  Michaux  en  trouva  sur  la  roule  un  grand  nombre  qui 
avoit nt  été  tués.  Dans  les  temps  chauds  et  secs,  ils  sortent 
de  dessous  les  rochers,  et  descendent  dans  les  lieux  où  il  se 
trouve  de  l'eau. 

Dans  celle  même  journée,  le  voyageur  traversa  les 
Ridgea ,  ou  chaînes  de  collines  qui  prennent  plus  parlicu- 
lièrenii-nl  le  nom  de  monts  Alleghanys.  On  y  monte  par 
un  chemin  très-rude  et  couvert  de  pierres  énormes  :  il 
n'arriva  au  sommet  qu'après  deux  heures  d'une  maixhe 
pénible.  Il  lui  a  paru  surprenant  que  des  voitures  de 
transport  puissent  franchir  aussi  aisément,  et  avec  aussi 
peu  (l'accii'lens ,  cette  ujuhilude  de  ridges  qui  se  succèdent 
sans  inlerruj)lion  depuis  Shipjjenburgh  jusqu'à  Pitlsburg. 
'Dans  ce'i('  route,  il  trouva  un  ;n  brisseau  qui  faiso/t  l'objet 
de  ses  recherches  :  il  en  recncillil  les  giaines  qu'il  faut  se 
•hâter  de  mettre  en  lerre ,  parce  qu'elles  rancissent  ai  aisé- 
ment, qu'au  bout  de  queîqut.s  jours  elles  perdent  leur 
faculté  yei  niiaaiive  ,  et  contracleiil  une  àcrelé  extraordi- 
naire ;  c'est  une  espèce  de  puénomène  dans  le  i  ègne  végétai. 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  I/AMER.  SEPT.  I OÔ 
Pillsbiirg  H&t  remarquable  par  la  satubrilé  de  l'air  :  on 
n'y  coimoît  point  les  lièvres  inleimiltenles,  si  coinmnnes 
dans  les  Etals  du  suJ  :  on  n'y  esl  pas  toujrnenté  non  j)lus, 
comme  ailleurs,  par  les  moustiques  dans  Télé.  La  réunion 
de  ces  deux  circonstances  porteroil  à  croire  qu  il  n'y  a 
point  d'eaux  stagnantes  à  unt  certaine  dislance  c!e  la  ville  : 
c'est  sur  quoi  M.  Michaux  ne  nous  donne  point  de  i  eusei— 
gnemens.  Aces  avantages,  Pillsburg joint  encore  ceux  du 
bon  marché  des  vivres,  et  de  l'agrément  de  deux  impri- 
meries qui  publient  chacune  deux  gazelles  par  semaine. 

Pittàburg  fut  long-temps  considér  e  comme  la  clef  (.les 
contrées  de  l'ouest.  C'est  là  que  les  forces  fédérales  étoient 
dirigées  contre  les  Indiens  qui  s'opposoient  aux  premiers 
élablissemens  des  Anglo-Américains  dans  leKenlucky  et 
sur  les  rives  de  l'Ohio.  Mais  si  celte  ville  a  perdu  de  son 
importance  comme  poste  militaire,  depuis  que  les  nations 
indiennes  ont  été  repoussées  à  une  très-grande  distance, 
elle  en  a  acquis  une  considérable  sons  le  rapport  du  com- 
merce. Elle  sert  d'entrepôt  aux  marchandises  qu'au  com- 
mencement du  printemps  et  de  l'aulomne  Philadelphie  et 
Baltimore  envoient  pour  l'approvisionnement  des  marcliés. 
Elle  n'est  pas  seulement  l'entrepôt  de  ce  cominerce,  elle 
est  encore  celui  des  élablissemens  nombreux  qui  se  sont 
formés  sur  les  bords  des  rivières  de  Alanongahela  et  d'Al- 
leghany  dont  la  réunion  forme  celle  de  l'Ohio,  ei  sur  le 
confluent  desquelles  elle  est  située. 

Entre  les  produits  territoriaux  de  ces  étabîiosemens,  on 
distingue  le  sucre  de  lérable.  Cet  arbre  se  plaiî  de  préfé- 
rence dans  les  pays  froids  .humides  et  montagneux,  tels 
que  celui-ci,  et  si  sève  est  d'autant  plus  abond.tnle  que 
l'iiiver  a  été  plus  rigou:eux.  Les  habltaiis  n'e  i  i"abr'qu!-ut 
qnepourleur  usage  ,  pailiculièrcnierit  jioiir  leur  ihéelleur 
café;  mais  ils  l'emplou'nt  tel  qu'où  l'obtienl  par  la  pre- 
mière évaporalion  de  la  sève,  p;irce  qnils  Irouveroiciit  trop 
de  déchet  à  le  rafliner.  liCs  autres  produin  qui  excèdent  ce 
qu'absorbe  la  consommation  du  pays,  tronvt-iil  un  débou- 
ché facile  el  avantageux  par  lOhio  elle  rvlis&isôipi  ;  c'cil  à 


Ï04         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

cet  effet  (fii'on  construit  à  Pillsbnrg  et  sur  l'Ohio  ,des  vais- 
seaux d'un  Jiaut  tonnage,  dont  quekjues-uns  ont  jusqu'à 
irois  mâts.  La  navigation  des  deux  fleuves  (i)  est  tellement 
suivie,  qu'on  est  parvenu  à  connoître  avec  assez  de  préci- 
sion ,  la  distance  énorme  de  Piitsburg  à  la  Nouvelle- 
Orléans,  que  l'on  fixe  à  deux  cent  dix  milles. 

Jusqu'ici,  la  relation  de  M.  Michaux  n'a  roulé  que  sur 
une  partie  de  la  Caroline  méridionale  et  de  la  Pensyîvanie  : 
celle  qui  embrasse  une  petite  partie  de  la  Virginie  ,  les 
Etals  de  rOhio,  du  Kenluky  et  du  Ténessée,  est  néces- 
sairement jîlus  circonslanriée,  attendu  que  la  visite  de  ces. 
trois  Etals  étoit  le  piiiicipal  but  de  son  expédition.  Elle  est 
en  mêjne  temps  d'un  grand  intérêt,  soit  pour  les  Euro- 
péens, parce  que  ces  paj's  sont  la  partie  des  Etats-U)iis  où 
l'on  peut  former  avec  le  plus  d'av.mtage  de  nouveaux 
établissemens,  soit  pour  les  Anglo-Américains,  parce  que 
ces  mêmes  contrées  établissent  la  communication  des 
Eta!H-Ln;i  avec  la  Louisiane,  devenue  récemment  l'une 
de  leurs  plus  considérables  possessions.  Mais  If  s  détails  où  , 
^ur  rObio,  le  Kentuky  et  le  Ténessée,  est  entré  M.  Mi- 
chaux, quelque  étendue  qu'il  leur  ait  donnée,  sont  tout-à- 
la-fois  si  précieux  et  si  imporlans ,  qu'il  seroit  presque 
impo-ssible,  en  suivant  sa  marche,  d'en  donner  une  exacte 
analyse,  et  par  conséquent  d'en  faire  un  extrait  satisfai- 
sant :  je  me  bornerai  donc  à  en  délacher  les  obàtrvaliona 
les  plus  remarquables. 

Avant  de  quitter  Pittsburg,  M.  Michaux  recueillit  sur 
l'état  de  Vermont  et  sur  ceux  qui  lui  sont  conligus,  un 
l'enseignement  très-curieux  :  c'est  que  les  fraio  occa.-)ionnés 

(l)  M.  Micljaux  donne  la  qualificalion  de  flfuve  à  l'Ohio  ,  quoi- 
qu'il n'ait  pris  son  emliouc-hure  dans  la  nier  t-l  qu'il  sç  décharge 
dans  le  Mississipi.  En  cela-,  il  a  sans  donie  égard  à  limparlanre  de 
celte  rivière,  plus  couiidérable  ,  dans  la  plus  grande  partie  de  soix 
cours ^  que  les  fleuves  les  plus  renommés  de  notre  Europe.  C'est 
»ur-tout  la  décharge  de  l'Ohio  qui  concourt  à  reudr*  le  Mississipi 
Vuu  des  plus  grands  fleuves  du  moude. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.    lo5 

par  les  défiicliemens  des  lenes  y  sont  toujours  couv^erls 
par  le  j^roduit  de  la  polasse  exiraile  de  la  cendre  des  arbre» 
qu'on  brûle,  el  qu'il  est  même  des  gens  qui  se  chargent 
des  défrichemens  ,  à  la  seule  condition  d'avoir  cette 
polasse.  Ce  genre  d'économie  bien  enlendu  n'existe  pas 
dans  le  reste  de  l'Amérique  septentrionale,  où  les  arbres 
sont  brûlés  en  pure  perte.  M.  Michaux  observe,  à  celle 
occasion ,  que  les  habilans  de  la  Nouvelle  -  Angleterre 
proprement  dile,  qui  comprend  tous  les  Elats  à  l'est 
de  celui  de  New-Yorck  ,  sont  reconnus  pour  être  de  tous 
les  Américains  les  plus  enlreprenans  ,  les  plus  indus- 
trieux,  et  ceux  qui  entendent  mieux  l'économie  domes- 
tique. 

En  s'avançantdePiltsburg  vers  le  Kentucky,on  trouve 
la  ligne  de  démarcation  qui  sépare  la  Pensylvanie  de  la 
Virginie.  Tout  le  pays  qu'on  traverse  ensuite  est  très- 
fertile  :  cela  s'annonce  sur-tout  dans  les  vallées  où  cou- 
lent de  gros  ruisseaux  ou  creeks ,  par  la  variété,  le  rappro- 
chement, la  grosseur  du  diamètre  des  arbres;  mais  rien 
n'égale  sur-tout  la  fertilité  des  bords  de  l'Oliio.  Le  sol  est 
nn  véritable  humus  végétal,  produit  par  le  lil  épais  des 
feuilles  dont  la  terre  se  charge  tous  les  ans,  et  que  con- 
vertit promptement  en  terreau  l'humidilé  de  ces  sombres 
forêls.  Mais  ce  qui  ajoute  encore  beaucoup  à  l'épaisseur 
de  ces  couches  successives  de  terre  végétale,  ce  .ont  les 
troncs  d  arbres  énormes  abattus  par  le  temps,  qui  tombent 
rapidement  en  pourriture.  Dans  plus  de  mille  lieues  de 
pays  ,  qu'à  difîérenles  époques  M.  Michaux  a  parcourues 
dans  l'Amérique  septentrionale,  il  ne  se  souvient  pas  d'en 
avoir  vu  un  qui  puisse  élre  comparé  à  celle  conlrée  pour  la 
force  végétative  des  forêts. 

Les  meilleures  terres  du  Kentucky  et  du  Ténessée  don- 
nent bien  des  récoltes  aussi  abondantes  que  celles  des 
terres  de  l'Ohio,  mais  les  arbres  n'y  parviennent  pas  à  la 
même  grosseur  el  à  la  même  élévation.  M.  Michaux  me- 
sura à  Marietia,  chef-lieu  de  l'élablissemeDt  des  Etals  de 
i'Oliio,   un  platane-d'occident t  dont  le  tronc,   à  ne  le 


Io6  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
prendre  qu'à  quatre  pieds  de  la  surface  dn  sol ,  avoil  qua- 
rante-sept pieds  de  circonférence,  et  conservoil  celle 
dimension  jusqu'à  la  hauteur  de  quinze  à  vingt  pieds,  où 
il  se  partageoil  alors  en  plusieu)s  branches  d'une  grosseur 
proporlionnée  :  on  offrit  à  ce  voyageur  de  lui  en  faire 
voir  plusieurs  autres  de  la  même  grosseur.  Cet  arbre,  el  le 
tulipier,  dont  la  circonférence  néanmoins  n'excède  guère 
dix-huit  pieds,  sont  les  plus  gros  arbres  de  l'Amérique 
septentrionale  (i). 

Ce  furent  les  habitans  de  Marietia  qui  les  premiers 
eurent  l'idée  d'exporter  directement  aux  Antilles  les  pro- 
duits du  i^ays.    » 

Sur  la  rive  drorte  de  l'Ohio  est  situé  GalUpoli  :  c'est  eu 
cet  endroit  que  se  réunit  à-peu-près  le  quart  des  Français 
qui,  en  1789  et  1790,  quittèrent  leur  patrie  pour  aller  s'éta- 
blir au  Scioto.  A  peine  étoienl-ils  en  possession  du  sol  qui 
leur  éloil  destiné,  que  la  guerre  a3'ant  éclaté  de  nouveau 
entre  les  Anglo-Américains  el  les  Indiens,  leurs  habita- 
tions furent  désolées  par  ces  sauvages  qui  les  obligeoienl  de 
se  lenir  étroitement  renfermés  dans  le  village.  De  deux 
d'entre  eux  qui  s'en  éloient  éloignés  de  deux  portées  de 
fusil,  l'un  fut  tué  et  scalpé,  el  l'autre  emmené  à  une  très- 
grande  distance  dans  l'intérieur  des  terres.  Lors  du  passage 
de  M.  Micliaux  à  Gallipoli ,  on  venoit  de  recevoir  de  se» 
nouvelles  :  il  gagnoil  fort  bien  sa  vie  à  raccommoder  des 
fusils  et  à  exercer  son  métier  d'orfèvre  dans  le  village 
indien  où  il  éloil,  et  n'annonçoit  aucun  désir  de  revenir 
avec  ses  compalrioles. 

Four  indemniser  ces  malheureux  Français  de  leurs 
perles,  le  Congrès  leur  donna  vingt  mille  acres  de  terres, 
où    trente  familles   seulenicnt    ont   été   s'établir,    et  sont 

(1)  Nous  avons  acttimalé  en  Europe  ces  deux  arbres  ;  mais  ils 
nalleitidronl  jamais  dans  un  sol  épuisé  par  lant  de  récolies  ,  et 
dans  un  climat  beaucoup  moins  humide  que  l'Améritjue  seplnri- 
trionale,  à  la  grosseur  ei  à  l'élévation  (qu'ils  prenucnl  d<tas  le  uou- 
■veati  continent. 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AIWER.  SEPT.  IO7 
parvenues,  à  force  de  fati^^ues,  û  former  des  él<iblissemens 
passables,  où,  à  l'akie  d'im  sol  excessiveme  iL  ieriiie, 
elles  ont,  en  abondance,  les  denrées  de  première  néces- 
sité. 

Quant  à  la  colonie  deGallipoli,  elle  n'esl  composée 
que  d'environ  soixante  et  dix  log-housev ,  dont  la  moitié 
tombe  en  ruines  :  les  autres  sont  encore  occupées  par  des 
Français  qui  vivent  misérablement,  à  l'exception  de  deuK 
qui  jouissent  d'une  honnêle  aisance.  Quoique  les  fièvres 
intermittentes,  qui  avoient  long-temps  ajoulé  aux  cala- 
mités des  habitans  de  Gallipoîi,  ne  se  soient  pas  maui- 
leslées  dans  le  pays  depuis  trois  ans,  cela  n'avoit  pas 
empêché  une  douzaine  de  ces  colons  d'aller  tout  récem- 
ment à  la  Nouvelle-Orléans  chercher  une  meilleure  for- 
tune; mais  ils  y  éloienl  morts  presque  tous  de  la  fièvre 
jaune  la  première  année  de  leur  arrivée. 

Si  les  élablisseraens  du  Scioto  n'ont  pas  mieux  réussi, 
ce  n'est  pas,  dit  M.  Michaux,  que  les  Français  ne  soient 
aussi  actifs,  aussi  laborieux  que  les  Américains  et  l-^s 
Allemands  ;  c'est  que  parmi  ceux  qui  partirent  pour  le 
Scioto,  il  n'y  en  avoil  pas  un  dixième  qui  fut  propre  aux 
travaux  auxquels  il  devoit  se  livrer.  Cette  cause ,  indépen- 
damment de  la  guerre  avec  les  Sauvages,  éloit  phi;  que 
suffisante  pour  étouftèr  la  colonie  dans  sa  naissance. 

L'établissement  d'Alexaud lie,  situé  à  cent  quatre  milles 
de  celui  de  Gallipoîi ,  n'est  pas  dans  un  état  plus  fiorissan:. 
La  position  en  est  très  -  agréable;  mais  c'est  Ja  conlréa 
la  plus  insalubre  de  toutes  celles  qui  composent  le  vaste 
état  de  l'Ohio  :  chaque  automne,  on  y  est  a!lacji;é  de 
fièvres  intermittentes  exlrènieinenl  len;:ces ,  et  qui  ne 
cessent  qu'aux  approches  de  l'hiver. 

Jusqu'en  I  796  et  1  797  ,  on  comploit  à  peine  sur  les  rives 
de  rOhio  vingt-cinq  ou  .'rente  familles  répandues  sur  line 
surface  de  cent  trente— trois  lieues  :  nuiis,  depuis  cette 
époque,  des émigrans  venus  des  contrées  niontagneuaes  de 
la  Peusylvanie  et  de  la  Virginie,  se  soiil  poriés  en  grand 
nombre  sur  ces  bords  fertiles;  et  les  habiialions  n'v  sont 


\ 


I08  BIBLIOTHr;QUE    DES    VOYAGES. 

maintenant  éloignées  les  unes  des  autres  que  de  deux  à  trois 
milles. 

Les  colons  se  livrent  beaucoup  à  la  chasse  du  cerf  et  de 
l'ours,  dont  ils  vendent  les  peaux.  Ce  genre  de  vie  nuit 
tellement  à  la  culture  des  terres,  que  de  cent  à  quatre  cents 
acres  dont  les  nouvelles  propriétés  sont  composées,  il  n'y 
en  a  que  huit  ou  dix  de  défrichés.  Cependant  le  produit 
qu'ils  en  retirent,  avec  le  lait  de  leurs  vaches,  fournit 
abondamment  à  leur  subsistance  et  à  celle  de  leur  famille 
toujours  très- nombreuse  ;  car  il  n'en  est  pas  où  l'on  ne 
compte  six  à  sept  enfans.  Les  maisons,  grossièrement 
conslruiles,  sont  toutes  dans  une  situation  agréable.  Les 
colons  y  exercent  la  plus  généreuse  hospitalité.  On  y  trouve 
abondamment  du  pain  de  maïs,  du  jambon  fumé,  du 
laii ,  du  beurre ,  mais  rarement  autre  chose. 

La  culture  du  mais  est  à-peu-près  la  seule  à  laquelle  on 
se  livre  sur  les  bords  de  l'Ohio;  ce  grain  donne  les  récoltes 
les  plus  abondantes.  Quelques-uns  néanmoins  sèment  du 
bléj  moins  pour  le  consommer  eux-mêmes  que  pour  en 
envoyer  la  farine  dans  les  ports  de  mer.  Ce  grain  pousse 
avec  tant  de  force,  qu'il  verse  souvent  avant  que  d'épier. 
Le  pêcher  est  le  seul  arbre  fiuifier  qu'on  cultive  jusqu'à 
piésent  dans  le  pays.  Sans  qu'on  y  applique  la  moindre 
culture,  il  pousse  avec  tant  de  vigueur,  qu'il  rapporte 
du  fruit  la  troisième  année. 

En  «'avançant  dans  le  Kentucky ,  M.  Michaux  parvint 
à  Lexingtoji ,  chef-lieu  du  comté  de  la  Fayette:  c'est  la 
ville  la  plus  considérable  des  trois  nouveaux  Etats.  Quoi- 
que sa  fondation  ne  remonte  qu'à  1780,  sa  population 
s'élève  à  trois  mille  habitans  :  elle  possède  deux  impri- 
meries. Ses  principales  manufactures,  sent  des  lannei'ies 
et  des  corderies.  La  cherté  de  la  main-d'œuvre,  qui  pro- 
cède de  ce  que  les  habilans  s'adonnent  de  préférence  à 
l'agriculture,  a  fait  imaguier  plusieurs  machines  aussi 
ingénieuses  qu'utiles.  L'abondance  du  salpêtre  dans  un 
sol  très-riclie  en  principes  nitreux,  a  fait  établir  deux 
moulins  à  poudre. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AmÉr.  SEPT.  lOg 
Les  marchands  de  Lexinglon  font  jDresque  tout  le  com- 
merce duKentncky.  Les  sept  dixièmes  des  objels  fabriqué» 
qui  se  consomment  dans  cet  Etat,  sont  importés  d'Angle- 
terre :  ils  consistent  principalement  en  quincaillerie, 
clouferie,  ferblanterie,  mercerie,  draperie,  droguerie, 
et  poterie  fine;  la  commune  se  fabrique  dans  le  pays.  Les 
mousselines,  les  nankins,  le  thé,  sont  directement  im— 
porlés  de  l'Inde  ;  le  sucre  et  le  café  le  sont  des  Antilles.  Les 
marchandises  françaises  qui  pénètrent  dans  le  pays  s© 
réduisent  à  quelques  soieries ,  aux  eaux-de-vie,  aux  meules 
de  moulin,  malgré  leur  poids  énorme  et  la  distance  des 
ports  de  mer. 

En  quittant  Lexington,  M.  INÎichaux  fit  une  excur- 
sion sur  les  bords  de  la  rivière  de  Kentucky  pour  cons- 
tater les  jjrogrès  qu'avoit  pu   y  faire    une    plantation   de 
vignes  qui  y  avoit  été  essayée.  On  avoit  mis  une  telle  ardeur 
dans  l'exécution  de  ce  projet,  qu'une  société  avoit  formé 
un  capital  de   dix  mille  piastres,  divisé   en  deux    cents 
actions,  décent  piastres  chacune.  L'emplacement  qui  fut 
choisi,  d'une  étendue  de  six  arpens  seulement,  éloit  un 
coteau  à  pente  douce,   exposé  au   midi,  à  deux   cents 
loises  de  la  rivière  et  dont  le  sol  éloit  excellejit.  De  vingt- 
cinq  espèces  ou  variétés  de  vignes  qu'on  avoit  plantées,  il 
n'en  étoit  resté  que  cinq,  entre  autres  deux  désignées  sou? 
le  nom  de  Bourgogne  et  de  Madère.  La  première  ne  réus— 
«issoit  pas  bien  ,  les  grappes  en  étoient  rares  et  maigres,  les 
grains  petits,  et  le  raisin  pourrissoit  avant  la  maturité.  La 
vigne  de  Madère,  au  contraire,  donnoit  quelque  espé- 
l'ance.  Sur  cent  cinquante  à  deux  cents  ceps,  un  tiers 
porloit  des  grappes  très-belles.  Ces  vignes,  comme  aux 
environs  de  Paris,  étoient  soutenues  par  des  échalas.  Le 
voisinage  des  boi.s  y  atliroit  une  esjièce  d'oiseaux  qui  y 
causoit  beaucoup  de  dégâts. 

De  retour  dans  le  plat  pays,  M.  Michaux  observa  que 
dans  les  barens  ,  ou  prairies  du  Kentucky  qui  donnent  Ui^e 
herbe  de  deux  ou  trois  pieds  de  haut,  très-propre,  à  \x 
nourriture  des  bestiaux,  et  où ,  malgré  la  saison  peu  favo- 


lîO  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYJ^CES. 

rable  ,  il  fil  une  assez  ample  récolte  de  graines  de  fleurs,  il  s6 
tiouvoil  plusieurs  esjîèces  de  vignes  sauvages  rampantes, 
dont  l'une  appelée  raisin  d'été ,  donnoit  des  grappes  aussi 
grosses  et  d'une  aussi  bonne  qualité  que  les  vignes  de« 
environs  d-,-  Paris,  avec  celte  différence  ,  que  les  grains  en 
éfoient  moins  serrés  :  il  en  conclut  que  les  essais  pour 
acclimater  la  vigne  auroient  été  plus  heureux  dans  le» 
barensque  sur  les  bords  du  Kenlucky.  Une  partie  du  sol 
de  ces  prairies  lui  parut  très-propre  à  la  culture  du  blé, 
mais  celle  du  maïs  est  presque  la  seule  dont  s'occupent  les 
colons.  Beaucoup  aussi  ne  s'adonnent  qu'à  l'éducation  des 
Lesliaux.  La  manièi'e  de  préparer  les  barens  pour  la  cul-^ 
ture ,  est  d'y  mettre  le  feu  :  il  en  résulte  quelquefois  des 
incendies  épouvantables.  La  flamme,  qui  ordinairement 
occupe  plusieurs  milles,  est  assez  souvent  poussée  par  le 
vent  avec  une  telle  rapidité,  qu'on  a  vu  des  hommes, 
même  achevai,  en  être  la  proie.  Les  chasseurs  Américains 
et  les  sauvages  se  préservent  de  ce  danger  par  un  moyen 
aussi  simple  qu'ingénieux.  Ils  meltent  promplement  le 
feu  à  l'endroit  de  la  prairie  où  ils  se  trouvent,  et  se  reti- 
rent ensuite  dans  celte  partie  incendiée  ,  où  la  flamme  qui 
les  menacoil  s'arréle  faute  d'aliment  :  c'est  ce  que  les  Cana- 
diens chasseuis  ap^cllentjaire  leur  brûlé. 

LeKentucky  est  celui  àts  trois  Etals  qui  a  été  le  premier 
peuplé.  En  1770,  ce  pays  fut  reconnu  par  quelques  chas-  " 
seurs  virginiens,  mais  on  n'y  forma  aucun  établissement 
avant  1780.  A  celte  époque,  aucunes  nations  indiennes 
n'occupoient  cette  vaste  contrée  :  elles  y  venoient  seule- 
ment chasser-,  el  toutes,  ^'un  commun  accord,  faisoient 
une  ouerre  d'extermination  à  ceux  qui  vouloient  «y  fixer. 
C'est  de-là  que  le  pays  a  pris  le  nom  de  Kenlucky  qui ,  dans 
le  langage  des  indigènes,  signifie,  dit-on,  terre  de  sangi 
L'enthousiasme  pour  l'émigration  au  Kenlucky  fut  porté, 
dès  17^^2,3  un  tel  degré,  qu'il  est  des  années  où  l'on  y 
vit  passer  jusqu'à  vingt  raiUe  émigrans  qui  abandonnoient 
même  ailleurs  leurs  propriétés,  lorsqu'ils  n'avoient  pas  pu 
n'en  défaire  assez  promplement.  Avant  celle  époque,  I# 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMKK.  SEPT.  Itt 
nombre  des  Jiabilans  ii'excédoil  pas  trois  mille  :  il  éloit 
déjà  de  cent  mille  en  1790  :  un  récensemenl  général  fait 
en  i8oo,leporloit  à  deuxcenl  vingt  mille;  et  M.  Michaux 
l'évaluoit,  de  sou  temps,  à  deux  cent  cinquaiite  mille. 
Ainsi ,  comjue  il  l'observe  très-bien  ^  dans  ce  même  état  du 
Kenliicky,où  l'on  ne  Irouveroit  peui-êlre  pas  aisément 
dix  individus  dm  l'âge  de  vingt-cinq  ans  qui  y  fussent  nés, 
le  nombre  des  liabilans  est  déjà  aussi  considérable  que 
dans  sept  des  anciens  Etats.  Il  n'y  en  a  que  quatre  doni  la 
population  soit  deux  fois  plus  nombreuse.  Cet  accrois^— 
ment,  déjà  si  rapide,  l'auroilitlé  bien  da\antage,  ajoute- 
t— il ,  sans  îa  difficnlté  d'y  constater  les  titres  de  propriété  -Al 
en  indique  dans  sa  relation  les  causes  qu'il  seroil  tiop  lon-^ 

d'exposer  ici.  

L'une  des  productions  sponlauées.lapIiTs  précieuse  du 
Kentucky,  c'est  le  ginseng  qui  y  est  très-multiplié.  Celle 
plante,  qu'on  croyoit  p'uliculière  à  la  Tartuie  ,•  el  qui  est 
d'un  si  grand  usage  à  la  Chine,  où  on  lui  attribue  des 
qualités  précieuses,  fut.  découveile  au  Canada  par  ^n\ 
missionnaire  français,  el  devint  l'objet  d'un  commerce 
assez  actif  avec  les  Ciiinois  qui  le- payèrent  d'ai)ord  au 
poids  de  l'or;  mais  ce  commerce  ne  se  soutint  p;is  long- 
temps avec  le  même  avanlages,  par  le  peu  dé  ]^récautijris 
que  l'on  prit,  soit  pour  recueillir,  soit  pour  préparer  le 
ginseng  de  TAméi  ique.  Cetie  négligence  eut  l'elFet  qu'il  ne 
put  pas  soutenir  la  concurrer.ee  avec  celniide  la  Tarlarie 
dont  la  récolle  ,  appartenant  exclusivement  à  l'empereur, 
ne  se  fait  que  par  t>es  ordres  ,  et  à  lacpielle  d'ailleurs  on  no 
procède  que  dans  les  saisons  convenabitia  et  avec  un  soin 
extrême.  Depuis  quelque  lernps,  les  Américains  apportant 
plus  d'atlention  à  la  vécoHe  et  à  la  préparaùon  de  leur 
ginseng ,  le  comuieice  de  cette  racine  a  repiij  une  nou- 
velle activité  :  quelques  colons  même  «commencent  à  em- 
ployer un  moyen  dont  .se  servent  les  (Chinois  pour  donner 
au  ginsejig  de  la  Jranspaience.  Ainsi  préj^aré,  il  s'aLhèie 
par  les  négocians  do  Fbiiadeijjlii':'  six  à  sept  francs  la  livre 
«t  est,  dit-on,  revendu  à  Cauïon  sur  le  pied  de  cinquante 


113  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGE  S* 

à  cent  piastres,  suivant  le  choix  des  racines.  Le  bénéfic» 
doit  être  bien  considérable,  puisqu'il  se  trouve  des  gens 
qui  l'exportent  eux-mêmes  du  Kentucky  à  Canton. 

Des  animaux  qui  penploient  ce  pays,  une  espèce  qui  y 
éloit  très-commune ,  celle  des  élans ,  a  presque  enlièrenienî 
disparu.  Ceux  qu'on  y  trouve  le  plus  communément  au- 
jourd'hui ,  sont  le  cerf  nain  ,  l'ours,  le  loup ,  le  renard  gris 
et  roux,  le  racoon  qui  se  rapproche  beaucoup  du  l'enard, 
le  chat  sauvage,  l'opossiara,! rois  ou  quatre  espèces  d'écu- 
reuils, les  dindons  sauvages.  La  chair  des  écureuils  rôtie  est 
très-délicate  :  on  en  fait  de  grandes  chasses;  elles  ne  sont 
pas  sans  difficulté,  non  plus  que  celle  des  dindons  sau- 
vages, qui  sont  encore  assez  multipliés  dans  ces  contrées 
de  l'ouest,  tandis  qu'ils  sont  devenus  fort  rares  dans  les 
Etats  méridionaux.  Ces  oiseaux  se  nourrissent  en  hiver  de 
châtaignes  et  de  glands  :  on  en  (ue  alors  qui  pèsent  jusqu'à 
trente-cinq  à  quarante  livres. 

Les  cultures  les  plus  usitées  dans  le  Kentuky  sont  celles 
du  tabac,  du  chanvre,  du  lin,  et  des  dilférens  grains 
d'Europe,  principalement  du  maïs  et  du  froment.  Les 
froids  très-hàlifs  rendent  trop  incertaine  la  culture  du 
coton.  Celle  du  blé  est  l'une  des  plus  importantes  du  pays, 
beaucoup  plus  connue  dans  l'état  de  l'Ohio ,  sous  le  rap- 
port de  l'importation  ,  que  comme  objet  de  consommation. 
La  récolte  en  fut  si  abondante  lors  du  séjour  de  M.  Mi- 
chaux à  Lexington,  qu'on  n'en  ollVoit  qu'un  quart  de 
piastre  du  quintal.  On  altribuoit  moins  encore  celte  baisse 
de  pi'ix  sans  exemple  à  l'abondance  du  grain  qu'au  retour 
de  la  paix,  qui  ne  promeltoit  pas  un  débouché  facile  en 
Europe  (i). 

La  culture  du  tabac  s'est  très-étendue  depuis  quelques 
années  au  Kentucky.  La  température  du  climat  et  l'extraor- 
dinaire fertilité  du  sol  donnent  un  grand  avantagea  cette 
contrée  sur  la  Virginie  même.  Le  çhaixvre,soil  en  nature. 


(i)  En  temps  de  giserre,  les  iienlrts,  tels  que  les  Etals-Uni» 
tnt  MU  praud  avaiilage  pour  Je  débit  de  leurs  denrée». 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  1  I  J 
soit  manufacturé,  est  un  article  assez  conbidérable  d'ex-* 
jjorlation.  La  plus  grande  jjariie  du  lia  est  conveilio  cii 
toile  pour  les  b(  soins  des  ])al)il;:ns .  le  surplus  s'échange 
contre  des  marchandises  d'Enrop--. 

Quelque  favorable  que  soit  \n  leiupératn'-e  du  Kentuckv 
et  des  antres  Etats  de  l'oiust  à  la  culture  des  arbres  fmi-^- 
tiers,  particiilièrenient  à  celle  des  arbres  qui  donnent  des 
fruits  à  noyau,  ces  pays  sont  trop  nouveiïemeiit  penpléa 
pour  que  les  habitans  s'en  soieri,t  beaucoup. occupés:  ife  se 
sont  boinés  ju^qu'ici  à  la  pliiniafion  d:- quelques  pommiers 
et    d'un    tiès— grand    nombre    de    pêcisers.    Ces    derniers 
arbres,  de  cinq  à  six  espèces. dilléieiiles.éiev.ésien    plsin- 
venl  et  disposés  en  forme  de  quiiïo<i>'itiqe.idatis,'d6'S'Vei:^ersy. 
donnent  des  jjèclies   liâlives.   lardixes,   d'.-  di%fei-3es  boa^ 
leurs,  de  forme  ovale,  el  plus  grosses  que  nos  pèche.sMde 
vigne.  Toutes  celles  quilonibenl  avanl^ia  ma^ui•l[é,  four- 
nissent une  nourriture  excellent  aux  cociions  qu:  tn  sont 
très— avides.  Le  plus  grand  usage  q'.i'on  fasse  ciel'immense 
quantité  de  pêches  qu'c.n  récolle  ,  cest  de  les  convertir  ea 
eau-de-vie  dont  il  se  fait  une  grande  consommation  dans 
le  pays,  et  dont  le  reste  s'exporle  sur  le  lleiive.  Quoique  les- 
impositions  soient  trèa-inodérées  an  iveutuckv.  it;.  recou- 
vrement en  est  très-arriéré,  comme  dans  tous  les  Etats» de» 
l'est.  '!■   it 

Leshabitans  du  Kentucky  s'occupent  beaucoup  de  finira 
des  élèves  de  chevaux,  dont  ils  ont  tiré  en  grande  oartie 
la  race  de  Télat  de  Virginie,  qui  passe  pour  avoir  le.^  plus 
beaux  chevaux  de  selle  et  de  trait.  Ils  trouvent  par- là  lé 
moyen  de  tirer  parti  de  la  quantité  surabondante  de  maïs, 
d'avoine  el  autres  fourrages  qu'ils  récollent.  Les  chevaux 
de  selle  sont  remarquables  par  fout  ce  qui  constitue  la 
beauté  des  chevaux  de  cette  espèce;  mais  la  race  des  che- 
vaux de  trait  est  loin  d'être  perfectionnée.  On  élève  fort 
peu  des  moutons  au  Kentucky,  parce  que  i;i  chair  el  ialuinè 
en  sont  peu  estimées.  Les  cochons,  au  contraire,  sont 
très— multipliés;  mais  ils  ne  le  sont  pas  au  point  de  de.euir 
sauvages,  quoiqu'ils  errent  souvent,  plusieurs  mois  de 
YJ-.  ,11. 


Il4         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

suite,  au  fond  des  forèls  d'où  on  a  te  secret  de  les  habituer 
à  revenir  d'eux-mêmes  aux  habitations.  On  ne  réussit  à 
les  engraisser  qu'en  leur  donnant  du  sel,  qui  est  devenu 
aussi  un  besoin  pour  les  chevaux.  On  s'étonne  avec  raison 
qu'avec  la  quantité  de  grains  que  les  habitans  du  Kentucky 
récohenl  .  ils  élèvent  si  peu  de  volailles. 
.  Ces  colons  sont  fort  curieux  de  nouvelles,  très— ques— 
lionneurs ,  mais  en  même  temps  fort  hospilaiiers  envers 
les  étrangers.  Les  femmes  ne  se  mêlent  presque  point  des 
travaux  des  champs.  Assidues  dans  l'intérieur  de  leurs 
maisons,  elles  s'y  occupent  des  soins  du  ménage,  et  y 
filent  du  chanvre  et  du  colon,  qu'elles  convertissent  en- 
suite en  étoffes  pour  l'usage  de  leur  famille  toujours  fort 
nombreuse. 

Parmi  les  différentes  sectes  qui  existent  dans  leKenlucky, 
celles  des  méthodistes  et  des  anabaptistes  sont  les  plus 
nombreuses.  M.  Michaux  observe  que  depuis  sept  à  huit 
ans,  l'esprit  religieux  a  acqui-i  un  nouveau  degré  de  force 
parmi  les  membres  de  ces  deux  sectes  répandus  dans  le» 
campagnes.  Les  inspirations  et  l'état  d'extase  y  sont  plus 
communs  que  jamais,  sur-tout  chez  les  femmes. 

Au  Kentucky,  comme  dans  tous  les  Etats  de  l'ouest,  les 
enfans  sont  envoyés  exactement  aux  écoles,  où  ils  appren- 
nent à  lire,  à  écrire,  et  les  élémens  de  l'arithmétique  :  ce» 
écoles  sont  entretenues  aux  frais  des  habitans. 

L'état  de  Ténessée,  qui  -faisoit  partie  de  la  Caroline 
méridionale,  et  qui  n'a  été  admis  dans  l'union  ,  comme 
formant  un  Etat  particulier,  qu'en  1786,  a  36o  milles  en 
longueur  sur  io3  milles  à-peu-près  en  largeur.  La  partie^ 
occidentale  de  cet  Etat  étant  située  sous  une  latitude  plus 
méridionale  que  le  Kentucky  ,  la  culture  du  colon  s'y  est 
introduite.  Les  habitans  s'y  adonnent  même  jiresque  exclu- 
sivement ,  et  ne  cultivent  les  terres  en  grains  ,  chanvre  et 
tabac ,  que  fort  peu  au-delà  de  la  consommation,  quoique 
la  fertilité  du  sol  pût  égaler  leurs  récoltes  en  ce  genre,  à 
celles  qu'on  fait  au  Kentucky.  IjCs  fièvres  intermittentes  y 
flout  beaucoup  plus  coumuiies  que  dans  ce  dernier  Etal  ; 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  I  l5 
elles  émîgrans,  les  voyageurs  même  y  sont  sujels  ,  dans 
l'élé,  à  une  affection  exanlhémalique  qui  fait  cruellement 
SDuflPrir  pendant  plusieurs  jours.  M.  Michaux  en  fut  at- 
teint, et  elle  ne  céda  qu'à  un  régime  rafraîchissant  et  aux 
bainSf 

Dans  l'état  du  Ténessée ,  les  cultures  sont  à-peu-près 
les  mêmes  qu'au  Kenlucky.  Les  moeurs  des  habitans  du 
Ténessée  ont  aussi  beaucoup  de  conformité  avec  celles 
des  colons  du  Kentucky,  si  ce  n'est  qu'ils  paroissent  moins 
religieux  ,  quoique  stricts  observateurs  ,  com.ne  eux  , 
Aqs  dimanches. 

M.  Michaux  s'est  borné  à  des  observations  générales 
sur  les  Caroline»  et  la  Géorgie.  On  y  verra  que  ,  par 
un  recensement  général  fait  en  1800,  la  populutiju  de 
la  Caroline  septentrionale  a  été  portée ,  y  compris  les 
nègres  esclaves,  à  468,000  habitant  ;  celle  de  la  Géorgie, 
à  165^000,  et  celle  de  la  Caroline  méridioaaie,  à  546,000. 
On  y  observera  aussi  que  le  riz  ,  le  coton  à  longues  soies  , 
les  patates  douces,  et  le  maïs  dans  presque  toutes  ses  varié-» 
lés,  sont  les  seules  cultures  de  la  partie  maritime  du  sud  , 
la  température  du  climat  et  la  natuxe  du  sol  n'étant  favo- 
rable ni  au  blé,  ni  aux  autres  grains.  On  y  remarquera 
encore  ,  que  dans  tout  le  baspa),s,les  travaux  de  l'agri- 
culture se  font  par  des  nègres  esclaves,  que  l'on  emploie^ 
même  à  ceux  qui  pourroient  se  faire  avec  la  charrue,  parce 
que  les  planteurs  estiment  que  la  terre  en  est  mieux  cul- 
tivée,  et  sur-tout  avec  plus  d'économie.  On  y  appre)idra 
enfin,  que  le  climat  des  Haules-Carolines  et  de  la  Géorgie 
est  trop  chaud  en  été  ,  pour  être  favorable  aux  arbres  frui- 
tiers d'Europe,  et  trop  froid  en  hiver,  pour  convenir  à 
ceux  des  Antilles. 

ETATS  DE  LA  CAROLINE  ET  DE  LA  GEORGIE. 

Pour  l'histoire  naturelle  Je  la  Caroline,  il  faut  d'abord 
recourir  à  l'ouvrage  de  Catesby ,  dont  j'ai  donné  la  notice 
(  cinquième  Partie ,  section  11  \ 


I  ï  G         B  I  n  L  I  O  T  ir  È  Q  U  E    DÉS    VOYAGES. 

Etat  préicat  de  la  Caroline  ,  par  R.  F.  :  (en  an- 
glais) li.  F.  présent  state  of  Carolina.  Londres, 
1682  ,  in-4'^. 

Histoire  de  la  Caroline,  contenant  ilïie  descrip- 
tion exacte  et  l'histoire  naturelle  file  cette  contrée  , 
ensemble  son  état  présent  :1e  journal  d'un  voyage  de 
mille  milles  chez  plnsieiirs  nations  de  l'Inde,  et  par- 
ticulièrement l'exposé  de  leurs  usages  et  de  leurs 
coutumes,  etc....  par  Jean  Lawson  :  (en  anglais) 
Histoty  of  Carolina j  containiug  the  exact  description 
and  iiatural  history  of  tliat  country  :  togéther  wiîU 
the  présent  state  thereof  and  a  journal  of  a  thpusànd 
miles  tiavc/s  through  seueial  nations  oflndians  giuing 
a parlicular  accoiint  of  tlieir  custonis ,  manners,etc... 
hy  John  Lawson.  Londres ,  1 709  ;  ibid.  1 7 1 8  ,  in-4". 
avec  figures. 

'  —  La  môme  ,  traduite  en  allemand  par  Vischei'. 
Hambourg,  171?,  in -8°.  — Et  augmentée  d'une 
"Relation  des  autres  colouie3  anglaises,  ibid.  i']i2  , 
in-S".  avec  figures. 

Lettre  sur  la  Garoîme  méridionale,  contenant 
une  relation  dû  sol ,  de  la  température,  des  pro- 
ductions, du  conimprce ,  du  gouvernement  _,  des 
loix ,  de  la  religion  ,  des  habitans ,  des  forces  mili- 
taires,  etc..  de  cette  province,  écrite  par  un  gen- 
tilhomme suisse  à  son  parent  à  Berne  :  (en  anglais) 
ji  Lettcrf/oni  Southr.Carolijia ,  gix^ing  an  accouut  of 
tJ'  ''o'il ,  airj  product ,  trade ,  goveriiment  ^  laws  , 
religion  j  people  ,  miliiary  strangth ,  etc.:..  ta  his 
frlcnd  àt  Sern.   Londres  3  1710,  in-8°. 

Notices  sur  les  émigrés  de  Saltzbourg,  avec  les 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  P  \NS   r/A-VTi.R.  SF.PT.     IT7 

journaux  des  commissaires  anglais  pendant  leur 
voyage  en  Amérique ,  et  une  deseriplion  de  la  Géor- 
gie ,  par  Samuel  Urlspcrger  :  (en  allemand^  ^«5- 
fûhrliche  Naclirîcht  von  den  Sal/zburgischen  Enti- 
grauten^eXc.  von  Sam.  Urlsperger.  Halle,  ij'^S,  in-4*'. 

£tat  présent  de  la  Caroline,  p^tr  3IetchelI:  {on 
ani^lais)  Présent  State  ofCarolina,  hj  Metchell.  Lon- 
dres, 1.740  5  in-8". 

FîiSTOiHE  naturelle  de  la  Caroline  seplenlrionale, 
avec  une  relation  du  comnjerce,  des  mœurs  et  des 
coutumes  des  habitans  Cliréiiens  et  Indiens  ,  par 
Jean  Brih\^ell ,  doeteur  en  médecine  ,  avec  carte  et 
planches  :  (en  anglais)  JohiBnkuelts  Natnral His- 
tory  of  Carolina^-with  an  accoiint  cfthe  tride^  man- 
ners  and  cu^tonis  of  the  Christian  and  Indian  inha- 
bitants.   Dublin,  l'j/^S  ,  \n.-'6^ . 

Notices  sur  la  ville  d'Ebenezer ,  fondée  en 
Géorgie  par  les  émigrés  de  Sa!lzI)ourg  :  en  alle- 
mand )  Zuverlàssige  Nacliricht  den  Zustand  der  von 
deiA  Saltzburger  Eînigrauten  erbauten  StadtEbenezer 
betrejfend.  Augsbourg,  lyS^à  1760,  în-4'*. 

Description  de  la  Caroline  du  sud:  (en anglais) 
Description  of  Sonth-Carolina.  Londres,  i  761 ,  in-8". 

Description  abrégée  de  la  province  de  la  Caro- 
line du  sud  ,  et  tableau  de  son  climat ,  de  sa  tempé- 
rature et  des  maladies  qui  régnent  à  Charles-Town, 
écrite  eu  l'année  1768  :  (en  -Anç^iMs)  A  short  De- 
scription of  the  province  of  South-  Carolinq  ^  with  an 
cpcçount  of  the  air ^  wea.ther  aitd  diseases  of  Charles- 
lown,  written  in  ihe^arx^68.  Londres,  i  770,  in-8". 


Ïl8  EIBLIOTII  È  QUE    DES    TOYACES. 

Relation  des  orales  et  des  maladies  du  sud  de 
la  Caroliue  ,  par  Lionel  Chalmers ,  docteur  en  méde- 
cine à  Charles-Town  :  (en  anglais)  Account  of  the 
wÏTid  and  their  diseases  of  South-  Carolina  j  hj  Lio- 
nel Chalmers.  Londres,  1776,  in-8". 

Notice  succincte  de  rétablissement  des  émigrés 
de  Saltzbourg  à  Ebenezer ,  dans  la  province  de 
Géorgie  de  l'Amérique  septentrionale ,  par  Beck  : 
(en  allemand  )  Kurzgefasste  Nachricht  von  deni  Eta- 
hlissement  der  Saltzhurgischen  Emigranten  in  Ebene- 
zer' in  der  Provinz  Géorgien  in  Nord-Amerika ,  von 
BecJi.  Hambourg,  1777,  in-8*'. 

Description  de  la  Caroline  dans  l'Amérique 
seplenlrionalc  :  (  en  allemand  )  Beschreihung  von 
Carolina  in  Nord- America,  (laséxée  dans  les  Affi- 
ches de  Brunswicb ,  année  1778.  ) 

Relation  historique  de  l'origine  et  des  progrès 
de  la  colonie  de  la  Caroline  méridionale  et  de  la 
Géorgie  :  (en  anglais)  Historical  account  of  the  ori- 
cin  and  progress  of  the  colonia  of  South- Carolina 
and  Georgia.   Londres  ,1779  ,  3  vol.  in-8°. 

Coup-d'œil  sur  les  colonies  américaines  de  la 
(!^aroline  et  de  la  Géorgie  ,  par  Loher  (en  allemand). 
Jena,  in-12. 

^,  VI.  Descriptions  de  la  Floride  (^i^.  T^oj  âges  faits 
dans  cette  contrée. 

Pour  l'bisloire  naturelle  de  la  Floride  ,  il  faut  recourir^ 
«omrae  pour  celle  de  la  Caroline,  à  l'ouvrage  de  Catesby. 


CO  Oiigia^irement ,  on  romprenoil  sous  le  nom   de  Floride 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  P  VTVS  L'AMER.  SEPT.     I  ig 

Histoire  du  dernier  voyage  aux  Indes  (occi- 
dentales) ,  lieu  dit  la  Floride  ,  fait  par  le  capitaine 
Jean  Ribes,  et  entrepris  par  l'ordre  du  Roi ,  public 
par  Lechalleux.  Lyon,  i566,  in-8^. 

De  la  navigation  des  Français  en  Floride  , 
et  de  la  catastrophe  qu'ils  y  essuyèrent  en  i555  ,  par 
Levinus  :  (en  latin)  De  navigatione  Gallorum  Terra 
Floridatiâ ,  deque  clade  anno  j555  accepta ,  autore 
Leviuo.  Anvers,  i568,  in-8". 

—  Le  même,  en  latin-  Baie,  i583  ,  in-fol. 

—  Le  même,  traduit  eu  allemand.  Baie.  i585, 
iu-fol. 

La  date  de  i555  insérée  dans  le  lilre  de  celle  relallou  , 
est  évidemment  une  erreur,  puisque  les  Français  n'avoient 
aucun  établissement  dans  la  Floride  avant  i5u2,  et  que  le 
massacre  des  Français  est  de  i5G5  ;  c'est  donc  celle  der- 
nière date  qu'il  faut  substituera  celle  de  i555. 

Relation  de  la  découverte  de  la  province  de 
Floride  :  (en  espagnol)  Relacion  de  descubrimeiito 
de  provincia  di  FLorida^  Evura  ,  i  Syy  ,  in-4°. 

Histoire  notable  de  la  Floride  aux  Indes  occi- 
dentales ,  contenant  les  trois  voyages  faits  en  icelle 
par  certains  capitaines  français  ,  décrits  par  le  capi- 
taine Laudoniere ,  à  laquelle  a  été  ajouté  le  Voyage 
du  capitaine  de  Gourgues ,  mis  en  lumière  par  Bas- 


la  Loiii°iane  et  iiue  partie  de  la  Caroline.  Celle  dénomination  ne 
s'applique  plus  aiijoiird'Iiui  qu'à  la  jiresqu'ilc  qui ,  siUice  à  l'oue.st 
de  la  Caroline,  s'avance  jusqu'au  canal  de  Biliama  :  les  E.spn£;noIs 
y  ont  deux  élablissemens  principaux,  Saint- Augustin  et  Pen- 
«acola. 


120         EIBLIOTH  KQU  E    DES    VOYAGES. 

sanicr.  Paris,  Guillaume  Auvray,  i5S6;  ibid.  i588, 
m-8^ 

—  La  même,  traduite  en  iatiu.  Francfort-sur-le- 
Mein  ,  Weclieï,  i5gi,  in-fol. 

Dans  j'ime  el  l'Hiitre  de  ces  édifions,  il  doit  se  trouver 
lin  irief  Discours  et  Histoire  du  voyage  de  quelques  Fran- 
çais dans  la  Floride ,  et  du  massaoi  •  ^■jihasté  par  les  Espa^ 
giiols  en  i555. ...  Ensemble  la  Requête  présentée  au  roi 
Charles  ix.     '  '  ' 

Le  premier  voyage  du  capitaine  Laiidoniere  remonle  à 
i5G4'  ^1  Hvoit  pour  objet  la  reconstruolion  du  fort  bàli  en 
1662  par  Ribaut ,  qui,  le  preiriier  des  Français,  avoit 
abojdé  à  la  Floride,  les  Espagnols,  jalotix  de  eut  éta- 
blissement, r.'ivoient  enlièremeiil  1  uiné  :  ils  avoienl  même 
■fait  périr  une  partie  des  nouveaux  colons,  mis  en  fuite  et 
dispersé  le  reste.  L/expédition  de  Laudoniere  eut  lui  plein 
succès  ;  il  reconstruisit  d;ins  un  autre  lieu  le  fort,  auquel 
on  donna  le  nom  de  fort  de  la  raroline.  Mais  la  di\  ision 
s'élant  mise  j  ariiii  les  colons  ,  par  Teliet  de  l'insuliordi— 
nation  el  de  l'oisiveté,  Ribuuf ,  cpsi  éloit  revenu  dans  le 
pays,  ne  put  y  lé'ablir  ni  l'ordre  ni  le  goût  du  travail.  Les 
Espagnols  profitèrent  de  celle  anarchie  pour  surprendre 
le  fort  de  la  Caroline.  Dans  la  chaleur  du  combat ,  ils  mas- 
sacrèrent d'abord  partie  de  ceux  qui  le  défei'duienl  ;  unis 
ils  poussèrent  ensuite  la  barbarie  à  un  tel  excès  ,  qu'ils 
écorchèrent  vif  Ribaui  ,  et  pi  ndirenl  à  un  aibre  quel- 
ques-uns de  ses  com2ia;rnoiîs  d'ir, forliuie,  avec  Cc-tle  ins- 
cription dérisoire  :  Non  comme  Français  ^  mais  comme 
-hérétiques. 

Dominique  de  Gonrgues,  du  Monl-\Jar.san  ,  indigné 
de  celte  strocité  des  Espagnols,  équip.i  un  vaisseau  à  ses 
frais,  débarqiia  à  la  Floride,  y  reprit  le  fort  de  la  Caroline 
et  un  autre  fort  qu'ils  5'  avoient  bâti  ,  et  fil  peu  Ire  plu- 
fieurs  Espagnols  au  même  arbre  où  ils  avoient  attaché  les 
Français.  L'inscription  portoit  :  Non  comme  Espagnols , 
mais  comme  forbans.  La  foiblesse  du  gouveiJiement  fran- 


AMERIQUE.  VOYAC.  DAIVS  L'AMER.  SEPT.  121 
çais  faillit  rendre  de  Goiirgues  victime  de  son  action 
Jiéroïque.  Poursuivi  par  les  Espagnols,  il  leur  auroit  été 
livré,  s'il  ne  se  fiit  pas  tenu  soigneusement  caché. 

Le  récit  de  celte  expédition  iette  un  grand  intérêt  dans 
la  relation  du  voyage  de  De  Gourgiies;  celle  de  Laudo- 
niere,  quoique  moins  brillante  ,  n'en  est  pas  destituée  non 
plus.  Il  nous  donne  des  notions  assez  curieuses  sur  les 
Iloridiens  de  ce  temps,  avec  lesquels  ceux  d'aujourd'hui 
n'ont  que  quelques  Ibih'es  traits  de  ressemblance  :  il  les 
dépeint  d'une  haute  taille,  fiers  ,  courageux,  mais  moins 
cruels  que  les  Canadiens.  11  faut  se  défier  de  son  jugement , 
lorsqu'il  assui-equ'i!  setiouvoii  parmi  eux  beaucoup  d'hei- 
luaphrodites.  Sa  lelaliou  d'ailleurs  fuit  coiinoître.  beau- 
coup déplantes  nourricières  et  médicinales  répandues  sur 
le  sol  de  la  Floride  et  des  contrées  ndjacenles. 

La  Floride  de  rinca,ou  Histoire  de  l'Adelan- 
tade  FerDaiid  de  Sotto  ,  gouverneur  et  capitaine- 
général  du  royaume  de  Floride,  el  des  autres  ilhis- 
1res  capitaines  espagnols  dans  les  Indes  occiden- 
tales ,  par  rinca  Garcilasso  délia  F'ega  :  (en  espa- 
gnol) La  Florida  délia Inca  ,  à  Historia  delu4delan- 
tado  Fernando  de  Sotto  ,  Governados  j  capitain- 
s^eiieral  del  reyno  de  la  Florida ,  de  otros  hardicos 
Cavalleros  espanoles  e  India  ,  por  ï  Inca  Garcilasso 
délia  Fega.  Lisbonne^  i6o5,  in-4". 

—  La  même,  Madrid,  Nicoe  Rodriguez,  1715, 
in-fol. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  sous  le  litre  sui- 
vant : 

Histoire  de  la  concpiéte  de  la  Floride  ,  par  Fer- 
dinand Sotto  ,  traduite  de  l'espagnol  de  Garcilasso 
del  Fega ,  avec  figures.  Amsterdam,  1G70;  Paris, 
1720  ;  Leyde,  1731  ;  la  Haye,  1755,  -2  vol.  in-S". 


122         BIBLTOTHÈQTJX    DES    VOYAGES.' 

Dans  celte  tradaclion  de  la  découverte  et  de  la  con- 
quête de  la  Floride ,  ainsi  nommée,  suivant  les  uns,  en 
ce  que  Solo  y  aborda  le  jour  de  Pâques  fleuries  ;  suivant 
les  autres,  parce  que  la  plage  étoit  verdoyante  et  fleurie, 
l'on  trouve  une  description  assez  détaillée  de  la  Floride 
et  des  monts  Apalaches. 

Histoire  de  la  Floride  ,  par  D.  Cardenas  :  (en 
espagnol)  Historia  délia  Florida , por D .  Cardenas. 
Madrid ,  iu-fol. 

Etat  présent  de  la  Caroline  :  (en  anglais)  The 
présent  state  of  Carolina.  Londres  ,  1682  ,  in-S". 

Histoire  de  la  conquête  de  la  Floride  par  les 
Espagnols ,  sous  Ferdinand  de  Soto ,  e'crite  eu  por- 
tugais par  un  gentilhomme  de  la  ville  d'Elvas  ,  tra- 
duite par  M.  D.  C.   Paris,  Thierry,  i685,  in-12. 

Dans  cette  relation  ,  purement  historique  en  apparence, 
d'après  son  titre.,  on  recueille  de?  lumières  précieuses  sur 
le  caractère  énergique  des  indigènes,  qui ,  plus  d'une  fois, 
firent  courir  aux  Espagnols  de  grands  dangers.  Le  gouver- 
nement de  leurs  Caciques  y  est  bien  développé  :  enlin  l'on 
y  trouve  des  notions  curieuses  sur  les  animaux  sauvages 
et  domestiques  de  la  Floride,  et  sur  les  fruits  de  celte 
contrée. 

Relation  de  la  première  découverte  et  de  Fhis- 
loire  naturelle  de  la  Floride,  par  Guillannje  lîoherls, 
enrichie  d'une  carte  générale  ,  de  plusieurs  plans 
particuliers ,  et  d'une  description  géographique  de 
cette  contrée  ,  par  Thomas  Jejferyes  :  (en  anglais) 
An  Account  of  the  first  discovery  and  natural  liistory 
ofFlorida,  hj  William  Roherls,  illustrated  hy  a  gêne- 
rai mapp  and  some  parlicular  plans  and  a  geogra- 
phical  description  of  tliat  country ,  hj  Th.  Jefferyes. 
Londres  ,  1760  ,  in-4". 


AMÉRIQUï:.    VOYÀC.  DAîV^S  l'amer,   sept.     I9.J 

Description  de  la  Floride  orientale,  par  Stork  : 
(en  anglais)  Descnplion  of  East-Florida  ,  hy  Stork. 

On  Va  réunie  avec  celle  de  Bartram  clans  l'édition  sui- 
vante : 

Description  de  la  Floride  orientale,  par  Guil- 
laume Stork,  et  Journal  de  Jean  Bartram,  ou  Voyage 
fait  de  Saint-Augustin  sur  la  rivière  Saint-Jean  jus- 
qu'aux lacs  éloigne'»  ,  avec  des  notes  sur  la  bota- 
nique :  (en  anglais)  William  Stork's  Description  of 
East-Florida  :  with  a  Journal  kept  hj  John  Bartram. 
from  St.  Augustin  iip  the  river  St.  John  a  lacs ,  witn 
thejar  explanating  hotanical  notes.  Londres,  1769  ; 
ihid.  1787,  2  vol.  in-8°. 

Histoire  naturelle  abrégée  de  l'est  et  de  l'ouest 
de  la  Floride,  par  Bernard  Romans  :  (en  anglais) 
^  concise  Natural  History  of  East-  and  West-Flo- 
rida ,  by  Bernard  Romans.  INew-Yorck,  Altkan  , 
1776,  in-i2. 

Cet  écrivain  ,  qui  étoil  ton l-à— la-fois  un  médecin  éclairé 
et  un  observateur  judicieux,  s'est  attaché  d'abord  à  dé- 
crire le  climat  de  la  Floride,  et  les  maladies  qui  l'aflligent. 
Elles  ont  sur-tonl  lein-  principe  dans  les  variations  brus- 
ques de  la  température,  qui  sont  ]:)lus  funestes  dans  la 
Floride  que  dans  beaucoup  d'autres  paraes  de  l'Amé- 
rique, où  elles  ont  également  lieu. 

Dans  les  détails  où  ilenlresur  les  trois  peuples  indigènes 
de  la  Floride,  les  Chicafisas ,  les  CJiactas  et  les  Criks  con- 
fédérés, il  peint  des  plus  noires  couletn-s  leur  caractère 
moral.  La  saleté, la  fainéantise,  le  penchant  pour  le  vol, 
l'orgueil  le  jjIus  excessif,  la  vanité  ia  pins  facile  à  blesser, 
la  persévérance  dans  les  liaines ,  l'alrocilé  dans  les  ven- 
geances,  un   plaisir  féroce  à  répandre  le  sang,  formci-,t 


.1 2-4  .  E  I  B  II  TOT  II  :•  Q  U  F.  E  îî  S  VOYAGES, 
les  tfails  du  tableau  ;  iis  s'appliriueiil  plus  particulif^re- 
ment  encore  aux  Chicass^'j  qu'aux  de  jx  aulres  peuples. 
Il  prête  niême  à  ces  Irois  nations,  e[  sur-tout  aux  Chactas 
^t  aux  CIn'cassas,  un  vice  trop  commun  chez  les  Grecs, 
la  pédérastie.  Dans  leurs  usages  et  leurs  halutudes.il  fait 
remarquer  leur  passion  pour  lo  jua;  et  la  facilité  avec 
laquelle  ris  se  parlent  an  suicide. 

L^spj'oduoiJons  du  sol  delà  Floride  ont  été  aussi  l'obi- 
jet  des  reclierches  et  des  observations  de  cet  écrivain. 

§.  VII.   Descriptions  de  la.  Louisiane,  p^ojages  faits 
dans   ce  pays. 

Descriptioiv  de  la  Louisiane ,  nouvellement 
découverte  au  sud-ouest  de  la  Nouvelle  -  France , 
par  ordre  du  Roi ,  avec  la  carte  du  pays  ,  les  mpeurs 
et  la  manière  de  vivre  des  Sauvages  ,  par  le  P.  Hen- 
nepin.  Paris,  Hui'é  ,  i685  ;  ihid.   1G88,  in-12. 

—  La  mcme  ,  Paris,  1688,  iu-4°. 

C'est  ce  voyageur  qui,  le  premier,  nous  a  fait  co'inoilre 
cetie  vaste  conUée,  si  riche  des  véritables  bienfai'fÇ  de  la 
naiure,  tels  quo  la  tempéralure  la  plus  heureuse  et  le  sol  le 
plus  fertile  peui-eire  de  toute  l'Amérique.  Les  pr.?sliges  de 
l'imagination  y  firent  cliercîier  des  trésors  factices  (1)  qui 
firent  long-lenip.s  négliger  les  avantages  réels.  Le  gouver- 
nement frant^xiis  eîoit  si  peu  éclairé  srtr  les  immenses  res- 
source-i  que  peut  procurer  à  la  métropolj  celte  belle 
colonie  bien  adm^ni^irée,  qu'il  l'abandonna  sans  aucun 
motif  solide  à  l'I'spigne;  mais  elle  éloit  réremment  ren- 
trée sous  la  domination  de  la  Fra;\ce,  qui  l'a  cédée  aux 


(1)  C  esl  daiis  la  Floride,  où  la  Loiusiaiie  se  tiouvoil  com- 
prise alors,  qu'on  avoil  imuiiiiié  qn  exisloil  une  ciilrée  où  la  Ibit* 
n'ctoil  que  de  l'or, et  {£u'on  aj)p^.ljil  eii  Espagne  El  Dorado. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMKR.  SKPT.  12^ 
Elals-Unis.  Sous  leur  végime,  elî.'  peut,  aipuvi"  ;»  ce  liiit 
degré  de  richesse  et  de  prospeiilé  aucpicl  la  naiuie  p.w oif 
l'avoir  destinée. 

Ce  n'est  pas  dans  la  descriplion  d'Iîèîinepin  ,  qujl  faut 
clieicher  à  connoîlie,  d'une  iliaiiiùre  au  "m'oins  .apprcii;!- 
fondie,  la  géograjjijie,  l'hisî'-ire  uaiuielîe  ,  ijs  prqdur/ioiîs 
sponlariées  ou  indusîi'iëîles  je  l.t  Louisiane;  mais  buvl.es 
niœurs,  It  s' nsaj:<  s,  les  suptr.siiiions  des  nalni'els  du  paj'ij, 
il  a  donné  de.-,  nofinns  dV>'(ajit  pîi;s  précieuses,  qu'il  les  a 
visites  a  utie  epôrjue  ou  ilsn  avôienl  prescfue  pas  comniu- 
nicjué  encore  ax^éc  fds  Européens. 

Dernières  dfcpuvlp.tes  faites  dans  l'Amé- 
riquc  septenlriQaale  ,  par  La  Salle ,  mise  au  Jour 
(par  le  chevalier  Tontj).  Paris,  Coignard,  1693, 
iu-12.  ;    .1      .  ,  . 

Cet  ouvrage  a  élié réimprimé  en  Hollande,  sou;,  le  titre  i.u 
peu  dift'érent  qutrvo\ci  : 

Relation  de  la  Louisiane  et  du  Mississipi  (par 
le  chevalier  Tontj).  Amsterdam  ,  Bernard  ,  l'j xo  , 
in- 12. 

Journal  hïstôriiGfue  du  dernier  voyage  que  feu 
7vî.  de  La  Salle  fit' dans  le  golfe  du  Mexique ,  pour 
trôuvei"  reml;jf»>'^V-hurc  et  le  cours  de  ja  rivière  de 
Mississipi ,  nonnuee  à  présent  la  rivière  de  Saint- 
Louis  ,  qui  traverse  la  Louisiane  ,  où  l'on  voit 
riiistoire  tragique  de  sa  mort ,  et  plusieurs  choses 
curieuses  du  Nouveau-Monde,  par  M.  Jousiely.V\x\\ 
des  compagnons. de,, ce  voyage,  rédigé  et  mjs  en 
ordre  par  M.  de  Michel.  Paris,  Robinet,  lyiS  , 
in-i2.  -, 

Celte  relation  a  été  traduite  en  angUis  sous  le  lilre  sui- 
vant : 

Voyage  dans  le  goîfe  du  Ptlexique,  par  de  La. 


120        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 
Salle  :  (eu  anglais)  J^ojage  to  the  golph  of  Mexico , 
hj  de  La  Salle.  Londres,  1714?  in-S'*. 

La  présomption,  la  vanité,  robslinalion,  une  sévérité 
déplacée  ,  rendirent  inutiles  les  qualités  brillantes  que 
La  Salle  réunissoit  en  sa  personne  avec  ces  défauts;  elles 
lui  firent  manquer  l'embouchure  du  Mississipi  qu'il  cher- 
choit  avec  une  grande  persévérance,  et  le  firent  périr 
d'une  manière  tragique  ,  victime  de  la  perfidie  de  ses 
propres  compagnons  de  voyage.  Le  récit  de  ces  événe- 
mens  répand  un  triste  intérêt  sur  la  relation  de  Joustel. 

On  y  trouve  en  outre,  des  détails  curieux  sur  les  mœurs 
et  les  usages,  soit  de  la  nation  des  Accancea,  qu'on  a 
appelée  depuis  Accansas ,  soit  de  la  nation  des  Illinois , 
soit  de  la  petite  peuplade  des  Cahaynahs. 

R.ELATION  du  Mississipi  et  de  la  Louisiane  :  (en 
allemaud)  Beschreibiing  des  am  Mississipi  gelegenen 
Landes  Louisiana.  Amsterdam  et  Leipsic ,  1720, 
in-8^ 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  la  même  année 
8OUS  le  titre  suivant  : 

RjîLATiON  de  la  Louisiane  et  du  fleuve  de  Mis- 
sissipi. x\msierdam  ,  i720,in-8°. 

Relation  de  la  Louisiane  et  du  fleuve  de  Mis- 
sissipi ,  par  Martiu  Forbislier.  Amsterdam  ,  Ber- 
nard ,  1720  ,  1  voL  in-i2  ,  fig. 

Description  de  la  province  anglaise  la  Caroline, 
appelée  par  les  Espagnols  la  Floride ,  et  par  les 
Français  la  Louisiane ,  par  Daniel  Cojce ,  avec  des 
caries  :  (en  anglais)  Description  of  the  english  pro^ 
vince  of  Carolina  ,  by  the  Spaniards  called  Florida  , 
and  by  the  French  la  Louisiana ,  bj  Daniel  Coxe. 
Londres,  1722,  in-4''. 


AMERIQUE.  VOYAC.  DANS  L  AMER.  SÏPT.  12^ 
On  n'imagine  pas  en  vertu  de  quoi  cal  auteur  qualifia, 
de  province  anglaise,  sous  le  nom  de  Caroline,  la  partie 
de  la  Floride  que  les  Français  ,  lorsqu'ils  la  posbédoient , 
avoient  appelé  la  Louisiane,  et  qui  n'a  jamais  appartenu 
à  l'Angleterre.  C'est  sans  doute  par  le  droit  de  bienséance 
qu'il  eu  faisoit  une  des  province»  de  l'Amérique  anglaise. 

Voyage  de  la  Louisiane  ,  fait  par  ordre  du  Roi 
en  1  720,  dans  lequel  sont  traitées  diverses  matières 
de  physique  ,  d'astronomie  ,  de  géographie  ,  de 
marine,  etc....  par  le  P.  Laval  y  enrichi  de  plans, 
caries  et  figures.  Paris  ,  Mariette  ,  \'j2^  ,  iu-4°. 

MÉMOIRES  historiques  sur  la  Louisiane  ,  conte- 
nant ce  qui  est  arrivé  de  plus  mémorable  depuis 
l'année  \Ç>^']  jusqu'à  présent,  avec  l'établissement 
de  la  colonie  française  dans  celte  par  tie  del' Amérique 
septentrionale  ,  sous  la  direction  de  la  compagnie 
des  Indes  ;  le  climat ,  la  nature  et  les  productions 
de  ce  pays ,  l'origine  et  la  religion  de  ceux  qui  l'ha- 
bitent, leurs  mœurs,  leurs  coutumes,  elc com- 
posés sur  les  Mémoires  de  M.  Dumont ,  par  M.  L. 
L.  M.  ,  ouvrage  enrichi  de  cartes  et  de  figures - 
Paris,  Bauche  ,  lySS  ,  2.  vol.  in-12. 

La  partie  historique  de  ces  Mémoires  est  intéressante  ; 
celle  qui  embrasse  la  description  du  pays  ,  la  nature  de  ses 
productions,  la  religion,  les  moeurs,  les  usages  de  tes 
Labilans,  est  un  peu  superficielle. 

Histoire  de  la  Louisianp  ,  contenant  la  décou- 
verte de  ce  vaste  pays,  sa  description  géographique  ; 
un  Voyage  dans  les  terres  ;  l'histoire  naturelle  ,  les 
mœurs ,  coutumes  et  religion  des  naturels  ,  avec 
leur  origine  ;  deux  Voyages  dans  le  nord  du  Kou- 
veau-Mexique ,  dont  un  jusqu'à  la  mer  du  Sud  5  par 


128        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

M.  Lepage  du  PraLs  (ornée  de  deux  cartes  et  do 
quarante  planches  en  laille-douce).  Paris,  De  Bure, 
1758,  5  vol.  in-i2. 

C'est  dans  celle  relation  ,  l'ouvrage  d'un  homme  qui 
avoil  résidé  quinze  ans  dans  la  Louisiane,  qu'on  peut  se 
procurer  les  notions  les  plus  dét  allées  et  les  plus  complètes 
sur  cette  inléressante  contrée  :  je  n'en  extrairai  ici  que 
quelques  articles  les  plus  remarquables. 

Relativement  à  la  géologie  du  pays,  l'auteur  observe 
que  toules  les  terres  de  la  Easse-riOuisiane,  sont  des  terres 
rapportées,  dont  le  volume  s'augmente  annuellement  par 
les  dépôts  de  limon  que  laisse  le  fleuve  du  Mississipi , 
chaque  fois  qu'il  déborde.  Il  en  résulte  un  phénomène 
fort  extraordinaire;  c'est  que  ces  eaux  débordées  ne  ren- 
trent jamais  dans  le  fleuve,  parce  que  pour  y  rentrer, 
elles  trouvent  un, obstacle  insurmontable  dans  la  nou^- 
velle  élévation  de  ses  bords,  qu'occasionnent  les  dépôts 
limoneux.  En  s'étendant  beaucoup  sur  ce  phénomène, 
l'auteur  ne  rious  apprend  point  ce  que  deviennent  ces 
eaux.  Comme  il  ne  dit  pas  qu'elles  forment  des  marais 
et  qu'elles  s'opposent  à  la  culture  des  terres  où  elles  sé- 
journent, il  y  a  lieu  de  croire  qu'elles  s'évaporent  promp- 
tement  ;  mais  ne  produisent-elles  aucune  vapeur  méphi- 
tique? C'est  ce  que  son  silence  et  celui  des  autres  voiyageurs 
ne  permettent  pas  de  présumer. 

Sur  la  minéralogie  de  la  Louisiane,  on  doit  à  Lepage 
du  Frais  plusieurs  découvertes  :  celle  de  deux  mines  de 
cuivre  promelloit  une  grande  abondance  de  ce  métal  , 
puisque  le  minerai  se  décéloit  sur  la  surface  de  la  terj-e  : 
il  en  étoitde  même  d'une  mine  de  plomb  qu'il  découvrit 
dans  un  lerrein  boisé.  Le  même  canton  lui  offrit ,  sur  une 
monticule  aride  et  pelée  ,  des  indices  d'une  raine  d'or  : 
il  laisse  ignorer  si  l'on  donna  de  la  suite  à  cette  décou- 
verte :  celle  qu'il  fit  d'une  grande  carrière  de  gypse  ou  de 
plâtre  étoit  réellement  plus  utile  au  pays.  Cette  considé- 
ration peut-être  ne  lui  fit  pas  attacher  une  grande  impôt- 


AMÉRIQUE.  VOVaG.  DANS  LArrlER.  SEPT,  1 3g 
tance  à  une  mine  de  crisuil  de  roche;  il  indique  iic'in- 
moiMS  la  lalilude  où  elle  se  Iromoil.  La  Louisiane  renferme 
beaucoup  d'aufres  mines  (|iie  celles  qui  fiirent  décou- 
verle.-^  par  Lepage  du  Frais:  il  s'y  en  trouve  plusieurs 
d'argent,  de  plomb  et  de  fVi". 

Ceux  qui  préfèrent  les  producli:)iis  gnuiinées  de  la 
terre  et  les  autres  végétaux  qui  y  croissent  naturellement, 
aux  métaux  précieux  qu'elle  récèle  dans  son  sein  ,  liront 
avec  intérêt  les  délails  où  entre  l'an  leur  sur  les  grains  de 
toute  espèce  que  donne  le  soi  ferlile  de  la  Louisiane,  et 
sur  les  arbrt-s  précieux  ou  uliles  qui  y  croissent. 

Journal  d'un  voyage  fait  à  la  Louisiane  en. 
1720,  par  M.  de**'*",  capitaine  des  vaisseaux  du 
Roi.  Paris,  Clousier,  1768,  in- 12. 

Ce  Voyage ,  en  forme  de  lettres,  n'apprend  presque 
rien  sur  la  Louisiane  :  on  n'y  liouve  guèie  que  des  obser- 
vations assez  communes  sur  les  pays  que  le  voyageur  a. 
visités  dans  l'allée  et  le  retour. 

IVouvEAUX  Voyages  aux  Indes  occidentales, 
contenant  une  relation  des  dififcrens  peuples  qui 
habitent  les  envii^ons  du  grand  fleuve  Saint-Louis  , 
appelé  vulgairement  Mississipi ,  leur  religion  ,  leur 
gouvernement ,  leurs  mœurs  ,  leurs  guerres  et  leur 
commerce  ,  enrichis  de  plusieurs  figures  dessine'es 
par  Saint-Aubin  ,  par  M.  Bossu ,  capitaine  dans  les 
troupes  de  la  marine;  2^  édition.  Paris,  Le  Jay, 
1768,  2  parties  formant  i  vol.  in-12. 

Les  mêmes,  traduits  en  anglais  saus  le  titre  différent 
que  voici  : 

Voyage  à  travers  la  partie  du  nord  de  l'Amé- 
rique appelée  autrefois  la  Louisiane  ,  traduit  du 
français  en  anglais  par  M.  J.  B.  Forster ,  avec  le 
catalogue  des  piaulas  d'Amérique,  tiré  du  Vovag« 

YI.  I 


l50  BILLIOTHEQUS    DES    T0YAGES. 

de  P.  Lœffling ,  dans  son  voyage  d'Amérique  :  (en 
anglais)  Travels  through  that  parts  of  Noith-Ame^ 
rien  formallj  called  Loidsiana ,  translated  and  illus- 
irated  %vith  notes  by  J,  B.  Forster ,  praeter  catalo- 
gum  plantarum  uimericanarum  excerptarum  ex  iti- 
nereP.  Loejflingii.  Londres,  Durier,  i'7'7i,2vol. 
in-8«. 

Avant  de  se  livrer  au  récit  de  ses  vo3'ages  au  pays  des 
Illinois,  pour  leqnel  éloit  sa  destination,  Bossu  fait  une 
description  rapide  de  la  Nouvelle-Orléans,  capitale  de  la 
Loiiisidne  :  il  en  parle  comme  d'un  séjour  enchanté  pour 
la  salnljrité  de  sa  température,  la  fécondité  de  son  terroir, 
la  beauté  de  sa  position  sur  les  bords  du  Mississipi ,  qui 
arrose  plus  de  liuit  cents  lieues  de  pays  connus.  Ce  sont 
des  nègres  importés  de  nos  colonies  qui  sont  employés 
au  défrichement  et  à  la  culture  des  terres,  où  croissent 
en  abondance  le  maïs,  le  riz,  l'indigo-,  le  tabac,  où  la 
canne  à  sucre  réussit  même  très-bien. 

De  cette  description,  il  passe  au  récit  delà  catastrophe 
qui  fit  périr  plus  de  deux  mille  Français  dans  le  pays  des 
Natchès  :  ce  peuple  nombreux  et  puissant,  le  plus  voisin 
d'e  la  Nouvelle-Orléans,  adorateur  paisible  du  soleil  dont 
son  chef  porloit  le  nom,  et  auquel  il  rendoil  un  culte,  en 
conservant  dans  ses  temples  le  feu  sacré  ,  vivoit  en  bonne 
intelligence  avec  les  Français.  Les  déprédations  ,  les  in- 
justices de  l'officier  qui  commandoit  dans  le  pays  ,  ame- 
nèrent le  funeste  événement  que  j'annonce  ici.  Les  Naf- 
chès  s'éloient  concertés  avec  les  peuplades  voisines,  pour 
égorgej"  le  même  jour  tous  les  Français  qui  s'y  trouvoient 
répandus.  La  mère  du  chef,  se  croyant  fille  d'un  Fran- 
çais,  el  s'inléressant  à  leur  soit,  usa  d'un  stratagème  pnr 
lequel  le  massacre  fut  borné  à  ceux  de  la  nation  qui  habi- 
toient  le  poys  des  Nalchès  (i).   La  vengeance  éclatante 

(i)  Pour  envelopper   twuti  le»  FranvaJ*  i-Ia-foi*  dans  le  ma*- 


A^ÎERIQUE.  VOYAC.  DANS  L'A>iÉr.  SKPT.  l5l 
(^ii'on  lira  de  ce  complot  des  Nalcnès  ,  dispersa  ce  peuple  , 
e[  fil  du  pays  qu'il  habitoit  une  vas!e  soliludc. 

Dans  un  premier  voyage  au  pa3's  des  Illinois,  dislaul  de 
cinq  cenls  lieues  de  la  Nouvelle-Orléans,  Bossu  visila  plu-* 
sieurs  iiaiions  :  celle  des  Akansas  occupe  un  des  j)Uis 
beaux" pays  du  monde;  les  (erres  y  sont  si  fertiles  , qu'elles 
produisent  presque  sans  culture  du  froment  d'Eurojie , 
toutes  sortes  de  légumes  et  d'excellens  fruits  inconnus  ea 
France  :  le  gibier  de  tonte  espèce  y  abonde.  Ce  peuple 
étoit  fort  attaché  aux  Français  :  il  i-efusa  de  prendre  part 
au  complot  des  Natcliès  ,  et  il  étoit  toujours  en  guerre  avec 
les  Tchicaclias  ,  qui  donnèrent  retraite  aux  Natcliès  Les 
mœurs  des  Akansas  ,  et  sur-tout  leur  croyance  ,  diffèrent 
peu  de  celles  des  autres  peuples  de  la  Louisiane,  si  l'on 
en  excepte  les  Natcliès  :  ils  honorent  un  Etre  suprême 
sous  le  nom  du  Grand-Esprit  ou  du  maître  de  la  vie.  Oiiez 
ce  peuj)le,  la  danse  entre  dans  toutes  les  affaires  :  les  Fran- 
çais sont  parvenus  à  en  abolir  une  qui  étoit  proprement 
la  danse  de  l'impudicifé  :  elle  avoit  lieu  la  nuit ,  et  l'on 
juroil  de  ne  jamais  révéler  ce  qui  s'y  passoit. 

La  contrée  qu'habitent  les  Illinois  est  d'une  vaste  éten- 
due, et  l'une  des  plus  belles  du  monde:  elle  fournit  de 
farine  tout  le  bas  de  la  colonie.  Indépendamment  dw  ces 
exportations,  son  commerce  consiste  en  pelleteries,  plomb 
et  sel  :  la  chair  des  chevreuils  y  fournit  d'excellens  jani- 


sacre  projeté  ,  celui  des  Natcliès  qui  dirigeoit  la  consjiirafiou  avoit 
imaginé  de  faireporler  riiez  chaque  nation  ,  un  paquet  de  buclieltes 
en  nombre  égal,  avec  in/onrlion,  à  partir  d'une  époque  déter- 
minée, d'en  brûler  une  rliaque  jour:  lorsqu'il  n'en  seroil  plus 
resté  qu'une,  ce  serait  le  signal  d'un  carnage  simullaué.  La  mèie 
du  chef  pétiélra  cet  odieux  mystère,  et  s'inlroduisanl  dans  le 
lemple  des  Nafrhès,  où  éloit  déposé  le  paquet  de  bûchettes,  elle 
réussilà  en  soustraire  une.  L'exécution  du  complot  fut  donc  avancée 
d'un  jour  chez  Jcs  Natcliès  ;  et  les  autres  nations  se  croyant  trahies 
par  ce  peuple,  épargnèrent  les  Français  établis  cheztlies,  elles 
aidèrent  mcmc  à  châtier  les  Natcliès, 


132  BIELIOTIIEQUE  DES  VOYAGES. 
])ons ,  et  les  fruits  y  sont  aussi  bons  qu'en  France.  Les 
Illinois  ont  les  mêmes  moeurs  que  les  autres  peuples  de  la 
Louisiane  ;  ils  n'en  diffèi'ent  que  par  leur  langage  :  la 
polygamie  y  est  en  usage  ;  et  le  divorce  y  est  fort  rare  , 
quoique  les  mariages  s'y  contractent  d'une  manière  peu 
solemnelle.  Les  femmes  y  sont  très -laborieuses  ;  c'est  le 
|d1us  ou  moins  de  disposition  au  travail  qui  fixe  sur  elles 
le  chois  des  jeunes  Illinois.  De  fréquentes  guerres  avec 
ses  voisins  ont  considérablement  diminué  le  nombre  de 
ce  peuple,  qui  autrefois  étoit  la  nation  la  plus  populeuse 
de  la  Louisiane. 

On  voit,  avec  surprise,  le  voyageur  quitter  le  pays  des 
Illinois  pour  revenir  à  la  Nouvelle-Orléans,  en  repartir 
pour  retourner  chez  ce  peuple  qu'il  quitte  une  seconde 
fois  pour  repasser,  par  la  Nouvelle- Orléans  ,  en  Europe. 
Ces  quatre  voyages  emportoient  un  trajet  de  plus  de  deux 
mille  lieues-,  mais  l'étonnement  diminue,  lorsqu'on  l'éflé- 
chit  qu'en  descendant  à  la  Nouvelle-Orléans,  le  voyageur 
s'acheminoit  avec  une  extrême  rapidité  par  le  fleuve  du 
Missisbipi. 

Dans  un  second  voyage  que  fît  Bossu  à  la  Louisiane,  il 
eut  occasion  de  visiter  plusieurs  nations  qu'il  n'avoit  pas 
encore  été  à  portée  de  connoîlre  ,  et  qui  toutes  ensemble 
pouvoient  former  quatre  mille  guerriers.  Il  décrit  leurs 
moeurs,  leurs  coutumes,  et  sur-tout  celles  des  Alliba- 
niousjla  principale  de  ces  nations.  Les  habitudes  de  ces 
divers  peuples  et  leurs  opinions  religieuses  ont  une  grande 
afiBnité  entre  elles^et  ne  diflerentquepar  de  légères  nuances. 

Etat  présent  des  établissemens  européens  sur 
le  Mississipi ,  avec  uue  description  géographique 
de  cette  rivière,  orné  de  gravures,  par  Philippe 
Pitsman  :  (  en  anglais  )  Présent  state  of  the  euro- 
pean  settlevients  on  the  Mississipi^  with  a  geogra- 
phical  description  of  the  river,  with  plans ,  by  Ph. 
Pitsman.  Londres,  1770,  m-4*^. 


AMÉRIQUE.    •VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.     l55 

Etat  présent  de  la  Louisiane,  par  Champignj . 
La  Haye,  1776,  iu-8°. 

IVouvEAux  Voyages  dans  l'Amérique  scpion- 
trionale  ,  contenant  une  collection  de  lettres  écrites 
sur  les  lieux  par  l'auteur  à  son  ami  M.  Douin  ,  che- 
valier ,  capitaine  dans  les  troupes  du  Roi  ,  ci- 
devant  son  camarade  dans  le  Nouveau-Monde  ,  par 
M;  Bossu,  chevalier  ,  etc.  ancien  capitaine  dans  le 
régiment  de  la  Marine.  Amsterdam,  1777,  avec 
gravures  en  taille-douce  ,  in-8°. 

Ces  nouveaux  Voyages,  qui  n'ont  pas  été  réimprimés  comme 
les  premiers  ,  sont  assez  rares  en  France. 

Eossu  n'entreprit  ce  troisième  voyage  à  la  Louisiane, 
cédée  depuis  quelques  années  à  l'Espagne ,  que  pour  en 
retirer  les  eflefs  qu'il  y  avoit  laissés  en  des  naains  étran- 
gères. 

A  la  tête  de  sa  relation  ,  est  un  récit  touchant  de  la  fin 
tragique  de  six  officiers  français,  qu'Orelly,  nommé  par 
la  cour  d'Espagne  commandant  général  de  la  liOuisiane, 
(il  impitoyablement  fusiller,  pour  les  punir  ,  soit  du  regret 
qu'ils  avoient  montré  d'être  tombés  sous  la  domination 
espagnole  ,  soildes  démarches  qu'eux  el  plus  de  cinq  cents 
notables  avoient  faites  auprès  du  gouveinemeiil  français, 
pour  obtenir  le  renvoi  de  Don  Ulloa,  qui  primitivement 
avoit  été  nommé  par  le  roi  d'Espagne  gouveineur  général 
de  la  Louisiane. 

Dans  le  cours  de  son  voyage  de  la  Nouvelle-Orléans  atX 
pays  des  AkansaSj  les  provisions  de  J^oshu  lui  fiuenl  enle- 
vées par  un  caïman  ,  c'est  le  crocodile  de  l'Amérique. 
A  cette  occasion  ,  il  rapporte  un  phénomène  qu'ojVre 
quelquefois  cet  amphibie.  Le  27  septembre  i  762  ,, dit-il, 
M.  de  Livoi  étant  à  considérer,  de  son  habitation  ,  la 
marée  perdante,  apperçut  à  la  surface  de  l'eau  quelque» 
rameaux  verts  qui,  au  lieu  de  descendre,  rtmontoient 


l34  BIET.  lOTnÈQUE  DES  VOYAGES, 
au  plus  forl  du  courant.  Sur  ce  cjue  son  né^re  lui  tlil  que 
c'éloit  un  coïman  qui  porloit  sur  son  dos  des  branches 
verles  ,  il  s'embarqua  sur  une  pirogue  pour  s'en  assurer. 
A  son  approche  ,  le  caïman  ,  dont  il  apperçul  distincle- 
nient  la  lêle  et  la  queue,  plongea  dans  le  fleuve,  et  avec 
l'animal ,  aussi  gros  que  la  pirogue  ,  mais  plus  long ,  plon- 
gèrent aussi  les  rameaux.  Pour  expliquer  ce  phénomène. 
Bossu  observe  que  les  lacs  et  les  fleuves  de  la  Louisiane 
nourrissent  des  caïmans  si  gros  et  m  vieux,  qu'ils  ont  dé 
la  mousse  sur  la  tèle  el  sur  le  dos.  Comme  on  leur  fait  sans 
cesse  la  guerre  dans  la  belle  saison  ,  ils  sont  tout  criblés  de 
halles  de  fusil,  qui,  sans  leur  donner  la  mort ,  font  des 
irons  dan.sleur  peau  épaisse.  Ces  amphibies  passent  plu- 
sieurs mois  de  l'hiver  immobiles  el  engourdis  dans  la 
fange  vaseuse  :  c'est  à  celle  époque  qu'il  tombe  dans  les 
cavités  formées  par  les  balles  de  fusil,  des  graines  de  saules , 
d'ormes  ou  d'autres  arbres  dont  les  rivières  de  la  Loui- 
siane soïit  bordées  :  ces  graines  prennent  racine  dans  la 
mousse  qui  coa\  re  le  corps  de  l'animal ,  s'implantent  entre 
cuir  et  chair,  et,  favorisées  par  l'humidité,  forment  les 
rameaux  que  les  caïmans  promènent  avec  eux  lorsqu'ils 
reprennent,  au  printemps,  la  chaleur  et  le  mouvement. 

Eu  poursuivant  sa  roule,  Bossu  faillit  être  la  victime 
d'un  stratagème  qu'emploient  les  Chikas^as,  lorsqu'ils  veu- 
lent .'iur]>rendre  leurs  ennemis.  Pour  l'attirer  lui  et  aa 
troupe  dans  la  forêt ,  où  ils  s'étoient  mis  en  embuscade 
dans  le  dessein  de  leur  enlever  la  chevelure  ou  de  les  faire 
iirisonniers  ,  quelques-uns  d'cn're  les  Chikassas/connois— 
sant  l'ardeur  des  Finançais  pour  la  chasse  ,  s'étoient  revêtus 
de  peaux  de  boeufs,  de  vaches  el  de  veaux  sauvages,  de 
peaux  d'ours,  de  chevreuils,  de  daims  et  de  cerfs,  et  cou- 
roienl  dans  la  plaine  à  la  manière  de  ces  animaux.  Les 
Sauvages  qui  servoienl  de  guides  à  Bossu  lui  découvrirent 
le  piège  ;  et  l'on  s'éloigna  du  rivage  à  force  de  rames. 

Les  alarmes  qu'avoient  données  les  Chikassas  à  Bossu, 
furent  bien  calmées  par  l'accueil  que  Ifli  firent  les  Akansas. 
Il  remarqua  que  ce  peuple  doux  et  hospitalier  se  nour- 


AMERIQUE.  VOTAO.  DANS  L'AMER, 
rissoil  en  grande  partie  d'une  espèce  de  Toile-avoine,  qui, 
stKts  la  forme  de  cièpes  ou  de  bouillie  ,  est  lui  aliment 
également  bon  et  rafraîchis.sant.  Ce  grain  réussit  sans  cni- 
(ure  dans  les  murais  et  dans  les  lacs,  el  s'élève  en  loiHle.s 
au-dessus  de  leau.  Pour  acclimater  ce  grain  en  France, 
le  vo^'ageur  propose  d'en  semer  la  graine  dans  les  marais, 
qui  ne  jjroduisent  que  de  mauvais  joncs,  el  qu'on  utili- 
se roi  l  de  la  sorte  si  avanlagcusement.  Le  succès  lui  en 
parut  d'autant  plus  assuré,  qu'il  prétend  que  notre  climat 
a  quelque  ressemblance  avec  celui  du  pays  des  Akansas. 

Celte  nation  fait  un  grand  usage  des  fumigations  pour 
chasser  les  rhumatismes,  la  goutte,  la  gravelle,  et  d'aulres 
infirmités  de  ce  genre,  et  Bossu  assure  que  c'est  un  remède 
infaillible,  lorsque  le  mal  n'est  pas  in\étéré.  Ce  voyageur 
nous  a  donné  des  notions  sur  piusiem's  autres  peuplades 
de  la  Louisiane  :  une  des  plus  remarquables  frajipe  sur  la 
grande  attention  qu'apportent  les  Alîakapas  au  choix  des 
chefs  de  le urjs  différentes  tribus ,  toujours  pris  parmi  les 
plus  expérimentés  vieillards.  Ces  chefs  étoient  subor- 
donnés enx-mémes  à  une  femme  qui  ,  sous  le  nom  de 
régente  ,  jusiifioit  celte  glorieuse  prérogative  par  sa  sagesse 
el  bOn  couiage,  qui  lui  avoienl  fait  donner  le  nom  de 
Femme  de  valeur. 

L'Itinéraire  des  Français  dans  la  Louisiane  , 
contenant  l'histoire  de  celte  colonie  française  ,  sa 
description ,  le  tableau  des  mœurs  des  peuples  qui 
riiabitent ,  etc....  par  Dubroca.  Paris,  Dubroca , 
1802  ,  in-i2. 

Voyage  à  la  Louisiane  cl  sur  le  continent  de 
l'Amérique  septentrionale  ,  fait  dans  les  années 
1-794  ^'  ^7!)^>  contenant  un  tableau  historique  de 
la  Louisiane  ,  des  observations  sur  son  climat ,  ses 
riches  [)roductions  ,  le  caractère  et  le  nom  des  Sau- 
vages, des  remarques  importantes  sur  la  navigation , 


l56         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

des  principes  d'admimslralion  ,  de  lé^^islalioQ  el  de 

gouvernement  ,  propres  à  cette  colonie  ,  elc par 

B*'*"'*'  D*'*'*  [Baudtj  de  Lozieres)  ,  orné  d'une  carte 
de  la  Louisiane  et  des  pays  voisins ,  d'après  les  rela- 
tions les  plusrécemes.  Paris,  Dentu  ,  an  x  — 1802  , 
in-8". 

L'auteur  rie  ce  nouveau  voy;ige  a  resserré  dans  un  cadre 
assez  étroit  jes  notions  qu'on  nous  avoil  données  sur  la 
Louisiane  dans  des  relations  plus  étendues  ;  il  eu  a  rajeuni 
fjueiques-nnes  ,  il  en  a  nièrae  donné  de  nouvelles.  Cette 
observation  s'upjjlique  particulièrement  au  tableau  liislo- 
rique  qu'il  trace  des  guerres  soutenues  par  les  Français 
contre  les  Anglais  et  les  Sauvages ,  à  la  description  qu'il 
fait  du  pays,  aux  détails  inléressans  où  il  entre  sur  la 
jialure  de  son  sol ,  le  genre  de  ses  productions,  les  dilfé— 
lentes  brandies  de  commerce  et  d'industrie  qui  déjà 
faisoienl  fleurir  à  un  certain  point  celte  colonie  sous  une 
douiinalion  étrangère. 

Le  principal  objet  de  sa  relation  ,  est  d'indiquer  les 
moyens  de  viA'ifier  la  colonie  de  la  Louisiane.  Un  des 
principaux ,  est  d'entretenir  la  bonne  intelligence  avec 
les  nombreuses  nations  répandues  dans  la  Louisiane  et 
dans  les  contrées  adjacentes:  c'est  à  cet  effet  qu'il  donne 
une  liste  de  ces  nations,  dont  il  porte  le  nombre  à  cent 
quarante-cinq  ,  en  déclarant  même  que  cette  liste  est  Irès- 
inconij^Ièle.  Il  entre  dans  quelques  détails  concernant 
celles  de  ces  uafions  qui  bonI  dispersées  sur  les  bords  du 
Mississipi  et  sur  d'aulres  rivières  dont  est  arrosé  le  conti- 
nent de  la  Louisiane.  On  lui  doit  aussi  des  vocabulaires 
«3e  deux  des  principales  langues  de  ces  nations  sauvages  : 
ils  sont  bien  précieux  poui-  ceux  que  l'attrait  d'une  tem- 
pérature égaleirenl  saine  el  agréable,  et  l'extraordinaire 
fertilité  du  sol,  doivent  exciter  à  former  dans  la  Louisiane 
de  nouveaux  étabiissemens.  L'auteur  d'ailleurs  leur  in- 
dique des  moyens  aussi  sûrs  que  faciles  de  le  faire  avec 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.  1^7 
succès;  et  par  cela  même,  il  ouvre  une  source  toujours 
croissante  de  prospérité  pour  la  colonie.  Outre  des  vues 
sur  l'agriculture,  l'industrie  et  le  commerce,  la  relation 
renferme  quelques  noiions  sur  plusieurs  points  de  l  his- 
toire naturelle  du  pays,  et  principalement  sur  la  bola- 
iiique. 

Mémoire  ou  Conp-d'œll  rapide  sur  mes  voyages 
dans  la  Louisiane  ,  et  mon  séjour  dans  la  nation 
Crek  ,  parle  géne'ral  Melfort ,  ïestanogy  ou  grand 
chef  de  la  nation  Crek,  et  général  de  brigade.  Paris, 
Giguet  et  Michaud,  an  x  — 1802  ,  in-8°. 

Aucune  relation  n'a  donné  des  renseignemens  aussi 
inslruclifs  que  le  sont  ces  Mémoires  sur  la  nation  Crek  , 
l'une  des  peuplades  les  plus  considérables  de  la  Loui- 
siane ,  et  dont  le  voyageur  relève  la  bonne-foi,  la  fran- 
cjiise ,  et  toutes  les  vertus  morales  que  comporte  la  con- 
dition des  nations  sauvages. 

Vues  de  la  colonie  espagnole  du  Mississipi ,  ou 
des  provinces  de  la  Louisiane  et  de  la  Floinde  occi- 
dentale ,  en  l'année  t  802  ,  par  un  observateur  rési- 
dant sur  les  lieux  ,  accompagnées  de  deux  cartes 
dressées  avec  soin  et  artistement  enluminées  ;  pu- 
bliées par  N**'*'  Du  Vallon.  Paris ,  Surouc,  i8o3  , 
in-8°. 

Sur  les  nombreuses  relations  que  nous  avons  de  la  Loui- 
siane ,  ces  observations  ont  l'avantage  d'ofifrir  le  dernier 
état  d'un  pays  si  vaste  et  des  contrées  qui  l'avoisinent. 
L'auteur,  lidèle  à  son  titre,  s'y  est  particulièrement  atta- 
ché à  décrire  tous  les  établissemens  qui  se  trouvent  sur  les 
bords  du  Mississipi.  Il  indique  ,  dans  un  grand  détail ,  les 
dillérentes  cultui'es  ,  trace  un  rapiile  tableau  du  com- 
merce du  pays  et  de  ses  résultats,  el  fait  succéder  à  des 
recherches  sur  la   population  des  parties  inférieures  et 


l38  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

supérieures  de  la  colonie,  plusieurs  observations  sur  !• 
gouvernement,  la  police,  les  cultes,  l'ordre  judiciaire, 
les  moeurs,  les  usages,  et  les  différentes  classes  entre  les- 
quelles se  partagent  les  habilans. 

Skcond  Voyage  à  la  Louisiane  ,  faisant  suite  au 
premier  de  l'auteur,  de  1794  à  1798,  contenant  la 
Yie  niilitaire  du  général  Grondel ,  doyen  des  armées 
de  France,  qui  commanda  long-temps  à  la  Loui- 
siane ,  et  fut  honoré  de  cent  dix  ans  de  service  ;  un 
détail  sur  les  productions  les  plus  avantageuses  ,  le^ 
plus  extraordinaires  de  cette  belle  colonie ,  et  sur 
ses  quartiers  les  plus  fertiles  et  les  plus  lucratifs  ; 
de  nouvelles  réflexions  sur  les  colonies  en  général , 
et  le  régime  nécessaire  aux  personnes  des  colonies 
pendant  la  première  année  de  leur  aj:rivée  ;  par 
Baudrj  des  Lozieres.  Paris,  Charles,  an  xi  —  i8o5, 
2  vol.  in- 8°. 

A  la  notice  biographique  qu'annonce  le  titre ,  et  qui 
offre  une  prolongation  de  services  njililaires  sans  exemple, 
succèdent  des  observations  très-délaillées  sur  tous  les  objets 
indiqués  aussi  dans  le  titre.  Quoiqu'on  ait  beaucoup  écrit 
sur  la  Louisiane  ,  elles  peuvent  être  encore  d'une  grande 
utilité  par  les  notions  nouvelles  qu'on  y  trouve  sur  celte 
colonie.  Le  surplus  delà  relation  n'est  pas  moins  intéres- 
sant, mais  est  entièrement  étranger  à  la  Louisiane. 

MÉMOIRES  sur  la  Louisiane  et  la  Nouvelle-Or- 
léans. Paris  ,  Ballard  ,  i8o5,  in-i2. 

Voyage  dans  les  deux  Louisiaues,  par  M.  Periin 
du  Lac.  Paris,  Capelle  et  Ptenaud  ,  i8o5,  i  vol. 
in-8\ 

Le  même,  traduit  en  allemand  ,  avec  planches  et  cartes, 
par  M.  Millier,  sous  le  litre  suivant  : 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.    lOQ 
Reisen^  in  die  heiden  Louis i aiieri ,  etc....   I^eip- 
sic  ,  Hiurichs,  1806;  2  vol.  in-S^. 

L'auteur  a  consacré  plus  d'un  tiers  de  sa  relation  à  des 
ohjels  absolument  étrangers  à  ce  que  son  titre  annonce, 
tels  que  la  peinture  des  moeurs  des  liabilan»  de  Philadel- 
phie ,  des  obsejvalions  sur  Jersey ,  Baltimore  ,  Georges- 
Town  ,  sur  les  diverses  huttes  qui  y  sont  répandues  ,  enfin 
des  di.sserlations  «nr  le  commerce  et  la  fièvre  jaune.  Cette 
partie  de  son  Voyage  n'(|rfîVe  rien  de  neuf,  que  de  nou- 
veaux détails  sur  quelques  Européens  répandus  sur  les 
derrières  de  la  Virginie,  que  leur  vie  vagabonde  dans  les 
épaisses  forêts  de  ces  contrées,  où  ils  ne  s'occupent  que  de 
la  chasse  ,  a  presque  lendus  sauvages. 

Lorsqu'il  arrive  à  la  Louisiane  ,  son  Voyage  devient 
d'un  plus  grand  intérêt.  Ce  n'est  point  par  la  description 
géographique  qu'il  fait  des  deux  Louisianes  ;  il  ne  nous 
apprend  presque  rien  à  cet  égard  ,  et  tout  son  méi  ite  est 
celui  de  l'exactitude  :  mais  il  nous  procure  des  notion.s 
nouvelles  sur  les  moeurs  et  les  usages  d'un  grand  nombre 
de  peuplades  de  la  Louisiane.  On  est  étonné  d'y  trouver 
quelque  conformité  avec  ceux  de  plusieurs  grandes  nations 
asiatiques. 

L'affreuse  coutume  de  boire  dans  le  crâne  de  leurs  enne- 
mis, celle  qu'on  doit  regarder  comme  plus  barbare  en- 
core, d'obliger  leurs  vieillards  de  se  poignarder  ou  de  se 
pendre,  leur  sont  commîmes  avec  beaucoup  de  Sauvages 
de  l'Amérique  septentrionale  :  mais  il  en  est  une  qui  paroît 
être  propre  à  certaines  tribus  de  la  Louisiane ,  c'est  de 
conserver  chez  eux  des  individus  qui  sont  habituellement 
habillés  en  femmes,  et  qui  ^.ainsi  travestis,  mènent  la  vie 
la  plus  infâme. 

Si  les  indigènes  de  la  Louisiane  sont  véritablement 
odieux  sous  ces  différens  rapports,  on  s'en  forme  une  idée 
plus  favorable  sous  celui  de  leur  prodigieuse  sagacité.  Elle 
se  manifeste  particulièrement  dans  le  procédé  qu'ils  em- 
ploient pour  se  diriger  avec  sûreté  dans  les  longues  excur- 


^4^         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

sïons  où  les  entiaîiient  la   chasse  et  la  pêche.  Aucune 

nalion  des  autres  parties  de  l'Amérique  ne  peut  leur  être 

.  comparée  à  cet  égard.  Ils  ont  imaginé  en  effet  des  espèces 
de  caries  géograpliiques.  Ce  sont  des  peaux  sur  lesquelles 
ils  dessinent  avec  une  précision  merveilleuse  les  pays  qu'ils 
ont  parcourus,  les  rivières  qu'ils  ont  traversées.  Ceci  ne 
peut  être  qiie  l'ouvrage  d'une  intelligence  extraordinaire 
chez  des  hommes  qui  n'ont  eu  d'autre  instituteur  que  la 
nature.  Mais  c'est  uniquement  à  des  sens  perfectionnés 
par  un  long  exercice  qu'ils  doivent  le  rare  avantage  de  se 
dnjger  avec  une  entière  sécurité  à  travers  d'immenses 
savannes,  d'épaisses  forêts ,  sans  avoir  recours  à  l'inspec- 
tion des  astres,  et  sans  avoir  le  secours  de  la  boussole. 
La  relation   renferme    beaucoup   d'autres   détails  qui 

•  décèlent  un  observateur  attentif  et  éclairé.  On  auroit  dé- 
siré que  le  mérite  du  style  répondit  un  peu  plus  à  celui 
des  observations. 

§.  VIII.  Descriptions  de  la  Californie.  Koy âges  faits 
dans  cette  contrée. 

Voyage  de  François  de  Ulloa  dans  la  Californie  : 
(en  anglais)  Francisci  de  Ulloa  s  Voyage  to   Cali- 
fornia  ,  16 3^.    (Inséré  dans  la  Collection  de  Ha- 
kluit.  ) 

Voyage  de  Ferdinand  Alarcon  dans  la  Califor- 
nie :  (en  anglais)  Ferdinandi  Alarcon  s  Voyage  to 
California,  i54o.   (Ibid.) 

Extrait  louchant  les  découvertes  des  îles  de 
la  Californie  :  (eu  anglais)  Extrait  touching  the 
discoveiy  from  the  islands  of  California ,  lÔqy. 
(Ibid.) 

Histoire  des  voyages  par  mer  et  par  terre  au 
nord  de  la  Californie  ;  (en  espagnol)  Diario  Hislo- 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  SEPT.  l4l 
rial  de  tos  pliages  de  mar  y  terra  hecîios  ad  norte  da 
la  California.  Madrid  ,  in-4'*« 

Cet  ouvrage  est  fort  rare  :  je  n'ai  pas  pu  en  découvrir 
la  date. 

Mémoires  sur  la  Californie  ,  parles  Jésuites  (en 
espagnol).  Madrid,  17^7,  5  vol.  in-4*'. 

Histoire  de  la  province  de  Cinaola  (sur  les  côtes 
de  la  Californie)  ,  par  D.  Pcrch  de  Roxos  :  (en  espa- 
gnol) Historia  délia  provincia  de  Cinaola,  etc.... 
Madrid  ,  in-4°. 

Notice  de  la  Californie  et  de  sa  conquête  spiri- 
tuelle et  temporelle,  jusqu'au  temps  actuel,  rédigée 
par  André-Marc  Burriel ,  sur  l'histoire  manuscrite 
composée  au  Mexique  en  l'année  lySg,  par  le 
P.  Michel  Venegas ,  et  sur  d'autres  notices;  aux- 
quelles on  a  ajouté  quelques  cartes  particulières 
et  une  carte  générale  de  l'Amérique  septentrionale 
et  orientale  :  (en  espagnol)  And.  Marc.  Burriel 
Noticia  de  la  California  j  de  su  conquisia  temporal  y 
spiritual ,  hasta  el  tempo  présente  ,  facada  de  la  his- 
toria m  anus  Cîita  formata  en  Mexico  anno  iy3Q,por 
{el  Padro  Miguel  Venegas),  y  de  otras  noticias  accei- 
dida  de  alcunas  mapas  particulares  y  una  gênerai 
de  la  America  septentrionale  j  orientale.  Madrid  , 
1768,  3  vol.in-4°. 

La  même,  traduite  en  anglais  sous  le  titre  suivant  : 

Histoire  naturelle  et  civile  de  la  Californie  ,  par 
le  P.  Venegas  jixvec  des  cartes  :  (en  anglais)  Miguel 
Venegas  a  natural  and  civil  History  of  California. 
IjOndres,  17^9,  2  vol.  in-iS*^. 


î42        eiblîothÈquk  des  VOVAGES. 

—  La  même,  traduite  eu  hollandais.  Harlem, 
1761,  5  vol.  in-S**. 

La  même  ,  traduite  en  français  sous  le  titre  suivant  : 
Histoire  naturelle  et  civile  de  la  Californie,  con- 
tenant une  description  exacte  de  ce  pays ,  de  son 
sol ,  de  ses  njontagnes ,  lacs ,  rivières  et  mers  ,  de 
ses  animaux ,  végétaux  ,  minéraux  ,  et  de  sa  fameuse 
pêcherie  de  perles  ;  les  moeurs  de  ses  habitans , 
leur  religion  ,  leur  gouvernement ,  et  leur  façon  de 
vivre  avant  leur  conversion  au  christianisme  ;  un 
détail  des  difïérens  voyages  qu'on  a  faits  pour  y 
parvenir  ,  et  reconnoître  son  golfe  et  la  côte  de  la 
mer  du  Sud  ,  enrichie  de  la  carte  du  pays  et  des 
mers  adjacentes  :  traduite  de  l'anglais  par  M.  *** 
(Eidous).  Paris,  Durand,  1767,  5  vol.  in-12. 

—  La  même  ,  traduite  en  allemand  par  Chris- 
tophe Adelung.  Lemgo.  1769-1770,  3  part.  in-4°. 

C'est  sur  la  traductiou  anglaise  qu'a  été  faite  la  traduc- 
tion française. 

Avant  la  publication  de  l'ouvrage  de  Venegas  ,  on 
n'avoit  que  des  lumières  très-imparfaites  sur  la  Californie. 
Cette  vaste  péninsule  avoit  été  reconnue  par  l'un  des  capi- 
taines de  Fernand  Cortez,  d'après  les  insirffctions  de  cet 
homme  célèbre ,  qui  lui-même  y  vint  en  1 556  ,  apiès  avoir 
débai'qué  dans  le  golfe  qu'on  a  depuis  appelé  la  mer  Ver- 
meille. Le  capitaine  Sébastien  Visemino  avoit  visité  ca 
pays  en  i6o2,  et  sa  relation  contient  un  détail  curieux  et 
circonstancié  de  la  côte  occidentale  de  la  Californie,"Wood 
Rogers  et  l'amiral  Anson  en  parcoururent  les  côtes  à  des 
époques  beaucoup  plus  récentes  ;  mais  leurs  relations  pro- 
curent peu  d'instruction.  La  connoissance  de  celte  con- 
trée éloit  renfermée  dans  les  mémoires  des  missionnaires 
jésuites,  auxquels  le  gouvernement  espagnol  avoit  en  quel- 


AMERIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.     IZp 

que  sorle  abandonné  l'adminislralion  de  ce  paj?.  C'tst 
dans  ces  sonrces  que  Ijurriel  a  puisé  pour  composer  sou 
ouvrage,  où  tout  ce  qu'annonce  le  titre  de  la  traduction 
française  est  traité  avec  beaucoup  de  soin  ,  et  une  critique 
plus  judicieuse  qu'on  ne  s'y  seroit  attendu  ,  d'a])rès  les 
documens  sur  lesquels  il  a  travaillé.  Quelquefois  néan- 
moins ,  il  a  hasardé  des  assertions  dont  la  fausseté  a  été 
relevée  dans  l'ouvrage  suivant  :  on  peut  aussi  lui  repro- 
cher de  s'être  tiop  étendu  sur  les  travaux  des  mission- 
naires. 

Dissertation  sur  la  véritable  situation  etTéiat 
politique  de  la  Californie  ,  par  Jose})h -Adolphe 
Hartmann  :  (eu  latin)  Jos.  Adolph.  Hartmann  Dis- 
sertatio  devero  Californiae  situ  et  conditione.  lySc), 
in-S". 

Notices  de  la  péninsule  américaine  de  la  Cali- 
fornie ,  avec  un  index  d'assertions  fausses ,  par 
Begert:  (en  allemand)  JYachrichten  voti  der  Jtmerika- 
nischen  Halbinsel  Californien  ,  mit  einem  zweifachen 
Anhang  falsclier  Nachrichten ^  von  Begert.  Manheim, 
1772. 

Voyage  en  Californie  ,  pour  l'observation  du 
passage  de  Vénus  sur  le  disque  du  soleil,  le  y  juin 
1769,  contenant  la  description  des  phénomènes, 
avec  un  plan  de  la  ville  de  Mexico,  par  l'abbé  Chappe 
d' Auteroche ,  et  la  narration  historique  de  la  mort 
de  Tauteur;  revu  et  publié  par  M.  Cassini.  Paris  , 
Jombert ,  1778  ,  in-4*'. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  anglais  sous  le  litre  suivant  : 

Voyage  en  Californie,  par  d'Auterochc  :  (  en 
anglais)  D'Auterochc' s  Journey  in  California.  Lon- 
dres, 1780,  in-8''. 


44  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
Avant  l'idléresscint  voyage  que  MM.  Humhold  et  Bott-^ 
pland  ont  fail .  pendant  le  cours  de  six  années  ,  dans  les 
colonies  espagnoles,  nous  n'avions  rien  de  plus  récent  et 
de  plus  authentique  sur  la  ville  de  Mexico  ,  capitale  du 
Mexique  ,  que  ce  que  nous  en  a  transmis  Chappe  d'Aule- 
roche  dans  son  Voyage  en  Californie.  On  y  voit  que  celte 
ville  est  bâtie  sur  les  bords  d'un  lac ,  que  de  nombreux 
canaux  la  traversent  ,  et  que  les  maisons  et  autres  édifices 
sont  construits  sur  pilotis.  Il  paroit  que  les  eaux  du  lac 
ont  diminué  de  manière  à  laisser  à  l'ouest  un  accès  par 
des  terres  marécageuses.  La  plus  grande  partie  de  l'em- 
placement de  la  ville  ayant  été  conquise  en  quelque  sorte 
sur  les  eaux  ,  le  sol  est  resté  mouvant  dans  plusieurs  en- 
droits; et  quelques  bàtimens  ,  tels  que  celui  de  la  cathé- 
drale ,  se  sont  enfoncés  de  six  pieds.  Le  peu  de  solidité  des 
fondemens  a  empêché  de  terminer  la  partie  extérieure  de 
celle  église.  On  conçoit  que  dans  le  pays  des  mines,  les 
richesses  ont  dû  être  prodiguées  dans  les  églises.  Toutes  , 
et  jusqu'aux  chapelles  même  ,  sont  chai^gées  d'ornemeus 
en  métaux  précieux.  La  balustrade  qui  entoure  le  maître- 
autel  de  la  cathédrale  est  d'argent  massif:  on  a  poussé  la 
prodigalité  de  ce  métal  jusqu'à  en  fabriquer  une  lampe  si 
vaste  ,  que  trois  hommes  y  entrent  pour  la  nettoyer.  On  l'a 
enrichie  en  outre  de  têtes  de  lions  et  d'autres  ornemens 
qui  sont  d'or  pur.  Quant  aux  statues  de  la  Vierge  et  des 
saints,  elles  sont  toutes  d'argent  massif,  ou  recouvertes 
d'or  et  ornées  de  pierres  précieuses.  Le  palais  du  vice-roi , 
construit  par  les  ordres  de  Cortez  dans  l'emplacement 
même  où  étoit  celui  de  Monfezuma,  est  situé  sur  une 
place  qui  occupe  le  centre  de  la  ville,  dans  le  voisinage 
de  la  cathédrale.  En  le  bâtissant,  on  s'est  plus  occupé  d'y 
donner  de  la  solidité  qu'on  n'a  cherché  l'élégance.  Le 
principal  édifice  après  ce  palais,  est  l'hôtel  des  monnoies  , 
où  l'on  emploie  plus  de  cent  ouvriei^s ,  parce  que  les  pro- 
priétaires des  mines  y  échangent  leurs  lingots  d'argent 
pour  des  pièces  frappées.  Les  maisons  particulières  sont 
^construites  dans  le  même  goût  que  celles  d'Espagne. 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMKR.  SEPT.  I /j  5 
La  iialiue  du  sol  esigeroit  une  police  alten'ive  el  loiilos 
les  recherches  de  la  propreté  hollandaise.  Comme  ni  l'une 
ni  l'aulre  n'existe  à  Mexico,  les  rues,  quoique  droites  et 
larges,  sont  extrêmement  sales.  Celle  ville  el  ses  environs 
n'ont  qu'une  seule  promenade  ,  qu'on  appelle  V ^ la?ne da  .- 
elle  est  formée  de  huit  allées  d'ai-bres  figurant  une  étoile  , 
autour  desquelles  circule  un  ruisseau  qui  forme  dans  le 
centre  un  bassin  avec  un  jet -d'eau.  Le  sol  n'étant  pas 
favorable  à  la  végétation,  les  arbres  sont  peu  rigoureux. 

En  face  de  celte  promenade ,  est  le  Quemadaro  .•  on 
nomme  ainsi  la  place  où  se  font  les  exéculions  sanglantes 
de  l'inquisition.  Suivant  la  relation  d'Auteroche,  il  y  a 
dans  cette  place,  enclose  de  murs  ,  des  trous  où  Ton  pré- 
cipite les  malheureuses  victimes  qui  ont  été  condamnées 
au   feu. 

Le  pbis  grand  luxe  règne  à  Mexico.  Les  Mexicains  de 
race  espagnole  sont  communément  velus  de  soie  :  ils  por- 
tent à  leurs  chapeaux  des  tresses  d'or  et  des  roses  de  dia- 
mant. Il  n'est  pas  rare  de  voir  les  esclaves  même  parés  de 
colliers  et  de  bracelets  d'or ,  d'argent  et  de  perles  ou  de 
pierres  précieuses.  L'élégance  de  la  parure  chez  les  femmes, 
rehausse  encore  leur  beauté  ,  qui  est  i-emarquable.  Pour 
fournir  à  ce  luxe ,  des  boutiques  resplendissantes  d'or  , 
d'argent,  de  bijoux  ,  sont  très-multipliées  à  Mexico.  D'Au- 
teroche  ne  dit  rien  de  la  multiplicilé  ,  de  la  magnificence 
des  voitures.  Ce  genre  de  luxe  n'a  pas  dégénéré  sans  doute 
depuis  Gage,  qui  assure  que  de  son  temps,  c'est— à-dire 
en  i64o,on  comptoit  à  Mexico  quinze  mille  carrosses, 
dont  plusieurs  étoient  enrichis  d'or  et  de  pierreries  ,  et  qui 
ajoute  que  telle  étoit  l'opulence  des  habilans  de  cette  ville, 
qu'à  vue  d'oeil,  la  moitié  des  familles  avoit  équipage. 

Oii  trouve  à  la  fin  du  Voyage  d'Auteroche,  «ne  lettre 
de  Don  Alzate  ,  gentilhomme  mexicain  ,  adressée  à  l'aca- 
démie royale  des  sciences  de  Paris:  il  y^  parle  d'arbres 
d'une  dimension  prodigieuse  :  il  en  cite  même  un  qui  a 
cinquante  pieds  de  circonférence,  cela  n'est  pas  yaus 
exemple  dans  d'autres  pays  ;  mais  il  faut  se  déRer  peut- 
VI.  K 


1.46  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

êire  d'un  fait  qui  y  est  consigné  ,  et  qu'il  n'avance  que 
d'après  les  rapports  qui  lui  ont  été  faits,  c'est  que  dans  les 
fouilles  d'une  mine  de  la  province  de  Roncra,  on  a  trouvé 
des  squelettes  huniaiiKs  pétrifiés  ,  qui  ont  r-endu  beaucoup 
d'argent. 

Relation  du  voyage  entrepris  par  les  goé- 
lettes la  Futile  et  la  Mexicaine ,  en  l'année  1792  , 
pour  reeonnoître  le  détroit  de  Jean  de  Fuca,  avec 
une  introduction  où  l'on  donne  la  notice  des  expé- 
ditions exécutées  antérieurement  par  les  Espa- 
gnols ,  dans  la  recherche  du  pays  nord-ouest  de 
l'Amérique,  publiée  par  ordre  du  Roi:  (en  espa- 
gnol) Relacion  del  viage  hecho  por  las  goletas  Fulil 
r  Mexicana  ,  en  el  afio  i/^2  ,  para  reconocer  el 
estrecho  de  Juan  de  Fuca ,  con  wia  introduccion  en 
que  se  dci  noticia  de  las  e.xpediciones  executadas 
anteriormente  por  los  Espaâoles  en  busca  del  paso 
del  nor-oeste  de  la  America  j  de  ordeu  del  Rej. 
Madrid,  de  l'imprimerie  royale^  1802,  in-4''. 

Atlas  pour  le  Voyage  des  goélettes  la  Futile  et 
la  Mexicaine ,  pour  reconnoître  le  détroit  de  Jean 
de  Fuca ,  publié  en  1 802  :  (en  espagnol)  Atlas  para 
el  Viage  de  las  galetas  Futil  y  Mexicana^  al  reco^ 
nocimieiito  del  estrecho  de  Juan  de  Fuca  en  1702 , 
publicado  en  1S02.  Peut  in-fol. 

Cet  atlas  est  composé  de  quatre  cartes,  do  cinq  plans  , 
de  deux  vues  ,  de  trois  portraits  et  de  trois  planclies. 

Dans  les  trois  premières  cartes ,  sont  figurées  les  côtes 
de  la  Californie;  el  dans  la  quatrième,  les  découverte» 
faites  eu  1602,  par  le  capitaine  Sébastien  Viscayno. 

Les  plans  sont  ceux  ,  1°.  du  jiort  de  San-JJiego ;  a°.  du 
port  el  de  la  baie  de  Monterez  ;  3".  de  la  calle  des  Amigos 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMrU.  SEPT.  1  q.'J 
clans  la  baie  de  Nufka  ;  4"".  du  poit  de  Mulgiave  ;  5°.  du 
port  de  Dezengano, 

Des  deux  vues,  Fune  représenle  une  fête  donnée  à 
Nutka  ,  par  le  chef  Macuina  ,  pour  célébrer  les  indices  de 
l'époque  où  il  enlroit  dans  l'âge  de  puberté.  L'autre  ofl're 
l'intérieur  de  la  calle  des  Amigos ,  et  rétablissement  des 
Espagnols  dans  la  baie  de  Nutka. 

Des  trois  planches,  la  première  figure  le  tabernacle  ou 
l'oraloire  du  chef  de  Nutka  ;  la  seconde,  une  planche  de 
bois  chargée  d'hiéroglyphes,  qui  a  été  trouvée  dans  le 
canal  de  la  Table;  la  troisième,  est  une  copie  fidelle  des 
dessins  qui  se  trouvent  dant;  le  Voyage  original  de  Her- 
nand  de  Grisalua  ,  avec  quelques  particularités  dont  il  est 
parlé  dans  l'extrait  qui  accompagne  cet  ouvrage. 

Les  trois  portraits ,  sont  ceux  de  Macuitia  ,  chef  de 
Nutka;  de  Tetacus  ,  chef  de  l'entrée  de  Jean  de  Fuca  ; 
et  de  la  femme  de  Tetacus ,  que  les  Espagnols  connoii- 
fioient  sous  le  nom  de  Marie. 

Ces  cartes,  ces  pians,  ces  vues,  ces  poitrails,  jellent 
beaucoup  de  lumière  sur  les  objets  dont  il  est  traité  dans 
la  relation  ,qui  renferme  plusieurs  renseignemens  curieux 
sur  la  Californie  :  on  y  voit  que  l'intérieur  de  cette  pénin- 
sule est  habité  par  deux  nations  différentes,  \t%  Runslères 
et  les  Eslènes^  qui  n'ont  rien  de  commun  ,  ni  dans  le  lan- 
gage ,  ni  dans  quelques-unes  de  leurs  habiludes.  L'homi- 
cide est  puni  de  mort  chez  les  Eslèues ,  tandis  que  chez 
les  Runsières,  ce  crime  n'est  envisagé  qu'avec  une  froide 
indifférence  :  ils  ont  cela  de  commun  ,  qu'ils  se  nourrissent 
des  fruits  spontanés  de  la  terre  ,  et  par  conséquent  ne  con- 
noissent  aucune  espèce  de  propriété.  La  polygamie  est 
prohibée  aussi  chez  les  deux  peuples.  Ils  se  rapprochent 
encore  sous  plusieurs  autres  rapports  :  leur  indolence  ,  jjar 
exemple,  est  extrême,  et  par  suite ,  c'est  à  leurs  femmes 
qu'ils  imposent  tout  le  poids  du  travail.  La  relation  les 
dépeint  comme  très-inso!ens  lorsqu'ils  sont  les  plus  forts 
timides  et  lâches  à  l'excès,  lorsqu'ils  éprouvent  quelque 
résistance.  Ceux  que  les  missionnaires  sont  parvcuus  à 


I/jS  îil  BLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

rassembler,  travaillent  en  commun,  mais  ne  iTiontrtnf 
que  peu.  d'inlelligence.  Ceux  denfre  eux  auxquels  on  avort 
concédé  des  lerres  pour  les  cultiver  à  leur  profit  particu- 
lier ,  les  ont  abandonnées.  La  population  des  indigènes 
répartis  dans  les  onze  missions  espagnoles  qui  dépendent 
de  l'établissement  de  Monterey  ,  ne  s'élevoit  pas,  en  1791, 
au-delà  de  sept  mille  trois  cents  individus.  Il  n'y  a  de 
colons  européens  dans  la  Californie,  que  les  militaires, 
auxquels  il  est  défendu  d'y  former  aucun  établissemenf. 
Ij'auîeur  de  la  relation  eslime  que  cette  prohibition  est  le 
plus  grand  obslacle  à  la  prospérité  de  la  colonie ,  où ,  par 
la  nature  du  sol  ,  l'agriculture  pourroit  faire  de  grands 
progrès  :  ce  sol ,  en  efl'et ,  à  l'exception  des  livages  de  la 
mer,  où  se  trouvent  des  bancs  de  sable  mobiles,  est  une 
terre  noire  et  grasse  d'un  ou  de  deux  pieds  d'épaisseur ,  qui 
repose  sur  une  argile  sablonneuse.  On  y  cultive  avec  suc- 
cès le  froment ,  l'oige  ,  les  pois  chiches ,  les  fèves ,  les  len- 
tilles ,  etc. 

Cette  relation  renferme  encore  des  détails  intéressans 
sur  les  mœurs  des  Sauvages  de  la  baie  de  Nulka,  située 
sur  la  côte  occidentale  de  l'Amérique,  où  Cook  répara  son 
escadre,  que  les  Anglais  ont  fréquentée  depuis  pour  le 
commerce  des  pelleteries,  qu'en  i  790  ,  les  Espagnols  vou- 
lurent leur  interdire,  mais  qu'ils  ont  été  obligés  ensuite  de 
leur  laisser  fréquenter  librement. 

§.  IX.   Descriptions  du  Nouveau-Mexique .  Fojages 
faits  dans  ce  pays. 

Voyage  de  Roger  7?oJe«/i<2m  au  Nouveau-Mexi- 
que, en  i564  :  {gh  anglais)  Rogerii  Rodeidiam's 
J^oyage  inio  New-Mexico  ^  16 64.  (Inséré  dans  la 
Collection  de  Hakluit.) 

Voyage.  d'Augustin  Rei  an  IVouveau-Mexique , 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.     1 49 

tiu  i58i  :   (en  anglais)  Augustini  Reiis  f^oyage  to 
New-3Iejcico  ,  jâ8i.   (Ibid.) 

Voyage  d'Antoine  de  Espejo  dans  la  Nouvelle- 
Galice  ou  Nouveau-Mexique  ,  en  i583  :  (en  anglais) 
Antonii  de  Espejo' s  Kojage  in  New-dalicia  OT New- 
Mejcico  ,  1682.   (  Ibid.  ) 

C'est  à  Espejo  qu'est  àue  la  clécouverLe  ,  en  i553,  de  ce 
f»iancl  continent  de  l'Amérique  septentrionale,  fort  peu- 
plé par  diverses  nations  sauvages,  dont  le  plus  grand 
nombre  ont  conservé  jusqu'ici  leur  indépendance,  et 
où  l'on  a  découvert,  dans  le  cours  du  siècle  dernier, 
des  mines  au  moins  aussi  riches  que  celles  de  l'ancien 
Mexique. 

Histoire  du  Nouveau-Mexique  ,  par  Gaspard 
de  Villagra  :  (en  espagnol)  Gaspar  de  Fillagra , 
Histor la  délia  Nuev a-Mexico.   Alcala  ,  1610,  in-8*'. 

§.  X.  Descriptions  du  Mexique.  T^oj âges  faits  dans 
cette  contrée. 

Histoire  du  Mexique  ,  par  figures.  (Insére'e  en 
anglais  dans  le  recueil  de  Purcliass.) 

Cet  ouvrage  a  élé  traduit  en  français  par  Melchiscdecli 
Tlievenot,  sous  le  titre  suivant, et  se  trouve  dans  sa  collec- 
tion (partie  quatrième). 

Histoire  du  Mexique,  par  figures  explique'es 
en  langue  mexicaine  ,  et  depuis  en  langue  espa- 
gnole. 

A  la  tête  de  cette  traduction,  est  celle  de  l'avis  tiré  du 
Recueil  de  Purcliass,  conçu  en  ces  termes: 

(c  Ce  ne  fut  pas  sans  peine  que  le  gouverneur  du  Mexique 
ù  lira  des  mains  de  ceux  du  pays  celte  liisloire,  avec  une 


l5o         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

2>  interprétation  en  langue  mexicaine  des  figures  qui  la 
5)  composent.    Il  fit  traduire  cette  explication  de  la  langue 
5)  mexicaine  en   espagnol.    Le  vaisseau    dans  lequel    on 
:»  l'avoit  mise  pour  l'envoyer  à  l'empereur  Charles  v,  fut 
»  pris  par  un  Français,  et  elle  (i)  tomba  entre  les  mains 
»  d'André  Thévet.  Hackluit,  qui  éloit  alors  aunaônier  de 
))  l'ambassade  d'Angleterre,  l'acheta  depuis  des  héritiers 
M  de  Thévet,  et  fit  en  sorte  qu'un  nommé  Locke  la  tra- 
»  duisit  d'espagnol  en  anglais  par  l'ordre  de  Waller  Raleigh 
»  Henri   Spelman  ,  si  connu  des  gens  de  lettres  par  ses 
»  savans  ouvrages. obligeaPurchass,  quelque  temps  après, 
»  d'en  faire  tailler  les  figures,  qui  se  sont  conservées  par 
■y)  ce  moyen,  et  que  l'on  donne  au  public.  Ce  livre,  ou 
5)  plutôt  ce  recueil  de  figures ,  est  divisé  en  trois  parties. 
5)  Les  figures  de  la  première  contiennent  les  annales  de 
>)  l'empire  du  Mexique  ;  la  seconde ,  ses  revenus ,  ce  que 
M  chacune  de  ses    bourgades   payoit  de   tribut,  avec  les 
V  richesses  naturelles  dont  elles  jouissoient.   L'économie 
»  des  Mexicains ,  leur  discipline  en  temps  de  joaix  et  en 
»  temps  de  guerre,  leur  pratique  en  matière  de  religion 
5)  et  de  politique,  font  la  troisième  partie  de  cette  his- 
))  toire  y>. 

Ces  figures  qui,  dans  la  Collection  de  Thevenot,  sont 
exécutées  comme  dans  le  Recueil  de  Purchass ,  forment 
vingt-trois  planches  doubles,  divisées  en  .soixante-trois 
tableaux  ,  tous  numérotés,  et  où  chaque  objet  est  désigné 
par  des  lettres  alphabétiques,  auxquelles  se  rapportent 
les  explicalions  qui  viennent  à  la  suite  des  planches.  On 
conçoit  facilement  que  toute  la  pat-lie  historique  qui  forme 
la  première  partie,  repose  sur  des  traditions  où  nécessai- 
rement il  y  a  de  l'incertitude ,  et  même  beaucoup  de  fabu- 

fi)  Je  supplée  ici  Je  prériom  relatif  el/e ,  qui  Jie  se  trouve 
point  clans  la  traduction  de  M.  Tlievenot .  parce  qu'il  m'a  paru 
évident  que  ce  ne  fut  point  le  vaisseau  ,  mais  bien  latradiulion  de 
l'Histoire  Mexicaine  qui  tomba  entre  les  mains  d'André  Thévef. 
I^a  suite  de  l'avis ,  comme  on  le  verra ,  ne  permet  pas  d'en  doul«r. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  LA?»ÎÏR.  SEPT.  l5l 
lenx  ;  «nais  les  notions  qui,  sur  l'élal  économique,  moral  et 
])oIilique  de  l'empire  du  Mexique^  sont  l'objet  de  la  se- 
conde et  troisième  parties ,  embrassant  des  temps  beau- 
coup jîlus  récens,  ont  un  degré  de  certitude  que  les  an- 
ciennes traditions  historiques  ne  peuvent  pas  avoir  ,  et 
éloient  plus  susceptibles  aussi  d'être  rendues  sensibles  par 
des  liiéroglyphesque  de  simples  faiis  hisloiiques.  Ces  plan- 
clieset  leurs  explications,  données  par  les  Mexicains  eux- 
.  mêmes,  sont  un  des  raonumens  les  plus  précieux  que 
l'on  puisse  avoir  sur  une  nation.  Combien  ne  desireroit-on 
pas  que  lorsque  Cambj'se  fil  la  conquêle  de  l'Egypte,  lui 
ou  ses  lieutenans  se  fussent  procuré  par  la  même  voie  que 
le  gouverneur  du  Mexique ,  l'explication  de  tous  les  mo- 
numens  hiéroglyphique^qui  subsisloicnt  alors  dans  jcelle 
contrée  î 

Voyages  et  Conquêtes  du  capitaine  FerJiûand 
Courtois  es  Indes  occidentales  ,  histoire  travduite 
de  la  langue  espagnole  par  Guillaume  Le  Breton- 
Nivernois.  Paris,  Abel  Laugclier,  i558,  in-S*^. 

Dans  ce  titre j  le  nom,  le  prénom  de  Fernand  Cortez 
sont ,  comme  on  le  voit,  également  travestis. 

La  naïveté,  singulièrement  originale  du  style  de  cette 
traduction  ,  et  l'ancienneté  de  l'ouvrage,  peuvent  le  faire 
recliercher  par  les  amateurs. 

