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University of Toronto
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BIBLIOTHEQUE
UNIVERSELLE
DES VOYAGES.
OU
Notice complète et raîsonnée de tous les Voyages ancieiis
et modernes dans les différentes parties du monde ,
publiés tant en langue française qu'en langues étran-
gères, classés par ordre de pays dans leur série chrono-
logique ; avec des extraits plus ou moins rapides des
Voyages les plus estimés de chaque pays, et des juge-
mens motivés sur les Relations anciennes qui ont le plus
de célébrité :
Par g. boucher DE Lk RICHARDERIE,
• Ex- Juge en la Cour de Cassation, et Membre de la Société
française de l'Afrique intérieure, instituée à Marseille.
TOME VI.
A PARIS,
Cîiez Treuttel el"WuRTZ, ancien liôlel de Lauraguaia,
rue de Lille, n** 17, vis-à-vis les Théatins;
El à Stuasbouiig, même maison de conimercf.
1808. ..,—
I • C>N»ADSANA
Z
■ aïs'
im
TABLE
DES SECTIONS ET DES PARAGRAPHES
contenus dans ce volume.
SUITE DE LA CINQUIEME PARTIE.
SECTION II.
Descriptions de l'Amérique septentrionale. Voyages
faits dans, cette partie de T Amérique.
§. I. J_/escriptions générales de l'Améi'ique septen-
trionale. Voyages communs à plusieurs contrées de celte
partie de l'Amérique P^ge i
5. II. Description» de la haie d'Hudson , de la terre de La-
brador , de Terre-Neuve , du Canada , de la Gasperio
(Gaspésie) , de l'Acadie ou Nouvelle-Ecosse , du Cap-
Breton , et des contrées adjacentes. Voyages faits dans
ces parages 1 a
§. III. Relations communes au Canada et aux Etals-Unis
:••.••' 39
5. IV. Descriptions des Etats-Unis en général. Voyages
faits dans difi'érentes parties de ces états à la fois. . . 55
§. V. Descriplions de j^lusieurs des Etats-Unis en particu-
lier. Voyages faits dans ces états ^5
Nouvelle-Angleterre , ibicL
Etal de Massachusset nj
Etat de New-Harapshire. ^8
Etat de Vermont , . . •jc)
V TABLEDES SECTIONS
Etat de Connecticut page 75
Etal du Nouveau-Jersey 80
Etat de New-Yorck ibid.
Etat de la Pensylvanie 8i
Etats de la Virginie et du Maryland 84
Etats du Kentuky et du Ténessée 91
5« VI. Descriptions de la Floride. Voyages faits dans celle
contrée 1x8
§. VII. Descriptions de la Louisiane. Voyages faits dans
ce pays ia4
$. VIII. Descriptions de la Californie. Voyages faits dans
cette contrée i4o
5. IX. Descriptions du Nouveau-Mexique. Voyages faits
dans ce pays 148
Ç. X. Descriptions du Mexique. Voyages faits dans celle
contrée 149
SECTION m.
Descriptions des Aoitilles en général.
$. I. Descriptions communes aux Grandes et Petites-An-
tilles. Voyages faits dans les unes et les autres de ce»
îles i65
§. II. Descriptions des Grandes-Antilles. Voyages faits
dans ces îles 181
Ç. III. Descriptions des Petites- Antilles. Voyages faits dans
ces îles , 1 90
SECTION IV.
Descriptions de l'Amérique méridionale en géné-
ral. Voyages communs à plusieurs contrées de
cette partie de l'Amérique 204
§. I. Descriptions de l'isthme de Panama , de la Terre-
Ferme , de rOrénoque , de la Nouvelle-Andalousie et
du nouveau royaume de Grenade 20&
IT DES PARAGRAPHES. vi;
J. II. Voyages faits dans la Guiane. Voyages faits dans cette
contrée P^ge 25 1
Ç. III. Descriptions du Brésil. Voyages faits dans ce pays.
; • • • ^ 569
Ç. IV. Descriptions des pays arrosés par le Maragnon ou
la rivière des Amazones , et du Paragua3^ Voyages faits
dans ces contrées 807
J. V. Descriptions du Pérou et du Chili. Voyages faits dans
ces deux pays 3 1 9
SIXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE.)
SECTION I.
Voyages faits dans l'océan Pacifique ou la mer du
Sud en général, et en particulier aux groupes
d'îles compris sous la dénomination de Poly-
nésie 345
Isles Pélew 352
Isles Mariannes 358
Les Caroli)ies 869
Isles Sandwich ibid.
Isles Marquises 377
Isles de la Société 378
Isles des Amis et des Navigateurs 884
Isle de Pàc^ues 388^
SECTION II.
Descriptions des Terres Magellaniques. Voyages
faits dans ces pays 39a
X'iij TABLE DES SECTIONS, &C.
SECTION III.
Descriptions des Terres Australes. Voyages faits
dans ce pays P^gc 4^^
Terres australes du Saint-Esprit, ou Nouvelles-Hé-
fcrides ; Nouvelle-Calédonie; Louisiade ; îles et
détroit de Bougainville 4o8
Nouvelle-Bretagne et Nouvelle-Irlande 4'^
Nouvelle-Hanovre, îles de l'Amirauté, desHermites
et de l'Echiquier 4^ '
Isle des Papous ou Nouvelle-Guinée /» la
Nouvelle-Hollande 4^7
Nouvelle-Zélande ^3i
Terie ou île de Diémen et cap de Diénien 4^4
TabIjE, par ordre alpliabétique , des noms des Voyageurs
et des Auteurs de Collections et d'Histoires générales des
Voyages, et de Traités sur leur utilité 4^3
ÏIN UE IK TABLE DU TOME SIXI1.;JIB.
BIBLIOTHEQUE
UNIVERSELLE
DES VOYAGES-
SUITE- '
DE LA CINQUIÈME PARTIE,
SECTION IL
Descriptions de V Amérique septentrionale,
f^ojages faits dans cette partie de F Amé-
rique.
3. I. Descriptions générales de V^tnérique septen-
trionale, Voyages communs à plusieurs contrées
de cette partie de V Amérique,
ri. APPORT concis et slacère fait en 1621, par
Thomas Hatriot , sur Terre-Neuve et ]a Virginie :
( en anglais ) Brief and true Rapport of the New
Fouudland and of Virginia. Londres, i62S,in-foL
VI. A
â BIELIOTHEQUB DES VOYAGES.
Relation dctout ce qui s'est passé au voyage
de M. de Brétigny en l'Amérique occidentale-sep-
tentrionale, par Paul Bojer ^ sieur de Pelit-Puy,
avec la description des mœurs des Sauvages , un dic-
tionnaire de la langue , et un avis à ceux qui veulent
y établir des colonies. Paris, Ruelles, i654, in-8*.
Description" géographique et historique des
côtes de l'Amérique septentrionale , avec l'histoire
naturelle du pays , par Denjs , enrichie de cartes
géographiques. Paris, Billaine , 1672 , 2 vol. in-12.
Description d'un voyage dans quelques pays et
peuples inconnus de l'Amérique septentrionale ,
par P. Marquette: (en allemand) Beschreibung einer
Reise und etlicher , hisher noch unbekannter Là'nder
und Vd'lker in Nord •■ America , von P. Marquette.
1675 , sans lieu d'impression, in-i3.
— La même , Leyde , 1757, in-S**.
Histoire de l'antique Vinlande ou partie de
l'Amérique septentrionale , par Thomas Torfaeus :
(en latin) Thomae Torfaei Historia antiquae Vin-
laudiae seu partis Americae septentrionalis . Hanau ,
1705 ; i&îVf. 1715 , in-8°.
Relation d'un pays nouvellement découvert
dans l'Amérique septentrionale : (en espagnol)
Relacion de un paiz novemente descubierto en Ame-
rica. Bruxelles , 1 7 19 , in-8°.
L'Empire Britannique en Amérique, contenant
l'histoire des découvertes , des établissemens , des
progrès et de l'état actuel des colonies anglaises
(dans le continent et le» îles de TAnaérique , renfer-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. 5
mant le tableau de ces contrées , le sol , le climat ,
les productions , le commerce de Terre-Neuve , de
la Nouvelle-Angleterre , de la Nouvelle-Ecosse , de
la Nouvelle-Yorck , du Nouveau-Jersey, de la Pen-
sylvanie , du Maryland , de la Viiv>inie , de la Caro-
line , de la Géorgie , de la baie de Hudson , de la
Barbade , de Sainte-Lucie , de Saint-Vincent , de la
Dominique , d'Antigues , de Moniferrat et Nevis , de
Saint-Christophe , d'Anguille , de la Jamaïque , de
Bahama et des Bermudes ( par Jean Oldmikon ) ;
seconde édition , revue et corrigée , avec la conti-
nuation de l'Histoire de ces colonies , et les chan-
gemens qui ont eu lieu dans leur situation et leur
commerce , depuis l'année 17 lo jusqu^au temps
actuel , avec cartes : ( en anglais ) The British Em-
pire in America , containing the liistory of tlie disco-
very y seulement y progress and slate oftlic british colo-^
nies y on the continent and island of America : being
an account of the countrj , sol ^ climale , product , and
trade of New-Foundland, New-England^ New-Scot-
land , New-Yorch , New-Jersej , Pensjlvania , Ma-
ryland, Virginia , Carolina , Hudson-Bai , Barbades
St. Lucia , St. Vincent, Dominîca , Antigoa , Mont-
f errât , Nevis , St. Christophers , Anguilla , Jamaïca,
Bahama and Bermudes i^bj John Oldmikon) ; second
édition, corrected and amended; with the continua-
tion of the Historj and the variation in state and
trade of those colonies , from the year 1^00 and the
présent time. Londres, Brothenton , 1721, 2, vol.
in-8^
Histoire naturelle de la Caroline, de la Flo*
3
4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
ride et des îles de Baliama , coulenant les dessins
colorie's des oiseaux , poissons , serpcals , iusecles
et plantes , suivie des descriptions en anglais et en
français , avec des observations sur l'air , le sol , les
eaux , et des remarques sur l'agriculture , les grains ,
les le'guiues, les racines, etc.... par Marc Cateshy :
(en anglais; Marc Cateshy' s Natural Historj of Ca-
rolina , Florida and the Bahama islands , containiitg
the figures of bird heast , Jïshes , serpents , insects
and plants ; together wirth their descriptions in en-
glish andfrench , to which are added observations on
the air y soïl and waters , with remarks upon agri-
culture ^ grain., puise, root , etc.... Londres , 1754-
1745, 2 vol. pet. in-fol.
Appendice à l'histoire naturelle de la Caroline ,
etc.. : (en anglais) ^ppendijc to the natural history
of Carolina, etc — Ibid. 1748, pet. in-fol.
— La mêiwe avec l'Appendice, en latin et en
français ; édition corrigée et augmentée par George
Edwards, avec figures coloriées. Londres, 1764;
ihid. 1771, 2 vol. in-fol.
La même, traduite en allemand sous le titre suivant:
Beschreibung von Carolina y Florida und Ba-
hama Insein. ISuvemherg , ij6j, in-fol.
Ce magnifif£ue ouvrage est infiniment précieux pour
les naturalistes.
Idée d'une nouvelle Histoire générale de l'Amé-
rique septentrionale , fondée sur un volumineux
recueil de figures, de symboles, de caractères,
d'hiéroglyphes , contenus dans les Mémoires des
auteurs indiens, par Lorenzo Boturini , ayec le cata-
AMÉRIQUE. VOVAC. DANS L'AMER. SEPT. 5
logue du Musée historique, par le même : (on
espagnol) Idea et' wia imova Ilistoria gênerai de la
j/merica septentrionale ^ etc.... por Lorenzo Botii-
rini. Madrid, 1746, in-Zi*^.
Voyage par mer entrepris avec Bering, duKam-
tschalka aux côtes occidentales de l'Aniérique , en
174^ , par Stellcr, publié par P. S. Pallas : (en alle-
mand) Stellers , ini Jahr i^4i , 'von Kaintschatka
aus mit Berijig unternommenen Reise nacli den West-
Kiisten in America , x'on P. S. Pallas. In-8''.
Voyage fait dans l'Amérique septentrionale , par
PiericA'rt/mjde l'ordre de l'académie des sciences,
aux dé[)ens du public : (en suédois) Kalrns (Pélir)
Resa in Norra America ,paKongliga swen^ka veten-
sc'iap^ - Academiens hefalning , och public kostnen
forràttad. Stockholm , 1755, 56, 61 , 5 vol. in-8°.
— Le même, traduit en allemand. Gottingue,
1754 à 1764;, 5 vol. in-8°.
— Item en anglais par R. Forster. 1772 , 2 vol.
in-8°.
Ce Voyage est également curieux et instruclif. Il noiis
donne des notions précieuses sur la géologie et la minéra-
logie de l'Amérique septentrionale. Les descriptions des
minéraux ont cependant le défaut de ne pas être conçues
dans des termes assez précis, ce qui tient à l'état de la
science d'alors. Kalm n'est pas en général un boîiécrivani,
mais c'est un observateur judicieux et impartial.
Description abrégée des possessions anglaises
et françaises dans le nord de l'Amérique, pour ser-
vu' à l'explication d'une carte publiée sous ce titie
par Jean Palairet , français de nation : (en anglais)
6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Concise Description of the english and french pos"
sessions in North-yàmerica , for the îetter explaining
of themap puhlished, -with that title by JohnPalairet,
Londres, 1^55; ihid. iy55,m-8°.
— La même , en français. lySS, in-8".
— La même, en allemand. Leipsic , 1755,10-8'^-
Etat présent du nord de rAmérlque : (en an-
glais) The présent State of North- America. Londres,
1755, in-8".
Presque tout cet ouvrage est tiré des Mémoires histo-
riques de Dumont ^ dont je donnerai la notice.
Etat des Colonies britanniques et. françaises
dans le nord de l'Amérique : (en anglais) State of
the hritish and french Colonies in North- America,
Londres, 1755, in-8°.
Annales modernes des Colonies anglaises daniv
l'Amérique septentrionale, depuis l'an 1765 jus-
qu'à présent, par Edmond Burle : (en allemand)
Jahr-BûcJier der neucm Geschichte der Englischcn
P/lanzungen in Nord-Ameriha , von dem Jahr iy5S
ciuf jetzige Zeiten , von Edmund Burhe. Leipsic,
in58,in-8°.
Relation abrégée du nord de l'Amérique , j)ar
Boberl Roger : (en anglais) Roherli Rogeris concise
Account of North- America. Londres, 1765 , in-8°.
Observations sur l'Amérique septentrionale et
les Colonies anglaises , d'après des notions coiîi-
muniquées par le docteur Franhlin ; par Godefroi
Achenwall : (en allemand) Gottf. Achenwalïs An--
merkungen liberNord-Amerika und ûber dasige Gî'os-
Britannische Colonien^aus m.ûndlichen Nachrichten
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 7
des Hemi D.Franklin. Francfort et Leipsic, 1769,
Histoire de l'Amérique septentrionale, et par-
ticulièrement des nations qui habitent les bords du
Mississipi , la Floride orientale et occidentale , la
Géorgie , le sud et le nord de la Caroline et de la
Virginie , contenant la relation de leur origine ,
langages , mœurs , religions , usages , îoix et formes
de gouvernement , avec de nouvelles cartes qui se
rapportent aux contrées décrites dans cette histoire,
par Jacob Adair, écuyer, négociant chez les habi-
tans sauvages , et résidant dans ces contrées pen-
dant quarante ans : ( en anglais ) Jacohi Adairs ,
esquire , a trader wîth the Jndians j and résident in
their countrj ; Historj of the American Indians ,
particularly those nations adjoining to the Missis-
sipi East- and JVest-Florida , Georgia , South- and
North-Carolina j and Firginia , containing an ac-
count oj" their origin^ language , manners , religions
and civil customSj laws , a map to the countrj rejer-^
red to in the history. Londres , lyyS, in'4°.
— La mônie , traduite en allemand. Leîpsic ,
1782, iu-8°.
Voici le jugement que porte sur- cette relation M- de
Volney ( Tableau du climat et du sol des Etats - Unis
d'Amérique, page 435, en note).
«Je ne parle point, dit-il, du livre à'Adair sur les
» Criks et les Cherokis , parce que , à quelques faits vrais,
» il a mêlé une foule de faits altéréa ou faux , dana l'infen-
» tion de prouver que les Sativages descendent des Juifs.
» Cette extravagante idée, qui d'ailleura lui est commune
•» avec plusieurs missionnaires, ne l'a conduit qu'à fair#
8 BI EL lOTHÈQ L'E D E 5 VOYAGES,
» envisager SOUS un faux jour lout ce cjni appartient nvK
» Sauvages. Ce n'est qu'avec de saines nolious'sur la nalnia
» de l'entendement humain , sur sa marche, (t sur Ions
» les principes qui gouvernent et modifient l'Iioaime de
» la nature, que l'on jKnU bien étudier et suivre l'histoire
» des nations ». ^
Voyage dans divers etablissenieiis au nord de
l'Amérique, en lySg et 1760, avec des observa-
tions sur l'état des colonies., par André Burnahj :
(en anglais} Travels through ilie middle settlements at
JVorth- America , in ilie jears 1^5 g and iy6o ; with
observations upon the state of colonies : hy André
J?u;7i«ij'. Londres, 1775, in-8°.
Ce Voyage a été li'aduit eu français sous le titre sui-
vant :
Voyage dans les colonies du milieu de l'Amé-
rique septentrionale, fait eu lySq et 1760, avec
des observations sur l'étal des colonies , par M. An-
dré Bumaby, ministre de Greenwicb, traduit d'après
la seconde édition par M. Wi!d. Lausanne, de lu
"Société typographique , ^J'J^y in-8".
Description du pavs de l'Amérique septentrio-
nale : (en allemand) Beschreibujig der JVord-Anieri-
canischen Làndcr, Eribrt, 1776, in-8'\
Description bislorique et géographique de
l'Amérique septentrionale : (en allemand) Nord-
Ainerica , historisch und geographisch beschrieben,
Hambourg, 'i'J'J'J'y ibid. 1778, 4 vol. in-8°.
Histoire de l'Empire britantiique dans l'Amé-
rique septentrionale , et premièrement de la décou-
verte de ce vaste continent par S^ba&lieu Cahot ^
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 9
eu 1497 j ^^ ^^ l'état acluc] des glorieux étaLiisse-
niens de l'Auglelerrc dans ce pays , dout la posses-
sion a été dernièrement assurée par le traité de
paix de I 765, avec cartes : (en anglais) The Historj
of the hritish domination in Nortli-Anierica , from
the discoi'ery of that vast continent , by Sébastian
Cahot y in 14^^, to ils présent glorious establish-
ment , as confirmed by the late treatj of peace in
iy63. Londres, 1778, in-4".
Description des Colonies européennes dans le
nord de l'Amérique : (en allemand j Beschreibwig
der Europœischen Colonien in Nord-Amerika. Lcip-
sic, 1778, ii>8°.
Voyage au Mississlpi, à la Floride, au nord de
la Caroline et en Virginie (en allemand), Breslau ,
1780, in-8«.
Histoire de la mission des Frères évangéliqnes
( Hernhoutes) parmi les nègres de l'Amérique sep-
tentrionale , par George Henri LosJdel^ avec caries :
( en allemand) Geschichte der Mission der Evangei.
Brader unter dsn Indianern in JYord- America , von
G. Hein. Loskiel. Barby , 1789, in-8".
Voyage dans la Caroline, la Géorgie, la Flo-
ride ^ etc.... par Guillaume 5rt/7/«7?i .• (en anglais)
Travels throuc^h Carolina , Georgia , Florida, etc..
by JVilliam Bartram. Londres, 1792, 2 vol. in-S**»
Ce Voyage a élé Ircîduit en français sous le litre sui-
vant :
Voyage dans' les parties de l'Amérique septen-
trionale , savoir, les Carolines septentrionale el
méridionale , la Géorgie , les Florides orienlale el
10 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
occidentale , le pays des Chérokées, le vasle terri-
toire des Muscoculges ou de la Confédération Creek,
et le pays des Chaclaws , contenant des détails sur
le sol et les productions naturelles de ces contrées,
et des observations sur les mœurs des Sauvages qui
les habitent , par William Bartram , imprimé à Phi-
ladelphie en lygi , et à Londres en 1792 , et tra-
duit de l'anglais par P. V. Benoist , enrichi de cartes
et de planches. Paris, Carteret et Buisson , an vu —
1799, 2 vol. in-8°.
En visitant les vastes contrées dont le titre du Voyage
fait rénuraération , Bartrara s'est singulièrement attaché
à l'histoire naturelle, et sur-tout à la botanique des pays,
objet principal de ses études. Il ne laisse presque rien à
désirer aux naturalistes sur cette dernière partie.
Quoique les recherches de ce voyageur se soient princi-
palement dirigées vers cette branche des productions de
la nature , il n"a pas négligé d'observer son plus bel ou-
vrage, l'homme. Ill'a soigneusement étudié chez celles des
nations sauvages , où il conserve encore , dans toute sa
rudesse , l'empreinte de ses traits primitifs.
Description topographique du territoire de
l'ouest de l'Amérique septentrionale , contenant
une relation abrégée du climat , de l'histoire natu-
relle , de la population , de l'agriculture , des usages
et des coutumes de cette contrée , par George
Imlaj : (en anglais) ^ topographical Description of
ihe western territory of North-America , containing
a succinct account of ils climate , natural history ,
population^ agriculture, manners and customs , hy
George Imlaj. Londres, 1792 , in-S*'.
Journal d'un voyage dans l'A-mérique seplen-
IMÉBIQUE. VOYAG. DANS l'amer. SEPT. II
trionale : (en allemand) Journal einer Beise in Nord-
Ameriha. (Inséré dans le Génie du temps , 1795,
X* cahier. )
Lettres d'un Hollandais, écrites pendant un
voyage dans l'Amérique septentrionale : (en alle-
njand ) Biiefe eines Hollànders ai\f einer Beise in
Nord-Amerika. (Inséré dans le Journal de Berlin,
1796, 5^ et 4^cah.)
Relation des aventures singulières et de la
captivité de Thomas Barrj chez les Indiens Mon-
sisri, lors de son exploration des contrées de l'Amé-
rique septentrionale, durant les années 1797,1798
et 1 799 , renfermant des détails sur les usages et
les coutumes de cette tribu ; de plus , une relation
particulière de son évasion , accompagné d'une
femme américaine, les infortunes extraordinaires
qu'il a essuyées, et son heureuse arrivée à Londres ;
écrite par lui-même : (en anglais ) iVarraiîVe ofihe
singular adi^entures and captivitj of Thomas Barrj
among ilie Monsisri Indians , in the unexplored re-
gions of Nortli- America, during the j cars i/^/~I/^ç*
including the manners and customs of that tribu : also
a particular account of ils escape , accompanied by
an American femel , the extraordinary hardships
thej encountered j and their safe arrivai in London,
written bj himself, Londres , 1 800 , in-8**.
Description de celles des parties de l'Amérique
septentrionale qui sont contenues dans la carte des
colonies anglaises de l'Amérique , annexée à cette
description , par T. M. Pownal : (en anglais) DeS'
sription of such parts of JSorth- America as are coti"
12 r, r B L I O T H È Q U E DES VOYAGES.
tained in the annexed map oftJie Brilish Colonies in
America, hj T. M. Pownal. Londres , 1800 , in-S*'.
Voyage en Amérique ( rAmérique septentrio-
nale), fait clans les années 1798, 1799 et 1800,
contenant des observations sur les mœurs et la
société , accompagnée d'un apperçu général du.
système de 1 agriculture américaine et de ses amé-
liorations , par R. Parkinson : (en anglais) A Tour
in America, etc.... by R. Parkinson. Londres,
1806, 2 vol. in-8''.
Voyage dans l'Amérique septentrionale , ou
Lettres adressées par un voyageur anglais à ses
amis en Angleleire , par P. TP'akefield : ( en anglais)
Ejtcursion in Norili- America ^ etc.... hjP. Tf^ake-
field. Londres, 1806, in-12.
§. II. Descriptions de la haie de Jludson, de la terre
de Labrador, de Terre-Neuve , du Canada, de la
Gaspérie j de l'Acadie ou Nouvelle- Ecosse ^ du
Cap-Breton et des contrées adjacentes, f^oyages
faits dans ces parages.
Outre les rela'ions particulières dont je vais donner les
noiicesj !es Lettres édifiantes fournissent des notions inté-
ressantes sur les contrées qui sont l'objet de ce paragraphe.
BAIE DE HUDSON.
Description et Plan géographique de la décou-
verte d'un détroit ou passage à l'ouest , devant con-
duire par PAmériqne à la Chine et au Japon , récem-
ment cherché par l'Anglais Henri Hudson ; de plus,
le rapport fait au roi d'Espagne d'un pays nouvelle-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AmÉr. SEPT. l5
ment découvert dans la cinquième partie du ^loLe ,
nommée Australe inconnue , avec la descrij)tioa
des Terres des Sanioïèdes et des (TarlaresJ Tun-
guses , situées en Tartarie , à la naissance du détroit
de Wavgats , et dernièrement soumises à la domi-
nation des Moscovites _, et quatre caries : (en latin)
Descriptio ac delineatio geographica detectionis fi eti j
sivè transitas ad occasum , suprà terras ^inericanas ,,
in Chinam atque Japoniam diicturi , recens investi-
gati à 31. Henrico Hndson anglo : item^ ez'egesis régi
Hispaniae Jacta super tractu recens détecta in nuinlâ
orbis parte, cui nomen ^dustralis , incognita ^ camDe-
scriptione Terraruni Savioiedarwn et Tiatgusianorwn
in Tartariâ ad ortuni freti Kejgati sitaruni , nuper-
fjue sceptro 3Ioscovitanini addiclarum. Amsterdam,
Gérard Hesselius , i6i5, in-4^.
Description des voyages du capitaine Jean
Munk j en 1609 et 1620, au détroit de Hudson :
(en allemand) Beschreihwig der Reisen durch Capit.
Joli, 3Iunken , inï Jahr 160g - 1620 ,nach dem Freto
Hudson. Francfort, iG5o, iu-^*^.
Relation de plusieurs contrées voisines de la
baie de Hudson , par Arthur Dohs : (en anglais)
udn jdccount of ihe coinitries adjoiuing to Hudson-
Bay ^ hj Arthur Dohs. Londres , 1744? iw-12.
Relation d'une résidence de six années, de
Joseph Robson dans la baie de Hudson , depuis
170^ jusqu'en 1756, et depuis 1745 jusqu'en 1747,
(en anglais) Joseph Robson s .Account of six jear
résidence in Hudson~Bay from iyS3 to 1706 , and
ly-iS to j/é/. Londres , 1752 , in-8^.
l4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Etat présent des établissemens de la baie de
Hudson, par Edouard dC Humf reville : (en anglais)
State of ihe Hudson-Bay y hy Edwart d'Humf reville.
Londres, 1790, in-S'^.
TERRE DE LARRADOR.
Relation* abrégée des établissemens cbez les
Eskimaux et sur les côtes de Labrador : (en anglais)
ji hrief Account established among the Eskimaus on
the coast of Labrador. Londres, l'j'j^j in-8"^.
Journal des opérations qui se sont faites et des
événemens qui se sont passés pendant un séjour de
seize années sur la côte de Labrador, par George
Cartwright : (en anglais) A Journal of transactions
and événements , during a résidence of nearly six
years , part of the coast of Labrador , by George
Cartwright. Kew-Yorck , 1792 ,3 vol. in-4°.
Particularités concernant la contrée de La-
brador , par Robert Curtis : (eu anglais) Particulars
ofthe country of Labrador , by Robert Curtis. (Insé-
rées dans les Transactions philosophiques, vol. 64 ,
part. 1 , pag. 174 et suiv.j
TERRE-NEUVE.
Voyage de Hara à Terre -Neuve et au Cap-Bre-
ton : (en anglais) Hara i Voyage to New-Found-
land and Cape-Breton, iS36. (Inséré dans la Col-
lection de Hackluit. )
Voyage de Humpb. Gilbert à Terre-Neuve :
Amérique, voyag. dans l'amer, sept. i5
(en anglais) Humph. Gilbert' s Kojage to JYew-Found-
land,iâ83. (Ibid.)
Relation de Terre-Neuve , et de son utilité ;
(en anglais) A Relation of New-Foundland ^ and its
commodities . ( Ibid . )
Voyage au nord-ouest de Terre-Neuve : (en
anglais) Kojage to the nortk-west of JSew-Found^
Iand,i5g4. (Ibid.)
Abrogé du Voyage de Richard TViihbourne à
Terre - Neuve : ( en anglais) Abstracts of Richard
JViihhourne's Voyage to New-Foundland, (Inséré
dans la Collection de Purchass.)
CANADA.
Brief Récit , succincte narration de la naviga-
tion faite aux îles de Canada , Hochelage et autres ,
et particulièrement des niceurs , langage et cérémo-
nies d'habitans d'icelles. Paris, Rosset , iSgS,
in-4''.
Discours du voyage aux Terres - Neuves , les
Canadas, etc.... par Jacques Cartier. Rouen, i5g8,
in-8^
Dès l'an i5i8, le baron de Levi avoit découvert une
partie du Canada : non-seulement Jacques Cartier ajouta
à ces premières découvertes, mais il visita tout le pays
avec les lumières d'un homme également initié dans la
géographie et- l'hydrographie : c'est ce qu'on reconnoît
dans l'ouvrage dont je viens de donner la notice : il con-
tient une description exacte et détaillée des côtes , de»
ports , des détroits , des golfes , des caps , des livières , dea
lies qu'il reconnut, soit dans iea navigation» sur le £leuv»
l6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
de Saint- Laurent, soit, dans ses excursions dans la partie
continentale du Canada. Encore aujourd'hui , les marins
emploient la plupart des noms qu'il donna aux difFérens
end roils où son infatigable activilé le porta.
Histoire de la découverte du grand pavs dit la
Nouvelle-France: (en allemand) Historié von Eifin-
dung (ler Grossen Landschajt , Noua-Francia. Hani-
bouri; , i6i5 , iiî-4°.
D-s Sauvages , ou Voyage de (Samuel) Cham-
plaiji , fait en la Nouvelle- France , l'an i6o5. Paris ,
ïGo5,in-8^
Voyage de la Nouvelle - France , de Samuel
Champlain , Xainlongeois , capitaine de marme.
Paris, i6i5; ihid. ï6ij, m-8*^.
Les divers voya<jes de Samuel Cliamplain au Canada ,
et Ini'.a les délails de sou adminisiraiion dans celle colonie ,
son! traités avec beaucoup pl.is détendue et de soin dans
l'édition çne Champlain lu i-incmé donna de ses Voyages,
( l dont v( ici le litre :
Lis Voyages de la Nouvelle -France occiden-
tale, dite Canada , faits par le sieur de Champlain,
Xainlongeois , capitaine pour le Roi en la marine
du Ponent , et toutes les découvertes qu'il a faites
en ce pays , depuis l'an i6o5 jusque en l'an 162g,
où se voit comment ce pays a été découvert par les
Français sous l'autorité de nos Rois Très-Chrétiens,
jusque au règne de Sa Majesté à présent régnante
'Louis xiir , roi de France et de Navarre : avec un
Traité des qualités et conditions requises à un bon
et parfait navigateur , pour connoître la diversité
des estimes qui se font en la navigation , les marques
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. I7
et renseignemeos que la providence de Dieu a
mises dans les mers pour redresser les mariniers
en leur roule , sans lesquels ils tomberoient en de
grands dangers , et la manière de bien dresser les
cartes marines , avec leurs ports , rades , îles ,
sondes, et autres choses nécessaires à4a navigation.
Ensemble une carie générale de la description
dudit pays , faite en son méridien selon la décli-
naison de la guide -ai niant , et un calécliisme ou
instruction traduite dki français en lançraire des
peuples sauvages de quelques contrées , avec ce qui
s'est passé en ladite Nouvelle -France en l'année
i65i ; av<?c figures. Paris, Claude Collet, i652,
in-4°.
Ce Voyat;e , qui inéiile dèlre reclieirlié , n'esl pas commun.
Champlain, qui réunissoil à une rare prudence beati-
coiip de résolution el de couraf^e, avoit été envoyé par
Henri iv dansle Nouveau-Monde en qualité de rapitaine
de vaisseau : il y louda en quelque sorte au Canada léla-
blissenienl connu sous le nom de Nouvelle-France, dont
il fut le premier gouverneui-. Ce fat lui qui bâtit la ville
de Québec, et qui concourut essentiellement à l'éreclion
d'une nouvelle compagnie pour îe commeree du Canada.
Il habita l'Améi-ique plus de trente ans. Avec cette expé-
lience et un bon esprit, il étoit plus propre que personne
à décrire un pays qui lui éloil si bien connu. Le clioix qu'il
a fait desévéuemens divers qui avoieiit eu lieu avant lui,
et de ceux dont il fut le spectateur ou le principal acteur,
est très-judicieux. Son style a du nattu-el el de la sijnpli-
cjlc. Comme il n'étoil et ne pouvoit êlre ni bon physicien ,
ni bon naturaliste, une crédulité peu éclairée se fait remar-
<pjer quelquefois dans sa narration, qui remonte aux ])re-
inières découvertes faites dans celle partie de l'Amérique
par Vezzerani , et c{ui descend jusqu'en i63i.
VI. IJ
i8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
HiSTOiïiE de la Nouvelle-France, conienaiit les
navigalioDS , découvertes et liaLitalious faites par
les Français aux Indes occidentales et Nouvelle-
France , sous l'aveu et l'autorité de nos Piois très-
chrétiens, et les diverses fortunes d'iceux en l'exé-
cution de ces choses , depuis cent ans jusqu'à huis :
en quoi est comprise l'histoire morale , naturelle
et géographique de ladite province , avec figures ;
par Marc Lescarbot , avocat en parlement, témoin
oculaire d'une partie des choses ici récitées. Paris ,
1609, in-8°.
— La même , seconde édition , revue , corrigée
et augmentée par l'auteur. Paris, 1611 ; ibid.
5^ édition , 1617, in-S".
Histoire de la Nouvelle-France (en allemand).
Augshourg , i6i5 , in-4°.
E.ELAT10N de la Nouvelle -France , par le P.
5m/-^, jésuite. Lyon, 1616, in-S'^.
Lettre de Charles Lallemand, supérieur des
missions des Jésuites au Canada , où sont coulenues
les mœurs des Sauvages. Paris, 1G27, in- 12.
Brève Relation d'un voyage à la Nouvelle-
France, par leP.Ze/eune, jésuite. Paris, Cramoisi,
i65i, iD-8«.
Le grand Voyage au pays des Hurons, par le
P. Oiih\'\e\ Sagard. Paris, Moreau , i632 , in-12.
Aulie relation sous le titre suivant :
Histoire du Canada, et Voyages que quelques
Récoletsy ont faits pour la conversion des infidèles,
parle frère i5fl^ar<i, nhéodat-récolet. Paris, iGS-a;
ibid. i656, in-8°.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. IQ
Relation de ce qui s'est passé à la Nouvelle-
France en ranuée i633. Paris, i634j în-12.
Relation de ce qui s'est passé dans la Nouvelle-
France en 1634, par le P. Lejeune , jésuile. Paris,
ï 635 -1640, 7 vol. in-8°.
Relation de ce qui s'est passé au pays des
Hurons en lôSy, par François-Joseph Le Mercier.
Rouen, i658, in-8®.
Relation de la Nouvelle-France , par Barlhé-
temi Vincent, depuis l'an i63i jusqu'en 1649-
Paris, 1641-1649, 4 vol. in-8°.
Relation des missions des PP. Jésuites à la
Nouvelle-France , en 1647 ^^ 1648, par le Supé-
rieur des missions. Paris, 1649, in-8°.
Relation de la mission des PP. Jésuites aux
Hurons et au pays plus bas de la Nouvelle-France ,
en 1649 et i65o , parle P. V;i\ARas^ueneau. Paris,
i65o-i65i, 2 vol. iu-i2.
Histoire véritable et naturelle des mœurs et
productions du pays de la Nouvelle-France, vul-
gairement dite le Canada. Paris, Florentin Lam-
l3ert, 1664, in-8''.
Relation de ce qui s'est passé dans la Nouvelle-
France , depuis 1661 jusqu'en i665, par Jérôme
Lallemand. Paris, i665- 1666, 3 vol. in-ia.
Relation du Canada, des années 1 664-1 665,
par François Le Mercier^ Paris, i666, 5 vol. in-ia.
Relation du Canada, des années 166761 1668,
par Jacques Bordier. Paris, 1669, iu-12.
Relation du Canada, des années 1669, 1^70?
;2
20 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
1671, 1672, par Claude Ahlon. Paris, 167J et
1674? 2 vol. m-i2.
Collection de plusieurs Relations du Canada,
depuis i632 jusqu'en 1672. Paris , Cramoisi , i654
et années suivantes, jusqu'en 1672 , 45 vol. in-12.
La plupart des relations précéderrtes et plusieurs autres
encore, sont comprises dans ce volumineux recueil.
Quoique la plupart des auteurs de ces relations fussent
imbus des préjugés de leur état et de leur siècle, et jDar con-
séquent d'assez médiocres observateurs , elles sont néan-
moins précieuses sous les rapports suivans : c'est là seule-
ment qu'on peut prendre une assez juste idée des moeurs
primitives du peu de nations sauvages qui , avec une pro-
digieuse altération dans le caractère physique et moral ,
subsistent encore dans l'immense étendue du Canada et
des contrées adjacentes. C'est là seulement aussi qu'il reste
des traces d'un grand nombre de peuplades que leurs
communications avec les Européens ont fait rapidement
disparoître de la surface du globe, soit par les ravages ds
la pelile-vérole,etles guerres où les alliances avec les Fran-
çais et les Anglais les ont entraînées, soit par le funeste
présent que ceux-ci leur ont fait de la poudre à canon et
de l'eau-de-vie.
Histoire naturelle des mœurs et des produc-
tions du Canada, par Pierre Boucher. Paris, 1664,
in-12.
Histoire du Canada ou de la Nouvelle-France ,
par François Creujcius , en dix livres : (en latin)
HisLoria Canadensis et No\>ae- Franciae , Ubri x ,
autore Francisco Creuxio. Paris, Cramoisi, 1664,
iu-fol .
Nouvelle Relation de la Gaspésie , qui con-
tient les mœurs et la religion des sauvages Gaspé-
AMERIQUE. YOYAC. DANS L'AMER. SEPT. 21
siens (i) , porte-croix , adorateurs du soleil , et d'au-
tres peuples de l'Amérique septentrionale , dile le
Canada , par le P. Chrétien Leclercq , missionnaire
récolet. Paris, Auroy, i6gi, in-i2.
— La même, traduite en hollandais. Amster-
dam, lySs , in-8°.
Dans cette relation, dont l'auteur montre plus de juge-
ment, moins de préjugés qu'on ne devait l'attendre d'un.
missionnaire, le tableau des moeurs, des usages, des opi-
nions religieuses des Gaspé.siens et autres peuplades voi-
sines , occupe la principale place : la narration des travaux
apostoliques n'est qu'en seconde ligne.
NouA''EAUx Voyages de M. le baron de La Hou-
tan dans l'Amérique septentrionale, qui contien-
nent plusieurs relations de différens peuples qui
l'hahilent, la nature de leur gouvernement, leur
commerce , leurs coutumes , leur religion et leur
manière de faire la guerre ; l'intérêt des Français
et des Anglais dans le commerce qu'ils font avec
ces nations , l'avantage que l'Angleterre peut reti-
rer dans ce pays , étant en guerre avec la France ;
le tout enrichi de caries et de figures. La Haye ,
frères Honoré, 1709, 2 vol. in-12.
Il a été traduit en anglais sous le titre suivant :
Lyi Hontan's Kojage in America. Londres ,
1755, in-8°.
Il a été traduit aussi en hollandais sous ce litre :
Reisen Jiaar America , van Baron La Tlontan.
La Haye , 1739, in- 8"^.
(1) Celle peuplade habiloil le pays (jtti euLouie iiiie baie ù IVm-
bouchuie du (leuve Saint- Laurtm.
22 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Dans un temps où , comme l'obsen'e l'éditeur de ce
Voyage, les relations du Canada et des pays adjacens ,
presque toutes rédigées par des missionnaires, ne préscn-
loient guère qu'un détail de messes , de tniracles , de con-
versions , celle de La Honlan , qui, à des faits authen-
tiques, mêloit des fictions agréables, quoique écrites d'un
slyledur et barbare, tel qu'on devoil l'attendre d'un soldat
de fortune, dut être accueillie du public avec une cer-
taine faveur. Ce qu'il y avoit de conforme à la vérité dan»
le Voyage, dut en imposer sur ce qu'il contenoit de
fabuleux j et des écrivaijis d'une grande réputation , tels
que Montesquieu , le citent avec confiance. Des relation»
j)ostérieures ont dévoilé tous les défauts qu'on i-eprocbe
avec justice à la relation de La Hontan. On a reconnu
qu'il avoit fréquemment altéré les faits, que presque tous
les noms propres des lieux et des peuples étoient corrom-
pus , et qu'il avoit même jeté dans sa narration des épi-
sodes absolument fabuleux.
Histoire de l'Amérique sepleutrionale , conte-
nant le vovaoe du fort de Nelson dans la Laie de
Hudson , à rexlrémité de rAmorique , le premier
établissement des Français dans ce vaste pays , la
prise dudit fort de Nelson; la description du fleuve
de Saint-Laurent , le gouvernement de Québec ,
des Trois-Rivières et de Moni-Ucal , depuis i534
jusqu'à 1701 ; l'ijisioire des peuples alliés de la
Nouvelle-France , leurs mœurs et leurs maximes ,
et leurs intérêts avec toutes les nations des lacs
Supérieurs , tels que sont les Hurons et les Islinois,
l'alliance faite avec les Français et ces peuples , la
possession de tous ces pays au nom du Roi , et tout
ce qui s'est passé de plus remarquable sous MM. do
Traci ; de Frontenac , de La Barre et de Denonville j
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 23
riiisloirc des Iroquois , leurs mœurs, leurs maximes,
leuv gouvernement , leurs intérêts avec les An-
ij'lais leurs alliés , tous les mouvemens de guerre
depuis i68g jusqu'en lyoi , leurs négocia'ions ,
leurs atubassades pour la paix générale avec les
Français et les peuples alliés de la Nouvelle-France ;
l'histoire des Abénaguis, la paix générale dans toute
FAmérique septentrionale sous le gouvernement
de M. le comte de Frontenac et M. le chevalier de
Callieres, pendant laquelle des nations éloignées
de six cents lieues de Québec s'assemblèrent à
Mont-Réal : par M. de Bacqiwville de la Potherie ,
enrichie de figures. Paris, ]\ion et Didot, 1722,
4 vol. in-i2.
Voyage dans l'Amérique septentrionale , etc....
Amsterdam, 1^25, 4 vob iQ-8°.
Cet ouvrage el le précédent sont exactement les mêmes,
et ne différent que par les titres.
Ce titre, dans rédiliou de Paris, donne un apperçu
suffisant de l'ouvrage. Bacqueville a décrit le premier,
d'une manière exacte, les établissemens des Français k
Québec , à Mont-Réal , aux Trois-Rivières : il a fait con-
noilre sur-tout dans un grand détail , et en jetant, dans
sa narration, beaucoup d'intérêt, les moeurs, les usages,
les maximes, la forme du gouvernement , la manière di?
faire la guerre et de contracter des alliances de la nation
Ircquoise ,&[ célèbre dans cette contrée de l'Amérique sep-
tentrionale. Ses observations se sont encore étendues ,
comme l'annonce le litre , à quelques autres peuplades,
telles que la nation des .Abénaguis , etc....
Aventures du sieur Ciiarles Le Beau, avocat
eu parlement, ou Voyage curieux et nouveau ])armi
/
24 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
les Sauvaijes de rAmériqne septenîrloiiale , dans
lequel on trouvera une description du Canada ,
avec une relation très-particulière des anciennes
coutumes , mœurs et usages de vivre des barbares
qui l'habilcnt, et de la manière dont ils se com-
portent aujourd'hui ; ouvrage enrichi d'une carte
et des figures nécessaires. Amsterdam , Herman
Vyt Werf, lySS, i vol. in-î2.
Les situations fâcheuses où divers incidens , dont la
naiTaliou a de l'intérêt, réduisirent plus d'une fois ce voya-
geur, l'ont forcé de vivre long-tem{is au milieu des Sau-
vages de l'Amérique septentrionale. Nul autre ne nous a
fait aussi bien connoître les moeurs, les usnges , le régime
intérieur des trois nations les plus considérables du Ca-
nada, les Iroquoisj les Hurons et les Algonquin?, Il relève
soigneusemeni les inexactitudes , et même les altérations
de la vérité qui se trouvent dans les relations précédentes ,
et particulièrement dans celles du baron de LaHontan.
Histoire et Description générale de laNouvelIe-
France , avec le Journal historique d'un voyage lait
par ordre du Roi dans .l'Amérique septentrionale ,
par le P. Charlcvoix , enrichie de plusieurs cartes
géographiques. Paris, 1744^ 4 ^'o'- iï^"4"'
— La même , ibid. 1744 ■> 6 vol. in-12.
Cet ouvrage a été traduit en anglais sous le titre suivant :
Voyage dans le nord de l'Amérique , par Char-
levoix : (en anglais) V^ojage in North- America , hy
Charlevoix. Londres, 1772, 2 vol. in-4".
De toutes les relations du Canada , c'est dans celle-ci
qu'on peut s'instruire le mieux sur les élablissemens faits
dans cette contrée, et sur le caractère physique et moral
des nombreuses peuplades quiy étoienl répmdues , et dont
AMÉRIQUE. VOYAG. DATIS L'AMER. SEPT. ^5
qiielqnes-niies subsistent encore. On regrette seulement
fjue Charlevoix ne se soit pas plus resserré , et qu'à des
observations très— intéressantes , il ait ruêîé quelquefois des
détails extrêmement minutieux.
Histoire des Nations iDdiennes du Canada, avec
nue relation de plusieurs autres nations dans le
nord et le sud de l'Amérique , par Cadwallador-
Colden : (en anglais) History of tlie Indian ]Sa-
lion of Canada, witli an accoiuit. oj tlie several
other nations of Jndians in North-and South-^me-
rica , hj Cadwalhulor Colden. Londres , 1747 ; i^i-d-
1755 , 2 vol. in-8'^.
Relation des démarches faites par les Anglais
et autres habitans proleslans , à l'effet d'obtenir une
jiiaison d'assemblée dans la province de Québec :
(çn anglais) ^n Account of the procedings of tJic
B.ritish and other protestant inhahitants to ohtain a
house of asscnihlj in tliat province of Québec. Lon-
dres , i'j66 , in-i2.
Journal d'un voyage de Stade à Québec eii
Amérique, par un Officier : (en allenjand ) Tage.-
hiicli einer Reise von Stade nach Québec in Amerika,
von einem Officier. Francfort , 1776, in-8°.
Journal du voyage des troupes auxiliaires de
Erunswick et de Wolfenbuttel à Québec , par F. V.
H/elcheimer : (en allemand ) Tagebuch von der Reise
dcr Braunsclnveigischen Aujciliartjiippen von TFolf-
fcnbïiitcl nach Québec, von F. J^. Melcheimer. Min-
den, 1776, in-8°.
Histoire du Canada depuis l'époque de sa dé-
couverte, elc — par George Heriot : (en anglais)
20 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
The Histojy of Canada , etc bj George Herlol.
Tome i^'". Londres, 1806, in-8°.
Dans ce premier volume , l'auteur trace d'abord le
tableau des différentes peuplades que de La Salle visita
lors de son premier voyage au fleuve du Mississipi , lels
que les Illinois , que toutes les relations du Canadri , et les
guerres qui s'y sont élevées entre les Français et les An-
glais, nous ont si bien fait connoitre; les Taensas , petite
peuplade de huit villages qui a disparu ; les Biàcatrouges ,
que de La Salle et ses compagnons appelèrent les Pleu-
reux , parce que dès qu'ils apperçurent les Français, ils
se mirent à pleurer joendanl quelque temps. Cette dispo-
sition s'explique par l'usage reçu chez eux , toutes les fois
qu'ils appercevoicnl un voyageur, de se rappeler aussi-
tôt le souvenir de leurs parens défunts qu'ils croyoient
partis pour un long voyage ,etdont ilsattendoienljdisoient-
ils, le retour; les Ce nia , qui formoient un peuple nom-
breux , possédant un terrein fertile et divisé en différens
cantons, lesquels s'élendoientsur un espace de plus de vingt
lieues ; les K uni^ateners , peuple cruel qui jeloit les prison-
niers faits à la guerre dans une chaudière, où on les faisoit
griller vivans, pour les dé\orer ensuite ; les Cadodenhoi y
peuple très-hospitalier, au contraire , qui , sans avoir jamais
vu, jusqu'à l'arrivée de La Salle, des Européens dont ils
avoient seulement entendu parler, firent l'accueil le plus
amical aux premiers qui s'offrirent à leurs regards.
Mais c'est sur les iVa^cAr-s , nation si bien cojinue d'après
toutes les relations qui ont paru sur la Louisiane, que
l'auteur s'étend davantage.
ACADIE ou NOUVELLE-ECOSSE.
Relation du voyage du Port-Royal de l'Acadie
ou de la Nouvelle-Ecosse , dans laquelle ou voit
un dclail des divers iiiouvcaiens de la Jiier dans
AMERIQUE. YOYAC. DANS L'AMÉTx. SEPT. 1']
vme traversée de long coins, la description du pays,
la corruption dos Français qui y sont établis, les
manières des difFérenics nations sauvages, leuis
habitations et leurs cliasses , avec une dissertation
exacte sur le castor , par M. Diereville. Rouen ,
1708, in-i2.
La forme de ce Voyage est très-bizarre : c'est un mé-
lange de prose et de vers, el ces vers sont de la prose
rimée : on peut néanmoins y recueillir quelques notions
assez curieuses sur les peuplades de i'Acadie.
Histoire géographique de la Nonvelle-Ecossc :
(en anglais) Geographical HisLorj of No<^a-Scotia.
Londres, i749) in-8''.
Celte Histoire a élé traduite en français sous le titre
suivant :
Histoire géographique de la Nouvelle-Ecosse.
Paris, ^749' ^^^'^- ^754? iii-i2.
— La même , traduite en allemand. Francfort
ci Lcipsic , 1760 , in-i2.
De la Nouvelle-Ecosse ou de I'Acadie , par
Chr. Guill. Stok : (en allemand) VonNeu-Schottland
oder Akadien , von Chr. Guill. Stok. (Inséré dans
les Essais, du même auteur, sur quelques objets
imporlans pour le 'service de l'Etat. Francfort ,
1772 , in-S".)
Remarques sur le climat , les productions et les
avantages naturels de la Nouvelle-Ecosse : (en an-
glais ) lieniarks on ihe climat , produce and natural
cuh'autages of Nova-Scotia. Londres, 178/j, in-8'\
Relation de l'état aciuel de la Nouvelle-Ecosse;
^8 UIBLIO'I'HÈQUE DES VOYAGES.
(en anglais) An Account of the présent sLate of
Nova-Scolia. Londres, iySG, m-8°.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le même
litre :
Relation de l'état actuel de la Nouvelle-Ecosse ,
traduite de l'anglais par Soulès. Paris, 1787, in-8''.
CAP-BRETON.
L'importance et l'utilité de la fameuse île du
Cap-Breton , prouvée par une description exacte,
traduite (en ailemand) Die Wichtigkeit iincl Foriheile
des Cap-Brelon , in eiiier richtigen Beschreihung dic-
ser bentfencn Ifisel, etc.. vorgestellt und durch An-
mcrkungen erlàutert ins deutsclie ilbenezl. Leipsic,
1747, iu-8°.
Description des mœurs et des coutumes des
Mikmoses et des Maiichaets , nations sauvages qui
dépendent maintenant du gouvernement du Cap-
Breton, d'après un manuscrit original qui n'avoit
pas encore été publié : par un Abbé qui vécut plu-
sieurs années parmi eux ; à laquelle on a ajouté
plusieurs pièces relatives aux Sauvages , à la Nou-
velle - Ecosse et à l'Amérique septentrionale en
général (en anglais). Londres, Strouper , 1758,
in-8«.
Lettres et Mémoires pour servir à l'histoire
naturelle et civile du Cap-Breton , jusqu'à la reprise
de cette île par les Anglais, en 1758. Londres,
Jean Nourse , i76o,in-i2.
Voyage d'un jeune Officier, ou Histoire d'un
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 29
naufrage sur risle-Royale,autreme l nommée Cap-
Breton. Supplément aux Voyage pour la jeunesse :
(en allemand) Reise eines jungen Officiers zur See ,
oder Geschichte eines Schiffbruchs auf dsr Koenigs-
lusel , itzt Cap- Breton genannt. Eine Bejlage zu
denReise-Besclireibimgen fur dieJugend. Strasbourg,
2 786,in-8^
CONTRÉES ADJACENTES.
Voyage fait par ordre du Roi dans l'Amérique
septentrionale , pour rectifier les côtes de l'Acadie,
de l'Isle-Royale et de Terre-Neuve, et pour en fixer
les principaux points par des observations astrono-
miques ; par M. de Chabert , ouvrage enricbi de
plusieurs cartes. Paris , édition du Louvre , lySS ,
in-Zj. .
Voyage du Nouveau-Monde (Amérique septen-
trionale ) , et Histoire intéressante du naufrage Aw.
P. Crespel , avec des notes historiques et géogra-
phiques. Amsterdam, lyo^jin-ia.
La négligence du siyle, et l'espèce d'abandon de l'au-
leur dans «a correspondfince avec son frère ^ auquel la
relation est adressée, garantissent en quelque ^oiiesa véra-
cilé. Los oLservalions qu'il a faites sur les peuplades vers
lesquelles il étoil envoyé en mission ,sonl assez judicieuses,
et la narration de son naufrage a vraiment de l'intérêt.
Relation historique d'une expédition contre
les Indiens de TOiiio, en l'année 1764, sous le
commandement de Henri Bouquet , enrichie de
cartes et de gravures : ( en anglais ) An Hislorical
Account oj the expédition to the Oliio hidiaus, in ihe
50 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
year 1764 , undcr the coniinand of H. Bouquet. Lon-
dres, Jefferyes, 1766, m-4°.
Cette Relation a été traduite en français sous le titre
suivant :
Relation liistorique de rexpéditiou contre les
Indiens de l'Ohio , en 1764, parle chevalier Bou-
quet, traduite de l'anglais par C. G. F. Dumas,
enrichie de cartes et de figures. Amsterdam, 1769,
in-8°.
Voyage dans l'intérieur du nord de l'Amérique,
durant les années 1766, 1767 et 1768, par Jona-
than Carver : (en anglais) Traycls through the inte^
rior parts of North- jimerlca ^ in the jears iy66 ^
jyôy and iy6S , hy Jonathan Carver. Londres ,
1774- 1781, in-8°.
Ce Voyage a été Irèt-bien traduit en français sous le
titre suivant:
Voyage dans les parties intérieures de l'Amé-
rinue septentrionale, pendant les années 1766,
1767 et 1768, par Jonathan Carver, ouvrage tra-
duit de l'anglais , avec des remarques et quelques
additions du traducteur , orné d'une carte oi^i est
tracé le cours du voyage. Paris, Pissot , 1784,
in-8°.
Dans cette relation, le voyageur a donné des détails fort
curieux sur plusieurs nations américaines que les Euro-
péens,ne connoissoient que de nom, et dont la physiono-
niic morale, suiva,nt l'expression de Carver lui-même,
n'a voit point élé altérée par la communication avec les
peuples d'Europe. Dans le tableau très-inléressant qu'il a
tracé de l'origine , du langage, des moeurs , des usages, de
la religion des différentes peuplades qu'il a visitées^ Carver
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMEll. SEPT. 5l
a généralisé ses observations par des rapprochemens ingé-
nieux qui n'ont jamais rien de forcé. La parlie de son
Voj'age qui roule sur l'hisloire naturelle , n'est pas , à
beaucoup près, si satisfaisante : on peut néanmoins y
puiser encore quelques notions utiles.
M. de Volney a porté sur ce voyageur le ju;ieraent sui-
vant {Tableau des Etats- Unis d^ Amérique , page 4^2) :
« L'auteur paroît avoir été un peu crédule et très-vani-
» leux ; mais malgré ce penchant pour les Sauvages qui
5) avoienl flatté sa vanité , on voit dans ses récits de la droi-
5) ture et de la bonne-foi. Les aveux qu'il fait de son peu
)) d'instruction et de son incapacité à rédiger une grara-
5) maire et un dictionnaire sauvages, me font beaucoup
» douter qu'il soit le rédacteur de son ouvrage , et je pense
» que ce service lui a été rendu jDar son éditeur , comme
J) il est arrivé chez nous à un autre voyageur coiinu ».
Voyage de Le Lo?tg , interprèle et trafiquant
chez les nations Indiennes , on l'on tronve la des-
cription des nsages et des coiitnines des Améri-
cains-Indiens du nord : (en anglais) Le Long's
T^oyage and Travels of an Indian , interpréter and
trader , describing ihe uianners and customs of tlie
North - American - Indians. Londres , 1 7^4 ? ^ VoI.
m-4°.
Ce Voyage a été traduit en français sous le titre sui-
vant :
Voyages chez les différentes nations sauvages
de rAmériqne septentrionale, renfermant des dé-
tails curieux sur les mœurs, les usages , les céré-
monies religieuses, le système militaire, etc....
des Canhuagas, des Indiens des cinq et six nations,
Makanks , Connecedagas , Irbquois, etc.. des In-
diens CliippeWais , et autres Sauvages des diverses
Ù2 EIBLIOTHEOUE DES VOYAGES.
tribus , sur leurs langues , le pays qu'ils habitent ,
ainsi que sur le commerce de pelleteries qui se fait
chez ces peuples, avec un état exact des parties
situées sur le fleuve Saint-Laurent , le lac Onta-
rio, etc.... par J. Le Long , trafiquant et interprète
des nations Indiennes ; le tout traduit de l'anglais ,
avec des notes et des additions intéressantes , par
J, B. L. J. Billecocq , et une carte du pays situé à
l'est du Canada. Paris , Prault , au ii — 179^ j ii'-8".
L'inlelligence des langues indiennes donnoil à Le Long
la facilité de pénétrer chez des nations presque inconnues,
dont l'idiome avoit quelque analogie avec celui des peu-
ples fréquentés par les Européens : elle lui a été d'un grand
secours pour ses observations judicieuses sur les peu-
plades qu'il a visitées : voici celle qu'a faite sur la Iraduc-
lion, et sur l'ouvrage même, M. de Volney ( luco cïtatn ,
page 432):
« Il est fâcheux que le traducteur se soit permis de snp-
» primer les vocabulaires , pour (pielque économie de
3) librairie. Cet ouvrage mérite réimpression avec cor—
)) rections ; car il est le plus fidèle tableau que je connoisse
» de la vie et des moeurs des Sauvages et des trafiquans
5) canadiens ».
Voyage du lieutenant Henri Z'inier/aÂe, chargé,
dans l'année 1760, de conduire en Angleterre trois
Sauvages de la tribu des Cherokées , renfermant
des détails intéressaus sur cette peuplade d'habi-
tans du nord de l'Amérique, sur leurs mœurs , leurs
usages , leur forme de gouvernement , leurs prin-
cipes religieux et politiques j traduit de l'anglais
par J. B. L. J. Billecocq. Paris, Haulbert , an v —
iyg7^ in-i8.
Dans sa traduction du Vovage de Le Lons, M. Eilîe-
AMERIQUE, VOYAC. DANS L'AMER. SEPT. OJ
cocq avoit inséré quelques morceaux de celui de Tinil)?',--
Iake : on doit lui savoir gré d'avoir donné la traduction,
entière d'une relation qui donne de grandes lumières sur
les Cherokées, l'une des peuplades les plus remarquables
de l'Amérique septentrionale. A la fin de ce Voyage, il a
jilacé la traduction en vers du chant de guerre de celte
nation , dont il avoit donné hx traduction en prose dans la
préface du Voyage de Le Long. Ces traductions, et sur-
tout la dernière, monirent avec quelle énergie d'expres-
sion les Sauvages savent rendre les grands effets de la
nature et les fortes émotions de l'ame.
Voyage de Mout-Réal sur les rives du fleuve
Sainl-Laureut, et dans le continent de l'Amérique
septentrionale , à travers les glaces de l'océan Paci-
fique , durant les années de 1789 à 1795, par
Ale-xandre Mahensie : (en anglais) T^ojoge from
Mont-Real , on the Rivers-Lauveiica ^ thrûugh to con~
tinent ofNorth -America, in the frozew and Pacific^
Océan, in the jears 1^8 g and lygS , hj Alex. 31a-
kensie. Londres, Castel et Davier , 1801, in-4°.
Ce Voyage a été traduit en. français sous le titre suivant:
Voyages d'Alexandre Makensie dans l'intérieur
de l'Amérique septentrionale, fait en 1789, 1792
et 179^ ; le premier , de Mont-Réal au fort Chi^
payau et à la baie Glaciale ; le second , du foit
Chipayan jusqu'aux bords de l'océan Pacifique ;
précédés d'un tableau historique et politique siu-
le commerce des pelleteries dans le Canada ; tra-
duits de l'anglais par J. Castera, avec des notes , ci
un itinéraire lire des papiers du vice-amiral Bon-
gainville , enrichi de trois grandes cartes. Paris ,
Dentu, au x — 1802 , 5 v(>l. in-S*^.
VI. c
Ô/j. BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
Celle relation , li^ès-iiiléressanle d'abord par les rensei-
guemens géographiques et coiunierciaux qu'elle ren-
ferme , l'est encore par la courageuse persévérance qu'a
dise le voyageur dans ses excursions.
En déclarant, dans la narration de son premier vo âge,
qu'il n'avoit pas pu trouver de passage au nord-ouest ,
Makensieparoît persuadé que ce passage tant de fois cher-
ché , et qui a donné lieu à tant de discussions, n'exista
réellement pas. C'est en conséquence que dans son second
voyage, il s'est attaché à cliercJier une communication
commerciale entre les deux mers par les fleuves et parles
lacs : la possibilité de celle communication lui paroîl aussi
démontrée, que les «grands avantages qu'on en tireroit
pour le commerce des pelleteries dans le Canada. Un
tableau historique de ce commerce, sert d'introduction à
son Voyage : il y observe que la plus grande partie de ce*
pelleteries passe en Angleterre et eu Chine.
A la têle de ce tableau , Makensie a placé quelques réfle-
:ïions très-judicieuses sur la marche qu'on prit originai-
rement pour traiter avec les Sauvages, et étendre le com-
merce des pelleleries: il y juge, avec autant d'imparlialilé
que de philosophie , la conduite des missionnaires dans
cette partie de l'Amérique.
Il est un fait , dit-il , dont il ne s'occupera pas à cher-
cher la cause , mais que l'expérience a prouvé ; c'est qu'il
faut beaucoup moins de temps aux hommes civilisés pour
.s'abandonner à la vie sauvage , qu'il n'en faut aux sau-
vages pour passeï" à l'état de civilisation. Les colons cana-
diens qui suivirent les chasseurs et allèrent trafiquer dans
l'intérieur des terres , offrent un exemple frappant de
celte véi'ilé. Les moeurs et les habitudes des Sauvages leur
plurent tellement , que renonçant à leur première manière
de vivre, ils se fixèrent parmi eux.... Après avoir construit
un canot d'écorcc de bouleau, ils y embai-quoient leurs
marchandises . et accompagnoient les chasseurs sauvages. -
Ces voyages duroient jusqu'à douze à quinze mois, au
bout desquels ces coureurs de bois ( c'est le nom qu'on leur
AMÉllîQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 55
tlonnoil) revenoieiit avec de riclios cari^disans de pelle-
teries , et suivis par un grand nombre de Sauvages.
Pendant le peu de temps que ces hommes restoient
dans les villes, pour régler leurs comptes et se procurer
<les marchandises, ils vivoient communément avec une
extrême prodigalité.... En jjassant un mois sur quinze dans
le luxe et la dissipation , leur but étoit atteint, et ils se
croyoient assez récompensés de leurs travaux. L'espèce
d'éloignement qu'avoient ces coureurs de bois à conserver
ce qu'ils gagnoieut, et le plaisir de vivre sans aucune con-
trainte, enfantèrent bientôt cliezeux une licence de mœur»
qui excita les plaintes des missionnaires. Ceux-ci obser-
voieiit avec douleur , qu'en s'abstenant de remplir les
devoirs du christianisme, de tels hommes le déshonoroient
aux yeux des naturels qui l'avoient embrassé.... Ils obtin-
rent que désormais aucun colon nej^ourroit aller trafiquer
avec les Sauvages, sans une jDermission du gouverne-
ment.... Les permissions ayant été le plus souvent accor-
dées par la faveur à gens qui ne pou voient pas en faire
. usage, et rétrocédées par eux aux coureurs de bois, ceux-ci
redevinrent l'objet des clameurs bien fondées des mis-
sionnaires.... Mais enfin la construction de plusieurs forts
à la jonction des grands lacs du Canada, arrêta en partie
ces désordres: alors des hommes estimables qui s'étoient
retirés du service, et qui avoieul obtenu des permissions
pour faire la traite des pelleteries , se livrèrent à ce néooce
avec non moins d'honnêteté que d'intelligence: ils allèrent
souvent trafiquer si loin des côtes et des jirincipaux éta-
blissemens de la colonie, qu'on rangea leurs expéditions
parmi les efforts les plus élonnans qu'ait jamais enfantés
le génie du commerce. Ces colons, agissant toujours d'ac-
cord avec les missionnaires, surent s'attirer le l'espect des
Sauvages.... Quant aux missionnaires, si le courai^e la
c-onslance et le dévouement méritent notre admiration
certes, ils ont bien droit d'y piélendre par les incroyables
iatigues qu'ils essuyèrent, par les dangers sans cesse renais'-
î.a:i3 qu'il» bnivcrcntj mais le succès ne couronna pa»
2
56 bibliotiièqut; des voyages.
Irurs efiforts , puisqu'à peine fronve-t-on encore au-delà
<les leinloiics que cultivent les Européens dans le Canada,
quelques traces des travaux apostoliques de ces religieux.
Ce malheur doit être attribué à la manière dont ils s'y
prirent pour étendre la foi.... Ils adoptèrent les mœurs des
nations qu'ils vouloient convertir, et en se mettant ainsi
dans leur dépendance ,. ils devinrent l'objet, non de leur
vénéraîion , mais de leur mépris.... Avec plus de connois—
sance du cœur liuinain , ils auroient commencé leur ou-»
vrage en enseignant aux Sauvages quelques-uns des arts
utiles qui sont une introduction à la science, et qui con-
duisent par degrés aux idées d'une conception plus diffi-
cile. L'agriciiltuie , si propre à formel" le lieji des sociétés,
étoil la première chose a laquelle il falloit accoutumer les
naturels du Canada. Non -seulement elle fixe les peu-
plades dans les endroits où elle leur procure les moyens
de subsister; mais elle leur donne une idée de la propriété
et d'une possession durable , bien plus avantageuse sans
doute que les espérances incertaines de la chasse et les pro-
ductions éphémères des arbustes sauvages et des terre»
incultes. C'est , grâce à un art si nécessaire et si facile ,
que les forêts du Paraguai se sont changées , sous la direc-
tion des jésuites espagnols , missionnaires , sinon plu»
zélés, du moins plus habiles que ceux du Canada (i) , en
champs fertiles et bien cultivés , et que leurs sauvages habi-
laus ont appris à connoîlre tous les avantages de la civi-
lisation.... En s'écartanLde cette marche, il est arrivé que
la lumière de l'évangile étant toul-à-coup apportée à plus
de mille lieues de dislance des établissemens européens,
fut bientôt sans éclat au milieu de l'épais nuage d'igno-
rance qui obscurcissoit l'esprit humain dans ces contrées
lointaines. J'ai souvent parcouru , dit Makensie, les pays
où éloient les missionnaires, et je peux assurer que leur
souvenir ne s'est conservé que parmi quelques vieux
(i) Ces mots en oaraclères italiques ne soiU pas dans le Ublcau
donl je donne ici iexîrait.
AMÏllIÇtUE. VOYAC. PANS L'AMER. SEPT. ^7
€olons qui v éloient déjà élablis, lorsqii'en 1760 la con-
cession en fui faite aux Anglais. Mais s'ils ont %'aineiiient
préclié la foi aux Sauvages , ils se sont , au moins pendant
l«ur mission, rendus liès-utilcs à ceux qui faisoient le
commerce des pelieleries. Dès les premiers temps qu'ils
pénélrèrenl dans le Canada, ils parvinrent à empêcher de
vendre aux Sauvages les liqueurs spiriUieuses ; règlement
très-sage qui malheureusement ne subsiste plus, parce
que ceux qui faisoient le commerce des pelleteries trou-
vèrent ]e moyen tie réluder^en feignant de faire présent
aux Sauvages des liqueurs qu'il ne leur éloil pas permis de
leur vendie.
Dans le surplus du tableau , Makensie trace les progrès
du commerce des pelleleiies : la natuie et les bornes de
mon ouvrage ne me perujetlent pas de l'y suivre.
Ses deux vovages ne sont qu'un récit délaillé, et qui
n'est pas dénué d'intérèL ., des fatigues et des dangers qu'en-
Iraiue la traite, et des obstacles sans nombre contre les-
quels il eut lui-même à lutter dans ses excursions. Lors de
son preujier voyage ,il s'avança vers la mer, et il ne revint
au point d'où il étoit parti, qu'après cent deux jours d'ab-
sence , duiant lesquels le mécontt nlement de sa petite
troupe, ou fatiguée, ou inquiète, doubla pour lui les
péjils et les difficultés de la rouie. Quoique Makensie ne
se soit occupé ni de l'histoire naturelle , où , de son aveu ,
. il n'éloit pas initié, ni spécialement même d'observations
sur les peuplades sauvages qu'il a visitées, on peut néan-
moins recueillir de sa narration quelques traits intéres—
sans sur cette espèce d'hommes qui suit les simples loix de
la nature , et qui, par cela même, doit paroître extraordi-
naire aux nalions policées.
De tontes les peuplades américaines avec lesquelles la
voyageur a communiqué, celles qui ont le plus fixé son
attention , ce sont les Kinslenaux et les Cliipoyans. Le»
jjremiers, répandus sur une vaste partie du continent de _
l'Amérique septentrionale , ont un idiome et des usage»
commuas avec les nalions nui habitent les contrées limi-
Î>S 1] I E L T 0 T II K Q U -E DES T O Y A G T; S.
tioplies (les possessions anglaises le long de la cote de La-
brador, et depuis l'emboncliure du gnîfe de Saint- La ure)>t
jusqu à Mont-Réal. Une industrie qui les dislingue parti—
culièjenient , c'est l'art avec lequel ils brodent leurs vèie—
mens, en se servant de piqnans de porcs-épics et des soies
des daims gris.
Les Chipoyans , quoique voisins des Kinstenaux, n'en—
tendent point la langue de ces derniers : la leur est abon-
dante et difficile à apprendre : elle est divisée en plusieurs
dialectes que parlent les différenles tribus. De toutes les
peuplades américaines ^ c'est la plus nombreuse; mai»
elle ne l'est pourlani pas à proportion de la vaste étendue
qu'elle occupe, ce que Makensie attril?ue aux ravages de
la petite -vérole. Il est remarquable que les Chipoyans
n'ont pas le goût des liqueurs fortes ; aussi leurs rixes sont-
elles rarement sanglantes. Ils ne sont ni chasseurs habdes,
ni bons guei'riers. Ce n'est que par le grand nombre qu'ils
l'emportent sur les Européens. Malgié la douceur de leur
caractère, ils sont dans l'usage de ne point faire de pri-
sonniers , et de massacrer de sang-froid ceux de leurs
ennemis qui tombent en leur pouvoir; mais Makensio
nie formellement qu'ils soient anthropoj)hages, coinine on
les en avoit accusés. Il assure même qu'il n'a pas connu
dans l'Amérique septentrionale, une seule nation cpii le
fût réellement.
Les idées des Chipoyans sur la création du monde sont
fort bizarres, et leur appartiennent entièrement : celles
qu'ils ont conservées sur une révolution diluvienne, et sur
le refuge qu'offrirent, lors de celle grande catastrophe ,
les hautes montagnes, sont conformes aux traditions des
•Tnifs et de beaucoup d'autres nations. Outre la croyance
de la métempsycose, ils ont celle d'un jugement dernier.
Ils croyent quà l'instant qu'ils meurent, leur ame passe
dans un a!itre monde; qu'arrivés sur le bord d'une grande
rivière , ils s'embarquent dans un canot de pierre , et que
le courant les porte dans un grand lac , où s'élève dans le
centre une île délicieuse. C'est là qu'on leur prononce
AMÉRIQUE. AM">YAC. DAN^S T/AMER. SFPT. '5^
l'arrêt irrévocable de leur destinée. Si, pendant ïeiir vie,
leurs bonnes actions l'ont emporté sur les mauvaises , on
les dél)arque dansl ile , où ils jouissent de tous les plaisirs
des sens. Dans le cas contraire, le c.mot s'enfonce, et ils
restent plongés dans le lac jusqu'au jnenton, faisant sans
cesse de vains eflorls pour arjiver à l'île fortunée . qu'ils
voyent toujours sans pouvoir l'nlleindre. ]1 est assez sin-
gulier de trouver chez les Cln'poyans la barque à Caron ,
les champs Eliséens, et le goufiVe ou Tarlare des Grecs.
Les délails où e.'-l entré Makensie sur les autres nations
qu'il a visitées dans le cours de ses voyages, n'ont ni le
même intérêt , ni le même mérite de la ni-îuveauté , que les
notions qu'il donne sur les Chipoyans et' le.s Kinstenaux.
§. III. Relations communes au Canada et au.r
Etals-Unis.
Notices géographiques , Ijistoiiques et poli-
tiques , sur la partie de l'Amérique septentrionale
qui est Je théâtre de la guerre entre les Français et
les Anglais : (en allemand) Gcographisch-Historiscli-
Polilische JVachrichten von deni Theil des Nordlichen
.America , wo z\vischen den Franzosen und Englàn—
dem , Krieg gefiïliret wird. Francfort et Leipsic ^
1756, in-8^
Journal historique du capitaine Jean Knojc
des campagnes de i ySy , 58 , Sg et 60 , dans l'Anié-
rique du nord (le Canada et les Etats Unis) , com-
prenant les événemens les plus remarquables à
cette époque , particulièrement le siège de Québec
sous les ordres de l'amiral et des ofFiciers-géneraux,
la description des pays oî^i l'auteur a servi, de leurs,
forts et de leurs garnisons , de leurs climats , sol et
4o BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
productions , et un joiiiDal régulier Je la tempéra-
ture de l'air : on y a joint plusieurs manifestes ,
des mandemens de Tévêque du Canada , et le régime
français de cette colonie : (en anglais) Capitaine
John Knox's HisLorical Journal of ilie campains in
North-^merica, for the jears i/.^/ , 68, 5g and
jy6o , coiitaining the most reniarhable concurrence of
the period , particularly two sièges of Québec under
the orders of ihe admirai and gênerai - officers ; des-
cription of the countries where the author has seived :
with their forts àjid. gajjiisons , their climate , soil ,
produce, and a rcgular diarj of the weather; also
several manifesiies , a mandate of the hiskop of Ca-
nada ; the french order and dispositions for that
colonj. Londres, 1769, 2 vol. in-/y°.
Lettres confidentielles de quelques Officiers
allemands dans le Canada et la IS ouvelle- Angle-
terre , en 1777 et 1778, sur l'ctat physique, éco-
nomique et moral* de ces pays : ( eu allemand )
J^ertrauliche Bri'efe von Canada und Neu England
von lyyy und lyyS , ïiher den gegemvàrtigen Phjsi-
scheji, (Econoniischen und 3Ioralischen Zustand dieser
Lànder(r>on einigen Deutscheii Officiers^. Gotlingue,
177^, in-8^
Voyage dans les parties iniérieures de l'Amé-
rique , pendant le cours de la deruière guerre , par
un Officier de l'armée rovale ; traduit de l'Anglais ,
avec une carte où l'on a tracé le cours du voyage.
Paris, Briand , 1790, 2 vol. iu-8°.
Dans la premièie partie de ce Voyage, la scène des
observations du voyageur est le Canada : dans lu seconde.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. ^l
ee sout les Etab-Unis. Aucune prévention en faveur de
la cause pour laquelle il coniballoil, n'a dû le porter à
allérer le caraclère moral des colons du Canada; mais
l'inlérêt de celle cause l'a souvent conduit à défignier
celui des Anglo-Américains. Il dépeint les Colons d un
rang au-dessus du comiuiui dans le Canada, tels que
toutes les relations nous les représentent , trè^-infalués de
leurs préjugés nobiliaires et du régime féodal, passionnévS
])our les plaisirs, et esclaves des praliques minutieuses de
la dévotion , indolens et inaclifs dans l'intérieur du pays ,
et ne montrant d'activité que dans les expéditions loin-
taines de la guerre.
Quant à la classe des fermiers , il s'y est opéré, suivant le
voyageur, la révolution la plus l.eureuse, depuis que le
Canada a passé sous la domination de l'Angleterre. Ces
hommes, jadis si paresseux et si indolens, sont devenus
actifs et industrieux. Sans cesse, on les voit s'occuper à
couper des Lois iwmv former de nouvelles fermes : ce
cliangemcnt tient sans doute aux principes de liberté, aux
idées d'égalité politique qui ont pris raciue dans le pays,
aux encouragemens cjue donne le gouvernement. Le
voyageur néanmoins a cru voir que les Canadiens regret-
tent le gouvernement français; mais il ajoute que ceci ne
doit néanmoins s'entendre que des seigneurs de fief qui
ont perdu une partie de leurs prérogatives féodales, en
passant sous la dénomination anglaise (i). La classe du bas
peuple est fort insolente dans le Canada : le voyageur
l'attribue à l'excessive indulgence du gouvernement an-
glais. A l'égard des femmes, if les dépeint vives, d'un bon
caractère et très- obligeantes^ propres dans leur mise, mais
n'ayant aucune piétention à la beauté.
Tous les jugemens que porte le voyageur sur les Anglo-
Américains, et qui, comme je l'ai déjà fait observer, ont
le caraclère de la prévention et de la haine, se trouvent
(i) Cette assertion est dénieulie par M. Weld , daus sou Voyagé
au CaiiaiLj , dont ;e donueiai iucessammeat lu iiotice.
4^ EinLIOTIlÈQUE DES VOYAGlsS.
luéiés dans sa narralion, avec les événemens de la guerrs
de l'indépendance, el ne sont pas suacejjtibles d'être pré-
sentés par apperçij
Indépendammenl. des observalions sur les hommes, on
tronve dans la relation des détails intéressans sur la nature
du climat et celle du sol , sur les animaux el les productions
du pays.
JouRNAT, d'un voyage fait dans l'inlérieur de
rAïuérique septentriouale , dans lequel on donne
des détails précieux sur Tinsurreclioa des Anglo-
Américains, et sur la cljule désastreuse de leur
papier-monnoie ; traduit de l'anglais el enrichi de
noies par M.lNoël ; enrichi de cartes et de figures.
Paris, La Villette , \jg5 , 2 vol. in-8".
Quoique le voyageur ait décrit les principaux établisse-
Mens du Canada , et légèrement crayonné les moeurs et les
«sages des Canadiens; quoiqu'il ail aussi donné la descrip-
tion de plusieurs villes des Eiat,-~Unis, et tracé quelque
chose du caractère de leurs habitans, sa relation nous
instruii beaucoup pins des événemens politiques el mili-
taires, qu'elle ne nous procure de lumières sur le pays et les
peuples.
Voyage dans le Canada et les Etats-Unis, dans
les années 179^, g6 et 97 , par Jean Weld : (en
anglais ) A p ojage to Canada and the United-State
of America , hy John Weld. Londres , Jean Stok-
dale, 1799, a vol. in-S".
Ce Voyage a été traduit en allemand, avec des planches ;
en voici le titre :
/. JVeld's Reisen durch die p^ereinigten Slaateh
l'on Nord- Jmeriha. Berlin , Oehingc , i8oo, 2 vol.
in-8\
AMÉRIQUE. YOYAG. DANS L'AMER. SEPT. /p
— Le même, ihid. ïlaude et Spcacr , iboi ,
Ce Voyage a élé traduit aussi en français sous un Mfe
qui n'indique qu'une paiiie des pays vigiles v>nr le voya-
geur.
Voyage au Caiiadn , pcnd.int les années '79^ ?
96 et 97 , par Jean Tf^eld; oavrage traduit de itm-
gîais^ et enrichi d'une carte ge'ne'rale du pays, et
de onze planches olTrant ]es points de vue les phis
remarqucibles , et notamn^ent le fameux saut de
IViagara. Paris, Le Petit jeime, 1800 . 3 vol. in-8^.
C*er,l en 1796 que M. AVeld , voyant les tronbles de
l'Irlande , sa patrie, prendre nn caraclère inquiétant, s'e.st
déterminé à jiasser aux E(a!s-Unis et au Canada, pour
examiner quelles ressources l'Amérique septentrionaie
pouvoit offrir à ceux que leur mauvaise fortune obligeroil
de qin'iler leur pays natal. C'est à Philadelphie qu'il débar-
qua : il ne donne pas de celte ville une idée aussi avanta—
tageuse que beaucoup d'autres voyageurs. IjCs dehors en
sont imposans : mais lorsqu'on y entre, on ne voit qu'un
amas confus de magasins construits en bois; les quais,
fort commodes pour l'embarcation des marchandises,
.sont de la même conslruclion. Derrière ces ruais , règne
une longue rue qui se prolonge parallèlement à la rivière,
et qui n'a pas trente pieds de large. Derrière les maisons
siluées du côté le plus éloigné de l'eau , s'élève une haute
collinequi intercepte l'air. Cet inconvénient est aggravé par
les odeurs fétides qui s'exiialent des immondices de la boue
dont cette rue est couverte, et dont sont remplies quel-
ques-unes des maisons où il y a peu d habilans. Ce méphi-
tisme est si fort, que le voyageur regardoit comme dan-
gereux de passer dans celle rue. C'est là, dit-il, que prit
naissance cette fièvre jaune pestilentielle qui , en 1790, fit
de si terribles ravages , et si souvent répétés depuis, non-
44 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
seulement à Philadelphie, mais dans plusieurs autres par-
ties des Etats-Unis , et même au-delà. Le voyageur s'étonae
avec raison que les habitans n'aient j^ris aucunes précau-
tions pour purifier l'air empesté qu'on respire dans la rue
dont il s'agit-
Autant dans les anciens quartiers de Philadelphie les
rués sont petites, sales et infectes, et les maisons qu'elles
renferment mal construites et peu aérées, autant dans les
nouveaux quartiers jégne une propreté remarquable.
A l'éiégance de la construction , les maisons réunissent
l'avantage d'une grande circulation de l'air, et d'une dis-
tribution faite avec beaucoup d'intelligence. Philadel-
phie néanmoins ne renferme pas plus de cinq à six édifices
publics qui puissent mériter l'atlenlion. De ce nombre,
soijt l'église ])resl.yiérienne, le palais des Etats-Unis,
l'hôtel de leur président, qui, depuis le changement du
siège du gouvernement, recevront une autre destination:
tels sont encore l'hôpital , les maisons de travail et de cor-
rection,la prison. Ces derniers établissemens ne brillent pas
même par l'élégance de leur architecture extérieure; mais
ils sont remarquables par l'heureuse entente de la distri-
bution inlérieui-e, et par l'excellence du régime. La pri-
son sur-tout frappa singulièrement le voyageur. 11 n'estime
pas qu'il en existe nulle part aucune qui soit si sagement
administrée. D'après les nouvelles loix pénales publiées
dans la Pensylvanie , aucun crime n'est puni de mort ,
exceplé l'as^sassinat commis avec préméditation , ou ]X)ur
favoriser l'exécution d'un rapt ou d'un vol. Tout autre
crime n'est punique par un emprisonnement solitaire,
dont la duiée est proportiojinée à i'énormité du crime :
il faut voir dans la relation même, le mode et les bons
efifels de cette inslilution.
Le voyageur se plaint vivement de la grossièreté de la
Lasse classe du peuple en Amérique , sur-tout à Philadel-
pliie. Il semble , dit-il , qu'elle croie l'observation des plus
simples égards envers les étrangers, incompatible avec 1 1
liberté : ceci ne regarde que les Labilaaa des villes. A ceux
AMÉRIQUlî. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. 4^
delà campaî^ae ,il reproclie une importune et vaine curio-
sité, qui les porte à accabler de questions les étrangers.
Le choix de remplacement de la ville où devoit s'as«
sembler le congrès , a p?iiu à M Weld très-lienrenx , en
ce que cet emplacement est aussi central qu'il le pouvoit
être par rapport à tous les Elats-lhiis , et que cette nou-
velle ville féi'érale , qui s'élevoit de son temps sur les bords
de la Palownac dans la Virginie, i:era^ Irès-avantageuse-
ment située pour le commerce, sans lequel aucune cité
Tie peut s'élever à un haut degré de splendeur et de popu-
lation.
En traversant la Pensylvanie, il Tut frappé de la ma~
nière misérable dont vivent les fermiers. 11 ne sait s'il faut
l'attribuer à leur sobriété naturelle ou à leur économie :
on poui"roit peut-être lexpliquer par ce qu'il observe lui-
même aui' la modicité du produit de la terre. Le cultiva-
teur américain ne retire pas, dit-il, de deux cents acres
de terre, ce qu'en Angleterre un fermier intelligent retire
de cinquante acres seulement. De cette observation, il
résulte que dans la Pensylvanie, les fiais de culture doi-
vent être considérables, tandis que les produits sont mé-
diocres. M. W'eld a remarqué dans l'islbme septentrional
et dans le3 parties basses de la Virginie , une disparité de
conditions inconnue dans toutes les autres parties des
Etals-Unis, si ce n'est peut-être dans les grandes villes.
Des propriétés territoriales d'une étendue immense sont
entre les mains d'un petit nombre d'individus qui en
relisent des revenus considérables, tandis que la généralité
du peuple est dans la médiocrité. La plupart des grands
propriétaires reçoivent une éducation très— soignée , et les
autres n'en ayant aucune , 1 inégalité devient toujours plus
«ensible.
Il existe dans la Virginie une loi très-préjudiciable an
commerce , c'est celle qui rend inviolable toute propriété
territoriale. Aussi long-temps qu'elle existera, les étran-
gers craindront de faire crédit à des gens qui peuvent em-«
ployer le produit des marc'uandises qu'on leur aura con-
4^ BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
fiées, à acheter uue terre que leurs ci'éanciers ne pour-
ront pas faire saisir. Uim des plus grandes richesses du
pays, consiste dans la culture du tabac ; mais elle ne tar-
deroit pas à décroître , si l'on coutinuoit à ruiner le sol
par la pernicieuse métliode de cultiver toujours en tabac
la même pièce de terre, jusqu'à ce qu'on en ait entière-
taent épuisé les sucs nourriciers : mais quelques planteurs
inlelligens n'exigent plus qu'une seule récolte de tabac sur
une terre neuve ; ils y sèment ensuite du blé deux années
de suite, puis du trèfle ; et ils ont soin d'amender la terre :
les bons effets de ce procédé ouvriront les yeux aux autres
cultivateurs.
Dans les montagnes qui forment la lisière de la Haute-
Virginie, on a fait jusqu'à présent des tentatives infruc-
tueuses pour araoliorer la vigne , ou plutôt pour lui don-
ner toute la perfection dont elle peut être suscep'ible :
M. Weld estime qu'avec le temps on pourra y parvenir.
C'est une chose assez remarquable , que dans celte partie
de l'Amérique , les montagnes, qui y sont très -multi-
pliées, n'atteignent pas même le degré d'élévation qu'ont
quelques-unes du pays de Galles en Angleterre (i). Dans
ces montagnes, le serpent à sonnettes est très-commun ;
mais comme il n'attaque jamais quiconque ne l'excite pas,
quoiqu'il ne se détourne point pour éviter la rencontre des
hommes, il est rare qu'on en soit mordu : il n'eu est pas
de même du serpent cuivré, qui n'avertit pas de son ap-
, proche comme l'autre. Quoique son venin soit moins
subtil, il devient mortel, si l'on n'est pas secouru à teujps.
Le voyageur s'étend avec complaisance sur le caractère
physique et moral des habitans dt'ces montagnes. Les
hommes ont l'air de la force et de la santé : ils sont francs ,
puverts et hospitaliers ; mais on peut leur reprocher un
(i) Celle circonstance, réunie à laul d'autres, ne piouve-
l-elle pas que les eaux qui couvrirent la surface du globe Ion
de la révolution diluvienne, ont dà plus long-leuips submerger
l'Amérique septentrionale que le» Itiit* de l'aucieii coalincul''
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. fyj
penchant à s'enivrer, Irop Hivorisé par l'abondance d'eaii-
de-vie, qu'à peu de frais leur pi'ocure la grande qnantilé
, de pèches qu'ils recollent. lie bon rnarclié de loules les
choses nécessaires à la vie , contribue aussi à les rendre
indolens et dissipés. Leurs femmes ont , comme eux ,
beaucoup de goût pour les plaisirs; elles ont, au reste,
les plus belles formes , la plus belle peau , la manière de se
vèlir la plus séduisante ; et dins leur jeunesse, elles pour-
roient aux peintres fournir des modèles de fraîcheur et de
beaulé.
M. Weld ne fait pas le même éloge des autres habitana
de la Virginie. La passion du jeu dans les villes , celle des
combats de coqs à la campagne , sont l'amusement favori
des personnes au-dessus du commun : quant aux gens du
peuple, ils sont excessivement querelleurs, et quand ils
en viennent aux mains , ils se battent comme les ani-
maux, ce II n'est pas rare, dit-il, de rencontrer dans ce
j) pays des hommes qui ont perdu un œil dans les com-
x> bals ; et il y a des gens qui se vantent de leur adresse à
3) en arracher un. . . . Ces misérables ont encore une cou-
)) tume plus affreuse que celle-ci : ils s'efforcent aussi d'ar-
5) radier les testicules à celui qu'ils combattent. En tra-
» versant la Virginie et le Maryland , j'entendis parler,
)) quatre ou cinq fois , d'hommes relenusau lit par suitedes
» blessures qu'ils avoient reçues dans u\\ combat de ce
)) genre. Des personnes dignes de foi m'ont assuré que
)) dans la Géorgie et la Caroline, les gens du peuple sont
3) encore plus inhumains ; et que dans quelques parties de
ï> ces Etats, soi- quatre hommes, il y en a toujours un à
33 qui il manque wn oeil 3).
Dans tous les jugeraens que porte M. ^Veld sur les
habilans des Etats-Unis , on eiîtrevoit les traces du ressen-
timent qu'a laissé dans le coeur des Anglais la séparation
de ces colonies d'avec la mère-patrie : il ne faut donc en
général adopter ces remarques qu'avec une extrême ré-
serve. La description qu'il fait du pays , paroît mériter,
au contraire, une confiance entière, et il y développe uii
43 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
talent distingué. Sa plume décrit les difterens sites et les
divers accidens de la nature; avec sou crayon, il les a
fidèlement dessinés. Le tableau qu'il trace , soit des grandes
chutes d'eau de la rivière de Patho\vnac, qui se précipite,
par différens sauts, d'une élévation de soixante et un pieds,
soit du pont de roche (i), soit des beaux paysages dt; la
Virginie, annonce un homme exercé à traiter le genre
descriptif. Son Voyage dans une partie des Etats-Unis est
terminé par des observations curieuses sur les étonnantes
variations de l'atmosphère dans les Etats-Unis, et sur- tout
dans la Pensylvanie : elles sont telles, que dans ce dernier
pays, ou a vu le thermomètre de Farenheit varier de cin-
quante degrés dans les vingt-quatre heures.
En entrant dans le Haut-Canada par le lac Champlain,
M. Weld trouva établies des précautions très-sévères à
l'égard des étrangers : elles sont la suite de la défiance que
le gouvernement anglais a conçue pour les Américains.
Il fut singulièrement frappé du contraste qu'offre le Canada
avec les Eîafs-Unis : il résulte sur-tout de la différence du
costume , de la propreté et de la solidité des maisons, de la
multitude des calèches qu'on rencontre sur les routes , des
crucifix qui y sont 1res- multipliés , du grand nombre
d'églises et de couvens des deux sexes, de la multitude de
prêtres et de religieux, de la différence enfin d'idiome,
qui, généralement dans le Canada, est la langue fran-
çaise.
L'extraordinaire beauté du paysage dans lesenvii-ons de
Montréal,ajouteausentiment de la surprise, celui de l'en-
(i) Ce pont, l'ouvrage siiljlime de la ualnre, est ainsi Kommé,
parce que c'est, dans le fond d'un abîme ^ nn roclier qui joint le*
parois de deux hautes montagnes. Par un travail de plusieurs
jièclessans doute, un ruisseau a percé celle masse épaisse de qua-
rante pieds environ. Ce ruisseau coule aujourd'hui sous une voùle
qui a cent cinquante pieds d'ouverture, et deux cents pieds déié-
vation. On en trouvera la description plus détaillée, non-seule-
ment dans le Voya-'.e même de M. Weld , mais dans celui de
Chàlellux, et dans les notes sur la Virginie, de M. Jell'erson.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. 49
CÎianlement. Les habitans de celle ville, donl les deux
tiers sont Français, et dont l'aiilre liers est composé cl'in-»
dividus originaires de la Grande-Bretagne, tous négo-*
ciaus du premier ordre ou agens du gouvernement, ont
paru à M. "Weld , sans aucune distinction de nalion ,
également hospitaliers et très-accueillans , sur -tout pour
les étrangers. Pendant son séjour à Mont-R.éal, il recueillit
des renseignemens sur deux expéditions qu'a entreprises
M. Keause, pour pénétrer par les terres jusqu'à l'océan
Pacifique. Ce voyageur avoit éclioué dans la première,
mais la seconde avoit été couronnée d'un plein succès.
M. Weld regrette que l'intéressant journal de cette expé-
dition n'ait pas encore été publié. En jiarcourant le paya
depuis Mont-Réal jusqu'à Québec , il observa que les mai-
sons, presque toutes construites avec des troncs d'arbres,
étoient néanmoins bâties avec plus de soin et de solidile
que dans les Etats-Unis. Ces troncs d'arbres, au lieu d'être
bruts et raboteux, comme chez les Anglo-Américains,
sont parfaitement équarris, recouverts de blanc en-dehors,
et doublés de planches de sapin au-dedans; mais il remar-
qua aussi que les habitations des Canadiens sont fort désa-
gréables par l'air fétide el grossier qu'on y respire. Cet
inconvénient résulte de leur négligente à ouvrir les fenê-
tres, même dans la belle saison : ils ne se justifient de cette
insouciance , qu'en alléguant l'usage du pays à cet égard.
Les observations de M. Weld sur le caractère des Cana*
diens en général, sont conformes à celles de tous les autres
voyageurs. Les gens de la basse classe du peuple , dit -il ,
ont toute la vivacité, la gaîlé des habitans de la France i
ils dansent, chantent, et paroissent s'inquiéter peu du
lendemain Ceux d'une condition plus relevée ont quelque
chose de l'humeur bru3q«]e et chagrine qui caiactérise les
Anglo-Améiicains: mais la vanité est letrail le plus lemar-
qviable et le plus général de lous les Canadiens. Très-peu
de ceux qui vivent à la campagne savent écrire et lire-:
ce sont les femmes qui possèdent le peu d'instruction qu'on
remarque dans le pays : aussi ont-elles sur les hommes un
VI. »
5o BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
ascendant si marqué, que ceux-ci ne forment aucune
entreprise sans les consulter. Les uns et les autres sont
plongés dans la superstition , et aveuglément soumis à
leurs prêtres.
Depuis la cession du Canada à l'Angleterre, cette vaste
contrée est divisée en deux gouvernemens , qu'on dis-
tingue par la dénomination de Haut et Bas-Canada. Dans
chacun des deux, le pouvoir est entre les mains du gou-
verneur, assisté du conseil exécutif nommé par le roi,
Le pouvoir législatif appartient concurremment au gou-
verneur, à un conseil législatif , et à une chambre de repré-
eentans; mais leurs actes n'ont force de loi qu'après avoir
été sanctionnés par le roi, et dans certaines circonstances,
par le parlement d'Angleterre. Les formes pour la dis-
cussion et pour l'adoption des bills,sont à-peu-près le»
mêmes que celles qui ont lieu dans les deux chambres de
ce parlement. M. \'V"èld entre dans des détails très inlé-
ressans sur la forme des élections et sur la composition de»
diverses autorités constituées. Il observe que les gouver-
neurs des deux provinces sont indépendans l'un de l'autre
dans leurs fonctions civiles, mais qu'à l'égard du militaire,
le gouverneur du Bas-Canada a le commandement su-
prême.
Les Français , qui forment dans le Canada la majeure
partie de la population , ont conservé , depuis la conquête ,
non-seulement leurs propriétés avec toutes les préroga-
tives qui y étoient attachées , mais encore toutes leurs loix
et tous leurs usages. Il résulte du système féodal qui s'est
maintenu dans toute sa force , qu'au grand préjudice de
l'agriculture, la plus grande partie des possessions sont
précaires. L'introduction de la forme du jury dans l'ins-
truction criminelle, immédiatement après la conquête,
est un. bienfait dont les Canadiens ne sentent peut^tre pas
tout le prix.
Sans être dominante dans le Canada, la i-eligion catho-
lique y est le plus universelleinenti'épandue. Les prêlre.s
y perçoivent la dime sur toutes les terres possédées par le»
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. 5î
tcallioliques : celles des prolestans nen sont pas exemptes ;
mais le produit s'en verse dan» une caisse pour être appli-
t|ué aux besoins de celle communion. Les naturels du
Canada, que les missionnaires se flattent d'avoir convertis,
végètent dans la plus alfreuse misère : de toutes leurs tri-
bus si nombreuses, il existe à peine douze cents indi-
vidus.
Dans un pays encore tout neuf, et presque entièrement
dénué de manufactures, les articles d'importation sont
immenses: ilscomp rennent tout ce qui concerne le vête-
ment et l'ameublement , une grande partie même des
objets nécessaires pour la construction des maisons et des
navires , enfin tout ce que le luxe de la table peut exiger.
On importe du Canada des fourrures dans une quantité
prodigieuse , du blé , de la farine, de la graine de lin, de
la potasse , du bois , des planches , du merein , du poisson
«ec , de rhuile, du ginseng, des drogues médicinales.
Quoique le sol soit très-propre à la culture du chanvre,
elle y est encore très-languissanle.
M. Weld fait une description très-attachante des ma-
gnifiques sites qu'on découvre de la haute ville de Qué-
bec , et sur-tout du cap de Diamant , élevé de mille pieds
au-dessus du fleuve de Saint-Laurent. Dans celte partie de
son cours principalement , ce fleuve étale les scènes les
plus imposantes. Parmi les merveilles qu'on admire dans
les environs de la ville, se distinguent la cataracte de
Montmorency , formée par la chute de la rivière du même
nom, qui se précipite d'une hauteur de deux cent cin-
quante pieds ; et la cataracte de la Chaudière, moins haute
de moitié , mais dont la lai'geur est plus considérable.
Entre le golfe du fleuve de Saint-Laurent et Québec, le
terrein est fort monlueux -, mais en remontant ce fleuve
le pays devient parfaitement uni. Presque généralement,
le sol est une couche de terre légère et noirâtre , de dix à
douze pouces d'épaisseur, sur un lit profond de terre
grasse. On peut juger de sa fertilité par les récoltes abon-
dantes que les Canadiens en retirent constamment^ mal-
52 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
gré l'usage communément adopté, de ne jamais laisser
reposer les terres, de ae jamais les fumer. Les bords du
fleuve leur fourniroient presque sans frais une proii-
gieuse quantité de marne; et néanmoins un très-petit
nombre de cultivateurs emploient cet engrais. La nature
du sol du Bas-Canada convient particulièrement aux menu»
grains. Le tabac y prospère aussi ; et quoiqu'il soit reconnu
d'une qualité supérieure à celui de la Virginie et du Ma-
ryland , on n'en cultive pas la moitié de ce qu'il faut pour
la consommation du pays. Tous les végétaux légiiinineux
et la plupart des fruits de l'Europe sont excellens au Ca-
nada. Les groseilles , les fraises , les framboises , les raisin»
de Corinthe même , y ont un goût délicieux. Les framboi-
siers y sont indigènes , et viennent spontanément dans les
forets. Aucune contrée n'est plus riche en bois de toutes
les espèces-, on en dislingue sept de chênes et trois de
noyers. Un des arbres les plus précieux, est l'érable à
sucre : celui qu'il donne , s'il éloit raffiné , ne le céderoit,
ni pour la blancheur, ni pour legovit, au meilleur sucre
des îles; mais les Canadiens, qui en font une grande con-
sommation, ne l'emploient que dans l'état de cassonade.
Du suc de l'érable, on fait encore un excellent vinaigre,
supérieur au vinaigre blanc de France.
L'air du Bas-Canada est très-pur , sur-tout depuis Mont-
Réal jusqu'à l'embouchure du fleuve : c'est dans la partie
haute seulement qu'on est attaqué de fièvres inlermit-
lenles , en raison de ce que le pays est une plaine con-
tinue.
Les chaleurs de l'été sont aussi excessives au Canada ,
que les hivei's y sont rigoureux. Dans les mois de juillet et
d'août , le thermomètre de Fareuheit raonle souvent à
06 degrés. L'intensité du froid y est telle , que malgré la
largeur du fleuve , il est entièrement gelé à une assez grande
profondeur, et que la navigation est interrompue pendant
plusieurs mois. C'est, pour les Canadiens, le temps du
repos et des plaisirs. Dès que les neiges sont tombées, et
qu'un froid clair et piquant a succédé aux brouillards^
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMliR. SEPT. 53
on ne s'occupe plus que d'assemblées, de visites, de par-
ties de musique , de festins , de danses , de jeux et de
courses dans des traîneaux avec lesquels un seul clieval
fait faire jusqu'à quatre-vingts lieues en un jour. Au-
dehors, on se garantit du froid avec les fourrures; dans
l'intérieur des maisons, par des poêles placés au rez-de-
chaussée, dont les tuyaux se distribuent dans les apparte-
mens supérieurs, et par l'exacte clôture des portes et des
fenêtres, revêtues de peaux en-dedans et en-dehors. Les
chevaux résistent au froid le plus rigoureux : on les laisse
souvent plusieurs heures aux portes des maisons sans
même les couvrir (i).
• Le dégel arrive presque subitement vers la fin d'avril
ou au commencement de mai ; mais les glaces restent long-
temps dans les rivières sans s'y dissoudre. Le brisement de
celles du fleuve de Saint-Laurent s'annonce par un bruit
semblable à celui du canon. La fonte des neiges grossis-
sant les eaux , il se forme des montagnes de glace qui ne
s'affaissent qu'insensiblement , et qui obstruent la navi-
gation long-temps après que les vestiges du froid ont dis-
paru sur ses côles. Aussi-tôt après le dégel , la végéla lion
commence , et la rapidité de ses progrès tient du prodi<fe.
Les chaleurs de l'été suivent de très-près les apparences
du printemps. En peu de jours, et comme par un eifet
magique , la plus liche verdure orne les champs , les arbres
sont couverts d'un épais feuillage , les plan les potagères se
succèdent en abondance , et le grain , semé au mois de
mai , se récolte à la fin de juillet. On ne connoît point au
Canada, comme dans les Etats-Unis, les variations brus-
ques de température : l'automne y est très-agréable mais
on observe une dififérence de trois semaines entre Québec
et Mont-Réal, pour la succession des saisons.
Pour aller de Québec à Mont-Réal, M. AVeld dut éprou-
ver plus de diflicultésà remonter le fleuve qu'il n'en avoit
(i) On a pu remarquer la même chose à Pçlersboui'' et à
Moscou.
t)4 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
trouvé pourle descendre: elles résultent sur-tout des rapic!e»
courans que forment une multitude de petites îles; les bate-
liers canadiens les franchissent avec une force et une adresse
extraordinaires, à l'aide de crochets, de rames et dévoiles.
Dans sa roule ,il fit quelques observations sur le fleuve de
Saint-Laurent. Ce fleuve prend son origine dans d'im-»
meuses lacs, tels qus le lac Ontario, le lac Ei'ié , le lac
Supérieur, alimentés eux-mêmes par le graiid nombre
de rivières qui s'y déchargent. Si le volume d'eau que ces
eaux lui fournissent, ne le rend pas tout- à-fait aussi con-
."idérable que le Mississipi , il l'emporte d'ailleurs sur ce
dernier fleuve par son embouchure libre et facile après
la fonte des glaces, tandis que celle du Mississipi est ob-
struée dans toutes les saisons par une quantité de petites
îles.
Dans le Haut-Canada , le cuivre est extrêmement com-
mun : le fer, sans y être abondant , n'y manque pas. Il
seroit bien intéressant pour la colo.ie d'en exploiter avec
intelligence les mines, et d'encourager aussi la culture du
chanvre : on diminueroit ainsi les frais énormes d'équi-
pement des navires, pour lesquels il faut tout tirer de la
Grande-Bretagne.
En regagnant par le Haut -Canada les Etats-Unis,
M. Weld se proposoit sur— tout de visiter la fameuse cata-
racte de Niagara. Avant de s'y transporter, il voulut con—
noître la ville de ce nom , capitale du Haut-Canada. L'ac-
croissement rapide qu'avoit pris la population de celte
ville l'étouna singulièrement. Cet accroissement est dû
aux émigrations des Anglo- Américains, qui affluent dans
le Canada pour y trouver des terres à bon prix. Il est d'au-
tant plus extraordinaire néanmoins, que non-seulenienl
la ville de Niagara , mais ses environs, mais tout le Haut-
Canada , sont affligés , dans les deux derniers mois de
l'été, par des fièvres intermittentes et continues, et par
une fièvre maligne de la plus fâcheuse espèce, qui mois-
sonne beaucoup d'habilans. La saison en étoit presque,
passée, lorsque M. Weld arriva dsins le pays; il put donc.
AMÉRIQUÏ. VOYAC. DANS L'AMÉR. SEPT. 55
avec toute sécurité^ visiter la cataracte, la plus éioiinanlo
merveille, en ce genre, qu'offrent les deux mondes. Il
faudroit copier en entier l'excellente description qu'il en
a faite, pour en donner une juste idée. Je me contenterai
d'observer qu'en se précipitant , la rivière ne forme pas
une nappe unique, mais qu'elle est partagée par trois îles
en trois cafaractes bien distinctes les unes des autres. Li
plus considérable, qu'on appelle la cataracte du Fer à
cheval, parce qu'elle en a un peu la forme , n'a que cent
quarante-deux pieds de chute, tandis que celle des deux
autres est de cent soixante ; mais elle \\ç.\\ a pas moins la
prééminence, tant par sa largeur que par sa rapidité , qtii
excèdent beaucoup celle des deux cataractes qui ont plus
de chute. La largeur totale du précipice ou de l'abime
que présente l'ensemble des trois cataractes , et auquel on
a donné le nom de Saut de la rivière de JS^iagara, est de
treize cent trente— cinq pas; et l'on estime à six cent soi-
xante et dix mille deux cent cinquante-cinq tonneaux , la
quantité d'eau que versent par minute les trois cataractes.
La relation de la route tenue par M. Weld, pour so
transporter du Haut -Canada aux Etals -Unis, par un
autre chemin que celui qu'il avoit pris pour arriver dans
la même contrée , offre des détails assez curieux ; mais en
général , elle est beaucoup plus historique qu'elle^ n'est
descriptive.
§. IV. Descriptions des Etats-Unis en général.
r~ojages faits dans différentes parties de ces Etats
à la fois.
Histoire générale de la Virginie, de la Nou-
velle - Angleterre , et de plusieurs îles , avec les
noms des aventuriers , planteurs et des gouver-
neurs , depuis l'année i584 jusqu'à la présenta
année 1626 ; avec les opérations de ces difTérenies
56 BIBLIOTHÈQUE DES VOYACFg.
colonies, les événemens qui y sont arrivés lors de
leur découverte , et les voyages qui y ont été faits ;
cartes et descriptions de ces régions , leur com-
merce , peuples , gouvernement , usages et reli-
gion , autant qu'on a pu en apprendre jusqu'à pré-
sent ; par Jean Smith: (en anglais) The gênerai
History of Virginia y New-England , and ilie some
îsles ; with the name of the adwenturers , planters or
governors froin their beginning , anno i584 to the
présent 16^26 ; with the proceedings of those several
colonies , and the accident that hefell theni in ail
their TOjages and discoveries ; also the descriptions
of ail those countries j their commodities , people ,
governnient, colonies and religion jet known ; hyJohn
Smith. Londres, 1627; ihid. i632jin-fol.
Détails sur le malheureux voyage de quelques
Pèlerins allemands qui alloient dans la Peusylvanie
et la Caroline : (en allemand) Ausfùhiiche Be^
schreihung der ungliik lichen Reise einiger ans Teutsch-
land nach dem Engellàndischen in America gelege-
iien Carolina und Pensjh'ania wallenden Pilgrimme.
Francfort, 1706; ihid. iyii,in-8**.
Histoire des Colonies anglaises dans l'Amé-
rique septentrionale , de leurs établissemens et de
leurs progrès (en anglais). Londres, NicUolson,
Ï708 , 3 vol. in-S''.
Abrégé historique et politique des commence-
mens, du progrès,, des améliorations et de l'état
actuel des Etablissemens anglais dans le nord de
r Amérique , par François Douglas : (en anglais}
Summarj historieal and political ôf the forst ptlariting
AmÉriqui:. toyag. dans l'amér. sept. 57
■progressive , improvement and présent state of the
british settlernents in North- America, hj Franc. Dou-
glas. Londres, 1755, 2 vol. in- 8°.
Histoire et comnieroe des Colonies anglaises
dans l'Amérique septentrionale , où l'on trouve
l'état actuel de la ])opulatiou , et des détails curieux
sin la constitution de leur gouvernement, princi-
palement sur celui de la Nouvelle-Angleterre , de
la Pensylvauie , de la Caroline et de la Géorgie , par
(M. Butel-Dumont). Londres (Paris)^ i755 , in-12.
Le Voyageur américain, ou Observations sur
l'état présent , la culture , le conmjerce des Colo-
nies britanniques en Amérique : (en anglais) The
American Traveller , or Ohsers^ations of the présent
State, culture and commerce qf the hritish colonies
in America. Londres, 176g, in-4°.
Cet ouvrage a été traduit en frauçais avec des augmen-
tations, et a paru sous le tiU'e suivant :
Le Voyageur américain, ou Observations sur
les Colonies britanniques en Amérique , traduit de
l'anglais, augmenté d'un Précis sur l'Amérique sep-
tentrionale et la république des Etats -Unis , par
31. (3Iandrillon) , avec des cartes. Amsterdam,
Schuring , lySS , 5 vol. iu-8^.
Ce fui pour répondre au vœu du fameux comte Cha-
ihcim qu'un négociajit anglais, très— éclairé, publia ces
obsji valions, des exemplaires desquels la cour d'Angle-
teire, intéressée à tenir secrète une partie des opérations
ûe. la niédopole avec ses colonies , empêcha autant qu'elle
put , la dissémination.
Prlcis de l'état actuel des Colonies anglaises
58 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
dans l'Amérique septentrionale , par M. Dominique
Blahfort , avec la réponse de M. Franklin à l'inter-
rogatoire qu'il a subi devant la chambre des com-
munes , au mois de février 1766 , lorsque la résolu-
tion de l'édit du timbre y fut mise en délibération ;
traduit de Tanglais. Milan , Frères Reycends , 1771,
in- 12.
Celle traduction se trouve à la suite de celle du Voyage
tVOlof Torrée aux Indes orientales, dont j'ai donné la
notice.
Notice historique et statistique sur les Colonies
anglaises en Amérique , par J. B. de Schirach : (en
allemand) Hisiorisch-Statistiche Notiz der Gros-Bri—
tamiischen Coloiiien in ^merika,von J . B . 'Von Schi-
rach. Francfort et Leipsic , 1776, in-8°.
Relation historique et abrégée des Colonies
britanniques dans le nord de l'Amérique, conte-
nant leur origine , leurs progrès et leur état actuel ,
particulièrement de la province de Massachusset-
Bay, ensemble des provinces de la Nouvelle-Angle-
terre : ( en anglais ) A concise historical Account
of ail the British Colonies in North- America , corn—
prehending their rite, pr^ogress and modem state , par-
ticularlj of Massachusset-Bay , together u>ith the pro-
vince of New-England. Londres, 1776, in-8°.
Esquisse des Colonies anglaises dans l'Amérique
septentrionale , par Sprengel: (en allemand) AWz<?
Schilderung , etc....^'o« Sprengel. 2*^ édition. Got-
tingue, 1777, in-fol.
Compte rendu au comité de la chambre des com-
munes, le 29 avril 1779, par le lieutenant général
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'A^FR. SEPT. 69
sir Guillaume Howe , relativement à sa conduite
pendaut le temps qu'il a commandé les troupes du
Roi dans l'Amérique septentrionale : on y a Joint
quelques observations sur un pamphlet ayant pour
titre, Lettres à un Lord: (en anglais) The Narrative
of lient, geiier. sir Jf illiavi Howe in a committee of
the house of communs ofihe 2g april i//^ , relative
ta his conduct during his late command of the King
troops in Norlh- America : ta which are added sonie
observations upon a pamphlet entitled Letters to a
Noble mau. Londres, Baldwin, 1780, in-4°.
Sous un litre en apparence assez étranger aux voyages ,
cet ouvrage renferme des détails curieux et inléiessans
sur l'Amérique anglaise, aujourd'hui les Etats-Unis.
Voyage de Bekman dans les colonies du milieu
de l'Amérique septentrionale, traduit de l'allemand
par Wild. Lausanne, 1778 , in-8°.
Annales politiques des Colonies formant au-
jourd'hui les Etats-Unis, et de leurs établissemens
jusqu'à la paix de 1763 , par George Chalmer: Çen
anglais) Political y4nnals of the présent United Co-
lonies, from. their settlements to the peacc of iy63 ,
by William Chalmer. Londres, 1780, in-H**.
iVouvEAU Voyage dans l'Amérique septentrio-
nale, en l'année 1780, et campagne de l'armée du
comte de Rochambeau , par M. l'abbé Robin. Paris,
Moutard , 1782 , in-8''.
— Le même , traduit en hollandais. Amsterdam ,
1782, in-8°.
— Le même, traduit eu allemand. Nuremberg,
J783,ia-6^
6o EIBLIOTHÊQUE DES VOYAGES.
A la suite de quelques observations astronomiques , le
voyageur fait la description de la ville de Boston et de sa
population. Il décrit les moeurs, les usages, la religion , le
commerce de ses habitans. Il suit à-peu-près la même
marclie relativement aux villes de Cambridge , de New-
port, de Philadelphie, de Baltimore, de ^Villiambourg.
Le tableau qu'il trace de l'élat de New-Jersey est sur-tout
Ires-intéressant. Quelques observations assez curieuses sur
l'histoire naturelle des Etats-Unis, sur le caractère phy-
sique et moral des Anglo-Américains, sur les progrès
des sciences et des arts d'utilité chez ce peuple; enfin la
relation de la marche tenue par les troupes de Rocham-
beau , annonce plus de connoissance de l'art militaii'e ,
ou au moins jdIus d'intelligence à décrire les opérations
d'une armée, qu'on ne s'y seroit attendu de la j^art d'un
ecclésiastique.
De l'Étendue, de la population, du climat et
de la fertilité des terres des Etats-Unis de l'Amé-
rique , par A. F. W. Crome: (eu allemand) Uher die
Groese , J^olksmeuge , Clima und Finclilbarlieit des
Nord -\Amerikanischeji Freystaats , von A. F. }V.
Crome. Dessau , iySS^ in-S*^.
Spectatfur Américain, ou Remarques géné-
rales sur l'Amérique septentrionale et sur la répu-
blique des Etals-Unis. Amsterdam , 1784, in-8°.
Observations sur le gouvernement et les loix
des Etats-Unis d'Amérique, por M. l'abbé de Ma-
hljr. Amsterdam , Rosard et C^, 1784, in- 12.
Les Etats-Unis de l'Amérique, après la paix
de 1 783 , par Jean-Jacques de Moser ^ avec cartes :
(en allemand) IVord- America nach dem Friedens-
schluss 'vom Jahr jy83 , von Joh. Jac. von Moser.
Leipsic , 178/1, 1785, 3 vol. in-8°.
AMERIQUE. VOYÀG. DANS L'AMER. SEPT. 6ï
Voyage de M. le marquis de Chatelux dans
rAmërique septentrionale (les Etats-Unis), dans
les années rySi et 1782 , avec une carte dressée
pour servir au Journal de ce Voyage. Paris , Prault ,
1786,2 vol. in-8**.
— Le même, traduit en allemand, avec des
notes. Hambourg , 1786, in-8''.
— Le même , traduit en anglais. Londres, 1786,
2 vol. in-8*'.
Examen critique des Voyages dans l'Amérique
septentrionale, de M. le marquis de Chatelux, par
Brissotde TFarville. Londres (Paris) , 1785, in-8°.
Dans la relation de Clialelux , la descriplion des villes
et celle des siles pittoresques qu'offre un pays presque
neuf; le tableau des diflérenles méthodes empIo)'^ées dans
les défrichemens et dans la culture ; les jugemens que
porte le voyageur sur les gouvernemens, les moeui's, les
usages , se trouvent confondus avec les observations d'un
militaire éclaiié , faites sur les lieux même qui furent le
théâtre de la guerre de l'indépendance. On a reproché à
Chatelux de n'avoir reconnu que par des sarcasmes, l'hos-
pitalité franche et généreuse des Anglo-Américains. Cette
imputation est sans doute fort exagérée, mais elle n'est pas
toul-à-fait destituée de fondement.
Lettres d'un Fermier américain , concernant la
description de la situation de certaines provinces ,
des mœurs et des coutumes qui ne sont pas géné-
ralement connues , par Hector Saint-John de Crei^c-
cœur : (en anglais) Letters from an American Fra-
vier , describing certain provincial situations , nian-
ners and customs , not generallj hnown , bj Hector
Saint-John de Crevecœur. Londres, 1782, in-8".
62 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Ces Lellres ont éié traduites en français sous le tifie
suivant :
Lettres d'un Cultivateur américain , adressées
à W"" H en Esq"^ , depuis l'année 1770 jusqu'en
1786, par M. Saint John de Crep-ecceur, traduites de
l'anglais, et enrichies de cartes et de figures. 3^ édi-
tion. Paris, Cucliet, 1787, 5 vol. in-8^.
C'est à celte édilioo seule qu'il faut s'attacher: il y en a eu deux
autres plus ou moins inroniplèles. La première n'est qu'ea un
«eut volume , la seconde n'en a que deux.
Long-temps avant cette lutte sanglante, qui s'est ter-
minée, pour les Anglo- Américains , par l'affermissement
de leur liberté , la correspondance de M. de Crevecœur
avoit commencé. Cet écrivain, gentilhomme normand ,
mais établi depuis lage de seize ans dans le* colonies amé-
ricaines de la Grande-Bretagne, s'éloit en quelque sorte
naturalisé Anglo-Américain. Devenu propriétaire d'une
habitation sur les frontières de ces colonies , il fut l'une des
premières victimes de la guerre de l'indépendance. Les
Sauvages alliés de l'Angleterre incendièrent ses possessions.
C'est principalement aux différentes époques de cette guerre
mémorable qu'il écrivit ses Lettres en anglais. Ayant re-
passé ensuite dans sa patrie originaire , il les traduisit lui-
même en français; et comme, par le non-usage, il avoit
perdu l'habitude de sa langue maternelle , il se glissa dans
sa li-aduclion beaucoup d'anglicismes qui , loin de dépré-
cier son ouvrage , jettent plus d'énergie dans ses expres-
sions.
L'impression que reçoit son ame sensible du spectacle
de la régénération d'un peuple long-temps opprimé par
la métropole, donne aux peintures qu'il fait des ravages
exercés par les troupes anglaises , et de l'héro'ique jjersé-
vérance des colons américains, un caractère vraiment
sentimental. Ce que ses peintures ont souvent desombre,
«st quelquefois adouci par les images douces et riantes des
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. 65
iravaux champêtres auxquels, dans les moiueus de repos,
les colons se livrent, des jouissances que ces travaux leur
procurent, de la pureté de leurs moeurs , de leur félicité
domestique. Aux scènes les plus eîi'rayantes de dévasta-
lions et de meurtres, succèdent, sans affectation de con-
trastes, les situations les plus attendrissantes.
En même temps qu'on est profondément ému à la lec-
ture de cette correspondance , on y puise des notions
lumineuses sur la partie de l'Amérique septentrionale la
plus intéressante à tous égards. C'est principalement sous
les rapports de la population, de l'industrie, du com-
merce, de la religion, des moeurs, que l'auteur décrit les
Etals-Unis. Quelquefois aussi, son riche pinceau se pro-
mène sur des objets relatifs à l'histoire naturelle. Aucun
écrivain, sur-tout, n'a fait connoîlre aussi bien que lui,
ces peuplades américaines dontla constitution jDhysique a
bien pu être détériorée jDar leurs funestes relations uvec
les peuples de l'Eurojje, mais qui n'en ont pas moins
conservé toute l'énergie de leur caractère original. Les
anecdotes qu'a répandues l'auteur dans ses Letircs, sont
autant de petits drames allendrissans que d'habiles mains
pourroient mettre en œuvi'e sur plusieurs de nos théâtres,
pour y remplacer des situations hors de la nature, ou y
suppléer à la stérilité de l'invention. Deux hommes, dont
l'aulorilé est d'un grand poids (i), ont reproché à M. de
Crevecoeur sa partialité pour les quakers : peut-être est-
elle excusable en faveur d'une secte dont les membres en
général rachètent par tant de qualités estimables quelques
légers défauts , indispensable tribut qu'ils payent à la foi-
blesse de l'humanité.
Voyage dans quelques provinces intérieures et
méridionales des Etats-Unis de l'Amérique , à la
Floride orientale et aux îles de Bahama , en ij8S
(i) Franklin et JcITerson,
64 BIBLI OTII ÈqUT; des VOYAGES.
et 1784, par J. David Schoepf : (en allemand)
Reise durch einii^e der rtiitllern und siidlichen Kerei-*
iiigten Nord-Amerikanischen Staaten ^ nach Ost^
Florida und den Bahama Inseln , unternommen , lit
den Jahren 1^83 und iyS4 , von J. David Schoepf.
Erlang, 1788, 2 vol. in-S^
Recherches historiques et politiques sur les
Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , où ïoxis
traite des établissemens des treize colonies , de
leurs rapports , et de leurs dissensions avec la
Grande Bretagne , de leurs gouvernemens avant et
après la révolution ; par un citoyen de Virginie :
avec quatre Lettres d'un bourgeois de New-Haven ,
sur l'unité de la législation. Paris , Froullé , 1788 ,
4 vol. in-8^
Voyage dans les Etats-Unis de l'Amérique sep-
tentrionale , par Louis Castiglioni , fait dans les
années 1785 à 1787 , avec planches : (en italien)
J^iaqgio negli Stati dcW America settentrionale ,
fuUi negli anni lySS a 1/8/ , di Lodovico Casti-
glioni. Milan, 1790, 1 vol. in-8'\
Voyage dans les Etats-Unis de l'Amérique , fait
en 1784 5 contenant une description de la situation
présente et de leur population , de l'agriculture ,
du commerce , des mœurs de leurs habitans , des
nations Indiennes , et des principales rivières , avec
quelques anecdotes sur plusieurs membres duCon-
erès et officiers généraux de l'armée américaine j
par J. F. D. Smith, traduit de l'anglais par M. de
Burents-Montchel. Paris, Buisson, 1791, 2 vol.
m-8^
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 65
Cette relation , dont je n'ai pas pu me procurer l'ori-
gînal , ne louie que sur qiiatre des Elals-Unis , mais d'une
grande importance, la Virginie, le Maryland , les deux
■Carolines. 11 est diliicile de ramasser plus de notions inté-
ressantes que l'ii fait le voyageur dans deux petits volumes.
Il ne se borne pas eu effc: à décrire les qu^.fre Etals que je
viens d'indiquer; ses observations s'étendent à plusieurs
nations indigènes, et même à ia Louisiane et d'autres
colonies espagnoles.
Nouveau Voyage dans les Etats-Unis de l'Amé-
rique septentrionale , fait en 1788 par J. P. Brissot
(Warvîlle). Paris, Buisson , 1791, 3 vol. in-S''.
Dans cette relation , le voyageur a généralement em-
brassé tout ce qui étoit du ressort de la stati&tique : religion ,
moeurs, usages, économie, politique, agiicullure, com-
merce , manufactures , sciences et arts. Il a même con-
sacré un volume entier à tracer le tableau des relations
commerciales qu'il seroit avantageux aux deux puissances
des Etats-Unis et de la France d'établir entre elles. La
relation ne laisse désirer que des recherches et des obser-
vations sur la physique du pays et sur son histoire natu-
relle ; mais c'étoit un genre de connoissances absolument
étranger à l'auteur.
Quelques Renseignemens relatifs à TAme'-
rique (anglaise) , rassemblés par Thomas Cooper ,
ci-devant de Manchester : (en anglais) Some Infor-
mation respecting America , collected hj Thomas
Cooper, late of Manchester. Londres, i794,in-8°.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le titre suivant :
Renseignemens sur l'Amérique (anglaise), ras-
semblés par Thomas Cooper , ci -devant de Man-
chester , traduits de l'anglais , avec une carte.
Paris , Maradan , an m — 1795 , in-S".
Cet ouvrage, le fruit de dix-huit mois de séjour de l'au-
VI. E
^6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
tfeur, est l'un des plus instructifs, et sur-taut des moîna
partiaux , qui ait paru eu Angleterre sur les Etats-Unis.
Tableau de la situation actuelle des Etats-Unis
d'Ame'rique , d'après Jedidiah ;]/or>çe et les meilleurs
auteurs américains , par Charles Pictet^ de Genève ;
ouvrage enrichi de beaucoup de cartes et de ta-
bleaux. Paris, Dupont, 1790, 2 vol. ia-8'^.
