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Full text of "Biographie ardennaise, ou Histoire des Ardennais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs vertus ou leurs erreurs"

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^7 


V 


BIOGRAPHIE 

ARDENNAISE, 


oo 


HISTOIRE*DES   ARDENNAIS 

QUI  SE  SONT    FAIT  ITEMARQUER  PAR  LEURS  ECRITS,  LEURS  ACTIONS, 

LEURS  VERTUS  OU  LEURS  ERREURS. 

PAR  M.  L'ABBÉ  «BOULLIOT. 


Suum  cinque  decus  poster itas  rependii. 

Tacitr. 


TOME  PREMIER. 


A  PARIS, 

CPBZ  L'ÉDITEUa,  RUE  OE  L'ABBBE-SEC,  N»  9; 

ET  CHEZ  LEDOYEN,  LIBRAIRE,  FALAIS-ROYàL,  GALERIE  D'oRI.é\NS,  N°33. 

i83o. 


PREFACE. 


* 


I 


{  La  gloire  d^un  pays  se  fonde  principalement  sur  le 
nombre  des  hommes  renommés  sortis  de  son  sein.l 
Li'^Ardeone  est  riche  dans  ce  genre  d^illustration  ;  elle 
pent  rivaliser  avec  la  plupart  de  nos  départemens. 
Depuis  Faurore  du  cinquième  siècle  (i)  jusqu^à  nos 
jours,  cette  contrée  a  produit  une  multitude  de  per- 
sonnages assez  remarquables ,  pour  qu^on  désire  de 
les  voir  groupés  dans  un  même  tableau. 

Tai  osé  entreprendre  cette  tâche;  et  c^est  après 
avoir  soulevé  des  tombes  presqu^'gnorées ,  après  d'in- 
nombrables recherches,  que  je  publie  mon  travail.  Je 
n'ai  pu  lui  donner  toute  la  perfection  dont  il  est  peut- 
être  susceptible  ;  mais  j'ai  rassemblé  des  matériaux 
que  des  mains  plus  habiles  sauront  mettre  en  œuvre. 
J'ai  su  ignorer  quelquefois,  et  douter  quand  les  choses 
m'ont  paru  douteuses.  Si  j'ai  commis  des  erreurs  et 
des  inexactitudes,  elles  seront  relevées  :  j'en  ai,  en 
quelque  sorte ,  provoqué  moi-même  le  redressement , 
en  rectifiant,  dans  l'occasion ,  celles  qui  ont  échappé 
à  des  écrivains  blanchis  dans  la  carrière  du  savoir. 
(  L'étude  de  l'histoire  des  hommes  célèbres  est  de- 
venue un  besoinlpour  les  Français ,  [et  cette  branche 

^  de  la  littérature"  a  pris  chez  nous  d'heureux  accrois- 

I 

/  (i)  Deux  Ardcanais ,  «aint  Ardèrc,  de  Çhagny  (canton  d'Omôn!)  ,  et  saint 

Victor,  de  Mouzon ,  florissaiciit  à  celte  époque. 


393838 


vj  PRÉFACE. 

semens.  L^impulsion  est  donnée  ^  Témulation  est  gé- 
nérale :  chaque  contrée ,  chaque  ville  brûle  du  désir 
de  voir  figurer  sur  la  scène  les  citoyens  dont  elle 
s^honore  le  plus ,  tant  on  est  persuadé  que  la  biogra- 
phie offre  des  exemples  profitables  aux  hommes  de 
toutes  les  conditions,  et  fournit  aux  moralistes  la  ma- 
tière de  leurs  méditations  les  plus  profondes.^. 
•     Plusieurs  de  nos  anciennes  provinces,  partagées 
en  départemens,  ont  leur  biographie  (i);  et  ces  re- 
cueils ,  en  immortalisant  les  noms  de  ceux  qu'ion  y 
signale  ^  font  germer  dans  le  cœur  de  leurs  compa- 
triotes la  noble  ambition  de  leur  ressembler ,  et  pro- 
mettent ainsi  des  couronnes  aux  émules  de  leurs  talens 
et  aux  imitateurs  de  leurs  vertus. (Plutarque,  le  pre- 
mier des  biographes ,  élève  l'âiïie ,  enflamme  Timagi- 
nation,  donne  des  ailes  au  génie. Jll  a  formé  parmi 
nous  Montaigne  et  Charron ,  il  a  inspiré  à  nos  grands 
écrivains  les  plus  belles  pages  de  leurs  ouvrages.  La 
mort,  qui  détruit  tout,  crée  sans  cesse  des  matériaux 
pour  la  biographie  (2).  Cette  science  n^a  point  de 
bornes  :  elle  préconisera  un  jour  les  Ardennais  qui , 
par  leurs  vertus  et  leurs  travaux,  perpétuent  main- 
tenant la  gloire  de  leurs  ancêtres. 

Des  quatre  départemens  formés  de  Fancienne  Cham- 
pagne ,  celui  de  TAube  est  le  seul  qui  ait  Thistoire  de 

(i)MM.  Guilberty  Devisme,  Monnier  et  Bégîo,  ont  nagoère  publié  M 
biographies  (le  la  Seine-Inrérieure ,  de  l'Aisae  »  du 'Jura  et  de  la  Moselle. 
Comme  nous,  ils  ont  défricLé  des  champs  hérissés  de  ronces  et  d'épines. 
L'histoire  dira  si  le  succès  a  répondu  à  leur  séle  patriotique  et  à  leOr  travail. 

(a)  Il  y  a  une  ample  compensation  ;  car  le  temps  traTaille  aussi  sans  cesse 
à  effacer  les  trois  quarts  des  articles  dont  les  lexicographes  ont  rempli  leurs 
dictionnaires. 


r 


PRÉFACE.  vij 

ses  grands  hommes,  fruit  des  veilles  du  savant  et  in- 
génieux Grosley  (i).  Les  biographies  de  la  Marne  et 
de  la  Haute-Marne  n^ont  été  qii^ébauchées  par  MM.  Ge- 
ruzez  (2)  et  Matthieu  (3);  et  les  Champenois  illustres 
n^ont  été  vus  que  de  pi;ofil  par  Baugier  (4)  et  Hédoin 
de  Ponsludon  (5)  ;  ce  qui  a  pourtant  suffi  pour  prou- 
ver que  la  Champagne  peut  s'^enorgueillir  d^avoir 
produit  un  bon  nombre  de  personnages  connus  par 
de  beaux  talens,de  brillantes  créations,  et  de  hauts 
faits  d^armes. 

La  Biographie  Ardennaise  ^  citée  souvent  dans  les 
Annales  d'Y^^ois  et  de  Mouzon ,  annoncée  dans  le  Dic- 
tionnaire des  Anonymes ,  et  dans  le  Magasin  Ency" 
clopédiqùe ,  a  été  puisée  dans  des  archives  aujour- 
d'hui dispersées  ou  anéanties,  dans  les  vastes  et  riches 
dépôts  de  Paris,  ainsi  que  dans  le  commerce  des 
savans  de  cette  capitale ,  qui  Pont  honorée  de  leurs 
suffrages  (6).  Elle  a  exigé  de  longues  et  pénibles  re- 
cherches, et  Fexamen  dVne  infinité  de  manuscrits  et 
d'imprimés,  enfouis  dans  la  poussière  des  bibliothè- 
ques ,  et  quelquefois  sillonnés  par  les  vers. 

Des  personnages  d'une  sainteté  éminente,  des  pré- 
lats et  des  théologiens  érudits;  des  écrivains  versés 


(1)  CEuvret  inédiiet  de  Grosley,  Paris^  i8ia ,  3  vot.  iQ*8*. 
(a)  DeicriptUm  de  Reims,  Reims,  1817,  a  vol.  in-S^*, 

(3)  Annuaires  de  la  Haute-Marne» 

(4)  Mémoires  de  la  province  de  Champagne.  Chftlons,  1731,  a  toK  io-8«. 

.  (5\  Essai  sur  les  grands  hommes  d'une  partie  de  la  Champagne.  Amsterdam 
(Paris) ,  1768,  ia-8*». — Le  Pelletier  n  donné  une  bonne  histoire  des  comtes 
de  cette  province,  publiée  par  Lévesquc  de  La  RaTalièrc.  Paris,  i753,, 
a  vol.  in-ia. 

(6)  Foy,  le  Journal  du  département  des  Àrdennes,  du  1 1  déc.  i8a8,  n*>  5o. 


vuj  PRÉFACE- 

dans  la  connaissance  des  sciences ,  des  arts  et  de  la 
littérature;  de  sayans  jurisconsultes;  des  physiciens , 
des  mathématiciens,  des  géomètres,  des  médecins, 
des  ingénieurs  et  des  tacticiens;  d^habiles  typogra-^ 
phes,  des  architectes,  des  statuaires,  des  sculpteurs , 
des  peintres ,  des  graveurs ,  des  musiciens ,  des  méca- 
niciens, et  d^honorables  industriels;  des  grammai- 
riens, des  orateurs,  des  poètes,  des  philologues  et 
des  poly graphes  ;  des  géographes ,  des  historiens ,  de 
profonds  politiques,  et  des  guerriers  couverts  de  gloire; 
enfin ,'  des  hommes  remarquables  dans  tous  les  genres , 
y  ont  des  notices  détaillées ,  où  Ton  a  rassemblé  les 
traits  les  plus  saillans  de  leur  vie ,  surtout  quand  elle 
peut  jeter  du  jour  sur  Fhistoire  du  pays  (i).  On  y  fait 
connaître  leur  mérite  et  leyrs  talens,  et  on  les  ap- 
précie; leurs  travaux,  et  on  les  analyse;  la  série  de 
leurs  écrits  (2),  et  toujours,  en  les  jugeant,  on  se 
pique  d^impartialité.  On  s^est  d^ailleurs  appliqué  à  les 
peindre  tous  sans  ornemens  ambitieux ,  et  avec  cette 
fidélité  morale  et  cette  simplicité  naïve  et  animée  qui 

(1}  Oa  a  regretté  que  l'abbé  Hulot,  dans  son  Histoire  eTAttigny,  et  M.  Pey- 
ran,  dans  celle  de  l'ancienne  Principauté  de  Sedan,  ouvrages  publiés  en  i8a6, 
n'aient  pas  consacré  quelques  pages  à  la  biographie  de  ces  contrées.  M.  Oze- 
ray  les  a  imités  dans  son  Histoire  du  pays  de  Bouillon,  qui  a  paru  en  1837. 
M.  L'Ecuy,  éditeur  des  Annales  d*Yvois  et  de  Mouzon,  n'a  point  encouru  ce 
reproche. 

(2)  On  en  donne  souvent  des  extraits ,  on  en  copie  mêoae ,  dans  l'occasion, 
des  lambeaux  entiers.  Quelquefois  le  bon  y  a  déterminé»  quelquefois  aussi  le 
ridicule  :  l'un  occupe,  l'autre  délasse  l'esprit.  On  s'attache  surtout  à  faire 
l'énumération  des  différentes  éditions  de  ces  ouvrages,  lorsqu'elles  sont;  rares 
et  précieuses,  qu^nd  elles  présentent  des  variantes,  des  améliorations  ou 
des  changemcns  notables;  et  l'on  a  soin  d'indiquer  les  bibliottéques  qui  les 
possèdent,  ctJe^ cotes  sous  lesquelles  elles  sont  inscrites  dans  les  catalogues 
de  ces  établisse  m  eu  s. 


-PRÉFACE.  ii 

font  le  charme  de  Phistoire.  Les  mausolées,  les  céno- 
taphes ,  les  statues  et  les  autres  monumens  consacrés 
à  leur  mémoire  y  sont  rappelés,  et  quelquefois  décrits 
avec  soin. 

Parmi  ces  personnages,  il  en  est  qui  doivent  leur 
origine  à  des  hameaux  obscurs ,  ou  à  des  bourgades 
détruites  par  le  temps  :  tel  est  le  fameux  Gerson,  tel 
est  encore  le  poète  Morel.  Il  était  naturel  de  leur  ré- 
server une  place.  En  s^occupant  d^eux,  la  biographie 
donne  lieu  à  la  géographie  de  noter,  en  passant,  les 
endroits  de  leur  naissance;  elle  fournit  d^ailleurs 
Poccasion  à  Farchitecture  de  faire  revivre  ces  lieux 
oubliés ,  en  y  érigeant  des  monumens  qui  rappellent 
de  glorieux  souvenirs.  C^est  ainsi  que  les  sciences,  les 
arts  et  les  lettres  ^  prêtent  de  mutuels  secours. 

On  ne  verra  pas  sans  une  sorte  de  surprise ,  qu'aune 
contrée  dont  la  surface  ne  présente  qu^environ  cinq 
cent  vingt  communes,  ait  été  si  féconde  en  écrivains, 
dont  la  plupart  sont  inconnus  aux  biographes  (i) ,  et 
même  ignorés  dans  les  lieux  qui  les  ont  vus  naître, 
quoique  plusieurs  d'^entrVux  méritent  les  honneurs 
de  la  célébrité.  Beaucoup  d'^autres  sont  loin  sans  doute 
de  prétendre  à  Téclat  de  ces  noms  que  toutes  les  voix 
répètent;  mais  ils  inspirent  plus  d^intérêt  à  leurs  com- 
patriotes que  des  étrangers  d^une  plus  haute  renom- 
mée, ce  qui  suffit  au  biographe  spécial,  pour  cher- 

(i)  On  trouvera  dans  la  Biographie  Ardennaist  beaucoup  de  notices  neuves 
pour  notre  histoire  littéraire  :,  nous  citerons ,  entr'autres ,  celles  qui  concer- 
neot  L' Mouette,  Bardou,  Berchet,  Brizard,  Camart,  Ghesneau,  Dehayç^ 
( P01U0 ) >  d'Estrebay ,  du  Han,  des  Hayons,  Jonston  {ArUir),  de  Loos, 
MigcoC,  Montbeton  (dit  St.-Pot)^  Morel,  Munier,  Navières,  Rangier,  Raulin, 
Renauldln,  Ropitcl,  Savigoy,  Tissier,  Le  Vasseuret  VouUé. 


X  PRÉFACE. 

cher  à   les  dérober  à  Foubli ,   toutefois  sans  leur 
garantir  rimmortalité. 

Du  reste ,  on  n^a  point  perdu  de  vue  que  la  biblio- 
graphie /  cette  partie  si  essentielle  de  la  science  lit* 
téraire^)  n^est  vraiment  utile  qu^autant  qu^elle  fait 
connaître  des  ouvrages  dignes  de  quelqu^attention  ^ 
ou  qu^elle  achève  de  flétrir  ceux  qui  ne  méritent  que 
nos  mépris  ou  notre  indifférence.  Mais  pour  atteindre 
parfaitement  ce  but,  il  faudrait  avoir  sous  la  main  tous 
ces  ouvrages,  et  combien  y  en  a-t-il  d^nlrouvables, 
et  qu^on  ne  connaît  que  par  leurs  titres  ? 

Les  Ardeniiais  expatriés  par  suite  delà  révocation 
de  redit  de  Nantes,  en  i685,  et  qui  ont  porté  leurs 
talens  et  leur  industrie  chez  des  peuples  hospita- 
liers (i);  les  fondateurs  de  collèges,  d'écoles,  d'hô- 
pitaux, etc.,  et  tous  les  hommes  religieux  et  bienfai- 
sans  qui  les  ont  accrus  de  nouvelles  dotations ,  occu- 
pent aussi  une  place  dans  la  statistique  morale  de 
l'Ardenne.  On  y  a  joint  les  noms  des  illustres  étran- 
gers qui  ont  ennobli  ses  fastes;  ce  sont  des  enfans 
d'adoption  dignes  de  mémoire  :  le  Nil,  sorti  des  mon- 
tagnes de  l'Ethiopie ,  appartient  à  l'Egypte ,  dont  il 
arrose  et  fécondé  les  campagnes  desséchées. 

Cette  galerie  de  portraits,  de  famille  s'accroît  en-r- 
core  des  noms  des  femmes  signalées  dans  nos  annales. 
On  y  remarque  aussi  les  noms  des  Ardennais  vivans 
qui  jouissent  de  quelque  célébrité  ;  mais  en  donnant 

(i)  Oq  remarque  parmi  eux  L'Argentier,  Alexandre  et  Henri  Brazy,  de 
Briquemault,  Fétizon , ,  CharIcB-Egide  du  Han,  et  beaucoup  d'autres,  dont 
Erman  et  Reclam  ont  consigné  les  noms  dans  leurs  Mémoires  pour  servir  à 
i* Histoire  des  Réfugiés  français  dans  tes  états  du  roi  de  Prusse»  (Berlin ,  1787— 
»789>9^'ol*»n-S°0 


PRÉFACE.  xi 

à  ceux--ci  cette  marque  de  considération ,  on  s^abstient 
également  et  de  la  louange  et  de  la  critique.  On  se  con- 
tente presque  toujours  dMndiquer  les  Ueux  et  les  dates 
de  leur  naissance ,  leurs  qualités ,  les  productions  de 
leur  génie  et  de  leur  esprit ,  leurs  actions  d^éclat ,  leurs 
découvertes ,  leurs  succès  industriels ,  leurs  essais  pour  . 
hâter  les  progrès  de  Pagriculture ,  du  commerce  et  de 
la  civilisation;  et  en  cela,  on  suit  le  conseil  de  Pun  de 
nos  livres  sapientiaux  :  Ne  louez  personne  avant  sa 
mort  (i).  L^expérience  a  d'ailleurs  prouvé  que  la  bio- 
graphie des  contemporains  est  un  instrument  dange- 
reux ,  même  dans  la  main  la  plus  généreuse ,  surtout 
après  de  grands  bouleversemens  politiques  ;  si  on  ne 
doit  aux  morts  que  la  vérité ,  on  doit  des  égards  aux 
vivans.  Il  faut  regarder  ceux-ci  avec. une  sorte  de 
respect  timide,  et  réserver  pour  les  autres  toute  la 
verve  et  la  sévérité  de  la  critique ,  toute  la  hardiesse 
desesjugemens. 

Pour  ne  rien  omettre  d'important,  on  a  cru  devoir 
comprendre  dans  ce  cadre  quelques  Champenois  qui 
ont  illustré  leur  siècle ,  et  dont  on  n'a  pu  jusqu'alors 
découvrir  la  patrie.  L'Ardenne  a  sur  eux  quelque 
droit,  puisqu'ils  appartiennent  à  l'ancienne  province 
de  Champagne. 

On  y  remarquera  encore  les  notices  de  quelques 
Ardennais  d'un  mérite  éminent ,  qui ,  croyant  que  la 
modestie  est  à  la  science  ce  que  la  pudeur  est  aux 
grâces ,  n'ont  pu  se  résoudre  à  exposer  au  grand  jour 
les  résultats  de  leurs  méditations  et  de  leurs  pro- 

(i)  Anicmortem  ne  laudes  Iwn^inem  quemquam,  (Eccii.,  X,  3o.) 


y 


xij  PRÉFACE. 

fondes  recherchais;  Et  combien  d^hommes  savans 
ont  mérité  Tattention  de  la  postérité  et  son  respect, 
sans  avoir  enrichi  la  république  des  lettres  de  leurs 
productions?£st-ce  la  qualité  d^auteurs  affichés  ^  qai 
a  rendu  tant  de  noms  célèbres?  Quand  nous  n^au- 
rions  pas  les  harangues  de  Fimmortel  chancelier 
d^Aguesseau ,  en  serait-il  moins  Tun  des  plus  savans 
hommes  du  beau  siècle  de  Louis  XIV? 

Des  noms  voués  à  une  odieuse  immortalité  vien- 
dront parfois  opposer  des  ombres  à  Téclat  des  plus 
belles  réputations  :  ils  sont  en  petit  nombre  ;  ils  n Y 
paraîtront  que  sous  des  traits  capables  dMnspirer 
de  rhorreur  :  il  importe  de  venger  la  nature  outragée* 
Mais  comme  chacun  a  bien  assez  de  ses  propres 
infirmités,  c'est  pour  nous  un  devoir,  puisque  Foc- 
casion  s'en  présente ,  de  relever  Terreur  de  Feller  et 
de  quelques  autres  biographes  ^  qui  font  naître  le 
dominicain  Jacques  Clément  à  Sorbon ,  près  de  Re- 
thel  (i). 

On  ne  sera  pas  toujours  d'accord  avec  les  croyances 
communes ,  mais  il  suffit  de  redire  qu'on  a  puisé  à 
de  bonnes  sources  (2) ,  qu'on  a  évité  les  méprises  et 

(1)  Le  premier  jacobin  qai  assassina  un  roi ,  vit  le  jour,  non  à  Sorbon,  mail 
à  Serbonne  (  Yonne  ) ,  où  Ton  remarque  encore  quelques  débris  de  sa  maison 
natale.  Le  nom  de  ce  meurtrier  d*Henri  III,  frère  Jacques  Clément,  a  pro- 
duit cette  piquante  anagramme  :  C*est  Cenfer  qui  m*a  créé, 

(a)  On  n'avance  rien  que  sur  la  foi  des  garans  les  plus  sûrs.  La  plupart  des 
articles  sont  terminés  par  la  citation  des  principales  sources  oii  l'on  a  puisé. 
L'abondance  des  matières  en  a  fait  supprimer  un  bon  nombre,  qui  auraient 
été  utiles  aux  savans ,  mais  fastidieuses  pour  le  commun  des  lecteurs.  On  doit 
ajouter  que  souvent  on  a  tiré  ce  que  l'on  dit  de  la  vie  et  des  écrits  de  ceax 
dont  on  parle,  de  leurs  ouvrages  mêmes,  et  des  relations  qu'ils  ont  eues  avec 
leurs  conteiàaporains.  C'est  d^'ordinairc  ja  partie  la  plus  tutéressante  de  leurs 


PRÉFACE.  xu\ 

les  erreurs  répaodues  dans  les  Dictionnaires  histo- 
riques ,  et  les  autres  recueils  de  ce  genre  ;  qu^OD  les  a 
même  redressées  par  occasion,  toutefois,  sans  autre 
prétention  que  celle  de  conti^ibuer  aux  progrès  de  la 
biographie  nationale,  qui  ne  sera  jamais  poussée  à 
son  point  de  perfection ,  tant  qu^on  n^aura  pas  pro- 
posé de  décerner  des  prix  aux  meilleurs  ouvrages 
biographiques  composés  sur  nos  quatre-vingt-six 
grandes  divisions  territoriales.  Qu^est-ce,  en  efiet, 
qu^une  biographie  nationale ,  sinon  le  résumé  de  ce 
quM  y  a  de  plus  intéressant  dans  les  souvenirs  de 
chaque  localité. 

En  concentrant  ses  regards  sur  les  personnages  dont 
il  trace  les  portraits,  Fauteur  de  la  Biographie  Arden- 
naise  les  considère  dans  les  attitudes  les  plus  diverses, 
et  tâche  de  semer  plus  ou  moins  d^intérêt  sur  le  récit 
de  leur  vie.  Se  déplacent-ils ,.  il  les  suit  partout,  il  les 
accompagne  dans  les  pays  qu^ils  parcourent  ou  qu^ils 
habitent.  Ces  contrées ,  surtout  celles  qui  avoisinent 
TArdenne,  savoir,  le  Luxembourg,  la  Belgique,  les 
départemens  de  FAisne  et  de  la  Meuse,  toute  Tan- 
pienue  Champagne ,  et  particulièrement  le  départe- 
ment de  la  Marne ,  dont  la  métropole  renfermait  dans 
son  sein  une  université  fameuse,  que  tant  de  savans 
ardennaîs  ont  illustrée  par  leur  travaux ,  trouveront 
àglai^r  pour  leur  histoire  dans  cette  biographie 
spéciale ,  qui  sort  du  cercle  des  compositions  de  ce 
genre ,  ej  se  lie  en  quelque  sorte  à  la  biographie  gé- 

notices  :  elle  a  d'ailleurs  Taraiitage  de  joindre  les  articles  les  uns  avec  les 
antres ,  et  de  fojpiiier  mnsi  une  sopte  d'èiwembie  dans  un  ouvrage  qui  n'en 
parait  pas  d'abord  susceptible. 


xiv  PBÉFACE. 

nércile ,  en  embrassant  ui^  horizon  plus  vaste  que  son 
titre  ne  semble  Tannoncer. 

On  voit  assez  qu^on  n^a  rien  négligé  pour  rendre 
digne  des  suffrages  du  public  cette  entreprise ,  qui  ne 
pouvait  sVxécuter  fructueusement  qu'à  Paris;  car 
quelle  autre  ville  du  royaume  offre  cette  multitade 
d'^ouvrages  manuscrits  et  imprimés,  anciens  et  'mo- 
dernes; ces  communications  orales,  et  cette  tradition 
d'anecdotes  de  tout  genre ,  qui  fournissent  aux  sciences 
biographique  et  bibliographique  des  matériaux  qu'on 
chercherait  vainement  ailleurs  ?  ce  qui  était  pourtant 
indispensable  pour  tracer  la  route  qu'ont  suivie  les 
Ardennais  désireux  d'arriver  à  la  gloire ,  et  pour  ériger 
à  l'Ardenne  un  monument  qui  rappelât  les  souvenirs 
dont  elle  s'honore. 

Sans  doute  j'aurais  pu  grossk  mon  ouvrage  d'un 
bon  nombre  d'articles  ;  il  m'en  reste  assez  pour  fournir 
un  troisième  volume;  mais  mon  projet  ne  fut  jamais 
de  remplir  un  plus  grand  espace .  Néanmoins ,  cédant 
aux  sollicitations  de  quelques  amis  des  lettres,  j'ai 
analysé  une  partie  de  ces  articles ,  que  j'ai  placés  en 
notes  dans  le  deuxième  volume.  Ces  extraits  m'oni 
paru  suffisans  pour  faire  connaître  ceux  qui  en  sont 
l'objet. 

Quelques.  Ardennais  ne  manqueront  pas  d'im- 
prouver  cette  épuration.  A  la  vérité ,  je  me  suis  montré 
plus  sévère  que  Boileau  :  ' 

Et  qui  saurait,  sans  moi,  queCotin  a  prêché? 

m 

Mais  des  étrangers  estimeront  au  contraire  que  j'aurais 
pu,  sans  nuire  à  la  gloire  de  l'Ardenne,, retrancher 


PRÉFACtJ.  -       V      XV 

un  quart  de  mes  articles.  Voilà  le  sort  des  biographes 
spéciaux;  on  leur  impute  tour  à  tour  des  péchés  d^o-' 
mission  et  des  péchés  de  commission  :  trop  heureux , 
quand  on  ne  les  range  pas  parmi  ces  pauvres  d^esprit 
qu'on  nomme  compilateurs,  et  qui  ne  sont  riches 
qu'en  nomenclature  ! 

J'ai  exposé  mon  plan  ;  je  laisse  au  lecteur  éclairé 
le  soin  de  juger  la  manière  dont  il  est  exécuté.  Une 
préface  a  ses  bornes  :  trop  restreinte,  elle  n'instruit 
pas;  trop  étendue,  elle  ennuie.  Je  la  termine  pour 
passer  à  l'ouvrage. 

Quod  potui  feci  ;  faciant  meliora  potentes  (i). 

(Inscript,  porticûs  Palaiii  Totomei  Senenslt.) 


(i)  Porrô  peiimus  ut  de  hœ  opère  nemo  nohis  eaiumniam  ttruat,  quia  eàm 
sola  vera  nos  scrlpsisse  eredamuêg  quicunque  veriue  huinuaverit,  meitorem  sûn- 
tentiam  sequi  in  omnibus parati sumus.  (Laurent,  de  Liège,  Abrégé  de  CHis- 
ioire  des  Évêques  de  Verdun,  ioBéré  dans  le  Spicilège  de  d*Achery,  t.  II, 
p.  357,  édit.  in-fo].>  et  parmi  les  Preuves  du  t.  II,  de  V Histoire  de  Lorraine, 
par  Dom  Calmet.) 


I 

è 


Turpe  est  in  patriA  peregrinari  et  in   iis  rébus  quœ  ad  patriam  pertinent 
hospiies  esse. 

*  Maftotio». 


BIOGRAPHIE 


ARDENNAISE. 


A. 


ADALBERON ,  run  des  plus  savans  prélats  du  x""  siècle , 
était  fils  de  Godefroi^  comte  d'Ardennes.  Selon  Paquot»  il 
nacmjfc  vers lan  920  ou  gSo,  en  basse  Lorraine ,  et  peut-être 
dans  la  prévôté  d'Y  vois  -,  car  cette  province ,  que  nous  a'ppe- 
lions  le  duché  de  Luxembourg ,  comprenait  la  prévôté  dT- 
vois  dans  ses  limites. 

Élevé  à  I  abbaye  de  Gorze,  diocèse  de  Metz,  Adalberou 
sortit  de  cette  école  célèbre  fort  ^struit  des  sciences  ecclé- 
siastiques.  L'arcbevécbé  de  Reims  avant  vaqué  en  969,  Lo- 
thaire  le  fit  élire  par  le  clergé  et  le  peuple.  Il  assembla  plu- 
sieurs conciles  pour  faire  revivre  la  discipline  ecclésiastique.  * 
Parmi  les  choses  qu'Ù  exécuta  dans  cette  vue,  on  remarque 
la  restauration  de  labbaye  de  Mouzon ,  où  il  mit  en  97 1  des 
moines  à  la  place  des  clercs  qui  s'y  étaient  introduits.  Il  fit 
confirmer  Tannée  suivante  par  le  concile  du  Mont-Sainte- 
Marie  [Voy*  le  n**  m),  un  privilège  qu'il  avait  obtenu  du 
pape  Jean  XIII ,  en  faveur  de  cette  maison  :  il  Tenrichit  du 
corps  de  saint  Arnoul,  mar};yr,  çt  y  rétablit  les  lieux  ré- 
guliers. 

Le  &meux  Gerbert  s'étant  retiré  à  Reims ,  il  lui  donna  la 
direction  de  son  école  métropolitaine,  et  la  porta  au  plus 
haut  degré  de  splendeur.  Confiant  dans  les  lum^res  de  ce 
grand  homme ,  il  l'envoya  quèlquefoiis  en  Italie  pour  les  af- 

TOME  I.  '  I 


1  ADA 

faires  de  son  diocèse ,  et  le  chax^ea  d\y  acheter  les  livres  dont 
on  manquait  à  Reims  :  il  en  &isait  copier  d'autres ,  et  il  par-- 
vint  ainsi  à  former  une  des  plus  riches  bibliothèques  de 
TEurope. 

Tant  de  mërite  le  fit  élever  à  la  dignité  de  chancelier  du 
royaume:  Ses  ennemis  Taccusèrent  d'avoir  trahi  les  intérêts 
de  Lothaire ',  mais  cette  calomnie  n^eut  point  de  suite ,  ce 
prince  ayant  souvent  éprouvé  sa  fidélité.  Dès  que  la  mort 
eut  enlevé  Louis  V,  fils  et  successeur  de  Lothaire ,  au  bout 
de  quinze  mois  de  règae,  le  sceptre  passa  à  Hugues  Ga-» 
pet,  qui  alla  se  faire  sacrer  à  Reims  par  Adalberon,  le 
3  juillet  987.  Ce  monarque  doniia  à  notre  prélat  une 
grande'  part  dans  sa  confiance ,  et  le  continua  dans  la  di* 
gnitë  de  chancelier. 

Les  gens  de  lettres  n'eprent  point,  dans  le  x**  siècle;,  de  Mé- 
cène plus  éclairé  qu' Adalberon.  Il  les  encouragea  pat*  son 
exemple  et  par  les  bienfaits  dont  il  les  combla.  Il  mourut  à 
Reiâis  le  23  janvier  988 ,  et  fut  regretté  au  point  que  le 
clergé  et  le  peuple  croyaient  avoir  tout  perdu,  eti  perdant 
leur  p^st^ur.  Gerbért  fait  sentir  toute  l'étendue  de  cette  perte, 
lorsqu'il  dit  qu' Adalberon  était  d'un  tel  poids ,  et  avait  une 
si  grande,  influence  dans  les  affaires  publiquçs,  quà  sa  niOrt 
on  aurait  cru  que  le  monde  allait  retomber  dans  son  premièi* 
(ïahos  :  Id  momeniunij  dit-il  ^  aceavis  erat  Domini  meiAdai" 
heronis  in  causis  pendentibiis  ah  œtemOj  utj  eo  in  rerum  priiv- 
cipia  resoluto^  in  primordiale  chaos  putaretur  mundus  reUtbi. 

Ses  œuvres  : 

I.  Plus  de  quarante  Lettres  ^  insérées  parmi  celles  de 
Gerbert.  Parisiis^  161 1,  in-4**  *?  it*  dans  les  Supplemenia 
conciliontm  GallÙBj  Pétri  de  la  Lande.  Parisiis ,  1666,  îri-fol. 
et  ailleurs. 

II.  Deux  Sermons  insérés  dans  le  Ckronicon  Mosomehsè  j 
p.  6S0  \  654.  H  prêcha  lé  premier  à  Mouzon  en  y  întro-r 


ADÂ  3 

diusaot  des  mornes^  Tautre  servit  à  rouvèrture  du  synode 
c[u'il  tiût  au  mont  Sainte-Marie  eu  97  a ,  et  manque  dans  b 
Collection  générale  des  conciles.  Il  .contient  des  pardcularitéji 
sur  Vabbaje  de  Moozon.  ■ 

III.  Decrctum  de  refbnnatione  ccenobii  MossomehsiSf  et 
9l0jHfchis  à  eo  çonstitutis  :  inséré  ibidem ,  p.  656  &  657.  It 
dans  le  t.  IX  des  conciles  du  P.  Labbe,  p.  708,  à  709  et 
ajUBeprs. 

-  lY.  Epistola  Adàlberonis»  et  Stepkani  rohuzni  diàconi j  ad 
Theobaldum  episcopiun  Ambianensem.  Dans  le  même  tome 
des  conciles  9  p.  920  à  721  »  et  dbms  Marlot,  t.  II,  p.  3o. 
G'isst  une  sentence  d'excommunication  portée  le  a4  sep- 
tembre 975  (ou  plutôt  977)9  contre  Tbibaut,  usurpateur  dé 
réyéché  d'Amiens,  qui  avait  refuse  de  comparaître  à  un 
concile  tenu  par  Adalberon,  le  3  juillet  prëoëdent.  £lle  est 
souscrite  non  de  Jean^  comme  Tout  cru  D.  Rivet  et  D.  Geil-* 
^er  y  -tÉLsàs  à^Étimne^  diacre ,  et  légat  de,  Be90]t  YII. 

V*  Conventio  de  villa  virfutis  (vertus),  int^  Heribertum 
comiternj  et  cahonicos  Remenses. 

VI.  ComemUo  de  villa  p^indenissd(y^u!ire$^^  Ardennes), 
iriter  Manassem  comitem,  et  canonicos  Remenses.  Ces  deux 
actes,  signés  d'Adalberon,  sont  dans  Marlot,  t.  II,  p.  28^ 
et  dans  la  Bibliothèque  des  PP.  de  Lyon,,  t.  ï  7,  p.  632  à  653. 

Gai.  cb« ,  t. IX ,  p.  57  *,  Marlot,  t.  II ,  p.  i  à  38  *,  D.  Rivet, 
Hist.  JUtiér.  ^  t.  6,  p.  444  ^  4^0?  D.  Ceillier,  Hist.  des  aut, 
sactésyt.  XIX ,  p.  675  à 678^  PaquoI ,  Mém.^ litter. ^  t.  XIV, 
p.  35i  à  36o«  etc. 
-»     .  • 

ADAM  (Jean)  y  lameux  prédicateur  et  controversiste  jé- 
suite ^  connu  par  son  zèle  ardent  contre  Jansénius  et  les 
Calvinistes ,  recteur  du  collège  de  Sedan ,  procureur  de  U 
pirovince  de  Gbampagne  à  Jlome,  était  né  à  Limoges  en 
h$o8^  il  entra  dans  1^  Compagnie  de  Jésus  en  1622  ,à  1  âge 
4$  ({imtotm  ans.  Après  atcnr  pipfessrf  les  bumanilés  et  la 

I. 


4  ADA 

philosophie  pendant  quelques  années,  il  prêcha  dans  les 
principales  villes  de  France  et  à  la  cour.  En  i650)  il  fit  un 
sermon  dans  Téglise  de  Saint-Paul  à  Paris ,  qui  causa  du 
hruit.  Il  s'y  échauffa  fort  contre  saint  Augustin ,  l'appelant 
le  violent  Africain ,  et  le  docteur  emporté  y  et  il  poussa  les 
choses  si  loin ,  que  sans  de  puissans  protecteurs ,  on  lui  eût 
interdit  la.  chaire. 

Les  Jansénistes  ne  laissèrent  pas  tomber  cette  incartade. 
Ils  publièrent  contre  son  sermon ,  un  écrit  anonyme ,  inti- 
tulé :  «  Défense  de  saint  Augustin  contre  les  erreurs ,  les 
»'  calomnies ,  et  les  invectives  scandaleuses  que  le  P.  Adam , 
»  jésuite ,  a  préchées  dans  Téglise  de  Saint-Paul ,  le  second 
))  jeudi  du  carême ,  sur  le  texte  de  l'évangile  de  la  Ghananée  : 
»  Je  ne  suis  ens^oyé  quaux  brebis  perdues  de  la  maison  d' Israël 
A  (par  Noël  de  Lalanne ,  abbé  de  Valcroissant).  Paris j  i65o, 
»  in-4°>  p.  60.  » 

Le  P.  Adam  n'eut  point  d'égard  aux  plaintes  que  Ton  fit 
de  son  sermon ,  et  d'un  livre  où  il  avait  parlé  avec  assez  peu 
de  respect  de  saint  Augustin  (c'est  le  n®  i),  et  il  continua  d'é- 
crire sur  le  même  ton.  Les  Jansénistes  renouvelèrent  leurs 
plaintes ,  et  il  s'éleva  un  conflit  particulier  entre  eux  et  le 
P.  Adam',  mais  ce  combat  de  plume  ne  dura  que  très  peu 
de  temps. 

En  i655 ,  il  prêcha  le  carême  dans  Féglise  de  Saint-Ger- 
main-l'Auxerrois ,  où  le  roi  et  la  reine  allaient  souvent  l'en- 
tendre avec  beaucoup  de  satisfaction.  L'année  suivante  il  le 
prêcha  au  Louvre  devant  leurs  majestés  avec  assez  d'applau- 
dissemens.  Néanmoins  l'histoire  raconte  qu'un  seigneur  de 
la  cour  dît  à  la  reine  Anne  d'Autriche ,  après  l'avoir  entendu , 
ijail  était  cons^aincu  que  le  jP.  Jldam  n  était  pas  le  premier 
homme  du  monde.  Voici  ce  qu'on  lit  à  ce  sujet  dans  le  TUfe- 
nagiana  (t.  III,  p^  69,  édit.  ïjiô)  :  «  Le  P.  Adam  dans  la 
*»  passion  qu'il  prêcha  à  Saint-Germain-l' Auxerrois ,  y  fit 
0)  une  comparaison  fort  odieuse  des  Parisiens  avec  les  Juifs 


ADA  5 

»  qui  avaient  crucifie  Notre-Seîgneur.  11  compara  la  reine  à  la 
)>  Vierge,  et  le  cardinal  Mazarin  à  saint  Jean  rëvangéliste. 
)>  Ce  seniion  fut  très  mal  reçu  à  la  ville  et  à  la  cour.  La  reine 
))  parla  à  M.  le  prince  de  Guëménée ,  et  lui  demanda  cequHl 
»  en,  pensait  :  Madame  y  je  suis  prëadamite ,  lui  répondit  ce 
»  prince.  La  reine  lui  demanda  ce  (pie  cela  voulait  dire.  C'est 
A>que  je  ne  crois  pas,  madame,  répliqua -t- il,  que  le 
»  P.  Adam  soit  le  premier  des  hommes.  » 

Louis  XIY,  sur  lavis  de  la  reine  sa  mère ,  envoya  en  1669 
à  Sedan  le  P.  Adam ,  pour  y  prêcher.  Il  se  conduisit  pendant 
le  temps  que  dura  sa  mission  avec  tant  de  sagesse  y  il  y  ex- 
posa le&  vérités  chrétiennes  et  catlioliques  avec  tant-de  sim- 
plicité, de  solidité  et  de  grâce,  qu^il  sVcquit  Teâtime  et  là 
confiance  de  tous  les  Catholiques  et  des  Protestans.  Il  s'attira  * 
d'autant  plus  la  considération  de  ceux-ci ,  qu'étant  de  retour 
k  1»  cour,,  il  épousa  leurs  intérêts  auprès  du  roi ,  comme  les 
siens  propres,  {f^ie  de Fcibertj  t.  Il,  p.  184. \  P.  Norbert, 
Hist.xkron.  de  Sedan  y  an.  1659.) 

Le  P.  Adam  ayant  entrepris  tin  jour  Marie  du  Moidin, 
sedanoise ,  sur  des  matières  de  controverse ,  se  permit  de  lui 
dire ,  dans  la  chaleur  de  la  dispute ,  qu'il  la  continuerait  vo- 
lontiers ,  si  elle  savait  Thébreu.  Mais  quel  fut  son  étonne-  ^ 
ment,  quand  il  vit  cette  docte  fille  tirer  froidement  de  sa 
poche  un  psautier  hébraïque  :  il  battit  en  retraite ,,  et  se 
retira  très  conCus ,  suivant  de  Limiers. 

Au  mois  de  mars  1660 ,  il  se  trouvait  à  Loudun  en  Poi- 
ton ,  pendant  que  les  Calvinistes  y  tenaient  un  synode  na- 
tional. Il  y  prêcha,  et  y  composa  i^n  ouvrage  qui  fit  du  bruit. 
Ce  fut  à  loccasion  de  la  conversion  du  ministre  Cottiby, 
contre  lequel  Daillé avait  éerit  une  lettre. 

((  Lcuiaréchal  de  Fabert  n'ayant  pu  obtenir  de  ses  supé- 
»  rieurs  de  le  laisser  partir  du  Poitou ,  eut  recours  à  la  reine 
»  mère  :  ils  accordèrent  à  là  princesse  le  retour  du  mision- 
»  naire  à  Sedan ,  où  il  arriva  vers  la  fin  de  novembre.  ^  (^Fie 


6  ADA 

de  Fabertj  t.  II ,  p.  191  •)  Il  se  proposait  de  préclier  durant 
Tarent  des  sermons  de  ooBtroverse  :  ce  à  quoi  le  maréobal 
s'exposa ,'  comme  chose  contraire  aux  ordres  du  roi ,  qui  mait 
d^endu  de  permettre  la  cotHroverse  à  Sedan  ^  cjid  lie  sen^fiit 
ifuà  aigrir  les  csfmts^  et  à  éloigner  les  Calvinistes  de  la  sow- 
mission  qu'ils  doi^nt  à  V église.  (^Ibidem. ,  p«  i8ô  et  186.) 
Le  P.  Adam  se  rendit  aux  raisons  du  marëelial,  et  prêcha 
cette  seconde  mission  comme  la  première ,  et  avec  le  métne 
succès.  Ses  instructions  familières  «  firent  perdre  insensi- 
»  blement  aux  Sedatiois  protestans  cette  faussé  dëlicatesse 
•  »  de  scrupule ,  cette  &usse  opinion  de  constance  qui  les  alta- 
3>  ehâit  à  la  secte  qui  les  avait  élevés  4  on  ne'  leur  remarqua 
)»  plus  cette  opposition  qu'ils  avaient  jusqu'alors  témoignée 
»  contre  les  dogmes  contestés ,  les  images  et  les  cérémonies 
»  de  Téglise.  Leurs  ministres ,  devisnus  plus  traitables  ^  dod^ 
»  tièrent  à  Fabert  Tespérance  de  les  voir  bientôt  se  réunir  à 
))  IVglise  catholique.  »  (Jbid.j,  p.  186  et  187.) 

De  retour  à  la  cour,  le  P.  Adam^mploja  son  crédit  pour 
faire  rendre  à  Tacadémie  calviniste  de  Sedan  la  pension  de 
12,000  liv.  assignée  en  i644  sur  le  domaine ,  qu'on  avait  ré- 
duite à  9,000  liv.  efTeclifs  en  iSSg;  et  aux  professeurs  et  aux 
ministres  les  honoraires  dont  ils  jouissaient  avant  cette  ré" 
duclion  :  ce  eU'quoi  il  réussit.  (Jhid.j  p.  201  à  202.) 

Le  maréchal  de  Fahert  persuadé  que  le  P.  Adam  ayant  eq 
le  bonheur  d'avancer,  par  ses  missions,  la  conversion  des 
Calvinistes ,  tout  antre  que  lui  ne  pourrait  l'achever ,  désira 
de  le  revoir  à  Sedan,  et  le  lui  témoigna  par  une  lettre  du 
12  juin  1 661.  Le  jésuite  y  consentit-,  «Mais  alors  il  fallait 
»  e^urmonter  l'opposition  des  grands-vicaires  de  Reims.  Fa- 
»  bert  eut  recours  au  roi ,  qui  otdonna  à  M.  le  Telliep  de 
»  l^ur  écrire  de  sa  part.  Le  ministi;e  leuC'fit  entendre  que  sa 
)>  majesté  souhaitait  qu'ils  accordassent  au  P.  Adam  une 
»  troisième  mission.  Us  acquiescèrent  aà  désir  du  prince, 
»  d'autant  plus  juste ,  qu'il  s'agissait  des  intérêts  de  l'église 


»  et  du  salut  des  Sedanois ,  qui  avaient  confiance  en  ce  misr 
tt.fiionnaire.  »  (/&ù;I.^p.  2o3.) 

La  réunion  des  Calvinistes  sedanois  à  Téglise  romstii^fç 
était  sur  le  poii^t  de  se  consommer,  lorsque  Fabert  mourut 
le  17  mai  1662.  Louis  XIV  établit  en  i663  un  collège  à 
Sedan  pour  Finstruction  des  enfans  des  Catholiques»  Il  en 
confia  la  direction  aux  Jésuites  de  la  province  de  Champagne^ 
pat  lettrea-pàtentes  du  mois  d'octobre  de  cette  année.  Le 
P.  Adam  en  fut  nommé  recteur-,  et  il  continua  à  travailler 
dans  cette  ville  au  rétablissement  de  la  foi  catholique  9  et  à  y 
jouir  de  Testime  publique.  Cependant,,  si  Ton  en  croit 
Bayle,  «les  puissances  se  dégoûtèrent  de  lui  ^  et,  soit  que 
D  Ton  redoutât  son  esprit  bardi  et  intrigant ,  soit  que  Ion  vît 
»  que  sa  manière  de  prêcher  n'avait  pas  tqute  la  gravité  re- 
»  quide  dans  un  lieu,  où  il  y  avait  une  académie  de  protes- 
))  tans ,  on  fut  bien  aise  que  ses  supérieurs  le  retirassent  :  on 
»  dit  même  qu  on  en  fit  quelques  instances.  »  appelé  à  Borr 
deaux  vers  16749  pour  y  être  recteur  de  la  maison  professe 
de  son  ordre ,  il  y  paya  le  tribut  que  tous  les  hommes  doivent 
à  la  nature ,  le  1 2  mai  i684«  ^  ^^^  ^^  premier  des  adversaires 
modernes  de  saint  Augustin  que  le  cardinal  Noris  ait  r^té 
dans  ses  f^indicm  Augustianœ,  Padoue,  1678,  in-foL 

Ses  œuvres  : 

I.  Çalifin  défait  par  soirmêmCj  et  parles  armes  de  saint  Aur 
gusUn^  quil  assoit  injustement  usurpées ^  sur  les  matières  de  la 
grdce^  de  la  liberté ^  et  de  la  prédestination.  Paris ,  Gaspard 
Metmas,  i65o,  inr8%  p.  771.  (Bibl.  Maz.,  a5,336).  Lau- 
teur  n  est  pas  si  favorable  à  scdnt  Augustin  qu  on  pourrait  Iç 
croire.  Voici  comme  il  en  parle  :  a  Sa  doctrine  est  très  em- 
»  barrassée ,  puisqu'il  n'y  en  a  point  qui  le  soit  davantage  que 
»  celle  qui  semble  se  combattre  elle-même.  11  n'est  pas  si 
»  heiireux  dans  le  choix  de  ses  sentences  et  des  fondemèns 
»  sur  lesquels  il  les  appuie ,  qu'il  ne  laisse  à  nos  entendemens 


8  ADA 

»  la  liberté  tout  entière  de  retenir  leur  consentement ,  et  de 
»  défendre  un  parti  contraire  à  celui  qu'il  embrasse.  »  Il  me 
svL&t ,  ajoute-t-il  encore  «  d'obliger  mon  ennemi  à  confesser 
»  que  saint  Augustin  a  parlé  extérieurement  en  faveur  des 
»  deux  partis ,  de  celui  de  Téglise  et  de  celui  de  Cahin^  et 
»  sur.  cet^  aveu  le  tirer  hors  du  combat j  et  porter  le  combat 
»  dans  le  cbamp  des  conciles  et  des  pères.  Gabriel  à  Porta/ 
»  jésuite  (c'est  une  grande  autorité  pour  le  P.  Adam\  di- 
»  sait  souvent  qu'il  serait  à  désirer  que  saint  Augustin  n'eût 
))  pas  écrit  sur  la  grâce.  En  faisant  la  guerre  aux  Pélagiens , 
»  il  a  donné  dans  des  extrémités  dangereuses.  Pourvu  que 
»  je  ne  tombe  pas ,  continue  le  jP.  Adanij  dans  l'erreur  des 
»  Pélagiens ,  que  saint  Augustin  attaque ,  il  m'est  permis  de 
»  ne  pas  suivre  l'impétuosité  des  paroles  dont  il  se  sert  pour 
^  les  perdre.  De  là  vient  que  je  tiens  le  milieu  entre  Pelage 
»  et  Calvin,  Car  si  adoucissant  les  paroles  de  saint  Augus^ 
»  tin  y  je  descendais  trop  bas,  je  serais  Pélagien;  et  si  je  dc- 
,»  meurais  dans  leur  élés^ation ^  je  serais  Calviniste.  » 

IL  La  règle  des  Fidèles  ^  tirée  de  V Écriture-Sainte  et  des 
SS.  Pères.  Paris,  ibid.j  i65i.,  in-8**. 

III.  Les  Psaumes  de  Dand  en  latin  et  en  français  ^  at^ec 
les  onze  cantiques  dont  l'église  se  sert.  Paris ,  ibid. ,  1 65 1 , 
in-i2. 

IV..  Heures  catholiques  en  latin  et  en  français  ^  contenant 
V office  de  la  vierge  pour  toute  V année  j  V office  des  dimanches 
et  des  fêtes  J  les  sept  psaumes  de  la  pénitence  j  les  vêpres  et  V  of- 
fice des  morts  J  du  très  saint  sacrement  ^  de  la  croix  et  du  saint 
esprit  y  et  quelques  hymnes  traduites  en  vers  j  avec  une  ins- 
truction pour  les  Catholiques  contre  les  nouvelles  doctrines^  les 
règles  de  la  vie  chrétienne  j  et  quelques  prières  tirées  de  VÉ'^ 
cnitureSainte  et  des  Pères  de  V Église.  Paris,  ibid.,  i65i, 
in-8°  et  in- 12. 

Il  opposa  ces  Heures  à  celles  de  Port-Royal  de  M.  de  Sacy. 
La  traduction  des  hymnes  en  vers  français,  fut  critiquée 


ADA  9 

dans  une  Lettre  au  P.  Adam],  jésuite  j  sur  la  traduction  qu'il  a 
Jaite  en  vers  j  de  quelques  hymnes  de^  V église  de  Paris  ,•  par 
la  Tàur  {GuilL  le  Roi,  abbé  de  Haute-Fontaine^  !65i,in-4% 
p.  66.  Le  P.  Adam  y  opposa  : 

V.  Lettre  du  P.  Adam  sur  Ut  traduction  qu  il  a  faite  en 
vers^  de  quelques  hymnes  de  l'église.  Paris,  ibid._,  i65i, 
in-8\ 

VI.  Le  Tombeau  du  Tansénisme^  ou  le  nouveau  parti  dé- 
truit par  saint  Augustin  j  etla  Bulle  du  pape  Innocent  JT.  Pa- 
ris, ibid.j  1654?  in-4*'» 

VII.  La  Conduite  des  Fidèles  par  les  règles  de  la  foi ^  les 
maximes  de  VÉi^ngile^  et  les  saints  de\^irs  de  tous  les  Chré- 
tiens dans  tous  les  états  ^  tirée  de  VÉcritureSainte.  Paris,  ibid»^ 
1656,  în-12. 

Vllï.  Réponse  à  la  Lettre  de  Daillé^  ministre  à  Charenton  , 
publiée  contre  ï honneur  de  Cottiby^  ministre  à  Poitiers  ^  con- 
yerti  à  la  foi  catholique  y  où  sont  réfutées  les  calomnies  de  ce 
ministre  contre  le  pape  j  le  roi^  les  és^éques  j  et  contre .  toute 
T église  j  qu'il  accuse  d' athéisme  ^  de  libertinage^  et  de  corrup- 
tion des  mœurs  introduite  par  les  maximes  des  Casuistes,  Poi- 
tiers, Jean  Fleurian,  i66g,  in^S",  p.  3o2.  (Bibl.  du  roi, 
D.  7846).  Voy.  jBibl.  du  Poitou ^  t.  IV,  p.  aSy. 

IX.  Projet  présenté  à  messieurs  de  la  Religion  prétendue  ré-' 
formée  de  la  ville  et  sôus^eraineté  de  Sedan  ^  qui  ont  témoigné j 

durant  la  vie  du  mcff'échal  de  Fabert^  de  grandes  dispositions  à 
rentrer  dans  l'église  catholique.  Paris,  François  Muguet, 
i663 ,  in-4**.  Le  ministre  Alpée  de  Saint-Maurice,  professeur 
à  Sedan ,  y  opposa  :  Examen  d'un  liseré  du  P.  Adam,,  intitulé: 
Projet  présenté,  etc.  Charenton  j  i663,  iV4**. 

X.  Le  triomphe  de  V Eucharistie  j  ou  la  présence  réelle  du 
corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ  dans  ce  sacrement ^  prowée 
par  VÉcriture-Scfinte^  et  parles  Pères  des  premiers  siècles ^ 
contre  le  ministre  Claude.  Sedan,  GuiU.  de  Meerbec,;  1671, 
in-8°,  p.  617  (BibL  Sainte-Geneviève,  D.  47^^)*  It.  Paris j 


10  ADâ. 

ibid.,   167^,  in-S"^*,  it.  Bàrdeaujè J  Mongmm  Milianges, 
1672  i  m-8°,  p;  52^9.  (Bibl.  du  toi,  D.  7896) 

XJ.  Jlhrégé  de  la  vie  de  saint  François  Borgia:,  3*  général 
de  la  Compagnie  de  Jésus.  Bordeaux,  Guill.  de  la  Court , 
1675^  j  in-8^,  p.  i5j^.  (BiM.  Satnte*Geileviève  ;  H.  j^68.) 

XII.  Octaçe  de  coktros^erse  sur  le  saint  Sacrement  de  V autels 
où  les  paroles  du  testament  de  Jésus^Christ  sont  prises,  en  figuré 
paY  les  PîX)téstanSj  et  en  vérité  par  les  Catholiques i  Bordeaux , 
ri.  j  1676,  in-8<*,  p.  781 .  (Bibl,  Saîute-GeuevièVe,  D.  55Î3;) 

Xin.  Lettre  à  M.  Hespérien,  ministre  de  Soubist)  Bottv 
deaux,  ibid.j  168  5,  in-8'. 

XIV .  Sermons  pour  un  Aident ,  1 685 ,  in-8° .  Ces  discourir , 
qui  Jibus  sont  inconnus ,  lui  sont  attribues  par  Tabbë  Albert. 

XV.  Lettre  écrite  au  maréchal  de  Fahertj  en  i66ï,  insé- 
rée dans  ta  Vie  de  Fabert ,  t,  II j  p.  199  à  202.  Parisj  1752, 
2  vol.  în-i2.     > 

XVI.  De  liimiers  lui  attribue  un  Traité  de  la  Grâce  :  nous 
le  croyons  inëdit  ou  imaginaire . 

Andrë'de  Lortie,  ministre  Roebellois,  à  ëcrît  contré  le 
t  P.  Adain.  Foy,  t.  IV,  p.  3oa  de  VHist,  de  Véditde  Nantes  y 
par  Elie  Benoist.  Ne  serait-ce  pas  Touvrage  dont  parle  le 
P.  Arcère  dans  son  Histoire  de  la  Rochelle ^  t.  II,  p.  38g, 
ayant  pour  titre  :  «  Défense  du  Sermon  de  M.  Hespërien ,  ou 
))  Réponse  à  un  écrit  intitulé  :  Éelaircksemens  de  la  docttine 
»  de  t église  touchant  le  culte  des  saints.  Saumur,  iBy5ym*i^^ 
»  p.  288. » 

Sotwel  y  Mibliof h.  Script,  Soc.  Jes.j -p.  397;  Bajle  ^  Ditt. 
crit.$  Joly,  JfJem.  surBayle^'ç.  57-,  Lipen,  Biblio^eca  Tkeol.y 
t.  II,  p.  56-,  Albert,  Dict.  des  Prédicateurs^  de  Linader6, 
Magnà  Bibliotheca  ecclès.^  p.  106. 

ADAM  (Pierre) ,  savais  helléniste ,  né  à  Wasîgny,  canw 
ton  du  Novion-Porçier,  florissait  dans  le  xvr*  siècle.  Versé 
dans  la  connaissance  des  classiques  anciens  ,  il<  donnait  \k 


/ 


âLA  1 1 

piriiféremBD  à  laocr^tjbe ,  regirâé  coimxlè  uiif  tuodèle  d'harmo- 
liiè,  et  classé  par  Photius  parmi  les  dix  orateurs  les  plus' 
câèBres  de  la  Grèce.  Il  a  fait  passer  datis  notre  langue 
qaelqiies  fragmens  de  ne  grand  rliéteur;  Sa  traduction ,  qui 
n  a  pas  été  inconnue  à  raU>é  Auger^  est  intitulée  :  Orai^ 
iak  panégyricfue  d' Isocraie  ^  en  l' assemblée  ^  (fui  se  fûUsait  à 
Athènes  _,  de  cinq  anç  eh  cinq  ansj  oh  est  décrit  le  gouner^ 
nement  d'une  république  ;  ensemble  le  des^oir  et  office  d'un  mon 
gisiràt^  plus  r exhortation  d'Isocrate  à  Demonic,^  touchant  le 
devoir  de  vii^re  civilement  j  selon  la  vertu  et  honneur  :  ensemble 
l'oraison  cohsuttoire  du  même  auteur^  faite  en  la  personne  de 
Nicoclès,  roi  de  Chypre  j  sur  le  devoir  des  sujets  envers  leur 
prince.  Jjjan^  Nie.  Bacq^uenois^  1^49»  ™^''*  (Du  Verdier, 
BiBliJr.  t,  III y  p.  aag.)  Gettp  date  indique  le  temps  où  il 
irisait ,  et  a-peu-près  belui  de  sa  mort.  C'est  tout  ce  cpie  nous 
en  côimaissons.  Nos  recherches,  pour  en  apprendre  davan- 
tage ^  ont  été  infructueuses.  ' 

ALARD  DE  GENILLI  (i).  Bernardin  de  Tabbaye  de 
Signy,  en  fut  élu  deuxième  abbé ,  suivant  de  Camps ,  en 
i  iâ6,  -éi  en  i  i6â  selon  les  auteurs  de  la  Gaule  chrétienne 
(i.  IX,  p;  3o6).  Il  abdiqua  la  dignité  abbatiale  en  i  i^S,  et 
mourut  peu  de  temps  après. 

On  lui  attribue  tme  chronique  de  Méaières,  Ckronicum 
MacoaiensCj  qui  compnence  à  Tannée, 86^  et  finit  en  ioi5. 
Gn  là  suppose  écrite  en  ri55,  dausTespèce  de  prologue 
c|[û'on  lit  al]^  commencement.  Elle  ne  méritait  guères  de  voir 
le  joui".. Néanmoins  dom  le  Long  Fa  fait  imprimer  en  1783 , 
parmi  les  pièces  justificatives  de  «on  Histoire  de  Laon  ^  p.  Sgî 
à  695  >  sur  une  copie  inexacte ,  et  où  il  manque  des  phrases 
airtières.  Nous  en  avons  acquis  k  certitude  en  la  comparant 
avec  une  expédition  authentique ,  qui  nous  a  été  communi- 

(1)   Dans  son  Histoire  citronobgique  des  abbés  de  Notre-Dame  de  Signy» 
infoL,  MSI,  qui  faisait  partie  de  la  bibl.  de  doiii  Brial. 


12  AL  A 

quëe  par  le  savant  dom  Brial;  expédition  faite,  le  3o  mars  1 768, 
sur  Foriginal  manuscrit  en  vélin  et  en  lettres  rouges  j  tiré 
des  archives  de  la  paroisse  de  Saint-Juvin ,  près  Grandprë , 
par  Louis  Albert  de  Pouilly,  seigneur  de  ce  lieu ,  lieutenant* 
colonel  de  cavalerie  au  régiment  de  Royal-Cravatte.  Nous 
ayons  traduit  en  français  cette  chronique  ^  après  avoir  tire 
une  copie  de  lexpëdition  faite  sur  l'autographe . 

«  C'est  un  écrit ,  remarque  dom  Brîal ,  qui  parait  fait  à 
))  plaisir,  et  peut-être  dans  Fintention  de  favoriser  de  folles 
»  prétentions  de  quelques  familles ,  qui  voudraient  faire  re- 
»  monter  à  des  temps  fort  reculés  Fillustration  de  leurs  an- 
»  cétres,  ou  de  ceux  dont  ils  possèdent  les  terres.  Il  n'y  a 
»  pas  de  matière  sur  laquelle  on  ait  été  moins  scrupuleux  de 
»  débiter  des  mensonges  que  sur  les  généalogies  *,  les  familles 
»  les  plus  illustres ,  qui  aiment  à  voir  leur  origine  se  perdre 
»  dans  Fobscurité  des  temps ,  et  même  des  nations  entières ,. 
»  n'ont  pas  toujours  été  exemptes  de  ce  reproche  -,  elles  ont 
»  leurs  fables ,  qui  leur  sont  aussi  chères  que  la  vérité. 

»  En  accordant  qu' Alard  soit  l'auteur  de  cette  chronique , 
»  ce.  qui  n'est  pas  dit,  on  voit  déjà  qu'il  rapporte  des  événe- 
»  mens  qui  s'étaient  passés  trois  cepts  ans  auparavant ,  et  qui 
»  auraient  besoin  d'un  autre  garant  que  lui-même.  Assuré- 
»  ment,  un  écrit  qui  nous  donnerait  des  lumières  sûres  sur 
»  tant  d'objets ,  sur  les  pays  Rémois ,  de  Gastrice ,  de  Stenai , 
»  de  Dormois,  de  Rhetel,  de  Château-Porcier,  serait  un  mo- 
»  nument  précieux  *,  mais  nous  ne  pensons  pas  que  la  chro- 
»  nique  dont  il  s'agit,  dans  son  entier,  soit  de  ce  genre.  A 
»  l'exception  de  deux  ou  trois'  traits  sur  Herlebalde^  comte 
»  de  Gastrice,  que  l'auteur  a  empruntée  de  Flodoard,  on  ne 
)>  voit  dans  presque  tous  les  autres  personnages  dont  il  est 
»  parlé ,  que  des  noms  parfaitement  ignorés  dans  l'histoire  -,  * 
))  tels  un  Garlaschusj  qu'on  iait  père  du  comte  Herlebalde , 
»  et  celui  de  Guéririj  dit  Fier-à-bras,  Ferreum-brachium ; 
»  tels  un  HucbaldiiSj  qu'on  dit  comte  de  Ghâteau-Porcier,  et 


AL  A  i3 

»  père  de  Frédéric;  un  Marcj  comte  de  Dormois ,  surnommé 
»  jPecfew5-|iorco^  (peigne-porcs)-,  un  Victor  de  Pouilly^sur- 
»  Meuse  (i),  un  Bcdikazarde  Rethel,  qu'on  ne  trouve  nom- 
»  mes  dans  aucune  histoire  ni  dans  les  chartes  connues. 
»  Quant  aux  mariages  qu  on  leur  fait  contracter,  nous  au- 
»  rions  besoin  d'un  meilleur  garant  pour  les  admettre.  En  un 
»  mot ,  tout  nous  paraît  supposé  dans  cet  ouvrage,  excepté  ce 
»  qui  a  rapport  au  comte  Hérlebalde^  auquel  Flodoard  as- 
»  signe  pour  domaine  le  comté  de  Castrice,  lieu  inconnu 
»  aiijourd'huî ,  mais  sur  lequel  on  peut  s  en  rapporter  à 
»  notre  auteur,  d  autant  que  dans  Flodoard  il  y  a  une  la- 
»  cune  considérable ,  immédiatement  avant  les  endroits  que 
»  1  auteur  a  empruntés  de  lui,  et  qui  peut-être  n'existait  pas 
»  de  son  temps. 

ï)  Il  dit  donc ,  qu'en  897  le  feu  du  ciel  réduisit  en  cendres 
»  le  château  et  le  bourg  de  Castrice ,  Castricii  domos  ;  et 
»  qu'en  699,  Herlebalde  construisit  un  nouveau  château  sur 
»  une  éminence  qui  domine  la  Meuse,. non  loin  des  ruines 
»  de  Castrice,  pour  se  mettre  à  labri  des  poursuites  de 
»  Foulques,  archevêque  de  Reims.  C'est  aujourd'hui  la 
»  ville  de  Mézières.  Voici,  selon  Tanteur ,  l'origine  de  ce 
»  nom.  En  creusant  les  fondations  de  ce  château,  on  dé- 
»  couvrit  dans  les  ruines  d'un  temple ,  l'image  d'une  idole 
»  appelée  Macer^  l'auteur  ajoute  que  le  culte  qu'on  lui  rcn- 


(1)  M.  de  Pouifly,  jalotiz  de  faire  remonter  sa  famille  à  des  temps  reculés, 
aTait  le  plus  ^and  intérêt  à  faire  connaître  la  Chronique  de  Mézières.  Aussi 
avons-nous  vemarqué  une  note  marginale  de  sa  main ,  mise  sur  l'expédition 
ci-^dessus,  portant  :  iLa  terre  de  Pouiily  fut  possédée  par  une  famille  du 
»  même  nom ,  qui  est  une  de  celles  de  l'ancienne  chevalerie  de  Lorraine. 

•  Elle  porte  pour  armes ,  d'argent  au  lion  d'azur  et  lampassé  de  gueules  ;  et 
»  il  parait  assez  vtaisemblable  que  le  temps  où  la  noblesse  a  pris  des  armes 

•  ,(en  936),  n'étant  pas  de  beaucoup  postérieur  à  celui  de  Victor  de  PouilIy, 
9  ses  descendans  en  ont  pris  qui  rappellent  l'action  de  Victor,  lequel ,  en  926, 
»  s'empara  dans  un  combat,  où  périt  Zuentibold,  d'un  bouclier  d'argent, 

•  portant  un  lion  sur  l'écusson.  •     * 


»  dait  autrefois V  cohsiétait  à  la  frapper  de  verges.  Cette  dé~ 
»  couverte  fit  donner  au  château  le  nopi  de  Mëzières ,  Ccts^ 
»  trum  Maceriaram.  Herlebalde  ùe  se  tint  pas  long-temps  sur 
))  la  défensive  *,  dès  l'an  gck)  il  fit  des  excursions  sur  les  terres 
»  de  révécbd ,  s'empara  dOuiont^r  et  peupla  son  château  de 
»  Méciènes  des  vassaux  de  Téglisede  Reims,  CasQtis,  L'é- 
»  véque  Hervé ,  successeur  de  Foulques ,  le  frappa  d'aua- 
»  thème ,  et  dès  Tannée  suivante ,  Tayant  réduit  apprendre  1& 
»  fuite ,  il  se  rendit  niaitre  du  château. 

»  Jusqu'ici  notre  auteur  est  d'accord  avec  Flodoard  ;  mais 
y»  Flodoard  ne  parle  ni  de  la, femme  ni  des  enfans  du  comte 
)»  Hçrlebalde ,  non  plus  que  des  alliances  des  autres  person- 
».  nages  ci-dessus  nommés.  Ce  qui  nous  a  Êiit  dire  que  cette 
»  Chronique ,  assez  décharnée  et  fort  peu  remplie  d'événe- 
»  mens ,  n'a  été  composée  que  daijs  le  dessin  d'y  fourrer  des 
»  généalogies.  INous  pourrions  conclure  son  peu  d'authen- 
»  ticité  des  anachronismes  et  des  solécismes  grossiers  qu'elle 
»  contient  en  grand  nombre.. Si  le  prétendu  Alard,  pour 
»  dégtiiser  la  supposition ,  a  crû  que  c'est  ainsi  qu'on  écrivait 
»  ail  xiï'*  siècle,  il  s'est  bien  trompé.  Quoiqu'en  général  les 
»  écrivains  d'alors  parlassent  assez  mal  latin,  ils  respectaient 
»  au. moins  les  règles  de  la  syntaxe*))  (^Hisf.  Uttér,,  t  XV, 
p.  597.) 

ALAYDON  {Jean- Baptiste)  y  né  à  Rethel,  le  19  avril 
1671 ,  de  Philippe  Alaydon,  marchand,  et  de  Claire  Lam- 
bert \  il  entra  jeune  chez  les  Bénédictins  de  Saint-Matir ,  et 
y  fit  profession  en  1687.  Elu  visitem*  de  la  province  de  Bre- 
tagne en  Ï726,  il  s'acquita  de  cet  emploi  avec  distinction, 
et  fut  élevé  trois  ans  après  au  généralat  de  cette  congrégatioii 
célèbre,  qui  a  laissé  de  si  chers  souvenirs.  Il  est  mort  à 
Saint-Germain-des-Prés ,  le  6  juin  lySS,  âgé  de  soixante- 
deux,  ans.  Ses  resljes  sont  inhifiÂ^s  dans  le  chœur  de  ïa  cha- 
pelle de  la  Vierge. 


ALO  r5 

.  A  une  grande  régularité ,  il  joignait  cette  gravité  dans  le 
maintien  et  cette  douceur  dans  Içs  manières  y  qm ,  en  faisant 
respecter  Télat  religieux ,  réconcilient  les  gens  du  monde 
avec  la  religion  elle-même.  Dom  Delvill^,  son  secrétaire",  à 
publié' une  circulaire  iû-4^  sur  sa  mort. 

M*  Jordan,  vice^président  de  Tacadémie  de  Berlin,  en 
parlant  de  notre  héoédictin,  se  sert  de  ces  expressions  :  a  II 
»  n'était  pas  fort  chaiçé  du  bagage  de  lantiquité.  En  exi- 
»  géant  Tacceptation  de  la  bulle  UnigêHitus  ^  il  allait  dans 
»  les  cellules  9  disant  à  ces  messieurs  :  allons  recet^oir  la 
»  bulle  ;  nous  en  ferons  pénitence  après*  »  {Hist.  d'un  voyage 
littér.j  p.  69*) 

Son  portrait  :  Robert^  pinx. ,  Poilly  se.  în-fol. 

ALOUETTE  {François  DE  L'),  seigneur  de  Vrigni- 
côurt  et  président  de  la  cour  sopiverâine  de  Sedàri ,  a  fait  trop 
d'bonneur  à  cette  ville ,  dont  il  fut  un  des  principaux  orne- 
mena ,  pour  ne  pas  trouter  place  ici. 

Il  naquit  à  Vertud  en  Champagne  (Marne)  vers  i5^b.  Ses 
premières  études  lui  rendirent  familières  les  langues  sa- 
vantes ,  qui  lui  frayèrent  dans  la  suite  la  route  de  Fhistoire 
ancienne  ^  où  il  se  rendit  babile  et  où  il  puisa  sans  doute  les 
mœurs  simples  et' antiques  dont  la  contagion  de  l'exemple 
ne  la  jamais  fait  départir.  L'étude  de  la  jurisprudence  civile 
et  canonique,  celle  du  droit  public  de  France  et  des  autres 
états ,  le  fixèrent  successivement  :  il  en  approfondit  les  ques^ 
lions  les  plus  épineuses  et  les  plus  ardues,  car  il  avait  senti 
que  la  meilletu-e  manière  de  se  rendre  digne  des  charges 
auxquelles  Tappelaît  sa  naissance,  était  de  s'instruire  de 
))onne  heure.de  tout  ce  qui  peut  en  faciliter  l'exercice. 

Il  ne  s'agissait  plus  que  de  se  livrer  à  la  pratique  de  la 
)urï9prudénce ,  pour  y  acquérir  toute  rexpériencê  que  donne 
l'usage  suivi  de  cette  profession.  On  lui  en  fournit  les  moyens 
en  le  nommant  bailli  du  comté  de  Véttus/ H  «succéda  dans 


i6  ALO 

cette  diarge  à  Claude  Raulet,  écuyer ,  seigneur  de  Vitry-la— 
Ville.  Ce  fut  vers  1 54o.  Depuis,  il  devint  conseiller  du  roi  et 
maître  des  requêtes  de  son  hôtel ,  et  il  fut  un  des  douze  ju*- 
risconsultes  que  le  prince  Henri  Robert  de  la  Marck  employa 
en  1 568 ,  à  la  révision  et  à  la  rédaction  de  la  Coutume  de 
Sedan j  formée  en  i53g.  Ce  prince  ayant  statué,  par' un 
édit  du  23  janvier  1 670 ,  que  le  bailli  de  Sedafii  jugerait  sou- 
verainement et  sans  appel ,  conjointement  avec  trois  associés 
du  conseil  souverain,  toutes  les  affaires  criminelles,  et  aussi 
toutes  les  causes  civiles  dont  le  capital  n'excéderait  pas  cin- 
quante livres,  F  Alouette  fut  un  de  ces  associés.  On  apprend 
de  Matthieu  de  Launoy  (i) ,  qu  il  était  président  de  ce  con- 
seil souverain,  en  1677.  ^  Nueil  occupait  cette  charge  en 
1 585  et,  1 587 ,  ce  qui  supposerait  que  T Alouette  Favait  abdi- 
quée pour  aller  vaquer  ailleurs  à  d'autres  fonctions.  Quoiqu'il 
en  soit ,  il  redevint ,  dans  les  premiers  jours  de  janvier  1 588, 
chef  de  cette  haute  magistrature,  et  il  y  fit  preuve  d'une  probitë 
inaltérable  et  d'un  cœur  droit,  et  se  montra  ferme  dans  ses 
résolutions,  qu'il  ne  prenait  qu'après  y  avoir  mûrement 
réfléchi. 

Cette  honorable  conduite  fut  appréciée.  L'académie  de 
Sedan  ayant  été  fotidée  en  1602 ,  le  prince  Henri  de  la  Tour 
lui  donna  rang  parmi  les  conseillers  modérateurs  de  cet  éta- 
blissement naissant.  Cette  charge  n'était  qu'honorifique, 
nul  salaire  n'était  attaché  à  l'exercice  de  ses  fonctions.  Il  y 
fut  utile  et  par  ses  conseils  et  par  son  exemple  *,  mais  il  n'eut 
pas  le  temps  de  faire  connaître  dans  cet  emploi  tout  ce  dont 
il  était  capable ,  étant  mort  dans  le  cours  de  cette  même 
année.  Sa  dernière  signature  portée  sur  le  registre  dû  conseil 
des  modérateurs  de  l'académie,  est  du  i3  juillet  1602.  Il 
signait  de  V Alouette  j  et  non  de  Lallouétte, 

Matthieu  de  Launoy,  qui  avait  pris  à  tâche  de  dénigrer 

1)  Danâ  sa  Défense,  publiée  eb  1577. 


ALO  17 

la  réputation  des  personnages  les  plus  illustres  de  la  reforme, 
a  répandu  sur  lui  la  plus  noire  calomnie,  en  avançaQt  que  , 
«  selon  les  plaintes  du  peuple ,  il  s'était  grandement  eorichi 
»  depuis  qu'il  avait  été  fait  président,  en  détournant  à  son 
»  profit  des  deniers  destinés  aux  pauvres  (i).  »  Mais  les 
libelles  sont  le  salaire  du  mérite  :  les  hautes  renommées  sont 
comme  les  hautes  tours  que  les  oiseaux  de  proie  infestent  de 
préférence. 

Nicolas  Guloteau  de  Velye ,  avocat  du  roi  au  présidial  de 
Châlons-sur-Marne  (2) ,  a  lu  une  notice  sur  la  vie  de  notre 
safant,  le  22  février  1763,  à  la  séance  publique  de  la  so- 
ciété littéraire  de  cette  ville.  EUe  n-est  point  dans  les  ar- 
chives de  cette  compagnie ,  et  nous  Pavons  en  vain  cherchée 
ailleurs ,  dans  le  dessein  d'en  profiter. 

Augustin  Callias,  professeur  en  droit  à  l'académie  de 
Sedan ,  a  couvert  son  urne  funéraire  de  ces  fleurs  : 

In  tumulum  CL  V,  F&angisgi.  Alaudani  ,  prœsidio  Sedanensis, 

Quo  ^alerita  polis  volitat  vicinior  altis 
Intégras  arguto  suavias  ore  melos , 
Prseses  Alaudanus  paritèr,  que  impensiùs  urgeht 

Fata  magis  Sophiae  ruia  magisque  coUt  : 
Donec  cygneâ  tandem  defectus  in  odft 

Transvolat  et  sedes  migrât  in  aethereas. 

Syiva  Il^niyster,,  p.  106. 

Ses  œuvres  : 

I.  Traité  des  nobles  et  des  vertus  dont  ils  sont  formés  ^  leur 
charge j  vocation^  rang  et  degré ^  des  mart/ues  ^  généalogies  et 
espèces  d'iceux^  de  V origine  des  fiefs  et  des  armoiries;  av^ec 
une  histoire  généalogique  de  la  maison  de  Coucy  et  de  Fernns 

(i)  Défense  de  Mathieu  de  Launoy,  naguère minUtre de^ la prèlendie^  religion 
réformée,  k  la  pag.  5a. 

(2)  Né  à  Reims,  mort  le  i4  mars  1765.  Il  a.rem porté  le  prix  de  racadémie 
des  inscriptions,  en  1740,  sur  les  Lois  de  Licurgue,  > 

TOME  I.  2 


i8  ALO 

en  Picardie,  Paris,  Robert  le  Magnier,  15^6,  in-S*^  y 
p;  aSa.  It.  Paris j  ibid. ,  i5y7,  in-4'*>  fol.  296.  Fontette 
fait  mal  à  prc^os  trois  ouvrages  de  ce  traite. 

II.  Oraison  et  harangue  funèbre j  à  V  imitation  des  anciens ^ 
pour  deupi  excellens  ches^aliers^  l'un  le  seignew  du  Biez  j  ma^ 
réchal  de  France  (i)^  Vautre  le  ségneur  de  f^erçinSj  messire 
Jacques  de  Coucy^  son  gendre  ^  gowemeur  de  Bùulongne  >  en 
immoire  de  leurs  héroïques  vertus j  é  témoniage  de  leur  innof 
cence ,  faicte  au  jour  que  la  déclaration  d'icelle  fut  publiée^  de 
Vordonnance  du  roi.  Contenant  V antiquité ^  origine  é  coutume 
des  pompes  é  magnificences  funèbres  j  lis  é  pièces  d'honneur  é 
du, cors  J  retenus  es  grandes  é  illustres  maisons  de  ce  royaume. 
Le  tout  doctement  é  curieusement  recerchéj  é  epttrait  de  toutes 
histoires  J  hébraïques  ^  grecques^  latines  é  fnnçoises^  Pariil, 
Jean  de  Lastre,  1678,  iii-4**j  fol*  3a.  Sous  le  nom  de  Jean 
Faluel,  dominicain. 

Baillet ,  dans  sa  Liste  des  auteurs  déguisés  ^  et  après  lui 
Placcius  dans  ses  Pseudonymes^  ont  démasqué  ce  Jean 
Faluél ,  et  substitué  à  son  nom  celui  de  François  de  TA- 
louette.  «  Cependant,  remarque  la  Monnoye,  puisque  Fa- 
))  luel  était,  en  son  temps,   un  célèbre  prédicateur,  les 

.  »  PP.  ijuétif  et  Echard,  jacobins,  dans  la  bibliothèque  des 
»  écrivains  de  leur  ordre  (t.  II,  p.  îî84)j  nie  paraissent 

o)  avoir  cru  avec  assez  de  vraisemblance  que  François  de 
»  rAlouette  pouvait  bien  avoir  fourni  des  mémoires  pour 
J)  cette  oraison  funèbre^  mais  que  le  corps  du  discours, 
»  les  figures  d'éloquence  ,  et  le  tour  de  la  composition 

(1)  Ou<istrd  de  Biez  et  Jacques  de  Coucy»  son  gendre ,  furent  condamnés 
à  mort,  le  second  en  i549  et  le  premier  en  i55i.  Leur  mémoire  fut  réhabi- 
litée ,  par  le  parlement  de  Paris ,  le  1*'  octobre  1575.  Mais  qu'eat-ce  l'arrêt  le 
plus  solennel ,  quand  l'inexorable  histoire  ne  le  confirme  pas  ?  Leur  oraison 
liinèbre  fut  proùoncée  à  Bcralogne-sar-Mer  le  14  juin  1578,  et  le  roi  Henri  III 
envoya  le  hérault  de  Valois  pour  y  assister  en  son  nom.  Voye^  sur  ces  desx 
ilinstieft  personnages ,  le  t.  II ,  p.  119  des  Méi«n^$  ^une  gr.  bibii&îh,,  par 
de  Faulmy. 


ALO  19 

»  -apparteiiaient  à  Jean  Faluel.  »  {No^s  sur  la  croix  du 

Maine. ^ 

III.  Généalogie  de  la maisonde  Ut  Mùrck,  en  Allemagne j, 
de  laquelle  est  issu  le  comte  de  Maules^rierj  che^lier  des  ordres 
du  roi*  Paris ,  Martin  le  jeune ,  1 584  ?  in-fol. 

I V»  Pes  maréchaux  de  Ftanoe  et  principale  charge  d'icmx. 
fiedan ,  Abel  Rivery,  1594,  in-4*'» 

V.  Epitapbium  Carolœ  à  Matckdj  Prindp.  Bullionensis  ^ 
aui6tore  F .  Laloetio ,  consiUario  regh  libelloruméfue  magistro  in 
prmiorioj  etprœside  Sedanensi  :  elle  est  împrinM^e  avec  sa  tra- 
duction française  ^  à  la  fin  da  Tombeau  de  Charlotte  de  la 
Marché  par  de  Nan^ières.  Sedan ,  1 594  5  in-4**  *,  et  sans  traduc* 
lion  à  la  suite  de  Foraison  funèbre  latine  de  eette  princesse , 
par  Toussaint  Berchet.  Sedan,  1694?  in-4*.  Nous  transcri* 
vous  cette  ëpitapfae  : 

Yixi  gloriosè ,  non  sine  invidtâ  : 
Faiistissimo  conjugio  nupsi ,  vitam  egi 
Et  augnivi  adolescentula  puerpera , 
Sèquuta fatum,  încJudorTttttRilo,  8«b  <(uo 
Exaresciint  ^àcryui9  et  aova  seritvr  vka. 

I 

Non  obii,  scdêméùêi  eùthniutavL 


Haari  de  Bourbon  y  duc  de  Montpensier,  tuteur  de  la 
princesse  Charlotte ,  avait  ^  par  acte  du  %  janvier  1 588 ,  éta- 
bli TÂlouette^  alors  président  du  eoAseil  souverain  de  Se- 
dan ,  son  proctureur  en  ladite  tutelle. 

VI.  Des  affaires  d' estât j  des  financés  du  prince  et  de  sa 
noblesse^  par  le  président  de  r Alouette ^  conseiller  du  roi 
e$ma\trè  des  reqmstes  en  son  kostel.  Paris',  s.  nom  d'impr. , 
1595,  in-8%  p.  «85.  (B4bL  Mas&ar.,  â8,i5i.)  ït.  Mett^  Jean 
d'Arras,  «697,  in*B%  p.  ^68,  2«  édit.  revue  par  Tauteur. 
(Bibl.  duroi,  E.  697.) 

On  lit  à  la  tête  de  la  2^  édition  (exempls^re  de  la  bibl.  du 
roi),  cette  note  manuscrite  :  «  Il  manque  dans  ce  livre  un 


2. 


^o  ALO 

»  discours  de  la  vraie  noblesse,  de  44'  pages,  de  mém^  ca- 
»  ractère  et  grandeur,  intitule  :  Eugeniaretilogiej  ou  discours 
))  de  la  vraie  noblesse  ;  le  tout  adressa  à  niessire  Alexandre  de 
»  Bournonville.  » 

Au  verso  du  frontispice  de  la-  T*  édition  on  voit  le  por- 
trait de  Fauteur  dans  un  médaillon,  gravé  par  un  ano- 
nyme. Autour  est  écrit:  F.  de  Laloete^  cons.  du  roi  et 
maistre  des  ra/.  or.  de  son  Ho.  Pr.  de  Sed.  Il  y  est  repré- 
senté revêtu  d'une  toge ,  laquelle  est  surmontée  d'un  collet 
de  batiste  plissée.  Sa- tête  est  chauve*,  sa  barbe  épaisse  des- 
cend jusqu'au  bas  de  la  pcùtrine.  Suit  une  préface  au  lecteur, 
laquelle  est  suivie  de  deux  pièces  de  vers  latins  à  la  louange 
de  Fauteur  et  de  son  livre  ;  par  Eusèbe  de  Gand ,  pasteur  de 
Féglise  de  Sedan. 

VII.  Impostures  d' impiété  j  des  fausses  puissances  etdofrù- 
nations  attribuées  à  la  bine  et  planètes^  sur  la  naissance ^  vie,, 
mœurs j  étas^  volonté j  et  conditions  des  hommes  :  et  choses  in- 
férieures du  ciel  y  par  le  président  de  V Alouette  j  conseiller  du 
roi  et  mmsire  des  requestes  en  son  kostel,  Sedan ,  Jacob  Sa- 
lesse,  1600,  in-4°>  p«  78,  rar.  (Bibl.  Maz.,  1 6,928)  -,  avec  deux 
épîtres  en  tête ,  Fune  au  chancelier  de  France ,  et  Fautre  à 
Elisabeth  de  Nassau,  souveraine  de  Sedan  (i). 

L'astrologie,  judiciaire ,  science  frivole ,  dont  on  ne  daigne- 
rait pas  même  réfuter  aujourd'hui  les  chimères ,  avait  alors 
de  la  vogue.  L'Alouette  qui  en  sentait  tout  le  vide,  et  qui  n'i- 
gnorait pas  qu'en  réglant  absolument  la  volonté  des  hommes, 
il  n'y  a  ni  bien  ni  mal  moral ,  puisqu'ils  ne  sont  plus  libres, 
exhorte  la  princesse  de  Nassau  à  «e  <(  rendre  la  terreur  des 
»  devins  et  insensés  esclaves  de  la  lune,  à  les  chasser  de 
))  ses  terres  et  principautés,  et  à  orner  son  académie  se- 
»  danoise  de  la  pureté  des  vraies  sciences  et  disciplines  »  : 

(1)  Elle  est  souBcritç  Franc  Ahudanut,  Ditioni»  et  principatùs  sedanensium 
jirincipis  et  Ducis  BuUomentis. 


ALO  51  f 

ce  qui  prouve  que  le  collège  de  Sedan  était  déjà  regardé 
alors  comme  une  académie,  quoiqu'elle  ne  fût  pas  encore 
définitivement  établie.  L'église  a  toujours  condamné  les  as^ 
trologues. 

YIII.  Juris  cis/iUs  Romunorum  et,Gallorum  nos^a  et  exqui- 
sita  traditio  duobus  UbelUs  descripta.  Sedan ,  s.  nom  d'impr., 
1601,  in-i6,  p.  108.  (Bïbl.  Maz.,  27,4^9.) 

La  dédicace  de  T Alouette ,  datée  de  Sedan ,  le  1 2  janvier 
160 1 ,  est  adressée  au  prince  Henri  de  la  Tour,  duc  de  Bouil- 
lon ,  auquel  il  c^re  son  livre ,  comme  le  fruit  d'une  vieillesse 
décrépite.  Suit  ime  lettre  de  Fauteur  à  ses  jeunes  fils  Robert 
et  Charles,  où  il  leur  dit  qu'à  l'exemple  de  Julius  Paulusj 
célèl^re  jurisconsulte  romain ,  il  leur  adressa  ces  élémens  de 
droit.  C'est  peut-être  prématurément ,  ajoute-t-il ,  mais  mon 
âge  caduc  m'en  fait  un  devoir.  Prœmaturè  fortassis^  sed  eo 
tempore  quo  et  per  œtatem  liceU  jEtas  enim  decrepita  qtue  me 
ad  extremum  vitiB  horizontem  perduxû  j,  nonpatitur  ut  hœc  et 
sindUa  mentis  conceptà  longiùs  differre  possim. 

Il  finit  cette  lettre  par  ces  paroles  remarquables ,  qui  té- 
moignent assez  que  de  son  temps  il  y  avait  déjà  de  ces  vau- 
tours judiciaires  tout  occupés  à  dévorer  la  fortune  de  la  veuve 
et  de  l'orphelin  :  De  litibus  enim  abolendis  et  solâ  equitate  jun 
dicandisj  quœrendum  estpotiîis  (fuàm  de  cousis  et  controi^ersiis 
protelandis^  quas  sordidse  mercis  negotiatores  adforensis  venon 
tionis  argutias  extendunt  et  prostituunt. 

IX.  Plusieurs  ouvrages  inédits ,  dont  on  peut  voir  la  liste 
dan9  la  Croix  du  Maine  et  du  f^erdiev;  le  premier  assure  qu'on 
retnarquait  dans  la  bibliothèque  de  François  de  l'Alouette , 
bailli  du  comté  de  Vertus ,  le  manuscrit  de  la  loi  de  Fervins 
au  pays  de  Thiérache  en  Picardie  j,  par  -Thomas  ^  seigneur 
de  Coucy, 

Fontettedit  (t.  II,  p.  ^^74  de  sa  BibL  Hist^  de  France) 
«  qu'il  ne  iaut  pas  confondre,  comme  l'a  fait  le  P.  le  Long 
»  dans  sa  table  (ainsi  que  la  Croix  du  Maine,  du  VerdieretMo- 


aa  AMB 

»  réri),  le  prëdident  de  TAlcmette,  avec  François  F  Alouette^ 
))  bailli.de  Vertus,  qui  a  &it  plusieurs  ouvrages  généalo* 
M  gicpies*  y»  Je  crois  quQ  c'est  une  erilsur  de  plus  dans  la  JSi^ 
bliothéque  Hùt.  de  Fontette,  où  d'ailleurs  les  n"*  4  ®*^  s^w- 
leniient  sont  attribués  au  président  de  T Alouette»  Le  Trùité 
des  Nobles j^édî\àon  iùr9''y  est  sous  le  nom  du  ptésident  \  Fd- 
dition  in-4*'  porte  celui  du  bailli  de  Vertus  :  d'où  je  conclus 
qu'il  y  a  identité  eutte  te  président  et  le  bailli.  Pourquoi  donc 
Fontette  veut-il  les  distinguer,  safis  toutefois  apporter  de 
preuves  à  l'appui  de  son  opinion  ? 

Le  P*  Norbeort parle  d'un  Gaspard  de  l'Alouette^  nommé 
conseiller  garde^cel  du  bailli^ei  et  siège  présidial  de  Sedan 
en  i66a. 

La  Groix  du  Maine,  BM*  française,  1. 1 ,  p.  200  et  49'  ^ 
du  Verdier^  1. 1,  p.  601  -,  Begistrea  des  modér*.  de  l'aead.de 
Sedan}  P-  Norbert j»  ffisU  €hrom  de Sedan^ «na.  1 570^  i5d5^ 
1583,  i6oa*)  Moréri^Fcmtette^iti^/.^isf.^t.  Il,  p.6^  t.III^ 
p.  673, 677,846*)  Annuaire delaMame^nxi xii  ^  i8o3,  p.35. 

AMBLY  (IUgnault  D'),  le  premier  seigneur  de  oe  nom 
dont  on  ait  une  particulière  Connaissance,  né  dans  le  Rethe^ 
lois  vers  l'an  1220,  était  connétable  de  Bourgogne.  Le  di|c 
de  ce  nom.  voulant  seconder  saint  Louis  dans  l'une  de  ses 
ei^péditions  d'outre-mer,  donna  la  principale  conduite  de 
ses  troupes  à  Regnault,  qui  rendit  son  nom  glorieux  et  il^ 
lustre,  dans- un  combat  naval  qu'il  livra  aux  Sarrasins,  et 
qu'il  défit  Gomplettemeott,  malgré  les  vents  contraii^es  et 
une  furieuse  tempête  :  Ce  triomphe  lui  mérita  d'être  sui^ 
nommé  Engoncent  par  saint  Louis  y  pour  marquer  à  sa  po^ 
térité  sa  valeur,  sa  conduite ,  et  son  habileté  dans  la  science 
nautique.  Peu  de  temps  après  cette  expédition ,  il  obtint  le 
droit  d'usage  dans  la  foret  d'Omont,  située  près  d'Ambly, 
pour  lui  et  ses  successeurs»  Il  avait  épousé  N...«  de  Cuilly, 
dont  il  eut  Pérard  et  Clerambault.  Outre  la  terre  d'Ambh> 


il  possédait  enccNfe  celles  de  Malmy ,  d'Olizy,  d'Ëcharaon , 
de  Sault,  Pertbes,  Marquiguy,  P^rrier,  Yendresse,  etc. 
(Cet  art,  et  le  suiv,  sont  extraits  du  Diction,  de  la  Noblesse  j 
par  la  Gfaesnaye  des  Bois ,  t.  IX ,  p.  386.) 

AMBLY  (Rbgnaudin  D'),  troisième  du  nofei,  et  petîtr- 
fils  du  précédent,  était  maréchal  de  camp  des  armées  de 
Louis  II,  comte  de  Flandres  et  de  Rethel.  Louis  ayant  à 
combattre  les  Flamands ,  soutenus  par  les  Anglais ,  nomma 
Regnaudin  Tun  des  chefs  de  son  armée  nayale.  Quoique 
Torage  qui  agitait  les  vaisseaux  lors  du  combat  fut  extrême , 
et  que  le  ciel  et  la  terre  semblassent  être  animés  contre  kdj 
ainsi  que.  le  témoignent  les  chroniques  du  Rethelois,  ïk 
manœuvra  si  habilement  qu'U  défit  successivement  et  le 
même  jour  les  deux  ennemis  avec  lesquels  il  se  mesurait,  et 
qu  il  ramena  à  bon  port  son  armée  navale.  En  reconnaisr- 
sanee  de  ce  service,  il  fut  surnommé  Engoids^entj  comme 
son  aïeul*  II  rendit  foi  et  hommage  pour  sa  terre  d^Ambly , 
mouvante  en  plein  fief  de  la  châteUenie  d'Omont,  le  di- 
manche après  la  saint  Martin  d'hiver ,  Fan  1 3a3 ,  à  la  com- 
tesse de  Nevers.  Il  avait  éppusé  Marie  de  Halwin ,  dont  il 
eut  un  fils  et  deux  filles. 

La  famille  d' Ambly  a  fitit  des  alliances  avec  les  maisons 
les  {dus  illustres  de  France ,  et  a  produit  des  officiers  dis- 
tingués. On  remarque  panni  eux  :  i""  François  d'Ambly, 
marquis  des  Ayvelles,  capitaine  dans  le  régiment  de  la 
Ferté-Senneterre  en  i653 ,  blessé  aux  sièges  de  Béfort  et  de 
Thann*,  2°  Frauçois  d' Ambly ,  écuyer,  gouverneur-général 
des  terres  souveraines  de  Ghâteau-Regnault ,  sous  le  gouver- 
nement du  duc  de  Guise ,  surnommé  le  Balafré '^  3°  François 
Salomon  d'Ambly ,  né  le  4  décembre  1 70 1 ,  tué  à  la  bataille 
de  Dettingen  en  1 743  *,  4""  «  Jacques  Brulard ,  marquis  d' Am- 
»  bly,  gouverneur  de  la  ville  de  Reims ,  lieutenant-général 
»  et  cordon  rouge ,  député  de  la  noJ^lesse  de  Champagne  aux. 


24  ANC 

»  états-gënéraux  en  17B9.  Il  adhéra  aux  protestations  faites 
))  par  son  ordre  lors  de  la  communication  des  pouvoirs ,  en 
»  juin  de  la  même  aimëe.  Le  7  août  suivant,  lors  de  la  dis— 
»  cussion  sur  le  droit  de  chasse ,  il  demanda  que  le  port 
»  d'armes  fût  attaché  à  la  possession  d  une  certaine  portion 
»•  de  terres.  Dans  une  autre  occasion,  ayant  proposé  d'exclure 
»  de  rassemblée  tout  député  calomniateur ,  il  provoqua  en 
»  duel  Mirabeau ,  qui  repoussait  cette  motion  comme  inju- 
»  rieuse  au  corps  des^  représentans.  Il  continua,  en  1790, 
»  de  se  montrer  partisan  des  principes  dé  la  monarchie  \ 
»  s'éleva  contre  Robespierre,  qui  demandait  l'égalité  poli- 
»  tique ,  s'opposa  vivement  à  la  destruction  des  titres  et  des 
»  armoiries.  Il  présenta,  le  3o  juillet,  ses  vues  sur  le  plan 
»  d'organisation  de  l'armée.  Le  7  août,  il  invoqua  la  pour- 
m  suite  des  événemens  des  5  et  6  octobre ,  sans  égard  pour 
»  les  députés  qui  y  étaient  impliqués.  Lors  de  la  fuite  du  roi 
»  et  du  décret  du  21  juin  1791 ,  qui  ordonnait  le  renouvelle- 
»  ment  du  serment  civique ,  M.  d'Ambly  monta  à  la  tribune 
yi  et  prononça  ces  paroles  :  Je  suis  fort  âgéj  façais  demandé 
»  à  être  employé^  et  f  assois  été  mis  sur  la  liste  des  Ueutenans- 
»  généraux ,  mais  j  ai  été  rayé  par  les  Jacobins  qui  ont  sub^ 
»  ^titué  à  ma  place  M.  de  Montesquiou,  Je  suis  vieux  ^  cela 
»  m'est  égal  ;  ma  patrie  est  ingrate  en\fers  moij  je  jure  de  lui 
»  rester Jidèle,  Il  quitta  ensuite  la  France,  et  servit,  malgré 
»  son  âge ,  dans  des  corps  d'émigrés.  Un  de  ses  neveux  fut 
»  tué  à  Farmée  de  Condé.  »  {Biographie  moderne.^ 

La  généalogie  de  la  famille  d'Ambly  est  rapportée  par 
d'Hozier ,  t.  I  du  Nobiliaire  de  Champagne. 


ANCELIN  {Michel)  était  de  Rethel ,  où  l'on  peut  supposer 
qu'il  naquit  vers  l'an  1 556.  Il  fit  ses  premières  études  à  Reims 
et  sa  philosophie  au  collège  d'Harcourt ,  à  Paris  (  i  ) .  Admis  au 
rang  des  docteurs  en  théologie  de  la  faculté  de  cette  ville ,  il 

(i)Morel,  Lyira  Pieciri  Horatiani  y£mula ,  pag.  i4. 


ANC  25 

manifesta  tant  de  sav<^r  et  de  pieté ,  cpi'on  crut  devoir  ré- 
compenser son  mérite  en  Télevant  à  la  dignité  de  grand- 
pénitencier.  On  lui  donna  ensuite  Tarchiprêtré  et  la  cure  de 
la  Madelaine ,  qu  il  gouverna  jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière.  Le 
poète  Jean  Morel  nous  apprend,  dans  la  dédicace  de  sa 
Lyre  (i),  qull  la  termina  au  mois  d'octobre  1607 ,  ^*  dans 
une  ode  (2),  où  il  déplore  amèrement  cette  perte ,  il  nous 
dit  que  ce  fut  à  Rethel  : 

Quld  nuntiatur  ?  quae  mihi  ferrea 

Vox  tundit  anres  f  qaae  mûerum  enecat , 

Gaedit  perculsum  l  jineciinus 

Mortuus  occidit ,  jiruelinut» 
Qai  tantùm  amabat  te  ^  Pyladem  meum 
Nunquam  révises ,  de  patriis  focis  (3) 

Nanquam  revertet  :  qu6  sinistrft 
Heai  volucri  fuerat  profectus. 

L'attachement  de  Jean  Morel  pour  Michel  Ancelin  son 
compatriote,  éclate  dans  sa  Lyre,  lî  y  adresse  six  odes  à  cet 
intime  ami  (4)?  et  Y  y  signale  comme  un  homme  très  éloquent , 
qui  5  s'élevant  au-dessus  de  son  siècle,  avait  su  débarrasser  la 
théologie  des  épines  de  la  dialectique,  pour  la  revêtir  de 
toutes  les  richesses  de  Télocution  : 

Hune  apud  Bhemos,  utriusque  genteni 
Novi  ego ,  paul6  senior,  benignis 
Ora  tingentem  fluviis,  quot  aies. 

Ungula  prompsit. 
Jam  perezantem  Giceronis  hortos  : 
Plurimum  sicut  Taga  per  laborem 
Artifex  mellis  populatur  ore 

Florea  rura. 

(1)  Michael  jineelinus,  dimidium  quondam  anims  mes,  cuius  etniortem 

nuper  acerbissimam  flerisse  te,  haudqnaquam  dubito E.  Museo  nostro 

Khemensi.  Idibus  octobris  M.  D.  G.  VII. 

(a)  Pag.  2S2  de  Lyra. 

(5)  E  Ratiro  oppido  g,  Rethei. 

(4)  Pag.  54  à  44. 


î6  ANC 

if  arcu9  Latini  cultor  est  et  iofrequtes 

Nitoris,  ut  vulgù  ferunt , 
Thomista  quisquis  est  bonus  :  qui  vel  sacra». 

Gaudet  doceri  pa^nas. 
At  Aneeiinu*  dootam  inelegantiaiB 

YestiTÎt  auro  et  purpurilt  : 
Verborum  honores  splendidos  Sorbonica 

Oeduxit  ad  subsellia  : 
Galigî^osft  nocte  conditum  seotum  .    . 

Atrâque  perlituçi  pice 
.   Lustravit  orto  ut  sole  :  shyngemque  hoiridanv 

Farcit  lepore  et  gratiâ, 
Page^y, 

L'on  voit  dans  Moréri  (i),  qu'Ancelîn  reçut  en  i  SgS,  étant 
cur<5  de  la  Madelaine-,  labjuratîon  du  cëlèbre  Antoine  le 
Clerc ,  sieur  de  la  Forest ,  natif  d'Auxerrç ,  connu  par  plu- 
sieurs ouvrages. 

Pierre  Valens  y  professeur  de  grec  au  collège  de  France  , 
lui  adressa  la  pièce  suivante  :  «  Gratiarum  actioj  nomine 
»  amplissimi  rectoris  j  Jrancissi  higolvii^  etacadenUœ^  in  œde 
»./).  Stephanij  suppUcationis  die  habita ^  ad  virum  sapien- 
»  tissimian  Mickaèlem  Ancelinunij  S.  theoL  doctorenij  et  aca- 
>)  demiœ  procancellariwn,  Parisiis,  1606,  in-8°,  p.  11.  » 
'C'est  un  remerciaient  à  Ancelin^  pour  avoir  cëlëbrë  la  messe 
en  cette  occasion ,  lequel  prouve  qu'il  était  alors  vice-chan- 
celier de  l'université  de  Paris.  Nous  ne  connaissons  du  doc- 
teur  Ancelin  qu'un  sonnet  et  douze  vers  latins ,  imprimés 
à  la  tête  de  Y  Histoire  métropolitaine  de  Reims  ^  traduite  de 
Flodoard,  par  Nicolas  Chesneau,  de  Tourteron.  (^Reims  j 
1 58o,  in-4^.)  Nous  transcrivons  ici  ces  derniers  : 

Benepolo  Lectori  Michael  Ancelin,  Retelinus ,  de  Historiâ  Floardi 
donatd  a)ernaculo  sermone,  per  Nicolaum  Qùercubim. 

Aurea  Priscorum  vèrè  cur  secla  fuerunt , 
Usée  autem  veniunt  ferrea  nostra  m  agis  ? 

(1)  Édit.  de  1769,  art.  ie  Clerc  de  la  Foresl, 


ANC  %^ 

Red4a  cihos  «nnîs  nostriB ,  raendasque  priores , 

Et  subito  faciès  altéra  rébus  erit.  * 
Posthabitis  epulis  virebat  glande  vetustas  : 

I^escîa  curandae  prisca  Juven  ta  cutis. 
S^tiptonmi  illecebras  qaîs  non  hoc  tempore  quaerit  f  v 

Iflta  quidem  tnultos  perdidit  inglnTies. 
Lectio  quaerenda  imprimis  quK  frugis  abondât  : 

Quaeqne  animes  sanat ,  forinat  et  egregios. 
Qualis  ea  est  noster,  qvam  pradens  Qaereulus  edit 

Snb  fila  sanctae  nanter  Historiae. 

Noofi  apprenons  de  Marlot  (i)  que  Jean  ^ncetin^  docteur 
en  droit  ciyil  et  canon  ^  grand  pénitencier  et  chanoine  de 
Reims  ^  et  Michel  ÀnceUn^  professeur  de  philosophie  dans 
Funiversiië  de  cette  ville,  en  étaient  recteurs  en  1578.  Us 
étaient  apparemment  de  la  famille  de  notre  archiprétre.  On 
apprend  de  Grosley  ({u^un  Jean  Anctlin  composa  des  qua- 
trains qui  accompagnaient  des  tableaux  servant  d^omemens 
à  Téglise  de  Saint-Nicolas  de  la  ville  de  Troyes.  Ce  poète , 
qui  âorissait  vers  1 55o ,  était  peut-^étre  le  même  que  le  cha- 
noine dé  Reims.  {^Mémoires  sur  les  Troyens  célèbres^  t.  II, 
p.  271..) 

ANGECOURT  ou  ANGECORT  {Pierre,  on  Perrin), 
gentilhomme  champenois,  grossit  la  liste  des  trûubadours 
ou  trouvères  du  xii"  siècle ,  regardés  avec  raison  comme  les 
pères  de  la  poésie  moderne.  Le  surnom  à'Jlngecourt  qui  lui 
futdoiiné,  marque  assez  qu'il  naquit,  vers  1 172  ,  à  Ange- 
court,  village  situé  dans  le  canton  de  Raucourt.  Attaché  à 
Charles  d'Anjou ,  ifrère  de  saint  Louis ,  il  vécut  long-temps 
à  Paris,  où  il  fit  quantité  de  chansons*  La  plupart  sont 
adressées  à  une  belle' Parisienne,  des  rigueurs  de  laquelle  il 
se  plaint ,  et  que  toutefois  il  préfère ,  dit-il ,  aux  faveurs  de 

(1)  Met.  Rem,  Hist,,  t.  II ,  p.  801  et  80s. 


28  ANG 

toute  autre.  «  On  Taccuse  cependant  d^avoir  été  fort  incon- 
»  stant  en  amour ,  et  de  s'être  Kvrë  jusqu'à  Texcés  à  toutes 
»  les  voluptés  dont  Paris  était  dès-lors  le  rendez-vous.  Ce 
»  qu  il  y  a  de  certain ,  c'est  qu'il  vante  partout  l'amour  hon- 
»  néte,.  mais  il  y  a  loin  des  principes  à  la  pratique ,  et  plus 
»  d'un  libertin  a  fait  de  bonne  foi  l'éloge  de  la  vertu.  »  (De 
Longchamps,  Tableau  histor.  ^  t.  6,  p.  268.)  . 

Fauchet  s'exprime  ainsi  sur  notre  troubadour  Ardennois  : 
«  Perrin  d'Angecort  semble.,  par  sa  première  chanson ,  dire 
)Lque  sa  mie  fut  de  Paris,  où  il  séjoutnait  pour  l'amour 
»  d'icelle,  ainsi  que  le  monstre  sa  quatrième.  Il  faisoitdes 
))  chansons  pour  autniy  *,  car  en  la  sixiètne ,  il  introduit  une 
)»  dame ,  qui  dit  ne  se  vouloir  marier ,  ains  aimer  toute  sa 
»  vie.  La  onzième  et  la  vingt-septième,  adressées  au  conte 
»  d'Anjou,  découvrent  le  temps  qu'il  a  vescu.  Car  je  tiens 
»  pour  certain ,  que  ce  fut  Sous  Charles ,  frère  de  saint  Louis; 
»  depuis  roy  de  Naples.  Par  la  quinzième,  il  prie  un  Phi- 
)»  lippe ,  demourant  à  Paris ,  et  l'adjure  : 

S'onque  ama  loyaument , 
Pour  Dieu  qu'il  n'en  recroye  mie  : 
Mes  tousiours  aim  que  l'en  die , 
Car  amor  fait  valoir  la  gent. 

»  La  dix-septième  est  adressée  à  un  Mignot.  La  dixième 
»  monstre  qu'il  n'estoit  guières  loyal  à  s'amie ,  et  se  fourroit 
»  où  il  pou  voit  ;  c'est  pourquoi  je  ne  puis  croire  ce  qu'il  dit 
»  en  la  vingt-deuxième  : 

Souffrir  loial  pénitence 

Me  semble  plus  bon , 
Qu'avoir  par  décevance 

Ne  par  trahison , 
Amie,  faucc  druerie  (1) 
Sans  savor,  ont  li  tricheor, 

(1)  Fausse  amitié. 


AISO 

Qu'il  conquière  par  pUidier, 
Telle  joie  ne  ni  a  mestier, 
Du  pourchassier  ;  n'ai  ja  pouvoir 
J'aim  mieux  languir,  que  fausse  joye  avoir. 


«9 


»  La  qaatrième  le  nomme  par  son  nom ,  et  par  la  vingt- 
»  deuxième ,  il  semble  que  son  habitation  fut  en  province  : 
»  possible  comme  serviteur  dudit  conte  d^ Anjou ,  qui  en 
»  épousa  rhéritière.  Toutefois  ce  mot  à!Angecort  me  fait 
»  soupçonner  qu'il  fut  Champenois^  pour  ce  que  le  dialecte 
1)  de  ce  païs ,  est  de  dire  cort  pour  cotai: ^  Angecort  pour  An- 
»  gecourt,  {Origine  de  la  poésie  Jrançoise,)  • 
•  Perrin  d'Angecourt  mourut  en  Provence ,  à  la  cour  du  roi 
de  Naples-,  l'abbë  MillotTa  oublié  dans  son  Histoire  littéraire 
des  Troubadours.  Ses  poésies  sont  inédites.  Le  MS.  de  Paul- 
my  est  à  la  Bibl.  de  T Arsenal-,  il  contient  vingt-quatre 
chansons.  Celui  de  la  Vallière  n  en  contenait  que  vingt- 
trois.  Fauchet  en  cite  vingt-sept i  De  la  Borde  n'en  connais- 
sait que  vingt-six  ;  il  en  a  inséré  une  dans  le  t.  II,  p.  1 5 1 ,  de 
son  Essai  sur  la  musique  :  c'est  une  pastourelle  assez  gail- 
larde, en  cinq  couplets.  Les  autres  chansons  de  notre  poète 
ne  sont  point  parvenues  jusqu'à  nous.  Il  y  en  a  sept  à  la 
Bibl.  du  roi,  parmi  les  MSS.  de  Cangé,  in-8**  rel.  en  mar. 
bleu ,  où  l'on  trouve  aussi  une  chanson  de  la  Chievre ,  une 
de  Gobin,  et  trois  de  Robert,  troubadours  de  Reims.  Mas- 
sieu  a  mentionné  d'Angecourt,  p.  i52  de  son  Histoire  de  la 
poésie  française. 

ANOT  (Pierre  Nicolas) j  docteur  en  théologie,  et  un  des 
meilleurs  homihes  dont  l'Ardenne  puisse  s'honorer ,  vit 
le  jour  à  Saint-Germainmont,  canton  d'Asfeld,  en  1762. 
Après  s'être  distingué  dans  ses  études,  qu'il  fit  à  Reims,  il 
ne  balança  pas  sur  le  choix  de  son  état.  Il  se  voua  tout  en- 
tier à  l'enseignement  public ,  devint  sous-principal  du  col- 
lège de  cette  ville,   et  consacra  les  loisirs  que  lui  laissait 


3o  ANO 

cette  place  ;  à  la  culture  de  THistoire,  vêts  laquelle  son  pen- 
chant Fentraînait. 

Arraché  à  ses  fonctions  en  i'jgif  il  se  chargea  de  Tëdu- 
cation  du  jeune  Malfilâtre ,  chevalier  de  Malte ,  qu'il  accom- 
pagna dans  cette  île.  De  retour  à  Reims  en  17999  iHut 
nommé  vicaire  de  la  cathédrale.  En  1802,  il  publia  une 
relation  de  ses  voyages  dans  les  pays  étrangers  qu'il  avait 
parcourus  durant  son  émigration.  Cet  essai  »  couronné  de 
succès ,  fut  suivi  d  autres  productions  historiques  aussi  &vo- 
vorahlement  accueillies.  L'auteur  aurait  pu  en  grossir  le 
nombre  ;  mais  renfermé  dans  le  cercle  de  ses  dev<Hrs ,  le 
ministère  qu'il  exerça  pendant  vingt  ans  l'en  empêcha. 

Plein  de  zèle,  doué  d'une  âme;active,  rien  ne  lui  palais- 
sait  au-deèsus  de  ses  forces.  Direction  ^soii^  des  malades  et 
des  pauvres,  consolation  des  affligés^  catéchistne,  prédis- 
cation,  il  embrassait  tout  9  et  si  les  jours  ne  suffisaient  pas 
pour  remplir  ses  vues,  il  y  joignait  le  travail  de  la  nuit^ 
afin  de  les  acccHuplir. 

Les  prisonniers  surtout  attiraient  son  att^tion  et  sa  sol** 
Ucitude*,  il  les  visitait  souvent,  les  édifiait  par  ses  discours, 
les  consolait 9  essuyait  Ieiu*s  larmes,  et  parvenait  ainsi  à 
soulager  leurft  peines,  à  diminuer  le  poids  de  leurs  maux» 
Au  mérite  de  ces  soins  tendres  et  touchans,  il  ajoutait  des 
secours,  destinant  à  cet  usage  une  partie  de  son  revemu. 
Cette  noble  sollicitude  est  d'autant  plus  remarquable  que 
son  objet,  sans  faste  et  sans  éclat,  ne  peut  intéresser  l'a-* 
mour-propre  de  celui  qu'elle  porte  au  bieni 

D'un  accès  facile,  se  faisant  tout  à  tous,  Anot  ne  trouvait 
rien  d'impossible,  lorsqu'il  s'agissait  de  se  rendre  utile  à 
l'humanité ,  ou  d'obhger  ses  semblables,  de  quelque  eondi* 
tion  qu'ils  fussent.  Aussi  9  les  acclamations  du  riche  et  les 
bénédictions  du  pauvre  le  suivaient  partout.  Telle  est  la 
force  et  la  puissance  de  la  charité,  de  la  douceur  et  de  la 
bonté,  qui  formaient  le  fond  de  son  caractère.  Ses  maaières 


ANO  3i 

ëtaieut  siir^lçs,  et  souvent  même  cette  simplicité  dëgéaé^ 
r«it  en  négligence ^  ce  cpày  loin  de  lui  nuire,  ne  servait  qu^à 
fidre  resscKrtic  la  supâîoritë  de  son  mérite. 

Joignant  à  une  mémoire  heureuse  une  grande  facilité  de 
travail,  il  ne  se  bornait  pas  aux  instructiotis  fiimilières  exigées 
par  son  ministère  :  il  cultivait  Téloquentie  sacrée  avec  succès. 
Toujours  officieux  y  toujours  prêt,  lorsqu'il  s'agissait  de  pro- 
noncer des  discours  dans  les  £âtes  solennelles  on  dans  les 
cérémonies  publiques,  il  y  apportait  cette  ardeor  qu'on  ne 
montre  d'ordinaire  que  pour  la  réussite  de  ses  propres  entrer- 
prises.  U  tenait  lieu  de  plusieurs  orateurs,  et  c'est  surtout  de 
lui  qu''on  peut  dire  qu'il  avait  l'art  de  se  multiplier.  Appelé 
par  la  voix  publique  à  la  direction  de  l'assooiation  de  la 
Providence,  il  composa  un  grand  nombre  d'instructions 
pour  cette  société  pieuse.    . 

n  pouvait  jouir  pendant  quelques  années  d'un  repoa  qu'il 
avait  bien  mérité,  quand  il  fut  otommé  chanoine  de  la  cathé- 
drale, en  i8as  y  mais  il  ne  tarda  pas  à  ressentir  les  funestes 
effets  d'un  travail  trop  assidu  :  sa  $anté  s'alié»  sensiblement, 
et,  après  w^  longue  maladie,  il  expira  le  23  octobre  i8a2, 
aimé,  chéri,  respecté  de  tous,  autant  par  ses  vertus  éini- 
nentes  que  par  l'aménité  de  ses  mœurs  et  son  grand  esprit 
de  tolérance.  Sa  mort  causa  les  plus  justes  regrets  :  ils  sont 
consigtiés  ar^c  ime  effusion  de  cœur  admirable  dans  son 
éloge,  prononcé  à  T Association  de  la  Providence,  par 
M.  l'abbé  Macquart,  son  ancien  élève.  Le  président  San- 
negou,  dans  son  discours  d'ouv^ture  des  assiites  de  la 
Marne,  session  de  novembre  idaa^  a  également  célébré  sa 
mémoire.  Anot  s'était  rendu  digne  de  cette  espèce  de  culte 
par  une  vie  irréprochable  et  toute  tissue  de  bonnes  œmVres. 

ë 

ê 

Ses  œuvres  : 

I.  Les  deux  f^oyageursj  ou  Lettres  surJa  Belgùfue^  h 


32  ANO 

Hollande  y  V  AUenuxgfie  ^  la  Pologne  j  la  Prusse  ^  V  Italie^  la 
Sicile  et  Malte  ^  écriteis  selon  l'ordre  des  temps,  Paris  ^Blan- 
chon,  1801,  2  vol.  ia-ia,  avec  F.  Malfilâtiie,  son  aacien 
âève; 

II.  Oraison  junèbre  de  Louis  XVI*  Reims ,  Brigût  ,18149 
m-4''. 

III.  Annales  du  Monde j  ou  Tableaux  chronologiques, 
qui  présentent  :  i^  la  naissance^  les  progrès,  les  réi^ylations  et 
les  démembremens  des  empires,  la  date  du  règne  des  souve- 
rains jusqu  à  i'an  1816  ;  2^  le  temps  où  ont  vécu  les  hommes 
les  plus  célèbres  $  3°  un  précis  des  principaux  Jaits  qui  apparu 
tiennent  à  l'église  j  et  des  éi^énemens  rdaJdJê^  à  l'histoire  des 
empires,  Paris,  Egron,  18 16,  gr.  in-fol.,  p.  36.  C'est  une 
réimpression,  avec  des  augmentations  considérables,  du 
Guide  de  l'Histoire,  ou  Annales  du  Monde,  depuis  la  disper- 
sion des  hommes  jusquen  f  80 1 . 

lY.  Tableau  de  l'Histoire  unis^er selle,  ouvrage  qui  sert  de 
texte  et  de  développement  aux  Annales  du  Monde,  ou  Ta- 
bleaux chronologiques,  Paris,  ibid,,  18 17  à  1822,  6  vol. 
in- 12.  ^• 

V.  Discours  prononcés  dans  les  assemblées  de  l'association 
de  la  Proçidence,  établie  à  Reims,  Reims,  Delaunois,  1823, 
2  vol.  in-i2. 

Plusieurs  de  ces  discours  avaient  été  publiés  en  1821, 
22  et  23.  On  y  remarque  du  feu  et  de  Famé,  une  logique 
forte  et  pressante,  mais  trop  d'antithèses.  La  peinture  que 
Torateur  fait  de  nos  mœurs,  prouve  quil  connaissait  le 
monde;  le  zèle  ardent  qu'il  met  à  confondre  les  mécréans 
est  toujours  tempéré  par  une  charité  compatissante  qui  leur 
tend  la  main  pour  les  ramener  à  Dieu. 

Il  n'a  manqué  à  l'orateur  qu'une  voix  sonore ,  et  ces 
grâces  extérieures  dont  les  meilleurs  discours  ne  peuvent 
être  destitués ,  sans  perdre  auprès  du  grand  nombre  des  au- 


ARG  33 

^iteurs,  une  paii;ie  de  leur  mérite.  Ce  nest  pas  que  son 
action  manquât  d'âme  et  de  feu  -,  mfàs  elle  n'était  pas  accom- 
pagnée de  ce  don  de  plaire ,  auquel  lart  ne  supplée  point 
quand  la  nature  Fa  refusé. 

ANS  ART  {Louis  Joseph  Auguste).  Un  domicile  de  trente- 
six  ans  à  Grandpré ,  et  plus  encore  le  bien  qu  il  y  a  fait ,  ^'ont 
naturalisé  dans  les  Ardennes.  Né  à  Aubigny,  arrondisse- 
ment de  Saint-Pol  (Pas-de-Calais),  le  a8  mai  i*]^%y  il  entra 
et  fit  profession,  le  23  novembre  1767,  dans  la  congrégation 
des  chanoines  réguliers  de  France.  Ami  des  lettres,  il  s'oc- 
cupa,  lorsqu'il  habitait  Laval,  de  recherches  sur  l'histoire 
ecclésiastique,  civile  et  littéraire  du  Maine.  Ses  lectures 
lui  avaient  fait  connaître  trois  cents  auteurs  manceaux ,  dont 
on  avait  oublié  jusqu'aux  noms.  Il  devait  en  résulter  un 
ouvrage  composé  de  huit  volumes  ;  mais  ayant  été  nommé 
prieur-curé  de  Grandpré  en  1785,  les  devoirs  de  sa  place, 
qu'il  remplissait  avec  une  exactitude  scrupuleuse  et  un  zèle 
soutenu,  l'empêchèrent  de  continuer  son  «entreprise.  Il  est 
mort  curé  titulaire ,  de  cette  paroisse  le  29  mai  1 8^3,  après 
avoir  légué  mille  francs  aux  pauvres  et  quatre  cents  à  la  fa- 
brique. Cet  acte  de  bienfaisance  l'honore ,  et  mérite  que  son 
nom  soit  conservé  dans  nos  annales.  Un  biographe  l'a  con- 
fondu avec  dom  Ansart ,;  bénédictin.  Voici  le  tire  du  volume 
qu'il  a  publié  : 

£ibliothé<fue  littéraire  du  Maine  j  ou  Traité  historique  et 
critique  des  codeurs  de  cette  province.  Châlons  et  Paris,  1784, 
in-8^,  p.  4o4*  Ce  volume  comprend  environ  cent  articles. 
L'exactitude  avec  laquelle  ils  sont  rédigés,  les  recherches 
qu'ils  présentent,  font  regretter  que  la  suite  n'ait  point 
paru. 

ARGENT  (^/ibel  D'),  poète  français,  inconnu  à  nos  bio- 
graphes, et  dont  les  premières  années  sont  enveloppées  d'un 

TOME  I.  3 


r 


34  ARG 

nuage  dont  on  ne  saurait  percer  l'obscuritë ,  florissait  dans 
la  première  moitié  du  xvir  siècle.  Nous  le  classons  parmi 
les  Ardennais^  parce  que  nous  pensons  <pi'il  avait  pour 
patrie  le  village  de  la  Cerleau,  canton  de  Kumigny,  où  bqu 
nom  est  connu ,  et  qu  il  n'y  a  point  de  raison  de  croire  qull 
ait  pris  naissance  ailleurs.  Il  haLitait  Sedan,  où  il  occupait 
une  change  à  la  cour  du  prince  Frédéric  Maurice  de  la  Tour, 
duc  de  Bouillon ,  quand  il  publia  : 

Za  Semaine  d' Argent ^  contenant  l'hist(dte  de  la  seconde 
création  ou  restauratiori  du  genre  humain,  Sedan,  Jacques  de 
Turenne,  162g,  in-8® ,  p*  226;  it.  ibid.  „  Jean  Jannon, 
\G!io\  it.  ibid*j  Jean  Jannon,  i632.  (BibL  de  TArsenal, 
îi**  ySyS.)  Les  deux  dernières  éditions  n'ont  qu'un  titre  ra- 
fraîchi. G>ihbién  de  livres  sont  ainsi  à  leur  sixième  édition^ 
sans  que  la  première  soit  épuisée  ! 

Dans  sa  dédicace  au  duc  de  Bouillon ,  datée  du  3o  avril 
1629,  le  poète  lui  proteste  qa'il  ne  respire  (fue  V honneur  de 
son  service*  Dans  sa  préface  au  lecteur,  il  dit  qu'il  était  lié 
avec  Gottlart,  le  Siteur,  Pinette  et  Iger,  docte  théologien ,  qui 
avaient  approuvé  Iç  plan  de  son  poème  j  il  ajoute  qu'après 
avoir  quitté  sa  patrie ,  les  calamités  qui  afiligeaiant  l'église 
en  divers  endroits  de  l'Europe,  et  des  affections  particu- 
lières l'engagèrent  à  revenir  en  France 5  qu'y  étsmt  arrivé, 
^ntr'autres  chagrins,  il  eut  celui  de  perdre  devLX  ou  trois 
personnes  qui  lui  étaient  chères ,  et  de  voir  totalement  ruiné 
le  lieu  de  sa  naissance*,  que  ce  fut  au  milieu  de  ee  deuil ,  et 
durant  l'espace  d'un  an ,  qu'il  fit  ce  poème  :  de  sortç  que  son 
ouvrage  est  un  enfant  de  sa  douleur^  dont  on  doit  la  publica- 
tion à  la  prière  de  ses  amis. 

Il  est  divisé  en  sept  journées  ou  livres.  Le  premier  oomr  . 
prend  les  messages  et  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste  -,  lô  se- 
cond la  naissance  et  l'enfance  de  Jésus-Christ  ;  le  troisième 
ses  sermons  et  da  doctrine*,  le  quatrième  ses  miracles*,  le 
cinquième  ses  souffrances  et  sa  mort  ;  le  sixième  sa  résurrec- 


ARG  35 

tîon  et  son  ascension  -,  le  septième  le  jugement  dernier  et  la 
vie  ëternclle. 

A  la  tête  du  poème  sont  ne«f  pièeefd  de  vers  ^  dont  le&  deux 
âefnîéii^s  âaonymes.  La  première  est  une  élégie  lAline,  par 
J.  le  Sueur  (picard),  bachelier  en  Idéologie  i  la  detttiètne  de 
vingt Vef s,  par  C  Garnier,  docteur  en  médecine;  la  troi* 
^ème  est  tcti  sonHet  p^àr  G.  Godallier-,  k  quatrième  par 
D*  Liger,  docteur  en  droit  -,  là  cinquième  pai^  dé  la  Rippe , 
docteur  médedln-,  la  sixième  paf  P.  Plnette  -,  là  s*eptième  par 

*/.  JP Argent  ;     ' 

On  s'apeifçôit  aisément,  parla  lectun&de  ce  poème,  ^e 
lauteur  était  xîalvinîste,  siu'tout  lorsqu'il  parle  du  puiçatoire, 
à  la  page  aiiî.  C'est  par  allusion  à  so«  nom  qtiHI  Fa  iùti- 
tulé  la  Semaine  â^  Argent-y  et  en  cela  il  a  suivi  Texèmple  de 
plusieurs  poètes  de  son  tefmps.  Ses  teiis  sont  durs ,  bas  et 
rampans,  ses  métaphores  sont  forcées.  Il  termine  ainsi  son 
ouvrage; 

Je  se  me  lasse  point  de  cbantei'  U  louai^e , 

Puisque  pour  te  louer  j'aspire  au  BEL  ART  D'ANGE. 

Ces  trob  deruierâ  môt^^  éeritâ  eu  lettres  capitales^  nt'ont 
Eût  crroirc)  que  c'était  Tanagramme  de  sou  nom  -,  et  c'est  de  là 
cl  noti  àvk  titite  'de  son  livrcî ,  ni  d'alHeurs ,  que  j'ai  appriSs  qu'il 
gé  uoiumàit  Abèl  £Af§tnti  On  ignore  le  lieu  et  Tépoque  de 
sa  mort.  Un  d'Argent  était  seigneur  de  la  CerleâU  en  1987. 

ARGENTIER  (L'),  seigneur  du  Cb^ndîs,  près  dé  Re- 
thel,  était  ancien  de  l'égli^  de  Sedan  ^  et  avait  pour  épouse 
Mâdclaiue  d'Averhoult,  originaire  de  Champagne,  dout 
k  famille  existe  encore  à  Utrtîcht. 

«  Prévoyant  les  mëtlheui^  qui  allaient  tôtuber  sur  lés  ré- 
)*  formés  (Jèâ  avant  la  révocation  de  Tédit  de  Nantes),  il  fit 
»  sortir  de  France  %^s  enfans  att'nfômbrc^  àé  ÛH  5  quatre 
»  d'entr'eux  allèrent   dans  le  Brandebourg.    Sahmon  du 

3. 


f 


36  ARG 

»  Chénois  prit  service  en  Angleterre ,  et  fut  tuë  à  la  ba- 
»  taille  d'Almanza  en  Espagne.  Jacques  du  Chénois  entra 
»  dans  les  troupes  de  Hollande. 

»  Daniel  l'Argentier^  seigneur  du  Chénois  j  probablement 
»  Tainë  des  six  frères,  alla  en  Allemagne ,  et  s'étant  mis  an 
»  service  du  grand  électeur,  il  obtint  une  compagnie  dans  le 
»  régiment  de  cavalerie  que  le  général  de  Briquemault  leva 
))  en  1683-,  il  assista  à  plusieurs  sièges  et  à  plusieurs  ba* 
»  tailles,  et  parvint  au  grade  de  colonel  :  il  se  fut  sans  doute 
»  élevé  au  premier  poste ,  si  ses  infirmités  ne  l'avaient  pas 
))  mis  dans  la  nécessité  de  se  retirer  du  service.  Il  mourut 
»  à  Magdebourg  en  1704. 

»  Henri  du  Chénois  entra  dans  l'infanterie  et.  acquit  une 
»  grande  réputation  de  bravoure.  Au  siège  de  Landau,  en 
»  1 704 ,  où  les  troupes  brandebourgeoises  firent  des  prodiges 
)»  de  valeur,  il  servit  comme  lieutenant-colonel,  et.com- 
»  manda  Tassant  avec  le  colonel  de  Stille.  Le  roi  des  Ro- 
»  mains  lui  rendit  publiquement  le  témoignage  d'avoir,  par 
»  son  intrépidité,  contribué  à  la  prise  de  cette  ville.  Il  fiit  fait 
»  colonel  dans  ce  même  temps.  Pendant  la  guerre  de  suc- 
»  cession ,  un  corps  de  troupes  brandebourgeoises  servit  en 
»  Italie  sous  les  ordres  du  prince  Léopold  d'Anhalt-Dessau; 
»  du  Chénois  l'y  suivit,  et  fut  tué  le  16  août  1706  à  la  ba- 
»  taille  de  Gossano,  à  la  tête  du  régiment  d'infanterie  de 
))  Ganitz  qu'il  commandait: 

»  Pierre  du  Chénois ,  à  son  arrivée  dans  les  états  de  l'élec- 
»  teur,  étant  sans  doute  encore  jeune,  fut  placé  dans  le  corps 
»  des  cadets  alors  à  Golberg.  Il  fit,  en  1686,  la  célèbre  cam- 
))  pagne  de  Hongrie  contre  les  Turcs ,  et  servit  successive- 
»  ment  dans  les  régimehs  de  f^arennes  infanterie,  et  du 
j)  Hamelj  cavalerie.  En  1706  il  conduisit  en  Italie  le  régi- 
»  ment  de  du  Portail  j  dont  il  était  colonel  en  1709,  et  mou- 
s»  rut  à  Magdebourg  en  ,1710. 

))  Pierre  du  Chénois  ^  second  du  nom ,  fit  également  les 


ÀRG  3; 

»  campagnes  de  Hongrie ,  et  se  distingua  aux  sièges  de  Bonn , 
»  de  Landau  et  de  Tournay,  et  dans  les  fameuses  batailles 
»  de  Hochstedt,  de  Cossano  et  de  Malplaquet.  Il  est  mort  à 
»  Magdebourg  après  avoir  quitte  le  service. 

»  G  est  à  son  fils,  M.  Samuel  Frédéric  du  Chènois^  encore 
»  vivant  à  Magdebourg  (en  1783),  que  nous  devons  ces  dë- 
»  tails  si  honorables  pour  sa  famille.  »  (Erman,  Hist,  des  ré- 
Jvgiés  français  ^  %:>  II,  p.  i5o  et  suiv.) 

La  famille  de  l'Argentier  ëtait  originaire  de  la  Grodine, 
arrondissement  d'Epernay.  {Ermauj  t.  IX,  p.  72.) 

ARGY  (^Loms  Joseph  D').  Le  village  du  Châtelet,  près 
de  Rocroi,  fut  son  berceau.  Il  y  naquit  en  1703  de  parens 
seigneurs  du  lieu.  Appelé  au  ministère  des  autels  ,  il  y  ap- 
porta les  vertus  d'un  apôtre.  Ses  mœurs  et  ses  talens  ayant 
fixé  Tattention  publique ,  Tabbé  de  Mouzon  le  nomma  doyen 
rural  et  curé  de  Mézières,  en  1732.  Il  sema  sa  carrière  de 
bonnes  œuvres  durant  soixante-deux  ans  qu  il  y  remplit  les 
fonctions  pastorales. 

Modèle  de  la  charité  chrétienne,  père  des  aflligés  et  des 
pauvres,  il  consolait  les  uns,  soulageait  les  autres,  et  por- 
tait secours  à  tontes  les  infortunes,  à  toutes  les  misères  hu- 
maines. L'honnête  indigence  eut  souvent  en  lui  lui  bien- 
faiteur attentif  à  ne  pas  se  laisser  deviner.  Le  bien  public  et 
l'amour  de  l'ordre  étaient  sa  passion  dominante.  Une  ins- 
cription qui  subsiste  encore  dans  l'église  de  Mézières, 
rappelle  qu'on  lui  doit  la  restauration  de  cet  édifice.  On  se 
plaisait  à  le  voir  en  chaire,  où^  dans  les  épanchemens  de 
son  cœur,  il  joignait  à  la  chaleiur  du  sentiment  toute  la  no- 
blesse du  langage ,  et  maîtrisait  sans  y  penser ,  sans  le  vouloir. 

Lorsque  la  révolution  éelata,  son  grand  âge  ne  lui  per- 
mettait plus  guère  que  Vexercice  des  vertus  privées.  A  cette 
époque,  où  le  clergé  eut  tant  à  souffrir,  il  ne  cessa  jamais 
d'être  l'objet  de  la  vénération  du  plus  grand  nombre  et  de 


;i8  A*N 

1^  plus  saine  partie  àp  ses  ouailles»  et  <i.'<en  recevoir  les  te*- 
moigaages  les  plus  touebani».  Â  sa  uijort,  il  m^rîU  que  Ton 
j(^gnit  à  reloge  4e  ^m  esprit  celui  de  son  cœur^ 

Sa  vie  s'éteignit  à  iâézièvi^»  le  i3  décembre  '794*  Ceux 
qui  Font  epunu  ont  ecmsenré  le  souvenir  de  0e«  verfeis« 

<(  U  a  tait  beaucoup  de  recherches  sur  cette  ville,  et  a 
»  écrit  une  lougue  lettre  à  un  gentilhomme  qui  se  dispose  à 
»  la  profession  des  armes  i  çeç  ouvr^ge3  SOJ^t  re3të3  manus-^ 
»  orits.  Il  avait  reçu  d'excellens  miémoîres  de  M,  de  Ghâ- 
)>  tillon;  {^çmier  ^onjpiandiini;  en  $îhef  de  Yéço]e  spéciale  du 
»  génie,  établie  par  le  roi  à  Mézières  en  iy48. 

»  Vn  d'Argy,  qui,  en  j[359,  défendit  avec  Gaucher  de 
n  Chjâtillon  la  ville  de  Reims  (çoutre  les  Anglais,  épousa 

V  Alix  de  Rethel,  dame  de  la  terre  de  Couci  en  Rethelpis , 
»  qu  dile  vendit  avec  Ëngueixand,  son  fils ,  à  Olivier  d^£s* 

V  jQaunevelle,  jchatelain  de  Château-^Rçgnault ,  par  acte  du 

V  â8  octobre  1Î75.  Etiem]be  d'Argy,  homme  d'armes  des 
»  ordonoaneee  du  .roi,  éimt  mpitaipe  de  la  petite  ville  (et 
»  prévôté)  de  Warcq  :  Renaud  d'Argy  en  était  gouverneur 
»  eu  I Ô95*  Ayant  levé  deux  compagnies.  Tune  de  cavalerie 
»  légère  et  l'autre  d'inj^nterie ,  il  maintint  le  bon  ordre  dan^ 
»  les  environs ,  et  mérita  à  son  fils  la  survivance  de  sa  place* 
a  On  voit  encore  à  mie  tour  de  W<^rcq  ^^  armes ,  d'or  au 
»  lion  grimpant  de  sable  armé  et  lampassé  de  gueules.  1» 
(Dom  le  Long,  Histoire  de  Laorij  p.  47 ' •) 

En  1689  et  1679,  Charles  Reuû  et  Thomas  d'Ai^y,  de 
Montcornet  en  Ardenne,  étaient  abbés  réguliers  de  Laval- 
diens,  ordre  de  Pr^montré.  Cette  famille  a  sa  giénéalc^ie 
dans  le  Nobiliaire  de  Champagne. 


ARNOUL  (Saint)  a  naquit  à  Rethel  vers  T^n  494- 
»  Les  sentimei|s  sont  partagés  sur  le  nom  et  sur  l'état  de  sa 
»  famille.  Les  uns  lui  donnent  pour  pèjMr  un  noble  ixxiiAi^? 
»  nommé  Rogatien ,  et  pour  mère  une  dame  nommée  Eu- 


ARN        .        ,  39 

»>  phrosine,  établis  Yun  et  lautre  à  Rçi^hel,  lorsque  Clovis 
»  conquit  la  Qaule.  D  autires  prétendent  que  saint  Arpoul 
»  avait  pour  père  un  seigneur  Franc  ou  Sicambre ,  Vun  des 
»  compagnons  de  Clovis .  Quoi  qu'il  en  soit,  les  parens  de 
»  saint  Amoul  étaient  àw^  personnages  illustres  et  ver-- 
»  tueux  y  qui  prirent  à  cœur  Téducatlon  de  leur  fils*  Ils  le 
»  confièrent'à  s^nt  Rémi  y  qui  le  baptis»  et  Tadmit  dans  ses 
»  écoles» 

»  L'auteur  d'une  légende  écrite  en  vers  latins  y  prélead 
»  que  Clovis  lui  donna  pour  épouse  sa  nièce  Scariberge. 
M  Ce  point  d'histoire  n  est  ni  assez  clair  pour  être  reçu  sans 
»  examen  y  ni  assez  destitué  de  vraisemblance  pour  éte 
)>  rejeté  comme  une  fable.  En  retranchant  du  mariage  de 
»  saint  Arnoul  quelques  circonstances  trop  merveilleuses  y 
»  on  peut  croire  qu'il  «'unit  à  une  femme  de  la  premiers 
»  condition.  »  (Carlier). 

,  On  assure  qu'il  n  y  eut  entre  les  deux  époux  que  cette 
union  spirituelle  qui  règae  entre  des  âmes  dont  Dieu  rem- 
plit seul  les  affections.  Us  distribuèrent  leurs  biens  siux 
pauvres ,  et  choisirent  respectivement  le  genre  de  vie  qu'ils 
crurent  le  plus  méritoire  et  le  plus  confonne  à  leurs  goûts. 
L'épouse  se  confina  dans  un  monastère  où  elle  prit  l'habit 
religieux.  Saint  Amoul  employa  ving^^pt  années  à  fiiire 
divers  pèlerinages  à  Jérusalem ,  à  Rome,  à  Cîonstanti^ 
uople  y  etc.  Saint  Rémi  ayant  reconnu  dans  son  dismple  nue 
vocation  bien  décidée  pour  l'état  ecclésiastique^  lui  conféra  les 
ordres  sacrés.  Peu  d'années  af^^^s ,  saint  Amoul  fut  promu 
k  l'épiscopatt  Quçlqùes  auteur»  avancent  que  son  saere  se  fit 
à  R^mS)  d'autres  prétendent  qu'il  eut  lieu  en  Touraine* 
Ceux  qui  mettent  saint  Arnold  au  rang  des  évéques  de 
Tours  9  racontent  ainsi  son  installation  sur  le  siège  de  cette 
ville  : 

Revenant  de  prier  sur  le  tcunbeau  de  saint  Saturnin,  à 
Toulouse ,  Arnoul  se  rendit  à  Poitiers ,  puis  à  Tours ,  poiu: 


4o'  ARN 

visiter  le  tombeau  de  saint  Martin.  Le  siège  ëpiscopal  vint 
à  vaquer  :  il  y  fut  porte  par  le  suffrage  du  clergé  et  dn 
peuple. 

Son  intronisation  sur  le  siège  de  Tours  repose  sur  la  tra- 
dition 5  sur  les  légendes  et  lautorité  de  quelques  écrivains 
de  poids,  tels  que  Jean  Molan,  Pierre  Noël,  Severt,   et 
presque   tous  les  anciens  compilateurs.    Claude   Robert, 
p.  i65  de  son  GalUa,  Christiana  j  est  Fun  des  premiers  qui 
aient  fait  naître  des  doutes  sur  Tëlection  de  saint  Arnoul  ', 
ils  sont  fondés  sur  ce  qu'on  ne  voit  son  nom  sur  aucun  ca- 
talogue des  évéques  de  Tours.  Depuis  Robert ,  Tépiscopat 
de  sa.int  Arnoul  a  été  un  sujet  de  controverse  sur  lequel  il 
y  a  deux  sentimens. 

Plusieurs  pensent  avec  Robert  qu' Arnoul  aura  été  élu 
évêque  de  Tours  sans  avoir  été  consacré ,  attendu  que  par 
modestie  il  se  sera  refusé  aux  empressemens  du  clergé  et 
du  peuple,  afin  de  pouvoir  vaquer  plus  librement  à  ses 
pèlerinages.  Le  siège  de  Tours  fut  vacant  pendant  dix-sept 
jours.  Peut-être  cet  intervalle  fut-il  employé  à  solliciter 
saint  Arnoul  à  déférer  au  vœu  des  électeurs. 

«  L'abbé  Lebeuf  explique  autrement  la  difficulté  dans 

»  ses  voyages  manuscrits.  Il  reconnaît  saint  Arnoul  pour 

»  un  de   ces   évéques   régionnaires ,   qui  n'avaient  aucun 

»  siège ,  et  qui  exerçaient  les  fonctions  épiscopales  dans  les 

»  lieux  où  on  les  demandait.  Il  ajoute  que  le  titre  d'évéque 

»  de  Tours  p^t  lui  avoir  été  donné ,  soit  à  cause  des  fonc- 

»  tions  épiscopales  qu'il  aura  exercées  à  Tours  pendant  les 

))  dix-sept  jours  de  la  vacance  du  siège ,  soit  à  cause  de 

»  quelque  lieu  nommé  Tum^  où  il  faisait  sa  résidence.  (11 

»  y  avait  alors  en  France  plusieurs  bourgades  de  ce  nom.  ) 

yi  Comme  dans   tous  les  monumens  saint  Arnoul  est  re- 

»  présenté  avec  les  attributs  de  la  dignité  épiscopale,  nous 

»  croyons  devoir  préférer  le  sentiment  de  l'abbé  Lebeuf  à 

»  cehii  de.  Robert.  »  (Carlier.) 


ARN  4i 

Saint  Arnoul  se  rendit  de  Tours  en  Esj^agne ,  où  ses  pré- 
dications eurent  de  grands  succès ,  et  revint  enfin  à  Reims 
en   533 ,  lorsqu'il  fut  informé  de  la  mort  de  saint  Rémi. 
Quelques-uns  des  domestiques  que  sa  femme  avait  renvoyés 
lors  de  sa  retraite  dans  le  cloître,  étaient  à  Reims.  Attribuant 
au"x  conseils  d' Arnoul  cette  retraite  qui  avait  cs^usé  la  perte 
de  leurs  places,  ils  le  poignardèrent  par  esprit  de  ven- 
geance ,  lorsqu' il  sortait  de  faire  sa  prière  au  tombeau  de 
saint  Rémi. 

L'^on  ne  tarda  pas'  à  canoniser  saint  Arnoul ,  et  à  le  mettre 
au  rang  des  martys*,  non  qu'il  eût  versé  son  sang  pour  la 
défense  de  la  foi ,  mais  parce  qu  on  donnait  alors  la  qualité 
de  martyr  à  ceux  qui  terminaient  par  une  mort  violente  une 
vie  exemplaire  et  sainte. 

Le  clergé  de  Tours  regardant  les  reliques  de  saiixt  Ar- 
noul comme  un  trésor  qui  lui  appartenait,  les  réclama.  Ceux 
qui  furent  chargés  de  les  lui  porter,  étant  arrivés  dans  la 
foret  dlveline,    au  pays  cbartrain,   déclarèrent  qu'ils  ne 
passeraient  pas  outre,  alléguant  que  leur  fardeau  était  devenu 
beaucoup  plus  lourd.  Il  y  avait  près  de  là  une  église  des- 
servie par  des  prêtres  qui  avaient  vraisemblablement  donné 
aux  porteurs  l'idée  de  cette  supercherie.  On  d^)osa  les  re- 
liques dans  ce  temple,  qui  prit  depuis  le  nom  de  Saint- Ar- 
noul-en-I véline.  C'est  de  là  que  ses  principaux  ossemens 
avec  son  chef  furent  transférés,  en  949?  ^  Grépy  en  Valois, 
dans  un  prieuré  de  Gluny,  à  la  faveur  d'un  autre  larcin  feit 
par  le  prêtre  Constance  à  l'église  de  Saint- Amoul-en-I véline  ; 
car  on  sait  que  rien  n'était  plus  commun  que  les  vols  des 
reliques  dans  les  siècles  d'ignorance  -,  ils  passaient  pour  des 
ruses  permises  et  même  agréables  aux  saints-,  pourvu  que 
la  violence  n'y  eût  aucune  part.  «  On  se  croyait  tout  permis 
»  dans  ces  temps-là  pour  se  procurer  des  reliques.  Il  semble 
))  qu'on  était  persuadé  qu'on  pouvait  faire  usage  de  cette 
w  maxime  à  l'égard  de  ceux  qui  en  auraient,  pour  les  leur 


4?  AJ5P 

»  enlever,  et  les  traiter  en  eunemis  :  DoluSj  an  virUls  ^uis 
»  in  hoste  retfuimt?  »  (D.  Rivet,  Nisi.  littér.j  t.  II,  p.  134-) 

La  fête  de  saint  Arnoul  est  marquée  au  18  juillet  dans  les 
Martyrologes.  Il  n'est  peutnâtre  pas  inutile  d  avertir  ici  qu^il 
ne  doit  pas  être  confondu  avec  saint  Arnoul  qui  figure  dans 
les  jinnaks  d' Yvois-^Carignan. 

Gi-eg.  Tur.,  1.  X-,  Guper  Act.  SS.,  18  Jul.,  pt  396  à 
416  Ap-  Bollandum^  Maan,  Met.  EcaL  Turonénsis^  p«  35  -, 
Marlot,  Met,  Rem.j  1. 1,  p.  194*9  Bouquet,  Recueil  des  HisU 
de  Fr.j  t.  III,  p.  363;  Carlier,  Hiat.du  Valait ^  1. 1,  p.  i3!2. 

AJLUT  (^François  Joseph  Marie  D'),  baron  de  Grand^ni^ 
ne  ie  1 3  février  17^6  à  Yalréas,  dans  le  comtat  Venaisain , 
commandant  de  Tordre  royal  et  militaire  deSaint<«Louis,  ctéé 
lieutenant-général  des  armées  du  loi  le  i''''  janvier  1734? 
était  seigneur  de  Wamécourt  près  de  Mézières.  Il  6st  mort 
à  Gharle ville  le  a6  février  1794*  Ou  a  de  lui  : 

Mémoires  sur  les  moyens  qu'il  serait  facile  d'empU^er  pour 
parvenir  sûrement  ^  promptementj  sans  bouleversement  et  sans 
commotion  j  à  toute  la  perfection  dont  le  militaire  de  France 
est  susceptible ,-  th^  édit.  augmentée  du  Récit  de  la  compacte 
de  Louis  Jos»  de  Bourbon ^prinùe  de  Condé(en  1762)-,  1789, 
3  vol.  iri-8'*.  La  T""  édition  avait  paru  en  1787,  r  vol.înr8<*» 

AS9KEM01ST  (Françoù  D'),  seigneur  de  Busaney  (i), 
près  Grandpré,  vit  le  jour  vers  i49^*  ^  acquit  Lûmes,  Va* 
trincourt  (2),  Villiers  devant  Mézières,  etc.,  par  Fallian^ 
qu'il  contracta  avec  la  fille  de  Gearlac  ou  Garlaphe  de  Bran- 


(1)  Les  descendans  mâles  de  Gobert  d'Apresmont ,  s'établirent  dans  le 
Rethelois ,  où  ils  étaient  seigneurs  de  Sorcy,  près  de  Rethiel,  et  prenaient  le 
titre  de  comtes  d'Aspremont.  La  terre  et  seigneurie  de  Buzancy  entra  dan» 
la  maison  d'Jnglure ,  par  le  mariage  d'Antoinette  d'Aspremont  avec  Rénè 
d*j4ngture. 

(3)  Au\o\\rd*hui  Saint-Laurent, 


ASP  43 

dfiLoMTg»  seigneur  iie  Lûmes  (i),  liaîUi  et  gouyerneur.de 
Bietb^l  ^tde  MjéùèreSf  soufi  le  règnç  âe  Loms  XII. 

Devemi  maître  de  Lufaes,  le  comte  d'Aspremont  en  fit 
foFtâ&er  lecbâteati,  et  dans  le  même  temps  il  eottstruisit  une 
foi^tek^ss^  aurdessous  de  Mëzières ,  oonaue  sous  le  nom  de 
fFoieri^  et  nommëe  depuis  le  château  d^aiU  Au  moyen  de 
ces  deu^  foits ,  il  eov^iC  toute  espèoe  de  c<ymmunieation  à 
la  ville  de  Mëzières  par  la  rivière  de  Meuse.  Ces  travaux 
finis  ^  il  s'érigea  en  souyeraîn  (vers  1 5  20)  pour  s^affranchir 
diss  foi  ei  hommage  qu'il  devait  aux  comtes  de  Rethel ,  princes 
de  Clèves  et  duc  de  Nevers.  Ce^XM^i  prétendirent  que  le  feu 
bailli  4u  Betiielois  son  b«au*pèro,  abusant  de  son  autcndté, 
avait  détourné  les  titres  qui  prouvaient  que  Lûmes  était 
ioauvant  du  Rethekis^  Mais  le  comte  d'Aspreipont  soutint 
le  contraire,  et  ne  voulut  plus reconnattïe  la  supériorité  du 
courte  de  Rethel ,  ni  môme  la  souveraineté  du  roi. 

François  I^^  voyant  soû  autorité  méconnue ,  et*  voulant 
d'aiiletH*s  mettre  un  terme  aux  vexati<His  que  ce  petit  sou- 
verain faisait  éprouver  aux  habitai^s  de  '  Mézlères ,  qui 
rappelaient  hautement  le  cruel  ennemi  j  assiégea  Lûmes 
en   1534. 

V^oici  comment  Gaillard  pavle  du  siège  de  cette  forteresse 
et  de  son  seigneur  :  «  François  P^  parcourut ,  en  1 534  »  les  di- 
»  verses  provinces  de  soti  royaume  ^  où  il  avait  établi  des 
»  légions  :  il  en  fit  la  revue.  U  fut  arrêté  un  instant  dans  une 
i>  tournée  par  un  obstacle  ridicule ,  resté  de  k  fière  indépen-^ 
)>  dance  des  seigneurs  français.  Un  petit  tyran  de  Cham- 
»  pagne  (2)  nommé  Bwumcyj  de  la.  maison  td'Aspremont , 

{1)  Celte  seigneurie  fut  long- temps  possédée  par  ceux  de  la  maison  de 
Brandebourg ,  près  Yiaden ,  dans  le  duché  de  Luxembourg.  Du  Bellay,  liv.  IV 
àubëOàMémoirts,  dit  qu&Qearlac  de  Brandebourg  jouissait  à  Hethei  et  à  Mé> 
zlèms  d'ttoe  autorité  absolue  9  par  ia  &veur  qu'il  avait  auprès  des  comtes  du 
ReliMiois,  qui  étaient  des  maisons  d'Orval  et  de  Nevers. 

(91)  Un  autre  petit  tyran ,  aussi  seigneur  de  Champagne,  montrant  un  jour 


44  ASP 

»  osa  refuder  aux  officiers  du  roi  Feutrëe  de  son  château  de 
»  Lûmes  sur  la  Meuse,  entre  Mëzières  et  Dohcherj-,  on 
»  ne  conçoit  pas  ce  qu'il  pouvait  espérer  de  cette  folle  iaso* 
))  lence ,  il  la  poussa  jusqu'à  obliger  de  faire  venir  du  canon 
))  pour  la  réduire*  Il  fut  pris ,  et  il  aurait  eu  la  tète  trancbëe , 
»  s'il  n'avait  trouvé  dans  Robert  de  la  Marck  son  voisin ,  un 
»  intercesseur  qui  obtint  sa  grâce.  »  {Hist,  de  Francis  /""^ 
t.  III,  p.  244  >  ^^i**  '766.) 

Forcé  de  plier  sous  le  joug ,  le  vaincu  mit  tout  en  œuvi'e 
pour  adoucir  le  ressentiment  de  François  P'  ^  mais  après  la 
mort  de  ce  prince,  en  1547,  ^^  femme  du  comte  d'Aspre- 
mont ,  à  laquelle  Lûmes  appartenait ,  et  qui  était  sujette  de 
la  niaison  d'Autriche ,  l'obligea  à  se  révolter  sous  Henri  II , 
l'an  i55o.  a  II  fit  de  ce  château  un  repaire  de  brigands,  ap- 
))  pelant  auprès  de  lui  et  s'associant  les  mal&iteurs  et  les  har- 
»  dis  scélérats  qui  s'étaient  dérobés  aux  poursuites  de  la  jus- 
»  tice  :  avec  eux ,  il  infestait  les  grands  chemins ,  levait  des 
»  contributions  sur  les  bourgs  et  les  villages ,  le  plus  souvent 
»  dans  la  Champagne ,  d'autres  fois  dans  le  Luxembourg  et 
»  le  pays  de  Liège.  »  (Velly,  Hist.  de  Fr.^  t.  XXVI,  p.  4o3, 
édit.  1755.) 

Trop  faible  pour  se  maintenir  dans  cet  état  d'indépen- 
dance ,  il  reconnut  Charles-Quint  pour  souverain ,  à  cause  de 
son  comté  de  Chiny,  et  réclama  l'appui  de  Marie ,  reine  de 
Hongrie ,  gouvernante  des  Pays-Bas  pour  ce  souverain ,  qui 
était  son  frère.  Cette  princesse  mit  garnison  espagnole  dans 
le  cliâteau  de  Lûmes  \  et  à  l'aide  de  ce  renfort ,  d' Aspremont 
s'y  maintint  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1 55 1 . 

A  cette  époque,  la  guerre  s'étant  allumée  entre  le  roi  Henri  II 
et  l'empereur  Charles-Quint,  le  comte  de  Mansfeld,  gouver- 

à  un  paysan  qui  lui  disputait  quelques  redevances ,  la  prison  de  son  château , 
des  fers ,  des  menottes ,  un  pilori  et  un  carcan ,  lui  dit  :  Que  pensefr-tu  de 
cela  ?  —  Que  vous  êtes  heureux  d'avoir  ainsi  chez  vous  toutes  vos  petites 
conimodités  ! 


AVE  45 

neur  de  Luxembourg,  pénétrsL  en  la  Champagne.  S'ëtant 
avance  jusqu'au  Chesne-le-Populeux ,  François  de  Clèves , 
duc  de  Nevers ,  gouverneur  de  cette  province ,  se  rendit  à 
Yvois  pour  Vj  attirer  et  lui  livrer  bataille  \  mais  cette  ten- 
tative ayant  échoue ,  il  se  transporta  à  Mëzières ,  et  cerna  le 
château  de  Lûmes ,  occupé  par  les  Impériaux  :  on  Fattaqua , 
et  le  comte  d'Aspremont  qui  y  commandait  pour  Fempe- 
reur,  fut  blessé  à  Tépatde,  et  mourut  de  sa  blessure  peu  de 
jours  après  (i).  . 

a  Comme  la  saison  avançait,  le  duc  de  Nevers  se  retira  à 

»  Ghâlons ^  le  capitaine  d,e  Villefranche  voulant  à  toute 

»  force  s'emparer  de  Lûmes,  se  servit  d'un  stratagème  qui 
»  lui  réussit  :  il  plaça  vers  le  soir,  vis-à-vis  des  sentinelles , 
»  des^  mannequins  d'hommes  armés ,  et  pénétra  d'un  autre  . 
»  côté  dans  le  château,  où  il  trouva  de  grandes  richesses.  » 
(Le  Long.) 

Ce  château,  dont  il  reste  encore  des  vestiges  remar- 
quables ,  qui  témoignent  que  c'était  une  place  forte,  fut  rasé 
par  François  de  Clèves ,  qui  unit  la  terre  de  Lûmes  à  sa 
principauté  d'Arches. 

Longuerme,  Descript.  de  la  Fr.j,  part.  I ,  p.  384  ?  part.  II , 
p.  197  -,  le  Long ,  Hist.  de  Laon^  p.  409  *,  P.  Norbert,  Hist, 
chron.  de  Sedan ^  an.  1 55i  -,  Mém,  part, 

I 

,  AVERHOULT  {Jean  jintoine  D') ,  issu  d'une  ancienne 
£imille  noble  du  D.  des  Ardennes ,  qui  possédait  les  terres 
de  Guincourt,  Lalobbe,  Liry  et  Tourteron,  servait  en  Hol- 
lande en  1787.  Ayant  pris  une  part  active  aux  troubles  qui 
éclatèrent  alors  dans  ce  pays  ,  il  fut  obligé  de  se  réfugier  en 
France.  En  1790,  il  fut  nommé  administrateur  du  départe- 

(i)  «  A  rapproche  de  Tannée  française ,  il  mourut  de  peur,  suivant  quelques 
»  écrivains ,  suivant  d'autres  d'une  attaque  d'apoplexie.  »  (Velly.)  Nous  dou- 
tons que  le  témoignage  de  ces  écrivains ,  qu'on  ne  cite  point,  puisse  balancer 
Tantorité  de  ceux  que  nous  avons  mis  à  contribution. 


46  AVE 

ment  de^  Ardennes ,  qui  le  dëputa  en  1791  à  la  Wgîslattlre, 
Il  ne  cessa  dé  se  signaler  p«rmi  les  modérés  de  cdte  stéëetn-^ 
bléé«^  et  il  Alt  un  des  fondateurs  du  club  des  Feuillans.  I^ès 
le  17  novembre  1791 ,  il  sr'étaiit  prononcé  conti^  les  <î<>rps 
dMnaiigrés  y  à  la  dispeirsion  desquels  il  voulait  obligée*  le^élee-* 
teurs  de  Mayence  et  de  Cologne.  Le  16 décembre  il  s''a{>posâr 
à  la  rmie  en  accilsation  dn  candiiial  de  RcAiatn  ^  ac^iidu  quef 
eomme  prince  d'empire ,  il  avait  le  ditHt  de  le  ter  des  fidldât^. 
Nommé  président  le  8  janvier  1792,  il  se  protxotiç»  tcfhtt^ 
toute  opinion  oufrée  de  Tufi  ou  de  Tautre  pftrti.  L«  25  dé  ce 
mois,  il  assura  que  cMtait  moins  à  la  constitution  friinçaîse 
qua  la  philosophie  que  1  empereur  Léopold  voulait  feii'e  la 
guei*re ,  et  conclut  en  demandant  qu^on  laissât  a«tt  lumières 
le  sçÂn  d'éclaii'er  luliivers  ;  et  le  so  avril ,  il  vota  «vec  là  tna*^ 
jorifté  pour  la  guerre  contre  ce  prince  ^  apoès  avoir  viéannioins 
demandé  le  renvoi  de  sa  proposition  au  comité  diploâisi- 
tiquB.  Il  défendit  le  général  Lttiayettey  devenu  rdbjet  des 
attaques  de  tous  les  partis,  et  bravant  les  clameitrs  pu- 
bliques^ il  paila ,  le  2 1  jueh  ,  avec  beaucoup  de  force  sur  les 
attentats  commis  la  veille  contre  Tinfo^tuiié  Lôuis^  X Vli  Le 
I"  juillet,  il  iparvitit  à  bbtenir  un  décret  contre  le  poti^ir 
excessif  des  sociétés  populaires ,  c^  démanda,  le   i^,  que 
Pétion,  maire  de  Paris,  et  Manuel,  procureur  de  k  com- 
mune ,  Aissent  suspendus  de  leurs  fonctions ,  pour  n'avoir 
point  rempli  leurs  devoirs  à  la  journée  du  20'  juiit. 

Le  même  jour,  d' Averhoult ,  qui  avait  obtenu  le  grade  de 
cblotiel,  donna  sa  démission  comme  député ,  en  annonçant 
qu'il  se  rendsdt  à  Yormée-j  mais  il  n'y  arriva  poiût.'  Quelque 
jours  après  TaSaire  du  10  août ,  ayant  été  tenconttë  pà^  des 
UMHssoilneUr»,  près  du  viMage  de  Saint-<-Mevg0s ,  d^utoia  d\l 
Sedaù ,  il  se  brûla  la  cervelle  au  moment  où  on  voulait  larrê- 
tér.  (Biogr,  moderne  /  Biogr»  des  contemporains.^  On  connaît 
une  pièce  de  vers  adressée  vers  1 55o  à  un  Jean  d' Averh(»>lt , 
par  le  poète  Chesneaû  de  Tourteron. 


.▲m. 


AYM  47 

AYMERIES  (D  ),  baron  d  Hierges  (i).  Il  est  des  hommes 
qui ,  paraissant  nés  sous  une  heureuse  étoile,  sont  néanmoins 
dedtiiKés  à  donner  naissance  à  des  ëvënemens  qui  causent  les 
tnallietirsdeleurMàele  :  telfi^td'Aymeries,  baron  d'Hierges 
en  Ardenne  (!i),  prèsdeGivet^  qui  fournit  à  Charles-Quint  et 
k  François  P"  l'occasion  de  bouleverser  une  grande  partie  de 
l''£urope  en  iSi^ié  Nous  allons  mettre  sous  les  yeux  de  nos 
lecteurs  tout  ce  que  nos  Anuales^  rapportent  de  ce  baron  ar* 
deniuiig. 

«  Il  se  mut  une  querelle  entre  les  seigneurs  de  Corswareme 

»  et  d''£meries  :  celui-ci  prétendait  que  la  terre  d'Hiei^es  lui 

»  appartenait  de  par  sa  fismme,  qui  était  nièce  de  Ladislas 

yt  de  Beriaimont  par  son  frère  ',  l'autre asnu^ait,  au  contraire^ 

»  qu'acné  lui  avait  été  adjugée  par  sentence  du  îugié,  à  raison 

»  que  déptds  quarante  ans,  d'Emeries  s~ était  trouyé  en  début 

^  de  lui  payer.quatre  cents  florins  de  Fmnce  monnaie  cou-^ 

)>  rante'y  tellement  que  d'fSmeries  se  voyant  délogé  d'Hier^es, 

>i  et  dépouillé  des  émolumens  qui  provenaient  des  impôts , 

»  acheta  et  fortifia  le  ehâteau  de  Haute-Roche  5  au  voisinage 

)»  d^Hierges^  à  dessein  de  molester  son  voisin  \  et  de  fait  il 

»  s'émancipa  d'exiger  des  bateliers,  du  pré/udice  du  com-- 

»  nierce,  le  totmUeux  qu'on  payait  à  Hierges*,  mais  Erard 

y>  âé  la  Marck)  prince  de  Liège  (depuis  i5oâ)^  qui  prit  con* 

»  naissance  de  leurs  différends,  les  mit  bientôt  à  la  raison.  » 

(Bouille ,  HùL  dé  Liège ,  t.  II ,  p.  a83 .) 

Ce  prince  ayant  été  appelé  en  France  et  admis  au  conseil 
de  Tuùmë  XII,  kleê  seigneurs  de  G>rswareme  et  d'Ëmeries 
7>  prirent  left  armes  en  1 5 14 9  pendant  son  absence 5  pour  vi^ 
T>  der  leurs  anciennesquereUes  au  sujet  du  château  d^Hierges, 
»  et  étaient  sur  le  point  d'en  venir  à  une  guerre  ouverte, 


(1)  Le  père  Bouille,  Velîy  et  autres,  le  nommeAt  d'Ëmeries.  Nous  avons 
buItI  la  le^oti  de  VÂrt  de  vérifier  tés  éates,  ait,  HûhtH  îî  de  la  Marck, 
(a)  Dix-huit  villages  dépendaient  de  cette  barotinie. 


48  AYM 

»  dans  laquelle  ils  allaient  implorer  les  Brabapçons  et  les 
»  Liégeois,  Le  prince  (Erard  de  la  Marck)  se  porta  de  nou- 
»  veau  médiateur,  et  sut  manier  ces  esprits  aigris,  avec  tant 
»  de  douceur  et  de  politesse,  qu'il  les  amena  à  ses  fins  :  ils 
»  se  renvoyèrent  réciproquement  les  prisonniers,  traitèrent 
»  comme  non  avenus  les  dommages  soufferts  de  part  et 
»  d'autre ,  et  promirent  désormais  de  vivre  en  bonne  intelli- 
»  gence.  »  (Ibid,^  t.  II,  p,  290*) 

Les  choses  en  restèrent  là  jusqu'en  1621,  que  d'Aymeries 
renouvela  ses  anciennes  prétentions.  Les  enfans  mineurs  du 
prince  de  Chimai  possédaient  alors  la  terre  d'Hierges ,  sous 
la  tutelle  de  Robert  de  la  Marck ,  souverain  de  Sedan  et  duc 
de  Bouillon.  <(  Ce  prince,  quoiqu'obligé  par  devoir  de  dé- 
»  fendre  ses  pupilles ,  voulut  que  les  formes  de  la  justice 
»  fussent  observées.  Il  assembla  les  pairs  du  duché  de  Bouil- 
»  Ion ,  juges  souverain  des  parties ,  devant  lesquels  la  cause 
»  fut  plaidée  ,>  et  qui  adjugèrent  la  baronnie  d'Hierges  aux 
»  mineurs.  »  (Velly,  Hist.  deFr.^  t.  XXIII,  p.  307.) 

Le  seigneur  d'Aymeries  soupçonnant  que  la  faveur  du 
duc  de  Bouillon  avait  influé  sur  ce  jugement ,  se  proposa  de 
le  faire  casser.  Il  avait  prêté  une  somme  considérable  à  l'em- 
pereur Charles -Quint,  que  celui-ci  n'aurait  pu  lui  rendre 
alors  sans  s'incommoder  extrêmement.  Il  demanda  pour  in- 
demnité, que  le  conseil  de  l'empereur  revit  le  procès.  Sa 
demande  fut  accueillie.  Il  fut  reçu  appelant  à  la  chancellerie 
de  Brabant,  qui  le  mit  en  possession  d'Hierges. 

Robert  II  de  la  Marche ,  homme  fier  et  violent ,  désespéré 
de  voir  porter  cette  atteinte  à  la  justice  de  sa  petite  souve- 
rfi^neté  de  Bouillon,  qu'il  prétendait  indépendante  de  l'em- 
pire ,  fit  sa  paix,  le  i4  février  i  Sa  i ,  avec  le  roi  François  P*^; 
et,  pour  tirer  vengeance  de  l'entreprise  du  conseil  des  Pays- 
Bas,  il  envoya TMalpart,  son  hérault  d'armes,  porter  à  l'em- 
pereur, en  pleine  diète  qu'il  tenait  à  Worms,  un  cartel  de 
défi,  {yïrt  de  vérifier  les  dates») 


AYM  .  49" 

Charles-Quint  arma  dun  côté  pour  punir  Robert,  et 
François  P'  de  Tautre  pour  le  soutenir.  Cette  étincelle 
alluma  un  incendie  qui  embrasa  toute  l'Europe -,  et  cette 
guerre,  qui  dura  trente-huit  ans,  coûta  lae  yie  à  deux  mil- 
lions d'hommes,  (naynal,  Mém.  militaires^  t.  H,  p.  4o; 
Mim.  relatifs  à  VHist.  de  France^  t.  XVI,  p.  36o.  )  Le 
sdgneur  d'Aymeries  étant  très  âgé  lorsque  cette  guerre 
éclata,  il  est  vraisemblable  qull  ne  fut  témoin  que  des 
premiers  désastres  quelle  causa,  et  qu'il  mourut  peu  de 
temps  après  dans  son  château  d'Hierges. 

Il  y  a  un  village  d' Aymeries ,  avec  titre  de  baronnie ,  sur 
la  rive  gauche  de  la  Sambre ,  entre  Avesnes  et  le  Quesnoy .  ' 
Le  dauphin,  depuis  Henri  II ,  fils  de  François  P",  s'en  em- 
para en  1 543 ,  et  fit  démolir  le  château  qui  était  fortifié. 
Cette  baronnie  n'aurait-elle  pas  appartenu  au  seigneur 
d'Hierges,.  qui  en  aurait  pris  le  nom?  Dans  cette  hypothèse, 
il  aurait  descendu  de  Jean  d'Espinac,  auquel  Madelaine  de 
Chambellan  avait  porté  la  terre  d'Aymeries.  ((vo/.  ck.^ 
t.  III;  ^nn.  du  Hainautj  p.  387.) 

Manassés ,  seigneur  d'Hierges ,  se  croisa  avec  Godefroi  de 
Bouillon,  au  printemps  de, l'année  1096,  et  devint  chan- 
celier du  royaume  de  Jérusalem.  En  1 267,  Henri  de  Gueldre, 
évéque  de  Liège ,  marcha  contre  Grérard  de  Jausse ,  seigneur 
d'Hierges,  mit  le  siège  devant  le  château  et  l'emporta. 
Gérard,  attéré,  demanda  grâce,  jura  fidélité  :  il  fut  réin- 
tégré dans  tous  ses  droits.  (Ozeray,  Hist.  de  Bouillon j  p.  69 
et  95.)  ((  En  1289,  ^^  niénie  Gérard  Jausse,  chevalier,  sei- 
y>  gneur  de  Sedan  et  de  Balan,  s'étant  rendu  au  chapitre  de 
»  l'abbaye  de  Mouron ,  y  fait  hommage  à  l'abbé  Bertrand 
)>  pour  les  villes  et  fiefs  de  Sedan  et  Balan ,  qu'il  déclare 
»  expressément  relever  de  cette  abbaye,  comme  l'acte  qu'elle 
»  conserve  en  fait  foi.  »  {/tri de  \)érifkr  les  dates») 


TOMJS  {. 