Voyage  de  Marc  de  Ni  ça ,  en  iSag,  à  Caliacan 
et  à  Cevola  au  Mexique  :  (  en  anglais  )  Morco  de 
Niças  Voyage  to   Caliacan  and  Cevola  in  Mexico 
JÔ3().  (Inséré  dans  la  Collection  de  ïTakluit.) 

Voyage  de  François  Vasquez  Coronado  ,  eu 
1 540  ,  de  la  Nouvelle -Galice  à  Cevola,  etc..,  et 
dans  l'Océan  occidental  :  (en  anglais)  Voyage  froni 
Aueva-Galicia  to  Cevola,  etc....  and  the  Western^ 
Océan  _,  i5-±o .    (  Ibid .  ) 

Ce  Voyage  se  trouve  aussi  dans  la  CoUeclion  de  Ramusio, 


î52         BIBLIOTHÈQUE    Ï5ES    VOYAGES. 

MÉMORIAL  et  INotices  sacrées  et  royales  de  l'em- 
plre  des  Indes  (occidentales) ,  qui  contiennent  tout 
ce  qui  a  rapport  aux  régimes  ecclésiastique ,  sécu- 
lier ,  politique  et  militaire ,  et  tirées  de  la  secrétai- 
rerie  do  la  Nouvelle  Espagne ,  par  Diaz  de  la  Callé : 
(en  es^ii^noXy  Mémorial  y  Noticias  sacras  y  idéales 
del  imperio  de  las  Indias  occidentales ,  coinprehende 
lo  ecclesiastico  ,  secular ,  politico  y  mililar  ,  cjue  por 
la  secretaria  de  la  Nueva-Espana  se  provee,por  Joli, 
Diaz  de  la  Calle.  Madrid  ,  i546,  in-4°. 

Histoire  du  Mexique  ,  avec  la  découverte  de  la 
Nouvelle  -  Espagne  ,  et  la  conquête  qu'en  a  faite 
Cortez  ,  par  François  Lopez  de  Gomara  :  (en  espa- 
gnol) Historia  de  Mexico  ,  con  el  descubriniieiito  de 
la  Nueva-Espana ,  conquista  por  D.  Cortez,  por 
Franc.  Lopez  de  Gomara.  Anvers,  i554,  i^i'^'- 

Voyage  de  Robert  Townson  dans  la  Nouvelle- 
Espagne  ,  en  i555  :  (en  anglais)  Robert  Townson  s 
f'oyage  into  JSova-Espafia ,  i553.  (Inséré  dans  la 
Collection  de  Hakluit.) 

Voyage  de  Hawhes  à  la  Nouvelle- Espagne,  en 
iSya  :  (en  anglais)  Hawkes's  Voyage  in  Nueva- 
Espana  ,  iSyn.  (  Ibid.  ) 

Voyage  de  Philipps  au  nord  de  Panuco  au 
Mexique  :  (en  anglais)  Philipps' s  Voyage  to  the 
North  of  Panuco  at  Mexico.   (Ibid.) 

Voyage  de  Jean  Hcrtop  au  nord  de  Panuco, 
en  i586  :  (en  anglais)  John  Hertop's  Voyage  to  the 
North  of  Panuco ^  iô86.  (Ibid.) 

Relation  du  havre  de  Tecuauapa  ,  situé  sur  la 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  SEPT.    l55 

njer  du  Sud  ,  non  loin  de  Nicaragua  ,  dans  le 
Mexique  :  (en  anglais)  Relation  of  tîie  hai^en  Tecua- 
napa  ,  situate  iipon  Soutli-Sea,  not  far  from  Nica- 
ragua in  Mexico.  (Ibid.) 

Histoire  des  Indes  occidentales,  et  particuliè- 
rement du  gouvernement  de  Cliiapa  (au  Mexique) , 
par  Antoine  de  Remusal  :  (en  espagnol)  Historia  de 
las  Indias  occidentales  ,  particular  de  la  governacia 
de  Chiapa,  por  Antonio  de  Remusal.  Madrid ,  1610, 
in-fol. 

PtELATiON  d'un  gentilhomme  du  seigneur  Jean- 
Fernand  Corlez ,  de  la  grande  ville  de  Tenuilateii 
au  Mexique  ,  et  autres  clioses  concernant  la  Nou- 
velle-Espagne :  (en  italien)  Relatione  d.  un  gentil- 
uomo  del  sign.  Feiii.  Cortez  délia  grau  città  Tenui- 
laten  in  Mexico ^  e  altfe  cose  délia  Nova- Spagna. 
(  Insére'e  dans  la  Collection  de  Ramusio,tome  m, 
page5o4.) 

Lettre  adressée  par  Antoine  deMendoza  à  l'Em- 
pereur ,  sur  la  découverte  de  la  teVre  ferme  de  la 
Nouvelle  -  Espagne  :  (eu  italien)  Antonii  de  Men- 
doza  Lettere  a  V  Imper atore^  del  discoprimento  délia 
terra  délia  Nueva-Espana.  (Ibid.  page  355.) 

Situation  naturelle  ,  loix  et  particularités  de  la 
ville  du  Mexique,  par  Diegue  Cisneros :  (en  espa- 
gnol) Sitio  naturalj  lejes  y  propiedades  de  la  ciudad 
de  Mexico,  por  Diego  Cisneros.  Mexico,  1618  , 
iu-4^ 

Histoire  de  l'établissement  et  Discours  sur  la 
province  de  Saint-Jago  du  Mexique,  par  François- 
Augustin  Davila  Padilla  :  (en  espagnol)  Historia 


î  54        BIBLIOTHÈQUE    DES    V  O  TA  G  E  S . 
de  Infondacioueydisciirso  delà  provincia  deSt.Jago 
de  3îex-ico  ,  porFr.jiug.  Dàvila  Padilla.  Bruxelles, 
1628;  ihid.'i6^S,  in-fol. 

Histoire  véritable  de  la  conquête  de  la  Nouvelle- 
Espagne,  par  l^hùrnÀ' Dias  de  Castilîo  :  (en  espa- 
4^noj)  f  erdadera Historia  de  la  conquista  de  la  Nue('a- 
Ewafia,  por  Thurnal  Diaz  de  Castilîo.  Madrid, 
i652 ,  in-fol. 

Fondation  et  situation  de  la  ville  de  Mexico  , 
elc —  des  inondations  qu'elle  a  essuyées,  et  des 
ouvrages  proposés  et  entrepris  depuis  l'an  i55d 
jusqu'en  i65y  ,  par  Ferdinand  de  Cepeda  ,  corrigée 
par  Don  Juan  de  Alvarez  :  (en  espagnol)  Ferdinando 
de  Cepeda  Relacion  del  sitio  en  que  esta  fundada  la 
ciudad deMcxico, etc.. .  inundaciones  que  d padecido , 
trabajos  propuestos y  emprendidos  desde  et  anno  i6âS 
hast  a  elde  263y ,  corregida  por  D.  Juan  de  Alvarez. 
Madrid,  iGSy,  in-fol. 

Kouvj-LLE  Rllation   des   Indes   occidentales 
(le  Mexique),  par  Thomas  Gage,  avec  des  plan- 
ches :  (en  anglais)  Thomœ  Gageas  ne\v  Relation  of 
ilie  West-Indies.  Londres,  i655  ;  ihid.  1677,  in-fol. 

On  U'owve  une  traduction,  par  extrait,  de  ce  voyage, 
dans  la  Collection  de  Melchisedech  Thevejiot  (  partie  qua- 
iiiènie).  En  voici  la  traduction  entière  en  français  : 

Nouvelle  Relation  contenant  les  voyages  de 
Thomas  Gage  dans  la  NOuvelle-Espagne  ,  ses  di- 
verses aventures ,  et  son  retour  par  la  proyiuce  de 
Nicaragua  jusqu'à  la  Havane ,  avec  la  description 
de  la  ville  du  Mexique,  telle  qu'elle  étoit  autrefois, 
et  telle  qu'elle  est  à  présent  ;  ensemble,  une  descrip- 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMIll.  STÎPT.     l55 

tlon  des  terres  et  provinces  que  les  Espagnols  pos- 
sèdent dans  toute  l'Amérique  ,  de  la  forme  de  leur 
gouvernement  ecclésiastique  et  politique  ,  de  lem* 
commerce  ,  de  leurs  mœurs, de  celles  des  créoles  , 
des  métis ,  des  mulâtres  ,  des  Indiens  et  des  nègres  : 
traduite  par  M.  de  Beaulieu  (on  Hues  0-Neil),  avec 
figures.  Paris,  Clousier,  1676,  2  \ol.  in-12. 

—  La  même,  avec  cartes  et  figures.  Amsterdam  , 
Moret,  1680;  ihid.  1687  ;  ihid.  1699,  2  vol.  in-12. 
La  même,  traduite  en  allemand  sous  le  litre  suivant  : 
Voyage  dans  la  IN ouvelle-Espagne  ,  et  au  retour 
à  la  Havane  ,  avec  une  description  des  pays  qui  sont 
possédés  par  les  Espagnols  en  Amérique,  par  Gage  : 
(  en  allemand  )  Gaiiz  iieue  merkuïirdige  Reise- 
Beschreibung  iiach  Neu-Spanien  und  zurûch  iiach 
Hm'iina^iiehst  einer  Beschreibung  aller  Lan  der,  wel- 
cîie  die  Spanier  in  Ameriha  besitzen ,  nus  deni  Fran- 
zosischen.  Lcipsic ,  i6c)5,  in-4''. 

L'auteur  de  celle  relation ,  Thomas  Gage ,  étoit  un  Irlan- 
dais qui  entra  dans  l'ordre  de  Saint-Domiiiique  en  Espa- 
gne, et  qui  fut  envoyé  en  mission  aux  Fliilippines.  Dans 
.sa  relàclie  au  Mexique,  il  prit  un  tel  goût  pour  ce  pays, 
et  se  fit  une  idée  si  désavanlaoeuse  des  "Philippines,  qn  il 
se  fixa  quelque  temps  dans  la  Nouvelle-Espagne,  y  rem- 
jdUI  les  fonctions  curiales  dans  la  campagne  ,  et  ne  ia  quitta 
que  pour  repasser  en  Angleterre,  011  il  publia  sa  relation. 
Colbert ,  fiappé  de  l'utilité  dont  jjouvoit  être  la  publica- 
tion d'un  voyage  dans  une  contrée  si  peu  accessible  et  si 
peu  connue,  la  fil  traduire  en  français.  lie  traducteur 
b'est  peruus  d'y  faire  beaucoiip  de  retrauchemens. 

L'exercice  des  fonctions  curiales  et  l'étude  de  la  langue 
usuelle  du  peuple  de  la  campagne,  que,  pour  se  confor- 
mer à  lui  abus  de  mots  encore  subsistant  aujourd'hui , 


r56        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYv\GES. 

(vage  désigne  toujours  par  le  nom  d'Indiens,  lui  don- 
nèrent la  facilité  de  s'instruire  des  moeurs  et  des  habitudes 
(les  naturels  dn  Mexique.  C'est  la  partie  la  plus  curieuse 
et  la  plus  exacte  de  sa  relation  ;  mais  elle  est  tellement 
mêlée  dans  le  récit  de  ses  excursions,  qu'il  n'est  pas  pos- 
sible de  l'en  détacher  sans  en  affoiblir  beaucoup  l'intérêt. 
Pour  s'en  instruire  ,  il  faut  lire  le  Voyage  en  entier,  et  en 
général  il  esi  si  attachant,  qu'on  quitte  diiiicilement  celte 
lecture,  une  fois  qu'on  l'a  commencée.  On  regrette  seule- 
ment que  ce  voyageur,  d'ailleurs  assez  instruit  sur  beau- 
coup d'objets,  ait  intercalé  dans  sa  relation,  quelques 
froides  plaisanteries  et  de  petits  contes  qui  l'ont  peut-être 
vm  peu  ti'op  discréditée.  Je  me  bornerai  à  en  donner  ici 
un  très-rapide  apperçu,  où  je  ne  ferai  point  entrer  ce  qui 
concerne  les  moeurs  et  les  usages. 

Dans  sa  description  de  la  ville  de  Mexico ,  Gage  s'at- 
tache beaucoup  plus  à  ce  qu'elle  étoit  du  temps  de,  ses 
anciens  souverains  qu'à  son  état  lors  actuel;  et  l'on  voit 
que  sur  la  prétendue  magnificence  de  l'ancienne  ville  , 
il  ne  s'est  pas  assez  mis  en  garde  contre  les  exagérations 
des  écrivains  espagnols. 

D'après  le  tableau  fort  abrégé  qu'il  trace  de  la  noiivelle 
ville,  et  dont  ye  rapproche  beaucoup  ce  qu  en  a  dit  Chappe 
d'Auleroche  ,  pp  peut  se  la  représenter  ,  ainsi  que  ce  der- 
nier voj'ageur  l'a  dépeinte,  comme  l'une  des  villes  du 
lîioude  qui  renferme  le  plus  de  richesses,  et  où  il  règne  le 
]>îtis  grand  luxe.  On  est  étonné  de  trouve)-  un  désert  à 
trois  lieues  seulement  de  celte  ville  :  la  peinture  que  Gage 
a  faite  de  ce  désert  est  très-cui'ieuse. 

On  lit  avec  intérêt  dans  sa  relation ,  le  récit  très-cir- 
constancié qu'il  y  fait  du  soulèvement  qui  eut  lieu  au 
Mexique  en  1624,  l'elativement  à  un  monopole  exercé 
sur  les  grains  par  le  vice-roi,  et  du  dilférend  très-grave 
qui ,  à  cette  occasion  ,  s'éleva  entre  ce  vice-roi  et  l'arche- 
vêque de  Mexico  (1). 

(1}   Dans  SOI)   Bachelier  de  Sulainanqiie  ,   Le  Siige  a  jelé  iint 


a:.iirique.   voyag.  dans  L'A'tiER.  sept.    l'J'- 

La  relaliou  de  son  voyage  dans  Jcs  Gualèiies ,  les  pl;is 
}iau(es  inotitagnes  du  Mexique,  ii'e.st  pas  moins  inléres— 
aaiite  ;  mais  il  n'étoit  jDas  assez  iuslruit  pour  déterminer  , 
même  avec  une  certaine  latitude,  réiévalion  de  ces  mon- 
tagnes. C'est  dans  le  Voyage  de  Cliappe  d'Anteroche  et 
dans  celui  de  Ciavijero,  dont  je  donnerai  la  notice,  qu'on 
peut  puiser  des  notions  sûres  à  cet  égard.  Le  premier  estime 
que  la  montagne  d'Orisaba  est  la  plus  haute  ds  toules 
celles  du  Mexique.  Quelques-uns  la  croyent  plus  élevée 
que  le  pic  de  TénérifFe. 

Gage  est  satisfaisant  sur-tout  dans  les  détail.s  où  il  entre 
sur  la  Vera-Cruz ,  sur  les  provinces  de  Guali«iala  et  de 
Zoqucs  ,  et  sur  la  ville  de  Guaxaca  ,  chef-lieu  d'une  vallée 
dont  le  roi  d'Espagne  fit  don  à  Corlez,  et  qni  appartient 
encore  à  ses  descendans.  Il  a  décrit  aussi  avec  soin  la 
ville  de  Chiappa  des  Indiens  ,  qu'on  a  nommée  ainsi  pour 
la  distinguer  d'une  autre  ville  du  même  nom ,  pour  la 
plus  grande  partie  habilée  par  les  Espagnols.  Celle  des 
Indiens,  beaucoup  plus  considérable,  et  qui  renferme  au 
moins  quali-e  mille  familles  presque  toutes  indiennes,  a 
conservé  de  grands  privilèges  :  un  des  plus  remarquables 
consiste  en  ce  que  son  gouverneur  est  (oujours  pris  dans 
ces  familles, 

La  relation  contient  des  renseignemens  très-instruclifs 
sur  le  commerce  de  la  province  de  Zoques,  contiguëa  la 
ville  de  Chiappa  des  Indiens,  et  sur  la  lichesse  de  la  pro- 
vince deGuatimala. 

Le  style  de  la  traduction  française  du  Voyage  de  Gage  , 
quoiqu'elle  ail  été  faite  sous  les  auspices  du  gouvernemenî , 
esl  très-négligé. 

Histoire  cle  la  sainte  province  des  Anges  (au 

relation  de  ce  soulèveineiil  :  c'est  un  des  plus  agréables  épisotlfs 
de  ce  roman.  Il  s'est  permis  scnlement  d'assigner  pour  cause  (î-^ 
ce  soulèvement ,  un  monopole  sur  le  sel  ,  rai  lieu  d'un  monopi'lK 
sur  les  grains. 


l58  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Mexique) ,  de  l'ordre  de  SainL-Fraucois  de  l'Obser* 
vaace  ,  par  Eugène  r/e  G«a6?f Zozt/^e  .- (en  espagnol) 
Historia  de  la  sauta  provincia  de  los  ^ngelos  f  in 
Mexico^  de  la  orden  de  S.  Francisco  de  la  Obser- 
vanza ,  por  Eugenio  de  Guadeloupe.  Madrid  ,  1662, 
in-fol. 

Histoire  de  la  conquête  du  Mexique,  de  la 
population  et  des  progrès  de  l'Amérique  septen- 
trionale connue  sous  le  nom  de  la  Nouvelle-Espagne, 
par  Antoine  de  Salis ,  secrétaire  de  Sa  Majesté  et 
son  historiographe  principal  dans  les  Indes ,  avec 
figures  :  (en  espagnol)  Antonio  de  Salis ,  secretana 
de  Su  Magestad  Y  su  caronista  major  de  las  Indias  , 
Historia  de  la  conquista  de  Mexico  ,  pohlacion 
y  progressas  de  la  America  septentrional  conocida 
por  el  nombre  de  JSueva- Espana.  Madrid,  1684, 
in-fol. 

— La  même,  nouvelle  édition,  enrichie  de  di- 
verses estampes  et  augmentée  ,  avec  la  vie  de  l'au- 
teur écrite  par  Don  Juan  de  Goyeneches  :  (en  espa- 
gnol) Historia,  etc....  nùeva  edicion ,  enriquezida 
con  diversas  estampas  j  aumentada ,  con  la  '■cita  del 
autor  que  escrivio  D,  Juan  de  Gojeneche.  Barce- 
lone, 171 1,  in-fol. 

«  Des  deux  éditions  que  nous  indiquons  ici  de  l'Histoire 
))  de  la  conquête  du  Mexique ,  la  première  est  la  plus  esti- 
5)  Tnée ,  parce  qu'on  la  croit  plus  correcte  ;  mais  la  seconde 
Si  est  plus  communément  recherchée  ,  attendu  qu'elle 
y)  joint  à  l'avantage  d'être  ornée  de  figures,  celui  d'être 
))  encore  beaucoup'  mieux  exécutée.  On  peut  conclure 
»  de-là  que  les  deux  éditions  doivent  être  rassemblées  dans 


AMERIQUE.  VOYAC.  DA^'S  L'AMi';R.  SEPT.  [  ^Q 
»  un  cabinet  choisi  ».  Bibliothècjue  instructive  de  De  Bure. 
Histoire  ,  tome  ii ,  pag.  265. 

—  La  même , troisième  édition.  Bruxelles ,  1 74  r  j 
in-fol. 

La  même,  traduite  en  italien  sous  le  litre  suivant: 
IsTORlA  deîla  conquista  del  Mexico ,  t?'adolta  in 
liugiia  toscana.  Florence  ,  1660,  avec  fîgureS;,  in-4'^. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  aussi  en  français  sous  le  titre 
suivant  : 

Histoire  de  la  conquête  du  Mexique  ou  de  la 
Ps  ouvelle  -  Espagne  par  Fernand  Cortez  ,  traduite 
de  l'espagnol  de  Don  Antoine  de  Solis ,  avec  figures. 
Paris,  1691,  in-4°. 

—  La  même,  Hollande^  ^^9^  ?  ^  vol.  in-S*^. 

Il  y  en  a  eu  encore  trois  autres  édil  ions.  La  dernière 
porte  le  titre  suivant  : 

Histoire  de  la  conquête  du  Mexique  ou  de  la 
INouvelle-Espague  par  Fernand  Cortez,  traduite  de 
l'espagnol  d'Antoine  de  Solis  par  l'auteur  du  Trium- 
virat (Citri  de  la  Guelle  j ,  avec  figures.  Cinquième 
édition.  Paris,  1700,  2  vol.  in-12. 

—  La  même  ,  traduite  de  nouveau  en  italien  par 
un  académicien  de  la  Crusca ,  avec  figiues.  Flo- 
rence,  169g;  Venise,  1715,  in-4". 

—  La  même,  traduite  en  anglais  par  Thomas 
Thounsend,  av^c  figures.  Londres,  1724,  in-foJ. 

—  La  même,  traduite  en  anglais,  avec  figures 
et  le  portrait   de  l'auteur.  Dublin,    1727,  2  vol 
in-8^ 

Dans  la  traduction  française,  on  a  retranché  la  parlfe 
la  plus  instructive,  sinon  la  plus  attachante,  de  l'ouvifigt; 


l6o       BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 
original  :  ce  sont  les  reiiseigneiiiens  ergonomiques  sur  la 
population  el  les  àccroisseinens  de  la  colonie  du  Mexique  : 
c'est  sous  ce  dernier  rapport  seulement  que   l'ouvrage  a 
dû  entrer  dans  la  Bibliothèque  universelle  des  Voyages. 

On  reconnoit  aujourd'hui  qu'avec  un  style  élégant,  et 
quelquefois  même  trop  fleuri ,  l'auteur  a  jeté  dans  sa  nar- 
ration beaucouji  de  faits  hasardés  et  a  exagéré  les  autres. 
En  imitant  la  manière  des  anciens  historiens  ,  il  semble 
s'être  attaché  à  Quinte  -  Curce.  Il  a,  comme  lui,  tout 
sacrifié  à  son  héros  ,  même  l'exactitude ,  même  la  vérilé. 

Histoire  de  l'Iucalan  (province  du  Mexique), 
par  Diegue-Lopez  Cogullado  :  (gi\  espagnol)  Histo- 
ria  delucatan  ,por  Diego  Lopez  Cogullado.  Madrid, 
1688,  in  fol. 

DESCPaPTiON  du  Mexique,  par  Arnaud  Montait 
(en  allemand).  Amsterdam,  i6gi,  in-fol. 

Théâtre  de  l'Amérique  ,  ou  Description  ge'né- 
rale  des  royaumes  et  des  provinces  de  la  Nouvelle- 
Espagne  et  de  ses  productions ,  par  Don  Joseph- 
Antoine  de  pailla  Senor y  Sanchez  :  (en  espagnol  ) 
Theatro  Americano  ,  6  Desaipcion  gênerai  de  los 
rejnos  j  provincias  de  la  ISueva-Espana  y  sus  juris- 
dicciones  ,  su  autor  D.  Joseph  Ant.  de  Villa  Sehor  y 
Sanchez.  Mexico,  1746,  2  vol.  in-fol. 

Avant  la  publication  de  cet  ouvrage^  on  ne  pouvoit 
que  difficilement  se  procurer  des  notions  sur  l'état  phy- 
sique ,  civil ,  politique  et  militaire  du  Mexique.  De  tout 
temps  les  Espagnols  «voient  pris  des  précautions  jalouses 
pour  empêcher  les  étrangers  de  pénétrer  au  McA-ique,  et 
ils  exerçoienl  sur  ceux  qui  étoient  parvenus  à  s'y  intro- 
duire ,  une  surveilliînce  sévère.  Les  nationaux  même 
gardoient  le  silence  sur  l'administration  de  cette  inipor- 
tanle  colonie.  Il  a  été  permis  enfin  de  lever  le  voile    et 


AMEftIQUK.    VOYAG.   DANS   L'AHîÉR.   SEPT.     l6l 
i'autenr  dont  j'indique  ici  l'ouytage  ,  Va  fail  d'une  manière   , 
franche  et  très-inslruolive.  Cet  ouvrage  est  fort  rare  eu 
France.  Il  est  à  désirer  que  quelque  écrivain  laborieux  et 
éclairé  dans  les  uialières  économiques,  nous  en  donne  la 
Iraduclion. 

Histoire  de  la  Nouvelle-Espagne  ,  conquise  par 
Fernand  Cortez  ,  au<^ineniée ,  avec  d'autres  docii- 
mens  et  des  notes,  par  l'illustre  seigneur  Don  Fran-^ 
çois-Antoine  Lorenzoïio  ,  archevêque  de  Mexico: 
(en  espagnol  )  Hhtoria  de  Nova-Espafia  coiujiiesta 
poj'  Feriunul  Cortez  :  aimientada ,  cou  otres  docu- 
inentos  y  nolus  ,  por  illustr.  seûor  D.  Francisco  yiu'- 
tonio  Lorenzano ,  arzohispo  de  Me!x.ico.  1 770  ,  lu-lbl. 

Ancienne  Histoire  du  Mexique  ,  tirée  tant 
des  meilleurs  historiens  espagnols  que  des  manu-' 
scrits  et  des  peintures  antiques  des  Mexicains  , 
divisée  en  dix  livres,  et  enrichie  de  cartes  géogr,a- 
phiques  ,  de  diverses  figures  et  de  dissertations  , 
par  D.  François  -  Saverio  Clavijero  :  (en  italien) 
Istoria  anlica  del  Mexico  ,  cavata  dei  migliori  isto- 
rici  spagjioli ,  e  da  manuscritti  ,  e  pilture  aiitiche 
degli  Indiani  j  divisa  in  dîeci  libri ,  e  corrednta  de 
carte  geographiche  e  di  varie  figure ,  e  dissertazioni . 
Césène ,  1780-1781  ,  4  vol.  iii-4". 

Cet  ouvrage  a  été  tiaduil  en  anglais ,  avec  des  augmenta- 
tions, sous  le  liU'e  suivant  : 

Histoire  du  Mexique,  à  laquelle  on  a  ajouté 
une  dissertation  critique  sur  le  sol ,  les  animaux  ei 
les  habitans  du  Mexique  ;  traduite  de  l'italien  de 
François- Saverio  Clavigero  ,  par  Charles  Cullen  : 
(en  anglais)  Tlie  Historj  of  Meocico ,  to  whicii  are 

tadded  critical  dissertation  on- t/ie  land  ,  the  animais 
VI.  L 


162  bIBLlOTIlÈQUE    DES    VOYAGES. 

and  inhabitants  of  Mexico  ;  translated  from  italian 
of  Francisco  Sauerio  Clawigero  by  C/i.  Cullen.  Lon- 
dres ,  1787,  2  vol.  in-4". 

IiidépenJamaienl  des  savantes  recherches  que  renferme 
cet  ouvrage  sur  Thi-stoire  ancienne  du  Mexique,  il  procure 
beaucoup  de  lumièressur  l'élat  actuel  de  ce  pays,  particu- 
lièrement en  ce  qui  concerne  son  histoire  naturelle;  et 
c'est  â  ce  dernier  litre  seulement  qu'il  doit  entrer  dans  une 
Biblioihèque  des  Voyages.  On  y  trouve  des  notions  Irèt;- 
instruclives  sur  les  différentes  chaînes  des  montagnes  du 
Mexique  et  sur  les  volcans.  On  y  voit  que  cette  partie 
septentrionale  de  l'Amérique  espagnole  n'e^t  pas  plus 
affrauchie  que  la  partie  méridionale  des  éruptions  volca- 
niques, et  des  ravages  qu'elles  causent.  Clavijero  rapporte 
qu'en  1760  ,  une  petite  colline  près  du  village  de  Guacana 
se  volcanisa  ,  vomit  des  matières  embrasées  jusqu'en  1766, 
et  que  les  cendres  en  furent  portées  jusqu'à  cent  soixante 
milles.  Une  éruplio  i  de  l'ancien  volcan  de  Guatimala, 
accompagnée  d'un  violent  tremblement  de  terre,  détruisit 
cette  ville  en  1773.  Beaucoup  d'autres  faits  physiques, 
beaucoup  d'autres  observations  sur  l'hisloire  naturelle 
du  Mexique,  enrichissent  l'ancienne  histoire  de  cette 
contrée. 

Quelques  traits  caraclérisliques  des  Indiens 
du  Mexique  :  (  en  allemand  )  Einige  Characterziige 
des  Mexicanischen  Indiens.  (Insérés  dans  le  Journal 
pliilosopliique  d'Eberhard,  i*^"^  cah.) 

Traité  de  la  cidture  du  Nopal  et  de  l'éducation 
de  la  Cochenille  dans  les  colonies  françaises  de 
l'Amérique,  précédé  d'un  J^ojage  à  Giiaxaca,  par 
M.  Thieiy  de  Mononville  ,  botaniste  du  Roi,  auquel 
on  a  ajouté  une  préface ,  des  notes  et  des  observa- 
tions relatives  à  la  culture  de  la  cochenille  ,  avec 
des  figures  coloriées  :  le  tout  recueilli  et  publié  par 


AMÉRIQUE.    YOYAG.  WANS  L'AMER.  SEPT.     l6S 

le  corde  fies  Pliiladelphes  établi  ;»a  Cap-Fri'.nçals , 
île  et  côle  de  Saint-Domingue.  Paris,  Deiaiain , 
1789  ,  2  vol.  iu-8". 

Le  désir  de  naliiraliser  dans  les  colonies  françaises  le 
nopal  ci  la  cochetï^lle  ^iiorU\  Thieiv,  paiiiole  aussi  ardent 
que  botaniste  éclaiié,  à  entreprendre  le  voyage  du  Mexi- 
que, seul  moyen  qui  pût  êlie  employé  pour  enrichir  la 
France  et  la  bolanique  4'un  arbrisseau  et  d'un  insecte  éga- 
Icmejit  précieux. 

Les  Mexicains  distinguent  deux  espèces  de  cochenille, 
savoir,  la  sylvestre ,  qu'on  recueille  dans  les  bois,  où  l'in- 
secte se  noiuiit  sa  us  doute  ijidifl'érennnent  de  louies  sortes 
de  piaules,  qui  donne  moins  de  Icinlure.  et  est  regardée 
connne  dune  qualité  inférieure^  et  la  masûéyue  ou  coche- 
nille line,  produit  de  Tinsecte  qui  ne  se  nourrit  que  de 
feuillfs  de  nopal  ,  et  que  l'industrie  dos  Alexicains  multi- 
plie par  des  procédés  qui  procurent  jusqu'à  trois  l'écolles 
par  an.  Ou  conçoit  aisément  que  les  Mexicains,  pour  oui 
la  vente  exclusive  de  la  coc'jenille  iine  est  une  branche 
importante  de  commerce,  sont  extrêmement  jaloux  de  ne 
pas  la  laisser  passer  à  l'élranger,  et  qu'en  conséquence  la 
sortie  du  nopal  et  de  la  cochenille  est  sévèrement  prolùbée. 
Thiery  couroildonc  les  plus  grands  dangers  dans  l'exécu- 
tion du  projet  qu'il  avoit  formé  de  jiénétrer  jusqu'à  Gua-- 
xaca ,  où  se  trouvent  les  plants  de  nopal  les  jjIus  considéra- 
bles du  pays,  d'enlever  une  quantité  de  ces  plants  avec  de 
la  graine  ou  semence  de  la  coclienille,  et  de  faire  sortir  le 
tout  du  Mexique.  La  narration  des  obstacles  en  tout  genre 
qu'il  eut  à  vaincre,  est  intéres.ante,  non-seulement  eu 
égard  au  but  principal  de  son  voyage,  mais  encore  par  les 
détails  curieux  où  il  est  entré  sur  le  sol  et  la  culture  des 
provinces  du  Mexique  qu'il  a  traversées,  et  par  les  obser- 
vations qu'il  a  faites  >sur  Icius  hal)itans. 

Thiery,  par  exemple,  a  remarque  que  dans  la  plaine  de 
Thoguacan  dont  le  sol  est  une  terre  grise  et  argileuse  qui^ 
avant  toute  culture ,  a  besoin  d'être  préparée  par  de  longue* 

a 


l64  Bl  ELIOTH  ÈQUE  DES  VOYAGES, 
inondations  ,  on  se  les  procure  avec  l'eau  de  la  rivière 
dont,  avec  beaucoup  d'adresse,  on  sait  ménageries  pentes. 
Lorsque  les  blés  paroisseat  souflFrir  de  la  sécheresse,  ou 
y  reuict  eucore  l'eau  ,  le  seid  engrais  propre  à  celle  nalure 
de  terres.  Avec  celle  mélîiode ,  on  se  procure  deux  récolles 
par  an  ;  l'une  en  mai ,  l'aiilre  en  seplembre.  Les  blés ,  à  la 
vérité  ,  ne  s^'èlèvenl  pas  aussi  haut  que  dans  notre  Beauce, 
mais  ils  soJil  passablement  yo«/e«,  et  l'épi  est  bien  graine. 
Spectateur  de  la  moisson  de  ces  grains,  le  vojageur  observa 
qu'on  en  laissoit  sur  pied  une  grande  quantité  qui  éloienl 
encore  verds.  ce  qui  lui  prouva  qu'ils  ne  inûrissoient  pas 
tous  à  la  fois,  et  il  fil  cette  môme  obsei'vation  sur  loirle  la 
roule. 

Dans  une  riulre  partie  du  pays,  Thiery  remarqua  qut^ 
malgré  l'indolence  reprochée  aux  Espagnols,  et  sur— tout 
aux  naturels  du  Mexique  ,  il  régnoit  beaucoup  d'émulation 
dans  la  culture,  et  que  l'art  de  la  laille  et  de  la  greffe  étoil 
généralement  pratiqué. 

La  comjDaraison  que  fait  le  voyageur  des  nègres,  extrê- 
mement nombreux  au  Mexique,  avec  les  naturels  du  pays, 
est  enîièrement  à  l'avanlagede  ces  derniers.  Les  jjremiers 
lui  ont  j^aru  des  êli'es  tout  à  la  fois  orgueilleux,  einporlés, 
vindicatifs,  efTéminés,  lâches  et  paresseux  ;  le  Mexicain 
au  contraire  ,  est  phlegnialique,  doux,  fidèle  et  laborieux. 

Après  avoir  échappé  à  mille  dangers,  Thiery  parvint 
à  faire  sorlir,  avec  lui ,  du  Mexique  une  quantité  considé- 
rable de  branches  .et  de  plants  de  nopal  cliargés  de  leurs 
précieux  insecies,  et  des  plants  de  cochenille-sylvestre.  Il 
'  en  périt  beaucoup  dans  la  traversée ,  mais  il  en  sauva  asse:? 
pour  faire  prospérer  l'une  et  l'autre  cochenille  dans  son 
jardin  à  Sainl-Doraingue.  Sa  mort  piécipitée  et  Tinsou- 
ciance  de  l'adminislraiion  firent  perdre  la  cochenille  fine  , 
sur  laquelle  l'habile  botaniste  a  laissé  l'excellent  tiaité  qui 
est  à  la  tête  de  son  Vojage.  Quant  à  la  cochenille' sylvestre  , 
M.  Brûlé  j  colon  à  iSaiul-Uomingue,   éloit   parvenu  à  la 
Daluraliser  sur  son  l;abilalion.  C'est  avec  celte  cochenillo 
que  fut  teinte,  pour  premier  essai,  la  partie  écarlate  du 


\ 

A?tÉRlQUF..  YOYAG  DAXS  L'A:iîÉll.  SEPT.  1 6.'5 
tliapeau  présenté  à  la  Conventioi:.  Ou  en  a  fait  assez 
yécemmenl  un  nouvel  essai  ;  en  teignant,  avec  celle  même 
coclienille  ,  pour  le  premier  Consul ,  aujourd'hui  l'Empe- 
reur, un  habit  fait  avec  la  laine  du  tionpeau  de  moulons 
de  race  espagnole  élevés  à  Rambouillet  :  le  drap  de  cet. 
liabit  est  sorti  de  la  nianufaclure  de  JM.  Dncielol.  Cet  em- 
ploi de  matières  précieuses,  originaires  lonles  deux  de 
l'Ancienne  et  de  la  Nouvelle-Espagne,  a  été  couronné 
cVon  plein  succès. 

Ici  se  termine  la  notice  des  relations  sur  le  Mexique 
publiées  jusqu'à  présent.  I/C  nombre  nen  est  pas  bien 
considérable  pour  un  pa3's  si  riche  et  si  varié  :  on  pour- 
roil  assigner  plusieurs  causes  de  cette  espèce  de  pénurie. 


SECTION    III. 

Descriptions  des  ^iitilles  en  général.  P^oyages 
faits  dans  ces  îles. 

§.  I.  Descriptions  communes  aux  Grandes  et  Petites - 
Antilles.  Voyas^es  fa,its  dans  les  unes  et  les  autres 
de  ces  fies. 

iS  AViCATiON  de  Henri  May  aux  Indes  occiden- 
tales, en  i5gi  et  i5cj2  ,  avec  le  retour  de  M.  Lan- 
casler  par  les  îles  de  la  Trinité ,  de  Mona,  de  l'Isle- 
Espagnole  ,  des  Rermudes  et  de  Terre-Nenve  :  (en 
anglais)  Henri  May's  Nauigatioji  to  East-Indies  ^ 
i5gi  and  16 ()2,  in  lus  rctnrn  ipith  ]\T.  Lancastcr  bv 
ihe  islcs  of  Trinidad ,  Mona,  Hispanioln ,  the  isJes 
of  Bcrmud  and  ofJSe-wfoundland,  jSg3.  (Insérée 
dans  la  Collection  de  Hakliiit,  tome  m.) 


j66        iîibliotiikque  des  voyages. 

\oYACE  (Je  Clirisiophe  Newpon  à  la  Domluiqne  , 
à  Porto-Pvico  ,  à  Tlsle-Espagnole  et  à  la  baie  d'Hon- 
duras :  (en  anglais)  Christ.  Newport's  Voyage  ta 
Dominica  ,  Porlorico  ,  Hispaiiiola  and  to  the  haj  of 
Honduras  ,  iS g3 .  (Ibid.) 

Voyage  de  Robert  Dudley  à  l'île  de  la  Trinité 
et  aux  cotes  de  Paria ,  avec  son  retour  par  les  îles 
de  la  Grenade,  de  Sainte-Croix  ,  de  Saint-Jean  ,  de 
Porto-P\ico  ,  de  Moua,  des  îles  Bermudes  :  (  en  an- 
glais) Robert  Dudley  s  Voyage  to  the  isle  of  Trinidad 
and  of  the  coast  of  Paria  ,  -with  his  returit  br  the  isles 
Grenade  ,  St.  Crux^  St.  Juan  de  Puerto- Rico ,  Mona 
and  the  isles  of  Bermuda ,  i5()i-i5()5 .   (  Ibid.  ) 

Histoire  naturelle  et  morale  des  Antilles  ,  enri- 
cbie  d'un  grand  nombre  de  belles  figures  en  taille- 
douce,  des  places  et  des  raretés  les  plus  considé- 
rables qui  y  sont  décrites  ,  avec  un  vocabulaire  ca- 
raïbe ;  T^diV  Roche  fort.  Rotterdam,  Leers,  1660,  in-4". 

—  La  même  ,  augmentée  de  plusieurs  descrip- 
tions et  de  quelques  éclaircissemens  qu'on  desiroit 
dans  la  précédente  édition.  Nouvelle  édition  ,  enri- 
chie des  mêmes  figures.  Ihid.  i665  ,  in-4". 

Cette  Histoire  a  élé  traduite  en  anglais  sous  le  titre  sui- 
vant : 

HiSTOiîiE  naturelle  et  morale  des  Antilles  ,  par 
César  de  Rochefort  :  (en  anglais)  César  de  Rochefort 
7iatural  a?id  moral Historj  of  the  Antilles.  Londres, 
1666,  in-fol. 

—  La  même,  traduite  en  hollandais.  Rotterdam , 
1662  ,  in-4'^. 

Histoire  générale  des  Antilles,  habitées  par  les 


A.MJLUlQUr.    VOYAG.   AUX   ANTIT-LT,S.  jC)J 

Français,  contenant  tout  ce  «lui  s'est  pi.sse  dans 
rétablissement  des  colonies  françaises,  etc —  et 
l'histoire  naturelle  de  ces  îles, par  leP.Dufertre,  etc. 
enrichie  de  caries  géographiques  et  de  figures.  Paris, 
Jolly,  1667- 1671  ,  4  vol.  in-4^. 

Tontes  les  figures  de  cet  ouviage  ont  été  dessinées  pr.r 
le  célèbre  Sébastien  Leclcrc ,  ce  qui  concourt  à  y  donner 
encore  du  prix. 

La  partie  historique  de  la  relation  du  P.  Du  Tertre  est 
d'une  grande  exactitude,  mais  celle  exaclitude-là  même 
a  jeté  l'auteur  dans  la  diffusion. 

En  traitant  les  différentes  brancfjcs  de  l'histoire  natu- 
relle des  Antilles  avec  une  telîe  sagacité  dans  ses  rechei  — 
ches ,  que  tout  ce  qu'il  en  a  écrit  fait  autorité ,  le  P.  Du 
Tertre  ne  se.st  pas  borné  à  décrire  les  quadrupèdes,  les 
reptiles,  les  oiseaux,  les  insectes,  les  plantes  cultivées  et 
indigènes,  les  minéraux  et  les  productions  marines;  ses 
observations  se  sont  étendues  à  l'homme  même.  11  a  tracé 
nn  tableau  fidèle  du  petit  nombre  des  naturels  du  pays, 
des  Européens  qui  s'y  sont  é'ablis  et  qui  ont  pris  le  nom 
de  créoles  ;  des  Africains  enfin  qu'on  y  a  successivement; 
transportés  ,  et  qui  y  ont  formé  un  nouveau  peuple  dans 
tme   projjortion  effrayante. 

Histoire  de  la  campagne  des  îles  d'Amérique  , 
par  G.  D.  T.  ÇGojmelierdu  Troncliùi) ,  avec  la  prise 
de  possession  de  l'île  Saint-CIiristophe.  Il  est  ques- 
tion dans  cet  ouvrage  ,  de  la  description  des  ani- 
maux ,  arbres,  plantes,  etc —  et  de  la  manière  de 
vivre  des  Sauvages.  Troyes  ,  Lefevrc  ,  1709  ,  iu-12. 

Voyages  et  Aventiues  du  chevaHer  de**'*',  en 
1728  et  J754,  contenant  les  voyages  de  l'auteur 
dans  les  îles  Antilles  françaises  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  y  conipris  les  îles  Caraïbes  de  Saint- 


i(>8      m  R  L 1  o  T II  i:  Q  u  E  des  voyages. 
Vinceiu,,  Sainte-Lucie  ^  la  Dominique  ,  cl  danscelîe 
de  Saint-Thomas  apparleuaut  aux  Danois.  Paris, 

Histoire  du  commerce  des  Colonies  euro- 
péennes dans  les  îles  Antilles  :  (en  allemand)  Ge- 
schichte  uud  Handhing  der  Eitropœischen  Fflanz- 
slàdte  auf  dcn  Antillisclien  Insein.  Stulgard  ,  1760  , 
in-8^ 

Histoire  et  commerce  des  Antilles-anglaises, 
où  l'on  trouve  l'état  actuel  de  la  population  et  cpiel- 
ques  détails  sur  le  commerce  de  contrebande  des 
Anglais  avec  les  Espagnols  dans  le  Nouveau-Monde  : 
on  y  a  joint  l'histoire  des  loix  principales  qui  con- 
cernent les  colonies  anglaises  établies  ,  tant  dans  les 
îles  que  sur  le  continent  de  l'Amérique.  1758, 
in-i2. 

La  inêine^  traduite  en  allemand  sons  le  titre  suivant  : 

Reise  in  verschiedene  Colonien  von  ^meriha 
ivachrend  des  letzten  An'eges ,  sammt  ei'ner  Kurzen 
Relation  ^>om  Seetreffen  roni  12  avril  1^82 ,  und  ciner 
Besclireihung  den  Insein  Martinique ,  Curaçao  und 
St.  Dominguc^  etc.  ans  dem  franzosischen.  Leipsic, 
1786,  in-à''. 

Voyages  d'un  Suisse  dans  différentes  colonies 
de  l'Amérique,  pendant  la  dernière  guerre,  avec 
une  table  d'observations  minéi-aîogîques  laites  à 
Saint-Domingue.  Neufcliatel ,  1785,  in-8". 

Quoicjue  l'auteur  anonyjne  de  ce  Voyage  ait  généralisé 
quelquefois  ses  observations,  en  les  appliquant  à  quelques 
iles  anglaises  et  liollandaise.s ,  elles  frappent  plus  particu- 
lièrement sur  la  Martinique  et  sur  Suinl-Domitigue  ,  mais 


AMÉRIQUE.  YOYAG.  AUX  ANTILLES.  1 69 
heiucoup  plus  encore  sur  cette  dernière  ile.qui  occupe 
seule  les  trois  quarts  de  la  relation  :  elles  décèlent  un  écri- 
vain fort  éclairé  dans  plusieurs  genres. 

RÉCRÉATIONS  géograpliiques  ,  historiques  et  sta- 
tistiques ,  concernant  les  îles  de  l'Amérique  ,  par 
Bonne  :  (en  allemand)  Geogjriphische ,  Historische , 
Statistische  Belustiguns,en  (von  den  ^merikanischeii 
Inscln  )  ,  von  Bonne.  Leipsic,   i  y83  ,  in-8°. 

Description  et  Histoire  des  îles  Antilles:  (en 
allemandj  Veisucli  einer  Beschreihuug  und  Gescliichte 
der  Antillischen  Insein.  (^Insérée  dans  les  Petits 
Voyages  de  Bernoulli ,  tomes  i  ,  n  ,  m  et  viii.) 

Histoire  civile  et  commerciale  des  Indes  occi- 
dentales, par  Brjan  Edwards  :  (en  anglais)  History 
riidl  and  commercial  of  the  W^est-lndies  ^  hj  Bryan 
Edwards.  Londres,  i8oi  ,  5  vol.  ui-4''. 

Cet  ouvrage,  dont  il  seroit  à  désirer  qu'on  nous  donnât 
une  traduciion  entière  ,  a  été  traduit ,  mais  par  extrait  seu- 
lement ,  en  français  sous  le  titre  suivant: 

Histoire  civile  et  commerciale  des  Indes  occi- 
dentales ,  depuis  leur  découverte  par  Chrlstopîie 
Colomb  jusqu'à  nos  joiirs;  suivi  d  un  Tableau  his- 
torique et  politique  de  \\\e  Saint-Domingue  ,  avant 
et  depuis  la  révolution  française  ,  et  continué  jus- 
qu'à la  mort  du  général  Le  Clerc  ;  tradiute  de  l'an- 
glais de  Brvaji  Edwards  parle  traducteur  des  Voyages 
d'Arthur  Young  en  France  et  en  Italie  ,  avec  une 
carte  des  Indes  occidentales.  Paris  ,  Dcntu  ,  1802, 
)n-8". 

—  La  même,  nouvelle  édition.  Ihid.  i8o4,  iu-8'\ 

En  intitulant  cet  ouvrage,  soit  dans  l'original .  soit  dans 


Ï7''>  BIELIOTHKQUS  DES  VOYAGES, 
îa  traduction  par  extrait,  Histoire,  civile  et  commerciale 
des  Indes  occidentales  ,  on  a  npcess-îirement  induit  en 
erreur  les  lecteurs  ,  qni  s'atceadoient  à  y  trouver  l'histoire 
civile  et  commerciale  de  i-i:ute  l'Amérique,  qu'on  s'éioit 
accoutumé  à  dési;^ner  par  la  dénomination  très-impropre 
d'Indes  occidentales.  Bryan  Edwards  lui-même  nous  a 
indiqué  l'origine  de  cette  expression  abusive. 

ce  Ce  qui  engagea  ,  dit-il,  le  célèbre  Christophe  Colomb 
»  à  faire  voile  pour  découvrir  un  nouveau  continent,  fut 
»  l'opinion  reçue  de  son  temps,  qu'on  pourroit  trouver 
»  par  l'ouest  un  passage  plus  court  aux  Indes  orientales. 
5)  La  découverte  delà  mer  Pacifique  démontra  la  fausselé 
))  de  cette  opinion  ;  mais  cependant  les  îles  où  Colomb 
»  débarqua  retinrent  le  nom  d'Indes  occidentales,  pour 
»  les  distinguer  des  Indes  orientales  ». 

Mais  Bryan  Edwards  auroit  dû  ajouter  que  la  dénomi- 
iia[ion  d'Indes  occidentales  s'appliqua  également  par  la 
suite  à  toutes  les  parties  continentales  de  l'Amérique.  Dé- 
lit le  nom  d'Indiens  que  les  anciens  voyageurs,  et  même 
plusieurs  voyageurs  modernes,  donnent  très— impropre- 
ment aux  naturels  de  toutes  les  parties  de  l'Amérique. 

En  se  conformant  même  à  cet  usage  abusif,  l'ouvrage 
de  Bryan  Edwards  auroit  donc  dû  être  intitulé  Histoire 
civile  et  commerciale  des  iles  situées  dans  les  Indes  occi- 
dentales,  puisqu'elle  n'embrasse  que  les  îles  Antilles  et 
même  une  partie  seulement  de  ces  îles.  On  n'y  trouve 
en  effet  aucuns  renseigneinens,  ni  sur  les  îles  françaises 
de  la  jNIarlinique,  de  la  Guadeloupe,  de  Saitite-Lucie,  de 
Tabago,  de  Saintes,  de  Marie-Galante,  etc....  ni  sur  les 
lies  espagnoles  de  Cuba  ,  Porto-Rico,  la  Trinité,  Margue- 
rite, etc....  ni  enfin  sur  les  îles  apparîenanl  aux  Hollandais 
et  aux  Danois. 

D'après  ces  observations,  j'ai  dû  placer  l'ouvrage  de 
Bryan  Edwards  dans  la  section  qni  embrasse  les  Antilles 
en  général. 

Cet  écrivain  s'occupe  d'abord  de  recîiercher  l'origine 
des  Caraïbes,   peuplade   répandue  dau^  les   petites  îles 


AMEllIQUE.    VOYAC.  AUX   ANTILLES.         I7I 
Antilles,  et  qui,  soil  au  pliysique,  soit  au  inoial ,  paioissoit 
n'avoir  rien  de  commun  avec  les  liabilans  des  grandes 
îles  Antilles.  Il  est  disposé  à  croire  que  celte  nation  tiroit 
son  origine  de  l'Orient.  Pour  appuver  cette  opinion  ,  il 
observée  qu'il  est  très-probable  que  l'Amérique  avoit  été 
visitée  parles  Orientaux  ,  long-temps  avant  la  découverte 
de   l'Amérique  par  Colomb.   Cette   probabilité,   suivant 
lui ,  résulte  ,  soit  d'un  passage  d'Hérodote  sur  la  navigation 
des  Phéniciens,  soit  de  |3lusieurs  exemples  de  vaisseaux 
jetés  par  ia  tempête  des   côtes   d'Afrique    sur   celles   de 
l'Amérique,  sans  aucun  dessein  de  la  part  de  ceux  qui  lea 
monloient   de  faire   celte   dernière   route,   .soit  d'un  fait 
raconté  par  Colomb  lui-même,  qu'il  avoit  trouvé  la  poupe 
d'un  vaisseau   sur  la  côte  de  la   Guadeloupe,  soit  enfin 
d'une  colonie  de  nègres  trouvée  à  Qnarecque  dans  le  goUe 
Darieii.  A  ces  premières   probabilités,  Eryan  Edwards 
ajoute  celle  qu'offre  la  conformité  du  vocabulaire  caraïbe 
de  Rocheforl  avec  plusieurs  anciens  dialectes  orientaux , 
f'      et  celle  de  plusieurs  usages  de  ce  peuple  avec  ceux  des 
juifs,  et  de  plusieurs  autres  nations  de  l'Orient. 

Le  portrait  que  l'écrivain  anglaisfait  des  Caraïbes,  d'après 
les  voyageurs  qui  les  ont  dépeints  à  l'époque  où  ils  étoient 
encore  répandus  dans  les  Petiles-Anlilles,  et  d'apiès  les 
traits  qu'on  démêle  dans  le  petit  nombre  de  leurs  dcscen- 
dans,  mêlés  avec  quelques  nègres  fugitifs  à  l'île  Saint-Vin- 
cent (1),  offre  un  mélange  bizarre  de  bonnes  et  de  mau- 
vaises qualités.  Bryan  Edwards  les  dépeint  cruels  et  même 
féroces,  excessivement  vindicatifs,  regardant  la  répulalion 
militaire  comme  la  première  des  vertus  ,  souillant  la 
victoire  par  des  cruautés  réfléchies,  se  nourrissant  de  la 
chair  de  leurs  ennemis,  incapables  enfin  de  goûter  les 
douceurs  du  repos,  et  ne  consiilérant  même  la  paix  que 
comme  une  trêve  aux  hostilités.  D'un  autre  côté,  il  recoii- 

(1)  Ce.s  misérables  restes  des  Caraïbes  conserveni  enrore  l'nsag-î 
où  cloienl  leurs  pères,  d'aplalir  la  lèle  des  enfans  au  uioiuent  de 
leur  iKiissance. 


l7-'2  EIBI,  lOTTiÈQUE    DES    VOYAGES, 

noît  chez  les  Caraïbes  une  atnilié  aussi  ardente  que  leur 
liaine  ei.1  in)p!acab]e,.  des  disposiiioiis  à  une  coufiaiice 
aans  réserve  lorsqu'ils  croyent  qu'on  l'a  mén'lée ,  une 
indépendance  d'espiit  pleine  d'énergie,  un  courage  à 
supporter  les  souffrances  qui  efface  presque  ce  qu'on  rap- 
porte à  cet  égard  des  Spartiates,  Bryan  Edwards  auroit 
pu  remarquer,  que,  conimece  peujîle  si  renommé  de  l'an- 
cienne Grèce,  les  Caraïbes  s'assembloiont  el  mangeoieut 
en  commun  dans  de  grandes  salles',  où  leur  jeunesse 
s'exercoit  aux  jeux  des  athlètes,  aux  combats,  et  où  les 
discours  de  leurs  orateurs  leur  inspiroienl  de  l'émulation. 
Malgré  l'apalljie  qui  forraoit  un  des  caractères  les  plus 
dislinctifs  des  Caraïbes,  elqui  les  relenoit  tranquillement 
couchés  dans  leurs  lîamacs  en  temps  de  paix  ,  il»  ne  man- 
quoient  pas  d'intelligence  dans  la  fabrication  de  leurs 
meubles  et  de  leurs  ustensiles  de  première  nécessité.  C'est 
à  eux  que  les  Européens  doivent  l'invention  des  hamacs, 
ou  lils  de  loile  suspendus,  dont  on  fait  usage  dans  les 
navires.  Parles  fragmens  de  leurs  vases  cuits  au  four,  et 
qu'on  a  dernièrement  trouvés  enfouis  à  la  Barbad8,oa 
volt  que  ces  vases  surpassoient  de  beaucoup  en  finesse  et 
])ar  leur  poli ,  ceux  que  font  les  nègres.  Le  travail  de  leurs 
arcs,  deieuis  flèclies,  de  leurs  autres  armes,  étoit  tel,  qu'il 
auioit  été  difficile  à  vni  habile  artiste  européen  de  le  sur- 
passer avec  ses  outils.  Enfin  leurs  paniers,  faits  de  feuilles 
de  palmeio ,  étoient  d'une  rare  élégance.  On  imagine 
aisément  que  chez  ce  jjeuple  si  rapproché  de  l'état  de 
nature,  le  droit  de  propriété  n'éloil  pas  bien  entendu.  Il  y 
avoit  dans  cliaque  village  ou  carbet ,  communauté  de  biens 
el  de  travaux  :  ions  parlageoieni  le  travail  des  labours  et  des 
semences,  et  chaqiîe  famille  prenoit  sa  part  dans  le  grenier 
public. 

La  croyance  des  Caraïbes  étoit  un  grossier  mélange  de 
déisme  el  d'idolâtrie.  En  rcconnoissant  un  Etre  suprême, 
ils  nelui  adressoient  leurs  prières  ,  par  l'intermède  de  divi- 
nités inférieures  et  bienfaisantes,  que  pour  détouiner  sa 
vengeance.  Dans  la  vue  de  se  rendre  iiivoiable  un  aulie 


AMFRIQUE.     VOYAG.   AUX    ANTILLES.  I ']5 

ordre  de  clivinilés  malfaisantes  qu'ils  appeloient  espriis,  iîs 
a  voient  des  magiciens  qui  oirroieutdes  sacrifices  et  faisoienl 
des  prières  dans  des  lieux  sacrés.  Dans  ces  occasions, 
l'adoraleur  se  faisoil  d'l)orribles  incisions,  s'imaginant  sans 
doute  que  la  colère  des  esprits  ou  démons-  ne  pouvoii  s'ap- 
paiser  que  par  une  grande  effusion  du  sang  humain. 

Les  naturels  des  grandes  îles  Antilles,  dont  le  nombre 
peut-(être  esagéjé  par  Las  Casas,  s'élevoit  à  six  millions, 
n'avoient  rien  de  commun  avec  les  Caraïbes  dans  leur 
caractère  pliysique  et  moral.  Pour  s'en  faire  une  idée, 
on  en  est  réduit  à  ce  que  rapportent  d'eux  les  barbaies 
conquérans  de  ces  îles,  qui  les  ont  tellement  exlerminés, 
qu'il  ne  reste  pas  la  moindre  trace  de  celte  malheureuse  et 
intéressante  race. 

Voici  ce  que  Bryan  Edwards  a  recueilli  sur  ces  insu- 
laires chez  les  écrivains  espagnols. 

Avec  plus  d'élégance  et  plus  de  proiDortion  dans  leurs 
formes,  une  plus  haute  élévation  dans  'leur  taille,  ils 
avoient  beaucoup  moins  de  vigueur  que  les  Caraïbes. 
Leurs  membres  éloient  néanmoins  souples  et  actifs  ;  ils 
excelloient  dans  l'exercice  de  la  danse, et  à  cet  amusement 
ils  dévouoient  les  heures  fraîches  de  la  nuif.  On  ne  doit 
pas  en  conchu'e  qu'ils  ne  fussent  propres  qu'à  un  exercice 
de  forces  aussi  doux  :  celui  du  ballon  ,  qu'ils  renvoyoient 
avec  une  vigueur  étonnante,  n'annonçoit  pas  un  peuple 
invariablement  énervé  et  indolent. 

A  tra\eis  des  tjails  durs  et  grossiei's,  on  apperce^oit 
dans  la  physionomie  de  ces  insulaiies,  l'expression  delà 
franchise  et  de  la  douceur.  I^eur  caractère  étoit  rarement 
aigri  par  la  soif  de  la  vengeance.  Les  écrivains  espagnol» 
eux-mêmes  les  dépeignent  comme  le  peuple  le  plus  doux 
et  le  plus  hospitalier  de  l'espèce  humaine.  ChrislojjliL- 
Col(;mb  et  Barthelemi  Colomb  son  fils,  nous  en  ont 
transmis  des  traits  remarquables  et  touchans. 

11  ne  faut  pas  croire  qu'ils  fussent  inse)isibles  aux  plai- 
sirs des  sens.  L'amour  étoit  la  source  de  toutes  leurs  joui  - 
«aiices  et  le  grand  objet  de  leur  vie.  On  peut  voir  dans  b 


iy4-  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

narration  que  Barthelerai  Colomb  nous  a  laissée  da  la 
réception  que  lui  faisoient  les  principHUX  chefs  d'Hispn- 
niola  ,  quelles  grâces  naturelles  avoient  les  femmes  de 
celte  île,  quel  éclat  avoil  leur  teinl,  quelle  agréable  pro— 
porlion  avoient  leurs  membres. 

Le  gouA'ernement  dans  ces  iles  éloit  monarchique,  ou 
plutôt  théocralique,  puisque  les  sujets  regardoient  leur 
souverain  comme  un  délégué  du  Ciel,  aux  ordres  duquel 
on  devoit  se  soumettre  sans  résistance,  11  ne  paroit  pas 
que  le  Cacique,  c'étoit  le  nom  de  ce  souverain  ,  abusai  de 
cette  disposition  des  espi'its  pour  appesantir  son  joug.  La 
douceur  naturelle  du  caraclère  des  liabilans  ,  que  le 
souverain  parlageoil  avec  ses  sujets,  avoit  introduit  un 
mélange  de  bonlé  et  de  lendresse  paiernelle  dans  l'exercice 
même  de  l'aulorilé  absolue.  Le  gouvernement  des  Caciques 
éloit  héréditaire  ,  mais  ils  en  partageoient  les  soins  avec 
plusieurs  chefs  qui  leur  éloient  subordonnés. 

Comme  les  Caraïbes,  les  habitans  des  Grandes-Antilles 
avoient  une  idée  confuse  d'un  Être  suprême,  mais  défigurée 
par  une  ninllilude  d'absurdités  dans  leur  croyance.  11 
paroît  aussi  qu'ils  avoient  quelques  notions  d'une  respon- 
sabilité future  pour  les  actions  bonnes  ou  mauvaises  pen- 
dant le  cours  de  leur  vie. 

Comme  les  Caraïbes  encore,  ils  reconnoissoient  ])lu- 
sieurs  divinités  subalternes,  toutes  malfaisantes,  qu'ils 
n'imploroient  pas  avec  vénération  ,  mais  par  un  sentiment 
de  crainte.  Leurs  prêtres  a'voientune  autorité  considérable , 
parce  qu'aux  fo)ictions  pro^ires  à  leur  état,  ils  ajouloieiit 
la  pratique  de  la  médecine  et  l'éducation  des  enl'ans  du 
premier  rang.  C'étoient  eux  aussi  qui  sanctionnoienl  les 
ordres  du  Cacique.  Ainsi,  comme  on  l'a  vu  si  souvent  en 
Europe ,  la  religion ,  dans  ces  iles  ,  éloit  devenue  l'inslru- 
ment  du  despotisme  civil. 

A  ces  notions  sur  les  anciens  habitans  des  Grandes  et 
pglites-Antilles ,  Bryau  Edv\ards  fait  succéder  l'histoire 
de  la  découverte  de  la  Jamaïque  et  des  élablissemens  suc- 
cessifs des  Espagnols  et  des  Anglais  dans  celte  ile.  Je  ne 


j\MÉRIQUr.  VOYAG.  AUX  ANTILLES.  l']5 
m'y  arrèierai  pas,  non  jiîus  fju'à  la  descriplion  sommaire 
-tju'il  en  a  faite,  parce  (]ue  nous  avons  plusieurs  relations 
particulières  de  la  Jamaïque  dont  je  donnerai  la  notice. 

Je  vais,  au  contraire,  tracer  une  rapide  esquisse  du 
labkau  qu'il  a  fait  dans  son  ouvrage,  des  îles  de  la  Gre- 
nade, de  la  Barbade,  de  Sainl-Vincent,  de  la  Dominique, 
de  Sainl-CIirislophe  et  de  Nevis,  sur  le  dernier  état  des^- 
quelles  nous  n'avons  point  de  notions  aussi  satisfaisatiles 
que  celles  qu'il  nous  a  procurées. 

ISLE   DE  LA   GRENADE. 

Aux  lumières  que  l'auteur  des  Voyages  intéressans 
nous  a  procurées  s:ir  cette  île,  il  faut  ajouter  les  suivantes, 
que  je  puise  dans  l'ouvrage  de  Brj^an  Edwards. 

De  quatre -vingt  mille  acres  de  terre  que  renferme 
cette  îIq  ,  il  n'y  en  a  jamais  eu  que  cinquante  mille  de  cul- 
tivés. Le  pays  est  arrosé  de  ruisseaux.  Il  y  a  beaucoup  de 
variété  dans  la  configuration  de  la  vsurfacede  l'iie,  et  dans 
la  nature  de  son  sol  ;  mais  en  général ,  le  tei-ritoire  est  très- 
fertile.  La  capitale  de  l'de  est  la  ville  de  Saint-George.  La 
population  des  blancs  et  celle  àts>  noirs  sont  beaucou]> 
diminuées.  Le  nombre  des  premiers  ne  s'élevoit  plus,  au 
temps  où  l'auteur  écrivoit,  qu'à  raille,  et  celui  des  autres 
à  vingt-trois  mille  neuf  cent  vingt- six.  En  1 787  ,  au  con- 
traire ,  le  nombre  des  métis  étoit  de  plus  de  onze  cents. 
A  la  même  époque,  il  sorloit  de  la  Grenade  cent  dix-huit 
vaisseaux,  dont  l'équipage  éloit  de  dix-huit  cent  vingt-six 
hommes.  Les  cargaisons  étoient  évaluées  à  quatorze  mil- 
lions sept  cent  quarante-sept  mille  sept  cent  quatre-vingt- 
douze  livres  tournois. 

ISLE   DE   LA   BARBADE. 

Bryan  Edv^'ards  trace  d'abord  l'historique  de  l'occu- 
pation de  l'ile  de  la  Barbade  par  les  Anglais,  qui  la  Iroi;- 
vèrenl  abandonné»  par  les  Caraïbes ,  sans  qu'on  ait  pu 


in6  BIBLIOTHÈQUE    DES     VOYAGES. 

jDenélrer  les  molifs  qui  poiièrent  ce  peuple  ù  s'en  retirer'. 
Celle  île  fui  d'abord  en  Ire  les  mains  de  divers  proprié- 
taires, mais  elle  repassa  sous  le  régime  du  roi  d'Angle- 
terre. Elle  étoit  Irès-florissanle  en  1670  :  on  y  comploit 
cinquante  mille  blancs  et  deux  fois  aulant  de  noirs.  L'acie 
de  navigation,  si  avantageux  a  la  métropole,  a  fait,  an 
contraire,  déchcoir  la  Barbade  au  point  qu'en  1786,  on 
n'y  comptoit  plus  que  seize  mille  blancs,  huit  cents  gens 
de  couleur,  et  soixante  et  deux  mille  nègres.  Des  ouragans 
qui  ont  désolé  File  pendant  dix  ans,  ont  contribué  aussi 
à  celle  étrange  dépopulation  :  mais  depuis  que  ce  fléau  a 
cessé ,  la  Baibade  n'est  pas  revenue  à  son  ancien  état  de 
prospérité.  Elle  ne  pourroit  espérer  ce  retour  que  de  l'abo- 
lition de  l'acte  de  navigation.  Malgré  le  préjudice  que  cet 
acte  apporte  à  la  prospérité  de  l'île  ,  la  bonté  de  son  sol  en 
général,  et  la  qualité  de  son  sucre,  qui  ne  le  cède  qu'à 
celui  de  Saint-Christophe  ,  sont  telles,  que  les  cargaisons', 
en  171^7,  s'élevèrent  à  la  valeur  de  douze  millions   neuf 
cent  cinquante  mille  cinq  cent  vingt  livres  tournois,  et 
furent  exportées  par  trois  cents  quarante-trois  vaisseaux  , 
montés  de  dix-neuf  cent  quarante  hommes. 

ISLE  DE  SAINT-VINCENT. 

'L'île  de  Saint-Vinceut,  beaucoup  moins  considérable 
que  celle  de  la  Barbade,  a  été  successivement  occupée 
par  les  Français  et  les  Anglais,  concurremment  avec  les 
Caraïbes.  La  possession  en  a  été  assurée  à  l'Angleterre, 
mais  toujours  avec  la  même  concurrence,  par  le  Iraiîé  de 
Paris.  De  quatre-vingt-quatre  mille  acres  de  terre  mon- 
tueuses  et  inégales,  mais  bien  arrosées,  il  n'y  en  a  que 
quaiante-hix  mille  de  cultivées,  dont  la  moitié  est  jjossédée 
iiar  les  Anglais,  et  l'autre  moitié  par  les  Caraïbes. 

Sur  le  territoire  anglais,  il  y  a  cinq  paroisses,  et  l'on  n'y 
trouve  qu'une  ville  considérable  qu'on  nomme  Kingston  et 
qui  en  est  la  capitale.  Le  reste  n'est  composé  que  de  pauvi-es 
■villages.  > 


AMERIQUE.    VOY^C.   AUX   ANTILLES.         I77 
ÏD'apiès  le  dernier  état,  le  nombre  des  blancs  monloit 
à  qualorze  cents,  celui  des  nègres  à  douze  mille  liuit  cent 
cinquante.  Dans  le  nombre  de  ces  nègres,  il  faut  com- 
prendre ceux  des  petites   îles  qui   dépendent   de   Sainl- 
Vincent,  telles  que  Regnia ,  Blustujue  et  l'Union,  qui  ea 
contiennent  une  bonne  partie.  En  1787,  il  sortit  de  l'ile 
Saint— Vincent  et  des  îles  en  dépendantes ,  ceni  vingt-deux 
vaisseaux,  dont  les  équipages  étoient  composés  de   neuf 
cent  .soixante    et    neuf  hommes.  Les  cargaisons   étoient 
estimées  à  quatre  millions  quatre  cent  soixante  et  quatorze 
mille  huit  cent  seize  livres  dix-huit  sols  tournois. 

ISLE   DE  LA  DOMINIQUE. 

L'ile   de  la   Dominique  a  long-temps  appartenu   à  la 
France  :  elle  fut  cédée  aux  Anglais  en  1759.  Les  j^lanteui-s 
français  qui  y  éloienl  établis,  furent  maintenus  dans  leurs 
propriétés.  Reprise  par  les  Français  en  1778,  elleest  reiom- 
béeen  1782  sous  la  domination  britannique.  Cette  île  con- 
tient cent  quatre-vingt-six  mille  quatre  cent  trente-six  acres 
carrés  déterre,  et  est  divisée  en  dix  paroisses.  Sa  capitale 
s'appelle  Roseau.   Cette  ville,  de  forme  irrégulière,  n'a 
qu'environ  un  demi-mille  de  long  sur  un  quart  de  large. 
La  surface  de  celle  île,  comme  celle  de  la  Grenade,  est 
fort  variée,  quelquefois  s'élevant  en  montagnes  escarpées 
et  irrégulières,  et  quelquefois  s'étendant  en  vallées  fer- 
tiles et  superbes.  Les  montagnes  récèlent  encore  des  vol- 
cans,  mais   sans  activité,  et  des  sources  d'eaux  chaudes 
d'une  qualité   salubre.   L'ile  est   arrosée  de  trente  belles 
rivières.  Le  sol  est  aussi  varié  dans  sa  qualité  qu'il  l'est  à 
sa  surface.  Celui  dont  la  couleur  est  noire,  et  qui  com- 
munément est  contigu  aux  rivages,  est  le  nieilleur.   Le 
nombre  des  terres  fertiles  n'est  pas  considérable  :  on  ne 
compte   dans   l'île  que  cinquante  plantations   qui,    une 
année  dans  l'autre,  ne  rapportent  guèi-e  que  trois  mille 
boucnux  de  sucre.  Les  cafiers  foin-nisseul  des  récolles  plus 
abondantes.  En  1778,  on  Gomploit  ù  la  Dominique  douze 
VI.  M 


1^3  BIBLIOTirÈQUE  DES  VOYAGES. 
cent  trente-six  blancs ,  quatre  cent  quaranle-six  nègres 
libres,  quatorze  mille  neufceut  soixante-sepl  noirs  esclaves, 
et  environ  trenle  familles  de  Caraïbes  indigènes.  Bryari 
Edwards  nous  dépeint  ceux-ci  comme  des  gens  tranquilles 
et  doux ,  vivant  principalement  de  la  pêche  et  de  la  chasse. 
Il  confirme  ce  qu'il  avoit  observé  sur  les  Caraïbes  en 
général,  relativement  à  leur  adresse  à  tirer  de  l'arc,  et  à 
leur  habileté  dans  la  manière  de  faire  les  paniers  de  paille  et 
d'écorce  d'arbres. 

En  1787  ,  il  sortit  de  la  Dominique  cent  soixanleet  deux 
vaisseaux,  montés'de  dix  — huit  cent  quatorze  hommes 
d'équipage  :  les  cargaisons  en  éloiejit  évaluées  à  la  somme 
de  sept  millions  deux  cent  soixante  et  onze  mille  sept  cent 
cinq  livres  cinq  sols  tournois. 

ISLE  DE   SAINT-CHRISTOPHE. 

Celte  île ,  découverte  par  Christophe  Colomb,  et  honorée 
de  son  nom ,  n'a  jamais  été  cultivée  par  les  Espagnols, 
tiong-temps  elle  fut  concurremment  occupée  par  les 
Français  et  les  Anglais  :  mais  elle  fut  cédée  à  ceux-ci  par 
le  traité  de  Breda.  Après  en  avoir  été  chassés  pendant  la 
guerre,  ils  y  furent  rétablis  par  le  traité  d'Utrecht.  Ils  la 
perdirent  de  nouveau  en  1782 ,  mais  elle  leur  fut  restituée 
-en  1783. 

Cette  île  contient  environ  quarante-trois  mille  sept  cent 
vingt-six  acres  de  terre,  dont  vingt  et  un  mille  environ 
sont  en  pâturages  et  en  ^plantations  de  cannes  à  sucre. 
L^iniérieur  du  pays  est  monlueux  et  aride;  mais  la  ferlilil» 
des  plaines  qui  s'étendent  le  long  àes  rivages  ,  dédommage 
de  la  stérilité  des  montagnes.  Le  sol  de  Saint-Christophe  | 
n'a  rien  de  commun  avec  celui  des  autres  îles  :  poreux  et 
léger,  c'est  un  mélange  de  terre  vierge  et  d'une  pierre 
ponce  ferrugineuse.  Des  feux  souterrains  lui  ont  proba- 
blement donné  celte  qualilé.  Du  reste  ,  ce  sol  n'a  point  son 
pareil  poiu'  la  production  du  sucre.  Les  terres  choisies  de 
Sainl-Chrislophe  rapportent  année  commune  trente-deux 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  AUX  ANTILLES.  I  yo 
qujntanx  de  sucre  par  acre  (3584  livres,  à  112  pesant  le 
(juinlal);  et  dans  certains  endroits ,  on  a  vu  des  cannes 
produire  la  quanlilé  prodigieuse  de  huit  mille  livres  de 
sucre  par  acie. 

Sainl-Clirisloplie  renferme  neuf  paroisses.  Basse-Terre 
en  est  la  capitale.  Le  nombre  des  habitans  est  évalué  *k 
quatre  mille  blancs,  vingl-six  mille  nègres  esclaves,  trois 
cent  nègres  libres  et  mulâtres. 

ISLE    DE   NE  VIS.  % 

L'ile  de  Nevis  s'élève  du  milieu  de  la  mer  en  forme  de 
montagne  ,  dont  la  base  n'a  pas  plus  de  huit  lieues.  Toute 
la  surface  et  l'aspect  de  l'ile  annoncent  qu'elle  fut  pro- 
duite à  quelque  époque  reculée,  par  l'explosion  d'un 
volcan.  Le  sommet  de  la  montagne  forme  un  cratère  qui 
renferme  ime  source  d'eau  chaude  fort  imprégnée  de 
soufre.  Il  est  très-probable  cjue  lorsque  l'ile  fut  découverte 
par  Colomb  ,  il  sortoit  de  la  fumée  de  ce  cratère  au  milieu 
des  neiges  ,  et  que  celte  circonstance  fit  donner  à  l'ile  le 
nom  de  Nieves ,  neiges,  d'où  les  Anglais  l'ont  nommée 
Nevis. 

Quoique  cette  île  en  général  soit  bien  a,rrosée  et  son  sol 
extrêmement  fertile,  ce  sol ,  dans  quelques  endroits,  est 
fort  sec  ;  mais,  pan  cela  même,  ces  parties  sont  propres  à 
produire  en  abondance  des  ignames  et  d'autres  légumes 
qui  ne  viendroient  peut-être  pas  aussi  bien  dans  un  ter- 
rein  plus  humide.  On  compte  dans  l'iie  six  cents  blancs 
et  dix  mille  nègres. 

ISLES  D'ANTIGUE,   DE   MONTSERAT ,   DE 
BAHAMA  ET  DES  VIERGES. 

Brv'an  Edwards  s'est  borné  à  nous  donner  la  popula- 
tion des  îles  d'Antigue,  de  Moutserat,  de  Bahama  et  des 
Vierges.  Ahtigne  contient  deux  mille  cinq  cent  quatre- 
vingt-dix    blaucs,  et   tien  le -sept    mille    huit   cent  huit 

2. 


1 OO       E  I  B  L  I  O  .TU  È  Q  U  E    DES    V  O  Y  A  G  K  S . 
nègres  ;  Montserat ,  treize  cents  blancs  et  dix  mille  nègres  ; 
les  îles  BaLama,  mille  soixante  blancs  et  deux  mille  deux 
cent  quaranleel  un  nègres  j  les  Vierges,  douze  cents  blancs 
et  neuf  mille  nègres. 

A  la  suite  de  ces  descriptions,  Bryan  Edwards  trace  le 
caractère  des  Européens  résidens  aux  îles  Antilles  an- 
glaises, celui  des  créoles,  de  leurs  femmes  et  de  leurs 
enfctns  ,  avec  quelques  observations  sur  les  effets  du  climat 
h  leur  égard.  Sous  les  mêmes  rapports,  il  considère  les 
wègres  libres  et  les  mulâtres. 

Mais  il  s'étend  beaucoup  plus  sur  les  noirs  dans  l'élat 
d'esclavage.  Non- seulement  il  donne  l'historique  de  la 
traite  à  la  côte  d'Afrique,  mais  il  entre  dans  de  grands 
détails  sur  l'importation  des  nègres  dans  les  colonies  par 
les  différentes  nations  de  l'Europe.  A  ces  calculs  commer- 
ciaux, il  fait  succéder  le  tableau  des  différentes  peuplades 
africaines  qui  sont  l'objet  de  la  traite.  Il  y  fait  entrer  les 
Irails  qui  les  distinguent  par  leurs  bonnes  ou  mauvaises 
qualités,  soit  dans  leur  terre  natale,  soit  dans  l'état  d'es- 
clavage. Après  avoir  exposé  les  moyens  qu'on  emploie 
pour  se  procurer  des  esclaves  sur  les  différentes  côles 
d'Afrique,  la  méthode  à  laquelle  on  s'attache  pour  le 
transport  de  ceux  qui-  sont  destinés  aux  îles  anglaises  ,  les 
réglemens  nouvellement  établis  à  cet  égard  par  un  acte 
du  parlement ,  les  effets  de  ces  réglemens  ,  le  mode  des 
ventes  des  noirs  à  leur  arrivée  dans  les  colonies,  l'emploi 
qu'on  eu  fait,  la  manière  dont  on  les  traite,  la  dispro- 
portion de  sexe  cIîcz  les  nègres  actuellement  importés 
d'Afrique,  les  causes  de  leur  diminution  actuelle,  entre 
lesquelles  Sryan  Edwards  range  la  polygamie  ,  il  fait  ob- 
server que  l'esclavage  même  le  plus  doux  est  contraire  à  la 
population  ,  et  propose  divers  moyens  pour  améliorer 
encore  le  sort  des  esclaves.  Ces  dispositions  philanthro- 
piques ne  ramènent  pas  néanmoins  à  voter  indéfiniment 
pour  que  la  traite  soit  abolie  :  il  rassemble  au  contraire  le» 
objections  qu'il  y  a  lieu  de  faire  contre  une  abolition 
directe  et  immédiate -de  ce  commerce  par  la  nation  bri- 


AMERIQUE.  VOYAG.  AUX  ANTILEES.  lOI 
lanniqiie  seule  :  il  fait  valoir  avec  force  plusieurs  consi- 
Aéralioiis  sur  les  conséquences  d'une  pareille  mesure. 

Le  cinquième  livre  de  l'ouvrage  de  Bryan  Edwards  est 
consacré  au  tableau  des  diverses  cultures  qui  ont  lieu  dans 
les  Antilles.  Le  sixième  livre  roule  sur  la  forme  de  gouver- 
nement des  établissemens  coloniaux  anglais,  et  sur  le» 
divers  genres  de  commerce  auxquels  les  produclions  de 
ces  établissemens  donnent  lieu.  Des  délails  très-instructifs  , 
et  des  vues  pleines  de  sagacité  distinguent  celle  partie  de 
l'ouvrage  ;  mais  il  ne  seroit  pas  possible  d'en  donner  lui 
extrait  satisfaisant,  parce  qu'il  n'y  a  rien  à  en  retrancher  ; 
il  faut  les  lire  en  entier  dans  l'ouvrage  même. 

Bryan  Edwards  l'a  terminé  par  un  tableau  rapide  de 
l'élat  politique  de  la  colonie  de  Saint-Domingue  avant 
178G,  et  par  la  relation  des  événemens  malheureux  qui 
sont  arrivés  dans  celle  colonie  jusqu'à  la  fin  de  i'j^4'  Le 
traducteur  l'a  continuée  jusqu'à  l'époque  de  la  mort  du 
Capitaine-général  Le  Clerc. 

§.  IL   Descriptions  des  Grandes- Antilles .  T^ojages^ 
faits  dans  ces  iles. 

jEneconnoispoint  de  relations  particulières  à  l'ile  de 
Ciiba  ,  la  plus  considérable,  sinon  par  sa  culture,  au 
moins  par  son  étendue,  des  grandes  îles  Antilles;  mais 
comme  c'est  un  lien  de  relâche  pour  les  flottes  espagnoles 
qui  vont  dans  les  Indes  occideiilales,  ou  qui  en  revien- 
nent, et  même  pour  beaucoup  de  vaisseaux  des  autres 
nations,  on  trouve  des  j-enseignemens  sur  cette  île  dans 
j)lusieurs  Voyages.  C'est  principalement  dans  les  Mémoires 
de  Fischer,  écrits  en  allemand  ,  rédigés  en  grande  partie^ 
pour  ce  qui  concerne  les  colonies  espagnoles ,  d'après  le 
Voyageur  universel  espagnol,  el  dont  j'ai  donné  précédem- 
ment un  extrait  (cinquième  Partie,  section i)  qu'on  peut, 
I ainsi  qu'on  l'a  vu ,  se  faire  iw.e  idée  de  l'ile  de  Cuba. 
Comjrie  pour  celle  île^  ce  n'est  également  que  dans  (^s- 


lS2  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 

relations  communes  à  d'autres  pays  qu'on  peut  se  procurer 
des  notions  sur  File  de  Porlo-Rico ,  l'une  aussi  des  Grandes- 
Antilles,  J'en  ai  donné  une  esquisse  dans  la  notice  des 
Voyages  intéressans  {ibid.  ).  Quant  à  Saint-Domingue  et  à 
la  Jamaïque,  on  a  sur  ces  deux  îles  plusieurs  relations 
particulières. 

SAINT-DOMINGUE. 

Histoire  de  risle-EspagnoIe  ou  de  Saint-Do- 
mingue ,  e'crite  parlicuîièremeut  sur  les  Mémoires 
manuscrits  du  P.  J.  B.  Pers ,  missionnaire,  et  sur 
les  pièces  originiales  qui  se  conservent  au  dépôt  de 
la  marine /par  le  P.  Chadevoix ,  jésuite,  enrichie 
de  plusieurs  cartes  géograpdiiques  et  de  vignettes. 
Paris _,  Prulard,  1722,  2  vol.  in-4''. 

—  La  même.  Amsterdam,  ly  55,  4. vol.  in-12. 

Ainsi  que  l'annonce  le  titre,  celte  relation  a  été  com- 
posée, en  grande  partie  ,  d'ajirès  les  Mémoires  d'un  mis- 
sionnaiie;  mais  le  P.  Charlevoix  en  a  judicieusement 
relranché  les  détails  purement  relatifs  aux  travaux  dts 
missions;  et  il  n'a  traité  que  l'histoire  politique,  militaire  et 
morale  de  l'île,  le  meilleur  ouvrage  peut-être  de  cet  écri- 
vain ,  qui  l'a  divisé  en  doxize  livres  :  c'est  dans  le  douzième 
qu'il  décrit  les  deux  parties  de  lile  soumises  à  l'Espagne  et 
à  la  France.  La  partie  espagnole  spécialement  ne  nous 
éloit  guère  connue  que  par  sa  relation,  avant  la  descrip- 
tion plus  détaillée  qu'en  a  publiée  assez  récemment 
jST.  Moreau  de  Saint-Méry.  Li;  P.  Charîevoix  indique  les 
principaux  éiablissemens  formés  par  les  Espagnols  dans  la 
pai'lie  de  l'île  qu'ils  occupoient  :  sur-tout  il  s'étend  beau- 
coup sur  la  riche  plaine  de  San-Domingo  et  sur  la  capi- 
tale qui  lui  a  donné  ce  nom.  L'ignorance,  la  fierté  des 
Espagnols,  la  pauvreté  qui  marche  à  la  suite  de  leur 
indolence,  quelques  vérins  qui  forment  un  conire-poids 
à  ces  vices,  telles  que  la  tempérance  et  la  générosité,  sont 


AMÉRIQUE.    VOYAG.    AUX    ANTILLES.  1^6 

peinles  avec  les  couleurs  les  j)!us  naïves.  La  de.sciiplion 
de  la  partie  française  embrasse  la  température  du  pays,  ba 
population,  la  nature  et  Ja  variélé  de  son  sol,  ses  rivières, 
ses  mines,  oubliées  depuis  pour  des  cultures  plus  riches. 
Le  P.  Charlevoix  décrit  rapidement  l»s  animaux  et  les 
fruils  de  l'île;  il  trace  le  caractère  d'esprit  des  colons  fran- 
çais, balance  leurs  bonnes  et  leurs  mauvaises  qualités,  et 
termine  ce  tableau  par  des  observations  assez  judicieuses 
snr  les  nègres.  On  conçoit  aisément  que  la  partie  de  l'ou- 
vrage du  P.  Charlevoix  qui  concerne  la  culture  et  la 
population  delà  partie  française  de  l'ile,  avoit  bien  vieilli , 
lorsqu'on  en  lapprochoit  le  tableau  de  l'état  florissant  oi\ 
elle  séloit  élevée  sous  ces  deux  rapports  dans  les  derniers 
temps  qui  ont  précédé  la  révolution. 

Essai  sur  riiisloire  naturelle  de  Saint-Domingue 
(par  le  P.  Nicolson),,  Paris,  Gobreau ,  1776,  in-8^. 

C'est  un  supplément  très-utile  à  ce  que  l'histoire  de 
Saint-Domingue  par  Charlevoixlaissoil  désirer  sur  l'histoire 
natuielle  de  celte  île. 

Loix  et  constitutions  des  Colonies  françaises 
Sous-le-Vent ,  suivies _,  1°.  d'un  Tableau  raisonné 
des  différentes  parties  de  l'administration  actuelle 
de  ces  colonies;  3°.  d'Observations  générales  sur 
le  climat,  la  population  ,  la  cwlture,  le  caractère, 
les  mœurs  des  babitans  de  la  partie  française  de 
Saint-Domingue  ;  5".  d'une  Description  physique  , 
politique  et  géograpbique  des  différens  quartiers 
de  cette  même  partie  :  le  tout  tei^miné  par  l'Histoire 
de  cette  île  et  de  ses  dépendances  ,  depuis  leur 
découverte  jusqu'à  ce  jour.  Paris^  1784- 1785, 
4  vol.  in-/|". 

Voyage    à  Saint-Domingue,   dans  les  anuécs 


184         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

i'j88,  1789  et  1790,  par  le  baron  de  W impfen^ 
Paris,  Buisson  ,  1795  ,  3  vol.  in-S". 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  anglais  ,  el  a  paru  soua  le  lilre 
suivant  : 

Tf^'^lMFEN's  (baron)  Voyage  to  St.- Domingo, 
Londres,  T794,  in-8°. 

Ce  voyageur  a  chargé  de  couleurs  très^noires  le  tableau 
qu'il  fait  de  la  vit;  sociale  et  des  mœurs  des  colons  de 
Saint-Domingue.  Les  traits  de  ce  tableau  étoient  sans 
douîe  applicables  en  général  à  beaucoup  de  ces  colons, 
mais  les  exceptions  éloient  nombreuses. 

Description  topogi^apliique  et  politique  de  la 
pnrtie  espagnole  de  l'île  de  Saint-Domingue,  par 
'^l.  Mo  veau  de  Saint -3Iéry,  en  anglais  et  en  fran- 
ç,ïls.  Philadelphie  ,  1796  ,  2  vol.  in-8". 

Description  de  la  partie  française  de  l'île  de 
Saint-Domingue,  eu  anglais  et  en  français,  par  le 
même.  Philadelphie,  1797  ,  2  vol.  in-4°. 

C'est  dans  celte  dernière  relation  sur- tout  qu'on  jJGut 
recueillir  des  notions  certaines  sur  le  dernier  élat  de  la 
colonie  de  Saint-Domingue  ,  avant  cette  funeste  insurrec- 
tion qui  l'a  couverte  de  ruines  et  comme  abreuvée  de 
sang.  Des  villes  iloiissanles  ,  des  bourgs  jîopuleux,  des 
plantations  immenses,  de  riches  et  nombreux  ateliers^ 
tout  a  disparu  de  la  surface  du  sol;  les  flammes  ont  tout 
dévoré.  La  race  européenne  a  été  anéantie  par  le  per- 
fide et  cruel  Africain.  La  desciiption  de  la  colonie,  telle 
qu'elle  existoit  avant  1789,  n'appartient  plus  qu'à  fhi!-— 
ioire.  Je  n'en  donnerai  donc  pas  un  extrait,  qui  d'ailleurs 
ne  pourroit  que  rappeler  de  déchirans  souvenirs. 

Tableau  historique  de  la  Colonie  française  de 
Saint-Domingue,  par  Btyan  Edwards:  (en  anglais) 
Jlistorical  Swvej   of  the  Franck   Colonj  of  Saint" 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  AUX   ANTILLES.         1 85 

Domingo ,  bj  Brjan  Edwards.  Londres  ,  1 797,  in-4"« 

Celte  histoire  a  été  depuis  réimprimée  dans  le  troisième 
volume  de  l'Histoire  des  Indes  occidentales  du  même 
auleur,  dont  j'ai  donné  jDrécédeniment  la  notice. 

Histoire  de  1  île  de  Saint-Domingue  ,  extraite 
de  1  Histoire  civile  et  commerciale  des  Antilles ,  de 
M.  Bry^an  Edwards,  et  continuée  jusqu'aux  der- 
niers événemens  ,  contenant  de  nombreux  détails 
sur  ce  qui  s'est  passé  dans  cette  importante  colo- 
nie pendant  la  révolution  ,  par  J.  B.  J.  Breton  ,  avec 
une  carte  de  l'île.  Paris,  Dufour ,  an  xi  — i8o3} 
Amsterdam,  ibid,  in- 12, 

LA    JAMAÏQUE. 

Description  de  l'île  de  la  Jamaïque:  (en  an- 
î:;lais)  Description  of  tlie  island  of  Jarnaïca.  Lon- 
dres', 1672  ,  2  vol.  in-S"*. 

Discours  sur  l'état  présent  de  la  Jamaïque  ,  par 
Thomas  Tropham  :  (en  anglais)  Discourse  vpon  thc 
modem  state  of  Jamaica ,  by  Thoin.  Tropham.  Lon- 
dres ,  1679,  in-8^. 

Tableau  de  la  Jamaïque,  avec  tous  les  ports  et 
les  établissemens  qui  lui  appartiennent,  etc..  par 
HicheringiUi  :  (  en  anglais  )  Jamàica  TFievcd ,  tpith 
ail  tlw  ports  and  settlcmenls  thereunto  belengiug^  etc. 
'5"  édit.  Londres,  lyoS,  in-fol. 

Plusieurs  Of-servations  modernes  sur  la 
Jamaïque  ,  sur  son  histoire  naturelle  ,  ses  amélio- 
rations ,  son  commerce  et  l'espèce  de  ses  béné- 
fices :  (en  anglais)  Some  modem  Observations  iipoii 
Jamaïcà  ,  and  Lo  its  natural  history ,  improvemcnl  _, 


l86         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

in  tonde  ,  maniier  of  living.  Londres,  i'72'7,  ia-8**. 
Histoire  de  la  Jamaïque  :  (en  anglais)  History 
-  of  Jamàica.  Londres,  lySo,  m-4°- 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  sous  le  lilre  suivant  : 
HfSTOiRE  de  la  Jamaïque,  traduite  de  l'anglais 
par  M**'^,  et  ornée  de  six  planches  en  taille-douce. 
Londres,  Morse,  l'jSi,  2  parties   formant  i  vol. 
iiî-i2. 

Cette  relation  est  le  fruit  d'un  séjour  assez  long  de 
1  auteur  à  !a  Jamaïque.  L'histoire  de  l'occupation  de  cette 
île  jDar  les  Espagnols,  de  la  conquête  qu'en  firent  sur  eux 
les  Anglais,  des  établisseniens  que  ceux-ci  y  formèrent, 
est  précédée  d'un©  description  de  l'île.  Les  rivières  qui 
ai'rosent  ses  vallées  fournissent  une  eau  très-salubre ,  et 
noui'rissent  plusieurs  excellentes  espèces  de  poissons. 

Les  montagnes,  très -multipliées  dans  l'île,  sont  fort 
boisées  ;  elles  ont  l'inconvénient  <l'assurer  une  retraite  inac- 
cessible aux  nègres  insurgés  et  marrons  qui  en  occupent 
le  centre.  L'auteur  delà  relation  nous  a  donné  l'historique 
de  celle  puissance  si  redoutable  pour  la  colonie.  L'origine 
en  remonte  à  l'expulsion  des  Espagnols  de  la  Jamaïque  : 
elle  est  très -curieuse. 

Ceux  des  nègres  qui  éloient  restés  fidèles  à  leurs  anciens 
maîtres,  se  voyant  en  liberté  par  leur  fuite,  et  craignant 
que  les  Anglais  ne  les  punissent  cruellement  des  perles 
qu'ils  leur  avoient  fait  essuyer  dans  le  cours  de  la  guerre 
entre  les  deux  nations,  résolurent  de  se  maintenir  dans  l'île. 
Ils  tuèrent  celui  que  les  Espagnols  avoient  mis  à  leur  lêle, 
choisirent  entre  eux  un  chef  pour  les  commander;  et  après 
avoir  fait  jirovisoirement  quelques  réglemens  nécessaires 
pour  conserver  leur  union,  ils  s'occupèrent  d'assurer  leur 
subsistance.  Ils  plantèrejit  dans  les  cantons  les  moinsacces- 
sibïes  aux  colons,  du  maïs,  du  caCao  et  d'autres  plantes 
nourricières  :  ils  trouvoient  d'ailleurs  des  ressources  de 
avibsistance  dans  la  chasse  et  dans  les  vivres  qu'ils  enle— 


-AMÉRIQUE.  VOYAG.  AUX  ANTILLES.  187 
voient  sur  les  habitations.  Doyley ,  qui  comnianfloit  clans 
1  ile^  fit  poursuivre  vivement  ces  maraudeurs.  On  joignit 
plusieurs  de  leurs  partis  écartés  du  gros  de  la  troupe ,  et 
on  les  tailla  eu  pièces  :  au  nombre  des  moits,  se  trouva  le 
chef  de  ceux  qui  s'étoient  opposés  à  ce  qu'ils  se  soumissent 
a  l'Angletene.  La  plus  grande  partie  des  insurgés  qui 
avoient  survécu  à  cetle  défaite^  offrirent  de  se  soumettre , 
et  fujent  reçus  en  grâce.  D'autres,  en  peiit  nombre, 
s'obsliïièrent  à  se  défendre.  On  employa  contre  eux  les 
nègres  de  la  colonie  qui  eurent  la  Mclieté  de  donner  celte 
l)reuve  de  fidélilé  ù  leurs  maîtres.  Par  cette  méthode,  le 
nombre  des  insurgés  diminuoit  tous  les  jours,  et  plusieurs 
même  trouvèrent  le  moyen  de  passer  à  Cuba.  Le  petit 
nombre  de  ceux  qui  resf-èrent,  ne  donnant  plus  aucun 
sujet  d'inquiétude  ,  on  négligea  d'achever  de  les  soumettre. 
Leur  nombre  augmenta  toujours  insensiblement;  et  la 
retraite  qu'ils  s'étoient  ménagée,  devint  un  asyle  sûr  où 
se  réfugièient  clans  la  suite  tous  les  esclaves  que  la  ciainle 
des  châtimens  ou  le  moindre  mécontentement  engageoient 
à  s'enfuir  de  chez  leurs  maîtres.  C'est  ainsi,  dit  l'auteur  de 
la  relation  ,  que,  par  progression  de  temps,  ils  sont  deve- 
nus si  redoutables,  qu'ils  ont  plus  d^une  fois  fait  trembler 
l(^ule  l'île  et  forcé  les  colons  d'employer  toutes  les  forces 
contre  eux,  sans  pouvoir  parvenir  à  les  soumettre:  des 
déiachemen'sde  troupes  choisies  ne  les  ont  même  jamais 
nttaquts,  sans  essuyer  beaucoup  plus  de  perle  qu'ils  ne 
]f  ur  en  avoient  causé. Pour  se  garantir  de  leurs  incursions, 
il  a  fallu  consliuire  des  forts,  former  des  retrancheniens 
qui  ne  font  pas  toujours  une  barrière  sûre.  Ils  forment 
donc  aujourd'hiu' ,  depuis  sur-tout  que  l'auteur  de  la  rela- 
tion a  publié  son  ouvrage,  une  puissance  avec  laquelle, 
après  de  vaines  tentatives  pour  la  clétruix-e,  le  gouver- 
nement s'est  vu  ]:)lusicurs  fois  forcé  de  traiter  comme  de 
puissance  à  puist^^ance,  pour  assurer  la  tranquillité  des  habi- 
tans  de  la  plaine. 

Indépendamment  de  cet  état  de  choses,  si  fâcheux  dans 
l'ordre  politique,  la  Jamaïque  est  habituellement  désolé* 


lS8  BIBLIOTHÈQUE  DTS  VOYAGES, 
par  des  ouragans  de  la  plus  grande  violence,  devenus 
laeaucoup  plus  fréquens  dans  les  derniers  temps,  et  par 
des  Iretnblemens  de  terre,  tels  qu'en  ^792,  la  commotion 
renversa  presque  entièrement  Port-Royal,  Ja  plus  belle 
ville  de  la  colonie.  La  mer  ennloutit  le  reste.  Ce  désastre 

o 

donna  naissance  à  la  ville  de  Kingston  ,  aujourd'hui  la  plus 
considérable  de  la  Jamaïque  après  Spanish-Town ,  la  capi- 
tale de  l'ile.  Ces  tremblemens  de  terre  occasionnent  de» 
subversions  de  terreins  très-funestes  pour  les  cultures;  et 
jDeut-êire  aussi  sont  le  germe  des  maladies  aiguës,  qui  de 
temps  à  autre  affligent  l'ile. 

Ces  fléaux,  la  grande  étendue  des  parties  montueuses  et 
insusceptibles  de  culture,  l'infériorité  reconnue  du  sol  à 
celui  de  Saint-Domingue,  l'épuisement  de  ce  sol  dans 
plusieurs  cantons,  ne  permettoient  pas  de  faire  entrer 
celte  coloiiie  en  comjîaraison  avec  celle  de  Saint-Domingue 
avant  l'insurrection  qui  a  éclaté  dans  cette  dernière  île. 

La  relation  renferme  des  notions  intéressantes  sur  la 
forme  du  gouvernement  de  la  Jamaïque,  qui  a  beaucoup 
d'analogie  avec  le  régime  des  colonies  anglaises  du  conti- 
nent de  l'Amérique  septentrionale,  tel  qu'il  exisloit  avant 
leur  séparation  d'avec  la  métropole. 

On  trouvera  sur  cette  colonie  des  détails  plus  circons- 
tanciés encore  dans  l'ouvrage  suivant  : 

IIiSTOiiiE  naturelle  et  civile  de  la  Jamaïque  ,  par 
P.  Brown,  eurichie  de  beaucoup  de  plauclies  :  (en 
anglais)  P.  Broivji's  the  Civil  cnid  Naiural  History 
of  Jamaïca.  Londres,  Osbornc  ,  lySô,  in-fol. 

Cet  ouvrage  est  1res -précieux ,  pour  les  naturalistes 
principalement. 

Histoire  de  la  Jamaïque,  ou  Tableau  général 
de  l'ancien  et  du  nouvel  état  de  celte  île  ,  avec  des 
réflexions  sur  sa  situation  ,  ses  établissemens  ,  son 
climat ,  ses  productions ,  son  comjnerce  ,  ses  loix , 


i 


AMÉRIQUE.    VOYAG.   AUX  ANTILLES.         189 

son  gouvernement  :  (en  anglais)  The  Hist.ovy  of 
Jamàica ,  or  gênerai  Swvej  oftlie  ancient  and  mo- 
dem State  ofthat  island^  witli  réflexions  on  his  sitiia^ 
tion  ,  settlements  ,  cVunate  ,  products  ,  commerce  , 
laws  and  government.  Londres,  1774?  2  vol.  in-8*'. 

Recherches  concernant  le  commerce  et  la  po- 
lice de  la  Jamaïque  :  (en  anglais)  An  Inquirj  con- 
cerning  the  trade  and  polie j  of  Jamàica.  Londres  , 
1777,  in-4°. 

Description  de  l'île  de  la  Jamaïque ,  traduite  de 
l'anglais  par  Pingeron.  Paris  ,  1782  ,  in-12. 

Vues  pittoresques  de  la  Jamaïque  ,  par  Becîfort , 
avec  planches  :  (en  anglais)  Picturesque   Views  of 
Jamàica,  hj  Bechfort.  Londres,  1790,  iu-8°. 

Cet  ouvrage  a  élé  traduit  en  français  sous  le  litre  suivant  : 

Vues  pittoresques  de  la  Jamaïque ,  avec  une 
description  de'taillée  de  ses  productions ,  sur-tout 
des  cannes-à-sucre ,  des  travaux ,  du  traitement  et 
des  mœurs  des  nègres  ,  etc —  traduit  de  l'anglais 
de  M.  W . Beckfoit ,  par  J.  S.  P.  Lausanne,  Durand 
l'aîné,  1795  ,  2  vol.  in-12. 

Outre  des  renseignemens  assez  précieux  sur  les  produc- 
tions, les  cultures  et  les  mœurs  des  cultivateurs  qu'an- 
nonce le  titre  de  l'ouvrage,  l'auteur  a  décrit  d'un  style 
animé,  comme  il  le  promeltoit  aussi  dans  ce  litre  ,  les  plus 
beaux  sites  de  la  Jamaïque.  La  description  sur-tout  qu'il 
a  faite  des  cavernes  de  cette  île,  est  très-attachante. 

Histoire  des  Nègres  marrons  à  la  Jamaïque,  par 
Dallas  (en  anglais).  Londres  ,  in-8°. 

On  en  trouve  la  traduction  en  allemand  dans  le  22e  vol. 
de  la  Bibliothèque  des  Voyages  modernes,  de  Sprengel  et 
de  Ehrmann. 


I 


igO         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGl-.i. 

§.  III.    Descriptions  des  Petites- Antilles.    F^ojages 
faits  dans  ces  Iles. 

Pour  plusieqrs  de  ces  îles,  il  faut  recourir  à  des  rela- 
tions qui  embrassent  plusieurs  contrées  ;  aux  Voyages  Inté- 
ressans  (cinquième  Partie,  section  i),  pour  les  îles  de 
Curaçao,  de  la  Grenade  et  des  Bermudes  ;  à  X  Histoire 
civile  et  commerciale  des  Ishs  occidentales^  par  Biyaa 
Edwards  (cinquième  Partie,  section  m),  pour  la  B  u- 
"bade,  Saint-Vincent,  la  Dorainiq'ue ,  Saint-Christophe, 
Ijevis.  J'en  ai  donné  l'apperçu  rapide  dans  le  compte  q^ie 
j'ai  rendu  de  ces  deux  ouvrage.-;. 

Relation  de  rétablissement  des  Français  ,  de- 
puis l'an  i655  ,  en  l'île  de  la  Martinique ,  l'une  des 
Antilles  de  l'Amérique  ;  des  mœurs  des  Sauvages , 
de  la  situation  et  des  autres  singularités  de  l'île  :  par 
le  P.  Jacques  Bouton  ,  de  la  Compagnie  de  Jésiis. 
Paris,  Cramoisy,  1640,  in-8°. 

Ce  voyage  est  précieux  sur-tout  pour  les  notions  qu'il 
nous  donne  sur  les  Caraïbes,  avant  que  leurs  mœurs  eus- 
sent élé  altérées  par  des  communications  fréquentes  avec 
les  Européens ,  avant  que  leur  constitution  eût  été  afFoiblie 
par  lusage  funeste  des  liqueurs  fortes.  On  ne  reconnoît 
parmi  eux,  dit  le  P.  Bouton,  aucune  religion  proprement 
dite.  Ils  ont  néanmoins  quelques  notions  de  limmorlalité 
de  l'ame  ;  il  le  conjeclui'e  de  ce  que,  comme  les  Canadiens 
ils  donnent  aux  défunls,  pendant  quelques  jours,  des 
vivres  pour  se  nourrir,  des  liardes  pour  se  vêlir,  di-s 
meubles  pour  s'en  servir.  De  savoir  ce  que  les  âmes  cTes 
morts  deviennent ,  c'est  ce  dont  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il.s 
ne  se  metlent  pas  en  peine.  La  simplicité  du  P.  Bouton 
se  décèle  dans  ce  qu'il  ajoute,  qu'ils  connoissent  jiar  Tex- 
périence  et  à  leurs  dépens,  qu'il  y  a  des  esprils,  puisque  le 
diable,  qu'ils  appellent  Maboia,  les  bat  quelquefois  jusqu'à 


^MVIERIQUE.    VOYAG.    AUX    ANTILLFS.        IQI 
la  niorl,   mais  rju'ii   n'a  pas  tant  de  puissance  iur  eux 
lorsqu'ils  sont  aA^ec  les  Françaisj  mais  qu'en  reloiirj  il  les 
tourmente  cruellement  en  punition  de  ce  qu'ils  y  ont  été. 
L.e  P.  Boulon  ajoute,  avec  une  élrange  ci'édulilé,  que  les 
Caraïbes   crovcnf  que  le  ?igne   de   la  croix  fait  fuir   ce 
Mahcïa ,  et  que  la  plupart  ont  dans  leurs  habitations  une 
porte  par  laquelle  ils  disent  qu'il  entre  et  qu'il  sort.  Du 
reste,  ils  ne  lui  rendent  aucun  honneur  et  ne  lui  offrent 
aucun  sacrifice.  Ils  reconnoissent   un  autre  esprit   qu'ils 
nnmnient  Chamin,  et  qui  ne  les  traite  pas  mieux  que  le 
Mahoïa.  Le  P.  Boulon  observe  sérieusement  qu'il  faut  que 
quelques-uns  deux  aient  une  communication  particulière 
avec   cet   esprit,    jjuisqu'ils  prédisent   les   choses  futures 
qu'ils  ne  peuvent  savoir  que  de  lui.  Il  en  cite  pour  preuve  , 
que  la  veille  du  jour  de  son  arrivée,  une  vieille  Sauvagesse 
dit  à  un  Français,  magnane  navire  de  France ,  c'est-à-dire, 
demain  arrivera  ici  un  na^are  de  France  ,  ce  qui  se  réalisa. 
Ces  Sauvages,  femmes   et  hommes,  vont  entièrement 
nus  :  j'en  fis ,  dit  le  P.  Bouton  ,  la  réprimande  à  un  capi- 
taine d'entre  eux  ,  qui  ne  me  Gt  d'autre  réponse  que  celle- 
ci  :  I^on  ça  bon  pour  Français ,  bon  pour   Caraïbe  :  mot 
plein  de  sens,  et  d'une  sagacité  même  qu'on  n'attendroit 
pas  d'un   Sauvage  ;  car  il  exprimoit  par-là  que   chaque 
nation  a  des  usages  qui  lui  sont  propres  ,  et  auxquels  cliaque 
individu  doit  se  conformer. 

Du  reste,  ce  peuple  ,  dont  les  Européens,  qui  en  avoient 
reçu  plus  d'une  fois  les  meilleurs  traitemens,  sont  insen- 
siblement jjarvenus  à  exierminer  pref^que  entièrement  Ja 
race(i),  avoil  en  grande  j^arlie ,  suivant  le  portrait  qu'ea 

(i)  On  a  précédemment  vu  qu'il  en  exisle  encore  dans  lile 
Sainl-Vincenl ,  l'une  des  Anlilles  apparlenanlà  l'Angleterre,  quel- 
ques foibles  restes  :  ils  y  sont  confondus  avec  les  descendans  des 
nègres  révoltés,  et  parlagent  en  quelque  sorte  avec  les  Anglais  la 
j)Ossession  de  celle  île.  C'tsl  dans  l'Hisloire  des  Indes  occideulales  , 
de  Hryan  E(i\vards  ,  (ju'on  peut  recueillir ,  ainsi  qu'on  l'a  vu  ,  qiuïl- 
qucs  renbeignemens  sur  celle  colonie  de  Saint- Vincent. 


192  BIBLIOTHEQUE  DES  VOYAGF.  S. 
fait  le  P.  Boulon  ,  les  vertus  et  les  a  ices  des  Sauvages  clit 
continent.  Hospitaliers,  généreux  avec  leurj  amis,  ils 
étoient  implacables  dans  leurs  haines  et  dans  leurs  Ven- 
geances. Dans  l'état  de  paix ,  leur  indolence ,  leur  fainéan- 
tise ,  leur  apathie  étoient  extrêmes  :  c'éloit  aux  femmes 
qu'ils  laissoienl  tout  le  fardeau  des  soins  domestiques  ,  ne 
réservant  leur  activité  que  pour  la  chasse,  la  pèche,  et 
l'abattis  des  plus  gros  arbres.  Dans  la  guerre,  qu'ils  ne 
provoquoient  jamais  ,  mais  qu'ils  soutenoient  avec  une 
courageuse  persévérance,  ils  déployoieut  une  grande  acti- 
vité, mais  ils  employoient  plus  volontiers  la  ruse  que  la 
force  ouverte.  Enfin  ils  étoient  singulièrement  attachés  à 
leur  genre  de  vie,  et  rien  ne  pouvoit  les  déterminer  à 
l'abandonner. 

Ce  tableau  de  la  nation  Caraïbe  se  raccorde  assez  avec 
ce  qu'en  a  dit  Bryan  Edwards,  qui  paroît  y  avoir  puisé 
les  principaux  traits  dont  il  les  a  dépeints. 

Relation  de  rétablissement  d'une  Colonie  fran- 
çaise dans  la  Guadeloupe,  et  des  mœurs  des  Sau- 
vages ,  par  François  Dupais ,  de  Tordre  des  Frères 
Prêcheurs.  CaenJ^Yvon,  i652,  in- 8". 

Histoire  générale  des  îles  de  Salnt-Chrislopbe, 
de  la  Guadeloupe  ,  de  la  Martinique  et  autres ,  dans 
rAmérique  ,  où  l'on  verra  l'établissement  des  Colo- 
nies françaises  dans  ces  îles,  leurs  guerres  civiles  et 
étrangères,  et  tout  ce  qui  se  passe  dans  les  voyages 
et  retour  des  Indes  (occidentales)  :  comme  aussi 
plusieui  s  belles  particularités  des  Antilles  de  l'Amé- 
rique, une  description  générale  de  l'île  de  la  Gua- 
deloupe ,  de  tous  ses  minéraux  ,  de  ses  pierreries  , 
de  ses  rivières  ,  fontaines  et  étangs ,  et  de  toutes  ses 
plantes.  De  plus,  la  description  de  tous  les  animaux 
do  la  mer  ,  de  l'air  et  de  la  terre,  et  lui  traité  ion 


AMÉRIQUE.    YOVÀG.    AUX   ANTILLES.         IqS 

iample  des  mœurs  des  Sativages  du  pays,  de  l'c'iat 
de  la  colonie  française ,  et  des  esclaves  ,  tant  Maures 
que  Sauvages:  pYir  le  Tl.  P.  Jeàn-Baptisle  ^Mierf/Ci 
Paris  ,  Jacques  Lau^lois,  i654,  i  vol.  p.  iu-4°. 

Cet  ouvrage  est  devenu  fort  rare ,  et  mérite  d'être  re- 
clierché  ,  tant  pour  la  partie  de  l'histoire  naturelle  qui  y 
est  traitée  dans  un  grand  détail  et  avec  beaucoup' d'intel- 
ligence pour  le  temps  où  l'auteur  écrivoit ,  que  pour  la 
peinture  des  moeurs  des  naturels,  qui  sont  aujourd'hui 
éteints.  Il  ajoute  à  cet  égard  de  nouyelles  lumières  à  celle» 
que  nous  avoit  données  le  P.  Eouton. 

PvELATiorv'  de  l'île  de  ïabago  ou  de  la  Nouvelle- 
Oualcre  y  l'une  des  Antilles  de  l'Aniérique ,  par 
Rbchefort,  Paris  ,  "Bill aine  ,  1666  ,  in- 18. 

Cette  relation  est  moins  commune  que  l'Histoire  natu- 
relle et  morSile  des  A'h'lilles  ,  par  le  même  auteur.  Le  nom 
de  Nouvelle-Ovalcre  qu'il  donne  à  l'île  de  Tabago ,  né 
lui  avoit  été  imposé  par  les  Flamands,  du  nom  de  l'île  de 
"Walcheren  en  Zélancjje ,  que  depuis  trente  ans  environ  , 
lorsque  Roc.hefort  écrivoit  sa  relation  ;  mais  l'ancien  nom 
de  Tabago  a  prévalu.  Cette  relation  n'est  recherchée  que 
pour  les  détails  qu'y  donne  l'auteur  sur  les  usages  et  les 
mœurs  des  naturels  de  l'île. 

Histoire  des  îles  Caraïbes  ,  c'est-à-dire , des  Bar- 
bades,  Saint  -  Christophe  ,  Saint  -  Vincent  ^  la  Marti- 
nique .  la  Dominique  ,  Monlscrat  ,  Nevis  ,  Anti- 
goa  ,  etc....  en  tout  vingt-huit  îles  ,  en  trois  livres  : 
le  premier  contient  l'histoire  naturelle  ;  le  second  , 
riiisloire  morale  de  ces  îles  :  ornée  de  plusieurs 
gravures  représentant  les  beautés  les  plus  remar- 
quables qu'on  y  trouve  ,  avec  un  vocabulaire  ca- 
raïbe :  par  Jean  D aviez  :  (en  anglais)  The  History 
yi*  '  ,         N 


Ï94  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES* 

of  ilie  Caraby- Islauds  ,  viz  Barhades  ,  St.-  Chris* 
tophe  ,  St.  -  Vincent  ^  Martinico  ,  Doniiiiico  ,  Mont- 
serat ,  Ne\^is  ^  Anligoa  ,  etc. .h.  in  ail  XXVIII  in 
two  books  :  tlie  first  containing  the  natural  ,the  moral 
historj  of  the  islands  :  illuslrated  with  several  pièces 
tof  sculpture  representing  the  most  considérable  rari- 
ties  therein  described;  with  a  carribian  vocabulary  : 
hj  John  Baviez,  Londres  ,   1666  ,  in-fol. 

Etat  actuel  de  l'île  de  Tabago  :  (en  anglais) 
The  présent  State  of  the  island  of  Tabago .  Londres, 
i685,m-4^ 

Histoire  de  1  île  des  Barbades  ,  par  Rlcbard 
tfigon  :  (en  anglais)  History  of  Barbadoes  ,  bj  Ri- 
chard Ligon.  Londres,  1695,  in-8°. 

Nouveau  Voyage  aux  îles  de  l'Amérique,  con- 
tenant rhisloire  naturelle  de  ces  pays,  l'origine, 
les  mœurs ,  la  religion  et  le  gouvernement  des 
liabitans  anciens  et  modernes,  les  guerres  et  les 
événemens  qui  y  sont  arrivés  pendant  le  long  séjour 
que  l'auteur  y  a  faitj  le  commerce  et  les  manufac- 
tures qui  y  sont  établies  ,  et  les  moyens  de  les 
augmenter, avec  une  description  exacte  et  curieuse 
de  ces  îles  :  ouvrage  enrichi  de  plus  de  cent  caries 
géographiques,  plans  et  figures  en  taille -douce. 
Paris,  Cavelier,  1722,6  vol.  in-i2. 

■'—Le  même,  avec  cartes  et  figures.  La  Haye, 
1>724,  2  vol.  in-4''.  et  G  vol.  in- 12. 

— Le  même,  avec  cartes  et  figures.  Paris,  1742, 
8  vol.  in-12. 

De  ces  quatre  édiiious ,  celles  de  La  Haye  sont  1».  s  plus  reclier* 


AfltÉRIQUE.    VOYAC.   AUX  ANTILLES,         195 

rhées  :  celle  de  1722  vient  erisnile,  on  la  jift-fère  à  celle  de  1742  , 
parce  que  les  épreuves  des  figures  sont  plus  belles. 

De  loules  les  relations  du  P.  Labat ,  celle-ci  est  la  plus 
eslimée.  Dans  ses  notices  sur  les  procédés  des  manufac- 
tures ,  dans  ses  descriptions  des  animaux  et  des  plantes  , 
il  a  moniré  un  talent  qu'on  n'auroit  pas  cru  rencontret" 
dans  un  religieux  ,  étranger  par  son  élat  et  ses  occupations 
principales  aux  arts  mécaniques  et  à  l'histoire  naturelle. 
On  regrette  seulement  qu'il  ait  grossi  sa  l'elalion  d'une 
foule  de  petites  anecdotes,  la  j^lupart  malignes,  sur  les 
familles  du  pays,  et  qui,  d'un  médiocre  intérêt  dans  le 
temps,  n'en  ont  plus  ancun  aujourd'hui. 

Quoique  le  P.  Labat  ait  embrassé  Saint-Domingue  dans 
sa  relation,  comme  il  n'a  donné  que  de  très- légers  ren- 
seignemeus  sur  cette  colonie,  qui,  à  l'époque  où  il  rédi- 
geoit  son  Voyage,  étoit  en  quelque  sorte  au  berceau  ,  qu'il 
s'est  principalement  occupé  de  la  Martinique  et  delà  Gua- 
deloupe ,  qu'il  a  même  jeté  dans  son  Voyage  quelques 
notions  satisfaisantes  suf  plusieurs  autres  des  petites  îles 
Antilles,  j'ai  cru  devoir  placer  sa  relation  dans  le  para- 
graphe particulier  à  ces  îles.  En  décrivant  celles  de  Saint- 
Vincent,  de  Sainte-Lucie,  de  Saint-Thomas ,  de  Saint- 
Eustache  ,  de  Saba,  et  jusqu'à  la  petite  ile  des  Crabes,  il  a 
satisfait  la  curiosité  de  plusieurs  lecteurs,  et  a  en  même 
temps  rendu  un  véritable  service  aux  géographes,  ces  îles 
n'ayant  été  décrites  jusqu'à  lui  dans  aucune  relation  parti- 
culière. 

Relation  de  l'otablissemént  qu'on  s'est  pro- 
l^osé  de  former  dernièrement,  en  l'année  1722, 
dans  les  îles  de  Sainte-Lucie  et  de  Saint- Vincent 
en  Amérique  :  (en  anglais)  Relation  of  the  late  in- 
tended  seulement  of  the  islands  of  Ste.-Lucia  and 
St.-Vincent  in  America,  in  the  jear  iy22.  Londres, 
ly25,  in-i2. 

Histoire  naturelle  de  l'île  des  Barbades  ^   pnr 

à 


ig6       BI  ELIOTHÈQUÏ    DES    VOYAGES. 
Griffitli  Hugues:  (en  anglais)  The  Natural  History 
oft.lie  islaiid  of  Barbadoes  j  hj  G  ri //ith  Hugues.  Lon- 
dres, 17585  ibid.  1793,  in-foî. 

Description  de  l'île  de  Sainie-Croix  en  Amé- 
rique  :  (  en  danois  )  BesAris^elsc   o^'er  Eyland  af 
Ste.- Croix  i  Ameiika  i  fVesl-Indien.  Kiob. ,  1768, 
in-40.     • 

Description  historique  et  géographique  des 
îles  Antilles  conquises  par  les  Anglais  sur  les  Fran- 
çais ,  et  particulièreujent  de  la  Guadeloupe  et  de 
la  Martinique:  (en  allemand)  Historisch- Geogra- 
phische  Beschreibung  der  von  den  Englàndem  ero- 
berten  Franzosischen  Aiitillisclien  Insein ,  besonders 
Guadeloupe  und 3Iartini(jue.  Sluigard  ,  1762,  in-8*^. 

ÏIelation  d'une  expédition  dans  les  Indes  occi- 
dentales ,  vers  la  Martinique  ,  etc....  par  le  capi- 
taine Gardiner  :  (en  anglais)  yin  uéccount  of  the 
expédition  to  the  PFest-Indies ',  against  Martinico  , 
etc....  bj  capitain  Gardiner.  Birmingham,  Basker- 
ville,  1762,  in -4°. 

Voyage  à  la  Martinique  ,  contenant  diverses 
observations  sur  l'histoire  naturelle  ,  l'agriculture  , 
les  mœurs  et  les  usages  de  ces  îles,  faites  en  1761 
et  dans  les  années  suivantes ,  par  Chanvalon  ,  avec 
une  carte  de  l'île.  Paris  ,  Bauche  ,  1765,  in-4°. 

La  première  partie  de  celle  estimable  relation  comprend 
les  observations  météorologiques,  faites  j^ar  l'auteur  pen- 
dant les  six  derniers  mois  de  1751.  Il  y  a  beaucoup  insisté 
sur  l'inégalité  de  la  marche  des  thermomètres  à  l'espril-de- 
vin,  et  sur  la  préférence  que  méritent  ceux  de  mercnre. 
La  maiv-uc  périodique  et  alternative  du  baromètre  daiis 


AMERIQUF.    VOYAC.   AUX    ANTILLES.  IC)J 

la  zone  tf)rride  a  singulièrement  fixé,, son  allenlion  :  il  a 
mis  la  plus  grande  allention  à  retonnoître  les  différentes 
liaiiteurs  du  baromètre  avant  et  après  midi,  produites  par 
son  mouvement  périodique  ,  d'avec  celles  qui  pouvoient 
être  l'effet  des  autres  mouveinens  de  l'atmosphère. 

Dans  la  seconde  partie ,  Ghanvalon  a  décrit  la  Marti- 
nique, la  situation  de  ses  côles,  la  nature  de  ses  divers 
terreins  et  des  différentes  productions  auxquelles  ils  sont 
propres.  Les  montagnes,  les  rivières,  les  animaux  indi- 
gènes de  l'ile,  ceux  qu'on  y  a  transportés,  les  nombreux 
insectes  qui  la  désolent,  la  nécessité  de  s'opposer  à  leur 
multijîlication  et  de  les  détruire,  les  moyens  qu'on  peut 
employer  pour  y  parvenir;  les  progi'ès  qu'on  peut  faire 
faire  à  l'agriculture  pour  augmenter  et  multij^lier  les  pro- 
ductions de  l'île,  ont  été  successivement  l'objet  de  ses 
observations,  où  il  a  soigneusement  confirmé  ou  réfuté  les 
relations  des  voyageurs  précédens  et  les  remarques  faites 
par  les  anciens  naturalistes,  suivant  qu'elles  se  rappro— 
choient  ou  s'éloignoient  des  faits  sur  lesquels  il  avoit  porté 
un  examen  approfondi. 

C'est  dans  la  troisième  partie  qu'il  s'est  occupé  des 
moeurs.  La  peinture  qu'il  fait  de  celles  des  colons  a  le 
caVactère  de  l'impartialité,  et  annonce  un  esprit  philoso— 
jihique  :  mais  le  morceau  le  jîlus  piquant  de  ce  tableau, 
€»l  celui  où  il  traite  des  moeurs  des  nègres  et  sur-tout  d& 
celles  des  Caraïbes,  dont  il  subsisloit  encore  quelques 
familles  au  temps  où  le  voyageur  a  visité  la  Martinique. 

Histoire  abrégée  de  l'île  des  Barbades  ;  (en 
au  i^l  ai  s)  5/iorf  Historj  ofBarhados.  Londres,  1768, 
iii-i2. 

Etat  naturel  de  l'île  de  Tabago  :  (en  anglais) 
The  présent  State  of  the  island  of  Tahago.  Lon- 
dres,  1768,  m-8°. 

Description  de  l'île  de  Nevis,  avec  la  r<;latioti 


19^         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES.' 

des  principales  maladies  qui  y  régnent ,  par  Jacques 
Rymer  :  (en  anglais)  Description  of  the  island  Nevis ,, 
%yith  an  accowit  of  its  principal  diseases  ^  hy  James 
Bymer.  Londres,  1776,  in-8°. 

Etat  des  Islcs  danoises,  par  le  lieutenant  (au^ 
jourd'hui  général)  Oxholm  (en  danois).  Copen- 
hague, 1772  ,  in-B". 

Le  même,  traduif  eu  français  sous  le  litre  suivant  : 

Etat  des  îsles  danoises  aux  Indes  occidentales  y 
par  Oxliolm ,  traduit  en  français.  Paris,  1799,  in-8*^. 

Histoire  de  la  mission  des  Frères  Evangéliques 
aux  îles  Caraïbes,  Saint -Thomas  ,  Sainte- Croix  , 
Saint-Jean ,  par  C.  G.  A.  Oldendorp ,  publiée  par  J.  J^ 
Brossart  _,  avec  des  cartes  :  (en  allemand)  Geschichte 
der  Mission  der  Evangelisclien  Brïider  auf  den  Carai-' 
bischen  Inseln  StJ~  Thomas  und  St.- Jean ,  von  C. 
G.  yl.  Oldendorp ,  herausgegehen  von  J.  J.  Brossart.. 
Barby  ,  1777,  2  vol.  în-S". 

Description  de  l'île  de  Curaçao  et  des  lIcs  voi-^ 
sines  :  (en  hollandais)  Besehryvinge  van  hetEylnnd 
Curaçao  end  de  aronder  jereude  Ey lande.  Amster- 
dam ,  1781,  in-8°. 

Description  historique  des  îles  de  la  Vierge , 
par  Georges  Stuhlins  :  (en  anglais)  Historical  Ac- 
count of  the  f^irgin-  Islands  ,  hy  George  Stuklins. 
Londres,  1782,  in-S". 

Description  de  Tîle  Saint-Barthelemi  dans  les 
Indes  occidentales ,  par  S..  Dahlmen  :  (en  suédois). 
Beshrifning  om  S.  Barthelenn ,  suensk  ce  i  JVest-In-^ 
dien  ,  forfattad  af  S.  Dahlmen.  Stockholm,  1786, 
iu-8°. 


AMERIQUE.    VOYAC.    AUX    ANTILLIÎS.         IQQ 

Histoire  de  Tile  de  la  Dominique,  contenant 
]a  description  de  sa  situation  ,  de  son  étendue ,  de 
son  climat ,  de  ses  montagnes  ,  de  ses  rivières  et  de 
ses  productions  naturelles ,  par  Thomas  Alwood  : 
(en  anglais)  History  ofihe  island  of  Dominica  ,  coii- 
tnùiiiig  a  description  ofits  situation  ^  exteiit ,  climate, 
inountains  ,  rivcrs,  natural  productions ,  hy  Atwood^ 
Londres,  1791,  iu-8". 

—  La  même,  traduite  en  allemand.  Gottingue, 
l795,io-8^ 

Mémoire  sur  l'île  Saint-Thomas,  et  Tes  Gouver- 
neurs danois  qui  y  ont  commandé  depuis  1769  jus- 
qu'en 1 776,  par  G.IIoest  :  (en  danois)  Efterretningerr 
cm  den  a  S.  Thomas  og  dens  Gouuerjieurer  optegnede 
der  paa  landet  Jra  iy6()  indtil  iyy4: ,  ved  G.  Hoest^ 
Copenhague,  i79r,iu-8°. 

Bapport  sur  l'état  de  l'île  danoise  Sainte-Croix 
aux  Indes  occidentales,  depuis  juin  1789  jusqu'à 
la  fin  de  juin  1790  ,  par  H.  TFest  :  (en  danois)  J5e- 
retniug  om  det  Danske  eiland  S.  Croix  i  T^estendïen 
fra  Junii  maaned  1/80  til  Junii  maaneds  ndgang 
lygo  ^  af  H.  West,  (fnséré  dans  le  cahier  de  juillet 
du  Journal  Iris  ,  1791.) 

Voyage  à  Saint -Barthelemi,  fait  aux  frais  de 
l'Académie  des  sciences  de  Stockholm  ,  par  ^u- 
phrascn  ,  traduit  du  suédois  (en  allemand).  1798  , 
in- 8°. 

MÉMOIRES  pour  servir  à  la  description.de  Sainte- 
Croix  ,  avec  un  apperçu  des  îles  Saint  -  Thomas^, 

Saint -Jean,  Tortola  ,  Spanishtov^^n  ,  ete par  H; 

West  :  (en  danois)  Bidrag  til  Beskri^ehe  over  S  te. 


20O  El  KLIO  Tlï  KQU  E    DES    VOYAGES.    • 

Croix  med  en  kort  iidsigt  over  St.  Thomas,  St.  Jean,, 
Tortola ,  Spanishtown  ,  Craheneiland ^  etc ....  af  H. 
West.  Copeûliague  ,  i8oi,  in-S". 

.  Voici  l'extrait  qu'a  donné  de  ces  Mémoires  Je  rédaclenv 
du  Journal  de  la  Lilléralure  étrangère  (seconde  année  , 
dixième  cahier,  page  237  ). 

La  première  édilion  de  cet  ouvrage  avôit  paru  en  1794- 
Le  texte  y  est  divisé  en  trois  sections,  dont  la  premier© 
Iraile  du  climat,  dt-shabitans  blancs  et  des  nègres  dans  la 
campagne;  la. seconde,  delà  manière  de  vivre  et  de  l'éco- 
Jiomie  publique;  el  la  troisième,  de  l'histoire  et  de  la 
situation  de  Sainle-Croix  et  de  ses  produclions.  Celle 
dernière  section  est  terminée  jiar  un  apperçu  des  îles 
voisines,  qui  sont  Saint-Thomas,  Saini-Jean,  Tortola, 
typanish-Town  et  l'île  des  Tortues.  Nous  allons  citer  quel- 
<jues  observations  qvii  donneront  une  idée  de  la  manière 
dont  l'auteur  a  traité  son  sujet. 

Les  suites  d'un  séjour  pi'olongé  à  Sainte-Croix,  sont 
pour  l'Européen  un  coi'ps  relâché  et  un  esprit  abattu  et 
sans  énergie;  l'appétit  et  la  mémoire  diminuent,  et  souvent 
les  fièvres  et  les  maladies  nerveuses  accompagnent  cet 
étal  de  langueur.  Après  une  pluie  abondante,  l'auteur  a 
«jbservé  que  la  canne,  à  sucre  avoit  crû  en  dix-huit  jours 
de  deux  pieds.  Les  habitans  de  la  première  classe  ont 
l'esprit  cultivé  et  les  mœui's  douces;  leurs  esclaves  sont 
rarement  maltraités  ,  comme  dans  les  autres  colonies.  Il  en 
résulleque  ces  nègres  eux-mêmes  se  distinguent  par  leur 
bonne  conduite,  et  [yar  beaucoup  de  modestie  et  d'atta— 
chement  à  leurs  maitres.  Ils  ont  le  caractère  enjoué,  de 
Tespiitj  et  une  conception  faite  pour  toutes  sortes  de 
travaux.  Ils  rivalisent  avec  les  Européens  dans  les  méliei"s 

de  menuisier,  de  cordonnier,  de  tailleur,  etc et  leurs 

•femmes  s'appliquent  avec  succès  aux  ouvrages  de  l'aiguille. 
.Ces  nègres  ont  encore  un  talent  singulier  pour  la  musique; 
et  il  suifi.t  qu'ils  entendent  une  chanson  européenne  pour 
X^  retenir  par  coeur. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.   AUX   ANTILLES.         20t 
En  1788,  année  (rès-ferlile,  la  récolle  de  sncre  à  Sainle— ' 
Croix  ri'est  montée  à  A'ingl— quatre  mille  barils.  En  1791 , 
on  comploil  dans  cette  île,  1948  habitan,sblanc§,,  926  nègres 
aiTianchis  el  mulâtres,  et  a5,54o  esclaves; la  somme  totale 
de  la  population  de  l'ile  étqit  donc  de  24,418.  La  ville  de 
Christianstad   contenoit  664    maisons  et   5ooo   habitans. 
Celte  population  est  surprenante,  vu  le  peu  d'étendue  de 
l'ile,  dont  la  longueur  est  de  sept  milles  au  plus,  et  la  plus 
grande  largeur  d'un  mille  seulement....  La  partie  plate 
de  l'ile  est  la  plus  fertile,  mais  elle  est  mal-saine  ;  la  cha- 
leur y  est  excessive  :  un  morceau  de  fer  ou  une  pierre 
dure  exposée  au  soleil  s'échauffe  au  point,  qu'on  se  briile 
les  mains  en  y  touchant.  Parmi  les  plantes  ,  il  en  est  qui 
fleurissent  au  printemps  ;   d'autres  au   printemps  et  en 
automne,  d'auti'es,  toute  l'année  ,  et  qui  portent  des  fruiis 
plus   ou  moins  mvirs.  On  en  trouve  un  catalogue  assez 
nombreux  à  la  fin   de  l'ouvrage.  Les  blancs  de  Sainte- 
Croix,  quoique   colonie    danoise,   sont   pour   la  plupart 
Anglais. 

lies  habitans  de  l'île  Saint-Thomas  sont  un  mélange  de 
toutes  les  nations.  Leur  nombre,  en  1789,  se  monloit  à 
492  blancs,  160  nègres  affranchis,  et  4^'4  esclaves.  Dans 
Vi  même  année,  on  comptoit  à  l'île  Saint-Jean  ^333  habi- 
tans, parmi  lesquels  il  y  avoit  167  blancs,  16  nègres 
allranchis  et  2200  esclaves.  La  population  de  l'île  Tortola 
est  estimée  à  i3uo  blancs,  el  4200  ou  4^00  esclaves. 

Il  seroit  à  souhaiter,  observe  judicieusement  l'auteur 
de  cet  extrait ,  que  nous  eussions  des  notices  aussi  instruc- 
tives et  aussi  authentiques  sur  les  autres  îles  des  Indes  occi- 
dentales, et  recueillies  par  des  témoins  oculaires.  L'ouvrage 
est  orné  de  trois  grandes  cartes,  dont  deux  appartiennent 
à  l'île  Sainte-Croix,  et  l'autre  à  l'île  de  Saint-Jean  :  elles 
sont  très-exactes. 

Voyage  à  la  Martinique  :  Vues  et  Observations 
politlqi^ies  sur  cette  île ,  avec  un  apperçu  de  ses  pro- 


202         BIELÎOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

fluctions  végétales  et  animales,  par  J.R**'<-,  ge'ne'ra! 
de  brigade.  Paris,  Pelletier,  1804,  iû-8°.' 