L'auleur de cet ouvrage, ainsi qu'il l'annonce, a puisé
dans d'excellentes sources, et il les a heureusement em-
ployées.
Le GAZETiEades États-Unis, contenant une de-
scription authentique de ces divers Etats , leur situa-
tion actuelle, leurs limites , leur sol, leurs produc-
tions , leur climat , leur population , leur commerce
et leurs manufactures ; par Joseph Scott , enrichi
de dix -neuf cartes : (en anglais) The TTnited-States
Crazeteer , containiug eut auiheiitic description of tlie
several States ; tlieir situation ejctant , boundery ,
soïl y produce , climats , population ^ trade and nianu-
factares ; illustrated with ig niaps ; bj Joseph Scott.
Philadelphie , 1 796 , iD-S*^.
Tableau historique , géographique , commer-
cial et philosophique des Etats-Unis d'Amérique et
des élablissemens européens dans l'Amérique et les
Indes occidentales , par Guillaume Winterbothani :
{en anglais) uàn Historical , gcographical , commer-
cial and philosophical f^iew of the American United--
States and the European settlements in America and
the TFest-Lidies , bj TP\ TFinterbotham. Londres ,
1795, In-S".
Voyage dans l'imévieur des Etats-Unis , à Baih ,
AMÉRIQUE. VOYA G. TIAIVS L'AMER. SEPT. Ôf
Winchester, dans la ville de Slienondoali /etc. etc.
pendant l'été de 1 791 ; seconde édition , augnienlée
de descriptions , et d'anecdoies sur la vie militaire
et politique de Georges Washington : par Ferdinand
Bayard. Paris , Batilliot , an vi — 1798 , in-8°.
La première édition de cet ouvrage avoit donné lieu,
à plusieurs critiques. L'esprit de parti avoit dicté les unes,
et l'auteur n'y a eu aucun égard. Les autres, qui por-
toientsur des lacunes essentielles , lui ont paru bien fon-
dées, et il en a profilé.
Journal de ïa sortie des Etats-Unis de TAmé-
rique , par Wansey : ( en anglais ) Journal of the
egression totheUnited-States of America, hj Waii"
sey. Londres, 1798, in-S".
Voyage dans les Etats-Unis de l'Amérique, en
1795, 1796 et 1797, par la Rochefoucault - Lian-
court, enrichi de plusieurs cartes. Paris, Dupont,
an VII — 1799? 8 vol. iu-S".
Ce Voyage a été traduit en anglais sous le titre sui-
vant :
Voyage de la Rochefoucault aux Etats-Unis
d'Amérique, etc.. : (en anglais) La Roche-Fow
cauU's Travels to the United ^States of America »
Londres , 1799 , 2 vol. in-4".
Profondément versé dans la connoissance des matières
économirjiies , l'auteur de celle relation a voyagé dans les
Elals-Ujiis, et y a même séjourné pendant trois ans, pour
y recueillir les notions utiles que le pays pouvoit lui offrir
dans ce genre, et il y a fait une ample el riche moisson. Se»
ohservalions, qui ont toujours le caractère précieux de la
vérité , se sont étendues aussi à la conslilulion politique du
pays, aux moeurs, aux usages de ses habitaus, quelquefois
a
A
Ç8 BIBLIOTHÈQUE DES TOYAGESl
aussi à son état physique et à son histoire naturelle. CTesf
un des guides les plus sûrs auquel puissent s'attacher ceux
qui se proposent d'aller former des éfablissemens aux
Etats-Unis. Il ne se borne pas en effet à conduire le lec-
teur dans l'intérieur du pays et des famille», il le fait
pénétrer encore dans les parties les plus reculées des Etals-
Unis, et jusque dans le Canada, dont il fait une descrip-
tion rapide , mais satisfaisante sous plusieurs rapports.
L'auteur , au siirplus, apprécie avec une rare raodesli«
l'avantage qu'on peut retirer de sa relation.
a Les Etals-Unis , dit-il , sont peut-être la partie du
5) monde entier qu'il est le plus diflBcile de faire connoître
» à ceux qui n'y voyagent pas par eux-mêmes. Cest un
» iDays tout en croissance : ce qui est vrai aujourd'hui pour
» sa population, ses étabiissemens , ses prix, son com-'
3» merce, ne l'étoit pas il y a six mois , et ne le sera plu»
» six mois plus tard. C'est un jeune homme sortant de
» l'enfance pour entrer dans l'âge de la puberté, dont
» les traits ne seront plus, dans une année, semblable»
> au portrait fidèle que l'on vient d'en faire. Les rensei-
j) gnemens qu'à l'époque présente, et pendant bien de»
» années encore , un voyageur peut et pourra consigner
r> avec le plus de soin , ne sont , ne seront que des point»
» de souvenir, que des moyens de comparaison pour le»
p années futures ; et dans ce sens, ces renseignemens m«
» semblent loin d'être sans utilité ».
Coup-d'œil sur les Etats-Unis d'Amérique , par
Coxe : (en anglais) yiew of the United- States of
America, hy Coxe. Londres, 1800^ in-S''.
Voyage dans la Haute-Pensylvanie et dans l'Etat
de Wew-Yorck, par un membre adoptif de la natioQ
d'Oneida , traduit et publié par l'auteur des Lettres
d'un Cultivateur américain ( John de Crevecœur) ,
enrichi de trois cartes et de sept planches. Paris,
Jllaradan , au ix — 1801, 5 vol. in-S"".
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMER. SEPT. 69
Ce Voyage .peut être regardé comme une suite des tel—
très d'un Cnltivaleur américain, quoique M. de Crevé—
cœur, à l'aide d'un prétendu naufrage, d'où l'on a eu
de la; peine , dil-il, à sauvei' le nianuscrit qu'il publie, ne
s'annonce que comme le traducteur de la nouvelle relation.
Les situations des personnages qu'il met en scène , ont
le même cliarme ; les tableaux qu'il trace de la nalure
^auvage sont aussi riches; l'intérêt qu'il inspire pour" tm
peuple qui vient de briser ses fers, est aussi vit. •'1':*' "'^
Mais ce qui distingue sur-lout ce Voyagé , ce so'n l aes
détails précieux sur l'état des peuples indigènes de celle?
partie de l'Amérique septentrionale avant l'arrivée de*
Européens, sur les causes de leur dépérissement et de leur
foiblesse actuelle , sur la nalure du climat où les élablisse-
mens progressifs des Européens les ont confinés , enfin sur
la révolution importante que ces progrès-là mêni3"ônt
opérée dans les immenses' contrées attenantes -aux Etats-
Unis. '•
Aucun voyàgeiu' n "a si t)iën décrit ces assemblées géué—*
raies ou conseils que tiennent les Sauvages, pour délibérer
sur leurs inlérêls politiques. Li'auleur , qui y à'àssisté , rap-
porte quelques— uns des discours qu'ils y prononcèrent;
et l'on y admire une éloquence agreste et sublime comme
la nalure.
Voyages dans les Etats-Unis de l'Amérique,
fait pendant les années 1 795 à 1797 , par Guillaume
Priest , accompagné du Journal de l'auteur sur
l'océan Atlantique : (en anglais) Travcls in the
United- State s of America, hy TVilliam Priest , etc....
Londres, Jansen , i8or, in-8".
Tableau du climdt et du sol des Etals- Unis
d'Amérique , suivi d'éclaircissemens sur la Floride,
sur la colonie française au Scioto , sur quelques
colonies canadieuues et sur les Sauvages , par C. F.
7<^ BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Volney ; ouvrage enriclii fie quatre planches gra-
vées , dont deux cartes géographiques , et une
coupe figurée de la chute de Niagara. Paris, Cour-
cier et Dentu , an xii i8o5 , a vol. in-8''.
Celte relalion esf le fruit de trois ans de séjour dans le»
Elats— Unis. En donn;iiil d'une manière très— abrégée le
tableau de I4 situation géograpliique des Etats-Unis, l'au-
teur représente ce pays comme une forêt presque univer-^
«elle , divisée en trois grandes régions par des chaînes de
montagnes, dont il détermine l'élévation extrême et
moyenne. Il indique aus4 la structure intérieure du sol ,
et caractérise les pierres et les roches fondamentales qui
occupent diverses régions. Après avoir parlé des anciens
lacs qui ont di&paru, il se livre à des conjectures très-ingé—
Jiieu&es sur l'ancien état du pays. La description qu'il
donne de la fameuse chute de Niagara n'est pas, à beau-
coup près , aussi dçîaillée que celle de Weld , mais elle
est néanmoins suffisante pour en faire prendre une jiisie
idée. Lea trembleraens de terre, au nombre de plus de
quarante-cinq qui ont eu lieu depuis 1628, époque de
la première jjrrivée des Anglais; dans la partie de l'Amé-
rique soptentrionale qui forme aujourd'hui les Etats-Unis,
portent Tauleur à croire qu'ils ont du être aussi violens.
que fréquens dans les temps anciens ; et le grand nombre
de lacs que renferme le sol des Etats-Unis , lui paroisseat
être autant de cratères de volcans éteints.
, Eu s'occupant du climat des Etais-Unis, l'auteur le
compare avec celui de l'Europe. aux mômes latitudes,
quant aux vents ,à la quantité de pluie, à l'évaporalion et
à réleclricilé. La conclusion générale qu'il lire d'une foule
d'obscrva lions particulières qu'il a faites dans les divers
Etats-Unis, c'est que la température tle ce climrtf. est infî-
iiimcnt plus variable que celle des régions de J'Euiope
situées sousles mêmes parallèles : il fait remarquer .-ioignt'ii-
sèment les changen^ens remarquables qui s'y sont succes-
ivement opérés par lea ftbaltis de bois et les défricheaiens»
AMÉRIQUE. TOYAC. DANS L'AMÉR. SEPT. yi
C'est un service sianalé que l'auteur a rendu à ceux qui
se proposent de former des élfiblissemens aux Etats-Unis,
d'être enlié, coninie il l'a fait , dans un grand détail sur
les maladies donunanfes de ce pays, et particulièrement
sur la fièvre jaune , le plus terrible fléau de ces climats.
Les connoihsances que lui avoient procurées d'anciennes
études en médecine , lui ont donné la facilité de traiter
ce sujet d'une manière bien plus instructive que ne l'an—
roit fait un voyageur dépourvu de ces connoissances. La
digression qu'il s'est permise sur les vents de la Suède et
de la Norwège , n'est rien moins qu'étrangère à son sujet;
elle s'y rattache au contraire essentiellement.
Le tableau que l'auteur trace de la misérable situa-
tion des colons français sur le Sciolo , l'Oliio , l'Ouabache,
n'est pas propre à encourager les émigrans de France à
se transporter inconsidérément aux Etats-Unis. Il explique
d'une manière très-plausible le dépérissement général des
élablissemens français sur les frontières de la Louisiane et
du Canada, tandis que ceux des A nglo- Américain s j>ros-
l^èrent et s'accroissent. Il trouve les véritables raisons de
la tlifférence de succès des entreprises formées par des
individus de l'une ou de l'autre nation, dans celle des
moyens d'exécution et d'emploi du temps,, c'est— à-dire,
dans ce qu'on appelle le caractère national. Cliez le Fran-
çais, dit-il, c'est une activité pétulante qui ne tient compte
ni des frais, ni des obstacles : chez le colon américain,
de sang anglais ou allemand, c'est une ténacité i^hlegma—
tique qui calcule à tète reposée, et qui s'occupe sans viva-
cité , mais sans relâche, de tout ce qui tend à la création
de rétablissement , et qui, sans s'arrêter, marche d'ya
pas ferme à son joerfectionnemenl.
Ce fut au poiVg Vincennes que l'auteur eut occasioa
d'observer les Sauvages, qu'il y trouva rassemblés pour y
vendre le produit de leur chasse rouge (i). On poi toit leuf
(i) Lfs Sauvages appellent i)eau ronge celle du daim, doftt iii
•Hatise a lieu en juillet et eu août.
7^ lîtBLIOTnÈQUE DES VOYAGES.
Tiombre à quatre ou cinq cents têtes de tout âge, de lowl
«exe, et de diverses nations ou tribus. C'étoil la première
fois qu'il voyoità loisir celle espèce d'hommes , déjà deve-
nue rare à l'est des monts Alleguanys ou Alleglianys (i).
Ici l'auteur fait un portrait bizarre, mais très-fidèle, delà
configuration jjbysique des Sauvages, de leur habillement
ordinaire , de leur parure dans les jours de fête. Il ajoute
qu'en traçant l'esquisse de ce tableau, il le montre du beau
côtéîcar pour le voir iout entier, il faut se figurer que dès le
jnalin , hommes et femmes vaguoient dans les rues uni-
quement pour se procurer de l'eau-de-vie ; que vendant
d'abord le produit de leur chasse, puis leurs bijoux, puis
leurs vêlemens , ils ne cessoient de boire jusqu à pote
absolue de leurs facultés. Dans les traits difformes de cette
peinture, l'auteur fait entrer toutes les .scènes burlesques,
dégoûtantes, fâcheuses, qu'offrent en Eui-ope les ivrognes
les plus crapuleux. Il ne sortoit pas le matin , dit— il, sans
trouver ces Sauvages par douzairies vautrés , au sens
propre, avec les porcs. Heureux encore s'il n'étoit pas
spectateur de batteries à coups de couteau ou de casse-
tête, qui, année commune, produisent dix meurtres.
A vingt pas de lui , un Sauvage poignarda sa femme à
coups de couteau. Quinze jours auparavant, pareil meurtre
avoit eu lieu , et cinq semblables l'année précédente.
De— là des vengeances immédiates ou dissimulées des pa—
rens et de la famille , causes renaissantes d'assassinats et
de guet-apens.
Tel est l'un des inconvéniens de la vie sauvage ; mais
l'auteur auroit pu observer que c'est sur les Européens
qu'on peut en rejeter tout le blâme , puisque ce sont les
liqueurs spiritueuses, dont ils ont introduit l'usage chez
les naturels de l'Amérique, qui sont la source principale
de ces excès.
L'auteiu- convient que c'est avec raison qu'on vante la
(j) C'esl ce deiuier nom que M. Micliaujc .comrixeoa le Terra
donne à ces niontaffues.
Amérique, voyag. dans l'amér. sept. yS
taille des Sauvages ; qu'elle est en général svelle , bien
prise, et plus ou moins grande et forte, suivant le sol
qu'ils habitent ; qu'on ne voit jamais parmi eux ni boi-
teux , ni manchots, ni bossus, ni aveugles, ni individus
mutilés , ni gens affligés de hernies ou dans un état misé-
rable de caducité : mais avant d'en tirer des inductions
trop favorables pour leur genre de vie, il faut remarquer
qu'il arrive fréquemment chez les Sauvages, que les parens
délaissent ou détruisent l'enfant mal conformé qui leur
«eroit à charge; que tout sujet né foible doit nécessaire-
ment périr de bonne heure par l'effet des fatigues; qu'en-
fin les Sauvages donnent assez fréquemment la mort au3f
invalides et aux vieillards, qui souvent aussi la sollicitent
eux-mêmes. On vante la santé robuste des Sauvages,
poursuit-il; sans doute l'habitude de supporter toutes les
intempéries de l'air donne à leur constitution une vigueur
qu'on n'attend pas de la vie efféminée qu'on mène dans
les cilés ; mais pour apprécier leurs avantages à cet égard,
on doit observer que leur manière de vivre les soumet
nécessairement à des irrégularités et à des excès qui affoi—
blissent peu à peu leur santé et ruinent leur tempérament.
J'abrège cet examen très- approfondi de la conslilulion.
physique et morale des Sauvages, sur lequel l'auteur a
essuyé des contradictions de la part des partisans de l'état
de nature , et j'arriye à sa conclusion, qu'il a tirée des faits
dont il a été témoin, des renseignemens qu'il k'est pro-
curés, et des observations qu'ils lui ont donné lieu dô
faire.
«Les vertus des Sauvages, dit-il, se réduisent à un
» courage intrépide dans le danger, à une fermeté iné-
» branlable dans les tourmens , au mépris de la douleur et
5) de la mort, et à la patience dans toutes les anxiétés et
» les détresses de la vie. Ce sont là sans doute, ajoute-t-il,
)) des qualités utiles , mais elles sont toutes restreintes 9.
» l'individu , toutes égoïstes et sans aucun fruit pour la
» société: de plus, elles sont la preuve d'une existence
» réellement misérable, et d'un état social si dépravé et
74 BIBLIOTHÈQUE PES VOYAGES.
iJ si luil , que l'homme n'y trouvant , n'y espérant aucnâ
» secours, aucune assistance, est obligé de s$'envelopper
i) dans le manteau du désespoir, et de lâcher de s'en-
» durcir contre les coups de la falaiilé )).
Le tableau du climat et du sol des Elals-Unis est ter-
miné par un vocabulaire de la langue des Miamis. Les
deux caries géographiques, l'une du continent de l' Amé-
rique-Nord en général , l'autre des Elals-Unis en parti-
cuh'er , paroissent avoir été dressées avec soin , et elles sont
très-bien gravées.
Voyage de quatre ans et demi dans les Etats-
Unis de r Amérique , fait dans les années de 1798 à
1802 , par John Davis : (en anglais) Travels of four
years and a half , in the United States oj America ,
etc.... hj John Davis. Londres, Oslel, 1804, iu-S**.
L'auteur ayant été allaclié successivement à plusieum
familles dans les JEials-Unis , en qualité d'instituteur , a
eu la facilité de bien ob.verver lea mœurs , les usages, la
vie domeslique des habilans. Sous ce rapport siu'-tout,
son Voyage est du plus grand inlérêt.
Journal d'André Ellicof.t , commissaire pour
déterminer les limites entre les Etats-Unis et les
possessions espagnoles en Amérique : (en anglais}
The Journal of Andrews Eîlicott , for detemiiuing
the houndery hetween the United States and the pos-
sessions of his Catholica Majesty in America. Lon-
dres , i8o5 , in 8".
L'Espion Anglais, ou Lettres adressées à un
membre du Parlement britannique, pendant un
voyage dans les Etats-Unis de l'Amérique, par uuk
jeune Gentleman : (en anglais) TheBriiish Spj, etc.».
Londres , 1 806 , in-8'\
JIMERIQUF. VOYAC. DANS L'AMÉR. SEPT. yS
^. V. Descriptions de plusieurs des Etats-Unis en
particulier. J^ojages faits dans ces Etats.
NOUVELLE- ANGLETERRE.
Histoire de la Nouvelle-Angleterre , depuis les
premières planlalions que les Anglais y ont établies
en 1608 jusqu'en l'année j63o, avec la forme de
leurs gouvernemens militaire, civil et ecclésias-
tique : (en anglais) A History of Nct^^-England fvoin
the English planting j 171 tJw jear j6o8 nntil thejear
j63o y declaring the fonne of their go^'emment civil,
military and ecclesiastic. Londres, i654 , in-4*'.
DÉCOUVERTE de la ]\ou\ elle- Angleterre , d'E-
douard Bland : (en anglais) The Discoverj of New
Britain , by Edward Bland. Londres, i652 , in-4*'«
Histoire de la Nouvelle - Angleterre , depuis les
commencemens de la colonie anglaise , savoir , de
l'année 1628 à l'année j652 , par T. H. : (en latin)
Historia JXovae-Avgliae à primordiis Colouiae angli-
canae y scilicet iC'lS ad annum 1662 , à T. H. Lon-
dres, 1654, in -4°.
Il n'y a cjue le litre en latin , le corps de l'ouvrage est en
anglais.
Tableau de la Nouvelle-Angleterre , par Guil-
laume TVcod: ( on anglais) Nav-England Prospectus^
bj William Wood. Londres, in-8°.
Nouveau Canaan, ou Relation abrégée de la
Nouvelle-Angleterre , par Thomas Morton , en trois
livres : (en anglais) New-Canaan , or on Ahstract of
New'England y in iji boohs , by Thomas Morton.
Amsterdam, 1677, la-4*'-
y6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Découvertes curieuses d^ns la Nouvelle-Angle-
terre , en oiseaux , animaux , poissons ^ serpeus ,
plantes , avec les remèdes dont se servent les habi-
tans pour se guérir de leurs maladies , blessures et
ulcères , avec une description exacte d'une sc/ua
indienne dans tous ses atours, un poëmc fait sur
cette Indienne , et une table chronologique des
principaux voyages faits dans ce pays , par Jeau
Josseljn , ouvrage orné de cartes : ( en anglais )
New-England rarities discovered in birds , heasts ,
fishes , serpents and plants , of that country : together
■with the ph) sicul and chirurgical remédies withwhick
the natives constantlj use to cure distemper, wounds
and s ores ; also aperfect description of anindia Squa
in ail lier hraveiy , with a poéni net improperly cen-^
sured upon lier, and a chronological table oj" the
rcmarkahle passages in that country among the Eng-
lish; illustrated with cart , hj John Josseljn. LoUr»
dres , 1672 , in-i2.
Rela TTOiv de trois voyages à la Nouvelle-Angle-
terre , par Jean Josseljn : ( en anglais ) An Account
of three vojages to New - England , bj John Jos^
seljn. Londres, 16745 iïi-8".
Histoire de la Nouvelle-Angleterre^ par Daniel
JVealj contenant une relation impartiale de l'état
civil et ecclésiastique de cette contrée en l'année
1700, et la situation actuelle de la Nouvelle-Angle-
terre , avec des nouvelles cartes soigneusement
dressées de ce pays : (en anglais) The Historj of
JVe^v-Englandj containing an impartial account of the
civil and ecclesiastical ajfairs of the country to th«
AMÉRIQUE. TOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 77
Vear lyoo: with the présent state of New-England ,
and a new accurate map of the countrj. Londres ,
1720, ihid. 1747? 2 vol. m-8°.
Voyage dans la Nouvelle-Angleterre, en 1723
et 1 724 , par Christophe Le^'ett : (en anglais) Kojage
10 New - England in the years iy^3 and 1^24 , hy
Chist. Leuett. Londres, 1728, iu-4''.
Histoire chronologique de la Nouvelle-Angle-
terre , par Thomas Prince : (en anglais) Chronolo'^
gical Historj of New-England, hy Thomas Prince.
Boston, 1736, in-i2.
ETAT DE MASSACHUSSET.
Abrégé de l'Histoire de la colonie de Massa-
chusset-Bay, par Israël Mauduit , relativement à
ses chartes et à sa constitution : seconde édition ,
avec la charte originellement accordée à cette pro-
vince sous Charles i*^"^ : (en anglais) Israël Mauduit's
short F^iew of the colony Massachuset - Bay , -with
respect to their charter and constitution : second édi-
tion , with the original charter granled to that pro-
vince, in the act of Charle i. Londres, I744> iû'i^.
Histoire de la colonie de Massachusset-Bay ,
depuis l'année 1628 jusqu'en l'année 1760, par
Jiutchinson : (en anglais) History of the colonia of
Massachuset-Bay , from 1628 until the years i/So,
hy Hutchinson. Londres, 1760; ihid. 1765, 2 vol.
in-8^
' Massachusensis, ou suite de Lettres, contenant
un état exact de plusieurs fait^ importans et frap-
y8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
pans relatifs à la fon'lation et aux troubles actuels
de cette province. Quatrième édition , à Boston, et
réimprimée à F^ondres en 1776 : (en anglais) MaS"
sachusensis, or a séries of Letters containlng a faith"
fui State of mnuj important and strikiiig facts ^ which
laied ihe fondation ofthe présent troubles in that pro'
vince. TV édition, Boston printed. London reprinted.^
ï776,in-8^
ETAT DE NEW-HAMPSHIRE.
Histoire de New-Hampshire , par Jérémie
Belknap : (en anglais) The Historj of New-tlamp^
shire , hj Jeremie Belknap. Boston , 5 vol. in-B**.
Cet ouvrage n'a point élé tradiiil en français el mérite-
roit de J'être avec quelques relrancliemens. Voici l'idée
qu'en donne M. de Volney , dans son Tableau des Etats-
Unis. Je n'en recueille que les traits principaux.
« Dans les deux p'-emiers volumes, l'auteur n'a eu pour
5) biit que de faire connoître les événemens historiques de
5) la colonie de cet Etal, depuis son premier établisse-
») menl. Le tableau qu'il en présente est d'autant plus
)) curieux, que l'on y trouve l'origine d'une foule d'usages
» qui , alors établis par des loix coaclives et très-sévère-
j) menl exécutées, ont tourné en habitudes ^ et composent
»*kUJonrd'liui jjlusieuis parlies du caractère des Angio—
î) Américains. L'on y voit l'esprit intolérant des premier»
» colons. . . . Tous les délits (M. Volney en fait l'énumé-
3) ration , et ils portent tous sur l'inobservation de plu—
j) sieurs praliques minutieuses ) étoient susceptibles de
T> dénonciation, et la dénoncialioa eniporloit peine ; ai.isi
n régnoit une vé-itablp inquisition terroriste, et les esprits
)) durent coniracler toutes les habiiudes que donne la
M peisécution. ...
» Le troisième volume est une description ïnètliodique
Amérique, voyac. tans l'Amlr. sept. 79
>> du climat , du sol , de ses produits na'.i'rels el arlificiels ,
» de la navigation , du commerce, de ragricuUure et de
» tout l'état du pays.... C'e-l Uite sla'isiique r.ussi exacte,
}j au.'^si iiislruclive qu'il est permis aux forces el aux moyens
» d'un particulier d'en produire )).
ETAT DE VERMONT.
Histoire du pays de Vermont , par Samuel
OmlUiams : (eu anglais) Tlw Histor)' oj Vermont,
hj Samuel Gmilliams . Boston , in-S*^.
AI. de Volney fait de cet ouvrage , qui n'est pas non
plus traduit en français, le même éloge que de celui de
Eelknap.
Histoire naturelle et politique de l'Etat de
Vermont : (en anglais) Natural and polltical History
of the State of Vermont. 1798, in-8°.
ETAT DE CONNECTICUT.
Histoire générale du Connectlcut, depuis scu
premier établissement sous George Fenrich, écuyer,
jusqu'à la période où ses liaisons avec la Grande-
Bretagne ont cessé , contenant une description de
cette province et plusieurs anecdotes intéressantes,
par uu Gentleman de cette province : (en anglais)
A gênerai Histoiy of Connecticut , from its first
seulement under Qcorge Fenrich , esq, , to its latest
period amitj with Great-Britain : including a de-
scription of the country and many curions and inte-
ressing anecdotes , hy a Gentleman of the pro\^ince.
Londres, 1781, iD-12.
8o BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
ETAT DU NOUVEAU-JERSEY.
Description historique de la province et de la
contrée de l'ouest du Nouveau- Jersey : coup*d'œil
sur les loix , coutumes et religion de ses liaLitans ,
îa température du climat, la richesse du sol , etc....
par Gabriel Thomas : (en anglais) Historical descrip-
tion of ilie province and çountry ofWest-New- Jersey,
of their laws , customs , r^eligion , the air and cli-
mate , the fortune of the soil , etc.. hy Gabriel Tho'
mas. Londres, 1698, in-8''.
ETAT DE NEW-YORCK.
Histoire de la province de la Nouvelle-Yorck
et de sa découverte , par Guillaume Smith .• on y a
joint la description de cette contrée et de ses habi-
tans : (en anglais) William Smith Historj of the
province of New-Yorck ; froni the first discovery, to
ivhich is annexed a description of the country and
inhabitants. Londres, lySy; ibid. 1776, in-8''.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le tilre sui-
vant :
Histoire de la Nouvelle-Yorck , depuis la dé-
couverte de cette province jusqu'à notre siècle ,
dans laquelle on rapporte les démêlés qu'elle a eus
avec les Canadiens et les Indiens, ses guerres contre
ces peuples , les traités et alliances qu'elle a faits
avec eux, etc.... on y a joint une description géo-
graphique du pays , et une histoire abrégée de ses
habitans, de leur religion, de leur gouvernement
AMFRIQLTi;. VOYAG. DANS r.'AMÉR. SEVT. 8i
civil et ecc'esîasîique , par \N illiaiii Sniiihj traduit
de l'anglais. Londres, 1767, in-12.
ETAT DE LA PENSYLVANIE.
Lettres de Peiui , et description de îa Pensyl-
vanie, La Haye, 1684 > in-i'^'
Description de la province nommée par les
Anglais Pensylvanie , par Thomas Campavius : (eu
suédois) Kort Beskrifuing om proviiizen jij Swerige,
af de Eiigelshe kallad Pensylvania , 'ved Thomas
Campaidus, Stockholm, 1702, in-4°.
— La même, traduite en allemand. Francfort,
1702 , in-8".
PiELATiON da voyage de Pdchard Castehnan dans
la Pensylvanie, en 17 10.
Cette relation est imprimée à la suite do Voyage imagi-
naire du capitaine Boyle. Amsterdam, 1710, 1 vol. in-12.
Observations de Jeun Bartraiîi sur les habitans^
le climat , le sol , les rivières , les productions , les
animaux et d'autres objets dignes d'être remarqués,
faites dans le cours d'un voyage dans la Pensyl-
vanie , àOuetango, Oswego et au lac Ontario : ou
y a joint une relation de la cataracte de Niagara ,
par Pierre Kalni: (en anglais) John Bartrams Obser-
vations on the inhahitants climate , soïl , rii^efs , pro-
ductions, animais j and olher worth notices , niade in
his travels from Pensylvaiùa , to Ouetango , Oswego
and the lake Ontario : to which is annexed a curions
account of the cataract of Niagara , hr Peler Kahn.
Londres, I75i, iu-S".
82 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Etat actuel de la Pensylvanie. Paris, 1756,
in-13.
Voyage en Pensylvanie, de 17^0 à 1754, pai"
Goillieb Mitteber^er : (en allemand) B.eise nacli Pen^
syh'amen , von lySo bis lySé , von Gotlîieh Mitte^
berger. Slutgard, 1766, in-8''.
Il n'y a giièi"^ cî'inléressant dans ce Voyage, qtif la con-
lioissance que donne jVJilteberger des séductions , des
noirceuis , de ton les les manoeuvres coupables qu'inspire
]a cnpidiié, pour enlever en Allemagne des individus
de tout âge et des deux sexes, et les traîner aux Elals—
Uiils.
Journal d'une tournée de deux mois, faite par
Charles Beatty , en vue de propager la religion
parmi les habitans de la frontière de la Pensylvanie :
(en anglais) Journal of aview of promoting religion
civiongst tlie frontiers of Pensjlvania , bj Ch. Beatty ,
Londres, 1768, in-S*^.
— Le même, traduit en allemand. Francfort et
Léipsic, 1771 , in-i2.
Histoire naturelle et politique de la Pensyl-
vanie , et de l'établissement des Quakers dans celle
contrée, traduite de Pallemand par M. D. S. , cen-
seur royal , précédée d'une carte géographique.
Paris, Gaueau, 1768, in-12.
Quoique cet "ouvrage ne soil annoncé que comme une
simple traduction , on en chercheroit en vain l'original
dans aucune langue, dit le prétendu traducteur. Il a
voulu seulement annoncer par-là , qu'une grande p;irlie
du fond de l'ouvrage éloit tirée de deux écrivains étran-
gers , dont l'un vérifablement , comme on vient de le
voir, est allemand ( Gottlieb IrliUebsrger) , et l'autre.
ATilLRIQUE. VOYAG. DAA'S L'AMÉH. SEPT. 83
Plene Â'n/c-s , est lîH voviii^cur .suédois. Il uoil piincipa-
lenieiil à celui-ci toute la parlie d'Jiistoiie nalmelic! : Mu—
teberger ne lui a guère fourni que la relation de son
voyage et des manœuvres dont ;e viens de rendre compte
à l'arlirle de la lelation de ce voyageur : mais il a puisé
dans loules les sources que j'ai précédemment indiquées,
concernant la Pensylvanie. Depuis qu'il a écrit, tout a
subi de grands changemens d'ans ce pays, sous les rap-
ports agronomiques, industriels, civils, politiques : le
climat même a éprouvé des alléralions : une des plus
funestes, est l'irruption de la fièvre jaune , dont on doit,
comme on l'a vu , regarder la Pensylvanie comme le Fojer
originaire. On peut néanmoins y recueillir encore des no-
tions curieuse» sur la Pensylvanie, et particulièrement sur
les Sauvages, ses habitans aborigènes. Apiès quelques con-
jectures sur Lur oiigine, l'auleur a décrit dans un assez
grand délad leur manière de se vêlir , de se nourrir et de
se loger: il a donné une idée de leur langage, de leurs
usages, de l'espèce d'éducation qu'ils donnent à leurs
enfans, des cérémonies qu'ils observent dans leurs funé-
railles, de la façon dont ils portent le demi. L'espèce de
culte qu'ils pratiquent , la forme de leur gouvernemonl et
cle leurs as.sembléés publiques sont aussi l'objet de ses
recherches. Enfin , s'ajjpnyant sur l'autorité des écYi^ains
qu'il a consultés, il attribue à ces Sauvages une mémoire
fort heureuse, une mesure assez étendue d'intelligence
et il vante le bonheur de leur condition. Les vovageurs
modernes, comme on le verra, ne font pas une j^einliue
Oussi flatteuse de la vie sauvage.
Extrait du m ao use rit d'un Siléslen , de l'cinnt'e
lySS, concernant les Mohawks , PhiJadeljihie et
Baltimore : (en alJeniaiid} u4uszug ans eiiier Ilandr-
$clirîj}'t dues Schlesiers , toiu Jahr 1/8.S , die 3/o-
hawks , Philadelphia und Baltiinory betrejjeud, fin-
séré dans le Journal geogi-. de f abri, 1788, 4*" cali.j
•S4 ÈIBLIOTHEQUE DTÎS VOYAGES.
ETATS DE LA VIRGINIE ET DU MARYLAND.
Voyage de Philippe Amiâas et Arthur Barloip
sur les côtes de la Virginie , eu i584 : (en anglais)
Philip. u4midas's and Arthur Bnrlow' s p^oyageto the
coast of Virginia , in i584. (Inséré dans la Collec-
tion de Hakluit.)
Df.ux: Voyages de Crinville , faits en Virginie
«n 1686-1590 : (en anglais ) Ttro Voyages to Vir-
ginia j in lôSô-iSgO , hy Grinville. (Inséré ibid.^
Voyance de Jean JVithe en Virginie , en l'année
iSqo : (en anglais) /o/j/i TVithe's Voyage to Virgi-
nia, in i5<)0. (Inséré ihid.^
Relation des avantages qu'offre la contrée de
la Virginie , par Thomas liariot : (en anglais) Thom.
Hariot's Account of the coinmodities , etc.... in the
cowitry of Virginia. (Insérée ibid.^
Descpjption du naturel et des coutumes des
liabitans de la Virginie : (eu anglais) A Description
of the nature and manners of inhabitants of Virgi'
nia. (Insérée ibid.)
Merveilleux et étrange Rapport , toutefois
fidèle j des curiosités qui se trouvent en Virginie ,
des façons des habitans d'icelîe , etc.... traduit uou-
velienient d'anglais en français , à Francfort- sUr-Ie-
Mein, de l'imprimerie de Jean-Michel, aux frais
de Théodore Debry, l'an iSç^o, avec figures; se
vend dans la boutique de Sigismond Faerebond ,
petit in-fol. ^
Cet ouvrage, dont j'ai recueilli le lilredans un calalogue.
AMERIQUE. yOYAG. DjIN3 L'AMÉR. SEPT. 85
a beaucoup d'aïudogie axcc le buivaul, soit par l;i coiifor-
iiiilé des noms de l'éditeur, de rimprimeur , du libraire et
de la ville, soil j.iar la dal(?; mais comme le litre est tout
diflëienl, j'ai cru devoir l'annoncer séparément.
Briève Histoire de la Virginie , dédiée à Guil-
laume comle-palaiin du Rhin , et duc de ]a Haute
et Basse-Bavière, enrichie de l'écusson colorié de
ses aimes. A Francfort , de l'imprimerie de Jeaa
Wechel , aux dépens de Théodore Debry, logo,
avec les vrais pourtrails et façons de vivre des .peu-
ples d'une partie de l'Amérique nouvellement ap-
pelée Virginie parles Anglais qui furent envoyés la
découvrir l'an i585, à la principale charge de hono-
rable messire Raleigh , chevalier et sur-intendant
des mines d'étain , favorisé de celte entreprise par
S. î\î. la reine d'Angleterre , et autorisé par ses
leltres-[)alentes ; recueilli diligemment et tiré sur lo
naturel par Jean Wiih , qui a été expressément en-
voyé audit pays pour ce faire l'année susdite i585,
et celle de l'an i588, puis taillé en cuivre et nou-
vellement mis en œuvre par Théodore Debry , à ses
propres dépens. iSgo, p. iu-fol.
Ce[ ouvrage est rare.
Les porirails, les caries 'géographiques et les plans ,.
dont l'ouviage est enricbi, ont été coloriés avec la plus
grande vérilé d'imitation et le jilus riche choix de cou—
leurs, dans un exemplaire que j'ai eu sou.s les yeux, et
dont on refusoii cent quarante francs. Les fii^ures sont au
nombre de vingl-lrois : en voici la liste que j'ai copiée
dans la table indicative placée à la lète de cet exeraplaiie^
où elles se Irouvoient l)ien complètes.
I Cbarle de toute la côte de A''irgin!e. 2. Arrivée des
Auglaii tu Virginie. 3. Un des grand* seigneurs deV^ir-
86 BlBLlOTnÈQTTE DES TOYAG2S.
ginie. 4- Une noble dame de Secota. 5. Prêtre de Secota,
6. Fille noble de Secota. 7* Les grands seigneurs de Boo-
mark. 8. Noble dame de Pomeioolk. o. L'accoutrement
d'hiver d'un vieillard, de Pomeioolk. lo. Comme les dame»
de la Mouquepoacq portent leurs enfans. i i. L'enchan-
tement. 12. La manière de faire les bateaux. i3. La ma-
nière de pécher des habituns de Vii ginie. l/^. Griile de
bois à boucaner le poisson. i5. Façon des pots de terre
auxquels se cuisent leurs viandes, i6. La façon déman-
ger. 17. Feu de joie des fêtes solemnelles. 18. La façon de-
danser de ceux de Virginie en leurs fêles solemnelles.
19. La ville de Pomeioolk. 20. La ville de Secota. 2 i. Ki-
vosa. 22. Les sépultures des seigneurs. 7.3. Marques d'au-
cuns des principaux seigneurs de Virginie.
La Virginie bien appréciée par la description
de la terre de Vlr<^inlc qui lui est contigiie ; outre
un Voyage continuel de quatre ans, et de décou-
vertes environ mille milles est et ouest , par Don
Francori de Soto ; par Richard Haklult "(eu anglais^.
Londres, 1609, in-4°.
La Virginie évaluée par la description du pays
limilro|)lie de la Floride, traduit du portugais par
Kicliard Hakluit : (en anglais F^irginias riches eva-
lued b) ihe description of Florida ,1ier neighhour,etc.
translatedfrom portughcse hj Richard Hahluit. Lon-
dres , 1619, in-4°.
Examen de la Virginie , ou Description natu-
relle et politique de cette contrée , par Guillaume
Bidloch : (en anglais) flrginict ejcaniinala , or a
liaturàl and. political Description of his cowiUy ^ by
William DuUocL. Londres , i64j , in-4".
La Vierge triomphante, ou la Virginie appré-
AMERIQUE. VOYAO. DANS L'AMER. SEPT. bj
ciéc à sa juste valeur , parllculièrenient dans sa
partie méridionale , avec la fertile Caroline , et la
non moins fertile île de Roannoak , par Edouard
William : (^eu anglais) f irgo triwnphans , or T^ir^i^
nia j'ichlr and tonlj valued more especialj tlie sout/t
parts there of with tJie fertile Carolina and no les s
excellent isle oj Roannoak , hj Ldwart ff illiain.
Londres, iG5o, m-4-".
CaractÈPiE de la province de Maryland_, par
Georges Alsop : (en anglais) George Alsop s Caracter
of the province of Marjland. Londres, 1666, in-8".
Voyacl: d'un Français exilé pour la religion,
avec la description de la Virginie et duMaryland.
La Haye, 1687, in-8^
Relation de diverses choses observables dans
la Viiginie , par Jean Clayton : (en anglais) ^;i
jé-CCount of several observables in Virginia , bj John
Clayton. (Insérée dans les Transactions philoso-
phiques, vol. 17, n^ 201.)
Relation de la Virginie , par Thomas Glover :
(en anglais) uén Account of Virginia ^ hy Thomas
Clover. (Inséré ibid. vol. 11, n° 126.)
Lettre de Hugues Jones concernant diverses
choses observables dans le Maryland : (en anglais)
A LeLter concerning several observables , in Marj-
land, bj Hugo Jones. (Ins. ibid. vol. ai, n° 259.)
Histoire de l'état actuel de la Virginie , en
deux parties : i. l'histoire de ses établissemens;
a. les productions naturelles et les productions
accideaielles convenables à celle contrée , par
88 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
Bird : ^en anglais) Historj and présent state of
Virginia in four parts : i. the history of tlie forst
settlements of Virginia ; 2. tlie natural productions
and conveniences of tlie countrj ,by Bird. Londres,
J705, in-S'^.
HiSTOiRK de la Virginie , par un habitant né dans
le pays même (R. B. Be\^erley)j avec des particu-
larités , et une relation abrégée concernant les indi-
gènes , les Anglais et les liabitans de cette colonie ,
avec planches : (en anglais) Histojj of Virginia ,
hy a native and inhahitant of the place , Çthe R. B.
Bei^erlej ) a particular and short account of the
Indians, English and negros inhabitants ofthe colony»
Londres, 1702; ihid. 1722, in-8°.
Cet ouvrage a été traduit ea français sous le titre sui-
vant :
HrSTOiRE de la Virginie , contenant , i . lliistoire
du premier établissement dans la Virginie, et de soa
gouvernement jusqu'à présent; a. les productions
naturelles et les commodités du pays , avant que
les Anglais les y négociassent et les améliorassent ;
5. la religion , les loix et les coutumes des Indiens
naturels , tant dans la guerre que dans la paix ;
4- l'état présent du pays , tant à l'égard de la police
que de l'amélioration du pays ; par un auteur natif
et habitant du pays : traduite de l'anglais, et enri-
chie de figures. Paris, Ribou, 1707, in-12.
Voici le développement que l'auteur original, né Anglo-
Aniéricai)], comme on le voit, a donné aux difléren»
points qu'il a traités pour compléter l'histoire de la Vir-
ginie, el dont le tiUe de l'ouvrage donue l'apperçu.
\
-AMLP.TQTJE. VOYAC. BAN? L'AMKR. SIPT. vC)
I/e premier livre renferme l'hisloriquc de ioiis ies évé—
ijeu)ens qui se sont passés en Virginie depuis l'élablisse—
menl des Anglais. L'auteur y fait un lapide exposé de
loJiles Itsguerrcs qu'ils onl eu à soutenir contre lesliidiens,
p| deii causes qui les ont produites : il y exagère un peu
les massaoes et les autres inforlunes dont l'esprit vindi-
ralif (]es indigènes a été, suivant lui , la source : il y Irace
le tableau de l'administration des divers gouverneui-s en—
■^'oyés par l'Angleterre dans la Virginie, et raj^porle même
les principaux actes que l'assemblée générale des colona
y a passés de leur temps. Dans le second livre , il s'occupe
des productions naturelles du pays , et de l'élal où les
A nglais le trouA'èient à leur arrivée : mais quelque sen-
sible qu'il fût aux beautés des ouvi âges de la nature , ni le
pays où il vivoit, ni l'époque même où il écrivoit, ne
ponvoient lui fournir en ce genre des connoissances assex
éiendiies pour traiter ce sujet d'une manière entièrement
satisfaisante. Le troisième livre est consacré à donner un
détail exact de tout ce qui concerne les Indiens, relative-
ment suj-tout à leur religion, leurs usages, les formes
diverses de leurs gouvernemens. Les planches insérées
dans l'ouvrage, mal exécutées quant à la gravure, mais
dont l'auteur atteste que les dessins ont été faits d'après
nature , peuvent donner une idée , au moins imparfaite,
du costume de ces jjeuples , et des plus remarquables
d'entre leurs coutumes. Celle partie de l'ouvrage, où l'au-
teur paroît n'avoir rien avancé que d'après ses propres
recherches ou le témoignage de gens dignes de foi, est
beaucoup plus précieuse que les autres, parce qu'elle nous
fait connoître, ou des peuplades qui n'existent plus , ou
les moeurs orisinelles du j^eiil nombre de celles qui exis-
tent encore. Dans le quatrième livre , l'auteur s'est atta-
ché à décrire la forme du gouvernement que les Anglais
avoient introduite dans la Virginie : mais ceci, pour la
plus grande partie, n'apjsartient qu'à l'histoire, jDuis-
t^a'en s'afTranchissanl du joug de la métropole, la Virginie
a enlièremeiii changé la fonue de sou ^ouveiuement. Il
9^^ BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
en faiil dire aillant des observations qu'il a faites sur le
peu de soin qu'avoient les Anglais, d'établir en Virginie
des nianufaclnres , et des avantages qu'ils auroient pu ea
tirer, s'ils avoient un i^eu plus favorisé ce genre d'établis—
aemens. L'affranchissement de la Virginie a imprimé un
mouvement rapide au commerce et à l'industrie de ca
])a3'.s. Mais ce que l'auteur a exposé dans son ouviage sur
les formes qu'on observe dans celle contrée , soit au civil ,
soit au criminel , pour Tadminislration de la justice, a
encore son application aujourd'hui , puisqu'il s'est opéré
peu de changemens à cet égard.
La même observation peut s'appliquer aux détails dans
lesquels il est entré sur la température de l'air de la Vir-
ginie, sur la chaleur excessive et les effrayans orages qu'on
y éprouve , les insectes, soit dangei-eux, soit incotnmodes,
dont on y est tourmenté; les maladies qui y régnent, les
diverlissemens auxquels on s'y livre.
Etat actuel de la Virginie , avec un coup-d'œll
rapide sur le Marylaud et le nord de la Caroliiie,
par Hugues Jones r (en anglais) Présent state of
p^irginia , ivith a short njiew of Maryland and North-
Carolina, bj Hugo Jones. Londres, 17:24? in-8®.
Description lopograpbique de la Virginie, du
Maryiaud et de la Caroline septentrionale , conte-
nant les rivières d'Oliio, Konhawa , Scioto , Clié-
rokees , Wabasli , des Illinois^ du Misslssipi ; tra-
duite de l'anglais de Hutchins. Paris, 1781, in-8°.
Voyages, découvertes et entreprises du capi-
taine Jean Smith , dans la Virginie , par Frédéric
Scheihler : (en allemand) Reisen , Entdekungen und
ZTntersuchuiigen des Schîf' Capitaine Johann Smith in
f'irginicnjvon C. Fricd. Scheihler. Berlin, 1 782,111-8° .
iliSTOiuE de la Virginie , par Thomas Jejfcrson ,
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. Si:PT. C)I
écuver 5 précédée dïine carie de la Vir^^inic d'une
feuille enlière : (en anglais) Ilistorj of Kirgiuia , hj
Th. JeJJ'crson , to v^hich is prefixed a large: whole
sheet map of T'^irginia. Boston , 1^84, in-8".
Obstryations sur la Virginie , par Tlioujas /e/"-
fcrson , avec cartes : (en anglais) Noies on flrginia^
by Thomas JeJJerson. Philadelphie, i ^82 ; Londres,
1788, in-8".
Cet ouvrage a élé traduit en français sous le litre suivant :
Observations sur la Virginie, par M. J'^'^*
{JeJJerson) , traduites de l'anglais. Paris, Barrois
aîné , 1786, iu-8'\
Sous le titre modeste de Noies ou d'Observations , cet
ouvrage, de l'un des personnages les plus lecommau—
dables des Etats-Unis, est un excellent tableau de la
constitution actuelle de la Virginie , de sa législation , de
aon commerce, de ses miinufactures , de sa navigation et
de sa milice.
ETATS DU KENTUKY ET DU TÉNESSÉE.
Dlcouverte , établissemens et état actuel de la
colonie de Kenluky , avec un essai sur l'hisioire
naturelle et topographique de cette importante
contrée, par Jean Filson : (en anglais) Disvovery ,
selllements and présent state of Kcntukj , and an
essay towards the tppographj- and natural hislory
oflhat. iinporlani countrj , hj John Filson. "SVilming-
tonsur-la-Délaware, 1784, in-8^.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le titre suivani :
Histoire de Kentuky, nouvelle colonie à l'ouest
de la Virginie , coDteaam , i^. la découverte, lac-
f)2 BI BLIOTH KQUE DES TOYACES.
qius:!:on , l'établissement , la description topogra-
pnicjue , l'histoire naturelle , etc. du territoire j
2". la relation historique du colooel Boon , un des
premiers colons , sur les guerres contre les natu-
rels ; 5°. l'assemblée des Piankashaws au poste
Samt-Vinceut ; 4*^. un exposé succinct des nations
mdieunes qui habitent dans les limites des Treize-
Etats-Unis, de leurs mœurs et coutumes, et des
réflexions sur leur origine , et aull'cs pièces: traduit
de l'anglais de M. John Filson par M. Parraud ,
avec une carte du Kentuky ; ouvrage pour servir
de suite aux Lettres d'un Cultivateur américain.
Paris , Buisson , \-^jd)3 , in-S*^.
On trouve dans la relalion de Filson , un taMeau fidèle
de la colonie du Kenluky jusqu'au (einps où l'auteur écri-
voit : mais depuis celle époque, elle a reçu , plus qu'aucun
autre des Elals-Unis, des accroissemens considérables:
il faut donc joindre à celte Hisloire de Kenluky, les trois
relalions suivantes :
DÉCOUVERTES et établissemens dans l'Etat de
Kentuky, avec un essai siu- la topographie et l'his-
toire naturelle de cette importante contrée , par
Georges Inilai : (en anglais) The discoverj , settle-
mcuts mid state of KeutiiJij , and an essaj towards
llir. lopographj and natuval liistorj qftliat important
cowiii'Y , hy George Inilay. S'" édition. Londres,
1797, in-S''.
Le pour et contre, ou Avis à ceux qui se
proposent de passer dans les Etals -Unis d'Amé-
rique , suivi d'une description du Kentuhj et du Gke-
iies)., deux nouveaux établissemens les plus consi-
^ dérablcs dans cette partie du monde , avec une
AMÉRIQUE. VOYAC. tîANS L'AMÉr. SÏPT. 95
carte typomélrique , par Louis Biidel , pasteur de
l'église française à Baie. Paris , Levrault, an xii —
^8o4 , in-,ii2.
Avec la clesciiplion de deux contrées des Etals-Unis
«iir lesquelles nous n'avions que la relation de Filson , déjà
un peu ancienne, vu les progrès rapides qu'ont faits ces
colonies depuis que l'auteur anglais les a décrites, l'eu-'
vrage de M. Bridel renferme des notions intéressantes ,
mais néanmoinspeu neuves, sur l'histoire naturelle, l'agri-
culture ,1e commerce, de plusieurs autres parties des Etals-
Unis. C'efit d'ailleurs un excellent gui<le, ainsi que l'an-
nonce le litre, pour ceux qui veulent aller s'établir dans
ces contrées. Le planteur y trouvera des instructions Irès-
uliles , et qui le garantiront des méprises qu'on est exposé
à commettre dans les défricheraens et les plantations.
Voyage à l'ouest des monts Allegbanys, dans
les Etats de l'Ohio , du Kentuky et du Ténessée , et
retour à Charles-Town par la Haute-Caroline , con-
tenant des détails sur l'état actuel de l'a^jriculture
et les productions naturelles de ces contrées . ainsi
que des renseigneniens sur les rapports commer-
ciaux qui existent entre ces Etats et ceux situés à
Test des montagnes et la Basse-Louisiane, avec une
carte très-soignée des Etats du centre , de l'ouest et
du sud des Etats-Unis; par F. A. Michaux. Paris,
Levrault , an xii — i8o4, ii^-S*^.
Le même , traduit en anglais sous le litre suivant :
Voyage à l'ouest des monts Alleglianys, dans
les Etats de l'Ohio , Kentuky et Ténessée , par
F.Michaux, traduit de l'original français par B.
Lambert: (en anglais) Travels to the west %vo of
the uillei^liany s -Montes , etc. bj F. Jldichaux , etc.
l-oudres, Macatmau, i8o5, iu-8°.
9f RIBLICfTIlflQUE D T: 5 VOYAGES.
Jean Filsoii, clans sa relation dont je viens de donner la
notice, nous avoit donné une histoire assez détaillée dn
Kentucke, ou de Kentucky; mais sa relation remonte à
plus de vingt ans; et celle contrée, comme je l'ai fait
observer, a essuyé bien deschangemens et a reçu bien des
améliorations depuis celle époque.
Le Voyage dans la haute Pensylvanie, que j'ai fait égale-
ment connoître, nous avoit procuré quelques renseigne—
mens sur l'état du Ténessée et sur les nionls Alléghaiiys;
mais, outre leur brièveté, ils éloient déjà anciens, et la
face du pays a considérablement changé depuis leur pu-
blication. La description de ces contrées éloit donc un
«ujet presque entièrement neuf à traiter. M. Michaux l'a
rajeuni encore par d'excellentes observations sur les rap-
ports commerciaux entre ces Etats et ceux qui sont situés
a l'est des monts Alléghanys. Il nous a donné aussi le
dernier état de la malheureuse colonie française de Scîioto,
sur laquelle, ainsi qu'on l'a vu, M. de Volney , dans son
Tableau des Etats-Unis, nous avoit transmis des renseigne-
"raens plu» étendus, mais déjà un peu anciens.
La relation de M. Michaux n'est pas seulement précieuse
à cet égard, elle l'est encore pour les délails où il entre sur
la Carolijie méridionale, et même sur quelques autres
parties des Etats-Unis.
Ce fut à Charles-Town, capitale de la Caroline du sud ,
que M. Michaux, qui avoit déjà séjourné aux Elats-Uuis,
et qui y retournoit en l'an ix , débarqua au mois d'octobre
de cette année. La fièvre jaune, cette maladie bilieuse et
inflammaloire, le fléau de l'Amérique septentrionale, et
oui y a étendu ses ravages jusqu'à la Nouveile-Oiléaus,
désoloit à cette époque la ville de Cîiarles-Town. Beaucoup
d'habilans, pour y échapper, quoique moins sujets à en
être atteints que lesétrangers, s'éloient réfugiés dans l'ile de
6o//v«», située à sept milles de Charles-Town. B'aprèê
robservation qui avoit été faite, que les étrangers nouvel-
lement arrivés d'Eiuope ou des Etats-unis d'Amérique, et
qui viennent immédialemeuthabilcr celle ile, se pi é»ci vent
'amértquî;. voyac. dans l'Amer. sept. qS
delà fièvre jaune, plusieurs compagnons de M. Michaux
s'y réfugièrenl ; mais lui s'obslina à rester dans la ville ,
et se flalla, par ini régime propre à cahner l'elTerves-
cence du saiig, de se préserver de la maladie : mais il
n'en fut pas moins atlaqué, et il éprouva seulement qiie.
Bans être un préservatif, ce régime peut contribuer à
diminuer la violence du mal et empêcher qu'on y sur-
combe; mais il ne fut pas affranchi d'une coiivalesceace
très-pénible. Soit foibîesse de tempérament, soil mauvais
régime , les huit dixièmes des étrangers arrivés cette année-
là même à Charles-Town, et qui restèrent dans la ville,
moururent de la fièvre jaune. Ou doit savoir gré à M. Mi-
chaux d'avoir consigné dans sa relation des renseigneraeni
si utiles pour les émigrans vers les Etats-r-Unis.
Charles-Town, située au confluent de deux rivières,
occupe un espace de terrein d'environ un mille. C'est sur
celle d'Asheley qu'est placée la partie de la ville la plus
commeryanle et la plus peuplée. La construction des sec-
tions de quai , qui s'avancent assez loin dans la rivière pour
faciliter aux navires marchands le chargement de leurs
cargaisons, paroîlra bien singulière aux habitaus de nos
grandes villes, qui ne connoissent que les quais construits
en pierre. Ceux de Charles-Town sont faits de troncs de
choux-pabuistes , fixés ensemble, et disposés en carré le»
vins au-dessus des autres. Ces troncs, beaucoup mieux
qu'aucunes autres espèces d'arbres du pays, se conservent
<ians l'eau un grand nombre d'années.
Les rues de Charles-Town, larges, mais non pavées,
ftvec des trottoirs en brique, sont très-incommodes pour
les gens de pied, par les nuées de sable qu'élève la circu-
lation des carrosses et des cabriolets , beaucoup plus consi-
dérables, toute proportion gardée, à Cliarle.s-Town qu'en
fiucune autre ville de l'Amérique. Les sept dixièmes de la
ville sont conslruils en bois, le reste l'est en brique. Des
pompes placées de distance en dislance, fournissent aux
habitans une eau si saumâtre, qu'il est étonnant que les
étrangers puissent s'y accoutumer. Le dernier recensement
C) ) El HT. ÎOT II ÈQUE DES VOYAGES.
fait, en i8o'5 , porloit la populaliou de Charles-To^rn k
10,69a blancs, el à 9o5o esclaves.
On ne conuoît point dans cette ville les hôtels garnis,
les chambres à louer, les tables-d'hôle , les restaurateurs.
Tout cela, pour les étrangers, est remplacé par des peu—
fiions où l'on est logé, nourri, éclairé. A Charles-Tovvn ,
el dans toute la Caroline, le prix de ces pensions est de 1 2
à 20 piastres {63 à io5 francs) par semaine. Ce prix excessif
n'est point dans la proportion de celui des déniées : le
bœuf y colite rarement plus de douze sols la livre; les
légumes, à la vérité, y sont plus cljers que la viande.
M. Michaux auroil pu s'étonner que dans un pays où les
bestiaux sont si multipliés, et où 1 argent nionnoyé est assez
rare, le prix de la viande s'élève si haut. Indépendamment
des objets de consommation que le pays fournit, le port
de CharIeE-To%vn est constamment rempli de petits bàli—
mens venant de Boston, de New-Yorck, de Philadel-
phie, et des petits ports intermédiaires; ils sont chargés de
grains, de farines, de foins, de salaisons, de pommes— dé-
terre, de légumes et même de planches et de bois de char-
pente. Cliose singulière! quoique ces produits soient ap-
portés de trois ou quatre cents lieues, ils sont moins chers
que ceux du pays, malgré leur supériorité bien reconnue.
Les marchés de Charles-Town sont approvisionnés eu
]iiver de poissons de mer vivans, apportés de la pointe
septentrionale des Etats-Unis , dans des bàtimens disposés
de manière que l'eau de la mer s'y renouvelle continuelle-
ment. Ces navires chargent en l'etour du riz et des cotons,
dont la pliis grande j^-ulie est réexportée en Europe, le
fret étant toujours à tpeilleur compte dans les états du nord
que dans ceux du midi. Le colon en lame qui reste dans le
nord est plus que sufFisaiTt pour alimenter les manufactures,
qui sont en petit nombre : l'excédent se débite dans les
campagnes , où les femmes fabriquent de grosses cotonnades
pour l'us-ige de la famille.
Un fait aussi inexplicable que celui de la cherté de la
viande, k CUailes-Towa> c'est le haut prix du boi«dnas
Amérique, voyag. va'ss l'aMér. sept. Qy
celle ville. Il y coûte cle 40 à 5o francs la cercle ; e! cepen-
dant les forets, auxquelles ou ne peut pas assii-n r 'le
limites, commencent à six milles et même à une moiudro
dislance de la ville, et le tianspoit en est facilité par les
deux rivières, au confluent desquelles elle est située.
M. Michaux a donné la solution de ce pioblème écono-*
inique, en disant que cette clierté tient au haut prix élevé
de la main-d'oeuvre ; mais cette solution paroîtra peut-être
insufEsante , si l'on considère que l'exploilation des bois
n'est pas un objet, ni d'une grande industrie, ni d'une
longue durée, que le transport de ces bois est très-court, et
enfin que les hahilans de Charles-Town peuvent y em-
ployer, ainsi qu'à l'exploilation, leurs enclaves, dont le
ïiombi'e, ainsi qu'on l'a vu, égale à-peu-près celui des
blancs. Quoi qu'il en soit, le fait paroît constant, puisque,
comme l'observe le voyageur, un grand nombre de jîarli—
culiers, par économie, brûlent du charbon-de-lerre que
l'on apporte d'Angleterre. C'est assurément la chose du
monde la plus étonnante, qu'un peuple qui a si près de soi
des forêts immenses, fasse venir des combuslibles de plus
de neuf cents lieues de dislance.
L'étude de la botanique des Etats-Unis euiro'l beaucoup
dans les excursions que M. Michaux se pioposoit tVv fiire.
Dès qu'il fut rélabli de sa maladie, il alla résider dans un©
petite habitation située à dix milles de CIiarles-Tow!), et oà
son père, l'un des plus habiles et des plus modestes bota-
nistes de ces derniers temps, avoil formé un jarriin bola-»^
nique : il y trouva une belle collection d'arbres e\ de plantes
du pays, rapportés de divei'ses contrées de l'AmériLiue par
son père , et même un grand nombre d'arbres de l'aMcien
continent, que cet infatigable botaniste 5' avoit plantés, et
qui avoienl survécu à un abandon presque total pendant
plus de quatre années : il en fait en partie l'énumération.
La société d'agricultuie delà Caroline possède actuellement
ce jardin , et suit toutes les vues de celui qui l'a ciéé.
M. Michaux employa le reste de l'automne à faire des
ooUections de graines qu'il envoya en Europe, et l'hiver à
TI. C
gS BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
visiter les paiiies de In Basse-Caroline, h reconiioîlre le.*
endioils on , l'année siiivanle, il pomroit faire des recolles
plus abondan!es, et je j)rocurer des espèces désirées qu'il
n'avoit pis pu recueillir pendant l'automne. A celte occa-
sion , il observe que dans l'Amérique septentrionale, et
peut être plus (ju'en Euro])e, il est des plantes qui n'ha-
bitent que des endroits délerrainés, d'où il arrive qu'un
boianisle , malgié son aclivilé el son zèle, ne les rencontre
qu'au b')ut de quelques années , tandis qu'un autre doit à
un heureux hasard l'avantage de les trouver dès la pre-
mière excursion.
Au printemps de l'an dix, M. Michaux quitta Charles-
Towii pour se rendre à New-Yorck. Ses observations sur
cette ville, dont il évalue la population à 5o,oco âmes,
parmi lesqu^lles on ne compte qu'un petit nombre de
nègres, se léf'nisent à remarquer que la vie y est beaucoup
moins chère qu'à Chailes-Town.
Ses excursions botaniques dans le Nouveau- Jersey nous
ont procuré, entre autres richesses de ce genre, des détails
intéressans i:)Our les botanistes, sur le chêne qucrcitron et
sur diiFéreutes espèces et variétés de noyers irts-multipliés ,
non-seulement dans les Etals-TJnis, mais sur tous les
points de l'Amérique sepleulrionale. Quoique la distance
de New-Yorck à Philadelphie, où il se rendit en quittant
la première de ces deux villes, soit de cent milles, il
remarqua que tout le pays intermédiaire est entièrement
défriché, et que les fermes y sont contiguës les unes aux
autres.
Sur Philadelphie , il observe que , jusqu'à présent ,
c'est la ville la plus grande , la plus belle et la plus peuplée
des Etals-Unis; la population y va toujours en cràissanl.
En lytQ» ^llf' n'étoit ipie de onze mille habitans; en 1786 ,
çlle b'éloit déjà élevée à quarante mille; on l'évalue
aujourd'hui à soixante et dix mille. Le petit nombre de
nègres qui s'y trouvent sont libres et servent de domesti-
ques, l! n'est peul-êlre pas dans l'ancien continent de
ville qui soit bùtie sur un pUn si régulier. Les rues »•
lîWERlQrE. VOYAÔ. DANS L'AMÉR. SEPT. QC)
conpeiil à angles droits, elles sont larges de cuianinie à
cinqtianie pieds; celle du iiiilien a iiiciue le doîîblc dé
largeur. C'est dans cette grande rue qu'est le m;!!* !ié
remarquable par ton étendue et par l'extrême propreté
qui y est maintenue : placé au centre de la ville, il occupe
environ un tiers de sa longueur. Les rues Font pavées et ont
de larges trottoirs en brique. î)es pompes placées de
chaque côté, à cinquante toises de distance les unes des
autres, fournissent une eau qui n'ej-t pas saumàtre comme
celle de Charles— Tosvn : chacune de ces pomj)t'S est sur-'
mouiée d'une lanterne. Plusieurs rues sont plantées de
peupliers d'Jlalie d'une belle venue qui bordent les mai—
.■^ons. On ne rencontre à Philadelphie aucun pauvre, non.
plus que dans les autres parties des Etats-Unis : on y doit
ce rare avantage à l'amour et au liesoin du travail, à la
rareté des bras, à la cherté de la main-d'œuvre, à un
commerce actif, à la multiplicité des propriétés. Ces partie
cidai'ités complètent le tableau que jious a tracé de Phila-»
delphie M. Weld.
De cette ville, M. Michaux s'avança \'ers Lancasier
par une route bien entretenue, au moyen des péages ou
droits de passe qui y sont établis de dislance en distance.
Dans cet inteivalle, le pays est très-fertile : la belle végé-
tation des grains annonce que le terrein en est meilleur
que celui d'entre Ne%v-Yorck et Philadelphie. Chaque
propriété a sa clôlui'e. Cela est général dans toute l'étendue
des Etats-Unis. Toutes les terres mises en culture sont
closes, pour les garantir des incursions des bestiaux de
toute espèce que, dans la plus grande partie de l'année,
chacun laisse errer dans les bois, qui, sous ce rapport,
sont communs.
Les tavernes sont très-multipliées dans la roule. Dans
presque toutes on parle allemand. Les voyageuis y (ont
fréquemment arrêter les ntages ou voitures puîilic.ues,
pour y boire quelques verres de groî(. Cette boisson, ciont
l'usage est général dans les Elalj—Unis, est un anéiango
d'eau-de-vie et d'ejiu , ou de rhum et d'eau , dor.t Ja prc»
2
100 BI ELIOT II KQUE DES VOYAGES,
portion dépend uniquement du goût de chatiue per—
•onnf.
Laiicasler est une petite ville de quatre à cinq mille
âmes, bâiie sur un plan régulier, comme Philadelphie.
Sur la route de celte viUe à Shippenhurgli , la première ville
qu'on rencontre est Coliimbia.
Ici, M. Michaux croit devoir observer que dans les
Etais-Unis, l'on donne souvent le nom de ville à un
assemblage de sept à huit maisons, et que la manière de les
construire n'est pas la même j'ai'-fout. A Philadelphie
toutes les maisons sont en brique. Dans les autres villes et
dans les campagnes qui les environnent, la moitié et sou-
vent même la totalité des maisons est construite en plan-
ches-, mais dans les Efals du centre et du sud, et particu-
lièrement dans ceux qui sont situés à l'ouest des monts
Alleghanys, les sept dixièmes des habitans logent dans ce
qu'ils appellent des log-houses. Ces maisons sont faites avec
des troncs d'arbres de vingt à trente pieds de longueur sur
quatre à cinq pouces de diamètre, jjlacés les uns au-
dessus des autres et maintenus par des entailles faites à
leurs extrémités. Le comble est formé de morceaux de
pareille longueur , mais plus minces, destinés à supporter
les bardeaux qui y sont attachés avec des chevilles de
bois. La cheminée, chose étrange! est construite aussi
avec des troncs d'arbres d'une longueur convenable. Le
contre- coeur , en terre glaise de six pouces d'épaisseur
seulement, sépare le foj'cr d'avec le mur en bois. Malgré
ce peu de précautions, les incendies sont rares dans le»
campagnes. Dans ces maisons, très-mal closes et froides
en hiver, malgré la quantité de bois qu'on y brûle, deux
grands lits reçoivent toute la famille : souvent, dans l'été ,
les enfans couchent enveloppés d'une couverture sur le
plancher , élevé d'un ou de deux pieds au-dessus du sol.
On se sert de lits déplume au lieu de matelas. Les mou-
tons étant très -rares (i), la laine est fort chère, on la
{i) M. Micbaux u'iudique poiul la cause de celte rareté. Pent-
«»»♦.. r'$.i"-'^-^
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. lOI
réserve pour faire des bas. Les halMllemens de la faïuiile
sont suspendus sur une longue perclie. A celte descriplion,
où le voyageur paroît n'avoir rien outré , ne croiroit-on pas
qu'il s'agit d'un peuple à demi-sauvage?
Les stages n'allant pas au-delà de Sliippenburgli, pour
gagner Vittshurg , il falloit faire à pied cetle roule , qui est
de cent soixante milles , ou acheter des chevaux que les
habitans vendent le double de leur valeur. M. Michaux
en acheta un en commun avec un ofiQcier américain : il
fut convenu entre eux de le monter tour à tour.
Le jour de leur arrivée à Bedfort , qui se trouvoit sur
leur route, étoit un jour de réjouissance pour les habitans
des campagnes, qui célébroient dans celte petite ville la
suppression de l'impôt mis sur les distilleries de wischeyon ,
eau-de-vie de seigle. Les tavernes éloient remplies de
buveurs de celle liqueur. Les chambres, les escaliers et la
cour étoient jonchés d'hommes mort-ivres. Ceux qui poU"
voient encore desserrer les dents. n'exjDrimoient que des
accens de fureur et de rage. La passion pour les liqueurs
spiritueuses caractérise singulièrement les liaoilans des
campagnes. N'en ayant point chez eux, ils quittent leurs
maisons pour aller s'enivrer de temj^s à autre dans les
tavernes. Leur boisson ordinaire, en été, n'est que de
l'eau ou du lait aigre, tandis qu'ils pourroienl faire de bon
cidre, les pommiers de loute espèce réussissant à merveille
dans leur pays. M. Michaux en a vu qui , venus de pépins ,
donnoient des pommes de huit à ueufpouces de circon-'
férence; mais ils .^e soucient peu de celte liqueur aussi
salutaire qu'agréable; ils la trouvent tiop douce.
Près de Bedfort, M, Michaux trouva couché par t^rre
el enveloppé d'une couverture, un homme qui, la veille,
a voit été mordu par un serpent à sonnetles. Les premiers
.«symptômes qui se manifestèrent après l'accident, furent
de violens vomissemens, auxquels succéda immédiatement
être faul-il l'attribuer à rcxtrème luiinidilé du climat , qui , coinuie
ou le sail , esl si coulraire à la couytiliUiou des bèlcs à iaiue.
102 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES. '
une forte fièvre. Au moment, où le voyageur le vit, sa
jambe et sa cuisse éloient prodigieusement enflées, sa res-
piration étoil laborieuse, et sa physionomie turgescente,
et semblable à celle de quelques hydrophobes qu'il avoit
eu occasion de voir à la Charité. 11 lui fit quelques ques-
tions, mais le malade étoit tellement accablé, qu'il fut
impossible d'en tirer aucune réponse. M. Michaux apprit
de quelques personnes de la maison, qu'aussi-tôt après la
morsure, on avoit appliqué sur la plaie le suc de quelques
plantes, en attendant l'arrivée du docteur qui demeuroit à
quinze ou vingt milles. J'ai connu, ajoute- t-il, plusieurs
personnes à qui le même accident étoil arrivé. Celles qui
n'en sont pas mortes, sont restées constamment valétudi-
naires et très-sensibles aux variations de l'atmosphère.
Les plantes qu'on emploie contre la morsure des serpens
à sonnettes sont très-multipliées, et presque toutes sont
tirées des chicoracées. Il y a beaucoup de serpeus à son-
nettes dans cette partie montagneuse de la Pensylvanie :
M. Michaux en trouva sur la roule un grand nombre qui
avoit nt été tués. Dans les temps chauds et secs, ils sortent
de dessous les rochers, et descendent dans les lieux où il se
trouve de l'eau.
Dans celle même journée, le voyageur traversa les
Ridgea , ou chaînes de collines qui prennent plus parlicu-
lièrenii-nl le nom de monts Alleghanys. On y monte par
un chemin très-rude et couvert de pierres énormes : il
n'arriva au sommet qu'après deux heures d'une maixhe
pénible. Il lui a paru surprenant que des voitures de
transport puissent franchir aussi aisément, et avec aussi
peu (l'accii'lens , cette ujuhilude de ridges qui se succèdent
sans inlerruj)lion depuis Shipjjenburgh jusqu'à Pitlsburg.
'Dans ce'i(' route, il trouva un ;n brisseau qui faiso/t l'objet
de ses recherches : il en recncillil les giaines qu'il faut se
•hâter de mettre en lerre , parce qu'elles rancissent ai aisé-
ment, qu'au bout de queîqut.s jours elles perdent leur
faculté yei niiaaiive , et contracleiil une àcrelé extraordi-
naire ; c'est une espèce de puénomène dans le i ègne végétai.
AMERIQUE. VOYAG. DANS I/AMER. SEPT. I OÔ
Pillsbiirg H&t remarquable par la satubrilé de l'air : on
n'y coimoît point les lièvres inleimiltenles, si coinmnnes
dans les Etals du suJ : on n'y esl pas toujrnenté non j)lus,
comme ailleurs, par les moustiques dans Télé. La réunion
de ces deux circonstances porteroil à croire qu il n'y a
point d'eaux stagnantes à unt certaine dislance c!e la ville :
c'est sur quoi M. Michaux ne nous donne point de i eusei—
gnemens. Aces avantages, Pillsburg joint encore ceux du
bon marché des vivres, et de l'agrément de deux impri-
meries qui publient chacune deux gazelles par semaine.
Pittàburg fut long-temps considér e comme la clef (.les
contrées de l'ouest. C'est là que les forces fédérales étoient
dirigées contre les Indiens qui s'opposoient aux premiers
élablissemens des Anglo-Américains dans leKenlucky et
sur les rives de l'Ohio. Mais si celte ville a perdu de son
importance comme poste militaire, depuis que les nations
indiennes ont été repoussées à une très-grande distance,
elle en a acquis une considérable sons le rapport du com-
merce. Elle sert d'entrepôt aux marchandises qu'au com-
mencement du printemps et de l'aulomne Philadelphie et
Baltimore envoient pour l'approvisionnement des marcliés.
Elle n'est pas seulement l'entrepôt de ce cominerce, elle
est encore celui des élablissemens nombreux qui se sont
formés sur les bords des rivières de Alanongahela et d'Al-
leghany dont la réunion forme celle de l'Ohio, ei sur le
confluent desquelles elle est située.
Entre les produits territoriaux de ces étabîiosemens, on
distingue le sucre de lérable. Cet arbre se plaiî de préfé-
rence dans les pays froids .humides et montagneux, tels
que celui-ci, et si sève est d'autant plus abond.tnle que
l'iiiver a été plus rigou:eux. Les habltaiis n'e i i"abr'qu!-ut
qnepourleur usage , pailiculièrcnierit jioiir leur ihéelleur
café; mais ils l'emplou'nt tel qu'où l'obtienl par la pre-
mière évaporalion de la sève, p;irce qnils Irouveroiciit trop
de déchet à le rafliner. liCs autres produin qui excèdent ce
qu'absorbe la consommation du pays, tronvt-iil un débou-
ché facile el avantageux par lOhio elle rvlis&isôipi ; c'cil à
Ï04 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
cet effet (fii'on construit à Pillsbnrg et sur l'Ohio ,des vais-
seaux d'un Jiaut tonnage, dont quekjues-uns ont jusqu'à
irois mâts. La navigation des deux fleuves (i) est tellement
suivie, qu'on est parvenu à connoître avec assez de préci-
sion , la distance énorme de Piitsburg à la Nouvelle-
Orléans, que l'on fixe à deux cent dix milles.
Jusqu'ici, la relation de M. Michaux n'a roulé que sur
une partie de la Caroline méridionale et de la Pensyîvanie :
celle qui embrasse une petite partie de la Virginie , les
Etals de rOhio, du Kenluky et du Ténessée, est néces-
sairement jîlus circonslanriée, attendu que la visite de ces.
trois Etals étoit le piiiicipal but de son expédition. Elle est
en mêjne temps d'un grand intérêt, soit pour les Euro-
péens, parce que ces paj's sont la partie des Etats-U)iis où
l'on peut former avec le plus d'av.mtage de nouveaux
établissemens, soit pour les Anglo-Américains, parce que
ces mêmes contrées établissent la communication des
Eta!H-Ln;i avec la Louisiane, devenue récemment l'une
de leurs plus considérables possessions. Mais If s détails où ,
^ur rObio, le Kentuky et le Ténessée, est entré M. Mi-
chaux, quelque étendue qu'il leur ait donnée, sont tout-à-
la-fois si précieux et si imporlans , qu'il seroit presque
impo-ssible, en suivant sa marche, d'en donner une exacte
analyse, et par conséquent d'en faire un extrait satisfai-
sant : je me bornerai donc à en délacher les obàtrvaliona
les plus remarquables.
Avant de quitter Pittsburg, M. Michaux recueillit sur
l'état de Vermont et sur ceux qui lui sont conligus, un
l'enseignement très-curieux : c'est que les fraio occa.-)ionnés
(l) M. Micljaux donne la qualificalion de flfuve à l'Ohio , quoi-
qu'il n'ait pris son emliouc-hure dans la nier t-l qu'il sç décharge
dans le Mississipi. En cela-, il a sans donie égard à limparlanre de
celte rivière, plus couiidérable , dans la plus grande partie de soix
cours ^ que les fleuves les plus renommés de notre Europe. C'est
»ur-tout la décharge de l'Ohio qui concourt à reudr* le Mississipi
Vuu des plus grands fleuves du moude.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. lo5
par les défiicliemens des lenes y sont toujours couv^erls
par le j^roduit de la polasse exiraile de la cendre des arbre»
qu'on brûle, el qu'il est même des gens qui se chargent
des défrichemens , à la seule condition d'avoir cette
polasse. Ce genre d'économie bien enlendu n'existe pas
dans le reste de l'Amérique septentrionale, où les arbres
sont brûlés en pure perte. M. Michaux observe, à celle
occasion , que les habilans de la Nouvelle - Angleterre
proprement dile, qui comprend tous les Elats à l'est
de celui de New-Yorck , sont reconnus pour être de tous
les Américains les plus enlreprenans , les plus indus-
trieux, et ceux qui entendent mieux l'économie domes-
tique.
En s'avançantdePiltsburg vers le Kentucky,on trouve
la ligne de démarcation qui sépare la Pensylvanie de la
Virginie. Tout le pays qu'on traverse ensuite est très-
fertile : cela s'annonce sur-tout dans les vallées où cou-
lent de gros ruisseaux ou creeks , par la variété, le rappro-
chement, la grosseur du diamètre des arbres; mais rien
n'égale sur-tout la fertilité des bords de l'Oliio. Le sol est
nn véritable humus végétal, produit par le lil épais des
feuilles dont la terre se charge tous les ans, et que con-
vertit promptement en terreau l'humidilé de ces sombres
forêls. Mais ce qui ajoute encore beaucoup à l'épaisseur
de ces couches successives de terre végétale, ce .ont les
troncs d arbres énormes abattus par le temps, qui tombent
rapidement en pourriture. Dans plus de mille lieues de
pays , qu'à difîérenles époques M. Michaux a parcourues
dans l'Amérique septentrionale, il ne se souvient pas d'en
avoir vu un qui puisse élre comparé à celle conlrée pour la
force végétative des forêts.
Les meilleures terres du Kentucky et du Ténessée don-
nent bien des récoltes aussi abondantes que celles des
terres de l'Ohio, mais les arbres n'y parviennent pas à la
même grosseur el à la même élévation. M. Michaux me-
sura à Marietia, chef-lieu de l'élablissemeDt des Etals de
i'Oliio, un platane-d'occident t dont le tronc, à ne le
Io6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
prendre qu'à quatre pieds de la surface dn sol , avoil qua-
rante-sept pieds de circonférence, et conservoil celle
dimension jusqu'à la hauteur de quinze à vingt pieds, où
il se partageoil alors en plusieu)s branches d'une grosseur
proporlionnée : on offrit à ce voyageur de lui en faire
voir plusieurs autres de la même grosseur. Cet arbre, el le
tulipier, dont la circonférence néanmoins n'excède guère
dix-huit pieds, sont les plus gros arbres de l'Amérique
septentrionale (i).
Ce furent les habitans de Marietia qui les premiers
eurent l'idée d'exporter directement aux Antilles les pro-
duits du i^ays. »
Sur la rive drorte de l'Ohio est situé GalUpoli : c'est eu
cet endroit que se réunit à-peu-près le quart des Français
qui, en 1789 et 1790, quittèrent leur patrie pour aller s'éta-
blir au Scioto. A peine étoienl-ils en possession du sol qui
leur éloil destiné, que la guerre a3'ant éclaté de nouveau
entre les Anglo-Américains el les Indiens, leurs habita-
tions furent désolées par ces sauvages qui les obligeoienl de
se lenir étroitement renfermés dans le village. De deux
d'entre eux qui s'en éloient éloignés de deux portées de
fusil, l'un fut tué et scalpé, el l'autre emmené à une très-
grande distance dans l'intérieur des terres. Lors du passage
de M. Micliaux à Gallipoli , on venoit de recevoir de se»
nouvelles : il gagnoil fort bien sa vie à raccommoder des
fusils et à exercer son métier d'orfèvre dans le village
indien où il éloil, et n'annonçoit aucun désir de revenir
avec ses compalrioles.
Four indemniser ces malheureux Français de leurs
perles, le Congrès leur donna vingt mille acres de terres,
où trente familles seulenicnt ont été s'établir, et sont
(1) Nous avons acttimalé en Europe ces deux arbres ; mais ils
nalleitidronl jamais dans un sol épuisé par lant de récolies , et
dans un climat beaucoup moins humide que l'Améritjue seplnri-
trionale, à la grosseur ei à l'élévation (qu'ils prenucnl d<tas le uou-
■veati continent.
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AIWER. SEPT. IO7
parvenues, à force de fati^^ues, û former des él<iblissemens
passables, où, à l'akie d'im sol excessiveme iL ieriiie,
elles ont, en abondance, les denrées de première néces-
sité.
Quant à la colonie deGallipoli, elle n'esl composée
que d'environ soixante et dix log-housev , dont la moitié
tombe en ruines : les autres sont encore occupées par des
Français qui vivent misérablement, à l'exception de deuK
qui jouissent d'une honnêle aisance. Quoique les fièvres
intermittentes, qui avoient long-temps ajoulé aux cala-
mités des habitans de Gallipoîi, ne se soient pas maui-
leslées dans le pays depuis trois ans, cela n'avoit pas
empêché une douzaine de ces colons d'aller tout récem-
ment à la Nouvelle-Orléans chercher une meilleure for-
tune; mais ils y éloienl morts presque tous de la fièvre
jaune la première année de leur arrivée.
Si les élablisseraens du Scioto n'ont pas mieux réussi,
ce n'est pas, dit M. Michaux, que les Français ne soient
aussi actifs, aussi laborieux que les Américains et l-^s
Allemands ; c'est que parmi ceux qui partirent pour le
Scioto, il n'y en avoil pas un dixième qui fut propre aux
travaux auxquels il devoit se livrer. Cette cause , indépen-
damment de la guerre avec les Sauvages, éloit phi; que
suffisante pour étouftèr la colonie dans sa naissance.
L'établissement d'Alexaud lie, situé à cent quatre milles
de celui de Gallipoîi , n'est pas dans un état plus fiorissan:.
La position en est très - agréable; mais c'est Ja conlréa
la plus insalubre de toutes celles qui composent le vaste
état de l'Ohio : chaque automne, on y est a!lacji;é de
fièvres intermittentes exlrènieinenl len;:ces , et qui ne
cessent qu'aux approches de l'hiver.
Jusqu'en I 796 et 1 797 , on comploit à peine sur les rives
de rOhio vingt-cinq ou .'rente familles répandues sur line
surface de cent trente— trois lieues : nuiis, depuis cette
époque, des émigrans venus des contrées niontagneuaes de
la Peusylvanie et de la Virginie, se soiil poriés en grand
nombre sur ces bords fertiles; et les habiialions n'v sont
\
I08 BIBLIOTHr;QUE DES VOYAGES.
maintenant éloignées les unes des autres que de deux à trois
milles.
Les colons se livrent beaucoup à la chasse du cerf et de
l'ours, dont ils vendent les peaux. Ce genre de vie nuit
tellement à la culture des terres, que de cent à quatre cents
acres dont les nouvelles propriétés sont composées, il n'y
en a que huit ou dix de défrichés. Cependant le produit
qu'ils en retirent, avec le lait de leurs vaches, fournit
abondamment à leur subsistance et à celle de leur famille
toujours très- nombreuse ; car il n'en est pas où l'on ne
compte six à sept enfans. Les maisons, grossièrement
conslruiles, sont toutes dans une situation agréable. Les
colons y exercent la plus généreuse hospitalité. On y trouve
abondamment du pain de maïs, du jambon fumé, du
laii , du beurre , mais rarement autre chose.
La culture du mais est à-peu-près la seule à laquelle on
se livre sur les bords de l'Ohio; ce grain donne les récoltes
les plus abondantes. Quelques-uns néanmoins sèment du
bléj moins pour le consommer eux-mêmes que pour en
envoyer la farine dans les ports de mer. Ce grain pousse
avec tant de force, qu'il verse souvent avant que d'épier.
Le pêcher est le seul arbre fiuifier qu'on cultive jusqu'à
piésent dans le pays. Sans qu'on y applique la moindre
culture, il pousse avec tant de vigueur, qu'il rapporte
du fruit la troisième année.
En «'avançant dans le Kentucky , M. Michaux parvint
à Lexingtoji , chef-lieu du comté de la Fayette: c'est la
ville la plus considérable des trois nouveaux Etats. Quoi-
que sa fondation ne remonte qu'à 1780, sa population
s'élève à trois mille habitans : elle possède deux impri-
meries. Ses principales manufactures, sent des lannei'ies
et des corderies. La cherté de la main-d'œuvre, qui pro-
cède de ce que les habilans s'adonnent de préférence à
l'agriculture, a fait imaguier plusieurs machines aussi
ingénieuses qu'utiles. L'abondance du salpêtre dans un
sol très-riclie en principes nitreux, a fait établir deux
moulins à poudre.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AmÉr. SEPT. lOg
Les marchands de Lexinglon font jDresque tout le com-
merce duKentncky. Les sept dixièmes des objels fabriqué»
qui se consomment dans cet Etat, sont importés d'Angle-
terre : ils consistent principalement en quincaillerie,
clouferie, ferblanterie, mercerie, draperie, droguerie,
et poterie fine; la commune se fabrique dans le pays. Les
mousselines, les nankins, le thé, sont directement im—
porlés de l'Inde ; le sucre et le café le sont des Antilles. Les
marchandises françaises qui pénètrent dans le pays s©
réduisent à quelques soieries , aux eaux-de-vie, aux meules
de moulin, malgré leur poids énorme et la distance des
ports de mer.
En quittant Lexington, M. INÎichaux fit une excur-
sion sur les bords de la rivière de Kentucky pour cons-
tater les jjrogrès qu'avoit pu y faire une plantation de
vignes qui y avoit été essayée. On avoit mis une telle ardeur
dans l'exécution de ce projet, qu'une société avoit formé
un capital de dix mille piastres, divisé en deux cents
actions, décent piastres chacune. L'emplacement qui fut
choisi, d'une étendue de six arpens seulement, éloit un
coteau à pente douce, exposé au midi, à deux cents
loises de la rivière et dont le sol éloit excellejit. De vingt-
cinq espèces ou variétés de vignes qu'on avoit plantées, il
n'en étoit resté que cinq, entre autres deux désignées sou?
le nom de Bourgogne et de Madère. La première ne réus—
«issoit pas bien , les grappes en étoient rares et maigres, les
grains petits, et le raisin pourrissoit avant la maturité. La
vigne de Madère, au contraire, donnoit quelque espé-
l'ance. Sur cent cinquante à deux cents ceps, un tiers
porloit des grappes très-belles. Ces vignes, comme aux
environs de Paris, étoient soutenues par des échalas. Le
voisinage des boi.s y atliroit une esjièce d'oiseaux qui y
causoit beaucoup de dégâts.
De retour dans le plat pays, M. Michaux observa que
dans les barens , ou prairies du Kentucky qui donnent Ui^e
herbe de deux ou trois pieds de haut, très-propre, à \x
nourriture des bestiaux, et où , malgré la saison peu favo-
lîO BIBLIOTHÈQUE DES VOYJ^CES.
rable , il fil une assez ample récolte de graines de fleurs, il s6
tiouvoil plusieurs esjîèces de vignes sauvages rampantes,
dont l'une appelée raisin d'été , donnoit des grappes aussi
grosses et d'une aussi bonne qualité que les vignes de«
environs d-,- Paris, avec celte différence , que les grains en
éfoient moins serrés : il en conclut que les essais pour
acclimater la vigne auroient été plus heureux dans le»
barensque sur les bords du Kenlucky. Une partie du sol
de ces prairies lui parut très-propre à la culture du blé,
mais celle du maïs est presque la seule dont s'occupent les
colons. Beaucoup aussi ne s'adonnent qu'à l'éducation des
Lesliaux. La manièi'e de préparer les barens pour la cul-^
ture , est d'y mettre le feu : il en résulte quelquefois des
incendies épouvantables. La flamme, qui ordinairement
occupe plusieurs milles, est assez souvent poussée par le
vent avec une telle rapidité, qu'on a vu des hommes,
même achevai, en être la proie. Les chasseurs Américains
et les sauvages se préservent de ce danger par un moyen
aussi simple qu'ingénieux. Ils meltent promplement le
feu à l'endroit de la prairie où ils se trouvent, et se reti-
rent ensuite dans celte partie incendiée , où la flamme qui
les menacoil s'arréle faute d'aliment : c'est ce que les Cana-
diens chasseuis ap^cllentjaire leur brûlé.
LeKentucky est celui àts trois Etals qui a été le premier
peuplé. En 1770, ce pays fut reconnu par quelques chas- "
seurs virginiens, mais on n'y forma aucun établissement
avant 1780. A celte époque, aucunes nations indiennes
n'occupoient cette vaste contrée : elles y venoient seule-
ment chasser-, el toutes, ^'un commun accord, faisoient
une ouerre d'extermination à ceux qui vouloient «y fixer.
C'est de-là que le pays a pris le nom de Kenlucky qui , dans
le langage des indigènes, signifie, dit-on, terre de sangi
L'enthousiasme pour l'émigration au Kenlucky fut porté,
dès 17^^2,3 un tel degré, qu'il est des années où l'on y
vit passer jusqu'à vingt raiUe émigrans qui abandonnoient
même ailleurs leurs propriétés, lorsqu'ils n'avoient pas pu
n'en défaire assez promplement. Avant celle époque, I#
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMKK. SEPT. Itt
nombre des Jiabilans ii'excédoil pas trois mille : il éloit
déjà de cent mille en 1790 : un récensemenl général fait
en i8oo,leporloit à deuxcenl vingt mille; et M. Michaux
l'évaluoit, de sou temps, à deux cent cinquaiite mille.
Ainsi , comjue il l'observe très-bien ^ dans ce même état du
Kenliicky,où l'on ne Irouveroit peui-êlre pas aisément
dix individus dm l'âge de vingt-cinq ans qui y fussent nés,
le nombre des liabilans est déjà aussi considérable que
dans sept des anciens Etats. Il n'y en a que quatre doni la
population soit deux fois plus nombreuse. Cet accrois^—
ment, déjà si rapide, l'auroilitlé bien da\antage, ajoute-
t— il , sans îa difficnlté d'y constater les titres de propriété -Al
en indique dans sa relation les causes qu'il seroil tiop lon-^
d'exposer ici.
L'une des productions sponlauées.lapIiTs précieuse du
Kentucky, c'est le ginseng qui y est très-multiplié. Celle
plante, qu'on croyoit p'uliculière à la Tartuie ,• el qui est
d'un si grand usage à la Chine, où on lui attribue des
qualités précieuses, fut. découveile au Canada par ^n\
missionnaire français, el devint l'objet d'un commerce
assez actif avec les Ciiinois qui le- payèrent d'ai)ord au
poids de l'or; mais ce commerce ne se soutint p;is long-
temps avec le même avanlages, par le peu dé ]^récautijris
que l'on prit, soit pour recueillir, soit pour préparer le
ginseng de TAméi ique. Cetie négligence eut l'elFet qu'il ne
put pas soutenir la concurrer.ee avec celniide la Tarlarie
dont la récolle , appartenant exclusivement à l'empereur,
ne se fait que par t>es ordres , et à lacpielle d'ailleurs on no
procède que dans les saisons convenabitia et avec un soin
extrême. Depuis quelque lernps, les Américains apportant
plus d'atlention à la vécoHe et à la préparaùon de leur
ginseng , le comuieice de cette racine a repiij une nou-
velle activité : quelques colons même «commencent à em-
ployer un moyen dont .se servent les (Chinois pour donner
au ginsejig de la Jranspaience. Ainsi préj^aré, il s'aLhèie
par les négocians do Fbiiadeijjlii':' six à sept francs la livre
«t est, dit-on, revendu à Cauïon sur le pied de cinquante
113 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGE S*
à cent piastres, suivant le choix des racines. Le bénéfic»
doit être bien considérable, puisqu'il se trouve des gens
qui l'exportent eux-mêmes du Kentucky à Canton.
Des animaux qui penploient ce pays, une espèce qui y
éloit très-commune , celle des élans , a presque enlièrenienî
disparu. Ceux qu'on y trouve le plus communément au-
jourd'hui , sont le cerf nain , l'ours, le loup , le renard gris
et roux, le racoon qui se rapproche beaucoup du l'enard,
le chat sauvage, l'opossiara,! rois ou quatre espèces d'écu-
reuils, les dindons sauvages. La chair des écureuils rôtie est
très-délicate : on en fait de grandes chasses; elles ne sont
pas sans difficulté, non plus que celle des dindons sau-
vages, qui sont encore assez multipliés dans ces contrées
de l'ouest, tandis qu'ils sont devenus fort rares dans les
Etats méridionaux. Ces oiseaux se nourrissent en hiver de
châtaignes et de glands : on en (ue alors qui pèsent jusqu'à
trente-cinq à quarante livres.
Les cultures les plus usitées dans le Kentuky sont celles
du tabac, du chanvre, du lin, et des dilférens grains
d'Europe, principalement du maïs et du froment. Les
froids très-hàlifs rendent trop incertaine la culture du
coton. Celle du blé est l'une des plus importantes du pays,
beaucoup plus connue dans l'état de l'Ohio , sous le rap-
port de l'importation , que comme objet de consommation.
La récolte en fut si abondante lors du séjour de M. Mi-
chaux à Lexington, qu'on n'en ollVoit qu'un quart de
piastre du quintal. On altribuoit moins encore celte baisse
de pi'ix sans exemple à l'abondance du grain qu'au retour
de la paix, qui ne promeltoit pas un débouché facile en
Europe (i).
La culture du tabac s'est très-étendue depuis quelques
années au Kentucky. La température du climat et l'extraor-
dinaire fertilité du sol donnent un grand avantagea cette
contrée sur la Virginie même. Le çhaixvre,soil en nature.
(i) En temps de giserre, les iienlrts, tels que les Etals-Uni»
tnt MU praud avaiilage pour Je débit de leurs denrée».
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 1 I J
soit manufacturé, est un article assez conbidérable d'ex-*
jjorlation. La plus grande jjariie du lia est conveilio cii
toile pour les b( soins des ])al)il;:ns . le surplus s'échange
contre des marchandises d'Enrop--.
Quelque favorable que soit \n leiupératn'-e du Kentuckv
et des antres Etats de l'oiust à la culture des arbres fmi-^-
tiers, particiilièrenient à celle des arbres qui donnent des
fruits à noyau, ces pays sont trop nouveiïemeiit penpléa
pour que les habitans s'en soieri,t beaucoup. occupés: ife se
sont boinés ju^qu'ici à la pliiniafion d:- quelques pommiers
et d'un tiès— grand nombre de pêcisers. Ces derniers
arbres, de cinq à six espèces. dilléieiiles.éiev.ésien plsin-
venl et disposés en forme de quiiïo<i>'itiqe.idatis,'d6'S'Vei:^ersy.
donnent des jjèclies liâlives. lardixes, d'.- di%fei-3es boa^
leurs, de forme ovale, el plus grosses que nos pèche.sMde
vigne. Toutes celles quilonibenl avanl^ia ma^ui•l[é, four-
nissent une nourriture excellent aux cociions qu: tn sont
très— avides. Le plus grand usage q'.i'on fasse ciel'immense
quantité de pêches qu'c.n récolle , cest de les convertir ea
eau-de-vie dont il se fait une grande consommation dans
le pays, et dont le reste s'exporle sur le lleiive. Quoique les-
impositions soient trèa-inodérées an iveutuckv. it;. recou-
vrement en est très-arriéré, comme dans tous les Etats» de»
l'est. '!■ it
Leshabitans du Kentucky s'occupent beaucoup de finira
des élèves de chevaux, dont ils ont tiré en grande oartie
la race de Télat de Virginie, qui passe pour avoir le.^ plus
beaux chevaux de selle et de trait. Ils trouvent par- là lé
moyen de tirer parti de la quantité surabondante de maïs,
d'avoine el autres fourrages qu'ils récollent. Les chevaux
de selle sont remarquables par fout ce qui constitue la
beauté des chevaux de cette espèce; mais la race des che-
vaux de trait est loin d'être perfectionnée. On élève fort
peu des moutons au Kentucky, parce que i;i chair el ialuinè
en sont peu estimées. Les cochons, au contraire, sont
très— multipliés; mais ils ne le sont pas au point de de.euir
sauvages, quoiqu'ils errent souvent, plusieurs mois de
YJ-. ,11.
Il4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
suite, au fond des forèls d'où on a te secret de les habituer
à revenir d'eux-mêmes aux habitations. On ne réussit à
les engraisser qu'en leur donnant du sel, qui est devenu
aussi un besoin pour les chevaux. On s'étonne avec raison
qu'avec la quantité de grains que les habitans du Kentucky
récohenl . ils élèvent si peu de volailles.
. Ces colons sont fort curieux de nouvelles, très— ques—
lionneurs , mais en même temps fort hospilaiiers envers
les étrangers. Les femmes ne se mêlent presque point des
travaux des champs. Assidues dans l'intérieur de leurs
maisons, elles s'y occupent des soins du ménage, et y
filent du chanvre et du colon, qu'elles convertissent en-
suite en étoffes pour l'usage de leur famille toujours fort
nombreuse.
Parmi les différentes sectes qui existent dans leKenlucky,
celles des méthodistes et des anabaptistes sont les plus
nombreuses. M. Michaux observe que depuis sept à huit
ans, l'esprit religieux a acqui-i un nouveau degré de force
parmi les membres de ces deux sectes répandus dans le»
campagnes. Les inspirations et l'état d'extase y sont plus
communs que jamais, sur-tout chez les femmes.
Au Kentucky, comme dans tous les Etats de l'ouest, les
enfans sont envoyés exactement aux écoles, où ils appren-
nent à lire, à écrire, et les élémens de l'arithmétique : ce»
écoles sont entretenues aux frais des habitans.
L'état de Ténessée, qui -faisoit partie de la Caroline
méridionale, et qui n'a été admis dans l'union , comme
formant un Etat particulier, qu'en 1786, a 36o milles en
longueur sur io3 milles à-peu-près en largeur. La partie^
occidentale de cet Etat étant située sous une latitude plus
méridionale que le Kentucky , la culture du colon s'y est
introduite. Les habitans s'y adonnent même jiresque exclu-
sivement , et ne cultivent les terres en grains , chanvre et
tabac , que fort peu au-delà de la consommation, quoique
la fertilité du sol pût égaler leurs récoltes en ce genre, à
celles qu'on fait au Kentucky. IjCs fièvres intermittentes y
flout beaucoup plus coumuiies que dans ce dernier Etal ;
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. I l5
elles émîgrans, les voyageurs même y sont sujels , dans
l'élé, à une affection exanlhémalique qui fait cruellement
SDuflPrir pendant plusieurs jours. M. Michaux en fut at-
teint, et elle ne céda qu'à un régime rafraîchissant et aux
bainSf
Dans l'état du Ténessée , les cultures sont à-peu-près
les mêmes qu'au Kenlucky. Les moeurs des habitans du
Ténessée ont aussi beaucoup de conformité avec celles
des colons du Kentucky, si ce n'est qu'ils paroissent moins
religieux , quoique stricts observateurs , com.ne eux ,
Aqs dimanches.
M. Michaux s'est borné à des observations générales
sur les Caroline» et la Géorgie. On y verra que , par
un recensement général fait en 1800, la populutiju de
la Caroline septentrionale a été portée , y compris les
nègres esclaves, à 468,000 habitant ; celle de la Géorgie,
à 165^000, et celle de la Caroline méridioaaie, à 546,000.
On y observera aussi que le riz , le coton à longues soies ,
les patates douces, et le maïs dans presque toutes ses varié-»
lés, sont les seules cultures de la partie maritime du sud ,
la température du climat et la natuxe du sol n'étant favo-
rable ni au blé, ni aux autres grains. On y remarquera
encore , que dans tout le baspa),s,les travaux de l'agri-
culture se font par des nègres esclaves, que l'on emploie^
même à ceux qui pourroient se faire avec la charrue, parce
que les planteurs estiment que la terre en est mieux cul-
tivée, et sur-tout avec plus d'économie. On y appre)idra
enfin, que le climat des Haules-Carolines et de la Géorgie
est trop chaud en été , pour être favorable aux arbres frui-
tiers d'Europe, et trop froid en hiver, pour convenir à
ceux des Antilles.
ETATS DE LA CAROLINE ET DE LA GEORGIE.
Pour l'histoire naturelle Je la Caroline, il faut d'abord
recourir à l'ouvrage de Catesby , dont j'ai donné la notice
( cinquième Partie , section 11 \
I ï G B I n L I O T ir È Q U E DÉS VOYAGES.
Etat préicat de la Caroline , par R. F. : (en an-
glais) li. F. présent state of Carolina. Londres,
1682 , in-4'^.
Histoire de la Caroline, contenant ilïie descrip-
tion exacte et l'histoire naturelle file cette contrée ,
ensemble son état présent :1e journal d'un voyage de
mille milles chez plnsieiirs nations de l'Inde, et par-
ticulièrement l'exposé de leurs usages et de leurs
coutumes, etc.... par Jean Lawson : (en anglais)
Histoty of Carolina j containiug the exact description
and iiatural history of tliat country : togéther wiîU
the présent state thereof and a journal of a thpusànd
miles tiavc/s through seueial nations oflndians giuing
a parlicular accoiint of tlieir custonis , manners,etc...
hy John Lawson. Londres , 1 709 ; ibid. 1 7 1 8 , in-4".
avec figures.
' — La môme , traduite en allemand par Vischei'.
Hambourg, 171?, in -8°. — Et augmentée d'une
"Relation des autres colouie3 anglaises, ibid. i']i2 ,
in-S". avec figures.
Lettre sur la Garoîme méridionale, contenant
une relation dû sol , de la température, des pro-
ductions, du conimprce , du gouvernement _, des
loix , de la religion , des habitans , des forces mili-
taires, etc.. de cette province, écrite par un gen-
tilhomme suisse à son parent à Berne : (en anglais)
ji Lettcrf/oni Southr.Carolijia , gix^ing an accouut of
tJ' ''o'il , airj product , trade , goveriiment ^ laws ,
religion j people , miliiary strangth , etc.:.. ta his
frlcnd àt Sern. Londres 3 1710, in-8°.
Notices sur les émigrés de Saltzbourg, avec les
AMÉRIQUE. VOYAG. P \NS r/A-VTi.R. SF.PT. IT7
journaux des commissaires anglais pendant leur
voyage en Amérique , et une deseriplion de la Géor-
gie , par Samuel Urlspcrger : (en allemand^ ^«5-
fûhrliche Naclirîcht von den Sal/zburgischen Enti-
grauten^eXc. von Sam. Urlsperger. Halle, ij'^S, in-4*'.
£tat présent de la Caroline, p^tr 3IetchelI: {on
ani^lais) Présent State ofCarolina, hj Metchell. Lon-
dres, 1.740 5 in-8".
FîiSTOiHE naturelle de la Caroline seplenlrionale,
avec une relation du comnjerce, des mœurs et des
coutumes des habitans Cliréiiens et Indiens , par
Jean Brih\^ell , doeteur en médecine , avec carte et
planches : (en anglais) JohiBnkuelts Natnral His-
tory of Carolina^-with an accoiint cfthe tride^ man-
ners and cu^tonis of the Christian and Indian inha-
bitants. Dublin, l'j/^S , \n.-'6^ .
Notices sur la ville d'Ebenezer , fondée en
Géorgie par les émigrés de Sa!lzI)ourg : en alle-
mand ) Zuverlàssige Nacliricht den Zustand der von
deiA Saltzburger Eînigrauten erbauten StadtEbenezer
betrejfend. Augsbourg, lyS^à 1760, în-4'*.
Description de la Caroline du sud: (en anglais)
Description of Sonth-Carolina. Londres, i 761 , in-8".
Description abrégée de la province de la Caro-
line du sud , et tableau de son climat , de sa tempé-
rature et des maladies qui régnent à Charles-Town,
écrite eu l'année 1768 : (en -Anç^iMs) A short De-
scription of the province of South- Carolinq ^ with an
cpcçount of the air ^ wea.ther aitd diseases of Charles-
lown, written in ihe^arx^68. Londres, i 770, in-8".
Ïl8 EIBLIOTII È QUE DES TOYACES.
Relation des orales et des maladies du sud de
la Caroliue , par Lionel Chalmers , docteur en méde-
cine à Charles-Town : (en anglais) Account of the
wÏTid and their diseases of South- Carolina j hj Lio-
nel Chalmers. Londres, 1776, in-8".
Notice succincte de rétablissement des émigrés
de Saltzbourg à Ebenezer , dans la province de
Géorgie de l'Amérique septentrionale , par Beck :
(en allemand ) Kurzgefasste Nachricht von deni Eta-
hlissement der Saltzhurgischen Emigranten in Ebene-
zer' in der Provinz Géorgien in Nord-Amerika , von
BecJi. Hambourg, 1777, in-8*'.
Description de la Caroline dans l'Amérique
seplenlrionalc : ( en allemand ) Beschreihung von
Carolina in Nord- America, (laséxée dans les Affi-
ches de Brunswicb , année 1778. )
Relation historique de l'origine et des progrès
de la colonie de la Caroline méridionale et de la
Géorgie : (en anglais) Historical account of the ori-
cin and progress of the colonia of South- Carolina
and Georgia. Londres ,1779 , 3 vol. in-8°.
Coup-d'œil sur les colonies américaines de la
(!^aroline et de la Géorgie , par Loher (en allemand).
Jena, in-12.
^, VI. Descriptions de la Floride (^i^. T^oj âges faits
dans cette contrée.
Pour l'bisloire naturelle de la Floride , il faut recourir^
«omrae pour celle de la Caroline, à l'ouvrage de Catesby.
CO Oiigia^irement , on romprenoil sous le nom de Floride
AMÉRIQUE. VOYAC. P VTVS L'AMER. SEPT. I ig
Histoire du dernier voyage aux Indes (occi-
dentales) , lieu dit la Floride , fait par le capitaine
Jean Ribes, et entrepris par l'ordre du Roi , public
par Lechalleux. Lyon, i566, in-8^.
De la navigation des Français en Floride ,
et de la catastrophe qu'ils y essuyèrent en i555 , par
Levinus : (en latin) De navigatione Gallorum Terra
Floridatiâ , deque clade anno j555 accepta , autore
Leviuo. Anvers, i568, in-8".
— Le même, en latin- Baie, i583 , in-fol.
— Le même, traduit eu allemand. Baie. i585,
iu-fol.
La date de i555 insérée dans le lilre de celle relallou ,
est évidemment une erreur, puisque les Français n'avoient
aucun établissement dans la Floride avant i5u2, et que le
massacre des Français est de i5G5 ; c'est donc celle der-
nière date qu'il faut substituera celle de i555.
Relation de la découverte de la province de
Floride : (en espagnol) Relacion de descubrimeiito
de provincia di FLorida^ Evura , i Syy , in-4°.
Histoire notable de la Floride aux Indes occi-
dentales , contenant les trois voyages faits en icelle
par certains capitaines français , décrits par le capi-
taine Laudoniere , à laquelle a été ajouté le Voyage
du capitaine de Gourgues , mis en lumière par Bas-
la Loiii°iane et iiue partie de la Caroline. Celle dénomination ne
s'applique plus aiijoiird'Iiui qu'à la jiresqu'ilc qui , siUice à l'oue.st
de la Caroline, s'avance jusqu'au canal de Biliama : les E.spn£;noIs
y ont deux élablissemens principaux, Saint- Augustin et Pen-
«acola.
120 EIBLIOTH KQU E DES VOYAGES.
sanicr. Paris, Guillaume Auvray, i5S6; ibid. i588,
m-8^
— La même, traduite en iatiu. Francfort-sur-le-
Mein , Weclieï, i5gi, in-fol.
Dans j'ime el l'Hiitre de ces édifions, il doit se trouver
lin irief Discours et Histoire du voyage de quelques Fran-
çais dans la Floride , et du massaoi • ^■jihasté par les Espa^
giiols en i555. ... Ensemble la Requête présentée au roi
Charles ix. ' ' '
Le premier voyage du capitaine Laiidoniere remonle à
i5G4' ^1 Hvoit pour objet la reconstruolion du fort bàli en
1662 par Ribaut , qui, le preiriier des Français, avoit
abojdé à la Floride, les Espagnols, jalotix de eut éta-
blissement, r.'ivoient enlièremeiil 1 uiné : ils avoienl même
■fait périr une partie des nouveaux colons, mis en fuite et
dispersé le reste. L/expédition de Laudoniere eut lui plein
succès ; il reconstruisit d;ins un autre lieu le fort, auquel
on donna le nom de fort de la raroline. Mais la di\ ision
s'élant mise j ariiii les colons , par Teliet de l'insuliordi—
nation el de l'oisiveté, Ribuuf , cpsi éloit revenu dans le
pays, ne put y lé'ablir ni l'ordre ni le goût du travail. Les
Espagnols profitèrent de celle anarchie pour surprendre
le fort de la Caroline. Dans la chaleur du combat , ils mas-
sacrèrent d'abord partie de ceux qui le défei'duienl ; unis
ils poussèrent ensuite la barbarie à un tel excès , qu'ils
écorchèrent vif Ribaui , et pi ndirenl à un aibre quel-
ques-uns de ses com2ia;rnoiîs d'ir, forliuie, avec Cc-tle ins-
cription dérisoire : Non comme Français ^ mais comme
-hérétiques.
Dominique de Gonrgues, du Monl-\Jar.san , indigné
de celte strocité des Espagnols, équip.i un vaisseau à ses
frais, débarqiia à la Floride, y reprit le fort de la Caroline
et un autre fort qu'ils 5' avoient bâti , et fil peu Ire plu-
fieurs Espagnols au même arbre où ils avoient attaché les
Français. L'inscription portoit : Non comme Espagnols ,
mais comme forbans. La foiblesse du gouveiJiement fran-
AMERIQUE. VOYAC. DAIVS L'AMER. SEPT. 121
çais faillit rendre de Goiirgues victime de son action
Jiéroïque. Poursuivi par les Espagnols, il leur auroit été
livré, s'il ne se fiit pas tenu soigneusement caché.
Le récit de celte expédition iette un grand intérêt dans
la relation du voyage de De Gourgiies; celle de Laudo-
niere, quoique moins brillante , n'en est pas destituée non
plus. Il nous donne des notions assez curieuses sur les
Iloridiens de ce temps, avec lesquels ceux d'aujourd'hui
n'ont que quelques Ibih'es traits de ressemblance : il les
dépeint d'une haute taille, fiers , courageux, mais moins
cruels que les Canadiens. 11 faut se défier de son jugement ,
lorsqu'il assui-equ'i! setiouvoii parmi eux beaucoup d'hei-
luaphrodites. Sa lelaliou d'ailleurs fuit coiinoître. beau-
coup déplantes nourricières et médicinales répandues sur
le sol de la Floride et des contrées ndjacenles.
La Floride de rinca,ou Histoire de l'Adelan-
tade FerDaiid de Sotto , gouverneur et capitaine-
général du royaume de Floride, el des autres ilhis-
1res capitaines espagnols dans les Indes occiden-
tales , par rinca Garcilasso délia F'ega : (en espa-
gnol) La Florida délia Inca , à Historia delu4delan-
tado Fernando de Sotto , Governados j capitain-
s^eiieral del reyno de la Florida , de otros hardicos
Cavalleros espanoles e India , por ï Inca Garcilasso
délia Fega. Lisbonne^ i6o5, in-4".
— La même, Madrid, Nicoe Rodriguez, 1715,
in-fol.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le litre sui-
vant :
Histoire de la concpiéte de la Floride , par Fer-
dinand Sotto , traduite de l'espagnol de Garcilasso
del Fega , avec figures. Amsterdam, 1G70; Paris,
1720 ; Leyde, 1731 ; la Haye, 1755, -2 vol. in-S".
122 BIBLTOTHÈQTJX DES VOYAGES.'
Dans celte tradaclion de la découverte et de la con-
quête de la Floride , ainsi nommée, suivant les uns, en
ce que Solo y aborda le jour de Pâques fleuries ; suivant
les autres, parce que la plage étoit verdoyante et fleurie,
l'on trouve une description assez détaillée de la Floride
et des monts Apalaches.
Histoire de la Floride , par D. Cardenas : (en
espagnol) Historia délia Florida , por D . Cardenas.
Madrid , iu-fol.
Etat présent de la Caroline : (en anglais) The
présent state of Carolina. Londres , 1682 , in-S".
Histoire de la conquête de la Floride par les
Espagnols , sous Ferdinand de Soto , e'crite eu por-
tugais par un gentilhomme de la ville d'Elvas , tra-
duite par M. D. C. Paris, Thierry, i685, in-12.
Dans cette relation , purement historique en apparence,
d'après son titre., on recueille de? lumières précieuses sur
le caractère énergique des indigènes, qui , plus d'une fois,
firent courir aux Espagnols de grands dangers. Le gouver-
nement de leurs Caciques y est bien développé : enlin l'on
y trouve des notions curieuses sur les animaux sauvages
et domestiques de la Floride, et sur les fruits de celte
contrée.
Relation de la première découverte et de Fhis-
loire naturelle de la Floride, par Guillannje lîoherls,
enrichie d'une carte générale , de plusieurs plans
particuliers , et d'une description géographique de
cette contrée , par Thomas Jejferyes : (en anglais)
An Account of the first discovery and natural liistory
ofFlorida, hj William Roherls, illustrated hy a gêne-
rai mapp and some parlicular plans and a geogra-
phical description of tliat country , hj Th. Jefferyes.
Londres , 1760 , in-4".
AMÉRIQUï:. VOYÀC. DAîV^S l'amer, sept. I9.J
Description de la Floride orientale, par Stork :
(en anglais) Descnplion of East-Florida , hy Stork.
On Va réunie avec celle de Bartram clans l'édition sui-
vante :
Description de la Floride orientale, par Guil-
laume Stork, et Journal de Jean Bartram, ou Voyage
fait de Saint-Augustin sur la rivière Saint-Jean jus-
qu'aux lacs éloigne'» , avec des notes sur la bota-
nique : (en anglais) William Stork's Description of
East-Florida : with a Journal kept hj John Bartram.
from St. Augustin iip the river St. John a lacs , witn
thejar explanating hotanical notes. Londres, 1769 ;
ihid. 1787, 2 vol. in-8°.
Histoire naturelle abrégée de l'est et de l'ouest
de la Floride, par Bernard Romans : (en anglais)
^ concise Natural History of East- and West-Flo-
rida , by Bernard Romans. INew-Yorck, Altkan ,
1776, in-i2.
Cet écrivain , qui étoil ton l-à— la-fois un médecin éclairé
et un observateur judicieux, s'est attaché d'abord à dé-
crire le climat de la Floride, et les maladies qui l'aflligent.
Elles ont sur-tonl lein- principe dans les variations brus-
ques de la température, qui sont ]:)lus funestes dans la
Floride que dans beaucoup d'autres paraes de l'Amé-
rique, où elles ont également lieu.
Dans les détails où ilenlresur les trois peuples indigènes
de la Floride, les Chicafisas , les CJiactas et les Criks con-
fédérés, il peint des plus noires couletn-s leur caractère
moral. La saleté, la fainéantise, le penchant pour le vol,
l'orgueil le jjIus excessif, la vanité ia pins facile à blesser,
la persévérance dans les liaines , l'alrocilé dans les ven-
geances, un plaisir féroce à répandre le sang, formci-,t
.1 2-4 . E I B II TOT II :• Q U F. E îî S VOYAGES,
les tfails du tableau ; iis s'appliriueiil plus particulif^re-
ment encore aux Chicass^'j qu'aux de jx aulres peuples.
Il prête niême à ces Irois nations, e[ sur-tout aux Chactas
^t aux CIn'cassas, un vice trop commun chez les Grecs,
la pédérastie. Dans leurs usages et leurs halutudes.il fait
remarquer leur passion pour lo jua; et la facilité avec
laquelle ris se parlent an suicide.
L^spj'oduoiJons du sol delà Floride ont été aussi l'obi-
jet des reclierches et des observations de cet écrivain.
§. VII. Descriptions de la. Louisiane, p^ojages faits
dans ce pays.
Descriptioiv de la Louisiane , nouvellement
découverte au sud-ouest de la Nouvelle - France ,
par ordre du Roi , avec la carte du pays , les mpeurs
et la manière de vivre des Sauvages , par le P. Hen-
nepin. Paris, Hui'é , i685 ; ihid. 1G88, in-12.
— La mcme , Paris, 1688, iu-4°.
C'est ce voyageur qui, le premier, nous a fait co'inoilre
cetie vaste conUée, si riche des véritables bienfai'fÇ de la
naiure, tels quo la tempéralure la plus heureuse et le sol le
plus fertile peui-eire de toute l'Amérique. Les pr.?sliges de
l'imagination y firent cliercîier des trésors factices (1) qui
firent long-lenip.s négliger les avantages réels. Le gouver-
nement frant^xiis eîoit si peu éclairé srtr les immenses res-
source-i que peut procurer à la métropolj celte belle
colonie bien adm^ni^irée, qu'il l'abandonna sans aucun
motif solide à l'I'spigne; mais elle éloit réremment ren-
trée sous la domination de la Fra;\ce, qui l'a cédée aux
(1) C esl daiis la Floride, où la Loiusiaiie se tiouvoil com-
prise alors, qu'on avoil imuiiiiié qn exisloil une ciilrée où la Ibit*
n'ctoil que de l'or, et {£u'on aj)p^.ljil eii Espagne El Dorado.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMKR. SKPT. 12^
Elals-Unis. Sous leur végime, elî.' peut, aipuvi" ;» ce liiit
degré de richesse et de prospeiilé aucpicl la naiuie p.w oif
l'avoir destinée.
Ce n'est pas dans la descriplion d'Iîèîinepin , qujl faut
clieicher à connoîlie, d'une iliaiiiùre au "m'oins .apprcii;!-
fondie, la géograjjijie, l'hisî'-ire uaiuielîe , ijs prqdur/ioiîs
sponlariées ou indusîi'iëîles je l.t Louisiane; mais buvl.es
niœurs, It s' nsaj:< s, les suptr.siiiions des nalni'els du paj'ij,
il a donné de.-, nofinns dV>'(ajit pîi;s précieuses, qu'il les a
visites a utie epôrjue ou ilsn avôienl prescfue pas comniu-
nicjué encore ax^éc fds Européens.
Dernières dfcpuvlp.tes faites dans l'Amé-
riquc septenlriQaale , par La Salle , mise au Jour
(par le chevalier Tontj). Paris, Coignard, 1693,
iu-12. ; .1 . , .
Cet ouvrage a élié réimprimé en Hollande, sou;, le titre i.u
peu dift'érent qutrvo\ci :
Relation de la Louisiane et du Mississipi (par
le chevalier Tontj). Amsterdam , Bernard , l'j xo ,
in- 12.
Journal hïstôriiGfue du dernier voyage que feu
7vî. de La Salle fit' dans le golfe du Mexique , pour
trôuvei" reml;jf»>'^V-hurc et le cours de ja rivière de
Mississipi , nonnuee à présent la rivière de Saint-
Louis , qui traverse la Louisiane , où l'on voit
riiistoire tragique de sa mort , et plusieurs choses
curieuses du Nouveau-Monde, par M. Jousiely.V\x\\
des compagnons. de,, ce voyage, rédigé et mjs en
ordre par M. de Michel. Paris, Robinet, lyiS ,
in-i2. -,
Celte relation a été traduite en angUis sous le lilre sui-
vant :
Voyage dans le goîfe du Ptlexique, par de La.
120 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Salle : (eu anglais) J^ojage to the golph of Mexico ,
hj de La Salle. Londres, 1714? in-S'*.
La présomption, la vanité, robslinalion, une sévérité
déplacée , rendirent inutiles les qualités brillantes que
La Salle réunissoit en sa personne avec ces défauts; elles
lui firent manquer l'embouchure du Mississipi qu'il cher-
choit avec une grande persévérance, et le firent périr
d'une manière tragique , victime de la perfidie de ses
propres compagnons de voyage. Le récit de ces événe-
mens répand un triste intérêt sur la relation de Joustel.
On y trouve en outre, des détails curieux sur les mœurs
et les usages, soit de la nation des Accancea, qu'on a
appelée depuis Accansas , soit de la nation des Illinois ,
soit de la petite peuplade des Cahaynahs.
R.ELATION du Mississipi et de la Louisiane : (en
allemaud) Beschreibiing des am Mississipi gelegenen
Landes Louisiana. Amsterdam et Leipsic , 1720,
in-8^
Cet ouvrage a été traduit en français la même année
8OUS le titre suivant :
RjîLATiON de la Louisiane et du fleuve de Mis-
sissipi. x\msierdam , i720,in-8°.
Relation de la Louisiane et du fleuve de Mis-
sissipi , par Martiu Forbislier. Amsterdam , Ber-
nard , 1720 , 1 voL in-i2 , fig.
Description de la province anglaise la Caroline,
appelée par les Espagnols la Floride , et par les
Français la Louisiane , par Daniel Cojce , avec des
caries : (en anglais) Description of the english pro^
vince of Carolina , by the Spaniards called Florida ,
and by the French la Louisiana , bj Daniel Coxe.
Londres, 1722, in-4''.
AMERIQUE. VOYAC. DANS L AMER. SÏPT. 12^
On n'imagine pas en vertu de quoi cal auteur qualifia,
de province anglaise, sous le nom de Caroline, la partie
de la Floride que les Français , lorsqu'ils la posbédoient ,
avoient appelé la Louisiane, et qui n'a jamais appartenu
à l'Angleterre. C'est sans doute par le droit de bienséance
qu'il eu faisoit une des province» de l'Amérique anglaise.
Voyage de la Louisiane , fait par ordre du Roi
en 1 720, dans lequel sont traitées diverses matières
de physique , d'astronomie , de géographie , de
marine, etc.... par le P. Laval y enrichi de plans,
caries et figures. Paris , Mariette , \'j2^ , iu-4°.
MÉMOIRES historiques sur la Louisiane , conte-
nant ce qui est arrivé de plus mémorable depuis
l'année \Ç>^'] jusqu'à présent, avec l'établissement
de la colonie française dans celte par tie del' Amérique
septentrionale , sous la direction de la compagnie
des Indes ; le climat , la nature et les productions
de ce pays , l'origine et la religion de ceux qui l'ha-
bitent, leurs mœurs, leurs coutumes, elc com-
posés sur les Mémoires de M. Dumont , par M. L.
L. M. , ouvrage enrichi de cartes et de figures -
Paris, Bauche , lySS , 2. vol. in-12.
La partie historique de ces Mémoires est intéressante ;
celle qui embrasse la description du pays , la nature de ses
productions, la religion, les moeurs, les usages de tes
Labilans, est un peu superficielle.
Histoire de la Louisianp , contenant la décou-
verte de ce vaste pays, sa description géographique ;
un Voyage dans les terres ; l'histoire naturelle , les
mœurs , coutumes et religion des naturels , avec
leur origine ; deux Voyages dans le nord du Kou-
veau-Mexique , dont un jusqu'à la mer du Sud 5 par
128 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
M. Lepage du PraLs (ornée de deux cartes et do
quarante planches en laille-douce). Paris, De Bure,
1758, 5 vol. in-i2.
C'est dans celle relation , l'ouvrage d'un homme qui
avoil résidé quinze ans dans la Louisiane, qu'on peut se
procurer les notions les plus dét allées et les plus complètes
sur cette inléressante contrée : je n'en extrairai ici que
quelques articles les plus remarquables.
Relativement à la géologie du pays, l'auteur observe
que toules les terres de la Easse-riOuisiane, sont des terres
rapportées, dont le volume s'augmente annuellement par
les dépôts de limon que laisse le fleuve du Mississipi ,
chaque fois qu'il déborde. Il en résulte un phénomène
fort extraordinaire; c'est que ces eaux débordées ne ren-
trent jamais dans le fleuve, parce que pour y rentrer,
elles trouvent un, obstacle insurmontable dans la nou^-
velle élévation de ses bords, qu'occasionnent les dépôts
limoneux. En s'étendant beaucoup sur ce phénomène,
l'auteur ne rious apprend point ce que deviennent ces
eaux. Comme il ne dit pas qu'elles forment des marais
et qu'elles s'opposent à la culture des terres où elles sé-
journent, il y a lieu de croire qu'elles s'évaporent promp-
tement ; mais ne produisent-elles aucune vapeur méphi-
tique? C'est ce que son silence et celui des autres voiyageurs
ne permettent pas de présumer.