5o  BAI 

BAILLËT  (^Pierre)  fut  un  de  ces  bons  cénobites  qui ,  au 
lieu  de  irivre  dans  une  sainte  contemplation  ^  consacrent 
tous  leurs  momens  et  toutes  leurs  pensées  à  Fétude ,  après 
avoir  rempli  les  devoirs  prescrits  par  leur  règle*  Né  à  Sedan 
en  i632 ,  il  quitta  le  monde  sans  Favoir  connu,  et  fit  pro- 
fession de  la  vie  religieuse  à  Sàint«-Vanne  de  Verdun ,  le  ay 
novembre  1698.  On  doit  à  ses  veilles  : 

I.  Chronique  manuscrite  du  prieuré  de  Noi^ij  près  de  Rethel, 
composée  sur  les  chartes  et  titres ^  en  1750.  Fontette  la  dit 
un  peu  foutisse. 

IL  jintiquitates  Mosomenses^  3  vol.  in-4*y  MSS.  Ouvrage 
que  Fabbaye  de  Mouzon  conservait,  et  dont  il  y  a  un  préci» 
d'environ  einqpante  pages  in-fo).  parmi  les  MSS.  de  la  Bibl. 
du  roi. 

Il  a  en  outre  écrit  Fhistoire  de  presque  toutes  les  maisons 
de  son  ordre  où  il  a  demeuré.  Les  abbayes  de  Sainti^Vanne  y 
de  Saint- Airy,  de  Beaulieu,  de  Saint^Aruonld,  etc.,  con- 
servaient ses  MSS.  Ces  Histoires ,  qui  n^ont  pas  francbi  les 
limites  du  clottre,  auraient  pu, répandit  beaucoup  de  lu- 
mières sur  nos  annales  ecclésiastiques  et  civiles,  $i  elles  eussent 
été  composées  sur  le  plan  tracé  par  le  sage ,  Férudit  Mabillon  *, 
mais  dom  Baillet,  qui  avait  beaucoup  lu,  manquait  de  £s- 
cerne;ment  :  le  religieux  était  plus  estimable  en  lui  que  Fécii- 
vain.  C'est  le  jugement  quW  en  portait  dans  sa  congrégation, 
où  Fon  se  plaisait  d'ailleurs  à  louer  sa  piété,  sa  candeur,  sa 
modestie  et  la  pureté  de  ses  mœurs.  Mort  à  Saint-Amotdd 
de  Mets,  le  25  juin  i^^Sa. 

Ziegelbauer  et  Legipont,  Hist.  rei  litter.  ord.  5.  Bened., 
t.  IV,  p.  545-,  François,  BibL  des  écrivains  de  Vordrede 
Saint'Beiwitj  t.  I,  p.  60 -,  le  Long,  Hist.  de  Laon^  p.  552. 


BAI  .  5 1 

BAÏLâLY  (Pierre)^  docteur  en  médecine,  qui  se  dit  lui- 
inéme  Champenois,  vivait  et  écrivait  dans  la  première 
moitié  du  xvn**  siècle.  Il  n  est  connu  que  par  ses  ouvrages. 
On  ne  smt  pas*  précisément  où  il  naquit ,  mais  les  présomp- 
tions sont  en  feveur  de  Launpis ,  canton  de  Signy-FAbbaje, 
cni  son  nom  est  connu.  Ce  bourg  peut  donc  a  attribuer  Thonr 
neur  de  sa  naissance,  et  avec  d'autant  plus  de  raison  qu^ 
Grosley^  GeruzcE,  et  les  autres  biographes  champenois  ne 
1  ont  pcûnt  revendiqué.  Vander^Lindeu ,  Manget,  Mercklin, 
Ëloy  et  autres,  qui  ont  publié  des  biographies  médicales  ^ 
n'^en  ont  point  parlé.  On  a  de  Jui  : 

I.  Les  Songes  de  Phestion^  paradoxes  physiologùfues  ;  en-' 
semble  un  Dialogue  de  Vimmoiialitè  de  l'ame  et  puissance  de 
nature.  Paris,  Pierre  Ménard,  i634,  in*-8<^,  p.  761.  (Bibl. 
A^Iaz.,  2840a.) 

II.  Questions  naturelles  et  curieuses^  touchant  le  remède 
la  santé.  Paris,  Jean  Petitpas,  i638,  in-S"*.  Hyde ,  dans aon 
Miisevm  hritanmcum^  lui  donne  la  date  de  i6a8. 

BÂJOMEZ  {Jean. Martin)^  etu4ugusiin  dans  le  cloître. 
Le  village  de  Mazée,  près  de  Givet,  lui  donna  le  jour.  La  date 
de  sa  naissance  est  du  20  février  17^5.  Après  avoir  fait  ses 
humanités  au  collège  de  FOratoire  de  Thuin ,  il  passa  en 
philosophie  à  celui  des  Jésuites  de  Douai.  La  vie  religiettse 
s'alliant  avec  ses  goûts,  il  prit  rhabitde  Jéronimite  au  000* 
vent  de  Sainte-Marie^^e-divers^Mont,  près  de  Fumay ,  le  1 2 
janvier  1745 ,  et  s'y  lia  par  des  vœux  solennels  le  aS  janvier 
de  Tannée  suivante. 

Agé  de  vingt-quatre  ans ,  il  venait  d  être  ordonné  prêtre, 
lorsque  ses  supérieurs,  qui  le  destinaient  à  renseignement, 
renvoyèrent  en  Italie ,  pour  y  cultiver  les  branches  princi- 
pales de  la  théologie.  II  partit  en  avril  1749  9  ^t  se  rendit  à 
Vicence,  au  monastère  de  Sainte*Marie-<les-Grâces,  où  il  stt 
forma  sous  la  direction  des  pères  d'air  Avaet  Geresara, 

4- 


52  BAJ 

savans  professeurs  de  son  ordre.  Transfère  en  i^St  à  Ist 
communauté  de  Sainte-Marie-Madelaine ,  dans  1  université 
de  Padoue,  il  y  prit  les  leçons  du  père  Cromer,  et  termina 
ses  cours  à  Fëcolé  de  ce  mattre  habile*  Dès  lors  on  crut  de- 
voir essayer  ses  forces,  en  le  chai^eant  d'y  remplir  TofiGice  de 
lecteur  en  théologie  y  et  de  directeur  des^novices  et  des  jeunes 
profès. 

Après  quHl  eut* subi  toutes  ses  épreuves  académiques,  il 
reçut  le  doctorat  le  9  avril  1754*  De  retour  à  Divers-Mont , 
dans  le  mois  d'août  1755,  il  y  enseigna  la  théologie  à  ses 
.jeunes  con&ères,  et  aux  Fumaciens  qui  se  destinaient  à  la 
cléricature*,  et  quoiqu'il  eût  vaqué  dans  la  suite  à  d  autres 
emplois ,  tels  que  ceux  de  maître  des  novices ,  de  vicaire ,  de 
prieur  et  de  procureur  de  sa  maison ,  il  continua  ses  leçons 
jusqu'en  1 780.  Les  momens  dérobés  à  ces  occupations  utiles , 
il  les  consacrait  à  la  direction  des  âmes ,  à  la  visite  des  ma- 
lades, même  de  ceu^  qui  étaient  frappés  de  contagion,  au 
ministère  de  la  chaire ,  et  au  travail  du  cabinet. 

Pour  prix  de  ses  services ,  le  chapitre  général  de  son  ordre 
l'éleva,  en  178^,  à  la  dignité  de  vicaire  général ,  dont  il 
jDeniplit  les  fonctions  jusqu'à  la  suppression  des  corporations 
reUgieuses  en  France ,  décrétée  le  1 3  février  1 790.  A  cette 
époque ,  il  se  retira  dans  son  Ueu  natal ,  puis  à  Molhain ,  et 
ensuite  à  Hierges.  Mais  après  le  10  août  1 792 ,  prévoyant  les 
malheurs  qui  allaient  fondre  sur  la  France ,  et  craignant  les 
ombrages  de  la  dictature  révolutionnaire ,  il  se  sauva  à  Di- 
nant,  où,  peu  de  temps  après  son  arrivée,  les  chanoines  de 
la  collégiale  le  nommèrent  curé  de  leur  église.  Le  culte  pu- 
blic ayant  cessé  dans  cette  yille ,  par  suite  de  l'occupation 
des  armées  françaises ,  le  jour  de  l'Ascension  de  l'année  1 794 , 
le  P.  Bajomez ,  pour  {îiir  la  persécution ,  crut  devoir  se  réfu- 
gier, au  mois  de  juin  1 795 ,  auprès  du  comte  Albert-Louis 
Licthervelds ,  évéque  de  Namur,  qui  le  chargea  de  la  direc- 
tion de  la  paroisse  de  Wellien  près  de  Dinant.  Il  y  remplit 


BAJ  53 

tous  les  devoirs  d  un  bon  pasteur  jusqu'en  1 808 ,  ëpoqne  où 
les  infinnitës  de  la  vieillesse  le  contraignirent  de  se  retirer 
à  Mazëe,  qui  reçut  son*  dernier  soupir  le  i""  octobre  lÂoi . 

Nous  avons  eu  occasion  de  voir  le  P.  Bajomez  :  le  rare 
mérite  de  la  modestie  et  de  la  simplicité  (1)  était  le  sien,  et 
comme  Fattribut  distinctif  de  sa  vertu.  Bon  religieux ,  affable 
et  officieux ,  il  joignait  à  beaucoup  de  piété  une  grande  ci*é* 
dulité ,  dont  se»  écrits  portent  l'empreinte ,  et  il  ignorait  jus- 
qu'aux notions  les  plus  simples  de  la  critique.  Malgré  ses 
travaux  multipliés ,  il  avait  une  face  brillante  de  santé ,  que 
semblaient  n'avoir  jamais  altérée  de  profondes  méditations  ) 
et  comme  le  prélat  du  Lutrin ,  il  auilsiit  pu 

De  ses  doigts  saintement  allongés , 

Bénir  tous  les  passans  en  deux  files  tangés. 

Du  reste ,  il  nous  a  laissé  explorer  les  archives  de  son  mo- 
nastère, et  nous  a  donné  avec  une  rare  obligeance  tous  les 
détails  que  nous  pouvions  désirer,  tant  sur  sa  fondation  que 
sur  rhistoire  et  les  écrivains  de  son  ordre ,  qu'il  avait  appris 
à  connaître,  durant  son  séjour  en  Italie.  Les  ouvrages  sui- 
vans  sont  sortis  de  sa  plume  : 

I.  L'Histoire  de  la  vie  et  des  miracles  du  bienheureux  Pierre 
Gambaturti  de  Pise^fondaieur  de  la  Congrégation  des  hermites 
de  l'ordre  de  Saint-Jérôme  ;  as^ec  celles  des  vénérables  Jacques 
Lion  (de  Fumay)^  Alexis  le  Noir  (de  MézièresJ^  du  très  ver- 
tueux  frère  Jean  Buffet  (de  Hargnies)  ;  tous  religieux  du  cou- 
vent de  Divers'MonL  Bouillon ,  Jean  Brasseur,  1 77  2 ,  in- 1 2 , 
p.  320  V  ovec  une  dédicace  à  madame  de  Saint- Amande  sei- 
gneur de  Mattignoles  ^  près  de  Gii^et.  Il  est  fait  mention  de  cet 
ouvrage  dans  le  Supplément  au  Dictionnaire  historique  de 
Feller,  art.  Sajànelli, 

(i)  Néanmoins  cette  simplicité  était  loin  d'approcher  de  celle  de  Barlot , 
d'abord  capitaine  de  cavalerie ,  puis  frère  jésuite ,  <|ui  demandait  si  le  mys-  - 
tère  de  la  sainte  trinité  ne  s'était  pas  opéré  par  l'entremise  de  l'ange  Gabriel. 


5{  BAJ' 

Il  faudrait  un  volume  pour  signaler  toutes  les  pauVreleé? 
dont  ce  livre  est  &rci,  et  qui  y  sont  racontées  d'un  ëtyle 
dont  une  vieille  de  village  entretient  ses  voisines.  On  y 
trouve  d'ailleurs  quelques  détails  sur  Forigine  et  la  fondation 
du  monastère  de  Diver9-Mont,  et  ^r  le  P.  Michel  le  Conte  f 
son  premier  prieur^  détails  dont  un  lecteur  judicieux  pourra 
faire  usage. 

IL  Bres^iarium  actorum  R'"**  ac  eximii  magistri  SajanelU  de 
Cremond^  ordinis  5.  Hwronynd  congregationis  beati  Pétri 
de  Pisù,  primigenii  historicipriefati  ordinis  et  congregationis  i 
unà  dan  vitd  religiossimi  fratris  Uieronynd  Martinot  (ex 
Louette  S»  Pétri) ^  ejusdem  ordinis  et  congregationis^  Bouillon  ^ 
Foissy,  1784,  in-4'*,  p.  68. 

L'auteur  a  tracé  dans  la  vie  du  frère  Martinot,  né  le  20 
octobre  1706,  mort  le  12  mai  1782,  les  principales  vertus 
du  frère  Joseph  Hallet  (de  Gribomont ,  ou  Blanche-OreUIe), 
^n  confrère,  mort  à  Divers-Mont  le  3  octobre  1781,  à  Fâge 
de  quatre-vingt-neuf  ans ,  et  celles  du  père  Jacques  ColU- 
gnonj,  célèbre  missionnaire  jésuite ,  né  à  Bièvre  eii  Ardenne , 
en  17 17,  qui  finit  sa  course  dans  le  diocèse  de  Cambrai,  le 
25  janvier  1781 .  Cet  ouvrage  prouve  que  le  P.  Bajomeï  sa- 
vait mieux  le  latin  que  sa  langue  maternelle.  On  peut  y  pui- 
ser d'utiles  renseignemens  sur  les  savans  et  Thistoire  litté- 
raire de  son  ordre. 

in.  Sckola  Hieronyma^  MS.  en  3  vol.  în-fol.,  contenant 
I42Ï  pages;  Scdula praxis  ordinis  S.  Hièronymi^  MS.  in- 
fol.,  p.  1 120-,  Considérations  sur  tous  les  étais ^  MS.  in-4" } 
Histoire  du  monastère  de  Sainte-^Marit  de  Dii^ers-Monî  j  de- 
puis son  origine  ^  en  i6ï  \_,  jusqu'à  Tannée  1784?  MS.  în-fol. , 
p.  1200,  qui  fut  jeté  au  feu  en  1794» 

IV.  Quelques  poésies  françaises  légères  sans  légèreté  et 
sans  poésie-,  quelques  pièces  de  vers  latins ^  où  la  prosodie 
était  assez  peu  respectée.  On  aurait  pu  dire  au  bon  père  ce 
que  Forluiiat  écrivait  à  Tévéque  Bertrand  :  J'ai  cru  rcmar- 


BAL  55 

quer  dans  vos  poèmes  quelques  syllabes  ou^trop  longues  ou 
trop  brèves  9  et  rharmonie  pejit  se  plaindre  d  y  être  quelque- 
fois blessée  : 

Et  pede  l»sa  suo  musica  clauda  gémit. 

BALAY  (^Jean  DE).  La  maison  de  ce  nom,  une  des 
plus  nobles  du  duché  de  Bourgogne ,  tire  son  origine  des 
anciens  seigneurs  du  village  et  château  de  Balay,  en  Rethe- 
lois,  canton  de  Youziers.  Les  armes  de  cette  famille  sont  en 
plusieurs  endroits  de  ce  château ,  et  Ton  remarque  encore 
des  pierres  tumulaires  des  anciens  seigneurs  dans  Téglise 
du  lieu. 

Le  plus  ancien  )  qui  soit  connu  aujourd'hui  par  les  titres , 
est  Jean  de  Balay^  premier  du  nom.  Il  alla  dans  le  duché  de 
Bourgogne, à  la  suite  de  Louis  de  Flandre,  y  acquit  des 
terres ,  et  y  mourut  vers  1 292.  Il  eut  trois  fils  :  Jean  >  Jacques 
et  Vincent.  Jacques  eut  la  terre  de  Saint-Martin,  sur  la  ri- 
vière de  Guye  en  Gharolois ,  et  continua  la  postérité. 

Thiébaud  de  Balay  j  fils  de  Jacques,  rendit  les  plus  signa- 
lés services  aux  comtes  de  Flandre  et  de  Rethel.  Jean  de 
Balay^  arrière-petit^fîls  de  Thiébaud,  se  distingua  par  son 
zèle  pour  la  maison  de  Bourgogne.  Ayant  été  fait  prisonnier 
de  guerre ,  il  n'obtint  sa  liberté  qu'à  condition  qu'il  ne  mon- 
terait jamais  à  cheval ,  et  ne  porterait  pcnnt  d'armes  de  fer. 
Mais  pour  satisfaire  à  sa  parole  et  suivre  ses  inclinations  guer- 
rières ,  il  s'habilla  de  buffle ,  monta  une  mule ,  et  armé  d'une 
lourde  massue ,  il  continua  de  donner  des  marques  de  son 
courage  et  de  son  attachement  au  service  de  son  prince , 
avant  et  après  la  mort  de  Gharles-le-Hardi ,  dernier  duc  de 
Bourgogne,  arrivée  le  5  janvier  14? 7' 

L'abbé  de  Longeville ,  prieur  de  Yoisey,  a  publié  la  Gé- 
néalogie de  la  maison  de  Balay^  l'j'io ,  in-fol.  de  cinq  pages. 
On  y  voie  que  cette  famille  a  donné  à  Téglise  d'illustres  mi- 


56  BAR 

nistres  des  autek,  des  religieux  et  des  religieuses  d'un  mdrite 
distingue,  et  à  Fëtat  une  multitude  de  grands  hommes,  sur^- 
tout  dans  la  profession  des  armes. 

Morëri-,  le  Long,  Hist.  de  Laon^rp.  384* 

BARDOU  (Jean\  était  né  à  Torcy,  près  de  Sedan ,  en 
1729.  Beaucoup  de  vivacité  dans  Tesprit ,  une  imagination 
féconde ,  lui  donnèrent  de  brillans  succès  dans  les  lettres  et 
la  philosophie ,  qu'il  étudia  sous  les  Jésuites  de  Sedan.  Ces 
Pères  augurant  bien  de  ses  talens ,  voulaient  qu'il  s^engageât 
avec  eux  *,  mais  sa  vocation  l'appelait  au  séminaire  de  Reims 
pour  y  finir  son  éducation. 

Entré  dans  les  sentiers  ténébreux  de  la  théologie ,  ce  fut  la 
raison  elle-même  qui  l'y  conduisit  avec  le  flambeau  de  la  foi  *, 
ses  progrès  dans  cette  science ,  à  laquelle  il  donna  une  ap- 
plication mesurée  à  son  importance,  furent  remarquables. 
Après  avoir  vicarié ,  il  obtint  à  trente-quatre  ans  la  cure  de 
Viviers-au-Court,  et,  en  1769,  celle  de  Rilly-aux-Oîes ,  et 
un  canonicat  de  la  cathédrale  de  Reims.  Il  résigna  ce  dernier 
bénéfice  la  même  année ,  et  prit  possession  de  la  cure  de 
Saint-Lambert  en  1774?  mais  il  ne  tarda  pas  à  reprendre 
celle  de  Rilly ,  qui  lui  laissait  plus  de  loisirs  pour  cultiver  les 
lettres. 

Regardant  la  prédication  comme  un  des  principaux  de- 
voirs de  son  état ,  il  se  montra  jaloux  de  le  remplir.  Sedan , 
Charleville,  Rethel ,  Reims,  etc.,  furent  tour  à  tour  le 
théâtre  de  son  zèle ,  et  il  y  recueillit  d'universels  applaudis- 
semens  ^  mais  ces  succès ,  loin  de  l'éblouir,  lui  parurent  pres- 
qu'aussi  fugitifs  que  ^  la  parole  qui  les  lui  procurait.  U  crut 
•qu'il  en  obtiendrait  de  plus  durables ,  en  renonçant  aux  dis- 
cours d'apparat ,  pour  se  borner  à  expliquer  l'évangile  k  ses 
paroissiens  -,  et  depuis,  rien  ne  put  le  détourner  de  cette  ré- 
solution. Dans  des  exhortations  familières ,  il  leur  faisait  sen- 
tir le  prix  de  la  vertu  et  les  plaisirs  d'une  conscience  pure  ^ 


BAR  57^ 

il  leur  apprenait  surtout  à  apprécier  le  bonheur  de  leur  con- 
^tion  paisible ,  et  à  ne  point  envier  les  fortunes  agitées  des 
villes.  Il  s'adressait  principalement  au  cœur  :  c'était  le  moyen 
de  réussir  ;  car  il  faut  convenir  que  celui  qui  nous  fidt  ai-^ 
mer  nos  devoirs ,  est  bien  supérieur  à  celui  qui  se  borne  à 
nous  les  démontrer. 

Pieux  sans  être  sombre  et  chagrin ,  il  sut  se  précaution- 
ner  contre  les  pratiques  et  les  observances  frivoles ,  que  la 
crédulité  superstitieuse  substitue  aux  exercices  d  une  dévo- 
tion solide.  La  science  qui  gâte  trop  souvent,  avait  affermi - 
sa  foi  :  mais  cette  foi  était  éclairée  et  surtout  indulgente.  Ja- 
mais on  ne  le  vit  prendre  dans  sa  paroisse  le  ton  de  ces  ré- 
formateurs bruyans  qui  arment  la  vertu  de  foudres  et  la 
font  haïr*,  qui  veulent  réformer  les  coupables  et  ne  savent 
que  les  humilier.  Au  contraire ,  à  l'exemple  de  saint  Paul , 
il  se  faisait  tout  à  touSj  pour  gagner  la  confiance  de  tous. 
Comme  le  docte  et  pieux  Gerson,  il  se  plaisait  singulière- 
ment à  catéchiser  les  enfans ,  à  jeter  dans  leurs  cœurs  les 
germes  précieux  d'une  saine  morale ,  et  à  assouplir  au  bien 
leurs  passions  naissantes ,  tandis  que  tous  ses  efforts  tendaient 
à  conserver  dans  l'ame  des  adultes  la  simplicité  de  la  foi  j  la 
franchise  de  la  vertu ,  et  surtout  la  crainte  de  Dieu  y  seule 
capable  d'arrêter  les  crimes  que  le  secret  dérobe  à  la  justice 
du  temps. 

Tout  en  s'occupant  avec  assiduité  des  devoirs  de  son  mi- 
nistère ,  il  savait  encore  trouver  des  heures  pour  l'étude ,  et 
il  s'y  livrait  avec  ardeur.  Un  travail  suivi  avait  enrichi  son 
esprit  de  connaissances  positives  et  variées.  Il  était  loin  de 
croire  que  l'art  des  romanciers  fût  dangereux ,  quand  il  n'a 
>k  qu'un  but  moral.  Il  n'ignorait  pas  que  les  Orientaux ,  de  qui 
nous  la  tenons ,  l'ont  consacré  à  instruire  l'humanité  par  une 
morale  touchante  et  sublime ,  et  que  les  Grecs  et  les  Latins 
ornaient  souvent  les  vérités  les  plus  utiles  des  charmes  de  la 
fiction.  Cet  art  lui  paraissait  donc  s'allier  avec  les  devoirs 


58    .  BAR 

austères  de  son  ëtat.  Héliodore  »  <iyéque  de  Trica  (  i  \  Caix&us , 
^véque  de  Belley,  le  P.  Michel  Ange  Matin ,  religieux:  nii*- 
nime^  Fënelon ,  et  d'autres  personnages»  célèbres^  qui^  ccKmiiie 
lui,  ont  cultivé  cette  branche  de  la  littérature >  dans  la.  vue 
d'épurer  les  mceurs^  osaient  en  porter  le  même  jugement» 

Persuadé  qu  un  prêtre  peut  sacrifier  aux  grâces  sans  corn*- 
prôtnettre  son  caractère ,  il  cultivait  aussi  les  arts  agréables, 
tels  que  la  musique  instrumentale  et  la  peinture*  Son  por- 
trait, fruit  de  son  pinceau,  est  conservé  dans  sa  &mille. 

Il  jouissait  du  bofiheur  de  vivre  paisiblement  au  milieu 
de  ses  paroissiens ,  comme  un  père  entouré  de  ses  enfkns , 
quand  la  mort  le  surprit ,  le  1 5  mars  i8o3 ,  âgé  de  soixante- 
quatorze  ans ,  après  une  lïialadie  de  quelques  jours. 

Aux  vertus  qui  rendent  un  ecclésiastique  recomnlian- 
dable ,  Bardou  unissait  un  caractère  aimable  et  doux.  Son  . 
commerce  était  agréable  et  facile.  Personne  n'avait  plus  que 
lui  le  talent  de  b^en  raconter,  et  il  y  joignait  le  mérite  de  ne 
jamais  raconter  autant  qu'où  l'aurait  voulu.  Il  nourrissait  ses 
entretiens  par  des  traits  d'esprit  et  d'érudition,  qui  lui  échap- 
paient naturellement  ;  un  grand  fonds  de  gaité  donnait  un 
nouveau  prix  à  sa  conversation.  En  un  mot,  son  esprit  plai- 
sait à  tous  les  esprits ,  spn  caractère  convenait  à  tous  les  ca- 
ractères. 

Ses  œuvres  imprimées  : 

I  *.  Histoire  de  Laurent  Marcel^  ou  ÏObservaJLeur  sans  pré- 
jugés. Lille,  Lehoucq,  1770  (Bouillon,  Soc.  Tjp.),  1770, 
4vol.  in-i2.  It.  ibid.^  ^779»  4  "^o^*  iii-^si;  *ï»  ihid.j  1781, 
4  vol.  in- 12.  Il  y  a  dans  ce  roman  de  l'instruction,  de  la 
gaité,  des  caractères  ingénieusement  dessinés,  intéressans 
par  leur  extrême  ridicule.  L'auteur  y  fraude  souvent  les 
préjugés.  Sa  philosophie  est  enjouée ,  il  a  Fart  d'égayer  ses 

(i)  Au  leur  de  V  Histoire  des  amours  de  Théagèhc  et  de  Cariciée  ;  grec  et  latin. 
Paritij  i6ij},in-fol* 


BAR  ,    5g 

lectears.  On  désirerait  qu'il  fût  moins  diffus,  et  qu'il  eût 
plus  châtifi  8cm  style. 

II  ^.  là' Esprit  des  Apologistes  de  la  Religion  chrétienne  j  ou 
réunion  des  preun^es  les  plus  sensibles  et  les  plus  convaincantes 
qui  ont  sernpour  sa  défense  y  OJ^ec  Us  réponses  aux  principales 
dijffiadtés.  Bouillon ,  Jean  Brasseur  (1776))  3  voL  in*ia. 
fi  Cet  ouvragé,  dit  Fauteur,  est  proprement  un  extrait  de 
»  pl^s  de  soixante  apologies  de  la  religion ,  que  les  gens  dM- 
»  tude  Seuls  auraient  le  loisir  de  parcourir. 

»  I^e   i"""  volume  commence  par  Texamen  des  livres  de 
»  Moïse  :  on  y  trouve  des  recherches  intéressantes  Sur  Tan- 
»  cientaretë  des  Hébreux  ^  sur  leurs  lois  et  sur  leurs  mœurs, 
»  qui  nous  paraissent  aujourd'hui  si  extraordinaires ,  sur  les 
'  »  lilonumens  qui  constatent  le  merveilleux  de  leur  histoire  ; 
»  enfin ,  sur  le  péché  d'origine ,  qui  est  proprement  la  base 
»  et  le  f<mdement  de  la  manifestation  évangélique.  L'auteur 
>»  passe  ensuite  à  l'authenticité,  la  canonîcité^  TinispiratiOn 
»  des  livres  de  V Ancien  Testament,  Il  répond  aux  objectioiis 
»  capitales  qui  ont  été  proposées  stu*  Timprobabilité  des 
»  faits  ^  le  sens  éqilivOque  des  prophéties,  l'intolérance  des 
»  Juifs,  l'inexactitude  de  leur  chrouologie,  les  bornes  de 
»  leurs  connaissances  dans  la  métaphysique  et  l'histoire  na- 
»  turelle..  Le  2*"  volume  établit  les  principes  qui  nous  font 
»  disceruer  les  livres  du  Nous^éau  Testament,  et  particulier 
)>  rement  les  Ëvangiles ,  de  cette  foule  d'écrits  prétendus  ins- 
»  pires  qui  parurent  dans  les  premiers  siècles  de  l'église. 
)>  Après  cet  éclaircissdmei^t,  on  traite  des  caractères  du  Mes* 
y>  sie,  dont  on  prouve  l'avènement  et  la  divinité  par  l'éclat 
»  et  l'esprit  de  son  ministère*  Le  lecteur  sera  surpris  de  voir 
)>  quels  i*essorl;s  ont  été  employés  dans  tous  lés  temps  pour 
))  ruiner  la  religion  de  J.-C,  en  attaquant  ses  miracles,  ses 
»  promesses ,  ses  mystères,  etc.  Dans  le  3*  volume  on  trouve 
»  le  tableau  du  christianisme  d'après  la  doctrine  de  son  divin 
»  fondateur ,  et  Ton  démontre  que  de  toutes  les  législations 


6o  BAA 

»  religieuses ,  celle  de  Fëvangile  est  la  plus  pure ,  et  la  plus 
»  conforme  aux  règles  d^une  sage  et  saine  politique  ^  c[u'*elle 
»  est  assortie  à  tous  les  états  et  à  tous  les  gouvememezis  y  et 
»  qu  il  n  est  point  de  peuple  dont  elle  ne  puisse  faille  le  lK>n- 
»  heur  et' la  tranquillité.  Il  est  peu  d'écrivains  qui  aient  en- 
»  trepris  de  traiter  à  part  cette  matière,  et  de  faire  face  aux 
»  calomnies  et  aux  fables  qui  se  trouvent  répandues  dans 
>)  une  infinité  de  brochures ,  pour  rendre  les  Ghrétieiis  et  le 
»  christianisme  odieux  *,  et  c  est  à  quoi  Fauteur  parait  s^'étre 
»  appliqué  avec  le  plus  grand  succès.  »  (^Joum.  encycLj 
mai  1776,  t.  IV,  part.  II,  p.  352.) 

m  *  Amusemens  £un  Philosophe  soUtairej  ou  choùv  iTa- 
Tiecdotes  ^  de  dits  et  de  faits  de  VHist.  ancienne  et  moderne  j 
de  singularités  remarcjuables^  d'observations  curieuses  et  utiles ^ 
de  descriptions^  de  récits ^  de  portraits  j  de  réflexions  morcdesj 
de  saillies  et  de  bons  mots^  de  poésies  sérieuses  et  badines  /  et 
généralement  de  tout  ce  ifui  peut  nourrir  V  esprit  et  orner  la  mé- 
moire.  Bouillon,  imp.  de  la  Soc.  typc^. ,  1788,  3  vol.  in-S"*. 
C'est  l'extrait  d'un  MS.  de  J.  Bardou,  intitulé  :  Journal 
d*un  Homme  de  Lettres^  6  vol.  in-4^,  de  4oo  p.  chacun.  «  IjCs 
»  Amusemens  d'un  Philosophe  solitaire  ont  éprouvé  de  Tal- 
»  tération  de  la  part  des  éditeurs ,  dont  je  fus  dans  le  temps 
»  très  peu  satisfait.  C'est  ce  grand  alphabet  qu'ont  censuré 
»  fort  amèrement  en  1787,  MM.  d'Homond  et  Hays  de  Pa- 
»  ris ,  et  qu'avaient  défiguré  les  imprimeurs  de  BouiUon , 
»  sous  le  titre  é! Amusemens j  etc.  »  (Extrait  d'une  LeUre  de 
J.  Bardou  J  du  9  fév.  i8o3,  écrite  à  l'auteur  de  la  Biogra* 
pkie  Ardennaise.)  A  la  vérité,  les  faits  y  sont  quelquefois  pré- 
sentés d'une  manière  incohérente  et  tronquée ,  et  souvent 
dépouillés  de  toutes  les  circonstances  qui  peuvent  les  rendre 
vraiment  intéressans ,  solidement  instructifs. 

IV  *.  On  lui  a  attribué  une  satire  en  vers,  aussi  forte  de 
choses  que  d'expression,  contre  les  Chartreux  du  Mont-Dieu. 
Cette  pièce  imprimée  n'est  pas  de  lui.  «  J'aurais  été  bien  (a- 


BAR  6i 

»  chë  d'y  avoir  eu  part,  nous  écrivait-il.  Ce  que  jai  rap- 
»  porté  de  l'ordre  de  Saint- Bruno,  dans  Laurent  Marcel^ 
')»  n^est  pas  exact,  et  j'en  ai  essuyé  des  reproches ,  parce  qu'en 
»  effet  j'étais  mal  informé.  »  {Lettre  d'-dessus.) 

Ses  œuvres- manuscrites  : 

I.  Progrès  de  V Esprit  humain  dans  la  recherche  des  véri- 
tés intellectuelles  et  religieuses  ^  pour  servir  d'introduction  à 
/'Esprit  des  Apologistes  de  la  Religion,  3  vol.  in-12,  de 
3oo  pages  au  plus. 

II.  Aventures  de  Fulbert  Ansart^  ou  Progrès  de  V Educa- 
tion civile  et  religieuse^  3  vol.  in-4''  de  i5o  pages  chacun. 

III.  Le  Considérateur^  ou  Tableau  des  vicissitudes  hu- 
maines^ 3  vol.  in-i2. 

IV.  Le  Prince  Cosmopolite  ^  ou  V École  des  Souverains  ^ 
a  vol.  in-4°  de  284  pages.. 

c(  Dans  ces  trois  dernières  productions ,  ainsi  que  dans 
»  Laurent  Marcel ^  je  me  suis  proposé  le  même  but,  dit  l'au- 
»  teur.  Marcel  voyage  en  France  et  en  Italie*,  Ansart,  en 
»  Angleterre  et  en  Espagne-,  le  Considérateur  parcourt  TAl- 
»  lemagne,  la  Hollande  et  la  Hongrie-,  et  le  prince  cosmo- 
»  polite ,  l'Asie ,  l'Afrique  et  l'Amérique.  C'est  un  plan  d'é- 
y>  ducation  presque  tout  fondé  sur  des  faits  tirés  en  partie  des 
)>  voyageurs  les  plus  véridiques ,  sur  l'état  actuel  des  moeurs, 
»  pratiques  et  usages  des  peuples  connus ,  et  surtout  de  ceux 
»  de  l'Europe.  J'en  ai  banni  les  moralités  £3istidieuses ,  et  je 
»  n'ai  joué  d'un  bout  à  l'autre  que  le  personnage  de  nar- 
»  rateur.  »  (Lettre  ci-dessus^ 

L'examen  de  ces  romans  nous  a  prouvé  que  l'auteur,  tout 
ecclésiastique  qu'il  était,  connaissait  le  monde ,  les  replis  du 
cœur  humain ,  et  tous  les  ressorts  qui  contribuent  au  lien  et 
au  bonheur  de  la  société.  Ils  respirent  une  saine  morale,  et 
«ont  loin  de  ressembler  à  la  plupart  des  productions  de  ce 


Ga  BAT 

genre,  qui,  eii  flattant  les  passions,  n'ont  d  autre  rt^sultat 
que  celui  d'égarer  le  cœur  en  séduisant  Vimligination. 

Boileau,  dan^  la  .satire  à  son  esprit  j  parle  ainsi  d'un  Bar- 
dou ,  curé  à  Poitiers  : 

■ 

Qae  vous  a  fait  Perrin ,  Bardou ,  Mauroy,  Boursaut  t 

» 

BATTEUX  {Charles)^  naquit  à  Alland'huy ,  près  d'Atti- 
gny,  le  6  mai  lyiS  (i),  de  Jean  Batteux  et  de  Jeanne  Ste- 
venin.  Il  commença  ses  études  sous  la  direction  d'un  frère 
aîné ,  et  entra  en  troisième  au  collège  de  Beims ,  où  il  fit  as- 
sez de  progrès  pour  passer  à  la  fin  de  l'année  scolastique ,  de 
cette  classe  en  rhétorique.  Sa  théologie  finie  à  dix-neuf  ans ,  il 
lui  restait  deux  ans  avant  que  d'entrer  au  séminaire.  Durant 
cet  intervalle,  il  étudia  les  belles-lettres.  Il  avait  eu  le  bon- 
heur de  puiser  en  rhétorique  quelques  notions  de  langue 
grecque  -,  c'étaient  des  idées  tombées  par  hasard ,  qui  ger- 
mèrent pourtant ,  et  qui  fructifièrent  dans  la  suite. 

Dès  qu'il  fut  au  séminaire,  le  savant  du  Vau,  abbé  régu- 
lier de  Landève,  lui  donna  des  leçons  de  grec  et  d'hébreu. 
L'évêque  de  Pouilly,  le  Socrate  de  Reims ,  l'aida  aussi  de  ses 
lumières  et  de  ses  livres.  Ce  fut  par  ses  conseils  qu'il  entre- 
prit de  travailler  à  un  cours  complet  de  littérature.  Il  sépara 
les  genres ,  étudia  les  principes  de  chaque  genre  -,  il  lut  en- 
suite et  compara  entr'eux ,  et  avec  les  règles ,  les  auteurs 
grecs ,  latins  et  français  :  ce  travail  produisit  dans  la  suite 
les  n°*  1  et  2. 

Il  avait  à  peine  atteint  sa  vingt-deuxième  année  (c'était 
en  1 734) ,  qu'on  le  nomma  professeur  de  rhétorique  de  l'uni- 
versité de  Reims.  S'il  sentit  tout  le  prix  d'un  choix  flatteur 
qui  le  déclarait  maître'  au  moment  presque  qu'il  sortait  de 
la  classe  de  disciple ,  il  n'oublia  rien  pour  le  justifier.  Le  fruit 

(i)  Et  non  le  7,  comme  le  disent  !c8  Biographies,  où  il  est  quelquefois 
nommé  le  RaUeux. 


BAT  Gi 

avLÏl  recueillit  d'un  travail  opiniâtre,  soutenu  pendant  quel- 
ques années,  le  fit  connaître  à  Paris,  où  il  obtint,  en  174^' 
par  la  médiatioa  de  Fabbé  d'Olivet,  une  chaire  de  troi- 
sième  au  collège  de  Lizieux,  d'où  il  passa,  en  1745,  à  celle 
de  rhétorique  du  collège  de  Navarre ,  siu*  la  demande  des 
chefs  de  cette  maison ,  qui  avaient  d^abord  marqué  la  plus 
violente  opposition  à  sa  cooptation  dans  l'université  de  Pa- 
ris (1). 

Ses  grades  et  son  septennium  lui  ayant  procuré  un  canoni- 
cat  de  Reims ,  il  désirait  d'occuper  une  place  qui  le  répute- 
rait  présent.  La  chaire  de  philosophie  grecque  et  latine  au 
collège  royal,  qu'il  sollicita  et  obtint  en  1760,  lui  valut  ce 
droit  de  présence ,  après  un  procès  de  trois  ans  avec  k>n  cha- 
pitre ,  qui  accordait  à  des  étrangers  ce  qu'il  refusait  à  un 
compatriote.  Ilreiùplit  avec  distinction  cette  chaire,  qui  fut 
supprimée  quelques  années  avant  sa  mort ,  et  remplacée  par 
la  chaire  d'éloquence  française,  que  Tabbé  Aubert,  son  dis- 
ciple et  son  ami,  occupa  le  premier. 

II  fut  admis  à  l'académie  des  inscriptions  en  1 764  9  et  entra 
en  1761  à  l'académie  française.  Chargé  plus  d'une  fois  de  re- 
présenter cette  compagnie ,  il  parla  non  avec  cette  recherche 
.  qui  vise  à  l'efiet,  et  senvUe  donner  le 'signal  des  applaudis- 
semens ,  mais  avec  la  justesse  et  la  clarté  d'un  esprit  droit  et 
lumineux. 

Le  ministre  Bertin  son  ami ,  entretenait  aux  extrémités  de 
l'Orient ,  une  correspondance  avec  des  Chinois  qui  avaient 
été  élevés  à  Paris,  étales  engageait  par  des  bienfaits  a  com- 

(1)  Lorsque  Tabbé  Batteux  fat  préseaté  par  l'abbé  d'Olivet ,  pour  la  chaire  * 
de  troisième  à  Lizieut ,  la  jalousie  déjà  éveillée  par  la  réputation  qu'il  s'était 
fidte  à  Reims ,  eng^agea  les  gens  de  l'université  de  Faiis  k  exiger  que  s'y  remet- 
taat  sur  les  bancs ,  il  y  prit  le  premier  grade ,  çelni  de  piaître^s-arts.  Batteux 
fit  la  demande  d'être  entendu  sur  cette  difficulté ,  à  l'assemblée  du  prima 
mmsis;  on  la  lui  accorda.  Il  y  parla  avec  tant  d'éloquence  et  de  grâce  ^  sur 
une  formalité  si  ridicule  en  elle-mêpae ,  que  tout  d'une  voix,  on  fit  fléchir  la 
coutume  en  sa  faveur  ;  il  en  fut  dispensé ,  et  reçu  par  acclamation. 


64  BAT 

poser  des  mémoires  instructifs  sur  différens  objets  intëres  j?- 
sans.  A  sa  prière,  Batteux  se  chargea  de  les  revoir.et  de  le^ 
rédiger  avant  d'en  faire  part  au  public ,  et  par  ses  soins  plu — 
sieurs  ont  vu  le  jour  de  son  vivant. 

Bientôt  après  il  fut  chargé  de  présider  à  la  rédaction  d'^un 
cours  dVtudes  que  le  comte  de  Saint-Germain ,  ministre 
de  la  guerre ,  destinait  à  Tëducation  des  élèves  de  FEcole- 
Royale  Militaire.  Ce  cours,  en  47  volumes,  fat  conçu  et  exé- 
cuté en  moins  d^un  an ,  selon  le  vœu  du  ministre.  Ce  travail 
forcé  nuisit  et  àja  santé  du  rédacteur  principal,  qui  is'affai-- 
blit  sans  retour,  et  à  Touvrage ,  qui ,  dans  quelques-unes  de 
ses  parties ,  manqua  le  point  de  perfection  doht  il  était  sus- 
ceptible, et  dont  le  peu  de  succès  avança,  dit-on,  le  terme 
des  jours  de  Batteux. 

Il  prévit  et  attendit  sa  fin  avec  la  tranquillité  d'esprit 
qui  le  caractérisait,  et  avec  la  résignation  vertueuse  qui 
tenait  à  ses  principes.  A  des  maux  de  nerfs  qvCil  ressei^tait 
depuis  quelques  années,  vint  se  joindre  Thydropisie  qui 
termina  ses  jours  le  i4  juillet  1780.  Peu  de  temps  avant  sa 
mort ,  il  s'applaudissait  encore  de  n'avoir  jamais  écrit  contre 
qui  que  ce  fût.  Ses  restes  furent  inhumés  dans  l'église  de 
Saint- André-des- Arcs,  sa  paroisse,  où  le  ministre  Bertin 
lui  fit  ériger  un  monument  sur  un  pilier.  Il  étoit  composé 
d'une  urne  placée  sur  un  fût  de  colonne  tronquée.  Au  pied 
de  l'urne  étaient ,  sur  quatre  rouleaux  déployés  des  deux  cô- 
tés ,  les  principaux  ouvrages  de  notre  savant ,  qui  lui  ser- 
vaient de  trophées.  Sur  le  premier  à  gauche  on  lisait  :  Prin- 
cipes de  littérature;  et  plus  bas,  Liiteris,  Sur  le  second,  du 
même  côté  :  Cours  d* études;  et  plus  bas,  Patrice.  Sur  le 
troisième,  à  droite ,  Moribus ;  et  plus  bas.  Mémoires  concer- 
nant les  Chinois.  Sur  le  quatrième ,  du  même  côté  :  Histoire 
des  causes  premières  ,•  et  plus  bas ,  JReligioni.  L'urne  était 
couronnée  par  un  cercle  d'étoiles,  symbole  de  l'immorta- 
lité -,  et  au-dessus  était  le  portrait  de  l'abbé  Batteux ,  dans 


BAT  6S 

vin  médaillon  de  plomb.  La  colonne  portait  rinscription 

suivante  : 

Garolo  Batteux, 
Ecclesîae  Remensis  Ganonico , 
Uni  è  xi«.  VirU  Academ.  Gallicae , 
RegÛB  Inscr.  et  Humanior.  Litt,  Academ.  Soôio , 
Amiens  Amico 

M.  P. 

Vixerat  aimos  lxvii, 
Obiit  anno  Dni  m.  occ.  lxxx  y 
Meii0e  Julio ,  die  xir. 

Quelques  débris  de  ce  mausolée ,  exécuté  par  Auger,  et 
brisé  en  1794  9  sont  au  Muséum.  Ils  consistent  en  une  urne 
coupée,  et  le  médaillon  de  Batteux,  dont  la  tête  n*^a  aucun 
de  ses  traits. 

M.  de  Sivry  fait  son  éloge  en  peu  de  mots  :  «  Uti  vif  at- 
»  trait  pour  Tétude ,  plutôt  qu^aucune  vue  d'ambition  y  lui  fit 

»  embrasser  Tétat  ecclésiastique il  était  plus  estimable 

»  encore  par  ses  qualités  personnelles  que  par  ses  talêns 
»  littéraires.  Bon  parent,  il  soutenait  par  ses  bien&its  une 
;»  &mille  aussi  nombreuse  que  peu  opulente.  Excellent  ci- 
»  toyen,  il  s'intéressait  »  jusqu'à  l'émotion,  au  récit  des  re- 
»  vers  et  des  succès  de  la  France.  Grave  sans  austérité,  plu- 
»  tôt  par  état  que  par  caractère ,  il  apportait  dans  la  société 
»  une  gaîte  douce,  une  philosophie  sans  fiel ,  sans  esprit  de 
»  parti.  Né  d'une  complexion  en  apparence  robuste ,  il  l'ai* 
»  téra  à  la  longue ,  soit  dans  son  cabinet,  par  un  travail  opi- 
»  niâtre,  soit  dans  son  jardin  (d'Ivry),  où  il  allait  méditer, 
»  et,  qu'après  son  cabinet,  il  préférait  à  tout  autre  angle  de 
»  la  terre.  »  (Nécrol.  des  Hom.  céL^  t.  XVI,  p.  82.) 

Il  était  très  charitable  :  on  sait  qu'il  donnait  annuellement 
une  somme  de  cinq  cents  liv.  au  curé  de  Saint* André-des- 
Arcs.  C'est  donc  à  tort  qu'on  l'a  taxé  d'avarice.  Son  éloge  pat- 
Dupuy,  est  dans  le  t.  XLY,  p.  91  à  106,  des  Mémoires  de 
VAcad.  des  Inscriptions. 

,    TOME  I.  5 


»    * 


m  BAT 

Le  baron  de  Grimm ,  qtii  a  fait  une  critique  aaisez  ntesur^ëe 
de  cinq  ouvrages  de  Batteux  ,  dans  le  t.  V,  p.  1 90  à  i go;  <le 
sa  Correspondance  littéraire j  araît  fort  maltraite  sa  personne 
dans  son  t.  II ,  p.  ^83  -,  mais  le  ton  qu  il  prend  à  son  égard 
ne  surprend  pas ,  lorsqu'on  sait  qu  il  lemplore  envers  tous 
les  écrivains  dont  il  parle ,  et  dont  le  mérite  est  universelle- 
ment reconnu  *,  qu'il  n'a  pas  même  épargné  Voltaire ,  quand 
celui-ci  n'adopte  pas  ses  opinions  philosophiques. 

La  Harpe  n'a  pas  rendu  assez  de  justipe  à  notre  académi- 
cien ,  lorsque  parlant  de  son  Parallèle  du  Lutrin  et  de  la 
Henriadtj  il  dit  :  <(  Batteux  /  Desfontaines ,  la  Beaumelle  ^ 
»  quoique  fort  médiocres ,  et  comme  écrivains  et  comme 
»  critiques ,  n'étaient  pourtant  pas  de  ces  auteurs  que  leur 
»  nom  seul  nous  dispense  de  réfuter.  »  {Cours  de  littérature^ 
t.  VIII,  p.  64.) 

Un  anonyme  s'est  montré  plus  sévère  encore  envers  Bat- 
teux, dans  une  critique  assez  peu  ménagée,  insérée  dans 
V  Année  littéraire  {t,W^\el.y\y  p.  fjZ  à  ia3,  an*  1780). 
Après  avoir  dit  qu'il  était  «  presque  le  seul  de  tous  les  mem- 
))  bres  de  l'académie  française  qui  conservât  l'amour  des 
»  bons  principes ,  )>  il  lui  fait  bien  ensuite  expier  ces  deux 
grains  d'encens  :  il  le  dissèque  sans  pitié  v  et  l'académicien 
loué  peut  dire  ici ,  comme  Jonathas  :  Gustans  gusta^i  in  sun>- 
mitate  virgœ^  paululum  melUsj  et  ecce  ego  mœior.  Nous  nous 
contenterons  de  faire  ob^server,  avec  Delille ,  a  qu'on  ne  peut 
»  méconnattre  d^ixs  Batteux  le  littérateur  estimable ,  l'écri- 
»  vain  élégant,  le  dissertateur  ingénieux,  le  grammairien 
»  habile  et  l'admirateur  éclairé  de  l'antiquité  (i);  »  et  avec 
Dupuy,  «  que  son  style  fut  élégant  sans  affectation ,  noble 
)>  avec  simplicité ,  pur  et  régulier  sans  gène  et  sans  mono- 
»  tonie,  précis  sans  obscurité.  » 

L'abbé  Batteux  a  fourni  des  éelaircissemens  sur  sa  famille 

(1]  Discours  prononcé  à  l'acadéniie ,  le  35  janvier  1781,  jour  de  la  réception 
âe  Lemierre. 


BAT  67 

et  sur  sa  personee  dans^  une  Leifre  à  ses  neveux  (i),  d'où 
nous  avons  extrait  mue  partie  de  cette  notice ,  ew  conservant 
ses^  propres  expressions ,  amtant  que  Tanalyse  a  pu  le  per- 
mettre ',  car  la  manière  dont  un  auteur  écrit  sa  vis ,  feit  aussi 
psâFtie  de  sa^vie. 

Ses  œuvres  : 

I.  Les  Beaux-Arts  réduits  à  un  même  princif»  (rîmitation 
de  la  I>eUe  nature).  Pam>  Durand,  174^9  in-8%  p.  agi  ;  ii.j 
PariS)  ihid.y.  ï747»  in-8°,  fig. ,  p.  3o8;  it.j,  trad.- en»  alle- 
mand, par  P.  C.  Bertram.  Leîpsick^  ï75i,  ia-8°;  ît.j  par 
Jean  Adolph  SchlegeL  Zeijp^icft^  Weidmann,  1758,  iu-8**-, 
iï.^iibid.,  1759,  in-8'^v  *'-j  ibid.,.  1770 5,  iQ-8°. 

Les  notes  et  les.  dissertations  de  ScUegel  fùrmeni  les  deux 
tiers  de  Touvi'age.  Ces  dernières  sont  au  nombre  de  neuf, 
savoir  :  de  la  Nécessité  da  former  le^Goàt',  de  la  Formation 
précoce  du  Goût*,  de  TOrigiûe  des  Arts,  particulièrement 
des  Beaux^Arts  ^  de  la  Distribution  des  Beaux- Arts,  âelon 
leurs  différentes  vues  -,  du  grand  Principe  de  la  Poésie  ^  de  la 
Division  de  la  Poésie  *,  du  Merveilleux  de  la  Poésie ,  particu- 
lièrement dans  Tépc^ée  ;  du  Véritable  objet  de  la  Pastorale  ; 
de  THarmonie  du  Vers. 

Ce  traité  àsA  Beaux-Arts  est  regardé  comme  la  plus  esti- 
mable des  productions  de  Batteux.  Il  ne  parle  que  des 
beaux -arts  faits  pour  le  plaisir*,  il  prétend  quils  ne  sont 
qu  une  imitation  de  la  belle  nature ,  et  U  applique  son  prin- 
cipe aux  difFérens  arts  de  la  poésie^ de  la  peinture,  de  la 
musique  et  de  la  dause*  Cet  ouvrage  est  précieux  par  la  sa- 
gesse du  dessein ,  la  finesse  des  vues ,  et  par  la  sagacité  avec* 
laquelle  on  y  décompose  la  métaphysique  des  arts ,  et  on  la 
ramène  à  des  principes  lunûfieux  et  féconds.  Il  est  bien  écrit; 
mais  on  reprophe  à  Tauteur  d'avoir  manqué  quelquefois  dati^ 
les  principes  et  dans  leur  application . 

(1)  Bile  est  à  la  tête  du  Traité  de  l'arrangement  des  mots ,  p.  7  à  29.  ' 

5. 


A 


68  BAT 

II.  Cours  de  Belles  ^Lettres,  Paris,  Desaint  et  Saillant, 
1^47  ^  '7^0,  4  ^^'-  în-i2^  it.,  Pomj  ibid.,  lySS  à  1764, 
4  vol.  in- 12*,  it.^  Gottingue,  Luzac,  Ï764,  4  vol.  in- 12; 
it.j  Gottingue  et  Leyde,  Élie  Luzac,  4  ^o^-  in-ia. 

III.  De  la  Construction  oratoire.  Paris,  ibid.^  ''764?  in-8°, 
p.  4^9  >  r^îuiP'  avec  le  Traité  des  Tropes  de  Du  Marsais, 
Tulles,  Chirac,  lygS,  in- 12*,  lï.^  Paris,  1810,  in- 12;  it,^ 
Tulles,  Chirac,  i8i3,  în-12. 

Ces  trois  ouvrages  ont  été  rëunis  sous  le  titre  de  Principes 
de  Littérature.  Paris,  ibid,j  1766,  5  vol.  in-12;  lY.^  Paris, 
Desaint  et  Nyon,  1774?  5  vol.  in-8*,  5*  édit. -,  lï.,  Lyon, 
AmaLle  Leroy,  1800,  6  vol.  in-12,  avecle^n"  11. 

Ce  cours,  plus  raisonné,  plus  méthodique,  pHis  précis 
que  le  Traité  des  Études  de  RoUin ,  est  écrit  avec  moins  d'é- 
légance et  d^abandon «  C'est  le  meilleur  catéchisme  de 

))  littérature  que  nous  connaissions  -,  le  choix  des  exemples 
»  qu'on  propose  pour  modèle  le  rendra  toujoiu*s  très  propre 
»  à  rinstruction  de  la  jeunesse.  Il  n'est  pas  étonnant  qu'il 
»  ait  eu  plus  de  succès  en  Allemagne  qu'en  France  ;  il  avait 
»  pour  les  étrangers ,  outre  le  mérite  dont  nous  avons  parlé , 
»  celui  d'être  un  excellent  abrégé  de  littérature  firançaise ,  ce 
))  qui  devait  naturellement  intéresser  encore  plus  leur  curio- 
»  site  que  la  nôtre.  »  (Grimm,  Correspond,  littér.^  t.  V.) 

Nous  croyons  qu'il  est  à  propos  d'indiquer  les  différentes 
traductions  que  les  étrangers  firent  de  cet  ouvrage. 

lEa  espagnol j  par  Agst.  Garcia  de  Arrieta.  Madrid ^ 
18...,  in- 8**-,  en  anglais _,  par  Millerj  1761,  4  vol.  in- 
12;  en  allemand j  par  P.  E.  Bertram  ^  it.,  par  Ramiers. 
Leipsick ,  Weidmann ,  1767,  in-8°*,  1^.^*1762,  1769,  1774» 
it.j  en  abrégé  avec  des  additions,  par  J.  £p.  Gottsched. 
Leipsick j  1 754?  în-'4**«  La  traduction  de  Ramiers  est  faite  avec 
soin ,  et  enrichie  de  bonnes  notes  ;  elle  eut  un  cours  prodi- 
gieux dans  tous  les  cercles  d'Allemagne.  Eii  un  an  il  s'en  fit 
trois  éditions.  La  version  du  professeur  Bertram  ne  trouva 


BAT  69 

plus  de  lecteurs  depuis  la  publication  de  celle-ci.  (Denina , 
Prusse  littéraire j  t.  I,  p.  aSy-,  t.  III,  p«  ïQï-)  • 

Un  anonyme  a  publié  un  abrégé  de  ce  cours  sous  ee  titre  : 
ÉUniens  de  littérature.  Paris,  1773 ,  2  vol.  in-12  -,  lï.,  ibid., 
1804 >  2  vol.  in-12.  Aux  réflexions  de  Fauteur  Fabréviateur 
en  joint  de  nouvelles ,  qu  il  a  tirées  d'ouvrages ,  cpii ,  dans  ce 
genre,  font  autorité.  Il  fait  aussi  connaître  Fétat  de  la  littéra- 
ture étrangère  ;  objet  intéressant ,  qui  avait  été  omis  par  Bat^ 
teux.  Mennet  a  mis  au  jour  :  Leçons  de  belles-lettres  pour 
servir  de  suppléïnent  cuix  principes  de  littérature  de  Batteux. 
Moulins ,  1 8b4 ,  3  vol.  in-  f  2 .  ;      ' 

rV.  Les  Poésies  d' Horace  trad., en  français  ^  avec  de  courtes 
noies.  Paris ,  Desaint  et  Saillant ,  1 760 ,  1 7 53 ,  1 7Q6 ,  1 768  \ 
1777,  1781,  2  vol.  in-i6-,  ïï.j  Lyon,  Rolland,'  1802,  2  voK 
in-i6-,  it.^  revues  par  F.  Peyrardj  Paris,  Louis,  i8o3, 
2  vol.  in-12",  lï.  j  Paris,  i823,  3  vol.  in-:8%  édît.  revue  et 
conigée-paT  j^ckaintrcj  où  il  a  rétabli  des  passages  suppri-< 
mes  dans  presque  toutes  les  éditions  précédentes  *,  it.j  réimp^ 
dans  le  n°  x  (i). 

Cette  traduction  est  fidèle ,  à  quelques  inexactitudes  près , 
mais  dénuée  de  grâce  et  de  cbaleur*  Au  reste,.  Batteux  con- 
venait lui--même  qu'il  s'était  proposé  de  faciliter  Fintelli- 
gence  de  Fauteur,  et  non  de  représenter  fidèlement  la  force 
et  Fbarmonie,  d'un  poète  si  souvent  tradtiit  sans  être -jamais 
imité.  L'abbé  Joli  (de  Dijon)  critiqua  cette  traduction-dans  le, 
Journal  des  Savans  (pet:  1766,  p.  655  à  660).  Batteux  y 
répondit  par  l'éérit  suivant  : 

Y .  .Observations  de  l'abbé  Ninnin  (2)  sur  un  article  du 
Journal  des  Savans^ciu  mois  d*oct.  1750.  Paris  ^  Goignardy 
1750,  in-12,  p.  12.  •     * 

n  y  a  trois  lettres  sm^  cette  traduction  d'Horace  dans  les 

(1)  Cette  version  a  donné  lieu  à  Vinoent  Gandio  de  faire  un  bel  éloge  de 
Qatteux  dans  sa  D'wnfrtutlo  ad  Q.  Hotatium  Plaecum.  Laubach^^îdebrand  » 
1760 ,  in-3®. 

{2)  Foy.Vni.  Ninnin.    ' 


yo  *    BAT 

Mém.  de  TVieVeux^. lySo,  aov.,  2"  vol.,  p.  â5e9àa5369  dëc. 
p.  274^  à  2761,  et  janv.  lySi,  2*  voluiue,  p.  ^33  à  202. 
Ces  lettres  sont  critiques ,  et  cependant  louent  trop  cette 
verâon. 

VI .  La  Morale  d'Epicure,  tirée  de  ses  propres  écrits .  Paris , 
Desaint  et  Nyon,  lySS,  in-^*»,  p.  374»  *v^c  une  gravure 
représentait  la  volupté  d'Epîcure  \  trad.  en  allemand,  Idi^ 
tau  9  17749  iu^^S"",  et  avec  un  nouveau  titre  à  Halberstadt, 
I792,in-8^ 

Cet  ouvri^ge ,  ^crit  avec  autant  d^ëlégance  que  de  scdidité» 
eut  la  gloire  de  fixer  enfin  Topinion  gë&â^e  ffor  cet  Epi- 
cure ,  jusqu'alors  «tant  cité  et  si  mal  connu ,  lequel  enseigne 
que  le  bonheur  est  dans  la  jouissanoe  y  et  celle«>ci  dans  ia 
vertu. 

VII.  Nom^^l  exatpen  du  pr^ygé  swr  Vinv^arsion,,  pour  ser- 
vir de  réponse  à  Beauzée.  Paris,  1767,  m-8%  p.  78,  réim- 
primé dans  les  Principes  de  littérature.  H  y  {»ouve  qu'il  y  a 
plus  d'inversion  daAS  le  français  que  dans  le  latin  -,  non  par 
rapport  à  Tordre  métaphysique  et  fixé  après  coup/  mais  par 
rapport  à  Tordre  réel  des  idées,  tel  qu'il  «est  dans  l'esprit, 
dans  l'intention  et  dans  le  premier  mouvement  de  celui  ^i 
parle. 

VIII.  Histoire  d^  eauses  premières^  ou  exposition  ^sotnr- 
maire  des  pensées  des  philosophes  sur  les  principes  des  êtres. 
Paris,  Saillant^  17^9  in-S"",  p.  4^^*  U  y  ^  ajouté  :  Traduc- 
tions d'Ocellus  Z/Ucanusj  de  la  nature  de  Vunufers  ;  de  Timée 
de  Locres  ^  de  Vame  du  monde  ,*  de  la  lettre  d'Aristoie  'à 
Alexandre  sur  le  système  du  monde  :  Oi^ec  des  r&narques  et 
le  texte  grec»  Paris ,  ibid.^  '769,  in-8'',  p.  34o. 

L'auteur  y  débrouille  quelques  principes  de  T^mcienne 
philosophie,  ^  ce  travail  lui  coûta  beaucoup  {Jus  qu'il  se 
fait  moins  sentir  au  lecteur.  Batteux  qui  était  un  bon  chré- 
tien^ serait  fort  surpris ,  s'il  reparaissÉÎt  parmi  nous ,  ^de^  voir 
figiflcer  son  nom  dans  4e  Dictiûnmdre  des  athées  ^  de  Sylvain 
Maréchal ,  pour  avoir  avancé  à  la  page  2  de  V Histoire  des 


BAT  71 

causes  premières  :  «  La  ^erre  qui  se  détache  de  la  luontagoe 
»  niMtonne ,  si  elle  connaît  les  lois  qu'eUe  suit  en  tombant  *, 
»  elle  m'étonne  encore  plua,  si  elle  les  ignore.  » 

IX.  Les  ijfitatre  Poétiques  d'ArisMej  d' Horace  ^  de  Fida 
et  de  Despréaux ^  avec  les  traductions  et  des  remarques.  Paris , 
ibid.^  '77"?  ^  vol.  în-12,  et  2  vol  in-8*',  gr.  pap-i  it.j  sur 
papier  de  Hollande.  Sabatier  s'exprime  ainsi  à  Foccasion  de 
cet  ouvrage  :  «  L'abbé  Batteux  est  du  petit  nombre  des  au- 
»  tours  qui  ont  rendu  de  vrais  services  à  la  littérature.  Nous 
»  désirerions,  pour  ne  pas  affaiblir  cet  éloge ,  de  n'être  pas 
»  dans  le  cas  de  reprocher  à  son  style  trop  de  diffusion,  et  à 
»  ses  tvaductioiis  trop  d'ijiexactitude  *,  mais  le  premier  déf^kut 
»  est  amplement  racheté  parle  mérite. des  choses,  qui  l'eip* 
»  porte  «ur  celui  des  mots  -,  et  l'on  fait  grâce  au  second ,  en 
n  £aveur  de  ses  bons  principes  et  des  excellentes  remarques 
»  dont  il  a  accompagné  sa  traduction  des  quatre  poétiques.  » 
U  y  a  des  réflexions  sur  cet  ouvrs^e  dans  Vy^nnce  littéraire  j 
t.  VII,  p.  145  à  188,  an.  1780. 

X.  Cours  d'études  à  l'usage  des  élès^es  de  l'Ecole  militaire. 
Palis,  Nyon,  1777,  qnarante*six  parties  en  47  vol.  in-12. 
On  a  ajouté  pour  chacun  des  abrégés  de  l'Histoire-Sainte , 
ancienne^  et  romaine  et  de  France,  un  atlas.  Paris ^  ibid., 
1787,  4  v<>^*  in-4°  contenant  cinquaiMe^ neuf  cartes.  On  y 
joint  aussi  le  vocabulaire  latin-français ,  et  français*latin  de 
Ghompré. 

Le  plan  de  cet  ouvrage  est  dû  entièrement  à  Batteux ,  qui 
y  a  d'ailleurs. fourni  les  Principes  de  littérature j  en  six  par- 
ties ,  et  Horace.  Le  reste  de  ce  cours ,  qui  comprend  depuis 
la  septième  jusqu'à  la  philosophie  inclusiyement ,  est  dû  aux 
veilles  de  Bergier,Bossut,  Bouchaud,  Goulin,  Millot,  Mon- 
chablon ,  Salivet  et  Yauvilliers.  Nyon  l'aîné,  à  qui  le  roi  avait 
accordé  la  propriété  de  cette  compilation ,  a  extrait  les  au- 
teurs latins  dçs  cours  de  Ghompré  père  et  fils.  Plusieurs  vo- 
lumes ont  été  i^éimprimés  cinq  et  six  fois,r  notaoïment  les 


ya  BAT 

parties  historiques ,  qui  ont  ëtë  revues  par  les  abbës  JoATrai 
et  Guillon. 

XL  Mémoires  concernant  l'histoire,  les  sciences j  les  arts ^ 
les  mœurs  j  les  usages^  etc.,  des  Chinois  /  par  les  missionnaires 
de  Pékin  (^composés  par  les  PP.  Andot^  Bourgeois  ^  Cibo  et 
Ko).  Paris,  Nyon,  1776  à  1791,  i5.  vol.  in «4%  coHection 
commencée  par  Battcfux,^  et  achevée  par  de  Brëquigny  et  de 
Guignes. 

XII.  Chef^'œusre  d'éloquence  poétique^  à  l'usage  des  jeunes 
orateurs^  ou  discours  français  tirés  des  auteurs  tragiques  les 
plus  célèbres.  Paris,  ibid.j  1780,  în-!2,  p.  ^o%\  it.j  Paris, 
ibid.j  1 801 ,  in-i 2 ,  p.  566  5  avec  la  tragédie  Ae  Polyeucte  de 
P.  Corneille,  accompagnée  de  remarques. 

XIII.  Traité  de  l'arrangement  des  mots ,  traduit  du  grec  de 
Denys  d'Halicarnassey  avec  des  réflexions  sur  la  langue  fran- 
çaise j  et  la  tragédie  de  Polyeucte  de  P.  Corneille  j  as^ec  des 
rembarques.  Paris,  ibid.^  1788,  in- 12  et  in-8*.  Ouvrage  pos- 
thume, suivi  d'un  discours  où  le  traducteur  entreprend  de 
venger  la  langue  française  des  préférences  injustes  à  quelques 
égards,  que  nous  donnons  trop  gratuitement  aux  langues 
grecque  et  latine. 

XIV.  Mémoires j  au  nombre  de  treize^  insérés  dans  ceux 
de  Tacad.  des  inscriptions  et  belles-lettres,  t.  XXV  à  XLII, 
années  1754?  55,  58,  61,  64?  71?  75  et  1776. 

Ses  opuscules  : 

I.  In  pacis  reditum  ode.  Reims,  1737,  în-4**>  p«  6. 

IL  In  CU^itatem  Remensem  ode.  Reims,  Multeau,  1739, 
in-4°,  p-  ï  ï  •  Cette  ode,  de  dix-sept  strophes,  inspirée  par 
la  reconnaissance  patriotique  de  Batteux ,  pour  la  capitale 
de  la  province  où  il  était  né ,  a  été  traduite  en  vers  français, 
par  de  Saulx ,  chanoine  de  Téglise  de  Reims. 

III.  Parallèle  du  Lutrin  et  de  la  Henriade  (neuf  lettres)^ 
<wec  des  réflexions  sur  le  remcrcîment  de  f^oltaire  à  l'académie 


BAT  73 

française.  Paris,  174^9  in- 12,  anonyme;  lï.^  dans  le /^o/- 
tarianay  p.  206  a  257-,  it,j  dads  le  t.  II,  p.  245  à  828  des 
Opuscules  de  Fréron.  Amst. "(Paris) j  1763,  3  voh  in- 12-,  it.j 
dans  le  t.  II,  p.  233  à  282  du  Commentaire  sur  la  Henriade 
par  de  la  Meaumelle.  BerKn,  1776,  2  vol.  m-8**.  La  Dénon- 
ciation CL  l'Académie  de  V Histoire  de  Louis  XI  par  Duclios^ 
qui  Eût  partie  de  ce  Parallèle ,  n'est  point  de  Batteux. 

Voici  le  jugement  de  Frëron  sur  cette  brochure  :  «  De 
»  toutes  les  critiques  qu'on  a  faites  de  la  Henriade  ^  je  n'en 
»  connais  point  de  plus  judicieuse ,  de  plus  impartiale  et  de 
»  plus  instructive  que  celle-ci.  C'est  un  morceau  unique 

»  dans  son  genre J'ignore  absQlument  le  nom  de  l'au- 

»  teur  de  cette  critique-,  quel  qu'il  soit,  c'est  un  homme  de 
»  beaucoup  d'esprit ,  d'un  grand  sens ,  et  qui  possède  en 
»  philosophe  le  grand  art  de  l'épopée.  »  {Opuscules^  t.  II, 
p.  242.)  La  Harpe  était  loin  de  partager  ce  sentiment. 

IV.  Lettre  à  l'abbé  Goujet^  au  sujet  de  VHistoiredu  collège 
royal  (du  18  nov.  1757)-,  insérée  p.  164  à  i65  des  Mém. 
Hist.  etlittén  de  Goujet,  La  Haye,  1767,  in-12. 

Ses  discours  : 

1.  Degustu  veterum  in  studiis  Utterarum  retinendo^  oraUo 
habita  ad  solemnel  prœmiorum  distribulionem^  in  majoribus 
Sorbome  Scholis^  die  XII j  augusti  1760.  Paris,  Boudet, 
1750,  in-4**,  p.  21 .  Cet  excellent  discours  serait  d'une  utilité 
plus  étendue ,  au  moins  pour  la  France ,. s'il  était  traduit  dans 
notre, langue. 

2.  Infelicem  ortum  serenissimi  ducis  Burffmdiœ,  oratia 
gratidatoria^  habita  nomine  regii  Franciœ  collegiij  in  regiis 
Franciœ  auditoriis^  die  1,0  jan.  anni  1762,  et  ab  auctore  gal^ 
licèreddita.  Paris,  Thihoust,  1762,  in-4*'?  p.  44* 

3.  Discours  prononcé  à  Vacad.  française^  par  Batteux j  le 
^avril  l'jGij  jour  de  sa  réception.  Paris,  Brunet,  1761,  in-4°, 
réimprimé  en  1762  dans  le  t.*  XXXVIII,  p.  3o5  à  328  du 


74  BAT 

Recueil  des  pièces  d* éloquence  ^  etc,j  prononcées  dans  t aca- 
démie. Ce  âisGoars  est  dans  le  genre  philosophique.  L^aiH^tir 
y  fait  reloge  de  celui  (i)  dont  il  occupe  la  place,  en  ces 
termes  :  (c  La  teligion  forma  son  cœur,  la  philosophie  instniî- 
»  sit  sa  raison ,  les  lettres  lui  donnèrent  les  grâces  et  la  poK- 
»  tesse  de  lesprit.  »  L'abbë  de  la  Porte  en  a  donné  un  ex- 
trait dans  son  Observateur  littéraire ^Binn.  1761,  t.  H,  p.  ^^S. 

4.  Discours 'en  présenta^it  à  f^ersailles  la  noui^eÙe  édition 
dit  Dictionnaire  de  Tacadëmie ,  'le  10  jan.  1 762 ;  insérëdans 
le  Recueil  ci-dessus ,  t.  XLIII,  p.  187  a  i8g. 

5.  Discours  de  Batteux^  directeur  de  l'académie  j  à  S.  M.  le 
rùi  de  Danemarck  (^Ckristiem  VI F) y  lors<fue  ce  prince  y  vint 
prendre  séance  j  ie  samedi  3  déc.  1768  ;  inséré  ibid.^  p.  182  à 
184. 

6.  Discours  au  chanedierde'Maupeouj  le  lundi  5  déc.  1768  ; 
iftia.^  p.  184  à  186. 

*],  Eloge  de  l'abbé  d'OUs^etj  prononcé  à  l'acad.  en  1768^ 
en  réponse  à  l'abbé  de  Condillac^  successeur  de  d'OH^et  ;  ibîd. 

8.  Le  16  déc.  1760 ,  jour  où  Batteux  prit  possession  de  sa 
chaire  au  collège  de  France ,  il  prononça  un  discours  latin , 
qui  avait  pour  objet  de  prouver  que  Yon  peut  par  les  décou- 
inertes  des  anciens  j  se  former  une  idée  juste  des  forces  de  V  es- 
prit humain.  (Joum.  de  Verdun ,  jaui  176 1 ,  p.'  7 1 .) 

Ses  ouvrages  manuscrits  : 

I .  Traduction  du  livre  huitième  des  Politiques  à^Jfristoie 
sur  Téducation.  2.  Doutes  sur  le  sens  de  quelques  endroits 
^'Horace,  3.  Traduction  du  Dialogue  des  orateurs^  attribué 
par  quelques-uns  à  Tacite  j  par  d -autres  à  Quintilien,  Ces 
trois  MSS.  indiqués  à  la  tête  du  Traité  de  l'arrangement  des 
mots  comme  se.  trouvant  entre  les  mains  du  libraire  Nyon, 
sont  adirés. 

(1)  L'abbé  de  Saiot-Gyr,  son  ami. 


BAU  75 

BAUDIN  (i?i«rre'CA«r/cf  Zoi«5)  naqTiit  à  Sedan,  le  18 
fiëoeaaoïlire  17489  d'Anne  Alexandre  'Baudin,  d'abord  pré- 
sident et  lieiitenant-^ënéval  au  préaidial  de  cette  ville  ^  puis 
veceveiir  particulier  des  finances  en  1 748 ,  et  directeur  des 
postes  en  1 7512  9  et  de  Oharlotte  Louise  de  la  Fueille. 

n  £t  ses  humanités  chez  les  Onrkoriens  de  JuiUy ,  et  sa 

l^ulosophie  au  collège  de  Louis-le-Grand;  et  comme  ses 

parens.le  destinaient  au  barreau ,  il  suivit  les  écoles  de  droit. 

Il  tecininait  ^son  icours  Icnrs  de  Texil  àes  pariemeas^  le  f  3 

avril  1771  ;  et,  malgipé les  offr^  les^plua séduisantes,  il  resta 

fidèle  àleur  oause,  et  ne  reparut  qu-avec  eux ,  le  ra  no- 

veiiiLbi!e  1774-  Li^.avec  le  président  Giibert  de  1  Voisins  > 

Vaimtîé  lui  fit  préférer  à  une  carrière  plus  brillante,  le 

plaisir  d'élever  le  filç  de  ce  magistrat,  eti  1780.  Il  aban* 

di^akna  cette  tache  au  bout  de  dix-huitmms,  et  se£t  reeevoir 

avocat  au  parlement.  Snmai  1786,  il  revint  à  pedan  pour 

aider  son  père  dans  I  exercice  de  ses  emplois ,  et  ne  tarda 

pas  a  lui  succéder  dans  la  direction  des  postés. 

Dès  1789,  il  conçut,  ainsi  que  tant  dWtres  amis  d'une 
sage  liberté ,  les  'espàrances  les  plus  flaiti^ses  sur  la  régéné- 
ration politique  dé  la  Franee ,  et  devint  premier  maire  de 
sa  ville  natale  en  février  1790.  Tl  fut  successivement  de 
rassemblée  législative ,  de  la  convention  et  du  conseil  des 
anciens.  Le  17  août  179^9  on  le  chargea  de  porter  dans  les 
Ardennes  le  décret  de  suspension  provisoire  du  roi ,  du  10 
de  cenaois,  si|»Bèa  qu' Antoaelle ,  Kersaint^^ct  Peraldy,  ses 
collègues,  crurent  ^té  a'irétés  à  Sedan  par  ordre  du  gérràral 
Lafayette.  Lors  du  procès  de  Xouis  XVI ,  'en  janvier  1793 , 
il' vota  pour  Tappel  au  peuple ,  poiir  la  réclusion  jusqu'à  la 
paix,  et  pour  le  sursis.  Le  2^6  octobre,  1795,  s'appuyant 
d^une  prétendue  demande  des  habîtans  du  pays  de  Bomllou, 
il  .pxt)posa  de  réunir  à  la  république  cette  principauté,  com- 
posée d'une  ville  et, de  cinquante  communes.  Le  ^B  du 
même  mois,  lors  de  Touverture <des  deux  conseils,  il  en  fut 


76  BAU 

nommé  archiviste.  Le  a6  janvier  1 796 ,  il  combattit  la  loi 
sur  les  droits  successifs  des  émigrés.  «  Si  parmi  des  milliers 
»  d'hommes  coupables  j  dit-il  y  il  se  trouve  dix  jùsies ,  la  loi 
»  qui  les  punit  serait  injuste.  »  Le  3  juin ,  il  prononça  un 
discours  tendant  à  engager  le  gouvernement  à  se  défier 
également  des  royalistes  et  des  jacobins,  et  à  s^urveiller 
toutes  les  factions,  aussi  dangereuses  les  unes  que  les  autres 
pour  la  tranquillité  publique.  Il  présida  les  différentes 
assemblées  où  il  siégea.  Sa  mort  subite,  arrivée'à  Paris  le 
1 4  octobre  1 799,  laissa  une  place  vacante  à  Finstitut ,  et  une 
chaire  de  professeur  de  législation  dans  une  des  écoles  cen- 
trales de  Paris.  Il  avait  été  désigné  en'  179 1  pour  être  pré- 
cepteur du  dauphin.  Champagne  a  inséré  une  notice  sur  sa  vie 
dans  les  Mém,  de  l'institut ^  t.  III ,  p.  53  à  57.  On  remarque 
dans  le  Journal  de  Paris  du  i  *"'  déc.  1 799 ,  Finscription  sui- 
vante, composée  par  mademoiselle  Cosson,  Ârdennaise  : 

Flenrez ,  pleures ,  ô  Nymphes  des  Ardennes , 

L'estimable  Baudin  n*est  plus  l 
Pour  adoucir  nos  regrets  superflus , 
Dressez  vite  un  tombeau  parmi  vos  f^us  beaux  chênes  : 
Laissez  pour  les  ombres  hautaines 
Les  grands  et  pompeux  attributs , 
Gravez-y  simplement  :  //  avait  det  vertus. 

Ses  œuvres  : 

I.  Discours  prononcé  dans  V église  de  la  paroisse  royale  de 
Sedan  j  à  la  cérémonie  de  la  bénédiction  des  drapeaux  des 
volontaires  patriotes^  le  3  décembre  1789.  (Sedan,  1799) 
in-8%p.  8. 

II.  Discours  prononcé  le  'j  février  1790^  dans  la  chapelle 
du  collège  j  en  présence  de  la  commune  assemblée  pour  la  près- 
tation  du  serment  de  la  nouvelle  municipalité*  Sedan,  C.  Mo- 
rin  (1790),  in-'S",  p.  7. 

III.  Adresse  de  la  municipalité  de  Sedan  aux  citoyens  /  du 


BAU  77 

a6  piillet  1791  (par  Baudîn  et  Lenoir-Peyre).  Sedan,  ibid., 
1791,  in-8**,  p.  24. 

ÏV.  P.  C.  L,  Boudin  y  député  à  la  convention  nationale  j 
oMuc  citoyens  de  Sedan  ses  compatriotes  ;  le  6  juin  1 798 .  (S.  loc, 
et  an.)  iii-8®,  p.  7. 

V.  Réponse  à  t écrit  de  la  Harpe  j  que  je  n'ai  point  lu.  Pa^ 
ris,  Hacquart,  1794?  m-8'',  p.  4* 

VI.  anecdotes  et  réflexions  générales  sur  la  constitution. 
Paris,  «795^  in-8**,  p.  24*  Cette  brochure  Ta  fait  ëlîre 
membre  du  comité  des  onze ,  chaîné  de  rédiger  la  constitu- 
tion de  1795. 

VII.  Du  fanatisme  et  des  c«/te5.  Paris,  le  Clerc,  1795, 

îii-8**,    p.  80.  Cet  écrit  est  suivi  d'un  projet  de  décret  en 

douze  articles ,  dont  le  i*'  est  ainsi  conçu  :  «  La  nation  fran- 

»  çaise  n'admet  point  à  Texercice  des  droits  politiques  qui- 

»  conque  &it  profession  d'athéisme.  » 

VIII.  Eckdrcissemens  sur  V art.  355  de  la  constitution ^  et 
sur  la  liberté  de  la  presse.  Paris ,  impr.  nat. ,  i  795 ,  in-S", 

p.  23. 

IX.  Discours  prononcé  au  conseil  des  anciens  en  lui  pré- 
sentant  f Essai  sur  les  fables  et  sur  leur  histoire,  owmige 
posthume  de  Jean  Sihain  Éailly.  (Séance  du  17  avril  1799O 
Paris j  ibid,  1799,  in-8*,  p.  16. 

X.  Trois  Discours,  quatre  Opinions  et  onze  Rapports 
lus  à  la  convention  et  au  conseil  des  anciens,  à  diverses 
époques. 

XL  Cinq  Mémoires  insérés  dans  les  1. 1  et  II  des  Mém.  de 
l'Institut. 

XII.  Il  a  coopéré  au  Journal  de  V Europe^  imprimé  à 
Bouillon ,  rédigé  les  séances  du  Journal  de  Louçet_,  appelé  la 
Sentinelle,  et  travaillé  avec  Camus  et  Daunou  au  Journal  des 
Sas^ans,  depuis  le  5  jan.  1797,  jusqu'au  18  juin  suivant^ 
enfin ,  il  a  fourni  des  morceaux  aux  Annales  de  la  Religion. 
On  y  dit,  t.  IX ,  p.  524  à  526,  où  se  trouve  son  éloge ,  cr  qu'il 


78  BAU  . 

»  a  souvent  enrichi  ces  Annales  de  morceaux  prëckux ,  et 
»  que  c'est  à  ses  soins  que  Tëglise  de  Sedan  doit  son  eati  - 
»  mable  ëvéque  Monin^  ëlu  en  mars  1798.  »- 

XIII.  Est  éditeur  des^  Lois  de  Cicéron^  trad»  par.  Mo- 
rabin/  ^Parisj  Morin ,  1772,  in- 12.  Il  a  fait  dans  cetle 
nouvelle  édition  ^  quelques  cfaangenieds  à  la-  v«1ctt[on  du 
traducteur. 

XIY.  JËlog^  de  Fontmdle  :  Discours  inédit^  qui  a  con- 
couru pour  le  prix  proposé  par  Facadémie  française ,  adjugé 
à  Garât  en  1784* 

XV .  Une  pièce  de  quarante  vers ,  adressée  à  madame  de 
Balan,  le  6  juillet  1774»  insérée  p.  1^26  des  Mélanges  de 
poésies  de  Frenun ,  baron  de  Stonne,  1782^  in->r6. 

Alexandre  Louis  Baudin,  son  frère  ^  né  à  Sedan  le  27  mai 
1769,  fit  ses  études  au  collège  de  Juilly,  et  entra  djins  la 
marine  en  qualité  d'aspirant  j  dVbord  à  Brest ,  et  ensuite  à 
Cherbourg,  où  il  devint  contrôleur  dça  polies.  Il  en  rem- 
plissait les  fonctions  Ic^rsqu'il  publia  la  France  régénérée  ^ 
poème  civique,  Cherbourg,  P.  Elamorgan,  1790,  in-4"« 

BAUDOUIN  (dit  du  Bùwc(/)j.  ainsi  nommé,  parce  qu'il 
était  seigneur  de  la  châtellenie  de  Bourcq ,  dépendante  du 
comté  de  Rethel,  avait  pour  père  Hugues  I,  troisième  comte 
de  Retbel,  et  Mélissende  pour  mère.  La  première  croisade 
ayant  été  publiée,  il  partit  poiur  la  Terre-Sointe  en  1096, 
avec  ses  deux  cousins  Godefroi  de  Bouillon  et  Baudouin  (i). 
Il  remplaça  ce- dernier  dans  le  comté  d'Edesse ,  et  fut  ensuite 
élu  -et  couronné  roi  de  Jérusalem ,  le  jour  de  Pâques  de  Fan 
1118. 

((  Ilghazi ,  roi  dé  Maredin ,  de  la  race  des  Ortokides ,  ayant 
»  défait.  Fan  1T19,  Roger j  prince  d'AntiochC:,  Baudouin, 
»  avec  le  comte  de  Tripoli ,  marcha  contre  ce  musulm'an  Tan 

* 

(i)  Sa  vie  est  dans  r^iX.  Ixtièr.  de  D.  Rivet,  t.  X,  p.  204. 


BAU  79 

"»   I  1  20,  et  lui  tailla  en  pièces  4ooo  hommes.  X<W  1 1  ^/^  (N.  S.) 

»  il  -voiilut  délivrer  Galeran  et  Joscelin  qui  étaient  détenus 

»  cLa.o.s  le  château  de  Khortabert*,  mais  il  fut  fait  prisonnier 

»  par  Tortokide  Balak ,  dans  le  courant  de  février^  et  ne  fut 

»  raclieté  que  le  29  août  suivant.  Il  tenta  peu  après ,  mais 

»  inutilement,  le  siège  d'Alep., L'an  i  ia5  il  chassa  du  ter- 

»  ritoire  d'Antiocbe  Bourki ,  général  du  sultan  de  Perse.  Les 

nh  six  années  suivantes  de  sa  vie  furent  employées  en  différentes 

»  expéditions ,  dont  le  succès  ne  répondit  pas  toujours  à  sa 

)>  valeur.  Il  laissa  néamoioins  le  royaume  de  Jérusalem.  Ibrt 

»  agrandi  par  ses  armes.  Cet  état  comprenait  à  sa  mort ,  tonte 

»  la  Syrie  9  à  l'exception  d'Alep,  de  Damas ,  d'Ëmèse  et 

»  df^Hamac,  avec  leurs  territoires. 

»  Baudouin  n'ayant  point  d'héritier  mâle,  jeta  les  yeux, 

»  Van  1 129,  sur  Foulques  le  Jeune,  comte  d'Anjou,  pouv 

»  en  faire  son  gendre ,  et  lui  donna  la  même  année  en  ma«- 

»  riage  Mélissende,  sa  fille  sunée.  Il  mourut  à  Jérusalem  le 

»  2 1  août  1 132 ,  dans  la  i^""  année  de  son  règne  (i)^  il  avait 

»  épousé  Morphie,  fille  de  Gabriel,  prince  de  Mélitine  en 

»  Arménie ,  dont  il  eut  quatre  filles  ^:  Mâissende  -,  Alix , 

))  femme  de  Boemond  II,  prince  dAntioche*,  Hodierne, 

»  mariée  à  Raymond,  comte  de  Tripoli*,  et  Ivette  qui  fiit 

»  abhesse  de  Saint-Lazare  de  Béthanie.  »  (Jlrt  de  vérifier  les 

dcUeSj't.  I,  p.  4^9.)  Voici  le  portrait  que  fait  de  ce  prince 

Guillaume  de  Tyr  : 

a  C'était  un  homme  d'une  beauté  remarquable.  Il  avait  la 
»  taille  avantageuse,,  la  figiu*e  agréable,  la  chevelure  peu 
»  épaisse ,  blonde  et  mêlée  de  blanc ,  la  barbe  claire ,  des- 
)>  cendaiit  jusqu'à  la  poitrine ,  Iqs  couleurs  vives  et  aussi  ver» 
»  meillesque  son  âge  pouvait  le  permettre.  Habile  au  manie- 
»  ment  des  arme^  et  dans  Féquitation ,  versé  dans  l'art  mili- 
)>  taire ,  circonspect  dans  la  conduite  des  afiaires ,  et  heureux 

(1)  Et  non  après  un  règoe  de  douze  ans ,  comnie  le  dit  la  Biogr*  universeiU. 


8o  BAU 

»  dans  ses  entreprises  *,  la  piété  consacrait  tous  ces  avantagées. 
»  Il  était  tendre  et  compatissant,  religieux ,  pénétré  de  la 
»  crainte  de  Dieu  -,  tellement  assidu  à  la  prière ,  qnk  force  de 
»  génuflexions  et  de  prosternations  ses  genoux  et  ses  nnaihs 
»  en  avaient  contracté  des  callosités  ;  d^àilleurs  actif ,  et  tou- 
»  jours  prêt,  malgré  son  grand  âge,  à  se  porter  ou  Tappe^ 
»  laient  lès  besoins  de  Fétat.  »  (L.  XII,  ch.  IV.) 

Ce  fut  sous  le  règne  de  Baudouin  que  les  ordres  militaires 
de  Saint-Jean  et  du  Temple  furent  approuvés  par  le  pape , 
et  commencèrent  à  jeter  im  grand  éclat. 

B AUNY  (Etienne) f  théologien  du  xvi*  siècle ,  que  les  Pro~ 
s^inciales  de  Pascal  (i)  ont  condamné  à  une  odieuse  immor- 
talité ,  étoit  fils  de  Drouet  Bauny,  homme  de  fief  de  la  châ- 
tellenie  de  Mouzon ,  où  il  naquit  en  1 564*  Entré  en  i  SgS , 
à  lage  de  vingt-huit  ans ,  chez  les  Jésuites ,  qui  ont  si  bien 
mérité  de  la  littératiure  par  leurs  talens  et  leurs  ouvrages , 
il  y  parcourut ,  suivant  Tusage  de  la  société ,  la  carrière  de 
renseignement.  Après  avoir  professé  les  humanités  et  la  rhé- 
torique pendant  onze  ans ,  il  fit  des  leçons  de  théologie  mo- 
rale durant  les  seize  années  suivantes ,  et  sut  encore  se  mé- 
nager assez  de  temps  pour  publier  de  volumineux  ouvrages ,  . 
où  Ton  trouve  des  moyens  pour  imputer  à  ses  ennemis  des 
crimes  supposés  sans  les  calomnier,  pour  les  tuer  sans  être 
homicide ,  pour  trahir  la  vérité  sans  mentir  (2) ,  pour  s'ap- 
proprier le  bien  d'autrui  sans  voler,  pour  se  livrer  à  tous 
les  raffinemens  de  la  volupté ,  et  goûter  toutes  les  douceurs 
du  péché  sans  manquer  au  précepte  de  la  continence  \  enfin 
pour  apprendre  mille  moyens  de  gagner  le  ciel,  en  faisant 

(i)  Ce  grand  homme  rendit  tous  ses  païens  .jansénistes,  après  en  avoir  fidt 
des  physiciens  et  des  savons. 

(2)  Jean  Maldems ,  évêque  d'Anvers ,  a  publié  un  traité  latin  (i6a5 ,  in-i3 , 
p.  107),  contrôles  restrictions  Aientales,  <{u'on  a  très  bien  définies 

L'art  de  mentir  tout  baot,  en  dicant  vrai  tout  hn. 


BAU  8i 

tout  ce  qu'il  faut  pour  ôe  damner  :  ce  que  le  père  Grenan , 
doctrinaire  (i)^  a  finement  exprimé  dans  son  Apologie  de 
VJSifuii^oquè  : 

Jadis  en  bon  chrétien ,  modérant  ses  désirs , 

Un  homme  n'eût  osé  se  livrer  aux  plaisirs.  ' 

Ce  n'était  qu'en  tremblant  qu'on  goûtait  à  la  pomme , 

Dans  tout  ce  qu'on  faisait ,  on  craignait  le  vieil  homme , 

£t  des  gâte-métier ,  jansénistes  d'alors , 

Sur  1^  moindres  douceurs  semaient  mille  remords. 

Jurer  c'était  jurer,  médire  était  médire  ; 

Plus  an  large  à  présent  Tamour-propre  respire. 

J'ai  mis  le  cœurhutaiain  en  pleine  liberté  : 

£t  Bauny  dans  un  livre  avec  moi  concerté , 

(  A  qui  pouvais-je  mieux  confier  ce  système  F  ) 

A  du  rang  des  péchés ,  rayé  le  péché  même.        (  Pag.  7.  ) 

Le  docteur  Fr.  Hallier,  après  avoir  rapporté  dans  sa  Théo- 
logie morale  des  Jésuites ^  les  principales  erreurs  du  P.  Bauny, 
lui  applique  ces  paroles  :  Ecce  qui  tollit peccata  mundij,  voilà 
celui  qui  "ôte  les  péchés  du  mondç. 

Le  P.  Garnier  (à  la  page  4  de  son  Systema  bibliothecœ  col- 
legii Parisiensis  Societatis  JesUj  Paris,  Gramoisy,  1678,  in-4**, 
p.  118),  met  Bauny  au  rang  des  doctes  personnages  qui  il- 
lustrèrent le  collège  de  Clermont  à  Paris.  Notre  jésuite  Ar- 
dennais  est  mort  à  Saint-Pol-de-Léon  en  Bretagne ,  le  4  dé- 
cembre 1649*  A-ii^sî  sa  longue  vie  a  duré  quatre-vingt-quatre 
ans.  Il  en  avait  passé  cinquante-six  dans  sa  société.  Les  fruits 
de  ses  veilles ,  dont  la  plupart  subirent  la  flétrissure  qu'ils 
méritent,  sont  : 

I.  Constitutiones  synodales  diœcesis  Leonensisj  à  Renato 
de  Rieux  j  episcopo  Leonensi^  pronuâgatœ  Pcadipoli  in  Léo- 
nidj  annis  1629  à  i€3o.  Pari  s, 'Michel  Soly,  i63o,  in-B"*, 
p.  200.  (Bibl.  du  roi,  i5ri.) 

II.  Somme  des  péchés  qui  se  commettent  en  tous  états  y  de 
leurs  conditions  et  qualités^  en  quelles  occurrences  ils  sont  mor- 

(1)  Né  à  Noyer»  en  Bourgogne ,  et  non  à  Noyer»  prè»  de  Sedan. 
TOME  I.  6 


«2  BAU 

tels  ou  véniels  ^  et  en  quelle  façon  le  confesseur  doit  interroger 
son  pénitent.  Paris ^  ibid,j  i63o,  m-8**-,  it._,  Paris,  ibid._,^ 
i633,  in-8**,  p.  7i3-,  lï.^  Paris,  iWrf.^  i638,  in-B**,  p.  121 1  ; 
it.j  Paris,  ibid.,  1689,  m-8°,p.  io3i  -,  it.j  Paris,  ibid.^  164  S 
in-S**,  p.  122^,  6*ëdition-,  lï.^Rouen,  Loyselet,.  i643,  in-8% 
p.  7 36  :  condamnée  à  Rome ,  ainsi  que  les  numéros  iv  et  v, 
par  décret  du  26  oct.  i64o.  L'auteur  a  publié  un  abrégé  de 
cet  ouvrage ,  sous  ce  titre  :  Extrait  d'un  lii^re  intitulé  :  Somme 
des  péchés  qui  se  commettent,  etc. ,  1639,  in-8°. 

Le  ministre  Charles  Drelincourt,  sedànois,  observe  à  la 
pag.  y  de  Favertissement  qui  précède  son  Faux^Pasteitr 
(1654 ,  in-8°),  quoi  y  a  des  choses  horribles  dans  les  cinq 
preniières  éditions  de  ce  livre,  qui  ne  sont  point  dans  la 
sixième. 

IIL  Summa  casuum  conscientiœ  j  seu  Manuale  confessario^ 
runij  in  gratiam  eorum  quibus  conscientiarum  cura  incumbit. 
Paris,  Michel  Soly,  i63i,  in-8**.  Il  y  professe  une  morale 
élastique  qui  sacrifie  Thonnéte  à  Futile ,  et  se  plie  à  Tintérét 
personnel  comme  aux  caprices  des  passions. 

IV.  Pratique  du  droit  canonique  au  gouvernement  de  Vé- 
glisCj  correction  des  mœurs  ^  et  distribution  des  bénéfices  y  le 
tout  au  style  et  usage  de  France  j  a\fec  la  décision  des  princi- 
pales questions  sur  les  matières  bénéficiales  qui  se  traitent  dans 
les  cours  du  royaume.  Paris,  ibid.j  i633,  in-8°,  p.  828  -,  it,j 
Paris,  ibid.j  1640,  in-8***,  it.^  Paris,  ibid.j  i643,in-8°j  it.j 
Rouen,  veuve  Bosc,  i644>  in-B"*,  p.  833.  La  seule  eonfoN 
mité  des  principes  établis  dans  cet  ouvrage  avec  ceux  qui 
sont  professés  par  Téglise  gallicane ,  le  fitcondamner  à  Rome. 
Mais  il  y  a  une  grande  différence  entre  exposer  quelques 
usages  de  cette  église,  ou  défendre,  par  une  sage  et  vigou- 
reuse polémique,  la  couronne  de  nos  rois  contre  de  cou- 
pables empiétemens ,  et  les  droits  de  Fépiscopat  contre  les 
envahissemens  de  Fultiamontanisme. 

V.  Theologia  moraîis*  Paris,  Michel  Soly,  1640  à  1647, 


BAU  83 

4  vol.  in-fol.  Le  premier  volume  traité  des  sacremeas,  des 
clercs  et  de  leurs  obligations -,  le  second,  des  censures  ecclë- 
siastiques  ;  le  troisième  contient  trois  livres  sur  la  nature  des 
contrats  ^  et  le  quatrième ,  une  nouvelle  pratique  du  droit 
canonique  sur  la  distribution  des  bénéfices.  C'est  à  tort  que 
dans  les  annales  d'Ys^ois^  on  a  fait  un  ouvrage  séparé  des 
livres  concernant  la  nature  des  contrats.  On  y  a  glissé  deux 
autres  erreurs ,  en  faisant  entrer  le  P.  Bauny  chez  les  jésuites 
à  dix-buit  ans ,  et  en  fixant  Fépoque  de  sa  naissance  à  Fan- 
née  1 574  9  ^^  celle  de  sa  mort  au  mois  de  septembre. 
•       Cette  théologie  est  ensevelie  depuis  long-temps  dans  Fou- 
bli  qu^elle  mérite.  Si  Fon  en  retranchait  toutes  ces  questions 
oiseuses,  appellées  par  Leibnitz  Chartœ  inutile  pondus^  il  se- 
rait aisé  de  la  réduire  à  quelques  feuilles.  Il  en  est  de  la 
•grosseiu:   de   ces  sortes  d'ouvrages,  dit  Gsesar  Aifvilinius 
(jSdpio  Henricus),  comme  des  chats^huants,  qui  paraissent 
de  gros  oiseaux  par  Fexubérance  de  leurs  plumes.  <c  Ista  magna 
2>  volumina  bubonibus  satis  rectè  assimilari  possunt,  qui 
»  magnas  quidem  aves  appai'ent  non  membrorumet  eamium 
»  inagnitudine,  sed  inutilium  pennarum  siiperfluitate.  »  (Z^e 
tribus  Historids   conciUi  tridentini,   p.  49*  Amst.,    1662, 
in--8*>,  p.  96.) 

VI.  Réponse  faite  par  un  très  docte  personnage  et  professeur 
de  la  compagnie  de  Jésus  ^  suii^ant  le  commandement  de  son 
supérieur j  sur  le  fait  des  Carmélites  de  Bourges. . . .  Cet  écrit, 
dont  nous  ignorons  la  date,  est  attribué  au  P.  Bauny.  (Tà- 
baraud,  p^ie  du  cardinal  de  Béndlcj  1. 1,  p.  1 13.) 

On  a  publié  deux  opuscules ,  sans  date  •  ni  indication  de 
lieu,  qui  contiennent  des  dialogues  entre  un  docteur  et  le 
P.  Bauny,  où  celui-ci  s'efforce  de  justifier  les  erreurs  qui  lui 
sont  imputées  ',  ils  sont  intitulés  :  Catalogus  Auctorum  quos 
cum  P.  Bauny j  doctor  theologus  censura  notandos  judicavit^ 
in-8%  p.  iQ,''^ Catalogus  alter  Auctorum  guosj  maii  iS^in 

6. 


84  BAU 

publico  facdltatis  consessu^  doctor  mm  P.  Bauny  censura  no- 

tandosjudicai^itjinS'^y/p.^o. 

'  Suivant  un  usage  consacré  dans  la  sociëtë  de  Jësus,  les- 
ouvrages  du  P.  Bauny  ont  été  examinés  et  approuvés  par 
c[uatre  théologiens  dje  Tordre ,  et  revêtus  de  Tapprobatioix 
des  provinciaux  des  lieux  où  ils  ont  été  imprimés. 

On  connaît^  «  Censura  propositionum  qnarudam,  cùm  ex 
»  Hibemiâ  delatarum,  tum  ex  duobus  libris  ex  Anglico 
»  sermone  conscriptis,  in  latinum  bonà  fide  conversîs, 
»  excerptarum  per  sacram  facultatem  theoL  Paris. ,  facta 
î)  jussu  cleri,  denuo  in  lucem  édita.  Paris,,  Ant.  Vitré, 
»  1643,  m-^^jy>  avec  les  censures  contre  les  Pères  Gelot, 
Bauny,  Barbosa  et  Rabardeau*,  if.^  «  Censura  librorum  qui 
»  superiiDribus  annis  prodierunt,  auctoribus  Mie.  Rabardeo, 
■»  Bauny  et  Celot,  è  societate  Jesu.  Romae,  i643,  in-12, 
»  p.  j[6.»  Cest  une  censure  d'Urbain  VIII,  du  18  mars 
1643,  à  laquelle  est  jointe  une  autre  censure  de  rassemblée 
du  clergé ,  tenue  à  Mantes  le  la  avril  1642 ,  plus  une  troi- 
sième censure  de  M.  de  Sourdis,  archevêque  de  Bordeaux. 

L'assemblée  de  Mantes  déclare  :  «  Que  les  ouvrages  du 
»  P.  Bauny  portent  au  libertinage,  à  la  corruption  des 
»  mœurs ,  et  violent  l'équité  naturelle  et  le  droit  des  gens  -, 
»  excusent  Jes  blasphèmes,  usures,  simonies,  et  plusieurs 
.))  autres  péchés  des  plus  énormes  comme  légers.  »  Quelques 
propositions  de  la  Somme  du  P.  Bauny  avaient  déjà  été 
condamnées  l'année  précédente ,  par  l'université  de  Paris  j 
et  l'inquisijion  l'avait  mise  à  l'index.  Ces  censures  furent 
depuis  renouvelées  assez  souvent. 

C'est  néanmoins  ce  digne  disciple  d'Escobar  et  de  Busem- 
baum,  que  Sotwel  signale  comme  un  personnage  d'une  pro- 
bité patriarcale ,  et  d'une  profondeur  extraordinaire  dans 
toutes  les  matières  qui  concernent  la  conscience  :  p^ir  anU- 
qu4B  prohitatis  et  singidaris  circa  quœstiones  omnes  de  conscien- 
tid  eruditionis.  On  court  risque  de  ne  pas  être  cru,  lorsqu'on 


BEN  85 

veut  blanchir  toutes  les  iniquités.  On  se  demanderait  volon- 
tiers si  le  P.  Sotwel  n^avait  pas  puise  dani  les  ouvrages  de  son 
confrère  Bauny,  lart  de  tailler  sa  plume  en  faveur  du  men- 
songe. 

n  est  remarquable  qu'aucun'  biographe ,  excepte  Ale- 
gambe  et  Sotwel ,  n'ait  parlé  du  P.  Bauny,  pas  même  Bayle  y 
à  la  plume  peu  chaste  duquel  ses  ouvrages  offraient  une  si 
riche  matière. 

Alegambe,  BB*^ soc.  Jesu^  p.  4^5-,  Sotwel,  p.  447?  ^^ 
Liong,  JSist.  de  Laouj  p.  343;  Richer,  Hùt»  de  Mouzon^ 
ann.  i649',  <rArgentré,  CoUectio  jud.  de  noi^is  erroribusy 
cl'*Argens,  Méin.  secrets ^  t.  I,  p.  32 1,  ëdrt.  17447^^^^*^ 
des  assertions  des  Jésuites^  p.  162,  609,  édit.  in-4'*»  ^^- 
ponse  aux  Assertions ^  p.  170,  édit.  in-4"-,  Caussin,  Apolo- 
gie pour  la  compagnie  de  Jésus  j  p.  12&. 

BEATRIX,  reine  de  Sicile,  était  née  à  Rethet,  dans  le 
XII*  siècle,  de  Withier,  comte  de  ce  nom,  et  de  Béatrix, 
fille  de  Godefroi,  comte  de  Namur,  et  de  Sibylle  de  Châ- 
teau-Porcien.  Du  consentement  de  son  père ,  eUe  fit  don ,  en 
1 1 44  9  d^  concert  avec  son  frère  Hugues ,  au  monastère  de 
Novi  ,  d'un  serf  nommé'Baudouin  {curck.  de  No^i)>  En  1 1 5 1 , 
elle  épousa  Roger  II ,  roi  de  Sicile ,  qm  finit  ses  jours  le  26 
février  ii54»  Ce  mariage,  le  troisième  que  ce  prince  eût 
contracté ,  fat  stérile.  {Art  de  vérifier  les  dates. ^ 

BEAUFORT  {Antoine  DE),  chirurgien  de  Sedan,  sur 
la  vie,  duquel  on  nV  point  de  renseignemens,  et  qui  floris-  * 
sait  dans  la  première  moitié  du  xvii*  siècle ,  n'est  connu  que 
parce  qu'il  a  laissé  Fopuscule  polémique  intitulé  :  Réfutation 
du  discours  de  Charpentier.  Sedan,  1646,  in-^""-  (Biogra-- 
phie  médicale.) 

BENOMONT  (Pierre)^  membre  de  L'académie  royale  dg 


86  BEN 

chirurgie,  naquit  à  Machault,  près  de  Vouziers ,  le  4  mars 
1 679.  Son  père,  chirurgien  de  ce  lieu,  k  destina  dès  Teiifanqe 
à  sa  profession  ;  et  à  quinze  ans  il  avait  déjà  acquis  par  Tusagey 
Tespèce  d'habileté  propre  aux  élèves.  Avec  cette  ressource  il 
fut  successivement  admis  comme  un  sujet  utile ,  à  Rethel ,  à 
Toul  et  à  Reims  ^  chez  les  chirui^eus  les  plus  employés  da^ns 
Texercice  de  Fart. 

Sentant  que  les  connaissances  que  donnent  la  routine  et 
une  pratique  de  pure  imitation  sont  très  bornées,  il  résolut 
d  acquérir  une  instruction  plus  étendue,  et  qui  reposât  sur 
des  principes  -,  et  comme  les  provinces  étaient  privée»  de  Fa- 
vantag«  d'avoir  les  écoles  d'anatomie  et  de  chirurgie ,  dont 
elles  ont  joui  depuis ,  il  se  rendit  dans  la  capitale  en  1698  ^ 
afin  d'y  profiter  des  leçons  qu  y  donnaient  des  pr(^esseurs 
renommés.  Il  fit  ses  cours  au  Jardin  dés  Plantes,  sous  les 
célèbres  Duverney  et  Arnaud,  qui  fut^nt,  à  proprement 
parler,  ses  premiers  maîtres.  Sa  bonne  conduite,  jointe  à 
Fardeur  qu'il  avait  de  s'instruire  ^  l'ayant  fait  connaître  avan- 
tageusement, il  devint  l'élève  de  confiance  deLardy,  célèbre 
chirurgien  de  Paris,  nommé  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital 
de  la  Charité  en  lyoîJ.  Ce  praticien;  habile  l'employa  à  l'hô- 
pital et  dains  la  ville  au  pansement  de  ceux  à  qui  il  avait  &ît 
les  opérations  les  plus  importantes  :  le  disciple,. par  sa  vigi- 
lance et  ses  lumières ,  ^ut  part  à  leurs  succès.  Il  profita  des 
circonstances  pour  se  perfectionner  dans  Fanatomié  :  peu* 
dant  les  trois  ou  quatre  années  qu'il  travailla  sous  les  aus- 
pices de  ce  maître  distingué ,  il  ne  mourut  à  Fh^ital  de  la 
Charité  aucune  personne  attaquée  de  maladie  digne  d'atten- 
tion ,  que  le  cadavre  nen  ait  été  ouvert  par  lui . 

Après  avoir  réuni  la  théorie  à  la  pratique  par  une  opéra^ 
tion  suivie,  il  s'établit.  Quelques  cures  heureuses,  dont  le 
hasard  lui  avait  procuré  l'occasion ,  le  mirent  bientôt  en  rë-? 
putation,  et  il  mérita  d'être  du  nombre  des  académiciens 
nommés  par  le  roi  le  8  décembre  1 73 1 ,  à  la  première  séance 


BEN  87 

de  l'acadëmie  de  chirurgie.  G)mme  il  aimait  passionnément 
sa  profession ,  il  s'est  toujours  montré  attentif  à  saisir  toutes 
les  occasions  de  contribuer  aux  travaux  de  cette  compagnie. 
Une  de  ses  observations  est  insérée  dans  le  deuxième  tome 
des  Mémoires  de  Vacadémiey  p.  jg^  et  une  autre  dams  le  t.  Y, 
p.  5^3  (1).  n  a  donné  en  différens  temps  la  relation  de  plu- 
sieurs ouvertures  de  cadavres ,  et  il  a  lu  à  différentes  séances 
des  Mémoires  instructifs  ;  mais  on  n'a  point  fait  usage  de  ces 
productions,  ou  parce  qu'elles  n'ont  rien  présenté  qui  pût 
ajouter  aux  progrès  des  lumières,  ou  parce  qu^elles  exigeaient 
des  observations  plus  multipliées  et  des  recherches  plus  ap-* 
profondies ,  dont  l'auteur  n'a  pas  eu  le  loisir  de  s'occuper. 

Doué  d'une  figure  noble  et  d'une  taille  avantageuse  >  Be- 
nomont  joignait  à  ces  dehors  favorables  une  extrême  poli- 
tesse et  les  manières  les  plus  prévenantes  *,  ce  qui  a  peut-être 
autant  contribué  que  ses  talens  à  lui  mériter  la  confiance  des 
personnes  d'un  très  haut  rang  :  il  était  généralement  estimé 
de  ceux  dont  il  était  connu.  Célibataire^  il  n'était  pas  dé- 
tourné par  les  soins  domestiques  des  bienséances  qui  de- 
viennent des  devoirs  dans  la  société-,  après  avoir  rempli 
ceux  de  son  état ,  il.passait  son  temps  dans  les  maisons  dis- 
tinguées ,  où  il  était  reçu  habituellement  sous  les  auspices  de 
l'amitié  la  plus  flatteuse  et  la  plus  honorable. 

Ce  genre  de  vie  a  beaucoup  servi  à  l'augmentation  de  sa 
fortune  :  il  a  vécu  long-temps,  et  a  (ait  peu  de  dépenses.  Ses 
inclinations  bienfidsantes ,  dont  sa  famille  a  constamment 
éprouvé  les  efiets ,  n'ont  été  connues  du  public  que  par  son 
testament.  Outre  le  legs  universel  que  deux  nièces  ont  re- 
cueilli ,  il  a  légué  à  son  village  natal  une  somme  suffisante 
pour  marier  quatre  filles  -,  et  six  mille  livres  de  fonds  pour 
l'entretien  d'une  maîtresse  d'école  de  demoiselles.  Il  avait 

(1)  La  première  est  sur  une  jambe  arrachée  et  séparée  dans  le  genou,  et 
la  deuxième  8U];,une  cataracte  secondaire.  (Portai,  HUtoire  de  CAnatomie, 
p.  5a5.) 


88  ^  BER 

sans  doute  connu  les  inconvéniens  qu'il  y  a  de  réunir,  mém€? 
dans  le  bas  âge  >  les  enfans  de  sexe  difFérent.  Six  noiille  livres 
furent  léguées  aux  pauvres  de  la  paroisse  de  Saint*Roch  de 
Paris  9  dont  il  avait  été  marguillier,  et  cinq  mille  livres  ea 
faveur  de  la  nouvelle  fondation  des  enfans  de  chœur  de  cette 
église.  Douze  mille  livres  furent  destinées  à  fonder  un  lit  à 
rhôpital  des  Incurables ,  à  la  nomination  de  ses  héritiers  et 
des  marguilliers  de  Saint-Roch.  Plusieurs  personnes  âgées 
de  sa  connaissance  ont  été  lobjet  de  différens  legs  -,  et  il  a 
assigné  indéfiniment  la  somme  de  cent  pistoles  aux  parens 
éloignés  qui  pourraient  se  faire  connaître.  La  somme  de 
trente  mille  francs  a  formé  un  legs  particulier  destiné  à  l'édu- 
cation d'un  petit-neveu ,  fils  de  M.  de  Mai^  secrétaire  du  n)i , 
époux  d'une  de  ses  nièces. 

Un  si  bon  usage  du  fruit  de  ses  travaux  et  de  ses  épargnes 
doit  faire  psurdonner  la  passion  qu'il  a  eue  d'amasser  du  bien  : 
c'était  sa  manière  de  jouir.  S'il  eût  dépensé  ses  revenus  à 
mesure  qu'ils  augmentaient,  il  se  serait  fait,  peut-être,  plus 
d'honneur  aux  yeux  de  ses  contemporains  ;  mais  cet  honneur 
n'aurait  été  efiectivement  que  dans  l'opinion  des  autres ,  et 
personne  n'est  heureux  que  par  là  sieni^e.  La  tempérance, 
la  modération  et  la  modestie  sont  des  vertus  qui  se  plaisent 
à  avoir  l'économie  pour  compagne.  On  voit  par  l'exeitaple  de 
Benomont  qu'elles  n'excluent  pas  la  générosité  et  la  bienfai- 
sance ,  que  ne  connaissent  guère  les  hommes  sensuels  et  su- 
perbes, dont  les  besoins  augmentent  presque  toujours  avec 
les  nouveaux  moyens  qu'ils  ont  de  les  satis&ire. 

Benomont  termina  sa  carrière  à  Paris ,  étant  doyen  de  l'a- 
cadémie de  chirurgie ,  le  27  juin  1 77a ,  dans  la  quatre-vingt- 
quatorzième  année  de  son  âge. 

(Extrait  de  son  éloge  inédit,  prononcé  le  22  avril  1773, 
à  l'académie ,  par  Louis.) 

BERCHET  {Tomaint)j  fut  pendant  vingt-six  ans  pria- 


BER  89 

t^ipsd  et  premier  rëgent  du  collège  de  Sedan ,  qu'il  honora 
par  ses  vertus  et  son  savoir.  Il  ne  nous  reste  guère  d'autres 
détails  sur  sa  personne ,  que  ceux  qui  sont  contenus  dans  la 
dédicace  du  n*»  vi.  Nous  en  ferons  usage  dans  la  rédaction  de 
cette  notice. 

Berchet  naquit  à  Langres  vers  i54o ,  et  manifesta  de  bonne 

heure  de  grandes  dispositions  pour  la  littérature  ancienne  et 

les  langues  savantes;  il  les  cultiva  dès  sa  première  jçunessè, 

et  en  conserva  le  goût  toute  sa  vie.  Les  troubles  qui  agitèrent 

la  France  dans  les  premières  années  du  règne  de  Charles  IX  ^ 

et  les  guerres  civiles  qui  en  furent  la  suite,  et  dont  la  religion 

fut  la  cfause  parmi  le  peuple ,  et  le  prétexte  parmi  les  grands , 

Payant  obligé  de  s^expatrîer,  il  se  retira  à  Sedan ,  jrivé  de 

la  plus  grande  partie  de  sa  fortune ,  qui  était  considérable. 

La  révolution  presque  générale  arrivée  dans  Tempire  des 

lettres  vers  le  milieu  du  xvi*'  siècle,  avait  eu  peu  d'influence 

dans  cette  ville  :  il  était  réseçvé  aux  Calvinistes  persécutés 

d^y  allumer  le  flambeau  des  sciences  et  des  arts.  Personne 

n'^y  contribua  plus  que  Berchet.  Françoise- de  Bourbon  Mont- 

pensier,  régente  de  la  principauté  de  Sedan,  lui  en  fournit' 

Toccasion,  en  lui  offrant  Temploi  de  principal  et  de  premier 

régent  du  collège  qu'elle  érigea  dans  sa  capitale ,  le  16  mars 

1 579  (i).  Berchet  voulut  d'abord  se  dérober  à  cet  honneur  -, 

mais  vaincu  par  les  |>rières  de  Louis  Gappel  de  Moniam- 

bert ,  et  de  plusieurs  autres  savans  français  réfugiés  à  Sedan  y 

il  se  rendit  au  vœu  de  la  princesse. 

Le  choix  ne  pouvait  tomber  sur  un  homme  plus  capable 
de  diriger  cet  établissement  naissant*,  car  il  était  bon  huma- 
niste ,  helléniste  savant,  et  joignait  à  ces  talens  une  dignité 
modeste ,  un  grand  esprit  d'orvire  ,  et  beaucoup  de  zèle  pour 
la  restauration  des  bonnes  études.  S'étant  associé  quelques 

(1)  Par  édit  du  8  nov.  iSjô,  cette  princesse  érigea  en  collège  l'hôpital  du 
Mesnil ,  ou  Maison  des  douze  Apôti-es  ;  mais  Fexécution  de  cet  cdh  fut  diffé- 
rée jusqu'au  16  mars  1579. 


^  B£R 

professeurs  capables  de  seconder  ses  TÙes,  il  mit  tout  en 
ceuvre  pour  dissiper  les  ténèbres  qui  couvraient  la  contrée 
des  Ardennes  :  ils  fîirènt  écoutes  avec  empressement,  da- 
bord  par  un  petit  nombre  d'auditeurs  et  de  disciples  que  le 
désir  d'apprendre ,  joint  à  la  nouveauté ,  attira  à  leurs  leçcms. 
La  foule  succéda  dès  qu'on  vit  que  des  études  r^lées  et 
proportionnées  à  la  faiblesse  du  à  la  vigueur  de  Tâge,  rem- 
plaçaient des  routines  gothiques  et  vicieuses  ;  que  la  gramr 
maire,  les  langues  anciennes,  la  mythologie,  la  rhétorique, 
la  philosophie,  la  théologie  n'étaient  point  étrangères  aux 
nouveaux  professeurs  ',  qu'ils  embrassaient  tous  les  genres , 
et  donnaient  des  instructions  solides  propres  à  former  le  goût 
et  à  éclairer  l'esprit. 

Persuadé  avec  tous  les  savans  du  xvi*'  siècle ,  que  la  con- 
naissance des  langues  est  la  clef  du  sanctuaire  où  reposent 
les  sciences,  Berchet  commença  par  en  développer  les  prin- 
cipes ,  par  en  tracer  les  règles  *,  et  comme  le  grec  avait  tou- 
jours eu  poiurlui  beaucoup  d'attrait,  il  s'appliqua  à  en  dér 
couvrir  les  richesses  les  plus  cachées.  Pour  diriger  dans  cette 
carrière  les  pas  chancelans  de  ses  élèves ,  et  leur  aplanir  la 
route ,  il  publia  des  remarques  sur  la  grammaire  de  Glénard , 
ouvrage  élémentaire  qu'il  avait  adopté  pour  leur  usage. 

Le  plus  sûr  moyen  d'accélérer  les  progrès  de  l'étude ,  est 
d'exciter  Fémulation*:  il  y  parvint  en  décernant  des  récom- 
penses. Jacques  Gappel  et  Pierre  du  Moulin  ses  disciples,  y 
eurent  la  plus  grande  part. 

Berchet  était  moins  le  supérieur  et  le  maitre  que  le  père  et 
l'ami  des  jeunes  gens  qu'il  dirigeait.  Leur  éducation  faisait 
ses  plus  doux  soins ,  et  la  tendresse  avec  laquelle  il  y  veillait , 
atteste  le  plaisir  qu'il  y  prenait.  Assidu  à  tous  les  exercices 
soolastiques ,  il  se  mettait  en  quelque  sorte  de  niveau  avec 
tous  *,  il  semblait  marcher  à  côté  de  chacun  d'eux  ;  il  les  sou- 
tenait, il  les  guidait,  il  les  animait,  tantôt  en  aiguillonnant 
leur  zèle,  tantôt  en  modérant  leur  activité. 


BER  91 

Regardant  la  religion  conmie  la'base  de  l'^ëdacatibn  ^  il  en 
fit  toujours  son  objet  caipital.  Ce  fat  ce  qui  rengagea  sans 
doute,  à  enrichir  de  notes  lumineuses  la  traduction  du  catë- 
cMsme  grec  d'Heori  Ëstienne ,  qu'il  mit  au  jour  pour  Fusage 
de  3es  collaborateurs  et  de  ses  élèves.  Cette  manière  de  faire 
marcher  de  pair  la  piété  et  les  sciences ,  de  &mîliariser  la 
jeunesse  avec  la  religion  à  Taide  d'une  langue  pleine  de  dé- 
licatesse, produisit  d'heureux  résultats,  et  fit  regarder  son 
collège  comme  le  berceau  de  la .  vertu  et  le  centre  du  bon 
goût-,  ce  qui  contribua  beaucoup  k  sa^célébrité. 

Devenu  prince  souverain  de  Sedan  et  duc  de  Bouillon  par 
son  mariage  avec  Charlotte  de  la  Marek ,  en  1 59 1  ,•  Henri  de 
la  Tour  distingua  bientôt  l'habileté  de  Berchet  dans  la  di-^ 
dactique ,  ou  l'art  d'enseigner*,  et  conune  il  n'ignorait  point 
que  pour  faire  fleurir  les  lettres,  il  faut  les  protéger  :  Sint 
Mcçcenaiesj  non  deerunt^  Flacce,  Marones  (^i)y  il  encoura- 
gea ses  efforts  avec  magnificence  j^  et  lui  prodigua  des  té- 
moignages d'estime  fort  au-dessps  de  ses  bienfaits. 

La  mort  ayant  ravi  la  princesse  Charlotte  en  1 694  9  i^otre 
principal  célébra  sa  mémoire  dans  une  oraison  funèbre.  Ce 
discours  fut  honoré  de  la  présence  du  duc  de  Bouillon.  L'o- 
rateur y  vante  beaucoup  le  bon  esprit  des  Sedanois ,  leur 
patriotisme,  leur  dévouement  à  la  chose  publique  et  à  leur 
souverain,,  leur  union  et  leur  tolérance  mutuelle  malgré  la 
différence  de.religion.  Se  reportant  ensuite  au  mauvais  état 
où  il  avait  trouvé  Téducation  avant  l'établissement  du  col- 
lége  de  Sedan ,.  il  félicite  le  priuce  Henri  de  la  Tour  de  la 
protection  qu'il  accorde  aux  sciences  et  de  son  amour  pour 
elles.  Il  signale  les  événemens  principaux  de  son  règne ,  ses 
actes.de  valeur,  ses  conquêtes ,  ^es  exploits  militaires.  Enfin, 
il  le  presse  de  reprendre  sans  délai  le  projet  qu'il  a  conçu  de 


(1)  Un  Mécène  aisément^peut  faire  des  Vkgiles.  (Martial ,  lib.  VIII ,  épig,^ 
S6adFlacc.) 


9»  BER 

fonder  une  académie  dans  sa  capitale ,  projet  grand  et  noble, 
digne  d'un  souverain  qui  honore  tout  ce  qui  peut  tourner  à 
Tayantage  de  ses  peuples ,  à  Futilité  et  à  la  gloire  de  son 
pays.  Id  igitur  à  te  sapientissimè  imtiiutum  opus  j  lui  dit-il, 

Jàcy  benignissime  princeps^  breçi  matures  ,•  nec  prias  ab  eo  per-^ 
sequendo  ac  promo\^endo  désistas^  quant  ex  tui  aninù senteru- 
tid^  et  nostrûm  omnium  voto  feUcissimè  perfeceris  :  quippe 
quàd  nullum  aliud  et  ad  urbis  celebritatem  jet  cul  cii^ium  singu- 
lorum  utilitatemj  et  ad  nominis  immortalitaiem  accommoda- 
tius  esse  unquam  possit. 

La  bonne  volonté  du  duc  de  Bomllon  n'était  que  sus- 
pendue. N'ayant  pu  exécuter  son  dessein  durant  les  guerres 
quileut  à  soutenir,  il  s'en  occupa  dès  que  la  paix  fiit  ré- 
tablie dans  ses  états ,  et  qu'il  eut  reconnu  de  nouveau  les 
grands  avantages  que  la  science  et  les  lumières  y  répan- 
draient. Les  vœux  de  Berchet  ayant  été  accomplis  en  1602 , 
par  la  fondation  de  l'académie  de  Sedan ,  dont  il  avait  posé 
les  premières  bases ,  il  travailla  sans  relâche  à  faire  germer 
la  semence  qu'il  s'élait  eflforcé  de  répandre ,  et  saisit  tous  les 
moyens  de  porter  dans  les  cœurs  l'amour  des  lettres  et  l'hor- 
reur de  l'ignorance.  Tant  d'efiforts,  encouragés  par  la  pro- 
tection d'un  prince  éclairé  et  rémunérateur  'de  tous  les 
genres  de  mérite ,  ne  pouvaient  manquer  de  réussir.  Le 
collège  académique  de  Sedan  devint  bientôt  une  pépinière 

^d'où  sortirent  une  foule  d'élèves,  qui ,  transplantés  dans  la 
société,  fleurirent  aU; profit  de  tous.  C'est  un  trésor  pour  un 
pays  qu'un  ch^  de  l'instruction  publique  soutenu  par  la 
réputation  et  par  la  science  :  il  métamorphose  insensible- 
ment les  esprits,  en  leur  donnant  une  nouvelle  manière 
d'exister,  et  la  lumière  qu'il  propage  réfléchit  sur  toutes  les 
conditions. 

Après  vingt-cinq  ans  de  travail ,  Berchet  ne  craignit  pas 
de  se  rendre  à  lui-même  ce  glorieux  témoignage  :  «  Pendant 
»  cinq  lustres ,  j'ai  dirigé  l'université  de  Sedan.  C'est  à  mes 


BER  9$ 

»  soins  et  à  mon  activité  assidue  que  cette  ville  doit  les  plus 
»  fermes  défenseurs  de  notre  religion,  et  les  illustres  pro- 
»  fesseurs  qui  honorent  l'Eglise ,  le  barreau  et  la  ville  en- 
»,  tière  par  l'ëclat  de  leur  mërite  et  la  supériorité  de  leurs 
»  connaissances.  J'ai  mis  toute  ma  sollicitude  à  leur  faire 
»  atteindre  un  jour  un  degré  éminent  d'érudition  et  de 
)>  gloire ,  en  les  excitant  à  seconder  mes  efforts ,  à  se  vaincre 
»  les  uns  les  autres,  et  même  à  surpasser  leur  maître.  )> 
{Prœf.  ad  Sedanensem  scholanij  p.  4  et  5 ,  à*  la  tête  du 
n*»  VI. ) 

Xels  ont  élé  les  actes  les  plus  remarquables  de  la  vie  de 
Berchet.  Sentant,  par  cet  instinct  que  la  nature  nous  adonné, 
qne  sa  fin  n'était  pas  éloignée ,  il  voulut  laisser  un  monu- 
ment public  de  son  amour  pour  sa  patrie  adoptive,  en  dé- 
diant k  l'académie  de  Sedan  l'ouvrage  qu'il  publia  en  i6o4» 
Ce  fut  comme  le  chant  précurseur  du  cygne-,  car  cet  homme 
excellent  à  tant  de  titres  ne  survécut  pas  long-temps  à  ce 
témoignage  de  gratitude  donné  à  une  ville  qui  lui  avait 
ouvert  lin  asile  heureux.  Dans  cette  dédicace,  il  lui  offre 
l'hommage  de  ses  remercîmens  avec  cette  noble  délicatesse 
qui  cherche,  à  atténuer  le  prix  des  services  rendus  pour  se 
dérober  à  la  réconnaissance. 

On  ne  connaît  pas  l'époque  précise  de  son  décès.  Le  i 

septembre  i6o5,  Bouchard  lui  dédia  une  thèse,  et  le   19 

novembre  suivant ,  Samuel  Néran  lui  succéda  dans  la  place 

de  premier  régent-,  d'où  l'on  peut  inférer  qu'il  mourut  dans 

l'intervalle  du  3  septembre  au   19  novembre  i6o5.  Une 

délibération  du  conseil  académique  en  date  du  2 1  janvier 

1606,  vient  à  l'appui  de  cette  conjecture ,  elle  porte  «  qu'il 

»  sera  payé  à  mademoiselle  Gappel,   en   l'acquit'  de  feu 

»  M.  Berchet,  en  décharge  de  M.  Bergier,  la  somme  de 

))  vingt-sept  livres  tournois  par  le  receveur  auquel  ladite 

»  somme  sera  allouée,  après  en  avoir  référé  à  monsei- 

»*gneur.  »  {Rég.  des  modérateurs.^  Samuel  Néran  lui  suc- 


94  BER 

céda  dans  la  principalilé  du  collège  académique ,  le    !2o 

août  t6o6. 

L'acjadéitiie  de  Sedan  fut  extrêmement  sensible  à  sa  perte; 
elle  en  donna  une  iqarque  non  équivoque ,  en  continuant  à 
Pierre  Berchet,  son  fils  unique,  la  pension  que  son  père 
avait  méritée  par  sa  conduite  et. ses  longs  et  honorables 
services^  <c'est  du  moins  ce  que  paraissent  témoigner  les 
registres  du  conseil  des  modérateurs  de  cette  académie  -,  on 
y  voit  que  /  «  sur  la  requête  de  M*  Pierre  Berchet ,  il  est 
»  ordonné  cpi'il  lui  sera  payé  le  quartier  de  la  pension  du 
»  feu  sieur  Berchet,  son  père,  échue  au  jour  de  la  saint 
*  Remy.  »  {^Acte  du  lo  nos^.  1607.) 

Sans  avoir  ces  qualités  brillantes  qui  commandent  Tad- 
miratipn,  Berchet  &it  époque  dans  V Histoire  de  Sedan  j, 
parce  que  son  nom  se  trouve  lié  avec  la  révolution  qui  s'y 
est  opérée  dans  Finstruction  publique ,  à  la  fin  du  xvi^ 
siècle.  L'art  de  former  les  hommes  sera  toujours  le  premier 
de  tous ,  et  le  philosophe  qui  se  consacre  à  Tinstitution  de 
la  jeunesse,  mérite  peut-être  plus  de  reconnaissance  que 
celui  qui  a  étonné  Funivers  par  son  génie.  Gomme  celle  de 
la  plupart  des  savans,  sa  vie  fut  calme  et  peu  variée.  Ses 
fonctions  scolastiques ,  ses  études  particulières ,  et  quelques 
liaisons  avec  un  petit  nombre  de  personnes  de  mérite  qui 
rendaient  justice  au  sien,  partagèrent  son  temps.  Cette 
existence  douce  et  tranquille  fut  le  prix  de  ses  vertus.  Ses 
écrits  respirent  une  morale  droite ,  des  maxinies  saines ,  et 
un  grand  zèle  pour  la  paix  et  la  prospérité  de  la  patrie.  On 
y  trouve  partout  un  homme  de  bien ,  un  bon  Français ,  un 
sujet  pénétré  de  la  soumission  due  au  souverain,  et  en« 
nemi  prononcé  de  la  ligue  et  des  ligueurs ,  contre  lesquels 
il  soutint  la  légitime  autorité  de  Henri  IV. 

Etienne  Bouchard  le  qualifie,  Doctrind  etpietate^  spècta^ 
tissimus  vir  dominus  7*.  BerchetuSj  linguœ  grœcw  in  ill.  aca- 
demiâ  Sedanensi  prof  essor ^  et  gymnasiarcha  ^  dans  la  thèse 


BËR  q5 

de  philosophie  qu'il  lui  dëdia^  et  qu'il  soutint  à  lacadémie 
de  Sedan,  Ip  3  septembre  i6o5« 

Samuel  Nëran  a  honore  sa  tombe  d'un  quatrain  que  voici  : 

Berehetus  Atus  est  isto  sub  cespite ,  Graeca 

Hio  cum  Bereheto  Musa  sepulta  |acet. 
Qaîn  potiùs  dédit  ille  xtemàm  Tivcre  Musae , 

At<{ae  illi  aetemùm  vivere  Musa  dédit. 
Nœrani  poemata ,  p.  6y» 

M.  de  la  Monnoye  a  affirmé ,  dans  ses  notes  sur  la  Croix 
du  Maine  (t.  II ,  p.  4^^)'  ^^^  Tusan  ëtait  le  nom  de  la 
famille  paternelle  de  notre  savant ,  et  Berchet  celui  de  la 
maternelle.  Ce  qui  prouve  qu'il  n'a  point  vu  ses  écrits. 

Pierre  Berchety  61s  de  notre  principal ,  régentait  à  l'aca- 
démie de  Sedan  au  commenoement  du  xvii*'  siècle.  Je  pré- 
sume qu'il  y  professait  le  grec ,  et  que  c'est  sa  chaire  qui  fut 
offerte  à  Gamieion  en  i6o4*  Les  biographes  de  ce  dernier 
disent  qu'il  ne  voulut  point  en  dépouiller  son  ami,  et  que 
l'un  et  l'autre  se  rendirent  à  Paris  la  même  année*  Pierre 
Berchet  revint  à  $edan  en  i6o6,  et  le  conseil  académique 
arrêta  «  que  ses  gages  lui  seraient  continués,  dMuction  faite 
».  du  temps  qu'il  avait  été  absent.  »  {Reg.  des  modér.  acte  du 
8  juillet  i6o6.) 

Lie  17  août  17^4  9  les  modérateurs  accordèrent  une  pen- 
sion de  centlivres  à  M*  Pierre  Berchet^  étudiant  en  théologie, 
fils  de  M*  Pierre  Berchet ^  bourgeois  de  Sedan ,  et  petit-fils 
de  notre  principal ,  à  la  charge  qu'il  serait  tenu  de  servir 
l'académie  ou  l'église  de  Sedan.  Ayant  rompu  ses  engage- 
mens,  on  le  priva  de  cette  pension  le  20  mars  i63a.  (Reg* 
des  modér.)  Il  avait  soutenu  deux  thèses  de  théologie  sous 
la  présidence  d'Abraham  Rambour  :  la  première,  le  ad 
novembre  1626,  sur  la  différence  entre  l'ancien  et  le  nou- 
veau testament,  et  la  deiaième,  le  26  juillet  1629,  sur  Fin-^ 
vocation  des  saints.  Elles  sont  imprimées  dans  le  Thésaurus 
iheologiœ  Sedanensisj  t.  II,  p.  4^2  à  4^0,  p.  628  à  644* 


96  BER 

On  .voit  au  nombre  des  réfugies  français  dans  le  Bran- 
debourg, une  Baçhel  Cartel^  veuve  de  M..  Toussaint  Ber- 
chet,  ci-devant  juge  à  Sedan,  belle-mère  du  prédicateur 
dç  la  cour  de  Tesmai:.  (Erman,  Mem.  du  Refuge,  t.  I, 
p.  356.) 

Ses  ouvrages  : 

l.  Institutiones  ac  Meditationes  ingrœcam  linguanij  N.  Cïe- 
nardo  cmthore.  Cum  scholiis  et  praxi  P.  Antesîgnani  rapita-- 
gnensis,  Accesserunt  perbrci^es  in  Clenardum  annotationes  per 
Tuss.  Berchetum,  lingonensem,  Paris,  Henri  le  Bé,  i58f, 
in-4°i  p«  4''4(^î^ï*  ^^  Sainte-Geneviève,  X,  agS,  2.);  it,, 
Paris,  Jean  Houze ,  ï58i,  in-4",  p.  4^4  (Bibl.  du  roi ,  X , 
345),  même  édition  avec  un  nouveau  frontispice. 

Cette  édition  de  Clénard,  qui  fut  si  utile  pour  composer 
la  méthode  grecque,  de  Port-Royal ,  est  un  chef-d'œuvre 
d'impression ,  et  va  de  pair  avec  les  plus  belles  éditions  des 
Estienne  ,  par  le  choix  du  papier,  la  beauté  des  caractères 
de  toutes  proportions ,  la  distributiQn  de  la  matière ,  et  par 
les  soins  et  les  attentions  de  tous  les  détails.  L'imprimeur 
avait  pris  pour  enseigne  la  Bonne  Intention,  représentée  à  la 
tête  de  cette  grammaire ,  dans  une  gravure  en  bois ,  par  une 
vestale  qui,  tenant  de  la  main  droite  un  compas,  pose  de  la 
gauche ,  sur  un  autel ,  une  lampe  antique  avec  deux  mèches 
allumées.  On  lit  autour  du  cartouche  :  Cœlo  et  terra  débita 
reddere  studeo. 

Quoique  les  Remarques  de-Berchet  paraissent  faire  partie 
de  cette  édition ,  néanmoins  elles  sont  imprimées  séparé- 
ment et  sans  titre.  Elles  contiennent  vingt-trois  pages,  y 
compris  une  épître  au  lecteur,  datée  du  petit  collège  de 
Sedan,  le  28  octobre  i58o,  E  musœolo  nosiro  Sed,,  5  cal., 
nov.  i58o.  La  Croix  du  Maine  avait  promis  de  parler  de 
ces  Remarques  dans  la  Bibliothèque  des  Français  qui  ont  écrit 
en  latin  ,•  mais  cet  ouvrage  n'a  point  paru. 


BER  97 

il.    Très  régis  Henrici  dedaraiiones  ad  ardfnes  siios^  è 
gallico  in  latinum  coni^ersœ ^Seda.n,  i5Sg  y  in^'*. 

m.  Explicatio  controi^ersiarum  quœ  à  nonnullis  moçentur 
de  Henrici  Borbonici  régis  in  regnum  Franciœ  consiitatione  :' 
<^pus  h(^  maxime  tempore  titiUssimum^  in  i/mo  permidta  quœ  ab 
aliis  aniehac  ejusdem.  scriptoribus  vel  prœtermissa^  vel  non 
satis  explicata  erant^  eruditè  cxpUcantur;  dubitationesque 
omnes  quœ  ab  adi^ersariis  proponuntur^  diUgenter  enucleantur 
et  toUuntuTy  à  Tussano  Bercheto  lingonensi  in  bxdnum  con^ 
i^ersum.  Sedan,  Matthieu  Hilaire,  iSgo,  in-S'',  p.  352. 
(^Bibl.  du  roi,  L.  i5is.)  La  dëdicace  adressée  à  Henri  IV, 
est  datée  du  collège  de  Sedan  9  le  i4  niai  1 690. 

IV.  Pium  comilium  super  papœ  Sfondrati^  dicti  Grego^ 
rii  XIV j  monitorialibus  ut  vacant  bullis^  et  excomnumica^ 
tionisj,  aique  interdicti  in  Galliœ  regem,  ecclesiam^  et  regnum 
wninis  ^  è  Francorum  majorum  nosirorum  exemplis  in  rébus 
iisdem  repeUtum  ^.à  Tussiano  Bercheto  lingonensi  è  gallico  in 
iatinum  con^ersum.  Francfort,  Martin  Lechlerus,  1691^ 
iii-8°  p.  276.  (Bibl.  du  roi,  L.  i5ii.) 

Reiman ,  en  parlant  de  cette  traduction ,  qui  fut .  réim- 
primée à  Francfort  en  161 3 ,  dans  la  Monarchie  de  Goldqst^ 
t.  III,  p.  137  à  178,  s^exprime  ainsi  :  a  Opus  dbctum-  ar* 
»  gutum,  grave  et  magnâ  animi  prudentiâ  et  firniitate  scrip- 
»  tum.  »  (JBiblioih.  theologica^  p.  56.) 

L'original  anonyme  (i)  est  intitulé  :  Conseil  chrétien  sur 
les  monitoires  et  menaces  d'excommunication  et  interdiction 
du  pape  Sfondrato^  dit  Grégoire  XIV,  contré  le  roi^  V église 
et  le  royaume  de  Fnaue^  pris  des  exemples  de  nos  prédéces'- 
seurs  en  choses  semblables.  iSgi,  in- 12  (2). 

(1)  Brûlé  à  Tours  pai'  le«  mains  du  bourreau.  Foy.  Fontette,  BB,  Hi$t,, 
n»  7175. et  qo  7157  du  supplément  ;  Sagittarius,  Jntrod.  in  Hist,  eccL^  t.  I, 
p.  4^5. 

(3)  Grégoire  XI Y  dépensa  inutilement,  eu  faveur  de  la  I/igue ,  une  partie 
des  six  millions  d'or  renfermés  par  Sixte  Y  dans  le  chÂteau  Saint-Ange  ;  aussi 
TOME  I.  7 


98  BER 

V.  Oratiù  Jimebris  in  obUumillustrissinut  ac  piehtismnœ 
Cai'olœ  à  Mccrkâj  dacisêce  ^ulUonensis  ^  prineipissée  J^anen- 
m^fUtkëtidfiiej  'Rnùcurianœ^^étc.^  ine^omitissm  Tutenœj  eémî^ 
tissé  Iffùntfortii,,  Vrwnm^  efc.^  hcibita  h  IWâiaiio  Berdhieto 
^Mutsiarehâ  Sééhnensî  :  aecediùit  tuntuU  et^ikspikk^  latina 
)èt^ctcà.  GalKca  seorsimexêant.  SdàsLn  ^  AhâlMvéty,  «Sq^, 
iti4<> ,  p\  36.  (  BiM.  de  Sainte JÛètievièVe ,  X ,  5$  i  ^  6.)  On 
^dit  à  la  tête  et  à  la  fin  'àe  ce  discours  fatiéèrc ,  vingt-deux 
^pîtk^hfes  de  rilltt^ftré  dëfunte ,  dont  àeisex  c^m^posëes  par 
Bertshcft. 

Vi.  Êlementana  traditiô  ckri^tia/^ruhi  J^ei  ^  aàt  note" 
chîsmus.  Huic  nunc  ctppositus  ^est  cëtechismus  àHus  tfutgis  ccm- 
péndàtriiisyetetclesiasticarum  prefHmiJbhfrtuki.  Orhùfina  è  gheco 
(Ifenribi  Stè^pShahi)  m  latinuth^sermùneih  eom^éhsaj  oumjand' 
^riéàimâ  etymologiœ  -W  syntaxeos  inMpfetatione^  ^ic  tam^ 
Whpereètâj  td  medioeriter  pros^ecHs  nànnUdl  ^'gnecêe  linguàs 
^ghitionétn  cotiferre  po9sit,  Synottymà  et  loaMione^j  ^ifidbm 
résiàédem H^âfiè  et  elegaràer  ah  auetoré  eoôpre^aest»,  mfnieat 
operis  rejiciuntur.  Per  Tuss.  iBercfheVani  dikjgonensem.  Hii- 
i^<yvi>% ,  typië  *We<5he}ià<iri'S',  apud  Cl.  Matiaium,  6tiisfêrèdes 
Jbteinnis  Aubt^i ,  i6o4 ,  in-*" ,  p.  645.  (BifcL  de  Sainte- 
G^ncVièVè,  D.  6985,  «,)•,  it.  Haii()V. ,  «JiVi.,  t6i4,  in-***^ 
•ft.  Hattiov.,  'ihid.j  1618,  1*1-8* -,  it,  Hanov. ,  Und,^^  16 ig, 
in-8°-,  lY.  Londres,  1648, '<et  Sedan,  .lyoâ. 


fut-il  ajourné  par  Marforio  et  Pasqnîn  à  comparaître  âevânt  son'pi^éâéces- 
sfeto.  11  enjoignit  àùit  Français,  «oiis  peine  â'ekcdmmuttiéatioh ,  de  tefiuter 
toBté  obéissance  k  H^bri  IV,  ayant  privé  ce  prince  et  ses  descendant  de 
tout  droit  au  royaume  de  France.  Cette  doctrine, -liée  à  la  doctrine  ^e  Tin^ 
faillibilité  papale ,  révoltera  toujours  ceux  qui  aiment  sincèrement  la  religion 
et  l'état.  On  a  opposé  à  ce  pontife  :  «  Discours  des  raisons  et  moyens  pour 
»  lesquels  MM.  du  eleigé  améihblés'àlIaiitoS',  dut  dèdavél^to  bulles ^oiiito- 
»  rrales ,  'dëéiemées  ^r  ^Grégoife  XIV,c€totre  les  '«odèBMsti^es>et  antrea, 
»  tant  de  la  noblesse  que  du  tiers-étàt,  qui  sont  demeurés  en  la  fidélité  du 
'•  roi , ^miUet  «t  injustes.  TbUr$',  Mettajf^v,  i%i,  dn*^«.^»  «(IBB.  de  «l^ihîrienal , 


BER  99 

Ci^est  une  traduefeidB  du   caltkîkisniie  gvec  (i)  d'Heuri 

£stienney  avec  le  texte  en  regard  et  des  remarques.  Elle 

est  prëcédée  d'une  dédicace  à  Tacad^mie  de  Sv^dan,  et  d'une 

préface  au  leclew,  ^m  J3ei?ch«t  protnet;  de  Iw  deoner  bientôt 

une  traduction  latine  des  lettres  gvecques  du  ^nd  Budé , 

s'^il  daigne  accueillir  favorablement  céBe-çi  (a).  Ces  deux 

pièces  sont  datée;»  du  cdtii^  49  ^im^  1^  j  i^  le  1 3  avril 

i6o3. 

VII.  Il  a  fait  des  scoltes  ou  notes  sur  les  Lettres  grecques 
de  •GruiUsHume  Budé  (3)..J'en  trpuvç  la  preuve  dms.ces 
vdeu^  pièces  ide  yers^  d' Artur  JoujStQn  et  de  Samuel  Nemn , 
professeurs  à  Facadémie  de  Seda^i  : 

De  Budtee  Tusat^i  Berchkti. 

Budaeus  Miuis ,  lucem  ,  Serchete  ^  dedisti 

''BiidfBO,liiceni  à  sydere  8ydii9'lifâ)et. 
ilavbarfi  qaod  no»  «t ,  hoc  ilU  ÇT9Bem,àtshfatp 

JPehett  qnod  ^oip  £«t  h9^b9n9p  ilh  tibi  (4)* 

EPie&AMMA 

In  epistolas  Gracas  Budai,  scïiotiis  Tussani  Bercheti ,  gymna- 
siarchœ  Sodanensis  et  Onecœ  lingtuB  projessoris  iUusîratas.  ' 

Dpsine  Sedanum  BerchetHtmen  flere, 
INe  manet  pubis  doctor  at  an^  tuae. 

f^^)  Ç*im  l»  fi9^M»«nfi  de  Cal^w  ^h^q  mtïp  yer^ioa  gvtc^^e  d'Umn  £«- 
tienne,  intitulée  :  Rudimsnta  pdei  diristianœ.  Addita  est  eeclesiasticarum  prt- 
eum  formula.  Grœ^et  laiinè,  Apud  H»  Stephanum,  iS65,in-ia.  ït.,  ifoid., 
i565,  in-i8;i*t.,  1576,  i58o,in-ia  ;  it.,  Genève,  Matt.  Berjon,  1609.  Foy. 
Mm'ltê  diveiB «MéchîMiefl  hîh»  «t  français  , publiés  fêf  Gdbin,  jff^aUhius 
JBUéttk^Uifie^theaitfgica ,  1. 1,  p,  SjOf, 

(a)  On  ne  vok  point  ({ue  cette  traduction  .latine  ait  paru.  On  connaît  celle 
d'Antoine  Pichon.  Parisy  1574,  in-4'» 

(3}  Gettoorrage  «  échappé  à  m«8  recherefae».  le  ne  conoaiB>qii'4iiie  édiftion 
lalinBidQB  lettres  de  '3utH,  javeo  If»  ntfes  de  |J saques  T^n^al^.^  Ttissamis, 
•jnubliéeen  i6,3i.  Fay,  Gofijet,  Coti,  Boyalj  t.  i,p.  407;  et  David  Clément, 
BB,  CurUute,  t.  V,  p.  3/7. 

(4)  Ce  quatrain' est  inséré  dans'lesi'é/crit:^  pottarum  seotorum,  t.  i  ,  p.  -Soi  » 
et  <dani  ^ftmêiêni  pamutùt ,  p.  MjS. 

1- 


I  oo  BER 

Ante  tu»  taïUùin  doctor  faU'ille  îiiv«Dt» , 

£t  posthac  doctor  totius  orbis  erit. 
Quid  refert  ?  lacis  decedit  nil  tibi  quamvis 

Sol  radios  toto  spargat  in  orbe  suos. 
Qui  latium  primus,  primus  transvezit  Athenas^ 

Sydera  Sedanae  quft  ferit  arcis  apex , 
Occidit  et  qu«  ses  docuit  per  lustra  juventain 

Bercheti  nunc  vos  illa  magistra  tacet. 
If  e  fle  Sedanum ,  sed  successore  trinmpha , 

Budaeo  partes  tradidit  iile  suas. 

^        Nœranipo€mata,  ^»iS, 

YIII.  L'abbé  Mathieu  dit  qu^il  avait  aussi  adressé  à  la 
noblesse  une  élégie  en  vers  latins.  {Annuaire  du  département 
de  la  Haute-Marne j  p.  i25.) 

Voilà  tout  ce  que  je  connais  des  ouvrages  de  Berchet.  La 
Croix  du  Maine ,  son  contemporain ,  dit  cjpUil  a  écrit  queUjues 
œui^res  enjrançais^  mais  il  n'en  rapporte  point  les  titres.  Si 
elles  ont  été  publiées ,  ce  dont  je  doute ,  c'est  avant  1 584 , 
époque  où  parut  la  Bibliothèque  française  de  la  Croix  du 
Maine.  Je  ne  crois  pas  d'ailleurs  que  ces  œuvres  soient  les 
Scolies  sur  les  Lettres  de  Budé ,  sorte  de  production  que  ne 
comportait  pas  alors  notre  langue  ^  Au  surplus ,  je  nai 
qu'une  preuve  négative  à  opposer  au  témoignage  de  la  Croix 
du  Maine,  preuve  qu'on  ne  poiurait  cependant  détruire 
qu'en  faisant  connaître  les  ous^rages  français  qui  auraient  été 
publiés  avec  le  nom  de  Berchet,  ou  sous  le  voile  de  l'ano- 
n^ie  ou  du  pseudonyme . 

BERNARDIN  (^Théophile) ,  jésuite ,  né  à  Sedan  en  1 669, 
entra  dans  la  société  à  Toumay,  en  iSgS.  Après  ses  années 
d'épreuve,  il  enseigna  les  humanités,  suivant  l'usage  de 
riQStitut,  et  se  donna  cette, seconde  éducation  qui  grave  ce 
que  la  première  n'a  que  dessiné.  Son  cours  de  régence 
achevé,  il  professa  long-temps  la  théologie  scolastique  et 
morale ,  et  s'adonna  principalement  au  ministère  de  la  di- 
rection des  âmes.  Versé  dans  la  science  de  la  spiritualité,  il 


BER  loi 

exigea  pendant  neuf  ans  les  novices  de  sa  société,  et  durant 
six  ans  ,  ceux  de  ses  confrères  qui  couraient  la  carrière  de  la 
troisième  probation,  ayant  d^étre  admis  à  la  profession  des 
qiiatre  vœux.  Ce  n'était  pas  à  des  homines  d'un  talent  mé- 
diocre que  cette  compagnie  fameuse ,  qui  enseignait  les 
sciences  aux  Chinois ,  le's  arts  aux  sauvages,  et  les  belles- 
lettres  aux  Européens,  confiait  la  direction  de  ceux  qu  elle 
destinait  à  soutenir  ^  réputation. 

Les  biographes  de  son  ordre  le  peignent  comme  un  homme 
qui  joignait  à  une  grande  piété  beaucoup  de  douceur  et  d'a- 
ménité dans  le  caractère.  Il  mourut  au  .collège  d'Arras . 
dont  il  ^tait  recteur  depuis  trois  ans ,  le  i5  août  1625.,  dans 
un  âge  qui  promettait  une  vie  pluç  longue ,  puisqu'il  n'avait 
pas  encore  atteint  sa  cinquante-sixième  année.  Il  a  laissé 
des  traces  de  la  piété  qui  l'animait  dans  les  ouvrages,  suivans  : 

I.  Le  chemin  de  la  vertu  tracé  aux  dis^ers  états*  Tournay, 
Ch.  Martin,  161 5,  in-ia. 

II.  Cynosure^  ou  Etoile  des  chrétiens^  pour  tirer  vjens  le, 
port  d'heureuse  éternité.  Rouen,  1616,^^  in-ia-,  lï.j^avec  ce 
titre  :  La  vie  chrétienne^  au  Méthode  sûre  pour  choisir  un  état, 
Liège,  Jean  Ouwerx,  16 16,  in-ia-,  i£.>  eni  latin,  sous  ce 
titre  i.Cynosura  ckristiana^  siçe  De eligenâo  vitœ  statu.  Ibid. , 

1 6 1 6  y  in-  42',  it.j.  %"  édition ,  corrigée  et  augmentée ,  avec  le 
titre  suivant  '-  Institufio  vitœ^  seu  Ceria  de  opiima  vitœ  statu 
deUherandi  via,  Anvers,  Plantin,  162a,  in-S"".  Lipen  cite 
une  édition  d'Anvers ,  1624  9  iu^^ ,  et  le  Muséum  britanni- 
cum  une  de  Liège,  de  i622„in-i2. 

m.  La  pratique  des  bonnes  œuvres,  1616,  in-ia-,  iï.jj  tra- 
duit en  latin  par  Ëngelbert-des-Bois ,  évéque  de  Namur, 
sous  ce  titre  :  Praxis  bonarum  intentionum.  Douay,  Jean 
Bogard,  1619,  in- 12-,  à. ^  Vienne,  Grégoire  Gelbhaar,  1620, 
in- 12-,  it.^  en  italien,  par  Augustin  Fornelli.  Rome,  impr. 
de  la  chamb.  apost. ,  161 7,  in-12. 

IV.  De  religiosœ perscif^antiœ pr(esidiis^  libriXL  Anvejrs, 


« 


10!l 


BËR 


Martin  I^uliiMy  i6aa,  îiih4*9  p*  ^4^;  *^«^  AtiTera^  r689^ 
iii-9^ ,  tcms  le  titte  AeSpecidum  perfectioniê  rtligkme^ 

V.  i>«  &9»  Florentiôj  epssque  Soeioj  mariynba^^... .  fiirft 
à  Toccasioà  i»9  reAkpMO  de  ee»  chmi  iMâH^ ,  ètiToyëe^  de 
Rome  au  coAége  des  Jësnttte»  d^AfVft». 

Alegatinbe^  p.  4^1  ;  Sotwel,  p.  75^*,  Lipen,  BB^thealëg.  j 
t' ll^  j^.  47^  474»  3^9  919*9  d^Oatremtta 9  Hisktîrtie  Két^ 
lencîennes y  p.  ii-,  Val.  André,  J?^*  Belgéta^  p.  83a; 
Fopp^fts^,  ^ir  j8^.^  p*  266,  tt3o. 

BERTON  (Jean^Bap9téie)j  iharéelial  de  eamp,  oÉteicr 
de  la  légion -^d'hoÀHëur,  chevalier  de  Saint-Lonis  et  (ib^ 
r<yrdre  royal  de  Tëpë^  de  Sttède,  naquit  à  PVa»6hevïiI,  pri» 
dtt  Seîdaa,  en  1774*  H  fit  ses  ritades  dans  cette  T3!e,  et  à 
dix^^epl  ana>  il  entra  à  FËccde  militaire  de  Biienne ,  d'bâ  il 
pa^M  à  celle  d Wtillerie  de  Chftlons ,  lors  de  sa^  formationr. 

Ayant  été  nommé  spus-lieutendnt  dans  la  légion  des 
Ardennes,  en  (792,  il  fil  les  campagnes  àfsè  Èxixtée»  de 
Sttrdbm^t-JVIetise  9  et  dcirint  capitaine.  Attaebë  k  l'état- 
major  du  général  Bernadette ,  il  le*  snÎTit  d'abord  en  Ha-^ 
novre ,  à  Ansteriitz  et  en  Pmsse,  duratit  les  Campagnes  de 
1806  et  «807.  Le  marécbal  "Vi^r  ayant  pris  le  commande^ 
ment'de  c«  ^ùnp^  d'armée ,  Berton  rendit  d'importtins  sej^- 
tîoes  à  Friedtand,  le  14  jnîn  1807,  ^^  ^^*  ensuite  envoyé  en 
Ë^gne ,  où  i>  se  distingua  sui^nt  à  la  bataillé  d'fispinosa^ 
le  t\  novembre  1808.  Le  manécbal  Victor  fe  présentai 
Napoléon  en  1 808  y  à  la  revue  de  Burgos ,  endisaàt  :  «  G>st 
jf  I^  premier  chef  d'escadron  de  mon  corps  d'armée,  po^  la 
»  valeur  et  les  talena*»  je  tous-  demande  ponr  lut  un  régi^ 
»  ment»  V.  M.  peut  être  persuadée  qu'eBe  ne  saurait  le 
)»  mettre  ^a  de  meilleures  mains.  »  Bonaparte  répondit  :  a  Je 
)»  n'^i  point  de  corps  k  donner  aujourd'hinî  >  }e  le  lais  ma- 
»  jor....  )>  Et  après  quelcpies  înstans  :  «  Je  n'ai  point  de 
D  ^éffiment  libre;  mais  je  vous  fais  ad)adant«-commandâat. 


BWa  io3 

»  Voufi  éte&uA  iion  olpcier^  je  ^le  sQ^yieadr4i  de  vous.  » 
IX  ^  uoxaa^é  qudquie  Xism^^  ^p^rès  chef  d'^tajt-ixiajpii  <^ 
génëFal  Yaleiice  ^  et  ^nsujite  attaché  k  Qclui  du  ({^atnéme 
coirp&)  sous  le&  ordres  du  gévécal  SéhastiauL  IL  donna  d/e 
nouvelles,  preuves^  de  sa  hraTOiupe  9il^  bataille  de  Talavçiirs^^ 
Iç  38  juillet  180g,  et  4  ^âie  d' AlniiaD^cid ,  peu  de  ^i99fK9 
après.  Il  enleva  dans  cette  dernière  la  position  la  pXii3  él^y^e 
iUf  douihle  [âtc^  sur  lequejl  est  assise  la,  ville.  A  Ocajoa  ^  le 
19  aoY^mbire  1809,  ^^  montra  une  habileté,  un  s^ng^&qni 
et  une  iutrépiditf^  ^  r9i»a^|uables,  (pue  le  prioce  Sobiesky, 
à  cdté  duquel  U  veiuit  d'âtre  blessé ,  1.  embcassa  en  prSé^o^ 
du  véginaont)  et  lui  dit  :  «  Xe  fera  savoir  à  m»  nation^  1^ 
»  nanÀàce  dont  vous  veia^  de  vom^  cwduire  àla  tête  de  8«ft 
))  ei^ns  y  je  deixMinderai  pour  Vous  la  csjois,  du  nu^ëcîte  mii- 
»  taire,  l.es  Polp^s  seront  fkrs  de^  la  voir  brillejç  syjç  la 
)>  poitrine  d'ui»  brave  tel  que  voi^  »  Berton  avaijt  «om^uil 
dans  cette  attaque  les  lanciers  polonais  à  rennemi. 

Le  o^rps  du  générid  S^ba^tiacd  ayanjt  été  dirigé  sur  le 
royauojie  de  Qrei^e,,  Berton-,  à  la  tête  d,'uu  détacl^^çjpaent 
de  mille  hânuiia«  du  cinqui/ènsve  cprps ,  fut  chargé  d'occupé  1; 
Malaga,  qù  sept  mille  hommes  de  larmée  espagnole  s'es- 
taient renfermés  apçès  loccupqitiop  de  Sféville  pan  1^ 
tcoupes  frasiçaises.  H  s'empana  die  M^lf^a,  et  futnonv^é 
par  le  maréchal  âoijdt  gouverneur  de  cette  place ,  où  il  pai^tt 
s'étve  çQudmt  avec  sagesse  et  intégrité..  Sa  petite,  troupe  $q^- 
tint  quelques  engagesm^na  asse^  heureux;  mi9is  aprè^  la 
perle  de  labat^Ue  «bs  Arapiks,  le  asi  juillet  1,812 ,  il  fallut 
év«j6tier  VAudalousie.  La  g^offiïe  u'ofirit  plus  depuis  qu  uimç 
suite  de  retraites  phi4  ou  moio^  désastreuses ,  qui  fouruii:ei^ 
pourtottt  w  qc^uel  Beiton  àfè  nouyelks  occasions  de  fiaiire 
connaître  9f>Vk  mérite*  l\  fut  non^oé  maréchal  de  camp 9  ^ajr 
âéci?et  du  3o)  mai  i$.i3.  C'est  en  cibtt^  qualité  quil  cpm- 
m^l^a  une  biig%de  avec  he»ucçup  dç  di^ti^ctiou  a  Ip  1^- 
taille  de  Toulouse,  le  10  avril  1814* 


io4  BER 

Après  la  restauration ,  le  général  Bertou  fui  mis  à  la  demi-* 
solde*,  mais  il  reprit  de  Tactivité  dè^  le  20  mars  181 5 ,  et 
assista  à  la  bataille  de  Waterloo  ^  où  il  commandait  une 
brigade  du  corps  du  général  Excelmans,  composée  des  14*" 
et  17*  de  dragons.  De  retour  à  Paris,  après  la  seconde  res- 
tauration ,  il  fut  détenu  pendant  cinq  mois  et  relâché  sans 
avoir  subi  de  jugement. 

.  Il  ne  tarda  pas  à  prendre  un  rang  dans  le  parti  de  l'oppo- 
sition. On  le  vit  à  la  Société  des  amis  de  la  liberté  de  la 
presse;  il  publia  un  écrit  qui  fait  honneur  à  ses  connais-» 
sances  militaires ,  mais  qui  prouve  des  idées  peu  exactes  en 
politique.  Ses  écrits,  ou  des  pétitions  adressées  aux  Chambres, 
le  firent  rayer  des  contrôles  de  Farmée  par  le  ministre  de  la 
guerre  de  la  Tour-Maubourgi  Devenu  Tobjet  de  la  surveil- 
lance de  la  police ,  il  publia  un  pamphlet  violent  contre  le 
baron  Mounier,  qui  la  dirigeait  alors ,  et  s'engagea  dans  un 
coniplot  qui  se  termina  pour  lui  de  la  manière  la  plus  funeste. 

Parti  de  Paris  en  janvier  ^822^,  il  se  rendit  à  Brest,  à 
Rennes ,  et  enfin  à  Saumur ,  où  il  entra  en  relation  avec 
plusieurs  personnes  de  ces  contrées.  Dans  la  nuit  du  20 
fëvrier ,  il  quitta  Saumur,  et  vint  à  Thouars ,  où  il  avait  des 
intelligences.  Le  24,  à  quatre  heures  du  mAtin ,  revêtu  de 
son  uniforme,  il  ai4lore  la  cocarde  et  le  drapeau  tricolore 
dans  cette  ville,  proclame  un  gouvernement  provisoire,  fait 
et  publie  des  proclamations ,  s'empare  de  l'autorité ,  et  pour- 
voit au  remplacement  ou  à  la  cohfirmation  des  fonctionnaires 
publics.  Ayant  échoué  dans  cette  tentative,  il  erra  dans  les 
départeinens  de  l'Ouest  jusqu'au  17  juin,  qu'il  fut  arrêté  à 
Laleu,  paroisse  de  Saint-Florent,  en  Poitou. 

Traduit  à  la  cour  d'assises  de  Poitiers ,  il  y  fut  condamné 
à  être  décapité ,  le  i4  septembre  1822,  ce  qui  fut  exécuté 
le  5  octobre  suivant.  Arrivé  au  lieu  du  supplice ,  il  franchit 
avec  fermeté  les  degrés xle  Féchafaud ,  cria  :  Vice  la  liberté! 
vive  la  France  l  et  reçut  le  coup  fatal . 


BER  io5 

Ses  ouvrages  : 

I.  Précis  Mstorù/uCj  militaire  et  critû/ue  des  batailles  de 
Fleuras  et  de  fFaierloo^  dans  les  campagnes  de  Flandres^  en 
pain  1 8 1 5  >  de  leurs  manosunres  caractéristiques  et  des  mowfe- 

mens  qui  les  ont  précédées  et  suivies,  Paris ,  Delaunay,  1818, 
in-S**,  avec  carte ,  cinq  feuilles  un  quart. 

II.  Commentaire  sur  Vowrage  en  dix^huit  chapitres  j  pré- 
calé  d'un  aiHmt-propoSj  de.  M.  le  général  /.  /.  Tarayre^ 

,  intitulé  :  De  la  force  des  gouvememens,  ou  du  rapport  que 
la  force  des  gouTem^nens  doit  avoir  avec  leur  nature  et  leur 
constitution.  Pom^  Magimel,  181g,  ih-8'' ,  douze  feuilles 
et  demie. 

III.  ^  MM.  les  membres  de  la  Chambre  des  pairs  ^  et  à 
MM.  les  députés  des  départemens  au  Corps-'Législat^.  Paris , 
Ouiraudet,  i8!ii9  in-8'^^  une  demi-feuille.  C'est  une  pëti- 
tien  pour  réclamer  contre  la  mesure  par  laquelle  il  avait  été 
rayé  .des  contrôles  de  Tarm^. 

IV  •  Considérations  sur  la  police  ;  obsers^atUms  touchant  les . 
bruits  quelle  répand  ;  précédées  d'une  Lettre  à  M*  le.  baron 
Mounier^  directeur  général  de  la  police  du  royaume.  Paris, 
Denugon,  1820,  in*8®,  quatre  feuilles. 

La  Lettre  à  M.  Mounier^  a  été  réimpriaiée  plusieurs  fois , 
savoir  :  ^'^  édition,  sous  ce  titre  :  Lettre  sur  la  mort  de  Napo- 
léon^ 3**  édition  y  corrigée  et  augmentée,  Paris  ^  Dupont, 
1821*,  6^  édition ,  augmentée  d^un  ^m  du  budget  du  baron 
Mounier  sous  V empire j  et  d'un  extrait  du  Morning  chronicle , 
du  21  juillet  1821.  In-8*',  trois-quarts  de  feuille.  On  a  pu- 
blié ;  Obsen^ations  sur  un  écrit  de  M.  le  général  Berton. 
Paris ,  le  Normant,  i8ao,  in-8®  de  deux  feuilles. 

V.  Il  a  donné  des  articles  à  la  Minen^e  française j  aux 
Annales  des  faits  et  sciences  militaires^  publiées  chez  P^nc- 
koucke  en  1819,  et  à  l'ouvrage  intitulé  :  Fictoircs  et  con- 
quêtes des  Français  j  depuis  178g,  publié  par  le  même  li- 


io8  BIL         ' 

Le  but  de  lauteur  est  d'enseigne  une  méthode  d'ope-- 
rer,  plus  exacte  et  plus  &cile  que  n'était  celle  des  an- 
ciens. Il  ne  parle  ni  de  la  nature ,  ni  des  causes' de  la  ma- 
ladie p  il  se  borne  à  en  définir  les  noms  y  laissant  à  chacun 
la  liberté  de  faire  des  systèmes  selon  ses  idées,  et  s'attachant 
uniquement  à  l'opération  comme  la  fin  prinoipale  de  la  chi- 
rui^e.  Son  livre  est  suivi  de  deux  traités  :  le  premier  roule 
sur  la  nature,  les  causes  et  les  symptômes  des  maladies  de 
l'estomac ,  et  contient  quelques  explications  physiologiques 
de  ses  fonctions  ;  le  deuxième  concerne  les  maladies  syphi- 
litiques. 

«  Cet  ouvrage  posthume,  dit  Portai,  est  fait  avec  soin. 
»  Bienaise  y  décrit  clairement  et  en  peu  de  mots  le  ma- 
»  nuel  des  opérations  les  plus  difficiles  et  les  plus  com- 
»  pUquées,  et  il  nous  avertit  dans  sa  pré&ce,  qu'il  n'y 
»  avance  rien  qui  ne  soit  fondé  sur  la  pratique  des  chirur- 
»  giens  de  son  temps....  Il  reconnaît  que  la  ligature  des 
»  vaisseaux  est  le  plus  puissant  secours  qu'on  puisse  em- 

»  ployer  pour  s'opposer  k  l'effusion  du  sang Cependant 

»  on  ne  peut  le  louer  d'avoir  renouvelé  la  cruelle  méthode 
»  de  pratiquer  la  suture  des  tendons ,  que  plusieurs  chirur- 
)>  giens  de  son  temps  avaient  proscrite ,  d'après  Galien  qui 
»  en  avait  défendu  l'usage.  »  (Hist.  de  la  Chirurg.  t.  IV , 
p.  99àio2.) 

De  Vaux ,  Index  funereus  chirurg,  Paris, ^  p.  Sg*,  Portai, 
t.  III,  p.  44^9  -Bloy»  Diction,  de  médecine^  t.  I,  p.  343; 
Haller,  BUd,  chirurg. ^  1. 1,  p.  4^9)  Carrère,  BibL  de  méd.j 
1. 1 ,  p.  476;  Steph,  Hier,  de  vigiliisj  BibL  chirurgica^  1. 1 , 
p.  3o4- 

BILLATE  (i)  {Nicolas)j  prêtre,  chanoine  régulier,  et 
profès  de  la  maison  de  l'Hôtel-Dîeu  de  Provins  du  20  juin 

(1)  Lea  registres  de  Hethel  portent  BiUiairc, 


BIL  109 

1719,  naquit  à  Rethel  le  1 2  août  iGgS ,  de  Louis  Billiatre  et 
d'Anne  Pitoux.  C'était  un  homme  fort  studieux,  de  très 
bonnes  mœurs,  et  d'une  exactitude  scrupuleuse  à  remplir 
ses  devoirs.  SMtant  livré  par  goût  à  Fëtudé  de  l'antiquité, 
il  travailla  pendant  vingt  ans  à  Y  Histoire  de  la  ville  de  Pro- 
i^insy  où  la  plupart  des  comtes  de  Champagne  firent  leur 
demeure.  Il  se  proposait  de  réduire  en  un  corps  d'ouvrage 
les  matériaux  immenses  qu'il  avait  amasses,  lorsqu'une 
lettre  de  cachet  le  confina,  au  mois  d'août  174^^  dans 
l'abbaye  de  Dilot,  prés  de  Sens.  Il  y  mourut  victime  de 
son  attachement  à  Pôrt-Koyal,  le  19  octobre  17489  ^^  de 
cinquante-trois  ans.  Lié  avec  les  Bénédictins  de  la  congréga- 
tion de  Saint-Maur,  il  aida  souvent  de  ses  recherches  les 
savans  auteurs  du  Gallia  christiana,  II  avait  desservi  pendant 
vingt- cinq  ans  une  prébende  dans  l'église  collégiale  de 
Saint-Quiriace  de  Provins.  On  a  de  lui  : 

Dissertation  historique  sur  le^  eaux  minérales  de  Provins, 
Provins,  Michelin,  1738,  in-ia,^.  72.  C'est  un  abrégé 
du  traité  jcomposésur  cette  matière  par  Pierre  le  Givre, 
docteur  en  médecine-,  traité  .devenu  très  rare,  quoiqu'on 
en  ait  &it  cinq  éditions  augnlentées  successivement,  les 
deux  premièrfss  à  Paris,  en  i654  et  1659,  la  troisième  et  la 
quatrième  aussi  à  Paris,  en  1667  ^^  '^77'  ^^^^  Rîbou, 
toutes  en  français ,  et  la  cinquième ,  qui  est  la  plus  ample  et 
la  meilleure,  à  Amsterdam,  Jansson  Waesberge,  168a ^ 
in- 1  a ,  sous  ce  titre  :  Arcanum  açidularum  no\nssimè  proditum 
principiorum  chymicorum  disquisitionis  auxilio. 