IndéjDendàmment  des  notions  que  nous  donnoient  sur 
la  Martinique  plusieurs  relations  communes  aux  Antilles, 
nous  avions,  comme  on  l'a  vu,  sur  celle-ci,  un  voyage 
spécialement  fait  à  la  Martinique,  par  Chanvalon,  et  qui 
ne  laissoit  presque  rien  à  désirer  sur  I  elat  de  cette  lie 
ayant  la  révolution.  On  ne  devoit  donc  guère  espérer 
d  attacher  quelque  intérêt  à  une  nouvelle  relation  de  la 
Martinique,  qu'autant  qu'elle  nous  offrîroit  le  tableau  de 
la  situation  actuelle  de  cette  île.  L'ouvrage  dont  je  donne 
ïci  Ja  notice  n'est  rien  moins  que  cela  :  c'est  le  fruit  des 
observations  que  l'auteur  a  faites  en  1762,  pendant  sa 
résidence  a  la  Martinique,  où  il  avoit  été  appelé  pour  y 
remplir  un  service  militaire.  C'est  moins  un  voyage  au 
resle,quo.que  le  tilrele  qualifie  tel,  qu'un  traité  qui  con- 
tient des  vues  fort  judicieuses  sur  les  véritables  moyens 
de  défense  des  colonies,  sur  leur  utilité  pour  la  prospérité 
du  commerce,  sur  le  régime  relatif  aux  nègres,  sur  le» 
intérêts  respectifs  des  commissionnaires  négocians  et  des 
colons,  sur  l'inconvénient  du  droit  coutumier  dans  les 
colonies.  L'auteur  néanmoins  a  jeté  dans  son  ouvraa» 
quelques  observations  sur  les  fléaux  et  les  maladies  qui 
ravagent  la  Martinique  :  elles  n'ont  rien  de  neuf. 

Voyage  à  la  Trinité  ,  fait  eu  i8o5 ,  ou  Lettre* 
'contenant  la  description  de  cette  île  ,  des  considé- 
rations sur  son  importance  ,  etc....  par  F.  M.  Cul- 
lum:  (en  anglais)  Travels  in  Trinitad ,  etc....  hj 
F.  M.  Cullum.  Londres,  i8o5,  in-8^. 

La  Trinité,  la  plus  considérable  des  Petites-Antilles,  au 
moins  par  son  étendue  ,  fut  trop  négligée  par  les  Espa- 
gnols, qui  en  furent  si  long-temps  les  maîtres.  Le«  An- 
glais,  à  qui  elle  a  été  cédée  par  le  traité  d'Amiens,  y  ont 
attaché  un  grand  prix,  comme  propre  sur-tout,  par  sa 
position  et  sa  rade ,  à  protéger  leurs  établissemens  dar-s 
les  Antilles  :  c'est  ce  que  fait  observer  l'auteur  du  Vova^e. 


AMERIQUE.    VOYAG.   AUX    ANTILLES.        2o5 

ISLES   LUCAIES. 

Notice  sur  les  îles  de  Baliama  (faisant  partie  des 
îles  Lucaies),  par  François-Joseph  il/a/ter  .•  (en  alle- 
iiiand)  Nachricliten  aus  den  Bahamischen  Insein ,  von 
Franz,  Joli.  Marier.  (Insérée  dans  la  Collection 
physique  des  Amis  de  la  Concorde  à  Vienne,  a^  aun. 
1^^  trimestre.  ) 

Voyage  ,  etc —  dans  la  Floride  orientale  et  les 
îles  de  Bahama,  entrepris  dans  les  années  lySS  et 
1-784,  par  Jean  David  Schop ,  avec  carte  géograph.  : 
(en  allemand)  Reise....  nach  Ost' Florida  und  den 
Bahama  Inseln ,  unternommen  in  den  Jahren  jy83 
undiySé.  Erlangen  ,  1788  ,  2  vol.  in-8''. 

Voyage  dans  les  Indes  occidentales  britanni- 
ques, fait  dans  les  années  1802  et  i8o5  ,  contenant 
une  description  particulière  des  îles  de  Bahama  , 
par  Daniel  3Iackinnen  :  (en  anglais)  ^  Tour  through 
the  Biitish  West-Iiidies ,  etc...  bj  Daniel Mackinnen. 
Londres,  i8o4,  iû-8°. 

On  en  trouve  la  Iraduclion  en  allemand  dans  le  vingt-' 
deuxième  volume  des  Voyages  modernes  ,  par  Sprengel 
et  Ehrraan  ,  avec  quelques  détails  sur  les  Barbades  et 
Anligoa. 

C'est  un  supplément  à  l'ouvrage  de  Bryan  Edwards, 
particulièrement  en  ce  qui  concerne  les  îles  Bahama  :  elles 
sont  situées  près  de  la  Floride. 

Je  ne  connois  d'autres  relations  parliculières  aux  îles 
Lucaies,  que  celles  dont  je  viens  de  donner  la  notice  :  on 
peut  recourir  encore  ,  pour  les  îles  de  Baliama,  aux  deux 
ouvrages  intitulés  l'Empire  Britannique ,  etc.  par  Odlmi~ 
l-on;  et  l'Histoire  naturelle  de  la  Caroline,  etc.  par  Catcsfjj, 
ilotU  j'ai  donué  égalemeul  la  notice  (v«  Pari.  sccl.  11,  §.i.;- 


20/f        BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 


S  E  C  T  I  O  N    I V. 

Descriptions  de  V Amérique  méridionale  en 
général.  Voyages  communs  à  plusieurs  con- 
trées de  cette  partie  de  V Amérique. 

irliSTOiRE  vérilaLle  de  l'admirable  navigation 
qu'a  exécutée  Huldéric  Schmidel ,  depuis  l'année 
i554jnsqu'en  l'année  i554  ?  en  Amérique  ,  au  Bré- 
sil et  à  Rio-della-Plata  ;  édition  dans  laquelle  on  a 
corrigé  les  noms  de  villes  ,  de  contrées ,  de  fleuves  , 
avec  planches  :  (en  latin)  T~era  Historia  admirandae 
navigationis  qiiam  Huldericus  Schmidel ,  ah  anno 
j634  usque  ad  annwn  i554 ,  in  ^mericam  juxta 
Brasiliani  et  Rio-della-Plata  confecit  ;  emendatis  et 
correctis  urhiwn ,  regionum  et  Jluminuni  nominihus. 
Kuremberg,  i59g,in-4°. 

L'édition  vicieuse  de  cet  ouvrage  ^  à  laquelle  celle-ci  fait 
allusion  ,  se  trouve  dans  les  Grands  Voyages  de  Debry. 

Voyages  el  découvertes  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ,  avec  des  cartes  géographiques  :  (en  an- 
glais) T^ojages^  and  discoveries  in  South- j4 mcrica  , 
cum  tahulis  geograph.  Londres  ,  1698  ,  in-8°. 

Recueil  de  Voyages  dans  l'Amérique  méridio- 
nale, contenant  diverses  observations  touchant  le 
Pérou,  la  Guyane,  le  Brésil,  elc —  traduits  de 
l'espagnol  et  de  l'anglais.  Amsterdam  ,  Frédéric 
Bernard,  1^58,  in-12. 


AMÉRIQUE.    YOYAC.  DANS  L'AMER.  MER.    2o5 

PiENSEiGNEMENS  lîistoriques  ,  politiques  et  géo- 
graphiques ,  avec  des  notes,  plus  particulières  sur 
le  Pérou  ,  la  Terre -Ferme  ,  le  Chili ,  le  nouveau 
royaume  de  Grenade  ,  par^/ceiio  de  Herrera:  (eil 
espagnol  )  ^Icedo  j  Herrera  Aviso  îiistorico^poli" 
tico-geographico ,  con  las  noticias  mas  particuîares 
del  Peru,  Tierra-Firma,  Chili  j-  nuevo  regno  de  Gre- 
nada.    Madrid  ,  1740  ,  in-4^. 

Nouvelle  Histoire  de  l'Amérique  méridior 
nale  ,  par  Richard  Rolt  :  (  en  anglais  )  New  History 
of  South- America j  hj  Richard  Rolt.  Londresi,  i  7^6, 
in-8". 

Préliminaires  au  tome  premier  des  Mémoires  , 
liistorico-physiques,  critico-apologétiques  de  l'Amé- 
rique méridionale,  par  Don  Joseph-Eusèbe  Lama 
Zapiita  :  (en  espagnol)  Preliminar  al  tomo  primera 
de  las  Memorias  historico-phjsicas  ^  critico-  apolo^ 
geticas  de  la  America  meiidional ,  por  D.  Joseph 
Eusehio  Lamo  Zapiita.  Cadix,  1759,  in-S". 

Histoire  des  Navigations  et  des  Colonies  fon- 
dées par  les  Proteslaus  de  la  France  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  par  Charles-Frédéric  Scheihîer: 
(en  allemand)  Geschichte  der  von  den  Evaiigelischen 
iiiFrankreich  unternommenen  Seereisen  und  Colonie' 
Anstalten  in  Sud-America.  Dessau,  in5c^^  iu-8'^. 
Les  Possessions  espagnoles  en  Amérique ,  ou 
Description  de  toutes  les  villes  coloniales ,  parti- 
culièrement dans  la  partie  -méridionale  :  (en  alle- 
mand) Die  Spnnisclien  Besitzungcn  vornehnûich  im 
Sudlichen  Theil  desselben  und  der  merkwiirdigste/i 
Ocrter  in  ISord'-Amcrica ,  inglcichen  einiger  in  dem 


206         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGE  S* 
Mex-icanischen  Meerbusen  gelegenen  Insein.  Sorau  j 
1^62  ,  m-4''. 

Essai  d'une  Histoire  civile  et  sacrée  des  Colonies 
espagnoles  dans  rAméri(|ue  méridionale  ,  par  Gilj  ■' 
(en  italien)  Saggio  di  mi  Istoria  Americana ,  etc. 
del  Gily,  Rome  ,  1780-1784  ,  4  vol.  in-8°. 

Voyage  de  quelques  Jésuites  missionnaires  dans 
l'Amérique  méridionale  ,  publié  d'après  leurs  ma- 
nuscrits par  Christophe  Gottlieb  deMurr^disec  cartes 
géographiques  :  (en  allemand)  Reise  einiger  Missio- 
narien  der  Gesellscliaft  Jesu  in  Sud-Anxeriha  ans 
ihren  eigenen  Handschrifteu  herausgegehen  ,  i^on 
Christ.  GoLt.  vonMurr.  Nuremberg,  1785,  in-8°. 

§.  I.  Descriptions  de  l  isthme  de  Panama,  de  la 
Terre-Femie  j  de  tOrenoque,  de  la  Noiwelle- 
jindalousie  et  du  nouveau  rojaume  de  Grenade, 
f^oyages  faits  dans  ces  contrées. 

Nouveau  Voyage  de  Lyonel  Waffer ,  et  DesT 
cription  de  l'isthme  de  l'Amérique  ,  dans  l'année 
1698  :  (en  anglais)  Waffers  {Ljonel)  New  Voyage 
and  Description  of  tlie  isthme  of  America ,  in  tha 
years  i6g8.  Londres,  1699,  in-B". 

NouvrAu  Voyage  de  Lyonel  Waffer ^  etc»... 
seconde  édition  ,  avec  l'addition  de  l'Histoire  natu-» 
relie  de  cette  contrée^  etc..  :  (en  anglais J  Lyonel 
fVaJfer's  New  Voyage,  etc....  second  édition  to 
^vhich  are  added  the  Natural  History  of  those  parts  ^ 
efc...  Londres ,  i7o4;in-8''. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMP'R.  MER.    20J 
Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre  sui-^ 
Vant  : 

Le  Voyage  de  Lyonel  Waffer,  oii  l'on  trouve  la 
descriplion  de  ristlinie  de  l'Amérique,  avec  figures. 
Paris,  Collin,  1709,  in-12. 

La  traduclion  de  ce  Voyage  se  trouve  aussi,  comme  on 
l'a  vu  ,  dans  le  recueil  des  Voyages  de  Dampierre. 

La  partie  du  \'oyage  qui  comprend  la  description  de 
l'isthme  de  l'Amérique  ou  de  Panama  est  précieuse,  parce 
que  c'est  la  seule  description  particulière  que  nous  ayojis 
de  cet  isllime. 

Notice  historique  de  la  conquête  de  la  Terre- 
Ferme  dans  les  Indes  occidentales  ,  par  Simon 
Pedro:  (en  espagnol)  Simon  Pedro  Noticias  histo- 
riales  de  las  conquistas  de  Tierra-Flnna  in  las  Indias 
occidentales.  Cuença  ,  i626,in-fol. 

Relation  de  la  mission  des  P,P.  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus  dans  l'Amérique  méridionale ,  avec 
une  instruction  à  la  langue  des  Calibis  ,  sauvages 
de  la  Terre  Ferme  d'Amérique  ,  par  te  P.  de  Pelle- 
prat.  Paris,  Cramolsy,  i655  ,  ln-8°. 

Notices  historiques  sur  la  Terre -Ferme,  par 
Sineros  :  (en  espagnol)  Sinei^os  Noticias Historiales 
de  Tierra-Firma.  Cnenca  ,  i68i,in-fol. 

Histoire  générale  de  la  conquête  du  nouveau 
royaume  de  Grenade  ,  par  D.  Lucas  Fernandez  : 
(en  espagnol  )  Historia  gênerai  de  las  conquistas  del 
jiuevo  reyno  de  Grenada ,  porD.  Lucas  Fernandez, 
Anvers  ,  J.  B.  Verdussen  ,  in -fol. 

Histoire  de  la  conquête  du  nouveau  royaume 
de  Grenade  ,  par  Piedro  Hila  :  (en  espagnol  )  Piedro 


208         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Hila  Historia  de  las  conquistas  del  nuevo  rejiio  de 

Grenada.  Anvers,  iii-fol. 

Histoire  delà  conquête  et  de  la  population  de 
la  province  de  Venezuela,  par  Don  Joseph  deDriedo, 
première  partie  :  (en  espagnol)  Historia  de  las  con- 
quistas y  pohlacion  de  la  provincia  de  f^euezuela  , 
por  D.  Joseph  de  Driedo.  Madrid,  Hernoville,  lyaS  , 
in-fol. 

HisTOïKÉ  du  nouveau  royaume  de  Grenade  ,  par 
le  P.  Cassan  ':  (en  espagnol]  Historia  del  nuevo  reyno 
de  Grenada,  por  P.  Cassan.  Madrid,  lyoi,  in-["oL 

L'Orenoque  illustrée,  ou  Histoire  naturelle, 
civile  et  géographique  de  cette  grande  rivière  ,  avec 
le  gouvernement,  les  usages  et  les  coutumes  des 
Indiens,  parle  P.  Joseph  Gumilla,  seconde  édition, 
revue  et  augmentée  :  (en  espagnol)  El  Orovoco 
illustrado  ,  y  defendido  Historia  natural  ^  cii'il  y 
geografica  de  este  gran  rio  ,  con  go^^ierno  iiso  y  cos^ 
tumhres  de  los  Indios \  escritto  por  et  Paclre  Joseph 
Gumilla  ,  segunda  imprenta  ,  reuista  y  commentada, 
Madrid,  Fernandez ,  1745,2  vol.  111-4.°. 

Cet  ouvrage  a  élé  traduit  en  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

HiSTOiPiE  naturelle  ,  civile  et  géographique  de 
rOEronOque  et  des  principales  rivières  qui  s'y  jet- 
tent ,  dans  laquelle  oh  traite  dil  gouvernement ,  des 
usages  et  des  coutumes  des  Indiens  qui  Thabllent , 
des  animaux ,  des  arbres,  des  fruits,  des  résines, 
des  herbes  et  des  racines  médicales  qui  naissent 
dans  le  pnys,  par  le  P.  Joseph  Gumilla  ,  traduit  de 
l'espagnol  sur  la  seconde  édition  par  M.  Eydous , 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'AMÉR.   MER.    209 

avec  une  carte  du  pays  et  quelques  figures.  Avi- 
gnon, I7v58,  3  vol.  iu-i2. 

Histoire  chorographique  ,  naturelle  et  évangé- 
lique  de  la  Nouvelle-Andalousie  ,  de  la  province  de 
Cumana  et  de  la  rivière  de  l'Oronoque  ,  par  Fran- 
çois-Antoine Caulin  :  (en  espagnol)  Historia  choro" 
grajïca  y  ^vangelica  délia  Nueva-.Andalousia  ,  pro" 
vincia  de  Cumana,Gityana ,  y  riberas  del  rio  OronicOf 
por  Fr.  Ant.  Caulin.  Madrid,  1779,  in-4°. 

Essai  sur  l'Oronoque  et  les  habitans  des  rives 
de  ce  fleuve  ,  par  Philippe-Salvador  Gilius  :  (en  ita- 
lien) Saggio  sopra  Oreuico  egli  hahitanti  délie  rive 
Orenico  ,  di  Phil.  Salvador  Gilius.  Rome,  1780  , 
in-8^ 

Essai  sur  l'histoire  de  l'Amérique  _,  ou  Histoire 
naturelle  ,  civile  et  ecclésiastique  des  royaumes  et 
provinces  espagnoles  de  terre-ferme  dans  l'Amé- 
rique méridionale ,  par  Philippe-Salvador  Gilius  : 
(en  italien)  Saggio  di  istoria  Americana^  o  sia  Isiona 
naturale,  civile  e  sacra  de  regiii  e  délie provincie  spa- 
gnuole  di  terra-ferma  nelt  America  méridionale ,  di 
Philip.  Salvador  Gilius. ^ome^  1780,  1781,  1782, 
5vol.in-8°. 

Voyage  à  la  partie  orientale  de  la  Terre-Ferme 
dans  l'Amérique  méridionale  ,  fait  pendant  les 
années  1801  ,  1802,  i8o5  et  1804,  contenant  la 
description  de  la  capitainerie  générale  de  Caracas  , 
composée  des  provinces  de  Venezuela,  Maracaïbo, 
Varinas  ,  la  Guyane  espagnole  ,  Cumana  ,  et  de  l'île 
Sainte  r  Marguerite  ;  et  renfermant  tout  ce  qui  a 
rapport  à  la  découverte,  à  la  conquête ,  à  la  lopo- 

Y I .  o 


2  10         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

graphie,  à  la  législation,  au  commerce,  aux  finances, 
aux  liabit.'ius  et  aux  productions  de  ces  provinces  • 
avec  un  apperçu  des  mœurs  et  des  usages  des  Espa- 
f^nols  et  des  Indiens  sauvages  et  civilises;  par  P. 
Depous  y  n'^cut  duGouvernea:ent  français  à  Caracas, 
avec  une  carte  géographique  et  les  plans  de  la  ville 
capitale  et  des  principaux  ports.  Paris  ,  Fain  et  C^^ 
et  Colnet,  1806,  3  vol.  in-8'\ 

Surla  partie  orientale  de  la  Terre-Ferme,  nous  n'avions, 
comme  on  a  pu  le  voir  par  les  précédentes  notices,  que 
l'Histoire  de  la  conquête  et  de  la  population  de  la  province 
<îe  Venezuela,  par  D.  Joseph  Driedo ,  l'Histoire  chrono- 
graphique,  naturelle  et  évangélique  île  la  province  de 
Cumana  et  de  celle  de  l'CEronoque,  confondue  avec  celle 
delà  province  d'Andalousie  par  Antoine  Caulin,eteuûn 
les  détails, nn  peu  trop  prolixes  peut-être, sur  l'CSronoque 
et  les  habilans  des  rives  de  ce  grand  fleuve,  par  le  P.  Cit" 
ynilla  et  Philippe-Salvador  Gilius  :  mais  les  notions  que 
ces  écrivains  nousavoienl  données  de  ces  différentes  parties- 
«le  la  2>artie  orientale  de  la  Terre-Ferme,  outre  qu'elles- 
étoient  déjà  nn  peu  anciennes,  étoient  d'ailleurs  fort 
ificomplètes;etronéloitloin  de  pouvoir  y  trouver,  comme 
dans  l'ouvrage  de  M.  Uepons,le  tableau  le  mieux  ter- 
miné, non-seulement  de  la  découverte,  de  la  conquête  et 
de  la  topographie  des  provinces  de  cette  contrée,  mais 
l'économie  rurale,  politique  el  commerciale  de  ces  pro- 
vinces, avec  des  notions  également  approfondies  et  impar- 
tiales sur  les  mœurs  et  les  usaires  des  Espagnols  qui  s'y 
Bont  établis,  el  sur  ceux  des  Indiens  civilisés,  ou  restés- 
encore  sauvages. 

Pour  entreprendre  et  aciiever  avec  succès  un  pareil 
o^l^Ta"e,  il  falioit,  chez  une  nation  aussi  jalouse  que  l'est 
la  nation  espagnole  de  tout  étranger  observaleur,  outre 
vine  lo35gue  résidence  dans  les  ])Chbessions  espagnoles  de 
l'Amérique  en  général,  et  clans  les  provinces  qu'on  a^ 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMKU.  MÉR.  211 
proposoit  de  décrire  en  particulier,  beaucoup  de  circons- 
pection et  de  prudence  dans  les  recherches  auxquelles  oti 
se  h'vroit,  et  une  sévère  critique  dans  le  clioix  el  l'adoplioa 
des  notions  diverses  qu'on  pouvoit  parvenir  à  se  procurer. 
M.  Depons  a  réuni  tous  ces  avantages.  Ce  n'est  qu'après 
avoir  séjourné  pendant  huit  ans  dans  des  possessions 
espagnoles,  étrangères  à  celles  qu'il  avoit  spécialement 
j)our  objet  de  nous  faire  connoiire,  et  où  il  a  étudié  à 
loisir  les  principes  généraux  de  l'administration  espagnole 
en  Amérique;  ce  n'est  qu'après  avoir  parcouru  durant 
quatre  années  une  grande  partie  des  contrées  dont  il  vient 
de  publier  récemment  la  description  ,  et  avoir  soigneuse— 
ïuent  recueilli  ei  discuté  les  renseignemens  qu'il  lui  éloit 
jDossible  de  réunir  sur  les  contrées ,  où  des  obstacles  insur- 
montables ne  lui  permeltoienl  pas  de  pénétrer,  qu'il  a 
rédigé  sa  relation.  L'attention  constante  qu'il  a  apportée  à 
ne  fronder  aucun  préjugé,  et  à  s'assujétir  aux  coutumes 
locales,  a  écarté  de  lui  les  préventions  soupçonneuses  ,  et 
lui  a  concilié  l'eslime  et  la  bienveillance  des  premières 
autorités  du  pays  qui,  à  son  départ,  lui  ont  donné  des 
témoignages  llalteurs  de  leur  reconnoissance  ,  pour  les 
communications  qu'ils  avoient  reçues  de  lui  concerniint 
d  i  verses  améliorât  ion  s  don  tétoit  susceptible,  dans  beaucoup 
de  branches,  le  régime  admijiislratif  de  la  partie  oriental© 
de  k  Terre-Ferrae. 

]M.  Depons  à  si  scrupuleusement  retranché  tout  ce  qui 
ne  lient  qu'à  la  marche  itinéraire,  et  qui  occupe  inutilement 
une  si  grande  place  dans  d'autres  Voyages;  le  sien  est  si 
])lein  de  choses,  et  de  choses  d'un  grand  intérêt,  que  l'ex- 
trait que  je  vais  en  donner,  el  où  je  n'ai  pas  pu  faire  entrer 
une  (ouïe  de  détails  très-instructifs  ,  ne  devra  être  consi- 
déré, malgré  son  étendue  apparente,  que  comme  un 
simple  apperçu. 

Contre  l'opinion  de  Lopez  de  Gomara ,  et  d'après 
l'autorilé  d'Oviedo,  l)ien  préférable  d'après  son  exactitude 
nniversellemenl  reconnue,  M.  Depons,  en  accordant  à 
Christophe  Colomb  la  gloire  d'avoij-  découvejl,  en  i/{()\i,\,x 

2 


212  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Terre-Ferme ,  lors  de  son  troisième  voyage  en  Amérique^ 
observe  que  ce  célèbre  navigateur  n'en  côtoya  qu'une 
partie  :  mais  ce  fut  d'après  les  renseignemens  qu'il  donna 
sur  les  moeurs  et  les  coutumes  des  habilans ,  avec  lesquels  il 
avoit  communiqué,  et  sur  les  richesses  qu'il  avoit  apper— 
çues,  dont  les  perles  faisoient  la  partie  principale,  que  le 
gouvernement  espagnol  confia  au  capitaine  Alphonse 
Oyeda  la  mission  de  continuer  la  découverte.  Dans  cette 
expédition,  Oyeda  fut  accompagné  par  Améric  Vespuce, 
qui,  à  son  retour  ,  insinua ,  dit-on ,  que  c'étoit  à  lui  qu'on 
devoit  la  découverte  de  l'Amérique;  ce  qui  fit  donner  ce 
nom  au  Nouveau-Monde. 

Des  missionnaires  furent  employés  d'abord  pour  amener 
à  l'état  de  civilisation  les  natui'els  du  pays.  Une  trahison 
atroce,  ourdie  par  des  corsaires  de  Saint-Domingue  qui 
avoient  abordé  à  Cumana ,  l'un  des  premiers  établissemens 
formés  à  la  jjartie  orientale  de  la  Terre-Ferme,  souleva  les 
Indiens,  qui  égorgèrent  les  missionnaires  :  ceux  qui  leur 
euccédèrent  eurent  le  même  sort. 

Des  expéditions  militaires ,  successivement  envoyées  da 
Saint-Domingue,  réussirent  à  former  quelques  établisse- 
mens durables  sur  la  côte  ;  mais  les  excès  qu'elles  se  per- 
mirent, menaçoient  ces  établissemens  d'une  ruine  pro- 
chaine, lorsque  l'audience  de  Saint-Domingue  y  envoya, 
assisté  de  quelques  forces ,  un  commissaire  dont  l'aJGFabi- 
lité,  la  douceur,  les  lumières,  lui  gagnèrent  la  confiance 
d'un  des  principaux  Caciques  du  pays,  qui  se  déclara 
vassal  du  roi  d'Espagne  :  une  ville  fut  bâtie  sur  ce  terri- 
toire. 

La  civilisation  des  Indiens  faisoit  des  progrès  rapides; 
les  établissemens  espagnols  commençoient  à  prospérer;  la 
province  de  Venezuela  parlicipoit  à  ces  succès,  lorsque 
des  besoins  d'argent  engagèrent  Charles-Quint  à  céder 
cette  province  aux  riches  banquiers  d'Augsbourg ,  les  WeU 
sers ,  dont  les  féroces  agens  ,'par  leurs  cruautés  et  leurs  bri- 
gandages, firent  de  ce  vaste  pays  un  théâtre  de  désolation. 
La  révocation  de  cette  concession  funeste  fut  l'heureux 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  ©ANS  L'AMER.  MER.  2l5 
signal  d'un  meilleur  ordre  de  choses.  D'anciennes  loix  qui 
déclaroienl  libres  les  Indiens,  même  ceux  qui  seroient 
pris  les  armes  à  la  main,  reçurent  leur  exécution.  Les 
Indiens  qu'on  parvint  à  soumettre  ,  furent  partagés  entre 
les  Espagnols,  pour  exercer  sur  eux,  non  le  droit  de  pro- 
priété ,  mais  une  salutaire  surveillance.  Ces  partages  d'In- 
diens donnèrent  lieu  à  la  fondation  de  plusieurs  villes, 
dont  une  centaine  d'Espagnols  formoient  un  premier 
noyau  de  population.  Il  fut  établi  dans  chacune  un  C7a- 
hildo,  espèce  de  municipalité. 

La  surveillance  des  conquérans  sur  les  Indiens  répandus 
dans  les  villages,  où  aucun  Espagnol  n'avoit  la  faculté  de 
s'établir,  consisloit  dans  la  protection  qu'on  leur  assuroit 
contre  les  injustices  et  les  vexations ,^  dans  l'enseignement 
de  la  religion  chrétienne  qu'on  leur  procuroit,  dans  l'or- 
ganisation d'un  gouvernement  social  qu'on  substituoit 
insensiblement  aux,  inclinations  et  aux  habitudes  de  la  vie 
sauvage,  enfin  dans  la  direction  qu'on  donnoit  à  leurs 
travaux  agricoles  et  domestiques.  En  échange  de  ces  soins, 
les  Indiens  ne  dévoient  qu'un  tribut  annuel  qui  se  payoit 
en  journées  de  travail,  en  fruits,  en  argent.  Ce  tribut  une 
fois  payé,  l'Indien  éloit  dispensé  de  tout  autre  service 
personnel. 

Ce  régime  fut  étendu  à  toutes  les  nouvelles  possessions 
que  les  Esj^agnols  se  procurèrent,  soit  par  la  voie  de  la 
conquête  à  main  armée,  soit  par  le  rao3^en  plus  doux  des 
missions.  Ainsi  s'étahlirent  successivement  les  villes  de 
Coro ,  de  Cumana ,  de  Maracaïbo,  de  Cor-cso;  de  Saint- 
Sébastien,  de  Los  Reyos-,  et  enfin  de  Caracas.  Ce  fut  la 
conquête  du  pays  dont  cette  dernière  ville  prit  son  nom, 
qui  causa  le  plus  de  fatigues  et  de  jîerles  d'hommes  aux 
Espagnols.  Ce  même  nom  de  Caracas  est  celui  de  la  capi- 
tainerie générale  de  la  partie  orientale  de  la  Terre— Ferme  : 
elle  comprend  la  province  de  Venezuela  au  centre  ,  le 
gouvernement  de  Macaraïbo  à  l'ouest,  de  la  Guiane  espa- 
gnole au  sud ,  de  Cumana  à  l'est  et  de  l'Ile  de  la  Margiieriie 
au  nord -est. 


2l4         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Un  pays  situé,  comme  l'est  celui-là,  au-delà  du  dou- 
zième degré  de  lalilude  nord,  vers  la  ligne  équinoxia  e , 
sembleroit  ne  devoir  otlrir  qu'un  sol  aride,  qu'une  terre 
inhabitable;  mais  une  chaîne  de  montagnes  qui  le  traverse, 
et  ciont  la  plupart  ont  peu  delévation,  y  établit  autant 
de  températures  diRérentes,  très-favorables  en  général  à  la 
diversité  des  productions,  et  fait  même  jouir,  en  plusieurs 
endroits,  de  la  fraîcheur  d'un  printemps  continuel.  Deux 
montagnes  seulement  se  refusent  opiniâtrement  aux  bien- 
faits de  la  fécondité  :  ce  sont  le  Tunieriguvi,  près  de 
Cumana,  dont  la  hauteur  est  de  neuf  cent  cinquante— cinq 
toises,  et  snr-lout  le  Plchaco  oriental ,  qui  a  douze  cent 
soixante  et  dix-huit  toises  an-dessns  du  niveau  de  la  mer. 

De  cette  disposition  des  montagnes,  il  résulte  qu'on  ne 
connoît  dans  le  pays  que  deux  saisons,  l'élé  et  l'hiver,  qui 
ne  sont  déterminés  que  par  le  règne  des  pluies  et  celui  du 
sec.  Dans  la  saison  des  pluies,  <]u'on  appelle  hiver,  on 
peut  évaluer  leur  durée,  en  culcidant  le  temps  de  leur 
chute  et  les  intervalles,  à  trois  heures  par  jour ,  depuis  la 
rai-mai  jusqu'à  la  fin  de  novembre.  Dans  les  autres  mois, 
il  en  tombe  encore,  mais  elles  sont  rares.  Les  Iremblë- 
mens  de  terre  ,  dans  la  Terre-Ferme,  sont  assez  fréquens  , 
mais  moins  violens  qu'au  Pérou. 

Le  plus  grand  bonheur,  observe  judicieusement  M.  Dé- 
pens ,  dont  jouissent  les  provinces  de  Caracas  ,  c'est  de  ne 
pas  avoir  de  mines  d'or  et  d'argent  en  exploitation.  Dans 
le  cours  du  quinzième  siècle  ,  il  fut  successivement  décou- 
vert plusieurs  mines  d'or ,  à  l'exploitation  desquelles  lea 
soulèvemens  des  Indiens  et  des  noirs  forcèrent  le  gouver- 
nement de  renoncer.  Celle  qui  fut  découverte  vers  la  fin 
de  ce  même  siècle,  et  qui  fournissoit  abondamment  de 
l'or  à  vingt-trois  karals,  fut  abandonnée  ,  grâces  à  l'es— 
Irême  insahibrité  du  pays.  Les  seules  mines  qiii  soient 
exploitées  ,  sont  celles  de  cuivre  qui  se  trouvent  dans  la 
juridiction  de  Saint-Philippe  ;  mais  l'exploitation  de  ces 
mines  est  fort  utile  au  pays,  par  l'emploi  qu'on  fait  dans 
les  sucreries  du  cuivre  qu'elles  fournissent..  H  est  recojiau, 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  MER.  2l5 
que  ce  niéîal  est  de  beaucoup  préférable  au  fer  pour  les 
chaudières  et  autres  ustensiles ,  tant  par  réconomie  de 
temps  et  de  bois  qui  résille  de  son  usage,  que  par  le  nouvel 
emploi  qu'on  [itut  faire  du  cuivre  avec  fort  peu  de 
décliet,  lorsque  ces  chaudières  et  ces  ustensiles  sont  hors 
de  i-ervice  :  ce  qu'on  ue  peut  pas  attendre  de  ceux  qui 
sont  fabriqués  avec  la  fi>a;e  de  fer.  Une  considération 
plus  puissante  encore,  c'est  que  les  mines  de  cuivre  n'em- 
ploient pas  assez  d'hommes  pour  que  l'Iuinjanité  ait  à  en 
gémir,  et  la  Culture  à  en  essuyer  aucun  préjudice. 

On  ne  pourroit  pas  en  diie  autant  de  la  pèche  des 
perles  qui,  dans  les  premiers  temps  de  la  découverte, 
formoit  la  principale  branche  de  la  richesse  du  pays  et  des 
revenus  du  roi.  Celle  i^èclie ,  qui  faisoit  périr  beaucoup 
d'Espagnols  et  d'Indiens, éloit  aussi  icnesle^^ar  ses  résultais 
que  l'exploitation  des  mines  d'or  et  d'argent  :  heureuse- 
ment qu'un  concours  de  circonslances  auxquelles  il  faut 
ajouler  la  disparition  presque  lolale  du  banc  des  perles, 
en  a  fait  abandonner  la  pèche. 

Les  habitans  de  la  côle  orieniale  de  la  Terre-Ferme  en 
seroient  plus  que  dédommagés  par  la  quantité  et  la  bonne 
qualilé  du  sel ,  lant  fossile  que  marin  ,  qu'on  peut  recueillir 
sur  loiiîe  la  côte  nord  de  la  province  de  Venezuela,  s'ils 
n'en  négligeoient  pas  autant  qu'ils  le  font,  j'exploilaiion  , 
à  tel  point  qu'ils  n'en  reliient  pas  la  vinglième  partie  de 
sel  qu'elle  pourroit  fournir. 

Un  aulre  bienfait  que  la  nature  leur  a  ménagé,  c'est 
une  grande  abondance  d'eaux  minérales,  lant  chaudes 
que  froides,  de  toute  qualité,  ammoniacales,  sulfureuses, 
nilreuses  ,  acidulés,  etc..  .;  mais  l'éloignement  où  sont  des 
lieux  habiles  ces  sources  précieuses,  et  la  répugnance 
qu'ont  les  Espagnols  à  se  déplacer,  ne  permettent  pas  à  la 
médecine  d'en  relii  er  lousies  avantages  qu'elles  ppurroient 
pro'urer  pour  la  cure  d'un  grand  nombre  de  maladies, 
ou  la  conservation  même  de  la  santé. 

Les  forêts  dont  sont  couvertes  les  montagnes  de  Vene- 
zuela ,  pourroieut  lournir  beaucoup  de  boi-s  de  construc— 


^.l6  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
lion  ;  mais  les  frais  immenses  qui  accompagnent  toute 
entieprise  au  compte  du  roi,  en  ont  fait  abandonner 
l'exploitation  :  on  n'envoie  plus  en  Espagne  que  ceux  qui 
sont  convenables  à  l'artillerie.  Ces  forêts  au  reste  fournis- 
sent les  bois  les  plus  propres  à  la  charpente ,  h  la  menuiserie 
et  à  beaucoup  d'usages  particuliers.  On  y  trouve  même  des 
fcois  de  teinture  ;  mais  les  Espagnols  en  tirent  peu  de  parti , 
ainsi  que  d'une  quantité  considérable  de  gommes,  de 
résines,  d'huiles,  de  racines  et  d'écorces  que  ces  forêts 
pourroient  fournir  au  commerce  :  on  en  peut  dire  autant 
d'un  grand  nombre  de  plantes  médicinales. 

A  ces  richesses  naturelles  du  sol  y  il  faut  ajouter  l'abon-^ 
^ance  des  poissons  de  toute  espèce  que  peuvent  fournir  les 
ïdvières  dont  est  arrosée  la  partie  orientale  de  la  Terre- 
l'erme  et  les  lacs  répandus  sur  sa  surface,  dont  les  prin- 
cipaux sont  le  lac  de  Valemo  et  le  lac  de  Macaraïbo.  La 
chasse  aux  oiseaux  aquatiques  qui  fréquentent  en  foule  ces 
lacs  ,  est  aussi  fructueuse  que  la  pêche.  La  fécondité  du  sol 
qui  entoure  le  premier  de  ces  lacs ,  la  pureté  de  l'air  qu'on 
y  respire ,  en  ont  peuplé  les  environs.  La  stérilité ,  et  plus 
encore  l'insalubrité  des  bords  de  l'auli-e  lac ,  en  repoussent 
la  population  et  la  culture. 

Je  ne  suivrai  pas  M.  Depons  dans  l'a  description  topo- 
graphique qu'il  fait  des  différentes  jirovinces  qui  forment 
ïe  gouvernement  général  de  Caracas  ;  il  faut  lire  ces 
curieux  détails  dans  l'ouvi-age  même.  Je  passe  de  suite  au 
recensement  que,  d'après  les  renseignemens  les  plus  surs, 
il  nous  donne  de  la  population  totale  de  ce  déparlement  : 
il  la  porte  à  sept  cent  vingt-huit  mille  âmes.  Dans  celte 
population,  les  blancs  entrent  pour  deux  dixièmes,  les 
esclaves  pour  trois,  les  alfranclii»  ou  descendans  d'af- 
franchis pour  quatre,  et  les  Indiens  pour  le  reste.  Sur 
un  sol  dont  la -fertilité  et  l'étendue  pourroient  suffire  à  une 
population  centuple ,  celle-ci  doit  paroître,  au  premier 
aspect,  infiniment  foible.  On  la  trouvera  néanmoins 
considérable  ,  relativement  aux  Espagnols,  si  l'on  réfléchit 
à  la  modicité  de  celle  de  la  métropole  qui  fournit  les.colon&, 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'AOTÉR.  MÉr.    217 
à  la  vaste  étendue  des  possessions  espagnoles  en  Amérique, 
qui  foutes  ont  tiré  de  la  mère-patrie  leurs  nouveaux  habi- 
tans,  à  la  passion   nationale   pour  les  mines,  qui  allire 
presque  exclusivement  au  Mexique  et  au  Pérou  tous  les 
Espagnols    que   la  cupidité  entraîne  en    Amérique-,  au 
médiocre  appât  que  leur  olTre  l'établissement  de  Caracas, 
où  il  faut  acheler  lentement,  par  la  culture,  les  richesses 
que  l'exploitation  des  mines  procure  ailleurs  sii-apidement  ; 
enfin,  aux  entraves  que  le  gouvernement  espagnol  est 
forcé  de  mettre  au  passage  des  nationaux  en  Amérique, 
pour  empêcher  que  la  métropole  ne  se  dépeuple  encore 
plus  qu'elle  ne  l'est.  Les  entiaves  sont  telles,  que  l'émigra- 
tion de  l'Espagne  pour  la  Terre-Ferme  est  presque  nulle. 
Ce  vide  ne  peut  pas  être  rempli  par  les  étrangers  qui  éprou- 
vent, pour  venir  s'y  établir,  des  difficultés  presque  insur- 
montables. Ces  difficultés,  lorsqu'ils  sont  parvenus  à  y 
former  un   établissement  quelconque,   deviennent  plus 
graves  encore,  par  les  contradictions,  poussées  presque 
jusqu'à  la  persécution,  que  leur  fait  éprouver  la  jalousie 
nationale.  La  population  espagnole  se  soutient  toujours 
néanmoins  dans  la  même  proportion  à- peu-près,  grâces 
au  profond  attachement  des  créoles  pour  le  soi  qui  les  a 
vu  naître.  Cette  répugnance  à  passer  en  Europe,  couvre, 
en  quelque  sorte,   les  pertes  que   fait  annuellement  la 
population  espagnole  par  le  célibat  auquel  se  vouent  un. 
assez  grand  nombi'e  d'entre  eux,  en  contractant  le  voeu  de 
chasteté. 

A  ce  penchant  pour  entrer  dans  le  clergé  séculier,  au 
dans  l'état  monastique,  se  joint,  chez  la  grande  généralité 
des  créoles,  le  goût  le  plus  décidé  pour  le  barreau,  les 
emplois  de  la  robe  et  de  la  finance,  les  emplois  militaires. 
L'état  de  cultivateur  est  le  seul  qui  soit  méprisé.  D'après 
cette  passion  dominante  des  créoles  pour  les  professions 
libérales  ;  d'après  la  pénétration  ,  la  vivacité  de  leur  esprit, 
l'opiniâtreté  même  de  leur  application  qui  leur  donnent 
beaucoup  d'aptitude  aux  sciences,  ils  auroient  dû  y  faire 
des  progrès  rapides  :  un  mauvais  système  d'instruction 


2l8       riIîT.  lOTIlÈQUE    DES    VOYAGES. 

publique ,  dont  un  savant  créole  du  pays  même  a  tracé 
avec  vi^neur,  dans  un  discouis  public,  les  principaux 
inconvéniens,  avoit  relardé  jusqu'à  ces  derniers  temps 
leur  essor.  Le  plus  grand  vice  de  cette  instruction  ,  étoit  sa 
concentration  dans  l'étude  exclusive  des  livres  nationaux. 
L.a  jeiuicsse  commence  à  se  dépouiller  de  ce  préjugé,  et 
cherche  à  s'instruire  dans  les  ouvrages  étrangers.  L'étude 
des  langues  française  et  anglaise  est  devenue  familière  à 
la  plupart  des  jeunes  gens. 

Cet!e  louable  disposition  à  chercher  par-tout  à  s'éclairer, 
pourra  néanmoins  être  très-contrariée  encore  par  l'habitude 
qu'ont  prise  les  jeunes  Espagnols  de  se  marier  de  très-bonne 
heure:  elle  les  jetle  dans  l'embarras  des  soins  domestiques, 
dans  un  âge  où  ils  ne  devroient  s'occuper  que  d'acquérir 
des  lumières  propres  à  leur  faire  remplir  avec  succès  les 
devoirs  de  citoyen,  de  père  de  famille,  et  ceux  encore 
qu'exige  l'exercice  de  telle  ou  telle  profession.  Rien  de  plus 
commun  que  de  voir  des  époux  dont  les  années  réunies  ne 
vont  guères  au-delà  de  trente  ans.  Outre  que  ces  unions 
précipitées  ont  pour  le  jeune  marié  l'inconvénient  sur 
lequel  je  viens  d'insister,  elles  ont  pour  les  deux  époux 
celui  de  ne  pas  leur  laisser  le  temps  de  pénétrer  mutuelle- 
ment leur  caractère-,  et  elles  ne  préparent  que  trop  fré- 
quemment des  unions  mal  assorties.  Ce  fâcheux  résultat 
avoit  poiu'  cause,  en  grande  partie,  le  peu  d'influence  que 
les  loix  espagnoles  accordoient  aux  parens  sur  les  volontés 
de  leurs  enfans,  en  m;itière  sur-tout  de  mariage.  Les  tribu- 
naux, en  effet,  accueilloient  presque  toujours  favorable- 
ment, le  seul  cas  de  mésalliance  excepté,  les  demandes  que 
les  deux  parties  portoient  devant  eux,  à  l'effet  d'être 
autorisées  à  s'unir  contre  le  gré  de  leurs  parens.  Ilsuffisoit 
même  quelquefois  que  deux  jeunes  gens  déclarassent 
hautement ,  devant  le  curé  de  leur  paroisse,  qu'ils  se  pre- 
noient  pour  époux.  Au  moyen  de  celte  simple  déclaration, 
le  défaut  de  publication  des  bancs  et  du  consentement  des 
parens  ,  n'éloit  point  un  obstacle  à  la  validité  du  sacre- 
ment. Cet    abus  n'a  été  réprimé  que  très-récemment  par 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AlWKR.  MÉR^  2ig 
«ne  pragmatique-sanction  du  28  avril  i8o3.  Dn  reste,  à 
tous  autres  égards  encore,  la  soumission  des  enfans  à  leurs 
père  et  mère  ,  n'est  véritablement  qu'apparente.  Les 
témoignages  de  respect  qu'ils  leur  prodiguent,  et  qui  ont 
même  quelque  chose  de  servile,  émanent  moins  du  senti- 
ment ,  que  de  l'habitude  qui  les  a  placés  au  nombre  des 
étiquettes,  plus  nombreuses  encore  chez  les  Espagnols  de 
l'Amérique  que  chez  ceux  de  la  mélropole  :  M.  Depons 
en  donne  im  déiail  curieux. 

La  prématurité  des  unions  conjugales  n'est  pas,  à  la 
Terre-Ferme,  l'unique  cause  des  mauvais  ménages  :  il  eu 
est  une  autre  pJus  puissante  encore,  c'est  la  proteclion 
aveugle  que  les  lois  espagnoles  accordent  aux  femmes,  au 
préjudice  de  leurs  maris.  Il  n'y  a  pas  d'êtres  plus  malheu- 
reux fju'un  créole  espagnol  dont  la  femme  est  jalouse, 
déréglée  ou  acariâtre.  Sur  la  jîlainleque  porte  contre  son 
mari  la  femme  possédée  de  la  jalousie,  soit  pour  dérègle- 
ment de  moeurs,  soit  pour  mauvais  traitemens,  soit  pour 
dissipation  seulement,  elle  en  est  crue  sur  sa  parole,  sans 
avoir  besoin  d'administrer  aucune  preuve.  Selon  le  rang 
que  le  mari  occupe  dans  la  société,  on  le  cile  pour  subir 
une  forte  réprimande,  ou  on  le  fait  mettre  sur  le  champ 
en  prison ,  et  il  y  reste  jusqu'à  ce  que  la  femme  demande 
elle  -  même  qu^il  soit  rendu  à  la  liherté.  Au  contraire,  le 
mari  se  plaint-il  de  l'inconduite  de  sa  femme,  il  suffit  que 
celle-ci  se  montre  offensée  d'une  accusation  qui  attaque 
son  honneur  :  le  mari  alors  est  condamné  au  silence  ou  à 
plus  de  discrétion  :  heui'eux  même  s'il  ne  subit  pas  la  puni- 
tion qui  auroit  dû  êlre  infligée  contre  sa  femme. 

La  dépendance  où  est  de  son  épouse  le  créole  espagnol, 
se  trouve  à  un  tel  point,  à  la  Terre-Ferme,  qu'il  ne  peut 
entreprendre  aucun  voyage  sans  son  consentement  exprès, 
et  sans  avoir  pourvu  a  sa  subsistance  pour  tout  le  temps 
qu'il  sera  absent.  S'il  ne  revient  pas  au  temps  fixé  par  la 
permission  qu'il  a  obtenue,  les  autorités  locales,  à  la  pre- 
mière réclamation  de  la  femme,  ordonnent  au  mari  de  s© 
veliier  auprès  d'elle,  lùl-il  au  Chili  ou  dans  la  Californie^ 


230       BIBLIOTHÈQUE   DES    VOYAGES. 

que  ses  alfaires  soient  terminées  ou  non.  Tout  mililaire; 
tout  officier  de  l'administration  et  de  justice,  marié,  laisse 
à  sa  femme  qui  ne  le  suit  point,  une  partie  de  son  traite- 
ment: s'il  ne  le  fait  pas  de  bonne  grâce,  le  trésorier  en 
fait  la  retenue. 

A  ce  tableau  parliculier  de  l'intérieur  des  familles-, 
M.  Depons  fait  succéder  les  traits  généraux  du  caractère 
espagnol,  à  la  Terre-Ferme,  lequel  diflére,  par  quelques 
nuances,  de  celui  des  habitans  de  la  métropole.  Chacun, 
dans  cette  partie  de  l'Amérique,  vit  isolé,  et  n'a  avec  ses 
compatriotes  que  des  relations  où  la  politique  en<re  pour 
beaucoup  ,  et  la  cordialité  presque  pour  rien.  Ce  défaut  de 
communications  franches,  cette  absence  des  liaisons  ami- 
cales remontent  à  la  première  jeunesse.  Jamais  on  ne  voit 
parmi  les  Espagnols,  à  la  Terre-Ferme,  comme  on  le 
voit  en  Europe ,  de  jeunes  filles  décemment  réunies  pour 
s*arauser,  ni  les  jeunes  gens  lier  entre  eux  aucune  partie 
de  plaisir.  Jamais  de  bals  ni  de  ces  repas  connus  sous  le 
nom  de  piqueniqtie.  Cette  habitude  de  se  tenir  dans  l'iso— 
lement,  engendre  une  jalousie  sourde  et  dissimulée  qui 
«'irrite  par  les  succès  d'autrui  ,  mais  que  la  politique 
dérobe  adroitement  sous  les  dehors  les  plivs  trompeurs. 
De-là  les  créoles,  si  susceptibles  dans  le  fait,  se  montrent 
de  si  bonne  composition  en  apparence  :  un  propos  indiscret 
ou  seulement  irréfléchi,  un  récit  équivoque  sur  l'ancien- 
neté de  la  famille,  sur  la  noblesse,  sur  la  nature  de  ses 
litres,  mettent  le  créole  espagnol  en  courroux,  et  allu- 
ment en  lui  le  désir  effréné  de  la  vengeance  :  il  pardonne 
plus  difficilement  une  plaisanterie  faite  sur  lui-même  que 
sur  l'un  de  ses  ancêtres.  Dès  qu'il  a  voué'le  sentiment  de  la 
haine  à  quelqu'un,  c'est  pour  la  vie,  et  suivant  la  gravité 
dumolif,elle  passe  aux  générations  suivantes;  mais  ce  n'est 
point,  comme  en  Europe,  par  la  voie  du  duel  qu'on  se 
dispose  à  venger  l'injure  vraie  ou  prétendue  qu'on  a  reçue; 
la  vengeance  qu'on  cherche  à  en  tirer  ne  produit  jamais 
i'effusion  de  sang  ;  elle  s'enveloppe  toujours  de  ce  que  la 
chicane  a  de  plus  subtil  pour  amonceler  devant  les  Iriba-- 


AMERIQUE.  YOYAC.  DANS  L'AMER.  Mi5r.  22Ï 
naux  les  écrits  et  les  procédures  ,  y  éterniser  s'il  est  possible 
le  procès  ,  et  y  taire  dépenser  à  sa  partie  adverse  des 
sommes  considérables  dont  il  fait  lui-même  le  sacrifice 
pour  la  fatiguer. 

'  Cet  espiùt  processif  est  naturel  à  l'Espagnol-Américain  : 
il  ne  fatigue  pas  moins  les  tribunaux  pour  ses  intérêls  que 
pour  ses  prérogatives.  Le  combat  de  la  plume  est  une  véri- 
table passion  chez  lui  ;  et  cette  passion  qui  le  ruine,  four- 
nit un  aliment  continuel  à  la  rapacité  d'une  infinité  de 
scribes  qui  entourent  les  diverses  juridictions,  pour  y 
dévorer  la  subsistance  des  familles.  De  cette  facilité  de 
gagner  sa  vie  dans  un  métier  qui  n'exige  d'autre  fonds 
que  le  talent  du  sophisme ,  naissent  l'empressement  à  se 
faire  aggréger  au  nombre  des  suppôts  de  la  justice,  et 
l'aversion  pour  les  travaux  agricoles  et  pour  le  com- 
merce. 

Par  une  bizarrerie  assez  remarquable ,  les  Espagnol* 
créoles  ou  Américains  étabhs  en  Amérique,  n'ont  pas, 
en  toutes  autres  circonstances,  le  caractère  que  sembleroit 
annoncer  leur  passion  pour  les  procès.  Loin  d'être  pétu-  ' 
lans  ,  vifs,  emportés,  ils  sont  doux,  honnêtes,  affables,  et 
«ur-tout  polis  à  l'excès  :  on  ne  les  voit  jamais  montrer  une 
certaine  hardiesse  dans  leurs  spéculations  et  leurs  entre- 
prises :  elles  se  ressentent  toutes  d'une  timidité  qu'ils 
appellent  prudence.  De -là,  leurs  succès  n'ont  rien  de 
merveilleux,  leurs  revers,  rien  de  désespérant.  S'ils  ne 
font  pas  des  fortunes  rapides,  ils  se  ruinent  aussi  plus 
sûrement  et  plus  lentement.  Ce  n'est  qu'à  enfrepY-endre 
les  procès  qu'ils  montrent  une  audace  disconvenante  avec 
leurs  inclinations  naturelles. 

Les  créoles  de  la  Terre-Ferme  ,  non  plus  que  ceux  des 
autres  parties  de  l'Amérique  esj)agnole,  n'ont  jamais  fait 
directement  la  traite  des  noirs  ;  ils  n'ont  établi  aucun 
comptoir  sur  la  cote  d'Afrique  :  ce  commerce  leur  pai  ois- 
soit  trop  répugner  avec  les  priicipes  de  la  reli^iou  chré- 
tienne j  mais  par  une  subiile  transaction  avec  leur  cons- 
cience, ils  trouvent  tout  ualurel  d'acheter  des  noirs,  iors- 


223  EIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES, 

qu'on  en  importe  chez  eux  :  le  gouvernement  même  leur* 
permetloil  d'en  aller  acheter  dans  les  colonies  étrangères. 
Le  bouleversement  de  Saint-Domingue  et  ses  causes  ont 
fait  révoquer  celle  permission.  Les  créoles  de  la  Terre- 
hernie  s'en  sont  tenus  prudemment  à  conserver  ce  qu'ils 
avoient  de  nègres  chez  eux,  sans  se  hasarder  de  compro- 
metlre  la  tranquillité  de  la  colonie  par  l'appât  d'une  grande 
auginenlali;-.!)  de  culture. 

On  Cl  oit  généralement,  dit  M.  Dépens,  que  les  créoles 
espag) > ois  1  rail t-nt  leurs  esclaves  avec  phis  d'humanité  que 
ne  le  f^mt  les  autres  nations.  Cette  opinion  n'est  exacte  que 
sou'^.cerlaiiis  rapports  :  ils  sont,  à  la  vérité,  plus  familiers 
avec  leurs  esclaves  que  les  créoles  des  autres  nations;  mais 
c'est  principalement  dans  la  vue  d'en  faire  de  bons  chré- 
tiens. I..es  exercices  de  piété  qu'on  fait  faire  aux  nègres» 
les  prières  dojit  on  les  surcharge  ,  ne  tournent  pas  au 
profit  des  moeurs.  La  surveillance  qu'on  exerce  sur  les 
jeunes  négresses,  ])our  les  préserver  du  libertinage,  n'a 
d'autie  effi  t  que  d'irriter  plus  fortement  leurs  de.-irs,  et 
souvent  elles  sont  corrompues  par  leurs  propres  gardiens. 
Du  reste,  les  maîtres  bornant  leur  zèle  à  inculquer  les 
principes  de  la  religion  à  leurs  esclaves,  sont  de  la  plus 
grande  insouciance  sur  les  besoins  physiques  de  ces  mal- 
heui'eux.  Une  cédule  royale  de  i  7''59,  qui  avoil  pour  objet 
d'améliorer  le  sort  des  noirs  sous  ces  deux  rapports,  n'ayant 
pas  consullé  les  localités,  est  demeurée  sans  exécution. 

A  d'autres  égards,  le  sort  des  esclaves  est  jilus  suppor- 
table dans  les  colonies  espagnoles  ,  et  paiticulièrenienl  à  la 
Terre-Ferme ,  que  dans  celles  des  aul  res  nations.  L'esclave, 
loin  d'y  être  condamné,  comme  ailleurs,  à  souffrir  sous 
un  maître  injuste,  peut  inij)unéruenl  sortir  du  domaine 
de  celui  qui  abuse  de  son  dioit  de  proj)riéié.  La  loi  veut 
cependant  qu'il  articule  des  motifs,  mais  la  jurisprudence 
admet  les  plus  légers.  La  moindre  allégation,  vraie  ou 
fausse,  suffit  pour  que  le  maître  soil  tenu  devendrelesclave 
qui  ne  veut  plus  le  str\ir  :  il  ne  peut  même  le  Aendre 
qu'au  prix  qu'il  l'a  acl)eté;  encore  fuut-il  que  ce  prix  n'ex- 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMKR.  mÉk.  225 
cède  pas  trois  cents  piastres  fortes,  quelque  talent  qu'ait 
l'esclave.  Tout  esclave  peut  se  raclieter,  en  renjboiirsaiil  à 
«on  maître  ce  qu'il  lui  a  coûté,  ou  en  lui  comptant  les  trois 
cents  piastres  fortes,  dans  le  cas  où  il  auroil  été  acheté 
plus  cher.  Le  rtçu  de  celte  f^omme  lui  donne  la  liberté,  et 
le  met  au  rang  des  citoyens,  avec  les  restrictions  qui  seront 
remarquées  dans  la  suite,  sans  que  ni  la  Ici,  ni  le  fisc  inter- 
viennent dans  cet  arie  que  foules  les  ant)cs  nations  ont 
assujéli  à  cfes  formes  plus  aulhen tiques  et  à  des  frais  plus 
considéiables. 

Celte  facullé  donnée  aux  esclaves  de  recouvrer  leur 
liberté ,  a  singulièrement  grossi  ,  dans  la  capitainerie  géné- 
rale de  Caracas,  la  classe  des  affranchis.  Sur  une  popula- 
tion de  sept  cent  vingt-huit  mille  individus  que  contient, 
comme  on  Ta  vu,  celte  capitainerie,  on  compte  deux  cent 
quatre-vingt-onze  mille  deux  cents  aifranchis,  ou  nés  d© 
parens  affranchis  :  on  les  nomme  là  ,  comme  ailleurs,  gens 
de  couleur. 

Celle  classe  pouvant  devenir  redoutable,  diverses  cédules 
sont  parvenues  à  mettre  une  distinction  frappante  entre  les 
gens  de  couieur  et  les  blancs.  Eiîes  ont  déclaré  les  liommes 
libres  de  couleur  incapables  de  remplir  aucun  emploi  j)u- 
blic,  et  de  servir  dans  les  troupes  du  roi,  avec  facillé  seu- 
lement de  pouvoir  entrer  au  service  dans  des  corps  parti- 
culiers de  milice,  où  le  mérite  peut  jjcrter  1  iiomuje  de 
couleur  jusqu'au  grade  de  capitaine.  Tous  les  emplois  supé- 
rieurs sont  rcseï  vés  exclusivement  aux  blancs.  Çel;e  mesure 
est  la  seule  qui  soit  assez  rigoureusement  observée,  i>es 
protections  achetées  chèremeiil  ont  néanmoins  procuré 
à  quelques  faniilles  d'hommes  de  couleur  \xv\  ordre  du  roi 
qni  déclaroit  leurs  membies  habiles  à  exercer  toutes  sortes 
d'emplois.  Pendant  le  ^Ajour  de  lû.  Depons  à  Caracas, 
imc  famille  eniière  de  cette  classe  obtint  du  roi  tons  les 
privilèges  aitacliés  à  la  classe  blanche;  mais  le  seul  avantH<»e 
qu'elle  en  retiia  ,  lui  parut  être  tombé  sur  les  fcnu7)es,  ^ui 
acquirent ,  par-là  ,  le  droit  de's'agenouiller  dans  \{t^  églises 
sur  des  tapi? ,  et  qui ,  dans  l'exercice  de  ce  j^rivilége^  mirent 


224  BIBLIOTHÈQUE  DF.  S  VOYAGES, 
beaucoup  d'ostentation  et  de  luxe.  Du  reste,  des  gens  ins- 
truits lui  assurèrent  que  cette  grâce  du  l'oi,  quelque  chère 
qu'elle  eût  coulé,  n'opéreroit,  dans  l'opinion  publique, 
aucun  changement  favorable  à  celte  famille,  et  qu'aucua 
de  ses  membres  ne  seroit  appelé  à  exercer  des  fonction» 
publiques,  tant  que  la  couleur  décéleroit  son  origine, 
tant  le  préjugé  est  indépendant  de  l'autorité!  Ce  même 
préjugé  rend  très-rares  les  alliances  de  familles  de  couleur 
avec  les  principales  familles  espagnoles  ;  mais  elles  avoient 
été  assez  communes  dans  la  basse  classe  des  blancs,  jusqu'en 
1785,  qu'une  cédule  royale  exigea  expressément,  pour  la 
validité  des  mariages,  le  consentement  des  parens,  ou  du 
moins  qu'il  fût  demandé  dans  les  formes  prescrites  par 
les  loix  :  cette  cédule  portoit  que  la  différence  de  couleur 
seroit  une  raison  suffisante  pour  empêcher  le  mariage 
entre  les  blancs  et  les  filles  de  couleur,  conformément  à  la 
pragmatique  de  1776,  qui  prohibe  tout  mariage  entre  des 
pirsoiiin^s  blanches  et  des  personnes  de  couleur.  Depuis 
la  publication  de  cette  cédule,  dit  M.  Depons,  le  préjugé 
a  repris  tout  l'empire  que  le  temps  lui  avoit  fait  perdre. 

Par  une  contradiction  singulière,  mais  qui  s'explique 
néanmoins  par  les  considérations  suivantes,  il  n'est  pas 
très-rare  de  voir  des  mariages  entre  des  hommes  de  cou- 
leur et  des  filles  blanches.  Ces  filles  sont  le  fruit  clandestin 
de  la  foiblesse  de  leurs  mères,  qui ,  pour  sauver  leur  hon- 
neur ,  les  ont  fait  exjjoser,  et  les  ont  vouées,  par  cela 
même ,  à  une  telle  misère ,  qu'elles  donnent  la  main  au 
premier  homme  de  couleur  qui  la  leur  demande. 

Cet  usage  donne  lieu  à  M.  Depons  de  gémir  sur  le  défaut 
d'asyles  publics,  dans  la  capitainerie  de  Caracas,  pour  le» 
enfans  exposés.  Tandis  qu'on  y  voit ,  dit-il ,  tant  d'église» 
richement  dotées,  tant  de  fondations  religieuses  de  toute 
espèce,  il  n'y  a  pas  un  seul  hospice  pour  les  enfans  expo- 
sés :  le  plus  souvent  ils  sont  ramassés  par  des  femmts  de 
couleur,  ou  même  par  des  négresses.  Les  enfans  mâles,  à 
la  vérité ,  sont  reçus  de  bonne  heure  dans  les  couvens  et 
dans  les  églises  ^  mais  les  fiilles  partagent  la  misère  de  leurs 


AMléîllQljE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MÉU.  225 
pères  nourricieis ,  et  se  (roiivent  ainsi  obligées  de  cou— 
tracter  les  mariages  doni  on  vient  de  parler. 

La  classe  des  hommes  de  couleur  libres  n'a  d'inclina- 
tion ni  (jour  la  cullure,  ni  pour  aucune  espèce  de  tjavail. 
Cependant  tous  ont  des  métiers,  que  les  blau^is,  qui  ne 
sont  guère  plus  laborieux  ,  leur  abandonnent  le  droit 
d'exercer  exclusivement.  La  profehsion  de  médecin  leur 
étoit  jadis  interdite  :  ils  y  ont  été  admis  par  une  cédule 
royale  du  1 4  mars  1797. 

Avant  de  tracer  le  tableau  des  Indieus  de  la  Terre- 
Terme  et  des  rives  de  l'Oiénoque,  M.  Depons  recherche 
comment  l'Amérique  a  été  peuplée.  Sur  cette  importante 
question,   il  embrasse  l'opinion   la   plus   c»)uinuiije,  qui 
suppose  que  l'Amérique  a  été  détachée  de  l'aiicieu  conti- 
nent par  un  de   ces  déchiremens  que  les  déluges  ou  les 
tremblemens  de  terre  peuvent  seuis  opérer  :  il  appuie  cette 
opinion  sur  la  multitude  d'exemples  de  cette  sorte  d'écarts 
de  la  nature  ,  qui  ont  opéré  tant   de   révolutions  dans  le 
globe;  mais  il  ne  dissimule  pas  l'objection  qui  résulte  de 
la  différence  des  animaux,  sous  les  mêmes  latitudes,  dans 
l'ancien  et  dans  le  nouveau  continent.  Il  observe  ensuite 
que  la  population  de  TA mériqne  étoit  extrêmement  foibla 
re'alivemenl  à  son  étendue;  qu'en  particulier,  c'éloit  sur 
les  côtes  delà  mer,  aux  bouches  et  sur  les  bords  de  l'Oré- 
noque  qu'étoit  répandue  la  population  de  la  Terre- F'erme, 
et  que  les  plaines  n'avoient  que  très-peu  ou  point  du  tout: 
d'habitans.  Les  Indiens,  comme  il  a  plù  aux  Espagnols  de 
désigner  sous  ce  nom  les  naturelsde  l'Amérique,  formoient 
des  peuplades  circonscrites  dans  une  certaine  étendue  de 
territoire,  sous  le  commandemeut  d'un  chef  ou  cicique, 
en  cas  de  guerre  seulement.  La  moindre  violation  de  ce 
territoire  doiinoit  lieu  à  de  sanglantes  guerres  entre  les 
nations  voisines.  Le  défaut  de  communication  eatr'elles 
avoit  nécessairement  introduit  une  grande   diversité  de 
langues,  une  multitude  de  dialectes  dont  la  pauvreté,  chez 
ces  peuples,  étoit  analogue  à  celle  de  leurs  idées. 

Ainsi  que  la  plupart  des  peuples  de  l'Amérique,  ceux 
VI.  P 


220        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

de  la  Terre-Ferme  faisoient  la  guerre  d'une  manière 
atroce,  empoisonnant  les  flèches,  massacrant  les  prison- 
niers, les  mangeant  même  assez  fréquemment. 

Le  système  religieux  des  Indiens  est  tellement  enveloppé 
de  superstitions,  qu'il  faut,  dit  modestement  M.  Depons, 
une  habileté  supérieure  à  la  sienne  ,  ou  une  hardit-sse  qu'il 
n'a  pas,  pour  donner  comme  positif  ce  qui ,  pour  l'obser- 
vateur exact,  demeure  douteux.  Il  a  démêlé  néanmoiiis 
qu'un  point  fondamental  de  la  religion  chez  ces  peuples, 
éloit  rimmortalité  de  l'ame  ;  mais  qu'à  la  différence  de 
toutes  les  nations  sauvages  de  l'Amérique,  qui  admettent 
un  bon  ou  mauvais  principe,  les  Indiens  de  la  Terre- 
Ferme  en  général  n'en  admettoient  qu'un  mauvais  :  singu- 
larité qui  paroîl  tenir  à  la  peur  qui  leur  étoit  naturelle. 
Une  seule  nation,  c'éloit  les  Indiens  de  l'Orénoque, 
s'écarloit  de  cette  croyance.  Sans  être  plus  instruits  et  moins 
superstitieux,  ils  avoient  imaginé  un  auteur  de  toutes 
choses,  auquel  ils  adressoient  leurs  adorations  et  leurs 
vœux.  Quelques-unes  de  ces  peuplades  prenoient  le  soleil 
pour  l'Être  suprême  et  pour  cause  première  :  d'autres 
décernoient  aux  crapauds  les  honneurs  de  la  divinité. 
Toutes  les  nations  de  la  Terre-Ferme  varioient  beaucoup 
dans  leurs  opinions  sur  le  sort  de  l'ame  après  la  mort. 

Dans  les  provinces  qui  composent  aujourd'hui  les  pro- 
vinces de  Venezuela,  de  Maracaïbo  et  de  Cumana ,  la 
religion  étoit  unie  à  l'art  de  guérir.  Dès  l'enfance,  on  faisoit 
apprendre  à  ceux  qui  se  destinoient  à  exercer  cette  double 
profession ,  et  qui  étoient  connus  sous  le  nom  de  Piachesy 
la  médecine  et  la  magie.  Il  est  difficile  de  faire  saisir  en 
quo^  consisloit  l'apprentissage  de  cette  dernière  prétendue 
science  :  on  entrevoit  seulement  que  c'éloit  de  ridicules 
ïnalélices.  Quant  à  la  médecine,  elle  con^istoit  dans  l'em- 
ploi d'herbes  et  de  racines  crues  pilées  avec  de  la  graisse, 
dans  celui  de  plusieurs  espèces  de  bois  et  autres  substances 
inconnues  du  vulgaire.  Leur  usage  étoit  de  lécher  la  partie 
où  sefixoitla  douleur,  afin  d'en  extraire  l'humeur  vicieuse. 
Lorsque  la  douleur  augmeuloit,  ils  ajoutoient  à  ce  pvo- 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AIVÏÉR.  MER.  22^ 
cédé,  les  frictions;  si  le  malade  guérissoit,  on  donnoit  au 
piache  tout  ce  qui  étoit  dans  la  maison  ;  si  le  malade  suc— 
comboit,  on  en  accusoit  le  seul  destin  :  on  conçoit  par-là, 
à  quel  point  ces  jDiaclies  étoient  respectés;  non-seulement 
ils  éloient  les  plus  riches  de  la  peuplade,  mais  même  les 
seuls  qui  le  fussent.  Aussi ,  pour  parvenir  à  ce  grade,  fal— 
îoit-il  subir  de  rudes  épreuves,  telles  qu'une  réclusion  de 
deux  ans  dans  des  cavernes  au  milieu  dcvS  bois,  l'abstinence 
de  tout  ce  qui  étoit  animé,  et  la  solitude  la  plus  absolue. 
Les  vieux  piaches  seuls  approchoient  la  nuit  de  ces  néo- 
phytes, pour  leur  donner  des  instructions.  Je  ne  suivrai 
pas  M.  Depons  dans  les  curieux  détails  où  il  est  entré  sur 
les  usages  des  diverses  peuplades  de  la  Terre-Ferme  et  de 
rOrénoque  :  ces  usages  ont  beaucoup  d'analogie  avec 
ceux  des  Caraïbes  de?  îles  Antilles,  sur  lesquels  on  a 
recueilli  tant  de  lumières. 

Tout  comme  chez  ces  insulaires,  la  condition  des  femmes 
étoit  déplorable,  principalement  sur  les  bords  de  l'Oré— 
rioque,  où  elles  épi'ouvoient  des  traitemens  inusités  chez 
les  autres  nations  sauvages.  Les  vieillards,  dans  leur  cadu- 
cité ,  ne  trouvoient  aucun  secours  chez  leurs  enfans  , 
qui,  chose  abominable!  portoient  souvent  sur  eux  une 
main  criminelle  pour  s'en  délivrer.  Ces  mêmes  enfans, 
barbares  à  ce  point  pour  leurs  pères ,  mais  témoins,  jusqu'à 
leur  adolescence ,  et  compagnons  même  des  souffrances  de 
leurs  mères,  conservoient  pour  elles  un  sentiment  de  jjitié 
qui,  avec  le  temps,  se  convertissoit  en  une  affection  plus 
tendre. 

En  soumettant  les  Indiens,  les  Espagnols  leur  ont  trans- 
mis toules  leurs  inclinations  et  tous  leuis  vices.  Afin  de  les 
tenir  dans  la  dépendance,  on  avoit  imaginé  de  leur 
défendre  la  fabrication  et  le  pori  des  armes,  et  jusqu'à 
l'usage  du  cheval.  En  les  obligeant  de  se  réunir  dans  des 
villages,  on  leur  avoit  sévèrement  prescrit,  à  peine  du 
fouet  et  d'une  amende  en  cas  de  contravention,  de  ne 
jamais  passer  d'un  village  dans  un  autre.  Enfin  l'on  avoit 
interdit  aux  Espagnols,  aux  raulàlrjs  et  aux  métis,  la 


228  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

faculté  d'habiter  les  villages  indiens^  de  peur  qu'ils  n'y* 
répandissent  des  idéeaconlraires  à  la  tranquillité  publique. 
De  toutes  ces  dispositions  prohibitives,  la  dernière  est  la 
seule  qui  soit  restée  en  vigueur,  moins  parce  que  l'expé- 
rience en  a  démontré  l'utilité,  que  par  l'intérêt  qu'ont 
trouvé  à  la  maintenir  les  missionnaires. 

Jamais  conquérant  n'auroit  accordé  aux  peuples  conquis 
des  pi'iviléges  aussi  étendus,  aussi  importans  que  ceux  qu'a 
assurés  aux  Indiens  la  générosité  du  gouvernement  espa- 
gnol. Le  premier  de  ces  privilèges  est  celui  de  n'avoir 
d'autres  magistrats  que  de  leur  propre  classe  et  de  leur 
choix.  Non -seulement  les  Caciques,  mais  les  Cabildo 
même,  sont  de  race  indienne.  Pour  que  ces  magistrats 
n'abusent  pas  de  leur  autorité,  on  a  préposé  dans  chaque 
village,  s'il  est  considérable,  ou  par  trois  ou  quatre  villages 
moins  forts,  formant  un  district,  un  Corrégidor  ou  pro- 
lecteur des  Indiens,  ainsi  qu'on  l'appelle  dans  les  autres 
parties  de  l'Amérique  espagnole.  C'est  hii  qui  arrête  le 
"bras  du  magistrat  indien  ,  toujours  prêt  à  frapper  arbitrai- 
rement ses  justiciables  pour  cause  d'ivrognerie,  d'impiété 
et  de  libertinage,  dont  il  est  souvent  plus  coupable  lui- 
même  que  ceux  qu'il  punit. 

On  laisse  à  l'Indien  la  terre  qu'il  possède ,  lorsqu'il  passe 
sous  la  domination  espagnole  :  s'il  n'en  a  pas,  on  lui  con- 
cède une  portion  suffisante  pour  ses  besoins,  pourvu  qu'il 
se  livre  à  un  travail  quelconque. 

Toutes  les  loix  veulent  que  les  j^i'éposés  espagnols  pour 
la  défense  des  Indiens  soient  plus  sévèrement  punis  que 
si  les  injustices  éloient  faites  à  des  Espagnols.  Outre  les  pré- 
posés pris  dans  celte  dernière  nation,  et  placés  pour  la 
défense  des  Indiens  dans  les  villages,  les  procureurs  géné- 
raux des  audiences  sont  leurs  défenseurs  nés,  tant  en 
matière  civile  qu'en  matière  criminelle. 

Les  caciques  et  leurs  descendans  jouissent  de  tous  les 
privilèges  de  la  nation  espagnole.  Foui-  les  produits  de 
leurs  terres  et  de  leur  industrie  ,  tous  les  Indiens  générale- 
ment sont  exempts  du  droit  d'alcavala ,  le  plus  onéreux , 


AMÉRIQUE.  TOYAG.  DANS  L'AMÉR.  MJER.  229 
comme  ou  le  verra,  des  droits  qui  se  perçoivent  à  la 
Terre-Ferme.  Le  tribut  annuel  de  deux  piastres  fortes  à- 
peu-près  qu'on  a  imposé  aux  Indiens,  ne  se  lève  que  sur 
les  individus  mâles,  deptiis  l'âge  de  dix-huit  ans  jusqu'à 
celui  de  cinquante  seulement.  La  moindre  incommodité, 
la  moindre  intempérie  des  saisons,  le  moindre  prétexte 
enfin,  suffisent  pour  obtenir  de  la  plupart  des  corrégidors 
la  dispense  du  paiement.  Néanmoins  il  n'est  pas  rare,  à 
l'approche  du  recouvrement  de  cette  taxe,  si  modique 
dans  un  pays  aussi  fertile  que  la  Terre-Ferme,  de  voir  les 
contribuables  prendre  la  fuite,  et  chercher  un  asyle  chez 
les  Indiens  non  encore  soumis. 

Une  aulre  prérogative  des  Indiens  bien  importante,  est 
celle  d'être  considérés  comme  mineui's  dans  toutes  leurs 
transactions  civiles.  Ils  ne  sont  obligés  à  l'exécution  des 
contrats  qu'ils  passent  avec  les  Espagnols,  sans  l'interven- 
tion des  juges,  qu'autant  qu'ils  le  veulent  bien.  En  tout  état 
de  cause,  ils  peuvent  en  demander  la  l'évision.  Enfin, 
pour  dernier  jîrivilége,  leurs  biens-fonds  ne  sont  légiti- 
mement acquis  q.te  sur  une  enchère  judiciaire.  Si  néan- 
moins l'objet  est  de  peu  d'importance,  la  simple  permission 
du  juge  suffit  ;  mais  elle  ne  s'accorde  que  lorsque  des  rensei- 
gnemens  bien  exacts  ont  établi  que  le  marché  est  avanta- 
geux à  l'Indien. 

I/église  n'a  pas  été  moins  favorable  aux  Indiens  que 
l'avitoiilé  civile.  L'inquisition  n'a  aucun  droit  sur  eux. 
Leurs  crimes  d'hérésie  et  d'apostasie  sont  du  ressort  des 
tribunaux  des  évêques,  et  leurs  maléfices  de  celui  des  tri- 
bunaux séculiers;  mais  ces  attributions  ne  sont  que  de 
forme,  et  il  est  sans  exemple  qu'un  Indien  ail  été  jjoursuivi 
pour  ces  sortes  de  délits. 

Toute  l'instruction  l'equise  pour  admettre  les  Indiens  à 
recevoir  le  baptême,  consiste  à  leur  faire  déclarer,  soit  par 
signes,  soit  oralement,  que  l'idolâtrie,  le  mensonge,  la 
pédérastie,  la  fornication,  l'adultère,  l'inceste  et  l'ivro- 
gnerie, sont  des  péchés  mortels  et  capitaux.  Comme  ces 
]^(.up!es  ,  extrêmement  attachés  à  leur  chevelure,  ré^u- 


2*50        BlBLTOTHiçUE    DES   VOYAGES. 

^noient  à  se  les  faire  couper,  ainsi  qu'il  est  d'usage  k 
l'égard  de  tous  les  néophytes  qui  se  présentent  au  baptême  „ 
et  s'interdisoient  ainsi,  par  un  refus  obstiné,  l'entrée  du 
ciel,  le  roi  d'Espagne,  par  une  cédule  du  i5  mars  i58i, 
défendit,  malgré  le  précepte  de  Saint  Paul,  de  couper  le* 
cheveux  des  Indiens. 

D'après  l'avis  des  théologiens  les  plus  graves,  on  a  fait 
aux  Indiens  la  meilleure  composition  possible  pour  leur 
mériter  l'absolution  au  confessionnal  L'obligation  d'en- 
tendre la  messe  ne  s'étend  pas  pour  eux  à  la  moitié  de» 
jours  de  fêtes  où  les  Espagnols ,  sous  peine  de  péché 
mortel,  sont  tenus  d'y  assister.  Encore  léloignement  de 
leur  demeure,  la  crainte  d'être  mouillés  en  se  rendant 
à  l'église,  celle  qu'on  pourra  en  prendre  occasion  de 
leur  demander  le  tribut,  de  leur  assigner  un  travail,  de 
leur  infliger  quelque  correction  ,  sonl-ils  pour  les  Indiens,^ 
suivant  l'évéque  Monténégro,  des  motifs  suffisans  de  se 
dispenser  de  la  messe  dans  ces  fêles  même.  Les  jours  d& 
jeûne  sont  limités,  pour  l'Indien,  aux  vendredis  de  carême, 
au  samedi-saint,  à  la  veille  de  Noël.  Sans  être  assujéli  à 
prendre  la  bulle  de  la  Cruzade,  il  peut  manger  de  tout  ce 
dont  elle  permet  l'usage  à  ceux  qui  l'achètent.  Enfin  on  a 
tellement  été  persuadé  que  le  seul  moyen  de  faire  aimer 
la  religion  par  l'Indien  consistoit  à  christianiser  ses  goûts 
et  ses  habitudes,  qu'on  en  est  venu  à  mettre  en  question 
s'il  est  permis  de  manger  de  la  chair  humaine  ;  et  ce  qui 
ajoute  à  la  singularité  de  la  question,  c'est  qu'elle  a  été 
décidée  en  faveur  des  anthropophages.  Le  même  évêque 
Monténégro,  s'appuyant  sur  la  doctrine  de  Lesio  et  de 
Diana,  décide  qu'en  cas  de  nécessité  ,  on  peut  manger  de 
la  chair  humaine,  sans  qu'il  y  ail  aucune  espèce  de  péché, 
parce  que  ce  n'est  pas  un  mal  en  soi  :  et  c'est  ,  s'écrie 
M.  Depons,  dans  la  contrée  la  pins  fertile  peut-être  du 
globe,  la  plus  couverte  de  forêts  où  le  gibier  fournit  à 
l'homme  une  ressource  abondante  et  inépuisable;  dans, 
une  contrée  la  plus  arrosée  de  rivières  rem  plies  de  poissons , 
de  tortues,  etc.  qu'est  intervenue  une  décision  si  étrange! 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  l'AmÉr.  mÉr.    201 
Tant  d'efforts  combinés  par  la  politique  et  la  religion 
pour  amener  les  Indiens  à  jouir  des  avantages  de  la  civili- 
sation ,  n'ont  pu  surmonter  l'insouciance   et  l'apathie  de 
ce  peuple.   Il  est  peu  d'Indiens  civilisés  qui  ne  soupirent 
après  la  vie  des  bois,  et  qui  ne  s'y  réfugient  aussi-tôt  qu'ils 
le  jseuvent  :  ce  nest  pas  pour  le  prix  qu'ils  mettent  à  la 
liberté  ;  c'est  pour  la  douceur  que  l'habitation  des  forêts 
promet  à  leur  mélancolie,  à  leurs  superstitions,  à  leur 
mépris  pour  les  droits  les  plus  sacrés  de  la  nature.  Si,  avec 
toutes  ses  combinaisons,  la  politique  n'a  pas  pu  parvenir 
à  leur  faire  goûter  la  vie  civilisée  ,  les  ministres  de  la  reli- 
gion n'ont  pas  mieux  réussi  à  les  façonnerau  christianisme. 
Les  mystères  qui  en  font  la  base  rebutent  l'Indien,  dont  la 
crédulité  se  porte  toute  entière  sur  les  maléfices  et  sur  la 
puissance  du  diable.  Tant  que  les  exercices  du  christia- 
nisme font  spectacle ,  il  s'en  amuse.  Le  son  des  cloches ,  les 
chants   de    l'église ,  le  bruit  des  inslrumens   dont  il   est 
accompagné  ,  la  vue  des  cérémonies,  semblent  le  captiver; 
mais  tout  ce  qui  tient  à  l'instruction,  tels  que  les  caté- 
chismes,  les  sermons,  la  confession,  sont  pour  lui  des 
objets  fastidieux.  Plus  d'une  fois  on  a  vu  de  vieilles  In- 
diennes cliercher  à  détruire  dans  les  jeunes  Indiens  les 
salutaires  effets  que  pouvoit  produire  chez  eux  la  morale, 
en  parodiant  les  sermons  auxquels  ils  assistent;  leur  insi— 
ruer  des  doutes  sur  les  dogmes  qu'on  leur  enseigne,  tels 
que  l'éternité  des  peines  et  la  puissance  de  Dieu;  attri- 
buer même  l'usage  de  la  confession  à  la  seule  curiosité  du 
prêtre,  etc.... 

M.  Depons  observe  que  le  système  d'excessive  indul- 
gence qu'on  a  adopté  pour  les  Indiens,  potn-  leur  faire 
adorer  et  aimer  un  Dieu  de  paix  et  demiséricoide,  pouvoit 
tout  au  plus  con%'enir  à  la  religion  ,  mais  ne  convenoit  pas 
également  à  la  politique.  On  les  a  traités,  dil-il,  comme 
des  bêles  féroces  qu'on  voudroit  apprivoiser;  il  falloit  les 
mener  comme  desenfans  dont  on  vouloit  faire  des  hommes^ 
Au  lieu  de  favoriser  leur  paresse,  ou  de  retenir  le  salaire 
de  ceiuj  qu'on  fait  trcivailler,  il  falloit  les  obliger  tous  iadis- 


231  BIRLIOTIIF.QUE    DES    VOYAGES. 

tinctement  an  (ravail ,  en  leur  procurant  des  commodité» 
^n  échange  de  leurs  fatigues  :  il  fi.lloit  chercher  à  leur 
créer  des  besoins  qui  leur  eussent  fait  apprécier  ces  com- 
modilés.  En  procédant  ainsi,  leur  amélioration  seroit 
infailliblement  plus  avancée.  M.  Depons  propose,  à  cet 
eflét,  vn  régime  dont  les  bornes  de  notre  ouvrage  ne  nous 
permet  (en  I  pas  de  donner  le  dévelojipement  :  il  consiste 
principalemtnl  dans  une  répartition  des  Indiens  de  chaque 
village  sur  des  terreins  projires  à  chaque  espèce  de  planta- 
tions, où  seroient  construits  aux  frais  du  roi,  les  bàtimens 
nécessaires  à  leur  exploitation;  dans  la  vente  sur  les  lieux 
même,  ou  dans  le  port  le  plus  proche,  de  toutes  les  denrées 
qui  seroient  récollées  ,  avec  exemption  du  droit  d'alcavala; 
dans  la  libre  disposition  qui  seroit  laissée  à  l'Indien  de 
l'argent  qu'il  recevroit  pour  sa  pari.  Les  autres  articles  du 
plan  concernent  la  police  de  ces  élablissemens  projetés.  La 
mise  à  exécution  de  ce  2>lan  paroîl  ofliir  le  résultat  le  plus 
satisfaisant.  La  population  indienne,  dans  la  capitainerie 
générale  de  Cai'acas,  monte  à  soixante  et  douze  mille  huit 
cents  individus  de  tout  sexe  et  de  tout  âge.  En  les  appli- 
quant à  des  cultures  faciles,  comme  celles  du  café  et  du 
colon,  où  les  femmes,  les  enfans  et  les  vieillards  peuvent 
être  facilement  employés, 'il  en  résulteroit  une  augmen- 
tation de  denrées  considérable,  un  grand  accroissement 
de  commerce  ,  une  nouvelle  activité  dans  la  naviga- 
tion. 

Avant  de  s'occuper  spécialement  de  l'organisation  ci- 
vile ,  militaire  et  religieuse  de  la  partie  orientale  de  la 
Terre,  M.  Depons  donne  quelques  notions  générales  sur 
le  régime  esj^gnol  dans  rAmérii|ue;  sur  le  conseil  des 
Indes  et  ses  attributions;  sur  le  représentant  du  roi ,  se^' 
pouvoirs,  ses  obligations,  ses  appointemehs,  la  durée  de 
son  serA^ce,  le  compte  qu'il  doi)  à  l'expiration  de  ses  fono- 
lions;  enfin  sur  ce  qu'on  appelle  dans  l'Amérique  espa- 
gnole ,  les  audiences  royales.  Le  développement  de  ces 
notions  générales  se  trouve  en  grande  pailie  dans  le  ta- 
bleau particulier  que  l'auteur  nous  a  tracé  de  rorganisa— 


Amérique,  toyag.  dans  l'amlr.  mér.   2^3 

tion  particulière  de  la  capitainerie  générale  de  Caracas: 
^'e  vais  en  esquisser  les  traits  piincipaux. 

Ce  n'est  qu'en  1786  que,  par  une  cédule  du  roi  d  Es- 
pagne ,  a  élé  établie  l'audience  royale  de  Caracas  :  elle  a 
le  mêraedislricl  que  celui  du  capitaine  général  :  elle  s'étend, 
sur  les  provinces  de  Venezuela ,  de  Maracaïbo ,  de  Cu- 
mana  ,  de  Varinas ,  de  la  Guyane  et  de  l'ile  de  la  Margue- 
rite. Elle  est  composée  d'un  président  qui  est  le  capitaine 
général,  d'un  régent,  de  trois  oidors ,  de  Aeux  fiscaux  ^ 
l'un  pour  le  civil  et  l'autre  pour  le  criminel;  d'un  seul 
rapporteur  y  et  d'un  alguazil. 

Le  costume  de  ces  juges  est  la  robe  noire  :  cette  couleur 
est  aussi  celle  du  surplus  de  l'habillement.  Jadis,  ils  por- 
toient  suspendue  à  une  boutonnière,  une  espèce  de  baguette 
blanche  qui ,  chez  les  Espagnols ,  est  la  marque  générale 
de  juridiction  :  elle  a  disparu  (i). 

L'audience  se  tient  tous  les  jours  non  fériés  ,  depuis  huit 
heui-es  du  matin  jusqu'à  onze.  Elle  juge  peu  de  causes  , 
attendu  l'usage  où  est  le  rapporteur  ,  de  lire  tontes  les 
pièces  du  procès ,  au  lieu  de  les  présenter  par  extrait.  Le 
roi  d'Espagne  a  cru  remédier  à  la  lenteur  que  cet  usage, 
commun  à  toutes  les  audiences  royales  ,  apnorle  à  la 
prompte  expédition  des  aiîaires  ,  en  ordonnant  que  les  pre- 
sidens  des  audiences  lui  enverroient  tous  les  ans  un  état 
exact  des  allaires  portées  aux  tribunaux  d'audiences,  et 
des  motifs  de  leur  suspension  ,  en  y  joignant  leur  avis  sur 
l'impuissance  ou  la  mauvaise  volonté  des  membres  de  ces 
audiences,  et  sur  les  moyens  d'améliorer  l'action  de  la 
justice.  M.  Depons  ne  voit  dans  celle  mesure,  qu'une 
grande  influence  donnée  sur  les  audiences  à  leurs  prési- 
dens,  et  qui  infailliblement  augmentera  l'autorité  de  ceux- 
ci  aux  dépens  de  ces  premiers  tribunaux  de  la  nation. 

Jusqu'ici,  les  audiences  sont  très- considérées  par  les 
Espagnols  ;  et  lorsque  l'intégrité  et  les  lumières  de  leurs 

(1)  C'esi  à  cet  usage  que  BeauniarcLais  fait  allusion  dans  sa 
pièce  du  Mariage  de  Figaro. 


■254  BÎF,  LIOTHÈQUE  HT.S  TOYAGES. 
membres  )ie  donnent  aucune  prise  à  la  critique  ,  ils  reçoi- 
vent des  témoignages  de  respect  qui  ressemblent  à  une 
espèce  de  culte.  Une  cédule  même  veut  que  les  vice-rois, 
et  a  plus  forte  raison  les  capitaines  généraux  ,  tels  que  celui 
de  Caracas ,  traitent  les  oidors  avec  fous  les  égards  dus  à 
leur  caractère,  comme  leurs  confrères,  com.me  des  magis- 
trats que  le  roi  honore  de  toute  sa  confiance.  La  réception 
que  leur  font  les  vice-rois  on  capitaines  généraux  ,  est  ana- 
logue à  ces  instructions.  Enfin  les  plaideurs ,  dans  les  écrits 
qu  ils  présentent  aux  audiences  ,  les  traitent  d'altesses. 
Ces  audiences  ,  lors  du  décès  ou  en  l'absence  des  vice-rois 
ou  des  gouverneurs,  éloient  même  investies  du  comman- 
dement absolu.  Le  régent  ou  le  plus  ancien  oidor  repré- 
sentoit  alors  le  chef  du  pouvoir  exécutif,  avec  cette  res- 
triction ,  que  les  matières  où  le  gouvernement  éloit  inté- 
ressé, dévoient  être  délibérées  par  l'audience.  C'est  depuis 
peu  seiilement ,  qu'en  cas  de  vacance  ,  on  a  fait  passer  le 
commandement  général  à  l'officier  militaire  qui  vient 
immédiatement  après  le  chef  décédé  ou  absent. 

Pour  assurer  aux  membres  des  audiences  la  grande 
considération  dont  ils  jouissent,  on  ne  nomme  à  ces  places 
que  ceux  qui  ont  reçu  les  grades,  lesquels  ne  sont  commu- 
nément accordés  qu'au  savoir  et  à  l'intégrité.  La  loi  les 
oblige  de  vivre  dans  la  retraite,  et  leur  défend  de  se  trouver 
dans  quelques  aciions  publiques  que  ce  soit  qui  pourroient 
les  détourner  de  l'exercice  de  leurs  fondions.  Ils  ne  peu- 
vent former  aucunes  liaisons  avec  les  négocians ,  dont  la 
classe  est  la  plus  exposéeàètre  traduiledevant  les  audiences. 
La  loi  leur  défend  expiessément  de  se  faire  servir  par  des 
plaideurs,  ou  d'en  faire  leur  société  :  elle  leur  interdit 
même  de  faire  leur  demeure  avec  les  avocats  et  les  greffiers. 
Le  nombre  de  leurs  esclaves  est  limilé  à  quatre.  L'usage 
des  meubles  somptueux  leur  est  défendu.  Leurs  maisons 
sont  fermées  au  jeu.  Non-seulement,  il  ne  leur  est  pas 
permis  de  faire  des  emprunis,  mais  le  trésor  même  ne 
doit  leur  faire  aucune  avance  siu'  leurs  appointemens. 
Enfin,  la  possession  de  toutes  propriétés  foncières,  et  le». 


AMÉRTQrK;  TOYAC.  DANS  L'AMER.  MER.  2d5 
alliances  dans  retendue  du  district  de  l'audienre,  font 
aussi  partie  des  prohibitions  qni  leur  sont  faites.  Ces  prohi- 
bitions même  s'élendent  à  leurs  familles,  pendant  tout  le 
temps  que  dure  l'exercice  de  leurs  fonctions. 

Les  Cahildos ,  également  établis  dans  les  villes  et  dans  le» 
villages  indiens,  foimenl  le  premier  degré  de  jiiridicliou 
dans  la  partie  orientale  de  la  Terre-Ferme.  On  ne  peut, 
dit  M.  Depons,  s'en  former  une  plus  juste  idée,  qu'en  les 
comparant  aux  municipalités  établies  par  l'Assemblée 
constituante  ;  la  seule  différence  consiste  en  ce  que  les 
cahildos  n'ont  point  de  maire;  mais  ils  ont  des  alcades 
qui  répondent  à  nos  oflBciers  municipaux  ;  des  régidors 
qui  forment  le  corps  délibérant,  comme  les  notables  for— 
moient  le  conseil  de  la  commune;  un  syndic  qni  exerce 
les  fonctions  que  remplissoient  les  procureurs  de  la  com- 
mune, dans  les  municipalités  ;  et  un  greffier  chargé  de  la 
rédaction  des  actes  et  de  la  garde  des  minutes. 

Celle  institution  ,  purement  municipale,  s'introduisit  en 
Espagne  presqu'à  la  même  époque  où  Louis-le-Gros 
établit  les  communes  en  France,  et  parles  mêmes  causes. 
C'est  le  grand  respect  que  la  nation  espagnole  avoit  conçu 
pour  ces  établissemens  municipaux,  qui  persuada  aux 
conquérans  de  l'Amérique,  que  le  gouvernement  de  ses 
nouvelles  possessions  dans  cette  partie  du  monde,  devoi* 
nécessairement  avoir  pour  base  lesCabildos.  Aussi,  comme 
il  a  été  précédemment  observé,  en  donnèrent-ils  à  ton» 
les  villages  qu'ils  fondèrent,  avec  des  attributions  plus 
étendues  que  ces  établissemens  n'en  eurent  jamais  en 
Espagne. 

L'impérilie  du  gouverneur  Villacinda,  qui ,  en  i556, 
ordonna,  au  préjudice  de  son  lieutenant-général,  que 
pendant  la  vacance,  les  cahildos  de  Venezuela  gouver- 
iieroienl  celte  province,  chacun  dans  son  district,  jusqu'à 
l'arrivée  du  titulaire,  leur  fit  faire  des  pas  de  géant  vers 
l'usurpation  de  tous  les  pouvoirs.  Les  rênes  du  gouver- 
nement ainsi  morcelées,  y  introduisirent  la  confusion  et 
Vanarchie.  Ce  qu'il  y  eut  de  plus  déj)lorable  encore,  c'esi 


256  BIPLÏOTllÈQUE  DES  VOYAGES.' 
que  les  cabiidos,  fla[iés  d'une  prérogative  aussi  inespéré© 
qu'abusive,  cherchèrent  à  la  rendre  constante,  à  la  con- 
vertir en  droit,  et  y  réussirent.  Pendant  plus  d'un  siècle  et 
demi  qu'ils  en  jouirent,  l'abus  qu'ils  en  firent,  et  dont 
M.  Depons  rapporte  plusieurs  exemples,  fut  porté  si  loin  , 
que  le  gouvernement  fut  obligé  d'y  mettre  un  frein.  Vers 
le  commencement  du  dix-huitième  siècle,  on  s'occupa 
de  diminuer  l'influence  des  cabikios.  On  les  mit,  pour  cet 
effet,  sous  la  surveillance  tacite  des  commandans  mili- 
taires, et  presque  sous  la  dépendance  des  lieutenans,  des 
gouverneurs  ou  des  officiers  civils,  nommés  par  les  gou- 
verneurs sous  le  titre  de  Justicia  mayor.  Ces  précautions, 
observe  M.  Depons  ,  furent  même  portées  peut-être  trop 
loin.  Les  cabildos  furent  dépouillés  de  beaucoup  d'attri- 
butions :  celui  de  Caracas  nommément,  qui  avoit  le  plus 
abusé  de  ses  pouvoirs,  éprouva,  dans  leur  exercice,  une 
l^lus  grande  léduction  qu'aucun  autre  :  c'est  néanmoins 
de  tous  les  cabildos  celui  qui  en  a  le  moins  murmuré;  mais 
de  cette  indifféi-ence,  il  est  résulté  que  ses  membres  ne 
remplissent  qu'avec  tiédeur  les  fonctions  qui  font  incon- 
testablement partie  de  leurs  devoirs. 

Les  variations  que  le  temps  et  les  circonstances  ont  ame- 
nées dans  la  compétence  des  cabildos,  n'ont  point  porté 
sur  leur  composition,  qui  est  à-peu-près  la  même  aujour- 
d'hui qu'elle  fut  dans  son  origine.  Tous  ont  deux  alcades 
qu'on  appelle  ordinaires ,  et  qui  se  renouvellent  tous  les 
ans,  à  la  pluralité  des  voix  des  regidors.  Ceux-ci  sont  ina- 
movibles, et  leur  nombre  est  proporliouné  à  l'importance 
de  la  ville  où  est  le  cabildo.  Les  élections  de  ces  magistrats 
sont  protégées  contre  toute  violence,  contre  toute  gêne 
même  :  elles  ne  peuvent  se  faire  que  dans  les  maisons-de— 
ville.  Il  est  expressément  défendu  aux  vice-rois,  prési— - 
dens  et  oidors,  d'apporter  aucun  obstacle  à  la  liberté  de 
ces  élections,  dont  les  listes  néanmoins  doivent  être  portées 
au  gouverneur,  pour  qu'il  les  approuve.  Dans  les  lieux  ou 
le  gouverneur  ne  réside  points  il  commet  ce  aoiu  ou  c«5- 
droit  au  Justicia  major. 


I 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  ,'A?,ÏER.  MER.  20/ 
Pour  être  éligible  aux  places  d'alcades  ordinaires ,  il 
faut  être  domicilié  dans  le  district  du  cabildo  ,  et  réunir 
les  qualités  nécessaires  pour  occuper  dans  l'empire  espa- 
gnol des  emplois  distingués.  Les  ecclésiastiques,  les  offi- 
ciers royaux,  ceux  qui  doivent  au  roi, les  militaires  même 
sont  inéligibles  aux  places  d'alcades.  Ceux  qui  n'ont  d© 
service  que  dans  les  milices  ,  sont  néanmoins  exceptés  de 
cette  défense ,  s'ils  sont  aptes  d'ailleurs.  La  loi  recommande 
de  nommer  par  préférence  ,  à  mérite  égal  ,  les  descendans 
de  ceux  qui  firent  la  découverte  des  Indes  occidentales , 
ou  de  ceux  qui  les  pacifièrent  ou  qui  les  peuplèrent.  Ni 
les  alcades,  ni  les  regidors  ne  peuvent  faire  trafic  de  ce 
qui  sert  aux  approvisionnemens  des  villes  :  cette  défense 
à  l'égard  des  regidors  ,  s'étend  jusqu'au  commerce  de 
toutes  sortes  de  marchandises  ,  à  moins  qu'ils  n'en  aient  la 
permission  du  roi. 

Indépendamment  de  la  police  attribuée  aux  cabildos, 
les  alcades  ordinaires ,  dans  les  lieux  où  il  n'y  a  ni  gou- 
verneur,  ni  lieutenant  de  gouverneur,  connoissent,  en 
première  instance,  de  toutes  les  causes  dont  ces  gouver- 
neurs et  ces  lieutenans  ont  la  connoissance  dans  les  lieux 
où  ils  résident.  C'est  pour  modérer  les  pouvoirs  des  cabil- 
dos, qu'ont  été  établis  ces  lieutenans  sous  le  titre,  comme 
on  Ta  vu  ,  de  Justicia  inayor.  Celui  qui  demande  justice, 
peut  indifFéiemment  s'adresser  à  eux  comme  aux  alcades. 
Leurs  sentences  ont  la  jnême  force  ,  et  sont  également 
portées  par  appel  à  l'audience  royale.  Dans  les  lieux  où  il 
n'y  a  point  de  cabildos,  la  police  et  l'administration  de  la 
justice  sont  livrées  à  ces  lieutenans  de  justice ,  dont  la  juri- 
diction s'étend  ordinairement  sur  trois  ou  quatre  villages. 
Leur  pouvoir  est  presque  sans  limites  ,  comme  sans  par- 
tage :  ils  ne  doivent  compte  qu'au  gouverneur  des  mesures 
qu'ils  prennent  poin-  la  sûreté  publique.  Le  bonheur  des 
administrés  et  des  justiciables  tient  donc  uniquement  aux 
lumières  ou  à  l'ignorance ,  au  zèle  ou  à  l'insouciance,  au 
désintéressement  ort  à  l'avidité ,  aux  mœurs  bonnes  ou 
mauvaises  d'un  seul  homme.  La  nomination  de  ces  lieu- 


238  BIBLIOTHEQUE  DES  VOYAGES, 
lenans  de  jusiice  n'est,  à  la  vérité,  que  pour  deux  ans, 
mais  ils  sont  rééligibles.  Dans  plusieurs  endroits  ,  les  com— 
mandans  militaires  exeicenl  les  fonctions  de  lieutenan» 
de  jusiice  :  c'est  un  vice,  dit  M.  Depons,  qui  ne  peut  pas 
échapper  à  la  vigilance  du  ministère  espagnol. 

La  jusiice  est  encore  administi'ée,  dans  la  capitainerie 
générale  de  Caracas  ,par  plusieurs  autres  tribunaux,  parce 
que  les  Espagnols,  divisés  en  classes  privilégiées,  sont  bien 
loin  d'être  sujets  à  une  administration  commune.  L'ecclé- 
siastique, lemililaire,rHdrainistraleur  ont  chacun  leur  tri- 
bunal particulier.  Comme  ces  trois  professions  sont  exer- 
cées par  une  grande  partie  de  la  population  blanche,  il  s'en- 
suit qu'il  est  peu  de  blancs  distingués  qui  restent  soumis  aux 
tribunaux  ordinaires.  On  appelle  Fueros  ces  tribunaux 
privilégiés.  Le  fuero  militaire  n'est  pas  même  uniforme 
pour  tous  les  justiciables.  Le  soldat,  le  caporal ,  le  sergent, 
sontdéfinitivement  condamnés  en  vertu  de  la  seule  sentence 
du  conseil  de  guerre  confirmée  par  le  capitaine  général  ; 
tandis  que  la  vie  et  même  l'honneur  de  tous  les  militaires 
d'un  grade  supérieur,  sont  sous  la  sauve-garde  directe  et 
immédiate  du  roi.  On  a  beaucoup  plus  compliqué  aussi 
pour  eux,  les  formalités  :  les  écrits  les  plus  volumineux 
grossissent  linslruclion  de  leur  procès,  qui,  jugé  sur  les 
lieux  par  un  conseil  de  guerre ,  doit  être  sur-le-champ 
envoyé  au  roi,  pour  eue  approuvé,  s'il  y  a  lieu  ,par  le  con- 
seil de  guerre  suprême  résident  à  Madrid.  Cette  compli- 
cation des  formes  ,  la  lenteur  de  l'instruction  toujours  fort 
dispendieuse,  sont  communes  à  tous  les  tribunaux  de 
l'Amérique  espagnole.  La  facilité  des  récusations  y  ajoute 
encore. 

M.  Depons  termine  le  tableau  de  l'administration  de  la 
justice  dans  celte  contrée,  par  une  observation  impor- 
tante ;  c'est  qu'on  y  a  beaucoup  de  respect  pour  la  vie  de 
riiomme  ,etun  mépris  absolu  pour  sa  liberté.  Il  faut  avoir 
commis  les  crimes  les  plus  atroces ,  pour  être  condamné  à 
mort.  Le  soupçon  le  plus  léger ,  la  dette  la  plus  modique, 
.suËSsent  au  contraire  pour  plonger  un  homme  dansl'ob- 


AMERIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMIiR.  MÉR.  2DC) 
scurité  des  prisons.  C'est  évidemment,  observe  M.  Depons, 
de  celte  abusive  facilité  d'atlenler  à  la  liberté  personnelle  , 
que  provient  le  peu  de  sensation  que  fait  sur  l'Espagnol 
l'idée  de  la  prison.  Il  y  va  sans  s'émouvoir,  y  vit  dans 
le  calme ,  el  en  sort  avec  la  même  sérénité. 

Sur  la  force  armée  ^  dans  la  capitainerie  générale  do 
Caracas  ,  M.  Depons  s'est  livré  à  des  détails  aussi  curieux 
qu'instructifs  ^  mais  dans  lesquels  la  nature  de  mon  ouvrage 
ne  me  permet  pas  de  le  suivre.  Je  lue  bornerai  à  observer 
qu'il  estime  insuffisantes  les  forces  militaires  de  cette  capi- 
tainerie, pour  la  préserver  d'une  invasion  qui  seroil  tentée 
d'une  manière  imposante  ,  soit  parce  que  les  côtes,  d'une 
très  grande  étendue  ,  sont  gardées  uniquement  par  quel-^ 
ques  foibles  chaloupes ,  soit  parce  que  les  forts  placés  sur 
ces  côtes  ,  le  sont  à  une  trop  grande  dislance  les  uns  des 
autres,  et  qu'on  n'a  point  ménagé,  dans  l'intérieur  des 
terres  ,  des  points  respectables  do  défense. 

L'organisation  des  élabiiïsemens  religieux  que  possède 
la  partie  orieniale  de  l,a  Terre-Ferme  ,  occupe  une  grande 
place  dans  la  relation  de  M.  DejDons  :  je  vais  en  extraire 
les  traits  principaux. 

11(6  tribunal  de  l'inquisition  peut ,  là  comme  ailleurs, 
condamner  à  des  amendes,  à  des  confiscations,  au  ban- 
nissement ,  aux  galères  ,  au  feu.  Mais  ses  fonctions  prin- 
cipales, sont  de  frapper  d'anatlième  les  livres  où  elle  croit 
trouver  des  ^propositions  qui  blessent  le  dogme,  offensent 
la  pudeur,  ou  font  perdre  an  gouvernement  sa  considé- 
ration ,  et  aux  loix  le  respect  qui  leur  est  dû.  Sa  vigilance, 
à  cet  égard,  est  telle,  qu'on  peut  lui  attribuer  le  peu 
d'occasions  qu'elle  a  d'exercer ,  sous  d'autres  rapports , 
ses  rigueurs.  Il  n'est  pas  de  précautions  qu'elle  ne  prenne 
pour  empêcher  l'entrée,  la  circulation  , l'usage  des  livres 
qu'elle  juge  suspects.  Il  est  des  ouvrages  frappés  d'une 
prohibition  absolue.  M.  Depons  nous  a  donné  Ténumé— 
ration  des  livres  français  placés  dans  celte  classe  :  on  est 
étonné  d'y  trouver  des  ouvrages  qui  neparoissoient  pas  de 
nature  à  provoquer,  du  moins  à  ce  point,  la  sévérité  de 


2^0  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
l'inquisition.  Il  est  d'antres  livres  pour  la  lecture  desquels 
elle  donne  des  permissions  particulières  aux  personnes 
dont  les  moeurs  sont  invariablement  nationales  et  les  prin- 
cipes inaltérables.  Les  prêtres  et  les  moines  sont  ceux  qui 
les  oblieniient  le  plus  facilement.  Ces  permissions  sans 
doute  doivent  porter  sur  les  (Euvres  de  Boileau -Des- 
préaux,  de  la  Bruyère  et  sur  d'autres,  tels  que  les  Mé- 
moires d'un  Homme  de  qualité,  par  l'abbé  Prévôt,  qui , 
l'on  ne  sait  à  quel  litre,  se  trouvent  compris  dans  la  liste 
des  livres  défendus  rédigée  par  M.  Depons. 

Le  pouvoir  des  papes,  à  la  Terre-Ferme,  comme  dans 
toutes  les  autres  parties  de  l'Amérique  espagnole,  est  très- 
lirailé  au  profit  de  l'autorité  du  roi,  qui  nomme  à  tous  les 
emplois  ecclésiastiques  ,  à  l'exception  des  archevêcbés  , 
é\êchés  et  abbayes  ,  auxquels  nomme  le  pape,  mais  sur  la 
présentation  précise  et  spontanée  du  roi.  Le  mérite  est 
généralement  le  seul  litre  pour  avoir  droit  à  celte  présen- 
tation. C'est  également  sur  une  liste  présentée  par  les 
évêques  au  représeiilanf  du  roi  ,  que  ce  représentant 
nomme  aux  cures  vacantes.  Ceux  qui  les  remplissent ,  ne 
prennent  généralement  sur  ur  revenu  que  l'indispen- 
sable nécessaire,  et  répartissent  le  surplus  entre  leurs  parens 
et  les  pauvres.  Le  roi  récomjjense  presque  toujours  ce 
désintéressement,  en  nommant  aux  canonicats  les  vieux 
curés.  La  pluralité  des  bénéfices  est  sévèrement  interdite. 
La  résidence  est  scrupuleusement  observée  par  les  évê- 
ques, à  peine  de  jjrivalion  de  leur  revenu. 

On  ne  compte  que  trois  évêchés  dans  la  capitainerie 
générale  de  Caracas.  Chacun  d'eux  a  son  tribunal, qui  a 
les  mêmes  attributions  que  les  anciennes  ofîîcialités. 

Le  soin  des  âmes  est  confié  ,  dans  celte  capitainerie  , 
comme  dans  les  autres  possessions  d'Espagne  en  Amé- 
rique ,  à  des  curés  recteurs,  à  des  curés  doctrinaires  et  à 
des  missionnaires.  Les  premiers  sont  ceux  qui  desservent 
les  paroisses  où  la  .populilion  espagnole  domine;  les  se- 
conds, ceux  qui  exercent  les  fonctions  curiales  dans  les 
villages  des  Indiens.  Les  troisièmes  sont  les  religieux  qui 


AMÉRIQUE.    VOYAG.   DANS  L'AMÉR.   MER.    2  ^j  X 

catécliistnt  les  Indiens,  et  leur  font  faire  l'appren lissage 
de  la  vie  sociale. 

Les  fondions  des  curés  recteurs  et  des  curés  doctri- 
naires éloient  d'origine  les  mêmes.  Ces  derniers  seulement 
étoient  tenus  à  beaucoup  plus  d'assiduité  pour  l'insiruc- 
tion  des  Indiens.  Aujourd'hui,  les  missionnaires  se  con- 
fondent presque  avec  les  curés  doctrinaires,  parce  que  le 
refroidissement  du  zèle  des  missionnaires  permet  rare- 
ment à  aucun  d'eux  de  s'enfoncer,  comme  leurs  prédé- 
èesseurs ,  dans  les  forêts,  pour  y  convertir  les  hordes 
errantes.  Ce  zèle  se  borne  à  instruire  les  Indiens  réduits; 
et  leurs  succès  à  cet  égard  sont  fort  lents. 

Le  nombre  des  prêtres  séculiers  et  des  moines  a  singu- 
lièrement diminué,  depuis  que  des  régimens  fixes,  éta- 
blis dans  tous  les  chefs-lieux  du  gouvernement ,  et  la  milice 
organisée  avec  les  privilèges  et  l'uniforme  militaires,  ont 
offert  aux  Espagnols  une  paie  et  des  honneurs  qui  les  ont 
dédommagés  de  l'abondance  et  de  la  considération  qu'on 
ne  Irouvoit  guère  jadis  que  dans  le  clergé  séculier  et  dans 
les  couvenf. 

Les  asyles  que  la  politique  n'a  pas  permis  de  détruire 
entièrement,  ont  été  considérablement  réduits,  et  leurs 
privilèges  restreints  par  les  bulles  même  des  papes. 

M.  Depons  s'est  extrêmement  étendu  sur  les  produc- 
tions les  plus  précieuses  de  la  Terre-Ferme,  leur  culture 
et  leur  récolte;  sur  le  cacao,  le  calé,  le  sucre,  le  tabac. 
Celte  culture  et  cette  récolte  se  trouvent  consignées  dan» 
beaucoup  d'autres  ouvrages.  M.  Depons  indique,  à  la 
vérité,  des  procédés  particuliers  à  la  Terre-Ferme;  mais 
les  détails  où  il  entre  à  ce  sujet ,  ne  peuvent  avoir  d'uiililé 
et  d'intérêt  que  pour  les  colons  de  celte  contrée  :  ils  ne 
sont  pas  susceptibles  d'ailleurs  d'être  extraits,  etperdroient 
la  plus  grande  partie  de  leur  mérite  à  être  abrégés.  Je  me 
bornerai  donc  à  donner  l'analyse  de  ses  réflexions  sur  lea 
cultures  de  la  Terre-Ferme  ,  et  sur  les  causes  de  leur  déca- 
dence. J'y  ajouterai  celle  des  moyens  propres  à  encourager 
l'agriculture  dans  ce  pays.  Ces  considérations  ne  sont  pas 

VI.  Q 


'4- 

teliemenl  parLiculières  à  la  Terre-Ferme  ,  qu'elles  ne  puis- 
sent recevoir  leur  application  dans  d'autres  colonies. 

On  est  étonné ,  dit-il ,  de  ne  voir  dans  le  plus  beau  pays 
de  la  nature ,  que  des  planlafions  de  peu  d'importance. 
Ce  n'est  pas  pourtant  que  les  propriétés  y  soient  trop  divi- 
sées; mais  c'est  qu'une  habitation,  avec  la  dixième  partie 
de  son  étendue  en  culture,  y  est  très— rare.  Cette  incurie 
n'explique  que  trop  les  Irisles  résultats  du  travail  de  trois 
siècles  consécutifs  :  on  saisira  mieux  tout  ce  qu'ils  ont  d'af- 
fligeant pour  la  nation  espagnole,  lorsqu'on  considérera 
que  sur  un  sol  deux  cents  fois  moins  étendu  ,  les  Français 
éloient  parvenus  à  faire  à  Saint-Domingue,  et  avec  la 
moitié  moins  de  population  blanche  ,  dix  fois  plus  do  den- 
rées qu'on  n'en  fait  aujourd'hui  dans  les  vastes  provinces 
de  Caracas. 

La  prt-mière  cause  delà  décadence  des  habitations  dans 
la  capitainerie  de  ce  nom,  c'est  la  masse  de-  hypothèques 
dont  ces  habitations  sont  chargées,  soit  par  des  emprunts 
dont  les  propriétaires  ne  cherchent  jamais  à  se  libérer, 
en  aliénant  une  partie  de  leurs  possessions;  soit  par  les 
hypothèques  résultantes  des  legs  pieux  et  des  prébendes, 
dont  la  plupart  de  ces  habitations  sont  grevées.  Les  intérêts 
de  ces  hypothèques,  qui  grossissent  sans  cesse,  et  dont 
l'arriéié  donne  lieu  à  des  procès  ruineux,  ne  permettent 
pas  au  colon  d'étendre  ses  cultures,  et  de  faire  même  sur 
celles  qui  existent  les  améliorations  nécessaires. 

Les  cultures  éprouvent  un  phis  grand  obstacle  encore 
dans  la  manière  dont  les  Espagnols  régissent  leurs  habi- 
lations.  C'est  dans  les  villes  qu'est  leur  résidence  principale 
et  habituelle.  LeuV  dépense  y  est  calculée  sur  les  produits 
de  l'année  la  plus  fertile  et  la  plus  heureuse.  La  dépense 
excède  donc  toujours  la  recette.  De-là  des  dettes  conii— 
nuellement  contiactées,  et  l'impossibilité  d'appliquer  au- 
cuns deniers  à  ramélioration  des  cultures,  dont  la  direc- 
tion est  abandonnée  à  un  économe.  Cette  insouciance  est 
portée  à  tel  point ,  qu'un  colon  se  croit  jjresque  insulté, 
lorsqu'on  le  suppose  occupé  de  ç[uelc[ues  détail»  d'aduii-. 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  l'AMÉr.  mÉr.  r>f^ 
nialraliori  de  ses  plantalioiis,  qu'il  vihile  à  peine  une  fois 
dans  Tannée:  ]M.  Depons  en  cite  un  exemple  remar- 
quable. 

Le  mauvais  choix  des  économes  ajoute  à  l'inconvé- 
nienl  de  l'absence  du  maître.  La  conduite  des  habitations 
delà  Terre-Ferme  est  généralement  confiée  à  des  nègres, 
à  des  mulâtres,  ou  infidèles,  ou  très-ignorans  :  elle  l'est 
rarement  à  des  blancs  des  Onnaries  ;  mais  jamais  à  des 
créoles,  qui  préfèrent  l'oisiveté  des  cloilres  ,  l'allrait  de 
l'épauletle  ou  le  labyrinthe  de  la  chicane  ,  aux  nobles  tra- 
vaux de  la  campagne.  Le  petit  nombre  d'iiahilalions  qui 
prospèrent,  sont  dirigées,  ou  par  des  BiscAye;:).';  dont  l'am- 
bition se  borne  à  augmenter  les  revenus  ,  ou  par  des  Espa- 
gnols qui  ont  le  bon  esprit  de  partager  leur  temps  enire  la 
ville  et  la  campagne  ,  qui  ordonnent  les  travaux  pendant 
qu'ils  résident  sur  leurs  habitations,  et  indiquent  ceux 
qu'on  doit  faire  j^endant  leur  absence. 

La  dernière  cause  de  lu  e'écadence  des  cultures,  cellô 
qui  a  leplus  contribué  à  diminuer  les  produits  de  la  Terre- 
Ferme  ,  d'une  manière  effrayante,  c'est  le  défaut  d'intro- 
duction des  nègres.  On  a  précédemment  vu  que  les  Espa- 
gnols n'en  avoient  jamais  fait  directement  la  traite  :  il  leur 
étoit  seulement  permis  d'en  acheter  dans  les  Antilles ,  de 
les  payer  en  denrées  du  ^jays  ,  exceplé  en  cacao ,  et  de  les 
revendre  à  la  Terre-Ferme  :  la  loi  accordoil  même  des 
faveurs  particulières  pour  encourager  celte  branche  de 
commerce. 

l^a  révolte  des  noirs  de  Saint-Domingue,  dont  on 
craignit  la  propagation  ,  arrêta  tout-à-fait  l'introduction. 
Une  douzaine  d'années  s'écoulèrent,  sans  qu'il  ariivât 
aucun  nègre  à  la  Terre-Ferme.  En  i8o3,  l'intendant  per- 
mit l'exécution  d'une  permission  accordée  par  le  roi  d'Es- 
pagne à  une  compagnie,  ijour  l'introduction  de  quatre 
mille  noirs;  mais  le  commissionnaire  qu'employoit  cette 
compagnie  étant  mort ,  l'opération  fut  îjrcêlée,  et  l'on  ne 
donna  plus  que  des  permissions  particulières.  En  1804, 
deux  négocians  en  avoient  obtenu  deux  qui  jiorloient  sur 


244  LILLIOTIIÈQUE    DES    VOYAGES, 

quinze  cenis  noirs  clificune.  De  celte  manière,  les  intro** 
ducleurs  des  nègies  étoient  connus;  et  l'on  savoil  à  qui 
s'en  prendre  pour  les  infidélités  dans  le  mode  d'exécution. 
Mais  celle  mesure,  observe  judicieusement  M.  Depons  , 
est  encore  bien  insuffisante  pour  un  pays  où  il  n'y  a  pas  la 
vingtième  partie  des  forces  nécessaires  à  son  exploilalion  , 
où  les  naissances  des  esclaves  sont  bien  loin  de  remplacer 
les  mortalités,  où  la  bienfaisance  et  la  piété  des  maîtres 
tirent  annuellement  de  la  classe  des  esclaves  un  nombre 
considérable  d'individus,  pour  les  faire  passer  dans  celle 
des  hommes  libres,  et  les  rendent  ainsi  inutiles  à  l'agri- 
culture. On  conçoit  aisément  combien  le  défaut  absolu 
d'introduction  des  noirs,  pendant  l'espace  de  douze  ans, 
a  grossi  encore  ces  inconvéniens. 

Tous  les  maux  qui  menacent  la  Terre— Ferme  d'une 
lente,  mais  infaillible  dissolution  ,  paroissent  à  M.  Depons 
ne  pouvoir  être  écarlés  qu'en  facilitant  rintroduction  d-s 
noirs  ;  mais  il  ajoute  que  le  malheur  des  circonstances 
exic^e  qu'on  ne  se  livre  à  ce  moyen  qu'avec  de  très-grandes 
précautions  ;  et  pour  le  suppléer  en  partie,  il  en  indique 
un  autre  qui  manque  à  toutes  les  autres  possessions  des 
Européens  dans  le  golfe  de  Mexique:  c'est  celui  d'appli- 
quer à  l'agriculture  les  bras  oisifs  des  hommes  de  couleur 
libres  et  des  Indiens  ,  l'objet  des  travaux  des  doctrinaire» 
et  des  mi.»sionnaires. 

Les  Canaries,  dont  la  jeunesse  a  un  goût  décidé  pour 
l'Amérique,  peuvent  aussi,  suivant  lui,  fournir  à  la  Terre- 
Ferme  des  hommes  utiles  et  laborieux.  Que  les  salaires  de* 
ouvriers  soient  exactement  payés,  que  leur  intérêt  soit 
excité,  et  l'activité  triomphera  de  la  paresse.  M.  Depons 
propose,  à  cet  efl'et,  un  plan  d'administration,  dout  la 
nature  de  mon  ouvrage  ne  me  pei-met  pas  de  donner  les 
développeraens  :  il  consiste  principalement  danx  l'éta- 
blissement d'une  Chambre  d'Agriculture,  au  chef-lieu  do 
chaque  gouvernement,  composée  d'un  nombre  de  mem- 
bres proportionné  à  l'étendue  de  la  province. 

De  ces  considérations  sur  l'agriculture  ,  M.  Depons 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'AMER.  MIÎR.    2/^^ 

passe  aux  jDieniiers  rapports  commerciaux  de  l'Esjjagtie 
avec  ses  colonies.  Après  avoir  tracé  un  tableau  rapide  des 
élablissemens  français  en  Amérique,  et  de  leur  sj-^stéme 
colonial,  qui  consisloit  principalement  à  n'imposer  que 
des  droits  très-modiques  sur  leurs  denrées  de  l'Amé- 
rique, ce  qui  mettoit  dans  les  mains  du  commerce  fran- 
çais la  vente  exclusive  de  ces  denrées  dans  les  différens 
marchés  de  l'Europe  ;  il  indique  les  causes  qui  empê- 
chèrent l'Espagne  de  suivre  le  même  système.  La  princi- 
pale, éloit  l'impuissance  où  se  trouvoient  ses  manufactures 
de  fournir  aux  approvisionnemens  de  l'Amérique.  Obligée 
de  tirer  tout,  ou  presque  tout  de  l'étranger,  l'Espagne 
avoit  vu  avec  douleur  que  son  commerce  ne  pouvoit  êîre 
que  l'agent  de  celui  des  autres  nations,  chez  lesquelles 
dévoient  nécessairement  passer  tons  les  moyens  de  pros- 
périté qu'aïuoient  dà  lui  assurer  à  elle-même  ses  relaliona 
avecrAmé)ique. 

Pour  ne  pas  tout  perdre,  elle  avoit  usé  des  prérogatives 
de  la  souveraineté,  en  établissant  sur  les  marchandises 
de  l'Amérique  des  droit.s  considérables  qui  se  multiplient 
à  chaque  destination  qu'on  leur  donne.  Le  produit  de  ces 
droits  diminuoit  nécessairement  la  masse  des  impôts  inté- 
rieurs de  la  métropole  :  c'éloit,  avant  le  règlement  de 
1778,  dont  je  parlerai  plus  bas,  presque  le  seul  bien  qui, 
pour  le  corps  de  la  nation  espagnole ,  résultât  de  se* 
immenses  établissemens  dans  le  Nouveau-Monde. 

Long -temps  l'Espagne  avoit  lutté  contre  cet  état  de 
choses.  Les  premières  relations  commerciales  de  Vene- 
zuela avec  l'Espagne,  avoîent  olFert  une  perspective  bril- 
Innle  pour  l'avenir;  mais  bientôt  le  commerce  interlope 
t\es  Hollandais  les  avoit  fait  évanouir;  et  les  efforts  du 
commerce  d'Espagne  pour  leur  disputer  la  concurrence» 
s'étoient  trouvés  inutiles. 

En  1728,  des  négocians  l)iscayens  firent  au  roi  d'Es- 
pagJie  la  |jroposilion  d'empêcher,  à  leurs  frais  ,  la  contre- 
bande que  faisoienl  les  étrangers  avec  la  province  de 
Venezuela  ,  pourvu  qu'il  leur  fiil  permis  d'approvisionné 


946         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

le  pays,  et  d'en  exporter  les  denrées  pour  la  métropole. 
Cetle  proposition  fut  accepi.ée.  La  concession  se  fit  à  ces 
négocians  sous  le  nom  de  compagnie  de  Guipuscoa ;  les 
conditions  en  éloient  fort  sages.  Ses  succès  leur  firent 
obte  ir  la  faculté  exclusivede  commerce,  qui  fut  sagement 
modifiée  en  1766.  Les  modifications  porloieni  princijDa— 
lement  sur  le  cacao  ,  devenu  en  quelque  sorte ,  par  le 
grand  usage  qu'on  fait  du  chocolat  dans  la  métrojDole  et 
dans  les  colonies  espagnoles ,  une  denrée  de  jiremière 
nécessité.  L'abus  que  la  compagnie  de  Guipuscoa  fit  de 
son  monopole,  obligea  le  gouvernement  de  la  dissoudre. 
Un  règlement ,  appelé  le  Commerce  libre,  fut  promulgué 
le   12  octobre  1778. 

Par  ce  règlement,  les  bàlimens  employés  au  commerce 
de  l'Amérique  doivent  appartenir  uniquement  à  des  Espa- 
gnols ,  et  êlre  de  construction  nationale.  Le  constructeur 
oblient  pour  jorime  ,-  sur  les  vaisseaux  de  la  capacilé  de 
trois  cents  tonneaux  et  an-dessus,  la  léduction  du  tiers 
des  droits  que  doivent  les  effets  espagnols  qu'y  embarque 
le  propriétaire.  Les  capitaines,  ^Datrcns ,  maîtres,  offi- 
ciers de  mer ,  et  les  deux  tiers  de  l'équipage  ,  doivent  êlre 
Espagnols  ou  naturalisés  (i). 

Les  ports  de  la  métroi^ole  ouverts  à  l'Amérique,  qui 
jadis  éloient  restreints  à  un  très-petit  nombre,  sont  aujour- 
d'hui portés  à  treize  :  il  faut  y  ajouter  encore  ceux  de 
Ténériffe  ,  de  Majorque  et  des  Canaries,  pour  leurs  pro- 
ductions respectives  ,  mais  non  pour  les  objets  étrangers, 
dont  la  sortie  n'est  pej'mise  que  par  les  ports  de  la  métro- 
pole. Cette  opération  salutaire  s'est  étendue  aussisur  l'Amé- 
rique ,  où  très-peu  de  ports  avoiénl  la  faculté  de  commer- 
cer avec  la  métropole.  Maintenant ,  presque  tous  ceux 
dont  les  rades  permettent  l'entrée  à  des  bàlimens  de  long 
cours,  peuvent  non -seulement  recevoir  les  bàlimens  de 

(1)  Ces  tlilTéreiiles  dispositions  paioissenl  calquées  sur  celles  du 
fameux  acle  de  navigaliou  ,  rédigé  sous  le  protectorat  de  Ci^uiwell , 
et  publié  dans  les  premiers  mois  de  ravéuemeiit  de  Charles  11. 


AMERIQUE.  VOYAC.  DANS  T/AT-tÉr.  mÉr.  2^J 
Ja  uiélropole,  mais  encore  faire  clés  expéditions  directes 
pour  l'Espagne.  En  ouvrant  ces  nouveaux  ports,  le  légis- 
lateur a  eu  la  sagesse  de  les  déclarer  mineurs. 

Pour  l'intelligence  de  celle  disposition,  il  faxil  savoir 
que  l'Espagne  divise  ses  poris  d'Amérique  en  majeurs  et 
mineurs.  Dans  les  premiers,  on  paye  tous  les  droits  portés 
daiis  les  tarifs,  c'est-à-dire,  tous  les  droiis  royaux  et 
municipaux  :  dans  les  seconds,  on  ne  paye  que  les  droits 
municipaux  ,  tant  à  la  sortie  de  l'Espagne  qu'à  l'entrée 
du  port  mineur.  L'objet  de  celle  division  des  ports,  est 
d'élablir  une  espèce  de  balance  entre  les  ports  les  plus  fré- 
quentés et  ceux  qui  le  sont  le  moins.  Dans  ceux-là,  les 
marchandises  sont  bientôt  vendues,  et  les  chargemens 
proniptement  faits  ;  au  lieu  que  les  ports  moins  peuplés  et 
moins  à  portée  de  grandes  villes  et  du  foyer  des  cultures, 
font  éprouver  au  spéculateur  des  lenteurs  qui  l'çn  éloi- 
gneroienl,  s'il  ne  trouvoit  quelque  dédommagement  dans 
la  diminution  des  droits. 

Les  poris  majeurs  de  la  capitainerie  générale  de  Caracas, 

sont  la  Goayre,  depuis  son  établissement  ;  el  Porto-Capello, 

par  ordre  du  roi  d'Espagne,  du  1 5  juillet  1798.  Maracaïho 

est  mixte.  Cumana ,  Barcelone ,  la  Marguerite  et  la  Guyane 

sont  des  poris  mineurs.  Le  seul  port  de  Coro  est  privé  du 

commerce  métropolitain.  C'est  cependant  le  premier  de 

tous  qui  lui  ait  été  ouvert ,  et  aucune  loi  ne  lui  a  expressé- 

mcnl  enlevé  ce  privilège  ;  mais  comme  il  est  environné  àe 

j3ays  déserts  et  stériles,  le  défaut  d'objets  d'échange,  lui  a 

nécessairement  interdit  tout  commerce  avec  la  métropole. 

On  restitue  les  droits  perçus  sur  les  marchandises  qui  vont 

{\'\\n  port  majeur  à  un  port  mineur;  mais  pour  a41er  d'un 

port  mineur  à  un  port  majeur,  elles  doivent  payer  le  sup- 

p'éinenl  des  droiis.  Cependant  ,par  une  faveur  singulière, 

les  bâlimenssoiiaul  de  Macaraïlio  pour  l'Es|>agne,  peuvent 

relâcher  à  la  Guyane,  sans  préjudice  des  fianchises  des 

poris  mineurs.  Les  lois  comuierciales  sorties  du  conseil  des 

Indes,  postérieurement  au  règlement  de  1 778,  sont  die  lées, 

dit  M.  Deponsj  par  le  même  esptil  de  sagesse^  de  calcul^ 


24^         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

de  hardiesse  ,  qui  rend  ea  quelque  sorte  explicable  I«  subit 
et  heureux  changement  du  système  commercial. 

Je  ne  suivrai  point  M.  Depons  dans  les  détails  très— 
instructifs,   mais  fort  étendus,  où  il  est  descendu  sur  la 
marche  du  commerce  dans  la  Terre-Ferme  :  je  vais  indi- 
quer seulement  les  objets  qu'il  a  traités.  Ses  recherches 
embrassent  les  bases  politiques  et  fiscales  des  tarifs  espa- 
gnols ;  les  conditions  requises  pour  faire  le  commerce  espa- 
gnol; la  réparlilion  du  commerce  de  la  Terre-Ferme;  les 
bénéfices  du  commerçant  espagnol;  les  gestions  des  car- 
gaisons; les  importations  et  exportations;  l'achat  des  den- 
rées, leur  prix,  leur  qualité,  leur  fret  pour  l'Espagne,  les 
assurances.  A  ces  rechei-ches,  succède  un  tableau  très- 
délaillé  du  commerce  réciproque  des  possessions  espa- 
gnoles, du    commerce   avec   les  colonies  étrangères,   et 
spécialement  du  commerce  des  animaux.  Viennent  ensuite 
les  mesures  législatives  qui'ont  plus  d'une  fois  varié  :  telles 
éont  la,  défense  d'exporter  des  denrées  aux  colonies  étran- 
gères; l'ouverture  momentanée  des  ports  aux  étrangers;  la 
révocation  de  celte  défense;  la  nouvelle  ouverture  des  ports 
aux  étrangers  ;  la  mesure  pour  en)])ècher  la  contrebande, 
dont  on  explique  le  mode  avec  le  calcul  du  numéraire 
qu'on  y  emploie;  l'érection  d'un  tribunal  pour  l'arrêter 
plus  efficacement.  M.  Depons  termine  la  partie  de  son 
ouvrage  relative  au  commerce,  par  l'exposé  des  mai-chan- 
dises  qui  conviennent  aux  Espagnols;   par  des  considé- 
rations sur  les  marchands  en  détail;  par  un  tableau  de 
l'organisation  du  consulat,  de  sa  compétence,  des  formes 
de  procéder  qu'on  y  suit  ;  enfin  joar  des  étals  bien  circons- 
tanciés des  droits  d'entrée  et  de  sortie. 

L'administration  des  finances  et  l'état  des  conlributions 
occupent  ensuite  M.  Depons.  Les  développemens  qu'il 
donne  à  celte  partie  de  son  ouvrage  sont  aiissi  inslrnclifs, 
mais  presque  aussi  étendus  que  ceux  qui  concernent  le 
commerce  :  je  me  bornerai  également  à  en  indiquer  aussi 
les  principaux  objets  par  un  Irès-rapide  apperçu. 

L'inlendant  de  Caracas, à  qui  la  ville  fournil  une  garde 


AMERIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.    24^ 

conlinue'le,  qui  reçoit  du  militaire  les  honneurs  de  maré- 
chal de  camp,  et  dont  les  appointemens  sont  les  mêmes 
que  ceux  du  capitaine  général,  a  une  grande  influence  sur 
l'adminislralion  des  finances  :  les  gouverneurs  particuliers 
ne  sont  même  que  ses  délégués  ;  son  autorité  est  néanmoins 
limitée  par  un  tribunal-des-comples ,  et  par  ce  qu'on 
fil^pelle  l'administrat/on  supérieure  des  finances  ^  qui  reçoit 
l'appel  des  décisions  de  ce  tribunal  et  de  celles  de  l'inten- 
dant, mais  dont  cet  intendant,  à  la  vérité,  est  le  pré- 
sident. 