Sur la minéralogie de la Louisiane, on doit à Lepage
du Frais plusieurs découvertes : celle de deux mines de
cuivre promelloit une grande abondance de ce métal ,
puisque le minerai se décéloit sur la surface de la terj-e :
il en étoitde même d'une mine de plomb qu'il découvrit
dans un lerrein boisé. Le même canton lui offrit , sur une
monticule aride et pelée , des indices d'une raine d'or :
il laisse ignorer si l'on donna de la suite à cette décou-
verte : celle qu'il fit d'une grande carrière de gypse ou de
plâtre étoit réellement plus utile au pays. Cette considé-
ration peut-être ne lui fit pas attacher une grande impôt-
AMÉRIQUE. VOVaG. DANS LArrlER. SEPT, 1 3g
tance à une mine de crisuil de roche; il indique iic'in-
moiMS la lalilude où elle se Iromoil. La Louisiane renferme
beaucoup d'aufres mines (|iie celles qui fiirent décou-
verle.-^ par Lepage du Frais: il s'y en trouve plusieurs
d'argent, de plomb et de fVi".
Ceux qui préfèrent les producli:)iis gnuiinées de la
terre et les autres végétaux qui y croissent naturellement,
aux métaux précieux qu'elle récèle dans son sein , liront
avec intérêt les délails où entre l'an leur sur les grains de
toute espèce que donne le soi ferlile de la Louisiane, et
sur les arbrt-s précieux ou uliles qui y croissent.
Journal d'un voyage fait à la Louisiane en.
1720, par M. de**'*", capitaine des vaisseaux du
Roi. Paris, Clousier, 1768, in- 12.
Ce Voyage , en forme de lettres, n'apprend presque
rien sur la Louisiane : on n'y liouve guèie que des obser-
vations assez communes sur les pays que le voyageur a.
visités dans l'allée et le retour.
IVouvEAUX Voyages aux Indes occidentales,
contenant une relation des dififcrens peuples qui
habitent les envii^ons du grand fleuve Saint-Louis ,
appelé vulgairement Mississipi , leur religion , leur
gouvernement , leurs mœurs , leurs guerres et leur
commerce , enrichis de plusieurs figures dessine'es
par Saint-Aubin , par M. Bossu , capitaine dans les
troupes de la marine; 2^ édition. Paris, Le Jay,
1768, 2 parties formant i vol. in-12.
Les mêmes, traduits en anglais saus le titre différent
que voici :
Voyage à travers la partie du nord de l'Amé-
rique appelée autrefois la Louisiane , traduit du
français en anglais par M. J. B. Forster , avec le
catalogue des piaulas d'Amérique, tiré du Vovag«
YI. I
l50 BILLIOTHEQUS DES T0YAGES.
de P. Lœffling , dans son voyage d'Amérique : (en
anglais) Travels through that parts of Noith-Ame^
rien formallj called Loidsiana , translated and illus-
irated %vith notes by J, B. Forster , praeter catalo-
gum plantarum uimericanarum excerptarum ex iti-
nereP. Loejflingii. Londres, Durier, i'7'7i,2vol.
in-8«.
Avant de se livrer au récit de ses vo3'ages au pays des
Illinois, pour leqnel éloit sa destination, Bossu fait une
description rapide de la Nouvelle-Orléans, capitale de la
Loiiisidne : il en parle comme d'un séjour enchanté pour
la salnljrité de sa température, la fécondité de son terroir,
la beauté de sa position sur les bords du Mississipi , qui
arrose plus de liuit cents lieues de pays connus. Ce sont
des nègres importés de nos colonies qui sont employés
au défrichement et à la culture des terres, où croissent
en abondance le maïs, le riz, l'indigo-, le tabac, où la
canne à sucre réussit même très-bien.
De cette description, il passe au récit delà catastrophe
qui fit périr plus de deux mille Français dans le pays des
Natchès : ce peuple nombreux et puissant, le plus voisin
d'e la Nouvelle-Orléans, adorateur paisible du soleil dont
son chef porloit le nom, et auquel il rendoil un culte, en
conservant dans ses temples le feu sacré , vivoit en bonne
intelligence avec les Français. Les déprédations , les in-
justices de l'officier qui commandoit dans le pays , ame-
nèrent le funeste événement que j'annonce ici. Les Naf-
chès s'éloient concertés avec les peuplades voisines, pour
égorgej" le même jour tous les Français qui s'y trouvoient
répandus. La mère du chef, se croyant fille d'un Fran-
çais, el s'inléressant à leur soit, usa d'un stratagème pnr
lequel le massacre fut borné à ceux de la nation qui habi-
toient le poys des Nalchès (i). La vengeance éclatante
(i) Pour envelopper twuti le» FranvaJ* i-Ia-foi* dans le ma*-
A^ÎERIQUE. VOYAC. DANS L'A>iÉr. SKPT. l5l
(^ii'on lira de ce complot des Nalcnès , dispersa ce peuple ,
e[ fil du pays qu'il habitoit une vas!e soliludc.
Dans un premier voyage au pa3's des Illinois, dislaul de
cinq cenls lieues de la Nouvelle-Orléans, Bossu visila plu-*
sieurs iiaiions : celle des Akansas occupe un des j)Uis
beaux" pays du monde; les (erres y sont si fertiles , qu'elles
produisent presque sans culture du froment d'Eurojie ,
toutes sortes de légumes et d'excellens fruits inconnus ea
France : le gibier de tonte espèce y abonde. Ce peuple
étoit fort attaché aux Français : il i-efusa de prendre part
au complot des Natcliès , et il étoit toujours en guerre avec
les Tchicaclias , qui donnèrent retraite aux Natcliès Les
mœurs des Akansas , et sur-tout leur croyance , diffèrent
peu de celles des autres peuples de la Louisiane, si l'on
en excepte les Natcliès : ils honorent un Etre suprême
sous le nom du Grand-Esprit ou du maître de la vie. Oiiez
ce peuj)le, la danse entre dans toutes les affaires : les Fran-
çais sont parvenus à en abolir une qui étoit proprement
la danse de l'impudicifé : elle avoit lieu la nuit , et l'on
juroil de ne jamais révéler ce qui s'y passoit.
La contrée qu'habitent les Illinois est d'une vaste éten-
due, et l'une des plus belles du monde: elle fournit de
farine tout le bas de la colonie. Indépendamment dw ces
exportations, son commerce consiste en pelleteries, plomb
et sel : la chair des chevreuils y fournit d'excellens jani-
sacre projeté , celui des Natcliès qui dirigeoit la consjiirafiou avoit
imaginé de faireporler riiez chaque nation , un paquet de buclieltes
en nombre égal, avec in/onrlion, à partir d'une époque déter-
minée, d'en brûler une rliaque jour: lorsqu'il n'en seroil plus
resté qu'une, ce serait le signal d'un carnage simullaué. La mèie
du chef pétiélra cet odieux mystère, et s'inlroduisanl dans le
lemple des Nafrhès, où éloit déposé le paquet de bûchettes, elle
réussilà en soustraire une. L'exécution du complot fut donc avancée
d'un jour chez Jcs Natcliès ; et les autres nations se croyant trahies
par ce peuple, épargnèrent les Français établis cheztlies, elles
aidèrent mcmc à châtier les Natcliès,
132 BIELIOTIIEQUE DES VOYAGES.
])ons , et les fruits y sont aussi bons qu'en France. Les
Illinois ont les mêmes moeurs que les autres peuples de la
Louisiane ; ils n'en diffèi'ent que par leur langage : la
polygamie y est en usage ; et le divorce y est fort rare ,
quoique les mariages s'y contractent d'une manière peu
solemnelle. Les femmes y sont très -laborieuses ; c'est le
|d1us ou moins de disposition au travail qui fixe sur elles
le chois des jeunes Illinois. De fréquentes guerres avec
ses voisins ont considérablement diminué le nombre de
ce peuple, qui autrefois étoit la nation la plus populeuse
de la Louisiane.
On voit, avec surprise, le voyageur quitter le pays des
Illinois pour revenir à la Nouvelle-Orléans, en repartir
pour retourner chez ce peuple qu'il quitte une seconde
fois pour repasser, par la Nouvelle- Orléans , en Europe.
Ces quatre voyages emportoient un trajet de plus de deux
mille lieues-, mais l'étonnement diminue, lorsqu'on l'éflé-
chit qu'en descendant à la Nouvelle-Orléans, le voyageur
s'acheminoit avec une extrême rapidité par le fleuve du
Missisbipi.
Dans un second voyage que fît Bossu à la Louisiane, il
eut occasion de visiter plusieurs nations qu'il n'avoit pas
encore été à portée de connoîlre , et qui toutes ensemble
pouvoient former quatre mille guerriers. Il décrit leurs
moeurs, leurs coutumes, et sur-tout celles des Alliba-
niousjla principale de ces nations. Les habitudes de ces
divers peuples et leurs opinions religieuses ont une grande
afiBnité entre elles^et ne diflerentquepar de légères nuances.
Etat présent des établissemens européens sur
le Mississipi , avec uue description géographique
de cette rivière, orné de gravures, par Philippe
Pitsman : ( en anglais ) Présent state of the euro-
pean settlevients on the Mississipi^ with a geogra-
phical description of the river, with plans , by Ph.
Pitsman. Londres, 1770, m-4*^.
AMÉRIQUE. •VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. l55
Etat présent de la Louisiane, par Champignj .
La Haye, 1776, iu-8°.
IVouvEAux Voyages dans l'Amérique scpion-
trionale , contenant une collection de lettres écrites
sur les lieux par l'auteur à son ami M. Douin , che-
valier , capitaine dans les troupes du Roi , ci-
devant son camarade dans le Nouveau-Monde , par
M; Bossu, chevalier , etc. ancien capitaine dans le
régiment de la Marine. Amsterdam, 1777, avec
gravures en taille-douce , in-8°.
Ces nouveaux Voyages, qui n'ont pas été réimprimés comme
les premiers , sont assez rares en France.
Eossu n'entreprit ce troisième voyage à la Louisiane,
cédée depuis quelques années à l'Espagne , que pour en
retirer les eflefs qu'il y avoit laissés en des naains étran-
gères.
A la tête de sa relation , est un récit touchant de la fin
tragique de six officiers français, qu'Orelly, nommé par
la cour d'Espagne commandant général de la liOuisiane,
(il impitoyablement fusiller, pour les punir , soit du regret
qu'ils avoient montré d'être tombés sous la domination
espagnole , soildes démarches qu'eux el plus de cinq cents
notables avoient faites auprès du gouveinemeiil français,
pour obtenir le renvoi de Don Ulloa, qui primitivement
avoit été nommé par le roi d'Espagne gouveineur général
de la Louisiane.
Dans le cours de son voyage de la Nouvelle-Orléans atX
pays des AkansaSj les provisions de J^oshu lui fiuenl enle-
vées par un caïman , c'est le crocodile de l'Amérique.
A cette occasion , il rapporte un phénomène qu'ojVre
quelquefois cet amphibie. Le 27 septembre i 762 ,, dit-il,
M. de Livoi étant à considérer, de son habitation , la
marée perdante, apperçut à la surface de l'eau quelque»
rameaux verts qui, au lieu de descendre, rtmontoient
l34 BIET. lOTnÈQUE DES VOYAGES,
au plus forl du courant. Sur ce cjue son né^re lui tlil que
c'éloit un coïman qui porloit sur son dos des branches
verles , il s'embarqua sur une pirogue pour s'en assurer.
A son approche , le caïman , dont il apperçul distincle-
nient la lêle et la queue, plongea dans le fleuve, et avec
l'animal , aussi gros que la pirogue , mais plus long , plon-
gèrent aussi les rameaux. Pour expliquer ce phénomène.
Bossu observe que les lacs et les fleuves de la Louisiane
nourrissent des caïmans si gros et m vieux, qu'ils ont dé
la mousse sur la tèle el sur le dos. Comme on leur fait sans
cesse la guerre dans la belle saison , ils sont tout criblés de
halles de fusil, qui, sans leur donner la mort , font des
irons dan.sleur peau épaisse. Ces amphibies passent plu-
sieurs mois de l'hiver immobiles el engourdis dans la
fange vaseuse : c'est à celle époque qu'il tombe dans les
cavités formées par les balles de fusil, des graines de saules ,
d'ormes ou d'autres arbres dont les rivières de la Loui-
siane soïit bordées : ces graines prennent racine dans la
mousse qui coa\ re le corps de l'animal , s'implantent entre
cuir et chair, et, favorisées par l'humidité, forment les
rameaux que les caïmans promènent avec eux lorsqu'ils
reprennent, au printemps, la chaleur et le mouvement.
Eu poursuivant sa roule, Bossu faillit être la victime
d'un stratagème qu'emploient les Chikas^as, lorsqu'ils veu-
lent .'iur]>rendre leurs ennemis. Pour l'attirer lui et aa
troupe dans la forêt , où ils s'étoient mis en embuscade
dans le dessein de leur enlever la chevelure ou de les faire
iirisonniers , quelques-uns d'cn're les Chikassas/connois—
sant l'ardeur des Finançais pour la chasse , s'étoient revêtus
de peaux de boeufs, de vaches el de veaux sauvages, de
peaux d'ours, de chevreuils, de daims et de cerfs, et cou-
roienl dans la plaine à la manière de ces animaux. Les
Sauvages qui servoienl de guides à Bossu lui découvrirent
le piège ; et l'on s'éloigna du rivage à force de rames.
Les alarmes qu'avoient données les Chikassas à Bossu,
furent bien calmées par l'accueil que Ifli firent les Akansas.
Il remarqua que ce peuple doux et hospitalier se nour-
AMERIQUE. VOTAO. DANS L'AMER,
rissoil en grande partie d'une espèce de Toile-avoine, qui,
stKts la forme de cièpes ou de bouillie , est lui aliment
également bon et rafraîchis.sant. Ce grain réussit sans cni-
(ure dans les murais et dans les lacs, el s'élève en loiHle.s
au-dessus de leau. Pour acclimater ce grain en France,
le vo^'ageur propose d'en semer la graine dans les marais,
qui ne jjroduisent que de mauvais joncs, el qu'on utili-
se roi l de la sorte si avanlagcusement. Le succès lui en
parut d'autant plus assuré, qu'il prétend que notre climat
a quelque ressemblance avec celui du pays des Akansas.
Celte nation fait un grand usage des fumigations pour
chasser les rhumatismes, la goutte, la gravelle, et d'aulres
infirmités de ce genre, et Bossu assure que c'est un remède
infaillible, lorsque le mal n'est pas in\étéré. Ce voyageur
nous a donné des notions sur piusiem's autres peuplades
de la Louisiane : une des plus remarquables frajipe sur la
grande attention qu'apportent les Alîakapas au choix des
chefs de le urjs différentes tribus , toujours pris parmi les
plus expérimentés vieillards. Ces chefs étoient subor-
donnés enx-mémes à une femme qui , sous le nom de
régente , jusiifioit celte glorieuse prérogative par sa sagesse
el bOn couiage, qui lui avoienl fait donner le nom de
Femme de valeur.
L'Itinéraire des Français dans la Louisiane ,
contenant l'histoire de celte colonie française , sa
description , le tableau des mœurs des peuples qui
riiabitent , etc.... par Dubroca. Paris, Dubroca ,
1802 , in-i2.
Voyage à la Louisiane cl sur le continent de
l'Amérique septentrionale , fait dans les années
1-794 ^' ^7!)^> contenant un tableau historique de
la Louisiane , des observations sur son climat , ses
riches [)roductions , le caractère et le nom des Sau-
vages, des remarques importantes sur la navigation ,
l56 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
des principes d'admimslralion , de lé^^islalioQ el de
gouvernement , propres à cette colonie , elc par
B*'*"'*' D*'*'* [Baudtj de Lozieres) , orné d'une carte
de la Louisiane et des pays voisins , d'après les rela-
tions les plusrécemes. Paris, Dentu , an x — 1802 ,
in-8".
L'auteur rie ce nouveau voy;ige a resserré dans un cadre
assez étroit jes notions qu'on nous avoil données sur la
Louisiane dans des relations plus étendues ; il eu a rajeuni
fjueiques-nnes , il en a nièrae donné de nouvelles. Cette
observation s'upjjlique particulièrement au tableau liislo-
rique qu'il trace des guerres soutenues par les Français
contre les Anglais et les Sauvages , à la description qu'il
fait du pays, aux détails inléressans où il entre sur la
jialure de son sol , le genre de ses productions, les dilfé—
lentes brandies de commerce et d'industrie qui déjà
faisoienl fleurir à un certain point celte colonie sous une
douiinalion étrangère.
Le principal objet de sa relation , est d'indiquer les
moyens de viA'ifier la colonie de la Louisiane. Un des
principaux , est d'entretenir la bonne intelligence avec
les nombreuses nations répandues dans la Louisiane et
dans les contrées adjacentes: c'est à cet effet qu'il donne
une liste de ces nations, dont il porte le nombre à cent
quarante-cinq , en déclarant même que cette liste est Irès-
inconij^Ièle. Il entre dans quelques détails concernant
celles de ces uafions qui bonI dispersées sur les bords du
Mississipi et sur d'aulres rivières dont est arrosé le conti-
nent de la Louisiane. On lui doit aussi des vocabulaires
«3e deux des principales langues de ces nations sauvages :
ils sont bien précieux poui- ceux que l'attrait d'une tem-
pérature égaleirenl saine el agréable, et l'extraordinaire
fertilité du sol, doivent exciter à former dans la Louisiane
de nouveaux étabiissemens. L'auteur d'ailleurs leur in-
dique des moyens aussi sûrs que faciles de le faire avec
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 1^7
succès; et par cela même, il ouvre une source toujours
croissante de prospérité pour la colonie. Outre des vues
sur l'agriculture, l'industrie et le commerce, la relation
renferme quelques noiions sur plusieurs points de l his-
toire naturelle du pays, et principalement sur la bola-
iiique.
Mémoire ou Conp-d'œll rapide sur mes voyages
dans la Louisiane , et mon séjour dans la nation
Crek , parle géne'ral Melfort , ïestanogy ou grand
chef de la nation Crek, et général de brigade. Paris,
Giguet et Michaud, an x — 1802 , in-8°.
Aucune relation n'a donné des renseignemens aussi
inslruclifs que le sont ces Mémoires sur la nation Crek ,
l'une des peuplades les plus considérables de la Loui-
siane , et dont le voyageur relève la bonne-foi, la fran-
cjiise , et toutes les vertus morales que comporte la con-
dition des nations sauvages.
Vues de la colonie espagnole du Mississipi , ou
des provinces de la Louisiane et de la Floinde occi-
dentale , en l'année t 802 , par un observateur rési-
dant sur les lieux , accompagnées de deux cartes
dressées avec soin et artistement enluminées ; pu-
bliées par N**'*' Du Vallon. Paris , Surouc, i8o3 ,
in-8°.
Sur les nombreuses relations que nous avons de la Loui-
siane , ces observations ont l'avantage d'ofifrir le dernier
état d'un pays si vaste et des contrées qui l'avoisinent.
L'auteur, lidèle à son titre, s'y est particulièrement atta-
ché à décrire tous les établissemens qui se trouvent sur les
bords du Mississipi. Il indique , dans un grand détail , les
dillérentes cultui'es , trace un rapiile tableau du com-
merce du pays et de ses résultats, el fait succéder à des
recherches sur la population des parties inférieures et
l38 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
supérieures de la colonie, plusieurs observations sur !•
gouvernement, la police, les cultes, l'ordre judiciaire,
les moeurs, les usages, et les différentes classes entre les-
quelles se partagent les habilans.
Skcond Voyage à la Louisiane , faisant suite au
premier de l'auteur, de 1794 à 1798, contenant la
Yie niilitaire du général Grondel , doyen des armées
de France, qui commanda long-temps à la Loui-
siane , et fut honoré de cent dix ans de service ; un
détail sur les productions les plus avantageuses , le^
plus extraordinaires de cette belle colonie , et sur
ses quartiers les plus fertiles et les plus lucratifs ;
de nouvelles réflexions sur les colonies en général ,
et le régime nécessaire aux personnes des colonies
pendant la première année de leur aj:rivée ; par
Baudrj des Lozieres. Paris, Charles, an xi — i8o5,
2 vol. in- 8°.
A la notice biographique qu'annonce le titre , et qui
offre une prolongation de services njililaires sans exemple,
succèdent des observations très-délaillées sur tous les objets
indiqués aussi dans le titre. Quoiqu'on ait beaucoup écrit
sur la Louisiane , elles peuvent être encore d'une grande
utilité par les notions nouvelles qu'on y trouve sur celte
colonie. Le surplus delà relation n'est pas moins intéres-
sant, mais est entièrement étranger à la Louisiane.
MÉMOIRES sur la Louisiane et la Nouvelle-Or-
léans. Paris , Ballard , i8o5, in-i2.
Voyage dans les deux Louisiaues, par M. Periin
du Lac. Paris, Capelle et Ptenaud , i8o5, i vol.
in-8\
Le même, traduit en allemand , avec planches et cartes,
par M. Millier, sous le litre suivant :
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. lOQ
Reisen^ in die heiden Louis i aiieri , etc.... I^eip-
sic , Hiurichs, 1806; 2 vol. in-S^.
L'auteur a consacré plus d'un tiers de sa relation à des
ohjels absolument étrangers à ce que son titre annonce,
tels que la peinture des moeurs des liabilan» de Philadel-
phie , des obsejvalions sur Jersey , Baltimore , Georges-
Town , sur les diverses huttes qui y sont répandues , enfin
des di.sserlations «nr le commerce et la fièvre jaune. Cette
partie de son Voyage n'(|rfîVe rien de neuf, que de nou-
veaux détails sur quelques Européens répandus sur les
derrières de la Virginie, que leur vie vagabonde dans les
épaisses forêts de ces contrées, où ils ne s'occupent que de
la chasse , a presque lendus sauvages.
Lorsqu'il arrive à la Louisiane , son Voyage devient
d'un plus grand intérêt. Ce n'est point par la description
géographique qu'il fait des deux Louisianes ; il ne nous
apprend presque rien à cet égard , et tout son méi ite est
celui de l'exactitude : mais il nous procure des notion.s
nouvelles sur les moeurs et les usages d'un grand nombre
de peuplades de la Louisiane. On est étonné d'y trouver
quelque conformité avec ceux de plusieurs grandes nations
asiatiques.
L'affreuse coutume de boire dans le crâne de leurs enne-
mis, celle qu'on doit regarder comme plus barbare en-
core, d'obliger leurs vieillards de se poignarder ou de se
pendre, leur sont commîmes avec beaucoup de Sauvages
de l'Amérique septentrionale : mais il en est une qui paroît
être propre à certaines tribus de la Louisiane , c'est de
conserver chez eux des individus qui sont habituellement
habillés en femmes, et qui ^.ainsi travestis, mènent la vie
la plus infâme.
Si les indigènes de la Louisiane sont véritablement
odieux sous ces différens rapports, on s'en forme une idée
plus favorable sous celui de leur prodigieuse sagacité. Elle
se manifeste particulièrement dans le procédé qu'ils em-
ploient pour se diriger avec sûreté dans les longues excur-
^4^ BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
sïons où les entiaîiient la chasse et la pêche. Aucune
nalion des autres parties de l'Amérique ne peut leur être
. comparée à cet égard. Ils ont imaginé en effet des espèces
de caries géograpliiques. Ce sont des peaux sur lesquelles
ils dessinent avec une précision merveilleuse les pays qu'ils
ont parcourus, les rivières qu'ils ont traversées. Ceci ne
peut être qiie l'ouvrage d'une intelligence extraordinaire
chez des hommes qui n'ont eu d'autre instituteur que la
nature. Mais c'est uniquement à des sens perfectionnés
par un long exercice qu'ils doivent le rare avantage de se
dnjger avec une entière sécurité à travers d'immenses
savannes, d'épaisses forêts , sans avoir recours à l'inspec-
tion des astres, et sans avoir le secours de la boussole.
La relation renferme beaucoup d'autres détails qui
• décèlent un observateur attentif et éclairé. On auroit dé-
siré que le mérite du style répondit un peu plus à celui
des observations.
§. VIII. Descriptions de la Californie. Koy âges faits
dans cette contrée.
Voyage de François de Ulloa dans la Californie :
(en anglais) Francisci de Ulloa s Voyage to Cali-
fornia , 16 3^. (Inséré dans la Collection de Ha-
kluit. )
Voyage de Ferdinand Alarcon dans la Califor-
nie : (en anglais) Ferdinandi Alarcon s Voyage to
California, i54o. (Ibid.)
Extrait louchant les découvertes des îles de
la Californie : (eu anglais) Extrait touching the
discoveiy from the islands of California , lÔqy.
(Ibid.)
Histoire des voyages par mer et par terre au
nord de la Californie ; (en espagnol) Diario Hislo-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. SEPT. l4l
rial de tos pliages de mar y terra hecîios ad norte da
la California. Madrid , in-4'*«
Cet ouvrage est fort rare : je n'ai pas pu en découvrir
la date.
Mémoires sur la Californie , parles Jésuites (en
espagnol). Madrid, 17^7, 5 vol. in-4*'.
Histoire de la province de Cinaola (sur les côtes
de la Californie) , par D. Pcrch de Roxos : (en espa-
gnol) Historia délia provincia de Cinaola, etc....
Madrid , in-4°.
Notice de la Californie et de sa conquête spiri-
tuelle et temporelle, jusqu'au temps actuel, rédigée
par André-Marc Burriel , sur l'histoire manuscrite
composée au Mexique en l'année lySg, par le
P. Michel Venegas , et sur d'autres notices; aux-
quelles on a ajouté quelques cartes particulières
et une carte générale de l'Amérique septentrionale
et orientale : (en espagnol) And. Marc. Burriel
Noticia de la California j de su conquisia temporal y
spiritual , hasta el tempo présente , facada de la his-
toria m anus Cîita formata en Mexico anno iy3Q,por
{el Padro Miguel Venegas), y de otras noticias accei-
dida de alcunas mapas particulares y una gênerai
de la America septentrionale j orientale. Madrid ,
1768, 3 vol.in-4°.
La même, traduite en anglais sous le titre suivant :
Histoire naturelle et civile de la Californie , par
le P. Venegas jixvec des cartes : (en anglais) Miguel
Venegas a natural and civil History of California.
IjOndres, 17^9, 2 vol. in-iS*^.
î42 eiblîothÈquk des VOVAGES.
— La même, traduite eu hollandais. Harlem,
1761, 5 vol. in-S**.
La même , traduite en français sous le titre suivant :
Histoire naturelle et civile de la Californie, con-
tenant une description exacte de ce pays , de son
sol , de ses njontagnes , lacs , rivières et mers , de
ses animaux , végétaux , minéraux , et de sa fameuse
pêcherie de perles ; les moeurs de ses habitans ,
leur religion , leur gouvernement , et leur façon de
vivre avant leur conversion au christianisme ; un
détail des difïérens voyages qu'on a faits pour y
parvenir , et reconnoître son golfe et la côte de la
mer du Sud , enrichie de la carte du pays et des
mers adjacentes : traduite de l'anglais par M. ***
(Eidous). Paris, Durand, 1767, 5 vol. in-12.
— La même , traduite en allemand par Chris-
tophe Adelung. Lemgo. 1769-1770, 3 part. in-4°.
C'est sur la traductiou anglaise qu'a été faite la traduc-
tion française.
Avant la publication de l'ouvrage de Venegas , on
n'avoit que des lumières très-imparfaites sur la Californie.
Cette vaste péninsule avoit été reconnue par l'un des capi-
taines de Fernand Cortez, d'après les insirffctions de cet
homme célèbre , qui lui-même y vint en 1 556 , apiès avoir
débai'qué dans le golfe qu'on a depuis appelé la mer Ver-
meille. Le capitaine Sébastien Visemino avoit visité ca
pays en i6o2, et sa relation contient un détail curieux et
circonstancié de la côte occidentale de la Californie,"Wood
Rogers et l'amiral Anson en parcoururent les côtes à des
époques beaucoup plus récentes ; mais leurs relations pro-
curent peu d'instruction. La connoissance de celte con-
trée éloit renfermée dans les mémoires des missionnaires
jésuites, auxquels le gouvernement espagnol avoit en quel-
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. IZp
que sorle abandonné l'adminislralion de ce paj?. C'tst
dans ces sonrces que Ijurriel a puisé pour composer sou
ouvrage, où tout ce qu'annonce le titre de la traduction
française est traité avec beaucoup de soin , et une critique
plus judicieuse qu'on ne s'y seroit attendu , d'a])rès les
documens sur lesquels il a travaillé. Quelquefois néan-
moins , il a hasardé des assertions dont la fausseté a été
relevée dans l'ouvrage suivant : on peut aussi lui repro-
cher de s'être tiop étendu sur les travaux des mission-
naires.
Dissertation sur la véritable situation etTéiat
politique de la Californie , par Jose})h -Adolphe
Hartmann : (eu latin) Jos. Adolph. Hartmann Dis-
sertatio devero Californiae situ et conditione. lySc),
in-S".
Notices de la péninsule américaine de la Cali-
fornie , avec un index d'assertions fausses , par
Begert: (en allemand) JYachrichten voti der Jtmerika-
nischen Halbinsel Californien , mit einem zweifachen
Anhang falsclier Nachrichten ^ von Begert. Manheim,
1772.
Voyage en Californie , pour l'observation du
passage de Vénus sur le disque du soleil, le y juin
1769, contenant la description des phénomènes,
avec un plan de la ville de Mexico, par l'abbé Chappe
d' Auteroche , et la narration historique de la mort
de Tauteur; revu et publié par M. Cassini. Paris ,
Jombert , 1778 , in-4*'.
Ce Voyage a été traduit en anglais sous le litre suivant :
Voyage en Californie, par d'Auterochc : ( en
anglais) D'Auterochc' s Journey in California. Lon-
dres, 1780, in-8''.
44 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Avant l'idléresscint voyage que MM. Humhold et Bott-^
pland ont fail . pendant le cours de six années , dans les
colonies espagnoles, nous n'avions rien de plus récent et
de plus authentique sur la ville de Mexico , capitale du
Mexique , que ce que nous en a transmis Chappe d'Aule-
roche dans son Voyage en Californie. On y voit que celte
ville est bâtie sur les bords d'un lac , que de nombreux
canaux la traversent , et que les maisons et autres édifices
sont construits sur pilotis. Il paroit que les eaux du lac
ont diminué de manière à laisser à l'ouest un accès par
des terres marécageuses. La plus grande partie de l'em-
placement de la ville ayant été conquise en quelque sorte
sur les eaux , le sol est resté mouvant dans plusieurs en-
droits; et quelques bàtimens , tels que celui de la cathé-
drale , se sont enfoncés de six pieds. Le peu de solidité des
fondemens a empêché de terminer la partie extérieure de
celle église. On conçoit que dans le pays des mines, les
richesses ont dû être prodiguées dans les églises. Toutes ,
et jusqu'aux chapelles même , sont chai^gées d'ornemeus
en métaux précieux. La balustrade qui entoure le maître-
autel de la cathédrale est d'argent massif: on a poussé la
prodigalité de ce métal jusqu'à en fabriquer une lampe si
vaste , que trois hommes y entrent pour la nettoyer. On l'a
enrichie en outre de têtes de lions et d'autres ornemens
qui sont d'or pur. Quant aux statues de la Vierge et des
saints, elles sont toutes d'argent massif, ou recouvertes
d'or et ornées de pierres précieuses. Le palais du vice-roi ,
construit par les ordres de Cortez dans l'emplacement
même où étoit celui de Monfezuma, est situé sur une
place qui occupe le centre de la ville, dans le voisinage
de la cathédrale. En le bâtissant, on s'est plus occupé d'y
donner de la solidité qu'on n'a cherché l'élégance. Le
principal édifice après ce palais, est l'hôtel des monnoies ,
où l'on emploie plus de cent ouvriei^s , parce que les pro-
priétaires des mines y échangent leurs lingots d'argent
pour des pièces frappées. Les maisons particulières sont
^construites dans le même goût que celles d'Espagne.
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMKR. SEPT. I /j 5
La iialiue du sol esigeroit une police alten'ive el loiilos
les recherches de la propreté hollandaise. Comme ni l'une
ni l'aulre n'existe à Mexico, les rues, quoique droites et
larges, sont extrêmement sales. Celle ville el ses environs
n'ont qu'une seule promenade , qu'on appelle V ^ la?ne da .-
elle est formée de huit allées d'ai-bres figurant une étoile ,
autour desquelles circule un ruisseau qui forme dans le
centre un bassin avec un jet -d'eau. Le sol n'étant pas
favorable à la végétation, les arbres sont peu rigoureux.
En face de celte promenade , est le Quemadaro .• on
nomme ainsi la place où se font les exéculions sanglantes
de l'inquisition. Suivant la relation d'Auteroche, il y a
dans cette place, enclose de murs , des trous où Ton pré-
cipite les malheureuses victimes qui ont été condamnées
au feu.
Le pbis grand luxe règne à Mexico. Les Mexicains de
race espagnole sont communément velus de soie : ils por-
tent à leurs chapeaux des tresses d'or et des roses de dia-
mant. Il n'est pas rare de voir les esclaves même parés de
colliers et de bracelets d'or , d'argent et de perles ou de
pierres précieuses. L'élégance de la parure chez les femmes,
rehausse encore leur beauté , qui est i-emarquable. Pour
fournir à ce luxe , des boutiques resplendissantes d'or ,
d'argent, de bijoux , sont très-multipliées à Mexico. D'Au-
teroche ne dit rien de la multiplicilé , de la magnificence
des voitures. Ce genre de luxe n'a pas dégénéré sans doute
depuis Gage, qui assure que de son temps, c'est— à-dire
en i64o,on comptoit à Mexico quinze mille carrosses,
dont plusieurs étoient enrichis d'or et de pierreries , et qui
ajoute que telle étoit l'opulence des habilans de cette ville,
qu'à vue d'oeil, la moitié des familles avoit équipage.
Oii trouve à la fin du Voyage d'Auteroche, «ne lettre
de Don Alzate , gentilhomme mexicain , adressée à l'aca-
démie royale des sciences de Paris: il y^ parle d'arbres
d'une dimension prodigieuse : il en cite même un qui a
cinquante pieds de circonférence, cela n'est pas yaus
exemple dans d'autres pays ; mais il faut se déRer peut-
VI. K
1.46 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
êire d'un fait qui y est consigné , et qu'il n'avance que
d'après les rapports qui lui ont été faits, c'est que dans les
fouilles d'une mine de la province de Roncra, on a trouvé
des squelettes huniaiiKs pétrifiés , qui ont r-endu beaucoup
d'argent.
Relation du voyage entrepris par les goé-
lettes la Futile et la Mexicaine , en l'année 1792 ,
pour reeonnoître le détroit de Jean de Fuca, avec
une introduction où l'on donne la notice des expé-
ditions exécutées antérieurement par les Espa-
gnols , dans la recherche du pays nord-ouest de
l'Amérique, publiée par ordre du Roi: (en espa-
gnol) Relacion del viage hecho por las goletas Fulil
r Mexicana , en el afio i/^2 , para reconocer el
estrecho de Juan de Fuca , con wia introduccion en
que se dci noticia de las e.xpediciones executadas
anteriormente por los Espaâoles en busca del paso
del nor-oeste de la America j de ordeu del Rej.
Madrid, de l'imprimerie royale^ 1802, in-4''.
Atlas pour le Voyage des goélettes la Futile et
la Mexicaine , pour reconnoître le détroit de Jean
de Fuca , publié en 1 802 : (en espagnol) Atlas para
el Viage de las galetas Futil y Mexicana^ al reco^
nocimieiito del estrecho de Juan de Fuca en 1702 ,
publicado en 1S02. Peut in-fol.
Cet atlas est composé de quatre cartes, do cinq plans ,
de deux vues , de trois portraits et de trois planclies.
Dans les trois premières cartes , sont figurées les côtes
de la Californie; el dans la quatrième, les découverte»
faites eu 1602, par le capitaine Sébastien Viscayno.
Les plans sont ceux , 1°. du jiort de San-JJiego ; a°. du
port el de la baie de Monterez ; 3". de la calle des Amigos
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMrU. SEPT. 1 q.'J
clans la baie de Nufka ; 4"". du poit de Mulgiave ; 5°. du
port de Dezengano,
Des deux vues, Fune représenle une fête donnée à
Nutka , par le chef Macuina , pour célébrer les indices de
l'époque où il enlroit dans l'âge de puberté. L'autre ofl're
l'intérieur de la calle des Amigos , et rétablissement des
Espagnols dans la baie de Nutka.
Des trois planches, la première figure le tabernacle ou
l'oraloire du chef de Nutka ; la seconde, une planche de
bois chargée d'hiéroglyphes, qui a été trouvée dans le
canal de la Table; la troisième, est une copie fidelle des
dessins qui se trouvent dant; le Voyage original de Her-
nand de Grisalua , avec quelques particularités dont il est
parlé dans l'extrait qui accompagne cet ouvrage.
Les trois portraits , sont ceux de Macuitia , chef de
Nutka; de Tetacus , chef de l'entrée de Jean de Fuca ;
et de la femme de Tetacus , que les Espagnols connoii-
fioient sous le nom de Marie.
Ces cartes, ces pians, ces vues, ces poitrails, jellent
beaucoup de lumière sur les objets dont il est traité dans
la relation ,qui renferme plusieurs renseignemens curieux
sur la Californie : on y voit que l'intérieur de cette pénin-
sule est habité par deux nations différentes, \t% Runslères
et les Eslènes^ qui n'ont rien de commun , ni dans le lan-
gage , ni dans quelques-unes de leurs habiludes. L'homi-
cide est puni de mort chez les Eslèues , tandis que chez
les Runsières, ce crime n'est envisagé qu'avec une froide
indifférence : ils ont cela de commun , qu'ils se nourrissent
des fruits spontanés de la terre , et par conséquent ne con-
noissent aucune espèce de propriété. La polygamie est
prohibée aussi chez les deux peuples. Ils se rapprochent
encore sous plusieurs autres rapports : leur indolence , jjar
exemple, est extrême, et par suite , c'est à leurs femmes
qu'ils imposent tout le poids du travail. La relation les
dépeint comme très-inso!ens lorsqu'ils sont les plus forts
timides et lâches à l'excès, lorsqu'ils éprouvent quelque
résistance. Ceux que les missionnaires sont parvcuus à
I/jS îil BLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
rassembler, travaillent en commun, mais ne iTiontrtnf
que peu. d'inlelligence. Ceux denfre eux auxquels on avort
concédé des lerres pour les cultiver à leur profit particu-
lier , les ont abandonnées. La population des indigènes
répartis dans les onze missions espagnoles qui dépendent
de l'établissement de Monterey , ne s'élevoit pas, en 1791,
au-delà de sept mille trois cents individus. Il n'y a de
colons européens dans la Californie, que les militaires,
auxquels il est défendu d'y former aucun établissemenf.
Ij'auîeur de la relation eslime que cette prohibition est le
plus grand obslacle à la prospérité de la colonie , où , par
la nature du sol , l'agriculture pourroit faire de grands
progrès : ce sol , en efl'et , à l'exception des livages de la
mer, où se trouvent des bancs de sable mobiles, est une
terre noire et grasse d'un ou de deux pieds d'épaisseur , qui
repose sur une argile sablonneuse. On y cultive avec suc-
cès le froment , l'oige , les pois chiches , les fèves , les len-
tilles , etc.
Cette relation renferme encore des détails intéressans
sur les mœurs des Sauvages de la baie de Nulka, située
sur la côte occidentale de l'Amérique, où Cook répara son
escadre, que les Anglais ont fréquentée depuis pour le
commerce des pelleteries, qu'en i 790 , les Espagnols vou-
lurent leur interdire, mais qu'ils ont été obligés ensuite de
leur laisser fréquenter librement.
§. IX. Descriptions du Nouveau-Mexique . Fojages
faits dans ce pays.
Voyage de Roger 7?oJe«/i<2m au Nouveau-Mexi-
que, en i564 : {gh anglais) Rogerii Rodeidiam's
J^oyage inio New-Mexico ^ 16 64. (Inséré dans la
Collection de Hakluit.)
Voyage. d'Augustin Rei an IVouveau-Mexique ,
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. 1 49
tiu i58i : (en anglais) Augustini Reiis f^oyage to
New-3Iejcico , jâ8i. (Ibid.)
Voyage d'Antoine de Espejo dans la Nouvelle-
Galice ou Nouveau-Mexique , en i583 : (en anglais)
Antonii de Espejo' s Kojage in New-dalicia OT New-
Mejcico , 1682. ( Ibid. )
C'est à Espejo qu'est àue la clécouverLe , en i553, de ce
f»iancl continent de l'Amérique septentrionale, fort peu-
plé par diverses nations sauvages, dont le plus grand
nombre ont conservé jusqu'ici leur indépendance, et
où l'on a découvert, dans le cours du siècle dernier,
des mines au moins aussi riches que celles de l'ancien
Mexique.
Histoire du Nouveau-Mexique , par Gaspard
de Villagra : (en espagnol) Gaspar de Fillagra ,
Histor la délia Nuev a-Mexico. Alcala , 1610, in-8*'.
§. X. Descriptions du Mexique. T^oj âges faits dans
cette contrée.
Histoire du Mexique , par figures. (Insére'e en
anglais dans le recueil de Purcliass.)
Cet ouvrage a élé traduit en français par Melchiscdecli
Tlievenot, sous le titre suivant, et se trouve dans sa collec-
tion (partie quatrième).
Histoire du Mexique, par figures explique'es
en langue mexicaine , et depuis en langue espa-
gnole.
A la tête de cette traduction, est celle de l'avis tiré du
Recueil de Purcliass, conçu en ces termes:
(c Ce ne fut pas sans peine que le gouverneur du Mexique
ù lira des mains de ceux du pays celte liisloire, avec une
l5o BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
2> interprétation en langue mexicaine des figures qui la
5) composent. Il fit traduire cette explication de la langue
5) mexicaine en espagnol. Le vaisseau dans lequel on
:» l'avoit mise pour l'envoyer à l'empereur Charles v, fut
» pris par un Français, et elle (i) tomba entre les mains
» d'André Thévet. Hackluit, qui éloit alors aunaônier de
)) l'ambassade d'Angleterre, l'acheta depuis des héritiers
M de Thévet, et fit en sorte qu'un nommé Locke la tra-
» duisit d'espagnol en anglais par l'ordre de Waller Raleigh
» Henri Spelman , si connu des gens de lettres par ses
» savans ouvrages. obligeaPurchass, quelque temps après,
» d'en faire tailler les figures, qui se sont conservées par
■y) ce moyen, et que l'on donne au public. Ce livre, ou
5) plutôt ce recueil de figures , est divisé en trois parties.
5) Les figures de la première contiennent les annales de
>) l'empire du Mexique ; la seconde , ses revenus , ce que
M chacune de ses bourgades payoit de tribut, avec les
V richesses naturelles dont elles jouissoient. L'économie
» des Mexicains , leur discipline en temps de joaix et en
» temps de guerre, leur pratique en matière de religion
5) et de politique, font la troisième partie de cette his-
)) toire y>.
Ces figures qui, dans la Collection de Thevenot, sont
exécutées comme dans le Recueil de Purchass , forment
vingt-trois planches doubles, divisées en .soixante-trois
tableaux , tous numérotés, et où chaque objet est désigné
par des lettres alphabétiques, auxquelles se rapportent
les explicalions qui viennent à la suite des planches. On
conçoit facilement que toute la pat-lie historique qui forme
la première partie, repose sur des traditions où nécessai-
rement il y a de l'incertitude , et même beaucoup de fabu-
fi) Je supplée ici Je prériom relatif el/e , qui Jie se trouve
point clans la traduction de M. Tlievenot . parce qu'il m'a paru
évident que ce ne fut point le vaisseau , mais bien latradiulion de
l'Histoire Mexicaine qui tomba entre les mains d'André Thévef.
I^a suite de l'avis , comme on le verra , ne permet pas d'en doul«r.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS LA?»ÎÏR. SEPT. l5l
lenx ; «nais les notions qui, sur l'élal économique, moral et
])oIilique de l'empire du Mexique^ sont l'objet de la se-
conde et troisième parties , embrassant des temps beau-
coup jîlus récens, ont un degré de certitude que les an-
ciennes traditions historiques ne peuvent pas avoir , et
éloient plus susceptibles aussi d'être rendues sensibles par
des liiéroglyphesque de simples faiis hisloiiques. Ces plan-
clieset leurs explications, données par les Mexicains eux-
. mêmes, sont un des raonumens les plus précieux que
l'on puisse avoir sur une nation. Combien ne desireroit-on
pas que lorsque Cambj'se fil la conquêle de l'Egypte, lui
ou ses lieutenans se fussent procuré par la même voie que
le gouverneur du Mexique , l'explication de tous les mo-
numens hiéroglyphique^qui subsisloicnt alors dans jcelle
contrée î
Voyages et Conquêtes du capitaine FerJiûand
Courtois es Indes occidentales , histoire travduite
de la langue espagnole par Guillaume Le Breton-
Nivernois. Paris, Abel Laugclier, i558, in-S*^.
Dans ce titre j le nom, le prénom de Fernand Cortez
sont , comme on le voit, également travestis.
La naïveté, singulièrement originale du style de cette
traduction , et l'ancienneté de l'ouvrage, peuvent le faire
recliercher par les amateurs.
Voyage de Marc de Ni ça , en iSag, à Caliacan
et à Cevola au Mexique : ( en anglais ) Morco de
Niças Voyage to Caliacan and Cevola in Mexico
JÔ3(). (Inséré dans la Collection de ïTakluit.)
Voyage de François Vasquez Coronado , eu
1 540 , de la Nouvelle -Galice à Cevola, etc.., et
dans l'Océan occidental : (en anglais) Voyage froni
Aueva-Galicia to Cevola, etc.... and the Western^
Océan _, i5-±o . ( Ibid . )
Ce Voyage se trouve aussi dans la CoUeclion de Ramusio,
î52 BIBLIOTHÈQUE Ï5ES VOYAGES.
MÉMORIAL et INotices sacrées et royales de l'em-
plre des Indes (occidentales) , qui contiennent tout
ce qui a rapport aux régimes ecclésiastique , sécu-
lier , politique et militaire , et tirées de la secrétai-
rerie do la Nouvelle Espagne , par Diaz de la Callé :
(en es^ii^noXy Mémorial y Noticias sacras y idéales
del imperio de las Indias occidentales , coinprehende
lo ecclesiastico , secular , politico y mililar , cjue por
la secretaria de la Nueva-Espana se provee,por Joli,
Diaz de la Calle. Madrid , i546, in-4°.
Histoire du Mexique , avec la découverte de la
Nouvelle - Espagne , et la conquête qu'en a faite
Cortez , par François Lopez de Gomara : (en espa-
gnol) Historia de Mexico , con el descubriniieiito de
la Nueva-Espana , conquista por D. Cortez, por
Franc. Lopez de Gomara. Anvers, i554, i^i'^'-
Voyage de Robert Townson dans la Nouvelle-
Espagne , en i555 : (en anglais) Robert Townson s
f'oyage into JSova-Espafia , i553. (Inséré dans la
Collection de Hakluit.)
Voyage de Hawhes à la Nouvelle- Espagne, en
iSya : (en anglais) Hawkes's Voyage in Nueva-
Espana , iSyn. ( Ibid. )
Voyage de Philipps au nord de Panuco au
Mexique : (en anglais) Philipps' s Voyage to the
North of Panuco at Mexico. (Ibid.)
Voyage de Jean Hcrtop au nord de Panuco,
en i586 : (en anglais) John Hertop's Voyage to the
North of Panuco ^ iô86. (Ibid.)
Relation du havre de Tecuauapa , situé sur la
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. SEPT. l55
njer du Sud , non loin de Nicaragua , dans le
Mexique : (en anglais) Relation of tîie hai^en Tecua-
napa , situate iipon Soutli-Sea, not far from Nica-
ragua in Mexico. (Ibid.)
Histoire des Indes occidentales, et particuliè-
rement du gouvernement de Cliiapa (au Mexique) ,
par Antoine de Remusal : (en espagnol) Historia de
las Indias occidentales , particular de la governacia
de Chiapa, por Antonio de Remusal. Madrid , 1610,
in-fol.
PtELATiON d'un gentilhomme du seigneur Jean-
Fernand Corlez , de la grande ville de Tenuilateii
au Mexique , et autres clioses concernant la Nou-
velle-Espagne : (en italien) Relatione d. un gentil-
uomo del sign. Feiii. Cortez délia grau città Tenui-
laten in Mexico ^ e altfe cose délia Nova- Spagna.
( Insére'e dans la Collection de Ramusio,tome m,
page5o4.)
Lettre adressée par Antoine deMendoza à l'Em-
pereur , sur la découverte de la teVre ferme de la
Nouvelle - Espagne : (eu italien) Antonii de Men-
doza Lettere a V Imper atore^ del discoprimento délia
terra délia Nueva-Espana. (Ibid. page 355.)
Situation naturelle , loix et particularités de la
ville du Mexique, par Diegue Cisneros : (en espa-
gnol) Sitio naturalj lejes y propiedades de la ciudad
de Mexico, por Diego Cisneros. Mexico, 1618 ,
iu-4^
Histoire de l'établissement et Discours sur la
province de Saint-Jago du Mexique, par François-
Augustin Davila Padilla : (en espagnol) Historia
î 54 BIBLIOTHÈQUE DES V O TA G E S .
de Infondacioueydisciirso delà provincia deSt.Jago
de 3îex-ico , porFr.jiug. Dàvila Padilla. Bruxelles,
1628; ihid.'i6^S, in-fol.
Histoire véritable de la conquête de la Nouvelle-
Espagne, par l^hùrnÀ' Dias de Castilîo : (en espa-
4^noj) f erdadera Historia de la conquista de la Nue('a-
Ewafia, por Thurnal Diaz de Castilîo. Madrid,
i652 , in-fol.
Fondation et situation de la ville de Mexico ,
elc — des inondations qu'elle a essuyées, et des
ouvrages proposés et entrepris depuis l'an i55d
jusqu'en i65y , par Ferdinand de Cepeda , corrigée
par Don Juan de Alvarez : (en espagnol) Ferdinando
de Cepeda Relacion del sitio en que esta fundada la
ciudad deMcxico, etc.. . inundaciones que d padecido ,
trabajos propuestos y emprendidos desde et anno i6âS
hast a elde 263y , corregida por D. Juan de Alvarez.
Madrid, iGSy, in-fol.
Kouvj-LLE Rllation des Indes occidentales
(le Mexique), par Thomas Gage, avec des plan-
ches : (en anglais) Thomœ Gageas ne\v Relation of
ilie West-Indies. Londres, i655 ; ihid. 1677, in-fol.
On U'owve une traduction, par extrait, de ce voyage,
dans la Collection de Melchisedech Thevejiot ( partie qua-
iiiènie). En voici la traduction entière en français :
Nouvelle Relation contenant les voyages de
Thomas Gage dans la NOuvelle-Espagne , ses di-
verses aventures , et son retour par la proyiuce de
Nicaragua jusqu'à la Havane , avec la description
de la ville du Mexique, telle qu'elle étoit autrefois,
et telle qu'elle est à présent ; ensemble, une descrip-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMIll. STÎPT. l55
tlon des terres et provinces que les Espagnols pos-
sèdent dans toute l'Amérique , de la forme de leur
gouvernement ecclésiastique et politique , de lem*
commerce , de leurs mœurs, de celles des créoles ,
des métis , des mulâtres , des Indiens et des nègres :
traduite par M. de Beaulieu (on Hues 0-Neil), avec
figures. Paris, Clousier, 1676, 2 \ol. in-12.
— La même, avec cartes et figures. Amsterdam ,
Moret, 1680; ihid. 1687 ; ihid. 1699, 2 vol. in-12.
La même, traduite en allemand sous le litre suivant :
Voyage dans la IN ouvelle-Espagne , et au retour
à la Havane , avec une description des pays qui sont
possédés par les Espagnols en Amérique, par Gage :
( en allemand ) Gaiiz iieue merkuïirdige Reise-
Beschreibung iiach Neu-Spanien und zurûch iiach
Hm'iina^iiehst einer Beschreibung aller Lan der, wel-
cîie die Spanier in Ameriha besitzen , nus deni Fran-
zosischen. Lcipsic , i6c)5, in-4''.
L'auteur de celle relation , Thomas Gage , étoit un Irlan-
dais qui entra dans l'ordre de Saint-Domiiiique en Espa-
gne, et qui fut envoyé en mission aux Fliilippines. Dans
.sa relàclie au Mexique, il prit un tel goût pour ce pays,
et se fit une idée si désavanlaoeuse des "Philippines, qn il
se fixa quelque temps dans la Nouvelle-Espagne, y rem-
jdUI les fonctions curiales dans la campagne , et ne ia quitta
que pour repasser en Angleterre, 011 il publia sa relation.
Colbert , fiappé de l'utilité dont jjouvoit être la publica-
tion d'un voyage dans une contrée si peu accessible et si
peu connue, la fil traduire en français. lie traducteur
b'est peruus d'y faire beaucoiip de retrauchemens.
L'exercice des fonctions curiales et l'étude de la langue
usuelle du peuple de la campagne, que, pour se confor-
mer à lui abus de mots encore subsistant aujourd'hui ,
r56 BIBLIOTHÈQUE DES VOYv\GES.
(vage désigne toujours par le nom d'Indiens, lui don-
nèrent la facilité de s'instruire des moeurs et des habitudes
(les naturels dn Mexique. C'est la partie la plus curieuse
et la plus exacte de sa relation ; mais elle est tellement
mêlée dans le récit de ses excursions, qu'il n'est pas pos-
sible de l'en détacher sans en affoiblir beaucoup l'intérêt.
Pour s'en instruire , il faut lire le Voyage en entier, et en
général il esi si attachant, qu'on quitte diiiicilement celte
lecture, une fois qu'on l'a commencée. On regrette seule-
ment que ce voyageur, d'ailleurs assez instruit sur beau-
coup d'objets, ait intercalé dans sa relation, quelques
froides plaisanteries et de petits contes qui l'ont peut-être
vm peu ti'op discréditée. Je me bornerai à en donner ici
un très-rapide apperçu, où je ne ferai point entrer ce qui
concerne les moeurs et les usages.
Dans sa description de la ville de Mexico , Gage s'at-
tache beaucoup plus à ce qu'elle étoit du temps de, ses
anciens souverains qu'à son état lors actuel; et l'on voit
que sur la prétendue magnificence de l'ancienne ville ,
il ne s'est pas assez mis en garde contre les exagérations
des écrivains espagnols.
D'après le tableau fort abrégé qu'il trace de la noiivelle
ville, et dont ye rapproche beaucoup ce qu en a dit Chappe
d'Auleroche , pp peut se la représenter , ainsi que ce der-
nier voj'ageur l'a dépeinte, comme l'une des villes du
lîioude qui renferme le plus de richesses, et où il règne le
]>îtis grand luxe. On est étonné de trouve)- un désert à
trois lieues seulement de celte ville : la peinture que Gage
a faite de ce désert est très-cui'ieuse.
On lit avec intérêt dans sa relation , le récit très-cir-
constancié qu'il y fait du soulèvement qui eut lieu au
Mexique en 1624, l'elativement à un monopole exercé
sur les grains par le vice-roi, et du dilférend très-grave
qui , à cette occasion , s'éleva entre ce vice-roi et l'arche-
vêque de Mexico (1).
(1} Dans SOI) Bachelier de Sulainanqiie , Le Siige a jelé iint
a:.iirique. voyag. dans L'A'tiER. sept. l'J'-
La relaliou de son voyage dans Jcs Gualèiies , les pl;is
}iau(es inotitagnes du Mexique, ii'e.st pas moins inléres—
aaiite ; mais il n'étoit jDas assez iuslruit pour déterminer ,
même avec une certaine latitude, réiévalion de ces mon-
tagnes. C'est dans le Voyage de Cliappe d'Anteroche et
dans celui de Ciavijero, dont je donnerai la notice, qu'on
peut puiser des notions sûres à cet égard. Le premier estime
que la montagne d'Orisaba est la plus haute ds toules
celles du Mexique. Quelques-uns la croyent plus élevée
que le pic de TénérifFe.
Gage est satisfaisant sur-tout dans les détail.s où il entre
sur la Vera-Cruz , sur les provinces de Guali«iala et de
Zoqucs , et sur la ville de Guaxaca , chef-lieu d'une vallée
dont le roi d'Espagne fit don à Corlez, et qni appartient
encore à ses descendans. Il a décrit aussi avec soin la
ville de Chiappa des Indiens , qu'on a nommée ainsi pour
la distinguer d'une autre ville du même nom , pour la
plus grande partie habilée par les Espagnols. Celle des
Indiens, beaucoup plus considérable, et qui renferme au
moins quali-e mille familles presque toutes indiennes, a
conservé de grands privilèges : un des plus remarquables
consiste en ce que son gouverneur est (oujours pris dans
ces familles,
La relation contient des renseignemens très-instruclifs
sur le commerce de la province de Zoques, contiguëa la
ville de Chiappa des Indiens, et sur la lichesse de la pro-
vince deGuatimala.
Le style de la traduction française du Voyage de Gage ,
quoiqu'elle ail été faite sous les auspices du gouvernemenî ,
esl très-négligé.
Histoire cle la sainte province des Anges (au
relation de ce soulèveineiil : c'est un des plus agréables épisotlfs
de ce roman. Il s'est permis scnlement d'assigner pour cause (î-^
ce soulèvement , un monopole sur le sel , rai lieu d'un monopi'lK
sur les grains.
l58 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Mexique) , de l'ordre de SainL-Fraucois de l'Obser*
vaace , par Eugène r/e G«a6?f Zozt/^e .- (en espagnol)
Historia de la sauta provincia de los ^ngelos f in
Mexico^ de la orden de S. Francisco de la Obser-
vanza , por Eugenio de Guadeloupe. Madrid , 1662,
in-fol.
Histoire de la conquête du Mexique, de la
population et des progrès de l'Amérique septen-
trionale connue sous le nom de la Nouvelle-Espagne,
par Antoine de Salis , secrétaire de Sa Majesté et
son historiographe principal dans les Indes , avec
figures : (en espagnol) Antonio de Salis , secretana
de Su Magestad Y su caronista major de las Indias ,
Historia de la conquista de Mexico , pohlacion
y progressas de la America septentrional conocida
por el nombre de JSueva- Espana. Madrid, 1684,
in-fol.
— La même, nouvelle édition, enrichie de di-
verses estampes et augmentée , avec la vie de l'au-
teur écrite par Don Juan de Goyeneches : (en espa-
gnol) Historia, etc.... nùeva edicion , enriquezida
con diversas estampas j aumentada , con la '■cita del
autor que escrivio D, Juan de Gojeneche. Barce-
lone, 171 1, in-fol.
« Des deux éditions que nous indiquons ici de l'Histoire
)) de la conquête du Mexique , la première est la plus esti-
5) Tnée , parce qu'on la croit plus correcte ; mais la seconde
Si est plus communément recherchée , attendu qu'elle
y) joint à l'avantage d'être ornée de figures, celui d'être
)) encore beaucoup' mieux exécutée. On peut conclure
» de-là que les deux éditions doivent être rassemblées dans
AMERIQUE. VOYAC. DA^'S L'AMi';R. SEPT. [ ^Q
» un cabinet choisi ». Bibliothècjue instructive de De Bure.
Histoire , tome ii , pag. 265.
— La même , troisième édition. Bruxelles , 1 74 r j
in-fol.
La même, traduite en italien sous le litre suivant:
IsTORlA deîla conquista del Mexico , t?'adolta in
liugiia toscana. Florence , 1660, avec fîgureS;, in-4'^.
Cet ouvrage a été traduit aussi en français sous le titre
suivant :
Histoire de la conquête du Mexique ou de la
Ps ouvelle - Espagne par Fernand Cortez , traduite
de l'espagnol de Don Antoine de Solis , avec figures.
Paris, 1691, in-4°.
— La même, Hollande^ ^^9^ ? ^ vol. in-S*^.
Il y en a eu encore trois autres édil ions. La dernière
porte le titre suivant :
Histoire de la conquête du Mexique ou de la
INouvelle-Espague par Fernand Cortez, traduite de
l'espagnol d'Antoine de Solis par l'auteur du Trium-
virat (Citri de la Guelle j , avec figures. Cinquième
édition. Paris, 1700, 2 vol. in-12.
— La même , traduite de nouveau en italien par
un académicien de la Crusca , avec figiues. Flo-
rence, 169g; Venise, 1715, in-4".
— La même, traduite en anglais par Thomas
Thounsend, av^c figures. Londres, 1724, in-foJ.
— La même, traduite en anglais, avec figures
et le portrait de l'auteur. Dublin, 1727, 2 vol
in-8^
Dans la traduction française, on a retranché la parlfe
la plus instructive, sinon la plus attachante, de l'ouvifigt;
l6o BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
original : ce sont les reiiseigneiiiens ergonomiques sur la
population el les àccroisseinens de la colonie du Mexique :
c'est sous ce dernier rapport seulement que l'ouvrage a
dû entrer dans la Bibliothèque universelle des Voyages.
On reconnoit aujourd'hui qu'avec un style élégant, et
quelquefois même trop fleuri , l'auteur a jeté dans sa nar-
ration beaucouji de faits hasardés et a exagéré les autres.
En imitant la manière des anciens historiens , il semble
s'être attaché à Quinte - Curce. Il a, comme lui, tout
sacrifié à son héros , même l'exactitude , même la vérilé.
Histoire de l'Iucalan (province du Mexique),
par Diegue-Lopez Cogullado : (gi\ espagnol) Histo-
ria delucatan ,por Diego Lopez Cogullado. Madrid,
1688, in fol.
DESCPaPTiON du Mexique, par Arnaud Montait
(en allemand). Amsterdam, i6gi, in-fol.
Théâtre de l'Amérique , ou Description ge'né-
rale des royaumes et des provinces de la Nouvelle-
Espagne et de ses productions , par Don Joseph-
Antoine de pailla Senor y Sanchez : (en espagnol )
Theatro Americano , 6 Desaipcion gênerai de los
rejnos j provincias de la ISueva-Espana y sus juris-
dicciones , su autor D. Joseph Ant. de Villa Sehor y
Sanchez. Mexico, 1746, 2 vol. in-fol.
Avant la publication de cet ouvrage^ on ne pouvoit
que difficilement se procurer des notions sur l'état phy-
sique , civil , politique et militaire du Mexique. De tout
temps les Espagnols «voient pris des précautions jalouses
pour empêcher les étrangers de pénétrer au McA-ique, et
ils exerçoienl sur ceux qui étoient parvenus à s'y intro-
duire , une surveilliînce sévère. Les nationaux même
gardoient le silence sur l'administration de cette inipor-
tanle colonie. Il a été permis enfin de lever le voile et
AMEftIQUK. VOYAG. DANS L'AHîÉR. SEPT. l6l
i'autenr dont j'indique ici l'ouytage , Va fail d'une manière ,
franche et très-inslruolive. Cet ouvrage est fort rare eu
France. Il est à désirer que quelque écrivain laborieux et
éclairé dans les uialières économiques, nous en donne la
Iraduclion.
Histoire de la Nouvelle-Espagne , conquise par
Fernand Cortez , au<^ineniée , avec d'autres docii-
mens et des notes, par l'illustre seigneur Don Fran-^
çois-Antoine Lorenzoïio , archevêque de Mexico:
(en espagnol ) Hhtoria de Nova-Espafia coiujiiesta
poj' Feriunul Cortez : aimientada , cou otres docu-
inentos y nolus , por illustr. seûor D. Francisco yiu'-
tonio Lorenzano , arzohispo de Me!x.ico. 1 770 , lu-lbl.
Ancienne Histoire du Mexique , tirée tant
des meilleurs historiens espagnols que des manu-'
scrits et des peintures antiques des Mexicains ,
divisée en dix livres, et enrichie de cartes géogr,a-
phiques , de diverses figures et de dissertations ,
par D. François - Saverio Clavijero : (en italien)
Istoria anlica del Mexico , cavata dei migliori isto-
rici spagjioli , e da manuscritti , e pilture aiitiche
degli Indiani j divisa in dîeci libri , e corrednta de
carte geographiche e di varie figure , e dissertazioni .
Césène , 1780-1781 , 4 vol. iii-4".
Cet ouvrage a été tiaduil en anglais , avec des augmenta-
tions, sous le liU'e suivant :
Histoire du Mexique, à laquelle on a ajouté
une dissertation critique sur le sol , les animaux ei
les habitans du Mexique ; traduite de l'italien de
François- Saverio Clavigero , par Charles Cullen :
(en anglais) Tlie Historj of Meocico , to whicii are
tadded critical dissertation on- t/ie land , the animais
VI. L
162 bIBLlOTIlÈQUE DES VOYAGES.
and inhabitants of Mexico ; translated from italian
of Francisco Sauerio Clawigero by C/i. Cullen. Lon-
dres , 1787, 2 vol. in-4".
IiidépenJamaienl des savantes recherches que renferme
cet ouvrage sur Thi-stoire ancienne du Mexique, il procure
beaucoup de lumièressur l'élat actuel de ce pays, particu-
lièrement en ce qui concerne son histoire naturelle; et
c'est â ce dernier litre seulement qu'il doit entrer dans une
Biblioihèque des Voyages. On y trouve des notions Irèt;-
instruclives sur les différentes chaînes des montagnes du
Mexique et sur les volcans. On y voit que cette partie
septentrionale de l'Amérique espagnole n'e^t pas plus
affrauchie que la partie méridionale des éruptions volca-
niques, et des ravages qu'elles causent. Clavijero rapporte
qu'en 1760 , une petite colline près du village de Guacana
se volcanisa , vomit des matières embrasées jusqu'en 1766,
et que les cendres en furent portées jusqu'à cent soixante
milles. Une éruplio i de l'ancien volcan de Guatimala,
accompagnée d'un violent tremblement de terre, détruisit
cette ville en 1773. Beaucoup d'autres faits physiques,
beaucoup d'autres observations sur l'hisloire naturelle
du Mexique, enrichissent l'ancienne histoire de cette
contrée.
Quelques traits caraclérisliques des Indiens
du Mexique : ( en allemand ) Einige Characterziige
des Mexicanischen Indiens. (Insérés dans le Journal
pliilosopliique d'Eberhard, i*^"^ cah.)
Traité de la cidture du Nopal et de l'éducation
de la Cochenille dans les colonies françaises de
l'Amérique, précédé d'un J^ojage à Giiaxaca, par
M. Thieiy de Mononville , botaniste du Roi, auquel
on a ajouté une préface , des notes et des observa-
tions relatives à la culture de la cochenille , avec
des figures coloriées : le tout recueilli et publié par
AMÉRIQUE. YOYAG. WANS L'AMER. SEPT. l6S
le corde fies Pliiladelphes établi ;»a Cap-Fri'.nçals ,
île et côle de Saint-Domingue. Paris, Deiaiain ,
1789 , 2 vol. iu-8".
Le désir de naliiraliser dans les colonies françaises le
nopal ci la cochetï^lle ^iiorU\ Thieiv, paiiiole aussi ardent
que botaniste éclaiié, à entreprendre le voyage du Mexi-
que, seul moyen qui pût êlie employé pour enrichir la
France et la bolanique 4'un arbrisseau et d'un insecte éga-
Icmejit précieux.
Les Mexicains distinguent deux espèces de cochenille,
savoir, la sylvestre , qu'on recueille dans les bois, où l'in-
secte se noiuiit sa us doute ijidifl'érennnent de louies sortes
de piaules, qui donne moins de Icinlure. et est regardée
connne dune qualité inférieure^ et la masûéyue ou coche-
nille line, produit de Tinsecte qui ne se nourrit que de
feuillfs de nopal , et que l'industrie dos Alexicains multi-
plie par des procédés qui procurent jusqu'à trois l'écolles
par an. Ou conçoit aisément que les Mexicains, pour oui
la vente exclusive de la coc'jenille iine est une branche
importante de commerce, sont extrêmement jaloux de ne
pas la laisser passer à l'élranger, et qu'en conséquence la
sortie du nopal et de la cochenille est sévèrement prolùbée.
Thiery couroildonc les plus grands dangers dans l'exécu-
tion du projet qu'il avoit formé de jiénétrer jusqu'à Gua--
xaca , où se trouvent les plants de nopal les jjIus considéra-
bles du pays, d'enlever une quantité de ces plants avec de
la graine ou semence de la coclienille, et de faire sortir le
tout du Mexique. La narration des obstacles en tout genre
qu'il eut à vaincre, est intéres.ante, non-seulement eu
égard au but principal de son voyage, mais encore par les
détails curieux où il est entré sur le sol et la culture des
provinces du Mexique qu'il a traversées, et par les obser-
vations qu'il a faites >sur Icius hal)itans.
Thiery, par exemple, a remarque que dans la plaine de
Thoguacan dont le sol est une terre grise et argileuse qui^
avant toute culture , a besoin d'être préparée par de longue*
a
l64 Bl ELIOTH ÈQUE DES VOYAGES,
inondations , on se les procure avec l'eau de la rivière
dont, avec beaucoup d'adresse, on sait ménageries pentes.
Lorsque les blés paroisseat souflFrir de la sécheresse, ou
y reuict eucore l'eau , le seid engrais propre à celle nalure
de terres. Avec celle mélîiode , on se procure deux récolles
par an ; l'une en mai , l'aiilre en seplembre. Les blés , à la
vérité , ne s^'èlèvenl pas aussi haut que dans notre Beauce,
mais ils soJil passablement yo«/e«, et l'épi est bien graine.
Spectateur de la moisson de ces grains, le vojageur observa
qu'on en laissoit sur pied une grande quantité qui éloienl
encore verds. ce qui lui prouva qu'ils ne inûrissoient pas
tous à la fois, et il fil cette môme obsei'vation sur loirle la
roule.
Dans une riulre partie du pays, Thiery remarqua qut^
malgré l'indolence reprochée aux Espagnols, et sur— tout
aux naturels du Mexique , il régnoit beaucoup d'émulation
dans la culture, et que l'art de la laille et de la greffe étoil
généralement pratiqué.
La comjDaraison que fait le voyageur des nègres, extrê-
mement nombreux au Mexique, avec les naturels du pays,
est enîièrement à l'avanlagede ces derniers. Les jjremiers
lui ont j^aru des êli'es tout à la fois orgueilleux, einporlés,
vindicatifs, efTéminés, lâches et paresseux ; le Mexicain
au contraire , est phlegnialique, doux, fidèle et laborieux.
Après avoir échappé à mille dangers, Thiery parvint
à faire sorlir, avec lui , du Mexique une quantité considé-
rable de branches .et de plants de nopal cliargés de leurs
précieux insecies, et des plants de cochenille-sylvestre. Il
' en périt beaucoup dans la traversée , mais il en sauva asse:?
pour faire prospérer l'une et l'autre cochenille dans son
jardin à Sainl-Doraingue. Sa mort piécipitée et Tinsou-
ciance de l'adminislraiion firent perdre la cochenille fine ,
sur laquelle l'habile botaniste a laissé l'excellent tiaité qui
est à la tête de son Vojage. Quant à la cochenille' sylvestre ,
M. Brûlé j colon à iSaiul-Uomingue, éloit parvenu à la
Daluraliser sur son l;abilalion. C'est avec celte cochenillo
que fut teinte, pour premier essai, la partie écarlate du
\
A?tÉRlQUF.. YOYAG DAXS L'A:iîÉll. SEPT. 1 6.'5
tliapeau présenté à la Conventioi:. Ou en a fait assez
yécemmenl un nouvel essai ; en teignant, avec celle même
coclienille , pour le premier Consul , aujourd'hui l'Empe-
reur, un habit fait avec la laine du tionpeau de moulons
de race espagnole élevés à Rambouillet : le drap de cet.
liabit est sorti de la nianufaclure de JM. Dncielol. Cet em-
ploi de matières précieuses, originaires lonles deux de
l'Ancienne et de la Nouvelle-Espagne, a été couronné
cVon plein succès.
Ici se termine la notice des relations sur le Mexique
publiées jusqu'à présent. I/C nombre nen est pas bien
considérable pour un pa3's si riche et si varié : on pour-
roil assigner plusieurs causes de cette espèce de pénurie.
SECTION III.
Descriptions des ^iitilles en général. P^oyages
faits dans ces îles.
§. I. Descriptions communes aux Grandes et Petites -
Antilles. Voyas^es fa,its dans les unes et les autres
de ces fies.
iS AViCATiON de Henri May aux Indes occiden-
tales, en i5gi et i5cj2 , avec le retour de M. Lan-
casler par les îles de la Trinité , de Mona, de l'Isle-
Espagnole , des Rermudes et de Terre-Nenve : (en
anglais) Henri May's Nauigatioji to East-Indies ^
i5gi and 16 ()2, in lus rctnrn ipith ]\T. Lancastcr bv
ihe islcs of Trinidad , Mona, Hispanioln , the isJes
of Bcrmud and ofJSe-wfoundland, jSg3. (Insérée
dans la Collection de Hakliiit, tome m.)
j66 iîibliotiikque des voyages.
\oYACE (Je Clirisiophe Newpon à la Domluiqne ,
à Porto-Pvico , à Tlsle-Espagnole et à la baie d'Hon-
duras : (en anglais) Christ. Newport's Voyage ta
Dominica , Porlorico , Hispaiiiola and to the haj of
Honduras , iS g3 . (Ibid.)
Voyage de Robert Dudley à l'île de la Trinité
et aux cotes de Paria , avec son retour par les îles
de la Grenade, de Sainte-Croix , de Saint-Jean , de
Porto-P\ico , de Moua, des îles Bermudes : ( en an-
glais) Robert Dudley s Voyage to the isle of Trinidad
and of the coast of Paria , -with his returit br the isles
Grenade , St. Crux^ St. Juan de Puerto- Rico , Mona
and the isles of Bermuda , i5()i-i5()5 . ( Ibid. )
Histoire naturelle et morale des Antilles , enri-
cbie d'un grand nombre de belles figures en taille-
douce, des places et des raretés les plus considé-
rables qui y sont décrites , avec un vocabulaire ca-
raïbe ; T^diV Roche fort. Rotterdam, Leers, 1660, in-4".
— La même , augmentée de plusieurs descrip-
tions et de quelques éclaircissemens qu'on desiroit
dans la précédente édition. Nouvelle édition , enri-
chie des mêmes figures. Ihid. i665 , in-4".
Cette Histoire a élé traduite en anglais sous le titre sui-
vant :
HiSTOiîiE naturelle et morale des Antilles , par
César de Rochefort : (en anglais) César de Rochefort
7iatural a?id moral Historj of the Antilles. Londres,
1666, in-fol.
— La même, traduite en hollandais. Rotterdam ,
1662 , in-4'^.
Histoire générale des Antilles, habitées par les
A.MJLUlQUr. VOYAG. AUX ANTIT-LT,S. jC)J
Français, contenant tout ce «lui s'est pi.sse dans
rétablissement des colonies françaises, etc — et
l'histoire naturelle de ces îles, par leP.Dufertre, etc.
enrichie de caries géographiques et de figures. Paris,
Jolly, 1667- 1671 , 4 vol. in-4^.
Tontes les figures de cet ouviage ont été dessinées pr.r
le célèbre Sébastien Leclcrc , ce qui concourt à y donner
encore du prix.
La partie historique de la relation du P. Du Tertre est
d'une grande exactitude, mais celle exaclitude-là même
a jeté l'auteur dans la diffusion.
En traitant les différentes brancfjcs de l'histoire natu-
relle des Antilles avec une telîe sagacité dans ses rechei —
ches , que tout ce qu'il en a écrit fait autorité , le P. Du
Tertre ne se.st pas borné à décrire les quadrupèdes, les
reptiles, les oiseaux, les insectes, les plantes cultivées et
indigènes, les minéraux et les productions marines; ses
observations se sont étendues à l'homme même. 11 a tracé
nn tableau fidèle du petit nombre des naturels du pays,
des Européens qui s'y sont é'ablis et qui ont pris le nom
de créoles ; des Africains enfin qu'on y a successivement;
transportés , et qui y ont formé un nouveau peuple dans
tme projjortion effrayante.
Histoire de la campagne des îles d'Amérique ,
par G. D. T. ÇGojmelierdu Troncliùi) , avec la prise
de possession de l'île Saint-CIiristophe. Il est ques-
tion dans cet ouvrage , de la description des ani-
maux , arbres, plantes, etc — et de la manière de
vivre des Sauvages. Troyes , Lefevrc , 1709 , iu-12.
Voyages et Aventiues du chevaHer de**'*', en
1728 et J754, contenant les voyages de l'auteur
dans les îles Antilles françaises de l'Amérique sep-
tentrionale , y conipris les îles Caraïbes de Saint-
i(>8 m R L 1 o T II i: Q u E des voyages.
Vinceiu,, Sainte-Lucie ^ la Dominique , cl danscelîe
de Saint-Thomas apparleuaut aux Danois. Paris,
Histoire du commerce des Colonies euro-
péennes dans les îles Antilles : (en allemand) Ge-
schichte uud Handhing der Eitropœischen Fflanz-
slàdte auf dcn Antillisclien Insein. Stulgard , 1760 ,
in-8^
Histoire et commerce des Antilles-anglaises,
où l'on trouve l'état actuel de la population et cpiel-
ques détails sur le commerce de contrebande des
Anglais avec les Espagnols dans le Nouveau-Monde :
on y a joint l'histoire des loix principales qui con-
cernent les colonies anglaises établies , tant dans les
îles que sur le continent de l'Amérique. 1758,
in-i2.
La inêine^ traduite en allemand sons le titre suivant :
Reise in verschiedene Colonien von ^meriha
ivachrend des letzten An'eges , sammt ei'ner Kurzen
Relation ^>om Seetreffen roni 12 avril 1^82 , und ciner
Besclireihung den Insein Martinique , Curaçao und
St. Dominguc^ etc. ans dem franzosischen. Leipsic,
1786, in-à''.
Voyages d'un Suisse dans différentes colonies
de l'Amérique, pendant la dernière guerre, avec
une table d'observations minéi-aîogîques laites à
Saint-Domingue. Neufcliatel , 1785, in-8".
Quoicjue l'auteur anonyjne de ce Voyage ait généralisé
quelquefois ses observations, en les appliquant à quelques
iles anglaises et liollandaise.s , elles frappent plus particu-
lièrement sur la Martinique et sur Suinl-Domitigue , mais
AMÉRIQUE. YOYAG. AUX ANTILLES. 1 69
heiucoup plus encore sur cette dernière ile.qui occupe
seule les trois quarts de la relation : elles décèlent un écri-
vain fort éclairé dans plusieurs genres.
RÉCRÉATIONS géograpliiques , historiques et sta-
tistiques , concernant les îles de l'Amérique , par
Bonne : (en allemand) Geogjriphische , Historische ,
Statistische Belustiguns,en (von den ^merikanischeii
Inscln ) , von Bonne. Leipsic, i y83 , in-8°.
Description et Histoire des îles Antilles: (en
allemandj Veisucli einer Beschreihuug und Gescliichte
der Antillischen Insein. (^Insérée dans les Petits
Voyages de Bernoulli , tomes i , n , m et viii.)
Histoire civile et commerciale des Indes occi-
dentales, par Brjan Edwards : (en anglais) History
riidl and commercial of the W^est-lndies ^ hj Bryan
Edwards. Londres, i8oi , 5 vol. ui-4''.
Cet ouvrage, dont il seroit à désirer qu'on nous donnât
une traduciion entière , a été traduit , mais par extrait seu-
lement , en français sous le titre suivant:
Histoire civile et commerciale des Indes occi-
dentales , depuis leur découverte par Chrlstopîie
Colomb jusqu'à nos joiirs; suivi d un Tableau his-
torique et politique de \\\e Saint-Domingue , avant
et depuis la révolution française , et continué jus-
qu'à la mort du général Le Clerc ; tradiute de l'an-
glais de Brvaji Edwards parle traducteur des Voyages
d'Arthur Young en France et en Italie , avec une
carte des Indes occidentales. Paris , Dcntu , 1802,
)n-8".
— La même, nouvelle édition. Ihid. i8o4, iu-8'\
En intitulant cet ouvrage, soit dans l'original . soit dans
Ï7''> BIELIOTHKQUS DES VOYAGES,
îa traduction par extrait, Histoire, civile et commerciale
des Indes occidentales , on a npcess-îirement induit en
erreur les lecteurs , qni s'atceadoient à y trouver l'histoire
civile et commerciale de i-i:ute l'Amérique, qu'on s'éioit
accoutumé à dési;^ner par la dénomination très-impropre
d'Indes occidentales. Bryan Edwards lui-même nous a
indiqué l'origine de cette expression abusive.
ce Ce qui engagea , dit-il, le célèbre Christophe Colomb
» à faire voile pour découvrir un nouveau continent, fut
» l'opinion reçue de son temps, qu'on pourroit trouver
» par l'ouest un passage plus court aux Indes orientales.
5) La découverte delà mer Pacifique démontra la fausselé
)) de cette opinion ; mais cependant les îles où Colomb
» débarqua retinrent le nom d'Indes occidentales, pour
» les distinguer des Indes orientales ».
Mais Bryan Edwards auroit dû ajouter que la dénomi-
iia[ion d'Indes occidentales s'appliqua également par la
suite à toutes les parties continentales de l'Amérique. Dé-
lit le nom d'Indiens que les anciens voyageurs, et même
plusieurs voyageurs modernes, donnent très— impropre-
ment aux naturels de toutes les parties de l'Amérique.
En se conformant même à cet usage abusif, l'ouvrage
de Bryan Edwards auroit donc dû être intitulé Histoire
civile et commerciale des iles situées dans les Indes occi-
dentales, puisqu'elle n'embrasse que les îles Antilles et
même une partie seulement de ces îles. On n'y trouve
en effet aucuns renseigneinens, ni sur les îles françaises
de la jNIarlinique, de la Guadeloupe, de Saitite-Lucie, de
Tabago, de Saintes, de Marie-Galante, etc.... ni sur les
lies espagnoles de Cuba , Porto-Rico, la Trinité, Margue-
rite, etc.... ni enfin sur les îles apparîenanl aux Hollandais
et aux Danois.
D'après ces observations, j'ai dû placer l'ouvrage de
Bryan Edwards dans la section qni embrasse les Antilles
en général.
Cet écrivain s'occupe d'abord de recîiercher l'origine
des Caraïbes, peuplade répandue dau^ les petites îles
AMEllIQUE. VOYAC. AUX ANTILLES. I7I
Antilles, et qui, soil au pliysique, soit au inoial , paioissoit
n'avoir rien de commun avec les liabilans des grandes
îles Antilles. Il est disposé à croire que celte nation tiroit
son origine de l'Orient. Pour appuver cette opinion , il
observée qu'il est très-probable que l'Amérique avoit été
visitée parles Orientaux , long-temps avant la découverte
de l'Amérique par Colomb. Cette probabilité, suivant
lui , résulte , soit d'un passage d'Hérodote sur la navigation
des Phéniciens, soit de |3lusieurs exemples de vaisseaux
jetés par ia tempête des côtes d'Afrique sur celles de
l'Amérique, sans aucun dessein de la part de ceux qui lea
monloient de faire celte dernière route, .soit d'un fait
raconté par Colomb lui-même, qu'il avoit trouvé la poupe
d'un vaisseau sur la côte de la Guadeloupe, soit enfin
d'une colonie de nègres trouvée à Qnarecque dans le goUe
Darieii. A ces premières probabilités, Eryan Edwards
ajoute celle qu'offre la conformité du vocabulaire caraïbe
de Rocheforl avec plusieurs anciens dialectes orientaux ,
f' et celle de plusieurs usages de ce peuple avec ceux des
juifs, et de plusieurs autres nations de l'Orient.
Le portrait que l'écrivain anglaisfait des Caraïbes, d'après
les voyageurs qui les ont dépeints à l'époque où ils étoient
encore répandus dans les Petiles-Anlilles, et d'apiès les
traits qu'on démêle dans le petit nombre de leurs dcscen-
dans, mêlés avec quelques nègres fugitifs à l'île Saint-Vin-
cent (1), offre un mélange bizarre de bonnes et de mau-
vaises qualités. Bryan Edwards les dépeint cruels et même
féroces, excessivement vindicatifs, regardant la répulalion
militaire comme la première des vertus , souillant la
victoire par des cruautés réfléchies, se nourrissant de la
chair de leurs ennemis, incapables enfin de goûter les
douceurs du repos, et ne consiilérant même la paix que
comme une trêve aux hostilités. D'un autre côté, il recoii-
(1) Ce.s misérables restes des Caraïbes conserveni enrore l'nsag-î
où cloienl leurs pères, d'aplalir la lèle des enfans au uioiuent de
leur iKiissance.
l7-'2 EIBI, lOTTiÈQUE DES VOYAGES,
noît chez les Caraïbes une atnilié aussi ardente que leur
liaine ei.1 in)p!acab]e,. des disposiiioiis à une coufiaiice
aans réserve lorsqu'ils croyent qu'on l'a mén'lée , une
indépendance d'espiit pleine d'énergie, un courage à
supporter les souffrances qui efface presque ce qu'on rap-
porte à cet égard des Spartiates, Bryan Edwards auroit
pu remarquer, que, conimece peujîle si renommé de l'an-
cienne Grèce, les Caraïbes s'assembloiont el mangeoieut
en commun dans de grandes salles', où leur jeunesse
s'exercoit aux jeux des athlètes, aux combats, et où les
discours de leurs orateurs leur inspiroienl de l'émulation.
Malgré l'apalljie qui forraoit un des caractères les plus
dislinctifs des Caraïbes, elqui les relenoit tranquillement
couchés dans leurs lîamacs en temps de paix , il» ne man-
quoient pas d'intelligence dans la fabrication de leurs
meubles et de leurs ustensiles de première nécessité. C'est
à eux que les Européens doivent l'invention des hamacs,
ou lils de loile suspendus, dont on fait usage dans les
navires. Parles fragmens de leurs vases cuits au four, et
qu'on a dernièrement trouvés enfouis à la Barbad8,oa
volt que ces vases surpassoient de beaucoup en finesse et
])ar leur poli , ceux que font les nègres. Le travail de leurs
arcs, deieuis flèclies, de leurs autres armes, étoit tel, qu'il
auioit été difficile à vni habile artiste européen de le sur-
passer avec ses outils. Enfin leurs paniers, faits de feuilles
de palmeio , étoient d'une rare élégance. On imagine
aisément que chez ce jjeuple si rapproché de l'état de
nature, le droit de propriété n'éloil pas bien entendu. Il y
avoit dans cliaque village ou carbet , communauté de biens
el de travaux : ions parlageoieni le travail des labours et des
semences, et chaqiîe famille prenoit sa part dans le grenier
public.
La croyance des Caraïbes étoit un grossier mélange de
déisme el d'idolâtrie. En rcconnoissant un Etre suprême,
ils nelui adressoient leurs prières , par l'intermède de divi-
nités inférieures et bienfaisantes, que pour détouiner sa
vengeance. Dans la vue de se rendre iiivoiable un aulie
AMFRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. I ']5
ordre de clivinilés malfaisantes qu'ils appeloient espriis, iîs
a voient des magiciens qui oirroieutdes sacrifices et faisoienl
des prières dans des lieux sacrés. Dans ces occasions,
l'adoraleur se faisoil d'l)orribles incisions, s'imaginant sans
doute que la colère des esprits ou démons- ne pouvoii s'ap-
paiser que par une grande effusion du sang humain.
Les naturels des grandes îles Antilles, dont le nombre
peut-(être esagéjé par Las Casas, s'élevoit à six millions,
n'avoient rien de commun avec les Caraïbes dans leur
caractère pliysique et moral. Pour s'en faire une idée,
on en est réduit à ce que rapportent d'eux les barbaies
conquérans de ces îles, qui les ont tellement exlerminés,
qu'il ne reste pas la moindre trace de celte malheureuse et
intéressante race.
Voici ce que Bryan Edwards a recueilli sur ces insu-
laires chez les écrivains espagnols.
Avec plus d'élégance et plus de proiDortion dans leurs
formes, une plus haute élévation dans 'leur taille, ils
avoient beaucoup moins de vigueur que les Caraïbes.
Leurs membres éloient néanmoins souples et actifs ; ils
excelloient dans l'exercice de la danse, et à cet amusement
ils dévouoient les heures fraîches de la nuif. On ne doit
pas en conchu'e qu'ils ne fussent propres qu'à un exercice
de forces aussi doux : celui du ballon , qu'ils renvoyoient
avec une vigueur étonnante, n'annonçoit pas un peuple
invariablement énervé et indolent.
A tra\eis des tjails durs et grossiei's, on apperce^oit
dans la physionomie de ces insulaiies, l'expression delà
franchise et de la douceur. I^eur caractère étoit rarement
aigri par la soif de la vengeance. Les écrivains espagnol»
eux-mêmes les dépeignent comme le peuple le plus doux
et le plus hospitalier de l'espèce humaine. ChrislojjliL-
Col(;mb et Barthelemi Colomb son fils, nous en ont
transmis des traits remarquables et touchans.
11 ne faut pas croire qu'ils fussent inse)isibles aux plai-
sirs des sens. L'amour étoit la source de toutes leurs joui -
«aiices et le grand objet de leur vie. On peut voir dans b
iy4- BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
narration que Barthelerai Colomb nous a laissée da la
réception que lui faisoient les principHUX chefs d'Hispn-
niola , quelles grâces naturelles avoient les femmes de
celte île, quel éclat avoil leur teinl, quelle agréable pro—
porlion avoient leurs membres.
Le gouA'ernement dans ces iles éloit monarchique, ou
plutôt théocralique, puisque les sujets regardoient leur
souverain comme un délégué du Ciel, aux ordres duquel
on devoit se soumettre sans résistance, 11 ne paroit pas
que le Cacique, c'étoit le nom de ce souverain , abusai de
cette disposition des espi'its pour appesantir son joug. La
douceur naturelle du caraclère des liabilans , que le
souverain parlageoil avec ses sujets, avoit introduit un
mélange de bonlé et de lendresse paiernelle dans l'exercice
même de l'aulorilé absolue. Le gouvernement des Caciques
éloit héréditaire , mais ils en partageoient les soins avec
plusieurs chefs qui leur éloient subordonnés.
Comme les Caraïbes, les habitans des Grandes-Antilles
avoient une idée confuse d'un Être suprême, mais défigurée
par une ninllilude d'absurdités dans leur croyance. 11
paroît aussi qu'ils avoient quelques notions d'une respon-
sabilité future pour les actions bonnes ou mauvaises pen-
dant le cours de leur vie.
Comme les Caraïbes encore, ils reconnoissoient ])lu-
sieurs divinités subalternes, toutes malfaisantes, qu'ils
n'imploroient pas avec vénération , mais par un sentiment
de crainte. Leurs prêtres a'voientune autorité considérable ,
parce qu'aux fo)ictions pro^ires à leur état, ils ajouloieiit
la pratique de la médecine et l'éducation des enl'ans du
premier rang. C'étoient eux aussi qui sanctionnoienl les
ordres du Cacique. Ainsi, comme on l'a vu si souvent en
Europe , la religion , dans ces iles , éloit devenue l'inslru-
ment du despotisme civil.
A ces notions sur les anciens habitans des Grandes et
pglites-Antilles , Bryau Edv\ards fait succéder l'histoire
de la découverte de la Jamaïque et des élablissemens suc-
cessifs des Espagnols et des Anglais dans celte ile. Je ne
j\MÉRIQUr. VOYAG. AUX ANTILLES. l']5
m'y arrèierai pas, non jiîus fju'à la descriplion sommaire
-tju'il en a faite, parce (]ue nous avons plusieurs relations
particulières de la Jamaïque dont je donnerai la notice.
Je vais, au contraire, tracer une rapide esquisse du
labkau qu'il a fait dans son ouvrage, des îles de la Gre-
nade, de la Barbade, de Sainl-Vincent, de la Dominique,
de Sainl-CIirislophe et de Nevis, sur le dernier état des^-
quelles nous n'avons point de notions aussi satisfaisatiles
que celles qu'il nous a procurées.
ISLE DE LA GRENADE.
Aux lumières que l'auteur des Voyages intéressans
nous a procurées s:ir cette île, il faut ajouter les suivantes,
que je puise dans l'ouvrage de Brj^an Edwards.
De quatre -vingt mille acres de terre que renferme
cette îIq , il n'y en a jamais eu que cinquante mille de cul-
tivés. Le pays est arrosé de ruisseaux. Il y a beaucoup de
variété dans la configuration de la vsurfacede l'iie, et dans
la nature de son sol ; mais en général , le tei-ritoire est très-
fertile. La capitale de l'de est la ville de Saint-George. La
population des blancs et celle àts> noirs sont beaucou]>
diminuées. Le nombre des premiers ne s'élevoit plus, au
temps où l'auteur écrivoit, qu'à raille, et celui des autres
à vingt-trois mille neuf cent vingt- six. En 1 787 , au con-
traire , le nombre des métis étoit de plus de onze cents.
A la même époque, il sorloit de la Grenade cent dix-huit
vaisseaux, dont l'équipage éloit de dix-huit cent vingt-six
hommes. Les cargaisons étoient évaluées à quatorze mil-
lions sept cent quarante-sept mille sept cent quatre-vingt-
douze livres tournois.
ISLE DE LA BARBADE.
Bryan Edv^'ards trace d'abord l'historique de l'occu-
pation de l'ile de la Barbade par les Anglais, qui la Iroi;-
vèrenl abandonné» par les Caraïbes , sans qu'on ait pu
in6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
jDenélrer les molifs qui poiièrent ce peuple ù s'en retirer'.
Celle île fui d'abord en Ire les mains de divers proprié-
taires, mais elle repassa sous le régime du roi d'Angle-
terre. Elle étoit Irès-florissanle en 1670 : on y comploit
cinquante mille blancs et deux fois aulant de noirs. L'acie
de navigation, si avantageux a la métropole, a fait, an
contraire, déchcoir la Barbade au point qu'en 1786, on
n'y comptoit plus que seize mille blancs, huit cents gens
de couleur, et soixante et deux mille nègres. Des ouragans
qui ont désolé File pendant dix ans, ont contribué aussi
à celle étrange dépopulation : mais depuis que ce fléau a
cessé , la Baibade n'est pas revenue à son ancien état de
prospérité. Elle ne pourroit espérer ce retour que de l'abo-
lition de l'acte de navigation. Malgré le préjudice que cet
acte apporte à la prospérité de l'île , la bonté de son sol en
général, et la qualité de son sucre, qui ne le cède qu'à
celui de Saint-Christophe , sont telles, que les cargaisons',
en 171^7, s'élevèrent à la valeur de douze millions neuf
cent cinquante mille cinq cent vingt livres tournois, et
furent exportées par trois cents quarante-trois vaisseaux ,
montés de dix-neuf cent quarante hommes.
ISLE DE SAINT-VINCENT.
'L'île de Saint-Vinceut, beaucoup moins considérable
que celle de la Barbade, a été successivement occupée
par les Français et les Anglais, concurremment avec les
Caraïbes. La possession en a été assurée à l'Angleterre,
mais toujours avec la même concurrence, par le Iraiîé de
Paris. De quatre-vingt-quatre mille acres de terre mon-
tueuses et inégales, mais bien arrosées, il n'y en a que
quaiante-hix mille de cultivées, dont la moitié est jjossédée
iiar les Anglais, et l'autre moitié par les Caraïbes.
Sur le territoire anglais, il y a cinq paroisses, et l'on n'y
trouve qu'une ville considérable qu'on nomme Kingston et
qui en est la capitale. Le reste n'est composé que de pauvi-es
■villages. >
AMERIQUE. VOY^C. AUX ANTILLES. I77
ÏD'apiès le dernier état, le nombre des blancs monloit
à qualorze cents, celui des nègres à douze mille liuit cent
cinquante. Dans le nombre de ces nègres, il faut com-
prendre ceux des petites îles qui dépendent de Sainl-
Vincent, telles que Regnia , Blustujue et l'Union, qui ea
contiennent une bonne partie. En 1787, il sortit de l'ile
Saint— Vincent et des îles en dépendantes , ceni vingt-deux
vaisseaux, dont les équipages étoient composés de neuf
cent .soixante et neuf hommes. Les cargaisons étoient
estimées à quatre millions quatre cent soixante et quatorze
mille huit cent seize livres dix-huit sols tournois.
ISLE DE LA DOMINIQUE.
L'ile de la Dominique a long-temps appartenu à la
France : elle fut cédée aux Anglais en 1759. Les j^lanteui-s
français qui y éloienl établis, furent maintenus dans leurs
propriétés. Reprise par les Français en 1778, elleest reiom-
béeen 1782 sous la domination britannique. Cette île con-
tient cent quatre-vingt-six mille quatre cent trente-six acres
carrés déterre, et est divisée en dix paroisses. Sa capitale
s'appelle Roseau. Cette ville, de forme irrégulière, n'a
qu'environ un demi-mille de long sur un quart de large.
La surface de celle île, comme celle de la Grenade, est
fort variée, quelquefois s'élevant en montagnes escarpées
et irrégulières, et quelquefois s'étendant en vallées fer-
tiles et superbes. Les montagnes récèlent encore des vol-
cans, mais sans activité, et des sources d'eaux chaudes
d'une qualité salubre. L'ile est arrosée de trente belles
rivières. Le sol est aussi varié dans sa qualité qu'il l'est à
sa surface. Celui dont la couleur est noire, et qui com-
munément est contigu aux rivages, est le nieilleur. Le
nombre des terres fertiles n'est pas considérable : on ne
compte dans l'île que cinquante plantations qui, une
année dans l'autre, ne rapportent guèi-e que trois mille
boucnux de sucre. Les cafiers foin-nisseul des récolles plus
abondantes. En 1778, on Gomploit ù la Dominique douze
VI. M
1^3 BIBLIOTirÈQUE DES VOYAGES.
cent trente-six blancs , quatre cent quaranle-six nègres
libres, quatorze mille neufceut soixante-sepl noirs esclaves,
et environ trenle familles de Caraïbes indigènes. Bryari
Edwards nous dépeint ceux-ci comme des gens tranquilles
et doux , vivant principalement de la pêche et de la chasse.
Il confirme ce qu'il avoit observé sur les Caraïbes en
général, relativement à leur adresse à tirer de l'arc, et à
leur habileté dans la manière de faire les paniers de paille et
d'écorce d'arbres.
En 1787 , il sortit de la Dominique cent soixanleet deux
vaisseaux, montés'de dix — huit cent quatorze hommes
d'équipage : les cargaisons en éloiejit évaluées à la somme
de sept millions deux cent soixante et onze mille sept cent
cinq livres cinq sols tournois.
ISLE DE SAINT-CHRISTOPHE.
Celte île , découverte par Christophe Colomb, et honorée
de son nom , n'a jamais été cultivée par les Espagnols,
tiong-temps elle fut concurremment occupée par les
Français et les Anglais : mais elle fut cédée à ceux-ci par
le traité de Breda. Après en avoir été chassés pendant la
guerre, ils y furent rétablis par le traité d'Utrecht. Ils la
perdirent de nouveau en 1782 , mais elle leur fut restituée
-en 1783.
Cette île contient environ quarante-trois mille sept cent
vingt-six acres de terre, dont vingt et un mille environ
sont en pâturages et en ^plantations de cannes à sucre.
L^iniérieur du pays est monlueux et aride; mais la ferlilil»
des plaines qui s'étendent le long àes rivages , dédommage
de la stérilité des montagnes. Le sol de Saint-Christophe |
n'a rien de commun avec celui des autres îles : poreux et
léger, c'est un mélange de terre vierge et d'une pierre
ponce ferrugineuse. Des feux souterrains lui ont proba-
blement donné celte qualilé. Du reste , ce sol n'a point son
pareil poiu' la production du sucre. Les terres choisies de
Sainl-Chrislophe rapportent année commune trente-deux
AMÉRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. I yo
qujntanx de sucre par acre (3584 livres, à 112 pesant le
(juinlal); et dans certains endroits , on a vu des cannes
produire la quanlilé prodigieuse de huit mille livres de
sucre par acie.
Sainl-Clirisloplie renferme neuf paroisses. Basse-Terre
en est la capitale. Le nombre des habitans est évalué *k
quatre mille blancs, vingl-six mille nègres esclaves, trois
cent nègres libres et mulâtres.
ISLE DE NE VIS. %
L'ile de Nevis s'élève du milieu de la mer en forme de
montagne , dont la base n'a pas plus de huit lieues. Toute
la surface et l'aspect de l'ile annoncent qu'elle fut pro-
duite à quelque époque reculée, par l'explosion d'un
volcan. Le sommet de la montagne forme un cratère qui
renferme ime source d'eau chaude fort imprégnée de
soufre. Il est très-probable cjue lorsque l'ile fut découverte
par Colomb , il sortoit de la fumée de ce cratère au milieu
des neiges , et que celte circonstance fit donner à l'ile le
nom de Nieves , neiges, d'où les Anglais l'ont nommée
Nevis.
Quoique cette île en général soit bien a,rrosée et son sol
extrêmement fertile, ce sol , dans quelques endroits, est
fort sec ; mais, pan cela même, ces parties sont propres à
produire en abondance des ignames et d'autres légumes
qui ne viendroient peut-être pas aussi bien dans un ter-
rein plus humide. On compte dans l'iie six cents blancs
et dix mille nègres.
ISLES D'ANTIGUE, DE MONTSERAT , DE
BAHAMA ET DES VIERGES.
Brv'an Edwards s'est borné à nous donner la popula-
tion des îles d'Antigue, de Moutserat, de Bahama et des
Vierges. Ahtigne contient deux mille cinq cent quatre-
vingt-dix blaucs, et tien le -sept mille huit cent huit
2.
1 OO E I B L I O .TU È Q U E DES V O Y A G K S .
nègres ; Montserat , treize cents blancs et dix mille nègres ;
les îles BaLama, mille soixante blancs et deux mille deux
cent quaranleel un nègres j les Vierges, douze cents blancs
et neuf mille nègres.
A la suite de ces descriptions, Bryan Edwards trace le
caractère des Européens résidens aux îles Antilles an-
glaises, celui des créoles, de leurs femmes et de leurs
enfctns , avec quelques observations sur les effets du climat
h leur égard. Sous les mêmes rapports, il considère les
wègres libres et les mulâtres.
Mais il s'étend beaucoup plus sur les noirs dans l'élat
d'esclavage. Non- seulement il donne l'historique de la
traite à la côte d'Afrique, mais il entre dans de grands
détails sur l'importation des nègres dans les colonies par
les différentes nations de l'Europe. A ces calculs commer-
ciaux, il fait succéder le tableau des différentes peuplades
africaines qui sont l'objet de la traite. Il y fait entrer les
Irails qui les distinguent par leurs bonnes ou mauvaises
qualités, soit dans leur terre natale, soit dans l'état d'es-
clavage. Après avoir exposé les moyens qu'on emploie
pour se procurer des esclaves sur les différentes côles
d'Afrique, la méthode à laquelle on s'attache pour le
transport de ceux qui- sont destinés aux îles anglaises , les
réglemens nouvellement établis à cet égard par un acte
du parlement , les effets de ces réglemens , le mode des
ventes des noirs à leur arrivée dans les colonies, l'emploi
qu'on eu fait, la manière dont on les traite, la dispro-
portion de sexe cIîcz les nègres actuellement importés
d'Afrique, les causes de leur diminution actuelle, entre
lesquelles Sryan Edwards range la polygamie , il fait ob-
server que l'esclavage même le plus doux est contraire à la
population , et propose divers moyens pour améliorer
encore le sort des esclaves. Ces dispositions philanthro-
piques ne ramènent pas néanmoins à voter indéfiniment
pour que la traite soit abolie : il rassemble au contraire le»
objections qu'il y a lieu de faire contre une abolition
directe et immédiate -de ce commerce par la nation bri-
AMERIQUE. VOYAG. AUX ANTILEES. lOI
lanniqiie seule : il fait valoir avec force plusieurs consi-
Aéralioiis sur les conséquences d'une pareille mesure.
Le cinquième livre de l'ouvrage de Bryan Edwards est
consacré au tableau des diverses cultures qui ont lieu dans
les Antilles. Le sixième livre roule sur la forme de gouver-
nement des établissemens coloniaux anglais, et sur le»
divers genres de commerce auxquels les produclions de
ces établissemens donnent lieu. Des délails très-instructifs ,
et des vues pleines de sagacité distinguent celle partie de
l'ouvrage ; mais il ne seroit pas possible d'en donner lui
extrait satisfaisant, parce qu'il n'y a rien à en retrancher ;
il faut les lire en entier dans l'ouvrage même.
Bryan Edwards l'a terminé par un tableau rapide de
l'élat politique de la colonie de Saint-Domingue avant
178G, et par la relation des événemens malheureux qui
sont arrivés dans celle colonie jusqu'à la fin de i'j^4' Le
traducteur l'a continuée jusqu'à l'époque de la mort du
Capitaine-général Le Clerc.
§. IL Descriptions des Grandes- Antilles . T^ojages^
faits dans ces iles.
jEneconnoispoint de relations particulières à l'ile de
Ciiba , la plus considérable, sinon par sa culture, au
moins par son étendue, des grandes îles Antilles; mais
comme c'est un lien de relâche pour les flottes espagnoles
qui vont dans les Indes occideiilales, ou qui en revien-
nent, et même pour beaucoup de vaisseaux des autres
nations, on trouve des j-enseignemens sur cette île dans
j)lusieurs Voyages. C'est principalement dans les Mémoires
de Fischer, écrits en allemand , rédigés en grande partie^
pour ce qui concerne les colonies espagnoles , d'après le
Voyageur universel espagnol, el dont j'ai donné précédem-
ment un extrait (cinquième Partie, section i) qu'on peut,
I ainsi qu'on l'a vu , se faire iw.e idée de l'ile de Cuba.
Comjrie pour celle île^ ce n'est également que dans (^s-
lS2 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
relations communes à d'autres pays qu'on peut se procurer
des notions sur File de Porlo-Rico , l'une aussi des Grandes-
Antilles, J'en ai donné une esquisse dans la notice des
Voyages intéressans {ibid. ). Quant à Saint-Domingue et à
la Jamaïque, on a sur ces deux îles plusieurs relations
particulières.
SAINT-DOMINGUE.
Histoire de risle-EspagnoIe ou de Saint-Do-
mingue , e'crite parlicuîièremeut sur les Mémoires
manuscrits du P. J. B. Pers , missionnaire, et sur
les pièces originiales qui se conservent au dépôt de
la marine /par le P. Chadevoix , jésuite, enrichie
de plusieurs cartes géograpdiiques et de vignettes.
Paris _, Prulard, 1722, 2 vol. in-4''.
— La même. Amsterdam, ly 55, 4. vol. in-12.
Ainsi que l'annonce le titre, celte relation a été com-
posée, en grande partie , d'ajirès les Mémoires d'un mis-
sionnaiie; mais le P. Charlevoix en a judicieusement
relranché les détails purement relatifs aux travaux dts
missions; et il n'a traité que l'histoire politique, militaire et
morale de l'île, le meilleur ouvrage peut-être de cet écri-
vain , qui l'a divisé en doxize livres : c'est dans le douzième
qu'il décrit les deux parties de lile soumises à l'Espagne et
à la France. La partie espagnole spécialement ne nous
éloit guère connue que par sa relation, avant la descrip-
tion plus détaillée qu'en a publiée assez récemment
jST. Moreau de Saint-Méry. Li; P. Charîevoix indique les
principaux éiablissemens formés par les Espagnols dans la
pai'lie de l'île qu'ils occupoient : sur-tout il s'étend beau-
coup sur la riche plaine de San-Domingo et sur la capi-
tale qui lui a donné ce nom. L'ignorance, la fierté des
Espagnols, la pauvreté qui marche à la suite de leur
indolence, quelques vérins qui forment un conire-poids
à ces vices, telles que la tempérance et la générosité, sont
AMÉRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. 1^6
peinles avec les couleurs les j)!us naïves. La de.sciiplion
de la partie française embrasse la température du pays, ba
population, la nature et Ja variélé de son sol, ses rivières,
ses mines, oubliées depuis pour des cultures plus riches.
Le P. Charlevoix décrit rapidement l»s animaux et les
fruils de l'île; il trace le caractère d'esprit des colons fran-
çais, balance leurs bonnes et leurs mauvaises qualités, et
termine ce tableau par des observations assez judicieuses
snr les nègres. On conçoit aisément que la partie de l'ou-
vrage du P. Charlevoix qui concerne la culture et la
population delà partie française de l'ile, avoit bien vieilli ,
lorsqu'on en lapprochoit le tableau de l'état florissant oi\
elle séloit élevée sous ces deux rapports dans les derniers
temps qui ont précédé la révolution.
Essai sur riiisloire naturelle de Saint-Domingue
(par le P. Nicolson),, Paris, Gobreau , 1776, in-8^.
C'est un supplément très-utile à ce que l'histoire de
Saint-Domingue par Charlevoixlaissoil désirer sur l'histoire
natuielle de celte île.
Loix et constitutions des Colonies françaises
Sous-le-Vent , suivies _, 1°. d'un Tableau raisonné
des différentes parties de l'administration actuelle
de ces colonies; 3°. d'Observations générales sur
le climat, la population , la cwlture, le caractère,
les mœurs des babitans de la partie française de
Saint-Domingue ; 5". d'une Description physique ,
politique et géograpbique des différens quartiers
de cette même partie : le tout tei^miné par l'Histoire
de cette île et de ses dépendances , depuis leur
découverte jusqu'à ce jour. Paris^ 1784- 1785,
4 vol. in-/|".
Voyage à Saint-Domingue, dans les anuécs
184 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
i'j88, 1789 et 1790, par le baron de W impfen^
Paris, Buisson , 1795 , 3 vol. in-S".
Ce Voyage a été traduit en anglais , el a paru soua le lilre
suivant :
Tf^'^lMFEN's (baron) Voyage to St.- Domingo,
Londres, T794, in-8°.
Ce voyageur a chargé de couleurs très^noires le tableau
qu'il fait de la vit; sociale et des mœurs des colons de
Saint-Domingue. Les traits de ce tableau étoient sans
douîe applicables en général à beaucoup de ces colons,
mais les exceptions éloient nombreuses.
Description topogi^apliique et politique de la
pnrtie espagnole de l'île de Saint-Domingue, par
'^l. Mo veau de Saint -3Iéry, en anglais et en fran-
ç,ïls. Philadelphie , 1796 , 2 vol. in-8".
Description de la partie française de l'île de
Saint-Domingue, eu anglais et en français, par le
même. Philadelphie, 1797 , 2 vol. in-4°.
C'est dans celte dernière relation sur- tout qu'on jJGut
recueillir des notions certaines sur le dernier élat de la
colonie de Saint-Domingue , avant cette funeste insurrec-
tion qui l'a couverte de ruines et comme abreuvée de
sang. Des villes iloiissanles , des bourgs jîopuleux, des
plantations immenses, de riches et nombreux ateliers^
tout a disparu de la surface du sol; les flammes ont tout
dévoré. La race européenne a été anéantie par le per-
fide et cruel Africain. La desciiption de la colonie, telle
qu'elle existoit avant 1789, n'appartient plus qu'à fhi!-—
ioire. Je n'en donnerai donc pas un extrait, qui d'ailleurs
ne pourroit que rappeler de déchirans souvenirs.
Tableau historique de la Colonie française de
Saint-Domingue, par Btyan Edwards: (en anglais)
Jlistorical Swvej of the Franck Colonj of Saint"
AMÉRIQUE. VOYAC. AUX ANTILLES. 1 85
Domingo , bj Brjan Edwards. Londres , 1 797, in-4"«
Celte histoire a été depuis réimprimée dans le troisième
volume de l'Histoire des Indes occidentales du même
auleur, dont j'ai donné jDrécédeniment la notice.
Histoire de 1 île de Saint-Domingue , extraite
de 1 Histoire civile et commerciale des Antilles , de
M. Bry^an Edwards, et continuée jusqu'aux der-
niers événemens , contenant de nombreux détails
sur ce qui s'est passé dans cette importante colo-
nie pendant la révolution , par J. B. J. Breton , avec
une carte de l'île. Paris, Dufour , an xi — i8o3}
Amsterdam, ibid, in- 12,
LA JAMAÏQUE.
Description de l'île de la Jamaïque: (en an-
î:;lais) Description of tlie island of Jarnaïca. Lon-
dres', 1672 , 2 vol. in-S"*.
Discours sur l'état présent de la Jamaïque , par
Thomas Tropham : (en anglais) Discourse vpon thc
modem state of Jamaica , by Thoin. Tropham. Lon-
dres , 1679, in-8^.
Tableau de la Jamaïque, avec tous les ports et
les établissemens qui lui appartiennent, etc.. par
HicheringiUi : ( en anglais ) Jamàica TFievcd , tpith
ail tlw ports and settlcmenls thereunto belengiug^ etc.
'5" édit. Londres, lyoS, in-fol.
Plusieurs Of-servations modernes sur la
Jamaïque , sur son histoire naturelle , ses amélio-
rations , son commerce et l'espèce de ses béné-
fices : (en anglais) Some modem Observations iipoii
Jamaïcà , and Lo its natural history , improvemcnl _,
l86 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
in tonde , maniier of living. Londres, i'72'7, ia-8**.
Histoire de la Jamaïque : (en anglais) History
- of Jamàica. Londres, lySo, m-4°-
Cet ouvrage a été traduit sous le lilre suivant :
HfSTOiRE de la Jamaïque, traduite de l'anglais
par M**'^, et ornée de six planches en taille-douce.
Londres, Morse, l'jSi, 2 parties formant i vol.
iiî-i2.
Cette relation est le fruit d'un séjour assez long de
1 auteur à !a Jamaïque. L'histoire de l'occupation de cette
île jDar les Espagnols, de la conquête qu'en firent sur eux
les Anglais, des établisseniens que ceux-ci y formèrent,
est précédée d'un© description de l'île. Les rivières qui
ai'rosent ses vallées fournissent une eau très-salubre , et
noui'rissent plusieurs excellentes espèces de poissons.
Les montagnes, très -multipliées dans l'île, sont fort
boisées ; elles ont l'inconvénient <l'assurer une retraite inac-
cessible aux nègres insurgés et marrons qui en occupent
le centre. L'auteur delà relation nous a donné l'historique
de celle puissance si redoutable pour la colonie. L'origine
en remonte à l'expulsion des Espagnols de la Jamaïque :
elle est très -curieuse.
Ceux des nègres qui éloient restés fidèles à leurs anciens
maîtres, se voyant en liberté par leur fuite, et craignant
que les Anglais ne les punissent cruellement des perles
qu'ils leur avoient fait essuyer dans le cours de la guerre
entre les deux nations, résolurent de se maintenir dans l'île.
Ils tuèrent celui que les Espagnols avoient mis à leur lêle,
choisirent entre eux un chef pour les commander; et après
avoir fait jirovisoirement quelques réglemens nécessaires
pour conserver leur union, ils s'occupèrent d'assurer leur
subsistance. Ils plantèrejit dans les cantons les moinsacces-
sibïes aux colons, du maïs, du caCao et d'autres plantes
nourricières : ils trouvoient d'ailleurs des ressources de
avibsistance dans la chasse et dans les vivres qu'ils enle—
-AMÉRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. 187
voient sur les habitations. Doyley , qui comnianfloit clans
1 ile^ fit poursuivre vivement ces maraudeurs. On joignit
plusieurs de leurs partis écartés du gros de la troupe , et
on les tailla eu pièces : au nombre des moits, se trouva le
chef de ceux qui s'étoient opposés à ce qu'ils se soumissent
a l'Angletene. La plus grande partie des insurgés qui
avoient survécu à cetle défaite^ offrirent de se soumettre ,
et fujent reçus en grâce. D'autres, en peiit nombre,
s'obsliïièrent à se défendre. On employa contre eux les
nègres de la colonie qui eurent la Mclieté de donner celte
l)reuve de fidélilé ù leurs maîtres. Par cette méthode, le
nombre des insurgés diminuoit tous les jours, et plusieurs
même trouvèrent le moyen de passer à Cuba. Le petit
nombre de ceux qui resf-èrent, ne donnant plus aucun
sujet d'inquiétude , on négligea d'achever de les soumettre.
Leur nombre augmenta toujours insensiblement; et la
retraite qu'ils s'étoient ménagée, devint un asyle sûr où
se réfugièient clans la suite tous les esclaves que la ciainle
des châtimens ou le moindre mécontentement engageoient
à s'enfuir de chez leurs maîtres. C'est ainsi, dit l'auteur de
la relation , que, par progression de temps, ils sont deve-
nus si redoutables, qu'ils ont plus d^une fois fait trembler
l(^ule l'île et forcé les colons d'employer toutes les forces
contre eux, sans pouvoir parvenir à les soumettre: des
déiachemen'sde troupes choisies ne les ont même jamais
nttaquts, sans essuyer beaucoup plus de perle qu'ils ne
]f ur en avoient causé. Pour se garantir de leurs incursions,
il a fallu consliuire des forts, former des retrancheniens
qui ne font pas toujours une barrière sûre. Ils forment
donc aujourd'hiu' , depuis sur-tout que l'auteur de la rela-
tion a publié son ouvrage, une puissance avec laquelle,
après de vaines tentatives pour la clétruix-e, le gouver-
nement s'est vu ]:)lusicurs fois forcé de traiter comme de
puissance à puist^^ance, pour assurer la tranquillité des habi-
tans de la plaine.
Indépendamment de cet état de choses, si fâcheux dans
l'ordre politique, la Jamaïque est habituellement désolé*
lS8 BIBLIOTHÈQUE DTS VOYAGES,
par des ouragans de la plus grande violence, devenus
laeaucoup plus fréquens dans les derniers temps, et par
des Iretnblemens de terre, tels qu'en ^792, la commotion
renversa presque entièrement Port-Royal, Ja plus belle
ville de la colonie. La mer ennloutit le reste. Ce désastre
o
donna naissance à la ville de Kingston , aujourd'hui la plus
considérable de la Jamaïque après Spanish-Town , la capi-
tale de l'ile. Ces tremblemens de terre occasionnent de»
subversions de terreins très-funestes pour les cultures; et
jDeut-êire aussi sont le germe des maladies aiguës, qui de
temps à autre affligent l'ile.
Ces fléaux, la grande étendue des parties montueuses et
insusceptibles de culture, l'infériorité reconnue du sol à
celui de Saint-Domingue, l'épuisement de ce sol dans
plusieurs cantons, ne permettoient pas de faire entrer
celte coloiiie en comjîaraison avec celle de Saint-Domingue
avant l'insurrection qui a éclaté dans cette dernière île.
La relation renferme des notions intéressantes sur la
forme du gouvernement de la Jamaïque, qui a beaucoup
d'analogie avec le régime des colonies anglaises du conti-
nent de l'Amérique septentrionale, tel qu'il exisloit avant
leur séparation d'avec la métropole.
On trouvera sur cette colonie des détails plus circons-
tanciés encore dans l'ouvrage suivant :
IIiSTOiiiE naturelle et civile de la Jamaïque , par
P. Brown, eurichie de beaucoup de plauclies : (en
anglais) P. Broivji's the Civil cnid Naiural History
of Jamaïca. Londres, Osbornc , lySô, in-fol.
Cet ouvrage est 1res -précieux , pour les naturalistes
principalement.
Histoire de la Jamaïque, ou Tableau général
de l'ancien et du nouvel état de celte île , avec des
réflexions sur sa situation , ses établissemens , son
climat , ses productions , son comjnerce , ses loix ,
i
AMÉRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. 189
son gouvernement : (en anglais) The Hist.ovy of
Jamàica , or gênerai Swvej oftlie ancient and mo-
dem State ofthat island^ witli réflexions on his sitiia^
tion , settlements , cVunate , products , commerce ,
laws and government. Londres, 1774? 2 vol. in-8*'.
Recherches concernant le commerce et la po-
lice de la Jamaïque : (en anglais) An Inquirj con-
cerning the trade and polie j of Jamàica. Londres ,
1777, in-4°.
Description de l'île de la Jamaïque , traduite de
l'anglais par Pingeron. Paris , 1782 , in-12.
Vues pittoresques de la Jamaïque , par Becîfort ,
avec planches : (en anglais) Picturesque Views of
Jamàica, hj Bechfort. Londres, 1790, iu-8°.
Cet ouvrage a élé traduit en français sous le litre suivant :
Vues pittoresques de la Jamaïque , avec une
description de'taillée de ses productions , sur-tout
des cannes-à-sucre , des travaux , du traitement et
des mœurs des nègres , etc — traduit de l'anglais
de M. W . Beckfoit , par J. S. P. Lausanne, Durand
l'aîné, 1795 , 2 vol. in-12.
Outre des renseignemens assez précieux sur les produc-
tions, les cultures et les mœurs des cultivateurs qu'an-
nonce le titre de l'ouvrage, l'auteur a décrit d'un style
animé, comme il le promeltoit aussi dans ce litre , les plus
beaux sites de la Jamaïque. La description sur-tout qu'il
a faite des cavernes de cette île, est très-attachante.
Histoire des Nègres marrons à la Jamaïque, par
Dallas (en anglais). Londres , in-8°.
On en trouve la traduction en allemand dans le 22e vol.
de la Bibliothèque des Voyages modernes, de Sprengel et
de Ehrmann.
I
igO BIBLIOTHEQUE DES VOYAGl-.i.
§. III. Descriptions des Petites- Antilles. F^ojages
faits dans ces Iles.
Pour plusieqrs de ces îles, il faut recourir à des rela-
tions qui embrassent plusieurs contrées ; aux Voyages Inté-
ressans (cinquième Partie, section i), pour les îles de
Curaçao, de la Grenade et des Bermudes ; à X Histoire
civile et commerciale des Ishs occidentales^ par Biyaa
Edwards (cinquième Partie, section m), pour la B u-
"bade, Saint-Vincent, la Dorainiq'ue , Saint-Christophe,
Ijevis. J'en ai donné l'apperçu rapide dans le compte q^ie
j'ai rendu de ces deux ouvrage.-;.
Relation de rétablissement des Français , de-
puis l'an i655 , en l'île de la Martinique , l'une des
Antilles de l'Amérique ; des mœurs des Sauvages ,
de la situation et des autres singularités de l'île : par
le P. Jacques Bouton , de la Compagnie de Jésiis.
Paris, Cramoisy, 1640, in-8°.
Ce voyage est précieux sur-tout pour les notions qu'il
nous donne sur les Caraïbes, avant que leurs mœurs eus-
sent élé altérées par des communications fréquentes avec
les Européens , avant que leur constitution eût été afFoiblie
par lusage funeste des liqueurs fortes. On ne reconnoît
parmi eux, dit le P. Bouton, aucune religion proprement
dite. Ils ont néanmoins quelques notions de limmorlalité
de l'ame ; il le conjeclui'e de ce que, comme les Canadiens
ils donnent aux défunls, pendant quelques jours, des
vivres pour se nourrir, des liardes pour se vêlir, di-s
meubles pour s'en servir. De savoir ce que les âmes cTes
morts deviennent , c'est ce dont il y a lieu de croire qu'il.s
ne se metlent pas en peine. La simplicité du P. Bouton
se décèle dans ce qu'il ajoute, qu'ils connoissent jiar Tex-
périence et à leurs dépens, qu'il y a des esprils, puisque le
diable, qu'ils appellent Maboia, les bat quelquefois jusqu'à
^MVIERIQUE. VOYAG. AUX ANTILLFS. IQI
la niorl, mais rju'ii n'a pas tant de puissance iur eux
lorsqu'ils sont aA^ec les Françaisj mais qu'en reloiirj il les
tourmente cruellement en punition de ce qu'ils y ont été.
L.e P. Boulon ajoute, avec une élrange ci'édulilé, que les
Caraïbes crovcnf que le ?igne de la croix fait fuir ce
Mahcïa , et que la plupart ont dans leurs habitations une
porte par laquelle ils disent qu'il entre et qu'il sort. Du
reste, ils ne lui rendent aucun honneur et ne lui offrent
aucun sacrifice. Ils reconnoissent un autre esprit qu'ils
nnmnient Chamin, et qui ne les traite pas mieux que le
Mahoïa. Le P. Boulon observe sérieusement qu'il faut que
quelques-uns deux aient une communication particulière
avec cet esprit, jjuisqu'ils prédisent les choses futures
qu'ils ne peuvent savoir que de lui. Il en cite pour preuve ,
que la veille du jour de son arrivée, une vieille Sauvagesse
dit à un Français, magnane navire de France , c'est-à-dire,
demain arrivera ici un na^are de France , ce qui se réalisa.
Ces Sauvages, femmes et hommes, vont entièrement
nus : j'en fis , dit le P. Bouton , la réprimande à un capi-
taine d'entre eux , qui ne me Gt d'autre réponse que celle-
ci : I^on ça bon pour Français , bon pour Caraïbe : mot
plein de sens, et d'une sagacité même qu'on n'attendroit
pas d'un Sauvage ; car il exprimoit par-là que chaque
nation a des usages qui lui sont propres , et auxquels cliaque
individu doit se conformer.
Du reste, ce peuple , dont les Européens, qui en avoient
reçu plus d'une fois les meilleurs traitemens, sont insen-
siblement jjarvenus à exierminer pref^que entièrement Ja
race(i), avoil en grande j^arlie , suivant le portrait qu'ea
(i) On a précédemment vu qu'il en exisle encore dans lile
Sainl-Vincenl , l'une des Anlilles apparlenanlà l'Angleterre, quel-
ques foibles restes : ils y sont confondus avec les descendans des
nègres révoltés, et parlagent en quelque sorte avec les Anglais la
j)Ossession de celle île. C'tsl dans l'Hisloire des Indes occideulales ,
de Hryan E(i\vards , (ju'on peut recueillir , ainsi qu'on l'a vu , qiuïl-
qucs renbeignemens sur celle colonie de Saint- Vincent.
192 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGF. S.
fait le P. Boulon , les vertus et les a ices des Sauvages clit
continent. Hospitaliers, généreux avec leurj amis, ils
étoient implacables dans leurs haines et dans leurs Ven-
geances. Dans l'état de paix , leur indolence , leur fainéan-
tise , leur apathie étoient extrêmes : c'éloit aux femmes
qu'ils laissoienl tout le fardeau des soins domestiques , ne
réservant leur activité que pour la chasse, la pèche, et
l'abattis des plus gros arbres. Dans la guerre, qu'ils ne
provoquoient jamais , mais qu'ils soutenoient avec une
courageuse persévérance, ils déployoieut une grande acti-
vité, mais ils employoient plus volontiers la ruse que la
force ouverte. Enfin ils étoient singulièrement attachés à
leur genre de vie, et rien ne pouvoit les déterminer à
l'abandonner.