L'abrégé  de  Billate  est  divisé  en  quatre  parties.  La  pre- 
mière contient  l'histoire  de  la  découverte  des  eaux  minérales 
de  Provins-,  la  deuxième  traite  de  leur  nature,  de  leurs 
qualités  sensibles,  ou  de  leurs  vertus  médicales-,,  la  troi- 
sième du  cégime  de  vivre  qu'il  faut  observer  dans  leur 
usage  -,  la  quatrième  n'est ,  pour  ainsi  dire ,  que  la  nomen- 
clature de  ceux  qui  ont  ét^  guéris  ou  soulagés  par  ces  eaux  , 


1 1  o  BIL 

depilkletirJéooki'vertc, en  iSâg,  jusqu'ea  i663.  MM.  Opoû 
cft  JR-dUn  ont  dbpuiis  écrit  sur  le  anénie  su^et. 

Mom^'-eocLf  i^iDtrs  el  ^mxm  17499  derveau,  Méenai. 
dasid^.  de  Ui^vénié^  t.  II,  p.  189-,  Ciiièrc,  Catd.  des  omt. 
«tries  ^eaux  minérales j  p.  1*97 1^  Boebmeis,  BiUL.  iistor.^ 
iwkanUs,^  paort..  ^9  indL  V^  p.  âo4. 

JiUiU  ART  iffkarks  BeruT),  nai^  à  Ae^rin,  le  S  -jonvnr 
ff6S5 ,  cTimeAmilleioiàies  Textes  et  la  pieté  iHaient  h^nédi- 
taioes.  Il  taucfaait  à  peilie  àisa  seizième  anxiée^  «[u'il  se  prë-^ 
.«enta  ^et  (ut  reçu  «dtez  les  Jësulfces  4e  'GbarleviUe ,  oà  il  avait 
^t  ses  himiaiikës^  Sa  se  rendant  «si  noviciat  cb  Poiit^«- 
McwESSon,  îl  lalla  voir  Je  ntjebmt'àn  cdUé^e  Ae  Stàxn.  Un 
tfrmdiaocneildela  fiarrt  de  KcePèse  le  fit  changer  de  résolutioa; 
al  immst  Sans  ^sa  patoe^  y  pcit  Fhabit  de  dominicain  en 

1701»  fit  son  noviciat  à  liâe,  £a  profession  à  Heviii,  le  7 
^lovem^re  1709 ,  puis  laon.  cours  de  philosoplne  et  de  diëo- 
ll^e,  etilèslors  il  fut  déoidié  qu^aliend^étz^  moUÀiste  il 
aérait  tbômiste. 

Il  jetait  pnto»  depuis  deux  ans^  lorsqu'on  le  changea  à'€^ 
«eligner^la'plûlosophie  au>ad^ge.de  Saint-Thomas  de  Douas: 
«Tétait  en  1710.  L«miée  suivante,  il  s^àoquitta  du  même 
anipM  à  Aevin.  'H  y  professa  depuis  la  jQiëologie  jusqu'en 
>n7<5^  quHl  {fut  nommé  màStPe  des  étudians  k  Douai.  U  y 
jdevînt  seeimd  tïégent  des  ëtudes  eu  171  &  Après  avoir  fo»- 
^«isriié  sa  oatnmxiDasaté  de  Aevin  en  ipialité  de  prieur,  depuis 

1721  jusqu  en  •!  j%i ,  il  fiit  nonmié  premier  régent  du  ooll<^ 
^Doilai .  ILeommençeiit  sa  troisième  aimée^d'exercice  de  pre- 
«merprofesasordans  cet  établissement ,  quand  il  fiftpromu  au 
^pooviuoialaK;)  le^iS  octoiire  17!^.  LetmétneJioûiaeur  Imébt 
•eacope  décerné  ea  174' "^t  i 7513.  fl  aurait  pris  le  bonn^4e 
«docteur  en  lliéoiogie  en  1 7:2g.  Au  mois  de  ^novembre  1733,  il 
irevint  à  Refôln ,  aà.  il  exerça  les  fonctions  de  prieur  jusqpl'^n 

174^  >  >^^B  iliaefijwa  d  accepter  jcette  supériorité  en  1749. 


/  « 


BIL.  m 

Le  due  dlDrlëaii^  (à  )  ^  seôgnteiir  tetlitorialdè  Revin  ,  ayaiil 

désiré  de  le  voir  ^  sar  ce  que  la  mnooiiBiés  faii  en  avait 

appris  9  le  P.  Sillnart  se  rendit  à  Paril  ea  1736,  où  il  tut 

l^kbniieur  de  s  entretenir  avec  lui  sur  des  «matières  d'<éradi-^ 

tioa  ^  wais,  pcn  oontent  de  racctieittir  de  la  manière  la  plM  . 

gi^ciease,  ce  prince  piefuxiet  savant,  qm  avait  une  efttitne 

particiiUère  pyta*  la  doctrine  de  Saint^Thomas ,  le  renvojra 

encoce  comblé  de  ses  bien&its;  etiùs  fut  par  ses  libéralités 

soutenues  que  le  P.  Billuart  «oBiimenea  et  finit  en  17^7  el 

1 738  y  rin&rmerie ,  Tiiospiee  >  la  bibliothèque ,  et  autres  bâ-* 

timons  du  couvent  de  Revin. 

Laborieux  par  balûtude  et  par  goût,  les  soînç  de  la  supé- 
riorité et  les  £>actions  de  professeur  ne  rempéchèpent-ni  de 
p&Mier  de  nombreux  ouVïrkges ,  ni  de  vaquer  >aii  «nîdiistèiN) 
-delà  pxédieatîon.  Il  pr&cka  uii  avantàlnëge^n  171B,  elles 
carêmes  de  i^igetde  1732,  et  il  eut  la  gloire  de  cueillir  des 
laïuiers  dans  un  champ  que  tant  d'orateurs  célèbres  avaient 
déjà   uioissonné.  Par  suite  d'un  discours  éloquent  sur  lu 
présence  réelle ,   qu'il  prononça  à  MaesAricbt  ea  97^» 
le  comte  de  Tilly,  gouverneur  de  cette  ville  9  l'engi^gea  Cen- 
trer en  lîc^  avec  les  ministres  protestanSi^  et  (fuoîqu'il  fiU 
persuadé  que  la  controverse^soit  plus  propre  à  evapécher  les 
réunions  qu'à  lès  produire ,  il  crut  devoir  céder  à  cette  invi- 
tation. Lé  combat  s'engagea  dans  une  des  salles  de  l'Hôtel-* 
de^y iflle, en i^sésenoe d'une  assemblée  nombreuse  :  et  Ton 
•convint  généralement  que  le  P^  BiUimt  avait  ^ufenn  iglcK 
rieusementlacauge  de  l'églide  roHoaitte. 

Il  était  iKé  aTt^ec  les  «plus  ;célébres  Éhéologiens  de  k  fi«k- 
Ig^ue.  Sa  piété  était  «M^ide*,  iliut  tonjouss  très  attaché  auK^ 
devoirs  de  ;son  état  9  et  l'esprit  de  régularité  domtuiait  dans 
4en1ie.Saeondttite.  Qutûque  d'>unx;ara£tèredoiix  et  pacifique^ 

(1)  liouis  d'Ofléans,  premier  princt  du  sang  «  mort  en  ijSa  à  Pabbaye 
âaime-Gemsvièlre)^  il  ti^^alt  Mtiré.  11  «  légaé>&  Vûràfe  de  Sahit-^Bomi- 
nique  sa  bibliothèque  et  les  nombreux  MSS.  de  sa  compositioà. 


I ^2  BIL 

il  citait  vif  dans  la  dispute  -,  et  il  en  a  fait  preuve  dans  ses  dis- 
cussions avec  les  docteurs  Lengrand  et  Maugis. 

II  finît  ses  jours  à  Revin ,  le  ao  janvier  lySy,  laissant  une 
mémoire  chère  aux  gens  de  bien ,  après  avoir  commande , 
pendant  sa  vie,  Testime  publi(jue  par  ses  vertus.  Ses  con- 
frères ,  qu'il  avait  éclairés  par  ses  lumières ,  édifiés  par  ses 
exemples,  et  gquvernés  avec  sagesse,  voulant  payer  à  sa 
cendre  un  juste  tribut  d^  reconnaissance ,  firent  graver  sur 
sa  tombe  Tinscription  suivante  : 

Htcjacet  R.  ac  aximius  Pater  Carolus  Renatus  Billuart ,  Refi- 
niensis,  hujus  com^entûs  alumnus,  ac  quinto^rior,  collegiiS.  Thojiue 
duaci  regens.  S,  Théologiœ  doctor,  nec  non  proifinciœ  Gallo-'Bel^ 
gicœ  ter provincialis,  vir  scriptis  et  virtutibus  clarus,  religioni  et 
orhi  commendatissimus.  Sed,  ekeu!  obiit  nojanuarii  l'^S'j-  ^ta^ 
tis  «jS,  Prcfessionis  55,  sacerdoti  49-  Precare,  moriturcy  ut  rc— 
quiescat  inpace. 

Gn,  a  cherché  à  troubler  ses  cendres  après  sa  mort ,  en  pu- 
bliant qu'il  avait  enseigné  Fhorrible  doctrine  du  régicide. 
Mais  le  P.  de  Ruelles ,  son  ami ,  Ta  vengé  avec  force  de  cette 
imputation  calomnieuse ,  dans  un  écrit  anonyme  intitulé  : 
La  calomnie  confondue^  ou  le  Théologien  vengé*  (Lille)  1 763^ 

in-i2,  p.  88. 

* 

Ses  oeuvres  : 

1.  De  mente  ecclesiœ  catkoUcœ  circa  accidentia  eucharistiie, 
dissertatio  tmica,,  ads^ershs  Antonium  Lengrand j  S.  T.  L.j  et 
philosophiœ  Cartesianœ  professorem  in  academiâ  Duacensi. 
Leodii ,  Urbanus  Ancion ^  1716,  in- 1 2 ,  p.  1 60.  Il  y  soutient 
avec  vivacité  le  sentiment  des  Péripatéticiens  contre  celui 
de  Descartes ,  et  en  fait  presque  un  article  de  foi.  Les  jmto-  . 
ductions  de  Tesprit  portent  d'ordinaire  Fempreinte  de  lage 
où  elles  sont  écrites.  L'ouvrage  de  Lengrand  qu'il  attaqua, 
est  intitulé  :  Dissertatio  de  accidentibus  absolutis  «  Duaci ,  1 7 1 1 , 
in-i5i,  p.  1 12. 


BIL  I  -m3 

II .  Le  Thomisme  vengé  de  sa  prétendue  condamnation  par 
la  cartstitution  Unigenitus ,  adressé  en  forme  de  lettre  à  un 
abbé  ^  par  un  religieux  de  Vordre  de  Saint- Dominique. 
Bruxelles,  Jea,n  Léonard,  1720,  m-12,  p.  97. 

III.  Lettre  du  R.  P.  C.  R.  Billuart  aux  docteurs  de  la  Fa^ 
culte  de  théologie  de  Douais  avec  des  réflexions  sur  les  notes 
calomnieuses  qu'ils  ont  attachées  à  leur  censure  du  221  août  1 722^ 
contre  les  RR*  PP.  Massouillé  et  Gontenson^  de  Vordre  des 
FF.  Prêcheurs^  ^723,  in-4'',  p.  4^-  I-*s  docteurs  de  Douai 
ne  répondirent  point  à  cette  lettre ,  parce  qu  ils  ne  purent  y 
répondre  :  ils  sVtaient  grossièrement  trompés  sur  le  compte 
des  deux  célèbres  dominicains-,  et  leur  censure  fut  juste* 
meïirt  condamnée  à  Rome  par  un  décret  apostolique  du  1 8  juil- 
let 1729. 

IV.  Examen  critique  des  Réflexions  (^d^na  anonyme)  sur 
le  bref  de  N.  S.  P.  le  pape  Benoit  XIII^  Du  6  nov.  1724, 
adressé  aux  Dominicains^  in-4^9  p.  21. 

Ce  hrefdimissas  preces^  est  adressé  à  tous  les  Dominicains 

contre  les  calomnies  intentées  à  la  doctrine  de  saint  Augus^ 

tin  et  de  saint  Thomas.  Il  fut  une  semence  de  discorde  entre 

les  Thomistes  et  les  Molinistes.  L'un  de  ceux-ci  publia 

quelques  réflexions  en  français  sur  ce  bref,  pour  insinuer 

qu'il  ne  s^adresse  point  aux  Jésmtés,  mais  aux  seuls  Ques- 

nellistes,  quand  il  parle  des  calomniateurs  de  Técole  de  saint 

Thomas^  qu'il  déclare  seulement  ^ue  les  Thomistes  peuvent 

soutenir  librement  leurs  sentimens  comme  auparavant,  et 

qu  enfin  ils  ne  peuvent  tirer  d'autre  avantage  de  ce.  bref  en 

ÛLveur  de  leur  doctrine.  Le  P.  Billuart  opposa  à  ces  réflexions 

anonymes  Y  Examen  critique.  Il  y  prouve  que  le  pape  range 

les  Molinistes  parmi  les  calomniateurs  de  la  doctrine  des 

Thomistes  -,  qu'il  recommande  cette  même  doctrine ,  et  qu'il 

la  préfère  aux  opinions  des  Molinistes ,  qui  ne  sont  tolérées 

que  négativement  :  d'où  il  conclut  que  les  Mohnistes  ne 

peuvent  plus ,  sans  une  révolte  manifeste  contre  le  souverain 

TOME  I.  8 


I I 4  BIL 

pontife,  coufiauer  leurs  calomnies  accoutumées  contre  la 
doctrine  des  Thomistes,  en  disant  que  la  grdce  efficace- par 
elle-même j  et  la  prémotion  physique,,  ne  sont  point  de  saint  Tho- 
mas y  quelles  nuisent  à  la  liberté  y  quelles  outragent  ta  justice 
et  la  sainteté  de  Dieu  ;  quelles  sont  contraires  aux  divines  Ecri- 
tures et  au  Concile  de  Trente  ^  et  enfin  j  semblables  à  la  motion 
de  Cahinj  comme  un  œt^  à  un  œuf:  calomnies  néaninoins 
qtie  le  P.  Fontaine,  jësuite,  renouvela  dans  une  tliése  sou<- 
tenue  à  Douai  en  i7!t5.  L^anonyrae ,  qui  ne  se  piquait  nul- 
lement de  cette  politesse  qui  sait  adoucir  les  ocmps  que  l^on 
porte  à  son  adversaires  ayant  écrit  au  P;  Billuart  des  lettres 
pleines  d'injures ,  celui-ci  répondit  par 

V-  Le  Thomisme  triomphant  par  le  bref  Iknaûssàs  fveces  f 
de  Benoit  XIII ^  ou  justification  de  V  Examen  critique  des  ré- 
flexions  sur  ce  brefj  contre  une  lettre  anonyme  adressée  à  l'au- 
teur de  /'Examen;  par  un  théologien  de  V ordre  de  Saint^Bo- 

mim^i/e  ,*  in-4*'?  p-  1^4* 

Cet  opuscule ,  et  les  n°'  ix  et  xi  ont  été  faussement  at- 
tribués au  Père  Jean  Pierre  Vîou,  dominicain  y  connu  sous 
le  nxnn  de  Dumont^  dépuis  qu'il  a  été  obligé  d'être  sous  un 
habit  làïo»  Le  P.  Billuart  &it  ici  l'apologie,  de  l'histoire  dés 
congrégations  de  Auxiliis  du  P.  Serry,  et  amvtolit  dncn**  iv. 
Cet  ouvrage  lui  suscita  un  antre  adversaire  dans' la  personne 
de  Stievenard  s  chanoine  de  '  Cambrai  ^  qui  Faoousa  d'»voir 
Êdsifié  une  phrase  de  la  première  lettre  de  Féneloh  au  P>  Ques* 
nel ,  en  lui  faisant  dire  qu'il  /ok^  que  ce  soit  uniquement  ce 
système  de  la  grâce  des  Thomistes j,  que  l'EigUse  a  vonht  con- 
damner dans  Jansénius,  etc.  Le  P.  Billuart  répondit  à  Stie- 
venard  par  ,        ; 

:  V  jl .  Réponse  de  V auteur  du  Thomistne  triomphant  à  M.  StiC" 
venardj  au  sujet  de  son  Apologie  pour  Fénehn  ^  in-4*»,  p.  8. 
L'auteur  convient  que  le  mot ,  de  la  grâce  des  Thomistes  j  ne 
se  trouve  point,  comme  il  lavait  écrit  sur  la  foi  d'un  de  ses 
amis,  dans  la  lettre  de  Fénelon  au  P.  Quesael;  mais  il  soo- 


BIL  ii5 

tient  q^u'^à  cela  près  >  le  prélat  confond  ks  Tliomistes  avec  les 
Jansëmistes,  ne  s'étant  point  récrié,  contre  itP,  Quesncl  et 
^utses ,  qui  alléguaient  les  mêmes  cboses.  La  même  année 
Stiev^nard  ayant  publié  une  seeoiide  apologie  de  Fénelon , 

oik  il  reproche  au  P.  BiUoart  d'avoir  ermpnmté  >se$  c^^faction» 

des  JanséiHSies ,  celui-ci  hd  opposa  : 
^  VII.  i^iHÈ  d'un  ecdésiastù/îte  de  Paris  à  M.  Stievenard,  sur 

sa  secaride 'apologie  pour  F énehn  y  in-^^j  p.  *2t.  Stievenard 

ayaiatt  publié  une  troisième  apologie ,  k  P.  BiUiiart  répliqua 


t  VIII.  Justification  d'un  ecclésiastique  de  Paris  j  etc^;  in<'4^y 
p.  2 1  :  écrit  oà  il  attaque  son  adversaire  sans  beaucoup  d^ 
mënagement  9  et  i{ui  mit  fin  à' cette  dispute. 

Uap  Apologie  .du  Thomisme'  triomphant^  contre  les  neuf 
lettres  antmymesqtdontpeoTi  depuis  peu  :  ou  justifie  aussi  par 
oeiîa«ion  Thi^toire  des  cfougri^àtions  dé  AuxiUisj  duP .  Senj^ 
icontre  les  ebieanes  de  ses  adversaires*  làége^  Jean  Philippe 
GrajBaxD»y  ijii^  ifih-4%  p.  ^igô.^Lauteuir  de»  lettres  lie  ré- 
pondit point.  Le  dessein  du  P.  Billuart  est  d'établir  ici, 
^eomwe  il  Ta  fait  dans  le  n""  v^  la-  dofctrine  de  saint  Thomas 
auur  lesTuines  du  mohniime.  ;    ^ 

'  %..  Béponse^  à  l'auteur  d'un  libelle  imprimé  cette  année  ^ 
^ji4*  à  liotterdifm  ^  intitulé  :  La  Oéauce  des  églises  réfor- 
mées touchant  la  sainte  Vierge^  où  l'on  fait  voir  les  imposa 
iutes  ff^oêsiires  et  les  calomnies  atroces^  les  paralogismes ^  et 
les  inepties  dont  cet  ouvrage  est  rempli  ^  în-4%.p«  63  #  Le  Pro- 
testant ne  répliqua  point. 

XI.  Apologie  du  jff.  P.  Pierre  SotOj  dominicain ^  et  des 
anciennes  censures  de  'Làùvain  et  de  Douais  contre  /'Histoire 
duBaïamsme^  composée  par  le  Père  du  Chesne^  jésuite  (^Ax-^ 
èentÉAïs^  i  et  oondanmée  à^^9me  le  17  de  mars  ïfi^ypar 
toùis  de  Zomâtwwe  (Billuart).  Asdgnon  (Porw)^  Marc  Chàve, 
1738,  in-ia,  p.  242.  Il  y  montre  évidemment  iorthodoxie 
du  P.  âoto,  et  celle  de  Ravestein,  et  le  molinisme  de 

8. 


1 i6  BIL 

Tapper  -,  et  découvre  les  infidëlitës ,  les  calomnies ,  et  les 
,  bévues  du  P..  du  Ghesne. 

XII.  Quœstio  theologica  de  Relation  operum  in  Deum^ 
ad^ersùs  opusadunij  sub  nomine  R.  D.  Hagen  (Leodii  éditum 
anno  lySa^  vindicata.\i^T\s ^  Moerman,  17 5a,  iii-8%  p.  6^. 

Dans  cette  dissertation  sur  le  vrai  mobile  des  actions,  hu- 
maines, le  P.  Billuart  prouve,  contre  le  sentiment  de  quelques 
rigoristes  de  Louvain,  qu^il  suffit  qu^une  action ,  pour  n^étre 
point  imputée  comme  pécbë  à  celui  qui  la  fait ,  soit  bonne 
en  elle-même  et  dans  ses  circonstances.  On  n^en  croit  pas 
moins  qu'il  est  des  instans  où  le  précepte  de  Famour  divin 
oblige  ',  mais  qui  les  déterminera  ces  instans  ?  c'est  Fouvrage 
du  cœur  bien  plus  que  celui  de  resprit(i). 

Hagen ,  professeur  à  Louvain ,  avait  fait  des  remarques  sur 
Topinion  du  P.  Billuart,  et  il  les  avait  communiquées  au 
président  du  séminaire  de  Liège ,  Antoine  Medard ,  chargé 
en  sa  .qualité  de  censeur  d'examiner  le  manuscrit  du  cours 
de  théologie  du  P.  Billuart.  Ce  censeur  publia  ces  remarques 
sous  le.  titre  de  Rejutatio  systematis  P.  Billuart  j  de  relatione 
operum.  Ce  qui  fournit  à  celui-ci  l'occasion  de  faire  paraître 
sa  Quœstio  theologica.  Le  P.  Maugis,  augustin,  professeur 
de  théologie  à  Louvain,  ayant  publié  sur  ces  entrefaites 
l'opuscule  intitulé  :  Dissertatio  de  relatione  operum  in  Deum; 
Lovan.,  1 762 ,  in-S'',  où  il  répondait  aux  argumens  produits 
par  le  P.  Billuart  en  faveur  de  son  sientiment,  ce  dernier  fit 
paraître  à  son  tour 

{1)  «  Les  théologiens  de  I^oaTain  enseignent  communément  que  nous  sommes 
obligés  de  rapporter  à  Dieu  toutes  nos  actions ,  et  que  nous  péchons  en  ne  les 
rapportant  pas  ;  mais  de  manière  que  cette  omission  ne  vicie  pas  une  action 
qui' est  bonne  de  sa  nature.  Ils  ne  demandent  pas  que  cette  relation  se  fasse 
parle  motif  de  la  charité,  c'est  assez  qu'elle  parte  d*an  mouvement  qui  ait 
un  rapport  explicite  à  Dieu  :  ils  ne  veulent  pas  non  plus  que  la  relation  soit 
toujours  actuelle  ;  ils  se  contentent  d*une  relation  virtuelle  et  explicite ,  fon- 
dée sur  un  acte  précédent;  mais  ils  prétendent  que  Thabituelle  n'est  pas 
suffisante.»  (Poçao^,  p.  446*) 


BIL  117 

XIII .  Ulterior  ducidatià  (juœstionis  theologicœ  de  relatione 
operum  in  Deum.  Ipris,  Moerman,  ijSS,  in-ia*,  it,\,  Lo- 
van.,  van  Overbeck,  17.55 ,  iii-8%  p.  55.  Le  P.  Maugis  re- 
vint à  la  charge  par  sa  Dissertatio  de  relatione  operum  ab  oh- 
jectis  vindicata.  Lovan.,  îbid.^  ^755 ,  în-S**.  ^e  P.  Billuart , 

sous  un  nom  suppose ,  lui  répliqua  par 

XIV .  Epistolaexpostulatoria^  et  apologeticaLudovici  Franc 
ad  R.  Patrem  Josepkum  Maugis^  super  dissertationem  ejus  se-- 
cundam  de  relatione  operum  in  Deum.  Â-ntuerp.,  Everaerts, 
in-8°,  p.  66.  Le  P.  Màugis,  résolu  de  le  poursuivre  jusqii  a 
sa  dernière  goutte  d  encre,  riposta  par  J^indiciœ  disseriationis 
de  relatione  operum  in  Deum.  Lovan,  1757,  in-8%  p.  142. 
Cet  opuscule,  qui  parut  peu  après  la  mort  du  P.  Billuart, 
est  termiiié  par  ces  paroles,  provoquées  par  le  ton  aigre  et 
tranchant  que  le  dominicain  avait  pris  dans  la  défense  de 
son  opinion  :  Si  hœc  vires  tuas  superent^  nec  te  audeas  mani- 
festare^  conçiciis  obstine  j  et  ad  majorem  Dei  gloriam  tace:.    ' 

Ainsi  finit  ce  combat  polémique  où  Ton  incidenta  et  chi- 
cana beaucoup,  tandis  qu'on  n'aurait  dû  employer  que  les 
armes  du  savoir.  Les  lecteurs  curieux  de  disputes  à  fer  émoulu, 
trouveront  à  se  satis&ire  dans  ces  petits  écrits.  Malheureu- 
sement dans  ces  sortes  de  discussions,  il  &ut  être  ou  un  peu 
satirique,  ou  très  ennuyeux  -,  et  celui  qui  prend  la  plume  a 
bientôt  fait  son  choix. 

Tels  sont  les  opuscules  que  le  P.  Billuart  publia  pour  la 
défense  des  sentimens  de  son  ordre ,  et  celle  de  ses  opinions 
particulières  *,  mais  ce  qui  contribua  sur-tout  à  lui  donner  dîe 
la  célébrité ,  c'est  Touvrage  suivant  :  * 

XV.  Summa  S.  Thomœ],  hodiemis  academiarum  :moribus 
accommodata^  sive  cursus  theolôgiœ  juxta  mentem ,  ety  in  quan- 
tum Ucuitjjuxta  ordinem  et  litteram D.  Thomas  in' sud  summa: 
insertis  pro  re  natâ  digressionibùs  in  Historiam  ecdesiasticam. 
Ad  usum  scholarum  Thomistarum,  Leod: .  Evarard;  Kint», 
1746a  1^51,   19  vol.  in-S**-,  à.,  sous  le  titce.de  Cursus 


ft8  BtL 

theèlogiœ  juniyersalis  cmn  mpplemenïo.^ Wiceim.rgi ,  jk^58, 
4  vol.  in-foK ^t  Ï.9VQI.  in-8°;  iï.y  Vfiiiettis,  1761,. 3  vol..  im- 
ibl.  Le  P.  Labye  a4oiine  i  abrogé  de  cette  théologie  (2^0^. 
iKHiarti€}e);;i^^  Pans,  Mdquignon ,  i8aâ,  sp  vol.iib^.  Il 
y  a  daii£  cette  demiére  édition^  une  nouvelle  di^rision. «le 
Touvrage ,  une  table  générale  d^ nitièanes^  ptdesappeiidûces 
au  Traité  des  Contrats ^  de^  la  Justice  ehd»  Mariage^  pour  les 
metti:e  eu  haimome  avec  notne  législation  aetudile*    - 

Ce  qui  {trouve  la  meWeilleu^  facilité  du£.  Bilfaiact,  ç'^aat 
.q«  il  ait  pa  «oommexïcer  et  finir  cet  oiiviragc  dans  lé  oourt>««^ 
jpaoe  de  cinq  and.  Il  faut^noire  que  les  matières  tbéôlogîques 
étaient  bien  digéisées  daii«  sa  tête ,.  avantqu'il  entopritde 
leur  donner  la  fiimie  de  Técole.  Il  «est  vrai  que  ce  ctylé  de- 
mande peu  de  soin  et  d'^prét  de  la^part  de  ceiikiqairliei&p- 
ploiâott^  Beaucoup^  de  clarté  et  de  précision  en  font  tout  l'or- 

iaenient  f!t  le  médite^         >  *     .  r  •    : 

L'auteur «^te  aua?it5C2g^iN^^  des  Urumrsités^, non 
seulement  la  Somme  de  S*  Thomas ,  mais  beaucoup  dis  <JK>ses 
auxquelles  ce  saint  docteur  n'a  point  pensé.  Gest  que  Ja 
théok^e  la  pljuus  comiplèteidm  xni^  fiiède  a^tloin  de  iiesifec* 
mev  toal;  c&  que  doit  savoir)UU/dbLéoloi^éscidi»xi^^»  Qn  "stoit 
qu'il  afvait  plias  étudié  la  <co9to>v)er^  daua  les  émts  des»^oo- 
lastiques  que  dans  ceus:  des  Pères  >  «t  dan^  les  défi^ù^MMis 
des  conciles,  quoiqu'il  n'ait  négligé  ni  les  uns  ni  les  autres. 
La .  partite*  scolastîque  eti  la  aioraie  j  sont  beauoeup  plus 
«oig<iiiiées  qiie.IadQgma4ique  ;  l'auteur  eonvieat  AoiÉtefoiâdcuos 
•ses  préliiininaires  que  cette^  demiière  est  plus  néoeesléne  que 
la  première  :  ce  qui  est  vraL  II  S:'afibadhe  scirupulsusement  à 
la  doctrine  de  ^saint  Tbocnas  :^  il  xappnoehe  avec  beaucoup»  de 
soin  et  d'adresse  ^  tout  ce  qu'il  a  pu  trouver  dans  les  ouvrages 
du  S*  Docteur  pour  éclair^ir  les  questions  quitl  ffsaiteV  \et 
c'est  ce  qu'il  a  fait  de  plus  «îtilê.  Ou  auiait  pu  lui  appli^- 
quer  ce  que  saint  François  dé  Sales  disait  de  >  soit  confes- 
seur, le  P.  Philibert  de  la  Bonneville,  provincial  des  Capu- 


BIL  119 

cins  :  «  i^e  si  Ihiii  venait  à  perdra  la  Sonune  de  saint  Tho- 
M  nuusy  on  la  retrouverait  tout  entière  dans  sa.  tête.  »  Dans 
les  questions  de  nsorale  il  tient  uja  juste  milieu  entre  la  sëvë-r 
rite  qui  décoiurage  et  lé  relâchement  qui  scandalise  ^  et 
marche. d'u9  pas  ferme  dans  ce  juste  milieu  où  se  trouvent 
toujours  la  vérité  et  la  yertu*  La  solidité  des  raisonnem^ns 
est  assez  en  général  le  caractère  d^  sa;  théologie.  On  voudrait 
seulement  qu'il  eut  r  été  moins  subtil ,  quand  il  s'est  agi  de 
défendre  ce  qu'il  prenait  pour  la  doctrine  de  saint  Thomas. 
Dans  les  matières  de  la  grice  et  de  la  prédestination  il  s'é- 
chauffe fort  contre  Toumely,  oélèhre  proÇeaseurdeSorhonne. 
Que  0e  docteur  n'ait  pas  bien  exposé  la  doctrine  de^  Tho** 
miotes  sur  l'accord  de  la  giice  avec  la  liberté ,  je  le  veux  :  du 
moins  il  n^avait  pas  maltraité  ces  théologiens  y  et  le  P.  Bit- 
luàrt  avait  d'autant  plus  de  sujet  de  ménager  cet  écrivain , 
qu'il  lui  devait  presque  toute  la  partie  d(^matique  de  sa  théo- 
logie. Tout  ee.que  l'on  peut  conclure  de  $es  déi)aêl4s  avec  ce 
sorhoniste,.  c'est  que  la/  seolastique  est  un  art  à  l'aide  du- 
quel im,  escrimeur  fisxré  trouve  le  secret  de  ne  se  jamais: 
rendue,  à  son  antagoniste^ 

Quétif  et  Echardy  Script'^  ord,  prcsd.,  t,  II,  p.  79%»  et 
supp,  ult.j  p.  8  9  PaquQt >  Ménin  lifter,^  t.  VII ,  p.  4^^  9  44^  V 
Durand,  Mém»  de  la iSac>  de^  S(W*  d^  Ardennes ,  'à''  part,  y 
p.  21  -,  Richard,  Dict.  des  Sciences  eccUs.^  t.  VI. 

BILLY  {Jean  lÎË),  prieur  du  Ato'ntrDieu,  né  à  Guise  (1) 
vers  i53o,  de  Louis  de  BiUy,  gouverneur  àf^  cette  ville,  et 
de  Marie  Brichanteau  9  Sfl^iu*  de  Grespin  Briçhanteau ,  é vèque 
de  Senlis  et  confesseur  du  roi  i  fut  d'abord  abbé  commetida- 
taire  de  Saint-Michel-en  J'Herm ,  de  Saint-Léonard  de  Fer- 
rières ,  et  d^  Kotre-Dftme*âes-Gbasteliers  en  l'ile  de  Rhé. 

<c  II  vécut  assez  selon  le  numde  *,  mais  se  trouvant  un  jour 

(1)  D.  le  LoDg ,  U'uU  de  Laon,  p.  47^. 


120  BIL 

»  enveloppe!  dans  un  incendie  cause  par  le  feu  du  ciel  (  à 
»  Tabbaye  des  Ghastelliers)^  il  promit  a  Dieu  de  changer  de 
»  conduite ,  et  de  vivre  plus  régulièrement.  Délivré  du  pé- 
))  rily  comme  par  miracle,  il  se  retira  dans  la  Chartreuse 
»  de  Bourg -Fontaine,  où  il  fit  profession  (vers  i562),  et 
»  n'en  sortit  point ,  que  pour  être  prieur  de  la  Chartreuse  du 
»  Mont-Dieu,  et  ensuite  de  celle  de  Bourbon  -  lès -Gaillon, 
»  en  1672  (où  il  mourut  le  3o  juin  i58o).  »  (D.  D'Argonne, 
MéL  de  littér.j  t.  II ,  p.  284 ,  édit.  1725.)  Il  était  frère  aîné 
de  Jacques  de  Billy,  savant  helléniste,  en  faveur  duquel 
il  s'était  démis  de  ses  abbayes,  après  Ta  voir  aidé  dans  ses 
études,  n  est  traducteur  ou  auteur  des  ouvrages  suivans  : 

I.  Des  sectes  et  des  hérésies  de  notre  temps  j  et  de  leur  ori- 
gine j  traduit  du  latin  de  Stanislas  Hosius^  éçéque  de  f^armie. 
Paris,  Séb.  Nivelle ,  i56i,  in-8^ 

II.  Dialogue  de  la  perfectiQn  de  charité j  traduit  du  latin  de 
Denis  de  Rickel  (Denisrle-Chartreux)  par  F.  Jean  de  Billy J 
religieux  à  Bourg-Fontaine ^  Paris,  Guil.  Chaudière,  1670, 
in- 16 ,  fol.  i63 ,  précédé  d'une  dédicace  à  madame  de  Bour- 
bon, abbesse  de  N.  D.  de  Soissons,  laquelle  est  suivie  d'un 
sonnet  de  Nicolas  de  Billy,  prieur  d'Ars  en  l'île  de  Rhé,  et 
d'une  pièce  de  vers  latins  par  Jacques  de  Billy. 

III.  Homélie  de  saint  Jean  ChrysostômCj  intitulée  :  Que 
personne  n'est  offensé  que  de  soi-même  :  avec  deux  sermons 
de  saint  Augustin  au  jour  de  la  décollation  de  saint  Jean- 
Baptiste.  Paris j  ibid.,  1671,  in- 16.  Cette  homélie  avait 
déjà  été  traduite  par  Pierre  Pesselière ,  bénédictin  de  Saint- 
Germain  d'Auxerre.  Paris j  i543,  in-S^. 

IV.  Petite  Table  spirituelle  ^  traduite  du  latin  de  Louis 
Blosius*  Paris,  ibid.^  1672,  in- 16. 

V .  Exhortation  au  peuple  français  pour  exerça*  les  œuçres 
de  miséricorde  ens^ers  les  pauvres  ,*  par  F.  Jean  de  Billy  (i") 
prieur  de  la  Nouvelle  Chartreuse  de  Gaillon.   Paris,  ibid.j 

1672,  in-8°i  it.j  avec  le  combat  de  tristesse  et  d  espérance 


BIL 


121 


(en  vers'),  par  Jacques  de  BîUy.  Paris j  ibid.,'  i584,  m-8% 
fol.  1 76.  Gèt  ouvrage  n^est  pas  une  traduction  \  il  appartient 
entièrement  à  notre  chartreux. 

VI.  Le  Manuel  du  ckemlier  chrétien  j  traduit  du  latin  de 
Jean  de  Zanspergej  chartreux  de  profession,^  par  F.  Jean  de 
Billy^  pour  lors  prieur  du  Mont-Dieu],  ei  maintenant  prieur 
deN.  D*  de  Bonne-Espénmce près  de  GaiUon.  Paris,  iSyS, 
in- 1^,  fol.  276.  Le  P.  Niceron  (t.  XXII ,  p.  190)  s'est  trompé 
en  lui  donnant  la  date  de  1 57 1 . 

VII .  JMiroir  spirituel ,  ou  est  comprise  sommairement  tins» 
truction  de  tous  les  fidèles  chrétiens  qui  désirent  visn^e  et  mou- 
rir eri  J.'-Christ:  a^fec  des  oraisons  consolativeSj  pour  dire  en 
toutes  actions  ordinaires;  traduit  du  latin  de  Louis  Bhsius, 
Paris,  ihid.j  1676,  in- 16. 

VIII.  Histoire  de  Barlaam  et  de  Josdphat^  roi  des  Indes ^ 
traduite  du  grec  de  saint  Jean  Damascène  {i)\  par  P.  Jean 
de  Bilfyj  prieur  de  la  Chartreuse  de  Gaillon  :  (wec  là  vie  de 
saint  Jean  Damascène  j  écrite  par  Jean^  patriarche  de  Jérusor 
lem\,  mise  en  français  par  le  même  traducteur;  et  une  Homélie 
de  saint  Jean  Chrysostôme^  intitulée  ^  De  la  Comparaison  du 
roi  et  du  moine.  Paris,  ihid.^  1 678 ,  in-8®,  fol.  1 89.  Le  P.  Bal- 
tus ,  jésuite ,  mort  bibliothécaire  du  collège  de  Reims ,  a  tra- 
duit le  même  ouvrage.  La  famille  de  Billy  est  originaire  de 
Billy-sur-Ourcq.  (Dévisme,  Manuel  de  V Aisne ^  p.  190.) 

Gai.  Ch.^  t.  II,  p.  1296,  i4o3,  i4ai  -,  Peeters,  jPjP**  Car- 
tus.,  p.  i58  -,  Morozzi,  AtheruBum  Cartus.j  p.  126  de  Thea- 
trum  ckronolog.  Cartus.  ordinis.^  la  Croix  du  Maine  ^  t.  I, 
p^  45 1  î  du  Vierdier,  t.  II,  p.  348  ;  Teissier,  Eiog!  des  Sas^.j 
t.  III ,  p.  1 95,  édit.  1 7 1 5  -,  du  Pin,  BB.  du  xvi* siècle^  t.  X  VI , 
p.  124,  édit.in-4°*,  domLiron,  J?iB.cAar/rai7îe,  p.  189^  Len- 
glet  du  Fresnoy,  de  Vûsage  dès  romans^  1. 1,  p.  21  -,  Moréri. 


(1)  Elle  lui  est  attribuée  sans  fondement. 


f  ai  BLA 

BLANC  (Lotm  LE)^  notaire  et  secrétuiue  du  roi  y  «t  gr^- 
fier  de  la  diambre  des  compte6.de  Purisf  naquit  à  SedaA 
d'une  des  familles  les  plus  ^thigiiëes  de^tte  ville  ^  vers 
Tan  i44<>*  C^^ëtait  un  homme. de  Iieauconp  de  mérite  ^  et 
qui  ^^  selon  £rman ,  jouis$éUt  d'une  grande  considération  pour 
at/oirfait  phisisure  aUianceset  traités  entre  les  mis  de  JFrance 
çt  les  puissances  étrangères^  Il  obtint  du  roi  Louis  XII  la  per- 
mission de  Tendre  sa  charge  de  secrétaire^  et  dispenae  de 
pouvoir  exercer  celle  de  greffî»:  de  la  chambre  des  «ximptes  y 
pa«  lettre»  patentes  données  le  i6  avril  i%9j  e^  il  n.'était 
paspermis  de";  vaquer  a  cet  office  à  la  chafnbre\d0s  comptes  ^ 
sans  <étre' revêtu  du  premier  de  ees  titres,  attendu  que  les 
greffiers  des  cours  souveraines  devaient  être  du  collège  des 
secrétaires  du  roi.  (Du  Breul,  AnUq.  deP(pis^  Sa  femme 
était  de  Tancienne  maison  de  Malingre.  Il  cessa  de  vivre 
vet^  i5i:2.  Iliiou^a  conservé  s  ' 

jtbrégé  ou  Extrait  en  l'honneur  de  saint  Louis ^f eût  Van 
I  â7!2t>  contencmî  les  noms  des  rùis  de  France  qui  ont  été  en 
Terre^Saintej^t  autres  choses  mémorables  faits  par  iceux  rois^^ 
éerit  par  Louis  leBlanc ,  notaire  et  secrétaire  du  roi-,  et  ^éf- 
fier  de  k  chambre:  des  comptes  de  Paiis^  :  J\IS«  conservé  au 
trésor  d^  chartes  de  la  ehambredes  comptes  à  Paris. 

La  Croix  du>  Mainey  t.  II,  p.  4^)  Ërman,  Mém,  ponr 
l'histoire  des  Réfugiés  français j  t.  IX,  p.  39 -,  Fontette,  BB. 
hist.j  n^  16849*  *  ' 

BLANC  (J?ftc7ïne  LE),  fils  du  précédait,  vit  le  jour  à 
Sedan ,  vers  Fan  1490*  H  succéda  Hl  soh-père  dans  son  office 
cfe  greffier,  et  fat  reçu  en  i5o8,'sans  être  secrétaire  du  roi. 
Il  devint  secrétaire  de  Louis  Xll,  de  la  duchesse  d'Angou- 
lême  et  de  la  reine  de  Navarre,  secrétaire  descommahdemens . 
de  la  duchesse  de  Savoie ,  mère,  de  François  I*%  régente  de 
France ,  contrôleur-général  de  l'épargne  sous  Françms  I" 
et  Henri  II ,  lecteur  et  valet  de  chambre  du  premier,  et  gou- 


• 

verneur  du  château  de  Saint-Germaia-en-Laye.  Ces  empois 

ne  l'^eïïipéchèrenbpas  de  cultiver  les  lettres ,  qui  commea- 

cèis^ixt  à  ceofiîtré  vers  le  milieu  dni  xva"  siècle  >  parc^  qu'si  la 

faeilitë  dii  t^vail  il  éa  joigne  Tmiiouf^  et  ^vCil  fais^iit  par 

goût  ce  que  d'autres  font  par  dayoir.  Jî'Faqçpis  II  lui  accorda 

d^s  lettres,  de  noblesse  le  ^1  niiars  i  S6 1  «  Elles  furent  eiipë- 

di4e9.^lBi.  ch^fbhvG  despomptes  le  ikj  avril  de  oette  année^ 

et  enregistrées  à 'la  .eour  de»  aidai»  le  ao  juillet  smvsMit-  La 

aù>rt.  1  eiaJeva  vers.  i565.I(  étnt  l3iifla'Ù9iil.de  Pienre  le  Blapc > 

«^tueisaT/yde  Beaulieu,  cbnseiUeT'dii  roi  au  préeidial  â«v  Se^ 

dan ,  ^et  dé  Louis  le  Blano^Q  BoauUeu ,  «(w  frère ,  professeur 

en  théologie  à  Facadëuxie  de  oetle  vîHé  (  i  ). 


•■\    j       •    '.  *  > 


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-  I4  \  TrQUOi^sfmfi*de\Gkéivn,,iissa$f^^  ^tiilJUà  Cas- 
sar  fffi^r  Msircm  Mairccihuji  sénaUnt  rohwm»  ifUi  uwil  4enu 
k  patti de Fompéecomrè iedU  Cœsàr ;  celkiquihJU  au pe^pk 
de  MomCj  pour  élire  Pompée  ^  chef  et  eondutàsur  de  L'armée 

misfi.mi^pm  k^\XMmnsj,  à  t^nci9ntm4e  Mithridctii^  et  \Ti' 

granei  ; -ift^jceUi  ^'iljk  poiir  Q«  Ligam  à.^wsar;  séant  au 

5emz^  Kari»f  SimoBi  de  Golioes»  èô449'îi^*^V 

t,  IL<  L'Otrgisond^)Saljuste  (7i)  €(mb^  Marc  Ciob^n^  et  L'O- 

raison  répomié^e  de  Cieéron  conkia&dust6\},0raisonda  Cinpse 

Saluste  à  Jules  Cœsar^  afin  de  redresse!^  ia-  répiibUffue^  romaine  ; 

OraUon  de  Cieéron  det^ani  ^uH  allât  en  estril i  Onaison. de  Or- 

cér&n  après  5o#»  rappel  et  retour  à  Rome  ;  Oraison  de  Cieéron 

à  Octanen  CœsoTy  Oraison  de  Cieéron  pour  les  Proi^in^xs  ton* 

'Sidaires  :  le  tout  tradidt  par  Estifinne  le  Bianc»,  Piiris^.Jean 

Ruelle,  1545,  m-i6.  (Du  Verdier,  J?J?.^.,  1. 1,  pt  49^0. 

•    (1)  Anteiur  de  piiMienr»  ovvntges.  Né  au  PleasU-BlATU  en  1614.9  morf;  à  Se- 
dan en  1675.  .       ,       ■ 

(s)  Historien  admirable  par  la  brièveté  de  son  style ,  par  la  force  et  l'éner- 
gie de  ses  expressions ,'  la  hardiesse  de  ses  métaphores ,  et  le  talent  qa'il  a 
de  peindre  tout  avec  les  plus  vives  couleun* 


I  a4  BLÀ 

Ses  ouvrages  manuscrits  : 

III.  Discours  de  Ventrée  de  la  reine  Isabelle  de  Bavière  à 
Paris  j  et  des  joustes  et  tournois  qui  à  iceUe  entrée  Jutent  faits 
en  i335;  m-4^  (Fontette,  "BB.  hist.,,  n°  26o3i.) 

IV.  Extrait  sommaire  du  discours  du  mariage  de  mor- 
dame  Isabelle  de  FrancCjJUle  du  roi  Charles  VI^  avec  Ri- 
chard (III)  roi  d' Angleterre  y  en  iSgS,  et  tout  ce  qui  s'en 
est  suin  jusqu'à  la  mort  dudit  roi  Richard^  et  le  retour  de  la- 
dite reine  son  épouse  en  France^  en  i4oi,  et  son  second  mor 
riage  en  i ^6^ j  açec  Charles  duc  d'Orléans^  père  dû  roi 
Louis  XlIIi  in-4«.  (Ibid.,  n»  a8363.) 

Ces  deux  MSS.  ont  passd  de  la  bibl.  du  baron  d'Hoendorff 
dans  celle  de  Fempereur  d'Autriche. 

V*  Recueil  de  pièces^  depuis  Van  1%%']  jusqu'en  1627, 
dressé  par  Estienne  le  Blanc  ^  in-fol.  Ce  MS.  e$t  passé  de 
la  bibl.  du  premier  président  de  Mesmes  dans  celle  du  roi. 
(Fontette j  n?  20901.) 

YI.  Les  faits  et  gestes  de  la  reine  Blanche  j  mère  de  saint 
Louis}  petit  in-4'',  fol.  2 1 ,  sur  vël.,  dédie  par  Tauteur  à  Louise 
de  Savoie,  mère  de  François  I*'^  et  régente  du  royaume . 

Ce  manuscrit ,  que  nous  avons  vu  à  la  BiU.  du  roi  sous  le 
n"  io3o9y  est  (selon  Fontette,  n*  ii5o^5)fort  court ,  fort 
confus  et  très  défectueux. 

Vn.  De  l'Origine  et  naissance  des  Romains^  par  Estienne 
leBlanc^  in-fol.  sur  vélin.  (BB**  MenarsianUj  n?  773)  (1720, 
in-8".) 

VIII.  Traduction  de  quelques  Oraisons  de  Cicéronj  par 
Estienne  le  Blanc. 

«  A  la  tête  de  ce  MS.,  dont  les  lettres  grises  sont  peintes  et 
dorées ,  on  voit  une  belle  miniature  représentant  le  cardinal 
du  Prat ,  archevêque  de  Sens  (à  qui  Touvrage  est  dédié  par 
Fauteur),  assis  avec  des  évéques  et  autres  ecclésiastiques^ 
autour  de  lui.  Sur  la  reliure  en  damas  rouge ,  les  armes  sont 


BLA  i2t5 

]jrodëes  ,  ce  qui  fait  croire  que  c'est  Texemplaire  doiiD<$  par 
l'hauteur  au  cardinal  du  Prat .  »  (Note  de  Mercier,  abbé  de  saint 
Léger  S) 

Le  P.  Labbe.9  p.  3 la  de  sa  Nova  bibliotkeca MSS»  Ubro-- 

rum^  in-4''9  ^^^  ^^^  ^^  ^"^  '7^  »  comme  étant  à  la  Bibl.  du 
roi^  un,  MS.  contenant  dix  Oraisons  mises  en  français  par 
Estieniie  le  Blanc ,  et  dédiées  cui  roi  François  1^.  Les  deux 
éditions  de. 1 544  ^^  i545>  que. nous  avons  rapportées,  nen 
contiennent  que  hidt, 

Elrpcian ,  t.  IX,  p.  Sg-,  Chambre  des  comptes  de  Paris. 

BLANC  {Richard  LE),  helléniste ,  poète  français ,  traduc« 
leur  çt  éditeur,  qui  fiorissait  à  Paris  eu  1 547?  ^pp^^Q^it  à 
la  même  famille.  Il  était  gouvernei^r  des  enfçms  du  seigpeur 
â.e  .IMLorainville ,  maître  d*hôtel  de,  Claude  de  Lorraine ,  duc 
4^e  Ouise.  Il  parait  qu'il  avait  enseigné  les  belles  lettres  dans 
quelque  collège  de  Tuiriversité  de  Paris.  Il  se  moutre  par-tout 
bon  français ,  très  affligé  des  troubles  qui  agit$LÎent  sa  patrie  \ 
il  se  plaint  de  ce  que  les  malheurs  du  temps ,  et  les  ma)ix  que 
causait  le  calvinisme ,  Tempéchaient  de  se.livrer  à  la  traduc- 
tion des  saintes  écritures.  On  sait  qu  il  était  alors  difiU;ile  de 
traduire  en  langue  vulgaire  les  livres  saints ,  soit  en  prose , 
soit  en  vers,  «ans  encourir  le  soupçon  d'hérésie;,  car  Ton 
s^était4;ru .obligé  d'interdire  ces  traductions,  à  cause  de  Fa- 
bus  que  les  novateurs  en  faisaient.  Il  entendait  assez  bien 
ses  auteurs;,  mais  il  manquait  de  goût.  Sa  versification  est 
dure  et  bien  moins  coulante  que  celle  de  Marot,  qu'il  tachait 
d'^iipiter.  D  mourut  sous  le  règne  d'Henri  II,  ^n  1559. 

Ses  œuvres  : 

I .  Les  liin'es  d' Hésiode j  poète  grec^  appelés  les  OEuvres  et  les 
Jours.  Paris,  Jacques  Bogard,  et  Lyon,  Jean  de  Tournes^ 
15473;  in-8°,  en  vers  français. 

II.  Traduction  en  vers  français,  des  s^ers  latins  queProha. 


1  !i6  BiLA 

• 

Falconia  compila  des  Camte»  de  Virgile  y  sur  le  mystère  de 
notre  wfdemptioû.  jPar&;*Robcrt  Mïisoeliii,  rSSSyiiï-f©.  - 

III.  Traduction  en  vers  de  V élégie  latine  de  Philippe  JBé- 
roalde  sur  V Histoire  ou  la  fable  de  Timcrèdej  roi  dé  Sulerne  , 
cénttndnt  les  pitoyaMes  amours  de  Gtdchafd  etdù  Ui  belles  tSi- 
gismotider,  et  imitée  (par  Bëroâlde)  d'une  de*  nout^llês  ite- 
Kennelsde  Bocaoe.  Parii^  iîwd,,  r553;  iii-8*'.      *>  -  '  ♦ 

IV .  Les  six  Ih^es  de  ^nt  Jean  Chrysostâme  sur-  la  dignité 
sacerdotale  y  traduits  du  grec.  Paris,  i&iVf.,  155$,  iûS^é         '^ 

V.  La  CompUùnie  du  Noyer  (de  Nhcc)  attribuée  à  Oifide^ 
en  vers  alexandrins.  Paris  ^  ibid.,  1554»  in- 12  :  adressée 
par  nnè  lettre  en  vers  à  mademdiselle  Françoise  d^^Ouartis. 

'VI.  Bucoliques  et  Géot^iipwsJe  Fip^le(^t),  9mB,  Châtiés 
etJlrnotd les  Angeli^Vj  t &&4 ^  i^i^^'^^'y  Parier,  Claude  Mi^ 
Càid/}t574'à  1578,  îit-S*,'«ti  Vef»  de  dix  sjllai>e9^  avee  une 
dëdicaee  à  Margtierite^^  Frafice ,  dncfaesl»  de  B^rry^  sœo^ 
d -Henri  II ,  ^i  aiiâaît  tes  '  sàvans ,  le»  protégeait  ^  <  et  était 
fbiif  libérale  à  leu)^  ëgiâ:d.  •  • 

|ja  'tradttGtiôn  du  pilemier  livre  des  Bucoliques  est  de 
MdnM^  et  <feUe>dës  neuf  autres  de  le- Blanc.  Cldle-i-ci  a 
moifis  de  naturel  ^  mais-  elle  estpluS'  littérale,-  et  «acMlis 
pfetrapbraftée  que  Vautré/ «  be»  ddux  tmduetèifrs  ont  de»  èéh 
»  fauté  <{ùi'le(ir  ^n.t''cOmniuii»  :  -ila  emploitot  sou^eiiit  plu- 
»  sieur»  rimes  masculines  ou  féminmes  de  suite  *,  ^^jUelque- 
»  fois  ils  lès  entrela<^nt  sans  aucune  règle  »*,  souvent  elles  «e 
»  éont  ni'ritïh&s  nr exactes.  Le  Blanc,  dans  son épîtredéd»*^ 
»■  cataire ,  «techerete  Torigine'  du  'poème  t>v^liqu!e  ,•  et  en 
»  parcohrt  les  -Cttractère^;  m^âs*  ttmtcela  est  superficiel,  et 
»  traité  avec  peu  d  ordre.  On  n'aurait  pas  dû  néanmoins 
»  faire  disparaître  cette  épître  des  éditions  de  1 674  et  1 678. 
»  Elle  était  bonne  à  conserver.  »  (tîoujet,  t.  V,  p.  35.)  La 

première  édition  est  ein  c«U:^ctèreA  îtaliqtMs,  avec  lie  texte  k-* 

...  -        , 

(1)  C'est  la  pteiniére  version  en  vers  français  des  Céorgiques, 


'  BLA  ■  I  ay 

tin  à  la  marge.  Chaque  ëglogue  a  sa  gravure  qui  en  reprë- 
semte  le  8fl)ét;  et  à  la  fin  Xon  trouve  de»  exj^cKtions  de 
{Çëograplde,  d'histoire ,  de  mythologk  et  de  grammaire^  Le 
Hlanc  nous  apprend  qu^il  fit  cette  traductâouï  k  prière  de 
jeuÀes  gens  i/ui  avaient  été  autrefois  ses  disciple»  et  auditeurs  j 
et  à  la  re^fuéte  de  son  •bon'omi  Charles  VAngdiers^  libraire  à 

VII.  Les  XXI  livres  de  Hiërôme  Cardenus  y  médecin  mi- 
lanais y  intitulés  :  De  la  subtilité  et  subtiles  imputions ,  en- 
semble  les  causes  ocadtsSy:et  raisons  d'icelles,  Paris  ^  Charles 
l'u^ngelierSj  i556,  în-8**  ^ 

•  VIII.^  Il  a  revu  et  corrigé  Y  Institution  du  prince  de  GuU^ 
launtie  JBudéj  et  en^  a  donfié une  Bouvelle  édition^  Paris,  Jean 
Fcmelier,  i548,  iuf'S''/ dédiée  à  Cl^de  Locf lûne  ^' duc  do 
Guise;  •         . .  .  ' 

Lia  Croix  du  Maine,  t4  II ,  p.  876;  du  Yerdier^  t*  III ^ 
p.  4i*î  Goujet,  ^ibLJr^j  t.  V,  p.  54  à  58,  t.  VI,  p,  86 v 
i*  Vît ,  pi  ^4  V  CoUdeti  Fies  des  poètes  fiwiçais,  MS. 

WLàAJ^CkHHKD  {Jean  Baptiste).  Ses  productions  dcnmeiit 

ridë6  d'un  homme  de 'bien,  y  tout  occupé  àfonnerleamœurs 

et  le  goât,  et  à' orner  Tesprit  de  la  jeunesse.  Le  hourg  de 

Tourtferon,  prèsdeVouziers^  est  sa  patrie.  La  dats  de  sa  nais- 

saft^e  e6t  du  1 9  oct«  t  ^3 1 .  Il  fit  ses  .premières  études  sous  le 

Pa  du  Ghësne  son  oncle ^  provincial  des  Jésuites,  qui  le  mit 

aoué  AtL  direction  de  ses  confinères ,  en  partant  pom*  Tes* 

pagne.  Les  progrès  du  jeune  Blanchard  furent  si  rapides, 

qu^r  avait  fini  ses  classes  à  Tâge  de  treize  ans.  Devenu 

nieilibre  de  la  sciciëté  à  laquelle  il  devait  son  éducation ,  il 

enseigna  d^ahord  les  humaâités  au  collège  de  Nancy*,' et  dès 

quHl  eût  atteint  sa  vingtième  ttnnée,  on  le  chargea  de  pro* 

fesser  la-riiétôriqne  à  Metie^  puis  à  Verdun  et  k  Pont*à*Mou»- 

9QXki  Ainsi  s'écoulèrent  paisiblement  dix  années  de  sa  vie. 

A  cette  époque  commençait  à  gronder  Forage  qui  devait 


I  a8  BL  A 

fondre  sur  sa  société^  et  comme  son  âge  ne  lui  avait  point 
permis  de  prononcer  les  quatre  vœux ,  il  se  retira  en  1 762  , 
et  vint  se  réunir  à  sa  famille.  Â  peine  jouissait-il  dans  son 
sein  des  douceurs  de  Tamitië ,  qu'il  fût  forcé  de  s'en  séparer  ; 
car  les  précautions  qu'il  avait  prises  pour  se  mettre  à  Tabri 
du  coup  qui  détruisit  sa  compagnie  dans  toute  la  France ,  le 
1*'  décembre  1764,  ne  l'empêchèrent  pas  d'être  compris 
dans  la  loi  du  bannissement  • 

Résigné  à  son  sort ,  il  se  rendit  en  Belgique ,  où  M.  Biioul 
de  Namur  lui  offrit  un  asile,  dans  un  château  qu'il  possécLait 
près  de  cette  ville.  Blanchard  l'accepta ,  et  sensible  à  cette 
marque  d'intérêt,  il  voulut  consacrer  ses  soins  à  l'éducation 
des  enfans  de  son  bien&iteur.  Ce  fut  dans  cette  retraite  qu'il 
profita  de  ses  loisirs  pour  composer  le  Temple  des  Muses.  Au 
bout  de  six  ans  9  comme  l'éducation  de  ses  élèves  touchait  à 
sa  fin,  il  usa  de  la  permisâon  que  les  Jésuites  avaient  de 
retourner  en  France.  Ses  parens  charmés  .d'une  résolution 
qui  le  ramenait  près  d'eux,  s'empressèrent  à  l'enyi  de.Iui 
offrir  une  retraite,  jusqu'à  ce  que  sa  réputation  lui  eût  assuré 
une  place  digne  de  son  mérite.  Il  n'attendit  pas  long-temps. 
Un  canonicat  de  la  collégiale  d'Avenay,  diocèse  de  Reims, 
vint  à  vaquer,  et  on  le  lui  conféra.  Il  en  jouit  jusqu';en  1 790, 
époque  où  les  chapitres  séculiers  furent  éteints  en  France. 
Cette  circonstance  le  ramena  dans,  sa  famille  dont  il  avait 
déjà  reçu  tant  de  marques  d'attachement  :  il. y  fut  accueilli 
avec  cette  générosité  qui  cherche  à  cacher  le  prix  des  bien-- 
Êdts. 

L'académie  de  Châlons-sur-Marne  avait  proposé  poursu-« 
jet  du  prix  de  l'année  1777,  les  moyens  de  détruire  la. mendi- 
cité j  en  rendant  les  mendions  utiles  à  Vétat^  sans  les  rendre 
malheureux.  Jaloux  de  mériter  une  palme ,  Blanchard  des-* 
cendit  dans  l'arène,  et  s'il  fut  vaincu ,  du  moins  il  ne  tûmba 
pas  sans  gloire  :  l'académie  lui  décerna  un  accessit.  Le  Mé- 
moire qu'il  composa  sur  ce  sujet,:  termine  le  troisième  vo- 


BLÂ  1 29 

lume  de  Y  Ecole  des  mœurs.  On  l^a  retranche  dans  Fëdition 
en  six  Volumes. 


seconde  façon  d'un  auteur  est  la  critique  de  la  première. 
(^I^'^Olivet,  Él(^e  de  Patru*)  Les  premières  ëditions  rare- 
ment sont  parfaites  *,  ce  n^est  même  asse£  souvent  qu^tme 
ëbaucJie ,  à  laquelle  on  donne  ensuite  plus  de  perfection  ; 
on,  si  l^on  veut^  ce 'sont  des  tableaux  travailles  avec  soin, 
mais  qui ,  exposes  aux  yeux  des  amateurs,  leut  laissent  apep- 
cevoir  des  défauts  ^  qu'uue  touche  plus  fine  et  plus  légère  fait 
bientôt  disparaître. 

Imbu  de  ces  principes,  Tabbë  Blanchard  avait  déjà  re- 
touebë  son  Poète  des  Mœurs  ^  en  profitant  des  avis  de  la  cri- 
tiqiie ,  et  lavait  reproduit  sous  le  titre  à" École  des  Mœurs ^ 
deuxième  édition  qui  fut  bientôt  épuisée  et  renouvelée  par 
plusieiu's  réimpressions.  Le  succès  de  Touvrage  ne  laissant 
aucun  doute  sur  son  ujtilité,  Tauteur  voulut  y  mettre  la  der- 
nière main  :  ce  soin  fut  presque  la  seule  occupation  des  der- 
nières années  de  sa  vie.  Il  ne  songea  plus  guère  qu  a  laisser 
après  lui  un  monument  de  Taffection  qu'il  avait  eue  pour  ses 
élèves,  dans  un  ouvrage  où  Tadolescence  et  Tâge  mûr  iraient 
puiser  les  leçons  de  la  sagesse ,  et  chercher  des  exemples  de 
vertu  quelquefois  plus  utiles  encore  que  les  préceptes  les 
mieux  établis.  Ce  fut  dans  le  cours  de  ce  travail  que  la  mort 
vint  le  surprendre  à  Tourteron  le  ^4  mai  1797.  La  douceur 
de  son  caractère ,  la  simplicité  de  ses  moeurs,  sa  franchise, 
sa  bonne  foi ,  sa  modestie ,  son  affîd)ilité  lui  avaient  concilié 
l^estime  et  Famitié  de  tous  ceux  qui  savent  apprécier  la  réu- 
nion de  qualités  aussi  rares.  H  éprouvait  la  jouissance  la  plus 
douce  f  et  toujours  son  cœur  palpitait  de  joie ,  lorsqu'il  ap- 
«prenait  que  quelques-uns  de  ses  élèves ,  transplantés  dans  la 
société,  utilisaient  leurs  talens  au  profit  de  Téglise  ou  dé 
Vétat. 

«  On  coimptera  Tubbé  Blanchard  dans  le  petit  nombre  des 
»  auteurs  qui  sont  moins  jaloux  d'une  réputation  brillante, 

TOME  I.  9 


lie  .  BLA 

-»  que  de  la  satisfactiott  plus  douce  d'élre  utiles  à  leurs  coo— 
»  citoyens.  Ses  divers  écrits  respirent  une  morale  pure,  une 
»,  douce  piété,  1  amour  de  la  mertu,  et  un  zèle  ardent  pour 
u  Tinstniction  de  la  jeunesse  et  la  formation  des  mœurs. 
»  Touché  des  abus  sans  uomBreque  présente  dans. la  pra- 
»  tique  l'ëducaticm  ordinaire,  et  des  maux  qui  résultent^  la 
»  fluctuation  des  principes  dans  cette  importante  matière , 
»  il  chercha  à  y  remédier  en  ^myant  ses  PrécepUs  pour  /  V- 
»  ducation  des  deux  sexes  y  ouviage  où  il  a  rassemblé  tout 
»  ce  que  renferment  de  plus  substatitiel  les  auteurs  tant  an- 
»  cieas  que  modernes  qui  s'en  sont  oecupés.  C'était  dans  ces 
»  utiles  trayaûx  qu  il  cherchait  à  oublier  les  maux  inaépa- 
9  rabfes  de  Tétonnante  résolution  qise  nous  avons  esmyée.  » 
(^n  £i(^^  par  M.  F*  D.  H.  à  la  tête  de  lEcok  des  Mœurs^ 
^it«  de  i8o4*)  âes  productions  littéraires  sont  : 

L  Le  Temple  des  Muses  fahulisles  ^  ou  choix  des  plus  bdies 
FMes  des  meilleurs  fabulistes  français  ^  4wec  des  remartpxes 
historiques ^ géographiques j mondes  et  critiques.  Liège,  Bas- 
aompière,  1766,  a  vol.  in-12. 

II.  Le  Poète  des  Mmurs  ou  les  Maximes  de  la  sagesse  yasfec 

des  remarques  morales  et  historiques.  Namnr^  J.  F.  Stapleaux , 

1772,  a  vol.  in-i2i  lï.,  avec  <»  titré  :  Les  Maximes  de 

l'honnête  homme,  etc.^  Li^g®?  J*  F.  Basisompierre ,  1769,  3 

vol.  in-i  2  ;  it.^  soas  ce  titre  :  V Ecole  des  Mœurs,  etc*,  Lyon, 

1782,  <784'  17867  1790,  1801.  Ces cibq  ëdîtioras ,  senties 

des  presses  de  Bi^yset,  sont  en  3  voL  «n^i2  *,  iu,  Ljon^  ib.» 

i8o4>6vol. in-i^^  it,,  Avignon,  libr.  associés (i8o5),  3vol. 

in-- i^\it,,  édition  refaite  et  augmentée  d^un  grand  nombre 

de  morceaux  nouveaux ,  par  M.  H.  Lemaire,  Pans,  Leprieur, 

1818,  3  vol.  tn-f  a,  fig.  *,  iU,  Paris,  1823 ,  3  vol.  in^ia,  fig. 

Cetouvrage  a  été  traduit  en  espa!gnol  par  Ign,  Garcia  Malo. 

Madrid,  1786,  in-8**j  et  en  allemand,  Augsbourg,  1789, 

in-8°. 

m.  Préceptes  pour  l'éducation  d^  deux  sexes,  à  Vusage 


BON  i3i 

des ^amiUes  chrétiennes  j  Lyon  y  Bruyset ,  1 8o3 ,  la  vol.  in*  i  a . 

L'hauteur  de  son  ëloge,   désigne  par  des  initiales  ^   est 

M.  Oiirc^ste^  son  petit  nereu  y  aneien  notaire  à  Tourteron. 

BONNE  {Rigobert)^  ipgénîear-*hydjn^Faphe  de  là  marine , 
xïé  le  6  octobre  1 7917,  à  Rajicourt^  a]^rit  les  mathéfliatiques 
sans  raaitre.  Il  était  ingénieur^  dix^-hnit  ans ,  et  servit  en 
cette  qualité  dans  la  guerre  de  Flandre ,  ou  il  se  trouva  au 
$î^e  de  Berg-i^Zoom,  ea  i'j^'j*  U  s^appliqua  de  bonne 
heure  à  la  physique  ,*aux  math^atiques  9  à  la  géograpbie, 
et  il  fut  durant  quinze  anà  un  des  «oaitres  les  plus  recher- 
chés de  Paris. 

Une  attaque  de  paralyaie  qui  lui  survini;  eu  1 775 ,  et  dont 
il  lui  resta  une  infirmité  pour  le  reste  de  sa  vie »^  ne  lempé- 
cha  pas  de  travailler  avec  assiduité ,  et  souvent  une  partie 
de  la  nuit»  Ce  ne  (ut  que  quelque»  années  avant  sa  mort 
qu'ail  suspendit  son  travail  aueoucber  du  sdieil,  mais  alors 
il  se  levait  de  grand  matin.  La  vie  sédentaire  qu'il  menait 
lui  causa ,  vers  le  milieu  de  Tannée  1 795 ,  une  hydrqpisie  à 
laquelle  il\sueeomba  le  a  novembre. 

«(Bonne  était  extpémeiaeatdôux,  .d'une  patience exem- 

»  plaire^yd'une  humeur  ^aiç  et  touJQurs  prévenante  ^  mais 

)>  quand  il^tait  ei^aspéré)  il  avait  de  la  roideur,  et  n'aurait 

,]»  pas  fait  une  démarche  pour  se  réconcilier.  On  remarque 

»  un  peu  d'aigreur  dans  jse$  réponses  à  Ri^-Zannoni  et  a 

»  Robert  de  V  augondi ,  au  ^ujet  de  raplatissemeut  de  la  terre 

^  )»  dans  ses  cartes  géographiques.  U  était  au  reste  d'une  pro*- 

»  bité  austère  et  d'uu  désiatéi^sement  peu  commun.  »  (De 

»  la  Lande, \i?/ibagr.  a^tron.^  p.  766.) 

II  a  publié  un  grand  nombre  de  cartes  géographiques , 
recherchées  dans  le  temps  pour  la  gravure  de  hàitré ,  plutôt 
que  pour  leur  exactitude. 

I.  Atlas  moderne  pour  la  géographie  de  NicoBe  de 
la  Croix. 

9- 


i3a  BOU 

II.  Petit  atlas  maritime  des  £Ôtes  de  la  France,  i^jS^  y  en 
3o  certes  ou  plans. 

III.  Tableau  de  la  France,   1764?  îii-ï8',  en  vingt-sept 
cartes  y  avec  un  texte  imprime. 

IV.  Réfutation  d'un  ouvrage  de  Rizzi-Zannoni,  intitule  : 
Dùseîiation  sur  différens  points  de  géographie.  Paris,  1765^ 
in-i2.  Le  livre  de  Zannoni  avait  paru  en  1764,  in-S"*. 

V.  Atlas  pour  VHistl  philosoph.  de  Raynal^  în-4** 

VI.  Atlas  encyclopédique,  avec  Desmarets. /^om^  '7^7> 
1788,  2  vol.  in-4**  pour  V Encyclopédie  méthodique. 

VII.  Atlas  pour  la  géogr.  de  Vabbé  Grenet,  în-4*.  Il -est 
encore  recherché  aujourd'hui. 

Vin.  Carte  du  golfe  du  Mexique,  en  trois  feuilles  :  elle 
B  valu  à  Tauteur  le  titre  d'ingénieur-hydrc^raphe  de  la 
marine. 

IX.  Neptune  Americo- septentrional,  en  dix-huit  cartes 
in-fol.,  très  bien  gravées ,  et  qui  ne  comprennent  guère  que 
les  côtes  des  Etats-Unis.  C'est  ce  qu'il  a  fait  de  mieux. 


BOQUILLET  {Jean),  prêtre  et  poète  français,  natif 
d'Aubigny-les-Pothées,  canton  de  Rumigny.  Le  temps 
nous  a  dérobé  jusqu'à  la  moindre  connaissance  de  sa  vie.  Il 
ne  m'est  connu  que  par  une  courte  notice  que  je  tire  de 
'la  Croix  du  Maine.  Ce  biographe  dit  que  «Jean  Boquillet  a 
*»  traduit  en  vers  français  les  hymnes  sur  le  chant  de  l'église, 
-ï)  avec  un  cantique  sur  le  livre  de  la  Genèse  ^  fait  par  ledit 
»  Boquillet ,  imprimé  à  Reims,  par  Nicole  Baquenoiis ,  l'an 
^)  l558  (in-8**  rare),  auquel  temps  florissait  ledit  auteur  en 
»  la  ville  de  Mézières  ».  {BïbL  franc. ,  1. 1 ,  p.  45.)  (i) 

BOUILLON  {Fiacre) j  figure  parmi  les  enfans  qui  ont 

,(1)  Le  bouiig  d'Aubigny  a  également  donné  le  jour  à  Person,  brave  ofii- 
oier,  qui  se  signala  sous  le  règne  du  roi  Jean ,  dans  TinterTalle  de  i35oà  i564. 
(Le  Long,  HitU  de  Laon,  p.  376.) 


BOU  i33 

«Lcquis  quelque  cél«$brité.  U  naquit  le  2  février  1763 ,  au  ha- 
meau du  Rouilly,  près  de  Rocroi ,  de  Fiacre  Bouillon ,  mé- 
tayer, et  de  Jeanne  Rimbau ,  et  reçut  Fëducation  commune 
auic  jeunes  villageois. 

Ses  pârens  n'avaient  pour  subsister  que  le  produit  de  leur& 
bestiaux  :  ils  lui  eu  confièrent  la  garde.  Ce  fiit  en  les  &isant 
paître  dans  les  plaines  arides  du  pays,  qu'il  sentit  naître  le 
premier  désir  de  communiquet  ses  idées  sous  lenveloppe 
agrëal^le  de  la  poésie.  La  lecture  de  la  Henriade^  que  le  ha- 
sard lui  mit  entre  les  mains,  développa  ses  talens,  et,  sans 
avoir  jamais  fait  de  vers ,  il  composa  un  petit  Poème  sur  la 
rtuissance  du  Dauphin,  Il  n'avait  alors  que  dix-sept  ans.  Ce 
premier  essai  fat  bientôt  suivi  de  la  Bataille  de  Hocrai^  poème 
^de  476  vers),  Charleville^Baucourt^  i785,in-8®,  p.  a4-  ^^^ 
fit  liiommage  au  prince  de  Condé ,  sur  le  champ  même  où  le^ 
duc  d'Enguien  son  aïeul,  remporta  en  i643 la  fameuse  vic- 
toire qui  fait  le  sujet  du  poème.  Le  prince  voulant  s'assu- 
rer des  talens  du  jeune  homme,  le.fît  enfermer  dans  une 
chambre,  et  lui  donna  un  sujet  poétique  à  traiter,  qu'il  rem- 
plit avec  succès. 

Frappé  de  ces  dispositions  heureuses ,  le  petit -fils  du» 
grand  Condé  ofl'rit  au  pâtre  un  logement  dans*  soi>  palais ,  en 
attendant  qu'il  pût  le  placer  convenablement  ;  mais  le  jeune- 
et  timide  nourrisson  des  Muses,  qui  îa'était  jamais  sorti  de* 
son  pays,  ne  put  se  résoudre  à  accepter  ces  offres,  content 
de  jouir  au  sein  de  sa  famille  des  douceurs  d'une^  vie  pai- 
sible et  ignorée. 

L'abbé  Desmarais,  prieur-curé  de  Regnîowez-,  étant  par- 
venu à  vaincre  la  répugnance  que  le  jeune  Bouillon  avait  à> 
quitter  ses  parens,  le  fit  partir  pour  Keima.  L'archevêque- 
l'accueillit  avec  bonté ,  et  se  chargea  de  pourvoir  aux  frais 
de  son  éducation.  L'abbé  Lesurier,  principal  du  collège,^ 
lui  enseigna  le  grec  et  le  latin-,  et  en  moins  de  deux  ans, 
1  élève  studieux  fit  jdes  progrès  si  rapides^,  qu'il  fut  reçu 


,  i34  BOU 

eâ  rhétorique  au  collège  de  Montaign  à  I^ris,  sur  la  fin  ci<f 
1786.  Il  s^y  distingua,  et  qumqu'il  fut  un  des  bons  ëcoliers 
de  sa  classe,  il  doubla  sa  rhétorique ,  et  obtint  le  premier  ttc^ 
cessit  en  amplification  française  à  la  distribution;  générale 
des  prix  faite  à  runiversîjbë ,  le  7  août  1788. 

Son  ardeur  pour  Tétude,  jointe  a  Im  mauvaise  nourriture 
du  collège,  affaiblit  sa  constitution,  qui  n'était  pas  bi^ 
forte.  De  retour  dans  son  pays ,  il  se  umria  \  et  quelques  an- 
nées après,  il  mourut  au  Rouilly,  le  1^  avril  1795,  âgé  de 
trente-deux  atis.  L'abbé  Desmarais ,  son  bienfaiteur,  recueil- 
lit ses  derniers  soupirs.  Il  a  vu  s'approcher  la  mort,  sinon 
sans  regret,  du  moins  sans  trouble  et  sans  teriieur.  Calme  et 
résigné,  il  a  quitté  le  ihonde  comme  sàr  de  celui  où  doit  en- 
trer un  chrétien  pénétré  des  devcars  et  des  vérités  de  sa  reli'>- 
gion.  Il  avait  âé  membiis  du  conseil  général  du  département 
des  Axdennes. 

On  a  trouvé  parmi  ses  papiers  une  petite  pi^oe  de  vers  k 
M.  de  Talleyrand'^Péngord,  archevêque  de  Reims,  une 
fable,  des  réflexions  sur  le  papier-monnaie,  son  Poème  sur 
la  naissance  du  Dauphin  ^  et  un  autre  Poème  sw  saint  Louis  y 
ou  les  Croisades j  en  dousse  chants ,  dont  le  cinquième  est 
perdu.  Ces  productions  sont  inédites.  Tout  ce  qui  est  sorti 
de  sa  plume  est  caractérisé  par  la* naïveté  et  la  facilité-,  mais 
on  jr  chercherait  en  vain  cet  abandon  po^que ,  et  ces  grands 
écarts  de  l'imagination,  qui  sont  d'ordinaire  le  cachet  des 
poètes  de  la  nature. 

Bouillon  était  doux  ,  tranquille  ,  pacifique ,  laborieux  , 
méditatif,  sans  ambition.  Ses  mœurs  pures,  sa  conscience 
délicate ,  sa  modestie  et  ses  sentimens  religieux  inspiraient 
le  respect.  Il  avait  un  caractère  froid  et  sérieux ,  et  faisait  ses 
délices  de  la  vie  champêtre,  sans  doute  parce  qu'il  dtait 
convaincu  que  le  bonheur  habite  souvent  les  lidux  agrestes 
et  solitaires ,  et  <ju'Ëpicurc  avait  eu  raison  de  dire  :  Si  tu 
veux  être  heureux,  cache  ta  vie ,  bene  qui latuitj  henc  vixit. 


BOU  i3 


Cette  maxime  est  pleine  de  sem  :  pour  plaire  dans  le  monde  . 
il  fai&t  y  occuper  peu  de  place,  et  s'y  ccmceittï^r  dans  ses 
affections.  On  pourrait  appliquer  ce  distique  à  Bouillon  : 

'    Tam  javenem  senuisse  nocet,  naih  maxima  virtus 
Persnasit  mort!  ut  crederet  esse  senem. 

BOU ABON  {François  DE) ,  prince  de  Gonti  y  souverain 
de  Ghâteau-Regnault,  près  de  Charleville,  troisième  fils  4^ 
Louis  I^%  prince  de  Condé ,  tué  à  la  bataille  de  Jarnac  en 
1 569  y'Ctd'EiléoncHredeRoye,  étaitnéàlaFerté^sous-Jouanre, 
le   19  août  i558. 

a  II  défit  les  liigueurs  en  plusieurs  rencontres ,  et  soumit 

»  a  Henri  IV  presque  toutes  les  villes  du  Maine ,  de  rAnjou 

i>  et  du  Poitou.  Oh  n'est  point  étonne  qu'il  conil>attit  avec 

^  toute  la  valeur  d'un  prince  du  sang;  mais  étant  presque 

yi  sourd ,  et  si  bègue  qu'on  avait  de  la  peine  à  l'entendre ,  il 

1»  parait  singulier  de  le  voir  commander  des  armées ,  et  qu  en- 

»  suite  Henri  IV ,  pendant  la  paix  »  et  lorsqu'il  était  obligé 

»  d'aller  dan^  les  provinces,  le  nommât  toujours  pour  veiller 

»  sur  Paris ,  et  présider,  en  son  absence ,  aux  différens  con- 

»  seils.  On  prétend  que  ce  dérangement  dans  ses  oi^anes 

»  n'était  point  de  naissance  v  mais.qu'il  provenait  de  l'ébran- 

»  lement  qui  se  fit  dans  tout  son  corps ,  et  de  l'horreur  dont 

»  il  fut  saisi  y  lorsqu'au  massacre  de  la  Saint-Barthélemii ,  en 

»  iS^i,  on  vint  poignarder  Briou  son  gouverneur,  et  qu'il 

»  fut  arrosé  du  sang  de  œ  vieillard,  âgé  de  quatre-vingts  ans^ 

»  qu'il  tenait  embrassé. 

)>  Davila  rapporte  que  les  princes  du  sang ,  qui  étaient  ca- 
»  tholiques,  voyant  que  Henri  IV  difiérait  toujours  ^a  con- 
))  version ,  cœnmencèrent  à  penser,  chacun  pour  soi ,  à  la 
»  couronne  *,  que  le  prince  de  Gonti  y  était  inhabile  par  ses 
»  défauts  naturels ,  et  d'ailleurs  impuissant  j  mais  qu'il  espé- 
»  rait  que  cette  impuissance  même  qu'on  publiait,  lui  servi- 
w  rait  auprès  des  Espagnols,  et  qu'ils  le  choisiraient  préféra- 


i36  BRA 

»  blement  à  tout  autre  prince,  a6n  que  l'infante  ii''aya]i.t 
D  point  d'enÊins ,  ils  pussent  exécuter  leur  projet  d^unir  la 
»  couronne  de  France  à  celle  d'Espagne.  »  ( Saint -Foîx  , 
Hist.  de  Ford,  du  S.  Esprit.) 

Il  mourut  à  Paris  dans  le  palais  abbatialde  Saint-Germain- 
des-Prës,  le  i3  août  16149  sans  laisser  de  postérité.  Il  avait 
été  marié  deux  fois,  la  première  avec  Jeanne  de  Goësme^  en 
janvier  i58â,  morte  le  a6  décembre  1 601  -,  la  seconde  avec 
Louise  Marguerite  de  Lorraine ,  à  laquelle  nous  avons  con- 
sacré un  article.  Th.  de  Leu  a  gravé  son  portrait  in-4**>  avec 
quatre  vers  au  bas.  On  a  publié  :  Oraison  Junèbre  de  Fran-- 
çois  de  Bourbon  j  prince  de  Cority;  par  Henri  le  Maire  ^  curé 
de Saint^Sulpice.  Paris,  Huby,  i6i4>  in-4**«  ^oy.  Morëri. 

BRAZY  {Jean)y  est  plus  redevable  à  la  ville  de  Sedan 
qu'à  sa  patrie ,  car  celle-ci  ne  lui  donna  guère  que  le  jour , 
au  lieu  que  Fautre  cultiva  son  esprit ,  forma  ses  mœurs ,  et  le 
mit  à  portée  de  faire  briller  ses  talens  et  ses  vertus. 

Il  naquit  vers  i586à  Badonvillers ,  petite  ville  de  Lor- 
raine, où  les  Luthériens  ont  eu  une  église  jusqu'en  1625. 
Son  heureux  naturel,  et  la  vivacité  de  son  esprit  plurent  tel- 
lement à  Matthieu  Barthole ,  pasteur  de  cette  église,  (Ju'il 
voulut  se  charger  de  sa  première  éducation.  Brazy  lui  a  con- 
sacré un  monument  public  de  sa  reconnaissance  en  i6o4(0- 

Lorsqu'il  fut  capable  d'entrer  dans  une  académie,  on 
l'envoya  à  Sedan,,  où  le  prince  Henri  de  la  Tour  n'épargnait 
aucun  'soin  pour  rendre  les  études  florissantes.  Il  y  prit  les 
leçons  de  Donaldson ,  de  Jonston  et  de  Tilenus ,  et  soutint 

(1)  Thèses  theologicof  in.  quint um  prœce^tum  éeealogi,  prœside  Tiieno,  resp, 
Joh.  Brazyo,  BaudonviUano,  26  oct.  1604.  Sedan  ,  i6o4a  in-4**»  P»  **• — «Reve- 
»  reado  et  do^ftiss.  viro  Dn.  M..  MatihiBO Bariholo ,  vigilantissimo  atque fidelis- 
»  simo  BaudoiiTÎlIensis  ecclesi»  pastori,  stildioram  suorum  authori  ac  fautori, 
»  oiûnibus  titulis  colendo ,  hasce  thèses  in  sempiternam  débitas  obserfaflti» 
»  testimonium  dedicabat  respondeas  Brazyu».  » 


BRA  i37 

sous  ces  laaîtres  habiles  des  thèses  de  philosophie  et  de  thëo- 
logie ,  la  première  le  6  octobre  i6o4>  et  la  dernière  le  2 
juin.   1608(1)* 

LMglise  de  Phalsbourg  instruite  de  sa  capacité,  n'*attendit 
pas  qu'il  eût  terminé  ses  exercices  scolastiques ,  pour  lui  of- 
frir une  charge  de  pasteur  :  elle  lui  avait  adressé  une  voca- 
tion avant  qu'il  eût  mis  le  sce^u  à  sa  réputation  par  son 
dernier  acte  académique  (2).  Samuel  Neran,  principal  du 
collège  de  Sedan ,  le  félicita  de  cette  bonne  fortune,  parla 
pièce  qui  suit  i 

Jo.  Brazio  ad  ministerium  ecclesiœ  vocato, 

Flere  vetas ,  et  flerei  urbes ,  Brazye ,  dolori 

Frsena  meo  ponit ,  firaena  relaxât  amor. 
Gogor  amôre  meî  largos  effundere  iletus , 

Sistere  sed  fletus  cogor  amore  tui. 
Qui  teneam  lacrymas,  dum  tu  pars  altéra  nostrî , 

Alter  ego  dicis  dum  mihi  triste  vale  f 
.  Qui  fundam  lacrymas ,  dum  tu  pars  altéra  nostrî , 

Dum  voti  damnas  redderis  alter  ego? 
tiactenus  aeterno  sub  dictatore  fuisti 

Miles ,  nune  fîeri  te  jubet  esse  ducem. 

Ergo  tibi  potiiis  tantum  gratemur  honorem , 
Thesea  Firithoi  gaudia  flere  nefas. 

Ncerani poemata,  ip^^g. 

Arrivé  à  Phalsbourg,  Brazy  s'applicpia  à  remplit  tous  les 
devoirs  de  sa  profession ,  et  à  se  perfectionner  Tesprit  par 

(1)  Je  connais  huit  de  ces  thèses  ;il  s'y  nomme  dans  toutes  Baudonvillensis 
ou  Baudonviiianus.  La  bibl.  de  Sainte-Geneyiève  en  possède  trois,  sous  le 
n<*  D,  3743*  Elles  ont  été  réimprimées  p.  igo ,  54o  et  56a  de  Syntagma  Ti- 
ImiL  Genève  y  1608^  in-^<*.  Il  y  a  cii^q  de  ces  actes  académiques  à  la  bibl.  Ma- 
zarine  9  sous  la  cote  G.  i3i63.  Trois  roulent  sur  la  philosophie. 

(a)  «  De  cœlibatti  ministrorum  ecclesiae,  praeside  Tileno,  resp.  Joh.  Brazyo 
'  »  BaudoDTillensi ,  die  2  junii  160$.  Sedan,  1608,  in-4",  p.  aa.» —  «Pietate 
»  et  prudentiâ  spectatissimo  ecclesiœ  Phaltzburgensissenatuïinscribitrespon- 
•  dcns  ejusdem  ecclesiae  Pastor  designatujs.  » 


i38  BHA 

Fëtude,  et  te  cœur  par  la  pratique  des  vertus  chrétiennes  « 
Il  avait  reçu  pendant  treize  ans  les  applaudissemens  qui  ac-- 
compagnent  d'ordinaire  le  mërite ,  lorsque  T^glise  réformée- 
dé  Sedan  voulut  Tassocier  à  sa  gloire.  On  apprend  du  re- 
gistre  <les  Modérateurs  de  Tacadémie  de  cette  ville ,  qu^il  y 
arriva  en  1 62 1 ,  et  que  le  2 1  juillet  de  cette  année ,  le  conseil 
ordonna  tjfue  le  sieur  Ramboar  serait  remboarsé  des  frais  ifuil 
an/ait  faits  pour  faire  venir  à  Sedan  le  sieur  Brazy. 

Il  y  avait  long-temps  que  Brazy  travaillait  à  s'instruire; 
on  crut  devoir  remployer  à  Finstruction  des  autres.  Le  pre- 
mier octobre  1624  il  fut  nommé  principal  et  premier  régent, 
ou  professeur  de  rhétorique  du  collège  académique  de  Sed^n, 
poste  vacant  par  la  mort  de  Jacques  Cappel,  aieur  du  Tilloy . 
{Reg.  des  Modér.)  Le  P.  Norbert  s'est  donc  trompé  en  avan- 
çant, dans  son  ffisL  chronologiquey  qu^Elisabeth  de  Nassau, 
gouvernante  de  la  souveraineté  de  Sedan ,  en  Fabsence  du 
prince  Henri  de  la  Tour  son  époux,  avait  conféré  à  Brazy  la 
principalité  du  collège  de  cette  ville,  en  i6o3.  Mais  il  a  en 
quelque  sorte  rectifié  cette  erreur,  en  disant,  sous  Fan- 
née  1664,  que  Brazy  vaquait  alors  aux  fonctions  de  princi- 
pal depuis  quarante  ans.  Le  29  janvier  1629  on  lui  accorda 
une  augmentation  d'appointemens ,  pour  qu'il  continuât 
d'occuper  la  chaire  de  grec ,  dont  il  s'était  chargé  temporai- 
rement, en  attendant  qu'on  y  Mt  pourvu.  {Reg.  des  Modér.) 
Néanmoins ,  on  voit  qu'il  enseignait  encore  cette  langue  au 
collège  de  Sedan  en  i644>  et  qu'à  cette  charge  et  à  celle  de 
principal  et  de  premier  régent ,  il  joignait  encore  celle  de 
pasteur. 

Tantque  la  vigueur  de  l'âge  seconda  l'activité  de  son  zèle, 
Brazy  dirigea  l'école  académique  de  Sedan  avec  beaucoup  de 
succès,  n'épargnant  ni  temps  ni  soins  pour  ouvrir  à  ses  élèves 
toutes  les  sources  du  savoir,  et  former  pour  son  prince  et 
pour  sa  patrie  adoptive  des  sujets  dignes  de  servir  l'un  et 
d'honorer  l'autre  -,  mais  lorsque  sa  caducité  ne  lui  permit  plus 


BRA  i39 

de  tenir,  ttne  main  sévère  à  l'observance  des  sages  règlemens 
c^ui  avaient  acquis  à  ce  collège  une  juste  célëbritë ,  le  relâ- 
ctiement  s'y  introduisit.  Depuis  près  de  sept  ans  cet  établis- 
sement commençait  à  dëcboir  de  son  ancienne  splendeur  : 
les  humanités  y  étaient  faibles  y  et  les  élèves  indisciplinés. 
l>e  conseil  des  Modérateurs  voulant  couper  le  mal  dans  sa 
racine  ,  résolut  le  6  novembre  i644  '  ^^  substituer  un  autre 
principal  à  Brazy-,  mais  ce  vieillard,  mû  par  un  zèle  indis- 
cret, sembla  ignorer  un  instant  qu'il  n'y  a  plus  de  lauriers 
à  moissonner,  quand  le  dépéiissement  de  la  nature  a  signalé 
le  l>nt  où  l'on  doit  s'arrêter.  Il  s'appuya  du  crédit  de  George 
de  Ouiscard  de  la  Bourlie,  alors  vice-gouverneur  de  Sedan, 
et  mit  tout  en  œuvre  pour  se  maintenir  dans  son  poste.  (JRtg, 
des  JModér.) 

lues  Modérateurs  craignant  que  cette  opposition  ne^  causât 
la  mine  do  collège  académique,  composèrent  avec  Brazy.  Ce 
vieillard  satisÊiit  se  démit  de  son  plein  gré  de  l'emploi  de 
principal  et  de  premier  régent,  qu'il  exerçait  depuis  qua- 
rante ans,  et  renonça  à  ses  travaux  classiques.  11  eut  pour 
successeur  dans  la  principalité,  Jacques  Alpée  de  Saint-Mau- 
rice y  et  du  Rondel  dans  la  place  de  premier  régent.  Comme 
il  avait  alors  environ  soixante-dix-^huit  ans,  il  est  probable 
qu'il  ne  poussa  pas  sa  carrière  beaucoup  plus  loin.  (P.  Nor- 
bert. )  Il  est  auteur  de  plusieurs  opuscules ,  dont  les  suivans 
sont  parvenus  à  notre  connaissance. 

I.  Rketoricœ  compendùan^  qiuBStionibus  et  responsionibus 
brei^ibus  et  dilucidis  y  in  muni  collegii  S€danensis  concinna- 
tym*  Sedan,  P.  Jannon,  et  P.  Chayer,  1648,  in- 16,  p.  96. 

II.  Une  Pièce  de  vers  latins  ^  sur  le  trépas  du  ministre 
du  Moulin*,  moit  à  Sedan  le  10  mars  i658,  traduite  en 
quatre-vingts  vers  français,  par  J.  Charpentier,  et  imprimée 
à  la  page  18  du  Récit  des  dernières  heures  de  du  Moulin.  Ge- 
nève;, Chouet,*  1661,  in-S**.  • 

La  familll'  de  Brazy  subsiste  encore  dans  le  département 


i4o  BRA 

des  Ardennes.  Après  la  rëvocation  de  Véàii  de  Nantes  ,   o» 
défendit  aux  médecins  protestans  Texercice  de  leur  profes- 
sion. Alexandre  Brazy,  qui  fut  du  nombre  de  ces,  citoyens 
disgraciés,  quitta  sa  patrie,  devint  médecin  de  Kcaur.de 
Berlin,  et  membre  du  collège  supérieur  de  médecine,  (onde 
en  cette  ville  en  1 68  5 .  Il  y  est  mort  en  1714»  âgé  de  soixante 
ans .  Il  avait  concouru  avec  Barthelemi ,  docteur  en  médecine  , 
Marc  Borle ,  et  Bayle ,  pour  la  chaire  de  philosophie  de  Faca- 
démie  de  Sedan ,  que  ce  dernier  emporta. 

Henry  Brazy,  qui  avait  été  pasteur  à  Brisson  en  Nivernais,- 
se  retira  aussi  à  Berlin ,  où  il  fut  premier  aumônier  du  régi- 
ment de  Varennes,  formé  par  Jacques  Laumonier,  réfiigié 
à  Berlin  en   1686  (i).  Il  devint  ministre  à  Grambzlow, 
marche  de  Brandebourg,  en  1691  et  1695.  Il  avait  soutenu 
une  thèse  de  théologie  à  Sedan  en  1671,*  sous  la  présidence 
de  le  Blanc  de  Beaulieu.  Thèses  de  justitiâ  prind  homtms_,  an 
naturalis Jverit  vel  superncOuralis .  Sedan ,  1 67 1 ,  in-4'*.  (  Ca- 
talogue de  la  bibl.  de  Bossuet,  p.  440 
^  Us  étaient  lun  et  lautre  nés  à  Sedan  d'Etienne  Brazy, 
docteur  en  médecine ,  conseiller  des  Modérateurs,  et  profes- 
seur de  philosophie  à  Facadémie  de  cette  ville,  lequel  avait 
pour  père  Jean  Brazy,  à  qui  nous*  avons  consacré  cette  no- 
tice. Nous  présumons  que  Pierre  Brazy,  pasteur  à  Wesel, 
était  fils  d'Henri ,  ministre  à  Grambzlow.  On  a  de  lui  :  «  Ré- 
a  flexions  sur  V humilité  chrétienne  ,•  Tune  sur  Tamour  de  Dieu 
»  et  lautre  sur  la  tiédeur  dans  le  service  de  Dieu.  »  Utrecht, 
1706,  in-i2,  p,  358.  (Bibl.  du  roi,  D.  2.  i382.) 

Selon  Erman ,  les  Brazy  tiraient  leur  origine  de  Ghâtillon- 
sur-Loing,  d  une. famille  de  robe  très  honorable,  (itfem.  du 
Refuge,  t.  I,  p.  324;  t.  II,  p.  igS-,  t.  ni,p.  377-,  t.  IV, 
p.  i34  et  154  -,  t.  VIII,  p.  326,  33p  et  331.^  t.  IX,  p.  64.) 

(1)  Marquis  de  Varennes,  natif  de  Vaiui-Ghauipagne ,  canton  d'Attigny. 


»        «       V         ji* 


BRE  14 1 

KREtJX  (^ Baudouin  TiE) y  second  gt^néral  de  la  cotigrifga- 
tion  des  prêtres  de  la  Doctrine  chrétienne,  vit  le  jour  à  Mt^- 
zîèrfes-sur-Meuse ,  vers  1600,  selon  le  témoignage  du  père 
Baizë  ,  son  confrère  (i).  D  après  la  carrière  qu'il  a  fcnirnie, 
il  est  permis  de  croire  qu'il  avait  été  élevé  dans  le  sein  des 
lettres  et  de  la  vertu.  Ses  études  achevées,  il  forma  le  des- 
sein d^ntrer  dans  un  ordre  religieux ,  où  il  pût  s'occuper  de 
son  salut  et  de  celui  du  prochain.  L'institut  des  Doctrinaires, 
établi   en   1 5g2 ,  venait  d'être  mis  au  rang  des  corpora- 
tions régulières  (12)  *,  et  comme  sa  fin  principale  était  de 
catëcbiser  les    enfans  et  d'instruire  le  peuple  des  prin^ 
cipes  de  la  foi,  notre  jeune  Ardennais  l'embrassa  par  goût, 
et  après  l'année  d'épreuve,  il  prononça -ses  vœux  à  Tou- 
louse ,  en  1618. 

Sa  congrégation  ayant  formé  plusieurs  établissemens-dans 
la  capitale,  vers  i63o,  le  père  de  Breux  alla  s'y  fixer,  et 
comme  il  se  fit  bientôt  remarquer,  autant  par  ses  talens  et 
son  zèle  pour  le  salut  des  âmes ,  que  par  la  régularité  de  ses 
mœurs ,  on  l'élut  premier  supérieur  de  la  province  de  Paris, 
en  1647*  Ii^struit  que  les  divisions  causées  par  la.  réunion 
des  Doctrinaires  aux  somasques  italiens,  allaient  toujours 
croissant,  le  pape  Innocent  X  les  sépara  en  16479  et  rendit  la 
congrégation  de  la  Doctrine  chrétienne  à  l'état  séculier,  sous 
un  général  particulier  et  français.  (Bref  du  3o  juillet  1647»  ^^ 
trois  autresbrefsconfirmatifs  de  celui-ci,  des  an.  i652à  1654.) 

(1)  «GompendiTTÎtae  Patris  de  Bus  auctorem  esse  R.  A.  P.  Balduinum  de 
»  Breux ,  atun.  congregationis  pnepositum  generalem ,  Gampaniiin ,  ex  nrbe 
»  Macerianim,  vitâ  functum  in  hâc  domo  (S.  Garoli) ,  8  feb.  1668,  testati 
»  sunt  unâ  Toce,  quot  quot  consului  seniorës  nostii.»  (Cat.  MS,  de  ta  bibi, 
de  la  Doctrine  chrét.,  t.  IX,  p.  489,  déposé  à  la  bibl.  de.  l'Arsenal.) 

(a)  Depuis  leur  origine,  les  Doctrinaires  ne  formaient  qu'une  corporation 
de  prêtres  séculiers,  liés  par  des  vœux  simples.  Un  bref  de  Paul  V,  du  17 
ayril  1616,  leur  permit  de  faire  des  vœux  solennels,  et  unit  leur  congrégation 
à  celle  des  religieux  somasques  d'Italie,  pour  former  avec  eux  un  corps  régu- 
lier, et  les  soumit  au  supérieur  général  des  somasques. 


i42i  BRE 

L'emploi  de  provincial  que  le  Père  de  Breux  exerçait  avec 
distinction  depuis  plusieurs  ann^^es  y  était  uù  acheminement 
au  g(3néralat.  Il  y  parvint  en  «ffet  en  i6j3  ,  succédant  dans 
ce  poste  éminent  à  un  orateur  d'un  mérite  distingué  ,1e  Père 
Hercule  Âudif&et,  oncle  et  maître  du  célèbre  Fléçhier,  de- 
venu le  rival  du  grand  Bossuet  pour  Foraison  funèbre  ,  et  le 
modèle  de  Tharmônie  oratoire.  La  manière  dont  il  s^aoqiiitta 
de  se^  {onctions,  prouva  que  le  choix  de  ses  confrères  avait 
été  Élit  avec  maturité.  Il  les  remplit  jusqu'en  1667,  époque 
où  Alexandre  YII,  par  un  bref  du  5  mars,  convoqua  un 
chapitre  général  extraordinaire  à  Avignon ,  pom*  procéder 
à  l'élection  de  nouveaux  supérieurs ,  qui  exécutaâseat  à 
la  lettre  les  bre£s  d'Innocent  X,  son  prédécesiseur,  mort 
en  i655. 

Après  la  clôture  de  cette  assemblée  y  le  Père  dç  Breux,  af- 
franchi des  soins  de  la  supériorité,  et  rendu  à  lui-même, 
revint  demeurer  à  Paris,  dans  la  communauté  de  Saint* 
Charles ,  où  pendant  onze  ans  il  consacra  à  la  prièi^  et  à 
rétude  tous  les  momens  que  Tobservance  de  sa  règle  et  la 
direction  des  âmes  ne  réclamaient  pmnt.  Il  y  mourut  le 
8  février  1668,  avec  la  réputation  d'un  homme  de  bien 
que  les  ailaires  de  sa  congrégation  n'avaient  janxais  détourné 
de  ses  devoirs  religieux.  Les  Biographes  qe  Font  point 
connu,  n  a  publié ,  sous  le  voile  de  l'anonyme  .* 

abrégé  de  la  Fie  du  vénérahle  César  de  Bus ,  fondateur 
de  la  congrégation  de  la  Doctrine  chrétienne  y  par  un  Père  de 
la  même  congrégation  :  imprimée  en  téta  des  Instructions  fa- 
milières de  César  de  Busj  sur  le  catéchisme  romain ,  Paris, 
Josse,  1666,  in-S***,  lY.^  imprimé  séparément;  As^ignon^ 
1697,  in-ia ,  et  à  Paris  et  ailleurs,  in-i8  et  in-24*,  it*^  tra- 
,duit  en  italien  par  le  Père  Joseph  BorJgUoni,  doctrinaire, 
avec  ce  titre  :  «  Compendio  délia  vita  de!  ven.  Cesare  At 
»  Bus ,  fondatore  délia  congr.  doctrinae  crist.  scrittâ  in  Fran- 
»  cesce ,  da  un  padre  delUs^tessa  congr.  e  tradotta  in  italiano 


BRI  143 

^  A.B.  tm  altro  délia  Medesinia.  »  In  Ronuiy  D.  A.  Ercole, 

La  famille  de  Breux  sulDisiste  encore  à  Foulsy,  canton  de 
Rumigny. 

Gai.  Ch.^  t.  Ylly  p.  g66  et  seq.  ;  Fontette,  BM.  hxst., 
ti***  io85o  et  11007. 

'  BRIQUEMAULT  {Hznri  DE>  seigneur  de  Saint-Loup- 

aux- Bois ,  canton  de  Tourteron,  membre  du  conseil  des 

Modérateurs  de  Tacadémie  de  Sedan ,  lieutenant-général  de 

la  cavalerie  de  la  sérénité  électorale  de  Brandebourg ,  figure 

parmi  les  bienfaiteurs  des  colonies  protestantes  qui  se  fixèrent 

dans  ce  pays ,  après  la  ré  vocaticm  de  Tédit  de  Nantes^  en  1 685 . 

Se  prévalant  .de  la  liberté  que  cet  édit  accordait  aux  Calri- 

niste^  9  il  avait  établi  Texercice  de  la  religion  réformée  dans 

sa  terre  de  Saint-Loup ,  sous  la  conduite  du  jeune  ministre 

Fetîzon ,  Sedanois  *,  mais  ayant  prévu  le  sort  dont  les  églises 

protestantes  françaises  étaient  menacées,  il  se  retira  dans  le 

Brandebourg,  en   1681,   avec  son  pasteur.   Sa'  réputation 

Tavait  devancé  dans  ce  pays ,  et  il  y  reçut  1  accueil  le  plus 

gracieux,    surtout  de  Télecteur  Frédéric  -  Guillaume  -  le - 

Grand. 

.    Chaîné,  en  i685 ,  de  recueillir  les  réfugiés  qui  affluaient 
en  Wesfphalie ,  il  leur  distribua ,  à  Taide  des  collectes  faites 
pour  eux,  dabondans  secours.  Ce  fut  par  ses  soins  que  se 
formèrent  des  colonies  à  Lippstadt,  à  Ham,  à  Soèst,  à  Miden 
et  en  d  autres  lieux  de  ces  provinces;  et  il  contribua  puis- 
samment à  la  fondation  des  églises  françaises  de  Cîlèves ,  de 
Wesel ,  d'Emmerich  et  de  Duysbourg.  La  réputation  et  le 
crédit  dont  il  jouissait,  attirèrent  dans  ces  contrées  beaucoup 
dé  j&milles  nobles  réfugiées,  et  une  foule  de  militaires  frah* 
çais  calvinistes,  qui  s'enrôlèrent  dans  les  régimens  wes*- 
phàliens..  Ainsi  la  France  croyant  ne  perdre  qu'un  seul 
homme ,  que  Tintolérance  cjiassait  de  son  sein ,  en  perdait 


1 


i44  BW 

avec  lui  une  multitude  d'autres,  dont  plusieurs  ont  (ait  la 
gloire  du  refuge. 

Dès  Tannée  i683,  de  Briquemault  eut  un  regimbent  de 
cuirassiers  de  six  escadrons ,  qu^on  augmenta  de  quatre  en 
i685.  Cette  année  Fëlecteur  lui  donna  encore  un  de  ses  plus 
anciens  régimens  d'infanterie.  Ces  deux  corps  se  remplirent 
d'officiers  français ,  le  nom  seul  de  Briquemault  étant  pour 
eux  un  point  de  ralliement-,  car  ils  retrouvaient  en  lui  le 
digne  descendant  d'ancêtres  fameux  par  leur  bravoure,  et  par 
leur  zèle  pour  le  protestantisme.  Il  devint  ensuite  gouver- 
neur de  Lippstadt,  où  il  établit  des  manufactures  auxquelles 
la  cour  fournit  des  sommes  considérables*,  et  il  fut  depuis 
promu  au  grade  de  lieutenant-général.  Etant  mort  à  Lipp- 
stadt en  i6ga,  on  l'inhuma  dans  la  cathédrale  de  Wesel-. 
Son  tombeau  est  revêtu  d'une  inscription  allemande ,  dont 

voici  la  traduction  : 

* 
Henri,  baron  de  Briquemault,  seigneur  de  Saint-Loup ,  Uew* 

tenant^général  de  caç^alerie  de  S.  S,  électorale,  colonel  d'infan^- 

terie  et  de  caçaUrie,  et  gouifemeur  de  Lippstadt,  mort  le  i6  août 

1692. 

Cette  mort  fut  pour  les  églises  westphaliennes  réformées 
une  perte  irréparable , -et  uhc  des  causes  principales  de  l'af- 
Êiiblissement  et  de  la  décadence  de  la  plupart  des  colonies  de 
ces  contrées  1  Le  baron  de  Briquemault,  qui  se  signala  tou- 
jours par  son  attachement  pour  l'électeur  son  maître ,  était 
aussi  religieux  qu'il  pouvait  l'être  au  sein  du  calvinisme 
dont  il  faisait  pijpfession ,  et  joignait  à  des  mœurs  douces  et 
réglées  une  ame  forte  et  naturellement  humaine.  Sa  maison 
était  constamment  ouverte  à  tous  les  Français  fugitifs ,  et 
particulièrement  à  ceux  de  l'île  de  France  et  de  la  pro-  , 
vince  de  Champagne.  • 

Il  a  partagé  avec  le  comte  de  Beauvau  la  gloire  d'avoir 
été  un  des  principaux  promoteurs  de  l'établissement  des  Ré- 


BRI  145 

fagiés  dans  le  Brandebourg.  La  réputation  qu^il  s'est  acquise 
dans  le  service  militaire ,  comme  sôus  d^autres  rapports ,  le 
place  à  côté  de  ses  illustres  aïeux ,  qui  depuis  long -temps 
jouissaient  en  France  d'une  considération  due  à  leur  courage 
et  à  leur  vertu.  Il  avait  épousé  Marie  de  Meaux ,  laquelle 
<x>ii  tracta  un  second  mariage  avec  le  général  Dorthe ,  réfugié 
IMessin ,  qui  parvint  aux  premiers  grades  de  Farmée. 

La  Ëimille  de  Briquemault  était  une  des  plus  distinguées 

de  France ,  et  tenait  le  premier  rang  parmi  les  seigneurs  de 

la  communion  réformée.  DeThou,  Gastelnau,  Brantôme  et 

les  Mémoires  du  temps  en  font  la  mention  la  plus  honorable. 

Em   1 559  un  Briquemâultyù^  enyoyé  vers  François  II  pour 

les  itffcdres  de  ceux  de  la  Religion,  C'est  le  même  qui ,  le  3  oct. 

I  569 ,  après  la  défaite  des  Protestans  à  Moncontour,  rallia  les 

troupes  dispersées j  et  les  ramena  aux  princes.  Ayant  été  blessé 

à  la  jambe  quelques  jours  avant  la  bataille  de.Jarnac,  le 

1 3  mars  de  la  même  année ,  il  avait  reçu  Louis  I"^',  prince 

de  Gondé ,  et  Tamiral  de  Goligni ,  qui  s'étaient  rendus  chez 

lui  pour  tenir  conseil.  Le  prince  ayant  laissé   échapper 

quelques  mots  qui  semblaient  insinuer  qu'il  aspirait  à  la 

couronne,  Briquemault  lui  adressa  ces  paroles  :  «  Monsieur, 

»  il  semblerEÛt  par  votre  dire  que  vous  tendriez  plus  à  Fam- 

»  bition  qu'à  la  religion  ^  je  vous  laisse  quitte ,  si  vous  ve- 

)>  nez  là  ',  prenons  le  parti  de  Dieu ,  autrement  je  me  retire.  » 

a  n  est  probable  que  ce  brave  et  honnête  Briquemault  est 

»  celui  que  Charles  IX  eut  la  barbarie  de  faire. exécuter  en 

»  place  de  Grève ,  après  la  Saint-Barthélemi  (en  1 672),  avec 

»  Arnaud  de  Gavagne ,  conseiller  au  parlement  de  Toulouse. 

»  Le  roi  assista  au  supplice  comme  à  une  partie  de  plaisir. 

))  Si  Louis  XI  était  le  compère  du  bourreau,  Charles  IX 

»  était  bien  digne  d'en  être  l'ami  (i).  Les  Réformés  rempor- . 

(1)  Ces  deux  vieillards  sezagéoaîres  furent  tridnés  au  supplice  sur  des  claies , 
comme  les  plus  vils  scélérats  ;  et  dans  la  marche ,  une  population  brutale  les 
couvrit  de  fange  9  en  vomissant  contre  eiu  les  plus  horribles  imprécations. 

TOME  I.  10 


1 


i46  BRI 

»  tèrent ,  après  la  Saint-Barthëlemi ,  assci  d^a vantages  pour 
»  que  la  cour  se  vît  oWigë  à  mollir,  à  désavouer  les  fureurs 
îi  dont  elle  s'était  rendue  coupable ,  et  à  iSatter  ceux  qu'eUe 
»  auiait  voulu  dëtniire.  On  rëhabilita  donc  en  1676  la  Tné- 
))  moire  de  Briquemault,  ainsi  que  celle  de  Coligni ,  de  Ca-^ 
\>  vagne  et  de  Montgommeri.  »  (Emian,  Mém.  du  Réfitge^  t.  II , 

p.  123)',  voy.  aussi  t.  ï,  p.  i!î4?  ^^^?  ^4^  ?  *•  ^I?  P-  '79> 
190 ,  d''ou  cette  notice  est  extraite. 

En  1676  un  Briquemault,  colonel,  était  détenu  à  la  Bas- 
tille, pour  avoir  eu  le  malheur  de  déplaire  à  un  ministre; 
mais  il  fut  élargi  k  la  demande  du  comte  de  Chamilly,  gou- 
verneur de  la  Grave.  (Mém.  et  anecdotes  pour  servir  à  la  mai' 
son  de  Bourbon j  t.  Il,  p.  376.) 

BRIZâRD  (Nicolas)  tient  un  rang  distingué  sur  le  Par- 
nasse latin  des  Ardennes.  Ne  au  bourg  d'Attigny,  vers 
l'an  1520  (1),  il  fit  ses  études  à  Reims,  et  se  sentit  dès  lors 
plein  de  ce  feu  divin  qui  animé  ceux  qui  sont  nés  poètes. 

La  lecture  d'Ovide  lui  inspira  de  bonne  heure  le  désir  de 
l'imiter,  et  d'essayer  si  des  métamorphoses  de  sa  façon  pour- 
raient avoir  du  succès.  Les  diverses  fot*mes  que  peut  prendre 
l'amour  pour  s'insinuer  dans  le  cœur  et  pour  se  Fassurer,  lui 
parurent  offrir  le  sujet  le  plus  susceptible  de  poésie ,  et  le 
plus  propre  à  exciter  de  l'intérêt  :  il  s'y  arrêta.  Ce  dessein 
fut  exécuté  en  Allemagne,  où  il  était  alors  attaché  k  une  fa- 
mille espagnole ,  en  qualité  de  précepteur.  Ses  poésies  som- 
meillaient depuis  sept  ans  en  portefeuille  :  vaincu  par  les 
instances  de  ses  amis ,  il  consentit  enfin  à  l^s  pnblier.  11 
professait  alors  les  beliesJettres  au  collège  de  la  Marche  à 

Après aToir  été  étranglés,  on  leur  ûla  iQstfu'à  leur  chemise,  comme  si  on 
eût  Toulu  leur  faire  subir  un  nouveau  supplice  encore  phis  ignominieux  après 
leur  mort.  I 

(i)  On  n*a  pu  préciser  i'époque  de  sa  naissance ,  les  registres  d'Attignjfie 
remontant  qu'à  Tannée  i6»8. 


BRI  147 

Paris  (^i).  Ges  détails  sont  consignes  dans  sa  dédicace,  da- 
tée de  cette  ëcole  célèbre,  du  14  des  calendes  d'octobre  i556. 
Ktant  k  Venise,  vers  Fan  1 648 ,  il  se  trouva  dans  un  ëtat 
de  dénuement ,  dont  leffet  ordinaire  est  de  refroidir  le  génie 
et  d''éteindre  Fimagination  :  malaise  qu^ëproUvent  assez  sou- 
vent les  gens  de  lettres  tout  occupes  à  recueillir  les  richesses 
de  l'^e^prit.  Pierre  de  Selve  était  alors  ambassadeur  dans  cette 
capitale,  pour  le  roi  Henri  IL  Briisard  rencontra  en  lui  un 
Mécène  lil)éral.  La  voix  de  la  reconnaissance  de  fit  entendre  : 
il  luidëdia.ses  Métamorphoses-,  et  ce  qui  honore  infiniment 
son  cœur,  c'est  que  dans  sa  dédicace ,  il  rappelle  la  situation 
malheureuse  où  il  s'était  trouvé ,  et  publie  ensuite  la  généro- 
sité de  son  illustre  bienfaiteur  •  Nom  recordor^  dit-il  ^  tuam 
erga  me  venetus  afflictum  beneficientîdtnj  dum  tu  commissam  à 
christianis.  regc  Henrico  legdUùnem  ùbires» 

Notre  poète  eût  sans  doute  laissé  des  traces  plus  profondes 
de  son  passage  sur  1^  Parnasse 9  si  le  sort  ne  lavait  enlevé 
trop  tôt.  £n  i365,  il  fat  victime  d'une  épidémie  qui  frappa 
un  grand  nombre  de  ses  élèves,  et  qui  aurait  pu  avoir  des 
suites  plus  funestes  sans  les  secours  et  l'habileté  du  docteur 
Ravin.  Sa  perte  prématurée  excita  les  plus  vifs  regrets. 
Charles  Gilmer  de  Tourteron  les  a  exprimés  d'une  manière 
aussi  noble  que  touchante ,  dans  un  discours  prononcé  au 
collège  de  la  Marche ,  le  3o  septembre  de  la  même  année  : 
a  Te  ne  verô ,  y  dit-il  j  mi  Brizarde,  prseteream ,  in  cujus  la* 
))  bris  videntur  ab  ipsis  incunabulls  Mtc&se  insedisse,  tàntud 
»  lepos,  tanta  venustas,  tanta  facundia  in  oratione  tua  re- 
»  lucebat?  Sed  ut  sunt  res  humanae,  non  permisertmt  superî 
)>  ut  ad  portum  tuam  navim  deduceres.  En  enim  dum ,  ut 
))  alter  Thelamon ,  nâvigationis  mercedem  expectas ,  vitam , 
))  communi  no^trâm  omnium,  malo ,  cum  morte  commutas , 

(1)  Lapierre ,  né  à  Puilly,  près  d* Yvois ,  a  été  principal  de  ce  collège.  {Ann, 
d'Yvois,  p.  a  12.) 

lO.» 


i48  BRI 

»  ut  propè  omnes  ad  unum  qui  navi  tuse  commissi  erant 
)>  naufragium  expectapent ,  nisi  unus  accessisset  Ra^inus  in 
i>  HyppocratÎGO  mari  versatissimus  y  qui  jam  penè  eversam 
»  tuam  navim  summis  extulit  undis.  »  {Oràtio  in  classe  Mcw- 
chianorum  habita  pridie  cal*  oct*  1 565.) 

On  remarque  dans  le  Recueil  des  poésies  de  Nicolas  Ghes- 
neau  de  Tourteron,  publiées  à  Paris  en  1553,  une  épi- 
gramme  et  un  hendécasyllabe ,  adressés  à  Brizard.  Nous 
rapporterons  d^autant  plus  volontiers  la  première  de  ce& 
pièces  y  qu^elle  nous  a  paru  un'  des  plus  beaux  monumens 
•élevés  à  Famitié. 

iBquoreas  potiÙB  cœlum  labetnr  in  andas , 
Ursave  durupto  stellati  vertice  codi 
Terrenis  semper  rutilans  insederit  oris  ; 
Auricomus  teoebras  vîtiato  lamine  Titan , 
Noxve ,  dabit  lucem  priùs  ;  aut  elementa  peribant  ; 
Aut  cassus  remm  reddetur  amabilis  ordo  ; 
Ant  populos  unus  varios  demulserit  Orphens  ; 
Aut  segetem  palmes  ;  sejg^es  aut  spomantia  fand«t 
Pocula  ;  fluctisono  ant  strepitu  scylla  carebit  y 
Quàm ,  Brizarde ,  tuum  mea  perdant  pectora  nomen. 

Epigram,,  lib.II,  foi,  3u 

Ses  ouvrages  : 

I.  Cruenta  syllogismorum  diatecticorum/ornuiy  per  N.  Bris- 
sardum^Aihiniensem  Rhemum.  Paris,  Vascosan  (s.  d.),  in-8% 
fol.  a8  (BB.  Maz.,  C.  27641).  Ch.  Gilmer,  Ardennais,  a 
depuis  traité  le  même  sujet  en  vers  latins. 

Cet  opuscule  en  prose  est  dédié  au  jeune  Nicolas  de 
Joyeuse,  abbé  de  Belval  en  i545.  A  la  fin  de  sa  dédicace, 
Tauteur  explique  ainsi  son  sujet  : 

Qnae  pacem  coluit  dialectica ,  concipit  iras 

Ad  bellnm  :  pugnax  arma  craenta  rapit. 
Barbara,  celaient,  sophiae  duo  Inmina nostr», 

Alter  in  alterins  dépérit  interitum. 
Hic  réparât  vires  animumque  ad  prselià  fortem. 

Induit  :  ille  hostes  impetit  arte  suos. 


.j 


BRI  i^g 

lUinc  corniciiiës,  illinc  et  classica  Martem 
Extimalant,  bello  quod  fit  in  ancipiti. 
Senserat  extremam  dialectica  penè  ramam , 
-  Sed  belli  extinxit  pax  ioopina  faces. 

Vient  ensuite  ce  distique  au  lecteur  : 

Quîsqois  amat  dulces  reram  placidosque  lepores , 
Perlegat  haec,  sophUe  dogmata  quisquîs  amat. 

On  voit  assez  que  c  est  une  critique  badine  de  la  philoso- 
phie scolastic[ue ,  dont  on  a  si  étrangement  abuse.  L'ironie 
est  parfaitement  soutenue  dans  cette  bagatelle  ingénieuse. 
On  y  trouve  de  la  saillie,  du  trait,  et  de  la  plaisanterie  fine 
et  ddliëe.  L^auteur  s* y  montre  familiarise  avec  les  subtilités. 
de  Vëcole*,  ce  qui  suppose  qu^il  s^était  arrêté  dans  les  landes 
de  la  scolastique,  avant  que  de  gravir  le  Mont -Parnasse. 
La  Monnoye  dit  que  Fouvrage  d'André  Guama ,  intitulé 
Guerre  grammaticale  des  deux  rois  _,  le  Nom  et  le  Ferbe  ,  com- 
battons pour  la  principauté  d'oraison  j  a  servi  dç  modèle  a 
Brizard.  (Du  Verdier,  BB.Jr.j  t.  I ,  p.  70.) 

II.  Métamorphoses  amorisj  quibus  adjectœ  sùnt  elegiœ 
amaioriœ  :  orrtnia  ad  imitationem  Os^idii  (tjuoad  licuitj  con- 
scripta  et  elaborata.  Paris,  Jean  Hulpeau,  i556,  in-S**,. 
fol.  56.  {BB.  du  roi,  2080.  Y.) 

Li^ouvrage,  divisé  en  deux  parties,  contient  vingt  mé- 
tamorphoses et  seize  élégies.  Dans  celles  -  là ,  FAmour  se 
change  en  neige ,  en  miroir,  en  bouquet ,  en  polype ,  en  cha- 
pelet ,  en  pie ,  en  flèche ,  en  âne ,  en  satyre ,  en  glaive  à  deux 
tranchans,  en  puce ,  en  fleuve,  en  pommes dW,  en.plusieui:s 
autres  formes,  et  enfin  en  rien ,  innikilum  :■ 

Dnmque  putat  manibus  jam  jam  retinere,  paratque 
Dicere,  nimc  nostra  es.  Fngit  licet  ocras  Euro 

Non  rediturus  amor  :  tum  seGytherius  héros 
In  nUUium  vertit ,  sedesqne  révisât  avitas. 

Sous  ces  fictions  assez  ingénieusement  inventées,  lauteur 


BRI 


a  eu  en  vue  d'exprimer  les  dift'érens  eii'etâ  d'une  passion  dont 
il  se  faisait  gloire  d^être  agite  ;  c'eàt  du  moins  ce  qu'on  peut 
inférer  de  la  devise  cju^il  prend  à  la  fin  de  louvrage:  ^mori 
usque  ad  aras.  Il  a  assez  bien  saisi  la  tournure  d'Ovide  \  mais 
il  fest  fort  au-dessous  de  son  original,  sous  le  rapport  de 
la  délicatesse  des  sentimens  «t  de  la  finesse  des  pensées. 
Ovide  (i)  était  un  poète  de  cour,  Brizard  u'était  inspiré  que 
par  une  muse  vulgaire ,  et  il  avait  souvent  à  lutter  contre  Tin- 
fôrtune.  Il  dit  lui-même  dans  la  ix®  métamorphose  :  Non 
bene  pauper  amat. 

Ses  élégies  sont  écrites  avec  beaucoup  plus  de  feu.  D  y 
célèbre ,  sous  le  nom  de  Chloris,  la  beauté  d'une  jeune  per- 
sonne dont  il  était  épris.  L'*imagination  seule  lui  a  fourni  les 
desseins  de  ses  métamorphoses  *,  le  fonds  de  ses  élégies  était 
tiré  de  son  propre  coeur.  On  comprend  dès  lors  quelle  dîfiÎB- 
rence  il  doit  y  avoir  entre  les  unes  et  les  autres.  Il  nous  ap- 
prend que  la  maîtresse  imaginaire  qu'il  s'est  forgée ,  pour 
figurer  dans  ses  métamorphoses ,  afin  de  pouvoir  satisfaire  la 
passion  qu'il  avait  de  versifier,  était  une  Bruxelloise ,  filçuse 
de  laine  y  qu'il  nomma  Flore  :  Fuitautem  Flora  j  puella  (juce- 
dam  Bruxellensisj  lanifica^  quant  amabatpoeta.  (^Métam.  amo- 
risj  p.  3.) 

La  poésie  de  Brizard  est  fen  général  montée  au  ton  très 
libre,  que  se  permettaient  ceux  qui  avaient*  ramené  en 
France  les, muses  latines. 

François  Habert  d'Issoudun  a  imité ,  et ,  pour  ainsi  dire , 
traduit  les  seize  premières  métamorphoses  de  notre  poète , 
sous  ce  titre  :  Métamorphoses  de  Cupidon  ^  Jâs  de  la  déesse 
Cithérée^  qui  se  mua  en  diverses  formes .  Paris,  Jean  Kerver, 

(i)  Le  plus  bel  esprit  de  son  siècle  et  le  phis  galant ,  inimitable  dans  sa  fa- 
cilité d'exprimer  tous  les  mouvement  de  l'amc,  et  ^i  aurait  été  sans  défaut, 
s'il  eût  sa  maîtriser  son  imagination.  Brizard  aurait  pu  lui  préférer  Tibulle  ; 
car  cbes  celui-«i  c'est  toujours  le  cœur  qui  parle  au  cœur,  tandis  qtte  chez 
Ovide  c'est  souvent  l'esprit  qui  parle  à  Hmagination. 


BRO 


131 


i56i,  in-S^.^L'abbe  Goujet  dit  qu'Habert  n a  pas  ooramé 

Brizard,  et  que  lorsqu  otn  compare  les  Métamorphoses  de  ce 

dernier  avec  celles  de  Tautre ,  on  rabat  extrémemeat  du  pn^- 

iendu  génie  inventeur  d'Habert ,  et  qu  on  ne  lui  laisse  plus 

que  le  mérite  de  copiste  et  de  traducteur.  {Bïbl.fr.^  t.  XIII^ 

p.  4^  9 1*  XI V^  p»  4^9.)  C'est  à  tort  que  du  Yerdier  a  donné 

1  ^ouvrage  d'Habert,  sous  ce  titre  :  «Les  Métamorphoses  de 

»  Gupidon ,  qui  se  mua  en  diverses  formes ,  le  tout  traduit 

»  des  vers  de  Nicolas  Brizard^  natif  d'Attigny,  en  son  opus- 

»  cule  intitulé  :  Métamorphoses  amoris.  Paris,  i56i,  inoS"".  » 

Un  huitain  de  Nicolas  Ghesneau ,  adressé  à  son  ami  Bri-. 

zard  sur  son  livre  des  Métamorphoses ,  terminera  cette  notice. 

Mutatas  homînum  dicenHa  carmina  formas 

Felignus.  Bilirà  prodidit  arte  sepe^  : 
At  varioft  vultas  aaimO ,  BrizardQ ,  sagaei 

Quos  fubiit ,  cantas  ingeniosus  Âmor. 
Protea ,  Tel  polypam  nobis  qui  fingis  Amorem  , 

me«  utisèà  teadant  qm^miiii  uJa  tiii  p 
-     Te  vaxiia  cxedAJ»  P«pibii  monstxare  figuria , 

Quôd  YaHo  huilait  p««t(kra  noatra  mpdo. 

(A  la  suite  de  k  dédicace  des  JM.  de  Brizard,) 


BROUËT  (^Jean),  né  à  Cbateau-Regnauh-sur-Meuse , 
vers  Fan  ï55o,  cultivait  la  poésie  latine^»  La  considération 
publique  dont  il  jouissait^  le  fit  nooLnu^r,  le  io  octobre  1 574, 
Tun  des  procureurs-syndics ,  pour  assister  à  l'assemblée  où 
fut  rendue  la  fameuse  Sentence  générale  des  terrés  som^ercùnes 
de  Chdteaur-Regncadt j  du  la  avril  1576  (Charleville ,  1764, 
in-4*'),  et  où  les  droits  de  souver^jjo^té  absdue  de  Henri  de 
Lorraine,  duc  de  Guise,  furent  tellement  reconnus^  qu'z/ 
powait  se  dire  et  nommer  roi  ou  empereur ^  porter  couronne 
dor  ou  d'acier.  Brouet  est  nommé  deux  fois  dans  le  préam- 
bule de  cette  sentence ,  prononcée  en  présencie  du  procureur 
général  du  prince ,  et  de  Nicolas  Ducloux ,  son  bailli ,  par  Fran- 
çoi3  d'Ambly,  écuyer,  gouverneur  général  de  ces  terres.  On 


1 52  BRO 

ignore  le  lieu  et  Fëpoque  de  la  mort  de  Brouet.  Il  est  stu^ 
teur  de  trois  pièces  de  vers,  imprimées  en  1 687  à  la  fin  de  I» 
chaîne  ou  arbre  éncyclopëdiqiie  des  sciences  et  des  arts  libd-^ 
raux,  ouvrage  rarissime  de  Christophe  de  Sayigny,  Rethe^ 
lois.  La  première  de  ces  pièces  est  adressée  à  Louis   de* 
Gonzague ,  prince  souverain  d'Arches ,  duc  de  Nevers  et  de 
Rethel*,  la  deuxième  à  Ghr.  de  Savigny,  et  à  Nicolas  Bei^e— 
ron,  éditeur  de  Touvrage^  la  troisième  roule  sur  Fart  de 
rimprimerie.  La  deuxième  est  employée  dans  Farticle  que 
nous  avons  consacrée  à  Savigny.  Voici  les  autres  : 

j4d  inçictissimum  ac  illustriss,  principem  et  ducem  Nwer— 

nersem,  etc. 

Mente  manûque  potens  et  binft  Palladis  hastâ 

Ârmatus ,  socias  Martis  et  artis  opus  : 
Doctrinà  dudnm  validisque  potentipr  armis , 

Armis  Tydiden,  mente  refers  Ithacum. 

Sub  tua  signa  merens  per  ntmmqne  Savigniut  acer 
Te  sequitnr,  tantum  et  gaudet  habeie  ducem. 

Ergo  ceu  Phœbus  spatioso  prsesidet  orbi  : 

Sic  princeps  multis  gentibus  ipse  praees.^ 

f/oan.  Brouetius  obtervantiœ  et  obsequiinomine  hoc  appoiuit, 

Prœfatus  Brouetius  Bibliopolanan  admirabilem  Artem  miratur, 

Respice ,  Musa ,  viros  nnllis  nunc  arte  secundos , 

Carminé ,  jam  laudet  Musula  nostra  TÎros. 
Triptolemi  sanè  cuperem  conscendere  currus , 

Germanûm  cunctis  cognita  fama  foret. 

Musa. 

Talia  crede  mibi  virtutis  praemia  non  sunt  : 

Tirtus  ingenio  tanta  colenda  tuo  est. 
Ut  sine  Phœbea  nox  umbra  lampade  terras 

Sic  sine  Germanis  pagina  nuUa  foret. 


CAB  i53 


c. 


C  ABRISSËAU  (Nicolas)^  fut  un  de  ces  hommes  nës  sous 
une  mauvaise  étoile ,  presque  toujours  malheureux  avec  du 
mërite  et  de  la  vertu ,  et  sur  qui  la  fortune  aveugle  se  plaît 
à  épuiser  ses  rigueurs. 

Michel  Cahrisseau  et  Perette  Bayot,  ses  parens,  étaient 
dlioiinéte3  marchands  de  la  ville  de  Rethel.  Il  y  vint  au 
monde  le  i5  janvier  1680.  Guidé,  par  les  dispositions  natu- 
relles les  plus  heureuses ,  il  fit  des  progrès  si'  rapides  dans 
ses  premières  études ,  qu'à  peine  âgé  de  treize  ans ,  il  s'était 
déjà  distingué  en  rhétorique  y  au  collège  de  Reims. 

Décidé  pour  Fétat  ecclésiastique ,  il  entra  au  séminaire  de 
cette  ville ,  et  après  avoir  subi  ses  épreuves  académiques ,  il 
reçut  les  honneurs  du  doctorat.  Les  controverses  de  la  grâce 
étaient  fort  échauffées  alors.  Elles  fixèrent  son  attention ,  et 
eurent  une  influence  marquée  sur  toutes  les  époques  de  sa  vie. 
Dès  1706,  M.  le  Tellier,  .son  archevêque ,  le  pourvut  du 
doyenné  de  Lavannes  ;  mais  ne  voyant  que  les  besoins  du 
troupeau  et  les  talens  du  pasteur ,  ce  prélat  le  transféra  la 
même  année  à  la  cure  de  Château-Porcien.  Arrivé  à  sa^  des- 
tination y  le  jeune  docteur  remplit  tous  les  devoirs ,  embrassa 
tous  les  détails.  La  nef  de  son  église  menaçait  ruine ,  et  la 
réparation  était  à  la  charge  des  habitans.  Il  obtint  du  duc 
Mazarin  la  démoUtion  d'un  vieux  château ,  et  en  moins  de 
six  mois  le  temple  fut  abattu  et  rebâti  de  fond  en  comble. 

«  Depuis,  il  employa  sans  relâche  ses  talens,  son  temps, 
)>  sa  santé,  son  bien  et  son  crédit,  à  Fédifice  spirituel,  par 
))  des  instructions  solides,  pathétiques  et  fréquentes  -,  par  les 
)>  livres  et  les  aumônes  quil  répandait  abondamment-,  par  les 
»  visites  multipliées  des  pauvres  et  des  malades ,  et  par  Téta- 
»  blissement  de  trois  maîtresses  d'école.  En  1709,  il  vendit 
y*  le  peu  d'argenterie  qu'il  avait,  pour  assister  les  pauvres, 


i54  CAB 

»  à  qui  il  distribua  une  provision  de  blë  destinée  à  la  sub- 
»  sistance  de  plusieurs  pensionnaires ,  élevés  chez  lui  dans 
))  rdtude  et  la  piëtë  :  se  réduisant  de  cette  sorte  à  manger 
))  lui-même  du  pain  d'orge.  »  (JVouv*  eccLj.  iGoctobre  1761, 
p.  i65.)  Cette  conduite  exemplaire  lui  gagna  tous  les  cœurs, 
et  le  fit  singulièrement  regretter,  lorsqu'il  passa  à  la  cure  de 
Saint-Etienne  de  la  viUede  Reims,  en  1710.  M.  le  Tellier^ 
son  protecteur,  venait  de  mourir  le  a3  février  de  oette  aonée. 
Cette  perte  devint  par  la  suite  très  funeste  à  son  repos. 

La  constitution  Unigenitus^  donnée  le  8  septv  1 7 1 3^  ayant 
été  publiée  dans  le  diocèse  de  Reims,  Cabrisseau  Faccepta 
d'abord  ',  mais  bientôt  après  il  en  appela  au  futur  concile  :  ce 
qui  le  perdit  dans  l'esprit  de  M»  de  Mailly,  successeur  de 
M.  le  Tellier.  Ce  prélat  mit  tout  en  œuvre  pour  le  priver  de 
la  théologale  que  l'abbé  Rogier  (  1)  lui  avait  résignée  en  1 7 18. 
Mais  Cabrisseau  en  prit  possession  en  vertu  d'un  arrêt  du 
parlement  et  des  {Hrovisions  que  lui  donna  l'évéque  de  Laon. 
La  pluralité  des  bénéfices  répugnait  à  ses  principes,  et  pour 
s'y  conformer  il  n'attendait  que  la  fin  d'un  procès  qu'on  lui 
avait  intenté,  sur  le  faux  prétexte  que  la  théologale  était  eu 
régale  lorsquW  l'en  mit  en  possession.   Le  cardinal  èe 
Mailly,  déçu  dans  ses  espérances ,  lui  déclara  une  guerre  ou- 
verte ;  mais  il  triompha  des  efforts  de  ce  puissant  adversaire^ 
frappé  de  mort  en  1721 . 

A  oette  époque ,  le  parti  pour  lequel  tenait  notre  Ardennais 
commençait  à  plier  sous  les  coups  de  l'autorité ,  et  la  puis* 
sance  des  Jésuites  était  omnipotente.  Il  froissa  leur  amour- 
propre,  en  détournant  le  chapitre  de  Reims,  de  présenter  au 
nouvel  archevêque  Rohan-Guemei^é  un  de  leurs  Pères 
pouf  reftiplir  une  station  à  la  cathédrale.  Cet  affront  fut 
bientôt  vengé  par  une  lettre  de  cachet ,  qui  mettait  Cabris- 
seau dans  l'alternative ,  ou  de  se  démettre  de  sa  théc^ogale, 

(1)  Mort  le  8  février  ijSS.  Son  art.  est  dans  les  Nouv,  ceci,  du  a  mai  i735. 


CAB  i55 

ou  de  s'éloigner  de  trente  lieues  de  Reims.  Il  prit  ce  dernier 
parti,  et  se  retira  en  1^23  à  Paris,  pour  y  «uivre  le  procès 
relatif  à  sa  théologale.  Il  le  gagna  au  parlement ,  mais  il  le 
perdit  au  conseil  du  roi  :  ce  qui  le  priva  de  ce  bénéfice. 

M.  de  Noailles,  archevêque  de  Paris,  utilisa  ses  talens; 
mais  après  la  mort  de  ce  prélat,  arrivée  en  1729,  M.  de  Vin- 
timille,  son  successeur,  Finterdit.  Exclu  des  fonctions  du 
saint  ministère ,  son  zèle  lui  fit  trouver  les  moyens  de  rendre 
des.services  aussi  utiles,  quoique  moins  éclatans.  U  consacra 
^  tout  son  temps  à  la  visite  des  prisonniers ,  à  rétablissement 
de  diverses  écoles  dans  les  villes  et  les  campagnes,  et  à  la 
composition  et  à  la  publication  de  différens  ouvrages.  M.  de 
Bellefond ,  qui  n''occupa  le  siège  de  Paris  que  depuis  le  2  juin 
I  j^6  jusqu'au  ao  juillet  suivant ,  le  fit  arrêter  et  conduire 
au  donjon  de  Yincennes.  Il  en  sortit  au  bout  de  quatre  mois, 
en  vertu  d^un  ordre  qui  VexilailT  à  Tours.  CM  tait  la  folie  du 
temps  d  exiler  pour  cause  de  jansénisme.  Cabrisseau  mou* 
rut  subitement  dans  cette  ville ,  le  3o  octobre  1760,  âgé  de 
soixante^x  ans. 

Ses  restes  furent  inhumés  avec  pompe  dans  leglise  de 
Saint-Saturnin  sa  paroisse.  M.  Titou^  de  Rethel,  son  ne- 
veu, docteur  et  professeur  de  droit  à  Reims,  voulut  honorer 
*  sa  mémoire  par  la  célébration  d'un  service  solennel  dans  la 
paroisse  de  Saint-Etienne  :  les  notables  de  Château-Porcien , 
assemblés  à  rHôtel-de-Y ille ,  votèrent  aussi  des  prières  pu- 
bliques, pour  leur  ancien  curé  *,  mais  Tes  prit  de  parti  fit  avor* 
ter  ces  pieux  desseins  *,  ce  qui  fit  dire  :  Tant  de  fiel  entie-t-*il 
dans  Tame  des  dévots  I  Taniœne  anùms  cœlestibus  irœ  1  (  Virg. 
Mneid.j\ïh,  I.) 

Ses  ouvrages  : 

I.  Déclaration  de  Nicolas  Cabrisseau- 
Elle  contient  quatre  pages  imprimées  à  la  suite  du  «  Mé- 
»  mbire  pour  les  .curés  de  la  ville  et  flu  diocèse  de  Reims, 


i56  CAB 

))  appelans  des  ordonnances  de  Farch.,  du  5  oct.   17 16  et 
»  20  mars  17 17^  au  sujet  de  la  bulle  Unigenitas.   Paris, 
»  Jouenne  (i7i7)>  în-4">  P*  54'»  {BE,  Maz,^  c.  i34B4-) 
Le  tout  a  reparu  dans  le  t.  I  du  Cri  de  la  Foij  par  Nivelle  , 
1719,  3  vol.  in-i2. 

II.  Mémoire  pour  la  Régale^  par  N.  Hussenot^  avocat  /  et 
Requête  au  roi  sur  le  même  sujets  par  Cahrisseau.  ( Paris ^ 
i7ig)in-fol. 

III.  Requête  au  roi  contre  Simon  Charuel^  chanoine  de  Saint-- 
Simphorien  de  Reims.  (1723)  in-fol.  :  elle  a  trait  à  sa  théolo- 
gale qui  avait  ^të  adjugée  à  Charnel  par  arrêt  du  conseil. 

rV.  Sermon  sur  le  sacre  de  Louis  XV ^  prêche  à  Reims ^  le 
4  oct,  1 723  9  dans  Valise  de  Saint-Michel  y  quinze  jours  avant 
le  sacre  de  sa  majesté.  Paris,  Lottin,  1734^  iii^'"'  P*  ^* 
(Bihl.  Sainte-Creneviève  9  x,  693.) 

Ce  discours,  qui  roule  sur  les  devoirs  des  sujets  envers 
leur  souverain,  préserva  dans  la  suite  son  auteur  de  la  Bas- 
tille :  «  Car  ayant  été  arrêté  à  Paris  le  3o  déc.  1730,  pour 
»  être  enfermé  dans  cette  prison ,  M.  Hérault  (lieutenant  de 
»  police)  lui  rendit  la  liberté,  en  disant  qu'il  n'était  pas 
»  juste  de  Tôter  à  un  sujet  si  fidèle  et  si  zélé  pour  son  roi.  » 
{Nou\f.  eccl.j  oct.  1761,  p.  166.)  Des  biographes  mal  ins- 
truits ont  avancé  que  ce  sermon  avait  été  prêché  le  25  oct. , 
jour  du  sacre,  et  applaudi  de  toute  la  cour. 

V*.  Instructions  chrétiennes  sur  les  huit  béatitudes.  Paris, 
Lambert,  1726 ,  in- 12  \  it.j  ibid.j  Crévier  et  Henry,  17^2, 
in- 1 2,  p.  402 ,  avec  onze  figures . 

\l*.  Cantiques  spirituels  sur  le  miracle  opéré  sur  la  dame 
de  la  fosse  j  élans  la  paroisse  de  Sainte-Marguerite  (à  Paris)  y 
le 'il  mai  1725,  yoMT  du  Saint-Sacrement.  Paris,  Babuty, 
1726,  in-i2,  p.  20.  Il  y  en  a  quatre  contre  les  libertins  et 
les  impies  ,  contre  les  Protestans ,  contre  les  immodesties 
dans  les  églises,  etc. 

VII.    Réflexions  morales  sur  le   li^re  de   Tobie.  Paris, 


CAB  ,57 

JHolreHenri,  1727,  in-12,  p.  Sai  -,  it^  lii J.^  Lottih ,  1786, 
in-i2  ,  p.  42I9  s""  édit. 

VIII  *.  Instructions  courtes  et  familières  sur  le  Symbole j  pour 
servir  de  suite  aux  instructions  de  M.  Joseph  Lambert  j  prieur 
de  Palgiseau  (sur  les  commandemens  de  Dieu  et  de  l'Eglise). 
Paris,  1728,  2  vol.  m-i2-,  it.^  ibid.^  *74*>  ^  vol*  in-12. 

Ces  instructions  sont  plus  approfondies,  plus  étendues  et 
plus  solides  que  celles  de  Lambert,  et  le  dogme  y  est  joint  à 
la'  morale  :  «  elles  n^y  cèdent  en  rien  ;  on  peut  même  leur 
»  donner  la  préférence ,  tant  par  le  choix  des  sujets ,  que  par 
»  la  multiplicité  et  Tétendue  des  preuves.  »  (JDict.  des  Aut. 
eccLj  art.  Lambert.) 

IX.  Discours  sur  les  Fies  des  Sainfs  de  TAncien  Testa- 
ment. Paris,  Osmont  et  Henri ,  1782 ,  6  vol.  in-i  2. 

<c  Cet  ouvrage  contient  4^4  éloges  des  patriarches ,  des 
n  prophètes,  et  de  tous  les  personnages  de  Y  Ancien  Tes- 
»  tament.  Ce  sont  des  espèces  de  discours  moraux ,  où  This- 
»  torique  est  joint,  et  toujours  appliqué  à  la  direction  des 
»  bonnes  mœurs.  La  préface  roule  sur  la  vénération  et  le  culte 
»  des  Saints  de  V Ancien  Testament.  On  dit  que  le  fond  de 
»  cet  ouvrage  est  de  M.  le  Gros,  chan.  de  Reims.  »  (Cotai. 
MS.  de  la  BibL  de  Vahbé  Goujet.) 

Néanmoins  je  trouve  dans  le  t.  IV,  p.  1 1 2  du  Cotai.  MS. 
delà  BibL  de  la  Doct.  ckrét.j  déposé  à  la  !Bibl.  de  F  Arsenal , 
((  que  ces  discours  avaient  été  faits  à  Reims  par  M.  Rogier, 
»  théologal  avant  M.  Gabrisseau,  lequel  les  a  retouchés  et 
»  y  a  ajouté  les  autres.  » 

X*.  Instructions  chrétiennes  sur  le  sacrement  de  mariage. 
Paris,  Gagneau  qt  Savoye,  1787,  in-i6. 

XI.  Le  JNouçeUiste  ecelésiastiijue  lui  attribue  en  outre  : 

1.  Réflexions  sur  la  bénédiction  des  cloches,  Paris,  in-12; 

2.  Cantiques  sur  les  épttres  et  les  évangiles,  Paris,  in- 12; 

3.  Cantiques  sur  les  évangiles  et  les  sacremens.  Tours,  in^  1 2  *, 

4.  Alphabet  pour  les  écoles  y  Tours,  in-12. 


i58  CAD 

4 

Editions  d' ouvrages  de  P abbé  le  GroSj  chan,  de  Beims  j, 

publiées  par  Cabrisseau. 

î .  Retraite  de  huit  jours  sur  les  principales  vertus  chrétiennes 
et  religieuses.  Paris,  Osmont,  1728,  în-ïa.  L^ëditeur  la  re- 
vue ,  et  Ta  augmentée  de  la  paraphrase  de  deux  psaumes 
pour  chaque  jour. 

ik.  Méditations  sur  Vépttre  de  saint  Paul  aux  Romains.  Pa- 
ris ,  Savoie ,  1 735,  a  vol.  in- 12. 

3.  Motifs  invincibles  d'attachement  à  V église  romaine  pour 
les  Catholiques j  ou  de  réunion  pour  les  prétendus  Réformés. 
Tours,  s. d.,  in-i2 ,  p.  47  '»  ouvrage  compose  à  Reims  pour 
des  Protestans  (jui  y  étaient  prisonniers  de  guerre. 

Nouv.  eccl.j  28  nov.  171^9,  p.  2io5;  20  mars  1732 ,  p.  55-^ 
3  avril  1747?  p-  56-,  23  oct.-i75i,  p.  169.— Cerveau,  iVe- 
crol.  des  défi  de  la  vérités  t.  III ,  p.  240.  —De  Barra!  •  Dict. 
ffist. 

CAVEAU  {Nicolas).  L'homme  qui  procure  à  Fétat  npe 
nouvelle  branche  fructueuse  de  commerce,  mérite  d'être 
mis  sur  la  même  ligne  que  celui  qui  Tëclaire  ou  qui  le  dtf- 
fendj  et  c'est  sous  ce  rapport  que  Nicolas  Cadeau  doit  trou- 
ver place  ici. 

Né  à  Leyde  vers  16 1 5,  il  alla  à  Paris ,  où ,  de  concert  avec 
Jean  Binet  et  Jacques  de  MarseilleSj,  il  établit  une  draperie, 
façon  de  Hollande,  qui  eut  du  succès.  «Les  maisons  Etienne 
»  Béchet  et  Jean  Poupard^  établies  à  Sedah,  la  première  en 
,»  i6ï8,  et  la  deuxième  en  i63oj  fabriquaient  d'abord  des 
»  serges  ou  étoffes  communes  de  laine.  Depuis  quelques  an- 
))  nées  ces  maisons  s'essayaient  dans  la  confection  des  draps 
»  façon  de  Hollande  et  d'Espagne ,  mais  ne  suivaient  que 
))-de  loin  leurs  modèles...  Les  Sedanois  aspiraient  à  s'élever' 
»  au  niveau  des  Flamands  leurs  voisins ,  réputés  pour  Ira- 
»  vailler  mieux  qu'on  ne  le  Ikisait  ailleurs,  et,  s'ils  le  pou- 


CAI  i5g 

»  vaîeiit,  à  leur  devenir  supérieurs.  Cette  conquête  commen- 

»  cëe  déjà ,  fut  achevée  par  une  société  de  fabricans  envoyés 

»  de   Paris  en  1644»  ^^^  1^^  auspices  du  gouvernement. 

ri  Ciselaient  Nicolas  Cadeau,,  Jean  Binet  et  Jacifues  de  Mot'- 

»  seilles.  Us  acquirent  d  abord  toutes  les  lumières  qu  on  pût 

»  leur  donner;  puis  ils  fondèrent ,  en  164^»  le  bel  établis- 

»  sèment  du  DijonvaL  Le  conseil ,  à  qui  ils  étaient  particu- 

^  lièrement  recommandés,  leur  concéda ,  pour  lar  somme  de 

»  dîx-huit  cents  livres,  remplacement  qu'occupe  aujour- 

»  cfhui  une  partie  de  ces  vastes  édifices,  et  les  autorisa  en 

»  outre  à  construite  une  foulerie  sur  la  Meuse ,  et  à  tirer  des 

»  futaies  et  des  carrières  de  la  commune  tous  les  matériaux 

»  qui  leur  étaient  nécessaires. 

»  liC  succès  qu'obtînt  cet  établissement  valut  à  Nicolas 
»  Cadeau  et  à  ses  associés,  indépendamment  de  plusieurs 
»  franchises ,  le  privilège  exclusif  de  fabriquer  des  draps  fins 
»  à  rinstar  de  ceux  de  Hollande;  mais  en  1666,  un  édit  du 
»  roi ,  sollicité  par  le  grand  Golbert,  étendit  à  tous  les  éta- 
»  blissemens  de  Sedan  la  facidté  réservée  aux  seuls  proprié- 
»  taires  du  Dijonval.  Cinq  ans  d'une  libre  émulation  donnè- 
»  rent  des  produits  plus  parfaits  que  vingt  ans  de  privilège.  » 
(Peyran,  Hist.  de  Sedan ^  t.  II,  p.  180.)  (i) 

Cadeau  quitta  Sedan  pour  retourner  dans  sa  patrie ,  après 
la  révocation  de  Fédit  de  Nantes,  et  y  mourut  vers  1690. 

CAILLE  (Nicolas  Louis  DE  LA),  illustre  astronome  que 
là  France  s'enorgueillit  à  juste  titre  d'avoir  produit,  naquit  à 
Rumigny(2),  arrondissement  de  Rocroi ,  le  1 5  mars  171 3,  de 
Louis  de  la  Caille  et  de  Barbe  Rébuy.  «  Il  tenait  par  des  al- 
f>  liances  à  plusieurs  familles  anciennes  et  distinguées  du 

(1)  Voy.  ibid.,  p.  355,  Tétat  des  manufactures  de  Sedan  en  i8a6. 

(2)  D.  le  Long  (p.  533  de  son  Hist.  de  Laon)  fait  naître  dans  ce  bourg, 
Claude  Colet,  champenois.  C'est  à  Remilly-les-Vaudes  (Aube)  que  ce  poète 
vit  le  jour. 


i6o  CAI 

»  Laonais.  Comme  il  avait  un  «Sloignement  pour  toutîés  les 
»  distinctions  j  il  n^a  jamais  peimis  (ju^on  recherchât  son 
))^gine.  Il  disait  que  la  vraie  noblesse  se  déclare  par  les 
»  timens  ;  quW  ne  doit  point  remonter  à  Torigine .  die  ses 
»  aïeux  par  Tamour  d'ufi  vain  titre ,  mais  seulement  pour  se 
»  soutenir  dans  le  ch^mn  de  Fhonneur  par  des  exeniples  de 
»  probité  et  de  vertu.  »  ( i) 

Son  père^  après  avoir  servi  comme  volontaire  daas    le 
corps  des  gendarmes  de  la  garde  et  dans  lartillerie,  s^ëtait 
retiré  à  Anet  avec  lemploi  de  capitaine  des  chasses  de  la 
duchesse  de  YendÂme.  Là,  il  cultivait  les  3ciences,  et  sur- 
tout la  mécanique ,  et  par  ses  exemples  autant  que  par  ses 
leçons  9  il  tâchait  d'en  inspirer  le  goût  à  son  fils;  il  le  confia 
d'abord  au  principal  du  collège  de  Mantes-sur-Seine ,  son 
ami.  Ses  humanités  terminées,  le  jeune  la  Caille  vint  en 
1 729  à  Paris  au  collège  de  Lisieux ,  où  il  fit  deux  années  de 
rhétorique  avec  le  plus  grand  succès.  G  est  dans  cette  classe 
qu'il  contracta ,  par  ime  lecture  réfléchie  des  Œuvres  de  Ci- 
céron ,  un  style  de  latinité  très  pur.  La  préface  du  n°  vu  est 
une  preuve  de  son  goût.  C'est  là  encore  qu'il  se  familiarisa  avec 
Horace ,  dont  il  citait  souvent  des  passages.  Cet  immortel  ly- 
rique est  le  poète  du  bon  sens  :  il  donne  aux  caractères  des 
nuances  de  vérité  qui  ravissent.  Saisir  ses  pensées,  épouser  son 
génie ,  c'est  partager  la  gloire  qu'il  s'est  acquise  dans  l'empire 
de  la  raison.  Notre  jeune  Ardennais  avait  à  peine  dix-huit  ans, 
lorsque  la  mort  de  son  père  le  laissa  sans  fortune  -,  mais  il  ne 
demeura  pas  sans  ressource  :  le  duc  de  Bourbon  en  prit  soin, 
sur  le  témoignage  qu'on  lui  rendit  de  ses  heureuses  dispo- 
sitions. 

Au  sortir  de  la  rhétorique,  la  Caille  fit  son  cours  de  phi- 
losophie à  Lisieux  -,  il  passa  ensuite  au  collège  de  Navarre , 
où  il  étudia  trois  ans  la  théologie.  Son  goût  pour  les  mathé- 

(1)  tlarlier,  son  Bioge,  à  la  tête  du  n«  xi ,  p.  1  à  io8. 


GAI  i6i 

ixiatiques  ne  s'était  pas  encore  dëclarë'.  Les  belles-lettres  loc^ 
cupaient  entièrement ,  lorsqu'un  pur  hasard  lui  piit  la  main 
sixr  les  Eléntens  d^'EucUde.  Il  les  comprit  sans  maître ,  et  une 
première  lecture  de  cet  ouvrage  captiva  sa  raison,  et  fit  bril^ 
1er  à  ses  jeux  une  vive  lumière ,  qui  ne  lui  permit  plus  guère 
de  se  livrer  curieusement  à  d'autre  ëtude  qu'à  celle  des  ma- 
thématiques. «  Ce  fut  alors  qu'il  commença  à  topmer  ses 
»  Tues  du  côté  de  rastix)nomie.  La  difficulté  de  s'instruire 
»  sans  maître ,  sans  livres ,  sans  instrumens ,  le  secret  qu'exi*- 
»  geait  cette  espèce  d'étude  absolument  étrangère  à  celles 
»  auxquelles  le  lieu  qu'il-  habitait  était  consacré  *,  en  un  mot, 
.  »  tous  les  obstacles  qu'il  rencontra  ne  purent  refroidir  son 
»  ardeur,  ni  lui  faire. abandonner  son  projet.  En  1736,  il 
»  était  déjà  très-avancé  »  (i). 

Il  portait  l'esprit  géométrique  dans  la  philosophie  scolas- 
lique  et,  dans  la  théologie  même ,  dont  il  voulait  réformer  le 
langage,  et  traiter  les  propositions  à  la  manière  d'Ëuclide, 
son  auteur  Êivori.  Il  se  disposa  à  prendre  les  degrés  de 
maître-ès-arts  et  de  bachelier  en  théologie,  quoique  décidé 
pour  un  genre  d^'étude  tout  différent.  Il  avait  réuni  tous  les 
suffrages,  lorsque  le  vice -chancelier,  attaché  par  goût  à 
l'ancienne  philosophie ,  lui  fit  une  de  ces  questions  futiles, 
bannies  depuis  long-temps  des  écoles.  La  Caille  répondit 
avec  une  franchise  si  imprudente,  que  le  vieux  docteur  ir- 
rité voulait  lui  faire  refuser  le  grade  de  maître-ès-arts ,  qu'il 
ne  lui  conféra  que  de  mauvaise  grâce  et  sur  les  réclamations 
des  autres  examinateurs.  Sensible  à  ce  procédé,  le  jeune  can- 
didat prit  le  parti  de  se  borner  à  l'ordre  du  diaconat  qu^il  ve- 
nait dé  recevoir,  et  de  renoncer  pour  toujours  à  la  théol(^e. 
Cette  scène  eut  lieu  à  la  fin  de  1 736. 

Son  goût  pour  l'astronomie  le  fit  connaître  de  Jacques  Cas- 
sini ,  qui  lui  procura  un  logement  à  l'Obsepvatoire ,  qu'il  vint 

(1)  De  Fouchy,  son  £%«,  dansTiTcf^  àe  i'Jcdet  Sàmee»^  1764,  p.  197 
TOME  I.    ^  II 


i6a  GAI 

occuper  dans  le  mois  de  piai  1737.  Aidé  des  conseik  d'Ella 
pareil  maître,  il  avança  rapidement  dans  la  carrière.  Maraldi^ 
-témoin  de  ses  progrès ,  le  prit  en  amitië ,  et  dès  Tannée  sui- 
vante ,  ils  firent  ensemble  la  description  géographique  des 
côtes  de  la  France ,  depuis  Nantes  jusqu^à  Bayonne.  £n  juil- 
let 173g,  il  se  rendit  à  Perpignan  pour  partager  avec  Gësar 
François  Cassini  de  Thury,  le  travail  immense  de  la  lig^e 
méridienne ,  ou  de  la  projection  du  méridien ,  qui ,  passant 
par  rObservatoire ,  traverse  du  Nord  au  Sud  tout  ie  royaume. 
Au  mois  de  novembre ,  il  fut  rappelé  à  Paris  pour  prendre 
possession  de  la  chaire  de  mathématiques  du  collège  Maza- 
rin ,  à  laquelle  on  Tavait  nommé ,  à  son  insu.  Il  retourna 
ensuite  à  Perpignai;!,  d  où  il  ne  revint  dans  la  capitale  qu  a 
la  fin  du  rude  hiver  de  l 'j^o*  Il  y  acheva  son  travail  sur  la 
méridienne ,  et  jouit  enfin  de  la  satisfaction  d'avoir  trouvé  le 
point  qui  avait  échappé  aux  recherches  de  plusieurs  grands 
astronomes  (i).  Son  entrée  à  l'académie  des  sciences ,  le 
8  mai  1741 9  fut  la  récompense  de  cette  laborieuse  et  utile 
opération. 

Les  travaux  de  sa  chaire  de  mathématiques  ne  firont  qu'ac- 
croître sa  passion  pour  Tastrotiomie.  Il  se  procura  au  ooU^ 
de  Mazarin  un  observatoire  sdlide  et  commode ,  qu'il  garnît 
de  bons  instrumens.  II  le  plaça  de  manière  à  pouvoir,  pour 
ainsi  dire,  aller  au  ciel  de  plain^pied.  Cette  facilité  donna 
un  nouvel  essor  à  ses  talens  -,  et  depuis  il  n'a  cessé  d'enrichir 
la  république  des  lettres  par  ses  observations  et  par  ses  écrits. 
Ses  traités  d'algèbre  et  de  géométrie ,  de  mécanique ,  d'astro- 
nomie ,  publiés  en  1 74 1 9  4^  9  4^  ^^  ^^  9  prouvent  avec  qneUe 
assiduité  il  remplissait  ses  fonctions  de  professeur.  Les  aca- 

(  1  )  G  e  trayail  fut  publié  avec  ce  titre  :  La  Méridienne  de  l'Observatoire  de  Pa- 
ris, vérifiée  dans  toute  l* étendue  du  royaume,  pour  lever  une  carte  généraie  de  la 
F^ranee;  par  Cassini  de  Thitry,  Paris,  1744»  in-i**  La  Caille  ne  voiilat  jamais 
permettre  que  son  nom  parut  sur  le  frontispice  de  Tonvrage.  Il  en  abandonna 
tout  rhoimeur  à  son  confrère ,  qui  fit  mention  dans  la  pré&ce  des  peines  qoe 
notre  savant  Ardennais  s'était  données  pour  mettre  cette  production  dus 
l'état  où  on  la  présentait  au  public. 


C41  «63 

demies  de  Berlin ,  de  GoÉlin;^ ,  de  Londres ,  de  Pétera* 
iKmrg,  de  Stockholm  et  .de  Strasbourg ,  s'empressèrent  de 
l'admettre  dans  liem*  sein. 

Ckirîeax  de  Gonnàttre' et  de  vérifier  les  étoiles  australes  qui 
lae  se  lèvent  jamais  sur  Thorizon  de  Paris  ^  il  partit  le  ao  oct. 
i^So  pour  le  Gap  de  Bonne -Espérance.  Il  parvint  à  ccm* 
naître  9800  étoiles  jusqu'alors  incoBmues.  Le  vaisseau  qui  de- 
vait le  rasiener  en  Franee  n'arrivant  pas  ^  la  Caille ,  pour  ne 
perdre  aucun  instant,  mesura  un  diegré  de  l'hémisphère  aus* 
tral ,  sans  autre  secours  que  celui  de  quelques  nègres.  Pour 
arriver  à  bonne  fin ,  il  lui  lallut  mesurer  une  distance  de 
699  669  toises^  c'est-à-dire  près  de  35  lieues  dans  un  désert  in* 
habité  et  brûlant,  où  il  était  exposé  à  des  dangers  contiauelsi 

I>e  retour  à  Paris,  le  17  juin  1754»  après  une  absence  de 
trois  ans  et  huit  mois ,  notre  astroncHxie  effrayé  de  la  célé- 
l>rité  que  son  voyage  lui  avait  si  justeipent  acquise ,  mit  touc^' 
ses  soins,  à  se  dérobera  un  empressement  et  une  curiosité 
dont  tsint  d'autres  auraient  été  flattés  ;  il  se  renferma  dans 
son  observatoire.  Caché  dans  le  sein  de  ses  amis^  il  ne  se 
montra  que  par  degrÀ,  luyant  les  éloges  comme  on  évite  le 
blâme. 

■ 

Depuis  y  la  Gdlle  partagea  toat  sou  temps  entre  son  ob* 
servatoire,  ses  calculs,  ses  devoirs  d'acadénûden  et  de  pro- 
fesseur, et  la  publication  de  ses  divers  ouvrages.  Les  i^om/e- 
iMens  de  Vastronomie  j  la  eoixtinuation  de  ses  Epkémérides  et 
les  nombreux  et  hnportans  Mémoires  dont  il  a  enrichi  les 
volumes  de  Y  Académie  de^  Sciences^  prouvent  avee  quelle 
ardeur  il  poursuivait  ses  travaux  astronomiques.  Le  travail 
était  son  élément;  On  le  voyait  levé  à  ciqq  heures  du  matin , 
travailler  jusqu'à  midi  sans  relâche,  diner  en  lisant,  sortir 
une  heure,  reprendre  son  t^vail  jusqu'à  huit  heures  du  soir, 
souper  en  lisant  ses  lettres ,  et  monter  à  son  observatoire,  où 
il  passait  une  partie  de  la  nuit.  Il  a  avoué  à  ses  amis ,  qu  une 
mût  de  son  dernier  hiver,  il  avait  été  trois  heures  couché  sur 

1 1. 


i64  GAI 

le  dos  pour  observer  des  étoiles  près  du  zénith,  et  qail  s^a- 

perçut  seulement  en  se  relevant  qu'il  avait  été  saisi  par  le 

froid. 

A  la  fin  9  son  tempérament ,  quoique  robuste ,  saccoxxJba 
sous  tant  de  fatigues.  Il  fut  attaqué  le  i5  mars  1762  d'aune 
fièvre  maligne,  de  laquelle  il  mourut  le  ai,  après  avoir 
donné  les  marques  de  la  piété  sincère  et  solide  qui  avait 
constamment  servi  de  règle  à  sa  conduite.  Il  a  été  inhumé 
dans  là  chapelle  du  eoUége  Mazàrin,  d'où  ses  restes  de- 
vraient être  transférés  dans  Féglise  de  Saint-Germain-des- 
Prés ,  à  côté  de  ceux  du  grand  Mabillon ,  son  compatriote. 
Il  remplissait  fréquemment  ses  fonctions  de  diacre  à  Saint- 
Etienne-du-Mont. 

((  Les  qualités  de  son  ame ,  autant  que  les  connaissances 
»  de  son  esprit,  honorent  sa  mémoire.  Il  était  froid  et  réservé 
^  avec  ceux  qu'il  pe  connaissait  pas  assez.  Il  ne  confiait  pas 
»  sa  candeur  et  sa  vertu  à  des  âiains  non  éprouvées  *,  mais 
»  doux ,  simple ,  égal  dans  le  commerce  de  l'amitié ,  c'est  là 
»  que  dépouillant  l'extérieur  sérieux  qu'il  avait  en  public,  il 
»  se  livrait  à  une  joie  paisible  et  honnête  avec  une  société  de 
»  gens  vertueux  qu'il  s'était  choisis*,  son  iront  brillait  de  la 
»  sérénité  de  son  ame ,  et  il  semblait  qu'il  la  communiquât  à 
»  tout  ce  qui  l'entourait  »  (1). 

Ami  de  la  vérité  presque  jusqu'à  l'imprudence ,  il  osait  la 
dire  en  face ,  même  au  hasard  de  déplaire ,  quoique  sans  au- 
cun dessein  de  choquer.  Pénétrant  par  la  pensée ,  il  était  so- 
lide dans  ses  jugemens.  Il  fixait  la  vérité  d'un  premier  coup 
d'œil,  et  la  rendait  palpable  dans  ses  discours  et  dans  ses 
écrits ,  avec  un  choix  d'expressions ,  qui  sous  peu  de  mots , 
renfermaient  un  grand  sens.  Il  avait  une  aversion  décidée 
pour  les  louanges.  Horace  disait  d'Auguste,  que  si  on  le 

(1]  SoYi  éloge  par  Bailly,  son  élève.  Il  est  inséré  dans  les  Discours  et  Mé- 
moires de  cet  académicien.  Paris,  1790 ,  3  vol.  in-8*. 


CAI  »6S 

flattait",  {/  regimbait  (i)  :  la  Caille  ùe  voulait  pas  qu'on  le 
louât  en  aucune  manière.  Il  était  extrêmement  ëgal  et  mo- 
déré dans  toute  sa  conduite ,  et  du  désintéressement  le  plus 
par&it.  Il  possédait  un  prieuré  simple  à  Anet ,  et  il  le  rési«- 
gna.  A  son  départ  pour  le  Cap ,  le  ministre  le  força  de  rece- 
voir deux  cents  louis  poiu:  subvenir  aux  frais  de  son  voyage» 
Sui^le-champ  il  employa  cette  somme  à  l'acquisition  d'un 
magnifi({ue  quart  de  cercle  (2),  et  déclara  par  un  écrit,  signé 
de  sa  main,  qu'il  appartenait  à  l'académie.  Il  a  fait  impri- 
naer  à  ses  frais  tous  ses  traités  élémentaires ,  afin  de  les 
vendre  la  moitié  du  prix  coûtant ,  à  ceux  qui  prenaient  ses 
leçons. 

Le  célèbre  Delambre ,  qui  lui  a  consacré  une  notice  sa- 
vante  dans  la  Biogr.  univ.j,  déclare  a  qu'ayant  été  appelé  à 
»  re£aiire  et  vérifier  avec  des  moyens  tout  nouveaux  une 
»  grande  partie  des  travaux  de  la  Caille ,  après  avoir  revu 
»  avec  le  plus  grand  soin  toutes  ses  étoiles,  avoir  fait  de 
>»  longues  recherches  sur  les  réfractions ,  de  nouvelles  tables 
)>  du  soleil ,  mesuré  la  méridienne  de  France ,  tenu  entre  les 
m  mains  pendant  plusieurs  années  tous  les  manuscrits  de  la 
»  Caille ,  il  n'a  jamais  fait  un  pas  sur  ses  traces  sans  éprouver 
»  un  redoublement  d'estime  et  d'admiration  pour  un  savant 
»  qui  sera  à  jamais  l'honneur  de  l'astronomie  française.  » 

Ses  ouvrages  ne  sont  pas  le  mioindre  de  ses  éloges.  Yqici 
leurs  titres  : 

I.  Leçons  élémentaires  de  mathématiques ^  ou  élémens  d'al- 
gèbre et  de  géométrie  >  Paris,  Guérin  et  Delatour,  1 74  '  >  în-8?  -, 
lY.^ibid.,  1744?  ^747?  *756  et  1769,  in-8%  p..  277.  L'abbé 
Marie  profitant  du  grand  nom  de  la  Caille ,  en  a  donné  une 
nouvelle  édition^  Paris j  Desaint,   1770,  in-8*»,  p.  4o4j  '^•> 


(1)  Cui  maiè  si  palpera ,  reealcitrat  undique  toius. 

HoR.,lib.  Il.sat.  I. 
(3)  Il  avait  été  commandé  par  le  président  de  l'académie  de  Pétersboniip  >, 
dont  la  mort  anit  réduit  l'artiste  à  la  nécefûté  de,garder  rinatrun^ent.    * 


i66  CAI 

ibid.9  1771  )  it.j  Paris,  Goufcter,  179^9  m*6%  p.  55^^  et 
1807,  avec  des  ëckdreissemens  de  Tfaevenau.  Cet  ouvrage  a 
été  trftdmt  en  latin  par  le  P.  Charles  Schierfer^   j^ixite, 
f^ienne.  Traltner,  1762,  în-4*)  lï.j  traduit  en  anglais  ,  en 
espagnol ,  et  en  italien ,  par  SaintrGanotai^  Florence^  1 7^7, 
in-S"",  deuxîèttie  édition. .' 

m 

II.  Leçons  de  mécanùjiue.  Paris,  Gtvérin  et  Delatour, 
1743,  1767,  în-8®;  »f.,  *774>  i'^"4*>  traduit  en  latin  par 
Sofaeiier.  Fiennej  1769,  in-4*. 

III.  Leçons èCcutnmomU.  Paris,  tl&.j  <74^'  17SSXP-  ^7^)' 
1761  (p.  4*^)»  ÎA-^**  Ce  livre  est  devenu  olftssique  josqua 
nos  jours,  en  différentes  contrées  de  l'Europe .  Lalande  l'a 
publie  ayee  des  notes.  Paris ^  1780 ,  in-8^,  p.  4^^)  trad.  en 
ktin  pMT  Scherfer.  f^ierme^  1761,  in'-4''',  et  avec  le  suivant: 
f^ienne^  1787,  in-4**>  p*  «5o-,  H.^tr&à.  en  anglais^  parRo- 
b^rtson.  Londres,  1760,  in-8''. 