La  liste  des  impôts  qui  se  lèvent  dans  la  Terre-Ferme, 
se  compose  d'un  grand  nombre  de  droits  :  le  plus  consi- 
dérable est  le  droit  û'alcavala  qui  se  perçoit  sur  tout  ce  qui 
se  vend  ,  meuble  ou  immeuble,  et  qui  s'exige  rigoureuse- 
ment à  chaque  vente  ou  revente.  Entre  les  autres  droits,  les 
j)lus  remarquables  sont  ceux  de  consulat  et  d'avarie  ;  ceux 
f|u'emportenf  la  composition  ,  la  confirmation  ,  le  fermage 
des  terres;  les  demi-annates  des  emplois  et  les  annales 
ecclésiastiques;  les  neuvièmes  royaux;  le  tribut  des  In- 
diens ;  le  papier  timbré  ;  les  épaves  ;  le  quint  des  raines  ;  les 
salines;  la  vente  exclusive  du  tabac;  les  dîmes  au  compte 
du  roi;  le  droit  sur  les  successions  vacantes;  les  confisca- 
tions; et  enfin  le  produit  des  bulles  dont  les  dénominations 
sont  assez  bizarres,  puisqu'elles  se  divisent  en  huile  com- 
mune des  vivons ,  btdle  des  morts,  bulle  de  laitage,  bulle  de 
compositions. 

La  description  des  principales  villes  de  la  Ten\"-Ferrae 
occupe  une  grande  place  dans  l'ouvrage  de  M.  Dépens. 
11  s'y  est  principalement  étendu  sur  la  ville  de  Caracas,  dont 
la  population, composée  de  blancs  pour  un  tiers  , d'esclaves 
pour  un  second  tiers, et  d'affranchis  pour  le  dernier  tiers, 
sur  lequel  il  faut  seulement  déduire  un  petit  nombre  d'In- 
diens, s'élève  de  quaianle-un  à  quarante-deux  mille  indi- 
vidus. La  situation  de  celle  ville,  sa  température, sa  météo- 
rologie, ses  eaux,  ses  rues,  ses  places,  ses  édifices  publics, 
ses  églises  et  sescouvens,  sont  décrits  dans  un  grand  détail. 
M,  Depons  a  jeté  aussi  un  coup-d'œil  rapide  sur  les  pra« 


300  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

tiques  religieuses  usilécs  à  Caracas,  sur  les  coslumea  reli- 
gieux des  femmes,  sur  ceux  qu'on  appelle  costumes  de 
pénitence,  11  observe  que,  grâces  à  la  sobriété  des  Espagnols 
el  à  leur  caractère  phlegmatique,  la  police  se  fail  avec 
beaucoup  de  faciliié  dans  la  ville  ;  que  t'est  son  université, 
où  l'on  compte  un  grand  nombre  de  professeurs,  qui 
fournit  à  l'église  des  ministres,  à  la  justice  des  magistrats, 
et  au  public  des  défenseurs.  Les  fêtes  religieuses,  extrême- 
ment multipliées  à  Caracas,  toujours  précédées  d'une 
neuvaine  et  suivies  d'une  octave,  sont  signalées  par  des 
processions,  qui  en  foi  ment  la  jiarlie  la  plus  éclatante,  par 
des  feux  d'artifice,  de  la  mu.sique,  des  bals;  mais  jamais 
les  plaisirs  de  ces  fêtes  ne  s'étendent  jusqu'à  la  table.  Les 
autres  amusemens  publics  ,  sont  la  comédie  ,  où  les  pièces, 
très-mauvaises  en  elles-mêmes  ,  sont  de  plus  pitoyablement 
jouées;  et  trois  jeux  de  paume,  à  la  main  et  au  battoir. 

Les  descriptions  des  autres  villes  de  la  capitainerie  géné- 
rale de  Caracas  ne  iont  jamais,  sous  la  plume  de  M.  Dé- 
pens, dénuées  d'instruction  et  d'inlérêl  ;  mais  les  détails 
que  nécessairement  elles  emportent,  doivent  se  lire  dans 
l'ouvrage  même.  Son  Vo  âge  est  terminé  par  un  tableau 
de  la  Guyane  espagnole  el  du  fleuve  Orénoque.  Après 
avoir  donné  l'historique  des  deux  expéditions  dans  la 
Guyane,  el  delà  fondation  de  la  ville  de  San-Thomé ,  il 
recherche  les  sources  de  l'Orénoque,  le  suit  dans  son  cours, 
et  indique  sa  communication  avec  le  fleuve  des  Amazones , 
par  le  Rio-Negro. 

L'importance  de  rOrénoque  ,  la  délicieuse  variété 
qu'olFrent  ses  rives,  le  volume  et  la  rapidité  de  ses  eaux, 
ses  crues  annuelles, ses  marées,  les  monstres  el  les  jjoissons 
qu'il  nourrit, lesbouches  de  ce  fleuve,  la  navigation  de  son 
embouchure  à  San-Thomé,  sont  traités  dans  un  grand  détail. 
M.  Depons  s'étend  de  même,  el  toujours  d'une  manière 
inlcressanle,  sur  la  population  de  la  Guyane  espagnole. 
Haute  el  Basse  ;  sur  les  relations  politiques  de  ses  habitans 
avec  les  Hollandais  de  Surinam;  sur  la  lemjDéralure  et  le 
commerce  de  San-Thomé ^  la  mauvaise  situation  de  celle 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMER.  MlÎR.  sSl 
ville  trop  éloignée  de  la  mer;  sur  les  encouragemens  que 
réclame  l'itulnstrie  clans  la  Gii5ane.  Il  indique  enfin  les 
moyens  de  cultiver  et  de  peupler  celte  contrée. 

M.  Depons  termine  sa  relation  par  l'historique  de  VEl- 
Dorado  ,  sur  lequel  il  expose  son  opinion,  et  par  le  récit 
d'une  expédition  moderne  entreprise  encore  pour  décou- 
vrir ce  pays,  dont  je  parlerai  à  l'article  de  la  Guyane,  et 
qui  eut  la  plus  malheureuse  issue. 

§.  II.    Vojages  faits  dans  la  Giijajie.  Descriptions 
de  cette  contrée. 

Concise  et  admirable  Description  du  royaume 
de  Guyane  ,  très-abondant  en  or ,  situé  en  Amé- 
rique ou  le  Nouveau-Monde ,  sous  la  ligne  équi- 
noxiale ,  et  qui  tout  récemment,  savoir,  dans  les 
années  i594,  1 595  et  i5q6,  a  été  découvert  par  le 
cijevalier  Walther  Raleigh  ;  laquelle  Description , 
par  son  ordre,  a  été  renfermée  dans  deux  petits 
livres  dont  Jodocus  Hondius  a  enriclù  une  carte 
géographique,  en  y  ajoutant  une  explication  écrite 
eu  langue  flamande ,  mais  maintenant  écrite  en 
latin  ,  et  tirée  de  divers  auteurs  :  (en  latin)  Brevis  et 
admiranda  Descriptio  regni  Guianae  ,  aiiro  ahun- 
dantissivii  j  in  jéinerica.  Seu  Novus  Orhis  sub  linea 
aequinoJcialisitus,qui  nuper  admodum  annis  idniirum 
i5q4  ,  l5g5  et  j5^6  per  Walthcriim  Raleigh  equi- 
teni  detecliis  est  ;  paulo  post  jussu  ejus  duohus  lihellis 
comprehensus  ,  ex  quihus  Jodocus  Hondius  tabulam 
geograpJiicani  adornas^it ,  addita  explicatione  belgico 
sernione  scripta^nunc  vero  in  latinwn  sermonem  trans- 
lata ,  et  ex  'variis  autoribus  hinc  et  inde  desumta. 
i  Nuremberg ,  Loclmer  ,  1 589 ,  m-^^. 


2^2        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Cet  ouvrage  a  paru  en  anglais  sous  le  tilre  beaucoup  plu» 
abrégé  que  voici  : 

DÉCOUVERTE  du  grand,  riche  et  bel  empire  de 
la  Guyane ,  avec  la  relation  de  la  grande  et  superbe 
ville  de  Moana  ,  faite  en  l'année  i5g5 ,  par  le  che- 
valier Haleigh  :  (^en  anglais)  2Vie  discovenes  of  the 
large ,  rich  and  heautiful  empire  of  Gujana ,  -with  a 
relation  of  the  great  and  golden  city  of  Moaned  per- 
fomied  in  the  jears  i5q5 ,  hj  sir  TV.  Raleigh.  Lon- 
dres ,  iSgg  ;  ihid.  Robert  Robinson  ,  1602 ,  in-4*^. 

Oiî  trouve  cette  relation  traduite  en  français  dans  le 
«econd  volume  des  voyages  de  Corréal.  (Partie  cinquième, 
section  première.)  Elle  futpubliée  en  anglais  au  retour  de 
la  première  expédition  que  le  chevalier  Raleigli  avoit 
faite  en  ï555  sur  la  rivière  de  l'Orénoque.  Il  n'y  donne 
que  des  notions  assez  vagues  sur  la  Guyane ,  avec  le  tableau 
des  avantages  que  la  conquête  de  ce  pays  pourroit  pro- 
curer. 

Il  y  retourna  en  1 6 1 6  avec  une  flotte  de  douze  vaisseaux. 
C'est  de  cette  seconde  expédition,  au  retour  de  laquelle 
Raleigh ,  aussi  intrépide  capitaine  que  hardi  navigateur, 
avoit  fait  espérer  trop  légèrement  la  découverte  d'une  riche 
mine  d'or,  que  Jacques  i,Roi  d'Angleterre  ,  prit  prétexte 
de  faire  revivre  contre  Raleigh  une  sentence  de  mort 
rendue  contre  lui  il  y  avoit  près  de  vingt  ans,  et  lui  fit 
trancher  la  tête.  La  relation  renferme  quelques  faits 
curieux. 

Relation  d'un  voyage  à  la  Guyane  ,  par  Robert 
U ar court  j  et  description  de  cette  contrée  ;  (en 
anglais  )  Robert  Harcourt's  Relation  of  vojage  to 
Guyana ,  with  a  description  of  tJw  country.  Lon- 
dres ,  161 3  ,  in-4". 

— La  luêiue ,  traduite  en  hollandais.  Leyde , 
ï  707 ,  in-ô"*. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  l'aIWÉr.  MÉR.  255 

Relation  d'un  voyage  des  Français  au  Cap- 
Nord  de  r Amérique  (dans  la  Guyane),  par  Jean 
de  Léon  sieur  (ï Aigremoiit.  Paris,  Peringné,  i65/j, 
iu-8°. 

Voyage  de  la  France  ëquinoxiale ,  en  l'île  de 
Cayenne ,  entrepris  par  les  Français  en  i652,  divisé 
en  trois  livres  :  le  premier  contient  l'établissement 
de  la  colonie  ,  son  embarquement  et  sa  roule  jus- 
qu'à son  arrivée  eu  l'île  de  Cayenne  ;  le  second  ,  ce 
qui  s'est  passé  pendant  quinze  ans  que  l'on  a  de- 
meuré dans  ce  pays  ;  le  troisième  traite  du  tempé- 
rament du  pays ,  de  la  fertilité  de  sa  terre  ,  des 
mœurs  et  des  façons  de  faire  des  Sauvages  de  celte 
contrée  ,  avec  un  dictionnaire  de  la  langue  du 
même  pays  :  par  Antoine  Biet.  Paris,  Clousier,  i664> 
in-4°. 

Le  titre  de  ce  Voyage  nous  apprend  que  dès  l'origine» 
on  avoil  donné  à  l'établissement  des  Français  dans  la  petite 
île  de  Cayenne,  le  nom  ridiculement  pompeux  de  Franco 
équinoxiale.  Aucune  relation  ne  donne  autant  de  lumières 
que  celle  de  Biet  sur  les  naturels  de  la  Guyane;  il  les  a 
dépeints  dans  toute  leur  simplicité  primitive.  Le  vocabu- 
laire de  leur  langue  est  fait  avec  soin ,  et  est  précédé  de 
remarques  utiles  sur  la  langue  commune  aux  Galibis  et  à 
tous  les  habilans  de  la  côte. 

Nouvelle  Relation  de  la  France  équinoxiale, 
appelée  Guyane  ,  et  par  les  Espagnols,  EUDorado , 
nouvellerrient  mise  sous  l'obéissance  du  Roi  par 
Fevre  de  la  Barre.  Paris,  iÇ)ÇiÇt ^  \\\-l^ . 

Description  de  la  France  équinoxiale  par  Là 
Fevre  de  la  Barre.  Paris,  1666,  in-4°. 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  dans  les  îles  et 


254         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

terre  ferme  de  l'Amérique  ,  pendant  la  derulère 
guêtre  avec  l'Angleterre  ,  etc....  avec  un  Journal 
du  dernier  voyage  du  sieur  de  la  Barre  en  la  terre 
ferme  et  côte  de  Cayenne  ,  accompagné  d'une 
exacte  description  du  pays  ,  des  mœurs  et  du  natu- 
rel de  ses  habitans  :  le  tout  recueilli  des  Mémoires 
des  principaux  officiers  qui  ont  commandé  en  ce 
pays,  par  J.  C.  S.  D. ,  etc....   Paris,  167 1  ,  2  vol. 

Journal  du  voyage  des  PP.  Jean  Grillet  et  Fran- 
çois Beclieniel  à  la  Guvane ,  en  i6y4.  (Inséré  dans 
îe  troisième  volume  du  Voyage  de  Wood  Roger 
autour  du  monde.  (Parf/e  première ^  section  r,%.xi .) 

DESCRiPTiOîf  de  la  Guyane ,  située  sur  la  côte 
de  l'Amérique  :  (en  hollandais)  Beschrjving  van 
Guyana ,  geleegend  an  het  vaste  kiist  van  Amerika. 
Amsterdam,  1676,  in-4°. 

Description  du  territoire  de  la  colonie  de  Ber- 
blce  :  (en  hollandais)  Beschrjving  van  de  rivier  end 
colonie  van  Berhice.  Amsterdam  ,  in-4**. 

Le  Voyage  du  capitaine  Leig  dans  la  Guyane 
(en  hollandais).  Leyde ,  1706,  in-8°. 

Description  de  la  colonie  de  Surinam  ,  de  son 
origine  ,  de  l'établissement  et  de  la  culture  des 
plantations  à  sucre  ,  et  des  mœurs  des  habitans  et 
des  Indiens  ,  par  J.  D.  H.  L.  :  (en  hollandais)  Be- 
schrjving van  de  volk  plantinge  Zurinam  ,  vertoo" 
nende  het  opkomst  derselven  Colonie ,  de  amhorewen 
hewertinge  der  zuiken  ,  plantagien ,  neffens  de  art 
der  eigene  naturaliske  inwQuers  of  Indianen^  door 


Amérique,   voyag.  dans  l'amer,  mîr.    2bJ 
J.  D.  H.  L.    Leuwarden ,  171 7;  la  Haye,  1727, 

111-4". 

Voyage  à  la  Guyane  ,  par  Jean  Staden  :  (en  hol- 
landais^ Beise-Beschryuiiig  naar  Guiana,  door  Jcui. 
Staden.  Amsterdam,  1724,  iu-4'^. 

Nouveau  Voyage  de  Guyane,  îles  voisines  et 
Cayenne.  Amsterdam,  1731,  2  vol.  in-8°. 

Nouvelle  Description  de  la  France  éqiil- 
noxiale  ,  contenant  la  description  de  la  côte  de  la 
Guyane  ,  de  Tîle  de  Cayenne  ,  le  connnerce  de  cetîo 
colonie  ,  les  divers  changemens  arrivés  dans  ce 
pays ,  et  les  mœurs  et  les  coutumes  des  difTérens 
Sauvages  qui  l'habitent ,  par  Pierre  Barrère  ,  avec 
figures  dessinées  sur  les  lieux.  Paris,  Piget,  1745, 


in- 12. 


Dans  celle  descrsplion ,  l'auleur  n'avoit  qu'ébauc]ié 
riiisloire  nalurelle  du  pays-,  maison  y  trouve  une  descrip- 
lion.  très-exacte  des  inslrnmens  des  Sauvages,  pour  la 
chasse,  la  pêche,  l'exercice  de  plusieurs  aris  mécaniqites. 
Il  est  entré  aussi  dans  de  grands  détails  sur  les  dillérenles 
armes  dont  ils  se  servent,  sur  leurs  usages  domestiques^ 
leurs  moeurs,  leurs  opinions  religieuses. 

Essai  sur  l'Histoire  naturelle  de  la  France  équi- 
noxiale  ,  par  Pierre  Bairère.  Paris,  Piget,  17/^9, 
2  vol.  in-8^ 

Ce  qui  n'éloit  qu'une  bonne  esquisse  dans  la  relation 
de  ce  voyageur,  devient  ici  un  tableau  joresque  complet, 
quoiqu'il  n'ait  donné  à  son  ouvrage  que  le  litre  modeste 
d'Essai.  Ses  recheiclies,  ses  observations  sur  l'histoire  natu- 
relle de  la  Guyane  font  encore  autorité.  '. 

Description  de  Surinam,  par  Thomas  Piston  us  : 


256         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 
(ea  hollandais)  Beschyving  van  Surinam,  door  Tho- 
mas Pistorius.  Amslerdam  ,  1765  ,  m-8°. 

Descriptioiv  géographique  de  la  Guyaae,  con- 
tenant les  possessions  et  les  établissemens  des  Fran- 
çais ,  des  Espagnols  ,  des  Portugais  et  des  Hollan- 
dais dans  ces  vastes  pays  ;  le  climat  ,  les  produc- 
tions de  la  terre  et  les  animaux,  leurs  habitans,  leurs 
mœurs ,  leurs  coutumes  et  le  commerce  qu'on  peut 
y  faire  ;  avec  des  remarques  pour  la  navigaitiou ,  et 
des  cartes  ,  plans  et  figures  ,  dressés  au  dépôt  des 
cartes  et  plans  de  la  marine  ;  par  le  sieur  Bellin. 
Paris,  1765,  in-4''. 

Cet  ouvrage  est  le  seul  où  l'on  ait  réuni  des  tableaux 
exacts  des  possessions  des  quatre  nations  dans  la  Gnj'ane. 

Histoire  naturelle  de  la  Hollande  équinoxiale  ,. 
par  Philippe  Fermin.  Amsterdam  ,  1765  ,  iu-8''. 

De  l'aveu  'de  l'auteur  lui-même,  dans  l'avertissement 
mis  à  la  lête  de  sa  description  de  la  colonie  de  Surinam, 
dont  je  vais  donner  la  notice,  cette  histoire  naturelle  de 
la  Hollande  équinoxiale  n'étoit  qu'une  simple  ébauche, 
où  il  s'étoit  borné  à  donner  une  nomenclature  assez 
imparfaite  des  productions  naturelles  de  la  Guyane  hol- 
landaise :  il  a  donné  de  grands  développemens  à  cet  essai 
dans  l'ouvrage  suivant  : 

Descriptioiv  générale  historique,  géographique 
et  physique  de  la  colonie  de  Surinam ,  contenant 
ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  et  de  plus  remarquable  ■ 
louchant  sa  situation,  ses  rivières  ,  ses  forteresses, 
son  gouvernement,  sa  police  ,  etc..  avec  les  mœurs 
et  les  usages  des  habitans  naturels  du  pays  et  des 
Européens  qui  s'y  sont  établis ,  ainsi  que  des  éclair- 
çissemens  sur  l'économie    générale   des   esclaves 


I 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  267 

nègres ,  sur  leurs  plantations  et  leur  produit ,  les 
arbres  fruitiers ,  les  plantes  médicinales  ,  et  toutes 
les  espèces  diverses  d'animaux  qu'on  y  trouve,  etc. . . 
par  Philippe  Fermin.    Amsterdam,  1769,  2  vol. 

Tout  ce  qui  concerne  l'histoire  nalurelle  est  Irailé  dans 
cet  ouvrage  avec  beaucoup  d'étendue  et  d'intelligence; 
mais  l'auteur  s'est  fort  resserré ,  et  s'e.^t  montré  très-circons- 
pect en  ce  qui  regarde  le  gouvernement  civil  et  politique 
de  la  colonie.  Il  y  a  bien  peu  de  philosophie  dans  sa  dis- 
cussion sur  l'esclavage  des  nègres,  dont,  en  s'appuyant 
«ur  l'Ecriture-Sainle,  il  s'efforce  de  démontrer  la  légili- 
xnité ,  comme  s'il  éloit  aisé  de  justifier  en  morale  ce  qui  est 
commandé  peut-être  par  la  politique.  Celte  erreur  de  son 
jugement  est  plus  excusable  encore  que  sa  dissimulation  sur 
le  régime  tyrannique  des  colons  hollandais  envers  leurs 
esclaves;  mais  l'humanité  qu'offense  ce  silence  coupable, 
a  été  bien  vengée  dans  la  relation  de  Sledman,  dont  jd 
donnerai  incessamment  la  notice. 

Essai  sur  l'Histoire  naturelle  de  la  Guyane  dans 
l'Amérique  méridionale  ,  contenant  la  description 
de  plusieurs  productions  curieuses  dans  le  règne 
animal  et  végétal  de  cette  contrée  :  de  plus  ,  uae 
relation  de  la  religion ,  des  usages  ,  des  coutumes 
de  différentes  tribus  répandues  dans  les  habitations 
indiennes  ,  avec  diverses  observations  médicinales 
et  littéraires ,  par  Edouard  Bankroft  :  (en  anglais) 
Essay  of  the  Natural  Historj  of  Gujana  in  South- 
jimerica ,  coiitaining  a  description  of  many  curiows 
productions  in  the   animal  and  'vegetable  Systems  of 
ihat  countrj  :  together  ivith  and  account  of  the  reU~ 
gion ,  manners  and  customs  of  several  tribes  of  its 
indians  habitations  interpesed ,  with  a  imriety  oflit- 
Yi.  Ji 


25'6        Bl  ELIOTII  ëQ  U  E    DES    TOYAGES. 

ter arjr  and  médicinal  observations.  Londres,  lyog, 

in-S^ 

DKSCRiPTfONde  la  côte  de  la  Guyane  dansTAnié- 
rique  méridionale  ,  concernani  l'histoire  du  pays  , 
l'état  de  la  médecine  ,  les  mœurs  des  liabilans ,  les 
animaux,  etc....  par  i k'aw - J ixcc^wes  Hartsink ,  avec 
planches  :  (en  hollandais)  Beschryving  van  Guiana, 
of  de  Wildekust  in  Zuid  America  ,  bettrejjende  de 
tirdrjkshunde  en  historié  des  landes ,  de  zeeden  en 
^ewoontes  der  Inwoners  and  de  dieren ,  etc....  van 
Jan.  Jac.  Hartsink.  Amsterdam,  IJJO,  in-4°. 

Tableau  historique  et  politique  de  l'état  ancien 
et  actuel  de  la  Colonie  de  Surinam  ,  et  des  causes 
de  sa  décadence  ,  par  Philippe  Ferniin.  Maestricht, 
Dufour  et  LeBoan  ,  1778,  iu-S*. 

Cet  ouvrage  esl  plein  d'excellentes  vues,  mais  dont  on 
ne  pourra  profiler  que  lorsque  la  colonie  de  Surinam , 
reslituée  aux  Hollandais,  sera  mise  dans  un  tel  état  do 
défense,  qu'elle  ne  puisse  plus  êlre  la  proie  de  la  première 
escadre  anglaise  qui  s'y  présente,  et  qu'on  puisse  y  suivre  , 
avec  toute  sécurité,  les  plans  de  réforme  et  d'amélioraliou 
proposés  par  l'auteur. 

Tableau  historique  et  politique  de  l'état  actuel 
de  Surinam  dans  l'Amérique  méridionale  :  (  en 
anglais  )  uin  historical  and  political  f^iew  of  the 
présent  State  qf  Surinant  in  South-  yi nier ic a.  Lon- 
dres ,  1781  ,  in-8°. 

Description  de  la  Guyane,  située  sur  le  couii- 
nent  de  l'Amérique  :  (en  hollandais)  Besclu'ji^>inge 
van  Guyana  gelegen  aan  het  vaste  kust  van  Ame* 
rica.  Amsterdam,  1781;  in-8°. 


AMÉRIQUE.    VOYAG.   DANS  L'AMER.  MLR.    SJQ 

Lettres  sur  l'état  actuel  des  colonies  d  Esse- 
quebo  et  de  Démérary  :  (eu  hollandais)  Brieven  o\^r 
het  bestaand  der  Colonien  Essequebo  end  Denierary» 
Amsterdam  ,  i  r^S  ,  in-8°. 

Nouvelles  récentes  de  Surinam  ,  par  J.  F. 
Ludwig,  publiées  avec  des  notes  par  Pli.  F.  Blnder: 
(en  allemand)  Neueste  Nachrichten  'von  Surinam, 
'von  J.  F.  Ludwig,  herausgegeben  mit  uétimerkungen 
von  Ph.  F.  Binder.  Jena,  1788,  in-S". 

Voyage  d'Amsterdam  à  Surinam,  et  retour  à 
Brênie ,  dans  les  années  1783  et  1784,  par  B.  M. 
Peters  :  (eu  allemand)  Fine  besonders  nierkwûrdige 
Reise  vonjimsterdam  nach  Surinam,  und  zurïick  nach 
Bremen  in  den  Jaliren  iy83  und  1^84 ,  von  B.  M. 
Peters.  Tome  i*^''.  Bréme^  17^8,  in-8°. 

Voyage  à  la  Guyane  et  à  Cayenne,  fait  en  1789 
et  dans  les  années  suivantes  ,  par  L.  M. ,  armateur  ; 
avec  des  cartes  et  des  figures.  Paris  ,  Prudhomme, 

i789,in.8°. 

Voyage  et  Description  de  Rio  de  Berbice  et  de 
Surinam,  par  Adrien  imn  Berkel :  (en  allemand) 
Beschreibung  seiner  Reise  nach  Rio  de  Berbice  und 
Surinam.  Memmiugeu ,  178g,  iu-8*'. 

Description  de  la  rivière  et  de  la  colonie  de 
Berbice  :  (en  hollandais)  Beschryvinge  van  de  vivier 
en  colonie  van  Berbice.  Amsterdam,  in-4.°. 

Nouveau  Voyage  à  Cayenne,  ou  Notices  au- 
thentiques sur  la  Guyane  française  ,  lecucillies  pen- 
dant trois  voyages  dans  ce  pays ,  tirées  du  Journal 
d'im  Citoyen  français,  et  accompaguées  de  noie», 


260  EIELIOTUÈQUE    DES    VOYAGES. 

par  G.  :  (en  allemand)  Neue  Reise  nach  Cajenne,  etc. 
Leipsic  ,  Hinrichs  ,  1795,  in-8°. 

Voyage  à  Surinam  et  dans  l'intérieur  de  la 
Guyane ,  contenant  la  relation  de  cinq  années  de 
courses  et  d'observations  faites  dans  cette  contrée 
intéressante  et  peu  connue  ,  avec  des  détails  sur  les 
Indiens  de  la  Guyane  et  sur  les  nègres  ,  par  le  capi- 
taine J.  G.  Stedman  y  traduit  de  l'anglais  par  P.  F. 
Henri;  suivi  du  Tableau  de  la  colonie  française  de 
Cayenne  ,  d'un  Supplément  au  Voyage  à  Surinam 
et  dans  l'intérieur  de  la  Guyane,  par  le  C.  Lescallier, 
et  d'un  Tableau  de  la  colonie  de  Cayenne  (par  le 
traducteur).  Paris  ,  Buisson,  an  vu — 1799  ,  3  vol. 
in-8°. 

Collection  de  quarante-quatre  planches  gra- 
vées en  taille-douce  par  Tardieu  l'aîné ,  contenant 
des  vues  ,  des  marines  ,  des  cartes  géographiques  , 
des  plans,  des  portraits^  des  costumes,  des  ani- 
maux ,  des  plantes  ,  etc —  dessinées  sur  les  lieux 
par  l'auteur.  Ibid.  gr.  in-4°. 

Stedraan  servoit  dans  un  corps  de  troupes  anglaises  que 
le  gouvernement  britannique  avoit  fait  passer  dans  la 
Guyane ,  à  la  prière  des  Hollandais ,  pour  les  aider  à  arrêter 
les  suites  des  insurrections  qui,  à  plusieurs  reprises,  avoient 
éclaté  parmi  les  esclaves  noirs  de  la  colonie.  On  voit,  dans 
la  relation,  qu'elles  avoient  élé  provoquées  par  les  traile- 
mens  barbares  que  les  colons  hollandais  et,  à  leur  exemple, 
des  individus  d'autres  nations ,  faisoient  essuyer  aux  nègres. 
Le  voyagevxr  a  écrit  et  dessiné  lui-même  un  génie  de  sup- 
plice inconnu  chez  les  nations  les  plus  barbares  et  dans 
les  siècles  où  l'humanité  a  été  le  plus  outragée. 

On  ne  trouve  pas  seulement,  dans  ce    Voyage,   un 
tableau  complet  de  la  partie  de  la  colonie  de  Surinam  où 


A^IEIUQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMER.  MER.  30l 
fonl  ses  plus  riches  établissemens;  la  guerre  que  Sledman 
y  a  faile  penclaiat  cinq  années,  l'a  forcé  de  pénétrer  clans 
toutes  les  parties  de  la  Guyane  hollandaise,  à  travers 
d'épaisses  forêts  et  d'innombrables  marais.  Au  milieu  de 
ces  travaux,  aussi  faligans  que  périlleux,  il  n'omet  la 
description  d'aucun  des  objets  qui  peuvent  intéresser  les 
savans  dans  les  trois  règnes  de  la  nature  ;  et  les  divers 
genres  de  culture  qui  font  tleurir  la  colonie  de  Suri- 
nam ,  sont  décrits  aussi  avec  beaucoup  de  netteté  et  de 
précision. 

De  cette  relation,  on  peut  inférer  en  général  que  la 
température ,  les  météores ,  quelques  végétaux,  les  reptiles, 
conspirent  également  contre  la  vie  de  l'homme. 

Un  ciel  brûlant  dans  l'été  de  ce  pays ,  y  dessèche  le* 
marais  dont  il  s'exhale  les  miasmes  les  plus  mortifères. 
Les  pluies  qui  tombent  par  torrens  dans  la  saison  dite  de 
l'hiver,  font  déborder  les  lacs,  les  rivières,  inondent  les 
savannes,  où  il  se  dépose  un  limon,  qui  devient  le  germe 
des  fièvres  putrides  de  la  plus  dangereuse  espèce. 

Pai-mi  les  végétaux  vénéneux,  on  dislingue  le  man- 
kouri,  dont  la  sève  est  si  pestilentielle,  qu'il  repousse  loin 
de  lui  tous  les  végétaux,  et  que  son  ombre,  comme  celle 
du  mancenilier,  donne  la  mort  à  l'homme  qui  a  le  mal- 
lieur  de  s'endormir  à  son  abri. 

Indépendamment  des  myriades  innombrables  de  four- 
mis qui  dévorent  les  végétaux,  de  maringoins  qui  tour- 
mentent l'homme,  des  animaux  venimeux  couvrent  en 
quelque  sorte  la  terre  de  la  Guyane  hollandaise.  Les  cen— 
tipèdes,  les  scorpions,  les  scolopendres  pénètrent  jusque 
dans  les  habitations.  De  hideuses  araignées  i^ui  se  cachent 
dans  les  buissons,  blessent  dangereusement  les  voyageurs 
qui  ne  se  sont  pas  mis  en  garde  contre  leurs  attaques.  Mais 
de  tous  les  reptiles  que  nourrit  un  sol  si  favorable  en  même 
temps  à  de  riches  cultures,  les  plus  redoutables  sont  les  ser- 
pens.  M.  Stedman  en  indique  un  d'une  taille  extraordi- 
naire :  c'est  le  serpent  ahoma.  Sa  voracité,  sa  force  sont 
♦elles ,  qu'il  dévore  les  cerfs  et  les  tigres  même.  C'est  sur-tout 


262        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

lorsque  la  faim  le  presse  qu'il  est  redoutable  :  il  s'élance 
alors  sans  distinction  sur  lous  les  objets  qu'il  rencontre.  Sa 
faim  une  fois  rassasiée,  il  tombe  dans  une  espèce  d'engour- 
dissement, que  lui  cause  vraisemblablement  une  pénible 
digestion. 

Dans  cet  état,  il  res^jemble  à  un  grand  arbre  renvensé. 
Stedman  rapporte,  à  ce  sujet,  que  quatre-vingts  soldats» 
eji  marche  pour  une  expédition  ,  à  la  têle  de  laquelle  il 
étoit  en  qualité  de  capitaine  ,  passèrent  sans  défiance  sur 
un  ahoma  endormi ,  qu'ils  prirent  pour  un  arbre  tombé 
de  vétusté.  Il  ajoute  que  le  dernier  seul  de  ces  soldats  s'ap— 
perçut  d'une  erreur  qui  pouvoit  leur  être  si  funeste,  parce 
qu'il  sentit  le  rtptile  se  mouvoir.  Il  paroît  que  la  taille  de 
l'aboroa  s'élève  dans  son  état  d'adulte  jusqu'à  plus  de 
quarante  pieds,  puisque  Sledman  raconte  qu'il  lua  nn 
jt^nne  abonia  de  vingt-deux  pieds  de  long  ,  qui  n'étoit  par- 
venu ,  dit-il ,  qu'à  la  moitié  de  sa  croissance. 

Dans  la  région  de  l'air,  l'homme,  à  la  Guyane,  trouve 
un  ennemi  comme  sur  le  sol.  Il  est,  dans  la  Gu5'ane  hol- 
landaise, une  chauve-souris  qu'on  appelle  le  spectre  de 
la  Guyane.  Cette  espèce  de  vampire  suce  le  sang  de  ceux 
qui  imprudemment  s'endorment  à  l*air.  La  morsure  est 
à  peine  sensible  •,  mais  à  son  réveil  ,  on  sent  ses  force* 
épui.éi  s.  Quelquefois  ce  réveil  devient  celui  de  la  mort. 
Stedman  lui-même  ayant  été  mordu,  se  réveilla  heureu- 
sement :  il  avoit  perdu  une  grande  quantité  de  sang. 

Voici  le  jugement  qu'a  porté  sur  la  relaiion  de  Stedman, 
un  écrivain  distingué  qui  a  visité  lui-même  la  colonie  d« 
Surinam  :  c'est  M.  Maîouet ,  dans  une  lettre  adressée  à 
M.  S****,  et  qui  es!  insérée  dans  les  Mélanges  de  Littéra- 
ture, publiés  par  M.  Suart,  dont  je  donnerai  ci-aprè»  la 
notice. 

«  Toute  la  partie  descriptive  de  rouvmge  de  M.  Sied- 
•»  TOan  est  d'un  grand  intérêt.  Il  est  rare  de  trouver  dans 
y,  un  jeune  militaire,  tant  d'aptitude  aux  observations  et 
yi  aux  recherches  le^  plus  variées.  Il  raconle  avec  simpli- 
r  cité,  et  souvent  avec  grâce,  tout  ce  qu  il  sent.  Ses  aven.- 


AMÉRIQUE.  TOYAG.  DANn3  L'AMÉR.  IWÉR.  265 
»  tiues,  ses  ccmhats,  ses  dangers,  ses  amours,  sont  entre— 
»  mêlés  de  détails  curieux  sur  l'histoire  ïaa'»irelîe  de  la 
»  Guyane,  sur  la  vie  sauvage,  la  culture  et  la  police  d'une 
D  riche  colonie.  Il  y  a ,  dans  sa  narration,  une  originalité 
»  piquante,  de  la  sensibilité,  de  l'instruction,  et  toujours 
»  de  bons  senlimens.  J'aurois  voulu  seulement  que  le 
»  capitaine  Sledman  n'eût  pas  autant  insisté  sur  les  détails 
•n  horribles  des  cruautés  exercées  envers  les  nègres.  Com- 
»  ment  le  même  homme,  qui  se  vouoit  avec  inirépidilé  àla 
M  poursuite  et  à  la  destruction  des  esclaves  révoltés ,  prend- 
»  il  autant  d^e  soin  de  justifier  leur  révolte?....  C'est  1» 
j)  premier  Européen  amoureux  d'une  mulâtresse  qui  ait 
»  obtenu  pour  elle,  non-senlenient  l'intérêt,  mais  même 
D  le  respect  de  ses  lecteurs.  On  aime,  avec  lui,  sa  chè)8 
)v  Joanna  dont  la  fin  déplorable  nous  rappelle  avec  amer- 
«  (unie  (les  scènes  d'horreurs  trop  multipliées  dans  cet 
»  ouvrage  (»)  ». 

Tableau  de  Cayenne  ou  de  la  Guyane  fran- 
çaise _,  contenant  des  renseignemens  exacts  sur  son 
climat,  ses  productions,  les  naturels  du  pays,  les 
diflereotes  ressources  que  l'on  y  trouve  ,  et  le  degré 
de  prospétnté  dont  cette  colonie  est  susceptible  : 
on  y  a  joint  des  observations  nautiques  recueillies 
par  l'auteur  lui-même.  Paris,  v^.  Tilliard  ,  an  vu  — 

Dans  un  cadre  fort  resserré,  l'auteur  de  c«  Tableau 
a  su  embrasser  ce  qu'il  importe  le  plus  de  connoîlre  sur 
une  colonie,  que  des  encouragemens  et  une  sage  admi- 


(i)  Cette  inléressanle  Joanna  mourut  d'une  maladie  de  lan- 
gueur, où  l'avoil  jetée  le  poison  qui  lui  avoit  été  adniiui.stré  pai' 
Auiie  de  l'envie  et  delà  jalousie  qu'exciloienl  contre  elle  les  marques 
de  dislinrlion  que  ses  rares  qualilés  lui  atliroient  des  personne* 
ie.5  plu»  retpecliiLk's  de   la  colonie. 


^264  LIELIOTHÈQUE    tî  E  S    VOYAGES. 

nislraliori  peuvent  porter  à  un  haut  degré  de  prospérité. 
Api'èa  avoii'  donné  une  idée  de  la  Guyane  eu  général,  il 
descend  à  la  description  de  la  Guyane  française  en  parti- 
culier. II  trace  à  grands  traits  le  tableau  de  sou  climat,  de 
ses  cultures,  de  ses  productions,  de  ses  ressources,  et  de» 
objets  de  consommation  qui  s  y  trouvent.  D'un  coup  d'oeil 
rapide  ,  il  parcourt  l'histoire  naturelle  du  pays  ,  et  il  s  étend 
un  peu  plus  sur  les  poissons  et  sur  les  insectes. 

Les  usages  particuliers  delà  colonie ,  la  condition  des 
nègres  qui  y  ont  été  transportés,  les  moeurs  ei  les  habitudes 
des  habilans  indigènes  ,  ont  occupé  aussi  son  pinceau.  Les 
observations  nautiques  qu'il  a  répandues  dans  son  ouvrage, 
annoncent  un  homme  qui  a  vu  par  lui-même  et  qui  a  bien 
vu  :  il  le  termine  par  des  remarques  très-judicieuses  sur  le 
voyage  prétendu  fait  à  Cayenne  par  L.  M.  Armateur ,  dont 
j'ai  donné  précédemment  la  notice. 

Le  tableau  de  la  Cayenne  est  une  production  d'autant 
plus  estimable,  qu'en  traitant  un  sujet  qui  l'avoil  été  tant 
de  fois,  l'auteur  l'a  rajeuni  en  quelque  sorte  par  un  grand 
nombre  d'observations  neuves  et  intéressantes. 

La  France  équinoxiale,  ou  Exposé  sommaire 
des  possessions  de  la  République  française  sous 
Téquateur,  par  le  C.  Moiigrolle.  Paris  ,  Debray, 
an  IX —  1800  ,  in  8°. 

Voyage  des  Missionnaires  à  Surinam  et  à  Bcr- 
Lice ,  chez  une  nation  de  nègres  libres  sur  les 
bot'ds  du  Surinam,  par  J,  M.  Riœner  (en  allemand). 
Ziliau,  Schoeps,  ï8o5  ,  in-8°. 

Voyage  dans  les  forêts  et  les  rivières  de  la 
Guyane ,  par  M.  Malouet.  f  Inséré  dans  les  Mémoires 
sur  les  Colonies  publiés  par  cet  écrivain.  )  Paris  , 
Baudouin,  an  x  (i8o5),  tome  m  ,  in-8°. 

Ce  Voyage,  d'un  volume  peu  considérable,  et  qui  esfc 
extrait  des  Mémoires  et  de  la  Correspondance  de  M.  Ma— 


.A!»iÉrique.  voy.\c.  dans  l'amfr.  mér.  iC^ 
lonef,  nous  éclaire  clavanlage  sur  la  Guyane,  et  particu- 
li'èreinenl  sur  les  Galibis ,  peujîle  indigène  de  celte  vaste 
contrée,  que  beaucoup  de  relations  plus  étendues.  C'est, 
pour  ainsi  dire,  le  coup-d'oeil  rapide,  mais  pénétrant, 
d'un  administrateur  éclairé,  d'un  observateur  attentif, 
d'un  philosophe  impartial. 

Lorsque  l'administration  civile  de  la  colonie  française 
de  la  Guyane  lui  fut  confiée,  son  premier  soin  fut  d'en, 
visiter  fcoigneusement  toutes  les  parties;  et  pour  le  faire 
avec  fruit,  il  n'hésita  pas  à  s'enfoncer  dans  l'épaisseur  des 
forêts  ,  à  remonter  et  à  descendre  des  fleuves  raj^idss  sur 
(le  foibles  embarcations.  Le  résultat  de  ses  observations  sur 
le  sol ,  fut  qu'il  s'épuisoit  promptemenl  dans  la  partie  haute 
et  boisée  de  la  colonie,  parce  que  sa  fécondité  apparente 
ne  tenoit  qu'à  une  légère  couclie  végétale.  La  partie  basse, 
au  contraire ,  promettoit  une  fertilité  constante;  mais  pour 
l'amener  à  ce  point ,  il  falloit  faire  de  grands  dessèchemens, 
dont  quelques-uns  furent  exécutés  par  les  soins  et  sous  le» 
yeux  de  M.  Malouet  lui-même.  Avant  ces  améliorations, 
cette  partie  basse  étoit  déjà  très— favorable  à  la  multiplication 
des  bestiaux. 

Dans  le  cours  de  ses  excursions,  M.  Malouet  rencontra 
un  soldat  de  Louis  xiv  qui  avoit  été  blessé  à  la  bataille  de 
Malplaquet,  et  qui,  en  1777,  étoit  âgé  de  cent  dix  ans. 
Il  vivoit  depuis  quarante  ans  dans  une  partie  déserte  de  la 
colonie  :  aveugle  et  sourd,  il  étoit  assez  droit,  mais  très- 
ridé.  Sa  figure  annonçoit  la  décrépitude,  mais  ses  raouve— 
mens  et  le  son  de  sa  voix  étoient  ceux  d'un  homme  encore 
robuste.  Deux  vieilles  négresses  le  nourissoient  du  produit 
de  son  jardin  et  de  ceux  de  la  pêche.  Depuis  vingt-cinq 
ans  il  n'avoit  pas  mangé  de  pain,  et  n'avoit  point  bu  de 
vin.  Un  bon  repas  qu'on  lui  procura  fil  sur  lui  une 
impression  délicieuse.  L'exemple  de  cet  homme  prouve 
que  dans  ce  climat,  réputé  mal-saiu ,  on  peut,  avec  de  la 
sobriété  ,  atteindre  à  l'âge  le  plus  avancé. 

Une  rencontre  moins  agréable  pour  M.  Malouet,  fut 
telle  d'un  rassemblement  de  serpens  au  nombre  de  plus  d© 


2(:6  BIBLIOTHÈQUE  DES  TOYACES. 
mille  :  ils  éfoieni  roulés  en  spirale  les  uns  snr  les  autres  ,  et 
formoieul  uiu;  pyramide  ressemblanl  à  un  fnisceau  d'armes. 
Ils  élanroient  hors  du  cercle  leurs  tètes  hideuses,  présen— 
toient  leurs  dards  et  leurs  yeux  étincelatis-,  mais  ils  parois- 
soient  plus  occupés  du  soin  de  se  défendre  qu»^  de  celui  d'at- 
taquer. Ce  grand  rassemblement  avoit  nécessairement  une 
cause.  M.  Alalouet  présuma  qu'ils  se  réunissoient  ainsi  pour 
résister  en  masse  aune  grande  couleuvre ,  leur  ennemie 
naturelle,  dont,  suivant  le  rappojl  des  gens  du  pays,  la 
taille  colossale  est  perlée,  dans  quelques  individus  de 
l'espèce ,  de  trente  à  quarante  pieds  de  longueur  sur  quatre 
ou  cinq  de  circonférence  :  celle  dont  il  rapporta  la  peau 
eri France, et  dont  il  fil  présent  à  M.  de  BufFon  ,n"avoit  que 
vingt-deux  pieds  de  long  sur  douze  à  treize  pouces  de 
circonférence. 

M.  Malouel  regarde  comme  chimérique  le  projet  de 
civiliser  les  naturels  de  la  Guyane  ou  les  Galibis  ,  dont  il 
nç  porte  pas  le  nombre  à  plus  de  dix  mille.  Outre  que  les 
Lam^anx  sont  placés  à  une  distance  immense  les  uns  des 
auLj'es,  les  missionnaires  actuels  sont  dénués  des  talens  et 
des  connoissances  qu'avoient  communément  les  religieux 
yue  la  société  des  Jésuites  deslinnif  aux  missions. 

Celte  ob'^ervation  conduit  le  vovageur  pbiU)sop]ie  au 
développement  du  caractère  moral  de  ces  indigènes.  Je 
regrette  d'être  obligé,  par  la  nature  de  mon  ouvrage, 
d'abréger  beaucoup  ce  développement. 

N'ayant  ni  terres,  ni  procès,  les  Gali.bis  n'ont  aucun 
tesoin  de  loix  ;  mais  les  anciens  usages  de  1<  urs  pères  sont 
inviolablement  observés. 

«La/communauté,  dit  M.  Malouot ,  délibère»  le  chef 
»  exécute.  La  paix,  qu  la  guene ,  une  alliance,  un  chan— 
3)  gement  de  d.o'picile,  voilà  toutes  le;?  (JéUbéragiifljns  de 
D)  leur  conseil.  Cette  égalité  que  nous  ayons  si  doulqureu— 
»  sèment  cherchée,  sans  pouvoir  y  atteindre,  ils  l'ont 
»  trouvée  et  la  maintiennent  sans  ejiprt,  La  parfaite  indé— 
»  pendance  est,, pour  eux  ,  le  plus  précieux  supplément 
j)  de  tout  ce  qui^  selon  nousi^  manque  î>  leur  civiU^aiion  », 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.   MER.    267 
Cet  aruour  de  rindépendanre  est,  suivant  M.  Malouet, 
le  pins  grand  obstacle  à  leur  civilisation  :  il  explique  leur 
indifférence  pour  tout  ce  qui  a  du  prix  fi  nos  yeax.  liOs. 
plus  apathiques  sauvages  du  continent  de  l'Amérique,  sont 
peut-être  ceux  de  la  Guyane;  mais  ils  ont  un  sens  droit, 
et  ils  ont  atteint  toute  la  perfeciion  de  la  société  naturelle, 
tandis  que  nous  sorames  parvenus  à  former  vv.e  société 
politique.  Le  petit  nombre  de  leurs  besoins  leur  donne 
l'apparence  des  éfres  les  plus  paresseux  ;  mais  ils  nous  sur- 
passent réellement  dans  plusieurs  moyens  de  les  satisfaire  , 
tels  que  la  chasse  et  la  pêche.  M.  Malouet  cile  des  exerapl'^s 
frappans  de  leur  adresse  dans  l'un  et  l'autre  de  ces  exer- 
cices :  ils  n'en  montrent  pas  moins  dansla  manière  de  lisser 
leurs  hamacs,  de  construire  leurs  pirogues  et  leurs  cases, 
de  fabriquer  leurs, vases  de  terre,  leurs  paniers  de  joncs  et 
d'osiers,  tou«  d'une  forme  charmante.  Ils  ont  retranche 
de  leurs  vétemens  tout  ce  qui  leur  éloit  incommode,  mais 
ils  sont  très— industrieux  dans  la  disposition  des  ornemens 
dont  Us  se  parent. 

«Quand  on  réfléchit,  dit  M.  Malouet,  à  la  somme 
»  d'intellisenre  et  de  combinaisons,  d'essais,  de  travaux 
»  qui  leur  ont  été  nécessaires  pour  arriver  à  l'état  de  socia- 
2  bililé  où  ils  sont  parvenus,  on  ne  \yeiii  pas  douter  qu'ils 
>i  ne  l'eussent  perfectionné,  s'ils  n'avoient  trouvé  plus 
»  expédient  de  se  borner  au  pefit  nombre  de  jouissances 
»  qu'ils  se  sont  procurées.  De  toutes  leur.s  combinaisons, 
»  la  plus  étonnante,  et  qu'on  a  fort  peu  remarquée,  c'est 
»  leur  langue,  douce,  agréable,  abondante  en  voyelles 
»  ainsi  qu'en  .syrionymes,  et  dont'  la  syntaxe  est  aussi 
î>  ordonnée  que  s'ils  avoient  une  académie.  ï^a  galibi  est  la 
■»  langue  vuiiverselle  de  tous  les  habitans  de  la  Guyane  )î. 

]V1.  Malouet  a  prévu  qu'au  premier  app.erçu ,  ses  obser- 
vations pourroienl  le  faire  considérer  comme  l'apologiste 
de  la  vie  sauvage ,  ainsi  que  le  philosophe  de  Genève.  En 
se  défendant  d'être  le  détracteur  de  l'état  de  civilisation,  il 
paroît  néanmoins  persuadé  que  les  sauvages  ne  parvieii-' 
droient  à  cet  état  que  par  la  roule  du  crime  et  des  raal- 


^.68  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
Leurs  :  il  redcule  pour  eux  ce  passage  qui  les  conduiroit, 
comme  les  Péruviens  et  les  Mexicains,  à  la  dégradalioa 
et  à  l'esclavage.  Il  estime  que  les  Galibis  ont  atteint  un  état 
social  raisonnable  et  suffisant  pour  la  somme  de  jouissances 
de  bonheur  qui  leur  conviennent  (i). 

La  relation  de  M.  Malouet  est  terminée  par  le  récit  de 
l'inutilité  des  efforts  des  missionnaires  pour  convertir  le» 
Galibis  à  la  religion  chrétienne.  Ils  se  réunissoient  volon- 
tiers, dif-il,  dans  la  chapelle  du  préfet  apostolique,  se 
lais.soienl  bapiiseret  catéchiser,  assistoient  à  l'office  divin, 
parce  que  chaque  fois  on  leur  dislribuoil  une  ration  de 
taffîa  :  la  distribution  faite,  ils  ne  reparoissoient  plus.  Leur 
religion  ,  s'ils  en  ont  une,  est  fort  simple.  Ils  parlent  avec 
respect  d'un  Dieu  maître  de  tout ,  créateur  et  conservateur 
du  monde,  mais  ils  n'ont  aucune  idée  de  l'immortalité  de 
l'ame.  Les  idées  de  paradis  et  d'enfer  qu'on  voudroit  leur 
inculquer,  ne  font  qu'exciter  leur  risée;  mais  c'est  une 
chose  bien  remarquable,  que  ces  hommes  grossiers  aient 
sur  la  Divinité  des  idées  plus  justes  que  les  peuples  les  plus 
polis  de  l'antiquité.  Toute  la  relation  de  M.  Malouet  est 
écrite  d'un  style  où  la  concision  et  la  profondeur  n'ex- 
cluent pas  le  charme  d'une  sensibilité  pénétrante. 

(i)  On  peut  faire  ici,  ce  vae  semble,  un  rapprochement  atseK 
piquant.  D'un  rôle,  M.  Malouet,  qui,  dans  l'Assemblée  consti- 
tuante, comballil  avec  ianl  de  vigueur  les  principes  ouirés  d'égalitâ 
qui  commençoient  dès  <e  temps  à  se  produire,  et  dont  le  germe, 
se  développant  avec  une  prodigieuse  rapidité  dans  les  assemblée* 
suivantes,  a  donné  des  fruits  si  amers,  peint  des  couleurs  les  plus 
favorables  la  condition  des  hommes  dans  la  vie  sauvage  où,  dana 
l'acception  la  plus  étendue  du  mot,  l'égalilé  se  trouve  en  efiFel 
réalisée. 

D'une  autre  part ,  M.  Volney ,  qui ,  dans  son  ouvrage  intitulé  le* 
Ruines  y  parloit  avec  tant  d'eniliousiasme  de  l'égalité  dont  il  étoit 
loin  ,  à  la  vérité,  de  prévoir  les  déplorables  excès,  se  montre, 
ainsi  qu'on  l'a  vu,  le  détracteur  le  plus  animé  de  la  vie  sauvage, 
dans  son  dernier  ouvrage  qui  a  pour  litr«  :  Tableau  du  climat  ei 
ttu  sol  des  Etais—  Uni», 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  MÉR.     269 

Voyage  à  Cayenne ,  dans  les  deux  Amériques 
et  chez  les  anthropophages  ,  contenant  la  liste  géné- 
rale des  déportés,  des  notes  particulières  sur  chacun 
d'eux ,  leur  vie ,  leur  mort  et  leur  retour  ;  des  no- 
tions particulières  sur  Collot  et  Billaud,  sur  les 
déportés  de  nivôse  aux  îles  Seychelles  :  le  Voyage 
de  l'auteur  chez  les  mangeurs  d'hommes,  les  dan- 
gers qu'il  y  court 5  son  retour  par  les  Etats-Unis; 
de  la  religion ,  des  mœurs  et  de  la  culture  de  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  des  quakers,  etc..  par  Louis- 
Ange  Pitou ^  dit  le  Chanteur,  déporté  à  Cayenne  en 
1798,  pendant  trois  ans  ,  et  rendu  à  la  liberté  par 
S.  M.  l'Empereur.  Paris ,  Le  Normand  ,  i8o5 , 2  vol, 
in-8". 

Le  peu  de  notions  que  ce  voyageur  nous  donne  sur  la 
Guyane  ,  outre  qu'elles  n'ont  rien  de  bien  neuf,  sont 
noyées ,  pour  ainsi  dire,  dans  un  chaos  d'aventures  peu 
intéressantes  ,  et  écrites  avec  beaucoup  de  négligence. 

La  relation  néanmoins  renferme,  sur  les  déportés  ,  des 
anecdotes  assez  curieuses,  qui  peuvent  figurer  avec  intérêt 
dans  l'histoire  de  la  révolution. 

§.  liï.   Descriptions  du  Brésil.  J^oj  âge  s  faits  dans 
ce  pays» 

Ce  n'est  pas  dans  les  relations  suivantes,  la  plupart  dei 
seizième  et  dix-septième  siècles,  qu'on  doit  s'attendre  à 
trouver  beaucoup  de  lumières  sur  les  richesses  naturelles 
ou  factices  de  la  colonie  du  Brésil.  Ce  sont  les  Voyages 
communs  à  celle  corilrée  et  à  plusieiirs  autres,  et  particu- 
lièrement la  relation  de  l'ambassade  de  lord  Macartney, 
par  sir  Staunlon  ,  qui  nous  font  connoîlre,  avec  un  cerlaia 
détail,  l'état  actuel  du  Brésil,  ses  mines  d'or  et  de  dia- 
muns,  son  bois  si  précieux  pour  la  teinture,  la  racine 


270        BIBLIOTHEQUE    DS5    VOYACKS. 

d'ipécacuanîaa,  si  utile  en  médecine ,  et  qui  est  particu- 
lière à  cette  contrée;  ses  sucres  de  première  qualité,  ses 
co[oiis,  son  laljac,  et  beaucoup  d'autres  cultures  qui  pros- 
pèrent également  dans  le  Brésil.  Mais  les  descriptions 
particulières  de  celle  contrée,  les  vo3'ages  dont  elle  a  été 
l'objet  spécial,  nous  donnent  sur  les  peuples  indigènes  de 
ce  pa}'3  des  nofioiis  plus  sûres  que  celles  qu'on  peut  re- 
cueillir dans  les  nouvelles  relations  des  voyageurs  qui, 
touchant  seulojacat  au  Brésil  dans  l'allée  et  le  i"elour  de 
là  mer  du  Sud  et  des  Indes ,  ne  nous  entretien  ne  nt  de 
ceil'  colonie  que  sous  les  rapports  commerciaux  et  indus- 
triels. 

Histoire  vcritable  et  descriptîoa  d'ua  pays 
d'aniîir<^r')ophages  furieux,  sauvages  et  nus,  situé 
dans  le  Nouveau-Monde  en  Amérique  (le  Brésil)  , 
vérifiée  d  après  sa  propre  expérience,  \)f{v  Staden  : 
(en  allemund)  iStadeji's  (Hans)  Wahrhafiige  Historia 
und  Beschreibung  einer  Landschaft  der  TPilden ,  na- 
ckelen  ,  griminigen  ,  Menschenfresser  in  der  JYeuen 
JVelt ,  America ,  gelegen  (  Brasilien  )  _,  durcit  eigene 
Erfahrung  erkannt.  Francfort  ,  i556,  iu-4°. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  lalin  sous  le  titre  suivant; 

StJDII  Navigatio  iiiBrasiliam.  Francfort,  Théo- 
dore de  Bry,  1692  ,  in-fol. 

Histoire  d'un  voyage  fait  en  la  terre  du  Brésil, 
autrement  Amérique ,  contenant  les  navigations  et 
choses  remarquables  vues  sur  mer  par  l'auteur ,  le 
compoitement  de  Villegagnon  en  ce  pays -là;  les 
mœurs  et  façons  de  vivre  étranges  des  Sauvages 
Américains  ,  avec  un  colloque  de  leur  langage  ; 
ensemble  la  description  de  plusieurs  animaux  , 
arbres  ,  herbes  et  autres  choses  singulières  et  du- 


ameriqut:.  voy\o.  daa^s  t/ameu.  MÉn,  o.ji 
tout  iucoûiiues  par-deçà ,  dont  ou  verra  les  souic 
maires  des  chapitres  au  commeucenieul  du  livre  , 
jlou  encore  mis  en  lumière  pour  les  causes  conte- 
imes  en  la  préface  :  le  tout  recueilli  sur  les  lieux 
par  Jean  de  Lerj ,  natif  de  la  Margelle  ,  terre  de 
Saiut-Senan  ,  duché  de  Bourgogne  ,  enrichi  de  six. 
figures  pour  Antoine  Chupin.   1678,  in-8". 

—  La  même  ,    deuxième  édition  ,  revue  ,    cor- 
rigée et  augmentée  ,  tant  de  choses  que  de  figures, 
pour  Antoine  Chupin.  i58o,  in-8°. 

Ces  <\gws.  éditions  ,  comme  on  voit ,  ne  portent  le  nom 
d'aucune  ville  :  les  amateui's  les  préfèrent  aux  éditions 
euivantes  : 

Histoire  d'un  voyage  fait  en  la  terre  du  Bré- 
sil,  etc....  Genève,  i58o;  ibid.  i585;  ihid.  i594> 
in-8°. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  latin  sous  le  litre  suivant  : 
Histoire  de  îa  navigation  de  Jean  de  Lery  au 
Brésil ,  qu'on  appelhi  Amérique ,  écrite  en  fran- 
çais ,  avec  figures  :  (eu  latin)  Jocnnds  Lerii  Historia 
iiav'igatioiiis  in  Brasiliam  quae  ^Imerica  dicitur,  gal- 
lice  scripta.  2*"  édition.  Genève,  iSg/},  in-4°« 

Lery,  mijjialre  ptoleslaul,  s'éloil  embarqué  avec  deux 
autres  minislies,  pour  aller  éiablir  une  colonie  de  réfor- 
més au  Brésil ,  sous  la  protection  de  l'amiral  de  Coligny, 
cjui  y  nvoil  lail  bâtir  un  lorl ,  et  auquel  il  a  dédié  sa  rela- 
tion. Ce  projel  n'ayant  pas  léussi ,  Lery  revint  en  France 
et  y  publia  son  X'^oyage,  où  il  relève  vi\euient  toutes  les 
erreurs  qui  se  trouvent  diiiis  la  France  antarctique ,  de 
Thevet.  L'esprit  d'uiloîéiaiice  dont  étoil;  animée  alors  la 
cour  de  i'rance,  (jui  tenoit  pour  suspects  tous  les  ouviages 
sortis  de  la  plume  d'un  prolestant,  vraisemblablement  ne 
permit  pas  à  Lery  d'indiquer  la  ville  où  il  avoil  fait  impri- 


iy^  BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

mer  deux  fois  sa  relation.  Ce  qui  donne  encore  quelque 
poids  à  cette  conjecture ,  c'est  que  les  éditions  subséquente» 
se  firent  à  Genève  ,  alors  la  métropole,  en  quelque  sorte, 
du  protestantisme. 

La  relation  de  Lery  décèle  un  observaleur  supérieur  à 
son  siècle,  soil  jjar  l'élude  qu'il  paroît  avoir  faite  du  carac- 
tère et  des  mœurs  des  Sauvages,  soit  par  ses  judicieuses 
remarques  sur  tous  les  objets  tenant  à  l'histoire  naturelle  , 
autant  que  les  lumières  acquises  alors  pouvoient  le  lui 
permettre.  Il  a  même  indiqué  les  cultures  qu'on  pourroit 
entreprendre  avec  succès  au  Brésil.  Sous  le  titre  de  Col- 
loque, sa  relation  renferme  une  espèce  de  vocabulaire 
flssea  étendu  de  la  langue  brésilienne. 

En  parlant  de  l'expédilion  de  Villegagnon ,  qui  avoit 
formé  le  j^remier  établissement  de  la  petite  colonie  du 
Brésil,  le  président  De  Thou  fait  l'éloge  des  lumières  el 
de  la  véracité  de  Lery. 

Copie  de  quelques  Lettres  sur  la  navigation  du 
chevalier  de  Villegagnon  es  terres  de  l'Amérique , 
oultre  rCŒquinoxial  jusque  soulz  le  tropique  de 
Capricorne  (le  Brésil j,  contenant  sommairement  les 
fortunes  encourues  en  ce  voyage  ,  avec  les  mœurs 
et  façons  de  vivre  des  Sauvages  du  pays  ;  envoyées 
par  un  des  gens  dudit  seigneur.  Paris ,  Martin  le 
jeune  ,  lôSy , in-12. 

Histoire  de  la  Mission  des  Pères  Capucins  en 
Tîle  de  Maragnan  (au  Brésil)  et  terres  circonvoi- 
sines  ,  où  est  traité  des  singularités  admirables  et 
des  mœurs  merveilleuses  des  Indiens  ,  habitans  de 
ce  pays ,  avec  les  missives  et  advis  qui  ont  été  en- 
voyez de  nouveau  par  le  R.  P.  Claude  d'' Abheville y 
prédicateur  capucin.  Paris,  François  Hubv^  iGi/j, 
in-8^ 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  2^5 
Ce  missionnaire  ne  s'est  pas  bm-né  ,  comme  beaucoup 
d'autres,  à  donner  la  relation  de  l'établissement  el  des 
progrès  de  la  mission.  La  plus  grande  partie  de  son  ou- 
vrage est  consacrée  à  décrire  la  température  de  l'île  de 
Maragnan  et  des  contrées  voisines,  les  animaux  qui  la 
peuplent,  les  poissons  que  nourrit  la  nier  environnante. 
Il  s'est  sur-tout  étendu  beaucoup  Sur  le  physique  des  habi- 
tans  de  l'île,  auxquels  il  donne  Iç  nom  de  Topuiamhas  ; 
sur  leur  croyance  ,  leurs  moeurs  ,  leurs  usages  ,  leurs 
facultés  même  intellectuelles.  Ses  descriptions  annoncent 
en  général  plus  de  jugement  et  plus  de  saine  critique  qu'on 
ne  devoit  en  allendre  d'nn  simple  religieux  qui  écrivoit 
au  commencement  du  dix- septième  siècle. 

Expédition  des  sujets  de  la  couronne  de  Por- 
tugal ,  pour  recouvrer  la  ville  du  Sauveur  (  Saint- 
Salvador)  dans  la  baie  de  Tous-les-Sainls ,  prise  par 
les  Hollandais  le  8  de  mai  162/} ,  et  reprise  le  pre- 
mier de  mai  i6a5;  publiée  par  le  P.  Barthélémy 
Guerreiro  ,  de  la  Compagnie  de  Jésus  :  (en  portu- 
gais) Jornada  dos  vassalos  de  coroa  de  Portugal ,  per 
a  se,  recuperar  a  cidade  de  S.  Salvador  a  hahja 
de  Todos  os  Santos ,  lômada  polios  Olandezes  ,  a 
oito  de  mayo  de  i62.4:  et  recuparada  no  prirneiro  de 
mayo  162a  ;  feita  polio  Padre  Bartolomeu  Guerreiro 
da  Companliia  de  Jesu.  Lisbonne ,  Mathieu  Pin- 
heiro  ,  1625  ,  p.  in'4**. 

Cette  relation  donne  quelques  notions  assez  curieuses 
sur  le  pays  et  sur  ses  habitans. 

Restauration  de  la  ville  de  Saint  -  Salvador 
dans  la  baie  de  Tous-les-Sainls  ,  par  Don  Thomas 
de  Varias  :  (  en  espagnol  )  Restauracion  de  la  ciu' 
dad  del  Salvator  en  la  baya  de  Todos  Santos  ,  por 
D.  Thomas  de  Vargas.  Madrid  ,  i6a6,  in-4°. 

VI.  S 


2^4         BiELlOTH^QUE    DES    VOYAGES. 

Voyage  dans  les  Indes  occideniales  ,  avec  la 
description  de^la  prise  de  Saint-Salvador  au  Brésil , 
pendant  les  années  i6i3  et  1626,  par  Jean-Gré- 
goire-^Wa7iZ>zzrg^  ;  (en  allemand)  JohèGreg.  Alden- 
hurg's  Westindianische  Reisè  und  Bcschreihung  der 
Eroberung  von  S.  Salvador  in  Brasilien ,  anno  i6l3 
his  1626.  Cobourg  ,  lôay,  in-4*^. 

Histoire  de  ce  qui  s'est  passé  dernièrement  au 
Brésil  et  ailleurs  ,  par  Gaspard  Barlaeus  ,  avec 
figures  :  (en  îalin)  Caspan  Baiiaei Renim  in  Bra- 
silia et  alibi  niiper  gestannn  Historia.  Amsterdam, 
Blaeu,  164?;  in-fol- 

— La  même  (en  allemand).  1659,  in-S". 

On  en  a  donné  une  seconde  édition  en  latin ,  sous  le 
titre  suivant  : 

Histoire  de  ce  qui  s'est  passé  au  Brésil  et 
ailleurs  ,  pendant  huit  années  ,  sous  le  gouverne- 
ment du  comte  Maurice  de  Nassau  ,  par  Gaspard 
Barlaeus  ;  seconde  édition ,  à  laquelle  on  a  ajouté 
le  Traité  de  l'air,  des  eaux  et  du  sol,  de  la  canne 
à  sucre  ,  du  miel  sauvage ,  des  bois  et  de  la  racine 
nourrissante  mandioche  ,  par  Pi\yo7/ _,  avec  cartes  et 
planches  :  (en  latin)  Caspari  Barlaei  renim  per  octo- 
niuni  in  Brasilia  et  alibi  gestaruni  sub  praefocturâ 
illiistrissimi  comitis  J.  Mauritii  Nassaviae ^  etc.... 
comitis^  Historia  ;  edilio  secwida  ,  cui  accesserunt 
Guillclnd  Pisonis  Tractatus  de  aè'ribus,  aquis  et  locis 
in  Brasilia^  de  ai  tmdine  sacchariferây  de  nielle  siWestri, 
de -radiée  altili  niandihoca.  Clèves,  1660,  in-S*^. 

HiSTOiRii  naturelle  du  Brésil,  contenant  la  des- 
cription, non -seulement  des  plantes  et  des  ani- 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  ayS 

maux ,  mais  aussi  du  caraclèi'e ,  des  mœurs  et  des 
maladies  des  indigènes  ,  par  Guillaume  Pison  ,  enri- 
chie de  plus  de  cinq  cents  figures  :  (en  latin)  His^ 
toria  natuvalis  Brasiliae ^  in  quâ  non  solum  plantae 
et  aninialia,  sed  indigenarum  morbi,  ingénia  et  mores 
descrihuntw.,  et  iconibus  supra  quingenta  illustrantur 
(autore  Guill.  Pisoné).  Leyde  ,  Fr.  Hackius ,  1646, 
in-fol. 

—  La  même  ,  réimprimée  dans  l'ouvrage  inti- 
tulé :  De  Indiae  utriusque  re  Naturali  et  Medicâ. 
Amsterdam,  i65i,  in-fol. 

Dans  cet  ouvrage,  très -recherché  par  les  amateurs, 
Pison  a  traité  l'histoire  naturelle  du  Brésil  avec  tant  de 
discernement ,  que  tous  les  naturalistes  y  ont  puisé  avec 
confiance  :  il  ne  montre  pas  moins  de  sagacité  dans  ses 
observations  sur  l'espèce  humaine  considérée  dans  sa 
rudesse  primitive. 

Histoire  du  Brésil,  par  Georges  Margrajjf  de 
Liebstad  :  (en  latin)  Historia  Brasiliae  (autore  Q. 
Margrajf  de  Liebstad).  Leyde,  1648,  in-fol. 

Se  trouve  à  la  suite  de  l'édition  de  Pison  ,  ci-desbus. 

Chronique  de  la  Compagnie  de  Jésus ,  sur  l'état 
du  Brésil,  par  le  P.  Simon  de  Vasconcellos  :  (en 
portugais)  Cronica  da  Compariia  de  Jesu  do  estado 
do  Brasil  ,  por  lo  Padre  Simao  de  Vasconcellos. 
Lisbonne,  1648  \  ibid.  1662  ;  ibid.  1668,  in-4*'. 

Notices  du  Brésil ,  par  le  même  :  (en  portugais)- 
Noticias  do  Brasil. 

Cet  ouvrage  est  cité  jiar  Dacunha  de  Azeredo  Cou- 
tinho,  dans  son  Essai  sur  le  commerce  du  Portugal, 
part,  ijchap.  i.  page  /^. 

Relation  d'un  voyage  que  fit  vers  l'état  du 


Brésil  une  escadre ,  dans  la  campagne  de  i655,  souâ 
les  ordres  du  général  de  BrittoFrejre  :  (en  portu- 
gais) Relaçao  da  viagc  que  fez  a  estado  do  Brasilo 
a  armeda,  da  Campanliia  no  anno  i6âS,  a  cargo  do 
gênerai  de  Britto-Frejre.  Lisbonne,  lôSy,  in-i2. 
Les  objets  de  celle  relation  ont  été  beaucoup  plus  dé- 
taillés dans  l'ouvrage  suivant  : 

Nouveau  Portugal,  ou  Histoire  de  la  guerre 
du  Brésil,  depuis  1624  jusqu'en  i638,  par  Fran- 
çois de  Britto-Frejre  :  (eu  portugais)  iYow-a  Lusita^ 
nia  ou  Historia  da  guerra  Brasilica^  desde  i624:  halo 
i638  ■)  por  Fr.  Britto-Frejre.  Lisboune  ,  Gabian  , 
1675  ,  in-fql. 

Cette  relation  n'est  j^as  pnreraent  historique,  comme  le 
titre  semble  l'annoncer  :  il  s'y  trouve  quelques  descrip- 
tions du  pays,  et  des  observations  sur  les  indigènes  du 
!Brésil. 

Voyage  au  Brésil  etaux.Indes  occidentales,  par 
Ambroise  RichslioJJer  :  (en  allemand)  Brasilianische 
iind  Jndische  Reise-Bcschreihung  ^  von  yimh.  Richs- 
hojfer.  Strasbourg,  1677,  in-8". 

Voyage  par  mer  et  par  terre  au  Brésil ,  par  Jean 
Nieuhof,  avec  planches  :  (en  hollandais)  Gedenkwer- 
dige  BrasilienscJie  zee-end  land-Reise,  door  Joli. 
iV7e«/2o/.  Amsterdam  ,  1682,  in-fol. 

Descuiptioiv  de  tout  le  Brésil ,  où  l'on  traite  de 
la  nature  du  pavs,(Iu  caractère  de  seshabitans,  de 
leur  régune  politique  ,  de  la  succession  de  leurs 
rois ,  de  leurs  usages  particuliers  ,  de  la  canne  à 
sucre ,  du  miel  des  forets  ,  des  sites  et  des  eaux  , 
des  loix  ,  mamis  et  arts  des  difFérens  peuples  ,  avec 
figures  :  (  en  latin  )  Descriptio  totius  Brasiliae ,  in 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MKR.  277 

quâ  agitur  de  naturâ  et  indole  regioins  et  incolarum  y 
de  regimine  politico ,  rcguni  successioiie  ,  de  rehns  pri~ 
vatisyde  anindine  saccariferâ  ;  de  vielle  syli'estri,  de 
aquis  et  locis  ,de  iiioribus ,  legibus  et  artibus  diveTsa- 
rum  regionwn.   Clèves  ,  i698,in-fol. 

C'est  dans  cet  ouvi'age,qui  paroîl  ctre  une  nouvelle  édi- 
tion de  Bailœus,  cité  page  274  ,  qu'on  peut  le  mieux  s'ins- 
truire peut-être  de  l'ancien  élat  du  Brédl ,  et  sui-lout  du 
caractère,  des  usages,  des  moeia's  des  naturels  de  cette 
contrée-. 

On  recueillera  encore  sur  ces  mêmes  objets,  beaucoup 
de  lumières  dans  les  i-elations -suivantes ,  recueillies  par 
Hakluitjdans  sa  Collection,  2*^ volume,  partie  première.    / 

Voyage  de  Guillainue  Halkins  au  Brésil,  en  i53o  et 
i532.  —  Voyage  de  Robert  Keniger  et  Thomas  Forêt  au 
Brésil,  en  i54o.  —  Voyage  de  Pudaey  dans  la  ba:e  du 
Brésil ,  en  1 54  2.  —  Voyage  de  Hare  au  Brésil ,  en  1 5bo.  — 
Voyage  de  Jean  jLancaster  au-dessous  et  dans  les  envi- 
rons de  Fernanbuc  au  Brésil,  en  i5g4.  — Enfin  le  Bou- 
lier expositif  des  côtes  du  Brésil ,  de  l'ile  Sainte-Catherine 
et  de  la  rivière  de  "la  Plala. 

Histoire  des  guerres  dans  le  royaume  de  Brésil , 
soutenues  par  la  couronne  de  Portugal  et  la  répu- 
Llique  de  Hollande  ,  avec  des  cartes  et  des  plans  , 
parle  P.  Jean- Joseph  de  Sainte- Thérèse  :  (eu  ila- 
lien  )  Istoria  délie  guerre  del  regno  del  Brasile  acca- 
dute  tra  la  corona  di  Portogallo  e  la  republica  di 
Olanda  ,  con  le  carte  e  piani ,  del  Padre  Giov.  GiU" 
'  seppo  di  S.  Teresa.   Ibid.    1700,  in-fol. 

L'observation  que  j'ai  faite  sur  la  relalion  de  Biitto- 
l'reyre,  peut  également  s'applicjuer  à  celle-ci. 

Relation  de  la  uiissiondu  P.  Martin  (de  Nantes) 
dans  le  Brésil  ,  parmi  les  Indiens  npj^clés  Cafivis.. 
Ouimper,  i7oG,in-]2. 


ayS        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Celle  relation  fait  connoître  une  des  peuplades  du  Brésil 
la  plus  considérable  et  la  moins  visilée  par  les  précédens 
voyageurs.  Il  ne  faut  pas  croire,  en  effet,  que  ceux  qui 
ont  parcouru  la  colonie  portugaise ,  connoissent  tout  le  pays 
compris  sous  la  dénomination  de  Brésil  j  ce  sera  l'ouvrage 
du  temps  de  parvenir  à  le  bien  connoître.  L'intérieur  est 
habité  par  un  grand  nombre  de  tribus  sauvages  qui  se  font 
nne  guerre  continuelle,  et  que,  malgré  leurs  divisions 
intestines ,  les  Portugais  n'ont  pas  même  songé  à  dompter. 

Histoire  de  l'Amérique  portugaise  (le  Bre'sil), 
depuis  l'an  i5oo,  de  sa  découverte,  jusqu'en  l'an 
iy24,  par  Rocha-Pitta  :  (en  povlus,ais)  Historia  da 
America  portugueza  ,  do  anno  i.Soo  te  o  de  1^24  3 
por  Rocha-Pitta.  Lisbonne  ,  lySo  ,  in-fol. 

Cet  ouvrage  d'un  Brésilien  fort  intelligent  et  fort  ins- 
truit, membre  de  l'académie  royale  d'histoire  de  Lis- 
bonne, contient  beaucoup  de  détails  sur  la  fondation  de 
la  colonie,  sur  ses  gouvernemens  successifs  et  sur  ses  éta- 
blissëmens  ecclésiastiques;  mais  il  est  très- défectueux  à 
l'égard  de  son  histoire  naturelle,  de  ses  productions ,  de 
son  commerce,  en  un  mot,  de  toute  information  utile. 
Il  est  écrit  d'ailleurs  dans  un  style  très-ampoulé.  Tel  est  le 
jugement  qu'en  porte  Lindley,  dans  la  préface  de' son 
Voyage  au  Brésil ,  dont  je  donnerai  plus  bas  la  notice.  Ce 
même  voyageur  nous  apprend  que  l'ouvrage  de  Rocca- 
Pitla  fut  composé  d'après  les  chroniques  des  jésuites  , 
d'après  d'autres  autorités  encore,  et  même  d'après  ses  pro- 
pres connoissances  locales.  Il  ajoute  que  quelques  années 
après  l'impression  de  l'ouvrage,  le  gouvei'nement  portu- 
gais en  défendit  publiquement  la  lecture  sous  les  peines 
les  plus  sévères,  et  qu'on  ne  le  trouve  aujourd'hui  que 
dans  les  cabinets  des  curieux,  soigneusement  caché. 

Cet  ouvrage  fixe  l'époque  oj\  la  colonie  a  été  divisée  en 
quinze  capitaineries.  L'auteur  y  a  tracé  les  accroissemens 
successifs  de  sa  capitale,  Saint-Salvador  ^  l'une  des  villes 


AMÉRIQUE.  \OA'AG.  DANS  L'AMER.  MER.  2'jg 
la  jdIus  belle  el  la  plus  riche  des  deux  Amériques.  Cette 
belle  colonie,  dit  l'auteur,  présente  trois  particularités 
bien.-  remarquables;  c'est  d'a])ord  qu'elle  possède  exclusi- 
vement un  bois  précieux  pour  les  teintures  (le  bois  de 
Brésil),  et  une  racine  des  plus  usitées  en  médecine  (l'ipé- 
cacuanha)  ;  c'est  ensuite  que  toutes  les  espèces  de  culture 
qu'on  y  a  essayées,  y  ont  réussi.  C'est  enfin  que  ,  plus  riche 
encore  que  l'Amérique  espagnole,  à  l'avantage  d'exploi- 
ter ,  comme  elle,  d'abondantes  mines  d'or ,  elle  joint  celui 
de  posséder,  comme  ITnde,  des  mines  de  diamans  d'une 
qualité  inférieure  ,  à  la  vérité,  mais  plus  abondans. 

L'auteur  observe  judicieusement  qu'on  ne  peut  qu'ap- 
plaudir à  la  mesure  politique  qu'a  prise  ,  avec  les  précau- 
tions convenables,  la  cour  de  Lisbonne  ,  d'admettre  aux 
emplois  de  toute  nature  les  individus  nés  dans  le  Brésil 
même,  qui  se  rendent  capables  de  les  remplir  :  celte  me- 
sure doit  les  attach.r  singulièrement  à  la. métropole  (i). 

Description  de  l'Amérique  portugaise ,  en  espa- 
gnol et  eu  allemand ,  par  Ciidena ,  avec  des  notes 
par  Chr.  Leiste  :  (en  allemand)  Beschreibung  des 
PoT'tugiesischeii  ylmerika ,  spaniscji  iind  icutscli  ,  mit 
Ammerkungen  von  Chr.  LeisLe.  Brunswick  ,  1 780  , 
iu-8^ 

Relation  d'un  voyage  au  Brésil  ,  par  Thomas 
Lindley  :  (en  anglais)  Narrative  of  voyage  lo  Brésil , 
by  Thomas  Lindlej.  Londres  ,  Johnson  ,  iSo/j.  , 
in-8°. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  litre  suivant  : 

Voyage  au  Brésil ,  où  l'on  trouve  la  description 

(1)  On  verra  dans  l'exlrait  que  je  donnerai  de  la  partie  de  la 
l'filalion  de  sirSlauulon  qui  concerne  le  Brésil ,  qu'il  regarde  comme 
très  -  dangereuse  une  auUe  mesure  du  gouvernement  portugais, 
celle  de  rendre  inamovibles  les  emplois  conférés  aux  Portug  .i*. 
«*ans  le  grésil. 


28o         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

du  pays  ,  de  ses  productions  ,  de  ses  liabilaus ,  et  de 
la  ville  et  des  proviDces  de  San-Salvador  et  Porto- 
Se^uro  ,  avec  une  table  correcte  des  latitudes  et  lon- 
gitudes des  ports  de  la  cote  du  Brésil ,  ainsi  qu'un 

tableau  des  changes,  etc par  Thonias  Lîndley , 

traduit- par  François  Soulès.  Paris ,  Léopold  Collin  , 
1806,  m-8\ 

C'est  l'arrestation  de  Lindley  el  du  vaisseau  qu'il  montoit 
dans  le  port  de  Porlo-Seguro ,  qui  nous  a  procuré  cette 
inléressante  relalion.  Celle  arrestation  avoit  eu  lieu  d'après 
la  dénonciation  d'un  habitant  de  ce  lieu  qui,  pour  se 
venger  du  gouverneur  civil,  avoit  accusé  ce  gouverneur 
d'avoir  fait  avec  Lindley  le  commerce  du  bois  de  Brésil, 
el  de  s'être  rendu  coupable  d'ailieurs  de  plusieurs  exactions 
el  d'actes  de  tyrannie.  Les  fils  du  gouverneur  éloientaccu— 
ses  aussi  d'avoir  enlevé  une  quantité  considérable  de  pierres 
précieuses  d'une  mine  de  diamans  située  sur  les  rives  de 
P.io-Grande. 

Les  communications  que,  malgré  sa  captivité,  ses  «on— 
noissances  en  médecine  el  l'usage  qu'on  lui  en  fit  faii'O 
permirent  à  Lindley  d'entretenir  avec  les  habilans,  lui 
ont  donné  la  facilité  de  se  procurer  des  renseignemens  sur 
la  province  de  Porto-Seguro  et  sur  la  ville  de  Bahia  ou 
Saint— Salvador. 

ijM  ville  de  Porto-Seguro  reçoit  ce  nom  de  son  port,  et 
le  donne  à  toute  la  province.  Le  port  est  formé  par  un 
rescif,  ou  pluiôl  par  une  chaîne  de  rochers  parlant  d'une 
poinic  de  lei  re  qui  s'avance  à  environ  vni  demi-mille  dans 
la  mer.  A  l'entrée,  il  y  a  toujours  vingt  pieds  d'eau  dans 
les  hautes  marées;  mais  dans  l'intérieur,  l'eau  diminue 
jusqu'à  douze  pieds,  excepté  à  une  certaine  distance  où  se 
jette  une  rivière,  el  où  il  y  a  un  peu  plus  de  profondeur. 
Le  fond  est  un  beau  sable  qui  s'élève  graduellement ,  et  se 
termine  en  ime  vasie  p'age.  Toutes  ces  circonstances, 
iendeul  le  port  Irès-sùr  pour  les  vevisseaux,  et  c'est  ce  qui 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  MlÉR.  28î 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  Porto-Seguro.  En  y  entrant, 
l'aspect  du  pays  est  enchanteur.  Sur  le  bord  de  la  nier  est 
une  rangée  de  chaumières  de  pêcheurs,  dont  le  front  est 
ombragé  par  les  branches  mouvantes  des  cocotiers ,  et  elles 
ont  chacune  une  orangerie  conliguë.  Denière  ces  cabanes, 
sont  des  arbustes  entrecoupés  d'innombrables  sentiers, 
formant  des  vergers  d'une  verdure  éternelle,  où  l'on  voit 
une  multitude  d'oiseaux  revêtus  du  plus  riche  plumage  ,  et 
qui  animent  les  boisfpar  leurs  chants.  Au  nord,  le  terrein 
s'élève  en  une  montagne  escarpée,  où  l'on  monte  par  un 
sentier  tournoyant;  et  sur  son  sommet  est  la  ville.  Les  rues 
en  sont  larges ,  droites,  mais  irrégulières.  Les  maisons,  à 
fjuelc|ues— unes  près,  n'ont  qu'un  seul  étage  :  elles  sout 
conslriiiles  en  briques,  et  d'un  aspect  sale  et  misérable. 
L'hôlel-de-ville ,  la  prison,  la  maison  du  gouverneur, 
l'église,  sont  les  seuls  édifices  un  peu  remarquables  :  les 
matériaux  en  sont  les  mêmes  q'.ie  ceux  des  maisons. 

Sur  les  bords  de  la  rivière,  e^t  un  village  ausM  considé- 
rable que  la  ville  même,  et  qui  conlient  trois  mille  ha'bi- 
tans,  tant  Portugais  qu'Indiens  et  esclaves.  Leurs  seules 
occupations  sont  la  pêche  autour  des  rochers,  et  le  radoub 
des  vaisseaux  qui  apjDartiennent  à  un  petit  nombre  d'indi— 
\idus  répétés  comparativement  riches  ou  aisés.  Tout  le 
j)ois5on  se  sèche  ou  se  sale.  La  nourriture  des  habitans 
consiste  dans  du  poisson  d'eau  douce,  de  la  farine  de 
manioc ,  des  fruits  du  pays.  Les  légumes  d'Europe  sont 
exotiques  dans  ce  pays,  et  par  conséquent  fort  rares  :  la 
pomme-de-terre  même  y  est  inconnue.  La  côte  de  la  mer 
oifriroit  une  grande  abondance  de  poissons  frais,  mais 
les  habitans  sout  trop  indolens  pour  s'en  occuper.  On  ne 
lue  dans  la  ville  qu'un  Tioeuf  par  semaine  :  les  meilleures 
parlies  en  sont  réservées  au  gouverneur  et  aux  officiers  do 
la  ville;  le  reste  se  vend  à  un  prix  assez  vil  au  peuple.  Malgré 
ia  facilité  d'éleverdans  ce  pays  des  moulons  et  des  cochouK, 
on  y  en  voit  peu. 

Les  principaux  habilans  ont  chacun  une  fermesiluéesur 
le  bord  de  la  rivière,  ovi  ilscntrclienneul  des  planlalions  de 


282         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

cannts-à-sucre  et  de  manioc.  La  volaille  et  les  animaux 
domestiques  y  sonl  assez  multipliés;  cependant  on  n'y  vit 
guère  mieux  qu'à  la  ville ,  parce  que  l'art  de  la  cuisine  y  est 
absolument  ignoré.  On  n'y  fait  pas  même  usage  du  laif, 
soit  pour  les  gens  en  santé,  soit  pour  les  malades  et  le» 
convalescens. 

Les  femmes  libres  n'ont  aucune  occupation  sérieuse; 
quelques-une^  seulement  font  de  la  grosse  dentelle  pour 
leur  usage,  mais  pas  une  ne  connoit  l'usage  de  l'aiguille. 
Le  soin  de  faire  les  chemises  ,  qui  font  le  principal  arlicle 
de  l'habillement ,  est  abandonné  à  des  esclaves  mulâtresses. 
Peu  de  femmes  savent  lire. 

La  même  apathie  ,  la  même  ignorance  caractérisent  les 
hommes.  L'écriture  est  un  art  ignoré  de  la  plupart  d'entre 
eux  :  ils  passent  les  journées  entières  à  se  faire  des  visites  et 
à  jouer  aux  cartes.  Les  plantations  et  les  autres  travaux 
utiles  sont  confiés  à  des  inspecteurs  européens,  à  quelques 
mulâtres  favoris,  à  des  esclaves  de  confiance.  Ce  défaut 
d'activité  ne  peut  pas  être  imputé  à  la  chaleur  du  climat 
seulement  ;  car  dans  l'été  même,  il  y  a  des  semaines  oii  la 
température  est  celle  du  mois  de  septembre  en  EiU'ope  ;  et 
c'est  en  général  celle  de  toute  la  durée  de  l'hiver  du  pays. 
Dans  la  saison  chaude  même,  on  a  des  intervalles  de  vent 
frais,  particulièrement  le  soir  et  le  matin.  La  terre  est 
presque  toujours  rafraîchie  par  de  fortes  rosées. 

Les  animaux  féroces  et  sauvages  de  cette  province, 
comme  dans  tout  le  Brésil,  sont  inférieurs  en  grosseur,  en 
force ,  en  activité ,  à  ceux  de  la  même  espèce  qui  sont 
répandus  dans  lescontinens  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Entre 
les  animaux  sauvages,  il  en  est  un  qui  paroît  particulier  au 
pays;  c'est  le  sorata  :  il  est  à-peu-près  de  la  taille  d'un 
renard;  mais  il  est  plus  sauvage  et  plus  courageux. 

Dans  l'intérieur  dès  terres,,  sont  disséminés  des  trou- 
peaux de  bestiaux  et  de  ciievaux  sauvages  :  on  ne  cherche 
point  à  les  apprivoiser,  parce  qu'ils  viennent  rarement 
sur  la  côte.  Les  chevaux  dont  on  fait  usage,  sonl  de  la  race 
de  ceux  de  Buenos- Jyres,  d'une  petite  taille,  d'une  fo«ne 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMER.  MER.  285 
peu  agréable,  un  joevi  ""lourds,  mais  parfaitement  accli- 
matés. Les  mules ,  au  contraire  ,  sont  dans  ce  pays  les  plus 
grandes  et  peut-être  les  plus  belles  du  monde.  Les  moulons 
sont  de  la  petite  espèce  et  en  apparence  originaires  d'Eu- 
rope, à  l'exception  d'une  espèce  plus  grande  qui  a  plusieurs 
cornes,  et  d'une  autre  encore  revêtue  de  poils  comme  les 
moutons  d'Afrique. 

Les  arbres  des  environs  de  Porto-Seguro,  comme  ceux 
des  provinces  voisines,  produisent  une  grande  quantité  de 
gommes  résineuses,  mucilagineuses  et  balsamiques.  Le« 
'  productions  botaniques  sont  immenses;  mais  les  habitans 
neconnoissent  guère  que  celles  qui  peuvent  leur  donner 
quelques  profits. 

La  province  de  Porto-Seguro  a  une  étendue  de  soixante 
et  dix  lieues  de  côtes,  et  vers  l'orient  elle  n'a  pas  de  bornes. 
Les  élablissemens  les  plus  éloignés  ,  dans  cette  dernière 
direction  ,  ne  sont  pas  à  plus  de  dix  lieues  de  la'  mer  ,  quoi- 
qu'on sache  que  l'intérieur  contient  des  mines  d'or  et 
abonde  en  autres  minéraux  précieux. 

Outre  la  capitale,  on  trouve,  dans  cette  province  deux 
villes  ,  dont  la  première  ,  Villa-Prado ,  est  habit«e  par  de.s 
pêcheurs,  et  fait  tous  les  jours  des  progrès.  La  ville  à! Alc.o— 
bass  est  plus  florissante  encore.  Les  Jiabitans  de  son  voisi- 
nage s'occupent  à  cultiver  le  manioc,  à  en  préparer  la 
farine  qu'ils  portent  au  port  de  Caravallos,  Quant  à  la 
ville  ,  elle  est  vivante  et  populeuse  :  ses  maisons  et  ses  bâti- 
mens  civils  sont  en  quelqite  sorte  supérieurs  à  ceux  de 
Porto-Seguro;  mais  l'église  est  d'un  aspect  mesquin  et 
misérable. 

Les  habitans  de  la  province  s'enorgueillissent  de  ce 
qu'elle  est  la  première  qui  ait  été  découverte  par  Pedro- 
Alvarez  Cabrai.  Dans  toute  l'étendue  de  ce  pays,  les  fièvres 
dominent,  et  y  sont  plus  dangereuses  qu'en  Anglelerre; 
peu  d'Européens  en  évileut  les  attaques  :  plus  on  avance 
dans  le  pays,  plus  la  maladie  a  de  force. 

Les  vaisseaux  européens  qui  font  la  route  de  l'Inde,  et 
•qui  louchent  au  Brésil,  étant  dans  l'usage  de  ne  relâcher 


2o4  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
qu'a  Rio^Janeiro,  celle  ville  est  beaucoup  plus  connue  par 
Jes  relations  des  voyageurs  que  San-Salvador  ou  Bahiaqui, 
sans  être  aussi  belle  que  Rio-Janeiro,  a  la  prérogative  d'être 
la  capitale  de  tout  le  Brésil  :  la  description  qu'en  fait  Lindley 
est  donc  tiès-précieuse  :  sa  relation  l'est  encore  par  les 
rensejgnemens  qu'il  nous  donne  sur  la  province  où  elle  est 
située. 

Pahia,  qu'on  nomme  en  Europe  San-Salvador,  mais 
qui  n'est  connue  que  sous  le  premier  de  ces  deux  noms  par 
les  naturels  et  les  Portugais,  a  été  bâtie  à  droite,  sur  la  côte 
de  la  baie  de  Tous-les-Saints,  d'où  elle  a  pris  son  nom. 
Dans  cette  superbe  baie,  qui  a  trois  lieues  de  largeur  à 
son  embouchure,  douze  de  diamètre  et  trente-six  de  cir- 
conférence ,  est  un  bon  mouillage,  où  les  vaisseaux  sont  à 
l'abn  de  tous  les  vents ,  et  dont  l'étendue  suffiroit  à  la  réu- 
nion de  toutes  les  flottes  du  monde. 

Cest  sur  le  sommet  d'un  terrein  qui,  à  une  petite  dis- 
tance du  rivage,  s'élève  rapidement  en  une  falaise  escarpée, 
qu'est  placée  la  ville,  à  l'exception  seulement  d'une  rue  qui 
est  parallèle  à  la  plage.  L'inégalité  du  terrein,  le  grand 
nombre  de  jardins  répandus  entre  les  maisons,  font  occu- 
per à  cette  ville  un  grand  espace.  Quoique  la  bâtisse  de  ces 
maisons  ne  remonte  qu'au  dix-septième  siècle,  elles  tombent 
en  rmnes  par  suite  de  la  légèreté  des  matériaux  qu'on  a 
employés  à  leur  construction,  qui paroît  avoir  été  élégante. 
La  cathédrale,  fort  vasle ,  éprouve  le  même  sort.  Le  collège 
et  le  palais  épiscopal  se  soutiennent,  parce  qu'ils  sont  bien 
entretenus.  La  grande  église  des  ex-Jéi,uiles  est,  sans 
exception,  le  plus  solide  et  le  plus  bel  édifice  de  la  ville. 
Elle  a  été  entièrement  construite  en  marbre,  importé  à 
grands  frais  de  l'Europe.  Les  richesses  de  l'intérieur 
répondent  à  la  magnificence  des  dehors.  Le  collège  et  le 
couveijf  qui  y  étoient  contigus  ont  été  depuis  peu  convertis 
en  un  hôpital  très-commode.  La  superbe  bibliothèque 
qu'ils  renfermoient,  est,  pour  ainsi  dire,  perdue,  dit 
Lmdley,  pour  le  genre  humain  :  on  ne  souffre  jjas  que  les 
étrangers  en  approchent.  Les  hvres  et  les  manuscrits  y 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  MÉr.    285 
dépérissent.  Le  (îépénsseraent  des  maniiscrils  sur-tout  est 
d'aufani  plus  fâcheux ,  qu'ils  ren  ferment  des  renseignemens 
précieux  sur  les  découvertes  faites  par  les  jésuites  mission- 
naires dans  l'intérieur  du  Brésil  et  dans  divers  points  de 
l'Amérique  méridionale  qui  y  sont  contigus  ;  pendant  plus 
d'un  siècle,  après  la  découverte,  ces  infatigables  religieux 
n'avoienl  rien  négligé  pour  se  procurer  des  notions  sur  les 
productions  animales,  végétales  et  minérales  de  ces  im- 
menses contrées.  Les  découvertes  qu'ils  faisoient  éfoient 
tous  les  ans  envoyées  au  collégo  des  Jésuites  à  Bahia  :  elles  y 
étoient  imprimées  dans  les  chroniques  de  l'ordre,  et  fai- 
soient la  base  de  toutes  les  publications  subséquentes  sur 
ces  parties  de  l'Amérique  méridionale.  Ils  avoient  d'ailleurs 
les  communications  lesjjlus  étendues  avec  toutes  les  autres 
parties   du  midi  de  l'Amérique,   et  sur— tout  avec  leurs 
confrères  du  Pérou  et  du  Paraguay.  Les  nombreux  docu— 
mens  que  possédoient   les   diftérens  supérieurs  auroient 
formé  un  ouvrage   scientifique  complet;   mais  ce  projet 
fut  détruit  à  sa  naissance  par  la  fatale  jalousie  du  gouver- 
nement, qui ,  vers  la  fin  du  dix— septième  siècle,  défendit 
la  continuation  de  l'ouvrage  et  ne  voulut  plus  permettra 
qn'on  publiât  rien  à  ce  sujet.  Malgré  ces  «ntraves,  il  y 
avoit    eu    des  communications    secrètes   et    des  relations 
écrites  par  le  collège.  Cette  précieuse  partie  des  manuscrits 
de  la  bibliothèque  de  Bahia  partage  le  sort  des  autres  ma- 
nuscrits et  livres  de  celte  bibliothèque,  et  périra  avec  elle. 
Outre  l'ancienne  maison  religieuse  des  Jésuites,  dont  U 
destination,  comme  on  vient  de  le  voir,   a  été  changée, 
l'église  et  le  monastère  des  Franciscains  offrent  une  sin- 
gularité assez  piquante  :  ce  sont  des  compartimens  histo- 
riques tracés  sur  les  murs  de  la  cour  intérieure ,  et  où  se 
trouvent  bizarrement  entremêlés  des  passages  de  la  Mytho- 
logie païenne  et  de  l'Ecriture-Sainle. 

L'édifice  des  frères  Franciscains ,  ou  de  ceux  qui ,  ayant 
vécu  dans  le  monde,  veulent  passer  le  reste  de  leurs  jours 
dans  une  retraite  religieuse,  nest  pas  moins  remarquable 
Éous  d'autres  rapports.  Cet  édifice,  qui  a  une  belle  façade  en 


286  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
stuc^  consiste  en  deux  rangées  de  petites  voûtes  à  trois 
étages  destinées  à  recevoir  les  morts.  Leurs  arches  sont 
décorées  de  peintures;  un  grand  corridor  les  partage.  Le 
lout  est  tenu  extrêmemeat  propre  et  aéré  j)ar  des  fenêtres, 
ayant  vue  sur  le  jardin,  où  d'épais  bananiers  répandent  une 
ombre  soleranelle  sur  cette  triste  et  tout  à  la  fois  agréable 
résidence  des  morts. 

Les  rues  de  Bahia  sont  étroites,  mal  pavées,  et  tellement 
sales,  que  la  position  de  la  ville  peut  seule  préserver  les 
habitans  de  l'influence  des  miasmes  raorbifères  qu'une 
chaleur  excessive  en  fait  exhaler.  Les  principales  places  de 
la  ville  jont  celles  du  Palais-Royal  et  des  Jésuites.  Dans  la 
première  de  ces  places  (l'autre  n'a  rien  de  remarquable  ) , 
sont  le  palais  du  gouverneur,  vieux  bâtiment  de  j'eu 
d'importance/  la  cour  de  justice,  la  salle  du  sénat,  et  les 
prisons,  fort  mal-saines  et  toujours  encombrées  de  pri- 
sonniers. Les  uns  y  sont  détenus  pour  des  crimes  qui  font 
lionte  à  l'humanité;  d'autres  sont  des  esclaves  fugitifs; 
d'autres  enfin  sont  des  victimes  du  gouvernement,  trop 
souvent  incarcérées  sur  le  plus  léger  prétexte.  Dans  un 
petit  hôpital  contigu  à  la  prison ,  la  chaleur  du  climat ,  le 
défaut  de  circulation  de  l'air,  et  sur-tout  la  malpropreté, 
y  font  péi'ir  plus  de  cent  cinquante  personnes  paran.  Celte 
malpropreté  se  fait  remarquer  dans  toutes  les  habitations 
de  Eahia  :  on  n'en  distingue  qu'un  très-petit  nombre, 
mais  plus  particulièrement  dans  le  voisinage  de  la  ville , 
qui,  appartenant  à  des  personnages  de  la  classe  supé- 
rieure, .sont  propres,  élégantes  et  meublées  avec  une  sorte 
de  recherche.  Les  maisons  des  autres  individus  opulens 
sont',  à  la  vérité,  spacieuses  et  commodes,  mais  tristement 
meublées.  L'aspect  en  est  sombre  et  sale,  et  l'intérieur 
correspond  parfaitement  à  l'apparence  extérieure.  Les 
habitations  des  marchands  sont  dégoûtantes.  Les  logemens 
des  soldats,  des  mulâtres  et  des  nègres  libres  ne  sont,  à 
proprement  parler,  que  des  cabanes  couvertes  de  tuiles. 
De  cette  variété  discordante,  résulte  un  coup-d'œil  désa- 
gréable. 


AMERIQUE.    VOYAG.   DANS  L'AMÉR.  MER.     287 

C'est  sur  la  plage  que  sont  établis  non-seulement  les 

quais,  les  chantiers,   les  bureaux   et  les  magasins  de  la 

marine ,  mais  encore  la  maison  de  l'intendant  oucomman- 

dant  du  port. 

La  ville  est  protégée  par  un  assez  grand  nombre  de  forts 
et  de  batteries,  entre  lesquels  on  doit  remarquer  le  fort  de 
Mar,  dont  la  défense  de  la  place  dépend  presque  entière- 
ment, et  qu'à  ce  titre  Lindiey  a  décrit  avec  un  certain, 
détail.  On  assura  à  ce  voyageur  que  dans  tous  les  forts  et 
dans  toutes  les  batteries  il  n'y  avoit  que  quatre-vingt-qua- 
torze canons  en  état  de  servir.  De  son  temps,  la  garnison 
consistoit  en  cinq  milita  hommes,  dont  partie  étoient  des 
troupes  de  ligne,  partie  des  milices,  des  mulâtres  et  des 
nègres  Hbres.  La  solde  du  soldat  est  très-chétive,  la  mère- 
patrie  fournissant  au  Brésil  des  fusils  anglais  à  l'épreuve. 

On  ne  peut  construire  dans  le  chantier  du  roi  qu'un 
vaisseau  de  ligne  à  la  fois.  Pendant  le  séjour  du  voyageur  à 
Bahia,  on  en  lança  un  de  soixante  et  quatre.  Il  étoitljeau, 
bien  construit  et  fort;  mais  on  avoit  employé  quatre  ans  à 
sa  construction  :  au  contraire,  tout  près  de  la  ville,  à 
Tapagippe ,  il  y  a  des  chantiers  particuliers  où  l'on  cons- 
truit, avec  une  grande  célérité,  de  beaux  navires  mar- 
chands de  toutes  dimensions  (i). 

On  estime  à  plus  de  cent  mille  les  liabilans  de  la  ville  et 
des  faubourgs  de  Bahia  :  dans  ce  nombre,  on  compte 
trente  mille  blancs,  trente  mille  mulâtres  :  le  reste  de  la 
population  est  formé  de  nègres. 

Le  gouvernement  de  Bahia  est  absolu  :  il  est  confié 
au  gouverneur  général  (2).  La  marine  l'est  à  un  intendant 
nommé,  comme  lui,  par  la  cour  de  Lisbonne. 

(1)  Le  bois  du  pays  est  particulièrement  propre  à  la  conslruc- 
lioii  des  vaisseaux  laiit  ])ar  sa  durelâquepar  sa  durée,  et,  comme 
le  ieJik ,  il  e.st  impénétrable  aux  vers;  mais  il  a  un  défaut  que  n'a  pas 
le  lelik  ,  celui  de  manger  imperceptiblement  le  fer. 

(2)  Ce  gouverneur  général  n'est  plus  le  vice-roi  du  Brésil ,  qui 
réside  aujourd'hui  à  Rio-Janeiro ,  où  le  siège  du  gouvernemenl 
a  été  transporté. 


a88  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Le  sénat,  sous  un  litre  si  imposant,  n'est  composé  que 
de  quatre  membres  et  d'un  président.  Son  unique  attri- 
bution est  de  veiller  aux  affaires  de  la  ville,  d'inspecter 
les  poids  et  mesures,  de  donner  des  plans  d'amélioration. 

JLa  grande-cour  de  justice  porte,  comme  en  Portugal, 
le  nom  de  Relaçao.  Elle  est  composée  du  gouverneur 
général,  comme  président  perpétuel  (i),  d'un  chancelier 
qui  n'est  que  son  dépulé,  du  ministre  criminel ,  et  de  neuf 
juges  subalternes  sous  différentes  dénommalions  (2).  On  ne 
peut  appeler  de  cette  cour  qu'à  Lisbonne.  Il  y  a  aussi ,  pour 
les  petites  causes  ,  une  cour  inférieure  présidée  par  un  juge 
criminel  ;  mais  on  ne  peut  en  appeler  qu'au  gouverneur 
général  qui  confirme  ou  annulle,  ou  qui  fait  décider  l'af- 
faire par  le  Relaçao.  Ces  cours  ne  s'assemblent  pas  à  des 
époques  fixes  ,  mais  selon  l'urgence  des  cas  ,  ou  sur  l'ordre 
du  gouverneur  général.  La  seule  exception  à  cet  usage, 
c'est  que  les  membres  du  Relaçao  siègent  trois  fois  par 
semaine  pour  expédier  les  affaires  sommaires. 

La  prison  esl  la  seule  peine  de  la  plupart  des  crimes;  mais 
le  meurtre  et  la  haute  liahison  emportent  la  peine  de  mort, 
à  moins  que  les  coupables  ne  soient  ridhes  :  car  alors  ils 
échappent  trop  souvent  au  glaive  de  la  loi  par  les  subter- 
fuges de  la  chicane  ,  par  l'appel,  ou  en  obtenant  leur  grâce. 
Rarement  voit-on  plus  de  dix  exécutions  par  an  ;  mais  un 
grand  nombre  de  criminels  sont  annuellement  déportés  à 
Angola  et  dans  les  autres  établissemens  portugais  sur  la  côte 
d'Afrique.  La  torture  est  supprimée  a  Bahia  :  on  y  supplée 
par  la  réclusion  dans  de  petits  cachots  secrets.  Les  loix 
contre  les  débiteurs  sont  très-douces  :  l'emprisonnement 
pour  dettes  n'a  lieu  que  lorsqu'il  y  a  eu  fraude  ou  escro- 

(i)  Cet  usage,  qui  donne  une  si  dangereuse  influence  à  l'admi- 
uistraleur  général  dans  les  décisions  delà  justice,  est  commun  à 
tous  les  grands  tribunaux  de  l'Amérique  espagnole. 

(2)  Les  juges  ,  les  secréiaires  ,  etc.  et  même  les  plus  vils  suppûti 
de  la  justice ,  sont  distingués  par  les  marques  honorables  d'unecaune 
entrelacée  ,  suspendue  à  la  poche  gauche ,  et  d'une  pelilc  épée  :  ils 
ne  paroissenl  jamais  nu  public  sans  cela. 


I 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  T3A?f5  L^VMl£R.  MER.  289 
querie.  Dans  tout  aulie  cas,  le  débileiir  est  reçu  à  aban^ 
donner  ses  biens  à  ses  créanciers;  mais  s'il  néglige  de  le 
faire,  ils  peuvent  saisir  tousses  effets,  excepté  les  habits 
qu'il  a  sur  le  corps;  et  ils  ont  droit  à  toutes  les  propriétés 
qu'il  peut  acquérir  par  la  suite  ,  jusqu'à  ce  que  la  dette  soit 
entièrement  acquittée. 

L'inquisition  n'a  jamais  été  aussi  sévère  au  Brésil  que 
dans  la  mère-pairie,  parce  qu'elle  est  obligée  de  renvoyer 
lous  les  cas  graves  à  la  décision  du  grand  tribunal  de  Lis-" 
bonne. 

L'inactivité  delà  23olice,à  Bahia,se  fait  particulièrement 
remarquer  dans  le  grand  nombre  de  raendians  qui  infsslent 
celte  ville  et  la  campagne.  Lindiey  en  attribue  sur-Iout  la 
multiplication  andéfaul  d'élablisseraens  charilables  publics 
pour  le  soulagement  des  véritables  pauvres,  des  vieillards 
et  des  infirmes.  La  police  ferme  aussi  les  yeux  sur  les 
fraudes  que  pratiquent  de  prétendus  indigens  pour  s'intro- 
duire dans  les  maisons,  où  ils  sollicitent  les  charités  avec 
une  grossière  impudence» 

Bahia  fait  un  grand  commerce ,  plutôt  grâce  à  sa  position 
avantageuse  que  pai- l'industrie  de  ses  habitaus  :  il  est  prin- 
cipalement ouvert  avec  Lisbonne  et  Oporlo.  Ce  commerce 
occupe  cinquante  gros  navires  qui  font  les  voyages  avec 
beaucoup  de  célérité.  Ces  navires  fournissent  à  la  colonie 
des  comestibles  et  des  produits  des  manufactures  d'Eu- 
rope :  ils  reçoivent  en  échange  du  coton,  du  sucre,  du 
rhum  qu'on  appelle  dans  le  pays  vrç«a  ardente ,  des  bois 
précieux  pour  la  teinture  et  les  meubles,  enfin  une  grande 
variété  de  gommes,  de  baumes  et  de  racines  médicinales. 
La   balance  est  toujours  à  l'avantage  de  Lisbonne.  Les 
habitans  de  Bahia  ont  le  privilège  d'importer  leurs  propres 
esclaves.  Les  mêmes  vaisseaux  leur  apportent  ditférentes 
marchandises  de  la  côte  d'Afrique.  Ils  font  encore  un 
commerce  très-avantageux  en  interlope  avec  les  provinces 
espagnoles  du  sud  :  ce  commerce  occupe  quarante  navires 
de  deux  cent  cinquante  tonneaux  :  celui  qu'ils  font  dans 
les  limites  de  la  baie  est  éloijnant.  Tous  les  jours  il  y  arrive, 
VI.  T 


;2gO  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

de  l'inlérieur,  huit  cents  barques  ou  felouques  qui  appor- 
tent leur  tribut  à  la  capitale  ;  mais  ce  commerce  est  entravé 
par  les  réglemens  les  plus  sévères.  Les  marchandises  sont 
entreposées  dans  des  magasins;  et  les  propriétaires  ne 
peuvent  en  disposer  qu'au  prix  fixé  par  les  préposés  de 
l'entrepôt.  Le  rhum,  le  tabac,  le  bois  de  Brésil,  le  lingot 
et  les  métaux  précieux  sont  exclusivement  entre  les  mains 
du  gouvernement  ou  des  compagnies  privilégiées.  Les 
étrangers  ne  peuvent  faire  aucune  espèce  de  commerce. 
Ces  prohibitions  et  ces  monopoles,  en  écartant  l'industrie, 
encouragent  singulièrement  la  contrebande  :  elle  est 
portée  à  un  tel  point,  que  Lindley  n'a  jamais  pu  se  pro- 
curer à  la  douane  des  renseignemens  sur  le  rapport  des 
importations  et  des  exportations.  Le  commerce,  comme 
on  l'a  précédemment  vu,  se  fait  par  échange,  malgré 
l'abondance  du  numéraire  qui  circule  :  il  en  résulte  qu'il  y 
à  de  part  et  d'autre  un  immense  crédit  d'ouvert.  Lindley 
accuse  les  gros  négocians  même  du  pays,  de  surfaire  da 
double  la  valeur  de  leurs  marchandises,  et  de  déprécier 
artificieusement  celles  qu'on  leur  propose  en  échange. 

Bahia  renferme  un  grand  nojtnbre  d'artisans,  tant  lapi- 
daires, bijoutiers  ,  qu'orfèvres  :  leur  travail  a  de  la  solidité, 
mais  sans  aucun  goût.  Il  s'y  trouve  aussi  quelques  tailleurs, 
quelques  cordonniers  assez  intelligens.  Quant  aux  manu- 
factures ,  elles  sont  toutes  expressément  défendues ,  excepté 
celle  des  cuirs  :  les  tanneurs  de  Bahia  en  fabriquent  assez 
pour  fournir  toute  la  côte.  Un  individu  qui  avoil  essayé 
d'établir  une  filature  de  coton  jnès  de  la  ville,  fut  renvoyé 
en  Europe,  et  ses  machines  furent  détruites.  On  avoit 
commencé  à  établir  une  fonderie  de  canons;  mais  il  n'en 
restoil  plus,  du  temps  de  Lindley,  le  moindre  vestige. 

Il  est  inconcevable,  observe  ce  voyageur,  que,  située 
dans  une  province  aussi  fertile,  aussi  florissante  que  l'est 
celle  de  Bahia ,  la  capitale  de  tout  le  Brésil  soit  si  mal  appro- 
visionnée  de  viande.  Le  mouton,  le  veau  et  l'agneau  y 
sont  inconnus  :  le  boeuf  y  est  de  la  plus  mauvaise  qualité.  11 
ai 'y  a  qu'une  seule  auberge  à  Bahia  :  tout  ce  qu'on  expose 


AMÉRIQUE.    VOYAG.  DANS  L'AMER.  MÉR.     agt 
chez  les  traiteurs  et  dans  les  cafés  est  dégoûtant.  Telles  sont 
les  notions  que  nous  devons  à  Lindiey  sur  la  ville  deBahia  : 
celles  qu'il   nous  "a  procurées  sur  la  province  de  ce  nom 
n'offrent  pas  moins  d'intérêt. 

La  capiiale  de  celte  province  (car  Bnhiaest  celle  de  tout 
le  Brésil)  s'appelle  Cachoeira.  Supérieurement  située  sur 
les  bords  d'une  petite  rivière,  à  quatorze  lieues  deBahia, 
elle  est  l'entrepôt  des  mines  d'or  septentrionales  et  des 
productions  de  la  partie  cultivée  de  l'intérieur.  On  compte 
encore  dans  la  province,  quatre  villes  bien  vivantes  ;  et  il 
en  dépend  aussi  les  îles  jorécieuses  d' Itaporica  et  de  Saint" 
Paul.  Quoique  celte  province  forme  la  plus  petite  division 
du  Brésil,  c'est,  à  raison  de  sa  fertilité  ,  la  plus  peuplée,  la 
plus  florissante  :  elle  rapporte  des  richesses  inappréciables. 
Le  pays  est  cultivé  ju^qu'à  une  dislance  considérable  dans 
l'intérieur-,  il  est  divisé  en  plantations  fort  étendues,  dont 
plusieurs  sont  cultivées  par  deux  ou  trois  cents  esclaves, 
avec  des  chevaux  en  proportion  poiu'  faire  marcher  les 
machines.  Dans  quelques  endroits,  on  emploie  l'eau  pour 
metlre  en  mouvement  les  moulins  à  sucre  ,  qui ,  du  temps 
de  Lindiey,  avoient  reçu    de  grandes  améliorations  par 
l'industrie  d'un  émigré  français.  Les  riches  propriétaires 
de  ces  plantations  y  ont  de  beaux  châteaux  avec  des  cha- 
pelles, et  ils  y  résident  habituellement,  excepfé  dans  la 
saison  pluvieuse  :   alors,   ils   se   transportent  avec  leurs 
familles  dans  leurs  maisons  de  ville.  Ces  fréquentes  com- 
munications assimilent  parfaitement  leurs  mœurs  et  leur 
caractère  à  ceux  des  citadins  proprement  dits. 

Les  esclaves  qui  font  valoir  les  plantations,  sont  tirés 
principalement  des  colonies  portugaises  d'Angola  et  de 
Benguela  :  c'est  une  espèce  de  nègres  naturellement  lo— 
bustes,  actifs  et  gais.  Mais  Lindiey  observe  que  ces  bonnes 
qualités  se  perdent  par  l'habitude  de  la  familiarité  et  de  la 
paresse  qu'ils  contractent  après  leur  .irrivée  :  cela  ne  doit 
s'entendre  sans  doute  que  des  esclaves  domestiques  ;  c'est 
à  eux  seulement  qu'il  faut  appliquer  ce  que  ce  voyageur 
rapporte  de  la  liceuce  de  leurs  mgeurs;  de  leur  impu- 

2 


292  BIBLIOTHEQUE  DES  VOYAGES. 
dence.  Le  sentiment  de  leur  importance,  qui  prend  sa 
source  dans  l'inconséquenle  familiarité  à  laquelle  on  des- 
cend avec  eux,  s'accroît  encore  ^Dar  le  grand  nombre  de 
ceux  d'enlr'eux  qu'on  afFi'anchit,  soit  pour  leuï's  services 
ou  par  simple  faveur,  soit  par  la  voie  de  la  rédemp-" 
tion  (i). 

L'habillement  des  blancs,  à  Ealiia  ,  est,  à  quelques 
nuances  près  ,  le  même  qu'à  Lisbonne,  c'est-à-dire  qu'ils 
suivent  les  modes  anglaises  ,  exceplé  les  jours  de  fête  et  en 
visite,  où  ils  se  charaarent  de  broderies  et  de  paillettes. 
L'habillement  ordinaire  des  femmes  est  une  simple  jupe 
sur  une  chemise  de  mousseline  ornée  de  broderies  qui  , 
au  moindre  mouvement,  laisse  le  sein  tout  à  découvert, 
et  qui  est  d'ailleurs  si  transparente,  qu'on  peut  apperce— 
voir  par-tout  la  peau  qu'elle  est  destinée  à  couvrir.  A 
l'église, une  longue  mante  noire  recouvre  ce  vêtement  si 
léger.  Dans  quelques  occasions  publiques  et  dans  certaines 
visites  de  cérémonie  ,  plusieurs  dames  de  qualité  adoptent 
le  costume  européen. 

L'usage  .singulier  de  laisser  croître  l'ongle  du  pouce  ou 
tlu  premier  doigt  (quelquefois  de  tous  les  deux  )  d'une 
longueur  hideuse,  et  d'en  former  ensuite  une  pointe  aiguë, 
est  commun  aux  deux  sexes.  Cette  excroissance  difforme 
n'est  pas  sans  quelque  utilité  pour  les  hommes  :  elle  leur 
sert  à  séparer  les  feuilles  du  tabac  ,  et  à  les  préparer  pour 
la  formation  des  cigares ,  qu'ils  aiment  beaucoup  à  fumer: 
ils  jouent  aussi  de  la  vielle  et  de  la  guilarre  avec  cet  ongle  , 
dont  l'étalage,  suivant  eux  ,  ajoute  à  la  beauté  de  l'instru- 
ment. Mais  ce  qui  rend  ces  ongles  plus  précieux  pour  les 
deux  sexes  ,  c'est  qu'ils  sont  regardés  comme  des  marques 
de  distinction,  parce  qu'ils  indiquent  que  ceux  qui  les 
portent  passent  leur  vie  dans  l'aisance  et  l'oisiveté  ;  ce  qui , 

(1)  Lindiey  ue  nous  explique  pas  ce  qu'il  entend  p;ir  ce  mol  do 
rédemption.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  par  un  sentimeut  de  reli- 
gion ou  d'iiumanilé  ,  quelques  sommes  soûl  eniployéis  par  des  per- 
sonnes opulentes  à  racheler  des  esclaves. 


AMÉnîQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMÉR.  MÉR.  29S 
clans  ce  pays-là  ,  dit  Lindley ,  n'est  pas  peu  recomraan- 
dable.  II  prétend  ,  en  effet ,  que  la  paresse  et  quelques  arau- 
semens  dont  ou  trouvera  les  détails  dans  sa  relation  ,  cons- 
tituent tout  le  bonheur  des  Brésiliens,  dont  il  fait,  du 
reste,  un  portrait  qui  n'est  rien  moins  que  flatteur.  A  l'en 
croire,  l'astuce  ,  la  fourberie,  l'orgueil,  l'envie  dominent 
chez  eux.  A  ces  vices  ,  ils  joignent  encore  ceux  de  l'esprit 
de  vengeance  et  du  penchant  à  la  cruauté  ;  mais  il  ajoute 
que  ces  deux  dernières  passions  ont  disparu  de  la  pro- 
vince de  Bahia  jDOtir  passer  au  sud ,  où  cet  amendement 
est  regardé  comme  l'effet  de  la  poltronerle,  tandis  qu'il  est 
évidemment  le  résultat  d'une  plus  grande  civilisation.  Il 
est  rare  aujourd'hui  qu'à  Bahia  on  entende  parler  d'assas- 
sinats ,  si  ce  n'est  dans  le  cas  extraordinaire  d'une  violente 
provocation.  Quoique  le  couteau  y  soit  encore  en  usage, 
il  reste  caché  dans  le  fourreau  ,  et  les  meurtres  ne  sont  pas 
plus  communs  à  Bahia  qu'en  Angleterre.  Lindley  fait 
honneur  aussi  à  ses  habitans,  d'avoir  moins  de  hauteur 
dans  les  manières  et  dans  le  langage  que  sur  toute  autre 
partie  de  la  côte. 

C'est  ici  le  lieu  de  placer  l'extrait  que  j'ai  annoncé,  de» 
notions  que  nous  a  procurées  sur  l'état  actuel  du  Brésil, 
sir  Staunton  ,  dans  sa  relation  de  l'ambassade  du  lord  Ma- 
cartney  à  la  Chine.  C'est  dans  la  relâche  que  fit  l'escadre 
à  Rio-Janeiro  qu'il  a  acquis  ces  notions  :  elles  donnent 
sur— tout  le  dernier  état  de  la  partie  de  la  colonie  du  Brésil 
qui  forme  le  gouvernement  de  Rio— Janeiro. 

On  estime,  dil-il ,  que  la  population  des  esclaves,  an 
Brésil,  s'élève  à  six  cent  mille  ,  soit  natifs  d'Afrique,  soit 
descendans  des  Africains.  Les  blancs,  dit-on  ,  n'excèdent 
pas  deux  cent  mille.  La  disproportion  entre  les  blancs  et 
les  nègres  est  bien  plus  grande  à  Rio-Janeiro  que  dans  le 
reste  du  pays;  car  on  n'y  compte  que  trois  mille  blancs, 
et  il  y  a  au  moins  quarante  mille  nègres.  On  y  port© 
chaque  année  vingt  raille  de  ces  êtres  infortunés  ,  dont 
cinq  mille  sout  vendus  pour  la  seule  ville  de  Rio-Janeiro^ 


294  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGE*. 

On  ne  peut  les  embarquer  en  Afrique,  qu'après  avoir 
payé  à  l'agent  de  la  reine  de  Portugal  un  droit  de  dix  mille 
reis  par  tête  d'esclave.  Cet  impôt  produit  annuellement 
environ  60,000  livres  sterling»  qui  entrent  dans  la  cassette 
de  la  reine,  et  ne  sont  point  considérées  comme  faisant 
2>arlie  du  revenu  public. 

Quel  que  soit  le  traitement  que  les  esclaves  aient  à  essuyer 
sur  les  plantations,  sir  Slaunlon  observe  que  ceux  qui 
demeurent  dans  la  ville  ne  paroissent  pas  malheureux. 
"A  l'égard  des  premiers,  il  ajoute  qu'aux  Indes  occiden- 
tales en  général,  l'esclave  n'a  rien  à  envier  aux  paysans  de 
plusieurs  royaumes  d'Europe.  Le  traducteur  de  sa  rela- 
tion (M.  Caslera)  remarque  très-judicieusement  quel'au- 
ieur  anglais  a  raison,  s'il  compare  le  sort  des  nègres  du 
IBrésil  avec  celui  des  serfs  polonais  et  russes.  J'ajoute  que 
le  parallèle  n'auroit  pas  la  même  justesse,  si  on  l'élendoit 
aux  paysans  des  autres  parties  de  l'Europe, et  sur-tout  de 
l'Angleterre. 

En  preuve  de  ce  que  l'état  d'esclavage  a  de  supportable 
au  Bi'ésil ,  sir  Staunlon  observe  que  les  nègres  attachés 
aux  plantations,  peuvent  travailler,  pour  eux,  deux  jours 
par  semaine ,  ce  qui  est  le  double  du  temps  qu'on  accorde 
à  ceux  des  Antilles.  Ces  Africains  ,  dit-il ,  paroissenl  natu- 
rellement gais  et  pleins  de  vivacité.  Ils  s'accommodent 
aisément  de  leur  situation  ,  et  jouissent  de  tous  les  plaisirs 
qui  sont  à  leur  portée.  La  danse  et  la  musique  dégénèrent 
chez  eux  en  passion.  Il  a  vu  les  nègres-cochers  de  Rio- 
Janeiro  s'amuser  à  jouer  de  la  guitarre  sur  leurs  sièges. 
La  sobriété  est  chez  eux  une  vertu  natui-elle  :  rarement 
ils  cherchent  dans  l'ivrognerie  une  ressource  contre  le 
chagrin  que  doivent  leur  donner  les  désagrémens  de  leur 
étal.  On  leur  reproche  d'être  enclins  au  vol  et  au  men- 
songe ;  mais  il  paroit ,  comme  le  remarque  sir  Staunton  , 
que  ces  vices  appartiennent  à  leur  condition  par-tout  où 
elle  existe.  L'esclavage,  au  reste,  n'est  point  attaché  ici  à 
la  seule  couleur  noire.  C'est  un  hé vilage  /unes te  que  les 
tnfans  ne  reçoivent  que  de  leur  mère  :  il  y  a,  particuiiè— 


AMÉRIQUt;.  VOYAG.  DAN^S  I/AMÉR.  MÉR.  SqS 
renient  à  Rio-Janeiro  ,  des  esclaves  de  toutes  les  nuances 
que  peut  produire  le  mélange  des  noirs  et  des  blancs. 

Un  grand  nombre  de  ces  esclaves  appartient  à  la  cou- 
ronne de  Portugal,  qui  eu  emj^loie  juscju'à  dix  mille  à 
l'exploitation  des  mines  de  diamans.  11  y  eu  a  beaucoup 
aussi  d'attachés  aux  divers  couvens  :  les  Bénédictins  en  ont 
jusqu'à  mille  sur  leurs  j)lanlations.  En  observant  que  ces 
moines  sont  fort  opulens,  sir  Slaunlon  ajoute  qu'ils  font 
beaucoup  d'actes  de  charité,  et  sui'-tout  qu'ils  pratiquent 
avec  une  grande  satisfaction  l'hospitalilé. 

Les  naturels  du  pays  n'ont  pas  pu  être  réduils  à  l'escla- 
vage, ni  même  ù  l'état  de  civilisation.  Quelques-uns  de 
leurs  enfans  ont  été  élevés  dans  des  familles  portugaises; 
mais  leur  naturel  est  si  intraitable  ,  qu'ils  ont  conslamment 
préféré  les  habitudes  de  la  vie  sauvage,  et  y  sont  retombés 
sans  conserver  aucun  des  principes  qu'on  avoit  tâché  de 
leur  inculquer.  Malgré  leur  mal-aise,  ces  naturels  se  met- 
tent rarement  au  service  des  Portugais  ;  et,  tout  aussi  rare- 
ment les  Portugais  cherchent  à  les  employer,  si  ce  n'est 
pour  ramer  dans  les  canots  ,  exercice  auquel  les  Brésiliens 
se  montrent  très-adroits.  Avec  une  taille  au-dessous  de 
la  moyenne  taille  des  Européens,  ils  sont  carrés,  bien 
musclés  et  très-agiles.  Ils  ont  la  peau  noire,  les  cheveux 
gras  et  lisses  ,  les  yeux  longs  et  noirs  ,  avec  peu  de  barbe; 
leur  physionomie  est  pleine  d'expression  et  de  noblesse. 
Passionnés  poiu'  une  liberté  sans  bornes  ,  ils  conservenf 
sans  doute  une  antipathie  héréditaire  pour  les  usurpateurs 
de  leur  pays  ;  car  ils  se  tiennent  soigneusement  écartés  des 
vastes  établissemens  des  Portugais  ;  et  toutes  les  fois  qu'ils 
rencontrent  au  loin  quelqu'un  de  ces  Eurojiéens ,  ils  le 
massacrent  sans  pitié.  La  plus  grande  partie  de  la  côte  qui 
s'étend  de  Rio-Janeiro  à  Bahia  est  habitée  par  eux,  de 
sorte  qu'il  ne  peut  y  avoir,  par  terre, aucune  communica- 
tion entre  ces  deux  villes. 

IjcBrésil  est  divisé  en  huit  gouvernemens(i),indépen— 

(i)  On  Uouvcra  ,  dans  un  ex-ccllenl  Mémoire  sur  le  Erésil,  par 


Î2g6         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

clans  les  uns  des  autres,  sans  compter  celui  de  Rio-Janeira, 
dont  le  gouverneur  prend  le  lilre  de  vice-roi  du  Brésil. 
Autrefois,  Bahia  (i)étoil  le  principal  siège  du  gouverne- 
ment et  le  centre  du  commerce  du  Brésil.  Mais  la  décou- 
verte et  l'exploitation  des  mines  d'or  et  de  diamans,  qui 
Jie  sont  qu'à  cent  lieues  de  Rio-Janeiro,  et  qui  commu- 
niquent immédiatement  avec  celte  ville,  lui  ont  donné 
la  prépondérance. 

A  l'occasion  des  mines  de  diamans,  sir  Staunton  rap- 
porte qu'on  avoit  trouvé  dernièrement  dans  l'une  de  ces 
mines,  un  diamant  qu'on  disoit  plus  gros  et  plus  précieux 
que  ceux  qui  avoientété  achetés  par  l'impératrice  de  Rus- 
sie, et  même  qu'aucun  autre  qui  eût  été  encore  décou- 
vert (2). 

M.  Malte-Bruii,  inséré  dans  salraducliou  du  voyage  de  M.  BarroAV 
à  la  Cothinchine,  un  fablean  exact  delà  division  politique  de  celle 
colonie,  tracé  d'après  les  noies  qu'a  fournies  à  l'auleur  du  Mémoire, 
M.  Correa  de  Serra,  savant  Portugais,  et  particulièrement  distingué 
jiar  ses  vastes  conuoissances  dans  plusieurs  brandies  de  l'histoire 
naturelle. 

Je  me  bornerai  à  dire  ici  qu'on  compte  au  Brésil  neuf  gouver— 
iiemens  du  premier  ordre,  et  dix  du  second  ordre;  qu'en  outre, 
cette  colonie  esl  divisée,  comme  le  Portugal,  en  Comarcas ,  dans 
chacune  desquelles  il  y  a  uu  Ouviclor,  juge  en  seconde  instance  , 
duquel  on  appelle  aux  cours  souveraines.  Ces  Comarcas  sont  au 
nombre  de  vingt-quatre.  Des  dix  grands  gouvernemens,  deux  ont 
été  déclarés  imléj)endaris  quant  au  civil  et  au  militaire,  attendu 
l'augmentation  rapide  de  leur  population. 

(1)  Lindley,  dans  son  Voyage  au  Brésil,  dont  j'ai  donné  précé- 
demment un  extrait,  prétend  que  cette  ville,  peuplée,  suivant 
lui ,  de  100,000  habitaus,  et  qui  a  un  bon  port ,  est  la  ville  la  plus 
opulente  du  Brésil;  mais  l'autorité  de  ce  voyageur  est  en  contra- 
diction avec  celle  de  Ions  les  autres  voyageurs,  qui  donnent  la 
suj)ériorilé  à  Rio-Janelro. 

(2)  Voici  des  rensei;;nemens  sur  les  diamans  du  Brésil  que 
M.  Malie-Bruu  ,  dans  son  Mémoire  précédemmeut  cité ,  a  emprunté» 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  297 
M.  Barrow  et  deux  autres  Anglais  attachés  à  l'ambas- 
sade ,  firent,  avec  un  habitant  de  Rio-Janeiro  ,  une  excur- 
sion du  côté  de  Touest.  La  terre  ne  leur  parut  cultivée 
que  d'une  manière  peu  industrieuse  et  peu  soignée.  C'est 
à  la  fertilité  naturelle  du  sol  qu'ils  attribuèrent  la  richesse 
de  ses  j^'oductions.  Ils  ne  trouvèrent  d'abord  que  quel- 
ques jardins  qui  donnent  des  légumes  pour  les  blancs,  et 
du  riz  et  du  manioc  pour  les  nègres.  Mais  plus  loin,  ils 
virent  de  très-beau  blé  qui  ,  dans  toutes  les  parties  du 
Brésil,  s'élève  à  une  bien  plus  grande  hauteur  qu'en 
Europe.  Les  moulinsà  eau  dont  on  se  sert  pour  le  moudre, 
sont  d'une  construction  extrêmement  simple.  Une  seule 
roue  y  produit  le  même  effet  qu'on  n'obtient  ordinaire- 
ment qu'avec  des  machines  très-compliquées  et  très-dis- 
pendieuses. La  forêt  auprès  de  laquelle  étoit  un  de  ces  mou- 
lins que  M.  Barrow  a  décrits,  étoit  remplie  de  palmiers, 
de  lentisqnes,  de  manguiers,  de  goyaviers.  La  fougère  y 
croissoit  à  la  hauteur  des  arbres  :  on  peut  juger,  par  cela 

(les  actes  de  la  Soriélé  d'iiistuire  naturelle  tle  Faris,et  de  la  Miné- 
ralogie de  M.  Haiiy. 

«  Vers  le  commenremeiilde  cesièrle.  on  a  dûcouverl  des  dianians 
))  dans  le  district  de  Serrado-Prio.  Leur  lieu  nalal  csl  la  croule  même 
»  des  montagnes;  mais  on  préfère,  pour  la  facilité  du  travail,  de 
»  chercher  ceux  qui  se  trouvent  dans  les  rivières  et  dans  les  atlerris- 
»  semens  voisins.  L'enveloppe  des  diamans  est  une  terre  ferrugi- 
»  neuse  qui ,  dans  les  atterri.ssemens,  e»!  mêlée  de  caillou^:  roulés, 
■>•)  réunis  en  jjoucùli/i^s.  D'uuires  parties  du  Brésil  reufernienl  encore 
»  des  mines  de  diamans  ,  mais  qui  ne  sont  pas  exploitées. 

»  On  a  prétendu  que  les  diamans  du  lîiésil  avoieut  moins  de 
»  dureté  que  ceux  des  Indes  orientales  :  on  a  cru  que  le  diamant 
»  d'Orieni  afiectoit  plus  pariiculiéreraent  la  forme  de  l'octaèdre,  et 
»  celui  du  Brésil,  celle  du  dodécaèdre;  mais  M.  Haiiy  ne  regarde 
»  pas  ces  dillérences  comme  prouvées.  C'est  une  opinion  générale 
»  parmi  les  lapidaires,  que  les  diamans  du  Brésil  ont  l'eau  moins 
»  belle  et  la  couleur  brune  foncée.  Le  roi  de  Portugal  possède  un 
■»  diamant  de  Brésil  qui  pèse  iGb'u  karals.  Ce  pays  possède  aussi  de 
»  btlici  topazes  ». 


29S         BIBLIOTHÈQTJE    DES    VOYAGES. 
seul,  de  la  richesse  du  sol.  Il  s'en  offre  encore  un  indice 
dans  la  hauteur  el  le  superbe  coloris  des  fleurs  qui  le 
tapissent. 