Ce tableau de la nation Caraïbe se raccorde assez avec
ce qu'en a dit Bryan Edwards, qui paroît y avoir puisé
les principaux traits dont il les a dépeints.
Relation de rétablissement d'une Colonie fran-
çaise dans la Guadeloupe, et des mœurs des Sau-
vages , par François Dupais , de Tordre des Frères
Prêcheurs. CaenJ^Yvon, i652, in- 8".
Histoire générale des îles de Salnt-Chrislopbe,
de la Guadeloupe , de la Martinique et autres , dans
rAmérique , où l'on verra l'établissement des Colo-
nies françaises dans ces îles, leurs guerres civiles et
étrangères, et tout ce qui se passe dans les voyages
et retour des Indes (occidentales) : comme aussi
plusieui s belles particularités des Antilles de l'Amé-
rique, une description générale de l'île de la Gua-
deloupe , de tous ses minéraux , de ses pierreries ,
de ses rivières , fontaines et étangs , et de toutes ses
plantes. De plus, la description de tous les animaux
do la mer , de l'air et de la terre, et lui traité ion
AMÉRIQUE. YOVÀG. AUX ANTILLES. IqS
iample des mœurs des Sativages du pays, de l'c'iat
de la colonie française , et des esclaves , tant Maures
que Sauvages: pYir le Tl. P. Jeàn-Baptisle ^Mierf/Ci
Paris , Jacques Lau^lois, i654, i vol. p. iu-4°.
Cet ouvrage est devenu fort rare , et mérite d'être re-
clierché , tant pour la partie de l'histoire naturelle qui y
est traitée dans un grand détail et avec beaucoup' d'intel-
ligence pour le temps où l'auteur écrivoit , que pour la
peinture des moeurs des naturels, qui sont aujourd'hui
éteints. Il ajoute à cet égard de nouyelles lumières à celle»
que nous avoit données le P. Eouton.
PvELATiorv' de l'île de ïabago ou de la Nouvelle-
Oualcre y l'une des Antilles de l'Aniérique , par
Rbchefort, Paris , "Bill aine , 1666 , in- 18.
Cette relation est moins commune que l'Histoire natu-
relle et morSile des A'h'lilles , par le même auteur. Le nom
de Nouvelle-Ovalcre qu'il donne à l'île de Tabago , né
lui avoit été imposé par les Flamands, du nom de l'île de
"Walcheren en Zélancjje , que depuis trente ans environ ,
lorsque Roc.hefort écrivoit sa relation ; mais l'ancien nom
de Tabago a prévalu. Cette relation n'est recherchée que
pour les détails qu'y donne l'auteur sur les usages et les
mœurs des naturels de l'île.
Histoire des îles Caraïbes , c'est-à-dire , des Bar-
bades, Saint - Christophe , Saint - Vincent ^ la Marti-
nique . la Dominique , Monlscrat , Nevis , Anti-
goa , etc.... en tout vingt-huit îles , en trois livres :
le premier contient l'histoire naturelle ; le second ,
riiisloire morale de ces îles : ornée de plusieurs
gravures représentant les beautés les plus remar-
quables qu'on y trouve , avec un vocabulaire ca-
raïbe : par Jean D aviez : (en anglais) The History
yi* ' , N
Ï94 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES*
of ilie Caraby- Islauds , viz Barhades , St.- Chris*
tophe , St. - Vincent ^ Martinico , Doniiiiico , Mont-
serat , Ne\^is ^ Anligoa , etc. .h. in ail XXVIII in
two books : tlie first containing the natural ,the moral
historj of the islands : illuslrated with several pièces
tof sculpture representing the most considérable rari-
ties therein described; with a carribian vocabulary :
hj John Baviez, Londres , 1666 , in-fol.
Etat actuel de l'île de Tabago : (en anglais)
The présent State of the island of Tabago . Londres,
i685,m-4^
Histoire de 1 île des Barbades , par Rlcbard
tfigon : (en anglais) History of Barbadoes , bj Ri-
chard Ligon. Londres, 1695, in-8°.
Nouveau Voyage aux îles de l'Amérique, con-
tenant rhisloire naturelle de ces pays, l'origine,
les mœurs , la religion et le gouvernement des
liabitans anciens et modernes, les guerres et les
événemens qui y sont arrivés pendant le long séjour
que l'auteur y a faitj le commerce et les manufac-
tures qui y sont établies , et les moyens de les
augmenter, avec une description exacte et curieuse
de ces îles : ouvrage enrichi de plus de cent caries
géographiques, plans et figures en taille -douce.
Paris, Cavelier, 1722,6 vol. in-i2.
■'—Le même, avec cartes et figures. La Haye,
1>724, 2 vol. in-4''. et G vol. in- 12.
— Le même, avec cartes et figures. Paris, 1742,
8 vol. in-12.
De ces quatre édiiious , celles de La Haye sont 1». s plus reclier*
AfltÉRIQUE. VOYAC. AUX ANTILLES, 195
rhées : celle de 1722 vient erisnile, on la jift-fère à celle de 1742 ,
parce que les épreuves des figures sont plus belles.
De loules les relations du P. Labat , celle-ci est la plus
eslimée. Dans ses notices sur les procédés des manufac-
tures , dans ses descriptions des animaux et des plantes ,
il a moniré un talent qu'on n'auroit pas cru rencontret"
dans un religieux , étranger par son élat et ses occupations
principales aux arts mécaniques et à l'histoire naturelle.
On regrette seulement qu'il ait grossi sa l'elalion d'une
foule de petites anecdotes, la j^lupart malignes, sur les
familles du pays, et qui, d'un médiocre intérêt dans le
temps, n'en ont plus ancun aujourd'hui.
Quoique le P. Labat ait embrassé Saint-Domingue dans
sa relation, comme il n'a donné que de très- légers ren-
seignemeus sur cette colonie, qui, à l'époque où il rédi-
geoit son Voyage, étoit en quelque sorte au berceau , qu'il
s'est principalement occupé de la Martinique et delà Gua-
deloupe , qu'il a même jeté dans son Voyage quelques
notions satisfaisantes suf plusieurs autres des petites îles
Antilles, j'ai cru devoir placer sa relation dans le para-
graphe particulier à ces îles. En décrivant celles de Saint-
Vincent, de Sainte-Lucie, de Saint-Thomas , de Saint-
Eustache , de Saba, et jusqu'à la petite ile des Crabes, il a
satisfait la curiosité de plusieurs lecteurs, et a en même
temps rendu un véritable service aux géographes, ces îles
n'ayant été décrites jusqu'à lui dans aucune relation parti-
culière.
Relation de l'otablissemént qu'on s'est pro-
l^osé de former dernièrement, en l'année 1722,
dans les îles de Sainte-Lucie et de Saint- Vincent
en Amérique : (en anglais) Relation of the late in-
tended seulement of the islands of Ste.-Lucia and
St.-Vincent in America, in the jear iy22. Londres,
ly25, in-i2.
Histoire naturelle de l'île des Barbades ^ pnr
à
ig6 BI ELIOTHÈQUÏ DES VOYAGES.
Griffitli Hugues: (en anglais) The Natural History
oft.lie islaiid of Barbadoes j hj G ri //ith Hugues. Lon-
dres, 17585 ibid. 1793, in-foî.
Description de l'île de Sainie-Croix en Amé-
rique : ( en danois ) BesAris^elsc o^'er Eyland af
Ste.- Croix i Ameiika i fVesl-Indien. Kiob. , 1768,
in-40. •
Description historique et géographique des
îles Antilles conquises par les Anglais sur les Fran-
çais , et particulièreujent de la Guadeloupe et de
la Martinique: (en allemand) Historisch- Geogra-
phische Beschreibung der von den Englàndem ero-
berten Franzosischen Aiitillisclien Insein , besonders
Guadeloupe und 3Iartini(jue. Sluigard , 1762, in-8*^.
ÏIelation d'une expédition dans les Indes occi-
dentales , vers la Martinique , etc.... par le capi-
taine Gardiner : (en anglais) yin uéccount of the
expédition to the PFest-Indies ', against Martinico ,
etc.... bj capitain Gardiner. Birmingham, Basker-
ville, 1762, in -4°.
Voyage à la Martinique , contenant diverses
observations sur l'histoire naturelle , l'agriculture ,
les mœurs et les usages de ces îles, faites en 1761
et dans les années suivantes , par Chanvalon , avec
une carte de l'île. Paris , Bauche , 1765, in-4°.
La première partie de celle estimable relation comprend
les observations météorologiques, faites j^ar l'auteur pen-
dant les six derniers mois de 1751. Il y a beaucoup insisté
sur l'inégalité de la marche des thermomètres à l'espril-de-
vin, et sur la préférence que méritent ceux de mercnre.
La maiv-uc périodique et alternative du baromètre daiis
AMERIQUF. VOYAC. AUX ANTILLES. IC)J
la zone tf)rride a singulièrement fixé,, son allenlion : il a
mis la plus grande allention à retonnoître les différentes
liaiiteurs du baromètre avant et après midi, produites par
son mouvement périodique , d'avec celles qui pouvoient
être l'effet des autres mouveinens de l'atmosphère.
Dans la seconde partie , Ghanvalon a décrit la Marti-
nique, la situation de ses côles, la nature de ses divers
terreins et des différentes productions auxquelles ils sont
propres. Les montagnes, les rivières, les animaux indi-
gènes de l'ile, ceux qu'on y a transportés, les nombreux
insectes qui la désolent, la nécessité de s'opposer à leur
multijîlication et de les détruire, les moyens qu'on peut
employer pour y parvenir; les progi'ès qu'on peut faire
faire à l'agriculture pour augmenter et multij^lier les pro-
ductions de l'île, ont été successivement l'objet de ses
observations, où il a soigneusement confirmé ou réfuté les
relations des voyageurs précédens et les remarques faites
par les anciens naturalistes, suivant qu'elles se rappro—
choient ou s'éloignoient des faits sur lesquels il avoit porté
un examen approfondi.
C'est dans la troisième partie qu'il s'est occupé des
moeurs. La peinture qu'il fait de celles des colons a le
caVactère de l'impartialité, et annonce un esprit philoso—
jihique : mais le morceau le jîlus piquant de ce tableau,
€»l celui où il traite des moeurs des nègres et sur-tout d&
celles des Caraïbes, dont il subsisloit encore quelques
familles au temps où le voyageur a visité la Martinique.
Histoire abrégée de l'île des Barbades ; (en
au i^l ai s) 5/iorf Historj ofBarhados. Londres, 1768,
iii-i2.
Etat naturel de l'île de Tabago : (en anglais)
The présent State of the island of Tahago. Lon-
dres, 1768, m-8°.
Description de l'île de Nevis, avec la r<;latioti
19^ BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.'
des principales maladies qui y régnent , par Jacques
Rymer : (en anglais) Description of the island Nevis ,,
%yith an accowit of its principal diseases ^ hy James
Bymer. Londres, 1776, in-8°.
Etat des Islcs danoises, par le lieutenant (au^
jourd'hui général) Oxholm (en danois). Copen-
hague, 1772 , in-B".
Le même, traduif eu français sous le litre suivant :
Etat des îsles danoises aux Indes occidentales y
par Oxliolm , traduit en français. Paris, 1799, in-8*^.
Histoire de la mission des Frères Evangéliques
aux îles Caraïbes, Saint -Thomas , Sainte- Croix ,
Saint-Jean , par C. G. A. Oldendorp , publiée par J. J^
Brossart _, avec des cartes : (en allemand) Geschichte
der Mission der Evangelisclien Brïider auf den Carai-'
bischen Inseln StJ~ Thomas und St.- Jean , von C.
G. yl. Oldendorp , herausgegehen von J. J. Brossart..
Barby , 1777, 2 vol. în-S".
Description de l'île de Curaçao et des lIcs voi-^
sines : (en hollandais) Besehryvinge van hetEylnnd
Curaçao end de aronder jereude Ey lande. Amster-
dam , 1781, in-8°.
Description historique des îles de la Vierge ,
par Georges Stuhlins : (en anglais) Historical Ac-
count of the f^irgin- Islands , hy George Stuklins.
Londres, 1782, in-S".
Description de Tîle Saint-Barthelemi dans les
Indes occidentales , par S.. Dahlmen : (en suédois).
Beshrifning om S. Barthelenn , suensk ce i JVest-In-^
dien , forfattad af S. Dahlmen. Stockholm, 1786,
iu-8°.
AMERIQUE. VOYAC. AUX ANTILLIÎS. IQQ
Histoire de Tile de la Dominique, contenant
]a description de sa situation , de son étendue , de
son climat , de ses montagnes , de ses rivières et de
ses productions naturelles , par Thomas Alwood :
(en anglais) History ofihe island of Dominica , coii-
tnùiiiig a description ofits situation ^ exteiit , climate,
inountains , rivcrs, natural productions , hy Atwood^
Londres, 1791, iu-8".
— La même, traduite en allemand. Gottingue,
l795,io-8^
Mémoire sur l'île Saint-Thomas, et Tes Gouver-
neurs danois qui y ont commandé depuis 1769 jus-
qu'en 1 776, par G.IIoest : (en danois) Efterretningerr
cm den a S. Thomas og dens Gouuerjieurer optegnede
der paa landet Jra iy6() indtil iyy4: , ved G. Hoest^
Copenhague, i79r,iu-8°.
Bapport sur l'état de l'île danoise Sainte-Croix
aux Indes occidentales, depuis juin 1789 jusqu'à
la fin de juin 1790 , par H. TFest : (en danois) J5e-
retniug om det Danske eiland S. Croix i T^estendïen
fra Junii maaned 1/80 til Junii maaneds ndgang
lygo ^ af H. West, (fnséré dans le cahier de juillet
du Journal Iris , 1791.)
Voyage à Saint -Barthelemi, fait aux frais de
l'Académie des sciences de Stockholm , par ^u-
phrascn , traduit du suédois (en allemand). 1798 ,
in- 8°.
MÉMOIRES pour servir à la description.de Sainte-
Croix , avec un apperçu des îles Saint - Thomas^,
Saint -Jean, Tortola , Spanishtov^^n , ete par H;
West : (en danois) Bidrag til Beskri^ehe over S te.
20O El KLIO Tlï KQU E DES VOYAGES. •
Croix med en kort iidsigt over St. Thomas, St. Jean,,
Tortola , Spanishtown , Craheneiland ^ etc .... af H.
West. Copeûliague , i8oi, in-S".
. Voici l'extrait qu'a donné de ces Mémoires Je rédaclenv
du Journal de la Lilléralure étrangère (seconde année ,
dixième cahier, page 237 ).
La première édilion de cet ouvrage avôit paru en 1794-
Le texte y est divisé en trois sections, dont la premier©
Iraile du climat, dt-shabitans blancs et des nègres dans la
campagne; la. seconde, delà manière de vivre et de l'éco-
Jiomie publique; el la troisième, de l'histoire et de la
situation de Sainle-Croix et de ses produclions. Celle
dernière section est terminée jiar un apperçu des îles
voisines, qui sont Saint-Thomas, Saini-Jean, Tortola,
typanish-Town et l'île des Tortues. Nous allons citer quel-
<jues observations qvii donneront une idée de la manière
dont l'auteur a traité son sujet.
Les suites d'un séjour pi'olongé à Sainte-Croix, sont
pour l'Européen un coi'ps relâché et un esprit abattu et
sans énergie; l'appétit et la mémoire diminuent, et souvent
les fièvres et les maladies nerveuses accompagnent cet
étal de langueur. Après une pluie abondante, l'auteur a
«jbservé que la canne, à sucre avoit crû en dix-huit jours
de deux pieds. Les habitans de la première classe ont
l'esprit cultivé et les mœui's douces; leurs esclaves sont
rarement maltraités , comme dans les autres colonies. Il en
résulleque ces nègres eux-mêmes se distinguent par leur
bonne conduite, et [yar beaucoup de modestie et d'atta—
chement à leurs maitres. Ils ont le caractère enjoué, de
Tespiitj et une conception faite pour toutes sortes de
travaux. Ils rivalisent avec les Européens dans les méliei"s
de menuisier, de cordonnier, de tailleur, etc et leurs
•femmes s'appliquent avec succès aux ouvrages de l'aiguille.
.Ces nègres ont encore un talent singulier pour la musique;
et il suifi.t qu'ils entendent une chanson européenne pour
X^ retenir par coeur.
AMÉRIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. 20t
En 1788, année (rès-ferlile, la récolle de sncre à Sainle— '
Croix ri'est montée à A'ingl— quatre mille barils. En 1791 ,
on comploil dans cette île, 1948 habitan,sblanc§,, 926 nègres
aiTianchis el mulâtres, et a5,54o esclaves; la somme totale
de la population de l'ile étqit donc de 24,418. La ville de
Christianstad contenoit 664 maisons et 5ooo habitans.
Celte population est surprenante, vu le peu d'étendue de
l'ile, dont la longueur est de sept milles au plus, et la plus
grande largeur d'un mille seulement.... La partie plate
de l'ile est la plus fertile, mais elle est mal-saine ; la cha-
leur y est excessive : un morceau de fer ou une pierre
dure exposée au soleil s'échauffe au point, qu'on se briile
les mains en y touchant. Parmi les plantes , il en est qui
fleurissent au printemps ; d'autres au printemps et en
automne, d'auti'es, toute l'année , et qui portent des fruiis
plus ou moins mvirs. On en trouve un catalogue assez
nombreux à la fin de l'ouvrage. Les blancs de Sainte-
Croix, quoique colonie danoise, sont pour la plupart
Anglais.
lies habitans de l'île Saint-Thomas sont un mélange de
toutes les nations. Leur nombre, en 1789, se monloit à
492 blancs, 160 nègres affranchis, et 4^'4 esclaves. Dans
Vi même année, on comptoit à l'île Saint-Jean ^333 habi-
tans, parmi lesquels il y avoit 167 blancs, 16 nègres
allranchis et 2200 esclaves. La population de l'île Tortola
est estimée à i3uo blancs, el 4200 ou 4^00 esclaves.
Il seroit à souhaiter, observe judicieusement l'auteur
de cet extrait , que nous eussions des notices aussi instruc-
tives et aussi authentiques sur les autres îles des Indes occi-
dentales, et recueillies par des témoins oculaires. L'ouvrage
est orné de trois grandes cartes, dont deux appartiennent
à l'île Sainte-Croix, et l'autre à l'île de Saint-Jean : elles
sont très-exactes.
Voyage à la Martinique : Vues et Observations
politlqi^ies sur cette île , avec un apperçu de ses pro-
202 BIELÎOTHÈQUE DES VOYAGES.
fluctions végétales et animales, par J.R**'<-, ge'ne'ra!
de brigade. Paris, Pelletier, 1804, iû-8°.'
IndéjDendàmment des notions que nous donnoient sur
la Martinique plusieurs relations communes aux Antilles,
nous avions, comme on l'a vu, sur celle-ci, un voyage
spécialement fait à la Martinique, par Chanvalon, et qui
ne laissoit presque rien à désirer sur I elat de cette lie
ayant la révolution. On ne devoit donc guère espérer
d attacher quelque intérêt à une nouvelle relation de la
Martinique, qu'autant qu'elle nous offrîroit le tableau de
la situation actuelle de cette île. L'ouvrage dont je donne
ïci Ja notice n'est rien moins que cela : c'est le fruit des
observations que l'auteur a faites en 1762, pendant sa
résidence a la Martinique, où il avoit été appelé pour y
remplir un service militaire. C'est moins un voyage au
resle,quo.que le tilrele qualifie tel, qu'un traité qui con-
tient des vues fort judicieuses sur les véritables moyens
de défense des colonies, sur leur utilité pour la prospérité
du commerce, sur le régime relatif aux nègres, sur le»
intérêts respectifs des commissionnaires négocians et des
colons, sur l'inconvénient du droit coutumier dans les
colonies. L'auteur néanmoins a jeté dans son ouvraa»
quelques observations sur les fléaux et les maladies qui
ravagent la Martinique : elles n'ont rien de neuf.
Voyage à la Trinité , fait eu i8o5 , ou Lettre*
'contenant la description de cette île , des considé-
rations sur son importance , etc.... par F. M. Cul-
lum: (en anglais) Travels in Trinitad , etc.... hj
F. M. Cullum. Londres, i8o5, in-8^.
La Trinité, la plus considérable des Petites-Antilles, au
moins par son étendue , fut trop négligée par les Espa-
gnols, qui en furent si long-temps les maîtres. Le« An-
glais, à qui elle a été cédée par le traité d'Amiens, y ont
attaché un grand prix, comme propre sur-tout, par sa
position et sa rade , à protéger leurs établissemens dar-s
les Antilles : c'est ce que fait observer l'auteur du Vova^e.
AMERIQUE. VOYAG. AUX ANTILLES. 2o5
ISLES LUCAIES.
Notice sur les îles de Baliama (faisant partie des
îles Lucaies), par François-Joseph il/a/ter .• (en alle-
iiiand) Nachricliten aus den Bahamischen Insein , von
Franz, Joli. Marier. (Insérée dans la Collection
physique des Amis de la Concorde à Vienne, a^ aun.
1^^ trimestre. )
Voyage , etc — dans la Floride orientale et les
îles de Bahama, entrepris dans les années lySS et
1-784, par Jean David Schop , avec carte géograph. :
(en allemand) Reise.... nach Ost' Florida und den
Bahama Inseln , unternommen in den Jahren jy83
undiySé. Erlangen , 1788 , 2 vol. in-8''.
Voyage dans les Indes occidentales britanni-
ques, fait dans les années 1802 et i8o5 , contenant
une description particulière des îles de Bahama ,
par Daniel 3Iackinnen : (en anglais) ^ Tour through
the Biitish West-Iiidies , etc... bj Daniel Mackinnen.
Londres, i8o4, iû-8°.
On en trouve la Iraduclion en allemand dans le vingt-'
deuxième volume des Voyages modernes , par Sprengel
et Ehrraan , avec quelques détails sur les Barbades et
Anligoa.
C'est un supplément à l'ouvrage de Bryan Edwards,
particulièrement en ce qui concerne les îles Bahama : elles
sont situées près de la Floride.
Je ne connois d'autres relations parliculières aux îles
Lucaies, que celles dont je viens de donner la notice : on
peut recourir encore , pour les îles de Baliama, aux deux
ouvrages intitulés l'Empire Britannique , etc. par Odlmi~
l-on; et l'Histoire naturelle de la Caroline, etc. par Catcsfjj,
ilotU j'ai donué égalemeul la notice (v« Pari. sccl. 11, §.i.;-
20/f BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
S E C T I O N I V.
Descriptions de V Amérique méridionale en
général. Voyages communs à plusieurs con-
trées de cette partie de V Amérique.
irliSTOiRE vérilaLle de l'admirable navigation
qu'a exécutée Huldéric Schmidel , depuis l'année
i554jnsqu'en l'année i554 ? en Amérique , au Bré-
sil et à Rio-della-Plata ; édition dans laquelle on a
corrigé les noms de villes , de contrées , de fleuves ,
avec planches : (en latin) T~era Historia admirandae
navigationis qiiam Huldericus Schmidel , ah anno
j634 usque ad annwn i554 , in ^mericam juxta
Brasiliani et Rio-della-Plata confecit ; emendatis et
correctis urhiwn , regionum et Jluminuni nominihus.
Kuremberg, i59g,in-4°.
L'édition vicieuse de cet ouvrage ^ à laquelle celle-ci fait
allusion , se trouve dans les Grands Voyages de Debry.
Voyages el découvertes dans l'Amérique méri-
dionale , avec des cartes géographiques : (en an-
glais) T^ojages^ and discoveries in South- j4 mcrica ,
cum tahulis geograph. Londres , 1698 , in-8°.
Recueil de Voyages dans l'Amérique méridio-
nale, contenant diverses observations touchant le
Pérou, la Guyane, le Brésil, elc — traduits de
l'espagnol et de l'anglais. Amsterdam , Frédéric
Bernard, 1^58, in-12.
AMÉRIQUE. YOYAC. DANS L'AMER. MER. 2o5
PiENSEiGNEMENS lîistoriques , politiques et géo-
graphiques , avec des notes, plus particulières sur
le Pérou , la Terre -Ferme , le Chili , le nouveau
royaume de Grenade , par^/ceiio de Herrera: (eil
espagnol ) ^Icedo j Herrera Aviso îiistorico^poli"
tico-geographico , con las noticias mas particuîares
del Peru, Tierra-Firma, Chili j- nuevo regno de Gre-
nada. Madrid , 1740 , in-4^.
Nouvelle Histoire de l'Amérique méridior
nale , par Richard Rolt : ( en anglais ) New History
of South- America j hj Richard Rolt. Londresi, i 7^6,
in-8".
Préliminaires au tome premier des Mémoires ,
liistorico-physiques, critico-apologétiques de l'Amé-
rique méridionale, par Don Joseph-Eusèbe Lama
Zapiita : (en espagnol) Preliminar al tomo primera
de las Memorias historico-phjsicas ^ critico- apolo^
geticas de la America meiidional , por D. Joseph
Eusehio Lamo Zapiita. Cadix, 1759, in-S".
Histoire des Navigations et des Colonies fon-
dées par les Proteslaus de la France dans l'Amé-
rique méridionale , par Charles-Frédéric Scheihîer:
(en allemand) Geschichte der von den Evaiigelischen
iiiFrankreich unternommenen Seereisen und Colonie'
Anstalten in Sud-America. Dessau, in5c^^ iu-8'^.
Les Possessions espagnoles en Amérique , ou
Description de toutes les villes coloniales , parti-
culièrement dans la partie -méridionale : (en alle-
mand) Die Spnnisclien Besitzungcn vornehnûich im
Sudlichen Theil desselben und der merkwiirdigste/i
Ocrter in ISord'-Amcrica , inglcichen einiger in dem
206 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGE S*
Mex-icanischen Meerbusen gelegenen Insein. Sorau j
1^62 , m-4''.
Essai d'une Histoire civile et sacrée des Colonies
espagnoles dans rAméri(|ue méridionale , par Gilj ■'
(en italien) Saggio di mi Istoria Americana , etc.
del Gily, Rome , 1780-1784 , 4 vol. in-8°.
Voyage de quelques Jésuites missionnaires dans
l'Amérique méridionale , publié d'après leurs ma-
nuscrits par Christophe Gottlieb deMurr^disec cartes
géographiques : (en allemand) Reise einiger Missio-
narien der Gesellscliaft Jesu in Sud-Anxeriha ans
ihren eigenen Handschrifteu herausgegehen , i^on
Christ. GoLt. vonMurr. Nuremberg, 1785, in-8°.
§. I. Descriptions de l isthme de Panama, de la
Terre-Femie j de tOrenoque, de la Noiwelle-
jindalousie et du nouveau rojaume de Grenade,
f^oyages faits dans ces contrées.
Nouveau Voyage de Lyonel Waffer , et DesT
cription de l'isthme de l'Amérique , dans l'année
1698 : (en anglais) Waffers {Ljonel) New Voyage
and Description of tlie isthme of America , in tha
years i6g8. Londres, 1699, in-B".
NouvrAu Voyage de Lyonel Waffer ^ etc»...
seconde édition , avec l'addition de l'Histoire natu-»
relie de cette contrée^ etc.. : (en anglais J Lyonel
fVaJfer's New Voyage, etc.... second édition to
^vhich are added the Natural History of those parts ^
efc... Londres , i7o4;in-8''.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMP'R. MER. 20J
Ce Voyage a été traduit en français sous le titre sui-^
Vant :
Le Voyage de Lyonel Waffer, oii l'on trouve la
descriplion de ristlinie de l'Amérique, avec figures.
Paris, Collin, 1709, in-12.
La traduclion de ce Voyage se trouve aussi, comme on
l'a vu , dans le recueil des Voyages de Dampierre.
La partie du \'oyage qui comprend la description de
l'isthme de l'Amérique ou de Panama est précieuse, parce
que c'est la seule description particulière que nous ayojis
de cet isllime.
Notice historique de la conquête de la Terre-
Ferme dans les Indes occidentales , par Simon
Pedro: (en espagnol) Simon Pedro Noticias histo-
riales de las conquistas de Tierra-Flnna in las Indias
occidentales. Cuença , i626,in-fol.
Relation de la mission des P,P. de la Compa-
gnie de Jésus dans l'Amérique méridionale , avec
une instruction à la langue des Calibis , sauvages
de la Terre Ferme d'Amérique , par te P. de Pelle-
prat. Paris, Cramolsy, i655 , ln-8°.
Notices historiques sur la Terre -Ferme, par
Sineros : (en espagnol) Sinei^os Noticias Historiales
de Tierra-Firma. Cnenca , i68i,in-fol.
Histoire générale de la conquête du nouveau
royaume de Grenade , par D. Lucas Fernandez :
(en espagnol ) Historia gênerai de las conquistas del
jiuevo reyno de Grenada , porD. Lucas Fernandez,
Anvers , J. B. Verdussen , in -fol.
Histoire de la conquête du nouveau royaume
de Grenade , par Piedro Hila : (en espagnol ) Piedro
208 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Hila Historia de las conquistas del nuevo rejiio de
Grenada. Anvers, iii-fol.
Histoire delà conquête et de la population de
la province de Venezuela, par Don Joseph deDriedo,
première partie : (en espagnol) Historia de las con-
quistas y pohlacion de la provincia de f^euezuela ,
por D. Joseph de Driedo. Madrid, Hernoville, lyaS ,
in-fol.
HisTOïKÉ du nouveau royaume de Grenade , par
le P. Cassan ': (en espagnol] Historia del nuevo reyno
de Grenada, por P. Cassan. Madrid, lyoi, in-["oL
L'Orenoque illustrée, ou Histoire naturelle,
civile et géographique de cette grande rivière , avec
le gouvernement, les usages et les coutumes des
Indiens, parle P. Joseph Gumilla, seconde édition,
revue et augmentée : (en espagnol) El Orovoco
illustrado , y defendido Historia natural ^ cii'il y
geografica de este gran rio , con go^^ierno iiso y cos^
tumhres de los Indios \ escritto por et Paclre Joseph
Gumilla , segunda imprenta , reuista y commentada,
Madrid, Fernandez , 1745,2 vol. 111-4.°.
Cet ouvrage a élé traduit en français sous le titre sui-
vant :
HiSTOiPiE naturelle , civile et géographique de
rOEronOque et des principales rivières qui s'y jet-
tent , dans laquelle oh traite dil gouvernement , des
usages et des coutumes des Indiens qui Thabllent ,
des animaux , des arbres, des fruits, des résines,
des herbes et des racines médicales qui naissent
dans le pnys, par le P. Joseph Gumilla , traduit de
l'espagnol sur la seconde édition par M. Eydous ,
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMÉR. MER. 209
avec une carte du pays et quelques figures. Avi-
gnon, I7v58, 3 vol. iu-i2.
Histoire chorographique , naturelle et évangé-
lique de la Nouvelle-Andalousie , de la province de
Cumana et de la rivière de l'Oronoque , par Fran-
çois-Antoine Caulin : (en espagnol) Historia choro"
grajïca y ^vangelica délia Nueva-.Andalousia , pro"
vincia de Cumana,Gityana , y riberas del rio OronicOf
por Fr. Ant. Caulin. Madrid, 1779, in-4°.
Essai sur l'Oronoque et les habitans des rives
de ce fleuve , par Philippe-Salvador Gilius : (en ita-
lien) Saggio sopra Oreuico egli hahitanti délie rive
Orenico , di Phil. Salvador Gilius. Rome, 1780 ,
in-8^
Essai sur l'histoire de l'Amérique _, ou Histoire
naturelle , civile et ecclésiastique des royaumes et
provinces espagnoles de terre-ferme dans l'Amé-
rique méridionale , par Philippe-Salvador Gilius :
(en italien) Saggio di istoria Americana^ o sia Isiona
naturale, civile e sacra de regiii e délie provincie spa-
gnuole di terra-ferma nelt America méridionale , di
Philip. Salvador Gilius. ^ome^ 1780, 1781, 1782,
5vol.in-8°.
Voyage à la partie orientale de la Terre-Ferme
dans l'Amérique méridionale , fait pendant les
années 1801 , 1802, i8o5 et 1804, contenant la
description de la capitainerie générale de Caracas ,
composée des provinces de Venezuela, Maracaïbo,
Varinas , la Guyane espagnole , Cumana , et de l'île
Sainte r Marguerite ; et renfermant tout ce qui a
rapport à la découverte, à la conquête , à la lopo-
Y I . o
2 10 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
graphie, à la législation, au commerce, aux finances,
aux liabit.'ius et aux productions de ces provinces •
avec un apperçu des mœurs et des usages des Espa-
f^nols et des Indiens sauvages et civilises; par P.
Depous y n'^cut duGouvernea:ent français à Caracas,
avec une carte géographique et les plans de la ville
capitale et des principaux ports. Paris , Fain et C^^
et Colnet, 1806, 3 vol. in-8'\
Surla partie orientale de la Terre-Ferme, nous n'avions,
comme on a pu le voir par les précédentes notices, que
l'Histoire de la conquête et de la population de la province
<îe Venezuela, par D. Joseph Driedo , l'Histoire chrono-
graphique, naturelle et évangélique île la province de
Cumana et de celle de l'CEronoque, confondue avec celle
delà province d'Andalousie par Antoine Caulin,eteuûn
les détails, nn peu trop prolixes peut-être, sur l'CSronoque
et les habilans des rives de ce grand fleuve, par le P. Cit"
ynilla et Philippe-Salvador Gilius : mais les notions que
ces écrivains nousavoienl données de ces différentes parties-
«le la 2>artie orientale de la Terre-Ferme, outre qu'elles-
étoient déjà nn peu anciennes, étoient d'ailleurs fort
ificomplètes;etronéloitloin de pouvoir y trouver, comme
dans l'ouvrage de M. Uepons,le tableau le mieux ter-
miné, non-seulement de la découverte, de la conquête et
de la topographie des provinces de cette contrée, mais
l'économie rurale, politique el commerciale de ces pro-
vinces, avec des notions également approfondies et impar-
tiales sur les mœurs et les usaires des Espagnols qui s'y
Bont établis, el sur ceux des Indiens civilisés, ou restés-
encore sauvages.
Pour entreprendre et aciiever avec succès un pareil
o^l^Ta"e, il falioit, chez une nation aussi jalouse que l'est
la nation espagnole de tout étranger observaleur, outre
vine lo35gue résidence dans les ])Chbessions espagnoles de
l'Amérique en général, et clans les provinces qu'on a^
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMKU. MÉR. 211
proposoit de décrire en particulier, beaucoup de circons-
pection et de prudence dans les recherches auxquelles oti
se h'vroit, et une sévère critique dans le clioix el l'adoplioa
des notions diverses qu'on pouvoit parvenir à se procurer.
M. Depons a réuni tous ces avantages. Ce n'est qu'après
avoir séjourné pendant huit ans dans des possessions
espagnoles, étrangères à celles qu'il avoit spécialement
j)our objet de nous faire connoiire, et où il a étudié à
loisir les principes généraux de l'administration espagnole
en Amérique; ce n'est qu'après avoir parcouru durant
quatre années une grande partie des contrées dont il vient
de publier récemment la description , et avoir soigneuse—
ïuent recueilli ei discuté les renseignemens qu'il lui éloit
jDossible de réunir sur les contrées , où des obstacles insur-
montables ne lui permeltoienl pas de pénétrer, qu'il a
rédigé sa relation. L'attention constante qu'il a apportée à
ne fronder aucun préjugé, et à s'assujétir aux coutumes
locales, a écarté de lui les préventions soupçonneuses , et
lui a concilié l'eslime et la bienveillance des premières
autorités du pays qui, à son départ, lui ont donné des
témoignages llalteurs de leur reconnoissance , pour les
communications qu'ils avoient reçues de lui concerniint
d i verses améliorât ion s don tétoit susceptible, dans beaucoup
de branches, le régime admijiislratif de la partie oriental©
de k Terre-Ferrae.
]M. Depons à si scrupuleusement retranché tout ce qui
ne lient qu'à la marche itinéraire, et qui occupe inutilement
une si grande place dans d'autres Voyages; le sien est si
])lein de choses, et de choses d'un grand intérêt, que l'ex-
trait que je vais en donner, el où je n'ai pas pu faire entrer
une (ouïe de détails très-instructifs , ne devra être consi-
déré, malgré son étendue apparente, que comme un
simple apperçu.
Contre l'opinion de Lopez de Gomara , et d'après
l'autorilé d'Oviedo, l)ien préférable d'après son exactitude
nniversellemenl reconnue, M. Depons, en accordant à
Christophe Colomb la gloire d'avoij- découvejl, en i/{()\i,\,x
2
212 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Terre-Ferme , lors de son troisième voyage en Amérique^
observe que ce célèbre navigateur n'en côtoya qu'une
partie : mais ce fut d'après les renseignemens qu'il donna
sur les moeurs et les coutumes des habilans , avec lesquels il
avoit communiqué, et sur les richesses qu'il avoit apper—
çues, dont les perles faisoient la partie principale, que le
gouvernement espagnol confia au capitaine Alphonse
Oyeda la mission de continuer la découverte. Dans cette
expédition, Oyeda fut accompagné par Améric Vespuce,
qui, à son retour , insinua , dit-on , que c'étoit à lui qu'on
devoit la découverte de l'Amérique; ce qui fit donner ce
nom au Nouveau-Monde.
Des missionnaires furent employés d'abord pour amener
à l'état de civilisation les natui'els du pays. Une trahison
atroce, ourdie par des corsaires de Saint-Domingue qui
avoient abordé à Cumana , l'un des premiers établissemens
formés à la jjartie orientale de la Terre-Ferme, souleva les
Indiens, qui égorgèrent les missionnaires : ceux qui leur
euccédèrent eurent le même sort.
Des expéditions militaires , successivement envoyées da
Saint-Domingue, réussirent à former quelques établisse-
mens durables sur la côte ; mais les excès qu'elles se per-
mirent, menaçoient ces établissemens d'une ruine pro-
chaine, lorsque l'audience de Saint-Domingue y envoya,
assisté de quelques forces , un commissaire dont l'aJGFabi-
lité, la douceur, les lumières, lui gagnèrent la confiance
d'un des principaux Caciques du pays, qui se déclara
vassal du roi d'Espagne : une ville fut bâtie sur ce terri-
toire.
La civilisation des Indiens faisoit des progrès rapides;
les établissemens espagnols commençoient à prospérer; la
province de Venezuela parlicipoit à ces succès, lorsque
des besoins d'argent engagèrent Charles-Quint à céder
cette province aux riches banquiers d'Augsbourg , les WeU
sers , dont les féroces agens ,'par leurs cruautés et leurs bri-
gandages, firent de ce vaste pays un théâtre de désolation.
La révocation de cette concession funeste fut l'heureux
AMÉRIQUE. VOYAG. ©ANS L'AMER. MER. 2l5
signal d'un meilleur ordre de choses. D'anciennes loix qui
déclaroienl libres les Indiens, même ceux qui seroient
pris les armes à la main, reçurent leur exécution. Les
Indiens qu'on parvint à soumettre , furent partagés entre
les Espagnols, pour exercer sur eux, non le droit de pro-
priété , mais une salutaire surveillance. Ces partages d'In-
diens donnèrent lieu à la fondation de plusieurs villes,
dont une centaine d'Espagnols formoient un premier
noyau de population. Il fut établi dans chacune un C7a-
hildo, espèce de municipalité.
La surveillance des conquérans sur les Indiens répandus
dans les villages, où aucun Espagnol n'avoit la faculté de
s'établir, consisloit dans la protection qu'on leur assuroit
contre les injustices et les vexations ,^ dans l'enseignement
de la religion chrétienne qu'on leur procuroit, dans l'or-
ganisation d'un gouvernement social qu'on substituoit
insensiblement aux, inclinations et aux habitudes de la vie
sauvage, enfin dans la direction qu'on donnoit à leurs
travaux agricoles et domestiques. En échange de ces soins,
les Indiens ne dévoient qu'un tribut annuel qui se payoit
en journées de travail, en fruits, en argent. Ce tribut une
fois payé, l'Indien éloit dispensé de tout autre service
personnel.
Ce régime fut étendu à toutes les nouvelles possessions
que les Esj^agnols se procurèrent, soit par la voie de la
conquête à main armée, soit par le rao3^en plus doux des
missions. Ainsi s'étahlirent successivement les villes de
Coro , de Cumana , de Maracaïbo, de Cor-cso; de Saint-
Sébastien, de Los Reyos-, et enfin de Caracas. Ce fut la
conquête du pays dont cette dernière ville prit son nom,
qui causa le plus de fatigues et de jîerles d'hommes aux
Espagnols. Ce même nom de Caracas est celui de la capi-
tainerie générale de la partie orientale de la Terre— Ferme :
elle comprend la province de Venezuela au centre , le
gouvernement de Macaraïbo à l'ouest, de la Guiane espa-
gnole au sud , de Cumana à l'est et de l'Ile de la Margiieriie
au nord -est.
2l4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Un pays situé, comme l'est celui-là, au-delà du dou-
zième degré de lalilude nord, vers la ligne équinoxia e ,
sembleroit ne devoir otlrir qu'un sol aride, qu'une terre
inhabitable; mais une chaîne de montagnes qui le traverse,
et ciont la plupart ont peu delévation, y établit autant
de températures diRérentes, très-favorables en général à la
diversité des productions, et fait même jouir, en plusieurs
endroits, de la fraîcheur d'un printemps continuel. Deux
montagnes seulement se refusent opiniâtrement aux bien-
faits de la fécondité : ce sont le Tunieriguvi, près de
Cumana, dont la hauteur est de neuf cent cinquante— cinq
toises, et snr-lout le Plchaco oriental , qui a douze cent
soixante et dix-huit toises an-dessns du niveau de la mer.
De cette disposition des montagnes, il résulte qu'on ne
connoît dans le pays que deux saisons, l'élé et l'hiver, qui
ne sont déterminés que par le règne des pluies et celui du
sec. Dans la saison des pluies, <]u'on appelle hiver, on
peut évaluer leur durée, en culcidant le temps de leur
chute et les intervalles, à trois heures par jour , depuis la
rai-mai jusqu'à la fin de novembre. Dans les autres mois,
il en tombe encore, mais elles sont rares. Les Iremblë-
mens de terre , dans la Terre-Ferme, sont assez fréquens ,
mais moins violens qu'au Pérou.
Le plus grand bonheur, observe judicieusement M. Dé-
pens , dont jouissent les provinces de Caracas , c'est de ne
pas avoir de mines d'or et d'argent en exploitation. Dans
le cours du quinzième siècle , il fut successivement décou-
vert plusieurs mines d'or , à l'exploitation desquelles lea
soulèvemens des Indiens et des noirs forcèrent le gouver-
nement de renoncer. Celle qui fut découverte vers la fin
de ce même siècle, et qui fournissoit abondamment de
l'or à vingt-trois karals, fut abandonnée , grâces à l'es—
Irême insahibrité du pays. Les seules mines qiii soient
exploitées , sont celles de cuivre qui se trouvent dans la
juridiction de Saint-Philippe ; mais l'exploitation de ces
mines est fort utile au pays, par l'emploi qu'on fait dans
les sucreries du cuivre qu'elles fournissent.. H est recojiau,
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MER. 2l5
que ce niéîal est de beaucoup préférable au fer pour les
chaudières et autres ustensiles , tant par réconomie de
temps et de bois qui résille de son usage, que par le nouvel
emploi qu'on [itut faire du cuivre avec fort peu de
décliet, lorsque ces chaudières et ces ustensiles sont hors
de i-ervice : ce qu'on ue peut pas attendre de ceux qui
sont fabriqués avec la fi>a;e de fer. Une considération
plus puissante encore, c'est que les mines de cuivre n'em-
ploient pas assez d'hommes pour que l'Iuinjanité ait à en
gémir, et la Culture à en essuyer aucun préjudice.
On ne pourroit pas en diie autant de la pèche des
perles qui, dans les premiers temps de la découverte,
formoit la principale branche de la richesse du pays et des
revenus du roi. Celle i^èclie , qui faisoit périr beaucoup
d'Espagnols et d'Indiens, éloit aussi icnesle^^ar ses résultais
que l'exploitation des mines d'or et d'argent : heureuse-
ment qu'un concours de circonslances auxquelles il faut
ajouler la disparition presque lolale du banc des perles,
en a fait abandonner la pèche.
Les habitans de la côle orieniale de la Terre-Ferme en
seroient plus que dédommagés par la quantité et la bonne
qualilé du sel , lant fossile que marin , qu'on peut recueillir
sur loiiîe la côte nord de la province de Venezuela, s'ils
n'en négligeoient pas autant qu'ils le font, j'exploilaiion ,
à tel point qu'ils n'en reliient pas la vinglième partie de
sel qu'elle pourroit fournir.
Un aulre bienfait que la nature leur a ménagé, c'est
une grande abondance d'eaux minérales, lant chaudes
que froides, de toute qualité, ammoniacales, sulfureuses,
nilreuses , acidulés, etc.. .; mais l'éloignement où sont des
lieux habiles ces sources précieuses, et la répugnance
qu'ont les Espagnols à se déplacer, ne permettent pas à la
médecine d'en relii er lousies avantages qu'elles ppurroient
pro'urer pour la cure d'un grand nombre de maladies,
ou la conservation même de la santé.
Les forêts dont sont couvertes les montagnes de Vene-
zuela , pourroieut lournir beaucoup de boi-s de construc—
^.l6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
lion ; mais les frais immenses qui accompagnent toute
entieprise au compte du roi, en ont fait abandonner
l'exploitation : on n'envoie plus en Espagne que ceux qui
sont convenables à l'artillerie. Ces forêts au reste fournis-
sent les bois les plus propres à la charpente , h la menuiserie
et à beaucoup d'usages particuliers. On y trouve même des
fcois de teinture ; mais les Espagnols en tirent peu de parti ,
ainsi que d'une quantité considérable de gommes, de
résines, d'huiles, de racines et d'écorces que ces forêts
pourroient fournir au commerce : on en peut dire autant
d'un grand nombre de plantes médicinales.
A ces richesses naturelles du sol y il faut ajouter l'abon-^
^ance des poissons de toute espèce que peuvent fournir les
ïdvières dont est arrosée la partie orientale de la Terre-
l'erme et les lacs répandus sur sa surface, dont les prin-
cipaux sont le lac de Valemo et le lac de Macaraïbo. La
chasse aux oiseaux aquatiques qui fréquentent en foule ces
lacs , est aussi fructueuse que la pêche. La fécondité du sol
qui entoure le premier de ces lacs , la pureté de l'air qu'on
y respire , en ont peuplé les environs. La stérilité , et plus
encore l'insalubrité des bords de l'auli-e lac , en repoussent
la population et la culture.
Je ne suivrai pas M. Depons dans l'a description topo-
graphique qu'il fait des différentes jirovinces qui forment
ïe gouvernement général de Caracas ; il faut lire ces
curieux détails dans l'ouvi-age même. Je passe de suite au
recensement que, d'après les renseignemens les plus surs,
il nous donne de la population totale de ce déparlement :
il la porte à sept cent vingt-huit mille âmes. Dans celte
population, les blancs entrent pour deux dixièmes, les
esclaves pour trois, les alfranclii» ou descendans d'af-
franchis pour quatre, et les Indiens pour le reste. Sur
un sol dont la -fertilité et l'étendue pourroient suffire à une
population centuple , celle-ci doit paroître, au premier
aspect, infiniment foible. On la trouvera néanmoins
considérable , relativement aux Espagnols, si l'on réfléchit
à la modicité de celle de la métropole qui fournit les.colon&,
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AOTÉR. MÉr. 217
à la vaste étendue des possessions espagnoles en Amérique,
qui foutes ont tiré de la mère-patrie leurs nouveaux habi-
tans, à la passion nationale pour les mines, qui allire
presque exclusivement au Mexique et au Pérou tous les
Espagnols que la cupidité entraîne en Amérique-, au
médiocre appât que leur olTre l'établissement de Caracas,
où il faut acheler lentement, par la culture, les richesses
que l'exploitation des mines procure ailleurs sii-apidement ;
enfin, aux entraves que le gouvernement espagnol est
forcé de mettre au passage des nationaux en Amérique,
pour empêcher que la métropole ne se dépeuple encore
plus qu'elle ne l'est. Les entiaves sont telles, que l'émigra-
tion de l'Espagne pour la Terre-Ferme est presque nulle.
Ce vide ne peut pas être rempli par les étrangers qui éprou-
vent, pour venir s'y établir, des difficultés presque insur-
montables. Ces difficultés, lorsqu'ils sont parvenus à y
former un établissement quelconque, deviennent plus
graves encore, par les contradictions, poussées presque
jusqu'à la persécution, que leur fait éprouver la jalousie
nationale. La population espagnole se soutient toujours
néanmoins dans la même proportion à- peu-près, grâces
au profond attachement des créoles pour le soi qui les a
vu naître. Cette répugnance à passer en Europe, couvre,
en quelque sorte, les pertes que fait annuellement la
population espagnole par le célibat auquel se vouent un.
assez grand nombi'e d'entre eux, en contractant le voeu de
chasteté.
A ce penchant pour entrer dans le clergé séculier, au
dans l'état monastique, se joint, chez la grande généralité
des créoles, le goût le plus décidé pour le barreau, les
emplois de la robe et de la finance, les emplois militaires.
L'état de cultivateur est le seul qui soit méprisé. D'après
cette passion dominante des créoles pour les professions
libérales ; d'après la pénétration , la vivacité de leur esprit,
l'opiniâtreté même de leur application qui leur donnent
beaucoup d'aptitude aux sciences, ils auroient dû y faire
des progrès rapides : un mauvais système d'instruction
2l8 riIîT. lOTIlÈQUE DES VOYAGES.
publique , dont un savant créole du pays même a tracé
avec vi^neur, dans un discouis public, les principaux
inconvéniens, avoit relardé jusqu'à ces derniers temps
leur essor. Le plus grand vice de cette instruction , étoit sa
concentration dans l'étude exclusive des livres nationaux.
L.a jeiuicsse commence à se dépouiller de ce préjugé, et
cherche à s'instruire dans les ouvrages étrangers. L'étude
des langues française et anglaise est devenue familière à
la plupart des jeunes gens.
Cet!e louable disposition à chercher par-tout à s'éclairer,
pourra néanmoins être très-contrariée encore par l'habitude
qu'ont prise les jeunes Espagnols de se marier de très-bonne
heure: elle les jetle dans l'embarras des soins domestiques,
dans un âge où ils ne devroient s'occuper que d'acquérir
des lumières propres à leur faire remplir avec succès les
devoirs de citoyen, de père de famille, et ceux encore
qu'exige l'exercice de telle ou telle profession. Rien de plus
commun que de voir des époux dont les années réunies ne
vont guères au-delà de trente ans. Outre que ces unions
précipitées ont pour le jeune marié l'inconvénient sur
lequel je viens d'insister, elles ont pour les deux époux
celui de ne pas leur laisser le temps de pénétrer mutuelle-
ment leur caractère-, et elles ne préparent que trop fré-
quemment des unions mal assorties. Ce fâcheux résultat
avoit poiu' cause, en grande partie, le peu d'influence que
les loix espagnoles accordoient aux parens sur les volontés
de leurs enfans, en m;itière sur-tout de mariage. Les tribu-
naux, en effet, accueilloient presque toujours favorable-
ment, le seul cas de mésalliance excepté, les demandes que
les deux parties portoient devant eux, à l'effet d'être
autorisées à s'unir contre le gré de leurs parens. Ilsuffisoit
même quelquefois que deux jeunes gens déclarassent
hautement , devant le curé de leur paroisse, qu'ils se pre-
noient pour époux. Au moyen de celte simple déclaration,
le défaut de publication des bancs et du consentement des
parens , n'éloit point un obstacle à la validité du sacre-
ment. Cet abus n'a été réprimé que très-récemment par
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AlWKR. MÉR^ 2ig
«ne pragmatique-sanction du 28 avril i8o3. Dn reste, à
tous autres égards encore, la soumission des enfans à leurs
père et mère , n'est véritablement qu'apparente. Les
témoignages de respect qu'ils leur prodiguent, et qui ont
même quelque chose de servile, émanent moins du senti-
ment , que de l'habitude qui les a placés au nombre des
étiquettes, plus nombreuses encore chez les Espagnols de
l'Amérique que chez ceux de la mélropole : M. Depons
en donne im déiail curieux.
La prématurité des unions conjugales n'est pas, à la
Terre-Ferme, l'unique cause des mauvais ménages : il eu
est une autre pJus puissante encore, c'est la proteclion
aveugle que les lois espagnoles accordent aux femmes, au
préjudice de leurs maris. Il n'y a pas d'êtres plus malheu-
reux fju'un créole espagnol dont la femme est jalouse,
déréglée ou acariâtre. Sur la jîlainleque porte contre son
mari la femme possédée de la jalousie, soit pour dérègle-
ment de moeurs, soit pour mauvais traitemens, soit pour
dissipation seulement, elle en est crue sur sa parole, sans
avoir besoin d'administrer aucune preuve. Selon le rang
que le mari occupe dans la société, on le cile pour subir
une forte réprimande, ou on le fait mettre sur le champ
en prison , et il y reste jusqu'à ce que la femme demande
elle - même qu^il soit rendu à la liherté. Au contraire, le
mari se plaint-il de l'inconduite de sa femme, il suffit que
celle-ci se montre offensée d'une accusation qui attaque
son honneur : le mari alors est condamné au silence ou à
plus de discrétion : heui'eux même s'il ne subit pas la puni-
tion qui auroit dû êlre infligée contre sa femme.
La dépendance où est de son épouse le créole espagnol,
se trouve à un tel point, à la Terre-Ferme, qu'il ne peut
entreprendre aucun voyage sans son consentement exprès,
et sans avoir pourvu a sa subsistance pour tout le temps
qu'il sera absent. S'il ne revient pas au temps fixé par la
permission qu'il a obtenue, les autorités locales, à la pre-
mière réclamation de la femme, ordonnent au mari de s©
veliier auprès d'elle, lùl-il au Chili ou dans la Californie^
230 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
que ses alfaires soient terminées ou non. Tout mililaire;
tout officier de l'administration et de justice, marié, laisse
à sa femme qui ne le suit point, une partie de son traite-
ment: s'il ne le fait pas de bonne grâce, le trésorier en
fait la retenue.
A ce tableau parliculier de l'intérieur des familles-,
M. Depons fait succéder les traits généraux du caractère
espagnol, à la Terre-Ferme, lequel diflére, par quelques
nuances, de celui des habitans de la métropole. Chacun,
dans cette partie de l'Amérique, vit isolé, et n'a avec ses
compatriotes que des relations où la politique en<re pour
beaucoup , et la cordialité presque pour rien. Ce défaut de
communications franches, cette absence des liaisons ami-
cales remontent à la première jeunesse. Jamais on ne voit
parmi les Espagnols, à la Terre-Ferme, comme on le
voit en Europe , de jeunes filles décemment réunies pour
s*arauser, ni les jeunes gens lier entre eux aucune partie
de plaisir. Jamais de bals ni de ces repas connus sous le
nom de piqueniqtie. Cette habitude de se tenir dans l'iso—
lement, engendre une jalousie sourde et dissimulée qui
«'irrite par les succès d'autrui , mais que la politique
dérobe adroitement sous les dehors les plivs trompeurs.
De-là les créoles, si susceptibles dans le fait, se montrent
de si bonne composition en apparence : un propos indiscret
ou seulement irréfléchi, un récit équivoque sur l'ancien-
neté de la famille, sur la noblesse, sur la nature de ses
litres, mettent le créole espagnol en courroux, et allu-
ment en lui le désir effréné de la vengeance : il pardonne
plus difficilement une plaisanterie faite sur lui-même que
sur l'un de ses ancêtres. Dès qu'il a voué'le sentiment de la
haine à quelqu'un, c'est pour la vie, et suivant la gravité
dumolif,elle passe aux générations suivantes; mais ce n'est
point, comme en Europe, par la voie du duel qu'on se
dispose à venger l'injure vraie ou prétendue qu'on a reçue;
la vengeance qu'on cherche à en tirer ne produit jamais
i'effusion de sang ; elle s'enveloppe toujours de ce que la
chicane a de plus subtil pour amonceler devant les Iriba--
AMERIQUE. YOYAC. DANS L'AMER. Mi5r. 22Ï
naux les écrits et les procédures , y éterniser s'il est possible
le procès , et y taire dépenser à sa partie adverse des
sommes considérables dont il fait lui-même le sacrifice
pour la fatiguer.
' Cet espiùt processif est naturel à l'Espagnol-Américain :
il ne fatigue pas moins les tribunaux pour ses intérêls que
pour ses prérogatives. Le combat de la plume est une véri-
table passion chez lui ; et cette passion qui le ruine, four-
nit un aliment continuel à la rapacité d'une infinité de
scribes qui entourent les diverses juridictions, pour y
dévorer la subsistance des familles. De cette facilité de
gagner sa vie dans un métier qui n'exige d'autre fonds
que le talent du sophisme , naissent l'empressement à se
faire aggréger au nombre des suppôts de la justice, et
l'aversion pour les travaux agricoles et pour le com-
merce.
Par une bizarrerie assez remarquable , les Espagnol*
créoles ou Américains étabhs en Amérique, n'ont pas,
en toutes autres circonstances, le caractère que sembleroit
annoncer leur passion pour les procès. Loin d'être pétu- '
lans , vifs, emportés, ils sont doux, honnêtes, affables, et
«ur-tout polis à l'excès : on ne les voit jamais montrer une
certaine hardiesse dans leurs spéculations et leurs entre-
prises : elles se ressentent toutes d'une timidité qu'ils
appellent prudence. De -là, leurs succès n'ont rien de
merveilleux, leurs revers, rien de désespérant. S'ils ne
font pas des fortunes rapides, ils se ruinent aussi plus
sûrement et plus lentement. Ce n'est qu'à enfrepY-endre
les procès qu'ils montrent une audace disconvenante avec
leurs inclinations naturelles.
Les créoles de la Terre-Ferme , non plus que ceux des
autres parties de l'Amérique esj)agnole, n'ont jamais fait
directement la traite des noirs ; ils n'ont établi aucun
comptoir sur la cote d'Afrique : ce commerce leur pai ois-
soit trop répugner avec les priicipes de la reli^iou chré-
tienne j mais par une subiile transaction avec leur cons-
cience, ils trouvent tout ualurel d'acheter des noirs, iors-
223 EIBLIOTHEQUE DES VOYAGES,
qu'on en importe chez eux : le gouvernement même leur*
permetloil d'en aller acheter dans les colonies étrangères.
Le bouleversement de Saint-Domingue et ses causes ont
fait révoquer celle permission. Les créoles de la Terre-
hernie s'en sont tenus prudemment à conserver ce qu'ils
avoient de nègres chez eux, sans se hasarder de compro-
metlre la tranquillité de la colonie par l'appât d'une grande
auginenlali;-.!) de culture.
On Cl oit généralement, dit M. Dépens, que les créoles
espag) > ois 1 rail t-nt leurs esclaves avec phis d'humanité que
ne le f^mt les autres nations. Cette opinion n'est exacte que
sou'^.cerlaiiis rapports : ils sont, à la vérité, plus familiers
avec leurs esclaves que les créoles des autres nations; mais
c'est principalement dans la vue d'en faire de bons chré-
tiens. I..es exercices de piété qu'on fait faire aux nègres»
les prières dojit on les surcharge , ne tournent pas au
profit des moeurs. La surveillance qu'on exerce sur les
jeunes négresses, ])our les préserver du libertinage, n'a
d'autie effi t que d'irriter plus fortement leurs de.-irs, et
souvent elles sont corrompues par leurs propres gardiens.
Du reste, les maîtres bornant leur zèle à inculquer les
principes de la religion à leurs esclaves, sont de la plus
grande insouciance sur les besoins physiques de ces mal-
heui'eux. Une cédule royale de i 7''59, qui avoil pour objet
d'améliorer le sort des noirs sous ces deux rapports, n'ayant
pas consullé les localités, est demeurée sans exécution.
A d'autres égards, le sort des esclaves est jilus suppor-
table dans les colonies espagnoles , et paiticulièrenienl à la
Terre-Ferme , que dans celles des aul res nations. L'esclave,
loin d'y être condamné, comme ailleurs, à souffrir sous
un maître injuste, peut inij)unéruenl sortir du domaine
de celui qui abuse de son dioit de proj)riéié. La loi veut
cependant qu'il articule des motifs, mais la jurisprudence
admet les plus légers. La moindre allégation, vraie ou
fausse, suffit pour que le maître soil tenu devendrelesclave
qui ne veut plus le str\ir : il ne peut même le Aendre
qu'au prix qu'il l'a acl)eté; encore fuut-il que ce prix n'ex-
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMKR. mÉk. 225
cède pas trois cents piastres fortes, quelque talent qu'ait
l'esclave. Tout esclave peut se raclieter, en renjboiirsaiil à
«on maître ce qu'il lui a coûté, ou en lui comptant les trois
cents piastres fortes, dans le cas où il auroil été acheté
plus cher. Le rtçu de celte f^omme lui donne la liberté, et
le met au rang des citoyens, avec les restrictions qui seront
remarquées dans la suite, sans que ni la Ici, ni le fisc inter-
viennent dans cet arie que foules les ant)cs nations ont
assujéli à cfes formes plus aulhen tiques et à des frais plus
considéiables.
Celte facullé donnée aux esclaves de recouvrer leur
liberté , a singulièrement grossi , dans la capitainerie géné-
rale de Caracas, la classe des affranchis. Sur une popula-
tion de sept cent vingt-huit mille individus que contient,
comme on Ta vu, celte capitainerie, on compte deux cent
quatre-vingt-onze mille deux cents aifranchis, ou nés d©
parens affranchis : on les nomme là , comme ailleurs, gens
de couleur.
Celle classe pouvant devenir redoutable, diverses cédules
sont parvenues à mettre une distinction frappante entre les
gens de couieur et les blancs. Eiîes ont déclaré les liommes
libres de couleur incapables de remplir aucun emploi j)u-
blic, et de servir dans les troupes du roi, avec facillé seu-
lement de pouvoir entrer au service dans des corps parti-
culiers de milice, où le mérite peut jjcrter 1 iiomuje de
couleur jusqu'au grade de capitaine. Tous les emplois supé-
rieurs sont rcseï vés exclusivement aux blancs. Çel;e mesure
est la seule qui soit assez rigoureusement observée, i>es
protections achetées chèremeiil ont néanmoins procuré
à quelques faniilles d'hommes de couleur \xv\ ordre du roi
qni déclaroit leurs membies habiles à exercer toutes sortes
d'emplois. Pendant le ^Ajour de lû. Depons à Caracas,
imc famille eniière de cette classe obtint du roi tons les
privilèges aitacliés à la classe blanche; mais le seul avantH<»e
qu'elle en retiia , lui parut être tombé sur les fcnu7)es, ^ui
acquirent , par-là , le droit de's'agenouiller dans \{t^ églises
sur des tapi? , et qui , dans l'exercice de ce j^rivilége^ mirent
224 BIBLIOTHÈQUE DF. S VOYAGES,
beaucoup d'ostentation et de luxe. Du reste, des gens ins-
truits lui assurèrent que cette grâce du l'oi, quelque chère
qu'elle eût coulé, n'opéreroit, dans l'opinion publique,
aucun changement favorable à celte famille, et qu'aucua
de ses membres ne seroit appelé à exercer des fonction»
publiques, tant que la couleur décéleroit son origine,
tant le préjugé est indépendant de l'autorité! Ce même
préjugé rend très-rares les alliances de familles de couleur
avec les principales familles espagnoles ; mais elles avoient
été assez communes dans la basse classe des blancs, jusqu'en
1785, qu'une cédule royale exigea expressément, pour la
validité des mariages, le consentement des parens, ou du
moins qu'il fût demandé dans les formes prescrites par
les loix : cette cédule portoit que la différence de couleur
seroit une raison suffisante pour empêcher le mariage
entre les blancs et les filles de couleur, conformément à la
pragmatique de 1776, qui prohibe tout mariage entre des
pirsoiiin^s blanches et des personnes de couleur. Depuis
la publication de cette cédule, dit M. Depons, le préjugé
a repris tout l'empire que le temps lui avoit fait perdre.
Par une contradiction singulière, mais qui s'explique
néanmoins par les considérations suivantes, il n'est pas
très-rare de voir des mariages entre des hommes de cou-
leur et des filles blanches. Ces filles sont le fruit clandestin
de la foiblesse de leurs mères, qui , pour sauver leur hon-
neur , les ont fait exjjoser, et les ont vouées, par cela
même , à une telle misère , qu'elles donnent la main au
premier homme de couleur qui la leur demande.
Cet usage donne lieu à M. Depons de gémir sur le défaut
d'asyles publics, dans la capitainerie de Caracas, pour le»
enfans exposés. Tandis qu'on y voit , dit-il , tant d'église»
richement dotées, tant de fondations religieuses de toute
espèce, il n'y a pas un seul hospice pour les enfans expo-
sés : le plus souvent ils sont ramassés par des femmts de
couleur, ou même par des négresses. Les enfans mâles, à
la vérité , sont reçus de bonne heure dans les couvens et
dans les églises ^ mais les fiilles partagent la misère de leurs
AMléîllQljE. VOYAG. DANS L'AMER. MÉU. 225
pères nourricieis , et se (roiivent ainsi obligées de cou—
tracter les mariages doni on vient de parler.
La classe des hommes de couleur libres n'a d'inclina-
tion ni (jour la cullure, ni pour aucune espèce de tjavail.
Cependant tous ont des métiers, que les blau^is, qui ne
sont guère plus laborieux , leur abandonnent le droit
d'exercer exclusivement. La profehsion de médecin leur
étoit jadis interdite : ils y ont été admis par une cédule
royale du 1 4 mars 1797.
Avant de tracer le tableau des Indieus de la Terre-
Terme et des rives de l'Oiénoque, M. Depons recherche
comment l'Amérique a été peuplée. Sur cette importante
question, il embrasse l'opinion la plus c»)uinuiije, qui
suppose que l'Amérique a été détachée de l'aiicieu conti-
nent par un de ces déchiremens que les déluges ou les
tremblemens de terre peuvent seuis opérer : il appuie cette
opinion sur la multitude d'exemples de cette sorte d'écarts
de la nature , qui ont opéré tant de révolutions dans le
globe; mais il ne dissimule pas l'objection qui résulte de
la différence des animaux, sous les mêmes latitudes, dans
l'ancien et dans le nouveau continent. Il observe ensuite
que la population de TA mériqne étoit extrêmement foibla
re'alivemenl à son étendue; qu'en particulier, c'éloit sur
les côtes delà mer, aux bouches et sur les bords de l'Oré-
noque qu'étoit répandue la population de la Terre- F'erme,
et que les plaines n'avoient que très-peu ou point du tout:
d'habitans. Les Indiens, comme il a plù aux Espagnols de
désigner sous ce nom les naturelsde l'Amérique, formoient
des peuplades circonscrites dans une certaine étendue de
territoire, sous le commandemeut d'un chef ou cicique,
en cas de guerre seulement. La moindre violation de ce
territoire doiinoit lieu à de sanglantes guerres entre les
nations voisines. Le défaut de communication eatr'elles
avoit nécessairement introduit une grande diversité de
langues, une multitude de dialectes dont la pauvreté, chez
ces peuples, étoit analogue à celle de leurs idées.
Ainsi que la plupart des peuples de l'Amérique, ceux
VI. P
220 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
de la Terre-Ferme faisoient la guerre d'une manière
atroce, empoisonnant les flèches, massacrant les prison-
niers, les mangeant même assez fréquemment.
Le système religieux des Indiens est tellement enveloppé
de superstitions, qu'il faut, dit modestement M. Depons,
une habileté supérieure à la sienne , ou une hardit-sse qu'il
n'a pas, pour donner comme positif ce qui , pour l'obser-
vateur exact, demeure douteux. Il a démêlé néanmoiiis
qu'un point fondamental de la religion chez ces peuples,
éloit rimmortalité de l'ame ; mais qu'à la différence de
toutes les nations sauvages de l'Amérique, qui admettent
un bon ou mauvais principe, les Indiens de la Terre-
Ferme en général n'en admettoient qu'un mauvais : singu-
larité qui paroîl tenir à la peur qui leur étoit naturelle.
Une seule nation, c'éloit les Indiens de l'Orénoque,
s'écarloit de cette croyance. Sans être plus instruits et moins
superstitieux, ils avoient imaginé un auteur de toutes
choses, auquel ils adressoient leurs adorations et leurs
vœux. Quelques-unes de ces peuplades prenoient le soleil
pour l'Être suprême et pour cause première : d'autres
décernoient aux crapauds les honneurs de la divinité.
Toutes les nations de la Terre-Ferme varioient beaucoup
dans leurs opinions sur le sort de l'ame après la mort.
Dans les provinces qui composent aujourd'hui les pro-
vinces de Venezuela, de Maracaïbo et de Cumana , la
religion étoit unie à l'art de guérir. Dès l'enfance, on faisoit
apprendre à ceux qui se destinoient à exercer cette double
profession , et qui étoient connus sous le nom de Piachesy
la médecine et la magie. Il est difficile de faire saisir en
quo^ consisloit l'apprentissage de cette dernière prétendue
science : on entrevoit seulement que c'éloit de ridicules
ïnalélices. Quant à la médecine, elle con^istoit dans l'em-
ploi d'herbes et de racines crues pilées avec de la graisse,
dans celui de plusieurs espèces de bois et autres substances
inconnues du vulgaire. Leur usage étoit de lécher la partie
où sefixoitla douleur, afin d'en extraire l'humeur vicieuse.
Lorsque la douleur augmeuloit, ils ajoutoient à ce pvo-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AIVÏÉR. MER. 22^
cédé, les frictions; si le malade guérissoit, on donnoit au
piache tout ce qui étoit dans la maison ; si le malade suc—
comboit, on en accusoit le seul destin : on conçoit par-là,
à quel point ces jDiaclies étoient respectés; non-seulement
ils éloient les plus riches de la peuplade, mais même les
seuls qui le fussent. Aussi , pour parvenir à ce grade, fal—
îoit-il subir de rudes épreuves, telles qu'une réclusion de
deux ans dans des cavernes au milieu dcvS bois, l'abstinence
de tout ce qui étoit animé, et la solitude la plus absolue.
Les vieux piaches seuls approchoient la nuit de ces néo-
phytes, pour leur donner des instructions. Je ne suivrai
pas M. Depons dans les curieux détails où il est entré sur
les usages des diverses peuplades de la Terre-Ferme et de
rOrénoque : ces usages ont beaucoup d'analogie avec
ceux des Caraïbes de? îles Antilles, sur lesquels on a
recueilli tant de lumières.
Tout comme chez ces insulaires, la condition des femmes
étoit déplorable, principalement sur les bords de l'Oré—
rioque, où elles épi'ouvoient des traitemens inusités chez
les autres nations sauvages. Les vieillards, dans leur cadu-
cité , ne trouvoient aucun secours chez leurs enfans ,
qui, chose abominable! portoient souvent sur eux une
main criminelle pour s'en délivrer. Ces mêmes enfans,
barbares à ce point pour leurs pères , mais témoins, jusqu'à
leur adolescence , et compagnons même des souffrances de
leurs mères, conservoient pour elles un sentiment de jjitié
qui, avec le temps, se convertissoit en une affection plus
tendre.
En soumettant les Indiens, les Espagnols leur ont trans-
mis toules leurs inclinations et tous leuis vices. Afin de les
tenir dans la dépendance, on avoit imaginé de leur
défendre la fabrication et le pori des armes, et jusqu'à
l'usage du cheval. En les obligeant de se réunir dans des
villages, on leur avoit sévèrement prescrit, à peine du
fouet et d'une amende en cas de contravention, de ne
jamais passer d'un village dans un autre. Enfin l'on avoit
interdit aux Espagnols, aux raulàlrjs et aux métis, la
228 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
faculté d'habiter les villages indiens^ de peur qu'ils n'y*
répandissent des idéeaconlraires à la tranquillité publique.
De toutes ces dispositions prohibitives, la dernière est la
seule qui soit restée en vigueur, moins parce que l'expé-
rience en a démontré l'utilité, que par l'intérêt qu'ont
trouvé à la maintenir les missionnaires.
Jamais conquérant n'auroit accordé aux peuples conquis
des pi'iviléges aussi étendus, aussi importans que ceux qu'a
assurés aux Indiens la générosité du gouvernement espa-
gnol. Le premier de ces privilèges est celui de n'avoir
d'autres magistrats que de leur propre classe et de leur
choix. Non -seulement les Caciques, mais les Cabildo
même, sont de race indienne. Pour que ces magistrats
n'abusent pas de leur autorité, on a préposé dans chaque
village, s'il est considérable, ou par trois ou quatre villages
moins forts, formant un district, un Corrégidor ou pro-
lecteur des Indiens, ainsi qu'on l'appelle dans les autres
parties de l'Amérique espagnole. C'est hii qui arrête le
"bras du magistrat indien , toujours prêt à frapper arbitrai-
rement ses justiciables pour cause d'ivrognerie, d'impiété
et de libertinage, dont il est souvent plus coupable lui-
même que ceux qu'il punit.
On laisse à l'Indien la terre qu'il possède , lorsqu'il passe
sous la domination espagnole : s'il n'en a pas, on lui con-
cède une portion suffisante pour ses besoins, pourvu qu'il
se livre à un travail quelconque.
Toutes les loix veulent que les j^i'éposés espagnols pour
la défense des Indiens soient plus sévèrement punis que
si les injustices éloient faites à des Espagnols. Outre les pré-
posés pris dans celte dernière nation, et placés pour la
défense des Indiens dans les villages, les procureurs géné-
raux des audiences sont leurs défenseurs nés, tant en
matière civile qu'en matière criminelle.
Les caciques et leurs descendans jouissent de tous les
privilèges de la nation espagnole. Foui- les produits de
leurs terres et de leur industrie , tous les Indiens générale-
ment sont exempts du droit d'alcavala , le plus onéreux ,
AMÉRIQUE. TOYAG. DANS L'AMÉR. MJER. 229
comme ou le verra, des droits qui se perçoivent à la
Terre-Ferme. Le tribut annuel de deux piastres fortes à-
peu-près qu'on a imposé aux Indiens, ne se lève que sur
les individus mâles, deptiis l'âge de dix-huit ans jusqu'à
celui de cinquante seulement. La moindre incommodité,
la moindre intempérie des saisons, le moindre prétexte
enfin, suffisent pour obtenir de la plupart des corrégidors
la dispense du paiement. Néanmoins il n'est pas rare, à
l'approche du recouvrement de cette taxe, si modique
dans un pays aussi fertile que la Terre-Ferme, de voir les
contribuables prendre la fuite, et chercher un asyle chez
les Indiens non encore soumis.
Une aulre prérogative des Indiens bien importante, est
celle d'être considérés comme mineui's dans toutes leurs
transactions civiles. Ils ne sont obligés à l'exécution des
contrats qu'ils passent avec les Espagnols, sans l'interven-
tion des juges, qu'autant qu'ils le veulent bien. En tout état
de cause, ils peuvent en demander la l'évision. Enfin,
pour dernier jîrivilége, leurs biens-fonds ne sont légiti-
mement acquis q.te sur une enchère judiciaire. Si néan-
moins l'objet est de peu d'importance, la simple permission
du juge suffit ; mais elle ne s'accorde que lorsque des rensei-
gnemens bien exacts ont établi que le marché est avanta-
geux à l'Indien.
I/église n'a pas été moins favorable aux Indiens que
l'avitoiilé civile. L'inquisition n'a aucun droit sur eux.
Leurs crimes d'hérésie et d'apostasie sont du ressort des
tribunaux des évêques, et leurs maléfices de celui des tri-
bunaux séculiers; mais ces attributions ne sont que de
forme, et il est sans exemple qu'un Indien ail été jjoursuivi
pour ces sortes de délits.
Toute l'instruction l'equise pour admettre les Indiens à
recevoir le baptême, consiste à leur faire déclarer, soit par
signes, soit oralement, que l'idolâtrie, le mensonge, la
pédérastie, la fornication, l'adultère, l'inceste et l'ivro-
gnerie, sont des péchés mortels et capitaux. Comme ces
]^(.up!es , extrêmement attachés à leur chevelure, ré^u-
2*50 BlBLTOTHiçUE DES VOYAGES.
^noient à se les faire couper, ainsi qu'il est d'usage k
l'égard de tous les néophytes qui se présentent au baptême „
et s'interdisoient ainsi, par un refus obstiné, l'entrée du
ciel, le roi d'Espagne, par une cédule du i5 mars i58i,
défendit, malgré le précepte de Saint Paul, de couper le*
cheveux des Indiens.
D'après l'avis des théologiens les plus graves, on a fait
aux Indiens la meilleure composition possible pour leur
mériter l'absolution au confessionnal L'obligation d'en-
tendre la messe ne s'étend pas pour eux à la moitié de»
jours de fêtes où les Espagnols , sous peine de péché
mortel, sont tenus d'y assister. Encore léloignement de
leur demeure, la crainte d'être mouillés en se rendant
à l'église, celle qu'on pourra en prendre occasion de
leur demander le tribut, de leur assigner un travail, de
leur infliger quelque correction , sonl-ils pour les Indiens,^
suivant l'évéque Monténégro, des motifs suffisans de se
dispenser de la messe dans ces fêles même. Les jours d&
jeûne sont limités, pour l'Indien, aux vendredis de carême,
au samedi-saint, à la veille de Noël. Sans être assujéli à
prendre la bulle de la Cruzade, il peut manger de tout ce
dont elle permet l'usage à ceux qui l'achètent. Enfin on a
tellement été persuadé que le seul moyen de faire aimer
la religion par l'Indien consistoit à christianiser ses goûts
et ses habitudes, qu'on en est venu à mettre en question
s'il est permis de manger de la chair humaine ; et ce qui
ajoute à la singularité de la question, c'est qu'elle a été
décidée en faveur des anthropophages. Le même évêque
Monténégro, s'appuyant sur la doctrine de Lesio et de
Diana, décide qu'en cas de nécessité , on peut manger de
la chair humaine, sans qu'il y ail aucune espèce de péché,
parce que ce n'est pas un mal en soi : et c'est , s'écrie
M. Depons, dans la contrée la pins fertile peut-être du
globe, la plus couverte de forêts où le gibier fournit à
l'homme une ressource abondante et inépuisable; dans,
une contrée la plus arrosée de rivières rem plies de poissons ,
de tortues, etc. qu'est intervenue une décision si étrange!
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS l'AmÉr. mÉr. 201
Tant d'efforts combinés par la politique et la religion
pour amener les Indiens à jouir des avantages de la civili-
sation , n'ont pu surmonter l'insouciance et l'apathie de
ce peuple. Il est peu d'Indiens civilisés qui ne soupirent
après la vie des bois, et qui ne s'y réfugient aussi-tôt qu'ils
le jseuvent : ce nest pas pour le prix qu'ils mettent à la
liberté ; c'est pour la douceur que l'habitation des forêts
promet à leur mélancolie, à leurs superstitions, à leur
mépris pour les droits les plus sacrés de la nature. Si, avec
toutes ses combinaisons, la politique n'a pas pu parvenir
à leur faire goûter la vie civilisée , les ministres de la reli-
gion n'ont pas mieux réussi à les façonnerau christianisme.
Les mystères qui en font la base rebutent l'Indien, dont la
crédulité se porte toute entière sur les maléfices et sur la
puissance du diable. Tant que les exercices du christia-
nisme font spectacle , il s'en amuse. Le son des cloches , les
chants de l'église , le bruit des inslrumens dont il est
accompagné , la vue des cérémonies, semblent le captiver;
mais tout ce qui tient à l'instruction, tels que les caté-
chismes, les sermons, la confession, sont pour lui des
objets fastidieux. Plus d'une fois on a vu de vieilles In-
diennes cliercher à détruire dans les jeunes Indiens les
salutaires effets que pouvoit produire chez eux la morale,
en parodiant les sermons auxquels ils assistent; leur insi—
ruer des doutes sur les dogmes qu'on leur enseigne, tels
que l'éternité des peines et la puissance de Dieu; attri-
buer même l'usage de la confession à la seule curiosité du
prêtre, etc....
M. Depons observe que le système d'excessive indul-
gence qu'on a adopté pour les Indiens, potn- leur faire
adorer et aimer un Dieu de paix et demiséricoide, pouvoit
tout au plus con%'enir à la religion , mais ne convenoit pas
également à la politique. On les a traités, dil-il, comme
des bêles féroces qu'on voudroit apprivoiser; il falloit les
mener comme desenfans dont on vouloit faire des hommes^
Au lieu de favoriser leur paresse, ou de retenir le salaire
de ceiuj qu'on fait trcivailler, il falloit les obliger tous iadis-
231 BIRLIOTIIF.QUE DES VOYAGES.
tinctement an (ravail , en leur procurant des commodité»
^n échange de leurs fatigues : il fi.lloit chercher à leur
créer des besoins qui leur eussent fait apprécier ces com-
modilés. En procédant ainsi, leur amélioration seroit
infailliblement plus avancée. M. Depons propose, à cet
eflét, vn régime dont les bornes de notre ouvrage ne nous
permet (en I pas de donner le dévelojipement : il consiste
principalemtnl dans une répartition des Indiens de chaque
village sur des terreins projires à chaque espèce de planta-
tions, où seroient construits aux frais du roi, les bàtimens
nécessaires à leur exploitation; dans la vente sur les lieux
même, ou dans le port le plus proche, de toutes les denrées
qui seroient récollées , avec exemption du droit d'alcavala;
dans la libre disposition qui seroit laissée à l'Indien de
l'argent qu'il recevroit pour sa pari. Les autres articles du
plan concernent la police de ces élablissemens projetés. La
mise à exécution de ce 2>lan paroîl ofliir le résultat le plus
satisfaisant. La population indienne, dans la capitainerie
générale de Cai'acas, monte à soixante et douze mille huit
cents individus de tout sexe et de tout âge. En les appli-
quant à des cultures faciles, comme celles du café et du
colon, où les femmes, les enfans et les vieillards peuvent
être facilement employés, 'il en résulteroit une augmen-
tation de denrées considérable, un grand accroissement
de commerce , une nouvelle activité dans la naviga-
tion.
Avant de s'occuper spécialement de l'organisation ci-
vile , militaire et religieuse de la partie orientale de la
Terre, M. Depons donne quelques notions générales sur
le régime esj^gnol dans rAmérii|ue; sur le conseil des
Indes et ses attributions; sur le représentant du roi , se^'
pouvoirs, ses obligations, ses appointemehs, la durée de
son serA^ce, le compte qu'il doi) à l'expiration de ses fono-
lions; enfin sur ce qu'on appelle dans l'Amérique espa-
gnole , les audiences royales. Le développement de ces
notions générales se trouve en grande pailie dans le ta-
bleau particulier que l'auteur nous a tracé de rorganisa—
Amérique, toyag. dans l'amlr. mér. 2^3
tion particulière de la capitainerie générale de Caracas:
^'e vais en esquisser les traits piincipaux.
Ce n'est qu'en 1786 que, par une cédule du roi d Es-
pagne , a élé établie l'audience royale de Caracas : elle a
le mêraedislricl que celui du capitaine général : elle s'étend,
sur les provinces de Venezuela , de Maracaïbo , de Cu-
mana , de Varinas , de la Guyane et de l'ile de la Margue-
rite. Elle est composée d'un président qui est le capitaine
général, d'un régent, de trois oidors , de Aeux fiscaux ^
l'un pour le civil et l'autre pour le criminel; d'un seul
rapporteur y et d'un alguazil.
Le costume de ces juges est la robe noire : cette couleur
est aussi celle du surplus de l'habillement. Jadis, ils por-
toient suspendue à une boutonnière, une espèce de baguette
blanche qui , chez les Espagnols , est la marque générale
de juridiction : elle a disparu (i).
L'audience se tient tous les jours non fériés , depuis huit
heui-es du matin jusqu'à onze. Elle juge peu de causes ,
attendu l'usage où est le rapporteur , de lire tontes les
pièces du procès , au lieu de les présenter par extrait. Le
roi d'Espagne a cru remédier à la lenteur que cet usage,
commun à toutes les audiences royales , apnorle à la
prompte expédition des aiîaires , en ordonnant que les pre-
sidens des audiences lui enverroient tous les ans un état
exact des allaires portées aux tribunaux d'audiences, et
des motifs de leur suspension , en y joignant leur avis sur
l'impuissance ou la mauvaise volonté des membres de ces
audiences, et sur les moyens d'améliorer l'action de la
justice. M. Depons ne voit dans celle mesure, qu'une
grande influence donnée sur les audiences à leurs prési-
dens, et qui infailliblement augmentera l'autorité de ceux-
ci aux dépens de ces premiers tribunaux de la nation.
Jusqu'ici, les audiences sont très- considérées par les
Espagnols ; et lorsque l'intégrité et les lumières de leurs
(1) C'esi à cet usage que BeauniarcLais fait allusion dans sa
pièce du Mariage de Figaro.
■254 BÎF, LIOTHÈQUE HT.S TOYAGES.
membres )ie donnent aucune prise à la critique , ils reçoi-
vent des témoignages de respect qui ressemblent à une
espèce de culte. Une cédule même veut que les vice-rois,
et a plus forte raison les capitaines généraux , tels que celui
de Caracas , traitent les oidors avec fous les égards dus à
leur caractère, comme leurs confrères, com.me des magis-
trats que le roi honore de toute sa confiance. La réception
que leur font les vice-rois on capitaines généraux , est ana-
logue à ces instructions. Enfin les plaideurs , dans les écrits
qu ils présentent aux audiences , les traitent d'altesses.
Ces audiences , lors du décès ou en l'absence des vice-rois
ou des gouverneurs, éloient même investies du comman-
dement absolu. Le régent ou le plus ancien oidor repré-
sentoit alors le chef du pouvoir exécutif, avec cette res-
triction , que les matières où le gouvernement éloit inté-
ressé, dévoient être délibérées par l'audience. C'est depuis
peu seiilement , qu'en cas de vacance , on a fait passer le
commandement général à l'officier militaire qui vient
immédiatement après le chef décédé ou absent.
Pour assurer aux membres des audiences la grande
considération dont ils jouissent, on ne nomme à ces places
que ceux qui ont reçu les grades, lesquels ne sont commu-
nément accordés qu'au savoir et à l'intégrité. La loi les
oblige de vivre dans la retraite, et leur défend de se trouver
dans quelques aciions publiques que ce soit qui pourroient
les détourner de l'exercice de leurs fondions. Ils ne peu-
vent former aucunes liaisons avec les négocians , dont la
classe est la plus exposéeàètre traduiledevant les audiences.
La loi leur défend expiessément de se faire servir par des
plaideurs, ou d'en faire leur société : elle leur interdit
même de faire leur demeure avec les avocats et les greffiers.
Le nombre de leurs esclaves est limilé à quatre. L'usage
des meubles somptueux leur est défendu. Leurs maisons
sont fermées au jeu. Non-seulement, il ne leur est pas
permis de faire des emprunis, mais le trésor même ne
doit leur faire aucune avance siu' leurs appointemens.
Enfin, la possession de toutes propriétés foncières, et le».
AMÉRTQrK; TOYAC. DANS L'AMER. MER. 2d5
alliances dans retendue du district de l'audienre, font
aussi partie des prohibitions qni leur sont faites. Ces prohi-
bitions même s'élendent à leurs familles, pendant tout le
temps que dure l'exercice de leurs fonctions.
Les Cahildos , également établis dans les villes et dans le»
villages indiens, foimenl le premier degré de jiiridicliou
dans la partie orientale de la Terre-Ferme. On ne peut,
dit M. Depons, s'en former une plus juste idée, qu'en les
comparant aux municipalités établies par l'Assemblée
constituante ; la seule différence consiste en ce que les
cahildos n'ont point de maire; mais ils ont des alcades
qui répondent à nos oflBciers municipaux ; des régidors
qui forment le corps délibérant, comme les notables for—
moient le conseil de la commune; un syndic qni exerce
les fonctions que remplissoient les procureurs de la com-
mune, dans les municipalités ; et un greffier chargé de la
rédaction des actes et de la garde des minutes.
Celle institution , purement municipale, s'introduisit en
Espagne presqu'à la même époque où Louis-le-Gros
établit les communes en France, et parles mêmes causes.
C'est le grand respect que la nation espagnole avoit conçu
pour ces établissemens municipaux, qui persuada aux
conquérans de l'Amérique, que le gouvernement de ses
nouvelles possessions dans cette partie du monde, devoi*
nécessairement avoir pour base lesCabildos. Aussi, comme
il a été précédemment observé, en donnèrent-ils à ton»
les villages qu'ils fondèrent, avec des attributions plus
étendues que ces établissemens n'en eurent jamais en
Espagne.
L'impérilie du gouverneur Villacinda, qui , en i556,
ordonna, au préjudice de son lieutenant-général, que
pendant la vacance, les cahildos de Venezuela gouver-
iieroienl celte province, chacun dans son district, jusqu'à
l'arrivée du titulaire, leur fit faire des pas de géant vers
l'usurpation de tous les pouvoirs. Les rênes du gouver-
nement ainsi morcelées, y introduisirent la confusion et
Vanarchie. Ce qu'il y eut de plus déj)lorable encore, c'esi
256 BIPLÏOTllÈQUE DES VOYAGES.'
que les cabiidos, fla[iés d'une prérogative aussi inespéré©
qu'abusive, cherchèrent à la rendre constante, à la con-
vertir en droit, et y réussirent. Pendant plus d'un siècle et
demi qu'ils en jouirent, l'abus qu'ils en firent, et dont
M. Depons rapporte plusieurs exemples, fut porté si loin ,
que le gouvernement fut obligé d'y mettre un frein. Vers
le commencement du dix-huitième siècle, on s'occupa
de diminuer l'influence des cabikios. On les mit, pour cet
effet, sous la surveillance tacite des commandans mili-
taires, et presque sous la dépendance des lieutenans, des
gouverneurs ou des officiers civils, nommés par les gou-
verneurs sous le titre de Justicia mayor. Ces précautions,
observe M. Depons , furent même portées peut-être trop
loin. Les cabildos furent dépouillés de beaucoup d'attri-
butions : celui de Caracas nommément, qui avoit le plus
abusé de ses pouvoirs, éprouva, dans leur exercice, une
l^lus grande léduction qu'aucun autre : c'est néanmoins
de tous les cabildos celui qui en a le moins murmuré; mais
de cette indifféi-ence, il est résulté que ses membres ne
remplissent qu'avec tiédeur les fonctions qui font incon-
testablement partie de leurs devoirs.
Les variations que le temps et les circonstances ont ame-
nées dans la compétence des cabildos, n'ont point porté
sur leur composition, qui est à-peu-près la même aujour-
d'hui qu'elle fut dans son origine. Tous ont deux alcades
qu'on appelle ordinaires , et qui se renouvellent tous les
ans, à la pluralité des voix des regidors. Ceux-ci sont ina-
movibles, et leur nombre est proporliouné à l'importance
de la ville où est le cabildo. Les élections de ces magistrats
sont protégées contre toute violence, contre toute gêne
même : elles ne peuvent se faire que dans les maisons-de—
ville. Il est expressément défendu aux vice-rois, prési— -
dens et oidors, d'apporter aucun obstacle à la liberté de
ces élections, dont les listes néanmoins doivent être portées
au gouverneur, pour qu'il les approuve. Dans les lieux ou
le gouverneur ne réside points il commet ce aoiu ou c«5-
droit au Justicia major.
I
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS ,'A?,ÏER. MER. 20/
Pour être éligible aux places d'alcades ordinaires , il
faut être domicilié dans le district du cabildo , et réunir
les qualités nécessaires pour occuper dans l'empire espa-
gnol des emplois distingués. Les ecclésiastiques, les offi-
ciers royaux, ceux qui doivent au roi, les militaires même
sont inéligibles aux places d'alcades. Ceux qui n'ont d©
service que dans les milices , sont néanmoins exceptés de
cette défense , s'ils sont aptes d'ailleurs. La loi recommande
de nommer par préférence , à mérite égal , les descendans
de ceux qui firent la découverte des Indes occidentales ,
ou de ceux qui les pacifièrent ou qui les peuplèrent. Ni
les alcades, ni les regidors ne peuvent faire trafic de ce
qui sert aux approvisionnemens des villes : cette défense
à l'égard des regidors , s'étend jusqu'au commerce de
toutes sortes de marchandises , à moins qu'ils n'en aient la
permission du roi.
Indépendamment de la police attribuée aux cabildos,
les alcades ordinaires , dans les lieux où il n'y a ni gou-
verneur, ni lieutenant de gouverneur, connoissent, en
première instance, de toutes les causes dont ces gouver-
neurs et ces lieutenans ont la connoissance dans les lieux
où ils résident. C'est pour modérer les pouvoirs des cabil-
dos, qu'ont été établis ces lieutenans sous le titre, comme
on Ta vu , de Justicia inayor. Celui qui demande justice,
peut indifFéiemment s'adresser à eux comme aux alcades.
Leurs sentences ont la jnême force , et sont également
portées par appel à l'audience royale. Dans les lieux où il
n'y a point de cabildos, la police et l'administration de la
justice sont livrées à ces lieutenans de justice , dont la juri-
diction s'étend ordinairement sur trois ou quatre villages.
Leur pouvoir est presque sans limites , comme sans par-
tage : ils ne doivent compte qu'au gouverneur des mesures
qu'ils prennent poin- la sûreté publique. Le bonheur des
administrés et des justiciables tient donc uniquement aux
lumières ou à l'ignorance , au zèle ou à l'insouciance, au
désintéressement ort à l'avidité , aux mœurs bonnes ou
mauvaises d'un seul homme. La nomination de ces lieu-
238 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES,
lenans de jusiice n'est, à la vérité, que pour deux ans,
mais ils sont rééligibles. Dans plusieurs endroits , les com—
mandans militaires exeicenl les fonctions de lieutenan»
de jusiice : c'est un vice, dit M. Depons, qui ne peut pas
échapper à la vigilance du ministère espagnol.
La jusiice est encore administi'ée, dans la capitainerie
générale de Caracas ,par plusieurs autres tribunaux, parce
que les Espagnols, divisés en classes privilégiées, sont bien
loin d'être sujets à une administration commune. L'ecclé-
siastique, lemililaire,rHdrainistraleur ont chacun leur tri-
bunal particulier. Comme ces trois professions sont exer-
cées par une grande partie de la population blanche, il s'en-
suit qu'il est peu de blancs distingués qui restent soumis aux
tribunaux ordinaires. On appelle Fueros ces tribunaux
privilégiés. Le fuero militaire n'est pas même uniforme
pour tous les justiciables. Le soldat, le caporal , le sergent,
sontdéfinitivement condamnés en vertu de la seule sentence
du conseil de guerre confirmée par le capitaine général ;
tandis que la vie et même l'honneur de tous les militaires
d'un grade supérieur, sont sous la sauve-garde directe et
immédiate du roi. On a beaucoup plus compliqué aussi
pour eux, les formalités : les écrits les plus volumineux
grossissent linslruclion de leur procès, qui, jugé sur les
lieux par un conseil de guerre , doit être sur-le-champ
envoyé au roi, pour eue approuvé, s'il y a lieu ,par le con-
seil de guerre suprême résident à Madrid. Cette compli-
cation des formes , la lenteur de l'instruction toujours fort
dispendieuse, sont communes à tous les tribunaux de
l'Amérique espagnole. La facilité des récusations y ajoute
encore.
M. Depons termine le tableau de l'administration de la
justice dans celte contrée, par une observation impor-
tante ; c'est qu'on y a beaucoup de respect pour la vie de
riiomme ,etun mépris absolu pour sa liberté. Il faut avoir
commis les crimes les plus atroces , pour être condamné à
mort. Le soupçon le plus léger , la dette la plus modique,
.suËSsent au contraire pour plonger un homme dansl'ob-
AMERIQUE. VOYAC. DANS L'AMIiR. MÉR. 2DC)
scurité des prisons. C'est évidemment, observe M. Depons,
de celte abusive facilité d'atlenler à la liberté personnelle ,
que provient le peu de sensation que fait sur l'Espagnol
l'idée de la prison. Il y va sans s'émouvoir, y vit dans
le calme , el en sort avec la même sérénité.
Sur la force armée ^ dans la capitainerie générale do
Caracas , M. Depons s'est livré à des détails aussi curieux
qu'instructifs ^ mais dans lesquels la nature de mon ouvrage
ne me permet pas de le suivre. Je lue bornerai à observer
qu'il estime insuffisantes les forces militaires de cette capi-
tainerie, pour la préserver d'une invasion qui seroil tentée
d'une manière imposante , soit parce que les côtes, d'une
très grande étendue , sont gardées uniquement par quel-^
ques foibles chaloupes , soit parce que les forts placés sur
ces côtes , le sont à une trop grande dislance les uns des
autres, et qu'on n'a point ménagé, dans l'intérieur des
terres , des points respectables do défense.
L'organisation des élabiiïsemens religieux que possède
la partie orieniale de l,a Terre-Ferme , occupe une grande
place dans la relation de M. DejDons : je vais en extraire
les traits principaux.
11(6 tribunal de l'inquisition peut , là comme ailleurs,
condamner à des amendes, à des confiscations, au ban-
nissement , aux galères , au feu. Mais ses fonctions prin-
cipales, sont de frapper d'anatlième les livres où elle croit
trouver des ^propositions qui blessent le dogme, offensent
la pudeur, ou font perdre an gouvernement sa considé-
ration , et aux loix le respect qui leur est dû. Sa vigilance,
à cet égard, est telle, qu'on peut lui attribuer le peu
d'occasions qu'elle a d'exercer , sous d'autres rapports ,
ses rigueurs. Il n'est pas de précautions qu'elle ne prenne
pour empêcher l'entrée, la circulation , l'usage des livres
qu'elle juge suspects. Il est des ouvrages frappés d'une
prohibition absolue. M. Depons nous a donné Ténumé—
ration des livres français placés dans celte classe : on est
étonné d'y trouver des ouvrages qui neparoissoient pas de
nature à provoquer, du moins à ce point, la sévérité de
2^0 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
l'inquisition. Il est d'antres livres pour la lecture desquels
elle donne des permissions particulières aux personnes
dont les moeurs sont invariablement nationales et les prin-
cipes inaltérables. Les prêtres et les moines sont ceux qui
les oblieniient le plus facilement. Ces permissions sans
doute doivent porter sur les (Euvres de Boileau -Des-
préaux, de la Bruyère et sur d'autres, tels que les Mé-
moires d'un Homme de qualité, par l'abbé Prévôt, qui ,
l'on ne sait à quel litre, se trouvent compris dans la liste
des livres défendus rédigée par M. Depons.
Le pouvoir des papes, à la Terre-Ferme, comme dans
toutes les autres parties de l'Amérique espagnole, est très-
lirailé au profit de l'autorité du roi, qui nomme à tous les
emplois ecclésiastiques , à l'exception des archevêcbés ,
é\êchés et abbayes , auxquels nomme le pape, mais sur la
présentation précise et spontanée du roi. Le mérite est
généralement le seul litre pour avoir droit à celte présen-
tation. C'est également sur une liste présentée par les
évêques au représeiilanf du roi , que ce représentant
nomme aux cures vacantes. Ceux qui les remplissent , ne
prennent généralement sur ur revenu que l'indispen-
sable nécessaire, et répartissent le surplus entre leurs parens
et les pauvres. Le roi récomjjense presque toujours ce
désintéressement, en nommant aux canonicats les vieux
curés. La pluralité des bénéfices est sévèrement interdite.
La résidence est scrupuleusement observée par les évê-
ques, à peine de jjrivalion de leur revenu.
On ne compte que trois évêchés dans la capitainerie
générale de Caracas. Chacun d'eux a son tribunal, qui a
les mêmes attributions que les anciennes ofîîcialités.
Le soin des âmes est confié , dans celte capitainerie ,
comme dans les autres possessions d'Espagne en Amé-
rique , à des curés recteurs, à des curés doctrinaires et à
des missionnaires. Les premiers sont ceux qui desservent
les paroisses où la .populilion espagnole domine; les se-
conds, ceux qui exercent les fonctions curiales dans les
villages des Indiens. Les troisièmes sont les religieux qui
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MER. 2 ^j X
catécliistnt les Indiens, et leur font faire l'appren lissage
de la vie sociale.
Les fondions des curés recteurs et des curés doctri-
naires éloient d'origine les mêmes. Ces derniers seulement
étoient tenus à beaucoup plus d'assiduité pour l'insiruc-
tion des Indiens. Aujourd'hui, les missionnaires se con-
fondent presque avec les curés doctrinaires, parce que le
refroidissement du zèle des missionnaires permet rare-
ment à aucun d'eux de s'enfoncer, comme leurs prédé-
èesseurs , dans les forêts, pour y convertir les hordes
errantes. Ce zèle se borne à instruire les Indiens réduits;
et leurs succès à cet égard sont fort lents.
Le nombre des prêtres séculiers et des moines a singu-
lièrement diminué, depuis que des régimens fixes, éta-
blis dans tous les chefs-lieux du gouvernement , et la milice
organisée avec les privilèges et l'uniforme militaires, ont
offert aux Espagnols une paie et des honneurs qui les ont
dédommagés de l'abondance et de la considération qu'on
ne Irouvoit guère jadis que dans le clergé séculier et dans
les couvenf.
Les asyles que la politique n'a pas permis de détruire
entièrement, ont été considérablement réduits, et leurs
privilèges restreints par les bulles même des papes.
M. Depons s'est extrêmement étendu sur les produc-
tions les plus précieuses de la Terre-Ferme, leur culture
et leur récolte; sur le cacao, le calé, le sucre, le tabac.
Celte culture et cette récolte se trouvent consignées dan»
beaucoup d'autres ouvrages. M. Depons indique, à la
vérité, des procédés particuliers à la Terre-Ferme; mais
les détails où il entre à ce sujet , ne peuvent avoir d'uiililé
et d'intérêt que pour les colons de celte contrée : ils ne
sont pas susceptibles d'ailleurs d'être extraits, etperdroient
la plus grande partie de leur mérite à être abrégés. Je me
bornerai donc à donner l'analyse de ses réflexions sur lea
cultures de la Terre-Ferme , et sur les causes de leur déca-
dence. J'y ajouterai celle des moyens propres à encourager
l'agriculture dans ce pays. Ces considérations ne sont pas
VI. Q
'4-
teliemenl parLiculières à la Terre-Ferme , qu'elles ne puis-
sent recevoir leur application dans d'autres colonies.
On est étonné , dit-il , de ne voir dans le plus beau pays
de la nature , que des planlafions de peu d'importance.
Ce n'est pas pourtant que les propriétés y soient trop divi-
sées; mais c'est qu'une habitation, avec la dixième partie
de son étendue en culture, y est très— rare. Cette incurie
n'explique que trop les Irisles résultats du travail de trois
siècles consécutifs : on saisira mieux tout ce qu'ils ont d'af-
fligeant pour la nation espagnole, lorsqu'on considérera
que sur un sol deux cents fois moins étendu , les Français
éloient parvenus à faire à Saint-Domingue, et avec la
moitié moins de population blanche , dix fois plus do den-
rées qu'on n'en fait aujourd'hui dans les vastes provinces
de Caracas.
La prt-mière cause delà décadence des habitations dans
la capitainerie de ce nom, c'est la masse de- hypothèques
dont ces habitations sont chargées, soit par des emprunts
dont les propriétaires ne cherchent jamais à se libérer,
en aliénant une partie de leurs possessions; soit par les
hypothèques résultantes des legs pieux et des prébendes,
dont la plupart de ces habitations sont grevées. Les intérêts
de ces hypothèques, qui grossissent sans cesse, et dont
l'arriéié donne lieu à des procès ruineux, ne permettent
pas au colon d'étendre ses cultures, et de faire même sur
celles qui existent les améliorations nécessaires.
Les cultures éprouvent un phis grand obstacle encore
dans la manière dont les Espagnols régissent leurs habi-
lations. C'est dans les villes qu'est leur résidence principale
et habituelle. LeuV dépense y est calculée sur les produits
de l'année la plus fertile et la plus heureuse. La dépense
excède donc toujours la recette. De-là des dettes conii—
nuellement contiactées, et l'impossibilité d'appliquer au-
cuns deniers à ramélioration des cultures, dont la direc-
tion est abandonnée à un économe. Cette insouciance est
portée à tel point , qu'un colon se croit jjresque insulté,
lorsqu'on le suppose occupé de ç[uelc[ues détail» d'aduii-.
AMERIQUE. VOYAG. DANS l'AMÉr. mÉr. r>f^
nialraliori de ses plantalioiis, qu'il vihile à peine une fois
dans Tannée: ]M. Depons en cite un exemple remar-
quable.
Le mauvais choix des économes ajoute à l'inconvé-
nienl de l'absence du maître. La conduite des habitations
delà Terre-Ferme est généralement confiée à des nègres,
à des mulâtres, ou infidèles, ou très-ignorans : elle l'est
rarement à des blancs des Onnaries ; mais jamais à des
créoles, qui préfèrent l'oisiveté des cloilres , l'allrait de
l'épauletle ou le labyrinthe de la chicane , aux nobles tra-
vaux de la campagne. Le petit nombre d'iiahilalions qui
prospèrent, sont dirigées, ou par des BiscAye;:).'; dont l'am-
bition se borne à augmenter les revenus , ou par des Espa-
gnols qui ont le bon esprit de partager leur temps enire la
ville et la campagne , qui ordonnent les travaux pendant
qu'ils résident sur leurs habitations, et indiquent ceux
qu'on doit faire j^endant leur absence.
La dernière cause de lu e'écadence des cultures, cellô
qui a leplus contribué à diminuer les produits de la Terre-
Ferme , d'une manière effrayante, c'est le défaut d'intro-
duction des nègres. On a précédemment vu que les Espa-
gnols n'en avoient jamais fait directement la traite : il leur
étoit seulement permis d'en acheter dans les Antilles , de
les payer en denrées du ^jays , exceplé en cacao , et de les
revendre à la Terre-Ferme : la loi accordoil même des
faveurs particulières pour encourager celte branche de
commerce.
l^a révolte des noirs de Saint-Domingue, dont on
craignit la propagation , arrêta tout-à-fait l'introduction.
Une douzaine d'années s'écoulèrent, sans qu'il ariivât
aucun nègre à la Terre-Ferme. En i8o3, l'intendant per-
mit l'exécution d'une permission accordée par le roi d'Es-
pagne à une compagnie, ijour l'introduction de quatre
mille noirs; mais le commissionnaire qu'employoit cette
compagnie étant mort , l'opération fut îjrcêlée, et l'on ne
donna plus que des permissions particulières. En 1804,
deux négocians en avoient obtenu deux qui jiorloient sur
244 LILLIOTIIÈQUE DES VOYAGES,
quinze cenis noirs clificune. De celte manière, les intro**
ducleurs des nègies étoient connus; et l'on savoil à qui
s'en prendre pour les infidélités dans le mode d'exécution.
Mais celle mesure, observe judicieusement M. Depons ,
est encore bien insuffisante pour un pays où il n'y a pas la
vingtième partie des forces nécessaires à son exploilalion ,
où les naissances des esclaves sont bien loin de remplacer
les mortalités, où la bienfaisance et la piété des maîtres
tirent annuellement de la classe des esclaves un nombre
considérable d'individus, pour les faire passer dans celle
des hommes libres, et les rendent ainsi inutiles à l'agri-
culture. On conçoit aisément combien le défaut absolu
d'introduction des noirs, pendant l'espace de douze ans,
a grossi encore ces inconvéniens.
Tous les maux qui menacent la Terre— Ferme d'une
lente, mais infaillible dissolution , paroissent à M. Depons
ne pouvoir être écarlés qu'en facilitant rintroduction d-s
noirs ; mais il ajoute que le malheur des circonstances
exic^e qu'on ne se livre à ce moyen qu'avec de très-grandes
précautions ; et pour le suppléer en partie, il en indique
un autre qui manque à toutes les autres possessions des
Européens dans le golfe de Mexique: c'est celui d'appli-
quer à l'agriculture les bras oisifs des hommes de couleur
libres et des Indiens , l'objet des travaux des doctrinaire»
et des mi.»sionnaires.
Les Canaries, dont la jeunesse a un goût décidé pour
l'Amérique, peuvent aussi, suivant lui, fournir à la Terre-
Ferme des hommes utiles et laborieux. Que les salaires de*
ouvriers soient exactement payés, que leur intérêt soit
excité, et l'activité triomphera de la paresse. M. Depons
propose, à cet efl'et, un plan d'administration, dout la
nature de mon ouvrage ne me pei-met pas de donner les
développeraens : il consiste principalement danx l'éta-
blissement d'une Chambre d'Agriculture, au chef-lieu do
chaque gouvernement, composée d'un nombre de mem-
bres proportionné à l'étendue de la province.
De ces considérations sur l'agriculture , M. Depons
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMER. MIÎR. 2/^^
passe aux jDieniiers rapports commerciaux de l'Esjjagtie
avec ses colonies. Après avoir tracé un tableau rapide des
élablissemens français en Amérique, et de leur sj-^stéme
colonial, qui consisloit principalement à n'imposer que
des droits très-modiques sur leurs denrées de l'Amé-
rique, ce qui mettoit dans les mains du commerce fran-
çais la vente exclusive de ces denrées dans les différens
marchés de l'Europe ; il indique les causes qui empê-
chèrent l'Espagne de suivre le même système. La princi-
pale, éloit l'impuissance où se trouvoient ses manufactures
de fournir aux approvisionnemens de l'Amérique. Obligée
de tirer tout, ou presque tout de l'étranger, l'Espagne
avoit vu avec douleur que son commerce ne pouvoit êîre
que l'agent de celui des autres nations, chez lesquelles
dévoient nécessairement passer tons les moyens de pros-
périté qu'aïuoient dà lui assurer à elle-même ses relaliona
avecrAmé)ique.
Pour ne pas tout perdre, elle avoit usé des prérogatives
de la souveraineté, en établissant sur les marchandises
de l'Amérique des droit.s considérables qui se multiplient
à chaque destination qu'on leur donne. Le produit de ces
droits diminuoit nécessairement la masse des impôts inté-
rieurs de la métropole : c'éloit, avant le règlement de
1778, dont je parlerai plus bas, presque le seul bien qui,
pour le corps de la nation espagnole , résultât de se*
immenses établissemens dans le Nouveau-Monde.
Long -temps l'Espagne avoit lutté contre cet état de
choses. Les premières relations commerciales de Vene-
zuela avec l'Espagne, avoîent olFert une perspective bril-
Innle pour l'avenir; mais bientôt le commerce interlope
t\es Hollandais les avoit fait évanouir; et les efforts du
commerce d'Espagne pour leur disputer la concurrence»
s'étoient trouvés inutiles.
En 1728, des négocians l)iscayens firent au roi d'Es-
pagJie la |jroposilion d'empêcher, à leurs frais , la contre-
bande que faisoienl les étrangers avec la province de
Venezuela , pourvu qu'il leur fiil permis d'approvisionné
946 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
le pays, et d'en exporter les denrées pour la métropole.
Cetle proposition fut accepi.ée. La concession se fit à ces
négocians sous le nom de compagnie de Guipuscoa ; les
conditions en éloient fort sages. Ses succès leur firent
obte ir la faculté exclusivede commerce, qui fut sagement
modifiée en 1766. Les modifications porloieni princijDa—
lement sur le cacao , devenu en quelque sorte , par le
grand usage qu'on fait du chocolat dans la métrojDole et
dans les colonies espagnoles , une denrée de jiremière
nécessité. L'abus que la compagnie de Guipuscoa fit de
son monopole, obligea le gouvernement de la dissoudre.
Un règlement , appelé le Commerce libre, fut promulgué
le 12 octobre 1778.
Par ce règlement, les bàlimens employés au commerce
de l'Amérique doivent appartenir uniquement à des Espa-
gnols , et êlre de construction nationale. Le constructeur
oblient pour jorime ,- sur les vaisseaux de la capacilé de
trois cents tonneaux et an-dessus, la léduction du tiers
des droits que doivent les effets espagnols qu'y embarque
le propriétaire. Les capitaines, ^Datrcns , maîtres, offi-
ciers de mer , et les deux tiers de l'équipage , doivent êlre
Espagnols ou naturalisés (i).
Les ports de la métroi^ole ouverts à l'Amérique, qui
jadis éloient restreints à un très-petit nombre, sont aujour-
d'hui portés à treize : il faut y ajouter encore ceux de
Ténériffe , de Majorque et des Canaries, pour leurs pro-
ductions respectives , mais non pour les objets étrangers,
dont la sortie n'est pej'mise que par les ports de la métro-
pole. Cette opération salutaire s'est étendue aussisur l'Amé-
rique , où très-peu de ports avoiénl la faculté de commer-
cer avec la métropole. Maintenant , presque tous ceux
dont les rades permettent l'entrée à des bàlimens de long
cours, peuvent non -seulement recevoir les bàlimens de
(1) Ces tlilTéreiiles dispositions paioissenl calquées sur celles du
fameux acle de navigaliou , rédigé sous le protectorat de Ci^uiwell ,
et publié dans les premiers mois de ravéuemeiit de Charles 11.
AMERIQUE. VOYAC. DANS T/AT-tÉr. mÉr. 2^J
Ja uiélropole, mais encore faire clés expéditions directes
pour l'Espagne. En ouvrant ces nouveaux ports, le légis-
lateur a eu la sagesse de les déclarer mineurs.
Pour l'intelligence de celle disposition, il faxil savoir
que l'Espagne divise ses poris d'Amérique en majeurs et
mineurs. Dans les premiers, on paye tous les droits portés
daiis les tarifs, c'est-à-dire, tous les droiis royaux et
municipaux : dans les seconds, on ne paye que les droits
municipaux , tant à la sortie de l'Espagne qu'à l'entrée
du port mineur. L'objet de celle division des ports, est
d'élablir une espèce de balance entre les ports les plus fré-
quentés et ceux qui le sont le moins. Dans ceux-là, les
marchandises sont bientôt vendues, et les chargemens
proniptement faits ; au lieu que les ports moins peuplés et
moins à portée de grandes villes et du foyer des cultures,
font éprouver au spéculateur des lenteurs qui l'çn éloi-
gneroienl, s'il ne trouvoit quelque dédommagement dans
la diminution des droits.
Les poris majeurs de la capitainerie générale de Caracas,
sont la Goayre, depuis son établissement ; el Porto-Capello,
par ordre du roi d'Espagne, du 1 5 juillet 1798. Maracaïho
est mixte. Cumana , Barcelone , la Marguerite et la Guyane
sont des poris mineurs. Le seul port de Coro est privé du
commerce métropolitain. C'est cependant le premier de
tous qui lui ait été ouvert , et aucune loi ne lui a expressé-
mcnl enlevé ce privilège ; mais comme il est environné àe
j3ays déserts et stériles, le défaut d'objets d'échange, lui a
nécessairement interdit tout commerce avec la métropole.
On restitue les droits perçus sur les marchandises qui vont
{\'\\n port majeur à un port mineur; mais pour a41er d'un
port mineur à un port majeur, elles doivent payer le sup-
p'éinenl des droiis. Cependant ,par une faveur singulière,
les bâlimenssoiiaul de Macaraïlio pour l'Es|>agne, peuvent
relâcher à la Guyane, sans préjudice des fianchises des
poris mineurs. Les lois comuierciales sorties du conseil des
Indes, postérieurement au règlement de 1 778, sont die lées,
dit M. Deponsj par le même esptil de sagesse^ de calcul^
24^ BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
de hardiesse , qui rend ea quelque sorte explicable I« subit
et heureux changement du système commercial.
Je ne suivrai point M. Depons dans les détails très—
instructifs, mais fort étendus, où il est descendu sur la
marche du commerce dans la Terre-Ferme : je vais indi-
quer seulement les objets qu'il a traités. Ses recherches
embrassent les bases politiques et fiscales des tarifs espa-
gnols ; les conditions requises pour faire le commerce espa-
gnol; la réparlilion du commerce de la Terre-Ferme; les
bénéfices du commerçant espagnol; les gestions des car-
gaisons; les importations et exportations; l'achat des den-
rées, leur prix, leur qualité, leur fret pour l'Espagne, les
assurances. A ces rechei-ches, succède un tableau très-
délaillé du commerce réciproque des possessions espa-
gnoles, du commerce avec les colonies étrangères, et
spécialement du commerce des animaux. Viennent ensuite
les mesures législatives qui'ont plus d'une fois varié : telles
éont la, défense d'exporter des denrées aux colonies étran-
gères; l'ouverture momentanée des ports aux étrangers; la
révocation de celte défense; la nouvelle ouverture des ports
aux étrangers ; la mesure pour en)])ècher la contrebande,
dont on explique le mode avec le calcul du numéraire
qu'on y emploie; l'érection d'un tribunal pour l'arrêter
plus efficacement. M. Depons termine la partie de son
ouvrage relative au commerce, par l'exposé des mai-chan-
dises qui conviennent aux Espagnols; par des considé-
rations sur les marchands en détail; par un tableau de
l'organisation du consulat, de sa compétence, des formes
de procéder qu'on y suit ; enfin joar des étals bien circons-
tanciés des droits d'entrée et de sortie.
L'administration des finances et l'état des conlributions
occupent ensuite M. Depons. Les développemens qu'il
donne à celte partie de son ouvrage sont aiissi inslrnclifs,
mais presque aussi étendus que ceux qui concernent le
commerce : je me bornerai également à en indiquer aussi
les principaux objets par un Irès-rapide apperçu.
L'inlendant de Caracas, à qui la ville fournil une garde
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 24^
conlinue'le, qui reçoit du militaire les honneurs de maré-
chal de camp, et dont les appointemens sont les mêmes
que ceux du capitaine général, a une grande influence sur
l'adminislralion des finances : les gouverneurs particuliers
ne sont même que ses délégués ; son autorité est néanmoins
limitée par un tribunal-des-comples , et par ce qu'on
fil^pelle l'administrat/on supérieure des finances ^ qui reçoit
l'appel des décisions de ce tribunal et de celles de l'inten-
dant, mais dont cet intendant, à la vérité, est le pré-
sident.
La liste des impôts qui se lèvent dans la Terre-Ferme,
se compose d'un grand nombre de droits : le plus consi-
dérable est le droit û'alcavala qui se perçoit sur tout ce qui
se vend , meuble ou immeuble, et qui s'exige rigoureuse-
ment à chaque vente ou revente. Entre les autres droits, les
j)lus remarquables sont ceux de consulat et d'avarie ; ceux
f|u'emportenf la composition , la confirmation , le fermage
des terres; les demi-annates des emplois et les annales
ecclésiastiques; les neuvièmes royaux; le tribut des In-
diens ; le papier timbré ; les épaves ; le quint des raines ; les
salines; la vente exclusive du tabac; les dîmes au compte
du roi; le droit sur les successions vacantes; les confisca-
tions; et enfin le produit des bulles dont les dénominations
sont assez bizarres, puisqu'elles se divisent en huile com-
mune des vivons , btdle des morts, bulle de laitage, bulle de
compositions.
La description des principales villes de la Ten\"-Ferrae
occupe une grande place dans l'ouvrage de M. Dépens.
11 s'y est principalement étendu sur la ville de Caracas, dont
la population, composée de blancs pour un tiers , d'esclaves
pour un second tiers, et d'affranchis pour le dernier tiers,
sur lequel il faut seulement déduire un petit nombre d'In-
diens, s'élève de quaianle-un à quarante-deux mille indi-
vidus. La situation de celle ville, sa température, sa météo-
rologie, ses eaux, ses rues, ses places, ses édifices publics,
ses églises et sescouvens, sont décrits dans un grand détail.
M, Depons a jeté aussi un coup-d'œil rapide sur les pra«
300 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
tiques religieuses usilécs à Caracas, sur les coslumea reli-
gieux des femmes, sur ceux qu'on appelle costumes de
pénitence, 11 observe que, grâces à la sobriété des Espagnols
el à leur caractère phlegmatique, la police se fail avec
beaucoup de faciliié dans la ville ; que t'est son université,
où l'on compte un grand nombre de professeurs, qui
fournit à l'église des ministres, à la justice des magistrats,
et au public des défenseurs. Les fêtes religieuses, extrême-
ment multipliées à Caracas, toujours précédées d'une
neuvaine et suivies d'une octave, sont signalées par des
processions, qui en foi ment la jiarlie la plus éclatante, par
des feux d'artifice, de la mu.sique, des bals; mais jamais
les plaisirs de ces fêtes ne s'étendent jusqu'à la table. Les
autres amusemens publics , sont la comédie , où les pièces,
très-mauvaises en elles-mêmes , sont de plus pitoyablement
jouées; et trois jeux de paume, à la main et au battoir.
Les descriptions des autres villes de la capitainerie géné-
rale de Caracas ne iont jamais, sous la plume de M. Dé-
pens, dénuées d'instruction et d'inlérêl ; mais les détails
que nécessairement elles emportent, doivent se lire dans
l'ouvrage même. Son Vo âge est terminé par un tableau
de la Guyane espagnole el du fleuve Orénoque. Après
avoir donné l'historique des deux expéditions dans la
Guyane, el delà fondation de la ville de San-Thomé , il
recherche les sources de l'Orénoque, le suit dans son cours,
et indique sa communication avec le fleuve des Amazones ,
par le Rio-Negro.
L'importance de rOrénoque , la délicieuse variété
qu'olFrent ses rives, le volume et la rapidité de ses eaux,
ses crues annuelles, ses marées, les monstres el les jjoissons
qu'il nourrit, lesbouches de ce fleuve, la navigation de son
embouchure à San-Thomé, sont traités dans un grand détail.
M. Depons s'étend de même, el toujours d'une manière
inlcressanle, sur la population de la Guyane espagnole.
Haute el Basse ; sur les relations politiques de ses habitans
avec les Hollandais de Surinam; sur la lemjDéralure et le
commerce de San-Thomé ^ la mauvaise situation de celle
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMER. MlÎR. sSl
ville trop éloignée de la mer; sur les encouragemens que
réclame l'itulnstrie clans la Gii5ane. Il indique enfin les
moyens de cultiver et de peupler celte contrée.
M. Depons termine sa relation par l'historique de VEl-
Dorado , sur lequel il expose son opinion, et par le récit
d'une expédition moderne entreprise encore pour décou-
vrir ce pays, dont je parlerai à l'article de la Guyane, et
qui eut la plus malheureuse issue.
§. II. Vojages faits dans la Giijajie. Descriptions
de cette contrée.
Concise et admirable Description du royaume
de Guyane , très-abondant en or , situé en Amé-
rique ou le Nouveau-Monde , sous la ligne équi-
noxiale , et qui tout récemment, savoir, dans les
années i594, 1 595 et i5q6, a été découvert par le
cijevalier Walther Raleigh ; laquelle Description ,
par son ordre, a été renfermée dans deux petits
livres dont Jodocus Hondius a enriclù une carte
géographique, en y ajoutant une explication écrite
eu langue flamande , mais maintenant écrite en
latin , et tirée de divers auteurs : (en latin) Brevis et
admiranda Descriptio regni Guianae , aiiro ahun-
dantissivii j in jéinerica. Seu Novus Orhis sub linea
aequinoJcialisitus,qui nuper admodum annis idniirum
i5q4 , l5g5 et j5^6 per Walthcriim Raleigh equi-
teni detecliis est ; paulo post jussu ejus duohus lihellis
comprehensus , ex quihus Jodocus Hondius tabulam
geograpJiicani adornas^it , addita explicatione belgico
sernione scripta^nunc vero in latinwn sermonem trans-
lata , et ex 'variis autoribus hinc et inde desumta.
i Nuremberg , Loclmer , 1 589 , m-^^.
2^2 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Cet ouvrage a paru en anglais sous le tilre beaucoup plu»
abrégé que voici :
DÉCOUVERTE du grand, riche et bel empire de
la Guyane , avec la relation de la grande et superbe
ville de Moana , faite en l'année i5g5 , par le che-
valier Haleigh : (^en anglais) 2Vie discovenes of the
large , rich and heautiful empire of Gujana , -with a
relation of the great and golden city of Moaned per-
fomied in the jears i5q5 , hj sir TV. Raleigh. Lon-
dres , iSgg ; ihid. Robert Robinson , 1602 , in-4*^.
Oiî trouve cette relation traduite en français dans le
«econd volume des voyages de Corréal. (Partie cinquième,
section première.) Elle futpubliée en anglais au retour de
la première expédition que le chevalier Raleigli avoit
faite en ï555 sur la rivière de l'Orénoque. Il n'y donne
que des notions assez vagues sur la Guyane , avec le tableau
des avantages que la conquête de ce pays pourroit pro-
curer.
Il y retourna en 1 6 1 6 avec une flotte de douze vaisseaux.
C'est de cette seconde expédition, au retour de laquelle
Raleigh , aussi intrépide capitaine que hardi navigateur,
avoit fait espérer trop légèrement la découverte d'une riche
mine d'or, que Jacques i,Roi d'Angleterre , prit prétexte
de faire revivre contre Raleigh une sentence de mort
rendue contre lui il y avoit près de vingt ans, et lui fit
trancher la tête. La relation renferme quelques faits
curieux.
Relation d'un voyage à la Guyane , par Robert
U ar court j et description de cette contrée ; (en
anglais ) Robert Harcourt's Relation of vojage to
Guyana , with a description of tJw country. Lon-
dres , 161 3 , in-4".
— La luêiue , traduite en hollandais. Leyde ,
ï 707 , in-ô"*.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS l'aIWÉr. MÉR. 255
Relation d'un voyage des Français au Cap-
Nord de r Amérique (dans la Guyane), par Jean
de Léon sieur (ï Aigremoiit. Paris, Peringné, i65/j,
iu-8°.
Voyage de la France ëquinoxiale , en l'île de
Cayenne , entrepris par les Français en i652, divisé
en trois livres : le premier contient l'établissement
de la colonie , son embarquement et sa roule jus-
qu'à son arrivée eu l'île de Cayenne ; le second , ce
qui s'est passé pendant quinze ans que l'on a de-
meuré dans ce pays ; le troisième traite du tempé-
rament du pays , de la fertilité de sa terre , des
mœurs et des façons de faire des Sauvages de celte
contrée , avec un dictionnaire de la langue du
même pays : par Antoine Biet. Paris, Clousier, i664>
in-4°.