IV.  Leçons  d'cptêifue,  Paris,  ébid.j  lyôo.^  1766,  îtt-8% 
p.  1q4',  *.>  Paris  (Guilleminet),  î8o3,  in-8*.  Cette  dei> 
nièpe  édition,  donnée  par  jdusieurs  élèves  de  Técole  polytech- 
nique, est  particulièrement  augmentée  de  la  marche  des 
"images  dans  les  instrumens  d'optique ,  des  lunettes  achro- 
matiques, et  de  riris.  Elle  a  reparu  en  1807  et  1808,  in-8^ 

y.  Efhimériies  des  mouçemens  célestes.  Paris,  Colfem- 
bat  et  Hérissant,  1744  ^  17^9  4  ^^*  in-4^  Maraidi  et 
Bailly  ont  publié  le  troisième  et  quatrième  volume ,  et  ont     ^ 
atigtnenlé  Touvrage  de  cinq  cent  quiyize  étoiles  zodiacales, 
observées  en  176a  et  1761,  par  la  Caille.  Ces  éphémérides' 
fimt  suite  à  celles  de  Déplaces,  publiées  en  3  vol.  .in-4'',  • 
Paris ^  1 71 6  et  suiv . 

YI.  Jlins  aux  astronomes ^  par  de  la  Caille,  à  roocasion 
des  observations  qu'il  va  faire ,  par  ordre  du  roi ,  dans  Thë- 
misphère  austral.  Paris ^  îii-4**»  P»  4*  C'est  un  avertissement, 
qui  contient  l'indication  des  jours  où  il  &llait  jEairè  en  Eu- 
rope les pbservatiôns  correspondantes  k  celles  de  la  Caille,  * 


GAI  167 

•t  elles  furent  feUes  :  les  résidtats  en  sont  dans  l'astroiioBiie 
de  Lalande»  art'  1701 . 

VII.  Asttimomiœfimdamentta  noyissindm  solis  et  steUarum 
obmBrvatLonibus  stabilita.  Paris,  Gollombat,  i^^'j^m^''.  Ce 
reeueil  d'observationd  est  très-rare ,  Fauteur  n'est  ayant  fait 
tirer  qn'un  très-petit  nombre  d'exemplaires»  Le  nouveau  ca- 
talogue de  qpatre  cents  étcôles  j  contenu ,  a  étë  réimprima 
dansplusieurs  ouvrages.  L'avertissement  est  un  chef-d'œuvre 
de  diction  eJt  de  précision. 

VIII.  Tabulœsohires.  Paris,  1768,  in-r4**.  Ces  tables,  ti- 
rées à  cent  vingt  exemplaires  seulement ,  pour  être  distri- 
buées  aux  grandes  bibliothèques  et  aux  principaux  astco* 
nomes  de  l'Europe ,  ont  été  réimprimées  dans  Tastronomie 
de  Lalandeet  dans  fduâieurs  autres  ouvrages  :  «  Biles  sont 
1»  meilleures  que  tout  ce  qu'on  avait  en  ce  genre,  meillennes 
»  même  que  celles  qui  ont  été  depuis  publiées  par  d^ix  ^s- 
M  tvonomes  célèbres.  »  (Delâmbke  j'Biogr.  ujw.) 

IX.  *  Tables  des  logarithmes  pour' les  sinus  et  tangentes  de 
toutes  les  minutes  du  quart  de  cercle,,  et  pour  les  nombres  natU" 
rels  décimaux  et  sexagésimaux  depuis  i  jusqu'à  10800.  Paris, 
1760,  in-ia;  it^  1768,  ia-*i2,  p.  287,  édition  donnée  par 
Marie-,  it._,  Paris,  Desaint,  1781,  in-8**,  édition  revue*par 
Marie  et  Lalande*,  it.^  ^799»  in-8®. 

X.  Cœhun  australe  et  sUlliJhrum^  seu  observationes  ad 
eonstruendum  stellarum  australiùm  catalogum  instituta^  in 
jijricâ ad  caput  Bonce^Spei.  Paris,  1763,  in-4^,  p.  i58,  pu- 
blié par  Maraldi  et  Bailly.  Il  contient  les  observations  de 
ioo35  étoiles  australes,  le  catalc^ue  des  1942  principales, 
et  un  planisphère  austral,  dont  l'original  en  grand  est  à 
l'Institut.  Le  catalogue  de  194^  étoiles  est  aussi  dans  les 
Mém.  de  taoad.  pour  17 Sa.  Cet  important  ouvrage  n'a  été 
tiré  qu'à  1 20"  exemplaires.  Brotier,  éditeur  de  Tacite,  l'a 
enrichi  d'un  éloge  latin  de  l'auteur,  p*  i  et  (9,  dont  on  a 
tiréquelqueseiiemplaires  séparés. i^^im^Guérin,  1763,  in4''^ 


i68  GAI  , 

XI.  Journal  historique  du  i^yagefait  au  Cap  de  Bonne— 
Espérance,  précédé  d'un  discours  sur  la  vie  de  VaùU:^^  sMiwi 
de  remarques  et  de  réflexions  sur  les  coutumes  des  Rottentots 
et  des  habitons  du  Cap.  Paris ,  Gtdlljn ,  1 768,  in- 1 2 ,  p.  38oy 
avec  une  carte-,  it.j  avec  le  titre  rajeuni  seulement.  Paris ^ 
Nyon  y  1 776.  Lalande  dit  avoir  fait  cpelques  notes  à  ce  jour- 
nal, rédigé  par  Tàbbë  GaVlier  sur  les  notes  et  les  conversa- 
tions de  la  Caille ,  traduit  en  allemand.  Jlltenbourg^  Ricli- 
ter,  1778,  in-8^ 

«  Quoique  les  importantes  observations  astronomiques  qiii 
»  étaient  le  principal  objet  de  la.  Caille  au  Cap ,  ne  lui  aient 
»  permis  de  donner  qu''une  très-petite  étendue  à  son  journal , 
»  il  est  toujours  fort  précieux  par  plusieurs  faits  qu'il  y  a  re- 
y»  cueillis,  par  les  notes  sur  Kolb,  que  les  communications  ver- 
»  baies  de  la  Caille  à  ses  amis  leur  ont  donné  lieu  d'ajouter  à 
»  son  journal-,  enfin  par  les^exceUentes  remarques  qu'il  nous 
»  a  laissées  sur  les  mœurs  des  Hottentots  et  sur  les  l^abitans 
»  du  Cap.  »  (^Boucher  de  la  Richardière,  Bibliothèque  des 
F'pyagesj  t.  IV,  p.  aSo.) 

XII.  Chronologie  des  éclipses  depuis  Tan  i  de  l'ère  chré- 
tienne jusqu'en  1 800 ,  pour  l'^irt  de  vérifier  les  dates.  Paris , 
1760,  in-4'* ,  I  '*  édition . 

XIII^  Extrait  d'une  lettre  de  l'abbé  de  la  Caille,  à 
M.  Guil.  Watson,  pour  recommander  à  M.  Nevil  Maske- 
lyne,  de  la  Société  royale,  de  &ire  à  Sainte-H<;lène  une  suite 
d'observations  pour  découvrir  la  parallaxe  de  la  lune  :  inséré 
dans  le  vol.  5»,  part.  I,  année  1761,  des  Transactions  phi- 
losophiques (en'  Anglais).  Londres,  Davis  et  Reymers, 
176a,  in-4°. 

XIV.  Obsen^ations  faites  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
pour  les  parallaxes  de  la  Lune ,  de  Vénus  et  de  Mars ,  que 
du  Séjour  a  recalculées  en  entier  pour  y  appliquer  ses  nou- 
velles méthodes.  (Delambre,  Biog,  uniç.^ 

XV.  Ile  de  France^  dans  la  mer  des  Indes ^  levée  géo- 


ÇAI  169 

mëlriquement,  par  la  Caille.  Paris,  Lattre,  1763,  în-fol. 
Cette  carte,  qui  n  est  qu'une  pièce  informe  publiée  après  la 
mort  de  Fauteur,  a  été  originairement  dressée  sur  ses  Mé- 
moires, par  Buache.  (  Fonte tte,  Bibliothèque  hisior.^  t.  I, 

p.  93.) 

'  XYI.  Quarante-un  Mémoires  dans  ceux  de  TAcâdémie 
des  sciences  de  Paris,  depuis  174^  jusqu'en  176a,  dont  la 
nomenclature  serait  trop  longue  pour  les  bornes  de  cet 
article. 

XYn.  ÉclcUrcissemens  sur  les  erreurs  qu'on  peut  attribuer 
à  la  mesure  du  degr^  en  France^  entre  Paris  et  Amiens ^ 
p.  33^  à  346  des  Mémoires  de  V Académie  des  sciences  et 
belles-lettres  de  Berlin _,  année  1764. 

XVin,  Il  y  a  dans  les  Mémoires  de  Trévoux  ^  un  écrit  de 
la  Caille  sur  la  manière  de  calculer  Teffet  de  la  nutation  avec 
des  tables-,  mais  il  s^j  glissa  une  erreur.  Lalande  donna  ces 
tables  corrigées  en  1769  avec  les  tables  de  Halley. 

Editions  d'ouvrages  données  par  la  Caille  : 

XIX.  Traité  d'optique  sur  la  gradation  de  la  lumière.  Ou- 
vrage postbume  de  Bouguer,  publié  par  la  Caille.  Paris ^ 
Guérin  etDelatour,  1760,  in-4**>  p.  368. 

XX.  Nouveau  traite  de  navigation,,  contenant  la  théorie  et 
la  pratique  du  pilotage ^  par  Bouguer,  revu  et  abrégé  par  la 
Caille.  Paris j  ibid,  1760,  in-S***,  ibid^  '7^9?  îdi-S"*,  à., 
ibid. ,  1 78 1 ,  in-8** ,  it.  Paris ,  1 792 ,  in-8** ,  avec  des  notes  de 
Lalande. 

C'est  un  ouvrage  entièrement  refondu.  Clair  et  précis,  il 
contient  spus  le  titre  d'abrégé,  presque  le  double  des  ma-' 
tières  de  rin-4^  publié  par  Bouguer,  en  1763.  La  Caille  y 
ajouta  la  manière  de  trouver  les  longitudes  par  le  moyen  de 
la  lune.  Ce  traité  renfermait  une  petite  table  des  sinus  en 
nombres  naturels.  L'académicien  ardennais  y  substitua  les 
logarithmes  des  sinus  et  des  tangentes;  la  forme  qu'il  leur 


170  CAL 

donna  parut  si  commode  y  cpCon  les  f^hnprima  à  psurt  ;   et 
ces  tables  ont  eu  planeurs  étions. 

f 

Ses  manuscrits  : 

I.  Quelques  notes  manuscrites  sur  le  Recueil  d^obsen^atiom 
fiâtes  en  divers  çoyagesj  pour  perfectionner  t astronomie  €t  la 
géographie ^  par  MM.  de  TAcad.  des  Sciences.  Paris  ^  impr. 
royale ,  1 698 ,  in*fol . 

II.  Remarques  manuscrites  sur  V Histoire  de  Vastro99omie_» 
par  Esteçe.  (Paris,  1765,  3  vol.  in-i^.) 

in.  Notes  manuscrites  sur  la  Physique  des  cottêètes,  par 
h  P.  Berthierde  V Oratoire.  (Paris,  1760,  in-.ia.) 

Ces  remarques  et  notes  marginales  sont  indiquées  aux 
n*'  1 1,  63 1  et  65i  du  Catalogue  des  liçres  de  la  IMiothéfue 
de  ht  Caille*  Paris,  1762 ,  in*8^,  p.  76. 

IV .  Journal  des  observatbms  de  la  Caille*  Il  était  entr» 
les  mains  de  feu  M.  Delambre. 

y.  Il  avait  composé  en  1732  une  Dissertation  fort  mé-^ 
thodique  et  fort  claire ,  sur  le  sens  et  le  fait  de  Jansénius  j 
formant  1 10  pages.  Elle  a  ps^ssé  du  cabinet  de  M.  Debnbre 
dans  celui  de  M.  Villenave. 

Son  portrait:  i^  Le  Jeuneux,  pins.  Devaux^  se. ,  in-4**^ 
dansZef  illustres  modernes  (1788,  2  v(d.  in-fi>l.)',  a.  Lan-     • 
don,  in  S"",  au  trait,  dans  sa  Gahrie  lUstorùfue. 

he  hoing  y  JSist.  de  I^aon^^.  534;  Bailly,  Hist.de  Gas- 
tronomie moderne^  t.  II,  p.  !i8i,  63i,  656*,  t.  III,  p.  3f, 
35,  36,  73,  93,  99,  i3i,  170,  a58',  Lalande,  Hist.  de 
Gastronomie  y  t.  F,  p.  23 1;  etB&liog.  astronotnique^p.  4^3, 
429,  435,  440,  442,  45i,  46i,  462,  465,  471,  475,  482, 
5io,  5i6,  674»  575,  078. 

C ALLIAS  (Augustin).  Guillaume  GoUetet  le  signale 

comme  jurisconsulte  sedanois^  et  le  met  au  rang  des  poètes 

^ançais  qui  ont  consacré  leur  muse  à  la  poésie  morale. 


CAL  1 7 1 

a  11  a  y  dit-il»  publié  Laforest  des  mystères  de  Dien  »  (i). 

CoUetet  s  est  trompé  grossièrement  et  sur  la  patrie  et  a^ur 
les  productions  de  Gallias.  Peut-être  s'est-il  aperçu  de  son 
erreur  -,  car  il  ne  lui  a  point  accordé  de  place  dans  son  His- 
tôire  MSS.  des  poètes  français  (a).  C'est  à  quoi  Ton  s'expose 
quand  on  parle  d'un  livre  sans  l'avoir  vu.  L'ouvrage  ci*de«- 
sus  est  en  latin.  Quant  aux  particularités  de  la  vie  de  notre 
jurisconsulte  poète ,  nous  les  mettons  sous  les  yeux  du  leeN> 
teur* 

Aug.  Callias  était  originaire  d'Epemay,  et  descendait 
d'une  ancienne  famille  de  cette  ville ,  où  G.  Callias,  son 
aïeul,  occupait  une  place  dans  la  judicature  en  i5i8.  On 
ignore  où  il  fit  ses  premières  études.  On  sait  seulement 
qu'ayant  échappé  au  massacre  de  la  Saint-Barthélemi ,  il 
s'était  réfugié  en  iSjS  à  Ueidelbeig,  où  il  s'appliqua  à  la 
jurisprudence  9  et  qu'il  y  v^ut  dans  la  plus  grande  fami* 
liarité  avec  Tremellius  (  3  )  >  Zanchius  >  Ursinus ,  Hugues 
Poneau ,  Fr.  Junius  ,  D.  Tossanus ,  Thomas  Eraste ,  et 
plusieurs  autres  sa  vans  de  la  réforme,  avec  lesquels  il  eut 
sans  doute  quelquefois  le  plaisir  de  mesurer  ses  forces;  car 
les  savans  aiment  les  disputes  utiles. 

C'est  de  lui  que  nous  tenons  ces  détails  *,  ils  sont  consignés 
dans  la  dédicace  du  n**  v,  adressée  à  Frédéric  V,  palatin 
du  Rhin,  et  dans  sa  Controversia  Forensis^  où  il  rend 
compte  d'un  procès  quMl  eut  à  'soutenir  contre  1* abbaye 

(  1  )  7Vâ«<é  4U  kl  poéiie  moraU  et  tentâneieusê ,  p.  5 j^ 

(ft)  LeM^.  ««itogn{»he  «st  dani  la  bibliotliéqiie  parUculiéfre  du  roi ,  galerie 
du  Louvre.  Il  contient  qufttré  cent  cinquante-huit  vies.  François  GoUetet  en 
a  fait  une  Copie  très  feutiye  :  elle  se  trouve  aussi  dans  la  mètaie  bibUothéque , 
«t  contient  quatre  cent  quarante-sept  vies  Reniement ,  quoique  la  table  en  ân- 
.nonce  quatre  cent  cinquante-six. 'Ce  MS.  eÀt  été  d'un  puissant  secours  à 
Tabbé  Ooa}et  pour  composer  sa  Biétiothéqut  fntnçùite  ;  mais  il  avoue ,  dans  sa 
préface  du  t.  IX,  p.  6 ,  n'avoir  pu  en  avoir  communication.  Il  y  aurait  beau* 
coup  à  faire  si  l'on  entreprenait  de  le  publier. 

(5)  Professeur  d'hébreu  à  Sedan ,  auteur  de  savans  ouvrages. 


17»  CAL 

d'Ai^ensolles  (i),  qui  lui  oontestait  la  possessiou  d'un  do- 
maine qu'elle  avait  abandonné  à  G.  Callias ,  son  aïeul , 
moyennant  la  redevance  d'un  cens  annuel. 

Attiré  à  Sedan  par  la  munificence  de  Henri  de  la  Tour , 
duc  de  Bouillon  y  ce  prince  le  créa  l'un  des  modérateurs  de 
l'académie  de  cette  ville.  La  bienveillance  du  souverain  fut 
bientôt  suivieT  de  nouveaux  bienfaits  ;   il  mit  Callias    au 
nombre  de  ses  conseillers  intimes,  et  voulut,  en  lui  don- 
nant une  cbaire  de  droit  dans  la  célèbre  école  qu'il  avait 
fondée ,  qu'il  augmentât  le  nombre  de  ceux  qui ,  par  leurs 
lumières  et  leurs  talens,  contribuaient  à  la  gloire  de  ses 
états. 

C'est  sous  sa  présidence  que  fut  soutenhe,  le  &  février 
160B,  une  thèse  sur  l'homicide  (2). 

L'imiversité  de  Sedan  lui  décerna  les  honneurs  du  rec- 
torat le  3  avril  1621,  et  le  3o  avril  de  l'année  suivante*  Sa 
dernière  signature  sur  les  registres  des  modérateurs  de  <;ette 
école  est  du  6  juin  1626.  Il  est  probable  qu'il  mourut  peu 
de  temps  après.  Il  devait  être  très-vieux ,  car  il  nous  apprend 
dans  une  de  ses  dédicaces  (3),  qu'il  était  dans  le  déclin  de 
l'âge  en  161 3.  Je  présume  que  Charles  Bordelius,  auteur 
de  plusiem^s  ouvrages ,  lui  avait  succédé  dans  la  chaire  de 
droit,  dès  le  22  mars  1624* 

(1]  Maison  de  Bernardines,  située  à  deux  lieues  d'Epernay. 

(a)  Disputatio  de  homicidio ,  ci{jus  Thèses ,  prœside\Augustino  CaUià ,  LL,  hn- 
perîaUum  in  academid  Sedanensi  professore  ^  née  non  iltuitriss,  dueii  .BttUiomi  ^ 
à  consUlis  fidissimo ,  propuMnare  conabiittr  Jacobus  Biccotis  daventriiu  ttunns- 
sellanus.  ^edan,  s.  n.  d'impr.,  1608,  in-4*9  p-  34,  non  chiffrées»  (BD.  du  roi , 
D.  3.  ioo8«)  On  lit  au  verso  du  frontispice  :  «Nobilibus,  clarissimis  ac  con-. 
»  sultissimis  ,  D.  Danieli  Tlienoy  exquisitissimo  sacrarum  litteramm  in  acade- 
»  mift  Sedanensi  professori,'  nec  non  D.  Augustinù  Catiiaty  Jf.  G.,  ihidan^ 
»  LL.  Romanahim  antecessori  solertissimo ,  illuitrissimi  principis  Boilo- 
»  nii ,  etc.  y  oonsiliariis  longé  pmdentissimis ,  dominis  ac  Mecœnatibus  su»» 
»  optimé  de  se  meritis,  hascé  à  se corrassas  jurispositiones,  in  sempiternom 
»  animi  testimonium  inscribit  respondens.  » 

(3)  Dédicace  à  Frédéric  F,  palatin  du  Rhin ,  à  1»  tête  du  n«  iv. 


CAL  173 

Samuel  Neran ,  son  collègue  à  racadémie  de  Sedan ,  a  fait 
réloge  de  ses  vers  par  ceux-ci  : 

EPIGRAA^MA 

In  epigrammata  sacra  Âug.  GaiUeti,  consilarii  ducis  Builonii,  et 
juris  in  academiâ  Sedanensi  professons  * 

» 

Çoirampant  alii  venu  leaone  juTentam  ^ 

Quels  venus  et  veneris  semper  in  Ore  puer. 
Cailietut  mentem  meliori  percitus  œstro  est ,  « 

Gui  Deus  et  Ghristus  paginam  utramque  ftcit. 
Isftcio  manant  illi  pia  cannina  fonte , . 

Isacium  ad  fontem  Gastalis  undai  nihil. 
Nœram  potmaia ,  p.  5o« 

Ses  ouvrages  : 

I.  Emblematà  sacra  ex  Uhris  Moysis  excerpta.  Heidel* 
Lei^,  iSSi,  in-i6',  it  Heidelb.  iSgi,  in-i6. 

II .  Seize  petites  Pièces  de  vers  latins  j  sur  des  sujets  mo- 
raux, insérées  par  Gruter  dans  le  t.  I,  p.  596  à  598,  des 
Deliciœ poetanan  hallorum.  (Francfort,  1609,  6  vol.  in-i6.) 

III.  Sylva  mysteriorum  Jehovœ  Dei  Deorunij  ex  oraculis 
divinis  tralaiitiâ^  et  S.  BibUorum  ordine  digesta  :  opus  CalUœ 
J.  C,  j  principatûs  Sedanensis  consiliarii^  et  in  acad,  LL. 
professoris  ordinarii.  Sedan,  J;  Jannon  ,  161 3,  in-ia, 
p.  191,  avec  une  dédicace  en  prose  et  en  vers  à  Jacques  I*', 
roi  de  la  Grande-Bretagne,  ail  bas  de  laquelle  est  cette 
souscription  :  M,  tuœ  devotissimus  Aug.  Calliasj  J.  C, 

IV.  Sylva  II  mysteriorum  Jehovœ  Dei  Deorum  ex  oraculis 
fœderis  novi  trabatitia:  item,  Appendixij  sive  Ubellus  mys- 
cellaneorum  ad  prœcedentia  poemata  pertinens.  Sedan ,  ibid.^ 
i6f3, in-ia,  p.  162. 

Ces  deux  ouvrages  rares  sont  à  la  Bibl.  Sainte-Geneviève, 
V.  715. 

,   Dans  sa  dédicace  au  roi  Jacques.  I'%  qu'il  compare  à  Sa- 
lomon ,  le  poète  dit  qu'il  a  entrepris  ce  travail  pour  former 


174  5^  AL 

le  cœur  de  la  jeunesse ,  en  lui  mettant  sous  les  yeux ,  et  en 
vers ,  tous  les  exemples  de  vertu  et  de  vice  disséminés  dans 
les  livres  saints,  où,  selon  saint  Paul,  tout  ce  qui  y  est  écrit 
a  été,  écrit  pour  notre  instruction  (i).  Il  ne  dissimule  pas  'que 
des  censeurs    chagrins  désapprouveront   qu'il  ait  cîté    en 
notes  beaucoup  de  .passages  des   auteurs  profanes ,    pour 
servir  d'appui    aux  exemples  tirés  de  TEcriture- Sainte, 
quil  a  mis  en  vers.  Il  répond  qu'en  cela  il  a  imité  saint 
Paul,  qui  n'a  point  dédaigné  d'emprunter  des . sentences 
d'Aratus,  d'Epiménide,  de  Ménandre  et  d'autres  écrivains 
du  paganisme. 

Du  reste,  il  blâme,  avec  saint,  Augustin,  la  lecture  des 
poètes  profanes ,  que  Texpérience  a  Jugée  tellement  dange- 
reuse ,  qu'on  a  été  obligé  de  châtrer  la  plupart  de  leurs  pro- 
ductions, afin  de  pouvoir  les  exposer  aux  regards  de  la 
jeunesse  -,  et  c'est ,  dit-il ,  ce  qui  Ta  porté  à  composer  des 
poésies  sacrées,  pour  la  prémunir  contre  la  séduction  de 
tous  ce»  ouvrages  poétiques  qui  nç  servent  qu'à  exciter  et  à 
nourrir  les  passions,  celle  surtout  de  l'amour,  laquelle  n'est 
que  trop  profondément  enracinée  dans  tous  les  cœurs ,  et 
n'a  pas  besoin  d'être  allumée  par  des  expressions  plus  qu'é- 
quivoques ,  par  des  images  trop  naïves ,  par  des  peintures 
libres,  que  le  poète,  comme  le  peintre,  se  fait  un  devoir 
d'état  d'exposer  à  tous  les  yeux. 

La  dédicace  du  deuxième  volume ,  adressée  à  Frédéric  V, 
palatin  du  Rhin,  est  datée  de  Sedan,  l'an  i6i3.  Dans  le 
cours  de  l'ouvrage ,  on  trouve  des  vers  offerts  à  ce  prince 
lorsqu'il  vint  à  Sedan  pour  y  faire  ses  études ,  et  lorsqu'il 
en  partit,  le  26  décembre  1610',  un  épithalame  latin  et  un 
quatrain  français  (2)  sur  son  mariage  avec  la  princesse 
Elisabeth ,  fille  du  roi  de  la  Grande  -Bretagne  ;  une  ode  sur 

(i)  Rom.  XV,' V.  4. 

(1)  Ce  qumfrain  et  le  tormet  ci -après,  sont  les  seules  pièces  de  vers  fran- 
çais ÎBsérées  dans  les  deux  vol  h  m  es  de  poésies  de  G  allias. 


CAL  175 

YwL  victoire  de  Beaumont-en^-Argonne ,  reiiipoi*tée  par  Henri 

d.e  la  Tour,  duc  de  Bouillon,  le  14  octobre  1592(1),  et  un 

sonTiet.  L'ouvrage  est  terminé  par  Controçersùx  Forensis^ 

où  l'hauteur  rend  compte  de  deux  procès  qu'il  eut  à  soutenir 

contre  les  religieuses  d' Argensolles  y  pour  le  maintien  de  sa 

fortune. 

Ses  notçs,  tirées  des  auteurs  profanes,  prouvent  qu'il  se 
les  était  rendus  très4ainilier8.  Elles  sont  assez  bien  adaptées 
aux  sujets  qu'il  traite.  Quant  à  ses  vers,  je  ne  les  trouve  pas 
de  Aature  à  pouvoir  captiver  l'attention  au  point  de  dé* 
tourner  de  la  lecture  des  poètes  du  siècle  d'Auguste  ;  ils 
n'^oat  rien  de  cette  vigueur  céleste,  que  nous  appelons  fu- 
reur poétique ,  ou  enthousiasme.  Ce  sont  des  vers ,  à  la 
vérité',  mais  ce  n'est  pas  là  le  style  des  Muses. 

Dupin*  lui  a  faussement  attribué  :  De  SS.  '  EucharistÙB 
sizcramento  ^  contra  Franciscum  costerum  jesuitamj    iSgS, 
ÎTi'-S*  *,  Becman  nous  apprend  que  ce  traité  est  à^ André 
Callias. 

Becman,   Cat.  bibL  uniçersit.  Franc<^urtianœ ^  p.  54  ^ 
édit.  1706-,  Dupin  (2),   TMe  uniif.  des  W.  ecdés.j  t.  4» 

P-  979- 

« 

(1)  Dmfi  le  cinquième  ▼oirnne  de§  H^moirei  de  la  Ligm^  par  Goulart»  cm 
remarque  p.  i5a  à  i56 ,  quelques  vers  latins  et  français  à  la  gloire  du  duc  de 
Bouillon ,  e^ur  la  défaite  des  Lorrains  devant  Beaumont  ;  voy.  aussi  le  Journal 
de  Henri  IV^  oct.  1592. 

(a)  Il  le  nomme  mal  à  propos  CatUu» ,  et  francise  tons  ses  ouvrages.  Nous 
fttTons  appelé  Cattiu^  nom  qull  se  donne  lui-même  à  la  tète  de  ses  poésies. 
Cependant  sa  signature  au  bas  des  actes  consignés  dans  les  Registres  des  Mo- 
dér.  de  Tacad.  de  Sedan ,  porte  Caittet ,  et  un  de  ses  ancêtres  est  désigné  sous 
le  nom  de  Cailiet^  p.  i5i  de  sa  Coniroversia  Forensit,  Marlot  parle  (t.  II, 
p.  80a  de  sa  Métropole  de  Reims)  d'un  Jean  Çaillety  recteur  de  Puniversité 
de  Reims ,  vers  1678.  Oii  voit  à  la  page  a5  de  la  Matrieuh  des  Bénédictins  de 
la  Gongr.  de  Saint- Vanne,  publiée  en  178a ,  in-4*>  un  dom  Joseph  CaiUet^  na- 
tif d'Epernay,  profès  de  Saint-Pierre  de  Gbftlons ,  du  7  septembre  1670 ,  mort 
k  Hautvilliers^  le  4  mai  1707. 


1 76  C  AM 

GAMART  {/intoiné)j  procureur  général  du  Relhelois  j  ssê 
patrie  y  né  vers  1480  (i)»  a  publie  : 

Recherches  pour  montrer  que  les  ecclésiàstù/ues  ^  nobles  et 
habitons  des  villes  et  communautés  du  comté  de  Retheloîs^  sorti 
exempts  d'aides  et  gabelles  ;  et  les  causes  de  ce  pris^ïlége.  (Sans 
date  ni  lieu  d'impression)  in-4''* 

CAMART  {Pierre)  y  né  à  Rethel,  vers  i5oo,  était  fias  de 
Pierre  Ganiart ,  écuyer,  seigneur  de  Thugny  en  partie  y  et  de 
Marie  de  Toumelle  ou  de  Toumelle.  Il  devint  procureur 
général  du  duché  de  Rethelois ,  érigé  en  1 58 1 ,  sous,  Louis  de 
Gonzague  et  Henriette  de  Glèves.  Une  note  que  nous  avons 
puisée  dans  les  MSS.de  la  BB.  du  roi ,  porte  que  c'était  un 
vrai  Israélite  j  qui  assoit  néanmoins  de  la  littérature  et  du  bon 
sens.  On  peut  rapporter  sa  mort  à  Tannée  1 585  :  les  preuves 
de  son  savoir  se  tirent  de  Técrit  suivant  :       ^ 

Mémoires  sur  V antiquité  de  la  ville  de  Rethel  ^  MS.  in^oL 
de  44  pages,  à  la  BB.  du  roi  :  copie  envoyée  au  prieur  de 
Saint-Nicaise  de  Reims ,  par  Jean  Baptiste  Durand,  Rethe- 
lois, le  16  février  174^*  Secousse  en  avait  aussi  une  copie 
parmi  ses  MSS.  sur  la  Ghampagne. 

Ges  Mémoires  sont  une  suite  abrégée  des  seigneurs  et 
comtes  de  Rethel,  extraite  des  Chartres  et  autres  pièces ,  dont 
Fauteur  était  dépositaire.  Gamartles  écrivait,  non  en  1616, 
comme  le  dit  Fontette  (t.  III,  p.  3!^o,  de  sa  BB,  Jffist.  de 
la  Fr.\  mais  en  i522.  En  parlant  de  la  donation  que  le 
roi  Louis  XII  fit  faire  du  comté  de  Nevers  à  la  maison 
d^Albret,  il  dit  :  «Nonobstant  cette  donation,  le  procu- 
»  reur  général  du  roi  ayant,  en  cette  année  i522 ,  lait  saisir 
»  cette  terre.  » 

Ce  MS.  apprend  «  quïl  y  avait  à  Rethel  un  prieuré  très- 
»  ancien ,  que  Ton  dit  avoir  été  fondé  par  Rogatien ,  deuxième 

(1)  Les  registres  de  l'état  civil  de  Rethel  ne  remontant  qu'à  Pannée  1600, 
nous  ne  ponvons  préciser  les  époques  antérieures. 


CAM  1 77 

m 

»  seigneur  de  Rethel,  fils  d'Alberic,  lequel  Alberic  était 

»  deuxième  fils  du  roi  Glodion. 

»  Que  le  roi  Philippe  de  Valois,  par  ses  lettres-patentes 
»  du  217  août  1 3479  accorda  à  Louis  III,  surnommé  de  Maie , 
»  comte  de  Nev6r^  et  de  Rethel ,  de  tenir  ces  comtés  en  titre 
»  et  dignité  de  pairie  :  lettres  qui  furent  confirmées  par 
»  d  autres  lettres  du  roi  Jean  II ,  qui  succéda  à  Philippe  son 
»  père,  le  22  août  iî5o; 

»  Que  Charles  de  Bourgogne,  fils  de  Philippe  II,  duc  de 
»  Bourgogne ,  comte  de  Nevers  et  de  Rethel ,  fit ,  par  lettres- 

.  »  patentes  du  3  mars  1444?  f^^i'i^ier  de  murailles  la  ville 
»  haute  de  Rethel ,  alors  appelée  le  grand  faubourg j  qu  il  n'y 
»  avait  que  la  ville  basse  qui  fût  fermée ,  savoir  la  tour  du 
»  château,  vers  la  tour  du  Bourg-de-ckef,  » 

On  a  fait  quelques  additions  aux  Mémoires  de  Camart.  On 
croit  qu'elles  commencent  à  Tannée  1624,  époque  de.  la 
mort  de  Jean  d'Albret,  comte  de  Rethel,  et  gouverneur  de 
Champagne,  après  lequel  François  I*'  donna  ce  gouverne- 
ment à  son  second  fils,  Charles  de  France,  duc  d'Orléans,  etc. 
Dans  ces  additions  est  mentionné  le  due  de  la  Meilleraie , 
époux  d'Hortense  Mancini ,  pour  qui  le  Rethelois  fut  érigé 
en  duché-pairie,  par  lettres-patentes  du  i5  décembre  i663. 

CAMART  (Michel) y  licencié  en  droit,  parent  du  précé^ 
dent,  et  comme  lui  natif  de  Rethel ,  fut  une  lumière  du  bar- 
reau  dans  sa  patrie ,  et  recueillit  des  témoignages  publics 
d'estime  et  de  confiance ,  dans  une  carrière  où  ses  ancêtres 
avaient  acquis  de  la  considération  et  de  la  fortune.  Il  était 
élu  pour  le  roi  en  l'élection  de  Rethel ,  procureur  général 
du  Rethelois ,  et  trésorier  du  duc  Louis  de  Gonzague ,  lors- 
qu'il mourut  dans  sa  ville  natale,  à  la  fin  du  mois  de  dé- 
cembre i588. 

Le  prince  Henri  Roberè  de  la  Marck,  duc  de  Bouillon, 
voulant  améliorer  la  Coutume  de  i}edan^  formée  en  i  SSg , 

TOME  I.  12 


1 76  C  AM 

cbiii^eatle  ce  travail  iinpôrtaîQt  treize  jurificonsultes .  'Alicliel 
Gamart  figure  honorablement  parmi  eux ,  ainsi  que  *  Gilles 
du  Han ,  bailli  de  Sedan,  Jean  Pailla ,  lieutenant  particulier 
au  siëge  de  Rethel ,  et  Jean  du  Gloux ,  bailli  des  terres  sou- 
Triâmes  de  Ghâteau-*Regnault.  Cette  coutume  a  paru-  sous 

ce  titre  : 

Ordonnances  du  duc  de  SouiUon  (Henri  Robert  de  la 
Mardi) j  pour  le  règlement  de  la  justice  dans  ses  terres  et  sei- 
gneuries souveraines  de  Bouillon  j  Sedan  j,  Jamets  ,  Raucourt, 
Florenge^  Floranvillcj  Messamcourtj  Lognes  et  le  Scudcy; 
avec  les  coutumes  générales  desdites  terres  et  seigneuries»  Paris^ 
Robert  Estienne,  ï568,  in-4''î  it>^  Sedan,  Thesin,   1717? 
in-4''  ?  édition  contenant  des  additions ,  aug^nentations ,  et 
des  &its  qui  concernent  Fhistoire  de  Sedan, 

Nous  terminerons  Tarticle  de  notre  jurisconsulte  rethe- 
lois  par  la  pièce  de  vers  que  le  poète  J^ficolas  Ghesneaii  de 
Tourteron  lui  a  adressée  ': 

m 

*  »  • 

Ad  Micfiaelem  Camartum  et  Steph.  Miletum. 

I^  solemae  pntOyinidtoa  twperesae  propmqno» 

Quos  OOD  cogDoris ,  videris ,  audiçiis. 
Attamen  ilLius  non  possim  dicere  causam , 

Qaae  mîhi,  quae  vobb  mdnbitata  foret. 
Tempora  (quae  ocultas  res  ampla  lamine  donant) 

Qaalia  sint  tandem  vincula  nostva  docent. 
Ergo  propinqui  nunc  ,  qui  viFebamus  amici 

Ant*e ,  sumus  :  noster  stat  geminatus  amor. 
Fortior  mùltè  est ,  quàm  laedat  fœda  vetustaa  : 

Qoippe  mihi  fuiû»  dicitur  esse  triplex. 
Id  mihi  Miktus,  mihi  quod  vult  esse  Çamartus  : 

Sed  quod  uterque  mihi  est ,  unus  id  esse  paro. 

(Epigram.^  fol.  So.)* 

Venons -à  celui  de  qui  le  nom  de  Gamart  a  reçu  son  plus 
beau  lustre. 

GAMART  (Gilles),  général  des  Minimes,  né  à  fiedieUe 
10  mai  1671,  était  fils  du  précédent  et  de  Barbe  Viriot.  On 


CAM  1^9 

pressentit  son  gaàt  pour  la  piëtë  et  les  cet^momes  du  culte , 
dés  qu'il  eut  atteint  le  tei*tiie  de  Fei^nce^  Il  eommença  et 
finit  ses  études  à  Reims  avec  un  stieeés  soulenu,  et  tomme 
son  père  le  destinait  au  barreau ,  11  TenToya  à  Paris  pour  y 
faire  son  coui9  de  droit;  ioiaii  cette  desttnatidn  contrastait 
avec  les  sentimens  religieux  du  jeune  Camart.  Suivant  avec 
chaleiur  son  penchant  naturel  et  les  monvemens  de  sa  fer- 
veur,  au  lieu  de  s'arrèler  dans  la  capitale ,  il  alla  demander 
rhahit  de  Saint  FrançoifiNde^Paule  an  couvent  de  Chaillot. 
In£9rmës  de  cette  étrange  résolution  y  seS  parens  lui  firent 
éprourer  nne  secousse  de  surprise  et  de  regrets  en  le  tàii*' 
ttaignant  de  revenir  à  JKethel.  Ramené  sous  le  toit  paternel 
par  un  exprès,  il  persista  dans  sa  vocation ,  et  rîeft  ne  fiit 
capable  de  Fébranler.  Trois  mois  après  la  mort  de  son  pAre  ^ 
il  entra  chez  les  Minimes  de  sa  ville  natale  ^  qui  re^mient 
ses  vœux  le  i^'  avril  iSSg.  Quel({n'idée  que  Ton  se  formé 
d'une  pareille  résolution ,  il  est  c^tain  que  celui  qm  la  prend 
et  reitéeate  à  cet  âge  avec  cette  vigueur,  n'est  point  un  homme 
ordinaire. 

Do«é  des  plus  heureuses  dispositions  pour  Téloquence  de 

la  chaii^,  Gamart  se  consacra  sérieusemcftit  à  Fétude  de  la 

théologie  dogmatique  et  morale  ^  sans  laqudQe  il  est  imposa 

sible  de  prêcher  avec  fruit*  La  solidité  de  s6n  jugement,  la 

vivacité  de  son  esprit,  et  sa  sagesse  prématurée,  jointes 4 

um  ardeur  extrême  pour  le  travail  et  à  «le  élocutîon  fiicile^ 

le  firent  d'aboid  regarder  comme  un  sujet  qui  pitmlettait  un 

bnUant  avenir.  A  pçiœ  eut-^il  fini  son  oom^  d'études ,  qu'il 

fut  chai^gé  de  professer  la  thécJogie  dans  son  CM^dre.  Mais 

'  cette  science,   telle  qu'on  renseig!nait  alors >  hérissée  de 

sopfaismes  et  de  distinctions  plus  propres  à  formier  des  dis^ 

putevrs  importuns  que  de  vrais  savatns,  ne  le  subjugua 

point,  et  sa  raison  affermie  ne  s'enivra  pa»  de  ces  stériles 

eoflnaissances.  Avide  d'ime  instruction  solide,  il  apprit  les 

langues  orientales,  et  particulièrement  l'hébreu,  qui  en  est 


i«o  CAM 

la  clef-,  il  s  appliqua  d'ailleurs  a  Tëtude  de  Tantiquitë  ecclé- 
siastique, il  médita  rEcritxLre-Saiate,  lut  les  Pères,  et  surtout 
le  sentencieux  Tertullien ,  cpi'il  aimait  passionnément ,  et 
jeta,  durant  Texercice  de  son  professorat,  les  fondemens 
de  lâchante  réputation  quil  s^acquit  depuis  dans  la  polé- 
mique. 

.  Les  écrivains  de  l'antiquité  proCeme  le  délassaient  utile- 
ment de  ces  études  sérieuses  et  arides.  Les  morceaux  re- 
marquaLles  de  leurs  ouvrages  lui  étaient  &miliers ,  il  les 
«itait  à  propos ,  et  les  appliquait  avec  uHe  justesse  admi- 
rable. Sa- mémoire  tenait  du  prodige.  >On  rapporte  que ,  par 
un  de  ces  efforts  qui  paraissent  au-dessus  des  forces  de  la 
Itéte  humaine ,  il  lui  arriva  quelquefois  de  réciter  à  rebours 
le  Nouveau-Testament  grec  et  latin. 

Cette  mémoire  extraordinaire  le  seconda  puissamment 
dans  la  carrière  de  la  chaire ,  qu'il  parcourut  avec  éclat.  Il 
avait  reçu  de  la  nature  l'avantage  d'un  extérieur  plein  de 
dignité  et  d'intérêt ,  et  sa  tête  eût  pu  servir  de  modèle  à  la 
figure  du  plus  édifiant  des  apôtres.  Son  éloquence  animée, 
forte,  vigoureuse,  s'annonçait  par  une  voix  sonore  et  par 
une  action  vive.  Le  grand  art  de  la  prédication  n'admettait 
dans  ce  siècle  ni  beaucoup  de  délicatesse  dans  les  pensées , 
ni  la  pompe  et  la  majesté  du  style.  Ce  n'était  pas  le  goût  de 
l'époque  :  il  suffisait  alors ,  pour  paraître  avec  succès  dans  les 
tribunes  orthodoxes ,  de  savoir  démêler  avec  la  précision 
d'un  dialecticien  habile  toutes  les  subtilités  des  ministres  de 
la  réforme,  et  dissiper  avec  adresse  les  nuages  qu'ils  s'effor- 
çaient de  répandre  sur  les  dogmes  et  sur  la  discipline  de  la 
communion  romaine ,  et  c'était  là  surtout  le  mérite  du  Père 
Caïnart.  C'est  donc  seulement  sous  ce  rapport  que  doit  se  ' 
prendi^  le  f^erbi  Dei  prœco  nobiUssimus  que  lui  applique  la 
chronique  des  Minimes. 

.  n  fit  retentir  de  sa  voix  éloquente  les  chaires  de  la  Ro- 
chelle ,  Nérac ,  Saumur ,  et  d'autres  villes  où  le  calvinisme 


CAM  ^  i8r 

tiomin^LÎt,  et  ce  fut  toujours  avec  d'unanimes  applaudisse- 
métis^   £tant  provincial  de  la  province  d'Aquitaine,'  et  se 
disposant  à  prêcher  Toctave  de  la  Fête-Dieu  à  Castres^,  eti 
1 606  9  il  apprit  que  le  ministre  Josion  vetiait  de  publier  Aa 
*  ouvrage  en  faveur  de  sa  secte ,  et  comme  cet  écrit  pouvait 
faire   une  mauvaise  impression ,   il  entreprit  de  le  réfuter 
publiquement.  Josion,  irrité,  lui  envoya  un  cartel  de  défi  : 
il  ^i  accepté.  Les  comLats  de  doctrine  étaient  alors  u^tés, 
on  en  avait  pris  l'exemple  dans  les  siècles  les  plus  reculés  : 
telles  avaient  été  les  conférences  de  Garthage  entre  les  Ca- 
tholiques et  les  Donatistes  en  présence  du  comte  Marôellin; 
et  le  pourparler  du  saint  abbé  Maxime  avec  Pyrrhus  de 
Gonstantinople ,    devant  le   patrice  Grégoire  et  quelques 
évêques.  Il  y  avait  eu  encore  de  ces  luttes  publiques  au  xvi* 
siècle  :  tel  fut  le  fameux  colloque  de  Poissy  en  i56i.  On  y 
discutait  beaucoup  avec  cette  chaleur  contentieuse  qui  re- 
lègue toujours  la  vérité  loin  du  champ  de  bataille.  En  gé- 
néral ,  la  gloire  de  s'avouer  vaincu  par  la  vérité  tente  peu  les 
hommes.  On  met  plus  de  honte  à  se  rétracter,  qu'on  n'at- 
tache de  prix  à  la  victoire.  Il  faut  donc ,.  par  une  opiniâtreté» 
inflexible,  se  sauver  du  déshonneur  du  changement',  telle 
est  la  logique  de  l'orgueil  huniain. 

Le  jour  et  le  lieu  de  cette  gymnastique  théologique  ayant 
été  assignés ,  les  deux  champions  parurent  en  présence  des 
magistrats  de  la  ville  de  Gastres,  et  d'un  grand  nombre  de 
spectateurs  des  deux  communions.  La  lutte  s'engagea-,  on 
contesta ,  on  ergota  beaucoup ,  on  se  chargea ,  on  récrimina , 
on  i:épliqua ,  on  répondit  encore ,  on.  embrouilla  la  matière , 
on  s'injuria  -,  car  les  argumens  des  controversistes  ne  sont  pas 
toujours  des  raisons  péremptoires.  Enfin,  selon  le  P.  de  la 
Noue ,  notre  niinime  triompha  pleinement  du  ministre  hété- 
rodoxe,  et  le  couvrit  de  confusion. 

Les  talens  du  P .  Gaijiart  étaient  rehaussés  par  d'éminentes 
vertus.  On  se  plût  à  leur  rendre  un  hommage  constant,  en 


i8a  CAM 

l'élevimt  aux  pr^^aûères  charges  àa  son  Qrdrq.  I)  ne   lui 
manquiut  plus  que  h  g^nérdat  pour  arjely^n»  au  comble  de» 
honneurs  :  il  lui  fut  déféré,  le  4  juin  i6si3 ,  par  le  suffr&ge 
unanime  de  se^  confrères  réunis  en  chapiù^  gênerai.  Ses 
yertus  ne  dégënérèrent  point  dans  ce  poste«  Cette  nouvelle 
dignité  ne  servit  qu^à  leur  ouvrir  une  plus  ample  carrière 
et  à  les  faire  paraître  avec  un  nouveau  lustre.  Entiërement 
dëvouié  aux  intérêts  et  à  la  gloire  de  sa  congrégation  ^  il  fonda 
dixrnenf  coi|yens  à  Orléans,  Angers,  Issoudun,  Boui^s, 
Angoulâmft,  etc.  Il  faisait  la  visite  générale  des  commu^ 
pautés  de  son  ordre ,  lorsque  la  mort  le  surprit,  à  Paule  eu 
Oalabre ,  le  3 1  août  i6a4-  ^^  cendres  reposent  dans  FégUse 
dts  Miipmes  de  cette  ville,  où  sa  tombe  est  co^verte  de 
inscription  suivante  : 

Rsif^  P.  JEgi^ii  Camart,  Galii  Rethelliensis ,  ordinis  Mini" 
morum  generalis  XXXVIy  doctrinâ,  pietate  et  morum  integritate 
sphndidi,  in  corn^entu  Paulano,  niorte  j'ustorum  mortui,  juxta 
kane  eolumnam  sepuiti,  Rev^"'**  Claudius  é^Orckàmp,  Burgundus 
MisonUn.uê  éju,tâém  ordinis  generahs,  anno  i656  pôni  mandiu»it. 

9PITAPHJIUM. 

Rctheiii  natum  Paulae  me  nutriit  ordo 
Bt  ilbi  lupreBiuii  f(Boit  ineise  factm . 

Oi^fUnsm  t|t  iUiVtro  WfilV^  &iK  QCC^MU  in  Qrtu 
Ordinis,  io  lacis  fonte  quiesco  meae. 

Le  P.  de  la  Noue  a  consacré  la  mémoire  de  son  illustre 
confrère  dans  une  autre  ëpitapke  que  voici  : 

Hebraicè ,  graecè  et  latine  doctus. 
Divins  humanaeque  sapientiac  supra  hominen»  peritus , 
Exquisiti  judicii  et  ftKoundœ  memoii»  dotes 
Mir^hili  felicitate  conjuRxit* 


GAM  i83 

I>e  Iftersticis  verbo ,  scc^tis ,  opère  trmmpbavit 

Imperterritus  adirersùs  totam  Factioaem. 
Ordinis  sui  promovendi  studio  nulliis  laboribns  piepercit. 

Undevingenti  monasteria  divdrsis  in  locis  constituit  : 
G«vinaiii£  proYinciam  pest  centmin  annos  recupcraiTit  ; 
Privatas  fkmilias,  provtocias,  ordinem  universum 

GontÎDuè  et  gloriosë  administi^avitJ 
Oratus  principibus ,  priratis  suscipiendus , 
Non  BBÎDàgexcelletrti  virtute  qnàm  in^redibiH  sdestiâ. 

Domestica  exeraplo 
Ad  omne  pietati»  et  probitalis  officium  prâeluxit .» 

£t  Pastorem  bonum  imitatas , 
Otcs  Teqtiîrens  ac  redticens ,  laborioâo  ôperî  immortuus  est 

▲tqaae  Paul»  gtoriam  restitnit , 
Quain  9  discedente  S,  Francisco  cive  suo ,  amiserat. 

Praesentiâ  denique  (ut  spesest]  suâ 
Duplicia  cœlo  gaudia  intulit ,  ad  perviginunli  Sancti  iSgidii , 

Anno  micxxiT. 

En.  décomposant  les  noms  Egidius  Camartus ,  on  a  trouvé 
cette  anagramme  heureuse,  Gratus  Dei  amicus.  Le  P.  Jean 
de  Saint- Antoine ,  après  avoir  travesti  notre  mininie  en 
franciscain  9  dans  sa  Biographie  franciscaine  _,  X.  I,  p.   i5, 

finit  par  dire  qu'il  lui  est  absolument  inconnu  :  Camartus 
adhuc  est  mihi  ignotus.  On  ne  peut  donc  guère  ajouter  foi  à 

ce  biographe ,  lorsqu'il  cite  quatre  éditions  de  Y  Elias  Thés- 

bites  j  Tune  publiée  à  Paris  en  i6io^  et  les  trois  autres  à 

Lyon,  en  1702,  1724  et  1726. 

Ses  ouvrages  : 

I.  j^ctes  d'une  conférence  publique  entre  le  P.  Camart  et 
le  ministre  Josion.  Toulouse,  veuve  Colomiez,  1607,  in-8°j 
it.,  4608,  in-8°. 

II.  Sermons  prononcés  à  Castres  durant  V octave  du  Saint- 
Sacrement ,  h  ^5  mai  i6o6j  contenant  l'exposition  du  mys- 
tère de  t Eucharistie  j  et  autres  points  de  religion  j  açec  réfu- 
tation des  hérésies  et  erreurs-  insérées  en  la  créance  des  Calui- 


i84  CAM 

nùtesj  et  de  leur  ministre  Josion.  Toulouse^  ibid.y  1608,  in-S*', 
p.  522.  (Bibl.  Maz.  24762.) 

Nous  allons  rapporter  quelques  fragmens  de  ces  discours , 
qui  feront  connaître  la  manière  de  notre  auteur,  digne  rival 
des  Barlette ,  Besse ,  Bibaut ,  Cor^nus  ,  Geyler ,  de  Lor , 
MaiUard(i),  Mebot,  Meyssier,  Pépin,  Rauliu,  Valladier, 
et  autres  prédicateurs  gothiques  dont  les  compositions, 
souvent  burlesques,  ont  passé  jusqu'à  nous  : 

((  C'est  un  fantôme  forgé  dans  la  caboche  de'Josion ,  éclos 
»  de  son  esprit  de  malveillance ,  et  moulé  sur  la  médisance 
»  de  sa  langue-,  p.  38.  «i— Toutefois,  sans  prendre  garde 
»  au  croassement  de  ce  corbeau,  je  le  prierai  d'écouter 
»  saint  Augustin-,  p.  61.  — Je  vois  bien  que  Josion  pare 
»  le  coup  et  montre  avoir  un  petit  brin  de  bon  sens*,  car 
î)  afin  de  n'avoir  pas  besoin  d'éprouver  sa  bouche  et  ses 
»  dents,  il  pallie  sa  créance ,  et  la  couvre  d'un  sac  mouillé; 
))  p.  92.  —-  Si' Josion  s'est  montré  mauvais  arquebusier  en 
»  la  sentence  de  saint  Augustin ,  il  est  encore  pire  canon- 
»  nier ,  indigne  de  manier  une  si  belle  pièce  ,  tirée  de  l'ar- 
»  senal  du  même  saint  Augustin.  Ecoutez  comme  il  braque 
»  ce  canon....  Ainsi  parle  notre  canonnier.  Il  ne  considère 
»  pas  que  le  canon  est  encloué  pour  lui ,  et  que  l'amorce 
»  qu'il  applique  sera  sans  effet,  car  il  ne  peut  prendre  feu*, 
î)  p.  1 3 1 .  •—  Ojez  le  perroquet  en  cage ,  vous  entendrez 
»  comme  il  se  fâche  contre  Luther,  de  ce  qu'il  n'est  d'ac- 
»  cord  avec  Calvin  sur  le  fait  de  l'Eucharistie. . . .  Mais  baste! 
»  allouons  la  monnaie  au  prix  qu'elle  court  contre  Luther  : 
»  au'  moins  devait-il  pardonner  à  la  mémoire  de  son  bon 
»  père   Calvin ,   et  ne  point  dévorer  sa  pauvre  carcasse 

(1)  Le  plus  singulier  et  le  plus  recherché  de  ses  sermons  fut  prêché  le  cin- 
quième dimanche  de  carême ,  à  Bruges,  l'an  i5oo  ;  m-4**>  goth.  On  y  trouve 
indiqués  en  marge  par  les  mots  Aem,  hem  ,  les  endroits  où  Ton  faisait  une 
pause  pour  tousser. 


CAM  i85 

* 

^  pourrie  *,  p.  i86.  •—  Gacus  traînait  par  la  qoeue  les  bœufs 
»  qu'ail   avait  dérobés,  et  les  faisait  cheminer  à  reculons^ 
ï>  pour  mieux  décevoir  ceux  qui,  en  faisant  la  recherche, 
»  les  voudraient  suivre  à  la  piste  :  de  iaiême  Josion  tire  ses 
»  gras, discours  au  rebours  du  droit,  afin  d'éluder  ceux  qui 
»  voudraient  reconnaître ,  ses  brisées*,  p.   211.  —  Vierge 
»  glorieuse ,  ce  n'est  qu  un  seul  ministreau-  qui  se  roidit 
»  contre  votre  grandeur;  c'est  le  champignon  d'une  nuit 
»  qui  se  veut  enfler  en  guise  dç  la  citrouille  de  Jonas  -,  c'es^ 
B  le  chardon  d'Amasias  qui  prétend  marier  son  impudique 
»  fille  au  cèdre  du  Liban*,  p.  217.  —  Je  ne  m'ébahis  plus  si 
»  Josion ,  petit-fils  de  Calvin ,  parle  de  la  Vierge  avec  tant  ' 
»  d'irrévérence  :  il  a  soufllé  au  fourneau  de  son  père,  la 
>j  fumée  lui  est  montée  en  tête ,  il  en  a  tiré ,  non  une  Mi- 
»  nerve issue  du  sein  de  Jupiter,  mais  un  vilain, boiteux  de 
»  Vulcain,  accompagné  de  mille  caprices  et  rodomontades*, 
»  p.  291 .  —  Un  corbeau  blanc  et  un  ministre  sans  femme 
»  sont  également  rares. . . .  Ces  ministres  ont  bâti  une  contrer- 
»  Rome ,  en  la  façon  de  Romulus,  par  le  ravissement  des 
»  Sabines.  Leur,  évangile  a  pour  sa  cabale  la  conquête  des 
u  femmes. ...  Il  leur  plaît  avoir  la  liberté  de  voler  les  épouses 
»  de  Jésus-Christ  resserrées  aux  chaste^  cloîtres ,  pour  les 
>)  joindre  à  leurs  amours  réformés  en  Cupidon ,  ainsi  que  le 
))  fit  leiu:  grand  patriarche  Luther  à  sa  Catherine  Débora , 
»  ravie  du  monastère  d'Ilèbe*,  pp.   829  et  4^2. — Ainsi, 
»  donc ,  le  peloton  des  Huguenots  est  dévidé  jusqu'au  der- 
»  nier  fil  :  en  voici  un  autre  que  je  mets  au  rouet-,  p.  420.  » 
Presque  tout  est  dans  ce  goût.  Ces  choses  burlesques  et 
triviales,  qui  blesseraient  aujourd'hui  nos  oreilles  délicates  et 
n'exciteraient  que  le  rire ,  touchaient  nos  ancêtres  jusqu'aux 
larmes ,  et  convertissaient  quelquefois  les  pécheurs  les  plus 
endurcis.  On  prend  d'ordinaire  l'esprit  de  son  siècle ,  on  le 
transporte  partout.  L'éloquence  est  le  plus  populaire  de  tous 
les  arts  ;  et  dès  qu'un  orateur  a  constan;iment  attiré  la  foule , 


i86  GâM 

on  peut  regarder  ses  discours  comme  une  image  des  mceurs 
contemporaines. 

Du  reste  >  il  serait  difficile  de  justifier  le»  manières  em- 
portées du  P.  Camart.  Ce  n^est  pas  suivre  Tesprit  de  FEvan- 
giloy  que  d^ëcrire  en  termes  pleins  de  fiel  et  d'amertume  : 
la  véritë   veut  être  soutenue  avec  une  UKxlëratîon  chré- 
tienne. Celui  qui  ose  prononcer  des  injures  contre   son 
adversaire  est  bien  près  çl'avoir  perdu  sa  cause,  lors  même 
qu^il  défend  la  vérité.  Il  a  oublié  qu^il  n'y  a  qu'une  route 
pour  arriver  à  Tesprit ,  celle  du  cœur.  Le  chagrin ,  la  ooldre 
ne  persuadent  point-,  les  injures  énervent  le  raisonnement 
le  plus  victorieux.  L'art  de  convertir  tient  plus  qu'on  ne 
pense  à  l'art  de  plaire. 

Vif  et  ardent  dur  l'article  de  la  réforme ,  Josion  ne  se  pi* 
quait  pas  de  plus  de  modération ,  et  il  partageait  ce  défaut 
avec  la  plupart  de  ses  collègues.  Le  président  de  Thou,  cet 
écrivain  si  sage  et  si  impartial ,   si  estimé  des  Protestans , 
relèye  de  temps  en  temps  les  invectives  atroces  dont  les 
ministres  de  la  réforme  remplissaient  leurs   discours.  Le 
grand  chancelier  de  l'Hospital,  dont  le  suffrage  n'est  ps 
d'un  poids  médiocre ,  pensait  qu'il  faut  attirer  les  hommes 
par  la  douceur  et  la  charité ,  comme  Jésus-Christ  en  a  donné 
l'exemple.  Ces  sentimens  si  sages,  si  chrétiens ,  sont  expri- 
més dans  ces  beaux  vers  : 

Vim  saffene ,  patique  «vos ,  et  Terberam  et  ip<am 

m 

Mortem  morte  suâ  doctiit,  nec  cogère  c[aeiUL({uam  , 
Nec  terrere  minis  voluit ,  nec  caedere  ferro  ; 
Sed  potiùs  mollire  animos ,  et  pectora  dictîs. 

(HospiTALii  ^  epist^,  /F.  a85,  Af»r.  i585,  in^fbl,) 

III.  Oratio  decretalù  in  caput  firmiter  de  summd  TrinUate 
etjide  catholicdy  habita  in  sekolis  j4urelianensibusj  die  24  àt- 
cembrisj  an,  161 3.  Orléans,  Laurent  Hotot,  r6F4>  iîï^% 
p.  4o.  (Bibl.  du  roi.,  X  SogS  P.)  Prononcée  lors  de  l'ëta- 


CAM  187 

LUsseuient  des  Mioîmes  à  Orléans.  Gthiart  était  alors  pra- 
vîncial  de  la  province  4^  Touraine. 

IV-  Oratio  habita  in  jimere  Francisci  Lachis^er^  Rhedo^ 
ne  nsis  episcopi  y  habita  2  5  februarii  1619.  Rennes  y  1 6 1 9 , 
ia-S''.  CI.  Robert  fait ,  à  Foccasion  de  ce  discours,  cet  éloge  de 
notre  minime  :  <(  Franctscum  Lachi\^er  orationefunebri  Uwr- 
»  diMfit  Jt.  P.  JEgidius  Camart,  ordinis  Minimorum  non  mi^ 
)>  nimum  Iwmrij  quem  tota  pêne  Gallia  condonantem  miraia 
»  est.  »  (Gai.  ch, ,  p.  458.) 

V .  JSlias  Thesbites  _,  sis^e  de  rébus  Eliœ  prophètes  ^  comment 
.  tarius  posthumus,,  in  quo  de  ipsius  Eliœ  origine ^  persond^ 
nomine^  patrid^  ojficio^  Israelitanan  religione^  etaliisj  pie- 
raque  scitu  dignissima  eruuntur^  disputantur  ^  constituuntur^ 
Paris ^  Séb.  Cramoisy,  i6iJi,  in-4**>  P*  ^o%.  (Bibl.  Sainte^ 
Geneviève,  H.  902,) 

Cette  histoire  du  prophète  Elîe'(i)  est  remplie  d'énidi- 

ticNn  \  09  ose  même  dire  qu'elle  y  surabonde.  Ce  défaut,  dont 

nos  contemporains  se  sont  trop  corrigés ,  mérite  quelque 

indulgence»  Les  savans  du  xyy  siècle  donnaient  souvent 

des  autorités  pour  des  preuves  -,  ils  ambitionnaient  surtout 

la  gloire  de  prouver  leur  thèse  en  hébreu,  en  grec  et  en 

latin,  plus  occupés  à  faire  des  incursions  dans  lantiquité 

qu^à  discuter  philosophiquement  un  sujet.  On  regrette  que 

Tauteur  ait  mêlé  à  des  recherches  curimseé  beaucoup  de  visions 

et  de  chimères.  (Bayle,  Nou\f.  de  la  rép.  de  lett,^  juillet  1684  9 

art.  I,  p.  45i.) 

YI.   Oratio  synodalisj  habita  Rothomaei,  Paris,    1642, 
in-4'*.  Ouvfage  posthume ,  dont  le  P.  de  la  Noue  est  éditeur,  . 
ainsi  que  du  précédent. 

Ce  petit  éloge,  tracé  par  Claude  Robert,  terminera  très- 
bien  cet  article  :  «  Mgidius  Camart  j  galbis^  campanus  j  vir 

(1)  Le  P.  Légers  de  Paul,  carme ,  dans  sa  Vie  iatine  de  saint  Aventin,  tra- 
duite de  l^italien,  a  en  assez  peu  de  retenue  pour  avaBcer,  que  le  prophète 
£^c  s'était  marié  à  Nimèguf  avec  une  fiUe  nommée  Béatrix. 


i88  CAM 

»  in  (juo  mdlus  satis  unquam' singularem  prudentiam _,  aucto- 
»  ritat^m  et  mansuetudinem  mirari  potuit  j  nec  quid  ci  defuerit, 
yi  nec  omnia  quœ  habuerit  facile  est  invenire.  (Gai.,  ch. , 
p.  i6,  Appendicis,^ 

Sa  vie ,  par  le  P.  de  la  Noue ,  à  la  tété  du  n**  v,  et  dans  le 
Ckronicon  Minimorunij  p.  Saô  à  54i*,  Doni  d'Altîchi,  Hist: 
deïord.  des  Minimes j  t.  II,  p.  lyô-,  Thuillièr,  Diarium 
Minimorum^  t.  H,  p.  84*,  Marlot,  Met,  rem,  ^  t.  II,  p.  826; 
Le  Long,  Hist,  de  Laon^  p.  481  *,  Miraeus,  De  Script.  eccL^ 
p.  290,  édit.  17 18. 

GAMÂRT  (^Guillcuime),  qui  appartient  à  la  famille  des 
prëcëdens,  florissait  au  milieu  du  xyi*"  siècle.  Sorti  du  cours 
ordinaire  des  ëtudes ,  où  il  s'ëtait  distingué  par  son  applica- 
tion et  ses  succès ,  Tuniversité  de  Reims ,  nouvellemenf  éta- 
blie ,  Im  donna  une  chaire  de  philosophie ,  et  elle  n'eut  qu'à 
s'applaudir  d'avoir  utilisé  ses  talens.  Nous  ne  connaissons 
de  ce  professeur  que 

L'explication  d'une  Jigure  énigmatique  proposée  et  publiée 
dans  les  écoles  rhemoises^  l'an  1 574*  Reims^  1 674  >  in-8°,  rar. 

Il  est  probable  que  le  capitaine  Gamart,  qui  rendit  Rozay 
en  Thiérache par  capitulation ,  en  1 6 1 7,  était  aussi  Rethelois. 
(Le  Long,  Hist,  de  Laon,  p.  478») 

((  En  i65o  le  bailli  Gamart  étant  à  Thugny,  à  cause  des 
»  Espagnols ,  y  mourut  au  mois  d'octobre.  Ses  restes  furent 
))  apportés  à  Rethel,  et  inhumés  dans  la  paroisse.  »  (^Hist. 
chron,  MS^,  de  Rethel,^ 

GAMPS  (L'abbé  François  DE) ,  historien  et  médailliste, 
nommé  abbé  de  la  riche  abbaye  de  Sîgny  (Ardennes),  le 
2  juin  1693 ,  né  à  Amiens  ^  le  3 1  janvier  i643 ,  finit  ses  jours 
à  Paris  le  1 5  août  1723. 

«Il  était  dans  l'usage  de  donner  tous  les  ans  au  roi  des 
»  étrennes  singulières*,  c'était  pour  l'ordinaire  quelques  mé- 


CAM'  189 

»  <laillies  9  qui  poiivaient  convenir  au  cabinet  de  sa  majesté. 

»  Au  lieu  de  médailles  y  il  présenta  en  1 706  un^  manuscrit 

»  grec  très-ancien ,  des  quatre  évaiigiles ,  en  parchemin  et 

»  eu  lettres  onciales.  Il  y  a  une  chose  particulière  dans  ce  ma- 

»  nuscrit ,  c'est  qu'il  est  tout  note  entre  les  lignes ,  de  notes 

»  de  musique  en  rouge.  Quelques  critiques  ont  pris  ces  notes 

)>  pour,  une  marque  certaine  que  ce  manuscrit  n'était  pas 

»  aussi  ancien  qu'on  le. prétendait  *,  il  ne  laisse  cependant  pas 

»  d'être,  regardé  parmi  les  savans  comme  l'un  des  plus  pré- 

»  cieux  manuscrits  grecs  du  Nouveau- Testament  qui  soient 

»  dans  la  bibliothèque  du  roi  :  ce  n'est  pas  le  seul  que  l'abbé 

»  de  Camps  y  ait  remis.  »  (Le  Prince,  Essai  hist.  sur  la  BB. 

du  roi^  p.  73.) 

Le  P.  Menestrier  lui  a  écrit  une  lettre  sur  une  médaille 
de  Jeanne  d'Albret,  mère  d'Henri  IV*,  lettre  insérée  dans 
les  Mém.  de  Tréi^ouXj  jan.  1702.  Les  nombreux  MSS.  de 
l'abbë  de  Camps  étaient  dans  la  BB.  de  M.  de  Beringhen , 
d'où  ils  ont  passé  dans  celle  de  Çaint-Germain-des-Prés.  Il 
y  en  a  maintenant  un  bon  nombre  à  la  BB.  du  roi.  Fontette 
et  le  P.  Daire  en  ont  dressé  le  catalogue-,  ils  ont  même  con- 
sacré des  articles  à  leur  auteur,  le  premier  à  la  fin  du  t.  III 
de  sa  Bïblioth.  historique  ^  et  le  second  dans  son:  Histoire  lit-- 
téraire  d'Amien^,  Voici  les  productions  de  l'abbé  de  Signy, 
relatives  au  D.  des  Ardennes  : 

I.  Origine  du  duché  de  Bouillon  et  de  sa  rnouçancej  as^ec 
les  pièces  qui  serç^ent  de  preus^es  ;  in-fol.  MS. 

II.  Origines  et  mouvances  des  grandes  seigàeuries  situées  le 
long  de  la  Meuse  ^  contenant  V Histoire  de  Sedan j  Charles^illcj 
Arches  j  la  prés^oté  de  D'oncheiy^  de  Mouzon^  de  Clermont- 
en-Argonne^  de  Jamets.,  de  Aaucourt  et  de  Stenay  ;  în-fol. 
MS.  (BB.  du  roi.) 

III.  Histoire  chronologique  des  abbés  de  Notre-Dame  de 
Signy j  avec  les  cartulàires  de  cette  abbaye ,  in-fol.  MS.  que 
dom  Brial  possédait ,  et  qu'il  m'a  communiqué. 

La  réputation  dont  l'abbé  de  Camps  jouissait  durant  saji 


igo  CAP 

vie  9  s'est  éclipsée  après  sa  mort.  Ses  MS5.  nontpu  soutenir 
Texameu  des  sa  vans  Bénédictins  de  Saint-Gennain^s-Préâ. 
Us  me  Tont  parfois  signalé  comme  un  vrai  pédant.  Ayxat 
trouvé  parmi  les  MSS.  de  la  BB.  du  roi  Y  Histoire  qu'il  fit  de 
Chàteau^Porcien  ^  suivie  de  la  chronologie  de  êes  comtes  et  de 
ses  princes  ^  je  Tai  examinée  avec  attenticm»  et  je  me  surs 
convaincu  qu'elle  est  pleine  d'inexactitudes,  d'anaehro- 
nisme^  et  d'erreurs. 

A  la  vérité,  il  indique  ses  sources.  Mais  parmi  les  soarces 
il  y  en  a  de  troubles ,  il  en  est  de  limpides  ^  et  c'est  à  celles-K^i 
seules  qu'on  doit  s'abreuver.  A  quoi  sert  de  fouiller  labo- 
rieusement des  archives  poudreuses ,  pour  en  tirer  des  pièces 
quelconques?  Avant  de  les  employer,  il  importe  de  les  épu- 
iser au  creuset  de  la  critique.  Sans  cette  précaution ,   on 
court  risque  d'être  rangé  parmi  ces  compilateurs  peu  }udii- 
cieux ,  dont  on  ne  cite  les  productions  que  pour  éviter  une 
perte  de  temps  à  ceux  qui  seraient  tentés  de  les  consulter^ 
dans  l'espoir  d'j  trouver  une  bonne  fortune. 

CAPPËL  LE  JEUNE  (Louis) ,  neveu  de  Louis  Cappel  de 
Moniambert  (i),  et  frère  cadet  de  Jacques  Cappel,  sieur 
du  Tilloy  (2),  était  fils  de  Jacques  Cappel  (3)  et  de  Louise 
du  YaL  U  naquit  le  i5  otl  le  16  octobre  (4)  i585,  à  Saint- 
Hilaire^  le -Grand  (canton  de  Suippe,  département  de  la 
Marne),  et  manqua  d'y  être  égorgé. le  même  jour  par  une 
troupe  de  ligueurs  forcenés.  Sa  naissance,  constatée  à  Sedan, 
où  Louis  Cidppel ,  son  oncle ,  le  tint  sur  les  fonts  de  baptême, 

(1)  Né  à  Paris ,  le  i5  jadt.  t534  ,  mort  le  6  janv.  i5S6  à  Sedan ,  où  it  prolb- 
Miit  la  théologie. 

(3)  Né  à  Rennes  en  1670 ,  mourut  Le  7  septembre  i6a4  ^  Sedan ,  où  H  exei- 
çait  les  fonctions  de  pasteur  et  de  professeur  d*hébreu. 

(5)  Sieur  du  Tilloy  et  de  Vaudoy  (en  Brie),  conseiller  au  parlement  de 
Rennes ,  né  à  Paris  le  4  octobre  1 53^ ,  réfugié  à  Sedan  pour  cause  de  reFi^ion , 
y  finit  ses  jours  le  ao  mai  i586»  Tous  trob  sont  coamis  par  diveM  ottirrages.. 

(4)  A  la  page  3  de  sa  Généalogie  (De  Cappellorum  gente^  imprimée  à  la  tète 
du  n«  x),  Cappel  fixe  l'époque  de  sa  naissance  au  xtii*  des  calendes  de  no^ 
vembre ,  et  à  la  page  5  aux  ides  d'octobre ,  ce  qui  répond  aux  1 5  et  16  octobre. 


CAP  19  f 

a  autorisai  les  biographes  à  regarder  cette  ville  comme  son 
lieu,  natal. 

Il  fut  élevé  au  Tilloy  jusqu'à  Page  de  huit  ans*,  alors 
Jacques  Cappel,  son  frère  aînë,  le  fit  venir  à  Sedan,  et  lui 
servit  de  père.  De  grandes  dispositions  répondirent  aux 
soins  qu'on  prit  de  sa  jeunesse,  âa  premiè^re  éducation 
finie  ,  il  se  livra  pendant  quaà'e  ans  à  Tétude  de  la  théo- 
logie, et  signala  ses  succès  dans  deux  actes  académiques, 
qu'il  soutint  le  9  avril  1607  et  le  1 2  mai  de  Tannée  suivante^ 
sous  la  présidence  de  Tilenus  (1). 

Henri  de  la  Tour,  duc  de  Bouillon,  lui  fit  éprouver  de 

Lonne  heure  les  effets  de  sa  hienveillance.  Dès.  le  ib  mars 

1607  '  ^^  ^^  nomma  proposant  de  sa  chapelle  domestique,  le 

«  choisit  pour  précepteur  des  jeunes  princesses  ses  filles ,  et 

lui  donna  <sa  table  avec  des  appoiiitemens  convenables. 

(jRegist*  des  modérateurs.^ 

Après  avoir  rempU  ces  divers  emplois  pendant  quatre 
ans,  il  fut  appelé  pour  servir  Téglise  de  Bordeaux.  Un  se- 
cours annuel  de  trois  cents  livres ,  dont  on  le  gratifia  durant 
plusieurs  années,  lui  procura  les  moyens  d'aller  perfec- 
tionner ses  connaissances  dans  les  universités  d'Angleterre, 
d'Allemagne  et  de  la  Belgique.  Il  passa  deux  ans  à  Oxford, 
où  il  soutint  en  1611  et  161 2,  au  collège  d'Ëxcester,  des 
thèses  publiques  qui  annoncèrent  dès  lors  le  rang  distingué 
qu'il  devait  occuper  parmi  les  savans  de  son  siècle  (2).  Sa 
grande  application  lui  permit  d'y  commencer  un  Lexique 
arabe  y  ouvrage  terminé  depuis,  mais  qu'il  ne  mit  point  au 
jour,  l'ayant  composé  pour  son  usage  personnel. 


(1)  TTiefM  ihtologiem  de  se9sUme  ehritti  ad  deaùteram  patris,  Sedan ,  1607, 
'10-4**)  P*  S*  —  Thèses  theologicœ  de  origine  et  incrementis  bonorum  ecclesiiutico- 
rufn*  Sedan  1608 ,  in-4'*9  P<  ^o  (BB.  de  Salate-^^neviève ,  D.  iyi%)  ;  il.,  dans 
TUni  $piUi0nm  y  p.  4^a ,  468 ,  554  »  56a ,  édit^  de  Genève ,  1618  ,  io^». 

(»)  Le  témoigiiage  honorable  qui  lu  fut  déUvré  par  racadémie  d'Oxford ,, 
le  !«'  septembre  161a ,  est  îmfMrimé  à  la  fin  de  la  Généalogie  des  Cappel. 


im  CAP 

Ses  quatre  années  d^éxercîces  académiques  expirées  ,    il 
revint  à  Bordeaux  dans  le  dessein  d'y  vaquer  aux  foixctioiis 
de  pasteur^  mais  un  incident  Fempécha  de  remplir    ses 
engagemens  envers  cette  église.  Quelques  zélateurs  îodis- 
crets  ayant  dressé  une  formule^  la  lui  présentèrent  revêtue 
de  leurs  signatures ,  et  comme  elle  répugnait  à  ses    prin- 
cipes, il  refusa  de  la  souscrire ,  et  renonça  ainsi  à  Tuoe  des 
plus  belles   vocations  des   églises   réformées  de   France, 
aimant  ,mieux  sacrifier  ses  intérêts  tedaporels  que  sa  ma- 
nière de  penser. 

L'académie  de  Saumur  ne  tarda  pas  à  lui  offrir  une  chaire 
d'hébreu.  Il  céda  à  ses  invitations,  et  fut  installé  dans  ce 
poste  le  i3  décembre  161 3.  Il  était  d'usage  dans  cette  uni- 
versité, comme  dans  toutes  celles  de  Hollande  et  d'Alle- 
magne, que  les  professeurs  récipiendaires  prononçassent  un 
discours  solennel  d'inauguration.  Cappel  acquitta  ce  tribut 
par  une  dissertation  sur  le  mot  Jehos^ah.  Deux  ans  après, 
il  fut  choisi  par  l'église  de  Saumur ,  pour  l'un  de  ses  pas- 
teurs ordinaires.  Admis  au  ministère  le   i4  juin   i6ï5,  il 
l'exerça  conjointement  avec  Samuel  Bouchereau  et  François 
Gomar-,  mais  comme  il  s'était  réservé  la  faculté  de  quitter 
ce]tte  vocation  dès  qu'elle  lui  deviendrait  onéreuse ,  il  s  en 
fit  décharger  le  17  février  161 8.  Cette  même  année,  l'uni- 
versité de  Saumur  lui  décerna  les  honneurs  du  rectorat  (i). 

Au  mois  d'avril  1 620 ,  il  se  rendit  à  l'IUe ,  près  d'Orléans, 
maison  de  campagne  de  M.  Groslot,  et  y  servit  de  secré- 
taire à  Cameron  et  à  Tilenus ,  qui  conférèrent  durant  quatre 
jours  sur  la  grâce  et  le  libre  arbitre. 

Il  tâchait  d'oublier  dans  une  paix  profonde,  le  souvenir 
des  orages  qui  avaient  environné  son  berceau  et  retardé  son 

(1)  Il  prend  le  titre  de  recteur,  de  professeur  d'hébreu  et  de  pasteur,  aa 
bas  d'un  acte  du  18  août  1618 ,  relatif  à  l'inauguration  de  professeur  en  théo- 
logie de  Jean  Gameron.  Cet  acte  est imprîméà  la  tête  des  œuvres  de  ce  théo- 
logien ,  qui  professait  la  philosophie  à  Sedan  en  160I. 


CAP  193 

entrée  dans  le  ministère  pastoral  ^  lorsque  des  tracasseries 
religieuses  vinrent  troubler  sa  tranquillité:.  Des  théologiens  ' 
orgueilleux  et  intolërans ,  qui  ne  croyaient  pas  qu'il  fût  pos- 
sil>le  d'être  d'une  opinion  différente  de  la  leur  et  de  penser 
sainement,  voulurent  lui  faire  approuver  une  doctprine  con- 
traire à  ses  principes' (r)',  mais  la  paix  de  sa  conscience  lui 
étant  plus  chère  que  ses  intérêts  y  il  s'y  refusa^  et,  obligé  do, 
cjuitter  sa  place,  il  se  retira  à  Sedan  avec  sa  famille,  sur  la 
fin  de  mai  i6^i.  Comme  il  jouissait  d'une  considération  qui 
Êdsait  espérer  que  sa  défection  entraînerait  celle  d'un  grand 
nombre  de  réformés ,  on  saisit  cette  occasion  pour  lui  faire 
les  ofEres  les  plus  avantageuses,  s'il  voulait  abandonner  sa 
communion  *,  mais  rien  ne  fut  capable  de  l'ébranler  (2). 

Rappelé  à  Saumur  en  1624 ,  il  y  reprit  sa  chaire  hébraïque, 
et  ne  l'abandonna  que  le  23  juin  1657,  en  faveur  de  Jacques 
Cappel  son  fils.  Le  20  décembre  1626,  l'académie  de  cette, 
ville  le  nomma  professeur  en  théologie  :  ce  choix  fut  con- 
firmé par  cinq  synodes  provinciaux ,  et  par  le  vingts-sixième 
synode  national,  tenu  à  Charenton  en  i63o',  mais  il  ne  fiit 
solennellement  installé  dans  ce  poste  que  le  i5  juin  i633, 
après  avoir  subi  un  examen  ^u  synode  d'Angers ,  confor- 
mément aux  statuts  de  sa  communion. 

Il  mourut  à  Saumur  le  18  juin  i658^  dans  sa  soixante- 
tt^izième  année,  ayant  soutenu  jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière 
la  haute  réputation  qu'il  s'était  acquise  pcgr  son  savoir  et  ses 

» 

(i)  Il  apportait  des  modifications  aux  décisions  du  synode  de  Dèrdrecht , 
et  déplut  ainsi  aux  sectateurs  rigides  de  la  doctrine  de  Calvin  sur  les  matières 
de  la  grâce  et  de  la  prédestination. 

(2)  On  aime  à  Tentendrë  raconter  cet  événement  de  sa  vie  :  «  Sedes  ac  do- 
«  micilium  mutare ,  uxoremque  ac  filiolum  mecum  Sedanum  transferre  coac- 
»  tus  sum ,  haud  sine  impensâ  et  incommoditate ,  ne  adscripto  meo  nomine , 
n  et  dato  jurejurando,  id  approbare  viderer  quod  mens  mea  improbat.  Pu- 
j>  riori  religioni  ut  nuncium  remitterem ,  ostentata  mihi  spes  est  blanda  «t 
»  speciosa ,  sed  inanis  et  fallax ,  praemiorum  humanorum ,  quaî  e^o  à  Deo  ad^ 
»  justus  fortiter  répudia vi.  »  {De  Cappellornin  gente ,  p.  8.) 

TOME  I.  l3 


194  t^AP 

vertus.  Sou  uom  Ggure  dams  le  déuoinbreiucnt  des  ministres, 
dresse  aux  synodes  nationaux  d^Alais  et  de  Castres  en.  1630 
et  i6d6  (i);  car  il  conserva  toujours  la  charge  de  pasteur  ex- 
traordinaire de  Téglise  de  Saumui'^  et  continua  d'y  pp^her 
lorsqu'il  en  était  prié  par  ses  collègues.  Noua  n'avons  pas  diit 
que  peu  après  son  admission  au  ministère  pastoral ,  Cappel 
s'était  marié.  U  avait  épousé  >  le  19  déeembre  iGfjj  Sosanne 
de  Launai ,  d'une  des  meilleures  familles  de  la  Beauce ,  maïs 
plus  recommandable  encore  par  sea  qualités  peraoniielles 
que  par  sa  naissance  (a).  De  ce  mariage  naquirent  cinq  gar- 
çons à  Saumur,  et  une  fille  à  Sedan.  Jean,  son  fils  aîné  y  se 
fit  catholique  9  et  entra  dans  la  congrégation  de  l'Oratoire. 
Jacques,  le  cadet,  se  retira  en  Angleterre.  Ils  sont  éditeurs 
de  deux  ouvrages  de  leur  père.  Le  premier  a  publié  le  n*"  ix  y 
et  le  second  le  n°  x. 

Plein  de  sentimens  d'honneur^  animé  pa  Tamour  du  bien 
public,  Louis  Cappel  a  rempli  constamment  ses  fonctions 
de  prc^esseur  avec  un  ^èle  et  un  dévouement  exemplaires.  Le 
concours  de  ses  auditeurs  fut  extraordinaire ,  et  on  compta 
parmi  eux  des  hommes  d'un  mérite  distingué,  tels  que 
Paul  Bauldri,  Samuel  Bochart,  Jean  Glauberge,  Paul  Go- 
lomiés,  Samuel  des  Marets,  AntcÂne  Teissier  (3),  et  plu* 
sieurs  autres  savaus,  qui ,  d'un  concert  unanime ,  rendirent 
hommage  à  ses  talens. 

Une  mémoire  prodigieuse,  jointe,  par  extraordinaire,  à 
une  grande  justesse  d'esprit,  l'avait  enrichi  d'une  multitude 
de  connaissances,  qui  le  rendaient  citoyen  de  toute  l'étendue 
de  la  république  des  lettres.  Versé  dans  les  langues  orien- 
tales et  surtout  dans  l'hébreu  et  les  ouvrages  des  Rabbins, 
il  efiaça  la  gloire  de  tous  les  autres  hébraïsans.  On  sent  à  la 

(1)  Aymon ,  SynotUs  des  églues  réformées ,  t.  II ,  p.  aaS  et  44o. 

{a)  Elle  était  fille  atnée  de  Benjamin  de  Launai,  seigneur  du  Gravier,  et 
ministre  à  Chilleurre. 

(3)  Il  se  montra  le  premier  disciple  de  Descartes  en  Allemagne ,  dans  sa 
Logiea vêtus  et  nova.  Amst.^  Ëlzevir,  1 658,  in*  1  a. 


CAP  195 

lecture  lâe  âes  livie$,  un  faoïnnie  de  beaucoup  d'eaprit,  un 
eritique  -liabile,  un  savant  qui  embrasse  et  développe  en 
mettre  toutes  les  parties  de  son  sujet.  L^ërudîtion  y  est  ré* 
pwadne  à  pleines  mains,  les  principes  y  sont  établis  d'une 
Boaiuère  lumisease ,  et  les  objections  solidement  résolues. 

A  la.  &upériorité  des  lumières  »  Cappel  alliait  les  mœurs 

^uxk  homme  de  bien,  et  un  grand  fonds  de  sagesse  et  de 

modération  :  qualités  aussi  rares  qu'estimables ,  et  qui  font 

tout  à  la  fois  son  éloge  et  la  censure  de  ceux  dont  elles  lui 

.  avaient  attiré  la  haine.  Ce  fut  au  sujet  de  son  jércanum  et  de 

sa  Critica  sacra  qu'il  se  vit  exposé  à  la  mauvaise  humeur  et 

aux  habveclives  de  quelques  zélateurs  exagérés ,  et  principa- 

leuokent  de  Boot»  d'Usserûis  et  de  Jacques  Buxtorf.  Il  ne 

sut  pscs  se  plaindre  :  asset  philosophe  pour  miépriser  les  in- 

pires  9  assez  chrétien  pour  les  pardonner^  et  laisser  aux  re- 

Bdords  de  ses  adversaires  à  le  venger  de  leurs   critiques 


Une  heureuse  conformité  de  mœuirsy  de  sentimens  et  de 
mérite  l'avait  étroitement  uni  avec  Jean  Gameron^  profe(^ 
seur  de  philosophie  à  l'acadénûe,  de  Sedan  ^  et  il  comptait 
André  B.ivet  au  nombre  de  ses  meilleurs  amis.  On  peut  voir 
dans  Pope  Blount  (i),  et  dans  la  Gaule  onentale^d/Q  Golo- 
voies  y  les  éloges  que  lui  ont  dée^nés  Gasaubon,  Samuel 
Bochart(2)9  Spanheim,  Vos^us»  DaLUé,  du  Muis^  Pierre 
du  Moulin 9  Sarrau,  Grotius,  etc* 

Si  Louis  Gappel  se  fut  borné  à  proksset^  sa  réputation  au- 

(1)  Censura  ceiebriorum  authorum ,  p.  971  à  975,  édit.  1707. 

(a)  «  Né  à  Rouen  en  1699 ,  fit  sa  philosopliie  à  Sedan,  et  y  soutint,  l*au  161 5, 
»  des  fhëses  publiques  qui  lui  firent  beaucoup  d'bonneur,  non  seulement  par 
»  !»  snbCiBté  avec  iaqueHc  il  téfoù4H  aux  argumens,  ma»  eaoote  à  caïue  4e 
»  ceitaios  yen ,  aoconunodés  avec  beavooup  d'artifice  k  la  figure  d'aa  cercle  ; 
•  badinage  qui  était  du  goût  de  son  temps ,  et  dont  il  accompagna  ces  thèses.  » 
(JVtctron,  t.  XXVil ,  p.  aoi.)  Bocbart  a  écrit  à  Loui«  Gappel  :  De  terpént» 
•  imiaier»  spisioiiB  dt^m  ad  CçppêtUum ,  impr.  dans  le  t.  I  de  Bosimrli  opcMi, 
171a,  sTol.  in-fol. 

i3. 


196  CAP 

rait  été  circonscrite  dans  Tenceinte  des  écoles  de  Saumui*,' 
et  comme  celle  de  tant  d'habiles  professeurs ,  elle  se  serai  fr 
éteinte  presqu'en  même  temps  que  sa  yie  ;  mais  il  a  laissa 
plusieurs  productions  savantes  ^  honorées  de  Festime  pu- 
blique, et  qui  ont  transmis  son  nom  à  la  postérité.  «Il  écri- 
»  vait  purement  et  clairement ,  dit  du  Pin,  et  l'on  trouve 
^  dans  totiis  ses  écrits  beaucoup  de  netteté  et  de  méthode  (  1  )•  » 

Ses  principaux  ouvrages  : 

L  Complainte  éUgiaque  en  (cent  vingt-quatre)  vers  fend'- 
ninsj  sur  lajin  de  la  princesse  Louise  de  la  Tow^jUle  de  Henri 
de  la  TouTj  duc  de  Bouillon j  décédée  à  Paris j  le  6  décembre 
f  607^  âgée  de  m  ans.  Sedan,  sans  nom  d^imp. ,  1608,  iD^4''> 
p.  7.  (BB.  du  roi.  Y,  4^28.  A.  P.)  Cette  complainte  est 
précédée  de  trois  petites  pièces  de  vers  à  M«' ,  M'"^  et  M"* 
de  la  Tour,  et  suivie  d  un  sonnet  sur  Fanagramme  de  la 
princesse  Louise,  dont  Cappel  était  précepteur.  Artur 
Jonston  et  Samuel  Neran,  professeurs  à  Sedan ,  ont  traité  le 
même  sujet  en  vers  latins. 

II.  De  sanctissimo  Dei  nomine  tetragrammato  Jehos^aj  ac 
de  genuind  ejus  pronunciatione  >  inséré  dans  le  n**  suivant , 
dans  les  n°'  vni  et  xiii ,  et  réimprimé  par  Adrien  Relànd, 
p.  267  à  377  de  Decas  exerdtationum  philologicarum  de  verd 
pronunciatione  nominis  Jehova.  Maestricht,  Coster,  1707, 
in-8°.  Cappel  prononça  ce  discours  en  i6i4)  lors  de  son 
installation  dans  la  chaire  d^hébreu ,  à  Saumur.  Il  s  y  dé- 
clare contre  la  prononciation  Jehos^a^  et  soutient  qu'il  faut 
lire  Jaoh.  ' 

III.  Arcanum  punctuationis  res^elatuirij  sii^e  diatriba  de- 
punctis  vocaUuxn  et  accentuum  apud  Hehrceos  verd  et  germand 
antiquitaie  :  in  lucem  édita  à  Thomâ  Erpemo.  Leyde,  Maire, 

(1)  Biblioih,  des  auteurs  séparés  de  la  cammunUm  de  l'église  romaine  y  t.  II, 
1'*  part. ,  p.  Sa5  à  334<  Il  y  donne  une  bonne  analyse  des  ouvrages  de 
Cappel. 


CAP  .97 

i6a4'  î**"4**  ?  P'  3^2  j  it  dans  le  n'  x.  Cette  dernière 
édition  a  été  revue  et  corrigée  par  Tauteur.  Celle  d'Erpenius 
fourmille  de  fautes. 

C'est  un  point  important  de  philologie  entre  les  .critiques 
hébraïsans,  de  savoir  si  les  anciens  Hébreu^  n'écrivaient  que 
les  consonnes  et  les  aspirationa  9  sans  y  ajouter  aucun  signe 
pour  marquer  les  voyelles.  C'est  à  ce  dernier  sentiment  que 
s^attacha  Cappel  ;  il  entréprit  de  prouver  que  les  écrivains 
du  Vieux-Testament  ne  se  sont  pas  servi  de  points-voyelles, 
qui,  selon  lui,  sont  une  invention  moderiie,  et  ont  été 
ajoutés  au  texte  par  quelques  critiques  Juifs ,  connus  sous  le 
nom  de  Massorètes,  après  que  le  Talmud  eut  été  achevé, 
environ  cinq  cents  ans  après  Jésus-Christ.  Buxtorf  le  pète , 
qui  avait  combattu  pour  l'antiquité  des  points-voyelles  dans 
sa  Tiberias  (Baie,  1620,  in-fol.),  ne, put  adopter  cette 
opinion,  qu'il  croyait  propre  à  diminuer  l'autorité  de  l'Ecri- 
ture-Sainte,  ou  à  la  mettre,  sinon  au-dessus  de  la  tradition ,  du 
moins  de  niveau  avec  elle.  Vingt^six  ans  après  la  publica- 
tion de  YArcanunij  Buxtorf  le  fils ,  héritier  des  préventions 
de  son  père,  s'efforça  de  rétablir  l'antiquité  des  points  hé- 
braïques dans  son  Tractatus  de  punctorum  voccdium  origine  ^ 
antiquitate  et  authoritate  (Baie,  1648,  in-S'').  Cappel  reprit 
la  plume  pour  défendre  son  ouvrage  j  mais  sa  défense  n'a 
été  publiée  qu'après  sa  mort,  dans  le  n**  x*,  p.  795  à  979. 
Son  sentiment  souleva  dans  le  temps  contre  lui  le  parti  attar 
ché  aux  Buxtorf,  qui  était  composé  de  presque  tous  les  Pro- 
testans. 

«  Mais  les  générations  suivantes  ont  amplemeiit  répai-é 
»  les  torts  que  l'envie  de  ses  contemporains  lui  avait  faits , 
»  et  presque  tous  les  savans  se  moquent  aujourd'hui  de  la 
ô  dangereuse  conséquence  que  de»  zélés  Protestans  prêtaient 
»  à  l'hypothèse  de  Cappel ,  hypothèse  qui  d'ailleurs  ne  lui 
))  était  pas  particulière ,  car  elle  fut  adoptée  par  Luther , 
»  Zuingle ,  Calvin ,  les  trois  grands  soutiens  de  h  réforma- 


1^8  CAP 

»  tioii)  comme  aussi  par  Munster,  Olivetan,  Mashis,  Sca-^ 
»  liger,  Cftsaubcm,  Dmdius,  de  Dieu  ^  Walton  et  Bochart  ^ 
»  tous  savans  distingues  qui  ont  rëpandu  un  noviveaii  jour 
n  rar  la  philolo^e  sacrée  \  de  scurte  que  Cappel  n'a  ea  pro- 
»  prement  d'autre  mérite  que  celui  de  soutenir  cette  h;^po- 
«  thèse  par  de  iKmveaiix  argumens,  et  de  lui  donner  phu 
»  de  force  (i).  » 

On  trouve  dans  VHisU  des  Juifs^  par  Prideaux  (!'•  part.^ 
liv.  y  9  an.  446)7  1^^  raisons  aor  lesquelles  se  sont  appuya 
les  det^  combattans  (2). 

lY.  Histaria  apastoiica^  Genève,  de  Tournes,  16849 
in^4^>  P*  '^7  ^*^  Londres,  1660,  in-4'*;  iUy  Samniir, 
Pean,  i6&iî,  in-4*,  p*  »6i">  it*j  Leyde,  16Ô7,  ^^'^^'1  »'•> 
Leipsidi ,  1691 ,  în^S*",  par  les  soins  de  Jean  Albert  Fabii- 
cius,  qui  n^j  a  rien  ajoute. 

y.   Thèses  theologieœ  de  summo  contro^ersiarum  judice. 

Saumur,  i635,  în-4*- 

yi:  Aâ  ruHfam  Davidis  fyram  ammadi^ersienes  ^  aunge" 

mdnâ  dùxtrihd^  unâ  de  voce  Flohintj,  altéra  de  nomme  Je- 

hos^œ.  Sanmur ,  i643 ,  in^S"^.  Gataker  ajra&t  attaqué  ce  livre 

dans  dènx  vcdumes ,  publiés  à  Londres ,  1 645  et  1 646 ,  in-^, 

Cappel  fit  une  réponse  insérée  dans  sa  Critiea  sckra. 

yiL  Le  pisH)t  de  la  foi  et  religion  j  en  preui^e  de  la  dignité 

contre  les  athés  et  profanes^  Saumur,   i643,  in-ta,  traduit 

(1)  Note  d*Archibaid  Maclatne,  p.  563  de  l'J9i<f.  ecc/.,  trad.  ea  anglais  du 
latin  de  Mosjieim  ,  par  Maclaine ,  et  de  l'anglais  en  français  par  de  Pclioe. 

(»)  t  Le  P.  Morin ,  bon  critiqae  et  lavant  dam  les  langues  orientées  »  a^ès 
»  avoir  examiné  cette  matière  avec  une  grande  attention  >  a  prouvé  dans  ses 
»  ExtrcitationiM  Biblicm  (t.  II ,  ch.  I  et  suiv.),  que  les  points-voyelles  n'étaient 
»  pas  encore  inventés ,  ni  an  temps  de  Saint-Jérôme ,  ni  même  du  temps  des 
»  docteurs  qui  ont  composé  le  Talnaiid ,  lequel  n'a  été  achevé  qu'an  Yvfi  siècle. 
»  Les  premiers  vestiges  qu'il  rencontre  de  ces  points  y  sont  dans  les  écrits  de 
»  deux  fameux  rabbins ,  qui  vivaient  vers  ^o  ;  d^où  l'on  peut  conclure  que  le 
»  commencement  des  points- voyelles  ne  doit  guère  être  placé  avant  le  milieu 
■  du  !•  siècle.  »  {Mèm.  detiPArtigny^  t.  III ,  p.  i45.)  * 


Cap  199 

^Tk  anglais  par  Ph.  Marinel.  Londres,  1660  ^  in-^S*".  {Musemn 

'  VIII.  Diatriba  dt  vais  et  anti(juis  Ebrœorum  litterisj  op- 
posita  J.  Buxtorfio^  de  eodem  argumenio  disserenti^  itemJo^ 
sephi  Sccdigerij  adi^ersùs  ejusdem  reprehensiones  j  defensio. 
Amst.  9  Ëlzevir,  1646,  iii-12.  Son  but  est  de  prouver  contre 
Buxtorf  le  fils ,  que  les  caractères  hëbreux  d  a  présent  sont 
diffërens  des  anciens  caractères  dont  les  Juifs  se  servaient 
avant  la  captivité  de  Babylone.  1 

IX.  Critica  sacra^  siyede  variis  (fuœ  in  sacris  veteris  Tes^ 
tamenti  libris  ocaarunt  lectionibus j  lihri  FI*  Paris,  Cra- 
nunây,  16S09  in-^IoL,  p.  739-,  it.^  Halse  Magdeb.,  1776  à 
1 785 ,  3  voL  in-8°,  édition  donnée  par  G.  J.  L.  Vogel,  avec 
les  renoaarques  de  C.  J.  Scburfenberger. 

Cet  ouvrage,  le  plus  savant  que  nous  ayons  sur  les  va- 
riantes de  VAncien-Testamerity  renferme  des  leçons  diverses 
et  un  catalogue  des  fautes  que  Cappel  prétend  s'être  glissée^ 
dans  le  teste  bébreu  des  exemplaires  de  la  Bible  ^  par  la  né- 
gligence des  copistes*  Ce  livre  fit  encore*  plus  de  sensation 
que  YArcanum;  il  lui  attira  la  haine  de  plusieurs  sa  vans  de 
sa  communion ,  qui  s'étaient  imaginés  qu'il  s'était  unique- 
ment  proposé  d'appuyer  les  sentimeus  des  Catholiques  sur 
Vautorité  de  l'Ecriture,  et  de  ruiner  Tautorité  du  texte  hé- 
breu* Ou  s'opposa  pendant  dix  années  entières  à  Genève,  à 
Sedan  et  à  Leyde ,  à  l'impression  de  cet  ouvrage  -,  mais  Jean 
Cappel,  fils  aîné  de  l'auteur,  prêtre  de  l'Oratoire,  soutenii 
du  crédit  des  pères  Mersenne ,  Moiin  et  Petau ,  obtint  eiifin 
un  privilège  du  roi  pour  le  faire  imprimer  à  Paris ,  et  en 
dirigea  l'édition.  D'après  son  système ,  L.  Cappel  proposait 
le  plan  d'une  Bible  hébraïque  corrigée ,  et  d'une  version 
latine,  plan  qui  a  été  exécuté  par  le  père  Houbigant.  (Paris, 
1753,  4  yol.  in-fol.) 

Arnold  Boot,   Usserius,   et  J.  Buxtorf,   attaquèrent  la 
Critique  sacrée  avec  une  sorte  de  fureur  ^  et  accablèrent  Tau- 


200  CAP 

teur  des  injures  les  plus  grossières.   Cappel  leur  r^pondmC: 
avec  modëration ,  et  força  les  Protestans  à  respecter  les  ai» — 
ciennes  versions,  auparavant  méprisées  chez  eux.  On  peuC; 
voir  dans  Nicéron  les  écrits  des  uns  et  des'  autres  sur  ce? 
sujet.  Notre  savant  s'est  servi  utilement,  dans  sa  CritiaK 
sacra j  du  livre  d'Henri  Estienne,  De  origine  mendonan, 
livre  rempli  de  vues  fines  et  de  remarques  piquantes. 

X.  Çommentarii  et  notœ  criticœ  in  vêtus  Testamentum  : 
accessêre  Jacohi  CappeUij  Ludoiàci  Jratris  in  acadendâ  Seda- 
nensi  S.  theologiœ  olim  professons  obsen^ationes  in  eosdem 
libros  ;  item  Ludo^ici  CappeUi  Arcanum  potictuationis  auctius 
et  emendatius  ,  ejusque  vindidœ  hactenus  ineditœ  ;  editionem 
,  procurant  Jacobus  Cappellus  Ludos^icijilius^  hebraicœ  linguœ 
in  academid  Salmuriensi  nuper  professor.  Amst. ,  Blaeu, 
1689,  in-foL,  p.  979. 

Parmi  les  huit  ouvrages  que  renferme  cette  collection ,  on 
distingue  Y  Histoire  de  la  famille  des  Cappel  (De  Cappellorum 
génie) j  à  laquelle  il  faut  ajouter  le  Supplémentinséré  dans  le 
t.  III,  p.  44^  à  4^5  des  Singularités  historiques  de  dom  Liron. 

lii^Historia  dilusfii,  à  Lud.  Cappello  explicata  et  ilhistrata^ 
est  insérée  dans  le  t. -Il,  p.  409  et  4^^^  de  Fédition  de  Me- 
nochiusj  donnée  par  le  P.  Toumemine  en  1719.  Cette  his- 
toire du  déluge  est  suivie  d'une  table  fort  détaillée,  et  de 
notes  sur  la  table  explicative  de. cette  histoire  et  de  celle 
de  Noé. 

Nous  renvoyons  aux  Mémoires  de  Niceron ,  le  lecteur  cu- 
rieux de  connaître  les  autres  productions  de  Cappel ,  regardé 
à  juste  titre  comme  le  père  véritable  de  la  Critique  sacrée. 

Son  portrait  in-fol. ,  par  un  anonyme ,  est  à  la  tête  du  n**  ix , 
avec  ce  quatrain  au  bas  : 

Qui  Tultum  ignoras ,  et  quae  sint  omnia  qua;ris , 

Disces  si  quae  sint  noveris  acta  viri. 
Hic  est ,  cui ,  victis  alterna  tropaea  roagistris 

Fixit  et  jpsa  ,  licet  diruta ,  Tiberias. 


CÀQ  30I 

Audilfredi,  55«  Casanat^  t.  II,  p.  84  à  85,  David  Clé- 
ment,  BB.  cur.^  t.  VI,  p.  234,  2i35',  Colômiës,  Gai.  Orient, j, 
p.   rmi  à  227;  Jo.  Fabricius,  Hist.  Biblioth.j  part.  I ,  p.  3^3, 
3a49  Hyde,  B£*  Bodleianaj  t.  I,  p.  ^35,  édit.  1738-,  le 
Long,  BB''  sacra ^  t.  lî,  p.  665,  édit.  in-fol. -,  Mollerus, 
JEfomonymoscopiaj'p.  io5  61926-,  Simon,  BB.  crit.jt.  II, 
p.  392-,  Struvius,  Introd.  in  not.  rei  Uttér.j  p.  55^  et  723  ^ 
Walchius,  BB**  theoL^  t.  II,  III  et  IV,  dans  vingt-deux  en- 
droits^ Wolf ,  BB*"  Hebraicaj,  part.  II,  p.  27,  etc.,  etc. 

vCAQUE  (Jean- Baptiste)^  lieutenant  du  premier  chirur- 
gien du  roi  y  chirurgien  de  F  Hôtel-Dieu  de  Reims ,  associé 
de  l'académie  royale  de  chirurgie ,  naquit  à  Machault ,  près  de 
Vouziers ,  le  9  octobre  1 720.  Il  étudia  les  premiers  principes 
de  son  art  sous  le  chirurgien  de  sa  paroisse.  A  Tâge  de  dix- 
huit  ans ,  il  Rit  mis  à  Reims  sous  la  direction  d'un  maître 
habile,  et  au  bout  de  quatre  ans ,  il  alla  faire  ses  cours  à  Pa- 
ris. Jean  Benomont,  son  compatriote,  le  reçut  chez  lui 
comme  élève ,  et  ne  tarda  pas  à  en  faire  son  ami. 

La  guerre  ofint  un  champ  plus  vaste  à  son  émulation.  Il 
fut  employé  dans  les  hôpitaux  militaires  depuis  1744  jus- 
qu'en 1747?  et  y  acquit  l'estime  et  la  confiance  de  ses  chefs. 
Au  siège  de  Friboui^ ,  il  passa  huit  jours  et  huit  nuits  à  la 
tranchée^  pour  panser  les  blessés ,  et  il  i^mplit  ce  ministère 
d'humanité  avec  un  sang-froid  qui  est  peut-être  la  marque 
la  plus  certaine  d'un  véritable  courage.  A  la  fin  de  chaque 
campagne ,  il  revenait'passer  les  hivers  à  Paris ,  pour  suivre 
la  pratique  des  hôpitaux,  cultiver  dans  les  amphithéâtres 
l'étude  de  l'anatomie,  et  s'y  exercer  aux  opérations  les  plus 
importantes. 

La  paix  faite  en  1748,  après  le  siège  de  Maestricht,  lui 
permit  de  songer  à  un  établissement  solide.  Dé  retour  dans 
sa  patrie ,  il  se  fit  recevoir  à  Reims ,  le  17  juin  l'j^Qy  maître 
en  chirurgie  pour  Rilly-Ia-Montagne.  Son  mérite  ne  tai-da 


aoa  CAQ 

pas  à  étkre  apprécié  ^  car  dès  le  20  janvier  1 761,  il  lut  reçu 

chirurgien  en  chef  de  THôtel-Dieu  de  Reiîns. 

Dès  les  premiers  jours  de  ce  nouvel  établissement ,  il  re- 
cueillit les  observations  les  plus  intéressantes,  qu'il  av^ait 
faites  dans  les  hôpitaux  des  villes  et  des  années;  et  en  lySa 
Facadémie ,  sur  ces  marcpes  de  aèle,  Tadmit  au  nombre  de 
ses  correspondans.  Chaque  année  était  marqpiée  par  de  nou- 
veaux progrès.  En  1766,  il  obtint  une  médaille  d'or  de 
100  liv.  -,  celle  de  aooliv.  lui  fut  adjugée  en  1757,  et  Taca- 
demie  le  mit,  au  mois  de  janvier  1769,  au  nombre  de  ses 
associés. 

Cette  distinction ,  quHl  avait  méritée  par  la  constance  et 
Tutilité  de  ses  travaux,  ne  ralentit  pas  son  zèle.  Les  Jtfis 
moires  de  chirurgie  rendent  un  témoignage  authentique  de 
son  émulation.  Deux  observations  communiquées  sur  des 
hernies  avec  gangrène  sont  employées  utilement  dans  le 
travail  sur  cette  matière ,  au  troisième  volume  des  Mémoires 
de  V Académie  de  chirurgie.  Celui  de  Pipelet  l'aîné  sur  la  liga- 
ture de  Fépiploon ,  est  terminé  dans  le  même  volume  par  le 
résultat  de  neuf  observations  de  hernies  faites  par  Gaqué , 
où  il  assure  avoir  coupé  Fépiploon  dans  la  partie  saine ,  sans 
ligature,  et  qu'il  n'en  est  résulté  aucun  inconvénient,  lie 
Mémoire  de  Pibrac  sur  l'abus  des  sutures,  fait  mention ,  d'a- 
près lui ,  de  l'inutilité  et  même  du  danger  de  la  suture  après 
Fopération  césarienne.  On  lui  doit  l'invention  d'un  instru- 
ment pour  la  rescission  des  amygdales  tuméfiées.  {Voy*  t.  V 
des  Mém,  de  VAtad,^  et  Sabatier,  Opérations  de  chàtirgie^ 
t.  II,  p.  ï 00.)  Il  a  perfectionné  le  lithotome  caché  de  Jean 
de  Baseilhac,  dit^hèrc  Came.  (Sabatier,  ibid.^t.  III,  p.  186; 
Louis ,  Rapport  sur  les  différentes  manières  de  tailler ^  pag.  Sg 
et  pag.  186  du  troisième  vol.  des  Mém.  de  l'Académie.^  Il 
avait  tm  grand  succès  dans  la  pratique  de  cette  opération. 
De  175 1  à  1786,  il  a  taillé  cent  soixante-dix  sujets. 

Constamment  occupé  de  la  perfection  de  son  arl,  il  ne  dé- 


CAR  %oi 

»rait.riéii  tant  que  d'en  reculer  les  bornes.  Ce  fat  sans  doute 
autant  à  ses  découvertes  qu'aux  services  essentiels -rendus  à 
ses  €K>ncitoyeiis,  qu'il  dut  la  pension  de  1,260  livres  que 
Louis  XV  lui  accorda  en  1766,  et  que  lui  payait  la  ville,  de 
Reiius.  Il  y  mourut  le  16  septembre  1787,  regretté  de  tous 
les  gens  de  bten^  et  pleuré  des  pauvres,  en  faveur  desquels 

il  a  fait  plusieurs  legs.  Ses  Mémoires  et  ses  Observations  se 

trouvent  parmi  les  IVISS.  de  la  bibliothèque  des  écoles  de 

médecine  de  Paris. 

Louis  ^  son  Eloge  inédit j  prononcé  le  i  avril  1788*,  Hé- 

doin,  Gr.  Ifom.  de  Champ,,,  p.  82-,  Geruzez,  Desctipt.  de 

Reims  ^  p.  489. 

GARASSE  {Bernard)^  prieur  du  Mont -Dieu.  Son  nom 
est  consigné  dans  nos  annales  :  il  réveille  Tidée  de  la  bien- 
faisance; nous  devons  donc  le  faire  revivre  ici. 

Ne  à  Tarbes  en  Gascc^e  vers  l'an  1 5o4  j  Garasse  fit  pro- 
fession de  la  règle  de  saint  Bruno  à  Paris ,  et  devint  prieur  de 
la  Chartreuse  du  Mont-Dieu,  près  de. Sedan.  Lorsqu'il  va- 
quait à  ces  fonctions,  une  famine  affreuse  désola  la  Cham- 
pagne. C'était  en  i5ao,  et  durant  les  trois  années  suivantes  ^ 
sous  le  pontificat  de  Robert  de  Lenoncourt,  comme  le  té- 
mcngnent  Marlot,  Anquetil,  et  le  Gallia  christiana.  Son 
amour  pour  la  pauvreté  lui  avait  ménagé  de  grandes  res- 
sources ,  et  «omme  il  tenait  par  sentiment  aux  misères  des 
pauvres,  il  fi3umit  pendant  six  mois  à  la  subsistance  d'une* 
multitude  immense  d'indigens  qui  jetaient  le  cri  pressant 
du  besoin.  C'est  MaVlot  qui  nous  a  conservé  le  souvenir  de 
cette  noble  philanthropie.  Les  paroles  de  cet  historien  mé- 
ritent de  trouver  place  ici  :  Bemardus  Carassus  tantd  (fuit) 
cantate  in  pauperesj  ut  Campaniâfame  laborante^  ingénient 
multitudinem  per  sex  menses  aluerit  vicfuSj  eis  necessaria  suih- 
ministrando,  (Met.  Rem.,  t.  II,  p.  317.)  On  doit  le  dire  : 
l' homme  ^qiii  rendit  de  pareils  services ,  est  digue  d'un  sou- 


î 


ao4  CAR 

venir  honorable,  au  moins  autant. que  Fingénieux  auteur  de 
quelque  ouvrdige  amusant. 

Elu  général  de  son  ordre  en  1 566 ,  après  la  mort  de 
Pierre  Sardes,  arrivée  le  26  juillet  de  cette  année,  Caxasse 
fit  paraître  avec  un  lustre  nouveau  les.  vertus  qui  lui  avaient 
frayé  le  chemin  à  cette  éminente  dignité»  Il  en  fut  revêtu, 
non  pendant  vingt-deux  ans ,  comme  le  dit  Morozzi  y  mais 
durant  vingt  ans,  comme  le  marque  la  carte  des  généraux  de 
son  ordre.  Il  rendit  le  dernier  soupir  le  8  septembre  1 586, 
avec  tout  le  calme  d'une  ame  qui  s'envole  dans  le  sein  de  Ja 
divinité. 

Peeters  n'en  a  point  parlé  dans  sa  bibliothèque  des  Char- 
treux ,  quoique  Borland  l'eût  signalé  à  la  page  260  de  son 
CkrorUcon  Cartusiense  (i),  et  qu'Etienne  Salazar  Teût  cite 
avec  éloge  dans  sa  Genealogia  Christi  (Lyon,  Pesnot, 
i584)  (^).  Il  est  mal  à  propos  désigné  dans  Moréri  (^verbo 
Chartreux),  sous  le  nom  de  Bernard  Pierre  Garasse,  On  a 
de  lui  Touvrage  suivant ,  fruit  de  neuf  ans  de  travail  : 

Noi^a  collectio  statutorum  ordinù  Cariusiensis  ^  ea  quœ  in 
antiquis  et  nôi^is  ^statutis  ac  tertid  compilatione  dispersé  et 
conjusa  hahebanturj  simul  ordinatè  disposita  complectens,  Pa- 
ris, Henri Thiery,  iSSa,  in-4°,  fol.  162^  £^vec  nn  prolc^ue 
de  Tauteur,  où  il  prend  le  titre  modeste  de  prieur  de  la 
grande  Chartreuse*,  it._,  Bâle,  1 5 10 ,  gotk. ;  it.,  Correriœ  (3), 
per  Laurentium  Gilihert_,  typographum  juratum  apud-  Gratior 
nopolirrij  i68ï  *,  it.^  Rome,  1688.  On  a  ajouté  dans  ces  der- 
nières éditions ,  quelques  bulles  *,  mais  on  n  y  a  pas  inséré 
toutes  celles  de  l'édition  de  Bâle. 

Carasse  y  déclare ,  comme  le  marque  D.  le  Masson ,  p.  .262 
de  ses  Annales  (1687,  i^^-folO  >  que  les  articles  qui  ne  sont 

(1)  Il  parle  ibidem  avec  éloge  d'un  religieux  du  Mont-Dieu,  mais  sans  le 
nommer.  —  (3)  Salazar  dit  que  Carasse  était  octogénaire  à  cette  époque. — 
(3)  La  Gorrérie  était  un  bâtiment  de  la  grande  Chartreuse  où  D»  le  Masson 
avait  établi  une  imprimerie  en  1680. 


CAR  2o5 

pas  renfermés  dans  cette  nouvelle  collection  ne  sont  plus 
obligatoires.  C'est  la  première  fois  qu'on  publia  quelque 
chose  à  Tusage  des  Chartreux.  Jusque-là  ils  ne  s'étaient 
servi  que  de  manuscrits. 

Morotius  (Morozzi),  Theatrum  chron.  cart.  ord.j  p.  3o  *, 

IRobert,  GaL  chr.j  p.  8 ,  Appendids;  de  Tracy,  Vie  de  saint 

JBruno^  p«  274  et  286.  Ce  fut  dom  Xavier  le  Blanc,  vicaire 

de  la  Chartreuse  du  Mont-Dieu,  qui  engagea  le  P.  de  Tracy 

à  écrire  cette  vie,  qui  parut  en  1786 ,  in-ia. 

C  ARPENTIER  (Pierre) ,  dont  le  nom  occupe  une  place 
honorable  dans  la  Biographie  philologique ,  était  né  à  Char- 
leville ,  le  2  février  1697  >  d'Antoine  Carpentier  et  de  Sophie 
Lamotte.  Il  y  fit  ses  humanités  et  sa  philosophie  sous  les 
Jésuites  ,  qui  se  glorifiaient  d'avoir  formé  ses  premières  an- 
nées et  préparé  ses  succès.  Doué  d'un  esprit  propre  à  se 
plier  à  tous  les  genres  ,'il  hésita  long-temps  sur  le  choix  de 
la  carrière  qu'il  devait  parcourir  :  enfin  il  se  décida  pour  le 
cloître ,  et  fit  profession  à  l'abbaye  de  Saint-Remi  de  Reims, 
le  27  août  1 720 ,  à  l'âge  de  vingt-trois  ans  et  demi. 

Dès  que  son  éducation  fiit  complétée ,  il  satisfit  son  avidité 

d'acquérir  du  savoir ,  en  faisant  marcher  de  pair  les  études 

des  langues  mortes  et  vivantes ,  de  l'histoire  et  de  l'antiquité 

^ecclésiastique  et  pro&ne  *,  ce  qui  fit  pressentir  qu'il  suivrait 

un  )Our  K  route  tracé^e  par  ses  savans  et  érudits  confrères. 

U  s'occupait,  depuis  cinq  ans ,  d'une  nouvelle  édition  dci 
TertuUien ,  lorsque  dom  Dantine  se  l'adjoignit  pour  travail- 
ler au  nouveau  Glossaire  de  du  Cange ,  dont  le  6"  volume 
parut  en  1736.  Pourvu ,  l'année  suivante ,  de  la  prévôté  de 
Saint-Onésime  de  Donchery ,  dépendante  de  la  congrégation 
de  Saint-Maur ,  dom  Carpentier  ne  tarda  pas  à  passer  dans 
l'ordre  de  Cluni ,  à  la  faveur  d'un  bref  de  translation  (i) ,  et 

(1)  Fay,  dans  le  t.  VII  de»  Plaidoyers  de  Mannory,  le  procès  que  dom  Car- 


N 


206  CAR 

» 

il  fut  nominé  àloffice  d'aumânieif  de  l'abbaye  de  Samt^Râoi' 
bertea  Bugey.  Ayant  obtenu  dn  cardinal  Henri  Oswal  de 
la  Tour  d'Auvergne  la  permission  de  faire  spa  noviciat  tu 
prieur^  4e  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  d' Abbcville  ,  il  y  pnf 
rhabit ,  et  y  pit>nonça  ses  vœux  vçrs  174  >  • 

Ses  travaux  littéraires  exigeant  sa  présence  à  Paris^  il 
obtînt  de  labbë  de  Y  alory  un  bénévole  pour  être  agrégé  à 
Tabbaye  de  SainfrPierre de  Sauve,  diocèse  dt^AIaîs.  Parce 
moyen,  il  devint  religieux  de  .cette  maison  sans  y  résiâer^ 
et  il  vécut  depuis  à  Paris,  cultivant  les  lettres,  fouillant 
dans  les  archives  et  les  bibliothèques,  et  voyant  souvent 
Tabbé  de  Yalory,  qu'il  nommait  en  plaisantant  son  rMmi 
père  ahié  {i). 

En  vjioy  il  accompagna  à  la  oour  de  Vienne  I  ambassa- 
deur de  France  de  Guerchy.  L'impératrice ,  connaissant  îe 
goût  de  notre  bénédictin  pour  l'antiquité ,  Ini  donna  un 
e&emplaire  de  a  Senaius  consulti  de  Beicchanaîibus  j  sit^e 
V  'œneas  vetustœ  tabidœ  musei  Cœsarei  vindohonensis  expH- 
n  èatioy  aucàore  Matthœo  jEgyptio.  »  Naples,  Félix  Musea^ 
1729,  in^fol. ,  p«  !2!ii.  En  tête  duquel  il  écrivit  :  Ex  dono 
et  munificentid  augustissintœ  imperatrieis  Mariœ  TÂermSj 
reginœ  Ifungariœ^  Bohemiœ^  etc.^  armo  1751. 

De  retour  à  Paris ,  nôtre  savant  reprit  cette  vie  occupée 
qu'il  menait  avant  son  voyage,  et  travailla  à  mettre  cb 
ordre  les  matériaux  qu'il  avait  recueillis  ;  et ,  après  trente 
ans  de  veilles,  il  fit  paraître,  en  1766,  le  SuppUmmtm 
Glassaire  de  du  Congé  ^  mais  il  ne  survécut  que  peu  ^ 
tanps  à  la  gloire  qu'il  s'était  acquise  par  la  .publication  ^ 
eet  ouvrage.  Il  mourut  presque  sulùtenient>  au.  cdlége  de 

pentier  eut  4  sontenii  au  sujet  de  cet  indalt  de  traoslatM»! ,  fondé  ffix  des 
iqotifs  d'infirmités. 

(1)  Il  y  a  de  cet  abbé ,  alors  prévôt  de  Saint-Pierre  de  Lille  ,  une  lettre  cu- 
rieuse sur  une procession'd'nsage  à  Lille,  insérée  dans  le  t.  VII,  p«  ^"^^^79 
ém  iUS^moèresde  d*Artîgny. 


CAR  ao7, 

'Sourgogne,  à  Paris,  oon  le  21,  comme  le  dit  Deaisart, 
vaais  le  19  d^embre   17679  et  fut  iahumë  dans  la  nef 
du  Saint^crement  de  leglise  paroissiate  de  Saint^ôme. 
Le  domaine  voulut  s'emparer  de  sa  succession,  comme 
cL^'nae  épave.  M.  de  Yalory,  abbé  commendataire  de  Saint*- 
Picrre  de  Sauve,  soutint  qu'il  «5tait  habile  à  recueillir  la 
coliswiîorte  de  son  religieux*,  et  le  39  mars  1768,  il  gagnn 
au  parlement  de  Paris  son  procès ,  suivi  par  maître  Courtin , 
qui  fit  imprimer  un  mémoire  à  ce  sujet.  (Dénisart ,  Collection 
de  décisions^  p.  733,  art.  Cote^morte^  édit,  1771.)  La  suc- 
cession de  D.  Carpentier  était  un  objet  de  dix  à  douze  mille 
livres.  Courtin  assista  à  la  vente  de  sa  bibliothèque,  et  y 
acheta,    entre  autres-  livres,   des  manuscrits   d'anciennes 
poésies  {Srançaisea,  quil  donna  depuis  au  marquis  de  Paul- 
my.  Us  font  aujourd'hui  partie  de  la  bibliothèque  de  VAr- 
senal. 

D.  Carpentiec  a  fait  quelques  généalogies  qui  lui  ont 
procuré  d'illustres  amis^  Parmi  les  savans  de  sou  temps,  il 
était  un  dg  oeux  dont  on  s'empressait  le  plus  à  rechercher 
le  commerce ,  parce  qu'il  joignait  à  un  cœur  droit  un  esprit 
profond,  et  qu'il  était  d'ailleurs  obligeant  et  communicatif. 
La  conduite  régulière  qu'il  tint  dans  le  monde ,  la  vie  retirée 
qu'il  mena  au  collège,  de  Bourgogne ,  ou  il  travailla  avec  au-* 
tant  dWdeur  que  lorsqu'il  demeurait  à  Saint-^Germain-des-r 
Prés,  furent  les.  seules  réponses  qu'il  crut  devoir  opposer 
aux  clameurs  de  quelques  rigoristes  de  sa  congrégation ,  qui 
l'avaient  signalé  partout  comme  un  religieux  dégoûté  de  son 
état,  lequel  s'était  dérobé  aux  observances  monastiques , 
BOUS  prétexte  d'infirmités. 

Ken  différenÀ  de  ceux  qui ,  ayant  observé  des  taches  dans 
le  soleil  9  n'en  reconnaissent  pas  moins  sa  lumière  et  son 
éckt,  ces  zélateurs  9  non  contens  d'avoir  a<icusé  la  conduite 
morale  de  D,  Carpentier,  essayèrent  de  le  dépouiller  du 
fruit  de  ses  travaux.   L'attaque  fut  commencée  par  dom 


ao8  CAR 

Clëment ,  dans  la  préface  de  r^rt  de  vérifier  les  dates ,    pu- 
blié en  1750-,  et  depuis ,  on  mit  tout  en  œuvre  pour  flétrir 
sa  réputation  littéraire.  Dom  Tassin  fut  un  de  ses  antstgo- 
nistes  les  plus  ardens.  Les  savans  ne  lui  pardonnent  pas 
d'avcâr  renouvelé,-  après  la  mort  de  son  illustre  confrère,  les 
accusations  très-mal  fondées  de  plagiat  que  Ton  avait  diri- 
gées contre  lui  durant  sa  vie.  Heureusement  la  gloire  ne  se 
trouve  pas  toujours  éclipsée,  sous  les  nuages  que  la  malveil- 
lance soulève  contre  elle.  Toutes  ces  manœuvres  claustrales 
n'ont  pu  «empêcher  qu'on  n'assignât  à  D.  Carpentier  un  rang^ 
distingué  parmi  les  philologues  du  xvïii*  siècle. 

Ses  ouvrages  : 

I.  Glossarium  ad  scriptores  médias  et  infimœ  latinitatis, 
auctore  Carolù  Dufresjie  domino  du  Congé  j  editio  not^a  et 
locupletior  et  auctior  ;  opéra  et  studio  monachorum  ordinis 
S.Benedicti  è  œngrégatione'  S.  Mauri.  Paris,  Osmond, 
1^33,  1736,  6  vol.  in-fol.  fig.*,  it.,  eum  additionibus  Iselini^ 
accedit  dissertatio  de  impp.  Constantin,  numismatibus.  Baie , 
1762  ,  6  vol.  in-fol. 

Les  dix  planches  de  médailles  manquent  dana  beaucoup 
d'exemplaires-,  elles  doivent  se  trouver  dans  le  t.  4>  à  l'ar- 
ticle intéressant  Moneta^  p.  912,  924 ,  9Î2,  940,  960,  966, 
972,  981,  994  et  1020.  D.  Carpentier  ayant  composé  plus 
de  huit  lettres  de  cet  important  ouvrage ,  doit  être  mis  au 
nombre  des  savans  Bénédictins  auxquels  oa  en  est  rede- 
vable, 

II.  ^m  aux  gens  de  lettres  qui  voudront  contribuer  à  la 
perfection  du  Supplément  au  Glossaire  de  la  moyenne  et 
basse  latinité ,  inséré  dans  le  Journal  des  Savans ,  a^n/  1 737, 
p.  253  et  254- 

III.  Lettre  écrite  par  Jfcf  ***  à  M.  Carpentier ^  l'un  des  au- 
teurs de  la  noweïle  édition  du  Glossaire  de  du  Gange,  sur 
un  endroit  qui  demande  d'être  expliqué  et  rectifié  y  it. ,  Réponse 


CAR  209 

de  JH.    Carpeiitier  aux  auteurs  «?«  Mercure  de  France  (datée 

d.u   prieuré  de  Saint-Pierre  d'AJbbeville ,  le  17  mai  1^40  • 

insérées  dans  le  Mercure  de  France  ^  '74^?  P*  ^^Sy  à  iSyi. 

IV.    jilphahetum  tironùmum^  cum  phmhus  Ludovici  pii 

c/uzrtîs:,  quœ  notis  iisdem  exaratœ  sunt  et  hizctenus  méditas^  ad 

historiam  et  jurùdictionem  cum  ecclesiastîcam^  tum  ciçilem 

pertinentibus.  Paris,  Guérin,  1747?  in-foL,  p.  108. 

11  n'^a  pas  plû  à  D.  Tassin  de  faire  mention  de  cet  ouvrage 
curieux  dans  son  Hist.  Littér.  de  la  Congr*  deSaint-Maur.  En 
revanclie  il  n'oublie  pas  d'indiquer  à  la  page  720  de  la  même 
histoire,  sa  critique  de  V Alphahetum  tironianiim^  insérée 
dans  le  Journal  des  Sas^ans^  mars  1766. 

Gicëron  et  Tiron  son  affranchi  inventèrent,  dit-on,  chez 
les  Latins ,  la  manière  d'écrire  en  abrégé ,  et  furent  les  pre- 
iniers  auteurs  de  ces  caractères  que  les  Latins  appelaient 
Noiœ  ^  par  le  moyen  desquels  on  écrivait  aussi  vite  que  Ton 
parlait.  Ceux  qui  écrivaient  de  cette  manière  se  nommaient 
Notariij  d'où  nous  est  venu  le  mot  de  notaire.  Martial  ex- 
priiuie  très-bien,  dans  le  distique  suivant,  la  vitesse  avec 
'laquelle  on  écrivait  à  l'aide  de  ces  notes  : 

Gurrant  verba  licet ,  manus  est  velocior  iUis  : 
Nondum  Ungua  suum ,  dextra  peregit  opus  (i  ) . 

Lib.  i4  9  ^pig'  3o8. 

Pour  faire  connaître  l'art  d'écrire  en  notes ,  D.  Carpen- 
tier  donne ,  dans  son  alphabet  tironien ,  d'ancien  monumens 
écrits  suivant  cette  méthode ,  auxquels  il  joint  ses  remarques 
et  un  alphabet.  Les  Jésuites ,  dans  leurs  Mémoires  de  Tré- 
voux (juin  17475  P'  ^4^3)?  ^^t  f^ît  un  bel  éloge  de  cette 
tachigraphiè ,  laquelle  est  cependant  insuffisante,  attendu 
qu'il  a  été  impossible  à  D.  Carpentler  de  la  compléter,  ejt 
que  l'explication  des  noies  qu'il  rapporte  ne  peut  servir  à 

r 

(1)  En  Tain  la  voix  précipite  ses  sens ,  la  main  du  sténographe  les  devaece; 
Torateur  p^le  encore ,  et  déjà  sa  pensée  est  recueillie. 

TQME  I.  14 


aïo  CAR 

rien  pour  1  explication  de  celles  qui  ne  se  trouvent  pas  dans 
sou  alphabet. 

V.  Lettre  aux  auteurs  du  Journal  des  Savans  ,  insdrée 
ibidem.joet.  i^SS,  p.  678  à  68i. 

D.  Clëmencet  avait  essaye  y  comme  on  Fa  vu ,  d'enlever 
par  avance  à  D.  Carpentier  Thonneur  d'être  vëritablement 
auteur  du  Supplément  au  da  Cange^  et  DD.  Charles  Fran- 
çois Toustain  et  Tassin  (t.  Il,  p.  ao5,  a44  ^  281  du  Nou- 
%feau  traité  de  difÀornaUque j  Paris,   i^55  à    1765,   6  vol. 
in-4**?  figO?  avaient  dëprisë  son  alphabet  tironien,  qu'ils 
auraient  peut-être  trop  exalte ,  si  D.  Carpentier  eût  encore 
été  des  leurs.  Celui-ci  leur  répond  par  cette  lettre,  à  laquelle 
D.  Tassin  riposta  dans  le  Journal  des  SaiHtns^  mars ,  i  ^56 , 
p.  189  à  149. 

YI.  Glossaràun  noK^wn  ad  scriptores  medii  œ\^i  cum  Latinos 
iwn  Gallicos^  seu  svpplementuxh  ad  auctiorem  glossarii  Can- 
giani  editîonem.  Subditœ  ^mtj,  ordine  alpkabeticOj  zfoces  gai- 
licéB  usu  aut  signiftcattt  obsoletœj  quée  in  glossario  et  in  suppk- 
mento  explicantur.  Accédant  varii  indices,,  prœcipuè  rerum 
extra  ordinem  alphabeticum  positaruntj  vei  ^uas  ibi  deUtesoere 
,  non  autumaret  lector^  atque  auctorum  operwns^e  emendatorum. 
His  demum  adjecta  est  Cangii  Dissertatio  de  inferioris  œvi  aut 
imperii  numismatibus  ^  quam  excipiunt  emendationes  typogra- 
phicœ  ad  posiremam  glossarii  editionem.  Collegit  et  digessit 
D.  P.  Carpentier,,  ordinis  5.  Bénédictin  prœpositus  S.  One- 
simi  Doncheriensis.   Paris,  le  Breton,   Saillant,    Desaint, 
l'jG&y  4  vol.  in-fol. 

Adelung  en  a  donne  un  abrégé ,  sous  ce  titre  :  a  Glossa- 
»  rium  manuale  ad  scriptores  mediae  et  infimae  latinitatis ,  ex 
))  magnis  glossarii  Caroli  Dufresne,  Domini  du  Gange,  et 
»  Carpentarii ,  in  compendium  redactum ,  multisque  verbis 
»  et  dicendis  formulis  auctum.  ffalœ,,  Gebauer,  ï  772,  in-8^)) 
Nous  croyons  devoir  entrer  dans  quelques  détails  sur  la 
nouvelle  édition  du  Glossaire  de  du  Gange,  et  sursOn  sup- 


CA*  au 

pléiuent ,  monumeut  qui  port^  Tenapreitite  de  U  plus  pro- 
fonde érudition.  Du  Gange  n'avait  publie  que  3  vol.  in*fol. 
€n  1678.  Dota  Guesïdë  avait  projeté  dy  en  ajouter  un  qua- 
trième ;  maiâ  la  mort  ne  lui  permit  pas  de  voir  la  fiii  de  son 
travail.  DD.  Nicolas  Toustain  et  le  Pelletier  mirent  en  ordre 
et  ex,p!iq.U)èreat  les  mots  de  la  moyenne  et  baase  latinité  qui 
répoud^at  aui  trois  premières  lettres  de  lalphabat,  çt  qui 
font  le  premier  volume  et  les  deux  tiers  du  second.  Ce 
fut  dans  cet  état  de  choses  que  D.  Dantine  (î)  prit  le  Glo»- 

(1)  Dantine  (Fnmçiois),  né  le  i«»  avril  1688,  de  Claude  Dantiae ,  cultivateur 
et  propriétaire ,  et  de  Marie  Lobet ,  à  Gonrieux ,  yîUage  du  pays  de  Liège ,  et 
dn  départeâient  des  Ardennes ,  jusqu'au  traité  des  limites  du  ao  nov.  i8i5^ 
finit  «es  jours  à  Paris  le  3  nov.  1746,  Il  est  auteur  de  VArt  de  vérifisr  les  dates, 
Paris  ,  1760  ,  in-4°j  ma/'orc. 

Cet  ouvrage  fameux,  où  sont  les  Annales  de  tous  les  peuples  et  de  tous  les 
sbuTerains  du  monde  ;  qu'on  peut  regarder  comme  la  source  et  la  clef  de 
l'histoire ,  et  qu'il  n'était  guère  posnible.  de  composer  que  (kiR^  le  silence  du 
cloUre  9  et  au  milieu  de  riches  et  d'imioen«es  archives ,  doit  sa  naissance  à 
une  de  ces  petites  causes  que  nous  sommes  d'autant  plus  jaloux  de  faire  con- 
naître ,  qu'elle  est  assez  généralement  ignorée. 

£n  1 7^7  D.  ))antine  était  venu  se  fixer  à  Paris  dans  la  communauté  des 
Blancs-Manteaux.  Bornée  dans  son  revenu ,  cette  maison  ne  pouvait  dqnnisr  i 
ses  relig^ieux  ces  petites  douceurs ,  qui  contribuent  à  faire  l'agrément  «t  le 
cbarme  de  la  vie  I^*  Bouquet  tâchait  de  suppléer  ce  vide.  Jouissant  d'upe 
pension  de  i5oo  Hv.,  que  le  roi  lui  avait  accordée  à  titre  de  récompense  et 
d'encouragement ,  son  plus  doux  plaisir  était  de  la  partager  avec  ses  confrères. 
Tous  les  jours  après  dîner,  une  petite  société  de  savans  Bénédictins  se  réunis- 
sait chez  lui,  pour  y  prendre  le  café.  D.  Dantiae  était  admis  à  ces  réunions, 
ob.  se  confondaient  le  savoir  et  la  gaîté.  Vers  l'an  174^,  on  s'aperçut  que  les 
fonds  manquaient ,  et  que  la  petite  provision  de  sucre  et  de  café  tikuit  à  sa 
fin.  Chacun  proposait  des  moyens  de  ravitaiile9icnt  1  lorsqu'tfn  des  habitués 
du  cercle  dit ,  que  D.  Dantine  seul  était  capable  de  prêter  une  vie  nouvelle  à 
la  mèche  pr^s  de  s'éteindre.  Ce  savant ,  qui  s'occupait  pliv^  d'hébreu  que  de 
finances  9  surpris  de  ce  qu'on  recourût;  à  lui  d^n»  cette  cû-cooptance ,  détûm  4e 
s>VQtr  oonm^nt  il  pourrait  zempjiv  les  vues  de  ta  réunion  »  ^t  i^y finir  trihu- 
t«if!ede  ses  besoins.  £h  bien  1  reprit  son  confr^re^,  n'étci^vous  pas  du  payip  ^ 
I^ié^  ?  poun|uoi  donc ,  à  l'exemple  de  Matthieu  (iaensherg  vptre  compatriote , 
m  mettriez*vons  pas  au  jour  un  calendrier  ou  almanach  f  C«t  ouvrage  de 
covte  haleine ,  et  d'un  prompt  débit ,  procurerait  à  notre  petite  coterie,  les 
fonds  dont  elle  a  le  phis  pressant  besoin.  D»  Dantine  goûta  U  plaisanterie, 

14. 


•iisi  CAR 

saire.  Il  s'adjoignit  D.  Carpentier.  Celui-ci  se  chargea  des 
huit  lettres  F  H  K  M  P  S.V  W,  et  s  engagea  à  feîre  la  pré- 
face. D.  Dantine  eut  en  partage  les  treize  lettres  D  £  G  J 
LNOQRTXYZ.  Ils  firent  de  concert  des  additions 
aux  trois  premières  lettres. 

Les  cinq  premiers  volumes  ayant  paru ,  D.  Dantine  fiit 
exilé  à  Pontoise  en  1^34 ,  à  Foccasion  de  ses  opinions  sur  la 
biiUe  Unigenitus.  D.  Carpentier  acheva  la  lettre  T  commen- 
cée par  son  collègue ,  et  mit  la  dernière  main  au  sixième  vo- 
lume, qu'il  publia  en  1^36.  «Ainsi,  disent  les  rédacteurs 
»  du  Journal  des  Sas^ans  ^  indépendamment  de  la  part  qn'^a 
»  eue  D.  Carpentier  à  tout  ce  travail,  il  a  achevé  seul  Fédi- 
))  tion  :  pour  le  prouver,  il  renvoie  au  manuscrit  de  Tou- 
»  vrage  qui  est  resté  à  Tabbaye  de  Saint-Germain ,  dans  le- 
»  quel  la  diflférence  des  écritures  montre  ce  qui  appartient  à 
»  son  collègue  ou  à  lui.  »  (Sept.  1766,  p.  Sga.) 

Il  n'y  a  point  eu  de  réponse  à  une  proposition  aussi  raison- 
nable ,  sur  laquelle  D.  Tassîn  garde  le  plus  profond  silence, 
dans  son  HUt,  Littér,  de  la  Congrégation  de  Saint-Maurj  à 
Tarticle  de  D.  Dantine. 

Nous  allons  maintenant  donner  une  idée  .générale  du  sup- 
plément au  Glossaire  de  du  Cange,  et  justifier  D.  Carpentier 
du  plagiat  dont  on  Ta  accusé. 

«  Ce  grand  ouvrage ,  qui  est  le  fruit  des  longues  et  pé- 
nibles recherches  que  D.  Carpentier  a  faites  pendant  trente 
ans ,  ne  doit  point  être  considéré  comme  un  simple  supplé- 
ment au  Glossaire  de  du  Cange  *,  on  peut  encore  l'envisager 

accepta  cette  espèce  de  défi ,  et  conçut  dès  lors  qu'il  pourrait  £iire  quelque 
chose  de  très-utile ,  en  réunissant  les  différens  articles  de  chronologie,  tels 
qu^indictions  ,  épactes ,  cycles ,  nombre  d'or,  etc.,  qu'il  avait  rédigés  pour  la 
réimpression  du  GhêstUre  de  du  Gange.  De  la  réunion  de  ces  divers  articles, 
il  en  est.résulté  un  traité  de  chronologie  qui  se  trouvé  k  la  tête  de  V Art  dt  vé- 
rifier les  doits.  D.  Dantine  résolut  ensuite  d'y  ajouter  des  tables  des  pspes, 
des  empereurs ,  des  rois ,  etc. ,  et  de  puiser  dans  les  sources  mêmes ,  pour  for* 
ijaer  une  chronolpgie  depuis  J.  G.  jusqu'à  nous. 


CAR  9.i3 

comme  un  ouvrage  particulier,  et ,  pour  ainsi  dire,  indépen- 
dant de  celui-ci.  Le  savant  auteur  ne  s'est  pas  contenté  de 
faire  dés  corrections  ni  d'ajouter  de  nouveaux  éclaircisse- 
mens  aux  difiërens  articles  de  du  Gange  *,  à  Texemple  de  ce 
savant  homme  9  il  y  a  mis  encore  ime  foule  d'articles  qui  ont 
rapport  à  nos  mœurs,  ou  aux  droits  seigneuriaux  et  particu^  . 
liers,  ou  à  lorigine  et  à  la  nature  des  fiefs ,  aux  dévoies  des 
vassaux,  à  notre  jurisprudence  civile  et  criminelle,  à  k 
juste  valeur  des  pQids  et  des  mesures ,  au  prix  et  au  cours  des 
monnaies ,  à  l'époque  des  annoblissemens  *,  on  y  trouve  en- 
core la  description  des  armes  propres  à  Tattaque  et  à  la  dé- 
fense ,  les  yétemens  militaires ,  tous  nos  usages  publics  et 
domestiques ,  des  noms  de  lieux  peu  connus ,  dés  éclaircis- 
semens  intéressans  pour  de  grandes  maisons ,  l'histoire  des 
dogmes  et  des  céréiùonies  de  l'Eglise ,  les  termes  qui  con- 
cernent les  arts  et  les  sciences  *,  en  un  mot,  tout  ce  qui  a 
rapport  à  nos  antiquités.  »  Journal  des  Swans^  sept.  1766, 
p.  590  a  591. 

«  Les  trois  premiers  volumes  contiennent  le  Glossaire. 
•Sous chaque  mot,  rangé  par  ordre  alphabétique,  l'auteur 
rapporte  un  grand  nombre  de  passages  de  nos  anciens  au- 
teurs .français  ou  de  nos  chartes ,  qui  servent  à  faire  connaître  ' 
l'étymologie ,  forthographe  et  les  différentes  significations 
du  mot.  Ces  passages  communément  nous  instruisent  en- 
core de  quelques  usages  et  coutumes  qui  se  sont  perdus  y  de 
quelques  noms  géographiques,  ou  des  noms  propres  qu'il' 
importe  aux  familles  de  connaître. 

))  Le  quatrième  volume  mérite  une  attention  particulière: 
il  contient  un  Glossaire  français  qui  a  six  cent  soixante-treize 
colonnes  d'étendue,  ensuite  treize  tables*,  i""  Table  des  au- 
teurs de  la  moyenne  et  basse' latinité ,  composée  par  du  Gange, 
corrigée  et  augmentée  par  Carpentier .  On  y  rapporte  le  temps 
où  ils  ont  vécu,  les  ouvrages  qui  les  distinguent,  ou  ces  ou- 
vrages ont  été  imprimés,  les  écrivains  qui  les  ont  cités,,  et 


îii4  ÔAR 

lorsquon  eu  est  insitruît,  Vétàt  qu'ils  avaient  embra^^ëy 
1"  Table  des  auteurs  grecs  eitës  dans  le  Glossaire^  3**  une 
des  auteurs  imprimés  qui  ont  écrit  en  langue  vnlgaire ,  soit 
firançais^  soit  italiens ,  espagnols,  anglais,  etc.*,  5**  une  des 
manuscrits  latins  qu'on  a  consultés  :  on  y  a  yoint  leur  âge; 
6^  tme  des  actes  et  des  vies  des  Saints  qui  sont  manuscrites  *, 
j^  une  des  auteurs  français  manuscrits  qui  ont  éeriit  en 
prose  -,  8**  des  anciens  poètes  français  et  provençaux ,  manu»' 
crits-,  9"*  et  10°  deux  tables  des  registres,  des  cartulaires  et 
des  dépôts  publics  et  particuliers  dont  on  a  &it  le  dépouille^ 
ment-,  1 1*  des  auteurs  et  des  ouvrages  dont  on  corrige  le 
texte  dans  le  Glossaire  et  le  suppléiùent;  iS^.enfîn,  une  table 
de  totit  ce  qui  est  traité  dans  ces  deux  ouvrages  bors  de  Tordre 
alphabétique.  On  y  a  joint  de  petites  remarques  qu'on  ne 
s'aviserait  pas  d'y  chercher. 

»  Ce  volnmc  est  terminé  pgir  un  morceau  précieux  pour 
les  savans ,  c'est-ànlire,  par  la  Dissertation  de  du  Gange  snr 
les  médailles  et  les  monnaies  des  empereurs  du  Bas-£mpîre^ 
elle  est  accompagnée  de  onae  planches,  qui  représentent 
plusieurs  figures  de  ces  empereurs.  Enfin ,  pour  ne  rien  ou- 
blier de  ce  que  renferme  ce  quatrième  volume,  on  y  tmùvc 

* 

un  errata  fort  ample  des  six  volumes  de  k  dernière  édition 
dtt  Glùssaîre  de  du  Gange.  »  (Joum.  des  S(^a¥is_,  sept.  1766, 
p.  593  et  594.) 

Combien  de  temps  n'a-t-il  pas  fallu  pour  mettre  en  ordre 
tant  de  matériaux  rassemblés  par  un  seul  homme  !  Que 
d'examens ,  de  vérifications  et  de  comparaisons  n'a-t-il  pas 
fkllu  pour  éviter  les  conttsadictions,  les  répétitions  et  toutes 
les  négligences  qui ,  sans  Tattention  singuKére  de  D*  Car- 
tier pouvaient  lui  échapper  !  Malgré  un  si  pénible  tratail, 
on  n'a  pas  kissé  de  diriger  contre  lui  une  accusation  de  pla- 
giat ,  dont  il  se  justifie  dans  sa  préfiice  d'uiM  manière  $i 
complète;  nous  croj^ons  devoir  nous  arrétei*  sur  cette  dis- 
cussion. 


CAR  aî5 

ï> .  Gl^meucçt ,  p . .  xi  de  la  prë&ce.  qui  e^st  à  la  tête  de  V^rt 
de  xférifiev  les  dates  ^  édition  de  17  5o,  composé  par  D.  Daa-r 
tine ,  dit  que  ce  savant  avait  fait  de  itouveUes  recherofaes  et 
formé  un  recueil  capable  de  servir  de  supplément  à  ce 
Glossaire.  Il  ajoute  que  ces  collections  soût  demeurées  entre 
le3  xaains  de  son  associé  (D.  Garp^ïnlier),  et  que  s'il  les  donne 
jamais  au  public ,  il  a  trop  d^éqiûlé  pour  n'en  pas  faire  bon* 
neur  à  celui  de  qui  il  les  tient. 

Les  personnes  indisposées  contre  D.  C^trpentier  en  ont 

couclu,  sans  aucun  fondement,  que  les  quatre  volumes  de 

son  nouveau  Glossaire  étaient  formés  du  recueil  d  additions 

que  D .  Dantine  avait  rassemblées^  de  là  laccusation  de  plagiat» 

«  Il  s'agit  donc  de  savoir,  disent  les  auteur^  du  Journal 

des  Safaris ,  à  quoi  se  réduisaient  alors  les  collections ,  ^t  si 

elles  (étaient  capables  de  former  quatre  vcdumes  in-fol.,  et 

qiii  en  était  Fauteur.  Elles  ne  consistaient,  dit  Carpeutier^ 

qu'en  quelques  remarques  et  additions ,  communiquées  trop 

tard  pour  entrer  dans  la  nouvelle  édition  de  du  Gange  ^ 

parce  que  les  articles  où  elles  devaient  être  placées  étaient 

déjà  imprimés^  ces  remarques  et  ces  additions  même  en 

grande  partie  avaient  été  faites  par  D.  Garpeutier  liû-méme, 

qui  était  chargé  de  finir  l'édition,  et  qui   s'était  proposé 

d'en  faire  le  supplément*,  ainsi  c'est  son  propre  trayail  qu'U 

a  employé.  De  plus ,  ces  collections  ne  pouvaient  former  que 

quelques  fouilles  ,  et  si  Ton  jette  les  yçux  sur  le  suppléaient 

au  Glossaire,  outre  son  étendue,  on  verra  que  l'auteur  a 

consulté  tous  les  registres  du  Tré«or  des  Ghartes  jusqu'à 

Gharles  VIII ,  les  livres^   registres  et  mémoriaux  de  la 

chambre  des  comptes  de  Paris  ^  de  celle  de  Lille  en  Flandre 

et  d'autres  cours  souveraines,  les  manuscrits  de  la  bibUpr 

théque  du  roi,  ete,,  en  vertu  d'un  ordre  du  roi,  d^tédu 

10  juin  1 736 ,  quatre  ans  après  que  D.  Dantine  avait  quitté 

Paris. 

))  Il  est  démontré  par  là  et  par  quelques  autres  te'moi-  • 


2i6  CAR 

guages,  qu'il  est  inutile  de  citer  ici,  que  cet  ouvrage  o'^est 
compose  (|ue  depuis  Tordre  du  roi  9  puisqu'il  u  y  a  presque 
pas  UQ  article  dans  lequel  Fauteur  n'ait  cite  des  pièces  prises 
du  Trésor  des  Chartes.  Ainsi  ces  collections  qu\>n  exagère, 

ne  font  point  un  objet  dans  Fouvrage  dont  x^ous  parlons 

Toutes  ceS'  raisons  nous  paraissent  disculper  entièrement 
D.  Carpentier  du  plagiat  dont  il  était  accusé.  »  (^Joum.  des 
SaçanSj  seft.  1766,  p.  69 1  à  SgS.) 

Ce  jugement  désintéressé  n'a  pas  empêché  D.  Tassin  de 
renouveler,  après  la  mort  de  son  confrère,  l'accusation  de 
plagiat  qu'il  avait  dirigée  contre  lui  en  1766,  dans  le  Journ. 
des  Sas^ans. 

a  D.  Dantine,  dit*il,  avait  fait  de  nouvelles  recherches  ; 
il  eh  avait  reçu  des  provinces  pendant  le  cours  de  l'impres- 
sion, et  il  en  avait  formé  un  recueil  capable  de  servir  de 
supplément  à  la  nouvelle  édition  de  M.  du  Cange.  Au  dé- 
part de  D.  Maur  Dantine,  le  P.  Carpentier  eut  grand  soin 
de  tout  recueillir.  Dégoûté  de  son  état ,  revêtu  d'un  gros  bé- 
néfice que  lui  avait  donné  l'abbé  de  Pomponne ,  en  faveur 
de  son  abbaye  de  Saint-Médard ,  et  appuyé  du  crédit  d'ua 
ministre  et  de  quelques  grands  seigneurs ,  il  quitta  la  Con- 
grégation sous  prétexte  d'infirmités ,  et  emporta  avec  lui  les 
recueils,  dont  il  n'était  que  dépositaire.  En  1738  il  obtint 
une  lettre  de  cachet  pour  avoir  communication  des  registres 
du  Trésor  royal  des  Chartes.  Les  archives  de  la  chambre  des 
comptes  de  Lille ,  de  la  collégiale  de  Saint-Pierre  de  la  même 
ville ,  et  des  principales  églises  d' Abbeville ,  lui  furent  ou- 
vertes *,  il  lut  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi  et  les 
livres  anciens  et  nouveaux  qui  n'avaient  point  été  consultés, 
et  puisa  dans  toutes  ces  sources  des  msitériaux ,  qui  jcnnts  à 
ceux  qu'il  avait  emportés  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  lui  ont  suffi  pour  former  les  quatre  volumes  in-fol.  qu  il 
a  publiés.  »  {Hist.iittér.  de  la  Congr.  de  S.  MouTj^  p.  633.) 

Ce  texte  de  D.  Tassin  renferme  des  aveux  qui  vont  à  jus- 


CHA  217 

tî^er  D.  Garpentier  de  laccusatioa  de  plagiat*,  car,  puisque 
e'*est  depiiis  sa  sépairatioa  d'avec  D.  Dantine  qu'il  a  eu  accès 
dans  le  Trësor  des  Chartes ,  etc.,  etc.,  et  qu'il  y  a  puisé  une 
infinité  de  matériaux  dont  son  collëgue  n'avait  point  eu  con- 
naissance, et  qui  forment  presqu'entièrement  son  nouveau 
Glossaire ,  n'est-il  pas  bien  fondé  à  le  regarder  comme  son 
ouvrage  ?  D.  Tassin  parait  lui-même  en  être  au  fond  con- 
vaincu, et  se  défendre  de  vouloir  lui  en  enlever  la  gl^re. 
«  D.  Garpentier,  ajoute*t-il,  s'élève  sans  ménagement  dans 
»  sa  préface  contre  ceux  qu'i7  s'imagine  <woir  voulu  lui  enle^ 
»'  p'er  la  gloire  de  ses  travcuAX.  Il  n'en  a  pbs  joui  long-temps, 
»  étant  mort  au  mois  de  décembre  1767.  »  S'exprimer  ainsi, 
n'est-ce  pas  reconnaître  que  toute  'la  gloire  du  nouveau 
Glossaire  appartient  à  D.  Garpentier,  et  se  défendre  d'avoir 
voulu  la  lui  enlever?  Au  reste ,  cette  sortie  de  D.  Tassin  ne 
doit  point  étonner,  notre  savant  étant ,  comme  nous  l'avons 
dit,  devenu  odieux  aux  rigoristes  de  sa  congrégation,  par  sa 
retraite ,  et  surtout  par  la  jouissance  des  revenus  de  sa  pré- 
voté  de  Donchery . 

VII.  D.  Garpentier  ayant  trouvé  dans  un  manuscrit  de  l'é- 
glise de  Gambray ,  écriture  du  commencement  du  xiv""  siècle, 
plusieurs  senteqces  morales  c[ui  n'avaient  pas  été  publiées 
avec  celles  de  PvbUus  Syrus^  les  donna  à  l'abbé  le  Mascri)er, 
qui  les  mit  à  la  suite  des  sentences  connues  de  Syrus^  impri- 
mées avec  les  fables  de  Phèdre ,  édition  de  Paris.  Coustellier, 
174^?  in-  la  rarissime j  où  l'on  peut  voir  ces  .nouvelles  sen- 
tences précédées  d'un  avertissement  de  D.  Garpentier,  qui 
n'a  pas  mis  là  son  nom  -,  mais  il  se  trouve  à  la  page  1 07  de 
ce  volume ,  dans  l'avis  de  l'imprimeur  qui  précède  le  Pu- 
hUus  Sytus. 

GHABAOL  (Matthieu)^  docteur  en  médecine  et  en  chi- 
rurgie, élève  dés  écoles  de  Montpellier  et  de  Paris-,  dpmi-, 
ciliée  Mézières- sur -Meuse  depuis  le  mois  d'avril  1763, 


2i8  CHA 

époque  où  il  fut  nobimé  à  la  place  fixe  de  chirurgien-major 
des  oflBciers  du  génie  de  Fécole  de  cette  ville  \  associa  cor* 
respondant  du  collège  royal  de  médecine  de  Nancy,   du 
7  janvier  1776,  et  de  la  société  royale  de  médecine  de  Paris, 
du  16  août  1785;  non^mé  chirurgien-major  en  chef  de  Tar- 
mée  des  Ardennes,  le  19  mars  1794  9  membre  de  la  com* 
mission  de  santé  de  Paris,  le  4  ^^^î  suivant,  puis  médeciti 
en  chef  de  Thôpital  militaire  de  Mézières,  le  ^4  janv.  1795, 
est  né  à  Limoges  le  3  mars  1735.  L'académie  royale  de  chi- 
rurgie lui  a  adjugé  un  de  ses  prix  le  4  avril  1787,  et  la  so- 
ciété royale  de  médecine  lui  a  décerné  un  des  siens  le 
a6  août  1788.  Mort  le  1 2  février  i8î5  à  Mézières ,  où  U  s'é- 
tait acquis  une  grande  réputation  par  des  services  énoùnens 
rendus  à  Fhumanité  ainsi  qu  a  Tart  de  guérir. 

Ses  écrits  et  ?es  travaux  : 

I.  Observation  sur  une  concrétion  polypeuse^  Iroiwée  dans 
la  tête  d'un  enfant  :  insérée  dans  le  Recueil  de  médecine j 
chirurgie  et  pharmacie,,  avril  1756. 

II.  Lettre  à  M.  Galabertj  démonstrateur  à  Monipellierj  au 
'  sujet  de  t agaric  de  chêne  ^  pour  arrêter  les  hémorragies  :  insé- 
rée ibidem j  juillet  l'jH.-'^ Deuxième  Lettre  à  M.  Galabertj 
pour  seri'ir  de  réponse  aux  objections  faites  par  M.  Destré- 
meaux  ^  au  sujet  de  la  même  substance  dans  les  hémorragies  : 
insérée  ibidem  ^  nov  .1765. 

III.  Relation  d'une  opération  césarienne  y  pratiquée  ai^ 
succès  :  insérée  en  1778  dans  les  Mémoires  de  la  soàéii 
royale  de  médecine j  t.  II. 

IV.  Lettre  écrite  des  bords  de  la  Meuse ^  à  V auteur  de  la 
Gazette  Salutaire ,  sur  la  prudence  que  doii^nt  ai^oir  les  sages- 
femmes  _,  d'as^ertir  lorsque  les  couches  se  présentent  diffi/od- 

tueusesj  afin,  qu'elles  garantissent ^  autant  que  possible^  leur 
réputation  et  le  blâme  qui  suit  ordinairement  les  couches  fâ- 
cheuses :  insérée  dans  la  Gazette  Salutaire  j  août  1 78 1 . 


CHâ  319 

V  •  Relation  d'une  ùpération  césarienne  y  adressée  à  la  so-^ 
ciété  royale  de  médecine  le  a8  mars  1 78^  :  proclamée  da^s  le 
J'oiMnujU  poUtique  de  Bouillon^  dan«  le  Journal  encyclopé- 
dùfiee^  dans  une  séance  publique  de  l'académie  de  chirurgie , 
et  enfin  dans  une  brochure  de  M.  Déleurye ,  professeur  d'ao- 
couchement.  Cette  opération  a  été  faite  en  1778  à  Mézières, 
s«r  une  femme  doimiciliée  au  Faucon  ^  près  de  Doncherj. 

VI.  Memarques  et  additions  sur  r opération  césarienne  :  jpi^ 
bliëe  ea  1 784  dans  le  troisième  ydiume  des  Mémoires  de  la 
société  royale  de  médecine. 

VIL  Avantage  quil  y  a  de  profiter  de  l'air  libre  dans  la 
petite  vérole  :  publiée  le  5.  )anv.  1786  dans  la  Gazette  Salu- 
taire.  Chabrol  j  expose  qu'il  a  franchi  les  limites  de  Tart^ 
s%xx  Tusage  de  Tair,  en  faisant  voyager  1^  petite  vérole  jus^ 
qu'au  cinquième  jour  de  Féruption,  depuis  Sedan  jusqu'à 
Paris  «  eu  observant  des  poses  relatives  au  beàoin  du  ma- 
lade ,  et  a  l-état  de  la  maladie  *,  ce  qui  n'a  pas  empiécfaé  l'é- 
ruption progressive  des  boutons  pendant  lé  voyage  :  d'où  il 
conclut  que  l'air  employé  cotivenablement  dans  les  mala- 
dies, n'a  jamais  lait  de  mal. 

VIII  «  Ohsers^atiom  sur  V usage  fréquent  des  fundgations 
dans  les  maladies  des  voyes  lacrymales^  à  ï effet  de  les  guérir^ 
et  de  réformer  Us  opérations  quon  est  dans  l'usage  d'y  pratin 
quer  :  mentionnées  ibidem^  a  diéc.  1790* 

IX.  Opération  de  la  taille. faite  par  M.  Chabrol ^  sur  la 
femme  Lancerotj  du  village  de  Signy-Ï Ahbaye  (Apdennes)  ^ 
enceinte  de  sept  mois  :  annoncée  ibidem^  10  mars  1791.  L'ur- 
gence avait  requis  cette,  opération*  La  malade  a  guéri  sans 
incommodités  secondaires  :  elle  a  porté  son  ihiit  au  terme 
ordinaire  ^  la  gestation*^  et,  depuis ,  elle  a  fait  plusieurs 
«Ouches  heureuses. 

X.  Détait  d'une  opération  de  la  Hernie  >  opérée  par  M-  Cha- 
brol,  où  k  douzième  jour  après,  l'intestin  s'exfoUaj  ce  qui 
donm  issue  à  la  totalité  des  matières  fécales  pendant  environ 


320  CHA 

deux  mois ,  sans  ifue  la  plaie  soit  restée  fistuleuse  :  Aunancé 

ibidem  j  i3  juin  ■791* 

XI*  Extraitd'un  Mémoire  sur  la  Lithotomie  des  deux  sejces^ 
présenté  à  la  société  royale  de  médecine  de  Paris  :  publié  dans 
les  Annales  raisonnées  sur  Vart  de  guérir^  par  le  docteur 
Retz. 

XII.  Il  a  fourni  à  V Encyclopédie  les  articles  Polype^  Clor 
yieule^  Commotion^  Conire^coup^  dans  les  maladies  de  la 
tète  et  des  autres  parties  du  corps ,  et  Polypes  à  la  matrice. 

Une  notice  j  publiée  à  Mézières  (en  1807),  in-S**,  p-  7? 
of&e  des  détails  très-circonstanciés  sur  la  personne ,  les  ou- 
vrages inédits,  les  services  et  le  zèle  de  ce  praticien  habile,  qui 
connaissant  la  marche  de  la  chirurgie  rationnelle ,  n^opérait 
jamais  sans  une  indication  précise.  On  y  remarque  entre  autre 
choses  y  «  que  pour  le  soulagement  de  Thumanité  y  il  s'est  mis 
))  à  même  d'exercer  ses  bienfaits ,  en  formant  chez  lui  up 
»  petit  hospice ,  où  il  a  accueilli  des  pierreux  indigens ,  pour 
»  les  Opérer  et  guérir  gratuitement  -,  qu''il  n'a  pas  hésité  d'al- 
»  1er  dans  les  communes  des  Ardennes ,  pour  y  opérer,  sans 
»  rétribution  ;  qu'il  a  obéi  à  l'invitation  des  magistral ,  et  à 
»  la  voix  des  dames  de  charité  de  Mézières,  Gharleville, 
»  Donchery  et  Sedan ,  pour  venir  opérer  les  pierreux  dans 
»  les  hospices,  ou  hors  les  hospices,  et  exercer  sur  d'autres 
»  malades  la  médecine  opératoire.  » 

CHARDON  {Matthias^  et  dans  le  cloître  Charles).  Yvois- 
Carignan  est  sa  patrie  v  il  y  naquit  le  22  septembre  1695. 
Dès  que  ses  classes  furent  achevées ,  il  prit  l'habit  de  béné- 
dictin à  l'abbaye  de  Saint- Vanne  de  Verdun,  et  s'y  lia  par 
des  vœux  solennels  le  3  juin  17 12.  Ses  supérieurs  Tapnt 
destiné  à  l'enseignement ,  il  professa  long-temps  la  philo- 
sophie et  la  théologie  dans  sa  congrégation ,  et  y  fit  preuve 
d'une  grande  justesse  d'esprit.  Au  milieu  de  ces  occupations^ 
il  trouvait  encore  le  temps  de  cultiver  les  langues  anciennes, 


CHA 


32  t 


l'*b«4jbreu,  le  syriaque  et  le  grec,  qui  avaient  beaucoup 
dL''attraits  pour  lui ,  et  de  se  livrer  à  Tëtude  de  Fantiquitë 
ecclésiastique  qu'il  aimait  passioniiëmeat.  Il  fut  frappé  de 
mort  à  Saint- Arnould  de  Metz  ,  le  20  octobre  1771  /âge  de 
soixante-dix-huit  ans. 

'    Austère  dans  ses  mœurs ,  couvert  de  la  rouille  du  cabinet, 

d^un  caractère  peu  flexible ,   incapable  de  tenir  la  main 

fermée  pour  empêcher  une  vérité  d  en  sortir ,  ne  ménageant 

Taniour-propre  de  personne,  dom  Chardon  disait  toujours 

tout  ce  qu'il  pensait  avec  une  iranchise  qui  approchait  quel- 

cpiefois  de  Timpolitesse.  Il  était,  parmi  ses  confrères ,  une 

sorte  de  censeur  pour  lequel  on  n'avait  pas  autant  d  amitié 

que  d'estime.  Ge  dernier  sentiment,  dont  il  était  digne,  lui 

suffisait ,  et  il  y  avait  peu  de  personnes  dont  il  en  attendit 

un  autre.  Doué  de  beaucoup  de  vertus,  il  ignorait  l'art  de 

les  rendre  agréables  à  ceux  qui  l'entouraient.  Un  trait  va 

faire  juger  de  la  trempe  de  son  caractère. 

La 'Diète  de  sa  congrégation  Tavait  nommé  cellérier  de 
l'abbaye  de  Mouzon.  Distrait  continuellement  de  ses  études 
par  les  occupations  de  cet  emploi ,  il  chercha  comment  il 
pourrait  s'en  affranchir.  Ge  moyen  se  présenta  à  sa  pensée  : 
il  attacha  un  clou  à  la  porte  de  la  dépense ,  et  y  pendit  la 
clef  avec  cet  écriteau  au-dessus  :  <(  Que  nul  ne  m'accuse 
D  d'imprévoyance ,  car  rien  ne  manque  ici  :  j'ai  pourvu  à 
»  tout.  Geux  qui  éprouveront  des  besoins  trouveront  dans 
»  cet  office  de  quoi  étancher  leur  soif  et  appaiser  leur  faim. 
»  Après  s'être  satisfaits ,  ils  voudront  bien  remettre  la  clef  à 
»  sa  place  *,  car  je  ne  suis  plus  d'humeur  de  bouger  de  ma 
»  cellule.  »  Le  prieur  de  la  maison ,  instruit  de  cette  singu- 
larité ,  s'empressa  d'assembler  le  chapitre ,  et  de  donner  un 
successeur  à  dom  Ghardon ,  qui  lui  adressa  ce  remercîment  : 
.((  R.  Père  prieur,  j'éprouve  une  vive  satisfaction  en  abandon- 
))  nant  une  carrière  qui  m'était  étrangère.  Je  vais  rentrer 
})  avec  joie  dans  mon  cabinet  pour  ne  plus  en  sortir*,  car 


a22  CHA 

»  s'il  est  vrai  que  chaque  chose  ait  besoin  d'être  à  sa  place  , 
»  c'est  à  rhomme  surtout  qu^il  est  le  moiiifi  permis  de  s^en 
»  ticarter.  » 

Les  fruits  de  ses  veilles  studieuses  sont  : 

I.  Histoire  des  Sacremens^  ou  de  la  manière  dont  ils  ont  été 
célébrés  et  administrés  dans  V Eglise  j  et  de  Vusage  ^pion  en  a 
fait  depuis  te  temps  des  Apôtres  jus^juà  présent.  Paris ,  Des- 
prez  et  Càvelier,  1745,  6  vol.  in-*f  a. 

Cet  ouvrage  est  plein  d'érudition.  Oa  y  voit  Thistoire  des 
Sacremens  depuis  la  naissance  du  christianisme ,  les  divers 
changemens  survenus  dans  leur  administration  et  leur  usage, 
la  manière  dont  ils  se  confèrent  dans  les  églises  orientales , 
et  Tëpoque  où  ces  sociétés  ont  abandonné  sur  quelques  points 
Tancienne  discipline  sacramentale.  L'auteur  montre  que  les 
variations  arriTees  dans  les  Sacremens ,  tant  dans  ces  corn-* 
munions  séparées  de  l'église  romaine  y  que  dans  les  diffé* 
rentes  EgHses  particulières  de  l'occident,  ne  tombent  que 
sur  les  cérémonies  de  leur  administration ,  sur  le  rit  et  lu* 
sage  qui  s'y  pratiquent*,  mais  que  les  Sacremens  sont  les 
mémies  aujourd'hui ,  quant  à  la  substance ,  q^ie  dans  les  pre- 
miers  siècles  du  christianisme. 

On  y  remarque  des  traits  curieux.  Telle  est  l'c^nioa 
singulière  qui  s'était  répandue  dans  le  m*'  siècle ,  que  les 
malades  qui  avaient  reçu  l'extrémeonction  ne  pouvaient 
plus ,  s'ils  recouvraient  la  santé ,  faire  aucun  usage  du  ma- 
riage ,  manger  de  la  viande ,  et  marcher  pieds  nus.  (T.  IV, 
p-  418.) 

Notre  savant  joint  à  ce  qu'il  rapporte  de  chacun  des  Sa- 
cremens y  quelques  anciennes  fermuies  des  prières  dont  on 
se  servait  en  les  administrant,  et  qu'il  a  tirées  des  plustn- 
ciens  rituels  ou  sacramentaires ,  ce  qui  forme  en  particufier 
uu  recueil  de  monumens  précieux.  On  trouve  sur  la  péni- 
tence la  traduction  de  trois  lettres  canoniques- de  S.  Basile  j 


CHA  223 

r  ancien  pénitentiel  romain  ii' Haliigaire ,  et  les  statuts  syno- 
daux: de  Verdun. 

On  lui  est  redevable  d'avoir  le  premier  analysé ,  dans  quel- 
ques volumes,  tout  ce  qui  a  été  publié  sur  les  Sacremens 
par  Morin,  Martèncf,  Renaudot,  etc.  Il  y  a  d'ailleurs  ajouté 
beaucoup  de  ses  recherches  particulières ,  avec  une  critique 
lumineuse  des  sentimens  de  quelques  savans  qui  Tout  pré- 
cédé dans  la  même  carrière.  Il  n'est  entré  dans  les  discus- 
sions théologiques  qu'autant  qu'elles  étaient  inséparables  de 
THistoirey  et  il  a  eu  soin  d'éviter  les  termes  qui  auraient  pu 
choquer  les  sacramentaii^s ,  en  ne  leur  donnant  que  les  qua- 
lifications qu'ils  ont  prises  eux-mêmes  *,  rare  exemple  de 
modëratioa  que  devraient  imiter  tous  les  écrivains  qui  ré- 
futent ceux  qui  ne  pensent  pas  comme  eux  en  uiatière  de 
religion  !  Les  personnalités  ,  toujours  odieuses,  sont  encore 
plus  révoltantes  dans  une  discussion  théologique.  C'est  par 
les  voies  d'ifisinuatioa  qu'on  réussit  dans  l'art  de  subjuguer 
les  coeurs*  L'effet  ordinaire  des  injures  est  de  froisser  l'amour- 
propre,  et  de  les  endurcir. 