Ces  bois  peuplés  d'oiseaux  d'un  brillant  plumage,  le 
sont  aussi  de  serpens,  dont  quelques-uns  sont  très-grands 
el  fort  redoutables;  mais  leurs  sifflemens  néanmoins  met- 
tent sur  leurs  gardes  ceux  qui  les  entendent.  Il  est  rare 
d'ailleurs  qu'ils  attaquent  l'homme  lorsqu'ils  ne  sont  pas 
provoqués. 

Cette  forêt  conduit  dans  la  vallée  de  Tijouca,  arrosée 
par  un  ruisseau  qui  s'y  précipite  du  haut  d'un  énorme 
rocher  de  granit,  et  forme  vine  magnifique  cascade. 

Les  plantations  de  Tijouca  n'ont  pas  paru  à  M.  Barrow 
avoir  besoin  de  beaucoup  de  travail.  On  y  voit  ci'oître  , 
souvent  pêle-mêle ,  el  en  partie  spontanément,  dans  un 
espace  de  vingt  pas  carrés,  de  l'indigo,  du  manioc  ,  du 
café,  du  cacao  ,  des  cannes  à  sucre,  des  bananiers,  des 
citroniers,  des  orangers.  De  ces  riches  productions,  le 
café  et  l'indigo  sont  les  objets  dont  on  s'occupe  le  plus 
dans  cette  vallée.  La  vigne  y  croît  parfaitement  bien  ;  mais 
on  ne  permet  pas  d'y  faire  du  vin,  parce  qu'il  nuiroifc 
nécessairement  à  la  vente  de  celui  que  le  Portugal  y 
envoie. 

La  chaleur  est  excessive  dans  cette  vallée,  par  l'effet 
sans  doute  de  son  enfoncement  et  de  la  réverbération  des 
rayons  du  soleil  qui  frappent  les  montagnes  ou  partie  des 
roches  dont  elle  est  environnée.  Lors  de  l'excursion  qu'y 
firent  les  Anglais,  le  thermomètre  y  monta  à  l'ombre, 
vers  les  quatre  heures  après-midi,  à  quatre-vingt-huit 
degrés  de  Farenheit. 

Peu  de  villes  ont  un  port  aussi  vasle  el  aussi  sûr  que 
Rio-Janeiro  ,  ou  qui  convienne  mieux  au  commerce  ,  et 
dont  les  environs  soient  plus  fertiles  et  plus  riches.  Les 
Anglais  observèrent  que  ce  port  avoit  trois  ou  quatre  milles 
de  large  ,  et  qu'en  plusieurs  endroits  ,  l'œil  ne  pouvoit  pas 
mesurer  sa  profondeur.  On  y  voit  plusieurs  îles,  dans  la 
plus  petite  desquelles  on  a  construit  un  fort.  Quelques— 


AMÉRIQUE.  VOYAGi  DANS  L'AMER.  MÉR.  299 
«nés  sont  eiilièrement  couvertes  de  verdure ,  d'autres  le 
sont  de  batteries  et  de  maisons.  Le  rivage  est  embelli  par 
des  villages,  des  ftrrmes  et  des  plantations  que  séparent  dea 
ruisseaux,  des  chaînes  de  rochers,  de  petites  baies  sablon- 
neuses ou  des  lisières  de  forais.  Au-delà,  s'élèvent  en  un 
vaste  amphilhéàtrç  ,  des  montagnes  dont  la  forme  est  très- 
variée ,  souvent  bizarre  ,  mais  qui  sont  souvent  couvertes 
d'arbres  jusqu'à  leurs  sommets. 

C'est  à  quatre  milles  de  l'entrée  du  port,  du  côté  de 
l'ouest  ,  et  sur  une  langue  de  terre  très-avancée,  qu'est 
bâtie  la  ville  de  Saint -Sébastien  ,  communément  appelée 
Rio-Janeiro.  Derrière  celte  ville ,  l'on  voit  des  plaines  ,  des 
rochers  couverts  de  bosquets,  des  maisons,  des  couvens, 
des  églises.  A  l'extrémité  de  la  pointe,  du  côté  du  port, 
sont  un  couvent  de  bénédictins  et  un  fort  dominant  la 
ville.  Vis-à-vis  de  celle  pointe,  est  l'île  des  Serpens ,  où 
l'on  a  établi  des  chanliers,  des  magasins  ,  et  tout  ce  qui 
dépend  de  la  marine.  C'est  autour  de  cette  île  que  mouillent 
ordinairement  les  vaisseaux  qui  ftéquentenl  le  port. 

Depuis  quelques  années  ,  dit  sir  Staunton  ,  Rio-Janeirc> 
s'est  considérablement  embellie.  Les  maisons  sont  en  par- 
lie  bâties  en  granit.  Les  rues,  en  général  ,  sont  droites  et 
Lien  pavées ,  avec  des  trottoirs  de  cliaque  coté  :  quelques- 
unes  qui  sont  étroites,  offrent  l'avantage  de  l'ombre.  Sous 
un  climat  d'une  excessive  chaleur ,  les  places  sont  ornées 
de  fontaines  qui  reçoivent  l'eau  d'un  aqueduc  à  doubles 
arches  extrêmement  long,  qui,  dans  la  partie  où  il  tra- 
verse la  ville,  en  fait  un  des  principaux  ornemens.  Ces 
fontaines  sont  gardées  par  des  soldats  chargés  de  veiller  à 
la  distribution  de  l'eau,  qui  sans  doute  est  rare  à  Rio- 
Janeiro,  malgré  le  nom  qu'on  a  donné  à  cette  ville  (i). 
Cependant  l'une  cle  ces  fontaines  fournit  dans  une  quan- 
tité suffisante  de  l'eau  aux  équipages  des  vaisseaux.  En  face 
du  palais  du  vice-roi,  on  a  construit  un  grand  quai  en 
granit;  et  Rio-Janeiro  a  été  embelli  par  plusieurs  prome- 

(t)  Rio,  eu  portugais,  signifie  rivière. 


5oO         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

nades  publiques.  Les  boutiques  v  sont  remplies  déloffes 
de  Maachesler  el  d'autres  luarchan dises  anglaises,  même 
de  gravures  qui  viennent  de  Londies.  En  coniballant 
l'opinion  d'un  négociant  portugais  qui  prétendoit  que  la 
prospérité  du  Portugal  et  de  ses  colonies  tournoit  près— 
qu'entièrement  au  profit  de  l'Angleterre,  sir  Staunton 
observe  qu'il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  profit  a  été  réci- 
proque, puisque  tout  annonce,  du  moins  à  Rio-Janeiro, 
que  le  pays  est  dans  l'état  le  plus  florissant.  Outre  que  la 
plupart  des  maisons  y  sont  vastes  et  propres  au  climat,  les 
magasins  et  les  marchés  sont  remplis  de  marchandises.  On 
construit  beaucoup  d'édifices  publics  et  particuliers,  et  les 
ouvriers  ne  manquent  pas  de  travail. 

Rio-Janeiro  passe  pour  être  insalubre  :  on  y  voit  rare- 
ment des  exemples  de  longévité  ;  mais  c'est  moins  à  l'in- 
fluence du  climat  qu'il  faut  l'attribuer ,  qu'à  des  cir- 
constances locales.  Environnée  de  montagnes  couvertes 
d'épaisses  forêts,  dont  les  vapeurs  retombent  en  forme  de 
brouillard  ou  de  pluie  très-menue,  cette  ville  est  privée  de 
lu  circulation  libre  de  l'air  et  exposée  à  des  nuits  humides, 
l^récédées  de  jours  brûlans.  A  cet  inconvénient,  il  faut 
ajouter  celui  du  voisinage  de  plusieurs  marais  qu'il  seroit 
facile  de  dessécher  ou  de  combler.  De-là  tant  de  fièvi-es 
putrides  et  intermittentes  qui  exercent  annuellement 
leurs  ravages ,  et  j'eut  -  être  aussi  celte  maladie  cruelle 
qu'on  nomaiQ  Elepliantiasis  (i),  qui  a  souvent  affligé  les 
créoles  blancs  et  nègres ,  et  quelquefois  même  des  Euro- 
péens. 

Si  la  vie  est  éminemment  menacée  par  ces  deux  fléaux, 
le  repos  des  hommes  sains  n'est  pas  moins  troublé  par  ùes 
nuages  de  mousquites  qu'entretiennentles  eaux  stagnantes, 

(i)  Ce  virus,  détiuisaiit  les  légumens  de  la  peau,  gonfle, 
déforme  et  décolore  toules  les  parlies  qu'il  allaque.  Les  jambes  se 
couvrent  alors  de  rugosilés,  grossissent  éaorniéirient,  el  deviennenl 
semblables  à  celles  de  l'uuimal  colossal  duul  celle  horrible  maladie 
u  tiré  son  nom. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMiiR.  MER.  5o  t 
cl  par  le  fracas  des  voitures  ,  qui  ,  grâces  à  la  mauvaise 
consiruclion  des  roues  ,  priveut  les  hahilans  du  repos,  par- 
ticulièrement dans  la  nuit.  Le  goût  de  toules  les  classes  de 
la  société  pour  les  plaisirs  n'en  esl  pas  plus  éraoussé.  Parmi 
les  amusemens  que  recherchent  les  deux  sexes,  on  compte 
l'opéra  ,  la  comédie  ,  les  mascarades,  et  la  promenade  dans 
un  jardin  pu,blic  Irès-varié  ,  bien  entretenu  ,  et  que  sir 
Staunton  s'est  plu  à  décrire.  En  voici  la  rapide  esquisse. 
Des  gazons  ,  des  parterres  ,  des  fontaines,  dont  l'une  figure 
un  rocher  artificiel,  des  obélisques  même  mêlés  avec  des 
arbustes  à  fleurs  et  de  gx-ands  et  beaux  arbres,  décorent 
ce  superbe  jardin ,  qu'embellit  encore  une  grande  ter- 
rasse de  granit  qui  règne  le  long  de  la  mer ,  et  aux  extré- 
mités de  laquelle  sont  deux  jolis  pavillons  ,  dont  les  pein- 
tures représentent  les  diverses  productions  du  Brésil.  Outre 
les  difTérens  spectacles  qu'on  a  établis  dans  ce  jardin  pour 
le  divertissement  du  peuple  ,  outre  les  concerts  qui  s'y  font 
entendre  ,  on  y  a  répandu  des  cabinets  de  verdure  et  de' 
treillages ,  où  les  gens  aisés  aiment  à  souper.  Ces  repas  sont 
souvent  accompagnés  de  musique  et  de  feux  d'artifices, 
qui  se  prolongent  fort  avant  dans  les  belles  nuits  du  pays. 

Les  moines  et  les  religieuses  partagent  le  goût  général 
des  habitans  de  Rio-Janeiro  pour  le  plaisir.  Les  premiers, 
qui  ont  trois  couvens  dans  la  ville  ,  s'occupent  fort  peu  de 
leur  destination  primitive ,  c'est-à-dire  de  la  conversion 
des  infidèles  :  ils  en  laissent  le  soin  à  des  missionnaires  ita- 
liens, qui,  par  des  exhortations  et  des  présens,  gagnent 
quelques-uns  des  Indiens  qui  fréquentent  la  ville.  Ces 
nouveaux  néophytes  sont  envoyés  ensuite  dans  l'intérieur 
du  pays,  pour  y  essayer  de  convertir  leurs  compatriotes. 
Quant  aux  religieuses  ,  rien  n'est  plus  enjoué  que  leur  con- 
versation avec  les  étrangers  qui  vont  les  voir  à  la  grille  ; 

(i)  M.  BarroAv ,  dans  la  partie  de  son  Voyagea  la  Cocliincliine, 
où  il  décrit  Rio-Janeiro,  eslime  sa  population  à  60^000  /unes;  et  il 
observe  que,  comme  à  Babia  ,  on  n'y  trouve  ni  auberges,  ni  IiôleU 
garnis  ,  ni  de  traiteurs  |)uur  les  étiaugcrs. 


303        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

et  aucune  d'elfes  ne  paroit  disposée  à  se  livrer  aux  trisles 

excès  de  la  dévotion. 

On  ne  peut  pas  dire,  observe  fort  judicieusement  sif 
Staunlon  ,  que  les  moines  aient  élé  pervertis  par  les  écrits 
des  philosophes  ,  puisque  ces  écrits  n'existent  point  dans 
la  langue  du  pays,  et  qu'il  est  bien  peu  de  Portugais  qui 
connoissent  un  autre  idiome  que  le  leur.  On  ne  compte, 
dit-il,  à  Rio-Janeiro  ,  que  deux  libraires,  dont  les  bou- 
tiques ne  contiennent  que  des  livres  de  médecine  et  de 
dévotion.  Il  ajoute  que  le  système  religieux  ,  qui ,  dans  ce 
pays,  a  maintenu  son  empire  si  long-temps  et  a\ec  de 
si  heureux  effets,  peut  être  maintenant  comparé  à  une 
machine  dont  le  ressort  s'est  relâché  et  s'est  même  usé  à 
force  d'agir  intérieurement.  Jamais  l'inquisition  n'a  été 
établie  au  Brésil.  Les  cérémonies  de  la  religion  y  sont 
néanmoins  pratiquées  très  -  régulièrement  ,  elles  y  sont 
même  fort  multipliées.  A  toutes  les  heures  du  jour,  les 
cloches,  et  quelquefois  des  fusées,  annoncent  une  solem— 
riité  religieuse;  et  après  le  coucher  du  soleil,  les  rues  sont 
remplies  de  processions.  Chaque  coin  de  ces  rues  est  décoré 
d'une  image  de  la  Vierge-Marie,  et  les  passaus  ne  man- 
quent jamais  de  lui  rendre  hommage. 

De  ce  tableau  des  pratiques  religieuses  ,  sir  Staunton 
passe  à  celui  des  mœurs  et  des  usages;  mais  il  est  très^ 
concis  sur  cet  article. 

A  Rio-Janeiro,  les  hommes  d'une  classe  inférieure 
portent  toujours  le  manteau.  Ceux  de  la  moyenne  classe 
et  ceux  d'un  rang  plus  élevé  ne  paroissent  jamais  sans 
épée.  Les  dames  ont  toujours  la  tête  nue,  et  laissent  flotter 
leurs  cheveux  en  longues  tresses  ornées  de  rubans  et  d© 
fleurs.  Plusieurs  d'entre  elles  ont  de  beaux  yeux  noirs  et 
l'air  fort  vif.  Elles  assistent  très- régulièrement ,  non- 
seulement  à  la  messe,  mais  à  matines  et  à  vêpres;  et  quand 
elles  ne  sont  pas  à  l'église,  elles  sont  presque  toujours 
assises  auprès  de  leurs  fenêtres  ou  sur  leurs  balcons.  Le 
soir,  où  l'on  ouvre  portes  et  fenêtres  pour  laisser  circuler 
iiji  air  frais  dans  les  maisons ,  elles  s'amusent  à  loucher  le 


AMÉRIQUE.  VOYAC.  DANS  L'AMER.  MÉR.  3o5 

clavecin ,  ou  à  pincer  la  guilarre.  Si  un  étranger  alors 
s'arrête  à  la  porte  pour  écouler  ces  inslrumens,  il  voit 
souvent  le  mari,  le  pève  et  le  frère  de  celle  qui  fait  de  la 
musique  ,  s'avancer  poliment  vers  lui,  et  l'inviter  à  entrer. 
Souvent  aussi  les  dames  tiennent  à  la  main  des  bouquets 
de  fleurs  qu'elles  échangent  avec  ceux  des  cavaliers  qui 
passent  sous  leui's  fenêtres.  Sir  Staunlon  fait  ici  une  obser- 
vation fâcheuse  pour  les  dames  de  Rio-Janeiro  et  pour 
leurs  maris.  «  Ce  n'éloit  que  dans  les  anciens  temps,  dit-il , 
j)  que  ces  dames  transgressoient  rarement  les  loix  de  la 
a  pudeur;  et  il  faut  avouer  que  celles  de  nos  jours  donnent 
j)  souvent  occasion  de  pai'ler  de  leur  extrême  prévenance. 
5)  Quelques-uns  de  leurs  maris  sont  accusés  d'avoir  des 
))  torts  bien  plus  graves  :  ils  ont ,  dit-on,  en  amour,  des 
»  goûts  dépravés  et  contre  nature  ». 

Je  ne  suivrai  point  sir  Staunton  dans  l'exposé  très- 
détaillé  qu'il  fait  des  observations  de  M.  Barrow  sur  la 
cochenille  du  Brésil.  Je  me  borne  à  dire  que  les  Brési- 
liens emploient  pour  la  fixation  de  l'insecte  qui  se  place 
sur  les  feuilles  du  nopal  et  qui  produit  la  cochenille,  une 
méthode  toute  différente  de  celle  des  Mexicains;  que  le 
jardin  botanique  de  Rio-Janeiro  n'en  fournit  pas  chaque 
année  plus  de  trente  livres  ;  qu'il  en  produiroit  une  quan- 
tité décuple  ,  si  l'on  savoit  bien  la  ramasser  ;  qu'on  en. 
recueille  aussi  dans  deux  endroits  adjacens  au  Capo-Frio ; 
enfin  qu'on  encourage  maintenant  au  Brésil  la  prépara- 
tion de  la  cochenille  ,  en  perraeltant  à  tous  particuliers  de 
s'en  occuper,  tandis  que  c'éloit  autrefois  un  raonojjole  de 
la  couronne. 

Ce  genre  de  manufacture  n'est  pas  le  seul  qu'on  ait 
établi  dans  les  environs  de  Rio-Janeiro.  On  en  a  formé  un 
très-important  dans  le  port  et  vis-à-vis  de  la  ville ,  et 
pour  lequel  même  on  a  accordé  un  privilège  exclusif  à  uue 
compagnie  ,  qui  donne  au  gouvernement  le  cinquième 
de  ses  profils.  Cette  compagnie  transporte  en  ce  lieu, pour 
la  convertir  en  huile  ,  la  graisse  des  baleines  noires,  qu'on 
ne  preud  plus^  comme  autrefois,  dans  la  baie,  mais  qu'au 


5o4        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES* 

va  pêcher  dans  des  endroits  où  ces  poissons  sont  moifig 
troublés  par  l'approche  des  vaisseaux.  Les  os  de  haleine, 
ou  les  cartilages  des  inâchou'es,  sont  aussi  séparés  et  net- 
toyés à  Rio-Janeiro,  avant  d'être  envoyés  en  Europe. 

En  s'élevant  à  des  considéraiions  plus  générales  sur  la 
colonie  du  Brésil,  sir  Staunton  observe  que  ses  diffé- 
rentes provinces  sont  devenues  riches  et  d'une  grande 
importance.  Elles  fabriquent  depuis  peu  une  grande  partie 
des  choses  les  plus  nécessaires  à  leur  consommation.  Leurs 
T)roductionssont  si  considérables,  que  la  balance  du  com- 
merce commence  à  être  en  leur  faveur  ;  et  qu'indépen- 
damment des  marchandises  qu'on  leur  fait  jîasser  d'Eu- 
rope ,  on  est  obligé  de  leur  envoyer  de  l'argent ,  pour  payer 
le  surplus  des  déniées  qu'elles  fournissent  (i). 

Les  agens  de  la  mère-patrie  perçoivent  à  Rio-Janeiro 
douze  pour  cent  sur  la  valeur  des  marchandises  que  Lis- 
bonne et  Oporto  y  font  passer.  Les  principaux  droits 
qu'on  paye  à  Lisbonne  sur  les  productions  venant  du 
Êrésil,  sont ,  un  pour  cent  sur  le  café  ;  dix  pour  cent  sur 
le  sucre,  le  riz  et  les  cuirs j  douze  pour  cent  sur  l'indigo; 
dix-sept  pour  cent  sur  les  planches  j  quatre  piastres  fortes 
sur  chaque  pipe  de  rhum  contenant  cent  quatre-vingts  gai- 
Ions.  Le  gouvernement  i  éclame  la  propriété  de  tout  le  bois 
communément  appelé  bois  rouge  ou  bois  du  Brésil ,  ainsi 
que  du  bois  propre  à  la  construction  des  grands  vaisseaux. 
Ilexigeaussi  le  cinquième  de  toutl'orqu'on  tiredes  mines; 
et  quand  ,  par  hasard,  il  se  trouve  quelque  diamant  dans 
une  mine  d'or, la  mine  est  fermée  ,  et  il  n'est  plus  permis 
de  l'exploiter,  parce  que  toutes  les  mines  de  diamans  sont 
censées  appartenir  a  la  couronne. 

Pendant  l'administralion  du  marquis  de  Pombal ,  les 
colonies  du  Brésil  furent  délivrées  de  quelques  monopoles 
et  des  gênes  qui  les  accabloient.  Malgré  cet  adoucissement, 
les  habilans  du  Brésil  se  plaignent  de  ce  que  le  gouver- 

(i)  Ou  a  vu,  clans  la  celatiou  de  Lindley,  que  de  son  temps  la 
balance  du  cotnmerre  éloi  l  encore  eji  faveur  de  Lisbonne.    ' 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  "DANS  L'AMER.  MlÎR.     5o5 
liement  cherche  à  empêcher,  parmi  eux  ,  rélablisseiueut 
des  manufactures.  Cependaul  ,  comme  ou  l'a  précédem- 
ment vu,  ils  en  ont  déjà  plusieurs  ;  et  le  changement  qui 
s'est  opéré  depuis  peu  dans  les  esprilsest  tel,  que  quelques 
nobles  porlugais  ne  dédaignent  pas  de  s'intéresser  dans 
ces   manufactures.   A   celle  occasion  ,  sir   Staunlon  cile 
l'exemple  d'un  homme  de  qualilé  qui  a  établi  une  fabrique 
où  soixante  esclaves  sont  employés  à  la  préparation  du  riz. 
Les  colons  du  Brésil  n'en  accusent  pas  moins  la  métro- 
pole d'être  jalouse  de  leur  prospéiité  et  de  leur  achemi- 
nement au  pouv^oir  et  à  l'indépendance.  Elle  a  essayé  ,  en 
effet,  sous  la  domination  actuelle,  de  les  souineltre  à  des 
réglemens   odieux;   mais,   comme  l'observe  ingénieiise— 
ment  sir  Staunton  ,  il  n'éloit  plus  temps  :  les  habitans  da 
Brésil  commençoient  à  se  regarder  coaime  des  en  fans  Irop 
robustes  pour  être  étouffés  au  berceau.  Leur  courage  s'ac- 
croît tous  les  jours  sensiblement.  Ils  supportent  impaliem- 
ment  le  joug  dont  la  métropole  les  accable.  Il  n'y  a  pas 
long-temps  qu'il  se  forma  dans  la  province  de  Miuas- 
Geraès ,  une  conspiration  qui  pouvoit  être  1res- redou- 
table, puisqu'il  y  entra  quelques-uns  des  principaux  offi- 
ciers du  gouvernement,  et  même  des  ecclési  ^htiques.  Sir 
Staunton  rend  raison  de  ces  mouvemens  par  les  considé- 
rations suivantes.  Les  troupes  que  le  Portugal  envoie  au 
Brésil ,  retournent  rarement  en  Europe.  Les  officiels  civils 
ïie  sont  jamais  changés.  Le  vice-roi  est  le  seul  qui  ne  con- 
serve son  emploi  que  pendant  un  temps  limité.  Ainsi    des 
Jiommes  destinés  à  passer  leur  vie  dans  ces  contrées,  quoi- 
que nés  Portugais,  perdent  bientôt  l'affection^  qu'ils  doi- 
vent à  leur  première  pairie  ,  pour  s'attacher  à  la  nouvelle 
et  sont  quelquefois  tentés  de  sacrifier  à  leur  intérêt  per- 
sonnel celui  du  gouvernement  qui  les  emploie.  Les  pro- 
jets  des  conspirateurs  de  Minas-Geraès  furent  assez  (ôt 
découvei'ts  ,  pour  qu'on  pût  les  empêcher  d'éclater.    Il 
fallut  faire  marcher  dans  l'imérieur  de  cetle  province 
une  partie  considérable  des  troupes  qui  éfoienl  réijandues 
.sur  la  côte.  Cependant,  par  politique  autant  que  par  clé- 
VI.  T 


3o6        El  ELIOT  flÈQUE    DESVOYAGES. 

mence,  le  gouvernement  se  borna  à  pnnir  de  mort  un. 
seul  coupable  ;  le  reste  fut  déporté  dans  les  établissemens 
portugais  de  la  cote  d'Afrique. 

Les  colons  du  Brésil  ont  une  ai  haute  idée  de  l'impor- 
tance de  cette  colonie,  qu'ils  pensent  que  la  reine  de  Por- 
tugal devroit  transférer  parmi  eux  le  siège  de  son  empire, 
ou  leur  laisser  suivre  leur  fortune,  et  se  servir  des  moyen» 
qu'ils  tiennent  de  la  nalui'e,  sans  vouloir  arbitrairement 
leur  faire  redouter  sans  cesse  le  poids  d'un  sceptre  éloigné. 
Le  grand  intérêt  qu'ils  prirent  à  la  révolution  française, 
et  le  soin  avec  lequel  ils  s'informoient  de  ses  j^rogrès  , 
sembloient  annoncer  qu'ils  pressentoientla  possibilité  d'eu 
suivre  bientôt  l'exemple.  Ce  qui  est  beaucoup  plus  ex- 
traordinaire, c'est  que  le  projet  de  transporter  au  Brésil 
le  siège  du  gouvernement  portugais,  fut  sur  le  point  d'être 
adopté  par  le  marquis  de  Pombal  (i)  ,  lorsqn'en  1761,  le» 
Espagnols  envahirent  une  partie  du  Portugal.  On  calcula 
le  nombre  de  vaisseaux  qu'il  falloit  pour  transporter,  à 
travers  la  mer  Atlantique,  la  famille  royale,  les  princi- 
paux officiers  de  la  cour  et  toute  leur  suite  ;  et  l'on  prit  les 
précautions  nécessaires  pour  se  procurer  ces  vaisseaux. 
iMais  le  projet  s'évanouit  avec  le  danger  qui  l'avoit  fait 
ïiaîlre  ;  et  l'on  ne  considéra  plus  le  Bré.sil  que  comme  une 
colonie  exclusivement  destinée  à  enrichir  la  mère-patrie. 

Pour  achever  de  s'instruire  sur  la  colonie  du  Brésil,  il 
faut  recourir  d'abord  à  la  relation  de  Corréal ,  dont  j'ai 
donné  la  notice  (cinquième  Partie,  section  i)  ;  à  celle  de 
Langsted,  énoncée  (  premièi'e  Partie,  section  vui ,  ^.  vu); 
à  l'extrait  que  Laet,  dans  son  Nouveau  Monde ,  dont  j'ai 
donné  la  notice  (  cinquième  Partie  ,  section  i  )  nous  a 
procuré  du  voyage  d'un  Anglais  nommé  Knivet  ,c[\ù  avoit 
résidé  long-temps  au  Brésil.  Ce  voyageur  compte  jusqu'à 

(i)  Long-temps  auparavant,  comme  le  remarque  Je  tratlncleur 
de  larelalion  de  sirStaunlon  en  français,  le  même  projet  fui  proposé 
au  1.01  J«an  iv,  ^ui  n'eut  pas,  dil-il,  le  «âge  courage  de  l'txécut«r. 


AMERIQUE.  VOYAG.  BANS  L'AMF.R.  MÉR.  DOJ 
douze  nalions  princi^iales  appartenant  proprement  au 
Brésil.  La  plus  redoutable  j^ar  ses  qualités  physiques  et 
par  une  cruauté  inouïe,  est  celle  des  Tapuyas  ,  qui  ren- 
ferme à  elle  seule  jusqu'à  soixante  et  seize  tribus  dilFé- 
rentes,  portant  divers  noms,  mais  qui  se  rapprochent  par 
la  même  férocité.  Ce  peuple  s'est  rendu  redoutable  à  loutt^ 
les  nalions  voisines,  et  donne  même  quelquefois  de  vio- 
lentes inquiétudes  aux  Portugais. 

Mais  c'est  sur-tout  d-ans  le  Alémoire  sur  le  Brésil,  par 
M.  Malte-Brun ,  que  j'ai  précédemment  indiqué,  et  qu'il 
a  rédigé  d'après  d'excellentes  autorités  ,  qu'on  puisera 
beaucoup  de  lumières  sur  la  colonie  du  Brésil ,  particu-» 
lièrement  sur  sa  géographie  physique,  sa  topographie,  sa 
température ,  sa  géologie,  sa  minéralogie ,  sa  botanique  (i)  , 
sa  zoologie,  son  ornithologie,  son  ichthyologie ,  son  ento- 
mologie ,  etc....  Aux  notions  de  Knivet  sur  les  indigènes, 
l'auteur  en  ajoute  de  très— curieuses  sur  les  Onctacazas , 
tirées  de  l'ouvrage  d'^cuna.  Le  Mémoire  est  terminé  pau* 
des  considérations  sur  le  commerce  du  Brésil,  tirées  du 
Voyage  de  M.  Barrow. 

§.  IV.  Descriptions  des  pays  arrosés  par  le  Maragnon 
ou  la  rivière  des  amazones  ,  et  du  Paraguay^' 
V^ojages  faits  dans  ces  contrées. 

Les  Lettres  édifiantes  renferment  des  renseignemen» 
curieux  sur  ces  contrées.  Voici  les  relations  qui  leur  sont 
particulières. 

Nouvelle  Description  cÎu  grand  royaume  des 
Amazones,  par  le  P.  Cliristophe  d'Acufia:  (en  espa- 
gnol) Nuevo  Descuhriniievto  delgran  rio  de  las  A  ma-* 
zones  ,  por  cl  Pedro  Christoval  de  Acufta.  Madrid  j 
1641,  in-4^ 

(1)  Pour  celle  partie  sur-tout,  l'auteur  du  Mémoire  a  reçu  d'ex- 
eejiç^tes  uoles  de  M.  Corrca  de  Serra. 


5o8       BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES." 

Cet  ouvrage,  en  espagnol,  est  rare  même  en  Espagne: 
il  l'est  beaucoup  plus  encore  chez  l'élranger.  Le  prix  en 
a  varié  en  France,  depuis  65  jusqu'à  24*^  livres.  Pour  s'as- 
surer de  l'intégrité  de  l'exemplaire,  il  faut  consulter  la 
Bibliographie  d^  De  Bure  (tome  11  de  l'Histoire  ,  pag.  aG8 
et  269). 

La  li-aduclion  en  a  été  faite  en  français,  et  a  paru  sous 
le  titre  suivant  : 

Relation  de  la  rivière  des  Amazones,  traduite 
de  l'espagnol  d'Acuha  par  Gomberville .  Paris, 
1682,  4  vol.  in-i2. 

On  a  inséré  dans  cette  traduction  ,  une  dissertation 
curieuse.  L'une  et  l'autre  ont  élé  réimprimées,  mais  la 
relation  par  extrait  seulemen! ,  à  la  suite  du  Voyage  autour 
du  Monde,  par  Wood  Rogers. 

L'ouvrage  d'Acuna  est  fort  recherché  et  doit  l'èlre  : 
il  fait  connoilre  un  vaste  pays  où  les  Européens  n'ont  pas 
pu  former,  corame  dans  les  autres  parties  de  l'Amérique, 
de  grands  élablissemens,  et  qui  n'a  guère  été  visité  que  par 
les  missionnaires  espagnols  et  portugais,  qui  ont  pénible- 
ment rassemblé  diverses  peuplades  d'indigènes.  La  partie 
de  ces  pays  qui  comprend  toutes  les  mi.ssions  espagnoles, 
a  pris  le  nom  de  gouvernement  de  Maynas  ,  et  paroît 
dépendre  de  la  vice-rovaulé  du  Pérou;  mais  toule  l'auto- 
rité est  réellement  dans  la  main  des  missionnaires.  Ce  qu'on 
y  appelle  villes,  ne  sont  que  de  grosses  bourgades  peu- 
plées de  Sauvages  et  de  diverses  nalions  :  il  en  est  de  même 
de  ces  parties  du  pays  où  se  sont  étendues  les  missions 
porluc^aises.  Cependant  des  possessions  si  précaires  ont 
plus  d'une  fois  excité  la  jalousie  des  deux  nations  euro- 
péennes ;  et  plus  d'une  fois  il  a  lallu  régler,  par  divers 
traités,  leurs  hmites  respectives. 

Non-seulement  la  relation  d'Acuna  fait  connoître  létal 
physique  de  l'immense  contrée  arrosée  par  le  Maragnon 
ou  fleuve  des  Amazones ,  mais  elle  donne  beaucoup  de 
lumières  sur  les  nombreuses  peuplades  qui  y  sont  éparses. 


AMÉRIQUE.    VOYAC.  DANS  L'AMÉR.   MÉR.      SoQ 

Relation  Iilsloriqv.e  et  géographique  de  la 
grande  rivière  des  Amazones  dans  l'Amérique ,  par 
le  comte  de  Payan  ,  extraite  de  divers  auteurs  ,  et 
traduite  dans  la  meilleure  forme ,  avec  la  carte  de 
cette  rivière  et  de  ses  provinces.  Paris ,  Besogne  , 
i655,iu-8^ 

Celle  relation  est  assez  rare. 

Le  comte  de  Payan  s'est  beaucoup  aidé  de  la  relation 
du  P.  d'Acuna. 

Du  Maragnon  ou  de  la  rivière  des  Amazones  : 
Histoire  de  sa  découverte  ,  de  l'entrée  dans  le  pays , 
et  de  la  réduction  à  l'obéissance  des  nations  répan- 
dues sur  les  nombreuses  montagnes  et  sur  les  bords 
des  grandes  rivières  de  cette  partie  de  l'Amérique  ; 
écrite  par  le  P.  Manuel  Rodriguez  :  (en  espagnol) 
El  Maragnon  j  las  ^mazonas,  Historia  de  los  Descu- 
briniientçs  ,  entrfidafi  j'  reduccion  de  naciones ,  eii  las 
dilatadas  inontanas  y  majores  rios  de  la  jimerica  y 
descritta  por  el  Padre  Manuel  Rodriguez.  Madrid, 
i685,  in-fol. 

Celle  rel  ilion  bien  complète  n'est  pas  commune.  Pour 
s'assurer  qu'elle  est  telle,  il  fnul  consuller  la  Bibliographie 
de  De  Bure  (  tome  premier  de  l'Histoire  ,  n°.  5655). 

Relation  de  la  grande  rivière  des  Amazones 
dans  l'Amérique  méridionale  :  (en  anglais)  ^  Rela- 
tion of  the  great  river  of  the  Amazones  into  Soutli- 
America.  Londres,  1698,  in-4''. 

Annales  historiques  sur  l'état  actuel  du  Mara- 
gnon, par  Bernard  Pereira  de  Berredo  :  (en  portu- 
gais) Annales  historial  de  Maranhaon  _,  por  Bemardo 
Pereira  de  Berredo.  Lisbonne  ,  François  Luiz,  i  ySg, 
in-fol. 


àlO         EIBLIOThÈQUE    DES    VOYACÏ^S.. 

Relation  abrégée  d'un  voyage  laii  dans  rintc- 
rleur  de  l'Amérique  méridionale  ,  depuis  la  côte  de 
ïa  mer  du  l^ud  jusqu'à  celle  du  Brésil  et  de  la 
Guyane ,  en  descendant  la  rivière  des  Amazones  ; 
avec  une  Lettre  sur  l'émeute  populaire  excitée  à 
Cuença  au  Pérou ,  contre  les  académiciens  envoyés 
pour  mesurer  la  figure  de  la  terre  :  par  M.  de  la 
[Cojtdamine }  le  tout  enrichi  d'une  carte  du  Mara- 
gnon  ou  de  la  rivière  des  Amazones  ,  levée  par  lui- 
ïnême ,  et  d'ime  planche  représentant  l'émeute. 
Paris,  Pissot,  i'745  ;  Maestricht,  1778,  in-S*'. 

Cette  relation  a  été  traduite  ea  anglais  sous  le  litre 
suivant  : 

fî    A  SUCCINCT  ^BBIDGMENT  of  a  voyage,  made 

in   the   inland  parts    of  South-- Ameiica,  Londres, 

11747,  in-8^ 

Elle  Fa  été  en  allemand  sous  le  titre  que  voici  : 
NachUICHT  von  einer  Picise  în  das  innerste  von 

Siid-Amefîca.  (Hanlburg.  Magazin  ,  6.  Band.  pag. 

5-70  et  227-288.) 

—  Elle  Fa  été  en  hollandais.  Amsterdam  ,  1748  , 

in-8''. 

En  même  temps  que,  dans  celte  relation,  l'on  admire 
le  courage  infatigable  avec  lequel  La  Condamine  s'enfonça 
dans  des  régions  désertes  où  l'on  ne  rencontre  que  quel- 
ques liordeSj  on  y  recueille  des  reuseignemens  précieux 
sur  plusieurs  parties  d'une  conti-ée  immense,  qiïi  ne  nous 
éloit  connue  que  par  les  récits  des  missionnaires.  A  ces 
renseignemeus,  La  Condamine  a  ajouté  des  observaliou& 
très-judicieuses  sur  les  indigènes  (i_). 

(1)  Oa  retrouvera  ici  avec  plaisir,  l'appeiçu  rapide  et  anîuii 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  ZlT 
Ce  voyageur ,  qu'on  ne  soupçonnera  pas  d'êlre  trop 
crédule,  paroît  convaincu  qu'il  a  réellement  existé  dan» 
celte  contrée  une  nation  d'Amazones ,  et  que  les  récils  des 
premiers  voyageurs ,  à  cet  égard  ,  quoiqu'exagérés  jjeul— 
être,  ne  doivent  pas  être  rangés  dans  la  classe  des  ficlions» 
La  malheureuse  condition  des  femmes  sauvages  en  Amé- 
rique, a  dû  faire  naître  ,  dit-il ,  chez  quelques-unes  d'elles 
l'idée  de  se  soustraire  au  joug  de  leurs  tyrans  ,  et  de  former 

qu'a  donné  du  Voyage  de  la  Condamiiie  31.  de  Lille,  dans  son  dis- 
cours de  récepliou  à  l'Académie. 

«  Je  ne  vous  le  peindrai  point  abaudonn-é  au  courant  de  c« 
»)  fleuve  inimenso  (la  rivière  des  Amazones)  ;  ici ,  lieurlanl  confra 
»  des  rocs  escarpés;  Jà  ,  entraîné  par  des  tourbillons  d'eau;  taiilôt 
y>  arrêté  par  une  branche  qui  traverse  son  radeau,  et  suspendu  sur 
»  les  eaux  qui  décroissent  à  vue  d'œil  ;  tantôt  franchissant  le  fameux 
»  détroit  du  Pougo ,  où  les  eaux,  plus  rapides  et  plus  profondes, 
»  roulant  sous  la  voûte  obscure  et  tortueuse  de  ces  bords  rappro- 
»>  chés ,  avec  un  mugissement  entendu  de  plusieurs  lieues,  lan— 
»  cérent  son  radeau  comme  un  traita  travers  les  saillies  des  arbre* 
j»  et  les  pointes  menaçantes  des  rochers. 

5)  Je  ne  vous  le  représenlerai  point ,  après  un  trajet  de  cinq  cents 
«)  lieues  sur  la  rivière  des  Amazones  ,  s'enfonçarit  dans  la  rivière  tl& 
«Para,  large  de  trois  lieues  ,  échouant  contre  un  banc  de  vase, 
»  obligé  d'attendre  sept  jours  les  grandes  m.arées  ,  remis  à  ilol  par, 
»  une  vague  plus  terrible  que  celle  qui  l'avoit  fait  échouer,  el  sauvé 
»  par  où  il  devoit  périr.  Je  ne  vous  peindrai  point  les  lemjjèles- 
»  qu'il  essuya  ,  les  nalions  inconnues  qu'il  traversa,  tous  les  dau- 
»  gcrs  enfin  menaçant  ses  jours,  tandis  que  lui ,  tranquille  observa-- 
5)  leur,  seul,  au  milieu  de  ces  déserts  ,  avec  trois  Indiens  maître» 
»  de  sa  vie,  tenoit  tour  à  tour  le  baromèlre,  la  sonde  et  la.  bous- 

5)  sole Les  tableaux  variés  qu'oflVoienl  à  ses  yeux  les  fleuves  et 

«.leurs  bords;  lu,  des  animaux  inconnus;  ici,  des  phinles  non— 
»  velles;  tantôt  des  peuples  également  bizarres  dans  leurs  parures 
y>  et  dans  leurs  mœurs,  tantôt  les  débris  de  ces  nations,  jadis  si 
«  florissantes, épars  dans  des  déserts  qui.  furent  des  empires;  tant 
»  d'objets  nouveaux  exposés  en  silence  àsesyeuxdaus  ces  immenses- 
i>  solitudes,  où  la  philosophie  voyageoit  pour  la  première  fois,  tout 
»  payoil  up  tribut  à  sa  curiosité  )>-» 


I 


5/2        BIBLIOTHÈQUE    DES     VOYAGES. 

im  établissement  séparé,  comme  on  a  vu  les  nègres  de  la 
Jamaïque  prendre  et  exécuter  Ja  résolution  de  se  rendre 
independans. 

Quant  à  la  relation  de  l'émeute  qui  eut  lieu  près  de 
Cuença  ,  comme  Thierry,  dans  son  Voyage  à  Guaxaca  , 
dont  ;  ai  aonné  la  notice,  a  reçu  de  Don  Ulloa  des  éclair- 
cisscmens  à  ce  sujet,  ,1  en  tire  de  Irès-pIausibles  motifs  de 
regarder  la  relation  de  La  Condamine  comme  fort  sus- 
pecte de  partialité  ou  d'erreur, 

JouRivAL  d'un  voyage  à  Ja  rivière  de  la  Plata 
(dans  le  Paraguay)  ,  par  Laurent  Bikker  et  Corneille 
Hamskerk{en  hollandais).  Amsterdam,  1617,  '^^H"- 

r.ELATiON  des  insignes  progrès  de  la  Religion 
chrétienne  faits  au  Paraguay;  province  de  l'Amé- 
rique méridionale,  et  dans  les  vastes  régions  de 
Guairal-d'Uruaig,  nouvellement  découvertes  par 
les  Pères  de  la  Compagnie  de  Jésus  ,  es  années 
1626  et  1627,  envoyée  au  R.  P.  Mutio  Viteleschi, 
général  de  la  même  Compagnie ,  par  le  R.  P,  Duran\ 
provincial  en  la  province  de  Paraguay,  et  traduite 
du  latin  en  français  par  un  Père  de  la  même  Com- 
pagnie (le  P.  Jacques  Le  Marchand).  Paris  Cra- 
moisi, i638,  in-Ô".  '  ' 

Celte  relation,  qui  donne  le  dénombrement  de  ce  qu'on 
appeloit  alors  les  Habitations,  et  qu'on  a  nommé  depuis 
les  MisMons,  formées  dans  le  Paraguay,  fait  connoître 
plusieurs  peuplades  de  cette  contrée,  dont  les  mission- 
naires décrivent  assez  bien  les  habitudes  et  les  moeurs, 
mais  dont  ils  exagèrent,  comme  de  couiume,  les  progrès 
dans  la  connoissance  et  la  pratique  du  christianisme/ 

MEMORIAL  de  Don  Bernard  de  Cardenas,  évéque 
du  Paraguay  (en  portugais).  1662,  ïn-12. 

Histoire  de  la  proviace  du  Paraguay,  par  le 


Amérique,  voyac.  dans  l'am^r.  mf.r.  5x3 
P.  -Nicolas  Techo  :  (  en  latiu  )  Historia  provinciaé 
Paraguae  Çautore  P . Nicclao  Techo).  Leyde  ,  lÔyS, 
iu-fol. 

La  même,  traduite  eu  anglais  sous  le  titre  suivant  : 
NiCOLAUS  Techo's  History  of  tlie  province  of 
Paraguay ,   Tucunian  ,    rio    de  la  Plata  ,   Parana  , 
Guaira  ,    and  yli^orana^  translatcd  froin  the  latin^ 
(luse'ié  dans  la  Collection  de  Clmrchil ,  vol.  vi , 
pag.  5-1 i6.) 

Les  insignes  Missions  de  la  Compagnie  de 
Je'sus  en  la  province  du  Paraguay ,  par  François 
Xarqiies ,  avec  figures  :  (en  espagnol)  Las  insignes 
Missiones  de  la  CompafUa  di  Jesu  en  la  provincia 
de  Paraguay  ^  escrita  por  Francisco  Marques.  PaAi-, 
pelunc,  1G87,  iu-fol. 

Voyage  d  Espagne  au  Paraguay,  par  Antoine 
Sepp  et  Antoine  Boehn:  (en  allemand)  Sepp's  und 
Boelini  s  (udnt.^  Reishescliveihung  aus  Hispanien  nach 
Paraquariam.  J^uremhevii,  1 696  ;  Passau,  i  ôgSjin-S"*. 
Le  même,  traduit  en  anglais  sous  le  tilre  suivant: 
ANTHONY  Sepp' S  Account  of  a  voyage  from 
Spain  to  Paraguesia.  (  Inséré  dans  la  Collection  de 
Churchil,  vol.  vu  ,  pag.  669-675.) 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre  suivant: 
Voyage  et  Description  du  Paraguay,  des  PP,  An- 
toine Sepp  et  Antoine  Boehm  ,  jésuites  allemands, 
publiés  par  Gabriel  Sepp,  frère  d'Antoine   Sepp. 
lugolslad ,  Jean-André  de  La  Haye  ,  1713,  in-24. 

Relation  historique  des  Missions  chez  les  In- 
dlens  Cliiquites  de  la  province  du  Paraguay  ,  par. le 
P.  Jean-Patrice  Fernandez :  (en  espagnol)  La  Rela- 


5l4         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 
tion  historial  de  las  Missiones  de  los  Indios  que  se 
tlaman  Chiquitos  (en  la  provincia  de  Paraguay). 
Madrid,  1726,  iii-8°. 

Celte  relation  a  été  traduite  en  latin  sous  le  litre  sui- 
l^ant  : 

Relation  historique  des  Missions  apostoliques 
de  la  Compagnie  de  Jésus  chez  les  Chiquites  ,  peu- 
ples du  Paraguay,  par  le  P.  Jean  Fernandez ,  publiée 
par  Jérôme  Hersan  ,  et  traduite  en  latiu  par  un 
prêtre  de  la  même  Compagnie  :  (en  latin)  Fernan- 
dez (P.  Juan)  Historica  Relatio  de  apostolicis  Mis- 
sionibus  Societatis  Jesu  apud  Chiquitos ,  Paraguariae 
populos  j  ad  t/ypum  promota  per  (Hier.)  Hersan ,  et 
Kn  linguam  latinam  translata  per  aliuni  ejusdem  So- 
cietatis sacerdotem.  Augsbourg ,  177^,  in-4*^. 

Description  cliorographique  des  terres  ,  ri- 
vières ,  arbres  ,  animaux ,  des  provinces  du  Gran- 
Chaco,  de  Galamber,  et  des  rites  et  costumes  des 
nations  barbares  et  infidelles  qui  Thabiteut,  par  le 
P.  Pierre  Losano  :  (en  espagnol)  Descripcion  coro- 
grnjîca  del  terreno ,  rios ,  arholes  y  animales  de  las 
provincias  de  Qran  —  Chaco  ,  Galambar ,  y  de  los 
ritos  y  costombres  de  las  naciones  barbaras  e  injî- 
deles  que  la  habitan ,  escrito  por  el  Padre  Pedro 
Losano.   Cordoue  ,  1752,  iu-4^. 

Cette  Description  est  fort  recherchée. 

H1ST01R.E  abrégée  de  l'Amérique  espagnole  ,avGe 
la  Description  du  Paraguay ,  recueillie  principale- 
ment des  auteurs  espagnols,  par  Camphel:  (en  an- 
glais) Concise  History  of  the  Spanish  America  ,  with 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MIÎR.  5l5 
a  Description  of  Paraguay ,  collecled  cliiejlj  frovi 
spanisli -writers .  Londres,  174^7  in-8°. 

Relation  des  Missions  du  Paraguay,  traduite 
de  l'italien  de  Muratori  ,  avec  une  carte  géogra- 
phique. Paris,  Rondelet,  1764?  in-12. 

Celte  relalion  ,  l'ouvrage  d'un  écrivain  éminemment 
distingué  dans  le  genre  historique  ,  mériteroit  l'entière 
confiance  des  lecteurs  ,  si,  de  son  propre  aveu ,  il  n'avoit 
pas  puisé  dans  des  sources  suspectes.  Ce  sont  presque 
exclusivement  les  relations  des  jésuites  qui  lui  ont  fourni 
ses  matériaux.  A  la  vérité,  il  se  procura  quelques  instruc- 
tions dans  les  entretiens  qu'à  Bologne  il  eut  l'occasion 
d'avoir  avec  un  vice-roi  du  Pérou  :  mais  peut-un  s'assurer 
qu'elles  fussent  bien  pures,  lorsqu'on  se  rappelle  la  cir- 
conspection avec  laquelle  les  hommes  les  plus  puissans  en 
Espagne  et  en  Portugal  se  conduisoient  à  l'égard  de  la 
redoutable  société  des  Jésuites  ?  Aussi  cette  relalion  ,  dans 
laquelle  on  trouve  d'ailleurs  des  notions  curieuses  sur  le 
Paraguay,  est-elle  souvent  un  panégyrique  des  mission- 
naires jésuites,  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de  leurs  étatblisse— 
mens.  Muratori  s'étoit  expliqué  avec  plus  de  liberté  sur 
les  cruautés  des  Espagnols  dans  le  Nouveau-Monde  :  le 
traducteur  s'est  permis  d'étouffer  ce  cri  de  la  vérité. 

Histoire  du  Paraguay,  par  le  P.  Charlevoix ^ 
enrichie  de  cartes  géographiques.  Paris,  Desaiut, 
1766  ,  3  vol.  in-4°. 

—  La  même,  ibid.  6  vol.  in-12. 

La  même,  traduite  en  anglais  sous  le  titre  suivant: 

HlSTORY  of  Paraguay  y  hy  Charlevoix.  Londres, 
1760,  2  vol.  in-8^. 

A  la  tête  de  cette  relation  ,  la  plus  complète  et  la  plus 
satisfaisante,  à  quelques  égards,  que  nous  a5'ons  sur  te 
Paraguay,  l'auteur  décrit  le  cours  du  fleuve  qui  a  donné 
le  nom  à  celle  vaste  contrée.  11  fait  l'énuméralion  de  ses 


Ûl6        BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

richesses ,  soit  en  métaux  de  diverses  espèces ,  pierres  pré- 
cieuses et  perles,  soit  en  productions  plus  appropriées  aux 
TériJables  besoins  de  l'homme  ,  tels  que  le  maïs ,  le  manioc 
et  la  patate.  Celle  espèce  de  grains,  ces  racines,  suppléent^ 
dans  le  Paraguay  ,  au  froment  qui  y  réussit  assez  mal.  La 
Vigne,  au  contraire,  prospère  en  plusieurs  endroits,  et 
donne  des  vins  estimés.  On  y  recueille  aussi  des  fruits  de 
beaucoup  d'espèces,  du  colon  ,  du  chanvre,  du  miel ,  da 
la  cire.  TJn  des  pins  importans  objets  de  la  culture,  est 
l'herbe  dite  du  Paraguay  ;  c'est  la  feuille  d'un  arbre  de  l.i 
grandeur  d'un  pommier  nain  ,  qui  ne  croît  que  dans  les 
fonds  marécageux.  Les  Espagnols  la  regardent  comme  un 
excellent  préservatif  contre  tous  les  maux.  On  assure  que 
les  ouvriers  employés  aux  mines  ne  pourroient  pas  long- 
temps en  soutenir  le  travail  ,  s'ils  ne  faisoient  pas  liabi- 
luellemenl  usage  de  cette  feuille  ,  qu'on  prend  en  infusion 
comme  le  thé.  Il  s'en  fait  un  transport  considérable  dans 
les  autres  parties  de  l'AmériqUe'espagnole  :  ce  breuvage 
enivre  ,  et  même  hébéle  ceux  qui  en  usent  avec  excès. 

De  ces  détails  curieux,  l'auteur  passe  à  la  description, 
abrégée  des  animaux  féroces,  sauvages  et  domestiques, 
des  reptiles,  des  oiseaux,  des  poissons  qu'on  trouve  dans 
le  Paraguay  ,  et  qui  sonl  communs  à  ce  pays  et  aux  autres 
contrées  de  l'Amérique  méridionale.  Il  à  donné  beaucoup 
plus  d'étendue  à  la  narration  ,  soit  des  guerres  qu'ont  sou- 
tenues les  Espagnols  contre  les  indigènes  ,  pour  s'assarsc 
la  possession  du  pays,  soit  de  la  fondation,  des  cités  de 
l  Assomption  et  de  Buenos- Ayres ,  deux  des  plus  belles 
Tilles  de  l'Amérique  espagnole. 

Un  objet  plus  iniéressant  encore  ,  est  l'histoire  de  la 
réunion  que  les  jésuites  étpient-parvenus  à  iah-e  de  plus 
de  cent  mille  Gwa^a^zs,  la  plus  nonll)reuse  peuplade  :du 
Paragua}"^,  sous  l'autorité  preNque  exclusive  deleur  société. 
Après  avoir  obtenu  du  gouvernement  espagnol  la  per- 
mission d'armer  ces  Sauvages,  iiaturellemenl  doux  et  paci- 
fiques ,  que  ces  infatigables  et.  a.rdens  religieux  exerçoient 
eux-mêmes  ,  chose  singulière  !  au  maniement  des  armes  et 


Amérique,  voyac.  dans  l'amér.  mér.  Si^ 

sux  diverses  évolutions  militaires,  ils  avoient  établi  clans 
CCS  AJissioiiscrun  nouveau  genre  ,  la  coramunaulé  de  tra- 
vaux et  de  biens. 

Montesquieu  a  donné  cTe  grands  éloges  à  cette  institu- 
tion extraordinaire  ,  qui  des  forets ,  dit-il ,  retirant  des 
liomnits  diApersés  et  dénués  de  tout,  leur  a  procuré  des 
logeruens  sains,  une  subsistance  assurée,  de  bons  vête- 
Mens ,  et  a  ainsi  réparé  en  grande  jjarlie  les  dévastations 
des  Espagnols, 

Raynal  a  rendu  justice  aux  bonnes  inleniions  des  mis- 
sionnaires jésuites j  et  a  vivement  repoussé  les  imputa- 
tions faites  à  leur  société.  11  avoue  néanmoins  que  lors  de 
sa  dissolution,  les  jésuites  ne  furent  pas  regrettés  par  ce 
même  peuple  qu'ils  avoient  soustrait  aux  calamités  de  1^ 
vie  sauvage.  C'est  (ju'ils  avoient  soumis  les  Guaranis  à  un 
régime  trop  austère  qui  n'adnietloil ,  pour  tout  délasse- 
ment ,  que  les  fêles  de  l'église  romaine  -,  c'est  qu'ils  avoient 
établi  cbez  eux  une  égalité  trop  rigoureuse  qui  étoulFoit 
toute  émulation  ;  c'est  qu'ils  en  avoient  fait,  en  wn  mot 
une  espèce  de  société  monastique,  dont  l'unique  ressort 
étoit  l'obéissance  la  plus  passive  (i)  :  on  conçoit  aisément 
que  les  vices  de  cette  institution  sont  palliés  dans  l'ou- 
vrage du  P.  Charlevoix ,  et  qu'il  n'en  a  présenté  que  îe 
côté  brillant. 

Relation  abrégée  concernant  la  République 
que  les  religieux  Jésuites  des  provinces  d'Espagne 
et  dePortugal  ont  établie  dans  les  domaines  d'outre- 
mer de  ces  deux  monarchies  :  (en  portugais)  Rélaçao- 
ahbreviada  da  Republica  que  os  Jesidtas  das  provins 
cias  de  Portugal  e  Hespanha ,  estableçerao  nos  domi^ 
idos  ultra  marinos  das  duas  monarchias .  In-8°. 

(i)    l'our   la  plus  légère  faille,,  les  Guaranis,  même  aduilt-s 
étoii'til  soumis  à  ce  lioitteux  châliinent  qu'en  France  les  nouveaux 
priiuipes   (l'fcducaliou  ne  permellent  plus  d'infliger   même  aiiï 
ciifaus. 


5l8  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

La  même,  sous  le  titre  suivant: 

RELATiO]>f  abrégée,  elc...  et  de  la  guerre  qu'ils 
ont  excitée  et  soutenue  contre  les  armées  espa- 
gnoles et  portugaises ,  dressée  sur  les  registres  du 
secrétaire  des  deux  commissaires  respectifs  ,  prin- 
cipaux plénipotentiaires  des  deux  couronnes ,  et 
sur  d'autres  pièces  authentiques  (en  portugais  et 
€11  français),  i  vol.  in-12. 

Mémoire  pour  servir  d'addition  et  d'éclaircisse- 
ment à  la  Relation  précédente.  1  vol.  iu-12. 

Histoire  du  Paraguay ,  par  Jean  de  Escandon 
et  Nusdorfer  j  traduite  de  Manuscrits  espagnols  ; 
suivie  du  procès  criminel  des  Jésuites  en  Espagne  : 
( en  allemand )  Juan  de  Escandoiis  und  Nusdorfers 
G  es  chichte  von  Paraguay.^  us  spanischen  Handschrif- 
tcji  ûbersetzt  nehst  dein  Criniinal-process  ividcr  die  Je~ 
suiten  in  Spanien,  Francfort  et  Lcipsic  ,  1769,  in-8'*. 

Description  géographique,  polllique  et  histo- 
rique du  royaume  du  Paraguay ,  fondé  par  les  Jé- 
suites, imprimée  à  Venise  ,  et  traduite  en  français 
par  Siégeron.  Paris,  1769,  iii-8*'. 

Histoire  du  Paraguay  sous  les  Jésuites,  et  de  la 
royauté  qu'ils  y  ont  exercée  pendant  un  siècle  et 
demi,  avec  des  détails  Irès-intéressaus ,  etc....  par 
Bcru'àrd  1  bannes  de  Eclieveri.  Amsterdam,  1780, 
2  vol.  in-S''. 

Histoire  des  Abipous ,  nation  belliqueuse  du 
Paraguay ,  fusant  usage  du  cheval ,  par  Martin 
Dohntzhojfcr  :  (  en  latin  )  Ilisioria  de  Abiponibus  , 
equesiri  bellicosaque  Paraqueriae  natione  y  autoi'& 
Pobrilzhojfer.  \Uenue  çu  Autriche ,  1784,  in-8*^., 


AMERlQtrE.    VOYAC.  BANS  L'AMER.  MÉR.     ùig 

Description  de  Buenos-Ayres.  (fnscrée  dans  le 
Monthly  3Iagasin ,  mars  i8o2.  Eile  est  tirée  du 
^iagero  unîwcrsal. }  ' 

On  at(end  la  publication  d'une  description  duParagnay, 
par  M.  le  clievalier  Azara ,  l'auleur  d'une  Zoologie  de 
l'Amérique ,  très-estiniée ,  et  dont  les  connoissances  en 
géographie  sont  aussi  étendues  que  dans  celles  des  diverse* 
branches  de  l'hisloire  naturelle.  Indépendamment  de  ces 
titres  à  la  confiance  des  lecteurs,  on  peut  dire  qu'il  en  a 
encore  par  sa  résidence  dans  le  pays  même,  puisqu'il 
habit   Buenos-Ayres. 

§.  V.  Descriptions  du  Pérou  et  du  Chili,   J^oyases^ 
faits  dans  ces  deux  pays. 

PÉROU. 

Description  de  la  terre  neuve  Ju  Pérou,  en 
l'Inde  occidentale ,  mise  en  français.  Paris,  14805 
Ubid.  Vincent  Serlemes,  i545,  in-8°. 

Cet  ouvrage  est  fort  rare. 

Partie  PRE?,iiÈREde  la  Chronique  du  Pérou,  où 
il  est  traité  de  la  démarcation  de  ses  provinces, 
avec  leur  description ,  par  Pedro  de  Cioça  :  (en  espa- 
gnol) Pedro  de  Cioça ,  Parte  primera  de  la  Chro-' 
jùca  del  Peru ,  que  trata  la  demarcacion  de  sus  pro- 
vincias,y  la  descripcion  délias.  Seville,  i555,  in-fol. 

Elle  a  été  traduite  en  italien  sous  le  litre  suivant  : 

Histoire  du  Pérou  ,  on  il  est  traité  du  régime  de 
cette  province  ,  de  ses  villes  et  des  rites  et  coutumes 
des  Indiens  (Péruviens),  par  Pedro  de  Cioça  de 
Léo  :  (en  italien)  Cioça  de  Léo  f^Pedro)  Lstoria  do<^e 
si  traita  delt  ordine  dette  pro^'incie  e  délie  citlà  e  rili^ 


520         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGES. 

e  costimn  degli Indiani  (Peruviani^.  Vemse  ,  lOD'J,' 

:2  vol.  in-8'\ 

Histoire  de  la  découverte  et  de  la  conquête 
du  Pérou,  en  l'an  iSaS,  avec  les  objets  d'histoire 
naturelle  qu'on  y  trouve  ,  et  ce  qui  s'en  est  ensuivi , 
par  Augustin  de  Zarate  :  (en  espagnol)  Historia  del 
descuhriniieiito  j  conquisla  del  Peru ,  cou  las  cosas 
jiaturales  que  alla  se  hallam.,  y  los  succesos  que  ha 
avido  ,  por  Augustin  de  Zarate.  Anvers  ,  i555  ;  ihid, 
1595,  in-8°. 

—  La  même  ,  Se  ville,  1677,  in-fol. 

- — La  même,  publiée  par  François  de  Xeres. 
Madrid,  1709^  in-fol. 

La  même,  traduite  en  italien  sous  le  litre  suivant  : 

Histoire  de  la  découverte  et  de  la  conquête  du 
Pérou ,  depuis  l'origine  jusqu'à  la  pacification  de 
ges  provinces  ,  traduite  de  l'espagnol  en  italien  par* 
Alphonse  Ulloa  :  (en  italien)  Istoria  dello  scopri- 
meulo  e  conquisla  del  Peru,  dal  principio  fino  alla 
pacificatloue  délie  proviiicie ,  tradolta  dalla  liiigua 
easligliana  in  italiana  da  Alphonso  Ulloa.  Venise, 
i565,in-4''. 

—  La  même,  traduite  en  français,  avec  figures. 
Amsterdam ,  1 706  ;  ihid.  1 7 1 8  ;  Paris  ,  1 7 1 6 ,  a  vol. 
in-i2. 

Quoique  cette  dernière  tradnclion  ait  quelque  mérite, 
la  difficulté  que ,  de  son  propre  aveu  ,  le  traducteur  a 
trouvée  à  l'exécuter,  relativement  sur- tout  à  donner 
l'équivalent  des  titres  et  des  dignités  énoncés  en  l'ori^îinal , 
et  à  rendre  même  bien  exactement  les  idées  de  l'auteur 
espagnol ,  doit  engager  les  amateurs  à  lira  l'ouvrage  dan» 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L*A3IKR.  MER.  321 
roiigijial,  ou  du  moins  dans  la  traduction  en  langue  ita- 
lienne, qui  a  beaucoup  plus  d'affinité  que  la  nôtre  avec  la 
langue  espagnole. 

Zarate  ne  s'est  pas  borné  à  la  narration  historique  de  la 
découverte  et  de  la  conquête  du  Pérou  ;  il  l'a  fait  précéder 
d'un  tableau  de  l'étal  physique  du  pays,  des  moeurs  de  .ses 
habilans  ,  tant  indigènes  qu'Espagnols  ;  et  d'un  exposé 
curieux  des  opinions  religieuses  et  du  culte  des  Péruviens. 
La  même  observation  s'applique  en  partie  aux  articles  sui- 
vans,  qui,  au  premier  apperçu  et  à  leur  titre,  semblent 
être  des  ouvrages  purement  historiques. 

De  la  découverte  du  Pérou  ,  et  des  événe- 
mens  qui  s'y  sont  passés  ,  par  Apollonius  Lei^i/uis  : 
(ea  latin)  Apollonii  Levini  de  Peruvianae  regionis 
iiwentione  et  rébus  in  ea  gestis.  Anvers  ,  i^ôy,  iu-8°. 

Histoire  du  Pérou,  par  Diégue  Fernandez  :  (eu 
espagnol  )  La  Historia  del  Petu  ,  de  Diego  Fernan- 
dez. Seville ,  i^ji,  in-fol. 

On  a  donné  en  italien  la  traduction  de  la  partie  de  l'ou- 
vrage qui  roule  sur  les  revenus  que  la  cour  d'Espagne  lire 
du  Pérou  :  cette  traduction  a  paru  sous  le  titre  suivant  : 

Relation  concise  des  tributs  qu'on  lève  sur  les 
Indiens  du  royaume  du  Pérou  ,  par  Fernandez  : 
f  en  italien  )  Relazione  brève  del  Fernandez  ,  circa  il 
frutlo  che  si  raccoglia  cou  gli  Indiani  del  régna  del 
Fera.   Milan,  Pontius  ,  i6i5  ,  in-8°. 

Histoire  du  royaume  du  Pérou:  (en  hollandais) 
Historié  van  Coninkrjk  van  Peru.  Anvers,  iSyS, 
in-4«. 

Relation  abrégée  du  P.  Diego  Torrès ,  de  la 
Compagnie  de  Jésus  ,  procureur  au  Pérou ,  concer- 
nant les  avantages  qu'on  recueille  avec  les  Indiens 
VI.  ^ 


522  BIBLIOTHEQUE    UES    VOYAGES. 

de  ce  rovaurae  :  (en  italien)  Belazione  brève  dcl 
Diego  Torrès ,  délia  Compagnia  di  Qiesà ,  procura- 
tore  delPeru }  circa  il  frutto  cJie  si  raccoglia  cou  gli 
Indiani  di  quel  regno.  Milan  ,  Pontius ,  i6o5  ,  in-S". 

Histoire  générale  du  Pérou  ,  écrite  par  1  Inca 
Garcilasso  del  Vega  :  (en  espagnol)  Historia  gênerai 
del  Peruy  escrita  por  el  Inca  Garcilasso  delà  f^ega. 
Cordoue,  i6o6,in-fol. 

Cet  ouvrage  a  élé  réimprimé  sous  un  autre  titre  que 
voici  : 

Commentaires  royaux  sur  l'origine  des  Incas 
qui  furent  rois  du  Pérou,  par  Garcilasso  delà  p^ega  : 
(en  espagnol)  Commcntarios  reaies  del  origen  de  las 
Incas  rejs  que  fueron  del  Peru,  por  Garcilasso  delà 
Vega.  Première  partie ,  Lisbonne,  1609;  deuxième 
partie,  ibid.  i6ig,  2  vol.  in-fol. 

Ces  deux  éditions,  étant  devenues  fort  rares,  avoieiit 
monté  ù  un  prix  exorbitant,  qui  a  beaucoup  diminué 
depuis  la  réimpression  de  cet  ouvrage,  dont  je  vais  donner 
la  notice  :  elles-^sont  encore  recherchées  par  quelques 
amaleuis. 

Comment JBlOS  reaies  que  iratan  del  origine  de 
los  Incas  reyes  del  Peru  ,  por  el  inca  Garcilasso  delà 
Vega.  Deuxième  édition,  Madrid,  1725,  2  vol. 
in-fol. 

Il  paroît  que  l'éditeur  n'a  connu  que  l'une  des  deux 
anciennes  éditions  dont  je  viens  de  donner  la  notice. 

L'ouvrage  de  Garcilasso  delà  Vega  a  été  traduit  en  fran- 
çais sous  le  litre  suivant  : 

Histoire  des  Incas  du  Pérou,  avec  une  descrip- 
tion des  fruits  ,   plantes  ,  animaux  ,  etc. . . .  avec 


.\Mr.aiQUE.  VOYAC.  DANS  r/,\MKR.  MÉR.  ^20 
figures;  Iraduile  de  l'espagiiol  de  Garcilasso  delà 
Ve^a  par  Baudouin.  Paris  ,  iGaB  ;  iljid.  i658,  2  vol. 

Le  style  de  celle  traduclion  ayant  vieilli,  les  libraires  de 
Hollande  la  firent  retoucher,  et  jinblièrenl  trois  nou- 
velles éditions  de  celte  traduction  lui  peu  rajeunie  :  les 
deux  premières  ont  paru  sous  les  litres  suivans  : 

Histoire  des  Ineas  du  Pérou,  etc Amster- 
dam, 1705  ;  ibid.   1706,  4  vol.  in-i2. 

La  troisième,  faite  à  bien  ])lus  grands  frais,  est  inti- 
tulée :  ;  !  ;., 

Histoire  des  Incas  ,  rois  du  P('rod,  depuis  le 
premier  inca  Mancocapac  ,  fils  du  Soleil ,  jusqu'à 
Atahualpà,  dernier  inca  ,  où  l'on  yoîî  leur  établisse- 
ment, leur  relii^iou  ,. leurs  loix,  leurs  conquêtes, 
les  merveilles  du  temple  du  Soleil  ,  et  l'état  de  ce 
grand  empire  avant  que  les  Espagnols  s'en  ren- 
dissent maîtres  ;  traduite  de  l'espagnol  de  Garci- 
lasso  delà  Vega  .•  ou  y  a  joint  l'Histoire  de  U  cou- 
quête  de  la  Floride  ,  par  le  njêiue  auteur ,  traduite 
par  Rousseler ,  avec  la  nouvelle  découverte  d'un 
pays  plus  grand  que  l'Europe  situé  dans  l'Amé- 
rique ,  par  le  P.  Hemiepin  :  le  tout  enmcîii  de  figures 
gravées  par  (eu  Bernard  Picai^d  le  Romain.  Amster- 
dam, Frédéric  Bernard,  1737,  -2  vol.  in-4''. 

Celle  édition,  tant  pour  l'exéciilioti  lypogràphique  que  p»ur  les 
gravures  ,  est  fuit  rerlierchée. 

La  relation  de  Garcilasso  delà  Vega  est  tr^s-précieuse 
comme  le  seul  renseignement  qui  nous  reste  sur  la  religion. 
le  gouvernement ,  les  loix  ,  les  moeurs,  les  usages  des  Péru- 
viens. C'est  un  descendant  de  leurs  pr.ncjs  qui  a  soitrueu- 
sement  recueilli  ce  que  pouvoient  en  avoir  conservé  le» 


2 


524  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

débris  informes  de  quelques  monumens,  et  une  tradition 
sans  doute  tin  peu  altérée.  Le  tableau  qu'il  a  tracé  des 
différentes  productions  du  Pérou  n'a  pas,  à  beaucoup  près, 
le  même  mérite,  mais  n'en  est  pas  non  plus  tout-à-fait 
dénué. 

Le  style  de  l'ouvrage  original  a  toute  l'enflure  commune 
aux  écrivains  espagnols  du  siècle  où  il  a  écrit.  Ce  défaut 
n'existe  pas  dans  la  traduction  ,  mais  il  est  remplacé  par 
un  vice  tout-à-fait  contraire,  par  la  sécheresse  et  la  plati- 
tude de  la  diction  qui  n'a  pas,  à  beaucoup  près,  disparu 
dans  les  nouvelles  éditions,  malgré  toutes  les  relouclie» 
qu'on  a  faites  à  la  traduction  de  Baudouin. 

Le  pays  dont  le  P.  Hennepin  fit  la  découverte,  et  dont 
il  donne  un  léger  apperçu ,  est  situé  entre  le  Nouveau- 
Mexique  et  la  mer  Glaciale  :  c'est  un  vaste  champ  qui  reste 
encore  à  parcourir  pour  ceux  qui  sont  enflammés  de  la 
louable  ardeur  des  découvertes. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  au.'«si  en  anglais  sous  le  titre 
suivant  : 

CoMMENTAiRK  Toyal  du  Pérou ,  en  deux  parties, 
enrichi  de  gravures,  écrit  dans  roriginal  espagnol 
par  Garcilasso  delà  Vega ,  et  traduit  en  anglais  par 
sir  Paul  Ricault  :  (en  anglais)  The  royal  Commeji'^ 
taries  of  Peru  ,  in  two  parts  ,  illustrated  with  sculp- 
tures ^  written  originalîj  in  spanish  by  Juan  Gar- 
cilasso delà  p^ega  ,  and  translated  into  english  by 
sir  Paul  Ricault.  Londres  ,  Flécher  ,  1688,  in-fol. 

Journal  du  voyage  à  Rio  de  la  Plata,  par  Lau- 
rent Bicker  (en  hollandais).  Amsterdam,  1608, 
in-8°. 

Relation  des  voyages  dans  la  rivière  de  la  Plala, 
et  de-là  aux  terres  du  Pérou  ,  par  ^rcarelta  de  Bis- 
cale.  Paris,  i633 ,  in-fol. 


AMÉRIQUE.    \OYAG.    DANS  L'AMÉR.  MER.    32,5 

Cette  relation  a  été  traduite  en  anglais  ,  et  a  paru  sous  le 
titre  suivant  : 

AcATiETTA  DE  Biscaye's  Voyage  on  tlie  river 
de  la  Plata ,  and  then  by  land  to  Peru.  Londres , 
1698,111-8°. 

Relation  d'un  voyage  à  Lima,  par  Ribadeneyra  : 
(en  espagnol)  Relacion  del  viage  de  Lima  ,  del  Riba- 
deneyra. Madrid,  1657,  in-4°. 

Relation  du  voyage  de  S'*'*'*"  à  la  rivière  de  la 
Plata  au  Pérou.  Paris,  Clousier,  1672  ,  in- 12. 

Dix-sept  aimées  de  voyages  dans  le  royaume  de 
Pérou  ,  avec  planches  :  (en  anglais)  Seventeen  years 
travels  through  the  kingdom  of  Peru.  ï^ondreSyijoOj 
in-4°. 

Relation  du  voyage  de  la  mer  du  Sud  aux  côtes 
du  Pérou  et  du  Chili ,  fait  pendant  les  années  1 7 12, 

1713  et  1714,  par  M.  Frezier ,  ingénieur  du  Roi, 
avec  une  réponse  aux  observations  du  P.  Feuillée 
sur  celte  relation  ;  enrichie  de  beaucoup  de  figures 
en  taille-douce.  Paris,  1716;  ibid.  Kyon  ,  1732, 
in-4°. 

La  même,  traduite  en  anglais,  avec  des  augmentations, 
sous  le  titre  suivant  : 

Voyage  à  la  mer  du  Sud,  le  long  des  côtes  du 
Chili  et  du  Pérou,  dans  les  années  171 2,  1715  , 

1714  ,  qui  donne  une  connoissance  exacte  du  génie 
et  de  la  constitution  des  habitans ,  tant  nalit's  du 
pays  qu'Espagnols  ,  de  leurs  mœurs  et  usages ,  de 
l'histoire  naturelle  de  ces  contrées  ,  des  mines  ,  des 
marchandises  et  du  commerce  avec  l'Europe ,  par 
M.  Frezier,  orné  de  07  figures  de  la  cÔ!e,  des  ports. 


SaG         151  BU  O  THÈQU  E    DES     VOYAGES. 

villes^  plantes  el  autres  curiosités,  exécutées  d'après 
les  ^'ravures  originales  insérées  dans  l'édition  de 
Paris,  avec  un  postscriptum  d'Edmond  Z^t///e y,  pro- 
fesseur de  géométrie  en  l'universilé  d'Oxford,  et 
un  détail  sur  l'établissement,  le  commerce  et  les 
richesses  des  Jésuites  au  Paraguay  :  (  en  anglais  ) 
A.  f^ojage  to  the  South-Sea  and  long  the  coast  Chili 
andPeru ,  in  the  y  cars  J/J2,  i^l3  and  iyi4: ,  parti- 
culailj  describing'  the  gênions  and  constitution  of 
inhahilants  ,  as  -west  Indians  and  Spaniers  ;  their 
custonis  and  manners  ;  their  natui'ul  histojy ,  viines , 

comodilies  y  tiafik  with  Europa ,  etc bj  31.  Fre- 

zier ,  engineer  ordinarj  to  the  French  King ,  illus- 
trated  with  3y  coppercuts  ,  of  the  coast ,  habours  , 
cities  j  plants  ,  and  other  curiosities  ,  printed  froni 
the  author  original  plates  inserted  in  Pans  édition. 
JVith  a  Postscriptum  bj  Edmond  Hullej  ,  professor 
of  geometrj  in  the  universitj  of  Oxford ,  and  an 
account  of  the  settlement  ,  commerce  and  richess  of 
the  Jésuites  in  Paraguay.  Londres  ,  Jouas  Bowier, 
1717,  in-/,°. 

Quoique  la  mission  qu'avoit  donnée  à  Frezier  la  cour 
de  Verbailles  ,  fût  bornée  à  l'examen  des  colonies  du  Pérou 
et  du  Chili,  relativement  aux  moyens  de  défense  qu'il 
falloit  s'y  ménager  contre  les  invasions  de  l'ennemi ,  les 
observations  de  cet  écrivain  se  sont  étendues  à  beaucoup 
d'autres  objets.  En  décrivant  les  mines  du  Pérou,  il  a 
observé  que  les  mines  d'or  étoient  devenues  assez  rares, 
sur-tout  vers  le  sud  ;  que  celles  d'argent,  plus  mullipliées  , 
ne  donnoient  plus  que  fort  peu  de  minerai,  et  d'ailleurs 
éloifnl  d'une  exploitation  très-coûteuse,  à  cause  de  leur 
extrême  profondeur  :  il  a  remarqué  aussi  les  funestes 
eflels  des  exhalaisons  des  minières  et  la  stérilité  du  pays  ciù 


AMERIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMlÎR.  MÉR.  027 
se  trouvent  les  mines.  Enfin  il  a  déci'il  la  manière  de  tirer 
dt's  mines  d'argent,  et  les  procédés  qu'on  emploie  pour 
opérer  le  départ. 

A  la  description  de  la  ville  et  du  port  de  Callao,  dont  il 
détaille  le  commerce  immense  ,  à  celle  de  la  ville  de  Lima, 
dont  il  énumère  toutes  les  richesses,  Frezier  fait  succéder 
tine  digression  sur  les  tremblemens  de  terre  qui,  depuis 
qu'il  a  écrit,  occasionnèrent,  en  ly^iS,  le  submergeaient 
de  Callao  et  la  destruction  presque  entière  de  la  ville  de 
Lima. 

Ce  voyageur  explique  très-bien  pourquoi  il  ne  pleut 
jamais  dans  cette  partie  du  Pérou;  et  il  indique  les  causes 
de  l'extrême  diversité  des  saisons  dans  la  plaine  ou  dans  les 
Cordilières.  Les  animaux  proj^res  au  Pérou,  tels  que  les 
lamas,  les  guananos  et  autres,  ont  été  aussi  l'objet  de  ses 
observations  :  il  les  a  étendues  ensuite  à  la  forme  du  gou- 
vernement, aux  forces  de  terre  et  de  mer,  aux  divers 
établissemens  piiblics,  aux  moeurs  des  Espagnols  créoles  et 
à  celles  des  Péruviens,  à  leurs  pratiques  superstitieuses, 
enfin  à  Tempire  des  jirêfres  et  des  moines  sur  les  naturels 
du  paj's  principalement.  11  a  donné  aussi  un  détail  curieux 
des  diveilissemens  du  pays,  tels  que  les  combats  de  tau- 
reaux, les  spectacles,  les  danses  ,  etc....  L'extrême  indo- 
lence des  femmes  du  Pérou  ,  la  grande  liberté  don!  elles  y 
jouissent,  malgré  la  jalousie  propre  aux  Espagnols,  for- 
ment les  dei'niers  traits  du  tableau. 

La  description  qu'il  a  faite  du  Chili  est  du  plus  grand 
intérêt;  soit  parce  que  dans  ses  vallées  ce  jiays  est  d'une 
telle  fertilité  que  toutes  les  piod actions  de  l'Ancien  et  (\\x 
ÏNlouveau-Monde  y  prospèrent,  soit  parce  que  dans  les 
montagnes  et  quelques-mies  même  des  plaines,  il  se  lrou\e 
plusieurs  nations  qui  ont  su  défendre  opiniâtrement  leur 
liberté  contre  les  Espagnols, 

A  l'extraordinaire  fertilité  du  Chili  daiîs  ses  vallées,  se 
joint  l'avantage  plus  ou  moins  réel  de  receler  do  riches 
mines  d'or  dans  ses  montagnes,  si  connues  sous  le  nom 
de  Cordilières  ou  d'Andes,  qui  le  liaverseni  prt'jque  enliè- 


SaS  BTBLTOTHFQUE  DES  VOYAGES, 
renient.  Peul-èUe  peui-on  allribuer  le  peu  de  population 
d'un  si  bon  paj's  à  l'exploitation  de  ces  mines,  dont  le 
inélal  passe  pour  le  plus  pur  de  l'Amérique.  Il  n'y  a  guère 
au  Chili  de  véritablement  dignes  du  nom  de  villes,  que 
San-Jago,  Impériale,  la  Conception  et  Baldivia ,  dont  les 
trois  dernières  ont  de  beaux  ports.  Les  autres  qu'on  décore 
de  ce  nom,  ne  sont^  à  proprement  parler,  que  des  villages 
fort  éloignés  les  uns  des  autres,  comme  toutes  les  habita- 
tions du  pays. 

Voyage  de  Marseille  à  Lima  et  dans  d'autres 
parties  des  Indes  occidentales,  parD*'*'*  {^Duret)^ 
avec  figures.  Paris  ,  Coignard  ,  1720  ,  iu  12. 

Le  voyageur  s'est  principalement  étendu  sur  le  Pérou 
dans  sa  relation. 

Abrégé  historique  de  la  province  et  du  port  de 
Gnyaquil  (au  Pérou)  ,  par  Denis  Alcedo  de  Herrera  : 
(en  espagnol)  Alcedo  de  Herrera  (^Djoit)  Conipendio 
historial  delà  prowincia  y  piierto  do  Guyaquil.  Ma- 
drid ,  1741J  in- 8". 

La  figure  de  la  Terre  déterminée  par  les  obser- 
vations de  MlM.  Bouguer  et  de  la  Condamine ,  de 
l'Académie  des  sciences,  envoyés,  par  ordre  du 
Koi ,  au  Pérou  ,  pour  observer  aux  environs  de 
l'équateur  ;  a^^ec  une  Relation  abrégée  de  ce  voyage  , 
qui  contient  la  description  du  pays  dans  lequel  les 
opérations  ont  été  faites.  Paris  ,  Jombert ,  1 749 , 
in-4". 

Dans  cette  relation  abrégée  du  voyage  au  Pérou,  M.  Bou- 
guer a  fait  une  rapide,  mais  excellente  description  de  ce 
pays,  et  dans  laquelle  mêineil  se  trouve  des  observations 
qui  ont  échappé  à  Frezier,à  La  Condamine,  à  Don  Ulloa. 
II  a  remarqué j  par  exemple,  que  les  villages  même  les 
plus  anciens  du  Pérou,  sont  éloignés  les  uns  des  autres 


a:wériquf..  voyac.  dans  l'amér.  mer.    029 

de  dix  à  douze  lieues;  el  il  en  conclut  judicieusement  que 
dans  sa  pins  grande  splendeiu-,  ce  royaume  ne  doit  pas 
avoir  élé  fort  peuplé.  Il  a  observé  aussi  que  la  montagne 
qui  conlenoit  les  anciennes  mines  d'émeraude  est  encore 
connue,  et  il  en  assigne  la  position  à  cinq  lieues  delà  mer 
du  côté  méridional  de  la  rivière  des  Emeraudes,  au  milieu 
d'épaisses  forets  :  les  nouvelles  mines  d'émeraudes,  qui  sont 
assez  nombreuses,  ont  lait  négliger  les  anciennes. 

Journal  du  Voyage  fait  à  l'équateur ,  servant 
d'introduction  à  la  mesure  du  méridien ,  suivi  de 
l'histoire  des  pyrai^^des  de  Quito ,  et  enrichi  do 
deux  cartes  géographiques  et  de  plusieurs  planches; 
par  M.  de  la  Condamiiie.  Paris  ,  édition  du  Louvre  , 

Cet  inléres-ant  Journal  ne  donne  pas  seulement  l'expose 
des  préparatifs  et  des  travaux  de  La  Condamine  et  de  ses 
savans  collaborateurs,  pendant  le  cours  de  près  de  deux 
années,  pour  jjarvenir  à  mesurer  les  trois  premiers  degrés 
du  méridien  :  il  offre  encore  un  plan  très-curieux  de  la 
ville  de  Quito,  capitale  du  Haut-Pérou  ,el  l'élévation  du  sol 
de  celte  cité.  On  ne  voit  pas,  sans  étonnement,  une  ville 
située  dans  le  ))lat  pays,  el  l'immense  plaine  qui  l'envi- 
ronne, s'élever,  dans  leur  moyenne  hauteur,  de  quinze  a 
seize  cents  toises  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  :  mais  la 
surprise  redouble  encore  ,  lorsqu'on  considère  que  ce  pla- 
teau si  élevé  sert  de  base  à  ces  Andes  ou  Coidilières,  dont 
plusieurs  ont  le  double  d'élévation  ,  et  dont  la  plus  haute. 
le  Chimboraço ,  s'élève  de  près  de  trois  mille  deux  cents 
toises  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  par  conséquent 
sui-passe  de  plus  d'un  tiers  en  élévation  le  Mont-Blanc,  le 
IVIon  t-  Pei  du  ,  le  pic  deTénériflé  ,  les  montagnes  reconnues 
les  plus  hautes  de  l'ancien  continent.  Cette  immense  chaîne 
de  montagnes,  renferme  dans  son  sein  plusieurs  volcans, 
dont  les  éruptions  occasionnent  de  fréquens  trembleineiis 
de  terre  dans  ces  contrées. 


0.:>0         JJIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Ou  lit  avec  le  plus  vif  intérêt,  clans  ce  Journal,  la  nar- 
ration des  obstacles  contre  lesquels  les  académiciens  eurent 
a  lutter  dans  le  cours  de  leurs  opérations  astronomiques, 
soit  par  la  difficulté  du  local,  soit  par  la  superstitieuse 
ignorcince  des  habitans,  qui  les  regardoient  comme  des 
magiciens. 

Relation  historique  du  voyage  fait  dans  l'Ame'- 
nque  méridionale,  de  l'ordre  de  Sa  Majesté  ,  pour 
mesurer  quelques  degrés  d^un  méridien  terrestre , 
afin  de  parvenir  à  mesurer  la  véritable  figure  et  la 
.grandeur  de   la  terre  ,  avec  Vautres  observations 
astronomiques  et  physiques  ;  par  Don  George  Juan, 
commandeur  de  AHiaga,  de  l'ordre  de  Saint-Jean  , 
associé   correspondant  de   l'Académie    royale  des 
sciences  de  Paris  ;   et  Antoine  de  Ulloa,  de  l'aca- 
démie des  sciences  de  Londres,  tous  deux  com- 
mandant de  frégates  de  la  marine  royale  :  enrichie 
de  quarante-sept  figures  :  (en  espagnol)  Relacion 
hutorica  del  'viage  hecho  de   orden  de  Su^Majestad 
para  medir  algunos  grados  del  meridiano   terrestre, 
J  'Venir  por  ellos  en  conocimiento   de  la  verdadera 
fgura  y  maguùud  délia  tierra  ,   con    otras   ohserva- 
ciones  astrouomicas  y  physicas  ;  por  D.  George  Juan 
commendadordeMliaga,  en  del  orden  de  S.  Juan, 
socio  correspondente  de  la  real  Academia  de  scien- 
cias  de  Paris;  j  Antonio  de  Ulloa  de  la  real  M  a- 
demia  de  sciencias  de  Londres,  amhos  capitanes  de 
Jregata  de  la  real  armada,  Madrid,  1748  et  17/0 
2  vol.  in-8^  '^' 

Celte  lelaiion  a  été  traduite  en  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Voyage  historique  de  l'Amérique  méridionale, 


amériquf.  voyag.  dans  l'amér.  MÉR.  55 1 
fait  par  ordre  du  roi  d'Espagne,  par  Don  Geor^'cs 
Juan  et  Don  Antoine  de  TJlloa;  ouvrage  traduit  de 
l'espagnol  et  enrichi  de  figures  ,*  cartes  et  plans 
nécessaires  :  il  contient  aussi  une  histoire  des  Incas 
du  Pérou ,  et  des  observations  astronomiques  et 
physiques,  faites  pour  déterminer  la  figure  et  la 
grandeur  de  la  terre  ;  également  traduites  de  l'es- 
j)agnol  par  Dnmanvillou.  Amsterdam  et  Leipsic  , 
1762  ,  2  vol.  in-4". 

Une  partie  des  planches  de  celle  Iradnclion  aélé  dessinée 
par  Bernard  Picard. 

—  Le  nicme,  Paris,  I752,  2  vol.  in-4*'- 

CeUe  édition  de  Paris  est  moins  estimée  que  celle  de 
Hollande. 

—  Lie  méjue  ,  traduit  en  anglais ,  par  Adams. 
Londres,  lySS;  ibid,  lyyS,  1  vol.  iu-8''. 

On  y  a  omis  plusieurs  tables  d'un  grand  intérêt,  et  les 
planches  en  sont  misérablement  tronquées. 

—  Le  même,  en  hollandais.  ln-4°. 

Cette  relation,  qui  roule,  pour  la  plus  grande  partie, 
sur  ie  Pérou  et  le  Chili,  a  été  principalement  rédigée  par 
Don  Ulloa,  l'un  des  liomnies  les  plus  éclaiiés  qui  aient 
honoié  la  nation  espagnole,  et  auquel  nous  devons  deux 
autres  ouvrages  d'un  grand  mérite  (i).  La  relation  s'étend 
encore  à  la  province  de  Carihagène,  à  Porto-Bello,  à 
l'isthme  et  à  la  ville  de  Panama,  sur  lesquels,  comme  on  a 
pu  le  voir,  nous  n'avions  guère  que  des  relations  de  mis- 
sionnaires. Cette  partie  de  1  ouvrage  est  aussi  instructive, 
aussi  intéressante  que  l'antre. 

Après  avoir  exposé  tous  les  avantages  que  la  baie  de 

(1)  1'-'.  Mémoires  hisloiiques  et  p<jlili(juv.^s  sur  l'j^niériqije  méri- 
dionale, dont  j'ai  donné  la  noiice.  2°.  Rétablissenienl  dn  coiii- 
merre  et  dco  mannfaclures  d'Espagne,  ti'aduit  en  français;  Paris, 
i7r)5,  in- 12. 


352  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Carthagène,  par  sa  vaste  étendue ,  et  la  sérénité  du  temps 
qui  règne  en  toute  saison  ,  offre  au  commerce;  aprèsavoir 
tracé  le  tableau  des  diverses  castes  d'habilans  fort  mêlés  et 
de  moeurs  très-corrompues  qui  peuplent  Carthagène  et  ses 
enviions.  Don  UUoa  donne  un  détail  effrayant  des  mala- 
dies propres  à  ce  climat  meurtrier.  Les  unes  attaquent  et 
font  périr  en  peu  de  jours  les  Européens  nouvellement 
arrivés;  les  autres  ,  telle  qu'une  lèpre  de  la  plus  dange- 
reuse espèce ,  affectent  les  habitans  du  pays,  La  nature  a 
semé  ces  germes  de  mort  dans  un  territoire  très -fertile, 
dans  une  contrée  de  l'aspect  le  plus  riant.  Ce  contraste 
s  observe  également  dans  les  animaux  qui  la  peuplent.  Le 
bélail  y  est  Irès-multiplié,  la  chair  des  cochons  y  est  Irès- 
délicafe,  la  volaille  et  le  gibier  y  sont  excellons;  mais  il 
faut  s'y  défendre  de<5  tigres  et  des  léopards  qui  sont  très- 
nombreux;  mais  d'affreux  reptiles  et  les  plus  dangereuses 
espèces  de  scorpions  et  de  serpens,  des  insectes  venimeux, 
tels  que  les  araignées,  les  cenl-pieds,  les  piques,  infestent 
toutes  les  campagnes. 

L'insalubrité  de  l'air  est  bien  plus  remarquable  encore 
à  Porto-Bello  qu'à  Carthagène ,  et  elle  n'y  est  pas  balancée, 
comme  dans  celte  dernière  ville,  par  la  feitilité  du  sol  et 
l'heureuse  température  du  climat.  Les  chaleurs  sont  exces- 
sives à  Porto-Bello  ;  les  orages  y  sont  effrayans  ,  parce  que 
la  ville  est  toute  entourée  de  montagnes.  Les  torrens  de 
pluie  qu'y  versent  ces  orages,  y  amènent  l'humidité  la 
plus  malfaisante.  La  plus  grande  j^artie  des  équipages  des 
vaisseaux  qui  y  abordent,  est  rapidement  moissonnée. 
Comme  le  territoire  est  stérile,  les  vivres  y  sont  rares  et 
chers.  On  y  est  plus  tourmenté  encore  par  les  insectes  qu'à 
Carthagène;  et  l'humidité  du  sol  y  multiplie  les  crapauds 
à  un  excès  presque  incroyable;  mais  la  beauté  du  port, 
dont  la  ville  a  reçu  son  nom  ,  et  l'immense  commerce  qui 
s'y  fait  au  temps  de  la  foire  j  font  presque  oublier  alors  des 
inconvéniens  si  graves.  Tant  que  la  foire  dure,  la  ville  est 
jirodigieusement  peuplée  :  le  reste  de  l'année,  c'est  presque 
\xn  désert. 


AMÉRIQUE.  VOYAG.  DANS  L'AMER.  MER.  553 
Ce  fut  en  remontant  la  rivière  du  Chagre ,  qui  traverse 
l'istlirae  de  Panama  ,  que  le  voyageur  arriva  dans  ia  ville 
du  même  nom^  capitale  du  royaume  de  Terre-Ferme. 
Depuis  un  incendie  qui  la  réduisit  en  cendres ,  on  a 
reconstruit  en  pierre  toutes  les  maisons  qui  n'éloienl  bâties 
qu'en  bois.  Elle  est  toute  entourée  de  murailles;  les  rues 
sont  droites  et  bien  pavées  :  on  y  a  établi  une  juridiction 
suprême  avec  le  titre  d'Audience  royale,  dont  le  président 
est  en  même  temps  gouverneur  de  la  ville  et  capitaine 
général  du  royaume.  Le  climat  a  beaucoup  d'analogie  avec 
celui  de  Carthagène  ;  mais  les  habitans  sont  plus  actifs , 
plus  industrieux ,  plus  rusés  que  ceux  de  cette  dernière 
ville  :  l'agriculture  y  est  beaucoup  plus  négligée  ;  la  grande 
ressource  du  pays  est  le  commerce.  C'est  p.ir  cette  voie 
qu'on  se  procure  en  abondance  tout  ce  qui  est  nécessaire  à 
la  vie.  Une  richesse  particulière  aux  parages  de  cette  con- 
trée, c'est  la  pêche  qu'on  y  fait  des  perles  de  Ja  plus  belle 
eau  ;  les  requins  font  essuyer  de  grands  dangers  aux 
pêcheurs. 

En  sortant  de  la  Terre-Ferme ,  le  premier  établissement 
considérable  qu'offre  le  Pérou ,  c'est  le  corrégiraent  de 
Guyaquil ,  dont  la  capitale  et  le  fleuve  portent  le  même 
nom.  Ulloa  évalue  la  population  de  la  ville  à  vingt  raille 
âmes,  parmi  lesquelles  on  compte  beaucoup  d'Européens 
quelesagrémens  delà  vie  et  la  politesse  des  moeurs  engagent 
à  s'y  établir.  Le  plus  grand  nombre  deshabitans,  comme 
dans  les  villes  de  la  Terre-Ferme,  est  composé  de  diverses 
castes.  Ulloa  observe  que  ces  habitaus  n'ont  pas  le  teint 
olivâtre,  ainsi  que  dans  les  autres  parties  du  Pérou.  La 
chaleur  y  est  plus  forte  qu'elle  ne  Test  même  à  Cartha- 
gène ;  et  l'hiver  n'y  est  marqué  que  par  de  violens  orages  et 
des  pluies  abondantes  et  continues;  elles  donnent  naissance 
à  des  nuées  d'insectes  qui  tourmentent  plus  les  habitans 
que  dans  aucune  autre  contrée  de  l'Amérique  méridionale: 
ils  ont  aussi  à  se  garantir  d'une  multitude  de  coideuvres  . 
de  vipères,  de  scorpions,  de  mille-pieds,  qui  se  glissent 
dans  les  maisons  et  dans  les  lit.".  A  ces  fléaux,  qui  rendent 


^S\  BIBLIOTHlÈQUE    DES    VOYAGES. 

le  séjour  de  ce  pays  insupportable  sur-tout  pour  les  étran- 
gers (i),  se  joint  celui  d'une  quantité  incroyable  de  rats  qui 
infestentles  maisons.  L'excessive  Immidité  du  pays  pendant 
l'hiver,  à  laquelle  le  voyageur  au  roi  t  peut-être  pu  rapporier 
la  blancheur  du  teint  des  ha  bit  ans,  est  le  germe  de  lièvres 
inlermillentes  de  toute  espèce;  pour  les  guérir  ,  les  babitans 
répugnent  à  faire  usage  du  quinquina,  dont  ils  estiment  la 
qualité  trop  chaude.  Les  vapeurs  qui  s'élèvent  du  sol 
inondé,  y  rendent  aussi  fort  communes  les  itialâdies  des 
yeux,  qui  souventamènenl  descataractes  et  la  cécilé  :  enfin 
des  vaisseaux  ont  apporté  à  Guyaquil  une  maladie  cruelle 
que  l'anleur  désigne  sous  le  nom  de  vomito-pristo ,  qui  y 
est  devenue  presque  endémique. 

Un  commerce  assez  étendu  qui  se  fait  à  Guyaquil,  entre 
le  Pérou,  la  Terre-Ferme  et  les  côtes  de  la  Nouvelle- 
Espagne  ,  balance  un  peu  tant  d'inconvéniens.  Néanmoins 
il  s'y  élève  rarement  de  grandes  fortunes;  mais  c'est  patrie 
commerce  que  les  habiians  se  procurent  une  a;sez  grande 
quantité  d'objets  qui  leur  manquent ,  soit  pour  les  premiers 
besoins,  soit  pour  les  commodités  de  la  vie.  Le  cacaotier 
est  très-commun  dans  tout  le  district  de  Guyaquil. 

C'est  à  l'extrême  élévation  du  pays  de  Quito  ,  sur  laquelle 
Condamine  nous  a  donné  des  notions  si  lumineuses, 
qu'Ulloa  ,  commele  voyageur  français,  attribue  l'Jieureuse 
température  qui  rendroit  ce  pays  Tune  des  plus  délicieuses 
conli'ées  du  monde  ,  par  le  printemps  continuel  dont  on  y 
jouit,  si  cet  avantage  nétoit  pas  balancé  par  les  divers 
inconvéniens  que  La  Condamine  a  relevés,  et  qu'Ulloa  ne 
dissimule  pas  plusque  lui.  Ces  inconvéniens  sont  de  grosses 


(i)  Ceci  paroi!  coiiUedire  ce  que  dit  le  voyageur  du  grand 
nombre  d'Espagnols  qui  viennent  se  fixer  à  Guyaquil  :  mais  il 
faut  croire  que  les  graves  inconvéniens  qu'il  relève  ici,  ne  sont 
pas  les  mêmes  à  la  ville  que  Jans  les  campagnes:  d'ailleurs  UUoa , 
relativement  aux  habitans  de  celles-ci,  presque  tous  d'origine 
péruvienne^  observe  que  l'habitude  rend  presque  nulle,  pour  leâ 
naturels  du  j>ays^  l'impression  de  tant  d'incommodités  fâcheuses. 


AMERIQUE.     VOYAG.   BANS  L'AMER.   MER.    5'^^ 
pluies  continues  qui  tombent  au  pays  de  Qnito,  snr-toiit 
tîans  la  saison   de  l'hiver;  les  orages  effray.ins  cju'oii   y 
éprouve  ,  les  tremblemens  de  terre  qui  s'y  font  sentir  pres- 
que toujours  inopinément.  Au  milieu  de  ces  fléaux,  on  a 
du   moins  l'avantage  de  n'être  point  tourmenté  par  les 
insectes  et  de  n'avoir  point  à  redouter  les  animaux  veni- 
meux (i).  Mais  c'est  évidemment  aux  pluies  coulinues, 
aux  fréquens  orages  qu'il  faut  attribuer  les  fièvres  malignes 
et  les  pleurésies  dont  le  pays  de  Quito  est  fréquemment 
affligé.  Une  maladie  particulière  à  ce  pays  est  le  vicho  ;  c'est 
une  gangrène  qui  attaque  l'intestin  rectum.  Le  mal  vénérien 
y  est  très-commun,  et  se  propage  même  chez  les  enfans  ; 
quoique  la  cure  en  soit  toujours  négligée,  beaucoup  d'in- 
dividus qui  en  sont  attaqués  poussent  leur  carrière  jusqu'à 
soixante  et  dix  ans. 

La  ville  de  Quito,  qui  prend  son  nom  de  celui  du  pays  , 
a  une  population  de  soixante  mille  âmes.  On  y  remarque 
le  même  mélange  de  races  que  dans  les  autres  villes  dont 
le  voyageur  a  parlé.  Les  Espagnols,  sans  aucun  mélange 
de  sang  étranger,  forment  à  peine  le  sixième  des  habilanj!. 
Ceux  de  celte  nation,  soit  qu'ils  soient  créoles,  soit  qu'ils 
soient  nés  en  Europe  ,  sontbien  faits,  bien  ])roporlionnés: 
les  métis  possèdent  le  même  avantage.  Les  descendans  des 
Péruviens  sont  bien  fait;;  aussi,  mr-is  petits  et  trapus.  Parmi 
les  Espagnols,  le  nombre  des  femmes  surpasse  beaucoup 
celui  des  hommes  ,  ce  qui  ne  peut  s'attribuer  qu'aux' 
débauches  auxquelles  se  livrent  de  bonne  heure  les  jeuneis 
gens.  Ils  doivent  ce  penchant  funeste  à  la  molle  éducation 
qu'ils  reçoivent  de  leurs  mères ,  qui ,  dans  ce  pays ,  comme 
dans  toutes  les  autres  parties  de  l'Amérique  espagnole  ,  sont 
d'une  extrême  douceur  et  passionnées  pour  leur.s  enfans: 
à  ce  caractère,  elles  joignent  tous  les  agrémens  extérieurs. 
L'ivrognerie  ,  la  fureur  du  jeu  ,  le  penchant  au  vol,  sont 

(l)  Sans  doute  qne  l'élévalion  du  sol  empêche  l'eau  des  plnics 
de  rester  stagnante,  d'engendrer  des  in  sec  tes ,  et  de  favoriser  la 
multiplicalioa  des  animaux  venimeux. 


356  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES* 
les  vices  dominans  du  pays,  sur-toul  dans  la  dernière  classe 
du  peuple.  Le  principe  de  ces  vices  est  le  désoeuvrement 
qu'entretient  l'extrême  fertilité  du  pays.  Son  heureuse 
température  y  fait  croître  dans  une  extrême  abondance  les 
meilleures  espèces  de  grains  et  de  fruits  :  parmi  ces  der- 
niers, on  distingue  le  chirimoya,  le  meilleur  fruit,  suivant 
Ulloa,  qu'on  connoisse,  non-seulement  dans  l'Amérique 
et  aux  Indes,  mais  même  dans  l'ancien  continent  (i). 
Toutes  les  viandes,  au  pays  de  Quito,  sont  d'une  qualité 
comparable  à  celle  des  meilleui'es  de  l'Europe. 

Cette  province  exporte  pour  Lima,  des  toiles  de  colon 
blanches  et  i'ayées,des  drajDs,  desbayètes,  le  tout  fabriqué 
dans  le  pays  :  on  y  importe  en  retour  des  vins  ,  des  eaux- 
de-vie,  des  huiles  et  divers  métaux.  L'indigo,  dont  il  se 
fait  une  grande  consommation  dans  les  fabriques,  se  tire 
du  Mexique.  Le  jjays  de  Quito  est  divisé  en  plusieurs  cor- 
régimens  d'une  grande  étendue  ,  dont  le  voyageur  donne 
le  tableau  :  c'est  dans  celui  de  Loja  que  croit  l'arbre  dont 
l'écorce,  connue  sous  le  nom  de  cascarille  de  Loja  en 
Amérique  et  en  Espagne,  et  sous  celui  de  quinquina  dans 
le  reste  de  l'Europe,  est  un  si  puissant  fébrifuge.  Cet  arbre 
ne  s'élève  guère  qu'à  vingt  pieds  de  hauteur  :  le  nombre  en 
diminue  visiblement,  parce  qu'on  ne  prend  pas  la  peine 
d'en  semer  les  graines,  et  que  la  destruction  de  ces  arbres 
n'est  en  partie  réparée  que  par  celles  qui  tombent  à  terre, 
et  qu'un  heureux  hasard  fait  germer.  Du  temps  d'UUoa , 
on  avoit  découvert  dans  les  montagnes  de  Cuença,  à 
soixante  lieues  de  Quito,  des  arbres  de  la  même  espèce  qui 
pouvoieni  devenir  une  ressource  contre  le  dépérissement 
de  ceux  de  Loja. 


(i)  Ce  fruit  est  connu  aux  Antilles  sous  le  nom  de  pomme  •de 
canelle  ;  mais  il  est  bien  inférieùrà  celui  du  Pérou,  qu'on  préfère 
même  à  l'ananas.  J'ignore  si  l'on  a  essayé  en  Europe  de  l'élever 
dans  les  s^nes.  Le  Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle,  qui 
les  range  dans  la  famille  descorrosols,  sous  le  nom  de  conosol  du 
Pérou ,  ne  nous  apprend  ritn  à  cet  égard. 


AMÉRIQUE.     VOYAG.   DANS  L'AMÉR.'  MÉR.      oS^ 
Les  naturels  de  celte  fj;rande  proX'ince  sont  d'une  apathie 
extrême  et  dune  intelligence  irès-bornée.  L'ivrogiiefie , 
chez   euK  ,  est  portée  au   dernier  excès.   Leurs  caciques 
même,  auxquels  le  gouvernement  espagnol  confie   une 
partie  de  l'aulorité,  ne  sont  pas  exempts  de  ce  vice  qui, 
plus  qu'aucun  autre  peut-être,  dégrade  l'espèce  humaine» 
L'absurdité  de  leurs  superstitions,  qui  tiennent  beaucoup  à 
leur  ancienne  croyance,  ne  peut  être  comparée  qu'à  leur 
invincible  ignorance  surles principaux  points  de  la  religion 
nouvelle  qu'on  les  a  forcés  d'embrasser.  La  description  que 
fait  Ulloa  des  Cordillères  ou  Andes ,  et  sur-tout  des  Paramos 
(on  appelle  ainsi  les  parties  les  plusstériles  de  ces  montagnes), 
est  du   plus  grand  intérêt,  mais  elle  n'est  pàs'susceplible 
d'un  simple  ajjperçu,  il  faut  la  lii'e  dans  le  Voyage  même. 
Ulloa  ne  visita  Lima,  la  capitale  du  Pérou  ,  la  demeure 
de  son  vice-roi,  le  siège  du  gouvernement,   que  dans 
l'année  qui  suivit  celle  où  elle  étoit  presqu'entièrement 
détruite  par  le  tremblement  de  terre  le  j^lus  terrible  dont 
elle  eût  jamais  été  affligée  dans  des  époques  connues  ;  mai» 
il  la  décrit  ieïle  qu'elle  étoit  dans  le  temps  de  sa  splendeur. 
La  siltialion  de  cette  ville  dans  une  grande  et  fertile  vallée 
et  près  d'une  belle  rivière,  est  des  plus  avantageuse.  Les 
couvens  d'hommes  et  de  femmes  n'y  sont  que' trop  multi- 
pliés; mais, on  y  remarque  beaucoup  d'autres  établissemens 
plus  utiles.  De  nombreux  tribunaux  ,  à  la  tête  desquels  est 
le  vice-roi,  sont  chargés   d'administrer  la  justice  et  les 
finances.  L'autorité  du  vice-roi  n'est  subordonnée  qu'à 
celle  du  roi  :  il  dispose  de  tous  les  emplois  civils  et  mili- 
taires; et  la  pompe  qui  l'environnue  annonce  toute  l'éten- 
due de  son  pouvoir.  Une  universilé  ,  qui  compte  parmi  ses 
membres  plusieurs  personnages  distingués,  concourt  moins 
à  y  faire  fleurir  les  sciences  et  les  arts,  que  la  disposition 
naturelle   des   esprits,    chez    lesquels  on    remarque   une 
grande  sagacité.  Les  femmes  même  ont  beaucoup  d'acquii , 
et  réunissent  aux  agrémens  de  l'esprit,  tous  les  charmes 
propres  à  leur  sexe.  A  Lima,  comme  dans  la  Chine,  la 
petitesse  du  pied  est  une  grande  beauté. 

YI.  Y 


5jS       biiTliothèque  des  voyages. 

La  popnlalion  de  Lima  est  un  composé  d'Espagnols,  de 
mélis,  de  nègres,  de  mulâtres  et  de  naturels  du  pays.  Le 
Tiombre  des  Espagnols  s'y  élève  jusqu'à  seize  ou  dix— huit 
mille  individus  :  dans  ce  nombre^  on  compte  pour  ua 
tieis  ,  ou  au  moins  pour  un  quart,  la  noblesse  la  plus  dis- 
tinguée du  Pérou,  chez  laquelle  la  pureté  du  sang  se  sou- 
tient par  les  majoi'ats.  Dans  les  familles  nobles^  on  en 
dislingue  une  qui ,  par  les  femmes  ,  descend  des  Incas ,  et  à 
laquelle  les  rois  d'Espagne  ont  accordé  des  prérogatives 
particulières.  Les  familles  les  plus  illustres  de  la  ville  tien- 
nent à  honneur  de  s'allier  avec  celle-ci.  A  Lima,  comme 
dans  tout  le  reste  du  Pérou,  la  noblesse  ne  dédaigne  pas  de 
faire  le  commerce  en  gros,  elle  y  est  autorisée  par  une 
déclaration  du  prince.  C'est  à  Lima  que  se  rassemblent,  et 
tout  ce  qu'on  fabrique  dans  les  autres  provinces  du  Pérou  , 
et  toutes  les  marchandises  qu'apportent  les  galions  et  les 
vaisseaux  de  registre.  C'est  de  Lima  que  ces  richesses  se 
répandent  dans  la  vaste  étendue  du  Pérou  :  il  en  résulte  un 
très-grand  commerce  d'importation  et  d'exportation.  Les 
nègres  et  les  mulâtres,  qui  la  plupart  exercent  les  arts 
mécaniques,  forment  la  majeure  partie  de  la  population 
de  Lima;  les  métis  et  les  naturels  y  «ont  en  j>6lit  nombre. 

On  ne  connoît  point  la  pluie  dans  cette  partie  du  Pérou. 
Des  brouillards  qui  se  résolvent  en  rosées  abondantes,  en- 
tretiennent la  fertilité  de  la  terre  où  réussissent  également 
les  productions  de  l'Europe,  des  Indes  et  de  l'Amérique. 
On  est  tourmenté  dans  ce  pays  par  une  multitude  prodi- 
gieuse d'insectes;  mais  un  fléau  bien  plus  redoutable,  ce 
sont  les  Iremblemens  de  terre,  auxquels  les  édifices  les  plus 
solides  ne  peuvent  pas  résister.  Les  naturels  du  jjays  avoient 
eu  de  tout  temps  le  bon  esprit  de  s'en  préserver,  et  ils  s'en 
préservent  encore  aujourd'hui,  en  ne  bâtissant  que  sur  la 
superficie  du  sol ,  sans  chaux  ni  ciment. 

Les  maladies  qui  font  le  plus  de  ravages  à  Lima,  et  dans 
toute  celle  partie  du  Pérou  ,  sont  les  fièvresmalignes,  inler- 
raittentes,  catarrhales  et  lentes;  les  pleurésies,  la  pcliie- 
vérole  et  plusieurs  autres  qui  sont  communes  au  Haut  et 


AMERIQUi:.  VOYAC.  DANS  L'AMÉR.  MÉR.  SSq 
an  Bas-Pérou;  ruais  il  en  est  une  pailiculière  à  celle  der- 
nière partie  du  pays ,  c'est  le  pa-smao,  qui  se  divise  eu 
2Jasme  commun  et  partiel,  et  pasrae  malin  ou  d'arc.  L'un 
et  l'aulre  surviennent  dans  la  crise  de  quelque  autre  ma- 
ladie ai<7uë.  Ceux  qui  sont  attaqués  du  pasme  commun  , 
écliappent  quelquefois,  mais  le  plus  grand  nombre  meurt 
le  qualiième  ou  cinquième  jour.  Quant  à  ceux  qui  sont 
allaqués  du  pasme  malin,  ils  périssent  en  deux  ou  trois 
jours  ;  et  il  est  très-rai'e  que  la  nature  triomphe  de  cette 
dernière  espèce  de  pasme.  Ses  symptômes  en  général  sont 
J'inaclion  de  tous  les  muscles  et  le  raccourcissement  de  toua 
les  nerfs.  La  jjiincipale  attention,  dans  Le  traitement  de 
cette  maladie,  est  d'empêcher  l'air  de  pénétrer  dans  l'ap- 
partement du  malade,  et  d'y  entretenir  toujours  du  feu 
pour  faciliter  la  transpiration,  qu'on  s'efforce  encore  de 
favoriser  par  tous  les  moyens  usités  à  cet  effet. 

L'attrait  de  l'or  et  de  l'argent  répandus  dans  le  Pérou, 
fait  oublier  de  si  graves  inconvéniens.  A  l'avantage  de  pro- 
curer ces  métaux  précieux  avec  une  profusion  qui  paroît 
inépuisable  ,  le  Pérou  joint  celui  de  posséder  une  mina 
très -considérable  de  mercure,  substance  si  nécessaire 
pour  l'amalgame  et  le  départ  des  métaux  précieux.  Tandis 
que  le  Mexique  est  obligé  de  le  faire  venir  de  l'Espagne,  le 
Pérou  le  trouve  dans  son  sein. 

Nouveau  Voyage  fait  au  Pérou  par  M.  l'abbé 
Court  de  la  Blanchardière  ,  auquel  on  a  joiut  une 
description  des  anciennes  mines  d'Espagne  ,  tra- 
duite de  l'espagnol  à'Alonzo  Cenillo ,  avec  figures. 
Paris jDelagueite,  ly^i,  in-i2. 

Cette  relation  est  sur-tout  intéressante  par  la  descrij)— 
tion  que  le  voyageur  y  fait  des  ruines  de  Lima  et  deCallnc 
presque  entièrement  détruites  par  le  tremblement  de 
terre  de  1745.  Celle  des  anciennes  mines  d'Espagne  est 
très-curieuse  aussi,  en  ce  qu'elle  éclaircit  des  faits  Liito— 
riques  assez  obscur»  jusqu'alors. 

2 


S4o         BIBLIOTHÈQUE    DES    VO^ACES. 

H1STOIR.E  des  iremblemeiis  de  terre  arrives  a 
Lima  et  autres  lieux  ,  avec  la  descriptioa  du  Pérou  , 
et  des  recherches  sur  les  trerablemens  de  terre  , 
traduites  de  l'anglais  de  Haies ^  avec  cartes  et  figures. 
2.  parties.  La  Haye  ,  1752,  in-12. 

Relation  et  Description  de  la  ville  et  province 

de    Truxillo  au   Pérou  ,   par  Don  Michel  Fejjio  : 

(  en  espagnol  )   Relacion    Descripcwe  de    la  ciudad 

Y  vrovincia  de    Truxillo  del  Fera ,  por  D.  Miguel 

.. Fejjio .  Mad rid  ,   »  7  G 5  ,  in-fol . 

Voyage  au  Pérou  ,  par  Wolfgang  Beyer  :  (en  aile-, 
mand)  R.eise  vach  Peru ,  von  fFolfgang  Beyer.  Nu- 
remberg, 1776,  in-8". 

Idîe  générale  des  Monumens  du  Pérou  :  (ea 
anglais)  General  Idea  of  tlie  Monuments  of  Peru. 
Londres,  in-8". 

Cette  description  est  tirée  du  Mercure  Péruvien  (^Mer^ 
curio  Peruand)  ,  qui  s'imprime  à  Lima. 

Journal  d'un  voyage  à  travers  le  Pérou  ^  depuis 
Buenos-x\Yres  sur  la  grande  rivière  de  la  Plata,  et 
de  Potosi  à  Lima,  par  Antoine -Zacharie  Helm  ^ 
directeur  royal  des  mines  d'Espagne  :  Tea  allemand) 
Td^ebuch einer Reise,eic.  von  Ant.Zacli.  Helm,eic* 
Dresde,  1798,  i  vol.  in-S**. 

Ce  voj'age  jette  beaucoup  de  lumière  sur  l'histoire  natu- 
relle du  Pérou,  principalement  àur  la  géologie  éilaminé- 
ralogie  de  celle  vaste  contrée. 

CHILI. 

Indépendamment  des  ouvrages  dont  je  vais  donner  la 
Tiolice,  il  faut  recourir  au  huitième  volume  des  Lettres 
édifiantes  (première  édition):  on  y  trouvera  des  notions 


.mrniQrE,  voyag.  dans  l'amér.  miîr.  S'il 
hiléressariles  sur  pliisieuis  nations  du  Chili,  telles  que  les 
Moxos ,  les  Purchas  et  les  Poyas. 

Histoire  du  royaume  de  Chili,  par  Jean  Jancz 
(en  hollandais).  Amsterdam  ,  1^)19  ,  iu-/i". 

Journal  du  voyage  fait  à  l'ouest  du  détroit  do 
Lemaire  ,  sur  les  côtes  du  Chili,  sous  le  comman- 
dement de  Henri  Brower  :  (en  hollandais)  Journal 
van  de  Reyse  gedaen  hj  Oostcn  de  straest  Lemaire 
naer  de  hust  van  Chili ,  onder  Jiet  heleyd  •van  Ilen- 
drik  Brower.  Amsterdam,  i645  et  164^),  iu-4'\ 

Relation  historique  du  royaume  de  Chili,  par 
Alonze  d'Ovaglia,  de  la  Compai^nie  de  Jésns  :  (en 
espagnol)  Historica  Relacion  dcl  origen  de  Chili ^ de 
Alonzo  d'Qvaglia.  Rome,  1646,  in-4°. 

La  même,  {raduite  en  italien  sous  le  litre  suivant: 

HiSTORiCJL  RelATIONE  del  regno  di  Cili ,  e 
délie  3Iissione ,  e  Minislerii  che  esercita  in  attelle  la 
Compagiiia  di  G iesu  Alonzo  d'Ovaglia.  Rome,  1646, 

m-4^ 

Histoire  naturelle  et  civile  du  Chili ,  par  Fabbé 
Philippe  fldaure.:  (en  italien)  Istoria  naiurale  e 
civile  del  Chili ,  di  ahhate  Philippe  T  idaure.  ln-4^. 

Description  historique  du  pays  de  Gondca 
dans  le  Chili ,  et  d'autres  provinces  du  Chili ,  par 
Alphonse  de  Ercilla  (en  hollandais).  Amslerdam  , 
1649 ,  in- 12^. 

Abr]':gé  de  l'Histoire  géographique^  naturelle  et 
civile  du  royaume  de  Chili  :  (en  italien)  Conipcn- 
dio  dellalstoria  geograjica,  natiirale  e  civile  del  rcgno 
di  Chile.  Bologne,  1776,  in-8'^. 


342         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Cet  abrégé  a  été  traduit  ea  allemand  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Histoire  naturelle  ,  etc....  traduite  de  l'italien 
par  Jai;emann  :  (en  allemand)  Kurzgefasste  Natïtr- 
liche  und  Biirgerliche  Geschichte  des  Kœnigreichs 
Chile  ^  nus  dem  italiànisclien  diirch  Jagemann.  Ham- 
bourg, 1782  ,  in-8''. 

Le  Chili  ,  ou  l'Etat  actuel  du  Chili  ,  relative- 
ment à  son  histoire  naturelle ,  son  administration 
civile  et  politique ,  les  mœurs  de  ses  habitans ,  où 
l'on  a  inséré  en  sa  place  une  excellente  introduction 
îi  l'élude  de  la  langue  du  Chili  ;  le  tout  exécuté  avec 
beaucoup  de  dangers  et  de  travaux,  par  Bernard 
Havestad ,  religieux  missionnaire  d'un  monastère 
de  la  Westplialie  :  (en  latin)  Chilidugu,  sivè  res  Clii- 
lenses ,  vel  Descnptio  status  tam  naturalis  ,  quàm 
moralis  regni  populique  Chileiisis  ,  insertâ  suis  locis 
■pcrfectâ  ad  chilensem  liuguani  manuductione ,  opéra 
periculisque  Bernardi  Havestad  ^  niissionarii  West-^ 
phaliae  mo7m>$^em.  Munster,  lyyy  ad  1779,  7  parties 
in- 8°. 

Avec  une  carie  fort  étendue  du  pays,  cette  description 
reuferjne  des  notions  Irès-détaillées  sur  l'hisloire  natu- 
relle et  l'adminislration  civile  du  Chili,  et  sur  le  caractère 
moral  de  ses  l)abilans.  Elle  est  enrichie  d'ailleurs  d'un 
cahier  de  la  musique  du  pays,  d'une  grammaire  et  d'un 
dictionnaire  de  la  langue  des  indigènes.  Cet  ouvrage  n'est 
pas  commun  en  France  :  il  y  est  recherché,  et  mérite  de 
l'être. 

Description  historique  de  la  province  et  de 
l'archipel  de  Cliiloë  dans  le  royaume  de  Chili ,  par 
Don  Pedro-Gonzales  de  Ogeros ,  ci-devant  mission- 


AMÉRIQUE.    YOYAG.    DANS  L'AMj'r.  Mi'r.    5/^3 

naire  de  la  Propagande  de  Ocopa  au  Pérou  ;  enri- 
chie d'une  grande  carte  :  (en  espagnol)  D.  Pedro 
Gonzales  de  Ogeros ,  Description  historica  de  la 
provincias  y  archipelago  de  Cliiloë  en  el  régna  de 
Chili,  etc....  Madrid,  Bayle,  1780,  in-4°. 

Outre  la  description  de  la  province  et  de  l'archipel  de 
Chiloë,  cet  ouvrage  contient  une  descviplion  de  deux 
autres  vastes  archipels  inconnus  jusque-là. 

Histoire  naturelle  du  Chili ,  par  l'abbé  Molina  : 
(en  italien)  Istoria  naturale  del  Chili,  del  ahhaic 
Molina.  Bologne,  1782,  iii-S**. 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  sous  le  litre  sui- 
vant : 

Essai  sur  l'Histoire  naturelle  du  Chili  ,  par 
M.  l'abbé  Molina ,  traduit  de  litalion  ,  et  enrichi  de 
notes  par  M.  Grouvel  ,  D.  M.  Paris,  Née  de  la 
Rochelle,  1789,  in-8°. 

Cet  excellent  ouvrage  ne  laisse  presque  rien  à  désirer 
sur  l'histoire  naturelle  du  Chili. 

Abrégé  de  l'Histoire  géographique ,  naturelle  et 
civile  du  royaume  du  Chili  :  (en  italien)  Compendio 
délia  Istoria  geograjîca ,  naturale  e  civile  del  rcguo 
del  Chili.  Bologne,  1786,  in-8°. 

L'auteur  de  cet  Abrégé  n'a  donné  que  des  notions 
imparfaites  sur  l'histoire  natuielle  du  Chili. 

Notices  politiques  et  physiques  du  Chili  :  (en 
allemand  )  Neuesle  Politische  und  Phjsihalisclie 
Nachrichten  ans  C/iz7i.  (Insérées  dans  le  Portefeuille 
historique,  1786,  premier  cahier.) 

Essai  sur  l'Histoire  civile  du  Chili  ,  par  l'abbé 
Molina  *  (en  italien)  Saggio  jiellq,  Istoria  civile  del 


544  lilîîT.lO  THÈQUE    DES    VOYAGES. 

ChiU^  (hl  signore  abbate  Molina.  Bologne,  1787, 


ïn-S\ 


Il  est  à  désirer  qu'on  nous  donne  la  traduction  de  ce 
second  ouvrage  de  l'abbé  Molina  :  elle  compléteroit  dans 
notre  langue  les  notions  les  jolus  récentes  que  l'on  ait 
acquises  sur  le  Chili. 


FIN    DE    LA    CINQUIÈME    PARTIE, 


SIXIEME  ET  DERNIÈRE  PARTIE. 


SECTION  PREMIERE. 

T^oyages  faits  dans  l'océan  Pacifique  ou  la  mer 
du  Sud  en  général ,  et  en  particulier  aux 
groupes  d'îles  compris  sous  la  dénomination 
de  Polynésie  (i). 

J  E  commence  par  une  relation  commune  aux  îles  de  la 
mer  du  Sud  et  aux  terres  Magellaniques  et  Australes. 

Relation  de  divers  voyages  et  découvertes 
dernièrement  faits  au  sud  et  au  nord  vers  le  détroit 
de  Magellan ,  dans  la  mer  du  Sud  et  dans  la  vaste 
étendue  des  régions  au-delà  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, etc —  et  encore  à  la  Nouvelle-Zemble,  au 
Groenland,  au  Spitzberg;  par  sir  Jean  iVa/'Z»oroM^/i , 
le  capitaine  Jacques  Tasman ,  le  capitaine  Jean 
TVood ,  et  Frédéric  Mariens  de  Hambourg  :  on  y  a 
joint  une  longue  introduction  et  un  supplément  : 
(  en  anglais)  An  Account  of  several  late  voyages  and 


(i)  C'est  le  président  de  Brosses  qui,  dans  son  exceltenle  His- 
toire des  navigations  aux  Terres  Australes,  dont  je  donnerai  la 
Eolice,  a  proposé  de  donneç  te  nom  de  Polynésie,  qui,  dans  la 
langue  grecque,  signifie  un  grand  nombre  d'iles,  aux  nonibreu,^ 
groupes  d'ik's  réj)andus  dans  l'océan  Pacifique,  en-deçà  de  l'jr- 
rliipel  Oriental.  Celle  déuominaliuu  a  élé  adoptée  par  les  meilleur* 
géographes. 

YI.  * 


346        BlBLlÔTSèQUB    DES    VOYAGES. 

discoveries  to  the  South  audJYorth  towards  the  streights 
of  Magellan  y  the  South  seas ,  the  vast  tracts  of  laivd 
héyond  Hollandia-Nova,  etc....  also  towards  Nova- 
Zembla  ,  Groenland,  Spitzberg  ,  Goryland  or  En- 
groaland ,  etc..  ;  hy  sir  John  Narhorough  ,  cap.  James 
Tasman  ,  cap.  John  TVood ,  and  Fivderic  Martens  of 
Hambourg  :  to  which  are  annexed  a  large  introduc- 
tion and  supplément»  Londres,  i6o4  j   ihid.  i6ii, 

Les  Observations  faites  par  Vcichàivà Hawkins , 
dans  son  voyage  à  la  mer  du  Sud  :  (en  anglais)  Oh~ 
sensations  in  the  vojage  to  the  South  sea.  Londres  , 
Jaggard,  1632,  in -fol. 

Cette  relation ,  écrite  par  Havvkins  lui-même ,  est  fort 
diffuse. 

Journal  d'un  voyage  fait  à  la  mer  du  Sud  avec 
les  Flibustiers  de  l'Amérique,  en  1684  et  années 
suivantes  ,  par  le  sieur  Raveneau  de  Lussan.  Paris  , 
Coignard,  1689,  in-12. 

Cette  relation  a  été  insérée  toute  entière  dans  l'Histoire 
des  Flibustiers,  dont  j'ai  donné  précédemment  la  notice  : 
c'est  la  meilleure  relation  de  toutes  celles  qui  sont  entrées 
dans  cet  ouvrage. 

Le  Voyageur  bien  expérimenté  dans  lesmerS 
du  Sud  ,  ou  Voyage  détaillé  autour  du  Monde,  fait 
avec  Roggevin  ,  dans  les  années  1721  à  1723,  par 
Charles  Frédéric  Behrens  :  (en  allemand)  JFohlver- 
suchte  Sud-Laender,  d.  i.  ausfûhî'liche  Reise-Beschreî- 
hung  um  die  JVelt  unterRoggewein,  von  1 721  bis  1/23 y 
"von  Cari.  Fritd.  Behrens.  Leipsic  ,  17^9,  iu-8°. 

Voyage  à  la  mer  du  Sud,  fait  en  1708  ,  1709, 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  ^47 

jyio  et  lyii  ,  contenant  un  Journal  de  ce  qui  est 
arrivé  de  plus  considérable  durant  ce  voyage  ,  avec 
la  description  des  côtes  de  l'Amérique  depuis  la 
terre  de  Feu  dans  le  siid  ,  jusqu'à  la  Californie  au 
nord  ;  tiré  d'un  manuscrit  espagnol  intitulé  le  Pilote 
des  côtes  ^  avec  une  nouvelle  carte  et  une  descrip- 
tion de  la  grande  rivière  des  Amazones  :  traduit  de 
l'anglais.  In-8°. 

Voyage  par  terre  depuis  le  golfe  d'Honduras 
jusqu'à  la  grande  mer  du  Sud ,  fait  par  Jean  Coch- 
burn  et  cinq  autres  Anglais,  savoir,  Thomas  Rounce, 
E-ichard  Bauister ,  Jean  Ilolland .,  Thomas  Rohin^ 
son ,  et  Jean  Bellman ,-  avec  le  récit  sommaire  des 
découvertes  et  des  choses  les  pins  remarquables  de 
leur  voyage,  par  Nicolas  Withinglon  :  (en  anglais) 
A  Journej  oi^er  laiidfroin  tlie  gulf  of  Honduras  in  the 
South- Sea  ,  perfoimed  hy  John  Cockburn  and  jive 
other  Englishmen ,  viz  :  Thomas  Rounce,  Ricli.  Ba— 
nister ,  John  Holland ,  Thom.  Rohinson  and  John 
Bellman,  -with  a  hrief  discoveiy  oj"  some  things  hcst 
ivorth  taking  notice  of  in  the  travels  of  JS'ic.  JVi- 
thington.  Londres,  lySS,  in-8°. 

Voyage  en  Austrasie  et  Polynésie,  \)i\v Roggevin, 
La  Haye  ,  lySg ,  2  vol.  in-8°. 

Ce  Voyage  a  été  écril  en  français  par  un  Allemand  de 
Mecklen bourg.  Avec  une  petite  escadre  de  trois  vaisseaux , 
Roggevin  partit  du  Texel  le  2  août  1721  et  y  rentra  le 
II  juillet  1723;  la  célérité  de  celle  expédilion  esl  Irès- 
remaïquable. 

Voyage  dans  la  mer  du  Sud  ,  traduit  de  l'anglais 
eu  hollandais.  Amsterdam,  1740,  in-8". 


348        EIELIOTIliQDE    r>ES    VOYAGES. 

Voyage  à  ).  mer  da  Sud ,  dans  les  années  ,7/0 
et  .741  par  Jean  Buciel^  et  Jean  Gnmmius  :  fen 
angla,s)  ro^.^,  '"'"  "'^  South-Sca,  in  tke  jLs 
i;*0  and,y4l,  hy  John  BucheUy  and  John  Gum- 
mm.  Londres,  Robinson,  1743,  in-8°. 

Collection  historique  de  plusieurs  Voyages 
e  Découvertes  fanes  daus  l'océan  Pacifique ,  par 
Alexandre  Dalrjmple ,  avec  planches  .  (en  anglais) 
Jn  histoncal  ColUclion  of  the  se.eral  VoraJs 
ond  D,sco.eries  in  the  south  Pacific  -  Océan  X 
Me:>cander  Dalrjmple.  Londres,  ,770,  2  vol.  iu.4'.. 

bea°uc"„un7l"'"'  ■■«""' 'D^'n-Ple  a  rassemblé  avec 
beaucoup  de  d.scememeni  et  une  crilique  sévère,  tout  ce 
que  les  journaux  espagnols  e.  hollandais  renferm;ie„  de 
conuo,  ces  géographiques  et  historiques  sur  la  ™er  dt 
Sud  e  ce  qutls  pouvo.ent  offru-  aussi  d'iusl.uctif  dans 
les  d.fferen.e,  brauche,  de  Ihistohe  naturelle  :  il  v  a  io  ," 
d  s  obser>at,o„s  propres  à  facliter  l'iu.elligeuce  df  " 

«r  d"  •,'  ''"'  ■' '''T:-''  ™"  =  '^  ^^f""'  d^  méthode    on 
celui  d  être  quelquefois  tris-obscurs  :  on  y  trouve  u"e 
d  ssertatton  fort  curieuse  sur  les  îles  de  sln,on     .:: 
Hes  d  essees  avec  so,n ,  servent  <le  guides  pour  suivre  Z 
d.fferenle,  uavigal.ous  faite,  dans  la  mer  du  Sud.  Pa nu 
e    d,vers  Voyages  don.  est  composée  la  collection.      " 

dans  les  mers  australes.  Le,  planches  don.  fa  collecl  o^ 
es.  enr,ch,e,  son.de  la  plus  belle  exécution.  Il  " 

de     e.  ouvrage  un  abrégé  en  f.auçai,  sot,s  le  titre'  2 
vanl  : 

Voyages  dans  la  mer  du  Sud  par  les  Espagnols 
e  les  Uollandais,  ouvrage  traduH  de  V^^^t 
^ï.  Dalrjmple  par  M.  de  Fréville ,  et  enrichi  de  trois 
cartes.  Parts ,  Desaint  et  Nyon  ,  1 774 ,  i„  g». 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN   PACIFIQUE.         549 

HyDROGiiAPiiiE,  OU  Histoire  des  nouvelles  dé- 
couvertes faites  dans  la  mer  du  Sud  en  1 767,  1 768 , 
1769  et  1770,  par  M.  de  Frétille.  Paris,  177/1, 
a  vol.  in-8". 

Cet  ouvrage  peut  êlre  considéré  comme  la  suite  du 
précédent.  L'auteur  y  a  donné  un  extrait  des  nouvelles 
découvertes  faites  dans  la  mer  du  Sud  par  les  navigateurs 
anglais  et  français,  et  qui  n'ontroient  pas  dans  le  plan  de 
M.  Dalrymple. 

Premier  Voyage  de  M.  Bjron  à  la  mer  du  Sud  , 
avec  un  extrait  de  sou  second  Voyage  par  M.  Cant- 
wel.  Paris,  1772,111-8''. 

Description  et  Relation  des  îles  dernièrement 
découvertes  dans  la  mer  du  Sud  ,  avec  quelques 
observations  sur  la  contrée  de  Kamtschatka,  par 
Jean  Trunler  :  (en  ang^lais)  John  Trunler's  Descrip- 
tion and  Account  qf  the  islands  Intelj  discovered  in 
tJic  South-Sea ,  with  some  account  of  tJie  couniry  of 
Haiidschatka.  Londres,  l'J'J'Jy  in-8'\ 

La  même  sous  un  autre  tilje  : 

Relation  des  principales  îles  de  la  mer  du  Sud, 
par  Jean  Trunler  :  (en  anglais)  Account  of  the  prin- 
cipal islands  in  the  South-Sea  ^  hy  John  Trunler. 
Londres,  i8or,  in-8''. 

Relation  des  dernières  d9,couverles  des  An- 
î^lais  dans  la  mer  du  Sud  :  (en  allemand)  Nachrichtefi 
von  den  Neuestcn  Entdekungcji  der  Englœnder  in 
der  Sudsee,  Berlin,  177S,  7  vol.  iu-S". 