Le titre de ce Voyage nous apprend que dès l'origine»
on avoil donné à l'établissement des Français dans la petite
île de Cayenne, le nom ridiculement pompeux de Franco
équinoxiale. Aucune relation ne donne autant de lumières
que celle de Biet sur les naturels de la Guyane; il les a
dépeints dans toute leur simplicité primitive. Le vocabu-
laire de leur langue est fait avec soin , et est précédé de
remarques utiles sur la langue commune aux Galibis et à
tous les habilans de la côte.
Nouvelle Relation de la France équinoxiale,
appelée Guyane , et par les Espagnols, EUDorado ,
nouvellerrient mise sous l'obéissance du Roi par
Fevre de la Barre. Paris, iÇ)ÇiÇt ^ \\\-l^ .
Description de la France équinoxiale par Là
Fevre de la Barre. Paris, 1666, in-4°.
Relation de ce qui s'est passé dans les îles et
254 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
terre ferme de l'Amérique , pendant la derulère
guêtre avec l'Angleterre , etc.... avec un Journal
du dernier voyage du sieur de la Barre en la terre
ferme et côte de Cayenne , accompagné d'une
exacte description du pays , des mœurs et du natu-
rel de ses habitans : le tout recueilli des Mémoires
des principaux officiers qui ont commandé en ce
pays, par J. C. S. D. , etc.... Paris, 167 1 , 2 vol.
Journal du voyage des PP. Jean Grillet et Fran-
çois Beclieniel à la Guvane , en i6y4. (Inséré dans
îe troisième volume du Voyage de Wood Roger
autour du monde. (Parf/e première ^ section r,%.xi .)
DESCRiPTiOîf de la Guyane , située sur la côte
de l'Amérique : (en hollandais) Beschrjving van
Guyana , geleegend an het vaste kiist van Amerika.
Amsterdam, 1676, in-4°.
Description du territoire de la colonie de Ber-
blce : (en hollandais) Beschrjving van de rivier end
colonie van Berhice. Amsterdam , in-4**.
Le Voyage du capitaine Leig dans la Guyane
(en hollandais). Leyde , 1706, in-8°.
Description de la colonie de Surinam , de son
origine , de l'établissement et de la culture des
plantations à sucre , et des mœurs des habitans et
des Indiens , par J. D. H. L. : (en hollandais) Be-
schrjving van de volk plantinge Zurinam , vertoo"
nende het opkomst derselven Colonie , de amhorewen
hewertinge der zuiken , plantagien , neffens de art
der eigene naturaliske inwQuers of Indianen^ door
Amérique, voyag. dans l'amer, mîr. 2bJ
J. D. H. L. Leuwarden , 171 7; la Haye, 1727,
111-4".
Voyage à la Guyane , par Jean Staden : (en hol-
landais^ Beise-Beschryuiiig naar Guiana, door Jcui.
Staden. Amsterdam, 1724, iu-4'^.
Nouveau Voyage de Guyane, îles voisines et
Cayenne. Amsterdam, 1731, 2 vol. in-8°.
Nouvelle Description de la France éqiil-
noxiale , contenant la description de la côte de la
Guyane , de Tîle de Cayenne , le connnerce de cetîo
colonie , les divers changemens arrivés dans ce
pays , et les mœurs et les coutumes des difTérens
Sauvages qui l'habitent , par Pierre Barrère , avec
figures dessinées sur les lieux. Paris, Piget, 1745,
in- 12.
Dans celle descrsplion , l'auleur n'avoit qu'ébauc]ié
riiisloire nalurelle du pays-, maison y trouve une descrip-
lion. très-exacte des inslrnmens des Sauvages, pour la
chasse, la pêche, l'exercice de plusieurs aris mécaniqites.
Il est entré aussi dans de grands détails sur les dillérenles
armes dont ils se servent, sur leurs usages domestiques^
leurs moeurs, leurs opinions religieuses.
Essai sur l'Histoire naturelle de la France équi-
noxiale , par Pierre Bairère. Paris, Piget, 17/^9,
2 vol. in-8^
Ce qui n'éloit qu'une bonne esquisse dans la relation
de ce voyageur, devient ici un tableau joresque complet,
quoiqu'il n'ait donné à son ouvrage que le litre modeste
d'Essai. Ses recheiclies, ses observations sur l'histoire natu-
relle de la Guyane font encore autorité. '.
Description de Surinam, par Thomas Piston us :
256 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
(ea hollandais) Beschyving van Surinam, door Tho-
mas Pistorius. Amslerdam , 1765 , m-8°.
Descriptioiv géographique de la Guyaae, con-
tenant les possessions et les établissemens des Fran-
çais , des Espagnols , des Portugais et des Hollan-
dais dans ces vastes pays ; le climat , les produc-
tions de la terre et les animaux, leurs habitans, leurs
mœurs , leurs coutumes et le commerce qu'on peut
y faire ; avec des remarques pour la navigaitiou , et
des cartes , plans et figures , dressés au dépôt des
cartes et plans de la marine ; par le sieur Bellin.
Paris, 1765, in-4''.
Cet ouvrage est le seul où l'on ait réuni des tableaux
exacts des possessions des quatre nations dans la Gnj'ane.
Histoire naturelle de la Hollande équinoxiale ,.
par Philippe Fermin. Amsterdam , 1765 , iu-8''.
De l'aveu 'de l'auteur lui-même, dans l'avertissement
mis à la lête de sa description de la colonie de Surinam,
dont je vais donner la notice, cette histoire naturelle de
la Hollande équinoxiale n'étoit qu'une simple ébauche,
où il s'étoit borné à donner une nomenclature assez
imparfaite des productions naturelles de la Guyane hol-
landaise : il a donné de grands développemens à cet essai
dans l'ouvrage suivant :
Descriptioiv générale historique, géographique
et physique de la colonie de Surinam , contenant
ce qu'il y a de plus curieux et de plus remarquable ■
louchant sa situation, ses rivières , ses forteresses,
son gouvernement, sa police , etc.. avec les mœurs
et les usages des habitans naturels du pays et des
Européens qui s'y sont établis , ainsi que des éclair-
çissemens sur l'économie générale des esclaves
I
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 267
nègres , sur leurs plantations et leur produit , les
arbres fruitiers , les plantes médicinales , et toutes
les espèces diverses d'animaux qu'on y trouve, etc. . .
par Philippe Fermin. Amsterdam, 1769, 2 vol.
Tout ce qui concerne l'histoire nalurelle est Irailé dans
cet ouvrage avec beaucoup d'étendue et d'intelligence;
mais l'auteur s'est fort resserré , et s'e.^t montré très-circons-
pect en ce qui regarde le gouvernement civil et politique
de la colonie. Il y a bien peu de philosophie dans sa dis-
cussion sur l'esclavage des nègres, dont, en s'appuyant
«ur l'Ecriture-Sainle, il s'efforce de démontrer la légili-
xnité , comme s'il éloit aisé de justifier en morale ce qui est
commandé peut-être par la politique. Celte erreur de son
jugement est plus excusable encore que sa dissimulation sur
le régime tyrannique des colons hollandais envers leurs
esclaves; mais l'humanité qu'offense ce silence coupable,
a été bien vengée dans la relation de Sledman, dont jd
donnerai incessamment la notice.
Essai sur l'Histoire naturelle de la Guyane dans
l'Amérique méridionale , contenant la description
de plusieurs productions curieuses dans le règne
animal et végétal de cette contrée : de plus , uae
relation de la religion , des usages , des coutumes
de différentes tribus répandues dans les habitations
indiennes , avec diverses observations médicinales
et littéraires , par Edouard Bankroft : (en anglais)
Essay of the Natural Historj of Gujana in South-
jimerica , coiitaining a description of many curiows
productions in the animal and 'vegetable Systems of
ihat countrj : together ivith and account of the reU~
gion , manners and customs of several tribes of its
indians habitations interpesed , with a imriety oflit-
Yi. Ji
25'6 Bl ELIOTII ëQ U E DES TOYAGES.
ter arjr and médicinal observations. Londres, lyog,
in-S^
DKSCRiPTfONde la côte de la Guyane dansTAnié-
rique méridionale , concernani l'histoire du pays ,
l'état de la médecine , les mœurs des liabilans , les
animaux, etc.... par i k'aw - J ixcc^wes Hartsink , avec
planches : (en hollandais) Beschryving van Guiana,
of de Wildekust in Zuid America , bettrejjende de
tirdrjkshunde en historié des landes , de zeeden en
^ewoontes der Inwoners and de dieren , etc.... van
Jan. Jac. Hartsink. Amsterdam, IJJO, in-4°.
Tableau historique et politique de l'état ancien
et actuel de la Colonie de Surinam , et des causes
de sa décadence , par Philippe Ferniin. Maestricht,
Dufour et LeBoan , 1778, iu-S*.
Cet ouvrage esl plein d'excellentes vues, mais dont on
ne pourra profiler que lorsque la colonie de Surinam ,
reslituée aux Hollandais, sera mise dans un tel état do
défense, qu'elle ne puisse plus êlre la proie de la première
escadre anglaise qui s'y présente, et qu'on puisse y suivre ,
avec toute sécurité, les plans de réforme et d'amélioraliou
proposés par l'auteur.
Tableau historique et politique de l'état actuel
de Surinam dans l'Amérique méridionale : ( en
anglais ) uin historical and political f^iew of the
présent State qf Surinant in South- yi nier ic a. Lon-
dres , 1781 , in-8°.
Description de la Guyane, située sur le couii-
nent de l'Amérique : (en hollandais) Besclu'ji^>inge
van Guyana gelegen aan het vaste kust van Ame*
rica. Amsterdam, 1781; in-8°.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MLR. SJQ
Lettres sur l'état actuel des colonies d Esse-
quebo et de Démérary : (eu hollandais) Brieven o\^r
het bestaand der Colonien Essequebo end Denierary»
Amsterdam , i r^S , in-8°.
Nouvelles récentes de Surinam , par J. F.
Ludwig, publiées avec des notes par Pli. F. Blnder:
(en allemand) Neueste Nachrichten 'von Surinam,
'von J. F. Ludwig, herausgegeben mit uétimerkungen
von Ph. F. Binder. Jena, 1788, in-S".
Voyage d'Amsterdam à Surinam, et retour à
Brênie , dans les années 1783 et 1784, par B. M.
Peters : (eu allemand) Fine besonders nierkwûrdige
Reise vonjimsterdam nach Surinam, und zurïick nach
Bremen in den Jaliren iy83 und 1^84 , von B. M.
Peters. Tome i*^''. Bréme^ 17^8, in-8°.
Voyage à la Guyane et à Cayenne, fait en 1789
et dans les années suivantes , par L. M. , armateur ;
avec des cartes et des figures. Paris , Prudhomme,
i789,in.8°.
Voyage et Description de Rio de Berbice et de
Surinam, par Adrien imn Berkel : (en allemand)
Beschreibung seiner Reise nach Rio de Berbice und
Surinam. Memmiugeu , 178g, iu-8*'.
Description de la rivière et de la colonie de
Berbice : (en hollandais) Beschryvinge van de vivier
en colonie van Berbice. Amsterdam, in-4.°.
Nouveau Voyage à Cayenne, ou Notices au-
thentiques sur la Guyane française , lecucillies pen-
dant trois voyages dans ce pays , tirées du Journal
d'im Citoyen français, et accompaguées de noie»,
260 EIELIOTUÈQUE DES VOYAGES.
par G. : (en allemand) Neue Reise nach Cajenne, etc.
Leipsic , Hinrichs , 1795, in-8°.
Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la
Guyane , contenant la relation de cinq années de
courses et d'observations faites dans cette contrée
intéressante et peu connue , avec des détails sur les
Indiens de la Guyane et sur les nègres , par le capi-
taine J. G. Stedman y traduit de l'anglais par P. F.
Henri; suivi du Tableau de la colonie française de
Cayenne , d'un Supplément au Voyage à Surinam
et dans l'intérieur de la Guyane, par le C. Lescallier,
et d'un Tableau de la colonie de Cayenne (par le
traducteur). Paris , Buisson, an vu — 1799 , 3 vol.
in-8°.
Collection de quarante-quatre planches gra-
vées en taille-douce par Tardieu l'aîné , contenant
des vues , des marines , des cartes géographiques ,
des plans, des portraits^ des costumes, des ani-
maux , des plantes , etc — dessinées sur les lieux
par l'auteur. Ibid. gr. in-4°.
Stedraan servoit dans un corps de troupes anglaises que
le gouvernement britannique avoit fait passer dans la
Guyane , à la prière des Hollandais , pour les aider à arrêter
les suites des insurrections qui, à plusieurs reprises, avoient
éclaté parmi les esclaves noirs de la colonie. On voit, dans
la relation, qu'elles avoient élé provoquées par les traile-
mens barbares que les colons hollandais et, à leur exemple,
des individus d'autres nations , faisoient essuyer aux nègres.
Le voyagevxr a écrit et dessiné lui-même un génie de sup-
plice inconnu chez les nations les plus barbares et dans
les siècles où l'humanité a été le plus outragée.
On ne trouve pas seulement, dans ce Voyage, un
tableau complet de la partie de la colonie de Surinam où
A^IEIUQUE. VOYAC. DANS L'AMER. MER. 30l
fonl ses plus riches établissemens; la guerre que Sledman
y a faile penclaiat cinq années, l'a forcé de pénétrer clans
toutes les parties de la Guyane hollandaise, à travers
d'épaisses forêts et d'innombrables marais. Au milieu de
ces travaux, aussi faligans que périlleux, il n'omet la
description d'aucun des objets qui peuvent intéresser les
savans dans les trois règnes de la nature ; et les divers
genres de culture qui font tleurir la colonie de Suri-
nam , sont décrits aussi avec beaucoup de netteté et de
précision.
De cette relation, on peut inférer en général que la
température , les météores , quelques végétaux, les reptiles,
conspirent également contre la vie de l'homme.
Un ciel brûlant dans l'été de ce pays , y dessèche le*
marais dont il s'exhale les miasmes les plus mortifères.
Les pluies qui tombent par torrens dans la saison dite de
l'hiver, font déborder les lacs, les rivières, inondent les
savannes, où il se dépose un limon, qui devient le germe
des fièvres putrides de la plus dangereuse espèce.
Pai-mi les végétaux vénéneux, on dislingue le man-
kouri, dont la sève est si pestilentielle, qu'il repousse loin
de lui tous les végétaux, et que son ombre, comme celle
du mancenilier, donne la mort à l'homme qui a le mal-
lieur de s'endormir à son abri.
Indépendamment des myriades innombrables de four-
mis qui dévorent les végétaux, de maringoins qui tour-
mentent l'homme, des animaux venimeux couvrent en
quelque sorte la terre de la Guyane hollandaise. Les cen—
tipèdes, les scorpions, les scolopendres pénètrent jusque
dans les habitations. De hideuses araignées i^ui se cachent
dans les buissons, blessent dangereusement les voyageurs
qui ne se sont pas mis en garde contre leurs attaques. Mais
de tous les reptiles que nourrit un sol si favorable en même
temps à de riches cultures, les plus redoutables sont les ser-
pens. M. Stedman en indique un d'une taille extraordi-
naire : c'est le serpent ahoma. Sa voracité, sa force sont
♦elles , qu'il dévore les cerfs et les tigres même. C'est sur-tout
262 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
lorsque la faim le presse qu'il est redoutable : il s'élance
alors sans distinction sur lous les objets qu'il rencontre. Sa
faim une fois rassasiée, il tombe dans une espèce d'engour-
dissement, que lui cause vraisemblablement une pénible
digestion.
Dans cet état, il res^jemble à un grand arbre renvensé.
Stedman rapporte, à ce sujet, que quatre-vingts soldats»
eji marche pour une expédition , à la têle de laquelle il
étoit en qualité de capitaine , passèrent sans défiance sur
un ahoma endormi , qu'ils prirent pour un arbre tombé
de vétusté. Il ajoute que le dernier seul de ces soldats s'ap—
perçut d'une erreur qui pouvoit leur être si funeste, parce
qu'il sentit le rtptile se mouvoir. Il paroît que la taille de
l'aboroa s'élève dans son état d'adulte jusqu'à plus de
quarante pieds, puisque Sledman raconte qu'il lua nn
jt^nne abonia de vingt-deux pieds de long , qui n'étoit par-
venu , dit-il , qu'à la moitié de sa croissance.
Dans la région de l'air, l'homme, à la Guyane, trouve
un ennemi comme sur le sol. Il est, dans la Gu5'ane hol-
landaise, une chauve-souris qu'on appelle le spectre de
la Guyane. Cette espèce de vampire suce le sang de ceux
qui imprudemment s'endorment à l*air. La morsure est
à peine sensible •, mais à son réveil , on sent ses force*
épui.éi s. Quelquefois ce réveil devient celui de la mort.
Stedman lui-même ayant été mordu, se réveilla heureu-
sement : il avoit perdu une grande quantité de sang.
Voici le jugement qu'a porté sur la relaiion de Stedman,
un écrivain distingué qui a visité lui-même la colonie d«
Surinam : c'est M. Maîouet , dans une lettre adressée à
M. S****, et qui es! insérée dans les Mélanges de Littéra-
ture, publiés par M. Suart, dont je donnerai ci-aprè» la
notice.
« Toute la partie descriptive de rouvmge de M. Sied-
•» TOan est d'un grand intérêt. Il est rare de trouver dans
y, un jeune militaire, tant d'aptitude aux observations et
yi aux recherches le^ plus variées. Il raconle avec simpli-
r cité, et souvent avec grâce, tout ce qu il sent. Ses aven.-
AMÉRIQUE. TOYAG. DANn3 L'AMÉR. IWÉR. 265
» tiues, ses ccmhats, ses dangers, ses amours, sont entre—
» mêlés de détails curieux sur l'histoire ïaa'»irelîe de la
» Guyane, sur la vie sauvage, la culture et la police d'une
D riche colonie. Il y a , dans sa narration, une originalité
» piquante, de la sensibilité, de l'instruction, et toujours
» de bons senlimens. J'aurois voulu seulement que le
» capitaine Sledman n'eût pas autant insisté sur les détails
•n horribles des cruautés exercées envers les nègres. Com-
» ment le même homme, qui se vouoit avec inirépidilé àla
M poursuite et à la destruction des esclaves révoltés , prend-
» il autant d^e soin de justifier leur révolte?.... C'est 1»
j) premier Européen amoureux d'une mulâtresse qui ait
» obtenu pour elle, non-senlenient l'intérêt, mais même
D le respect de ses lecteurs. On aime, avec lui, sa chè)8
)v Joanna dont la fin déplorable nous rappelle avec amer-
« (unie (les scènes d'horreurs trop multipliées dans cet
» ouvrage (») ».
Tableau de Cayenne ou de la Guyane fran-
çaise _, contenant des renseignemens exacts sur son
climat, ses productions, les naturels du pays, les
diflereotes ressources que l'on y trouve , et le degré
de prospétnté dont cette colonie est susceptible :
on y a joint des observations nautiques recueillies
par l'auteur lui-même. Paris, v^. Tilliard , an vu —
Dans un cadre fort resserré, l'auteur de c« Tableau
a su embrasser ce qu'il importe le plus de connoîlre sur
une colonie, que des encouragemens et une sage admi-
(i) Cette inléressanle Joanna mourut d'une maladie de lan-
gueur, où l'avoil jetée le poison qui lui avoit été adniiui.stré pai'
Auiie de l'envie et delà jalousie qu'exciloienl contre elle les marques
de dislinrlion que ses rares qualilés lui atliroient des personne*
ie.5 plu» retpecliiLk's de la colonie.
^264 LIELIOTHÈQUE tî E S VOYAGES.
nislraliori peuvent porter à un haut degré de prospérité.
Api'èa avoii' donné une idée de la Guyane eu général, il
descend à la description de la Guyane française en parti-
culier. II trace à grands traits le tableau de sou climat, de
ses cultures, de ses productions, de ses ressources, et de»
objets de consommation qui s y trouvent. D'un coup d'oeil
rapide , il parcourt l'histoire naturelle du pays , et il s étend
un peu plus sur les poissons et sur les insectes.
Les usages particuliers delà colonie , la condition des
nègres qui y ont été transportés, les moeurs ei les habitudes
des habilans indigènes , ont occupé aussi son pinceau. Les
observations nautiques qu'il a répandues dans son ouvrage,
annoncent un homme qui a vu par lui-même et qui a bien
vu : il le termine par des remarques très-judicieuses sur le
voyage prétendu fait à Cayenne par L. M. Armateur , dont
j'ai donné précédemment la notice.
Le tableau de la Cayenne est une production d'autant
plus estimable, qu'en traitant un sujet qui l'avoil été tant
de fois, l'auteur l'a rajeuni en quelque sorte par un grand
nombre d'observations neuves et intéressantes.
La France équinoxiale, ou Exposé sommaire
des possessions de la République française sous
Téquateur, par le C. Moiigrolle. Paris , Debray,
an IX — 1800 , in 8°.
Voyage des Missionnaires à Surinam et à Bcr-
Lice , chez une nation de nègres libres sur les
bot'ds du Surinam, par J, M. Riœner (en allemand).
Ziliau, Schoeps, ï8o5 , in-8°.
Voyage dans les forêts et les rivières de la
Guyane , par M. Malouet. f Inséré dans les Mémoires
sur les Colonies publiés par cet écrivain. ) Paris ,
Baudouin, an x (i8o5), tome m , in-8°.
Ce Voyage, d'un volume peu considérable, et qui esfc
extrait des Mémoires et de la Correspondance de M. Ma—
.A!»iÉrique. voy.\c. dans l'amfr. mér. iC^
lonef, nous éclaire clavanlage sur la Guyane, et particu-
li'èreinenl sur les Galibis , peujîle indigène de celte vaste
contrée, que beaucoup de relations plus étendues. C'est,
pour ainsi dire, le coup-d'oeil rapide, mais pénétrant,
d'un administrateur éclairé, d'un observateur attentif,
d'un philosophe impartial.
Lorsque l'administration civile de la colonie française
de la Guyane lui fut confiée, son premier soin fut d'en,
visiter fcoigneusement toutes les parties; et pour le faire
avec fruit, il n'hésita pas à s'enfoncer dans l'épaisseur des
forêts , à remonter et à descendre des fleuves raj^idss sur
(le foibles embarcations. Le résultat de ses observations sur
le sol , fut qu'il s'épuisoit promptemenl dans la partie haute
et boisée de la colonie, parce que sa fécondité apparente
ne tenoit qu'à une légère couclie végétale. La partie basse,
au contraire , promettoit une fertilité constante; mais pour
l'amener à ce point , il falloit faire de grands dessèchemens,
dont quelques-uns furent exécutés par les soins et sous le»
yeux de M. Malouet lui-même. Avant ces améliorations,
cette partie basse étoit déjà très— favorable à la multiplication
des bestiaux.
Dans le cours de ses excursions, M. Malouet rencontra
un soldat de Louis xiv qui avoit été blessé à la bataille de
Malplaquet, et qui, en 1777, étoit âgé de cent dix ans.
Il vivoit depuis quarante ans dans une partie déserte de la
colonie : aveugle et sourd, il étoit assez droit, mais très-
ridé. Sa figure annonçoit la décrépitude, mais ses raouve—
mens et le son de sa voix étoient ceux d'un homme encore
robuste. Deux vieilles négresses le nourissoient du produit
de son jardin et de ceux de la pêche. Depuis vingt-cinq
ans il n'avoit pas mangé de pain, et n'avoit point bu de
vin. Un bon repas qu'on lui procura fil sur lui une
impression délicieuse. L'exemple de cet homme prouve
que dans ce climat, réputé mal-saiu , on peut, avec de la
sobriété , atteindre à l'âge le plus avancé.
Une rencontre moins agréable pour M. Malouet, fut
telle d'un rassemblement de serpens au nombre de plus d©
2(:6 BIBLIOTHÈQUE DES TOYACES.
mille : ils éfoieni roulés en spirale les uns snr les autres , et
formoieul uiu; pyramide ressemblanl à un fnisceau d'armes.
Ils élanroient hors du cercle leurs tètes hideuses, présen—
toient leurs dards et leurs yeux étincelatis-, mais ils parois-
soient plus occupés du soin de se défendre qu»^ de celui d'at-
taquer. Ce grand rassemblement avoit nécessairement une
cause. M. Alalouet présuma qu'ils se réunissoient ainsi pour
résister en masse aune grande couleuvre , leur ennemie
naturelle, dont, suivant le rappojl des gens du pays, la
taille colossale est perlée, dans quelques individus de
l'espèce , de trente à quarante pieds de longueur sur quatre
ou cinq de circonférence : celle dont il rapporta la peau
eri France, et dont il fil présent à M. de BufFon ,n"avoit que
vingt-deux pieds de long sur douze à treize pouces de
circonférence.
M. Malouel regarde comme chimérique le projet de
civiliser les naturels de la Guyane ou les Galibis , dont il
nç porte pas le nombre à plus de dix mille. Outre que les
Lam^anx sont placés à une distance immense les uns des
auLj'es, les missionnaires actuels sont dénués des talens et
des connoissances qu'avoient communément les religieux
yue la société des Jésuites deslinnif aux missions.
Celte ob'^ervation conduit le vovageur pbiU)sop]ie au
développement du caractère moral de ces indigènes. Je
regrette d'être obligé, par la nature de mon ouvrage,
d'abréger beaucoup ce développement.
N'ayant ni terres, ni procès, les Gali.bis n'ont aucun
tesoin de loix ; mais les anciens usages de 1< urs pères sont
inviolablement observés.
«La/communauté, dit M. Malouot , délibère» le chef
» exécute. La paix, qu la guene , une alliance, un chan—
3) gement de d.o'picile, voilà toutes le;? (JéUbéragiifljns de
D) leur conseil. Cette égalité que nous ayons si doulqureu—
» sèment cherchée, sans pouvoir y atteindre, ils l'ont
» trouvée et la maintiennent sans ejiprt, La parfaite indé—
» pendance est,, pour eux , le plus précieux supplément
j) de tout ce qui^ selon nousi^ manque î> leur civiU^aiion »,
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 267
Cet aruour de rindépendanre est, suivant M. Malouet,
le pins grand obstacle à leur civilisation : il explique leur
indifférence pour tout ce qui a du prix fi nos yeax. liOs.
plus apathiques sauvages du continent de l'Amérique, sont
peut-être ceux de la Guyane; mais ils ont un sens droit,
et ils ont atteint toute la perfeciion de la société naturelle,
tandis que nous sorames parvenus à former vv.e société
politique. Le petit nombre de leurs besoins leur donne
l'apparence des éfres les plus paresseux ; mais ils nous sur-
passent réellement dans plusieurs moyens de les satisfaire ,
tels que la chasse et la pêche. M. Malouet cile des exerapl'^s
frappans de leur adresse dans l'un et l'autre de ces exer-
cices : ils n'en montrent pas moins dansla manière de lisser
leurs hamacs, de construire leurs pirogues et leurs cases,
de fabriquer leurs, vases de terre, leurs paniers de joncs et
d'osiers, tou« d'une forme charmante. Ils ont retranche
de leurs vétemens tout ce qui leur éloit incommode, mais
ils sont très— industrieux dans la disposition des ornemens
dont Us se parent.
«Quand on réfléchit, dit M. Malouet, à la somme
» d'intellisenre et de combinaisons, d'essais, de travaux
» qui leur ont été nécessaires pour arriver à l'état de socia-
2 bililé où ils sont parvenus, on ne \yeiii pas douter qu'ils
>i ne l'eussent perfectionné, s'ils n'avoient trouvé plus
» expédient de se borner au pefit nombre de jouissances
» qu'ils se sont procurées. De toutes leur.s combinaisons,
» la plus étonnante, et qu'on a fort peu remarquée, c'est
» leur langue, douce, agréable, abondante en voyelles
» ainsi qu'en .syrionymes, et dont' la syntaxe est aussi
î> ordonnée que s'ils avoient une académie. ï^a galibi est la
■» langue vuiiverselle de tous les habitans de la Guyane )î.
]V1. Malouet a prévu qu'au premier app.erçu , ses obser-
vations pourroienl le faire considérer comme l'apologiste
de la vie sauvage , ainsi que le philosophe de Genève. En
se défendant d'être le détracteur de l'état de civilisation, il
paroît néanmoins persuadé que les sauvages ne parvieii-'
droient à cet état que par la roule du crime et des raal-
^.68 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Leurs : il redcule pour eux ce passage qui les conduiroit,
comme les Péruviens et les Mexicains, à la dégradalioa
et à l'esclavage. Il estime que les Galibis ont atteint un état
social raisonnable et suffisant pour la somme de jouissances
de bonheur qui leur conviennent (i).
La relation de M. Malouet est terminée par le récit de
l'inutilité des efforts des missionnaires pour convertir le»
Galibis à la religion chrétienne. Ils se réunissoient volon-
tiers, dif-il, dans la chapelle du préfet apostolique, se
lais.soienl bapiiseret catéchiser, assistoient à l'office divin,
parce que chaque fois on leur dislribuoil une ration de
taffîa : la distribution faite, ils ne reparoissoient plus. Leur
religion , s'ils en ont une, est fort simple. Ils parlent avec
respect d'un Dieu maître de tout , créateur et conservateur
du monde, mais ils n'ont aucune idée de l'immortalité de
l'ame. Les idées de paradis et d'enfer qu'on voudroit leur
inculquer, ne font qu'exciter leur risée; mais c'est une
chose bien remarquable, que ces hommes grossiers aient
sur la Divinité des idées plus justes que les peuples les plus
polis de l'antiquité. Toute la relation de M. Malouet est
écrite d'un style où la concision et la profondeur n'ex-
cluent pas le charme d'une sensibilité pénétrante.
(i) On peut faire ici, ce vae semble, un rapprochement atseK
piquant. D'un rôle, M. Malouet, qui, dans l'Assemblée consti-
tuante, comballil avec ianl de vigueur les principes ouirés d'égalitâ
qui commençoient dès <e temps à se produire, et dont le germe,
se développant avec une prodigieuse rapidité dans les assemblée*
suivantes, a donné des fruits si amers, peint des couleurs les plus
favorables la condition des hommes dans la vie sauvage où, dana
l'acception la plus étendue du mot, l'égalilé se trouve en efiFel
réalisée.
D'une autre part , M. Volney , qui , dans son ouvrage intitulé le*
Ruines y parloit avec tant d'eniliousiasme de l'égalité dont il étoit
loin , à la vérité, de prévoir les déplorables excès, se montre,
ainsi qu'on l'a vu, le détracteur le plus animé de la vie sauvage,
dans son dernier ouvrage qui a pour litr« : Tableau du climat ei
ttu sol des Etais— Uni»,
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MÉR. 269
Voyage à Cayenne , dans les deux Amériques
et chez les anthropophages , contenant la liste géné-
rale des déportés, des notes particulières sur chacun
d'eux , leur vie , leur mort et leur retour ; des no-
tions particulières sur Collot et Billaud, sur les
déportés de nivôse aux îles Seychelles : le Voyage
de l'auteur chez les mangeurs d'hommes, les dan-
gers qu'il y court 5 son retour par les Etats-Unis;
de la religion , des mœurs et de la culture de l'Amé-
rique septentrionale , des quakers, etc.. par Louis-
Ange Pitou ^ dit le Chanteur, déporté à Cayenne en
1798, pendant trois ans , et rendu à la liberté par
S. M. l'Empereur. Paris , Le Normand , i8o5 , 2 vol,
in-8".
Le peu de notions que ce voyageur nous donne sur la
Guyane , outre qu'elles n'ont rien de bien neuf, sont
noyées , pour ainsi dire, dans un chaos d'aventures peu
intéressantes , et écrites avec beaucoup de négligence.
La relation néanmoins renferme, sur les déportés , des
anecdotes assez curieuses, qui peuvent figurer avec intérêt
dans l'histoire de la révolution.
§. liï. Descriptions du Brésil. J^oj âge s faits dans
ce pays»
Ce n'est pas dans les relations suivantes, la plupart dei
seizième et dix-septième siècles, qu'on doit s'attendre à
trouver beaucoup de lumières sur les richesses naturelles
ou factices de la colonie du Brésil. Ce sont les Voyages
communs à celle corilrée et à plusieiirs autres, et particu-
lièrement la relation de l'ambassade de lord Macartney,
par sir Staunlon , qui nous font connoîlre, avec un cerlaia
détail, l'état actuel du Brésil, ses mines d'or et de dia-
muns, son bois si précieux pour la teinture, la racine
270 BIBLIOTHEQUE DS5 VOYACKS.
d'ipécacuanîaa, si utile en médecine , et qui est particu-
lière à cette contrée; ses sucres de première qualité, ses
co[oiis, son laljac, et beaucoup d'autres cultures qui pros-
pèrent également dans le Brésil. Mais les descriptions
particulières de celle contrée, les vo3'ages dont elle a été
l'objet spécial, nous donnent sur les peuples indigènes de
ce pa}'3 des nofioiis plus sûres que celles qu'on peut re-
cueillir dans les nouvelles relations des voyageurs qui,
touchant seulojacat au Brésil dans l'allée et le i"elour de
là mer du Sud et des Indes , ne nous entretien ne nt de
ceil' colonie que sous les rapports commerciaux et indus-
triels.
Histoire vcritable et descriptîoa d'ua pays
d'aniîir<^r')ophages furieux, sauvages et nus, situé
dans le Nouveau-Monde en Amérique (le Brésil) ,
vérifiée d après sa propre expérience, \)f{v Staden :
(en allemund) iStadeji's (Hans) Wahrhafiige Historia
und Beschreibung einer Landschaft der TPilden , na-
ckelen , griminigen , Menschenfresser in der JYeuen
JVelt , America , gelegen ( Brasilien ) _, durcit eigene
Erfahrung erkannt. Francfort , i556, iu-4°.
Cet ouvrage a été traduit en lalin sous le titre suivant;
StJDII Navigatio iiiBrasiliam. Francfort, Théo-
dore de Bry, 1692 , in-fol.
Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil,
autrement Amérique , contenant les navigations et
choses remarquables vues sur mer par l'auteur , le
compoitement de Villegagnon en ce pays -là; les
mœurs et façons de vivre étranges des Sauvages
Américains , avec un colloque de leur langage ;
ensemble la description de plusieurs animaux ,
arbres , herbes et autres choses singulières et du-
ameriqut:. voy\o. daa^s t/ameu. MÉn, o.ji
tout iucoûiiues par-deçà , dont ou verra les souic
maires des chapitres au commeucenieul du livre ,
jlou encore mis en lumière pour les causes conte-
imes en la préface : le tout recueilli sur les lieux
par Jean de Lerj , natif de la Margelle , terre de
Saiut-Senan , duché de Bourgogne , enrichi de six.
figures pour Antoine Chupin. 1678, in-8".
— La même , deuxième édition , revue , cor-
rigée et augmentée , tant de choses que de figures,
pour Antoine Chupin. i58o, in-8°.
Ces <\gws. éditions , comme on voit , ne portent le nom
d'aucune ville : les amateui's les préfèrent aux éditions
euivantes :
Histoire d'un voyage fait en la terre du Bré-
sil, etc.... Genève, i58o; ibid. i585; ihid. i594>
in-8°.
Ce Voyage a été traduit en latin sous le litre suivant :
Histoire de îa navigation de Jean de Lery au
Brésil , qu'on appelhi Amérique , écrite en fran-
çais , avec figures : (eu latin) Jocnnds Lerii Historia
iiav'igatioiiis in Brasiliam quae ^Imerica dicitur, gal-
lice scripta. 2*" édition. Genève, iSg/}, in-4°«
Lery, mijjialre ptoleslaul, s'éloil embarqué avec deux
autres minislies, pour aller éiablir une colonie de réfor-
més au Brésil , sous la protection de l'amiral de Coligny,
cjui y nvoil lail bâtir un lorl , et auquel il a dédié sa rela-
tion. Ce projel n'ayant pas léussi , Lery revint en France
et y publia son X'^oyage, où il relève vi\euient toutes les
erreurs qui se trouvent diiiis la France antarctique , de
Thevet. L'esprit d'uiloîéiaiice dont étoil; animée alors la
cour de i'rance, (jui tenoit pour suspects tous les ouviages
sortis de la plume d'un prolestant, vraisemblablement ne
permit pas à Lery d'indiquer la ville où il avoil fait impri-
iy^ BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
mer deux fois sa relation. Ce qui donne encore quelque
poids à cette conjecture , c'est que les éditions subséquente»
se firent à Genève , alors la métropole, en quelque sorte,
du protestantisme.
La relation de Lery décèle un observaleur supérieur à
son siècle, soil jjar l'élude qu'il paroît avoir faite du carac-
tère et des mœurs des Sauvages, soit par ses judicieuses
remarques sur tous les objets tenant à l'histoire naturelle ,
autant que les lumières acquises alors pouvoient le lui
permettre. Il a même indiqué les cultures qu'on pourroit
entreprendre avec succès au Brésil. Sous le titre de Col-
loque, sa relation renferme une espèce de vocabulaire
flssea étendu de la langue brésilienne.
En parlant de l'expédilion de Villegagnon , qui avoit
formé le j^remier établissement de la petite colonie du
Brésil, le président De Thou fait l'éloge des lumières el
de la véracité de Lery.
Copie de quelques Lettres sur la navigation du
chevalier de Villegagnon es terres de l'Amérique ,
oultre rCŒquinoxial jusque soulz le tropique de
Capricorne (le Brésil j, contenant sommairement les
fortunes encourues en ce voyage , avec les mœurs
et façons de vivre des Sauvages du pays ; envoyées
par un des gens dudit seigneur. Paris , Martin le
jeune , lôSy , in-12.
Histoire de la Mission des Pères Capucins en
Tîle de Maragnan (au Brésil) et terres circonvoi-
sines , où est traité des singularités admirables et
des mœurs merveilleuses des Indiens , habitans de
ce pays , avec les missives et advis qui ont été en-
voyez de nouveau par le R. P. Claude d'' Abheville y
prédicateur capucin. Paris, François Hubv^ iGi/j,
in-8^
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 2^5
Ce missionnaire ne s'est pas bm-né , comme beaucoup
d'autres, à donner la relation de l'établissement el des
progrès de la mission. La plus grande partie de son ou-
vrage est consacrée à décrire la température de l'île de
Maragnan et des contrées voisines, les animaux qui la
peuplent, les poissons que nourrit la nier environnante.
Il s'est sur-tout étendu beaucoup Sur le physique des habi-
tans de l'île, auxquels il donne Iç nom de Topuiamhas ;
sur leur croyance , leurs moeurs , leurs usages , leurs
facultés même intellectuelles. Ses descriptions annoncent
en général plus de jugement et plus de saine critique qu'on
ne devoit en allendre d'nn simple religieux qui écrivoit
au commencement du dix- septième siècle.
Expédition des sujets de la couronne de Por-
tugal , pour recouvrer la ville du Sauveur ( Saint-
Salvador) dans la baie de Tous-les-Sainls , prise par
les Hollandais le 8 de mai 162/} , et reprise le pre-
mier de mai i6a5; publiée par le P. Barthélémy
Guerreiro , de la Compagnie de Jésus : (en portu-
gais) Jornada dos vassalos de coroa de Portugal , per
a se, recuperar a cidade de S. Salvador a hahja
de Todos os Santos , lômada polios Olandezes , a
oito de mayo de i62.4: et recuparada no prirneiro de
mayo 162a ; feita polio Padre Bartolomeu Guerreiro
da Companliia de Jesu. Lisbonne , Mathieu Pin-
heiro , 1625 , p. in'4**.
Cette relation donne quelques notions assez curieuses
sur le pays et sur ses habitans.
Restauration de la ville de Saint - Salvador
dans la baie de Tous-les-Sainls , par Don Thomas
de Varias : ( en espagnol ) Restauracion de la ciu'
dad del Salvator en la baya de Todos Santos , por
D. Thomas de Vargas. Madrid , i6a6, in-4°.
VI. S
2^4 BiELlOTH^QUE DES VOYAGES.
Voyage dans les Indes occideniales , avec la
description de^la prise de Saint-Salvador au Brésil ,
pendant les années i6i3 et 1626, par Jean-Gré-
goire-^Wa7iZ>zzrg^ ; (en allemand) JohèGreg. Alden-
hurg's Westindianische Reisè und Bcschreihung der
Eroberung von S. Salvador in Brasilien , anno i6l3
his 1626. Cobourg , lôay, in-4*^.
Histoire de ce qui s'est passé dernièrement au
Brésil et ailleurs , par Gaspard Barlaeus , avec
figures : (en îalin) Caspan Baiiaei Renim in Bra-
silia et alibi niiper gestannn Historia. Amsterdam,
Blaeu, 164?; in-fol-
— La même (en allemand). 1659, in-S".
On en a donné une seconde édition en latin , sous le
titre suivant :
Histoire de ce qui s'est passé au Brésil et
ailleurs , pendant huit années , sous le gouverne-
ment du comte Maurice de Nassau , par Gaspard
Barlaeus ; seconde édition , à laquelle on a ajouté
le Traité de l'air, des eaux et du sol, de la canne
à sucre , du miel sauvage , des bois et de la racine
nourrissante mandioche , par Pi\yo7/ _, avec cartes et
planches : (en latin) Caspari Barlaei renim per octo-
niuni in Brasilia et alibi gestaruni sub praefocturâ
illiistrissimi comitis J. Mauritii Nassaviae ^ etc....
comitis^ Historia ; edilio secwida , cui accesserunt
Guillclnd Pisonis Tractatus de aè'ribus, aquis et locis
in Brasilia^ de ai tmdine sacchariferây de nielle siWestri,
de -radiée altili niandihoca. Clèves, 1660, in-S*^.
HiSTOiRii naturelle du Brésil, contenant la des-
cription, non -seulement des plantes et des ani-
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. ayS
maux , mais aussi du caraclèi'e , des mœurs et des
maladies des indigènes , par Guillaume Pison , enri-
chie de plus de cinq cents figures : (en latin) His^
toria natuvalis Brasiliae ^ in quâ non solum plantae
et aninialia, sed indigenarum morbi, ingénia et mores
descrihuntw., et iconibus supra quingenta illustrantur
(autore Guill. Pisoné). Leyde , Fr. Hackius , 1646,
in-fol.
— La même , réimprimée dans l'ouvrage inti-
tulé : De Indiae utriusque re Naturali et Medicâ.
Amsterdam, i65i, in-fol.
Dans cet ouvrage, très -recherché par les amateurs,
Pison a traité l'histoire naturelle du Brésil avec tant de
discernement , que tous les naturalistes y ont puisé avec
confiance : il ne montre pas moins de sagacité dans ses
observations sur l'espèce humaine considérée dans sa
rudesse primitive.
Histoire du Brésil, par Georges Margrajjf de
Liebstad : (en latin) Historia Brasiliae (autore Q.
Margrajf de Liebstad). Leyde, 1648, in-fol.
Se trouve à la suite de l'édition de Pison , ci-desbus.
Chronique de la Compagnie de Jésus , sur l'état
du Brésil, par le P. Simon de Vasconcellos : (en
portugais) Cronica da Compariia de Jesu do estado
do Brasil , por lo Padre Simao de Vasconcellos.
Lisbonne, 1648 \ ibid. 1662 ; ibid. 1668, in-4*'.
Notices du Brésil , par le même : (en portugais)-
Noticias do Brasil.
Cet ouvrage est cité jiar Dacunha de Azeredo Cou-
tinho, dans son Essai sur le commerce du Portugal,
part, ijchap. i. page /^.
Relation d'un voyage que fit vers l'état du
Brésil une escadre , dans la campagne de i655, souâ
les ordres du général de BrittoFrejre : (en portu-
gais) Relaçao da viagc que fez a estado do Brasilo
a armeda, da Campanliia no anno i6âS, a cargo do
gênerai de Britto-Frejre. Lisbonne, lôSy, in-i2.
Les objets de celle relation ont été beaucoup plus dé-
taillés dans l'ouvrage suivant :
Nouveau Portugal, ou Histoire de la guerre
du Brésil, depuis 1624 jusqu'en i638, par Fran-
çois de Britto-Frejre : (eu portugais) iYow-a Lusita^
nia ou Historia da guerra Brasilica^ desde i624: halo
i638 ■) por Fr. Britto-Frejre. Lisboune , Gabian ,
1675 , in-fql.
Cette relation n'est j^as pnreraent historique, comme le
titre semble l'annoncer : il s'y trouve quelques descrip-
tions du pays, et des observations sur les indigènes du
!Brésil.
Voyage au Brésil etaux.Indes occidentales, par
Ambroise RichslioJJer : (en allemand) Brasilianische
iind Jndische Reise-Bcschreihung ^ von yimh. Richs-
hojfer. Strasbourg, 1677, in-8".
Voyage par mer et par terre au Brésil , par Jean
Nieuhof, avec planches : (en hollandais) Gedenkwer-
dige BrasilienscJie zee-end land-Reise, door Joli.
iV7e«/2o/. Amsterdam , 1682, in-fol.
Descuiptioiv de tout le Brésil , où l'on traite de
la nature du pavs,(Iu caractère de seshabitans, de
leur régune politique , de la succession de leurs
rois , de leurs usages particuliers , de la canne à
sucre , du miel des forets , des sites et des eaux ,
des loix , mamis et arts des difFérens peuples , avec
figures : ( en latin ) Descriptio totius Brasiliae , in
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MKR. 277
quâ agitur de naturâ et indole regioins et incolarum y
de regimine politico , rcguni successioiie , de rehns pri~
vatisyde anindine saccariferâ ; de vielle syli'estri, de
aquis et locis ,de iiioribus , legibus et artibus diveTsa-
rum regionwn. Clèves , i698,in-fol.
C'est dans cet ouvi'age,qui paroîl ctre une nouvelle édi-
tion de Bailœus, cité page 274 , qu'on peut le mieux s'ins-
truire peut-être de l'ancien élat du Brédl , et sui-lout du
caractère, des usages, des moeia's des naturels de cette
contrée-.
On recueillera encore sur ces mêmes objets, beaucoup
de lumières dans les i-elations -suivantes , recueillies par
Hakluitjdans sa Collection, 2*^ volume, partie première. /
Voyage de Guillainue Halkins au Brésil, en i53o et
i532. — Voyage de Robert Keniger et Thomas Forêt au
Brésil, en i54o. — Voyage de Pudaey dans la ba:e du
Brésil , en 1 54 2. — Voyage de Hare au Brésil , en 1 5bo. —
Voyage de Jean jLancaster au-dessous et dans les envi-
rons de Fernanbuc au Brésil, en i5g4. — Enfin le Bou-
lier expositif des côtes du Brésil , de l'ile Sainte-Catherine
et de la rivière de "la Plala.
Histoire des guerres dans le royaume de Brésil ,
soutenues par la couronne de Portugal et la répu-
Llique de Hollande , avec des cartes et des plans ,
parle P. Jean- Joseph de Sainte- Thérèse : (eu ila-
lien ) Istoria délie guerre del regno del Brasile acca-
dute tra la corona di Portogallo e la republica di
Olanda , con le carte e piani , del Padre Giov. GiU"
' seppo di S. Teresa. Ibid. 1700, in-fol.
L'observation que j'ai faite sur la relalion de Biitto-
l'reyre, peut également s'applicjuer à celle-ci.
Relation de la uiissiondu P. Martin (de Nantes)
dans le Brésil , parmi les Indiens npj^clés Cafivis..
Ouimper, i7oG,in-]2.
ayS BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Celle relation fait connoître une des peuplades du Brésil
la plus considérable et la moins visilée par les précédens
voyageurs. Il ne faut pas croire, en effet, que ceux qui
ont parcouru la colonie portugaise , connoissent tout le pays
compris sous la dénomination de Brésil j ce sera l'ouvrage
du temps de parvenir à le bien connoître. L'intérieur est
habité par un grand nombre de tribus sauvages qui se font
nne guerre continuelle, et que, malgré leurs divisions
intestines , les Portugais n'ont pas même songé à dompter.
Histoire de l'Amérique portugaise (le Bre'sil),
depuis l'an i5oo, de sa découverte, jusqu'en l'an
iy24, par Rocha-Pitta : (en povlus,ais) Historia da
America portugueza , do anno i.Soo te o de 1^24 3
por Rocha-Pitta. Lisbonne , lySo , in-fol.
Cet ouvrage d'un Brésilien fort intelligent et fort ins-
truit, membre de l'académie royale d'histoire de Lis-
bonne, contient beaucoup de détails sur la fondation de
la colonie, sur ses gouvernemens successifs et sur ses éta-
blissëmens ecclésiastiques; mais il est très- défectueux à
l'égard de son histoire naturelle, de ses productions , de
son commerce, en un mot, de toute information utile.
Il est écrit d'ailleurs dans un style très-ampoulé. Tel est le
jugement qu'en porte Lindley, dans la préface de' son
Voyage au Brésil , dont je donnerai plus bas la notice. Ce
même voyageur nous apprend que l'ouvrage de Rocca-
Pitla fut composé d'après les chroniques des jésuites ,
d'après d'autres autorités encore, et même d'après ses pro-
pres connoissances locales. Il ajoute que quelques années
après l'impression de l'ouvrage, le gouvei'nement portu-
gais en défendit publiquement la lecture sous les peines
les plus sévères, et qu'on ne le trouve aujourd'hui que
dans les cabinets des curieux, soigneusement caché.
Cet ouvrage fixe l'époque oj\ la colonie a été divisée en
quinze capitaineries. L'auteur y a tracé les accroissemens
successifs de sa capitale, Saint-Salvador ^ l'une des villes
AMÉRIQUE. \OA'AG. DANS L'AMER. MER. 2'jg
la jdIus belle el la plus riche des deux Amériques. Cette
belle colonie, dit l'auteur, présente trois particularités
bien.- remarquables; c'est d'a])ord qu'elle possède exclusi-
vement un bois précieux pour les teintures (le bois de
Brésil), et une racine des plus usitées en médecine (l'ipé-
cacuanha) ; c'est ensuite que toutes les espèces de culture
qu'on y a essayées, y ont réussi. C'est enfin que , plus riche
encore que l'Amérique espagnole, à l'avantage d'exploi-
ter , comme elle, d'abondantes mines d'or , elle joint celui
de posséder, comme ITnde, des mines de diamans d'une
qualité inférieure , à la vérité, mais plus abondans.
L'auteur observe judicieusement qu'on ne peut qu'ap-
plaudir à la mesure politique qu'a prise , avec les précau-
tions convenables, la cour de Lisbonne , d'admettre aux
emplois de toute nature les individus nés dans le Brésil
même, qui se rendent capables de les remplir : celte me-
sure doit les attach.r singulièrement à la. métropole (i).
Description de l'Amérique portugaise , en espa-
gnol et eu allemand , par Ciidena , avec des notes
par Chr. Leiste : (en allemand) Beschreibung des
PoT'tugiesischeii ylmerika , spaniscji iind icutscli , mit
Ammerkungen von Chr. LeisLe. Brunswick , 1 780 ,
iu-8^
Relation d'un voyage au Brésil , par Thomas
Lindley : (en anglais) Narrative of voyage lo Brésil ,
by Thomas Lindlej. Londres , Johnson , iSo/j. ,
in-8°.
Ce Voyage a été traduit en français sous le litre suivant :
Voyage au Brésil , où l'on trouve la description
(1) On verra dans l'exlrait que je donnerai de la partie de la
l'filalion de sirSlauulon qui concerne le Brésil , qu'il regarde comme
très - dangereuse une auUe mesure du gouvernement portugais,
celle de rendre inamovibles les emplois conférés aux Portug .i*.
«*ans le grésil.
28o BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
du pays , de ses productions , de ses liabilaus , et de
la ville et des proviDces de San-Salvador et Porto-
Se^uro , avec une table correcte des latitudes et lon-
gitudes des ports de la cote du Brésil , ainsi qu'un
tableau des changes, etc par Thonias Lîndley ,
traduit- par François Soulès. Paris , Léopold Collin ,
1806, m-8\
C'est l'arrestation de Lindley el du vaisseau qu'il montoit
dans le port de Porlo-Seguro , qui nous a procuré cette
inléressante relalion. Celle arrestation avoit eu lieu d'après
la dénonciation d'un habitant de ce lieu qui, pour se
venger du gouverneur civil, avoit accusé ce gouverneur
d'avoir fait avec Lindley le commerce du bois de Brésil,
el de s'être rendu coupable d'ailieurs de plusieurs exactions
el d'actes de tyrannie. Les fils du gouverneur éloientaccu—
ses aussi d'avoir enlevé une quantité considérable de pierres
précieuses d'une mine de diamans située sur les rives de
P.io-Grande.
Les communications que, malgré sa captivité, ses «on—
noissances en médecine el l'usage qu'on lui en fit faii'O
permirent à Lindley d'entretenir avec les habilans, lui
ont donné la facilité de se procurer des renseignemens sur
la province de Porto-Seguro et sur la ville de Bahia ou
Saint— Salvador.
ijM ville de Porto-Seguro reçoit ce nom de son port, et
le donne à toute la province. Le port est formé par un
rescif, ou pluiôl par une chaîne de rochers parlant d'une
poinic de lei re qui s'avance à environ vni demi-mille dans
la mer. A l'entrée, il y a toujours vingt pieds d'eau dans
les hautes marées; mais dans l'intérieur, l'eau diminue
jusqu'à douze pieds, excepté à une certaine distance où se
jette une rivière, el où il y a un peu plus de profondeur.
Le fond est un beau sable qui s'élève graduellement , et se
termine en ime vasie p'age. Toutes ces circonstances,
iendeul le port Irès-sùr pour les vevisseaux, et c'est ce qui
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MlÉR. 28î
lui a fait donner le nom de Porto-Seguro. En y entrant,
l'aspect du pays est enchanteur. Sur le bord de la nier est
une rangée de chaumières de pêcheurs, dont le front est
ombragé par les branches mouvantes des cocotiers , et elles
ont chacune une orangerie conliguë. Denière ces cabanes,
sont des arbustes entrecoupés d'innombrables sentiers,
formant des vergers d'une verdure éternelle, où l'on voit
une multitude d'oiseaux revêtus du plus riche plumage , et
qui animent les boisfpar leurs chants. Au nord, le terrein
s'élève en une montagne escarpée, où l'on monte par un
sentier tournoyant; et sur son sommet est la ville. Les rues
en sont larges , droites, mais irrégulières. Les maisons, à
fjuelc|ues— unes près, n'ont qu'un seul étage : elles sout
conslriiiles en briques, et d'un aspect sale et misérable.
L'hôlel-de-ville , la prison, la maison du gouverneur,
l'église, sont les seuls édifices un peu remarquables : les
matériaux en sont les mêmes q'.ie ceux des maisons.
Sur les bords de la rivière, e^t un village ausM considé-
rable que la ville même, et qui conlient trois mille ha'bi-
tans, tant Portugais qu'Indiens et esclaves. Leurs seules
occupations sont la pêche autour des rochers, et le radoub
des vaisseaux qui apjDartiennent à un petit nombre d'indi—
\idus répétés comparativement riches ou aisés. Tout le
j)ois5on se sèche ou se sale. La nourriture des habitans
consiste dans du poisson d'eau douce, de la farine de
manioc , des fruits du pays. Les légumes d'Europe sont
exotiques dans ce pays, et par conséquent fort rares : la
pomme-de-terre même y est inconnue. La côte de la mer
oifriroit une grande abondance de poissons frais, mais
les habitans sout trop indolens pour s'en occuper. On ne
lue dans la ville qu'un Tioeuf par semaine : les meilleures
parlies en sont réservées au gouverneur et aux officiers do
la ville; le reste se vend à un prix assez vil au peuple. Malgré
ia facilité d'éleverdans ce pays des moulons et des cochouK,
on y en voit peu.
Les principaux habilans ont chacun une fermesiluéesur
le bord de la rivière, ovi ilscntrclienneul des planlalions de
282 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
cannts-à-sucre et de manioc. La volaille et les animaux
domestiques y sonl assez multipliés; cependant on n'y vit
guère mieux qu'à la ville , parce que l'art de la cuisine y est
absolument ignoré. On n'y fait pas même usage du laif,
soit pour les gens en santé, soit pour les malades et le»
convalescens.
Les femmes libres n'ont aucune occupation sérieuse;
quelques-une^ seulement font de la grosse dentelle pour
leur usage, mais pas une ne connoit l'usage de l'aiguille.
Le soin de faire les chemises , qui font le principal arlicle
de l'habillement , est abandonné à des esclaves mulâtresses.
Peu de femmes savent lire.
La même apathie , la même ignorance caractérisent les
hommes. L'écriture est un art ignoré de la plupart d'entre
eux : ils passent les journées entières à se faire des visites et
à jouer aux cartes. Les plantations et les autres travaux
utiles sont confiés à des inspecteurs européens, à quelques
mulâtres favoris, à des esclaves de confiance. Ce défaut
d'activité ne peut pas être imputé à la chaleur du climat
seulement ; car dans l'été même, il y a des semaines oii la
température est celle du mois de septembre en EiU'ope ; et
c'est en général celle de toute la durée de l'hiver du pays.
Dans la saison chaude même, on a des intervalles de vent
frais, particulièrement le soir et le matin. La terre est
presque toujours rafraîchie par de fortes rosées.
Les animaux féroces et sauvages de cette province,
comme dans tout le Brésil, sont inférieurs en grosseur, en
force , en activité , à ceux de la même espèce qui sont
répandus dans lescontinens de l'Europe et de l'Asie. Entre
les animaux sauvages, il en est un qui paroît particulier au
pays; c'est le sorata : il est à-peu-près de la taille d'un
renard; mais il est plus sauvage et plus courageux.
Dans l'intérieur dès terres,, sont disséminés des trou-
peaux de bestiaux et de ciievaux sauvages : on ne cherche
point à les apprivoiser, parce qu'ils viennent rarement
sur la côte. Les chevaux dont on fait usage, sonl de la race
de ceux de Buenos- Jyres, d'une petite taille, d'une fo«ne
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMER. MER. 285
peu agréable, un joevi ""lourds, mais parfaitement accli-
matés. Les mules , au contraire , sont dans ce pays les plus
grandes et peut-être les plus belles du monde. Les moulons
sont de la petite espèce et en apparence originaires d'Eu-
rope, à l'exception d'une espèce plus grande qui a plusieurs
cornes, et d'une autre encore revêtue de poils comme les
moutons d'Afrique.
Les arbres des environs de Porto-Seguro, comme ceux
des provinces voisines, produisent une grande quantité de
gommes résineuses, mucilagineuses et balsamiques. Le«
' productions botaniques sont immenses; mais les habitans
neconnoissent guère que celles qui peuvent leur donner
quelques profits.
La province de Porto-Seguro a une étendue de soixante
et dix lieues de côtes, et vers l'orient elle n'a pas de bornes.
Les élablissemens les plus éloignés , dans cette dernière
direction , ne sont pas à plus de dix lieues de la' mer , quoi-
qu'on sache que l'intérieur contient des mines d'or et
abonde en autres minéraux précieux.
Outre la capitale, on trouve, dans cette province deux
villes , dont la première , Villa-Prado , est habit«e par de.s
pêcheurs, et fait tous les jours des progrès. La ville à! Alc.o—
bass est plus florissante encore. Les Jiabitans de son voisi-
nage s'occupent à cultiver le manioc, à en préparer la
farine qu'ils portent au port de Caravallos, Quant à la
ville , elle est vivante et populeuse : ses maisons et ses bâti-
mens civils sont en quelqite sorte supérieurs à ceux de
Porto-Seguro; mais l'église est d'un aspect mesquin et
misérable.
Les habitans de la province s'enorgueillissent de ce
qu'elle est la première qui ait été découverte par Pedro-
Alvarez Cabrai. Dans toute l'étendue de ce pays, les fièvres
dominent, et y sont plus dangereuses qu'en Anglelerre;
peu d'Européens en évileut les attaques : plus on avance
dans le pays, plus la maladie a de force.
Les vaisseaux européens qui font la route de l'Inde, et
•qui louchent au Brésil, étant dans l'usage de ne relâcher
2o4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
qu'a Rio^Janeiro, celle ville est beaucoup plus connue par
Jes relations des voyageurs que San-Salvador ou Bahiaqui,
sans être aussi belle que Rio-Janeiro, a la prérogative d'être
la capitale de tout le Brésil : la description qu'en fait Lindley
est donc tiès-précieuse : sa relation l'est encore par les
rensejgnemens qu'il nous donne sur la province où elle est
située.
Pahia, qu'on nomme en Europe San-Salvador, mais
qui n'est connue que sous le premier de ces deux noms par
les naturels et les Portugais, a été bâtie à droite, sur la côte
de la baie de Tous-les-Saints, d'où elle a pris son nom.
Dans cette superbe baie, qui a trois lieues de largeur à
son embouchure, douze de diamètre et trente-six de cir-
conférence , est un bon mouillage, où les vaisseaux sont à
l'abn de tous les vents , et dont l'étendue suffiroit à la réu-
nion de toutes les flottes du monde.
Cest sur le sommet d'un terrein qui, à une petite dis-
tance du rivage, s'élève rapidement en une falaise escarpée,
qu'est placée la ville, à l'exception seulement d'une rue qui
est parallèle à la plage. L'inégalité du terrein, le grand
nombre de jardins répandus entre les maisons, font occu-
per à cette ville un grand espace. Quoique la bâtisse de ces
maisons ne remonte qu'au dix-septième siècle, elles tombent
en rmnes par suite de la légèreté des matériaux qu'on a
employés à leur construction, qui paroît avoir été élégante.
La cathédrale, fort vasle , éprouve le même sort. Le collège
et le palais épiscopal se soutiennent, parce qu'ils sont bien
entretenus. La grande église des ex-Jéi,uiles est, sans
exception, le plus solide et le plus bel édifice de la ville.
Elle a été entièrement construite en marbre, importé à
grands frais de l'Europe. Les richesses de l'intérieur
répondent à la magnificence des dehors. Le collège et le
couveijf qui y étoient contigus ont été depuis peu convertis
en un hôpital très-commode. La superbe bibliothèque
qu'ils renfermoient, est, pour ainsi dire, perdue, dit
Lmdley, pour le genre humain : on ne souffre jjas que les
étrangers en approchent. Les hvres et les manuscrits y
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MÉr. 285
dépérissent. Le (îépénsseraent des maniiscrils sur-tout est
d'aufani plus fâcheux , qu'ils ren ferment des renseignemens
précieux sur les découvertes faites par les jésuites mission-
naires dans l'intérieur du Brésil et dans divers points de
l'Amérique méridionale qui y sont contigus ; pendant plus
d'un siècle, après la découverte, ces infatigables religieux
n'avoienl rien négligé pour se procurer des notions sur les
productions animales, végétales et minérales de ces im-
menses contrées. Les découvertes qu'ils faisoient éfoient
tous les ans envoyées au collégo des Jésuites à Bahia : elles y
étoient imprimées dans les chroniques de l'ordre, et fai-
soient la base de toutes les publications subséquentes sur
ces parties de l'Amérique méridionale. Ils avoient d'ailleurs
les communications lesjjlus étendues avec toutes les autres
parties du midi de l'Amérique, et sur— tout avec leurs
confrères du Pérou et du Paraguay. Les nombreux docu—
mens que possédoient les diftérens supérieurs auroient
formé un ouvrage scientifique complet; mais ce projet
fut détruit à sa naissance par la fatale jalousie du gouver-
nement, qui , vers la fin du dix— septième siècle, défendit
la continuation de l'ouvrage et ne voulut plus permettra
qn'on publiât rien à ce sujet. Malgré ces «ntraves, il y
avoit eu des communications secrètes et des relations
écrites par le collège. Cette précieuse partie des manuscrits
de la bibliothèque de Bahia partage le sort des autres ma-
nuscrits et livres de celte bibliothèque, et périra avec elle.
Outre l'ancienne maison religieuse des Jésuites, dont U
destination, comme on vient de le voir, a été changée,
l'église et le monastère des Franciscains offrent une sin-
gularité assez piquante : ce sont des compartimens histo-
riques tracés sur les murs de la cour intérieure , et où se
trouvent bizarrement entremêlés des passages de la Mytho-
logie païenne et de l'Ecriture-Sainle.
L'édifice des frères Franciscains , ou de ceux qui , ayant
vécu dans le monde, veulent passer le reste de leurs jours
dans une retraite religieuse, nest pas moins remarquable
Éous d'autres rapports. Cet édifice, qui a une belle façade en
286 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
stuc^ consiste en deux rangées de petites voûtes à trois
étages destinées à recevoir les morts. Leurs arches sont
décorées de peintures; un grand corridor les partage. Le
lout est tenu extrêmemeat propre et aéré j)ar des fenêtres,
ayant vue sur le jardin, où d'épais bananiers répandent une
ombre soleranelle sur cette triste et tout à la fois agréable
résidence des morts.
Les rues de Bahia sont étroites, mal pavées, et tellement
sales, que la position de la ville peut seule préserver les
habitans de l'influence des miasmes raorbifères qu'une
chaleur excessive en fait exhaler. Les principales places de
la ville jont celles du Palais-Royal et des Jésuites. Dans la
première de ces places (l'autre n'a rien de remarquable ) ,
sont le palais du gouverneur, vieux bâtiment de j'eu
d'importance/ la cour de justice, la salle du sénat, et les
prisons, fort mal-saines et toujours encombrées de pri-
sonniers. Les uns y sont détenus pour des crimes qui font
lionte à l'humanité; d'autres sont des esclaves fugitifs;
d'autres enfin sont des victimes du gouvernement, trop
souvent incarcérées sur le plus léger prétexte. Dans un
petit hôpital contigu à la prison , la chaleur du climat , le
défaut de circulation de l'air, et sur-tout la malpropreté,
y font péi'ir plus de cent cinquante personnes paran. Celte
malpropreté se fait remarquer dans toutes les habitations
de Eahia : on n'en distingue qu'un très-petit nombre,
mais plus particulièrement dans le voisinage de la ville ,
qui, appartenant à des personnages de la classe supé-
rieure, .sont propres, élégantes et meublées avec une sorte
de recherche. Les maisons des autres individus opulens
sont', à la vérité, spacieuses et commodes, mais tristement
meublées. L'aspect en est sombre et sale, et l'intérieur
correspond parfaitement à l'apparence extérieure. Les
habitations des marchands sont dégoûtantes. Les logemens
des soldats, des mulâtres et des nègres libres ne sont, à
proprement parler, que des cabanes couvertes de tuiles.
De cette variété discordante, résulte un coup-d'œil désa-
gréable.
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MER. 287
C'est sur la plage que sont établis non-seulement les
quais, les chantiers, les bureaux et les magasins de la
marine , mais encore la maison de l'intendant oucomman-
dant du port.
La ville est protégée par un assez grand nombre de forts
et de batteries, entre lesquels on doit remarquer le fort de
Mar, dont la défense de la place dépend presque entière-
ment, et qu'à ce titre Lindiey a décrit avec un certain,
détail. On assura à ce voyageur que dans tous les forts et
dans toutes les batteries il n'y avoit que quatre-vingt-qua-
torze canons en état de servir. De son temps, la garnison
consistoit en cinq milita hommes, dont partie étoient des
troupes de ligne, partie des milices, des mulâtres et des
nègres Hbres. La solde du soldat est très-chétive, la mère-
patrie fournissant au Brésil des fusils anglais à l'épreuve.
On ne peut construire dans le chantier du roi qu'un
vaisseau de ligne à la fois. Pendant le séjour du voyageur à
Bahia, on en lança un de soixante et quatre. Il étoitljeau,
bien construit et fort; mais on avoit employé quatre ans à
sa construction : au contraire, tout près de la ville, à
Tapagippe , il y a des chantiers particuliers où l'on cons-
truit, avec une grande célérité, de beaux navires mar-
chands de toutes dimensions (i).
On estime à plus de cent mille les liabilans de la ville et
des faubourgs de Bahia : dans ce nombre, on compte
trente mille blancs, trente mille mulâtres : le reste de la
population est formé de nègres.
Le gouvernement de Bahia est absolu : il est confié
au gouverneur général (2). La marine l'est à un intendant
nommé, comme lui, par la cour de Lisbonne.
(1) Le bois du pays est particulièrement propre à la conslruc-
lioii des vaisseaux laiit ])ar sa durelâquepar sa durée, et, comme
le ieJik , il e.st impénétrable aux vers; mais il a un défaut que n'a pas
le lelik , celui de manger imperceptiblement le fer.
(2) Ce gouverneur général n'est plus le vice-roi du Brésil , qui
réside aujourd'hui à Rio-Janeiro , où le siège du gouvernemenl
a été transporté.
a88 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Le sénat, sous un litre si imposant, n'est composé que
de quatre membres et d'un président. Son unique attri-
bution est de veiller aux affaires de la ville, d'inspecter
les poids et mesures, de donner des plans d'amélioration.
JLa grande-cour de justice porte, comme en Portugal,
le nom de Relaçao. Elle est composée du gouverneur
général, comme président perpétuel (i), d'un chancelier
qui n'est que son dépulé, du ministre criminel , et de neuf
juges subalternes sous différentes dénommalions (2). On ne
peut appeler de cette cour qu'à Lisbonne. Il y a aussi , pour
les petites causes , une cour inférieure présidée par un juge
criminel ; mais on ne peut en appeler qu'au gouverneur
général qui confirme ou annulle, ou qui fait décider l'af-
faire par le Relaçao. Ces cours ne s'assemblent pas à des
époques fixes , mais selon l'urgence des cas , ou sur l'ordre
du gouverneur général. La seule exception à cet usage,
c'est que les membres du Relaçao siègent trois fois par
semaine pour expédier les affaires sommaires.
La prison esl la seule peine de la plupart des crimes; mais
le meurtre et la haute liahison emportent la peine de mort,
à moins que les coupables ne soient ridhes : car alors ils
échappent trop souvent au glaive de la loi par les subter-
fuges de la chicane , par l'appel, ou en obtenant leur grâce.
Rarement voit-on plus de dix exécutions par an ; mais un
grand nombre de criminels sont annuellement déportés à
Angola et dans les autres établissemens portugais sur la côte
d'Afrique. La torture est supprimée a Bahia : on y supplée
par la réclusion dans de petits cachots secrets. Les loix
contre les débiteurs sont très-douces : l'emprisonnement
pour dettes n'a lieu que lorsqu'il y a eu fraude ou escro-
(i) Cet usage, qui donne une si dangereuse influence à l'admi-
uistraleur général dans les décisions delà justice, est commun à
tous les grands tribunaux de l'Amérique espagnole.
(2) Les juges , les secréiaires , etc. et même les plus vils suppûti
de la justice , sont distingués par les marques honorables d'unecaune
entrelacée , suspendue à la poche gauche , et d'une pelilc épée : ils
ne paroissenl jamais nu public sans cela.
I
AMÉRIQUE. VOYAC. T3A?f5 L^VMl£R. MER. 289
querie. Dans tout aulie cas, le débileiir est reçu à aban^
donner ses biens à ses créanciers; mais s'il néglige de le
faire, ils peuvent saisir tousses effets, excepté les habits
qu'il a sur le corps; et ils ont droit à toutes les propriétés
qu'il peut acquérir par la suite , jusqu'à ce que la dette soit
entièrement acquittée.
L'inquisition n'a jamais été aussi sévère au Brésil que
dans la mère-pairie, parce qu'elle est obligée de renvoyer
lous les cas graves à la décision du grand tribunal de Lis-"
bonne.
L'inactivité delà 23olice,à Bahia,se fait particulièrement
remarquer dans le grand nombre de raendians qui infsslent
celte ville et la campagne. Lindiey en attribue sur-Iout la
multiplication andéfaul d'élablisseraens charilables publics
pour le soulagement des véritables pauvres, des vieillards
et des infirmes. La police ferme aussi les yeux sur les
fraudes que pratiquent de prétendus indigens pour s'intro-
duire dans les maisons, où ils sollicitent les charités avec
une grossière impudence»
Bahia fait un grand commerce , plutôt grâce à sa position
avantageuse que pai- l'industrie de ses habitaus : il est prin-
cipalement ouvert avec Lisbonne et Oporlo. Ce commerce
occupe cinquante gros navires qui font les voyages avec
beaucoup de célérité. Ces navires fournissent à la colonie
des comestibles et des produits des manufactures d'Eu-
rope : ils reçoivent en échange du coton, du sucre, du
rhum qu'on appelle dans le pays vrç«a ardente , des bois
précieux pour la teinture et les meubles, enfin une grande
variété de gommes, de baumes et de racines médicinales.
La balance est toujours à l'avantage de Lisbonne. Les
habitans de Bahia ont le privilège d'importer leurs propres
esclaves. Les mêmes vaisseaux leur apportent ditférentes
marchandises de la côte d'Afrique. Ils font encore un
commerce très-avantageux en interlope avec les provinces
espagnoles du sud : ce commerce occupe quarante navires
de deux cent cinquante tonneaux : celui qu'ils font dans
les limites de la baie est éloijnant. Tous les jours il y arrive,
VI. T
;2gO BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
de l'inlérieur, huit cents barques ou felouques qui appor-
tent leur tribut à la capitale ; mais ce commerce est entravé
par les réglemens les plus sévères. Les marchandises sont
entreposées dans des magasins; et les propriétaires ne
peuvent en disposer qu'au prix fixé par les préposés de
l'entrepôt. Le rhum, le tabac, le bois de Brésil, le lingot
et les métaux précieux sont exclusivement entre les mains
du gouvernement ou des compagnies privilégiées. Les
étrangers ne peuvent faire aucune espèce de commerce.
Ces prohibitions et ces monopoles, en écartant l'industrie,
encouragent singulièrement la contrebande : elle est
portée à un tel point, que Lindley n'a jamais pu se pro-
curer à la douane des renseignemens sur le rapport des
importations et des exportations. Le commerce, comme
on l'a précédemment vu, se fait par échange, malgré
l'abondance du numéraire qui circule : il en résulte qu'il y
à de part et d'autre un immense crédit d'ouvert. Lindley
accuse les gros négocians même du pays, de surfaire da
double la valeur de leurs marchandises, et de déprécier
artificieusement celles qu'on leur propose en échange.
Bahia renferme un grand nojtnbre d'artisans, tant lapi-
daires, bijoutiers , qu'orfèvres : leur travail a de la solidité,
mais sans aucun goût. Il s'y trouve aussi quelques tailleurs,
quelques cordonniers assez intelligens. Quant aux manu-
factures , elles sont toutes expressément défendues , excepté
celle des cuirs : les tanneurs de Bahia en fabriquent assez
pour fournir toute la côte. Un individu qui avoil essayé
d'établir une filature de coton jnès de la ville, fut renvoyé
en Europe, et ses machines furent détruites. On avoit
commencé à établir une fonderie de canons; mais il n'en
restoil plus, du temps de Lindley, le moindre vestige.
Il est inconcevable, observe ce voyageur, que, située
dans une province aussi fertile, aussi florissante que l'est
celle de Bahia , la capitale de tout le Brésil soit si mal appro-
visionnée de viande. Le mouton, le veau et l'agneau y
sont inconnus : le boeuf y est de la plus mauvaise qualité. 11
ai 'y a qu'une seule auberge à Bahia : tout ce qu'on expose
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MÉR. agt
chez les traiteurs et dans les cafés est dégoûtant. Telles sont
les notions que nous devons à Lindiey sur la ville deBahia :
celles qu'il nous "a procurées sur la province de ce nom
n'offrent pas moins d'intérêt.
La capiiale de celte province (car Bnhiaest celle de tout
le Brésil) s'appelle Cachoeira. Supérieurement située sur
les bords d'une petite rivière, à quatorze lieues deBahia,
elle est l'entrepôt des mines d'or septentrionales et des
productions de la partie cultivée de l'intérieur. On compte
encore dans la province, quatre villes bien vivantes ; et il
en dépend aussi les îles jorécieuses d' Itaporica et de Saint"
Paul. Quoique celte province forme la plus petite division
du Brésil, c'est, à raison de sa fertilité , la plus peuplée, la
plus florissante : elle rapporte des richesses inappréciables.
Le pays est cultivé ju^qu'à une dislance considérable dans
l'intérieur-, il est divisé en plantations fort étendues, dont
plusieurs sont cultivées par deux ou trois cents esclaves,
avec des chevaux en proportion poiu' faire marcher les
machines. Dans quelques endroits, on emploie l'eau pour
metlre en mouvement les moulins à sucre , qui , du temps
de Lindiey, avoient reçu de grandes améliorations par
l'industrie d'un émigré français. Les riches propriétaires
de ces plantations y ont de beaux châteaux avec des cha-
pelles, et ils y résident habituellement, excepfé dans la
saison pluvieuse : alors, ils se transportent avec leurs
familles dans leurs maisons de ville. Ces fréquentes com-
munications assimilent parfaitement leurs mœurs et leur
caractère à ceux des citadins proprement dits.
Les esclaves qui font valoir les plantations, sont tirés
principalement des colonies portugaises d'Angola et de
Benguela : c'est une espèce de nègres naturellement lo—
bustes, actifs et gais. Mais Lindiey observe que ces bonnes
qualités se perdent par l'habitude de la familiarité et de la
paresse qu'ils contractent après leur .irrivée : cela ne doit
s'entendre sans doute que des esclaves domestiques ; c'est
à eux seulement qu'il faut appliquer ce que ce voyageur
rapporte de la liceuce de leurs mgeurs; de leur impu-
2
292 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
dence. Le sentiment de leur importance, qui prend sa
source dans l'inconséquenle familiarité à laquelle on des-
cend avec eux, s'accroît encore ^Dar le grand nombre de
ceux d'enlr'eux qu'on afFi'anchit, soit pour leuï's services
ou par simple faveur, soit par la voie de la rédemp-"
tion (i).
L'habillement des blancs, à Ealiia , est, à quelques
nuances près , le même qu'à Lisbonne, c'est-à-dire qu'ils
suivent les modes anglaises , exceplé les jours de fête et en
visite, où ils se charaarent de broderies et de paillettes.
L'habillement ordinaire des femmes est une simple jupe
sur une chemise de mousseline ornée de broderies qui ,
au moindre mouvement, laisse le sein tout à découvert,
et qui est d'ailleurs si transparente, qu'on peut apperce—
voir par-tout la peau qu'elle est destinée à couvrir. A
l'église, une longue mante noire recouvre ce vêtement si
léger. Dans quelques occasions publiques et dans certaines
visites de cérémonie , plusieurs dames de qualité adoptent
le costume européen.
L'usage .singulier de laisser croître l'ongle du pouce ou
tlu premier doigt (quelquefois de tous les deux ) d'une
longueur hideuse, et d'en former ensuite une pointe aiguë,
est commun aux deux sexes. Cette excroissance difforme
n'est pas sans quelque utilité pour les hommes : elle leur
sert à séparer les feuilles du tabac , et à les préparer pour
la formation des cigares , qu'ils aiment beaucoup à fumer:
ils jouent aussi de la vielle et de la guilarre avec cet ongle ,
dont l'étalage, suivant eux , ajoute à la beauté de l'instru-
ment. Mais ce qui rend ces ongles plus précieux pour les
deux sexes , c'est qu'ils sont regardés comme des marques
de distinction, parce qu'ils indiquent que ceux qui les
portent passent leur vie dans l'aisance et l'oisiveté ; ce qui ,
(1) Lindiey ue nous explique pas ce qu'il entend p;ir ce mol do
rédemption. Il y a lieu de croire que par un sentimeut de reli-
gion ou d'iiumanilé , quelques sommes soûl eniployéis par des per-
sonnes opulentes à racheler des esclaves.
AMÉnîQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR. MÉR. 29S
clans ce pays-là , dit Lindley , n'est pas peu recomraan-
dable. II prétend , en effet , que la paresse et quelques arau-
semens dont ou trouvera les détails dans sa relation , cons-
tituent tout le bonheur des Brésiliens, dont il fait, du
reste, un portrait qui n'est rien moins que flatteur. A l'en
croire, l'astuce , la fourberie, l'orgueil, l'envie dominent
chez eux. A ces vices , ils joignent encore ceux de l'esprit
de vengeance et du penchant à la cruauté ; mais il ajoute
que ces deux dernières passions ont disparu de la pro-
vince de Bahia jDOtir passer au sud , où cet amendement
est regardé comme l'effet de la poltronerle, tandis qu'il est
évidemment le résultat d'une plus grande civilisation. Il
est rare aujourd'hui qu'à Bahia on entende parler d'assas-
sinats , si ce n'est dans le cas extraordinaire d'une violente
provocation. Quoique le couteau y soit encore en usage,
il reste caché dans le fourreau , et les meurtres ne sont pas
plus communs à Bahia qu'en Angleterre. Lindley fait
honneur aussi à ses habitans, d'avoir moins de hauteur
dans les manières et dans le langage que sur toute autre
partie de la côte.
C'est ici le lieu de placer l'extrait que j'ai annoncé, de»
notions que nous a procurées sur l'état actuel du Brésil,
sir Staunton , dans sa relation de l'ambassade du lord Ma-
cartney à la Chine. C'est dans la relâche que fit l'escadre
à Rio-Janeiro qu'il a acquis ces notions : elles donnent
sur— tout le dernier état de la partie de la colonie du Brésil
qui forme le gouvernement de Rio— Janeiro.
On estime, dil-il , que la population des esclaves, an
Brésil, s'élève à six cent mille , soit natifs d'Afrique, soit
descendans des Africains. Les blancs, dit-on , n'excèdent
pas deux cent mille. La disproportion entre les blancs et
les nègres est bien plus grande à Rio-Janeiro que dans le
reste du pays; car on n'y compte que trois mille blancs,
et il y a au moins quarante mille nègres. On y port©
chaque année vingt raille de ces êtres infortunés , dont
cinq mille sout vendus pour la seule ville de Rio-Janeiro^
294 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGE*.
On ne peut les embarquer en Afrique, qu'après avoir
payé à l'agent de la reine de Portugal un droit de dix mille
reis par tête d'esclave. Cet impôt produit annuellement
environ 60,000 livres sterling» qui entrent dans la cassette
de la reine, et ne sont point considérées comme faisant
2>arlie du revenu public.
Quel que soit le traitement que les esclaves aient à essuyer
sur les plantations, sir Slaunlon observe que ceux qui
demeurent dans la ville ne paroissent pas malheureux.
"A l'égard des premiers, il ajoute qu'aux Indes occiden-
tales en général, l'esclave n'a rien à envier aux paysans de
plusieurs royaumes d'Europe. Le traducteur de sa rela-
tion (M. Caslera) remarque très-judicieusement quel'au-
ieur anglais a raison, s'il compare le sort des nègres du
IBrésil avec celui des serfs polonais et russes. J'ajoute que
le parallèle n'auroit pas la même justesse, si on l'élendoit
aux paysans des autres parties de l'Europe, et sur-tout de
l'Angleterre.
En preuve de ce que l'état d'esclavage a de supportable
au Bi'ésil , sir Staunlon observe que les nègres attachés
aux plantations, peuvent travailler, pour eux, deux jours
par semaine , ce qui est le double du temps qu'on accorde
à ceux des Antilles. Ces Africains , dit-il , paroissenl natu-
rellement gais et pleins de vivacité. Ils s'accommodent
aisément de leur situation , et jouissent de tous les plaisirs
qui sont à leur portée. La danse et la musique dégénèrent
chez eux en passion. Il a vu les nègres-cochers de Rio-
Janeiro s'amuser à jouer de la guitarre sur leurs sièges.
La sobriété est chez eux une vertu natui-elle : rarement
ils cherchent dans l'ivrognerie une ressource contre le
chagrin que doivent leur donner les désagrémens de leur
étal. On leur reproche d'être enclins au vol et au men-
songe ; mais il paroit , comme le remarque sir Staunton ,
que ces vices appartiennent à leur condition par-tout où
elle existe. L'esclavage, au reste, n'est point attaché ici à
la seule couleur noire. C'est un hé vilage /unes te que les
tnfans ne reçoivent que de leur mère : il y a, particuiiè—
AMÉRIQUt;. VOYAG. DAN^S I/AMÉR. MÉR. SqS
renient à Rio-Janeiro , des esclaves de toutes les nuances
que peut produire le mélange des noirs et des blancs.
Un grand nombre de ces esclaves appartient à la cou-
ronne de Portugal, qui eu emj^loie juscju'à dix mille à
l'exploitation des mines de diamans. 11 y eu a beaucoup
aussi d'attachés aux divers couvens : les Bénédictins en ont
jusqu'à mille sur leurs j)lanlations. En observant que ces
moines sont fort opulens, sir Slaunlon ajoute qu'ils font
beaucoup d'actes de charité, et sui'-tout qu'ils pratiquent
avec une grande satisfaction l'hospitalilé.
Les naturels du pays n'ont pas pu être réduils à l'escla-
vage, ni même ù l'état de civilisation. Quelques-uns de
leurs enfans ont été élevés dans des familles portugaises;
mais leur naturel est si intraitable , qu'ils ont conslamment
préféré les habitudes de la vie sauvage, et y sont retombés
sans conserver aucun des principes qu'on avoit tâché de
leur inculquer. Malgré leur mal-aise, ces naturels se met-
tent rarement au service des Portugais ; et, tout aussi rare-
ment les Portugais cherchent à les employer, si ce n'est
pour ramer dans les canots , exercice auquel les Brésiliens
se montrent très-adroits. Avec une taille au-dessous de
la moyenne taille des Européens, ils sont carrés, bien
musclés et très-agiles. Ils ont la peau noire, les cheveux
gras et lisses , les yeux longs et noirs , avec peu de barbe;
leur physionomie est pleine d'expression et de noblesse.
Passionnés poiu' une liberté sans bornes , ils conservenf
sans doute une antipathie héréditaire pour les usurpateurs
de leur pays ; car ils se tiennent soigneusement écartés des
vastes établissemens des Portugais ; et toutes les fois qu'ils
rencontrent au loin quelqu'un de ces Eurojiéens , ils le
massacrent sans pitié. La plus grande partie de la côte qui
s'étend de Rio-Janeiro à Bahia est habitée par eux, de
sorte qu'il ne peut y avoir, par terre, aucune communica-
tion entre ces deux villes.
IjcBrésil est divisé en huit gouvernemens(i),indépen—
(i) On Uouvcra , dans un ex-ccllenl Mémoire sur le Erésil, par
Î2g6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
clans les uns des autres, sans compter celui de Rio-Janeira,
dont le gouverneur prend le lilre de vice-roi du Brésil.
Autrefois, Bahia (i)étoil le principal siège du gouverne-
ment et le centre du commerce du Brésil. Mais la décou-
verte et l'exploitation des mines d'or et de diamans, qui
Jie sont qu'à cent lieues de Rio-Janeiro, et qui commu-
niquent immédiatement avec celte ville, lui ont donné
la prépondérance.
A l'occasion des mines de diamans, sir Staunton rap-
porte qu'on avoit trouvé dernièrement dans l'une de ces
mines, un diamant qu'on disoit plus gros et plus précieux
que ceux qui avoientété achetés par l'impératrice de Rus-
sie, et même qu'aucun autre qui eût été encore décou-
vert (2).
M. Malte-Bruii, inséré dans salraducliou du voyage de M. BarroAV
à la Cothinchine, un fablean exact delà division politique de celle
colonie, tracé d'après les noies qu'a fournies à l'auleur du Mémoire,
M. Correa de Serra, savant Portugais, et particulièrement distingué
jiar ses vastes conuoissances dans plusieurs brandies de l'histoire
naturelle.
Je me bornerai à dire ici qu'on compte au Brésil neuf gouver—
iiemens du premier ordre, et dix du second ordre; qu'en outre,
cette colonie esl divisée, comme le Portugal, en Comarcas , dans
chacune desquelles il y a uu Ouviclor, juge en seconde instance ,
duquel on appelle aux cours souveraines. Ces Comarcas sont au
nombre de vingt-quatre. Des dix grands gouvernemens, deux ont
été déclarés imléj)endaris quant au civil et au militaire, attendu
l'augmentation rapide de leur population.
(1) Lindley, dans son Voyage au Brésil, dont j'ai donné précé-
demment un extrait, prétend que cette ville, peuplée, suivant
lui , de 100,000 habitaus, et qui a un bon port , est la ville la plus
opulente du Brésil; mais l'autorité de ce voyageur est en contra-
diction avec celle de Ions les autres voyageurs, qui donnent la
suj)ériorilé à Rio-Janelro.
(2) Voici des rensei;;nemens sur les diamans du Brésil que
M. Malie-Bruu , dans son Mémoire précédemmeut cité , a emprunté»
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 297
M. Barrow et deux autres Anglais attachés à l'ambas-
sade , firent, avec un habitant de Rio-Janeiro , une excur-
sion du côté de Touest. La terre ne leur parut cultivée
que d'une manière peu industrieuse et peu soignée. C'est
à la fertilité naturelle du sol qu'ils attribuèrent la richesse
de ses j^'oductions. Ils ne trouvèrent d'abord que quel-
ques jardins qui donnent des légumes pour les blancs, et
du riz et du manioc pour les nègres. Mais plus loin, ils
virent de très-beau blé qui , dans toutes les parties du
Brésil, s'élève à une bien plus grande hauteur qu'en
Europe. Les moulinsà eau dont on se sert pour le moudre,
sont d'une construction extrêmement simple. Une seule
roue y produit le même effet qu'on n'obtient ordinaire-
ment qu'avec des machines très-compliquées et très-dis-
pendieuses. La forêt auprès de laquelle étoit un de ces mou-
lins que M. Barrow a décrits, étoit remplie de palmiers,
de lentisqnes, de manguiers, de goyaviers. La fougère y
croissoit à la hauteur des arbres : on peut juger, par cela
(les actes de la Soriélé d'iiistuire naturelle tle Faris,et de la Miné-
ralogie de M. Haiiy.
« Vers le commenremeiilde cesièrle. on a dûcouverl des dianians
)) dans le district de Serrado-Prio. Leur lieu nalal csl la croule même
» des montagnes; mais on préfère, pour la facilité du travail, de
» chercher ceux qui se trouvent dans les rivières et dans les atlerris-
» semens voisins. L'enveloppe des diamans est une terre ferrugi-
» neuse qui , dans les atterri.ssemens, e»! mêlée de caillou^: roulés,
■>•) réunis en jjoucùli/i^s. D'uuires parties du Brésil reufernienl encore
» des mines de diamans , mais qui ne sont pas exploitées.
» On a prétendu que les diamans du lîiésil avoieut moins de
» dureté que ceux des Indes orientales : on a cru que le diamant
» d'Orieni afiectoit plus pariiculiéreraent la forme de l'octaèdre, et
» celui du Brésil, celle du dodécaèdre; mais M. Haiiy ne regarde
» pas ces dillérences comme prouvées. C'est une opinion générale
» parmi les lapidaires, que les diamans du Brésil ont l'eau moins
» belle et la couleur brune foncée. Le roi de Portugal possède un
■» diamant de Brésil qui pèse iGb'u karals. Ce pays possède aussi de
» btlici topazes ».
29S BIBLIOTHÈQTJE DES VOYAGES.
seul, de la richesse du sol. Il s'en offre encore un indice
dans la hauteur el le superbe coloris des fleurs qui le
tapissent.
Ces bois peuplés d'oiseaux d'un brillant plumage, le
sont aussi de serpens, dont quelques-uns sont très-grands
el fort redoutables; mais leurs sifflemens néanmoins met-
tent sur leurs gardes ceux qui les entendent. Il est rare
d'ailleurs qu'ils attaquent l'homme lorsqu'ils ne sont pas
provoqués.
Cette forêt conduit dans la vallée de Tijouca, arrosée
par un ruisseau qui s'y précipite du haut d'un énorme
rocher de granit, et forme vine magnifique cascade.
Les plantations de Tijouca n'ont pas paru à M. Barrow
avoir besoin de beaucoup de travail. On y voit ci'oître ,
souvent pêle-mêle , el en partie spontanément, dans un
espace de vingt pas carrés, de l'indigo, du manioc , du
café, du cacao , des cannes à sucre, des bananiers, des
citroniers, des orangers. De ces riches productions, le
café et l'indigo sont les objets dont on s'occupe le plus
dans cette vallée. La vigne y croît parfaitement bien ; mais
on ne permet pas d'y faire du vin, parce qu'il nuiroifc
nécessairement à la vente de celui que le Portugal y
envoie.
La chaleur est excessive dans cette vallée, par l'effet
sans doute de son enfoncement et de la réverbération des
rayons du soleil qui frappent les montagnes ou partie des
roches dont elle est environnée. Lors de l'excursion qu'y
firent les Anglais, le thermomètre y monta à l'ombre,
vers les quatre heures après-midi, à quatre-vingt-huit
degrés de Farenheit.
Peu de villes ont un port aussi vasle el aussi sûr que
Rio-Janeiro , ou qui convienne mieux au commerce , et
dont les environs soient plus fertiles et plus riches. Les
Anglais observèrent que ce port avoit trois ou quatre milles
de large , et qu'en plusieurs endroits , l'œil ne pouvoit pas
mesurer sa profondeur. On y voit plusieurs îles, dans la
plus petite desquelles on a construit un fort. Quelques—
AMÉRIQUE. VOYAGi DANS L'AMER. MÉR. 299
«nés sont eiilièrement couvertes de verdure , d'autres le
sont de batteries et de maisons. Le rivage est embelli par
des villages, des ftrrmes et des plantations que séparent dea
ruisseaux, des chaînes de rochers, de petites baies sablon-
neuses ou des lisières de forais. Au-delà, s'élèvent en un
vaste amphilhéàtrç , des montagnes dont la forme est très-
variée , souvent bizarre , mais qui sont souvent couvertes
d'arbres jusqu'à leurs sommets.
C'est à quatre milles de l'entrée du port, du côté de
l'ouest , et sur une langue de terre très-avancée, qu'est
bâtie la ville de Saint -Sébastien , communément appelée
Rio-Janeiro. Derrière celte ville , l'on voit des plaines , des
rochers couverts de bosquets, des maisons, des couvens,
des églises. A l'extrémité de la pointe, du côté du port,
sont un couvent de bénédictins et un fort dominant la
ville. Vis-à-vis de celle pointe, est l'île des Serpens , où
l'on a établi des chanliers, des magasins , et tout ce qui
dépend de la marine. C'est autour de cette île que mouillent
ordinairement les vaisseaux qui ftéquentenl le port.
Depuis quelques années , dit sir Staunton , Rio-Janeirc>
s'est considérablement embellie. Les maisons sont en par-
lie bâties en granit. Les rues, en général , sont droites et
Lien pavées , avec des trottoirs de cliaque coté : quelques-
unes qui sont étroites, offrent l'avantage de l'ombre. Sous
un climat d'une excessive chaleur , les places sont ornées
de fontaines qui reçoivent l'eau d'un aqueduc à doubles
arches extrêmement long, qui, dans la partie où il tra-
verse la ville, en fait un des principaux ornemens. Ces
fontaines sont gardées par des soldats chargés de veiller à
la distribution de l'eau, qui sans doute est rare à Rio-
Janeiro, malgré le nom qu'on a donné à cette ville (i).
Cependant l'une cle ces fontaines fournit dans une quan-
tité suffisante de l'eau aux équipages des vaisseaux. En face
du palais du vice-roi, on a construit un grand quai en
granit; et Rio-Janeiro a été embelli par plusieurs prome-
(t) Rio, eu portugais, signifie rivière.
5oO BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
nades publiques. Les boutiques v sont remplies déloffes
de Maachesler el d'autres luarchan dises anglaises, même
de gravures qui viennent de Londies. En coniballant
l'opinion d'un négociant portugais qui prétendoit que la
prospérité du Portugal et de ses colonies tournoit près—
qu'entièrement au profit de l'Angleterre, sir Staunton
observe qu'il y a lieu de croire que ce profit a été réci-
proque, puisque tout annonce, du moins à Rio-Janeiro,
que le pays est dans l'état le plus florissant. Outre que la
plupart des maisons y sont vastes et propres au climat, les
magasins et les marchés sont remplis de marchandises. On
construit beaucoup d'édifices publics et particuliers, et les
ouvriers ne manquent pas de travail.
Rio-Janeiro passe pour être insalubre : on y voit rare-
ment des exemples de longévité ; mais c'est moins à l'in-
fluence du climat qu'il faut l'attribuer , qu'à des cir-
constances locales. Environnée de montagnes couvertes
d'épaisses forêts, dont les vapeurs retombent en forme de
brouillard ou de pluie très-menue, cette ville est privée de
lu circulation libre de l'air et exposée à des nuits humides,
l^récédées de jours brûlans. A cet inconvénient, il faut
ajouter celui du voisinage de plusieurs marais qu'il seroit
facile de dessécher ou de combler. De-là tant de fièvi-es
putrides et intermittentes qui exercent annuellement
leurs ravages , et j'eut - être aussi celte maladie cruelle
qu'on nomaiQ Elepliantiasis (i), qui a souvent affligé les
créoles blancs et nègres , et quelquefois même des Euro-
péens.
Si la vie est éminemment menacée par ces deux fléaux,
le repos des hommes sains n'est pas moins troublé par ùes
nuages de mousquites qu'entretiennentles eaux stagnantes,
(i) Ce virus, détiuisaiit les légumens de la peau, gonfle,
déforme et décolore toules les parlies qu'il allaque. Les jambes se
couvrent alors de rugosilés, grossissent éaorniéirient, el deviennenl
semblables à celles de l'uuimal colossal duul celle horrible maladie
u tiré son nom.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMiiR. MER. 5o t
cl par le fracas des voitures , qui , grâces à la mauvaise
consiruclion des roues , priveut les hahilans du repos, par-
ticulièrement dans la nuit. Le goût de toules les classes de
la société pour les plaisirs n'en esl pas plus éraoussé. Parmi
les amusemens que recherchent les deux sexes, on compte
l'opéra , la comédie , les mascarades, et la promenade dans
un jardin pu,blic Irès-varié , bien entretenu , et que sir
Staunton s'est plu à décrire. En voici la rapide esquisse.
Des gazons , des parterres , des fontaines, dont l'une figure
un rocher artificiel, des obélisques même mêlés avec des
arbustes à fleurs et de gx-ands et beaux arbres, décorent
ce superbe jardin , qu'embellit encore une grande ter-
rasse de granit qui règne le long de la mer , et aux extré-
mités de laquelle sont deux jolis pavillons , dont les pein-
tures représentent les diverses productions du Brésil. Outre
les difTérens spectacles qu'on a établis dans ce jardin pour
le divertissement du peuple , outre les concerts qui s'y font
entendre , on y a répandu des cabinets de verdure et de'
treillages , où les gens aisés aiment à souper. Ces repas sont
souvent accompagnés de musique et de feux d'artifices,
qui se prolongent fort avant dans les belles nuits du pays.
Les moines et les religieuses partagent le goût général
des habitans de Rio-Janeiro pour le plaisir. Les premiers,
qui ont trois couvens dans la ville , s'occupent fort peu de
leur destination primitive , c'est-à-dire de la conversion
des infidèles : ils en laissent le soin à des missionnaires ita-
liens, qui, par des exhortations et des présens, gagnent
quelques-uns des Indiens qui fréquentent la ville. Ces
nouveaux néophytes sont envoyés ensuite dans l'intérieur
du pays, pour y essayer de convertir leurs compatriotes.
Quant aux religieuses , rien n'est plus enjoué que leur con-
versation avec les étrangers qui vont les voir à la grille ;
(i) M. BarroAv , dans la partie de son Voyagea la Cocliincliine,
où il décrit Rio-Janeiro, eslime sa population à 60^000 /unes; et il
observe que, comme à Babia , on n'y trouve ni auberges, ni IiôleU
garnis , ni de traiteurs |)uur les étiaugcrs.
303 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
et aucune d'elfes ne paroit disposée à se livrer aux trisles
excès de la dévotion.
On ne peut pas dire, observe fort judicieusement sif
Staunlon , que les moines aient élé pervertis par les écrits
des philosophes , puisque ces écrits n'existent point dans
la langue du pays, et qu'il est bien peu de Portugais qui
connoissent un autre idiome que le leur. On ne compte,
dit-il, à Rio-Janeiro , que deux libraires, dont les bou-
tiques ne contiennent que des livres de médecine et de
dévotion. Il ajoute que le système religieux , qui , dans ce
pays, a maintenu son empire si long-temps et a\ec de
si heureux effets, peut être maintenant comparé à une
machine dont le ressort s'est relâché et s'est même usé à
force d'agir intérieurement. Jamais l'inquisition n'a été
établie au Brésil. Les cérémonies de la religion y sont
néanmoins pratiquées très - régulièrement , elles y sont
même fort multipliées. A toutes les heures du jour, les
cloches, et quelquefois des fusées, annoncent une solem—
riité religieuse; et après le coucher du soleil, les rues sont
remplies de processions. Chaque coin de ces rues est décoré
d'une image de la Vierge-Marie, et les passaus ne man-
quent jamais de lui rendre hommage.
De ce tableau des pratiques religieuses , sir Staunton
passe à celui des mœurs et des usages; mais il est très^
concis sur cet article.
A Rio-Janeiro, les hommes d'une classe inférieure
portent toujours le manteau. Ceux de la moyenne classe
et ceux d'un rang plus élevé ne paroissent jamais sans
épée. Les dames ont toujours la tête nue, et laissent flotter
leurs cheveux en longues tresses ornées de rubans et d©
fleurs. Plusieurs d'entre elles ont de beaux yeux noirs et
l'air fort vif. Elles assistent très- régulièrement , non-
seulement à la messe, mais à matines et à vêpres; et quand
elles ne sont pas à l'église, elles sont presque toujours
assises auprès de leurs fenêtres ou sur leurs balcons. Le
soir, où l'on ouvre portes et fenêtres pour laisser circuler
iiji air frais dans les maisons , elles s'amusent à loucher le
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMER. MÉR. 3o5
clavecin , ou à pincer la guilarre. Si un étranger alors
s'arrête à la porte pour écouler ces inslrumens, il voit
souvent le mari, le pève et le frère de celle qui fait de la
musique , s'avancer poliment vers lui, et l'inviter à entrer.
Souvent aussi les dames tiennent à la main des bouquets
de fleurs qu'elles échangent avec ceux des cavaliers qui
passent sous leui's fenêtres. Sir Staunlon fait ici une obser-
vation fâcheuse pour les dames de Rio-Janeiro et pour
leurs maris. « Ce n'éloit que dans les anciens temps, dit-il ,
j) que ces dames transgressoient rarement les loix de la
a pudeur; et il faut avouer que celles de nos jours donnent
j) souvent occasion de pai'ler de leur extrême prévenance.
5) Quelques-uns de leurs maris sont accusés d'avoir des
)) torts bien plus graves : ils ont , dit-on, en amour, des
» goûts dépravés et contre nature ».
Je ne suivrai point sir Staunton dans l'exposé très-
détaillé qu'il fait des observations de M. Barrow sur la
cochenille du Brésil. Je me borne à dire que les Brési-
liens emploient pour la fixation de l'insecte qui se place
sur les feuilles du nopal et qui produit la cochenille, une
méthode toute différente de celle des Mexicains; que le
jardin botanique de Rio-Janeiro n'en fournit pas chaque
année plus de trente livres ; qu'il en produiroit une quan-
tité décuple , si l'on savoit bien la ramasser ; qu'on en.
recueille aussi dans deux endroits adjacens au Capo-Frio ;
enfin qu'on encourage maintenant au Brésil la prépara-
tion de la cochenille , en perraeltant à tous particuliers de
s'en occuper, tandis que c'éloit autrefois un raonojjole de
la couronne.
Ce genre de manufacture n'est pas le seul qu'on ait
établi dans les environs de Rio-Janeiro. On en a formé un
très-important dans le port et vis-à-vis de la ville , et
pour lequel même on a accordé un privilège exclusif à uue
compagnie , qui donne au gouvernement le cinquième
de ses profils. Cette compagnie transporte en ce lieu, pour
la convertir en huile , la graisse des baleines noires, qu'on
ne preud plus^ comme autrefois, dans la baie, mais qu'au
5o4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES*
va pêcher dans des endroits où ces poissons sont moifig
troublés par l'approche des vaisseaux. Les os de haleine,
ou les cartilages des inâchou'es, sont aussi séparés et net-
toyés à Rio-Janeiro, avant d'être envoyés en Europe.
En s'élevant à des considéraiions plus générales sur la
colonie du Brésil, sir Staunton observe que ses diffé-
rentes provinces sont devenues riches et d'une grande
importance. Elles fabriquent depuis peu une grande partie
des choses les plus nécessaires à leur consommation. Leurs
T)roductionssont si considérables, que la balance du com-
merce commence à être en leur faveur ; et qu'indépen-
damment des marchandises qu'on leur fait jîasser d'Eu-
rope , on est obligé de leur envoyer de l'argent , pour payer
le surplus des déniées qu'elles fournissent (i).
Les agens de la mère-patrie perçoivent à Rio-Janeiro
douze pour cent sur la valeur des marchandises que Lis-
bonne et Oporto y font passer. Les principaux droits
qu'on paye à Lisbonne sur les productions venant du
Êrésil, sont , un pour cent sur le café ; dix pour cent sur
le sucre, le riz et les cuirs j douze pour cent sur l'indigo;
dix-sept pour cent sur les planches j quatre piastres fortes
sur chaque pipe de rhum contenant cent quatre-vingts gai-
Ions. Le gouvernement i éclame la propriété de tout le bois
communément appelé bois rouge ou bois du Brésil , ainsi
que du bois propre à la construction des grands vaisseaux.
Ilexigeaussi le cinquième de toutl'orqu'on tiredes mines;
et quand , par hasard, il se trouve quelque diamant dans
une mine d'or, la mine est fermée , et il n'est plus permis
de l'exploiter, parce que toutes les mines de diamans sont
censées appartenir a la couronne.
Pendant l'administralion du marquis de Pombal , les
colonies du Brésil furent délivrées de quelques monopoles
et des gênes qui les accabloient. Malgré cet adoucissement,
les habilans du Brésil se plaignent de ce que le gouver-
(i) Ou a vu, clans la celatiou de Lindley, que de son temps la
balance du cotnmerre éloi l encore eji faveur de Lisbonne. '
AMÉRIQUE. VOYAC. "DANS L'AMER. MlÎR. 5o5
liement cherche à empêcher, parmi eux , rélablisseiueut
des manufactures. Cependaul , comme ou l'a précédem-
ment vu, ils en ont déjà plusieurs ; et le changement qui
s'est opéré depuis peu dans les esprilsest tel, que quelques
nobles porlugais ne dédaignent pas de s'intéresser dans
ces manufactures. A celle occasion , sir Staunlon cile
l'exemple d'un homme de qualilé qui a établi une fabrique
où soixante esclaves sont employés à la préparation du riz.
Les colons du Brésil n'en accusent pas moins la métro-
pole d'être jalouse de leur prospéiité et de leur achemi-
nement au pouv^oir et à l'indépendance. Elle a essayé , en
effet, sous la domination actuelle, de les souineltre à des
réglemens odieux; mais, comme l'observe ingénieiise—
ment sir Staunton , il n'éloit plus temps : les habitans da
Brésil commençoient à se regarder coaime des en fans Irop
robustes pour être étouffés au berceau. Leur courage s'ac-
croît tous les jours sensiblement. Ils supportent impaliem-
ment le joug dont la métropole les accable. Il n'y a pas
long-temps qu'il se forma dans la province de Miuas-
Geraès , une conspiration qui pouvoit être 1res- redou-
table, puisqu'il y entra quelques-uns des principaux offi-
ciers du gouvernement, et même des ecclési ^htiques. Sir
Staunton rend raison de ces mouvemens par les considé-
rations suivantes. Les troupes que le Portugal envoie au
Brésil , retournent rarement en Europe. Les officiels civils
ïie sont jamais changés. Le vice-roi est le seul qui ne con-
serve son emploi que pendant un temps limité. Ainsi des
Jiommes destinés à passer leur vie dans ces contrées, quoi-
que nés Portugais, perdent bientôt l'affection^ qu'ils doi-
vent à leur première pairie , pour s'attacher à la nouvelle
et sont quelquefois tentés de sacrifier à leur intérêt per-
sonnel celui du gouvernement qui les emploie. Les pro-
jets des conspirateurs de Minas-Geraès furent assez (ôt
découvei'ts , pour qu'on pût les empêcher d'éclater. Il
fallut faire marcher dans l'imérieur de cetle province
une partie considérable des troupes qui éfoienl réijandues
.sur la côte. Cependant, par politique autant que par clé-
VI. T
3o6 El ELIOT flÈQUE DESVOYAGES.
mence, le gouvernement se borna à pnnir de mort un.
seul coupable ; le reste fut déporté dans les établissemens
portugais de la cote d'Afrique.
Les colons du Brésil ont une ai haute idée de l'impor-
tance de cette colonie, qu'ils pensent que la reine de Por-
tugal devroit transférer parmi eux le siège de son empire,
ou leur laisser suivre leur fortune, et se servir des moyen»
qu'ils tiennent de la nalui'e, sans vouloir arbitrairement
leur faire redouter sans cesse le poids d'un sceptre éloigné.
Le grand intérêt qu'ils prirent à la révolution française,
et le soin avec lequel ils s'informoient de ses j^rogrès ,
sembloient annoncer qu'ils pressentoientla possibilité d'eu
suivre bientôt l'exemple. Ce qui est beaucoup plus ex-
traordinaire, c'est que le projet de transporter au Brésil
le siège du gouvernement portugais, fut sur le point d'être
adopté par le marquis de Pombal (i) , lorsqn'en 1761, le»
Espagnols envahirent une partie du Portugal. On calcula
le nombre de vaisseaux qu'il falloit pour transporter, à
travers la mer Atlantique, la famille royale, les princi-
paux officiers de la cour et toute leur suite ; et l'on prit les
précautions nécessaires pour se procurer ces vaisseaux.
iMais le projet s'évanouit avec le danger qui l'avoit fait
ïiaîlre ; et l'on ne considéra plus le Bré.sil que comme une
colonie exclusivement destinée à enrichir la mère-patrie.
Pour achever de s'instruire sur la colonie du Brésil, il
faut recourir d'abord à la relation de Corréal , dont j'ai
donné la notice (cinquième Partie, section i) ; à celle de
Langsted, énoncée ( premièi'e Partie, section vui , ^. vu);
à l'extrait que Laet, dans son Nouveau Monde , dont j'ai
donné la notice ( cinquième Partie , section i ) nous a
procuré du voyage d'un Anglais nommé Knivet ,c[\ù avoit
résidé long-temps au Brésil. Ce voyageur compte jusqu'à
(i) Long-temps auparavant, comme le remarque Je tratlncleur
de larelalion de sirStaunlon en français, le même projet fui proposé
au 1.01 J«an iv, ^ui n'eut pas, dil-il, le «âge courage de l'txécut«r.
AMERIQUE. VOYAG. BANS L'AMF.R. MÉR. DOJ
douze nalions princi^iales appartenant proprement au
Brésil. La plus redoutable j^ar ses qualités physiques et
par une cruauté inouïe, est celle des Tapuyas , qui ren-
ferme à elle seule jusqu'à soixante et seize tribus dilFé-
rentes, portant divers noms, mais qui se rapprochent par
la même férocité. Ce peuple s'est rendu redoutable à loutt^
les nalions voisines, et donne même quelquefois de vio-
lentes inquiétudes aux Portugais.
Mais c'est sur-tout d-ans le Alémoire sur le Brésil, par
M. Malte-Brun , que j'ai précédemment indiqué, et qu'il
a rédigé d'après d'excellentes autorités , qu'on puisera
beaucoup de lumières sur la colonie du Brésil , particu-»
lièrement sur sa géographie physique, sa topographie, sa
température , sa géologie, sa minéralogie , sa botanique (i) ,
sa zoologie, son ornithologie, son ichthyologie , son ento-
mologie , etc.... Aux notions de Knivet sur les indigènes,
l'auteur en ajoute de très— curieuses sur les Onctacazas ,
tirées de l'ouvrage d'^cuna. Le Mémoire est terminé pau*
des considérations sur le commerce du Brésil, tirées du
Voyage de M. Barrow.
§. IV. Descriptions des pays arrosés par le Maragnon
ou la rivière des amazones , et du Paraguay^'
V^ojages faits dans ces contrées.
Les Lettres édifiantes renferment des renseignemen»
curieux sur ces contrées. Voici les relations qui leur sont
particulières.
Nouvelle Description cÎu grand royaume des
Amazones, par le P. Cliristophe d'Acufia: (en espa-
gnol) Nuevo Descuhriniievto delgran rio de las A ma-*
zones , por cl Pedro Christoval de Acufta. Madrid j
1641, in-4^
(1) Pour celle partie sur-tout, l'auteur du Mémoire a reçu d'ex-
eejiç^tes uoles de M. Corrca de Serra.
5o8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES."
Cet ouvrage, en espagnol, est rare même en Espagne:
il l'est beaucoup plus encore chez l'élranger. Le prix en
a varié en France, depuis 65 jusqu'à 24*^ livres. Pour s'as-
surer de l'intégrité de l'exemplaire, il faut consulter la
Bibliographie d^ De Bure (tome 11 de l'Histoire , pag. aG8
et 269).
La li-aduclion en a été faite en français, et a paru sous
le titre suivant :
Relation de la rivière des Amazones, traduite
de l'espagnol d'Acuha par Gomberville . Paris,
1682, 4 vol. in-i2.
On a inséré dans cette traduction , une dissertation
curieuse. L'une et l'autre ont élé réimprimées, mais la
relation par extrait seulemen! , à la suite du Voyage autour
du Monde, par Wood Rogers.
L'ouvrage d'Acuna est fort recherché et doit l'èlre :
il fait connoilre un vaste pays où les Européens n'ont pas
pu former, corame dans les autres parties de l'Amérique,
de grands élablissemens, et qui n'a guère été visité que par
les missionnaires espagnols et portugais, qui ont pénible-
ment rassemblé diverses peuplades d'indigènes. La partie
de ces pays qui comprend toutes les mi.ssions espagnoles,
a pris le nom de gouvernement de Maynas , et paroît
dépendre de la vice-rovaulé du Pérou; mais toule l'auto-
rité est réellement dans la main des missionnaires. Ce qu'on
y appelle villes, ne sont que de grosses bourgades peu-
plées de Sauvages et de diverses nalions : il en est de même
de ces parties du pays où se sont étendues les missions
porluc^aises. Cependant des possessions si précaires ont
plus d'une fois excité la jalousie des deux nations euro-
péennes ; et plus d'une fois il a lallu régler, par divers
traités, leurs hmites respectives.
Non-seulement la relation d'Acuna fait connoître létal
physique de l'immense contrée arrosée par le Maragnon
ou fleuve des Amazones , mais elle donne beaucoup de
lumières sur les nombreuses peuplades qui y sont éparses.
AMÉRIQUE. VOYAC. DANS L'AMÉR. MÉR. SoQ
Relation Iilsloriqv.e et géographique de la
grande rivière des Amazones dans l'Amérique , par
le comte de Payan , extraite de divers auteurs , et
traduite dans la meilleure forme , avec la carte de
cette rivière et de ses provinces. Paris , Besogne ,
i655,iu-8^
Celle relation est assez rare.
Le comte de Payan s'est beaucoup aidé de la relation
du P. d'Acuna.
Du Maragnon ou de la rivière des Amazones :
Histoire de sa découverte , de l'entrée dans le pays ,
et de la réduction à l'obéissance des nations répan-
dues sur les nombreuses montagnes et sur les bords
des grandes rivières de cette partie de l'Amérique ;
écrite par le P. Manuel Rodriguez : (en espagnol)
El Maragnon j las ^mazonas, Historia de los Descu-
briniientçs , entrfidafi j' reduccion de naciones , eii las
dilatadas inontanas y majores rios de la jimerica y
descritta por el Padre Manuel Rodriguez. Madrid,
i685, in-fol.
Celle rel ilion bien complète n'est pas commune. Pour
s'assurer qu'elle est telle, il fnul consuller la Bibliographie
de De Bure ( tome premier de l'Histoire , n°. 5655).
Relation de la grande rivière des Amazones
dans l'Amérique méridionale : (en anglais) ^ Rela-
tion of the great river of the Amazones into Soutli-
America. Londres, 1698, in-4''.
Annales historiques sur l'état actuel du Mara-
gnon, par Bernard Pereira de Berredo : (en portu-
gais) Annales historial de Maranhaon _, por Bemardo
Pereira de Berredo. Lisbonne , François Luiz, i ySg,
in-fol.
àlO EIBLIOThÈQUE DES VOYACÏ^S..
Relation abrégée d'un voyage laii dans rintc-
rleur de l'Amérique méridionale , depuis la côte de
ïa mer du l^ud jusqu'à celle du Brésil et de la
Guyane , en descendant la rivière des Amazones ;
avec une Lettre sur l'émeute populaire excitée à
Cuença au Pérou , contre les académiciens envoyés
pour mesurer la figure de la terre : par M. de la
[Cojtdamine } le tout enrichi d'une carte du Mara-
gnon ou de la rivière des Amazones , levée par lui-
ïnême , et d'ime planche représentant l'émeute.
Paris, Pissot, i'745 ; Maestricht, 1778, in-S*'.
Cette relation a été traduite ea anglais sous le litre
suivant :
fî A SUCCINCT ^BBIDGMENT of a voyage, made
in the inland parts of South-- Ameiica, Londres,
11747, in-8^
Elle Fa été en allemand sous le titre que voici :
NachUICHT von einer Picise în das innerste von
Siid-Amefîca. (Hanlburg. Magazin , 6. Band. pag.
5-70 et 227-288.)
— Elle Fa été en hollandais. Amsterdam , 1748 ,
in-8''.
En même temps que, dans celte relation, l'on admire
le courage infatigable avec lequel La Condamine s'enfonça
dans des régions désertes où l'on ne rencontre que quel-
ques liordeSj on y recueille des reuseignemens précieux
sur plusieurs parties d'une conti-ée immense, qiïi ne nous
éloit connue que par les récits des missionnaires. A ces
renseignemeus, La Condamine a ajouté des observaliou&
très-judicieuses sur les indigènes (i_).
(1) Oa retrouvera ici avec plaisir, l'appeiçu rapide et anîuii
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. ZlT
Ce voyageur , qu'on ne soupçonnera pas d'êlre trop
crédule, paroît convaincu qu'il a réellement existé dan»
celte contrée une nation d'Amazones , et que les récils des
premiers voyageurs , à cet égard , quoiqu'exagérés jjeul—
être, ne doivent pas être rangés dans la classe des ficlions»
La malheureuse condition des femmes sauvages en Amé-
rique, a dû faire naître , dit-il , chez quelques-unes d'elles
l'idée de se soustraire au joug de leurs tyrans , et de former
qu'a donné du Voyage de la Condamiiie 31. de Lille, dans son dis-
cours de récepliou à l'Académie.
« Je ne vous le peindrai point abaudonn-é au courant de c«
») fleuve inimenso (la rivière des Amazones) ; ici , lieurlanl confra
» des rocs escarpés; Jà , entraîné par des tourbillons d'eau; taiilôt
y> arrêté par une branche qui traverse son radeau, et suspendu sur
» les eaux qui décroissent à vue d'œil ; tantôt franchissant le fameux
» détroit du Pougo , où les eaux, plus rapides et plus profondes,
» roulant sous la voûte obscure et tortueuse de ces bords rappro-
»> chés , avec un mugissement entendu de plusieurs lieues, lan—
» cérent son radeau comme un traita travers les saillies des arbre*
j» et les pointes menaçantes des rochers.
5) Je ne vous le représenlerai point , après un trajet de cinq cents
«) lieues sur la rivière des Amazones , s'enfonçarit dans la rivière tl&
«Para, large de trois lieues , échouant contre un banc de vase,
» obligé d'attendre sept jours les grandes m.arées , remis à ilol par,
» une vague plus terrible que celle qui l'avoit fait échouer, el sauvé
» par où il devoit périr. Je ne vous peindrai point les lemjjèles-
» qu'il essuya , les nalions inconnues qu'il traversa, tous les dau-
» gcrs enfin menaçant ses jours, tandis que lui , tranquille observa--
5) leur, seul, au milieu de ces déserts , avec trois Indiens maître»
» de sa vie, tenoit tour à tour le baromèlre, la sonde et la. bous-
5) sole Les tableaux variés qu'oflVoienl à ses yeux les fleuves et
«.leurs bords; lu, des animaux inconnus; ici, des phinles non—
» velles; tantôt des peuples également bizarres dans leurs parures
y> et dans leurs mœurs, tantôt les débris de ces nations, jadis si
« florissantes, épars dans des déserts qui. furent des empires; tant
» d'objets nouveaux exposés en silence àsesyeuxdaus ces immenses-
i> solitudes, où la philosophie voyageoit pour la première fois, tout
» payoil up tribut à sa curiosité )>-»
I
5/2 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
im établissement séparé, comme on a vu les nègres de la
Jamaïque prendre et exécuter Ja résolution de se rendre
independans.
Quant à la relation de l'émeute qui eut lieu près de
Cuença , comme Thierry, dans son Voyage à Guaxaca ,
dont ; ai aonné la notice, a reçu de Don Ulloa des éclair-
cisscmens à ce sujet, ,1 en tire de Irès-pIausibles motifs de
regarder la relation de La Condamine comme fort sus-
pecte de partialité ou d'erreur,
JouRivAL d'un voyage à Ja rivière de la Plata
(dans le Paraguay) , par Laurent Bikker et Corneille
Hamskerk{en hollandais). Amsterdam, 1617, '^^H"-
r.ELATiON des insignes progrès de la Religion
chrétienne faits au Paraguay; province de l'Amé-
rique méridionale, et dans les vastes régions de
Guairal-d'Uruaig, nouvellement découvertes par
les Pères de la Compagnie de Jésus , es années
1626 et 1627, envoyée au R. P. Mutio Viteleschi,
général de la même Compagnie , par le R. P, Duran\
provincial en la province de Paraguay, et traduite
du latin en français par un Père de la même Com-
pagnie (le P. Jacques Le Marchand). Paris Cra-
moisi, i638, in-Ô". ' '
Celte relation, qui donne le dénombrement de ce qu'on
appeloit alors les Habitations, et qu'on a nommé depuis
les MisMons, formées dans le Paraguay, fait connoître
plusieurs peuplades de cette contrée, dont les mission-
naires décrivent assez bien les habitudes et les moeurs,
mais dont ils exagèrent, comme de couiume, les progrès
dans la connoissance et la pratique du christianisme/
MEMORIAL de Don Bernard de Cardenas, évéque
du Paraguay (en portugais). 1662, ïn-12.
Histoire de la proviace du Paraguay, par le
Amérique, voyac. dans l'am^r. mf.r. 5x3
P. -Nicolas Techo : ( en latiu ) Historia provinciaé
Paraguae Çautore P . Nicclao Techo). Leyde , lÔyS,
iu-fol.
La même, traduite eu anglais sous le titre suivant :
NiCOLAUS Techo's History of tlie province of
Paraguay , Tucunian , rio de la Plata , Parana ,
Guaira , and yli^orana^ translatcd froin the latin^
(luse'ié dans la Collection de Clmrchil , vol. vi ,
pag. 5-1 i6.)
Les insignes Missions de la Compagnie de
Je'sus en la province du Paraguay , par François
Xarqiies , avec figures : (en espagnol) Las insignes
Missiones de la CompafUa di Jesu en la provincia
de Paraguay ^ escrita por Francisco Marques. PaAi-,
pelunc, 1G87, iu-fol.
Voyage d Espagne au Paraguay, par Antoine
Sepp et Antoine Boehn: (en allemand) Sepp's und
Boelini s (udnt.^ Reishescliveihung aus Hispanien nach
Paraquariam. J^uremhevii, 1 696 ; Passau, i ôgSjin-S"*.
Le même, traduit en anglais sous le tilre suivant:
ANTHONY Sepp' S Account of a voyage from
Spain to Paraguesia. ( Inséré dans la Collection de
Churchil, vol. vu , pag. 669-675.)
Ce Voyage a été traduit en français sous le titre suivant:
Voyage et Description du Paraguay, des PP, An-
toine Sepp et Antoine Boehm , jésuites allemands,
publiés par Gabriel Sepp, frère d'Antoine Sepp.
lugolslad , Jean-André de La Haye , 1713, in-24.
Relation historique des Missions chez les In-
dlens Cliiquites de la province du Paraguay , par. le
P. Jean-Patrice Fernandez : (en espagnol) La Rela-
5l4 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
tion historial de las Missiones de los Indios que se
tlaman Chiquitos (en la provincia de Paraguay).
Madrid, 1726, iii-8°.
Celte relation a été traduite en latin sous le litre sui-
l^ant :
Relation historique des Missions apostoliques
de la Compagnie de Jésus chez les Chiquites , peu-
ples du Paraguay, par le P. Jean Fernandez , publiée
par Jérôme Hersan , et traduite en latiu par un
prêtre de la même Compagnie : (en latin) Fernan-
dez (P. Juan) Historica Relatio de apostolicis Mis-
sionibus Societatis Jesu apud Chiquitos , Paraguariae
populos j ad t/ypum promota per (Hier.) Hersan , et
Kn linguam latinam translata per aliuni ejusdem So-
cietatis sacerdotem. Augsbourg , 177^, in-4*^.
Description cliorographique des terres , ri-
vières , arbres , animaux , des provinces du Gran-
Chaco, de Galamber, et des rites et costumes des
nations barbares et infidelles qui Thabiteut, par le
P. Pierre Losano : (en espagnol) Descripcion coro-
grnjîca del terreno , rios , arholes y animales de las
provincias de Qran — Chaco , Galambar , y de los
ritos y costombres de las naciones barbaras e injî-
deles que la habitan , escrito por el Padre Pedro
Losano. Cordoue , 1752, iu-4^.
Cette Description est fort recherchée.
H1ST01R.E abrégée de l'Amérique espagnole ,avGe
la Description du Paraguay , recueillie principale-
ment des auteurs espagnols, par Camphel: (en an-
glais) Concise History of the Spanish America , with
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MIÎR. 5l5
a Description of Paraguay , collecled cliiejlj frovi
spanisli -writers . Londres, 174^7 in-8°.
Relation des Missions du Paraguay, traduite
de l'italien de Muratori , avec une carte géogra-
phique. Paris, Rondelet, 1764? in-12.