Le  P.  Bernard  de  Venise,  cordelier  observantin,  a  tra- • 
duit  cet  ouvrage  en  italien  ^  sous  ce  titre  :  Storia  de  sacra- 
menti  os^  si  dimostra  la  maniera  tenutta  dalla  chiesa  in  cde*- 
brcdi  ed  amministrarli  _,  e  Vuso  ftoMone  nel  tempo  degli  apostoU 
Jino  al.presenttj  scritta  in  francesce^  dalM.  P.  D.  C,  Char*  . 
doHj  monaco-  Benedittinoj  poi  resa  Ituliana^  d'annotaziom 
Sparsaj  e  di  notizièj  accresciutaj  dal  P*  F,  Bemardo  da  Ve- 
neziuj  M.  O.  riformaio.  Vérone,  Sarasco,  1754,  a  vol.  in-4**'^ 
lï.j  Brescîa ,  Giam-Maria  Rizzardi,  lySS,  3  vol.  gr.  in-4°* 
Cette  traduction  est  enrichie  de  notes  estimées ,  et  aug- 
mentée de  quelques  chapitres.  La  réimpression  de  Brescia 
est  la  seconde  faite  sur  celle  de  Vérone.  On  y  a  mis  à  leur 
lîea  les  citations  grecque  et  latines  des  saints  pères  et  des 
conciles  -,  on  y  a  ajouté  des  appendices  où  sont  rapportées  les 
pièces  originales  employées  dans  l'ouvrage^  et  qui  man- 
quaient à  l'édition  précédente. 


IL  Ouvrages  inédits  :  x""  Histoire  des  variations  de  lu  dis-- 
cipUne  de  l'Eglise^  a**  deux  autres  écrits,  lun  contre  les 
déistes  _,  et  le  second  sur  le  droit. 

D.  J.  François,  BB.  des écris^.  de  l'ord.  de Saint-^Bcnoit ^ 
t.  I,  p.  194*5  Delahaut,  Annales  d'Yi>ois^  p.  402  s  Zaccba- 
ria,  Storia  littér,  d*ItaUa,  t-  X(i757),  p.  497  j  Audifl5redi, 
BB^  Casanat.j  t.  II,  p.  229-,  Nouv.  eccLj^ann.  1779,  p.  92; 
Matricule  de  la  Congr.  de  Saint^J^anne.  Mëm.  part. 

CHARPENTIER  (***),  ne  à  Bierme,  près  de  Rethel, 
vers  Fan  1740,  alla  de  bonne  heure  en  Rossie,  où  pendant 
de  longues  années,  il  suivit  la  profession  de  maître  de  langues. 
Il  revint  ensuite  en  France ,  d'où  nos  troubles  politiques  le 
firent  repasser  à  Saint-Péterbourg  ;  il  y  mourut  vers  1800. 
On  a  de  lui  : 

Elémens  de  la  langue  russe  j  ou  Méthode  courte  et  faak 
pour  apprendre  cette  langue  par  le  français.  Saînt-PétersbouiÇ; 
1768,  in-S**  :  ouvrage  anonyme  et  peu  commun.  (Artick 
communiqué,) 

CHARLOTEAU,  Husson  (diminutif  de  Hugues),  proto- 
notaire apostolique,  cuirë  dlges,  de  Saint-Menges,  de  Glaire 
et  Frenois,  naquit  à  Donchery,  vers  Tan  1 6 1 2.  Sa  vie  fîit  celle 
d'un  savant  laborieux.  Il  cultiva  le  droit  canon,  et  devint 
très-habile  dans  cette  science ,  qui  ne  laisse  pas  que  d'avoir 
ses  épines.  A  cette  étude  il  joignit  celle  des  mathématiques  et 
de  l'astronomie ,  donnant  à  ces  deux  brai^ches  des  connais- 
sances humaines  tous  les  momens  qu'il  pouvait  dérober 
aux  devoirs  de  son  ministère.  Le  28  avril  16449  ^  prêta  le 
serment  de  fidélité  à  Louis  XIY  avec  le  clergé  des  souve- 
rainetés de  Sedan,  Raucourt  et  Saint -Menges,  réunies  à  la 
France  en  1642.  Le  voile  de  l'oubli  couvre  le  reste  de  sa  vie. 
Il  a  écrit  : 

,  I.  Abrégé  des   matières   bénéfididesj   suis^ixnt  V usage  de 
V église  gallicane  ,•  as^ec  quantité  de  modèles  d'expéditions  en 


CHA  aa5 

cour  de  RomCj  et  autres  matières  ecclésiastiques.  Paris,,  Lan- 
gloîs,  1661,  in-ia,  p.  169.  Cet  ouvrage ,  que  nous  dëdai«- 
gnérions  de  lire  aujourd'hui ,  obtint  pourtant  sept  fois  les 
honneurs  de  la  réimpression  *,  savoir,  six  fois  à  Pans,  en  i663, 
64?  67,  78,  83^  g3-,  et  à  Lyon,  1687,  p.  255. 
II.   Traité  d'Astronomie^  in-8'»,  MS. 

'     CHATILLON  {Gaucher  liE) ,  comte  de  Porcien ,  né  en 
1 249  de  Gaucher  de  Ghâtillon ,  quatrième  du  nom ,  et  dl- 
sabelle  de  Lésines ,  fut  bien  traité  de  la  nature ,  dont  il  re- 
çut une  constitution  vigoureuse.  Stimule  par  Faiguillon  de  la 
gloire^  il  prit  le  parti  des. armes,  et  s'y  signala.  Ses  actions 
de  valeur  à  la  journée  de  Courtrai ,  lui  firent  décerner  Tépée 
de  connétable  par  Philippe-le-Bel,  en  i3o2.  Il  eut  beau- 
coup de  part  à  la  victoire  de  Mons-en-Puel ,  en  i3o49  con- 
duisit le  prince  Louis  Hutin  en  Navarre ,  et  le  fit  couron- 
ner àPampelune,  le  i*'''  octobre  i3o7.  ^  contribua  aussi  à 
la  victoire  de  Mont-Gassel,  le  aa  août  i3a8,  et  mourut 
en  iSag,  à  quatre-vingts  ans,  comblé  d'honneurs,  et  après* 
s'être  acquis  des  droits,  à  la  reconnaissance  de  la  postérité. 

Philippe-le-Bel  lui  avait  donné ,  en  1 3o3 ,  le  comté  de 
Porcien ,  en  échange  de  sa  terre  de  Ghàtillon-sur-Mame. 
Il  est  fait  mention  de  cet  échange  dans  le  compte  des  baillies 
.de  Troyes  et  de  Mèaux  de  l'an  1220 ,  fol.  i3. 

Ffiez  a  heretage 

'  u  Â  Mong'  Gauchier  de  Ghasteillon,  conte  de  Portien  et  conné- 
»  table  de  France,  pour  la  remanance  de  l'assise  que  4ooo  livrées 
»  que  U  Rois  li  devait  assener  pour  reson  de  l'escheange  de. la 
»  terre  de  Ghasteillon,  pour  les  termes  de  la  Saint-Remi  cccxix 

»  de  la  foire  de  la  Saint- Jehan xlvii  1. ,  vu  den. ,  per 

»  ipsum.  » 

Gaucher  avait  épousé  en  troisièmes  noces  Isabelle  de  Ru- 
migay^  eii.,^9^enne.  Il  eât  compté  dans  le  petit  nonibre  de 

TOMEI.  l5  '     . 


2^6  CHE 

ceux  dont  la  bienfaisance  a  illustré  la  mémoire.  Doué  d'*iiii 
cœur  généreux  et  d'une  âme  compatissante,  il  fonda  en 
i3oo  rHôtel-Dieu  de  Château-Porcien.  Il  a  donné  à  celm 
deRmmsleban,  la  justice,  Favouerie,  et. une  partie  dn 
fief  et  seigneurie  d'Ecly ,  de  même  que  les  fief  et  seigneurie 
de  Gomont,  dépendant  de  Château^-Porcien.  Il  a  encore 
aumône  Tabbaye  de  Bonnefontaine  (Ardennes)  de  cinq 
muids  de  blé ,  à  pi'endre  annuellement  sur  les  assises  de 
Ch&teau-Porcien  y  ee  qui  a  subsisté  jusque  vers  1 5oo ,  époque 
où  les  comtes  de  ce  nom  ont  été  obligés  de  faire  une  rëdnc- 
tion  considérable  sur  ces  assises.  La  vie  de  Gaudoter  est  dans 
le  t.  Vn,  p.  198  à  264  des  Hommes  illustres  j  par  d'Auyi- 
gny,  et.  sa  généalogie  dans  le  t.  I,  p.  Sigs  àeYHùt.  des 
gr,  off.  àe^  la  couronne j  du  P.  Anselme,  édit  lyiîs» 

•  Son  portrait  :  i.  dans  Vulson  de  la  Colombiére*)  â.  N..* 
dans  la  galerie  du  palais  Cardinal-,  3.  Desrochers. 

CHESNE  {Jean  Baptiste  PHILIPOTE  AU  DU),  naquit  en 
1682  au  village  de  Sy(i),  de  Robert  Philipoteau,  chinir- 
giën ,  et  de  Jeanne  Catherine  Toussaint*  Les  Jésuites  de 
Rdms,  chargés  de  son  éducation,  trouvèrent  en  lui  des  ta- 
lens  qu'ils  jugèrent  ponvcir  être  utiles  à  leur  ordre ,  et  ils 
se  rattachèrent  en  1700.  Ce  fut  en  entrant  dans  cette  com- 
pagnie que  notre  jeune  Ardcnnais  prit  le  nom  de  du  Chesnej 
bourg  voisin  de  son  Heu  natal. 

Après  ses  années  de  probation ,  on  lui  ouvrit  la  carrière  de 
Finstruction  publique,  qu'il  parcourut  avec  distinction.  Les 
villes  de  Metz ,  Verdun  et  Strasbourg  applaudirent  à  ses  suc- 
cès. Il  professait  la  philosophie  à  Reims  en  1724  et  ijSi, 
lorsqu'il  attaqua  les  Prédestinatiens  et  les  partisans  de  Baïus. 
Les  ouvrages  qu'il  publia  sur  ces  matières ,  firent  ^ssez  de 


(i)  Et  non  au  Ghesne ,  comme  Font  dit  jusqu'alors  tous  les  biographes,  qui 
le  nomment  Phlipotot. 


l>rmt  pour  inspirer  à  ses  supërieurs  le  dësir  de  1  attirer  à 
Paris  ;  lâraig  il  obtint  d'etix  de  resté*  dans  sa  prolrînce  na- 
tale ,  où  sa  rëpûtation  allait  croissant. 

En    ï5^,  on  le*  choîsàt  pour  présider  à  Fëducatiôn  des 

infants  d'Espagne ,  sous  le  roi  Philippe  IV  -,  mais  un  dëran- 

gement  survenu  dans  sa  santé  ne  lui  permit  point  de  vaquer 

plus  de  deux  ans  à  cette  honorable  fonction.  De  retour  en 

France ,  il  fut  nomme  Provincial  de  la  province  de  Gfaam-^ 

pagne ,  et  «'acquitta  de  cette  charge  en  homme  qui  avait  su 

s'en  re«dre  digne.  Après  avoir  été  recteur  du  collège  de 

Metz,  il  vint  se  fixer  à  Reims  pour  y  jouir  du  repos  dû  à  ses 

travaux.  La  prière,  Fëtude  ei  la  retraite  y  firent  ses  délices. 

il  y  finit  paisiblement  sespurs  le  24  janvier  lySS,  dans  la 

soixante-treizième  annëe  de-  son  âge ,  et  la  cinquante-cin-* 

quième  depuis  son  entrée  chez  les  Jésuites.  Sa  vertu  égalait 

son  savoir,  et  son  savoir  était  fort  étendu»  Finissons  par  le 

catalogue  de  ses  ouvrages. 

I.  Hispania  partim  suorum^ty  partim  Philippi  virtute^ 
ex  clade  sua  triumphans  ;  Ordtio  habita  in  collegio  regio  Ar- 
gentinensij  soc.  Jesu^  die  ii  jan.  ryi  1 .  Strasbourg,  veuve 
StoFckius,r  17ÏI5  in-8%  p.  64 >  déd.  au  père  Robinet,  jé- 
suite y  confesseur  du  roi  d'Espagne. 

•  II.  Le  Pridestinatianisme y  ou  les  hérésies  sur  la  prédesti- 
nation et  la  réprobation  y  oii  Von  expose  la  naissance  j  les  pro- 
grès j,  les  rés^olutionsj  les  dogmes  et  les  sectes  dii/erses  des  Pré- 
.  desfinatiens.  Paris,  Qoillau,  1724,  in-4%  p«477« 

«  Ce  lii^e  est  plein  de  fables  et  d* erreurs  ^  selon  Ye^Nou- 
»  i^eUes  ecclésiastiques  j  du  2  nfovembre  1780.  On  y  trouve 
))  de  l'esprit,  et  des  recherches  \  mais  y  a-t*il  également  de 
.  »  la  solidité,  de  la  vérité ,  de  la  justice ,  de  l'équité?  N'y  a* 
»  t-il  pas  bien  de  l'acharnement  contre  les  uns ,  de  la  pré- 
»  vention  pour  les  autres ,  des  déguisemens  affectés ,  de  la 
»  vaine  déclamation  ?  N'y  abuse-t-on  pas  étrangenient  des 

i5. 


228  CHE 

))  bulles  contre  Baïus  et  Jans<^iiius ,  et  n^  fait-on  pas  beau- 
»  coup  trop  d'usage  de  la  constitution  Unigenitus  contre 
»  Quesnel  et  les  Quesnellistes ,  pour  ériger  en  dogmes  de 
»  foi  des  opinions  ou  trés-fausses  ou  très-incertaines  ?  »  (Père 
Baizë,  t.  IX ,  p.  590  du  Catalog.  MS.  de  laBB.  de  la  Dod. 
chrét.j  à  la  BB.  de  TArsenal.) 

En  rabattant  de  ce  jugement ,  dicte  par  Tesprit  de  parti  y 
on  est  force  de  dire  que  les  Prëdestinatiens  naissent  et  se 
multiplient  sous  la  plume  du  P.  du  Ghesne  :  il  en  voit  par- 
tout. L'imagination  du  Pourceaugnac  de  Molière  lui  mon- 
trait  partout  des  serihgùes  et  des  .apothicaires,  la  sienne  ne 
lui  offre  que  des  erreurs  sur  la -prédestination.  Nëanmoios 
les  Mém.  de  Tréçùux  (mai  1725,  p.  878),  et  le  Journal  des 
Siwans  (mai  et  sept.  1726),  sont  loin  de  dëpïëcier  son  ou- 
vrage. 

III.  Histoire  du  fiaianismej  ou  de  l'hérésie  de  Michel 
Baïus j  avec  des  noies  historiques j  chronologiques _,  critiques  : 
suivie  d'éclaircissemens  théologiques _,  et  d'jun  recueil  de  pièces 
justificatives.  Douai,  Willerval  (Paris),  1731,  in-4**,  p.  532. 

Ce  livre  ayant  paru  renfermer  des  censures  trop  fortes  de 
quelques  opinions  et  de  quelques  personnages  distingues, 
fut  mis  à  rindex  par  un  dëcret  du  17  mars  1734.  I^e  car- 
dinal Orsy  Ta  attaque  par  Liber  apologeticus  pro  soto  contra 
Duchesnium  (Roniae,  1731,  in-4^),  ainsi  que  le  P<  Billuart, 
savant  Ardennais,  dans  son  Apologie  de  Pierre  Soto.  (Avi- 
gnon, 1738,  in-i2.)  f^oy.  p.  ii5. 

L'ouvrage  est  partagé  en  cinq  livres.  Les  deux  premiers 
concernent  principalement  Tbistoire  de  Baïus ,  de  sa  doc- 
trine ,  et  de  ce  qui  a  été  fait  contré  lui  :  dans  le  troisième 
Fauteur  prend  la  défense  du  jésuite  Lessius ,  contre  les  cen- 
sures des  facultés  de  Louvain  et  de  Douai.  Dans  le  quatrième 
et  le  cinquième  il  s'élève  coùtre  Jansénius ,  M.  de  Saint- 
Cyran,  Tabbé  de  Barcos,  et. le  P.  Gibieuf,  oratorîen.  Ce 
qu'il  rapporte  d'ailleurs  de  faits  intéressans  et  de  quelque 


CHE  229 

importance  se  voyait  dëja  dans  le  Baiana ,  dans  l'histoire  de 
Jansënius ,  et  dans  celle  de  la  Congrégation  de  Auxïliis.  Il  . 
les  a  seulement  paraphrasés  et  habillés  à  sa  manière .  Les  pièces 
justificatives  se  trouvaient  déjà  dans  le  Baiana  :  elles  ont  été 
reproduites  depuis  par  Coudrètte.  Nie  le  Gros  a  donné  des 
éclaircissemens  sur  plusieurs  faits  allégués  parle  P.  du  Chesne, 
dans  sa  D^ense  de  la  vérité,  (Utrecht,  1745?  in-4°0 

IV.   La  Science  de  la  jeune  Noblesse.  Paris ,  Moette  et  Si- 
mon, 1729,  3  vol.  in-i2,£g. 

«  On  y  donne  des  règles  de  chronologie ,  d'arithmétique , 
»  avec  un  abrégé  des  conciles  ;  et  c'est  ce  qu'on  appeUe  la 
»  Science  de  la  jeune  Noblesse»  (i).  Cependant  Feller  dit 
que  ce  livre  a  eu  un  succès  mérité ,  et  qu'il  serait  à  souhaiter 
qu'on  le  réimprimât  avec  quelques  additions.  On  y  remarque 
un  Abrégé  de  VHist»  de  Fr.j,  et  un  autre  de  VHist,  romaine  j 
qui  n'ont  point  paru  séparément ,  comme  l'avancent  plu- 
sieurs bibliographes. 

V.  Abrégé  de  VHist.  d'Espagne*  Paris,  Ghaubert,  Lam- 
bert et  Durand,  1741,  în-12,  p.  4ï6-,  traduit  en  espagnol:, 
par  Joseph  François  de  Isla,  avec  des  notes  critiques.  Am- 
hares^  Cramer ^  1 768^  a  vol.  in^""  -,  it.,  Madrid^  SantQs  AlonsOj 
là  vo/.  17Ï-8** -,  it.,  Madrid j  Ibarra^  '775>  2  vol.  in-i^.  (Gua- 
rinos,  BB.  espagnole j  t.  III,  p.  i3o.) 

VI.  Abrégé  de  VHist.  ancienne  des  cinq  grands  Empires^ 
qui  ont  précédé  la  naissance  de  J.-C.  :- savoir ^  1°  cebd  des 
Babyloniens  ,•  2**  celui  des  Chaldêens  ;  S"*  celui  des  Mèdes  et 
des  Perses^  4**  ^^^  ^  Grecs  ;  S**  celui  des  Romains  :  accom-' 
pagné  de  la  chronologie  de  ces  empires  ^  d'une  carte  géogra- 
phique^ et  de  notes  qui  servent  à  T éclaircissement  du  texte. 
Paris,  ibid.j  ij^i^  in-12,  p.  4^7. 

Quoique  superficiel,  comme  le  sont  nécessairement  les 
ouvrages  élémentaires ,  cet  abrégé  peut  suffire  à  ceux  qui 

(i)  L'abbé  de  la  Porte ,  Voyage  dans  ie  séjour  des  ombres ^  i'*  pat.,  p.  iJ^j^ 


f. 


33o  CHE 

veulent  connaître   les  principaux  évënemens  de  rhistoire 

ancienne  des  grandes  monarchies,  (^^J*  Fart.  Bi^angharo.) 

CHESNEAU  (jyicolf^)j  chanoine  et  doyen  de  Saint-^jm- 
phorien  de  Reims,  auteur  d'une  multitude  d  ouvrages  «  na 
été  cpnnu  que  d'un  petit  nombre  de  biographes ,  qui  d'^ailleurs 
.ne  Font  vu  que  de  profil.  Né  à  Tourteron,  bourgs  du  Rethe- 
lois  y  en  1 52 1 ,  il  fit  ses  classes  à  Paris  au  eoUége  de  la  Marche. 
Parvenu  à  lage  où  Ton  se  décide  sur  le  choix  d'un  état ,  il 
suivit  là  carrière  cléricale.  Son  goût  pour  la  poésie  latine  se 
manifesta  de  bonne  heure-,  mais  on  ne  fut  pas  long-temps  à 
s'apercevoir  que  sa  muse  n'était  pas  une  de   ces  vierges 
chastes  que  l'antiquité  fabuleuse  a  placées  sur  TH^licon,  et 
que  ses  vers  n'étaient  pas  toujours  inspirés  par  l'amour  divin. 
Il  eut  des  relations  avec  les  bçaux  esprits  de  son  siècle ,  et  il 
les  dut  surtout  à  sa  passion  pour  les  lettres  grecques  et  la- 
tines. Charles  Gilmer,  son  neveU,  nous  apprend  qu'il  les 
avait  ensfeignées   au   collège   de   la  Marche,  avant  d'être 
diQyen  du  chapitre  de  Saint-Symphorien.  {Oratio  habita  j  an. 
1 667 ,  in  classe  Marchianâ.) 

Dès  qu'il  fut  revêtu  de  cette  dignité ,  vers  1 56b ,  il  renonça 
au  coinmerce  des  muses  pour  consacrer  ses  talens  à  des  su- 
jets religieux.  Cependant  il  fit  encore  quelques  vers  sur  des 
circonstances  qui  réveillèrent  la  passion  qu'il  avait  pour  la 
poésie.  On  sacrifie,  malgré  qu'on  en  ait,  à  son  génie.  Il  est 
rare  de  renoncer  à  jamais  à  son  iuclination.  L'amour  des 
n^uses  surtout  ne  s'éteint  point  dans  les  cceurs  qui  l'ont  une 
fois  senti. 

Chesneau  était  lié  avec  Brizard ,  son  parent,  et  avec  Voulté, 
dont  il  prit  la  devise,  Nolitvelitinvidia»  Il  est  vraisemhjahfc 
qu'il  avait  puisé  dans  le  commerce  de  ces  deux  poètes  ar- 
dennaij^  Tesprit  erotique  répandu  d^ns  ses  épigrapinjes , 
qui  ofi'rent  un  contraste  frappant  avec  ses  livres  en  prose.  H 
composa  celle;s-là  dans  sa  jeunesse  ",  ceux-ci  ne  parurent 


CHE  !a3i 

que  lorsque  1  âge  eut  amorti  le  feu  de  ses  passions  ou  Far- 
deur  d.e  son  imagination.  Ses  sixains  sont  moraux  :  il  y  loue 
partout  la  vertu.  Quelques-unes  de  ses  épigrammes  sont 
sentencieuses  *,  comme  celles-ci  : 

Nigrum 

Per  vitreum  spectans ,  omnia  nigra  TÎdet. 

Lih,  II y  fol:  34. 
Ferreu6  est  quem  non  frangere  noTit  amor. 

Ibid.,  fol,  35  tourné. 

Notre  poète  ayant  envoya  un  couteau  à  Léger  du  Gbesne^ 
avec  xxxxe  pièce  de  vers,  reçut  celle-ci  en  échange  : 

Gulter  acutus  erat  necnon  snmmft  arte  poUtus 

Quem  mihi  donasij ,  Quercule,  flos  hominum» 
Sed  tu  cum  cultro  inisisti  dulce  poema , 

Gujus  centuplo  majns  acumen  erat. 
Mirîficè  placuit  res  utracpie ,  Quercule ,  tum  quôd 

.  A  te  ait  qu6d  nil  sît  utraque  prius. 
Sed  quantè  femun ,  mi  Quercule ,  vineitur  auro  » 

Auro  etiam  quantô  est  mens  pretiosa  magis  : 
Tantô  grata  magis  sunt  aiirea  earmina  cultro  : 

Gulter  enim  terrœ  est ,  cannina  mentis  opusi. 
Gultmm  feimgo ,  longaevaque  conteret  aetas , 

Sed  tua  splendebunt  earmina  perpetuô. 
Flores  Epigram,^  foL  588. 

Baugier  (Mém,  de  Champagne  j  p*  1 1)  nous  apprend  que 
Çhesneau  fut  précepteur  de  Jean  et  Christophe  de  Thou  -,  et 
le  P.  de  la  Noiie  rapporte  dans  son  Chronicon  Minimorunij, 
p.  27a,  qu'il  légua 9  par  soïi  testament,  sa  bibliothèque  au 
couvent  des  Minimes  de  Reims.  Il  mourut  le  18  août  i58i; 
et  fiit  inhumé  dans  Téglise  collégiale  de  Saint-Symphorien , 
où  Ton  reniarquait  cette  inscription  tumulaire  devant  la 
porte  du  chœur  : 

Quercnlus  hSc  dormit ,  puKis  de  pnWere  factus , 
Ultima  dum  clanget  tuba  surrectunis  in  auras. 

Hic  [acet 

Nicolaus  Ghesneau  de  Tnrtrono, 

Hujus  ecclesiae  Decanu&  et  canonicus.i. 


332  GHË 

Studutt,  docait  et  scripnt. 

Vixit  aonos  lz 

Obiit  18.  Augusti  i58i. 

Orate  pro  eo. 

Hédouin-Ponsludon  avance,  dans  son  superficiel  Essd 
sur  les  grands  horàmes  de  la  Champagne  j  que  Chesneau  ayait 
succédé  à  Guillaume-Fillastre  dans  le  doyenné  de  Saint- 
Syniphorien.  C'est  une  erreur,  ,ce  prélat,  créé  cardinal  en 
141 1 9  étant  mort  en  1428 ,  quatre-ving^treize  ans  avant  la 
naissance  de  notre  poète. 

J.  J.  Frisius,  p.  63o,  col.  2  de  sa  BB'^,  Gesneriana  ampli- 
Jlcata (^i5Siy  in-foL),  fait  mention  de  notre  Ardennais,  quil 
nomme  Nicolaus  Quendusy  Simler,  p.  5a4>  col.  i,desa 
BB^  Gesneriana  (1674,  in-fol.),  le  cite  également.  Ils  se 
trompent  Tun  et  l'autre  en  faisant  sortir  des  presses  de  Re- 
ginaldus  CalderiuSj  Paris ,  1 55a ,  les  Sixains  de  Nicolas  Ches- 
neau*, il  n'a  jamais  existé  d'imprimeur  de  ce  nom. 

Ses  poésies  : 

I.  HexasUcorum  moralium  lïbri  duoj  per  ISicolaum  Quer- 
cudunij  Turtronensem  Bhemum,  Paris,  Jean  Gueulard,  i553, 
in-4°,  fol.  3o.  (BB.  du  roi,  Y.  2617,  avec  le  suivant.) 

Ces  stances,  de  six  vers  chacune,  roulent  sur  des  pr^ 
ceptes  de  morale.  Elles  sont  précédées  d'une  dédicace  à  Jeaa 
et  à  Christophe  de  Thon,  laquelle  est  suivie  d'une  pièce  de 
douze  vers,  adressée  par  ces  deux  frères  à  Chesneau  leur 
précepteur.  On  trouve  à  la  fin  seize  vers  au  lecteur,  par  Pierre 
HénoTi  de  Corbie ,  à  la  louange  du  poète  et  de  son  ouvrage. 

II.  Nie.  QuercuUj  Turtronensis  Rhemij  epigrammaiwn  ^^ 
duOj  ad  Nie.  jucundum^  abbatem  Behacensem  :  ejusdem  henr 
decasyllaborum  liber  unus^  ad  Claudium  Aubertinum^  canonic» 
Catalaunensem  p  (juibus  sûbjieitur  sybillinorum  oracvlonan  pe- 
jioeha^  adjranciscam  verriensenij  mulierem  cumprimis  nobileni' 
Paris,  Th.  Richard,  i553,  in-4vfol.  60.  (BB.  Maz.,  10669.) 


CHE  2J3 

Dans  la  dédicace  de  ses  ëpigrammes ,  datée  de  Paris , 
3**  idus  Junii  (ii  juin),   1553,.  le  poète  dit  à  Nicolas  de 
Joyeuse,  abbé  de  BelvaL (Ardennes),  ordre  de  Prémontré, 
qu'^ayant  été  appelé  avec  instance  à  Tourteron  par  son  père 
atteint  de  maladie ,  les  chagrins  don^estiques  Font  empêché 
de  Taller  voir,  qull  a  su  que  ce  prélat  était  lui-même  ma- 
lade, et  que,  pour  le  distraire,  il  lui  envoie  ses  poésies, 
comme  à  son  ancien  ami  et  condisciple  au  collège  de  la 
Marche.   Suivent  quatre  pièces  élogistiques  de  Chesneau, 
par   Jean  Loyis  Micqueau  (^Micquellus) _,  Rémois,   Nicolas 
Huttin  de  Soissons ,  Marin  Everard  de  Bçauvais ,  et  par  Ni- 
colas Beschefert  (JBescefertius)  de  Châlons.  Productions  dans 
lesquelles  on  ne  peut  louer  que  Testime  des  auteurs  pour  le 
poète  ardennais. 

Plusieurs  de  ses  épigrammes  sont  adressées  à  Pierre  Bes- 
chefert ,  docteur  en  médecine ,  à  Louis  Beschefert ,  archi- 
diacre  de   Châlons ,   à  François  Beschefert ,    et  quantité 
d^autres  du    i  *'  livre  à  François  Beschefert  et  à  Nicolas 
Beschefert;   au  cardinal   Charles  de  Lorraine,   à  Robert 
de   Joyeuse,   comte  de  Grandpré,   à  Jean  d'Averhoult , 
porte-drapeau  du  duc  de  Bouillon,  condtàtàs  ducis  BuUo- 
nensis  sign^er,,  à  Michel  Gamart ,  procureur  général  du 
comte  de  Rethelois,  à  Charles  Chesneau,  père  du  poète, 
à  Christophe ,   à   Guillaume  et  à   Simon  Chesneau ,   ses 
frères  ,  à  Barthélemi   Alexandre ,   recteur  de  l'université  ^ 
de  Reims ,  à  Nicolas  Hutten  et  à  Jean  Louis  Micqueau ,  à 
Jean  Noblet ,  docteur  en  médecine  et  recteur  de  l'université 
de  Reims  (voy.  Marlot,  f.  II,  p.  8oi),  au  poète  Nicolas 
Brizard  d'Attigriy,  et  au  célèbre  Christophe  dé  Savigny 
(voy.  ces  articles).  Il  y  a  parmi  ces  pièces  des  épitaphes  et 
des  épigrammes  proprement  dites.  On  y  voit,  fol.  26,  Té- 
pitaphe  de  Guillemette  Chesneau ,  sœur  de  notre  poète ,  et, 
fol.  44  ?  celle  du  poète  Voulté,  de  Vandy-sur-Aîsne. 

Le  livre  II  finit  au  feuillet  38.  Les  hendécasyllabes  ou  vers 


a34  CHE 

phaleuques  finissent  au  feuillet  55  verso.  Viennent  ensuite 
les  Sybillina  oracula^  en  vers  hexamètres,  prëcédës  d^une 
épître  au  lecteur^  où  il  renvoie  ceux  qui  voudraient  s'instruire 
sur  les  Sibylles  et  leurs  oracles,  à  saint  Augustin />6  cisdtatt 
Deiy  lib.  XVIII,  cap.  ^5/  et  à  son  commentatetiT  Louis 
Vives  \  à  Servius ,  sur  les  livres  III  et  VI  de  TEnëide  -,  à  Pau-. 
sanias,  liv.  X*,  à  Alexandre  Napolitain,  liv.  III,  chap.  i6; 
à  Jean  Carion ,  Chronic.  y  lib.  II ,  et  surtout  à  Lactance  ,  qui 
convainc  les  infidèles  de  s'être  laissés  tromper  par  le3  Sy- 
billes.  Ces  vers  sibyllins  sont  suivis  de  trois  ou  quatre  pièces 
à  la  fin  desquelles  on  lit  la  devise  de  lauteur  :  Nolit  veUt 
ins^idia* 

III.  Poeticameditationic»  Querculi_f  Turtronensis  Bhernij,  de 
vitâ  et  morte  D.  Francisci  Picarti_,  theologi  Parisini^  iad  Ni- 
colaum  Mullariumj  Parùiensis  ecclesiœ  theologum.  Paris, 
Brière,  ï556,  in-/^*"?  fol.  8.  (BB.  Maz.,  1872.)  DeLauaoy, 
p.  299  à  317  de  son  Histoire  latine  du  collège  de  Navarre, 
fait  un  bel  éloge  de  ce  docteur ,  dont  la  vie  a  été  publiée  par 
Hilarion  de  Coste.  Paris j  i658,  in-8**. 

IV.  Nîc>  Querculi  iriforturmm  Joccm-tem  carmen  keroicumj 
unwersam  belli  apud  Belgas  gesti  kistoriam  œmplectens.  Paris, 
Sartenas ,  1 558 ,  in'-8°.  (Fontette,  BB.  hist.  ^  t.  II ,  p.  a3o.) 

V .  Nie,  Quercidij  Turtronensis  Rhend^  Epicedion^  super Ju* 
nerè  Francisci  Lotkaringii  fGuisianiJ.  Paris,  i563,  in-8*. 
(BB.  du  roi,  cat.  de  Cangé,  p.  4o3.) 

VI .  Psalteruan  decMchordum  Appollinis  et  novem  Musarum, 
in  inauguraiionem  Henrici  III ^  per  Nie.  Quercuhan.  Reims , 
de  Foigny,  1676,  in-8°-,  it.j  Reims,  ibid,j  en  français.  (Fon- 
tette,  t.  in,  p.  r96.) 

VIL  Trois  pièces  de  vers  :  1°  /w  conceptionem  B.  Maxim 
semper  Firginis  elùgium,,  3o  vers*,  2°  Gratiœ  et  naturœ  cer" 
tamen  super  Deiparœ  Firginis  integerrimâ  conceptionem  3o  versj 
3°  In  conceptionem  ejusdem  Firginis  alterum  elogiam^  28  vers. 
Ces  pièces  $ont  inséi'ées  dans  le  t.  II,  fol.  354,  356  et  388 


CHE  a35 

â.u.  reeueil  publié  par  Léger  du  Chesne  de  fioMeu ,  intitulé  : 
c<  Flores  epigrammatum  ex  optimis  (juibuscum^ue  cmthoribus 
»  ejccerpti  :  item  farrago  poematwn  ex  optimis  quibuscumque 
»  et  antiquioribuSj  et  œtc(ti$  nostrœ  poetis  selecta^  per  Leode- 
»  garium  à  Quercu.  Paris,  de  Marnef  et  Gorbin,  i56o, 
»  2  vol-  ia-i6.  » 

VIII.  Epigramma^  placée  à  la  tête  des^  Métamorphoses 
Amoris  du  poète  Brizard,  publiées  en  i556. 

IX,  On  voit  dans  le  Catalogue,  de  d*Aguesseau  (n**  3  i  24)  t 

Paris ,    1785 ,  in-8°  :  «  Recueil  de  poésies  latines.de  Nicolas 

»  Chesneau,    chanoine  de  Saint -Symphorien,  à  Reims, 

>)  i58o-  — L'Epitre  d' Heraclite  à  Démocrite,,  trad.  de  Ches- 

»  neau  en  vers  français,  par  Nic*  Bergier  ds  Reims,  en 

»  1 584*  -^^  Exhortation  au  peuple  de  Reims  sur  le  retour  du 

»  cardinal  de  Lorraine j,  arch>  de  Reims ^  trad.  .du  latin  de 

»  Che^neaUy  en  rimes  françaises,  par  Nie.  Pintbeau  ()), 

»  i  564  -  i^^fol.  Manuscrit  en  partie  de  la  main  de  Nie.  Ber- 

»  gier.  »  Ce  MS. ,  acheté  11  liv.  19  sous  par  Fabbé  de  Ter- 

san ,  cban.  de  Saint-Hoooré ,  à  Paris ,  fut  revendu  par  l^i  à 

un  Anglais. 

On  chercherait  en  vain  dans  les  vers  de  Chesneau  cet 
enthousiasme  et  ce  beau  feu  d'imagination  qui  caractérisent 
le  génie.  Ils  sont  inférieurs  à  ceux  du  chancelier  THospital 
et  des  autres  poètes  du  XYI*"  siècle,  dont  les  ouvrages  ont  eu 
quelque  célébrité.  $on  style  est  dur,  seq,  quelquefois  gros- 
sier, et  on  ne  le  citera  jamais  comme  un  modèle  d'élégapce 
et  d'harmonie.  Il  serait  à  souhaiter  que  Fauteur  eût  eu  plus 
d'égards  à  la  décence  et  aux  convenances  de  son  état,  et 
qu'en  voulant  imiter  la  manière  de  Martial  (a),  il  nen  eût 
point  emprunté  quelques  mots  obscènes*,  mais  sans  doute 

(i)  Ce  Pintheau  a  été  recteur  de  Tapiversité  de  Reims.  (^0y.  Marlot ,  t.  II , 
p.  801.) 

(s)  Poète  qui  a  le  plus  contribué  à  altérer  cette  pureté  classique  qui  dis- 
tiogue  les  écrivaipis  du  siècle  d'Auguste. 


236  CHE 

alors  ces  libertés  n'étaient  pas  un  scandale ,  puisqu'il  dit,  en 
parlant  de  ses  ouvrages  : 

Si  quid  ia  his  mordax ,  aut  salsum  offenderis  ;  iilud 
Moribiu  iUiiis  temporis  attribue. 
Ad  lectorem,  fol*  a ,  epigr» 

Du  reste ,  on  est  convaincu  qu'il  est  impossible  que  ks 
poètes  latins  modernes  ne  soient,  sous  le  rapport  de  la  dic- 
tion, des  poètes  au  moins  médiocres,  et  qu'il  vaut  mieux 
relire  dix  fois  Horace  et  Virgile  que  de  lire  une  seule  fois 
leurs  productions. 

Ses  ouvrages  en  prose  : . 

X.  Cini/  Iwres  de  la  messe  é^angélù/ue  ^  et  de  la  vérité  du 
corps  et  du  sang  de  N.  5.  Jésus-Christ  au  sacrement  de  l'Eur 
charistie^  trad.  du  latin  de  Surius.  Paris  j  Claude  Yremjj 
i562,  in-8**,  p.  352.  Cet  ouvrage,  écrit  en  allemand  par 
Fabri^  ou  plutôt  par  Jean  d'Haylbrun,  avait  été  traduit  par 
Surius.  . 

XL  Catéchisme j  ouBrièue  instruction  de  piété  chrétienne, 
selon  la  doctrine  catholique ^  trad.  du  latin  du  P.  Michel, 
évéque  de  Mersbourg.  Paris,,  ibid.,  1 563 ,  in-8**. 

XII.  Discours  sur  les  moyens  anciennement  pratiqués  pof 
les  princes  catholiques  contre  les  sectes  ^  trad.  du  latin  w 
Claude  de  Saintes.  Paris ^  i563 ,  in-8°. 

Xin.  Résolution  et  familière  exposition  de  certains  lieiuc 
et  principaux  passages j,  tant  du  Fiel  que  du  Nouçeau^Testa- 
mentj  desquels  les  hérétiques  de  ce  temps,  ubusent  contre  lafo^ 
catholique  et  la  vérité  de  l'Ei^angile^  pour  séduire  les  simple 
genSj  et  donner  couleur  à  leurs  hérésies j  trad.  des  écrits  ktins 
de  René  Benoist ,  curé  de  Saint-Eustacbe  (connu  durant  h 
ligue  sous  le  nom  de  Pape  des  halles),  Reims,  i565,  in-8°j 
it,y  Paris,  1567,  îï*"ï^*9  '^'^  Paris,  Nie.  Chesneau,  i5']0) 
in-8",  fol.  191 .  C'est  la  traduction  d'une  partie  de  Fouvrage 
intitulé  :  Stromata  inuiwersum  organumBiblicumj  etc.  (Pa^S) 


CHE  237 

i564>    în-fol.,  par  Rc5né  Beuoist.)  (Niceroïij  t.  ^i,  p.  18.) 
XIV.  Paraclèses^  ou  consolations  dés  esprits  affligés  ^  en 

trois  livres,  trad.  du  latin  d'Antoine  Emert.   Paris^,  Cl. 

Fremy,  1 568,  in-8^ 

X.V.    Traité  du  saint  sacrifice  de  la  messe,,  recueilli  des 

écrits  latins  de  Pierre-le-^P^énérablcj  abbé  de  Cbmij  et  trad. 

en  faiseur  de  ceux  qui  nouvellement  se  sont  réunis  à  l'Eglise. 

Reims  9  Jean  de  Foigny,  i573,.in-8°,  fol.  aS.  (BB.  Maz. , 

avec  le  suivant,  C.  2554 1  •) 

XVI.  -^w  et  remontrance  du  cardinal  Hosius^  és^éque  de 
Varmie^  en  Pologne j  touchant  la  censure  que  les  ministres  de 
Zurich  et  de  Heidelberg  ont  donnée  sur  la  doctrinenaguères 
semée  en  Pologne  contre  la  Trinité j  où  est  amplement  déclaré 
çuune  hérésie  attire  l'autre^  et  que  la  fin  '  de  toutes  n'est  que 
par  athéisme.  Reims,  îbid.j  1673,  in-8° ,  fol.  126. 

XVII.  La  forme  et  la  manière  de  bien  prier  Dieu^  trad. 
du  latin  de  saint  Augustin  en  son  ëpître  10 1  à  Probe,  veuve. 
Reims ^  ibid. ,  16^45  in-8**- 

XVIII.  Manuel  de  la  recherche  et  antiquité  de  la  foi  et 
doctrine  cathoUquCj  recueillie  de  la  bouche  commune  et  con- 
forme du  peuple  chrétien,,  en  XVI  chapitres.  Reims ,  ibid.:, 

1578,  in-8°. 

XIX.  V Histoire  de  l'église  métropolitaine  de  Reims j  pre- 
mièrement écrite  en  latin  (non  encore  imprimée),  en  quatre 
livres,  trad.  deFlodoard.  iieim^^ ibid.,  i58o,  in-4**,  fol.  207-, 
it.^  Reims,  ibid.j  1681,  in-4°)  H'j  Reims,  ï584,  in-4**. 

Le  MS.  sur  lequel  Chesneau  fit  sa  traduction  était  plein 

de  lacunes.  L'original  latin  de  cette  histoire,  qui  contient 

des  détails  intéressans  ^ur  le  D.  des  Ardennes,  parut  pour 

la  première  fois  en  161 1 ,  par  les  soins  du  P..  Sirmond.  {Paris  j 

Séb.  Cramoisy,  in-8*',  fol.  4^  ï  •)  Georges  Colvenère  en  donna 

six  ans  après  une  édition  beaucoup  plus  correcte ,  à  Taide  de 

septmanuscritsqu^ilconféraavecréditiondeSirmond.(/>oittïij 

Bogard ,  1617,  in--4°«)  Colvenère  remarque,  dans  sa  préface , 


2r38  CHE 

que  Chesneau  ne  s'est  pas  assujetti  au  texte ,  et  qu'il  en  a 
transposa  et  retranché  plusieurs  endroits.  Doiïi  Bouquet  a 
publie  en  1752,  plus  correctement,  l'ouvrage  de  Flodoard 
dans  le  t.  VIII,  p.  1 76  et  2 1 5  de  son  Recueil  des  historiens  de 
la  Gcude  et  de  la  France.  L'abbë  de  Targny,  Noyonnâis, 
chan.  de  Reims,  garde  des  MSS.  de  la  BB.  du  roi ,  mort  en 
1 7^3 ,  avait  prépare  une  édition  de  cette  histoire . 

La  traduction  de  Ghesneaù  est  terminée  par  un  hnîtaia  âe 
l'imprimeur,  et  un  sonnet  de  Nicolas  Jabot ,  Rémois ,  et  pé- 
cédée  de  neuf  pièces  de  vers  adressées  au  traducteur.  Cfnq 
de  ces  pièces  sont  anonymes.  Deux  appartiennent  à  Michel 
Ancelin  de  Rethel  (voj.  son  art.')\  les  deux  autres  sont  de 
M.  N.  Pintheau,  ci-devant  cité,  professeur  au  séminaire  de 
Reims,  et  de  Charles  Gilmer.  Nous  transcrivons  celle  in 
dernier. 

Sonnet  à  Maître  N.  Chesneau  par  Maître  Ch,  Gilmer,  son  neveu j 
principal  du  collège  de  Reims  en  l'unit^ersité  de  Paris. 

Jadis  de  RetheloU  le  pays  fat  horrible, 
D'air  épais  et  de  bois ,  et  de  monts  sourcilleux  : 
Toutefois  abondant  en  esprits  généreux 
Dans  son  petit  détroit ,  tant  qu'il  n'est  pas  crédible» 

De  les  raconter  tous ,  ne  serait  possible  : 
Chesneau  servira  de  témoin  pour  tous  ceux 
Qui  ont  acquis  l'honneur  d'être  laborieux, 
Sans  en  peiné  trouver  chose  qui  fut  possible. 

Il  fit  en  son  printemps  un  mMUon  de  vers , 
Bien  recueillis  de  tous  dans  ce  ^rand  univers. 
En  son  été  goûtant  la  divine  Ecriture ,    " 

Il  a  transmis  les  fruits  à  la  postérité 
Témoins  à  toujours  mais  de  sa  dextérité  : 
Il  vit  en  son  hiver  d'historique  pâtcffe. 

Un  Ponce  Chesneau  était  curé  et  doyen  d' Altigny  en  i6i4' 

Possévin,  ^ppar,  sac.^  t.  II,  p.  147*,  Marlot,  Met.  Rem-j 

t.  II,  p.   832-,  la  Croix  du  Maine\,  t.. II,  p.  149*,  du  F^' 

dier„  t.  m ,  p.  109  -,  Le  Long ,  Idist.  de  Laon,  p.  460 •,  Mo^ 

î'eri  ;  il  n'a  connu  que  quatre  de  ses  ouvrages. 


CHE  239 

CHEVALIER  {Guillaume  Joseph) ^  né  à  Gîvet,  le  10  mai 
1^4^  9  ^^  connu  sous  le  nom  de  Ncwoigitte,  Voici  Torigine 
de  ce  cliangementde  nom.  Vers  Tan  1^55,  un  noble  Yëni- 
tien,  , nomme  GioyanelUj  fuyant  le  ressentiment  de   son 
frère,  alors  trés-puissant  à  Venise,  vint  se  réfugier  en  France. 
IMusicien  habile,  il  tirait  parti  de  son  talent,  sous  le  masque 
de  JVai^oigille  j  anagramme  de  GiovanelU.  Changeant  sou^ 
vent  de  résidence  pour  échapper  aux  perquisitions ,  il  se  ren- 
dît à  Givet,  où  il  s'arrêta  quelque  temps.  Ayant  reconnu 
dans  G.  J.  Chevalier,  alors  âgé  de  quatorze  à  quinze  ans,  des 
dispositions  pour  son  art,  il  le  demanda  à  ses  parens,  s'enga- 
geant  à  faire  le  sort  de  cet  en&nt ,  qu  il  adopta ,  lui  donnant 
le  nom  de  Nai^oigille,  Le  jeune  homme  justifia  les  prévisions 
de  son  père  adoptif,  qui,  après  l'avoir  formé,  le  produisit  par- 
tout ,  et  notamment  chez  madame  la  comtesse  de  Mortagne. 
Exécution ,  composition ,  tout  lui  avait  réussi  :  passionné 
pour  son  art ,  plein  d^espérance  et  de  feu ,  dès  1 768  il  s'était 
déjà  signalé  par  la  publication:  d'un  bon  nombre  d'oeuvres 
pour  la  harpe,  le  piano  et  antres  instrumens  (i),  et  on  le 
distinguait  parmi  les  plus  célèbres  violons  de  Paris.  Il  avait 
attiré  dans  cette  capitale  son  frère  cadet  (2),  dont  Giova- 
nelli  se  chargea ,  en  lui  donnant  aussi  le  nom  de  N(woigille. 
Sous  un  artiste  si  bienveillant,  celui-ci,  doué  d'une  imagi- 
nation vive  etd'une  grande  sensibilité ,  marcha  de  succès  en 
succès ,  et  se  montra  digne  d'occuper  une  place  de  musicien 
à  la  chapelle  du  roi.  Depuis  il  concourut  à  l'éducation  musi- 
cale des  princes  et  des  princesses  de  la  maison  d'Orléans.  On 
a  de  lui  quelques  œuvres  inédites. 

Vers  l'an  1 784 ,  Giovanelli  mourut  à  Versailles  -,  et  à  cette 
même  époque ,  la  comtesse  de  Mortagne  qui  avait  attiré  dans 
son  hôtel  Guil.  Jos.  Ghevalier,  en  fit  son  époux  et  lui  donna 
de  la  fortune.  Durant  le  cours  de  la  révolution ,  Niavoigilie 

(1)  Choron  et  Fayole,  dans  leur  Dictionnaire  des  Musiciens,  indiquent  six 
trios  pour  TÎoIon ,  op.  i,  et  six  solos  pour  cet  instrument,  op.  4.,  gravés  à.  Pa- 
lia  en  i  ;;68.  —  (a)  Joseph  JuKen  Chevalier,  né  à  Givet  le  a4  février  1 745. 


a4o  CHE 

ïaAné  avait  ouvert  à  Paris  un  établissement  musical  pour 
Finstruction  de  la  jeunesse.  Plus  tard^  lorsqu'^on  forma  la 
maison  de  Louis ,  roi  de  Hollande  ^  il  devint  premier  violon 
de  cette  cour  ëphémére  :  il  est  mort  à  Amsterdam  ,  en  182O; 
âge  de  quatre-vingts  ans. 

Son  frère ,  octogénaire ,  conserve  le  titre  de  musicien  ho- 
noraire de  la  chapelle  du  roi,  et  jouit  d'une  pension  de 
retraite. 

CHEVERT  {François  DE),  gouverneur  de  Gîvet  aies 
))  titres ,  dit  un  académicien ,  importent  peu  à  la  gloire  d'un 
»  homme  qui  s'est  illustré  par  ses  propres  travaux.  Laissons 
»  à  Fignorance  et  à  la  vanité  |e  soin  d'exagérer  ces  avan- 
))  tages.  Les  distinctions  accordées  à  la  naissance  ne  sont 
)>  qu'un  hommage  rendu  à  la  mémoire  des  citoyens  utiles^ 
»  que  l'on  respecte  jusque  dans  leur  postérité  ;  c'est  une 
»  sorte  de  culte  dont  les  représentans  abuseraient  moins  s'il^ 
»  se  souvenaient  qu'ils  n'en  sont  point  l'objet,  et  que,  sem- 
»  blables  aux  images  qu'on  conserve  dans  nos  temples,  ce 
»  n'est  point  pour  eiix  que  fume  l'encens  dont  ils  sont  en- 
»  vironnés.  »  (Vicq-d'Azyr,  jSloge  de  Duhamel.) 

On  peut  donc  quelquefois  se  passer  d  aïeux  !  et  ne  vaut-il 

pas  mieux  commencer  sa  famille  que  de  la  finir  ?  Tel  tat 

Chevert.  Il  ne  -dut  qu'à  lui  seul  toute  sa  renommée.  Il  est 

mort  couvert  de  gloire.  Ses  lettres  de  noblesse  sont  déposées 

sur  sa  tombe  dans  l'église  Saint-Eustache,  à- Paris.  Son  épi-       I 

taphe,  regardée  comme  un  chef-d'ofeuvre  de  notre  langue, 

suffit  à  son  éloge. 

Ci-gît 

Fbançois  db  Ghbvbbt, 

Commandeur  grand-croix  de  Tordre  de  Saint-Louis, 

Chevalier  de  TAigle-Bianc  de  Pologne , 

Goui^riieur  de  Givet  et  de  Chariemont^ 

Lieutenant  général  des  armées  du  roi , 

Sans  aïeux ,  sans  fortune ,  sans  appui ,  orphelin  dès  renfsmce,  il 
entra  au  service  à  Fâge  de  onze  ans;  il  s'éleva  malgré  l'envie,  a 


CHE  241 

force  démérite,  et  chaque  grade  fut  le  prix  d'une  action  d'éclat. 
Le  seul  titre  de  maréchal  de  France  a  manqué ,  non  pas  à  sa 
^oiré ,  mais  à  l'exemple  de  ceux  qui  le  prendront  pour  modèle. 
Il  était  né  à  Verdun-surTMeuse ,  le  2  février  lôgS.  Il  est  mort  à 
Paris  le  24  janvier  l'jôg. 

Priez  Dieu  pour  le  repos  de  son  ame^ 

Pour  prouver  jusqu'à  quel  point  Chevert  inspirait  la  con- 
fiance aux  soldats ,  on  raconte  que  dans  une  occasion  déci- 
sive ,  où  il  s'agissait  de  prendre  un  fort ,  il  appela  un  grena- 
dier, et  lui  dit  :  «  Va  droit  à  ce  fort  sans  tVrrêter  -,  on  te  dira 
»  c£ui  va-la-,  ne  réponds  rien.  On  te  le  dira  encore*,  tu  avan- 
»  ceras  toujours  sans  répondre  *,  à  la  troisième  demande  on 
»  tirera  sur  toi ,  on  te  manquera,  tu  fondras  sur  la  garde, 
»  et  je  suis  là  pour  te  soutenir.  »  Le  grenadier  partit ,  et  tout 
arriva  comme  Chevert  l'avait  prévu. 


Gredat  Judaeus  Appella 

Non  ego 

Un  trait  intéressant  de  sa  vie  mérite  d'être  rapporté  ici  :  il 
peint  parfaitement  sa  modestie ,  et  prouve  que  ce  brave  offi- 
cier était  plus  fier  de  Tobscurité  de  sa  naissance ,  qu^un  des- 
cendant de  Godefroi  de  Bouillon  ne  Test  de  sa  noblesse. 
Un  de  ces  hommes  qui  du  matin  au  soir  se  trouvent  les  cou« 
sins  d'un  ministre  d'hier,  vint ,  comme  appartenant  à  sa  fa-r 
D^Ue ,  réclamer  son  crédit.  —  «  Etes-vous  gentilhomme  ?-— 
»  Si  je  le  suis!  pouvez- vous  en. douter?  —  En  ce  cas,  mon- 
»  sieur,  nous  ne  sommes  point  parens  \  car  vous  voyez  en 
»  moi  le  premier  et  le  seul  gentilhomme  de  ma  race.  » 

On  a  VElogç  historUjue  de  Cha^'ert  (Paris,  1769),  tiré  du 
Mercure  de  France.  .Un  autre  éloge  dans  Eloges  de  quelques- 
uns  des  plus  célèbres  guerriers  français  (  Stras  bouiç,  1797, 
in-8°)-,  et  un  troisième  à  la  tête  du  t.  II  de  V Histoire  des 
Grands  Hommes  du  Tiers-Etat ^  par  Turpin.  (Paris ^  ^7^>  2 
vol.  in-S**.)  Vallier  a  publié  :  Journal  envers  de  cejiui  s'est 
TOME  r.  •  16 


^42  CHR 

passé  au  camp  de  Richement  par  M.  de  Che^ért.  (Mets ,  i  j55, 

in-4^) 

Ses  portraits  :  i*  Hiesbhdn^  p.  1769,  Charpentier^  scj 
în-4*'',  îi®  Cochin^  del.,  C.  H.  fFatekt^  sc.j  1763,  médaillon 
in-4°*,  i""  Dagotyj  d'après  Hiesbkeirij  1770^  iii-4*'>  d  ™*" 
nière  noire,  dans  la  Galerie  française  (i77i,iii-fol.)*,  4**  J^o- 
letnickj  à' après  If iesbheiiij  dans  la  Gcderiefrançiuse^  a**  ëdit., 
cahier  11. 

CHRESTIEN  ou  CHRESTIAN  {Guillaume).  Ses  fonc- 
tions auprès  du  duc  de  Bouillon  nous  autorisent  à  le  placer 
ici  ',  et  nous  sommes  d  autant  plus  porté  à  le  faire  connaître, 
que  les  biographes  n'en  ont  donné  jusqu'alors  qu'une,  notion 
imparfaite. 

Il  naquit  à  Orléans,  vers  i5o2,  d'un  père  gentilhomme, 
et  chancelier  du  duc  de  Vendôme.  Il  se  dit  lui-même  Orléa- 
nais, AureliuSj  à  la  tète  du  n"  ii  :  ce  qu'ignoraient  sans  doute 
ceux  qui  ont  prétendu  cpiHl  était  né  d^une  famille  établie  sur 
les  confins  de  TAnjou  et  de  la  Bretagne. 

Après  avoir  pris  le  grade  de  docteur  en  médecine  dans  IV 
niversité  de  Paris ,  il  aUa  exercer  son  art  à  Oiiéans ,  et  acquit 
tant  de  réputation,  qu'il  mérita  d'abord  d'être  médecin  as 
Robert  de  là  Marck ,  duc  de  Bouillon  et  seigneur  souverain 
de  Sedan ,  et  ensuite  dy  roi  Henri  II  et  de  la  reine  Cathe-v 
rine  de  Médicis«  îïiceron  et  quelques  autres  ont  même  avance 
qu'il  le  fut  aussi  de  François  I""'  :  en  quoi  ils  se  sont  trompés; 
car  Guil.  Chrestien  n'aurait  pas  manqué  d'en  prendre  le 
titre  dans  les  livres  qu'il  publfa  avant  1 547,  époque  de  h 
mort  de  ce  prince. 

Ses  ouvrages  prouvent  qu'il  s'était  familiarisé  de  hoti^^ 

.    heure  avec  les  idiomes  d'Homère  et  de  Virgile  :  ils  témoignent 

aussi  que  c'était  un  savant  laborieux ,  qui  avait  étudié  toutes 

les  parties  de  la  médecine ,  et^Gelles  des  sciences  qui  y  ont 

rapport  ;  et  qu'il  joignait  à  une  grande  expérience ,  une  vaste 


CHR  >  243 

lecture.  Dans  Tépître  dédicatôîreà  Diane  de  Poitiers,  datée 
de  S.-Gertnain-en-Laye,  le  1 5 septembre  i558,  qu'il  a  mise 
à  la   téte  du  n^  xi,  il  nous  apprend  qull  prâticpiait  son  art 
depuis  TÎngt-huit  ans ,  d'abord  à  Orléans  où  était  sa  pre- 
mière Présidence,  puis  àî  la  cour.  Il  ajoute  qu'il  se  trouyait  à 
Sedan ,  où  Henri  II  fut  malade  d'un  flux  dysentérique,  après 
la  prise  d'Yvois  en  1 552  \  ce  q^i  prbuve  qu'alors  il  était  déjà 
à  la  cour,  où  il  avait  été  appelé  par  le  crédit  de  Diane  de 
Poitiers ,  maîtresse  d'Henri  II  (i),  successeur  de  François  I*'. 
Son  dernier  ouvrage  est  de  1 559.  On  peut  plaèer,  avec  assez 
de  vraisemblance ,  sa  mort  vers  l'an  i564*  ^^  docte  Florent 
Gltrétien ,  précepteur  d'Henri  IV,  était  le  cinquième  fils  de 
notre  médecin. 

Ses  ouvrage^  : 

I.  Phylatèihes  sur  les  erreurs  anatomùfues  de  cerfxdnes  par^ 
ties  du  corps  humain^  naguère  réduites  etcolUgées  selon  la  sen- 
tence de  Galien,  Lyon,  Jean  Barbous  pour  François  Gueiart 
d'Orléans,  i5à6,  in-6^  :  ce  que  la  Croix  du  Maine  n'a  pas 
distingué,  marquant  deux  éditions,  l'une  à  Lyon,  l'autre  à 
Orléans  dans  la  même  année.  «  Il  régne,  ditCarrèiie,  beau- 
y^  coup  de  confusion  dans  cet  ouvrage  *,  le  style  en  est  diffus , 
i>  et  souvent  l'auteur  rend  plus  obscur  le  texte  de  Galien , 
»  qu'il  entreprend  d'expliquer.  » 

IL  De  Mundo  AristotéUs^  lib.  i  *,  Philonis^  lib.  19  Ocelli 
Lucani  Ubellus  de  unii^ersi  naturd  ;  interprète  Budœo  :  item  • 
Ocellus  Lucanus  de  unwersi  naturd  ^  puillelmo  ChristOmo^ 
Aurelio  Medico  interprète.  Parisiis  (sine  typographi  nondnè)^ 
1641,  in-6%  fol.  54.{BB.  du  roi,  R.  X.,  1686.) La traduc- 

(1)  Elle  est,  à  ce  que  Toa  croit,  la  seule  maîtresse  de  nos  rois  pour  qui' 
Ton  ait  frj^ppé  de«  médaiUef  »  On  «n  vt^t  encore  fàujourdliui  où  elle  çst  repré- 
sentée foulant  aux  pieds  l'Amour,  aTeç  ces  mots  :  J'ai  vaincu  le  Taiogueur  de 
tous,  Omnium  victof^m  vicL  (Voy.  une  critique  de  cettemédjûlledans  le  t.  III , 
p.  a4o  des  Mélanges  d^ histoires,  par  D.  d'Argonne*! 

16. 


244  CHR 

tion  de  Chrestien  commence  au  folio  45  ,  et  porte  un  non- 
veau  frontispice  -,  mais  elle  sort  des  mêmes  presses ,  et  fait 
partie  du  volume.  M.  de  Thou  en  parle  avec  ëloge,  et  Mo- 
réri  la  cite  à  Fart.  Ocelbis  (i). 

III.  Dans  l'édition  de  la  tragédie  d'Antigone^  traduite  de 
Sophocle  par  Gentien  Hervet,  on  trouve  deux  épigramma 
de  Guil.  Chrestien,  traduites  du  grec  en  latin.  Lyorij,  Etienne 
Dolet,  i54ï,  inr8^. 

IV.  Oratio  de  légitima  medecinœ  prœstantid  et  arte  :  de  re- 
primendis  Pseudiatrorum  imposturis^  et  de  venenosd  veratri 
naturâ.  Paris,  Denis  Janot,  10421,  in-4**. 

V.  De  la  nature  de  V enfant  au  ventre  de  la  mère  y  livre  tra- 
duit dfi  grec  d' Hippocrate.  Reims ,  Nicolas  Bacquenois ,  1 553, 
in-8°  :  dëdié  à  la  duchesse  de  Bouillon ,  par  une  ëpître  dédi- 
càtoire  datée  de  Châtearu-Thierry,  le  aa  avril  1 553 .  Il  j  prend 
le  titre  de  médecin  de  la  reine  et  du  duc  de  Bouillon. 

VI.  Des  fractures  de  la  tête;  traduit  d'Hippocrate,  Reims, 
ibid,j  i553,  in-8**. 

VII.  Galien^  de  la  formation  des  enfans  au  ventre  de  la 
mère^  et  de  l'enfantement  de  sept  mois,  Reims,  ibid.^  i553, 
in-8°-,  it.j  Paris,  i556,  in-8**,  fol.  20.  Le  traducteur  n y 
prend  pas  le  titre  de  médecin  ordinaire  du  roi  et  de  ses  en- 
fans  -,  il  ne  se  donne  que  celui  de  docteur  en  médecine.  La 
dédicace ,  datée  de  Fontainebleau  le  jour  de  Saint-Bamabéj 
i556,  est  adressée  à  Catherine  de  Médicis.  Chrestien  n'y 
dit  point  que  sa  traduction  ait  été  imprimée  avant  cette 
époque  *,  ce  qui  porte  à  croire  que  l'édition  de  1 553  est  ima- 
ginaire. 

VIII.  Le  second  liseré  de  Galienà  Glaucon^  commenté  par 
Martin  Ahahia^  médecin ,  et  mis  en  français  par  GuiL  Chres- 

(1)  Jean  Boschius  et  Louis  Nogarola  ont  publié  de  nouvelles  traductions 
latines  d'Ocellus  le  Lucanien  ,  le  premier  à  Louvain  en  t554,  et  le  second  à 
Venise  en  1559.  D'Argens  et  Batteux  ont  enrichi  notre  littérature  de  tradac- 
lions  du  même  auteur  en  1762  et  1769. 


'       CLÈ  245 

tiert _,   docteur  médecin j  et  lecteur  à  Orléans.  Lyon,  Benoît 
Rigaut  et  J.  Sauguin,  i558,  in- 16.  Ne  pourrait-on  pas  cou-, 
dure   de  la  qualité  de  médecin  et  de  lecteur  à  Orléans  que 
G .  Chrestîen  prend  dans  le  titre  de  ce  livre ,  qu'il  y  avait 
alors  un  collège  de  médecine  dans  cette  ville  ? 

IX.  LiiTC  de  la  génération  de  VhomtnCj  recueilli  des  an- 
tiques  auteurs  de  médecine  et  de  philosophie  par  Jacques  Syl- 
vius  j  mis  en  français  par  GuiL  Chrestian ,  médecin  ordinaire 
du  roij,  et  de  M^-  ses  enfans,  Paris,  Guil.  Morel ,  1 669 ,  in-8°. 

X%  .Lisfre  d'Hippocratede  la  Géniture  de  V homme  j  trad.  du 
grec  par  Guil.  Chrestian.  Paris,  ibid._,  iSog,  in-S**. 

XI.  ZiVre  de  la  nature^  et  utilité  des  mois  des  femmes  et  de 
la  curation  des  maladies  qui  en  swviennent^  trad.  du  latin  de 
Jacques Syls^ius^ par  Guil.  Chrestian.  Paris,  ibid.^  i  SSg^,  in-S'*  : 
dédlié  à  Diane  de  Poitiers. 

Ces  trois  versions  du  latin  de  Jacques  Dubois  sont  renfer- 
mées dans  un  seul  et  même  volume  de  286  pages.  Ghaoune 
d^elles  a  son  frontispice  particulier,  avec  la  date  de  1  SSg. 

XII.  Perioche  des  sept  premiers  Usures  de  la  Thérapeutique 
de  Galien.  Paris,  Denis  Janot,  in-S"".  Nous  ignorons  la  date 
de  cet  ouvrage. 

XIII.  Golomiés  dit  qu'il  avait  parmi  ses  papiers  plusieurs 
Lettres  de  GuiL  Chrestien^  et  de  Laurent  Ghrestien  y  son  fils. 
(^Bibliothèque  choisie^  1^.  282,  édit.  i73i.) 

Les  n***  II ,  m ,  I V,  VI ,  vu  et  viii  ont  été  inconnus  à  Niceron. 

Niceron,  t.  XXXIV,  p,  i3i  et  182,  art.  Florent  Chres^ 
tien,  la  Groix  du  Maine ,  t.  1 ,  320 *,.  du  Verdier,  t.  II ,  77  -, 
Carrère,  BB.  de  médecine^  t.  H,  p.  525;  Réponse  de  M.  Bâ- 
cher à  M.  Carrèrey  p.  56,  édition  1777,  în-4°*,  Portai,  Hist. 
de  VAnatomie^  t.  Y,  p.  590  du  Supplément. 

s  , 

CLEVES  {Henriette  DE) ,  duchesse  de  Kethel,  née  Ije  3 1 
octobre  1 54o  (V.  S.),  de  François  I^*  de  Clèves,  premier  duc 
de  Nevers,  gouverneur  de  Champagne ,.  et  comte  de  Rethel  > 


/ 

I 


246  CLE 

et  de  Marguerite  de  Bourbon ,  succéda  k  Jacques  de  Cléyes 
son  firàre  cadet  dans  lesdits  duché  et  comté ,  et  les  porta  en 
mariage  »  le  4  niars  1 565  y  à  Louis  de  Gonza^ue ,  duc  de 
Manloue,  qui  mourut  le  aa  octobiie  ifk>5. 

Henriette  fit  ayec  son  époux ,  Tan  1 588 ,  un  acte  de  fon- 
dation passé  à  Parilf,  le  f4  février,  par  lequel  elle  assigne 
trois  mille  six  cents  libres  de  rente  annuelle  sur  le  daché  de 
Rethel ,  pour  marier  chaque  année  soixante  filled  pauvres. 
Elle  finit  ses  jours  k  Paris  le  ^4  j^^  i6oi,  âgée  de  soixante- 
un  ans,  après  cinq  années  de  yiduité,  et  fut  inhumée  prés 
de  son  mari ,  sous  le  magnifique  mausolée  qu^ls  avaient  £iit 
dresser  de  leur  vivant,  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  ie 
Ne  vers. 

Cette  .princesse,  aussi  célèbre  par  sa  beauM  qiie  par  h 
délicatesse  de  son  esprit,  avait  eu  pour  amant  le  comte  dr 
G)Conas,  gentilhomme  piémontais,  déci^ité  à  Paris  le  3o 
avril  1 574  y  pour  avoir  trempé  dans  une  conspiration  qui 
tendait  à  enlever  de  la  cour  le  duc  d'Alençon  et  le  rc»  de 
Navarre ,  afin  d^en  &ire  les  chefs  des  mécontens.  La  tête  de 
Goconas  ayant  été  exposée  sur  la  place  de  Grève ,  Henriette 
alla  elle-même  lenlever  de  nuit-,  elle  la  fit  embaumer,  et  la 
garda  long-temps  dans  larmoire  d'un  cabinet,  derrière  son 
lit,  à  rhôtel  de  Nesle.  «  Ce  même  cabinet  fut  long-temps 
»  arrosé  des  larmes  de  sa  petite-fille ,  Marie-Louise  de  Gon- 
»  zaguede  Clèves,  dont  Tamant  (Cinq-Mars) eut,  en  i64^' 
»  la  même  destinée  que  Coconas.  »  (Saint-Foix  ^  Essais  sur 
Paris^  1. 1,  p.  i83,  5*  édition.) 

Sa  pasrion  était  d  autant  plus  bisarre,  que  Coconas,  dé/à 
vieux ,  n'avait  aucune  des  qualités  propres  à  supplanter  un 
époux  aussi  aimable  que  le  prince  de  GouKague*,  mais  Ta- 
mour  a  ses  caprices.  Les  époux  les  plus  Vertueux  sont  quel- 
quefois les  plus  maltraités ,  parce  que  la  sagesse  ne  peut 
s'allier  avec  la  débauche. 

Le  P.  Hilarion  de  Coste  nous  peint  Henriette  avec  des 


CLÈ  îl47 

coiiieure  bLen  différentes,  a  La  piété  y  la  libéralité,  la  dou- 

»  ceur ,  la  modestie ,  et  Tétude  des  bonues  lettres,  ont  été, 

»  selon  cet  historien ,  les  vertus  qui  ont  rendu  plus  recom- 

»  mandable  cette  grande  princesse.  Sa  piété  a  paru  en  la 

»  fondation  de  plusieurs  églises  et  monastères  en  ses  terres , 

»  qu'^elle  a  bâtis  et  fondés  avec  le  duc ,  son  mari.  Us  éta- 

»  blirent  un  collège  de  pères  Jésuites  en  leur  ville  de  Ne- 

»  vers  9  les  Minimes  de  Rethel ,  les  Cordeliers  à  la  Cassine 

»  (  près  de  Sedan  ).  Ils.  prirent  un  grand  soin  que  tous  leurs 

»  vassaux  (ussent  instruits  en  la  foi  catholique,  apostolique 

»  et  romaine,  et,  pour  leur  montrer  l'exemple,  ils  n'ont 

»  voulu  jamais  se  servir  d'aucuil  domestique  ni  officier  qui 

»  ne  fit  profession  de  la  vraie  religion. 

»  Sa  pieuse  libéralité  et  charité  envers  les  pauvres  parut 
»  par  ces  deux  belles  fondations ,  Tune  pour  marier  chaque 
»  année  à  peipétuité,  dans  leurs  terres  et  seigneuries, 
»  soixante  pauvres  filles  nées  en  légitime  mariage  *,  l'autre , 
»  par  laquelle  on  nourrit  et  entretient  à  Nevers  douze 
)i  pauvres  £emme3  vieillesr,  qui  ont  toujours  bien  vécu  et 
»  sans  reproche. 

»  Après  avoir  vaqué  aux  actions  de  la  religion  et  de  la 
)>  piété ,  elle  s^adonnait  à  l'étude  des  bonnes  lettres ,  sans 
)>  lesquelles ,  comme  a  fort  bien  remarqué  un  des  grands 
»  hommes  de  l'antiquité  du  paganisme,  la  vie  de  l'homme 
»  est  un  tombeau.  Elle  a,  selon  le  rapport  de  quelques 
»  écrivains ,  tradmt  en  notre  langue  française  Vj^minta  du 
»  seigneur  Torquato  Tasso  (i).  Elle  n'a  pas  seulement  &it 
»  profession  des  lettres  ef  du  savoir ,  mais  aussi  elle  a  se* 
»  coiUTi,  par  sa  libéralité,  les  doctes  et  les  sa  vans.  »  {Elog. 
et  Fies  des  dames  illusires  en  piétés  p.  3o8  à  3 1 3.) 

Son  portrait  :  dessin  au  cabinet  de  Fontette ,  aujourd'hui 
à  la  BB.  du  roi. 

(i)  Traduetion  médite ,  et  la  première  qai  ait  enrichi  notre  langue  de  ce 
modèle  des  comédies  pastorales. 


ii48  CLO 

La  Croix  du  Maine ,  t^  I,  p.  364*,  Mém,  de  Nevers^  t.  I , 
p.  67  •,  Art  de  vérifier  les  dates ^  t.  II ,  p*  58o  *,  le  Long ,  Hist. 
de  Laon^  p.  4^3. 

CLOUET  {Jean  François^  y  chimiste  célèbre  et  mécani- 
cien industrieux,  membre  associé  de  Flnstitut,  était  né  le 
1 1  novembre  1761,  à  Singly,  canton  d'Omont,  de  Norbert 
Glouet  et  de  Marie  Jeanne  Tayaut,  propriétaii*es  d'une  mai- 
tairie ,  .qu'ils  exploitaient  par  leurs  mains.  Il  fit  ses  études  à 
Charleville  avec  des  succès  marqués.  Il  était  en  rhétorique , 
lorsqu'un  de  ses  maîtres  voulut  l'assujétir  à  des  détails  mi- 
nutieux de  toilette  qui  contrariaient  ses  goûts  et  ses  hal>i^ 
tudes,  Il  quitta  le  collège,  se  rendit  à  Mézières,  et  fut  ad- 
mis à  suivre  les  cours  de  calcul  et  de  géométrie  descriptive 
relative  aux  arts ,  à  Fécole  du  génie  militaire  établie  dans 
Cette  ville  (O*  I'^  suivit  ces  leçons  avec  ardeur,  s'y  distingua , 
et  mérita  l'estime  de  Monge ,  dont  l'enseignement  a  illustré 
cette  école.  Il  vint  ensuite  à  Paris,  pour  visiter  les  ateliers 
et  les  manufactiu'es  qui  pouvaient  offrir  quelque  aliment  à 
son  zèle  pour  les  arts  et  les  sciences. 


(1)  En  1748.  Depuis  son  origine  jusqu'à  sa  translation  à  Metz,  en  vertu 
d'un  décret  du  12  février  1794»  cette  école  a  eu  sept  commandans  en  chef: 
MM.  de  Ghâtillon ,  Duvignau ,  de  Ramsault ,  de  Jaubert ,  de  Villeiongae  (au- 
teur d'un  bon  traité  inédit  sur  lea  fortifications),  le  Conte,  sieur  de  Li- 
nière,  mort  à  Mézières  le  19  janvier  i794>  et  la  Barère.  Parmi  les  professeurs 
qui  ont  donné  du  lustre  à  cet  établissement ,  on  remarque  MM.  Charles  Etienne 
Camus,  l'abbé  Bossut,  l'abbé  Nollet,  Bezout,  Ferry  et  Monge.  C'est  aux 
chefs  et  aux  professeurs  de  cette  école,  qu'appartient  véritsJilement  l'honneur 
d'avoir  amené  la  science  des  projections  au  degré  de  perfection  où  elle  se 
trouvait  en  1794 ,  époque  où  Monge,  consulté  par  le  gouvernement ,  proposa 
l'école  du  génie  de  Mézières  pour  modèle  de  VEcoie  centrale  des  travaux  pu- 
blies y  nommée  depuis  EcoU  polytechnique.  Plusieurs  de  ceux  qui  avaient  pro- 
fessé 4  Mézières,  furent  appelés  à  Paris,  pour  enseigner  dans  la  nouvelle 
école ,  les  uns  la  géométrie  aux  trois  dimensions ,  les  autres  l'application  de 
cette  géométrie  à  l'art  de  fortifier  les  placés.  L'Ecole  de  Mézières  a  produit 
pour  les  sciences ,  les  d'Arçon,  Meunier,  Garnpt,  Saint- Paul,  Dubuat,  Cou- 


CLO  249 

De  retour  à  la  ferme  de  Sîngly,  dont  il  avait  hérite  de  ses 
pareils  ,  il  se  livra  entièrement  à  ses  goûts  pour  la  chimie  et 
la  mécanique  9  qui ,  jusqu'alors ,  avaient  toujours  été  con- 
txariës  par  sa  famille.  Il  établit  d'abord  une  faïencerie  qui 
eut  beaucoup  de  succès ,  ce  qui  lui  donna  occasion  de  faire 
des  recherches  sur  la  composition  des  émaux.  Ses  résultats 
sont  consignés  dans  le  t.  XXXIV  des  Annales  de  chimie*'  Un 
événement  inattendu  le  força  de  renoncer  à  cette  entreprise 
fructueuse.  Confiant  par  caractère,  Clouet  avait  prêté  une 
somme  considérable  à  une  lùaison  (Virion)  de  commerce 
de  Charleville.  Cette  somme,  qui  formait  toute  sa  fortune, 
lui  fut  enlevée  par  une  banqueroute.  Il  prit  alors  la  résolu- 
tion de  passer  en  Amérique  -,  et  en  attendant  qu'il  pût  l'ef- 
fectuer, il  consentit  à  remplir  une  chaire  de  chimie  à  Fécole 
du  génie  de  Mézières. 

Lorsque  la  révolution  éclata ,  il  était  à  la  veille  de  partir 
poiu"  Saint-Domingue.  On  avait  besoin  alors  d'établir  des 
arsenaux  et  de  fabriquer  des  armes  :  on  l'employa.  Il  éta- 
blit à  Daigny  une  fabrique  de  fer  forgé ,  et  à  l'aide  de  cette 
usine  ,  il  parvint  à  approvisionner  de  cette  matière  les  arse- 
naux de  Douay  et  de  Metz ,  pendant  tout  le  temps  que  nos 
armées  restèrent  sur  les  frontières   de  la  Belgique  et  du 
Luxembourg.  On  y  remarquait  surtout  un  laminoir  dont  la 
construction  fut  regardée  comme  un  chef-d'œuvre  de  méca- 
nique. Le  jour,  Clouet  présidait  aux  constructions,  et  la 
nuit ,  il  écrivait  les  mémoires  que  le  gouvernement  lui  de- 
.mandait.  Exercé  depuis  long-temps  à  vaincre  le  sommeil,  il 
en  était  venu  à  n'avoir  plus  besoin  de  dormir  qu'une  heure 
par  nuit ,  encore  sans  se  coucher. 

Il  réussit  à  faire  des  lames  de  sabre  imitant  parfaitement 
les  damas  de  Perse.  Les  procédés  à  employer  pour  obtenir 


lomb ,  et  M.  Hachette ,  actuellement  professeur  très-distingué  de  géométrie 
descriptive  à  la  faculté  des  sciences  de  l'académie  de  Paris ,  etc. 


»5o  CLO 

sur  ces  lames  les  dessins  qu'on  ^lésire,  sont  décrits  dans  le 
n**  V. 

Lorsque  sa  présence  ne  fut  plus  nécessaire  à  rétablisse- 
ment de  Daigny,  il  vint  à  Paris  rendre  ses  comptes  ,  qui 
furent  trouvés  très-exacts  *,  on  y  découvrit  pourtant  une 
omission  :  il  avait  oublié  d  y  porter  le  traitement  de  direc- 
teur. La  culture  d'un  jardin  avait  fourni  abondamment  à 
tous  les  frais  d'administration.  Il  accepta  une  place  dans  le 
conseil  des  arts,  établi  près  du  ministre  de  rintérieur,  et 
travailla  à  Técrit  du  n**  iv.  , 

Le  désir  de  découvrir  de  nouveaux  faits  et  de  se  placer 
dans  des  circonstances  nouvelles,  le  détermina  à  exécuter 
son  ancien  projet  de  voyage  en  Amérique.  S'étant  sérieuae- 
ment  occupé  da  la  chimie  végétale  et  de  la  transformation 
des  produits  végétaux  les  uns  dans  les  autres  (i)  >  il  croyait 
que  le  climat  de  Cayenne ,  si  favorable  à  la  végétation ,  lui 
offrirait  des  ressources  qu'il  aurait  vainement  espéré  de 
trouver  ailleurs.  Il  partit  pour  cette  île  dans  les  derniers 
jours  de  novembre  1799,  accompagné  de  deux  jeunes  gens, 
MM.  Coessin  et  Chevalier,  ses  disciples,  et  il  y  mourut, 
victime  de  son  zèle  pour  }es  progrès  des  sciences  physiques. 
Il  s^était  établi  au  milieu  des  bois  sur  la  rive  gauche  de  la 
rivière  4e  la  Comté  de  Gènes ^  pour  observer  la  constitution 
du  climat ,  la  température  de  Tair,  et  leurs  effets  sur  la  vé- 
gétation ,  les  mét^res ,  etc.  Il  ne  tarda  pas  à  y  éprouver  la 
ftmeste  infikience  d  un  climat  brûlant  auquel  il  n'était  p«s 
préparé.  Atteint  d'une  fièvre  maligne,  il  revint  à  Cayenne, 
où,  en  peu  de  jouts,  il  fut  enlevé,  le  4  juin  1801 ,  aux 
sciences  qu'il  cultivait  avec  tant  de  succès. 

(1)  Les  pommes  de  terre  lui  OD,t  offert  un  résultat  très- intéressant  :  il 
en  fit  geler,  les  fit  tremper  pendant  quelque  temps  dans  l'eau»  put* 
il  les  pela  et  les  laissa  pourrir.  Dans  cet  état  de  putréfaction',  il  les 
tritura,  en  fit  des  gâteaux  qu'il  exposa  quelques  jours  à  une  chaleur  so- 
laire de  3o  à  36  degrés  ;  le  tout  devint  amidon  très-blanc  et  en  quelque  sorte 
cristallisé. 


CLO  25i 

l^e^  lettres  qu  il  éorivit  à  ses  amis  depuis  son.  départ  de 
FraxLce  ^  attestent  toutes  son  dévouement  absolu  pour  leis 
progrès  des  arts  et  des  lumières ,  et  le  zèle  constant  et  infa- 
tigai>le'  qui  Tanimait  pour  le  boùhem*  de  ses  semblables. 
Voici  son  portrait  en  raccourcie 

Lia   bienfaisance   et  le  désintéressement  se  disputaient 
rempire  de  son  cœur.  Sobre  par  tempérament,  simple  par 
caractère,  il  a  vécu  sans  ambition,  sans  fortune,  en  philo- 
sophe. U.  avait  un  courage  tranquille,  un  imperturbable 
sa&g^froid,  un  grand  amour  de  Tindépendance ,  m<ais«trop 
de  mépris  pour  les  agrémens  extérieurs  elles  formes  sociales. 
Sa  constance  dans  ses  entreprises  était  extrême;  jamais  il 
n^abandonnait  un  travail  qu^il  ne  fût  terminé ,  et  ce  caractère 
de  ténacité  il  le  portait  dans  toutes  ses  opérations. 

Résultat  de  ses  travaux  : 

I*  Il  fit  voir  que  la  sydérite  de  Bergmann  est  du  phosphate 
de  fer,  et  que  Tarsenic  donne  à  ce  métal  la  qualité  d'être 
cassant  à  chaud.  (  Voy.  Mémoires  sur  lef&'j  par  MM.  Monge, 
Bertbolet,  et  Yandermunde,  Académie  de  Paris,  1786.) 

II.  Il  prouva  qu^  Tacide  prussique  est  le  résultat  de  la 
combinaison  de*  rammoniaque  avec  le  charbon.  Il  avait 
ch^gé  M.  Hachette  (de  Mèûëres)  d'essayer  cette  combi- 
naison, et  le  succès  répondit  pleinement  à  son  attente. 
{^^niu  de  chimie j  t»  XI,  p.  3o.) 

III.  Résultat  des  expériences  de  MM.  Ch.«.  et  Clouet  sur 
Tacier  fondu,  inséré  dans  le  t.  XXIII  du  Joum^  de  Physique 
de  Tabbé  Ao^ier,  juillet  1788,  p.  4^*47*  ^^  J  démontre 
comment  on  parvient  à  convertir  immédiatement,  et  par 
une  seule  opération,  du  fer  doux  en  acier  fondu,  sans  em- 
ployer le  charbon ,  et  par  la  décomposition  de  Tacide  car- 
bonique \  découverte  aussi  importante  à  Tavancement  de  la 
théorie  des  affinités  chimiques,  quelle  est  précieuse  pour 
Taccroissement  de  l'industrie  nationale.  En  effet,  lacier  qui 


232  CLO 

en  provient ,  forgé  en  barres ,  a  tous  les  caractères  extérîetirs 
et  toutes  les  qualités  intrinsèques  de  Facier  fondu  anglais, 
des  fabriques  de  Huntzam  et  Marschall-,  et  il  peut  être  in- 
troduit en  concurrence  dans  le  commerce ,  sans  crainte 
qu'on  puisse  en  faire  quelque  distinction  à  son  désavantage. 
(  Voy.  le  Rapport  foit  à  Tlnstitut,  dans  la  séance  du  i6  mes- 
sidor an  VI  —  5  juillet  1 798 ,  par  MM.  Darcet  et  Guyton.  ) 

IV.  Il  a  travaillé  à  l'écrit  sur  les  difierens  états  du  £èr, 
imprimé  dans  le  Jowm,  des  Minés ^  n**  49?  vendém.  an  vu 
— ï  798.  C'est  d'après  ses  principes  et  avec  lui  que  MM.  W^el- 
ter  et  Hachette  employèrent  le  diamant  à  faire  de  Facier 
fondu,  (/^oj.  leur  procès -verbal ,  Annales  de  Chimie^ 
t.  XXXI.) 

V.  Instruction  sur  la  fabrication  des  lames  figurées,  ou 
des  lames  dites  Damas  (Œuvre  pothume  de  Clouât),  fig-^ 
insérée  dans  le  Journal  des  Mines j  en  18049  u®  90,  p.  4^1- 
435. 

M.  Hachette  y  a  ajouté  deux  notes ,  et  la  note  historùiue 
suivante  sur  les  principaux  ouvrages  de  Clouet. 

«  Clouet,  professant  la  chimie  à  l'Ecole  *  de  Mézières, 
))  s'occupait  spécialement  de  la  partie  de  cette  science  dont 
»  les  officiers  du  génie  et  de  l'artillerie  font  habituellement 
»  l'application  *,  sous  ce  rapport ,  le  fer  a  dû  être  l'objet  prin- 
))  cipal  de  ses  recherches.  Aucun  chimiste,  avant  lui,  n^a- 
i>  vait  donné  sur  ce  métal  des  notions  aussi  précises  que 
S)  celles  qui  sont  contenues  dans  un  Mémoire  imprimé  dans 
»  le  Joum.  des  Mines ^  t.  IX,  p.  3-,  il  joignait  aux  connais- 
))  sances  théoriques  les  plus  étendues ,  les  talens  d'un  artiste 
»  distingué.  Lorsqu'il  eut  trouvé  le  moyen  de  faire  en  grand 
Ji  l'acier  fondu ,  découverte  dont  Fourcroy  disait ,  dans  une 
y)  de  ses  leçons  à  TEcole  Polytechnique ,  que  seule  elle  mé- 
»  ritaità  son  auteur  une  statue  sur  la  place  publique  ^  il  se  hâta 
»  de  publier  ce  moyen ,  et  de  communiquer  toutes  les  ob- 
»  servations  de  pratique  dont  il  avait  reconnu  Fimportance 


CLO  253 

»   potxr  le  succès  de  la  fusion  :  la  facilita  de  se  procurer  Fa- 

»   cîei*  fondu  en  lingots  qu'il  coulait  lui-même  dans  son  la- 

»  l>oratoire,  lui  donna  l'idée  de  remployer  au  perfection- 

»    oexnent  des  lames  de  sabre.  M.  Jaubert^  commandant  de 

»   l"'Ecole  du  Génie  à  Mëzières ,  lui  avait  souvent  parlé  de 

»  damas,  et  avait  mis  à  sa  disposition  quelques  morceaux 

»  de  ces  lames,  en  Tinvitant  à  en  étudier  le  dessin  et  la 

»  composition.   Ce  double  problème  de  géométrie  et  de 

»  chimie  fut  résolu  \  Clouet  fit  pour  ses  amis  plusieurs  sa- 

»  bres  aussi  admirables  par  la.poignée  que  par  la  lame  \  le 

»  sabre   représenté  par  \di  Jtgure  27,   et  qui  appartient  à 

»  M .  Gillet  de  Mézières,  égale  en  beauté  de  dessin  les  damas 

»  de  Perse^  et  il  les  surpasse  en  élasticité  :  il  doit  cette  der^ 

»   nière  qualité  à  la  lame  d'aCier  fondu   placée  entre  les 

»  deux  étoffes  figurées. 

»  Clouet  avait  cessé  de  sî occuper  de  lames  de  sabre  en 

»    1790-,  la  guerre  de  la  révolution  éclata-,  tous  les  citoyens 

»  se  dévouèrent  à  la  défense  de  la  patrie  *,  il  fut  appelé  par 

»  le  comité  de  salut  public ,  et  c'est  d'après  son  invitation 

»  qu'il  a  composé  VArt  défaire  les  lames  figurées j  écrit  qui 

y>  mérite  d'être  placé  à  côté  des  ouvrages  qui  ont  paru  dans 

»  le  même  temps  et  pour  le  même  objet ,  Y  Art  de  fondre  des 

))  canons  j  de  fabriquer  des  armes  blanches  j  de  convertir  le  fer 

»  en  acier  fondu  j  etc.  » 

Le  gouvernement  a  obtenu  des  héritiers  de  Clouet  ses  pa- 
piers, ses  instrumens  et  ses  produits  chimiques.  M.  Martin, 
dans  une  lettre  de  Cayeane>  adressée  à  M.  Thouin,  et  in- 
sérée dans  le  Joum,  des  Débats ^  21.  vend,  an  x — 13  octobre 
1801,  a  fourni  quelques  détails    siu»   Clouet;  et  depuis, 
M.  Hachette  a  consacré  un  éloge  à  sa  mémoire.  Cet  éloge  a 
été  imprimé  dans  la  Décade  Philosophique ,  20  nivôse  an  x , 
10  janvier  1802 ,  et  dans  le  Moniteur^  le  23  nivôse  suivant, 
^    n°  1 13,  p.  454»  C'est  de  là  que  nous  avons  tiré  cette  Notice. 


254  coc 

COCHELET  {j4nas1ase),  né  à  Mézières-sur-Meuse 
i65i,  entra  d^ns  Tordre  des  Carmes  de  l'ancienne  obser- 
vance, et*  prononça  ses  vœux  à  Reims.  Depuis  il  dtudia.  en 
Sorbonne,  prit  le  bonnet  de  docteur,  et  parvint  au  grade 
de  provincial  de  la  province  de  France,,  aîprès  avoir  été 
{Hrieur  du  couvent  de  Saint-Jacques,  à  Paris ,  et  de  celui  de 
Reims. 

Il  se  fit  un  nom  parmi  les  prédicateurs  et  les  oontrover- 
sistes  de  son  temps,  et  devint  une  des  trompettes  de  la 
Ligue.  Un  jour  qu'il  prêchait  sur  Tëvangile  du  navire   des 
Apôtres ,  dans  lequel  Nôtre-Seigneur  dormait-,  il  dit  c<  qu'à 
»  Texemple  de  ses  disciples,  il  fallait  ëveiller  Dieu  pour 
»  aider  à  la  religion  catholique,  et  ëlire  un  roi  pour  gou- 
»  vemer  Tëglise  en  France ,  qui  se  perdait  faute  de  roi;  cpc 
»  la  France  était  un  royaume  afiecté  à  là  monarcMe  et  non  à 
»  la  régence ,  comme  le  duc  de  Mayenne  voulait  le  fiiire 
))  accroire',,  ce  qu'il  ne  fallait  pas  souffrir,  mais  passer  outre 
»  à  la  nomination  d'un  bon  roi  catholique,  à  Texclusion  du 
»  roi  de  Navarre.  Mais  le  duc  de  Mayenne  lui  fit  dire  de 
»  prêcher  plu3  modérément,  sinon  qu'il  renverrait,  cousu 
»  dans  son  froc ,  prêcher  dans  la  rivière.  »  {Mémoires  anec- 
dotes pour  sentir  à  la  nUUson  de  Bourbon,,,  t.  VI ,  p.  aSg.) 

Oblige  de  s'expatrier,  le  P.  Cochelet  se  retira  à  Anvers, 
où  il  passa  une  partie  considérable  de  sa  vie ,  toujours  occupé 
à  préèher  et  à  écrire  contre  les  hérétiques.  De  retour  en 
France  en  1617,  fl  se  distingua,  dit  Marlot,  dans  un  cha- 
pitre de  son  ordre ,  qui  se  tint  cette  année  à  Reims.  Fixé 
dans  cette  ville ,  il  y  vécut  en  paix ,  et  y  termina  sa  car- 
rière en  1624,  âgé  d'environ  soixante-quatorze  ans. 

Ses  ouvrages: 

I.  Répétitions  du  saint  sacrifice  de  la  Messe  ^  en  forme 
d'homéiiesj  contre  du  Plessis-Momay,  Anvers,  Jean  Keer- 
berghe,  i6oa,  in-S*",  p.  gSi. 


GOC  a55 

11 .  Jtéponse  à  l' abjuration  de  la  vraie  foi  que  font  les  Cal- 
t^inistes  qui  apostatent  de  l'église  catholique^  apostolique  et  ro- 
rruMirte^  faussement  appelée  par  eux  Déclaration  chrëtienne,  à 
JEtieftne  le  Brun.  Anvers,  Hierosme  Verdussen ,  i6o4j  in-8**, 
fol.  I79«  C'est  contre  un  Carme  apostat  qui  témoignait 
n^étre  point  endurci. 

III»  Palestrita  honoris  Divœ  Hallensis  pro  Justo  Lipsio 
cid9€Tsùs  dissertationem  mentiti  IdoU  HaUensis  anonymi  cu- 
jusdcun  hasretici  (Pierre  Denaisius,  jurisconsulte  allemand). 
Arii^ers^  Vrintius,  1607,  in-8*,  p.  55 1',  iUj  îb.,  1627,  în-4°« 
Philippe  Brasseur,  connu  par  Bihlotheca  Hanfwniœ^  Mous, 
1639,  in-4^9  ^  f&it,  à  Foccasion  de  cet  ouvrage,  le  quatrain 
suivant: 

Dum  jaculû  petitur  Mariani  scriptor  honoris 

Lipsius ,  huic  scutam  prsetulit  ille  sùam  : 
Nec  minus  authorem ,  qtiàm  Tirginisllle  decorem , 
Défendit  calamo  Ibztis  athleta  sac. 

IV .  Calyini  infemus  ads^ersîis  Joannem  Polyandrum^  mi- 
nistrum  cahinistam.  Anvers,  Moret,  1608,  in-8®,-p.  192. 
L'auteur  y  soutient  que  Calvin  a  nié  qu'il  y  eût  un  enfer. 
Polyander  riposta  par  Responsio  /.  Polyàndri  ad  interpolata 
A  nos.  Cochlœi  sophismata^  sub  hoc  iitulo  :  Calvinî  infernus. 
{Dordrechtj  1610,  in-B**.) 

Samuel  Neran ,  professeur  à  Tacadémie  calviniste  de  Sedan , 
fit  ce  sixain  à  l'occasion  de  ce  livre  : 

Non  tibi  GaMni  mentem ,  non  eonaona  sacri* 

Sensa  tibris  mendax  ista  tabella  refert. 
Sed  monstra  erronim  pingit ,  quae  fortiter  ille 

Strayit ,  et  inyictft  parta  trophaea  manu. 
Sic  fertur  solitas  spolium  pinxisse  leonis , 

Dam  neqnit  Alcidem  pingere  pictor  iners. 

In  eumdem, 

Quid  sibi  yult  in  Calyimun  qaod  Roma  sepultudi 
Spicula  Tartareo  felle  peruncta  jacit  r 


256  COC 

Herculi9  ezstiflcti  Trojam  domuêre  sagitt», 
Galvini  telis  nunc  quoque  Roma  tuis. 

{Tfœrani  poemata,  p«46*) 

V.  Çœmeterium  Caîvini  infemij  et  aliarum  ejus  impieta- 
tuirij  adversùs  interpolata  sophismata  falso  et  calumniosè  ad- 
scripta  F.  Anastasio  CocheletiOj  à  J.  PolyandrOj  nlîas  van 
JcwiTcrcAoi'C.  Anvers,  Hier.  Verdussen,  1612,  m-12,  p.  789. 
C'est  une  réplique  à  Polyànder,  natif  de  Metz.  Le  premier 
mot  du  titre  fait  allusion  au  nom  grec  Polyanderj  qui  si- 
gniâe  du  cimetière  ^  de  même  que  son  nom  flamand  • 

VI.  Commentaire  catholique  en  forme  de  discours^  sur  les 
deux  lettres  missives ^  l'une  de  Frédéric j  électeur  et  comte  pon 
latin  ,•  Vautre  du  prince  Loys  de  Bourbon j  duc  de  Montpensierj 
sur  la  fuite  de  sa  fille  j  àbhesse  du  monastère  des  religieuses  ^  à 
Jouarre*  Anvers,  Verschueren,  161 6,  in-8®,  p.  Soy.  Ces 
deux  lettres  sont  insérées  dans  cet  ouvrage. 

On  avait  donné  Fabbaye  des  Bénédictines  de  Jouarre, 
diocèse  de  Meaux,  à  Charlotte  de  Bourbon -Montpensier, 
sans  qu'elle  eût  fait  de  vœux.  Les  ayant  prononcés  depuis, 
le  16  mars  iSSg,  elle  protesta  contre,  et  déclara  qu'elle  y  avait 
été  forcée.  Résolue  de  se  soustraire. à  un  genre  de  vie  qui  lui 
déplaisait,  elle  trouva  le  moyen  de  vendre  un  prieuré  que 
son  abbaye  possédait  dans  le  diocèse' de  Noyon,  et  s  étant 
approprié  le  prix  de  cette  vente ,  elle  s'enfuit  dans  le  mois 
de  février  1672,  avec  quelques  religieuses  qui  partageaient 
son  dégoût  pour  le  cloître.  Elle  se  retira  à  Heidelberg,  à  la 
cour  de  Frédéric  III ,  comte  palatin  du  Rhiil ,  pour  y  vivre 
dans  la  communion  protestante ,  à  l'exemple  de  Françoise 
de  Bourbon,  sa  sœur,  femme  d'Henri  Robert  de  la  Marck, 
duc  de  Bouillon.  Elle  y  abjura  la  religion  catholique  avec 
ses   religieuses.  L'électeur  palatin,  par  une  lettre  datée 
d'Heidelberg ,  du  25  mars  1672,  instruit  le  duc  de  Bour- 
bon-Montpensîer  de  cet  événement,  et  l'exhorte  à  laisser  à 
sa  fille  la  liberté  de  conscience ,  et  à  lui  faire  part  des  biens 


COF  ^5; 

Ae  sa  maison;  celui-ci  répond  à  Télecteur,  et,  en. bon  ca- 
tliolicjue,  il  blâme  la  conduite  de  sa  fille  transfuge.  Char- 
lotte ne  profita  pas  de  cet  avis  :  elle  épousa  à  la  Brille,  le  12 
juin.  15749  Guillaume  de  Nassau,  prince  d'Orange,  fonda- 
teur de  la  i^épublique  de  Hollande  (i),  et  mourut  le  6  mai 
i58st  y  laissant  de  son  mariage  six  filles,  dont  la  seconde, 
'  nommée  Elisabeth  de  Nassau,  fut  mère  du  grand  Turenne. 
Cochelet  défend,  dans  son  Commentaire^  la  cause  de  Louis 
de  Bourbon ,  et  Tappuie  de  nombreuses  citations  de  TEcri- 
tace,    des  Pères,  des  historiens,  des  jurisconsultes,  etc., 
ce  qui  n'empêcha  point  le  duc  de  Bourbon  de  ratifier  le 
mariage  de  sa  fille,  à  la  prière  du  roi  de  Nayarre,  par  une 
'déclaration  particulière  qu'il  fit  en  1 58 1. 

Ces  six  productions  sont  jugées  par  Toubli  où  elles  sont 
tombées.  U  y  a  long-temps  quelles  ont  été  habiller  chez 
Francœurlepowre  et  la  cannelle.  Tel  sera  toujours  le  sort  des 
ouvrages  de  pure  polémique;  ils  n'auront  pas  même  le 
faible  mérite  d'être  assimilés  à  ces  vieilles  médailles  sans 
cours ,  qu'on  garde  par  curiosité.  Le  temps  en  dévorera  jus- 
qu'à la  dernière  page. 

Marlot,  Met.  Rem.^  t.  XI,  p.  612;  le  Long,  Hist.  de 
Laon^  p.  47 ï  \  deVilliers,  BB^  CarmeL^  t.  I,  p.  64- 


COFFIN  {Charles) j  clerc  tonsure  du  diocèse  de  Reims, 
naquit  à  Buzancy,  près  de  Vouziers,  le  i"  octobre  1676  (a), 
de  BJgobert  Coffin ,  principal  agent  du  seigneur  du  lieu ,  et 
de  Marguerite  G>uIon.  H  fit  ses  humanités  à  Beauvais,  et 
vint  étudier  en  rhétorique  à  Paris,  au  collège  du  Plessis,  en 
1693.  Ses  succès  furent  du  petit  nombre  de  ceux  qui  en  pro- 
mettent de  réels  dans  un  âge  plus  avancé ,  car  l'imagination 
et  le  goût  y  avaient  la  plus  grande  part.  Son  mérite  connu 

r 

(  1)  AsmMiné-à  Délit  ea  1 584»  par  Balthasar  Gérard ,  émissaire  des  Espagnols. 
(2)  Et  non  le  4  oct.  comme  le  disent  les.  auteurs  de  son  Ehgû  Hitêorique , 
copiés  depuis  par  tous  les  Biograpl)es ,  et  comme  le  marque  son  épitaphe. 

TOME  I.  ,17 


] 


!i58  COF 

le  fit  passer  an  collège  de  Dormans^Beauvais ,  comme  rë^nl 
de  seconde,  ea  1701. 

Le  Jeune  professeur  justifia  pleinement  ce  choix ,  et  se 
montra  d'autant  plus  digne  de  faire  apprécier  à  ses  élèves  les 
beautés  des  anciens  classiques  ^  que  lui-même  les  imitait  avec 
succès  dans  des  productions  ingénieuses  en  vers  et  en  prose, 
relatives ,  tantôt  aux  événemens  publics ,  tantôt  à  des  cir- 
constances qui  lui  étaient  personnelles.  Sa  réputatioii'sW 
crut  si  rapidement ,  que  le  a6  janvier  iji'i^le  prexnier  pré- 
sident de  Mesmes,  cinquième  comte  d'Avaux(i} ,  le  namina 
principal  du  collège  de  Beauvats. 

Dans  ces  nouvelles  fonctions ,  Coffin  sut  allier  lâi  prudenee 
d'un  maître  à  la  tendresse  d'un  père  ,  et  de  cette  école ,  de- 
venue si  florissante  sous  sa  direction ,  sortit  une  foule  de  su- 
jets qui  ont  paru  avec  éclat  dans  Téglise,  dans  le  barreau, 
dans  la  littérature  et  même  dans  les  armes.  Poit^t  dVmplois, 
point  de  postes,  on  les  élèves  dociles  à  ses  leçons  n'aient 
brillé.  Toujours  occupé  de  leur  avancement,  il  substitua 
sagement  aux  fi*oides  tmgédies  qu'on  représ^tait  à  la  fin 
de  l'année  scolastique,  des  exercices  sur  les  auteurs  cla»- 
sicpies,  beaucoup  plus  propres  à  former  le  goût,  et  qui  ac- 
coutument également  les  jeunes  gens  à  cette  confiance  mo- 
deste ,  nécessaire  à  tous  ceux  qui  sont  obligés  de  parler  en 
public  4 

L'université  l'élut  recteur  en  1^18  *,  il  fut  continué  en 
1719,  et  remis  une  troisième  fois  dans  cette  magistratm^ 
académique  en  i^ao.  Son  rectorat  fut  illustré  par  l'établis* 
sèment  de  l'instruction  gratuite.  Les  fonds  en  furent  fUcés 
sur  le  vingt-huitième  effectif  du  prix  du  bail  général  àe» 
postes  et  des  messageries,  dont  la  France  devait  originaire^ 

(1)  Asfeld  ou  Avaux^a-Yille,  bourg  situé  sur  la  rive  gauche  de  VAmCt^ 
deux  lieues  de  Châieafa-Forcien.  YoHilre  a  readu  ee  iiOfm  fameux  pa^  '^ 
lettres  et  ses  poésies  à  Glande  de  Mesmes,  deuxième  comte  d'Arvii,  ^^ 
prolecteur ,  qui  roulait  bien  t^honorer  de  son  amitié. 


COF  aag 

ment  la  création  à  Funiverrité  de  Paris.  Goffia  eut  la  plus 
grande  part  au  succès  de  cette  négociation  délicate  ,  et  il  la 
cëlëbra  par  un  mande^^^t  dig^e  4u  bi^pfe^it  et  de  la  recon- 
naissance. 

En  bon  Champenois,  il  célébra  le  vin  de  Champagne  dans 
une  ode  en  vers  iambiques ,  dont  le  style  vif  et  pétillant  pré^ 
sente  la  belle  image  de  cette  charmante  liqueur.  La  ville  de 
Reims  en  reconnut  le  mérite  par  un  présent  de  ses  meilleur^ 
vins  qu^elle  fit  annuellement  au  poète.  Voici  ce  qui  donna 
lieu  à  cette  pièce.  Grenan,  célèbre  professeur  au  collège 
d'Haroonrt,  avait  publié  une  ode  en  171 1   sur  le  vin  de 
Bourgogne ,  et  dans  laquelle  il  lui  accordait  la  prééminence 
sur  celui  de  Champagne.  Notre  poèjte  ne  s'était  pas  fort  em- 
pressé de  rédftmer  en  faveur  du  vin  de  spn  pâiys^*,  mais  s'^ 
tant  trouvé  à  table  chez  Camille  le  Tellier  (dit  Tabbé  de 
Louvois),  chanoine  de  Reims,  avec  le  professeur  Hersan, 
çie}uirci  lui  rjeprQcha,  m^  pl^^çaiitant,  son  ^^àiSéxieince  etmn 
peu  de^patriotisme.  Piqué  d'honneur,  Coffin  répondit  avec 
autant  de  feu  que  d'esprit  à  l'ode  de  Grenan.  Le  badinage 
n'en  resta  point  là.  Grenan  adressa  au  preniier  médei^in  Fa- 
gofi  des  }iêzidécftsyUabes  enforme  tk  n^quéte,  axa  fins  de  faire 
proscrire  par  la  faculté  le  vin  de  Champagne,  comme  nui- 
sible à  la  santé  -,  et  Coffin  adressa ,  en  vers ,  un  prétendu 
décrot,  rend**  daojiç  rUe  4e  Gp«>  legw?l,  s^u  uw?ye»  d'»»jB  in- 
génieuse ironie ,  semble  prononcer  en  faveur  du  Bourgogne , 
qupîqu'*au  fond  le  Champagne  gagne  sa  cause.  Rien  dans 
cette  lutte  n'outrepassa  les  bornes  d'une  plaisanterie  spiri- 
tuelle :  on  fut  poli  de  part  et  d'autre.  On  peut  juger  du  ton 
de  la  poésie  de  Coffin  par  ces  strophes ,  que  les  amateurs  de 
vers  latins  ont  retenues  : 

Gernis  micanti  concolor  at  vitro 

Latex  ia  auras ,  Gemmcus  aspici ,  ,        .     . 

ScintiHet  éxuUim  ;  utque  dulces 
Sfaribus  illecebras  propinet. 


s(io  COl<' 

Succi  latentU  proditor  haliluii  ; 
Ut  «puma  motu  lactea  turbido 

'CrystalUnum  blando  repente 

Gum  fremitu  reparet  nitorem  F  (i) 

Mais  les  poésies  qui  lui  ont  fait  le  plus  de  réputation  sont 
ses  hymnes  (2),  où  la  pureté  de  la  langue ,  soutenue  de  celle 
du  dogme  ,  brille  de  cet  éclat  naturel  et  simple ,  puisé  dans 
les  sources  de  la  vérité  .même ,  dans  TEcriture  et  dans  les 
Pères.  On  admire  l'imagination  de  Santeuil  -,  ses  saillies, 
ses  antithèses  frappent  Fesprit.  Les  Hymnes  de  Coffin  sont 

(i)  TraduetUm.  «  Voyez-yous  cette  liqueur  dont  l'éclat  se  confond  avec  celui 

•  an  cristal  ?  comme  elle  s'élance  et  scintille  dans  les  airs ,  semblable  à  an 

•  jet  de  diamans  l  comme,  par  une  suave  odeur  qui  révèle  sa  veriu  cachée,  elle 
»  amorce  le  buveur  !  comme  elle  retombe  en  tourbillonnant  sous  la  forme 

•  d'une  mousse  laiteuse ,  et  par  d'agréables  explosions  reprend  tout  à  coup  » 
»  couleur  cristalline  !»  De  Belle  Chaume  y  la  Monnoye  et  Matthieu  ont  traduit 
en  vers  français ,  cette  ode  y  faite  pour  traverser  tous  les  âges.  La  traduction 
du  dernier  est  dans  V Annuaire  de  la  Marne,  de  l'an  xi  —  180a.  Un  anonyme 
en  parlant  de  cette  pièce ,  dit  :  «Quels  vers i  je  leur  appliquerais  Volontien k 

•  materiam  superabat  o/»««  d'Ovide  (l'ouvrage  l'emportait  sur  la  matière). 
»  Dès  que  je  les  eus  lus,  d'ami  de  l'eau  que  j'étais  j'en  devins  l'ennemi;  et 
»  je  me  souviens  qu'un  jour,  quelqu'un  détestant  en  ma  présence  le  culte  dont 
»  les  ancieus  Perses  honoraient  le  feu ,  il  m'échappa  de  lui  répondre  :  M  l 

•  monsieur,  ce  ne  Meraii  encore  rien  ;  mais  les  insensés ,  il  n'y  avait  pas  Jusqu'à 

•  Peau  à  qui  ils  n'offrissent  des  victimes  ;  c'est  Strabon  gui  rapporte  cette  horreur.» 
(Janicon,  Lettres  sérieuses  et  badines,  t.  IV,  p.  36.)  Goffîn  ayant  déprisé  ie 
cidre  dans  son  ode,  inspira  Charles  Ybert,  Normand  :  Citri  Querela,  sivs 
arnica  eœpostulatio  Normanni  cum  poetâ  Campano  ,  qui  citrum  convieio perstrinxs- 
rat,  ode  :  insérée  dans  les  Œuvres  de  la  Monnaye,  t.  I ,  p.  a54)  avec  la  tra- 
duction à  pages  de  regard.  Au  commencement  du  xviii«  siècle ,  on  avait  pu- 
blié en  prose  :  Défense  du  vin  de  Bourgogne  contre  le  vin  de  Champagne  (par 
J.  B.  de  Salins).  Dijon,  Ressayre,  1701,  in-4*^''''  nouvelle  édition  (publiée 
par  Hugues  de  Salins,  frère  de  l'auteur).  Luxembourg  (Dijon) ,  \yi^yio4*i 
le  méme^  en  latin ,  3*  édition.  Beaune ,  Simonnat ,  1706.  Lettre  écrite  à  tm 
magistrflt  pour  réponse  à  un  docteur  Rémois,  qui  a  écrit  deux  lettres  contre  thcn- 
neur  et  la  réputation  des  vins  de  Beaune,  et  particulièrement  amtre  l'auteur  de 
leur  défense ,  par  laquelle  il  prouve  que  le  vin  de  Beaune  est  plus  agréable  et  plus 
sain  que  le  vin  de  Reims*  Paris,  1706,  in-4** 

(9)Combault,  l'un  de  ses  meilleurs  élèves,  l'aida  dans  qnelques-unef  de 
ces  pièces.  On  lui  attribue  notamment  deux  strophes  de  l'hymne  de  ssiot 
Pierre. 


COF  a6i 

dans  le  langage  du  cœur  attendri ,  pénétre  de  ses  besoins ,  ou 
de  sa  reconnaissance  envers  Dieu.  «  On  peut  lui  reprocher  de 
»  manquer  quelcpiefois  de  chaleur  et  d'harmonie ,  de  n'être 
»  point  fécond  en  idées ,  et  de  créer  rarement  son  expres- 
»  sion  ',  mais  du  moins  ses  expressions  sont  heureusement 
»  choisies ,  son  style  toujours  clair  et  plein  d^onction ,  et  sa 
»  latinité  d'un  goût  très -pur.»  (Noël,  Ephémérides],  juin 
an  X— i8o3,  p.  127,) 

On  ne  doit  pas  oublier  la  part  que  GoiBn  prit  à  la  révision 
de  V^nti^Lucretîus  du  cardinal  de  Polignac ,  qu'il  relut  en 
entier  avec  Crevier  et  Lebeau.  On  peut  dire  qu'ils  l'ont  faite 
de  manière  à  ne  pas  reconnaître  les  vers  qu'ils  y  ont  inter- 
cales. Ce  fut  le  dernier  service  que  notre  poète  rendit  à  la  re- 
-  ligion  et  aux  lettres ,  auxquelles  il  avait  consacré  sa  vie.  Une 
vieillesse  verte  et  vigoureuse  semblait  lui  promettre  de  plus 
longs  jours  y  lorsqu'il  mourut  a  Paris  le  20  juin  1^749  ?  dans  la» 
soixante-treizième  année  de  son  âge.  Il  fut' inhumé,  selon^ 
son  vœu ,  au  pied  de  l'autel  de  la  chapelle  du  collège  de 
Beauvais(i). 

Sa  charité  lui  a  survécu  :  par  son  testament ,  il  a  fait  un 
legs  très -considérable  à  ce  collège,  auquel  il  avait  donné 
plus  de  20,000  livres  durant  sa- vie.  Il  a  fondé  un  prix  de 
version  en  seconde  pour  le  concours  dfes  collèges  de  I'uiiÎt 
versité  de  Paris.  Les  besoins ,  de  quelque  genre  qu'ils  fussent, 
ne  se  présentaient  pas  vainement  à  son  cœur.  Aussi  tous  ses 
jours  étaient-ils  marqués  par  quelque  bienfait ,  et  dans  son 
ingénieuse  charité  il  savait  laisser  ignorer  ses  dons  à  ceux 
dont  la  délicatesse  ne  les  aurait  pas  acceptés.  Sa  mémoire 
était  en  bénédiction  dans  le  voisinage  de  Buzancy ,  sa  patrie , 
par  les  grandes  charités  qu'il  y  disait.  Elle$  s'étendaient  jus- 
qu'aux pauvres  églises  y.  auxquelles  il  donnait  des  ornemens. 

(1)  Elle  sert  aujourdliai  d'école  mutuelle.  On  désire  depuis  .long-temps 
que  les  restes  de,  GoiBn  soient  transférés  à  Soin t-INicolas-du-Chardon net,  à 
côté  de  ceux  de  SanteuiL 


n 


262  COF 

«  Poète  sans'  caprices  >  savant  sans  ostentation ,  sërieui 
))  par  réflexion,  gai  par  caractère,  et  d'une  huinteur  très- 
»  douce  :  toujours  le  nEtéme  au  milieu  des  occupations  les 
»  plus  dissipantes  et  des  circonstances  les  {dus  épineuses; 
»  rien  ne  trouhlait  la  paix  et  la,  tranquillitë  de  soa  âme  :  à 
»  rinhumànité  près,  il  réalisait  le  si^e  des  Stoïciens.  Vif  et 
)»  spirituel ,  niais  modeste  et  peu  parleur,  sërèré  pour  lui* 
»  même ,  indulgent  pour  les  autres  en  littérature  C€>mBAe  en 
)»  morale,  il  haïssait  la  dispute,  la  médisance  et  la  satire. 
»  Sôus  un  air  de  sécheresse  et  d austérité,  il  avait  un  cœur 
D  bon  et  compatissant.  Les  secours  qu'il  distribuait  étaient 
»  pfcompts,  secrets,  procurés  peut-être  avec  pluà  de  joie 
»  qu'ils  n'étaient  reçus.  »  (Extrait  de  son  Eloge  ktstorujfuejï 
la  tête  de  «es  ceuvres.)  (  i) 

On  noioi  saura  gré  sans  doute  de  rapjporter  ici  Yéfn.txp)ie 
de  notre  poète,  composée  par  Crevier,  et  gravée  sur  da  tombe  : 
c'est  un  portrait  fidèle  de  ses  vertus,  qui  joint  an  teérîte  de 
la  ressèmblaxMce  celui  de  la  correction  et  du  colons. 

p.  G.  Mi 

Hic  resurrectionem  expectat 

Gai»lu8  Goffin , 

Glericps  Rem^nsiç , 

ADtiquus  académiac  Parisiensis  rector, 

Hujus  collegii  primarius  : 

Qui  Domum  hanc  per  sei  et  triginta  annos , 

Cloriâ  âuctam, 

IngentI  discipuloram  multitudine  frequentatâta) , 

Studiis  doctrinae  et  pietatis  iosignitam , 

Postremô  etiam ,  legato  iîon  mediocri,  per.  testamentum  adjutam  > 

iCternum  sui  memorem  merendo  fecit , 

Magni  ÉdUini  «açbewor  et  smulos. 

Gœteras  cjus  laude»  certatim  praedicant 

Bon»  Attes , 

Quas  orator  idem  et  poeta  égrenas,  latio  plaudente ,  coluit  ; 

(1)  Cet  Eloge  est  de  Langlet,  avocat,  éditeur  de  ce  recueil,  et  de  Chaiie» 
Goffin,  neveu  du  poète,  reçu  congeitler  aùGhâtëlél  ett  1744^  tnértà  PHHs  k 
fo  janvier  1751 ,  âgé  de  vingt-neuf  ans ,  et  inhumé  à  cÛté  desoil  oocle. 


COF  .    263 

Academica  lurentus , 

Gujus  studia  Qovi  praeuiii  accessions  stimufaiTit 

Academia  prinçeps , 

Quam  justissimft  régis  optimi  Lud.  XV  munificentift 

0ûWndani  curaTÎt; 

Demqtfe  Eccletfia  PariftieiiBis 

Gui  pios  dulcesque  hymnes  Christianus  vates  cecinità 

Viro  omnibus ,  dum  viVeret ,  carissimo , 

heae  post  mortem  precentur  omnes  boni*  , 

Vint  annoA  lxxii.  Menses  tiii.  Dies  xti. 
Obiit  die  XX  fanii  aoi^  «.  d.  ce.  xlxix. 
Quo  die  anniversarium  pro  se  sacram  ^ 

In  perpetunm  celebniri  pnecepit. 

R.  I.  P. 

Ses  ouvrages  : 

I.  j{ctefi  et  oppOsiUons  des  motifs  de  V appel  inierj^  pm^ 

Vunwersité  de  Paris j  le  5  ocU  X7i8>  de  la  ConsUhOion  Uni- 

genitus  et  des  lettres  de  Sa  Sainteté ^  du  8  septembre  1718  (en 

latin  et  ea  français)  9  a^ee  le  discours  latin  prononcé  par  Cof- 

fiip  dans  l'assemblée  générale  tenue  (me  Maikurins  le  id  dé-- 

cembre  1718,  pour  la  procession  de  Vunwersité,^  peU  de  temps 

après  son  appel»  Paris,  Thiboust»  1718,  mw^*"  (BB.  du  roi, 

D.  2812);  lY.^  dans  le  1. 1,  p«  iji  k  4i5  du  recueil  de  Ga<- 

hriel  Nicolas  Nivelle,  intitulé  :  La  Constitution  Unigenitus 

déférée  à  V Eglise  universelle,  (Cologne,  1764 9  4  '^<^-  ^^* 

folio.) 

Cette  exposition  a  été  dressée  en  hîftin  par  Coffin  ;  la  tia*- 
dttctionftançaise ,  réimprimée  en  1 739 ,  est  dn  grammairieiL 
Reataùt,  qui  ^tait  alors  précepteur  chez  les,  Jésuites  du  col- 
lège de  Louis-le-Grand,  quoiqu'il  fût  t3rès««ttaché  à  Port- 
Royal. 

IL  Mémoire  pour  M*  Charles  Coffin  ^  principal  du  cMége 
de  Beaus^ais,,  pour  défendre  sa  cx>adjutorerie  du  syndicat  de 
Vuniversité j  contre  /.  iV.  Guillaume  ^  procureur  de  la  nation 
allemande  (ok  si^et  de  la  eoadjutorme^  à  laquelle  ledit  sieur 


a64  ,  COF 

Coffin  assoit  été,  nommé  par  le  tribunal  du  recteur,,  le  4  ^^ov, 
i^i^.^^^ Addition  à  ce  Mémoire j  en  réponse  du  sieur  Guil- 
laume, Paris,  17 19 9  a  vol.  in-fol. 

III.  Le  Mandement  (^Mandaium)  de  M.  de  'Vintîmille; 
du  3  décembre  1735,  à  la  tête  du  bréviaire  de  Paris ,  publié 
ed  1736,  est  de  G)ffin.  Le  P.  Vigier,  oratorien,  est  le  prin- 
cipal auteur  du  bréviaire.— Le  Mandement  (Mandatum)  du 
même  prélat ,  du  1 1  mars,  en  tête  du  niissel  de  Paris ^  mis 
au  jour  en  1738,  est  aussi  de  Coffin. 

rV.  Les  OEuy^res  de  Coffin^  Paris,  Desaint  et  Hérissant, 
1755,  2  vol.  in-i6. 

Le  1*^*  vol.  et  le  commencement  du  2^  contiennent  les 
discours  latins  et  qiielques  -  uns  en  français  -,  la   suite  du 
a*  tome  renferme  .toutes  les  poésies  sacrées  et  profanes.  Plu- 
sieurs de  ces  opuscules  avaient' paru  séparément  (i),  en- 
tr'autres  les  Odes  sur  le  vin  de  Gbampagne  et  de  Bourgogne, 
et  les  Hymnes ,  dont  trois  ont  été  traduites  en  vers  francai; 
par  la  Monnoye.  (Paris,  Thiboust,  1726,  in-8%  p.  12.)  La 
petite  pièce  que  Coffin  fit  pour  Samuel  Bernard  a  été  aussi 
traduite  par  Guillo  de  la  Chassagne  :  sa  traduction  est  dans 
le  Mercure  d  avril  1 763 ,  t.  I ,  p.  54. 

Ce  recueil  justifie  tout  ce  qiie  nous  avons  dît  d  avantageux 
du  cœur  et  de  Fesprit  de  Coffin  :  on  remarque  dans  sa  prose 
ime  expression  noble,  digne  du  siècle  d'Auguste,  des  sujets 
traités  avec  dignité^  on  n'y  voit  point  de  ces  saillies,  de  ces 
jeux  de  pensées  ^  de  ces  puérilités  qui  font  d'un  discours  un 
amas  d'épigrammes ,  qui  décèlent  la  fausseté  de  Tesprit  et 
déshonorent  Téloquence. 

Coffin  revit  dans  un  de  ses  petits-neveux,  Jean  Prançois 
Bernard  Cordierj  né  à  Neofmanil,  le  17  mai  1765,  de  Jean 

(1)  Et  .dans  le  recueil  ées  vers  latins  des  plus  célèbres  professeurs  de  Tu  Di- 
versité de  Paris,  publié, par  Denis  Gaullyer.  Paris,  1727,  in^i6. 


COL  a65 

'François  Cordier  et  de  Catherine  Coffin.  Chanoine  régulier 

profès  de  Lavaldieu,  du  1 1  oct.  1778,  M.  Fabbé  Cordier  a 

enseigne  les  beUes- lettres  avec  distinction  à  Tabbaye  chef 

d'^ordre  de  Prémontré  pendant  plusieurs  années.  On  a  de  sa 

fsLÇOix  :  /^ers  inspirés  à  la  vue  du  tableau  de  Guéririj  représen^  * 

tant  Phèdre  accusant  JElippolyte  :  insérés  dans  le  Journal  de 

Paris ^  9  brumaire  anxi  — 3i  oct.  1802,  p.  239.  Ces  vers 

font  regretter  que  sa  modestie  Fait  empêché  jusqu'alors  de 

publier  les  productions  qu'il  a  en  portefeuille,  entr'autres, 

tine  traduction  du  grec  des  six  livres  de  saint  Jean  Chr  j- 

sostôme  sur  le  sacerdoce. 

Son  portrait:  t"*  Fontaine  p.  174^-  Daullé  sc,^^  '749>  ^^' 
foL  maj.",  2""  N...9  petit  buste  9  in-249  3""  Bigcadt  p.  Simon- 
neau  sc.^  in-4''9  dans  la  suite  d^Odieuyre  -,  4"^  Hieshhein 
p.    1769,  Charpentier  sc>^  in-4**;   5°  Cochin  deU^  C^H. 
Watelct  sc.j    1763,  médaillon  in-4**î  6**  Dagoty^  d'après 
Hieshhein j  1770,  in- 4^7  en  manière  noire,  dans  la  Galerie 
française j  1771,  in-fol.;  ']**  Pcdetnich^  d'après  Hieshhein^ 
dans  la  Galerie  française ^  2"*  édit.,  cahier  11-,  8'' dans  la  Ga- 
lerie historique  de  Lardon ,  in-8''.. 

COLIN  {Claude),  vit  le  jour  à  Vauvilliers  en  Franche- 
Comté  ,  en  1719.  Son  goût  pour  la  piété  l'ayant  porté  à  em- 
brasser l'état  religieux,  il  entra  dans  l'ordre  des  Capucins , 
sous  le  nom  de  Pire  Norbert^  et  parvint  par  son  mérite  à  la 
supériorité  du  couvent  de  Sedan.  Sa  vie  n'offi*e  point  de  faits 
dignes  d'être  recueillis  par  un  biographe.  Naturalisé  à  Sedan 
par  un  long  séjour,  il  y  rendit  le  dernier  soupir  en  i79i> 
âgé  de  soixante -douze  ans,  dans  la  paix  d'une  bonne  con- 
science, et  avec  le  juste  espoir  que  donne  le  souvenir  d'une 
vie  honorée  par  la  pratique  constante  dés  vertus  chrétiennes, 
el  religieuses.  L'ouvrage  suivant  est  le  fruit  de  ses  veilles 
studieuses  :  v  ., 


266  COL 

Histoire  dtronologique  des  villes  et  princi^pfaMÂtês  dé  Seàm, 
Baucourt  et  SainUMenges  :  m-4^9  ^S*  àe  729  p^ges  cUm 
Tautographe.  Il  existe  plusieurs  copiés  de  ce  curieux  réper- 
toire ,  dont  le  planteur  Peyran  A  fait  usage  pour  composer  son 
histoire  de  Sedah,  publiée  eu  tSfS.  L'auteur  a  en  géniénl 
puisé  dans  de  bonnes  sources  :  ses  citations  sont  exactes; 
mais  quelques  anecdotes  hasardées  dépai^nt  son  ouvrage, 
qui  s'étend  depuiér  l'an  291  dé  l'ère  chrétienne ,  jusqu^à  Vtàt- 
née  17851  inclusivement. 

Qu'iU  sont  rares  ces  hommes,,  qui,  sans  aucune  vue  de 
fortuné  et  d'ambition,,  contribuent,  pa^  d'utiles  travàm,  à 
l'illustration  du  pays  qui  les  a  adoptés  !  Pourquoi  n^ea  se- 
rait-on pas  reconnaissant?  Letùr  nom  doit  figurer  daiis  l'iiû- 
lôire.  Fontette  a  inscrit <;elui  du  P.  Norbert  daiis  sa  Bâiio- 
théquè  historique  de  la  France  ^  et  le  savant  éditeur  A» 
Antiales  d'Yvoîs  et  de  Mbuzon  lui  a  consacré  une  notice 
danà  la  biographie  de  ces  contrées. 

COLLOT  (Jean  François  HenrC)^  successiTement  com- 
missaire ordonnateur  des  guerres  à  Grenoble,  Rennes  et 
Nancy,  était  né  au  Pont  d'Arches,  près  de  CharleviUe, 
le  26  janvier  Ï716.  Il  alliait  aux  devoirs  de  sa  profession 
la  culture  des  lettres ,  et  aurait  pu  se  faire  un  nom  dans 
la  littérature,  s'il  avait  dérobé^  en  faveur  des  Muses,  i« 
pliis  Ipngs  momens  aux  affaires.  La  dernière  année  de  m 
vie,  il  eut  le  malheur  de  survivre  en  quelque  ^ortc  à  ^' 
même ,  ses  organes  usés  par  l'âge  l'ayant  laissé  dans  un  étal 
d'enfance.  Il  est  mort  au  Mesnil ,  près  de  Chklons'svx- 
Marné,  en  oct.  1804. 

Il  avait  composé  le  Pinson  et  la  Féms^etêe,  fable,  ma** 
cette  pièce  et  beaucoup  de  petits  ouvrages  de  société  noftt 
pas  vu  le  jour  :  ce  qùL  vaut  un  éloge  ;  car  tant  de  littérateur* 
fatiguent  le  public  par  des  bagatelles  qui  devraient  mo^^ 


J 


COli  â67 

AU  sein,  des  cotteries  où  elles  sont  nées,  que  le  public  à  son 
toirr  doit  savoir  gré  à  ceux  cpiî  lui  en  font  grâce.  Ses  ou- 
vrages imprimés  sont  : 

I.  Jftémoires  sur  les  Ins^aUdes  :  inséré  dans  V  Entychopé- 
die^  "B^xmatln^folides. 

II.  Jlfémoire  sur  la  /^*****  parmi  les  troupes  *,  écrit  de  fa-*, 
çon  à  êtte  lu  dans  un  cous^entde  religieuses  :  1769,  in-S"". 

llli   Satires  en  vers  sur  les  innoi^ations  dans  le  mini^ère. 
Bâle^  1774?  în-8^ 

IV .   L*'  Officier  français  à  Varmée^  opéra  comUjue  en  prose  ^ 
.mêlé  d* ariettes.  Grenoble,  1780,  in-8''  :  représenté  sur  le 
théâtre  de  la  même  ville ,  pour  la  preknière  fois  ^  le  1 1  mai 
i78o. 

V.   jEpître  à  M,  Gellée^  médecin  à  Châlons  :  du  26  janvier 
1797.  Cette  épître  de  102  vers  est  imprimée  p.  84  et  87  de 
•  Vuénnuaire  ou  Almanach  du  département  de  la  Morne  ^  pour 
Tan  XI  —  i8o3. 

M.  Collot  a  laissé  une  fille  née  à  Ghâlons,  et  mariée  à 
M.  Gauthier  d'Omey,  premier  secrétaire  de  l'intendanGe  de 
Champagne.  Elle  a  publié  une  nouvelle  ou  conte  moral ,  in- 
titulé :  Euphémie.  {Ann.  du  dép,  de  la  Mame^  an  xii —  i8o4 9 

p.     ï56r) 

COLLOT  {André  JosepK)^  frère  du  précédent,  subdélé- 
gué de  f  intendance  de  Champagne,  trésorier  de  la  guerre , 
et  receveur  des  traites  et  deniers  communs  de  la  ville  de 
Gharle ville,  y  naquit  le  i"  nov,  173 1,  et  y  mourut  subite- 
ment le  9  septembre  1797.  Il  avait  été  garde -marteau  des 
eaui  et  forêts ,  et  aimait  à  s'occuper  d'agriculture ,  cet  art 
uxilç ,  si  propre  à  nous  rappeler  le  souvenir  des  mœurs  an- 
tiques. On  a  de  lui  un  opuscule  sur  l'économie  rurale, 
intitulé  :  Entretiens  d'un  seigneur  açec  son  fermier,  par- 
ticulièrement utiles  pour  les  communistes  de  la  snhdélégatiçn 
de  Mézièresj  et  relatifs  au  climat,  à  Iq  nature  des  terres,  et 


a68  COL 

4SUIX  abus  qu'on  remarque  dans  ce  pays  ^  par  M.  C***.  Char- 
leville,  Raucourt  (1784) ,  in-8®,  p.  93. 

COLOMBIER  (Jean),,  médecin  des  académies  d'Angers, 
de  Montpellier  et  de  Châlons-sur-Mame ,  était  fils  de  Jean- 
Baptiste  Colombier,  docteur,  en  médecine  et  chirurgien- 
major  du  régiment  du  roi  Stanislas,  et  de  Marie  Anne  Que^ 
tôt.  Il  vit  le  jqur  à  Rethel,  le  3  décembre  1736  (i),  et  fit  ses 
humanités  chez  les  Jésuites  de  Besançon.  Son  père  guida  ses 
premiers  pas  dans  la  carrière  médicale.  Ayant  été  admis  par- 
mi les  élèves  de  l'hôpital  militante  de  Metz ,  il  ne  tarda  pas  à 
passer  à  celui  de  Landau ,  et  à  obtenir  au  concours  la  place 
de  chirurgien  major  d'un  régiment  dé  cavalerie.  Il  suivit 
son  corps  à  Douai ,  où  il  prit  le  doctorat  en  1766.  Deux  ans 
après  le  même  honneur  lui  fut  décerné  par  la  faculté  de  Pa- 
ris ,  après  qu'il  eût  soutenu  les  différens  actes  dont  se  com- 
posait la  licence,  qui  durait  deux  ans. 

Ses  liaisons  avec  de  la  Millière,  maître  des  comptes,  et 
avec  Amelpt ,  secrétaire  d'état ,  contribuèrent  à  son  avance- 
ment. Il  fut  nommé  censeur  royal  le  9  mai  1776,  et  Fan- 
née  suivante  inspecteur  général  des  hôpitaux  et  prisons  de 
France.  Il  ti^availla  avec  zèle  à  en  améliorer  le  régime.  On 
lui  doit  aussi  l'agrandissement  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris.  La 
société  royale  de  médecine  l'admit  dans  son  sein,  le  lo  oc- 
tobre 1778,  et  le  aS  juin  de  l'année  suivante,  elle  le  fit  son 
commissaire  perpétuel  pour  la  correspondance  avec  les  mé- 
decins et  les  chirurgiens  du  royaume.  Le  zèle  qu'il  déploya 
dans  ces  diverses  fonctions  reçut  une  récompense  flatteuse. 
Au  mois  de  mars  1782 ,  le  roi  lui  donna  des  lettres  de  no- 
blesse ,  avec  cette  devise  pour  ses  armoiries  :  Salus  Miserùm. 

Il  mom'ut  à  Paris  le  4  août  1789,  âgé  de  cinquante-neuf 

(1)  £t  non  à'Toul,  le  a  septembre  17^»  eomme  le  dit  la  Biographie  mi- 
dicale. 


COL  36g 

ixks  9    au.  rètx>ur  d'une  mission  dont  il  avait  cru  devoir  se 
charger  quoique  malade.  Il  était  conseiller  d'état  du  con- 
seil privé  du  roi  depuis  le  24  septembre  1786,  et  il  avait 
reçu  le  cordon  de  Saint-Michel  en  1782.  De  son  mariage, 
contracté  en  1771  avec  D"*  Charlotte  Antoinette  Duchesne, 
Parisienne ,  il  eut  deux  filles ,  dont  l'aînée  épousa  le  doc- 
teur Thouret,  et  la  cadette  le  docteur  Desgenettes.  L'hy- 
gieuue  militaire  lui  est  redevable  de  quelques  changemens 
et  de  plusieurs  innovations  utiles.  Aux  grâces  d'un  exté- 
riteux  intéressant,  il  joignait  une  élocution  facile  et  l'heu- 
reux talent  de  persuader.  Partagé  de  toutes  les  qualités  bril- 
lantes qui  charment  d'ordinaire  les  femmes,  il  s'était  formé 
une  belle  clientelle.  Il  réussissait  surtout  dans  les  maladies 
nerveuses ,  où  le  talent  consiste  bien  moins  à  employer  des 
•   remèdes  qu'à  y  suppléer,  par  l'art  délicat  de  divertir  le  mal 
.    et  de  donner  le  change  à  la  douleur.  Ces  maladies  étaient 
alors  fort  à  la  mode  parmi  les  dames  du  grand  monde ,  et 
comme  Tronchin,  il  ne  leur  opposait  souvent  que  la  dis- 
traction, l'exercice  et  le  travail;  Ceux  qui  l'ont  connu  par« 
ticulîèrement  disent  qu  il  avait  approché  trop  souvent  ses 
lèvres  de  la  coupe  de  Circé,.et  qu'il  y  puisa  la  mort.  On 
doit  à. ses  veilles  : 

I.  Dùsertatio  nosfa  de  suffiAsione  seude  cataractd,  Paris, 
1765,  in-ia.  Il  y  préfère  la  méthode  d'extraire  le  cristallin 
à  celle  de  l'abaisser. 

II.  Er^o  prius  laciescit  chylus  j  qucan  in  omnes  corporis 
hwnores  abeat.  "P^s  y  1767,  in-4^. 

III.  Ergo  pro  nudtiplici  cataractœ  génère  multiplex  inetho- 
(ii£^.  Paris,  1768,  in-4'*. 

rV .  Code  de  médecine  militaire  pour  le  sen^ice  de  terre.  Pa- 
ris, 1772,  5  vol.  in-f2. 

V.  Préceptes  sur  la  santé  des  gens  de  guerre  j  ou  Hygiène 
militaire.  Paris, .  1775 ,  in-8**  -,  it*j  sous  ce  titre  :  uésds  aux 
gens  de  guerre.  Paris,  1779,  in-8'*.  C'est  le  meilleur  ou- 


'.  27<>  GOL 

vrage  ^é  Coloukbier,  et  y  au  sentiment  de  Vioq-d'Aîyr, 
celui  où  il  s'est  montré  le  plus  original. 

VI.  Médecine  militaire  j  ou  Traité  des  wnahtdies  tant  iih 
ternes  qu  externes j  auxtfuelles  les  militaires  sont  exposés  iam 
leurs  différentes  positions  de  paix  et  de  guerre.  Pitris,  1778, 
7  vol.  in-8°. 

VIL  Du  lait  considéré  dans,  tous  ses  rapports.^  Paria,  Di- 
dot,  Ï782,  in-8°.  L'auteur  s'attache  à  prou.ver  Kpie  kswa- 
ladies  désignées  sou^  le  nom  ridiculç  à^  lait  répaxidu^  dé- 
pendent presque  toujours  d'une  autre  cause. que  lelsdt 
,  Le  docteur  Gliillaume  Daig^au  lui  a  adre^^é,  sur  les  fièvres 
qui  régnèrent  en  France  peiidapt  Içs  automnes  de  176061 
1781,  AdnotaUones  breçes  defebribus.  Paris,  1 788,  in-8". 

< 

.COL VIN  {Alexandre) ,  naquit  à  Saint-André  en  Ecosif; 
vers  1 596.  Depuis  la  fondation  de.  Tacadéniie  de  Sedan  ea 
1602  y  cette  ville  était  devenue  le  reade»-vou9  des  hoïomf» 
de  mérite  qu'y  attiraient  de  toutes  parts  le  charme  de  la 
société  des  savane ,  et  la  hi^nveillailoe  et  la .  libéralité  m 
pfince  Henri  de  la  Tour,  h  l'^xeimple  des  professeurs  Ct- 
niero|i,  Donaldson,  Janston,  Melvin,  de  Vime,  et  de  ses 
autres  compatriotes  attachés  au  service  militaire  du  duc  de 
Bouillou  (ï),  Çolvin  se  rendit,  le  3o  juin  16 19,  â  Sedan, 
dans  l'espoir  .d'y  occuper  une  chaire.  Ses  désirs  furent  ac- 
complis ,  car  dès  son  arrivée  on  le  nomma  professeur  de 
physique  <Bt  d^hebreU-  (Begistres  des  Modérateurs^) 

Huit  ans  après,'  c'est-à-dire  le  3i  mai  1627,  il  ajouta» 
c(BS  emploi^  la  ch^^ire  de  phikusophie  ^  on  le  chargea  mêtae, 
le  I  *''  décembre  suivant,  d'enseigner  la  théologie  *,  et  camnie 
le  conseil  acadépiique  lui  avait  accordé  une  pension  ^e 

■ 

(1)  Ce  prince  avait  à  sa  «olde  uae  compagnie  écossabe.  On  rok  encore' 
Sedan  la  Corne,  des  Ecossais,  construite  en  1617,  et  ainsi  nommée,?*'^ 
^ii'en  i6â3  on  y  bâtit  un  corps  de  garde  pour  cette  compagnie.  (P.  Norberf» 
Bisim  de  iS^fon^  ann.  1617.) 


COL  ^ni 

3oo  livres  dès  le    19  oct.    (6^4  9  ^  çQndiûou  qu'il  raque- 
rait à.  l'étude  de  la  théola^^ie,  et  qu'au  bout  de  trois  ans 
il    se  ferait  recevoir  professeur  dans  les  formes  ordinaires  ^ 
il  prit  le  grade  de  docteur  en  cette  faculté  9  le  6  nov.  lôaS. 
(J^ég-  des  Modér.y  Ce  fut  à  cette  occasion  que  le  célèbre  Pierre 
du  lyioulin  prononça  un  discours  intitulé  :  De  laudibus  theo^ 
logiœ*  (Sedan,  1639,  ^'^^M»  P*  ^^9-) 

LâCS  ecclésiastiques  d'Ecosse  n'avaient  en  ce  siècle  qu'une 

mstruction  superficielle.  Btimet,  évéque  de  SaUsbury,  en 

donne  une  idée  peu  avantageuse,  et  comme  il  était  écos- 

.  sais  9  son  témoignage  est  d'un  grand  poids,   a  Toute  leur 

y*  science,  dit-il,  ramassée  ensemble,  se  réduisait  à  deux 

y»  ou  trois  mots  d'hébreu ,  très-peu  de  grec ,  quelques  lam- 

»  beaux  de  controVeis^  contré  les  Papistes  et  surtout  con^tre 

».  les  Arminiens.  Ceé  messieurs  n'allaient  pas  plus  loioé... 

»  l'espèce  de  savoir  qu'ils  recommandaient  à  leurs  jeunes 

)>  étudians ,  se  terminait  à  quelques  systèmes  de  théologie  al<- 

»  lemande*,  quelques  commentaires  sur  l'Ecriture  *,  quelques 

»  livres  de  controverse  et  de  piété.  Ils  étaient  si  exacts  dans 

))  les  universités  et  \ts  écoles  à  leur  faire  répéter  le  tour 

»  de  ce  petit  eq>ace,  que  s'ik  n'avaient  point  de  gens  fort 

»  savans ,  ils  n'en  avaient  point  non  plus  de  fort  ignorans 

»  parmi  eux.  »  (^Hist.   des  dernières  révolutions  d'^ngte-- 

terre ^  1. 1,  p.  33.) 

Les  conjonctures  du  temps  exigeaient  donc  que  la  patrie 
de  notre  savant  écossais  mit  à  profit  ses  lumières.  L'aca^ 
demie  de  Saint- André  le  sentit,  et  l'attira  dans  son  sein 
pour  y  occuper  une  chaire  de  théologie ,  postérieurement  à 
l'année  i656,  époque  où  il  professait  encore  à  Sedan. 

Jacques  de  Vaux  l'a  signalé  comme  un  philosophe  plein 
de  pénétration ,  un  logicien  très-subtil ,  un  maître  métho- 
dique et  solide,  dont  l'expression  était  tout  à  lâ^^fbis  nette, 
brillante  et  juste  :  Acatissimus  philosophusj  subtilissimus  dis- 
putator^  methodicus  prœceptorj  solidissimus  professer»  Tersq,^ 


^ 


aya  COL 

mtida  etsi  philosophica  ejusoratio.  Il  est  probable  qu'il  finit 
ses  jours  dans  sa  patrie,  sans  cfu*on  sache  à  cpielle  époque. 
On  a  de  lui  : 

I.  Thèses  de  naturâ  logicœ  (juas  j  sub  prœsidio  Alex.  Col- 
sfifd  iheologiœ  et  linguœ  sanctœ  in  acàdemid  Sedanensi  pro- 
fessorisj  tuen  conabiturj  n^  juUi  1629^  Manuel  ^  Bernât- 
Helvetius.  Sedan ^  JeanJanon^  1629,  in -8®,  p.  3o.  (BB. 
Maz.,  c.  27675.) 

C'est  sûrement  de  cette  thèse  et  de  quelques  autres  du 
même  genre  qu'entend  parler  J.  de  Vaux,  quand  il  dit 
que  Colvin  a  mis  au  jour  plusieurs  thèses  de  phîlosopliie  : 
plurimas  edidit  thèses  phïlosophicas  eximiœ  doctrinœ  (  i  ).  Nous 
pensons  bien  que  quelques-uns  de  ces  actes  académi^ 
tiennent  à  l'ancienne  philosophie  de  l'école,  et  qu'ils  paraî- 
traient ridicules  aujourd'hui -,  mais  ils  le  sont  moins  queces 
thèses  sm*  l'amour,  que  le  cardinal  de  Richelieu  fit  soutenir 
dans  son  palais,  avec  l'appai'eil  et  la  forme  des  thèses (i^ 
Sorbonne. 

II.  Thesis  de  naturâ  Chrisii  divinâ  et  humand^  habita  6rm- 
anno  1628-,  it.,  (juinque  Prœlectiones  theohgicœy  inJac.  ïv, 
vers.  5  et  6,  anno  i656j  habitas  :  insérées  dans  le  t.  H,  p- 
817  et  848  du  Thésaurus  theologiœ  Sedanensis^  publié  en 
1661 ,  par  J.  de  Vaux. 

Nous  mettons  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  le  tableau  des 
professeurs  qui,  comme  Colvin,  ont  illustré  l'académie  cal- 
viniste de  Sedan ,  et  qui  se  sont  d'ailleurs  signalés  par  ai- 
vers  ouvrages. 

Noms  et  Prénoms.  Lieux  de  naissance' 

Bayjle  (Pierre) Le  Cariât. 

Berchet  (Toussaint).  . Langres. 

Beroalde  (Matthieu).  .......     Saint-Denis  lès-Par» 

(1)  EpUt.  dedicator,    du  Thésaurus,  pag.   vi  et  xiu  ;  it„  pag.  »  "* 
ourrage. 


a»- 


COL  ayj 

Noms  et  Prénoms.  Lieux  de  naissance. 

nBi-ANc(i)  (Louis  le).  .......  Le  Plessis-Marli. 

Brazt  (Jean). Badonvillers. 

BuRCARD  (Jean -Jacques).  Bâle. 

GALL.IAS  (Augustin) Epemay. 

Cam£ron  (Jean) Glascow. 

'*'Cappel  (Louis) Paris. 

*Cappel  (Jacques) Rennes. 

*I>oNALDsoN  (Gaultier) Aberdeen. 

Durand  (Abraham) Sedan. 

Herauld  (Didier) Sedan.    . 

Hérauld  (Louis) Sedan. 

HuTTEN  (Albert  van) Dordrecht. 

JoNsTON  (Artur) Ecossais. 

*JuRiEU  (Pierre) Mer. 

Launoy  (Matthieu  de) La  Ferté-Alais. 

Marest  (Samuel  des) ,   .   .  Oisemont. 

Marest  (Henri  des) Sedan. 

Melvin  (André).   ., Ecossais.' 

Moulin  (Pierre  du). Buhy,  près  de  Magny. 

Neran  (Samuel) Dordrecht. 

Pace  ou  Pacio  (Jules) Vicence. 

PiTHOYS  (Claude) Sedan. 

^Rambour  (Abraham) Sedan. 

RoNDEL  (Jacques  du) Sedan. 

TiLENus  (2)  (Daniel).  .   ; Goldeberg. 

Tremellius  (Emmanuel). Ferrare. 

Trouillart  (Pierre) Sedan. 

Vass^ur  (Josué  le).  .  .  • Sedan. 


Nous  compléterons  cette  liste  en  y  joignant  les  noms 

(i)  Tous  ceux  dont  les  noms^soat  signalés  par  une  étoile,  exerçaient  tout  à 
la  fois  les  fonctions  de  ministre  et  de  professeur. 

(a)  Les  Biographes  ne  l'ont  connu  que  depuis  que  je  lui  ai  consacré  une  N<h 
(teede  3i  pages,  dans  le  3fa^a«m  encyclopédique,  n<^ d'octobre  1806.  LuBiog. 
unîv.  Ta  analysée  sans  me  citer.  Les  continuateurs  du  Dict,  Hist,  de  Feller 
m'en  ont  laissé  tout  l'honneur. 

TOMEsI.  18 


274  GON 

des  Pasteurs  calvinistes  qui  figurent  dans  les    fastes  litté- 

raires  de  Sedan. 

Noms  et  Prénoms,  Lieztx  de  naissance. 

Alpée  DE  S.  Maurice  (Jacques) Saint-]\fards,  près  de 

.    Troyes. 

C APPEL  le  jeune  (Louis) Sedan. 

Gheron  (Gédéon) Houdan. 

Gantois  (Jacques) Sedan,in.in.àGivonDe. 

Loque  (Bertrand  de). Dauphinois. 

Maire  dit  Limbourg  (Léonard  le).  .  .   .     Sedan  ,   ministre-pro^ 

posant. 

MicQUEAU  (Jean  Louis) Reims. 

Moulin  (Pierre  j)u) Paris,  fils  du  célhhe 

Pierre  du  Moulin. 

CONTAMINE  {Gérard  DE),  l'un  des  hommes  dont  sa 
ville  natale  s'honore  le  plus  ,  était  né  à  Givet  ïe  lo  février 
1 720.  Après  de  brillantes  études ,  il  fut  revêtm ,  en  1 745,  de 
la  charge  de  prévôt ,  juge  royal  civil  et  criminel  de  cette  par- 
tie de  la  province;  du  Hainaut.  L'âge  mûr  de  trente  ans  était 
requis  pour  arriver  à  ce  poste  honorable  -,  mais  on  fit  fl^ 
chir  la  coutume  en  faveur  de  son  mérite.  La  manière  dis- 
tinguée dont  il  s'acquittait  de  ses  fonctions  depuis  vingt- 
sept  ans,  avait  fixé  l'attention  publique,  lorsque  Louis  XVJ, 
ce  roi  débonnaire ,  confiant  dans  son  intégrité j  zèle  etjtde- 
lité{\)j  le  nomma,  le  20  octobre  1774?  son  comvaissaiTe 
pour  le  représenter  dans  l'exécution  du  traité  des  frontières, 

du  24  ™^^  ^77^  ^^  ^^9  ^^^'  *77^5  conclu  avec  le  prince- 
évéqué  de  Liège,  concernant  les  limites  des  deux  états  res- 
pectifs. «Dans  ces  opérations,  G.  de  Contamine  s'est  com- 
»  porté  avec  le  zèle,  Tintelligence ,  le  désitttéressemeflt  cl 

(1)  Termes  consignés  dans  la  commission  du  roi,  donnée  à  Fontainebleau 

lC20  OCt.  1774* 


CON  ayS 

»  la  â-ignité  convenable  à  un  officier  honoré  de  la  confiance 
»  de  son  maître,  montrant  partout  le  magistrat  juste  et 
»  profond  ))(i)«  Citons  un  trait.  Il  refusa  la  seigneurie  de 
plusieurs  terres  neutres,  qui  n'avaient  point  de  seigneur, 
quand. ,  par  sa  médiation ,  elles  demandèrent  à  être  incoi>- 
porées  à  la  France.  Ce  rare  désintéressement  accrut  la  cou- 
ronne de  domaines  considérables ,  qui  avaient  été  offerts  au 
commissaire  français. 

Après  avoir  illustré  son  lieu  natal ,  de  Contamine  y  ter- 
mina une  carrière  honorée. par  ses  travaux  et  ses  vertus,  le 
lo  mai  1779?  sans  qu'un  demi -siècle  et  une  grande  révo- 
lution ayent  altéré  son  souvenir. 

Taboureau-des-Réaux ,  dit  V honnête  hommes  intendant 
du  Hainaut ,  puis  contrôleur  général  des  finances ,  son  ami 
intime ,  a  décerné  à  sa  mémoire  une  épitaphe. ,  qui  devait 
être  gravée  sm*  un  mausolée  de  marbre  qu'on  projetait  de 
lui  élever.  Mais  l'exécution  de  ce  monument ,  tracé  sur  un 
plan  trop  vaste,  eût  été  très-dispendieux  :  la  famille  fut 
forcée  d'y  renoncer.  L'inscription  destinée  à  lui  donner  vie, 
doit  trouver  place  ici  : 

A  LA  MÉMOIRE 

DE  MESSIRE  GÉRARD  DE  CONTAMINE,  ÉCUYER, 


PRÉvÔT-jrUGE-ROYAL 


En  la  préi'oté  et  justice  royale,  cwile  et  criminelle ,  de  Charhmont, 
Giçety  comté  d*Agimont  et  dépendances ,  prot^ince  d<e  Hainault; 
promu  à  cette  magistrature  âgé  seulement  de  vingt^sept  ans, 

(i)  C'est  le  témoignage  qui  lui  fut  rendu  par  la  Déclataiion  des  ci-devant  corn- 
missaires  du  prince  souverain  évique  de  Liège,  dèpuiés  pour  l'exécution  du  traité 
des  frontières  du  i^mai  17749  wtre  sa  majesté  très<hrétienne  et  aadite  aàesse, 
{ Liège,  Plomteuz,  1784)  Déclaration  envoyée  à  Rome  au  cardinal  de  Bernis, 
chargé  par  la  cour  de  France  auprès  du  pape ,  et  de  Tagrément  du  prince- 
évêque ,  de  solliciter  la  nomination  à  une  prébende  de  chanoine-tréfoncier  au 
chapitre  noble  de  la  cathédrale  de  Liège ,  en  faveur  de  Gédéon  de  Contamine, 
Von  des  fils  du  commisMire  de  sa  majesté. 

18. 


a^e  coN 

par  sa  majesté  Louis  XF",  le  3o  «m/  174?/  nommé  par  sa 
majesté  très -chrétienne  Louis  XVI,  roi  de  France  et  de  Na^ 
i^arre,  glorieusement  régnant,  son  commissaire,  à  V effet  deprth 
céder  en  son  nom,  et  comme  si  ellejr  était  présente  en  personM,  h 
r exécution  des  traités  de  frontières  entre  la  France,  l'empin 
d*  Allemagne,  V  Autriche^  et  la  principauté  souveraine  de  Liège, 
le  20  octobre  1774* 

Magistrat  profond ,  juge  intègre , 
Mandataire  habile  autant  que  fidèle  ^ 
Il  entraîna  l'estime  générale  ; 
Bon  citoyen ,  bon  époux ,  bon  père ,  bon  ami  , 
Tous  les  regrets  le  suivirent  à  la  tombe. 
//  fut  éminemment  l'homme  de  bien  ! 
Issu  d'antique  origine ,  il  pouvait  s'en  prévaloir,  pour 
Suppléer  à  la  médiocrité  de  sa  fortune  ; 
//  vécut  modeste , 
Mais  environné  de  la  considération  publique  honneur  du 
Magistrat ,  digne  prix  de  ses  travaux  et  de  ses  sacrifices , 
Gage  de  la  confiance  générale  dans  son  impartialité  : 

//  mourut  pauvr^  ! 

Rien  n'a  manqué  à  sa  gloire  ;  celle  du  juge  est  dans  sa  pauvreté  ! 

toutefois  il  laisse  à  sa  nombreuse  famille  le 

Plus  précieux  des  héritages  ,  l'exemple  des  rares  vertus  qui 

Remplirent  son  honorable  ,  mais  trop  courte  carrière. 

Né  le  10  février  1720  ; 

Décédé  le  10  mai  1779, 

Il  est  inhumé  dans  le  cimetière  du  cloître  des  RR.  PP.  Récollets. 

R.  I.  P. 

Gérard  de  Oontamine  laissa  cinq  fils.  L'aîné,  destiné  à 
lui  succéder,  désireux  de  marcher  sur  ses  traces,  et  dek 
remplacer  dignement,  succomba  à  un  excès  de  travail  en 
1780,  âgé  de  vingt  ans.  Les  quatre  autres  suivirent  la  car- 
rière des  armes.  Le  vicomte  Théodore,  maréchal  de  camp» 
est  le  seill  en  activité.  Auguste,  Gérard  et  Gédéon,  se  sont 
retirés,  les  deux  premiers  colonels,  «t  l'autre  maréchal  de 
camp.  Tous  sont  chevaliers  de  Saint-Louis,  officiers  delà 
Légion-d'Honneur,  distingués  par  d'honorables  services,  et 
'  sous  le$  rapports  militaires ,  ils  concourent  à  la  gloire  da 


CON  a/7 

département  des  Ardennes.  Le  nom  du  dernier,  qai  figure 
dans  les  Annales  de  V Industrie  française ^  est  inscrit  dans 
notre  biographie  des  contemporains. 

La  famille' de  Contamine  est  de  toute  ancienneté  dans  les 
états  du  roi  de  Sardaigne  (i)*,  elle  y  possédait ,  de  temps  im- 
mémorial, le  fief  de  Contamine,  situé  dans  le  mandement 
du  château  de  Faucigny,  province  de  ce  nom^  près  de  la 
rivière  d'Arve,  à  quelques  lieues  de  Genève.  Il  ne  lui  en 
reste  plus  que  le  nom. 

CONTE  {Antoine  LE),  baron  de  l'Echelle,  canton  de 
Rumigny,  et  gouverneur  des  souverainetés  de  Sedan  et  Rau- 
couft ,  sous  le  prince  Henri  de  la  Tour,  fit  éclater  son  zèle 
pour  la  communion  réformée,  par  quelques  Lettres  insérées 
dans  le  recueil  suivant  : 

Lettres  du, P.  Jean  Gontery^  jésuite ^  à  M*  le  Conte jgou- 
vemeur  de  Sedan j  Uifec  les  Réponses.  Sedan,  Jean  Jannon, 
161 3,  in-i2. 

Ce  sont  des  Lettres  de  controverse  sur  l'autorité  des  con- 
ciles et  des  papes,  et  le  pouvoir  de  ceux-ci  sur  le  temporel 
des  rois  *,  sur  le  culte  de  la  croix  (2)  et  des  .images  -,  sur  l'eu- 
charistie, le  célibat  des  prêtres  et  les  indulgences.  Il  y  en  a 
cinq  du  P.  Gontery,  et  autant  de  le  Conte.  Celles  du  jésuite 
sont  datées  de  Charleville  *,  les  unes  et  les  autres  sont  des 
mois  de  septembre  et  ootobre  161 3. 

Nicolas  Gaultier,  Ancien  et  surveillant  au  Consistoire  de 
Sedan,  a  fait  mention  des  Lettres  de  le  Conte  à  la  p.  9  de 
sa  Découverte  des  fraudes  sedanoises  ^  et  dans  son  Anti-^Mi- 
nistrCj  p.  6.  Henninius  a  cité  le  Conte  à  la  p.  14^  de  ses 

(1)  Son  ongine  remonie  à  1 190.  (Archiva  tU  ta  Cour  d§i  Cknnptesde  Turin*) 

(a)  Claude >  évêque  de  Turin,  confondant  Tadoration  avec  la  -vénération , 

disait  :  Si  adoratur  crux,  adorent ur  puellœt  yirgines ,  eo  quàd  virgo  pepèrerit 

Chrittum.  Jonas ,  évêque  d'Orléans,  mort  en  S4i ,  l'a  réfuté  dans  son  livre  De 

eultu  imaginum,  (Anvers^  Plantin,  i565,  in- 16.)  " 


27»  '  CON 

Effigies  etviiœ  professorum  Groningœ  et  Olmandiœ*   (i654t 

in-fbl.) 

CONTE  {Michel  LE),  prieur  des  Jéionimites  de  Fumaj 
et  de  Gharlerille,  et  vicaire  général  de  cet  ordre  en-de-çi 
des  monts,  se  signala  pendant  trente-hnit  ans  dans  les  Ar- 
dennes  comme  auteur  et  prédicateur.  Ses  compatriotes  anX 
négligé  de  transmettre  son  nom  à  la  postérité.  La  Biogra- 
phie Ta  oublié.  Réparons  <:îette  omission. 

Il  était  d'Avranches  en  G)ndroz,  près  de  la  ville  de  Huj, 
et  il  y  naquit  d'une  famille  estimable  vers  i582.  An  sortir 
de  ses  classes ,  il  embrassa  Tétat  clérical,  et  reçnt  la  prêtrise 
à  Liège.  Maîtrisé  par  l'ambition  de  parvenir,  si  naturelle  à 
son  âge,  et  sentant  que  la  science  de  Técole  ne  lui  suffisait 
pas  pour  paraître  avec  avantage  dans  l'église  et  y  exercer 
une  influence  utile,  il  résolut  de.  cultiver  ses  talens  par 
une  étude  assidue  :  et  afin  de  n'être  ni  troublé  ni  distrait 
dans  ce  dessein,  il  prit  tout  à  coup  le  parti  d'aller  s'ense- 
velir \  Liège  dans  une  solitude  profonde.  Il  ne  se  doutait 
guère  alors  qu'il  était  destiné  à  pratiquer  un  jour  les  vertus 
paisibles  du  cloître. 

-  Une  application  soutenue  et  dirigée  par  une  sage  mé- 
thode, un  esprit  vif  et  pénétrant,  hâtèrent  ses  progrès.  La 
théologie  positive,  science  si  négligée  aujourd'hui,  fixa  d'a- 
bord son  attention.  Il  cultiva  ensuite  l'histoire  ecclésias- 
tiijue ,  que  Ton  a  toujours  regardée  comme  un  des  yeux  de 
la  théologie.  La  lecture  des  ouvrages  de  saint  Jérôme ,  le 
plus  savant  des  Pères  de  l'Eglise  latine,  décida  de  son  sort. 
Ses  épitres ,  où  le  monde  et  ses  attraits  sont  peints  avec  des 
couleurs  rembrunies ,  le  subjuguèrent.  Soudain  il  se  revêtit 
de  l'habit  d'ermite  de  saint  Jérôme,  et  réscdut  d'imiter  ce 
saint  docteur,  qui,  dans  les  laures  de  Ja  Palestine,  et  des 
bords  du  ]^hin  près  de  Trêves ,  alliait  les  pratiques  de  la  vie 
monastique  avec  la  culture  des  lettres. 


CON  279 

Son  amour  pour  le  travail  ne  prenait  jamais  rien  sur  ses 
devoirs  religieux.  Gomme  le  propre  de  l'étude,  de  celle 
même  qui  a  la  religion  pour  objet ,  est  de  dessécher  le  cœur 
et  d'^éteindre  la  piété ,  il  nourrissait  son  ame  et  ranimait  sa 
ferveur  par  les  exercices  de  la  prière  et  de  la  méditation.  Les 
belles  lettres  avaient  aussi  quelques  portions  de  son  loisir.  II 
sentait  l'utilité  que  la  religion  peut  en  retirer,  et  les  regar- 
dait comme  les  feuilles  qui  servent  aux  fruits  d'ornement 
et  de  défense.  Cicéron  et  Plante  étaient  les  auteurs  favoris 
de  saint  Jérôme  :  ils  devinrent  les  siens. 

Quelque  soin  qu'il  prit  d'ailleurs  de  se  déro!()er  aux  re- 
gards publics ,  ses  talens  soutenus  des  plus  rares  vertus  le 
trahirent.  Jaloux  de  les  utiliser,  les  Ldégeob  le  prièrent 
avec  instance  de  se  charger  de  l'éducation  de  leurs  enfans , 
et  malgré  son  penchant  pour  la  vie  solitaire ,  il  céda  à  leurs 
vœux ,  et  ouvrit  un  pensionnat.  Les  élèves  qui  y  aflluèrent, 
et  son  zèle  actif,  épuisèrent  ses  forces  au  bout  de  quelques 
mois  -,  mais  la  providence  ne  permit  pas  qu'il  succombât 
sous  le  faix.  Basile  du  Mont,  prêtre  vertueux  et  bon  huma- 
niste, touché  de  son  noble  dévouement  et  de  sa  position 
pénible ,  vint  se  ranger  sous  sa  conduite  et  partager  ses  tra- 
vaux.   Un  laïc  pieux,  Antoine  Renson,  se  réunit  à  eux, 
en  qualité  de  frère  convers.  L'un  et  l'autre  prirent  l'habit 
d'ermite  de  l'ordre  de  Saint- Jérôme ,  ne  pouvant,  comme 
ils  l'auraient  désiré ,  embrasser  cet  institut ,  qui  li'avait  alors 
aucun  monastère  en-de-çà  des  Alpes  (i). 

Ce  secours  inattendu  consolida  l'établissement  du  P.  le 
Conte.  Lé  premier  soin  de  nos  ermites  fut  de  porter  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions  le  zèle  et  l'exactitude  néces- 
saires au  succès  des  institutions  naissantes.  La  leur  pros-^ 

(1)  En  i58a  Henri  III  donna  le  prieuré  de  Grandmont,  situé  dans  la  forêt 
de  Vincennes,  à  des  Jèzonimites.  polonais.  Mais  il'ne  tarda  pas  à  leur  substi- 
tuer des  Gordeliers  ^  quifurent  remplacés  par  des  Minimes ,  en  i585.  (Lebeuf , 
Hist,  dudioc,  de  Paris  ^  t.  I  »  p.  57.) 


28o  CON 

t 

përa  de  telle  sorte,  qu'il  fallut  bientôt  penser  à  s'agranâir. 
Une  maison  spacieuse^  située  près  de  la  paroisse  de  Saint- 
Christophe ,  dans  un  des  faubourgs  de  Liège,  parut  leur 
convenir.  On  en  fit  l'acquisition  en  1608. 

De  si  heureux  conimencemens  ne  furent  pas  dëmentis  par 
la  suite.  Les  progrès  de  la  jeunesse  confiée  à  leurs  soms  ,  ne 
furent  jamais  au-dessous  de  Tattente  du  public.  Les  fan&illes 
les  plus  distinguées  du  pays  envoyèrent  leurs  enfans  à  Véccie 
de  ces  maîtres  pieux  et  éclairés  -,  et  elles  n'eurent  qu'à  s'*ap- 
plaudir  de  l'éducation  religieuse  et  classique  qu'ils  y  re- 
çurent. 

Nos  pères  jéronimites ,  c'est  ainsi  que  nous  les  nomme- 
rons désormais  y  .jouissaient  au  plus  haut  degré  de  l'estime 
publique ,  quand  deux  notables  de  Fumay  vinrent  offinr  au 
P.  le  Conte  un  établissement  dans  leur  ville.  C'était  en  1 6 1  o. 
Désireux  de  quitter  une  cité  bruyante  y  afin  de  suivre  scm  at- 
trait pour  la  solitude,  notre  bon  ermite  sourit  à  cette  offre 
inattendue.  Il  se  rendit  à  Fumay ,  où  il  fut  reçu  comme  un 
ange  envoyé  du  ciel.  Ayant  paru  désirer  un  terrain'  pour  y 
bâtir  un  ermitage ,  on  lui  laissa  la  liberté  de  le  choisir,  ce 
qui  liH  fit  mettre  dans  ce  choix  beaucoup  de  maturité  et  de 
réserve. 

Une  chapelle  rustique ,  nommée  Dwers^Montj  contigue  à 
une  chaumière  contenant  quelques  cellules ,  située  sur  une 
montagne,  à  un  quart  de  lieue  de  la  ville,  frappa  sa  vue- 
Cette  montagne,  d'un  accès  difficile ,  hérissée  de  cailloux,  à 
peine  couverts  d'une  couche  de  terre  végétale,  semée  de 
bruyères,  et  offrant  des  bouquets  d'arbres  croissant  çà  et  là 
à  la  base  et  dans  les  fentes  de  rochers  escarpés  ^  ne  présentait 
qu'une  solitude  afireuse ,  plus  convenable  à  des  animaux  fe- 
rouches  qu'à  des  hommes  civilisés.  A  cet  aspect  roman- 
tique, le  P.  le  Conte  éprouva  une  douce;  mélancolie.  Prosterné 
dans  l'oratoire ,  il  se  mit  en  prières  pour  connaitre  la  volonté 
du  ciel  :  transporté  au-dessus  des  choses  terrestres ,  saisi  de 


CON   .  281 

l'^esprit  de  Dieu,  il  tomba  dans  un  ëtrange  assoupissement; 
mais  s'^ëyeillant  tout  à  coup ,  et  se  sentant  comme  ravi  hors 
de  lui-même,  il  s'écria  dans  un  yif  transport  d'amour  :  Ici, 
c'*est  le  lieu  de  mon  repos ,  kœc  es  requies^mea... 

La.  ville  de  Fumay  ayant  approuvé  ce  choix ,  le  P.  le  Conte 
repartît  pour  Liège ,  qu'il  quitta  subitement  au  bout  de 
quatre  mois,  afin  de  se  dérober  aux  poursuites  de  Famitié. 
Sou  départ  causa  une  vive  douleur  aux  Liégeois.  Revenu  à 
Fumay  en  juillet  1610,  il  y  partagea  avec  ses  deux  compa- 
gnous  tous  les  honneurs  d'une  brillante  réception.  Au  mois 
de  jauviçr  suivant,  on  leur  assura  et  à  leurs  successeurs  la 
posses^on  de  la  chapelle  et  dépendances  de  Divers-Mont. 
Cette  chapelle ,  jadis  occupée  par  un  ermite ,  d'abord  desser- 
vie par  des  chanoines  de  Molhain ,  l'était  alors  par  le  doyen 
de  Fumay,  qui  y  acquittait  une  messe  fondée  pour  chaque 
semaine.  Sa  vétusté  faisait  craindre  une  chute  prochaipe.  Le 
P.  le  Conte  l'agrandit  et  la  répara,  et  il  y  joignit  des  lieux 
réguliers.  Ces  travaux  furent  terminés  en  i6i4  9  ^  l'aide  des 
libéralités  du  comte  Alexandre  d'Aremberg,  prince  de  Chi- 
may,  de  Madelaine  d'Egmont  son  épouse,  des  comtes  de  Ha- 
xnal  et  de  Mérode,  etc.  Lothaire,  archevêque  de  Trêves, 
haut  seigneur  justicier  de  Fumay,  Revin,  Fépin ,  etc.,  en  sa 
qualité  d'abbé  de  Prum,  confirma  cette  donation  par  une 
charte  du  10  septembre  1616. 

Le  P.  le  Conte  regarda  dès  lors  l'Ardenne  comme  sa  terre 

natale,  celle  où  la  Providence  voulait  qu'il  se  fixât  pour 

toujours.  L'ermitage  de.Divers-Mont,  plus  ancien,  dit-on, 

que  la  ville  de  Fumay,  devint  ainsi  le  berceau  des  religieux 

jéronimites  en  France.  Us  y  vécurent  sous  la  règle  de  saint 

Augustin  et  la  jurisdiction  de  l'ordinaire,  jusqu'en  ïôSy, 

,  qu'ils  furent  unis  à  une  congrégation  célèbre ,  fondée  en 

i38o,  à  Mont- Bel,  ou  Monte -Bello,  qui  est  une  agréable 

solitude  de  l'Ombrîe. 

Il  y  avait  dans  l'oratoire  de  cet  ermitage  une  confrérie 


très-ancienne,  érigée  en  Thonneur  de  la  Sainte-Vierge; 
mais  elle  était  déchue- depuis  long-temps  de  son  ancienne 
ferveur.  Jaloux  dé  la  ranimer,  le  P.  le  Ciontè  obtînt,  le 
i4  juin  i6i4)  de  Ferdinand  de  Bavière,  prince- évêqpie 
de  Liège ,  des  Indulgences  pour  ceux  qui  s^  agrégeraient, 
^association  devint  nombreuse ,  et  le  concours  des  pèlerins  ] 
attirés  à  Divers-Mont  contribua  à  la  prospérité  ^e  la  ville 
de  Fumay. 