Mémoires  sur  les  découvertes  faites  dans  la  mer 
du  Sud  avant  Bougainville  et  Cook,  par  le  P.  Pingre. 
Paris,  1778,  in-4'^ 


550       BfBLIOTIIKQUE    DES    VOYAGES. 

Nouveau  Voyage  à  lu  mer  du  Sud ,  commencé 
sous  les  ordres  de  M.  Marion,  et  achevé  ,  après  la 
mort  de  cet  ofTicicr,  par  M.  Ducleneur^  rédigé  d'après 
les  plans  et  journaux  par  M.  Crozet,  avec  planches. 
Paris,  Barrois  l'aïué  ,  lySS  ,  in-8°. 

Les  observations  faites  dans  la  mer  du  Sud  eoiil  posté- 
rieures à  la  morl  de  M.  Marion,  massacré  par  les  sauvages 
de  la  Nouvelle-Zélande. 

La  partie  la  plus  inléressanle  de  celte  relation ,  ce  sont  les 
observations  qu'elle  renferme  sur  la  principale  des  îles 
Maiiannes:  j'en  donnerai  un  apperçu  à  l'arlicle  de  ces  îles. 

Histoire  abrégée  de  la  mer  du  Sud,  par  M.  de 
La  Borde.  Paris  ,  Didot,  1791 ,  5  vol.  in-8°. 
—  Atlas  de  cette  Histoire.  Ibid.  in-4°. 

Sous  ce  tilre  assez  impropre,  il  faut  entendre  xin  abrégé 
de  la  plus  grande  partie  des  voyages  faits  dans  la  mer  du 
Sud.  L'anleur  remonte  jusqu'à  Gonerille,qui  échoua  dans 
les  terres  Australes  au  quinzième  siècle;  et  il  conduit  cet 
abrégé  jusqu'au  capitaine  Riou ,  qui  échoua  aussi  dans  le« 
glaces  du  pôle  antarctique,  en  1789. 

L'auteur,  qui  n'étoit  point  maiin  (c'est  celui  auquel 
nous  devons  les  Tableaux  de  la  Sui.s.se  et  des  Lettres  sur 
cette  contrée),  mais  qui  avoit  bien  étudié  la  géographie 
des  mers,  exhorte  vivement  dans  son  ouvrage  à  élargir  le 
Irajet  de  Niagara,  qui  n'est  que  de  trois  lieues  seulement, 
pour  le  rendre  navigable,  et  en  faire  ainsi  un  point  de  com- 
munication entre  la  mer  du  Nord  et  celle  du  Sud.  Il  aVoit 
calculé  que  par  celte  voie,  on  abrégeroit  de  plus  de  ûx 
mois  les  voyages  d'Europe  en  Chine,  qu'ainsi  diminue- 
roient  considérablement  les  frais  d'armement,  le  noujbre 
des  vaisseaux,  et,  ce  qui  est  beaucoup  plus  précieux 
encore,  quil  en  résulteroit  une  économie  notable  dans  le 
calcul  des  hommes  employés  dans  ces  voyages  et  que  font 
périr  les  maladies  el  les  fatigues  des  longs  trajets. 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.        35r 

Voyage  à  la  mer  du  Sud ,  entrepris  par  ordre  de 
S.  M.  britannique  ,  pour  introduire  aux  Indes  occi- 
dentales l'arbre  à  pain  et  d'autres  arbres  utiles ,  par 
le  lieutenant  BUgh ,  avec  une  relation  de  la  révolte 
arrivée  à  bord  de  son  vaisseau  ;  traduit  de  l'anglais 
par  F.  Soûles.  Paris  ,  Henery ,  1792  ,  in-S". 

Dans  le  cours  de  ce  voyage,  entrepris  pour  un  objet  si 
utile,  Bligh  a  visité  les  îles  de  la  mer  du  Sud,  déjà  par- 
courues par  tant  de  célèbres  navigateurs,  et  il  a  ajouté 
quelques  observations  neuves  aux  leurs. 

On  y  verra  les  conjmunications  qu'eurent,  dans  la  baie 
de  Malavaï ,  avec  le  vaisseau  monté  par  Bligh  ,  les  insulaires 
d'Olaïli.  On  apprit  d'eux  la  mort  d'Omaï,  cet  intéressant 
Otaïtien  qui  avoit  fait  le  voyage  d'Angleterre ,  et  étoit 
revenu  dans  sa  patrie.  Ils  apportèrent  à  bord  le  portrait 
de  Cook,  fait  en  J  777  par  M.Wabber ,  pour  en  faire  rac- 
commoder le  cadre  qui  étoit  endommagé  :  ils  avoient 
'  attaché  j^lus  de  prix  à  ce  portrait  qu'au  bélail  que  ce  célèbre 
navigateur  leur  avoit  laissé. 

Voyage  du  capitaine  Jacques  Colnet,  du  cap  de 
Horn  dans  l'océan  Pacifique  :  (en  anij;lais)  Captain 
James  Colnet  s  p^ojagefrom  Cap— Horn  into  the  Pa- 
cific-Océan.  Londres,  1792  ,  in-8°. 

—  Le  même,  ihid.  1798,  in-8*'. 

Journal  des  découvertes  faites  dans  l'océan 
Pacifique  :  (en  anglais)  Account  discoveries  in  the 
south  Pacific- Océan.  Londres  ,  1799,  in-o°. 

Les  groupes  d'îles  répandus  dans  l'océan  Pacifique  , 
qu'il  faut  distinguer  de  l'archipel  oriental  de  celle  mer, 
lequel  se  termine  aux  Philippines,  et  qui  forment  ce  que 
les  géographes  appellent  la  Polynésie,  peuvent  être  rangés 
dans  Tordre  suivant  indiqué  par  Pinkerlon  dans  sa  Géo- 
graphie moderne. 

Les  îles  Pelew;  les  îles  des  Larrons  ou  Mariannes;  les 


352  BIBLIOTHEQUE    DÈS    VOYAGES. 

Carolines;  les  îles  Sandwich;  les  Marquises;  les  îles  de  la 
Société;  les  îles  des  Amis  et  des  Navigaleurs  et  l'île  de 
Pâques.  En  les  parcourant  toutes ,  fe  vais  appliquer  à  quel- 
ques-unes d'entre  elles  les  relations  qui  leur  sont  jsarlicu-' 
lières ,  et  indiquer  pour  le  plus  grand  nombre  les  Voyages 
àutovir  du  monde,  ou  toutes  antres  relations  où  elles  sont 
décrites. 

ISLES  PELEW. 

Relation  des  îles  Pelew ,  situées  dans  la  partie 
occidentale  de  l'océan  Pacifique  ,  composée  sur  les 
journaux  et  les  communications  du  capitaine  Henri 
Wilson  et  de  plusieurs  de  ses  officiers  qui  les  visi-r 
tèrent  en  1783  ,  par  Georges  Keate  :  (en  anglais) 
yàji  Account  of  ihe  Pelew  islands  sitiiated  in  tlie 
western  parts  of  thc  Pacific  -  Océan ,  coniposéd  froni 
ihe  journals  and  coiiiihuni  cation  s  of  caplain  Henri 
TVilson  and  some  of  Jus  officers  in  august  iy83 ,  hj 
George  Keate.  Londres  ,  IVicol ,  1788,  in-4°. 

Celle  relation  a  été  traduite  en  français  sous  le  tiUe  sui- 
vant: 

Relation  des  îles  Pelew,  situées  dans  la  partie 
occidentale  de  l'océan  Pacifique  ,  composée  sur  les 
journaux  et  les  communications  du  capitaine  Henri 
Wilson  et  de  quelques-uns  de  ses  officiers  qui ,  eu 
août  1 785 ,  y  ont  fait  naufrage  sur  V Antilope ^  paque- 
bot de  la  compagnie  des  Indes  orientales;  traduite 
de  l'anglais  de  Georges  Keate  (par  INfirabeau),  ornée 
de  dlx-sepl  figures.  Paris,  Maradan,  1793,  2  vol.. 
m-8°.  ' 

L'existence  de  ces  îles,  où  Wilson  et  son  équipage  ont 
trouvé  un  jieuple  dont  les  nations  les  plus  civilisées  cle 
l'Europe  pourroient  envier  les  vertus  morales,  a  paru 


VOYAGF.S  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  555 
clouleuse  à  quelques  personnes  et  snr-toul  en  France, 
malgré  tous  les  droits  que  le  rédacleur  paroîl  avoir  à  la 
confiance  des  lecteurs.  Mais  ce  doute  pov(rroit  bien  ne 
tenir  qu'à  l'espèce  de  fatalité  qui ,  depuis  la  publication 
en  Angleterre  du  Voyage  original ,  jusqu'à  sa  traduction 
en  français ,  .semble  avoir  toujours  dérobé  l'approche  et 
la  connoissance  de  ces  îles  aux  navigateurs. 

Postérieurement  même  à  cette  traduction  ,  on  n'a  pas 
encore  acquis  une  certitude  absolue  que  les  îles  Pele^v 
aient  été  visitées  par  de  nouveaux  voyageurs  :  voici  tous 
les  renseignemens  que  je  peux-  donner  a  cet  égard.  Il  a 
paru  assez  récemment  à  Londres,  une  nou^■elle  édition 
du  Voj'age  aux  îles  Pelew;  elle  est  augmentée  de  cinq 
planclies  et  d'un  supplément.  Ce  supplément  contient 
l'extrak  des  journaux  du  Ponthyre  et  de  V Entrepidse , 
envoyés  à  la  recherche  de  ces  îles  en  1790  :  il  a  été  publié 
par  J.  P.  Hoahin.  Cette  expédition  a-t-elle  fait  retrouver 
les  îles  Pelevv  ?  c'est  sur  quoi  je  ne  peux  donner  aucunes 
lumières,  n'ayant  pas  pu  me  procurer  la  nouvelle  édition 
du  Voyage  aux  îles  Pelew ,  où  se  trouve  l'extrait  des  jour- 
naux en  question. 

Sans  adopter  les  doutes  élevés  sur  l'existence  des  îles  Pelew, 
qui  paroissent  suffisamment  combattus  tant  par  l'arrivéeet  le 
eéjour  à  Londres  du  second  fils  du  roi  de  ces  îles,  queKeate 
y  a  connu,  que  par  le  vocabulaire  de  l'idiome  pelew  placé 
à  la  fin  du  Voyage  ,  et  qui  ne  peut  guère  être  l'ouvrage  de 
l'imagination  de  l'éditeur  (1),  il  est  difficile  de  se  i-efuser  à 
l'idée  que  Keate  a  fort  embelli  la  description  de  ces  îles  et  le 

(1)  Si  Terilablement  les  lies  où  Wilson  fit  naufrage  sont  les 
mêmes  que  les  îles  l'enlen  ou  Palaos,  désignées  sous  ces  deux: 
noms  daus  le  Supplément  à  l'Histoire  des  navigations  du  P.  de 
l^rosses ,  il  ne  pourroit  plus  rester  le  moindre  doute  sur  l'existence 
des  îles  Pelew ,  telles  que  les  a  décrites  Keale  :  mais  les  Lettres  de» 
Llissionnaires,  citées  par  le  P.  de  Brosses  ,  nous  dépeignent  comme 
inhumain  et  barbare >  comme  anthropopliage  même,  le  peuple  des 
îles  Palaos  ;  ce  qui  ne  s'accorde  g»ière  avec  le  portrait  que  nous  fait 
Keate  ,  des  habilans  des  îles  Pelew. 

VI.  « 


554  BIBLIOTHEQUE  DES  VOYAGES. 
polirait  de  ses  habitan.s.  Vraisemblabiemer7t  ils  n'a^'oienl 
pas,  dans  les  Mémoires  de  Wilson  et  des  officiers  de  sou 
vaisseau  ,  toutes  les  couleurs  riantes  dont  Keate  les  a 
dépeint-s*  On  peut  croire  néanmoins  que  Keate  n'a  pas 
exagéré  les  traits  principaux  de  leur  caractère  physique  et 
moral.  Il  paroît  qu'en  général,  le  peuple  des  îles  Peiew 
est  d'une  constitution  vigoureuse,  et  que  sa  taille,  biea 
pioportionnée,  est  au-dessus  de  la  moyenne.  Son  teiut , 
un  peu  plus  foncé  que  celui  qu'on  nomme  cuivré,  n'est 
pas  néanmoins  tout-à-fait  noir.  Ses  cheveux  sont  longs 
et  floltans.  Comme  tant  d'autres  peuples,  les  habitans  de 
ces  îles  sont  entièrenjent  nus,  si  ce  n'est  que  les  femmes 
portent  deux  petits  tabliers  de  frange  faits  avec  la  filasse 
de  la  noix  de  coco  :  ils  sont  aussi  dans  l'usage  de  se  tatouer 
et  de  se  feindre  les  dents  en  noir  :  l'afiTabilité,  la  douceur  , 
la  gaité  paioissent  leur  être  naturelles.  Sans  avoir  de  reli- 
gion Tjroprement  dite  ,  ils  sont  dans  l'opinion  qu,^  l'ame 
survit  au  corps:  de-là  vient  qu'ils  enterrent ,  lès  mort* 
avec  une  sorte  de  respect.  La  polygamie  est  en  usage 
chez  eux. 

La  culture  des  grains,  celle  même  des  racines  est  abso- 
lument inconnue  chez  ce  peupje.  C'est  principalement 
de  poisson  qu'il  se  nourrit,  et  il  y  ajoute  une  esjîèce  de 
ronlilure  faite  avec  la  canne  à  sucre,  qui  paroit  être  indi- 
gène dans  ces  îles.  L'arbre  à  pain  et  le  cocotier  sont  encore 
deux  grandes  ressources  alimentaires  pour  lui.  Il  met  d'ail-.' 
leurs  si  peu  de  recherche  dans  lesalimens,  qu'ayant  dan» 
ses  bois  nos  volailles  domestiques  errantes,  il  n'avoit  pa^ 
imaginé,  avant  que  les  Anglais  l'en  eussent  instruit,, 
qu'elles  pussent  lui  servir  de  nourriture.  Il  en  étoit  de 
même  des  ])igeons,  qui  forment  la  classe  la  plus  nom- 
breuse des  oiseaux  qui  peuplent  ces  îles.  Les  Anglais  au 
reste  n'y  virent  aucune  espèce  de  quadrupèdes,  excepté 
quelques  rais  cachés  dans  les  bois  ,  et  trois  ou  quatre  chats 
dans  les  maisons,  qui  y  avoient  été  saus  doute  apportés  par 
suite  de  quelque  naufiage. 

Le  gouvernement  des  îles  Pelew  est  une  monarcliia 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.        555 
aTîsolue  ,  ce  qui  diminue  un  peu  les  idées  "que  Keafe  nous 
a  données  du  bonheur  de  .ses  hahilans.  T,e  roi  de  ces  îles  a' 
sous  lui  quelques  chefs  nommés  Ruyachs  ,  qui  forment 
son  conseil   d'élat.   Il  est  considéré   comme' propriétaire 
de  lout  le  territoire.  Ses  sujets  ne  possèdent  rien  que  des 
proprielés  personnelles  et  mobilières,  telles  que  des   ca-* 
riols,  des  armes  et  la  petite  quantité  de  meubles  et  d'ins- 
truniéns nécessaires,  soit  pour  leur  subsistance  et  leurs' 
îogeriie'ns,  soit  pour  leurs   travaux.  La  construction  de 
lenrs  maisons  est  extrêmement  simple:   c'est  un  assem— ' 
blogede  plati<*hes  et  de  bambous  qui  porte  sur  une  assise' 
de  larges  pierres  élevées  de  trois  pieds  au— dessus  du  sol  ; 
iDàis'ils' ont  de  vastes  salles  ct'nslruites  à-peu -près  de 
mènVéVponr  les' assemblées  publiques.  Leiu's  principaiux 
rheubPés  ^orit  des  vases  d'une  forme  ovale,  fabriqués-avec' 
une  tèri^é  grossière,  et  des  espèces  de  couteaux  faits  avec' 
dés  coquilles'  de  moule  oii  avec  du  bambou   fendu.  La' 
lance  ,•  i(?"dard  ~et  la  fronde  sont  leurs  armes.  Leurs  canots  , 
sculptés- a^éb  assez  d'adresse,  sont  formés,  corn hpie' cKess ^ 
tous  lés  peuplés  sauvages,  de  troncs  d'arbres  creusés  avec' 
le  feu. 

Supplément  à  la  Relation  des  îles  Pelew,  rédigé 
d'après  les  journaux  des  deux  vaisseaux  la  Panthère 
et  V Entreprisé ,  envoyés  vers  ces  îles  par  la  compa- 
gnie anglaise  des  Indes  en  1 790  ,  et  d'après  les 
communications  orales  du  capitaine  Wilsou ,  par 
John  Pare  Bockiiij  avec  sept  planches  :  (en  anglais) 
ui  Sjupplepient  to  tJie  Account  of  the  Pelew  islands  y 
etc Londres,  IN'icol,  1804,  in-4°. 

Ce  supplément  n'a  paru  que  postérieurement  à  ma 
rédaction  de  l'article  concernant  les  îles  Pelew  :  j'en  insère 
ici  l'extrait  tel  que  je  le  trouve. dans  le  Joiunal  de  la  Litté- 
rature étrangère  (cinquième  année,  quatrième  cahier). 

Les  deux  vaisseaux  quittèrent  k  rade  de  Bombay  eu 

:3 


356  BIBLlOTHiQUE  DES  VOYAGES; 
août  1790  ,  et  gagnèrent  les  îles  Pelew.  Après  avoir  remrs. 
les  présens  de  la  compagnie  aux  chefs, le  capitaine  Mac- 
Cluer  s'embarqua  à  bord  de  la  Panthère  pour  Macao, 
laissant  l'autre  vaisseau  aux  îles  Pelew,  pour  attendre  son 
retour.  Quelques  insulaires  s'offrirent  de  raccompagner 
en  Chine  ,  et  le  capitaine  choisit  deux  hommes  et  deux 
femmes.  Il  les  ramena  dans  ces  îles  en  juin  1791,  et  le  peu 
de  temps  qu'il  s'y  arrêta  fut  emploj^é  à  instruire  les  insu- 
laires dans  l'art  de  traiter  et  d'élever  les  animaux  qu'il 
leur  laissoit ,  et  à  leur  faire  connoîlre  l'usage  de  plusieurs 
instrumens  d'agriculture  et  d'économie  qu'il  leur  avoiS 
apportés.  . 

Le  capitaine  quitta  ensuite  les  îles  Pelew,  pour  exa- 
miner la  côte  septentrionale  de  la  Nouvelle-Guinée.  Il 
retourna  dans  ces  îles  au  commencement  de  1793 ,  et  c'est 
alors  qu'il  exécuta  le  projet  long-temps  médité  de  ^'y  éta- 
blir,  et  de  résigner  le  commandement  des  deux  vaisseaux 
dans  les  mains  du  second  capitaine.  Peu  après, 7a  Pan- 
thère quitta  les  îles  Pelew ,  laissant  Mac-Cluer  occupé  à 
réaliser  le  bonheur  qu'il  s'étpit  promis.  Au  bout  de  quinze 
mois ,  il  fut  tellement  ennuyé  de  son  séjour  dans  ces  îles  , 
qu'il  s'embarqua  avec  six  personnes  seulement,  et  arriva 
à  Macao ,  d'où  il  envoya  un«  relation  de  sgs  aventures  à 
ses  amis  en  Angleterre.  Cette  )-elation  étoil  datée  du  14  juin 
1794.  Peu  de  lemjîs  après,  il  rçtourna  pour  la  dernière 
fois  aux  îles  Pelew,  afin  de  rfimener  sa  famille  et  ses  biejis. 
Plusieurs  insulaires  des  deux  sexes  s'embarquèrent  avec 
lui  pour  Bombay.  Ils  relâchèrent  à  Bemorlea  ,  el  Mac- 
Cluer  y  trouvant  une  frégate  destinée  pour  Bombay,  fit  ' 
partir  quelques  personnes  de  sa  famille  avec  six  femmes 
de  Pelew,  pour  ce  porl.  Quanjt  à  lui,  il  s'embarqua  avec 
quelques  autres  insulaires  à  bord  de  son  propre  vaisseau  , 
et  depuis  ce  temps,  on  n'a  pas  reçu  de  nouvelles^  ni  de  sa 
roule  ,  ni  de  ce  qu'est  devenu  son  équipage. 

S'il  pouvoit  s'élever  quelques  doutes  sur  la  véracité  du 
capitaine  Mac-Cluer,  dans  la  relation  de  ses  aventures 
•Mvoyée  par  lui  à  se»  amis  en  Angleterre,  il»  ^croient  levé» 


VOYAGES  DATfS  L'OCÉAN  PACIFIQTTE?  Z^-/ 
par  le  récit  suivant,  qui  se  trouve  dans  la  relation  du 
voyage  de  lord  Macartney  en  Chine  et  en  Tartarie  (tome  2), 
rédigé  jîar  sir  Staunton ,  et  dont  j'ai  donné  précédem- 
lueul  la  notice. 

«  Tandis  que  VIndostan  éloit  séparé  du  reste  de  l'es- 
»  cadre,  il  rencontra  un  petit  navire  de  construction  euro- 
»  péenne....  c'étoit  le  brick  l' Endeavour ,  commandé  par 
»  le  capitaine  Proctor....Ce  bâtiment  appartenoit  à  la  coni- 
»  pagnie  des  Indes  anglaise.  Conformément  au  j^lan  suivi 
»  par  cette  compagnie,  qui,  au  milieu  de  ses  entreprises 
»  commerciales,  s'attache  à  favoriser  les  sciences,  ce  brick 
»  avoit  d'abord  été  employé,  sous  le  commandement  du 
M  savant  capitaine  Mac-Cluer,  à  faire  des  découvertes  et 
»  des  observations  sur  le  grand  archipel  oriental,  compris 
î)  dans  ce  qu'on  appelle  les  mers  de  la  Chine.  Le  capitaine 
»  Mac-Cluer  étoil  considéré  comme  un  observateur  noa 
»  moins  actif  qu'intelligent.  Il  avoit  déjà  visité  les  îles  Pe- 
»levv,  ou  bien  il  s'étoit  formé  une  haute  idée  de  leur 
»  climat  et  de  la  disposition  des  habilans,  à  la  lecture  de 
»  l'intéressante  relation  publiée  par  M.Keale,  d'après  les 
»  renseignemens  fournis  jjar  le  capitaine  ^Vilson.  Décidé 
»  à  chercher  aux  îles  Pelevv  le  bonheur  qu'il  considéroit, 
j)  sans  doute  ,  comme  plus  difficile  à  atteindre  dans  ime 
})  société  plus  nombreuse  et  plus  compliquée,  mais  plus 
»  corrompue,  le  capitaine  Mac-Cluer  s'occupa  long-temps 
»  (le  son  projet,  et  se  pourvut  de  tout  ce  qui  pouvoit  lui 
»  être  nécessaire  pour  son  nouvel  asyle.  En  y  arrivant,  it 
»  céda  le  commandement  de  son  vaisseau  au  second  capi- 
»  taiue,  et  écrivit  aux  agens  de  la  compagnie,  pour  leur 
prendre  compte  du  parti  qu'il  prenoit.  Il  leur  dit ,  entre 
»  autres  raisons ,  qu'il  ne  se  déterminoit  à  ce  parti ,  que 
i>  parce  qu'il  vouloit  se  distinguer  par  une  conduite  donj 
»  on  avoit  donné  jusque-là  peu  d'exemples. 

))  Les  habilans  des  îles  Pelew  l'accueillirent  avec  joie  et 
5)  avec  des  distinctions  honorables.  Ils  lui  offrirent  en  même^ 
3)  temps  de  lui  donner  une  grande  autorité  parmi  eux;_ 
»  ce  qu'il  refusa,  se  conlenlan-l  d'une  petite  portion  de 


^58  BIBLIOTHÈQUE  D]E-S  VOYAGES. 
5)  lerre  pour  la  cultiver  ,  el  aiinaiit  mieux  se  rendre  utile 
5)  ù  la  patrie  qu'il  adoptoit ,  par  les  avis  que  la  supériorité 
•)-)  de  ses  connoissances  le  meltoit  pn  état  de  lui  donner, 
y>  que  d'y  exercer  aucune  sorte  de  commandement.  Une 
3)  lelle  conduite  étoil  certainement  plus  propre  à  lui  con- 
j)  cilier  rallachement  constant  des  insulaires,  que  l'usur- 
3)  palion  d'un  pouvoir  qui ,  avec  le  temps,  n'eût  pas  raan-> 
»  que  d'exciter  de  la  jalousie  et  du  mécontentement.  Ce- 
»  pendant  il  n'est  pas  sur  que  quelque  accident  ne  trouble 
y>  rijarraonie  qui  subsiste  à  présent  entre  lui  et  la  race  lios- 
35  pilalièie  des  habitans  des  îles  Pelew ,  et  qu'il  ne  change 
3;  pa.s  lui-même  de  disposition ,  et  ne  reprenne  ces  affections 
3?  qui  attachent  la  plupart  des  hommes  à  leurs  anciens  amis 
j»  (et  à  leurs  habitudes  premières. 

y)  Le  vapitaine  Proctor  confirma,  à  beaucoup  d'égards ^ 
5î  réloge  que  le  capitaine  T^Hs^on  a  fait  des  îles  Pelew. 
»  Loin  d'avoir  de  lu  férocité  dan^  le  caractère  ,  et  de  voiir 
5)  les  étrangers  avec  horreur^  les  habitans  de  ces  îles  ac-^ 
3)  cueillent  avec  la  plus  grande  bienveillance  ceux  qui 
3)  viennent  parmi  eux,  et  admettent  quelques-uns  des 
3)  principaux  au  nombre  de  leur  noblesse ,  ainsi  que  l'ont 
■5)  éprouvé  le  capitaine  \Vilson  et  le  capitaine  Proclor.  Le 
3)  dernier,  qui  a  vu  quelques  parties  de  la  Nouvelle-Guinée, 
3)  où  les  étrangers  sont,  au  contraire ,  traités  avec  inhuma- 
»  nité ,  attribue  une  conduite  si  différente  à  un  esprit  de 
3)  ressentiment  excité  par  des  actes  de  trahison  et  de  cruauté 
3)  que  se  sont  sans  doute  permis  quelques  aventuriers  qui 
3)  ont  abordé  sur  celte  côte  ;  et  il  ne  pense  pas  que  le  carac- 
3)  1ère  de  ses  habitans  soit  naturellement  méchant  j). 

ISLES   MARIANNES. 

Histoire  des  îles  Marianiies ,  nouvellement  con- 
verties à  la  religion  chrétienne  ,  et  de  la  mort  glo- 
rieuse des  premiers  missionnaires  qui  y  ont  prêché 
la  foi  ;  par  le  P.  Le  Gobien ,  de  la  Compagnie  de 
Jésus.  Paris,  Popre,  1700  ,  iu-12. 


VOYAGES  DANS  L'OCLAN  PACIFIQUE.         5^9 

Quoiqti'une  grande  partie  de  celte  relalion  soif  con.sa- 
crée  à  reli'acer  les  premiers  succès  et  la  catastrophe  ul lé- 
rien  re  des  missionnair^-s  dans  les  îles  Mariannes ,  elle  est 
néanmoins  très-précieuse  à  d'autres  égards,  parce  qu'elle 
nous  donne  de  l'ancien  état  de  ces  îles  (i)  ,  des  idées  plus 
justes,  quoiqu'assez  resserrées,  que  la  relation  du  P.  LiC 
Clain,  missionnaire,  qu'on  trouve  dans  l'Histoire  générale 
des  Vovages. 

Les  îles  Mariannes,  qui  forment  l'arcln'pel  de  Saint- 
Lazare,  sont  connues  encore  sous  le  nom  d  iles  des  Lar- 
rons ,  qne  ,  lors  de  leur  découverte,  M'igellan  leur  donna, 
pour  quelques  vols  assez  légers  qu'y  essuya  ce  célèbre  navi- 
gateur (2).  Il  y  constata,  ce  qui  n'avoil  pas  encore  été 
observé  chez  les  peuples  mrme  les  plus  sativages  ,  que  l'élé- 
ment du  feu  éloil  absolument  inconnu  aux  habifans  de  ces 
îles.  La  preiiiière  fois  qu'ils  virent  du  feu ,  ils  le  prirent 
pour  un  animal. 

Les  îles  Mariannes  sont  au  nombre  de  quatorze  ,  dont 
quelques-unes  ont  depuis  treize  jusquà  quarante  lieues  de 
tour.  L'origine  de  lenrs  habitans  est  fort  incertaine.  Lea 
uns  la  rapportent  au  Japon  ,  parce  qu'ils  ont  beaucoup  de 
rapports  avec  les  Japonais,  par  l'importance  qu'ils  atta- 
chent à  la  noblesse  ,  et  par  la  fierlé  qu'afFecte  celle  classe. 
D'autres  les  font  sortir  des  Philippines,  attendu  la  confor- 
mité de  leurs  traits  ,  de  leur  langue ,  de  leurs  coutumes  ,  de 
leur  gouvernement,  avec  les  habitans  de  ces  dernières 
îles. 

Les  îles  Mariannes  sont  fort  peuplées.  On  compte  plus 
de  trente  mille  habitans  dans  l'île  de  Guahan^  qui,  à  la 


(i)  Ton»  re  qu'on  va  lire  ne.sl  applicable  qu'à  l'éut  où  éloient 
ces  iles  lors  de  leur  tlécoùverle ,  ou  dans  les  temps  Irès-voisius  de 
celle  dérouverle. 

(2)  Cesl  lui  qui  d'abord  ,avaHl  ce  petil  événement  ,avoil  appelé 
Archipel  de  Saint- La^ura  ,  re  groupe  d'îles  :  elles  ne  prirent  le 
nom  d  iles  Mariannes  qu'à  l'époque  où  la  reine  Marie-Anne  d'Au- 
(riclie  y  envoya  des  missionnaires  pour  y  prêcher  l'évangile. 


oCyo       BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

vente ,  est  la  plus  grande  de  ces  iltS;  et  à  laquelle  oa  donne 
quarante  lieues  de  circuit. 

Le  P.  Le  Gobien  nous  dépeint  les  habitans  de  ces  île» 
comme  d'une  taille  haute  et  bien  proportionnée,  plus 
robustes  que  les  Européens,  quoiqu'ils  vivent  d'une  ma- 
nière très-frugale,  et  j^récisément  peut-être  en  raison  de 
ce  genre-là  même  de  vie.  La  plupart  parviennent  à  une 
extrême  vieillesse  sans  avoir  été  malades.  Lorsqu'ils  le 
deviennent ,  ils  se  guérissent  assez  aisément  avec  des  herbes 
dont  ils  connoissenl  les  vertus.  Les  femmes  font  consister 
leur  beauté  à  avoir  les  dents  noires  et  les  cheveux  blancs. 
Pour  se  procurer  ce  double  agrément,  elles  emploient 
cej  laines  plantes  et  des  eaux  préparées  à  cet  eflet. 

A  ces  traits  du  caractère  physique  des  habitans  des  îles 
JVlariannes ,  le  P.  Le  Gobien  en  ajoute  qui  font  honneur  à 
leur  caractère  moral.  Ils  ont  en  horreur  l'homicide  et  le 
in  rein.  Bien  loin  d'être  enclins  au  vol,  comme  Magellan  le 
eoupçouna,  ils  sont  de  si  bonne-foi,  au  moins  entre  eux, 
qu'ils  laissent  impunément  leurs  maisons  ouvertes  le  jour 
et  la  nuit.  Ils  sont  naturellement  libéraux  et  secourables. 
Les  Esj)agnols  l'éprouvèrent  en  i65o,  lors  du  fameux 
naufrage  du  vaisseau  la  Conception.  Il  n'y  eut  sorte  de 
bons  Irailemens  que  n'aient  éprouvés  de  leur  part  ceuK 
des  naufragé.»!  qui  eurent  le  bonheur  de  se  sauver. 

Ces  insulaires  sont  divisés  en  trois  classes, la  noblesse, le 
peuple  et  les  gens  d'une  condition  médiocre.  La  noblesse 
lient  le  peuple  dans  un  abaissement  porté  à  un  lel  point, 
que  c'est  une  infamie  pour  un  noble  et  pour  sa  famille  de 
.*)'allier  avec  une  fille  du  peuple.  C'est  un  crime  pour  ceux 
<le  cette  dernière  classe,  d'approcher  de  la  personne  ou  de 
la  maison  d'un  noble.  La  noblesse  possède  des  terres  qui, 
comme  nos  anciens  fiefs,  sont  héréditaires.  Par  une  cou-.^ 
tume  bizarre,  ce  ne  sont  point  ses  enfans  qui  succèdent 
<i  un  noble,  ce  sont  ses  frères  et  ses  neveux,  qui  alors  pren- 
nent sou  nom  ou  celui  du  chef  de  la  famille. 

La   n<>blesse   la  plus  resj>ectée ,    est   celle   de  la  ville 
(\'J^ada,  capitale  de  J'ile  de  Quahan.  EUe  es,t  Qsjie^  nom-^ 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  56r 
treuse,  parce  que  la  siluation  de  celle  ville  élant  agréable, 
et  les  eaux  y  élanl  excellentes,  les  familles  les  plus  consi- 
dérables sont  venues  s'y  établir.  Quelle  que  soit  en  général  la 
grossièreté  des  habitans  des  îles  Mariannes,  on  remarque 
une  sorte  de  politesse  parmi  les  nobles  :  ils  se  font  beau- 
coiiji  de  civilités  entre  eux ,  et  s'invitent  volontiers  à  manger 
les  uns  cbez  les  autres.  Les  principaux  de  la  noblesse  pré- 
sident dans  les  assemblées.  Avec  quelque  respect  qu'on  les 
y  écoute,  on  ne  défère  à  leur  avis  qu'autant  qu'on  le  juge  à 
propos.  Chacun  prend  le  parti  qui  lui  convienc,  parce  que 
malgré  la  supériorité  qu'affectent  les  nobles,  le  peuple  des 
îles  Mariannes  ne  reconnoît  aucun  chef  et  n'est  assujéli  à 
aucune  loi  permanente  :  il  a  néanmoins  quelques  coutumes 
qu'il  observe  aussi  religieusement  que  si  e'éloient  de  véi'i- 
tables  loix.  Aucun  peuple  rassemblé  en  société,  n'a  vécu 
aussi  dans  une  plus  grande  liberté,  dans  une  indépendance 
plus  absolue.  Chacun  devient  le  maître  de  ses  actions,  dès 
qu'il  a  assez  de  raison  pour  se  connoîlre.  Les  enfans  n'ont 
de  respect  et  de  déférence,  même  pour  leurs  parens  , 
qu'autant  qu'ils  en  ont  besoin.  Chacun  se  fait  justice  à  soi- 
même  dans  les  démêlés  qu'il  a  avec  les  autres.  S'il  survient 
quelques  différens  entre  les  différentes  peuplades,  elles  les 
terminent  par  la  guerre.  Ces  insulaires  sont  faciles  à  s'ir-» 
riler,  à  courir  aux  armes,  mais  ils  les  quittent  aussi  aisément 
qu'ils  les  ont  25ï"ises,  car  ils  ne  sont  pas  naturellement 
braves.  Comme  ils  ne  portent  à  la  guerre  aucunes  provi-» 
sions,  il  leur  arrive  assez  souvent  de  rester  deux  ou  trois 
jours  sans  manger.  Ils  marchent  sans  chefs  et  sans  ordre. 
Leur  tactique  consiste  uniquement  dans  les  ruses  :  deux  ou 
trois  hommes  tués  ou  grièvement  blessés  décident  de  la 
victoire.  Les  vaincus  envoyent  des  ambassadeurs  aux  vic- 
torieux qui  triomphent  d'eux  avec  insolence,  mais  sans 
barbarie  ,  se  contentant  d'insulter  av;x  vaincus  par  des 
chansons  salyriques  qu'ils  composent  et  récitent  dans  leurs 
fêtes. 

Les  traits  les  plus  marqués  du  caractère  des  habilans 
des  îles  Mariannes,  ce  59111  une  inconstance  et  une  légè- 


o6s  BlBtlOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
reté  presque  incroyables.  Cette  mobilité  dans  leurs  affec- 
-tiolis  ne  se  dément  que  lorsqu'ils  se  croient  outragés.  La 
"vengeance  chez  eux  est  une  passion  violente  qui  paroît 
quelquefois  assoupie  pendant  deux  ou  trois  ans  et  plus, 
■mais  qui  se  réveille  ensuite  et  se  satisfait  par  tout  ce  que 
la  trahison  la  plus  noire  peut  imaginer  de  plus  odieux. 

Les  hommes  ont  la  liberté  de  prendre  autant  de  femmes 
qu  il  leur  plaît,  pourvu  qu'elles  ne  soient  pas  leurs  pa- 
rentes; mais  la  coutume  assez  générale  est  de  se  borner  à 
une  seule.  Les  femmes  ,  ici ,  ont  tous  les  privilé^^es  que  les 
hommes  s'attribuent  ailleurs.  Ce  sont  elles  qui,  à  la  mai- 
son ,  commandent  ;  le  mari  ne  peut  disposer  de  rien  ,  sans 
leur  consentement.  Si  la  conduite  du  mari  n'est  pas  régu- 
lière, ou  s'il  est  d'une  humeur  fâcheuse ,  la  femme  le  mal- 
traite ou  le  quitte,  et  reprend  sa  première  liberté;  car 
chez  ces  insulaires,  le  mariage  n'est  pas  indissoluble  De 
quelque  côté  que  soit  provoquée  la  sé^^aralion  ,  la  femme  ne 
perd  rien  de  ses  biens,  ses  enfans  la  suivent,  et  consi- 
dèrent le  nouvel  époux  qu'elle  a  piris  comme  si  c'étoitleur 
père.  Si  la  conduire  d'aune  femme  n'est  pas  régulière,  le 
mari  [jeut  s'en  venger  su'.-  l'amant  et  même  lui  ôter  la  vie; 
mais  il  ne  lui  est  pas  permis  de  maltraiter  sa  femme  ;  et  tout 
ce  qu'il  peut  faire  ,  c'est  de  la  quitter.  Il  n'en  est  pas  ainsi , 
lorsque  ce  sont  les  rnaris  qui  sont  infidèles  :  les  femmes 
alors  se  font  justice  à  elles-mêmes  en  pillant  ses  biens,  en 
le  chassant  de  sa  maison.  Pour  exercer  celte  vengeance, 
elles  se  font  aider ,  soit  par  leurs  parens ,  soit  par  les  autres 
femmes  du  village.  Cet  empire  des  femmes  sur  leurs  maris 
a  cet  effet,  qu'une  infinité  de  jeunes  gens  répugnent  à 
contracter  le  mariage  :  ils  louent  des  filles  ou  les  achètent 
fie  leurs  pères,  et  ils  les  placent  dans  des  maisons  publiques, 
communes  pour  tous  les  célibalaires. 

Je  me  suis  un  peu  étendu  sur  ce  sujet,  parce  que  ce 
prodigieux  ascendant  des  femmes  sur  les  hommes  aux  îles 
Mariannes,  est  peut-être  un  fait  unique  dans  l'histoire  des 
nations  anciennes  et  modernes.  Il  faut  se  transporter  chez 
les  Russe»  pour  y  observer,  mais  dans  une  certaine  classe 


VOYAGES  DAIS'S  L'OCEAN  PACIFIQUE.  5G5 
seulement  de  ce  peuple ,  quelque  chose  qui  approche  de 
cet  étrange  empire  du  sexe  le  jolus  foible  sur  le  plus 
fort  (i). 

Dans  le  supplément  h  THisloire  des  navigations  aux 
Terres  Australes,  par  le  P.  de  Brosses,  on  trouve  l'indi- 
caliou  d'un  Mémoire  sur  les  îles  Mariannes ,  par  Luis 
Morales. 

Richard  Waller,le  rédacteur  du  Voyage  du  commo- 
dore  Anson  ,  dont  j'ai  donné  la  notice  (première  Partie, 
«ection  vi,  ^.  ii),a  fait  la  description  la  plus  séduisante 
de  l'île  de  Tinian.,  l'une  des  îles  Mariannes.  Ce  commodore 
y  trouva  de  quoi  pourvoir  abondamment ,  sans  peine  et 
sans  dépense,  à  tous  les  besoins  de  son  vaisseau  leCenturion: 
iion  équipage  s'y  rétablit  promplement  de  toutes  ses  fatigues  j 
}a  maladie  qui  le  dévoroit  y  cessa  presque  miraculeusement. 
Celle  île,  abandonnée  par  les  Espagnols,  qui  transpor- 
tèrent à  Guaban  ou  Guaham  (et  Guam. ,  par  corruplion)  , 
la  plus  méridionale  et  la  plus  considérable  des  îles  Ma^ 
jiannes  ,  les  restes  des  naturels  de  Tinian  dont  une  maladie 
é pidémique  avoit  enlevé  la  plus  grande  partie,  étoit  jîeuplée 
de  boeufs,  de  cochons  et  de  volailles,  devenus  sauvages. 
Tinian  ,  parée,  suivant  "Waller ,  de  la  plus  riante  verdure  , 
d'«r,bres  chargés  de  fleurs  et  de  fruits  ,  de  prés  émaillés  de 
fleurs  odorantes,  et  de  bois  touffus,  n'oflroit  aucuns  ruis-^- 
seaux,  aucunes  rivières  j  irais  des  puits  et  des  sources 
deau  viv«  presque  à  la  surface  de  la  terre  procuroient  une 
«au  d'une  excellente  qualité;  et  deux  lacs,  au  centre  de 
l'île,  suppléoient  à  l'eau  courante. 

Eyron  et  Wallis,  qui  successivement  visitèrent  l'île  de 
Tinian  long-temps  après  le  commodore  Anson  ,  et  dont  j'ai 
indiqué  les  relations  (première  Partie,  ibid.) ,  n^en  font 
pas  une  peinture  aussi  attachante  que  celle  de  Walter  :  ils 
esliment  son  climat  fort  mal-sain  ;  ils  en  dépeignent  le  sol 
comme  partagé  entre  des  landes  jonchées  de  ronces  et  de 
bois  olwilrués  par  des  broussailles:  il  est  infesté, suivant  eux, 

(0  Voyez  les  Mémoires  «ecrt U  de  la  Rnssie,  tgme  ii. 


5^4  BÏBtIOTnÈQUE  DES  VOYAGES 
d'insectes  dévorans  ;  et  le  peu  de  bétail  et  de  volailles  qui  s'y 
trouvent  sont  si  farouches,  qu'on  ne  peut  les  atteindre 
que  trés-difBciiement.  Thomas  Gilbert  dans  sa  relation , 
dont  je  donnerai  ultérieurement  la  notice,  porte  sur  Tinian 
le  même  jugement  que  les  deux  précédens  voyageurs.  Oii 
voit ,  dans  le  Voyage  du  gouverneur  Philipps  à  Bolany- 
^^y  >  que  je  ferai  aussi  connoître  ultérieurement,  que  le 
capitaine  Sever ,  qui  avoit  touché  à  Tinian  en  1 788,  n'avoit 
pas  non  plus  une  idée  fort  avantageuse  de  l'île  Tinian. 
Cependant  Byron  et  Gilbert  y  avoient  trouvé  le  cotonier 
en  pleines  fleurs,  et  le  premier  )'■  avoit  découvert  l'indi- 
gotier; d'où  l'on  peut  inférer  que  des  colons  industrieux 
pourroient  aisément  y  naturaliser  les  productions  utiles 
des  deux  Indes  ;  mais  les  Espagnols  n'ont  formé  d'établis— 
sèment  que  dans  l'ile  de  Guahan.  Voici  le  rapide  apperçu 
des  observations  qu'on  trouve  sur  cette  île  dans  le  Voyaga 
à  la  mer  du  Sud,  par  Marion  et  Ducleneur,  dont  j'ai  donné 
précédemment  la  notice. 

L'air  est  excellent  dans  cette  île  :  les  eaux  sont  bonnes, 
les  légumes  et  les  fruits  délicieux  ,  les  troupeaux  de  boeufs, 
de  cochons  et  de  cabris,  innombrables  :  toute  espèce  de 
volaille  y  est  multipliée  à  l'infini. 

C'est  dans  la  ville  d'Agana,  située  à  quatre  lieues  du 
port,  dont  l'entrée  est  difficile,  et  dans  un  beau  pays  plein 
de  sources  ,  que  réside  le  commandant  de  l'île,  dont  l'ha- 
fcitation  est  vaste  et  bien  bâtie.  Les  rues  de  cette  ville  sont 
alignées,  les  maisons  solidement  construites  en  bois  sur 
pilotis.  Entre  l'ancienne  maison  des  Jésuites  et  leur  col- 
lège,  on  voit  un  corps  de  casernes  propre  à  loger  une 
garnison  de  cinq  cents  hommes ,  et  un  magasin  du  roi  assez 
spacieux.  Tous  ces  bàlimens  publics  sont  construits  en  bri- 
ques et  couverts  de  tuiles.  I/île  de  Guahan,  observe  le 
voyageur ,  est  le  seul  point  dans  la  vaste  étendue  de  la  mer 
du  Sud  semée  d'îles  innombrables,  qui  offre  une  ville 
bàlie  H  l'européenne,  une  église,  des  fortifications,  une 
population  civilisée.  Celle  population  néanmoins  ne  ré- 
pond ni  à  la  fertilité  de  l'île,  ni  à  son  étendue,  qui,  s,\ii.-' 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.        oG5 
rant  l'eslimalion  des  Espagnols,  a  quarante  lieues  de  cir- 
conférence. Le  voyageur  réduil  celie  populafion  à  quinze 
cents  Indiens  j  resle  de  vingt  mille  habilans  environ  qu'on 
y  comploit  lors  de  la  déx;ouverle.  Elle  a  éJé  néanmoins 
augmentée,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  du  resle  des  habilans  de 
l'île  Tinian  échappés  à  la  mortalité  ,  et  de  ceux  des  autre»  ' 
îles  Mariannes  où  l'on  comploit,  lors  de  la  découverte," 
plus  de  soixante  mille  âmes.  Les  sages,  mais  tardives  pré- ' 
cautions  du  gouvernement  espagnol,  et  l'administratioiî 
paternelle  de  M.  Tobias,  commandant  de  l'ile  à  l'époque 
du  voyage  en  qne>lion.,.avoient  commencé  à  augmenter 
la  population,  divisée  en,vingl-u»   petits  établissemens 
d'Indiens  autour  de  ri,le ,  tous  sur  les  Iwrds  de  la  mer,  et 
composés  chacun  de  cinq;  ou  six  femilles  qui  cultivent 
des  grains,  des  légumes ,  et  qui  s'occupent  aussi  de.  la 
péclie. 

Le  centre  de  l'ile  est  encore  en  friche.  Leis  bois,  qui 
sont  en  général  Irès-épais,  ne  sont  pas  fort  élevés,  mais 
ils  sont  propres  à  la  construction  des  maisons  et  des. ba- 
teaux. Les  Espagnols  ,  avec  une>indnstrie  qui  leur  est  par- 
ticulière y  y  ont  fait  anciennement  défricher  quelques  ler- 
reins  ,  pour  y  former  des  savannes  propres  au   pâturage 
du  gros   bétail.  Cependant,  les  .bœufs  et  les  vaches,  les 
cochons  et  les  cabris  qu'on  y  avoit  transportés,  y  éloient 
devenus  sauvages,  et  l'ofi  ne,2>ouvoit  les  avoir  qu'à  coupa 
dé  fusil  ,  à  la  course  ou  au  lacs  ;   mais  la  chair  en   étoit 
eîîcellente.  Les  cerfs  et  les  biches  transjDortés  dans  les  Phi^ 
lippines  ,   commençoient  à  se  multiplier  dans   les   bois. 
Dans  les  terres  défrichées,  et  même  dans  l'intérieur  des 
forets,  on  trouvoit  un  nombre  extraordinaire  de  tourte- vi 
relies,  de  perroquets,  de  grives  et  de  merles.  -.j;! 

Les  forêts  de  Guahan  sont  remplies  de  genévriers,  de 
bananiers  ou  musas  de  plusieurs  variétés,  de  cilroniers^ 
de  limoniers  ,  d'urangertî,  à  fruits  doux  ,  aigres  ou  amers, 
de  petits  orangers  nains  de  la  Chine,  de  câpriers.  Les  ver-- 
gers  sont  pleins  de  manguiers  et  d'ananas  ;  mais  de  tous  les 
arbres  que  renferme  l'ile ,  les  plus  précieux  «ont  le  coco- 


566  BIBLIOTIIÈQUÏ    DES    VOYAGES. 

lier  ,  dont   on   dislingue  trois  espèces;  et  le  rima,  plus 

connu  aujourd'lini  sous  le  nom  d'arbre  à  pain. 

Les  rivières  de  Guaban  ,  qui  ne  sont  que  des  ruisseaux 
ou  des  torreiis,  abondent  en  poissons  excellent,  dont  les 
Indiens  ne. font  point  usage,  parce  qu'ils  préfèrent  le 
poisson  de  mer,  quoique  très-inférieur  eii  général  à* celui 
d'eau  douce.  Avant  ^arrivée  de  M.  Tobias  dans  rile,le3 
Indiens  ne  b'clbient  livrés  à  auciine  culture  importante. 
Ce  commandant  y  a  établi  des  cultures  de  riz,  de  maïs, 
d'indigo ,  de  coton  ,  de  cacao ,  de  cannés  à  sucre ,  qui  toutes 
ont  bien  réussi.  Celle  du  maïs  sur -tout ,  avec  la  farine, 
duquel  les  Indiens  font  du  pain  ,  est  d'un  produit  in- 
croyable. Il  a  formé  des  fabriques  de  toiles  de  colon  et  fait 
creuser  des  salines.  Pour  faciliter  les"travaux  de  la  cul- 
tune,  le  gouvernement,  sons' son  ifiè^'ëttiôri,  a  fait  trans- 
porter d'Acapulco  à  Guaban,  des  chevaux,  des  ânes  et 
dés  mulets.  On  a  appris  «ux  Indiens  à  dorhpler  les  boeufs, 
à  les  employer^  aux  charrois  :  comme  l'espèce  est  grande  et 
.  farte  ,  ils  ont  formé' de  beaux  attelages.  ■  , 

Le  commandant  ne  s'est  p?is  borné  à  ces  objets  àgrï—,^ 
coles  et  économiques;' il  a  élabli  ,  pour  les  en  fans  des 
Indiens,  une  école  publique  et'graluite  ,  où  on  leur  ap- 
prend à  lire  ,  à  écrire  y  l'arithmétique  et  la  musique,  Ihnt 
vocale  qu'inslrumenlale.  Il  a  formé  une  milice  indienne 
de  deux  cents  hommes  qui  sont  en'uniforme  et  bien  payés: 
on  les  a  maintenus  dàhis  l'étâl  dé  idtiUït^^aleurs ,  sajis  |.'ie»_ 
déroger  au  service  coufant.         ' '  ' 

En  acquéranf ,  par  la  cix'ilisaliôn  ,  dé  nouvelles  cbnnpis-  , 
sances  ,  les  insulaires  de  Guaban  ont  parfaitement  con- 
servé l'art  qu'ils  tiennent  de  leurs  ancêtres  pour  la  cons- 
truction de  \e\xrs  prûs  ou  bateaux  :  ils  n'avoient  rien  à 
acquérir  dans  celte  partie.  Ces  insulaires  sont  tels  que  le» 
a  dépeints  Magellan  ,  laids  ,  noirs ,  de  petite  taille  ,  la  plu- 
part galeux,  quoiqu'ils  se  baignent  conlinuellenient.  JLeurs 
fetTimes,  au  contraire,  sont  belles  et  bien  faites  en  génh- 
l'al.  Par  la  civilisation,  ce  petit  peuple  est  devenu  doux, 
honnête  et  hospitalier. 


VOYAGES  DANS  L'OCEAN  PACIFIQUE.         56/ 

LES   CAROLINES. 

La  découverle  de  ces  îles,  dont  le  groupe  forme  peut-. 
élre  la  chaîne  d'îles  la  plus  étendue  de  tout  l'océan  Paci-r^ 
fiqne,  ne  remonte  qu'à  l'année  1686,  où  l'une  de  ces  îles 
fi.t  apperçue  pour  la  première  fois  par  l'équipage  du  vais- 
seau des  Philippines  que  commandoil  D.  Francesco  Xfi- 
zeano  :  elle  fut  nommée  la  Caroline,  du  nom  de  Charles  11, 
roi  d'Espagne,  et  le  même  nom  fut  donné  à  toutes  les  îles 
du  même  groupe  ,  dont  on  eut  connoissance  dans  la  suite. 
Le  peu  de  notions  qu'on   a  sur  ces  îles,  sont  tirées  des 
Lettres  des  Missionnaires ,  dont  le  P.  de  Brosses  a  donner 
de  bons  extraits  dans  son   Supplément,  que  j'ai  déjà  cité, 
plusieurs  fois  :  en  %  oici  le  rapide  apperçu. 

Au  rapport  de  quelques  habilans  de  ces  îles,  jetés  par 
nn   naufrage  à  l'une   des  îles  Mariannes,   elles  sont  au 
nombre  de  trenle-deux,  et  sont  très-peuplées.  Pour  les- 
trails  et  la  couleur  du  %'isage,  leurs  habitans  ont  beaucoup 
de  ressemblance  avec  ceux  des  Philippines.  Les  hommes 
se  tracent  sur  le  corps  différentes  lignes,  mais  les  femmes  et 
les  enfans  n'en  ont  point.  Une  ceinture  leur  couvre  les 
reins  et  les  cuisses,  et  fait  jilusieurs  tours  à  l'entour  du 
corps.  Plus  d'une  aune  et  demie  cle  grosse  toile  jetée  sur 
les  épaules,  forme  une  espèce  de  capuchon, lié  par  devant,, 
et  qui  pend  négligemment  par  derrière.  Les  hommes  et 
les   femmes  sont  habillés  de   même,  à  quelques  Iégèi;ea> 
nuances  près.  L'usage  des  vêtertxqi^i^^ûnfii  ces  îles  annonce. 
\xn  certain  degré  de  civilisation.    ;._.,.;, 

La  langue  des  habitans  des  Carolines  diffère  de  cello 
qu'on  parle  aux  Philippines  et  même  aiix  îles  Mai'iaune.s 
La  manière  de  prononcer  rappelle  laprononcialion.des 
Arabes  :  peut-être  pourroil-on  en  inférer  qu'elles  ont  été. 
visitées  par  ce  peuple  qui  s'est  répandu  dans  tant  de  con-». 
trées.  La  plus  considérable  de  ces  îles  est  celle  *de  Z/amcrrrer , 
où  le  roi  de  toutes  les  îles  fait  sa  résidence.  Les  chefs  des 
habitations  répandues  dans  les  autres  îles  lui  sont  soumia.. 
Le  peuple  paroît  être  fprl  façonné  à  l'obéissance. 


563         BIBLIOTHEQUE    DES    VOYAGEA. 

A  en  jugjer  par  la  manière  de  vivre  de  quelques-uns 
de  ces  insulaires  naufragés ,  la  principale  nourrilure  de 
leurs  compalrioles  esl  le  poisson  ;  leur  boisson ,  l'eau  pure. 
On  put  juger  par  l'effroi  que  leur  causèrent  la  vue  de 
quelques  vaches  qui  paissoient  paisiblement  dans  une 
prairie,  et  l'aboiement  d'un  petit  chien  dans  une  maison, 
que  leurs  îles  ne  renferment  aucuns  quadrupèdes.  Ou 
présuma  aussi  qu'à  l'exception  des  poules  qui  leur  servent 
d'aliment,  mais  dont  ils  ne  mangent  pas  les  oeufs,  ils  ne 
connoissent  chez  eux  qne  des  oiseaux  de  mer. 

Ces  insulaires  parurent  n'avoir  aucune  noiion  d'une 
Divinité  suprême,  et  n'honorer  d'aucun  culte  des  idoles: 
l'ile  à'Iap ,  qui  lient  le  second  rang  parmi  ces  îles,  présente 
une  exception  à  l'indifférence  généralement  répandue 
chez  eux  en  matière  de  religion  :  ses  habilans  adorent  mie 
espèce  de  crocodile,  et  ils  ont  des  magiciens.  La  généralité 
néanmoins  des  insulaires  croit  à  des  esprits  célestes  qui 
viennent,  disent-ils,  se  baigner  dans  un  lac  sacré  de  l'île' 
Fallalo.  Ils  admettent  aussi  un  lieu  où  les  gens  de  bien 
seront  récompensés  et  les  méchans  punis. 

Le  respect  pour  les  morts,  dans  ces  îles,  tient  unique- 
ment au  rang  qu'ils  ont  occupé  pendant  leur  vie,  ou  à 
l'attachement  particulier  qu'ils  ont  inspiré.  Dans  ces  deux 
cas-là  seulement,  on  leur  fait,  à  la  manière  du  pays,  de 
magnifiques  obsèques  qu'on  célèbre  iiussl  par  de  grandes 
démonstrations  de  douleur.  Quant  aux  personnes  du 
commun,  et  celles  encore  pour  qui  l'on  n'avoit  que  de 
l'indiiTérence,  on  jette  leurs  cadavres  le  plus  loin  qu'on 
peut  dans  la  mer,  pour  y  servir  de  pâture  aux  baleines  et  à 
d'autres  poissons. 

Delà  circonslance  que  le  chef  de  Tile  Hogoîen ,  l'une 
^es  plus  considérables  des  îles  Carolines,  avoit  jusqu'à 
neuf  femmes,  on  piit  inférer  que  la  jîolygamie  est  d'un 
usage  commun  dans  ces  îles.  On  y  aime  beaucoup  la  danse, 
qu'on  y  accompagne  seulement  par  des  chants;  car  on  n'y 
connoît  aucun  instrument  de  musique.  Les  armes  des 
insulaires  se  réduiseul  à  une  simjîle  lance.  Deux  singula- 


VOYAGES  DAXS  L'OCEAN  PACIFIQUE.  669 
rilés  très-reniarquabies  ont  élé  recueillies  sur  ces  îles  :  lu 
première,  c'est  qu'on  y  apperçut  des  esclaves  nègres;  la 
seconde,  c'est  que  vingt-neuf  Espagnols,  abandonnés  dans 
l'une  de  ces  îles,  y  oui  produit  une  race  mélisse  qui  s'caI 
répandue  dans  une  autre  île.  La  punition  des  délits,  aux 
Carolines ,  n"a  rien  de  sévère  :  elle  consiste  dans  la  dépor- 
tation du  lieu  où  ils  ont  été  commis  dans  uu  autre. 

ISLES   SANDW^ICH. 

On  doit  la  découverte  des  fies  Sandwich  à  Cook ,  qui  , 
par  un  sentiment  de  reconnoissance ,  les  appela  du  nom 
du  comte  de  Sandwich  son  patron.  Par  une  falalilé  sin- 
gulière, ces  îlea  qu'il  a  fait,  en  quelque  manière,  sortir 
du  néant  pour  l'Europe ,  sont  devenues,  comme  on  l'a 
vu  dans  la  notice  que  j'ai  donnée  de  ses  Voyages ,  le  tom- 
beau de  ce  célèbre  navigateur.  C'est  à  Oivhyhée^  la  plus 
considérable  des  douze  îles  qui  forment  ce  petit  archipel , 
qu'il  fut  massacré.  Elles  ont  été  depuis  visitées  par  Van- 
couver et  par  l'infortuné  La  Peyi'ouse ,  ainsi  qu'il  résulte 
de  la  relation  qu'on   nous  a  donnée  de  ses  excùirsions, 
avant  qu'on  eût  tout-à-fait  perdu  sa  trace  :  elles  l'ont  été 
enfin  plus  récemment  encore  par  d'Entrecasleaux,  dont 
M.  de  la  Billardière  a  publié  ,av^ec  tant  de  talent ,  l'expédi- 
tion dans  la  Relation  du  voyage  à  la  recherche  de  la  Pey- 
roM5e,;  j'ai  donné  l'apperçu  de  tous  ces  Voyages  (  première 
Partie  ,  section  vi ,  §.  11).   C'est  dans  ces  relations  seule- 
ment que,  jusqu'à  ces  derniers  temps  ,  on  pourroit  s'ins- 
truire sur  l'état  physique  des  îles  Sandwich  et  sur  le  carac- 
tère de  leurs  habitaiis  ,  puisque  nous  n'avons  aucune  rela- 
tion  particulière  à  ces  îles.  J'ai   rapidement   extrait  des 
sourççîs  qi^e  je  viens  d'in.diquer,  les  renseignemens  sui- 
vons. 

La  .température  des  îles  Sandwich  est  moins  brûlante 

que  .celle  de.s  autres  îles  de  la  Polynésie,  situées  sous  \\ 

même,  latitude.   L'île  d'Ovvhyhée  en  particulier  doit  cet 

avantage  aux  pluigs  qui  arrosent  l'intérieur  de  l'île,  et    à 

VI.  '  A  a 


SyO  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
nne  brise  régulière  de  terre  et  de  mer.  C'est  la  plus  grande 
île  de  la  Polynésie  :  elle  a  85  milles  de  long.  Comme  dans 
toutes  les  autres  îles,  les  quadrupèdes  sont  rares  aux  îles 
Sandwich  :  oa  n'y  connoît  que  les  sangliers,  les  cochons, 
les  chiens  et  les  rats.  Les  oiseaux,  au  contraire,  y  sont 
assez  multipliés.  La  nature  a  enrichi  ces  îles  de  deux  pro- 
ductions précieuses  :  l'arbre  à  pain ,  qui  y  donne  une  assez 
grande  quantité  de  fruits;  et  les  cannes  à  sucre,  qui  y  ac- 
quièrent une  grosseur  extraordinaire. 

Les  habitans  de  ces  îles,  avec  une  chevelure  quelque- 
fois bouclée  comme  celle  des  Européens,  ont  le  bout  du 
nez  aplati.  Cette  petite  difformité  n'est  peut-être  pas  l'ou- 
vrage de  la  nature  :  elle  résulte  probablement  de  l'usage  ^ 
où  ils  sont  de  touclier  avec  le  nez  celui  de  la  personne 
qu'ils  saluent.  Le  tatouage  est  usité  chez  eux,  comme  chez 
les  autres  insulaires  de  la  Polyné.iie.  Leur  vêtement  n'est 
autre  chose  qu'une  pièce  d'étoffe  large  d'un  pied ,  qui  passe 
entre  les  cuisses  et  se  ratlache  derrière  les  reins  :  ils  y  ajou- 
tent, quand  ils  vont  au  combat,  une  natle  épaisse,  artis- 
tement  travaillée  ,  qui  leur  sert  de  bouclier.  Dans  les  jours 
de  cérémonie, les  chefs  se  décorent  d'un  manteau  dont  le 
fond  est  un  réseau  sur  lequel  sont  comme  lissues  des  plumes 
rouges  et  jaunes,  rapprochées  avec  un  tel  art,  qu'elles  ont 
toute  l'apparence  d'un  velours  moelleux  et  lustré.  Un  léger 
manteau  forme  tout  le  vêtement  des  femmes.  A  la  diffé- 
rence des  hommes  qui  se  rasent  les  cheveux  des  deux  côtés 
de  la  tête ,  et  qui  n'en  laissent  subsister  qu'une  bande 
étroite,  les  'emmes  coupent  les  leurs  par- derrière,  et  les 
relèvent  par-devant. 

La  nourriture  des  classes  inférieures  se  borne  aux  pois- 
sons, aux  ignames,  aux  plantains,  aux  cannes  à  sucre. 
La  chair  du  sanglier  et  celle  du  chien  est  réservée  pour  les 
premières  classes. 

Ces  insulaires  ont  de  la  douceur  dans  leurs  manières  et 
de  la  bienveillance  dans  leurs  affections  :  on  ne  doit  rien 
conclure  de  fâcheux  contre  leur  moralité,  de  l'assassinat  du 
célèbre  Cook  :  ce  fut  l'effet  d'une  vengeance  provoquée  par 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  ^Jl 
une  fâcheuse  méprise.  Ils  montrent  de  l'inlelHgence  dans 
la  culture  de  leurs  tein-es,  et  ils  ont  atteint  à  une  certaine 
perfection  dans  leurs  manufactures  :  on  peut  en  juger  par 
la  description  que  j'ai  faite  du  manteau  des  chefs. 

Le  gouvernement  est  dans  les  mains  d'un  chef  suprême. 
Ses  sujets  sont  divisés  en  trois  classes,  les  chefs  de  districts  , 
les  propriétaires  qui  n'ont  aucune  part  dans  l'aulorilé,  et 
les  Toutons ,  qui  n'ont  ni  propriété,  ni  rang.  Ces  distinc- 
tions paroissent  être  héréditaires.  Le  plus  grave  reproche 
qu'on  peut  faire  à  ces  insidaires ,  c'est  celui  de  prétendre 
honorer  les  funérailles  de  leur  chef  suprême  par  le  sacri- 
fice de  deux  de  ses  sujets,  et  quelquefois  même  d'un  plus 
grand  nombre.  Ces  sacrifices  humains  se  répètent  dans 
d'autres  occasions,  et  sont  plus  fréquens  ici  que  dans  \çs 
îles  de  la  Société  ,  où  ,  comme  on  le  verra,  ils  ont  lieu 
aussi  ;  mais  le  continuateur  du  Journal  de  Cook  les  absout 
de  l'imputation  d'anthropophagie.  Celte  barbare  coutume , 
dit-il ,  y  fut  pratiquée  autrefois  ;  mais  depuis  assez  peu  de 
temps ,  elle  n'y  subsiste  plus. 

Telles  sont,  en  simple  apperçu  ,  les  notions  que  nous 
avoient  procurées  sur  les  îles  Sandwich ,  les  navigateurs 
de  la  fin  du  siècle  dernier  :  nous  en  avons  de  plus  récentes, 
et  peut-être  d'un  plus  grand  intérêt  encore ,  dans  la  rela- 
tion du  voyage  du  capitaine  Turnbull  autour  du  Monde  (i)  : 
en  voici  le  litre  : 

Voyage  autour  du  Monde,  etc..  par  John  Turit^ 
bull  :  (en  anglais)  A  J^ojage  round  the  World,  etc., 
bf  John  Turnbull.  Londres  ,  i8o5,  2  vol.  in-S**. 


(i)  Ce  Voyage  n'étoit  pas  encore  parvenu  à  ma  connoissance, 
lorsqu'on  imprimoit  la  partie  de  mon  ouvrage  où  se  trouvent  les 
notices  des  divers  voyages  autour  du  monde.  J'ai  pensé  qu'il  seroit 
convenablement  placé  ici,  parce  qu'il  roule  principalement  sur 
les  îles  de  la  mer  du  Snd ,  «t  plus  particulièrement  encore  cur  les 
îles  Sandwicb. 


Sj'I  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Ce  Voyage  a  été  tiaduit  d'abord  en  allemand  sous  le 
tilre  suivant  : 

Reise  in  die  W'elt ,  elc Hambourg  ,  Campe  , 

2  vol.  in-S**. 

Il  l'a  élé  aussi  très- récemment  en  français  :  en  voici  le 
litre  : 

VoYACF.  fait  autour  du  Monde  ,  en  1800,  1801  , 
1802,  i8o3  et  1804,  par  John  Tumbull,  dans  lequel 
l'auteur  a  visité  les  principales  îles  de  l'océan  Paci- 
fique et  les  établisseiuens  des  Anglais  dans  la  Nou- 
velle Galle  méridionale  ;  suivi  d'un  extrait  du  Voyage 
de  James  Grant  à  la  Nouvelle-Hollande  ,  exécuté 
-par  l'ordre  de  S.  M.  britannique,  dans  les  années 
1800,  1801  et  1802  ;  traduit  de  l'anglais  par  A.  J. 
N.  Lallemand.  Paris,  Xhrouet ,  1807  ,  i  vol.  in-8°. 

L'objet  de  ce  voyage  éloit  une  spéculation  de  commerce 
sur  la  côle  nord-ouesl  de  l'Amérique.  Dans  celle  vue,  l'on 
fit  voile  pour  Bolany-Bay ,  d'où  l'on  se  transporta  à  Syd- 
ney, devenu,  par  les  avantages  de  son  port  et  l'excellence 
de  son  eau,  le  principal  établissement  des  Anglais  dans  la, 
Nouvelle-Galle  méridionale  et  le  siège  du  gouvernement. 
liC  voyageur  a  décrit  celle  ville,  et  donné  l'esquisse  rapide 
du  caractère  général  des  colons ,  de  la  police ,  de  l'admi- 
nistration de  la  justice,  des  taxes,  de  toutes  les  branches, 
en  un  mot,  du  gouvernement  civil.  On  lui  doit  aussi  dej 
notions  assez  curieuses  sur  le  caractère  général  des  natu- 
rels du  pays  ,  leurs  qualités  personnelles,  et  le  singu- 
lier talent  qu'ils  ont  de  contrefaire  tout  ce  qu'ils  voyenl. 
Il  nous  donne  aussi  une  idée  de  leur  état  de  famille,  de 
leurs  mariages,  de  quelques-unes  de  leurs  coutumes  le? 
plus  singulières  et  de  leurs  Curradgies ,  ou  sages.  Il  étoû 
parti  du  port  Jakson  pour  se  rendre  à  l'île  de  Norfolk. 
Dans  6a  relation ,  il  exalte  ia  beauté  et  la  fertilité  de  ceUe 


VOYAGES  DANS  T.'OCKAN  PACIFIQUE.  OJCt 
île,  dont  le  gouverneur  donnoit  I)eaucoup  d'encouragé— 
mens  à  l'industrie.  Malgré  les  avantages  qu'olTroit  cette 
île  .  dont  Turnbull  nous  a  donné  la  population,  malgré 
rétablissement  militaire  qu'on  y  avoit  déjà  formé  ,  les 
bruuies  qui  y  détruisent  souvent  les  récoltes,  la  difficulté 
de  son  approche ,  à  cause  des  rescifs  qui  l'environnent  ; 
celle  de  la  communication  avec  deux  iles  qui  en  dépen- 
dent; enfin  le  défaut  d'une  bonne  rade  ,  font  pre^isentir 
aux  colons  qu'ils  recevront  l'ordre  d'abandonner  Nor- 
folk, et  de  se  transporter,  soit  dans  la  Nouvelle-Zélande, 
soit  dans  la  Nouvelle-Hollande. 

Pendant  le  séjour  dans  celle  île ,  on  apprit  qu'il  n'y  avoit 
rien  à  faire  au  nord-ouest,  et  l'on  se  détermina  à  gagner 
les  lies  de  la  Société  ,  pour  y  renouveler  les  provisions  qu'on 
ne  pouvoit  pas  se  flatter  de  se  procurer  au  port  Jakson  , 
où  l'on  se  proposoit  de  se  rendre  ensuite  ,  avec  le  projet 
d'entrer  dans  le  détroit  de  Bass,  pour  y  rassembler  des 
peaux. 

Ce  fut  à  Otaïli  que  l'on  se  rendit  d'abord ,  et  l'on  y 
revint  encore  ensuite,  après  avoir  visité  les  îles  Sandwich. 
I^e  voyageur  s'est  fort  étendu  sur  les  changemens  sur- 
venus dans  cette  île,  depuis  qu'elle  avoit  été  visitée  par 
plusieurs  navigateurs  célèbres, et  sur  les  troubles  dont  elle 
éloit  agitée  pendant  les  deux  séjoiu's  qu'y  fit  !e  navire.  Les 
détails  où  le  voyageur  est  entié  se  lisent  avec  intérêt  dans 
«a  relation,  mais  ne  sont  guère  susceptibles  d'être  extraits. 
.re  me  borne  à  donner  l'apperçu  rapide  de  ses  observa- 
tions sur  Otaïli. 

La  populalion  de  celte  île  diminue  d'une  manière 
effrayante.  Cook  l'avoit  évaluée,  peut-être  avec  un  peu 
d'exagération  ,  à  200,000  âmes.  A  l'arrivée  des  mission- 
naires anglais  dans  cette  île,  elle  éloit  réduite  à  i5,ooo.  Du 
temps  de  Turnbull ,  on  ne  l'estimoil  pas  à  plus  de  5ooo. 
Les  causes  de  cette  dépopulation,  sont  les  ravages  du  mal 
vénérien  ,  ceux  de  la  pelite-vérole ,  l'infanticide ,  plusieurs 
vices  apportés  de  l'Europe,  mais  sur-lout  les  guerres  que 
les  insvdaires  d'Otaiti  ne  cessent  d'entretenir  avec  les  peu— 


$74  BlBLIOTHèQUE  DES  VOYAGES. 
pies  des  autres  îles  de  la  mer  du  Sud.  Aussi,  lorsque  le 
vaisseau  que  montoit  Turnbull  aborda  la  première  fois  à 
Olaïti,  les  habitans  de  cette  île  rejelèrent  toutes  les  mar- 
chandises européennes  ,  et  ne  demandèrent  que  de  la 
poudi'e  et  des  armes. 

C'est  ensuite  d'un  premier  séjour  à  Otaïti,  que  le  vais- 
seau, après  avoir  abordé  dans  plusieurs  des  îlea  de  la 
Société ,  gagna  les  îles  Sandwich  :  c'est  la  partie  de  la 
relation  de  Turnbull ,  roulant  sur  ces  îles ,  qui  mérite  le 
plus  d'atlenlion  ,  qui  offre  le  plus  d'intérêt. 

Ce  fut  à  O-whyhée ,  celle  des  îles  Sandwich  qui  malheu- 
reusement, comme  on  l'a  vu,  étoit  la  plus  connue  par  la 
mort  déplorable  du  célèbre  Cook,  que  Iç  vaisseau  aborda. 
On  s'empi'essa  d'j'  établir  un  commerce  d'échange  avec 
les  naturels  ;  mais  tout  y  étoit  trois  fois  plus  cher  que 
dans  les  îles  précédemment  visitées.  Sea  habitans  faisoient 
le  commerce  avec  infiniment  plus  de  connoissances  et 
id'adresse.  Cetle  île,  au  rapport  de  M.  Young,  qui  y  rési- 
doit  depuis  quatorze  ans,  étoit  redevable  de  son  état  flo- 
rissant à  son  roi  Tamahama.  Ce  prince  s'étoit  décidé  à 
entreprendre  la  conquête  des  îles  d'Onehow  et  d'Allevvay, 
dans  la  dernièie  desquelles  Turnbull  avoit  effectivement 
reinarqué  de  vives  alarmes  au  sujet  des  préparatifs  qu'on 
faisoit  à  Owhyhée.  Tamahama  avoit  fixé  sa  résidence  à 
Monïe  :  son  palais  éloit  bâti  en  briques  et  à  la  manière 
européenne  ;  les  croisées  étoient  garnies  de  verre.  Il  s'étoit 
procuré  des  ouvriers  européens  et  américains  dans  tous 
les  genres.  Ses  sujels,  encouragés  par  l'exemple  des  Euro- 
péens, développoient  une  industrie  et  une  activité  remar- 
quables dans  les  arts  mécaniques;  la  navigation  sur— tout 
étoit  singulièrement  perfectionnée.  C'est  sur-tout  à  dater 
de  l'arrivée  de  Vancouver  dans  cette  île ,  qu'il  faut  comp- 
ter les  progrès  de  cet  art.  Il  avoit  fait  construire  pour  ce 
prince,  en  1792,  un  bâtiment  qui  fut  noxamé  Britannia , 
et  dont  Tamahama  posa  lui-même  la  quille.  Dix  ans 
après,  en  1802,  Turnbull  trouva  la  marine  d©  ce  prince 
composée  de  plus  de  vingt  navires  du  port  de  ving[-cJnq 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  S^^ 
à  Irenle  tonneaux  ,  dont  quelques-uns  même  étoient  dou- 
blés en  cuivre.  A  celle  époque,  il  avoit  grand  besoin  de 
munitions  navales ,  et  il  étoil  disposé  à  les  payer  à  tout 
prix.  Celle  marine  lui  assure  une  supériorité  bien  décidée 
sur  ses  voisins,  qui  n'ontque  de  simples  pirogues.  Non-  ■♦ 
seulement  Tamahama  se  sert  de  ses  vaisseaux  pour  le 
transport  de  ses  troupes  et  de  leurs  provisions  d'une  île 
à  l'autre,  car  il  en  a  plusieurs  sous  sa  domination  ;  mais 
il  arme  en  guerre  les  plus  gros  de  ces  navires,  et  les  charge 
de  petits  canons.  Il  en  emploie  aussi  au  commerce,  leur 
fait  entreprendre  des  voyages  à  la  cote  du  nord-ouest  de 
l'Amérique,  et  projette  même  d'en  envoyer  à  la  Chine, 
lorsqu'il  aura  des  pilotes  expérimentés. 

L'art  militaire  a  été,  autant  que  l'art  nautique,  l'objet 
delà  vigilance  de  Tamahama.  Dans  ses  voyages ,  où  il  st^ 
fait  suivre  par  ses  principaux  cliefs,  il  est  toujours  accom- 
pagné d'une  garde  respectable.  Cette  garde  observTî  une 
discipline  régulière.  Tous  les  jours  ,  il  y  a  une  parade 
devant  la  résidence  de  ce  prince.  Les  soldats  ont  pour 
uniforme  vn  surtout  bleu ,  revers  et  paremens  blancs. 
Les  sentinelles  crient  d'heure  en  heure,  comme  à  bord 
des  vaisseaux  auglais  :  Toui  va  bien  [all's  well).  On  pourra 
juger  de  sa  fermeté  et  de  sa  prudence  par  le  l^ait  sui- 
vant : 

Quelques  déportés  de  Botany-Bay  ayant  réussi  à  gagner 
les  îles  Sandwich,  se  rendirent  utiles  à  ce  prince,  et 
reçurent  en  récompense  la  possession  d'une  certaine  éten- 
due de  terrein.  Ils  y  cultivèrent  la  canne  à  sucre  ,  dont  ils 
tirèrent  du  rhum;  et  celte  liqueur  fut,  pour  eux,  une 
occasion  de  se  fêler  réciproquement  et  de  s'enivrer.  Leur 
relâchement  au  travail  leur  attira  delà  part  du  roi  quel- 
ques avertissemeiis  paternels.  Ces  gens,  abusant  de  son 
indulgence,  devinrent  de  plus  en  plus  ivrognes  et  que- 
relleurs,  et  ils  allèi-ent  jusqu'à  maltraiter  plusieui^  insu- 
laires. Tamahama  alors  leur  lit  dire  que  la  première  fois 
qu'il  y  auroit  une  bataille  entre  eux  et  ses  sujets ,  il  se  mef- 
Iroit  de  la  partie ,  pour  savoir  à  qui  resteroit  la  victoire. 


376       El  r.  LI  O  TH  ÈQUE    DES    VOYAGES. 

L'averlissemeiit  fit  som  efTel ,  et  Jes  colon^i  de  Botany-Bay 
redevinrent  fioumis  et  paisibles. 

Quelque  génie  nalurel  qu'ait  ce  prince,  il  ne  seroit  pas 
parvenu  tout  seul  à  exécuter  tout  ce  qu'il  a  fait.  Il  en  est 
de  lui  comme  du  czar  Pierre  i";  c'est  en  attirant  des  étran- 
gers ,  ainsi  que  l'avoitfait  le  monarque  russe,  en  les  fixant 
même  dans  son  pays  ,  qu'il  a  réussi  dans  tous  ses  projets. 
Des  ouvriers  européens  ou  descendans  d'Européens,  de 
lonies  professions  et  de  tous  métiers,  appelés  ou  retenus 
dans  ses  îles,  ont  communiqué  à  ses  sujets  leins  lumières 
dans  les  aris  mécaniques  :  sans  doute  l'allrait  de  l'oisiveté, 

.  celui  du  climat,  et  beaucoup  plus  encore  la  facilité  d'avoir 
une  ou  plusieurs  femmes,  auroient  sufiB  pour  engager  les 
naalelols  anglais  à  venir  s'établir  dans  ce  pays  ;  mais  Tama- 
liaraa  leur  a  fait  un  traitement  si  avantageux,  qu'il  leur  a 
Ole  toute  envie  de  le  quitter.  Son  adroite  politique  a  été 
portée  à  ce  point ,  que  ,  pendant  plusieurs  années ,  il  se 
faisoit  donner  par  les  Européens  qui  avoient  abordé  chez 
lui,  des  certificats  de  l'honnêtelé  de  ses  procédés.  Il  ne 
néglige  aujourd'hui  celte  précaution  ,  que  parce  qu'elle  lui 
est  devenue  inutile.  C'est  assurément,  dit  Turnbull,  un 
assez  puissant  motif  de  confiance  pour  les  Européens  qui 
viendroient  encore  se  fixer  chez  lui  ,  que  de  voir  des 
hommes  de  mérile  ,  tels  que  MM.  Young,  Davis, le  capi- 
taine Steward  ,satisfails  de  s'être  attachés  à  sa  fortune.  C "est 
particulièrement  M.  Young  qui,  dans  le  temps,  excita 
Tamaliama  à  demander  à  Vancouver  la  consiinciion 
d'un  vaisseau  dans  la  forme  européenne.  Journellement 
il  reçoit  de  ce  prince  des  preuves  d'attachement  et  d'es- 
time. Son  rôle ,  auprès  de  Tamahama ,  est  véritablement 
celui  du  Genevois  Lefoit  auprès  de  Pierre  1". 

C'est  un  véritable  phénomène  de  trouver  dans  une  île 
de  la  mer  du  Sud  ,  un  prince  qui  tout-à-la-fois  est  un  bon 
administrateur,  un  adroit  jiolitique  ,  un  guerrier  habile, 

'  un  négociant  intelligent.  Avec  tant  de  qualités,  il  paroit 
et  peut  aspirer  à  une  domination  universelle  dans  les  îles 
de  la  mer  du  Sud.  Ses  sujets  surpassent  les  habitaus  de 


VOYAGES  DANS  L'OCEAN  PÀCIFIQUF.  ly]'] 
presque  toutes  ces  iles  dans  l'intelligence  de  l'art  militaire, 
dans  celui  de  la  navigation  ,  dans  la  pratique  du  com- 
merce, dans  la  perfection  des  aris  mécaniques.  Les  Otaï- 
tiens  seuls  l'emportent  sui'  eux  pour  la  fabrication  des 
étoffes  ,  et  les  liabitans  de  Tile  de  Bollabolla  ,  pour  la  plus 
grande  partie  des  manufactures  et  pour  la  bravoure  et 
rexpérience  dans  l'art  militaire  :  mais  Tamahama  attire, 
autant  qu'il  le  peut,  les  habitans  de  ces  deux  îles  ;  les  pre- 
miers, comme  plus  ingénieux  dans  certains  arts,  et  les 
seconds  ,  comme  meilleurs  militaire»  que  ses  propres 
ftujels. 

Les  îles  Sandwich  soiit  fort  peuplées,  et  les  femmes, 
■  suivant  M.  Young  ,  y  sont  plus  nombreuses  que  les  hom- 
mes, tandis  qu'à  Olaïli  les  femmes  ne  forment  qu'un 
dixième  de  la  population  totale:  cela  tient  à  ce  que  le  bar- 
bare usage  de  l'infanticide  ne  subsiste  pas  aux  îles  Sand- 
wich ,  comme  à  Otaïli. 

L'accroissement  de  la  population  dans  ces  iles  ^.a  forcé 
les  habitans  à  mieux  cultiver  le  sol.  Tous  les  fruits  des 
tropiques  y  prospèrent.  On  y  recueille  du  maïs,  mais  ea 
j)elile  quantité.  L'arbre  à  pain,  comme  on  l'a  vu,  dis- 
})ense,  par  la  quantité  de  ses  fruits,  de  s'adonner  à  la 
culture  des  grains. 

ISLES  MARQUISES. 

La  découverte  de  ces  îles,  faite  en  i568,  est  due  à 
Mandana,  qui  leur  donna  le  nom  sous  lequel  elles  sont 
connues,  pour  honorer  Don  Garcia  de  Mendoce,  vice- 
loi  du  Pérou.  Le  président  de  Brosses  leur  donna  le  nom 
d'îles  Mendoce:  c'est  dans  une  relation  espagnole,  inti- 
trdée  Découverte  des  îles  Saloraon  :  (en  espagnol)  Deacu- 
hrimento  de  las  islas  de  Salomon,(^ni{  a  puisé  la  descrip- 
tion qu'il  fait  des  Marquises  ou  îles  Mendoce.  Elles  furent 
visitées  depuis  par  Cook,  en  1774;  par  Marchand,  en 
1789.  J'ai  donné  l'apperçu  du  voyage  de  ce  dernier  navi- 
gateur (Partie  première,  section  vi,  ^.  n).  Mais  elles 


5^8  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
l'onl  été  beaucoup  plus  récemment  par'Wisson  ,en  1797: 
je  donnerai  l'extrait  de  ce  qu'il  y  a  observé,  comme  ren- 
fermant les  notions  les  plus  sûres  et  les  plus  détaillées  sur 
ces  îles ,  loi'sque  j'arriverai  à  la  notice  du  Voyage  des  Mis- 
sionnaires anglais,  publié  en  1799. 

ISLES  DE   LA   SOCIÉTÉ. 

L'arcbipel  ou  groupe  des  îles  de  la  Société  est  le  plus 
considérable  de  tous  ceux  de  la  Polynésie  :  il  est  composé  de 
éoixanle  à  soixante  et  dix  îles.  Celle  d'Otaïti,  à  laquelle  le» 
voyages  de  M.  de  Bougainville ,  d^  Cook,  de  Vancouver,  etc. 
ont  donné  tant  de  célébrité,  esi.  la  plus  considérable  de 
toutes  :  on  peut  évaluer  à  cent  milles  sa  circonférence. 
C'est  dans  les  trois  relations  que  je  viens  d'indiquer,  et 
sur-tout  dans  celles  de  M.  de  Bougainville  et  de  Cook, 
qu'on  peut  puiser  des  notions  assez  bien  détaillées  sur  cette 
île.  J'en  ai  même  donné  un  léger  apperçu  dans  l'extrait  du 
Voyage  de  M.  de  Bougainville  (première  Partie ,  section  vi, 
$.  II  ).  Nous  n'avons  qu'un  seul  ouvrage  particulier  à  cette 
île  ;  en  voici  le  titre  : 

Essai  sur  l'île  d'Otaïti  dans  la  mer  du  Sud ,  sur 
l'esprit  et  les  mœuvs  de  ses  habitans,  par  M.  Tait- 
boiit.  Paris,  iJJJ,  in-S**. 

Il  a  été  traduit  en  allemand  sous  le  titre  suivant  : 

Vebsuch  iïber  die  Insel  Otaiti  in  der  Sud-See , 
und  iiber  den  Geist  und  die  Sitten  der  Ein-wohner. 
Francfort  et  Leipsic  ,  1783  ,  in-8°. 

Cet  ouvrage  n*est  qu'un  extrait  de  la  partie  des  Voyages 
des  navigateurs  du  dernier  siècle ,  relative  à  l'île  d'Otaïti. 

Mais  nous  avons  sur  cette  île  des  notions  beaucoup  plus 
récentes  dans  le  Voyage  du  capitaine  Turnbull,  dont  j'ai 
donné  la  notice,  et  dans  le  Voyage  suivant  : 

Voyage  des  Missionnaires  (Moraines)  dans  la 
mer   Pacifique    mëiidiouale  ,  pendant  les  années 


» 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.        SyQ 

1 796,  1 797  et  1 798 ,  à  bord  du  vaisseau  commandé 
par  le  capitaixie  Wisson ,  enrichi  de  cartes  et  de 
figures  :  (  en  anglais  )  A  Missionarj  Voyage  to  the 
Southern  Pacific  Océan,  etc....  bj  capitain  fFisson. 
Londres,  1799,  in-4°. 

La  Société  des  Frères  Moraves  forma,  il  y  a  quelques 
années,  le  projet  d'envoyer  des  missionnaires  à  Olaïti  et 
dans  les  autres  îles  de  l'océan  Pacifique,  pour  prêcher 
l'évangile  aux  habilans  de  ces  îles  et  pour  les  former  aux 
sciences  et  aux  arts  de  l'Europe.  Différentes  personnes  se 
présentèrent  pour  remplir  celte  mission  importante.  Leur 
nombre  s'éle^'oit  à  trenle-neuf ,  et  étoil  composé  de  quatre 
ecclésiastiques,  vingt-neuf  artisans  de  tout  genre  et  six 
femmes  mariées  :  il  y  avoit  en  outre  trois  enfans. 

Arrivés  à  Olaïti,  les  missionnaires  furent  bien  accueillis 
et  comblés  de  présens.  Plusieurs  habitans  distingués  s'ap- 
pliquèrent même  à  apprendre  l'alpliabet  anglais-,  mais  les 
exhortations  faites  aux  habilans  pour  les  détourner  de  tuer 
leurs  enfans  nouveau-nés,  détestable  usage  établi  chez  ces 
insulaires ,  eurent  peu  de  succès.  Des  vols  avoient  lieu  tous 
les  jours.  Le  jeune  roi  Oba  n'osoit  visiter  ni  les  navire» 
anglais,  ni  les  habitations  des  missionnaires,  parce  que, 
dans  l'opinion  des  insulaires ,  c'étoit  une  des  prérogatives 
de  sa  dignité,  que  tout  ce  qui  se  frouvoit  dans  les  endroits 
où  il  se  transporloit  devoit  lui  apjDartenir.  Les  missionr; 
naires  n'étant  pas  toujours  en  état  de  satisfaire  la  cupidité 
des  habitans, ceux-ci  ne  ces.soient  de  leur  répéler  :  «  Vous 
))  avez  donné  beaucoup  de  paroles  et  de  prières  à  Etua 
»  (Dieu),  mais  peu  de  haches  ,  de  couteaux  et  de  ciseaux  ». 
Trois  des  chefs  de  l'île  étant  morts  en  peu  de  temps,  les 
insulaires  imputèrent  cet  événement  aux  cantiques  des 
missionnaires. 

Le  long  séjour  qu'ont  fait  les  )nissionnaires  à  Otaïii  et 
dans  les  autres  îles  de  la  Société,  leur  a  donné  la  facilité  de 
rassembler,  sur  les  moeurs  des  insulaires,  des  notions 
encore  plus  étendues  et  plus  exactes  que  n"a voient  pu  en 


58o  lîIBLlOTIlÈQUE    DES    VOYAGES, 

recueillir  des  navigateurs  qui  n'y  faisoient  qu'un  séjour 
passager.  Sous  un  ciel  presque  toujours  pur ,  sur  un  sol  qui 
fournit  en  abondance  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  les 
besoins  et  raérae  pour  les  agrémensdela  vie,  les  Otaïlièns, 
et  même  la  plupart  deshabitans  des  autres  îles  de  la  Société, 
sont  naiurellement  portés  entre  eux  à  la  douceur  et  à  la 
bienveillance.  Cette  disposition  les  empêche  de.concevoi»- 
Xiïi  châtiment  futur,  et  ils  en  abhorrent  même  l'idée.  Ils 
croient  néanmoins  à  l'immortalité  de  lame;  et  ils  assignent 
diflerens  degrés  de  grandeur  et  de  félicité,  suivant  le  plus 
ou  je  moins  de  vertus  qu'on  aura  pratiquées  sur  la  terre, 
ils  adorent  un  grand  nombre  de  divinités  dans  des  temples 
qu'ils  appellent  JkToraïj  chaque  famille  même  a  son  esprit- 
gardien  qui  reçoit  un  culte  j  mais  ils  reconnoisseul  un  Lire 
supiême,  et  sous  lui  des  dieux  supérieurs.  La  puissance 
des  espriîs  est  en  grand  crédit  chez  eux. 

Ce  qui  peut  altérer  le  bonheur  de  ces  insulaires,  c'est 
l'ascendant  qu'ils  laissent  prendre  à  leurs  prêtres,  qui  sont 
aussi  nombreux  que  puissaus  :  ils  leur  supposent  le  pouvoir 
de  frapper  de  maladies  et  de  mort  qvù  bon  leur  semble.  A 
cette  absurde  opinion,  ils  ajoutent  celle  d'imaginer  que  les 
conjurations  de  ces  prêtres  n'ont  de  puissance  que  sur  les 
nalurels  du  pays  ,  et  ne  peuvent  rien  sur  les  Européens, 
parce  que  ceux-ci  ne  reconnoissent  pas  leurs  dieux. 

Ce  qui  nuit  encore  essentiellement  à  la  félicité  dont  ces 
insulaires  pourroient  jouir  dans  une  grande  plénitude,  ce 
«ont  ]es  guerres  conlinueUes  qu'ils  se  font  d'ile  à  île.  La 
superstition  est  encore  un  fléau  auquel  ils  n'ont  pas  pu 
échapper  :  c'est  elle  qui  les  porte  à  sacrifier  des  victimes 
humaines  à  leurs  dieux;  mais  l'humanité  qui  leur  est  natu- 
relle, et  que  leurs  prêtres  n'ont  pas  pu  entièrement  étouf- 
fer, a  introduit  l'usage  conslanl  de  faire  tomber  le  choix 
des  victimes  sur  des  criminels,  et  s'il  ne  s'en  trouve  pas, 
sur  des  cochons.  Les  missionnaires  virent  avec  douleur  que 
les  végétaux  apportés  dans  l'ile  d'Otaïli  parles  précéden.? 
navigateurs,  avoienl  tous  péri:  les  insulaires  ne  les  avoient 
pasl.wsé  mûrir,  persuadés  que  ces  végétaux  n'éloient  pas 


VOYAGES  DANS  L'OCi':AN  PACIFIQUE.  58l 
bons  à  mangei*.  La  multiplication  prodigieuse  de  l'arbre  à 
pain  ,  des  cocotiers-,  des  bananiers  ,  dans  celte  île ,  l'abon- 
dance de  poisson  qu'on  y  pêche,  peuvent  justifier  peut- 
être  à  certains  égards  cette  indillérence  et  ce  mépris  même 
pour  les  végélau'S  de  l'Europe. 

La  carte  d'Otaïti ,  le%ée  lors  de  l'expédition  du  capitaine 
Wisson ,  comparée  avec  celle  de  Cook,  paraît  plus  étendue 
et  plus  exacte. 

Les  succès  des  missionnaires  dans  les  îles  de  la  Société 
n'ont  pas  répondu  à  leurs  espérances.  Des  rapports  récens 
nous  apprennent  que  quelques-uns  d'eux  seulement  sont 
restés  à  Otaïti,  et  que  la  plupart  sont  retournés  au  port 
Jakson. 

Le  capitaine  Wisson  avoit  ordre  de  retourner  par  Canton 
en  Europe  ,  après  avoir  débarqué  à  Otaïti  les  missionnaire» 
et  leur  suite.  Sur  sa  route  ,  il  découvrit  plusieurs  groupe* 
d'îles ,  sans  y  aborder  :  il  en  indique  seulement  la  situation  ;' 
mais  il  est  entré  dans  un  assez  grand  détail  sur  les  îles  Mar- 
quises :  c'est  ici  le  lieu  d'en  donner  l'extrait,  ainsi  que  je 
l'ai  annoncé. 

Les  naturel»  de  ces  îles  paroissent  l'emporter  sur  tous  I«i» 
autres  insulaires  de  la  Polynésie  ,  par  les  belles  projîorliojis. 
de  leurs  formes  et  la  régularilé  de  leurs  traits.  Ou  regrette 
qu'ils  défigurent  ces  traits  et  ces  fijrmes  par  l'usage  où  ils 
sont,  comme  tant  d'autres  peuples,  de  se  tatouer.  Les 
femmes  se  taitouent  moins  généralement  qi»e  les  hommes, 
et  VVisson  en  vit  plusieurs  presque  aussi  blanches  et  auAsi 
belles  que  des  Européennes.  Je  vais  rapporter,  dans  les 
propres  termes  de  la  relation,  la  visite  que  Wisson  reçut 
de  plusieurs  de  ces  femmes  sur  son  bord. 

«  Nous  vîmes,  dit-il,  arriver  de  bonne  heure  nos  hôles 
»  delà  veille  :  sept  femmes  jeunes  et  chai'mantes,  élancées 
»  du  rivage,  nageoient  vers  nous,  parées  avec  toute  l.t 
»  simplicité  de  la  nalui^e,  car  une  'd^siiËairtie  de  feuille* 
»  vertes  les  couvroient  seulement  à  la  ceinture.  Pendant 
))  trois  heures,  elles  jouèrent  autour  du  vaiteeau  ,  réalisant 
[      »  pour  no«3  la  fable  des  Syrtnes  :  elles  eVièrent  tvahein^s-i 


582  BlBLlOTHÈQtÈ  DES  VOYAGES. 
»  ce  qui  veut  aire  femmes ,  jusqu'au  momeul  où  le  chef  de 
»  l'île,  venu  à  bord  avec  plusieurs  des  naturels ,  nous  eut 
))  priés  de  laisser  monter  sa  sœur ,  ce  que  nous  accordâme.';. 
»  Son  teint,  fort  beau,  avoit  une  foible  nuance  de  jaune, 
»  qu'une  teinte  de  rose  effaçoit  sur  ses  joues  :  ses  forme» 
»  étoient  un  peu  fortes;  mais  elles  éloienl  si  bien  propor- 
))  tionnées,  il  y  respiroit  tant  de  grâces,  que  les  peintres  et 
3)  les  statuaires  trouvent  rarement  un  si  beau  modèle.  Ses 
»  compagnes  pouvoient  prétendre  au  même  éloge  :  la 
»  jeune  Olaïlienne  que  nous  avions  à  bord ,  quoique  belle 
3)  et  bien  faite, fut  cependant  éclipsée  par  ces  femmes.  Je 
5)  ciois  qu'elle  le  sentit;  mais  elle  avoit  de  quoi  se  consoler 
»  par  l'amabilité  de  son  caractère,  par  la  grâce  dé  ses 
»  manières  et  la  délicatesse  de  ses  sentimens,  qualités  que 
»  ses  rivales  ne  possédoient  pas  au  même  degré  :  elle  fut 
3)  honteuse  de  voir  sur  le  tillac  une  femme  toute  nue,  et 
3)  elle  donna  un  habit  complet  de  toile  neuve  d'Otaïti  à  la 
»  sœur  du  chef,  ce  qui  releva  beaucoup  ses  charmes,  et 
»  encouragea  ses  compagnes,  encore  dans  l'eau,  dont  le 
»  nombre  avoit  prodigieusement  augmenté,  et  qui  nous 
»  importunoient  pour  être  reçues  à  bord.  Voyant  qu'elles 
j)  ne  s'en  retournoient  pas,  nous  en  eûmes  pitié,  et  nous 
))  les  accueillîmes  :  mais  elles  furent  un  peu  trompées  dans 
»  leurs  espérances,  car  elles  nepurent  toutes  obtenir  des 
»  habits  aussi  aisément  que  la  première.  L'appétit  de  nos 
»  malheureuses  chèvres  fut  même  tenté  par  les  feuilles 
»  vertes  que  portoient  ces  femmes  qui,  en  se  retournant 
i)  pour  les  éviter,  furent  assaillies  de  tous  côtés  par  ces 
»  animaux ,  et  réduites  à  la  plus  parfaite  nudité  ». 

Voici  l'apperçu  des  renseignemens  que  Wisson  prit  sur 
les  Marquises.  Noaheva,  la  plus  considérable  de  ces  îles, 
n'a  que  moitié  de  l'étendue  qu'on  donne  à  celle  d'Otaïti. 
Les  cérémonies  religieuses  y  sont  à-peu-près  les  mêmes. 
Chaque  district  a  son  moraï  ou  temple  :  les  morts  y  sont 
enterrés  sous  de  gi'osses  pien-es.  Comme  ceux  d'Otaïti ,  ces 
insulaires  ont  un  grand  nombre  de  divinités.  Ils  paroissent 
n'avoir  qu€  des  (Coutumes  qui  l&ur  tiennent  lieu  de  loix. 


VOYÀGFS  DA.NS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  385 
Dans  ces  îles,  les  femmes  sont  beancoup  plus  dans  la 
dépendance  des  hommes  qu'à  Otaïli.  La  polygamie  y  est  en 
usage ,  sur-tout  chez  les  chefs ,  qui  d'ailleurs  ont  peu  d'au- 
torité. Avant  l'âge  de  puberté,  on  fend  le  prépuce  aux 
mâles.  Ces  insulaires ,  non  plus  qiie  la  plupart  des  peuples 
non  civilisés,  ne  connoissent  point  les  repas  h  heures 
réglées  :  ils  mangent  cinq  à  six  fois  par  jour ,  et  quelquefois 
même  plus  souvent. 

•  On  ne  connoît  aux  Marquises  d'autres  quadrupèdes  que 
les  porcs;  mais  on  y  a  plusieurs  volailles  apprivoisées.  Les 
bois  sont  peuplés  de  plusieui's  espèces  de  beaux  oiseaux. 
"Wisscm  nous  apprend  qu'un  missionnaire  anglais  resta 
dans  ces  îles,  déterminé  par  l'espérance  d'y  faire  cesser  les 
querelles  sanglantes  dont  ces  îles  sont  agité*=îs,  et  sur-tout 
d'y  faire  abolir  les  sacrifices  de  victimes  humaines,  qui  y 
sont  pratiqués  comme  dans  les  îles  de  la  Société  ;  mais  s'il  y 
prêche,  ajoute  Wisson ,  contre  la  pluralité  des  femmes ,  il 
est  fort  douteux  qu'il  y  fasse  beaucoup  de  prosélytes.  De 
nombreux  exemples  prouvent  que  généralement  le  niaho- 
mélisme,  en  raison  de  ce  qu'il  permet  cette  pluralité,  s'éta- 
blit plus  facilement  que  le  christianisme  dans  tous  les  pays 
de  1  Orient. 

Voyages  des  Espagnols  dans  la  mer  du  Sud  et 
à  l'île  d'Otaïd  ,  traduits  pour  la  première  fois  de 
l'espagnol ,  et  accompagnés  d'observations  et  d'un 
tableau  historique  des  îles  de  la  Société,  par  W.  A. 
Bratring:  (eu  allemand)  Reisen  der  Spanien  nach  der 
Sud-See-und  Tàili-Inseln ,  etc....  von  TV.  A.  Bral- 
ring.  Berlin,  i8o3,  in-8°. 

En  1772-et  1774,  les  Espagnols  avoient  entrepris  deux 
voyages  de  Callao  à  Otaïli.  Les  journaux  de  ces  deux 
voyages,  rédigés  par  le  P.  Amich ,  et  dontBratring  a  publié 
la  traduction  en  allemand,  ne  renferment  que  quelques 
notions  imparfaites  sur  Otaïti ,  quelques  renseignemens 
géographiques  assez   légers.    Ce  ne  sont,  à  proprement 


584        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

parler,  que  des  extraits  un  peu  informes  de  la  relation 
complète  et  détaillée  d^  ces  deux  voyages,  qui  se  trouve 
dans  les  archives  de  la  marine  espagnole  à  Madrid  ,  el  qui 
sera  peut— être  rendue  publique  par  le  gouvernement.  Il 
sera  curieux  alors  de  comparer  cette  relation  avec  celles 
des  navigateurs  anglais  el  français. 

ISLES  DES  AMIS  ET  DES  NAVIGATEURS. 

Les  îles  des  Amis  ont  reçu  ce  nom  du  célèbre  Cook ,  par 
une  sorte  de  reconnoissance  pour  l'accueil  amical  que  lui 
firent  les  naturels  de  ces  îles.  La  découverte  en  est  due  à 
AbelTasman,  quiles  visita  en  1643,  et  qui  nomma  Ams- 
terdam la  principale  de  ces  îles.  On  la  désigne  aujourd'hui 
par  son  nom  propre  Tongatanabou ,  dont  on  trouve  une 
carte  fort  curieuse  dans  le  Voyage  des  missionnaires  Mo— 
raves,  de  1797-  Elle  représente  celte  île  comme  naturel- 
lement très-fertile  et  supérieurement  aussi  cultivée.  L'île 
est  couverte  de  plantations,  de  vergers,  de  jardins  enclos 
de  haies  de  roseaux  ,  et  coupés  par  une  infinité  de  petites 
routes.  Au  nord  de  l'île,  sont  une  lagune,  et  quelques 
îlots,  forjnant  un  havre  assez  bon. 

Cook  et  M.  de  la  Billardière  ,  d'après  d'Entrecasfeaux, 
ont  confirmé  les  notions  que  Tasman  nous  avoit  trans- 
mises sur  les  habilans  des  îles  des  Amis.  Ces  derniers  navi- 
gateurs, comme  on  peut  le  voir  dans  leurs  relations,  prêtent 
aux  habitans  des  îles  des  Amis  ,  une  condiMte  plus  régur- 
lière  et  plus  grave  que  celle  des  Otaïtiens,  plus  d'activité 
aussi  et  plus  d'iiiduslrie  ,  un  plus  grand  perfectionnement 
dans  leurs  manufactures,  leurs  arts,  leur  musique,  qu'on, 
n'en  a  remarqué  chez  ceux-ci,  parce  que  leurs  propriétés 
sont  plus  garanties,  quoique  leurs  chefs  y  exercent  une 
autorité  ^Ans  despotique.  Du  reste,  les  mœurs  des  deux 
peuples  ont  une  grande  conformité  :  on  la  retrouve  même 
jusques  dans  les,forj,iaes  du  corps  ,  si  ce  n'est  que  les  chefs 
des  îles  des  Amis  ne  sont  pas  d'une  aussi  grande  stature 
que  les  chefs  des  insulaires  d'Olaïli.  Les  femmes  qui  se 
tiennent  à  l'ombre  ont  le  teint  fort  blanc. 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAlV  PACIFIQUE.  385 
lies  guerres  sont  moins  fiéquenles  dans  ces  îles  que 
dans  celles  de  la  Société.  Le  nombre  des  viclimes  humaines 
qu'on  sacrifie  à  Tonganatabou  est  néanmoins  fort  consi- 
dérable. Les  missionnaires  qu'on  y  a  laissés  ,  ont  commu- 
niqué aux  insulaires  quelques  arts  utiles.  Les  rats  y  nui- 
soient  beaucoup  aux  productions  de  l'Europe.  Les  chats 
qu'on  y  a  introduits  pourront  diminuer  ce  fléau.  Il  est 
remarquable  que  les  moraïs  ou  temples,  appelés  ici  Fra— 
toukas  ,  et  qui  ont  la  forme  de  terrasses,  sont  construits  en 
roches  de  corail ,  et  qu'on  y  monte  par  des  marches  fort 
hautes  de  même  matière. 

Les  îles  des  Navigateurs  fui'ent  découvertes  par  M.  de 
Bougainville  ,  en  1768  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  sou 
Voyage  :  il  les  nomma  ainsi ,  pour  signaler  l'adresse  singu- 
lière des  habitans  à  naviguer  dans  leurs  nombreuses  pi- 
rogues ,  quoique  celle  industrie  leur  soit  commune  avec 
tous  les  insulaires  de  la  Polynésie.  C'est  dans  le  Voyage 
de  la  Peyrouse  ,  qui  visita  plusieurs  de  ces  îles,  qu'on  peut 
recueillir  les  renseignemens  les  plus  exacts  sur  leur  situa- 
tion ,  leur  nombre ,  et  le  caractère  physique  et  moral  de 
leurs  habitans. 

D'après  sa  l'elation  ,  le  groupe  des  îles  des  Navigateurs 
est ,  par  sa  population  ,  sa  fertilité  ,  le  plus  important  qu'on 
ait  encore  découvert  dans  la  Polynésie.  Les  principales  de 
ces  îles ,  sont  Pola  ,  Oyolava,  Opoun  et  Mavena ,  où  furent 
assassinés,  comme  on  l'a  vu  (  Partie  premièi-e,  section  a^i, 
^.  II)  le  capitaine  de  Langle ,  le  naturaliste  Lamanon  et 
autres. 

Pola,  la  plus  grande  de  ces  îles,  l'est  moins  cependant 
qu^'Otaïti  ,mais  elle  l'est  beaucoup  plus  que  Tongalanabra. 
La  Peyrouse  suppose  que  ces  îles  renferment  quatre  cent 
mille  habitans.  Ce  calcul  paroît  être  exagéré;  mais  l'abon- 
dance des  provisions  y  est  telle,  qu'en  vingt-quatre  heures, 
la  seule  île  de  Mavena ,  devenue  si  fatale  à  ses  compagnons , 
lui  fournit  cinq  cents  cochons  et  une  quantité  immense 
de  fruits.  A  Oyolava ,  il  vit  un  village  qu'il  estima  le  plua 
eonsidérable  de  toute  la  Polynésie  :  il  avoit  l'apparene 
yi.  Bb 


586         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES, 
d'une  ville.  La  mer  y  étoit  couverte  de  pirogues  ,  comme 
à  Mavena ,  où  plus  de  deux  ceuts  de  ces  bàlimens  enviroti- 
iièrenl  ses  navires. 

Ce  navigateur  dépeint  les  femmes  de  ces  îles  comme 
très-jolies  et  fort  libres  dans  leurs  manières.  Les  hommes 
sont  d'une  stature  et  d'une  force  peu  communes:  ils  mépri- 
soienl  la  petite  taille  des  Français.  Du  reste,  ils  ont  une 
férocité  de  caractère  qu'on  ne  remarque  guère  dans  le» 
autres  îles  de  la  mer  du  Sud.  Mais  ils  l'emportent  peut- 
être  sur  les  insulaires  de  cette  partie  du  globe  ,  par  leur 
industrie  ,  leur  adresse,  leur  esprit  même  d'invention.  On 
est  étonné  de  les  voir  ,  avec  de  simples  outils  de  basalte  , 
réussir  à  polir  parfaitement  les  ouvrages  en  bois.  La  ma- 
tière de  ces  outils  porleroit  à  croire  que  ces  îles  oui  eu  des 
volcans  :  cette  observation  a  échappé  aux  différens  navi- 
gateurs qui  ont  visité  ces  îles. 

ISLE  DE   PAQUES. 

Celle  île,  qui  semble  appartenir  plutôt  à  la  Polynésie  , 
quoiqu'elle  en  soit  détachée  et  même  à  une  assez  grande 
distance ,  qu'à  l'Amérique  méridionale,  fut  visitée,  pour 
la  première  fois,  en  1686,  par  Davis:  elle  l'a  été  depuis 
par  Cook,  et  plus  récemment  par  La  Peyrouse.  Voici 
l'apperçu  de  ce  que  renferment  ,  sur  l'île  de  Pâques,  les 
relations  de  ces  deux  derniers  navigateurs. 

La  forme  de  cette  île  est  triangulaire  :  à  l'une  de  ses 
extrémités, on  trouve  des  indices  sûrs  d'un  ancien  volcan. 
A  la  diflérence  de  ce  qui  se  pratique  dans  toutes  les  îles  de  <# 
la  mer  du  Sud  ,  les  naturels  de  celle  de  Pâques  construisent 
leurs  huttes  en  pierres  qu'ils  trouvent  toutes  détachées 
dans  l'île.  La  porte  en  est  si  basse ,  que  pour  y  entrer,  ils 
marchent  sur  leurs  genoux  et  leurs  mains.  Ils  y  pratiquent 
une  espèce  de  cave  ,  dont  ils  font  le  magasin  de  leurs  pro- 
visions et  de  leurs  outils.  Ils  ont  néanmoins  auisi  quelques 
édifices  en  bois.  La  structure  de  leurs  moraïs  ou  temples, 
qui ,  comme  dans  la  Polynésie ,  serv;ent  aussi  de  cime— 


VOYAGES  DANS  L'OCÉAN  PACIFIQUE.  SSj 
îhères ,  sont  conslriiils  d'une  manière  assez  remarquable. 
Ce  sont  des  espèces  de  plates-formes  surmonlées  de  co- 
lonnes informes,  mais  qui  ont  jusqu'à  quinze  pieds  de 
haut,  et  qui,  suivant  l'observation  de  l'ingénieur  qui  éioit 
de  l'expédition  de  LaPcyrouse,  n'ont  pu  être  élevées,  iaiis 
le  secours  des  cordes  et  d'autres  machines,  qu'avec  une 
extrême  difficulté. 

L'industrie  des  naturels  de  cette   ile  ne  se  décèle  pas 
seulement  dans  ces  constructions  :  elle  se  manifeste  d'une 
manière  beaucoup  j)lus  utile  pour  eux  dans  leur  agricul- 
ture. Le  sol  de  l'île  de  Pâques  est  si  stérile,  que  les  arbres 
ne  s'y  élèvent  pas  à  plus  de  dix  pieds  :  elle  n'est  arrosée 
par  aucun  ruisseau.    L'eau   s'y  arrête  et   même  s'y  perd 
dans  les  cavités  des  rochers;  et  l'industrie  des  habitans  est 
néanmoins  parvenue  à  former ,  dans  une  terre  aussi  in—  , 
gi'ate  ,  des  plantations  de  bananiers, de  pommes-de-len^e, 
d'ignames  et  même  de  mûriers  à  papier,  dont  l'écorce  est 
employée  à  faire  des  étoiles,  et  souvent  aussi  leur  habille- 
ment. 

HiSTOïKE  chronologique  des  découvertes  faites 
tîans  la  mer  du  Sud  ou  l'océan  Pacifique,  depuis  l'an 
1679  jusqu'en  1620;  par  le  capitaine  de  vaisseau 
Jacques  BurnejjR\ec  planches  et  cartes  :  (en  anglais) 
^ chronological History  of  the discovenes  inilieSoulff 
Sea  or  the  Pacifie  Océan,  etc....  b/  James  Burner, 
Londres  ,  INicol ,  1804-1S07  ,  2  vol.  iu-4°. 

L'auteur  de  celte  Histoire  chronologique  se  propose  de 
publier  les  extraits  de différens  voyages  faits,  non-seulement 
dans  la  mer  du  Sud  ,  comme  l'annonce  le  titre  ,  mais  aux 
Terres  Magellaniques  et  en  Amérique,  et  dégagés  des  détails 
nautiques  et  d'autres  particularités  qui  ne  sont  pas  û\\\i. 
intérêt  général.  Il  a  adopté,  comme  on  le  voit,  l'ordre 
chronologique,  en  divisant  tous  les  voyages  en  six  classea 
générales  et  distinctes.  Mais  il  n'ofFre  cette  division  que 
comme  un   essai  susceptible  de  plusieurs   modifications. 


58S  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
En  allendant  qu'il  se  soiL  fixé  sur  l'exéculion  de  ce  vaste 
plan, il  commence  par  la  cinquième  classe,  qui  comprend 
les  vo)'ages  faits  autour  du  monde,  mais  principalement 
dans  la  mer  du  Sud.  C'est  ce  qui  m'a  fait  placer  cet  ouvrage 
clans  le  paragraphe  relatif  aux  Voyages  faits  dans  cette  mer. 
L'introduction  renferme  une  relation  succincte  de 
toutes  les  découvertes  faites  avant  le  voyage  de  Magellau. 
L'auteur  a  consulté  et  comparé  à  cet  effet  toutes  les  rela- 
tions qui  nous  restent  sur  ces  découvertes;  mais  en  géné- 
ral, il  a  suivi  celles  de  Ferrera  et  de  Pigafetta.  A  l'occa- 
sion du  voyage  de  Magellan ,  il  examine  une  assertion 
qui ,  si  elle  éloil  solidement  appuyée  ,  diminueroil  beau- 
coup la  gloire  de  ce  célèbre  navigateur.  Cette  assertion 
consiste  à  soutenir  que  le  détroit  qui  jDorte  le  nom  de 
Magellan  avoit  été  connu  avant  lui,  et  indiqué  même  par 
un  illobe  de  Martin  Behaim ,  de  Nuremberg  ,  et  que  par- 
la, ce  dernier  avoit  montré  la  route  de  l'Amérique  à 
Christophe  Colomb. 

L'auteur  de  l'Histoire  chronologique  commence  d'abord 
par  faire  observerque  cette  assertion  n'a  été  faite  et  publiée 
qu'après  la  découverte.  Il  ajoute  que  Martin  Behaim  n'avoifc 
fait  son  globe  terrestre  qu'en  1492  ,  l'année  même  où 
Christophe  Colomb  entreprit  son  grand  voyage  de  décou- 
vertes. La  figure  et  la  description  de  ce  globe  ont  été 
publiées,  et  l'on  n'y  apperçoit  aucun  continent  de  l'Amé- 
rique ,  ni  même  aucune  terre  qui  pût  arrêter  la  navigation 
vers  l'ouest  de  la  Chine.  Après  la  découverte  de  l'Amé- 
rique ,  Martin  Behaim  aura  probablement  changé  son 
olobe  ou  sa  mappemonde.  Au  reste,  l'auteur  trouve  très- 
probable  que  Martin  Behaim  ,  et  plusieurs  autres  avant 
lui,  avoient  peut-être  l'idée  d'une  navigation  vers  l'ouest, 
avant  que  Colomb  et  Magellan  eussent  formé  le  projet  de 
l'exécuter, 

La  suite  du  volume  contient  l'extrait  de  plusieurs  autres 
voyages  faits  joar  les  Espagnols  et  les  Portugais,  avec  un 
appel  çu  du  progrès  de  leurs  découvertes. 

Le  premier  navigateur  anglais  qui  est  entré  dans  la  mer 


VOYAGES  DANS  L'OCeAN  PACIFIQUE.  SSg 
3u  Sud,  est  nommé  Oxnam  ou  Oxenham.  Il  passa  l'Isthme 
de  Darien,  la  première  fois  avec  Dracke,  en  i573,  et 
ensuite  en  iS'jb.  Il  construisit  un  brigantin  sur  les  côtes 
de  la  mer  du  Sud,  et  commença  à  piller  les  provisions  ft 
les  vaisseaux  espagnols  :  ayant  été  pris  dans  ces  excur- 
sions ,  il  fut  condamné  comme  pirate  ,  et  exécuté. 

L'idée  d'un  continent  méridional  est  très— ancienne  ,  et 
se  trouve  déjà  dans  les  rapports  de  Juan  Fernandez.  Les 
mathématiciens  e1  les  géographes  l'accueillirent  ensuite, 
parce  qu'ils  croyoient  ce  continent  nécessaire  dans  l'hémi- 
sphèx'e  austral ,  pour  contrebalancer  la  masse  de  l'Asie  et 
de  l'Europe  dans  l'iiémisplière  septentrional.  Les  voyages 
qui  ont  été  faits  depuis  dans  la  mer  du  Sud,  on{  détruit 
joette  opinion. 

Dans  la  nouvelle  Histoire  chronologique ,  le  voyage  de 
sir  François  Dracke  est  rédigé  avec  beaucoup  de  précision, 
d'après  tous  les  rapports  qui  existent,  soit  imprimés,  soit 
manuscrits.   On  y  a  ajouté  l'explication  de  la  projection 
des  caries  qui  accompagnent  le  premier  volume ,  et  plu- 
sieurs observationsgéographiques.  On  y  trouve,  entre  autres 
la   description  de  quelques  cartes  du  seizième  siècle,  sur 
lesquelles  la  Nouvelle-Hollande  est  désignée  sous  le  nom 
de  Grand-Java.  L'appendix  contient  quelques  nouvelles 
remarques  sur  la  pi'ojeclion  des  cartes,  et  particulièrement 
fiur  le  degré  de  courbure  propre  aux  parallèles  de  latitude. 
Tel  est  l'objet  du  premier  volume.  Le  second  renferme, 
outre  les  vovages  à  la  mer  du  Sud  dont  j'ai  donné  la  notice, 
ceux  de  Robert  TVither'ington ^  de  Christophe  Litter  ,  de 
Don  jilvario  de  Mandana ,  dans  cette  mer.  On  y  trouve 
aussi  quelques  voyages  dans  le  détroit  de  Magellan  que 
j'indiquerai  ultérieurement. 

N'ayant  pas  pu  me  pi-ocurer  l'inspection  de  l'ouvrage 
de  Eurney,  j'ai  emprunté  du  Journal  de  la  Littérature 
étrangère  une  partie  de  la  notice  qu'on  y  a  insérée  de  cet 
ouvrage. 


ôgO         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 


SECTION    IL 

Descriptions  des  Terres  Magellaniques.  Voyages 
J\aits  dans  ces  pays. 

ViîRiTABLE  et  exacte  Description  de  toutes  les 
pertes  qu'essuyèrent,  en  1 5g8,  cinq  navires  expédiés 
d'Amsterdam  pour  gagner  les  îles  Moluqucs  par  le 
détroit  de  Magellan ,  et  principalement  le  vaisseau 
commandé  par  le  capitaine  Weert ,  qui ,  après  avoir 
souffert  pendant  deux  années  entières  des  fatigues 
infinies  et  de  cruelles  angoisses  ,  revint  enfin  en 
l'année  1600  dans  sa  patrie,  sans  avoir  rempli  sa 
destination  ;  par  Bernard  Jansz:  (en  latin)  Bernhardi 
Jansz  'vcra  et.  accurata  Descriptio  cladiuin   omnium 
quae  accidenint  quinque  navibus,  anno  l5g8,  Amstae- 
lodamo    expeditis ,   et  per  fretuni  MageUanium   ad 
Moluccanas  porrecturis  :  jtavi  praecipue  Jidei  capi^ 
tanei  de  JVeert  addictae ,  qui  post  iiijïintos  labores 
et  aeruvwas  hiennio  intégra  toleratas ,  tandem  anno 
1600   re  infecta   ad  suas   rediit.     (Insérée   dans  la 
neuvième  partie  de  la  Collection  des  Grands  Voyages 
de  Théodore  De  Bry  ,  page  b().) 

Voyage  fait  au  détroit  de  Magellan  ,  dans  les 
années  i6i5à  1617,  par  Guillaume-Corneille »Sc/?.om- 
ten:  (en  hollandais)  Reyse  gedaen  in  de  Jalircn  j6iS y 
j6i6 ,  i6iy ,  door  de  straet  Magellanes  ^  door  JVill. 
Corn.  Schoulen.  Amsterdam,  161 7,  in-4°. 


VOYAGES  AUX   TERRES  îvrAGELLANIQ.        SqT 

Dlcouverte  du  détroit  de  Leiuqire.(eu  hollan- 
dais). Amsterdam,  Michel  De^rau  ,  i(3i8,  iïi-4*'« 

—  La  même  ,  en  français.  Ibid.  1618,  in-4". 

—  La  même  ,  en  allemand.  Ihid.  161.8,  in  J^ . 
La  même,  en  latin  sous  le  lilre  suivant  : 
DÉCOUVERTE  d'un  nouveau  détroit  dans  la  partie 

méridionale  du  détroit  de  Magellan,  par  Guillainne- 
Corneille  Sehouten ,  depuis  Tannée  161 5  jusqu'en 
l'année  161  y:  (en  latin]  Novi  freti  in  parte  nieri- 
dioiiali  freli  3fogellani  in  magjiuni  mare  australe 
detcctio  facta  a  Guill.  Cornel.  Schouten  ,  ah  anno 
i6i5usque  ad  i6iy.  Amsterdam.  Pierre  Kaer,  1618, 
in-4". 

—  La  même  ,  encore  en  latin  ,  ornée  de  sept 
planches  ,  avec  le  titre  de  l'édition  laiine  de  1618. 
Amsterdam,  Louis  Vlasi-Blaeu,  1620;  ièù/.  Janson, 
1621 ,  p.  in-4°. 

La  même,  encoi-e  en  latin,  sons  un  titre  différent  des 
précédentes,  ornée  aussi  de  sept  planches  :  voici  quel  est 
ce  titre  : 

DuRiUM,  vel  Descriptio  lahoriosissimi  et  moles- 
tissimi  itineris  facti  a  Guillehno  Cornelio  Schoutenio, 
germano,  annis  i6i5 ,  1616  et  i6iy ,  quâ parte  australis 
freti  3fagellanici  novwn  ductum  ,  autfretuni ,  in  ma- 
gnum mare  australe  det.ea.it  ,  totumque  orbem  ter- 
rarum  circumnavigavit.  Editio  altéra.  Amsterdam  , 
Vlasi  Blaeu  ,  1648,  p.  in-4°. 

—  La  même  (en  français).  Paris,   M.  Gobert, 
161 9,  p.  in-4". 

—  La  même  ,  encore  en  français.  Paris,  Girard 
et  Henri  Le  Gran  ,  i65o ,  iii-4°. 


Sga         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

On  la  retrouve  encore  en  français  dans  le  Recueil  de» 
Constantin,  dont  j'ai  donné  la  notice  (première  Partie, 
seclion  iv ,  §.  v). 

La  navigation  de  Lemaire ,  dégagée  de  celle  de  Guil- 
laume-Corneille Scliouten  ,a  paru,  pour  la  première  fois^ 
sous  le  tilre  suivant  : 

Miroir  des  Navigations  orientales  et  occiden- 
tales de  l'Inde ,  dont  l'une  a  été  entreprise  sous  le 
commandement  et  les  auspices  de  George  Spil- 
•  Jjerg,  et  l'autre  sous  ceux  de  Jacques  Lemaire  ;  orné 
de  quatre  planches  pour  le  Voyage  de  Lemaire  seu- 
lement :  (en  latin)  Spéculum  orientalis  occidentalis— 
que  Navigatioiiis  quarum  una  Georgii  a  Spilbevgen  , 
altéra  Jacobi  Lemaire  auspiciis  imperioque  directa, 
Leyde _,  Nicolas  Guelkerken  ,  1619,  in-4''-  obi. 

Nous  en  avons  une  édition  en  français  sous  le  titre  sui- 
vant : 

Miroir  Oest  et  West-Iudical ,  auquel  sont  des- 
criples  les  deux  dernières  navigations  faictes  es 
années  16145  i6i5,  16 17  et  1618,  l'une  par  le 
renommé  guerrier  de  mer  George  de  Spilberg  ,  par 
le  détroit  de  Magellan  ,  et  ainsi  tout  autour  de  toute 
la  terre  ,  avec  toutes  les  batailles  données  ,  tant 
par  terre  que  par  eau.  Ici  sont  aussi  adjoutées  deux 
histoires  ,  l'une  des  Indes  orientales ,  l'autre  des 
Indes  occidentales,  avec  le  nombre  des  navires^ 
forts,  soldats  et  artillerie.  L'autre  faicte  par  Jacob 
Lemaire ,  lequel  au  côté  du  Zud  du  détroit  de  Ma- 
gellan ,  a  descouvert  uu  nouveau  détroit  ;  avec  Ja 
description  de  tous  les  pays ,  gens  et  nations.  Le 
tout  embelli  de  belles  cartes  et  figures  à  ce  ser- 


VOYAGES   AUX  TERRES  MAGÉLLANIQ.      Sq^ 

vantes.  Amsterdam,  Jean-Jansz,  siir-l'Eau,  à  la 

Pas-Curte  ,  1621,  iii-4"^  oLl. 

Celte  édition  eot  fort  recherchée,  quand  l'exemplaire 
est  bien  conservé  et  que  les  planches  sont  complètes  :  il 
doit  y  en  avoir  vingt. 

Le  Nouveau-Monde  ,  ou  Description  des  Indes 
occidentales  ,  par  Antoine  de  Herrera,  avec  la  Navi- 
gation australe  de  Jacques  Lemaire ,  par  Métaphraste 
Barlaeus  ,  ornëe  de  plusieurs  planches  :  (  en  latin  ) 
Novus  Orhis  sive  Descriptio  Indiae  orieiitalis ,  aulore 
Ant.  de  Herrera.  Metaphrasti  Barlaei  accesserunt 
Navigationis  nuper  australis  Jacohi  Lemaire  Histo- 
riae.  Amsterdam,  Michel  Coltinius  ,  lô^iS,  in-fol. 

La  description  des  Indes  occidentales  par  Antoine  de 
Herrera  ,  avec  celle  de  ces  mêmes  Indes  par  Pierre  Ordo- 
nez  de  Cavallos,  et  la  description  du  Nouveau-Monde, 
ont  été  traduites  en  français  ,  et  on  y  a  joint  la  Navigation 
australe  de  Jacques  Lemaire,  et  les  navigations  au  détroit 
de  Magellan  ,  traduites  du  flamand  en  français.  J'en  ai 
donné  la  notice  (cinquième  Partie,  section  i). 

Relation  de  deux  caravelles  que  le  roi  d'Es- 
pagne envoya  de  Lisbonne,  l'an  1618,  au  mois 
d'octobre  ,  sous  la  conduite  du  capitaine  don  Jean 
de  More ,  pour  visiter  et  découvrir  le  passage  de 
Lemaire  devers  le  sud  ,  lesquelles  retournèrent  en 
Seville  au  mois  d'août  1619  ,  et  firent  le  rapport  au 
Roi  de  ce  qui  leur  étoit  advenu. 

J'ai  trouvé  dans  des  catalogues,  la  notice  de  celte  rela- 
tion, sans  indication  de  ville  ,  de  date  et  de  format,  et  tella 
que  je  la  donne  ici. 

PiECUEiL  et  Abrégé  de  tous  les  Voyages  qui  ont 
été  faits  devers  ie  détroit  de  Magellan  ;  du  Voyaj:e 


094         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

de  Ferdinand  Magellanes  ;  du  voyage  que  firent  les 
vaisseaux  de  l'évêque  de  Plaisance  Don  Gullarès 
Carjai'al;  le  troisième  Voyage  vers  l'estroit  de  Ma- 
gellanes par  le  sud  ;  le  quatrième  Voyage  de  Don. 
Frère  Gescia  de  Loajsa ,  qu'envoya  l'empereur 
Charles ,  avec  six  navires,  à  la  recherche  du  même 
détroit ,  l'an  1 525  ;  Voyage  de  Don  François  Dragua 
vers  le  même  détroit  de  Magellan ,  l'au  lôyy  ;  Voyage 
de  Pedro  Samiiento ,  qui  partit  de  Lima  l'an  i5-9, 
en  intention  de  recognoître  et  visiter  le  détroit  de 
Magellanes  de  la  part  du  sud  ;  la  première  Naviga- 
tion de  Candi  s  s  allant  vers  le  détroit  de  Magellan; 
la  deuxième  et  dernière  Navigation  de  Candissallant, 
avec  trois  grands  navires  et  deux  barques  ,  devers 
l'estroit  de  Magellan  ;  Voyage  de  cinq  bateaux  do 
Jacques  Mahu  et  Simon  de  Cordes  ,  qui  partirent 
de  Rotterdam  l'an  i528  ,  pour  l'estroit  de  Ma- 
gellan. 

Avec  la  notice  de  latraduclion  en  français  de  la  descrip- 
tion des  Indes  occidentales,  d'Antoine  de  Herrera,  j'ai 
donné  ,  dans  un  litre  général ,  celle  de  ces  diftéientes  rela- 
tions (Partie  cinquième,  section  i). 

La  partie  la  plus  précieuse  de  ces  recueils  ,  soit  en  lalîn  , 
soit  en  français,  c'est  la  relation  de  la  navigation  australe 
de  Jacques  Leiuaire,  parce  que,  comme  l'observoit  judi- 
cieusement M.  Camus  (Mémoire  sur  les  Grands  et  Petits 
Voyages,  etc....),  l'on  y  restitue  à  Jacques  Lemaire  et  à 
Jean,  père  de  Jacques,  la  gloire  de  la  découverte  du, détroit 
de  leur  nom,  faussement  attribuée,  dans  les  premières 
relations,  dont  j'ai  donné  la  notice,  à  Guillaume  Corneille 
Schouten.  Avec  divers  actes  authentiques  relatifs  au  voyage 
de  Lemaire  ,  l'on  trouve  dans  cette  relation  les  délibérations 
pribcs  par  les  chefs  d'équipage ,  le  26  février  iGi6,  pour 


VOYAGES  AUX  TERRES  MAGELLANIQ.  5o5 
donner  au  détroit  le  nom  de  Jacques  Lemaire  :  elles  sont 
signées  par  Guilîaume-Corneille  Schouten  lui-même.  C'est 
doue  à  ces  deux  éditions  latine  et  française  qu'il  faut  s'at- 
tacher de  préférence  ,  relativement  à  la  découverte  du 
détroit  de  Lemaire. 

Voyage  entrepris  par  ordre  de  Sa  Majesté  calho- 
llque ,  par  le  capitaine  Barlholomé  Gardas  et  Gon- 
zales  de  Nodal ,  pour  reconoortre  le  nouveau  détroit 
de  Saint-Vincent  et  celui  de  Magellan  :  (en  espa- 
gnol )  Relacion  del  Triage  que  por  ordeii  de  Su  ISla- 
jest.ad  hisieron  los  capitaiies  Bartholomeo  Gardas 
j  Gonzales  de  Nodal,  descuhrimiento  dél  estredio 
Tiuei>o  de  San-  Tlncente  y  reconodniiento  del  de 
Magellajies.  Madrid,  1621,  in-4''. 

Ce  voyage  est  curieux  et  rare.  Il  faut  s'assurer  d'abord  s'il 
s'y  trouve  une  carte  géographique  gravée  sur  bois,  ou  sont 
tracés  les  lieux  parcourus  parle  voyageur;  et  pour  constater 
ensuite  si  l'exemplaire  est  bien  entier,  il  faut  consulter  la 
Bibliographie  de  De  Bure  (tome  1^"  de  l'Histoire,  pag. 
2i5  et  216). 

Description  géographique  des  terres  escarpées 

de  la  Région  Australe  et  Magellanique  ,  par  Sejxas 

de  Louera  :  (en   espagnol)   Descripdon  geograflca 

■  de-la  Région  Austral  j  Magellanica,  por  Sejxas  de 

Louero.  Madrid,  i6go,  in-4''. 

Voyage  de  Jean  Narhorough  au  détroit  de  Magel- 
lan ,  avec  la  relation  de  plusieurs  voyages  au  nord 
et  au  sud  :  (en  anglais)  John  Narhorouglis  Voyage 
io  the  streights  of  Magellan  ,  account  of  sci^erdl  late 
Tojages  to  the  south  and  norlh.  Londres,  1694? 
in8\ 

On  en  a  donné  depuis  une  autre  édition  hous  le  titre 
suivant  : 


096        BIBLlOTIîEQUE    DES    VOYAGES. 

Voyage  to  the  South-Sea  ^  hy  sir  J.  JYarborougJi, 
Londres ,  1711,  m-8° . 

La  première  partie  de  cet  ouvrage  a  été  traduite  en  fran- 
çais sous  le  litre  suivant  : 

Relation  des  Voyages  de  Jean  JVarhoi^ough  aux 
Terres  Magellaniques ,  rédigée  par  lui-méiue  ,  tra- 
duite de  l'anglais.  Paris  ,  Bernard  ,  1722  ,  in- 12. 

Celle  traduction  se  trouve  aussi  à  la  suite  des  Voyages  de 
Correa,  dont  j'ai  donné  la  notice.  La  relation  de  Nar- 
borough  est  irès-estimée,  et  mérite  de  l'être. 

Voyage  aux  Terres  Magellaniques  ,  par  Cowle/, 
traduit  de  l'anglais.  Piouen  ,  171 1,  in-12. 

Dans  son  Histoire  des  Navigations  aux  Terres  Aus- 
trales ,  le  p.  de  Brosses  avertit  qu'il  faut  se  défier  de  ce  que 
raconte  Cowley  de  ses  excursions  aux  Terres  Australes 
{  Magellaniques  ). 

Voyage  aux  Terres  Magellaniques  ,  par  André 
Sharp,  traduit  de  l'anglais.  Rouen  ,  1712,  in-12. 

Voyage  aux  Terres  Magellaniques  ,  par  Jeaa 
TVood j  rédigé  par  le  même,  traduit  de  l'anglais. 
Amsterdam,  1712,  in-12. 

Cette  relation  est  aussi  estimable  que  celle  de  Narborougb. 