Celte relalion , l'ouvrage d'un écrivain éminemment
distingué dans le genre historique , mériteroit l'entière
confiance des lecteurs , si, de son propre aveu , il n'avoit
pas puisé dans des sources suspectes. Ce sont presque
exclusivement les relations des jésuites qui lui ont fourni
ses matériaux. A la vérité, il se procura quelques instruc-
tions dans les entretiens qu'à Bologne il eut l'occasion
d'avoir avec un vice-roi du Pérou : mais peut-un s'assurer
qu'elles fussent bien pures, lorsqu'on se rappelle la cir-
conspection avec laquelle les hommes les plus puissans en
Espagne et en Portugal se conduisoient à l'égard de la
redoutable société des Jésuites ? Aussi cette relalion , dans
laquelle on trouve d'ailleurs des notions curieuses sur le
Paraguay, est-elle souvent un panégyrique des mission-
naires jésuites, toutes les fois qu'il s'agit de leurs étatblisse—
mens. Muratori s'étoit expliqué avec plus de liberté sur
les cruautés des Espagnols dans le Nouveau-Monde : le
traducteur s'est permis d'étouffer ce cri de la vérité.
Histoire du Paraguay, par le P. Charlevoix ^
enrichie de cartes géographiques. Paris, Desaiut,
1766 , 3 vol. in-4°.
— La même, ibid. 6 vol. in-12.
La même, traduite en anglais sous le titre suivant:
HlSTORY of Paraguay y hy Charlevoix. Londres,
1760, 2 vol. in-8^.
A la tête de cette relation , la plus complète et la plus
satisfaisante, à quelques égards, que nous a5'ons sur te
Paraguay, l'auteur décrit le cours du fleuve qui a donné
le nom à celle vaste contrée. 11 fait l'énuméralion de ses
Ûl6 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
richesses , soit en métaux de diverses espèces , pierres pré-
cieuses et perles, soit en productions plus appropriées aux
TériJables besoins de l'homme , tels que le maïs , le manioc
et la patate. Celle espèce de grains, ces racines, suppléent^
dans le Paraguay , au froment qui y réussit assez mal. La
Vigne, au contraire, prospère en plusieurs endroits, et
donne des vins estimés. On y recueille aussi des fruits de
beaucoup d'espèces, du colon , du chanvre, du miel , da
la cire. TJn des pins importans objets de la culture, est
l'herbe dite du Paraguay ; c'est la feuille d'un arbre de l.i
grandeur d'un pommier nain , qui ne croît que dans les
fonds marécageux. Les Espagnols la regardent comme un
excellent préservatif contre tous les maux. On assure que
les ouvriers employés aux mines ne pourroient pas long-
temps en soutenir le travail , s'ils ne faisoient pas liabi-
luellemenl usage de cette feuille , qu'on prend en infusion
comme le thé. Il s'en fait un transport considérable dans
les autres parties de l'AmériqUe'espagnole : ce breuvage
enivre , et même hébéle ceux qui en usent avec excès.
De ces détails curieux, l'auteur passe à la description,
abrégée des animaux féroces, sauvages et domestiques,
des reptiles, des oiseaux, des poissons qu'on trouve dans
le Paraguay , et qui sonl communs à ce pays et aux autres
contrées de l'Amérique méridionale. Il à donné beaucoup
plus d'étendue à la narration , soit des guerres qu'ont sou-
tenues les Espagnols contre les indigènes , pour s'assarsc
la possession du pays, soit de la fondation, des cités de
l Assomption et de Buenos- Ayres , deux des plus belles
Tilles de l'Amérique espagnole.
Un objet plus iniéressant encore , est l'histoire de la
réunion que les jésuites étpient-parvenus à iah-e de plus
de cent mille Gwa^a^zs, la plus nonll)reuse peuplade :du
Paragua}"^, sous l'autorité preNque exclusive deleur société.
Après avoir obtenu du gouvernement espagnol la per-
mission d'armer ces Sauvages, iiaturellemenl doux et paci-
fiques , que ces infatigables et. a.rdens religieux exerçoient
eux-mêmes , chose singulière ! au maniement des armes et
Amérique, voyac. dans l'amér. mér. Si^
sux diverses évolutions militaires, ils avoient établi clans
CCS AJissioiiscrun nouveau genre , la coramunaulé de tra-
vaux et de biens.
Montesquieu a donné cTe grands éloges à cette institu-
tion extraordinaire , qui des forets , dit-il , retirant des
liomnits diApersés et dénués de tout, leur a procuré des
logeruens sains, une subsistance assurée, de bons vête-
Mens , et a ainsi réparé en grande jjarlie les dévastations
des Espagnols,
Raynal a rendu justice aux bonnes inleniions des mis-
sionnaires jésuites j et a vivement repoussé les imputa-
tions faites à leur société. 11 avoue néanmoins que lors de
sa dissolution, les jésuites ne furent pas regrettés par ce
même peuple qu'ils avoient soustrait aux calamités de 1^
vie sauvage. C'est (ju'ils avoient soumis les Guaranis à un
régime trop austère qui n'adnietloil , pour tout délasse-
ment , que les fêles de l'église romaine -, c'est qu'ils avoient
établi cbez eux une égalité trop rigoureuse qui étoulFoit
toute émulation ; c'est qu'ils en avoient fait, en wn mot
une espèce de société monastique, dont l'unique ressort
étoit l'obéissance la plus passive (i) : on conçoit aisément
que les vices de cette institution sont palliés dans l'ou-
vrage du P. Charlevoix , et qu'il n'en a présenté que îe
côté brillant.
Relation abrégée concernant la République
que les religieux Jésuites des provinces d'Espagne
et dePortugal ont établie dans les domaines d'outre-
mer de ces deux monarchies : (en portugais) Rélaçao-
ahbreviada da Republica que os Jesidtas das provins
cias de Portugal e Hespanha , estableçerao nos domi^
idos ultra marinos das duas monarchias . In-8°.
(i) l'our la plus légère faille,, les Guaranis, même aduilt-s
étoii'til soumis à ce lioitteux châliinent qu'en France les nouveaux
priiuipes (l'fcducaliou ne permellent plus d'infliger même aiiï
ciifaus.
5l8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
La même, sous le titre suivant:
RELATiO]>f abrégée, elc... et de la guerre qu'ils
ont excitée et soutenue contre les armées espa-
gnoles et portugaises , dressée sur les registres du
secrétaire des deux commissaires respectifs , prin-
cipaux plénipotentiaires des deux couronnes , et
sur d'autres pièces authentiques (en portugais et
€11 français), i vol. in-12.
Mémoire pour servir d'addition et d'éclaircisse-
ment à la Relation précédente. 1 vol. iu-12.
Histoire du Paraguay , par Jean de Escandon
et Nusdorfer j traduite de Manuscrits espagnols ;
suivie du procès criminel des Jésuites en Espagne :
( en allemand ) Juan de Escandoiis und Nusdorfers
G es chichte von Paraguay.^ us spanischen Handschrif-
tcji ûbersetzt nehst dein Criniinal-process ividcr die Je~
suiten in Spanien, Francfort et Lcipsic , 1769, in-8'*.
Description géographique, polllique et histo-
rique du royaume du Paraguay , fondé par les Jé-
suites, imprimée à Venise , et traduite en français
par Siégeron. Paris, 1769, iii-8*'.
Histoire du Paraguay sous les Jésuites, et de la
royauté qu'ils y ont exercée pendant un siècle et
demi, avec des détails Irès-intéressaus , etc.... par
Bcru'àrd 1 bannes de Eclieveri. Amsterdam, 1780,
2 vol. in-S''.
Histoire des Abipous , nation belliqueuse du
Paraguay , fusant usage du cheval , par Martin
Dohntzhojfcr : ( en latin ) Ilisioria de Abiponibus ,
equesiri bellicosaque Paraqueriae natione y autoi'&
Pobrilzhojfer. \Uenue çu Autriche , 1784, in-8*^.,
AMERlQtrE. VOYAC. BANS L'AMER. MÉR. ùig
Description de Buenos-Ayres. (fnscrée dans le
Monthly 3Iagasin , mars i8o2. Eile est tirée du
^iagero unîwcrsal. } '
On at(end la publication d'une description duParagnay,
par M. le clievalier Azara , l'auleur d'une Zoologie de
l'Amérique , très-estiniée , et dont les connoissances en
géographie sont aussi étendues que dans celles des diverse*
branches de l'hisloire naturelle. Indépendamment de ces
titres à la confiance des lecteurs, on peut dire qu'il en a
encore par sa résidence dans le pays même, puisqu'il
habit Buenos-Ayres.
§. V. Descriptions du Pérou et du Chili, J^oyases^
faits dans ces deux pays.
PÉROU.
Description de la terre neuve Ju Pérou, en
l'Inde occidentale , mise en français. Paris, 14805
Ubid. Vincent Serlemes, i545, in-8°.
Cet ouvrage est fort rare.
Partie PRE?,iiÈREde la Chronique du Pérou, où
il est traité de la démarcation de ses provinces,
avec leur description , par Pedro de Cioça : (en espa-
gnol) Pedro de Cioça , Parte primera de la Chro-'
jùca del Peru , que trata la demarcacion de sus pro-
vincias,y la descripcion délias. Seville, i555, in-fol.
Elle a été traduite en italien sous le litre suivant :
Histoire du Pérou , on il est traité du régime de
cette province , de ses villes et des rites et coutumes
des Indiens (Péruviens), par Pedro de Cioça de
Léo : (en italien) Cioça de Léo f^Pedro) Lstoria do<^e
si traita delt ordine dette pro^'incie e délie citlà e rili^
520 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
e costimn degli Indiani (Peruviani^. Vemse , lOD'J,'
:2 vol. in-8'\
Histoire de la découverte et de la conquête
du Pérou, en l'an iSaS, avec les objets d'histoire
naturelle qu'on y trouve , et ce qui s'en est ensuivi ,
par Augustin de Zarate : (en espagnol) Historia del
descuhriniieiito j conquisla del Peru , cou las cosas
jiaturales que alla se hallam., y los succesos que ha
avido , por Augustin de Zarate. Anvers , i555 ; ihid,
1595, in-8°.
— La même , Se ville, 1677, in-fol.
- — La même, publiée par François de Xeres.
Madrid, 1709^ in-fol.
La même, traduite en italien sous le litre suivant :
Histoire de la découverte et de la conquête du
Pérou , depuis l'origine jusqu'à la pacification de
ges provinces , traduite de l'espagnol en italien par*
Alphonse Ulloa : (en italien) Istoria dello scopri-
meulo e conquisla del Peru, dal principio fino alla
pacificatloue délie proviiicie , tradolta dalla liiigua
easligliana in italiana da Alphonso Ulloa. Venise,
i565,in-4''.
— La même, traduite en français, avec figures.
Amsterdam , 1 706 ; ihid. 1 7 1 8 ; Paris , 1 7 1 6 , a vol.
in-i2.
Quoique cette dernière tradnclion ait quelque mérite,
la difficulté que , de son propre aveu , le traducteur a
trouvée à l'exécuter, relativement sur- tout à donner
l'équivalent des titres et des dignités énoncés en l'ori^îinal ,
et à rendre même bien exactement les idées de l'auteur
espagnol , doit engager les amateurs à lira l'ouvrage dan»
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L*A3IKR. MER. 321
roiigijial, ou du moins dans la traduction en langue ita-
lienne, qui a beaucoup plus d'affinité que la nôtre avec la
langue espagnole.
Zarate ne s'est pas borné à la narration historique de la
découverte et de la conquête du Pérou ; il l'a fait précéder
d'un tableau de l'étal physique du pays, des moeurs de .ses
habilans , tant indigènes qu'Espagnols ; et d'un exposé
curieux des opinions religieuses et du culte des Péruviens.
La même observation s'applique en partie aux articles sui-
vans, qui, au premier apperçu et à leur titre, semblent
être des ouvrages purement historiques.
De la découverte du Pérou , et des événe-
mens qui s'y sont passés , par Apollonius Lei^i/uis :
(ea latin) Apollonii Levini de Peruvianae regionis
iiwentione et rébus in ea gestis. Anvers , i^ôy, iu-8°.
Histoire du Pérou, par Diégue Fernandez : (eu
espagnol ) La Historia del Petu , de Diego Fernan-
dez. Seville , i^ji, in-fol.
On a donné en italien la traduction de la partie de l'ou-
vrage qui roule sur les revenus que la cour d'Espagne lire
du Pérou : cette traduction a paru sous le titre suivant :
Relation concise des tributs qu'on lève sur les
Indiens du royaume du Pérou , par Fernandez :
f en italien ) Relazione brève del Fernandez , circa il
frutlo che si raccoglia cou gli Indiani del régna del
Fera. Milan, Pontius , i6i5 , in-8°.
Histoire du royaume du Pérou: (en hollandais)
Historié van Coninkrjk van Peru. Anvers, iSyS,
in-4«.
Relation abrégée du P. Diego Torrès , de la
Compagnie de Jésus , procureur au Pérou , concer-
nant les avantages qu'on recueille avec les Indiens
VI. ^
522 BIBLIOTHEQUE UES VOYAGES.
de ce rovaurae : (en italien) Belazione brève dcl
Diego Torrès , délia Compagnia di Qiesà , procura-
tore delPeru } circa il frutto cJie si raccoglia cou gli
Indiani di quel regno. Milan , Pontius , i6o5 , in-S".
Histoire générale du Pérou , écrite par 1 Inca
Garcilasso del Vega : (en espagnol) Historia gênerai
del Peruy escrita por el Inca Garcilasso delà f^ega.
Cordoue, i6o6,in-fol.
Cet ouvrage a élé réimprimé sous un autre titre que
voici :
Commentaires royaux sur l'origine des Incas
qui furent rois du Pérou, par Garcilasso delà p^ega :
(en espagnol) Commcntarios reaies del origen de las
Incas rejs que fueron del Peru, por Garcilasso delà
Vega. Première partie , Lisbonne, 1609; deuxième
partie, ibid. i6ig, 2 vol. in-fol.
Ces deux éditions, étant devenues fort rares, avoieiit
monté ù un prix exorbitant, qui a beaucoup diminué
depuis la réimpression de cet ouvrage, dont je vais donner
la notice : elles-^sont encore recherchées par quelques
amaleuis.
Comment JBlOS reaies que iratan del origine de
los Incas reyes del Peru , por el inca Garcilasso delà
Vega. Deuxième édition, Madrid, 1725, 2 vol.
in-fol.
Il paroît que l'éditeur n'a connu que l'une des deux
anciennes éditions dont je viens de donner la notice.
L'ouvrage de Garcilasso delà Vega a été traduit en fran-
çais sous le litre suivant :
Histoire des Incas du Pérou, avec une descrip-
tion des fruits , plantes , animaux , etc. . . . avec
.\Mr.aiQUE. VOYAC. DANS r/,\MKR. MÉR. ^20
figures; Iraduile de l'espagiiol de Garcilasso delà
Ve^a par Baudouin. Paris , iGaB ; iljid. i658, 2 vol.
Le style de celle traduclion ayant vieilli, les libraires de
Hollande la firent retoucher, et jinblièrenl trois nou-
velles éditions de celte traduction lui peu rajeunie : les
deux premières ont paru sous les litres suivans :
Histoire des Ineas du Pérou, etc Amster-
dam, 1705 ; ibid. 1706, 4 vol. in-i2.
La troisième, faite à bien ])lus grands frais, est inti-
tulée : ; ! ;.,
Histoire des Incas , rois du P('rod, depuis le
premier inca Mancocapac , fils du Soleil , jusqu'à
Atahualpà, dernier inca , où l'on yoîî leur établisse-
ment, leur relii^iou ,. leurs loix, leurs conquêtes,
les merveilles du temple du Soleil , et l'état de ce
grand empire avant que les Espagnols s'en ren-
dissent maîtres ; traduite de l'espagnol de Garci-
lasso delà Vega .• ou y a joint l'Histoire de U cou-
quête de la Floride , par le njêiue auteur , traduite
par Rousseler , avec la nouvelle découverte d'un
pays plus grand que l'Europe situé dans l'Amé-
rique , par le P. Hemiepin : le tout enmcîii de figures
gravées par (eu Bernard Picai^d le Romain. Amster-
dam, Frédéric Bernard, 1737, -2 vol. in-4''.
Celle édition, tant pour l'exéciilioti lypogràphique que p»ur les
gravures , est fuit rerlierchée.
La relation de Garcilasso delà Vega est tr^s-précieuse
comme le seul renseignement qui nous reste sur la religion.
le gouvernement , les loix , les moeurs, les usages des Péru-
viens. C'est un descendant de leurs pr.ncjs qui a soitrueu-
sement recueilli ce que pouvoient en avoir conservé le»
2
524 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
débris informes de quelques monumens, et une tradition
sans doute tin peu altérée. Le tableau qu'il a tracé des
différentes productions du Pérou n'a pas, à beaucoup près,
le même mérite, mais n'en est pas non plus tout-à-fait
dénué.
Le style de l'ouvrage original a toute l'enflure commune
aux écrivains espagnols du siècle où il a écrit. Ce défaut
n'existe pas dans la traduction , mais il est remplacé par
un vice tout-à-fait contraire, par la sécheresse et la plati-
tude de la diction qui n'a pas, à beaucoup près, disparu
dans les nouvelles éditions, malgré toutes les relouclie»
qu'on a faites à la traduction de Baudouin.
Le pays dont le P. Hennepin fit la découverte, et dont
il donne un léger apperçu , est situé entre le Nouveau-
Mexique et la mer Glaciale : c'est un vaste champ qui reste
encore à parcourir pour ceux qui sont enflammés de la
louable ardeur des découvertes.
Cet ouvrage a été traduit au.'«si en anglais sous le titre
suivant :
CoMMENTAiRK Toyal du Pérou , en deux parties,
enrichi de gravures, écrit dans roriginal espagnol
par Garcilasso delà Vega , et traduit en anglais par
sir Paul Ricault : (en anglais) The royal Commeji'^
taries of Peru , in two parts , illustrated with sculp-
tures ^ written originalîj in spanish by Juan Gar-
cilasso delà p^ega , and translated into english by
sir Paul Ricault. Londres , Flécher , 1688, in-fol.
Journal du voyage à Rio de la Plata, par Lau-
rent Bicker (en hollandais). Amsterdam, 1608,
in-8°.
Relation des voyages dans la rivière de la Plala,
et de-là aux terres du Pérou , par ^rcarelta de Bis-
cale. Paris, i633 , in-fol.
AMÉRIQUE. \OYAG. DANS L'AMÉR. MER. 32,5
Cette relation a été traduite en anglais , et a paru sous le
titre suivant :
AcATiETTA DE Biscaye's Voyage on tlie river
de la Plata , and then by land to Peru. Londres ,
1698,111-8°.
Relation d'un voyage à Lima, par Ribadeneyra :
(en espagnol) Relacion del viage de Lima , del Riba-
deneyra. Madrid, 1657, in-4°.
Relation du voyage de S'*'*'*" à la rivière de la
Plata au Pérou. Paris, Clousier, 1672 , in- 12.
Dix-sept aimées de voyages dans le royaume de
Pérou , avec planches : (en anglais) Seventeen years
travels through the kingdom of Peru. ï^ondreSyijoOj
in-4°.
Relation du voyage de la mer du Sud aux côtes
du Pérou et du Chili , fait pendant les années 1 7 12,
1713 et 1714, par M. Frezier , ingénieur du Roi,
avec une réponse aux observations du P. Feuillée
sur celte relation ; enrichie de beaucoup de figures
en taille-douce. Paris, 1716; ibid. Kyon , 1732,
in-4°.
La même, traduite en anglais, avec des augmentations,
sous le titre suivant :
Voyage à la mer du Sud, le long des côtes du
Chili et du Pérou, dans les années 171 2, 1715 ,
1714 , qui donne une connoissance exacte du génie
et de la constitution des habitans , tant nalit's du
pays qu'Espagnols , de leurs mœurs et usages , de
l'histoire naturelle de ces contrées , des mines , des
marchandises et du commerce avec l'Europe , par
M. Frezier, orné de 07 figures de la cÔ!e, des ports.
SaG 151 BU O THÈQU E DES VOYAGES.
villes^ plantes el autres curiosités, exécutées d'après
les ^'ravures originales insérées dans l'édition de
Paris, avec un postscriptum d'Edmond Z^t///e y, pro-
fesseur de géométrie en l'universilé d'Oxford, et
un détail sur l'établissement, le commerce et les
richesses des Jésuites au Paraguay : ( en anglais )
A. f^ojage to the South-Sea and long the coast Chili
andPeru , in the y cars J/J2, i^l3 and iyi4: , parti-
culailj describing' the gênions and constitution of
inhahilants , as -west Indians and Spaniers ; their
custonis and manners ; their natui'ul histojy , viines ,
comodilies y tiafik with Europa , etc bj 31. Fre-
zier , engineer ordinarj to the French King , illus-
trated with 3y coppercuts , of the coast , habours ,
cities j plants , and other curiosities , printed froni
the author original plates inserted in Pans édition.
JVith a Postscriptum bj Edmond Hullej , professor
of geometrj in the universitj of Oxford , and an
account of the settlement , commerce and richess of
the Jésuites in Paraguay. Londres , Jouas Bowier,
1717, in-/,°.
Quoique la mission qu'avoit donnée à Frezier la cour
de Verbailles , fût bornée à l'examen des colonies du Pérou
et du Chili, relativement aux moyens de défense qu'il
falloit s'y ménager contre les invasions de l'ennemi , les
observations de cet écrivain se sont étendues à beaucoup
d'autres objets. En décrivant les mines du Pérou, il a
observé que les mines d'or étoient devenues assez rares,
sur-tout vers le sud ; que celles d'argent, plus mullipliées ,
ne donnoient plus que fort peu de minerai, et d'ailleurs
éloifnl d'une exploitation très-coûteuse, à cause de leur
extrême profondeur : il a remarqué aussi les funestes
eflels des exhalaisons des minières et la stérilité du pays ciù
AMERIQUE. VOYAG. DANS L'AMlÎR. MÉR. 027
se trouvent les mines. Enfin il a déci'il la manière de tirer
dt's mines d'argent, et les procédés qu'on emploie pour
opérer le départ.
A la description de la ville et du port de Callao, dont il
détaille le commerce immense , à celle de la ville de Lima,
dont il énumère toutes les richesses, Frezier fait succéder
tine digression sur les tremblemens de terre qui, depuis
qu'il a écrit, occasionnèrent, en ly^iS, le submergeaient
de Callao et la destruction presque entière de la ville de
Lima.
Ce voyageur explique très-bien pourquoi il ne pleut
jamais dans cette partie du Pérou; et il indique les causes
de l'extrême diversité des saisons dans la plaine ou dans les
Cordilières. Les animaux proj^res au Pérou, tels que les
lamas, les guananos et autres, ont été aussi l'objet de ses
observations : il les a étendues ensuite à la forme du gou-
vernement, aux forces de terre et de mer, aux divers
établissemens piiblics, aux moeurs des Espagnols créoles et
à celles des Péruviens, à leurs pratiques superstitieuses,
enfin à Tempire des jirêfres et des moines sur les naturels
du paj's principalement. 11 a donné aussi un détail curieux
des diveilissemens du pays, tels que les combats de tau-
reaux, les spectacles, les danses , etc.... L'extrême indo-
lence des femmes du Pérou , la grande liberté don! elles y
jouissent, malgré la jalousie propre aux Espagnols, for-
ment les dei'niers traits du tableau.
La description qu'il a faite du Chili est du plus grand
intérêt; soit parce que dans ses vallées ce jiays est d'une
telle fertilité que toutes les piod actions de l'Ancien et (\\x
ÏNlouveau-Monde y prospèrent, soit parce que dans les
montagnes et quelques-mies même des plaines, il se lrou\e
plusieurs nations qui ont su défendre opiniâtrement leur
liberté contre les Espagnols,
A l'extraordinaire fertilité du Chili daiîs ses vallées, se
joint l'avantage plus ou moins réel de receler do riches
mines d'or dans ses montagnes, si connues sous le nom
de Cordilières ou d'Andes, qui le liaverseni prt'jque enliè-
SaS BTBLTOTHFQUE DES VOYAGES,
renient. Peul-èUe peui-on allribuer le peu de population
d'un si bon paj's à l'exploitation de ces mines, dont le
inélal passe pour le plus pur de l'Amérique. Il n'y a guère
au Chili de véritablement dignes du nom de villes, que
San-Jago, Impériale, la Conception et Baldivia , dont les
trois dernières ont de beaux ports. Les autres qu'on décore
de ce nom, ne sont^ à proprement parler, que des villages
fort éloignés les uns des autres, comme toutes les habita-
tions du pays.
Voyage de Marseille à Lima et dans d'autres
parties des Indes occidentales, parD*'*'* {^Duret)^
avec figures. Paris , Coignard , 1720 , iu 12.
Le voyageur s'est principalement étendu sur le Pérou
dans sa relation.
Abrégé historique de la province et du port de
Gnyaquil (au Pérou) , par Denis Alcedo de Herrera :
(en espagnol) Alcedo de Herrera (^Djoit) Conipendio
historial delà prowincia y piierto do Guyaquil. Ma-
drid , 1741J in- 8".
La figure de la Terre déterminée par les obser-
vations de MlM. Bouguer et de la Condamine , de
l'Académie des sciences, envoyés, par ordre du
Koi , au Pérou , pour observer aux environs de
l'équateur ; a^^ec une Relation abrégée de ce voyage ,
qui contient la description du pays dans lequel les
opérations ont été faites. Paris , Jombert , 1 749 ,
in-4".
Dans cette relation abrégée du voyage au Pérou, M. Bou-
guer a fait une rapide, mais excellente description de ce
pays, et dans laquelle mêineil se trouve des observations
qui ont échappé à Frezier,à La Condamine, à Don Ulloa.
II a remarqué j par exemple, que les villages même les
plus anciens du Pérou, sont éloignés les uns des autres
a:wériquf.. voyac. dans l'amér. mer. 029
de dix à douze lieues; el il en conclut judicieusement que
dans sa pins grande splendeiu-, ce royaume ne doit pas
avoir élé fort peuplé. Il a observé aussi que la montagne
qui conlenoit les anciennes mines d'émeraude est encore
connue, et il en assigne la position à cinq lieues delà mer
du côté méridional de la rivière des Emeraudes, au milieu
d'épaisses forets : les nouvelles mines d'émeraudes, qui sont
assez nombreuses, ont lait négliger les anciennes.
Journal du Voyage fait à l'équateur , servant
d'introduction à la mesure du méridien , suivi de
l'histoire des pyrai^^des de Quito , et enrichi do
deux cartes géographiques et de plusieurs planches;
par M. de la Condamiiie. Paris , édition du Louvre ,
Cet inléres-ant Journal ne donne pas seulement l'expose
des préparatifs et des travaux de La Condamine et de ses
savans collaborateurs, pendant le cours de près de deux
années, pour jjarvenir à mesurer les trois premiers degrés
du méridien : il offre encore un plan très-curieux de la
ville de Quito, capitale du Haut-Pérou ,el l'élévation du sol
de celte cité. On ne voit pas, sans étonnement, une ville
située dans le ))lat pays, el l'immense plaine qui l'envi-
ronne, s'élever, dans leur moyenne hauteur, de quinze a
seize cents toises au-dessus du niveau de la mer : mais la
surprise redouble encore , lorsqu'on considère que ce pla-
teau si élevé sert de base à ces Andes ou Coidilières, dont
plusieurs ont le double d'élévation , et dont la plus haute.
le Chimboraço , s'élève de près de trois mille deux cents
toises au-dessus du niveau de la mer, et par conséquent
sui-passe de plus d'un tiers en élévation le Mont-Blanc, le
IVIon t- Pei du , le pic deTénériflé , les montagnes reconnues
les plus hautes de l'ancien continent. Cette immense chaîne
de montagnes, renferme dans son sein plusieurs volcans,
dont les éruptions occasionnent de fréquens trembleineiis
de terre dans ces contrées.
0.:>0 JJIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Ou lit avec le plus vif intérêt, clans ce Journal, la nar-
ration des obstacles contre lesquels les académiciens eurent
a lutter dans le cours de leurs opérations astronomiques,
soit par la difficulté du local, soit par la superstitieuse
ignorcince des habitans, qui les regardoient comme des
magiciens.
Relation historique du voyage fait dans l'Ame'-
nque méridionale, de l'ordre de Sa Majesté , pour
mesurer quelques degrés d^un méridien terrestre ,
afin de parvenir à mesurer la véritable figure et la
.grandeur de la terre , avec Vautres observations
astronomiques et physiques ; par Don George Juan,
commandeur de AHiaga, de l'ordre de Saint-Jean ,
associé correspondant de l'Académie royale des
sciences de Paris ; et Antoine de Ulloa, de l'aca-
démie des sciences de Londres, tous deux com-
mandant de frégates de la marine royale : enrichie
de quarante-sept figures : (en espagnol) Relacion
hutorica del 'viage hecho de orden de Su^Majestad
para medir algunos grados del meridiano terrestre,
J 'Venir por ellos en conocimiento de la verdadera
fgura y maguùud délia tierra , con otras ohserva-
ciones astrouomicas y physicas ; por D. George Juan
commendadordeMliaga, en del orden de S. Juan,
socio correspondente de la real Academia de scien-
cias de Paris; j Antonio de Ulloa de la real M a-
demia de sciencias de Londres, amhos capitanes de
Jregata de la real armada, Madrid, 1748 et 17/0
2 vol. in-8^ '^'
Celte lelaiion a été traduite en français sous le titre sui-
vant :
Voyage historique de l'Amérique méridionale,
amériquf. voyag. dans l'amér. MÉR. 55 1
fait par ordre du roi d'Espagne, par Don Geor^'cs
Juan et Don Antoine de TJlloa; ouvrage traduit de
l'espagnol et enrichi de figures ,* cartes et plans
nécessaires : il contient aussi une histoire des Incas
du Pérou , et des observations astronomiques et
physiques, faites pour déterminer la figure et la
grandeur de la terre ; également traduites de l'es-
j)agnol par Dnmanvillou. Amsterdam et Leipsic ,
1762 , 2 vol. in-4".
Une partie des planches de celle Iradnclion aélé dessinée
par Bernard Picard.
— Le nicme, Paris, I752, 2 vol. in-4*'-
CeUe édition de Paris est moins estimée que celle de
Hollande.
— Lie méjue , traduit en anglais , par Adams.
Londres, lySS; ibid, lyyS, 1 vol. iu-8''.
On y a omis plusieurs tables d'un grand intérêt, et les
planches en sont misérablement tronquées.
— Le même, en hollandais. ln-4°.
Cette relation, qui roule, pour la plus grande partie,
sur ie Pérou et le Chili, a été principalement rédigée par
Don Ulloa, l'un des liomnies les plus éclaiiés qui aient
honoié la nation espagnole, et auquel nous devons deux
autres ouvrages d'un grand mérite (i). La relation s'étend
encore à la province de Carihagène, à Porto-Bello, à
l'isthme et à la ville de Panama, sur lesquels, comme on a
pu le voir, nous n'avions guère que des relations de mis-
sionnaires. Cette partie de 1 ouvrage est aussi instructive,
aussi intéressante que l'antre.
Après avoir exposé tous les avantages que la baie de
(1) 1'-'. Mémoires hisloiiques et p<jlili(juv.^s sur l'j^niériqije méri-
dionale, dont j'ai donné la noiice. 2°. Rétablissenienl dn coiii-
merre et dco mannfaclures d'Espagne, ti'aduit en français; Paris,
i7r)5, in- 12.
352 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Carthagène, par sa vaste étendue , et la sérénité du temps
qui règne en toute saison , offre au commerce; aprèsavoir
tracé le tableau des diverses castes d'habilans fort mêlés et
de moeurs très-corrompues qui peuplent Carthagène et ses
enviions. Don UUoa donne un détail effrayant des mala-
dies propres à ce climat meurtrier. Les unes attaquent et
font périr en peu de jours les Européens nouvellement
arrivés; les autres , telle qu'une lèpre de la plus dange-
reuse espèce , affectent les habitans du pays, La nature a
semé ces germes de mort dans un territoire très -fertile,
dans une contrée de l'aspect le plus riant. Ce contraste
s observe également dans les animaux qui la peuplent. Le
bélail y est Irès-multiplié, la chair des cochons y est Irès-
délicafe, la volaille et le gibier y sont excellons; mais il
faut s'y défendre de<5 tigres et des léopards qui sont très-
nombreux; mais d'affreux reptiles et les plus dangereuses
espèces de scorpions et de serpens, des insectes venimeux,
tels que les araignées, les cenl-pieds, les piques, infestent
toutes les campagnes.
L'insalubrité de l'air est bien plus remarquable encore
à Porto-Bello qu'à Carthagène , et elle n'y est pas balancée,
comme dans celte dernière ville, par la feitilité du sol et
l'heureuse température du climat. Les chaleurs sont exces-
sives à Porto-Bello ; les orages y sont effrayans , parce que
la ville est toute entourée de montagnes. Les torrens de
pluie qu'y versent ces orages, y amènent l'humidité la
plus malfaisante. La plus grande j^artie des équipages des
vaisseaux qui y abordent, est rapidement moissonnée.
Comme le territoire est stérile, les vivres y sont rares et
chers. On y est plus tourmenté encore par les insectes qu'à
Carthagène; et l'humidité du sol y multiplie les crapauds
à un excès presque incroyable; mais la beauté du port,
dont la ville a reçu son nom , et l'immense commerce qui
s'y fait au temps de la foire j font presque oublier alors des
inconvéniens si graves. Tant que la foire dure, la ville est
jirodigieusement peuplée : le reste de l'année, c'est presque
\xn désert.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMER. MER. 553
Ce fut en remontant la rivière du Chagre , qui traverse
l'istlirae de Panama , que le voyageur arriva dans ia ville
du même nom^ capitale du royaume de Terre-Ferme.
Depuis un incendie qui la réduisit en cendres , on a
reconstruit en pierre toutes les maisons qui n'éloienl bâties
qu'en bois. Elle est toute entourée de murailles; les rues
sont droites et bien pavées : on y a établi une juridiction
suprême avec le titre d'Audience royale, dont le président
est en même temps gouverneur de la ville et capitaine
général du royaume. Le climat a beaucoup d'analogie avec
celui de Carthagène ; mais les habitans sont plus actifs ,
plus industrieux , plus rusés que ceux de cette dernière
ville : l'agriculture y est beaucoup plus négligée ; la grande
ressource du pays est le commerce. C'est p.ir cette voie
qu'on se procure en abondance tout ce qui est nécessaire à
la vie. Une richesse particulière aux parages de cette con-
trée, c'est la pêche qu'on y fait des perles de Ja plus belle
eau ; les requins font essuyer de grands dangers aux
pêcheurs.
En sortant de la Terre-Ferme , le premier établissement
considérable qu'offre le Pérou , c'est le corrégiraent de
Guyaquil , dont la capitale et le fleuve portent le même
nom. Ulloa évalue la population de la ville à vingt raille
âmes, parmi lesquelles on compte beaucoup d'Européens
quelesagrémens delà vie et la politesse des moeurs engagent
à s'y établir. Le plus grand nombre deshabitans, comme
dans les villes de la Terre-Ferme, est composé de diverses
castes. Ulloa observe que ces habitaus n'ont pas le teint
olivâtre, ainsi que dans les autres parties du Pérou. La
chaleur y est plus forte qu'elle ne Test même à Cartha-
gène ; et l'hiver n'y est marqué que par de violens orages et
des pluies abondantes et continues; elles donnent naissance
à des nuées d'insectes qui tourmentent plus les habitans
que dans aucune autre contrée de l'Amérique méridionale:
ils ont aussi à se garantir d'une multitude de coideuvres .
de vipères, de scorpions, de mille-pieds, qui se glissent
dans les maisons et dans les lit.". A ces fléaux, qui rendent
^S\ BIBLIOTHlÈQUE DES VOYAGES.
le séjour de ce pays insupportable sur-tout pour les étran-
gers (i), se joint celui d'une quantité incroyable de rats qui
infestentles maisons. L'excessive Immidité du pays pendant
l'hiver, à laquelle le voyageur au roi t peut-être pu rapporier
la blancheur du teint des ha bit ans, est le germe de lièvres
inlermillentes de toute espèce; pour les guérir , les babitans
répugnent à faire usage du quinquina, dont ils estiment la
qualité trop chaude. Les vapeurs qui s'élèvent du sol
inondé, y rendent aussi fort communes les itialâdies des
yeux, qui souventamènenl descataractes et la cécilé : enfin
des vaisseaux ont apporté à Guyaquil une maladie cruelle
que l'anleur désigne sous le nom de vomito-pristo , qui y
est devenue presque endémique.
Un commerce assez étendu qui se fait à Guyaquil, entre
le Pérou, la Terre-Ferme et les côtes de la Nouvelle-
Espagne , balance un peu tant d'inconvéniens. Néanmoins
il s'y élève rarement de grandes fortunes; mais c'est patrie
commerce que les habiians se procurent une a;sez grande
quantité d'objets qui leur manquent , soit pour les premiers
besoins, soit pour les commodités de la vie. Le cacaotier
est très-commun dans tout le district de Guyaquil.
C'est à l'extrême élévation du pays de Quito , sur laquelle
Condamine nous a donné des notions si lumineuses,
qu'Ulloa , commele voyageur français, attribue l'Jieureuse
température qui rendroit ce pays Tune des plus délicieuses
conli'ées du monde , par le printemps continuel dont on y
jouit, si cet avantage nétoit pas balancé par les divers
inconvéniens que La Condamine a relevés, et qu'Ulloa ne
dissimule pas plusque lui. Ces inconvéniens sont de grosses
(i) Ceci paroi! coiiUedire ce que dit le voyageur du grand
nombre d'Espagnols qui viennent se fixer à Guyaquil : mais il
faut croire que les graves inconvéniens qu'il relève ici, ne sont
pas les mêmes à la ville que Jans les campagnes: d'ailleurs UUoa ,
relativement aux habitans de celles-ci, presque tous d'origine
péruvienne^ observe que l'habitude rend presque nulle, pour leâ
naturels du j>ays^ l'impression de tant d'incommodités fâcheuses.
AMERIQUE. VOYAG. BANS L'AMER. MER. 5'^^
pluies continues qui tombent au pays de Qnito, snr-toiit
tîans la saison de l'hiver; les orages effray.ins cju'oii y
éprouve , les tremblemens de terre qui s'y font sentir pres-
que toujours inopinément. Au milieu de ces fléaux, on a
du moins l'avantage de n'être point tourmenté par les
insectes et de n'avoir point à redouter les animaux veni-
meux (i). Mais c'est évidemment aux pluies coulinues,
aux fréquens orages qu'il faut attribuer les fièvres malignes
et les pleurésies dont le pays de Quito est fréquemment
affligé. Une maladie particulière à ce pays est le vicho ; c'est
une gangrène qui attaque l'intestin rectum. Le mal vénérien
y est très-commun, et se propage même chez les enfans ;
quoique la cure en soit toujours négligée, beaucoup d'in-
dividus qui en sont attaqués poussent leur carrière jusqu'à
soixante et dix ans.
La ville de Quito, qui prend son nom de celui du pays ,
a une population de soixante mille âmes. On y remarque
le même mélange de races que dans les autres villes dont
le voyageur a parlé. Les Espagnols, sans aucun mélange
de sang étranger, forment à peine le sixième des habilanj!.
Ceux de celte nation, soit qu'ils soient créoles, soit qu'ils
soient nés en Europe , sontbien faits, bien ])roporlionnés:
les métis possèdent le même avantage. Les descendans des
Péruviens sont bien fait;; aussi, mr-is petits et trapus. Parmi
les Espagnols, le nombre des femmes surpasse beaucoup
celui des hommes , ce qui ne peut s'attribuer qu'aux'
débauches auxquelles se livrent de bonne heure les jeuneis
gens. Ils doivent ce penchant funeste à la molle éducation
qu'ils reçoivent de leurs mères , qui , dans ce pays , comme
dans toutes les autres parties de l'Amérique espagnole , sont
d'une extrême douceur et passionnées pour leur.s enfans:
à ce caractère, elles joignent tous les agrémens extérieurs.
L'ivrognerie , la fureur du jeu , le penchant au vol, sont
(l) Sans doute qne l'élévalion du sol empêche l'eau des plnics
de rester stagnante, d'engendrer des in sec tes , et de favoriser la
multiplicalioa des animaux venimeux.
356 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES*
les vices dominans du pays, sur-toul dans la dernière classe
du peuple. Le principe de ces vices est le désoeuvrement
qu'entretient l'extrême fertilité du pays. Son heureuse
température y fait croître dans une extrême abondance les
meilleures espèces de grains et de fruits : parmi ces der-
niers, on distingue le chirimoya, le meilleur fruit, suivant
Ulloa, qu'on connoisse, non-seulement dans l'Amérique
et aux Indes, mais même dans l'ancien continent (i).
Toutes les viandes, au pays de Quito, sont d'une qualité
comparable à celle des meilleui'es de l'Europe.
Cette province exporte pour Lima, des toiles de colon
blanches et i'ayées,des drajDs, desbayètes, le tout fabriqué
dans le pays : on y importe en retour des vins , des eaux-
de-vie, des huiles et divers métaux. L'indigo, dont il se
fait une grande consommation dans les fabriques, se tire
du Mexique. Le jjays de Quito est divisé en plusieurs cor-
régimens d'une grande étendue , dont le voyageur donne
le tableau : c'est dans celui de Loja que croit l'arbre dont
l'écorce, connue sous le nom de cascarille de Loja en
Amérique et en Espagne, et sous celui de quinquina dans
le reste de l'Europe, est un si puissant fébrifuge. Cet arbre
ne s'élève guère qu'à vingt pieds de hauteur : le nombre en
diminue visiblement, parce qu'on ne prend pas la peine
d'en semer les graines, et que la destruction de ces arbres
n'est en partie réparée que par celles qui tombent à terre,
et qu'un heureux hasard fait germer. Du temps d'UUoa ,
on avoit découvert dans les montagnes de Cuença, à
soixante lieues de Quito, des arbres de la même espèce qui
pouvoieni devenir une ressource contre le dépérissement
de ceux de Loja.
(i) Ce fruit est connu aux Antilles sous le nom de pomme •de
canelle ; mais il est bien inférieùrà celui du Pérou, qu'on préfère
même à l'ananas. J'ignore si l'on a essayé en Europe de l'élever
dans les s^nes. Le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, qui
les range dans la famille descorrosols, sous le nom de conosol du
Pérou , ne nous apprend ritn à cet égard.
AMÉRIQUE. VOYAG. DANS L'AMÉR.' MÉR. oS^
Les naturels de celte fj;rande proX'ince sont d'une apathie
extrême et dune intelligence irès-bornée. L'ivrogiiefie ,
chez euK , est portée au dernier excès. Leurs caciques
même, auxquels le gouvernement espagnol confie une
partie de l'aulorité, ne sont pas exempts de ce vice qui,
plus qu'aucun autre peut-être, dégrade l'espèce humaine»
L'absurdité de leurs superstitions, qui tiennent beaucoup à
leur ancienne croyance, ne peut être comparée qu'à leur
invincible ignorance surles principaux points de la religion
nouvelle qu'on les a forcés d'embrasser. La description que
fait Ulloa des Cordillères ou Andes , et sur-tout des Paramos
(on appelle ainsi les parties les plusstériles de ces montagnes),
est du plus grand intérêt, mais elle n'est pàs'susceplible
d'un simple ajjperçu, il faut la lii'e dans le Voyage même.
Ulloa ne visita Lima, la capitale du Pérou , la demeure
de son vice-roi, le siège du gouvernement, que dans
l'année qui suivit celle où elle étoit presqu'entièrement
détruite par le tremblement de terre le j^lus terrible dont
elle eût jamais été affligée dans des époques connues ; mai»
il la décrit ieïle qu'elle étoit dans le temps de sa splendeur.
La siltialion de cette ville dans une grande et fertile vallée
et près d'une belle rivière, est des plus avantageuse. Les
couvens d'hommes et de femmes n'y sont que' trop multi-
pliés; mais, on y remarque beaucoup d'autres établissemens
plus utiles. De nombreux tribunaux , à la tête desquels est
le vice-roi, sont chargés d'administrer la justice et les
finances. L'autorité du vice-roi n'est subordonnée qu'à
celle du roi : il dispose de tous les emplois civils et mili-
taires; et la pompe qui l'environnue annonce toute l'éten-
due de son pouvoir. Une universilé , qui compte parmi ses
membres plusieurs personnages distingués, concourt moins
à y faire fleurir les sciences et les arts, que la disposition
naturelle des esprits, chez lesquels on remarque une
grande sagacité. Les femmes même ont beaucoup d'acquii ,
et réunissent aux agrémens de l'esprit, tous les charmes
propres à leur sexe. A Lima, comme dans la Chine, la
petitesse du pied est une grande beauté.
YI. Y
5jS biiTliothèque des voyages.
La popnlalion de Lima est un composé d'Espagnols, de
mélis, de nègres, de mulâtres et de naturels du pays. Le
Tiombre des Espagnols s'y élève jusqu'à seize ou dix— huit
mille individus : dans ce nombre^ on compte pour ua
tieis , ou au moins pour un quart, la noblesse la plus dis-
tinguée du Pérou, chez laquelle la pureté du sang se sou-
tient par les majoi'ats. Dans les familles nobles^ on en
dislingue une qui , par les femmes , descend des Incas , et à
laquelle les rois d'Espagne ont accordé des prérogatives
particulières. Les familles les plus illustres de la ville tien-
nent à honneur de s'allier avec celle-ci. A Lima, comme
dans tout le reste du Pérou, la noblesse ne dédaigne pas de
faire le commerce en gros, elle y est autorisée par une
déclaration du prince. C'est à Lima que se rassemblent, et
tout ce qu'on fabrique dans les autres provinces du Pérou ,
et toutes les marchandises qu'apportent les galions et les
vaisseaux de registre. C'est de Lima que ces richesses se
répandent dans la vaste étendue du Pérou : il en résulte un
très-grand commerce d'importation et d'exportation. Les
nègres et les mulâtres, qui la plupart exercent les arts
mécaniques, forment la majeure partie de la population
de Lima; les métis et les naturels y «ont en j>6lit nombre.
On ne connoît point la pluie dans cette partie du Pérou.
Des brouillards qui se résolvent en rosées abondantes, en-
tretiennent la fertilité de la terre où réussissent également
les productions de l'Europe, des Indes et de l'Amérique.
On est tourmenté dans ce pays par une multitude prodi-
gieuse d'insectes; mais un fléau bien plus redoutable, ce
sont les Iremblemens de terre, auxquels les édifices les plus
solides ne peuvent pas résister. Les naturels du jjays avoient
eu de tout temps le bon esprit de s'en préserver, et ils s'en
préservent encore aujourd'hui, en ne bâtissant que sur la
superficie du sol , sans chaux ni ciment.
Les maladies qui font le plus de ravages à Lima, et dans
toute celle partie du Pérou , sont les fièvresmalignes, inler-
raittentes, catarrhales et lentes; les pleurésies, la pcliie-
vérole et plusieurs autres qui sont communes au Haut et
AMERIQUi:. VOYAC. DANS L'AMÉR. MÉR. SSq
an Bas-Pérou; ruais il en est une pailiculière à celle der-
nière partie du pays , c'est le pa-smao, qui se divise eu
2Jasme commun et partiel, et pasrae malin ou d'arc. L'un
et l'aulre surviennent dans la crise de quelque autre ma-
ladie ai<7uë. Ceux qui sont attaqués du pasme commun ,
écliappent quelquefois, mais le plus grand nombre meurt
le qualiième ou cinquième jour. Quant à ceux qui sont
allaqués du pasme malin, ils périssent en deux ou trois
jours ; et il est très-rai'e que la nature triomphe de cette
dernière espèce de pasme. Ses symptômes en général sont
J'inaclion de tous les muscles et le raccourcissement de toua
les nerfs. La jjiincipale attention, dans Le traitement de
cette maladie, est d'empêcher l'air de pénétrer dans l'ap-
partement du malade, et d'y entretenir toujours du feu
pour faciliter la transpiration, qu'on s'efforce encore de
favoriser par tous les moyens usités à cet effet.
L'attrait de l'or et de l'argent répandus dans le Pérou,
fait oublier de si graves inconvéniens. A l'avantage de pro-
curer ces métaux précieux avec une profusion qui paroît
inépuisable , le Pérou joint celui de posséder une mina
très -considérable de mercure, substance si nécessaire
pour l'amalgame et le départ des métaux précieux. Tandis
que le Mexique est obligé de le faire venir de l'Espagne, le
Pérou le trouve dans son sein.
Nouveau Voyage fait au Pérou par M. l'abbé
Court de la Blanchardière , auquel on a joiut une
description des anciennes mines d'Espagne , tra-
duite de l'espagnol à'Alonzo Cenillo , avec figures.
Paris jDelagueite, ly^i, in-i2.
Cette relation est sur-tout intéressante par la descrij)—
tion que le voyageur y fait des ruines de Lima et deCallnc
presque entièrement détruites par le tremblement de
terre de 1745. Celle des anciennes mines d'Espagne est
très-curieuse aussi, en ce qu'elle éclaircit des faits Liito—
riques assez obscur» jusqu'alors.
2
S4o BIBLIOTHÈQUE DES VO^ACES.
H1STOIR.E des iremblemeiis de terre arrives a
Lima et autres lieux , avec la descriptioa du Pérou ,
et des recherches sur les trerablemens de terre ,
traduites de l'anglais de Haies ^ avec cartes et figures.
2. parties. La Haye , 1752, in-12.
Relation et Description de la ville et province
de Truxillo au Pérou , par Don Michel Fejjio :
( en espagnol ) Relacion Descripcwe de la ciudad
Y vrovincia de Truxillo del Fera , por D. Miguel
.. Fejjio . Mad rid , » 7 G 5 , in-fol .
Voyage au Pérou , par Wolfgang Beyer : (en aile-,
mand) R.eise vach Peru , von fFolfgang Beyer. Nu-
remberg, 1776, in-8".
Idîe générale des Monumens du Pérou : (ea
anglais) General Idea of tlie Monuments of Peru.
Londres, in-8".
Cette description est tirée du Mercure Péruvien (^Mer^
curio Peruand) , qui s'imprime à Lima.
Journal d'un voyage à travers le Pérou ^ depuis
Buenos-x\Yres sur la grande rivière de la Plata, et
de Potosi à Lima, par Antoine -Zacharie Helm ^
directeur royal des mines d'Espagne : Tea allemand)
Td^ebuch einer Reise,eic. von Ant.Zacli. Helm,eic*
Dresde, 1798, i vol. in-S**.
Ce voj'age jette beaucoup de lumière sur l'histoire natu-
relle du Pérou, principalement àur la géologie éilaminé-
ralogie de celle vaste contrée.
CHILI.
Indépendamment des ouvrages dont je vais donner la
Tiolice, il faut recourir au huitième volume des Lettres
édifiantes (première édition): on y trouvera des notions
.mrniQrE, voyag. dans l'amér. miîr. S'il
hiléressariles sur pliisieuis nations du Chili, telles que les
Moxos , les Purchas et les Poyas.
Histoire du royaume de Chili, par Jean Jancz
(en hollandais). Amsterdam , 1^)19 , iu-/i".
Journal du voyage fait à l'ouest du détroit do
Lemaire , sur les côtes du Chili, sous le comman-
dement de Henri Brower : (en hollandais) Journal
van de Reyse gedaen hj Oostcn de straest Lemaire
naer de hust van Chili , onder Jiet heleyd •van Ilen-
drik Brower. Amsterdam, i645 et 164^), iu-4'\
Relation historique du royaume de Chili, par
Alonze d'Ovaglia, de la Compai^nie de Jésns : (en
espagnol) Historica Relacion dcl origen de Chili ^ de
Alonzo d'Qvaglia. Rome, 1646, in-4°.
La même, {raduite en italien sous le litre suivant:
HiSTORiCJL RelATIONE del regno di Cili , e
délie 3Iissione , e Minislerii che esercita in attelle la
Compagiiia di G iesu Alonzo d'Ovaglia. Rome, 1646,
m-4^
Histoire naturelle et civile du Chili , par Fabbé
Philippe fldaure.: (en italien) Istoria naiurale e
civile del Chili , di ahhate Philippe T idaure. ln-4^.
Description historique du pays de Gondca
dans le Chili , et d'autres provinces du Chili , par
Alphonse de Ercilla (en hollandais). Amslerdam ,
1649 , in- 12^.
Abr]':gé de l'Histoire géographique^ naturelle et
civile du royaume de Chili : (en italien) Conipcn-
dio dellalstoria geograjica, natiirale e civile del rcgno
di Chile. Bologne, 1776, in-8'^.
342 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Cet abrégé a été traduit ea allemand sous le titre sui-
vant :
Histoire naturelle , etc.... traduite de l'italien
par Jai;emann : (en allemand) Kurzgefasste Natïtr-
liche und Biirgerliche Geschichte des Kœnigreichs
Chile ^ nus dem italiànisclien diirch Jagemann. Ham-
bourg, 1782 , in-8''.
Le Chili , ou l'Etat actuel du Chili , relative-
ment à son histoire naturelle , son administration
civile et politique , les mœurs de ses habitans , où
l'on a inséré en sa place une excellente introduction
îi l'élude de la langue du Chili ; le tout exécuté avec
beaucoup de dangers et de travaux, par Bernard
Havestad , religieux missionnaire d'un monastère
de la Westplialie : (en latin) Chilidugu, sivè res Clii-
lenses , vel Descnptio status tam naturalis , quàm
moralis regni populique Chileiisis , insertâ suis locis
■pcrfectâ ad chilensem liuguani manuductione , opéra
periculisque Bernardi Havestad ^ niissionarii West-^
phaliae mo7m>$^em. Munster, lyyy ad 1779, 7 parties
in- 8°.
Avec une carie fort étendue du pays, cette description
reuferjne des notions Irès-détaillées sur l'hisloire natu-
relle et l'adminislration civile du Chili, et sur le caractère
moral de ses l)abilans. Elle est enrichie d'ailleurs d'un
cahier de la musique du pays, d'une grammaire et d'un
dictionnaire de la langue des indigènes. Cet ouvrage n'est
pas commun en France : il y est recherché, et mérite de
l'être.
Description historique de la province et de
l'archipel de Cliiloë dans le royaume de Chili , par
Don Pedro-Gonzales de Ogeros , ci-devant mission-
AMÉRIQUE. YOYAG. DANS L'AMj'r. Mi'r. 5/^3
naire de la Propagande de Ocopa au Pérou ; enri-
chie d'une grande carte : (en espagnol) D. Pedro
Gonzales de Ogeros , Description historica de la
provincias y archipelago de Cliiloë en el régna de
Chili, etc.... Madrid, Bayle, 1780, in-4°.
Outre la description de la province et de l'archipel de
Chiloë, cet ouvrage contient une descviplion de deux
autres vastes archipels inconnus jusque-là.
Histoire naturelle du Chili , par l'abbé Molina :
(en italien) Istoria naturale del Chili, del ahhaic
Molina. Bologne, 1782, iii-S**.
Cet ouvrage a été traduit en français sous le litre sui-
vant :
Essai sur l'Histoire naturelle du Chili , par
M. l'abbé Molina , traduit de litalion , et enrichi de
notes par M. Grouvel , D. M. Paris, Née de la
Rochelle, 1789, in-8°.
Cet excellent ouvrage ne laisse presque rien à désirer
sur l'histoire naturelle du Chili.
Abrégé de l'Histoire géographique , naturelle et
civile du royaume du Chili : (en italien) Compendio
délia Istoria geograjîca , naturale e civile del rcguo
del Chili. Bologne, 1786, in-8°.
L'auteur de cet Abrégé n'a donné que des notions
imparfaites sur l'histoire natuielle du Chili.
Notices politiques et physiques du Chili : (en
allemand ) Neuesle Politische und Phjsihalisclie
Nachrichten ans C/iz7i. (Insérées dans le Portefeuille
historique, 1786, premier cahier.)
Essai sur l'Histoire civile du Chili , par l'abbé
Molina * (en italien) Saggio jiellq, Istoria civile del
544 lilîîT.lO THÈQUE DES VOYAGES.
ChiU^ (hl signore abbate Molina. Bologne, 1787,
ïn-S\
Il est à désirer qu'on nous donne la traduction de ce
second ouvrage de l'abbé Molina : elle compléteroit dans
notre langue les notions les jolus récentes que l'on ait
acquises sur le Chili.
FIN DE LA CINQUIÈME PARTIE,
SIXIEME ET DERNIÈRE PARTIE.
SECTION PREMIERE.
T^oyages faits dans l'océan Pacifique ou la mer
du Sud en général , et en particulier aux
groupes d'îles compris sous la dénomination
de Polynésie (i).
J E commence par une relation commune aux îles de la
mer du Sud et aux terres Magellaniques et Australes.
Relation de divers voyages et découvertes
dernièrement faits au sud et au nord vers le détroit
de Magellan , dans la mer du Sud et dans la vaste
étendue des régions au-delà de la Nouvelle-Hol-
lande, etc — et encore à la Nouvelle-Zemble, au
Groenland, au Spitzberg; par sir Jean iVa/'Z»oroM^/i ,
le capitaine Jacques Tasman , le capitaine Jean
TVood , et Frédéric Mariens de Hambourg : on y a
joint une longue introduction et un supplément :
( en anglais) An Account of several late voyages and
(i) C'est le président de Brosses qui, dans son exceltenle His-
toire des navigations aux Terres Australes, dont je donnerai la
Eolice, a proposé de donneç te nom de Polynésie, qui, dans la
langue grecque, signifie un grand nombre d'iles, aux nonibreu,^
groupes d'ik's réj)andus dans l'océan Pacifique, en-deçà de l'jr-
rliipel Oriental. Celle déuominaliuu a élé adoptée par les meilleur*
géographes.
YI. *
346 BlBLlÔTSèQUB DES VOYAGES.
discoveries to the South audJYorth towards the streights
of Magellan y the South seas , the vast tracts of laivd
héyond Hollandia-Nova, etc.... also towards Nova-
Zembla , Groenland, Spitzberg , Goryland or En-
groaland , etc.. ; hy sir John Narhorough , cap. James
Tasman , cap. John TVood , and Fivderic Martens of
Hambourg : to which are annexed a large introduc-
tion and supplément» Londres, i6o4 j ihid. i6ii,
Les Observations faites par Vcichàivà Hawkins ,
dans son voyage à la mer du Sud : (en anglais) Oh~
sensations in the vojage to the South sea. Londres ,
Jaggard, 1632, in -fol.
Cette relation , écrite par Havvkins lui-même , est fort
diffuse.
Journal d'un voyage fait à la mer du Sud avec
les Flibustiers de l'Amérique, en 1684 et années
suivantes , par le sieur Raveneau de Lussan. Paris ,
Coignard, 1689, in-12.
Cette relation a été insérée toute entière dans l'Histoire
des Flibustiers, dont j'ai donné précédemment la notice :
c'est la meilleure relation de toutes celles qui sont entrées
dans cet ouvrage.
Le Voyageur bien expérimenté dans lesmerS
du Sud , ou Voyage détaillé autour du Monde, fait
avec Roggevin , dans les années 1721 à 1723, par
Charles Frédéric Behrens : (en allemand) JFohlver-
suchte Sud-Laender, d. i. ausfûhî'liche Reise-Beschreî-
hung um die JVelt unterRoggewein, von 1 721 bis 1/23 y
"von Cari. Fritd. Behrens. Leipsic , 17^9, iu-8°.
Voyage à la mer du Sud, fait en 1708 , 1709,
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. ^47
jyio et lyii , contenant un Journal de ce qui est
arrivé de plus considérable durant ce voyage , avec
la description des côtes de l'Amérique depuis la
terre de Feu dans le siid , jusqu'à la Californie au
nord ; tiré d'un manuscrit espagnol intitulé le Pilote
des côtes ^ avec une nouvelle carte et une descrip-
tion de la grande rivière des Amazones : traduit de
l'anglais. In-8°.
Voyage par terre depuis le golfe d'Honduras
jusqu'à la grande mer du Sud , fait par Jean Coch-
burn et cinq autres Anglais, savoir, Thomas Rounce,
E-ichard Bauister , Jean Ilolland ., Thomas Rohin^
son , et Jean Bellman ,- avec le récit sommaire des
découvertes et des choses les pins remarquables de
leur voyage, par Nicolas Withinglon : (en anglais)
A Journej oi^er laiidfroin tlie gulf of Honduras in the
South- Sea , perfoimed hy John Cockburn and jive
other Englishmen , viz : Thomas Rounce, Ricli. Ba—
nister , John Holland , Thom. Rohinson and John
Bellman, -with a hrief discoveiy oj" some things hcst
ivorth taking notice of in the travels of JS'ic. JVi-
thington. Londres, lySS, in-8°.
Voyage en Austrasie et Polynésie, \)i\v Roggevin,
La Haye , lySg , 2 vol. in-8°.
Ce Voyage a été écril en français par un Allemand de
Mecklen bourg. Avec une petite escadre de trois vaisseaux ,
Roggevin partit du Texel le 2 août 1721 et y rentra le
II juillet 1723; la célérité de celle expédilion esl Irès-
remaïquable.
Voyage dans la mer du Sud , traduit de l'anglais
eu hollandais. Amsterdam, 1740, in-8".
348 EIELIOTIliQDE r>ES VOYAGES.
Voyage à ). mer da Sud , dans les années ,7/0
et .741 par Jean Buciel^ et Jean Gnmmius : fen
angla,s) ro^.^, '"'" "'^ South-Sca, in tke jLs
i;*0 and,y4l, hy John BucheUy and John Gum-
mm. Londres, Robinson, 1743, in-8°.
Collection historique de plusieurs Voyages
e Découvertes fanes daus l'océan Pacifique , par
Alexandre Dalrjmple , avec planches . (en anglais)
Jn histoncal ColUclion of the se.eral VoraJs
ond D,sco.eries in the south Pacific - Océan X
Me:>cander Dalrjmple. Londres, ,770, 2 vol. iu.4'..
bea°uc"„un7l"'"' ■■«""' 'D^'n-Ple a rassemblé avec
beaucoup de d.scememeni et une crilique sévère, tout ce
que les journaux espagnols e. hollandais renferm;ie„ de
conuo, ces géographiques et historiques sur la ™er dt
Sud e ce qutls pouvo.ent offru- aussi d'iusl.uctif dans
les d.fferen.e, brauche, de Ihistohe naturelle : il v a io ,"
d s obser>at,o„s propres à facliter l'iu.elligeuce df "
«r d" •,' ''"' ■' '''T:-'' ™" = '^ ^^f""' d^ méthode on
celui d être quelquefois tris-obscurs : on y trouve u"e
d ssertatton fort curieuse sur les îles de sln,on .::
Hes d essees avec so,n , servent <le guides pour suivre Z
d.fferenle, uavigal.ous faite, dans la mer du Sud. Pa nu
e d,vers Voyages don. est composée la collection. "
dans les mers australes. Le, planches don. fa collecl o^
es. enr,ch,e, son.de la plus belle exécution. Il "
de e. ouvrage un abrégé en f.auçai, sot,s le titre' 2
vanl :
Voyages dans la mer du Sud par les Espagnols
e les Uollandais, ouvrage traduH de V^^^t
^ï. Dalrjmple par M. de Fréville , et enrichi de trois
cartes. Parts , Desaint et Nyon , 1 774 , i„ g».
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. 549
HyDROGiiAPiiiE, OU Histoire des nouvelles dé-
couvertes faites dans la mer du Sud en 1 767, 1 768 ,
1769 et 1770, par M. de Frétille. Paris, 177/1,
a vol. in-8".
Cet ouvrage peut êlre considéré comme la suite du
précédent. L'auteur y a donné un extrait des nouvelles
découvertes faites dans la mer du Sud par les navigateurs
anglais et français, et qui n'ontroient pas dans le plan de
M. Dalrymple.
Premier Voyage de M. Bjron à la mer du Sud ,
avec un extrait de sou second Voyage par M. Cant-
wel. Paris, 1772,111-8''.
Description et Relation des îles dernièrement
découvertes dans la mer du Sud , avec quelques
observations sur la contrée de Kamtschatka, par
Jean Trunler : (en ang^lais) John Trunler's Descrip-
tion and Account qf the islands Intelj discovered in
tJic South-Sea , with some account of tJie couniry of
Haiidschatka. Londres, l'J'J'Jy in-8'\
La même sous un autre tilje :
Relation des principales îles de la mer du Sud,
par Jean Trunler : (en anglais) Account of the prin-
cipal islands in the South-Sea ^ hy John Trunler.
Londres, i8or, in-8''.
Relation des dernières d9,couverles des An-
î^lais dans la mer du Sud : (en allemand) Nachrichtefi
von den Neuestcn Entdekungcji der Englœnder in
der Sudsee, Berlin, 177S, 7 vol. iu-S".
Mémoires sur les découvertes faites dans la mer
du Sud avant Bougainville et Cook, par le P. Pingre.
Paris, 1778, in-4'^
550 BfBLIOTIIKQUE DES VOYAGES.
Nouveau Voyage à lu mer du Sud , commencé
sous les ordres de M. Marion, et achevé , après la
mort de cet ofTicicr, par M. Ducleneur^ rédigé d'après
les plans et journaux par M. Crozet, avec planches.
Paris, Barrois l'aïué , lySS , in-8°.
Les observations faites dans la mer du Sud eoiil posté-
rieures à la morl de M. Marion, massacré par les sauvages
de la Nouvelle-Zélande.
La partie la plus inléressanle de celte relation , ce sont les
observations qu'elle renferme sur la principale des îles
Maiiannes: j'en donnerai un apperçu à l'arlicle de ces îles.
Histoire abrégée de la mer du Sud, par M. de
La Borde. Paris , Didot, 1791 , 5 vol. in-8°.
— Atlas de cette Histoire. Ibid. in-4°.
Sous ce tilre assez impropre, il faut entendre xin abrégé
de la plus grande partie des voyages faits dans la mer du
Sud. L'anleur remonte jusqu'à Gonerille,qui échoua dans
les terres Australes au quinzième siècle; et il conduit cet
abrégé jusqu'au capitaine Riou , qui échoua aussi dans le«
glaces du pôle antarctique, en 1789.
L'auteur, qui n'étoit point maiin (c'est celui auquel
nous devons les Tableaux de la Sui.s.se et des Lettres sur
cette contrée), mais qui avoit bien étudié la géographie
des mers, exhorte vivement dans son ouvrage à élargir le
Irajet de Niagara, qui n'est que de trois lieues seulement,
pour le rendre navigable, et en faire ainsi un point de com-
munication entre la mer du Nord et celle du Sud. Il aVoit
calculé que par celte voie, on abrégeroit de plus de ûx
mois les voyages d'Europe en Chine, qu'ainsi diminue-
roient considérablement les frais d'armement, le noujbre
des vaisseaux, et, ce qui est beaucoup plus précieux
encore, quil en résulteroit une économie notable dans le
calcul des hommes employés dans ces voyages et que font
périr les maladies el les fatigues des longs trajets.
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. 35r
Voyage à la mer du Sud , entrepris par ordre de
S. M. britannique , pour introduire aux Indes occi-
dentales l'arbre à pain et d'autres arbres utiles , par
le lieutenant BUgh , avec une relation de la révolte
arrivée à bord de son vaisseau ; traduit de l'anglais
par F. Soûles. Paris , Henery , 1792 , in-S".
Dans le cours de ce voyage, entrepris pour un objet si
utile, Bligh a visité les îles de la mer du Sud, déjà par-
courues par tant de célèbres navigateurs, et il a ajouté
quelques observations neuves aux leurs.
On y verra les conjmunications qu'eurent, dans la baie
de Malavaï , avec le vaisseau monté par Bligh , les insulaires
d'Olaïli. On apprit d'eux la mort d'Omaï, cet intéressant
Otaïtien qui avoit fait le voyage d'Angleterre , et étoit
revenu dans sa patrie. Ils apportèrent à bord le portrait
de Cook, fait en J 777 par M.Wabber , pour en faire rac-
commoder le cadre qui étoit endommagé : ils avoient
' attaché j^lus de prix à ce portrait qu'au bélail que ce célèbre
navigateur leur avoit laissé.
Voyage du capitaine Jacques Colnet, du cap de
Horn dans l'océan Pacifique : (en anij;lais) Captain
James Colnet s p^ojagefrom Cap— Horn into the Pa-
cific-Océan. Londres, 1792 , in-8°.
— Le même, ihid. 1798, in-8*'.
Journal des découvertes faites dans l'océan
Pacifique : (en anglais) Account discoveries in the
south Pacific- Océan. Londres , 1799, in-o°.
Les groupes d'îles répandus dans l'océan Pacifique ,
qu'il faut distinguer de l'archipel oriental de celle mer,
lequel se termine aux Philippines, et qui forment ce que
les géographes appellent la Polynésie, peuvent être rangés
dans Tordre suivant indiqué par Pinkerlon dans sa Géo-
graphie moderne.
Les îles Pelew; les îles des Larrons ou Mariannes; les
352 BIBLIOTHEQUE DÈS VOYAGES.
Carolines; les îles Sandwich; les Marquises; les îles de la
Société; les îles des Amis et des Navigaleurs et l'île de
Pâques. En les parcourant toutes , fe vais appliquer à quel-
ques-unes d'entre elles les relations qui leur sont jsarlicu-'
lières , et indiquer pour le plus grand nombre les Voyages
àutovir du monde, ou toutes antres relations où elles sont
décrites.
ISLES PELEW.
Relation des îles Pelew , situées dans la partie
occidentale de l'océan Pacifique , composée sur les
journaux et les communications du capitaine Henri
Wilson et de plusieurs de ses officiers qui les visi-r
tèrent en 1783 , par Georges Keate : (en anglais)
yàji Account of ihe Pelew islands sitiiated in tlie
western parts of thc Pacific - Océan , coniposéd froni
ihe journals and coiiiihuni cation s of caplain Henri
TVilson and some of Jus officers in august iy83 , hj
George Keate. Londres , IVicol , 1788, in-4°.
Celle relation a été traduite en français sous le tiUe sui-
vant:
Relation des îles Pelew, situées dans la partie
occidentale de l'océan Pacifique , composée sur les
journaux et les communications du capitaine Henri
Wilson et de quelques-uns de ses officiers qui , eu
août 1 785 , y ont fait naufrage sur V Antilope ^ paque-
bot de la compagnie des Indes orientales; traduite
de l'anglais de Georges Keate (par INfirabeau), ornée
de dlx-sepl figures. Paris, Maradan, 1793, 2 vol..
m-8°. '
L'existence de ces îles, où Wilson et son équipage ont
trouvé un jieuple dont les nations les plus civilisées cle
l'Europe pourroient envier les vertus morales, a paru
VOYAGF.S DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. 555
clouleuse à quelques personnes et snr-toul en France,
malgré tous les droits que le rédacleur paroîl avoir à la
confiance des lecteurs. Mais ce doute pov(rroit bien ne
tenir qu'à l'espèce de fatalité qui , depuis la publication
en Angleterre du Voyage original , jusqu'à sa traduction
en français , .semble avoir toujours dérobé l'approche et
la connoissance de ces îles aux navigateurs.
Postérieurement même à cette traduction , on n'a pas
encore acquis une certitude absolue que les îles Pele^v
aient été visitées par de nouveaux voyageurs : voici tous
les renseignemens que je peux- donner a cet égard. Il a
paru assez récemment à Londres, une nou^■elle édition
du Voj'age aux îles Pelew; elle est augmentée de cinq
planclies et d'un supplément. Ce supplément contient
l'extrak des journaux du Ponthyre et de V Entrepidse ,
envoyés à la recherche de ces îles en 1790 : il a été publié
par J. P. Hoahin. Cette expédition a-t-elle fait retrouver
les îles Pelevv ? c'est sur quoi je ne peux donner aucunes
lumières, n'ayant pas pu me procurer la nouvelle édition
du Voyage aux îles Pelew , où se trouve l'extrait des jour-
naux en question.
Sans adopter les doutes élevés sur l'existence des îles Pelew,
qui paroissent suffisamment combattus tant par l'arrivéeet le
eéjour à Londres du second fils du roi de ces îles, queKeate
y a connu, que par le vocabulaire de l'idiome pelew placé
à la fin du Voyage , et qui ne peut guère être l'ouvrage de
l'imagination de l'éditeur (1), il est difficile de se i-efuser à
l'idée que Keate a fort embelli la description de ces îles et le
(1) Si Terilablement les lies où Wilson fit naufrage sont les
mêmes que les îles l'enlen ou Palaos, désignées sous ces deux:
noms daus le Supplément à l'Histoire des navigations du P. de
l^rosses , il ne pourroit plus rester le moindre doute sur l'existence
des îles Pelew , telles que les a décrites Keale : mais les Lettres de»
Llissionnaires, citées par le P. de Brosses , nous dépeignent comme
inhumain et barbare > comme anthropopliage même, le peuple des
îles Palaos ; ce qui ne s'accorde g»ière avec le portrait que nous fait
Keate , des habilans des îles Pelew.
VI. «
554 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES.
polirait de ses habitan.s. Vraisemblabiemer7t ils n'a^'oienl
pas, dans les Mémoires de Wilson et des officiers de sou
vaisseau , toutes les couleurs riantes dont Keate les a
dépeint-s* On peut croire néanmoins que Keate n'a pas
exagéré les traits principaux de leur caractère physique et
moral. Il paroît qu'en général, le peuple des îles Peiew
est d'une constitution vigoureuse, et que sa taille, biea
pioportionnée, est au-dessus de la moyenne. Son teiut ,
un peu plus foncé que celui qu'on nomme cuivré, n'est
pas néanmoins tout-à-fait noir. Ses cheveux sont longs
et floltans. Comme tant d'autres peuples, les habitans de
ces îles sont entièrenjent nus, si ce n'est que les femmes
portent deux petits tabliers de frange faits avec la filasse
de la noix de coco : ils sont aussi dans l'usage de se tatouer
et de se feindre les dents en noir : l'afiTabilité, la douceur ,
la gaité paioissent leur être naturelles. Sans avoir de reli-
gion Tjroprement dite , ils sont dans l'opinion qu,^ l'ame
survit au corps: de-là vient qu'ils enterrent , lès mort*
avec une sorte de respect. La polygamie est en usage
chez eux.
La culture des grains, celle même des racines est abso-
lument inconnue chez ce peupje. C'est principalement
de poisson qu'il se nourrit, et il y ajoute une esjîèce de
ronlilure faite avec la canne à sucre, qui paroit être indi-
gène dans ces îles. L'arbre à pain et le cocotier sont encore
deux grandes ressources alimentaires pour lui. Il met d'ail-.'
leurs si peu de recherche dans lesalimens, qu'ayant dan»
ses bois nos volailles domestiques errantes, il n'avoit pa^
imaginé, avant que les Anglais l'en eussent instruit,,
qu'elles pussent lui servir de nourriture. Il en étoit de
même des ])igeons, qui forment la classe la plus nom-
breuse des oiseaux qui peuplent ces îles. Les Anglais au
reste n'y virent aucune espèce de quadrupèdes, excepté
quelques rais cachés dans les bois , et trois ou quatre chats
dans les maisons, qui y avoient été saus doute apportés par
suite de quelque naufiage.
Le gouvernement des îles Pelew est une monarcliia
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. 555
aTîsolue , ce qui diminue un peu les idées "que Keafe nous
a données du bonheur de .ses hahilans. T,e roi de ces îles a'
sous lui quelques chefs nommés Ruyachs , qui forment
son conseil d'élat. Il est considéré comme' propriétaire
de lout le territoire. Ses sujets ne possèdent rien que des
proprielés personnelles et mobilières, telles que des ca-*
riols, des armes et la petite quantité de meubles et d'ins-
truniéns nécessaires, soit pour leur subsistance et leurs'
îogeriie'ns, soit pour leurs travaux. La construction de
lenrs maisons est extrêmement simple: c'est un assem— '
blogede plati<*hes et de bambous qui porte sur une assise'
de larges pierres élevées de trois pieds au— dessus du sol ;
iDàis'ils' ont de vastes salles ct'nslruites à-peu -près de
mènVéVponr les' assemblées publiques. Leiu's principaiux
rheubPés ^orit des vases d'une forme ovale, fabriqués-avec'
une tèri^é grossière, et des espèces de couteaux faits avec'
dés coquilles' de moule oii avec du bambou fendu. La'
lance ,• i(?"dard ~et la fronde sont leurs armes. Leurs canots ,
sculptés- a^éb assez d'adresse, sont formés, corn hpie' cKess ^
tous lés peuplés sauvages, de troncs d'arbres creusés avec'
le feu.
Supplément à la Relation des îles Pelew, rédigé
d'après les journaux des deux vaisseaux la Panthère
et V Entreprisé , envoyés vers ces îles par la compa-
gnie anglaise des Indes en 1 790 , et d'après les
communications orales du capitaine Wilsou , par
John Pare Bockiiij avec sept planches : (en anglais)
ui Sjupplepient to tJie Account of the Pelew islands y
etc Londres, IN'icol, 1804, in-4°.
Ce supplément n'a paru que postérieurement à ma
rédaction de l'article concernant les îles Pelew : j'en insère
ici l'extrait tel que je le trouve. dans le Joiunal de la Litté-
rature étrangère (cinquième année, quatrième cahier).
Les deux vaisseaux quittèrent k rade de Bombay eu
:3
356 BIBLlOTHiQUE DES VOYAGES;
août 1790 , et gagnèrent les îles Pelew. Après avoir remrs.
les présens de la compagnie aux chefs, le capitaine Mac-
Cluer s'embarqua à bord de la Panthère pour Macao,
laissant l'autre vaisseau aux îles Pelew, pour attendre son
retour. Quelques insulaires s'offrirent de raccompagner
en Chine , et le capitaine choisit deux hommes et deux
femmes. Il les ramena dans ces îles en juin 1791, et le peu
de temps qu'il s'y arrêta fut emploj^é à instruire les insu-
laires dans l'art de traiter et d'élever les animaux qu'il
leur laissoit , et à leur faire connoîlre l'usage de plusieurs
instrumens d'agriculture et d'économie qu'il leur avoiS
apportés. .
Le capitaine quitta ensuite les îles Pelew, pour exa-
miner la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée. Il
retourna dans ces îles au commencement de 1793 , et c'est
alors qu'il exécuta le projet long-temps médité de ^'y éta-
blir, et de résigner le commandement des deux vaisseaux
dans les mains du second capitaine. Peu après, 7a Pan-
thère quitta les îles Pelew , laissant Mac-Cluer occupé à
réaliser le bonheur qu'il s'étpit promis. Au bout de quinze
mois , il fut tellement ennuyé de son séjour dans ces îles ,
qu'il s'embarqua avec six personnes seulement, et arriva
à Macao , d'où il envoya un« relation de sgs aventures à
ses amis en Angleterre. Cette )-elation étoil datée du 14 juin
1794. Peu de lemjîs après, il rçtourna pour la dernière
fois aux îles Pelew, afin de rfimener sa famille et ses biejis.
Plusieurs insulaires des deux sexes s'embarquèrent avec
lui pour Bombay. Ils relâchèrent à Bemorlea , el Mac-
Cluer y trouvant une frégate destinée pour Bombay, fit '
partir quelques personnes de sa famille avec six femmes
de Pelew, pour ce porl. Quanjt à lui, il s'embarqua avec
quelques autres insulaires à bord de son propre vaisseau ,
et depuis ce temps, on n'a pas reçu de nouvelles^ ni de sa
roule , ni de ce qu'est devenu son équipage.
S'il pouvoit s'élever quelques doutes sur la véracité du
capitaine Mac-Cluer, dans la relation de ses aventures
•Mvoyée par lui à se» amis en Angleterre, il» ^croient levé»
VOYAGES DATfS L'OCÉAN PACIFIQTTE? Z^-/
par le récit suivant, qui se trouve dans la relation du
voyage de lord Macartney en Chine et en Tartarie (tome 2),
rédigé jîar sir Staunton , et dont j'ai donné précédem-
lueul la notice.
« Tandis que VIndostan éloit séparé du reste de l'es-
» cadre, il rencontra un petit navire de construction euro-
» péenne.... c'étoit le brick l' Endeavour , commandé par
» le capitaine Proctor....Ce bâtiment appartenoit à la coni-
» pagnie des Indes anglaise. Conformément au j^lan suivi
» par cette compagnie, qui, au milieu de ses entreprises
» commerciales, s'attache à favoriser les sciences, ce brick
» avoit d'abord été employé, sous le commandement du
M savant capitaine Mac-Cluer, à faire des découvertes et
» des observations sur le grand archipel oriental, compris
î) dans ce qu'on appelle les mers de la Chine. Le capitaine
» Mac-Cluer étoil considéré comme un observateur noa
» moins actif qu'intelligent. Il avoit déjà visité les îles Pe-
»levv, ou bien il s'étoit formé une haute idée de leur
» climat et de la disposition des habilans, à la lecture de
» l'intéressante relation publiée par M.Keale, d'après les
» renseignemens fournis jjar le capitaine ^Vilson. Décidé
» à chercher aux îles Pelevv le bonheur qu'il considéroit,
j) sans doute , comme plus difficile à atteindre dans ime
}) société plus nombreuse et plus compliquée, mais plus
» corrompue, le capitaine Mac-Cluer s'occupa long-temps
» (le son projet, et se pourvut de tout ce qui pouvoit lui
» être nécessaire pour son nouvel asyle. En y arrivant, it
» céda le commandement de son vaisseau au second capi-
» taiue, et écrivit aux agens de la compagnie, pour leur
prendre compte du parti qu'il prenoit. Il leur dit , entre
» autres raisons , qu'il ne se déterminoit à ce parti , que
i> parce qu'il vouloit se distinguer par une conduite donj
» on avoit donné jusque-là peu d'exemples.
)) Les habilans des îles Pelew l'accueillirent avec joie et
5) avec des distinctions honorables. Ils lui offrirent en même^
3) temps de lui donner une grande autorité parmi eux;_
» ce qu'il refusa, se conlenlan-l d'une petite portion de
^58 BIBLIOTHÈQUE D]E-S VOYAGES.
5) lerre pour la cultiver , el aiinaiit mieux se rendre utile
5) ù la patrie qu'il adoptoit , par les avis que la supériorité
•)-) de ses connoissances le meltoit pn état de lui donner,
y> que d'y exercer aucune sorte de commandement. Une
3) lelle conduite étoil certainement plus propre à lui con-
j) cilier rallachement constant des insulaires, que l'usur-
3) palion d'un pouvoir qui , avec le temps, n'eût pas raan->
» que d'exciter de la jalousie et du mécontentement. Ce-
» pendant il n'est pas sur que quelque accident ne trouble
y> rijarraonie qui subsiste à présent entre lui et la race lios-
35 pilalièie des habitans des îles Pelew , et qu'il ne change
3; pa.s lui-même de disposition , et ne reprenne ces affections
3? qui attachent la plupart des hommes à leurs anciens amis
j» (et à leurs habitudes premières.
y) Le vapitaine Proctor confirma, à beaucoup d'égards ^
5î réloge que le capitaine T^Hs^on a fait des îles Pelew.
» Loin d'avoir de lu férocité dan^ le caractère , et de voiir
5) les étrangers avec horreur^ les habitans de ces îles ac-^
3) cueillent avec la plus grande bienveillance ceux qui
3) viennent parmi eux, et admettent quelques-uns des
3) principaux au nombre de leur noblesse , ainsi que l'ont
■5) éprouvé le capitaine \Vilson et le capitaine Proclor. Le
3) dernier, qui a vu quelques parties de la Nouvelle-Guinée,
3) où les étrangers sont, au contraire , traités avec inhuma-
» nité , attribue une conduite si différente à un esprit de
3) ressentiment excité par des actes de trahison et de cruauté
3) que se sont sans doute permis quelques aventuriers qui
3) ont abordé sur celte côte ; et il ne pense pas que le carac-
3) 1ère de ses habitans soit naturellement méchant j).
ISLES MARIANNES.
Histoire des îles Marianiies , nouvellement con-
verties à la religion chrétienne , et de la mort glo-
rieuse des premiers missionnaires qui y ont prêché
la foi ; par le P. Le Gobien , de la Compagnie de
Jésus. Paris, Popre, 1700 , iu-12.
VOYAGES DANS L'OCLAN PACIFIQUE. 5^9
Quoiqti'une grande partie de celte relalion soif con.sa-
crée à reli'acer les premiers succès et la catastrophe ul lé-
rien re des missionnair^-s dans les îles Mariannes , elle est
néanmoins très-précieuse à d'autres égards, parce qu'elle
nous donne de l'ancien état de ces îles (i) , des idées plus
justes, quoiqu'assez resserrées, que la relation du P. LiC
Clain, missionnaire, qu'on trouve dans l'Histoire générale
des Vovages.
Les îles Mariannes, qui forment l'arcln'pel de Saint-
Lazare, sont connues encore sous le nom d iles des Lar-
rons , qne , lors de leur découverte, M'igellan leur donna,
pour quelques vols assez légers qu'y essuya ce célèbre navi-
gateur (2). Il y constata, ce qui n'avoil pas encore été
observé chez les peuples mrme les plus sativages , que l'élé-
ment du feu éloil absolument inconnu aux habifans de ces
îles. La preiiiière fois qu'ils virent du feu , ils le prirent
pour un animal.
Les îles Mariannes sont au nombre de quatorze , dont
quelques-unes ont depuis treize jusquà quarante lieues de
tour. L'origine de lenrs habitans est fort incertaine. Lea
uns la rapportent au Japon , parce qu'ils ont beaucoup de
rapports avec les Japonais, par l'importance qu'ils atta-
chent à la noblesse , et par la fierlé qu'afFecte celle classe.
D'autres les font sortir des Philippines, attendu la confor-
mité de leurs traits , de leur langue , de leurs coutumes , de
leur gouvernement, avec les habitans de ces dernières
îles.
Les îles Mariannes sont fort peuplées. On compte plus
de trente mille habitans dans l'île de Guahan^ qui, à la
(i) Ton» re qu'on va lire ne.sl applicable qu'à l'éut où éloient
ces iles lors de leur tlécoùverle , ou dans les temps Irès-voisius de
celle dérouverle.
(2) Cesl lui qui d'abord ,avaHl ce petil événement ,avoil appelé
Archipel de Saint- La^ura , re groupe d'îles : elles ne prirent le
nom d iles Mariannes qu'à l'époque où la reine Marie-Anne d'Au-
(riclie y envoya des missionnaires pour y prêcher l'évangile.
oCyo BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
vente , est la plus grande de ces iltS; et à laquelle oa donne
quarante lieues de circuit.
Le P. Le Gobien nous dépeint les habitans de ces île»
comme d'une taille haute et bien proportionnée, plus
robustes que les Européens, quoiqu'ils vivent d'une ma-
nière très-frugale, et j^récisément peut-être en raison de
ce genre-là même de vie. La plupart parviennent à une
extrême vieillesse sans avoir été malades. Lorsqu'ils le
deviennent , ils se guérissent assez aisément avec des herbes
dont ils connoissenl les vertus. Les femmes font consister
leur beauté à avoir les dents noires et les cheveux blancs.
Pour se procurer ce double agrément, elles emploient
cej laines plantes et des eaux préparées à cet eflet.
A ces traits du caractère physique des habitans des îles
JVlariannes , le P. Le Gobien en ajoute qui font honneur à
leur caractère moral. Ils ont en horreur l'homicide et le
in rein. Bien loin d'être enclins au vol, comme Magellan le
eoupçouna, ils sont de si bonne-foi, au moins entre eux,
qu'ils laissent impunément leurs maisons ouvertes le jour
et la nuit. Ils sont naturellement libéraux et secourables.
Les Esj)agnols l'éprouvèrent en i65o, lors du fameux
naufrage du vaisseau la Conception. Il n'y eut sorte de
bons Irailemens que n'aient éprouvés de leur part ceuK
des naufragé.»! qui eurent le bonheur de se sauver.
Ces insulaires sont divisés en trois classes, la noblesse, le
peuple et les gens d'une condition médiocre. La noblesse
lient le peuple dans un abaissement porté à un lel point,
que c'est une infamie pour un noble et pour sa famille de
.*)'allier avec une fille du peuple. C'est un crime pour ceux
<le cette dernière classe, d'approcher de la personne ou de
la maison d'un noble. La noblesse possède des terres qui,
comme nos anciens fiefs, sont héréditaires. Par une cou-.^
tume bizarre, ce ne sont point ses enfans qui succèdent
<i un noble, ce sont ses frères et ses neveux, qui alors pren-
nent sou nom ou celui du chef de la famille.
La n<>blesse la plus resj>ectée , est celle de la ville
(\'J^ada, capitale de J'ile de Quahan. EUe es,t Qsjie^ nom-^
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. 56r
treuse, parce que la siluation de celle ville élant agréable,
et les eaux y élanl excellentes, les familles les plus consi-
dérables sont venues s'y établir. Quelle que soit en général la
grossièreté des habitans des îles Mariannes, on remarque
une sorte de politesse parmi les nobles : ils se font beau-
coiiji de civilités entre eux , et s'invitent volontiers à manger
les uns cbez les autres. Les principaux de la noblesse pré-
sident dans les assemblées. Avec quelque respect qu'on les
y écoute, on ne défère à leur avis qu'autant qu'on le juge à
propos. Chacun prend le parti qui lui convienc, parce que
malgré la supériorité qu'affectent les nobles, le peuple des
îles Mariannes ne reconnoît aucun chef et n'est assujéli à
aucune loi permanente : il a néanmoins quelques coutumes
qu'il observe aussi religieusement que si e'éloient de véi'i-
tables loix. Aucun peuple rassemblé en société, n'a vécu
aussi dans une plus grande liberté, dans une indépendance
plus absolue. Chacun devient le maître de ses actions, dès
qu'il a assez de raison pour se connoîlre. Les enfans n'ont
de respect et de déférence, même pour leurs parens ,
qu'autant qu'ils en ont besoin. Chacun se fait justice à soi-
même dans les démêlés qu'il a avec les autres. S'il survient
quelques différens entre les différentes peuplades, elles les
terminent par la guerre. Ces insulaires sont faciles à s'ir-»
riler, à courir aux armes, mais ils les quittent aussi aisément
qu'ils les ont 25ï"ises, car ils ne sont pas naturellement
braves. Comme ils ne portent à la guerre aucunes provi-»
sions, il leur arrive assez souvent de rester deux ou trois
jours sans manger. Ils marchent sans chefs et sans ordre.
Leur tactique consiste uniquement dans les ruses : deux ou
trois hommes tués ou grièvement blessés décident de la
victoire. Les vaincus envoyent des ambassadeurs aux vic-
torieux qui triomphent d'eux avec insolence, mais sans
barbarie , se contentant d'insulter av;x vaincus par des
chansons salyriques qu'ils composent et récitent dans leurs
fêtes.
Les traits les plus marqués du caractère des habilans
des îles Mariannes, ce 59111 une inconstance et une légè-
o6s BlBtlOTHÈQUE DES VOYAGES.
reté presque incroyables. Cette mobilité dans leurs affec-
-tiolis ne se dément que lorsqu'ils se croient outragés. La
"vengeance chez eux est une passion violente qui paroît
quelquefois assoupie pendant deux ou trois ans et plus,
■mais qui se réveille ensuite et se satisfait par tout ce que
la trahison la plus noire peut imaginer de plus odieux.
Les hommes ont la liberté de prendre autant de femmes
qu il leur plaît, pourvu qu'elles ne soient pas leurs pa-
rentes; mais la coutume assez générale est de se borner à
une seule. Les femmes , ici , ont tous les privilé^^es que les
hommes s'attribuent ailleurs. Ce sont elles qui, à la mai-
son , commandent ; le mari ne peut disposer de rien , sans
leur consentement. Si la conduite du mari n'est pas régu-
lière, ou s'il est d'une humeur fâcheuse , la femme le mal-
traite ou le quitte, et reprend sa première liberté; car
chez ces insulaires, le mariage n'est pas indissoluble De
quelque côté que soit provoquée la sé^^aralion , la femme ne
perd rien de ses biens, ses enfans la suivent, et consi-
dèrent le nouvel époux qu'elle a piris comme si c'étoitleur
père. Si la conduire d'aune femme n'est pas régulière, le
mari [jeut s'en venger su'.- l'amant et même lui ôter la vie;
mais il ne lui est pas permis de maltraiter sa femme ; et tout
ce qu'il peut faire , c'est de la quitter. Il n'en est pas ainsi ,
lorsque ce sont les rnaris qui sont infidèles : les femmes
alors se font justice à elles-mêmes en pillant ses biens, en
le chassant de sa maison. Pour exercer celte vengeance,
elles se font aider , soit par leurs parens , soit par les autres
femmes du village. Cet empire des femmes sur leurs maris
a cet effet, qu'une infinité de jeunes gens répugnent à
contracter le mariage : ils louent des filles ou les achètent
fie leurs pères, et ils les placent dans des maisons publiques,
communes pour tous les célibalaires.
Je me suis un peu étendu sur ce sujet, parce que ce
prodigieux ascendant des femmes sur les hommes aux îles
Mariannes, est peut-être un fait unique dans l'histoire des
nations anciennes et modernes. Il faut se transporter chez
les Russe» pour y observer, mais dans une certaine classe
VOYAGES DAIS'S L'OCEAN PACIFIQUE. 5G5
seulement de ce peuple , quelque chose qui approche de
cet étrange empire du sexe le jolus foible sur le plus
fort (i).
Dans le supplément h THisloire des navigations aux
Terres Australes, par le P. de Brosses, on trouve l'indi-
caliou d'un Mémoire sur les îles Mariannes , par Luis
Morales.
Richard Waller,le rédacteur du Voyage du commo-
dore Anson , dont j'ai donné la notice (première Partie,
«ection vi, ^. ii),a fait la description la plus séduisante
de l'île de Tinian., l'une des îles Mariannes. Ce commodore
y trouva de quoi pourvoir abondamment , sans peine et
sans dépense, à tous les besoins de son vaisseau leCenturion:
iion équipage s'y rétablit promplement de toutes ses fatigues j
}a maladie qui le dévoroit y cessa presque miraculeusement.
Celle île, abandonnée par les Espagnols, qui transpor-
tèrent à Guaban ou Guaham (et Guam. , par corruplion) ,
la plus méridionale et la plus considérable des îles Ma^
jiannes , les restes des naturels de Tinian dont une maladie
é pidémique avoit enlevé la plus grande partie, étoit jîeuplée
de boeufs, de cochons et de volailles, devenus sauvages.
Tinian , parée, suivant "Waller , de la plus riante verdure ,
d'«r,bres chargés de fleurs et de fruits , de prés émaillés de
fleurs odorantes, et de bois touffus, n'oflroit aucuns ruis-^-
seaux, aucunes rivières j irais des puits et des sources
deau viv« presque à la surface de la terre procuroient une
«au d'une excellente qualité; et deux lacs, au centre de
l'île, suppléoient à l'eau courante.
Eyron et Wallis, qui successivement visitèrent l'île de
Tinian long-temps après le commodore Anson , et dont j'ai
indiqué les relations (première Partie, ibid.) , n^en font
pas une peinture aussi attachante que celle de Walter : ils
esliment son climat fort mal-sain ; ils en dépeignent le sol
comme partagé entre des landes jonchées de ronces et de
bois olwilrués par des broussailles: il est infesté, suivant eux,
(0 Voyez les Mémoires «ecrt U de la Rnssie, tgme ii.
5^4 BÏBtIOTnÈQUE DES VOYAGES
d'insectes dévorans ; et le peu de bétail et de volailles qui s'y
trouvent sont si farouches, qu'on ne peut les atteindre
que trés-difBciiement. Thomas Gilbert dans sa relation ,
dont je donnerai ultérieurement la notice, porte sur Tinian
le même jugement que les deux précédens voyageurs. Oii
voit , dans le Voyage du gouverneur Philipps à Bolany-
^^y > que je ferai aussi connoître ultérieurement, que le
capitaine Sever , qui avoit touché à Tinian en 1 788, n'avoit
pas non plus une idée fort avantageuse de l'île Tinian.
Cependant Byron et Gilbert y avoient trouvé le cotonier
en pleines fleurs, et le premier )'■ avoit découvert l'indi-
gotier; d'où l'on peut inférer que des colons industrieux
pourroient aisément y naturaliser les productions utiles
des deux Indes ; mais les Espagnols n'ont formé d'établis—
sèment que dans l'ile de Guahan. Voici le rapide apperçu
des observations qu'on trouve sur cette île dans le Voyaga
à la mer du Sud, par Marion et Ducleneur, dont j'ai donné
précédemment la notice.
L'air est excellent dans cette île : les eaux sont bonnes,
les légumes et les fruits délicieux , les troupeaux de boeufs,
de cochons et de cabris, innombrables : toute espèce de
volaille y est multipliée à l'infini.
C'est dans la ville d'Agana, située à quatre lieues du
port, dont l'entrée est difficile, et dans un beau pays plein
de sources , que réside le commandant de l'île, dont l'ha-
fcitation est vaste et bien bâtie. Les rues de cette ville sont
alignées, les maisons solidement construites en bois sur
pilotis. Entre l'ancienne maison des Jésuites et leur col-
lège, on voit un corps de casernes propre à loger une
garnison de cinq cents hommes , et un magasin du roi assez
spacieux. Tous ces bàlimens publics sont construits en bri-
ques et couverts de tuiles. I/île de Guahan, observe le
voyageur , est le seul point dans la vaste étendue de la mer
du Sud semée d'îles innombrables, qui offre une ville
bàlie H l'européenne, une église, des fortifications, une
population civilisée. Celle population néanmoins ne ré-
pond ni à la fertilité de l'île, ni à son étendue, qui, s,\ii.-'
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. oG5
rant l'eslimalion des Espagnols, a quarante lieues de cir-
conférence. Le voyageur réduil celie populafion à quinze
cents Indiens j resle de vingt mille habilans environ qu'on
y comploit lors de la déx;ouverle. Elle a éJé néanmoins
augmentée, ainsi qu'on l'a vu, du resle des habilans de
l'île Tinian échappés à la mortalité , et de ceux des autre» '
îles Mariannes où l'on comploit, lors de la découverte,"
plus de soixante mille âmes. Les sages, mais tardives pré- '
cautions du gouvernement espagnol, et l'administratioiî
paternelle de M. Tobias, commandant de l'ile à l'époque
du voyage en qne>lion.,.avoient commencé à augmenter
la population, divisée en,vingl-u» petits établissemens
d'Indiens autour de ri,le , tous sur les Iwrds de la mer, et
composés chacun de cinq; ou six femilles qui cultivent
des grains, des légumes , et qui s'occupent aussi de. la
péclie.
Le centre de l'ile est encore en friche. Leis bois, qui
sont en général Irès-épais, ne sont pas fort élevés, mais
ils sont propres à la construction des maisons et des. ba-
teaux. Les Espagnols , avec une>indnstrie qui leur est par-
ticulière y y ont fait anciennement défricher quelques ler-
reins , pour y former des savannes propres au pâturage
du gros bétail. Cependant, les .bœufs et les vaches, les
cochons et les cabris qu'on y avoit transportés, y éloient
devenus sauvages, et l'ofi ne,2>ouvoit les avoir qu'à coupa
dé fusil , à la course ou au lacs ; mais la chair en étoit
eîîcellente. Les cerfs et les biches transjDortés dans les Phi^
lippines , commençoient à se multiplier dans les bois.
Dans les terres défrichées, et même dans l'intérieur des
forets, on trouvoit un nombre extraordinaire de tourte- vi
relies, de perroquets, de grives et de merles. -.j;!
Les forêts de Guahan sont remplies de genévriers, de
bananiers ou musas de plusieurs variétés, de cilroniers^
de limoniers , d'urangertî, à fruits doux , aigres ou amers,
de petits orangers nains de la Chine, de câpriers. Les ver--
gers sont pleins de manguiers et d'ananas ; mais de tous les
arbres que renferme l'ile , les plus précieux «ont le coco-
566 BIBLIOTIIÈQUÏ DES VOYAGES.
lier , dont on dislingue trois espèces; et le rima, plus
connu aujourd'lini sous le nom d'arbre à pain.
Les rivières de Guaban , qui ne sont que des ruisseaux
ou des torreiis, abondent en poissons excellent, dont les
Indiens ne. font point usage, parce qu'ils préfèrent le
poisson de mer, quoique très-inférieur eii général à* celui
d'eau douce. Avant ^arrivée de M. Tobias dans rile,le3
Indiens ne b'clbient livrés à auciine culture importante.
Ce commandant y a établi des cultures de riz, de maïs,
d'indigo , de coton , de cacao , de cannés à sucre , qui toutes
ont bien réussi. Celle du maïs sur -tout , avec la farine,
duquel les Indiens font du pain , est d'un produit in-
croyable. Il a formé des fabriques de toiles de colon et fait
creuser des salines. Pour faciliter les"travaux de la cul-
tune, le gouvernement, sons' son ifiè^'ëttiôri, a fait trans-
porter d'Acapulco à Guaban, des chevaux, des ânes et
dés mulets. On a appris «ux Indiens à dorhpler les boeufs,
à les employer^ aux charrois : comme l'espèce est grande et
. farte , ils ont formé' de beaux attelages. ■ ,
Le commandant ne s'est p?is borné à ces objets àgrï—,^
coles et économiques;' il a élabli , pour les en fans des
Indiens, une école publique et'graluite , où on leur ap-
prend à lire , à écrire y l'arithmétique et la musique, Ihnt
vocale qu'inslrumenlale. Il a formé une milice indienne
de deux cents hommes qui sont en'uniforme et bien payés:
on les a maintenus dàhis l'étâl dé idtiUït^^aleurs , sajis |.'ie»_
déroger au service coufant. ' ' '
En acquéranf , par la cix'ilisaliôn , dé nouvelles cbnnpis- ,
sances , les insulaires de Guaban ont parfaitement con-
servé l'art qu'ils tiennent de leurs ancêtres pour la cons-
truction de \e\xrs prûs ou bateaux : ils n'avoient rien à
acquérir dans celte partie. Ces insulaires sont tels que le»
a dépeints Magellan , laids , noirs , de petite taille , la plu-
part galeux, quoiqu'ils se baignent conlinuellenient. JLeurs
fetTimes, au contraire, sont belles et bien faites en génh-
l'al. Par la civilisation, ce petit peuple est devenu doux,
honnête et hospitalier.
VOYAGES DANS L'OCEAN PACIFIQUE. 56/
LES CAROLINES.
La découverle de ces îles, dont le groupe forme peut-.
élre la chaîne d'îles la plus étendue de tout l'océan Paci-r^
fiqne, ne remonte qu'à l'année 1686, où l'une de ces îles
fi.t apperçue pour la première fois par l'équipage du vais-
seau des Philippines que commandoil D. Francesco Xfi-
zeano : elle fut nommée la Caroline, du nom de Charles 11,
roi d'Espagne, et le même nom fut donné à toutes les îles
du même groupe , dont on eut connoissance dans la suite.
Le peu de notions qu'on a sur ces îles, sont tirées des
Lettres des Missionnaires , dont le P. de Brosses a donner
de bons extraits dans son Supplément, que j'ai déjà cité,
plusieurs fois : en % oici le rapide apperçu.
Au rapport de quelques habilans de ces îles, jetés par
nn naufrage à l'une des îles Mariannes, elles sont au
nombre de trenle-deux, et sont très-peuplées. Pour les-
trails et la couleur du %'isage, leurs habitans ont beaucoup
de ressemblance avec ceux des Philippines. Les hommes
se tracent sur le corps différentes lignes, mais les femmes et
les enfans n'en ont point. Une ceinture leur couvre les
reins et les cuisses, et fait jilusieurs tours à l'entour du
corps. Plus d'une aune et demie cle grosse toile jetée sur
les épaules, forme une espèce de capuchon, lié par devant,,
et qui pend négligemment par derrière. Les hommes et
les femmes sont habillés de même, à quelques Iégèi;ea>
nuances près. L'usage des vêtertxqi^i^^ûnfii ces îles annonce.
\xn certain degré de civilisation. ;._.,.;,
La langue des habitans des Carolines diffère de cello
qu'on parle aux Philippines et même aiix îles Mai'iaune.s
La manière de prononcer rappelle laprononcialion.des
Arabes : peut-être pourroil-on en inférer qu'elles ont été.
visitées par ce peuple qui s'est répandu dans tant de con-».
trées. La plus considérable de ces îles est celle *de Z/amcrrrer ,
où le roi de toutes les îles fait sa résidence. Les chefs des
habitations répandues dans les autres îles lui sont soumia..
Le peuple paroît être fprl façonné à l'obéissance.
563 BIBLIOTHEQUE DES VOYAGEA.
A en jugjer par la manière de vivre de quelques-uns
de ces insulaires naufragés , la principale nourrilure de
leurs compalrioles esl le poisson ; leur boisson , l'eau pure.
On put juger par l'effroi que leur causèrent la vue de
quelques vaches qui paissoient paisiblement dans une
prairie, et l'aboiement d'un petit chien dans une maison,
que leurs îles ne renferment aucuns quadrupèdes. Ou
présuma aussi qu'à l'exception des poules qui leur servent
d'aliment, mais dont ils ne mangent pas les oeufs, ils ne
connoissent chez eux qne des oiseaux de mer.
Ces insulaires parurent n'avoir aucune noiion d'une
Divinité suprême, et n'honorer d'aucun culte des idoles:
l'ile à'Iap , qui lient le second rang parmi ces îles, présente
une exception à l'indifférence généralement répandue
chez eux en matière de religion : ses habilans adorent mie
espèce de crocodile, et ils ont des magiciens. La généralité
néanmoins des insulaires croit à des esprits célestes qui
viennent, disent-ils, se baigner dans un lac sacré de l'île'
Fallalo. Ils admettent aussi un lieu où les gens de bien
seront récompensés et les méchans punis.
Le respect pour les morts, dans ces îles, tient unique-
ment au rang qu'ils ont occupé pendant leur vie, ou à
l'attachement particulier qu'ils ont inspiré. Dans ces deux
cas-là seulement, on leur fait, à la manière du pays, de
magnifiques obsèques qu'on célèbre iiussl par de grandes
démonstrations de douleur. Quant aux personnes du
commun, et celles encore pour qui l'on n'avoit que de
l'indiiTérence, on jette leurs cadavres le plus loin qu'on
peut dans la mer, pour y servir de pâture aux baleines et à
d'autres poissons.
Delà circonslance que le chef de Tile Hogoîen , l'une
^es plus considérables des îles Carolines, avoit jusqu'à
neuf femmes, on piit inférer que la jîolygamie est d'un
usage commun dans ces îles. On y aime beaucoup la danse,
qu'on y accompagne seulement par des chants; car on n'y
connoît aucun instrument de musique. Les armes des
insulaires se réduiseul à une simjîle lance. Deux singula-
VOYAGES DAXS L'OCEAN PACIFIQUE. 669
rilés très-reniarquabies ont élé recueillies sur ces îles : lu
première, c'est qu'on y apperçut des esclaves nègres; la
seconde, c'est que vingt-neuf Espagnols, abandonnés dans
l'une de ces îles, y oui produit une race mélisse qui s'caI
répandue dans une autre île. La punition des délits, aux
Carolines , n"a rien de sévère : elle consiste dans la dépor-
tation du lieu où ils ont été commis dans uu autre.
ISLES SANDW^ICH.
On doit la découverte des fies Sandwich à Cook , qui ,
par un sentiment de reconnoissance , les appela du nom
du comte de Sandwich son patron. Par une falalilé sin-
gulière, ces îlea qu'il a fait, en quelque manière, sortir
du néant pour l'Europe , sont devenues, comme on l'a
vu dans la notice que j'ai donnée de ses Voyages , le tom-
beau de ce célèbre navigateur. C'est à Oivhyhée^ la plus
considérable des douze îles qui forment ce petit archipel ,
qu'il fut massacré. Elles ont été depuis visitées par Van-
couver et par l'infortuné La Peyi'ouse , ainsi qu'il résulte
de la relation qu'on nous a donnée de ses excùirsions,
avant qu'on eût tout-à-fait perdu sa trace : elles l'ont été
enfin plus récemment encore par d'Entrecasleaux, dont
M. de la Billardière a publié ,av^ec tant de talent , l'expédi-
tion dans la Relation du voyage à la recherche de la Pey-
roM5e,; j'ai donné l'apperçu de tous ces Voyages ( première
Partie , section vi , §. 11). C'est dans ces relations seule-
ment que, jusqu'à ces derniers temps , on pourroit s'ins-
truire sur l'état physique des îles Sandwich et sur le carac-
tère de leurs habitaiis , puisque nous n'avons aucune rela-
tion particulière à ces îles. J'ai rapidement extrait des
sourççîs qi^e je viens d'in.diquer, les renseignemens sui-
vons.
La .température des îles Sandwich est moins brûlante
que .celle de.s autres îles de la Polynésie, situées sous \\
même, latitude. L'île d'Ovvhyhée en particulier doit cet
avantage aux pluigs qui arrosent l'intérieur de l'île, et à
VI. ' A a
SyO BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
nne brise régulière de terre et de mer. C'est la plus grande
île de la Polynésie : elle a 85 milles de long. Comme dans
toutes les autres îles, les quadrupèdes sont rares aux îles
Sandwich : oa n'y connoît que les sangliers, les cochons,
les chiens et les rats. Les oiseaux, au contraire, y sont
assez multipliés. La nature a enrichi ces îles de deux pro-
ductions précieuses : l'arbre à pain , qui y donne une assez
grande quantité de fruits; et les cannes à sucre, qui y ac-
quièrent une grosseur extraordinaire.
Les habitans de ces îles, avec une chevelure quelque-
fois bouclée comme celle des Européens, ont le bout du
nez aplati. Cette petite difformité n'est peut-être pas l'ou-
vrage de la nature : elle résulte probablement de l'usage ^
où ils sont de touclier avec le nez celui de la personne
qu'ils saluent. Le tatouage est usité chez eux, comme chez
les autres insulaires de la Polyné.iie. Leur vêtement n'est
autre chose qu'une pièce d'étoffe large d'un pied , qui passe
entre les cuisses et se ratlache derrière les reins : ils y ajou-
tent, quand ils vont au combat, une natle épaisse, artis-
tement travaillée , qui leur sert de bouclier. Dans les jours
de cérémonie, les chefs se décorent d'un manteau dont le
fond est un réseau sur lequel sont comme lissues des plumes
rouges et jaunes, rapprochées avec un tel art, qu'elles ont
toute l'apparence d'un velours moelleux et lustré. Un léger
manteau forme tout le vêtement des femmes. A la diffé-
rence des hommes qui se rasent les cheveux des deux côtés
de la tête , et qui n'en laissent subsister qu'une bande
étroite, les 'emmes coupent les leurs par- derrière, et les
relèvent par-devant.
La nourriture des classes inférieures se borne aux pois-
sons, aux ignames, aux plantains, aux cannes à sucre.
La chair du sanglier et celle du chien est réservée pour les
premières classes.
Ces insulaires ont de la douceur dans leurs manières et
de la bienveillance dans leurs affections : on ne doit rien
conclure de fâcheux contre leur moralité, de l'assassinat du
célèbre Cook : ce fut l'effet d'une vengeance provoquée par
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. ^Jl
une fâcheuse méprise. Ils montrent de l'inlelHgence dans
la culture de leurs tein-es, et ils ont atteint à une certaine
perfection dans leurs manufactures : on peut en juger par
la description que j'ai faite du manteau des chefs.
Le gouvernement est dans les mains d'un chef suprême.
Ses sujets sont divisés en trois classes, les chefs de districts ,
les propriétaires qui n'ont aucune part dans l'aulorilé, et
les Toutons , qui n'ont ni propriété, ni rang. Ces distinc-
tions paroissent être héréditaires. Le plus grave reproche
qu'on peut faire à ces insidaires , c'est celui de prétendre
honorer les funérailles de leur chef suprême par le sacri-
fice de deux de ses sujets, et quelquefois même d'un plus
grand nombre. Ces sacrifices humains se répètent dans
d'autres occasions, et sont plus fréquens ici que dans \çs
îles de la Société , où , comme on le verra, ils ont lieu
aussi ; mais le continuateur du Journal de Cook les absout
de l'imputation d'anthropophagie. Celte barbare coutume ,
dit-il , y fut pratiquée autrefois ; mais depuis assez peu de
temps , elle n'y subsiste plus.
Telles sont, en simple apperçu , les notions que nous
avoient procurées sur les îles Sandwich , les navigateurs
de la fin du siècle dernier : nous en avons de plus récentes,
et peut-être d'un plus grand intérêt encore , dans la rela-
tion du voyage du capitaine Turnbull autour du Monde (i) :
en voici le litre :
Voyage autour du Monde, etc.. par John Turit^
bull : (en anglais) A J^ojage round the World, etc.,
bf John Turnbull. Londres , i8o5, 2 vol. in-S**.
(i) Ce Voyage n'étoit pas encore parvenu à ma connoissance,
lorsqu'on imprimoit la partie de mon ouvrage où se trouvent les
notices des divers voyages autour du monde. J'ai pensé qu'il seroit
convenablement placé ici, parce qu'il roule principalement sur
les îles de la mer du Snd , «t plus particulièrement encore cur les
îles Sandwicb.
Sj'I BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Ce Voyage a été tiaduit d'abord en allemand sous le
tilre suivant :
Reise in die W'elt , elc Hambourg , Campe ,
2 vol. in-S**.
Il l'a élé aussi très- récemment en français : en voici le
litre :
VoYACF. fait autour du Monde , en 1800, 1801 ,
1802, i8o3 et 1804, par John Tumbull, dans lequel
l'auteur a visité les principales îles de l'océan Paci-
fique et les établisseiuens des Anglais dans la Nou-
velle Galle méridionale ; suivi d'un extrait du Voyage
de James Grant à la Nouvelle-Hollande , exécuté
-par l'ordre de S. M. britannique, dans les années
1800, 1801 et 1802 ; traduit de l'anglais par A. J.
N. Lallemand. Paris, Xhrouet , 1807 , i vol. in-8°.
L'objet de ce voyage éloit une spéculation de commerce
sur la côle nord-ouesl de l'Amérique. Dans celle vue, l'on
fit voile pour Bolany-Bay , d'où l'on se transporta à Syd-
ney, devenu, par les avantages de son port et l'excellence
de son eau, le principal établissement des Anglais dans la,
Nouvelle-Galle méridionale et le siège du gouvernement.
liC voyageur a décrit celle ville, et donné l'esquisse rapide
du caractère général des colons , de la police , de l'admi-
nistration de la justice, des taxes, de toutes les branches,
en un mot, du gouvernement civil. On lui doit aussi dej
notions assez curieuses sur le caractère général des natu-
rels du pays , leurs qualités personnelles, et le singu-
lier talent qu'ils ont de contrefaire tout ce qu'ils voyenl.
Il nous donne aussi une idée de leur état de famille, de
leurs mariages, de quelques-unes de leurs coutumes le?
plus singulières et de leurs Curradgies , ou sages. Il étoû
parti du port Jakson pour se rendre à l'île de Norfolk.
Dans 6a relation , il exalte ia beauté et la fertilité de ceUe
VOYAGES DANS T.'OCKAN PACIFIQUE. OJCt
île, dont le gouverneur donnoit I)eaucoup d'encouragé—
mens à l'industrie. Malgré les avantages qu'olTroit cette
île . dont Turnbull nous a donné la population, malgré
rétablissement militaire qu'on y avoit déjà formé , les
bruuies qui y détruisent souvent les récoltes, la difficulté
de son approche , à cause des rescifs qui l'environnent ;
celle de la communication avec deux iles qui en dépen-
dent; enfin le défaut d'une bonne rade , font pre^isentir
aux colons qu'ils recevront l'ordre d'abandonner Nor-
folk, et de se transporter, soit dans la Nouvelle-Zélande,
soit dans la Nouvelle-Hollande.
Pendant le séjour dans celle île , on apprit qu'il n'y avoit
rien à faire au nord-ouest, et l'on se détermina à gagner
les lies de la Société , pour y renouveler les provisions qu'on
ne pouvoit pas se flatter de se procurer au port Jakson ,
où l'on se proposoit de se rendre ensuite , avec le projet
d'entrer dans le détroit de Bass, pour y rassembler des
peaux.
Ce fut à Otaïli que l'on se rendit d'abord , et l'on y
revint encore ensuite, après avoir visité les îles Sandwich.
I^e voyageur s'est fort étendu sur les changemens sur-
venus dans cette île, depuis qu'elle avoit été visitée par
plusieurs navigateurs célèbres, et sur les troubles dont elle
éloit agitée pendant les deux séjoiu's qu'y fit !e navire. Les
détails où le voyageur est entié se lisent avec intérêt dans
«a relation, mais ne sont guère susceptibles d'être extraits.
.re me borne à donner l'apperçu rapide de ses observa-
tions sur Otaïli.
La populalion de celte île diminue d'une manière
effrayante. Cook l'avoit évaluée, peut-être avec un peu
d'exagération , à 200,000 âmes. A l'arrivée des mission-
naires anglais dans cette île, elle éloit réduite à i5,ooo. Du
temps de Turnbull , on ne l'estimoil pas à plus de 5ooo.
Les causes de cette dépopulation, sont les ravages du mal
vénérien , ceux de la pelite-vérole , l'infanticide , plusieurs
vices apportés de l'Europe, mais sur-lout les guerres que
les insvdaires d'Otaiti ne cessent d'entretenir avec les peu—
$74 BlBLIOTHèQUE DES VOYAGES.
pies des autres îles de la mer du Sud. Aussi, lorsque le
vaisseau que montoit Turnbull aborda la première fois à
Olaïti, les habitans de cette île rejelèrent toutes les mar-
chandises européennes , et ne demandèrent que de la
poudi'e et des armes.
C'est ensuite d'un premier séjour à Otaïti, que le vais-
seau, après avoir abordé dans plusieurs des îlea de la
Société , gagna les îles Sandwich : c'est la partie de la
relation de Turnbull , roulant sur ces îles , qui mérite le
plus d'atlenlion , qui offre le plus d'intérêt.
Ce fut à O-whyhée , celle des îles Sandwich qui malheu-
reusement, comme on l'a vu, étoit la plus connue par la
mort déplorable du célèbre Cook, que Iç vaisseau aborda.
On s'empi'essa d'j' établir un commerce d'échange avec
les naturels ; mais tout y étoit trois fois plus cher que
dans les îles précédemment visitées. Sea habitans faisoient
le commerce avec infiniment plus de connoissances et
id'adresse. Cetle île, au rapport de M. Young, qui y rési-
doit depuis quatorze ans, étoit redevable de son état flo-
rissant à son roi Tamahama. Ce prince s'étoit décidé à
entreprendre la conquête des îles d'Onehow et d'Allevvay,
dans la dernièie desquelles Turnbull avoit effectivement
reinarqué de vives alarmes au sujet des préparatifs qu'on
faisoit à Owhyhée. Tamahama avoit fixé sa résidence à
Monïe : son palais éloit bâti en briques et à la manière
européenne ; les croisées étoient garnies de verre. Il s'étoit
procuré des ouvriers européens et américains dans tous
les genres. Ses sujels, encouragés par l'exemple des Euro-
péens, développoient une industrie et une activité remar-
quables dans les arts mécaniques; la navigation sur— tout
étoit singulièrement perfectionnée. C'est sur-tout à dater
de l'arrivée de Vancouver dans cette île , qu'il faut comp-
ter les progrès de cet art. Il avoit fait construire pour ce
prince, en 1792, un bâtiment qui fut noxamé Britannia ,
et dont Tamahama posa lui-même la quille. Dix ans
après, en 1802, Turnbull trouva la marine d© ce prince
composée de plus de vingt navires du port de ving[-cJnq
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. S^^
à Irenle tonneaux , dont quelques-uns même étoient dou-
blés en cuivre. A celle époque, il avoit grand besoin de
munitions navales , et il étoil disposé à les payer à tout
prix. Celle marine lui assure une supériorité bien décidée
sur ses voisins, qui n'ontque de simples pirogues. Non- ■♦
seulement Tamahama se sert de ses vaisseaux pour le
transport de ses troupes et de leurs provisions d'une île
à l'autre, car il en a plusieurs sous sa domination ; mais
il arme en guerre les plus gros de ces navires, et les charge
de petits canons. Il en emploie aussi au commerce, leur
fait entreprendre des voyages à la cote du nord-ouest de
l'Amérique, et projette même d'en envoyer à la Chine,
lorsqu'il aura des pilotes expérimentés.
L'art militaire a été, autant que l'art nautique, l'objet
delà vigilance de Tamahama. Dans ses voyages , où il st^
fait suivre par ses principaux cliefs, il est toujours accom-
pagné d'une garde respectable. Cette garde observTî une
discipline régulière. Tous les jours , il y a une parade
devant la résidence de ce prince. Les soldats ont pour
uniforme vn surtout bleu , revers et paremens blancs.
Les sentinelles crient d'heure en heure, comme à bord
des vaisseaux auglais : Toui va bien [all's well). On pourra
juger de sa fermeté et de sa prudence par le l^ait sui-
vant :
Quelques déportés de Botany-Bay ayant réussi à gagner
les îles Sandwich, se rendirent utiles à ce prince, et
reçurent en récompense la possession d'une certaine éten-
due de terrein. Ils y cultivèrent la canne à sucre , dont ils
tirèrent du rhum; et celte liqueur fut, pour eux, une
occasion de se fêler réciproquement et de s'enivrer. Leur
relâchement au travail leur attira delà part du roi quel-
ques avertissemeiis paternels. Ces gens, abusant de son
indulgence, devinrent de plus en plus ivrognes et que-
relleurs, et ils allèi-ent jusqu'à maltraiter plusieui^ insu-
laires. Tamahama alors leur lit dire que la première fois
qu'il y auroit une bataille entre eux et ses sujets , il se mef-
Iroit de la partie , pour savoir à qui resteroit la victoire.
376 El r. LI O TH ÈQUE DES VOYAGES.
L'averlissemeiit fit som efTel , et Jes colon^i de Botany-Bay
redevinrent fioumis et paisibles.
Quelque génie nalurel qu'ait ce prince, il ne seroit pas
parvenu tout seul à exécuter tout ce qu'il a fait. Il en est
de lui comme du czar Pierre i"; c'est en attirant des étran-
gers , ainsi que l'avoitfait le monarque russe, en les fixant
même dans son pays , qu'il a réussi dans tous ses projets.
Des ouvriers européens ou descendans d'Européens, de
lonies professions et de tous métiers, appelés ou retenus
dans ses îles, ont communiqué à ses sujets leins lumières
dans les aris mécaniques : sans doute l'allrait de l'oisiveté,
. celui du climat, et beaucoup plus encore la facilité d'avoir
une ou plusieurs femmes, auroient sufiB pour engager les
naalelols anglais à venir s'établir dans ce pays ; mais Tama-
liaraa leur a fait un traitement si avantageux, qu'il leur a
Ole toute envie de le quitter. Son adroite politique a été
portée à ce point , que , pendant plusieurs années , il se
faisoit donner par les Européens qui avoient abordé chez
lui, des certificats de l'honnêtelé de ses procédés. Il ne
néglige aujourd'hui celte précaution , que parce qu'elle lui
est devenue inutile. C'est assurément, dit Turnbull, un
assez puissant motif de confiance pour les Européens qui
viendroient encore se fixer chez lui , que de voir des
hommes de mérile , tels que MM. Young, Davis, le capi-
taine Steward ,satisfails de s'être attachés à sa fortune. C "est
particulièrement M. Young qui, dans le temps, excita
Tamaliama à demander à Vancouver la consiinciion
d'un vaisseau dans la forme européenne. Journellement
il reçoit de ce prince des preuves d'attachement et d'es-
time. Son rôle , auprès de Tamahama , est véritablement
celui du Genevois Lefoit auprès de Pierre 1".
C'est un véritable phénomène de trouver dans une île
de la mer du Sud , un prince qui tout-à-la-fois est un bon
administrateur, un adroit jiolitique , un guerrier habile,
' un négociant intelligent. Avec tant de qualités, il paroit
et peut aspirer à une domination universelle dans les îles
de la mer du Sud. Ses sujets surpassent les habitaus de
VOYAGES DANS L'OCEAN PÀCIFIQUF. ly]']
presque toutes ces iles dans l'intelligence de l'art militaire,
dans celui de la navigation , dans la pratique du com-
merce, dans la perfection des aris mécaniques. Les Otaï-
tiens seuls l'emportent sui' eux pour la fabrication des
étoffes , et les liabitans de Tile de Bollabolla , pour la plus
grande partie des manufactures et pour la bravoure et
rexpérience dans l'art militaire : mais Tamahama attire,
autant qu'il le peut, les habitans de ces deux îles ; les pre-
miers, comme plus ingénieux dans certains arts, et les
seconds , comme meilleurs militaire» que ses propres
ftujels.
Les îles Sandwich soiit fort peuplées, et les femmes,
■ suivant M. Young , y sont plus nombreuses que les hom-
mes, tandis qu'à Olaïli les femmes ne forment qu'un
dixième de la population totale: cela tient à ce que le bar-
bare usage de l'infanticide ne subsiste pas aux îles Sand-
wich , comme à Otaïli.
L'accroissement de la population dans ces iles ^.a forcé
les habitans à mieux cultiver le sol. Tous les fruits des
tropiques y prospèrent. On y recueille du maïs, mais ea
j)elile quantité. L'arbre à pain, comme on l'a vu, dis-
})ense, par la quantité de ses fruits, de s'adonner à la
culture des grains.
ISLES MARQUISES.
La découverte de ces îles, faite en i568, est due à
Mandana, qui leur donna le nom sous lequel elles sont
connues, pour honorer Don Garcia de Mendoce, vice-
loi du Pérou. Le président de Brosses leur donna le nom
d'îles Mendoce: c'est dans une relation espagnole, inti-
trdée Découverte des îles Saloraon : (en espagnol) Deacu-
hrimento de las islas de Salomon,(^ni{ a puisé la descrip-
tion qu'il fait des Marquises ou îles Mendoce. Elles furent
visitées depuis par Cook, en 1774; par Marchand, en
1789. J'ai donné l'apperçu du voyage de ce dernier navi-
gateur (Partie première, section vi, ^. n). Mais elles
5^8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
l'onl été beaucoup plus récemment par'Wisson ,en 1797:
je donnerai l'extrait de ce qu'il y a observé, comme ren-
fermant les notions les plus sûres et les plus détaillées sur
ces îles , loi'sque j'arriverai à la notice du Voyage des Mis-
sionnaires anglais, publié en 1799.