De  nouveaux  disciples  vinrent ,  par  trait  de  temps ,  peu- 
pler cette  solitude,  et  s'y  vouer  aux  pratiques  de  la  vie 
érémitique.  De  ce  nombre  furent  deux  prêtres  de  Fumay, 
Simon  Pittre  ,  poète  latin ,  et  Jérôme  Thiry ,  depuis  prieur 
du  Mont-Calvaire,  près  de  Charleville. 

Le  monastère  de  Divers-Mont  acquit  de  la  célébrité  sous 
les  auspices  du  P*  le  Conte.  Lés  mœurs  et  les  lettres  y  fleu- 
rirent à  Fombre  du  sanctuaire ,  et  ses  nouveaux  hôtes ,  en- 
tièrement dévoués  à  rinstruction  de  la  jeunesse  et  aux  tra- 
vaux du  saint  ministère ,  fixèrent  Tattention  du  public,  qui 
mesure  d'avance  le  succès  d'un  établissement  sur  le  degré 
d'utilité  qu'il  présente. 

Le  zèle  du  P.  le  Conte  pour  la  foi  et  le  salut  des  âmes 
était  infatigable.  La  gloire  qu'il  s'acquit  dans  la  carrière  de 
la  chaire  ne  se  borna  pas  à  l' Ardenne  -,  elle  porta  son  nom 
à  la  cour  de  Bruxelles.  Il  y  prêcha  deux  carêmes  avec  un 
succès  digne  de  ses  talens  et  de  sa  renommée.  L'infante  Isa- 
belle d'Espagne,  gouvernante  des  Pays-Bas,  l'honora  de 
l'estime  la  plus  profonde.  Elle  dota  son  monastère  de  cin- 
quante-deux cartels  de  froment  sur  le  moulin  de  Dailly  (i), 
et  le  combla  de  présens  magnifiques ,  parmi  lesquels  on  dis- 
tinguait une  couronne  d'or,  enrichie  de  pierres  précieuses  : 
ce  qui  servit  à  embellir  la  chapelle  et  à  meubler  le  couvent 

(i)  Village  de  la  principauté  de  Liège,  près  de  GouTÎn,  faisant  partie  du 
département  des  Ardennes ,  avant  le  traité  de  181 5,  qui  le  réunit  au  royaume 
des  Pays-Bas.  .  1      .  ,  . 


CON  28Î 

de  Divers-Mont,  et  à  constituer  quelques  rentes  au  profit 
de  ce  monastère. 

Appelé  à  la  cour  de  Charles  I*'  de  Gonzague,  duc  de  Ne-' 
vers  et  de  Rethel^  et  souTcrain  de  Charleville(i),  notre  er- 
mite y  reçut  un  accueil  distingué.  Ce  prince ,  Tun  des  plus 
grands  hommes  de  son  siècle,  le  retint  pendant  quelques 
jours  9  et  conversa  long-temps  avec  lui.  Il  fut  si  touché  de 
son  mérite ,  qu'il  résolut  de  se  l'attacher,  et  de  lui  confier  la 
direction  de  sa  conscience.  Le  P.  le  Gonte,  qui  préférait  les 
douceurs  de  la  solitude  à'  Téclat  des  grandeurs,  fit  valoir  les 
raisons  que  lui  suggéra  sa  modestie ,  pour  se  dispenser  d'ac- 
cepter ces  offres  avantageuses.  Mais  le  prince  vint  à  bout  de 
son  dessein,  en  s'oblîgeant  à  bâtir  un  monastère  dans  le 
voisinage  de  CharleviUe ,  et  à  le  doter  suffisamment  pour 
Tentretien  de  plusieurs  ermites  de  Tordre  dé  Saint- Jérôme. 
G^était  en  1627.  Le  P.  le  Conte  en  prit  possession  avec  quatre 
de  ses  confrères,  en  162g. 

Ce  nouvel  ermitage,  bâti  sur  un  rocher  escarpé ,  baigné 
par  la  Meuse,  fut  nommé  le  Mont-Cals^aire ^  parce  qu'il  était 
à  la  même  distance  de  CharleviUe  que  le  Calvaire  Test  de 
Jérusalem.  Le  duc  de  Kethel ,  qui  avait  admis  le  P.  le  Conte 
dans  sa  plus  intime  familiarité ,  aurait  désiré  qu'il  ne  quit- 
tât point  son  palais  -,  mais  après  avoir  rempli  ses  devoirs  à  la 
cour  du  prince,  l'humble  religieux  rentrait  dans  son  cloître 
pour  y  vaquer  aux  pratiques  de  sa  règle  et  à  Fétude.  Il  par- 
courait ensuite  les  villes  et  les  campagnes ,  travaillant  avec 
zèle  à  affermir  les  Catholiques  dans  la  croyance  de  l'Eglise , 
et  à  y  ramener  ceux  que  les'  Calvinistes  de  Sedan  avaient 
séduits. 

^iwelques  personnes  trouvant  dans  sa  conduite  la  condam- 
nation de  la  leur,  cherchèrent  à  traverser  ses  pieux  desseins. 

(1)  La  maison  de  Gonzague  a  exercé  tous,  les  droits  de  souveraineté  à  Char- 
leviUe, jusqu'au  décès  de  Ferdinand  Charles,  1V«  du  nom,  mort  le  5  juillet 
1708. 


284  CON 

Elles  prétendirent  qu'un  sufK^rieur  d'une  communauté  d'er- 
mites ,  non  approuvée  par  le  Saint^iége,  devait  vaquer  uni- 
quement à  la  vie  contemplative  y  sans  s'immiscer  dans  les 
fonctions  du  saint  ministère ,  etc.  etc.;  enfin ,  l'envie,  qui  ne 
pardonne  qu  a  la  médiocrité,  souflla  son  poison ,  et  ce  qui  de- 
vait mériter  des  éloges  au  bon  ermite ,  devint  roccasion  des 
satires  et  des  humiliations  \  mais  il  en  triompha  par  les  vertus 
qui  étaient  les  principes  de  son  zèle. 

Pour  tarir  la  source  de  ces  tracasseries,  Charles  de  Gon- 
zague ,  de  concert  avec  le  P.  le  Conte ,  fit  agréger  les  monas- 
tères du  Mont -Calvaire  et  de  Divers -Mont  à  la  congréga- 
tion des  Jéronimites  du  bienheureux  Pierre  de  Pise.  Rome 
prononça  cette  union  le  27  novembre  1637,  et  le  chapitre 
général  de  cet  ordre  y  mit  le  sceau  le  26  avril  suivant.  Ce 
fut  la  dernière  marque  de  bienveillance  que  le  duc  de  Re- 
thel  donna  à  nos  Jéronimites  ardennais,  la  mort  l'ayant 
enlevé  le  27  septembre  1637,  àTâge  de  cinquante-sept  ans. 

Le  P.  Antoine  Balducci,  chargé  de  pleins  pouvoirs  du 
P.  Horace  Drago,  général  de  la  Congrégation,  vint  leur 
donner  Thabit  dans  le  mois  de  juin  i638.  Les  ayant  ensuite 
accoutumés  aux  pratiques  de  la  règle  qu  ils  devaient  embras- 
ser ,  il  reçut  leurs  vœux  solennels  après  six  mois  dMpreuve , 
le  Saint-Siège  ayant  dispensé  du  temps  requis  parle  Concile 
de  Trente.  Cette  cérémonie  eut  lieu  le. 6  janvier  lôSg  au 
Mont-Calvaire ,  et  le  21  du  même  mois  à  Sainte-Marie  de 
Divers-Mont. 

Le  chapitre  général  de  Tordre  ayant  été  convoqué  à  Ri- 
mini  pour  le  20  avril  1 64 1  »  le  P.  le  Conte  s'y  rendit,  et  y 
parut  avec  éclat  ;  ce  qui  lui  valut  d'être  continué^  dans  les 
charges  de  prieur  du  Mont-Calvaire  et  de  vicaire  gém^^I  9 
dont  le  P.  Balducci  l'avait  investi  le  jour  de  sa  profession 
religieuse.  Il  fit  hommage  à  cette  assemblée  d'un  ouvrage 
latin  de  sa  composition,  et  Ton  décida  qu'il  serait  imprimé 
aux  frais  de  la  Congrcgralion.  Mais  cette  décision  n'ayant 


CON 


285 


pas  eu  de  suite,  le  P.  le  Gante  le  traduisit  en  français ,  et  le 
publia    sous  le  titre  de  Trophées  de  V amour  diçin. 

De  retour  dans  son  couvent,  au  mois  de  juin  i64i  ?  après 
buit  iXLois  dVbsence,  le  P.  le  Conte  y  consacra  le  reste  de 
sa  vie  à  la  gloire  de  la  religion.- Le  Jansënisme  naissant  lui 
\  ofl&rit  de  firéquentes  occasions  de  signaler  son  zèle.  De  concert 
avec  les  Jésuites  de  Charleville,  il  lui  livra  une  guerre  à 
outrance  :  ce  qui  suscita  de  puissans  ennemis  à  son  monas- 
tère, et  provoqua  peut-être  s(i  suppression,  le  1 6 août  1676, 
sous  le  pontificat  de  Charles  Maurice  le  Tellier,  archevêque 
de  Reims ,  Fun  des  plus  ardeiis  défenseurs  de  la  docrine  de 
Jansënius. 

Il  semblait  que  le  P.  le  Conte  avait  l'art  de  se  multiplier  : 
dans  les  temples  il  nourrissait  le  peuple  de  la  parole  du  sa- 
lut ',  dans  les  prisons  il  essuyait  les  larmes  des  malheiureux  \ 
dans  les.  hôpitaux  il  consolait  les  malades  et  les  mourans  ;  et 
lorsque ,  dans  ses  missions ,  il  parlait  sans  préparation ,  ses 
discours  étaient  Tépanchement  d'un  cœur  plein  de  Dieu , 
qui  se  répand  sur  des  lèvres  pures;  son  talent  pour  la  direc- 
tion des  âmes  répondait  à  son  ardente  charité.  Tous  indis- 
tinctement, grands  et  petits,  riches  et  pauvres,  tix)uvaient 
en  lui  un  guide  éclairé,  qui,  par  les  voies  les  plus  sûres  et. 
les  plus  conformes  à  TEvangile ,  les  menait  à  la  vertu.  A 
cette  charité  agissante ,  plus  précieuse  à  l'humanité  que  les 
qualités  de  Tesprit ,  il  joignait  Fart  de  concilier  les  intérêts, 
de  terminer  les  différends  et  de  pacifier  les  familles ,  en  em- 
ployant ces  tours  heureux  qui  savent  allier  les  •  prétentions 
contraires.  • 

Loin  de  regarder  la  vie  religieuse  dont  il  faisait  profes- 
sion, comme  un  obstacle  à  Tétude  des  lettres,  dans  ses 
momens  de  loisir,  il  consacrait  sa  plume  à  composer  divers 
ouvrages  utiles  à  la  religion-,  et  quoique  la  théologie  eût  fixé 
son  goût,  il  se  délassait  quelquefois  avec  les  Muses.  Une 
correspondance  guivie  Tavait  mis  en  relation  avec  plusieurs 


a88  CON 

dëdië  à  Hugues  F  Archier,  échevin  et  greffier  de  la  cour  de 
'  Furnay,  ami  de  Fauteur  et  syndic  du  couvent  de  EKvers- 
Mont. 

VI.  Le  Cahaire  de  la  f^iergCj  contenant  les  pitoyables  élé- 
gies de  sa  douleur  sur  la  mort  de  sonJUs.  Gfaarleville,  Gëdëon 
Poncelet,  i63o,  in-8"  -,  ouvrage  dëdië  à  Charles  P'  de  Gon- 
zague.  Le  titre. fait  allusion  au  monastère  du  Calvaire,  doat 
ce  pripce  est  le  fondateur.  Le  P.  Basile  du  Mont  et  le  P.  Jé- 
rôme Tiry,  ont  loué  ce  livre  dans  deux  pièces  de  vers  que  le 
P.  Bajomez  a  insérées  dans  sa  Vie  du  P.  le  Conte,  p.  i3 

et  i4« 

Vn.  Les  Trophées  de  V amour  disfin  au  très-saint  Sacrement 
de  l'autel.  Charleville,  ibid.j  i645,  in-8°,  dëdié  à  la  duchesse 
de  Mantoue,  mère  et  tutrice  de  Charles  II  de  Gonasague, 
petit-fils  de  Charles  I*"  par  son  père  Charles,  mort  le  3 1  août 
1 63 1  ^  âgé  de  vingt-deux  ans. 

VIII.  Le  portrait  des  âmes  chérubinesj  où.  se  voient  leurs 
faces  et  leurs  ailes j  dont  elles  s' élèvent  aux  riches  couronnes  et 

aux  plus  belles  séances  du  paradis,  Charleville,  ibid.^  ^647» 
in-8%  p.  325  {BB.  Maz.^  4899)-,  dédié  à  Charles  II  de 
Gonzague.  On  voit  à  la  fin  douze  vers  français  de  Fauteur. 

IX.  Un  ouvrage  traduit  de  Fitalien,  qui  a  échappé  à  nos 
recherches,  et  dont  Sajanelli  ne  parle  point  dans  la  liste 
qu'il  a  donnée  de?  livres  publiés  par  le  P.  le  Conte.  Nous 
ne  le  citons^  que  sur  la  foi  du  P.  Bajomez.  C'est  probable- 
ment le  n*"  vu. 

On  remarque ,  dans  la  plupart  de  ces  ouvrages ,  de  Fonc* 
tion  et  un  esprit  nourri  de  FEcriture  -  Sainte  et  des  Pères- 
Le  style  en  est  un  peu  diffus ,  mais  ce  qui  serait  un  dé&ut 
dans  des  livres  philosophiques ,  où  il  faut  être  concis ,  n  en 
est  pas  un  dans  des  productions  ascétiques ,  qui  demandent 
un  style  plus  abondant.  Fénelon  ne  prit  jamais  La  Bruyère 
pour  modèle  dans  ses  livres  de  dévotion.  Si  Fon  voulait  faire 
revivre  quelques-uns  de  ces  ouvrages,  il  faudrait  en  rajeunir 


COP  289 

*  • 

le  style ,  et  n'y  laisser  aucune  trace  de  la  vieillesse  des  tours, 

et  en  retrancher  des  allégories  mystiques ,  dont  la  plupart 

sont  surannées  aujourd'hui.  Du  reste ,  de  ce  qu'un  auteur  est 

pieux,   et  qu'il  a  écrit  pieusement,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il 

faille  lui  assigner  un  rang  distingué  parmi  les  geifô  de  lettres. 

On   ne  confondra  pas  notre  Jéroiiimite  avec  Michel   le 

Comte ,    auteur  de  l'ouvrage  suivant  :  Michaelis  le  Comte 

cannina^  et edîa  opuscidaj  in-4'*)  p-  348,  JMS.  du  xvi*"  siècle. 

(BB.  du  roi,  parmi  les^MSS.  de  Baluze,  cot.  84i40  Celuî- 

^  ci  était  avocat,  et  filleul  de  Michel  Boudet,  évêque  de  Lan-* 

grès,  auquel  il  a  dédié  son  livre.  Il  florissait  en  i558,  et 

avait  alors  cinquante-huit  ans. 

Le  Long,  Hist.  de  Laorij  p.  102  et  469;  Bajomez,  jBrc- 

i^iarum  Act.  Sajanelli,  p.  17;  le  même,  Précis  de  sa  f^iey 

Sajanelli ,  Monumenta  Histor.  ordùiis  S.  Hieron.  congr.  B. 

de  Pisis  (i).  (Vfenise,  Rome,  Padoue,  1768,  1762,  3  vol. 

ia-fol.)  t.  I,  p.   189,  t.  III,  p.  444?  Archives  de  Dwers- 

Mont^ 

COPETTE  {^Ponce  François),  principal  du  collège  de 
Reims  à  Paris,  docteur  en  théologie ,  prieur  de  Saint-Martin 
de  Bazocfaes  près  de  Chartres,  vicaire  général  de  Reims  et  de 
Bourges,  des  Académies  de  Rome,  de  Florence  et  d'Alexan- 
drie, et  l'un  des  administrateurs  du  collège  de  Louis-le- 
Grand,  manifesta,  durant  toute  sa  vie ,  un  an^iour  passionné 
pour  les  arts. 

Né  à  Rethel,  le  28  novembre  171 1,  de  Gilles  Copette 
et  d^Anne  Barthélémy,  vint  à  Paris  en  Î729,  pour  y 
achever  ses  études,  qu'il  avait  commencées  à  Reims.  Les 
grades  auxquels  il  parvînt  depuis,  font  juger  cfe  ses  progrès. 
Il  était  en  licence ,  lorsqu'il  fut  nommé  principal  du  collège 


(1)  Sajanelli  l'a  fait  naître  à  Avranches  en  Normandie  :  erreur  où  TaTait  in- 
duit le  P.  Bajomez ,  et  que  celui-ci  a  reconnue  depuis  dans  son  BrmiUtrium. 

TOME  I.  19 


390  COP 

de  Reims ,  le  9  janvier  174^  :  il  lui  tardait  d  arrirer  au  lerme 
de  sa  carrière  théologique,  pour  courir  celle  des  arts,  qui 
iui  promettait  une  moisson  tout  autre.  Ses  vœux  furent 
eourônnés  en  1 744*9  ^  P^^t  alors  le  bonnet  de  docteur,  après 
s'être  &it  agréger  à  la  maison  de  Navarre,  et  suivit  depuis 
son  inclination. 

Son  premier  soin  fut  de  rassembler  une  collectk>n  de  ta- 
bleaux ,  de  dessins,  d'esquisses,  de  graviues,  de  bustes, 
de  vades  antiques,  etc.  Au  bout  de  quelques  années,  il  par- 
vint à  se  former  un  cabinet  intéressant ,  qu'il  s'empressait 
de  montrer  aux  curieux;  car  il  était  extrêmement  commu- 
nicatif  9  et  aimait  à  faire  partager  ses  jouissances.  Sans  être 
artiste  de  profession  ,  il  porta  la  passion  pour  la  peinture  et 
la  sculpture  à  un  tel  point,  qu'il  finit  par  acquérir  une 
théorie  profonde  de  ces  deux  arts ,  et  toutes  les  connaissan- 
ces qu'exige  la  qualité  d'amateur. 

Il  comptait  un  grand  nombre  d'amis  parmi  les  statuaires, 
les  sculpteurs ,  les  architectes ,  les  peintres  et  les  graveurs. 
Il  était  surtout  lié  d'une  tendre  amitié  avec  le  célèbre  Wa- 
telet,  homme  de  lettres  spirituel  et  financier  opulent,  qui 
lui  donlia  une  marque  particulière  d'affection ,  en  dessinant 
et  en  gravant  lui-même  son  portrait.  Oreste  et  Pilade  ne 
s'aimèrent  pas  plus  que  ces  deux  amis. 

En  1 763 ,  ils  partirent  ensemble  pour  l'Italie ,  où  tout  est 
souvenir,  où  tout  est  magique  pour  l'homme  qui  sent,  et 
est  imbu  des  grandes  pensées  des  siècles  qui  ne  sont  plus. 
Ce  voyage  dura  un  an.  Les  deux  amis,  qui  ne  voyageaient 
pas  en  hommes  qui  ne  veulent  satis&ire  qu'une  vaine  cu- 
riosité ,  mais  en  observateurs  éclairés  et  judicieux ,  convin- 
rent de  rédiger,  chacun  de  leur  côté ,  le  journal  de  leur 
voyage ,  et  prirent  l'engagement  de  ne  se  le  communiquer 
qu'à  leur  retour  à  Paris. 

Le  Journal  du  voyage  de  l'abbé  Gopette,  en  8  vol.  iû-12, 
resté  manuscrit,  plut  beaucoup  à  Watelet;  et  tous  ceux 


GOP  îiQt 

mjà.  Vont  vu  s'accordent  à  dire  qu^il  renferme  des  choses 
curieuses  9  et  rendues  d'une  manière  origiilale  et  piquante. 
Il  passa  dans  le  cabinet  de  M.  d'Ângivilliers ,  ancien  inten- 
dant des  bâtimens  du  roi. 

Lies  deux  amis  reçurent ,  dans  toutes  les  capitales  où  ils 
se joumèrent  9  des  témoignages  de  la  considération  publique. 
Lie  roi  de  Sardaigne  et  le  pape  Glrfoient  XII  les  accueillirent 
d'aune  manière  distinguée.  Ils  de  lièrent,  étant  à  Aome ,  avec 
les  PP«  Leseur  et  Jacquier,  Minimes  champenois ,  que  leur 
attaicheuient  réciproque  avait  rendus  célèbres ,  et  dont  les 
cœurs  sensibles  ne  s'approchaient  jamais  sans  émotion. 
.  De  retour  en  France ,  le  docteur  Copette  obtînt  un  ca- 
nonicat  de  la  cathédrale  de  Reims ,  et  partit  pour  sa  des- 
tination. Il  était  à  peine  à  quelques  lieues  de  Paris,  que 
W^atelet^  se  voyant  privé  de  son  meilleur  ami,  tomba  mar- 
l.ade-,  sur  Tavis  de  son  médecin,  il  dépécha  un  courrier  à 
Tabbé  Copette  pour  Tengager  à  revenir  dans  la  capitale.  Le 
docteur,  sentant  tout  le  prix  de  cette  démarche ,  inspirée  par 
l"'aniitié  la  plus  vive ,  s'empressa  de  rebrousser  chemin ,  et 
vint  rendre  la  vie  à  son  ami ,  qui ,  pour  le  dédommager  de 
la  renonciation  à  son  canonicat,  lui  fit  une  pension  annuelle 
de  I200  liv. 

Il  jouit  de  ce  don  de  Famitié  juçquau  lo  octobre  1781  , 
époque  de  sa  mort.  Son  oorps  est  inhumé  dans  Féglise  ca- 
thédrale de  Paris ,  dont  il  était  chapelain  :  le  souvenir  d  un 
ami  si  cher  fit  le  supplice  de  la  vie  de  Wâtelet  *,  il  ne  lui  a 
survécu  que  quatre  ans ,  ayant  été  enlevé  aux  arts  le  2 1  jan- 
vier 1786. 

L'abbé  G)pette ,  considéré  dans  sa  vie  privée ,  n'était  pas 
moins  estimable  que  sous  le  rapport  d'amateur  des  beaux-^ 
arts.  La  décence ,  la  douceur,  l'afiabilité  et  la  bonté  consti- 
tuaient son  caractère  *,  et  ces  qualités  étaient  peintes  sur  son 
visage.. Sa  conversation  était  instructive,  enjouée  et  jdeine 
de  saillies  heureuses  :  il  avait  d'ailleurs  beaucoup  de  philo - 

»9- 


n 


392        ,  COP 

Sophie,  mais  de  cette  philosophie  sage,  qui  s'occupant  des 
devoirs  de  ThomnLe ,  lui  apprend  à  les  connaître  et  à  rëpri- 
mer  ses  passions,  et  qui  lui  fait  trouver  dans  ses  devoirs 
même  et  dans  les  sacrifices  qu  elle  lui  impose ,  les  titres  de 
sa  gloire  et  la  source  du  vrai  bonheur. 

Le  docteur  Gopette  ayant  entendu  réciter  quelques  pièces  de 
vers  par  M"*"  Cosson,  marqua  le  dësir  de  les  avoir.  Il  les  reçut  le 
lendemain,  témoigna  sa  reconnaissance  à  la  muse  arden- 
naise,  et  lui  fit  hommage  de  son  portrait  gravé  par  Lempe- 
reur,  et  colorié.  En  retour,  celle-ci  lui  adressa  les  couplets 
suivans  : 

D'un  chef-d'œuvre  de  Lempereur 

Tu  paies  vers  et  prose , 
Pour  rendre  le  don  plus  flatteur 

Il  est  de  couleur  rose^  • 

Saris  doute  je  me  réjouis 

De  la  métamorphose  ;    ' 
L'enseigne  des  jeux  et  des  ris 

Est  de  couleur  de  rose. 

Le  noir  donne  air  grave  et  rêveur. 

Et  cet  air  en  impose  ; 
J'aime  à  la  folie  un  docteur 

Peint  en  couleur  de  rose. 

Mais  sans  de  coloris  parfait , 

C'eût  été  même  chose , 
Car  toujours  un  objet  qui  plaît , 

Parait  couleur  de  rose. 

Puissent  donc  ces  vers  innocens 

Que  pour  toi  je  compose , 
Te  paraître  dans  tous  les  temps , 

Des  vers  couleur  de  rose  i 

M.  Fabbé  de  Saulx ,  chanoine  de  Féglise  de  Reims,  a  en- 
voyé au  docteur  Copette  une  épître  de  cent  quarante  et  un 
vers  ^  au  retour  de  sa  dangereuse  maladie  j  après  son  voyage 
de  Rome.  Cette  pièce  est  insérée  dans  le  Mercure  de  France^ 
avril  1766,  pi  64-70. 


COR  29J 

Ses  portraits  :  i°.Watelet  5C..1753,. médaillon^  în-4'*. 
ta**  CocHin  deL  Watelet  iterum  se.  1766 ,  in-4**.  3°  Meoa  del. 
Lempereur^c.  1772,  in-4'*. 

.  ]\féixi.  particuliers. 

< 

GORYISART  (Jean  Nicolas).  Les  fastes  de  la  médecine 
retentiront  long-temps  de  son  nom.  Il  naquit,  le  i5  février 
1755,  à  Dricourt,  près  dç  Vouzîers,  où  son  père,  procureur 
à  Paris,  s'était  retiré  lors  d'un  de  ces  exils  du  parlement, 
occasionés  tant  de  fois. sous  le  règne  de  Louis  XV  par  les 
querelles  du  clergé  et  de  la  magistrature.  Jeune  encore,  il  fut 
envoyé  à  V^imille ,  dans  le  voisinage  de  Boulogne-sur-Mer, 
cliez  un  oncle  maternel ,  curé  du  lieu ,  qui  Finitia  aux  lettres 
françaises  et  latines.  A  lage  de  douze  ans ,  il  vint  au  collège 
de  Sainte-Barbe ,  où  il  fit  toutes  ses  classes ,  et  montra  une 
grande  justesse  dans  les  idées ,  et  une  grande  dextérité  dans 
les  mouvemens.  Son  père ,  qui  le  destinait  au  barreau ,  le  mit 
au  nombre  de  ses  clercs:;  mais  ce  genre  'de  vie  répugnait  à 
un  jeune  homme  d^un  caractère  vif  et  ardent.  Une  inquié- 
tude vague  Fagitait  et  le  portait  malgré  lui  vers  une  situation 
qull  cherchait  sans  la  connattve.  Conduit  par  le  hasard  à 
une  des  éloquentes  leçons  de  médecine  du  docteur  Antoine 
Petit ,  sur-le-rchamp  son  choix  fut  fait  :  d'auditeur  il  devint 
disciple.  Elève  assidu  des  grands  maîtres  de  la  capitale,  il 
se  forma  à  leur  école*,  il  subit  ses  actes  probatoires,  et  ob- 
tint le  premier  rang  dans  sa  licence.  L'usage  était  de  pro- 
noncer un  discours  de  réception.  Il  composa  le  sien  sur  «  les 
»  agrémens  de  Fétude  de  la  médecine  et  les  désagrémens  de 
))  la  pratique.  »  Ce  discours  n'est  point  Venu  jusqu'à  nous. 

A  peine  reçu  docteur  régent  de  la  faculté ,  en  1 782 ,  il  fut 
chargé  de  traiter  les  pauvres  de  la  paroisse  de  Saint-Sulpice^ 
L'année  suivante,  il  entra  dans  la  carrière' de  l'enseigne- 
ment, et  débuta  par  un  cours  d'accouchement,  qu'il  fit 
suivre  de  leçons  d'anatomie.  Il  succéda  à  Desbois  de  Roche- 


294  COB 

fort  y  médecin  titulaire  de  rhospice  de  la  Charité ,  mort  le 
2i6  janvier  1786.  Dès  ce  moment,  il  Continua  et  perfec- 
tionna l'enseignement  clinique  de  son  prédécesseur,  et  se  fit 
admirer  par  le  talent  le  plus  éminent  à  reconnaître  la  nature 
des  maladies,  et  à  en  prévoir  la  marche  et  Tissue.  Il  était 
déjà  considéré  comme  Fun  dea  premiei^s  maîtres  de  Ja  capi- 
tale, lorsqu'en  i^gS  on  créa  pour  lui  une  Ghaire  dans  la 
nouvelle  école   de  médecine  *,  ce  qiii  }e  mit  à    même  de 
rendre  Fécole  dinique  de  Paris  Tune  des  plus  cëlèhres  de 
l'Europe.  Ce  genre  d'enseignement  paraissait  ùàt  pour  loi. 
Il  trouvait  dans  des  improvisations  (i)  fiiciles  et  quelquefois 
éloquentes,  Toccasion  de  montrer  tout  son  talent  d^ohserva- 
tioa»  Il  resta  dans  ce  poste  jusqu'en  1807.  ^^  '^97'  ^^  ^^^' 
été  nommé  à  la  ehaire  de  médecine  du  collée  de  France  (a)* 
Il  ae  trouva  ainsi  à  portée  d'enseigner  Fart  sons  le  point  de 
vue  théorique ,  comme  jusque-là  il  lavait  montre  pratique- 
ment. La  même  jeunesse  qui  Tentendait  dans  une  ëooie  ex- 
poser les  principes  généraux ,  venait  en  voir  dans  lautre 
rheureuse  application  \  et  son  élocution  hriUante ,  son  esprit 
vif,  son  tact  sûr  et  rapide,  la  ravissait  en  aduodration. 

Toute  l'Europe  retentissait  du  bruit  de  sa  renommAî, 
lorsque  Bnonaparte  l'ayant  consulté  pour  une  affection  de 
poitrine ,  ne  tarda  pas  à  l'apprécier,  et  à  se  l'attacher  comm^ 
son  unique  médecin.  Cependant,  son  service  aux  Tuileries 
et  ses  oc€upations  trèa-^mnltipliées  ne  le  firent  pas  entière* 
meut  renoncer  à  ses  jonctions  de  rhôpital  de  la  Cbarité.  Sur 
sa  demande ,  un  fionphithéâtre ,  spécialement  oHiâacré  à 
renseignement  de  la  médecine  clinique ,  y  avait  été  élevé* 

(1)  Son  langage  naturel  était  celui  de  rimprovisation  ;  de  cette  improti»' 
tion  qui  est  pour  ainsi  dire  Tallnre  du  génie ,  et  qui ,  en  lui  laissant  toutes  ses 
Ibroes ,  lui  décomTre  soarcipt  tout  à  coup ,  par  ie  f^u  de  tft  parole ,  des  véiit^ 
qu'il  n'avait  point  aperçues  jusque-là.  «Je  veuxea  parlant  me  sentira  V9i»^> 
»  disait-il;  la  contrainte  d'une  préparation  me  gêne;  elle  éteint  ma  v^rve» 
»  elle  m'ôte  toute  liberté.  » 

(a)  Il  avait  suppléé  son  prédécesseur  depnis  1790. 


COR  295 

1\  y  forixia  uae  société  d'ëlèves  assidus  et  zëlés,  choisis  parmi 
les  plus  capables  de  recueillir  Thistoire  des  maladiesi  au  lit 
des  malades.  U  n'oublia  rien  pour  encourager  et  faire  remar- 
<{uer  leurs  travaux.  Des  prix  fondés  à  ses  frais ,  et  donnés  par 
lui-xnécney  furent  accordés  aux  prémices  de  lem^s  talens.  On 
doit  encore  à  ses  sollicitations  et  à  ses  soins ,  le  monument 
élevé  à  Desault  et  à  Bichat,  dans  THôtel-^Dieu  de  Paris. 

<c  Le  meilleur  médecin ,  selon  lui ,  était  celui  qui  était 
)L.  parvenu  à  donner  à  ses  sens  plus  de  délicatesse.  Il  ne  s'atta- 
»  clxait  pas  seulement  aux  douleurs  éprouvées  par  le  malade, 
»  aux  variations  de  son  pouls,  de  sa  respiration ,  les  moindres 
»  altérations  du  teint,  de  la  couleur  des  yeux,  de  celle  des 
»  lèvres  *,  les  diverses  intonations  de  la  voix ,  les  plus  légères 
»  différences  dans  les  muscles  du  visage ,  fixaient  son  a.tteu- 
»  tion  ',  il  n'était  pas  jusqu'à  rhalêine,/la  transpiration,  qui 
»  n^eussent  pour  lui  une  échelle  propre  à  assigner  tous  leurs 
»  degrés,  et  rien  de  tout  cela  n'était  indifférent  pour  le  ju- 
»  gement  qu'il  portait.  Les  innombrables  ouvertures  qu'il 
»  avait  faites ,  lui  kvaient  permis  de  saisir  la  correspondance 
»  des  signes  extérieurs  les  plus  légers  avec  les  lésions  inté^ 
»  rieures.  On  dit  qu'à  plusieurs  litç  de  distance  il  distinguait 
»  la  maladie  d'un  individu  qui  venait  d'entrer  à  l'hôpital. 
)>  £t  pour  ce  qui  concernait  surtout  les  désorganisations  du 
»  cœur  et  des  gros  vaisseaux ,  il  était  arrivé  à  des  divinations 
M  d'une  infaillibilité  vraiment  merveilleuse  ;  ses  arrêts  étaient 
»  iiTévocables  comme  ceux  du  destin.  Non-seulement  il  an- 
»  nonçait  le  sort  qui  attendait  chaque  malade,  l'époque  où 
»  la  catastrophe  devait  arriver  *,  il  donnait  d'avance  la  me- 
»  sure  des  renflemens,  des  dilatations,  des  rétrécissemens 
)>)de  toutes  les  parties,  et  presque  jamais  l'ouverture  des^ 
»  corps  ne  démentait  ses  prévisions  *,  les  plus  habiles  en 
»  étaient,  dit-on,  comme  stupéfaits.  »  (Cuvier,  son  Eloge j, 
t.  m,' p.  369.)  Mais  il  n'appartient  qu'aux  esprits  du  pre- 


1 


296  COR 

mier  ordre  de  voir  à  cette  profondeiu',  et  de  juget-  avec  tant  de 
vitesse  et  de  sûreté.  Cette  supériorité  que  Corvîsart  avait  ac- 
quise dans  le  diagnostic,  il  la  devait  non- seulement  à  la  per- 
fection de  ses  sens,  mais  encore  à  Téducation  qu'il  leuravaif 
donnée  :  car  un  point  sur  lequel  il  affecte  de  revenir  dans 
ses  ouvrages ,  «  c'est  pour  les  médecins  cette   éducation  do 
»  toucher,  de  l'odorat,  de  la  vue ,  et  surtout  de  rouïe  -,  car 
»  la  vue^propremenl  dite  ne  trî^nsmettant  à  l'esprit  que  les 
»  phénomènes  superficiels ,  ce  sens  trouve  dans  le  secours 
»  de  l'oreille  un  supplément  qui  non  seulement  ajoute  à  son 
»  action,  mais  encore  le  surpasse  infiniment,  puisque,  se- 
»  condée  par  le  toucher,  et  même  sans  rien  emprunter  am 
»  autres  sens ,  Toreille ,  habilement  exercée ,  devient  comme 
»  un  œil  qui ,  à  travers  les  enveloppes  extérieures ,  permet 
»  de  lire  dans  les  profondem*s  de  Torganisation.  »  (i) 

«  Il  voulait  et  savait  exercer,  au  suprême  degré,  rinfluence 
»  morale  de  la  médecine  -,  il  portait  souvent  en  lui  -  même 
>x  un  jugement  désespérant  et  certain ,  tandis  que  sa  phy- 
»  sionpmie  ouverte  inspirait  la  confiance,  et' que  son  ai 
»  calme  et  serein  ramenait  la  tranquillité  et  Tcspérance  aux 
»  portes  du  tombeau.  »  (2) 

G>rvisart  avait  appliqué  sur  lui-même  son  inexorable 
talent  de  prévision.  Sa  conformation  lui  avait  fait  pressen- 
tir l'apoplexie  qui  le  menaçait.  Il  en  eut  les  premières  at- 
teintes en  1 8  ï  5  :  une  seconde  attaque  le  tua  le  1 8  septembre 
1821. 

Doué  d'un  génie  supérieur,  il  tient  un  rang  distingue 
parmi  ceux  qui  ont  élargi  la  route  ouverte  par  rimmortel 
Hîppocrate.  Pourtant,,  c'est  ici  le  lieu  d'ajouter  une  obser- 
vation :  Corvisart  aimait  peu  à  parler  de  médecine,  surtout 
avec  les  médecins  savans  et  érudits.  Il  n'était  ni  l'un  m 

(1)  Pariset,  son  éloge,  daos  le  t.  I  des  Mém»  de  t*Acad^  deMédeciM^ 
(»)  Férus ,  Notice  hittoriqite  sur  Corvisari. 


COR   •  297 

i^ autre.  Sa  sagacité  suppléait  à  son  savoir  *,  son  discerne- 
ment, son  tact,  la  profondeur  et  la  justesse  de  son  esprit 
frappaient  les  moins  éclairés. 

Buonaparte  disait  de  lui  :  «  Honnête  et  habile  hommCj  seu- 
lement un  peu  hntsque.  »  Brusque  avec  Napoléon  !  qu'en  con- 
clure ?  C'est  que  dans  cette  cour  si  soumise  et  si  craintive , 
dans  cet  abime  de  servitude,  où  personne  ne  conservait 
une   ombre  de  liberté,  Gorvisart  avait  gaidé  la  sienne.  On 
sait  efiectivement  que  lorsque  le  maître  tout  puissant  avait 
Y  air  de   plaisanter  siu*  Tart  médical,  une  répartie  vive  de 
la  part  de  son  premier  médecin  Tempéchait  de  pousser  sa 
pointe  -,  mais  il  est  certain  aussi  qu'il  n'est  jamais  parvenu 
à    entretenir  l'homme  puissant  d'aucune  chose  d'un  in- 
térêt général.  Sur  les  objets  indifférens  toute  facilité  lui  était 
permise  \  «  mais  un  froid  regard  ou  un  mot  dur  l'arrêtait 
»  sitôt  qu'U  essayait  de  franchir  ce  cercle.  »  (i) 

Maintenant  qu'était  Gorvisart  dans  le  commerce  de  la 

vie  ?  <(  Profondément  mélancolique,  il  éprouvait  comme  tous 

)>  les  hommes  de  ce  caractère  des  élans  de  gaité.  Ses  réponses 

))  étaient  promptes,  directes,  précises,  ses  expressions  sim- 

»  pies  et  justes.  Les  découvertes  trop  fréquentes  qu'une  ha- 

»  bileté,  alors  trop  funeste ,  lui  faisait  faire  sur  les  faiblesses 

D  et  les  vices  des  hommes ,  donnèrent  à  son  caractère  une 

))  morosité,  une  âprété  qu'il  ne  consentit  à  adoucir  pour 

»  personne.  On  lui  reprochait  de  ne  pas  modérer  toujours 

»  la  vivacité  de  quelques  sorties  rudes  et  offensantes ,  la  dur 

»  reté  et  l'amertume  de  quelques  réparties;  de  ne  pas  ré- 

»  primer  une  brusquerie  que  l'importunité  provoquait  trop 

»  souvent,  mais  dans  laquelle  il  paraissait  se  complaire.  » 

(Férus.) 

«  D'ailleurs  il  était  d'une  probité  rigoureuse,  et  d'une 

»  discrétion  à  toute  épreuve  :  incapable  de  trahir  le  secret 

•  < 

(1)  Sou  Btoge ,  par  Guvier. 


29»  COH 

»  même  d^un  ennemi.  Jamais  homme  ne  lut  plus  fidèle  à 
»  l'amitié.  Dans  ses  épancbemens  fiimiliers  avec  ses  amis, 
»  il  laissait  échapper  la  sienne  par  des  explosions  vives, 
»  soutenues,  brillantes,  pleines  de  verve ^  où  son  esprit 
»  jailHssant  par  éclairs ,  frappait  et  saisissait  tout  ensemble. 
))  Mais,  au  milieu  de  ses  éclats,  un  visage  nouveau  venait- 
))  il  à  paraître  ?  sur-le«hamp,  tout  ce  feu  s'éteignait  :  Cor- 
)»  visart  reprenait  toute  la  gravité  de  son  naturel  et  de  a 
»  profession.  »  (Pariset.) 

Lors  de  l'institution  de  la  Légion-d'Honneur,  en  i8o3, 
U  en  fîit  nommé  officier,  et  depuis  il  devint  l>aron  et  com- 
mandeur, de  Tordre  de  la  Réunion.  L'Institut  Tadmit  dans 
son  sein  6n  i8i  i ,  et  TÂcadémie  royale  de  Médecine  Tins- 
CTÎvit  parmi  ses  honoraires  dès.  sa  création ,  en  i  Sso.  An 
titre  de  membre  de  l'Académie  des  Sciences,   il  joignà 
ceux  qui  l'attachaient  à  la  plupart  des  sociétés  savantes  de 
l'Europe.  Dans  une  séance  publique  de  la  Faculté  de  Méde- 
cine ,  pour  la  distribution  des  prix  fondés  par  lui ,  le  do^ 
teur  Dupuytren  a  rendu  homimage  à  sa  mémoire  (I^i^- 
cours  prononcé  le  22  décembre  1821,  Paris,  Didot,  ïSai, 
in>4**)«  Hippolyte  Cloquet  l'a  loué  dans  le  Nom^eau  Journal 
de  Médecine  (t.  XII,  p,  ga  à  95 ),  et  Janin  de  Saint-Jwst, 
dans  V Abeille  (t.  IV,  p.  4i  î  à  418). 

Ses,  ouvrages: 

L  Apkorismes  sur  la  connaissance  et  la  curation  desfi- 
sn^s^  traduits  de  MaxindUen  Stoll  ^  professeur  de  médecine 
climcfue  à  f^ienne^  ai^ec  le  texte  latin  en  regard,  Paris,  M«^ 
quignon,  1797,  in-8°. 

II.  Notice  sur  M.  F.  X.  Bichat,  médecin  de  VH&tel-Pim 
de  Paris  j  suivie  du  Discours  prononcé  sur  sa  tombé  j  f^ 
MM,  Lépreux  et  Roux,  Paris,  Giguet,  1802 ,  in-8*. 

III.  Aphorismi  de  cognoscendis  et  curandis  morbis  chrom' 
cisj  exerpti  ex  Hermano  Boerhaa^^e,  Paris,  in-8°  *,  production 


,  COR  299 

auonytne ,  qui  pasde  pout  être  aunlesscms  de  la  réputation 
de  son  auteur. 

IV.    Essai  sur  les  maladies  et  les  lésions  organiques  du 
cœur  et  des  gros  vaisseaux.  Paris,  Migneret,  1806,  in-8°; 
it.^  Paris,  ibid.^  181 1,  in-8°*,  iUj  PariSy  Méquignon ,  1818, 
2  vol.    in -8**  ;  livre  devenu  das^ique  ,  et  traduit  eu  an- 
glais ,  par  C.  H.  Hebb.  London,  1816,  in-8**.  Cet  ouvrage 
est  uue  des  monographies  les  plus  remarquables  qui  aient 
été   publiées   en  France  depuis  le  commencement  de  ce 
siècle.  Il  a  puissamment  contribué  à  faire  connaître  les  ait 
fections  du  centre  circulatoire ,  et  c'est  des  vérités  qui  s'y 
trouvent  établies  que  sont  partis  ceux  qui  ont  depuis  traité 
le  même  sujet.  De  totites  les  productions  de  Çorvisart ,  c'est 
celle  dojut  se  servira  la  postérité  pour  lui  marquet*  sa  place, 
et  jjuger  les  éloges  dont  il  a,été  lobjet. 

V.  Nouvelle  méthode  pour  connaître  les  maladies  internes 
de  la  poitrine  par  la  percussion  de  cette  cat^ité^  trad.  du  latin 
d' jii^nbru^er^  et  commenté  par  le  traducteur*  Paris,  Migne*" 
ret,  1808,  in-8°.  Cet  écrit  a  fait  connaître  en  France  la 
méthode  de  la  percussion  considérée  comme  un  mioyen  d'ar- 
river au  diagûostÎQ  des  maladies  des  organes  thorachiques. 
Depuis,  le  docteur  Laennec  a  perfectionné  le  diagnostic  de 
ces  naaladies  par  l'invention  du  ^tbosoope. 

VI.  Il  est  éditeur  du  Cours  de  matière  médicale^  par  Dei^ 
bois  de  Rockefort.  Pms ^  Méquignon,  1789,  a  vol.  in-^"*; 
lY.j  Paris,  ibid.j  179^,  2  vol.  îli-8*  :  il  a  placé  à  la  tête  un 
ëloge  touchant  de  Tauteur,  prononcé  le  ag  npv,  1787. 

VII.  Il  a  lu  à  rinstitut  un  Mémoire^  où  il  donnait  le 
projet  et  indiquait  le  plan  d'un  livre  qu'il  intitulait  :  De 
sedibus  et  cousis  morborum  per  diagnosiica  iw^estigatis ,  et  per 
anatomen  consignatis\  De  quelle  utilité  eût;  été  pour  la 
Science  un  ouvrage  de  ce  genre  fait  par  tin  si  habile  homme  ! 

Son  nom  a  été  placé  sur  le  frontispice  du  Journal  de 
Médecine  de  Leroux  et  Royer,  auquel  il  n^a  point  copipëre'. 


3oo  COS 

Son  portrait  :  i  *  Géraxà pinx.j  Roy  del.j  1 806,  în-4**>  avec 
cinq  vers  latins  par  Lépreux;  2°  Gérard  pinx.^  Blot  dd,, 
i8og,  in-4^*  Son  buste  en  plâtre  dans  la  salle  de  la  Faculté 
de  Médecine. 

COSSON  {Pierre  Charles)^  clerc  tonsuré  du  cQocèse  de 
Reims,  né  le  21  février  1787,  à  Mézières ,  de  Pierre  Cosson, 
entrepreneur  des  fortifications;,  et  de  Catherine  Charlotte 
Depeyre ,  manifesta  dans  sa  jeunesse  du  goût  pour  l'étude. 
C'était  un  titre  pour  aller  chercher  les  secours  de  l'émula- 
tion dans  la  capitale.  Il  s'y  rendit  de  bonne  heure,  et  y 
acheva  ses  classes,  qu'il  avait  commencées  à  Charlevîlle.  A 
J>eine  reçu  maître-ès-arts ,  il  concourut  pour  k  prix  d'élo- 
quence latine ,  que  l'université  décernait  le  même  jour  qu'elle 
solennisait  la  victoire  de  ses  élèves-,  et  deux  fois,  en  1762 
et  1763 ,  Cosson  fut  vainqueur  (i). 

Ces  succès  annoncèrent  qu'il  avait  profité  des  leçons  de 
ses  maîtres,  et  qu'il  était  digne  d'en  donner  à  son  tour. 
Nommé  professeur  d'humanités  à  Metz  en  1763,  il  passa 
l'année  suivante  au  collège  royal  de  la  Flèche,  comme  ré- 
gent de  rhétorique,  et  obtint  en  1767  la  chaire  de  seconde 
du  collège  Ma^éarin. 

Convaincu  qu'on  ne  peut'  fixer  l'attention  des  enfans 
qu'en  les  amusant ,  et  que  c'est  méconnaître  la  nature  hu- 
maine de  vouloir  la  conduire  tout  d'un  coup  à  la  sagesse  par 
la  contrainte  et  la  sévérité ,  Cosson  déguisait  ses  leçons  sous 
la  forme  du  plaisir  \  et  cfette  sage  précaution  lui  a  souvent 
réussi.  On  l'a  vu  quelquefois  tenant  en  main  Tite-Live,  son 


(1)  Ces  deux  discours  sont  inédits',  ainsi  que  l«s  suivans  :  t^  Discours  latin 
sur  l'Education,  prononcé  en  1770,  à  la  distribution  générale  des  prix  dé- 
cernés par  l'uniTersité  dans  la  salle  extérieure  des  écoles  de  Sorbonne; 
30  Oratio  eucliaristica  ad  DD,  Cochin ,  lectittimum  parodium,  càm  in  œdem  sub 
invocatione  S.  Jacobiab  alto  passa  rite  processisset  Academia  ParUiensis,  die  20 
junii  1767. 


COS  3oï 

auteur,  favori ,  partager,  ses  élèves  en  deux  corps ,  les.Cartha- 
ginoisr  et  les  Romains.  Le  rôle  étant  distribue  à. chacun,  le 
plau  de  campagne  arrêté,  les  positions  fixées ,  la  bataille  se 
livrait,,  tout  en  expliquant  Tauteur ,  dont  les  expressions 
restaieift  profondément  gravées  dans  la  mémoire  des  jeunes 
combattais. 

«  Insouciant  sur  Favenir,  et  content  de  Thumble  médio- 

ï>  crité  de  sa  place,  Gosson  sMtait  peu  occupé  de  sa  fortune  v 

»  il  avait  atteint  Téméritat  (au  bout  de  vingt  années  de  ser* 

»  vice  qui  suffisaient  alors)  lorsque  la  révolution  vint  lui 

»  enlever^  avec  la  pension  d'émérite,  le  fruit  d'une  vie  con- 

»  sacrée  tout  entière  à  l'instruction  publique.  Une   autre 

»  carrière  lui  fut  ouverte.  M.  Alexandre,  qui  avait  été  son 

»  élève  et  qui  était  resté  son  ami,  Temmena  comme  son 

»  secrétaire ,  lors  de  la  mission  quHl  remplit  dans  les  dé- 

»  partemens  du  Rhin,  et  peu  de  temps  après,  M.  Rudler, 

»  chargé  de  l'organisation  des  pays  conquis  sur  la  rive  gauche 

»  de  ce  fleuve,  lui  confia  les  fonctions  de  commissaire  du 

»  gouvernement  près  Fadministration  départementale  du 

»  Mont-Tonnerre.  Il  lesremplit  deilx  ans  (en  1 788  et  1789), 

»  à  la  satisfaction  de  ses  supérieurs  et  de  ses  collègues ,  sut 

»  se  défendre  également  de  la  faiblesse  et  de  la  dureté ,  et 

))  faire  respecter  en  lui  le  nom  français.  Dénoncé  par  un  de 

»  ces  hommes  qui  croyaient  la  fiierté  républicaine  incompa- 

ïi  tible  avec  Faménité  des  formes  et  la  douceur  de  caractère , 

i)  il  fut  rappelé  à  Paris,  et  vit  sa  tranquillité  compromise 

)>  par  une  siiite  de  soupçons  qu'avait  inspirés  son  dénoncia- 

»  teur.  Le  nuage  fut  bientôt  dissipé ,  et  Fexamen  de  ses  pa- 

»  piers,  la  franchise  de  «es  réponses,  lui  firent  à  Finstant 

»  rendre  la  liberté.  »  (Bibgr.  amV.) 

La  mort  le  surprit  à  Paris,  le  17  juillet  1801,  à  Fâge  de 
soixante-quatre  ans.  «Il  était  né  bon  et  confiant*,  il  portait 
»  dans  la  société  une  naïveté  e^  un<B  bonhomie  qui  contras- 
»  taient  quelquefois  plaisamment  avec  les  airs  et  Fétiquette 


3o!i  COS 

n  des  soci^tiés  brillantes  où  il  était  admis  ,  et  tout  le  modk 
ï>  se  rappelle  ce  dialogue  piquant  où  Vahhé  Delille  prouve  i 
»  son  ancien  confrère  qu'il  a  blessé  quinze  ou  seize  ibis  h 
»  usages  du  grand  monde.  Ce  dialogue  se  troure  dans  la 
»  notes  de  la  Gastronomie,  par  Berchoux.  (Paris,  1806.) i 
{Biogr.  unw.) 

Les  nombreux  disciples  que  Cosson  avait  élevés  étaient 
toi|S  devenus  ses  amis,  et  leur  ancien  maître  ne  leur  ùisA 
jamais  plus  de  plaisir  que  lorsqu'il  venait  chez  eux  s  asseoir 
à  la  table  de  la  reconnaissance ,  ce  qui  arrivait  très^frégnem- 
ment.  UAlmanaéh  des  Muses  (i) ,  et  Burbure  ont  payé  un 
juste  tribut  d'éloges  à  sa  mémoire (2). 

Ses  ouvrages  : 

I.  Minerve  à  ThémiSj  allégorie  sur  la  distribution  desprii 
du  coUége  de  Metz.  Mets,  Antoine,  176},  in*4%  P*  ^^^ 
trente^piatre  vers. 

II.  Discours  sur  cette  question:  (c  Les  progrès  des  modernes 
»  ne  dispensent  pas  de  Tétude  des  anciens.  ».  Paris,  Bro&s^ 
17649  in-8^,  p.  45.  L'académie  de  Besançon  adjugea  Içprii 
à  cette  composition ,  dont  Sabatia-  fait  Téloge  dans  ses  Trois 
siècles  de  la  Littérature. 

m.  La  Nymphe  du  Loir  au  duc  de  Praslin  ,  ministre  à 
la  marine j  à  son  passage  par  la  Flèche  (la  Flèche),  176^' 
in-4'*)  p-  4  >  de  soixante-six  vers.  (BB.  du  collège  de  Lon* 
le-Grand,  Recueil  de  l'université,  vol.  G.  £mb.  li,  3,  i5) 

IV.  Eloge  de  Pierre  du  Terrail,  dit  le  che^alisr  Baj(ffà> 
suiçi  de  notes  historiques ,  morales  et  critiques*  Paris ,  Barh)»? 
1770,  in-8%  p.  184 (3). 


(1)  An  XI — i8o3,  p.  965à  370. 

(3)  Essais  Hist,  sur  ta  vilie  et  h  collège  <k  la  Flèche,  p.  3i5.  (Angers;  iSo^ 

(5)  VAnnét  Uitéraire,  le  Mercure,  tU  France,  les  Joumauoù  du  Savanti 
Trévoux  et  Encyclopédique  ont  loué  ce  Discoura,  «  oà.  Ton  tionve,  ^t  Sv»^  ' 


COS  3o3 

1-ie  maire  et  les  échevins  de  Mëzières  crurent  devoir  té- 
moigner leur  satisfaction  à  l'auteur,  on  pourrait  même  dire 
leur  reconnaissance  *,  car  la  gloire  littéraire ,  après  avoir  ho- 
noré celui  qiii  s  en  est  rendu  digne,  rejaillit  sm*  sa  patrie, 
et  ses  concitoyens  ont  raison  de  s'en  féliciter.  Pour  prix  de 
son  patriotisme,  Cosson  reçut  une  cafetière  d'argent,  em- 
preinte des  armoiries  db  sa  ville  natale  (i),  où  l'on  prononce 
annuellement,  le  27  septembre,  le  panégyrique  du  cheva- 
lier Bayard(2). 

V .  Ode  à  M.  le  Gendre  ^  étudiant  en  mathématiques  au 
collège  Mazoiin^  à  l' occasion  de  sa  tkèser^  soutenue  en  pré- 
sence de  VAcad.  des  Sciences j,  fui  en  assoit  agréé  la  dédicace, 
Paris,  Latour,  1770,  in-4'*>  p.  ^9  de  seize  strophes,  cha- 
cune  de  quatre  vers  (dans  le  Recueil  cité,  n**  m). 

VI .  Za4*  Décade  de  Tite-Idçe^  et  les  supplémens  de  Freinshe^ 
mùis,  Paris,  Barbou,  1771  et  1772, 4  vol.  in-ia.Les5*,  8%  9* 
et  10®  vol.  de  la  traduction  de  Tite-Live  ,'par  Guérin,  ayant 
manqué,  les  libraires  de  Paris,  décidés  à  les  réimprimer,  char- 
gèrent Cosson  de  les  revoir.  Il  les  retoucha  soigneusemient , 
en  bannit  les  termes  surannés,  et  donna  plus  de  rapidité 
au  Btyle- 

VII.  Memarabilis  peregrinatio  :  pœUcM  et  kistorica.  Le 
Voyage  mémorable  :  nom^Ue  historique  et  poétique*  Paris, 
Tbiboust,  1778,  p.  7.  Cette  pièce,  de  trente -Quatre  vers 
latins ,  traduits  en  trente-neuf  vers  français ,  est  relative  au 
voyage  en  France  de  l'empereur  Joseph  IL 

VIII.  Chant  cimjue  pour  la  fête  nationale  en  V  honneur  de 

.  »  des  traits  d'une  éloquence  patriotique ,  dont  Texpressiop  est  aussi  heureuse 
»  que  les  motifs  en  sont  purs.  » 

(1)  M*l«  Cosson  a  fç»it  insérer  vingt-huit  vers  dans  VAnnéô  Uttéraire,  t.  VII , 
p.  S99 ,  à  l'occasion  de  ce  don  envoyé  à  son  frère. 

(3)  Un  HécoUet  du  couvent  de  Bethléem ,  voisin  de  Charleville ,  ayant  été 
chargé  de  faire  ce  Discours ,  le  termina  de  cette  manière  burlesque ,  encroyant 
complimenter  ingéaiensemeiit  son  audituâre  :  «  Hes  diens  «uditeurt ,  vous  êtes 
•  tous  des  Bayards»  vo«  femmes  det^ayax^es,  et  vos  enfans  dés  Bayardeanx.  » 


3o4  COS 

l'Être^Supréme.  (Paris,  Knapen,  ï794)>  in-8°,  p.  4^  ^e  dix- 
sept  couplets  de  quatre,  vers  chacun ,  avec  le  refrain  de  deux 
vers. 

IX.  Discours  prononcé  à  r ouverture  des  écoles  publiçues 
de  Mayence^  le  i*'' frimaire  an  vu— 21  noi^.  1798.  Mayence, 
Crassj.1798,  in-8'',  p.  18. 

X.  Discours  sur  l'assassinat  des  ndnistreslplénipotentiaùts 
français  à  Rastadt.  Mayence,  ibid^^  an  viii— ^1799,  in-8'. 

Ses  écrits  insères  dans  divers  recueils  : 

I**  Vingt-deux  Lettres^  tant  en  vers  qu'en  prose,  à  M'  et 
à  M"***  Favart  et  à  l'abbé  de  Voîsenou  :  dans  le  t.  II,  p.  3o3 
à  363  des  Mém.  Littér.  de  Favart  (Paris,  1808,  3  vol.  în-S**). 
On  y  trouve  une  pièce  sur  la  comédie  de  Soliman ,  qui  avait 
été  insérée  dans  le  Mercure  de  Fr.^  en  juillet  1764.  2°  trois 
Couplets  imprimés  dans  ce  Mercure  ^  en  mars  1775.  C'est 
une  fort  bonne  chanson ,  dont  le  début  est  : 

Fais  mon  bonheur ,  tranquille  indifférence. 

S""  Portrait  de  l'abbé-de  Voisenou  :  quatrain  inséré  dans 
le  t.  XI  du  Nécrologe  des  Hommes  célèbres ^  p.  78  (Paiîs, 
1776,  in- 12).  ^"^  Lettre  à  M.  Rœderer,  rédacteur  du  Jour- 
nal d'Ëcoiiomie  publique ,  sur  ce  qiJon  doit  entendre  par  Es- 
prit public  :  imprimée  dans  le  n**  xxxiv,- 1.  IV,  p.  3o3  à  3i3, 
de  ce  journal,. an  v—  1797. 

.  Il  a  coopéré  au- Journal  des  Sciences  et  Beaux-Arts  pen- 
dant deux  ans,  l'abbé  Grosier  se  Tétant  adjoint  lorsqu'il 
entreprit  de  rédiger  cette  feiull^  en  1779.  " 

COSSON  {Charlotte  Catherine) j  sœur  du  précédent,  née 
a  Mézières,  le  4  juin.  1740,  vint  à  Paris  se  réunir  à  son 
frère,  en  1768,  et  y  cultiva  les  lettres  (i).  Quelques-unes 

(i)  Elle  ajoutait  quelquefois  à  son  nom  celui  de  la  Cressonnière,  «J'ai  tiré  ce 
•  nom,  disait-elle  confidenftnent,  d'une  petite  fontaine  où  croit  le  cresson, 


G06  îo5 

ê 

de  ses  productions  portent  Fempreinte  de  la  d<$licatesse  et 
du  sentiment,  a  Elle  s^est  exercée  avec  quelques  succès  dans 
»  la  poésie  légère  et  anacréontique.  Le  caractère  de  sa  muse 
»  est  l'enjouement  et  la  simplicité.  Plusieurs  de  ses  cou- 
»  plèts  ont  été  accueillis  dans  les  sociétés  y  parce  qu'ils  sont 
»  faciles ,  ingénieux  et  sans  prétenticm.  )>  (Sabatier,  Siècles, 
de  la  JLittérature.) 

Quelques  personnes  ont  prétendu  que  les  poésies  pu- 
bliées sous  son  nom,  sont  de  son  frère.  D'autres  ont  dit, 
avec  plus  de  raison ,  que  celui-ci  ne  fut  que  son  conseil  et 
son  censeur.  Les  premiers  n'ont  qu'à  se  rappeler,  pour  lui 
rendre  justice,  que  Boileau  corrigeait  les  pièces  de  Racine, 
et  que  l'on  n'a  point  dit  que  Boileau  fût  l'auteur  des  œuvres 
de  Y  Euripide  français. 

En  proie  au  besoin  depuis  la  niprt  de  son  frère,  notre 
poète  ardennaise  fit  ressource  de  son  talent,  en  rimant  sur 
la  plupart  des  événemens  publics.  Elle  portait  ou  adressait 
aux  personnages  qui  en  étaient  l'objet,  les  tributs  de  sa 
muse ,  et  en  recevait  en  échange  des  marques  de  reconnais- 
sance qui  pourvurent  à  sa  subsistance  jusqu'au  mois  d'oc- 
tobre 1 8 1 3 ,  époque  où  elle  mourut  subitement  à  Paris ,  âgée 
de  soixante-treize  ans.  Un  heureux  caractère  et  un  esprit 
agréable ,  ont  fait  rechercher  sa  société  dans  ses  beaux  jours. 
Pour  donner  une  juste  idée  de  son  mérite  poétique,  il  ne 
faut  pas  se  restreindre  à  parler  de  ses  vers,  il  fiiut  les  citer-,  et 
c'est  ce  que  nous  ferons  en  donnant  la  notice  de  ses  opuscules. 

Pièces  imprimées  séparément  : 

I.  Lamentation  sur  la  mort  du  dauphin.  Paris,  1 766,  in-S*"  -, 
it»,  Reims,  1766,  in-8%  p.  4* 

II.  Couplets  sur  le  mariage  de  itf.  le  prince  de  LambaUe. 
Paris,  1766,  in-8**,  avec  musique. 

»  sîtaée  dans  un  pré  qui  appartient  à  ma  famille,  et  ce  titre  m'a  réussi  au- 
•  près  d'un  certain  mopde.  » 

TOME  I.  20 


3o6  COS 

III.  Ode  sur  Vincmiie  de  VHôkl^Dim  de  Paris  (arrivé 
dans  la  nuit  du  29  au  3o  décembre  i^^^^^  Paris ,  s.  0. 
d'impr»,  1773 ,  in-8°,  p.  4,  de  aoixante-dîx  vers. 

IV.  De  la  Bonne  Royne  et  d'un  sien  bon  Curé  y  fablim 
d'une  bonne  Gauloise  ^  reirxMweet  mis  au  jour  par  M^  Cos- 
son*  Paris,  Didot  Fainë,  1782,  in«*i6,  p.  3o*  Ce  conte  en 
prose ,  parut  à  roccasîon  de  la  naissance  du  dauphin.  Lt 
Cour  reconnaissante  fit  passer  à  Fauteur  une  tabatière  à 
gorge  et  à  cercles  d'or,  omëe  du  portrait  de  la  reine.  La 
boîte  renfermait  ces  deux  vers  : 

Vous  rendez  à  la  reine  un  si  parfait  hommage , 
Que  TOUS  méritez  bien  d'en  posséder  limage* 

Y.  Couplets  pour  le  jour  du  mariage  dujils  aîné  du  consà 
Lebrun^  as^ec  iM"*  Barbé-Marbois  (quatre  couplets  de  huit 
vers  chacun).  Paris,  Delaguette,  1802,  in-8®,  p.  4- 

VI.  Chant  pastoral  et  religieux  consacré  à  V illustre  ber- 
gère^ patrone  de  Paris  et  de  toute  la  Prance  ,•  par  une  bergtn 
desArdennes.  Paris,  s.  n.  d'împr.,  !8o4,  in-4**>  p-  4*  Do^^ 
couplets  de  six  vers  chacun ,  faits  à  l'occasion  du  rétabKs- 
aement  du  tombeau  de  Sainte -Geneviève  dans  l'église  de 
Saint-Etienne^lu-Mont. 

VII.  Couplets  sur  le  ru)uçeau  pont  construit  vis-à-vis  du 
Louvre  (Paris,  i8o5,  in-8',  p.  4)«  Neuf  couplets  de  huit 
vei:3  chacun. 

Vm.  La  chanson  du  peuple  aux  réjouissances  de  Paris, 
pour  le  retour  de  V empereur  et  de  la  paix  (Pari§ ,  i  8q6  ,  in-8S 
p.  3).  Dix  couplets  de  quatre  vers  chacun. 

n  est  probable  qu'elle  a  pubUë  d  autres  petites  pièces  de 
ce  genre,  qui  seraient  dignes  de  figurer  dans  laBibliO' 
theca  volante  de  Cinelli. 

D'Hébrail  (i)  et  Fortunée  Briquet  (a)  se  sont  trompas  en 

(1)  Frûiu»  iUtérahre,  t.  I»  p.  %%y, 

(3]  Dictionnaire  HitUnique  dût  Françaises, 


^Ka)^la«^t  qii^teHe  ayaât  mi&  au  )ûuir  des  vc^  sur  la  naissance 
JLvL.  fitl9^  de>L^  Fraïuc  de  PoHàpîgnan.  G  est  ce  quatmin  hiëdiit  ? 

Dans  tes  bras  paternels ,  en  naissant  reçois-moi , 

Ta  vue  embellira  l'aoiore  deiDa,  TÎmf 

De  ton  souffle  dÎTin  anime  m^n  géiyîe» 

Je  venz  être ,  ô  mon  père>l  mxk  fili^%B6  4c  toi. 

Pièces  insërées  dans  le  Jflercure  de  France  : 

Elles  consistent  eu  alTëgories,  anecdotes,  ballades,  contes, 
couplets,  énigmes,  épit9iphes,Ëit)leS)^ idylle^ ^lettres,  odes, 
romances  et  vaudevilles. 

Jrente-deux  Pièces^  depuis  le  mois  de  mars  1 766  ju^q^u'en 
février  1778  ;  plus  unç  autre  pièce  da»s  le  n**  829  du  Mer- 
cure^ du  7  nov.  1706,  p.  246. 

Parmi  ces  production^,  on  distingue,  1°  trois,  Couplets 
(ji  mars  1766)  sur  le  mariage  du  vicomte  de  Montmorenci- 
LavalavecM^Boullogne,  que  les  biographes  ont  cru  mal 
à  propos  avoir  été  publiés  séparément  -,  2**  EHne  et  son 
chien^  idylle  (jan.  1776)?  et  depuis  insérée  dans  le  Recueil 
Je  l'mcadémi^  desjéux/br^ax.  C'est  le  chef-rd'iBiivredel^9u- 
teur;  3p  Ifli  Guirlande j,  iflyUe  (}uin>  i77&)-,  et  depuis  réim^ 
piiaaée  dass  Vjâbnanach  des  Muses>  et  autres^recueils:. 

Dans  V  Année  Littéraire j  de  Fréron  -,  le  Journal  de  j^ttéra- 
ture^  paf  Fabbç  Qrosier*,  le  Journal  des  JPames^  etc^  : 

» 

i"*  Le  Lion  voyageant  incognito^  fable  allégorique^:  éàn» 
le  t.  I ,  p.  36,1.  du  Fqyage,  en  Fram»,  du.çQmte  dç.  Falckens- 
tein  (Joseph  II).  (Paris,  1778,  îfc  vol.  ia>^i>2)y  j^ar  Gautier  de 
Simpré  -,  2**  Lettre  sur  le  poëtne  erotique  des  Quatre  heures 
de  la  toilette  des  Darnes^  par  de  Favre  :  in;sérée  dans  le 
journal  de  Grosier,,  t|^  I„  s^v^  IJ79^  kttrft  xw,  p.  878  à 
889*,  S""  la  Gentille  Boulangère  j  ehanson  faussement  attri- 
buée à  MM.  de  Nivemois,  de  Boufllers  et  de  Beaumarchais  : 
insérée  dai^  h  RecmU  des  pJm  folies  chansons,  ,*  4r  Rfmanm: 

20; 


3o8  GOS 

insérée  dans  le  Journal  des  Dames  (mars  1 774)  ^  dans  les 
Etrennes  du  Parnasse.  La  Loupedère ,  de  Reims ,  fit,  à  l'oc- 
casion de  cette  pièce ,  les  vers  qui  suivent  : 

Sur  le  ParnaMe  et  dans  Gytlière, 
On  croyait  n'égaler  jamais 
Cette  divine  Deshoulière 
Qui  reTit  jusque  dans  vos  traits. 

L'illusion  s'accroît  par  cet  air  de  famille 
Qui  se  soutient  dans  vos  écrits. 
Et  l'on  TOUS  prendrait  pour  sa  fille , 
Si  Fos  vers  étaient  moins  polis. 

5"  Les  Templiers  j  romance  sur  la  tragédie  de  M.  Jlaj- 
nouard  :  huit  couplets ,  imprimés  à  la  tête  de  FAlmanach 
chantant,  intitulé  :  Les  Templiers .  (Paiis y  1806,  în-24.)  fi" 
six  couplets  à  Tabbé  de  Yoisenon ,  nommé  ministre  plénipo- 
tentiaire de  l'évêque  de  Spire  près  la  cour  de  France  ;  dans 
les  Etrennes  du  Parnasse  ^  vers  1775. 

Dans  le  Journal  de  Paris  et  la  Clef  du  Cabinet  des  Sour 

i^rains  : 

Quatre  Pièces  :  20  mars  1802;  24  ^o^*  i8oa(i);  oct.  i8o5', 
I"  janvier  1806.  : — Deux  Pièces:  i  juin  i8oi  ;  29  juin  i8or. 
insérées  dans  la  Clef  du  Cabinet.  Dans  un  article  consacré  à 
M^*  Cosson ,  dans  les  Siècles  Littéraires  de  la  France^  Deses- 
sarts,  mal  informé,  Pavait  rangée  parmi  les  morts;  notre 
Ardennaise ,  pleine  de  vie ,  crut  devoir  réclamer  contre  cette 
erreur  dans  la  première  de  ces  deux  pièces,  que  voici  : 

Dans  un  livre  nouTean  qu'aujourd'hui  l'on  publie , 

Mon  nom  se  voit ,  dit-on ,  cité. 
Je  rends  grâces  à  l'auteur  sur  cette  courtoisie. 

Mais  dans  cet  acte  de  bonté 

J'aperçois  un  tour  de  magie  : 
Pour  me  vouer  plus  vite  à  l'immortalité. 
Il  m'a  d'un  mot  escamoté  la  vie. 

(1)  Cette  pièce  de  vingt-huit  vers  sur  le  mariage  du  poète  Delille ,  a  été  in* 
sérée  depuis  dans  le  Petit  Magatin  det  Dam^ ,  a*  amiée  —  t8o5. 


COS  3o9 

Dans    les   Mémoire^  Littéraires   de   Favart,   publiés  en  . 
i8o3   : 

On   y  remarque  une   e'pître  galante  de  notre  poète  à 

M™®  Favart.  Cette  lettre  est  du  i8  oct.  1 766  -,  elle  finit  ainsi  : 

c<  Pourquoi  n'aî-je  pas  aussi  une  petite  cabane  sur  la  route 

»  de  Fontainebleau,  avec  six  poules  et  deux  brebis?  Je  vous 

»  aurais  préparé  un  petit  souper  champêtre  *,  je  vous  aurais 

»  composé  un  lit  avec  de  la  fougère,  des  fleurs  et  des  peaux 

»  d'' agneaux.  Nous  aurions  soupe  gaime^t*,  et  quand  vous 

»  auriez  été  bien  endormie ,  j'am*ais  appelé  mes  voisins.  Ve- 

»  nez,  leur  aurais-je  dit,  venez  voir  une  nymphe  qui  s'est 

)>  égarée  dans  nos  bois^  elle  repose  chez  nous,  venez  la 

»  contempler  pendant  qu'elle  dort.  Le  jeune  berger  vous  eût 

»  prise  pour  la  mère  des  amours  -,  le  jardinier  pour  Flore  ; 

»  le  laboureur  pour  Cérès  ;  le  bûcheron  pour  une  dryade. 

»  Chacun  vous  eût  réclamée  pour  sa  divinité.  »  (t.  II,  p.  364«) 

M™®  Favart,  qui  était  Famie  intime  3e  notre  poète,  a 

peint  son   portrait ,  au  bas  duquel  Tabbé  de  VcHsenan  a 

mis  ce  quatrain  : 

Sa  bouche  prêche  la  raisoo  9 

Ses  yeux  iotpirent  la  folie  : 

GhacuD  voudrait  avoir  Gosson , 

Ou  pour  maîtresse  ou  pour  amie.  * 

M"*  Gosson  a  coopéré  à  Fouvrage  intitulé  :  De  F  Educa- 
tion physique  et  morale  des  femmes^  avec  une  notice  alpha- 
bétique des  femmes  illustres  (par  Riballier).  Paris,  Elstienne, 
i^^g,  in- 12.  Ellle  y  est  désignée  à  la  pftge  88,  sous  les 
lettres  initiales  de  son  nom.  (c  D'après  cet  hommage ,  on  est 
»  étonné  de  ne  point  trouver  dans  le  corps  du  livre  (1%  Far- 

(1)  On  y  remarque  à  la  p.  li.22 ,  Tarticle  de  MDe  Renotte  (  depuis  Mn^^Pu- 
thaùx),  née  à  Mézières ,  qui  s'est  rendue  par  goût  très-habile  dans  le  manie- 
ment et  l'exercice  des  armes.  Son  père ,  l'un  des  principaux  officiers  de  la  com- 
pagnie de  l'arquebuse  de  cette  ville ,  Payant  conduite  arec  lui  en  1 774 ,  au  prix 


3  to  GOS 

M  ticle  de  cette  I^^ ,  oonniie  par  beaucoup  de  vers  et  de 
»  couplets  agréables ,  qu^ôn  sait  être  à  elle ,  et  n^avoir  p<Hti!f 
)i  été  faits  à  Taide  d'un  domplaisant  teinturier.  »  (Grosîer, 
t.  I/p.  48  du  Journal  de  Littémture.) 

Parmi  les  compositions  conservées  dans  le  portefeuille  de 
notre  Ardennaise ,  nous  avons  remarqué  celle-ci  : 

fhquête  à  M*  de  la  Michodière,  pour  obtenir  une  décharge 

de  capitdîion. 

Monseigneur  de  la  Michodière , 
Vous  dont  le  cœur  est  partout  si  Tante , 
Vom  tja'hoDOre  Pteris  comme  un  dieu  t«télaire, 
OftigmE  écoutar  ma  priera. 
L'objet  en  est^  en  yérité  9  •« 

Bien  juste,  et  le  succès  tout-à-fait  mérité  ; 
Bans  une  confiance  entière 
f^en  ap^péUe  à  votre  équité. 
Hier  il  mVest  venu  trës-jwédsc  ordofeMaoe 
De  financer  certain  tribut  tu  roi  ; 
Mon  humble  et  courte  remontrance 
Prouvera  (jue  je  suis  exempte  de  la  loi  : 
Pour  moi  sans  doute  elle  ne  fut  pas  Sedte.    ' 
J'habite  un  coin  dans  le  sacré  vallon  ^ 
Des  neuf  sava  ntes  sœnvi <}'y  'pat*^  ta  toiletté , 
J 'y  cultive  à  leurs  yettx  le  laniler  d'iâfbMwi , 
Faut-il  le  dire  enfin ,  )e  ^«âi  Jpèète  : 
Oui ,  chaque  jour  sur  ma  ddoce  Witisétte 
Je  tftche  d'accorder  la  rime  et  la  raison. 
A  ce  métiev  l'oiiidevieiit  Idu  ,  dit-^tt^ 
Ah ,  monseigneur  1  iors^e  l'ùo  perd  la  tête , 

Doit-on  payer  U  capîtatioa  F  (i) 

t 

(  f^oyez  les  articles  Ba»w»  et  Copette.) 

général  de  la  fyroviAce ,  qm  se  reodàft  cette  àiitiéie4  Sàint-Qnefitin ,  elle  rem- 
porta ,  en  présence  d'une  foule  de  spectateurs ,  le  second  prix ,  et  par  un  cri 
général,)  elle  y  fut  proclamée  VAmoMme  de  MéMère», 

(1)  On  a  fait  droit  à  cette  requête  »  en  déchargeant  notre  poôte  de  la  csfii- 
tation  ,  pendant  la  durée  de  radministration  de  M»  de  ia  Michodièie. 


cou  3ii 

COURTOIS  (Jean  Louis),  de  GUrlevUle,  y  vit  le  jour 
le  I  o  décembre  17 12  (»).  La  nature  Tavait  doue  d'un  esprit 
précoce  >  et  ses  heureuses  dispositions  furent  si  habilement 
cultivées  par  les  Jésuites  de  80&  lieu  natal,  qu'il  avait  terminé 
8a  rhétorique  à  quatorze  ans.  Désireux  de  se  l'attacher ,  ces 
pères  y  réussirent  sans  peine  9  car  la  jeunesse  docile  aux  im^ 
pressons  qu'elle  reçoit ,  semble  chérir  la  séduction ,  et  ou- 
vrir son  &me  tout  entière  à  qui  veut  s!en  emparer.  Il  entra 
dans  leur  société  le  16  septembre  1726. 

Après  son  temps  d'épreuve,  il  commença  son  cours  de 
régeiicç ,  pendant  lequel  il  se  donna  cette  seconde  éduca* 
tion  ,  dont  la  première  n^est  jamais  qu  une  ébauche*  Son  dér 
but  fit  présager  qu'il  égalerait  un  jour  ceux  de  ses  con&èfes 
qui  s'^étaient  le  plus  distingués  dans  la  earrière^de  Tinslruc-' 
tion  publique.  Il  professait  la  rhétorique  à  Dijon ,  lorsqu'il 
remporta,  en  1 75a  et  1 754$  le  prix  d'éloquence  à  l'Académie 
finançaise.  Lié  avec  le  P.  Franocàs  Oudin^qui  s'occupait  | 
dans  la  même  ville  y  de  la  suite  de  rfaistoire  littéraire  de  sa 
société (3),  le  P«  Courtois  succéda,  dans  ce  travail,  à  ce  sa* 
vant  homme,  mort  le  a8  avril  \*]^%  (3).* Une  tâche  aussi 

(1)  £t  non  le  6,  comme  le  dit  la  Biogr.  univ,,  qui  commet  deux  autres  ex- 
reurs  ,  en  le  nommant  Louis ,  et  en  fixant  sa  mort  à  l'année  1768. 

(3)  Cet  ouvrage ,  pubKé  avec  le  titre  de  BibUefheM  seripiorum  ioektaiUJêgM , 
«▼«ai  été  poQflsé  par  fiJimdeBeirB  Im^fv'ea  161$  (Ly^n ,  1619»  in^«0  >  P^  A^' 
gambe  jusqu'en  1643  (Anvers,  1643,  in-fol.);  et  par  Sotv?el  jusqu'en  1673 
(Rome ,  1676,  in-fol.].  Ce  dernier  a  retranché  quelques  livres  de  controverse 
rapportés  par  Alegambe ,  et  n'a  point  parlé  des  ouvrages  mis  à  fkidex ,  ii| 
Yapporté  les  passages  des  hérétiques  et  des  auteurs  «aspects ,  ce  ^  avait  ex- 
poAé  son  prédécesseur  à  Tanimadversion  de  ses  confrères.  Il  faut  joindre  6 
ces  volumes  le  snpptémeqt  du  P.  Raimond  Dioldacb  Gaballero,  Intitulé  : 
BibiioiheuB scriptorum  Mc,  Jêsu  tupplementâ,  Rome,  Fr.  Bourlié,  i8i4— 1816, 
in-fol.,  p.  333. 

(3) Ce  célèbre  Champenois  travailla  pendant  vingt  ans  à  cet  ouvrage,  et 
laissa  dix -neuf  cent  vingt -huit  articles,  et  des  fragmens  et  des  matériau^ 
pour  plusieurs  autres  ;  mais  comme  on  reconnut  à  Rome ,  dans  la  révision  que 
l'on  fit  de  son  travail ,  ou  que  les  Mémoires  lui  avaient  manqué ,  on  même  qn^] 
avait  travaillé  sur  des  instructions  qui  n'étaient  pas  toujours  exactes,  ce  fut 


3i2  cou 

chatoîiiUeuse  9  sigelosa^  remarque  le  Nuos^oDizioivario  Jsto^ 
rico  (i  ) ,  ne  pouvait  être  confiée  à  un  littérateur  plus  habile. 

Chargé  de  conduire  cet  ouvrage  à  sa  .perfection^  ce  qui 
ne  pouvait  s  exécuter  fiructueusement  cpi  a.Rome>  le  P.  Cour- 
tois quitta  Dijon  en  ijSS ,  et  se  rendit  dans  cette  capitale. 
Sa  réputation  Y  y  avait  devancé  :  il  y  fut  accueilli  partout 
avec  les  ténKHgnages  de  la  plus  grande  considération.  Retiré 
au  collège  Romain ,  il  s'y  occupa ,  durant  plusieurs  années, 
à  recueillir  et  à  mettre  en  ordre  les  matériaux  nécessaires  à 
son  travail.  Il  eut  dans  cette  ville  de  fréquentes  occasions 
de  jouir  du  commerce  des  gens  de  lettres ,  qui  témoignèrent 
en  toute  occasion  la  plus  grande  estime  pour  ses  talens  et  son 
jugement,  surtout  en  matière  de  goût.  Ohligé  d'abandonner 
ritalie  pour  cause  de  santé ,  il  repassa  en  Fmnce  en  i  ySg, 
et  vint  à  Paris  occuper  au  collège  de  Clermont  la  chaire  de 
rhétorique,  rendue  si  célèbre  par  les  Cossart,  les  Jouvancy, 
lesPorée,  les  Baudori,  les  Geofi'roi,  ses  prédécesseurs (2). 

A  peine  le  P.  Courtois  fut-il  de  retoui^  dans  sa.patrie, 
qu'il  jugea  que  la  perte  de  sa  société  y  était  i^ésolue.  En  ef- 
fet ,  elle  fut  dissoute.dans  tout  le  royaume  par  un  édit  royal 
du  mois  de  novembre  1764.  Lorsque  le  parlement  de  Paris 
porta  la  peine  d'exil  conb'e  ceux  de  ses  membres  qui  n'abjure- 
raient pas  l'institut  et  le  régime  auxquels  ils  s'étaient  astreints, 
le  P.  Courtois  se  réfugia  en  Lorraine,  où  sa  compagnie  possé- 


pour  éviter  ce&ipcoiiTémeDS,  qu'on  envoya  le  P.Gourtoû  à  Rome  poux  fouiller 
d^»  les  archives  de  la  société ,  parcourir  les  bibliothéipies ,  et  consulter  les 
ouvrages  des  écrivains  Jésuites ,  dont  le  P.  Oudin  aurait  parlé  plus  au  long  et 
plus  justement ,  s'il  avait  eu  cet  avantage.  (Michault ,  Mélanges  bistor.y  t.  Il , 
p.  255.)  • 

(i)  Bassano ,  1796,  a  a  vol.  in-S». 

(a)  Le  P.  Zaccaria ,  son  confrère,  bibliothécaire  de  Modéne,  lui  succéda  à 
Rome.  Il  consacra  ses  veilles  ^  jusqu'en  1773 ,  à  enrichir  de  nouveaux  articles 
la  biographie  des  Jésuites  ;  mais  la  suppression'générale  de  l'Ordre ,  survenue 
à  cette  époque ,  empêcha  la  continuation  et  la  publication  de  cet  ouvra|ge  im- 
portant ,  qui  devait  formel*  4  vol.  in-fol. 


cou  3i3 

dait  encore  ses  ëtablissemens ,  sous  la  protection  du  roi  Sta* 
nislas .    Il    demeura  successivement  à  Nancy  et  à  '  Pont-à- 
AI0U3S011.  Après  la  mort  de  ce  prince,  arrivée  le  ^3  février 
1766,  les  Jésuites  éprouvèrent  dans  ce  duché  le  même  sort 
que  celui  dont  ils  avaient  été  partout  ailleurs  les  victimes. 
A  la  fin  de  1768,  le  P.  Courtois  n'espérant  pas  que  sa  so*- 
ciétë  pût  être  long-taoaps  conservée  dans  les  autres  États,  se 
retira  à  N,eufmanil ,  village  situé  à  deux  lieues  de  Charleville, 
et  hoirs  des  limites  de  la  France.  Heureux  en  travaillant 
parce  que  Fétude  était  son  unique  passion,  des  livres  lui 
offraient  dans  cet  exil  un  charme  puissant  contre  Tennui  y 
et  lorsqu'il  avait  besoin  de  consolation  dans  ses  malheurs , 
Plutarque  lui  rappelait  toujours  le  souvenir  de  quelque  per^ 
sonnage  illustre  dont  les  peines  avaient  surpassé  les  siennes. 
Lorsqu'il  habitait  ce  petit  village  y  il  emprunta  V Esprit  du 
P.  Castel  à  M.  Lissoir,  abbé  de  Lavaldieu.  Au  bout  d'un  an , 
le  prélat  le  lui  redemanda  plusieurs  fois.  Le  P.  Courtois  qui, 
si  Ton  en.  jugeait  par  ce  trait ,  aurait  eu  pour  maxime  que  ce 
qui  est  bon  àprendre  est  bon  àgarder^  répondit  que  ne  voyant 
plus  chez  lui  ce  volume,. il  l'avait. sans  doute  rendu.  Un  jour 
que  M.  Lissoir,  entraîné  par  Tabbé  Savary,  chanoine  d'Y- 
VOIS,  fut  visiter  le  P.  Courtois,  il  aperçut  ï Esprit  du  P.  Castel 
sur  sa  table.,  et  soudain  le  jésuite  de  tourner  le  dos,  et  de 
déplier  sur  ce  volume  une  carte  de  géographie.  Témoin  de 
cette  ruse,  le  prélat  baissa  les  yeux.  Il  ne  fut  pas  plutôt 
sorti ,  que  l'abbé  Savary,  qui  était  instruit  dur  larcin  litté- 
raire ,  lui  dit  :  Corn^enez  qm  les  Jésuites  ont  toujours  eu  des 
dessous  de  carte.  Néanmoins,  quelques  mois  après.  Fou vrage 
fut  remis  à  Tabbé  de  Lavaldieu. 

Le  lecteur  excusera  l'anecdote  :  en  parlant  d'un  littéra- 
teur, on  n'a  pas  toujours  à  citer  de  ces  traits  qu'offre  en 
abondance  la  vie  d'un  guerrier  ou  d'un,  homme  d'état,  et 
qui  intéressent  tout  un  pays. 

Ayant  obtenu  la  permission  de  rentrer  en  France,  le 


3i4  œu 

p.  Courtois  alla  se  fixer  au  villaige  de  Saintr-Laurent ,  prés 
de  Ghatleville.  Il  y  vëeut  ayec  un  de  ses  frères ,  remplissaiit 
toutes  ses  heures  par  le  travail  et  Tétiide.  Se  produisant  peu 
au  dehors^  «son  cabinet,  pour  nous  aervir.de  ses  expres- 
»  sions,  était  pour  lui  plus  que  les  palais  des  rois^  panse 
»  qu'il  y  était  aVec  les  Muses  ^  avel:  la  liberté  et  la  paix  )»  (i). 
La  mort  vint  fermer  mt%  paupières  dans  cette  solitude,  le 
i*"""  juin  i^^^,  treûce  mois  avant  la  bulle  d  extinction  de  soa 
ordre  dans  tout  le  monde  dirétien,  donnée  par  Clénaent  XIY, 
le  21  juillet  1773. 

Le  P.  GHutota  ne  pouvait  manquer  de  fouir  d'une  haute 
considération,  dans  une  société  où  Ton  estimait  les  tnlens 
comme  des  iïistmmens  utUes  à  la  glcùre  de  FOrdris.  Excellât 
humaniste ,  il  n'ignorait  rien  de  ce  qui  peut  former  la  con- 
naissance kplus  ptofonde  des  langues  anciennes.  La  belle 
langue  d'Homèi^  et  de  Pindat« ,  lui  était  aussi  familière  que 
celle  d'Horace ,  de  Virgile  et  de^  autres  classiques  latins.»  Il 
écrivait  pdliiïtent.  Sa  prose  est  correcte ,  él^;aute ,  nom- 
breuse; Sa  v^rsifitiatioii  coulante,  noble,  pleine  d'images. 

Le  P.  Zaccaïia  Ta  nommé  avec  éloge  dans  le  t.  IV  de  h 
Sioria  d'Itcdia  (années  i740--^i757),  et  le  P,  Marianus  Par- 
thenius,  p.  ^4^  de  sonî  poëme,  intitulé. î  Eteçlricorumj  fc 
bri  l,V  (Rome^  Salomoni,  1767,  in-8"),  lui  a  fait  hommage 
de  ces  vers  flatteurs  : 

Ac  te  oculis ,  renim  dulcissime  9  nostris  -^ 

Saepe  olim  in  turbâ  memini  objecime  videndum , 
Gallia  queofi  nobis  magno  pro  munere  «nish  ; 
Fefices  mmiùiii ,  {Mpopria  h«c  m  dona  IwsBcat . 

.«.•• avebam 

Ipse  quidem ,  fateor  ;  quando  est  tibi  tradita  cura 
Mandare  «tern»  sociorum  nomina  fam» , 
GenserilB  nuiBero  ;  Terùm  nimis  ardna  f<>ta 
Damnabat  pudor,  et  tanti  reverentia  cœtOs. 
Ecquod  enim  studii  genus  extitit  P  ccqua  facultas , 

(1)  Discours  couronné  e&  tjS2y  p.  309. 


cou  3t5 

Quajit  non  agfeaai  «cnjptîi  «mare  disevtU  i 
Et  poterû  numéro  tam  m«lta  voliinima,4axa 
JEde  Palatinus  (i)  quam  multa  haud  capit  Apollo , 
QoinpkctlTiiiôtt. 

JK<{aMrettciliiB  nAuattefttâr  ah«iiaB , 

Tastiia^criptorom  qnàoi  poMÎtcenaus  inîrii 
Inclytaque  in  proprias  tribui  tôt  noraina  cla98e8. 


'  1.   IPièce  dramatique  en  vers  sur  le  mariage  du  prince  de 
Soubîse*^  Paris j  I74ï>  îii-8**, 

!!•  ^quaPicatUy  Carmen  :  insëré  t.  II,  p.  272  —  276  des 
Poemata  DùiascaUca.  (Paris,  1749»  3  vol.  în-ia.) 

Cet  ëlégant  Poème  sur  l'eau  de  Goudron  ^  est  compose  d^ 
six  cent  soixahte-seize  vers ,  et  tient  un  rang  distingue  dans 
ce  recueil  prëcieuo:,  dont  nous  sommes  redevables  à  ceux 
des  modernes  qui  ont  cultive  les  Muses  latines  avec  le  plus 
de  succès. 

tll.  Discours  sur  ce  sujet  :  Que  Vcunour  des  lettres  inspire 
la  vertu  ^  couronne  par  T Académie  Brançaise  en  1752. 

IV.  Discours  sur  ce  sujet  :  Que  la  crainte  du  ridicule  a 
plus  étouffé  de  vertus  et  de  talens,,  quelle  na  corrigé  de  vices 
et  de  défauts;  couronne  par  T Académie  française  en  1754- 

Ces  deux  discours  ont  été  insérés  dans  le  t.  lH ,  p.  3o— -52, 
p.  52 — 72  du  Recueil  des  Prix  de  V  Académie  française.  (Pa- 
ris, 1760,  8vol.  in-i2^)lï.,danslet.XXXVI,p. 27g — 3ii, 
et  le  t.  XXXVII,  p.  5o— 80  du  RecueA  de  cette  académie. 
(Paris,  1693—^1767,  4'  vol.  in-i2.) 

COURTOIS  DEVÈRTEMONT  {Edmond  Robert),  frère 

du  précédent,  et  fils  de  Pierre  Courtois  et  de  Marie  Denise 

Bastonnier,  né  à  Chârleville,  le  16  février  1706,  y  fit  ses 

classes  thez  les  Jésuites,  et  avec  succès,  puisqu'^îl  devint 

jéstiite  lui-même.  Au  bout  de  quinze  ans,  il  rentra  dans  le 

(1)  La  bibliothèque  palaliae  eal  dédiée  à  Afàdéa. 


3i6  CRO 

monde  9  muni  d'un  riche  fonds  de  connaissances ,  avec  Ta- 
mour  du  travail.  Il  vaquait  à  Paris  à  une  éducation  particu- 
lière, lorsque  des  protecteurs  lui  ouvrirent  la  carrière  di- 
plomatique, où  il  cueillit  quelques  lauriers ,  quil  dut  à  sa 
sagesse  prévoyante.  Nommé  secrétaire  d^ambassade  en  Suisse, 
en  17489  chargé  d'affaires  plusieurs  fois,  la  première  en 
1749,  la  dernière  en  17 54 9  il  fut  gratifié,  le  i''  mars  1755, 
d'une  pension  de  retraite  de  i5oo  liv.  (i).  A  cette  époque, 
il  se  retira  à  Saint -Laurent,  où  il  vécut  dans  une  retraite 
studieuse,  sans  pourtant  renoncer  au  monde.  Le  mois  d'oc- 
tohre  1777  fut  le  terme  de  sa  vie. 

La  modestie  et  la  simplicité  se  montraient  dans  tout  ce  qui 
l'environnait  -,  l'amour  des  livres  était  un  titre  certain  à  son 
estime  et  à  son  amitié-,  sa  conversation  avait  toute  la  pureté 
et  toutes  les  grâces  dont  notre  langue  est  susceptible.  Son 
goût ,  éclairé  et  nourri  par  une  étude  profonde  des  écrivains 
de  l'antiquité ,  le  rendait  juste  appréciateur  des  productions 
des  autres  *,  ce  qui  fait  regretter  qu'il  ne  nous  ait  point  enrichi 
de  quelques-unes  de  ses  productions.  Il  était  intimement  lié 
avec  le  P.  Jean  Baptiste  Loth,  jésuite,  né  le  2  février  172}  , 
à  Charle ville ,  où  il  professait  la  philosophie  en  1 756,  et  avec 
Anselme  Loth,  son  frère,  qu'on  appelait  le  Jésuite^  parce 
qu'il  avait  postulé  pour  l'être.  Celui-ci,  doué  d'une  imagi- 
nation vive  et  féconde ,  et  de  talens  gracieux ,  faisait  très  bien 
des  vers  latins*,  ce  qui  suppose  de  bonnes  études,  des  con- 
naissances et  de  l'esprit.  Il  est  auteur  d'un  poème  inédit , 
intitulé  de  Vrhanitatej  dont  le  but  est  de  faire  sentir  la  sym- 
pathie de  la  politesse  avec  la  religion  chrétienne. 

CROI  (Antoine  DE),  premier  prince  de  Porcien,  fils 
d'Henri  de  Groï  et  de  Charlotte  de  Châteaubriant,  né  en  1 54 1  » 
épousa  Catherine  de  Clèves,  sœur  cadette  d'Henriette,  com* 

(i)  Archives  du  minutère  des  affaire»  étraiigëres. 


r 


CRO  iiy 

tesse  de  Rethel.  Le  roi. Charles  IX  érigea,  le  4  juin  1 56i ,  le 
comté  de  Porcièn  en.priiici(>autéy  en  faveur  de  ce  .mariage. 
L'union  des  deux  époux  ^  qui  habitaient  le  château  de  Porcien^ 
ne  fut  pas  de  longue  durée.  Le  jeune  prince  s'attacha  aux 
Goligni  y  et  comme  eux  il  embrassa  le  Calvinisme.  Pour  sou- 
tenir, ce  parti ,  il  se  mit  k  la  tête  de  quatorze  mille  Protes- 
tans  y  fit  des  incursions  dans  la  Brie  ^  et  inquiéta  le  cardinal 
de  Lorraine,  revenant  du  concile  de  Trente,  en  i563. 

Les  Bénédictins  du  prieuré  de  Saint-Thibaut  de  Ghàteau- 
Porcien  ne  tardèrent  pas. a  éprouver  les  effets  de  la  haine 
qu'il  portait  aux  cénobites.  H  les  força  de  se  retirer  à  leur 
abbaye  de  Saint-Hubert  en  Ardenne  -,  il  fit  même  assassiner 
un  de  ces  religieux  à  Novion,  par  un  guet-^-pens.  Les  Ca- 
tholiques de  sa  principauté  fusent  souvent  en  butte  à  ses 
persécutions  :  des  gens,  apostés  par  ses  ordres,  les  insul- 
taient jusque  dans  leurs  églises.  Ils  fiirent  déUvrés  de  ce  fléau 
le  5  mai  1 687,  époque  à  laquelle  mourut  à  Paris  le  prince 
Antoine,. sans  postérité,  à  Tâge  de  vingt-six. ans.  Son  corps 
fut  transporté  à  Chàteau-Poi:cien ,  et  inhumé. dans  un  cer- 
cueil de  plomb ,  qu'on  convertit  en  balles  de  mousquet  du- 
rant le  siège  de  1617. 

Voici  ooninpie  sa^mort  est  racontée  :  «  Le  prince  de  Por- 
)»  cien ,  jeune ,  martial  et  guerrier,  mourut  à  Paris,  le  1 5  may 
1»  1567,  d'une  fièvre  chaude,  causée  d'une  colère  mêlée 
»  d'excès,  qui  fut  qu'aya;nt  joué  à  la  paume  tout  le  long 
»  du  jour,  il  fut  mandé  le  jsoir  aux  Tuileries  ,*  où  le  roy 
»  (Charles  IX)  le  tint  deux  heures  découvert  dans  le  jardin, 
».  à  la  lune  et  au  serein ,  et  lui  tint  de  rudes  propos ,  jusqu'à 
)»  le  menacer  de  la  p^rte  de  sa. tête  pour  Linchamp^  place 
»  fiipntière  (  située  sur  la  rivière  de  Semoy,  Ardenne  ),  qu'on 
»  avait  donné  à  entendre  à  sa, majesté  qu'il  faisait  fortifier; 
»  car  étant  revenu  en  sa  maison  outré  de  dépit ,  conmie  il 
))  avait  le  cœur  merveilleusement  grand,  envoya  quérir  du 
»  vin ,  et  étant  en  chaleur,  en  but  trois  quartes,  et  mangea 


ii9  CAO 

)»  troU.  platdëes  d  amandes  vetUïêy  et  m>  e»all»  coucher  ta- 
»  desfiMft'f  qui  fié  le  poison  éfa'im  dit  luy-woir  éléhxiMi,  m 
{^Mémfiè^s  4fi  l'EftoHej  t.  I,  p«  i&.)  Cea  dernières  pait^es 
font  aUtuion  au  libelle  satyrique  intitula  :  La  Légeinde  de 
dem  Claude  de  Gaiiae  ^hbé.  de  Glom) ,  où  Foif  assure  quW 
nommé  Saint-Bartheleini ,  émiânaire  de  dom  Oande  9  avak 
4ani)^  au  prinoe^e  Porcien  im  breuTage  empotaonn^  ^  ipȔ 
lai  avait  échauffe  le  sang.et  troublé  la  raison. 

Aiktoiae  de  Croï  était  euoieiBii  déclaré  de  la  cnaâso»  de 
Guiae  9  et  il  ea  donna  des  preuves  en  ntouraiit;  car,  comme 
il  soupçonnait  sa  femme  d-avoir  de  rinclination  pour- le  due 
de  Guîse  (Henri  le  Balafré),  il  h  conjura  de  ne  pd^nf  Té^ 
pouser ,  «  Je ne^dontQ  pas ,  li|i  dit<41 ,  qu'éta«it  jeune ,  beHe  et 
»  riche»  TOUS  ne  soyez  remariée  'après  ma  mort.  Ici  vous 
»  laisse  le  choix  des  partis  $  et  de  tout  le  royaume ,  je  n^en 
)»  éJLcepte' qu'un  seul  homme  :  c^est  \e  duc  de  Guî^.  CVi^ 
»  Fhûmme  du  monde  que  je  hais  le  plns^  et  je  \*ouâ  demande 
»  en  gr&ee  que  mon  plus  grand  ei»aemi>  ne  soit  pas  Théritier 
»  du  phia  prëcieux  de  ton»  mes  biens.  »  (Le  Laboureiir, 
addiU  emx  Mim.  de  Castblnaxi  ,  1. 1.)  IXMgré  une  demande 
si  précise,  Catherine  donna  sa  main,  au  mois  de  septetnbFe 
1 570 1  à  ce  même  duc  de  Guise ,  qui  frit  assasâné  le  23  dé- 
eazibre  i58&(f). 

Cette  princesse  a  eu  la  jomssance  du  château  de  Poreien 
jusqu'en  1608^  époque  où  la  pri4icipat|té  fût  vendue,  à  la 
charge  du  douahre  de  la  veuve* 

Ihirantksguan'esdelaLigue^surlafiinduTègAod'Benri'ni^ 
et  sous  Henri  IV,.  les  petites  viBea  de  Champagne  eurent 
beaiy^Qiqi  à  souffiir^  celle  de  Château -t-Pôi^eien  fnÉf  jusque 
la  seule  excitée  :  elle  dut  cet  avantage  à  G^itberîne  de 
Qèves,  que  ses  alKances  avaient  rendue  reeommandable 
aux  deux  partis.  Dans  ces  temps  malheureux ,  les  habitans 

\  • 

(1)  Voy.  B«yle,  DiàUçnnmtt  cpHûiue,  art.  Hèmri  4e  Lorfoilne,  dut  </•  Guhe, 


\^ 


DAN  hg 

des  villages  voisins  »  au  i¥>ml]^e  de  dix^'huiiy  se.  réfugièrent 
dans  la  capitale  du  Porcien,  pour  y  vivre  àous  la  pârofeectioti 
de  leur  priiice9se  douairière)  qui  marqua  toujours  ud^ 
glande  'prédilection  pour  cette  ville  .^  Elle  est  vaortd  le 
II  mai  i633,  âgée  de  quatre-vingt-'Cinq  ans.  {MSS*  de 
Pre^tj  Uaré  Jt Uerpy .) 

«  Le  21  juillet  1578,  Saiat-Megrin,  Tiui  des  mignovis 
»  d'Henri  III  y  fut  assassiiié.  De  ce  meurtre  n'eu  Ht  faîte 
)»  aucune  poursinte,  sa  majesté  étant  bien  avertie  que  le 
»  duiO  de  Guise  L  avait  fait  faire  pour  le  bruit  qu'avait  ce  mi* 
»  gnon  d'entretenir  sa  femme  (Catherine  de  Glèves)»  et  que 
»  celui  qui  avait  &it  le  coup  portait  la  bwrbe  et  la  conte* 
»  nanee  du  duc  de  Jifay^mie.  »  {J[/£$U>He^  ibid,  p,  9$^) 

On  a  publié  :  «  Le  Trophée  d'Anlhoine  de  Croy^  prinee 
)>  de  Porcean,  souverain  des  terres  d'outre  et  deçà  la  Mente, 
»  baron  de  Montoomet  lez-Ardennes^  Pargnj,  etc, ,  par 
»  Ubert  Philippe  de  YirllierSy  son  «eevétaire.  «  Lyon,  Saur 
grin,  1667,  iu'^'*. 

Duchesne,  B.utkens,  Heutems  et  Scobier  <>nt  publié  la 
généalc^ie  de  la  maison  de  Croï»  L'ouvrage  du  damier  a 
para  à  Douai  en  1689 ,  in^f*. . 


D. 


DANCEY(/mw),  était  né  à  Gerson,^  près  de  Rethel, 
dans  le  xv*  siècle.  La  gloire  du  grand  homme  dont  ce  petit 
village  fut  le  berceau  (i) ,  rejaiUissait  alors  de  toutes  parts. 
Pressé  par  cet  aiguillon  puissant,  Dancey  résolut  de  mar- 
cher sur  les  traces  de  son  illustre  compatriote.  Reçu  maître- 
ès-arts  au  collège  de  Navarre  en  iSig,  il  y  professa  succes- 
sivement la  philosophie  et  la  théologie  avec  distinction  \  la 
Faculté  de  Paris  le  plaça  parmi  ses  docteurs  en  iSaS.  La 

(  1)  Ce  village  est  entièrement  détruit. 


320  DAN 

réputatîoti  de  science  et  de  vertu  qu'il  s'acquit,  lui  attira 
Testime  et  la  bienveillance  des  personnes  les  plus  distin- 
guées,  et  particulièrement  celle  dé  Robert  de  Lenoncourt  y 
archevêque  de  Reims  -,  car  ce  prélat,  recommandable  à  tant 
de  titres ,  se  plaisait  à  verser  ses  faveurs  sur  ceux  qui  culti- 
vaient les  lettres ,  et  surtout  la  théologie ,  qui  avait  plus  de 
rapport  avec  sa  haute  dignité  (i)« 

Le  docteur  Dancey  joignait  à  un  esprit  vif  et  pénétrant 
une  vaste  étendue  de  lumières.  Ce  qu'on  remarquait  singu- 
lièrement en  lui,  c'est  que  jamais  il  ne  faisait  d'entreprise 
sans  l'amener  à  bien  :  il  triomphait  de  tous  les  obstacles  -, 
tout  lui  réussissait,  parce  qu'il  portait  dans  l'avenir  ce  coup 
d'œil  juste  qui,  apercevant  tout ,  ménage  à  la  prudence  l'ins- 
tant de  profiter  des  événemens. 

Préchait-il  ?  il  subjuguait,  il  entraînait  par  son  éloquence. 
Sa  logique  était  si  pressante ,  ses  discours  avaient  tant  de 
ehannes  sur  l'esprit  et  sur  le  cœur  de  ses  auditeurs,  qu'il 
forçait  même  ceux  que  d'indociles  passions  empêchaient  de 
rentrer  dans  le  sentier  de  la  vertu ,  de  convenir  hautement  de 
la  vérité  de  ses  principes  et  de  la  profondeur  de  ses  raisonne- 
mens.;  S'il  n'a  pas  égalé  le  grand  Gerson,  son  compatriote, 
du  moins  a-t-il  eu  le  mérite  d'avoir  fait  tous  ses  efforts  pour 
en  approcher  ;  et  certes ,  ce  n'est  pas  un  petit  éloge ,  car  il 
est  toujours  glorieux  de  se  montrer  l'émule  d'un  grand 
homme,  lors  même  qu'on  ne  peut  l'atteindre*,  c'est  le  té- 
moignage que  lui  rend  de  Launoj  :  «  Dancaeius  nisi  Gerso- 
»  nem  popularem  suum  omnino  expresserit,  conatus  est 
)>  saltem  exprimere.  Quod  non  postremum  existimari  débet 
»  covunendationis  genus.  »  On  peut  présumer  que  Dancey 
étajit  né  vers  i49^*  L'époque  de  sa  mort  est  inconnue. 

Cette  notice  e^t.  extraite  de  l'histoire  latine^  du  collège  de 

(i)  Le  poète  Jean  Voulté ,  de  Vandy-sur- Aisne ,  a  fait  son  épitaphe  en  neuf. 
▼ers  latins.  {Lib,  //,  epigram. ,  p.  i83.)  > 


r 


DÉH  321 

Navarre,  par  de  Launoy,  p.  4o3,  4^4  ^^99^*  ^^  suffrage  d'un 
homme  aussi  habile  et  d^un  docteur  aussi  aguerri ,  qui  sem- 
blait être  né  pour  fronder  les  sentimens  de  tout  Tunivers  / 
ne  peut  être  regarde  comme  un  témoignage  équivoque  ou 
comme  un  langage  de  politesse  et  d'exagération.  De  Launoy, 
qui  savait  tout,  ne  savait  pas  louer*,  et  s'il  Fa  fait  quelque-^ 
fois ,  c'était  la  vérité  qui  le  faisait  pour  lui  (  i  ). 

DEHAYE  (Ponce) ^  qui- naquit  à  Rethél,  le  26  juillet 
1740 5  de  Jean  Dehaye  et  de  Marie  Toussaint,  y  fit  ses  pre- 
mières études,  puis  sa  rhétorique  à  Reims.  Entré  chez  les 
Minimes  de  cette  ville ,  il  y  prononça  ses  vœux  le  3  mars 
1757-,  et  comme  la  direction  de  son  esprit  l'appelait  à  culti- 
ver les  belles-lettres ,  on 'l'envoya  au  Collège  de  .son  wdre  à 
Brîenne-le-Ghâteau,  où  il  les  enseigna  durant  cinq  ans. 

Ses  fonctions  scolastiques  lui  laissant  quelques  loisirs ,  il 
en  profita  pour  faire  une  tragédie  en  vers ,  intitulée  iUfor- 
celhtSy  ou  les  Persécutions.  Cette  pièce,  destinée  à  rester  dans 
«on  portefeuille,  plut  à  un  voyageur  calviniste,  qui  fut  sur- 
pris de  trouver  une  composition  de  ce  genre,  écrite  dans  un 
clottre  par  un  jeune  hqmme  de  vingt  ans,  abandonné  à  son 
goût.  Résolu  de  la  publier,  il  l'emporta  en  Suisse ,  et  la 
fit  imprimer  à  Iverdun  en  1 760 ,  chez  FéHx ,  qui  l'envoya  à 
Paris,  où  la  censure  de  la  librairie  en  empêcha  le  débit.  Le 
pauvre  drame  fut  obligé  de  retourner  en  Helvétie,  sans^tre 
connu  en  France.  Voltaire,  à  qui  l'éditeur  en  avait  envoyé 
un  exemplaire ,  répondit  «  qu'il  savait  gré  à  ce  bon  Minime 

(1)  «  M.  de  Launoy  était  nn  terrible  critique ,  redoutable  au  Ciel  et  à  la  terre. 
»  Il  a  plus  détrôné  de  saints  du  paradis,  que  dix  papes  n'en  ont  canonisés. 
»  Tout  lui  faisait  ombrage  dans  ie  martyrologe,  et  il  recherchait  tous  les  saints 
»  les  uns  après  les  autres ,  comme  en  France  on  recherche  la  noblesse.  Le  curé 
.»  de  Saint-Eustache  de  Paris  disait  :  Quand  je  rencontre  le  docteur  de  Launoy  Je 
•  ie  taiue  jusqu'à  terre  ^  et  ne  lui  parle  que  le  chapeau  à  la  mairie  avec  bien  de 
»  l'humilité,  tant  j'ai  peur  qu'il  ne  m'ôte  mon  saint  Eustache.»  (D'Argonne, 
Mèl*  delÀttèr.,  t.  I,  p.  3i4>  édtt.  1725.) 

TOME  I.  21 


3^2  D]^H 

»  qu'un  hoiuiae  de  sa  robe  fit  des  tragédiç^  coulre  les  per- 
)>  sécutions.  >» 

Avant  Cette  débauche  d'esprit  9  le  jeune  religiémiCy  qui 
demeurait  à  une  lieue  de  Girey,  sëjour  de  la  marquiae  du 
Chàtelet ,  avait  eu  la  prësompticm  d'écrire  une  épiire  en  vers 
avec  une  lettre  en  prose  à  Voltaire ,  qui  lui  tëoooigna  sa  re- 
connaissance par  une  réponse  (iuiédite),  assaisonnée  de  ce 
sel  qui  caractérise  toutes  ses  productions. 

Api'fo  <^iii<I  ai^n,ées  de  régence  révolues,  il  fallut  penser  à 
des  études  plus  sérieuses.  Le  père  Dehaye  parcourut  assez  ra- 
pidement le  cercle  des  connaissances  théologiques  9  et  ne 
voulut  pas  se  «charger  du  bagage  de  Fantiquité  ecclésiasti- 
que. En  entrant  dans  sa  cellule ,  on^  était  firappé  d'y  voir 
près  de  saint  Thomas ,  Horace ,  Virgile ,  Cicéron  »  Eschyle, 
Aristophane,  Sophocle,  Plante,  Térence,  Corneille,  Ra- 
cine, Molière,  Voltaire,  Boileau  et  Bulfon  :  l'étpnnepient 
allait  croissant  lorsqu'on  remarquait  sur  le^  m^mesi  tablettes, 
à  côté  de  Rodriguez  et  de  Cpasset,  Anacréon,  Ovide,  Ti- 
buUe,  Properce,  Catulle,  Juvénal,  Maiiial,  Pétrarque, 
Guarini ,  La  Fontaiuje ,  Bernard,  Ghaulieu ,.  Bernis  et  Gresset. 

On  pense  bien  que  le  jeune  Minime  ne  p^lit  pas  toujoiirs 
sur  la  Somme  de  saint  Thomas*,  et  ce  qui  vient  à  l'appui  de 
cette  conjecture ,  c'est  qu'en  répétant  un  jour  une  preuve 
de  th^ogie ,  il  y  enchâssa  cette  tirade  de  V^rt  Poétique 
d'Horace  :  ' 

Humano  capiti  cemcem  Pictor  equinam 
Jungere  si  velit ,  et  varias  indoeere  plufnas 
Undique  collatis  membris  ;  aut  turpiter  atram 
Desioat  ia  pUcem  mnlier  fonnoia  sopemè  ; 
Spectatum  admissi  risum  teneatis  amki  ? 

ce  qui  ne  fut  interrompu  que  par  les  éclats  de  rire  de  son 
professeur  et  de  ses  condisciples.  Devenu,  par  cette  distrac- 
tion, l'objet  des  plaisanteries  de  ses  confrères,  Horace  De- 
haye (car  c'est  ainsi  qu'on  l'appelait),  fit  depuis  une  trêve 


avec  les  classiques  profanes,  durant  son  cours  de  théo- 
logie. 

O^obAwé  ipuètjnd  ^  il  '«e  KviMi  à  la  i^ïiédkatîbn  ^  «et  il  y  t)l>tînt 
flBiefc  de  Éàccèê  yom  ^mérHu^r  ^i^ètte  éln  Prôvi^icial  des  M- 
mtiMfbde  la  pKOTincedé  Cliàm^ag^Re ,  -le  27  séptehibt'e  i7^§v 
et  de  nouveau  en  1786.  Il  remplit  cette  charge  liôixoï'ablé 
avec  zéie^  «sagesse  «t  «dignité  ^  tt  q«^i  te  )*éc^ntilia  aVec  ses 
<Kn»eiiiis^,  tar  le  Mërite  mi  sCB»Mt  dVA^naite ,  mëùie  dans  ^ 
dergl^  ^  Ift  jalottsk  Ivà  Hâfoè^  %it)p  "sôilyetit  les  éloges  on 
lui  envie  les  récompenses.  Une  délibération  capitulaire  Tîn- 
viiSL  à  publier  se»  sermoiM  :  ils  panirieât  ^b  1 789! 
'.    Jusque^à  ie  P.  Deha^e  avait  su  captiver  TestiM^  de  isçs 
loonfrèreft  ^  d»  presque  tous  ceux  ksfii.  k  t^oïn^aiisÀient.  La 
iiévôlutiôa  éclata  ;  il  perdit  ûot^  uftce  partie  de  îsette  (coÀSi- 
dération,  qui  est  la  plus  belle  récoillpenise  dé  Tho^tti^  de 
bien.  Ayant  adopté  tes  prÎBcipes  de  TépoqUfe^  dont  sans, 
doute  îl-élaitioînde  prévoir  qu'on  pât  61  étranglement  abtiser, 
il  fut  nommé  maire  de  Retliel  en  1^90%  Le  1^^  déô^ifibre 
«791  ^  il  se  «haurgea  de  desservir  la  c^re  dé  Môtiiion ,  d'dù  le 
iitulail^  était  paici ,  par  BiûDe  du  reftis  dû  serment  décrété 
le  ^7  Aonembre  1790%  De  retotur  dans  «son  lieU  natal  ^  à  la  fiù 
de  i  793 ,  il  y  devint  principiail  da  collège  ;  et  tout  9(Ml  t^mps, 
jusqu'à  ea  mort,  fut  depuis  partagé  tSnti^  ^exercice  de  cette 
plaœ  et  la  culture  des  lettres. 

Durant  cette  gestion,  il  laissa  échappëi'  de  sa  plume  une. 
Oifasans  date,  mais  qui  parut  peu  après  le  27  août  1795. 
Otte  production  extravagante,  joiAte  à  quelques  éoieirfes, 
laisse  enArevoir  qu^il  était  imbu,  depuis  quelque  temps,  dés 
principes  de  cette  &ubk  philosophie  qui  TeUAit  de  mettre 
toute  TEurope  en  combustion,  après  avoir  produit  en  France 
une  sanglante  série  de  bouleversement  et  de  (t^atft8t4x>phes 
inouies  dans  Thistoi^e.  Il  temiina  son  exigence  à  Rethel  ^  le 
17  mai  1816. 


2f. 


3^4  DEH 

Ses  ouvrages  : 

I.  MarcelluSj  ou  les  Persécutions  ^  drame  en  trois  actes  et 
en  vers.  Içerdun,  Félix,  1760,  in-8**-,  pièce  qui  valut  à  l'au- 
teur la  disgrâce  tlu  cardinal  de  la  Roche- Aymon,  archevê- 
que de  Reims. 

n.  p^ers  au  roi  et  à  la  nation  ^  sur  le  sacre  de  Louis  XV I^ 
Reims,  1 778 ,  in-4°i  pièce  de  cent  huit  vers ,  dont  on  trouve 
trois  strophes,  p.  1 16  du  Journal  historique  du  Sacre.  (Paris, 
vente,  1773,  in-8**.) 

III.  Discours  prononcés  dans  des  assemblées  religieuses. 
Paris,  Berton,  1787,  in-8**,  rare.  L'auteur  conservait  dans- 
son  portefeuille  une  suite  à  ces  discours ,  composés  pendant 
ses  provincialats.  Ils  peuvent  s'adapter,  en  général ,  à  tous 
les  religieux  *,  le  Journal  des  Savons  les  a  loués. 

IV.  Sermons.  Paris-,  Cailleau,  1789,  3  vol.  in-12. 

.  Dans  une  lettre,  du  26  septembre  1806,  que  nous  avons 
sous  les  yeux ,  Fauteur  dit  :  «  Qu'il  a  fai^  entrer  dans  ces  ser- 
))  mons  autant  de  philosophie  que  le  permettait  l'austérité 
»  du  genre.»  On  y  remarque,  t.  III,  p.  298—358,  l'o- 
raison funèbre  de  Pierre  Pillas^  d'abord  curé  de  Douzy, 
puis  de  Rethel ,  à  dater  du  28  juin  1 745 ,  cure  dont  il  se 
démit  en  1781,  pour  se  retirer  à  Sedan,  sa  patrie,  où  il 
est  mort  en  1785,  âgé  d'environ  soixante -quinze  ans  :  il 
était  conseiller-clerc  au  présidialde  cette  ville.  On  s'aperçoit 
aisément  que  l'orateur  avait  négligé  l'étude  des  livres  saints 
et  des  Pères  de  l'Eglise,  qui  ont  formé  pour  la  chaire  les 
Ghrysostome,  les  Bossuet,  les  Massillon  et  les  Bourdaloue, 
les  de  la  Rue ,  les  Cheminais ,  et  autres  membres  dé  cette 
société  fameuse ,  à.  laquelle  on  est  redevable  d'avoir  la  pre- 
mière perfectionné  parmi  nous  l'art  de  la  prédication.  Néan- 
moins il  y  avait  foule  aux  sermons  du  P.  Dehaye-,  ils  étaient 
goûtés ,  surtout  de  ceux  qui  ne  vont  entendre  un  prédicateur 
que  pour  juger  un  écrivain. 


DEH  3^5 

V.  Ode  pour  la  fête  de  la  Fédération.  Charleville,  Rau- 
court,  ^7^9}  in- 12  de  près  décent  vers,  suivi  de  couplets 
patriotiques. 

Un  plaisant,  ennemi  de  toute  ëmancipation  politique ,  » 
dit  qu'il  n'y  avait  dans  cette  ode  ni  rime  ni  raison.  Le  poète 
la  mettait  au  nombre  de  ses  écarts  *,  car  dans  la  lettre  ci- 
dessus  ,  il  ne  craint  pas  de  dire  :  «  J'eus  la  folie  de  composer 
»  en  vers ,  pour  la  fête  de  la  Fédération  (  i^  juillet  178g) , 
»  mon  serment  cwique,  » 

VI.  Discours  pour  la  proclamation  de  la  Constitution,,  et 
sur  le  serment  des  prêtres,  Gharleville ,  ibid^  ^79'?  in-i^, 
p.  Ss. 

VII.  Le  Maire  de  La  Rochelle^  tragédie  en  trois  actes  et  en 
vers.  Paris,  Cailleau,  Ï792,  in-8°. 

Vm.  Ode  sur  h-  mariage  des  prêtres.  Rethel,  Guivard, 
1795,  in-8%  p.  24'  réimpr.  dans/e  Cow^en^ûteïir^  par  Fran- 
çois de  Neufchâteau,  t.  I,  p.  396-4 ^4^  (Paris,  an  VIII, 
1800 ,  in-8®.)  Pamphlet,  accompagné  de  notes  historiques  et 
philosophiques j  contenant  vingt-quatres  trophes  et  deux  cent 
cinquante  vers ,  écrit  de  verve ,  mais  avec  toute  la  liberté' 
cjnîque  de  Pétrone  et  de  l'Arétih. 

IX.  Ode  sur  la  Paix.  Rether,  ihid^  i8'oi ,  in- 12^  p.  6,  de 
six  strophes-,  Ode  au  Premier  Consul.  Rethel,  ïbid],  1802, 
in- 12,  de  vingt-deux  strophes  de  dix  vers;  Ode  au  Premier 
Consul  j  qui  s'est  nommé  général  de  la  descente  en  Angleterre. 
Rethel,  ihid^  t8o3,  in-i2> 


Ses  manuscrite  : 

I.  Histoire  des  trois  dynasties  françaises^  depuis  V  établisse- 
ment de  la  monarchie  jusqu  au  2 1  septembre  1 792 .      . 

Cet  ouvrage  ,  pour  lequel  Fauteur  a  reçu  des  gratifica- 
tions de  deux  ministres  de  l'intérieur,  formerait  cinq  volhmesj 
il  y  attachait  un  grand  prix.  «  H  est,  disait-il,  d'un  caractère 
»  libre,  d'un  style  nourri  de  philosophicj  écrit  avec  énergie  : 


3^  DBtt 

))  il  9  suJ^i  t;caU  e^am<ei|«(,  df^til  est  apFlfiav^c  4laç9-.  Je  c^ois 
yk  qpi'il  qst  impoftsibk  qu!il  ne  voi^  pa^^  uiaii}«iir  1^  Imnîijpe;*^ 
»  mais  Fauteur  mourra  sans  avoir  eu  cette  ss^^^&ctAQo,.  >^ 
ÇLeWe  ^i-desjius^), 

))  çoASîîisJ^  àt  ex^^i^x  le  &;aii;çai^  ofxavwà  W  Ifttint^  |!W  do^ 
))  règJjçi^  dé^gp.^Qs.  par  des  titres  et  des.  cpQi^sitîans  ^  dMft 
»  Qxi<  donne  de^  modèles*,,  méthode  pinr  laquelle  oiv  apprend 
»  sûrement  sa  langue  par  principes.,  »  (^Ibid^m*y 

m.  ifi Siège «ie jR^é^y.tcagedie.en^cinij^  aotis^et  en  vers. 
((  £1]^  ferait  le  pi^danA  de/).  TempUepsi  elle  i^'^^  p»9^1a  naêm^ 
»  richesse  de  poésie ,  mais  elle  a  plus  de  chaleur  et  de  r^gur 
y^,  Isgcit^,.,  {on^e  swr.le^tibéatrerdb  Eethel^eo^  i<8.q4^.  )v(;/&4i6in.) 

IV .  Les  Etats  de  Bloisj,  trs^édie,.en  ciaqja^s  ejtieii  vei^ 
a  A$te2i  médioçce*,  inai^.peigQaiM; J^eOiI'^sp^t  d^^si^cH  » 

y.  Le^  Péhpfdesi  çhr4timsy,  tragédie  on  cinq;  ^çtes,  et eiv 
v^rs.^  ((: Quoiitpiea^sev bien  écrite, et diun  grwd inl^i-ét^,le$ 
)j  comédien;?  ont  E^fo3é  ^,  1#.  jpwr,  sa^^  vo^loji^  s'ei(p)jq]Mfi 
»  ni  dire  pourquoi.  »  (^Ihid*\ 

VI.  Le  Mystificateur^  copiédje  ejjk  tçois,  me^  ^  en»  vj^r^ 
(c  Oi^  en  joue  de  moms  bonnes^  ^.  (^IbH*  ) 

yij.  j&6$:  2ro&$  J)eyise5^  coipiédie  en  trois  aejtqs  e^  e^  pDOse , 
pow:  être  jouée  par  de&.d£n)pisel)e^. 

YUl.  La  Mor^de  ma  T(mf^.j.ouce^quijilaUc(u  J?am^jQÇH 
médie  en  trois  actes  et  en  prose ^  pouK  les.dfHnoi^eUes^ 

Ces  drames,  avec  des  pièces  fugitives,  quinze  odes,  des 
épîtres,  des  fables,  des  chansons,  etc.,  (ormeraiênt  deux 
volumes 

J)EaAYK{GiUes)^  UAi;^  ducpréoédent,  nié. à  ftrtbeU je 
3o.aoûî.  17.44^  ^  K^fim  e^  AUeinagp^  vêts,  1770,  où.  il  fut 
p]X)ff^seur  dfi  langue  ixançai^^^  Il  a^  publié  l\^^  Gcaixippiaire 
GernufMcp^fmnçaise; 


DEH  3^7 

DEHAÏE  {Etienne)j  avocat,  né  à  Rethel  le  7  o^t.  1760, 
)OuÎ8sait  dé  Testîme  de  tous  ceux  qui  Faccordent  au  mérite 
et  à  la  verttf.  Il  était  procureur  général  syndic  de  Fadmi- 
liistratioft  départetùientale  des  Ardennes,  lorsqtie  la  journée 
du[  iù  août  1792  Couvrit  la  France  de  deuil.  Attaché  à  la 
oionatchie  et  à  Tauguste  fami  lie  des  Bourbons,  il  s'arma  de 
courage,  et  sur  son  réquisitoire,  le  conseil  du  département 
ayant  à  délibérer  sur  la  question  de  savoir  quelle  suite  se- 
rait ^linée  k  Facte  du  Corps  Législatif  du  ïo  août,  portant 
la:  suspension  provisoire  du  roi,  prit  Farrété  qui  suit,  dans 
sa  séance  dil  rS  août  :  ouï  le  procureur  général  syndic  : 

»  Arrête,  à  là  pluralité  de  quatorze  voix  contre  huit,  i  **  que 
Facte  dur  Corps  LégidatTf  portant  suspension  provisoire  du 
pouvoir  exécutif,  ne  sera  ni  proclamé  ni  promulgué. 

«Qu'il  sera' cependant  âivoyé  aux  distriétset  aux!  munici- 
palités du  ressort  avec  le  ]^résént  arrêté,  et  qu'on  leur  en- 
verra également  les  autres  actes  du  Corps  Législatif  qui 
feràieiit  sirite  à  celtd'  dU'  i  d . 

»  a""  Qu'il  regarde  les  dispositions  dudit  acte  comme  étatit 
attentatoires  à  la  constitution,  <îomme  ayant  anéanti  un 
pouvoir  organisé  par  elle,  et  cc»nme  étant  émané  duf  Corps 
Législatif  dans  des  circonstance^  où  ce  corps,  subjugué  de- 
puis Soûg- temps,  ne  peut  notoirement  défibérer  avec 
liberté. 

)i3°'Qtt(B  F  Assemblée  Nationale  est  invitée  à  rétablir,  par 
tous  les  mO]^ens  qui  sont  en  elle ,  et  la  liberté  de  ses  délibé- 
rations et  le  pouvoir  qui  peut ,  aux  termes  de  la  constitution , 
leur  donner  force  de  loi. 

))  5°  Invite  les  administrateurs  des  districts  et  les  conseUs 
généraux  aies  communes ,  à  demeurer  fidèles  à  leurs  postes, 

comme,  à  leur  serment Invite  aussi  tous  les  ci- 

toyens,  au  liom  de  la  patrie  en  danger,  de  se  réunir  autour 
de  la  constitution  qu'ils  ont  jurée. 

»  6**  Arrête  que  le  présent  arrêté  sera  envoyé,  par  ud  cour- 


328  DEH 

rier^  au  Gorps'  législatif  et  à  la  députatiou ,  et  par  la  voie 
ordinaire 9  à  tous  les  corps  civils  et  militaires  du  ressort. 

»  7**  Que  radministration  remplira  ses  fonctions  jusqu'à 
détermination  ultérieure  en  tout  ce  qui  ne  sera  pas  contraire 
à  la  constitution  et  une  suite  du  i  o  août  1 792  v  et  sera  en 
outre  le  présent  arrêté  publié  et  aiEché,  lu  au  prône  du  pre- 
mier dimanche  après  la  réception ,  et  envoyé  à  tous  les  dé- 
partemens  du  royaume.  » 

Cet  arrêté  qui,  s'il  eût  été  adopté  dans  toute  la  France^ 
eût  rétabli  la  royauté  sur  les  ruines  des  divers  factions, 
portait,  outre  la  signature!  du  procureur  général  syndic,  les 
suivantes ,  que  nos  annales  doivent  conserver  : 

1.  Blay  (J.  B.),  âgé  de  viAgt-neuf  ans,  avocat,  né  à 
Wadelincourt. 

2.  Boucher  (N.  P.),  âgé  de  quarante  -  cinq  ans,  né  à 
Bar-lès-Buzancy,  notaire  à  Buzancy. 

3.  Bourgeois  (J.  B.  A.),  âgé  de  quarante-quatre  ans, 
né  et  demeurant  à  Mézières-sur-]VJeuse,  juge  des  traites 
foraines. 

4.  Chanzy  (J*),  âgé  de  soixante -trois  ans,  cultivateur, 
né  et  demeurant  à  Vandy. 

5.  Dessault  (H.),  âgé  de  quarante -sept  ans,  noble  et 
cultivateur,  né  à  Bièvres  (  Ardennes),  demeurant  à  Saint- 
Laurent. 

6.  Gérard  (C.  J.  B.),  âgé  de  quarante-neuf  ans,  né  à 
Mouzoh ,  procureur  du  roi  de  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts 
de  Sedan. 

7.  Gromaire  (J.  B.),  âgé  de  cinquante -six  ans,  né  et 
notaire  à  Chem'ery. 

8.  Gérard  (M.  C.  G.),  âgé"  de  trente-quatre  ans ,  avocat, 
né  et  demeurant  à  Mouzon. 

9.  Legrand  (J.),  âgé  de  quarante-cinq  ans ,  cultivateur, 
né  et  demeurant  à  BouvellemoQt. 

10.  Lemaire  (Jean  Jacques),  âgé  de  soixante -six  aiis, 


DEL  329 

ancien  maître  de  forges,  cultivateur  à  Sainte -Ménéhould, 
en  1 7  â8,  demeurant  à  Ghampigneul^  canton  de  Grandprc^  (  1  ). 
1 1 .  Namur  (P.),  âgé  de  soixante  ans,  cultivateur,  né  et 
demeurante  Lucquy,  canton  de  Novion-Porcien. 

Traduits  au  tribunal  révolutionnaire  de  Paris,  le  7  mai 
1 794 ,  ces  estimables  administrateurs  n^  eurent  pour  diSfen- 
seur  que  leur  procureur  gënëral  syndic ,  qui  dit  entr'autres 
choses,  que  s'il  y  avait  un  coupable  dans  ce  procès,  c'était 
lui  -,  qu'il  avait  provoqué  et  rédigé  Tarrêté  ci-dessus  ;  que 
ses  co-accusës,  influencés  par  lui,  l'avaient  signé  de  con- 
fiance, et  qu'ainsi  tout  le  poids  de  Taccusation  devait  re- 
tomber sur  lui  seul.  Cette  déclaration  aurait  suffi  sans  doute 
pour  soustraire  ses  collègues  à  la  mort,  si  les  démagogues 
(jui  dominaient  à  cette  époque  la  plus  horriblement  mémo- 
^  rable,  avaient  respecté  quelque  chose.  Condamnés  tous  les 
douze ,  ils  subirent  leur  inique  et  atroce  jugement  le  même 
jour.  £tieni]^e  Dehaye  était  frère  des  précédons. 

DEL AHAUT  (Nicolas  Joseph),  naquit  le  1 5  décembre 
170a,  à  Yvpis-Carignan ,  d'une  famille  considérée,  et  qui, 
depuis  long-temps,  se  distinguait  au  barreau  de  cette  ville. 
Le  désir  de  s'instryire  lui  inspira  le  goût  de  la  retraite ,  et 
décida  son  choix  pour  Tordre  de  Prémontré ,  où  il  était  sur 
de  trouver  des  ressources  de  toute  espèce  pour  former  ses 
mœurs  et  son  esprit.  Il  entra  au  noviciat  à  Saint'-Paul  de 
Verdun,  et  y  fit  profession  en  17 18.  Après  son  cours  d'é- 

(1)  >  Oa  rapporte  que  témoia  du  désespoir  de  plusieurs  de  ses  compaguons 
»  d'infortune ,  il  les  rassura  par  ces  paroles  :  Mes  amis ,  encore  un  instant ,  et 
»  nous  serons  dans  Cétemité  ;  nous  allons  enfin  monter  au  ciel  couverts  des  palme* 
»  glorieuses  du  martyre.  Louons  donc  à  jamais  le  Seigneur  notre  Dieu,  A  peine 

•  eat-il  cïoinmeacé  à  psalmodier,  que  ce  pieux  exemple  fut  suivi  p^r  ses  mal- 

•  heureux  collègues.  Furieux  d'une  résignation  si  courageuse ,  le  commissaire 
»  du  service  fit  supplicier  Lemaire  le  dernier,  afin  de  le  rendre  témoin  de 
»  l'exécution  barbare  de  ses  vertueux  camarades.  »  {Note  communiquée  par 
M,  Nottret  de  Saint-Lys.) 


ifcjo  DEL 

tudes ,  ses  stxpénexas  Fayant  jugé  capable  d'être  emj^jé 
dans  Fenaeignenaent ,  renvoyèrent  à  Fabbaye  deBet^a!, 
près  de  MaazoB ,  où  il  professa  la  dï^ogie  pentdânt  plu- 
sieurs années  (f).  Il  était  pmeureur  k  Tabbafyé  de  Lon^é, 
canton  du  Cheme,  en  fj5^*  On  ne  voit  pa^  qu'il  ait'  va<;ué 
k  d'autres  eâipMsP  dand  sst  coagrëgSEltîonr,  quoiqti'il  eut  tes 
tatens  néeesdaires  pour  s'en  aetjaitteraf^c  distinction  *,  mais 
ttkup  proférait  kt  vie  de  simple  religieu^t,  qui  lui  laissait 
tCNxte  la'  liberté  de  se  livrer  ave&  ifecberebes  historiques,  pour 
lesquelles  tlarvaêit  nm  goût  doifiinam. 

'  A  Fe:jten)ip}e*  de  beauccmp  d'autres  ecclésiastiqiies-  de  ce 
tempd^  qui  ne  manquaient  ni de^hmiièresni d'imtïiïctîon, 
il  crut  ne  voir  dafts  le  liv^e  de  Janséniuià ,  que  la  dûfetrine 
de'  saint  Augustin ,  et  il  refusa  de  sign^er  le  formuliifîre  : 
tort,  sans  doutes  mais  qui  s^'atliénueunpeu,  lorsqu'on  pense 
qifr'il  était  alors:  pàrtaigé  pai;  des  hommes  respectés  pour  leur 
science  et  pour  leurs  mcsurs ,  dbnt  l^exempie  et  le&  vertus 
pouvaient  séduire.  Si  toutefpis,  sous  ce  rapport  ^  on  ne  peut 
Fexcuser,  on  doit  dire'  au>  moins^  qu'aucun  religiëtô  ne  fîit 
jamais'  pins  esBict  hf  remplir  ses  devoirs ,  plus  Humble ,  plu^ 
sévère  pour  lui-même ,  plu^  indulgent  pour  les<  autres',  moin» 
,  répandu  àsat&  le'  monde,  et  plile  attaché  à^  la  pratîiqtie'dé  sa* 
règle.  Les  moment  de  liberté  qu'elle  lui  laissait,  étaient 
consacrés  au:8^  travaux  du  cabinet  ,vcâr  il  pensait  que  le  bon* 
h«ur  de  Fétude  est  peut^tre  le  seul'  qui  ait  le  privilège  de  , 
tenir  lieu  de  tous  les«autres. 

Il  assista  au  chapitre  national  tenu  à  Prémontre  en  1770, 
commedéputé^de  Fabbaye  de  Mureau,  enLorraînie,  où* il 
demeurait  alors.-,,  et  il  y  exprima ,  de  la  inanière  la  plus  po- 

(4)]iinswrf  ('iVtiioltrâ))  saffont  Prémonticr,  ooflnu;  par*  plàneiov  <fOf!Mg«iK* 
^it»  d^éradilîoa:,  prafewa  la  phiiomphie  è  Belvai  depuis  17 1&  jus^er^ii 
171 71  II  était  né  à  Mlu-âft»  en  Lomifiii9,'Çii  i^Sgd.  ()^oy.  son  anrticlè  datirler  5ii/^ 
plèmént  ait  Dietfonnair»  hittw,  dmPelhr,)  Gkinet  (Pfiefftttê)^  auteur  de'dtfeit 
ouvrages,  fut  prieur  de  Belvai  et  de  Longwé.  Né  à  Nancy  en  16a  1,  oiorten  i0g^. 


DEL  53i 

sitiye,  son  vcea  pour  ia  iréfovme  Aes  abus,  et  surtout  pour 
FobserMance  exacte  ôm  ^uxième  cliapitre  die  la*  règle  de 
saint  AugustÎD,  qui  prescrit  k  tde  commtine  et  ioterditi 
toule  propriété.  Dans  FocGastQtt,  il  s'élevaitaifec  force  ceiiliîe 
k'phimlité  de»  bénéfices^  :  il  la  regardai!  comme  une  în)iu^ 
tioe opii e»tos6  sur  k> tétii  àlim  sévi,  ce  <fn  dcTzaitétne  pasry- 
iagé  entre'  pltisieurs,  et  qm  fait  tcop  sounrent.  servir  au  Inse 
et  à  la-  yanvté  \»8  rii;kes8e9  du  sanctuaire ,  uniquement  des- 
tinées à  étendre  modérément  Jies  bornés  d'une  subsistance 
ts?op  étiroite^  et  à  sau^nee les nsdnistres< àee? aufteb- de  laikonte 
de^^ndlgence»  Il  estmort  pieusement  à  Brieulle^ur^Meuse , 
m^san  de  sa  congrégation  (canton  de  Don),  le  1 7  mœr9 1774^ 
kissantreaMS,  Fouvrage  suivant  : 

uénnah»  ekdlès  etreUgkases  éK  Y^cés^iodgnan  etdeMïy»' 
zan.,  pnbUées^  atmc  d$s  mugmentad&nt»  $t  coPTsethns  j  ptw 
M^  h'Eaitgj.  ancien*  abbé  générât  dei  Prémontré.  Paris-,  De^ 
soerétiDelBunay,.i8^2,  inK8%  p.  491. 

LJéditem,  apiïès  anroirrendmcomptedekupafft  qWil'aacnc 
daiis.la  puUÎGationi  de:  ces  Aimales ,.  donne  auc  sost  anteim 
une  notice  ^  d'où;  oett  article  aiétëcexArail:.  IL  a  enrichi  Fouh 
Tange  itwoB  biia»giapliie;d'YToiselidie  Mouzonr,  donilk  plus; 
goande  paartie:  a>  été  tûnée  de  la.  Bisfgrapfkie,  uiffdënniusei. 

Ce9  Annales>  cozitîéniieut  une  mnititnder.  de.faîj|;s  et  oTa^ 
neodotes  qa  ow  eherchesBit  vainement  ailleurs,,  surtout,  de^ 
puis-  1&  dispersion  ou  ^anéantissement:  de  lae  plupaart.  des- 
pû&ees;  erâgioaies  que-Fànteuir  svaît  débobéès.  aucE  Ters^:  et  à 
lai  pouasiére  des<  bibliothéquee.  EileSv  ne  peu^^nt  qu  être. 
trài»«uÉilea'à  ceuxquii  -^udsonteonnaiiitreou)  écrire  Fbistoire^ 
du^paijns',  et^f on nedoit jamaubs hisser éebapper Toccasion de^ 
loua»  le  zèle  dé  ces  écrivains'  laborieux^  qui'  se  chaigenct 
d'un  tnavtttl  où.  il:  y^  a  toujours  à  essuyerplusid'ennui  que  de 
fruitsià  recueillir. 


332  DEL 

DELlGNIER(i)  {Pierre),  né  à  Mëzières  le  23  mars  1733^ 
d'Antoine  Deligny,  échevin ,  fut  pourvu  d'un  canonicat  du 
chapitre  de  Saint-Symphorien  de  Reims,  en  avril  1769,. 
après  avoir  enseigné  assez  long-temps  les  humanités  au  col- 
lège de  Rethel.  Il  était  maHn  et  spirituel ,  et  il  fit  surtout 
ses  preuves  en  jouant  un  petit  rôle  durant  notre  grand  drame 
politique  :  imprudence  dont  il  aurait  été  victime ,  si  lœil 
inquiet  de  l'amitié  ne  l'avait  soustrait  aux  regards  des  bour- 
reaux de  1794- 

Il  est  auteur  de  quelques  Poésies  Jhgitii^es^  imprimées  par 
lui-même  chez  Pierart  à  Reims.  Ce  sont  des  failles  ^  des  chan- 
sons,, des  épigrammes,  et  autres  pièces,  marquées  au  coin 
d'une  plaisanterie  fine  et  délicate,  et  où  les  ridicules  et  les 
travers  de  la  révolution  sont  parfois  saisis  et  peints  avec  les 
traits  enjoués  et  piquans  de  Martial.  En  les  chantant  ou  en 
les  récitant ,  l'auteur  y  ajoutait  un  nouveau  prix ,  par  le  ton 
gai  et  comique  qui  lui  était  particulier.  Monuis  lui-même  ne 
mettait  pas  plus  de  gaîté  dans  ses  récits ,  et  ne  riait  pas  de 
meilleure  grâce  et  d'un  ton  plus  joyeusement  soutenu.  On 
aurait  pu  lui  fourrer  un  socque  au  pied  gauche ,  chaussure* 
ordinaire  des  poètes  comiques.  Il  n'avait  imprimé  que  pour 
charmer  son  loisir,  dans  un  temps  malheureux  où  le  cult& 
public  étant  proscrit  en  France ,  un  bon  nombre  d'ecclé- 
siastiques ,  au  milieu  d'un>  dénuement  affi:eux ,  avaient 
cherché  leur  subsistance  dans  les  travaux  de  l'imprimerie. 

Il  serait  peut-être  difficile  aujourd'hui  de  réunir  ces  pièces 
détachées ,  qui  ne  furent  tirées  qu'à  peu  d'exemplaires,  pour 
des  amis.  L'auteur  aurait  pu  les  rassembler  et  les  publier 
après  la  chute  des  farouches  dominateurs  de  leur  patrie , 
mais  il  a  senti ,  qu'à  moins  d'un  mérite  supérieur,  ces  fleurs^ 
que  sème  en  passant  unç  imagination  fleurie,  ne  doivent 
pas  survivre  à  la  circonstance  qui  les  a  fait  naître.  Retiré 

(1)  Son  père  a  signé  Deligny  au  bas  du  registre  baptistairc. 


DEL  333 

chez  un  de  ses  parens  à  TËchelle  ,  canton  de  Rumigny,  dès 
qu'un  jour  plus  doux  eut  lui  sur  la  France,  Delignier  y 
mourut  subitement,  le  9  avril  1795,  à  lage  de  soixante-^ 
quatre  ans.  Il  avait  conservé  son  caractère  enjoué.  Il  pensait 
comme  Voltaire ,  qui  disait  à  Fauteur  de  la  comédie  des  Phir 
losopkesj  qnun  Français  qui  n'est  pas  gai^  est  un  homme 
hors  de  son  élément. 

DELOCHE  {Nicolas  André):,  né  à  Novion-en-Porcien , 
le  i3  octobre  173^,  professeur  d'humanités  pendant  treize 
ans,  au  collège  de  l'université  de  Reims,  et  sous  -  principal 
du  même  collège ,  chanoine  de  Téglise  de  Beauvais  en  jan^ 
vier  1767,  et  de  celle  de  Reims  au  mois  de  juillet  suivant, 
sous-chantre  et  sénéchal  de  ce  dernier  chapitre ,  et  docteur 
en  théologie  de  la  Faculté  de  cette  ville  en  1 786 ,  y  est  mort 
postérieurement  à  Tannée  18 10. 

Ses  productions  littéraires  sont  : 

I.  Ode  illustrissimo  ecclesiœ  principi  Car.  Ant.  de  la  Roche- 
Aymonj  carchiep.  Duci  Rçmensiy  canebatNic.  Andréas  De-- 
loche  artium  prof  essor j  nec  non  ahbatiœ  regalis  S.  Pétri  Re- 
mensis  canonicus.  Reims,  1763,  in-4°,  p.  8. 

II.  Description  des  décorations  pour  le  passage  de  M"^  V ar- 
chiduchesse Marie  Antoinette  d'Autriche^  Dauphine  de  France. 
Reims,  1770,  in-4*>  P*  34» 

III.  L'Amour  reconnaissant  de  la  ville  de  Reims  ^  Ode  à 
M^lecardinaldelaRoche-Aymon.  Reims,  i772,in-8'*,  p.  4- 

lY.  In  inaugurationem  Régis  LudonciXf^Ij  Ode.  Reims, 
Multeau,  1776,  in-4'** 

Y .  Ode  à  l'occasion  du  sacre  de  Louis  XVI ^  Reims,  1:775, 
in-^'',  p.  i4*  On  a  imprimé  trois  strophes  de  cette  Ode  à  la 
page  1 14  du  Journal  historique  du  sacre  et  couronnement  de 
.Louis XVI'  (Paris,  vente,  1776,  in-8°.) 

VI.  Explication  des  emblèmes  inventés  et  mis  en  vers  par 


i^  DEL 

M*  Ber^eaty  uùbane  de  Reims ^  ^et  M*  Vaifèé  Oehche»  tous  deux 
chanoines  jde  V église  métropolitaimif  pour  la  décorati(m  des 
édificesy  arc  de  triomphe^  et  tmàres  monëmens  érigés  pmr  ks 
soms  de  la  vâie  >  lors  de  ia  cérAnonte^du  sacre  deJLouis  XVi. 


DELVINCOURT  {^HenH  Antoine  Augustin}:,  ne  fe 
4  mars  J767,  à  Mainbressy,  canton  de  Chaiimont-Porcîen , 
fut  admis  à  Tige  de  onze  ans  au  Wlëge  de  Ghasrktille^  où 
son  père  était  Tenu  établir  nn  penâîonnat.  Aprèis  avoir  faîl 
ses  cours  dte  philosoplûe  et  de  diédlogie  à  Rèiiuâ ,  îl  reçut  l^i 
prêtrise  en  1 791  ?  et  revii^t  àCbaiAerille  remplacer  chez  les 
chanoinesses  sépukrines  leur  chapelain  fugitif.  Les  temps 
ëfcant  devenus  mauTaîs,  il  partit  pour  Bruxelles  :  c'était  k 
i5  septembre  ^79^*  ^  y  trouva  M.  de  Talleyratid^  aiehe-- 
yéque  de  Reims ,  (jui  Taccueiilit  avec  bonté  9  et  le  pit  pour  , 
son  secrétaire.  Avant  de  quitter  cette  ville ,  lorsque  des  de- 
voirs impérieux  rappelèrent  ailleurs,  ce  prélat  lui  procura 
r;éducation  des  fils  de  M.  de  MuUer.  Pelviftoourt  remplit 
cette  tache  à  la  satisfaction  de  cette  famille  illustre  y  qu'il 
«mvit  à  Vienne.  Le  désir  de  revoir  sa  patrie  Vj  ramena  après 
la  signature  du  concordat  dti»  i5  juillet  i8o<.  AJbors  com*- 
nuNiça  pour  lui  une  nouvelle  carrière,  qu'il  fournit  avec 
honneur.     .. 

Nos  anciens  collèges  avaient  été  remplacés  par  des  éccdes 
ceutnales  :  la  distribution  annuelle  des  récompense  se  fai- 
^t  dans  les  templfis  décadaires*,  on  y  prononçaijt^  au  pied 
de  Tautel  de  la  patrie,  des  jdiscours  pleins  de  virulence  contre 
la  religion  et  la  royauté. .  A  la  suite  de  ces  harangues 9  tou^ 
jours  couvertes  d'applaudissemens  bruyans,  on  donnait  pour 
prix  aux  jeunes  élèves  les  CSSuvres  d'Helvétius,  de  J  .-J .  Bous- 
seau,  de  Volney,  etc.,  sans  doute  pour  leur  former  Fesprit 
et  le  cœur,  et  émanciper  leur  raison  (i)-,  enfin,  il  n^  avait 

(i)  Fby,  Vaijiin,  Annuaire  des  Ardennes,  an.  1800. 


DSL  m 

^liis  d'éducation  chrétiiçiiner  II  fallait  couper  la  racioedu 
mal  ;  la  premièi^  tentative  de-DelviiuQourt:  fut,  le  3  sepéem- 
i)!^  iSoS,  To^verture  à  Oiarleyilled  un  collège  où  rimstruc*- 
tion  religieuse  irait  de  pair  avec  renseignement*  La  disette 
de$  préixes  étant  extréna^e,  il  étaUit  d abord»  6&  1806» 
un  petit  sâninaire.  Par  ses  soins  et  son  zèle  actif  y  uvl 
grand  sëoùnaire  s'éleva  tout  à  coup  pour  des  sujets  déjà' 
avancés dan3  la  science  ecclésiastique,  et  plus  de  quatre- 
vingts  prêtres  sortirent  peu  de  temps  aprèfi  de  cette  ^cole , 
qui  subsista  jusqu'au  rétablissement  du  siège  dq  Reims. 
Presqu'à  la  même  époque ,  il  rétablit  à  Charle ville  la  maison 
des  d^mes  sépulçrines,  et  releva  leur  pensionnat*  Le,  provi- 
çakedu  diocèse,  M.  Jacquemin»  curé  de  Mé;sière$,  étajit 
noort  en  1 8 1 3 ,  Delvinçourt  fat  cboisi  pour  lui  succéder  ^  et 
en  août  1 8 1 7,  on  le  pourvut  du  doyenné^ure  de  Gharleville, 
v'ftpant  par  le  décès  de  Tabbé  Bodson. 

C'eçt  maintenai^t  coEQime  p^teur  qu'il  faut  le  considérer: 
et  de  nouveaux  «lervices,  de  noi^velles  institutions  vont  de<- 
venir  le  Iruit  de  son  zèle^  Il  profita  de  la  bonne  volonté  d'un 
ecclésiastique  pieu^ ,  Tabbé  Magin ,  pour  la  formation  d'une 
écola  primaire  destinée  à  l'éducation  gratuite  des  enfans 
pauvres.  Il  contribua  de  ses  propres  deniers  aux  premiers 
frais  dç  cet  établissement,  où  peu  de  temps  après  il  parvint 
à  introduire  les  frères  des  écoles  cbrétiennes ,  qui  excellent 
dans  Fart  si  difficile  d'instruire  et  de  former  la  jeunesse  in- 
digente. Après  avoir  pourvu  à  l'éducation  des  garçons,  il 
is'QC<«Hpa  de  ç^Ue  des,  filles,  et  bientôt  un  noviciat  s'établit 
die»  le»  religieuses  sépulcrines  pour  l'instruction  de  jeunes 
maîtresses,  qui,  répandues  dans  les  campagnes,  y  forme- 
raient à  la  piété  et  au  travail  les  enfans  de  leur  sexe.  Un  Içgs 
de  120a  &.  de  rente  perpétuelle  est  destiné,  à  soutenir  cette 
bonne  œuvre. 

Un  autre  établissement  non  moins  utile ,  dû  encore  à  sa 
sollicitude  pastorale ,  est  celui  des  dames  de  charité ,  qui , 


336  DEL 

dissémiiicSes  dans  les  divers  quartiers  de  la  ville  ^  visitent  les 
malades  et  les  pauvres,  et  rendent  compte  de  ce  qu'elles 
ont  été  à  portée  d'observer.  L'hospice  de  CharlevîUe  fut  aussi 
l'objet  de  son  attention  -,  et  on  s'y  souviendra  long-temps  de 
Ses  bienfaits.  On  y  recevait  des  malades  et  des  pauvres,  qui, 
faute  de  bâtimens  assez  vastes,  s'y  trouvaient  entassés  et 
confondus.  Il  laissa  par  son  testament  une  somme  destinée 
à  la  construction  de  deux  nouvelles  salles,  outre  une  rente 
annuelle  de  plusieurs  milliers  de  francs  en  faveur  de  Thos- 
pice,  et  d'autres  legs.pour  les  pauvres  (i). 

Il  releva  et  rendit  à  la  décence  convenable  l'église  du 
Saint-Sépulcre ,  qui  ne  s'était  que  trop  ressentie  des  ravages 
du  vandalisme  révolutionnaire  :  il  embellit  et  décora  l'égUse 
paroissiale  -,  il  y  donna  aux  oiBces  et  aux  cérémonies  plus  de 
pompé,  en  y  appelant  le  séminaire. 

.  Il  passa  à  une  meilleure  vie  le  24  février  1826.  Le  conseil 
municipal  a  décerné  à  sa  mémoire  l'érection  d'un  monument 
destiné  à  perpétuer  le  souvenir  de  ses  bienfaits.  Il  consiste 
en  une  chapelle  élevée  dans  le  cimetière.  L'abbé  Louis  Eu- 
gène Regnault,  l'un  de  ses  vicaires  (né  à  Charle ville,  le 
21  janvier  1800),  a  publié  un  Abrégé  de  sa  vie  (Paris,  1826, 
in-S**,  p.  96).  M.  Soulès  a  fait  une  Ode  de  vingt  strophes, 
chacune  de  quatre  vers ,  sur  sa  mort.  (^Mezières^  Trécourt 
(1826),  in-8**.)  Delvincourt  était  vicaire  général  de  Reims, 

(1)  «  Outre  ces  dispositions  testamentaires,  il  en  est  d'autres  dont  voici  les 
•  pluô  remarquables.  Tous  les  ans,  à  perpétuité,  pendant  la  rigueur  des 
»  froids  de  l'hiver,  il  sera  distribué  une  certaine  quantité  de  bois  aux  pauvres 
»  de  la  ville.  On  choisira  parmi  les  enfans  de  la  première  communion,  quatre 
»  des  plus  sages ,  auxquels  on  donnera  une  somme  de  4oo  fr.  pour  les  aider  à 
«se  procurer  un  état  honnête.  Il  sera  remis  entre  les  mains  du  supérieur  des 
»  écoles  chrétiennes,  et  cela' à  perpétuité,  une  somme  d'argent  destinée  à  l'ac- 
»  quisition  de  bons  livres ,  qu'on  donnera  aux  enfans  pauvres  qui  feront  preuve 
»  de  plus  d'application.  »  (Regnault,  p.  93.)  On  évalue  à  5c,ooo  écus  les  biens 
qui  doivent  un  jour  appartenir  aux  seuls  établissemens  de  l'hospice  et  du  pe- 
tit séminaire. 


PEM  337 

archidiacre ,  chanoine  honoraire  de  son  diocèse  et  de  celui 
de^  Metz ,  supérieur  du  séminaire  ^  principal  du  collège,  of- 
ficier de  Tuniversité,  membre  du -conseil  municipal,  admi- 
nistrateur de  l'Hôtel-Dieu  et  du  bureau  de  charité  de  la  ville. 

DEMAUGRE  (/ean)^  naquit  à  Sedan ,  le  28  février  1 7 1 4, 
d^une  famille  honorable.  Des  études  soignées,  faites  sous  les 
Jésuites  de  sa  ville  natale ,  développèrent  en  lui  les  plus 
heureuses  dispositions.  Long-temps  indécis  sur  le  parti  qull 
devait  prendre,  il  se  détermina  enfin  pour  TEglise ,  et  em- 
brassa y  en  1737,  Tinstitut  de  saint  Ignace ,  auquel  il  renonçai 
au  bout  de  cinq  ans.  Après  son  noviciat,  il  fut  chargé  de 
professer  les  belles -lettres  :  il  remplit  cette  tache  avec  zèle 
,et  capacité. 

La  poésie  entrait  dans  ses  goûts,  et  il  la  cultiva  avec 
succès.  Lorsqu'il  régentait  à  Metz ,  un  président  au  parle- 
ment de  cette  ville  ambitionnait  de  se  faire  un  nom  parmi 
Xes  poètes  du  xvin"  siècle ,  et  il  croyait  y  parvenir  en  répan- 
dant çà  et  là  des  feuilles  volantes  de  sa  composition ,  qui 
n  offraient  guère  que  de  mauvaise  prose  rimée.  Une  satire 
en  vers ,  sortie  de  la  plume  du  père  Démaugre ,  suffit  pour 
pulvériser  cette  choquante  prétention.  Plein  de  trait  et  de 
saillie,  ce  pamphlet  fit  du  bruit*,  les  copies  s'en  multipliè- 
rent -,  il  circula  dans  tous  les  salons  de  Metz ,  et  le  rimail- 
leur lorrain ,  profondément  stygmatisé ,  devint  la  fable  de 
la  ville  et  des  champs.  L  amour-propre  exaspéré  jeta  les 
hauts  cris ,  et  force  fut  au  jeune  jésuite  de  quitter  sa  chaire 
en  1743'?  et  de  fuir  pour  se  dérober  à  des  éventualités  fâ- 
cheuses.. 

Rentré  dans  le  monde,  il  se  tint  pendant  quelque  temps 
à  l'écart V  retranché  dans  le  silence,  on  le  voyait  plus  diffi- 
cilement que  Mercure  ou  Vénus,  lorsque  ces  planètes  se 
rencontrent  dans  le  disque  du  soleil.  Son  inclination  pour 

un  genre  de  vie  tranquille  lui  fit  enfin  embrasser  l'état  ec- 
TOME  I.  2^ 


3i8  DHM 

clésiastique  :  î)  débuta  dans  cette  carrière  au  village  de  Ba^ 
lan,  près  de  Sedan,  où  il  remplit  les  modestesfonctiom  de 
vicaire  jusqu'en  1747»  qfïi'on  le  piomut  a  la  cure  de  Chau- 
vancy-Saint-Hubert.  Seize  ans  après,  c'est-à-dire  en  1763, 
fl  fut  nommé  curé  de  Givet-Saint-Hilaire,  et  il  obtint,  en 
1766,  une  pension  de  600  fi v.  sur  Vabbaye  de  Lavaldieu. 
En  1 775,  il  quitta  Givet  pour  se  charger  de  la  cure  de  Gen- 
tilly»  près  de  Paris,  qu'il  laissa  en  1 780,  après  que  son  frère , 
procureur  général  de  l'ordre  de  Prémontré,  lui  eût  résigné 
le  prieuré  simple  de  Saint-Côme  de  Chablis.  Il  résigna  lui- 
niâme  ce  bénéfice,  en  1^88 ,  à  un  Pïémontré  ardennaîs,  et 
se  retira  à  Tvois-Carignan,  où  il  mourut  le  17  mai  ,1801 , 
âgé  de  quatre-vingt-sept  ans. 

A  un  esprit  cultivé ,  l'abbé  Demaugre  joignait  une  ima-- 
gination  vive  et  saillante,  de  la  gafté,  une  mémoire  ornée 
d'agréables  connaissances ,  et  le  talent  d'assaisonner  la  con- 
versation de  ce  sel  qui  la  rend  intéressante  et  la  fait  recher- 
cher :  il  avait  une  merveilleuse  facilité  à  renfermer  toutes 
sortes  de  matières  sous  les  lois  de  la  prosodie  latine  *,  sa  veine 
était  une  espèce  de  Protée,  qui  prenait  siir-le«<hamp  toutes 
les  formes  convenables  aux  sujets  qu'il  voulait  traiter  :  il 
était  d'ailleurs  d'une  originalité  d'esprit  dont  toutes  ses  pro- 
ductions prenaient  la  teinte.  En  voici  la  liste  : 

I.  Requête  (en  vers)  à  V impératrice  Marie  Thérèse.  Sedan , 
1760,  in-4**.  Elle  est  pleine  de  goût  et  de  gaité-,  elle  valut 
au  poète ,  de  la  part  de  cette  princesse ,  une  réponse  flatteuse 
et  une  gratification  de  cent  ducats  pris  sur  sa  cassette. 

II.  Oraison  fiaièbre  du  maréchal  de  Belle-^Isle^  prononcée  à 
Montmédyj  lé  3  ami  1761.  Gharleville,Thesin,  1761,  in-4'*- 

III.  Omison funèbre  de  dom  Menne  Effleurj  abbé  d*Chval. 
Charleville ,  1 766 ,  in-4** . 

IV.  ie  Militaire  chrétien  j  ou  Extraits  de  Sermons.  Paris, 
V*Duchesne,  1776,  in-i6,  p.  ^jt\  ibidj  1786,  1786,  même 
édition,  avec  un  titre  rafraîchi-,  it.^ Givet, Gamache,  iSsS, 


DEM  339 

m-ï6,  p.  af4)6.  Edition  ancmy*tte  où  Ton  a  ajouté  ï Ordinaire 
de  la  Messe  et  quelques  prières. 

Ce  scmt  des  fragmens  de  sermons  prêches  à  Gi  vet ,  ville  où 
il  yavait  d^ordinaire  une  garnisbfi nombreuse.  L'orateur  était 
parvenu  à  y  attirer  tous  les  militaires ,  par  Fadresse  piquante, 
avee  laqui^Ue  il  avait  puisé  dans  Tart  de  la  guerre  le  fon- 
dement de  la  plupart  de  ses  raisonnemens,  ou  les  objets  de 
ses  Gomjparaisons^.  Il  leur  recommandait  surtout  Thumanitë 
adirés  la  victoire;  et  la  veille  d'une  bataille,  il  leur  auraie 
dit  coiome  Lanéoli  ^  aumônier  corse  r  «  Guerriers  !  demain 
»  vous  recevrez  le  signal  des  combsits  -,  votre  valeur  vous 
»  emportera  dans  cette  foule  de  villages  que  vous  apercevez 
)9  dans  le  lointain  :  là ,  sont  des^  malheureux  habitans  qui 
»  jamais  lie  vous  firent  de  mal.  Chaque  soufflet  que  vous 
»  leitr  appliquerez  vous  sera  rendu  dans  Tenfer  par  un  coup 
v  de  l&nee*^  et,  pour  un  coup  de  sabre  que  vous  leur  don- 
»  nerez,  il  vous  sera  arraché  quatre  onces  de  chair  avec  des 
)>  tenailles  bfûlantes.  Allez,  triomphez,  et  soyez  humains, 
»  le  Ciel  sera  pom*  vous.  »        ' 

V.  Discours  sur  le  rétablissement  du  culte  public  de  la  reli- 
gion catholique  dans  la  ville  de  Sedan.  Bouillon ,  1 780,  in-4'*. 
On  peut  consulter  sur  ce  fait  :  «  Avertissement  (historique) 
»  à  la  tète  de  lOffice  quW  célèbre  à  Sedan  le  jour  de  Saint- 
»  Matthias ,  en  mémoire  du  rétablissement  du  culte  public 
»  .dfu  Saint-Sacrement  en  cette  ville.  Reims ,  Multeau,  1745, 
»  in-S**,»  Ony  voit  commentée  rétablissement  sefiten  i644> 
pair  les  soins  du  maréchal  de  Fabert ,  premier  gouverneur  de 
^dan,  après  la  cession  de  cette  ville  à  Louis  XIII,  en  septem- 
bre 1642,  par  Frédéric  Maurice  de  laTour^  duc  de  Bouillon. 

^I.  Pscdnd pcenitenUales.  (Paris,  1786)  in-S**,  p..  1 1; 

Cet  opuscule  -est  un  fragment  de  la  traduction  entière  du 
Psautier,,  qui  a  dû  coûter  beaucoup  de  temps  et  de  travail  à 
Fautem',  ti*aduction  trcHivèe  dans  ses  papiers  »près  sa  mort , 
et  dont  Tincurie  de  ses  héritiers  a  privé  le  pubKe.  De  tous 


22. 


34o  DES 

les  livres  de  la  Bible^  le  Psautier  est  celai  qui  a  le.plas  sou<- 
vent  exercé  la  verve  des  poètes.  Mais  beaucoup  d'entr'eux, 
à  rezemple  de  Buchauan ,  Font  paraphrasé ,  et  ont  mis  dans 
leurs  compositions  une  diffusion  monotone  y  oubliant  que  la' 
pensée  9  pour  être  serrée  aux  pieds  nombreux  de  la  poésie  j 
suivant  Texpression  de  Montaigne,  n'exige  souvent  qu'un 
distique  pour  être  rendue  avec  force.  Pe^rsonne,  plus  que 
Demaugre ,  n'est  à  l'abri  de'  ce  reproche  :  il  a  vaincu  une 
grande  diflSiculté,  en  s'astreigfnant  à  renfermer  dans  chaque 
distique  le  sens  de  chaque  verset ,  qui  souvent  est  rendu  plus 
clair  et  plus  intelligible  que  dans  le  texte. 

VIL  ^d  D.  ahhatem  Quintiacij  prior  Cabliaci.  (Paris, 
1 785  )  in-S"*,  p.  4*  Pièce  de  cent  huit  vers,  adressée  à  l'abbé 
Seguin,  prieur  de  Quincy  et  chanoine  de  Chartres,  ami  du 
poète.  C'est  une  description  charmante  et  pittoresque  d'un 
repas  de  gastronomes,  où  l'on  décrit  à  la  fin  le  jeu  de  wisk  et 
de  reversi  d'une  manière  fort  plaisante. 

VIII.  MS.  Eloge  du  ches^alier  Bayardj  mort  le  2.5  ami 
1 624 ,  prononcé  à  MézièreSj  le  27  septembre  1 770,  jour  anni- 
çersaire  de  la  déli\france  de  cette  yHUy  en  i  Sa  i,  'THt^  "t/ho^ 

DE^BÂNS  (Jaa/ues),  né  à  Mouzon  en  1693,  se  consacra 
dès  sa  jeunesse  à  l'étude  et  aux  exercices  de  la  piété.  Entré 
chez  les  Jésuites  en  1609,  il  régenta  la  rhétorique  pendant 
onzeans,  tantà  Pont-à-Mousson  qu'à  la  Flèche.  PhilippelY, 
^oi  d'Espagne,  avait  fondé  un  collège  royal  à  Madrid.  Pour 
3e  rendre  florissant  il  fit  inviter  les  hommes  les  plus  dis- 
tingués de  Tinstitut  de  samt  Ignace ,  à  venir  remplir,  les 
chaires  de  cet  établissement  naissant.  Celle  de  grec  fut 
donnée  au  P.  Desbans  (i).  Il  se  distingua  dans  ce  poste, 

(1)  Le  P.  François  Macedo  qui ,  dans  son  Schéma ,  fait  remonter  Tinquisi- 
tion  jusqu'au  paradis  terrestre ,  y  occupa  une  chaire  de  chronologie  et  d'his- 
toire ,  offerte  au  P.  Petau ,  que  de  graves  infirmités  retinrent  en  France.  {Ni- 
^avn  9 1,  XXXYII ,  p.  1 1 5.) 


DES  341 

et  recurilUt  ces  hommages  empressés  et  volontaires  qui  sont 
dus  au  mërite  modeste.  Rappelé  en  France  par  ses  supé- 
rieurs, il  mourut,  le  1 4  février  16499  au  collège  die  Moulins^ 
en-Bourbonnais,  dont  il  était  recteur.  Sa  douceur  inal-* 
tërable,  et  son  affabilité  prévenante  lui  avaient  concilié 
Taffection  et  la  confiance  de  tous  ceux  qui  rapprochaient. 
Les  ouvrages  sortis  de  sa  plume  sont  d'une  obscurité  qui 
les  met  à  Fabri  de  toute  autre  critique. 

I.  Parvum  B.  virginis  sacelhim  hieroglyphicum ,  dis- 
tinctum  imaginibus  j  Parthenio  sodcUi  sacrum.  Pônt^à^Mous- 
son,  Séb.  Gramoisy,  16^3,  in-12. 

II.  De  glorioso  heroicœ  yirtutis  regnoj  deque  illiUs  eximus 
adtoribus^  qui  meritb  à  sacra  philosophid^  reges  habentur  : 
insuper  de  iUustri  stemmatum  génère^  quo  utraque  pars  coro- 
natur.  Paris,  Séb.  Gramoisy,  1682,  in- 12-,  iU^  la  Flèche  y 
Griveau,  i635,  in-12,  p.  348.  (BB.  du  roi,  24886.) 

III.  Sacra  Ckristi  Domini  Academia^  distributa  in  octo 
classes  beaùtudinum  :  it.,  2*  pars^  seu  octo  nobiles  coronœ  ^ 
quibus  sacra  Ckristi  Domini  Academia  j  in  octo  classes  beati^ 
tudinum  distributa  cor onatur.  Paris,  Séb.  Chappelet^  i633, 
in-8'',  pi  689.  On  voit,  parla  dédicace,  que  cet  ouvrage  fut 
composé  à  Madrid.  Le  prévilége  est  daté  de  cette  ville ,  le  8 
mars  i63i .  Le  P.  Ded^ans  y  est  qualifié  professeur  de  grec 
au  collège  royal. 

IV.  Sotwel  lui  attribue  encore  des  Notes  sur  les  Œuvres 
de  saint  Clément  d' Alexandrie  j  et  deux  ouvrages  MSS.,  Fun 
De  AposioliSj  et  Ydcatee  De  Nabuehodonosoro,  typopœni- 
tentice. 

DESMONTS  (jRc/nï),  s  acquit  l'estime  puUique^  dans  les. 
Ardennes,  par  son  zèle  à  servir  les  lettres,  et  à  combattre, 
avec  les  armes  de  Fantiquité  payenne,  les  sophismes  des  mo- 
dernes mécréans.  Son  inclination  naturelle  le-  portait  à  la 
retraite  et  au  fepos  de  la  vie  privée.  L'âge  bii  ayaot  permis 


Ht^  DBS 

de  choiair  un  état,  il  entra  dans  là  congrégation  de  Saûit*- 
Vanne  y  et  s  y  lia  par  des  vcbux  solenneU,  qu'il  émit  à  Beau** 
Ueu««n- Argonne ,  le  9  juillet  1732.  On  se  tromperait  étran*- 
gement,  si  l'on  croyait  qu'il  avait  apporté  dam  le  ek^fcre  ce 
froid  détachement»  qui  acccnnpagaetrop  souvent  rAmour 
de  la  solitude.  Après. avoir  accompli  ses  devoirs  religieux, 
son  occupation  iavorite  était  d'enseigner  les  humailités  à  dei^ 
epfans  nés  de  parens  pauvres^  et  le  sèle  qu'il  metta:it  à  repar 
plir  cette  bonne  œuvre,  atteste  le  plaisir  qu'il  y  prenait.  Il 
eut  souvent  ^la  satisfaction  de  voir  ses  soim  eourOnnés  de 
succès  y  car  beaucoup  de  ses  élèves,  tran^plaat;é3  daius  la  so- 
ciété,  utilisèrent  leurs  taleius  au  profit  de  l'Église  ^t  de 
FEiat.  C'est  spécialement  pour  eux  qu'il  compo^  une  gfwi'- 
maire  grecque  y  et  travailla  à  un  corps  de  livre  élémentaire , 
dont  il  n'a  publié  qu'une  partie*  Né  à  Novy,  pr^s  de  Rethel, 
le  3o  octobre  1703,  mort  à  Provins,  le  27  du  même  mois 
1787.  Ses  ouvrages  sont  : 

I.  Le  libertinage  combattu  par  le  témoignage  des  auteurs 
profanes.  Charleville,  Thesin,  I744"^^747>  47^1*  in-ia. 