Les  traductions  de  ces  trois  derniei's  Voyages  se  trouvent 
aussi  à  la  suite  des  Voyages  deDampierre  ,  dont  j'ai  donné 
la  notice  (première  Partie  ,  section  vi ,  ^.  11). 

Essai  sur  les  Patagous,  par  l'abbé  Cojer.  Paris, 
^767,in-8^ 

Voyage  au  détroit  de  Magellan  ,  par  le  capitaine 
ViGVYe  Sariniento  de  Gamboa,  dans  les  années  i^g^ 
et  1 600  ;  et  Notice  de  l'expédition  qui  a  été  faite  eu 
vue  de  le  peupler  :  (en  espagnol)  Pliage  à  V  estrecho 
de  3]agtllanes  ,por  el  cap.  Pedro  Sarmiento  de  Gain- 


TOYACES  AUX  TERRES  MAGELLANIQ.  ^97 
hoa  ,  en  los  annos  iSgg  y  lôuo  ;  j  Noticia  de  la 
expedicion  que  despues  hizo  para  pohlarla.  Ma- 
drid,  de  rimprimerie  royale  de  la  Gazette,  1768, 
in-4". 

Journal  historique  d'un  voyage  aux  îles  Ma- 
louines,  fait  en  lyôS  et  17O4,  pour  les  reconnoître 
,et  y  former  un  établissement;  et  de  deux  voyages 
au  détroit  de  Magellan ,  avec  nue  description  des 
Patagons  ,  par  Antoine  -  Joseph  Pernettj.  Berlin  , 
1769,  2  vol.  in-8°. 

On  en  a  donné  une  seconde  édition  à  Paris,  sous  le  titre 
suivant  : 

Histoire  d'un  voyage  aux  îles  Malouines ,  fait 
en  1 763  et  1 764 ,  avec  des  observations  sur  le  dé- 
troit de  Magellan  et  sur  les  Patagons ,  par  Don  Per- 
nettj :  nouvelle  édition ,  refondue  et  augmentée 
d'un  discours  préliminaire  ,  de  remarques  sur  l'his- 
toire naturelle,  etc..  ornée  de  cartes  et  de  figures. 
Paris  ,  Saillant  et  Nyon,  1770  ,  2  vol.  in-S". 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  anglais  sur  la  première  éâ\~ 
tioa  ,  sous  le  titre  suivant  :  , 

HlSTORY  of  a  voyage  ta  the  Malouines  Islands, 
in  iy63  and  1^64 ,  under  the  command  of  M.  Bon- 
gainville,  and  of  two  voyages  to  the  streigths  of  Ma- 
gellan ,  with  an  account  of  the  Patagonians.  Lon- 
dres ,  1770,  in-4°. 

—  Il  l'a  été  encore  sur  la  seconde  édition.  Lon- 
dres, Goldsmith,  1794?  iii-4". 

Les  îles  Malouines,  que  les  Anglais  ont  appelées  les  îles 
Falkkiiid,  ne  sont  séparées  que  par  un  détroit ,  de  la  pointe 
de  cette  partie  des  Terres  Magellaniques  qu'habitent  les 


SgS         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

Prttagons.  Eiles  fureni  reconnues  par  Hawkins  en  iSgJl 
Elles  ont  été  visilées  en  1714?  pa»'  un  armateur  de  Sainl- 
Malo ,  qui  leur  donna  le  nom  de  sa  \dlle.  Roggevin  les 
cûloya  en  1721  ;  mais  aucun  voyageur  n'a  pu  si  bien  le» 
<]écrire  que  Peinetly,  qui  accompagna  M.  de  Bougain- 
ville ,  dans  le  voyage  qu'y  fit,  en  1760  et  1764,  ce  célèbre 
îiavigateuf ,  pour  en  prendre  possession  au  nom  de  la 
France  :  elles  fuirent  cédées  depuis  à  l'Espagne  :  ce  fut  un. 
des  objeLs  de  la  seconde  expédition  de  M.  de  Bougainville, 
qui  commença  par  celte  i-emise  son  voyage  autour  du 
monde,  en  1767  ,  et  qui  en  a  donné  un  rapide  extrait  dans 
la  relation  de  ce  grand  voyage. 

Comme  cet  arrangement  politique  a  reiranché,  pour 
les  Français,  les  occasions  ,  du  moins  aussi  fréquentes  ,  de 
visiter  ces  îles,  on  doit  savoir  gré  à  Pernetty  de  les  avoir 
fait  connoître  dans  un  assez  grand  détail.  Il  s'est  attaché 
sur-tout  à  rbisloire  naturelle  des  îles  AJalouines  :  c'est  ce 
qu'il  y  avoit  de  plus  intéressant  à  y  observer.  Sa  relation 
embrasse  beaucoup  d'autres  objets,  tels  que  des  remarques 
sur  l'histoire  naturelle  du  Brésil  et  les  mœurs  de  ses  habi— 
lans,  avec  des  observations  sur  les  loix  et  les  coutumes  des 
peuples  de  Monte-Video  dans  le  Paraguay;  mais  il  s'est 
plus  particulièrement  étendu  sur  le  détroit  de  Magellan , 
et  principalement  sur  les  Palagons,  auxquels  il  donne  assez 
gratuitement  l'épilhètede  géans,  parce  que  le  moins  grand 
de  ceux  avec  lesquels  communiqua  l'équipage  du  vaisseau  , 
avoit  cinq  pieds  cinq  pouces  de  haut. 

Description  de  la  Pata<,'ome  et  des  pays  adja- 
ceos  dans  l'Amérique  du  Sud  ,  avec  quelques  détails 
particuliers  sur  les  îles  Falkland  ,  par  Thomas  Fal/i- 
lier:  (en  aut^hùs^  Description  of  Patagoiiia  and  the 
adjoining  parts  of  South-America  ,  and  some  partî- 
culars  rclaîing  to  Falhland  islands,  bj  Thomas  Falk- 
ner.  Londres,  1774?  iîi-4°' 

Gel  ouvrage  a  été  traduit  eu  français  sous  le  titre  suivant  : 


VOYAGES  AUX  TERRES  MAGELLANIQ.        SqQ 

Description  des  Terres  Magellaniques  et  des 
pays  adjacens  ,  traduite  de  l'anglais  par  M.  B'^'*'*. 
Genève  ,  Dufart ,  1787,  2  vol.  in-24. 

Celte  descriplion  embrasse  principalement  les  paj'5  et 
les  peuplades  qui  se  trouvent  entre  le  Chili  et  le  détroit  de 
Magellan.  L'auteur  y  a  joint  un  petit  essai  sur  l'idiome  des 
JSlalaches  ,  l'uue  de  ces  peuplades. 

Relation  de  la  dernière  expédition  faite  au  port 
Egmond  dans  les  îles  Falkland,  par  Bernard  Pe/i- 
rose ,  avec  les  ope'rations  de  l'équipage  du  navire 
le  Peugouin ,  pendant  son  séjour  dans  ces  îles  ,  en 
l'année  1772:  (en  anglais)  Bernard  P enr ose' s  Ac- 
count of  the  last  expédition  to  port  Egmond  in  Falk- 
land islands ,  in  the  jear  J//2  ,  together  with  the 
transactions  of  the  campany  oj"  the  Pen^oin  shallop  , 
during  their  staj  there.  Londres  ^  1 775  ,  in-8°. 

Nai\ration   de  l'honorable  Jean  Bjron  (com- 
modore  dans  la  grande  expédition  autour  du  monde), 
contenant  le  récit  des  grandes  détresses  souffertes 
par  ses  compagnons  et  lui,  sur  la  cote  desPalagons, 
depuis  l'année  1740  jusqu'à  leur  arrivée  en  Angle- 
terre ,  en  1 746  :  on  y  a  joint  la  Description  de  Saiut- 
Jago  au  Chili ,  et  des  manières  et  usages  de  ses  habi- 
tans  ;  de  plus  ,  la  relation  de  la  perte  du  vaisseau  de 
guerre  le  TVager,  de  l'escadre  de  l'amiral  Anson  : 
le  tout  écrit  par  Jean  Byron  lui-même  :  (en  anglais) 
The  jVctrrative  of  the  honourahle  John  Bjron  (  coni" 
modore  in  a  late  expédition  round  the  tporld^  ^  con- 
taining  an  account  of  the  great  distresses  suffered  bj 
himselfand  his  companioïis  on  the  coast  ofPatagonia, 
from  theyears  iy4o  til  their  arris^alin  Englandiy46: 


400  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES. 
iAntli  a  Description  ofSt.-Jago  de  Chili ,  and  the  man^ 
tiers  and  custonis  of  the  inhabitants  ;  also  a  relation, 
ofthe  loss  of  the  Wager,  man  of  war  one  of  admirai 
Anson  squadron  written  hj  hiraself.  Londres,  Baker, 
Leicli  et  David,  1780,  in- 12. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sur  une  première 
édition  du  Voyage  original  que  je  n'ai  pas  pu  me  pro- 
curer :  voici  le  titre  de  cette  traduction  : 

Voyage  de  Jean  ^jro»  autour  du  Monde,  en 
Î764  et  1765,  avec  une  Description  du  détroit  de 
Magellan  -,  traduit  de  l'anglais.  Paris ,  1 765 ,  in-8°. 

Par  cette  expédition  ,  où  Byron  et  ses  compagnons 
éprouvèrent  dans  la  mer  du  Sud,  et  particulièrement  sur 
la  côte  des  Patagons,  des  détresses  aussi  cruelles  qu'elles 
furent  prolongées ,  cet  habile  navigateur  préludoit  à  la 
grande  expédition  autour  du  monde,  qu'il  n'entreprit  que 
]iuit  ans  après  son  retour  en  Angleterre ,  et  dont  j'ai  donné 
la  notice  (première  Partie,  section  vi,  §.  11). 

Relation  d'un  dernier  Voyage  au  détroit  de 
Magellan,  dans  les  années  1785  et  1786,  par  la 
frégate  de  Sa  Majesté  Sainte-Marie  de  la  Cabeza , 
extraite  des  tables  antérieures  à  sa  découverte  ,  im- 
primées et  manuscrites  ;  avec  une  notice  sur  les 
habitans  ,  le  climat  et  les  productions  du  détroit, 
et  exécuté  de  l'ordre  du  Roi  :  (en  espagnol)  Rela- 
cion  del  ultinto  Viage  al  estrecho  de  Magellanes  de  la 
fregata  de  S.  M.  Santa-Maria  de  la  Cabeza ,  en  los 
annos  de  i/SS  j  1/86 ,  extrato  de  tavolas  anteriores 
de  su  descubrimiento ,  imprentas  j  m.  m.  ;  y  noti- 
cia  de  los  habitantes ,  del  clima  y  producciones  del 
estrecho ,  trajda  de  orden  del  Rej.  Madrid,  veuve 
d'lbarraetC%  1788,  in-4°. 


YOYAGES  AUX  TERRES  MAGELL AlVIQ.  4'^I 
Outre  le  portrait  de  Magellan,  la  relation  est  enriciiie , 
i".  d'une  carte  de  la  partie  de  l'Amérique  méridionale  où 
est  situé  le  détroit  de  Magellan  ;  2^.  d'une  carte  réduite  de 
ce  détroit ,  dressée  par  le  commandant ,  les  officiers  et  les 
pilotes  de  la  frégate  j  3°.  de  deux  autres  cartes  où  sont 
figurés  les  plans  de  divers  ports  du  détroit ,  tels  qu'ils  ont 
été  levés  en  1 786  ;  4°-  de  quatre  tableaux  de  l'état  du  ther- 
momètre de  Réaumur,  pendant  tout  le  cours  du  voyage. 

Cette  relation  ,  précédée  d'une  introduction  sur  les 
motifs  qui  ont  fait  entreprendre  le  voyage,  et  sur  la  mé- 
thode qu'on  a  employée  pour  le  rédiger ,  est  l'une  de  celles 
qui  répandent  le  plus  de  lumières  sur  l'hydrographie  da 
détroit  de  Magellan  :  c'est  l'objet  de  la  première  partie. 
Lia  seconde  est  consacrée  d'abord  à  de  bons  extraits  des 
Voyages  faits  au  détroit  de  Magellan  ,  en  commençant  par 
celui  de  Magellan  ,  qui  a  donné  son  nom  au  détroit ,  et  ea 
finissant  par  celui  de  M.  deBougainville.  La  relation  est  ter- 
minée par  des  observations  sur  le  sol,  le  climat  et  les  pro- 
ductions du  détroit,  par  des  remarques  sur  ses  habitans^ 
tant  Patagons  qu'Indiens  (Américains);  et  enfin  par  la 
solution  de  ce  problême  ,  si  l'on peui  former  des  établisse- 
mens  dans  le  détroit. 

Relation  des  îles  Falkland  ,  par  W.  Clayton: 
(  en  anglais  )  JV.  Clayton  s  Account  of  Falkland 
islands.  (Se  trouve  dans  les  Transactions  philoso- 
phiques ,  vol.  ^6 ,  part.  11 ,  pag.  99  et  suir.) 


TI.  ۥ 


4o2  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 


SECTION    III. 

Descriptions  des  Terres  australes.  J^oyages 
faits  dans  ces  contrées. 

JTouk  les  Terres  Australes,  je  suivrai  la  uiême  marche 
À  laquelle  je  me  suis  attaché  pour  les  îles  de  la  mer  du  Sud. 
Je  vais  d'abord  donner  la  notice  des  descriptions  et  des 
relations  qui  embrassent  les  Terres  Australes  en  général , 
ou  mie  grande  partie  de  ces  tei'res.  Je  reprendrai  ensuite 
tliaque  contrée  en  particulier ,  et  j'y  appliquerai,  soit  le 
petit  nombre  de  relations  qui  leur  sont  particulières,  soit 
ce  que  renferment  à  leur  égard  les  grands  voyages  Cails 
autour  du  monde  et  autres. 

Histoire  des  Navigations  aux  Terres  Australes , 
contenant  ce  que  l'on  sait  des  mœurs  et  des  produc- 
tions des  contrées  découvertes  jusqu'à  ce  jour,  et 
où  il  est  traité  de  l'utilité  d'y  faire  un  nouvel  éta- 
blissement ,  avec  une  carte  des  mers  des  Indes , 
Pacifique  et  Atlantique,  et  principalement  duîVfoude 
Austral ,  et  une  autre  carte  du  détroit  de  Magellan 
et  des  îles  Malouiues  (par  le  président  de  Brosses'). 
Paris,  Durand,  1766  ,  2  vol.  in-4''. 

—  La  même ,  traduite  en  allenjand  par  A.  P. 
Adelung.  Halle,  1767,  in-8°. 

—  La  même  ,  traduite  en  anglais.  Londres ,  1 767, 
in-8°. 

J'ai  cru  devoir  placer  à  la  tête  de  cette  section,  l'ouvrage 
du  président  de  Brosses,  parce  qu'il  renferme  d'excel— 
lens  extraits  des  anciens  Voyages  faits  aux  Terres  Aua- 


TOYAGES  AUX  TERRES  AUSTPvALFS.  4^5 

traies.  Le  mérite  de  cet  ouvrage ,  où  l'aiifeur  a  exercé  la 
plus  judicieuse  critique  sur  ces  relations  anciennes,  et 
où,  le  premier, il  a  répandu  de  grandes  lumières  sur  des 
contrées  beaucoup  moins  connues  alors  qu'elles  ne  le 
sont  aujourd'hui ,  jouit  d'une  grande  réputation,  même 
chez  l'étranger. 

Le  président  de  Brosses,  d'après  l'exemple  des  Finlan- 
dais, qui  pratiquent  des  roules  sur  les  mers  glacées,  parois- 
soit  se  flatter  qu'on  pourroit  vaincre  l'obstacle  des  glaces 
et  s'élever  près  du  pôle  antarctique.  L'infructuosilé  des 
tentatives  de  Cook ,  de  La  Peyroiise,  de  Vancouver ,  d'En- 
trecasleaux  et  de  plusieurs  autres  navigateurs,  ne  per- 
met guère  aujourd'hui  de  l'espérer. 

L'autre  Monde  ,  ou  la  Terre  Australe,  derniè- 
rement visitée  dans  le  cours  de  ses  longs  voyages  , 
par  un  Académicien  étranger ,  publié  par  Guillaume 
Knight  :  (  en  latin  )  Mundus  aller  et  idem ,  siwe  Terra 
jiustralis  longis  itineribus  peregrini  Academicl  nuper- 
rime  perîustrata,  autore  Guillelmo  Knight.  Francfort, 
1604, in-i2. 

La  Terre  Australe^  ou  l'Australasie  dePelsart 
(en  hollandais).  Amsterdam,  in-fol. 

Cette  relation  a  été  traduite  par  Melchisedech  Theve- 
not  :  on  la  trouve  dans  la  première  partie  de  sa  Collec- 
tion ,  sous  le  titre  suivant  : 

La  Terre  Australe  découverte  par  le  capi- 
taine Pelsartj  qui  y  fit  naufrage. 

Celte  découverte  remonte  à  l'année  162g. 

Voyage  d'Abel  Tasman  aux  Terres  Australes  , 
l'an  1642.  (Inséré  dans  la  Collection  de  Melchise- 
dech The  venot ,  partie  4°-) 

Le  même  ,  sous  un  autre  titre  : 

Relation  d'un  voyage  aux  Terres  Australes  ia- 


4o4  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

connues ,  tirée  du  Jouraal  du  capitaine  Abel-Jansen 
Tasman.  (Insérée  à  la  suite  des  Voyages  de  Correa, 
tome  II  j  édition  de  Paris.) 

Voyages  aux  Terres  Australes  et  à  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  par  Dampierre  (en  anglais).  Londres, 
1705-  170g,  in-S**. 

Ces  Voyages  ,  qui  ont  paru  en  anglais  aux  deux  époques 
que  je  riens  d'indiquer,  ont  été  traduits  en  français ^  et  se 
trouvent  dans  les  tomes  iv  et  v  des  Voyages  autour  du 
monde  de  Dampierre  (  édition  de  Rouen  ) ,  dont  j'ai  donné 
la  notice. 

Histoire  de  l'expédition  de  trois  vaisseaux  en- 
voyés par  la  compagnie  des  Indes  occidentales  des 
Provinces-Unies  (aux  Terres  Australes)  ,  par  M.  de 
B*'^*.  La  Haye,  17^9  ,  5  vol.  in- 12. 

HiSTOiRiî  des  navigations  aux  Terres  Australes  y_ 
par  Nicolas  Starjk  (  en  hollandais  ) .  Amsterdam  , 
1753  ,  in-8°. 

DÉCOUVERTE  des  Terres  Australes ,  ou  Voyages 
aux  Terres  Australes,  nommées  Hémisphère  méri- 
dional dans  les  seizième,  dix-septième  et  dix-hui- 
tième siècles,  par  Callender  :  (en  anglais)  Terra 
Australis  cognita  _,  or  T'ojages  to  the  Terra  Australis 
or  Southern  Hémisphère  durùig  the  siateenth ,  seven- 
teeiith  and  eigJiteenth  centurj  ^  hj  Callender.  Edim- 
bourg, 1766,  3  vol.  in-8°. 

Ce  prétendu  voj'age  n'est  auti-e  chose  que  la  traduction 
en  anglais  de  l'ouvrage  du  président  de  Brosses.  Le  tra- 
ducteur n'a  fait  qu'en  déguiser  adroitement  le  titre,  afin 
de  pouvoir  le  pi'ésenter  comme  \n\  ouvrage  original. 

VoyaGE  de  E.  TVarihen  en  des  Terres  Australes 
inconaues  et  au  pavs  des  Mines,  parD.  J.deGuzmau 


VOYAGES    AUX    TERRES   AUxSTRALES.  4^5 

//c  Maurique ,  avec  fjgm-es  :  (en  espagnol)  f'^iage  du 
E.  Jfarthen  à  las  Tierras  incogiiitas  Australes  j  al 
pays  de  las  Minas  ,  por  D.  J.  de  Guzinan  j  Mawique . 
Madrid  ,  D.  A.  de  Sancha  ,  1778  ,  4  vol.  in-S*^. 

Relation  de  deux  voyages  dans  les  mers  Aus- 
trales et  des  Indes,  faits  en  1771,  ^77^  et  1773  , 
par  M.  de  Kei'guelen  ,  ou  Extraits  de  ses  navigations 
pour  les  Terres  Australes,  et  la  vérification  d'une 
nouvelle  route  proposée  pour  abréj^er  d'environ 
huit  cents  lieues  la  traversée  de  l'Europe  à  la  Chine, 
avec  une  carte.  Paris  ,  Rnapen,  1781,  in-8"^. 

Cette  relation,  quoiqu'im primée  à  Paris,  est  devenue 
aussi  rare,  que  le  Voyage  du  même  auteur  au  Nord  est 
commun.  La  distribution  du  Voyage  aux  Terres  Aus- 
trales fttl  arrêtée  par  ordre  du  gouvernement  ;  et  vraiseni— 
blabletnenl  la  plus  grande  partie  des  exemplaires  fut  saisie 
et  séquestrée:  on  entrevoit  les  causes  de  celle  rigueur  dans 
Fépîlre  dédicatoire  qui  est  adressée  à  la  pairie. 

Je  passe  aux  rehi lions  qui  sont  particulières  aux  diflé— 
rentes  parties  des  Terres  Australes. 

ISLES  DE  SALOMON ,  OU  ARCHIPEL  DES  ARS ACIDES 
ET  ISLES  DE  GOWER  ,  CARTEKET  ET  SIMPSON; 
ISLES   SANTA-CRUZ  OU  ISLES  CHARLOTTES. 

DÉCOUVERTE  des  îles  de  Salomon  :  (en  espa- 
gnol )  Descubrimicnto  de  las  islas  de  Salomon^ 

Lé  président  de  Brosses  (Histoire  des  Navigations  aux 
Terres  Australes)  dit  qu'il  ne  lui  est  lonibé  sous  la  main 
qu'un  seul  exemplaire  espagnol  de  cet  ouvrage  ^.provenant 
du  cabinet  de  Melcliisedecli  Thevenot ,  où  il  manquoit 
deux  cahiers;  c'est  celui  dont  je  viens  de  donner,  d'après 
km,  le  titre.  Il  ajoute  qu'il  n'a  pu  se  procurer  aucune» 


4o6  BIBLIOTHKQTTE  DES  VOYAGES, 
lumières  ,  ni  sur  le  nom  de  l'auleur,  ni  sur  l'année  et 
la  ville  où  celle  relation  fut  imprimée.  Ce  savant  n'aila- 
choit  sans  doute  un  si  grand  prix  à  cet  exemplaire,  que 
parce  qu'il  renfermoil  vraisemblablement  l'une  des  plus 
anciennes  relations  du  premier  voyage  fait  par  Mandana 
en  1667  ,  où  ce  naA^igateur  fit  le  premier  la  découverte  des 
îles  de  Salomon  ;  car  nous  possédons  d'ailleurs  plusieurs 
relations,  mais  plus  récentes,  de  ce  voyage  :  on  en  trouve 
une  d'abord  dans  l'ouvrage  suivant  : 

Faits  de  Don  Garcias  Hurtada  de  Mendoza  ,  par 
le  docteur  Cliristophe  Suarez  de  Figueroa  :  (en 
espagnol  )  Hechos  de  Don  Garcia  Hurtado  de  Men- 
doza ,  por  al  doctor  Christoval  Suarez  de  Figueroa. 
Madrid,  de  l'imprimerie  royale,  161 5,  petit  in-4°' 

On  en  trouve  wne  autre  dans  la  Description  des  Indes 
cccidentales  jpar  Herrera,  dont  j'ai  xlonné  précédemment 
la  notice. 

/L'existence  de  l'archipel  découvert  par  Mandana,  qui 
donna  le  non»  d'Isabella  à  la  plus  considérable  des  îles 
dont  est  formé  ce  groupe ,  et  qui  lui-même  ne  put  pas  le 
retrouver  dans  le  second  voyage  qu'il  fit  en  i5q5,  a  été 
long-temps  contestée  :  elle  n'est  plus  douteuse  aujourd'hui. 
Il  paroîl  certain  que  ces  îles  sont,  non  pas  les  mêmes  que 
celles  qui  forment  la  Nouvelle-Bretagne  de  Dampieire, 
comme  l'avoit  cru  Dalrym pie,  mais  les  Arsacides,  lecon- 
nues  par  Carteret  en  1767,  par  M.  de  Bougainville  en 
1768,61  par  Surville  en  1769,  qui  leur  donna  ce  nouveau 
nom.  D'Enlrecasleaux  en  a  complété  la  découvel'le":  il  en 
porte  le  nombre  de  six  à  huit.  La  navigation  en  est  dan- 
gereuse,  parce  qu'elles  sont  entourées  de  rescifs  et  de 
"bancs  de  coraux  formés  par  des  polypes.  jVJ.  de  la  Billar— 
diere  les  dépeint  comme  trè? -fejliles  et  donnant  des  points 
de  rue  enchanteurs.  Le  sol  paroît  y  être  ombragé  par  des 
arbres  de  toutes  espèces  ,  sur  les  sommités  les  plus  élevées. 

L'ile  de  Banks  particulièrement  se  fait  remarquer  par  les 


VOYAGES  AUX  TERRES  AUSTRALES.  4^7 
immenses  plantations  de  cocoliei's  dont  ses  rivages  sont 
bordés.  La  taille  des  habitans  est  moyenne,  leur  couleur 
(Vun  noir  un  peu  foncé.  Malgré  leur  laideur,  leur  figure 
a  de  l'expression.  Ils  sont  fortement  musclés.  Entièrement 
nus,  à  l'exception  d'une  ceinture  qui  leur  serre  les  reins 
el  le  bas-renlre,  ils  épilent  toutes  les  parties  de  leur  corps. 
Leur  industrie  s'annonce  sur-tout  dans  la  fabrication  de 
leurs  arcs  et  la  construction  de  leurs  pirogues,  auxquelles 
ils  donnent  une  forme  assez  élégante  et  qu'ils  scu]ptei:t 
avec  beaucoup  d'adresse  :  ils  n'en  mettent  pas  moins  dans 
l'usage  qu'ils  font  de  leurs  armes.  Leur  nourriture  paroît 
être  une  sorte  de  paiu  qu'ils  font  avec  des  racines,  el  qu'ils 
conservent  dans  des  paniers  faits  avec  des  feuilles  de  pal- 
mier. 

Les  îles  Gower,  Carteret  et  Simpson,  appartiennent 
à  l'archipel  des  Arsacides ,  et  furent  découvertes  par  le» 
trois  navigateurs  dont  elles  portent  le  nom. 

Les  îles  San  la-Cruz  ou  îles  Charlottes  furent  découvertes 
par  Mandana,  dans  le  second  voyage  qu'il  fit  eix  i5g5, 
pour  retrouver  les  îles  de  Salomon.  Carteret  les  découvrit 
de  nouveau  en  1767,  et  leur  donna,  le  nom  générique 
d'îles  Charlottes.  Il  appela  île  d'Egmonl,  la  principale  de 
ces  îles,  que  Mandana  avoit  désignée  sous  le  nom  d'île 
Sauf a-Criiz,  d'où  les  autres  îles  de  cet  archipel  avoient  pris 
le  même  nom  ;  el  il  en  donna  un  particulier  à  chacune 
des  six  autres  îles  qui  composent  cet  archipel. 

Mandana  avoit  reconnu  que  l'île  Santa-Cruz  renfermoit 
un  volcan  d'où  il  avoit  vu  s'élever  des  llammes  ;  Carteret 
n'a  apperçu  que  de  la  fumée;  mais,  comme  l'observe 
Irès-bien  M.  de  Fleurieu  ,  dans  son  ouvrage  intitulé, 
Décoiu^erte  au  sud-est  de  la  Nouvelle-Guinée ,  dont  je 
donnerai  la  notice ,  un  volcan  n'est  pas  toujours  en  explo- 
sion ,  les  irruptions  ont  des  intermittences. 

En  décrivant  l'ile  d'Egmont  ou  de  Sanla-Cruz,  Carteret 
représente  le  pays  comme  montueux,  couvert  de  bois  et 
entrecoupé  de  vallées.  Il  en  dépeint  les  habitans  comme 
très-agiles  et  aussi  actifs  qu'ils  sont  vigoureux.  Leur  cou- 


4o8  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

rage  n'est  pas  effrayé  par  le  feu  de  la  mousqueterie.  Ce 
sont  en  quelque  sorte  des  amphibies.  L'élément  de  l'eau 
semble  leur  convenir  autant  que  celui  de  la  terre  :  car  ou 
les  voit  sauter  de  leurs  pirogues  dans  la  mer  presque  à 
toutes  les  minutes. 

DÉCOUVERTE  des  îlcs  de  Salomon  ,  publiée  par 
Anon:  (en  anglais)  Discoveiy  of  the  islands  of  Sa- 
lomon j  by  Anon.  (Insérée  dans  la  Collection  de. 
Churchill,  tome  v,  pag.  GgS-joj.) 

Voyage  iuléressant  de  Manille  à  San^Blas  (dans 
]a  Californie  ) ,  par  la  frégate  Princesse  ,  dans  les 
années  1780  et  1781  :  (en  espagnol)  Pliage  inté- 
ressante de  Manilla  à  San-Blas ,  par  la  fregata  Priu- 
cesa  ,  enlos  ahosde  1^80  j  1^81.  (Manuscrit.) 

Il  paroît  que  dans  ce  voyage  ,  les  Espagnols  ont  retrouvé 
les  Saxos  de  la  Candelario  (les  Basses  de  la  Chandeleur), 
découvertes  en  1567  parMandana  au  nord  de  l'île  Santa- 
Isabella,  l'une  des  îles  de  Salomon. 

TERRE  AUSTRALE  DU  SAINT-ESPRIT  OU  NOUVELLES- 
HÉBRIDES  ;  NOUVELLE-CALÉDONIE  ;  LOUISIADE  , 
ISLES  ET  DÉTROIT  DE  BOUG  AIN  VILLE, 

Terre  Australe  inconnue  ,  ou  Nouvelles  Dé- 
couvertes faites  dans  le  Sud ,  formant  la  cinquième 
partie  du  monde  ,  par  Ferdinand  Quiros  :  (  en  an- 
glais) Quiros's  [Fej'dinand^  Terra  Australis  inco- 
gnita ,  or  a  New  Southern  Discovery  containing  a 
ffih  part  of  the  wojïd  totally  unknown.  Londres , 
1627,  in-4°. 

Cette  relation  a  été  tirée  de  plusieurs  ouvrages  espagnols 
où  la  découverte  faite  par  Ferdinand  Quiros  se  trouve 
confondue  avec  d'antres,  et  d'une  relation  détaillée  qu'en  a 


VOYAGFS  AUX  TERBES  AUSTRALES.  /jOg 
donnée  Juan  deToiquernada,  dans  sa  Monarchie  Indienne. 
Nous  avons  une  fradnclioa  abrégée  de  la  relation  de  Qni- 
ros,  dans  l'ouvrage  du  président  de  Brosses.  Jua.  Terre 
Australe  duSainl-Espril  fut  découverleen  1606  par  Ferdi- 
nand Quiros  et  par  Luis  de  Vaès  de  Torrés  ,  qui  en  par- 
tage avec  lui  l'honneur;  c'est  un  archipel  que  M.  de  Bou- 
gainville  a  retrouvé  en  1768,  et  qu'il  a  nommé  les  Nou- 
velles Cj'clades  :  mais  c'est  à  Cook  sur-lout  qu'on  en  doit 
la  connoissance  un  peu  détaillée.  Il  lui  a  imposé  le  nom 
de  Nouvelles  Hébrides,  qui  a  prévalu.  Suivant  sa  relation, 
cette  contrée  offre  de  toutes  parts  une  végétation  très-ani- 
mée; les  montagnes  qui  bordent  la  baie  où  son  escadre 
mouilla  sont  entièrement  couvertes  d'arbres  d'espèces  très- 
variées  :  chaque  vallée  est  embellie  par  un  ruisseau  dont 
les  eaux  fertilisent  les  terres  qu'elles  arrosent.  Le  cocotier 
paroît  être  la  production  la  plus  commune.  Les  colonnes 
de  fumée  qui  le  jour  s'élevoient  de  toutes  les  parties  de  l'île, 
et  les  feux  qui  y  brilloient  pendant  la  nuit  annonçoient 
une  terre  riche  et  fort  peuplée.  Les.deux  îles  de  cet  archi- 
pel sur  lesquelles  Cook  a  donné  le  plus  de  détails  sont  celles 
deMallicolo  au  nord  ,  et  celle  de  Tana  au  midi.  Dans  celle 
dernière  est  un  volcan  avec  des  sources  chaudes  :  Tana 
doit  peut— être  à  ce  volcan  sa  fertilité.  Les  bananiers,  les 
cannes  à  sucre  et  plusieurs  sortes  d'arbres  fruitiers  y  sont 
répandus  avec  profusion.  Forster  a  observé  que  les  habi- 
lans  de  l'ile  Malicolo  avoient  un  langage  tout-à-fait  diffé- 
rent de  celui  des  autres  peuples  qu'il  avoit  visités. 

La  Nouvelle-Calédonie  n'est  qu'une  grande  île ,  qu'à 
cause  de  son  étendue  l'on  distingue  des  îles  Hébrides,  et 
à  laquelle ,  pour  celte  raison ,  l'on  a  donné  un  nom  parti- 
culier :  elle  n'avoit  été  visitée  par  Cook  que  dans  sa  partie 
septentrionale  :  c'est  d'Entrecasteaux  qui  en  a  complété 
la  découverte,  en  relevant  la  cote  du  Sud.  Comme  les  îles 
daSalomon  ,  la  Nouvelle-Calédonie  offre,  suivant  la  des- 
cription de  M.  la  Billardière  ,  une  chaîne  effrayante  de 
rescifs  qui  se  prolongent  au-delà  de  cette  île  ,  el  barrent  la 
mer  dans  un  grand  espace.  La  vue  de  trois  montagnes  q^ui 


4îO        KinLI  OTH  ÈQUÏ    DES    VOYAGES. 

ont  difFérens  dv'^rés  d'élévation,  donne  à  cette  grande  îîe 
un  aspect  stérile  ,  el  ne  Inisse  pas  présumer  une  population 
nombreuse.  La  taille  de  ses  liabitans  est  médiocre;  ils  ont 
la  peau  noire  ,  les  cheveux  laineux  ;  l'usage  de  l'arc  leur 
est  inconnu  ;  leurs  armes  sont  la  zagaye  el  la  massue  artis— 
tement  travaillées  :  quelquefois  aussi  ils  se  servent  de  la 
fronde.  Leurs  alimens  les  plus  ordinaires  sont  les  coquil- 
lages, les  poissons  et  même  une  espèce  d'araignée  :  ils  y 
ajoutent  les  patates  et  les  ignames  qu'ils  cultivent,  mais  en 
l^etite  quantité.  La  seule  industrie  agricole  qu'on  leur  con- 
noisse  et  qu'ils  partagent  avec  plusieurs  peuples  très-po- 
licés, c'est  l'art  avec  lequel  ils  élèvent  sur  les  montagnes  de 
pelils  murs  les  uns  au-dessus  des  autres  pour  arrêter  l'ébou- 
lement  des  terres  :  la  stérilité  du  sol  les  aura  conduits  à  ce 
genre  d'industrie.  Pour  'se  préserver  des  piqûres  des  in- 
sectes ,  ils  ont  imaginé  de  se  faire  des  masques  avec  du  bois 
de  cocotier.  L'autorité  de  leurs  chefs  paroît  très-bornée  :  on 
assure  qu'ils  sont  anthropophages.  Quoiqu'ils  ayent  l'habi- 
tude de  coucher  en  plein  air ,  ils  ont  des  maisons  assez 
propres,  construites  en  forme  de  ruches  :  elles  sont  fort 
chaudes,  mais  infectées  de  fumée. 

NOUVELLE-BRETAGNE  ET   NOUVELLE-IRLANDE. 

-Nous  n'avons  point  de  relations  particulières  à  ces  deux 
contrées.  La  pi^emière  ne  nous  est  connue  que  parles  rela- 
tions de  Dampierre ,  de  Carteret  et  de  M.  la  Billardière. 
C'est  après  avoir  passé  le  détroit  qui  perle  son  nom  ,  que 
le  premier  de  ces  navigateurs  fit  la  découverte  de  celle 
contrée  qu'il  nomma  la  Nouvelle-Bretagne  :  on  peut  la 
regarder  comme  divisée  en  plusieurs iles.  Le  pays  lui  parut 
bien  boisé  et  bien  arrosé.  Il  conjectura  que  la  population 
étoit  très-nombreuse.  Les  naturels  du  pays  lui  semblèrent 
avoir  uiie  singulière  adresse  à  conduire  leurs  canots.  La 
principale  production  du  sol  étoit  le  cocotier;  mais  il  s'y 
trouvoit  aussi  beaucoup  de  racines,  sur«toul  du  gingembre. 
Les  rivières  et  la  mer  des  côtes  fournissoient  du  poisson  ea 


VOYAGES  AUX  TERRES  AUSTRALlîS.  4'' 
abondance.  Plusieurs  volcans  s'annonçoient  dans  la  prin- 
cipale terre  et  dans  les  îles  voisines.  Carteret  et  d'Enlrecas- 
teaux  ont  visité  ce  pays.  Le  dernier  confirme  ce  que  Car- 
teret a  avancé  sur  sa  nombreuse  population.  11  ajoute  que 
les  habitations  sont  élevées  sur  des  pieux,  comme  on  verra 
que  le  sont  celles  des  Papous. 

La  Nouvelle-Irlande  ne  nous  est  guère  connue  que  par 
le  capitaine  Carlex'et,  qui  la  visita  et  qui  donna  son  nom  à 
l'un  de  ses  havres.  Des  montagnes  escarpées,  composées  en 
partie  de  débris  de  corjîs  marins  et  couvertes  de  bois  jus- 
qu'à leurs  sommets,  s'élèvent  jusqu'à  plus  de  huit  mille 
pieds  au—dessus  de  la  mer.  Les  habilans  sont  noirs  ,  et  ont 
les  cheveux  laineux  et  crépus;  mais  ils  n'ont  ni  les  lèvres 
épaisses  ,  ni  le  nez  plat  des  nègres  :  ils  se  barbouillent  tout 
le  corps  de  blanc,  et  couvrent  leurs  cheveux  d'une  poudre 
de  la  même  couleur.  Carteret  les  dépeint  comme  très-belli- 
queux. On  trouve  à  la  Nouvelle-Irlande  l'arbre  à  pain , 
l'arac  ,  beaucoup  de  figuiers.  M.  de  Bougainville  qui  ne  fît 
qu'entrevoir  ,  en  quelque  sorte,  ce  pays ,  y  observa  le  poi- 
vrier. 

NOUVELIiE-HANOVRJE.    ISLES    DE    L'AMIRAUTÉ  , 
DES    IIEKMITES    ET    DE    L'ÉCHIQUIER. 

La  Nouvelle-Hanovre  est  séparée  de  la  Nouvelle-Ir- 
lande par  un  canal  formé  de  rescifs  et  dont  l'entrée  est 
obstruée  par  de  petites  îles.  Sa  configuration,  du  coté  du 
nord— ouest,  off"re  un  terrein  aplati;  son  centre  ,  au  con- 
traire ,  est  occupé  par  des  montagnes  très-élevées. 

Les  îles  Portland,  de  l'Amirauté,  des  Hermites  et  de 
l'Echiquier  sont  autant  de  petits  archipels  qui  tous  ont  une 
île  principale  occupant  le  centre  de  chacun  de  ces  groupes. 
L'archipel  des  îles  de  l'Amirauté  paroît  être  le  plus  consi- 
dérable :  on  lui  donne  dix-huit  lieues  de  long  :  celui  des 
Hermites  n'excède  guère  quatorze  lieues  de  circuit.  Jus- 
qu'ici les  îles  de  l'Amirauté  sont  les  mieux  connues. 

C'est  au  voyage  fait  à  la  recherche  de  La  Peyronse 
(  lome  premier,  édition  i»-4.)  qu'on  doit  les  notions  le« 


4l2  BIBLIOTIIi  QUE    DES    VOYAGES, 

plus  étendues  qui  aient  été  recueillies  jusqu'à  présent  sur 
ces  divers  archipels.  Celui  des  îles  de  l'Amirauté  a  princi- 
palement été  l'objet  des  observations  de  M.  la  Billardière. 
L'île  principale  de  ce  groupe  est  montueuse.  La  couleur 
de  ses  habitans  est  d'un  noir  un  peu  clair.  Leur  physiono- 
mie ,  en  général  agréable  ,  se  rapj^roche  assez  de  celle  des 
Européens.  Leurs  cheveux  sont  crépus  :  ils  portent  à  l'ex- 
trémilé  de  leurs  paiiies  naturelles  une  coquille  ,  et  ils  sont 
d'ailleurs  entièrement  mis  :  les  femmes  s'entourent  la  cein- 
ture d'une  espèce  de  vêlement.  Leurs  principatix  alimens 
sont  des  noix  el  des  cocos.  Ilssont  faioucbes  et  adonnés  au 
vol.  Leurs  chefs  paroissent  avoir  beaucoup  d'autorité  sur 
eux. 

.  Dans  l'archipel  des  Hermiles  ,  les  habitans  ont  plus  de 
ressources  pour  la  nourriture  :  ces  îles  produisent  plusieurs 
espèces  de  fruits,  tous  bons  à  manger.  Avec  plus  de  vigueur 
en  apparence  que  lesinsidairesde  l'archipel  de  l'Amirauté, 
leur  caractère  pareil  plus  doux.  Ils  sont  entièrement  nus  , 
ne  connoissenl  pas  même  l'usage  de  la  coquille. 

ISL,E  DES   PAPOUS  OU  NOUVEIiLE-GUINÉE. 

Voyage  à  la  Nouvelle -Guinée  ,  dans  lequel  on 
trouve  la  description  des  lieux,  des  observations 
physiques  et  morales  ,  el  des  détails  relatifs  à  l'his- 
toire naturelle  dans  les  règnes  animal  et  végéta)  , 
par  M.  Sonnerai,  enrichi  de  cent  vingt  figures  en 
taille-douce.  Paris  ,  Ruault,  1776,  in-4*'. 

—  Le  même ,  traduit  en  allemand  par  J.  Ebe- 
ling.  Leipsic,  1777,  in-4°- 

— Le  même,  traduit  par  extrait  en  suédois,  par 
CEdman.  Upsal,  1789,  5  vol.  in-8**. 

La  même,  traduit  en  anglais  sous  le  titre  suivant. 

Voyage  de  Sonnerai  aux  Isles  à  Epices  :  (en  an- 


TOYAGES    AUX  TERRES  AUSTRALES.  /^lô 

^lais)  Sonnerat's  Voyage  to  ilie  Spice  Islands.  Lon- 
dres, in- 12. 

Dans  cette  version  anglaise  dont  je  ne  connois  que  le 
titre,  il  paroît,  ou  qu'on  n'a  extrait  du  voyage  original 
que  la  partie  de  ce  voyage  qui  roule  sur  les  îles  Moluques, 
et  qui  n'est  ni  la  plus  instructive,  ni  la  plus  curieuse  ;  ou, 
si  la  traduction  est  coniplèie  ,  qu'on  a  considéré  celte 
partie  de  la  relation  comme  la  plus  importante  et  comme 
celle  qui  devoit  figurer  principalement  dans  le  titre. 

Le  voyage  original  est  très-précieux,  parliciiJièrement 
pour  la  Zoologie,  mais  sur-tout  pour  lOrnithologie  des 
pays  que  le  voyageur  a  visités. 

Voyage  du  capitaine  Thomas  Fores t  à  la  Nou- 
velle-Guinée ,  aux  Moluques  ,  à  Balambungen  ,  ren- 
fermant une  relation  de  Maj^iudano  et  autres  îles , 
avec  des  planches  en  taille-douce  ,  entrepris  sur  la 
galère  la  Tartare ,  appartenant  à  l'honorable  com- 
pagnie des  Indes  orientales  ,  en  1774  ?  1775,  J776, 
auquel  on  a  joint  un  vocabulaire  de  la  langue  ma- 
gindauo  :  (en  anglais)  Cap.  Thomas  Forest's  f^oyage 
to  Guinea  aiid  the  Moîucaus  ,  from  Baîamhungen  , 
including  an  account  ofMagindano  and  others  islands, 
and  illustrated  with  copper-plates ,  performed  in  the 
Tartar  Gally,  belonging  to  the  honourahle  east  India 
covipanj ,  during  the  je ar s  i^y4 ,  1//S  j  ///<5",  to 
which  is  added  a  vocahulaiy  of  the  Magindano 
tongue.  Dublin  _,  1779,  in-4°. 

Ce  voyage  a  été  traduit  en  françois  sous  le  titre  suivant. 

Voyage  aux  MoKicjues  et  à  la  Nouvelle-Guinée, 
fait  sur  fa  galère  la  Tartare,  en  1774?  '77^  ,  1776, 
par  ordre  de  la  compagnie  anglaise  ,  par  le  capitaine 
Forest ,  traduit  de  l'anglais  par  M.  Demeunier,  orné 


4x4  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

de  planches  et  de  cartes.  Paris,  Panckoacke,  1780  , 
m-4^ 

Ce  voyage  moins  précieux  que  celui  de  Sonnerai  pour 
différentes  branches  de  l'histoire  naturelle,  l'est  beaucoup 
plus  eu  ce  qui  concerne  le  caractère  physique  et  moral ,  la 
langue ,  les  usages  et  opérations  commerciales  des  habilans 
dans  la  partie  de  cette  contrée  que  le  capitaine  Forest  a 
visitée. 

C'est  à  Saavedra  ,  capitaine  espagnol ,  qu'on  doit  la  dé- 
couverte,  en  i528,  de  l'ile  des  Papous,  à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  Nouvelle-Guinée,  vraisemblablement 
dans  l'espérance  qu'on  eut  d'y  trouver  ,  comme  dans  la 
Guinée  d'Afrique  ,  de  l'or.  Quoique  le  célèbre  navigateur 
Dampierre  eût  fait  plusieurs  découvertes  sur  la  côte  des 
Papous  et  sur  les  îles  voisines  ;  quoiqu'on  eûl  donné  son  nom 
au  détroit  qui  sépare  ce  pays  de  la  Nouvelle  -Bretagne  ,  le 
président  de  Brosses  et  M.  de  Bougainville  même  avoient 
élevé  des  doutes  sur  l'existence  de  la  Nouvelle-Guinée  : 
mais  ils  furent  levés  par  le  capitaine  Cook,qui  visita  le 
détroit  qu'on  trouva  entre  ce  pays  et  la  Nouvelle-Hol- 
lande. On  ne  connoît  encoi'e  que  très-imparfaitement  la 
Nouvelle-Guinée,  le  capitaine  Forest  qui  nous  a  procuré 
le  plus  de  lumières  sur  cette  grande  île,  n'ayant  visité  que 
le  havre  de  Dory ,  situé  dans  sa  partie  septentrionale  (i). 

Les  liabitans  de  cette  partie  qu'on  nomme  Papous,  et 
qui  ont  donné  le  nom  au  j^ays  ,  sont  noirs,  Forest  leur 
donne  des  cheveux  laineux  comme  ceux  des  nègres;  mais 
probablement ,  comme  dans  la  Nouvelle-flollande  ,  c'est 
ï'eflét  de  l'art  :  car  ce  navigateur  observe  que  dans  l'inté- 
rieur il  existe  une  race  d'hommes  appelés  Haraforas  ^ 
vivant  sur  les  arbres  et  plus  près  de  la  nature  que  ceux  des 
côtes.  Plusieurs  de  ces  sauvages  ont  les  cheveux  longs,  parce 
qu'ils  négligent  sans  doute  la   préparation  proj^re  à  les 


(i)  Il  paroît  que  Soimeral  n'a  visité  qu'une  des  petites  îles  vai- 
aines  de  la  grande  qu'il  nomme  Pulo. 


VOYAGES    AUX   TERRES   AUSTRALES.  ^I^ 

rendre  laineux.  Avec  quelque  cliose  de  la  figure  el  de  ia 
couleur  des  Malais ,  les  Papous  ont  en  général  un  exté- 
rieur hideux  et  presqu'elïVayant.  Un  nez  plal,une  bouche 
très-grande,  les  lèvres,  sur-tout  la  suj^érieuve,  extraordi- 
iiairement  épaisses  ;  le  nez  j)ercé  à  travers  lequel  passent 
des  anneaux  ou  des  arrêtes  de  poissou  ,  des  défenses  de 
sanglier  pendant  à  leur  cou  ,  la  peau  souvent  défigurée 
par  des  marques  semblables  à  celles  de  ia  lèpre,  itl  est 
l'aspect  qu'offrent  les  Papous  ,  qui  d'cullfurs  sont  robustes, 
mais  très-fainéans.  Les  femmes,  au  contraire,  moins  dif- 
<  formes  que  les  hommes  ,  parce  qu'elles  ont  la  té.'e  moins 
^grande  ,  paroissenl  industrieuses  :  elles  fiant  avec  beaucoup 
d'adresse  des  nattes;  elles  fabriquent  même  des  pots  de 
terre  et  leur  donnent  la  cuisson  avec  des  broussailles  et 
de  l'herbe  sèche;  l'usage  de  la  hache  leur  est  famdier. 
Leurs  maris  ,  ouïes  regardent  tranquillement  travailler, 
ou  vont  à  la  chasse  du  sanglier  :  il  paroît  néanmoins  que 
la  pêche  aiguilloni^e  l'industrie  de  ces  indolens  insidaires 
puisque  Dampierre  a  remarqué  que  leurs  pirogues  sont 
arlislement  construites,  décorées  de  plusieurs  ornemens 
et  gouvernées  avec  une  certaine  intelligence. 

Les  hommes  sont  entièrement  nus  ,  à  l'exception  d'une 
petite  ceinture  autour  des  reins.  Les  femmes  ne  sont  guèie 
plus  voilées  :  les  enfans  n'ont  aucune  espèce  de  vêtemens. 

Les  habitations  de  ce  peuple  sont  construites  dans  l'eau 
sur  des  pilotis  :  celle  manière  de  se  loger  lui  e.sl  commune 
avec  les  habiians  de  Bornéo  el  beaucoup  d'autres  insu- 
laires de  l'Asie. 

On  donne  aux  Pajjous  la  même  origine  qu'aux  habitans 
des  Moluques,  Leur  langue  a  quelque  aflinité  avec  celle 
des  habitans  de  Bornéo  et  de  la  Nouvelle-Bretagne,  qui 
paroît  dériver  elle-même  du  Malais.  On  n'a  pas  assez  pé- 
nétré dans  le  pays  pour  s'instruire  sur  les  opmions  reli- 
gieuses qu'ils  peuvent  avoir.  Ils  semblent  attacher  quelque 
intérêt  aux  restes  de  leurs  ancêtres  ou  de  leurs  proches: 
ils  leur  élèvent  des  tombeaux  construits  avec  le  roc  du 
corail  dur,  et  quelquefois  ils  les  décorent  de  sculptures. 


4l6  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

C'est  avec  les  Chinois  que  les  Papous  enh-elienneut  prin- 
cipalement quelque  commerce;  ils  achètent  d'eux  les  ins- 
trumens  et  les  ustensiles  qu'ils  croient  leur  être  le  plus  utiles  : 
ils  donnent  en  retour  de  l'ambre  gris,  des  limaces  de  mer, 
des  écailles,  des  tortues,  de  petites  perles,  des  oiseaux  de 
paradis,  des  loris,  et  d'autres  oiseaux  qu'ils  ont  l'art  de 
dessécher  très-adroitement.  Ils  vendent  aussi  quelques  es- 
claves que  probablement  ils  ont  faits  prisonniers  dans  leurs 
guerres.  On  en  offrit  quelques -vnis  au  capitaine  Forest,  qui 
déjà  en  avoit  acheté  un  très-versé  dans  la  connoissance  des 
langues  de  ces  contrées. 

Dans  ce  qu'on  a  pu  connoître  de  l'intérieur  de  la  Nou- 
velle-Guinée ,  on  a  observé  des  montagnes  superposées  les 
unes  sur  les  autres  et  Irès-boisées.  D'innombrables  coco- 
tiers bordent  les  rivages  et  annoncent  un  sol  très-fertile. 
C'est  dans  les  îles  d'Arron,  voisines  de  la  grande  île,  que 
sont  le  plus  multipliés  les  superbes  oiseaux  de  paradis.  Ils 
émigrent  dans  la  saison  humide  pour  venir  peupler  la 
grande  île,  où  ils  se  multiplient  comme  aux  îles  d'Arron. 
On  admire  aussi  dans  ce  pays  une  multitude  de  beaux  per- 
roquets, de  loris,  et  une  espèce  de  pigeon  à  couronne 
d'une  taille  gigantesque ,  dans  cette  espèce  ,  puisqu'elle 
égale  presque  celle  du  coq  d'Inde. 

Près  le  havre  de  Davi,  le  capitaine  Forest  découvrit 
dans  quelques  petites  îles,  un  grand  nombre  de  musca- 
diers; et  il  est  porté  à  croire  que  la  terre  des  Papous  en 
porte  également  et  qu'elle  possède  aussi  des  girofliers. 

De  petites  îles  répandues  autour  de  la  terre  des  Papous 
sont  un  peu  mieux  connues  que  cette  grande  île, particu- 
lièrement celle  de  Pulo ,  visitée  par  Sonnerai.  C'est  un  véri- 
table sujet  d'étonnement,  qu'avec  la  fureur  de  coloniser, 
les  Européens  n'aient  encore  formé  aucun  établissement 
dans  un  pays  d'une  température  agréable ,  et  dont  le  sol 
paroît  excellent. 

DÉCOUVERTES  dcs  Français  en  1788  et  178g, 
^ans  le  sud-est  de  la  Nouvelle-Guinée ,  et  recon- 


VOYAGES    AUX  TERRES  AUSTRALES.  l\\'J 

noissances  postérieures  des  Anglais  qui  leur  ont 
imposé  de  nouveaux  noms  ;  précédées  de  l'Abrégé 
historique  des  navigations  et  des  découvertes  des 
Espagnols  dans  les  mêmes  coutiées  ;  par  M*'^*  {de 
Fleurieu)  ,  capitaine  de  vaisseau;  ouvrage  enrichi 
de  treize  cartes  et  planches.  Edition  du  Louvre , 
1790,  in-4«. 

Cet  excellent  ouvrage  fournit  les  notions  les  plus  pré- 
cieuses, les  mieux  ordonnées  sur  plusieurs  des  coatrées 
australes  dont  j'ai  donné  la  notice. 

NOUVEL  LE- HOLLANDE. 

La  Nouvelle-Hollande  est  incontestablement  la  partie 
ia  plus  considérable  des  Terres  Australes  :  on  l'a  regardée 
long-tempos  comme  un  coulinenl;  mais  on  a  précédem- 
ment vu  dans  la  relaiion  des  voyages  de  Cook  (première 
Partie,  section  vi,  §.  ii  ),  qu'en  circonnaviguant  entière- 
ment la  Nouvelle-Hollande,  ce  célèbre  navigateur  avoit 
pleinement  résolu  le  problême,  et  constaté  que  c'étoit  une 
grande  île.  On  est  même  disposé  à  croire  que  cette  vaste 
contrée  forme,  comme  la  Nouvelle-Zélande^  deux  et 
même  plusieurs  îles  séparées  seulement  par  des  mei's 
étroites. 

Il  paroît  que  ce  sont  les  Portugais  et  peut-être  les  Espa- 
gnols qui,  les  premiers,  ont  découvert  les  parties  septen- 
trionales de  la  Nouvelle-Hollande,  quoique  les  Hollandais 
aient  prétendu  s'attribuer  l'honneur  de  cette  dérouverte; 
mais  celle  de  sa  partie  sud-est  appartient  incontestablement 
au  célèbre  Cook  (1). 

(1)  D'après    quelques  dénominations    portées  dans    une  carte 

présumée  du  seizième  siècle  ,  et  déjiosée  au  Muséum  britannique, 

Dalrymple  ,  envieux  de  la  gloire  de  Cook,  a  iasinué  dms  l'un  de 

•es  ouvrage*,  que  U  découvert'-  de  la  côte  orienule  de  ïa,  Nyu- 

VI.  Dd 


4î8  El  ELIOT  II  È  QUE    DES    VOYAGES. 

Dampierre  nous  a  procuré,  le  premier ,  des  notions  un 
peu  étendue»  sur  la  Nouvelle-Hollande.  Les  plus  célèbres 
navigateurs  du  siècle  dernier  ont  visité  ce  vaste  pays  :  mais 
«ucun  ne  nous  l'a  fait  aussi  bien  connoître  ,  et  n'y  a  fait  des 
découvertes  aussi  importantes  que  Cook  ,  tant  par  l'étendue 
des  côtes  qu'il  a  visitées,  que  par  les  détails  où  il  est  entré 
sur  les  naturels  du  pays  qu'il  a  eu  occasion  d'examiner: 
c'est  donc  à  ses  relations  qu'il  faut  principalement  recourir 
jjour  prendre  quelque  idée  de  cette  contrée.  Je  vais  donner 
la  notice  des  relations  particulières  à  plusieurs  parties  de  la 
Nouvelle  Hollande. 

Voyage  h  la  Nouvelle-Hollande,  etc —  en  l'an- 
née iCgg,  par  Guillaume  Dajiipieir,  avec  planches: 
(en  anglais)  William  Dampier's  a  J^ojagc  to  New- 
Hollàud j  etc....  in  tlie year  i6gg.  Londres,  1705, 
in-8°. 

On  a  extrait  cette  relation  de  la  Collection  générale  des 
Voyages,  dont  j"ai  donné  la  notice  (première  Partie, 
section  vi,  §.  11  ). 

velle-HolIantle  étoit  due  à  quelque  navigateur  du  seizième  siècle  , 
dont  Cook  n'avoil  fait  que  suivre  les  traces. 

Plus  récemment,  sur  la  foi  d'une  bydiograpliie  écrile  en  fran- 
çais par  un  nommé  Roth  ou  Rolz,  flamand,  ctdaléede  1542,  éga- 
lement déposée  au  Muséum  britannique,  et  à  la  fin  de  laquelle  est 
une  mappemonde  qui  paroît  èlre  une  copie  de  la  carte  ci-dessus  et 
du  mitm^  auteur,  IM'  Coquebert  de  Mont-Bret,  eu  attribuant  aux 
Portugais  la  découverte  de  la  Nouvelle  Hollande ,  a  semblé  aussi 
leur  attribuer  celle  de  sa  parlie  orientale. 

M.  Frédéric  Metz,  dans  une  lellre  insérée  au  numéro  5,  an  xiv, 
de  la  Revue ,  en  jetaul  des  doutes  sur  la  découverte  de  la  Nouvelle- 
Hollande  parles  Portugais,  qu'il  seroit  tenté  d'attribuer  plutôt  aux 
Hollandais  qu  à  eux  ,  m'a  paru  combattre  avec  succès  les  inductions 
que  les  deux  écrivains  précités  out  tirées  de  la  carte  et  de  la  mappe- 
anoiule,  pour  conleslei- à  Cook  la  j)remière  découverte  delà  pai  lie 
orientale  de  I»  Nouvelle-IIoUaude. 


YOYACrS    AUX  TERRES  AUSTRALES.         /jig 

Relation  comj)lcio  de  l'établissemeul  au  Port- 
Jakson  dans  îa  Nouvelle -Galles  ,  reuf'ernianl  une 
description  exacte  de  la  situation  de  cette  colonie , 
des  naturels  du  pays  et  des  productions  du  sol  , 
par  Wattin  Tench:  (en  anglais)  A  comjAeat  Account 
of  the  seLllements  at  Port-Jakson  in  New -South-' 
Wales  ,  including  an  accurate  description  of  the 
situation  of  the  colony,  ofthe  natives  and  ofthe  natu- 
j  al  productions  ,  by  JJattin  Tencli.  Londres,  iyS8, 
iu-8°. 

—  La  même,  traduite  en  allemand  par  Sprengel.' 
Hambourg,  1794?  in-8". 

Elle  a  été  Iraduiie  en  français  sous  le  litre  suivant: 

Relation  d'un  voyage  à  la  baie  Bolanique  ,  si- 
tuée dans  la  Nouvelle-Hollande,  sur  la  côte  méri- 
dionale nommée  par  Cook  la  Nouvelle -Galles  du 
Sud ,  avec  des  observations  sur  les  liabitans  de  celte 
contrée;  traduite  do  l'anglais  du  capitaine  Wattin 
Te/zc/i  par  G,  R.  Paris,  Knapen  ,  1789,  in-8^.     ' 

Dans  celle  traduction  française,  le  voyage  n'occupe  que 
îa  moilié  au  plus  du  volume.  Le  surplus  est  reuipli  par 
un  apperçu  de  la  découverte  de  la  Nouvelle-Hollande^ 
et  par  un  extrait  du  voyai^e  de  La  Pej^rouse  dans  celte 
contrée. 

Voyage  à  la  Nouvelle-Galles  méridionale,  avec 
la  description  de  la  contrée,  des  mœurs,  des  cou- 
tumes ,  de  la  religion  ,  ctc —  des  babitans  dans  le 
voisinage  del^olany-Bay,  pav  Barifif^ton  :  (en  anglais) 
J'oyage  to  New-SoutJi-Wales  ,  -wilh  a  description  of 
iJin  country ,  the  manners ,  cnstoins  ,  religion^  etc., 
ofthe  natives  in  the  vicinily   of  Botany  -Bay  ^  hy 

2 


4^0  L  1  E  L  1  O  T  II  È  Q  U  E    DES    V  O  Y  A  G  F.  i. 

Barington.  Londres,  1789;  ibid.  1791  ;  ibid.  1792; 
ibid.  1796;  ibid.  1797,  "^-S*^. 

Il  a  jDaru  de  ce  Voj'age  une  sixième  édilioii  sous  un  titre 
tout  différent  :  en  voici  la  notice  : 

Voyage  de  Barington  à  la  Nouvelle-Galles  méri- 
dionale ,  comprenant  la  narration  intéressante  des 
événemeus  et  de  la  conduite  des  coupables  ,  et  les 
progrès  de  cette  colonie  :  (  en  anglais  )  A  Voyage 
to  New-South-Wales ,  bj  Barington ,  comprehendiug 
an  interesting  narrative  of  the  transactions  and  beha-^ 
çiour  of  the  convicts  ,  the  progress  of  the  colon)  . 
Londres,   1800,  in-S*^. 

Cette  nouvelle  édition  est  enrichie  de  la  Vie  de  Ba- 
rington. 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  titre  suivant  : 

Voyage  à  Botauy-Bay,  avec  une  description  du 
pays ,  des  mœurs  ,  dos  coutumes  et  de  la  religion 
d^s  natifs ,  par  Barington ,  traduit  sur  la  troisième 
édition.  Paris,  Desenne  ,  1797,  in-S''. 

L'auteur  de  cette  relation  ,  condamné  à  la  déportation, 
déjoua  ,  pendant  le  cours  de  la  traversée,  le  complot  des 
-autres  déportés  comme  lui.  Pour  le  récompenser  d'avoir 
sauvé  le  bâliment  et  son  équipage,  on  lui  conféra,  à  sun 
arrivée  ,  Temploi  de  surinleiulant  des  déportés  ,  qui  le 
fixoit  à  Paramalta.  Sa  relalion  renferme  des  notions  cu- 
rieuses siu"  les  natifs  de  Botany-Bay,  jnais  elles  ne  sont  pas 
aussi  instinctives  que  celles  qui  nous  ont  été  procurées  jjar 
Col!  in  s  ,  dans  sa  relation,  dont  je  donnerai  ci -après  la 
notice. 

Relation  de  l'Etablissement "iau  port  Jakson, 
par  KÏJig  :  (  en  anglais  )  Account  of  the  Settlements 
of  port  Jakson,  hy  King.  Londres,  1789,  in-4°. 


■VOYAGES    AUX  TERMES    AUSTRALES.         4"-*'^ 

Voyage  de  la  Nouvelle -Galles  méridionale  à 
Cacion  ,  par  Thomas  Gilbert.,  en  Vaunée  1788: 
(en  anglais)  Toyage  from  New-Soinh-Wales  to 
Canton  ,  ùi  the  jrears  j^88 ,hy  Th.  Gilbert.  Londres, 
i789,in-4«. 

VoYAGii  de  Philipp  à  Botany-Bav  ,  avec  la  rela- 
tion de  l'élablissement  d'une  colonie  au  port  Jaksoii 
et  à  l'île  de  Norfolk  ,  rédigé  sur  des  papiers  authen- 
tiques qui  ont  été  obtenus  de  plusieurs  départe- 
niens  :  on  y  a  ajouté  le  journal  des  lieutenans  Sliort- 
land  ,  Watts  ,  Bail  et  du  capitaine  Marshall  ,  et  la 
relation  de  leurs  nouvelles  découvertes, avec  figures  : 
(en  anglais)  Philipp' s  T'oyage  to  Dotanj-Bay,  with 
an  accoiint  of  the  establishment  of  the  coîonj  ofport 
Jahson  and  Norfolk  island ,  conipilcd  from  authentic 
papers  j  -which  hâve  heen  obtained  from  the  several 
departmens  ;  to  which  aje  added  the  journal  of  lient. 
ShortlûJid,  Watts  y  Bail  and  capt.  Marshall  ^  with 
an  account  of  thcir  new  discoveries.  Londres,  Stok- 
dale  ,  1789,  gr.  in-4". 

Ce  Voyage  a  élé  traduit  en  français  sous  le  litre  suivant: 
Voyage  du  gouverneur  Philipp  à  Botany-Bay , 
avec  une  description  de  l'établissement  des  colo- 
nies du  port  Jakson  et  de  l'île  de  Norfolk,  faite  sur 
des  papiers  authentiques  tirés  des  divers  départe- 
meus ,  auxquels  on  a  joint  les  journaux  des  lieute- 
nans Sliortlaud  ,  Watts  ,  Bail ,  et  du  capitaine  Mar- 
shall ,  avec  un  récit  de  leurs  nouvelles  découvertes  ; 
traduit  de  l'anglais  (par  Mlllin  )  ,  avec  planches. 
Paris  ,  Buisson  ,  1790  ,  in-8". 

L'objet  de  celle  expédilion  éloit  de  choisir,  pour  l'éla- 


4^2  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
blissement  anglais  dans  la  Nouvelle-Hollande,  un  local 
plus  favorable  que  celui  de  Bolany-Bay,  dont  l'aspect 
agréable  et  pittoresque  ,  et  les  richesses  eu  botanique  , 
avoient  originairement  séduit  le  célèbre  Cook ,  ou  plutôt 
les  naturalistes  qui  l'accompagnoient  ,  et  déterminé  le 
choix  de  cet  emplacement  pour  une  colonie  ;  mais  ,  indé- 
pendamment de  l'extrême  férocité  des  naturels  du  pays  , 
ce  local  n'offroit  pas  d'ailleurs  les  ressomces  nécessaires 
pour  un  établissement  de  ce  genre.  Le  port  Jakson,  fiu 
contraire,  qui  n'avoit  été  ni  visité,  ni  reconnu  par  Cook, 
et  qu'il  n'avoit  fait  qu'entrevoir  à  deux  ou  trois  milles  de 
la  côte,  réunissoit  tous  les  avantages  que  l'on  pouvoit  dési- 
rer ,  et  particulièrement  celui  d'un  port  excellent,  et 
même  l'un  des  plus  beaux  poris  du  monde.  Ces  considé- 
rations délerminèrent  le  gouverneur  Philipp  à  faire  éva- 
cuer l'établissement  de  Eotauy-Bay,  et  à  le  transporter  au 
port  Jakson. 

La  relation  renferme  un  détail  exact  des  mesures  prises 
pour  y  fixer  la  nouvelle  colonie.  Elle  fut  d'abord  affligée 
par  quelques  accidens.  Les  brebis  furent  volées,  les  bes- 
<iaux  s'égarèrent  dans  les  bois  :  mais  on  se  procura  des 
tortues  et  des  oiseaux  dans  l'île  de  Howre  ;  on  forma  un 
jjelit  établissement  dans  l'ile  Norfolk  :  ce  fut  le  lieutenant 
K-ing  qui  en  eut  la  surintendance  et  le  commandement  : 
il  avoit  reçu  à  cet  effet  des  instructions  qui  sont  rapportées 
da:n3  la  relalion.  L'entrevue  avec  les  naturels  du  pays  fut 
très-amicale.  On  trouve  dans  la  relation  de  Coliins ,  dont 
je  donnerai  dans  l'instant  la  notice,  des  détails  intéi'essans 
sur  le  physique  du  pays,  sur  les  mœui's  et  les  usages  des 
naturels  du  ptiys,  sur  la  forme  de  l'établissement. 

La  relalion  de  Pliili[)p  contient  encore  un  journal  du 
voyage  des  navires  l' Alexandre  et  l' Amitié ,  lire  des  papiers 
du  lieutenant  Shorlland  :  mais  outre  que ,  dans  cette  expé- 
dition ,  l'on  n'alleignit  point  le  but  que  l'on  s'éloit  pro- 
])osé ,  elle  étoit  absolument  étrangère  à  la  Nouvelle-Hol- 
lande, lien  faut  dire  autant  de  celle  du  lieutenant  VVail», 
qui  mont  oit  le  vaisseau  Lar?y-Peurhga. 


VOYAGKS   AUX  TrimES  AXJSTRALFS.  4^3 

Voyage  à  la  Nouvelle-Gailes,  à  Botany-Bay  et  au 
port  Jakson  ,  dans  les  années  1737,  178S  el  178c), 
par  Jean  JFitte  :  {en  an<^'laisj  A  jf^oyage  to  New- 
South- TVales ,  to  Botanj-Bnj  and  port  Jakson^  in 
the  years  J/8/,  j/88  and  1^8 1)  ,  hy  John  Tfitte.ïuOn.- 
dres,  179a  ,  in- 8". 

Ce  Voyage  a  été  traduit  en  français  sous  le  litre  suf- 
vant  : 

Voyage  à  la  Nouvelle-Galles,  à  Botany-Bay,  ad 
port  Jakson,  en  1788,  1789  et  1790,  par  Jean 
TFitte  ;  onyrage  où  l'on  trouve  de  nouveaux  détails 
sur  le  caractère  et  les  usages  des  liabitans  du  cap 
de  Bonne-Espérance  ,  de  l'île  de  Ténériffe  ,  de  Rio- 
Janeiro  et  de  la  Nouvelle -Hollande,  ainsi  qu'une 
description  exacte  de  plusieurs  animaux  inconnus 
jusqu'à  présent  ;  traduit  de  l'anglais,  avec  des  notes 
critiques  et  philosopliiques  sur  l'histoire  naturelle 
et  les  mœurs,  par  Charles  Pougens.  Paris,  Pougens, 
an  III —  1795  ,  in-B". 

Ce  qui,  clans  cette  relation  ,  concerne  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  n'a  qu'une  très-petite  étendue  ,  et  n'oITre  pres- 
que rien  de  neuf.  Les  notes  dont  on  a  enrichi  la  relation 
sont  instructives. 

Journal  historique  de  l'établissement  du  port 
de  Jakson  et  de  Norfolk  ,  avec  les  découvertes  faites 
à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  ,  dans  l'Océan  méri- 
dional ,  par  Jean  Hurder:  (eu  anglais)  AnHistorical 
Journal  of  the  transactions  at  port  Jakson  atid  Nor- 
folk island ,  -which  hâve  hecn  niade  in  JYcw-South- 
Wales  and  in  ihe  Southerif-Ocean.  Londres,  1793, 
m-4\ 


4*^4       eïbliothèque  des  voyages. 

HiSTOinE  de  la  Colonie  aoglaise  de  la  Nouvelle- 
Galles  méridionale ,  depuis  son  e'tablissement  en 
janvier  :  'j82  ,  jusqu'au  njois  d'août  1801,  avec  des 
observations  sur  les  mœurs  ,  les  coutumes  et  les 
usages  des  habitans  :  on  y  a  joint  quelques  notions 
sur  la  Nouvelle-Zélande,  recueillies  dans  les  ma- 
nuscrits du  gouverneur  King,  et  une  relation  du 
Voyage  fait  par  le  capitaine  Flandour  et  M.  Bass, 
qui  prouve  l'existence  d'un  détroit  entre  la  terre 
de  Van-Dlémen  et  la  Nouvelle -Hollande ,  extraite 
du  Journal  de  M.  Bass  ,  publiée  par  le  lieuJenant- 
colonel  Collins  ,  avec  planches  :  (en  anglais)  An 
Account  of  tlie Eiiglish  Colony  in  Nèw-Wales ,  from 
ils  Jirst  settJements  in  january  lySS  Lo  august  1801  , 
tpith  Remarks  on  ilie  dispositions ,  custonis ,  man- 
nerSy  etc..  by  lieutenant -colonel  Collins.  Londres, 
Cadell  et  Dacier ,  1801,  2  vol.  in-4''. 

Cette  Histoire,  rédigée  par  un  homme  qui,  pendant 
Luit  années  ,  à  partir  de  r  788  jusqu'en  1 796  ,  a  occupé  une 
place  distinguée,  celle  de  juge,  dans  la  nouvelle  colonie , 
est  la  relation  qui  nous  donne  le  plus  de  lumières  sur  la 
formation  de  rétablissement  au  porl  Jakson,  sur  ses  pro- 
grès ,  sur  la  naiure  du  sol,  la  température  du  pays,  les 
espèces  d'animaux  qui  le  peuplent,  la  constitution  phy- 
sique des  habitans,  leurs  mœurs  ,  leurs  usages  ,  leur  reli- 
gion et  leur  langue.  Je  vais  en  tracer  l'apperçu. 

La  nouvelle  colonie,  transportée  de  Botany-Bay  au 
port  Jakson  ,  éloît  composée  de  sept  cent  vingt  criminels 
des  deux  sexes  :  ils  furent  établis  au  milieu  dune  épaisse 
forêt.  On  ne  devoil  pas  s'attendre  à  de  rapides  succès  pour 
une  colonie  formée  d'individus  la  plupart  sans  industrie, 
et  qui  avoient  manifesté  dans  la  métropole  des  inclinations 
perverses  :  mais  la  persévérance  que  mit  le  gouvernemen| 
«le  la  Grande-Bretagne  u  envoyer  dans  ia  tolonk;  des 


VOYAGES  AUX  TERRES  AUSTRALES.  42^ 
femmes  et  des  liommes  inlelligens ,  mit  les  nouveaux  colons 
en  état  de  récolter  eux-mêmes  les  grains  nécessaires  à  leur 
subsfslance.  L'Angleterre  attend  de  cette  colonie  une  géné- 
ration de  cultivateurs  qui  la  fera  fleurir,  où  l'armée  bri- 
tannique des  Indes  pourra  facilement  se  recruter,  et  qui, 
fournissant  aussi  des  pêclieuis  de  baleines  dans  la  mer  du 
Sud  ,  ouvriront  encore  à  la  mère  -  patrie  ime  nouvelle 
branche  de  commerce.  Le  pays  fournit  en  abondance  des 
bois  de  construction  et  de  chauffage,  de  la  houille,  du  fer, 
et  annonce  même  par  quelques  traces  des  mines  de  cuivre. 
En  1 797,  on  a  découvert  une  couche  immense  de  charbon- 
de- terre  (i).  Le  sol  est  noir  et  très -gras  :  il  y  croît  un 
nombre  prodigieux  de  plantes,  d'où  la  baie  Botanique  a 
pris  son  nom.  Les  arbres  fruitiers  de  l'Europe  y  ont  très- 
bien  réussi.  II  n'en  est  pas  de  même  des  grains  :  ils  n'avoient 
prospéré  jusqu'alors,  particulièrement  le  maïs  et  le  fro- 
ment, que  dans  l'île  de  Norfolk;  mais  une  culture  faite 
avec  intelligence,  pourra  amener  des  résultats  plus  heu- 
reux, sur-tout  dans  l'intérieur  du  pays,  où  l'on  n'a  pas 
encore  pénétré  bien  avant. 

Relativement  au  climat,  M.  Collins  a  vérifié  que  dans 
cette  partie  de  la  Nouvelle-Hollande,  l'été  correspondoit 
à  notre  hiver,  et  le  printemps  à  notre  automne.  Il  a  trouvé 
la  température  de  l'air  très-chaude  au  mois  de  décembre. 
La  \noIence  des  pluies  est  extrême  :  c'est  principalement 
dans  les  changemens  de  lune  qu'elles  tombent  avec  abon- 
dance ,  et  avec  du  tonnerre  et  des  éclairs. 

La  plupart  des  animaux  de  la  baie  Botanique  se  rap- 
prochent des  genres  des  opossums  et  des  lièvres,  sans 
avoir  les  caractères  spécialement  propres  à  ces  deux  genres: 
ils  en  forment  un  à  part.  On  y  distingue  le  grand  kan- 
gouroo  et  le  kangouroo-rat  :  la  taille  de  celui-ci  n'excède 

(i)  Suivant  M.  Peniiant,  le  buis  de  ciiarpeiUe  que  j)ourroieiit 
fournir  les  forêts  ne  peut  être  d'aucune  ulilifé,  parce  qu'il  est  trop 
cassant;  mais  on  peut  y  acclimater  des  arbres  forestiers  d'uue 
meilleure  (qualité. 


4^6  filBLIOTIlÈQUE  DES  VOYAGES, 
pas  celle  de  l'animal  dont  le  nom  sert  à  le  désigner.  Le» 
chiens  naturels  du  pays  peuvent  se  rapporter  au  cliakal  , 
^t  sont  privés  de  la  faculté  d'aboyer  :  ils  sont  de  deux 
«speces,  les  uns  noirs,  les  autres  blancs  avec  une  teinte  de 
l'ouge.  Il  s'en  trouve  quelques-uns  de  très  -  beaux.  Les 
antres  quadrupèdes  sont  en  très-petit  nombre,  et  se  rédui- 
sent aux  beielles,  aux  fourmiliers,  et  à  un  animal  singu- 
lier auquel  on  a  donné  le  isoni  de  platypus  .■  sa  niâclioire 
est  alongée  comme  le  bec  d'ini  oiseau.  Le  genre  volatil  est 
plus  multiplié.  Outre  l'aigle  brun  et  le  fauve  ,  le  pays  ren— 
lerme  un  grand  nombre  de  beaux  perroquets,  des  cor- 
beaux ,  des  corneilles,  le  mariin-pêcbeur ,  les  outardes, 
les  perdrix  cl  les  pigeons.  L'oiseau  le  plus  remarqua'ble  , 
est  une  nouvelle  espèce  de  casoar,  auquel  on  donne  sept 
pieds  de  long,  et  dont  la  chair  a  ,  dit-on,  le  goût  de  celle 
<3e  bœuf.  Les  oiseaux  aquatiques  sont  plus  nombreux 
encore  :  outre  le  héron ,  le  courlis  et  des  pélicans  d'une 
taiîjp  g'gantesque  ,  il  y  a  beaucoup  d'oies  et  de  canards  : 
mais  de  tous  les  oiseaux  aquatiques  de  ce  pays ,  le  plus  rare 
et  celui  qui  paroît  appartenir  exclusivement  à  ce  pays, 
c'est  le  cygne  noir,  dont  la  grandeur  excède  encore  celle 
du  cygne  blanc.  Son  bec  est  écarla le  ,  ses  yeux  noirs,  ses 
pieds  d'un  brun  obscur;  tout  le  ])lnmage  est  d'un  beau 
noir,  à  l'exception  des  plumes  primaires  et  secondaire* 
qui  sont  blanches.  Du  reste,  son  porta  toute  la  majesié  , 
ses  allures  ont  toute  la  grâce  du  cygne  blanc. 

Les  tortues  vertes  se  montrent  sur  les  côtes  de  la  Nou- 
velle-Hollande ,  mais  elles  abondent  sur-tout  dans  les  îles 
voisines  de  Norfolk  et  de  Ho\ve.  Lo  pays  renferme  plu- 
sieurs espèces  de  lézards  et  de  serpens  qui  ne  sont  pas 
encore  bien  connues.  Les  poissons  des  mers  environnantes 
n'oiTrenl  rien  de  bien  remarquable  :  elles  nourrissent  beau- 
coup de  danpliins  et  de  marsouins. 

Cook  avoit  déjà  l'emarqué  qu'il  n'y  avoit  point  de  peuple 
qui  eût  fait  moins  de  jîrogrès  que  celui  de  la  No.iiveu*>-~ 
Hollande  ,  vers  la  civilisation.  Coiiins  confirme  celle  ob:>f.t-. 
vaiion  ,  et  l'appuie  sur  les  détails  suivans. 


VOYAGES    AUX  TERRES  AUSTRALES.  4^7 

La    propriélé   n'est  pas   lout-à-fiit  inconnue  chez  les 
peuples  de  la  Nouvelle-Hollande  qiva  en  occasion  d'étu- 
diei-  cel  habile  observateur.  Outre  celle  qu'ils  se  sont  allii- 
buée  de  leurs  armes  et  de  leurs  inslrumens  pour  la  pûche, 
on  a  reconnu  qu'il  y  avoit  parmi  eux  qnelcjues  proprié- 
taires héréditaires  de  certains  territoires,  qui  peut-être 
leur  ont  élé  assignés  pour  des  services  publics  ou  des  actes 
de  bravoure.  A  cela  près  ,  les  seuls  caractères  qui  les  fassent 
sortir  de  l'état  de  pure  nature,  ce  sont  la   division   par 
familles,  la  distinction  des  résidences,  et  l'honneur  qu'ils 
portent  à  la  vieillesse.  On  donne  le  litre  <le  Beana  ou  de 
père  au  plus  Agé  de  la  famille  :  parmi  ces  Ivibns,  on  na 
observé  d'autre  marque  de  subordinal  ion  ,  que  le  privi- 
lège bizarre  que  s'est  arrogé  la  plus  nombreuse  et  tont-a- 
la-fois  la  plus   vigoureusement   cons'iluée  de  ces  tribus, 
d'arracher  une  dent  aux  jeunes  gens  des  autres  tribus.  Les 
seules  idées  religieuses  qu'on,  ait  démêlées  chez  ces  peuples, 
se  réduisent  à  une  imparfaite  idée  d'une  existence  future  : 
elle  résulte  de  la  croyance  où  ils  paroissent  être,  que  quand 
ils  meurent,  ils  retournent  aux  nuages  d'où  ils  sont  origi- 
nairement tombés.  Cette  indifférence  en  matière  de  reli- 
gion ne  les  a  pas  délivrés  des  erreurs  de  la  superstition. 
On  a  conslaté  qu'ils  croyoient  à  la  magie,  aux  sortilèges, 
aux  spectres.  Ils  imaginent  posséder  des  charmes  assurés 
contre  les  atteintes  du  tonnerre.  On  ne  doit  pas  les  regar- 
der comme  absolument  étrangers  à  quelques  idées  grossières 
d'astronomie  :  ils  ont  inventé  des  noms  pour  désigner  la 
lune,  un  petit  nombre  d'étoiles  ,  les  nuages  magellaniques 
et  la  voie  lactée. 

Petits  et  mal  faits,  et  d'une  extrême  maigreur  qui  prend 
vraisemblablement  son  principe  dans  leur  mauvaise  nour- 
riture ,  les  hai:)ilans  de  cette  partie  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande ont  ceci  de  commun  avec  les  singes  ,  au-dessus  des- 
quels ils  s'élèvent  à  peine  pour  l'intelligence,  que,  comme 
ces  animaux ,  ils  sont  très-enclins  à  prendre  des  postures 
houflFonnes. 

Ceux  qui  habitent  les  côtes  se  nourrissent  uniquement 


428  BI  BLIOTII  i  QUE  DES  VOYAGES. 
de  j)oisson  :  le  petit  nombre  d'entre  eux  qui  vivent  dans 
les  bois  ,  y  subsistent  des  animaux  que  la  ruse  ou  des  filels 
peuvent  leur  procurer  :  ils  grimpent  aussi  sur  les  arbres, 
pour  3'  dérober  le  miel  el  y  attraper  des  écureuils  vivans  et 
des  opossums. 

Quoique  les  traits ,  chez  les  femmes  ,  se  rapprochent  un 
peu  de  ceux  des  nègres,  ils  ne  sont  pas  désagréables.  A 
l'égard  des  hommes,  leur  barbe  noire  et  épaisse,  les  os 
qu'ils  insèrent  dans  le  cartilage  de  leur  nez,  Thuile  de 
poisson  dont  ils  se  frottent  pour  se  défendre  des  piqûres 
des  mousquiles,  le  blanc  et  le  rouge  dont  ils  se  colorent, 
rendent  leur  aspect  effrayant,  et  leur  approche  dégoû- 
tante, par  l'odeur  insupportable  qu'ils  exhalent. 

On  a  voulu  expliquer  la  privation  des  deux  premières 
phalanges  du  petit  doigt  de  la  main  gauche,  qu'on  re- 
marque généralement  chez  les  femmes,  par  la  gêne  que 
la  conservation  de  ces  phalanges  apporteroit  au  roulement 
de  la  ligne  à  pêcher;  car,  dans  la  Nouvelle-Hollande,  les 
femmes  partagent  ce  travail  avec  les  hommes  :  mais  il  est 
plus  apparent  que  cet  usage,  ainsi  que  l'extraction  d'une 
dent  aux  jeunes  garçons,  a  été  imaginée  comme  une  sorte 
d'épreuve  pour  apprendre  à  supporter  la  douleur  avec 
courage. 

Chez  ces  peuples ,  la  couleur  de  la  peau  est  mélangée  : 
les  nns  sont  aussi  noirs  que  les  nègres  d'Afrique  ;  la  cou- 
leur des  autres  est  celle  des  Malais ,  c'esl-à— dire  la  couleur 
de  cuivre,  avec  un  nez  aplati  comme  celui  des  nègres, 
des  cheveux  longs  sans  être  laineux ,  de  larges  narines,  dés 
yeuK  ci'eux,  des  lèvres  épaisses,  une  bouche  d'une  lar- 
geur démesurée:  la  nature  les  a  en  quelque  sorte  dédom- 
magés de  ces  traits  difformes  ,  en  leur  donnant  des  dents 
blanches  et  égales  ,  et  une  vue  extraordinairement  per- 
çante. 

Les  habitations  sont  des  huttes  en  forme  de  four:  elles 
nnnl  grossièrement  construites  avec  des  écorces  d'arbres. 
Par  une  disposition  bizarre,  le  feu  s'y  entrelient  à  l'ou- 
verture, tandis  que  la  fumée  el  les  ordures  sont  dans  lin- 


VOYAGES  Aux  TERRES  AUSTRALES.  42g 
téiH^ur.  On  y  dort  pêle-mêle  ,  sans  avoir  égai-d  à  la  distinc- 
tion des  sexes. 

Rien  n'est  si  bizarre,  ou  pour  mieux  dire  si  révoltani, 
que  la  manière  dont  se  forme  l'union  conjugale  chez  ces 
peuples.  Ils  épient  la  retraite  de  la  fille  qti'ilsont  en  vue  de 
s'associer,  la  jettent  par  terre  à  coups  de  bâton  ,  en  la  frap- 
pant avec  une  épée  de  bois ,  et  la  conduisent  ainsi  bai- 
gnée dans  son  sang  à  leur  maison,  où  la  consommation 
du   mariage  s'opère  de  la  manière  la  plus  choquante.  En 
imitation  de  celte  cérémonie  nuptiale,  les  pelils  garçons 
s'amusent  à  jeter  des  bâtons  et  des  balles,  et  à  enlever  de 
jeunes  filles  qu'ils  battent  et  maltraitent,  comme  ils  l'ont  vu 
faire  par  les  hommes  adultes.  La  polygamie  est  d'un  usage 
général.  L'accouchement  est  si  facile  ,  que  quelques  heures 
après ,  la  femme  s'occupe  de  ses  travaux  habituels.  Elles 
portent  sur  les  épaules  leurs  enfans,  qui  se  tiennent  forte- 
ment à  leurs  cheveux. 

La  relation  de  CoUins  renferme  un  vocabulaire  très- 
étendu  de  la  langue  de  ces  peuples  :  il  assure  que  cet  idiome, 
qui  n'a  d'analogie  avec  aucune  autre  langue  connue ,  est 
expressif,  sonore  et  agréable  à  l'oreille. 

Après  avoir  observé  que  les  indigènes  vécurent  d'abord 
en  bonne  intelligence  avec  les  colons,  CoUins  ne  dissimule 
pas  qu'elle  fut  rompue  par  les  vols  que  ceux-ci  leur  firent 
à  diverses  reprises,  de  leurs  dards,  de  leurs  boucliers  et 
de  leurs  lignes  à  pêcher.  Il  ajoute  que,  malgré  tous  les 
efforts  du  gouverneur,  cette  bonne  harmonie  n'a  pas  pu 
être  entièrement  rétablie,  et  qu'il  en  est  résulté  que  les 
colons  qui  se  sont  égarés  dans  les  forêts,  ont  été  massacrés, 
et  qu'une  partie  des  champs  cultivés  a  été  dévorée  par  de» 
ipcendies. 

Relation  d'un  Voyage  de  découvertes  faites 
dans  les  années  1800  ,  (801  et  1802  ,  dans  la  Nou- 
velle-Galles méridionale,  par  Grant  :  (^ei\  an^dais) 
The  Narrative  of  a  Voyage  of  discoveries  made  in 


450  BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

the  years  iSoo  ,   iSoi  and  1802,    in  JVew  -  South - 
TFales ,  by  Grant.  Londres  ,  1804,  in-8''. 

—  La  même ,  avec  un  titre  un  peu  différent.  Lon- 
dres, Egerton  ,  i8o5,  m-k°. 

Elle  a  été  traduite  en  allemand  sous  le  tilre  suivant  : 

Bericht  van  einer  Entclechiings  Reise ,  etc.... 

Celle  Iraduclion  est  insérée  dans  le  trente -troisième 
volume  de  la  Bibliolhèqne  des  Voyages  modernes  les  plus 
intéressans,  publiée  à  Weyniar  par  M.  C.  Spreiigel ,  et 
continuée  par  Ehraian. 

Ce  Voyage  deGiant  n'a  pas  été  entièrement  traduit  en 
fiançais;  mais  M.  Lalîemaud  nous  en  a  donné,  conime  on 
J'a  vu,  un  extrait  à  la  suîle  de  sa  traduction  du  Voyage  de 
Turnbuli.  L'pne  des  observations  les  jjIus  remarquables  du 
vovageur  Grànt,  c'est  que  la  salubrité  de  l'air  de  là  Nou- 
velle-Galle méridionale  se  fait  remarquer  sur  les  déportés 
nui  arrivent;  ils  recouvrent  en  peu  de  temps  leurs  forces 
d'esprit  et  de  corps.  La  pelite-vérole  est  encore  inconnue 
daUs  celle  contrée  ;  etc'est  la  raison  pour  laquelle  l'inocu— 
îatioii  n'y  a  jamais  été  pratiquée. 

Utr.ATiON  d'un  voyage  fait  pour  établir  une 
coîouie  à  Port-Piiilippe  ,  dans  le  déiroit  des  Basses, 
sur  la  côte  méridionale  de  la  Nouvelle-Galles ,  fait  à 
Lord  du  vaisseau  le  Calcula,  pendant  les  années 
1802,  i8o3  et  1804,  par  J.  H.  Tuchey  :  (en  an- 
elais)  An  Account  of  a  voyage  to  estnhlish  a  colonj 
aï  Pojt-Philippi  QIC...  hj  J.  H,  Tuchey.  Londres  , 
Logman,  i8o5,  in-8". 

L,c  transport  de  plusieurs  condamnés  au  détroit  des 
Basses ,  et  le  projet  d'élablir  en  ce  lieu  une  colonie ,  éloient 
les  praicipauj:  objets  de  ce  voyage,  neformaul  pas  néan^ 
moins  lapUisin'.éressanle  partie  de  larelalion  du  voyageur. 
C'est  la  description  du  Brésil,  où  il  relàcba,  qui  mérite 
le  plus  d'atlenlion ,  par  les  observations  pleines  de  seni-. 


VOYAGES  AUX  TERRES  AUSTRALES.  4^^^ 
et  écrites  d'un  .'.tyle  qui  ne  décèle  pas  ua  marin  ,  qu'il  v 
a  semées  sur  les  préjugés  de  l'éducalion  en  général,  le 
gouvernement  féodal,  la  proportion  enti^e  les  deux  sexes, 
les  effets  de  la  pohganiie,  etc....  :  on  s'arrête  sur-tout  avec 
beaucoup  d'intérêt  sur  tout  ce  qu'il  dit  de  judicieux  rela- 
tivement à  l'influence  de  l'esclavage  sur  le  caractère  en 
général,  et  la  différence  qui  se  remarque  dans  ce  même 
caractère  entre  les  noirs  et  les  blancs. 

NOUVELLE-ZÉLANDE. 

La  découverte  de  ce  pays,  en  1642,  est  due  à  Abel 
Tasman,  de  la  relation  duquel  j'ai  donné  précédemmenjt 
la  notice.  Il  se  contenta  de  le  reconnoître,  sans  y  débar- 
quer. Comme  les  naturels  vinrent  sur  le  rivage ,  il  s'établit 
une  communication  entre  eux  et  les  gens  de  l'équipage  du 
vaisseau  :  elle  devint  fatale  à  sept  d'enire  eux  qui,  étant 
descendus  sans  armes  sur  la  plage,  furent  cruellemenit 
massacrés.  Ce  désastre  ne  permit  pas  de  pousser  plus  loin 
la  reconnoissance  du  pays.  Tasman  dépeint  ses  habitans 
d'mie  couleur  mêlée  de  bleu  et  de  jaune,  avec  une  longue 
chevelure  :  il  les  trouve  assez  ressemblans  aux  Japonais. 

La  Nouvelle  -  Zélande  fut  presque  oubliée  jusqu'en 
1770,  qu'elle  fut  visitée  par  Cook  ,  dans  son  premier 
Voyage.  Ce  célèbre  navigateur,  auquel  on  doit  tant  ùq 
notions  nouvelles  sur  les  Terres  Austi-ales,  fit  encore  ici 
une  découverte  iiiiporlaule  :  ce  fut  celle  d'un  détroit  qui 
divise  la  Nouvelle-Zélande  en  deux  grandes  îles.  Il  esliuia 
que  celle  des  deux  qui  étoit  au  midi,  pouvoit  avoir  cinq 
cents  milles  de  longueur  sur  environ  cent  de  largeur 
moyenne.  Ctlle  qiu  étoit  située  au  nord,  égaîoit  presque 
l'autre  en  grandeur.  L'une  de  ces  îles  lui  parut  plus  fertilq 
que  l'autre  :  il  compare  la  lonipérature  de  toutes  les  cîeùx'ù 
celle  de  la  France.  En  dépeignant  les  naturels  d'une  cou- 
leur basanée,  il  observe  qu'il  y  en  avoit  quelques-»ins  de 
blonds  parmi  eux.  Leur  faille  égale  celle  drs  Euro- 
l>éeus,  et  assez  généralement  leurs  Irail'i  sojit  réguliers  eÈ 


4^2         BIBLIOTHÈQUE    DES    VOVACES. 

agréables.  Leur  vêtement  le  plus  général  est  mie  robe  de 
foriue  obloiigue,  faite  d'un  lin  très-précieux  par  sa  belle 
apparence  soyeuse  et  par  la  hauteur  à  laquelle  il  s'élève  ( i  ). 
Ils  portent  aux  oreilles  de  petits  morceaux  de  sad  vert  (2) 
ou  des  chapelets  :  ils  ont  le  visage  barbouillé  de  rouge. 

Dansso«  dernier  Voyage ,  Cook  se  procura  des  rensei- 
gnemens  plus  étendus  sur  celle  des  îles  qui  est  située  au 
midi.  Il  constata  qu'elle  étoit  affligée  par  de  fréquens  oura- 
gans d'une  grande  violence  ,  et  dont  la  direction  changeoit 
continuellement ,  à  cause  de  la  hauteur  des  montagnes  sur 
lesquelles  se  rassembloient  les  vapeurs.  Le  peuple  paroît 
divisé  en  différentes  tribu-s  qui  se  font  une  guerre  d'exter- 
mination. C'est  ce  que  Cook  put  inférer  des  supplications 
ardentes  que  l'une  d'entre  elles  lui  fit,  de  l'aider  à  exter- 
miner ses  ennemis.  Dans  le  sein  même  de  chaque  tribu, 
les  inimitiés  particulières  entraînent  des  vengeances  impla- 
cables que  les  naturels  étendent  jusqu'après  la  mort  de 
leurs  ennemis;  car  ils  sont  dans  cette  opinion  révoltante, 
que  l'ame  d'un  homme  dévoré  par  son  ennemi  ,  est 
dévouée  à  un  feu  éternel.  On  voit  par-là  que  ce  peuple  est 
anthropophage;  mais  ill'esl  d'une  manière  plus  atroce  peut- 
être  qu'aucune  autre  nation  sauvage  :  car  il  prend  un 
plaisir  barbare  à  couper  par  morceaux,  à  griller ,  à  dévorer 
les  corps  encore  palpitans  de  ses  ennemis.  La  férocité  dans 
les  combats  s'annonce  par  les  grimaces  les  plus  affreuses. 
Les  armes  dont  il  s'y  sert  sont  des  lances,  des  javelines  et 
une  espèce  de  massue.  Il  célèbre  ses  propres  victoires,  et 
conserve  le  souvenir  des  faits  mémorables  de  ses  ancêtres 
par  des  chansons ,  où  il  s'accompagne  avec  des  flûtes  gros- 
sières. 

(i)  Quoique  la  Nouvelle-Zélande,  où  prospère  ce  lin,  ait 
à-peu-près  la  même  température  que  les  départemensméridionauic 
de  la  France, les  essais  de  la  culture  de  ce  lin  n'y  out  pas  réuàsi 
jusqu'à  présent  ;  mais  on  ne  dé.sespère  pas  de  l'y  acclimaler. 

(2)  Ce  sad  vert  se  trouve  aussi  en  Europe,  particulièrement 
en  Corse  et  en  Piémont.  De  ce  minéral  précieux,  on  iail  fi^& 
tablas  et  d'autres  ouvrages  d'un  gfitnd  prix. 


4- 

Plus  féroces  que  les  liabitans  de  la  Nonvelle-MoUande  , 
ceux  de  la  Nouvelle-Zélande  fiont  plus  industrieux  qu'eux  ; 
leurs  habitations  sont  construites  avec  beaucoup  plus 
d'art:  ils  en  mettent  aussi  davantage  dans  la  construction 
de  leurs  canots,  qui  sont  assez  ordinairement  ornés  d'une 
tête  arlisteraent  ciselée,  dont  la  figure  exprime  la  rage. 
Ainsi,  dans  les  chefs- d'oeuvre  même  de  leur  industrie, 
perce  leur  naturel  barbare. 

Tels  sont  les  principaux  faits  qu'a  rassemblés  Cook  sur 
le  peuple  de  la  Nouvelle-Zélande  :  nous  en  devons  de 
plus  récens  à  CoIIins  qui  les  a  recueillis  dans  les  manuscrits 
de  K  in  g  ^  gouverneur  de  la  colonie  de  la  Nouvelle-Galles  ^ 
et  qui  les  a  placés  à  la  suite  de  son  intéressante  relation. 
King  les  avoit  obtenus  principalement  de  dejiix  naturels  de 
la  Nouvelle-Zélande,  transportés  à  l'île  de  Norfolk.  L'un 
d'eux  dessina  grossièi-ement  une.  carte  de  son  pays,  que 
Collins  a  publiée.  D'après  son  rapport,  l'île  située  au  nord- 
est  est  div^isée  en  huit  districts,  respectivement  gouvernés 
par  des  chefs  et  par  d'antresqui  leur  sont  subordonnés.  Des 
divers  degrés  de  subordination,  résultent  l'inégalité  des 
rangs,  et  la  distinction  entre  le  peuple  proprement  dit,  les 
officiers,  les  chefs  et  les  prêtres,  dont  l'autorité  balance 
celle  des  chefs,  si  même  elle  ne  lui  est  pas  supérieure. 

En  même  temps  que  les  indigènes  de  la  Nouvelle- 
Zélande  ont  des  prêtres,  il  ne  paroît  pas  qu'ils  aient  Aqs 
temples  publics.  Leur  religion  s'annonce  principalement 
dans  l-'opiuion  qu'ils  ont  de  l'élat  de  l'ame  après  sa  sépa-  ' 
ration  du  corps.  Ils  croient  que  le  troisièmo  jour  après 
l'enterrement  du  mort,  l'ame  se  sépare  du  corps,  et  que 
cette  séparation  est  annoncée  par  une  légère  brise  de  vent 
qui  donne  avis  de  son  approche  à  uns  divinité  inférieure 
et  bienfaisante,  qui  se  penche  sur  la  tombe  et  l'enlève 
dans  les  nuages ,  tandis  qu'un  esprit  malin  se  hâte  d'em- 
porter la  partie  impure  du  corps  qu'elle  précipite  dans 
la  mer. 

Le  suicide  est  très- communément  pratiqué  chez   les 
habilans  de  la  Nouvelle-Zélande.  Ils  se  pendent  dans  un 
VI.  E© 


454  BIBLIOTHÈQUE  DES  VOYAGES, 
premiei'  mouvement  d'humeur.  A  cet  excès  de  violence  , 
se  porte,  par  exemple,  une  femme  qui  aura  été  battue  par 
son  mari.  Les  deux  naturels  transportés  dans  l'île  de  Nor- 
folk menacèrent  plus  d'une  fois  de  mettre  fia  à  leur  exis- 
tence ,  si  on  ne  les  renvoyoit  point  dans  leur  pays.  Ce 
peuple  ne  connoît  d'autre  division  du  temps,  que  les  clian- 
gemens  de  lune,  dont  il  tient  état  jusqu'à  cent.  C'est  de 
cette  manière  qu'il  compte  son  âge  et  qu'il  calcule  tous  les 
événemens. 

TERRE  OU  ISMÎ  DE  DIÉMEN  ET  CAP  DE  DIÉMEN . 

C'est  encore  à  Abel  Tasman  qu'on  doit  la  découverte 
de  cetle  île ,  à  laquelle  il  donna  le  nom  du  gouverneur 
général  des  Indes  orientales.  Cetle  île  forme  un  cadre 
oblong  d'environ  deux  cent  cinquante  milles  de  longueur, 
sur  la  moitié  en  largeur;  elle  est  séparée  de  la  Nouvelle- 
Hollande  par  un  détroit  de  plus  de  trente  lieues  d'étendue, 
appelé  le  détroit  de  Bass,  du  nom  du  navigateur  qui ,  con- 
jointement avec  le  capitaine  Flanders,en  reconnut  l'exis- 
tence, ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  l'intitulé  de  la  relation  de 
Collins.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  terre,  ou  plutôt 
cetle  île  de  Diémen  ,  avec  le  cap  de  Diémen  ,  situé  au 
nord  de  la  Nouvelle -Hollande,  et  auquel  on  a  aussi 
imposé  ce  nom. 

Dans  son  dernier  voyage,  en  1777,  Cook,  pour  faire 
du  bois  et  de  l'eau,  et  faire  paître  des  animaux  qu'il  avoit 
à  bord ,  visita  cette  terre  ou  île  de  Diémen.  Les  natu- 
rels qu'on  rencontra  étoient  entièrement  nus,  et  d'une 
taille  moyenne,  avec  des  cheveux  aussi  laineux  que  ceux 
des  nègres  d'Afrique  :  ils  avoient  des  traits  plus  agréables. 
Leurs  cheveux,  leur  barbe,  leur  visage,  étoient  bar- 
bouillés de  rouge.  Ils  paroissoient  préférer  les  oiseaux  à 
toute  autre  nourriture;  et  parmi  le  petit  nombre  de  qua- 
drupèdes que  renferme  leur  pays,  celui  qu'ils  recher- 
choient  le  plus  pour  aliment,  étoit  le  kângouroo  ,  parce 


yOYAGES  AUX   TERRES  AUSTRALtIS.  ^^5 

qu'en  marchant  sur  les  deux  jambes,  il  ressemble  à  un 
oiseau. 

Le  paj's  est  très-varié:  on  y  trouve  des  montagnes,  des 
bois,  des  vallées  ,  par-tout  une  agréable  verdure.  M.  delà 
Eillardière ,  dans  le  Voyage  à  la  recherche  de  La  Peyrouse  , 
nous  a  donné  sur  ce  pays,  qu'il  a  aussi  visité,  des  notions 
intéressantes  ,  sur-tout  sur  sa  géologie  et  sa  botanique. 

Il  est  remarquable  que  principalement  celte  partie  delà 
Nouvelle-Hollande  ne  fournit  aucune  plante  alimentaire, 
quoiqu'elle  soit  ombragée  de  grands  et  magnifiques  arbres. 
Le  seul  végétal  dont  les  habitans  fassent  usage  pour  leur 
nourriture,  c'est  la  racine  sèche  et  insipide  de  diverses 
bruyères. 

Ce  qui  dislingue  aussi  les  naturels  de  ce  pays  de  presque 
tous  les  autres  Sauvages,  c'est  que  ,  réduits  pour  leur  subsis- 
tance à  la  pêche  ,  ils  ont  la  lâcheté  de  charger  leurs  femmes 
delà  pénible  occnpalion  de  plonger  dans  l'océan,  pour 
y  ramasser,  au  milieu  d'un  dédale  de  plantes  marines, 
an  risque  d'être  dévorées  par  des  requins,  des  crusta- 
cées  et  des  coquillages  qu'elles  rapportent  successivement 
dans  des  paniers  à  leurs  maris,  qui  les  attendent  tranquil- 
lement auprès  du  feu.  Ce  traitement  barbare  ne  les  empêche 
pas  de  se  montrer  des  épouses  fidelles  et  de  bonnes  mères. 

Nous  n'avons  de  relations  particulières  à  la  Terre  de 
Diémen  que  la  suivante  : 

Observations  sur  la  Terre  de  Diémen  (en  an- 
glais). Londres,  i8oi,  in-8°. 

On  recueillera  sur  celte  Terre,  des  notions  plus  sûres  et 
plus  étendues  dans  le  Voyage  suivant  : 

Voyage  et  Découvertes  aux  Terres  Australes  , 
exécuté  par  ordre  de  S.  M.  l'empereur  Napoléon , 
roi  d'Italie ,  sur  les  corvettes  le  Géographe ,  le  IVatU' 
raliste  ,  et  la  goëlette  le  Casuarina ,  pendant  les 
années  i8oo,  1801,1802,  i8o5  et  1804  ;  publié 
par  décret  de  l'Empereur,  et  rédigé  par  M.  F.  Péron^ 


\ 


456        BIBLIOTHÈQUE    DES    VOYAGES. 

iiaiuraliste  de  l'expédition.  Paris,  de  l'Impriaiene 
impériale ,  se  trouve  chez  Arthus  Bertrand ,  1 807 , 
2  vol.  grand  iu-4". 

—  Allas  de  4i  planches,  même  format  que  le 
texte. 

Décrire  toutes  les  parties  encore  inconnues  ou  mal 
connues  de  la  Terre  de  Diémen  ,  les  îles  et  les  peuples  qui 
se  rallachent  à  cette  première  Terre;  présenter  l'histoire 
du  vaste  détroit  qui  sépare  la  Nouvelle  -  Hollande  de  la 
Terre  de  Diémen  ;  celle  de  la  découverte  de  la  Grande 
Terre  Napoléon,  qui  présente,  sur  un  développement 
de  côtes  de  plus  de  mille  lieues,  cent  soixante  iles  de 
diverses  grandeurs,  deux  golfes  qui  s'enfoncent  près  de 
trois  cents  milles  dans  l'intérieur  du  continent  „oulre  une 
foule  de  ports,  de  havres  et  de  baies  profondes  ;  compléter 
la  reconnoissance  et  l'histoire  de  la  Teri'e  de  Nuyis  ,  de 
celles  de  Leuwin  ,  d'Edels ,  d'Eudracht,  de  \Vitt  et  de 
Diémen  du  Nord  ;  décrire  le  grand  archipel  Bonaparte  , 
qui,  sur  ime  ligne  de  centJieues,  se  projette  en  avaut  de 
la  Terre  de  Wiît  ;  tracer  le  tableau  physique  et  méléoro- 
logique  de  toutes  ces  immenses  régions  ;  indiquer  leur 
constitution  géologique,  si  féconde  en  phénomèues;  dire 
quels  végétaux  utiles  ces  climats  lointains  produisent  , 
quels  animaux  extraordinaires  ils  ont  reçus  de  la  nature, 
quels  jîeuples  les  habitent  ;  décrire  les  moeurs  farouches  de 
ces  peuples,  leurs  usages  barbares,  leurs  guerres  conti- 
nuelles el  meurti-ières  ;  réunir  ,  en  un  mot ,  tous  les  détails 
de  leur  existence  individuelle ,  domestique  et  politique; 
telle  est  la  marche  générale  de  cet  ouvrage. 

A  ces  premiers  travaux,  viennent  se  rattacher  l'histoire 
des  colonies  anglaises  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  celle  de 
la  gi'ande  île  de  Timor,  plusieurs  mémoires  particuliers 
sur  les  îles  et  les  montagnes  de  corail  dans  les  mers  du 
Sud;  sur  la  force  comparée  des  peuples  sauvages;  sur  la 
dyssenterie  des  jjays  chauds  ;  sur  la  température  de  la  mer 


VOYAGES  AUX  TERRES  AUSTRALES.  4^7 

à  de  grandes  profondeurs;  l'histoire  de  l'élépliant-raH- 
rin  ,  elc. ,  etc. 

Tous  les  dessins  ont  été  faits  sur  les  lieux  par  M.  Le- 
sueur,   peintre   de  l'expédition^  pensionnaire  de  S.  M. 
l'Empereur,  et  par  son  collègue  M.  Petit.  MM.  Gérarrcî  et 
Van-SpaendonckNDnt  bien  voulu  prendre  assez  d'intérêt 
à   ce  travail ,  pour  revoir  eux-mêmes  les  dessins  origi- 
naux; et  toutes  les  planches, gravées  sous  la,  direction  de 
M.  Milbert ,  avant  d'être  agréées  par  S.  E,  le  Ministre  de 
l'intérieur,  ont   été  soumises  à   l'approbalion   des   deux 
artistes   célèbres  dont  on  vient  de  jiarler.  Les  graveurs 
ont  été  choisis  parmi  les  plus  distingués  de  la  capitale;  et 
sans  doute  il  suffira  de  rappeler  les  noms  de  MM.  Roger, 
Née,  Pillement,  Duj)arc,  etc.  pour  prouver  l'excellence 
du  choix  en  ce  genre.  Tous  les  exemjolaires  sont  tirés  sur 
papier  grand-jésus  vélin  superflu ,  satiné.  Cet  allas ,  qui  sort 
des  riches  presses   de   M.  Langlois,   se  compose  de  4r 
planches,  dont  28  précieusement  coloriées;  deux  sont  d'un 
format   double.   A   ces   quarante  planches ,   se   trouvent 
jointes  deux  cartes  géographiques,  format  grand  colom- 
bier, gravées  par  M.  d'Houdan ,  l'un   des  graveurs  du 
ministère  de  la  guerre  ,  et  dressées  par  M.  H.  Fréjxinef , 
commandant  du   Casuarina ,   pendant  l'expédition ,    et 
chargé  par  S.  E.  le  Ministre  de  la  marine,  de  la  rédaction 
des  travaux  astronomiques,  nautiques  et  géographiques  du 
Voyage. 

Le  texte  a  été  revu  par  MM.  Ciivier,  Fleurieu,  Lacé- 
pède  et  Laplace,  qui,  honorant  l'auteur  d'une,  bienveil- 
lance particulière,  ont  bien  voulu  prendrela  peine  d'exa- 
miner ses  manuscrits ,  et  l'ont  aidé,  dans  toutes  les  cir- 
constances ,  de  leurs  précieux  conseils. 

Je  regrette  de  n'avoir  pu  que  transcrire  le  prospectus  de 
cet  important  Voyage  :  j'aurois  désiré  en  donner  un 
extrait  ;  mais  il  n'a  pas  encore  paru  au  moment  où  l'oo 
achève  l'impression  de  mon  ouvrage. 

FIN, 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Tant  des  noms  des  Voyageurs  et  des  Auteurs  de 
Descriptions,  que  des  Auteurs  de  Collections 
et  d'Histoires  ge'nerales  des  Voyages,  et  de 
Traités  sur  leur  utilité. 


Nota.  Les  chifTres  romainfi  indiquent  les  tomes  ;  et  I«s  chifïres  arabes 
indiqaent  les  pages. 


A. 


Aagaard.  I,  440. 
Abbeville(d').VI,a72, 
Abdolatif.  IV,  343. 
Abdoulkerim.  IV,  Syg. 
Abdoul-Rizacq.  1 ,  42. 
Abela.  III ,  5S. 
Abelinus.  V,  12;  V,  497. 
Abesci  (  Elias  ).  II ,  92. 
Ablon.  VI ,  20 
Abulfarage.  IV,  4^2. 

Abulfeda  (Isra.).  IV,  2, 343. 

Académie  des  sciences  de 
Paris.  I,  173. 

Acaretla  de Biscaie.  VI ,  324. 

Acerbi.  1 ,  455. 

Achenwal  (G.).  VI ,  6. 

Acosta  (Joseph).  I,  275. 

Acuna  (Christo).  VI,  807. 

Adair  (Jacob).  VI ,  7. 

Adam  de  £rême.  1 ,  5a. 

Adams.  I,  102. 

Adams  (Jean  ).  II ,  397. 

Adams  (Melchised.).  1, 409. 

Adanson.  IV,  88. 

Addison.  II ,  54* 


Addxson  (La«celot).  IV,  44- 
Addisson.  II ,  483. 
Adelung.  V,  464- 
Adler  (Jean-George).  I  338. 
Adricbimius(Chr.).  IV,  406. 
Afsprung.  II ,  420. 
AgroU.  IV,  80. 
Aikin.  III ,  222  ,  277. 
Aikin  (Arlb.).  III ,  272 ,  273. 
Ainslye  (Rob).IV,  864, 43o, 
Alamandi  (le  P.).  IV,  171. 
Alarçon  (Ferd.de).  VI,  i40' 
Albani.  1 ,  66. 
Albanis  Beaumont.  1 ,  357; 

II,  417,  426;  m,  2,  i37, 

144,  178. 
Albert  (Jacq.).  I,  263. 
Alberti  fF.  L.).  II ,  475. 
Alberti  (Georges).  III,  311. 
Albin  (F.L.).  III,  273. 
Albuquerque(Alonze).y,  4. 
Alcçfaredo.  IV,  2o5. 
Alcedo  de  Herrera.  VI,  vîaS. 
Aldenburg  (  J-  Gr-  ).  VI  , 

>74- 


TABLE     ALPHA 

Aldersey.  IV,  420. 
Alexandre  de  Rhodes  (le  P.) . 

IV,  375  ;V,  125. 
Alexio  da  Motta.  V,  2. 
Algarolli.  II,  9. 
Allemany.  III,  7. 
Alleyro(leP.).ni,55. 
Allez,  m,  161. 
Almeida  (Manuel).  IV,  814. 
Almodino  (Moyse).  II ,  56. 
Alphonse  (Jean).  1 ,  2. 
Alsop  (Georges).  VI ,  8;. 
Allmann.  U,  408. 
Alvarez.  IV,  3 11. 
Amnury  Duval.  III,  1 13. 
Ambroise.  V,  i5. 
Ambroise  (l'abbé).  II ,  478. 
Ambrosius  (E.).  I,  438. 
Ambury(d').  V,  524. 
Amidas (Philippe).  VI,  84. 
Amman  (J.  Jacq.).  IV,  41 3. 
Amoretli  (Charles).  III,  4- 
Ancelin.  I,  35. 
Andersen  (Jacq.).  I,  186. 
Andersen  (  Jurgen).  Il ,  5g. 
Anderson.  V,  3oi. 
Anderson   (Jacques).   III  , 

299. 
Anderson  (Jean)  I,  392. 
Anderson  (iEneas).  V,  3oi. 
Andrada  (Antoine  de).  V, 

437  ,  439. 
Andrada  (Jacinlhe-Frey  de). 

V,i4. 
Andrae.  Il,  412. 
André.  II ,  47« 
Andreossy.  IV,  36 1. 
Andrès  (Jean).  I,  324* 
Andrews.  III,  i55. 
Andrews  (  Jean  ).  1 ,  1  o, 
Angeli  (Bonav.).  Ifl ,  10. 
Angeloni  (Bapt.).  [IJ  ,  211. 


EÉTiQUE ,  etc.         4^9 
Angelis  (Jérôme).  V,  266. 
Anglures  (  des  ).  IV,  409. 
Anguiano  (Malhieu  d').  IV, 

3 18. 
Anon.  VI,4o8. 
Anon  (Jacques).  I,  126. 
Anot(P.  N.).  1,359. 
Anquetil  du  Perron.  V,  32  , 

37 ,  40. 
Anson  (Georges).  I  ,  124. 
Antes  (Jean).  IV,  36o. 
Antonin.  III ,  207. 
Anville(d')..II,9,9i;  V, 

453. 
Apellad-Apelblad  (Jean). 

I,  288;   II,   324,   33i  . 

388. 
Apelblad  (Jonas).  II,  323. 
Apollonius  -  Levinus.    VI  , 

321. 

Apres  de  Mannevillette  (d'), 

V,3i. 
Aranda(Emanuel).  IV,  i3. 
Arbois  (les  Frères).  III ,  73. 
Arcette(cr).  m,  i48. 
Archenholz(M.  J.  W.).ï, 

342  ;  V,  5oi. 
Arcisas  (Augustin).  IV,  1 1. 
Arcol.  III,  3oo. 
Aretin.  I,  169. 
Arelius.  II ,  4o4- 
Argensola    (  Bartholomée- 

Léond').  V,  184. 
Argenville  (d').   III,   i54, 

164. 
Armand ,  dit  Mustapha.  IV, 

5. 
Armbruster.  II ,  463. 
Armstrong.  m,  80,  25o. 
Arndt.  III,  m. 
Arnebat  (d').  Ht,  388. 
Arngrim  (Jon).  I,  3^0,  3yij 


44o  TABLE     ALP 

Arnolcl.  Il ,  280. 

Arnot.  1 ,  358. 

Aiqiier  (Raimond).  111,83. 

Anéniiis.  IV,  i5o. 

Arrieji.  I  ,  23. 

Arriglii.  III,  97.     . 

Ar.sens  de  Sonimerdyk,  III, 

388. 
Arvieux   (d').  I,  21g. 
Asilev.  I  ,  69. 
Aston.  IV,  3i3. 
Astnic.  m,  i45. 
Aikins(J.).  1,274;  IV,  148. 


HA  BE  TI QU  E 

Alvvood  (Thomas).  VI,  19g. 
Aubert  du  Petit  -  Thouars. 

IV  ,  3 1  o. 
Anbry  (Jean).  III,  26c. 
Aubry   de  la   Mottraie.    I, 

216,  3 1 5. 
Audeber.  Il ,  478. 
Aulnni  (d').  1 ,  3i  i. 
Avila  (Gonzales  d').  III,  383, 
Aviso  11.  II,  6. 
Avili  (Pierre  d').  I,  171. 
AvriI(leP.).  I,  188. 
Azumi  (Doiu.-Alb.).  HI ,  84. 


B. 


Baader(C.  A.).  II,  54i. 
B^cco  (  Henri).  III ,  24. 
Bachtlbel  (J.Chrét.).  II,  322. 
Bâcher  (Robert).  IV,  208. 
Bachiène.  IV,  418. 
Bacqiieville  de  la  Polherie. 

VI,  23. 
Bacslrbm  (John).  I,  376. 
Baden  (  le  card,).  IJI ,  17g. 
Baerl  (A.).  III,  221. 
Baggesen  (Jean).  I,  345. 
BailIel(Adr.),  .souslenom  de 

Hezenil  de  la  Neuville.  II, 

6. 

Baker  (B.).  IV,  208. 
Bal  bée  (le  P.).  II,  190. 
Balbi  (Carlin).  V,  614. 
Balby(Gasp.).  I,2  79;V,  6. 
Baldœu.s.  V,  16,  29,  12g. 
BaId\Tin.  IV,  42o. 
Balio   de  Lesca  (Manuel- 
Thomas).  111,59. 
Ballimoie.  Il ,  79. 
Banalar.  I  ,  2bg. 
Baiicks.  1  ,  146. 
Banduri  (  A nt. }.  II ,  65. 


Eanhi.  V,  5o. 
Banisler,  VI ,  347- 
Bankrofi  (Edoua.).  VI, 207. 
Baratti  (Jacques).  IV,  3iH. 
Barbault.  II,  49^  5  I^I,  '9,  20. 
BarbauU-Royer.  III,  172. 
Barber.  ni,'257. 
Barbier  de  Memeurol.    II, 

479- 
Barbosa  (Odoard  ).  V,  4. 
Baibot  (Jean  ).  IV,  127. 
Bai'chewitz.  V,  27. 
Barcia  (Gonzalede).  V,  5o7. 
Barcley.  1,91. 
Bardi  fCirolamo).  III,  6. 
Bardili  (J.  Wend).  1 .  3  i  7. 
Barelfi(Fr.).IV,373;V,53. 
Baretli  (Jos.).  1,324  ;  II,  492. 
Barelto  (J.  Mumra.).IV,  3"!  3. 
Baringlon.  VI,  4^°- 
Barkausen.  III,  200. 
Barlaens  (Gaspard).  VI ,  274. 
Barley.  I  ,64. 
Barlou'(  Arthur).  VI,  84. 
Barrai.  III,  92. 
Barré(Nicolas).  V,  486. 


DES     N  O  !^I  S     D 

Barrère  (  Pierre  ).  Vf  ,  255. 
Barri  (Christ.).  V,  icg. 
Barrington.  V,  464. 
Barros  (  Jean  de  ).  1 V,  367. 
Barrovv  (  Jean  ).  I  ,  94  ;  I V  , 

245  ,  257  ;  V,  j  1 1  ,  2Ô7. 
Barrv.   If  ,  471,  479;  lil , 

3o5;IV,  274;  VI,  II. 
Barlels.  III ,  47. 
Barihelemi  (l'abbé).  1 ,  3og. 
Barthema  (I/.  ).  1 ,  24 1  ;  V,  4. 
Barlhols(S.).II,  26G. 
Barton  (RicharrI).  I[r,3o8. 
Barlrara  (  Gi.ill.).  VI  ,  9. 
Barlrani  (Jean).  VI,  81,  i23. 
Basci  (Henri).  III,  -25. 
Bassani  (Anh).  III,  18. 
Balliiaui(leC.).  (1,273. 
Batlel  (André).  IV,  i63. 
Baudelol-Dairval.  1 ,  5. 
Bander  (C.  A.).  II,  641. 
Baudier.  II ,  55. 
Baudoin  (Jean).  III,  100. 
Baudi-y    de    Lozieres.    VI, 

i36,i38. 
Bauer(A.  F.).  11,371. 
Baujeu.  1 ,  3 12. 
Baulieu.  V,  1 1. 
Bauniann.  I,  336. 
Banmarchais.  [II,  i83. 
Bannîgarlen  (Mari.).  I,.2,i2. 
Banmgarlner.  IH,  ^462. 
Baumont  (  P.  ).  1 ,  299. 
Bauvalos  y  Carillo  (D.  Hie- 

ronyme).  V,  193. 
Bauveau  (Henri).  I,  2o5. 
Baviers  (Urbain).  I,  281. 
'Bayard  (Ferd.).  VI ,  67. 
Bayer  (îerd.-Jacfj.).  Il,  327. 
Beatty( Charles). VI,  82. 
Beanchamp.  IV,  455. 
Beaugran  (Félix).  IV,  f[i5. 


ES     AUTEURS.  /[/^l 

Beaujour  (Félix).  II,  228. 
Beanplan.  II ,  47' 
Bechemel.  VI,  254- 
Beckforl(M.V\^.).VI,l89. 
Beekinan.  V,  i65. 
Beeverell.  III,  209. 
Begerl.  VI  ,  i43. 
BeguilIe{(E.),  m,  154,170. 
Eehani.  II,  274. 
Behourn  Wiskv.  II,  420. 
Behrens.  V[,3'46. 
Beknian.  VI,  59. 
Be1ek  (Adrien).  I,   i25. 
Belin.in,  89;  VI,  257. 
Belknap  (Jérémie).  VI  ,  78. 
Bell  d'An  lermouy-d'Anler- 

mony  (Jean).  1 ,  106. 
Bellerman  (J.  J.).  II  ,  1 5  ,  16. 
Bel!erive(de).  J[,65. 
Bellicanus  (iVlidler).  II,4"4- 
BelJman.  VI,  34-.' 
Belon  dn  Mans.  I,  206. 
Bellram  (Octave).  III  ,  24. 
Bembi  (Pierre).  111,56. 
Berabo  (  Anibrosio).  1 ,  65. 
Bembo  (Giovanni).  1 ,  65. 
Benaglia  (Je?in).  II ,  63. 
Bender.  II ,  319. 
Beneditli.  II ,  6'3. 
Benekendorf(C.F.).II,393. 
Benevenga  (Michel).  II,  64. 
Bt-nezel.  IV,  i5o. 
Beniousky  (M.  A.).  I,  u5o. 
Benjamin  de  Tudèle.  1 ,  33. 
Benkowitz(C.  F.).  1,362. 
Benlivoglio.  III ,  179. 
Benzenberg.  III ,  ï63. 
Benzoni  (Jérôme).  V.  487* 
Berchlold  (  Léop.  ).  I  ,  1  o. 
Berenger.  I  .  90  ;  III ,  14^- 
Berg.  il,33f;." 
BergenCE.  G.  de).  V,446. 


44^  TABLE    ALP 

Bergli.IV,456. 
Bergman  (Th.).  V,  433. 
Berkley  (Lefr.  de).  II [,  199. 
Beiland  (de).  IV,  226. 
Bernandez  de  Padenza.  III , 

383. 
Bernard(J.  F.).  1,8-. 
Bernard  (M'iOI,36o. 
Bernard  (Jacq.).  III,  2.. 
Bernardin  de  Saint-Pierre. 

IV,  274. 
Bernardine.  IV,  409. 
Bernardo    de    Saint  -  Ildé- 

phonse  (Gaspard).  V,  1 1 . 
Bernegger(Malthias).  I,  3. 
Bernegger  (  J.  F.  ).  II ,  274. 
Bernes.  IV,  14. 
Bernhard.  IV,  241. 
Bernier  (François).  V,  65. 
BernouUi.  1 ,  74,  3^4  ,  326  ; 

11,330,388,396,418,496. 
Bernsfein.  V,  39. 
Bertaud.  III  ,  386. 
Berlholel.  III,  107. 
Berlhout  van  Berghem  (  le 

P.  J.).  II,  424,456. 
Berlolo.  II,  4oi. 
Berlondelli  (Jérôme).  111,8. 
Bertrand.  11,335. 
Besson.II,423;IV,  389. 
Beverley.  VI ,  88. 
Beyer(VVolfg).  VI,34o. 
Beyrlin  (Jacques).  1 ,  296. 
Btiza  (Jean).  II,  274^ 
Bianconi  (  Jean).  II,  323. 
Biard(leP.).  VI,i8. 
Bibeyro-Ribeyro.  V,  12g. 
Bicker.  1 ,  299. 
Biervillas  (Inigo  ).  V,  58. 
Bignon  (Jérôme).  IV,  406. 
Bikker  (Laurent).  VI,  3  12. 
Biilings  (Jolin).  V,  47-^. 


H  A  BLTIQUE 

Bing.  I,  381,448. 
Bingley.  III ,  255. 
Binos  (l'abbé).  I,  225; 
Biot  (J.  B.).  III ,  l68. 
Bird.  IV,  124. 
Birken.  T  ,  3oi. 
Biron  (C).  I,  281. 
Bisani  (Charles).  1 ,  226. 
Biscari  (le  prince).  111,56. 
Bischer.  V,  452. 
Bjoernstaohl.  I,  SSg. 
Bladgen.  III ,  262. 
Blainville.  1,3 18. 
Blakfort(Dom.).  VI, 58. 
Bland  (Edmond).  VI,  75. 
Blekfenius.  1,377,391. 
Bligh.VI,35r. 
Blorae  (Richard).  V,  49g. 
Bloraefield.  III ,  268. 
Blount.  II ,  55.. 
Blumenau.  IV,  357. 
Bîumenbach.  I,  76. 
Blunt  (Jean).  I,  176. 
Blydorf.  V,  28. 
Boate.  III ,  3o6 ,  307. 
Boccaro(Ant.).IV,  368. 
Boekmann  (J.  L.).  II ,  425. 
Boetticher.  Il,  297. 
Bogie.  V,  439- 
Bognart.  IV,  378. 
Bohenius.  1 ,  1 70. 
Bohems(Ant.).VI,3i3. 
Boisgelin  (  Louis  ).  1,11 ,  60. 
Boissel.  III,  i3g. 
Bok  (Franç.-Sam.).  Il,  3g4. 
BoUing  (Frédéric).  V,  19. 
Boitz.  V,  69. 

Bonami  (Jacques).  III,  56. 
Bone(Aug.-Fréd.).  III,  182. 
Bongars.  II ,  295. 
Bonkroft  (Edou.).  VI,  25?: 
Bonne.  VI ,  169. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS. 


Ixlv'^ 


Bonnecorse.  IV,  4i  3. 
Bonsletten.  If,  4i  7, 460  ;  III, 

252. 

Bontekoë(Guill.).  V,  12. 
Bonzo.  V,  490. 
Boolhy  (Richard).  IV,  26g. 
Borch  (de),  m,  69. 
Borda.  1 ,  235. 
Borderian.  II,  52. 
Botdier.  VI,  jç). 
Bordini.  IV,  4jo. 
Borgstede.  II,  3g4. 
Borlase.  III ,  264. 
Born  (le  comte  de).  II ,  2^5. 
Borri  (Christ.).  V,  109. 
Borrv  de  Saint-Vincent  (P. 

C.'M.).IV,  209,  282. 
Boschi  (François).  III  ,11. 
Boschini.  II ,  189,  J90. 
Bosco wich.  II,  48;  III,  20, 
Bosius.  I,  3i2. 
Bosnian  (Ed.). IV,  iSa. 
Bossu.  VI,  129,  i33. 
Bosswell.  m,  90 ,  3oo. 
Botekoë  (Joseph).  II,  277. 
Boler(Jean).  I,  170. 
Botereius  (Rod.).  III ,  99. 
Boturini  (Lorenzo).  VI ,  4* 
Bouche.  III,  141. 
Boucher  (le  P.).  IV,  4 «4. 
Boucher  ( Pierre  ).  VI ,  20. 
Bouflers.  II,  l^\i. 
Bougain ville  (de).  I,  126. 
Bougout.  III ,  279. 
Bouguer.  VI,  328. 
Bouillon  (  duc  de).  II ,  479» 
Boulax-Baro.  1 ,  265. 
Bouquet  ( Henri).  VI ,  29. 
Bourges  (M.  de).  IV,  377. 
Bourgoing.  111,416. 
Bourrit.  II ,  421  ,  l\^n  ,  464  ; 

III,  i36. 


Bouterwek.  II,  4^9- 
Boiilhier  (Pierre).  IV,  20G. 
Boulon  (le  P.).  VI,  iQo. 
Bouvet.  IV,  378;  V,  281. 
Bovovius  (  Albert  ).  1 ,  119. 
Bowles.  III ,  3g4. 
Boyd  (Hughes).  V,  i3/|. 
Boyer.  VI ,  2. 
Boync!el(M.  M.).  111,223. 
Bozenhard  (  E.)-  11,372. 
Bracali  (Franc.).  V,  282. 
Braithwaile.  IV,  47- 
Brancolonne(Nicolo).  I,  6ô. 
Rran(l.V,446. 
Brand  (  Jos.-Arn.  de).  1, 1 90. 
Brand  (Jacques).  III,  269. 
Brandao  (Antoine  et  Fran- 
çois). III  ,  3i7. 
Bratring  (W.  A.).  VI ,  383. 
Braunschweiger.  II ,  457. 
Brazey.  III,  210. 
Bredenbach.  IV,  447- 
Brederode  (Reinhard   de). 

II,  3. 
Breislack(Scip.).III,  34. 
Breilhaupt.  m,  58. 
Brelin  (  Jean  ).  I ,  '  73  ,  234- 
Bremond  (  Gabr.  ).  1 ,  344- 
Breton(J.B.J.).  111,134.172. 
Breuning  de  Boucbenbai  h 

(H.J.).  I,2o5. 
Breval.  1 ,  3i4- 
Brevenlano.  III ,  5. 
Brèves  (  de).  1 ,  206. 
Breydenbach  (Bernard  de). 

IV,  399,  400  ,  401. 
Breyer  (Jean).  IV,  226. 
Breynius(Phil.).II,483. 
Briamlé  (  Vincen  l  V  1 ,  3 1 8. 
Brian-Hils.  m ,  54. 
Brice.  TII ,  i  53. 
Bride!.  11,455. 


T  A  E  L  F,     A  L  P  D  A  B  É  T  1  Q  U  E 


444 

JBridel  (les  Frères).  II,  465. 

Bridel( Louis).  VI,  gS. 

Brikvell-Briknell.  VI,  117. 

Brioiievns  (Mart).  IV,  4o3. 

]^risel.  III,  385. 

Brisson.  III,  i38. 

Brissoii  (de).  IV,  67. 

Brissot  de  Varville'.  V  ,  3q  : 
VI,6x,65. 

Brisled  (Jean).  III,  3o3. 

Biito  (Bernardo).  III,  317. 

BrJKo-Freyre  (F.).  VI,  276. 

BriKou(J.).I[I,279. 

Brizard.  111,45. 

Brocard  (Bonav.).  IV.  Itog. 

Brocardi.  1 ,  66. 

Brocke  (Adrien  de).  IV,  274. 

Brokvell.  III,  3 18. 

Brome  (Jacq.).  II,  3i3:  m  , 
283. 

Bronovius  de  Riedsée  (Mar- 
tin). I,  179. 

Broock.  IV,  1 1. 

Brooke.  II ,  5o6. 

Broltier  (l'abbé).  II ,  92. 

Brolz  fBalth.).  ¥,277. 

BrouglUon  (G.  R.).  V,  477. 

Brower.  VI,  341. 

Brown(P.).  VI,  188. 

Brown  (Ed).  I,22o,  3o4. 

Browne  (  W.  G.) ,  1 ,  254. 

Bruce(P.  H.).  1,108. 

Bruce  (Jav-q.).  IV,  3 19. 

Bruce  (GuiU.).  V,  43o. 

Biûckmau.  I,  173. 

Bniggeman.  II,  397. 

Brukiiian  (Fr.-Er.).  I,  173. 

Brukmann  (Fr.-Jér.).  II,3oi. 

Brukrier  (Jér.).  I,3o2  ;  II,4o6. 

Bi-uu(M'''--  Frédériqnui.  II, 
458,  459,  462;  III, 139, 
1A2,  143. 