ISLES DE LA SOCIÉTÉ.
L'arcbipel ou groupe des îles de la Société est le plus
considérable de tous ceux de la Polynésie : il est composé de
éoixanle à soixante et dix îles. Celle d'Otaïti, à laquelle le»
voyages de M. de Bougainville , d^ Cook, de Vancouver, etc.
ont donné tant de célébrité, esi. la plus considérable de
toutes : on peut évaluer à cent milles sa circonférence.
C'est dans les trois relations que je viens d'indiquer, et
sur-tout dans celles de M. de Bougainville et de Cook,
qu'on peut puiser des notions assez bien détaillées sur cette
île. J'en ai même donné un léger apperçu dans l'extrait du
Voyage de M. de Bougainville (première Partie , section vi,
$. II ). Nous n'avons qu'un seul ouvrage particulier à cette
île ; en voici le titre :
Essai sur l'île d'Otaïti dans la mer du Sud , sur
l'esprit et les mœuvs de ses habitans, par M. Tait-
boiit. Paris, iJJJ, in-S**.
Il a été traduit en allemand sous le titre suivant :
Vebsuch iïber die Insel Otaiti in der Sud-See ,
und iiber den Geist und die Sitten der Ein-wohner.
Francfort et Leipsic , 1783 , in-8°.
Cet ouvrage n*est qu'un extrait de la partie des Voyages
des navigateurs du dernier siècle , relative à l'île d'Otaïti.
Mais nous avons sur cette île des notions beaucoup plus
récentes dans le Voyage du capitaine Turnbull, dont j'ai
donné la notice, et dans le Voyage suivant :
Voyage des Missionnaires (Moraines) dans la
mer Pacifique mëiidiouale , pendant les années
»
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. SyQ
1 796, 1 797 et 1 798 , à bord du vaisseau commandé
par le capitaixie Wisson , enrichi de cartes et de
figures : ( en anglais ) A Missionarj Voyage to the
Southern Pacific Océan, etc.... bj capitain fFisson.
Londres, 1799, in-4°.
La Société des Frères Moraves forma, il y a quelques
années, le projet d'envoyer des missionnaires à Olaïti et
dans les autres îles de l'océan Pacifique, pour prêcher
l'évangile aux habilans de ces îles et pour les former aux
sciences et aux arts de l'Europe. Différentes personnes se
présentèrent pour remplir celte mission importante. Leur
nombre s'éle^'oit à trenle-neuf , et étoil composé de quatre
ecclésiastiques, vingt-neuf artisans de tout genre et six
femmes mariées : il y avoit en outre trois enfans.
Arrivés à Olaïti, les missionnaires furent bien accueillis
et comblés de présens. Plusieurs habitans distingués s'ap-
pliquèrent même à apprendre l'alpliabet anglais-, mais les
exhortations faites aux habilans pour les détourner de tuer
leurs enfans nouveau-nés, détestable usage établi chez ces
insulaires , eurent peu de succès. Des vols avoient lieu tous
les jours. Le jeune roi Oba n'osoit visiter ni les navire»
anglais, ni les habitations des missionnaires, parce que,
dans l'opinion des insulaires , c'étoit une des prérogatives
de sa dignité, que tout ce qui se frouvoit dans les endroits
où il se transporloit devoit lui apjDartenir. Les missionr;
naires n'étant pas toujours en état de satisfaire la cupidité
des habitans, ceux-ci ne ces.soient de leur répéler : « Vous
)) avez donné beaucoup de paroles et de prières à Etua
» (Dieu), mais peu de haches , de couteaux et de ciseaux ».
Trois des chefs de l'île étant morts en peu de temps, les
insulaires imputèrent cet événement aux cantiques des
missionnaires.
Le long séjour qu'ont fait les )nissionnaires à Otaïii et
dans les autres îles de la Société, leur a donné la facilité de
rassembler, sur les moeurs des insulaires, des notions
encore plus étendues et plus exactes que n"a voient pu en
58o lîIBLlOTIlÈQUE DES VOYAGES,
recueillir des navigateurs qui n'y faisoient qu'un séjour
passager. Sous un ciel presque toujours pur , sur un sol qui
fournit en abondance tout ce qui est nécessaire pour les
besoins et raérae pour les agrémensdela vie, les Otaïlièns,
et même la plupart deshabitans des autres îles de la Société,
sont naiurellement portés entre eux à la douceur et à la
bienveillance. Cette disposition les empêche de.concevoi»-
Xiïi châtiment futur, et ils en abhorrent même l'idée. Ils
croient néanmoins à l'immortalité de lame; et ils assignent
diflerens degrés de grandeur et de félicité, suivant le plus
ou je moins de vertus qu'on aura pratiquées sur la terre,
ils adorent un grand nombre de divinités dans des temples
qu'ils appellent JkToraïj chaque famille même a son esprit-
gardien qui reçoit un culte j mais ils reconnoisseul un Lire
supiême, et sous lui des dieux supérieurs. La puissance
des espriîs est en grand crédit chez eux.
Ce qui peut altérer le bonheur de ces insulaires, c'est
l'ascendant qu'ils laissent prendre à leurs prêtres, qui sont
aussi nombreux que puissaus : ils leur supposent le pouvoir
de frapper de maladies et de mort qvù bon leur semble. A
cette absurde opinion, ils ajoutent celle d'imaginer que les
conjurations de ces prêtres n'ont de puissance que sur les
nalurels du pays , et ne peuvent rien sur les Européens,
parce que ceux-ci ne reconnoissent pas leurs dieux.
Ce qui nuit encore essentiellement à la félicité dont ces
insulaires pourroient jouir dans une grande plénitude, ce
«ont ]es guerres conlinueUes qu'ils se font d'ile à île. La
superstition est encore un fléau auquel ils n'ont pas pu
échapper : c'est elle qui les porte à sacrifier des victimes
humaines à leurs dieux; mais l'humanité qui leur est natu-
relle, et que leurs prêtres n'ont pas pu entièrement étouf-
fer, a introduit l'usage conslanl de faire tomber le choix
des victimes sur des criminels, et s'il ne s'en trouve pas,
sur des cochons. Les missionnaires virent avec douleur que
les végétaux apportés dans l'ile d'Otaïli parles précéden.?
navigateurs, avoienl tous péri: les insulaires ne les avoient
pasl.wsé mûrir, persuadés que ces végétaux n'éloient pas
VOYAGES DANS L'OCi':AN PACIFIQUE. 58l
bons à mangei*. La multiplication prodigieuse de l'arbre à
pain , des cocotiers-, des bananiers , dans celte île , l'abon-
dance de poisson qu'on y pêche, peuvent justifier peut-
être à certains égards cette indillérence et ce mépris même
pour les végélau'S de l'Europe.
La carte d'Otaïti , le%ée lors de l'expédition du capitaine
Wisson , comparée avec celle de Cook, paraît plus étendue
et plus exacte.
Les succès des missionnaires dans les îles de la Société
n'ont pas répondu à leurs espérances. Des rapports récens
nous apprennent que quelques-uns d'eux seulement sont
restés à Otaïti, et que la plupart sont retournés au port
Jakson.
Le capitaine Wisson avoit ordre de retourner par Canton
en Europe , après avoir débarqué à Otaïti les missionnaire»
et leur suite. Sur sa route , il découvrit plusieurs groupe*
d'îles , sans y aborder : il en indique seulement la situation ;'
mais il est entré dans un assez grand détail sur les îles Mar-
quises : c'est ici le lieu d'en donner l'extrait, ainsi que je
l'ai annoncé.
Les naturel» de ces îles paroissent l'emporter sur tous I«i»
autres insulaires de la Polynésie , par les belles projîorliojis.
de leurs formes et la régularilé de leurs traits. Ou regrette
qu'ils défigurent ces traits et ces fijrmes par l'usage où ils
sont, comme tant d'autres peuples, de se tatouer. Les
femmes se taitouent moins généralement qi»e les hommes,
et VVisson en vit plusieurs presque aussi blanches et auAsi
belles que des Européennes. Je vais rapporter, dans les
propres termes de la relation, la visite que Wisson reçut
de plusieurs de ces femmes sur son bord.
« Nous vîmes, dit-il, arriver de bonne heure nos hôles
» delà veille : sept femmes jeunes et chai'mantes, élancées
» du rivage, nageoient vers nous, parées avec toute l.t
» simplicité de la nalui^e, car une 'd^siiËairtie de feuille*
» vertes les couvroient seulement à la ceinture. Pendant
)) trois heures, elles jouèrent autour du vaiteeau , réalisant
[ » pour no«3 la fable des Syrtnes : elles eVièrent tvahein^s-i
582 BlBLlOTHÈQtÈ DES VOYAGES.
» ce qui veut aire femmes , jusqu'au momeul où le chef de
» l'île, venu à bord avec plusieurs des naturels , nous eut
)) priés de laisser monter sa sœur , ce que nous accordâme.';.
» Son teint, fort beau, avoit une foible nuance de jaune,
» qu'une teinte de rose effaçoit sur ses joues : ses forme»
» étoient un peu fortes; mais elles éloienl si bien propor-
)) tionnées, il y respiroit tant de grâces, que les peintres et
3) les statuaires trouvent rarement un si beau modèle. Ses
» compagnes pouvoient prétendre au même éloge : la
» jeune Olaïlienne que nous avions à bord , quoique belle
3) et bien faite, fut cependant éclipsée par ces femmes. Je
5) ciois qu'elle le sentit; mais elle avoit de quoi se consoler
» par l'amabilité de son caractère, par la grâce dé ses
» manières et la délicatesse de ses sentimens, qualités que
» ses rivales ne possédoient pas au même degré : elle fut
3) honteuse de voir sur le tillac une femme toute nue, et
3) elle donna un habit complet de toile neuve d'Otaïti à la
» sœur du chef, ce qui releva beaucoup ses charmes, et
» encouragea ses compagnes, encore dans l'eau, dont le
» nombre avoit prodigieusement augmenté, et qui nous
» importunoient pour être reçues à bord. Voyant qu'elles
j) ne s'en retournoient pas, nous en eûmes pitié, et nous
)) les accueillîmes : mais elles furent un peu trompées dans
» leurs espérances, car elles nepurent toutes obtenir des
» habits aussi aisément que la première. L'appétit de nos
» malheureuses chèvres fut même tenté par les feuilles
» vertes que portoient ces femmes qui, en se retournant
i) pour les éviter, furent assaillies de tous côtés par ces
» animaux , et réduites à la plus parfaite nudité ».
Voici l'apperçu des renseignemens que Wisson prit sur
les Marquises. Noaheva, la plus considérable de ces îles,
n'a que moitié de l'étendue qu'on donne à celle d'Otaïti.
Les cérémonies religieuses y sont à-peu-près les mêmes.
Chaque district a son moraï ou temple : les morts y sont
enterrés sous de gi'osses pien-es. Comme ceux d'Otaïti , ces
insulaires ont un grand nombre de divinités. Ils paroissent
n'avoir qu€ des (Coutumes qui l&ur tiennent lieu de loix.
VOYÀGFS DA.NS L'OCÉAN PACIFIQUE. 385
Dans ces îles, les femmes sont beancoup plus dans la
dépendance des hommes qu'à Otaïli. La polygamie y est en
usage , sur-tout chez les chefs , qui d'ailleurs ont peu d'au-
torité. Avant l'âge de puberté, on fend le prépuce aux
mâles. Ces insulaires , non plus qiie la plupart des peuples
non civilisés, ne connoissent point les repas h heures
réglées : ils mangent cinq à six fois par jour , et quelquefois
même plus souvent.
• On ne connoît aux Marquises d'autres quadrupèdes que
les porcs; mais on y a plusieurs volailles apprivoisées. Les
bois sont peuplés de plusieui's espèces de beaux oiseaux.
"Wisscm nous apprend qu'un missionnaire anglais resta
dans ces îles, déterminé par l'espérance d'y faire cesser les
querelles sanglantes dont ces îles sont agité*=îs, et sur-tout
d'y faire abolir les sacrifices de victimes humaines, qui y
sont pratiqués comme dans les îles de la Société ; mais s'il y
prêche, ajoute Wisson , contre la pluralité des femmes , il
est fort douteux qu'il y fasse beaucoup de prosélytes. De
nombreux exemples prouvent que généralement le niaho-
mélisme, en raison de ce qu'il permet cette pluralité, s'éta-
blit plus facilement que le christianisme dans tous les pays
de 1 Orient.
Voyages des Espagnols dans la mer du Sud et
à l'île d'Otaïd , traduits pour la première fois de
l'espagnol , et accompagnés d'observations et d'un
tableau historique des îles de la Société, par W. A.
Bratring: (eu allemand) Reisen der Spanien nach der
Sud-See-und Tàili-Inseln , etc.... von TV. A. Bral-
ring. Berlin, i8o3, in-8°.
En 1772-et 1774, les Espagnols avoient entrepris deux
voyages de Callao à Otaïli. Les journaux de ces deux
voyages, rédigés par le P. Amich , et dontBratring a publié
la traduction en allemand, ne renferment que quelques
notions imparfaites sur Otaïti , quelques renseignemens
géographiques assez légers. Ce ne sont, à proprement
584 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
parler, que des extraits un peu informes de la relation
complète et détaillée d^ ces deux voyages, qui se trouve
dans les archives de la marine espagnole à Madrid , el qui
sera peut— être rendue publique par le gouvernement. Il
sera curieux alors de comparer cette relation avec celles
des navigateurs anglais el français.
ISLES DES AMIS ET DES NAVIGATEURS.
Les îles des Amis ont reçu ce nom du célèbre Cook , par
une sorte de reconnoissance pour l'accueil amical que lui
firent les naturels de ces îles. La découverte en est due à
AbelTasman, quiles visita en 1643, et qui nomma Ams-
terdam la principale de ces îles. On la désigne aujourd'hui
par son nom propre Tongatanabou , dont on trouve une
carte fort curieuse dans le Voyage des missionnaires Mo—
raves, de 1797- Elle représente celte île comme naturel-
lement très-fertile et supérieurement aussi cultivée. L'île
est couverte de plantations, de vergers, de jardins enclos
de haies de roseaux , et coupés par une infinité de petites
routes. Au nord de l'île, sont une lagune, et quelques
îlots, forjnant un havre assez bon.
Cook et M. de la Billardière , d'après d'Entrecasfeaux,
ont confirmé les notions que Tasman nous avoit trans-
mises sur les habilans des îles des Amis. Ces derniers navi-
gateurs, comme on peut le voir dans leurs relations, prêtent
aux habitans des îles des Amis , une condiMte plus régur-
lière et plus grave que celle des Otaïtiens, plus d'activité
aussi et plus d'iiiduslrie , un plus grand perfectionnement
dans leurs manufactures, leurs arts, leur musique, qu'on,
n'en a remarqué chez ceux-ci, parce que leurs propriétés
sont plus garanties, quoique leurs chefs y exercent une
autorité ^Ans despotique. Du reste, les mœurs des deux
peuples ont une grande conformité : on la retrouve même
jusques dans les,forj,iaes du corps , si ce n'est que les chefs
des îles des Amis ne sont pas d'une aussi grande stature
que les chefs des insulaires d'Olaïli. Les femmes qui se
tiennent à l'ombre ont le teint fort blanc.
VOYAGES DANS L'OCÉAlV PACIFIQUE. 385
lies guerres sont moins fiéquenles dans ces îles que
dans celles de la Société. Le nombre des viclimes humaines
qu'on sacrifie à Tonganatabou est néanmoins fort consi-
dérable. Les missionnaires qu'on y a laissés , ont commu-
niqué aux insulaires quelques arts utiles. Les rats y nui-
soient beaucoup aux productions de l'Europe. Les chats
qu'on y a introduits pourront diminuer ce fléau. Il est
remarquable que les moraïs ou temples, appelés ici Fra—
toukas , et qui ont la forme de terrasses, sont construits en
roches de corail , et qu'on y monte par des marches fort
hautes de même matière.
Les îles des Navigateurs fui'ent découvertes par M. de
Bougainville , en 1768 , comme on peut le voir dans sou
Voyage : il les nomma ainsi , pour signaler l'adresse singu-
lière des habitans à naviguer dans leurs nombreuses pi-
rogues , quoique celle industrie leur soit commune avec
tous les insulaires de la Polynésie. C'est dans le Voyage
de la Peyrouse , qui visita plusieurs de ces îles, qu'on peut
recueillir les renseignemens les plus exacts sur leur situa-
tion , leur nombre , et le caractère physique et moral de
leurs habitans.
D'après sa l'elation , le groupe des îles des Navigateurs
est , par sa population , sa fertilité , le plus important qu'on
ait encore découvert dans la Polynésie. Les principales de
ces îles , sont Pola , Oyolava, Opoun et Mavena , où furent
assassinés, comme on l'a vu ( Partie premièi-e, section a^i,
^. II) le capitaine de Langle , le naturaliste Lamanon et
autres.
Pola, la plus grande de ces îles, l'est moins cependant
qu^'Otaïti ,mais elle l'est beaucoup plus que Tongalanabra.
La Peyrouse suppose que ces îles renferment quatre cent
mille habitans. Ce calcul paroît être exagéré; mais l'abon-
dance des provisions y est telle, qu'en vingt-quatre heures,
la seule île de Mavena , devenue si fatale à ses compagnons ,
lui fournit cinq cents cochons et une quantité immense
de fruits. A Oyolava , il vit un village qu'il estima le plua
eonsidérable de toute la Polynésie : il avoit l'apparene
yi. Bb
586 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
d'une ville. La mer y étoit couverte de pirogues , comme
à Mavena , où plus de deux ceuts de ces bàlimens enviroti-
iièrenl ses navires.
Ce navigateur dépeint les femmes de ces îles comme
très-jolies et fort libres dans leurs manières. Les hommes
sont d'une stature et d'une force peu communes: ils mépri-
soienl la petite taille des Français. Du reste, ils ont une
férocité de caractère qu'on ne remarque guère dans le»
autres îles de la mer du Sud. Mais ils l'emportent peut-
être sur les insulaires de cette partie du globe , par leur
industrie , leur adresse, leur esprit même d'invention. On
est étonné de les voir , avec de simples outils de basalte ,
réussir à polir parfaitement les ouvrages en bois. La ma-
tière de ces outils porleroit à croire que ces îles oui eu des
volcans : cette observation a échappé aux différens navi-
gateurs qui ont visité ces îles.
ISLE DE PAQUES.
Celle île, qui semble appartenir plutôt à la Polynésie ,
quoiqu'elle en soit détachée et même à une assez grande
distance , qu'à l'Amérique méridionale, fut visitée, pour
la première fois, en 1686, par Davis: elle l'a été depuis
par Cook, et plus récemment par La Peyrouse. Voici
l'apperçu de ce que renferment , sur l'île de Pâques, les
relations de ces deux derniers navigateurs.
La forme de cette île est triangulaire : à l'une de ses
extrémités, on trouve des indices sûrs d'un ancien volcan.
A la diflérence de ce qui se pratique dans toutes les îles de <#
la mer du Sud , les naturels de celle de Pâques construisent
leurs huttes en pierres qu'ils trouvent toutes détachées
dans l'île. La porte en est si basse , que pour y entrer, ils
marchent sur leurs genoux et leurs mains. Ils y pratiquent
une espèce de cave , dont ils font le magasin de leurs pro-
visions et de leurs outils. Ils ont néanmoins auisi quelques
édifices en bois. La structure de leurs moraïs ou temples,
qui , comme dans la Polynésie , serv;ent aussi de cime—
VOYAGES DANS L'OCÉAN PACIFIQUE. SSj
îhères , sont conslriiils d'une manière assez remarquable.
Ce sont des espèces de plates-formes surmonlées de co-
lonnes informes, mais qui ont jusqu'à quinze pieds de
haut, et qui, suivant l'observation de l'ingénieur qui éioit
de l'expédition de LaPcyrouse, n'ont pu être élevées, iaiis
le secours des cordes et d'autres machines, qu'avec une
extrême difficulté.
L'industrie des naturels de cette ile ne se décèle pas
seulement dans ces constructions : elle se manifeste d'une
manière beaucoup j)lus utile pour eux dans leur agricul-
ture. Le sol de l'île de Pâques est si stérile, que les arbres
ne s'y élèvent pas à plus de dix pieds : elle n'est arrosée
par aucun ruisseau. L'eau s'y arrête et même s'y perd
dans les cavités des rochers; et l'industrie des habitans est
néanmoins parvenue à former , dans une terre aussi in— ,
gi'ate , des plantations de bananiers, de pommes-de-len^e,
d'ignames et même de mûriers à papier, dont l'écorce est
employée à faire des étoiles, et souvent aussi leur habille-
ment.
HiSTOïKE chronologique des découvertes faites
tîans la mer du Sud ou l'océan Pacifique, depuis l'an
1679 jusqu'en 1620; par le capitaine de vaisseau
Jacques BurnejjR\ec planches et cartes : (en anglais)
^ chronological History of the discovenes inilieSoulff
Sea or the Pacifie Océan, etc.... b/ James Burner,
Londres , INicol , 1804-1S07 , 2 vol. iu-4°.
L'auteur de celte Histoire chronologique se propose de
publier les extraits de différens voyages faits, non-seulement
dans la mer du Sud , comme l'annonce le titre , mais aux
Terres Magellaniques et en Amérique, et dégagés des détails
nautiques et d'autres particularités qui ne sont pas û\\\i.
intérêt général. Il a adopté, comme on le voit, l'ordre
chronologique, en divisant tous les voyages en six classea
générales et distinctes. Mais il n'ofFre cette division que
comme un essai susceptible de plusieurs modifications.
58S BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
En allendant qu'il se soiL fixé sur l'exéculion de ce vaste
plan, il commence par la cinquième classe, qui comprend
les vo)'ages faits autour du monde, mais principalement
dans la mer du Sud. C'est ce qui m'a fait placer cet ouvrage
clans le paragraphe relatif aux Voyages faits dans cette mer.
L'introduction renferme une relation succincte de
toutes les découvertes faites avant le voyage de Magellau.
L'auteur a consulté et comparé à cet effet toutes les rela-
tions qui nous restent sur ces découvertes; mais en géné-
ral, il a suivi celles de Ferrera et de Pigafetta. A l'occa-
sion du voyage de Magellan , il examine une assertion
qui , si elle éloil solidement appuyée , diminueroil beau-
coup la gloire de ce célèbre navigateur. Cette assertion
consiste à soutenir que le détroit qui jDorte le nom de
Magellan avoit été connu avant lui, et indiqué même par
un illobe de Martin Behaim , de Nuremberg , et que par-
la, ce dernier avoit montré la route de l'Amérique à
Christophe Colomb.
L'auteur de l'Histoire chronologique commence d'abord
par faire observerque cette assertion n'a été faite et publiée
qu'après la découverte. Il ajoute que Martin Behaim n'avoifc
fait son globe terrestre qu'en 1492 , l'année même où
Christophe Colomb entreprit son grand voyage de décou-
vertes. La figure et la description de ce globe ont été
publiées, et l'on n'y apperçoit aucun continent de l'Amé-
rique , ni même aucune terre qui pût arrêter la navigation
vers l'ouest de la Chine. Après la découverte de l'Amé-
rique , Martin Behaim aura probablement changé son
olobe ou sa mappemonde. Au reste, l'auteur trouve très-
probable que Martin Behaim , et plusieurs autres avant
lui, avoient peut-être l'idée d'une navigation vers l'ouest,
avant que Colomb et Magellan eussent formé le projet de
l'exécuter,
La suite du volume contient l'extrait de plusieurs autres
voyages faits joar les Espagnols et les Portugais, avec un
appel çu du progrès de leurs découvertes.
Le premier navigateur anglais qui est entré dans la mer
VOYAGES DANS L'OCeAN PACIFIQUE. SSg
3u Sud, est nommé Oxnam ou Oxenham. Il passa l'Isthme
de Darien, la première fois avec Dracke, en i573, et
ensuite en iS'jb. Il construisit un brigantin sur les côtes
de la mer du Sud, et commença à piller les provisions ft
les vaisseaux espagnols : ayant été pris dans ces excur-
sions , il fut condamné comme pirate , et exécuté.
L'idée d'un continent méridional est très— ancienne , et
se trouve déjà dans les rapports de Juan Fernandez. Les
mathématiciens e1 les géographes l'accueillirent ensuite,
parce qu'ils croyoient ce continent nécessaire dans l'hémi-
sphèx'e austral , pour contrebalancer la masse de l'Asie et
de l'Europe dans l'iiémisplière septentrional. Les voyages
qui ont été faits depuis dans la mer du Sud, on{ détruit
joette opinion.
Dans la nouvelle Histoire chronologique , le voyage de
sir François Dracke est rédigé avec beaucoup de précision,
d'après tous les rapports qui existent, soit imprimés, soit
manuscrits. On y a ajouté l'explication de la projection
des caries qui accompagnent le premier volume , et plu-
sieurs observationsgéographiques. On y trouve, entre autres
la description de quelques cartes du seizième siècle, sur
lesquelles la Nouvelle-Hollande est désignée sous le nom
de Grand-Java. L'appendix contient quelques nouvelles
remarques sur la pi'ojeclion des cartes, et particulièrement
fiur le degré de courbure propre aux parallèles de latitude.
Tel est l'objet du premier volume. Le second renferme,
outre les vovages à la mer du Sud dont j'ai donné la notice,
ceux de Robert TVither'ington ^ de Christophe Litter , de
Don jilvario de Mandana , dans cette mer. On y trouve
aussi quelques voyages dans le détroit de Magellan que
j'indiquerai ultérieurement.
N'ayant pas pu me pi-ocurer l'inspection de l'ouvrage
de Eurney, j'ai emprunté du Journal de la Littérature
étrangère une partie de la notice qu'on y a insérée de cet
ouvrage.
ôgO BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
SECTION IL
Descriptions des Terres Magellaniques. Voyages
J\aits dans ces pays.
ViîRiTABLE et exacte Description de toutes les
pertes qu'essuyèrent, en 1 5g8, cinq navires expédiés
d'Amsterdam pour gagner les îles Moluqucs par le
détroit de Magellan , et principalement le vaisseau
commandé par le capitaine Weert , qui , après avoir
souffert pendant deux années entières des fatigues
infinies et de cruelles angoisses , revint enfin en
l'année 1600 dans sa patrie, sans avoir rempli sa
destination ; par Bernard Jansz: (en latin) Bernhardi
Jansz 'vcra et. accurata Descriptio cladiuin omnium
quae accidenint quinque navibus, anno l5g8, Amstae-
lodamo expeditis , et per fretuni MageUanium ad
Moluccanas porrecturis : jtavi praecipue Jidei capi^
tanei de JVeert addictae , qui post iiijïintos labores
et aeruvwas hiennio intégra toleratas , tandem anno
1600 re infecta ad suas rediit. (Insérée dans la
neuvième partie de la Collection des Grands Voyages
de Théodore De Bry , page b().)
Voyage fait au détroit de Magellan , dans les
années i6i5à 1617, par Guillaume-Corneille »Sc/?.om-
ten: (en hollandais) Reyse gedaen in de Jalircn j6iS y
j6i6 , i6iy , door de straet Magellanes ^ door JVill.
Corn. Schoulen. Amsterdam, 161 7, in-4°.
VOYAGES AUX TERRES îvrAGELLANIQ. SqT
Dlcouverte du détroit de Leiuqire.(eu hollan-
dais). Amsterdam, Michel De^rau , i(3i8, iïi-4*'«
— La même , en français. Ibid. 1618, in-4".
— La même , en allemand. Ihid. 161.8, in J^ .
La même, en latin sous le lilre suivant :
DÉCOUVERTE d'un nouveau détroit dans la partie
méridionale du détroit de Magellan, par Guillainne-
Corneille Sehouten , depuis Tannée 161 5 jusqu'en
l'année 161 y: (en latin] Novi freti in parte nieri-
dioiiali freli 3fogellani in magjiuni mare australe
detcctio facta a Guill. Cornel. Schouten , ah anno
i6i5usque ad i6iy. Amsterdam. Pierre Kaer, 1618,
in-4".
— La même , encore en latin , ornée de sept
planches , avec le titre de l'édition laiine de 1618.
Amsterdam, Louis Vlasi-Blaeu, 1620; ièù/. Janson,
1621 , p. in-4°.
La même, encoi-e en latin, sons un titre différent des
précédentes, ornée aussi de sept planches : voici quel est
ce titre :
DuRiUM, vel Descriptio lahoriosissimi et moles-
tissimi itineris facti a Guillehno Cornelio Schoutenio,
germano, annis i6i5 , 1616 et i6iy , quâ parte australis
freti 3fagellanici novwn ductum , autfretuni , in ma-
gnum mare australe det.ea.it , totumque orbem ter-
rarum circumnavigavit. Editio altéra. Amsterdam ,
Vlasi Blaeu , 1648, p. in-4°.
— La même (en français). Paris, M. Gobert,
161 9, p. in-4".
— La même , encore en français. Paris, Girard
et Henri Le Gran , i65o , iii-4°.
Sga BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
On la retrouve encore en français dans le Recueil de»
Constantin, dont j'ai donné la notice (première Partie,
seclion iv , §. v).
La navigation de Lemaire , dégagée de celle de Guil-
laume-Corneille Scliouten ,a paru, pour la première fois^
sous le tilre suivant :
Miroir des Navigations orientales et occiden-
tales de l'Inde , dont l'une a été entreprise sous le
commandement et les auspices de George Spil-
• Jjerg, et l'autre sous ceux de Jacques Lemaire ; orné
de quatre planches pour le Voyage de Lemaire seu-
lement : (en latin) Spéculum orientalis occidentalis—
que Navigatioiiis quarum una Georgii a Spilbevgen ,
altéra Jacobi Lemaire auspiciis imperioque directa,
Leyde _, Nicolas Guelkerken , 1619, in-4''- obi.
Nous en avons une édition en français sous le titre sui-
vant :
Miroir Oest et West-Iudical , auquel sont des-
criples les deux dernières navigations faictes es
années 16145 i6i5, 16 17 et 1618, l'une par le
renommé guerrier de mer George de Spilberg , par
le détroit de Magellan , et ainsi tout autour de toute
la terre , avec toutes les batailles données , tant
par terre que par eau. Ici sont aussi adjoutées deux
histoires , l'une des Indes orientales , l'autre des
Indes occidentales, avec le nombre des navires^
forts, soldats et artillerie. L'autre faicte par Jacob
Lemaire , lequel au côté du Zud du détroit de Ma-
gellan , a descouvert uu nouveau détroit ; avec Ja
description de tous les pays , gens et nations. Le
tout embelli de belles cartes et figures à ce ser-
VOYAGES AUX TERRES MAGÉLLANIQ. Sq^
vantes. Amsterdam, Jean-Jansz, siir-l'Eau, à la
Pas-Curte , 1621, iii-4"^ oLl.
Celte édition eot fort recherchée, quand l'exemplaire
est bien conservé et que les planches sont complètes : il
doit y en avoir vingt.
Le Nouveau-Monde , ou Description des Indes
occidentales , par Antoine de Herrera, avec la Navi-
gation australe de Jacques Lemaire , par Métaphraste
Barlaeus , ornëe de plusieurs planches : ( en latin )
Novus Orhis sive Descriptio Indiae orieiitalis , aulore
Ant. de Herrera. Metaphrasti Barlaei accesserunt
Navigationis nuper australis Jacohi Lemaire Histo-
riae. Amsterdam, Michel Coltinius , lô^iS, in-fol.
La description des Indes occidentales par Antoine de
Herrera , avec celle de ces mêmes Indes par Pierre Ordo-
nez de Cavallos, et la description du Nouveau-Monde,
ont été traduites en français , et on y a joint la Navigation
australe de Jacques Lemaire, et les navigations au détroit
de Magellan , traduites du flamand en français. J'en ai
donné la notice (cinquième Partie, section i).
Relation de deux caravelles que le roi d'Es-
pagne envoya de Lisbonne, l'an 1618, au mois
d'octobre , sous la conduite du capitaine don Jean
de More , pour visiter et découvrir le passage de
Lemaire devers le sud , lesquelles retournèrent en
Seville au mois d'août 1619 , et firent le rapport au
Roi de ce qui leur étoit advenu.
J'ai trouvé dans des catalogues, la notice de celte rela-
tion, sans indication de ville , de date et de format, et tella
que je la donne ici.
PiECUEiL et Abrégé de tous les Voyages qui ont
été faits devers ie détroit de Magellan ; du Voyaj:e
094 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
de Ferdinand Magellanes ; du voyage que firent les
vaisseaux de l'évêque de Plaisance Don Gullarès
Carjai'al; le troisième Voyage vers l'estroit de Ma-
gellanes par le sud ; le quatrième Voyage de Don.
Frère Gescia de Loajsa , qu'envoya l'empereur
Charles , avec six navires, à la recherche du même
détroit , l'an 1 525 ; Voyage de Don François Dragua
vers le même détroit de Magellan , l'au lôyy ; Voyage
de Pedro Samiiento , qui partit de Lima l'an i5-9,
en intention de recognoître et visiter le détroit de
Magellanes de la part du sud ; la première Naviga-
tion de Candi s s allant vers le détroit de Magellan;
la deuxième et dernière Navigation de Candissallant,
avec trois grands navires et deux barques , devers
l'estroit de Magellan ; Voyage de cinq bateaux do
Jacques Mahu et Simon de Cordes , qui partirent
de Rotterdam l'an i528 , pour l'estroit de Ma-
gellan.
Avec la notice de latraduclion en français de la descrip-
tion des Indes occidentales, d'Antoine de Herrera, j'ai
donné , dans un litre général , celle de ces diftéientes rela-
tions (Partie cinquième, section i).
La partie la plus précieuse de ces recueils , soit en lalîn ,
soit en français, c'est la relation de la navigation australe
de Jacques Leiuaire, parce que, comme l'observoit judi-
cieusement M. Camus (Mémoire sur les Grands et Petits
Voyages, etc....), l'on y restitue à Jacques Lemaire et à
Jean, père de Jacques, la gloire de la découverte du, détroit
de leur nom, faussement attribuée, dans les premières
relations, dont j'ai donné la notice, à Guillaume Corneille
Schouten. Avec divers actes authentiques relatifs au voyage
de Lemaire , l'on trouve dans cette relation les délibérations
pribcs par les chefs d'équipage , le 26 février iGi6, pour
VOYAGES AUX TERRES MAGELLANIQ. 5o5
donner au détroit le nom de Jacques Lemaire : elles sont
signées par Guilîaume-Corneille Schouten lui-même. C'est
doue à ces deux éditions latine et française qu'il faut s'at-
tacher de préférence , relativement à la découverte du
détroit de Lemaire.
Voyage entrepris par ordre de Sa Majesté calho-
llque , par le capitaine Barlholomé Gardas et Gon-
zales de Nodal , pour reconoortre le nouveau détroit
de Saint-Vincent et celui de Magellan : (en espa-
gnol ) Relacion del Triage que por ordeii de Su ISla-
jest.ad hisieron los capitaiies Bartholomeo Gardas
j Gonzales de Nodal, descuhrimiento dél estredio
Tiuei>o de San- Tlncente y reconodniiento del de
Magellajies. Madrid, 1621, in-4''.
Ce voyage est curieux et rare. Il faut s'assurer d'abord s'il
s'y trouve une carte géographique gravée sur bois, ou sont
tracés les lieux parcourus parle voyageur; et pour constater
ensuite si l'exemplaire est bien entier, il faut consulter la
Bibliographie de De Bure (tome 1^" de l'Histoire, pag.
2i5 et 216).
Description géographique des terres escarpées
de la Région Australe et Magellanique , par Sejxas
de Louera : (en espagnol) Descripdon geograflca
■ de-la Région Austral j Magellanica, por Sejxas de
Louero. Madrid, i6go, in-4''.
Voyage de Jean Narhorough au détroit de Magel-
lan , avec la relation de plusieurs voyages au nord
et au sud : (en anglais) John Narhorouglis Voyage
io the streights of Magellan , account of sci^erdl late
Tojages to the south and norlh. Londres, 1694?
in8\
On en a donné depuis une autre édition hous le titre
suivant :
096 BIBLlOTIîEQUE DES VOYAGES.
Voyage to the South-Sea ^ hy sir J. JYarborougJi,
Londres , 1711, m-8° .
La première partie de cet ouvrage a été traduite en fran-
çais sous le litre suivant :
Relation des Voyages de Jean JVarhoi^ough aux
Terres Magellaniques , rédigée par lui-méiue , tra-
duite de l'anglais. Paris , Bernard , 1722 , in- 12.
Celle traduction se trouve aussi à la suite des Voyages de
Correa, dont j'ai donné la notice. La relation de Nar-
borough est irès-estimée, et mérite de l'être.
Voyage aux Terres Magellaniques , par Cowle/,
traduit de l'anglais. Piouen , 171 1, in-12.
Dans son Histoire des Navigations aux Terres Aus-
trales , le p. de Brosses avertit qu'il faut se défier de ce que
raconte Cowley de ses excursions aux Terres Australes
{ Magellaniques ).
Voyage aux Terres Magellaniques , par André
Sharp, traduit de l'anglais. Rouen , 1712, in-12.
Voyage aux Terres Magellaniques , par Jeaa
TVood j rédigé par le même, traduit de l'anglais.
Amsterdam, 1712, in-12.
Cette relation est aussi estimable que celle de Narborougb.
Les traductions de ces trois derniei's Voyages se trouvent
aussi à la suite des Voyages deDampierre , dont j'ai donné
la notice (première Partie , section vi , ^. 11).
Essai sur les Patagous, par l'abbé Cojer. Paris,
^767,in-8^
Voyage au détroit de Magellan , par le capitaine
ViGVYe Sariniento de Gamboa, dans les années i^g^
et 1 600 ; et Notice de l'expédition qui a été faite eu
vue de le peupler : (en espagnol) Pliage à V estrecho
de 3]agtllanes ,por el cap. Pedro Sarmiento de Gain-
TOYACES AUX TERRES MAGELLANIQ. ^97
hoa , en los annos iSgg y lôuo ; j Noticia de la
expedicion que despues hizo para pohlarla. Ma-
drid, de rimprimerie royale de la Gazette, 1768,
in-4".
Journal historique d'un voyage aux îles Ma-
louines, fait en lyôS et 17O4, pour les reconnoître
,et y former un établissement; et de deux voyages
au détroit de Magellan , avec nue description des
Patagons , par Antoine - Joseph Pernettj. Berlin ,
1769, 2 vol. in-8°.
On en a donné une seconde édition à Paris, sous le titre
suivant :
Histoire d'un voyage aux îles Malouines , fait
en 1 763 et 1 764 , avec des observations sur le dé-
troit de Magellan et sur les Patagons , par Don Per-
nettj : nouvelle édition , refondue et augmentée
d'un discours préliminaire , de remarques sur l'his-
toire naturelle, etc.. ornée de cartes et de figures.
Paris , Saillant et Nyon, 1770 , 2 vol. in-S".
Ce Voyage a été traduit en anglais sur la première éâ\~
tioa , sous le titre suivant : ,
HlSTORY of a voyage ta the Malouines Islands,
in iy63 and 1^64 , under the command of M. Bon-
gainville, and of two voyages to the streigths of Ma-
gellan , with an account of the Patagonians. Lon-
dres , 1770, in-4°.
— Il l'a été encore sur la seconde édition. Lon-
dres, Goldsmith, 1794? iii-4".
Les îles Malouines, que les Anglais ont appelées les îles
Falkkiiid, ne sont séparées que par un détroit , de la pointe
de cette partie des Terres Magellaniques qu'habitent les
SgS BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
Prttagons. Eiles fureni reconnues par Hawkins en iSgJl
Elles ont été visilées en 1714? pa»' un armateur de Sainl-
Malo , qui leur donna le nom de sa \dlle. Roggevin les
cûloya en 1721 ; mais aucun voyageur n'a pu si bien le»
<]écrire que Peinetly, qui accompagna M. de Bougain-
ville , dans le voyage qu'y fit, en 1760 et 1764, ce célèbre
îiavigateuf , pour en prendre possession au nom de la
France : elles fuirent cédées depuis à l'Espagne : ce fut un.
des objeLs de la seconde expédition de M. de Bougainville,
qui commença par celte i-emise son voyage autour du
monde, en 1767 , et qui en a donné un rapide extrait dans
la relation de ce grand voyage.
Comme cet arrangement politique a reiranché, pour
les Français, les occasions , du moins aussi fréquentes , de
visiter ces îles, on doit savoir gré à Pernetty de les avoir
fait connoître dans un assez grand détail. Il s'est attaché
sur-tout à rbisloire naturelle des îles AJalouines : c'est ce
qu'il y avoit de plus intéressant à y observer. Sa relation
embrasse beaucoup d'autres objets, tels que des remarques
sur l'histoire naturelle du Brésil et les mœurs de ses habi—
lans, avec des observations sur les loix et les coutumes des
peuples de Monte-Video dans le Paraguay; mais il s'est
plus particulièrement étendu sur le détroit de Magellan ,
et principalement sur les Palagons, auxquels il donne assez
gratuitement l'épilhètede géans, parce que le moins grand
de ceux avec lesquels communiqua l'équipage du vaisseau ,
avoit cinq pieds cinq pouces de haut.
Description de la Pata<,'ome et des pays adja-
ceos dans l'Amérique du Sud , avec quelques détails
particuliers sur les îles Falkland , par Thomas Fal/i-
lier: (en aut^hùs^ Description of Patagoiiia and the
adjoining parts of South-America , and some partî-
culars rclaîing to Falhland islands, bj Thomas Falk-
ner. Londres, 1774? iîi-4°'
Gel ouvrage a été traduit eu français sous le titre suivant :
VOYAGES AUX TERRES MAGELLANIQ. SqQ
Description des Terres Magellaniques et des
pays adjacens , traduite de l'anglais par M. B'^'*'*.
Genève , Dufart , 1787, 2 vol. in-24.
Celte descriplion embrasse principalement les paj'5 et
les peuplades qui se trouvent entre le Chili et le détroit de
Magellan. L'auteur y a joint un petit essai sur l'idiome des
JSlalaches , l'uue de ces peuplades.
Relation de la dernière expédition faite au port
Egmond dans les îles Falkland, par Bernard Pe/i-
rose , avec les ope'rations de l'équipage du navire
le Peugouin , pendant son séjour dans ces îles , en
l'année 1772: (en anglais) Bernard P enr ose' s Ac-
count of the last expédition to port Egmond in Falk-
land islands , in the jear J//2 , together with the
transactions of the campany oj" the Pen^oin shallop ,
during their staj there. Londres ^ 1 775 , in-8°.
Nai\ration de l'honorable Jean Bjron (com-
modore dans la grande expédition autour du monde),
contenant le récit des grandes détresses souffertes
par ses compagnons et lui, sur la cote desPalagons,
depuis l'année 1740 jusqu'à leur arrivée en Angle-
terre , en 1 746 : on y a joint la Description de Saiut-
Jago au Chili , et des manières et usages de ses habi-
tans ; de plus , la relation de la perte du vaisseau de
guerre le TVager, de l'escadre de l'amiral Anson :
le tout écrit par Jean Byron lui-même : (en anglais)
The jVctrrative of the honourahle John Bjron ( coni"
modore in a late expédition round the tporld^ ^ con-
taining an account of the great distresses suffered bj
himselfand his companioïis on the coast ofPatagonia,
from theyears iy4o til their arris^alin Englandiy46:
400 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
iAntli a Description ofSt.-Jago de Chili , and the man^
tiers and custonis of the inhabitants ; also a relation,
ofthe loss of the Wager, man of war one of admirai
Anson squadron written hj hiraself. Londres, Baker,
Leicli et David, 1780, in- 12.
Ce Voyage a été traduit en français sur une première
édition du Voyage original que je n'ai pas pu me pro-
curer : voici le titre de cette traduction :
Voyage de Jean ^jro» autour du Monde, en
Î764 et 1765, avec une Description du détroit de
Magellan -, traduit de l'anglais. Paris , 1 765 , in-8°.
Par cette expédition , où Byron et ses compagnons
éprouvèrent dans la mer du Sud, et particulièrement sur
la côte des Patagons, des détresses aussi cruelles qu'elles
furent prolongées , cet habile navigateur préludoit à la
grande expédition autour du monde, qu'il n'entreprit que
]iuit ans après son retour en Angleterre , et dont j'ai donné
la notice (première Partie, section vi, §. 11).
Relation d'un dernier Voyage au détroit de
Magellan, dans les années 1785 et 1786, par la
frégate de Sa Majesté Sainte-Marie de la Cabeza ,
extraite des tables antérieures à sa découverte , im-
primées et manuscrites ; avec une notice sur les
habitans , le climat et les productions du détroit,
et exécuté de l'ordre du Roi : (en espagnol) Rela-
cion del ultinto Viage al estrecho de Magellanes de la
fregata de S. M. Santa-Maria de la Cabeza , en los
annos de i/SS j 1/86 , extrato de tavolas anteriores
de su descubrimiento , imprentas j m. m. ; y noti-
cia de los habitantes , del clima y producciones del
estrecho , trajda de orden del Rej. Madrid, veuve
d'lbarraetC% 1788, in-4°.
YOYAGES AUX TERRES MAGELL AlVIQ. 4'^I
Outre le portrait de Magellan, la relation est enriciiie ,
i". d'une carte de la partie de l'Amérique méridionale où
est situé le détroit de Magellan ; 2^. d'une carte réduite de
ce détroit , dressée par le commandant , les officiers et les
pilotes de la frégate j 3°. de deux autres cartes où sont
figurés les plans de divers ports du détroit , tels qu'ils ont
été levés en 1 786 ; 4°- de quatre tableaux de l'état du ther-
momètre de Réaumur, pendant tout le cours du voyage.
Cette relation , précédée d'une introduction sur les
motifs qui ont fait entreprendre le voyage, et sur la mé-
thode qu'on a employée pour le rédiger , est l'une de celles
qui répandent le plus de lumières sur l'hydrographie da
détroit de Magellan : c'est l'objet de la première partie.
Lia seconde est consacrée d'abord à de bons extraits des
Voyages faits au détroit de Magellan , en commençant par
celui de Magellan , qui a donné son nom au détroit , et ea
finissant par celui de M. deBougainville. La relation est ter-
minée par des observations sur le sol, le climat et les pro-
ductions du détroit, par des remarques sur ses habitans^
tant Patagons qu'Indiens (Américains); et enfin par la
solution de ce problême , si l'on peui former des établisse-
mens dans le détroit.
Relation des îles Falkland , par W. Clayton:
( en anglais ) JV. Clayton s Account of Falkland
islands. (Se trouve dans les Transactions philoso-
phiques , vol. ^6 , part. 11 , pag. 99 et suir.)
TI. ۥ
4o2 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
SECTION III.
Descriptions des Terres australes. J^oyages
faits dans ces contrées.
JTouk les Terres Australes, je suivrai la uiême marche
À laquelle je me suis attaché pour les îles de la mer du Sud.
Je vais d'abord donner la notice des descriptions et des
relations qui embrassent les Terres Australes en général ,
ou mie grande partie de ces tei'res. Je reprendrai ensuite
tliaque contrée en particulier , et j'y appliquerai, soit le
petit nombre de relations qui leur sont particulières, soit
ce que renferment à leur égard les grands voyages Cails
autour du monde et autres.
Histoire des Navigations aux Terres Australes ,
contenant ce que l'on sait des mœurs et des produc-
tions des contrées découvertes jusqu'à ce jour, et
où il est traité de l'utilité d'y faire un nouvel éta-
blissement , avec une carte des mers des Indes ,
Pacifique et Atlantique, et principalement duîVfoude
Austral , et une autre carte du détroit de Magellan
et des îles Malouiues (par le président de Brosses').
Paris, Durand, 1766 , 2 vol. in-4''.
— La même , traduite en allenjand par A. P.
Adelung. Halle, 1767, in-8°.
— La même , traduite en anglais. Londres , 1 767,
in-8°.
J'ai cru devoir placer à la tête de cette section, l'ouvrage
du président de Brosses, parce qu'il renferme d'excel—
lens extraits des anciens Voyages faits aux Terres Aua-
TOYAGES AUX TERRES AUSTPvALFS. 4^5
traies. Le mérite de cet ouvrage , où l'aiifeur a exercé la
plus judicieuse critique sur ces relations anciennes, et
où, le premier, il a répandu de grandes lumières sur des
contrées beaucoup moins connues alors qu'elles ne le
sont aujourd'hui , jouit d'une grande réputation, même
chez l'étranger.
Le président de Brosses, d'après l'exemple des Finlan-
dais, qui pratiquent des roules sur les mers glacées, parois-
soit se flatter qu'on pourroit vaincre l'obstacle des glaces
et s'élever près du pôle antarctique. L'infructuosilé des
tentatives de Cook , de La Peyroiise, de Vancouver , d'En-
trecasleaux et de plusieurs autres navigateurs, ne per-
met guère aujourd'hui de l'espérer.
L'autre Monde , ou la Terre Australe, derniè-
rement visitée dans le cours de ses longs voyages ,
par un Académicien étranger , publié par Guillaume
Knight : ( en latin ) Mundus aller et idem , siwe Terra
jiustralis longis itineribus peregrini Academicl nuper-
rime perîustrata, autore Guillelmo Knight. Francfort,
1604, in-i2.
La Terre Australe^ ou l'Australasie dePelsart
(en hollandais). Amsterdam, in-fol.
Cette relation a été traduite par Melchisedech Theve-
not : on la trouve dans la première partie de sa Collec-
tion , sous le titre suivant :
La Terre Australe découverte par le capi-
taine Pelsartj qui y fit naufrage.
Celte découverte remonte à l'année 162g.
Voyage d'Abel Tasman aux Terres Australes ,
l'an 1642. (Inséré dans la Collection de Melchise-
dech The venot , partie 4°-)
Le même , sous un autre titre :
Relation d'un voyage aux Terres Australes ia-
4o4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
connues , tirée du Jouraal du capitaine Abel-Jansen
Tasman. (Insérée à la suite des Voyages de Correa,
tome II j édition de Paris.)
Voyages aux Terres Australes et à la Nouvelle-
Hollande , par Dampierre (en anglais). Londres,
1705- 170g, in-S**.
Ces Voyages , qui ont paru en anglais aux deux époques
que je riens d'indiquer, ont été traduits en français ^ et se
trouvent dans les tomes iv et v des Voyages autour du
monde de Dampierre ( édition de Rouen ) , dont j'ai donné
la notice.
Histoire de l'expédition de trois vaisseaux en-
voyés par la compagnie des Indes occidentales des
Provinces-Unies (aux Terres Australes) , par M. de
B*'^*. La Haye, 17^9 , 5 vol. in- 12.
HiSTOiRiî des navigations aux Terres Australes y_
par Nicolas Starjk ( en hollandais ) . Amsterdam ,
1753 , in-8°.
DÉCOUVERTE des Terres Australes , ou Voyages
aux Terres Australes, nommées Hémisphère méri-
dional dans les seizième, dix-septième et dix-hui-
tième siècles, par Callender : (en anglais) Terra
Australis cognita _, or T'ojages to the Terra Australis
or Southern Hémisphère durùig the siateenth , seven-
teeiith and eigJiteenth centurj ^ hj Callender. Edim-
bourg, 1766, 3 vol. in-8°.
Ce prétendu voj'age n'est auti-e chose que la traduction
en anglais de l'ouvrage du président de Brosses. Le tra-
ducteur n'a fait qu'en déguiser adroitement le titre, afin
de pouvoir le pi'ésenter comme \n\ ouvrage original.
VoyaGE de E. TVarihen en des Terres Australes
inconaues et au pavs des Mines, parD. J.deGuzmau
VOYAGES AUX TERRES AUxSTRALES. 4^5
//c Maurique , avec fjgm-es : (en espagnol) f'^iage du
E. Jfarthen à las Tierras incogiiitas Australes j al
pays de las Minas , por D. J. de Guzinan j Mawique .
Madrid , D. A. de Sancha , 1778 , 4 vol. in-S*^.
Relation de deux voyages dans les mers Aus-
trales et des Indes, faits en 1771, ^77^ et 1773 ,
par M. de Kei'guelen , ou Extraits de ses navigations
pour les Terres Australes, et la vérification d'une
nouvelle route proposée pour abréj^er d'environ
huit cents lieues la traversée de l'Europe à la Chine,
avec une carte. Paris , Rnapen, 1781, in-8"^.
Cette relation, quoiqu'im primée à Paris, est devenue
aussi rare, que le Voyage du même auteur au Nord est
commun. La distribution du Voyage aux Terres Aus-
trales fttl arrêtée par ordre du gouvernement ; et vraiseni—
blabletnenl la plus grande partie des exemplaires fut saisie
et séquestrée: on entrevoit les causes de celle rigueur dans
Fépîlre dédicatoire qui est adressée à la pairie.
Je passe aux rehi lions qui sont particulières aux diflé—
rentes parties des Terres Australes.
ISLES DE SALOMON , OU ARCHIPEL DES ARS ACIDES
ET ISLES DE GOWER , CARTEKET ET SIMPSON;
ISLES SANTA-CRUZ OU ISLES CHARLOTTES.
DÉCOUVERTE des îles de Salomon : (en espa-
gnol ) Descubrimicnto de las islas de Salomon^
Lé président de Brosses (Histoire des Navigations aux
Terres Australes) dit qu'il ne lui est lonibé sous la main
qu'un seul exemplaire espagnol de cet ouvrage ^.provenant
du cabinet de Melcliisedecli Thevenot , où il manquoit
deux cahiers; c'est celui dont je viens de donner, d'après
km, le titre. Il ajoute qu'il n'a pu se procurer aucune»
4o6 BIBLIOTHKQTTE DES VOYAGES,
lumières , ni sur le nom de l'auleur, ni sur l'année et
la ville où celle relation fut imprimée. Ce savant n'aila-
choit sans doute un si grand prix à cet exemplaire, que
parce qu'il renfermoil vraisemblablement l'une des plus
anciennes relations du premier voyage fait par Mandana
en 1667 , où ce naA^igateur fit le premier la découverte des
îles de Salomon ; car nous possédons d'ailleurs plusieurs
relations, mais plus récentes, de ce voyage : on en trouve
une d'abord dans l'ouvrage suivant :
Faits de Don Garcias Hurtada de Mendoza , par
le docteur Cliristophe Suarez de Figueroa : (en
espagnol ) Hechos de Don Garcia Hurtado de Men-
doza , por al doctor Christoval Suarez de Figueroa.
Madrid, de l'imprimerie royale, 161 5, petit in-4°'
On en trouve wne autre dans la Description des Indes
cccidentales jpar Herrera, dont j'ai xlonné précédemment
la notice.
/L'existence de l'archipel découvert par Mandana, qui
donna le non» d'Isabella à la plus considérable des îles
dont est formé ce groupe , et qui lui-même ne put pas le
retrouver dans le second voyage qu'il fit en i5q5, a été
long-temps contestée : elle n'est plus douteuse aujourd'hui.
Il paroîl certain que ces îles sont, non pas les mêmes que
celles qui forment la Nouvelle-Bretagne de Dampieire,
comme l'avoit cru Dalrym pie, mais les Arsacides, lecon-
nues par Carteret en 1767, par M. de Bougainville en
1768,61 par Surville en 1769, qui leur donna ce nouveau
nom. D'Enlrecasleaux en a complété la découvel'le": il en
porte le nombre de six à huit. La navigation en est dan-
gereuse, parce qu'elles sont entourées de rescifs et de
"bancs de coraux formés par des polypes. jVJ. de la Billar—
diere les dépeint comme trè? -fejliles et donnant des points
de rue enchanteurs. Le sol paroît y être ombragé par des
arbres de toutes espèces , sur les sommités les plus élevées.
L'ile de Banks particulièrement se fait remarquer par les
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. 4^7
immenses plantations de cocoliei's dont ses rivages sont
bordés. La taille des habitans est moyenne, leur couleur
(Vun noir un peu foncé. Malgré leur laideur, leur figure
a de l'expression. Ils sont fortement musclés. Entièrement
nus, à l'exception d'une ceinture qui leur serre les reins
el le bas-renlre, ils épilent toutes les parties de leur corps.
Leur industrie s'annonce sur-tout dans la fabrication de
leurs arcs et la construction de leurs pirogues, auxquelles
ils donnent une forme assez élégante et qu'ils scu]ptei:t
avec beaucoup d'adresse : ils n'en mettent pas moins dans
l'usage qu'ils font de leurs armes. Leur nourriture paroît
être une sorte de paiu qu'ils font avec des racines, el qu'ils
conservent dans des paniers faits avec des feuilles de pal-
mier.
Les îles Gower, Carteret et Simpson, appartiennent
à l'archipel des Arsacides , et furent découvertes par le»
trois navigateurs dont elles portent le nom.
Les îles San la-Cruz ou îles Charlottes furent découvertes
par Mandana, dans le second voyage qu'il fit eix i5g5,
pour retrouver les îles de Salomon. Carteret les découvrit
de nouveau en 1767, et leur donna, le nom générique
d'îles Charlottes. Il appela île d'Egmonl, la principale de
ces îles, que Mandana avoit désignée sous le nom d'île
Sauf a-Criiz, d'où les autres îles de cet archipel avoient pris
le même nom ; el il en donna un particulier à chacune
des six autres îles qui composent cet archipel.
Mandana avoit reconnu que l'île Santa-Cruz renfermoit
un volcan d'où il avoit vu s'élever des llammes ; Carteret
n'a apperçu que de la fumée; mais, comme l'observe
Irès-bien M. de Fleurieu , dans son ouvrage intitulé,
Décoiu^erte au sud-est de la Nouvelle-Guinée , dont je
donnerai la notice , un volcan n'est pas toujours en explo-
sion , les irruptions ont des intermittences.
En décrivant l'ile d'Egmont ou de Sanla-Cruz, Carteret
représente le pays comme montueux, couvert de bois et
entrecoupé de vallées. Il en dépeint les habitans comme
très-agiles et aussi actifs qu'ils sont vigoureux. Leur cou-
4o8 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
rage n'est pas effrayé par le feu de la mousqueterie. Ce
sont en quelque sorte des amphibies. L'élément de l'eau
semble leur convenir autant que celui de la terre : car ou
les voit sauter de leurs pirogues dans la mer presque à
toutes les minutes.
DÉCOUVERTE des îlcs de Salomon , publiée par
Anon: (en anglais) Discoveiy of the islands of Sa-
lomon j by Anon. (Insérée dans la Collection de.
Churchill, tome v, pag. GgS-joj.)
Voyage iuléressant de Manille à San^Blas (dans
]a Californie ) , par la frégate Princesse , dans les
années 1780 et 1781 : (en espagnol) Pliage inté-
ressante de Manilla à San-Blas , par la fregata Priu-
cesa , enlos ahosde 1^80 j 1^81. (Manuscrit.)
Il paroît que dans ce voyage , les Espagnols ont retrouvé
les Saxos de la Candelario (les Basses de la Chandeleur),
découvertes en 1567 parMandana au nord de l'île Santa-
Isabella, l'une des îles de Salomon.
TERRE AUSTRALE DU SAINT-ESPRIT OU NOUVELLES-
HÉBRIDES ; NOUVELLE-CALÉDONIE ; LOUISIADE ,
ISLES ET DÉTROIT DE BOUG AIN VILLE,
Terre Australe inconnue , ou Nouvelles Dé-
couvertes faites dans le Sud , formant la cinquième
partie du monde , par Ferdinand Quiros : ( en an-
glais) Quiros's [Fej'dinand^ Terra Australis inco-
gnita , or a New Southern Discovery containing a
ffih part of the wojïd totally unknown. Londres ,
1627, in-4°.
Cette relation a été tirée de plusieurs ouvrages espagnols
où la découverte faite par Ferdinand Quiros se trouve
confondue avec d'antres, et d'une relation détaillée qu'en a
VOYAGFS AUX TERBES AUSTRALES. /jOg
donnée Juan deToiquernada, dans sa Monarchie Indienne.
Nous avons une fradnclioa abrégée de la relation de Qni-
ros, dans l'ouvrage du président de Brosses. Jua. Terre
Australe duSainl-Espril fut découverleen 1606 par Ferdi-
nand Quiros et par Luis de Vaès de Torrés , qui en par-
tage avec lui l'honneur; c'est un archipel que M. de Bou-
gainville a retrouvé en 1768, et qu'il a nommé les Nou-
velles Cj'clades : mais c'est à Cook sur-lout qu'on en doit
la connoissance un peu détaillée. Il lui a imposé le nom
de Nouvelles Hébrides, qui a prévalu. Suivant sa relation,
cette contrée offre de toutes parts une végétation très-ani-
mée; les montagnes qui bordent la baie où son escadre
mouilla sont entièrement couvertes d'arbres d'espèces très-
variées : chaque vallée est embellie par un ruisseau dont
les eaux fertilisent les terres qu'elles arrosent. Le cocotier
paroît être la production la plus commune. Les colonnes
de fumée qui le jour s'élevoient de toutes les parties de l'île,
et les feux qui y brilloient pendant la nuit annonçoient
une terre riche et fort peuplée. Les.deux îles de cet archi-
pel sur lesquelles Cook a donné le plus de détails sont celles
deMallicolo au nord , et celle de Tana au midi. Dans celle
dernière est un volcan avec des sources chaudes : Tana
doit peut— être à ce volcan sa fertilité. Les bananiers, les
cannes à sucre et plusieurs sortes d'arbres fruitiers y sont
répandus avec profusion. Forster a observé que les habi-
lans de l'ile Malicolo avoient un langage tout-à-fait diffé-
rent de celui des autres peuples qu'il avoit visités.
La Nouvelle-Calédonie n'est qu'une grande île , qu'à
cause de son étendue l'on distingue des îles Hébrides, et
à laquelle , pour celte raison , l'on a donné un nom parti-
culier : elle n'avoit été visitée par Cook que dans sa partie
septentrionale : c'est d'Entrecasteaux qui en a complété
la découverte, en relevant la cote du Sud. Comme les îles
daSalomon , la Nouvelle-Calédonie offre, suivant la des-
cription de M. la Billardière , une chaîne effrayante de
rescifs qui se prolongent au-delà de cette île , el barrent la
mer dans un grand espace. La vue de trois montagnes q^ui
4îO KinLI OTH ÈQUÏ DES VOYAGES.
ont difFérens dv'^rés d'élévation, donne à cette grande îîe
un aspect stérile , el ne Inisse pas présumer une population
nombreuse. La taille de ses liabitans est médiocre; ils ont
la peau noire , les cheveux laineux ; l'usage de l'arc leur
est inconnu ; leurs armes sont la zagaye el la massue artis—
tement travaillées : quelquefois aussi ils se servent de la
fronde. Leurs alimens les plus ordinaires sont les coquil-
lages, les poissons et même une espèce d'araignée : ils y
ajoutent les patates et les ignames qu'ils cultivent, mais en
l^etite quantité. La seule industrie agricole qu'on leur con-
noisse et qu'ils partagent avec plusieurs peuples très-po-
licés, c'est l'art avec lequel ils élèvent sur les montagnes de
pelils murs les uns au-dessus des autres pour arrêter l'ébou-
lement des terres : la stérilité du sol les aura conduits à ce
genre d'industrie. Pour 'se préserver des piqûres des in-
sectes , ils ont imaginé de se faire des masques avec du bois
de cocotier. L'autorité de leurs chefs paroît très-bornée : on
assure qu'ils sont anthropophages. Quoiqu'ils ayent l'habi-
tude de coucher en plein air , ils ont des maisons assez
propres, construites en forme de ruches : elles sont fort
chaudes, mais infectées de fumée.
NOUVELLE-BRETAGNE ET NOUVELLE-IRLANDE.
-Nous n'avons point de relations particulières à ces deux
contrées. La pi^emière ne nous est connue que parles rela-
tions de Dampierre , de Carteret et de M. la Billardière.
C'est après avoir passé le détroit qui perle son nom , que
le premier de ces navigateurs fit la découverte de celle
contrée qu'il nomma la Nouvelle-Bretagne : on peut la
regarder comme divisée en plusieurs iles. Le pays lui parut
bien boisé et bien arrosé. Il conjectura que la population
étoit très-nombreuse. Les naturels du pays lui semblèrent
avoir uiie singulière adresse à conduire leurs canots. La
principale production du sol étoit le cocotier; mais il s'y
trouvoit aussi beaucoup de racines, sur«toul du gingembre.
Les rivières et la mer des côtes fournissoient du poisson ea
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALlîS. 4''
abondance. Plusieurs volcans s'annonçoient dans la prin-
cipale terre et dans les îles voisines. Carteret et d'Enlrecas-
teaux ont visité ce pays. Le dernier confirme ce que Car-
teret a avancé sur sa nombreuse population. 11 ajoute que
les habitations sont élevées sur des pieux, comme on verra
que le sont celles des Papous.
La Nouvelle-Irlande ne nous est guère connue que par
le capitaine Carlex'et, qui la visita et qui donna son nom à
l'un de ses havres. Des montagnes escarpées, composées en
partie de débris de corjîs marins et couvertes de bois jus-
qu'à leurs sommets, s'élèvent jusqu'à plus de huit mille
pieds au—dessus de la mer. Les habilans sont noirs , et ont
les cheveux laineux et crépus; mais ils n'ont ni les lèvres
épaisses , ni le nez plat des nègres : ils se barbouillent tout
le corps de blanc, et couvrent leurs cheveux d'une poudre
de la même couleur. Carteret les dépeint comme très-belli-
queux. On trouve à la Nouvelle-Irlande l'arbre à pain ,
l'arac , beaucoup de figuiers. M. de Bougainville qui ne fît
qu'entrevoir , en quelque sorte, ce pays , y observa le poi-
vrier.
NOUVELIiE-HANOVRJE. ISLES DE L'AMIRAUTÉ ,
DES IIEKMITES ET DE L'ÉCHIQUIER.
La Nouvelle-Hanovre est séparée de la Nouvelle-Ir-
lande par un canal formé de rescifs et dont l'entrée est
obstruée par de petites îles. Sa configuration, du coté du
nord— ouest, off"re un terrein aplati; son centre , au con-
traire , est occupé par des montagnes très-élevées.
Les îles Portland, de l'Amirauté, des Hermites et de
l'Echiquier sont autant de petits archipels qui tous ont une
île principale occupant le centre de chacun de ces groupes.
L'archipel des îles de l'Amirauté paroît être le plus consi-
dérable : on lui donne dix-huit lieues de long : celui des
Hermites n'excède guère quatorze lieues de circuit. Jus-
qu'ici les îles de l'Amirauté sont les mieux connues.
C'est au voyage fait à la recherche de La Peyronse
( lome premier, édition i»-4.) qu'on doit les notions le«
4l2 BIBLIOTIIi QUE DES VOYAGES,
plus étendues qui aient été recueillies jusqu'à présent sur
ces divers archipels. Celui des îles de l'Amirauté a princi-
palement été l'objet des observations de M. la Billardière.
L'île principale de ce groupe est montueuse. La couleur
de ses habitans est d'un noir un peu clair. Leur physiono-
mie , en général agréable , se rapj^roche assez de celle des
Européens. Leurs cheveux sont crépus : ils portent à l'ex-
trémilé de leurs paiiies naturelles une coquille , et ils sont
d'ailleurs entièrement mis : les femmes s'entourent la cein-
ture d'une espèce de vêlement. Leurs principatix alimens
sont des noix el des cocos. Ilssont faioucbes et adonnés au
vol. Leurs chefs paroissent avoir beaucoup d'autorité sur
eux.
. Dans l'archipel des Hermiles , les habitans ont plus de
ressources pour la nourriture : ces îles produisent plusieurs
espèces de fruits, tous bons à manger. Avec plus de vigueur
en apparence que lesinsidairesde l'archipel de l'Amirauté,
leur caractère pareil plus doux. Ils sont entièrement nus ,
ne connoissenl pas même l'usage de la coquille.
ISL,E DES PAPOUS OU NOUVEIiLE-GUINÉE.
Voyage à la Nouvelle -Guinée , dans lequel on
trouve la description des lieux, des observations
physiques et morales , el des détails relatifs à l'his-
toire naturelle dans les règnes animal et végéta) ,
par M. Sonnerai, enrichi de cent vingt figures en
taille-douce. Paris , Ruault, 1776, in-4*'.
— Le même , traduit en allemand par J. Ebe-
ling. Leipsic, 1777, in-4°-
— Le même, traduit par extrait en suédois, par
CEdman. Upsal, 1789, 5 vol. in-8**.
La même, traduit en anglais sous le titre suivant.
Voyage de Sonnerai aux Isles à Epices : (en an-
TOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. /^lô
^lais) Sonnerat's Voyage to ilie Spice Islands. Lon-
dres, in- 12.
Dans cette version anglaise dont je ne connois que le
titre, il paroît, ou qu'on n'a extrait du voyage original
que la partie de ce voyage qui roule sur les îles Moluques,
et qui n'est ni la plus instructive, ni la plus curieuse ; ou,
si la traduction est coniplèie , qu'on a considéré celte
partie de la relation comme la plus importante et comme
celle qui devoit figurer principalement dans le titre.
Le voyage original est très-précieux, parliciiJièrement
pour la Zoologie, mais sur-tout pour lOrnithologie des
pays que le voyageur a visités.
Voyage du capitaine Thomas Fores t à la Nou-
velle-Guinée , aux Moluques , à Balambungen , ren-
fermant une relation de Maj^iudano et autres îles ,
avec des planches en taille-douce , entrepris sur la
galère la Tartare , appartenant à l'honorable com-
pagnie des Indes orientales , en 1774 ? 1775, J776,
auquel on a joint un vocabulaire de la langue ma-
gindauo : (en anglais) Cap. Thomas Forest's f^oyage
to Guinea aiid the Moîucaus , from Baîamhungen ,
including an account ofMagindano and others islands,
and illustrated with copper-plates , performed in the
Tartar Gally, belonging to the honourahle east India
covipanj , during the je ar s i^y4 , 1//S j ///<5", to
which is added a vocahulaiy of the Magindano
tongue. Dublin _, 1779, in-4°.
Ce voyage a été traduit en françois sous le titre suivant.
Voyage aux MoKicjues et à la Nouvelle-Guinée,
fait sur fa galère la Tartare, en 1774? '77^ , 1776,
par ordre de la compagnie anglaise , par le capitaine
Forest , traduit de l'anglais par M. Demeunier, orné
4x4 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
de planches et de cartes. Paris, Panckoacke, 1780 ,
m-4^
Ce voyage moins précieux que celui de Sonnerai pour
différentes branches de l'histoire naturelle, l'est beaucoup
plus eu ce qui concerne le caractère physique et moral , la
langue , les usages et opérations commerciales des habilans
dans la partie de cette contrée que le capitaine Forest a
visitée.
C'est à Saavedra , capitaine espagnol , qu'on doit la dé-
couverte, en i528, de l'ile des Papous, à laquelle on a
donné le nom de Nouvelle-Guinée, vraisemblablement
dans l'espérance qu'on eut d'y trouver , comme dans la
Guinée d'Afrique , de l'or. Quoique le célèbre navigateur
Dampierre eût fait plusieurs découvertes sur la côte des
Papous et sur les îles voisines ; quoiqu'on eûl donné son nom
au détroit qui sépare ce pays de la Nouvelle -Bretagne , le
président de Brosses et M. de Bougainville même avoient
élevé des doutes sur l'existence de la Nouvelle-Guinée :
mais ils furent levés par le capitaine Cook,qui visita le
détroit qu'on trouva entre ce pays et la Nouvelle-Hol-
lande. On ne connoît encoi'e que très-imparfaitement la
Nouvelle-Guinée, le capitaine Forest qui nous a procuré
le plus de lumières sur cette grande île, n'ayant visité que
le havre de Dory , situé dans sa partie septentrionale (i).
Les liabitans de cette partie qu'on nomme Papous, et
qui ont donné le nom au j^ays , sont noirs, Forest leur
donne des cheveux laineux comme ceux des nègres; mais
probablement , comme dans la Nouvelle-flollande , c'est
ï'eflét de l'art : car ce navigateur observe que dans l'inté-
rieur il existe une race d'hommes appelés Haraforas ^
vivant sur les arbres et plus près de la nature que ceux des
côtes. Plusieurs de ces sauvages ont les cheveux longs, parce
qu'ils négligent sans doute la préparation proj^re à les
(i) Il paroît que Soimeral n'a visité qu'une des petites îles vai-
aines de la grande qu'il nomme Pulo.
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. ^I^
rendre laineux. Avec quelque cliose de la figure el de ia
couleur des Malais , les Papous ont en général un exté-
rieur hideux et presqu'elïVayant. Un nez plal,une bouche
très-grande, les lèvres, sur-tout la suj^érieuve, extraordi-
iiairement épaisses ; le nez j)ercé à travers lequel passent
des anneaux ou des arrêtes de poissou , des défenses de
sanglier pendant à leur cou , la peau souvent défigurée
par des marques semblables à celles de ia lèpre, itl est
l'aspect qu'offrent les Papous , qui d'cullfurs sont robustes,
mais très-fainéans. Les femmes, au contraire, moins dif-
< formes que les hommes , parce qu'elles ont la té.'e moins
^grande , paroissenl industrieuses : elles fiant avec beaucoup
d'adresse des nattes; elles fabriquent même des pots de
terre et leur donnent la cuisson avec des broussailles et
de l'herbe sèche; l'usage de la hache leur est famdier.
Leurs maris , ouïes regardent tranquillement travailler,
ou vont à la chasse du sanglier : il paroît néanmoins que
la pêche aiguilloni^e l'industrie de ces indolens insidaires
puisque Dampierre a remarqué que leurs pirogues sont
arlislement construites, décorées de plusieurs ornemens
et gouvernées avec une certaine intelligence.
Les hommes sont entièrement nus , à l'exception d'une
petite ceinture autour des reins. Les femmes ne sont guèie
plus voilées : les enfans n'ont aucune espèce de vêtemens.
Les habitations de ce peuple sont construites dans l'eau
sur des pilotis : celle manière de se loger lui e.sl commune
avec les habiians de Bornéo el beaucoup d'autres insu-
laires de l'Asie.
On donne aux Pajjous la même origine qu'aux habitans
des Moluques, Leur langue a quelque aflinité avec celle
des habitans de Bornéo et de la Nouvelle-Bretagne, qui
paroît dériver elle-même du Malais. On n'a pas assez pé-
nétré dans le pays pour s'instruire sur les opmions reli-
gieuses qu'ils peuvent avoir. Ils semblent attacher quelque
intérêt aux restes de leurs ancêtres ou de leurs proches:
ils leur élèvent des tombeaux construits avec le roc du
corail dur, et quelquefois ils les décorent de sculptures.
4l6 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
C'est avec les Chinois que les Papous enh-elienneut prin-
cipalement quelque commerce; ils achètent d'eux les ins-
trumens et les ustensiles qu'ils croient leur être le plus utiles :
ils donnent en retour de l'ambre gris, des limaces de mer,
des écailles, des tortues, de petites perles, des oiseaux de
paradis, des loris, et d'autres oiseaux qu'ils ont l'art de
dessécher très-adroitement. Ils vendent aussi quelques es-
claves que probablement ils ont faits prisonniers dans leurs
guerres. On en offrit quelques -vnis au capitaine Forest, qui
déjà en avoit acheté un très-versé dans la connoissance des
langues de ces contrées.
Dans ce qu'on a pu connoître de l'intérieur de la Nou-
velle-Guinée , on a observé des montagnes superposées les
unes sur les autres et Irès-boisées. D'innombrables coco-
tiers bordent les rivages et annoncent un sol très-fertile.
C'est dans les îles d'Arron, voisines de la grande île, que
sont le plus multipliés les superbes oiseaux de paradis. Ils
émigrent dans la saison humide pour venir peupler la
grande île, où ils se multiplient comme aux îles d'Arron.
On admire aussi dans ce pays une multitude de beaux per-
roquets, de loris, et une espèce de pigeon à couronne
d'une taille gigantesque , dans cette espèce , puisqu'elle
égale presque celle du coq d'Inde.
Près le havre de Davi, le capitaine Forest découvrit
dans quelques petites îles, un grand nombre de musca-
diers; et il est porté à croire que la terre des Papous en
porte également et qu'elle possède aussi des girofliers.
De petites îles répandues autour de la terre des Papous
sont un peu mieux connues que cette grande île, particu-
lièrement celle de Pulo , visitée par Sonnerai. C'est un véri-
table sujet d'étonnement, qu'avec la fureur de coloniser,
les Européens n'aient encore formé aucun établissement
dans un pays d'une température agréable , et dont le sol
paroît excellent.
DÉCOUVERTES dcs Français en 1788 et 178g,
^ans le sud-est de la Nouvelle-Guinée , et recon-
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. l\\'J
noissances postérieures des Anglais qui leur ont
imposé de nouveaux noms ; précédées de l'Abrégé
historique des navigations et des découvertes des
Espagnols dans les mêmes coutiées ; par M*'^* {de
Fleurieu) , capitaine de vaisseau; ouvrage enrichi
de treize cartes et planches. Edition du Louvre ,
1790, in-4«.
Cet excellent ouvrage fournit les notions les plus pré-
cieuses, les mieux ordonnées sur plusieurs des coatrées
australes dont j'ai donné la notice.
NOUVEL LE- HOLLANDE.
La Nouvelle-Hollande est incontestablement la partie
ia plus considérable des Terres Australes : on l'a regardée
long-tempos comme un coulinenl; mais on a précédem-
ment vu dans la relaiion des voyages de Cook (première
Partie, section vi, §. ii ), qu'en circonnaviguant entière-
ment la Nouvelle-Hollande, ce célèbre navigateur avoit
pleinement résolu le problême, et constaté que c'étoit une
grande île. On est même disposé à croire que cette vaste
contrée forme, comme la Nouvelle-Zélande^ deux et
même plusieurs îles séparées seulement par des mei's
étroites.
Il paroît que ce sont les Portugais et peut-être les Espa-
gnols qui, les premiers, ont découvert les parties septen-
trionales de la Nouvelle-Hollande, quoique les Hollandais
aient prétendu s'attribuer l'honneur de cette dérouverte;
mais celle de sa partie sud-est appartient incontestablement
au célèbre Cook (1).
(1) D'après quelques dénominations portées dans une carte
présumée du seizième siècle , et déjiosée au Muséum britannique,
Dalrymple , envieux de la gloire de Cook, a iasinué dms l'un de
•es ouvrage*, que U découvert'- de la côte orienule de ïa, Nyu-
VI. Dd
4î8 El ELIOT II È QUE DES VOYAGES.
Dampierre nous a procuré, le premier , des notions un
peu étendue» sur la Nouvelle-Hollande. Les plus célèbres
navigateurs du siècle dernier ont visité ce vaste pays : mais
«ucun ne nous l'a fait aussi bien connoître , et n'y a fait des
découvertes aussi importantes que Cook , tant par l'étendue
des côtes qu'il a visitées, que par les détails où il est entré
sur les naturels du pays qu'il a eu occasion d'examiner:
c'est donc à ses relations qu'il faut principalement recourir
jjour prendre quelque idée de cette contrée. Je vais donner
la notice des relations particulières à plusieurs parties de la
Nouvelle Hollande.
Voyage h la Nouvelle-Hollande, etc — en l'an-
née iCgg, par Guillaume Dajiipieir, avec planches:
(en anglais) William Dampier's a J^ojagc to New-
Hollàud j etc.... in tlie year i6gg. Londres, 1705,
in-8°.
On a extrait cette relation de la Collection générale des
Voyages, dont j"ai donné la notice (première Partie,
section vi, §. 11 ).
velle-HolIantle étoit due à quelque navigateur du seizième siècle ,
dont Cook n'avoil fait que suivre les traces.
Plus récemment, sur la foi d'une bydiograpliie écrile en fran-
çais par un nommé Roth ou Rolz, flamand, ctdaléede 1542, éga-
lement déposée au Muséum britannique, et à la fin de laquelle est
une mappemonde qui paroît èlre une copie de la carte ci-dessus et
du mitm^ auteur, IM' Coquebert de Mont-Bret, eu attribuant aux
Portugais la découverte de la Nouvelle Hollande , a semblé aussi
leur attribuer celle de sa parlie orientale.
M. Frédéric Metz, dans une lellre insérée au numéro 5, an xiv,
de la Revue , en jetaul des doutes sur la découverte de la Nouvelle-
Hollande parles Portugais, qu'il seroit tenté d'attribuer plutôt aux
Hollandais qu à eux , m'a paru combattre avec succès les inductions
que les deux écrivains précités out tirées de la carte et de la mappe-
anoiule, pour conleslei- à Cook la j)remière découverte delà pai lie
orientale de I» Nouvelle-IIoUaude.
YOYACrS AUX TERRES AUSTRALES. /jig
Relation comj)lcio de l'établissemeul au Port-
Jakson dans îa Nouvelle -Galles , reuf'ernianl une
description exacte de la situation de cette colonie ,
des naturels du pays et des productions du sol ,
par Wattin Tench: (en anglais) A comjAeat Account
of the seLllements at Port-Jakson in New -South-'
Wales , including an accurate description of the
situation of the colony, ofthe natives and ofthe natu-
j al productions , by JJattin Tencli. Londres, iyS8,
iu-8°.
— La même, traduite en allemand par Sprengel.'
Hambourg, 1794? in-8".
Elle a été Iraduiie en français sous le litre suivant:
Relation d'un voyage à la baie Bolanique , si-
tuée dans la Nouvelle-Hollande, sur la côte méri-
dionale nommée par Cook la Nouvelle -Galles du
Sud , avec des observations sur les liabitans de celte
contrée; traduite do l'anglais du capitaine Wattin
Te/zc/i par G, R. Paris, Knapen , 1789, in-8^. '
Dans celle traduction française, le voyage n'occupe que
îa moilié au plus du volume. Le surplus est reuipli par
un apperçu de la découverte de la Nouvelle-Hollande^
et par un extrait du voyai^e de La Pej^rouse dans celte
contrée.
Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale, avec
la description de la contrée, des mœurs, des cou-
tumes , de la religion , ctc — des babitans dans le
voisinage del^olany-Bay, pav Barifif^ton : (en anglais)
J'oyage to New-SoutJi-Wales , -wilh a description of
iJin country , the manners , cnstoins , religion^ etc.,
ofthe natives in the vicinily of Botany -Bay ^ hy
2
4^0 L 1 E L 1 O T II È Q U E DES V O Y A G F. i.
Barington. Londres, 1789; ibid. 1791 ; ibid. 1792;
ibid. 1796; ibid. 1797, "^-S*^.
Il a jDaru de ce Voj'age une sixième édilioii sous un titre
tout différent : en voici la notice :
Voyage de Barington à la Nouvelle-Galles méri-
dionale , comprenant la narration intéressante des
événemeus et de la conduite des coupables , et les
progrès de cette colonie : ( en anglais ) A Voyage
to New-South-Wales , bj Barington , comprehendiug
an interesting narrative of the transactions and beha-^
çiour of the convicts , the progress of the colon) .
Londres, 1800, in-S*^.
Cette nouvelle édition est enrichie de la Vie de Ba-
rington.
Ce Voyage a été traduit en français sous le titre suivant :
Voyage à Botauy-Bay, avec une description du
pays , des mœurs , dos coutumes et de la religion
d^s natifs , par Barington , traduit sur la troisième
édition. Paris, Desenne , 1797, in-S''.
L'auteur de cette relation , condamné à la déportation,
déjoua , pendant le cours de la traversée, le complot des
-autres déportés comme lui. Pour le récompenser d'avoir
sauvé le bâliment et son équipage, on lui conféra, à sun
arrivée , Temploi de surinleiulant des déportés , qui le
fixoit à Paramalta. Sa relalion renferme des notions cu-
rieuses siu" les natifs de Botany-Bay, jnais elles ne sont pas
aussi instinctives que celles qui nous ont été procurées jjar
Col! in s , dans sa relation, dont je donnerai ci -après la
notice.
Relation de l'Etablissement "iau port Jakson,
par KÏJig : ( en anglais ) Account of the Settlements
of port Jakson, hy King. Londres, 1789, in-4°.
■VOYAGES AUX TERMES AUSTRALES. 4"-*'^
Voyage de la Nouvelle -Galles méridionale à
Cacion , par Thomas Gilbert., en Vaunée 1788:
(en anglais) Toyage from New-Soinh-Wales to
Canton , ùi the jrears j^88 ,hy Th. Gilbert. Londres,
i789,in-4«.
VoYAGii de Philipp à Botany-Bav , avec la rela-
tion de l'élablissement d'une colonie au port Jaksoii
et à l'île de Norfolk , rédigé sur des papiers authen-
tiques qui ont été obtenus de plusieurs départe-
niens : on y a ajouté le journal des lieutenans Sliort-
land , Watts , Bail et du capitaine Marshall , et la
relation de leurs nouvelles découvertes, avec figures :
(en anglais) Philipp' s T'oyage to Dotanj-Bay, with
an accoiint of the establishment of the coîonj ofport
Jahson and Norfolk island , conipilcd from authentic
papers j -which hâve heen obtained from the several
departmens ; to which aje added the journal of lient.
ShortlûJid, Watts y Bail and capt. Marshall ^ with
an account of thcir new discoveries. Londres, Stok-
dale , 1789, gr. in-4".
Ce Voyage a élé traduit en français sous le litre suivant:
Voyage du gouverneur Philipp à Botany-Bay ,
avec une description de l'établissement des colo-
nies du port Jakson et de l'île de Norfolk, faite sur
des papiers authentiques tirés des divers départe-
meus , auxquels on a joint les journaux des lieute-
nans Sliortlaud , Watts , Bail , et du capitaine Mar-
shall , avec un récit de leurs nouvelles découvertes ;
traduit de l'anglais (par Mlllin ) , avec planches.
Paris , Buisson , 1790 , in-8".
L'objet de celle expédilion éloit de choisir, pour l'éla-
4^2 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
blissement anglais dans la Nouvelle-Hollande, un local
plus favorable que celui de Bolany-Bay, dont l'aspect
agréable et pittoresque , et les richesses eu botanique ,
avoient originairement séduit le célèbre Cook , ou plutôt
les naturalistes qui l'accompagnoient , et déterminé le
choix de cet emplacement pour une colonie ; mais , indé-
pendamment de l'extrême férocité des naturels du pays ,
ce local n'offroit pas d'ailleurs les ressomces nécessaires
pour un établissement de ce genre. Le port Jakson, fiu
contraire, qui n'avoit été ni visité, ni reconnu par Cook,
et qu'il n'avoit fait qu'entrevoir à deux ou trois milles de
la côte, réunissoit tous les avantages que l'on pouvoit dési-
rer , et particulièrement celui d'un port excellent, et
même l'un des plus beaux poris du monde. Ces considé-
rations délerminèrent le gouverneur Philipp à faire éva-
cuer l'établissement de Eotauy-Bay, et à le transporter au
port Jakson.
La relation renferme un détail exact des mesures prises
pour y fixer la nouvelle colonie. Elle fut d'abord affligée
par quelques accidens. Les brebis furent volées, les bes-
<iaux s'égarèrent dans les bois : mais on se procura des
tortues et des oiseaux dans l'île de Howre ; on forma un
jjelit établissement dans l'ile Norfolk : ce fut le lieutenant
K-ing qui en eut la surintendance et le commandement :
il avoit reçu à cet effet des instructions qui sont rapportées
da:n3 la relalion. L'entrevue avec les naturels du pays fut
très-amicale. On trouve dans la relation de Coliins , dont
je donnerai dans l'instant la notice, des détails intéi'essans
sur le physique du pays, sur les mœui's et les usages des
naturels du ptiys, sur la forme de l'établissement.
La relalion de Pliili[)p contient encore un journal du
voyage des navires l' Alexandre et l' Amitié , lire des papiers
du lieutenant Shorlland : mais outre que , dans cette expé-
dition , l'on n'alleignit point le but que l'on s'éloit pro-
])osé , elle étoit absolument étrangère à la Nouvelle-Hol-
lande, lien faut dire autant de celle du lieutenant VVail»,
qui mont oit le vaisseau Lar?y-Peurhga.
VOYAGKS AUX TrimES AXJSTRALFS. 4^3
Voyage à la Nouvelle-Gailes, à Botany-Bay et au
port Jakson , dans les années 1737, 178S el 178c),
par Jean JFitte : {en an<^'laisj A jf^oyage to New-
South- TVales , to Botanj-Bnj and port Jakson^ in
the years J/8/, j/88 and 1^8 1) , hy John Tfitte.ïuOn.-
dres, 179a , in- 8".
Ce Voyage a été traduit en français sous le litre suf-
vant :
Voyage à la Nouvelle-Galles, à Botany-Bay, ad
port Jakson, en 1788, 1789 et 1790, par Jean
TFitte ; onyrage où l'on trouve de nouveaux détails
sur le caractère et les usages des liabitans du cap
de Bonne-Espérance , de l'île de Ténériffe , de Rio-
Janeiro et de la Nouvelle -Hollande, ainsi qu'une
description exacte de plusieurs animaux inconnus
jusqu'à présent ; traduit de l'anglais, avec des notes
critiques et philosopliiques sur l'histoire naturelle
et les mœurs, par Charles Pougens. Paris, Pougens,
an III — 1795 , in-B".
Ce qui, clans cette relation , concerne la Nouvelle-
Hollande , n'a qu'une très-petite étendue , et n'oITre pres-
que rien de neuf. Les notes dont on a enrichi la relation
sont instructives.
Journal historique de l'établissement du port
de Jakson et de Norfolk , avec les découvertes faites
à la Nouvelle-Galles du Sud , dans l'Océan méri-
dional , par Jean Hurder: (eu anglais) AnHistorical
Journal of the transactions at port Jakson atid Nor-
folk island , -which hâve hecn niade in JYcw-South-
Wales and in ihe Southerif-Ocean. Londres, 1793,
m-4\
4*^4 eïbliothèque des voyages.
HiSTOinE de la Colonie aoglaise de la Nouvelle-
Galles méridionale , depuis son e'tablissement en
janvier : 'j82 , jusqu'au njois d'août 1801, avec des
observations sur les mœurs , les coutumes et les
usages des habitans : on y a joint quelques notions
sur la Nouvelle-Zélande, recueillies dans les ma-
nuscrits du gouverneur King, et une relation du
Voyage fait par le capitaine Flandour et M. Bass,
qui prouve l'existence d'un détroit entre la terre
de Van-Dlémen et la Nouvelle -Hollande , extraite
du Journal de M. Bass , publiée par le lieuJenant-
colonel Collins , avec planches : (en anglais) An
Account of tlie Eiiglish Colony in Nèw-Wales , from
ils Jirst settJements in january lySS Lo august 1801 ,
tpith Remarks on ilie dispositions , custonis , man-
nerSy etc.. by lieutenant -colonel Collins. Londres,
Cadell et Dacier , 1801, 2 vol. in-4''.
Cette Histoire, rédigée par un homme qui, pendant
Luit années , à partir de r 788 jusqu'en 1 796 , a occupé une
place distinguée, celle de juge, dans la nouvelle colonie ,
est la relation qui nous donne le plus de lumières sur la
formation de rétablissement au porl Jakson, sur ses pro-
grès , sur la naiure du sol, la température du pays, les
espèces d'animaux qui le peuplent, la constitution phy-
sique des habitans, leurs mœurs , leurs usages , leur reli-
gion et leur langue. Je vais en tracer l'apperçu.
La nouvelle colonie, transportée de Botany-Bay au
port Jakson , éloît composée de sept cent vingt criminels
des deux sexes : ils furent établis au milieu dune épaisse
forêt. On ne devoil pas s'attendre à de rapides succès pour
une colonie formée d'individus la plupart sans industrie,
et qui avoient manifesté dans la métropole des inclinations
perverses : mais la persévérance que mit le gouvernemen|
«le la Grande-Bretagne u envoyer dans ia tolonk; des
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. 42^
femmes et des liommes inlelligens , mit les nouveaux colons
en état de récolter eux-mêmes les grains nécessaires à leur
subsfslance. L'Angleterre attend de cette colonie une géné-
ration de cultivateurs qui la fera fleurir, où l'armée bri-
tannique des Indes pourra facilement se recruter, et qui,
fournissant aussi des pêclieuis de baleines dans la mer du
Sud , ouvriront encore à la mère - patrie ime nouvelle
branche de commerce. Le pays fournit en abondance des
bois de construction et de chauffage, de la houille, du fer,
et annonce même par quelques traces des mines de cuivre.
En 1 797, on a découvert une couche immense de charbon-
de- terre (i). Le sol est noir et très -gras : il y croît un
nombre prodigieux de plantes, d'où la baie Botanique a
pris son nom. Les arbres fruitiers de l'Europe y ont très-
bien réussi. II n'en est pas de même des grains : ils n'avoient
prospéré jusqu'alors, particulièrement le maïs et le fro-
ment, que dans l'île de Norfolk; mais une culture faite
avec intelligence, pourra amener des résultats plus heu-
reux, sur-tout dans l'intérieur du pays, où l'on n'a pas
encore pénétré bien avant.
Relativement au climat, M. Collins a vérifié que dans
cette partie de la Nouvelle-Hollande, l'été correspondoit
à notre hiver, et le printemps à notre automne. Il a trouvé
la température de l'air très-chaude au mois de décembre.
La \noIence des pluies est extrême : c'est principalement
dans les changemens de lune qu'elles tombent avec abon-
dance , et avec du tonnerre et des éclairs.
La plupart des animaux de la baie Botanique se rap-
prochent des genres des opossums et des lièvres, sans
avoir les caractères spécialement propres à ces deux genres:
ils en forment un à part. On y distingue le grand kan-
gouroo et le kangouroo-rat : la taille de celui-ci n'excède
(i) Suivant M. Peniiant, le buis de ciiarpeiUe que j)ourroieiit
fournir les forêts ne peut être d'aucune ulilifé, parce qu'il est trop
cassant; mais on peut y acclimater des arbres forestiers d'uue
meilleure (qualité.
4^6 filBLIOTIlÈQUE DES VOYAGES,
pas celle de l'animal dont le nom sert à le désigner. Le»
chiens naturels du pays peuvent se rapporter au cliakal ,
^t sont privés de la faculté d'aboyer : ils sont de deux
«speces, les uns noirs, les autres blancs avec une teinte de
l'ouge. Il s'en trouve quelques-uns de très - beaux. Les
antres quadrupèdes sont en très-petit nombre, et se rédui-
sent aux beielles, aux fourmiliers, et à un animal singu-
lier auquel on a donné le isoni de platypus .■ sa niâclioire
est alongée comme le bec d'ini oiseau. Le genre volatil est
plus multiplié. Outre l'aigle brun et le fauve , le pays ren—
lerme un grand nombre de beaux perroquets, des cor-
beaux , des corneilles, le mariin-pêcbeur , les outardes,
les perdrix cl les pigeons. L'oiseau le plus remarqua'ble ,
est une nouvelle espèce de casoar, auquel on donne sept
pieds de long, et dont la chair a , dit-on, le goût de celle
<3e bœuf. Les oiseaux aquatiques sont plus nombreux
encore : outre le héron , le courlis et des pélicans d'une
taiîjp g'gantesque , il y a beaucoup d'oies et de canards :
mais de tous les oiseaux aquatiques de ce pays , le plus rare
et celui qui paroît appartenir exclusivement à ce pays,
c'est le cygne noir, dont la grandeur excède encore celle
du cygne blanc. Son bec est écarla le , ses yeux noirs, ses
pieds d'un brun obscur; tout le ])lnmage est d'un beau
noir, à l'exception des plumes primaires et secondaire*
qui sont blanches. Du reste, son porta toute la majesié ,
ses allures ont toute la grâce du cygne blanc.
Les tortues vertes se montrent sur les côtes de la Nou-
velle-Hollande , mais elles abondent sur-tout dans les îles
voisines de Norfolk et de Ho\ve. Lo pays renferme plu-
sieurs espèces de lézards et de serpens qui ne sont pas
encore bien connues. Les poissons des mers environnantes
n'oiTrenl rien de bien remarquable : elles nourrissent beau-
coup de danpliins et de marsouins.
Cook avoit déjà l'emarqué qu'il n'y avoit point de peuple
qui eût fait moins de jîrogrès que celui de la No.iiveu*>-~
Hollande , vers la civilisation. Coiiins confirme celle ob:>f.t-.
vaiion , et l'appuie sur les détails suivans.
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. 4^7
La propriélé n'est pas lout-à-fiit inconnue chez les
peuples de la Nouvelle-Hollande qiva en occasion d'étu-
diei- cel habile observateur. Outre celle qu'ils se sont allii-
buée de leurs armes et de leurs inslrumens pour la pûche,
on a reconnu qu'il y avoit parmi eux qnelcjues proprié-
taires héréditaires de certains territoires, qui peut-être
leur ont élé assignés pour des services publics ou des actes
de bravoure. A cela près , les seuls caractères qui les fassent
sortir de l'état de pure nature, ce sont la division par
familles, la distinction des résidences, et l'honneur qu'ils
portent à la vieillesse. On donne le litre <le Beana ou de
père au plus Agé de la famille : parmi ces Ivibns, on na
observé d'autre marque de subordinal ion , que le privi-
lège bizarre que s'est arrogé la plus nombreuse et tont-a-
la-fois la plus vigoureusement cons'iluée de ces tribus,
d'arracher une dent aux jeunes gens des autres tribus. Les
seules idées religieuses qu'on, ait démêlées chez ces peuples,
se réduisent à une imparfaite idée d'une existence future :
elle résulte de la croyance où ils paroissent être, que quand
ils meurent, ils retournent aux nuages d'où ils sont origi-
nairement tombés. Cette indifférence en matière de reli-
gion ne les a pas délivrés des erreurs de la superstition.
On a conslaté qu'ils croyoient à la magie, aux sortilèges,
aux spectres. Ils imaginent posséder des charmes assurés
contre les atteintes du tonnerre. On ne doit pas les regar-
der comme absolument étrangers à quelques idées grossières
d'astronomie : ils ont inventé des noms pour désigner la
lune, un petit nombre d'étoiles , les nuages magellaniques
et la voie lactée.
Petits et mal faits, et d'une extrême maigreur qui prend
vraisemblablement son principe dans leur mauvaise nour-
riture , les hai:)ilans de cette partie de la Nouvelle-Hol-
lande ont ceci de commun avec les singes , au-dessus des-
quels ils s'élèvent à peine pour l'intelligence, que, comme
ces animaux , ils sont très-enclins à prendre des postures
houflFonnes.
Ceux qui habitent les côtes se nourrissent uniquement
428 BI BLIOTII i QUE DES VOYAGES.
de j)oisson : le petit nombre d'entre eux qui vivent dans
les bois , y subsistent des animaux que la ruse ou des filels
peuvent leur procurer : ils grimpent aussi sur les arbres,
pour 3' dérober le miel el y attraper des écureuils vivans et
des opossums.
Quoique les traits , chez les femmes , se rapprochent un
peu de ceux des nègres, ils ne sont pas désagréables. A
l'égard des hommes, leur barbe noire et épaisse, les os
qu'ils insèrent dans le cartilage de leur nez, Thuile de
poisson dont ils se frottent pour se défendre des piqûres
des mousquiles, le blanc et le rouge dont ils se colorent,
rendent leur aspect effrayant, et leur approche dégoû-
tante, par l'odeur insupportable qu'ils exhalent.
On a voulu expliquer la privation des deux premières
phalanges du petit doigt de la main gauche, qu'on re-
marque généralement chez les femmes, par la gêne que
la conservation de ces phalanges apporteroit au roulement
de la ligne à pêcher; car, dans la Nouvelle-Hollande, les
femmes partagent ce travail avec les hommes : mais il est
plus apparent que cet usage, ainsi que l'extraction d'une
dent aux jeunes garçons, a été imaginée comme une sorte
d'épreuve pour apprendre à supporter la douleur avec
courage.
Chez ces peuples , la couleur de la peau est mélangée :
les nns sont aussi noirs que les nègres d'Afrique ; la cou-
leur des autres est celle des Malais , c'esl-à— dire la couleur
de cuivre, avec un nez aplati comme celui des nègres,
des cheveux longs sans être laineux , de larges narines, dés
yeuK ci'eux, des lèvres épaisses, une bouche d'une lar-
geur démesurée: la nature les a en quelque sorte dédom-
magés de ces traits difformes , en leur donnant des dents
blanches et égales , et une vue extraordinairement per-
çante.
Les habitations sont des huttes en forme de four: elles
nnnl grossièrement construites avec des écorces d'arbres.
Par une disposition bizarre, le feu s'y entrelient à l'ou-
verture, tandis que la fumée el les ordures sont dans lin-
VOYAGES Aux TERRES AUSTRALES. 42g
téiH^ur. On y dort pêle-mêle , sans avoir égai-d à la distinc-
tion des sexes.
Rien n'est si bizarre, ou pour mieux dire si révoltani,
que la manière dont se forme l'union conjugale chez ces
peuples. Ils épient la retraite de la fille qti'ilsont en vue de
s'associer, la jettent par terre à coups de bâton , en la frap-
pant avec une épée de bois , et la conduisent ainsi bai-
gnée dans son sang à leur maison, où la consommation
du mariage s'opère de la manière la plus choquante. En
imitation de celte cérémonie nuptiale, les pelils garçons
s'amusent à jeter des bâtons et des balles, et à enlever de
jeunes filles qu'ils battent et maltraitent, comme ils l'ont vu
faire par les hommes adultes. La polygamie est d'un usage
général. L'accouchement est si facile , que quelques heures
après , la femme s'occupe de ses travaux habituels. Elles
portent sur les épaules leurs enfans, qui se tiennent forte-
ment à leurs cheveux.
La relation de CoUins renferme un vocabulaire très-
étendu de la langue de ces peuples : il assure que cet idiome,
qui n'a d'analogie avec aucune autre langue connue , est
expressif, sonore et agréable à l'oreille.
Après avoir observé que les indigènes vécurent d'abord
en bonne intelligence avec les colons, CoUins ne dissimule
pas qu'elle fut rompue par les vols que ceux-ci leur firent
à diverses reprises, de leurs dards, de leurs boucliers et
de leurs lignes à pêcher. Il ajoute que, malgré tous les
efforts du gouverneur, cette bonne harmonie n'a pas pu
être entièrement rétablie, et qu'il en est résulté que les
colons qui se sont égarés dans les forêts, ont été massacrés,
et qu'une partie des champs cultivés a été dévorée par de»
ipcendies.
Relation d'un Voyage de découvertes faites
dans les années 1800 , (801 et 1802 , dans la Nou-
velle-Galles méridionale, par Grant : (^ei\ an^dais)
The Narrative of a Voyage of discoveries made in
450 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
the years iSoo , iSoi and 1802, in JVew - South -
TFales , by Grant. Londres , 1804, in-8''.
— La même , avec un titre un peu différent. Lon-
dres, Egerton , i8o5, m-k°.
Elle a été traduite en allemand sous le tilre suivant :
Bericht van einer Entclechiings Reise , etc....
Celle Iraduclion est insérée dans le trente -troisième
volume de la Bibliolhèqne des Voyages modernes les plus
intéressans, publiée à Weyniar par M. C. Spreiigel , et
continuée par Ehraian.
Ce Voyage deGiant n'a pas été entièrement traduit en
fiançais; mais M. Lalîemaud nous en a donné, conime on
J'a vu, un extrait à la suîle de sa traduction du Voyage de
Turnbuli. L'pne des observations les jjIus remarquables du
vovageur Grànt, c'est que la salubrité de l'air de là Nou-
velle-Galle méridionale se fait remarquer sur les déportés
nui arrivent; ils recouvrent en peu de temps leurs forces
d'esprit et de corps. La pelite-vérole est encore inconnue
daUs celle contrée ; etc'est la raison pour laquelle l'inocu—
îatioii n'y a jamais été pratiquée.
Utr.ATiON d'un voyage fait pour établir une
coîouie à Port-Piiilippe , dans le déiroit des Basses,
sur la côte méridionale de la Nouvelle-Galles , fait à
Lord du vaisseau le Calcula, pendant les années
1802, i8o3 et 1804, par J. H. Tuchey : (en an-
elais) An Account of a voyage to estnhlish a colonj
aï Pojt-Philippi QIC... hj J. H, Tuchey. Londres ,
Logman, i8o5, in-8".
L,c transport de plusieurs condamnés au détroit des
Basses , et le projet d'élablir en ce lieu une colonie , éloient
les praicipauj: objets de ce voyage, neformaul pas néan^
moins lapUisin'.éressanle partie de larelalion du voyageur.
C'est la description du Brésil, où il relàcba, qui mérite
le plus d'atlenlion , par les observations pleines de seni-.
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. 4^^^
et écrites d'un .'.tyle qui ne décèle pas ua marin , qu'il v
a semées sur les préjugés de l'éducalion en général, le
gouvernement féodal, la proportion enti^e les deux sexes,
les effets de la pohganiie, etc.... : on s'arrête sur-tout avec
beaucoup d'intérêt sur tout ce qu'il dit de judicieux rela-
tivement à l'influence de l'esclavage sur le caractère en
général, et la différence qui se remarque dans ce même
caractère entre les noirs et les blancs.
NOUVELLE-ZÉLANDE.
La découverte de ce pays, en 1642, est due à Abel
Tasman, de la relation duquel j'ai donné précédemmenjt
la notice. Il se contenta de le reconnoître, sans y débar-
quer. Comme les naturels vinrent sur le rivage , il s'établit
une communication entre eux et les gens de l'équipage du
vaisseau : elle devint fatale à sept d'enire eux qui, étant
descendus sans armes sur la plage, furent cruellemenit
massacrés. Ce désastre ne permit pas de pousser plus loin
la reconnoissance du pays. Tasman dépeint ses habitans
d'mie couleur mêlée de bleu et de jaune, avec une longue
chevelure : il les trouve assez ressemblans aux Japonais.
La Nouvelle - Zélande fut presque oubliée jusqu'en
1770, qu'elle fut visitée par Cook , dans son premier
Voyage. Ce célèbre navigateur, auquel on doit tant ùq
notions nouvelles sur les Terres Austi-ales, fit encore ici
une découverte iiiiporlaule : ce fut celle d'un détroit qui
divise la Nouvelle-Zélande en deux grandes îles. Il esliuia
que celle des deux qui étoit au midi, pouvoit avoir cinq
cents milles de longueur sur environ cent de largeur
moyenne. Ctlle qiu étoit située au nord, égaîoit presque
l'autre en grandeur. L'une de ces îles lui parut plus fertilq
que l'autre : il compare la lonipérature de toutes les cîeùx'ù
celle de la France. En dépeignant les naturels d'une cou-
leur basanée, il observe qu'il y en avoit quelques-»ins de
blonds parmi eux. Leur faille égale celle drs Euro-
l>éeus, et assez généralement leurs Irail'i sojit réguliers eÈ
4^2 BIBLIOTHÈQUE DES VOVACES.
agréables. Leur vêtement le plus général est mie robe de
foriue obloiigue, faite d'un lin très-précieux par sa belle
apparence soyeuse et par la hauteur à laquelle il s'élève ( i ).
Ils portent aux oreilles de petits morceaux de sad vert (2)
ou des chapelets : ils ont le visage barbouillé de rouge.
Dansso« dernier Voyage , Cook se procura des rensei-
gnemens plus étendus sur celle des îles qui est située au
midi. Il constata qu'elle étoit affligée par de fréquens oura-
gans d'une grande violence , et dont la direction changeoit
continuellement , à cause de la hauteur des montagnes sur
lesquelles se rassembloient les vapeurs. Le peuple paroît
divisé en différentes tribu-s qui se font une guerre d'exter-
mination. C'est ce que Cook put inférer des supplications
ardentes que l'une d'entre elles lui fit, de l'aider à exter-
miner ses ennemis. Dans le sein même de chaque tribu,
les inimitiés particulières entraînent des vengeances impla-
cables que les naturels étendent jusqu'après la mort de
leurs ennemis; car ils sont dans cette opinion révoltante,
que l'ame d'un homme dévoré par son ennemi , est
dévouée à un feu éternel. On voit par-là que ce peuple est
anthropophage; mais ill'esl d'une manière plus atroce peut-
être qu'aucune autre nation sauvage : car il prend un
plaisir barbare à couper par morceaux, à griller , à dévorer
les corps encore palpitans de ses ennemis. La férocité dans
les combats s'annonce par les grimaces les plus affreuses.
Les armes dont il s'y sert sont des lances, des javelines et
une espèce de massue. Il célèbre ses propres victoires, et
conserve le souvenir des faits mémorables de ses ancêtres
par des chansons , où il s'accompagne avec des flûtes gros-
sières.
(i) Quoique la Nouvelle-Zélande, où prospère ce lin, ait
à-peu-près la même température que les départemensméridionauic
de la France, les essais de la culture de ce lin n'y out pas réuàsi
jusqu'à présent ; mais on ne dé.sespère pas de l'y acclimaler.
(2) Ce sad vert se trouve aussi en Europe, particulièrement
en Corse et en Piémont. De ce minéral précieux, on iail fi^&
tablas et d'autres ouvrages d'un gfitnd prix.
4-
Plus féroces que les liabitans de la Nonvelle-MoUande ,
ceux de la Nouvelle-Zélande fiont plus industrieux qu'eux ;
leurs habitations sont construites avec beaucoup plus
d'art: ils en mettent aussi davantage dans la construction
de leurs canots, qui sont assez ordinairement ornés d'une
tête arlisteraent ciselée, dont la figure exprime la rage.
Ainsi, dans les chefs- d'oeuvre même de leur industrie,
perce leur naturel barbare.
Tels sont les principaux faits qu'a rassemblés Cook sur
le peuple de la Nouvelle-Zélande : nous en devons de
plus récens à CoIIins qui les a recueillis dans les manuscrits
de K in g ^ gouverneur de la colonie de la Nouvelle-Galles ^
et qui les a placés à la suite de son intéressante relation.
King les avoit obtenus principalement de dejiix naturels de
la Nouvelle-Zélande, transportés à l'île de Norfolk. L'un
d'eux dessina grossièi-ement une. carte de son pays, que
Collins a publiée. D'après son rapport, l'île située au nord-
est est div^isée en huit districts, respectivement gouvernés
par des chefs et par d'antresqui leur sont subordonnés. Des
divers degrés de subordination, résultent l'inégalité des
rangs, et la distinction entre le peuple proprement dit, les
officiers, les chefs et les prêtres, dont l'autorité balance
celle des chefs, si même elle ne lui est pas supérieure.
En même temps que les indigènes de la Nouvelle-
Zélande ont des prêtres, il ne paroît pas qu'ils aient Aqs
temples publics. Leur religion s'annonce principalement
dans l-'opiuion qu'ils ont de l'élat de l'ame après sa sépa- '
ration du corps. Ils croient que le troisièmo jour après
l'enterrement du mort, l'ame se sépare du corps, et que
cette séparation est annoncée par une légère brise de vent
qui donne avis de son approche à uns divinité inférieure
et bienfaisante, qui se penche sur la tombe et l'enlève
dans les nuages , tandis qu'un esprit malin se hâte d'em-
porter la partie impure du corps qu'elle précipite dans
la mer.
Le suicide est très- communément pratiqué chez les
habilans de la Nouvelle-Zélande. Ils se pendent dans un
VI. E©
454 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES,
premiei' mouvement d'humeur. A cet excès de violence ,
se porte, par exemple, une femme qui aura été battue par
son mari. Les deux naturels transportés dans l'île de Nor-
folk menacèrent plus d'une fois de mettre fia à leur exis-
tence , si on ne les renvoyoit point dans leur pays. Ce
peuple ne connoît d'autre division du temps, que les clian-
gemens de lune, dont il tient état jusqu'à cent. C'est de
cette manière qu'il compte son âge et qu'il calcule tous les
événemens.
TERRE OU ISMÎ DE DIÉMEN ET CAP DE DIÉMEN .
C'est encore à Abel Tasman qu'on doit la découverte
de cetle île , à laquelle il donna le nom du gouverneur
général des Indes orientales. Cetle île forme un cadre
oblong d'environ deux cent cinquante milles de longueur,
sur la moitié en largeur; elle est séparée de la Nouvelle-
Hollande par un détroit de plus de trente lieues d'étendue,
appelé le détroit de Bass, du nom du navigateur qui , con-
jointement avec le capitaine Flanders,en reconnut l'exis-
tence, ainsi qu'on l'a vu dans l'intitulé de la relation de
Collins. Il ne faut pas confondre cette terre, ou plutôt
cetle île de Diémen , avec le cap de Diémen , situé au
nord de la Nouvelle -Hollande, et auquel on a aussi
imposé ce nom.
Dans son dernier voyage, en 1777, Cook, pour faire
du bois et de l'eau, et faire paître des animaux qu'il avoit
à bord , visita cette terre ou île de Diémen. Les natu-
rels qu'on rencontra étoient entièrement nus, et d'une
taille moyenne, avec des cheveux aussi laineux que ceux
des nègres d'Afrique : ils avoient des traits plus agréables.
Leurs cheveux, leur barbe, leur visage, étoient bar-
bouillés de rouge. Ils paroissoient préférer les oiseaux à
toute autre nourriture; et parmi le petit nombre de qua-
drupèdes que renferme leur pays, celui qu'ils recher-
choient le plus pour aliment, étoit le kângouroo , parce
yOYAGES AUX TERRES AUSTRALtIS. ^^5
qu'en marchant sur les deux jambes, il ressemble à un
oiseau.
Le paj's est très-varié: on y trouve des montagnes, des
bois, des vallées , par-tout une agréable verdure. M. delà
Eillardière , dans le Voyage à la recherche de La Peyrouse ,
nous a donné sur ce pays, qu'il a aussi visité, des notions
intéressantes , sur-tout sur sa géologie et sa botanique.
Il est remarquable que principalement celte partie delà
Nouvelle-Hollande ne fournit aucune plante alimentaire,
quoiqu'elle soit ombragée de grands et magnifiques arbres.
Le seul végétal dont les habitans fassent usage pour leur
nourriture, c'est la racine sèche et insipide de diverses
bruyères.
Ce qui dislingue aussi les naturels de ce pays de presque
tous les autres Sauvages, c'est que , réduits pour leur subsis-
tance à la pêche , ils ont la lâcheté de charger leurs femmes
delà pénible occnpalion de plonger dans l'océan, pour
y ramasser, au milieu d'un dédale de plantes marines,
an risque d'être dévorées par des requins, des crusta-
cées et des coquillages qu'elles rapportent successivement
dans des paniers à leurs maris, qui les attendent tranquil-
lement auprès du feu. Ce traitement barbare ne les empêche
pas de se montrer des épouses fidelles et de bonnes mères.
Nous n'avons de relations particulières à la Terre de
Diémen que la suivante :
Observations sur la Terre de Diémen (en an-
glais). Londres, i8oi, in-8°.
On recueillera sur celte Terre, des notions plus sûres et
plus étendues dans le Voyage suivant :
Voyage et Découvertes aux Terres Australes ,
exécuté par ordre de S. M. l'empereur Napoléon ,
roi d'Italie , sur les corvettes le Géographe , le IVatU'
raliste , et la goëlette le Casuarina , pendant les
années i8oo, 1801,1802, i8o5 et 1804 ; publié
par décret de l'Empereur, et rédigé par M. F. Péron^
\
456 BIBLIOTHÈQUE DES VOYAGES.
iiaiuraliste de l'expédition. Paris, de l'Impriaiene
impériale , se trouve chez Arthus Bertrand , 1 807 ,
2 vol. grand iu-4".
— Allas de 4i planches, même format que le
texte.
Décrire toutes les parties encore inconnues ou mal
connues de la Terre de Diémen , les îles et les peuples qui
se rallachent à cette première Terre; présenter l'histoire
du vaste détroit qui sépare la Nouvelle - Hollande de la
Terre de Diémen ; celle de la découverte de la Grande
Terre Napoléon, qui présente, sur un développement
de côtes de plus de mille lieues, cent soixante iles de
diverses grandeurs, deux golfes qui s'enfoncent près de
trois cents milles dans l'intérieur du continent „oulre une
foule de ports, de havres et de baies profondes ; compléter
la reconnoissance et l'histoire de la Teri'e de Nuyis , de
celles de Leuwin , d'Edels , d'Eudracht, de \Vitt et de
Diémen du Nord ; décrire le grand archipel Bonaparte ,
qui, sur ime ligne de centJieues, se projette en avaut de
la Terre de Wiît ; tracer le tableau physique et méléoro-
logique de toutes ces immenses régions ; indiquer leur
constitution géologique, si féconde en phénomèues; dire
quels végétaux utiles ces climats lointains produisent ,
quels animaux extraordinaires ils ont reçus de la nature,
quels jîeuples les habitent ; décrire les moeurs farouches de
ces peuples, leurs usages barbares, leurs guerres conti-
nuelles el meurti-ières ; réunir , en un mot , tous les détails
de leur existence individuelle , domestique et politique;
telle est la marche générale de cet ouvrage.
A ces premiers travaux, viennent se rattacher l'histoire
des colonies anglaises à la Nouvelle-Galles du Sud, celle de
la gi'ande île de Timor, plusieurs mémoires particuliers
sur les îles et les montagnes de corail dans les mers du
Sud; sur la force comparée des peuples sauvages; sur la
dyssenterie des jjays chauds ; sur la température de la mer
VOYAGES AUX TERRES AUSTRALES. 4^7
à de grandes profondeurs; l'histoire de l'élépliant-raH-
rin , elc. , etc.
Tous les dessins ont été faits sur les lieux par M. Le-
sueur, peintre de l'expédition^ pensionnaire de S. M.
l'Empereur, et par son collègue M. Petit. MM. Gérarrcî et
Van-SpaendonckNDnt bien voulu prendre assez d'intérêt
à ce travail , pour revoir eux-mêmes les dessins origi-
naux; et toutes les planches, gravées sous la, direction de
M. Milbert , avant d'être agréées par S. E, le Ministre de
l'intérieur, ont été soumises à l'approbalion des deux
artistes célèbres dont on vient de jiarler. Les graveurs
ont été choisis parmi les plus distingués de la capitale; et
sans doute il suffira de rappeler les noms de MM. Roger,
Née, Pillement, Duj)arc, etc. pour prouver l'excellence
du choix en ce genre. Tous les exemjolaires sont tirés sur
papier grand-jésus vélin superflu , satiné. Cet allas , qui sort
des riches presses de M. Langlois, se compose de 4r
planches, dont 28 précieusement coloriées; deux sont d'un
format double. A ces quarante planches , se trouvent
jointes deux cartes géographiques, format grand colom-
bier, gravées par M. d'Houdan , l'un des graveurs du
ministère de la guerre , et dressées par M. H. Fréjxinef ,
commandant du Casuarina , pendant l'expédition , et
chargé par S. E. le Ministre de la marine, de la rédaction
des travaux astronomiques, nautiques et géographiques du
Voyage.
Le texte a été revu par MM. Ciivier, Fleurieu, Lacé-
pède et Laplace, qui, honorant l'auteur d'une, bienveil-
lance particulière, ont bien voulu prendrela peine d'exa-
miner ses manuscrits , et l'ont aidé, dans toutes les cir-
constances , de leurs précieux conseils.
Je regrette de n'avoir pu que transcrire le prospectus de
cet important Voyage : j'aurois désiré en donner un
extrait ; mais il n'a pas encore paru au moment où l'oo
achève l'impression de mon ouvrage.
FIN,
TABLE ALPHABÉTIQUE
Tant des noms des Voyageurs et des Auteurs de
Descriptions, que des Auteurs de Collections
et d'Histoires ge'nerales des Voyages, et de
Traités sur leur utilité.
Nota. Les chifTres romainfi indiquent les tomes ; et I«s chifïres arabes
indiqaent les pages.
A.
Aagaard. I, 440.
Abbeville(d').VI,a72,
Abdolatif. IV, 343.
Abdoulkerim. IV, Syg.
Abdoul-Rizacq. 1 , 42.
Abela. III , 5S.
Abelinus. V, 12; V, 497.
Abesci ( Elias ). II , 92.
Ablon. VI , 20
Abulfarage. IV, 4^2.
Abulfeda (Isra.). IV, 2, 343.
Académie des sciences de
Paris. I, 173.
Acaretla de Biscaie. VI , 324.
Acerbi. 1 , 455.
Achenwal (G.). VI , 6.
Acosta (Joseph). I, 275.
Acuna (Christo). VI, 807.
Adair (Jacob). VI , 7.
Adam de £rême. 1 , 5a.
Adams. I, 102.
Adams (Jean ). II , 397.
Adams (Melchised.). 1, 409.
Adanson. IV, 88.
Addison. II , 54*
Addxson (La«celot). IV, 44-
Addisson. II , 483.
Adelung. V, 464-
Adler (Jean-George). I 338.
Adricbimius(Chr.). IV, 406.
Afsprung. II , 420.
AgroU. IV, 80.
Aikin. III , 222 , 277.
Aikin (Arlb.). III , 272 , 273.
Ainslye (Rob).IV, 864, 43o,
Alamandi (le P.). IV, 171.
Alarçon (Ferd.de). VI, i40'
Albani. 1 , 66.
Albanis Beaumont. 1 , 357;
II, 417, 426; m, 2, i37,
144, 178.
Albert (Jacq.). I, 263.
Alberti fF. L.). II , 475.
Alberti (Georges). III, 311.
Albin (F.L.). III, 273.
Albuquerque(Alonze).y, 4.
Alcçfaredo. IV, 2o5.
Alcedo de Herrera. VI, vîaS.
Aldenburg ( J- Gr- ). VI ,
>74-
TABLE ALPHA
Aldersey. IV, 420.
Alexandre de Rhodes (le P.) .
IV, 375 ;V, 125.
Alexio da Motta. V, 2.
Algarolli. II, 9.
Allemany. III, 7.
Alleyro(leP.).ni,55.
Allez, m, 161.
Almeida (Manuel). IV, 814.
Almodino (Moyse). II , 56.
Alphonse (Jean). 1 , 2.
Alsop (Georges). VI , 8;.
Allmann. U, 408.
Alvarez. IV, 3 11.
Amnury Duval. III, 1 13.
Ambroise. V, i5.
Ambroise (l'abbé). II , 478.
Ambrosius (E.). I, 438.
Ambury(d'). V, 524.
Amidas (Philippe). VI, 84.
Amman (J. Jacq.). IV, 41 3.
Amoretli (Charles). III, 4-
Ancelin. I, 35.
Andersen (Jacq.). I, 186.
Andersen ( Jurgen). Il , 5g.
Anderson. V, 3oi.
Anderson (Jacques). III ,
299.
Anderson (Jean) I, 392.
Anderson (iEneas). V, 3oi.
Andrada (Antoine de). V,
437 , 439.
Andrada (Jacinlhe-Frey de).
V,i4.
Andrae. Il, 412.
André. II , 47«
Andreossy. IV, 36 1.
Andrès (Jean). I, 324*
Andrews. III, i55.
Andrews ( Jean ). 1 , 1 o,
Angeli (Bonav.). Ifl , 10.
Angeloni (Bapt.). [IJ , 211.
EÉTiQUE , etc. 4^9
Angelis (Jérôme). V, 266.
Anglures ( des ). IV, 409.
Anguiano (Malhieu d'). IV,
3 18.
Anon. VI,4o8.
Anon (Jacques). I, 126.
Anot(P. N.). 1,359.
Anquetil du Perron. V, 32 ,
37 , 40.
Anson (Georges). I , 124.
Antes (Jean). IV, 36o.
Antonin. III , 207.
Anville(d')..II,9,9i; V,
453.
Apellad-Apelblad (Jean).
I, 288; II, 324, 33i .
388.
Apelblad (Jonas). II, 323.
Apollonius - Levinus. VI ,
321.
Apres de Mannevillette (d'),
V,3i.
Aranda(Emanuel). IV, i3.
Arbois (les Frères). III , 73.
Arcette(cr). m, i48.
Archenholz(M. J. W.).ï,
342 ; V, 5oi.
Arcisas (Augustin). IV, 1 1.
Arcol. III, 3oo.
Aretin. I, 169.
Arelius. II , 4o4-
Argensola ( Bartholomée-
Léond'). V, 184.
Argenville (d'). III, i54,
164.
Armand , dit Mustapha. IV,
5.
Armbruster. II , 463.
Armstrong. m, 80, 25o.
Arndt. III, m.
Arnebat (d'). Ht, 388.
Arngrim (Jon). I, 3^0, 3yij
44o TABLE ALP
Arnolcl. Il , 280.
Arnot. 1 , 358.
Aiqiier (Raimond). 111,83.
Anéniiis. IV, i5o.
Arrieji. I , 23.
Arriglii. III, 97. .
Ar.sens de Sonimerdyk, III,
388.
Arvieux (d'). I, 21g.
Asilev. I , 69.
Aston. IV, 3i3.
Astnic. m, i45.
Aikins(J.). 1,274; IV, 148.
HA BE TI QU E
Alvvood (Thomas). VI, 19g.
Aubert du Petit - Thouars.
IV , 3 1 o.
Anbry (Jean). III, 26c.
Aubry de la Mottraie. I,
216, 3 1 5.
Audeber. Il , 478.
Aulnni (d'). 1 , 3i i.
Avila (Gonzales d'). III, 383,
Aviso 11. II, 6.
Avili (Pierre d'). I, 171.
AvriI(leP.). I, 188.
Azumi (Doiu.-Alb.). HI , 84.
B.
Baader(C. A.). II, 54i.
B^cco ( Henri). III , 24.
Bachtlbel (J.Chrét.). II, 322.
Bâcher (Robert). IV, 208.
Bachiène. IV, 418.
Bacqiieville de la Polherie.
VI, 23.
Bacslrbm (John). I, 376.
Baden ( le card,). IJI , 17g.
Baerl (A.). III, 221.
Baggesen (Jean). I, 345.
BailIel(Adr.), .souslenom de
Hezenil de la Neuville. II,
6.
Baker (B.). IV, 208.
Bal bée (le P.). II, 190.
Balbi (Carlin). V, 614.
Balby(Gasp.). I,2 79;V, 6.
Baldœu.s. V, 16, 29, 12g.
BaId\Tin. IV, 42o.
Balio de Lesca (Manuel-
Thomas). 111,59.
Ballimoie. Il , 79.
Banalar. I , 2bg.
Baiicks. 1 , 146.
Banduri ( A nt. }. II , 65.
Eanhi. V, 5o.
Banisler, VI , 347-
Bankrofi (Edoua.). VI, 207.
Baratti (Jacques). IV, 3iH.