«  Le  premier  volume  commenee  par  une  px^ce  de  qi^*- 
^  tEe*^iugt-trois  pages ,  ou  l'auteur  donne  des  règles  pour 
^  juger  la  doctrine  des  jmens ,  montre  l'usage  que  l'on  peut 
»  Élire  de  leurs  écrit ,  et  prouve  l'excellence  de  la  religicm 
»  chrétienne  au-dessus  de  la  philosophie.  Dans  l'ouvrage, 
)»  il  démontre,  par  le  témoiguage  des  païens  ^  le  r^ison- 
V  nemenl;  qu il  en  tire ,  leKisteuce  de  Dieu ,  sa  providence , 
»  et  tmm  ses  iM;tii}>ut$  :  c'est  l'obyet  du  premier  volume. 
»  Dans  le  second,  il  établit  le  culte  intérieur  et  e:^téiievr 
»  dû  à  la  Divinité;  l'immortalité  de  lame ,  et  la  fin  dernière 
»  de  l'homme.  Le  troisième  e^t  çur  le  péché  et  ses  effets ,  la 
»  corruption  de  l'homme  et  ses  suites  1  l'athéisme  et  Tim- 
)>  piété  9  et  sur  chaque  vice  en  particulier.  Le  quatrième  pré- 
I»  sente  la  doctrine  des  païens  sur  l'utilité  et  la  nécessité  de 
»  la  vertu,  les  qualités  que  celles-ci  doit  avoir ,  et  sui*  chaque 


r 


DES  343 

»  vertu  en  particulier.  Cet  ouvrage  n'a  pu  être  composé  san3 
»  une  vaste  lecture  9  et  beaucoup  de  rëflexiqns.  Il  est  trop 
»  diffus.  Malgré  ce  défaut,  il  mérite  d'être  lu 9  et  ne  peujt 
'»  manquer  d'être  uj^le^  »  {Journal  des  Savons ^  ann.  1747» 
p.  579.)^ 

II.  Méthode  latine  et  thrétienne  ^  où  Von  apprend  le  latin. 
Metx,  Jos.  Antoine,  17669  in*i2. 

III«  Nouvelle  méthode  latine  et  chrétienne  j  où  en  apprenant 
le  latin  j  on  s'instruit  en  même  temps  de  toutes  les  maximes  et 
çérités  de  la  religion.  Metz,  ib.^  1760,  in-ia.  La  première  . 
partie  ccmtient  les  rudîmens  et  la  syntaxe ,  la  seconde  traite 
des  particule. 

A  l'imitation  du  ^ammairien  Smaragde ,  l'auteur ,  dans 
ces  deux  ouvrages,  a  tiré  ses  exemples  de  l'Écriture-Sainte. 
f^oy.  D.  Rivet,  JHist.  littër.y  t.  IV,  p.  44^* 

lY.  MS.  L' Ignorance  confondue^  ou  l'avantage  de  la 
science  démontrée  par  Vexpérience  et  la  raison. 

Dom  J .  François  lui  a  consacré  un  art.  dans  le  1. 1,  p.  25 1 , 
de  sa  BB.  de  V  Ordre  de  saint  Benoit.^Doia  le  Long  l'a  men- 
tionné honorablement  à  la  p.  4^4  ^®  ^^  Histoire  de  Laon. 

DESPORTES  {François  ).  Le  nom  de  c>et  artis|«  est  très- 
connu  dans  l'éccde  française*,  et«i  les  bons  ouvrages  de  pein- 
ture «éternisent  la  mémoire  de  leurs  auteurs ,  il  a  un  droit 
acquis  à  l'immortalité. 

U  naquit  en  1661  à  Cbampigneul,  près  de  Grandpré,  de  . 
Pierre  Desportes ,  ridbe  cultivateur,  et  d'Elisabeth  Dugay. 
Envoyé  à  l'âge  de  douze  anfi  chez  un  de  ses  oncles,  établi  à 
Piiris ,  à  peine  y  fut-il  arrivé ,  que  son  talent  pour  la  pein«- 
ture  s'annonça  par  un  de  ces  traits  «qu'on  «e  rappelle  avec 
plaisir,  quand  ils  sont  justifiés  par  de  plus  grands  succès , 
comme,  après  avoir  considéré  les  larges  bords  d'un  fleuve  , 
on  aime  à  découvrir  le  filet  d'eau  qui  forme  sa  source.  Il 
tomba  malade;  pour  le  distraire  on  lui  donna  une  n^auvai^e 


344  DES 

estampe,  qu'il  copia  dans  son  lit.  Cet  essai  décela  son  génie 
pour  le  dessin ,  et  on  le  mit  chez  Nicasius ,  peintre  Flamand.  1 

Ce  maître ,  qui  avait  la  réputation  de  bien  peindre  les  ani-  * 

maux,  mourut  peu  de  temps  après,  et  le  jeune  Desportes 
n'en  prit  point  d'autres  -,  il  étudia  la  nature ,  sans  laquelle 
l'imagination  la  plus  heureuse  ne  peut  manquer  de  s'égarer 
souvent  :  elle  acheva  de  le  former.  Cette  singularité  remar- 
quable qui  prouve  la  supériorité  et  l'inspiration  des  talens , 
lui  est  commune  avec  plusieurs  hommes  célèbres. 

Livré  à  lui-même,  son  premier  soin  fut  de  dessiller  la 
figure  d'après  le  modèle  et  l'antique  ;  il  réussit  à  se  perfec- 
tionner, et  devint  habile  dans  le  portrait  et  la  perspective. 

Il  travailla  d'abord  à  toutes  sortes  d'ouvrages  pour  les  en- 
trepreneurs de  plafonds  et  de  décorations  de  théâtre.  Claude 
Audran,  excellent  peintre  d'ornemens,  sut  l'apprécier.  Ils 
se  lièrent  ensemble ,  et  travaillèrent  de  concert  au  château 
d' Anet ,  à  Clichy ,  à  l'hôtel  de  Bouillon ,  à  la  ménagerie  de 
Versailles,  et  en  beaucoup  d'autres  endroits. 

Son  penchant  le  portait  à  l'étude  des  fleurs ,  des  animaux, 
des  fruits,  des  légumes,  des  insectes  et  des  grotesques.  Il 
s'y  adonna  tout  entier,  et  obtint  les  plus  grands  succès. 

Le  désir  de  se  faire  connaître  l'ayant  porté  à  entreprendre 
le  voyage.de  Pologne ,  en  1692 ,  il  y  fit  les  portraits  des  prin- 
cipaux personnages  de  la  cour>  Après  deux  ans  de  séjour 
dans  ce  pays ,  le  roi  le  rappela  en  France ,  où  il  se  .remit  à 
peindre  les  animaux ,  quoiqu'il  excellât  danjs  le  portrait*,  on 
résiste  difficilement  à  son  inclination  naturelle. 

L'Académie  de  peinture  lui  ouvrit  ses  portes,  le  i**'  août 
1699,  ^^  ^^  même  année  Louis  XIY  lui  accorda  un  congé 
de  six  mois  pour  suivre  le  duc  d' Aumont ,  lors  de  son  am- 
bassade en  Angleterre  :  Desportes  s'y  fit  admirer  tant  par 
les  tableaux  qu'il  y  porta ,  que  par  ceux  qu'il  y  peignit.  A 
son  retour,  le  roi  l'occupa  à  l'embellissement  des  maisons 
royales ,  et  le.  gratifia  d'un  logement  aux  galeries  du  Louvre, 


DES  345 

et  d'une  pension  de  8po  liv.  Dès  qu'il  arrivait  un  oiseau  rare 
à  la  ménagerie  de  Versailles,  il  recevait  ordre  de  le  peindre.   ' 
Le  17  mars  1704?  F  Académie  de  peinture  le  mit  au  nombre 
de  ses  conseillers. 

Le  duc  d'Orléans,  qui  aimait  passionnémentles  arts,  avait 
une  vraie  estime  pour  Desportes ,,  dont  il  se  servait  dans  les 
tableaux  de  sa  composition.  Il  voulut  avoir  six  morceaux  de 
sa  main,  pour  son  étude  particulière.  Le  Dauphin  l'avait 
également  employé  à  peindre  plusieurs  tableaux  pour  le 
châteao  de  Meudon. 

Le  roi  prenait  souvent  plaisir  à  le  voir  travailler,  et  sou- 
vent aussi  il  le  faisait  assister  à  ses  chasses ,  pour  esquisser 
sur  les  lieux  les  événemens,  les  courses,  la  mort  du  cerf, 
la  curée,  et  surtout  les  plus  beaux  chiens ,  qu'il  rendait  avec 
tant  de  vérité ,  que  le  roi  les  nommait  tous  par  leurs  noms.  Il 
en  disposait  cinq  ou  six  sur  une  feuille  avec  leurs  différentes 
attitudes ,  et  les  dessinait  ensuite  au  chenil  d'après  nature. 
Toutes  ces  études  lui  servaient  à  composer  de  grands  sujets. 

En  1735 ,  lorsque  Louis  XIV  fit  renouveler  aux  Gobelins 
la  magnifique  tenture  de  tapisseries  des  Indes,  Desportes,  qui 
avait^autrefois  retouché  les  originaux  de  Vénus ,  depuis  hors 
d'état  de  servir,  peignit  huit  grands  tableaux  dans  le  même 
goût,  mais  plus  riches,  mieux  ornés  et  d'une  composition 
entièrement  nouvelle.  Ils  furent  exposés  au  salon  du  Louvre, 
et  méritèrent  l'approbation  générale.  Il  traça  aussi  des  des- 
sins coloriés  pour  la  manufacture  royale  de  la  Savonnerie. 

Ses  tableaux ,  qui  sont  en  grand  nombre ,  contribuèrent 
à  orner  les  châteaux  de  Versailles,  Marly,  Meudon,  la 
Muette,  Ghoisy,  Fontainebleau,  Gompiègne,  Virginie, 
ainsi  que  lé  Palais-Royal,  les  salles  de  l'Académie,  et  les 
maisons  les  plus  distinguées  de  la  capitale. 

«  Les  études  qu'il  a  faites  d'après  nature  sont  coloriées , 
»  parce  qu'il  ne  croyait  pas  moins  nécessaire  d'étudier  la 
»  vraie  couleur  des  objets  que  leur  forme.  Il  se  servait  ordi- 


L 


346  DBS 

»  aakement  de  pi<$rre  noire  »ur  du  pa|>ier  gris,  aans  beau* 
»  coup  de  hachure ,  releva  de  blanc  de  craie  :  il  y  ea  a  qui 
ï>  fioat  arrêtées  d'ua  trait  de  plume  y  arec  un  lavis  léger 
»  d'encre  de  la  Chine.  Ses  dessins  coloriés  sont  pei«|s  à 
»  Thuile  sur  du  gros  papier  gris  sans  impressioiL  :  manière 
))  excellente  pour  empêcher  qu'ils  ne  se  collent  Tua  contre 
»  TaiUre*,  mais  il  faut»  pour  y  réussir^  qu'ils  soient  peints  au 
»  premier  coup*  Ses  études  de  chiens  sont  faites  aux  trcHS 
Vf  cmyons,  et  ^nt  de  la  dernière  beiauté  :  T^sprit  qui  y  règpne, 
»  un  feu  surprenant,  une  touche ,  une  précision,  la  nature 
»  même  saisie  par&itement,  publient  Thabiletéde  lamain 
»  de  Despoil^es.  »  {Dargençille,) 

IKotre  artiste,  que  Tabbë  Desfontaine^  appelait  la  JNestor 
de  la  peinture  ^  marchait  sans  cesse  avec  la  nature  :  ^n  art 
faisait  tout  son  plaisir.  Sa  touche  est  vraie,  lég^e  et  &cile; 
se^  couleurs  locales  sont  très  bien  entendues.  Ur^ne  dans 
ses  ouvrages  une  harmonie,  une  vérité,  une  fécondité,  un 
choix  et  un.gout  .auxquels  on  ne  peut  re&â^  son  admira- 
tion* Sans  avoir  aucune  manière  particulière,  son  piniseau 

suivaitla  variété  des  objets  qu'il  représentait,  quoiqu'il  pei- 
gnit soAJLveyit  du  premier  coup  et  d'après  nature.  Il  avait  une 
intelligence  si  distincte  de  la  perspective  aérienne,  et  de 
l'accord  général ,  que  ses  ouvrages  semblaient  tous  être  iàits 
de  la  xaéme  pâte  de  couleur  et  dans  le  même  jour.  Personne 
n'a  mieux  dessiné  que  lui  les  animaux,  et  n'a  mieux  dis- 
tingué, par  la  variété  de  la  toiuche ,  les  différentefs  espèces  de 
poils  et  de  plumes.  Il  saisissait  également  bien  les  fleurs ,  les 
fruits  et  le  paysage.  Enfin ,  il  rendait  la  nature  avec  tous  ses 
charmes^  Peignait-il  une  fleur,  un  fruit,  des  chiens?  Il  leur 
donnait  la  vie  :  il  faisait ,  pour  ainsi  dire ,  parler  les  ani- 
maux. 

Ces  talens  réunis  lui  méritèrent,  à  juste  titre,  le  premier 
rang  entre  les  artistes  qui ,  de  son  temps ,  se  sont  distingués 
dans  le  genre  qu'il  avait  embrassé.  Il  ûgure  ^avantageuse- 


DES  347 

upeot  à  côlé  dek  S^Deider,  des  Ckidry,  des  Hotideiuieter  et 
dies  Weeninx,  qui  ofit  exoellé  djsm^  l'art  de  peindre  les  ani- 
maux. 

Un  ficbe  curieux  le  ^nessait  d'admirer  un  inaurais  tableau 
venu  d'Italie,  qu'il  mettait  au-deasus  de  ceux  de  nos  pein- 
tre9  :  Je  n'y  connais  d* autre  mérite  j  dit  Desportes,  4fue  celui 
de  ^enir  de  loin;  c  en  est  un  grand  pour  i^oas ,  mais  ce  n'en  est 
pas  un  pour  moi.  Il  répondit  un  jour  très-fièrement  à  un 
hoûamc  de  fortune,  rerétu  d'une  chaiige  considérable,  qui  lui 
disait  qu'im  homme  comme  lui  devait  être  respecté  :  Quand  ^ 
je  youdrai^  monsieur,  je  serai  ce  que  vous  êtes;  mais  çqus  ne 
pourrez  jamais  être  ce  tfue  je  suis.  Il  faut  pardonner  cette 
réponse  à  la  modestie  obligée  d'imposer  silence  à  l'orgueil. 

Un  caractère  aimable ,  des  moeurs  douœs  /  des  manières 
ndj^s  et  aisées ,  beaucoup  d'enjouement  dans  la  conversa- 
ti<m,  une  probité  à  toute  épreuve  et  un  par&it  désintéres- 
*  sexi»ent  l'ont  toujours  distingué  parmi  ses  confrères.  Attaqué 
d^une  flùxîoa  de  pottrine  à  l'âge  de  quatro-yingt-deux  ans ,  il 
npMWfUtft  Paria  le  %o  ayril  1743.,  laissant  de  son  mariage, 
contracté  en  1696,  Claude  François  Desportes,  son  élève, 
et  de  r Académie,  qui  jcMgnait  au  talent  de  la  peinture  celui 
d«;  la  poésie  (i).  Nicolas  Deaportes ,  son  neveu,  fut  ^gale- 
D»eiiit  aop  élève;  mais  s'étant  attaché  au  portrait,  il  devint 
oeliii  de  l'illustre  Bigaud. 

Ses  productions  :       ' 

I.  Son  portrait  peini;  par  lui*'^me.  U  s'est  représenté  en 
chasaeiir»  se  reposant  au  pied  d'un  arbre.  Près  de  lui  on  voit 
un^iroupe  de  gibier  iport,  et  deux  chiens.  C'est  son  tableau 


(i)  Mort  le  3i  mai  1789,  âgé  de  soixante-diz-neuf  ans  {  on  a  de  lui»  i«  la. 
Feuve  coqueUe  9  (Jonnée  au  Théâtre  Italien  en  ijjii  ;  a»  Discours  $ur  la  Pfiimture 
et  la  Sculpture^  et  sur  les  premiers  Peintres  du  roi  avant  le  Brun. — FUele  le  Brun: 
ce  qui  ibrrae  le  i*'  Tolume  da  recueil  intitulé  :  Vies  des  premiers  Peintres  du 
roi ,  depuis  M.  le  Brunjusifu*à  prêtent.  Paris,  i/Sa  ,*a  vol.  in^**.  • 


348  DES 

de  réception  à  rAcadémie  :  il  passe  pour  son  chef-d'œuvre. 

IL  Son  portrait  fait  par  Rigaud^  avec  deux  chiens  et 
quantité  de  gibier  peints  de  sa  main ,  et  le  paysage  du  fond 
par  Claude  Audran  :  ce  morceau  est  très-estimë.  Desportes 
en  fit  présent  à  M.  Mansart,  surintendant  des  bâtimens. 

III.  Portrait  du  roi  Jean  Sobieski,  de  la  reine,  du  car- 
dinal d'Arquin  y  des  princes  et  princesses  de  la  cour  de  Po- 
logne. 

IV..  Un  panier  de  raisin ,  de  pèches ,  trois  perdrix  mor- 
tes et  un  chien  endormi*,  un  cerf  aux  abois,  atteint  par  la 
meute  ;  un  garde-manger  au  croc  duquel  on  voit  un  canard , 
un  lièvre  et  d'autres  pièces  dé  gibier  :  au  bas  sont  des  choux 
et  des  cardons.  Ces  trois  tableaux  sont  au  Muséum. 

y.  Quatre  sujets  de  chasse  en  petit,  pour  Versailles; 
deux  tableaux  représentant  les  diverses  saisons  de  Tannée, 
caractérisées  par  les  fleurs,  les  fruits,  le  gibier,  etc. ,  pour 
idem.y  quatorze  tableaux  à  Versailles ,  représentant  diverses 
chasses ,  et  des  animaux  séparément*,  cinq  tableaux  à  la  mé- 
nagerie, qui  sont  des  chasses  au  cerf,  au  chevreuil,  au  daim, 
au  loup  et  au  sanglier. 

VI.  On  remarquait  à  Paris,  dans  la  galerie  d' Apollon,  un 
tableau  représentant  un  chien  qui  arrête  un  faisan  blanc,  et 
un  autre  avec  un  singe  et  un  perroquet,  un  lièvre,  un  chat 
noir  et  blanc ,  et  un  chien.  Le  premier  est  au  Musée  de  Vep- 
sailles ,  où  il  y  a  encore  deux  autres  tableaux  de  Desportes  : 
I**  un  panier  de  fleurs  posé  sur  une  fontaine;  sur  le  devant 
du  tableau,  un  lièvre,  des  perdrix,  des  cailles  et  des  fruits; 
dans  le  fond  un  chien  couché  ;  a**  un  arbre  dans  lequel  esl 
entrelacée  une  vigne  avec  des  raisins ,  un  lièvre ,  un  faisan , 
un  canard ,  des  perdrix  ;  sur  le  devant  du  tableau ,  des  lé- 
gumes et  des  fiiiits. 

YII.  Six  tableaux  dans^Fantichambre  du  roi  à  Marly,  re- 
présentant, Tun  trois  chiennes  qui  arrêtent  des  perdrix 
rouges,  Taultre  deux  chiennes  arrêtant  des  faisans;    deux 


DES  .    349 

perdrix  grises  suivies  par  une  chienne,  paraissent  dans  le 
troisième  tableau;  le  quatrième  offre  Tarrét  de  deux  fai-* 
sans  par  une  chienne  ;  ce  même  sujet  est  représente  dans  le 
cinquième ,  et  deux  perdrix  rouges  dans  le  sixième  :  peints 
en  1702*  Le  premier,  le'  deuxième  et  le  sixième  sont  au 
Musée  de  YersaiUes,  depuis  la  démolition  du  château  de 
Marly. 

Yin.  Un  sanglier  arrêté  par  sept  chiens,  et  un  cerf  dans 
leau  poiursuiTi par  cinq  chiens  :  à  Fontainebleau. 

IX.  Deux  dessus  de  porte,  représentant  des  oiseaux  des 
Indes ,  et  un  tableau  représentant  un  cerf  aux  abois ,  entouré 
de  plusieurs  chiens  :  au  château  de  Ghoisy. 

X.  Huit  tableaux' pour  le  cabinet  du  roi  à  Gompiègne*, 
parmi  lesquels  est  représenté  un  cerf  aux  abois ,  avec  les  plus 
beaux  omemens  de  la  meute  du  roi  ;  les  autres  sont  des  cor- 
beilles de  fruits,  avec  plusieurs  pièces  de  gibier;  Toiseau 
nommé  chevalier,  deux  oiseaux  des  Indes,  etc. 

XI.  Cinq  grands  tableaux  de  chasse,  de  grandeur  natu- 
relle, pour  le  château  de  Meudon ,  peints  par  ordre  du  Dau- 
phin, en  1705. 

XII.  Deux  grands  tableaux  composés  de  fleurs ,  de  fruits, 
d'animaux  et  d'architecture,, pour  le  château  de  la  Muette, 
par  odire  du  duc  d'Orléans ,  ibidem;  un  canard  buvant  dans 
une  fontaine,  avec  plusieurs  oiseaux  ;  un  paon  sur  une  ba- 
lustrade, avec  une  basse  de  viole  et  un  chien  blanc. 

•  XIII.  Six  belles  chasses,  dans  le  vestibule  du  château 
de  Virginie ,  près  de  Palaiseau.  Ce  château  a  été  détruit. 

XIV.  Trois  tableaux  pour  le  Palais-Royal,  destiofés  pour 
une  cuisine  particulière,  dont  tous  les  ustensiles  étaient 
d'argent  *,  l'un  est  un  amas  de  gibier  en  plume  placé  sur  la 
cheminée  :  les  deux  autres  servent  de  dessus  de  porte ,  re- 
présentant des  légumes ,  de  la  viande  piquée ,  prête  à  met- 
$a^  en  broche. 

XV.  Huit  grands  tableaux  pour  la  manufacture  des  Go 


35o  DE8 

belins  •  dont  les  sujets:  sont  des  fruits  sauTages ,  des  anîmaux 
des  Indes,  des  oiseaut,  des  ëléphans,  des  tortues,  des 
serpens  et  des  fleurs  :  ils  ont  servi  à  faire  de  magnifiques 
tentures  de  tapisseries.  Peints  en  ijiS, 

XYI.  Des  dessins  coloriés  pour  des  paralrens ,.  des  tapis 
et  autres  meubles  pour  la  mani&ctnre  des  tapis  de  la  Sa^on^ 
neHe,  établie  à  Chaillot,  près  de  Paris.  Ils  sont  au  nombte 
de  sept,  saroir  :  U  Cerf  et  VEau^  le  Renard  et  les  Ralsms^ 
le  Coq  et  la  Perle  ;  le  Chien  et  V'Eau^  les  Chiens  et  le  Càf*f 
le  Loup  et  la  C^ogne}  lés  Tigres  et  les  Baisins. 

XYII.  Une  galerie  dans  le  village  de  CMtilkm  ^  près  de 
Paris*. 

X\III.  Quatre  grands  tableaux  dons  la  salle  à  «nasiger 
de  feu  M.  Bonier;  quatre  grands  tableaux  daud  la  salle  à 
manger  d'un  par tieuUier  :  ce  sont  des  chasses*  ' 

Enfin,  il  n'y  a  ^ère  à  Paris,  et  dans  ses  environ»,  de  fiueé^ 
sons  considérables  qui  ne  possèdent  des  ouvrages  de  De»- 
portes ,  soit  portraits ,  animaux ,  sujets  de  chasses,  dessus  de 
portes,  bufiSets,  etc.,  sans  compter  ceux  qu'il  a  faits  en 
Pologne ,  en  Angleterre  ,  et  ce  qu'il  a  envoyé  à  Municb ,  à 
Venise  et  à  Turin.  On  trouve  de  ses  tableaux  daf^  le 
commerce. 

Joullain  a  gravé,  d'après  Desportesy  trois  morceaux  rn.*fol.  : 
Son  portrait  de  réception  à  F  Académie ,  un  loup  krcé  par 
des  chiens,  et  un  autre  tableau* de^  chasse  du  ehâteau  de 
Yirgink*,  Jac.  Pb.  le  Bas,  douze  petites  planchés  en  hau- 
teur, représentant  des  chiens  de  différentes  espèces;  et  D^ 
marteau  l'aîné  ^  un  chien  qui  étFangie  un  chat* 

Son  portrait,  en  médaillofi  in-8^,  est  gravé  à  k  téte^de 
sa  Vie  par  Dargenvilk . 

Dezalliers  d' ArgenvîUe ,  Abrégé  de  ht  Fie  des  plus  fameux 
Peintres^  t.  IV,  p.  332-,  de  Marsy,  Dict.  de  Peinture,  t.  I, 
p.  1 85  ;  Papillon  de  la  Ferté ,  Extrait  des  différens  outrrages 
sw*  la  vie  des  Peintres j  t.  II,  p.  575*,  Lacombe,  Diet.  des 


DES  35r 

Beaux-'ArtSj  p.  2 1  o;  Guerin,  Académie  de  PeintÊtre;  Fontenai, 
Dict.  des  artistes,,  t.  I,  p.  499V  Hébert,  Dict.  pittoresque  et 
histor.  ;  Gault  de  Satînt- Germain,  Trois  siècles  de  la  Pein^ 
ture^  p.  147- 

DESROUSSEAUX  {louis  George).  La  vffle  de  Sedan 
s%on(n*e  d'avoir  ru  naître ,  en  1762 ,  cet  homme  aussi  esti- 
mable par  les  qualités  du  cœur  que  par  celles  de  l'esprit.  Il 
était  fabricant  de  draps ,  et  exerçait  les  fonctions  de  maire , 
lors  de  la  fatale  jpurnée  du  i  o  août  1 792 ,  qui  fit  de  la  France 
un  vaste  cimetière.  L'Assemblée  Législative ,  qui  venait  de 
saper  les  bases  de  la  monarchie,  devait  naturellement  s'oc^ 
cuper  du  soin  de  tromper  les  départemens  et  les  armées  sur 
ce  grand  attentat.  Pour  y  parvenir  elle  nomma  des  commis^ 
saires  pris  dans  son  sçin.  La  députation  du  Corps  Législa-^ 
tif ,  destinée  à  se  rendre  à  Farmée  du  centre ,  campée  près 
de  Sedan,  sous  les  ordres  du  général  La&yette,  était  oom-^ 
posée  de  MM.  Antonelle ,  Kersaint  et  Péraldy,  qui  s'adjoi- 
gnirent M.  Klairval  pour  secrétaire.  Arrivés  à  Sedan  le 
i4  août  (i),  pour  y  Êiire  enregistrer  le  décret  de  suspension 
du  roi ,  ils  furent  arrêtés  aux  portes  de  la  ville ,  et  conduits 
à  la  municipalité,  pour  y  faire  viser  leurs  passeports.  Tout 
était  préparé  pour  les  recevoir.  Le  général  avait  enjoint  à  la 
municipalité,  par  une  lettre  du  12  août,  de  mettre  ces  corn-- 
nUsscdrès  en  lieu  de  sûreté^  sous  la  garde  d'un  offider  supé^ 
rieur.  Il  avait  d  ailleurs  déclaré^  par  un  manifeste  adressé  à 
son  armée ,  qu'ayant  reconnu  dans  la  constitution  la  volonté  ^ 
librement  exprimée  ^  de  la  nation  Jrançaise^  renfermant  tous 
les  moyens  de féUciié  publique  j  il  fallait  se  rallier  atOour  d'elle^ 
jurer  de  vivre  pour  tobserçer  et  de  mourir  pour  la  d^ndre.  Le 
maire  et  le  procureur  de  la  couimune  convoquèrent  aussitôt 

(1)  Ils  s'étaient  rendus  le  même  jour  au  lieu  des  séances  du  D. ,  où  ils  ne 
trouvèrent  qu'un  petit  nombre  de  membres,  qui  s'excusèrent  sur  l'absence  de 
leurs  collègues ,  pour  ne  point  délibérer. 


35a  DES 

les  officiers  municipaux  et  les  notables  y  et  prirent  d'un  com- 
mun accord  cet  arrêté  : 

«  Le  conseil  général  de  la  commune  de  Sedan ,  délibérant 
sur  la  validité  des  passeports  présentés  y  ouï  le  procureur  de 
la  commune ,  considérant  les  circonstances  où  se  trouve  la 
patrie  :  arrête  que  MM.  Kersaint^  Antonelle^  Pércddy  et 
Klaùvalj  seront  provisoirement  mis  en  état  d'arrestation* 
Délibérant  ensuite  sur  la  nature  des  pouvoirs  (  illimités  )y 
dont  les  soi-disant  commissaire  sont  porteurs  *, 

»  Considérant  qu'au  moment  où  ils  auraient  été  conférés , 
l'Assemblée  Nationale,  obsédée  par  la  horde  des  factieux,  qui 
remplissaient  la  capitale  de  sang  et  de  carnage ,  n'a  pu  agir 
avec  liberté ,  et  que  ce  n'est  que  pour  éviter  de  plus  grands 
crimes,  qu'elle  a  pu  consentir  au  décret  qui  viole  de  la  ma- 
nière la  plus  outrageante  la  constitution  *,  décret ,  ou  plutôt 
acte  monstrueux ,  qu'elle  doit  se  faire  un  devoir  de  révoquer 
aussitôt  que  ses  oppresseurs  l'auront  rendue  à  elle-même  \ 

»  Considérant  que  tous  actes*  émanés  ou  qui  en  émane- 
raient ,  tant  qu'elle  se  trouvera  sous  le  glaive  des  assassins , 
sont  frappés  de  nullité  *, 

»  Considérant  que,  si  les  soi-disant  commissaires  étaient 
députés,  ainsi  quils  s'en  qualifient,  ils  n'auraient  pas  ac- 
cepté une  mission  destructive  de  la  constitution  \  qui  tend 
à  tromper  le  peuple,  à  soulever  l'armée,  et  à  lui  retirer  les 
braves  généraux  qui  la  commandent;  quon  ne  peut  donc 
les  regarder  que  comme  des  émissaires  de  la  faction  qui  a 
usurpé  les  pouvoirs  expressjément  délégués  par  la  souverai- 
neté nationale  -, 

)>  Considérant  que  le  roi,  son  auguste  famille,  ainsi  que  les 
députés  fidèles  à  leurs  devoirs ,  sont  encore  au  pouvoir  des 
Êictieux ,  arrête  : 

»  Que  les  soi-disant  commissaires  députés  demeureront  en 
cette  ville  sous  bonne  et  sûre  garde,  y  resteront  en  otage 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  notoire  que  l'Assemblée  Nationale  et  le 


DES  353 

roi  soient  libres  et  n^ayent  plus  à  craindre  de  leurd  oppites- 
seurs.  » 

Cet  arrêté  fut  revêtu  du  seing  du  maire  et  des  signatures 
suivantes ,  que  l'histoire  doit  conserver. 

Officiers  municipaux  : 

1 .  Lenoip-Peyre  (J,  L.),  âge  de  trente-neuf  ans  (le  3  juin 
1794),  procureur  de  la  commune,  teinturier,  natif  de  Sedan. 

2.  Gaillon,  substitut  de  ce  dernier,  marchand  épicier, 
député  au  -Conseil  des  Cinq-Cents  depuis  le  20  mai  1798 
jusqu'au  10  novembre  1799- 

3.  Bechet(Paul  Stcmùlas £doiiard)j  âgé  de  trente-trois  ans, 
manufacturier,  natif  de  Sedan,  administrateur  et  receveur 
de  Fhôpital. 

4*  Bechet  (Louis  Joseph)^  âgé  de  soixante  ans,  manufac- 
turier, né  à  Sedan,  demeurant  à  Philippe  ville. 

5.  Legardeur  (^Jean  Baptiste  Delphine)^  âgé  de  cin- 
quante ans,  fabricant,  natif  de  Sedan. 

■6.  Foumier  (Pierre  Cftor/e^) ,  âgé  de.quarante^leux  ans, 
marchand  épicier,  né  à  Sedan. 

7.  Gigou- Saint-Simon  {Louis  François)^  âgé  de  soixante- 
un  an,  ancien  aide-major  de  la  place  de  Sedan,  natif  de 
Melle  (Deux-Sèvres). 

8.  Lamotte-Germain. 

9.  Noël-Laurent  {Michet)^  âgé  de  soixante-trois  ans,  con- 
fiseur, né  à  Sedan. 

10.  Petit-Fils  (^ Jean  Baptiste) y  âgé  de  cinquante  ans, 
médecin^  natif  de  Mézières-sur-Meuse. 

11.  Raulin-Husson ,  père  (Nicolas) ^  âgé  de  soixante- 
irois  ans,  fabricant  de  draps ,  né  à  Sedan. 

12.  Saint-Pierre  (  JVoti  George  Jacques) ,  âgé  de  cin- 
quante-cinq ans ,  propriétaire ,  né  aux  Autieux ,  canton  de 
Boos  (Seine-Inférieure), 

i3.  Verrier. 

TOME  I.  .  23 


354  DES 

Notables  :' 

14.  Chayaux-Caillon  (^Etienne  Nicolas  /.),  âge  de  qua- 
rante-un an ,  charpentier  à  Sedan. 

i5.  Dalchë,  père  (^Pierre)  y  âgé  de  soixante  -  trois  ans, 
orfèvre,  né  à  Sedan. 

16.  Jacquet  Delatre  (Simon  Jacqms),  âgé  de  quarante- 
quatre  ans ,  marchand  tailleur,  natif  de  Sedan. 

\n,  Edet  jeune  (Louis)^  âgé  de  quarante-six  ans,  char- 
pentier, né  à  Sedan. 

18.  Edet  (ioaii),  âgé  de  soixante  ans,  menuisier,  natif 
de  Sedan. 

19.  Fossoy  {Claude)y  âgé  de  cinquante-cinq  ans,  traiteur, 
né  à  Montfaucon ,  près  de  Château-Thierry,  demeurant  à 
Logny-Bogny. 

20.  Gibou-Vermon  {Pierre)^  âgé  de  quarante-quatre  ans, 
brasseur,  natif  de  Sedan. 

21.  Grosselin,  père  {Augustin)^  âgé  de  soixante-six  ans, 
marchand  épicier. 

22 .  Hennuy  (Etienne)^  âgé  de  quarante-six  ans ,  libraire , 
né  à  Sedan. 

23.  Hermès-Servais ,  âgé  de  soixante-six  ans,  né  à  Fran- 
chimont,  manufacturier  de  poêles. 

24»  Le  Chanteur  {Jean  Charles  Nicolas)^  âgé  de  trente- 
un  an,  brasseur,  né  à  Vrîgnes-aux-Bois. 

26.  Legardeur  le  jeune  (François  Pierre)^  âgé  de  soixante 
ans,  ancien  fabricant  de  draps,  président  du  tribunal  de 
commerce,  natif  de  Verdun. 

26.  Ternaux  Faîne. 

27.  Ludet,  père  (Jean-Baptiste),  âgé  de  soixante-quatre 
ans,  chef  armiu'ier,  né  à  Sedan. 

28.  Mesmer  (^enri),  âgé  de  cinquante-deux  ans,  bras- 
seur, natif  de  Sedan.  * 

29.  Rousseau  (Antoine  Charles)^  âgé'de  cinquante-six  ans, 
manufacturier  de  draps,  né  à  Paris. 


DEZ  355 

3o .  Warroquier,  père  (JNicolas)^  âge  de  soixante-deux  ans, 
né  à  Givry  en  Argonne. 

Tous  ces  hommes  courageux,  à  Texceptionde  CaiUon^ 
Lamotte-Germainj  f^errier  et  TemauXj  qui  étaient  morts  ou 
fugitifis,  fuirent  traduits  am  tribunal  réTolutionnaire  de  Paris 
le  3  juin  1794  9  ^^  périrent  le  mévie  jour,  victimes  de  leur 
noble  dévouement  à  la  monarchie  légitime. 

Nous  ajouterons  à  cette  liste  : 

Billard  (/eon),  âgé  de  5oixante  ans ,  natif  de  Signy-Li- 
brecy,  brigadier  de  gendarmerie  à  Fontevrault,  condamné 
et  exécuté  à  PaHs ,  le  7  octobre  1 794» 

Dubois ,  seigneur  d'Ecordal ,  major  général  de  Tarmée  des 
émigrés,  pris  les  armes  à  la  main  dans  la  Belgique,  et  mis 
à  mort. 

Lescuyer  (^Charles  Joseph) ^  seigneur  d'Hagnicourt ,  né 
en  1744»  condamné  et  exécuté  à  Paris,  le  i3  août  1793. 

Thjrrry,  âgé  de  vingt-cinq  ans ,  natif  de  Sedan ,  maréchal 
de  logis  en  chef  au  8^  régiment  à  cheval ,  exécuté  à  Paris  le 
27  mars  I794' 

Vuibert  (^Robert  François  Stanislas) y  avocat  général  au 
bailliage  Mazarin ,  né  à  Rethel ,  le  ^i  février  1 743 ,  con- 
damné et  exécuté  à  Paris,  le  i"""  juillet  1794* 

L'échafaud  n'est  honteux  que  pour  le  criminel. 
Quand  l'innocent  y  monte ,  il  devient  un  autel. 

DEZ  (Jean) y  recteur  du  collège  des  Jésuites  de  Sedan, 
s'*était  lié  à  lem'  société,  le  i**^  mai  i66o*,  il  y  professa  les 
humanités,  la  rhétorique  et  la  philosophie,  fit  des  confé- 
rences sur  rÉcritiire- Sainte,  et  s'appliqpia  ensuite  au  mi- 
nistère de  la  prédication.  L'édit  de  Nantes  ayant  été  révoqué 
eti  168  5,  les  circonstances  étaient  favorables  pour  traiter 
en  chaire  les  matières  de  controverse  )  et  comme  il  en  avait 
pris  le  goût  auprès  du  fameux  P.  Adam  et  du.  P.  Henri 

23. 


356  DEZ 

Bacio(i)7  ses  confrères,  il  suivit  cette  carrière ,  et  y  réussit. 

Durant  son  rectorat  du  coUëge  de  Sedan ,  il  convertit  un 
grand  nombre  de  Calvinistes  ;  et  Ton  remarqua  que  parmi 
ceux  qui ,  par  obstination ,  s'étaient  refusée  de  se  rendre  à  la 
force  de  ses  preuves  y  plusieurs  avaient  cëdé  au  charme  de  sa 
conversation.  De  Sedan  il  passa  à  Strasbourg ,  où  il  établit 
lin  collège  royal ,  un  séminaire,  et  une  université  catholique  ; 
établissemens  qui  furent  mis  sous  la  direction  des  Jésuites 
français  (2). 

Devenu  supérieur  du  séminaire ,  il  signala  son  zèle  et  sa 
capacité  dans,  beaucoup  d  occasions.  Il  fut  cinq  fois  provin- 
cial ,  trois  fois  en  Champagne ,  une  fois  en  Flandre ,  et  l'autre 
dans  la  province  de  France.  On  lenvoya  deux  fois  à  Rome 
pour  assister  à  deux  congrégations  générales  de  sa  société , 
tenues  sous  Innocent  XII  et  sous  Clément  XI.  Il  suivit,  par 
ordre  de  Louis  XIV,  M.  le  Dauphin,  en  qualité  de  confes- 
seur, dans  ses  campagnes  d'Allemagne  et  de  Flandre.  De 
retour  à  Strasbourg,  où  il  devint  recteur  de  FUniversîté, 
iiy  mourut  d'une  colique  néphrétique,  le  1 2  septembre  1712. 
Il  était  né  à  Chaudefontaine ,  canton  de  Sainte-Ménéhould , 
le  3.  avril  i643. 

a  Outre  les  agrémens  d'un  commerce  sûr  et  aisé ,  on 
»  trouvait  en  lui,  dit  le  P.  de  Laubrussel,  une  source  de 
)>  bons  conseils,  n  joignait  à  une  noble  et  aimable  simplicité, 

(1]  Il  à  (ait  des  missions  à  Sedan  avec  le  P.  Adam.  Il  était  de  Nancy.  Depuis» 
il  a  régenté  la  rhétorique  et  la  philosophie  à  Dijon ,  et  y  a  été  recteur,  après 
avoir  exercé  long-temps  le  ministère  de  là  chaire.  Il  est  mort  recteur.de  l'Uni- 
versité  de  Pont-à-Mousson ,  le  a5  janvier  1681,  assez  âgé.  Il  a  mis  au  jour  : 
10  Belgardii FranciiB  Paris,  laudatio  dicta  aSmac'c.  Divione,  Palliot,  i647,in'iia  ;' 
2^  Btogium  Btnrici  BortfonHH  (CondiBi).  Divione ,  ibid.,  1647»  in-ia. 

(a)  Il  n'y  existait  auparavant  <pi'une  académie  luthérienne ,  érigée  en  16a  1 
par  l'empereur  Maximilien  II.  Cependant  il  y  avait  à  Molsheim  un  collège  qui 
tenait  lieu  d'université  épiscopale ,  et  dont  Thistoire  de  l'inauguration  a  paru 
sous  ce  titre  :  Primitiœ  Archiducalis  Acad^miœ  Molshcmianœ.  Molsbemii, 
1618,  in-4'' 


DEZ  357 

»  Une  grande  étendue  de  lumières  et  un  sens  si  droit,  qu'entre 
»  cent  expëdiens,  il  allait  d'abord  au  meilleur.  D  savait 
»  se  taire ,  mais  il  était  essentiellement  vrai  dans  ses  paroles  *, 
.))  et  on  admirait  qu'avec  une  franchise  ennemie  de  tout  dé- 
»  guisement ,  il  eût  une  réserve  à  ne  trahir  jamais  le  secret 
»  de  personne >  et  à  ne  s'ingérer  jamais  à  donner. son  avis 
))  sans  en  être  prié.  » 

A  côté  de  ce  portrait ,  tracé  par  un  jésuite ,  nous  place- 
rons celui-ci  crayonné  par  la  main  d'un  janséniste,  ce  Le 
»  P.  Dez  était  un  homme  ardent,  né  pour  la  controverse, 
»  et  qui  aurait  embrassé  ce  genre  par  tempérament ,  s'il  ne 
»  l'avait  pas  choisi  par  état.  Il  se  signala  dans  la  querelle 
1»  des  missionnaires  au  sujet  des  rites  de  1^  Chiné.  Il  ne  se 
»  montra  pas  avec  moins  d'ardeur  contre  les  disciples  de 
))  Jansénius  et  de  Quesnel.  »  (Diction,  des  j4ut.  EccUs.) 

Ses  ouvrages: 

I.  jirticuli  Irenici.  Argentorati,  i685,in-8®,  anonyme. 
Il  s'efforce  d'y  concilier  la  Confession  d'Ausbouiç  avec  le 
Concile  de  Trente  -,  mais  il  a  échoué  (1).  Son  livre  fut  con- 
damné à  Rome  (â). 

(1)  Voy.  Den  Unschuldingen  nachricht,  1707,  p.  89. 

(a)  On  y  a  opposé  :  1°  Copiœ  trinarum  epistolarum  ,  ex  occasîone  xxxi  artîcu- 
iarum^  qui  y  Argentinœ  nuper  editiy  unUmem  utriusque  eceieêiœ  Rcmano  eaïho- 
iieœ  et  evangdie<B  coneemunt ,  ultro  scriptarum  in  favorem  veritatis ,  in  àicem 
emitsœ  (Latine  et  Germanicè).  Stutgardy  i685,  în-8<>.  Ces  lettres  sont  d'un 
anonyme,  et  de  Jean  Adam  Osiander,  lequel  a  encore  publié  contre  le  P.  Dez, 
en  1686,  à  Tubingen,  1  vol.  in-8^  en  allemand ,  dont  on  peut  voir  le  titre  dans 
la  bibliothèque  théologique  de  Walch;  a<>  Dan,  Severini  seuttet  Epicrisis  ad 
articulas  Argentoraienses ,  unionem  eccUsia  evangeUcœ  cum  Romanâ  concemen- 
tes,  Francof. ,  1686 ,  in-8*  ;  3«  Joan.  Fechtii  tractatio  hisiorico  theptogica  de  ori- 
gine et  superstitione  missarum,  in  honorem  sandorutn  celebratarum.  Rostoch, 
1707,  in-4*  ;  it,  (cura  filii  Gnstau  Fridericî),  Rostoch ,  1725 ,  in-8«.  ;  ouvrage 
dirigé  contre  Bossuet,  le  P.  Dez  et  Grancolas  ;  4*^  Jean  Benoit  Garpzovius, 
George  Henri  Hœberlin ,  Philippe  Jacques  Spener,  et  Yalen tin  Ernest  Lœs- 
cherus  ont  aussi  entré  en  lice  avec  le  P.  Dez.  Walch  rapporte  les  titres  de 
leurs  ouvrages  y  éorits  en  allemand. 


358  DEZ 

II.  La  réunion  des  Protestons  de  Stradfourg  à  V Eglise  ro- 
maine^ également  nécessaire  pour  leur  salut  j  et  facile  selon 
leurs  principes»  Strasbourg ,  Dolhopf^  1687,  iorS"^  p.  522-, 
à.j  Strasbourg,  ibid.j  1669,  ^*^%  P*  ^^^9  i^*^  ^^^^  une 
nouTelle  préface ,  et  augmentée  d'une  Réponse  aux  écrits  de 
dmix  ministres.  Paris,,  Musier  1701,  in-12 ,  p.  5i  i  -,  it.^  en 
allemand  y  par  Ulric  Obrecht,  sous  ce  titre  :  F'ereinigung 
der  ProtesOrenden  zu  Strasburg  mit  der  rœndscken  Kirche. 
Strasburgy  1688^  in-8***,  d.j  Colon,  1702,  in- 12.  A  Timi- 
tation  de  Bossuet,  le  P.  Dez.  tâche  d'y  prouver  qu'il  n'y  a 
pas  un  aussi  grand  éloignement  qu'on  le  croit  d'ordinaire 
entre  les  Catholiques  et  les  Protestans.  Il  y  établit  les  vérités 
dont  les  deux  partis  conviennent  :  i""  qu'il  n'est  pas  permis 
de  se  séparer  de  la  vraie  Eglise  *,  2°  que  l'ELglise  romaine  a 
été  autrefois  cette  vraie  Eglise*,  3®  que  si  elle  l'est  encore ,  il 
n'est  pas  permis  de  s'en  séparer  -,  4*^  que  selon  les  principes 
des  Protestans,  elle  doit  être  la  vraie  Eglise,  puisqu'elle  n'en- 
seigne aucune  erreur  fondamentale.  L'ouvrage,  sans  être 
très-prc^ond ,  a  tout  le  mérite  des  livrés  destinés  à  l'instruc- 
tion des  personnes  qui  ne  sont  point  controversïstes  de  pro<- 
fession  :  il  est  écrit  avec  clarté.  La  créance  de  l'Eglise  romaine 
y  est  exposée  avec  beaucoup  de  simplicité ,  et  distinguée 
avec  précision  des  erreurs  qui  lui  sont  imputées ,  comme  de 
celles  qui  lui  sont  opposées  (i). 


(1)  Foy.  sui  ce  livre,  Aclaeruditor^  1687,  p.  ^84- r  Journal dât  gavant,  1702, 
mai ,  p.  44o  ;  Joan.  Fabricii  Hist.  Bibiidh. ,  part.  6,  p.  5^  2  ;  Den  UnschuUtmgeif. 
nachiehten^  17^9 ,  p.  993  ;  Tabaraud,  De  la  réuniondes  communions  chrétiennes , 
p.  4i4. 

Il  a  été  attaqué  pax  :  x'^Gasparls  HetmischU  Declaratio  Lutherano,  super  ad- 
monition» de  reunioneJesuitœ  Joan.  Dez.  Xieipsick ,  1688,  in-4^  ;  2<>  par  Vaieo- 
tU)  Alberti ,  dans  Augustanà  confessio ,  theticè  et  apohgeticè  imprimis  contra 
Jesuitœ  Joan,  DezU  tUiorumque  tam  antiquorum ,  quàm  recentiorum  adversaripi- 
rum  fallacias  et  crimlnationes ,  pertractatfi.  Leipsick ,  1690 ,  in-ia  ;  ^°  par  ffec- 
tpr  Godefroi  Masius  »  dans  Disseriatio  dfi  siremtm  cantu  ;  sive  de  uuione  ProUs- 
tantium  cum  RomanA  ecclesiâ ,  à  JP.  Dez  tentatà  :  inaérée  (iUm«  ief  Piss^tatioiu 


DEZ  359 

yS..  Eéflexions  d'un  docteur  de  Sorbonne.  Rome^  1697, 
in-8**.  L'auteur  avait  ^critces.  réflexions  en  français  j  mais 
pour  mieux  se  cacher,  il  lea  fit  traduire  eu  italien  par  Tabbé 
Miço.  Elles  sont  en  faveur  de  Fénelon*,  msûs  sont-elles  la 
même  chose  que  cet  écrit  publié  en  latin  à  Rome,  soùs  ce 
titre  :  Ohsers^ations  d'un  docteur  de  Sorbonne ,  citées  dans  1q 
n°  suivant ,  où  il  est  dit  que  les  Jansénistes  sont  liés  avec 
M.  de  Meaux  contre  M.  de  Cambrai?  (i) 

IV.  JLettre  d'un  ecclésiastique  dé  Flandre  à  un  de  ses 
amisj,  où  Ion  démontre  l'injustice  des  accusations  que  fait 
M.  de  Meaux  contre  M.  Tarchevéque  de  Cambrai,  dans 
son  livre  qui  a  pour  titre  :  Divers  écrits  ou  Mémoires  sur  le 
livre  intitulé  Explication  des  Maximes  des  Saints  sur  la  vie 
intérieure.  JLiége^  ^698,  in-8°.  L  auteur  ne  doute  point  que 
son  ami  ne  soit  surpris  de  trouver j  dans  ce  livre  de  M.  de 
Meaux ,  si  peu  de  ménagement  et  de  bienséance^  tant  de  mar- 
ques d'animositéj  tant  d* aigreur j  de  duretés  y  d'insultes  j  de 
mépris^  d'atroces  accusations  contre  Varcheivêque  de  Cambrai 
et  contre  Fauteur. d'un  autre  écrit  public  en  latin  à  Rome, 
sous  ce  titre  :  Observations  d'un  docteur  de  Sorbonne^  etc.,  où 
il  est  dit  que  /^  Jansénistes  sont  Uésj  etc. 

V.  j(d  virum  hobilem  de  tultu  Confucii  et  primogenitorum 
upud  sinas.  Liège,  1 700 ,  in-i  2,  p.  47»  Cette  lettre  du  P.  Dez 
a  (été  imprimée  en  français ,  s^vec  une  autre  lettre  de  ce  Jé- 
suite, et  la  réponse  de  Noël  Alexandre,  Dominicain,  dan3 
sept  lettres  d'un  docteur  dominicain  (N.  Alexandre)  au  P.  lé 
Comte  et  au  P.  Dezj  Jésuites ^  sur  la  conformité  des  cérémonies 
chinoises  avec  V idolâtrie  grecque  et  romaine.  Cologne ,  1 7O0 , 
in-i2.  Ces  sept  lettres  avaient  paru  séparément. 

académiques  de  cet  écrivaia ,  1. 1 ,  p.  5 18;  4**  Jo*  Faustius  et  George  Henri 
Hœberiin ,  ont  aussi  opposé  an  livre  du  P.  Dec  deux  ouvrages  allemands  dont 
les  titre^  sont  énoncés  dans  la  bibliothèque  de  Wakdi. 
■  (i)  Fày.  sur  ce  libeile  les  Réponses  de  M,  dô  Cambrai  aux  remarques  de  M.  de 
Meaugo  ^  p.  io5  et  suiv.,  et  de  plus  sa  Lettre  sur  la  Béponse  de  M-  de  Meaux  aux 
Préjugés  décisifs ,  p.  49  et  5o. 


I 


36o  DËZ 

I 

Cette  lettre,  que  le  P.  Dez  fit  à  Rome,  regarde  Taffaire 
des  superstitions  de  la  Chine,  qu'Innocent  XII  eût  bien 
voulu  finir  ayant  sa  mort,  mais  qu'il  ne  put  terminer,  a  Au 
»  commencement  du  xyiii*'  siècle ,  il  s'éleva  une  contestation 
»  entre  les  Jésuites  de  la  Chine  et  les  autres  Missionnaires 
»  des  autres  ordres  religieux.  Il  s'agissait  de  savoir  s'il  y 
»  avait  de  la  superstition  et  de  l'idolâtrie  dans  les  honneurs 
y>  que  les  Chinois  rendaient  à  Confucius  et  à  Jeurs  ancêtres, 
»  honneurs  accompagnés  d'offrandes  ,  d'invocations ,  de 
)>  parfums,  etc.  En  1704,  Clément  XI  condamna  ces  rites 
»  chinois  comme  superstitieux  et  idolâtriques-,  en  174^*, 
»  Benoit  XIV  confirma  ce  décret  par  sa  bulle  Ex  quo  Sin- 
»  gulari.  Depuis  ce  temps  -  là  les  Missionnaires  ont  interdit 
»  ces  rites  à  leurs  prosélytes  -,  mais  cette  dispute ,  trop  ani- 
»  mée  de  part  et  d'autre,  a  nui  beaucoup  aux  intérêts  du 
Ta  christianisme.  »  (Bergier,  Dict.  de  Théologie ^  art.  Chine.) 
Le  P.  Dez  partageait  à  cet  égard,  avec  le  P.  Michel  le  Tel- 
lier  et  plusieurs  de  ses  confrères,  les  préjugés  du  P.  le  Comte, 
répandus  dans  ses  Mémoires  sur  la  Chine  (1).  (Paris,  1697, 
3  vol.  in-ia)*,  ouvrage  contre  lequel  Bossuet,  le  cardinal  de 
Noailles ,  Maurice  leTellier,  archevêque  de  Reims,  et  l'abbé 
Boileau,  frère  du  satirique,  s'élevèrent,  et  qu'ils  firent  con- 
damner par  la  Sorbonne  (2). 

VI.  La  foi  des  Chrétiens  et  des  catholiques  justifiée  contre 
les  Déistes _,  les  Juifs ^  les  MahométanSj  les  Sociniens  et  les  au- 
tres Hérétiques;  oîi  Von  réduit  la  foi  à  ses  véritables  principes j 
et  oà  Von  montre  quelle  est  toujours  conforme  à  la  raison. 
Paris,  Musîer,  1704,  4  vol.  in-12.  Les  journalistes  déTré- 

(1)  On  peut  voir,  dans  le  t.  V,  p.  i5 10  de  la  Table  dùs  Auteurs  ecclésiastiques 
de  du  Pin ,  les  écrits  touchant  le  cuite  des  Chinois. 

(a)  «Je  ne  comprends  pas,  disait  Tabbéde  Longuerue,  comment  les  Jè- 
»  suites  permettent  l'idolâtrie,  eux  qui  se  sont  fait  chasser  de  TAbysonie» 
»  pour  leur  entêtement  des  rites  romains  :  ils  voyaient  pourtant  que  les  papes 
»  laissaient  aux  Maronites  la  liberté  entière  là-dessus.»  {Longueruana,  1'*  part., 
p.  32.)  Foy.  Godescard ,  Fies  des  Saints,  art.  Martyrs  de  la  Chine,  5  fév. 


DOR  36i 

voiix  avouent  que  ce  livre  renfenne  quelques  points  de  cri- 
tique à  relever^  mais  qu'ils  ne]prëjùdicient  en  rien  à  la  force 
des  raisons.  (Octobre,  1714?  ?•  1738-1766.)  LeP.  de  Lau- 
brussel ,  Jésuite  verdunois ,  provincial  de  la  province  de 
Ghan^pagne ,  éditeur  de  Touvrage ,  a  mis  en  tête  une  notice 
de  onze  pages  sur  la  Yie  de  Fauteur. 

\II.  Un  Traité  latin  assez  ample,  compose  à  Rome  en 
1697,  contre  les^Œuvres  de  Baïus  (publiées  par  dom  Ger- 
beron.  Cologne,  1696,  in-4**)»  Le  P.  Dez  voulut  le  faire  im- 
primer à  Rome*,  mais  le  P.  Massoulië,  savant  Dominicain, 
à  qui  le  maître  du  sacré  palais  le  donna  à  examiner,  ne  lui 
fiit  point  favorable,  et  il  fit  des  remarques  qui  le  mécon- 
tentèrent. Le  Jésuite  en  ayant  eu  communication,  mais  n^en 
connaissant  point  Tauteur,  y  riposta  par  Réponse  au  Jansé- 
niste auteur  anonyme  des  remarques  /  mais  il  fut  désappointé , 
le  Dominicain  ayant  publié  à  Rome,  en  1692,  deux  volumes 
in-foL,  où  il  professait  une  doctrine  opposée  à  celle  de  Jansé- 
nius.  Le  P.  Dez  n'en  poursuivit  pas  moinis  l'impression  de  «on 
livre  auprès  du  cardinal  de  Bouillon  *,  mais  ce  fut  sans  succès. 

Les  PP.  de  Laubrussel  et  Niceron  n'ont  parlé  que  des 
n°^  n  et  vi  :  les  bibliographes  qui  ont  suivi  n'ont  guère  mieux  . 
connu  les  ouvrages  du  P.  Dez. 

Niceron j  t.  II,  p.  333—335-,  le  Long,  His^.  deLaonj 
p*  55â^  Annuaire  du  département  de  la  Marne  (an  xi— 1 802), 
p.  63-,  /.  Alb.  FabriduSj  Delectus  argument,  de  verit,  relig. 
Christ ^^-p.  507-,  fFalchiuSj  BB^  theologica^  t.  II,  p.  359-36o; 
Goujet,  BB*  des  Aut.  ecclés.  du  yxiii^  siècle^  t.  II,  p.  363; 
Richard,  Dict,  des  Sciences  ecclés.^  t.  II,  p.  363*,  Joecher, 
Lexiconj  t.  II,  p.  io3',  Phélypeaux  ,  Relation  du  QuiétismCy 
part.  I,  p.  320-3249  part.  II ?  p*  264» 

» 

DORE  (Pierre) j  était  de  Longwez,  près  de  Vouziers, 
où  il  naquit  en  1733.  Il  fit  ses  classes  chez  les  Jésuites;  et 
comme  il  avait  éprouvé  dans   lem*  école  tout  le  pouvoir 


362  Doa 

de  l'attrait  qui  porte  les  jeunes  gens  à  une  enti^  imita^ 
tion  de  leurs  mat^s»  il  en  embrassa,  en  1763^  Finsti- 
tut  y  dont  il  était  destina  à  voir  la  dissolution.  Xies  Jésuites 
avaient  établi  dans  leurs  coll^e$  que  les  professeurs  ensei- 
gneraient successivement  toutes  les  classes  :  c'était  une  ma- 
nière de  .recommencer  ses  études  et  de  s'affermir  dans  la 
connaiasaiice  des  bons  classiques.  Le  P.  Doré  se  fit  i<emar- 
quer  dans  cette  carrière.  Il  pit)fe88ait  la  rhétorique  à  Pont-à- 
Moussbn  en  17649  lorsque  l'orage  vint  fondre  sur  son  ordre. 
En  i  766  y  époque  de  la  mort  du  roi  Stanislas ,  qui  avait  pris 
les  Jésuites  sous  sa  protection ,  le  P.  Doré  se  retira  en  Sicile, 
où  il  prononça  les  quatre  vceux.  De  retour  en  France ,  il 
exerça  les  fonctions  de  directeur  des  religieuses  de  la  con- 
grégation de  Notre-Dame  à  Saint^Nicolas-de-Pc»t  sur  la 
Meurtbe.  Nos .  troubles  politiques  vinrent  Tarracher  à  ce 
modeste  asile ,  et  en  1 798  il  fiit  incarcéré  à  Nancy,  où  il 
s'était  réfugié.  A  la  renaissance  du  calme,  il  rentra  dans  la 
carrière  où  le  rappelait  un  penchant  irrésistible  :  il  dirigeait 
la  Maison -Mère  de  la  doctrine  chrétienne  de  Nancy,  qui 
fournit  des  maîtresses  d'école  dans  les  campagnes,  quand 
^la  mort  le  surprit  le  2a  mai  18 16,  âgé  de  quatre-vingt-trois 
ans.  La  sagesse  de  ses  conseils  le  ;rendait  précieux  à  con- 
sulter; il  s'était  d'ailleurs  concilié  l'estime  générale  par  une 
piété  tendre ,  un  grand  esprit  de  douceur,  et  une  rare  mo- 
destie. UAmi  de  la  ReUgion.  et  du  Roi  lui  a  décerné  des 
éloges  dans  le  t.  IX,  n""  aiS,  S*"  année,  p.  60.  Il  a  publié, 
sous  le  voile  de  l'anonyme ,  les  traductions  suivantes  : 

I.  Visites  cai  Saint-Sacrement  et  à  la  sainte  Vierge  ^  pour 
chaque  jour  du  mois^  par  Alphonse  Liguori  *,  trad.  sur  la 
i5'  édition  italienne.  Fougères^  V*  Vannier,  1816,  in-i6, 
p.  aa3;  ft.j  Nancy  {s ^  d.),  in-Sa.  Il  y  a  eu  plusieurs  édi- 
tions antérieures,  dont  la  première  parut  avant  1787. 

II.  Le  mois  consacré  à  Marie  ^  ou  Pratii/ue  de  désfotion  à 


DOR  363 

ïhonneur  de  la  sainte  Fùrg^^  pour  un  mois  entier^  frad.  de 
l'italien  de  François  Lomîa,  misâîoimaire.  Paris j  Thomine 
et  Foitic,  1819,  in-32r  II  existe  des' éditions  antérieures. 

DORIGNY  (Pierre) j  poète  français,  noble  d>3^tmctîon> 
releva  Téelat  de  sa  naissance  par  ce  vrai  lustre  <[u'y  peuvent 
ajoitiier  le  mérite  et  les  talens*  Il  était  écuyer,  sieur  de  Sainte* 
Marie-Sous-Bourcq,  près  de  Youziers.  U  naquit  à  Reims, 
vers  Tan  tSSo,  de  Françcns  Dorigny,  seigneur  de  Sainte- 
Marie,  de  Bouoonville etSechault  (Ardennes),  et  de  Marie 
Goîirlier.  Ayant  embrassé  lé  calvinisme  avec  son  père,  ijs 
se  réfugièrent  Tun  et  Vautre  à  Sedan  :,  Pierre  Dorigny  y 
mourut  célibataire ,  en  1 58 1 .  L'abbé  Goujet ,  qui  lui  a  con- 
sacré une  Notice  dans  le  t.  XII ,  p.  39a-— 397^  de  sa  £^. 
JroF^çaisey  le  peint  comme  un  poète  sage  et  vertueux  ;  et 
qui,  plus  attentif  aux  choses  qu'aux  règles ,  ne  sVst  pas  mis 
en  peine  d'alterner  les  rimes  masculines  et  féminines.  U  pa- 
rait avoir  été  attaché  au  service  de  François  II,  roi  de  France. 
Dom  le  Long  la  mentionné  à  la  p.  460  de  son  Histoire  de 
Laon  ^  il  prenait  ponr  devise  :  Un  Dieu  et  une  sainte  Marie ^  ' 
par  allusion  à  sa  seigneurie  v 

Ses  ouvrages  : 

^  l.  Le  Temple' de  Mars  tout-puissantj  dédié  à  François  H. 
Reims ,  Nie.  Bacquenois,  1 669 ,  in-S'*,  p.  64  (BB.  du  roi  ,Y, 
3191  ),  avec  cette  épigraphe  :  Sequiturforlunalaborem^  et  un 
sonnet  .et  une  ode  à  la  tête,  par  Marc-Antoine  Picart,  à  la 
louange  de  l'auteur  et  de  son  ouvrage. 

Ce  Poëme ,  dont  l'abbé  Goujet  a  publié  des  extraits,  «  est 
»  une  allégorie  continuelle.  1a^ Honneur  conduit  un  jeune 
»  gentilhomme  au  Temple  de  Mars_,  et  le  rassure  contre  tout 
»  sujet  de  crainte  :  de  là  il  le  conduit  chez  Conseil^  qui  lui 
»  donne  des  avis  solides  sur  la  manière  de  se  conduire,  soit 
D  en  paix ,  soit  en  guerre.  Get  ouvrage  fut  fait  pour  Fran-- 


364  COR 

»  cois  11;  la  morale  en  est  excellente,  la  versification  n'y 
»  répond  pas.  »  (Za  Croix  du  Maine  j  BB.  fr,,  t.  Il ,  p.  3o3.) 
On  s'aperçoit  aisément  que  cette  fiction  n'a  été  imaginée  que 
pour  donner  une  instruction  indirecte  à  François  II  -,  mais  son 
règne  fut  si  court ,  qu'il  n'eut  pas  le  temps  de  la  mettre  à  profit. 

II.  Le  Hérault  de  la  noblesse  de  France.  Reims ,  de  Foi- 
gny,  1678,  in-S"*;  à.^  Reims,  Nie.  Bacquenois,  1679,  *ï*"8% 
dédié  à  Henri  III. 

Foy.j  sur  la  famille  Dorigny,  un  Mémoire  d'Anquetil. 
Reims j  ^'J^'jy  in- 12,  p.  aS*,  la  Chenaye  Desbois,  Dict.  de  la 
Noblesse^  t.  XI,  p.  loa-,  Grosley,  OEuçres  inédites^,  t.  I, 
p.  3g6',  et  Geruzez,  Description  de  Reims j  p.  5 10.  Parmi  les 
écrivains  de  ce  nom,  on  remarque  Jean  Dorigny,.  Jésuite , 
auteur  d'une  Vie  d'Edmond  Auger,  publiée  en  17 16. 

DORISY  {Jean\  ne  fit  pas  moins  d'honneur  à  F Ardenne 
par  l'étendue  de  son  savoir,  que  par  son  zèle  pour  l'éduca- 
tion de  la  jeunesse.  Né  à  Mouzon,  en  i585,  tl  embrassa 
l'institut  des  Jésuites,  en  1606,  à  l'âge  de  vingt-un  ans,  et 
régenta  avec  distinction  les  belles-lettres  pendant  dix  ans.. 
Les  seize  années*  suivantes  fiirent  employées  avec  un  égal 
succès  à  l'enseignement  de  la  théologie.  Dom  le  Long  l'a  si- 
gnalé à  la  p.  342  de  son  Histoire  de  Laon^  et  Sotwel ,  dans  sa 
Biographie  Jésuitique  (p.  44^)»  ^'^  peint  comme  un  professeur 
érudit  et  doué  des  plus  rares  vertus.  Paris  a  reçu  ses  der- 
niers soupirs  le  12  mars  1 652.  Il  a  publié  : 

I.  Curiosœ  quœstiones 'de  ventorum  origine  ^  et  de  accessu 
maris  ad  littora  et  portas  nôstroSj  et  ab  iisdem  recessu.  Paris, 
Josse,  1646,  in-8°,  p.  202.  La  Dissertation  de  d'Alembert 
sur  la  Cause  physique  des  vents  ^  rend  incroyables  les  progrès 
des  sciences  naturelles  depuis  le  xvii®  siècle  jusqu'à  nous; 
ce  qui  ne  doit  pas  nuire  au  tribut  de  reconnaissance ,  dont 
le  P.  Dorisy  s'est  rendu  digne  en  publiant  son  livre.  Chaque 


DOR  365 

ouyrage  est  un  <!Ghelon  qui  conduit  à  la  perfection  de  la 
science.  Le  sien  est  remarquable  pour  le  temps. 

IL  Béponses  catholùjues  aux  questions  proposées  dans  le 
prétendu  Catéchisme  de  la  grâce.  Paris ,  Lambert,  1 65o,  in- 1 2, 
p.  66.  C'est  une  réfutation  du  Gatëchisme  de  la  grâce  de 
Matthieu  Fejdeau,  ami  des  savans  de  Port-Rpyal^-  publié 
(sine  loco)  en  i6âo,  in-12,  p.  45. 

IIL  Refutatio  Catéchismi  de  gratid^  ex  solâ  doctrind  sancti 
Âugustini.  Paris ,  ib.  y  1 65 1 ,  in*  i  a . 

IV .  Refutatio  compendiosa  (ejusdem)  Catéchismi  de  gratid. 
Paris,  ibidj  i65i>  in-ia. 

y.  Praxis  confessionis  sacrcuaentalis j  ex  5.  Augustino. 
Paris ,  Bécbet ,  i652,  in-12. 

VI.  Défense  de  S.Augustin  contre  le  faux  Augustin  deJan^ 
sénùis.  Paris ,  Josse ,  i65 1,  in-4°  *,  it.j  traduit  avec  ce  titre  : 
a  VindiciaeS.  Augustini  adversùs  pseudo  Augustinum  Corn. 
»  Jansenii ,  tractatus  in  singulos  libros  et  singula  librorum 
»)  capita  tomi  primi  de  haeresi  Pelagianâ.  »  Paris ^  ib.,  1656, 

DORIVAL  (Jean  François  Félix)y  successivement  pré- 
sident-chancelier de  la  cour  souveraine  de  Bouillon,  et  secré- 
taire  général  de  la  préfecture  des  Ardennes ,  en  1 800 ,  a 
donné  toute  jsa  vie  beaucoup  de  temps  et  d'application  aux 
âfiaires  pid)liques.  Né  à  Sedan,  le  a6  janvier  1755 ,  mort  à 
Remilly,  canton  de  Aaucourt,  vers  1812.  Les  écrits  qu'il 
a  laissés  sont  :  ' 

I.  Discours  prononcé  devant  les  administrateurs  du  dépar- 
tement des  Ardennes j  2e5  3,  4»  6  décembre  1790,  in-8% 
p.  ifj.  (Oiersj y  Hist.  de  Bouillon j  p.  264.) 

IL  Rapport  général  au  peuple  assemblé,  à  ses  représen- 
tons et  aux  juges  et  jurés  par  lui  nommés,,  sur  la  conspi- 
ration qui  a  existé  contre  sa  souveraineté j  sa  sûreté  et  sa  li- 


366  DRE 

berté*  (Sedàii,  Bauduia;  Bouillon,  Brasseur^  * 795)5  iti^^'^y 
p.  493. 

Cet  ëcrit  peut  servir  de  Mémoire  à  l'histoire  de  ce  qui 
s'est  passé  dans  le  pays  de  Bouillon ,  depuis  le  renyeraement 
de  la  constitution  de  ce  duché  souverain ,  décrétée  par  l'as- 
semblée générale,  le  aï  mars  1792,  et^sanctionnée par  le 
duc,  le  a6  avril  suivant  (i),  jusqu'au  26  octobre  1796, 
époque  où  le  duché  de  Bouillon,  qui,  dans  cet  intervalle, 
avait  été  érigé  en  république ,  fut  réuni  à  la  France. 

Les  prévenus  de  conspiration ,  signalés  dans  ce  rapport , 
comme  des  factieux  et  des  révolutionnaire  tnrbulens  (surtout 
pour  avoir  substitué  le  régime  républicain  à  la  constitution 
ducale  de,  1792),  provoquaient  la  réunion  de  cette  pçtite 
république  à  celle  de  France.  Les  poursuites  dirigées  contre 
eux  cessèrent  par  FefFet  de  cette  réunion*,  et  depuis,  plu- 
sieurs d''èntre  les  plus  fervens  des  deux  partis  furent  appelés 
à  des  fonctions  publiques. 

((  En  lisant  ce  rapport,  il  est  aisé  de  se  convaincre,  a  dit 
)>  un  plaisant,  que,  semblable  à  la  révolution  française, 
»  celle  du  petit  duché  de  Bouillon  ressemblait,  dans  son 
))  origine,  à  un  festin  joyeux,  où  chaque  convive  cherchait 
))  son  mets  favori ,  et  où  un  bon  nombre ,  après  avoir  franchi 
))  les  bornes  de  la  sobriété ,  ont  fini  par  se  jeter  les  plats  à  la 
»  tête.  )) 

III.  Lettre  du  P.  Marcaniier^  sans  culotte  déterminé j,  à 
M,  fFeissenhruch.  (Éouillon,  1796),  in-4''. 

IV.  On  lui  doit  le  curieux  article  sur  BonMon^  inséré 
dans  V Encyclopédie  Méthodique. 

DRELINCOURT  (Charles),  célèbre  ministre  de  Fégliô^ 
calviniste  de  Paris,  naquit  à  Sedan  le  10  juillet  iSgô^  de 
Pierre  Drelincourt ,  d'abord  secrétaire  du  prince  Henri  Ro- 

(1)  Cette  constitution  a  paru  à  Sedan  chez  C$reelet ,  179a ,  hi*ia ,  p.  94» 


DRB  367 

bert  de  la  Marck ,  pms  greffier  du  conseil  souyerain  de 
cette  ville,  et  de  Catherine  Buyrette^  fille  d'un  avocat  au 
parlement  de  Paria.  Ses  études,  commeDcées  à  Sedan,  se 
cobtinuèrent  à  Seumur. 

S'étantprononieé  pour  le  minisbèrè  pastoral,  il  reçut  Tim^ 
position  des  mains  au  cbâteau  dePrëeigny,  près  de  Labgres, 
dans  les  premiers  jours  de  juin  i6f  8.  D  succrf^  au  fameux 
Pierre  du  Moulin  dans  la  vocation  de  Tëglise  de  Paris ,  où  il 
y  prêcha  pour  là  première  fois  le  26  nuirs  i-Gao.  Il  n'avaif 
alors  que  vingt-quatre  ans*,  mais  les  taiens  ne  suivent  pas 
toujours  là  progression  des  années.  Des  discours- fiiciles,  po-> 
pulaires  et  pathétiques  furent  les  pi^mices  de  ses  travaux, 
et  présagèrent  un  glorieux  avenir.  Son  application  constante 
régala  en  peu  de  temps  aux  plus  solides  orateurs  de  sa  corn-- 
manîon.  Ces  succès  ne  firent  qu'augmenter  son  zèle  et  ses 
efforts,  car  il  semblait  craindrç  le  reproche  d'avoir  nsui^é 
une  réputation  que  ses  taiens  seuls  lui  avaient  méritée. 
D'ailleurs',  la  haute  idée  qu'il  s!était  foimée  du  ministère 
pastoral,  ne  lui  pertnëttait  pas  de  se  reposer  sur  des  triom- 
phes ,  quoique  réels  et  multipliés. 

11  eut,  en  i6si4'  ^^^  conférence  avec  le  P.  Véroii, 
Jésuite,  comme  le  prouve  l'opuscule  intitulé  :  Conférence 
des  Pasteurs  de  Paris ^  auec  Fr.  Véron^  16^4,  in*-8**  (Bir 
hiioth.  Coïbert^  iSsog).  L'année  suivante  il  épousa*  M^Bol*^ 
duc,  parisienne,  fille  d'un  riche  brasseur  calviniste.  Seize 
enfans,  tous  nés  à  Paris,  dont  treize  fils,  furent  la  ré* 
compense  de  leur  mutuelle  tendresse,  (c Heureux  le  pays, 
»  remarque  un  philosophe,  où.  le*  luxe  et  des  mœurs  trop 
»  délicates  n'en  font  pas  craindre  le  nombre.  »  (Fontenelle, 
Elog&  de  Boerkaave.) 

La  bienfaisance  est  un  sentiment  gravé  par  la  nature  dans 
le  cœur  de  tous  les  hommes*,  elle  devient  nécessaitem^t 
une  habitude  pour  le  pasteur  compatissant  et  sensible,  qui , 
investi  de  la  confiance  de  ses  ouailles,  et  ne  perdant  jamais 


368  DKH 

de  vue  le  tableau  (lésolant  des  misères  humaines,  goûte 
chaque  jour  le  plaisir  d'essuyer  les  larmes  et  de  soulager  l'in- 
fortune. Drelincourt  en  fit  sa. vertu  favorite.  Son  occupation 
la  plus  chère  était  de  consoler  les  mall^ureux ,  et  de  soula^ 
ger  la  pauvreté  par  le  denier  de  la  veuve.  Il  ne  pouvait  en- 
tendre parler  d'un  aflligé,  sans  que  les  secouùrs  suivissent  de 
près  lé  récit  des  malheurs  qui  l'avaient  attendri.  Il  se  faisait 
même  un  devoir  d^aller  ofirir  des  consolations  à  la  souffrance 
pour  lui  sauver  l'embarras  de  venir  les  réclamer.  Il  aimait  à 
répéter  ce  passage  de  l'Ecriture  :  «  Qu'il  y  a  plus  de  bonheur 
»  à  donner  qu'à  recevoir.  »  (Ses  dernières  heures.  ) 

Cette  philanthropie  active,  et  le  zèle  qu'il  déploya  pour  la 
prospérité  de  son  église ,  inspirèrent  une  confiance  générale 
et  sans  bornes.  Les  riches  de  sa  communion  s'empressaient 
à  l'envi  de  lui  donner  des  sommes  considérables ,  pour  être 
versées  dans  le  sein  des  indigens ,  qui  le  regardaient  comme 
leur  appui ,  et  la  source  où  ils  allaient  puiser  l'oubli  de  leurs 
peines.  Cette  pratique  des  obligations  de  la  charité  pasto- 
rale qu'il  joignit  à  l'exercice  d'ub  ministère  laborieux ,  ne 
l'empêcha  pas  de  composer  un  grand  nombre  d'écrits  pour 
le  maintien  et  la  défense  de  sa  religion.  En  16^9  il  s'occupa, 
sans  fruit ,  d'un  projet  de  réunion  des  églises  luthérienne  et 
calviniste ,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  la  lecture  de 
l'ouvrage  publié  sous  ce  titre  :  Entrevue  de  trois  théologiens 
avec  dnq  ministres  de  Charenton^  sur  leur  union  avec  les  Im- 
£^^6715.  Paris, Boulanger,  lôSg,  in-4''.(BB.dur(N,  D.  7795.) 

Député  en  1644?  P^^  la  province  de  l'Isle-de-France ,  au 
synode  national  de  Charenton ,  il  en  fit  l'ouverture ,  et  y 
remplit  les  fonctions  de  scrutateur  (i)  pour  l'élection  du  mo-> 
dérateur,  de  l'adjoint  et  du  secrétaire.  Ayant  fait  hommage 
à  cette  assemblée  des  ouvrages  qu'il  venait  de  publier  sur  le 
culte  religieux  dû  à  la  sainte  Vierge ,  on  loua  <i  le  zèle  qu'il 

(1)  Et  non  de  modérateur,  comme  Ta  dit  Rabaud  dans  V Annuaire  des 
églises  réformées,  p.  a58.  Cet  honneur  fut  décerné  au  pasteur  Garissolcs. 


DRE  369 

»  avait  montre  pour  la  défense  de  la  véritë;  et'ilfiit  prie 
»  d'employer  le  reste  de  ses  travaux  et  de  ses  études  à  édi- 
»  fier  Féglise  de  Dieu ,  et  à  réfuter  les  ennemis  de  la  fausse 
»  doctrine.  »  (Aymon,  Synod.  dès  églises  réformées ^  t.  II, 
p.  a58  et  689.) 

<(  Ayant  souvent  déconcerté  les  missionnaires  dans  des 
»  conférences ,  Drelincourt  fut  en  butte  à  toute  leur  mali- 
»  gnité.  Us  n'attaquaient  que  lui  dans  leurs  sermons  *,  ils  ne 
»  faisaient  servir  que  lui  à  leur  triomphe  dans  des  relations 
»  de  leurs  victoires  imaginaires.  Ils  faisaient  même  impri- 
»  mer  des  récits  de  sa  corwersiorij  qu'ils  envoyaient  par  tout 
»  lé  royaume ,  et  qu'ils  avaient  Timpudence  de  faire  vendre 
»  par  des  crieurs  à  Paris  même,  et  à  la  porte  de  Gharenton  ; 
»  mais  lui  n'étant  pas  content  de  se  sentir  au-dessus  de 
»  leurs  attaques,  voulut  armer  les  simples  contre  ces  so- 
»  phistes,  et  il  recueillit  (en  1648),  en  divers  dialogues 
»  courts  et  fanûliers ,  tous  les  argumens  de  ces  misérables 
»  docteurs ,  avec  des  réponses  nettes ,  décisives ,  et  accom- 
)>  mbdées  à  la  portée  des  moindres  esprits.  Le  peuple  lut  ces 
»  dialogues  avec  avidité,  y  prit  plaisir,  les  apprit  par  cœur  : 
)>  et  depuis  cela  les  missionnaires  ne  furent  plus  que  le  jouet 
»  des  réformés ,  dont  ils  avaient  été  la  terreur  *,  et  n'osant 
M  même  attaquer  les  servantes  ni  les  enfàns ,  ils  cessèrent 
»  d'être  aussi  importuns  qu'ils  l'avaient  été,  quoiqu'ils 
»  n  aient  pas  laissé  de  chercher  jusques  à  la  fin  de  nouvelles 
)>  chicanes  pour  embarrasser  les  ministres.  Drelincourt  s'at- 
))  tacha  principalement  à  réfuter  leur  horrible  calomnie 
»  touchant  les  souffrances  de  Jésus^Ghrist;  et  il  le  fit  si  so- 
»  lidement,  que  les  docteurs  même  de  Sorbonne  se  ré- 
»  jouirent  de  voir  la  maligne  témérité  des  missionnaires  si 
»  bien  châtiée.  »  (Elie  Benoist,^ûf.  de  Védit  de  Nantes ^ 
t.  III,  p.  54.) 

Ce  récit  apologétique  de  Drelincourt  a  été  attaqué  par  le 
P.  Bordes.  Selon  lui,  «ce  ministre  était  l'auteur  le  plus  faux 

TOME  I.  24 


370  DRE 

»  dans  ses  citations  et  dans  ses  raisonnemens  qu'on  ait  )a- 
»  mais  vu.  Il  fatigua  (en  i63o),  par  de  vraies  chicanes^ 
»  les  missionnaires  dans  son  abrégé  des  controverses ,  inti- 
)>  tulé ,  Réfutation  des  erreurs  de  l  Eglise  romaine  par  textes 
))  exprès.  Il  croyait  nous  faire  grâce  en  les  réduisant  i  quatre- 
»  vingts  articles.  Je  n^ai  jamais  vu.de  livre  plus  injuste  et 
»  plus  faux.  Les  missionnaires,  dont  votre  historien  (Elie 
))  Benoist)  l'appelle  le  fléau  j,  lui  ont  offert  cent  fois  de  mon- 
)>  trer  qu'aucun  de  ces  articles  n'est  de  FEglise  romaine ,  et 
))  qu'il  a  même  abusé  des  textes  particuliers,  dont  le  P.  Vé- 
»  ron  a  soutenu  si  justement  que  FEglise  ne  répondait  pas. 
»  Ce  zélé  missionnaire  lui  a  appliqué  comme  aux  autres  sa 
))  méthode  péremptoire  tirée  de  FEcriture,  c[ue  vous  pro- 

)>  posiez  comme  Funique  règle Il  a  confondu,  par  cette 

»  voie,  Fautre  livre  de  Drelincourt  que  vante  votre  historien, 
»  sous  le  titre  aussi  faux  que  ridicule  de  Jubilé  des  Eglises 
»  réformées,  yi  (Supplément  au  Traité  des  Edits,  p.  54 1  et 
557.) 

Persuadé  que  les  fables  ne  sont  propres  qu'à  affaiblir  Fau- 
thenticité  des  faits  auxquels  on  les  allie ,  à  le  pasteur  Dre- 
)>  Uncourt  a  porté  aux  moines ,  sur  la  fourberie  et  la  suppo- 
))  sition  des  miracles ,  des  coups  encore  plus  sensibles  que 
»  ceux  dont  M.  Des  Vœux  blesse  les  Jansénistes  (i),  suiv 
))  tout  dans  sa  Réponse  au  landgrave  de  Hesse  en  1662.  » 
(D'Argens,  Mémoires  Secrets,  t.  II,  p.  56,  édit.  1744O 

«  Ce  prince  était  né  protestant,  et  s'étant fait, dans  la  suite 
»  catholique ,  il  se  mêla  d'écrire  sur  des  matières  de  contro-« 
y)  verse.  Le  sage  et  savant  Drelincourt  réfuta  un  ouvrage 
))  qu'il  lui  avait  adressé^  vous  jugeas  bien  qu'un  aussi  grand 

(1)  Dissertation  sur  les  miracles  que  l'on  attribue  aux  reliques  de  M.  Pé-Tis, 

par  M*  A,  E,  V,  Des  Vœux,  pasteur  de  l'église  française  de  Dublin.  Leyde , 

i73i,iii-ia. — Lettres  sur  les  miracles,  Rotterdam,  1735,  in-ia.  L'ab  bé  le  Gros, 

chanoine  de  Reims,  y  a  répondu  par  des  Pûeouri  imprimés  à  la  tète  du  Recueil 

.  des  miracles  opéris  au  tombeau  de  Ikibbé  Paris, 


DRE  371 

»  théologien  n'eut  pas  de  peine  à  anéantir  les  objections  de 

»  son  adversaire Le  prince  Ernest  n'avait  point  consi- 

»  déré  qu'il  était  dangereux  de  lutter  contre  un  pareil  rival. 

»  Lorsqu'il  fut  question  de  répliquer  à  la  Réponse  qu'il  avait 

»  faite  à  sa  Lettre^  le  bon  prince  abandonna  la  Ê^çon  d'é* 

»  crire  des  théolc^iens  -,  il  eut  recours  au  style  militaire  >  et 

»  peu  s'en  fallut  qu'il  ne  proposât  un  duel  à  M.  Drelincourt.  { 

»  Il  s'emporta  contre  lui ,  le  traita  d'une  manière  méprisante^ 

»  et  fit  sonner  bien  haut  Ffaonneur  qu^un  prince  tel  que 

»  lui  avait  fait  à  ce  ministre  »  de  vouloir  lui  écrire.  Les 

»  injures  que  M.  le  prince  Ernest  de  Hesse  a  écrites  contre 

»  M.    Drelincourt  n'ont  pas  porté  plus  de  préjudice  à  ce 

))  grand  homme,  que  les  fausses  accusations  de  M.  Camus, 

»  évéque  de  Belley,  qui  prétendait  que  les  Protestans  ne 

»  ^croyaient  point  que  la  sainte  Vierge  fût  mère  de  Dieu.  » 

(D'Argens,  Mémoires  Secrets^  1. 1,  p.  344  ^*  346.) 

La  vie  du  pasteur  Drelincourt  était  un  travail  continuel. 
La  multitude  de  ses  occupations  ne  l'empêchait  point  de 
vaquer  à  l'éducation  de  ses  enfans.  H  a  composé  pour  eux  un 
catéchisme  et  une  rhétoriquie.  Il  regardait  la  paternité  comme 
le  plaisir  le  plus  doux  de  la  nature. 

Doué  d'uii  esprit  vif  et  agissant ,  et  d'une  constitution  des 
plus  robustes ,  il  trouvait  moyen  d'ajouter  aux  heures  na- 
turellement destinées  au  travail  et  à  l'étude,  une  partie  de 
celles  que  réclament  le  repos  et  les  besoins  de  la  vie.  tfans 
une  conjoncture  extraordinaire ,  il  eut  assez  de  courage  et 
de  force  pour  prêcher  sept  fois  en  un  jour.  Peu  de  temps 
avant  sa  mort,  dans  une  saison  rigoureuse,  il  alla  visiter^  à 
neuf  heures  du  soir,  un  de  ses  amis  agonisant ,  et  ne  revint 
qu'à  minuit  :  c'était,  selon  lui,  une  action  de  jeune  honune , 
qu'il  réputait  à  bonheur  d'avoir  pu  faire.  (Ses  dernières 
heures.^ 

Son  zèle  était  inépuisable  \  a  mais  entr'autres  choses  il 
»  était  d'une  assiduité  et  d'un  empressement  à  visiter  les 

24. 


372  DRE 

»  malades,  qu'on  n'a  guère  vu  dans  aucune  autre  personne. 
))  Il  prenait  tant  de  plaisir  à  travailler,  quHl  souhaitait  de 
))  mourir  la  plume  à  la  main  :  il  a  prêche  jusqu'à  la  dernière 
»  semaine  de  sa  vie,  car  son  dernier  sermon  fut  celui  qu'il 
»  fit  le  27  octobre  1669.  »  (^Bayle*) 

Epuisé  par  de  longs  travaux,  il  fut  force  de  s'aliter  le 
29*,  et  depuis,  ses  énfans,  ses  amis  et  «ses  collègues  ne  le  quit- 
tèrent plus.  La  main  de  l'amitié  en  pleurs  lui  ferma  les  yeux 
le  3  novembre-,  il  était  âge  de  soixante-quatorze  ans.  Comme 
controversiste ,  il  est  inférieur  aux  Alix ,  aux  Claude ,  aux 
Daillé ,  aux  Jurieu ,  aux  du  Moulin ,  aux  Tilenus  ;  mais  il  les 
surpasse  sous  le  rapport  de  pasteur. 

Dans  sa  Harangue  au  Roi^  faite  au  nom  du  clergé,  le 
17  février  1736,  M.  de  Retz,  évêque  d'Orléans ,  l'accusa  de 
s'être  exprimé  avec  trop  de  liberté  sur  les  Mystères  de  l'El- 
glise  romaine ,  sur  les  fêtes  des  saints  et  sur  le  pape ,  qu'il 
appelait  V Antéchrist  et  le  capitaine  des  coupeurs  de  bourses ^ 
entendant  par  là  les  évêques  et  les  moines.  On  lui  a  d'ailleurs 
reproché  d'avoir  mis  quelquefois  trop  de  feu  dans  l'attaque 
et  dans  la  défense  *,  mais  ce  défaut  était  excusable  jusqu'à  un 
certain  point  dans  un  ministre  de  son  siècle  :  il  n'est  guère 
possible  de  ne  point  ressentir  la  chaleur  du  premier  âge 
d'un  parti ,  avant  d'arriver  à  cette  modération  qui ,  avec  le 
temps ,  en  amortit  la  fougue.  Mais  ce  dont  on  ne  peut  l'excu- 
ser, c'est  d'avoir  avancé  que  la  religion  romaine  est  une  reli-- 
gion  de  damnés  $  calomnie  trop  grossière  pour  mériter  une 
réfutation  sérieuse  -,  néanmoins  elle  fut  combattue  avec  assez 
de  vigueur  (i). 

(1)  10  Lettre  d'un  Prédicateut  catholique  au  sieur  Drelincourt ,  sur  le  refus  que 
ee  ministre  a  fait  de  signer  cette  proposition  qu'il  avait  avancée  :  Tous  ceux  qui 
meurent  catholiques  «ont  damnés;  i556,  in-4^,  p.  18.  Cette  lettre,  écrite 
agréablement  et  avec  esprit ,  est  signée  BB.  du  Cloître  Notre-Dame ,  le  8  oc- 
tobre i656;  a°  Lettre  contre  les  erreurs  des  religionnaires ,  adressée  auoD  sieurs 
Gâche,  Daillé  et  Mestrezat ,  ministres:  que  le  sieur  Drelincourt  ni  aucun  autre  de 
quelque  secte  qu'il  soit,  ne  peut  soutenir  que  les  Catholiques  ne  sont  pas  dans  une 


DRK  373 

Cependant  il  parait  qiie  cette  étrange  incartade  n'empê- 
cha pas  les  Catholiques  de  rendre,  dans  Foceasion ,  hom- 
mage à  ses  talens  et  à  ses  vertus,  (c  Plusieurs  personnes  de 
y>  mërite  et  d'autoritd  dans  Tautre  parti  étaient  assez  raison- 
»  nables ,  dit  Bayle ,  pour  rendre  justice  à  un  auteur  protes- 
)}  tant  qui  soutenait  bien  sa  cause ,  et  qui,  en  gënëral,  se 
»  renfermait  dans  son  sujet.  »  Tant  la  vertu  a  d'empire  sur 
les  cœurs,  même  de,  ceux  qui  ne  partagent  pas  notre  façon 
de  voir  en  matière  de  religion  ! 

Bayle.  a  rélevé  quelques  fautes  échappées  à  Paul  Freher, 
concernant  Drelincourt.  Aucun  bibliographe  n  a  indiqué , 
jusqu'à  ce  jour,  le  quart  de  ses  ouvrages  -,  nous  y  ^avons  sup- 
pléé de notrie  mieux  :  ons'apercevra,  par  Tomission  de  quel- 
ques dates,  que  nos  recherches  ont  été  quelquefois  infruc- 
tueuses; mais  nous  pensons  que  personne  n'a  fait,  jusqu'alors, 
autant  de  recherches  sur  le  modèle  des  ministres  des  églises 
calvinistes  de  France. 

On  connaît  les  Dernières  Heures  de  Drelincourt,  Gharen- 
ton,  Cellier,  1670,  in-8°-,  lï.,  Genève,  de  Tournes,  1670, 
in-8%  p.  62;  Genève,  ihids  1671,  in-12,  p.  63-,  it*^  en  aUe- 
mand,  Baie,  Kœnig,  1671 ,  in-8°,  avec  portrait  *,  itj  dans  les 
dernières  éditions  dun^  m. 

Cet  opuscule^  anonyme  contient  quelques  détails  sur  notre 
savant  Sedanois ,  que  le  docteur  Jean  Quick ,  ministre  à 
Londres,  a  loué  dans  ses  Icônes. 

Ses  ouvrages  ascétiqueis  : 

I.  Prières  et  Méditations  pour  se  préparer  à  la  communion. 
Charenton,  1621,  in-8° -,  ïY.^  Genève,  Chouet,  1649,  in-24; 

religion  de  salut,  à  moins  que  de  renoncer  om  baptême  et  de  renier  J.  C.  ;  par  le. 
sieur  Bizot,  prédicateur  ordinaire  deUurs  majestés.  Paru,  Charles  Savreax,, 
1666,  iD-4°,  p.  44}  datée  de  Paris,  le  3  a  déc^  i656;  3°  Lettre  adressée  aux  mi- 
nistres de  Charenton,  sur  ce  qu'un  des  leurs  a  osé  dire ,  que  la  religion  catholique 
est  une  religion  de  damnés;  par  le  même  Bizot,  Paris ,  1669,  in-ia. 


374  DRE 

itj  ibid,  1655,  in-'i6^  t).^  ibid,  i656,  ln-249  ii'j  ibid, 
1670  9  iu-8^',  it.j  réimprimé  dans  le  Recueil  de  planeurs  pré- 
parations et  prières  pour  la  sainte  Cène  ^  faites  par  plusieurs 
auteurs  (^Daniel  Toussaints^  P.  duMoidin^  Jean  Mestrezat^ 
Ch.  Drelincourtj  Michel  le  Faucheur j  Louis  Baylcj  docteur 
'  anglais^  etc.),  Char.,  i64^>  in- 16;  it.j  en  allemand,  Wurtz- 
bourg,  1669,  ^^'^^'  C'est  le  coup  d'qssaide  Fauteur  :  il  est 
écrit  avec  onction,  ainsi  que  le  n""  ni. 

IL  De  la  Perséi^érance  des  Saints ,  ou  de  la  fermeté  de  l'a- 
mour  de  Dieu.  Paris  y  Jean  Antoine  Joallin ,  i6a5,  in*i2« 
p.  562,  rarissime. 

in.  Les  Consolations  de  V^me  fidèle  contre  les  frayeurs 
de  la  mortj  avec  les  dispositions  et  les  préparations  nécessaires 
pour  bien  mourir.  Charenton,  Vendosme,  i65i ,  in-4°.  ' 

On  ne  compte  plus,  depuis  long*temps,  les  éditions  de 
cet  ouvrage,  publiées  dans  les  formats  in-4*',  in-8°  etin-12. 
Nous  en  connaissons  trente  et  une ,  sorties  des  presses  de 
Berlin,  Bionne,  Charenton,  Genève,  Grenoble ,  Paris , 
Rouen  et  Saumur.  Nous  signalons,  i**  celle  de  Genève,  1669, 
rev.  et  augm.  par  lauteur,  a**  celle  d'Amsterdam,  Desbordes, 
1 699 ,  in-8°,  p.  7 1 o ,  avec  les  Dernières  heures i  3**  enfin  celle 
revue  et  publiée  par  J.  J.  B.  de  la  Rivière,  ministre  dç  l'é- 
glise wallone  de  Leyde.  LeydCj  Luzac ,  1760 ,  2  vol.  in-8*. 

Jean  Masson  (f.  VI ,  p.  337  ^^  ^^  Hist.  de  la  Bépub.  des 
lettres)  cite  la  3 1®  et  la  3a'  édît.  de  cet  ouvrage,  que  les 
Allemands  ont  fait  passer  dans  leur  langue.  Bdle^  1669, 
in-8**.  D'Assigny  en  a  publié  une  traduction  anglaise.  Lon- 
dreSj  Midwinter,  174^  ■>  in-8**,  p.  5o2 ,  i5*  édition.  Les  Da- 
nois en  ont  aussi  une  version.  (^Biblioth.  germanique  j  t^  I , 
p.  4^7?  avril,  mai  et  juin  1746.)  Lipen  et  Walcb,  dans 
leurs  Biographies  théologiques,  ont  fait  connaître  plusieurs 
de  CCS  éditions  (i)* 

(1)  Reiman  s'exprime  ainsi  sur  6et  ouvrage  :  «  Tir  îngemosus ,  acutus,  non 
»  rudis  in  elegantioribus  discipUnis ,  et  cuM  disserèndi  ratioae  ,  tnm  ip.so  o^a» 


DRE  375 

lY.  Catéchisme  j  ou  Instruction  famiUère  sur  les  princi-- 
poux  points  de  la  Religion  chrétienne^  fait  par  M.  Drelin- 
courtj  eri  faveur  de  sa  famille.  Saumur,  i656,  m-8°*,  it._. 
Char.,  DofresDe,  1664,  în-S**-,  it*j  Char.,  1670,  în-S**;  it»j 
Genève,  1671, 111*8^ -,  it.j  ibid.,  Pierre  Chouet,  1673,  in-8**, 
p.  14 ïj  i3*  edit.*,  it,j  Saumur,  1Ç77,  iii-4**?  it^j  Char.,  Ant. 
Cellier,  1680,  iii-8**,  p.  i4a',  it.^  Char.,  Louis  Vendosme , 
1680,  in-S**,  i6*  édit.  *,  lï.^  Londres,  François  Vaillant, 
171 5,  in-8%  p.  120;  it,^  Amst.,  1726,  in-8'*',  it.j  Amst., 
Desbordes,  1730,  in-8°,  p.  i36,  24**  édit. 

Ce  livre,  le  précèdent  et  V Abrégé  des  Controverses^  sont , 
de  tous  les  ouvrages  de  Drelincourt,  ceux  qui  ont  eu  le  plus 
souvent  les  honneurs  de  la  réimpression,  a  Quelques-uns, 
»'  dit  Bayle ,  ont  été  imprimés  plus  de  quarante  fois ,  et  ont 
»  été  traduits  en  diverses  langues^  en  allemand,  en  flamand, 
»  en  ijtalien  et  en  anglais.  »  Il  serait  extrêmement  difficile 
d^en  faire  connaître  les  différentes  éditions. 

V.  Les  Visites  charitables  (au  nombre  de  soixante-une),  ou 
les  Consolations  chrétiennes  pour  toutes  sortes  de  personnes  cf-- 
ftigées;  en  cinq  parties.  Genève,  de  Tournes,  1667— 1669, 
5  vol.  in-8**.  Il  en  avait  paru  deux  éditions ,  Quevilly,  Cen- 
turion Lucas,  i665,  in-8**,  p.  481,  contenant  douze  Visites. 
/f.j'Char.,  Olivier  de  Varennes,  1666,  4  vol.in-8°. 

La  meilleure  édition  de  ce  livre ,  qui  convient  à  toutes  les 
communions,  est  ceUe  de  Pierre  Mortier,  Amsterdam^  ï73i, 
3  Yol.  in-8**.  L'éditeur,  J.  Brutel  de  la  Rivière,  ministre  de 
Téglise  wallone  d'Amsterdam,  a ' revu  Fouvrage  :  il  en  a 
retranché  les  termes  surannés,  corrigé  les  constructions  em- 

»  tionis  génère  liber  laudatas  à  Ben.  Picteto  în  Ethicâ,  1.  vu ,  ch.  xxi ,  p.  1 168, 
»  ubi  hic  libellas  commendatur  imprimis,  diciturque  das  schône  Buch  Herm 
»  Drelincurt  ;  quo  elogio  non  proi^sus  est  indignus.  Yerbis  tamen  magis  abun^ 
«  dat  auctor  qnàni  rébus  ;  et  in  augendo ,  ornando  ,  et  illustrandû  argumento 

•  magis  est  occnpatus ,  qnàm  in  roborando.  Orator  liberalis  et  sua  vis  ;  sed  non 
»  xque  gravis  theologas.  Gautns  tamen ,  qui  de  sectse  su»  placitis  nihil  hisce 

•  çonsoiationibns  inseruit.  »  (Biblioih.  theotogica,  p.  569.) 


376  DRE 

harrassëes,  ety  a  faitd'autres  changemens  utiles  (i)*,  chan- 
gémens  que  Prosper  Marchand  désapprouve  dans  son  Dict. 
JHùt.^  t.  II  y  p.  69,  A. 

Ces  Fuites  ont  été  traduites  en  allemand,  avec  ce  titre  : 
Liebreiche  besuchung  oder  Christlicher-  irost-reden.  Hanau , 
1667,  in-S**;  iL^  Hanau  )  1676 ,  in-8®. 

VI.  Recueil  de  Sermons  sur  dU^ers  passages  de  VÊcriture" 
Sainte ,  açec  quelques  prières  et  méditations.  Genève ,  de 
Tournes,  i658,  1660  et  1664,  3  vol.  in-8^. 

La  plupart  de  ces  discours ,  au  nombre  d^environ  trente- 
six  ,  avaient  été  imprimés  Iséparément  ;  tels  sont  ceux ,  sur 
la  Foi  des  Élus  et  V incrédulité  des  Réprowés  ;  le  Scdutaire 
lester  du  Soleil  de  justice  j  ou  Sermon  sur  Malachie,  chap.  IV ^ 
ç.  2j  de  V Honneur  qui  est  dû  au  Roi  et  à  J.-C.^  le  roi  des 
rois  ^  la  p^anitédu  monde  j  ou  la  Solide  espérance  des  enfans 
de  Dieu  ;  Exhortations  au  jeûne  et  à  la  repentance  :  ils  sont 
cités  par  les  bibliographes.  On  se  tromperait  grossièrement  si, 
les  regardant  comme  des  ouvrages  particuliers ,  on  les  clas- 
sait hors  de  la  théologie  parénétique  du  ministre  Drelincourt. 

VII.  Sermon  sur  la  naissance  du  Sauveur  du  monde  j  pro- 
noncé à  Charenton  ZeaS  décembre  ï663.  Char.,  AnL  Cellier, 
1664?  i^-S^  •  discours  qui  ne  fait  pas  partie  des  trois  volumes 
ci-dessus. 

Le  pasteur  Osterval  dit  que  Drelincourt  ne  prêchait  que 
par  pensées  détachées ,  qu'il  donnait  trop  dans  les  allégories, 
et  quHl  s'attachait  plus  à  consoler  qu'à  édifier,  oubliant  que 
la  Sainteté  est  la  source  des  plus  solides  dévotions.  (Exer- 
cice du  ministère  de  la  chaire  j  p.  27.) 

VIII.  Il  fit  aussi  des  prières  pour  le  roi  et  le  royaume  de 
France,  pour  Louis  XIV  et  la  reine  régente,  sur  la  nais- 
sance du  roi,  etc.  Ces  prières  furent  imprimées,  et  sont 
très-belles. 

(1)  Janiçon ,  Le<fref  sérieuses  et  badines,  t.  VI ,  p.  an. 


DRE  377 

L^on  a  :  Réponse  aux  deux  prêches  du  sieur  Drelincourt  sur 
la  Communion  sous  les  deux  espèces^  et  sur  la  Transsubstonr- 
iiation^  par  Bomier.  Là  Rochelle,  i656,  îii-8**. 

IX.  Il  a  traduit  du  latin  de  du  Moulin  ^Z^e  cognitionœ 
Dei  tractatuSj  sous  ce  titre  :  Traité  de  la  cofinaissancedeDieu. 
Char.,  1625,  in-24-  Avecuae  dédicace  à  du  Moulin. 

Ses  livres  de  controverse  : 

,  X.  Du  Jubilé  des  ^gUses  réformées  j  as^ec  l'examen  du  Ju~ 
bile  de  l'Église  romaine.  Char.,  Jean  Ant.  Joallin,  1627, 
in.8%  p.  328. 

Les  Catholiques  empêchèrent  tant.qii'ils  purent  la  publi- 
cation de  ce  Traite ,  qui  est  précédé  de  deux  Epîtres  dédi- 
catoires  à  Isabelle  de  Nassau,  duchesse  de  Bouillon.  Par  la 
première,  Tauteur  apprend  ((,que  son  ouvrage  était  com- 
»  posé  et  presque  tout  imprimé  durant  la  célébration  du  Ju- 
»  bile  de  Paris-,  mais  qu'il  lui  est  arrivé,  comme  à  Parche 
>)  d'alliance ,  d'être  plusieurs  mois  captif  entre  les  mains  des 
»  adversaires.  »  Dans  la  deuxième  épitre,  il  présente  de 
nouveau  son  livre  à  la  duchesse  de  Bouillon,  comme  un  cap- 
tif>  (fui  étant  mis  en  liberté ^  uientse  jeter  entre  ses  bras, 

Gerdes,  en  parlant  de  cet  ouvrage ,  dit  :  Opus  pereruditum 
et  lectu  dignum }  s^erîim  paucis  çisum  et  obsoleto  styU  génère 
exaratum  (i).  Le  ministre  Chais  en  avait  porté  le  même  ju- 
gement dans  ses  Lettres  sur  le  Jubilé ^  t.  I,  p.  17  et  235; 
t.  II,  p.  4o5. 

Le  P.  Véron,  jésuite,  homme  naturellement  chaud  et  ar- 
dent dans  la  dispute,  opposa  à  Drelincourt:  Articles  secrets 
de  la  cabale  ou  discipline  ecclésiastique  des  ministres  par  eux 
cachée  j  publiés  et  réfutés  ^  pour  réponse  au  Traité  du  Jubilé  de 
Drelincourt.  Paris,  Louis  Boulanger,  s.  d.,  in -8°,  p.  a4> 
et  Joseph  de  Voisin ,  docteur  de  Sorbonne  :  Liber  de  Jubilœo 

(1)  FtotiUgium,  iibrorum  rariorum,  p.  110,  édit.  1763. 


L 


378  DR£ 

sêcundtan  Hébrœorumet  Ckristùmorumdocirinam»  Paris,  ib.j 
1655,  in-8'',  p.  447*  Livre  rare ,  et  que  Chais  traite  de  docte 
fanfaronnade. 

XI.  Abrégé  des  Controtferses  ^  ou  Sommaire  des  Erreurs  de 
VEgUse  romaine  j  açec  leur  réjvtationj  par  texte  exprès  de  la 
Bible  de  Louçain.  Genève ,  P.  Chouet,  1628,  ij;i*i2;  it.^ 
Gharenton,  Lucas,  1674 ?  in- 12,  20''  édition*,  it.y  Kot- 
terdam,  Acher,  1709,  in-8**,  p.  349;  ît.^  eu  allemand , 
Baie,  16349  in-8''',  i^,  Gassel,  i654>  in-S"";  it.,  Marpnrg, 
1654  9  in-S"".  On  ne  coïnpte  plus  aujourd'hui  les  éditions  de 
.  cet  ouvrage ,  qui  fut  brûlé  sur  la  place  de  Vitry,  par  les  mains 
du  bourreau ,  en  vertu  d'une,  sentence  du  présidial  de  cette 
ville,  du  9  mai  i665.',  sentence  insérée  dans  le  1. 1,  p.  1661, 
du  Recueil  des  Mémoires  du  clergé  de  France. 

Réfutations  :  i**  Réparties  succinctes  à  l'Abrégé  des  Contro- 
verses de  Ck.  DreUncourt  ^  ensemble  les  antithèses  protestantes j 
ou  opposition  de  l'Écriture^Sàinte  0t  de  la  doctrine  des  Protes^ 
tansj  selon  les  {versions  de  leurs  propres  Bibles  ;  par  J.  P.  Ca- 
nuts^ é^éque  de  Belley*  Caen,  Pierre  Poisson,  i638,  in-8% 
p.  627  -,  2**  Réponse  à  l'Abrégé  des  Controf^erses  de  DreUncourt; 
par  Véron.  Paris,  1647 i  in-24*,  3**  La  Décous^erte  et  réfu-- 
tation  des  équis^o(jues  et  captieuses  raisons  de  V Abrégé  des 
Contros^erses  de  Ch.  Drelincoari ^ par  G.  Neveu.  Paris,  i65a, 
in- 12;  ^^ Abrégé  et  résolution  analytique  de  toutes  les  Contra^ 
i^ersesj  etc.^  açec  la  réfutation  du  Juge  des  Controverses  de 
du  Moulin^  Actes  de  Bochart^  et  Abrégé  de  DreUncourt^  par 
Fr.  Véron,  Paris,  Ant.  Boulanger,^  1660,  in- 12. 

Véron  avait  déjà  publié  contre  Drelincourt  :  i  **  Réponses 
aux  livres  des  quatre  ministres  de  Charenton^  Drelincourt^ 
Dailléj  Mestrezat  et  Aubertin.  Paris ,  i633 ,  în-8'*  -,  2**  Petit 
Epitome  de  toutes  les  Controverses  de  religion  j  avec  la  réponse 
abrégée  à  tous  les  livres  des  ministres  Aubertin^  le  FaucheuF^ 
Mestrezat  y  Dailléj  DreUncourt  ^  Amyrault  et  BlondeL  Paris, 
L*  Boulanger,  1641?  in-8°. 


'   DR£  3^9 

XIII .  Ze  Combat  romain  y  ou  Examen  des  dispui/M  de  ce . 
temps.  Grenéve,  P,  Aubert,  1629,  m-8%  p,  160. 

XIV .  Le  Triomphe  de  V Église  sous  la  Croix  j  ou  la  Gloire 
des  Martyrs.  Genève,  ibid.j  1629,  m-8°,  p.  160;  i^^  Ge- 
nève, ibidj  i636,  in-8**,  2*  édition,  lY.^  Genève,  Jean  Ant. 
et  Sam.  de  Tournes,  1670,  in-8*;  it.^  Genève,  Chouet, 
i685,  în-8°.' 

Lç  P.  Véron  y  a  répondu  par  Traité  ou  est  la  s^raie  EgUse  ; 
et  des  afflictions  des  hérétiques^  qui  estla  réponse  au  prétendu 
Triomphe  de  l'Église  sous  la  Croix j  de  DreUneourt.  Sine  loCo 
etan«,  in-8%  p-  '6.  ^ 

XV  •  La  deuxième  partie  du  Triomphe  de  VÉglistj  ou  VExa- 
mendu  Triomphe  du  sieur  Nicolas  Caussinj  jésuite.  Genève, 
P-  Aubert,  i63o,  in-8%  p.  loyi.  Ces  deux  volumes  ont  été 
ti'aduîts  en  allemand.  Gassel,  i63î,  in-8°',  zY.^  Francfort, 
iG32,in-8". 

Les  ouvrages  du  P.  Caussin  sur  ce  sujet,  sont  :  i°  Triorn^ 
phe  de  la  Piété  ^  à  la  gloire  des  armes  du  roij  et  tartdable  ré-- 
duction  des  âmes  errantes  (au  sujet  de  la  prise  de  la  Rochelle). 
Paris,  Séb.  Chappellet,  1628,  in-8%  p.  â58,  2*  édit. ^ 
it.j  Lyon,  Simon  Rigaud^  i636,  in-8'*,  p.  i68-,  2*» Jîe- 
ponse  aux  impiétés  du  sieur  Drelincourt  ^  publiées  contre  le 
Triomphe  de  la  Piété.  Paris,  16263  in-8°. 

XYI.  De  l'honneur  qui  doit  être  rendu  à  la  sainte  et  bien-' 
heureuse  Vierge  Marie  :  en  deux  parties -,  Char.,  Vendosme 
et  Cellier,  i645,  2  vol.  in-8°. 

C'est  un  titre  général  sous  lequel  on  a  réuni  les  différens 
ouvragés  publiés  par  Drelincourt,  sur  le  culte  religieux  dû 
à  la  sainte  Vierge. 

La  première  partie  comprend  i  \°  De  l'honneur  qui  doit 
être  rendu  à  la  sainte  Vierge  ^  ai^ec  une  prière  et  une  méditation 
sur  l'Incarnation  et  la  Naissance  de  J.-C.  Char.,  Cellier, 
1643,  in-8?,  p.  58.  L'auteur  s'était  plaint  de  ce  que  ce  livre 
avait  été  imprimé  peu  correctement,  et  sans  son  aveu ,  dan» 


38o  DRE 

le  mois  de  mai  de  l'année  prëcëdente  (i)  -,  a"  Demande  de 
Tés^éque  de  Belley  sur  la  qualité  de  Vlionneur  qui  est  dû  à 
la  Fierge^  as^ec  la  réponse  de  Drelincourt.  Char.,  Mon- 
dière,  1G43,  în-8°,  p.  3o*,  3**  Demandes  sur  la  qualité  de 
l'honneur  qui  est  dû  à  la  Fierge  ,  faites  à  Véiféque  de  Belley^ 
par  Drelincourt.  Char.,  Cellier,  1644?  în-S**,  p.  784. 

La  deuxième  partie  contient  :  i**  V As^ant-Coureur  de  la 
réplique  à  Vés^êque  de  Belley  sur  l'honneur  qui  doit  être 
rendu  à  -la  Fierge.  Char.,  Mondière,  i643,  in-B**,  p.  66; 
n^  De  l'Insfocation  des  saints  j  ou  Examen  de  la  Réplique 
de  l'éi^éque  de  Belley  à  la  Réponse  qui  lui  a  été  faite  sur  la 
qualité  de  l'honneur  qui  est  dû  à  la  sainte  Vierge.  Char., 
Cellier,  1644?  în-8%  p.  iSa-,  i"^  Répliques  aux  Réponses  de 
l'é^éqùe  de  Belley^  sur  la  qualité  de  t honneur  qui  doit  être 
rendu  à  la  sainte  Vierge.  Char.yibidj  i645,  in-8**,  p.  928. 

On  trouve  dans  ces  diflférentes  productions,  dont  on  a 
donné  une  analyse  en  allemand  (2) ,  une  longue  ënuméra- 
tion  des  Catholiques  qui  ont  écrit  en  faveur  du  culte  dû  à 
la  sainte  Vierge.  Drelincourt  ne  manque  pas  de  les  traiter 
de  superstitieux.  Il  n'ajoute  rien  d'ailleurs  à  ce  qu'Andi-ë 
Rivet  avait  dit  dans  Apologia  pro  sanctissimd  Virgine Maria. 
La  Haye,  1689,  in-i6,  p.  i32. 

Les  ouvrages  de  J.  P.  Camus,  évêque  de  Belley,  sur  ce 
sujet,  sont  :  i**  Deux  conférences  par  écrite  l'une  toucliant 
l'honneur  dû  à  la  sainte  Vierge  j  et  l'autre  sur  le  sacrifice 

(1)  Avec  ce  titre  :  De  l'honneur  qui  doit  être  rendu  à  la  vierge  Marie  ;  avec  la 
réponse  à  M,  l*évêque  de  Belley  sur  la  qualité  de  cet  honneur,  Ghar.,  Nicolas 
Boardin,  et  Louis  Perrier,  16^2,  iii-S<>,  p.  58.  Il  faut  bien  qu'U  existe  une 
édition  antérieure  à  celle-ci,  puisqu'on  y  a  opposé  :  Apologie  pour  la  Vierge, 
ou  Examen  fait  par  une  dame,  d'un  livre  intitulé  :-De  l'honneur  qiû  doit  être 
rendu  à  la  sainte  et  bienheureuse  Vierge ,  composé  par  Drelincourt ,  a  elle 
envoyé  par  M.  G.,  avocat  en  la  cour  du  parlement.  Paris,  Samuel  'Petit,  i636, 
in-8»,  p.  64.  (BB.  du  roi ,  25496.) 

(a)  Was  die  evangeliscken  von  der Jung frau  Maria  halten,  i645  9  in-8°  ;  c'est- 
à-dire  ,  Sentimens  des  évangéliques  sur  la  vi&rge  Marie. 


DRE  38 1 

de  la  Messe.  (Paris,  1642),  in-12  ,  en  deux  partie^*,  la  pre- 
mière de  ayo,  et  la  deuxième  de  88  pages.  J.  P.  Camus 
avertit  que  Drelincourt  avait  fait  imprimer,  en  1642,  sslRc^ 
ponse  à  M.  Vés^êque  de  Belley^  mais  bien  différente  de  celle 
qu'on  insère  ici.  Il  la  donne  telle  que  Drelincourt  la  lui 
avait  envoyée  au  mois  de  septembre  1640-,  2**  Dissection  de 
V Examen  de  M.  Drelincourt^  sur  la  qualité  de  V honneur 
qui  est  dû  à  la  sainte  Vierge  Marie»  Paris,  Alliot,  i643, 
in-8'',  p.  261  -,  'i''  Réplique  aux  additions  faites  par  M.  Dre-- 
lincourt  à  son  écrite  toucjiant  Vhonneur  qui  est  dûà  la  sainte 
Vierge  Marie.  Paris,  ibidj  in-8°,  p.  2g4;  4**  Le  Passas^ant^ 
pour  réponse  à  Vj^s^ant-^Coureur  de  M.  Drelincourt,,  touchant 
Vhonneur  qui  doit  être  rendu  à  la  sainte  etB»  Vierge.  Paris,  . 
ihidy  1643 ,  in-4° ,  p.  246. 

Paul  Bruzeau ,  prêtre  de  la  paroisse  de  Saint-Gervais ,  à 
Paris ,  auteur  de  la  Conférence  du  diable  a\fec  Luûwr^  a  aussi 
oppose  à  Drelincourt  :  V  Réponse  à  V écrit  d'un  ministre  sur 
plusieurs  points  de  contfoy^erse  ^  et  particulièrement  sur  l'honr 
neur  et  Vinsfocation  de  la  très^sainte  Vierge  et  des  Saints  ^ 
oh  Von  fait  i^oir  à  une  personne  qui  l'a  donnée  la  nullité  des 
raisons  quelle  prétend  .a\^oir  pour  justifier  sa  séparation 
d'av^ec  l'Eglise  romaine;  par  Paul  Bruzeau _,  prêtre.  Paris, 
Delaunay,  1678,  in-8**,  p.  78*,  a^  Défense  de  la  même  ré- 
ponse; par  le  même  Bruzeau.  Paris,  1678,  in-8°,  p.  120. 

La  réponse  ne. roule. que  sur  rinvbcation  des  Saints;  la 
défense  renferme  quelques  autres  points.  On  trouve  dans 
Tune  et  Tautre ,  des  extraits  assez  curieux  des  livres  des 
ministres. 

XVII.   Traité  des  justes  causes  de  la  séparation  des  Pro-  , 
testons  d^as^ec  V Église  romaine;  et  particulièrement  de  V ado- 
ration de  la  Croix  ^  de  V adoration  du  Sacrement  ^  et  de  la 
Transsubstantiation  :  Réplique  au  sieur  de  la  Milletière^  tou- 
chant les  justes  causes  de  la  séparation  des  Protestons  d'avec 


382  DRE 

V Eglise  romaine.  €har.,  i64o,  m-8**-,  iï.^Char.,Vendosnie, 

16499  in-4''>  P*  587. 

Cet  ouvrage  comprend  :  i"^  Acte  de  la  conférence  entre  de 
la  Muletière  et  DreUncourt  (en  i646)>  sur  les  causes  de  la  sé^ 
parationf  2"^  Réponse  de  la  Milletière  à  DreUncourt^  3"*  RépU-* 
que  dé  DreUncourt  à  la  dernière  réponse  de  la  Milletière.  Cette 
rëplicpie  concerne  le  culte  rendu  aux  Saints,  aux  Images, 
aux  Reliques,  et  surtout  à  la  Croix-,  Fadoration  de  TEucha- 
ristie ,  le  dogme  de  la  Transsubstantiation  :  objets  que  Dre«* 
lincourt  regarde  comme  de  justes  causes  de  séparation  d^avec 
TElglise  romaine. 

XVin.  Dialogues  familiers  sur  les  principales  objections 
des  Missionnaires  de  ce  temps.  Paris,  1688,  în-^**;  it.,  Ge- 
nève, Chouet,  1648,  in-8'*,  p.  272-,  it.j  Genève,  ibid.^ 
1660,  in-8**,  3*  édition. 

L^auteur  y  prétend  que  la  religion  protestante  est  la  vraie, 
et  que  la  romaine  est  dans  l'erreur.  Le  chevalier  Humfiey 
Lynde  Rivait  professé  la  même  doctrine  dans  deux  ouvrages 
anglais ,  que  le  pasteur  Jacques  de  la  ]V|ontagne  a  fait  passer 
dans  notre  langue,  sous  ces  titres  :  i**  Za  f^oie  slireJ^ete. 
Genève,  Âubert,  1634?  in-8®*,  it.j  sur  la  6*  édition.  Char* 
L.  Yendosme,  1647,  î*^-8^î  î*°  LaFoie  égarée^  etc.  Char., 
ibidj  1645,  in-^%  p.  291. 

Tous  ;ces  livres  ont  été  réfutés  par  la  Guide  du  çhei^alier 
égaré  j,  ou  réponse  à  la  Foie  sûre  et  Foie  égarée  du  cheifolier 
anglais  (IIumfreyI(ynde)j  aux.  Dialogues  du  sieur  DreUncourt^ 
^  ^tà  divers  autres  Traités  des  sieurs  Mestrezat^  le  Faucheur  et 
Daïlléj  ministres  de  Charenion  ^  par  Paul  CaiUa\^etj  prêtre  ^ 
docteur  çn  ihéologie.  Paris,  Boulanger,  1648,  in-12. 

On  a  encore  opposé  à  notre  auteur  :  Réfutçtiion  des  Dia-- 
logues  de  DreUncourt _,  par  un  docteur  hollandais.  Paris, 
L.  Boulanger;  1657,  in-4**?  P«  I24-  Cette  réfutation,  qui 
est  d'Adrien  et  de  Pierre  Walenburch ,  a  été  réimprimée  à 


DRE  383 

la  fia  du  Traité  X,  t.  II,  de  Tractatus  générales  de  Contro^ 
persiis  fidei^  de  ces  deux  frères  célèbres.  L'édition  de  1667 
avait  été  publiée  sans  leur  aveu. 

XIX.  Avertissement  sur  les  disputes  et  le  procédé  des  Mis- 
sionrtaires.  Genève^  i65i^  in-S**;  it.^  Char.,  Yendosme, 
1654.9  1^78°,  p.  a8o',  lï.^  Genève,  1 65 5,  in-8'*.  C'est  une 
çspècé  de  Catéchisme,  ou  Reyue  abrégée  des  Controverses. 

XX .  Du  faux  visage  de  l'Antiquité  y  et  des  nullités  prétendues 
de  la  réformation  de  l'Eglise.  Char.,  Vendosme  et  Perrier, 
i653,  in-8%  p,  278^  it.^  Genève,  de  Tournes,  1666,  in-8**, 
2'  édition. 

On  y  a  répondu  par  Considérations  sur  le  Traité  intitulé 
Faux  visage  de  V  Antiquité ^  fait  par  Ch,  J)relincourtj  ministre 
de  Charentonj  faites  par  M""^  Jean  de  Chaumont^  garde  des 
livres  du^  cabinet  de  sa  majesté.  Paris,  s.  n.  d'impr.,  1654? 
in-.^'*,  p.  86.         . 

XXI.  'Dialogue  sur  la  descente  deJ.-C.  aux  enfsrs^  contre 
les  Missionnaires.  Genève,  Gbouet,  1648,  in-8°*,  it.^  ibid, 
Gbouet,  1654,  in-8®'*,  it.^  Char.  Vendosme,  i654»  iii-8*, 
p.  528;  it.j  Genève,  i655,  in-8**^  lï.^.Genève,  1664,  in-S**. 

François  Jean  de  la  Crouillardière ,  prêtre  et  docteur  en 
théologie ,  y  a  opposé  :  Lettre  contenant  la  réfutation  duDia- 
logue  de  Drelincourt  sur  la  descente  aux  enfers;  s.  d.,  in-8°. 

XXII.  Neuf  dialogues  contre  les  Missionnaires^  sur  le  ser^ 
çice  des  Elises  réformées.  Genève,  Chouet,  i655,  in-8'*, 
p.  3o6. 

Il  y  défend  le  Rituel  des  Protestans ,  par  les  sentimens  de 
Jean  Férus  ou  de  Wild ,  g^rdieu  des  Cordeliers  de  Mayence« 
(/^oj.  Bayle,  art.  Férus.), 

XXm^  Le  faux  Pasteur  consfaincuj  ou  Réponse  à  un  U^ 
belle  intitulé  :  La  sainte  liberté  des  enfatis  de  Dieu  et  frères 
de  Christ;  avec  la  licence  que  les  docteurs  et  les  casuistea 
de  la  communion  de  Rome  donnent  à  leurs  dévots ,  tant  en 


384  I>RE 

ce  qui  regardle  la  foi,  qu^en  ce  qui  concerne  les  mœurs  elles 
cas  de  conscience.  Pom^  CAor.^ Perrier,  i656,  in-8**,p.  5ô8-, 
lï.j  Genève,  Chouet,  lôSôyin-S**. 

.  L'auteur  y  rapporte  trois  cents  exemples,  la  plupart  tirés 
des  écrits  des  Jésuites,  concernant  des  points  de  doctrine 
ou  de  morale  de  FEglise  romaine  qu'il  regarde  comme 
pernicieux.  Uourrage  qu'il  entreprend  de.  réfuter  est  du 
P.  Bernard  Meynier,  jésuite.  Il  est  intitulé  :  La  sainte  li- 
herié  des  enfans  de  Dieu  et  frères  de  Christ^  en  cent  cin^ 
ijuant^  articles j*  qui  contiennent  tout  ce  quil  est  permis  de 
croire  et  de  ne  pas  croire  dans  la  religion  reformée;  avec 
quelques  réflexions  sur  VApoloffe  du  synode  de  Montpellier 
(e/i  1 698);  sur  le  liseré  que  le  sieur  Charles  Drelincourt  a  fait 
contre  les  qUarantê-^ux  premiers  articles j  et  sur  le  livre  que 
le  sieur  de  Croit  a  fait  contre  les  vingt<inq  premiers  articles. 
Lyon,  Ganier,  i658,  in-  12,  p.  4^9 >  *i4*  édition  ;  it,j  Nî- 
mes, 1661 ,  in-i2,  p.  534,  20*  et  dernière  édition. 

Le  P.  Meynier  y  parle  en  ministre-,  c'est  ce  qui  a  engagé 
Drelincourt  à  intituler  sa  réponse  :  Le  faux  Pasteur  côn-* 
vaincu,  Jean  de  Groï,  pasteur  de  l'église  d'Uzès,  avait  déjà 
attaqué  lé  livre  du  P.  Meynier  par  lesSemeïs  convaincus^  ou 
la  conviction  des  faussetés ^  des  impostures  ....  des  impiétés 
contenues  dans  un  livre  auquel  on  a  donné  le  titre  impie  de 
La  sainte  Liberté,  ete. 

XXIV.  La  défense  de  Calvin  contre  l'outrage  fait  à  sa 
mémoire j,  dans  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Traité  qui  contient 
la  méthode  la  plus  facile  et  la  plus  assurée  pour  convertir 
ceux  qui  se  sont  séparés  de  l'Eglise  romaine  ^  par  le  cardinal 
Richelieu.  Genève ^  de  Tournes,  1667,  in-8**,  p.  SSg;  it.^ 
en  allemand,  1671  ,  in-8**.  Georgi,  dans  son  Lexicon  uni-: 
versalcj  cite  une  édition  française.  Genève j  de  Tournes , 
1654,  in-8°. 
Le  but  de  Drelincourt  est  non  seulement  de  réfuter  ici  le 


DRE  385 

«ordinal  Richelieu,  père  adoptif  de  cet  exceUent  traite  (i), 
mais  encore  François  Baudouin  y  Jérôme  Hermas  Bolsec , 
Jîacques  Desmay,  Philibert  Bertelier,  biographes  de  Calvin , 
et  les  autres  ennemis  de  ce  grand  réformateur,  et  il  le  fait 
ax^ec  beaucoup  de  force  et  de  solidité.  «  Il  a  prétendu  montrer 
»  beaucoup  de  Êibles ,  que  Ton  a  contées  pour  flétrir  la  mé- 
»  moire  de  ce  novateur,  par  le  témoignage  même  de  ceux  de 
»  TEglise  catholique,  et  cntr'autres  de  Jacques  le  Vasseur, 
»  docteur  de  Sorbonne ,  dans  son  Histoire  de  l'Eglise  de 
w  Nojon.  »  ÇMém. de  Marollesy  t.  3,  p.  270.) 

Voici  le  jugement  de  Variilas^  sur  cet  ouvrage ,  cité  par 
dom  Bônav.  d'Argonne,  dans  ses  Mélanges j  t;  II,  p.  87, 
édit.  1726  :  w  II  n'y  a  jamais  «u  de  Vie  écrite  avec  plus  de 
))  contrariété  que  celle  de  Calvin ,  et  pourtant  qui  le  fasse 

»  moins  connaître La  dernière,  écrite  par  le  ministre 

»  Drelincourt,  sous  le  titre  àe  Dqfense  de  Cahin^  est  plus 
))  agréable  à  lire  que  les  autres*,  la  netteté  du  style  y  est 
»  jointe  à  une  assez  exacte  recherche,  mais  Fauteur  se  con- 
»  tente  de  représenter  Calvin  agissant  dans  Genève ,  et  pour 
»  les  seuls  Genevois ,  et  ne  dit  presque  rien  de  ce  qu'il  faisait 
»  au  dehors.  (Préface  de  V Histoire  des  Hérésies,^  Senebier  a 
rempli  cette  lacune  dans  Tarticle  ciuieux  qu'il  a  consacré  à 
la  mémoire  de  Calvin,  t.  II,  p.  177 — 266  de  son  Histoire 
littéraire  de  Genès^e;  article  dont  l'abbé  Boulogne  a  fait  une 
juste  critique  dans  le  t.  XVII,  p.  23-— 28  des  Mélanges  de 
PMLj  d*Hist,^  de  Morale  et  de  Littéral .  (Paris,  1 809,  in-8° .  ) 

On  a.opposé  à  l'ouvrage  de  notre  auteur  :  Réponse  au  Uyre  * 
intitulé  la  défense  de  Calvin  par  le  sieur  Cliarles  DreUncourtj, 
ministre  de  Charentonj  dans  laquelle  sont  entièrement  ré- 
futées toutes  les  raisons  alléguées  par  ledit  Drelincourt^  par 
lesquelles  il  prétend  justifier  Calvin  des  accusations  faites 
mntre  lui^  tant  par  Bolsec^  Berthelier  qu  autres;  et  il  se 

(1)  Les  véritables  auteurs  de  cet  ouvrage,  sont  :  l'abbé  de  Bonrzeys,  de 
VUle ,  Marivau ,  etc.  {K  Dreux  du  Radier,  BB.  du  Poitou^  t.  III,  p.  38o.) 

TOME  I.  25 


386  DRE 

voit  comme  ledit  Calvin  est  auteur  de  la  religion  prétendue 
réformée  j  et  comme  ceux  de  Gefièi^e  ont  changé  deux  fois 
de  religion  en  moins  de  huit  ans;  par  le  sieur  François  Mau^ 
doit.  Lyon,  1669,  in-S**.  (/^<JKo  surTouvrage  de  Drelin- 
courte  Joly,  Remarques  sur  le  Dict.  de  Bajlcj  p.  18.) 

Ses  opuscules. 

XXV .  LeOre  à  M.  du  Moulin  sur  l'imposture  découverte 
du  prétendu  ministre  FUteneus^C:,  avec  Ut  réponse  de  du 
Moulin  à  ladite  lettre.  Sedan,  Jean  Jannon,  i63o,  in-S"*, 
p.  56*,  it.^  Genève,  Aubert,  i63i ,  in-8f**,  p.  48. 

C'est  une  réponse  à  la  lettre  du  sieur  Filleneui^Cj  ministre 
de  MirebeaUj  touchant  sa  coni^ersion.  (Paris,  i63o,  in-S"".) 

XXVI .  Lettre  de  c(msQlation  à  M,  et  à  M"^  de  la  laiba^. 
rière  (sur  le  décès,  du  baron  de  Sainte-Hermine^  leurjils  aine). 
Char.,  Martin,  i632,  in-8**,  p.  192. 

Cest  un  recueil  composé  de  vingt-cinq  lettres,  de  du 
Moulin ,  de  le  Blanc,  de  Beaulieu,  de  Rivet,  etc.,  et  oài  il  vlj 
en  a  qu'une  seule  de  DreUncourt,  p.  161-— 19a  :  elle  est 
datée  de  Paris,  le  a  février  i63o. 

XXVIt.  Lettre  à  M'^  la  marquise  douairière  de  la  Mous- 
sajre  (  I  ) ,  pour  réponse  à  celle  du  P.  Hautain  j  jésuite  de  Lille 
en  Flandre  J  écrite  le  30  mars  i643.  Char.,  Cellier,  i643y 
in-S**,  p.  16. 

XXYlïl.  De  l'honneur  dûauSacrement.Gen.f  ï647>  Î'^-S*- 
C'est  un  Mémoire  relatif  à  larrét  du  conseil,  raodu  en 
16479  concemaiit  les  hommages  dâs  au  sacrefnent  auguste 
de  l'Eucharistie.  <(  Ce  Mémoire,  très-bien  écrit,  dit  Erman  y 
))  nous  a  donné  la  plus  grande  idée  de  la  logique  de  Drelin- 
»  .court  :  il  y  plaide  d'une  manière  intéressante  la  cause  de 
»  ceux  qui  refusaient  au  Sacrement  les  démonstrations 
»  d'honneur  que  Tarrét  exigeait  d'eux.  »  (Erman,  Mém.  du 
Refuge  J  t.  III,  p.  342.) 

(1)  Henriette  Catherine  de  la  Tour,  fil!c  de  Henri  de  la  Tour,  prince  de  Se- 
dan ,  mariée  à  Amauri  Gouyon^  marquis  de  la  Moussaye,  le  11  avril  1639, 


DRE  387 

XXIX,  Béponse  à  M.  Fincent  {ministre  de  la  Rochelle)^ 
sur  la  conversion  de  M.  Jarrigtj  datée  de  Paris ^  le  nxf  jour 
de  l'an  1648  :  inipr.  p.  83-— 87  de  la  Déclaration  de  Pierre 
JarrigCj  cirdeuant  Jésuite.  Leyde,  duPré,  1648,  in-B",  p.  87. 

XXX.  Lettre  d'un  Iwbitant  de  Pcais  à  un  de  ses  amis  de 
la  campagne  j  sur  la  Remontrance  du  clergé  de  France  faite 
au  roi  (^Lottis  XIF^j  par  M.  l'tuvhevique  de  Sens  (i),  au 
mois  d'août  i656.  Genève,  i6ô6,  m-4^  de  près  de  100  pag. 

Cette  lettre,  qui  parut  sous  le  nom  de  Philalèthes^  c'est^ 
àniire  Ami  de  la  vérité j  est  contre  la  Remontrance  du  clergé 
de  France  j  faite  au  roi  par  Louis  Henri  de  Goudrin^  àrch, 
de  Sens.  Paris,  Vîtray,  i656,  in-4'*»  laquelle  roula  sur  les  vio- 
lences et  infractions  des  Protestans.  Dnslincourt  tâche  de  les 
justifier  de  toutes  les  inculpations  dont  ils  sont  chargés  par  ce 
prélat.  Bayle(au  motPar^i^mu'^  ville  duPoitou),  parle  de  cette 
lettre,  qui  fut  brûlée  par  la  main  du  bourreau  comme  un  li*^ 
belle.(^.  Benoist,  Ilist.  de  VEdit  de  Nantes  j  t.  III,  p.  ai5.)  ' 

X!^XI.,Za  Coni^ersion  de  M.  Jarrige  (2).  Charenton, 
I658,în-8^ 

XXXII.  Cin^  lettres  sur  rEpiscopatd'Angleterre.'Genève^ 
f66o,  in- 12,  p.  60;  it.j  sine  loco  etannoj  in-8°,  p/6i.  Lep 
trois  premières  sont  adressées  à  M.  Brevint,  la  quatrième  à 
Gh.  Drelincourt  fils ,  et  la  cinquième  à  Laurent  Drelincourt. 

Elles  roulent,  non^eulement  sur  Fépiscopat ,  mais  encore 

(1)  Et  non  par  l'archevêque  de  Paris,  comme  l'a  dit  Barbier,  n«  9709  de 
Sun  Dictionnaire  des  Anonymes. 

(a)  Le  P.  Jarrige,  jésuite,  prûfes  du  4*  vœu,  se  fit  protestant ,  et  retourna 
ensuite  dans  sa  «ociété*  11  a  écrit ,  durant  sa  défection ,  un  livre  curieux  înti- 
tulé  :  Les  Jésuites  mis  sur  l'échafaud,  pour  plusieurs  crimes  capitaux  par  eux  com- 
mis dans  la  province  de  Guyenne ,  avec  la  réponse  aux  calomnies  de  Jacques  Beau- 
fés  (jésuite).  Leyde ,  1649,  in-6*,  p.  96.  Alegambe  et  8otvfel  ne  parlent  point 
,dc  cet  ouvrage  daias  leurs  biographies  des  Jésuites.  Ils  se  contentent  de  signa- 
ler le  P.  Jarrige  comnie  un  saint  homme.  En  général  «  les  Biographes  des  ordres 
religieux  aiment  à  exagérer  les  éloges  :  leurs  confrères  sont  presque  toujours 
des  saints  ou  des  savans  du  1*'  ordre.  Alegambe  et  Sotwel  se  sont  laissés  aller 
au  torrent  ;  rarement  ils  se  contiennent  dans  de  justes  bornes. 

a5* 


388  DRE 

sur  le  signe  de  la  Croix ,  lusage  du  surplis ,  et  quelques  au- 
très  rites  de  FEglise  anglicane.  Drelincourt  s^y  déclare  pour 
la  biërarchie  et  les  usages  de  cette  Eglise ,  et  traite  durement 
les  Anglais  qui  persistaientà  ne  pas  s'y  conformer.  {Voy.^  sur 
ces  lettres  et  quelques  autres  seifiblaËles ,  p.  i68  et  suiv.  de  ' 
Y  apologie  des  Puritains  d'Angleterre  à  MM.  les  Pasteurs  et 
Anciens  des  églises  réform.  en  France.  (Genève,  1 663 ,  in-S** .  ) 
XXXin.  Lettre  à  M.  Stoupe  j  sur  le  rétablissement  de 
Charles  II j  roi  de  la  Grande-Bretagne,  Genève,  1660,  în-8®. 

XXXIV.  Lettre  touchant  la  religion  du  roi  d'Angleterre^ 
Genève,  1660,  in-8**. 

Ph.  Dubois  Ta  faussement  attribuée  à  Samuel  de  T  Angle , 
ministre  de  Téglise  de  Rouen ,  et  petit -neveu  du  ministre 
Pierre  du  Moulin ,  dans  sa  Bibliotheca  TeUeriana^  p.  i36. 

XXXV.  Réponse  de  Charles  Drelincourt  à  la  lettre  écrite 
par  Ernest^  landgras^e  de  HessCj  aux  cinq  ministres  de  Paris 
qui  ont  leur  exercice  à  Charentonj,  plus  trois  Lettres  audit 
landgras^e.  Genève,  de  Tournes,  1662,  in-8%  p.  626;  it.^ 
Genève  fibidj  i663,  in-8°,  p.  626;  it.j  Genève,  ibidj  1664, 
in-8**,  p.  584  >  '^'^  Genève,  Ghouet,  i665,  in-8**  ;  it.j  Franc- 
fort (Hollande),  1765,  in-8**5  it.,  seulement  les  trois  Lettres 
au  Prince  Ernest j  landgrave  de  Hesse^  sur  son  changement  de 
reZ^bn.  Char.,  de  Varenne,  1664,  in-8%  p.   148. 

Le  prince  de  Hesse  y  a  répondu  à  la  suite  d'une  nou- 
velle édition  de  la  Lettre  du  Prince  Ernest,  landgrax^e  de 
Hesse  j  aux  cinq  ministres  de  la  religion  prétendue  r formée 
de  Paris  J  qui  ont  leur  exercice  à  Charenton;  a\fec  sa  Ae- 
plique  sur  la  Réponse  de  Ch.  Drelincourt,  Liège,  veuve 
Bronckart,  i663,  in-8°,  p.  292-,  it,j  trad.  en  bollandois. 
Rotterdam,  1669,  in-8°*,  et  en  allemand.  Paris,  in-8°. 

La  Réponse  de  notre  savant  Ardennais ,  que  les  derniers 
éditeurs  de  Moréri ,  ont  mal  à  propos  attribuée  à  Charles 
Drelincourt  son  fils ,  ((  est  écrite  dans  le  goût  de  tous  ses 
»  autres  ouvrages*,  le  style  len  est  simple,  aisé,  mais  cepen- 
))  dant  noble  et  nerveux.  Ce  ministre  n'est  point  véhément. 


DRE  389 

»  mais  pathétique',  un  caractère  de  douceur,  de  candeur  et 
»  deprobité  brîUedans  sesëcrits.  »  (D'Ai^ens,  Mérh. secrets, 
1. 1,  p.  345.) 

XXXVI.  Lettres  de  M*  Drelincourt  à  M.  de  Balzac^ 

de  Paris ^  26  avril  1 65 1  ;  Béponse'de  M.  de  Balzac  à  M»  Dre-^ 

lincourt;  de  Balzac j  16  octobre   i65i  :  imprimées  dans  le 

t.  II,  p/ 1021  —  102a  des  Œuvres  de  Balzac.  (Paris,  Jolly, 

i665 ,  2  vol.  in-fol.) 

XXXVII.  Rlietorica  sacro-prof ana  j  à  Car.  DreUncurtia, 
Jims  suis  juniaribus  Antonio  et  Petro  Parisiis  dictata  anno 

1669;  tractatus  postkumus.  Leyde,'Parmentier,  1687,  in-12, 
p.  238* 

Cet  ouvrage  méthodique,  dont  Ch.  Drelincourt  le  fils  est 
éditeur,  traite  des  quatre  principales  parties  de  la  rhétorique  : 
la  Métonymie  ,  Tlronie,  la  Métaphore  et  l'Hyperbole. 

«  En  expliquant  la  première  de  ces  figures,  à  ToccasioA 
»  d'un  passage  des  Actes  des  Apôtres ,  où  saint  Pierre  dit , 
»  ^uil  na  ni  or  ni  argent ^  mais  qu'il  donne  ce  quil  possède j 
»  Fauteur  remarque  la  ridicule  coutume  du  Pape,  lorsque,  le. 
»  jour  de  son  couronnement,  il  jette  au  peuple  romain  quelque 
»  monnaie  d'airain,  en  lui  disant  comme  saint  Pierre  à  Ta- 
»  veugle ,  je  nai  ni  or  ni  argent j  mais  je  donne  ce  quej'ai,, 
»  et  qui ,  un  moment  après,  lorsqu'on  Ta  placé  dans  la  chaire 
»  percée,  distribue  de  la  monnaie  d'argent,  en  pronon- 
»  çant  ces  paroles  de  David  :  Il  a.  distribué j  il  a  donné  aux 
»  pauvres j  sa  justice  demeure  éternellement,  »  (Bernard,,. 
Nouv.  de  larépub.  des  Lettres  j]\ùn  1687,  p.  662.) 

Le  Clerc  a  fait  l'éloge  de  cette  Rhétorique  en  1688 ,  dans 
le  t.  VIII,'  p.  4^3 — ^4^9  ^^  s*  Bibliothèque  universelle  et  \ 
historique;  néanmoins  Gibèrt  n'en  a  point  parlé  dans  ses 
Jugemens  des  Savons  sur  les  auteurs  qui  ont  traité  de   la 
Rhétorique. 

XXXVni.  Lettre  de  l'Église  de  Paris  aux  Pasteurs  et 
Anciens,  assemblés  dans  le  sjnoûe  national  de  Castres ^  en 
1626  :  insérée  par  Aimon  dans  le*  t.  Il,  p.  44' "^44^  ^^ 


'igo  DRE 

Synodes  nationaux  des  églises  réformées  de  France.  (La 

Haye^  Delô,  i^io,  a  vol.  m-4*') 

Cette  lettre ,  datée  de  Paris,  le  20  août  1626,-  a  trait  au 
choix  que  cette  Eglise  avait  fait  de  Daillë  pour  ministre , 
après  la  mort  de  Durant  :  elle  est  souscrite  par  Drelincourt 
pasteur,  et  par  Bigot,  Tardif,  Dinets,  Massanes,  Millet, 
Raillard  et  Mandats ,  anciens. 

XXXIX.  Lettre  à  madame  de  la  Trimoilte  (i)  sur  la 
réuoUe  de  son  époux,  i6.«..,  in^^. 

Bayle  nous  a  laissé  ignorer  la  date  de  cette  lette ,  qui  a 
écbiappé  à  nos  recherches. 

XL.  Lettre  de  consolation  à  Josué  de  la  Place,  (Moréri  , 
uerbo  de  la  Place.)  Ellle  est  peut-être  dans  les  OËuvres  de  ce 
professeur,  réimprimées  à  Francker  en  fjoi ,  in*4*. 

XLL  L'Église  réformée  de  Charenton^  à  la  Reine-mère 
{Anne  £  Autriche)  ^  en  1649*,  i"^~4*>  ^^• 

C^est  une  requête  où  il  est  traité  du  devoir  des  sujets  en- 
vers leurs  princes,  et  des  princes  envers  leurs  sujets.  La 
grande  influence  de  notre  auteur  sur  son  troupeau ,  nous 
porte  à  croire  qu'il  a  pris  pai;t  à  la  rédaction  de  oette  requête, 
dont  l'original,  contenant  47  pages ,  était  conservé  dans  le 
cabinet  de  Fontette.  (Biblioth*  Hist._,  1. 1,  n°  SgjS.) 

On  a  attribué  à  Drelincourt  d  autres  productions  qui  ne 
sont  point  de  lui.  Tel  est  le  Hibou  des  Jésuites^  voy.  notre 
note  sur  cet  opuscule  dans  le  Dict,  des  Anonymes  ^u''  ^aSo. 

Son  portrait  :  1°  Fr.  Maxot,  in-fol.;  a°  N.,..,  i658*, 
3<»  Holstein,  in-8°;,  4^  Desrochers,  in-8° -,  S'^dans  le  Theatrum 
de  Freher*,  6**  âgé  de  soixante^huit  aps,  W.  Vaillant  piwrr. , 
L:  Vischer  Se. ,  i665 ,  pour  le  livre  des  Consolations  contre 
les  frayeurs  de  la  mort^  avec  ce  quatrain  en  bas  : 

Quel  dBtre  peut  mieux ,  ô  mortel  ! 

Dans  la  mort  t'apprendre  à  revivre , 

Que  celui  qui  par  ce  saint  livre ,  ^ 

S'est  rendu  lui-même  immortel. 

(1)  Marie  de  la  Tour,  seconde  fille  de  Henri  de  la  Toui' ,  prince  de  Sedan , 


DUB  391 

DUBOIS-GRANCÉ  (Edmond  Louis  Alexis^^  successive- 
ment mousquetaire,  lieutenant  des  marëcbaux  de  France, 
membre  de  Tassemblëe  constituante ,  de  la  convention ,  du 
conseil  des  anciens ,  ministre  de  la  guerre  depuis  le  1 5  sep- 
tembre jusqu'au  10  novembre  1799  9  puis  général  de  divi- 
sion, avec  traitement  de  réforme,  né  à  Gharleville  le  ^4 
octobre  1747?  mort  à  Balham,  près  deRetbel,  le  29  juin 
i8i4*  Nous  croyons  devoir  renvoyer  aux  diverses  biogra- 
phies ,  les  lecteurs  curieux  de  le  connaître  plus  particuliè- 
rement (i). 

Ses  portraits  :  i^  Laneuvillepinx.^  en  cultivateur-,  a""  Da- 
vid pinx.j  Miger^fe/.,  in-4'**,  3"*  Bonne  ville  5C.,  in-8°, 

DURAND  {Abraham) j  naquit  à  Sedan  vers  1600.  Lors- 
qu'il fut  en  âge  d'étudier,  on  lui  fit  apprendre  les  langues 
grecque  et  latine ,  qui  étaient  alors  également  cultivées  dans 
sa  patrie.  Il  passa  ensuite  de  la  philosophie  à  la  médecine ,  et 
fut  admis  au  doctorat.  Après  avoir  acquis  une  théorie  pro- 
fonde de  son  art,  il  y  joignit  la  pratique ,  ce  qui  ne  Fempécha 
pas  d'occuper  une  chaire  de  professeur  ordinaire  de  philo- 
sophie ,  à  laquelle  le  conseil  des  Modérateurs  de  l'Académie 
de  Sedan  Tavait  nommé  en  i63o  (a). 

Son  nom  figure  dans  le  procès-verbal  de  la  réception  du 


mariée  le  19  janv.  1619  avecHenri  de  la  Treinoille ,  duc  de  l'hoaars,  morte 
le  24  mai  i665. 

(1)  Il  a  publié  plusieurs  brochures  sur  la  conscription,  les  finances  «  les  tra- 
vaux des  assemblées  nationales ,  et  un  Mémoire  sur  ta  contribution  foncière  , 
suivi  d'un  projet  de  toi  motivé,  pour  opérer  ta  conversion  de  Cimpôt  en  numéraire 
en  une  prestation  en  nature,  dans  ta  répubtique,  et  éTune  réponse  à  différentes 
objections,  Rethel,  Guivard,  i8o4,  in-S*,  p.  23a.  On  lui  attribue  Supptémeni 
à  ta  galerie  de  fJssembtèe  Nationate.  (Paris)  1789,  in-8<>,  p.  5o.  Le  véritable 
Portrait  de  nos  Législateurs ,  ou  Galerie  des  tableaux  exposés  à  ta  vue  du  public 
le  S  mai  (ly^)^  jusqu'au  1*»  octobre  1791.  Paris ,  179a ,  in-8«». 

(a)  Il  j  avait  en  France  neuf  autres  académies  protestantes,  savoir  :  Castres, 
Gbfttillon-sur-Loing ,  Montauban,  Mon^ellier,  Nismes,'Orthez,  Puy-Lau- 
reos,  Saumuc  et  Strasbourg ,  auxquelles  il  faut  joindre  les  collèges  de  Berge- 
rac ,  Béziers ,  Gaen ,  Die  et  Orange.  On  n'a  point  écrltjeur  histoire. 


392  DUR 

serment  de  fidélité  prête  à  Louis  XIV,  le  aQ  avril  i644*  ^ 
connaissait  à  fond  la  topographie  médicale  de  la  principauté 
de  Sedan.  L'IiistCHre  nous  laisse  sans  lumières  sur  la  suite  et 
la  fin  de  sa  vie.  On  a  un  échantillon  de  son  savoir  dans  l'ou- 
vrage suivant  : 

L'Hîdrogéomanie  Sedanoise^  ou  Discours  en  forme  de  dis- 
pute ^  sur  la  nature  de  Vair^  terre  et,  eau  qui  sont  autour  de 
Sedan  j  et  des  causes  des  maladies  populaires  qui  ont  a£coutumé 
de  régner  dans  cette  ville  /  par  AbraJutm  Durand  j  docteur  en 
médecine  j  et  professeur  ordinaire  de  philosophie  en  VAca-* 
demie  de  Sedan.  Sedan ,  Pierre  Jannon,  i65i,  in-8°',  ra- 
rissime. 

L'auteur  fixe  la  situation  de  Sedan  à  peu  près  sous  le 
tre,ntième  degré  de  longitude,  et  le  quarante-neuvième  de 
latitude  boréale.  Une  aiguille  aimantée  y  varie ,  selon  lui  y 
de  cinq  degrés ,  ou  environ.  D  paraît,  par  cet  ouvrage,  que 
Veau-de-*vie  de  grain  était  fort  en  usage  alors  dans  la  prin- 
cipauté de  Sedan. 

DURAND  (^fee/we),  de  Rethel,  naquit  dans  cette  ville  ;,. 
le  6  janvier  1669,  ^^  Nicolas  Durand.  Après  le  cours  ordi- 
naire d'humanités  et  de  philosophie ,  il  se  livra  avec  autant 
d'ardeur  que  de  succès  à  l'étude  du  droit ,  qui  devait  être 
la  science  de  toute  sa  vie  -,  il  se  fit  recevoir  avocat  au  parle- 
ment^ et  honora  sa  patrie  par  ses  talens,  et  la  servit  par  ses 
connaissances  en  jurisprudence.  Il  finit  ses  fours  à  Rethel  le 
28  fêvrier  1^35.  Une  étude  approfondie  de  la  science  des 
lois ,  qu'il  regardait  comme  nécessaire  à  Fhomme  fait  pour 
vivre  en  société ,  une  morale  sévère ,  une  intégrité  irrépro- 
chable dans  ses  fonctions,  lui  avaient  acquis  l'estime  de  ceux 
qui  savent  juger  le  savoir,  et  qui  connaissent  le  prix  de  la 
vertu.  A  la  candeur  et  à  la  probité  champenoise ,  il  joignait 
un  désintéressement  très-rare.  Le  malheur  et  l'infortune 
trouvaient  en  lui  un  patron  aussi  actif  que  généreux.  Il  était 
à  toute  heure  accessible  à  la  veuve  et  à  l'orphelin  :  d'où  Ton 


DUR  393 

peut  conclure  que  quoiqu'il  fût  célibataire ,  sa  bienfaisance 
lui  faisait  goûter  en  quelque  sorte  les  douceurs  de  la  pater- 
nité. Il  a  publie  : 

La  Coutume  du  bailliage  de  Fitryj  en  Perthois^  OJi^c  un 
Commentaire  y  et  une  Description  abrégée  de  la  Noblesse  de 
France.  Ghâlons,  Bouchard,  17229  in-fol.^  p.  750.  On  y 
voit,  p.  595  et  6269  une  liste  alphabétique  des  villes ,! 
bourgs  et  villages  régis  par  la  coutume  de  Vitry,  quoique 
dépendant  de  plusieurs  autres  juridictions,  dont  Fauteur 
fait  la  distinction^  en  donnant ,  par  occasion ,  diverses  re- 
mai^jnes  historiques.  (Joum.  de  F^erdun^  nov.  1722 ,  p.  33i7 
et  341.) 

Le  catalogue  MS.  de  la  BB.  du  roi ,  et  le  Dictionnaire  des 
Anonymes  lui  attribuent  encore  :  Introduction  au  barreau  j 
ou  Dissertations  sur  les  choses  principales  qui  concernent  la 
profession  d'as^ocat.  Paris,  le  Camus,  1686,  in-12,  p.  264* 
(BB.  du  roi,  F.  4^7<^')  L'auteur  de  cette  production  y  «st 
désigné  dans  le  privilège,  par  la  lettre  initiale  D**^.  Il  n'est 
pas  vraisemblable  qu'elle  soit  sortie  de  la  plume  ^  de  notre 
jurisconsulte ,  qui  n'avait  que  diiL-sept  ans  lorsqu'elle  parut. 
Nous  soupçonnons  qu'elle  est  de  N***  Durand,  greffier  du 
domaine  du  duché  de  Rethel  en  1667. 

>  C'est  ajouter  en  quelque  façon  à  l'Hommage  que  nous 
avons  rendu  à  la  mémoire  de  l'avocat  Durand ,  que  de  rap- 
peler qu'il  n'est  pas  le  seul  qui  ait  illustré- sa  famille  en 
servant  sa  patrie.  C'est  de  lui  que  nous  apprenons  que  «  son 
»  aïeul,  Etienne  Durand ^  écheVîn-gouverneur  de  Rethel 
»  en  i65o,  combattit  et  perdit  la  vie  pour  exempter  cette 
»  ville  du  sac  et  du  pillage ,  dont  elle  était  menacée  par  une 
»  troupe  de  Polonais,  rebelles  aux  ordres  du  roi.  »  {Coût, 
de  Vitry j^  p.  224.)  Cet  événement  se  rapporte  au. lundi  gras, 
dernier  jour  de  février  i65o.  Durand  mourut  de  ses  bles- 
sures le  2  mars,  jour  des  Cendres.  {Hist.  {MS^^  ou  Chrono- 
logie des  seigneurs  et  ducs  de  Rethel.) 


394  DUR 

DURBAN  (^Jean  Baptiste  Bertrand) j  eit  ne  le  27  avril 
1 73a.  Après  avoir  fait  ses  études  à  Sedan  et  à  Verdun ,  il 
vint  se  fixer  à  Paris,  où  il  s'occupa  de  finances.  Nommé 
directeur  de  la  régie  en  1769,  il  en  remplit  les  fonctions 
pendant  seize  ans ,  et  travailla ,  sans  qualité ,  sous  le  ministre 
Tui^ot,  à  un  plan  général  des  finances  :  une  pension  de 
36oo  liv.  fut  le  prix  de  ses  services.  Il  s'était  retiré  à  Mouzon , 
sa  ville  natale ,  en  1 776 ,  avec  l'intention  d'y  finir  ses  jours  ; 
mais  le  contrôleur  général  de  Galonné  le  rappela ,  en  1784  7 
pour  être  son  premier  commis.  Il  en  remplit  les  fonctions 
durant  quatre  ans ,  et  mourut  à  Paris ,  le  24  décembre  1809. 
On  a  de  lui  : 

I.  Essais  sur  les  Principes  des  Finances.  Paris,  Prault, 
1769,  in-8%p.  194. 

II.  Eloge  de  Colbert  (avec  cette  épigraphe  :  Libéra  per 
vacuumvestigia  princeps.  Horat.).  Paris,  ibid,  ^773,  in-8, 
p.  64* 

III.  Traité  de  l'Impôt.  Paris ,  Bleuet  et  Cherfils ,  an  vi — 
Ï797,  in-8%  p-  239. 

Ce  discours  a  concouru  pour  le  prix  proppsé  par  T  Acadë- 
liiie  française,  que  Necker  remporta (1). 

(1)  Voici  une  lettre  inédite  de  Fréron,  adressée  à  Darban  sur  cet  opuscule  : 

«  J'ai  lu^  Monsieur,  avec  beaucoup  de  plaisir,  votre  éloge  de  Golbert ,  et  je 

>»  suis  du  sentiment  de  vos  amis  qui  vous  conseillent  de  le  faire  imprimer.  Au- 

»  tant  que  je  puis  juger  de  ces  matières ,  qui  sont  fort  au-dessus  de  ma  portée^ 

•  il  me  parait  que  vous  avez  supérieurement  saisi  l'esprit  de  Golbert  et  ses 
»  opérations.  Vous  les  avez  clairement  exposés ,  *et  vous  avez  su  bannir  de 
»  votre  analyse  cette  obscurité  qui  couvre  presque  toujours  les  écrits  sur  la 
»  finance.  Le  vôtre,  je  l'entends  très-Aisément,  et  c'est,  selon  moi,  un  très- 

•  grand  mérite,  parce  qu'enfin  on  ne  doit  écrire,  comme  on  ne  doit  parier, 
»  que  pour  être  entendu.  Je  serai  bien  charmé ,  Monsieur,  lorsque  votre  ou- 
»  vrage  sera  imprimé,  de  lui  rendre  publiquement  le  tribut  d'estime  et  d'éloge 
»  que  je  lui  rends  ici  en  particulier.* Si  je  n'entends  rien  en  finance  et  en  ad- 
»  ministration  économique ,  je  me  4îonnaia  un  peu  en  style ,  et  le  vôtre  ,  Je  le 
»  trouve  noble,  élégant  et  sain.  »  (i5  sept.  1773.}  — Le  journaliste  tint  parole  » 
en  rendant  un  compte  avantageux  de  l'ouvrage,  dans  V  Année  Littéraire,  1773, 
t.  V,  p.  217  et  a3i.. 


EST  395 

ESTREBAY  (^Jacques  Louis  D'),  rhéteur  qui  figure  au 
premier  rang  dans  les  fastes  littéraires  du  xvi*"  siècle,  mérite 
d'être  arraché  à  Tobscurité  où  il  croupit  aujourd'hui.  La 
biographie  ne  Ta  connu  qu'imparfaitement,  et  les  biblio- 
graphes sont  loin  d^avoir  donné  un  catalogue  exact  et  com- 
plet de  ses  ouvrages.  Nous  tâcherons  d'y  suppléer. 

Il  naquit  en  148 1 ,  près  de  Kumigny,  diocèse  de  Reims, 
au  village  d'Estrebay,  dont  il  prit  le  nom,  qu'il  latinisa  par 
celui  de  Strebœus  (i).  La  pauvreté  entoura  son  berceau; 
mais  les  dispositions  hem*euses  qu  il  manifesta  dès  son  en- 
fance ,  l'affranchirent  des  rigueurs  du  sort.  I)es  personnes 
généreuses  Fayant  remarqué ,  l'envoyèrent  à  Paris,  où  il  fit 
des  études  brillantes ,  et  d'où  il  partit  pour  venir  professer  à 
Reims,  métropole  de  sa  province.  On  apprend  de  Marlot 
qu'il  y  occupait  la  chaire  de  rhétorique  dès  l'année  i5oo  : 
l'école,  de  cette  ville,  qui  n'était  pas  encore  érigée  en  uni^ 
versîté,  reprit  en  peu  de  temps  une  face  nouvelle  sous  d'Es- 
trebay.  Il  aurait  pu  se  fixer  dans  ce  pays ,  où  il  avait  jeté  les 
premiers  fondemens  de  sa  réputation,  et  y  vivre  dans  la  paix 
et  l'aisance-,  mais  ivre  d'espoir,  il  retourna  dans  le  lieu  qui 
avait  été  le  théâtre  de  ses  premiers  exercices ,  pour  se  livrer 
de  nouveau  à  l'éducation  de  la  jeunesse.  U  y  vaquait  au  col- 
lège de  Sainte-Barbe,  dit  Léger  dû  Ghesne  (2) ,  quand  on  le 

(1)  Nos  biographes ,  auxquels  le  lieu  natal  de  notre  Ardennais  a  été  inconnu , 
ont  firancisé  le  nom  de  Strebœuê  par  celui  de  Siribée.  Dom  le  Long ,  né  dans 
les  environs  d'Estrebay,  a  redressé  cette  erreurj  en  lui  donnant  le  nom  de  ce 
village.  D'ailleurs ,  on  est  fondé  à  récrire  de  cette  manière ,  d'après  la  signa- 
ture d'an  homme  de  sa  famille ,  laquelle  exbtait  à  Reims  dans  le  xvni*  siècle. 
Une  fille  de  oe'  nom ,  âgée  de  soixante-dix  ans ,  vivait  encore  dans  cette  viUe 
en  janvier  1774* 

(a)  Lesdegarii  à  Quercu  oratianeula  habita  Lutetiœ,  catend,  octob,,  cum  ausptr 
caturus  esset  Timœum  Ciceronis,  in  Athenœo  Êarbarano.  Paris ,  V*  Attaignant , 
1557,  p.  7.  (BB.  duroi,  X.  ^a440 


396  EST 

choisit,  avec  Henri  Labêrius  et  Antoine  Pin,  pour  aller  re- 
lever Tempire  du  bon  goût  dans  différentes  provinces. 

C'est  à  lui  que  le  docteur  Femel  est  redevable  de  sa  litté- 
rature. «  La  réputation  d'Elstrebay  était  déjà  connue  en  1 53o, 
»  lorsqu'il  se  lia  avec  ce  médecin  célèbre ,  qu'il  savait  être 
»  très  bon  mathématicien.  Durant  deux  années  entières, 
»  ils  firent  \  pour  ainsi  dire ,  un  échange  de  leur  savoir  : 
»  d'Estrebay  apprit  de  Femel  les  mathématiques ,  çt  Fernel 
»  d'Estrebay  les  finesses  de  la  belle  littérature.  Son  goût 
»  s'épura  sous  ce  maître,  son  élocution  ^'embellit,  et  son 
»  style  devint  noble  et  majestueux.  »  (Note  communiquée 
par  Coquebert  deTaisy,  extraite  des  MSS.  du  médecin  Grou- 
lin,  Remois.) 

Dans  la  suite,  le  cardinal  Jean  le  Veneur,  évéque  de  Li— 
zîeux ,  attira  d'Estrebay  auprès  de  lui ,  pour  enseigner  Télo- 
quence  à  deux  de  ses  parens,  que  nous  croyons  être  Tannegui 
et  Gabriel  le  Veneur,  ses  petits -ne  veux,,  nés  vers  iSijr  ou 
i5,i8. 

Dévoué  par  état  à  l'instruction  de  la  jeunesse ,  il  employa 
tous  ses  soins  à  la  former  dans  les  principes  des  grands  maî- 
tres ,  dans  Fart  d'écrire  et  de  parler  éloquemment.  C'était 
en  discutant  leurs  beautés ,  en  indiquant  les  moyens  de  les 
imiter,  en  comparant  leur  manière  à  celle  des  modernes, 
qu'il  créait  dans  Famé  de  ses  élèves  un  noble  enthousiasme 
pour  la  belle  antiquité. 

Son  style  est  souvent  harmonieux,  toujours  élégant  et 
correct  :  il  faisait  ses  délices  de  la  lecture  de  Démosthènes , 
de  Cicéron  et  de  Quintilien ,  un  des  hommes  de  ranti<}uité 
qui  ont  eu  le  plus  de  sens  et  le  plus  de  goût.  Soii  livre  du 
choix  et  de  Tarrangement  des  mots ,  ses  beaux  commentaires, 
ses  fidèles  versions ,  lui  assurent  à  jamais  une  place  distin- 
guée parmi  les  classiques  savans  dans  lart  oratoire. 

«  En  effet,  remarque  Gibert,  si  les  personnes  passionnées 
»  pour  l'éloquence  veulent  s'instruire  des  règles  de  l'art  dans 


EST  397 

les  ouvrages  de  Cicéron,  on  peut  dire  qu'elles  ont  beau- 
coup d^obligatioa  à  d'Estrebay .  Il  serait  difficile ,  ce  me 
semble,  de  faire  rien  de  meilleur  que  ses  Commentaires , 
soit  sur  les  trois  Dialogues ,  soit  sur  le  livre  de  TOrateur. 
»  Quant  à  Touvrage  qu'il  a  lui-même  composé  touchant 
rélocution ,  et  dans  lequel  il  traite  particulièrement  du 
choix  et  de  Tarrangement  des  mots ,  il  nous  apprend 
^Epist.  Xj  p.  I  )  qu  il  le  fit  à  ses  heures  perdues  \  et 
cependant,  rien  ne  peut  être  ni  plus  poli  ni  mieux  en- 
tendu. Ce  qui  le  porta  à  Técrire ,  fut  le  désir  de  chasser  la 
barbarie  qui  s'était  introduite  parmi  ceux  qui  parlaient 
klin.  Il  n'y  en  avait  pas  un  entre  mille  qui  parlât  cette 
langue  avçc  la  pureté ,  la  clarté  et  l'harmonie  qui  lui  sont 
propres;  les  plus  savans  même  n'avaient  nulle  idée  de 
toutes  ces  choses  :  il  avoue  néanmoins  que  la  connaissance 
des  beaux-arts  semblait  renaître*,  et,  comme  il  voulait  y 
contribuer,  il  entreprit  d'enseigner  aux  jeunes  gens  com- 
ment se  forme  le  style ,  quels  auteurs  il  faut  imiter,  com- 
ment il  &ut  choisir  ses  termes ,  de  quelle  manière  il  faut 
les  ranger,  en  un  mot ,  comment  il  faut  s'exprimer. 
))  Il  s'étend  sur  les  différences  des  termes ,  matière  fort 
ample,  au  jugement  de  Cicéron  (^estenim  locus  latèpatens 
de  naturd  usiujue  verborum,  (Gic),  qui  s'est  pourtant  con- 
tenté de  la  désigner,  sans  la  traiter,  non  plus  que  Quin- 
tilien,  ni  aucun  de  ceux  qui  sont  venus  ensuite-,  il  mêle 
partout  des  exemples  avec  les  préceptes;  il  développe  la 
nature  et  le  rapport  des  syllabes  ;  il  fait  sentir  ce  qui  pro- 
duit l'harmonie  dans  le  discours ,  aussi  bien  que  ce  qui 
fait  les  différens  styles^  et  il  croit  pouvoir  se  flatter,  sinon 
de  dire  quelque  chose  de  plus  soUde  que  les  autres,  du 
moins  de  s'expliquer  mieux ,  et  de  traiter  sa  matière  plus 
à  fond. 

»  H  fait  voir  pourquoi ,  de  tant  de  personnes  qui  se  mêlent 
»  d'écrire,  il  y  en  a  si  peu  qui  s'entendent  au  choix  des 


ï> 


«I 


398  EST 

»  mots  et  à  leur  arrangement  :  ils  n'ont  point  d^habiles  maî* 
»  très*,  ils  puisent  dans  de  mauvaises  sources ,  dans  des  re- 
»  cueilsde  formules,  d'élëgances  de  mots  et  de  phrases  (1)^ 
»  ils  né  vont  point  aux  originaux ,  ils  ne  composent  pas  avec 
»  soin^  et,  faute  d'intelligence,  ils  tombent  dans  une  mau- 
»  vaise  affectation  de  transposer  les  mots,  même  en  des  oc- 
»  casions  où  Tordre  naturel  vaudrait  beaucoup  mieux.     "' 

»  D'Estrebay  croit  encore  qu'il  faut  commencer  la  rhëto- 
»  rique  par  les  préceptes  de  Tëloculion ,  parce  que  c'est  aux 
»  maîtres  à  fournir  la  matière ,  et  la  manière  de  la  traiter, 
M  aussi  bien  que  la  disposition  et  Tordre.  Outre  que  Tordre 
))  est  plutôt  un  effet  de  Tesprit  et  de  la  prudence  que  des 
»  règles ,  Tinvention  de  même  est  une  chose  de  sens  corn- 
»  mun*,  çt  elle  vient  avec  la  prudence  et  le  jugement,  à 
»  force  d'entendre  parler,  de  lire ,  de  conférer,  de  s'entrete- 
»  nir  et  de  composer. 

»  Après  ces  préambules ,  Tauteur  s'attache  à  donner,  par 
»  des  préceptes  et  par  des  exemples,  une  juste  idée  de 
».  toutes  les  difiérences  des  termes,  selon  qu'ils  sont  honnêtes 
»  ou  contraires  à  l'honnêteté ,  bas  ou  sublimes ,  propres  ou 
»  figurés*,  enfin,  selon  qu'ils  sont  graves,  sonores,  barbares, 
))  rustiques,  inusités,  ou  qu'ils,  ont  de  la  douceur  et  autres 
»  semblables  caractères  :  tout  cela  est  expliqué  dans  le  pre- 
»  mier  livre  de  d'Estrebay,  d'un  style  qui  fait  plaisir,  et  qui 
w  n'est  ni  trop  long ,  ni  trop  concis ,  mais  pur,  clair,  noble, 
»  vif,  élégant  et  majestueux  en  même  temps ,  et  d'une  ma- 
»  nière  qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 

))  Je  dis  la  même  chose  de  la  seconde  partie  de  son  ou- 
»  vrage,  où  il  traite  de  l'arrangement  des  mots.  Il  fait  ob- 
»  server  quelles  sont  les  lettres  ,  voyelles  ou  consonnes, 
»  qui  ont  entr'elles  du  rapport ,  qui  se  concilient  aisément , 
.»  ou  qui  se  heurtent  et  s'entrechoquent,  ce  qui  rend  la 

(1)  De  formulii ,  deofpcinis,  de  epithetis,  etc.;  nihil  Cîcero,  nilùl  Quintilia- 
nus,  ttc,  (Streb.,  p.  9.) 