Brimet.  (G).  I,  3o8. 
Bruno  (Samuel).  IV,  169. 
Bruns.  I,  106,  IV,  9. 
Brunsvvick-Bevern  (le  duc 

Ferdinand).  I,  3o5. 
Bruun-Neegard.  Il,  464. 
Bruyn  (Corn).  1 ,  192,  245. 
Bruzen  de  la  Marlinière.  I , 

379. 
Bry(de).  I,  5b\      •'  " 

Bryan-Ed^vards.  VI ,  169  , 

'i85. 
Brydone.111,66. 
Bscheider.  IV,  4 '9' 
Buchftnaîi.  III,  3oi.         v^d 
Buchwald  (Fréd.).  II ,  327/ 
Buckeley.  VI ,  348. 
Bucquoi  (Jacq.  de).  V,  28. 
Buellius.  V,  49^- 
Bugge  (Thomas).  III,  iSj. 
Bugnon.  IV,  378. 
Buirde,  I,  34i. 
B(jlifon  (Antoine).  III ,  26;  ' 
Bullok  (Guill.).  VI,  86.  ,  r. 
Buisfond.  11,482.  :.il 

Buona-Juta-Albani.  1,66-2 
Buonfiglio  (Phij.).  m ,  56.,  >: 
Buquoi.  II,  392,  393.       ..'T 
Burchard.  I,34i,  IV,  4o5.' 
Burchowilz  (Ern. -Christ.). 

V,  27- 
Burckhard  (Christ,).  V,  airiti 
Burges(Al.).  V,  5o. 
Burghart  (Henri.").  II,  391. 
Burgo(Barlh.).V,5o. 
Bui'go  (Jean-Bapt.  de).I,i  12. 
Burgsdorff'(F.L.).II,33o. 
Bur;a  (Abel).  1 ,  4>9- 
Burke(Guili.).  V,  507. 
Burke  (Edmond).  VI,  6. 
Burnaby(André).  VI,8. 
Burnel.  I,  3o8. 


DES    NOMS    D  E  S  '  A  U  T  E  U  R  S 


Biirney.  I,  337. 
Burney  (Jacq.)  VI,  387. 
Burriel(Ancl.-Mar.).  Vl,i4i. 
Bi,rloM(GiiiII.).III,259. 
Busbeck  (le  bar.  de).  I.  2g/^. 
BdscJi  (J.  G.).  1,341,  342. 
Bu5chel  (Ch.).  III,  21 5. 


Busching.  II ,  3c)i,  3g2. 
Bush  (Jean).  III ,  Soq. 
Busse.  II,  14. 
Bulel-Dumont.  VI,  5-]. 
BuKel.  IV,  i63. 
Buxlorf( Aug.-Jacq.).  II,  409. 
Byron.  I,  i33;  VI,  349- 


c. 


Cabot(S.).  V,  491;  VI,8, 
Cacljermois  (J.  de).  IV,  402. 
Cadamosto  (Aioysio).  IV, 82. 
Cndet-Gassicoiirt.  III,  168. 
Cadvvallador- Golden.   VI, 

25. 

Ca-.^ar  (A.  G.).  Il,  278,27g. 
Caëlanode  Lima.  Iir,  3i«^. 
Calceolari  (Franc.).  III,  6. 
Callender.  VI ,  404. 
Calvacii  (Hor.-Guill.).  II,  4. 
Calvelte  de   Eslrale  (  Jean- 

Ciiristova]).  III,  17S. 
Caniavalo  (Jos.).  III ,  54. 
Cambri.  1,   358;   ITI,  148, 

i65. 
Camden  (Guill.).  III,  204. 
Cimpanius  (  Thom.  ).   VI, 

81. 
Campbell  (Alex.)   III,  291, 

3ii. 
Campbell  (Léonard).  V,  49- 
Campe.  I,  104. 
Campe  (.T.B.)III,  157. 
Campenon.  III,  iZj. 
Camphel.  VI,  3i4. 
Campomanès.  III  ,  3 19. 
Camslrnpp  (N.  J.).  V,28. 
Canins  (A.  G.).  III,  172. 
Candiili.  1 ,  1  i3  et  1 14. 
Candissalant.  VI,  394, 


Canlillon.  III,  179. 
Canzler.  I,  452. 
Capel  (Rodolplie).  1,373. 
Capper  (Jacq.).  I,  2  25^  254. 
Cappin  (J.).  I,  212. 
Caprara  (le  C.  de).  11,62. 
Cataccioii.  III,  24. 
Caralle  (Pliil.).  111 ,  55. 
Carajaval  (L.Maim.).  IV,  4. 
Cardenas  (D.  Séb.  de).  VI, 

122 ,  3 12. 
Cardenas  (  D.Bern.).  VI,  3 1 2. 
Cardini(A.F.).  IV,  373. 
(.'ardonei  (Jacq.).  JII,  3oi. 
Carjaval  (D.  Gare.  de).  VI, 

394. 
Carletti  (Franc.).  I,  280. 
Carli(leP.).  IV,  169.   ' 
Carli  (leC).  V,  5 12. 
Carlisie  (leC.de).  1,408. 
Carlisle  (J.  Housm.).  111,272, 
Carison.  IV,  377. 
Carou  (Franyoïs).  V,   17, 

2o3  ,  204. 
Caros.  (J.Tii.).  II,  49. 
Carjjeau    de    Saiissari.   IV, 

2'72. 

Carpin.  1 ,  35. 

Carr(J.).  1,424;  III,  160. 

Carra.  II ,  93. 

Cairanzanu.s  (Gonz.).  V,  5o5. 


446  TABT.  E 

Carré.  V,  9.'>.. 

Carrera  (Pierre).  III ,  56  ,  5j. 
Carreri  (G  Mneilli).  I,  119. 
Carry.  III,  3 10. 
Carier  (Franc.).  III,  4o9- 
Carteiet.  I ,  i33. 
Cartier  (Jacques).  VI,  i5. 
Carlwrigl  (Georges).  VI,  1 4- 
Carvalho.  111,  3 19. 
Carve(Th.).  1,  3oo. 
Carver  (John).  I  ,  72. 
Carver  (Jonalhan).  VI,  3o. 
C^sal  (D.  Gaspard).  III ,  Sgo. 
Caseneur.  III,  t/^J. 
Cassaii(leP.^.  VI,  208. 
Cassas  (L.  F.).  I,26i;  II, 

272. 
Casse!  l  (J.  Phil.).  V,  5 16. 
Ca.ssini  de  Thury.  II,  296, 

297. 
Caslagerville.  III ,  262. 
Casiaiieda  (Ferd.  Lopez  de). 

V   2. 
Castèla  (EL).  IV,  407. 
Caslelman  (Rich.).  VI,  81. 
Casligan.  III ,  365. 
Casliglione.  I,  i6g. 
Casliglioiii  (Louis).  VI ,  64, 
Caslille(Ant.  de).  IV,  411. 
Castro  (D.Juan  de).  V,  i4. 
Catalaiius.  V,  495. 
Cauneo  (J.  B.}.  ï ,  343. 
Calesby  (Marc).  VI ,  4. 
Catrou(leP.).  V,  67. 
Callagerville.  III ,  255. 
Catteau  (J.  P.).  I,  441,  464. 
Caiiche  (Franc.).  1 ,  205. 
Caulin  (A.  F.)-  VI,  209. 
Gavanilles  (  D,   Ant.    Jos.  ). 

III,4'5,467. 
Cavazzi(le  P.).  IV,  171,  1752. 
Cave  (Th.).  111 ,  307. 


ALPH  A  BETI QUE 

Caveria.  ÎÏI  ,  lo. 
Cavendish.  I,  yr. 
Caverio  de  Vera.  IV,  4o8. 
Caymo  (Norbertl).  IIF,  SjS. 
Cellier.  II ,  60. 
CeUius(Erh.).  I,  196. 
Cenillo  (Alonzo).  VI,  33g. 
Centellas  (Joach.  de).  I,  204. 
Cenieno  (Araaro).  1 ,  24i . 
Cepeda  (Ferd.  de).  VI,  154. 
Cerillo.  III ,  83. 
Celti.  III ,  84. 
Chabert(M.).  VI,  29. 
Challey  (Henri).  111,260. 

Chalmer  (George).  VI,  69. 

Chahiiers  (Lionel).  VI ,  1 18. 

Chambers.  V,  284. 

Charnel  (A.).  I.  287. 

Champermoy  (Phil.  de).  IV, 
4o3. 

Champigny.  VI,  i33. 

Champlain  (Sam.).  VI ,  i5 

Chandier  (  Rich.  ).  II,  170, 

201,202. 

Chantreau.  H,  i8;III,  219, 

468. 
Chanvalon.  VI,  196. 
Chapelier  (Ant.).  Il ,  4 1  r. 
Chappe  d' Auteroche.  V,448  ; 

VI,  i43. 
Chapuzeau.  II,  256. 
Charant.  IV,  48. 
Chardin  (le  chev.).  IV,  45o. 
Charington.  III,  82 1. 
Charisiiis  (Jonas).  1 ,  402. 
Charles  V(l'emp.).  II,  294. 
Charles  II, roi  d'Angleterre. 

III,  181. 
Charles  XII,  roi  de  Suède. 

II,  66. 
Charlevoix  (le  P. ).  V,  224  ; 

VI,  24,  182,  3i5. 


DES    NOMS    DE 

Charpenlier.  II,  896;  V,  i5. 
Charpentier-Coligny.  V.  76, 

288. 
Chale (le  comm.  de).  IV,225. 
Chalellux  (le  marq.).  VI ,  61 . 
Chaulmer.  II,  243  ;  IV,  5. 
Chaulnes  (duc  de).  IV,  353. 
Chauttionl  (le  chev.  de).  V, 

99- 
Chemnitz  (J.  Jér.).  1 ,  433. 

Chenier  (de).  IV,  49. 

Cheron(Anne).IV,4i3. 

Chiflet.  1,284. 

Childrey.  III ,  aSS. 

Chinon(leP.).  11,60. 

Chishull.  11,68. 

Choiseul-Gouffier.  II,  20^. 

Choiseul-Sulfren   (Amélie). 

III ,  267. 

Choisy  (l'abbé  de).  IV,  99. 

Christine  (la  reine).  I ,  abS. 

Christophe.  IV,  497^ 

Chrysante  (le  P.).  IV,  Aï?- 

Chrysogeno.  II,  271. 
Churchil.  1 ,  70. 

Churclichz.  II ,  274. 

Cimarelli  (V.  M.).  III ,  10. 

Cioça  (Pedro  de).  VI ,  3 19. 

Cisneros  (Diègue).  VI,  i5'3. 

Cilrik?.  1I,4H5. 

Claike.  I ,  i36. 

Clarke  (Edouard).  III ,  Sgo. 

Clausson  (P.).  I,  429- 

Clavigero  (D.  Franc.  Save- 
no).  VI,  161. 

Clavijo.  IV,  209. 

Clavijo  (Ruy-Gonç.).  V,  429. 

Clayloa  (Jean).  VI,  87. 

Clayion  (R.).  IV,  44o. 

Claylon(W.)VI,  4oi. 

Cleghorn  (C).  III ,  80. 

Clén»enl.  I,  358. 


S    AUTEURS.  4'j7 

Clenard(Nic.).I,i82;II.ûi. 
Clermont  {M^^'  de).  III ,  1 70. 
Clinton  (Jean).  V,  489. 
Cluver  (Phil.).  III ,  55. 
Clyl£eus(Alh.).  1,284. 
Cochin.  11,85. 
Cockburn.  VI ,  347. 
Coelius  (Gasp.).  V,  201. 
Cogan  (Thom.).  II ,  401. 
Coggenbach  (J.  J.  J.).II,  412. 
Cogullado  (Diégue-Lopez). 
VI,  160. 

Coldenar  (D.  Juan  Alvarez 
de).  111,379. 

Collejo  y  Angulo  (le  P.).  III, 
55. 

Colleman.  IV,  240. 

Collet.  1,406. 

Coliini.  11,398. 

Collins.  VI,  424. 

Collinson  (J.).  III ,  272. 

Colnel(Jacq.).  VI,35i. 

Colomb  (Cil risl.).V,  479,5o3. 

Combes  (F.).  V,  192. 

Comelin  (le  P.).  IV,  14,  17. 

Comeyras(Vict.).  I,  98;II,35. 

Comnène  (Jean).  11 ,    96. 

Conca  (D.Anl.).  111,462. 

Condé(leP.  de).  11,477- 
Conéïdo  (Xar-Aled.).  III, 

382. 
Constanllii.  1 ,  87. 
Constantin  (Eum.).  IV,  206. 
Conlarini  (Ambr.).  I,  35. 
Contarini^Tli.).  II1,3«5. 
Contarini.  IV,  446. 
Conler-Vist  lier  (Jacq.).   V, 

62. 
Conlo  (Diégue  de).  IV,  368. 
Conturbio  (Jean)   II,  476. 
Cook.  I,  1 33  et  suiv. 
Cook  (Jean).  IV,  38i. 


44^  T  A  r  L  E    A  L  P 

Cooke  (Edouard).  1,  i?.o. 
Cooker.  III ,  262. 
Cookes  (Richard),  m,  38 1. 
Cooper  (Guiliaurne).  1,175; 

III,3i3. 
Cooper  (Tli.).  V,  524  ;  VI,  65. 
Coppei-  (James).  IV,  383. 
Copper  (Guillaume).  V,  497- 
Coppin  (J.).  IV,  8. 
Coraj'.  II,  235. 
Cordes  (Sim.  de).  VI,  394. 
Cordiner  (Charles).  III,  270. 
Coriolo  (Elie).  111,7. 
Cork  (le  lord).  II ,  496. 
Cornille-Nee.  V,  9. 
Coronado  (Vasq.).  VI,  i5i. 
Coronelli  (Paul).  I,  172. 
Coronelli  (Pierre).  Il,  194  ; 

III,  206. 
Coronelh  (Vinc).  II,    igS; 

IV,  423. 

Correal  (François).  V,  5o4. 
Corsini  (le  P.).  III,  i3. 
Cortez  (Fernand).  V,  481. 
Corlil  (Jeau).  IV,  «i. 
Coryat.  I,  174;  V,  38. 
Cosse  (le  chev.).  III ,  84. 
Coslard.  II,  296. 
Cosle  (iVr.).  III ,  389. 
Colovicus  (Jean).  IV,  408. 
Couley.  I,  121. 
Coulon.  III,  2o5  ,  388, 
Coursel   (André).  IV,  3 12. 
Court   de  la  BUnchardiere 

(l'abbé).  VI,  339. 
Cou rlan vaux  (le  marq.  de). 

I,  324. 
Couriney  (Jean)  I,  347- 
Courtois.  V,  491- 
Courtois  (Ferd.).  VT ,  1  5 1 . 
Coulhino  (Gonzale).  IV,  41. 


Il  A  13 1 T  I  Q  U  E 

Cowan.m,3o3. 

Cowlev.Vi,  396. 

Coxe.  m,  278^ 

Coxe  (Daniel).  VI,  126. 

Coxe  (Will.).  I,    412;  II, 

4i5,426;V,464;VI,68. 
Coyer  (l'abbé).   1 ,  323  j  III, 

2i3;VI,396. 
Cradock.  III,  254. 
'Cramer  (M.).  V,  277. 
Cranz  (David).  1 ,  388. 
Cranz  (Ch.).  II,  348. 
Craven  (milady).  II ,  181. 
Crescembeni  (  J.   M.).  V, 

23. 

Cre.'pel.  VI,  29. 

Creuxius   (Fi'ançois).    VI, 

20. 
Creuzé  de  Lesser.  II,  522. 
Crevecœur  fSiint-John  de). 

VI ,  63  ,  69. 
Crisp  (Jean).  V,  i49- 
Crome(A.F.  W.).  I,  337, 

346;  m,  180;  VI  ,60. 
Cromer  (iMartin).  II,  46,  48. 
Crut%vel  (C).  III,  290. 
Cubero.  I,  118. 
Cubero    (Estevan    de).   III , 

3  86. 
Cudena.   VI ,  27g. 
Cidin  (P.  P.).  11,337. 
Cnllum  (Jean).  IV,  270. 
Cullum  (F.  M.)-  VI,  202. 
Cunradi.  I ,  /5. 
Cuiasi.   III ,  5g. 
Curli  (P.  L.C.).  11,460. 
Curlis  (Christophe).  IV,  8. 
Curlis  (Robert).  VI,  14. 
Cysatus    (  Jean  —  Léopold  ). 

II ,  406. 
Cysatus  (Reiinard).  V,  201. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS. 


449 


D. 


Daes.  11,56. 
Dahlmen  (S.).  VI,  198. 
Dalager.   1 ,  388, 
Dale  (Samuel).  III,  2.G2. 
Dallas.  VI,  189, 
Dallaway.  Il,  i4o. 
Dalrymple  (Alex.).  VI ,  348. 
Dalrvmple(W.).  in,38j. 
Dalzel  (Archib.  d').  IV,  i5o. 
Damberger.  I^'",  \g5. 
Damin  (Louis).  III,  4. 
Dampier.  I,  liii  ;  VI,  418. 
Dan  (François).  IV  ,11. 
Dandini  (Jéiôme).  IV  ,  387. 
Dandolo  (Benedetio).  1 ,  66. 
Daniel  (Guillaume).  V,  22. 
Dapper  (Olivier).  I,   i85; 
IV,6,377,  449;  V,  17, 
276 .  5oo. 
Dappert.  1,7. 
Dard  (le  P.).  1,264. 

Dassel  (Thomas).  IV,  124. 
Dassié.  V  ,  fSo2. 
Daudel.  III,  170. 

Daukins.  IV  ,  391 ,  892. 

Daveyro  (F.  Pontubio).  IV, 
406. 

Daviez  (Jean).  VI ,  198 

Davila  (Gonz.).   III,  383, 
384. 

Davila-Padilla  (F.  A.).  VI , 
i53. 

Davis  (Samuel).  V,  440. 

Davis  (John).  VI,  74. 

Davisons.  1,4- 

Debes  (Lucas).  I,  43o. 

De  Brosses  (le  président).  II , 
5o6;  VI ,  402. 

Debry.  1 ,  5Q. 

VI. 


Decremps.  III,  25r, 

Dehain ville.  III,  164. 

Deischel.  III,  i83. 

Deixal.  III,  208. 

De  la  Barre.  I,  271. 

De  la  Faye  (le  P.).  IV,  1 1 , 

De  la  Lause.  III ,  1 13. 

Delandine.  I,  100. 

De  la  Porte.  1 ,  95. 

De  Launai.  1 ,  210. 

Delestre.  V,  18. 

Deleyre.  1 ,  98. 

Delisle.  V.  99. 

Della-Chiesa(F.  A,),  m,  2. 

Dellon.  V,  5g. 

Delos  Rios  Coronel  (Ferd.) 

V,  192. 
Delnc.  II ,  422. 
Demarez  (André).  I,  171. 

Denon  (Vivant).  III,    45: 
IV,  36i. 

Denys.  VI,  2. 

Depons  (P.).  Vl,  210. 

Deroi.  V,  i65. 

Derrik.  I,  72. 

Desbarres.  II,  5. 

Descamps.  III,  180. 

Deschizeaux.  II,  8. 

Deserre.  111,385. 

Deshayes.  I,  3oi. 

Deslandes -Douliers  (And,), 
IV,  45o. 

Desmarchais.  IV,  i46. 

Devena  (Corneille).  V,  ir. 

Devérilé.  III ,  167. 

Devitre.  V,  lo. 

Devizer.  III  ,101. 

Deyeux.  111,  ii3. 

Dias  (Don  Joseph).  IV,  46. 


45o  TABLE    ALP 

Dias  de  Castillo  (Thurnal). 

VI,  i54. 
Diaz  delaCslIe.  VI,  i52. 
Dibdin.  III,  291. 
DickinsoM.  III,  277. 
Dierevill»-.  VI,  27. 
Dieshorne  (L.  de).  V,  3o. 
Dietliern.  I,  270. 
Dillon(J.Talbof).  111,409. 
Divexo  (Jean).  IV,  409. 
Dixon.  ï,  147. 
Dobbin.  I,  190. 
Dobriiz}ioffer(M.).  VI,  3 18, 
Dobs( Arthur).  VI,  i3. 
Doddridge.  III,  aSg. 
Dolomieu  (Deodal).  II,  464; 

m,  71  '  73- 

Donado(J.B.).II,63. 
Donali  (Jacques).  111,6,  71. 
Donnebuchi  (Arminius).  II , 

406. 
Doiington  (Christ.).  II,  32i. 
Doubden(M.J.).IV,4ii. 
Douglas.  III,  298. 
Douglas  (François).  VI,  56. 
Douza  (Georges).  II,  53. 
Dow  (Alexis).  V,  3  i ,  38. 
Dragua  (Don  F.).  VI,  3g4. 
Drake  (F.).  I,  112;  V,  490. 
Dralsé   de   Grandpierre.   I, 

273. 
DresseUJ.C.  G.).  11,337. 
Dresser  (Mathieu).  I,  276. 
Dressig  (C.  F.).  II,  4oo. 
Dnedo(D.J.de).  VI,2o8. 
Droizeu  (J.  F.).  I,  3fii. 
Drumonl  (Alex.).  IV  ,  423. 
Drurv  (Robert.  IV,  272. 
Drvden.  IH  ,  66. 
Dubiul  (Jtan).  IV,  406. 
Dubocage  (]VI''^).  I,  321. 
Dubois.'] V,  271. 


lî  A  B  E  T  I  Q  U  E 

Dubreul  (le  P.  F,  Jacq.).  III, 

i53. 
Dubroca.  VI,  i35. 
Dubuisson.  IV,  9. 
Ducange.  II ,  64. 
Ducave.  III,  167. 
Du  Châtelet  (Dubois).  I,  108. 
Du  Châtelet  (duc).  III,  3a2. 
Ducléneur.  VI,  35o. 
Duclos.  II ,  5oo. 
Ducoudray  (le  chev.).   III, 

106. 
Dudley  (RobertV  VI,  i66. 
Duey  (Thomas),  m,  264. 
Dufour  (Sylvain).  I,  5. 
Dugdale.  III ,  25g. 
Diigere.  III,  170. 
Duhalde  (le  P.\  V,2gg. 
Duhamel(L.  H.).  1,8. 
Dujarric.  V,  11, 
Dulac  (Alexis).    III,  i38, 

142. 
Dulaurp.  III,  107,  i56,  164. 
Duloir.I,  i83. 
Duinanet  (l'abbé).  IV,  90. 
Dumas.  III,  102. 
Dumay.  I,  171. 
Dumay  (Louis).  IV,  45. 
Duraays.  III,  1 13. 
Dumont.  I,  3io.     ^ 
Dumonf.  III,  3i. 
Duraont  (M.).  VI,  127. 
Dumourie/..  III ,  32o. 
Dupaty.  II ,  4g7. 
Duperner.  I,  91. 
Duple«is  (D.  Touss.).  III, 

iô3, 167. 
Duprat  (le  comie).  V  ,  39. 
Duptiis  (François).  VI,  192. 
Dnpuy  (Jacques  et  Pierre). 

I,  265. 
Duquesne.  V,  ai ,  a6. 


UtS    NOMS    DES    AUTEURS. 
Dussieux.  V,  32. 


45c 


Duran(leP.).  VI,  3 12. 
Durand  (Don).  III,  102. 
Durand(J.  B.L.).  IV,  119. 
Duranel  (Pierre).  V,  1  5. 
Duret.  VI,328. 
Dnrival.  III,  171. 
Dussault.  III,  145 


Duiens  (M.  L.).  I,  290. 
Dntens.  JII,  220. 
Diilerire  VI,  167,  193. 
Duvul.  11,478. 
Dnvivier.  III,  100. 
Dyssel.  1 ,  434- 


E. 


Eeel  (S.  G.I.  II ,  459 ,  463 , 

466. 
Ebc-ling  (Ch.-Dan.).  1 ,  74.  , 
Ebert  (Adam).  I,  31.^. 
Eck(leienne).  I,  4^,  455. 
Edeii.  I,  273. 
Edwards.  IV,  420. 
Egède  (Jean).  1 ,  383  ,  890. 
Eg?ers(P.H.).  1,45. 
Eggers  (C.  U.  D.).  I,  355, 

400. 
Eglofsleiii  (le  C.  d").  II,  5o4. 
Ehrmann(T.  F.).  I,  76, 

77,101. 
Ehrhard  (Fr.).  11,327. 
Eichhofins  (Cvp.)  lil ,  383. 
Ekebera(C.  G.)-V,  37,  268. 
Eklin  (Dan.).  IV,  4o4. 
Elbée(d').  1,271;  IV,  i3o. 
Electeur  Palatin.  1,297. 
E1ers.  I,  453. 
Elfred.  IV,  420. 
Ellicolt  (And.).  VI,  74. 
Elliol.  IV,  38 1. 
E:iis(Henri).  V,  461. 
Elversen  (Jacq.).  II,  59. 
Emiliane  (Gab.  d').  II ,  484, 
Engel  (Samuel).  1 ,  146. 
Engel(H.).  II,3oi. 
Engelbardl  (K.  À.).    I,   78 

II,  390. 
Engestrom  (Gust.).  1 ,  454. 


Enoch  (Jean).  III,  179. 
Ens(Ga,s)).).  1,284;  11,295, 

477;iII,  99'  2o5,  38i. 
Enlik.  III,  252. 
Erasme.  I     243. 
Ercilla  (Aiph.de).  VI,  Î4t. 
Erdeswich(F.).  III,  260. 
Ericbsen.  1 ,  38q. 
Erndel(Chr.  H.).  I,  3i3-,IÏ, 

48. 
Erpenins(Th.).  Ilf ,  100. 
Escandon  (J.  de).  VI,  3 18. 
Eschassériaux  (M.).  II,  468. 
Eschelskroon  (Ad.).  V,  8g, 

147. 
Escher  (J.  Chr.).   II,  292, 

406,  460. 
Esdeswick.  III,  260. 
Esmark  (Jean).  II ,  292. 
Espejo  (Ant.  de).  VI ,  149. 
Essex  (Rob.  comle  d').  l',  4. 
E,slaço(Gasp.).  m,  3 18. 
Este.  1 ,  348. 
Eslrene.  III,  202. 
Eton(W.).II,i2i. 
Eugène  deGuadeloupe.  VI, 

i58. 
Ëuphrasen.  VI,  199. 
Evun3(Jean).  III,  254,  256. 
Evans  (Thomas).  III ,  257. 
Everlz  (Volkert).  V,  17. 
Eyre.  lil,  i6i. 


452 


TABLE     ALPHABETIQUE 


F. 


Fabert.  III,  171. 

Fabri(J.  E.).  I,  74,106. 
Fabri  (Félix).  IV,  408. 
Fabricius  (Daniel).  1,378. 
Fabricius  (J.  Chr.).  1, 6,  434  ; 

II,  14  ;  m,  283. 
Falckert  (Adrien-Goltlieb). 

V,  5o5. 
Falco  (Benoît).  III ,  aS. 
Falconer.  V,  5o4. 
Falkner(Th.).VI,398. 
Falle.  111,263. 
Fanelli  (Fr.).  II,  196. 
Fara(Vinc.).  I,  264. 
Faria  y  Souza  (Man.).  ÏII, 

3i8;IV,7,376. 
Faujas  de  Sainl-Fond.  III, 

140,  28g. 
Fauvel.  I,  210. 
Favolius  (Hugues).  II,  53. 
Faydel  (G.).  HI ,  92. 
Fea(Jacq.).  III,  298. 
Febvre.  III ,  200. 
Felibien(J.F.).  III,  i63. 
^     Fell(R).  III,  201. 

Fenner  (G  orge).  IV,  124- 
Ferber.  II,  12. 
Ferber(Jean-Jacq.).  I,  177; 

11,49,278,494. 
Fermaiiel.  1 ,  210. 
Fermin  (Phil.\  VI,  256, 

257,  258. 
Fernandez.  VI,  32i. 
Fernandt  z  (D.  L.).  VI,  207. 
Fernandez  (J'raii).  VI,  3i4- 
Fernandez  del  Campo  (P.). 

111,386. 
Ferraad.  V,  ^3i. 
Ferrand  de  Puy .  III ,  92. 


Ferri  de  Saint-Constant.  III, 

226. 
Ferrieres-Sauveboeuf  (le  C. 

de).  I,  198. 
Feuillée  (le  P.).  V,  5o3. 
Feyjio  (D.  Mich.).  VI,  340. 
FeyHes(de).  IV,  872. 
Fick(J.C.).  11,320. 
Fielding.  III,  319. 
Figuerroa  (D.  Garcie  de). 

IV,  449- 
Filson  (Jean).  VI,  91. 
Fisch.  III,  143. 
Fischbach.  11,392,396. 
Fischer.  II,  16,  335,458. 
Fischer  (C.  A.).  1 ,  101  ;  III, 

i33,  147,471,483;  V, 

524. 
Fischer(J.W.).  1,362. 
Flachat.  I,  208. 
Flacourt.  IV,  269  ,271. 
Fleurieu-Claret.  1, 160,  174*, 

VI,  417. 
Floris(WiIl.).V,  89. 
Foë.  I,  168. 
FoUie.^.  IV,  73. 
Fonlanus.  III,  57. 
Fontenai-Mareuil,  II,  477. 
Forbisher(Frobisher).  I,i  i5, 

372;  V,  459,504;  VI,  126. 
Fordnnan's.  II,  66. 
Forest  (Robert).  V,  43. 
Forest  (Thoni.).  Vr,  41 3. 
Foret  (Thomas).  VI,  277. 
Forskal.  IV,  444,  445. 
Forsier  (George) ,  voyageur 

allemand.  1 ,  35o. 
Forsier  (George) ,  voyageur 

anglais.  IV,  4^5. 


DES    NOMS    D 

Foraler  (Jean-Reynold).  I,  9, 
76,  248,  375;  IV,  9,  353. 

Forster  (Thomas).  1 ,  175. 

Forlia  de  Piles.  1 ,  35o. 

Forlis.  II,  268  ,271. 

Foucher  (d'Oosonville).  IV, 
362. 

Fourmont.  III ,  106. 

Fournier  (George).  IV,  875. 

Fragio  (Honoré).  IV,  i6g. 

Francisci.  II ,  274. 

Francisons.  1 ,  280. 

Franck.  III,  292. 

Franken  (Jacq.).  V,  3i. 

Franklin  (Guiil.).  II,  140, 
167;  IV,  466. 

Franklin  (le  D.).  VI,  6. 

Fraser(R.).  III,3i4. 

Fray(leP.  Gasp.).  V,  igS. 

Frédéric.  I,  179. 

Frederick.  III ,  gS. 


ES    AUTEURS.  453 

Fréjiis  (Roland).  IV,  42. 
Fresier.  VI ,  325. 
FreviUe.  VI ,  349. 
Frick  (Christ.).  V,  21. 
Friebe  (W.  C).  H,  17. 
Friedel.  I,  337. 
Frie.seman.  II  ,  227. 
Frischbach.  II ,  392. 
Frisius.  I  ,  390. 
Fr"obisher.  Voy.  Forbisher. 
Froelich  (Daniel).  I  ,  4- 
Froez  (le  P.  Louis).  V,  202. 
Froger.  I,  270. 
Fryer  (Jean).  IV,  464. 
Fiiess.  III ,  84. 
Fulvio  (André).  TU,  i5. 
Funnel  (^Vilh.).  I,  116. 
Furer  d'Hermandorf  (Chr.). 

1 ,  242. 
Furst  (George  de).  ï  ,  287. 
Furlmann.  II ,  463. 


G. 


Gabeis.  II,  372. 
Gabriel  de  Chinon.  IV,  449- 
Gadd  (Adrien).  I,  45i. 
Gadebusch.  1 ,  453. 
Gage  (Thomas).  VI ,  1 54. 
Gaguin  ,  Guaguini  (Alex.). 

11,46. 
Galieis.  II,  372. 
Galanti  (Jos.-Mar.).  II[ ,  56, 
Galland.  IV,  422.' 
Gallet(Franç.).  II,4i3. 
Galthenl  1 ,  440. 
Galvena.  1,114. 
Garcias  (D.  Juan-Jos.).  III , 

390. 
Garcias  (Baiiliolomée).  VI, 

395. 


Garcilasso  delà  Vega  (l'in- 
ca).  VI ,  321 ,  322,  324. 

Garde -Jasier  (de  la).  IV, 
440. 

GardeUe(dela).III,3i. 

Gardin-des-Brosai.  IV,  879. 

Gardiner.  VI,  196. 

Garuett  (Jean).  Ill ,  3oi. 

Gassot  (Denis).  IV  ,  4o3. 

Gaslaldi  (Jacq.).  IV,  870. 

Galterer(G.  G.J.).II,332. 

Gaucher.  III,  107. 

Gaull.III,  i5o. 

Geddes(Michel).  IV,  3i8. 

Geisler(Ad.-Fréd.j.  1)332; 

IV,  382. 

Gell(W.W.).II,i7o. 


454  TABLE 

GemelIi.iII,83. 
Genlis(M'i-clt^).  1,9. 
Gensane  (de).  III ,  i^S. 
Geoffroy  (le  P.).  IV,  17. 
Georgi  (J.  Golll.).  11,9,  17, 

34. 
Georgierenes  (Jo- .).  IV,  878. 
Georgie\'iz(Barlh.)  11,55. 
Georgineres.  II,  190. 
Georgiovvilz.  IV,  406. 
Geraldini.  1 ,  242. 
Gérard  (P.).  II ,  465. 
Gérard  (Gnili.).  IV,  455. 
Gerasius  (Jos.).  II ,  67. 

Gerberl  (i'abbé).  1 ,  322. 
Gerhert  (G.  F.).  V,  29. 
Gercod.  IV,  i55. 
Gerike.  V,  87. 
Gerken  (Phil.-Guill.).I,336; 
II,3i8. 

Gerlach  l'aîné.  II ,  60. 

Germain  (le  P.).  II ,  480. 

Gerning(J.  F.).  ï  ,  362. 

Gerrit  de  Veer.  1 ,  370. 

Gervaise  (Nie).  V,ioi,  16S. 

Gesner  (Conr.).  II  ,  4^4- 

Getsling  (Gui!).).  III,  268. 

Ghaiadini.  V,  281. 

Gliieslale  (Jo.seph).  IV,  4o3. 

Gilberl  (Thomas).  V,  285. 

Gilbert  (Hnmph.).  VI,  14. 

Gilius  (Phil.-Salv.).  VI,  209. 

Gillo(Pa«cal  de).  111,388." 

Gilpin.  111,254,255,271, 

279- 
Gily.  VI,  206. 
Ginnani  (Franc.).  III,  9. 
Giorgi.  I,  299. 
Giraldi  (J.  P.).  III,  2. 
Girardin.  II ,  63. 
Giraud  de  Soulavie.  III,  i43. 
Gladvviii  (Fianç.).  IV,  456. 


ALPHABETIQUE 

Glanins,  V,  68. 
Gias  (George).  IV,  20S. 
Glalz  (Jacq.).  I,  104. 
Gleim(J.  E.).  II,  390. 
Glower  (Thomas).  VI,  87. 
Gmeliii  (Samuel  -  Gottlieb). 

11,9. 
Gineliu  (Jean  -  George).  V, 

446. 
Godefroi.  1 ,  80. 
Godigny(Nic.).IV,  3i3. 
Godinho  (Manuel).  V,  14. 
Goëde.  III ,  246. 
Goelnizius  (Abrah.).  I,  299. 
Goes(naniien).  IV,  3i3. 
Goeschen  (G.  J.).  II,  3 19. 
Goesius  (J3en.).  V,  282. 
Goelleris  (A  ni.).  1,284. 
Goeize  (J.  B.  Eph.).  XI,  328, 

332.  -, 

Goelzin.s(G.  H.).  I '^  7. 
Goez.  V,  429. 
Golberry.  IV,  9,  i  i  5. 
Gomara  (L.opez  de).  V,  485. 
Goniber\ille.  I,  123. 
Gonnelier  du  Trmiichin.VI, 

167. 
Gonzague  (princesse  de).  I, 

35o  -,  II,  5go. 
Gonzales  d'Avilas.  III,  385, 

384. 
Gor.zaies(D.).  IV,  4j5. 
Gonzales  de  Mendoça  (J.) 

V,  271. 
Gorani.  II ,  5o5. 
Gordon  (Alexis).  III,  284. 
Gore.  I,  i36. 

Gorge  (Fernand),  V,  498. 
Goris  (Gérard).  III,  182. 
Goitfried  (J.  L.).  V,  5o3. 
Golzke(Lindenow).  1,372. 
Gonjon  (Jacq.).  IV,  4i3. 


DES    NOMS    D 

Gourgues  (Domin.  de).  VI , 

119. 
Gousse.  III,  1 13. 
Govea.  IV,  448. 
Govin.  II ,  484. 
Gower  (sir  Erasme).  V,3o2. 
Goyatis  (le  P.).  IV,  41 3. 
Graaf(Nic.).  1,237;  V,  26. 
Grabner  (J.).  III ,  180. 
Gradenigo  (Thora.).  I,  66. 
Gradnor.  II ,  400. 
Gram  (Chrét.).  III ,  2 1 1 . 
Gram  de  Monfalcon  (Don 

Juan  de).  V,  193. 
Grammaye  (J.  B.).  III  ,178; 

IV,  10. 
Gran(Olof).  I,45i. 
Grandpré.  IV,  i  74  ;  V,  77. 
Granger.  IV,  349. 
Grant.  VI,429. 
Grant  (le  bar.  de).  IV,  280. 
Grasserus  (J.  J.).  I,  298. 
Grasset  de  Saint -Sauveur. 

I,  102  ;  III,  74. 
Grassi  de  Formeaso  (Nie). 

11,279. 
Gray  (Robert).  1 ,  348. 
Greave  (Jean).  IV,  345. 
Grégoire  (M.).  III ,  171. 
Greisler  (A.  F.).  1 ,  332. 
Grelot.  II ,  62. 
Grenier,  V,  3i. 
Griffilz(J.).  I,  200. 
Grigorowitsch    (Wasilief). 

I,  224. 
Grillet  (le  P.).  VI ,  254. 
Grira(J.  F.  C.).I,323. 
Grimm.  II,  297. 
Grinville.  VI ,  84. 
Grisalvi.  III,  91. 
Grisellini  (Franc.).  II,  278. 
Grobert.  IV,36i. 


ES    AUTEURS.  4^5 

Groeben  (  Olt.-Fréd.  ).   I, 

178. 
Groeschen  (J.  J.).  II,  3ig. 
Groetterie(.\nt.).  1,407. 
Grose  (Franc.).  III ,  222. 
Grose  (3.  H.).  V.  3o. 
Grosley.  11,486;  III,  2 12. 
Grosse  (martj.  de).  II ,  467. 
Grosse.  III ,  462. 
Grozier  (l'abbé).  V,  3oi. 
Grueber  (le  P.).  V,  278. 
Grukner.  III  ,391. 
Grumer  (Jiisliii).  11,343. 
Grundig  (Chrisl.-Golt.).  II, 

322. 

Grnner  (Golll.-Sigism.).  II, 

409,  4 10. 
Giynaeus  (Sitnéon).   Ij  55; 

V,  4S6. 
Gualle  (Franc.).  I  ,  275. 
Gualieri  (Guide).  III,  i5. 
Guarient  (Ignace-ChrJstop. 

de).  11,6. 
Guarne)y(J.  E.y  111,57. 
Guatlini'(ie  P.).  IV,  169. 
Guby(leP.).  I\^  122. 
Gndin(leP.  N.).  IV,  3i3. 
Guer.  11,68. 
Guerreiro  (le  P.  Barl.).  VI , 

273. 
Guerre ro  (Franc.).  IV,  410. 
Giieyra  (Louis).  V,  202. 
Guibert.  1 ,  364  ;  II,  344. 
Guichardin  (L.).  III,  174. 
Guidi.  III ,  21. 
Guidolti.  IV,  48, 
Guillaume  m ,  roi  d'Angl. 

111,181. 
Guillelrnus.  IV,  420. 
Guiileragues.  II ,  63. 
Guilletiere  (de  la  )-  II  ,  190 , 
196. 


456  TABLE    ALPHABÉTIQUE 

Guillot  de  Marcilli.  111,176.     Gummius  (Jean).  VI,  348. 
Guinderode  (  Hect.-Fréd.-     Gumpenbei'g  (El..).  IV,  4o3. 
Just.  de) .  1 ,  10  ,  337  ;  II ,      Gunnerus.  1 ,  4o2. 


824  ,  325. 
Guinerus.   I,  4o2. 
Guidenstedl    (J.  A.).    IV, 

38i;  V,  456, 457, 
Gulthen.  1 ,  44o- 
Gnmilla(leP.).  VI,2o8. 


Gunlhei'.  II,  391. 

Gulhrie  ( M^^  Maria).    II, 

ib5. 
Guys.  II ,  217. 
Gnzman  (le  P.  L.).  V,  265. 
Gylles  (Pierrel.  11,52,55. 


H. 


Hablizl(R.)  IV,  455. 
Hackluit  (Richard).  1 ,  66. 
Hacquet  (Ballh.).  II  ,  277  , 

279,  281,  371,  420. 
Haerleiiian.  1 ,  45 1 . 
Haes  (A.  de).  II,  190.  , 
Hagenioohlr.  III,  g2. 
Hagenetius  (Godef.).  I,  3oo. 
HagenisI  (Geoff.).  III,  175. 
Hagen-Naer.  V,  22. 
Hagei-(J.).  111,57;  V,  421, 

422,  426. 
Hagner.  III,  162. 
Haiton  (l'Arménien).  I,  385 

V,  298. 
Hakman.  V,  438. 
Halem(G.  A.  de).  1,344. 
Haies.  VI,  340. 
Halifax  (Guill.).lV,  390. 
Haller.  II ,  4o«. 
Hatnel  (Henri).  V,  291. 
Hamilton  (George).   I,  14S. 
Hamilloii  (Guillaume).  III, 

33  ,  42  ,  £(,3  .  309. 
Ilamiitou  (Cliarl/).  IV,  466. 
HannllOM.  V,  28- 
Hammard  (CF.  E.  ).  II, 

39 'i. 
Jrïatnmersau  (Mie).  I,  270. 


Hancks.  Il ,  279. 
Hanne(Jean).  lV,4i8. 
Hannon.  1,17. 
Hanwav  (James  ).  I ,  igS  ; 

IV,  38o. 
Hara.  VI,  14. 
Harcourt  (Rob.).  VI,  252. 
Hare.  VI,  277. 
Haringman(H.).  IV,  80. 
Harmans  (Volferl).  V.  12. 
Harriot   (Thomas).  VI ,  i, 

85. 
Harris  (John).I,  70. 
Hartenslein.  II,  388. 
Harllieb  (Sam.). -111 ,  3o6. 
Hartman(J.  Ad.).VI,i43. 
Harlsink  (J.  J.).  VI ,  258. 
Hase  (Henri).  II,  9. 
Hassel.  m,  271. 
Hasselsquisl  (Fréd.),  I,  247. 
Hassman.  Il ,  396. 
Hatkins.  VI,  27". 
Haune(Jean).IV,4i8. 
Hauterive  (le  C.  d").  II,  Ç)j. 
Haven  (Pierre).  II,  8. 
Havesladl  (Bern.).  VI,  342. 
Hawkes.  VI,  i52. 
Hawkins.  V,  63. 
Huwkius(Rith.).  VI,346. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS. 


Heard.  III ,  278. 
Hearne  (Sam.).  V,468. 
Heat  (Rob.).  III,  2(34. 
Hebbe  (Gust.).  IV,  225. 
Heberer  (Michel).  I,  246, 

297;  II,  348  ;  IV",  35o. 
Hebersiein  (J.J.).  III,  58. 
Hedman  (Clirist.).  IV,  400. 
Hegling  (Pierre).  IV,  3ig. 
Heïchard  (J.  P.).  I,  281. 
Heigelin(J.  F.).  111,459. 
HeiiKCcius.  II,  3^3. 
Heinsiiis.  II,  3gG. 
Heinze.  V,  284. 
Heinzmann.  Iil,i57,i58. 
Helfrich  (J.  H.).  I,  241. 
HellogèMesdelEpy,  V,  43 1. 
Helm  (Ant.-Zach.).  VI, 

340. 
Helyn  (Pierre).  III,  loi. 
HeiTipel  (E.  F.).  I,  3i8. 
Hemskerk  (Jacq.).  V,  12. 
Henferd(D.A.).II,  5. 
Hennepin  VI,  124,  323. 
Hennequin  (L.).  V,  5o3. 

Hennin  (Christ,  de).  I,  3i4. 

Hennings  (Aug.).  1 ,  436. 

Henninius  (Christ.).  I,  3ii. 

Henri  11  (  cl  "Orléans -Lon- 
gueville).  II,  406. 

Henri  iv,  roi  de  France.  III, 
171. 

Hérault  (le  P.).  IV,  38. 

Hérault  de  Seycheiles.  III, 
168. 

Herbert  (Thoni.)-  IV,  /i5g. 

Herbin(P.  E.).  IH,  n3. 

Herfer  (D.  A.).  11,5. 

Herichfeld(C.  CL.).  11,411. 

Heriot  (George).  VI ,  25. 

Hermanida(Ru(ger).  I,43o, 
449,  4^0  ;  III^  2  05. 


Hermann  ( B.  F.).  1,336; 
II,  12, 14,  16,  27g, 370. 
Herinite  {Jac([.  1'  ).  1 ,  117. 
Herndej-Erndtel.  11,48. 
Herport.  V,  16,  17. 
Herrera  (  An  t.  de  ).  V,  493  , 

494>  495  ;  VI,  393. 

Herrera  (Alcedo  de).  VI, 

2o3 ,  328. 
Hertaer  (Paul),  1 ,  297. 
Hertop  (Jean).  VI ,  i52. 
Hertzberg  (Fréd.).  II,  396. 
Hervey  (Christ.).  I,  34o. 
Hese  (Fréd.  de).  IV,  402. 
Heslen  (Elias).  V,  5o2. 
Hess(J.  L.  de).  1,347;  H, 

319. 
Hessèl  (VV.  de).  111,219. 
Heun  (K.).  Il,  3 19. 
Heiitzner  (Paul).  1,3. 
Heulzner.  III,  2o3. 
Hevin  (Robert).  III ,  3oo. 
Heydt  (J.  G.).  I,  247. 
Heyman  (  J.  ).  I,  2a3;    II, 

5ii. 
Heyst  (Hans).  1 ,  292. 
Heylon.  IV,  402. 
Hiellingius(Conr.).IV,4x/3. 
Hikeringilli,  lisez  Hikeriu- 

gill.  VI,  i85. 
Hill  (Aaron).  II ,  68. 
Hill.  III,  i58. 
Himkof(J.).  I,  377. 
Hippon.  I,  1 16. 
Hirschfeld  (Cli.  Caj.  L.).  I , 

96;  II,  420. 
Hirsching(F.G.).  1,77. 
Hirzel  (II.  C).  11,424. 
Hockin.  VI,  355. 
Hodes  -  Méhémet  -  Effendi. 

1 ,  219. 
Hodges  (Will.).  V,  44. 


458  TABLE    ALPHABÉTIQUE 

Hoedo  (Diégue  de).  IV,  1 2.      Hovvel  (Tliom.)-  IV,  383. 

Hoegslrom  (Pierre).  I,  45i.     Howlet.  III,  3 1 3. 

Hoest  (George).  IV,  49  ;  VI,  ,  Hoyersabal  (Mart.).  1 ,  233. 


^99- 
Hofrnari  (Jean  de).  1,433. 

Hofinan  (J.  Chrél.).  V,  ig. 

Hofmansegg  (le  C.  de).  II , 

292  ;  III,  365. 
HogHn(E(lm.).  IV,  4o. 
Hogrève  (Jos.  L.).  I,  174. 
Hogstroem  (P.).  1,  45 f. 
Hoguat  (delà).  I,  285. 
Holbera  (Louis).  1 ,  432. 
Holcroh(Thom.).  I,  362. 
Holk  (H.).  1 ,  289. 
Holland.    VI,  347. 
Hollenberg.  II ,  326. 
Holmes.  V,  356. 
Holmes  (G.).  III,3i3. 
Holsche.  II ,  396. 
Hohvell.  V,  3o. 
IIopp  (Henri).  IV,  932. 
Horacio  délia  Penna  (le  P.). 

V,  438. 
Horneman  (Fréd.).  IV, 196. 
Hornius  (George).  I,  5, 
Horrebow.  I,  3{)3. 
I-IoUon.  III,  27S. 
Houel.  III,  70. 
Houghton.IV,  188. 
Houmard  (C.  F.  C).  I,  341. 
Housman.  III ,  274  1  277. 
Houstown  (Jacq.).  IV,  144. 
Houtman  (Corn.J.  V,  7. 
Houlteville.  II,  47. 
Howe.   VI,  5g. 
Howel.  1,4. 


Hubert  (T.  H.).  I,  243. 
Huclitoriz.  V,  lio3. 
Huck.  III.  255. 
Hiidson  C  Henri).  V,  4^0; 

VI,  12^ 
Huelfer(Abrah.).I,45i. 
Huen  (le  P.  Nie).  IV,  4o3. 
Hneskins(Th.).  V,  487. 
Huet(J.B.).  m,  i3o. 
Huglien  (Jones).  IV,  126. 
Hugues  (H.).  III,  112. 
Hugues  (GriiBtb).  VI,  196. 
Hulsius  (Ijewin).  I,  72. 
Hullius  (Vicier).  1,2. 
Humlreville  (Ed.  d').  VI,  14. 
Hunier  (Guill.).  1 ,  35o  j  V, 

89. 
Hunier  (Jean).  VI,  4^3. 
HunlIey(Th.).  111,270. 
Hupel.  II,  14,  i5. 
Hiipsch  (J.  W^.  K.  A.).  II, 

332. 

Hurlado  de  Meudoza.  VI, 

4  06. 
Hurtaut.  III,  i55. 
Hulcliin.s.  VI,  90. 
HiUchinsou    (Guill.  \    III, 

274,  378. 
Hiilchinson.  VI,  77. 
Hultuer  (J.  C).  V,  356. 
Huyssen  (H.  de) ,  II ,  481. 
Hwiid  (And.-Chrét.).    I, 

343. 


DES    NOIÏÏS    DES    AUTEURS. 


459 


I. 


Ibannes  de  Echevery  (Ber- 
nard). VI ,  3i8. 

Ifland(A.  W.).  11,457. 

Imbrtchl.  IV,  449- 

Imilcon.  l,  21. 

Imlai  (  George  ).  VI ,  10  , 
92. 

Invéges  (  Aug.).  III ,  07. 


IrelandCSam.).  I,344;III, 

177,  275. 
Irwin.  I,  2y,g. 
Isbrarid-Ides.  V,  280. 
Lan  (P.  Edm.).  IV,  i53. 
Isidore  (le  P.).  V,  4'-^9- 
Isinaïlow (Vladimir).  II,  43. 
Ives  (Edouard).  IV,  465. 


J. 


Jacobs  (P.  Siinon).  I,  6. 
Jagemann.  II,  AqS. 
Jaillot.  III,  i54. 
Jakson  (Jean).  I,  199. 
James  (Tb.).  HI ,  394. 
James  (Sila).  IV^  383. 
James  (le  C).  V,  4H0. 
Jameson  (Robert).  III ,  3o3. 
Janez  (Jean).  VI,  341. 
Janilsch,  II ,  604. 
Jannequin  (Claude).  IV,  84. 
Jansen  (W.  R.).  II,  499» 
Jansen  (le  card.).  II,  4B2.  , 
Jansz  (Bern.)  VI,  3qo. 
Japes  (Fr.-Rod.  de).lV,4o6. 
Jardin.  IV,  12. 

Jardiner  (Alex. j.  I,  178. 

Jars  (Gab.).  I,  3  a  3. 

Jaussin.  III ,  8g. 

Jean  le   cadet    (  le  duc   de 
Sclileswig-HoJslein).  11,2. 

3efferson(Th.).  \'I,9u 

Jeffery.  V,  5o8. 

Jefferyes  (Th.).  V,  463  ;  VI , 
122. 

Jeniçon.  III,  i83. 

Jenkinson.  V,  43o. 

Jenne.  I,  239. 


Jennings  (Sloane).  V,  507. 
Jennour  (Mallii.).  I,  199. 
Jérôme.  IV,  3 16. 
Jessen  (E.  J.).  I,  433. 
Jésuites  (les  PP.)  I,  87,  88, 

243  ;  V,  260. 
Jésus  (leP.  Rapli.  de).  III 

3.7. 
Jeze.  III ,  l54. 
Jobson  (Richard).  IV,  126. 
Joelner  (J.  F.).  I,  438- 
Joergensen.  1 ,  44<^- 
John.  V,  69. 
Johnson  (Sara.).  111,296, 

3oo. 
Joinville,  V,  laS. 

Joly.  II,  321. 

Joly  (Romain).  III,  i6g. 

Jonas.  (Arngrira).  I,  Sgi. 

Jones  (Wiil.).  IV,  384. 

Jones  (Hugue.s.).  VI,  87,90. 

Jong  (Corn,  de)  .1,  17S. 

Joiige  (Nico!.).  I,  38o. 

Jonkear.  IV,  i  3o. 

Jordan  (J.).  II,  349. 

Joseph  (Séb.-Fr.).  Il,  194. 

Joseph  II  (emper.).  III,  io5, 
177. 


46o  TABLE    ALPHABÉTIQUE 

Josselyn  (Jean).  VI ,  76.  Juan  de  Perse  (D.).  IV,  447- 


Josten  (Jacq.)-  I,  237. 
Jourdan.  I,  285. 
Jourdan(C.  E.).  I,3i6. 
Joustel.  VI,  125. 
Jouvin.  I,  244. 


Juan  (Don  G.).  VI,  33r. 
Juillot.  III,  i54. 
Junitsch.  II,  5o4. 
Junker(K.L.).  11,329. 
Jusliniani.  IV,  422. 


K. 


Kaempfer  (Engelberl).  IV, 

379;  V.  206. 
Kakasch.  IV,  448. 
Kalm  (P.).  I,45o;  VI,  5. 
Kantemir  (Démélrius).  II, 

9'- 

Karamsin.  I,  354. 

Kausch  (J.  J.).  II,  49- 

Keale.  II,  410;  III,  297  ;  VI, 
352. 

Keiser.  III ,  59. 

Kerguelen  de  Tremarec.  I , 
38o  ;  Vr,  4o5. 

Kerley.  III ,  253. 

Kesler  (J.  F.).  IV,  39. 

Ke3'ssler  (Georges).  1 ,  317. 

Kindermaii.  Il,  279. 

KincJIeben  (sous  le  nom  de 
Herlenstein).  Voy.  ce  der- 
nier nom. 

King  (GuUl.).  V,  49T. 

King  (Jean).  III,  112. 

King.  VI,  420. 

Kinsbergen  (R.  de).  II,  227. 

Kircher  (Alhan.).  V,  275. 

Kirchh'jf(N.A.).  I,  149. 

Kiriace.  I,  3 18. 

Klaute  (J.Ballh.).I,3i4. 

Klebe(A.}.  IL,  402. 

Kleeman  (Nicol.-Ern.)  II, 

.171. 
Klingsted.  I,  38o. 
Knigge  (dt).  II ,  390. 


Knigbf.  VI,  4o3. 
Knoblauch.  II ,  400. 
Knox  (J.).  m,  299;  VI, 

39. 
Knox  (Robert).  I,  129. 
Koch  (E.J.).  II,4oo. 
Koehler  (Tobie).  1,73, 
Koenrand  van  Klenk.  11,5. 
Koephen.  IV,  377. 
Koeping  (M.M.).  I,  175. 
Koeppel  (J.  J.).  II ,  340j  34i. 
Koelslin.  III,  i3. 
Kokyowlzow.  I,  177. 
Kolb  (J.  E.).  IV,  8. 
Kolb  (Pierre).  IV,  227. 
Konnefriet.  II,  92. 
Korn(Ch.  H.).  11,91. 
Korle  (Jonas).  IV,  417, 418. 
Kosman.  II ,  896. 
Kotzebu»(Augusle).  II,  5i  i; 

m,  i56, 161. 

Kranzius.  I,  390. 
Krascbeninnikof  (  H.  ).  V  , 

453 ,  454. 
Kratter  (Er.).  11,49. 
Krebel  (G.  Fr.).  1,289,290; 

II ,  499. 
Krebel.  III,  107. 
Krienen  (le   comte  Pascal 

de).  II,  190. 
Krok  (M'iede).  II,  424. 
Krump  (Théod.).  IV,  319. 
Kuelin  (j.  Mich.).  I,  379. 


DES    NOMS  DES    AUTEURS.                 4^^ 

Kuhn  (E.  W.).  IV,  i8o.  Kutner  (C.  G.).  III,  201 , 

Kiilner  (Sal.).  1 ,  297.  ?iCf,'ii-2. 

Kulner  (M.)-  I,  355.  Kulzaviez.  Il,  56. 


L. 


La  Barthe  (R.).  IV,  i54. 
Labat  (le  P.).  I,  3i5;IV, 

85,  172;  VI,  194. 
Labely.  III,  25 1. 
La  Billardière.  I,  i54. 
La  Borde.  II,  4i5,4i8. 
La  Borde  (Alex.).  III ,  5oo. 
La  Borde  (M.  de).  VI,  35o. 
La  Boulaye-Legoux.  1 ,  210. 
La  Caille  (de).  ÏV,  23o. 
Lacombe.  III ,  25o. 
La   Condamine.    II,   4^9» 

VI,  3io,  328,  329. 
La  Croze.  1 ,  3 1 6. 
Lade  (Robert).  I,  268. 
Laduire(F.  M.).  IV,  416, 

417. 
Laet(Jean  de).  III,  99,  i'j5, 

385  ;  IV,  448  ;  V,  496. 
La  Faye  (de).  IV,  1 1 . 
Laffi  (bomin.).  IV,  416. 
Lafiteau  (le  P.).  1 ,  267, 
Lagerbring  (Sven).  I;  454. 
Laharpe.  I,  97. 
Lahontan.  VI,  21. 
Lahaye.  V,  17. 
Lajaille.  IV,  ii3. 
Lajardiere.  IV,  8. 
Lak.  IV,  420. 
Lalande.  II,  490- 
Lalande  (Jéc).  IV,  196. 
Lalleniand  (Ch.).  VI,  18,  19. 
Laloire  (Man.).  IV,4i6. 
La  Loubère  (de).  V,  102. 
Lambarde.  111,259. 


Lambert  (César).  1 ,  265. 
Lambert  (Arcb.).  IV,  448. 
Lamotle  (Philemon  de).  IV, 

i4,  17. 
Lamo-Zapula  (D.  Jos.-Eus.). 

VI ,  2o5. 
Lampriere  (G.).  IV,  68. 
Lancasler.  VI ,  277. 
Land  (Ed.).  111,284. 
Laiidi  (le  C.  Jules).  IV',  2o5. 
Landt  (George).  1,441. 
Lang.  II ,  4%- 
Lange.  V,  284. 
Langer.  IV,  127. 
Langhans  (Daniel).  11,409. 
Langhans  (Christ.).  V,  23. 
Langle  (le  marquis  de).  II, 

456;  m,  468.    - 
Langlès.  I,  go,  261. 
Langstadl-Langstedl(r.  L.). 

I ,  269. 

Lao  (Gasp.  de).  V,  1 1. 

La  Peyrere  (Isaac).  I,  382  , 

391. 
La  Peyrouse.  1 ,  149. 
Laporle  du  Theil.  I,  261. 
La  Roche  (Sophie).  1,342; 

II,  338, 424, 458;  III,  507. 
La  Rochefoucault-Surgères. 

III,  202. 

La    Rochefoucault  -  Lian- 

court.  VI,  67. 
La  Roque  (de).  IV,  432,43  5. 
La  Salle.  VI,  rsS,  126. 
Las  Casas  (Barlh.)-  V,  48a. 


463  TABLE    ALPH 

Laskiel  (G.  PL).  VI,  9. 
La  Tocnaie.  1 ,  424- 
La  Ton  cette.  III,  iSg. 
Laluada.  III .  4. 
Laiuloiiiere.  VI,  119. 
Laii;j;ier  de  Tiissy.  IV,  i4- 
Laurt'iit  :Guill.-Cés.).  I,  3o7. 
Laval.  lil,  i4i  ;  VI,  127. 
La  Vallée.  II ,  272  ;  III  ,110. 
Laverne(L.  M.  P.).  11,4^7. 
Lawsoii  (J.).  VI,  1 16,  122. 
Laxmaii  (Eric).  II,  11. 
Laxman.  V,  /^5î. 
Le  Beau.  VI,  23. 
Lebeiechl.  II,  16. 
Le  Blanc.  I,  118. 
Leblanc  (M.).  V,  10 1. 
Lebiun-Desmai  êtes  de  Mo- 

léon.  III,  102. 
Le  Chevalier.  II ,  166  ,  168. 
Leckie  (Dan.-Rob.).  V,  86. 
Leclercq  (le  P.Chr.lVI,  21. 
Le  Comte  (le  P.  L.\  V,  279. 
Leclice  (Jacq.).  III,3oi. 
Lederer  (J.  G.).  1 ,  323. 
Ledyard.  IV,  182. 
Ledyarl  (Th.).  II,  322. 
Leem  (Anut).  I,  4o  1,402. 
Lefebvre.  II ,  61. 
Lefevie.  III ,  loi. 
Leîi^vre  de  la  Barre.  VI,  253. 
Legentil.  V,  38. 
Legentil  de  la  Barbinais.  I, 

LeGobien(leP.).  VI,358. 
Legraiid.  V,  ayS. 
Legrand  -  d'Aussy.   I,  261  j 

m,i49- 

Le  Gi-angiej"  (le  P.  Louis). 

II  ,  56. 
Le  Gnat  (Franc.).  V,  24. 
Lehmann  (Jean).  II.  a8o. 


A  E  É  T  I  Q  U  E 

Lehmann  (H.  L.").  II,  4a3. 
Lehndorf-Bandeia  (leC.de). 

11,395. 
Leicester  (P.).  III,  263. 
Leidmit.  I,  174. 
Leig  (le  cap.).  VI ,  254. 
Leigh  (Ed.).  1,6;  111,261. 
Leimbeckoven   (Godefroi). 

V,  282. 
Lejeune.  VI,  ;8,  ig. 
Le  Laboureur.  1 ,  3oo. 
Leland.  II,  807. 
Lelao  (Duerte-Nunez  de). 

m,  3i8. 
Lelong.  VI,  3i. 
Leni.  II ,  402. 
Lemaire  (Jacob).  I,  372. 
Lemaire  (Jacq.).  1 ,  278  j  VI , 

3y2 ,  SgS. 
Lemaire.  IV,  85. 
Lemascrier.  IV,  347  j  249' 
Lemercier.  VI,  19. 
Leraiie.  III ,  107. 
Leno  de  Châle!.  I,  28g. 
Leiilz  (L.  C).  I,  354. 
Léon  (l'Africain).  IV,  2. 
Léon  sieur  d'Aigrement  (J.). 

VI,  253. 
LeonLwjau.  V,  284. 
Léopold  (J.  Fréd.).  I,  45o. 
Lepage-Duprats.  VI,  128. 
Lepecliin  (Ivan).  II,  i3. 
Lequinio.  III,  169. 
Lerche.  I,  17 5. 
Leroi.  II,  196. 
Leroi  (le  P.).  I V .  it. 
LeRoi(P.  L.).  I,  324, 
Le  Roi.  IV,  i5. 
Lerouge.  III,  !54,  212. 
Lery  (J.  de).  VI,  271. 
Lescalier.  I,  354- 
liescarbot.  II,  4o5. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS 


Lescarbol  (Marc).  VI ,  1 8, 
Leseige  (Jacq.).  I,  179. 
Leske  (Nalh.-God.).  Il,  389. 
Lessels  (Rich.).  II,  480. 
Lesseps.  V,  457. 
Le  Tellier  (Jean).  V,  i  2, 
Leti  (Grégoire).  III,  16. 
Ijettsom  (J.  Coac).  I,  9. 
Levaillnnt.  IV,  241 ,  242. 
Leverrier.  IV,  206. 
Levell  (Christ.),  VI  .77. 
Levinus.  VI,  119. 
Lewis  (Jean).  III,  268. 
Libaroni  (l'abbé).  III,  10. 
Lichtenslein  (Melc.  H.).  II, 

53. 
LieberolhfF.  E.).II,390. 
Liebstad  (Georges-Margraif 

de).  VI,  275. 
Liemann  (Ara.  de).  II,  17. 
Ligon.  I,  271. 
Ligon  (Richard \  VI,  104. 
Liglhow  (Guill.).  I,  224.'' 
Limberg  (Jean  î.  I,  3og. 
Linck(H.F.).ni,353. 
Lindenlhal.  V,  45i. 
Lindermann  (C.  H.  F.).  III, 

82. 
Lindley  (Thomas).  VI,  279. 
Lindsey  (Jean).  IV,  89. 
Lingen  fie  P.  Henri- Rulli 

de).  V,  65. 
Linné  (Ch.).  1,7,  4^07  4^'' 
Linscholl  (Jean-IIngues  de). 

1,371  ;IV,  376;  V,  8. 
Lipscomb  (G.).  Lypscoinbe. 

III,  276,  282. 
Lipse  (Jusle).  II,  484. 
Lister.  III,  i53. 
Litler  (Christ.).  VI,  389. 
Litllelon.  III,  069. 
LIoyd(Ed.).m,3o7. 


465 

Loaysa  (Don  Frère  Gascia 

de).  VI,  294. 
Lober.  VI,  1 18. 
LoboÇleP.Jér.).  IV,  3i5. 
Lock  (Jean).  IV,  124  ,  ï54. 
Lockar.  I,  36o. 
Lockyer  (Charles).  V,  26. 
Loejniiig  (Pierre).  I  ,  234. 
Lombard  (J.  P.).  1 ,  358. 
Loménie  de  Brienne  (leC. 

Louis- Henri  de).  1 ,  3oi. 
Lonanerue  (de).  III ,  I0i2. 
Lopez(Thom.).III,  393. 
Lopez  (Odo.).  IV,  i55. 
Lopez  de  Gomara.  VI,  i52. 
Loienzano  fjacq.  Anl.).  Vl^ 

161. 
Losano  (Pierre).  VI,  3 14. 
Losef(J.  Christ.).  V,  89. 
Loskiel.  VI,  9. 
Louis  (patrice    de  Rome). 

1,239. 
Louis  ïx  (roi  de  France). 

IV,  344. 

Louis  xiu  (roi  de  France). 

III,  .99. 
Loinich.  II,  271, 
Lovenoern  (P.  de).  I,  436. 
Loyd  (Fi-anç.).  IV,  26g. 
Loyer  (ie    P.   God.  ).   IV, 

143. 
Luc  (J.  A.  de).  II,  423. 
Lucanus.  II,  329. 
Lucas  (lie).  II,  871. 
Lucas.  IV,  182. 
Lucas  (Pau!).  I,2i3,2i5; 

IV,  346. 

Luces  (Jean  do).  V,  43o, 
Ludecke  (Ci.  W.).  11,9t. 
Ludbr(A.  T.).  IV,  24o. 
Ludolpli  (Job).  IV,  3 16. 
Ludolphe  (J.  r.\  IV,  399. 


464  TABLE    ALPHABÉTIQUE 

Ludwig  (J.  F.).  VI ,  aSg.  Lussy  (Melch.)-  IV,  4o6.  ^ 


Xiuez  d'Aramon  (Gabriel). 
I,  2or. 

LuilIJer.  V,  23. 
Lund.  I,  38q. 
liiisignan.  II,  i3c). 
liusignaa  (Et.).  IV,  /^ii. 


Lvvid  (Edouard).  III,  284. 
Lvnard  (  le  C.  de  ).  II ,  33 1 , 

'336,  388;  m,  1&4. 
Lyson   (Robert).  III,  aSo, 
262,  275. 


M. 


Mabillon  (Don).  II,  296, 

480. 
Macaulay.  III,  298. 
JMacdonald.  I,  223. 
Mackinnen  (Dan.).  V^I,2o3. 
Mackv  (Jean).  III,  262. 
Mac-Nicol  (D.).  111,296. 
Macpberson  (Cb.).  I,  270. 
Macrizi.  IV,  122. 
Madgen  (Judocus").  IV,  4i4- 
Madrignan  fie  P.  Arcbange). 

1 ,  235. 
Madrisio  (Tsicol.).  I,  814. 
MafFei  (le  P.  Joseph- Pierre). 

V,  5. 
Magdelaine  (de  la).  II,  61. 
^Magellan .  1 ,  1 08 ,  1 1  2. 
Magellanes  (Ferd.).  VI,  894. 
Magellans   (le  P.   Gabriel). 

V,  278. 
Mager  (G.  F.).  V,  3o. 
Maggi  (Carie).  1 ,  66. 
Magin.  V,  492. 
Magini.  II,  477. 
Miigislris  (Hyac.  de).  V,  58. 
Magius  (Cbarles).  1 .  2o3. 
Magni  (Corneille).  II ,  63. 
Magny.  III,  i55. 
Magri".  IV,  388. 
Mil bammud  -  Casim  -  Feris- 
Ta.  V,  38. 


IVIaban  (Jacq.).  V,  19g. 
Mahoni.  V,  126. 
Mabu  (Jacq.).  VI ,  394. 
Maibead.  I,  36o. 
Maibovvs.  1 ,  3ig. 
Maillel.  IV,  347. 
Mairault  (de).  IV,  48. 
Maire  (le  P.).  III ,  20. 
Maitlan.  III,  25o. 
Major  (Th.).  III,  3o.     - 
Makam.  IV,  2o3. 
Makarlney.  V,  3o2. 

Makensie  (Alexandre).  VI, 
33. 

Maker(leP.).  IV,  11. 

Makinlosb.  I,  225. 

Malcom   (Jacques -Palier). 
III,  a53. 

Maldonado  (J.  B.).  V,  27g. 

Malfilàtre  CE.).  1,359. 

Malgo.  1 ,  429. 

Mallet.  1,432. 

Malouet.  VI,  264. 

Maltoni.  III ,  8. 

Mamby(G.W.).III,a82. 

Mamerol.  IV,  867. 

Mammeranus.  II,  294. 

Mandana  (Don).  VÎ,  389. 

Mandeslo  (Jos.-Alb.).  I,  186^ 

IV,  373,460. 

Mandeville.  1,39. 


IDES    NOMS    DES    AUTEURS.  ^65 

Mandiilloii.  YI,  67.  Martin  (Eenj.).  III,  260. 

Manficdi  (Piançois).    III,  Martin  (Jean).  III,  272. 

57.  '  Marlin(leP.).  YI,  277. 

Manganrit.  II,  35o.  Marlineîlo-Cocchini.  I,  66. 

Mann  (l'abbé).  III,  171.  Marlinez  de  la  Puenlo.  Y, 
Manouchi.  Y,  67.  ig. 

Manlegazza(F.E.).IY,  408.  Martini  (le  P.).  Y,  43 1. 

Marafiori.  ni,  24.  Martinius  (Martin).  I,  i86: 
Marc  (le  P.  S.).  lY,  ^17.  Y,  276. 

Marcard  (H.  M.).  III ,  33.  Martrai  (E.  W.).  II ,  342. 

Marcel  (Man.).  lY,  370.  Marlyn  (Tli.).  II,  5o3. 

Marchand  (Etienne).  I,  1 5g.  Martyr  des  Anglures  (P  ) 
Marc-Paul.  I,  38  ;  Y,  264.         Y,  480. 

Marées  (Pierre  de).  lY,  127.  Martyre  (Pierre).  lY,  344. 

Margraf.  Y,  21.  Masbel  (Bern.).  III ,  55. 

MargrafF  de  Liebslad  (G.).  Ma-Serbegen   (l'abbé).  III, 

YI,  275.  3og. 

Maria  (Yincent).  Y,  17.  Masini  (Paul).  III ,  i  r. 

Marie-Louise  (reine  d'Es«  Massias.  III,  471- 

pagne).  I,  307.  Masson.  lY,  23o. 

Mariggi  (F.).  IIÎ,  3.  Malelief.  Y,  22. 

Marion.  YI,  35o.  Malhews  (Jean).  lY,  1 1  0. 

Mariti.  III,  14.  Mathieu.  lY,  89. 

Marifi  (l'abbé).  lY,  424.  Mathison  (Franc.).  I,  353. 

Marniille  (Joseph).  III,  25.  Matkin  (B.  H.)  III,   258. 

Marra ol-Caraj aval  (Louis).  Maton  (Ginll.  G.).  III,  274. 

lY,  4.  Mauclean.  IIi,i32. 

Marraora  (André).  III,  73.  Mauduil   (Israël).  YI,  77. 

Marof.  Y,  204.  Maundrell.  lY,  420. 

Marquette  (P.).  YI,  2.  Maupertuis.  I,  4o5. 

Marschlins     (  Ulysse -Salis  Maurer  (H.  P.).  II,  45g. 

de  )  III,  33,  54  ,  170.  Maurice   de  Saint -Michel. 
Marshal  (Joseph).  I,  322  Y,  497- 

Marshall.  I,  420.  Maurique  (le  P.)  II,  56. 

Marsigli  (le  comte).  I,  286  ,  Maurique  (D.  Guzman  de) 

11,62,66,275.  YI,  4o4. 

Marsus.  II,  404.  Mavor  (YVilliam.).  I,  72. 

Martenne  (Don).  III,  ro2.  Mavor.  III,  22. 

Martens  (Fréd.).  1 ,  378,  YI,  May  (Henri).  VI,  i65. 

345.-  Mayer.  1,323. 

Màrter  (F.  Jos.).  YI,  2o3.  Mayer  (G.  H.  C).  I,  342. 

VI.  G  g 


466  TABLE    ALP 

Mayer  (M.  de).  II ,  424- 
Maver  (J.  H.).  II ,  458. 
Mayer  (J.  C).  III ,  8. 
Mayer  (Louis).  IV,  419- 
Mayerberg.  II  ,  4- 
Mazari  (Jérôme).  III  ,  7. 
Mazello  (Scipion).  III ,  24. 
Mazzinghi.  III ,    252. 
Meares  (John),  V,  465. 
Mechel  (Ch.  de).  II ,  460. 
Medicus.  V,  307. 
Meerman  (j.).  III,  217. 
Megisserus ,    non   Megiroer 

(Jérôme).  1 ,  54  ;  IV,  268  ; 

V,  46o. 
Mehemel-Bt-y.  II,  63. 
Mehemet-Efllendi.  III,  ïo4. 
Meiners  (Charles).  1 ,   178. 
Meiners  (Christ.).  II ,  420. 
Meisler  (Léonard).  II,  4i4- 
Meisler,  III,  157. 
Meisler  (J.  H.).  III ,  290. 
Meisler  (George).  V,  267. 
Melfort.  VI,   137. 
Mt-Uing.  II  ,   ia4. 
Melmolh.  III,    106. 
Melssheimer(F.V.).VI,  25. 
Mellon  (Edouard).  I,  266. 
Membres  de  l'Académie  de 

Saint-Luc.  II,  499. 
Menarius  (J.  A.).  II,  5i. 
Mendoza  (A.  de).  VI,  i53. 
Menlinella  (Dom.).  III,  6. 
Menlor.  III,  278. 
Menlzel  (O.  F.).  IV,  240. 
Menu.  1 ,  363. 
Mergenlhal.  IV,  407. 
Merian.  I,  56. 
Merolla  (le  P.  Jér.).  IV,  17  a. 
Merveilleux.  1 ,  7. 
Merville.  II,  485. 
Mesa  (Sébaslien  de),  IV,  5. 


II  A  li  É  T  I  Q  U  E 

Melchell,  VI ,  117. 

Methold.  V,  88. 

Mever  (F.  J.  L.).  II ,  5o3  ; 

ill,  i32. 
Meyer    F.  G.).  III,  21. 
Mezza-Barba  (J.  A.).  V,  282. 
Michaëlis.  IV,  444- 
Michalon.  II ,  3. 
Michaud.  III,  137. 
Michaux  (F.).  VI ,  gS. 
Middleton.  III,  273. 
Miége  (Guy).  III ,  209. 
Mikoezy.  II ,  g4. 
Milet-Mureau.  I ,  i5o. 
Mimier.  I,  10. 
Mincius  (Ballhaz.).  I,  181. 
Mirabel.  I,  3  10. 
Mirabella  (Vinc).  III,  56. 
Miryke  (Henri).  IV,  416. 
Miseili-il-Baraltino  (Jos.  ). 

1,285 
Missionnaires    (  Moraves  ). 

VI,  378. 
Misson  (Maxim.).  II ,  480. 
Misson  (non  Wissor).  III, 

207. 
Miltelberger.  VI ,  82. 
Millerpacher  (L.\  II,  279. 
Moeller  (J.  G.).  II,  14. 
Mœrman    (  baron    de   Da- 

leni).  I,  346. 
Mœimann  (J.).  III,  217. 
Moginié  (Dan.  de).  IV,  465. 
Mohr  (J.).  1 ,  495. 
Mohr  (N.).  1 ,  400. 
Moleswor  ih  (le  lord).  I,  409. 
Moiina.  m,  382,383. 
MoHna  (l'abbé de).  VI,  343. 
Moll  (Herman).  V,  5o3. 
Mollke    (le   conile  de).    II, 

4oo,  457. 
Mongrolle  (C).  VI,  264. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS.  467 

Moryson.  I,  297 


Monros.  III ,  293. 
Montagne.  1 ,  293. 
Montagiie      (lady      Marie- 

Worthley).  II ,  69. 
Monlanns    (Arnouïd).    V, 

264,  276. 
Montanus  (Corn.).  V^  499- 
Monlaubari.  IV,   i3o. 
Montconys.  I,  21a. 
Monleil.  ÏII,  140. 
Monlenierlo.  III ,  5. 
Mon I faucon  (Don).  11,482. 
Monlin  (Lais).  î,  406. 
Moore  (John).  I,   Sa/;  II, 

495,  496;  m,  109. 
Moore  (François).  IV,  179. 
Moquet.  1 ,  1:64. 
Morazzi.  III,  i3, 
More  (Don  J.  de).  VI,  393. 
Moreau  (Pierre).  1 ,  205. 
Moreau(J.  B.).I,8. 
Moreau    de    Saint- Merry. 

VI,  184. 
Morelli  (Jacques).  1 ,  65. 
Morena.  II,  93, 
Morgan.   IV,  ib. 
Morges  (Antoine).  V,  192. 
Morigia  (le  P.  Paul).  III ,  3. 
Moris  (P.  E.).  I,  a65. 
Morison.  IV,  4*  5. 
Morisol  (C.B.).  I,  265. 
Moriiz.  1,337. 
Morilz(Ch.Pli.).  1,344 -,111, 

2l5. 

Morosini  (A.).  III,  yS. 
Moroy.  II ,  60. 
Moise(Jedidiah).  VI,66. 
Morlinier.  V,   288. 
Morlon  (J.).  III,  261  ,  2G9. 
Morlon  (Thoraas).  VI,  7^. 


Mcser  (J.  J.).  VI ,  60. 
Mouelle.  IV,  45. 
Moulineux  (Th.)  III,  3o6. 
Mouradgea  (d'Ohsson).  II, 

95. 
M ueller  (Joseph).  IV,  i3o. 
Mulgrave.  I,  374. 
Mnller  (J.  B.).  I,  373,434; 

V,  432. 
Muller(J.K.).  11,395,455. 
M  aller  (mistriss).  II ,  496. 
Muller  (André).  V,  298. 
Muller  (le  P.  Ange).  IV,  41 7. 
Muller  (Samuel).  V,  463. 
Murtisen  (Jacques). I,  437. 
Miingo-Parck.  IV,  188,  iSq. 
Munk(J.).I,33i;  VI,  i3. 
Muuoz  (Don  Juan).  V,  524. 
Munster.  I,  390. 
Munier  (François).  Il,  336; 

III,  33,  47. 
Munlzer      de     Rabenberg 

(Wolfgang).  I,  181,390. 
Muratori.  VI,  3 16. 
Murillo-  Villarde  (Rodrig.). 

Murphy.  III,   321. 

Murr  (Christ.  Gott.  de).  VI, 

206. 
Murray  (mistriss).  III,  290, 

3o4. 
Murtadi.IV,  343. 
Muselière  (M.  de  la).    II, 

43. 
Musset- Palhay.  II,  43. 
Mvllus  (Charles).  U,  328; 

III,  183,217. 
Myller.  I,   218. 


TABT.  E     ALPHABETIQUE 


N, 


Naldim  (le  P.)- II,  271. 
Narborough.  VI,  345,  SgS  , 

396. 
Nardini  (J.)- HI,  11. 
Nau  (le  P.).  IV,  4 1 3,  et  41 4. 
Naudet.  II,  484. 
Navaggiro  (André).  I,  29a. 
Navarelle  (le  P.).  V,  277. 
Néarque.  I,   27. 
Nederburgh.  V,   t5o. 
]Sedezk5^  II,  278. 
Negri  (François").  I,  4o4« 
Neichart  (J.  P.).  I,  172- 
Neilzschiitz.  I,  ai 3. 
Nemeilz.  II,  484. 
Neranich  (P.  A.).  III,  228. 
Neriui  (F.  M.).  II,  409. 
Nernst  (Charles).  II ,  398. 
Neugebaiier  (Sal.).  II ,  3. 
Neumas  (G.).  I,  3oo. 
Neumayr  de  Ramsla  (J.  G.). 

I,    2^8. 

Newpart.  V,   ï  i. 
Newport  (Christ.).  VI,  166. 
Newte  (Thomas).  III,  288. 
Newton.  IV,   124. 
Nica  (Marc  de).  VI,    i5i. 
Nichols.  m,  268. 
Kicolaï  (Nicolas).  1 ,  202. 
Nicolaï  (Frédéric).  I,  SSg. 


Nicolaï  d'Orfeuille.  III,  293. 
Nicolini  (Jérôme).  III,  25. 
Niçois  (Thomas).  IV,  208. 
Nicolson  (le  P.).  VI,  i83. 
Niebuhr.  I,  248;  IV,  422, 

441,443. 
Niecamp.  V,  25. 
Niederstadt(J.  F.).III,58. 
Nieuhof  (Jean).  V,  22,  ^97, 

43i;  VI,  276. 
Nieustadt.  II,  b'. 
Niewt.  V,- 17. 
Nodale    (  Gonzalès  ).    VI  , 

395. 
Noë  (François).  IV,  4io. 
Nogué.  I,  '287. 
Norden  (F.  L.).  IV,  35o. 
Norris  (Robert).  IV,  i5o. 
Norlhal  (Jean).  II,  489. 
Northmore  (Thomas).  III , 

276. 
Nortleig  (Jean).  I,  286. 
Novaes.  III,  32o. 
Nugent.  I,  287  ;   II,  296, 

5oo. 
Nunez    de   la    Penna   (  D. 

Juan).  IV,  207. 
Nusdorfer.    VI,    3 18. 
Nyrup  (Erasme).  I,  442. 


o. 


Oderic.  IV,  420. 

Oedman  (Samuel).  I,  80; 
III,  70;  V,  456. 

Oedman  (Jean).  I,  45o. 

Ogeros  (  D.  Pedro  Gon- 
zalès). VI,  342. 


Ogier(Cb.).  I,4o7. 

Ogilby  (Jean),  m ,  206;  IV, 

7,  377;  V,  276,498. 
Okiev  (Simon).  IV,  46. 
Olafseu  (Eggeil).  I,  3g4. 
Oiaii»  Magnus.  I,  369,  890. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS. 


Olaviiis  (E.).  I,  399. 
Oldendorp  (C.  G.  A.\  VI, 

198. 
Olearius  (Adam).  I,  i8f>. 
Olitchins  (Benj.).  V,  20. 
Olivier  (du  Nord).  I,  ii5. 
0]i\àer(G.  A.).  I,  227;  IV, 

490. 
Omilliams  (Sam.).  VI,  7g. 
Onodei  (Antoine-Philippe). 

111,56. 
Orbessan  (le  P.  d".).  II,  489. 
OrdonezdeCavallos.  I,  ii6, 

287;  V,  266. 
Orell.II,  424. 
Orlandi  (César).  II ,  494. 
Orléans  (le  P.  d').  IV,  345. 
Orsato  (Serlorio).  III ,  6. 


'469 

Orteil  (Ab.).  m,  175,  178. 
Orioga.  I,  j  12. 
Orviile  (le  P.  d').  V,  278. 
Osanha  (Benoit).  III,  5. 
Osbeck  (Pierre).  V,  09,  268. 
Osorio  (Jérôme).  V,  3 ,  4* 
Other.  I,  5i  ,42g. 
Otler.  I,  195, 
Outhier.  I,  37g. 
Ovaglia.  VI,  341. 
Oviedo  (/\ndré).  IV,  3i3. 
Oviedo  (Gonzalès).  V,4^i, 
Ovington  (Jean).  I,  244- 
Owen.  I,  349. 

Ovvendonii;s(Mich.\  1,449' 
Oxholra.  VI,  198.    ' 
Oxraen  (John).  V,  490. 
Oxmelin  (Al.  Ol.).  V,  5oo. 


P. 


Paape  (Gerrit).  III,  20 i. 
Pabst(J.  G.).I,75. 

Pacichelli(J.B.).  111,27. 
Pacifique  (le  P.).  II,   189, 

,94jIV,  373. 

Padesi  (Ange).  III,  4- 
Paduleau   de  Launay.    IV, 

410. 
Paës  (Fr.).  V,  200. 
Pagan  (leC.de).  VI,  309. 
Pages  (de).  I,  i3o. 
Palafox  (D.  Juan  de).  V,  486. 
Palairet  (Jean).  VI,  5. 
Palerme  (Jean).  I,  242. 
Palixer     de    Torao    (  Don 

Joseph).  IV,  169. 
Palla  (François).  V,   1*8. 
Palladitis  (Galala).  V,  i5. 
Pallas  (François).  V,  128. 
Pallas  (P.  S.).  ÏI,9,  lo,  2-2; 


IV,   455;  V,  433,  45i 

456.  ^ 
Papon.  III ,  i4'  >     14^ 
Paragaglio  (Gasp.).in,  28. 
Paré.  IV,  272. 
Parker  (Charles).  II,  494. 
Parker  (Guill.).  V,  491'. 
Parkinson  (R.).  VI,  12. 
Parkinson  (Sydney).  I,  i46, 
Parmenlier.  III,  ii3. 
Parrino  (Dpn  Ant.).  lil ,  2g. 
Parthey  (]3aniel).  IV,  465. 
Pascha  (Jean).  IV,  4o3. 
Passerai  (Claude).  lil,  80. 
Paterson.  III,  216. 
Palerson  (GuilL).  IV,  24  r. 
Pateison  (Daniel).  III,  SaS, 
Palin  (Charles).  I,  3o3. 
Palrin.  V,  452. 
PatuUo.  V,  68.. 


47"0  TABLE    ALP 

Paulino  de  Saint -Bartbe- 

lemi.  V,  54. 
Paulsen  (Sven).  I  ,  40 1- 
Paulsen  (H.Chr.).  11,69. 
Paulus  (H.  G.  £.)•  IV,  383. 
Pauyaniaa.  I,  3o. 
Pa\v(de).  V,  5 10. 
Payen.  I ,  Soi. 
Paznmo.  III,  146. 
Pedro  (Simon),  Vi; ,  307. 
Pekain  (Henri).  III,  177. 
Pellegrin.  II ,  iq6. 
Pelleprat  (le  P.    de).     VI, 

207. 
Pelsart.  VI ,  4o3. 
Pengonius  (Pliil.).  III ,  i. 
Penn  (Guill.).  1,309. 
Pennant  (Thom,).  I,  376; 

III .  25o  ,  25 1 ,  255 ,  275  , 

295  ,  So/i  ;  V,  5o. 
Pennckin.  III,  262. 
Penrose(Bern.).  VI,  397. 
Perch  deRoxos.  VI,  i^i. 
Perd  val  (J.  de).  III,  181. 
Percival  (Robert).  IV,  265; 

V,  i35. 
Peregrinns.  IV,  420. 
Pereira  de  Berredo  (Bern.). 

VI,  309. 
Perichelli^.  1 ,  285, 
Peiis(ol(Ahi V.I1.).  I,  119, 
Pernetty.  VI,  397. 
Perny- Villeneuve.  III ,  qî, 
Peron(M,  T,H.).  VI,  435. 
Perrin-du-Lac.  VI,  i38. 

'j'erry(Jt-an).  11,8. 
Perry  (Charles).  1,  9r>o. 
Persico  (J.  B.).  111,9. 
JVrsiiis  (Henri).  Il ,  53. 
Penh  fThom.).  V,  49:. 
Ptriita(Ph.).  111,54. 
Pe^anli  (J.  P.).  IV,  408. 


H  A  BÉTIQUE 

Pesaro(Thom.)ni;  9. 
Pelachia  (Moïae).  I,  4i. 
Pelers  (B.  M.).  VI ,  p/og. 
Petis  de  la  Croix.  II ,  62  ,  64. 
Petrowilach  (le  grand-duc). 

II,  392. 

Peuchet.  III,  1  r3,  i3i, 
Peyron.  III,  410. 
Peyssonel.  II,  180  ;  IV,  432. 
Pezzel.  II,  371. 
Pezzl.  II ,  327. 
Pfeffel.  II  ,48. 
Phelippon  (  J.  raadame  Ro- 
land). II ,  425  j  III ,  t5o^ 
Philipp.  VI,  421. 
Philippe  II,  roi  d'Espagne. 

1 ,  25?,. 

Philippe  (Don).  III ,  177. 
Philippe  IV,  roi  d'Espagne. 

III ,  336. 

Philijipe  de  la  Sainle-Tri- 

nilé.  IV,  37'^. 
Philippe  (M.).  V,  53. 
Philipps  (Thoni.).  IV,  1 47. 
Philipps.  VI,  i4'2. 
Philipps  (C.  J.).  1 ,  374. 
Piccarcip  (le  P.  Ange).  IV, 

172. 
Pickergil  (R.).  V,  465. 
Pictet.  III,22o;VI,66. 
Piedro-Hi(a.  VI,  207. 
Pieiro  délia  Valle.  1 ,  208. 
Pigafelfa  (Marc  -  Antoine). 

i,  108  ;V,  4. 
Piganioi  de  la  Force.   III  , 

io3  ,  i53. 
Pignata  (Joseph).  III,  i83. 
Pignoria  (Laur.).  III,  47. 
Pikinton  (Jacq.).  III ,  270. 
Pilali(Chrisl.).  ÏII,  7. 
Pilati.  I,  325. 
Pilati.  III,  i85. 


DES     NOMS     DES     AUTEURS.  [\']1 

Pooilen,  III,  217. 
Poorlon.  II,  336. 
Popeliniere  (delà).  III,  i83. 
Pophara  (Home).  V,  127. 
Poppe(J.  F.).IY,38i. 
Porcacchi.  II,  169. 
Poiieiion  (Oderio  de).  I,  38. 
Porter.  II,  80. 
Porllock.  I,  i47' 
Poser  (Henri  de).  I,  i83. 
Pos.selt.  1,12. 
Possevin  (Ant.).  II,  2. 
Poslel.   III,  12,    199,   200 ', 

IV,  387,403  ;V,  4. 
Poler.  Il,  9. 

Poloky(leC.  de).  11,391. 
Pouchot  de  Ciiantassin.  V, 

21. 
Poulet.  IV,  48. 
Poulin  de  Lumina.  III ,  104. 
Poullet.  I,  182. 
Pouqiieville.  II,  242. 
Povelsen  (Biorne).  I,  394. 
Pownal(T.  M.).  VI,  11. 
Prado  (D.  Jean  de).  IV,  41. 
Pradt  {non  Prydt).  III,  i52. 
Pratl.  I,  348,  III,  224. 
Prebeac  (de).  III,  i63. 
Presle(R.de).  I,3j9. 
Preuschen  (A.  G.).  II,  499. 
Prevôt-d'Exiles  1 ,  93. 
Price  (Joseph).  I,  225. 
Price.  III,  221 ,  273. 
Priest  (G.).  VI,  69. 
Prince  (Th.).  VI,  77. 
Prinz.  11,5. 
Priuli.  1,66. 
Protacoi.  IV,  345. 
Proyard.  IV,  173. 
Pruneau    de   Poramegorge, 

IV,  122. 
Psahuanazar  (G.).  V,  289. 


Piller  (Math.).  11,279. 
Pimenta  (le  P.).  V,  202. 
Pimentel  (Ma  n.).  1 ,  266. 
Pingre.  1,235  ;V,  283;  VI, 

349. 
Pini  (Ermenegilde).  II,5ii. 
Pinkerton.  III,i63. 
Pinio  (F.N.).  IV,  371. 
Piozzi(M.  M.).  1,343. 
Pirks.  III ,  8. 
Pisa  (D.  Fr.  de).  III,  384. 
Pison.  Vf,  274. 
Pistorius  (Th.).  VI,  255. 
Pitou  (L.  A.)  VI,  269. 
Pitsrean  (Ph.).  VI,  i32. 
Pitl-Caper  (B.).  111,2  23. 
Plaisance  (An  t.  de).  IV,  410. 
Plaisted  (Barih.  de).IV,38i. 
Plan  tin  (J.).  11,409. 
Pleschtschjeew    (  Grigory  ). 

IV,  43 1. 
Pleslcheyef  (Sergey).  II ,  17. 
Plike  (Robert).  IV,  226. 
Plot(R.).  III,  259,260. 
Ploucquet  (W.  G.).  II,  426. 
Pluer  (Ch.  Christ.).  III,  395. 
Plum.  I,  4or. 
Plumike  (K.M).  II,  319. 
Pocoke  (Rich.).  I,  221  i  IV, 

349. 
Poelnitz.  I,  287. 
Poirel.  IV,  38. 
Poivre.  1 ,  268. 
Pola  (Olivier),  m,  21. 
Poller.  I,  9. 
Pona  (Jean).  III,  5. 
Poncet  (C.  J.).  IV,  319. 
Pons  (M^"''  de).  III,  460. 
Pontan  (Jean).  Ill ,  143. 
Ponloppidan.I,  432  ,433. 
Ponz  (D.  Antoine).  I,  291: 

111,395. 


47^  jr,AjîLE     AL  PHArBK  TI  QU  E 

Pudsey.  VI,  277.  ,    Pur.y  (J.  P.).  IV',  227. 

Puel  (Martin).  I,  3oi.  "    Putsius.  1,3. 

Purchas  (Samuel).  I,  68.  Puysieux.  I,  228.  ' 

Purkmayer  (Hilaiie).  I,  2.       Pyrard  de  Laval.  I,  276. 
Purmerend  (N.  de).  V,  i3.   . 

,    •;        ^  r  -r  ;vv' 

Q  vxTtT  (Mathieu).  II,  294  ;     Quinones  (Jean  de).  ^11 ,  ziji 


m,  99. 

Qtielanl  {SX  IV,  407. 
Quentin  (J.  P.).  111,58. 
Qiierlon.  I ,  q3. 
Qaiilet.  I,  3oi;Il,56. 


Quirini.  1 ,  54- 

Quirini  (le  cardinal  de).  IXI, 

Quiros  (Ferdin.).  VI  >  4o§«   i 


R. 


Rabiosus  (Anselraus).  II, 

824,341. 
Kaboui  -  Beauregard,    III  , 

aSo. 
Kadcliffe  (Anne).   I,  352; 

m,  375. 

Radermacher.  V.  166. 
Radzivil  (Nie).  iV,  4o8. 
Kaers(K.B.).  11,334. 
Eagueneau  (Paul).  VI,  19. 
Rainulfe.  IV,  420. 
Ralam.  II ,  61. 
llaleigh  (Walcher).  V,  5o4  ; 

VI,  25 1  ,  sSa. 
Ramdohr  (P.  W.).  1 ,  437. 
Ramond.  11,416;  III,  144, 

146. 
Ramus  (Jean).  1 ,  43 1. 
Ramusio.   1 ,  64. 
Randolf.  I,  889. 
Rangue.  III ,  364. 
Rantzow  (Jean  de).  I,  211. 
Rask  (Jean).  IV,  148. 


Raspe.  II,  278. 
Ralenslein.  I,  345. 
Ralhgeben  (Jac).  I,  296. 
Rauwolf    (Léonard).    IV, 

370. 
Raveneau   de  Lussan.  VI  y 

346. 
Ray  (Jean).  I,  3o2. 
Ray  (Théod.\  V,  438. 
Raymond  (Jean).  II,  477. 
RaVnal(G.  Th.).  I,  281. 
Raynold(Ch.R.L.).  1,1 68. 
Raynold  (Rich.).  IV,  1 24. 
Raynolds  (Josué).  III,  177. 
RaziUy.  IV,  41. 
Razoumowsky.  II,  419, 455. 
Ré  (Phil.de).  III,  10. 
Reaiix   de    la  Richardiere. 

II,  190. 
Rebman  (A.  G.  F.).  II,  338. 
Rebman.  II,34i ,  460. 
Rebullose.  I,  173. 
Reck.  VI,  118. 


DES    NOMS    D 

Begnard.  I,  3o5. 
Eehac  (de).  IV,  3 14. 
Rei(Au£r.).  VI,  148. 
Reicbard  (J.  F.).  I,  89,291, 

343;  II,  320,  468;   lil, 

160. 
Reicliaifl(J.  P.).  1,381;  II, 

297  ;  V,  283. 

Reichardf.  I,  372  ;  III,  lO^. 
Reichel  (Jean  -  Godef).  V, 

233. 
Reicheldorf(G.).  I,  179. 
lîeichenbacli.  I,  453. 
Reimers  (de).  II,  184. 
Reineveld  (M.  A.).  1 ,  362. 
Reinliold  (Ch.J.).  I,ioo. 
Reining  (J.  Erasme).  1 ,  172. 
Reiiiius  (Israël).  V,  283. 
Reitomits.  I,  222. 
Reizner  (Adam).  IV,  4o3. 
Reland.  IV,  416. 
Reland  (Eric).  V,  280. 
Rembert(BA  11,52. 
Remond  (Gabr.).  IV,  346.     ' 
Remusal    (  Ant.    de  ).   VI , 

i53. 
Renard  (J.).  II,  412. 
Renarp.  IV,  409. 
Renaud  (Ant.).  IV,  404. 
Renaudot.  1 ,  32. 
Render.  II,  349. 
Reniger.  VI,  277.  . 
Rennefort.  V,  20, 
Rennel.  V,  42 ,  43. 
Renovanz  (H.  M.).  II,  i5, 

V,45i. 
Resandius(L.A.).  III,  378. 
Reste.  1 ,  376. 
Retaah(W.).  1,123. 
Reuilly(J.).  Il,  187. 
Rensner  (JNl.V  I,  169. 

Reuss(leC.H.  de),  IÏ,4/)9- 


ES    AUTEURS.  4?^ 

Reulenfels  (Jacq.  de).  II,  5. 
Reuler.  IV,  404. 
Reverdil.  I,  4^3. 
Rey  (John).  1 ,  69. 
Reynold  (Horniug).  1 ,  7- 
Reyter(Mich.).  1,171. 
Ribeira  (F.).  V.  11. 
Ribes  (Jean).  VI ,  i  ig. 
Ricault  (Paul).  11,56. 
Rich  (Barnabe).  III ,  3o6. 
Richard  (Jean).  1 ,  33o. 
Richard  (l'abbé).  II  ,  49»  ; 

V,  126. 
Richard.  IV,  4^0. 
Richardson  (Guill.).  II,  i3. 
Richardson.  II  ,  484. 
Richardson    (  David  ).  IH  , 

3i3. 
Richemond.  III ,  260. 
Richer-Serizi.  I,  420. 
Richshoffer.  VI,  276. 
Richter.  II  ,  35. 
Riddel  (Marie).  I,  274. 
Riedesel  (le  B.  de).  1 ,  36o  ; 
II,  199;  111,37. 

Riems.  1,  390» 

Rihs.  1 ,  493. 

Rioener  (J.  M.).  VI,  ^6/,. 

Riou.  IV,  244. 

Risbeck.  II,  298. 

Rist.  II,  172. 

Ritter.  II ,  296. 

Robert.  1 ,  121. 

Robert.  11,455. 

Robert.  IV,  417. 

Robert  (George).  1 ,  273. 

Robert  (  Archibald  ).   III, 
262. 

Robert  (Henri),  IV,  417. 

Roberts  (Guillaume).  VI, 
122. 

Robertson  (Arch.).  IH,  272, 


474  TABLE     ALP 

Robertsou  (David).  III,  3i5. 
Robertson  (Guill.).  V,  5i3. 
Robin.  VI,  59. 
Robinson  (Thom.).  VI,347. 
Robison.  III ,  261. 
Roblaud.  111,261. 
Robson.  VI,  1 3. 
Roch^-PitlK.  VI,  37a 
Roche  (Sophie  la).  III,  107. 
Rocbefoit  (César  de).  VI, 

166,  193. 
Rochetta  (D.  Aquilanfe  de). 

IV,  407. 
Rochon  (Alexis).  I,   260; 

IV,  276. 
Rodenham.  VI,  i48. 
Rodriguez  (le  P.  M.).   VI , 

309. 
Roë.  V,  64. 

Roëmer  (L.  S.).  IV,  i4g. 
Rogeraont  (F.).  V,  277. 
Roger.  III,  263. 
Roger  (George).  1 ,  433. 
Roger  (F.  Eugène).  IV,  412. 
Roger  (Robert).  VI ,  6. 
Roggevin ,  lisez  Roggewein. 

VI ,  346 ,  347. 

Rogissart.  II ,  482. 
Rohan  (le  D.  del  1 ,  3o(X 
Rohr(J.B.  de).'ll,322. 
Rolirer.  II ,  348. 
Roland  de  la  Plaliere.  T,  33 1 . 


HABETIQUE 

Rolîn.  I,  371. 

Rolt.  VI ,  2o5. 

Romain  de  Hooge.  1,27g. 

Romans.  VI,  i  23. 

Reoke.  IV,  445. 

Roque  (de  la).  IV,  Sgo  ,  432, 

433. 
Roqueville.  IV,  i3. 
Rosacio.  IV,  4o2. 
Rossini.  III ,  19. 
Rotraan.  I  .  172. 
Rounce.  VI,  347. 
Roussel.  V,  5i3. 
Rouvteres.  III,  roi. 
Bowland.  III,  261. 
Ruchat  de  Lausane.  II ,  407." 
Rudberk  (Olaus).  I,  404. 
Ruders.  III ,  378. 
Rudolphe.  I,  286. 
Rudolphi.  I,  363. 
Riidu'orlh  (Jos.).  Ifl ,  274. 
Rulhiere.  III,  78. 
Russel  (Pierie).  III,  212. 
Russe!  (Alex.).  IV,  421, 
Rutelius.  1 ,  3o8. 
Rufellius(Ch.).  tV,  17. 
Rutty.  III ,  3o8. 
Rye.  IV,  209. 
Rymer.  VI,  198. 
Rylschkow.  II,. 9. 
Rzaczinsky.   II ,  48. 


S. 


Saar.  V,  17. 
Sabelli.  11,480. 
Sagamin.  I  ,  i^. 
S  igard.  VI ,  i8. 
Sagittaire.  I  ,  298. 
Sailor.  1 ,  238. 


Saint- Araand.  III,  1^5. 
Sainl-Amand  (le  B.  de).  IV, 

45. 
Saint  -  Antoine.  V,  1 27. 
Saint-Gervais.  IV,  17. 
Sain  t-Lo  (Alex.  de).  IV,  224. 


DES    NOMS    1>E 

Sainl-Marin  (Joseph  de).  I, 

171. 
Saint-Maurice.  III,  385. 
Saint-lSon.  III ,  /^3. 
SainI  Oion.  IV,  46. 
Saiiif-E;imberf.  I,  62. 
Sainte-Cécile  (Léandre  de). 

IV,  418,422,455. 

Sainte -Théçèsç  (le  P.  de). 

VI,  277. 
Salazar  (J.  B.  Syarez  de).  III , 

2  83,384. 
Salnion.  1,91. 
Salmon  (J.  J.).  fil ,  22. 
Salmon  (Nie).  III,  ^61,264. 
Salvius.  1 ,  45o. 
Salzmaii  (Fréd. -Rod.).  I, 
.     33i. 
Salzman  (Ck.-Godef.  ).  III , 

38g. 
Sander.  II,  33g. 
Sanderiis,  III ,  175, 
Sandoval.  IV,  3i3. 
Sand^vich.  I,  173. 
Sandys  (Edwin),  I,  207. 
Sandys  (George).  II,  53. 
Sanson.  IV,  4^4' 
Sansovino.  III ,  5. 
Sanla-JV1.uia(Jo».de).V,58. 
Santi.  m,  i3,  14. 
Sanlos(Fr.  des).  111,389. 
Santos  (Jean  des).  IV,  3  J2. 
Sapienza.  II,  54. 
Sardi.  III,  10. 
Sarmiento  de  Gauiboa.  (Pe- 
dro). VI,  396. 
Sarnelli.  III ,  aS. 
Sarris.  V,  igg, 
Saugnier.  IV,  1  lîi. 
Srtugiain.  III,  i53. 
Saundera.  V,  /(39. 
Saussure.  II ,  414  ;  ÎII ,  13?. 


S    AUTEURS.  475 

Savarv.  Il,  219;  IV,  353. 
Savinien  -  d'Alquier.     III , 

100. 
Sayer.  II,  198. 
SchaeiTer.  I  ,  347. 
Schangin.  V,  45 1. 
Scliaroke.  V,  270. 
Scheel.  I,  419. 
Sclieffer.  1 ,  449. 
Scbeibler.  VI ,  90  ,  2o5. 
Scheidt.  I.  i3i. 
Sclielegof.  V,  524. 
Scheller.  I,  4o/i. 
Srlierversen.  V,  28. 
Scheuchztr.  II,  407,  4o8. 
Schillinger.  IV,  4^5. 
Schinz  (Salomon).  II,  4 18. 
Scliiracb.  VI ,  58. 
Scbleder.  I,  32 1. 
Scblegel.  1,434. 
Scbmans.  III,  320. 
ScJimidel.  VI,  204. 
Scbmidt  (Jean).  1,455. 
Scbmidt  (C.  G.).  II,  3yo. 
Schmieder.  II,  334. 
Schmitt  (Pierre).  III,  1 1. 

Scbnyder.  II,  428. 

Scboèpf.  VI,  64. 

Schof-Heristal.  V,  76. 

Schop.  VI ,  2o3. 

Scboll(Jos.).VI,66. 

Scbousboë.  IV,  80. 

Scbonlen  (Guill.-Corn.).  I, 
116;  Vï  ,  390,  391. 

Scboulen  (Vinc.)  V,  18. 

Scboulen  (Gaultier).  V,  23. 

ScJiovvgaard.  1 ,  45o. 

Scbrank  (Fr.  de  Paul  ).  II, 
334. 

Scbreber  (D.  God.).  11,323. 

Scbreber(A..  ^V0.  II,34i.. 

Scbreger.  V,  19. 


47^>  T  A  B  L  t:     a  l  p 

Schre-selius.  II[ ,  180. 
Sc]i rôder  (.1.  H.).   V,  28. 
.Schroeder(C.  F.).  11,332. 
Scliroeter.  1 ,  25g. 
SchuberL  I,  286. 
Scljiilles.  Il  ,372  ,373,374. 
SrJiullz.  1,224. 
Schnlz  (François).   II.,  280, 

3i8;III,  i5G. 
Sc]iula(J.C.).  II,  342. 
Scliiiramel.  II,  296,  394. 
.Sclititlen.  V,  98. 
Schiitz   (F.    \V.   de),    m  , 

252. 

Scbxvarlz  (G.  B.)-  IV,  466  ; 

V,  38. 
Schwarz  (Sophie).  II  ,  3ig. 
Scbvveiger  1 ,  180. 
ScJnreizer.  IV",  464  ;  V,  21, 
«Scotli  (Ranuce).  II,  4o5. 
Scotli,  Scott,  Scollo(Fr.).  I, 

298;  II,  476;  III,  16. 
Scrofaiii.  II,  aSg. 
Scyllax-,  1 ,  2r. 
Sebaid  (Robert),  /2o«  Sibald. 

III,  293,  294,  295. 
Sebastiani.  III ,  16. 
Seguzzi.  1 ,  265. 
Seidel.  II,  65. 
Seinerius.  III,  58. 
Seixas  de  Lovero.  VI ,  3g5. 
Selbiger.  III,  ira. 
Seller.  IV,  389. 
Semedo  (Alvarez).  V,  274. 
Semple.  IV,  255. 
Seûeraker.  II,  335. 
Sepp.  VI,  3i3. 
Sefley.  V,  49 1  • 
Seslini.    I,  227,    333  ;    II  , 

.•ï3g. 
SeOiatn.  III,  3i4. 
Severs.  V,  45 1. 


HABETIQUE 

Sevin.  II,  122. 

Seydlig  (Melcliior  de).  IV, 

40/,. 
Seydlin.  IV,  .404. 
Seymour.  III,  24g. 
Sliarp,  II,  4c)2. 
Sharp  (André).  I,  121  ;  VI, 

396. 
Shaw  (M.  D.).  III .  218.  ■■ 
Shaw  (Thom.).  IV,  1 7. 
Shelbeare.  V,  i49- 
Shelvocke.   I,  122. 
Sherlock.  I,  326. 
Shokius.  III,  180. 
Silhouète.  I,  32o. 
Siraerus.  III,  37g. 
Simler.  U  ,  4o5. 
Simpert.  II ,  65. 
Sineros.  VI ,  207. 
Singlande.  I,  32o. 
Sinner,  II,  41 5. 
Siverd.  II,  323. 
Skechl.  I,  178. 
Skioeldebrand.  1 ,  455. 
Skougaard.  I,  44<^- 
Skrine.  III,  223,  288. 
Sloane.  I,  272. 
Sraarden.  V,  147. 
Smith.  I  ,  346. 
Smith  (Charles).  III,  3o8, 

309. 
Smith  (Franc.).  V,  462. 
Smilh  (Guillaume).  IV,  147; 

VI,  80. 
Smilh  (J.  F.  D.).  VI,  64. 
Smith  (Jean).  1,  236  ;  VI,  56. 
Smilh  (Thomas).  11,61. 
Smollet.  I,  320. 
Sneedorf.  I,  348;  II,  340. 
Snelgrave.  IV,  145. 
Sneli.  II,  18. 
Soderini.  1,664 


DES     NOMS     D 

Solander.  I,  146. 
Solano(D.  J.).  U,  124. 
Soligniano.  IV,  4o5. 
Solis  (Antoine  de).  VI,  i58. 
Sommer  (Jean).  I.  181. 
Sommer  (-A.  G.).  II,  61. 
Sonnerai.  V,  268;  VI,  4 12. 
Sonnini.  II,  i235;  III,   ii3; 

IV,  357: 

Sorbieres.  III ,  2o5 ,  20G. 
Sorrelini  (Ignace).  III,  28. 
Soto  (François  de).  VI,  86. 
Solo  (Fernand  de).  VI,  121. 
Souchu  de  Rennefort.  IV, 

271  ;  V,  20. 
Southey.  III,  38 r. 
Spallanzani.  III,  64,  72. 
SpalJarf.  I,  io5. 
Sparman.  IV,  233. 
Sparlanus.  II ,  6. 
Spazier.  II,  455. 
Speelman.  V,  169. 
Spielberg,/ise::Spilberg(G.). 

I,  278;  VI,  392. 
Spilberg.  I,  449. 
SpoerJ.  1 ,  235. 
Spon.  II,  igi. 
Spratt.  III ,  206  ;  IV,  208. 
Sprengel.  I,  76,  77,  96;  IV, 

8;  V,  262;  VI,  58. 
Sladen  (J.).  VI,  255,  270. 
Staden  de  Homberg.  V,  5o3. 
Stehelin  (Jacq.  de).  V,  455. 
Staramer.  I,  un. 
Stanian.  II,  4o7,  409- 
Slanica.  III,  i4- 
SlanAvoll.  I,  170. 
Slaryk.  VI,4o/,. 
Slauning.  1 ,  38y, 
Siaunlon.  V,  3o2. 
Slavoiinus.  V,  47' 
Slt-dman.  VI,  260. 


E  S     AU  T  E  U  I\S,  477 

Steinbrauner.  III,  lo^. 
Sleinhart.  IV,  4i8. 
Sleller.  V,  455,  456;  VI,  5. 
SfephanopoJi  (Dixo  et  Isi- 

colo).  II ,  237. 
Slephen.  III,  249. 
Slephensen.  I,  400. 
Siernaker.  II,  335. 
Siernberg.  II ,  18. 
Steube.  II,  280. 
Stevens.  I,  6g. 
Slev.  I,  3oi. 
Stibb.  IV,  17g. 
Stoddart.  III,  3o2. 
Stoever.  II ,  92. 
Sfok.  VI,  27. 

Stokove,  non  Stocoche.  1. 2 1  o. 
Slolberg  (le  C.  de).  1,340. 
Stomar.  I,  6. 
Storch  (Henri).  II,  19.  2i; 

III,  107. 
Stork  (Guillaume).  VI,  i23. 
Storr.  II,  422. 
Stow  (Jean).  III,  249,  aSo. 
Slahan.  V,  i3i. 
Strahlenberg.  I,  194. 
Slrak.11,343. 
Strasky.  II,  274. 
Strauch.  I,  392. 
Straussens.  IV,  377. 
Slrizzi.  III ,  10. 
Strobelberger  (J.  Et.).  HI,  qo. 
Stromberg.  I,  177. 
Struensée.  II ,  397. 
Strult.  III,  214. 
Struys.  I,  184. 
Stuart.  II,  109. 
Stukeley.  III,  214, 
Stnklins.  VI,  198. 
Sîurk.  III,  267, 
Suarez-de-Figu?ioa.    VI, 

406. 


4  7  H  TABLE     A  L  P  H  A  B  É  1'  1  Q  U  E 

Suarez  de  SalaZar.  IIÏ,  iib4-  Surius.  IV,  412. 

Suchen.  IV,  409»  Swadei>.  V,  /^^o. 

Suderl.  I,  238.  Switiburne.  III,  45,  SgS. 

Sullivan.  1 ,  226  ;  III ,  285.  Swinton.  1 ,  420. 

Siilzer  (François-Joseph).  I,  Sydney.  I,  4. 

338    II,  99..  Sylva.  111,59. 

Sulzer  (J.  G.).  I,  aSg,  326;  Symcon.  II,  476;  III,  i49- 

II,33o,4o8.  Symes.  V,  92. 

Sumarokow.  Il,  i85.  Szujew.  II,  i5. 
Surgy.  I,  274. 

T. 


Tachard.  V,  99. 

Tailbout.  YI,  378. 

Tnlbol.  III,  lO-i. 

l'aiiner.  II .  5. 

Tapp.  V,  24. 

Targioni.  III,  12. 

Tasraan  (Abel-Jansen).  VI, 

4o3. 
Tasaian  (Jacques).  VI,  345. 
Tavernier.  II ,  61  ;  IV,  4^^. 
Tayfel.  11,53. 
Taylor  (Sylla).  III ,  262. 
Taylor  (Jean).  V,  5o. 
Tchitschagow.    1,  374;   II, 

17- 
Techo.  VI,  3i3. 
Teclander.  IV,  448 
Tekeli  de  Szek  (le  C.  de).  II , 

293. 
Telles.  I,  271. 
Telles  (le  P.\  IV,  3i4. 
Temple.  I,  32i. 
Temple    (Guillaume).   III, 

io3,  176. 
Tench.  III,  110. 
Tencl)(Wallin).  VI,  419. 
Ten-Rynne.  IV,  2*7. 
Tesauio.  IH,  2. 


Telens.  I,  437. 

Texeira.  IV,  458. 

Thaarup.  1,438. 

Therby  de  Bekourl.  V,  45o. 

Thevenot  (Melcli.).  I,  82. 

Thevenot  (J.).  I,  217;  V,  19. 

Thevei.  V,  /i86. 

Tliiery  (M.).III,  i56. 

Thiery.  III,  45g, 

Thiery  de  Monouville.  VI, 

162. 
Thiknesse.  II,  104. 
Thoraann.  I,  264. 
Thomas.  I  ,  271. 
Thomas  (Gabriel).  VI,  80. 
Thomasius.  I,  7. 
Thompson.  I,  238. 
Thorlacius.  III,  m, 
Thornill.  IV,  3i4. 
Thornton.  III,  259. 
Thoiton.  III,  292. 
Thiimmel.  ir[,"i44. 
Thunberg.  IV,  aSo;  V,  233. 
Thura(Laur.  de).  I,43i. 
Tieffenlhaler.  V,39,4o. 
Tillemanu.  IV,  i3o. 
Tinberlake  ,   lisez  Timber- 

lake.  VI,  33. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS. 


Tison  (Thomas).  V,  480. 
Tissanier.  II,  56. 
Tisseinare.  V,  1  25. 
Tollius  (Jacques).  I,  3i  1  ;  II , 

481. 
Tollol.  I,  220. 
Tomkins.  II I,  275. 
Tonne.  V,  86. 
Tooke.  II ,  33. 
Torliz.  11,468. 
Torphaeus  III,  294;  VI,  2. 
Torphea.  I,  428. 
Torqueniada.  V,  494. 
Torré  (Charles).  111,3. 
Torré  [de  la).  III ,  2g. 
Tonée  (Olof).  V,  268. 
Torrez  (Diego  de).  IV,  40  ; 

VI,  321. 
Torrubia.  III,  388. 
Torry.  V,  63. 
Tosi.  V,  16. 
Tolt(de).  II,  174. 
Tournefort.  I,  190. 
Townshend.  III ,  462. 
Townson(leD.R.).II,  281. 
Townson  (Guillaume).  IV, 

124,  i55. 
Townson  (Rob.).  VI,  i52. 


479 

Traunpaur.  II,  49- 
Trevisano.  I,  65. 
Trigault-Donysien.  V,  273. 
Troïl.  I,  395. 
Troïlo.  IV,  4 1 3. 
Tropham  (Thom.).  VI,  i85. 
Trosby.  111,273. 
Troschel.  II,  392. 
Trubler.  I,  gS.' 
Trnnler,  VI,349. 
Tschudi  (Gilles)."  II,  404. 
Tschudi  de  Glarus  (Louis). 

IV,  407. 
Tncker(Hanns).  IV,  Sgg. 
Tuckers.  I,  9. 
Tuckey.  Vl",  43o. 
Tumphius.  III,  171. 
Turber.  1 , 2. 
Tiirgot.  1 ,  8. 
Turker.  III,  23. 
Tiirlin.  I,  i3. 
Turnbnll.  VI,  3  71. 
Turneham.  IV,  420. 
Turner.  V,  439,  440. 
Turpin.  V,  107. 
Twis.  III,  157. 
Twis  (Richard).  III,  3ii, 

38o. 


u. 


Udal-op-Rhy8  (Pi  ice).  III, 

38o. 
Uftenbach.  1,319. 
Ulfedius.  II,  3. 
Ulloa(Alp.d').  III,  178;  V, 

489. 
UUoa  (D.Ant.d').  V,  5ii  ; 

VI,33o. 


Ulloa  (Franc,  de).  VI ,  i4o. 
Ulrich.  II,  297,  392. 
Unger.  II,  372. 
Unverzagt.  V,  282. 
Ura.  IV,  293. 
Urlspelrger.  VI,  117. 
Urreta.  IV,  3 12. 


48o 


TABLE     ALPHABETIQUE 


V. 


Vadianus  de  ^VALT  (Joa- 

chim).  II ,  .4o3. 
Valentyn.  V,  26. 
Valerins.  V,  1 10. 
Vallencey.  III,  3 14. 
Vallisneri.  III ,  9. 
Van  Berkel.  1 ,  76  j  V,  5o2  ; 

.  VI,  259. 

Van  Braam-Houkgeest.  V, 

086. 
Van  Eram.  1 ,  3i3. 
Van  Broke.  1 ,  1207. 
Vancouvert.  I,  i63. 
Van  den  Brenge.  IV,  i3o. 
Van  (len  Broek.  1 ,  2^6. 
Van  den  Burge.  III,  379. 
Van  der  Behr.  V,  i5. 

Van  der  Berg.  III ,  1 06. 

Van  der  Doer.  I,  182. 

Van  derHagen.  V,  19. 

Van  der  Heyde.  V,  18,68. 

Van  der  Homart.  1 ,  199. 

Van  der  Myle.  1 ,  29G. 

Van  der  Nyenburg  (Edm.). 
I,  196. 

VanderV^'illigen.  III,  1 33. 

Van  Moerden.  V,  19. 

Van  Overbek.  V,  i6. 

Van  Reclileren.  V,  ^67. 

Van  Reonen.  IV,  244. 

Van  Schiracli.  V",   149. 

Van  Vliet.  V,  102. 

Van  ^Vurmb.  V,  167. 

Varenius.  V,  202. 
Varenius.  V,  493. 
VasGoncellos   (L.oius-M<  n- 
dèsdcl  III,  3i8. 


Vasconcellos  (lo  P.  Simon)» 

VI,  275. 
Vasi.  III  ,  20. 
Veitb.  II,  390. 
Venacley.  1 ,  262. 
Venegas.  VI,  141. 
Venuli.  III,  ig. 
Venzow.  IV,  4' 7* 
Verbiest.  V,  298. 
Verbist.  III,  175. 
Verdun.  I,  2  35. 
Verdun  (U.  de).  1 ,  3o5. 
VerelsL  V,  68. 
Vergard.  1 ,  177. 
Vergas  (D.  Th.  de).  VI ,  273. 
Vergès-Macnna.  V,  492. 
Vermeulen  (Gerr.).  V,  18. 
Vernier.  I,  1 79. 
Verthema  (Louis  de).  1,264. 
Veryard.  1 ,  3i  i. 
Vespuce.  I,   262;  V,  479» 
480,  5o3. 

Veyrac.  111,389. 

Vico  (Fr.de).  III,  83. 

Victor.  V,  609. 

Vidaure.  yi,'34i. 

Viera  (D.  J.).  IV ,  20g. 

Vigenèse ,  lisez  Vigenère.  II , 
46. 

\'igor.  Il,  19. 

Villa  (marquis  de  Ghiron). 
H,  190. 

Villa    Senor  -  y  -  Sanchez 
(Anl.de).  VI,  160. 

Villagra.  VI ,  149. 

Villamonf.   I,  2o4. 

Villars  (  W^  de  ).  III ,  389. 


DES    NOMS     DE 

ViUauf.  IV,  129. 
Ville  (le  marq.  de).  If,  59. 
Villegagnoii.  VI,  272. 
Villers.  Ifl,  i63,  i65,  168. 
Vincenl.  ^'1 ,  19. 
Virmond.  II,  67. 
Visconti.  IV,  171. 
Vitale.  Il,  297. 
Villellachi ,  lisez  Viteleschi. 

1 ,  264. 
.  Vlamiijg.  I,  i8a. 
Vogel.  I,  188;  V,  24. 
Vogi.  II,  402,  4o3. 


S     AUTEURS.  4^* 

Voigt.  II,  3a5. 
Voldricli.  IV,  418. 
Volkard.  1 ,  338. 
Volknian(D.  L.J.).  lII,io3, 

•99- 
Volkman  (J,  Jac).  II,  493. 

Volkman  (J.Jos).  IH,  3o5  , 

41 5. 

Volney.IV,  393^  VI,7o. 

Volsk.  I,  220. 

Vorwich.  V,  19. 

Vries.  1 ,  17t. 


w. 


Wadstrom  (A.  B.).  IV,  1 1 3 . 
Wadstrom  (C.B.).  IV,  ifn. 
Wader.   I,    i3i  ;  V,   §24  ; 

VI,  206. 
Wagenaer.  III,  201, 
Wagener.  II ,  3y4- 
Waglin.  1,  454. 
-Wagner  (J.  Christ.).  II,  ^^^  ; 

V,  299. 
Wagner  (J.  J.).   II,  406. 
Wakelield.  II,  246  ;  VI,  12. 
Wakerberr.  II,  411. 
Walbaum.  V,  i5o. 
Walcher.  II,  275. 
W^alker  (lecomni.).  I,  173. 

Walker  (Adam).  III  ,  178  , 
274. 

Walkins.  II,  174. 

Wallace.  III,  293. 

Waliis.I,  i33. 

Wallis  (Josepli).  III,  277. 

^Valpole(Hor.).  m,  249. 

Walpoole(Aiig.).  m,  215. 

Walschen.  I,  208. 

^Valsdorf.  I,  177. 

VI. 


Wall  (Joaclîim  -  Voldianus 

de).  II,4o3. 
Waller.  iV,  420. 
Waller  de  Lellie  (le  C).  II , 

59. 
Walthei-(F.  L.).  I,  175. 
Waner.  II,  64. 
Wansey.  VI ,  67. 
Wansleb.  IV,  345. 
Waquer  (J.  C).  V,  298. 
Warner,  lisez  Werner.  III, 

254. 
Warren-Hasiing.  V,  76. 
Warton.  IV,  32o. 
Warup.  II,  479. 

Wastrak.  11,398, 

^Vatkinson.  III,  211. 

Walzdorf.  III,ai6. 

Weber.  I,  495  ;  II,  32 1. 

Weer  (Gérard  de).  1,370. 

Weer  (Sebald  de).  ï.  ii5. 

Weiiivvich.  I,  44o- 

W\^iseiibiirg   (V\^olf).    IV, 
409. 

Weiss.11,343. 


48?  TABLE     ALP 

W^ekherlin.  II,  324. 
Weld.  VI,42. 
Welscli.IV,  125. 
Welschen.  I,  208. 
yVendehovn  (G. F.  A.).  IH, 

217,  272. 
"Werner.  III,  254 ,  256,  279, 

281. 
Werllieim.  II,  3go. 
Wesl.  III,  2277. 
West  (H.).  VI,  199. 
Wevland  (Ch.).i;78. 
■\'Vire!er(F.).  1,495. 
WHieler  (G.).  H,  191,  ï94- 
AVickart.  11,4. 
Wifliet.  V ,  I  o ,  49a. 
'V\'"igslead.  III,  256. 
."Wilbrànd  de  "Warwic.  I, 

58;V,9. 
\Vild(F.  F.).II,4i3. 
Wilden.  I,  206. 
■W-^ilkinson.  III,  io5. 
WilI(G.  A.).  11,324,389. 
Willebrand.I,  3i9jII,325. 
Willeys.  III,  168. 
.Wiliram   (  Edouard  ).  VI  , 

87. 
^^^iliiams  (T.  H.).  Ill,  282 , 

^92. 
Williams  (Hélena- Marie). 

II,46i. 
Wil]iers.III,iC8. 

W^iUis.  1,274. 

W^illius.  11,326. 
Wilse.  1,437,  440. 
"W^ilson.  V,  5 06. 
"Wiinmaii.  I,  363. 
Wiraplon.  I,  177  ;  VI,  184, 
[Windham  (H.  Pt- nderoke). 

ill ,  2G9,  273. 
"W^indhain  (Th.).  IV,  124. 
■NVindliiis.  IV,  46. 


HABETIQUE 

Wiiihe.  IV,  344. 
Winlerboltou.  IV,  120. 
Winlerbolliam.  V,  «85  ;  VI, 

66. 
Wintergerst.  I,  172. 
Wissor,  lisez  Misson.  III, 

-307.  .... 

W^ile  (Gilbert).  111,264. 
■WilelQw.  m ,  298. 
AVithbourne.  Vi,  i5. 
Withe  (Guillaume).  IV,  254. 
VS^ithe  (John).  IV,  36 1 5  VI, 

84,423. 
Witheringfon.  VI ,  389. 
Wittenbach.  II,  423. 
Wittraan  (Guillaume).  I, 

233 ,  261. 
\Volf(Ern.-Guil].).  1,174. 
Wolf  (Jean-Laurent.),   f, 

289,378. 
Wolf  (Jean-Christ.).  V,  i3i. 
\Vollap.  I,  175. 
Wol^k.  I,  220. 
Wolsogen.  I,  254. 
Wolslonecraft  (Marie).  I, 

421. 
Wood.  {Koyage  au  détroit 

de  Magellan.)  I,  i3i. 
W^ood  (GuilI.).Vl,  75. 
Wood  (Jean).  VI,  345,346. 
Woodard.  V,  173. 
Wood-Rogers.  (/^oja^e«M- 

tov.r  du  monde.)  1,  i23. 
'\Vood.    (  Voyage   à    Pal- 

myre.)  IV,  3g i. 
Worra.  IV,  465. 
Worsley.  III,  269. 
Wralislaw.  II  ,  94, 
AVraxal  (Nathan).  1 .  4  1 0. 
Wraxal  (jeune).  III,  io5. 
Wren  (W'aUer).  IV,  124. 
AViight  (Edouard).  I,  3i5. 


DES    NOMS    DES    AUTEURS.'  4^5 

Wurmb.  I,  254, 
"W^nrmbrancl.  IV,  34 1. 
AVusl.   IV,  36i. 


Wnglit(Jacob).  III,  j6o. 
"Wulfslan.  I,  5i. 
"Wurf  bein.  V  ,  20. 


Xarques.  VI,  3i3. 
Xeres.  V ,  482. 


X. 


Ximenès.  III,  388. 


Y. 


Yepas  (Rodr.  de).  IV,  4o5.         ^65 ,  266,  3i  i ,  3i  2. 
Young.  II,5o5j  m,  108,     Yveisen.  I,  186. 

z. 


Zacharie.  II,  485. 

Zalokemeni.  IV,  44^. 

Zapf.  1,335;  II,  325,  326. 

Zapullo.   1 ,  180. 

Zapula.  VI,  204. 

Zarate.^VI,  3  20. 

Zéiller!  1,4,  42g ,  449  »  '^  ' 
46,  274,  395,  477;  III, 
100  ,  178,  2o5,  378. 

Zeni  (les  frères).  I,  53. 

Zeno  (Catherine).  IV,  446. 

Ziegenbalg.  V,  58.         "  ^^■'-''nt 

Ziegler.  I,  377.  *•.-■/ 


Ziramerraan    (Henri).    I, 

io5,  106,  145, 
Zimraerman  (P.  Cli.).Ij  281 . 
Zimmerraan  (Aug.  Gnill.). 

II,  333,395.    ,  . 
Zingler.  I,  aSg,  377. 
Zinzerling.  Il[,  100. 
Zoelner.  H  ,  3g5  ,  SgS. 
Zorgdrager.  1 ,  388. 
Zuallardo.  IV,  4o5. 
Zuchelli.lV,  173.' 
Zwinger.  t,  2. 


FIN  DE  LA  TABLE  ALPHABETIQUE  DES  i.UTEUBS. 


DE  L'IMPRIMERIE  DE  CRAPELET, 


ERRATA. 

TOME     PREMIER. 

Pages.     Ligoei. 

—  196  —  a5  et  37  ;  page  197  ,  lig.  11  ;  d'Anlerinouy ,  lisez  d'An* 

termony. 

—  310  —  33  :  Stokoche  ,  Usez  Stokove. 

—  2:37  —  Il  :  la  révolulioQ,  lisez  la  République. 

—  264  —  29  :  Vitellachi,  lisez  Vitelleschi. 

—  36g  —  32  ;  page  270,  lig.  1  :  Langstadt ,  lisez  Langsledt. 

—  27a  —   8  :  de  la  Burre  ,  lisez  de  la  Barre. 
-—375 —  19  :  AcoKlas!,  lisez  Acosla. 

—  3oo  —  5,  6,7,  8  :  Hagenetii-Oslellii ,  lisez  Hegenilii-Ortelii. 

—  288  —  26  :  Appeliad,  //«ejc  Apelblad. 

—  3o2— 11  et  i5  :  Bruknar  ,  lisez  Brukner. 

—  304—    6  et  16  :  Browae,  lisez  Brown. 

—  5 10—    6  :  Mirabelt,  lisez  Mirabel. 

—  3.^0  —  14  :  aUacbé   à   des  notices,  lisez   attaché    à  donner    des 

notices. 
•—373  —  25  et  5i  :  Frobîsher  ,  lisez  Forbisher. 
»— 408  Rouen,   Namp  ,    1672,    lisez    Amsterdam,    1670, 

ibid.  1672;  Rouen,  Maiurry,  1670. 

T  O  M  E    S  E  C  O  N  D. 

—  43"~~    *  '.ajoutez  le  nom  de  l'auteur  anonyme,  M.  Van  Wo«i- 

sel ,  docteur  en  médecine  à  Amsterdam. 

—  46 —    7  :  Vigenèse ,    lisez   Vigenère.  Ibid.  lignes   jy   et   24, 

Gaguin ,  ^/ses  Guaguini. 

—  167  —  32  et  34  :  1789  ,  lisez  1799. 

—  3ai  —  19  :  dix-septièiue,  lisez  dix-huitiéme. 

—  SgS  — 15  -.après  ces  mots  ,  de  Mansfeld  ,  ajoutez  par  Heinec- 

cius. 

TOME    TROISIÈME. 

—  46  —  29  :  du  Journal,  lisez  ou  Journal. 

v_  h4  —  23  el  24  :  Descriptions  de  la  Sicile  et  de  Malte.  Voyages 
faits  dans  ces  deux  îles  :  lisez  ,  Descriptions  des 
iles  de  Sicile  el  de  Malte ,  chacune  en  particulieF. 


•»#**'«  !_ 


485 

Piges,     lignes. 

—  71  —   4  :  Pithyeuses  ,  lisez  Pilhiuses. 
— 141—27  :  Papou  ,  //ses  Fapon. 

—  i5a —    1  :  Prudi  ,  lisez  Piadt. 

— 173 — j5  ,    16,    17,   18  :    Hagenisli-Ortelli,  lisez    Hegenitii- 
Oilelii. 

—  207  —   4  :  "Wissor ,  Usa  Misson. 

—  2^4 — ai  :  Warner,  lisez  Werner. 

—  282 —   g  el  i3  :  Lypscombe,  lisez  Lipscomb. 

—  agô  —  18  :  Sibald  ,  lisez  Sebald. 

—  385 —   6  :  Echhofius,  lisez  Eichhofius. 

TOME     QUATRIÈME. 

•—226 —    7  :  l'Amérique,  lisez  l'Afrique. 

" —  391  —    1  ;  page  392  ,  ligues  1 8  et  25  ;  page  SgS ,  ligne  i6  :  Dao- 
kins  ,  lisez  Daukins. 

—  416—13  :  Ladoire,  lisez  Laduire. 

■ — 420 — 10  :  Titeli ,  lisez  Filcii's  (Ralph). 

TOME    CINQUIÈME. 

—  29  —    8  :  Torennée  ,  lisez  Torrée. 

—  58 —    1  :  Baretto  ,  /«ea  Barelti. 

—  129 —   6  :  Bibeyro  ,  lisez  Ribeyro. 

—  270  —    3  :  après  ces  mois ,  de  la  Corée ,  ajoutez ,  de  la  Tarlari^ 

chiuoise. 

—  a8i  —  22  :  Bouret,  lisez  Bouvet. 

—  459 —   7  ,  18  ,  21  ,  25.  Frobi»her,  lisez  Forbisher. 

—  462  —  22  :  français,  lisez  François. 

TOME     SIXIÈME. 

—  la  — 18  :  Gaspérie,  lisez  Gaspésie. 

—  02  —  23  ;  Tinberlake  ,  lisez  Timberlake. 

—  1 17  —  1  a  et  1 3  :  Brikvell ,  lisez  Brikuell. 

—  183  —  a3  :  Hickeringilli,  lisez  Hickeringill. 

iV.  B.  Plusieurs  fautes  de  noms  propres  ont  été  corrigées  dans  fa 
Table  des  Auteurs,  à  laquelle  le  lecteur  est  invité  à  recourir. 


■nff-ii 


La   Bibliothèque 
Université  d'Ottawa 

Échéance 

Celui  qui  rapporte  un  volume 
après  la  dernière  date  timbrée 
ci-dessous  devra  payer  une  amen- 
de de  cinq  cents,  plus  deux  cents 
pour   chaque    jour   de    retard. 


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cents,  and  an  extra  charge  of  two 
cents  for  eoch  additional  dey. 


i'i^-r.-f'-'CîitXfVi 


■^■^■w^^