Barbault. II, 49^ 5 I^I, '9, 20.
BarbauU-Royer. III, 172.
Barber. ni,'257.
Barbier de Memeurol. II,
479-
Barbosa (Odoard ). V, 4.
Baibot (Jean ). IV, 127.
Bai'chewitz. V, 27.
Barcia (Gonzalede). V, 5o7.
Barcley. 1,91.
Bardi fCirolamo). III, 6.
Bardili (J. Wend). 1 . 3 i 7.
Barelfi(Fr.).IV,373;V,53.
Baretli (Jos.). 1,324 ; II, 492.
Barelto (J. Mumra.).IV, 3"! 3.
Baringlon. VI, 4^°-
Barkausen. III, 200.
Barlaens (Gaspard). VI , 274.
Barley. I ,64.
Barlou'( Arthur). VI, 84.
Barrai. III, 92.
Barré(Nicolas). V, 486.
DES N O !^I S D
Barrère ( Pierre ). Vf , 255.
Barri (Christ.). V, icg.
Barrington. V, 464.
Barros ( Jean de ). 1 V, 367.
Barrovv ( Jean ). I , 94 ; I V ,
245 , 257 ; V, j 1 1 , 2Ô7.
Barrv. If , 471, 479; lil ,
3o5;IV, 274; VI, II.
Barlels. III , 47.
Barihelemi (l'abbé). 1 , 3og.
Barthema (I/. ). 1 , 24 1 ; V, 4.
Barlhols(S.).II, 26G.
Barton (RicharrI). I[r,3o8.
Barlrara ( Gi.ill.). VI , 9.
Barlrani (Jean). VI, 81, i23.
Basci (Henri). III, -25.
Bassani (Anh). III, 18.
Balliiaui(leC.). (1,273.
Batlel (André). IV, i63.
Baudelol-Dairval. 1 , 5.
Bander (C. A.). II, 641.
Baudier. II , 55.
Baudoin (Jean). III, 100.
Baudi-y de Lozieres. VI,
i36,i38.
Bauer(A. F.). 11,371.
Baujeu. 1 , 3 12.
Baulieu. V, 1 1.
Bauniann. I, 336.
Banmarchais. [II, i83.
Bannîgarlen (Mari.). I,.2,i2.
Banmgarlner. IH, ^462.
Baumont ( P. ). 1 , 299.
Bauvalos y Carillo (D. Hie-
ronyme). V, 193.
Bauveau (Henri). I, 2o5.
Baviers (Urbain). I, 281.
'Bayard (Ferd.). VI , 67.
Bayer (îerd.-Jacfj.). Il, 327.
Beatty( Charles). VI, 82.
Beanchamp. IV, 455.
Beaugran (Félix). IV, f[i5.
ES AUTEURS. /[/^l
Beaujour (Félix). II, 228.
Beanplan. II , 47'
Bechemel. VI, 254-
Beckforl(M.V\^.).VI,l89.
Beekinan. V, i65.
Beeverell. III, 209.
Begerl. VI , i43.
BeguilIe{(E.), m, 154,170.
Eehani. II, 274.
Behourn Wiskv. II, 420.
Behrens. V[,3'46.
Beknian. VI, 59.
Be1ek (Adrien). I, i25.
Belin.in, 89; VI, 257.
Belknap (Jérémie). VI , 78.
Bell d'An lermouy-d'Anler-
mony (Jean). 1 , 106.
Bellerman (J. J.). II , 1 5 , 16.
Bel!erive(de). J[,65.
Bellicanus (iVlidler). II,4"4-
BelJman. VI, 34-.'
Belon dn Mans. I, 206.
Bellram (Octave). III , 24.
Bembi (Pierre). 111,56.
Berabo ( Anibrosio). 1 , 65.
Bembo (Giovanni). 1 , 65.
Benaglia (Je?in). II , 63.
Bender. II , 319.
Beneditli. II , 6'3.
Benekendorf(C.F.).II,393.
Benevenga (Michel). II, 64.
Bt-nezel. IV, i5o.
Beniousky (M. A.). I, u5o.
Benjamin de Tudèle. 1 , 33.
Benkowitz(C. F.). 1,362.
Benlivoglio. III , 179.
Benzenberg. III , ï63.
Benzoni (Jérôme). V. 487*
Berchlold ( Léop. ). I , 1 o.
Berenger. I . 90 ; III , 14^-
Berg. il,33f;."
BergenCE. G. de). V,446.
44^ TABLE ALP
Bergli.IV,456.
Bergman (Th.). V, 433.
Berkley (Lefr. de). II [, 199.
Beiland (de). IV, 226.
Bernandez de Padenza. III ,
383.
Bernard(J. F.). 1,8-.
Bernard (M'iOI,36o.
Bernard (Jacq.). III, 2..
Bernardin de Saint-Pierre.
IV, 274.
Bernardine. IV, 409.
Bernardo de Saint - Ildé-
phonse (Gaspard). V, 1 1 .
Bernegger(Malthias). I, 3.
Bernegger ( J. F. ). II , 274.
Bernes. IV, 14.
Bernhard. IV, 241.
Bernier (François). V, 65.
BernouUi. 1 , 74, 3^4 , 326 ;
11,330,388,396,418,496.
Bernsfein. V, 39.
Bertaud. III , 386.
Berlholel. III, 107.
Berlhout van Berghem ( le
P. J.). II, 424,456.
Berlolo. II, 4oi.
Berlondelli (Jérôme). 111,8.
Bertrand. 11,335.
Besson.II,423;IV, 389.
Beverley. VI , 88.
Beyer(VVolfg). VI,34o.
Beyrlin (Jacques). 1 , 296.
Btiza (Jean). II, 274^
Bianconi ( Jean). II, 323.
Biard(leP.). VI,i8.
Bibeyro-Ribeyro. V, 12g.
Bicker. 1 , 299.
Biervillas (Inigo ). V, 58.
Bignon (Jérôme). IV, 406.
Bikker (Laurent). VI, 3 12.
Biilings (Jolin). V, 47-^.
H A BLTIQUE
Bing. I, 381,448.
Bingley. III , 255.
Binos (l'abbé). I, 225;
Biot (J. B.). III , l68.
Bird. IV, 124.
Birken. T , 3oi.
Biron (C). I, 281.
Bisani (Charles). 1 , 226.
Biscari (le prince). 111,56.
Bischer. V, 452.
Bjoernstaohl. I, SSg.
Bladgen. III , 262.
Blainville. 1,3 18.
Blakfort(Dom.). VI, 58.
Bland (Edmond). VI, 75.
Blekfenius. 1,377,391.
Bligh.VI,35r.
Blorae (Richard). V, 49g.
Bloraefield. III , 268.
Blount. II , 55..
Blumenau. IV, 357.
Bîumenbach. I, 76.
Blunt (Jean). I, 176.
Blydorf. V, 28.
Boate. III , 3o6 , 307.
Boccaro(Ant.).IV, 368.
Boekmann (J. L.). II , 425.
Boetticher. Il, 297.
Bogie. V, 439-
Bognart. IV, 378.
Bohenius. 1 , 1 70.
Bohems(Ant.).VI,3i3.
Boisgelin ( Louis ). 1,11 , 60.
Boissel. III, i3g.
Bok (Franç.-Sam.). Il, 3g4.
BoUing (Frédéric). V, 19.
Boitz. V, 69.
Bonami (Jacques). III, 56.
Bone(Aug.-Fréd.). III, 182.
Bongars. II , 295.
Bonkroft (Edou.). VI, 25?:
Bonne. VI , 169.
DES NOMS DES AUTEURS.
Ixlv'^
Bonnecorse. IV, 4i 3.
Bonsletten. If, 4i 7, 460 ; III,
252.
Bontekoë(Guill.). V, 12.
Bonzo. V, 490.
Boolhy (Richard). IV, 26g.
Borch (de), m, 69.
Borda. 1 , 235.
Borderian. II, 52.
Botdier. VI, jç).
Bordini. IV, 4jo.
Borgstede. II, 3g4.
Borlase. III , 264.
Born (le comte de). II , 2^5.
Borri (Christ.). V, 109.
Borrv de Saint-Vincent (P.
C.'M.).IV, 209, 282.
Boschi (François). III ,11.
Boschini. II , 189, J90.
Bosco wich. II, 48; III, 20,
Bosius. I, 3i2.
Bosnian (Ed.). IV, iSa.
Bossu. VI, 129, i33.
Bosswell. m, 90 , 3oo.
Botekoë (Joseph). II, 277.
Boler(Jean). I, 170.
Botereius (Rod.). III , 99.
Boturini (Lorenzo). VI , 4*
Bouche. III, 141.
Boucher (le P.). IV, 4 «4.
Boucher ( Pierre ). VI , 20.
Bouflers. II, l^\i.
Bougain ville (de). I, 126.
Bougout. III , 279.
Bouguer. VI, 328.
Bouillon ( duc de). II , 479»
Boulax-Baro. 1 , 265.
Bouquet ( Henri). VI , 29.
Bourges (M. de). IV, 377.
Bourgoing. 111,416.
Bourrit. II , 421 , l\^n , 464 ;
III, i36.
Bouterwek. II, 4^9-
Boiilhier (Pierre). IV, 20G.
Boulon (le P.). VI, iQo.
Bouvet. IV, 378; V, 281.
Bovovius ( Albert ). 1 , 119.
Bowles. III , 3g4.
Boyd (Hughes). V, i3/|.
Boyer. VI , 2.
Boync!el(M. M.). 111,223.
Bozenhard ( E.)- 11,372.
Bracali (Franc.). V, 282.
Braithwaile. IV, 47-
Brancolonne(Nicolo). I, 6ô.
Rran(l.V,446.
Brand ( Jos.-Arn. de). 1, 1 90.
Brand (Jacques). III, 269.
Brandao (Antoine et Fran-
çois). III , 3i7.
Bratring (W. A.). VI , 383.
Braunschweiger. II , 457.
Brazey. III, 210.
Bredenbach. IV, 447-
Brederode (Reinhard de).
II, 3.
Breislack(Scip.).III, 34.
Breilhaupt. m, 58.
Brelin ( Jean ). I , ' 73 , 234-
Bremond ( Gabr. ). 1 , 344-
Breton(J.B.J.). 111,134.172.
Breuning de Boucbenbai h
(H.J.). I,2o5.
Breval. 1 , 3i4-
Brevenlano. III , 5.
Brèves ( de). 1 , 206.
Breydenbach (Bernard de).
IV, 399, 400 , 401.
Breyer (Jean). IV, 226.
Breynius(Phil.).II,483.
Briamlé ( Vincen l V 1 , 3 1 8.
Brian-Hils. m , 54.
Brice. TII , i 53.
Bride!. 11,455.
T A E L F, A L P D A B É T 1 Q U E
444
JBridel (les Frères). II, 465.
Bridel( Louis). VI, gS.
Brikvell-Briknell. VI, 117.
Brioiievns (Mart). IV, 4o3.
]^risel. III, 385.
Brisson. III, i38.
Brissoii (de). IV, 67.
Brissot de Varville'. V , 3q :
VI,6x,65.
Brisled (Jean). III, 3o3.
Biito (Bernardo). III, 317.
BrJKo-Freyre (F.). VI, 276.
BriKou(J.).I[I,279.
Brizard. 111,45.
Brocard (Bonav.). IV. Itog.
Brocardi. 1 , 66.
Brocke (Adrien de). IV, 274.
Brokvell. III, 3 18.
Brome (Jacq.). II, 3i3: m ,
283.
Bronovius de Riedsée (Mar-
tin). I, 179.
Broock. IV, 1 1.
Brooke. II , 5o6.
Broltier (l'abbé). II , 92.
Brolz fBalth.). ¥,277.
BrouglUon (G. R.). V, 477.
Brower. VI, 341.
Brown(P.). VI, 188.
Brown (Ed). I,22o, 3o4.
Browne ( W. G.) , 1 , 254.
Bruce(P. H.). 1,108.
Bruce (Jav-q.). IV, 3 19.
Bruce (GuiU.). V, 43o.
Biûckmau. I, 173.
Bniggeman. II, 397.
Brukiiian (Fr.-Er.). I, 173.
Brukmann (Fr.-Jér.). II,3oi.
Brukrier (Jér.). I,3o2 ; II,4o6.
Bi-uu(M'''-- Frédériqnui. II,
458, 459, 462; III, 139,
1A2, 143.
Brimet. (G). I, 3o8.
Bruno (Samuel). IV, 169.
Bruns. I, 106, IV, 9.
Brunsvvick-Bevern (le duc
Ferdinand). I, 3o5.
Bruun-Neegard. Il, 464.
Bruyn (Corn). 1 , 192, 245.
Bruzen de la Marlinière. I ,
379.
Bry(de). I, 5b\ •' "
Bryan-Ed^vards. VI , 169 ,
'i85.
Brydone.111,66.
Bscheider. IV, 4 '9'
Buchftnaîi. III, 3oi. v^d
Buchwald (Fréd.). II , 327/
Buckeley. VI , 348.
Bucquoi (Jacq. de). V, 28.
Buellius. V, 49^-
Bugge (Thomas). III, iSj.
Bugnon. IV, 378.
Buirde, I, 34i.
B(jlifon (Antoine). III , 26; '
Bullok (Guill.). VI, 86. , r.
Buisfond. 11,482. :.il
Buona-Juta-Albani. 1,66-2
Buonfiglio (Phij.). m , 56., >:
Buquoi. II, 392, 393. ..'T
Burchard. I,34i, IV, 4o5.'
Burchowilz (Ern. -Christ.).
V, 27-
Burckhard (Christ,). V, airiti
Burges(Al.). V, 5o.
Burghart (Henri."). II, 391.
Burgo(Barlh.).V,5o.
Bui'go (Jean-Bapt. de).I,i 12.
Burgsdorff'(F.L.).II,33o.
Bur;a (Abel). 1 , 4>9-
Burke(Guili.). V, 507.
Burke (Edmond). VI, 6.
Burnaby(André). VI,8.
Burnel. I, 3o8.
DES NOMS D E S ' A U T E U R S
Biirney. I, 337.
Burney (Jacq.) VI, 387.
Burriel(Ancl.-Mar.). Vl,i4i.
Bi,rloM(GiiiII.).III,259.
Busbeck (le bar. de). I. 2g/^.
BdscJi (J. G.). 1,341, 342.
Bu5chel (Ch.). III, 21 5.
Busching. II , 3c)i, 3g2.
Bush (Jean). III , Soq.
Busse. II, 14.
Bulel-Dumont. VI, 5-].
BuKel. IV, i63.
Buxlorf( Aug.-Jacq.). II, 409.
Byron. I, i33; VI, 349-
c.
Cabot(S.). V, 491; VI,8,
Cacljermois (J. de). IV, 402.
Cadamosto (Aioysio). IV, 82.
Cndet-Gassicoiirt. III, 168.
Cadvvallador- Golden. VI,
25.
Ca-.^ar (A. G.). Il, 278,27g.
Caëlanode Lima. Iir, 3i«^.
Calceolari (Franc.). III, 6.
Callender. VI , 404.
Calvacii (Hor.-Guill.). II, 4.
Calvelte de Eslrale ( Jean-
Ciiristova]). III, 17S.
Caniavalo (Jos.). III , 54.
Cambri. 1, 358; ITI, 148,
i65.
Camden (Guill.). III, 204.
Cimpanius ( Thom. ). VI,
81.
Campbell (Alex.) III, 291,
3ii.
Campbell (Léonard). V, 49-
Campe. I, 104.
Campe (.T.B.)III, 157.
Campenon. III, iZj.
Camphel. VI, 3i4.
Campomanès. III , 3 19.
Camslrnpp (N. J.). V,28.
Canins (A. G.). III, 172.
Candiili. 1 , 1 i3 et 1 14.
Candissalant. VI, 394,
Canlillon. III, 179.
Canzler. I, 452.
Capel (Rodolplie). 1,373.
Capper (Jacq.). I, 2 25^ 254.
Cappin (J.). I, 212.
Caprara (le C. de). 11,62.
Cataccioii. III, 24.
Caralle (Pliil.). 111 , 55.
Carajaval (L.Maim.). IV, 4.
Cardenas (D. Séb. de). VI,
122 , 3 12.
Cardenas ( D.Bern.). VI, 3 1 2.
Cardini(A.F.). IV, 373.
(.'ardonei (Jacq.). JII, 3oi.
Carjaval (D. Gare. de). VI,
394.
Carletti (Franc.). I, 280.
Carli(leP.). IV, 169. '
Carli (leC). V, 5 12.
Carlisie (leC.de). 1,408.
Carlisle (J. Housm.). 111,272,
Carison. IV, 377.
Carou (Franyoïs). V, 17,
2o3 , 204.
Caros. (J.Tii.). II, 49.
Carjjeau de Saiissari. IV,
2'72.
Carpin. 1 , 35.
Carr(J.). 1,424; III, 160.
Carra. II , 93.
Cairanzanu.s (Gonz.). V, 5o5.
446 TABT. E
Carré. V, 9.'>..
Carrera (Pierre). III , 56 , 5j.
Carreri (G Mneilli). I, 119.
Carry. III, 3 10.
Carier (Franc.). III, 4o9-
Carteiet. I , i33.
Cartier (Jacques). VI, i5.
Carlwrigl (Georges). VI, 1 4-
Carvalho. 111, 3 19.
Carve(Th.). 1, 3oo.
Carver (John). I , 72.
Carver (Jonalhan). VI, 3o.
C^sal (D. Gaspard). III , Sgo.
Caseneur. III, t/^J.
Cassaii(leP.^. VI, 208.
Cassas (L. F.). I,26i; II,
272.
Casse! l (J. Phil.). V, 5 16.
Ca.ssini de Thury. II, 296,
297.
Caslagerville. III , 262.
Casiaiieda (Ferd. Lopez de).
V 2.
Castèla (EL). IV, 407.
Caslelman (Rich.). VI, 81.
Casligan. III , 365.
Casliglione. I, i6g.
Casliglioiii (Louis). VI , 64,
Caslille(Ant. de). IV, 411.
Castro (D.Juan de). V, i4.
Catalaiius. V, 495.
Cauneo (J. B.}. ï , 343.
Calesby (Marc). VI , 4.
Catrou(leP.). V, 67.
Callagerville. III , 255.
Catteau (J. P.). I, 441, 464.
Caiiche (Franc.). 1 , 205.
Caulin (A. F.)- VI, 209.
Gavanilles ( D, Ant. Jos. ).
III,4'5,467.
Cavazzi(le P.). IV, 171, 1752.
Cave (Th.). 111 , 307.
ALPH A BETI QUE
Caveria. ÎÏI , lo.
Cavendish. I, yr.
Caverio de Vera. IV, 4o8.
Caymo (Norbertl). IIF, SjS.
Cellier. II , 60.
CeUius(Erh.). I, 196.
Cenillo (Alonzo). VI, 33g.
Centellas (Joach. de). I, 204.
Cenieno (Araaro). 1 , 24i .
Cepeda (Ferd. de). VI, 154.
Cerillo. III , 83.
Celti. III , 84.
Chabert(M.). VI, 29.
Challey (Henri). 111,260.
Chalmer (George). VI, 69.
Chahiiers (Lionel). VI , 1 18.
Chambers. V, 284.
Charnel (A.). I. 287.
Champermoy (Phil. de). IV,
4o3.
Champigny. VI, i33.
Champlain (Sam.). VI , i5
Chandier ( Rich. ). II, 170,
201,202.
Chantreau. H, i8;III, 219,
468.
Chanvalon. VI, 196.
Chapelier (Ant.). Il , 4 1 r.
Chappe d' Auteroche. V,448 ;
VI, i43.
Chapuzeau. II, 256.
Charant. IV, 48.
Chardin (le chev.). IV, 45o.
Charington. III, 82 1.
Charisiiis (Jonas). 1 , 402.
Charles V(l'emp.). II, 294.
Charles II, roi d'Angleterre.
III, 181.
Charles XII, roi de Suède.
II, 66.
Charlevoix (le P. ). V, 224 ;
VI, 24, 182, 3i5.
DES NOMS DE
Charpenlier. II, 896; V, i5.
Charpentier-Coligny. V. 76,
288.
Chale (le comm. de). IV,225.
Chalellux (le marq.). VI , 61 .
Chaulmer. II, 243 ; IV, 5.
Chaulnes (duc de). IV, 353.
Chauttionl (le chev. de). V,
99-
Chemnitz (J. Jér.). 1 , 433.
Chenier (de). IV, 49.
Cheron(Anne).IV,4i3.
Chiflet. 1,284.
Childrey. III , aSS.
Chinon(leP.). 11,60.
Chishull. 11,68.
Choiseul-Gouffier. II, 20^.
Choiseul-Sulfren (Amélie).
III , 267.
Choisy (l'abbé de). IV, 99.
Christine (la reine). I , abS.
Christophe. IV, 497^
Chrysante (le P.). IV, Aï?-
Chrysogeno. II, 271.
Churchil. 1 , 70.
Churclichz. II , 274.
Cimarelli (V. M.). III , 10.
Cioça (Pedro de). VI , 3 19.
Cisneros (Diègue). VI, i5'3.
Cilrik?. 1I,4H5.
Claike. I , i36.
Clarke (Edouard). III , Sgo.
Clausson (P.). I, 429-
Clavigero (D. Franc. Save-
no). VI, 161.
Clavijo. IV, 209.
Clavijo (Ruy-Gonç.). V, 429.
Clayloa (Jean). VI, 87.
Clayion (R.). IV, 44o.
Claylon(W.)VI, 4oi.
Cleghorn (C). III , 80.
Clén»enl. I, 358.
S AUTEURS. 4'j7
Clenard(Nic.).I,i82;II.ûi.
Clermont {M^^' de). III , 1 70.
Clinton (Jean). V, 489.
Cluver (Phil.). III , 55.
Clyl£eus(Alh.). 1,284.
Cochin. 11,85.
Cockburn. VI , 347.
Coelius (Gasp.). V, 201.
Cogan (Thom.). II , 401.
Coggenbach (J. J. J.).II, 412.
Cogullado (Diégue-Lopez).
VI, 160.
Coldenar (D. Juan Alvarez
de). 111,379.
Collejo y Angulo (le P.). III,
55.
Colleman. IV, 240.
Collet. 1,406.
Coliini. 11,398.
Collins. VI, 424.
Collinson (J.). III , 272.
Colnel(Jacq.). VI,35i.
Colomb (Cil risl.).V, 479,5o3.
Combes (F.). V, 192.
Comelin (le P.). IV, 14, 17.
Comeyras(Vict.). I, 98;II,35.
Comnène (Jean). 11 , 96.
Conca (D.Anl.). 111,462.
Condé(leP. de). 11,477-
Conéïdo (Xar-Aled.). III,
382.
Constanllii. 1 , 87.
Constantin (Eum.). IV, 206.
Conlarini (Ambr.). I, 35.
Contarini^Tli.). II1,3«5.
Contarini. IV, 446.
Conler-Vist lier (Jacq.). V,
62.
Conlo (Diégue de). IV, 368.
Conturbio (Jean) II, 476.
Cook. I, 1 33 et suiv.
Cook (Jean). IV, 38i.
44^ T A r L E A L P
Cooke (Edouard). 1, i?.o.
Cooker. III , 262.
Cookes (Richard), m, 38 1.
Cooper (Guiliaurne). 1,175;
III,3i3.
Cooper (Tli.). V, 524 ; VI, 65.
Coppei- (James). IV, 383.
Copper (Guillaume). V, 497-
Coppin (J.). IV, 8.
Coraj'. II, 235.
Cordes (Sim. de). VI, 394.
Cordiner (Charles). III, 270.
Coriolo (Elie). 111,7.
Cork (le lord). II , 496.
Cornille-Nee. V, 9.
Coronado (Vasq.). VI, i5i.
Coronelli (Paul). I, 172.
Coronelli (Pierre). Il, 194 ;
III, 206.
Coronelh (Vinc). II, igS;
IV, 423.
Correal (François). V, 5o4.
Corsini (le P.). III, i3.
Cortez (Fernand). V, 481.
Corlil (Jeau). IV, «i.
Coryat. I, 174; V, 38.
Cosse (le chev.). III , 84.
Coslard. II, 296.
Cosle (iVr.). III , 389.
Colovicus (Jean). IV, 408.
Couley. I, 121.
Coulon. III, 2o5 , 388,
Coursel (André). IV, 3 12.
Court de la BUnchardiere
(l'abbé). VI, 339.
Cou rlan vaux (le marq. de).
I, 324.
Couriney (Jean) I, 347-
Courtois. V, 491-
Courtois (Ferd.). VT , 1 5 1 .
Coulhino (Gonzale). IV, 41.
Il A 13 1 T I Q U E
Cowan.m,3o3.
Cowlev.Vi, 396.
Coxe. m, 278^
Coxe (Daniel). VI, 126.
Coxe (Will.). I, 412; II,
4i5,426;V,464;VI,68.
Coyer (l'abbé). 1 , 323 j III,
2i3;VI,396.
Cradock. III, 254.
'Cramer (M.). V, 277.
Cranz (David). 1 , 388.
Cranz (Ch.). II, 348.
Craven (milady). II , 181.
Crescembeni ( J. M.). V,
23.
Cre.'pel. VI, 29.
Creuxius (Fi'ançois). VI,
20.
Creuzé de Lesser. II, 522.
Crevecœur fSiint-John de).
VI , 63 , 69.
Crisp (Jean). V, i49-
Crome(A.F. W.). I, 337,
346; m, 180; VI ,60.
Cromer (iMartin). II, 46, 48.
Crut%vel (C). III, 290.
Cubero. I, 118.
Cubero (Estevan de). III ,
3 86.
Cudena. VI , 27g.
Cidin (P. P.). 11,337.
Cnllum (Jean). IV, 270.
Cullum (F. M.)- VI, 202.
Cunradi. I , /5.
Cuiasi. III , 5g.
Curli (P. L.C.). 11,460.
Curlis (Christophe). IV, 8.
Curlis (Robert). VI, 14.
Cysatus ( Jean — Léopold ).
II , 406.
Cysatus (Reiinard). V, 201.
DES NOMS DES AUTEURS.
449
D.
Daes. 11,56.
Dahlmen (S.). VI, 198.
Dalager. 1 , 388,
Dale (Samuel). III, 2.G2.
Dallas. VI, 189,
Dallaway. Il, i4o.
Dalrymple (Alex.). VI , 348.
Dalrvmple(W.). in,38j.
Dalzel (Archib. d'). IV, i5o.
Damberger. I^'", \g5.
Damin (Louis). III, 4.
Dampier. I, liii ; VI, 418.
Dan (François). IV ,11.
Dandini (Jéiôme). IV , 387.
Dandolo (Benedetio). 1 , 66.
Daniel (Guillaume). V, 22.
Dapper (Olivier). I, i85;
IV,6,377, 449; V, 17,
276 . 5oo.
Dappert. 1,7.
Dard (le P.). 1,264.
Dassel (Thomas). IV, 124.
Dassié. V , fSo2.
Daudel. III, 170.
Daukins. IV , 391 , 892.
Daveyro (F. Pontubio). IV,
406.
Daviez (Jean). VI , 198
Davila (Gonz.). III, 383,
384.
Davila-Padilla (F. A.). VI ,
i53.
Davis (Samuel). V, 440.
Davis (John). VI, 74.
Davisons. 1,4-
Debes (Lucas). I, 43o.
De Brosses (le président). II ,
5o6; VI , 402.
Debry. 1 , 5Q.
VI.
Decremps. III, 25r,
Dehain ville. III, 164.
Deischel. III, i83.
Deixal. III, 208.
De la Barre. I, 271.
De la Faye (le P.). IV, 1 1 ,
De la Lause. III , 1 13.
Delandine. I, 100.
De la Porte. 1 , 95.
De Launai. 1 , 210.
Delestre. V, 18.
Deleyre. 1 , 98.
Delisle. V. 99.
Della-Chiesa(F. A,), m, 2.
Dellon. V, 5g.
Delos Rios Coronel (Ferd.)
V, 192.
Delnc. II , 422.
Demarez (André). I, 171.
Denon (Vivant). III, 45:
IV, 36i.
Denys. VI, 2.
Depons (P.). Vl, 210.
Deroi. V, i65.
Derrik. I, 72.
Desbarres. II, 5.
Descamps. III, 180.
Deschizeaux. II, 8.
Deserre. 111,385.
Deshayes. I, 3oi.
Deslandes -Douliers (And,),
IV, 45o.
Desmarchais. IV, i46.
Devena (Corneille). V, ir.
Devérilé. III , 167.
Devitre. V, lo.
Devizer. III ,101.
Deyeux. 111, ii3.
Dias (Don Joseph). IV, 46.
45o TABLE ALP
Dias de Castillo (Thurnal).
VI, i54.
Diaz delaCslIe. VI, i52.
Dibdin. III, 291.
DickinsoM. III, 277.
Dierevill»-. VI, 27.
Dieshorne (L. de). V, 3o.
Dietliern. I, 270.
Dillon(J.Talbof). 111,409.
Divexo (Jean). IV, 409.
Dixon. ï, 147.
Dobbin. I, 190.
Dobriiz}ioffer(M.). VI, 3 18,
Dobs( Arthur). VI, i3.
Doddridge. III, aSg.
Dolomieu (Deodal). II, 464;
m, 71 ' 73-
Donado(J.B.).II,63.
Donali (Jacques). 111,6, 71.
Donnebuchi (Arminius). II ,
406.
Doiington (Christ.). II, 32i.
Doubden(M.J.).IV,4ii.
Douglas. III, 298.
Douglas (François). VI, 56.
Douza (Georges). II, 53.
Dow (Alexis). V, 3 i , 38.
Dragua (Don F.). VI, 3g4.
Drake (F.). I, 112; V, 490.
Dralsé de Grandpierre. I,
273.
DresseUJ.C. G.). 11,337.
Dresser (Mathieu). I, 276.
Dressig (C. F.). II, 4oo.
Dnedo(D.J.de). VI,2o8.
Droizeu (J. F.). I, 3fii.
Drumonl (Alex.). IV , 423.
Drurv (Robert. IV, 272.
Drvden. IH , 66.
Dubiul (Jtan). IV, 406.
Dubocage (]VI''^). I, 321.
Dubois.'] V, 271.
lî A B E T I Q U E
Dubreul (le P. F, Jacq.). III,
i53.
Dubroca. VI, i35.
Dubuisson. IV, 9.
Ducange. II , 64.
Ducave. III, 167.
Du Châtelet (Dubois). I, 108.
Du Châtelet (duc). III, 3a2.
Ducléneur. VI, 35o.
Duclos. II , 5oo.
Ducoudray (le chev.). III,
106.
Dudley (RobertV VI, i66.
Duey (Thomas), m, 264.
Dufour (Sylvain). I, 5.
Dugdale. III , 25g.
Diigere. III, 170.
Duhalde (le P.\ V,2gg.
Duhamel(L. H.). 1,8.
Dujarric. V, 11,
Dulac (Alexis). III, i38,
142.
Dulaurp. III, 107, i56, 164.
Duloir.I, i83.
Duinanet (l'abbé). IV, 90.
Dumas. III, 102.
Dumay. I, 171.
Dumay (Louis). IV, 45.
Duraays. III, 1 13.
Dumont. I, 3io. ^
Dumonf. III, 3i.
Duraont (M.). VI, 127.
Dumourie/.. III , 32o.
Dupaty. II , 4g7.
Duperner. I, 91.
Duple«is (D. Touss.). III,
iô3, 167.
Duprat (le comie). V , 39.
Duptiis (François). VI, 192.
Dnpuy (Jacques et Pierre).
I, 265.
Duquesne. V, ai , a6.
UtS NOMS DES AUTEURS.
Dussieux. V, 32.
45c
Duran(leP.). VI, 3 12.
Durand (Don). III, 102.
Durand(J. B.L.). IV, 119.
Duranel (Pierre). V, 1 5.
Duret. VI,328.
Dnrival. III, 171.
Dussault. III, 145
Duiens (M. L.). I, 290.
Dntens. JII, 220.
Diilerire VI, 167, 193.
Duvul. 11,478.
Dnvivier. III, 100.
Dyssel. 1 , 434-
E.
Eeel (S. G.I. II , 459 , 463 ,
466.
Ebc-ling (Ch.-Dan.). 1 , 74. ,
Ebert (Adam). I, 31.^.
Eck(leienne). I, 4^, 455.
Edeii. I, 273.
Edwards. IV, 420.
Egède (Jean). 1 , 383 , 890.
Eg?ers(P.H.). 1,45.
Eggers (C. U. D.). I, 355,
400.
Eglofsleiii (le C. d"). II, 5o4.
Ehrmann(T. F.). I, 76,
77,101.
Ehrhard (Fr.). 11,327.
Eichhofins (Cvp.) lil , 383.
Ekebera(C. G.)-V, 37, 268.
Eklin (Dan.). IV, 4o4.
Elbée(d'). 1,271; IV, i3o.
Electeur Palatin. 1,297.
E1ers. I, 453.
Elfred. IV, 420.
Ellicolt (And.). VI, 74.
Elliol. IV, 38 1.
E:iis(Henri). V, 461.
Elversen (Jacq.). II, 59.
Emiliane (Gab. d'). II , 484,
Engel (Samuel). 1 , 146.
Engel(H.). II,3oi.
Engelbardl (K. À.). I, 78
II, 390.
Engestrom (Gust.). 1 , 454.
Enoch (Jean). III, 179.
Ens(Ga,s)).). 1,284; 11,295,
477;iII, 99' 2o5, 38i.
Enlik. III, 252.
Erasme. I 243.
Ercilla (Aiph.de). VI, Î4t.
Erdeswich(F.). III, 260.
Ericbsen. 1 , 38q.
Erndel(Chr. H.). I, 3i3-,IÏ,
48.
Erpenins(Th.). Ilf , 100.
Escandon (J. de). VI, 3 18.
Eschassériaux (M.). II, 468.
Eschelskroon (Ad.). V, 8g,
147.
Escher (J. Chr.). II, 292,
406, 460.
Esdeswick. III, 260.
Esmark (Jean). II , 292.
Espejo (Ant. de). VI , 149.
Essex (Rob. comle d'). l', 4.
E,slaço(Gasp.). m, 3 18.
Este. 1 , 348.
Eslrene. III, 202.
Eton(W.).II,i2i.
Eugène deGuadeloupe. VI,
i58.
Ëuphrasen. VI, 199.
Evun3(Jean). III, 254, 256.
Evans (Thomas). III , 257.
Everlz (Volkert). V, 17.
Eyre. lil, i6i.
452
TABLE ALPHABETIQUE
F.
Fabert. III, 171.
Fabri(J. E.). I, 74,106.
Fabri (Félix). IV, 408.
Fabricius (Daniel). 1,378.
Fabricius (J. Chr.). 1, 6, 434 ;
II, 14 ; m, 283.
Falckert (Adrien-Goltlieb).
V, 5o5.
Falco (Benoît). III , aS.
Falconer. V, 5o4.
Falkner(Th.).VI,398.
Falle. 111,263.
Fanelli (Fr.). II, 196.
Fara(Vinc.). I, 264.
Faria y Souza (Man.). ÏII,
3i8;IV,7,376.
Faujas de Sainl-Fond. III,
140, 28g.
Fauvel. I, 210.
Favolius (Hugues). II, 53.
Faydel (G.). HI , 92.
Fea(Jacq.). III, 298.
Febvre. III , 200.
Felibien(J.F.). III, i63.
^ Fell(R). III, 201.
Fenner (G orge). IV, 124-
Ferber. II, 12.
Ferber(Jean-Jacq.). I, 177;
11,49,278,494.
Fermaiiel. 1 , 210.
Fermin (Phil.\ VI, 256,
257, 258.
Fernandez. VI, 32i.
Fernandt z (D. L.). VI, 207.
Fernandez (J'raii). VI, 3i4-
Fernandez del Campo (P.).
111,386.
Ferraad. V, ^3i.
Ferrand de Puy . III , 92.
Ferri de Saint-Constant. III,
226.
Ferrieres-Sauveboeuf (le C.
de). I, 198.
Feuillée (le P.). V, 5o3.
Feyjio (D. Mich.). VI, 340.
FeyHes(de). IV, 872.
Fick(J.C.). 11,320.
Fielding. III, 319.
Figuerroa (D. Garcie de).
IV, 449-
Filson (Jean). VI, 91.
Fisch. III, 143.
Fischbach. 11,392,396.
Fischer. II, 16, 335,458.
Fischer (C. A.). 1 , 101 ; III,
i33, 147,471,483; V,
524.
Fischer(J.W.). 1,362.
Flachat. I, 208.
Flacourt. IV, 269 ,271.
Fleurieu-Claret. 1, 160, 174*,
VI, 417.
Floris(WiIl.).V, 89.
Foë. I, 168.
FoUie.^. IV, 73.
Fonlanus. III, 57.
Fontenai-Mareuil, II, 477.
Forbisher(Frobisher). I,i i5,
372; V, 459,504; VI, 126.
Fordnnan's. II, 66.
Forest (Robert). V, 43.
Forest (Thoni.). Vr, 41 3.
Foret (Thomas). VI, 277.
Forskal. IV, 444, 445.
Forsier (George) , voyageur
allemand. 1 , 35o.
Forsier (George) , voyageur
anglais. IV, 4^5.
DES NOMS D
Foraler (Jean-Reynold). I, 9,
76, 248, 375; IV, 9, 353.
Forster (Thomas). 1 , 175.
Forlia de Piles. 1 , 35o.
Forlis. II, 268 ,271.
Foucher (d'Oosonville). IV,
362.
Fourmont. III , 106.
Fournier (George). IV, 875.
Fragio (Honoré). IV, i6g.
Francisci. II , 274.
Francisons. 1 , 280.
Franck. III, 292.
Franken (Jacq.). V, 3i.
Franklin (Guiil.). II, 140,
167; IV, 466.
Franklin (le D.). VI, 6.
Fraser(R.). III,3i4.
Fray(leP. Gasp.). V, igS.
Frédéric. I, 179.
Frederick. III , gS.
ES AUTEURS. 453
Fréjiis (Roland). IV, 42.
Fresier. VI , 325.
FreviUe. VI , 349.
Frick (Christ.). V, 21.
Friebe (W. C). H, 17.
Friedel. I, 337.
Frie.seman. II , 227.
Frischbach. II , 392.
Frisius. I , 390.
Fr"obisher. Voy. Forbisher.
Froelich (Daniel). I , 4-
Froez (le P. Louis). V, 202.
Froger. I, 270.
Fryer (Jean). IV, 464.
Fiiess. III , 84.
Fulvio (André). TU, i5.
Funnel (^Vilh.). I, 116.
Furer d'Hermandorf (Chr.).
1 , 242.
Furst (George de). ï , 287.
Furlmann. II , 463.
G.
Gabeis. II, 372.
Gabriel de Chinon. IV, 449-
Gadd (Adrien). I, 45i.
Gadebusch. 1 , 453.
Gage (Thomas). VI , 1 54.
Gaguin , Guaguini (Alex.).
11,46.
Galieis. II, 372.
Galanti (Jos.-Mar.). II[ , 56,
Galland. IV, 422.'
Gallet(Franç.). II,4i3.
Galthenl 1 , 440.
Galvena. 1,114.
Garcias (D. Juan-Jos.). III ,
390.
Garcias (Baiiliolomée). VI,
395.
Garcilasso delà Vega (l'in-
ca). VI , 321 , 322, 324.
Garde -Jasier (de la). IV,
440.
GardeUe(dela).III,3i.
Gardin-des-Brosai. IV, 879.
Gardiner. VI, 196.
Garuett (Jean). Ill , 3oi.
Gassot (Denis). IV , 4o3.
Gaslaldi (Jacq.). IV, 870.
Galterer(G. G.J.).II,332.
Gaucher. III, 107.
Gaull.III, i5o.
Geddes(Michel). IV, 3i8.
Geisler(Ad.-Fréd.j. 1)332;
IV, 382.
Gell(W.W.).II,i7o.
454 TABLE
GemelIi.iII,83.
Genlis(M'i-clt^). 1,9.
Gensane (de). III , i^S.
Geoffroy (le P.). IV, 17.
Georgi (J. Golll.). 11,9, 17,
34.
Georgierenes (Jo- .). IV, 878.
Georgie\'iz(Barlh.) 11,55.
Georgineres. II, 190.
Georgiovvilz. IV, 406.
Geraldini. 1 , 242.
Gérard (P.). II , 465.
Gérard (Gnili.). IV, 455.
Gerasius (Jos.). II , 67.
Gerberl (i'abbé). 1 , 322.
Gerhert (G. F.). V, 29.
Gercod. IV, i55.
Gerike. V, 87.
Gerken (Phil.-Guill.).I,336;
II,3i8.
Gerlach l'aîné. II , 60.
Germain (le P.). II , 480.
Gerning(J. F.). ï , 362.
Gerrit de Veer. 1 , 370.
Gervaise (Nie). V,ioi, 16S.
Gesner (Conr.). II , 4^4-
Getsling (Gui!).). III, 268.
Ghaiadini. V, 281.
Gliieslale (Jo.seph). IV, 4o3.
Gilberl (Thomas). V, 285.
Gilbert (Hnmph.). VI, 14.
Gilius (Phil.-Salv.). VI, 209.
Gillo(Pa«cal de). 111,388."
Gilpin. 111,254,255,271,
279-
Gily. VI, 206.
Ginnani (Franc.). III, 9.
Giorgi. I, 299.
Giraldi (J. P.). III, 2.
Girardin. II , 63.
Giraud de Soulavie. III, i43.
Gladvviii (Fianç.). IV, 456.
ALPHABETIQUE
Glanins, V, 68.
Gias (George). IV, 20S.
Glalz (Jacq.). I, 104.
Gleim(J. E.). II, 390.
Glower (Thomas). VI, 87.
Gmeliii (Samuel - Gottlieb).
11,9.
Gineliu (Jean - George). V,
446.
Godefroi. 1 , 80.
Godigny(Nic.).IV, 3i3.
Godinho (Manuel). V, 14.
Goëde. III , 246.
Goelnizius (Abrah.). I, 299.
Goes(naniien). IV, 3i3.
Goeschen (G. J.). II, 3 19.
Goesius (J3en.). V, 282.
Goelleris (A ni.). 1,284.
Goeize (J. B. Eph.). XI, 328,
332. -,
Goelzin.s(G. H.). I '^ 7.
Goez. V, 429.
Golberry. IV, 9, i i 5.
Gomara (L.opez de). V, 485.
Goniber\ille. I, 123.
Gonnelier du Trmiichin.VI,
167.
Gonzague (princesse de). I,
35o -, II, 5go.
Gonzales d'Avilas. III, 385,
384.
Gor.zaies(D.). IV, 4j5.
Gonzales de Mendoça (J.)
V, 271.
Gorani. II , 5o5.
Gordon (Alexis). III, 284.
Gore. I, i36.
Gorge (Fernand), V, 498.
Goris (Gérard). III, 182.
Goitfried (J. L.). V, 5o3.
Golzke(Lindenow). 1,372.
Gonjon (Jacq.). IV, 4i3.
DES NOMS D
Gourgues (Domin. de). VI ,
119.
Gousse. III, 1 13.
Govea. IV, 448.
Govin. II , 484.
Gower (sir Erasme). V,3o2.
Goyatis (le P.). IV, 41 3.
Graaf(Nic.). 1,237; V, 26.
Grabner (J.). III , 180.
Gradenigo (Thora.). I, 66.
Gradnor. II , 400.
Gram (Chrét.). III , 2 1 1 .
Gram de Monfalcon (Don
Juan de). V, 193.
Grammaye (J. B.). III ,178;
IV, 10.
Gran(Olof). I,45i.
Grandpré. IV, i 74 ; V, 77.
Granger. IV, 349.
Grant. VI,429.
Grant (le bar. de). IV, 280.
Grasserus (J. J.). I, 298.
Grasset de Saint -Sauveur.
I, 102 ; III, 74.
Grassi de Formeaso (Nie).
11,279.
Gray (Robert). 1 , 348.
Greave (Jean). IV, 345.
Grégoire (M.). III , 171.
Greisler (A. F.). 1 , 332.
Grelot. II , 62.
Grenier, V, 3i.
Griffilz(J.). I, 200.
Grigorowitsch (Wasilief).
I, 224.
Grillet (le P.). VI , 254.
Grira(J. F. C.).I,323.
Grimm. II, 297.
Grinville. VI , 84.
Grisalvi. III, 91.
Grisellini (Franc.). II, 278.
Grobert. IV,36i.
ES AUTEURS. 4^5
Groeben ( Olt.-Fréd. ). I,
178.
Groeschen (J. J.). II, 3ig.
Groetterie(.\nt.). 1,407.
Grose (Franc.). III , 222.
Grose (3. H.). V. 3o.
Grosley. 11,486; III, 2 12.
Grosse (martj. de). II , 467.
Grosse. III , 462.
Grozier (l'abbé). V, 3oi.
Grueber (le P.). V, 278.
Grukner. III ,391.
Grumer (Jiisliii). 11,343.
Grundig (Chrisl.-Golt.). II,
322.
Grnner (Golll.-Sigism.). II,
409, 4 10.
Giynaeus (Sitnéon). Ij 55;
V, 4S6.
Gualle (Franc.). I , 275.
Gualieri (Guide). III, i5.
Guarient (Ignace-ChrJstop.
de). 11,6.
Guarne)y(J. E.y 111,57.
Guatlini'(ie P.). IV, 169.
Guby(leP.). I\^ 122.
Gndin(leP. N.). IV, 3i3.
Guer. 11,68.
Guerreiro (le P. Barl.). VI ,
273.
Guerre ro (Franc.). IV, 410.
Giieyra (Louis). V, 202.
Guibert. 1 , 364 ; II, 344.
Guichardin (L.). III, 174.
Guidi. III , 21.
Guidolti. IV, 48,
Guillaume m , roi d'Angl.
111,181.
Guillelrnus. IV, 420.
Guiileragues. II , 63.
Guilletiere (de la )- II , 190 ,
196.
456 TABLE ALPHABÉTIQUE
Guillot de Marcilli. 111,176. Gummius (Jean). VI, 348.
Guinderode ( Hect.-Fréd.- Gumpenbei'g (El..). IV, 4o3.
Just. de) . 1 , 10 , 337 ; II , Gunnerus. 1 , 4o2.
824 , 325.
Guinerus. I, 4o2.
Guidenstedl (J. A.). IV,
38i; V, 456, 457,
Gulthen. 1 , 44o-
Gnmilla(leP.). VI,2o8.
Gunlhei'. II, 391.
Gulhrie ( M^^ Maria). II,
ib5.
Guys. II , 217.
Gnzman (le P. L.). V, 265.
Gylles (Pierrel. 11,52,55.
H.
Hablizl(R.) IV, 455.
Hackluit (Richard). 1 , 66.
Hacquet (Ballh.). II , 277 ,
279, 281, 371, 420.
Haerleiiian. 1 , 45 1 .
Haes (A. de). II, 190. ,
Hagenioohlr. III, g2.
Hagenetius (Godef.). I, 3oo.
HagenisI (Geoff.). III, 175.
Hagen-Naer. V, 22.
Hagei-(J.). 111,57; V, 421,
422, 426.
Hagner. III, 162.
Haiton (l'Arménien). I, 385
V, 298.
Hakman. V, 438.
Halem(G. A. de). 1,344.
Haies. VI, 340.
Halifax (Guill.).lV, 390.
Haller. II , 4o«.
Hatnel (Henri). V, 291.
Hamilton (George). I, 14S.
Hamilloii (Guillaume). III,
33 , 42 , £(,3 . 309.
Ilamiitou (Cliarl/). IV, 466.
HannllOM. V, 28-
Hammard (CF. E. ). II,
39 'i.
Jrïatnmersau (Mie). I, 270.
Hancks. Il , 279.
Hanne(Jean). lV,4i8.
Hannon. 1,17.
Hanwav (James ). I , igS ;
IV, 38o.
Hara. VI, 14.
Harcourt (Rob.). VI, 252.
Hare. VI, 277.
Haringman(H.). IV, 80.
Harmans (Volferl). V. 12.
Harriot (Thomas). VI , i,
85.
Harris (John).I, 70.
Hartenslein. II, 388.
Harllieb (Sam.). -111 , 3o6.
Hartman(J. Ad.).VI,i43.
Harlsink (J. J.). VI , 258.
Hase (Henri). II, 9.
Hassel. m, 271.
Hasselsquisl (Fréd.), I, 247.
Hassman. Il , 396.
Hatkins. VI, 27".
Haune(Jean).IV,4i8.
Hauterive (le C. d"). II, Ç)j.
Haven (Pierre). II, 8.
Havesladl (Bern.). VI, 342.
Hawkes. VI, i52.
Hawkins. V, 63.
Huwkius(Rith.). VI,346.
DES NOMS DES AUTEURS.
Heard. III , 278.
Hearne (Sam.). V,468.
Heat (Rob.). III, 2(34.
Hebbe (Gust.). IV, 225.
Heberer (Michel). I, 246,
297; II, 348 ; IV", 35o.
Hebersiein (J.J.). III, 58.
Hedman (Clirist.). IV, 400.
Hegling (Pierre). IV, 3ig.
Heïchard (J. P.). I, 281.
Heigelin(J. F.). 111,459.
HeiiKCcius. II, 3^3.
Heinsiiis. II, 3gG.
Heinze. V, 284.
Heinzmann. Iil,i57,i58.
Helfrich (J. H.). I, 241.
HellogèMesdelEpy, V, 43 1.
Helm (Ant.-Zach.). VI,
340.
Helyn (Pierre). III, loi.
HeiTipel (E. F.). I, 3i8.
Hemskerk (Jacq.). V, 12.
Henferd(D.A.).II, 5.
Hennepin VI, 124, 323.
Hennequin (L.). V, 5o3.
Hennin (Christ, de). I, 3i4.
Hennings (Aug.). 1 , 436.
Henninius (Christ.). I, 3ii.
Henri 11 ( cl "Orléans -Lon-
gueville). II, 406.
Henri iv, roi de France. III,
171.
Hérault (le P.). IV, 38.
Hérault de Seycheiles. III,
168.
Herbert (Thoni.)- IV, /i5g.
Herbin(P. E.). IH, n3.
Herfer (D. A.). 11,5.
Herichfeld(C. CL.). 11,411.
Heriot (George). VI , 25.
Hermanida(Ru(ger). I,43o,
449, 4^0 ; III^ 2 05.
Hermann ( B. F.). 1,336;
II, 12, 14, 16, 27g, 370.
Herinite {Jac([. 1' ). 1 , 117.
Herndej-Erndtel. 11,48.
Herport. V, 16, 17.
Herrera ( An t. de ). V, 493 ,
494> 495 ; VI, 393.
Herrera (Alcedo de). VI,
2o3 , 328.
Hertaer (Paul), 1 , 297.
Hertop (Jean). VI , i52.
Hertzberg (Fréd.). II, 396.
Hervey (Christ.). I, 34o.
Hese (Fréd. de). IV, 402.
Heslen (Elias). V, 5o2.
Hess(J. L. de). 1,347; H,
319.
Hessèl (VV. de). 111,219.
Heun (K.). Il, 3 19.
Heiitzner (Paul). 1,3.
Heulzner. III, 2o3.
Hevin (Robert). III , 3oo.
Heydt (J. G.). I, 247.
Heyman ( J. ). I, 2a3; II,
5ii.
Heyst (Hans). 1 , 292.
Heylon. IV, 402.
Hiellingius(Conr.).IV,4x/3.
Hikeringilli, lisez Hikeriu-
gill. VI, i85.
Hill (Aaron). II , 68.
Hill. III, i58.
Himkof(J.). I, 377.
Hippon. I, 1 16.
Hirschfeld (Cli. Caj. L.). I ,
96; II, 420.
Hirsching(F.G.). 1,77.
Hirzel (II. C). 11,424.
Hockin. VI, 355.
Hodes - Méhémet - Effendi.
1 , 219.
Hodges (Will.). V, 44.
458 TABLE ALPHABÉTIQUE
Hoedo (Diégue de). IV, 1 2. Hovvel (Tliom.)- IV, 383.
Hoegslrom (Pierre). I, 45i. Howlet. III, 3 1 3.
Hoest (George). IV, 49 ; VI, , Hoyersabal (Mart.). 1 , 233.
^99-
Hofrnari (Jean de). 1,433.
Hofinan (J. Chrél.). V, ig.
Hofmansegg (le C. de). II ,
292 ; III, 365.
HogHn(E(lm.). IV, 4o.
Hogrève (Jos. L.). I, 174.
Hogstroem (P.). 1, 45 f.
Hoguat (delà). I, 285.
Holbera (Louis). 1 , 432.
Holcroh(Thom.). I, 362.
Holk (H.). 1 , 289.
Holland. VI, 347.
Hollenberg. II , 326.
Holmes. V, 356.
Holmes (G.). III,3i3.
Holsche. II , 396.
Hohvell. V, 3o.
IIopp (Henri). IV, 932.
Horacio délia Penna (le P.).
V, 438.
Horneman (Fréd.). IV, 196.
Hornius (George). I, 5,
Horrebow. I, 3{)3.
I-IoUon. III, 27S.
Houel. III, 70.
Houghton.IV, 188.
Houmard (C. F. C). I, 341.
Housman. III , 274 1 277.
Houstown (Jacq.). IV, 144.
Houtman (Corn.J. V, 7.
Houlteville. II, 47.
Howe. VI, 5g.
Howel. 1,4.
Hubert (T. H.). I, 243.
Huclitoriz. V, lio3.
Huck. III. 255.
Hiidson C Henri). V, 4^0;
VI, 12^
Huelfer(Abrah.).I,45i.
Huen (le P. Nie). IV, 4o3.
Hneskins(Th.). V, 487.
Huet(J.B.). m, i3o.
Huglien (Jones). IV, 126.
Hugues (H.). III, 112.
Hugues (GriiBtb). VI, 196.
Hulsius (Ijewin). I, 72.
Hullius (Vicier). 1,2.
Humlreville (Ed. d'). VI, 14.
Hunier (Guill.). 1 , 35o j V,
89.
Hunier (Jean). VI, 4^3.
HunlIey(Th.). 111,270.
Hupel. II, 14, i5.
Hiipsch (J. W^. K. A.). II,
332.
Hurlado de Meudoza. VI,
4 06.
Hurtaut. III, i55.
Hulcliin.s. VI, 90.
HiUchinsou (Guill. \ III,
274, 378.
Hiilchinson. VI, 77.
Hultuer (J. C). V, 356.
Huyssen (H. de) , II , 481.
Hwiid (And.-Chrét.). I,
343.
DES NOIÏÏS DES AUTEURS.
459
I.
Ibannes de Echevery (Ber-
nard). VI , 3i8.
Ifland(A. W.). 11,457.
Imbrtchl. IV, 449-
Imilcon. l, 21.
Imlai ( George ). VI , 10 ,
92.
Invéges ( Aug.). III , 07.
IrelandCSam.). I,344;III,
177, 275.
Irwin. I, 2y,g.
Isbrarid-Ides. V, 280.
Lan (P. Edm.). IV, i53.
Isidore (le P.). V, 4'-^9-
Isinaïlow (Vladimir). II, 43.
Ives (Edouard). IV, 465.
J.
Jacobs (P. Siinon). I, 6.
Jagemann. II, AqS.
Jaillot. III, i54.
Jakson (Jean). I, 199.
James (Tb.). HI , 394.
James (Sila). IV^ 383.
James (le C). V, 4H0.
Jameson (Robert). III , 3o3.
Janez (Jean). VI, 341.
Janilsch, II , 604.
Jannequin (Claude). IV, 84.
Jansen (W. R.). II, 499»
Jansen (le card.). II, 4B2. ,
Jansz (Bern.) VI, 3qo.
Japes (Fr.-Rod. de).lV,4o6.
Jardin. IV, 12.
Jardiner (Alex. j. I, 178.
Jars (Gab.). I, 3 a 3.
Jaussin. III , 8g.
Jean le cadet ( le duc de
Sclileswig-HoJslein). 11,2.
3efferson(Th.). \'I,9u
Jeffery. V, 5o8.
Jefferyes (Th.). V, 463 ; VI ,
122.
Jeniçon. III, i83.
Jenkinson. V, 43o.
Jenne. I, 239.
Jennings (Sloane). V, 507.
Jennour (Mallii.). I, 199.
Jérôme. IV, 3 16.
Jessen (E. J.). I, 433.
Jésuites (les PP.) I, 87, 88,
243 ; V, 260.
Jésus (leP. Rapli. de). III
3.7.
Jeze. III , l54.
Jobson (Richard). IV, 126.
Joelner (J. F.). I, 438-
Joergensen. 1 , 44<^-
John. V, 69.
Johnson (Sara.). 111,296,
3oo.
Joinville, V, laS.
Joly. II, 321.
Joly (Romain). III, i6g.
Jonas. (Arngrira). I, Sgi.
Jones (Wiil.). IV, 384.
Jones (Hugue.s.). VI, 87,90.
Jong (Corn, de) .1, 17S.
Joiige (Nico!.). I, 38o.
Jonkear. IV, i 3o.
Jordan (J.). II, 349.
Joseph (Séb.-Fr.). Il, 194.
Joseph II (emper.). III, io5,
177.
46o TABLE ALPHABÉTIQUE
Josselyn (Jean). VI , 76. Juan de Perse (D.). IV, 447-
Josten (Jacq.)- I, 237.
Jourdan. I, 285.
Jourdan(C. E.). I,3i6.
Joustel. VI, 125.
Jouvin. I, 244.
Juan (Don G.). VI, 33r.
Juillot. III, i54.
Junitsch. II, 5o4.
Junker(K.L.). 11,329.
Jusliniani. IV, 422.
K.
Kaempfer (Engelberl). IV,
379; V. 206.
Kakasch. IV, 448.
Kalm (P.). I,45o; VI, 5.
Kantemir (Démélrius). II,
9'-
Karamsin. I, 354.
Kausch (J. J.). II, 49-
Keale. II, 410; III, 297 ; VI,
352.
Keiser. III , 59.
Kerguelen de Tremarec. I ,
38o ; Vr, 4o5.
Kerley. III , 253.
Kesler (J. F.). IV, 39.
Ke3'ssler (Georges). 1 , 317.
Kindermaii. Il, 279.
KincJIeben (sous le nom de
Herlenstein). Voy. ce der-
nier nom.
King (GuUl.). V, 49T.
King (Jean). III, 112.
King. VI, 420.
Kinsbergen (R. de). II, 227.
Kircher (Alhan.). V, 275.
Kirchh'jf(N.A.). I, 149.
Kiriace. I, 3 18.
Klaute (J.Ballh.).I,3i4.
Klebe(A.}. IL, 402.
Kleeman (Nicol.-Ern.) II,
.171.
Klingsted. I, 38o.
Knigge (dt). II , 390.
Knigbf. VI, 4o3.
Knoblauch. II , 400.
Knox (J.). m, 299; VI,
39.
Knox (Robert). I, 129.
Koch (E.J.). II,4oo.
Koehler (Tobie). 1,73,
Koenrand van Klenk. 11,5.
Koephen. IV, 377.
Koeping (M.M.). I, 175.
Koeppel (J. J.). II , 340j 34i.
Koelslin. III, i3.
Kokyowlzow. I, 177.
Kolb (J. E.). IV, 8.
Kolb (Pierre). IV, 227.
Konnefriet. II, 92.
Korn(Ch. H.). 11,91.
Korle (Jonas). IV, 417, 418.
Kosman. II , 896.
Kotzebu»(Augusle). II, 5i i;
m, i56, 161.
Kranzius. I, 390.
Krascbeninnikof ( H. ). V ,
453 , 454.
Kratter (Er.). 11,49.
Krebel (G. Fr.). 1,289,290;
II , 499.
Krebel. III, 107.
Krienen (le comte Pascal
de). II, 190.
Krok (M'iede). II, 424.
Krump (Théod.). IV, 319.
Kuelin (j. Mich.). I, 379.
DES NOMS DES AUTEURS. 4^^
Kuhn (E. W.). IV, i8o. Kutner (C. G.). III, 201 ,
Kiilner (Sal.). 1 , 297. ?iCf,'ii-2.
Kulner (M.)- I, 355. Kulzaviez. Il, 56.
L.
La Barthe (R.). IV, i54.
Labat (le P.). I, 3i5;IV,
85, 172; VI, 194.
Labely. III, 25 1.
La Billardière. I, i54.
La Borde. II, 4i5,4i8.
La Borde (Alex.). III , 5oo.
La Borde (M. de). VI, 35o.
La Boulaye-Legoux. 1 , 210.
La Caille (de). ÏV, 23o.
Lacombe. III , 25o.
La Condamine. II, 4^9»
VI, 3io, 328, 329.
La Croze. 1 , 3 1 6.
Lade (Robert). I, 268.
Laduire(F. M.). IV, 416,
417.
Laet(Jean de). III, 99, i'j5,
385 ; IV, 448 ; V, 496.
La Faye (de). IV, 1 1 .
Laffi (bomin.). IV, 416.
Lafiteau (le P.). 1 , 267,
Lagerbring (Sven). I; 454.
Laharpe. I, 97.
Lahontan. VI, 21.
Lahaye. V, 17.
Lajaille. IV, ii3.
Lajardiere. IV, 8.
Lak. IV, 420.
Lalande. II, 490-
Lalande (Jéc). IV, 196.
Lalleniand (Ch.). VI, 18, 19.
Laloire (Man.). IV,4i6.
La Loubère (de). V, 102.
Lambarde. 111,259.
Lambert (César). 1 , 265.
Lambert (Arcb.). IV, 448.
Lamotle (Philemon de). IV,
i4, 17.
Lamo-Zapula (D. Jos.-Eus.).
VI , 2o5.
Lampriere (G.). IV, 68.
Lancasler. VI , 277.
Land (Ed.). 111,284.
Laiidi (le C. Jules). IV', 2o5.
Landt (George). 1,441.
Lang. II , 4%-
Lange. V, 284.
Langer. IV, 127.
Langhans (Daniel). 11,409.
Langhans (Christ.). V, 23.
Langle (le marquis de). II,
456; m, 468. -
Langlès. I, go, 261.
Langstadl-Langstedl(r. L.).
I , 269.
Lao (Gasp. de). V, 1 1.
La Peyrere (Isaac). I, 382 ,
391.
La Peyrouse. 1 , 149.
Laporle du Theil. I, 261.
La Roche (Sophie). 1,342;
II, 338, 424, 458; III, 507.
La Rochefoucault-Surgères.
III, 202.
La Rochefoucault - Lian-
court. VI, 67.
La Roque (de). IV, 432,43 5.
La Salle. VI, rsS, 126.
Las Casas (Barlh.)- V, 48a.
463 TABLE ALPH
Laskiel (G. PL). VI, 9.
La Tocnaie. 1 , 424-
La Ton cette. III, iSg.
Laluada. III . 4.
Laiuloiiiere. VI, 119.
Laii;j;ier de Tiissy. IV, i4-
Laurt'iit :Guill.-Cés.). I, 3o7.
Laval. lil, i4i ; VI, 127.
La Vallée. II , 272 ; III ,110.
Laverne(L. M. P.). 11,4^7.
Lawsoii (J.). VI, 1 16, 122.
Laxmaii (Eric). II, 11.
Laxman. V, /^5î.
Le Beau. VI, 23.
Lebeiechl. II, 16.
Le Blanc. I, 118.
Leblanc (M.). V, 10 1.
Lebiun-Desmai êtes de Mo-
léon. III, 102.
Le Chevalier. II , 166 , 168.
Leckie (Dan.-Rob.). V, 86.
Leclercq (le P.Chr.lVI, 21.
Le Comte (le P. L.\ V, 279.
Leclice (Jacq.). III,3oi.
Lederer (J. G.). 1 , 323.
Ledyard. IV, 182.
Ledyarl (Th.). II, 322.
Leem (Anut). I, 4o 1,402.
Lefebvre. II , 61.
Lefevie. III , loi.
Leîi^vre de la Barre. VI, 253.
Legentil. V, 38.
Legentil de la Barbinais. I,
LeGobien(leP.). VI,358.
Legraiid. V, ayS.
Legrand - d'Aussy. I, 261 j
m,i49-
Le Gi-angiej" (le P. Louis).
II , 56.
Le Gnat (Franc.). V, 24.
Lehmann (Jean). II. a8o.
A E É T I Q U E
Lehmann (H. L."). II, 4a3.
Lehndorf-Bandeia (leC.de).
11,395.
Leicester (P.). III, 263.
Leidmit. I, 174.
Leig (le cap.). VI , 254.
Leigh (Ed.). 1,6; 111,261.
Leimbeckoven (Godefroi).
V, 282.
Lejeune. VI, ;8, ig.
Le Laboureur. 1 , 3oo.
Leland. II, 807.
Lelao (Duerte-Nunez de).
m, 3i8.
Lelong. VI, 3i.
Leni. II , 402.
Lemaire (Jacob). I, 372.
Lemaire (Jacq.). 1 , 278 j VI ,
3y2 , SgS.
Lemaire. IV, 85.
Lemascrier. IV, 347 j 249'
Lemercier. VI, 19.
Leraiie. III , 107.
Leno de Châle!. I, 28g.
Leiilz (L. C). I, 354.
Léon (l'Africain). IV, 2.
Léon sieur d'Aigrement (J.).
VI, 253.
LeonLwjau. V, 284.
Léopold (J. Fréd.). I, 45o.
Lepage-Duprats. VI, 128.
Lepecliin (Ivan). II, i3.
Lequinio. III, 169.
Lerche. I, 17 5.
Leroi. II, 196.
Leroi (le P.). I V . it.
LeRoi(P. L.). I, 324,
Le Roi. IV, i5.
Lerouge. III, !54, 212.
Lery (J. de). VI, 271.
Lescalier. I, 354-
liescarbot. II, 4o5.
DES NOMS DES AUTEURS
Lescarbol (Marc). VI , 1 8,
Leseige (Jacq.). I, 179.
Leske (Nalh.-God.). Il, 389.
Lessels (Rich.). II, 480.
Lesseps. V, 457.
Le Tellier (Jean). V, i 2,
Leti (Grégoire). III, 16.
Ijettsom (J. Coac). I, 9.
Levaillnnt. IV, 241 , 242.
Leverrier. IV, 206.
Levell (Christ.), VI .77.
Levinus. VI, 119.
Lewis (Jean). III, 268.
Libaroni (l'abbé). III, 10.
Lichtenslein (Melc. H.). II,
53.
LieberolhfF. E.).II,390.
Liebstad (Georges-Margraif
de). VI, 275.
Liemann (Ara. de). II, 17.
Ligon. I, 271.
Ligon (Richard \ VI, 104.
Liglhow (Guill.). I, 224.''
Limberg (Jean î. I, 3og.
Linck(H.F.).ni,353.
Lindenlhal. V, 45i.
Lindermann (C. H. F.). III,
82.
Lindley (Thomas). VI, 279.
Lindsey (Jean). IV, 89.
Lingen fie P. Henri- Rulli
de). V, 65.
Linné (Ch.). 1,7, 4^07 4^''
Linscholl (Jean-IIngues de).
1,371 ;IV, 376; V, 8.
Lipscomb (G.). Lypscoinbe.
III, 276, 282.
Lipse (Jusle). II, 484.
Lister. III, i53.
Litler (Christ.). VI, 389.
Litllelon. III, 069.
LIoyd(Ed.).m,3o7.
465
Loaysa (Don Frère Gascia
de). VI, 294.
Lober. VI, 1 18.
LoboÇleP.Jér.). IV, 3i5.
Lock (Jean). IV, 124 , ï54.
Lockar. I, 36o.
Lockyer (Charles). V, 26.
Loejniiig (Pierre). I , 234.
Lombard (J. P.). 1 , 358.
Loménie de Brienne (leC.
Louis- Henri de). 1 , 3oi.
Lonanerue (de). III , I0i2.
Lopez(Thom.).III, 393.
Lopez (Odo.). IV, i55.
Lopez de Gomara. VI, i52.
Loienzano fjacq. Anl.). Vl^
161.
Losano (Pierre). VI, 3 14.
Losef(J. Christ.). V, 89.
Loskiel. VI, 9.
Louis (patrice de Rome).
1,239.
Louis ïx (roi de France).
IV, 344.
Louis xiu (roi de France).
III, .99.
Loinich. II, 271,
Lovenoern (P. de). I, 436.
Loyd (Fi-anç.). IV, 26g.
Loyer (ie P. God. ). IV,
143.
Luc (J. A. de). II, 423.
Lucanus. II, 329.
Lucas (lie). II, 871.
Lucas. IV, 182.
Lucas (Pau!). I,2i3,2i5;
IV, 346.
Luces (Jean do). V, 43o,
Ludecke (Ci. W.). 11,9t.
Ludbr(A. T.). IV, 24o.
Ludolpli (Job). IV, 3 16.
Ludolphe (J. r.\ IV, 399.
464 TABLE ALPHABÉTIQUE
Ludwig (J. F.). VI , aSg. Lussy (Melch.)- IV, 4o6. ^
Xiuez d'Aramon (Gabriel).
I, 2or.
LuilIJer. V, 23.
Lund. I, 38q.
liiisignan. II, i3c).
liusignaa (Et.). IV, /^ii.
Lvvid (Edouard). III, 284.
Lvnard ( le C. de ). II , 33 1 ,
'336, 388; m, 1&4.
Lyson (Robert). III, aSo,
262, 275.
M.
Mabillon (Don). II, 296,
480.
Macaulay. III, 298.
JMacdonald. I, 223.
Mackinnen (Dan.). V^I,2o3.
Mackv (Jean). III, 262.
Mac-Nicol (D.). 111,296.
Macpberson (Cb.). I, 270.
Macrizi. IV, 122.
Madgen (Judocus"). IV, 4i4-
Madrignan fie P. Arcbange).
1 , 235.
Madrisio (Tsicol.). I, 814.
MafFei (le P. Joseph- Pierre).
V, 5.
Magdelaine (de la). II, 61.
^Magellan . 1 , 1 08 , 1 1 2.
Magellanes (Ferd.). VI, 894.
Magellans (le P. Gabriel).
V, 278.
Mager (G. F.). V, 3o.
Maggi (Carie). 1 , 66.
Magin. V, 492.
Magini. II, 477.
Miigislris (Hyac. de). V, 58.
Magius (Cbarles). 1 . 2o3.
Magni (Corneille). II , 63.
Magny. III, i55.
Magri". IV, 388.
Mil bammud - Casim - Feris-
Ta. V, 38.
IVIaban (Jacq.). V, 19g.
Mahoni. V, 126.
Mabu (Jacq.). VI , 394.
Maibead. I, 36o.
Maibovvs. 1 , 3ig.
Maillel. IV, 347.
Mairault (de). IV, 48.
Maire (le P.). III , 20.
Maitlan. III, 25o.
Major (Th.). III, 3o. -
Makam. IV, 2o3.
Makarlney. V, 3o2.
Makensie (Alexandre). VI,
33.
Maker(leP.). IV, 11.
Makinlosb. I, 225.
Malcom (Jacques -Palier).
III, a53.
Maldonado (J. B.). V, 27g.
Malfilàtre CE.). 1,359.
Malgo. 1 , 429.
Mallet. 1,432.
Malouet. VI, 264.
Maltoni. III , 8.
Mamby(G.W.).III,a82.
Mamerol. IV, 867.
Mammeranus. II, 294.
Mandana (Don). VÎ, 389.
Mandeslo (Jos.-Alb.). I, 186^
IV, 373,460.
Mandeville. 1,39.
IDES NOMS DES AUTEURS. ^65
Mandiilloii. YI, 67. Martin (Eenj.). III, 260.
Manficdi (Piançois). III, Martin (Jean). III, 272.
57. ' Marlin(leP.). YI, 277.
Manganrit. II, 35o. Marlineîlo-Cocchini. I, 66.
Mann (l'abbé). III, 171. Marlinez de la Puenlo. Y,
Manouchi. Y, 67. ig.
Manlegazza(F.E.).IY, 408. Martini (le P.). Y, 43 1.
Marafiori. ni, 24. Martinius (Martin). I, i86:
Marc (le P. S.). lY, ^17. Y, 276.
Marcard (H. M.). III , 33. Martrai (E. W.). II , 342.
Marcel (Man.). lY, 370. Marlyn (Tli.). II, 5o3.
Marchand (Etienne). I, 1 5g. Martyr des Anglures (P )
Marc-Paul. I, 38 ; Y, 264. Y, 480.
Marées (Pierre de). lY, 127. Martyre (Pierre). lY, 344.
Margraf. Y, 21. Masbel (Bern.). III , 55.
MargrafF de Liebslad (G.). Ma-Serbegen (l'abbé). III,
YI, 275. 3og.
Maria (Yincent). Y, 17. Masini (Paul). III , i r.
Marie-Louise (reine d'Es« Massias. III, 471-
pagne). I, 307. Masson. lY, 23o.
Mariggi (F.). IIÎ, 3. Malelief. Y, 22.
Marion. YI, 35o. Malhews (Jean). lY, 1 1 0.
Mariti. III, 14. Mathieu. lY, 89.
Marifi (l'abbé). lY, 424. Mathison (Franc.). I, 353.
Marniille (Joseph). III, 25. Matkin (B. H.) III, 258.
Marra ol-Caraj aval (Louis). Maton (Ginll. G.). III, 274.
lY, 4. Mauclean. IIi,i32.
Marraora (André). III, 73. Mauduil (Israël). YI, 77.
Marof. Y, 204. Maundrell. lY, 420.
Marquette (P.). YI, 2. Maupertuis. I, 4o5.
Marschlins ( Ulysse -Salis Maurer (H. P.). II, 45g.
de ) III, 33, 54 , 170. Maurice de Saint -Michel.
Marshal (Joseph). I, 322 Y, 497-
Marshall. I, 420. Maurique (le P.) II, 56.
Marsigli (le comte). I, 286 , Maurique (D. Guzman de)
11,62,66,275. YI, 4o4.
Marsus. II, 404. Mavor (YVilliam.). I, 72.
Martenne (Don). III, ro2. Mavor. III, 22.
Martens (Fréd.). 1 , 378, YI, May (Henri). VI, i65.
345.- Mayer. 1,323.
Màrter (F. Jos.). YI, 2o3. Mayer (G. H. C). I, 342.
VI. G g
466 TABLE ALP
Mayer (M. de). II , 424-
Maver (J. H.). II , 458.
Mayer (J. C). III , 8.
Mayer (Louis). IV, 419-
Mayerberg. II , 4-
Mazari (Jérôme). III , 7.
Mazello (Scipion). III , 24.
Mazzinghi. III , 252.
Meares (John), V, 465.
Mechel (Ch. de). II , 460.
Medicus. V, 307.
Meerman (j.). III, 217.
Megisserus , non Megiroer
(Jérôme). 1 , 54 ; IV, 268 ;
V, 46o.
Mehemel-Bt-y. II, 63.
Mehemet-Efllendi. III, ïo4.
Meiners (Charles). 1 , 178.
Meiners (Christ.). II , 420.
Meisler (Léonard). II, 4i4-
Meisler, III, 157.
Meisler (J. H.). III , 290.
Meisler (George). V, 267.
Melfort. VI, 137.
Mt-Uing. II , ia4.
Melmolh. III, 106.
Melssheimer(F.V.).VI, 25.
Mellon (Edouard). I, 266.
Membres de l'Académie de
Saint-Luc. II, 499.
Menarius (J. A.). II, 5i.
Mendoza (A. de). VI, i53.
Menlinella (Dom.). III, 6.
Menlor. III, 278.
Menlzel (O. F.). IV, 240.
Menu. 1 , 363.
Mergenlhal. IV, 407.
Merian. I, 56.
Merolla (le P. Jér.). IV, 17 a.
Merveilleux. 1 , 7.
Merville. II, 485.
Mesa (Sébaslien de), IV, 5.
II A li É T I Q U E
Melchell, VI , 117.
Methold. V, 88.
Mever (F. J. L.). II , 5o3 ;
ill, i32.
Meyer F. G.). III, 21.
Mezza-Barba (J. A.). V, 282.
Michaëlis. IV, 444-
Michalon. II , 3.
Michaud. III, 137.
Michaux (F.). VI , gS.
Middleton. III, 273.
Miége (Guy). III , 209.
Mikoezy. II , g4.
Milet-Mureau. I , i5o.
Mimier. I, 10.
Mincius (Ballhaz.). I, 181.
Mirabel. I, 3 10.
Mirabella (Vinc). III, 56.
Miryke (Henri). IV, 416.
Miseili-il-Baraltino (Jos. ).
1,285
Missionnaires ( Moraves ).
VI, 378.
Misson (Maxim.). II , 480.
Misson (non Wissor). III,
207.
Miltelberger. VI , 82.
Millerpacher (L.\ II, 279.
Moeller (J. G.). II, 14.
Mœrman ( baron de Da-
leni). I, 346.
Mœimann (J.). III, 217.
Moginié (Dan. de). IV, 465.
Mohr (J.). 1 , 495.
Mohr (N.). 1 , 400.
Moleswor ih (le lord). I, 409.
Moiina. m, 382,383.
MoHna (l'abbé de). VI, 343.
Moll (Herman). V, 5o3.
Mollke (le conile de). II,
4oo, 457.
Mongrolle (C). VI, 264.
DES NOMS DES AUTEURS. 467
Moryson. I, 297
Monros. III , 293.
Montagne. 1 , 293.
Montagiie (lady Marie-
Worthley). II , 69.
Monlanns (Arnouïd). V,
264, 276.
Montanus (Corn.). V^ 499-
Monlaubari. IV, i3o.
Montconys. I, 21a.
Monleil. ÏII, 140.
Monlenierlo. III , 5.
Mon I faucon (Don). 11,482.
Monlin (Lais). î, 406.
Moore (John). I, Sa/; II,
495, 496; m, 109.
Moore (François). IV, 179.
Moquet. 1 , 1:64.
Morazzi. III, i3,
More (Don J. de). VI, 393.
Moreau (Pierre). 1 , 205.
Moreau(J. B.).I,8.
Moreau de Saint- Merry.
VI, 184.
Morelli (Jacques). 1 , 65.
Morena. II, 93,
Morgan. IV, ib.
Morges (Antoine). V, 192.
Morigia (le P. Paul). III , 3.
Moris (P. E.). I, a65.
Morison. IV, 4* 5.
Morisol (C.B.). I, 265.
Moriiz. 1,337.
Morilz(Ch.Pli.). 1,344 -,111,
2l5.
Morosini (A.). III, yS.
Moroy. II , 60.
Moise(Jedidiah). VI,66.
Morlinier. V, 288.
Morlon (J.). III, 261 , 2G9.
Morlon (Thoraas). VI, 7^.
Mcser (J. J.). VI , 60.
Mouelle. IV, 45.
Moulineux (Th.) III, 3o6.
Mouradgea (d'Ohsson). II,
95.
M ueller (Joseph). IV, i3o.
Mulgrave. I, 374.
Mnller (J. B.). I, 373,434;
V, 432.
Muller(J.K.). 11,395,455.
M aller (mistriss). II , 496.
Muller (André). V, 298.
Muller (le P. Ange). IV, 41 7.
Muller (Samuel). V, 463.
Murtisen (Jacques). I, 437.
Miingo-Parck. IV, 188, iSq.
Munk(J.).I,33i; VI, i3.
Muuoz (Don Juan). V, 524.
Munster. I, 390.
Munier (François). Il, 336;
III, 33, 47.
Munlzer de Rabenberg
(Wolfgang). I, 181,390.
Muratori. VI, 3 16.
Murillo- Villarde (Rodrig.).
Murphy. III, 321.
Murr (Christ. Gott. de). VI,
206.
Murray (mistriss). III, 290,
3o4.
Murtadi.IV, 343.
Muselière (M. de la). II,
43.
Musset- Palhay. II, 43.
Mvllus (Charles). U, 328;
III, 183,217.
Myller. I, 218.
TABT. E ALPHABETIQUE
N,
Naldim (le P.)- II, 271.
Narborough. VI, 345, SgS ,
396.
Nardini (J.)- HI, 11.
Nau (le P.). IV, 4 1 3, et 41 4.
Naudet. II, 484.
Navaggiro (André). I, 29a.
Navarelle (le P.). V, 277.
Néarque. I, 27.
Nederburgh. V, t5o.
]Sedezk5^ II, 278.
Negri (François"). I, 4o4«
Neichart (J. P.). I, 172-
Neilzschiitz. I, ai 3.
Nemeilz. II, 484.
Neranich (P. A.). III, 228.
Neriui (F. M.). II, 409.
Nernst (Charles). II , 398.
Neugebaiier (Sal.). II , 3.
Neumas (G.). I, 3oo.
Neumayr de Ramsla (J. G.).
I, 2^8.
Newpart. V, ï i.
Newport (Christ.). VI, 166.
Newte (Thomas). III, 288.
Newton. IV, 124.
Nica (Marc de). VI, i5i.
Nichols. m, 268.
Kicolaï (Nicolas). 1 , 202.
Nicolaï (Frédéric). I, SSg.
Nicolaï d'Orfeuille. III, 293.
Nicolini (Jérôme). III, 25.
Niçois (Thomas). IV, 208.
Nicolson (le P.). VI, i83.
Niebuhr. I, 248; IV, 422,
441,443.
Niecamp. V, 25.
Niederstadt(J. F.).III,58.
Nieuhof (Jean). V, 22, ^97,
43i; VI, 276.
Nieustadt. II, b'.
Niewt. V,- 17.
Nodale ( Gonzalès ). VI ,
395.
Noë (François). IV, 4io.
Nogué. I, '287.
Norden (F. L.). IV, 35o.
Norris (Robert). IV, i5o.
Norlhal (Jean). II, 489.
Northmore (Thomas). III ,
276.
Nortleig (Jean). I, 286.
Novaes. III, 32o.
Nugent. I, 287 ; II, 296,
5oo.
Nunez de la Penna ( D.
Juan). IV, 207.
Nusdorfer. VI, 3 18.
Nyrup (Erasme). I, 442.
o.
Oderic. IV, 420.
Oedman (Samuel). I, 80;
III, 70; V, 456.
Oedman (Jean). I, 45o.
Ogeros ( D. Pedro Gon-
zalès). VI, 342.
Ogier(Cb.). I,4o7.
Ogilby (Jean), m , 206; IV,
7, 377; V, 276,498.
Okiev (Simon). IV, 46.
Olafseu (Eggeil). I, 3g4.
Oiaii» Magnus. I, 369, 890.
DES NOMS DES AUTEURS.
Olaviiis (E.). I, 399.
Oldendorp (C. G. A.\ VI,
198.
Olearius (Adam). I, i8f>.
Olitchins (Benj.). V, 20.
Olivier (du Nord). I, ii5.
0]i\àer(G. A.). I, 227; IV,
490.
Omilliams (Sam.). VI, 7g.
Onodei (Antoine-Philippe).
111,56.
Orbessan (le P. d".). II, 489.
OrdonezdeCavallos. I, ii6,
287; V, 266.
Orell.II, 424.
Orlandi (César). II , 494.
Orléans (le P. d'). IV, 345.
Orsato (Serlorio). III , 6.
'469
Orteil (Ab.). m, 175, 178.
Orioga. I, j 12.
Orviile (le P. d'). V, 278.
Osanha (Benoit). III, 5.
Osbeck (Pierre). V, 09, 268.
Osorio (Jérôme). V, 3 , 4*
Other. I, 5i ,42g.
Otler. I, 195,
Outhier. I, 37g.
Ovaglia. VI, 341.
Oviedo (/\ndré). IV, 3i3.
Oviedo (Gonzalès). V,4^i,
Ovington (Jean). I, 244-
Owen. I, 349.
Ovvendonii;s(Mich.\ 1,449'
Oxholra. VI, 198. '
Oxraen (John). V, 490.
Oxmelin (Al. Ol.). V, 5oo.
P.
Paape (Gerrit). III, 20 i.
Pabst(J. G.).I,75.
Pacichelli(J.B.). 111,27.
Pacifique (le P.). II, 189,
,94jIV, 373.
Padesi (Ange). III, 4-
Paduleau de Launay. IV,
410.
Paës (Fr.). V, 200.
Pagan (leC.de). VI, 309.
Pages (de). I, i3o.
Palafox (D. Juan de). V, 486.
Palairet (Jean). VI, 5.
Palerme (Jean). I, 242.
Palixer de Torao ( Don
Joseph). IV, 169.
Palla (François). V, 1*8.
Palladitis (Galala). V, i5.
Pallas (François). V, 128.
Pallas (P. S.). ÏI,9, lo, 2-2;
IV, 455; V, 433, 45i
456. ^
Papon. III , i4' > 14^
Paragaglio (Gasp.).in, 28.
Paré. IV, 272.
Parker (Charles). II, 494.
Parker (Guill.). V, 491'.
Parkinson (R.). VI, 12.
Parkinson (Sydney). I, i46,
Parmenlier. III, ii3.
Parrino (Dpn Ant.). lil , 2g.
Parthey (]3aniel). IV, 465.
Pascha (Jean). IV, 4o3.
Passerai (Claude). lil, 80.
Paterson. III, 216.
Palerson (GuilL). IV, 24 r.
Pateison (Daniel). III, SaS,
Palin (Charles). I, 3o3.
Palrin. V, 452.
PatuUo. V, 68..
47"0 TABLE ALP
Paulino de Saint -Bartbe-
lemi. V, 54.
Paulsen (Sven). I , 40 1-
Paulsen (H.Chr.). 11,69.
Paulus (H. G. £.)• IV, 383.
Pauyaniaa. I, 3o.
Pa\v(de). V, 5 10.
Payen. I , Soi.
Paznmo. III, 146.
Pedro (Simon), Vi; , 307.
Pekain (Henri). III, 177.
Pellegrin. II , iq6.
Pelleprat (le P. de). VI,
207.
Pelsart. VI , 4o3.
Pengonius (Pliil.). III , i.
Penn (Guill.). 1,309.
Pennant (Thom,). I, 376;
III . 25o , 25 1 , 255 , 275 ,
295 , So/i ; V, 5o.
Pennckin. III, 262.
Penrose(Bern.). VI, 397.
Perch deRoxos. VI, i^i.
Perd val (J. de). III, 181.
Percival (Robert). IV, 265;
V, i35.
Peregrinns. IV, 420.
Pereira de Berredo (Bern.).
VI, 309.
Perichelli^. 1 , 285,
Peiis(ol(Ahi V.I1.). I, 119,
Pernetty. VI, 397.
Perny- Villeneuve. III , qî,
Peron(M, T,H.). VI, 435.
Perrin-du-Lac. VI, i38.
'j'erry(Jt-an). 11,8.
Perry (Charles). 1, 9r>o.
Persico (J. B.). 111,9.
JVrsiiis (Henri). Il , 53.
Penh fThom.). V, 49:.
Ptriita(Ph.). 111,54.
Pe^anli (J. P.). IV, 408.
H A BÉTIQUE
Pesaro(Thom.)ni; 9.
Pelachia (Moïae). I, 4i.
Pelers (B. M.). VI , p/og.
Petis de la Croix. II , 62 , 64.
Petrowilach (le grand-duc).
II, 392.
Peuchet. III, 1 r3, i3i,
Peyron. III, 410.
Peyssonel. II, 180 ; IV, 432.
Pezzel. II, 371.
Pezzl. II , 327.
Pfeffel. II ,48.
Phelippon ( J. raadame Ro-
land). II , 425 j III , t5o^
Philipp. VI, 421.
Philippe II, roi d'Espagne.
1 , 25?,.
Philippe (Don). III , 177.
Philippe IV, roi d'Espagne.
III , 336.
Philijipe de la Sainle-Tri-
nilé. IV, 37'^.
Philippe (M.). V, 53.
Philipps (Thoni.). IV, 1 47.
Philipps. VI, i4'2.
Philipps (C. J.). 1 , 374.
Piccarcip (le P. Ange). IV,
172.
Pickergil (R.). V, 465.
Pictet. III,22o;VI,66.
Piedro-Hi(a. VI, 207.
Pieiro délia Valle. 1 , 208.
Pigafelfa (Marc - Antoine).
i, 108 ;V, 4.
Piganioi de la Force. III ,
io3 , i53.
Pignata (Joseph). III, i83.
Pignoria (Laur.). III, 47.
Pikinton (Jacq.). III , 270.
Pilali(Chrisl.). ÏII, 7.
Pilati. I, 325.
Pilati. III, i85.
DES NOMS DES AUTEURS. [\']1
Pooilen, III, 217.
Poorlon. II, 336.
Popeliniere (delà). III, i83.
Pophara (Home). V, 127.
Poppe(J. F.).IY,38i.
Porcacchi. II, 169.
Poiieiion (Oderio de). I, 38.
Porter. II, 80.
Porllock. I, i47'
Poser (Henri de). I, i83.
Pos.selt. 1,12.
Possevin (Ant.). II, 2.
Poslel. III, 12, 199, 200 ',
IV, 387,403 ;V, 4.
Poler. Il, 9.
Poloky(leC. de). 11,391.
Pouchot de Ciiantassin. V,
21.
Poulet. IV, 48.
Poulin de Lumina. III , 104.
Poullet. I, 182.
Pouqiieville. II, 242.
Povelsen (Biorne). I, 394.
Pownal(T. M.). VI, 11.
Prado (D. Jean de). IV, 41.
Pradt {non Prydt). III, i52.
Pratl. I, 348, III, 224.
Prebeac (de). III, i63.
Presle(R.de). I,3j9.
Preuschen (A. G.). II, 499.
Prevôt-d'Exiles 1 , 93.
Price (Joseph). I, 225.
Price. III, 221 , 273.
Priest (G.). VI, 69.
Prince (Th.). VI, 77.
Prinz. 11,5.
Priuli. 1,66.
Protacoi. IV, 345.
Proyard. IV, 173.
Pruneau de Poramegorge,
IV, 122.
Psahuanazar (G.). V, 289.
Piller (Math.). 11,279.
Pimenta (le P.). V, 202.
Pimentel (Ma n.). 1 , 266.
Pingre. 1,235 ;V, 283; VI,
349.
Pini (Ermenegilde). II,5ii.
Pinkerton. III,i63.
Pinio (F.N.). IV, 371.
Piozzi(M. M.). 1,343.
Pirks. III , 8.
Pisa (D. Fr. de). III, 384.
Pison. Vf, 274.
Pistorius (Th.). VI, 255.
Pitou (L. A.) VI, 269.
Pitsrean (Ph.). VI, i32.
Pitl-Caper (B.). 111,2 23.
Plaisance (An t. de). IV, 410.
Plaisted (Barih. de).IV,38i.
Plan tin (J.). 11,409.
Pleschtschjeew ( Grigory ).
IV, 43 1.
Pleslcheyef (Sergey). II , 17.
Plike (Robert). IV, 226.
Plot(R.). III, 259,260.
Ploucquet (W. G.). II, 426.
Pluer (Ch. Christ.). III, 395.
Plum. I, 4or.
Plumike (K.M). II, 319.
Pocoke (Rich.). I, 221 i IV,
349.
Poelnitz. I, 287.
Poirel. IV, 38.
Poivre. 1 , 268.
Pola (Olivier), m, 21.
Poller. I, 9.
Pona (Jean). III, 5.
Poncet (C. J.). IV, 319.
Pons (M^"'' de). III, 460.
Pontan (Jean). Ill , 143.
Ponloppidan.I, 432 ,433.
Ponz (D. Antoine). I, 291:
111,395.
47^ jr,AjîLE AL PHArBK TI QU E
Pudsey. VI, 277. , Pur.y (J. P.). IV', 227.
Puel (Martin). I, 3oi. " Putsius. 1,3.
Purchas (Samuel). I, 68. Puysieux. I, 228. '
Purkmayer (Hilaiie). I, 2. Pyrard de Laval. I, 276.
Purmerend (N. de). V, i3. .
, •; ^ r -r ;vv'
Q vxTtT (Mathieu). II, 294 ; Quinones (Jean de). ^11 , ziji
m, 99.
Qtielanl {SX IV, 407.
Quentin (J. P.). 111,58.
Qiierlon. I , q3.
Qaiilet. I, 3oi;Il,56.
Quirini. 1 , 54-
Quirini (le cardinal de). IXI,
Quiros (Ferdin.). VI > 4o§« i
R.
Rabiosus (Anselraus). II,
824,341.
Kaboui - Beauregard, III ,
aSo.
Kadcliffe (Anne). I, 352;
m, 375.
Radermacher. V. 166.
Radzivil (Nie). iV, 4o8.
Kaers(K.B.). 11,334.
Eagueneau (Paul). VI, 19.
Rainulfe. IV, 420.
Ralam. II , 61.
llaleigh (Walcher). V, 5o4 ;
VI, 25 1 , sSa.
Ramdohr (P. W.). 1 , 437.
Ramond. 11,416; III, 144,
146.
Ramus (Jean). 1 , 43 1.
Ramusio. 1 , 64.
Randolf. I, 889.
Rangue. III , 364.
Rantzow (Jean de). I, 211.
Rask (Jean). IV, 148.
Raspe. II, 278.
Ralenslein. I, 345.
Ralhgeben (Jac). I, 296.
Rauwolf (Léonard). IV,
370.
Raveneau de Lussan. VI y
346.
Ray (Jean). I, 3o2.
Ray (Théod.\ V, 438.
Raymond (Jean). II, 477.
RaVnal(G. Th.). I, 281.
Raynold(Ch.R.L.). 1,1 68.
Raynold (Rich.). IV, 1 24.
Raynolds (Josué). III, 177.
RaziUy. IV, 41.
Razoumowsky. II, 419, 455.
Ré (Phil.de). III, 10.
Reaiix de la Richardiere.
II, 190.
Rebman (A. G. F.). II, 338.
Rebman. II,34i , 460.
Rebullose. I, 173.
Reck. VI, 118.
DES NOMS D
Begnard. I, 3o5.
Eehac (de). IV, 3 14.
Rei(Au£r.). VI, 148.
Reicbard (J. F.). I, 89,291,
343; II, 320, 468; lil,
160.
Reicliaifl(J. P.). 1,381; II,
297 ; V, 283.
Reichardf. I, 372 ; III, lO^.
Reichel (Jean - Godef). V,
233.
Reicheldorf(G.). I, 179.
lîeichenbacli. I, 453.
Reimers (de). II, 184.
Reineveld (M. A.). 1 , 362.
Reinliold (Ch.J.). I,ioo.
Reining (J. Erasme). 1 , 172.
Reiiiius (Israël). V, 283.
Reitomits. I, 222.
Reizner (Adam). IV, 4o3.
Reland. IV, 416.
Reland (Eric). V, 280.
Rembert(BA 11,52.
Remond (Gabr.). IV, 346. '
Remusal ( Ant. de ). VI ,
i53.
Renard (J.). II, 412.
Renarp. IV, 409.
Renaud (Ant.). IV, 404.
Renaudot. 1 , 32.
Render. II, 349.
Reniger. VI, 277. .
Rennefort. V, 20,
Rennel. V, 42 , 43.
Renovanz (H. M.). II, i5,
V,45i.
Resandius(L.A.). III, 378.
Reste. 1 , 376.
Retaah(W.). 1,123.
Reuilly(J.). Il, 187.
Rensner (JNl.V I, 169.
Reuss(leC.H. de), IÏ,4/)9-
ES AUTEURS. 4?^
Reulenfels (Jacq. de). II, 5.
Reuler. IV, 404.
Reverdil. I, 4^3.
Rey (John). 1 , 69.
Reynold (Horniug). 1 , 7-
Reyter(Mich.). 1,171.
Ribeira (F.). V. 11.
Ribes (Jean). VI , i ig.
Ricault (Paul). 11,56.
Rich (Barnabe). III , 3o6.
Richard (Jean). 1 , 33o.
Richard (l'abbé). II , 49» ;
V, 126.
Richard. IV, 4^0.
Richardson (Guill.). II, i3.
Richardson. II , 484.
Richardson ( David ). IH ,
3i3.
Richemond. III , 260.
Richer-Serizi. I, 420.
Richshoffer. VI, 276.
Richter. II , 35.
Riddel (Marie). I, 274.
Riedesel (le B. de). 1 , 36o ;
II, 199; 111,37.
Riems. 1, 390»
Rihs. 1 , 493.
Rioener (J. M.). VI, ^6/,.
Riou. IV, 244.
Risbeck. II, 298.
Rist. II, 172.
Ritter. II , 296.
Robert. 1 , 121.
Robert. 11,455.
Robert. IV, 417.
Robert (George). 1 , 273.
Robert ( Archibald ). III,
262.
Robert (Henri), IV, 417.
Roberts (Guillaume). VI,
122.
Robertson (Arch.). IH, 272,
474 TABLE ALP
Robertsou (David). III, 3i5.
Robertson (Guill.). V, 5i3.
Robin. VI, 59.
Robinson (Thom.). VI,347.
Robison. III , 261.
Roblaud. 111,261.
Robson. VI, 1 3.
Roch^-PitlK. VI, 37a
Roche (Sophie la). III, 107.
Rocbefoit (César de). VI,
166, 193.
Rochetta (D. Aquilanfe de).
IV, 407.
Rochon (Alexis). I, 260;
IV, 276.
Rodenham. VI, i48.
Rodriguez (le P. M.). VI ,
309.
Roë. V, 64.
Roëmer (L. S.). IV, i4g.
Rogeraont (F.). V, 277.
Roger. III, 263.
Roger (George). 1 , 433.
Roger (F. Eugène). IV, 412.
Roger (Robert). VI , 6.
Roggevin , lisez Roggewein.
VI , 346 , 347.
Rogissart. II , 482.
Rohan (le D. del 1 , 3o(X
Rohr(J.B. de).'ll,322.
Rolirer. II , 348.
Roland de la Plaliere. T, 33 1 .
HABETIQUE
Rolîn. I, 371.
Rolt. VI , 2o5.
Romain de Hooge. 1,27g.
Romans. VI, i 23.
Reoke. IV, 445.
Roque (de la). IV, Sgo , 432,
433.
Roqueville. IV, i3.
Rosacio. IV, 4o2.
Rossini. III , 19.
Rotraan. I . 172.
Rounce. VI, 347.
Roussel. V, 5i3.
Rouvteres. III, roi.
Bowland. III, 261.
Ruchat de Lausane. II , 407."
Rudberk (Olaus). I, 404.
Ruders. III , 378.
Rudolphe. I, 286.
Rudolphi. I, 363.
Riidu'orlh (Jos.). Ifl , 274.
Rulhiere. III, 78.
Russel (Pierie). III, 212.
Russe! (Alex.). IV, 421,
Rutelius. 1 , 3o8.
Rufellius(Ch.). tV, 17.
Rutty. III , 3o8.
Rye. IV, 209.
Rymer. VI, 198.
Rylschkow. II,. 9.
Rzaczinsky. II , 48.
S.
Saar. V, 17.
Sabelli. 11,480.
Sagamin. I , i^.
S igard. VI , i8.
Sagittaire. I , 298.
Sailor. 1 , 238.
Saint- Araand. III, 1^5.
Sainl-Amand (le B. de). IV,
45.
Saint - Antoine. V, 1 27.
Saint-Gervais. IV, 17.
Sain t-Lo (Alex. de). IV, 224.
DES NOMS 1>E
Sainl-Marin (Joseph de). I,
171.
Saint-Maurice. III, 385.
Saint-lSon. III , /^3.
SainI Oion. IV, 46.
Saiiif-E;imberf. I, 62.
Sainte-Cécile (Léandre de).
IV, 418,422,455.
Sainte -Théçèsç (le P. de).
VI, 277.
Salazar (J. B. Syarez de). III ,
2 83,384.
Salnion. 1,91.
Salmon (J. J.). fil , 22.
Salmon (Nie). III, ^61,264.
Salvius. 1 , 45o.
Salzmaii (Fréd. -Rod.). I,
. 33i.
Salzman (Ck.-Godef. ). III ,
38g.
Sander. II, 33g.
Sanderiis, III , 175,
Sandoval. IV, 3i3.
Sand^vich. I, 173.
Sandys (Edwin), I, 207.
Sandys (George). II, 53.
Sanson. IV, 4^4'
Sansovino. III , 5.
Sanla-JV1.uia(Jo».de).V,58.
Santi. m, i3, 14.
Sanlos(Fr. des). 111,389.
Santos (Jean des). IV, 3 J2.
Sapienza. II, 54.
Sardi. III, 10.
Sarmiento de Gauiboa. (Pe-
dro). VI, 396.
Sarnelli. III , aS.
Sarris. V, igg,
Saugnier. IV, 1 lîi.
Srtugiain. III, i53.
Saundera. V, /(39.
Saussure. II , 414 ; ÎII , 13?.
S AUTEURS. 475
Savarv. Il, 219; IV, 353.
Savinien - d'Alquier. III ,
100.
Sayer. II, 198.
SchaeiTer. I , 347.
Schangin. V, 45 1.
Scliaroke. V, 270.
Scheel. I, 419.
Sclieffer. 1 , 449.
Scbeibler. VI , 90 , 2o5.
Scheidt. I. i3i.
Sclielegof. V, 524.
Scheller. I, 4o/i.
Srlierversen. V, 28.
Scheuchztr. II, 407, 4o8.
Schillinger. IV, 4^5.
Schinz (Salomon). II, 4 18.
Scliiracb. VI , 58.
Scbleder. I, 32 1.
Scblegel. 1,434.
Scbmans. III, 320.
ScJimidel. VI, 204.
Scbmidt (Jean). 1,455.
Scbmidt (C. G.). II, 3yo.
Schmieder. II, 334.
Schmitt (Pierre). III, 1 1.
Scbnyder. II, 428.
Scboèpf. VI, 64.
Schof-Heristal. V, 76.
Schop. VI , 2o3.
Scboll(Jos.).VI,66.
Scbousboë. IV, 80.
Scbonlen (Guill.-Corn.). I,
116; Vï , 390, 391.
Scboulen (Vinc.) V, 18.
Scboulen (Gaultier). V, 23.
ScJiovvgaard. 1 , 45o.
Scbrank (Fr. de Paul ). II,
334.
Scbreber (D. God.). 11,323.
Scbreber(A.. ^V0. II,34i..
Scbreger. V, 19.
47^> T A B L t: a l p
Schre-selius. II[ , 180.
Sc]i rôder (.1. H.). V, 28.
.Schroeder(C. F.). 11,332.
Scliroeter. 1 , 25g.
SchuberL I, 286.
Scljiilles. Il ,372 ,373,374.
SrJiullz. 1,224.
Schnlz (François). II., 280,
3i8;III, i5G.
Sc]iula(J.C.). II, 342.
Scliiiramel. II, 296, 394.
.Sclititlen. V, 98.
Schiitz (F. \V. de), m ,
252.
Scbxvarlz (G. B.)- IV, 466 ;
V, 38.
Schwarz (Sophie). II , 3ig.
Scbvveiger 1 , 180.
ScJnreizer. IV", 464 ; V, 21,
«Scotli (Ranuce). II, 4o5.
Scotli, Scott, Scollo(Fr.). I,
298; II, 476; III, 16.
Scrofaiii. II, aSg.
Scyllax-, 1 , 2r.
Sebaid (Robert), /2o« Sibald.
III, 293, 294, 295.
Sebastiani. III , 16.
Seguzzi. 1 , 265.
Seidel. II, 65.
Seinerius. III, 58.
Seixas de Lovero. VI , 3g5.
Selbiger. III, ira.
Seller. IV, 389.
Semedo (Alvarez). V, 274.
Semple. IV, 255.
Seûeraker. II, 335.
Sepp. VI, 3i3.
Sefley. V, 49 1 •
Seslini. I, 227, 333 ; II ,
.•ï3g.
SeOiatn. III, 3i4.
Severs. V, 45 1.
HABETIQUE
Sevin. II, 122.
Seydlig (Melcliior de). IV,
40/,.
Seydlin. IV, .404.
Seymour. III, 24g.
Sliarp, II, 4c)2.
Sharp (André). I, 121 ; VI,
396.
Shaw (M. D.). III . 218. ■■
Shaw (Thom.). IV, 1 7.
Shelbeare. V, i49-
Shelvocke. I, 122.
Sherlock. I, 326.
Shokius. III, 180.
Silhouète. I, 32o.
Siraerus. III, 37g.
Simler. U , 4o5.
Simpert. II , 65.
Sineros. VI , 207.
Singlande. I, 32o.
Sinner, II, 41 5.
Siverd. II, 323.
Skechl. I, 178.
Skioeldebrand. 1 , 455.
Skougaard. I, 44<^-
Skrine. III, 223, 288.
Sloane. I, 272.
Sraarden. V, 147.
Smith. I , 346.
Smith (Charles). III, 3o8,
309.
Smith (Franc.). V, 462.
Smilh (Guillaume). IV, 147;
VI, 80.
Smilh (J. F. D.). VI, 64.
Smith (Jean). 1, 236 ; VI, 56.
Smilh (Thomas). 11,61.
Smollet. I, 320.
Sneedorf. I, 348; II, 340.
Snelgrave. IV, 145.
Sneli. II, 18.
Soderini. 1,664
DES NOMS D
Solander. I, 146.
Solano(D. J.). U, 124.
Soligniano. IV, 4o5.
Solis (Antoine de). VI, i58.
Sommer (Jean). I. 181.
Sommer (-A. G.). II, 61.
Sonnerai. V, 268; VI, 4 12.
Sonnini. II, i235; III, ii3;
IV, 357:
Sorbieres. III , 2o5 , 20G.
Sorrelini (Ignace). III, 28.
Soto (François de). VI, 86.
Solo (Fernand de). VI, 121.
Souchu de Rennefort. IV,
271 ; V, 20.
Southey. III, 38 r.
Spallanzani. III, 64, 72.
SpalJarf. I, io5.
Sparman. IV, 233.
Sparlanus. II , 6.
Spazier. II, 455.
Speelman. V, 169.
Spielberg,/ise::Spilberg(G.).
I, 278; VI, 392.
Spilberg. I, 449.
SpoerJ. 1 , 235.
Spon. II, igi.
Spratt. III , 206 ; IV, 208.
Sprengel. I, 76, 77, 96; IV,
8; V, 262; VI, 58.
Sladen (J.). VI, 255, 270.
Staden de Homberg. V, 5o3.
Stehelin (Jacq. de). V, 455.
Staramer. I, un.
Stanian. II, 4o7, 409-
Slanica. III, i4-
SlanAvoll. I, 170.
Slaryk. VI,4o/,.
Slauning. 1 , 38y,
Siaunlon. V, 3o2.
Slavoiinus. V, 47'
Slt-dman. VI, 260.
E S AU T E U I\S, 477
Steinbrauner. III, lo^.
Sleinhart. IV, 4i8.
Sleller. V, 455, 456; VI, 5.
SfephanopoJi (Dixo et Isi-
colo). II , 237.
Slephen. III, 249.
Slephensen. I, 400.
Siernaker. II, 335.
Siernberg. II , 18.
Steube. II, 280.
Stevens. I, 6g.
Slev. I, 3oi.
Stibb. IV, 17g.
Stoddart. III, 3o2.
Stoever. II , 92.
Sfok. VI, 27.
Stokove, non Stocoche. 1. 2 1 o.
Slolberg (le C. de). 1,340.
Stomar. I, 6.
Storch (Henri). II, 19. 2i;
III, 107.
Stork (Guillaume). VI, i23.
Storr. II, 422.
Stow (Jean). III, 249, aSo.
Slahan. V, i3i.
Strahlenberg. I, 194.
Slrak.11,343.
Strasky. II, 274.
Strauch. I, 392.
Straussens. IV, 377.
Slrizzi. III , 10.
Strobelberger (J. Et.). HI, qo.
Stromberg. I, 177.
Struensée. II , 397.
Strult. III, 214.
Struys. I, 184.
Stuart. II, 109.
Stukeley. III, 214,
Stnklins. VI, 198.
Sîurk. III, 267,
Suarez-de-Figu?ioa. VI,
406.
4 7 H TABLE A L P H A B É 1' 1 Q U E
Suarez de SalaZar. IIÏ, iib4- Surius. IV, 412.
Suchen. IV, 409» Swadei>. V, /^^o.
Suderl. I, 238. Switiburne. III, 45, SgS.
Sullivan. 1 , 226 ; III , 285. Swinton. 1 , 420.
Siilzer (François-Joseph). I, Sydney. I, 4.
338 II, 99.. Sylva. 111,59.
Sulzer (J. G.). I, aSg, 326; Symcon. II, 476; III, i49-
II,33o,4o8. Symes. V, 92.
Sumarokow. Il, i85. Szujew. II, i5.
Surgy. I, 274.
T.
Tachard. V, 99.
Tailbout. YI, 378.
Tnlbol. III, lO-i.
l'aiiner. II . 5.
Tapp. V, 24.
Targioni. III, 12.
Tasraan (Abel-Jansen). VI,
4o3.
Tasaian (Jacques). VI, 345.
Tavernier. II , 61 ; IV, 4^^.
Tayfel. 11,53.
Taylor (Sylla). III , 262.
Taylor (Jean). V, 5o.
Tchitschagow. 1, 374; II,
17-
Techo. VI, 3i3.
Teclander. IV, 448
Tekeli de Szek (le C. de). II ,
293.
Telles. I, 271.
Telles (le P.\ IV, 3i4.
Temple. I, 32i.
Temple (Guillaume). III,
io3, 176.
Tench. III, 110.
Tencl)(Wallin). VI, 419.
Ten-Rynne. IV, 2*7.
Tesauio. IH, 2.
Telens. I, 437.
Texeira. IV, 458.
Thaarup. 1,438.
Therby de Bekourl. V, 45o.
Thevenot (Melcli.). I, 82.
Thevenot (J.). I, 217; V, 19.
Thevei. V, /i86.
Tliiery (M.).III, i56.
Thiery. III, 45g,
Thiery de Monouville. VI,
162.
Thiknesse. II, 104.
Thoraann. I, 264.
Thomas. I , 271.
Thomas (Gabriel). VI, 80.
Thomasius. I, 7.
Thompson. I, 238.
Thorlacius. III, m,
Thornill. IV, 3i4.
Thornton. III, 259.
Thoiton. III, 292.
Thiimmel. ir[,"i44.
Thunberg. IV, aSo; V, 233.
Thura(Laur. de). I,43i.
Tieffenlhaler. V,39,4o.
Tillemanu. IV, i3o.
Tinberlake , lisez Timber-
lake. VI, 33.
DES NOMS DES AUTEURS.
Tison (Thomas). V, 480.
Tissanier. II, 56.
Tisseinare. V, 1 25.
Tollius (Jacques). I, 3i 1 ; II ,
481.
Tollol. I, 220.
Tomkins. II I, 275.
Tonne. V, 86.
Tooke. II , 33.
Torliz. 11,468.
Torphaeus III, 294; VI, 2.
Torphea. I, 428.
Torqueniada. V, 494.
Torré (Charles). 111,3.
Torré [de la). III , 2g.
Tonée (Olof). V, 268.
Torrez (Diego de). IV, 40 ;
VI, 321.
Torrubia. III, 388.
Torry. V, 63.
Tosi. V, 16.
Tolt(de). II, 174.
Tournefort. I, 190.
Townshend. III , 462.
Townson(leD.R.).II, 281.
Townson (Guillaume). IV,
124, i55.
Townson (Rob.). VI, i52.
479
Traunpaur. II, 49-
Trevisano. I, 65.
Trigault-Donysien. V, 273.
Troïl. I, 395.
Troïlo. IV, 4 1 3.
Tropham (Thom.). VI, i85.
Trosby. 111,273.
Troschel. II, 392.
Trubler. I, gS.'
Trnnler, VI,349.
Tschudi (Gilles)." II, 404.
Tschudi de Glarus (Louis).
IV, 407.
Tncker(Hanns). IV, Sgg.
Tuckers. I, 9.
Tuckey. Vl", 43o.
Tumphius. III, 171.
Turber. 1 , 2.
Tiirgot. 1 , 8.
Turker. III, 23.
Tiirlin. I, i3.
Turnbnll. VI, 3 71.
Turneham. IV, 420.
Turner. V, 439, 440.
Turpin. V, 107.
Twis. III, 157.
Twis (Richard). III, 3ii,
38o.
u.
Udal-op-Rhy8 (Pi ice). III,
38o.
Uftenbach. 1,319.
Ulfedius. II, 3.
Ulloa(Alp.d'). III, 178; V,
489.
UUoa (D.Ant.d'). V, 5ii ;
VI,33o.
Ulloa (Franc, de). VI , i4o.
Ulrich. II, 297, 392.
Unger. II, 372.
Unverzagt. V, 282.
Ura. IV, 293.
Urlspelrger. VI, 117.
Urreta. IV, 3 12.
48o
TABLE ALPHABETIQUE
V.
Vadianus de ^VALT (Joa-
chim). II , .4o3.
Valentyn. V, 26.
Valerins. V, 1 10.
Vallencey. III, 3 14.
Vallisneri. III , 9.
Van Berkel. 1 , 76 j V, 5o2 ;
. VI, 259.
Van Braam-Houkgeest. V,
086.
Van Eram. 1 , 3i3.
Van Broke. 1 , 1207.
Vancouvert. I, i63.
Van den Brenge. IV, i3o.
Van (len Broek. 1 , 2^6.
Van den Burge. III, 379.
Van der Behr. V, i5.
Van der Berg. III , 1 06.
Van der Doer. I, 182.
Van derHagen. V, 19.
Van der Heyde. V, 18,68.
Van der Homart. 1 , 199.
Van der Myle. 1 , 29G.
Van der Nyenburg (Edm.).
I, 196.
VanderV^'illigen. III, 1 33.
Van Moerden. V, 19.
Van Overbek. V, i6.
Van Reclileren. V, ^67.
Van Reonen. IV, 244.
Van Schiracli. V", 149.
Van Vliet. V, 102.
Van ^Vurmb. V, 167.
Varenius. V, 202.
Varenius. V, 493.
VasGoncellos (L.oius-M< n-
dèsdcl III, 3i8.
Vasconcellos (lo P. Simon)»
VI, 275.
Vasi. III , 20.
Veitb. II, 390.
Venacley. 1 , 262.
Venegas. VI, 141.
Venuli. III, ig.
Venzow. IV, 4' 7*
Verbiest. V, 298.
Verbist. III, 175.
Verdun. I, 2 35.
Verdun (U. de). 1 , 3o5.
VerelsL V, 68.
Vergard. 1 , 177.
Vergas (D. Th. de). VI , 273.
Vergès-Macnna. V, 492.
Vermeulen (Gerr.). V, 18.
Vernier. I, 1 79.
Verthema (Louis de). 1,264.
Veryard. 1 , 3i i.
Vespuce. I, 262; V, 479»
480, 5o3.
Veyrac. 111,389.
Vico (Fr.de). III, 83.
Victor. V, 609.
Vidaure. yi,'34i.
Viera (D. J.). IV , 20g.
Vigenèse , lisez Vigenère. II ,
46.
\'igor. Il, 19.
Villa (marquis de Ghiron).
H, 190.
Villa Senor - y - Sanchez
(Anl.de). VI, 160.
Villagra. VI , 149.
Villamonf. I, 2o4.
Villars ( W^ de ). III , 389.
DES NOMS DE
ViUauf. IV, 129.
Ville (le marq. de). If, 59.
Villegagnoii. VI, 272.
Villers. Ifl, i63, i65, 168.
Vincenl. ^'1 , 19.
Virmond. II, 67.
Visconti. IV, 171.
Vitale. Il, 297.
Villellachi , lisez Viteleschi.
1 , 264.
. Vlamiijg. I, i8a.
Vogel. I, 188; V, 24.
Vogi. II, 402, 4o3.
S AUTEURS. 4^*
Voigt. II, 3a5.
Voldricli. IV, 418.
Volkard. 1 , 338.
Volknian(D. L.J.). lII,io3,
•99-
Volkman (J, Jac). II, 493.
Volkman (J.Jos). IH, 3o5 ,
41 5.
Volney.IV, 393^ VI,7o.
Volsk. I, 220.
Vorwich. V, 19.
Vries. 1 , 17t.
w.
Wadstrom (A. B.). IV, 1 1 3 .
Wadstrom (C.B.). IV, ifn.
Wader. I, i3i ; V, §24 ;
VI, 206.
Wagenaer. III, 201,
Wagener. II , 3y4-
Waglin. 1, 454.
-Wagner (J. Christ.). II, ^^^ ;
V, 299.
Wagner (J. J.). II, 406.
Wakelield. II, 246 ; VI, 12.
Wakerberr. II, 411.
Walbaum. V, i5o.
Walcher. II, 275.
W^alker (lecomni.). I, 173.
Walker (Adam). III , 178 ,
274.
Walkins. II, 174.
Wallace. III, 293.
Waliis.I, i33.
Wallis (Josepli). III, 277.
^Valpole(Hor.). m, 249.
Walpoole(Aiig.). m, 215.
Walschen. I, 208.
^Valsdorf. I, 177.
VI.
Wall (Joaclîim - Voldianus
de). II,4o3.
Waller. iV, 420.
Waller de Lellie (le C). II ,
59.
Walthei-(F. L.). I, 175.
Waner. II, 64.
Wansey. VI , 67.
Wansleb. IV, 345.
Waquer (J. C). V, 298.
Warner, lisez Werner. III,
254.
Warren-Hasiing. V, 76.
Warton. IV, 32o.
Warup. II, 479.
Wastrak. 11,398,
^Vatkinson. III, 211.
Walzdorf. III,ai6.
Weber. I, 495 ; II, 32 1.
Weer (Gérard de). 1,370.
Weer (Sebald de). ï. ii5.
Weiiivvich. I, 44o-
W\^iseiibiirg (V\^olf). IV,
409.
Weiss.11,343.
48? TABLE ALP
W^ekherlin. II, 324.
Weld. VI,42.
Welscli.IV, 125.
Welschen. I, 208.
yVendehovn (G. F. A.). IH,
217, 272.
"Werner. III, 254 , 256, 279,
281.
Werllieim. II, 3go.
Wesl. III, 2277.
West (H.). VI, 199.
Wevland (Ch.).i;78.
■\'Vire!er(F.). 1,495.
WHieler (G.). H, 191, ï94-
AVickart. 11,4.
Wifliet. V , I o , 49a.
'V\'"igslead. III, 256.
."Wilbrànd de "Warwic. I,
58;V,9.
\Vild(F. F.).II,4i3.
Wilden. I, 206.
■W-^ilkinson. III, io5.
WilI(G. A.). 11,324,389.
Willebrand.I, 3i9jII,325.
Willeys. III, 168.
.Wiliram ( Edouard ). VI ,
87.
^^^iliiams (T. H.). Ill, 282 ,
^92.
Williams (Hélena- Marie).
II,46i.
Wil]iers.III,iC8.
W^iUis. 1,274.
W^illius. 11,326.
Wilse. 1,437, 440.
"W^ilson. V, 5 06.
"Wiinmaii. I, 363.
Wiraplon. I, 177 ; VI, 184,
[Windham (H. Pt- nderoke).
ill , 2G9, 273.
"W^indhain (Th.). IV, 124.
■NVindliiis. IV, 46.
HABETIQUE
Wiiihe. IV, 344.
Winlerboltou. IV, 120.
Winlerbolliam. V, «85 ; VI,
66.
Wintergerst. I, 172.
Wissor, lisez Misson. III,
-307. ....
W^ile (Gilbert). 111,264.
■WilelQw. m , 298.
AVithbourne. Vi, i5.
Withe (Guillaume). IV, 254.
VS^ithe (John). IV, 36 1 5 VI,
84,423.
Witheringfon. VI , 389.
Wittenbach. II, 423.
Wittraan (Guillaume). I,
233 , 261.
\Volf(Ern.-Guil].). 1,174.
Wolf (Jean-Laurent.), f,
289,378.
Wolf (Jean-Christ.). V, i3i.
\Vollap. I, 175.
Wol^k. I, 220.
Wolsogen. I, 254.
Wolslonecraft (Marie). I,
421.
Wood. {Koyage au détroit
de Magellan.) I, i3i.
W^ood (GuilI.).Vl, 75.
Wood (Jean). VI, 345,346.
Woodard. V, 173.
Wood-Rogers. (/^oja^e«M-
tov.r du monde.) 1, i23.
'\Vood. ( Voyage à Pal-
myre.) IV, 3g i.
Worra. IV, 465.
Worsley. III, 269.
Wralislaw. II , 94,
AVraxal (Nathan). 1 . 4 1 0.
Wraxal (jeune). III, io5.
Wren (W'aUer). IV, 124.
AViight (Edouard). I, 3i5.
DES NOMS DES AUTEURS.' 4^5
Wurmb. I, 254,
"W^nrmbrancl. IV, 34 1.
AVusl. IV, 36i.
Wnglit(Jacob). III, j6o.
"Wulfslan. I, 5i.
"Wurf bein. V , 20.
Xarques. VI, 3i3.
Xeres. V , 482.
X.
Ximenès. III, 388.
Y.
Yepas (Rodr. de). IV, 4o5. ^65 , 266, 3i i , 3i 2.
Young. II,5o5j m, 108, Yveisen. I, 186.
z.
Zacharie. II, 485.
Zalokemeni. IV, 44^.
Zapf. 1,335; II, 325, 326.
Zapullo. 1 , 180.
Zapula. VI, 204.
Zarate.^VI, 3 20.
Zéiller! 1,4, 42g , 449 » '^ '
46, 274, 395, 477; III,
100 , 178, 2o5, 378.
Zeni (les frères). I, 53.
Zeno (Catherine). IV, 446.
Ziegenbalg. V, 58. " ^^■'-''nt
Ziegler. I, 377. *•.-■/
Ziramerraan (Henri). I,
io5, 106, 145,
Zimraerman (P. Cli.).Ij 281 .
Zimmerraan (Aug. Gnill.).
II, 333,395. , .
Zingler. I, aSg, 377.
Zinzerling. Il[, 100.
Zoelner. H , 3g5 , SgS.
Zorgdrager. 1 , 388.
Zuallardo. IV, 4o5.
Zuchelli.lV, 173.'
Zwinger. t, 2.
FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE DES i.UTEUBS.
DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET,
ERRATA.
TOME PREMIER.
Pages. Ligoei.
— 196 — a5 et 37 ; page 197 , lig. 11 ; d'Anlerinouy , lisez d'An*
termony.
— 310 — 33 : Stokoche , Usez Stokove.
— 2:37 — Il : la révolulioQ, lisez la République.
— 264 — 29 : Vitellachi, lisez Vitelleschi.
— 36g — 32 ; page 270, lig. 1 : Langstadt , lisez Langsledt.
— 27a — 8 : de la Burre , lisez de la Barre.
-—375 — 19 : AcoKlas!, lisez Acosla.
— 3oo — 5, 6,7, 8 : Hagenetii-Oslellii , lisez Hegenilii-Ortelii.
— 288 — 26 : Appeliad, //«ejc Apelblad.
— 3o2— 11 et i5 : Bruknar , lisez Brukner.
— 304— 6 et 16 : Browae, lisez Brown.
— 5 10— 6 : Mirabelt, lisez Mirabel.
— 3.^0 — 14 : aUacbé à des notices, lisez attaché à donner des
notices.
•—373 — 25 et 5i : Frobîsher , lisez Forbisher.
»— 408 Rouen, Namp , 1672, lisez Amsterdam, 1670,
ibid. 1672; Rouen, Maiurry, 1670.
T O M E S E C O N D.
— 43"~~ * '.ajoutez le nom de l'auteur anonyme, M. Van Wo«i-
sel , docteur en médecine à Amsterdam.
— 46 — 7 : Vigenèse , lisez Vigenère. Ibid. lignes jy et 24,
Gaguin , ^/ses Guaguini.
— 167 — 32 et 34 : 1789 , lisez 1799.
— 3ai — 19 : dix-septièiue, lisez dix-huitiéme.
— SgS — 15 -.après ces mots , de Mansfeld , ajoutez par Heinec-
cius.
TOME TROISIÈME.
— 46 — 29 : du Journal, lisez ou Journal.
v_ h4 — 23 el 24 : Descriptions de la Sicile et de Malte. Voyages
faits dans ces deux îles : lisez , Descriptions des
iles de Sicile el de Malte , chacune en particulieF.
•»#**'« !_
485
Piges, lignes.
— 71 — 4 : Pithyeuses , lisez Pilhiuses.
— 141—27 : Papou , //ses Fapon.
— i5a — 1 : Prudi , lisez Piadt.
— 173 — j5 , 16, 17, 18 : Hagenisli-Ortelli, lisez Hegenitii-
Oilelii.
— 207 — 4 : "Wissor , Usa Misson.
— 2^4 — ai : Warner, lisez Werner.
— 282 — g el i3 : Lypscombe, lisez Lipscomb.
— agô — 18 : Sibald , lisez Sebald.
— 385 — 6 : Echhofius, lisez Eichhofius.
TOME QUATRIÈME.
•—226 — 7 : l'Amérique, lisez l'Afrique.
" — 391 — 1 ; page 392 , ligues 1 8 et 25 ; page SgS , ligne i6 : Dao-
kins , lisez Daukins.
— 416—13 : Ladoire, lisez Laduire.
■ — 420 — 10 : Titeli , lisez Filcii's (Ralph).
TOME CINQUIÈME.
— 29 — 8 : Torennée , lisez Torrée.
— 58 — 1 : Baretto , /«ea Barelti.
— 129 — 6 : Bibeyro , lisez Ribeyro.
— 270 — 3 : après ces mois , de la Corée , ajoutez , de la Tarlari^
chiuoise.
— a8i — 22 : Bouret, lisez Bouvet.
— 459 — 7 , 18 , 21 , 25. Frobi»her, lisez Forbisher.
— 462 — 22 : français, lisez François.
TOME SIXIÈME.
— la — 18 : Gaspérie, lisez Gaspésie.
— 02 — 23 ; Tinberlake , lisez Timberlake.
— 1 17 — 1 a et 1 3 : Brikvell , lisez Brikuell.
— 183 — a3 : Hickeringilli, lisez Hickeringill.
iV. B. Plusieurs fautes de noms propres ont été corrigées dans fa
Table des Auteurs, à laquelle le lecteur est invité à recourir.
■nff-ii
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Celui qui rapporte un volume
après la dernière date timbrée
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de de cinq cents, plus deux cents
pour chaque jour de retard.
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or before the iast date stamped
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cents, and an extra charge of two
cents for eoch additional dey.
i'i^-r.-f'-'CîitXfVi
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