EST  399 

»  prononciation  plus  douce  ou  plus  rude  :  il  joint  Texplica- 
»  tion  de  tout  ce  qui  rend  le  discours  harmonieux ,  et  il  suit 
)>  partout  les  principe  s  de  Ciceron  et  de  Quintilien ,  quoiqu'il 
»  traite  son  sujet  avec  plus  de  soin  et  avec  plus  d  exactitude. 
»  U  prouve  qu]il  y  a  des  nontbres  dans  la  prose,  et  qui  sont 
,)>  plus  di£Giciles  que  ceux  qui  entrent  dans  les  Vers  :  il  re- 
»  marque  que  Thrasymaque  les  observa  le  premier,  et  qulso- 
»  crate  les  polit. 

»  n  parle  en  habile  homme  et  de  la  période  et  des  styles; . 
))  il  rëduit  ceux-ci  à  trois,  quelque  diffiérence qu'il  y  ait  dans 
))  les  lettres  missives,  les  panégyriques,  les  éloges,  les  dé- 
»  libérations,  les  harangues ,  les  plaidoyers,  les  annales,  les 
)>  histoires,  les  apologiies,  fables,  apophthegmes ,  commen- 
»  taires,  remarques,  interprétations,  préceptes  d'art,  co- 
»  médies,  tragédies,  mimes,  satyres,  bucoliques,  géorgi- 
))  ques ,  épigrammes,  odes ,  vers  héroïques.  Cette  différence,  ' 
»  selon  lui,  ne  multiplie  point  les  styles,  comme  la  différence 
)>  qui  distingue  les  hommes  ne  fait  pas  que  les  hommes 
»  soient  de  différente  espèce.  L'auteur  parle  ensuite  des 
»  ^styles  vicie WE ,  et  il  en  dit  tout  ce  qui  s'en  peut  dire. 

I)  Ce  qu'il  y  a  de  particulier,  il  ne  goûtait  point  la  poésie 
)>  française,  à  cause  qu'elle  est  toujours  sujette  à  la  rime.  Il 
)>  reconnaît  néanmoins  que  ce  qui  déplait  dans  nos  vers , 
))  fait  quelquefois  une  beauté  dans  la  prose  latine ,  et  il  le 
))  goûte  dans  cette  langue,  à  cause  qu'on  l'y  emploie  rare- 
»  ment.  Au  reste ,  sa  manière  d'écrire  et  de  s'énoncer  est 
»  partout  noble ,  harmonieuse  et  proportionnée  à  sa  matière. 
»  Ses  préceptes  sont  solides,  ses  exemples  courts,  faciles, 
»  choisis  avec  jugement.  En  un  mot ,  son  livre  est  un  ou* 
»  vrage  utile  à  quiconque  veut  écrire  en  latin ,  ou  parler 
»  cette  langue,  comme  les  meilleurs  auteurs  l'ont  parlée.  » 
(Jugeméns  des  Savons  sur  les  auteurs  qui  ont  traité  de  laBhéto- 
rù/uej  t.  II,  p.  191 — ^96.) 

L'éloge  qu'a  fait  de  d'Estrebay  Scévole  de  Sainte-Marthe» 


4oo  EST 

p.  al  de  ses  Gallorum  doctrinâ  illustrium  elogi^  (Paxis^  i63o, 
in-4°)»  mérite  de  trouver  place  ici.  Nous  le  traduisons ,  la 
version  que  Guillaume  G>lletet  a  faite  de  cet  ouvrage  (/'om, 
1 644)  ^ys^t  vieillie . 

((  Jacques  Louis  d'Ëstrebay  eut  le  i*are  mérite  d'unir  les 
»  charmes  de  Féloquence  latine  à  une  profonde  connaissance 
n  de  la  philosophie.  Il  est  peut-^étre  le  premier  des  profes- 
»  seurs  dé  Paris  qui ,  abjurant  le  jargon  barbare  de  l'école 
»  de  son  temps  y  ait  osé  se  frayer  une  route  nouvelle ,  et  in- 
»  troduire  parmi  nous  Theureuse  méthode  de  s'exprimer 
))  avec  élégance  et  pureté  :  il  en  indiqua  les  moyens  dans 
»  son  excellent  Traité  du  choix  et  de  V arrangement  des  mots. 

»  D'après  ce  plan ,  il  avait  conçu  le  vaste  projet  de  donner 
»  en  latin  une  traduction. complète  des  Œuvres  d'Aristote. 
»  Déjà  la  politique ,  les  livres  économiques  et  la  morale  de 
»  ce  père  de  la  philosophie  avaient  pris  sous  sa  plume  ce  ca- 
»'  ractère  d'élégance  et  de  fidélité  capable  de  porter  le  dé- 
»  couragement  dans  Tame  de  ses  rivaux ,  dans  celle  même 
»  de  Joachim  Périon  (i),  qui  traitait  alors  ce  sujet  avec  un 
»  talent  distingué;  mais  bientôt  l'impérieux  aiguillon  du 
»  besoin  se  fit  sentir,  et  les  angoisses  de  la  misère,  plus  puis- 
»  santés  que  les  charmes  de  la  littérature ,  le  contraignirent 
»  enfin  de  renoncer  à  cette  utile  entreprise. 

»  Cette  élévation  de  sentimens,'  qui  porte  les  savans  à  dé- 
»  daigner  les  détails  domestiques,  lui  fit  perdre  de  vue  le 
))  soin  de  sa  propre  fortune,  et  négliger  les  moyens  de  ré- 
»  parer  les  caprices  du  sort,  qui  semblait  l'avoir  dévoué  à 
»  Tindigence,  en  lui  donnant  pour  origine  une  famille  ob- 
»  scure  d'une  bourgade  de  Champagne.  Il  reconnut,  mais 
»  trop  tard,  que  le  mérite  le  plus  brillant  a  besoin ,  pour  se 
»  soutenir,  des  secours  de  la  fortune  :  il  se  vit  obligé  de  re- 

(i)  ArUtotelU  de  Eepublicà  qui  polUicorum  dicuniur  Ubri  viii,  Joackimo  Pu- 
riono,  Benedictino  Cormœriaeeno ,  interprète  ;  accesserunt  ejusdem  in  eosdem  /<- 
brotobservationet,  (Paris,,  Joan.  Lod.  THetaous,  i543  >  in-S*.) 


EST  4oi 

»  prendre  les  fonctions  d'instituteur,  et  de  seconder  les 
»  pluç  fameux  typographes  de  Paris ,  surtout  les  Estienne , 
»  en  faisant  auprès  d'eux  l'office  de  correcteur  d'împrîuie-.^ 
»  rie  (i),  faible  et  insuffisante  ressource  pour  un  vieillard 
»  caduc,  qui  termina  tristement  sa  carrière,  sans  qu'aucun 
»  de  ses  contemporains  puisse  échapper  à  la  honte  de 
»  n'avoir  pas  venge  cet  homme  estimable  des  persécutions 
»  du  sort.  ». 

Corneille  Tollius  (2)  ,  Jean  Conrad  Zeltner  et  Fabbé 
Coup^,  rendent  un  hommage  non  moins  honorable  à  la  mé- 
^oire  d'Estrebay.  Obligé  de  choisir  entre  ces  éloges  égale- 
ment intéressians  et  semblables  pour  le  fonds ,  nous  avons 
cru  devoir  donner  la  préférence  au  dernier,  publié  dans  une 
langue  qui  est  à  la  portée  du  plus  grand  nombre  de  nos  lec- 
teurs. 

(c  D'Estrebay  n'était  qu'un  pauvre  petit  paysan  des  eiivirons 
)>  de  Keims.  Si ,  au  Ueu  de  se  livrer  à  la  littérature ,  il  eût  fait 
)>  choix  d'un  autre  état,  son  génie  l'aurait  sûrement  conduit 
»  à  la  fortune*,  car  il  avait  l'ame  grande,  une  tête  bien  faite, 
»  et  des  dispositions  rares  dans  tous  les  genres  ',  mais  il  se 
»  concentra  dans  la  traduction  des  auteurs  grecs  et  latins  :  de 
»  cette  manière  il  enrichit  ses  contemporains ,  qui  lui  firent; 
»  les  plus  beaux  complimens ,  et  qui  le  laissèrent  dans  la 
X  »  misère.  Il  fut  donc  obligé  d'abandonner  le  métier  de  tra- 
»  ducteur,  qui  ne  lui  donnait  pas  de  pain ,  et  de  se  faire  prote 
»  chez  différens  imprimeurs  de  Paris  :  il  perdit  encore  cette 
»  ressource  dans  sa  vieillesse  en  perdant  la  Vue,  et  finit  par 

(1)  Emploi  que  les  savans  du  premier  ordre  ne  dédaignaient  pas  alors.  On 
peut  s^en  convaincre  par  la  lecture  du  livre  de  Zeltner,  intitulé  :  Theatrum  vi^ 
rorum  eruditàrum  qui  speciatim  iypographlis  taudafnlem  operam  prœstiterunt, 
Nuremberg,  1720,  in-8».  On  y  trouve,  p«  5ii  et  5i4,  une  très'bonne  notice 
sur  d'Estrebay.  Il  est  le  seul  qui  indique  Tannée  de  sa  naissance. 

(a)  Pag.  47S  <lc  son  livre,  Z)6  'infeUcitate  titteratorum ,  réimprimé  dans  le  re- 
cueil publié  par  Jean  Burcbard  Menckc ,  sous  ce  titre  :  Anatecta  de  cafami- 
iate  titteratorum .  Leipsick ,  *  1 708 ,  in- 1  a. 

TOMÉ  I.  .  ^6 


4o2  EST 

»  demander  raumône.  »  {Soirées  LiitéraireSj,  t.  XVI ,  p.  91 .) 
On  croit  qu'il  termina  ses  jours  à  Paris,  vers  Fan  1 55o.  Les 
vers  que  Nicolas  Chesneau ,  son  compatriote ,  adressa  à  Jean 
Louis  Micqueau,  Remois ^  sur  sa  mort,  prouvent  du  moins 
qu'il  n'existait  plus  en  i553. 

Patria  Strebœum  luget  pullata ,  virum  quem 

Grediderat  nonquam  Patria  posse  mori 
Et  sperare  Telim ,  et  longos  deponere  luctns  : 

Alter  eaim  occurris  nomine  penè  pari ,  etc. 

(Epig,,  lib:  11^  fol.  a^;  imprimé  en  i553.) 

Marlot  le  qualifie  de  rketor  eximius  ;  Huet  et  Baillet  Font 
jugé  digne  de  leurs  éloges ,  en  le  rangeant  parmi  les  plus 
illustres  interprètes.  Etienne  Dolet  lui  a  fait  hommage  de 
quelques  vers  (i),  le  poète  Voulté  de  Vandî- sur- Aisne  a 
célébré  ses  louanges  dans  ^trois  épigrammes  et  un  hendéca- 
syllabe  (2),  et  Nicolas  Bourbon  Faîne  Ta  signalé ,  dans  deux 
pièces  de  vers ,  comme  un  homme  très-docte  et  une  bouche 
d'or,  virdocHssimuSj, osaureum,  {BorbqniiNug.j^*  44 ^^ 4^4- 
Lyon,  Gryphe,  i538,  in- 12.)  On  peut  justement  lui  appli- 
quer le  mot  si  connu  de  Quintilien,-au  sujet  de  Cicéron  : 
lUe  se  multiim  profecisse  sciât  cm  Cicero  valde  placebit.  Les 
productions  que  sa  plume  savante  et  féconde  a  données  au 
public,  sont  : 

I.  M.  T.  CicerQnis  epistola  ad  octa^ium  j  J.  LodoiciStre- 
bœi  Rhemensifij  Commeniariis  illustrata  :  prœcedit  ejusdem 
epistùla  ad  Michaelem  Fascosanum  scripta.  Paris.,  Mich. 
Vascosan,  i536,  in-4'',  fol.  14.  (Maittaire ,  Annales  Type- 
graphicij,  t.  IL,  p.  846)-,  lï.,  Paris.,  ih.^  iSSg,  in-4°,  fol.  12 
(BB.  du  roi,  X,  1798)-,  ff.,  Paris.,  ib.j  i54i,  in-4°.  (Mait- 
taire,  Hist.  TjpQgraphicorum  Paris, jr  t.  II,  p.  26.) 

IL  M.    T.   Ciceronis  orator  ad   Marcian  BrutuMj  cutn 
sckoliis  J.  L.  Strebœi  Rhemi.   Paris.,  ibid,^    i636,  in-4**- 

(1)  Fol.  95  Carminum,  Lyon ,  i538 ,  in-4*. 

(a)  Lib,  I ,  eptg,,  p.  80,  86 ,  92  ;  Hendec.,  fol.  5o. 


EST  4o3 

(Maittaire,  Ann.j  t.  H ,  p.  844))  **•>  Strebœi  Commentants 
ab  auihore  ipso  recognitis  illustratus,  Paris. ^  ib,^  t54o,  in-4''9 
p.  224  (BB.  duixn);  U.^  Paris.,  Tï/etom^  i54o,  in-4''9  p.  222 
(BB,  duFoi,  X,  1798);  ît.,  Strebœi j  f^ictoris  Pisani  Com^ 
tnentariis  iilustratus;  Philippi  Melanckthonis  scholiiSj  Jo, 
Riçii  Alfhendoriensis  et  Pétri  castigationïbus  illustratus,  Pa- 
ris., Jean Roigny,  exe.  Tiletain,  i543,  îi^-4*^-  (Maittaire, 
Ann.j  t.  II)",  it.,  Strebcsi^  P^icioris  Pisani^  et  cujusdam  in^ 
certi authoris  Commentariis^  et  Philip.  Melanc,  argiimentis  et* 
scholiis  iUustrtMtus,  Paris.,  Richaid,  i552,  in-4%  fol.  108 
(BB.  du  roi);  it.,  Strebœi  nota  selectœ  in  Ciceronem  de  ora-^ 
tore.  Amst.,  1724,  in-8°  {Catalogus  BB"  Lîgurinœ^  t.  I, 
p.  4oi).  Hyde  cite  une  «dition  de  Bâle ,  154I9  in-4^. 

D'Ëstrebay,  dans  ce  commentaire,  a  estime  ^^en  ce  genre 
»  il  n'y  a  rien  de  plus  par&it.  C'est,  dit-il,  le  chef-d'œuvre 
»  de  son  auteur,  c'est  la  Venus  d'Apelle,  c'est  le  Jupiter  de 
»  Phidias.  Si  l'on  considère  l'expression,  tout  y  est  traité 
»  d'une  nianière  grande,  pompeuse,  magnifique,  ou  pom* 
)> .  mieux  dire ,  proportionnée  à  la  noblesse  et  à  la  grandeur 
»  du  sujet.  Si  l'on  considère  le  fond  des  choses,  l'auteur, 
»  par  l'assemblage  de  toutes  les  perfections  imaginables  de 
»  l'orateur,  &it  un  portrait  de  l'éloquence ,  capable  d'abord 
))  de  nous  saisir  d'étonnement ,  et  ensuite  de  fairç  naître 
»  dans  notre  cœur  un  amour  incroyable  de  la  posséder.  »  (  i  ) . 

«  Ainsi  s'exprime  sur  le  livre  de  l'orateur  de  Cicéron ,  dit 
A>  Gibert ,  l'homme  du  monde ,  à  mon  avis,  qui  a  le  mieux 
j»  travaillé  sur  cet  ouVrage,  et  qui  l'a  le  mieux  entendu, 
»  puisqu'il  l'entend  comme  s'il  l'avait  fait.  »  {Jug<  des  Sa- 
vons sur  la  Rhét.j  t.  I,  p.  SSg.) 

m.  M.  TuUii  Ciceronis  de  partitione  ordtorid  dialoguSj 
J.  Strebœi  ac  Georgii  F^allœ  Commentariis  illustratus,  Lyon , 
Séb.  Gryphe,  i538,  in-4**,  p.  333  (BB.  du  rot,  X,  i8io)j 

(1)  Strebœns ,  £;9t«f .  Nuncup,adGabr.  Venaiorem,  p.  5. 

26- 


4o4  EST 

it.^  Baie,  fVinteret  Platterus^  i54i,  in-4° (Hyde) -,  if.,  Ci- 
cero  de  partitionibus  oratoriis  dialogus^  Strehœi  Commenta- 
riis  ah  ipso  authore  recognitis  illustratus.  Paris.,  ^ascosan, 
154s,  i>i-4°>N fol.  76(88.  du  roi,  io3oo,  fonds  de  Falcon- 
net)*,  it»,  cum  Annotationibus  Strehœi^  Hengendorphini^  La- 
iomiy  Leodegariij  Joannisque  àfossd  commentariis  et  enarra" 
tionîbus  seledisj  atque  unicidgue  paginœ  subjectis.  Colon., 
Matem.  Cholin,  i588,  in-8°.  (Draude,  BB"*  classica.) 

lY.  «/.  Z.  Strebœij  Bkemij  Defensio  in  quemdam  LudimcL- 
gistrum^  ejusdem anticategoria.  Paris.,  Yascosan,  i536, in-4°, 
p.  57  non  chiffrées.  (Panzer,  Annales  Tjpog.j  t.  YllI, 
p.  197*,  Maittaire,  t.  lY,  p.  264.)  C'est  une  défense  de 
Touvrage  précédent ,  dont  il  existe  une  édition  antérieure  à 
celle  de  i538. 

Y.  y.  Z.  Strebœij  Rhemensisyde  electione  et  oratorid  col" 
locatione  verborum  libri  duOj  ad  Joannem  venatorem  (le  Ve- 
neur) cardinalem.  Paris.,  Yascosan,  i538,  în-4°,  fol.  i34*, 
it.j  ib.j  i54o,  in-4*',  fol.  i34  (tous  deux  à  la  88.  de  S*®-Ge- 
neviève)*,  it.^  Lyon,  Seb.  Gryple,  i54i>  in-8°,  p.  269.  (88. 
du  roi,  10233,  fonds  de  Falconnet),  it. ,  libri  duo^  quibus 
accédant  joi^itœ  rapicii  Brixiani  de  numéro  oratorio  libri 
quinque.  Colon.,  Birckmann,  in-8°,  p.  5i5.  (88.  Maz.)Mor- 
horf  et  Zeltner  citent  une  édition  de  8âle  de  i539. 

Le  P.  Masenius ,' jésuite ,  attachait  un  grand  prix  à  cet 
ouvrage.  «  Strebceo,  dit-il^  de  eloquentiâ  et  periodo  nos 

»  instituente,  nihil  purius  elegantiusque  dari  potest 

»  adversùs  illos  eloquentiae  corruptores  Strebœus  romana  à 
»  barbaris  ^oyatisque  distinxit.  )>  (^Palçestra  styli  romani ^ 
p.  4)  12  et  87.) 

YI.  Strehœi  in  très  diahgos  Ciceronis  de  oratore  ad  Quin- 
tum  fratremj  commentaria  :  ad.  Franciscum  galUœ  regem. 
Paris ,  Yascosan,  1 54o ,  in-fol. ,  164  fol.  (88.  du  roi.)  j  Baie, 
154 a,  2  vol.  (Zeltner  et  Hyde)-,  it.^  Dialogi  très,  Strehœi^ 
Leodegarii  à  Quercu^  et  cûjusdam  incerti  authoris  Commen- 
tariis j  item^ueScholiis  Philip.  Melancht/ionis  iUustrati.  Paris, 


EST  4o5 

Thomas  Richard ,  i558,  in-4°  (Goujet,  collège  de  France, 
t.  II,  p.  357)-,  it.j  Paris ,  îbid.^  i56i,  în-4°,  fol.  3o4  (BB. 
du  roi,  102949  fonds  de  Falconnet',  BB.  Maz.);  zf.,  Paris, 
ibid.^  1662,  in-4'*,  fol-  3o4-  (BB.  du  roi.)     • 

VIL  AristotéUs  et  Xenoplwntis  OEconomicaj  ab  Strèbœo  è 
grecai» /ali/M<mconf'cr5a. Paris, Vascosan,  i543,  in-4'*,p.46*, 
itj  Xenophontis  OEœnomicus  :  inséré  p.  349  des  Œuvres 
complètes  de  Xénophon,  publ.  en  latin  par  Henri  Estienne. 
Paris  j  s.  d.,  in-fol.,  p.  428*,  iUj  Aristotelis  OEconomicorum 
liber  unus  mutUus^  Strebœo  interprète  :  cujus  interpretationem , 
M.  Ant,  Muretus  locis  aliquot  emendwit,  Romae ,  apud  Hse- 
redes  Ant.  Blabii ,  1677,  in-4''  de  trois  feuillets. 

VIII .  Qùid  inier  Lodoicum  Strebœum  et  Joachimum  Perio- 
nium  non  èons/eniat  in  Politicorum  Aristotelis  interpretationei. 
Paris ,  Vascosan,  i543,  in-4%  fol.  55.  (BB.  duroi,  *E.  41O 
Niceron  attribue  mal  à  propos  cet  ouvrage  à  Périon.  La 
vive  discussion  qui  s'éleva  entre  ce  bénédictin  et  d'Estrebay, 
touchant  la  traduction  d'Aristote,  donna  lieu  à  cet  écrit, 
auquel  Périon  opposa  :  Oratio  in  J,  Z.  Strebœum^  qud  ejus 
calumniis  respondet.  (Paris,  Th.  Richard,  i55i,  in-4'*,  fol. 
71 .)  (BB.  du  roi,  *  E.  4i  •)  It,j  Perionii  oratio  in  Strebœum  : 
ejusdemque  orationes  in  Petrum  Ramum.  Paris,  ibid,/ i55i\ 
in-4**«  (Maittaire  et  Niceron.)  ^ 

Le  savant  Huet  s'exprime  ainsi  sur  cette  querelle  litté^ 
raire  :  «  Perionius  cum  Ludovico  Strebœo  litterariis  velita^ 
))  tionibus  seexercuit;  et,  mequidem  judice,  infoUciter,  nam 
)>  in  eâ  assequendâ  Ciceronis  elegantiâ  Strebœo ,  si  forte , 
))  scriptore  et  ipso  non  impuro  superior,  casti  et  fidi  inter- 
»  pretislaude,  et  grsecas  linguas  peritiâ  longé  inforior  habitus 
»  est  :  neque  verô  hoc  illum  fugisse  puto ,  sed  verborum 
»  magnificentiâ  et  sermonîs  volubilitate  est  delectatus.  )>  (De 
Claris  interpret.j  p.  212,  édit.  i683.) 

IX.  Aristotelis  Politica  ex  Versione  Strebœi  et  Jo.  Ber-r 
trandi.  Paris ,.  du  Puys  y  1 54? »  in-4'*  ^  fol.   1 26  (BB.  du.  roi ,. 


4o6  PAB 

2409,  foads  de  Falconnet)*,  lY,^  Paris.,  Vascosan,  r55l^ 
in-4'*»  fol.  271  (BB*  du  roi)*,  it.>  Aristotdis  Politàca  latine ^ 
J.  L.  Strebœo  interprète.  Paris,  Vascopan,  i554iin^4*** 
(Maittaire,  Hist.  typog.  Paris.,  t.  H,  p.  34-)  Lftdvocat, 
Chaudon  et  feller  partent  d'une  édition  de  i556,  où  sont 
comprises  les  OEconomiques  et  les  Morales.  On  n'a  jamaisr 
expliqué  dans  nos  ttaiversités  françaises  la  Politique  d'Aris-* 
tote ,  qui  préfère  les  républiques  aux  monarchies. 

X.  Compendium  Kbri  secundi^  tettU  et  quinti  Institutiônuni 
oratoriarum  Quintilianî  auûiore  Strebœo.  Poitiers  (Paris), 
Maraef,  i575,in-4°>  fol«  «4-  (^B-  du  roi,,  X,  i85o  P.)  Ou- 
vrage posthume. 

Marlot ,  Met.  Rem.j  t.  U ,.  p.  ^2  -,  Dom  le  Long ,  Hist.  de 
LoQUj  p.  534*)  Baillet,  Jug.  des  Saç.j  t.  III,  p.  46?  Draude, 
BS^  dassiça^^.  i^^y^  1480;  Hyde,  BB"^  Bodhyana^  t.  II, 
p.  549 >  édit.  1738*,  de  Thou,  Hist.  Ub.^  23,  p.  708;  Mor- 

hof ,  Pofyhistor^  t.  I ,  p.  835  ,  t.  Il ,  p.  5o4  »  édit.  i747' 

« 

F. 

FABERT  {Jhraham  DE),  toaréchaï  de  France  et  gou- 
verneur de  Sedan,  était  né  à  Metz,  le*  it  oct.  tSgg,  et 
petit-fils  d'un  riche  libraire  de  Nancy,  anobli  par  Henri  IV . 
Dés  son  enfance,  il  annonça  uit gpftt  décidé  pour  les  armes. 
Placé  comme  cadet,  dans  le  régiment  des  gardes -firan-- 
çaises ,  à  Fâge  de  treize  ans  et  demi ,  par  le  duc  d'Epemon , 
il  laissa  entrevoir  de  bonne  heure  ce  qu'il  serait  un  jour. 
Une  bonne  conduite,  et  de  Taudace  jointe  à  ce  calme  de 
Famé  qui  adde  Tesprit  à  se  replier  sur  lui-même  et  riq)pelle 
à  réfléchir  f  le  firent  bientôt  remarquer.  Chaque  grade  fut 
pour  lui  le  prix  d'une  action  d'éclat.  Â  l'&ge  d'un  peu  plus 
de  quarante  ans,  il  était  capitaine  aux  gardes,  et  officier 
général. 

A  la  fameuâe  retraite  de  Mayence,  en  i635 ,'  il  se  couvrit 


FAB  407 

de  gloire  en  sauvant  Tarmëe  du  roi.  Au  si^ge  de  Turin,  le 
34  septembre  1640 ,  il  fut  grièvement  blessé ,  et  il  guérit 
assez  promptement,  puisqu'il  se  trouva,  le  6  juillet  1641» 
à  la  bataille  de  la  Marphëe ,  près  de  Sedan.  La  même  an- 
née il  commanda  au  siège  de  Donchery,  en  qualité  de  maré- 
chal de  camp.  Le  6  août  u654  9  il  prit  Stenay,  en  préseîice 
deLouis  XIY,  qui  faisait  sous  lui  sa  première  campagne,  et 
le  24  du  mois  suivant  ^  il  se  rendit  maître  de  Glermont-en- 
Argonne ,  château  qui  passait  pour  imprenable.  Nous  ne  le 
suivrons  point  dans  ses  autres  expéditions  militaires. 

Dès  le  21  septembre  1642,  il  avait  reçu  pour  récompense 
de  ses  honorables  services ,  le  gouvernement  des  souveraine- 
tés de  Sedan,  Raucourt  et  Saint-Menges.  Il  en  prit  posses- 
sion le  3o  de  ce  mois ,  et  fit  d'abord  présager  ce  qu'on  de- 
vait attendre  de  son  administration.  Il  commença  par  visiter 
les  divers  quartiers  de  la  ville ,  par  'faire  observer  une  po- 
lice exacte.  Son  objet  principal  était  de  maintenir  la  paix 
dans  une  cité  nouvellement  réunie  à  la  Couronne ,  où  des 
&ctieux  et  des  turbulens  semaient  la  discorde  par  des  pa- 
roles indiscrètes  et  séditieuses  sur  le  changement  de  Domi- 
nation. Il  avaitprévu  qu'il  serait  forcé  d'en  venir  à  des  actes 
de  sévérité,  qui  répugnaient  à  sa  modération  naturelle.  La 
fermeté  qu'il  annonça  était  indispensable  *,  il  sut  l'allier  avec 
cette  afiabilité  dont  il  ne  sMcarta  jamais.  Il  soutint  les  pré- 
rogatives de  sa  place ,  en  décernant  des  récompenses ,  et  en 
infligeant  des  punitions ,  autant  que  les  circonstances  l'exi- 
geaient. 

«  Dans  un  nouveau  gouvernement,  écrivait  Fabertà  M.  de 
»  Chavigny,  le  17  juin  174^5  ^'^^t  ^^^  clémence  que  de 
»  faire  d'abord  des  exemples  qui  diminuent  le  nombre  des 
»  séditieux,  ou  qui  arrêtent  le  cours  de  leur  révolte  :  un 
»  peu  de  sang  répandu  à  propos  en  épargne  beaucoup ,  et 
y>  fait  craindre  le  gouverneur,  sans  qu'il  soit  obligé  d'user 
))  souvent  de  rigueur.  » 


\    4o8  FAB 

((  n  fit  rouer  un  brasseur  de  Sedan ,  sur  Tayis  que^  lai 
»  donna  un  médecin,  que  cet  hoonme  s^dtait  mis  en  tête  de 
))  faire  rentrer  le  duc  de  Bouillon  dans  ses  Etats.  Sa  sévérité 
»  consistait  plus  à  prévenir  le^mal,  ou  à  le  punir  à  propos , 
»  qu'à  sévir  contre  les  coupables.  Gomme  il  fallait  bannir  de 
))  Sedan  Foisiveté,  abolir  des  abus,  établir  le  bon  ordre , 
)»  contenir  le  peuple  dans  la  soumission  et  faire  respecterFau- 
»  torité  du  roi ,  il  se  croyait  obligé  de  punir  d'une  manière 
»  marquée  les  brouillons ,  pour  n'être  plus  dans  la  nécessité 
»  de  faire  d'autres  exemples.  Ses  premières  mesures  ayant 
»  eu  tout  le  succès  qu'il  en  espérait ,  il  ne  pensa  plus  qu'à 
»  rendre*son  gouvernement  utile  aux  Sedanois  et  au  royaume  \, 
y>  il  mit  toute  son  attention  à  y  faire  fleurii*  les  arts  :  il  ap- 
)>  pliqua  les  paysans  à  Fàgriculture ,  fit  réparer  les  chemins , 
))  les  rendit  sûrs  pour  le  commerce  *,  par  ce  moyen  on  vit 
î)  régner  Fabondance  et.  la  tranquillité.  »  (Barre ^  t.  H, 
p.  3oi.) 

Depuis  plus  de  cinquante  ans,  la  noblesse  et  la  bourgeoi- 
sie de  Sedan  y  faisaient  profession  ouverte  de  calvinisme ,  et 
il  était  défendu  aux  Catholiques  de  pratiquer  publiquement 
leur  religion.  Malgré  les  efforts  des  Religionnaires ,  Fabert 
parvint,  en  i643,  à  rendre  à  Féglise  romaine  la  solennité 
de  son  culte  ;  a  il  promit  d'ailleurs  aux  Calvinistes  le  libre 
»  exercice  dç  leur  rehgion.  Ce  fut  par  cette  démarche  qu'il 
»  rassura  les  Sedanois  contre  la  crainte  qu'ils  avaient  de  la 
»  puissance  du  roi,  et  qu'il  les  disposa  à  écouter  les  mis- 
))  sionnaires  que  la  cour  venait  de  leur  envoyer.  »  (jSar7ie> 
t.  I,  p.  4^9*)  I^^s  i6â6,  ces  missionnaires  avaient  converti 
seize  cents  Calvinistes ,  et  cela  sans  avoir  mis  en  œuvre  l'ai- 
greur de  la  dispute.  Le  P.  Adam,  jésuite,  augmenta  le 
nombre  des  prosélytes.  Fabert  n'avait  rien  tant  à  cœur  que 
la  réunion  des  réformés  sedanojs  à  l'église  romaine.  Tout 
allait  au  gré  de  *  ses  désirs ,  et  il  avait  pris  tous  les  moyens 
pour  consommer  à  l'amiable  cette  grande  affaire,  lorsqu'il 


FAB  409 

mourut  à  Sedan,  le  17  mai  1662*  Les  Catholiques  et  les 
Protestans  sedanois  le  regrettèrent  également  -,  et  Mie  Be- 
noit n'a  pas  craint  de  dire  q^l  il  açait  emporté  pour  ainsi  dire  ^ 
en  mourant^  le  repos  et  la  liberté  des  derniers  (i). 

lies  services  de  Fabert  avaient  été  récompenses  du  grade 
de  lieutenant  général  en  i65i,  et  du  bâton  de  maréchal  de 
France  en  i658.  Il  avait  refusé  le  cordon  bleu  en  166 1,  pré- 
tendant qu'il  ne  devait  être  porté  que  par  Tancienne  no- 
blesse. Louis  XIV,  touché  de  cette  rare  modestie,  lui  donna 
par  engagement  le  domaine  de  Sezanne  en  Brie. 

L'amour  du  bien  public ,  la  probité  et  la  justice  servaient 
de  règle  à  sa  conduite.  Dans  son  gouvernement,  il  était  le 
tribun  du  peuple  et  le  maître  du  soldat.  Excellent  officier, 
il  joignait  à  la  bravoiu:e  un  coup  d'œil  juste ,  et  un  sang-froid 
admirable  dans  les  occasions  difficiles.  On  le  considérait  non- 
seulement  comme  un  grand  capitaine ,  mais  encore  comme 
un  homme  d'un  grand  sens ,  à  qui  on  pouvait  parler  d'af- 
faires, et  dont  leà  conseils  étaient  éclairés.  Ami  de  Richelieu 
et  de  Mazarin ,  il  les  servit  avec  zèle ,  mais  sans  jamais  s'é- 
oarter  de  ce  que  prescrivent  les  lois  de  Thonneur  et  de  la 
probité.  Le  plus  honorable  désintéressement  donnait  un  nou- 
vel éclat  à  sa  réputation.  Il  fit  ajouter  plusieurs  ouvrages 
aux  fortifications  de  Sedan ,  et  voulut  payer  de  ses  épargnes 
une  partie  de  la  dépense.  Ses  parens  lui  reprochèrent  d'em- 
ployer de  cette  manière  un  bien  qu'il  devait  consacrer  à  sa 
famille  :  «  Si ,  leur  répondit-il ,  pour  empêcher  qu'une  place 
)>  forte  que  le  roi  m.'a  confiée  ne  tombât  au  pouvoir  de  l'en- 
»  nemi ,  il  fallait  mettre  à  la.  brèche  ma  personne ,  ma  &- 
».  mille  et  tout  mon  bien ,  je  ne  balancerais  pas  un  moment 
))  à  le  £sdre.  »    * 

Sa  vie  a  été  écrite  par  Sandras  de  Gourtilz.  [Amsi.j  1697  ; 
Rouen^  i698,in-i2i)  etparleP.  Bar^re. (Pûm^  i75a,  2  vol. 

(0  HitU  de  eEdU  de  Nantes,  t.  III,  p.  5a4. 


I 


4io  FAB 

in- 1  â.)  Le  comte  de  la  Platiëre  lui  a  consacré  une  notice  daus^ 
la  Galerie  universelle  $  elle  est  peu  exacte  pour  les  dates,  et 
on  y.  trouve  des  anecdotes  suspectes.  Le  P^  Pierre  de  Saint- 
Louis,  prieur  des  Carmes  de  Liëge,  a  fait  hommage  d'un 
madrigal  à  Fabert(i).  On  a  de  ce  maréchal  : 

I.  Relation  de  la  bataille  de  la  Marphée^  dans  un  lieu 
nommé  Thoumoy,  le  samedi  6  juillet  iS^ij  an  heures  du 
matin':  insérée  dans  le  1. 1,  p.  416  et  4^1  des  Mémoires  de 
Montresor  (de  Bourdeille ,  comte  de)»  (Leyde  Sambix  (E^- 
zcvir)  l663,  a  vol.  in-i6.) 

II.  Lettre  de  Fabert  au  Roi^  au  sujet  tjue  Sa  Majesté  Valait 
nommé  chei^aHer  du  Saint-Esprit  (en  1661),  Of^ec  la  réponse 
du  Roi  :  imprimée  dans  le  t.  U ,  p.  219  de  sa  vie ,  par  le 
P.  Baire. 

III.  MS.  Traité  des  Evolutions  militaires  (commencé  en 
1634,  et  fini  en  i638  ou  1639).  Le  P.  Barre  en  fait  un  grand 
éloge  dans  le  t.  II,  p.  ayi  et  suiv.  deson  ouvi^age. 

On  a  trois  Lettres  du  roi  à  M,  de  Fabert^  gouverneur  des 
souverainetés  de  Sedan  et  Raucourtj  et  au  conseil  souverain  et 
échevins  de  Sedan.  Sedan,  P.  Jannon,  i644)  ^^""4^)  P*  6* 

f^oy*  les  art.  Adam  ,  Demaugre  et  le  Yasseur. 

Son  portrait  :  i**  Ferdinand  pinr.,  F.  PoUly  se,  in-foL; 
2»  Edelinck^  1698,  in-fol.  5  3»  DauUé^  in-8*>  -,  4**  Séb.  le  Clerc ^ 
5*"  Lunecaij  dans  la  Galerie  Hist.  de  Landon ,  in-8''. 


FABERT  (Louis j  marquis  DE),  comte  de  Sezanne,  colo- 
nel du  régiment  de  Lorraine ,  était  fils  du  maréchal  de  Fa- 
bert et  de  Claude  Richard  de  Glevand.  U  naquit  à  Sedan 
vers  f65i,  et  succéda  à  son  père  dans  la  place  de  gouver-^ 
neur  de  cette  ville,  dont  il  avait  la  survivance  depuis  le  10  ' 
cet.  i655.  Une  mort  trop  prompte  Tenleva  au  commence- 


(1)  f^oy*  ses  Mélanges  Poétique».  Liège  9 1660. 


FAB  4ii 

ment  de  sa  brillante  ciarrière.  Un  historien  trace  ainsi 
son  portrait  :  a  Ce  jeune  seigneur  était  bien  fait,  aitnable^ 
»  d'une  bravoure  auniessus  de  son  âge.  Au  mois  d^yril 
»  1669,  il  marcha  au  secours  de  Gandie,  assiëgëe  par  les 
■  »  Turcs  -,  il  fut  tué  avec  le  duc  de  Beaufort,  dails  une  sor- 
»  tie  que  les  Français  firent  le  26  )]uin.  »  (P.  Barre,  F^ie 
de  Fàberty  t.  II,  p.  a65.)  Ses  successeurs  dans  le  gouverne- 
ment de  la  ville  et  principauté  de- Sedan,  sont  : 

1 .  Bourlie  (  George  Guiscard ,  comte  de  la) ,  né  le  9  août 
1606,  naiort  le  9  décembre  1696,  âgé  de  quatre-vingt-sept 
ans.  Il  a.vait  fait  sa  démission  Ta^nnée  précédente.  Il  eut  le 
bras  percé  à  la  bataille  de  Rooroi  le  19  mai  i643. 

2.  Bouïlie  (Lotds  Guiscard  de  la),  fils  du  précédent,  lieu- 
tenant général  des  armées  du  roi,  né  le  27  septembre  ï65i , 
commandant  des  places  de  Rocroi  et  de  Charlémont  eh  1690, 
gouverneur  de  Sedan  en  1692,  mort  le  10  décembre  1720. 
Bayle  leur  a  consacré  un  article  dans  son  Dictionnaire  m- 
ti^fue. 

3.  Médavy  (^Jacques  Léonor  Rouxelde),  maréchal  de 
France,  né  à  Chalantey  en  Bourgogne,  le  3i  mai  i655, 
gouverneur  de  Sedan  en  1720,  mort  subitement  le  6  no^ 
vembre  1726.  Son  portrait,  gravé  par  Mariette,  în-fol. 

4»  Coigny  (François  de  Francquetot,  duc  de),  maréchal 
de  France ,  né  le  6  mars  1670 ,  nommé  gouverneur  de  Se- 
dan le  23  nov.  1726 ,  mort  en  1769.  Son  portrait  :  Coustou 
del.  N***,  se,  in-fol. 

5.  Harcourt  (François,  duc  d'),  maréchal  de  France, 
arrière-petit^ls  maternel  du  maréchal  de  Fabert,  né  le 
4  nov.  1690,  mort  le  10  juillet  1750.  Il-avait  été  pourvu  d» 
gouvernement  de  Sedan  en  1739,  vacant  par  la  démission 
du  précédent. 

6,  Harcourt  (Jean  Pierre j  duc  d'),  marquis  de  Beuvron^ 


4ia  F  AU 

comte  de  Lillebonne ,  frère  du  précèdent  »  se  dërnet  ea  i  ^64  j 
et  a  pour  successeur  : 

7.  Montmorency  Laval  {Gui  André  Pierre^  duc  de),  ma- 
réchal de  France  en  1788/  ne  le  21  septembre  1728,  mort 
à  Paris  le  28  octobre  1798. 


FAUBERT  (Jean)^  docteur  en  théologie,  honora  sa  pa- 
trie par  ses  vertus  et  ses  talens.  Né  à  Château-Porcien  vers 
i65o,  il  fit  sa  principale  ëtude  de  la  théologie  positive ,  et 
des  langues  hébraïque  et  grecque ,  qui  contribuent  à  former 
le  parfait  théologien.  La  culture  de  l'italien  remplissait  les 
vides  dé  ces  études  sérieuses.  G^était  un  des  plus  habiles 
controversistes  de  son  temps.  Il  enseigna  dans  la  capitale  du 
monde  chrétien  avec  cette  haute  capacité  qui  lui  mérita  lad- 
miriition  dçs  savans. 

De  retour  en  France,  ses  talens  brillèjrent  d'un  nouvel 
éclat  dans  la  chaire  évangélique.Les  villesdeSedan,d'Ay,etc., 
.  furent  le  théâtre  de  son  zèle.  Il  y  fit  plusieurs  missions  fruc- 
tueuses, et  s'y  acquit  une  ample  moisson  de  gloire,  mais  s'il 
était  recommand^le  par  son  érudition  et  son  éloquence ,  il 
Tétait  encore  davantage  par  sa  piété ,  sa  candeur  et  la  pureté 
de  ses  mœurs.  Pour  faire  aimer  la  vertu,  il  lui  suffisait  de  la 
peindre  telle  qu'elle  existait  dans  son  cœur.  Toute  sa  con- 
duite donnait  un  nouveau  poids  à  ses  discours,  et  prétait, 
sans  qu'il  s'en  aperçut,  de  nouvelles  armes  à  son  éloquence. 

Doué  d'un  grand  esprit  de  sagesse  et  de  modération, 
guidé  par  cette  vraie  philosophie  qu'on  puise  dans  la  doc- 
trine de  Jésus-Christ,  son  ton  n'était  point  déclamateur  ni 
emporté  :  il  pensait  que  la  conquête  des  âmes  doit  se  faire , 
non  par  des  brusqueries  et  des  moyens  violens ,  mais  par 
une  insinuation  douce,  qui  se  rend  presque  toujours  maî- 
tresse des  esprits.  Ce  passage  d'un  discours  de  l'abbé  La- 
trècy  paraissait  lui  servir  de  boussole  :  a  J'ai  appris  de  Saint- 


FER  4i3 

»  Hilaire,  que  la  Religion  ne  $e  plante  point  avec  le  pistolet 
«  ))  à  Farçon  de  la  selle  et  le  coutelas  en  main  ,•  mais  avec  les 
»  pleurs ,  les  larmes  y  les  soupirs ,  les  jeûnes  'et  autres  nîor» 
»  tifications.  Em  effet,  le  fils  de  Dieu  envoyant  ses  apôtres, 
))  ne  les  arma  point  de  pied  en  cap ,  et  il  ne  leur  dit  point  : 
»  Tuez^  izssassinezy  mais  il  leur  donna  seulement  le  glaive 
))  de  la  parole  :  vous  les  instruirez ,  dit-il ,  vous  leur  remon- 
»  trereZ'  amiablement  la  mauvaise  vie  qu'ils  mènent,  le  ris- 
»  que  qu^ils  courent  en  la  continuant.  S'ils  vous  maudissent, 
»  vous  les  bënirez;  s'ils  vous  persécutent,  vous  prierez  pour 
eux.  »  (^Oraison  Jitnèbre  de  Henri  IV.  Paris,  1610,  in-S**.)  . 
Le  docteur  Faubert  était,  depuis  i683 ,  chanoine  de 
Reims,  où  il  finit  ses  jours  en  i^oS.  Le  peu  de  cas  qu'il  Êd- 
sait  de  tout  ce  qui  sortait  de  sa  plume,  et  sa  modestie ,  nous 
ont  privé  des  fruits  de  son  savoir  et  de  son  zèle.  Le  Long 
Va  mentionné  honorablement  à  la  pag.  47^  de  son  Histoire 
de  Laon. 

.  FERRY  PASTJÉ,  seigneur  de  Challerange  et  de  Saint- 
Pierre-à- Ames ,  villages  de  Tarrondisement  de  Vouziers , 
florissait  dans  la  i^'"  moitié  du  xiii^  siècle.  Le  bâton  de  ma- 
réchal fut  le  prix  de  ses  longs  et  glorieux  services ,  dans  un 
temps  où  il  n'y  avait  que  trois  guerriers  décorés  de  ce  grade , 
qui  équivalait  alors  à  celui  de  connétable ,  le  i  ''  de  la  mi- 
lice française.  Trois  chartes  du  trésor  royal  de  1244  lui 
donnent  ce  titre.  L'histoire  n'a  pas  eu  occasion  de  reparler 
de  lui  depuis  cette  époque.  Celle  de  sa  mort  est  inconnue  ; 
il  avait  été  envoyé  en  ambassade  en  Flandre  avec  R.aoul  de 
Mello,  en  1226,  pour  recevoir  de  Jeanne,  comtesse  de  ce 
pays ,  le  château  de  Douai  et  autres  places. 

Sa  postérité  a  soutenu  dignement  sa  gloire.  On  le  croit 
père  de  Catherine  Posté  j  dame  de  Saint-Pierre-à- Ames , 
mariée  à  Jean  d' Autresches ,  et  du  suivant  : 

Ferry  Postée  2*  du  nonf ,  seigneur  de  Bois-MaUes-Herbes 


I 


4i4  FET 

et  de  Moiitreuil-sou8-le*B(H8)  prèsdeVineennes,  vivait  avec 
Jeanae  sa  femme  en  i3o3y  et  fut  père  de  Ferry  qui  suit,  et 
encore,  selon  quelques-uns,  de  Jean  Postée  seigneur  de 
Plessis^Pasté,  près  deCorbeil,  archidiacre  de  Thiérache,  du 
diocèse  de  Laon ,  lequel  existait  en  1 3 17 . 

Ferry  Posté  j  3*  du  nom,  seigneur  de  Bois -Malles - 
Herbes,  etc. ,  peut  avoir  eu  pour  fils  Jean>  Posté,  seigneur 
dei  Ghallerange ,  de  Bois-Malles-Uerbes,  etc.,  qui  servait 
en  Flandre  en  i352 ,  et  en  Normandie  en  i364-  ^^^t^  ob- 
tint, au  mois  de  juillet  i35S,  rétablissement  d*un  marcbé 
à  Ghallerange.  Il  y  mourut  le  3  février  i374)  sans  laisser 
d'en&ns  d'Alix  de  Hans,  sa  femme.  Leurs  cendres  reposent 
dans  la  chapelle  de  Saint-Jacques  et  de  Saint-Christophe 
de  Ghallerange,  qu'ils  avaient  fondée. 

P.  A^iselme.  HisU  des  gr.  Officiers  de  la  couronne,  t.  VI, 
p.  62a  ',  Le  Long,  HisU  de  Laon,  p.  Sgi  -,  VeUy,  HisU  de 
Fr,,  t.  IV,  p.  287  -,  Morëri. 

FETIZON  {Paul)  (1).  Sedan  est  le  lieu  de  sa  naissance.  Il 
y  vit  le  jour  vers  i65o ,  et  y  reçut  son  éducation  au  collège 
académique.  Son  goût  Tentrainant  vers  le  ministère  pasto-^ 
rai ,  il  se  montra  passionné  pour  la  théologie.  Les  leçons 
des  professeurs  Alphée  de  Saintr Maurice  et  de  le  Blanc  de 
Beaulieu  lui  ouvrirent  et  lui  frayèrent  la  carrière  qu'il  allait 
parcourir.  Bayle  enseignait  alors  la  philosophie  à  Sedan  avec 
une  haute  distinction.  Admirateur  de  sie^  talens,  Felûon 
çiérita  par  les  siens  de  fixer  Tattention  de  ce  savant  critique, 
qui  rhonora  depuis  d'un  tendre'et  inaltérable  attachement , 
et  lui  fit  prouver  que 

L'amitié  d'un  grand  homme  est  an  bienfgfit  des  Dienx. 

Admis    au    ministère   pastoral ,    après    avoir   subi    ses 
{1)  Srm«n  l'a  mai  à  propos  nommé  f^ro»ÇoU. 


FET  4iâ 

épreuves  d'une  nmnière  brillante,  Fedzon  Talla  exercer 
à  Saint  -  Loup -<  aux -Bois  9  dans  la  chapelle  domestique  du 
baron  de  Briquemault;.  Ce  seigneur  ayant  rësolu  de  se 
retirer  dans  le  Brandebourg  en  168I9  obtint  de  la  cour 
Tautorisation  de  se  faire  accompagner  par  son  pasteur,  au- 
quel  on  délivra,  le  1 1  jan.  de  cette  année,  un  passeport  si- 
gné JLouù^  et  contre-signe  Colhert. 

V  Arrivé  dans  ce  pays ,  Fetizon  fut  d'abord  aumônier  d'un 
des  régimens  de  son  protecteur,  et  cha^é  simultanément 
de  desservir  Féglise  populeuse  de  Lippstadt.  Appelé  à  Ber- 
lin, en  1693^  il  succéda  à  Jean  Charles ,  pasteur  de  1  église 
jBrancaise  de  cette  ville ,  et  devint  membre  du  consistoire  su- 
périeur  pour  les  affaires  ecclésiastiques. 

Le  ministre  Jurieu,  ancien  professeur  de  théologie  à  Se- 
dan^ ayant  donné  avis  à  Téglise  de  Berlin,  le  la  oet.  1696, 
que  les  alliés  étant  sur  le  point  de  traiter  â«  la  paix  avec 
Louis  XIY,  <(il  serait  bonde  prendre  des  mesures,  conjoin- 
))  tement  avec  les  réforniés  des  autres  états,  pour  Eure  en 
)}  sorte  que  la  religion  se  rétablît  en  France  par  le  traité  de 
»  paix ,  comme  elle  y  était  avant  la  révocati(Hi  de  Tédit  de 
-»  Nantes  (en  i685),  »  on  nomma,  pour  Texamen  de  cette  af- 
faire importante ,  une  commission  dont  Fetizon  fit  partie  \ 
mais  les  travaux  de  cette  assemblée  n  aboutirent  à  rien. 
«  Il  était  assez  facile  de  prévoir,  dit  Erman ,  que  les  dé- 
»  marches  des  puissances  protestantes  à  cette  occasion  se- 
)^  raient  infructueuses ,  la  hauteur  de  Louis  XIY  n'étant  pas 
»  Élite  pour  la  rétractation  qu'on  lui  demandait.  )>,  (Mém*  du 
Rejuge j  t.  VII,  p.  220  et  227.)  Ërman  ajoute  que  Fetizon 
assista  à  la  consécration  du  temjde  de  Werder  à  Berlin ,  le 
16  mai  i^oi.  (Ibid.j  t.  YIII,  p.  288.)  Cependant,  si  l'on  en 
croit  cet  historien,  il  était  notort  dans  cette  ville  en  169Ç.  (/&.,, 
t.  VIII,  p.  323.)  Nous  présumons  qu'il  faut  lire  1706,  épo- 
que à  laquelle  on  peut  fixer  la  mort  de  Fetizon,  qui  avait 


I 


4i6  FET 

été  Connu  et  estimé  du  maréchal  de  Turenne.  On  a  de  lui  : 
Apologie  pour  les  Réformés^  où  Von  voit  la  juste  idée  des 
guerres  civiles  de  France  ^  et  les  vrais  fondemens  de  Védit  de 
Nantes  :  entretiens  curieux  entre  un  protestant  et  un  catho^ 
lique,  La  Haye,  Arondeus,  i683,  in-^isi,  rare. 

«  Patrice^  le  catljioliijue  romain,  allègue  tout  ce  quon  a 
»  dit  de  plus  fort  et  de  plus  odieux  contre  les  Réformés,  au 
»  sujet  des  guerres  civiles  ,  et  n^oublie  pas.  les  accusations 
»  qu'on  leur  a  faites,  d'être  animés  d'un  esprit  de  faction  et 
»  de  révolte,  et  d'avoir  des  sentimens  contraires  à  l'indé- 
»  pendance  des  rois.  Eusèbcj  le  protestant^  les  justifie  de 
»  s'être  armés  pour  défendre  leur  religion,  leurs  v;îe$ ,  et  les 
»  droits  de  la  maison  de  Bourbon ,  et  fait  voir,  par  le  témoi- 
.  »  gnage  même  de  Louis  XIII,  qu'ils  ont  toujours  été  fidèles 
))  à  leurs. princes  légitimes-,  et  que  bien  loin  que  leurs  sen- 
))  timens  soient  opposés  à  l'autorité  souveraine  des  rois,  ils 
»  tendent  à  l'établir'et  à  la  confirmer;  au  lieu  que  les  Catho^ 
»  liques  romains  rendent  cette  autorité  dépendante  du  peuple 
»  et  du  pape.  »  (Des  Maizeaux,  F'ie  de  Bayle^  t.  I,  p.  86.) 
L'Apologiste  réfute  YHist.  du  Calvinisme  du  P.  Maimbourg. 
Bayle  instruit  que  Fetizon  avait  composé  cet  écrit ,  désira 
de  le  voir.  <(  L'auteur  le  lui  envoya ,  et  le  dédia  à  Philarète^ 
»  c'est-à-dire  à  Bayle  lui-même.  Bayle  trouva  cet  ouvrage 
»  digne  de  voir  le  jour,  et  le  fit  imprimer.  »  (^Des  Maizeaux^ 
»  p.  85.)  Il  l'attribue  à  Fetizon,  dans  sa  lettre  sur  les  écrits 
anonymes,  de Scriptis  Adespotis.  On  cite  ime  lettre  trouvée 
parmi  les  papiers  de  Bayle ,  écrite  à  Fetizon  en  réponse  aux 
observations  que  celui-ci  avait  faites  sur  une  épître  du  pre- 
mier, adressée  à  Jacques  Abbadie,  sur  la  question  de  savoir 
si  Dieu  pouvait  se  conduire  d'une  manière  plus  sage  et  plus 
parfaite  qu'il  ne  l'a  fait.  (J)es  Maizeaux ^  t.  II,  p.  324.)  Erman 
a  encore  parlé,  de  Fetizon  dans  le  1. 1 ,  p.  338  et  339  j  ^*  VIII, 
p.  227  et  324  de  ses  Mémoires  du  Refuge. 


FOR  iij 

FOREST  DU  CHESNE  (^Nicolas).  Les  biographes  jé- 
suites le  font  nailre  dans  le  Rémois,  patrid  Remensis^  Le 
bourg  du  Chesne-le-Populeux ,  dans  le  territoire  de  Vou- 
ziers,  est  sa  patrie.  Il  y  vit  le  jour  en  1 690 ,  et  il  en  prit  le 
nom*  Morëri  s'est  donc  trompe  en  lui  donnant  Reims  pour 
berceau.  *  . 

Ses  études  finies,  il  entra  che2  les  Jésuites  en  16124 
à  Tâge  de  dix-sept  ans,  et  fit  profession  des  quatre  vœux 
en  1682.  Après  avoir  régenté  les  humanités  et  la  rhéto- 
rique pendant  quelque  teknps ,  il  professa  la  philosophie  et 
les  mathématiques  à  Pont-à- Mousson ,  depuis  1626  jus- 
qu'en i632,  quil  obtint  une  chaire  de  théologie  à  Reims. 
Il  Foccupa  durant  trois  ans ,  au  bout  desquels  il  voyagea  eiir 
Italie. 

Etant  à  Rome  en  i636,  il  fut  autorisé  par  le  P.  Mutio 
Yitellesci,  sOn  Général,  à  passer  dahs  Tordre  de  Citeaux  , 
où  peu  de  temps  après,  il  devint  abbé  d'Ecurey,  dans  le 
duché  de  Bar  et  le  diocèse  de  Toul(i).  Néanmoins,  son  nom 
n'*est  point  dans  la  suite  des  prélats  de  ce  monastère ,  insérée 
par  les  Bénédictins,  dans  le  treizième  volume  de  la  Gaule 
chrétienne,  imprimé  en  1785*  La  commende  commença 
dans  cette  maison  en  1616,  et  y  dura  jusqu'en  .1716,  qu  elle 
fut  remise  en  règle  par  les  soins  de  Dom  Berdot,  mort  abbé 
régulier  le  10  décembre  1740-  Durant  cet  intervalle,  il  y 
eut  quatre  abbés  commendataires  ^  Brinchâteau,  Louis  et 
François  Dumancel,  et  Ancel.  (D.  Çalmet,  Hist.  de  Lor- 
raine ^  t.  VII.)  Diaprés  ces  graves  autorités,  Forest  n'aurait 
donc  point  été  abbé  d'Ecurey  *,  mais  comme  il  en  prend  la 
qualité  à  la  tête  de  plusieurs  de  ses  productions  littéraires , 
on  ne  peut  guère  la  lui  contester.  Des  connaissatices  variées, 
jointes  à  une  érudition  assez  étendue,  formaient  à  peu  près 
tout  son  mérite.  Le  lieu  et  Fépoque  de  sa  mort  sont  inconnus. 

(1)  Aujourd'hui  celui  de  Verdun,  commune  de  Moutier-sur-Saux ,  arron- 
dissement de  Bar-le-Duc. 

TOME  I.     ^  27 


\ 


'   -r 


4ia  FOR 

Daiii  Càlmet  Ta  oublie?  dans  sa  £B»  Lorraine.  On  lui  doit 
un  assez  grand  nombre  d  ouTrages  et  d'opuscules;  dont  voici 
les  titres  : 

I.  Horocospus  Delphinij  auctore  N..  F,  (Nîcolao  Foresi) 
du  Chcsne.  Paris,  i638,  ia-4**,  p.  8.(BB.  Maz.,  C;  i334o)-, 
pubHié  avant  sa  sortie  des  Jésuites. 

II.  Les  Fleurs  des  pratiques  du  compas  de  proportion  ^  où 
sontfacïlitécs  toutes  les  plu^  belles  démonstrations  des  mathé- 
rnatù/ues^  rei^.^taugm.  Paris,. Guenon,  i63j^,  in^8°,  p.  112. 

(BB.  du  roi ,  V. 'fl) 

III.  Cardinati  Richelio  Carmen  sotericum.  (Paris,  lôSg) 
in-4%  p.  4-  (BB.  Maz.,  C.  17596.) 

IV.  Cardinalis  Richelii  soteria\  triump/iuSj  morSj  immor^ 
talitas.  Paris,  iG43,  in-4°'  (BB.  du  roi,  V.  733.) 

V .  Seteciœ  Diss'ertafiones  physico^mathematicœ^  in  quibus 
reconditœ  quœstîones  de  hanine^  de  sonOj  de  mcfta  locatif  de 
cœloy  de  démentis^  et  de  quantiiate.' Paris  y  Alex.  Lesselin, 
1647^  i65o,  2  vol.  in-4«.  (BB.  du  roi,  R.  ^\) 

Vt,  Nie.  Forest  du  Chesnej  abbatis Escuriensis  Poesis  va- 
ria, ÎParîs,  1649,  in-8°.  (BB.  Maz.,  2i5i4.) 

Ce  recueil  coatient,  i**  neuf  cantiques  sur  Fenfance  de  Jë- 
sinsj  2*^  p.  25,  sept  élégies  sui'  sa  passion -,  "3**  p.  55,  cinq 
éloges  de  la  Sainte- Vierge-,  4**  P*  67  et  99,  des  vers  à  Inno- 
cent  X ,  à  Louis  XIV,  aux  cardinaux  Richelieu ,  Mazarîn,  etc. 

VII.  Prœcautionés  tfidentinœ  adi^rsiis  no\>itates  injîde. 
Pré(îautîon8  tirées  du  Concile  de  Trente,  contre  les  nou- 
reaulés  en  la  foi-,  par  Nie.  du  Chesne,  abbé  d'Ecurey. 
Pa/'iV^  J.  Langlois,  1649,  iïi-^8".  (BB.  Sainte- Geneviève, 
D.  4686.) 

Cet  ouvrage ,  latin  et  français ,  dédié  à  la  reine ,  consiste 
en  divers  extraits  du  Concile  de  Trente  sur  le  Dogn&e  et  la 
Discipline,  avec  de  courtes  réflexions  contre  les  nouveaux 
docteurs  (les  Jansénistes),  qu'il  ne  nomme  point,  mais  qu^ii 


FOR  419 

désigne  assez.  A  la  fia  ^  pag.  113,  est  un  As^ertUsement  ton-' 
chant  une  Lettre  d'im  abbé  à  un  évéque  sur  la  conformité  de 
saint  AuffJLstin  oj^ec  le  Concile  de  Trente  ^  dan^  la  doctrine  de  ' 

la  grâce.  * 

VIII.  Nie.  Forest  du  Chesne,  abbatis  Escuriensis  florilc^ 
ffiun  unii^ersale  liberalium  artium  et  scientiarumy  philologi-* 
cunij  maifiematicum ,  philosophicufn  j  ac  theologicumj  cuin  ^ 

auctario  physico^maihematico.  Paris  ^  i65o,  2  Yol..in«-4''-  \ 

L'auteur  dit  que  c'est  un  extrait  des  leçons  qu'il  avait  don** 
nées  9  et  des  lectures  qu'il  avait  faites. 

IX  *.  Lettre  d'un  théologien  à  un  sien  ami  malade^  con^^ 
tenant  V Abrégé  de  Jansmius.  Paris ,  1 65o ,  in-4°. 

X  *.  Lettre  d'un  théologien  à  un  sien  ami  en  convalescence  j 
contre  trois  lettres  d'un  Janséniste  (l'abbé  de  Bouzéis^  La 
première  d'un  abbé  à  un  évêque^  sur  la  conformité  de  saint 
Augustin  avec  le  Concile  de  Trente^  dans  la  doctrine  de  la 
grâce  ^  la  deuxième  ^  d'un  abbé  à  un  abbéj  sur  la  conformité 
de  saint  Augustin  açec  le  Concile  de  Trente^  toucliant  la  pos-^ 
sibilité  des  commandemens  divine  ^  la  troisième  ^^d* un  abbé  à 
un  président^  sur  la  coriformité  de  saint  Augustin  c^ec  le  Con- 
cile de  Trente^  touchant  la  manière  dont  les  justes  peuvent  dé- 
laisser Dieu,  et  être  ensuite  délaissés  de  lui.  Paris,  idSo, 

in-4°. 

XI  *.  Lettre  d'un  théologien  à  un  sien  ami  parfaitement 
guéri  du  jansénisme,  contenant  quelques  apis  sur  les  canons 
du  Concile  d* Orange.  Paris,  i65o,  in-4**« 

XII .  Selecti  Sermones  tkeologid,  dinnis  Prœconibus  peru-^ 
tiles.  Kouen,  Jacq.  Pain,  i656,  in-4''« 

XIII.  Nie.  Forest  du  Chesne,  abbatis  Escuriensis ,  Mars 

* 

verè  Gallicus  ,  adversUs  Jansenii  Martem  folsà  GalUcum» 
Rouen,  1660,  in-foL 

Ouvrage  imprimé  (avec  le  texte  réfuté  en  regard),  sans  pri- 
vilège ,  et  qui  a  probablement  été  supprima,  tant  le$  exem- 

.27. 


plairés  en  sont  rares.  (f^oy.LengletdaFresnôy,  Méth.  Hist.y 
t.  IV,  p.  267,  édit.  in-4*.)  C'est  nne  irëfutation  du  Mari^ 
Gallicusj  publi<$  en  i635,  in-foL,  soUs  le  masque  iCAlexan*- 
der  Patricius  ArmachanuSj  par  Jansénius,  contre  ralliance 
faite  par  les  Français  arec  les  Puissances  Protestantes.  Ce 
prélat,  dit-on,  eut  pour  récompense  de  ce  livre  Févéché 
d'Ypres.  On  a  cru  que  la  maison  d^Autrrcbe  aurait  donné 
aussi  «n  17 10,  lorsqu'elle  était  alliée  avec  tous  les  Protes-^ 
tans ,  un  évéché  à  qui  aurait  voidu  répondre  au  Mars  GaUi- 
eus.  Ainsi  les  alliances  que  cette  maison  a  faites  depuis  avec 
les  Protestans,  ont  pleinement  justifié  la  France. 

XIV .  Journal  de  t  Assemblée  générale  du  Clergé  de  France,, 
cw  i635,  in-fol.  (Baîiîé,  €at,  JUS.  de  la  BB.  de  la  Doct.  chré- 
tienne^ t.  V*ni.)  Lès  n**"  3, 4>  5,  6,  i^  et  1 3,  ont  été  inconnus 
à  Moréri.  Forest  du"CheSne  a  échappé -à  de  Visch  et  à  Sar- 
torius ,  biograpihes  cisterciens.  Thierri  Forest  était,  en  i6o5, 
abbé  r&alier  de  Longwé ,  ordre  de  Prémontré ,  canton  du 
Chesne.  Un  abbé  Forest  est  actuellement  doyen-curé  de  Ru- 
migny.  . 

Alegafmfae,  BB^  Soc.  Jesu^p.  353-,  Sotwel,  p.  63o. 

FGSSE  i Jacques  DE  LA),  vicaire  à  Sedan,  était  né  à 
Toul  le  îag  nov.  1621 .  Dès  sa  jeunesse  il  donna  des  preuves 
d'un  goût  particulier  pour  la  poésie  latine,  et  il  le  fortifia  par 
la  lecture  des  anciens  qui  ont  excellé  dans  ce  genre.  Entré 
chez  les  Lazaristes  de  Paris,  le  8  Oct.  '1640,  il  reçut  la  prê- 
trise en  i658.  Comme  il  aimait  Fétude  et  les  belles  lettres, 
ses  supérieurs  le  nommèrent  professeur  à  la  pension  dite  de 
Saint-^ Charles  j  située  alors  dans  la  ôommunsfuté  de  la  Mis- 
sion du  faubourg  Saint-Laurent.  Il  y  enseigna  les  humani- 
tés pendant  plusieurs  années.  La  retraite  et  le  travail  faisaient 
son  bonheur.  Mais  il  y  a  deux  manières  de  se  montrer  labo- 
rieux -,  Tune  en  faisant  beaucoup ,  1  autre  en  faisant  bien.  De 
la  Fosse  choisit  cette  dernière. 


FOS  .  4^1 

•  "Vers  Fan  1660  il  fut  envôyë  à  Sedan ,  dont  la  p|iroisse 
Aait  desservie  par  sa  Congrégation,  dépuis  i643 .  A  Texemple 
de  ses  confrères  ^  il  y  exerça  les  fonctions  du  saint  ministère 
avec  zèle ,  consacrant  ses  momens  de  loisir  à  la  culture  de  la 
poésie  latine.  Il  y  est  mort  le  3o  avril  1674?  laissant  les 
opuscules  suivans  : 

I.  Une  Lettre  et  une  Ode  latines,  insérées  p.  3  du  Recueil 
de  pièces  faites  en  Thonneur  du  P.  Fronton,  publié  par  le 
P.  Lalemant,  sous  ce  titre  :  Joannù  Ftvntonis  Memoriaj  di- 
sertis j  per  amicos  virosifue  clarisslmqsj,  encondis  celebrata.  Pa- 
risiis,  Gramoisy,  i663^  in-'4**» 

II.  In  Cruces  solemniter  depactas  $edàhij  piâ  régis  et  ré- 
gime munificentid^  odœ.  It.^  Occasione  accepta  salutiferisignij 
Parœnesis  lyrica  ad Sedanensçs  heterodoxos.  Paris,  Blaizot, 

i665,in-4'*« 

Le  10  mai  1664,  Louis  XIV  fit  planter  utie  Croix  sur  la 
place  dVrmes ,  vis-à-vis  du  tempte  des  Calvinistes  de  Sedan, 
L'année  suivante  la  reine  mère,  Anne. d'Autriche,  et  la 
reine  Marie  Thérèse  en  firent  ériger  deux  autres  :  Tune  spr 
la  place  de  la  Halle ,  en  face  dç  Téglise  paroissiale  de  Saint- 
Laurent,  et  Tautre  sur  la  place  du  rivage*  De  la  Fosse  saisit 
cette  occasion  pour  adresser  ces  odes  et  Une  exhortation 
aux  Sedanois  hétérodoxes,  afin  de  tes  attirer  au  giron  de 
l'Eglise. 

III.  A  la  mort  de  Guillaume  Cornuel ,  Supérieiu*  de  la 
maison  des  Lazarisjtes  de  Troyes ,  Pierre  de  Vienne ,  seigneur- 
de  Trévilliers,  son  cousin  germain,  fit  éclater  sa  douleur 
dans  une  suite  de  pièces  lyriques  latines ,  publiées  dans  un 
ïlecueil  imprimé  à  Troyes  j  1666  ,  in-4**>  p.  32  -,  De  la 
Fosse  répondit  aux  gémissemens  de  P.  de  Vienne,  par 
quelques  odes,  où  il  essaye  de  le  consoler.  Jen  détache 
quelques  strophes,  afin  quon  puisse  les  apprécier.  Ilpeiiat. 


4^2  FQS 

ainsi  le  misBionnaire  obligé  de  descendre  à  la  portée  des 
peuples  des  campagnes  : 

Austeriorem  dum  sapientiam 
Demittit  et  ▼im  diritû  iogenl 
*     Pcrinde ,  calloflÎBqae  «ese 
Auribus  upilionU  aptat. 

Présentant  au  seigneur  de  Trévilliers  des  motifs  de  consola- 
tion f  puisés  dans  la  fragilité  des  choses  d'ici*bas,  il  en  peint 
ainsi  le  néant  : 

Humaaa  nii  sunt ,  Tanaque  splendido 
Imponit  eheu  !  fabula  fascino, 

Tristique  persooatus  error 

Glauditur  exordio ,  ruutitque 

Aulca  scqh»  9  totaqne  fiUtHis 

Imago  pompse ,  defîcieatibus    * 

Repente  tignis ,  eollabascit 

Attoniti  saper  ora  vulgi. 

La  préférence  courageuse ,  donnée  par  Corpuel  à  la  Croix 
et  à  la  pauvreté ,  sur  les  honneurs  que  lui  offrait  le  monde, 
et  siu*  les  douceurs  et  les  plaisirs  du  mariage  ^  est  exprimée 
dans  ces  trois  strophes  : 

Per  trabeae  decus 
Spretnm ,  per  augùstas  seoures 

Censulis  eximUque  spi^oë 

FasGCS  bonoris ,  spretaque  basia 

Sponss ,  pudicA  quam  poterat  slbî 

Jugare  taedft  9  virgioemqae 

P«rpet«Q  socUre  a^^* 

Nudœ  e^olavit  ad  crucis  oscula , 
.  £t  dura  ISgni  brachia  moUibus 
Nympbae  laçertis  9uavipque 
Antetulit  roseo  puellac. 

Annoisqye  vitie  cœUbisasperos  * 

Tristeaque  sahcti  deliciis  tbori , 
Et  nuda  paupertatis  arma 
Divitiis  phalerisque  mundi. 


FRE  423 

IV.  /»  Dii^uni  Francùcum  Salesiumjnuperâapot/ieosi con- 
secratum^  odœ  pancgyricœj  auctore  /.  D*  L,  F.  S.'  G.  M» 
(J.  de  la  Fosse,  sacerdote  Congr,  Missionù.)  Trecis,  1668, 

în-4**>  p.  36. 

Ces  odes  »  au  nombre  de  six ,  roulent  sur  la  €ha$tetd  de 
saint  François  de  Sales,  sur  sa  charité,  sa  douceur,  son  in- 
troduction à  la  vie  dévote,  sa  canonisation,  et  sur  Va^ 
mour  des  Fîlleç  de  la  Visitation  pour  ce  saint  prélat ,  leur 
fondateur.  Elles  ont  été  traduites  avec  le  texte  en  regard , 
par  Tabbé  Pellegrin  (PariSj  i'joj^,  et  réimprimées  à  la  soile 
de  sa  traduction  des  œuvres  d'Horace.  (Pam^  Witte,  1715, 
2  vol.  in-i2.) 

«  Ep  général ,  dit  Calmet,  copié  par  Moréri ,  il  y  a  beaur 
»  coup  de  feu  dans  la  poésie  de  la  Fosse,  beaucoup  de  pen- 
»  sées  nobles  et  élevtjcs  ;  mais  son  goût  pour  la  mythologie  4 
))  qui  se  fait  sentir  jusque  dans  ses  poésies  saintes ,  les  rend 
»  quelquefois  obscures  par  les  termes  singuliers  qu'il  y  em- 
»  ploie,  et  les  allusions  trop  fréquentes  qu'il  feit  à  la  fable.» 
{BB.  Lorraine  j  p-  376.)  Ce  jugement  prouve  du  moins  que 
De  la  Fosse  connaissait  les  classiques  anciens  (  i ). 

FRËMIN  {Aleximdrc  César  jinnïbal)^  maréchal  de  camp, 
chevalier  de  saint  Louis,  baron  de  Stônne  et  des  Grandes- 
Armoises,  et  marquis  de  Sy(2),  naquit  à  Paris,';]e  6  avril 
1745,  de  Claude-Réné  Fremin  et  de  Marie  Françoise  Fer- 
rant. Kéné  Fremin  son  aïeul ,  sculpteur  célèbre ,  mort  à 
Madrid  en  1744 >  %^  ^  soixante- onze  ans,  avait  é<aé  anobli 


(i)  Ce  qui  fût  k  nos  yeux  lear  grande  richesse ,  c'est  la  perte  qu'iU'ont 
lîâîte  de  presqae  toutes  leurs  prodnclàoas  mauvaises  ou  médiocres.  L'£(istolre 
atteste  assez  que  Tautiquité  a  eu  ses  Pradons  et  ses  Gotius.  Elle  oppose  à  Ho- 
mère un  Ghérille ,  à  Virgile  un  Mé?ius, 

(a)  Maître  Jean  do  Sy,  qui  florissait  sous  le  régne  du  roi  Jean ,  en  i55o ,  est 
auteur  de  fragmens  d'une  version  française  de  la  Bible.  (Le  Prince ,  Essai 
hist,  sur  la  Bibl.  du  roi ,  p.  6.)  /> 


) 


494  FRE 

par  Philippe  IV,  roi  d'Espagne (i),  et  s'était  pi^ocuré  une 
fortune  considérable ,  dont  une  partie  fut  employée  par  son 
(ils  à  rac€[uisition  des  terres  ci«>des8us,  en  174^- 

Fremin  servit  d'abord  dans  les  mousquetaires  jusqu'à 
leur  suppression,  le  i5  déc,  1776  *,  il  passa  depuis,  en  qua- 
lité de  capitaine  remplaçant ,  dans  le  régiment  de  Dauphiné  > 
et  se  fit  connaître  comme  un  calligraphe  très-habile.  Il  était 
*  en  garnison  à  Grenoble ,  en  1 782 ,  quand  il  imprima  lui- 
même  ses  Mélanges.  En  1786,  il  entra  en  possession  des 
terres  titrées  qu^e  son  père  possédait  dans  l'Ardenne ,  et  les 
Ycudit  en  1789,  Retiré  à  Londres  durant  nos  troubles  poli- 
tiques ,  il  y  jouit  de  l'amitié  de  l'abbé  DelîUe,  dont  il  soula- 
geait les  yeux  afikiblis ,  en  l'aidant  dans  la  révision  de  ses 
ouvrages.  Il  s'écriait  en  181 1,  dans  une  préface  imprimée 
à  Londres  : 

Ne  reverraî-je  plus  sous  les  Ibîs  d'un  Bourboiï  , 
Ni  mes  antiques  tours  »  tai  cet  heureux  vallon 
Ou  s'écoulait  le  printemps  de  ma  vie  l 

Rentré  en  France,  en  18149  après  la  restautation ,  il  dc« 
meura  à  Sedan  jusqu'au  retour  de  Buonaparte;  Il  suivit  le  roi 
à  Gand ,  revint  à  Paris  avec  lui ,  et  se  fixa  à  Corbeil  en  18 1 8. 
Sa  conversation  spirituelle  et  enjouée  l'y  fit  recbercher  des 
meilleurs  compagnies,  et  surtout  des  femmes ,  qui  briguaient 
les  tributs  de  sa  muse  galante^  C'est  auprès  d'elles  que  cou- 
laient abondamment  de  sa  veine  facile ,  des  poésies  fugitives, 
enfans  légers  de  Fà^propos ,  qui  plaisaient  même  par  leur 
négligence.  11  aurait  du  se  borner  à  ces- succès  de^  coterie  , 
.  sans  chercber  à  se  produire  au  dehors ,  car  ses  poésies  sont 
rangées  parmi  les  productions  dont  la  proiÀi^ion  surchai^e 
nos  bibliothèques  sans  augmenter  notre  glùîre  littéraire.  Un 
caustique  lui  appliqua  ce  quatrain  de  Saint- Amant  : 

Tes  vers  sont  beaux ,  quand  tu  les  dis  ; 
Mais  ce  n'est  rien  >.  quao^d  je  les  lis  : 

son  article  dans  WBiographie  universelle'.. 


FRE  4a5 


Tu  ne  peOx  pa«  toujours  en  dire  i 
Fais  eu  doab  que  je  puisse  lire. 


rais  eu  aune  que  je  puusv  lu'c. 

U  mourut  à  Corbeille  la  septembre  1 8a  i.  Ses  ouvrage» 
nt  intitules  : 


I.  Mélange  de  JPoésieSy  tirées  du  portefeuille  de  M.  leB. 
deS'^.  Londres^extypisJos.,  Allier  (Grenoble),  178a,  ip^-i^ 
fig.)  p.  289 )  en. deux  parties^  imprimée  par  Fauteur,  et  ti- 
res à  soixante  exemplaires  seulement. 

C'est  un  Recueil  d'^pigramnies,  d'épîtres,  d'hërûïdes,  de 
bouquets,  chansons,  contes,  madrigaux,  etc.,  que  Fauteur 
dit  n'avoir  rassemblés  que  pour  se  rappeler  dans  un  âge 
avancé  différentes  époques  de  sa  vie,  et  pour  amuser,  en 
quelque  sorte,  l'avenir  du  souvenir  du  passé. 

Parmi  les  pièces  dont  se  compose  ce  Recueil,  nous  avon$ 
i^marqué  les  suivantes  : 

1  •  Epitre  à  DowtSulpice^  chartreux  du  Mont-Dieu,  datée 
de  Sy,  le  8  février  1767,  et  Réponse  de  ce  chartreux,  du  1 1 
de  ce  mois,  pièce  de  trente-six  vers,  p.  aS.  —  a.  Fera  féli- 
citas^ Carmen,  avec  la  traduction  en  regard ,  p.  a8,  et  quatre 
autres  pièces  latines,  p.  78^  78,  i56  et  176. — 3.  Epitreà 
M^^  Crojer  de  Sedan ^  depuis  M~*  Vissée  de  la  Tude.  Se^ 
dcuij  i5  février  i775j#p.  3a.— 4«  Epitre  à  Vahbé  de  Foise-^ 
non^  du  1 1  décembre  1 775  ',  et  Réponse  en  vers  de  celui-ci, 
du  3o  de  ce  mois,  p.  46.  —  5.  Epitre  d'Emilie  (le  chevalier 
de  la  Font),  du  i5  fév.  177a ,  p.  5o. — 6.  Monorime  à  l'abbé 
Jaci/iiemartj  curé  de  Takiirej  et  trente-huit  vers  de  celui-ci , 
p.  54  et  57.-7.  epitre  à  M^  de  Crancé^  capitaine  de  ca\^a* 
leriey  retiré  à  Sedan.  Sedan j  i5.  février  1775^  p.  64«  Ré- 
ponse de  ce  capitaine^  contenant  quatre-vingt-quatre  vers, 
-p.  67.— 8.  ^ery  à  ccfo^/er.  Sedan,  a7  sept.  1769,  p..  i3a. 
—9.  A  M^^'  Christine  de  Grandpré.  Grandpré,  fév.  1771, 
p.  107. — 10.  Déclaration  d'am...itié  à  M^  de  Balan.  Se- 
dan, 4  juillet  1774*  ^  l^  même^  par  M.  Baudin  (depuis 


\ 


426  FRE 

députtS  des  Ardennes),  6  juillet  177^,  p.  124  et.  12&. — 

"w.Ala  mémej  1 774 ,  p.  1 28.  — 12.  Epîgrammc  à  M.  Pillas,, 

lieutenant  général  au  bailliage  de  S^danj  fëvrier  1 774^  P*  *  ^^  • 

—  l'i.  A  M^^  Adélaïde  Poupart  de  Neuflizej  âgée  de  quinze 
,ans.  Sedan,   1775,  p.   i3o. — 14«  J^eux  pièces  à  M"^  de 

Roussi j  dans  sa  terre  de  Ckeçeuge^  4  W^^-  ^773»  p-  i4^  ^^ 
f46.  — 15.  AuxMéi^.  PP.  Dont  Jean  et  Dont  Xa/i^ier^  char- 
treux  du  Mont-Dieu,  7  mars  1780,  p.  i54«  — 16.  Adieux: 
adressés  aux  dames  de  Rethel^  12  décembre  1779  9  p*  184* 

—  17.  Vers  à  Slf^  la  marquise  d^EcqueviUy^  à  sa  terre  de 
Grandpréj  août  1780,  p.  igS  ;  et  deux  autres  Pièces  sur  sa 
famille ,  p.  \cji  et  196.  — 18.  Epitrç  à  M.  le  comte  d'Artaise^ 
Sy,  3  janv.  1781,  p.  202. 

II.  La  chute  de  Bufihj  poème  en  d&juc  chants^  traduits  du 
latin  de  Claudien^  as^ec  des  notes  historiipies ^  géographiques^ 
et  grammaticales.  Londres,  Dulau,  1811,  in^%  p.  124)  dé- 
die au  marquis  de  Velesley,  tiré  à  un  petit  nombre  d'exem- 
plaires, et  reproduit  dans  le  n""  suivant  ^  stToe  une  dédicace 
k  r  Angleterre,  sa  seconde  Patrie . 

m.  la  Art  poétique  d'Horace^  traduit  en  vers  français  : 
suisfi  de  la  chute  de  Rufin.  Londreç,  Dulau  (Paris,  Ghimot), 
1816,  in-8',  dédié  au  roi.  Ces  deux  vers  de  cette  version; 
d'Horace  lui  ont  été  fournis  par  DeliUe  '., 

Et  que  rintrigue  enfin  où  votre  esprit  se  joue^ 
S'offre  digne  d'un  Dieu ,  lorsqu'un  IHeu  la  dénoue. 

IV .  Epithalame  d'Honorius  et  de  Marie  ^  poème  traduit  de 
Claudien^  en  vers  français.  Paris,  Valade,  1816  ,  în-8% 
p.  67,  dédié  au  duc  de  Berry.  Le  texte  est  eti  regard  de  ces 
traductions  diverses. 

y.  Epithalame  à  t occasion  de  la  So''  année  du  mariage  de 
M.  et  M^  de  JSoisnei^-^de-Cheneçières^  célébrée  le  18  jan^ 
1819.  Corbeil,  Gelé,  '1819,  in-S**  de  3o  vers-,  it*j  inséré 
dans  le  Joianal.  de  Corbeil. 


FRI  427 

"  On  Ae  doit  point  co^fondre  la  famille  de  RcSué  Fremin, 
avec  la  famille  noble  de  ce  nom  ^  dont  la  gënëalogie*  se 
trouve  dans  le  t«  VI,  p»  673  du  Dictionn.  de  la  Noblesse  j, 
par  la  Cbesaaye-deS'Bois*  U»  PUrre  Fremyn  a  ^té  com- 
mandant de  la  ville  de  Rethel.  Il  avait  épousa  Agaric  Alber** 
tine  Joseph  Golnet,  dame  de  Charbeaux,  prèô  d'Yvois-Cari- 
gnan.  Les  G>lnet  sont  des  gentilshommes  verjrîers,  connus 
daps  TArdenne  et  son  voisinage.  Un  Colnet  a  épousé  en 
1814  IVP^  de  Monfrabeuf ,  V*"  Giioust ,  qui  lui  a  apporté  en 
dot  la  terre  des  Petites-Armoises.  Les  gentilshommes  ver- 
riers ont  inspiré  à  Saint-Amant  le  «ii^ain  qui  snit  : 

Votre  noblesse  est  mi  ace , 
Car  ce  n'est  pas  d'un  prince ,    ' 
Daphnis ,  «pie  Toas  sortez. 
«    Gentilhomme  de  verre  y 
Si  vous  ton)bez  à  terre , 
Adieu  VOS' qualités. 

FRIZON  {Pierre)i  vit  le  jour  dans  le  diocèse  de  Reims, 
vers  1534.  On  ne  sait  pas  précisément  où  il  est  né;  mais 
les  présomptions  sont  en  faveur  de  Sault-St.-Remi ,  près  de 
Rethel,  où  sa  famille  tenait  un  rang  distingué.  Ayant  em- 
brassé Tétat  clérical ,  il  devint  chanoine  de  Téglise  de  Reims, 
puis  doyen  de  cette  métropole ,  par  la  résignation  qu'Hubert 
Meurier,  grand  ligueur  et  auteur  de  plusieurs  ouvrages ,  lui 
fit  de  ce  bénéfice ,  en  i58o  (i).  Il  fut  nommé  abbé  commen- 
dataire  de  la  Valroi,  ordre  de  Giteaux  (Ardennes),  en  1 585  ; 
et  après  la  mort  du  cardinal  Louis  de  Guise ,  assassiné  aux 
états  de   Blois,  en  i588,  son  chapitre  l'élut  archevêque 

(i)  D.  le  Long,  p.  46o  de  son  Histoire  de  Laon ,  s'est  trompé  en  le  nommant 
Mot,  et  en  lui  donnant  GhAtean-Porcien  pour  berceau.  Il  est  né  dans  l'Amié- 
nois.  So^  article  est  dansTHiist.  Utténùrê  d'Amiens,  parle  P.  Daire,  p.  100. 
On  Le  trouve  bien  pkis  détaillé ,  à  la  BB.  du  roi ,  parmi  les  MSS.  de  Saint- 
Ccrmain-des-Prés.  C'est  la  vie  de  l'auteur,  écrite  par  lui-môme  :  Vita  mca  si^ 
ciit  eam  reiuH publicé  in  schofis  Sorbcnicis ,  17  hal.jtm.  i56^. 


y 


4^8  FRI 

de  Reims  en  iSSg*,  mais  il  refusa  cette  dignité.  Il  se  démît  de^ 
son  décanat  en  iSgô.  On  peut  rapporter  sa  mort  à  l'année 
suivante.  Les  biogi'aphes  Tbnt  souvent  confimdu  avec  son 
neveu.  On  connaît  les  deux  traductions  suivantes,  publiées 
sous  son  nom  : 

I.  La  doetrine  de  bien  niourir^  contenue  en  trois  chapitres:^ 
traduite  de  V italien  de  Donp  Pierre  de  Lua/ueSj  chanoine  régu-r 
lier  de  Latran.  Paris ,  Thomas  Brumen,  i5849  in-i6. 

II.  Za  Consolation  des  jijffligisj  trad*  dui  latin  du  /T.  /?« 
Gaspard  Loart:^  Jésuite.  Paris,  16849  in -4'' 9  ^•■>  Rouen, 
i6o3,  in-i6. 

JUarlotj  t.  II,  p.  846-,  Gai.  Ch.^  t.  IX,  p.  i56,  176,  3i3;^ 
Jix  ^crc/ierj  BB.  Franc.,  t.  m,  p.  277. 

FRIZON  {Pierre)^  neveu  et  compatriote  du  précédent ,  né 
vers  i588,  entra  chez  les  Jésuites,  où  il  enseigna  durant 
plusieurs  années.  Il  en  sortit  pour  embrasser  Tétat  ecclésias- 
tique ,  et  fit  ses  études  de  théologie  à  Paris.  Admis  dans  Iq 
collège  et  la  société  de  Navarre  en.  1684,  il  reçut  le  bonnet 
de  docteur  peu  de  temps  après.  Depuis,  il  (ut  chargé  de  la 
pénîtencerie  de  1  église  de  Reims ,  qu'il  quitta  pour  être  vi- 
caire général  du  cardinal  François  de  la  Rochefoucaud , 
grand  aumdniçr  de  France.  Vers  i632 ,  on  Télut  coadju- 
teur  de  Charles  Loppé ,  grand  maître  du  collège  de  Navarre  > 
auquel  il  succéda  en  i633.  Le  désir  de  mener  une  vie  plus 
tranquille  le  fit  renoncer  à  ce  poste  honorable  en  1 635.5^ 
jnais  il  garda  celui  de  vicaire  général  du  grand  aumôjEiier  -,  çt 
en  cela  il  suivit  le  conseil  du  cardinal  de  la  Rochefoucaud , 
qui  s'était  démis  de  la  grande  aumônerie  çn  i63a.  Cette 
Eminence  contim^a  d'occuper  Frizon  jusqu'en  i635 ,  qu'elle 
mourut.  Notre  savant  abbé  lui  survécut  jusqu'au  mois  de 
juillet  l65o  ou  l65i,  époque  de  son  décès.  Il  laissa  sa  biblio- 
thèque à  réglise  de  Reims.  De  Launoy  le  signale  comme  uif 


FRI  /P9 

bommé  très-vérsé  dans  la  connaissance  des  langues  grecq[Ue 
et  latine,  iaiinè  grcecèque  eruditus* 

On  apprend  de  Niceron  qu'Henri  deSponde,  évéquede 
Pamiers,  avait  légué  par  son  testament,  qu'il  fit  quelques 
jours  ayant  sa  mort  (arrivée  le  i8  mai  i643),  tous  ses  biens 
à  Pierre  Frizon ,  avec  lequel  il  avait  vécu  dans  une  étroite 
amitié  pendant  quinze  ans ,  tant  à  Rome  qu  a  Paris.  (Hûm. 
Ill.j  t,  I,  p.  i3i.)  Les  fruits  de  ses  travaux  sont  : 

I.  La  Sainte  Bible  Jrançûàse ^  iradmie  par  les  théologiens 
de  V  université  de  Louvain^  avec  des  sommaires  extraits  des 
Annales  du  cardinal  Baronius ,  et  les  moyens  pour  discerner 
les  Bibles Jrançaises  caAolù/ues  d'aivec  les  huguenotes,  Paris, 
Ricber  et  Chevalier,  1621,  in-foLjJig,  L'éditeur  y  a  encore 
ajouté  Texplication  des  passages  de  l'Ecriture ,  selon  le  sens 
des  Pères  qui  ont  vécu  avant  et  durant  les  premiers  con-* 
«iles  œcuméniques,  et  des  descriptions ,  déclarations  et  dis- 
cours fort  utiles  pour  Tintelligence  de  Tétat  et  ordre  des 
et  verses  monarchies,  dont  il  est  parlé  dans  TEk^rituA-Sainte. 

II.  GcUlia  purpurata^  qud  summorum  Pontificumj  tum  om- 
nium GaUicB  Cardinalium  res  prasclarè  gestœ  continentur^  ab 
anno  loi^g,  ad  annum  1629  :  et  Epitome  Conciliorum  GalUas^ 
cum  nomenclaturd  Magnorum  Eleemosinariorum  Franciœ, 
Paris,  Simon  Lemoine,  i638,  in-foL^ik'^  édit.  La  i**",  moins 
complète ,  avait  paru  en  1629.  Ce  livre  prouve  beaucoup  de 
connaissances  historiques  ;  mais  Fauteur  est  inexact  et  tombe 
dans  les  bévues  les  plus  lourdes.  On  ne  doit  jamais  le  con- 
sulter sans  recoiirû*  en  même  temps  aux  deux,  ouvrages  où 
le  docte  Etienne  Baluze  a  relevé  toutes  ces  fautes  avec  ime 
sagacité  peu  commune,  savoir  :  i  *?  jdnti-Frizonius.  (Toulouse, 
i653,  in-8°-,)  2*»  FitœPaparum  Avenionensium.  (Paris,  1693, 

2  vol.  in-4**.) 

III.  Il  a  coopéré  aux  Annales  de  Baronius  (par  Henri  de 
Psonde),  depuis  1622  jusqu'en  i63o,  comme  on  le  témoigne 


( 


43o  FUE 

il  la  fin  de  rédition  de  V^br^é  de  Boronius^  imprimé  à  Pa- 
ris,  chez  la  Noue,  en  i63o ,  oà.  l'on  remarque  ce  qui  suit  : 
«  Qoas  addita  fuére  huic  Auctario  ab  articulo  primo  anni. 
»  MDCXXH  9  sumpta  foerunt  ex  uotis  et  obserrationibus  cu- 
»  jusdam  doctoris  fheologi  Parisiensis ,.  amici  illius  àuctoris 
»  tum  abseutis,  dcque  ejud  liceutià  et  auctoritate.  » 

IV,  Fita  Henri  Sponiani^  à  la  tête  de  la  continuation 
des  Annales  BaromuSj  par  de  Sponde.  Paris,  1639,  a  vol. 
in-fol. 

Y.  Traité  des  graiidàjlum&niers  de  France:  MS.  conserve 
dans  la  BB.  du  chapitre  de  Reims.  L'abbé  Arcbon  en  a  pro- 
fité pour  son  Histoire  de  la  Chapelle  des  rois  de  Frana  .  (Pa- 
ris, Ï704  et  17 1 1,  2  vol.  in-4®>)  comme  il  le  dit  à/àxii  Taver- 
tissement  du  t*  II. 

YL  Nous  avons  puisé  la  note»  suivante  dans  le  carton  re- 
latif  à  la  Biogr.  champenoise ,  parmi  les  MSS.  de  la  BB.  du 
roi  :  ic  Pierre  Frizon  est  auteur  d'une  Briève  Censure  du  sj- 
«  node  des  ministres  de  Charenton,  Quâ  distinxit  doctrinam 
»  Ëcclesiœ  Catbolicae  à  sensu  diverso  pravoque  Gomarista- 
»  rum,  rigidorum  Caivinianorum  et  Arminianorum.  »  Cet 
Ouvrage,  inconnu  aux  bibliographes,  et  qui  a  échappé  à 
nos  recherches ,  n'aurait-il  point  été  publié  ? 

Philippe  Frizon,  lieutenant  de  la  compagnie  des  arque- 
busiers de  Reims,  et  Nicolas  Fmon,  seigneur  et  vicomte 
de  ScadthSamt^Remi ^  étaient  lieutenans  de  roi  à  Reims,  le 
premier  en  1571  et  1572,  et  le  second  en  i6o3.  (Marlot, 
Met^  Rem.j  t.  Il,  p.  753.)  Jean  Frizon^  écuyer,  seigneur 
de  Cumière,  occupait  la  pareille  charge  à  Mouzon  en  i635. 
(Richer,  HisU  de  Mouzon.) 

.    De  Launoy,  Hist,  Nan^ar.  gymnas.^  p.  833;  Richard, 
Dictionn.  des  Sciences  EccL  ;  IVJbréri. 

FUEILLE  {Jean  Baptiste  Louis  DE  LA)  était  un  de  ces 
hommes  de  lettres  peu  curieux  de  se  produire  au  dehors.  Né 


FUË  43t 

à  Buz^iicy,  patrie  da  poète  Coffin,  en  1691,  il  fit  ses  étndeâ 
a  Paris,  et  s  y  maria  avec  D^*®  Mesnager,  dont  il  egt  une 
fille,  mère  du  député  Baudiii.  Il  demeura  dans  la  Capatale 
jusqu'en  1727,  quil  vint  se  fixer  à  Sedan,  en  qualité  de re-* 
ceveur  particulier  des  fiiïances.  Il  y  exéirça  cette  charge  avec 
honneur,  jusqu'au  2a  nov.  I747»  époque  de  sa  mort.  Il- était 
âgé  de  cinquante-six  ans,  et  avait  donné  jusqu'à  la  fin  de 
ses  jours  l'exemple  d^un  dévouement  entier  à  tous  les  devoirs 
de  la  vie  publique  et  jirivée.  On  lui  doit  : 

é 

I.  Tenue  des  Etats  du  Parnasse  j  allégorie  (de  soixante^ 
quatorze  vers)  :  insérée  dans  le  t.  VIII,  p.  827  des  Nom^. 
liitér.  de  du  Sauzet.  (La  Haye,  1715  et  1720,  ii  vol.  in-12.) 

II.  Ode  anacréontùfue  (de  vingt-deux  vers)  à  M"^  Vatry 
(Louise  Marguerite  Buttet)  (l)  :  insérée  dans  le  t.  VII,  p. 
95  des  Nouveaux  Amusemens  du  cœur  et  de  l'esprit^  par  Phi- 
lippe^  (Paris,  174^  et  1745?  i5  vol..  in-12.)  Elle  est  pleine 
dé  délicatesse  et  de  décence  unie  à  la  volupté. 

III.  Dissertation  siw  l'antiquité  de  Chaillot^  pour  servir  de 
Mémoire  à  l'Histoire  universelle,  Paris,  Prault  père,  1736, 
in-8**,  p.  l6',  lï.j  Paris,  ibid.j  1726,  même  édition,  avec  un 
tître  rafraîchi.  L'approbation,  du  6  septembre  1736,  in- 
dique qu'elle  avait  été  insérée  dans  le  Glaneur  français  ^ 
journal  rédigé  par  Dreux  du  Radier  et  Pesselier.  {Paris^ 
1735  et  1737,  4  vol  in-12.) 

Le  but  de  cette  dissertation  anonyme ,  est  de  ridiculiser 
la  science  des  minuties  historiques ,  et  l'érudition  de  ces  an- 
tiquaires modernes ,  qui  a  pour  objet  des  faits  frivoles  et  peu 
intéressans.  Elle  est  écrite  dans  le  goût  du  Mathanasius  de 
Saint-Hyacinthe.  On  l'a  trouvée  assez  pleine  d'esprit  et  de 
fines  plaisanteries  sur  la  folie  des  hommes ,  pour  l'attribuer 
à  l'abbé  Desfontaines.  D'autres  l'ont  donnée  à  Coste  de  Tou- 
louse ,  auteur  d'unç  satire  anonyme ,  conti-e  le  goût  outré  de 

(i)  Son  éloge  est  dans  It  ti*  supplément  du  Pwmastô  Franfais^  p.  6ji. 


43ft  GAN 

réradition  dans  les  recherches  historiques,  intitulée  :  Pm-* 
jet  d'une  Histoire  de  Paris ,  sur>  un  plan  nouveau*  (  Harlem 
(Paris),  1739,  in-8*.)  L'ahhé  Desfbntaines  Tayant  çritiquëe, 
Coste  lui  répondit  par  une  Lettre  de  V auteur  du  Projet^  etc.^  à 
l'auteur  des  Obsen^ations  sur  les  écrits  modernes.  (Ib.,  1739, 
in**l!2,  p.  3o.)  Il  y  dit,  p.  28  :  «  Vous  voyez,  Monsieur,  que 
»  j'ai  un  grand  nombre  de  modèles  à  suivre,  indépendam^ 
»  ment  de  Maihanaséus  qtie  j'ai  lu  avec  beaucoup  de  plaisir, 
»  et  des  Antiquités  de  Chaillot^  dont  je  ne  connais  que  le 
»  nom.  »  C'est  une  petite  guerre  de  plume  qui  a  fait  prendre 
le  change  suri  auteur  de  la  Dissertation  ciMiesstis.  Delà  Fueille 
a  laissé  des  Mémoires  MSS>  sur  Sedan. 

G. 

G ANNERON  (^François) ,  chartreux  du  Mont-Dieu ,  flo- 
rissait  dans  la  première  moitié  du  xvïi*  siècle.  La  notice  que 
lui  a  consacrée  le  savant  éditeur  des  Annales  d'Ysfois  et  de 
Mouzonj  nous  dispense  d'entrer  dans  de  grands  détails  à 
son  égard  \  et  si  nous  le  rappelons  ici ,  c'est  qu'il  s'est  acquis 
'  le  droit  d'y  figurer  en  sa  qualité  d^'historien  du  pays.  Il  finit 
ses  jours  au  Mont-Dieu,  vers  1 644  v avec  ^^^^e  tranquillité 
d'ame  quHnspire  le  sentiment  tendre  et  profond  d'une  con- 
science vertueuse. 

Ce  savant  et  laborieux  Cénobite  unissait  à  une  candeur  ai^ 
raable  une  politesse  que  la  solitude  fait  perdre  assez  souvent. 
Les  agrémens  de  son  esprit  et  de  soh  caractère  lui  avaient 
concilié  une  confiance  et  une  estime  qui  honorent  la  vertu 
m^me.  Ses  productions  sont  : 

I.  D.  Francisai  Ganneron^  Carthusiani,  Actiode  repetun-* 
dis.  Dissertation,  écrite  vers  l65o,  qui  tend  à  prouver  que 
c'*est  un  Chartreux  qui  est  auteur  de  V Imitation  de  J.-C.  Le 
Général  de  l'Ordre  n'a  point  permis  la  publication  de  cette 


GAN  433 

Dissertation ,  écrite  vers  i65o.  (Barbier,  Dissert,  sur  soixante 
traductions  de  riiaitAtion  de  J.-C,  p,  ao8).  (i) 

II.  f^indiciœ  geneseos  Carikusiensiimij  écrites  en  1640. 
Voy.  Acta  Sanctorum  des  BolIaadistes,.oct.,  t.  III.  {Antuer-- 
;?iiap,  i770,in-fol.) 

III.  Un  vol.  de  Poewô^ y  qu'on  conservait  au  Mont-Dieu. 

IV .  Annales  de  la  Chartreuse  du  Moni^Dieu^  2  vol.  in-foL 
MSS.  «  Il  y  en  avait  deux  exemplaires  conservés  dana  cette 
»  niaiso;n.  L'un  est  en  latin  et  l'autre  en  français  :  ces  der- 
»  nières  Annales  sont  plus  détaillées,  et  plus  circonstan- 
»  ciées.  On  n'y  voit  pas  seulement  les  faits  propres  à  la  Ghar- 
»  itreuse,  depuis  son  établissement,  qui  est  du  zii^  siècle, 
»  mais  encore ,  beauèoup  de  choses  relatives  à  l'histoire  du 
)j  pays.  »  (Fontette ,  Biblioth.  hist.  de  la  Fr.j  t.  IV,  p.  35 1 .) 

V.  Mémoires  de  dom  Ganneron^  in-fol.  MS.,  conservé 
dans  la  bibliothèque  du  Mont-Dieu, 

Marlot  parlant  de  ces  ouvrages ,  dit  :  a  Recenset  cardina- 
»  les  et  episcopos  ex  hâc  Garthusiâ  assumptos,  doctrinâ  quo- 
»  que  ac  sanctitate  prsestantes  viros  qui  in  eâ  claruerunt, 
))  inter  quos  Josserandum  nominat  et  Bernardum  Caras- 
))  sum(2).  {Met.  Rem.j  t.  II,  p.  Siy.) 

M.  Duvivier,  doyen  du  conseil  de  préfecture  du  D.  des 
Ardennes ,  possède  la  plupart  de  ces  manuscrits. 

(1)  Ouvrage  auquel  a  coopéré  l'auteur  de  la  Bioj^raphie  Ardennaise,  Voy.  la 
Préface  de  cette  dissertatfon,  p.  Vm. 

(3)  Parmi  les  personnages  1^  plus  distingués  de  cette  chartreuse  9  on  re- 
marque D.  Jçan  de  Billy  {voy.  p.  119)  ,  D.  Jean  Dagoneau  (roy.  Annales  d*Y* 
voit,  p.  428}  ,  DD,  Simon  et  Engelbert  envoyés,  en  1168,  par  le  pape 
Alexandre  III  vers  Henri  II,  roi  d'Angleterre ,  pour  négocier  la  réconcilia- 
tion de  Thomas  Becket,  archevêque  de  Cantorbéry,  avec  ce  monarque. 
Saint  Bernard,  Pierre  de  Celle,  abbé  de  Saint^Remi  de  Reims,  Beméred, 
cardinal  et  évêque  de  Palestrine,  aimaient  à  faire  des  retraites  au  illont- 
Dieu.  On  y  voyait  la  cellule  de  saint  Bernard ,  et  on  y  conservait  sa  chasuble 
et  i$a  ceinture.  Le  cœur  dt  Louis  de  Bourbon ,  comte  de  Soissons ,  tué  à  la 
bataille  de  la  Marphée,  près  de  Sedan,  le  6  juillet  i64i,  était  déposé  dans 
une  chapelle  particalière  de  ce  couvert  t. 

TOME  I.  -  28 


434  GAU 

GAUTIER  \Gérard)y  sculpteur,  né  à  Château-Porcien  le 
i4  janv.  1723,  se  rendit  à  Reims  en  1746,.  pour  y  exercer 
la  profession  de  tourneur.  L'abbé  Hachette  des  Portes,  évéque 
de  Sîdon ,  grand  archidiacre  de  Reims ,  et  depuis  promu  à 
Tëvéché  de  Glandève,  ayant  cru  apercevoir  en  lui  quelques 
germes  de  talent  pour  la  sculpture,  le  fit  partir  pour  Paris. 
Au  lieu  d'y  étudier  le  genre  de  Fornement ,  qui  convenait 
mieuxji  sa  situation,  Gautier  choisit  celui  de  lastatuc,  qui  exige 
une  étude  longue  et  opiniâtre.  Il  se  contenta  de  prendre  les 
leçons  du  célèbre  Falconnet,  et  fréquenta  peu  l'Académie , 
ce  qui  était  se  priver  d'un  des  moyens  les  plus  puissans  de 
réussir  dans  Fart  de  Phidias.  Néanmoins,  il  parvint  à  tailler 
le  marbre  avec  assez  d'habileté  -,  et  ses  copies ,  d'après  des 
maîtres  avantageusement  connus,  le  firent  connaître. lui- 
même.  Il  fut  très-ocçupé  jusqu'en  1789,  qu'une  paralysie  le 
réduisit  à  l'inaction  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  dans  son  lieu 
natal,  le  9  décembre  1795.  A  une  manipulation  pleine  de 
goût,  Gautier  joignait  des  mœurs  honnêtes  et  toute  l'obli- 
geance d'un  bon  cœur.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 


I**  ii  Des  jeux  d'enfance  j   Copiés  sur  les  originaux  des 

I 

»  sculpteurs  modernes ,  pour  le  baron  de  Thiers  -,  2**  un  bas- 
»  relief  allégorique  de  la  chute  des  Jésuites ,  pour  l'abbé 
»  Chauvelin*,  3°  plusieurs  bustes  de  Louis  XV,  pour  des 
»  hôtels-de-ville  et  des  particuliers,  4**  àes'vases  de  forme 
))  antique ,  pour  le  château  de  Buzancy,  dont  M.  Augeard  était 
))  propriétaire-,  5°  en  1773,  la  statue  en -plomh  érigée  sur  la 
»  place  de  Chateau-Pôrcien ,  soutenant  le  portrait  de  Louis  XV, 
»  en  bas-relief  et  en  médaillon,  posé  sur  un  fût  de  colonne, 
))  au  bas  de  laquelle  est  un  génie  recevant  les  richesses  sor- 
))  tant  d'une  corne  d'abondance*,  symbole  des  secours  ac- 
»  cordés  par  le  roi  pour  être  employés  aux  travaux  publics 
))  de  la  ville  (ce  monument  a  été  détruit  en  1793)-,  6°  les 
})  .statues  elles  bas-reliefs  en  sculpture  pour  la  cérémonie 


GÉL  '        43s 

»  du  sacre  de  Louis  XVI,  en  1775.  »  (Betgeat  et  Delbehe, 
Explication  des  emblèmes  du  sacre  de  Loids  XV I^  p.  22-,  le 
Long.  HisU  de  Laon,  p.  47^0 

GELE  {Jean).  Le  bourg  du  Chesnc-le-PopuIeux  qui  la 
vu  naître ,  le  3  décembre  i645 ,  le  compte  parmi  ses  savans. 
Il  aimait  F^tude  et  la  vie  tranquille  qui  permet  de  s'y  livrer. 
Le  cloitçe  parut  lui  offrir  ces  avantages ,  ce  qui  le  porta  à  se 
présenter  à  Tabbaye  de  Saint-Aemi  de  Reims ,  où  il  fit  pro- 
fession le  23  septembre  1666.  Dès  qu'il  fut  revêtu  du  sacer- 
doce ,  on  renvoya  à  Saint-Denis  pour  coopérer  à  une  'édition 
des  (ouvres  de  saint  Augustin ,  le  plus  grand  théologien  des 
philosophes,  et  le  plus  philosophe  des  théologiens  *,  mais  peti 
de  temps  après ,  ses  supérieurs  le  chargèrent  de  régenter  la 
philosophie  au  Mont-Saint-Michel.  Ses  succès  dans  cet  em- 
ploi donnèrent  de  douces  espérances.  Au  bout  de  quelques 
années  on  le  nomma  .professeur  à  Saint-Germain-des-Prés  / 
et  il  introduisit ,  durant  son  professorat ,  la  théologie  posi- 
tive dans  sa  congrégation.  Controversiste  habile  ,  il  conver- 
tît trois  ministres  calvinistes  de  la  ville  de  Saint-Quentin-, 
et  ces  brillantes  conquêtes ,  il  les  dut  autant  A  sa  droiture  ; 
à  sa  douceur  et  à  ses  manières  affables  et  insinuantes  qu'à 
ses  lumières  et  à  sa  logique  pressante. 

Il  était  prieur  du  Tr^porten  1684  9  lorsqu'on  le  chargea 
de  vaquer  aux  mêmes  fonctions  à  Saint-Quentin-en-riIe. 
Appelé  à  Saint-Germain-des-Prés  en  1690,  pour  y  exercer 
loffice  de  sous-prieur,  il  ne  tarda  pas  à  être  atteint  d'une 
goutte^  qui  mit  sa  résignation  aux  épreuves  les  plus  doulou- 
reuses pendant  les  trente-cinq  dernières  années  de  sa  vie. 
Le  6  juillet  1735  tous  ses  maux  étaient  finis. 

Ses  ouvrages  : 

I.  Dictionnaire  géographique  et  historique j  par  Baudrarid.  ' 
Paris,  1706,  2  vol.  in-fol. 

28. 


436  GEL 

Bandrand  avait  traduit  en  français  son  Dictionnaire  latin, 
publie  en  1682.  En  léguant  sa  BB.  à  l'abbaye  de  Saint* 
Germain -des -Prés,  il  chargea  la  Congrégation  de  Saint- 
Maur  du  soin  de  livrer  à  la  presse  sa  traduction.  Dom  Gelé 
remplit  cette  tâche.  Il  fit  de  nombreuses  corrections  à  ce 
Dictionnaire ,  Tenrichit  d'une  préface ,  d'amples  augmenta- 
tions, et  d'une  table  latine,  de  tous  les  noms  des  lieux  rela-«- 
tés  en  français  dans  le  corps  de  l'ouvrage.  L'abrégé^  qu'en  a 
donné  Maty  {Amst.^  1712»,  in-4**),  est  plus  estimé. 

IL  Une  nouvelle  édition  des  OEuvres  d^Ys^es  de  Chartres. 
Elle  n'a  point  vu  le  jour,  soit  qu'on  ait  jugé  suffisante  celle  de 
1647,  ^io'ïûéé  par  le  P.  FiV>nton,  soit  quelle  n'ait  pas  pré- 
senté le  même  intérêt  aux  libraires  que  les  autres  éditions 
des  Pères  de  l'Eglise  publiées  par  les  Bénédictins. 

III.  Histoire  M^  de  Vabbaye  du  Mont-Scùnt-J^fickel^  en 
latin.  Elle  lui  est  attribuée,  par  son  panégyriste ,  qui  en 
avait  une  copie.  D.  Tassin  n'en  parle  point  *,  mais  il  dit  que 
Dom  Quatremaire  a  fait  une  Histoire  abrégée  de  cette  maison. 
{Parisj  1688,  in-i2.) 

On  trouve  son  éloge  dans  le  Mercure  de  France^  août 
1725,  p.  1800.  C'est  là  que  nous  avons  puisé  cette  notice, 
ainsi  que  dans  les  biographies  bénédictines  de  le  Cerf,  Zie- 
gelbauer  et  Tassiti. 

GELU  [Jean)^  archevêque  de  Tours,  puis  d'Embrun, 
né  à  Yvois  vers  1876,  fit  ses  classes  à  Paris ,  y  passa  maître 
ès-arts  en  iSgi,  étudia  ensuite  en  droit,  et  fut  pourvu, 
le  29  mars  1402,  d'une  chaire  dans  cette  faculté.  Louis 
de  France  (i),  duc  d'Orléans,  dauphin  et  frère  du  roi 
Charles  VI,  instruit  de  son  mérite,  le  créa  mattre  des  re- 
quêtes de  son  hôtel,  le  14  décembre  suivant.  Un  oflGice  de 

(i).A  la  fin  de  iSgS,  il  atait  acquis  le  comté  de  Porcien  (  Ardennes),  de 
Jean  II  de  Ghâtillon. 


GEL  437 

coiiseilIer.au  parlement  ayant  été  mià  au  concours,  Gela 
l'emporta  sur  quatorze  concurrens,  le  a6  avril  i4o5.  Au 
mois  de  juin  i4<^79.  ^  ^^^  nomme  président  du  parlement 
de  Dauphinéy  charge  qu'il  remplit  jusqu  eiï  noTembre  1409* 
Le  duc  d'Orléans ,  son  protecteur ,  ayant  été  assassiné ,  le 
23  novembre  i4^7>  P^^  '^?  ordres  de  Jean-sans-Peur,  duc 
de  Boui^ogne ,  Charles  VI  fit  passer  Gelu  au  service  des 
princes  Jean  et  Charles ,  fils  du  duc  Louis ,  qui  portèrent 
successivement  le  titre  de  dauphin. 

En  14*4 >  1^  concile  de  Constance  le  nomma,  quoi- 
qu'absent,  à  Tarchevêché  de  Tours,  le  7  novembre,  et  le 
roi  le  fit  entrer  au  conseil  d'état.  S'étant  rendu  au  concile 
en  i4iS>  il  fut  un  de  ceux  que  cette  assemblée  députa 
vers  Benoit  XIII  (Pierre  de  Lune),  pour  lui  demander  son 
abdication.  Il  écrivit  une  longue  épttre  à  tous  les  fidèles 
de  la  chrétienté  sur  la  conduite  de  cet  astucieux  anti- 
pape (2).  A  son  retour  à  Constance,  il  concourut  avec  les 
cardinaux,  le  8  novembre  14*7?  ^  l'élection  d'un  nouveau 
pape,  et  eut  plusieurs  voix  dans  les  scrutins. 

Après  la  séparation  du  concile,  il  fut  chargé  de  beaucoup 
d'affaires  épineuses,  surtout  dans  ces  temps  malheureux, 
où  la  France ,  envahie  par  les  Anglais ,  était  déchirée  par 
des  guerres  civiles.  Se  trouvant  à  Paris  en  14^8,  lorsque 
Jean-sans-Peur,  usurpateur  de  lautorité  royale,  s'y  con- 
duisait en  tyran  ombrageux ,  brutal  et  sanguinaire ,  il  courut 
de  grands  dangers  le  18  juin, «et  ne  se  déroba  au  fer  ho- 
micide de  ses  sicaires  stipendiés  qu'en  se  mettant  à  l'écart. 
L'année  suivante,  le  dauphin,  depuis  Charles  VII,  l'en- 
voya en  Castille  près  de  Jean  II,  solliciter  des  secours 
qu'il  obtint.  Le  pape  Martin  V,  élu  par  le  concile  de 
Constance ,  le  chargea,  en  14^1 9  d'une  autre  mission  auprès 

(i)Oii  disait  alors  que  la  paix  ne  renaîtrait  dans  l^glise  qoe  par  une 
éclipse  de  lune. 


438  GÉR 

(le  Jeanne,  reine  de  Naples.  Il  s'agissait  de  concilier  les 
différends  survenusr  entre  le  roi  d'Aragon ,  Alphonse  V, 
et  Louis  III,  au  su^et  de  la  successicHsi  de  cette  princesse, 
ntfgociation  qui  ne  réussit  point.  Transféré  enfin  à  Varche- 
vêçhé  d'Embrun  en  14^79  s>ur  la  demande  du  chapitre  de 
cette. église,  dont  il  avait  été  chanoine,  ainsi  que  de  celle 
de  Vienne,  Gelu  renonça  aux  affaires  et  se  dévoua  tout 
entier  au  gouvernement  de  son  diocèse. 

On  apprend  des  lettres  que  l'empereur  Sigismond  écrivit 
au  concile  de  Bâle,  le  2  a  janvier  i433,  pour  mettre  fin  à 
l'affligeante  mésintelligence  qui  régnait  entre  cette  auguste 
assemblée  et  le  pape  Eugène  tV ,  que  notre  prélat  avait  été 
k  Parme  rendi*e  foi  et  hommage  pour  les  fiefs  et  autres  pri- 
vilèges mouvans  de  la  couronne  de  ce  souverain.  Ces  lettres  de 
Sigismond  sont  conservées  parmi  les  MSS.  de  la  BB.  du  roi. 

Gelu  fipit  ses  jours  le  7  septembre  14^29  laissait  un 
monument  de  son  savoir  dans  un  uébrégé  des  vies  des  ar- 
chevêques d'ETmbrun ,  et  une  Dissertation  sur  la-  Pucelle 
d'Orléans  *,  productions  latines  inédites  y  auxquelles  il  faut 
ajouter  une  notice  sur  sa,  vie,  imprimée  dans  les  Annales 
d'Yvois  j  et  portant  ce  titre  :  Fita  Jacobi  Gelu  usque  ad 
annum  14219  à  se  ipso  scripia.  {Annales  Ecclesiœ  Ebredu- 
rensis^  in-fol,  MS.,  parmi  ceux  de  Fontanieu,  à  laBB.  du 
roi.  GaU.  cJt.y  t.  3,  p.  1190.) 

GÉRARD,  évéque  de  Cambrai  et  d'Arras.  L'Ardenne 
fut  son  berceau  :  issu  vers  990,  d'Ariloul,  seigneur  de 
Rumigny,  et  d'Ermentrude ,  fille  de  Gt)defroi ,  comte  d'Ar- 
denne  et  de  Verdun,  il  fit  ses 'études  à  Reim9  à  l'école  du 
docte  Gerbert.  L'archevêque  Adalberon,  son  proche  pa- 
rent, le  nomma  chanoine  de  cette  église.  Il  devint  ensuite 
clerc  de  la  chapelle  d'Henri  II ,  depuis  empereur.  Il  n'était 
encore  que  diacre  lorsque  ce  prince  le  nomma  évéque  de 
Cambrai,  le  1*' février  1012. 


GÉR  439 

Placé  sur  ce  siège ,  Gérard  signala  son  zèle  pour  le  main- 
tien de  la  discipline  et  le  rétablissement  des  études.  Les 
écoles  de  sa  cathédrale  redevinrent  florissantes  sous  son  gou- 
vernement. En  1022  il  assista  au  concile  d'Âix-la-Gha- 
pelle,  où  se  trouvait  l'empereur  Henri.  Trois  ans  après ,  il 
tint  un  concile  à  Ârras  contre  quelques  hérétiques  qui 
rejetaient  les  sacremens.  On  y  établit  d'une  manière  claire, 
la  foi  de  l'Église  sur  l'Eucharistie.  Gérard  rédigea  lui- 
même  les  actes  de  cette  assemblée. 

Les  vertus  épiscopales  ne  sont  pas  sa  seule  recomman- 
dation auprès  de  la  postérité  *,  il  y  joignait  les  talens  d'un 
négociateur  habile.  L'empereur  Henri  le  choisit  plus  d'une 
,  fois  pour  son  ambassadeur  à  la  cour  de  Robert,  roi  de 
France.  Ce  fdt  Gérard  qui  alla  inviter  ce  monarque  à  la 
conférence  que  ces  deux  princes  eurent  à  Yvois,.sur  la  ri- 
vière de  Chierre,  eh  1023-,  entrevue  où  l'on  établit  une  paix 
solide  entre  l'empire  et  la  France.  L'évêque  de  Cambrai  y 
assista  lui-même  avec  beaucoup  d'autres  prélats  et  sei- 
gneurs français  et  allemands.  De  tous  les  évêqùes  ses 
copt.emporains,  aucun  n'eut  autant  de  part  aux  affaires  de 
l'Europe  (i).  Mort  le  14  mars  io48,  dans  la  trente-hui- 
tième année  de  son  épiscopat.  On  a  de  lui  : 

L  Les  j4ctes  du  Synode  d* Arras  ;  imprimées  p.  i  à  63 
du  XIIP  volume  du  Spicilège  de  dom  Luc  d'Achery. 

H.  Huit  lettres.  Baudri  et  Couvenier  nous  les  ont  con- 
servées dans  leur  Chroniciun  Cameracense  et  Atrebatense. 


(1)  C'est  une  chose  remarquable  que  la  profonde  ignorance  où  ▼ivaieO't 
alors  presque  tous  les  laïques.  Pour  peu  qu'une  négociation  fût  délicate,  les 
souverains  n'osaient  la  confier  aux  premières  têtes  de  l'état.  C'était  dans  les 
différens  ordres  du  clergé  qu'ils  choisissaient  leurs  ambassadeurs.  Un  simple 
religieux  présidait  souvent  aux  conseils  des  rois ,  et  réglait  la  destinée  des 
empires.  Rentré  sous  le  joug  de  la  discipline  monastique;  il  y  reprenait  sans. 
répugnance  les  humbles  exercices  du  cloître  :  après  avoir  servi ,  et  quelquefois 
sauvé  l'état ,  il  continuait  de  lartguir  dans  les  emplois  de  lecteur  ou  de  copiste. 


44«  ^^^ 

(Douai,  i6i5,  in-S"".)  Marlot  a  réimprime  les  a*,  3'  et  4''t 
dans  le  t.  II  y  p.  69,  de  son  Hist.  de  Téglise  de  Reims.  (Yoy* 
les  jinnales  d'Ys^ois^  p.  35.) 

« 

GÉRARD (G^rarrf),  poète  Ardcnnais(i),  principal  du  col- 
lège des  Ecrévës  (2)  à  Reims,  était  probablement  de  la  prin- 
cipauté de  Sedan ,  où  la  famille  de  ce  nom  est  connue.  Il  flo- 
rissait  à  la  fin  du  xvi*  siècle.  La  Biographie  n^a  donne  aucun 
détail  sur  sa  vie ,  et  nous  ne  pouvons  l'apprécier  que  par  ses 
ouvrages ,  source ,  il  est  vrai ,  la  plus  pure  de  tout  jugement 
impartial  et  exact  qu'on  veut  porter  sur  un  écrivain  quel- 
conque. Ses  productions  parvenues  à  notre  connaissance , 
sont  ; 

I.  Eglogue  pastomlCf  par  Gérard  (Gérard)^  Ardennais. 
Reims,  V^*deF<Mgny,  1602,  in-4'*?  p»  4^» 

Cette  pièce,  dédiée  à  Pinchart,  recteur  de  TUniversité 
de  Reims ,  chan.  et  théologal  de  N.^D.,  est  un  éloge  allégo- 
rique de  Grand  Raoul,  oncle  de  Pinchart.  Clio,  Tunè  des 
Muses,  s'abandonne  aux  larmes  et  aux  regrets  à  la  âouvdle 
de  la- mort  de  ce  libéral  protecteur  des  belles-lettres,  qui  est 
'  désigné  dans  l'églogue  sous  le  nom  rustique  de  Baulot.  Pa- 
tricio  et  Mélibée  tâchent  de  la  relever  de  son  accablement. 


(1)  Lefranc  (P/tt/i/y/>e),  signalé  comme  Ardennais  par^du  Yerdier  (t.  III, 
p.  aoa  de  sa  BB.  fr.)  a  publié  :  «  Apologie  contre  certain  discours  émis  sou» 
»  Je  nom  des  états-généranx  des  Pays-Bas,  par  laquelle  sont  rembarrées  les 

•  cavillations  et  impostures  dudit  discours  ;  avec  un  récit  véritable  de  ce  qui 
»  s'est  passé  dès  l'arrivée  du  sieur  don  Jean  d'Autriche,  èsdits  pays  {sine 

•  loco),  1677.  »  Le  discours  réfuté  est  intitulé  :  «  Sommaire  discours  des  justes 
»  causes  et  raisons  qui  ont  contraûit  les  états -généraux  des  Pays-Bas  dej>our- 
»  voir  à  leur  défense  contre  le  sieur  Jean  d'Autriche.  Anvers»  Guil.  Sylvius  » 
»  1677,  in-S"'  »  '  * 

(a)  Ce  collège,  situé  derrière  FHôtel-de- Ville ,  fut  fondé  par  André  le  Coeur 
ou  Onbril  l'Ecrévé ,  pour  de  jeunes  clercs  ou  boursiers.  On  y  enseignait  le» 
humanités.  (G«;ruzez,  Ducriptitm  de  Reims,  p.  445.) 


GER  /(4i 

Là  reconnaissance  du  poète  éclate  daiis  cet  opuscule ,  beau- 
coup plus  que  son  gënîe. 

II.  Pour  le  doctorat  de  Monsieur  notre  Maître  F.  Jean 

Petit  y  religieux  des  Carmes  ^  premier  docteur  de  MézièreSj 
panégyrique.  Reims ,  ibid*y  i6o4  >  in-8°  ;  dédié  aux  échevins^ 
mcutres  et  bow^geois  de  Mézières,  C'est  un  poème  de  plu- 
sieurs centaines  de  vers ,  qui  sont  Icnn  d'être  mauvais  pour 
le  temps  où  ils  furent  publiés. 

III.  Regrets  et  lamentations  Junèbres  sur  la  mort  de  M.  le  duc 
de  Montpensier^  suinés  de  plusieurs  vers  lugubres^  açec  l'épi" 
tapbe  dudit  seigneur.  Paris,  Estienne  Colin,  1608,,  in-8% 
p.  16.  (BB.  Maz.,  C.  38567.) 

GERSON  {Jean  CHARLIER  DE).  Le  hameau  de  Ger- 
son  fut  le  berceau  de  ce  grand  homme.  Il  y  naquit  le  i4 
décembre  1 363 ,  et  il  en  prit  le  nom«  Elevé  sous  les  yeux 
de  parens  pieux,  il  suça,  pour  ainsi  dire,  avec  le  lait,  Ta- 
mour  des  choses  divines,  dont  le  charme  s'est  répanda  sur 
tout  le  cours  de  sa  vie*  Sa  mère ,  femme  d'un  vrai  mérite , 
ne  souffrit  jamais  qu'on  entretint  son  enfance  de  ces  contes 
de  vieilles,  de  ces  historiettes  ridicules ,  dont  les  nourrices 
bercent  d'ordinaire  leurs  élèves  (i)*  Il  était  l'ainé  de  douze 
enfans ,  et  ses  parens  le  regardaient  comme  un  présent  du 
Ciel,  accordé  à  leurs  prières  après  plusieurs  années  de  ma- 
riage. • 

Selon  Marlot,  le  jeune  Gerson  commença  ses  classes  à 
Reims;  mais  il  dut  son  éducation  et  ses  progrès  dans  les 
lettres  humaines  et  les  sciences  ecclésiastiques  au  collège 
de  Navarre ,  où  il  fut  reçu  à  quatorze  ans.  L'âge  de  la  fri- 
volité se  passa  pour  lui  dans  des  études  sérieuses  et  de  graves 


(i)  aOmnein  operam  ut  piè  et  liberaliter  fîiius  erudiretur,  usque  adeô 
»  impcndit ,  ut  ne  quidem  anilibns  fabellis,  aut  ludicris  (quibus  puerilis  aetas 
•  inepte  solet  adlactari),  illum  unquam  recreari  passa  sit.  s    {Gersçniana, 

p.  CLXIV.) 


i 


442  G£R 

méditations.  La  société  des  artistes  Tadmit  dans  son  sein  en 
i377y  et  celle  des  théologiens  en  i382.  Il  parvint  au  doc- 
torat en  1 3g2  ,  après  avoir  étudié  la  théologie  pendant  dix 
ans,  sous  les  célèbres  Pierre  d'Ailly  et  Gilles  des  Champs , 
depuis  cardinaux.  Il  n'était  encore  que  bachelier  en  1387, 
lorsqu'il  fit  partie  de  la  députation  envoyée  à  la  cour  pon- 
tificale d'Avignop,  afin  d'y  signaler  le  docteur  Jean  de 
Monteson ,  et  d'arrêter  les  progrès  de  ses  pernicieuses  doc- 
trines. 

Pierre  d'Âilly,  dont  l'estime  valait  celle  de  tous  ses  con- 
temporains, l'ayant  désigné  comme  digne  d'être  son  suc- 
cesseur dans  les  dignités  de  chancelier  de  l'université  de 
Paris  et  de  chanoine  de  la  cathédrale,  l'en  fit  investir  en 
1 3g5 .  Ces  distinctions ,  si  briguées ,  ne  coûtèrent  pas  même 
à  Gerson  la  peine  de  les  désirer;  peu  de  temps. après,  il 
fut  nommé  doyen  du  chapitre  de  Bruges,  par  la  faveur  de 
Jean-sans-Peur,  duc  de  Bourgogne,  souverain  de  ce  pays, 
en  sa  qualité  de  comte  de  Flandre. 

Il  remplit  la  charge  de  chancelier  avec  autant  de  soin 
que  de  sagesse ,  et  n'y  rechercha  que  l'avantage  de  l'aca- 
démie et  l'amélioration  des  études,  et  si  les  deux  lettres 
que  son  zèle  lui*  inspira  en  i4oo  (i)  pour  l'extirpation  des 
abus  introduits  dans  la  théologie  scolastique»  n'eurent  pas 
tout  le  fruit  qu'elles  auraient  du  produire,  c'est  que  le  xv* 
siècle,  d'ailleurs  sous  l'influence  martiale  des  ordres  che- 
valeresques,  touchait  encore  de  trop  près  à  la  barbarie 
dont  il  s'efforçait  de  secouer  la  poussière. 

Le  feu  de  la  discorde  s'étant  allumé  avec  violence  en 
i4o5  entre  Jean-sans-Peur,  duc  de  Bourgogne,  et  Louis 
d'Orléans,  dauphin  et  frère  unique  du  roi  Charles  VI  , 
«  chacun  de  ces  princes  tâchait  de  tirer  l'université  à  soi^ 
«  et  si  elle  semblait  pencher  d'un  côté,  elle  ne  manquait 

(1)  Elles  sont  insérées  dans  le  t.  I ,  p.  lao  dos  Œuvr^  de  Gcrsmi. 


GER  443 

»  pas  de  tomber  de  Tautre.  Ainsi,  dans  une  députation 
»  au  roi,  où  Gerson  portait  la  parole  (i),  Tuniversité  s'ë- 
»  tant  expliquée  d'uae  manière  qui  n'était  pas  au  gré  du 
»  duc  d'Orléans .  ce  prince  lui  en  fit  une  rude  réprimande , 
»  Favettissant  que  ce  n^était  pas  à  elle  à  se  mêler-  du  gôu- 
»  vernement  de  Pétat ,  et  qu'elle  devait  laisser  ce  soin  aux 
M  princes  du  sang.  »  (Crevier,  HisU  de  tUnwers.  de  Pa- 
ris^ t.  III,  p.  235.) 

Dans  ces  conjonctures  critiques^  où  les  deux  factions  (2) 
se  disputant  le  gouvernement  de  la  France  sous  un  roi  sou- 
vent en  démence ,  ne  reconnaissaient  plus  ni  principes  ni 
devoirs ,  et  déchiraient  la  monarchie ,  Gerson  sentit  que  sa 
position  l'exposait  à  de  grands  dangers  :  il  les  pesa ,  et  pour 
s'y  soustraire  il  voulut  se  démettre  de  la  chancellerie  -, 
Jean-sans-Peur  l'en  empêcha.  Cette  conduite  du  prince 
aventurait  le  repos  de  son  protégé  •,  mais  comme  il  le  croyait 
propre  à  seconder  ses  projets  ambitieux,  il  lui  importait 
de  le  maintenir  dans  cette  charge.  Cependant,'  quoique 
Gerson  eût  été  comblé  de  bienfaits  parle  duc  de  Bourgogne , 
comme  il  le  reconnaît  lui-même-  dans  une  de  ses  lettres  (3), 
l'ascendant  du  pouvoir  ne  porta  jamais  atteinte  ni  à  son  in- 
tégrité ni  à  sa  noble  indépendance. 

Le  grand  schisme  d'occident,  copfimencé  en  1378,  et 

(1)  Cette  harangue ,  prononcée  en  i4o5 ,  et  qui  commence  par  ces  mots  : 
Fivai  Reœ,  est  insérée  ibidem,  t.  IV.  p.  583. 

(a)  Ces  deux  partis  avaient  chacun  leur  nom  :  celui  dé  Jean-sahs-Peur  se 
nommait  les  Bourguignons;  l'autre  s'appelait  Orléanais,  on  Armagnacs , 
à  cause  du  comte  d'Armagnac ,  beau-père  du  duc  d'Orléans.  Celui  des  deux 
qui  dominait  exerçait  tour  à  tour,  contre  ceux  de  la  faction  opposée,,  des 
cruautés  dont  le  récit  fait  horreur,  et  qui  heureusement  ne  sont  point  de  mon 
sujet.  Ces  alternations  subites  et  rapprochées  étaient  la  source  de  nouvelles 
calamités  ;  car  la  constitution  des  sociétés  et  celle  du  corps  humain  se  res- 
semblent :  dans  les  maladies  aiguës  il  n'y  a  point  d'agitation  qui  ne  produise 
un  redoublement  de  douleur. 

(3)cCui  se,  quâdam  in  epistolâ,  omnia  post  Dcum  opt.  max.,  debcre  pro- 
»  fitctur.  •  {Gersoniana,  p.  clxv.) 


444  '  GER     , 

qui  se  proloiigeait  sans  qu  on  y  pût  prévoir  un  ternie ,  avait 
étendu  partout  ses  rameaux.  Toutes  les  matières  inflam- 
mables étaient  réunies  pour  agiter  les  esprits ,  et  F  Eglise 
aurait  péri,  si  elle  eût  été  Fouvrage  des  hommes.  Cet  état 
de  choses  exigeait  dans  le  chancelier  de  Paris  un  génie  étendu, 
ferme  et  délié.  GersoiiL  donna  des  preuves  de  toutes  ces 
qualités  et  dans  ses  ouvrages  et  dans  les  négociations  dont 
on  le  chargea. 

On  le  voit  figurer  dans  l'ambassade  solennelle  que  la 
France  envoya  en  Italie  en  1407?  pour  presser  Pierre  de 
Lune  9  dit  Benoît  XIII,  et  Ange  Corrario,  appelé  Gré- 
goire XII,  à  abdiquer  la  dignité  papale.  Après  son  retour, 
il  composa  divers  écrits  sur  les  moyens  d'éteindre  le  schisme 
que  l'ambition  excessive  de  ces  deux  pontifes  conspirait  à 
éterniser. 

L'assassinat  du  duc  d'Orléans,  commis  le  23  novembre 
1407,  par  ordre  de  Jean-sans-Peur  (i),  eut  pour  Gerson 
des  suites  dont  on  rendra  compte  à  mesure  que  Tordre  des 
temps  les  amènera. 

Le  28  avril  i4o8,  il  assista  au  concile  provincial  de 
Reims,  e|;  y  prononça  le  discours  d'ouverture  sur  les  de- 
voirs des  pasteurs. 

L'université  de  Paris  l'ayant  député  au  concile  de  Pise , 
qui  s'ouvrit  le  26  mars  i4o9>  il  fuit  un  de  ceux  qui  contri- 
buèrent le  plus  à  la  déposition  des  deux  papes  rivaux ,  Be- 
noît XIII  et  Grégoire  XII ,  dans  la  quinzième  session ,  tenue 
le  5  juin  suivant  ;  et  à  faire  élire  en  leur  place ,  dans  la 
session  dix-huitième,  du  a6  du  même  mois,  Alexandre  V, 
qu'il  complimenta  solennellement  sur  §on  exaltation.  Dans 
.  ce  discours,  il  exhorte  vivement  ce  pontife  à  s'occuper  de  1^ 
réforme  des  mœurs  et  de  la  discipline  parmi  les  ecclésias- 


(1)  On  remarque  à  la  tête  du  v«  volume  des  Œuvres  de  Gtrson,  une  jolie 
vignette  représentant  ce  meurtre.  B.  Picart,  inv,;  Growwen,  teu/p. 


GER  445 

tiques  :  article  toujours  le  plus  fortement  recommandé  et 
toujours  le  plus  sûrement  oublie»  Les  hommes  consacras  à 
Dieu  étaient  alors  moins  que  jamais  exempts  des  faiblesses 
de  Thumanité*,  et  Tesprit  du  siècle  s'opposait  aux  change- 
mens  désirés  par  Gerson  et  par  un  petit  nombre  de  sages. 

De  retour  en  France ,  après  la  clôture  du  concile  de  Pise , 
le  7  août  141^9  il  se  livra,  dans  la  retraite,  à  Texamen  des 
matières  qu'on  devait  traiter  dans  le  concile  de  Constance, 
dont  celui  de  Pise  avait  ordonné  la  célébration.  Mais  ses 
travaux  furent  interrompus  Tannée  suivante.  Les  Bourgui* 
gnons  dominaient  alors  et  se  signalaient  par  de  monstrueux 
excès,  car  les  crimes  des  princes  semblent  autoriser  ceux 
des  peuples  ;  tout  conspirait  à  la  ruine  de  la  monarchie,  a  Les 
Anglais  entraient  sans  nulle  résistance  dans  la  Guyenne. 
II  s'agissait  de  défendre  la  frontière  *,  la  chose  pressait ,  et 
l'on  résolut  de  se  servir  de  la  rude  autorité  des  bouchers 
de  Paris  (connus  sous  le  nom  de  Cabochiens)^  pour  réus- 
sir plus  tôt  à  rassembler  quelcpie  finance.  Dçs  commis- 
saires furent  nommés  pour  taxer  chacun  selon  ses  facultés. 
Caboche  et  ses  confrères  furent  commis  à  la  recette  \  ils  la 
firent  en  effet  avec  leur  violence  accoutumée  et  sans  mé- 
nager personne,  conduisant  en  prison  ceux  qui  ne  s'ac- 
quittaient pas  sur-le-champ ,  ecclésiastiques ,  officiers  du 
roi,  OU' autres.  Le  vénérable. Gerson ,  l'honneur  de  Funî- 
versité,  ayant  refusé  de  payer,  et  ayant  doucement  re- 
présenté que  la  façon  dont  on  s'y  prenait  n'était  ni  honO; 
rahle ,  ni  selon  la  loi  de  Dieu ,  ils  voulurent  le  prendre  ; 
il  se  cacha  dans  les  voûtes  de  Notre  -  Dame ,  et  ils  sac- 
cagèrent sa  maison  (i).  »  Cette  sédition  eut  lieu  au  com- 
mencement de  mai  1,^1^  • 

A  la  renaissance  du  calme,  Gerson  reprit  ses  fonctions. 
Depuis  i4o5  il  était  cm'é  de  Saint-Jean-en-Grève.  II  lui 


(1)  De  Barantr,  //i«(,  desduc&de  Bourgogne,  t.  I\,  p.  91,  3*  édit. 


446  '  GER 

arrivait  quelquefois  de  monter  en  chaire  pour  opposer  une 
digue  aux  débordemens  de  Tépoque,  et  pour  harceler  les 
perturbateurs  du  repos  public  dans  des  discours  pleins  de 
verve  et  dç  raison  :  ce  qui,  selon  les  biographes,  finit  par 
causer  cette  émeute  populaire  excitée  par  la  faction  des  bou- 
chers, si'  fameuse  dans  ces  temps  malheureux. 

Lorsque  la  haine  du  duc  de  Bourgogne  eut  été  éteinte 
dans  le  sang  de  son  rival  en  14^7,  ce  prince,  loin  de  désa- 
vouer son  crime ,  en  fit  trophée  *,  il  obtint  même  la  permis- 
sion .de  se  justifier  publiquement.  Le  docteur  Jean  Petit, 
cordelier  de  la  province  de  Normandie,  qui  lui  était  vendu, 
le  défendit  ouvertement  dans  une  grande  assemblée ,  tenue 
le  8  mars  i4o8,  profanant  FEcriture-Sainte  et  les  Pères 
pour  établir  la  doctrine  du  tyran nicide  (a).  La  dignité  de 
ces  armes  sacrées,  dont  le  crime  et  la  fureur  ont  si  souvent 
abusé,  n'avait  point  encore  été  vengée  en  141 3.  Jean-sans- 
Peur  avait  .même  obtenu,  le  9  ma^s  ï4o9i  des  lettres  d'a- 
bolition du  roi  Charles  VL  Personne,  .jusque-là,  n'avait  osé 
combatti*e  les  maximes  criminelles  de  maître  Petit ,  tant  la 
puissance  du  duc  de  Bourgogne  imposait  à  la  France.  Ce 
'prince ,  qui  avait  eu  si  souvent  le  dessus ,  fut  enfin  obligé 
de  céder  au  parti  des  Armagnacs  :  contraint  de  quitter 
Paris  en  fugitif,  le  a3\août  i4i3,  il  se  sâuva  en  Flandre, 


(l)  Voici  cette  doctrine  :  «Un  tyran  peut  être  tué  licitement,  et  d'une 
»  manière  méritoire,  par  chacun  de  ses  vassaux  et  sujets ,  même  clandesti- 
»  nement ,  par  embûches  secrètes ,  par  flatterie  ou  caresses ,  nonobstant 
»  toute  promesse ,  serment  et  confédération  faite  avec  lui ,  sans  atteadre  la 
»  sentence  ou  mandement  de  juge  quelconque.»  Dans  un  long  discours, 
prononcé  avec  effronterie ,  maître  Petit  entreprit  de  prouver  par  douze  ar- 
gumens  en  forme  (en  l'honneur  des  douze  apôtres),  la  doctrine  ci-dessus 
énoncée  ;  et  i)  conclut  qu'on  devait  récompenser  l'auteur  de  l'assassinat , 
«à  l'exemple  des  rémunérations  qui  furent  faites  à  monseigneur  saint  Michel 
»  l'Archange ,  pour  avoir  tué  le  diable ,  et  au  vaillant  homme  Phinéès ,  qui 
»  tua  Zambri.  »  Doctrine  diabolique ,  inventée  dans  les  petites  maisons  de  l* en- 
fer ^^  (  VoLTA iRK ,  Abus  de  C intolérance.) 


,  GER  j^^j 

d'où  il  ne  reyint  dans  la  capitale  que  le  i4  juillet  i4i8, 
quoique  ses  gens  y  Aissent  entrés  dans  la  nuit  du  28  au  39 
inaî  précédent. 

«  L'*unîversité  de  Paris  avait  manifesté  dès  i4io  la  dis- 
M  position  où  elle  était  depuis  long-temps  de  condamner  la 
»  détestable  doctrine  de  Jean  Petit  ;  mais  Toppression  du 
M  duc  de  Bourgogne  en  avait  pendant  trois  ans  suspendu 
»  J'effet.  Elle  n'eut  pas  plus  tôt  recouvré  sa  liberté,  qu'elle 
M  se  mit  en  devoir  de  satisfaire  à  ce  que  demandaient  d'elle 
3>  la  vérité  et  la  justice,  là  sûreté  des  rois  et  des  princes,  et 
»  l'intérêt  de  Tétat.  Elle  chargea .  son  chancelier  d'exposer 
»  au  roi  son  louable  désir.  »  {Crevierj  t.  III,  p.  870.)    . 

((  Dès  le  4  septembre  1 4  ^  ^  9  Gerson ,  .dans,  un  discours 
»  qu'il  fit  au  roi  (i),  comme  député  de  l'université  de  Paris , 
»  attaqua  la  meurtrière  doctrine  de  Jean  Petit,  mais  ayec 
M  un  ménagement  infini  pour  les  personnes.  Eu  se  décla- 
))  rant  contre  l'erreur,  il  épargna  les  noms  de  ceux  qui  la 
»  soutenaient.  Non-seulement  il  ne  nomma  pas  le  duc  de 
»  Bouiçogne,  mais  il  ne  nomma  pas  même  Jean  Petit, 
»  qui  était  mort  plus  de  deux  ans  auparavant  (2).  »  (Jhidem^ 
p.  368.)  Enfin,  Gerson  provoqua  la  condamnation  de  YA- 
pologîe  du  docteur  mercenaire*,  elle  fut  proscrite  avec  un 
grand  appareil,  non  le  i3,  mais  le  2 3  février  ï4i4j  <lans 
la  salle  d^l'évêché  de»  Paris,  et  brûlée  publiquement  le  aS 
du  même  mois  dans  le  parvis  Notre-Dame.  On  parla  même 
d'aller  déterrer  le  corps  de  Jean  Petit  à  Hesdin  pour  le 
brûler  aussi. 

Toute  la  faveur  s'étant  reportée  vers  la  maison  d'Or- 
léaps ,  on  rendit  enfin ,  dans  la  cathédrale  de  Paris ,  le  5 
janvier  i4i5,  à  la  mémoire  de  l'infortuné  dauphin  Louis, 
les  honneurs  funèbres  que  le  malheur  des  temps  avait  dif- 
férés jusque-là.  Gerson,  chargé  de  prononcer  l'oraison  fu- 


(i)  Inséré  dans  le  t.  Y,  p.  54  9  Op.  Gers» 

(3)  Mort  en  i4i  1  ^  Hesdin ,  Tille  qui  appartenait  au  duc  de  Bourg^og^ne. 


448  GER 

iièbre  de  ce  piince ,  a  y  prêcha  avec  une  haixliessë  et  une 
n  violence  qui  causèrent  beaucoup  de  surprise  ;  il  dpnna 
»  de  grandes  louanges  au  feu  duc  d'Orléans ,  disant  que  le 
»  royaume  était  bien  mieux  administre  de  son  vivant  qu^il 
»  ne  Tavait  été  depuis^  et  comme  on  aurait  pu  croire  qu^il 
))  voulait  plutôt  exciter  les  haines  que  les  adoucir,  il  assura 
»  que  son  avis  n'était  point  la  mort  ni  la  destruction  du 
M  duc  de  Bourgogne  ;  mais  qvtil  devait  être  humilié  y  qu  il 
»  fallait  qu'il  reconnût  son  péché ,  et  qu'il  donnât  satis- 
»  faction  suihsante,  ne  fût-ce  que  pour  le  salut  de  son  âme. 
»  Après  le  service ,  il  reçut  de  grands  éloges  des  princes 
»  qui  le  présentèrent  au  roi,  et  le  lui  recommandèrenjt.  » 
{De  Barantej  t.  IV,  p.  ïo3.) 

Le  concile  de  Constance,  ouvert  le  5  novembre  14*4» 
mit  le  sceau  à  sa  haute  réputation.  Muni  d'un  sauf-conduit ^ 
il  y  arriva  le  âi  février  141^9  ^^  parut  dans  cette  auguste 
assemblée  avec  le  caractèi^e  d'ambassadeur  du  roi  Char- 
les VI ,  et  de  député ,  tant  de  l'université  de  Paris  que  de 
la  province  ecclésiastique  de  Sens.  Il  s'y  fit  admirer  par 
son  zèle  pom'  les  intérêts  de  l'Eglise ,  et  par  ses  vastes  con- 
naissances, il  en  fut  comme  l'âme  et  la  langue.  Les  hommes 
les  plus  éclairés  de  toutes  les  nations ,  qui  s'y  trouvaient 
réiînis ,  l'honorèrent  comme  le  plus  savant  théologien  qu'il 
y  eût  dans  toute  la  chrétienté  :  il  ne  s'y  U'aita  rien  sur  qaoi 
l'on  ne  crût  devoir  le  consulter*,  et  toutes  les  fois  qu'il  se 
présentait  quelque  point  d'une  discussion  difficile ,  il  faisait 
un  nouvel  écrit  pour  Téclaircir. 

Dans  la  deuxième  session ,  tenue  le  25  mars  i4i  5 ,  il  agit 
avec  vigueur  contre  Jean  XXIII,  qui  avait  succédé  à 
Alexandre  V,  et  dont  la  conduite  irrégulière  et  l'opposition 
.  aux  vues  du  concile  ne  firent  qu'accroîti^e  le  schisme  au 
lieu  de  l'éteindre.  Ce  pontife  fut  déposé  solennellement 
le  29  du  même  mois;  et  le  11  novembre  1417?  ^^  ^lut 
Mai'tin  V,  qui  fut. universellement  reconnu. 


GER  449 

Dans  les  quatrième  et  cinquième  sessions,  tenues  Xe-'io 
mars  et  le  6  avril  14*5 ,  la  doctrine  de  Gerson  relative  à  la 
«upëriorité  du  concile  général  sur  le  pape,  triompha  plei- 
nement; on  y  fit  lé  fam€|ux  décret  qui  déclare  :  «  Que  ledit 
M  concile,  légitimement  assemble  au  nom  du  Saint-Esprit, 
M  faiisant  un  concile  général,  qui  représente  l'Eglise  catho- 
»  lique  militante ,  a  reçu  immédiatement  de  Jésus-Christ 
M  une  puissance  à  laquelle  toute  personne  de  qùelqu^état 
»  et  dignité  qu'elle  soit,  même  papale,  est  obligée  d obéir 
n  en  ce  qui  appartient  à  la  foi ,  à  l'extirpation  du  présent 
»  schisme ,  et  à.  la  réformation  de  rÉglise  dans  son  chef  et 
».dans  ses  membres.  »  Ce  décret,  provoqué  par  Gerson,  fut 
approuvé  par*  Martin  V,  et  confirmé  par  le  concile  de  Bâle 
«n  i43i.  C'est  aussi  la  doctrine  à  laquelle  le  clergé  de 
France  a  toujours  fait  profession  d'être  attaché ,  c  notam- 
ment dans  son  assemblée  mémorable  de  1682. 

Dans  la  qvtinûème  .session ,  le  6  juillet  141^9  Gerson  fit 
proscrire  les  erreurs  de  Jean  Hus,  et  pom'suivit  ensuite, 
avec  upe  courageuse  persévérance ,  la  condamnation  de  la 
doctrine  de  Jean  Petit*,  mais  il  ne  put  obtenir  qu'elle  reçût 
toute  la  flétrissure  qu'elle  méritait.  Tout  ce  que  le  crédit,  . 
la  puissance,  les  sollicitations ,  les  largesses  (i)  peuvent 
opérer-,  tout  ce  que  Fesprit  de  chicane  peut  suggérer  de 
ruses,  d  artifices,  de  subterfuges  k  des  plaideurs  de  mau- 
vaise foi,  fut  mis  en  œuvre  par  Jean-sans-Peur  et  par  ses 
émissaires  y  et  ce  ne  fut  pas  entièrement  sans  fi'uit.  Le  crédit 
de  ce  prince  était  si  grand  que,  quoi  que  GerSon  pût  faire. 


(1.)  Le  P.  Daaiel  rapporte ,  d'aprèi  les  registres  de  la  chambre  des  comptes 
de  Dijon,  que  les  ambassadeurs  de  Jean-saos-Peur  étaient  chargés  de  dis- 
.tribuer  deux  cents  écas,d'oç  aux  théologiens,  de  la  vaiMclle  et  des  bijoux  aux 
prélats ,  et  qu'ils  firent  présent  à  on  cardinal  d'un  manuscrit  inappréciable 
de  Tite-Live,  et  de  plusieurs  queues  de  vin  de  Bourgogne.  Que  de  manœu- 
vres ourdies  .pour  faire  triompher  une  doctrine  qui  arma  les  Clément,  les 
Chatel ,  les  R^vaillac ,  ces  monstres  pétris  de  boue  et  de  sang  I 

TOME  I.  ,  29 


^5o  GfjR 

il  Ti  j  put  obtenu*  la  coudamnation  solennelle  d'une  si  àé- 
testable  docti'ine.  Il  harangua  (i),  il  écrivit,  il  cria,  il  piK>- 
testa  ',  mais  ce  fut  en  yain ,  les  intérêts  présens  et  la  crainte 
qu'inspirait  le  duc  de  Bourgogne ,  remportèrent  sur  tous  * 
ses  efforts.  On  se  borna  à  condamner  seulement  la  propo- 
sition qu'il  est  permis  à  tout  particulier  de  tuer  ou  de  faire 
tuer  un  tyran,  sans  dii*e  d'où  cette  proposition  était  tirée, 
ni  l'imputer  à  personne. 

Après  la  clôture  du  concile,  le  22  avril  i4iS,  Gerson 
voulant  se  dérober  à  la  colère  d'un  prince  qu'on  n'offensait 
point  impunément,  et  qui  avait  conservé  de  nombreux 
partisans  en  France ,  n'osa  y  revenir.  Il  crut  n'avoir  d'autre 
ancre  de  salut  que  dans  un  ostracisme  volontaire*,  et  pour 
mettre  sa  vie  en  sûreté ,  il  quitta  Constance  au  mois  de 
mai,  et,,  travesti  en  pèlerin,  il  erra  quelque  temps  dans 
les  montagnes  du  Tirol ,  et  s'arrêta  enfin  à  Rathemberg,  où 
il  fut  accueilli  avec  distinction  par  le  duc  Albert  de  Ba- 
vière. Bientôt  après  il  se  retira  dans  le  duché  d'Autriche, 
où  le  duc  Fi^déric  III,  qui  l'avait  connu  au  concile  de 
Constance ,  lui  offi*it  un  asile.  La  culture  des  lettres  adoucit 
les  soucis  dé  son  exil.  L'abbaye  des  bénédictins  de  Moelck 
possédait  plusieurs  copies  de  ses  ouvrages ,  com^posés  dans 
ces  contrées. 

Jean-sans-Peur,  ce  colosse  de  puissance  et  de  richesses , 

(1)  Voici  de  qaelle  manière  il  s'énonça  dans  un  discours  qu'il  fit  au  con- 
cile ,  le  5  mars  i4i6.  On  y  trouvera  un  échantillon  de  son  éloquence  :  «  O  s'il 
»  était  donné  aux  trois  fils  du  duc  d'Orléans ,  ces  déplorables  enfans  d'un 
»  père  infortuné ,  à  ces  pupilles ,  orphelins,  de  paraître  devant  votre  auguste 
»  et  sainte  assemblée  ;  s'ils  pouvaient  se  faire  entendre  de  vous ,  ils  vous  sol-  * 
*  ficiteraieat  plus  par  leurs  géftiissemens ,  leurs  sanglots  et  leurs  lames ,  que 
»  par  leurs  disooin's  et  leurs  prières ,  et  vous  imploreraient  en  criant  :  Rendez- 
»  aoos  )ustice ,  rendez-U  à  notre  père.  O  si  vos  yeux ,  pleins  de  miséricorde  » 
»  1«8  Toyoient  se  prosterner  à  vos  pieds ,  en  vous  adressant  cette  juste  demande, 
»  de  quels  traité  de  compasHon  intime  ne  seraient  pas  blessés  tos  coeqrs ,  que 
»  la  charité  rend  si  seoaiMes?  Genceves  vous-mêmes ^  messieurs,  quels  se- 
»  raient  vos  sentimens  .*  car  pour  moi,  je  ne  puis  les  exprimer.  • 


GER  45i 

avec  qui  peu  de  monarques  pouyaieui  rivaliser,  ayant  éié 
assassiné  le  !HX  juin  14^99  Gerson  rentra  en  France,  bien 
résolu  d'abandonner  la  scène  mouvante  des  passions  et  des 
grandeurs  poui*  vivre  dans  la  s<Jitude,  où  Ton  goûte  la 
paix,  même  avec  soi,  quand  on  y  arrive  exempt  de  re- 
mords. Il  se  réfugia  à  Lyon  auprès  de  son  frère,  prieur  du 
couvent  des  Célestins.  Cette  ville  qui  tenait  pour  le  jeune 
dauphin,  Charles,  alors  âgé  de  seize  ans  et  demi  (pai^venu 
à  la  royauté  en  i4a2 ,  sou«  le  nom  de  Charles  VII),  était 
un  lieu  de  sûreté  conti'e  la  faction  des  Bourguignons.  Après 
avoir  demeuré  quelque  temps  caché  dans  ce  monastère ,  il 
en  sortit  quand  vinrent  k  luire  des  jours  plus  heureux ,  et 
se  fixa  pour  toujours  dans  le  cloître  de  Téglise  collégiale  de 
Saint-Paul.  Il  y  vécut  dans  la  retraite  et  dans  les  exercices 
d'une  vie  humble  et  pénitente,  et  se  consacra  pour  le  reste 
de  ses  jours  à  instruire  le  simple  peuple,  dans  des  discours 
familiers ,  et  à  enseigner  aux  petits  enfans  les  élémens  de 
la  langue  latine  et  de  la  doctrine  chrétienne. 

ce  II  avait  un  zèle  tendre  pour  l'instiniction  de  cet  âge,  et 
»  non  content  d'y  travailler  de  vive  voix ,  il  composa  un 
M  ouvrage  touchant  les  moyens  d^attirer  à  Jésus-Christ  les 
»  petits  enfans  :  De  parvuUs  ad  Christum  trakendis.  G  est 
»  dans  ces  exercices  et  dans  cet  état ,  si  grand  aux  yeux  de 
i>  la  foi ,  que  Gerson  termina  sa  can'ière  le  12  juillet  1429. 
»  Il  se  sentait  défaillir  depuis  quelque  temps,  et  il  s'était 
»  préparé  pour  intercesseurs  auprès  de, Dieu  ces  mêmes 
»  enfans  qu'il  catéchisait ,  et  à  qui  il  avait  dicté  et  fait  ré- 
»  péter  tous  les  jours ,  plusieurs  mois  avant  sa  mort ,  cette 
»  humble  formule  de  prières  :  Mon  Dieu,  mon  Créateur^ 
»  oyez  pitié  de  "votre  pampre  sen^iteur  Gerson,  »  (Crevier  , 

t.  m,  p.  49^*) 

Il  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Laurent  (i),  qui 

(i)Gette  églne,  coiiTertie  ea  iniigasiB  de  fourrage  en  1 79},  a  été  de|»al8  incen- 
diée et  démolie  :  elle  fait  aujourd'hui  partie  d'une  place  ptibli«[ue.  Elle  tombait 

29. 


45a  GER 

tient  à  la  collégiale  de  Saint-Paul,  k  laquelle  elle  sert  de 
paroisse.  On  mit  sur  son  tombeau  ces  paroles  qu'il  répé- 
tait souvent  :  Lestez-vous  en  haut  ^faites  pénitence  et  croyez 
à  VEi^angile.  On  y  grava  cette  épitaphe,  qui  donne  une 
idée  de  la  versification  funèbre  de  ce  siècle  : 

Magnum  parya  tenet  yirtntibus  urna  Joannem 
Praeceisum  meritis ,  Gerson  cognomine  dictum  , 
Parisiis  sacrac  professor  theolo^ae  : 
Glaruit  ecclesîae,  quiCancellarias;  anno    *. 
Milleno  Domini ,  eentum  ^uateratque  vigeno 
Nono  »  luce  petit  superos  julii  duodenft. 

Son  tombeau  devint  célèbre  par  un  grand  nombre  de 
miracles,  et  par  une  chapelle  qu'on  érigea  à  sa  mémoire 
avec  un  autel  ou  l'on  plaça  son  image., On  lui. a  rendu  à 
Lyon,  pendant  un  siècle  et  demi,. les  honneurs  religieux, 
comme  à  un  bienhem*eux  digne  d'être  invoqué;  et  cette 

eh  ruine  en  i64o,  et  fut  réparée  par  MM.  Mascarany,  gentibhommes  grisons. 
Ils  restituèrent ,  en  lettres  d'or,  sar  un  marbre  noir,  à  la  droite  de  la  chaire  à 
prêcher,  l'épitaphe  de  Gerson ,  et  y  ajoutèrent  cette  inscription ,  qui  est  tout 
entière  «n  lettres  majuscules ,  comme  les  inscriptions  romaines  : 

D.  Jo,  Charlieri  dô  Gersan  ^vangeL  XpianUs,  pUq.  doet. 
Resfii^^.  cum  Symbolo,  publico,  ae  priva^o,  temma^e,  Ututus, 

La  chapelle  et  l'épitaphe  érigées  à  sa  mémoire ,  avaient  été  détruites  du- 
rant les  guerres  du  calvinisme.  «G«rson ,  dit  le  P.  Golonia  dans  son  Hislaire 
»  littéraire,  était  alors  parfaitement  oublié  à  Lyon.  On  ne  savait  pas  même  où 
^  était  son  tombeau,  lorsqu'son  le  trouva  par  hasard',  l'an  i643,  en  creusant 
»  profondément  la  terre ,  à  l'occasion  de  l'enterremept  de  la  dame  Grassis. 
»  Le  caveau  où  était  son  'corps  ,  revêtu  de  ses  habits  sacerdotaux ,  fut  ouvert  : 
•  ce  ne  fut  qu'alors  que  sa  mémoire  commença  k  revivre  dans  cette  ville,  • 
et  attira  de  nouveau  les  hommages  des  fidèles.  La  relation  que  l'abbé  Vernay 
fit  de  cette  découverte ,  contient  les  miracles  qui  eurent  lieu  alors.  Elle  a  paru 
avec  ce  titre  :  Johanes  CharGerus ,  à  Utmuto  glariotus  (la  gloire  de  Jean  Ghar- 
lier  renaissante  de  son  sépulcre).  Lyon  y  i643,  in-4'^,  avec  son  portrait  en' 
pèlerin.  Du  Pin  l'a  réimprimée  à  la  tête  de  son  édition,  p.  clzxzviii  à  cxcv. 
Gersoo  «yant  renoncé  à  ses  dignités  et  à  ses  places,  l'église  de  Lyon  lui  avait 
assuré  la  jouissance  de  Ift  terre  de  Quincieu. 


GER  453 

dévotion  n'a  cessd  que  sur  la  fin  du  seizième  sièclie.  Il  est 
permis  de  croire  qu'une  canonisation  en  forme  aurait  auto- 
risé son  culte ,  si  la  cour  de  Rome  n'eût  appréhende  d^ac- 
créditer  les  maximes  de  ce  grand  théologien  sur  la  natm*e 
et  les  droits  de  l'Eglise,  par  la  vénération  qu'elle  eût  fait 
rendre  à  sa  personne.  Le  fragment  d'une  lettre  du  clergé  de 
Lyon  à  l'évêque  de  Baie,  du  22  février  i5o4?  prouve  l'idée 
qu'on  avait  de  sa  sainteté,  et  combien  il  méritait  qu'on 
allongeât  nos  litanies  de^son  nom.  (Gersonîana^  glxxi.) 

Par  l'étendue  de  son  esprit,  la  force  de  son  caractère,  et 
le  noble. usage  qu'il  fit  de  l'un  et  de  l'autre,  Gerson  fut  un 
des  plus  grands  hommes  de  son  siècle.  Jamais  personne  n'a 
été  tant  loué  et  à  si  juste  titre.  De  Launoy  et  du  Pin  ont 
recueilli  les  témoignages  d'ui^e  nuée  de  panégyriàtes  de  sa 
doctrine  et  de  sa  piété ,  parmi  lesquels  ils  comptent  deux 
concilies  généraux,  dix-sept  synodes  particuliers,  douze 
évéques,  et  un  très  grand  nombre  d'écrivains  du  premier 
(H*dre.  Les  cardinaux  Torquemada  et  Bellarmin,.et  autres 
célèbres  ultramontains ,  quoique  opposés  à  ses  sentimeus 
sur  la  puissance  ecclésiastique^  parlent  toujours  de  lui  comme , 
d'un  persionnage  docte  et  pieux ,  qui ,  par  son  amour  pour 
la  paix  et  son  zèle  pour  la  foi ,  combattit  toutes  les  héré- 
sies, et  mérita  d'être  surnommé  le  Docteur  très  cliréticn  \,  et 
proclamé  par  le  cardinal  Zabarella,  le  plus  excellent  doc- 
teur de  l'Église.  ,  .  , 

En  général ,  on  découvre  chez  lui  une  science  profonde , 
qui  épuise  les  sujets  importans  ;  un  jugement  solide ,  qui 
s'attache  à  l' Ecriture-Sainte  et  aux  principes  d'une  raison 
éclairée*,  un  amour  sincère  de  la  vérité,  un  courage  à  toute 
épreuve  pom*  la  soutenir,  une  grande  résignation  à  toutes 
les  contradictions  auxquelles  son  zèle  pouvait  l'exposer. 
Ces  rares  qualités  étaient  *  relevées  par  un  grand  fonds  de 
modestie,  par  des  mœurs  simples  et  puires,  et  surtout  par 
un  cai'acière  de  modération  qu'il  déploya  au  milieu  des 


4S4  GER 

disputes  animées  et  des  aifaires  épineuses  où  il  se  trouvait 

engagé. 

Aucun  théologien ,  depuis  T  introduction  des  fausses  dé- 
crétales ,  n'avait  plus  nettemeut  démontré  la  suprématie  de 
rÉglise,  en  ce  qui  concerne  la  foi  et  les  mœurs.  Aussi 
ceux  qui  depuis  ont  traité  cette  matière,  se  sont  appuyés  de 
ses  principes  et  de  son  autorité-,  ils  Pont  préconisé  comme 
le  plus  intrépide  défenseur  des  maxime^  opposées  à  la  puis- 
sance absolue  des  souverains  pontifes ,  ce  qui  n'empêcha 
point  qu'il  ne  reconnàt  que  le  pape ,  en  qualité  de  succes- 
seur de  saint  Pierre  sur  le  siège  de  Rome ,  a  dans  l'Église 
universelle  une  primauté ,  non-seulement  d'honneur  et  de 
préséance  «  mais  encoure  d'autorité  et  de  juridiction.  On  ne 
peut  donc  lui  reprocher  d'avoir  voulu  énerver  la  puissance 
pontificale.  S'il  a  publié  un  traité  De  au^eribiUwte  Pnpœ  ab 
Ecclesid^  ce  ne  fiit  point,  comme  qnelques-ui^  l'ont  ima- 
gitté ,  pour  reconnaître  dans  l'Eglise  le  pouvoir  de  sup- 
primer la  papauté,  mais  pour  prouver  qu'il  est  des  circons- 
tances  où  l'Eglise  peut  être  pour  un  temps  sans  pape,  et 
qu'il  est  des  cas  où  elle  a  le  droit  de  le  déposer. 

La  piété  de  Gerson ,  quoique  vive  et  zélée ,  ne  fut  ni  su- 
}>erstitieuse  ni  crédule  ;  il  s'éleva  contre  l'abus  des  flagella- 
tions,  dont  Vincent  Ferrier  était  l'apôtre ,  et  lui  adressa  à 
ce  sujet  des  remontrances  amicales.  Il  attaqua  et  les  erreurs 
de  la  magie ,  et  les  rêveries  de  l'asti'ologie  judiciaire ,  et  les 
préjugés  de  la  médecine  empirique;  et,  loin  de  se  montrer 
lavorable  aux  extases  et  aux  visions ,  on  sait  que  le  concile 
de  Constance  am^ait  condamné  celles  de  sainte  Brigitte ,  sur 
sa  proposition ,  si  ell^s  n'eussent  trouvé  un  apologiste  dans 
le  cardinal  Torquemada.  Mais  chaque  siècle  a  ses  erl*eurs 
et  ses  prév«itions;  en  les  heurtant,  l'homme  supérieur 
doit  nécessairement  les  affaiblir  ;  mais  il  n'appartient  qu'à 
la  raison,  mûrie  par  le  temps ,  de  les  vaincre  :  il  ne  reste 
au  sage,  qui  les  a  combattues  avec  un  courage  que  le  dé- 


GER  455. 

faut  de  succès  n'a  pu  rebuter,  que  la  gloire  d'avoir  pr^ëparé 
leur  chute*,  ce  qui  suffit  pour  que  l'histoire  le  range  parmi 
ceux  qui  ont  contribué  aux  progrès  de  la  civilisation. 

L'université  de  Paris  proposa  en  1772,  pour  sujet  du 
prix  d'éloquence  latine ,  l'éloge  de  Gerson ,  et  couronna , 
dspis  sa  séance  public[ue  du  5  août.  1773,  Tex-jésuite  Jean 
Julien  Geoflfroy,  dont  le  discours  est  inédit.  Nous  ne  man- 
quons pas  de  panégyriques  de  ce  grand  honûne;  on  a  ce- 
1  lébré  ses  Jouanges ,  et  rendu  à  sa  mémoire  des  hommages 
dignes  d'un  noble  caractère  et  d'une  belle  renommée  ;  mais 
sa  vie  manque  à  notre  histoire  (i). 

Ses  ouvrages  : 

La  vie  d'un  homme  semble  à  peine  suffisante  pom*  écrire 
le  grand  nombre  d'ouvrages  qu'a  laissés  Gerson.  C'est 
l'auteur  le  plus  fécond  de  son  temps  :  il  s'est  exercé  sur 
tous  les  objets  de  la  science  ecclésiastique.  Il  est  peu  d'é- 
crivains dont  les  ouvrages  aient  été  plus  répandus ,  plus 
souvent  transcrits  (2),  comme  il  n'en  existe  guère  dont  on 
ait  des  éditions  partielles  plus  ancienuies'  et  plus  multipliées. 
Il  serait  trop  long  d'énumérer  ces  impressions ,  dont  plu-^ 
siem^s  portent  le  cachet  des  premières  productions  de  l'art. 
/  Nous  renvoyons  le  lecteur,  curieux  de  les  connaître,  aux 
bibliographes  qui  ont  traité  des  ouvrages  typographiques 
du  XV*  siècle  (3). 

(1)  L'abbé  Antoine  Péreira ,  oratorien ,  a  publié,  en  portugais ,  YAMgé  de 
la  Fie  de  Gerson,  et  celui  de  ses  écrits  et  de  sa  doctrine.  Lisbonne,  1769, 
a  yol.  in-i  3  :  compilation  extraite  du  Gersoniana ,  imprégnée  des  sentimens 
particuliers  du  traducteur.  Deux  ecclésia8ti(|ues ,  connus  dans  la  république 
des  lettres ,  travaillent ,  chacun  de  leur  côté ,  à  la  vie  du  docte  chancelier.  On 
connaît  VEsprit  de  Gerson,  publié  par  le  Noble ,  dont  la  première  édition  a 
paru  en  1691,  et  la  dernière  en  iSoi. 

(2)  On  remarque  parmi  les  manuscrits  de  la  BB.  du  roi,  des  MSS.  sur  vélin 
de  quelques  ouvrages  de  Gerson,  cotés  4^3.>  4/9)  ^90,  1198,  2049,  55i49 
35oi,  5524»  3609  ®'>  4359  et  6710. 

(5)  On  compte  environ  i5,ooo  impresûons  faitçs  durant  cette  période  (de 


456  GER 

La  première  édition  générale  de  ses  œuvres  parut  à  Co- 
logne,  chez  Jean  Kœlhoffde  Lubeck,  1 483— -14849  4  ^o^* 
in-fol.,  mm.  goth. 

On  publia  depuis  les  suivantes  :  Strasbourg,  Jean  Priiss , 
1488  ,  iu-fol. -,  it.j  Strasbourg,  ib,j  14899  3  vol.  in-fol., 
goth.,  édition  donnée  par  Geykr,  où  se  trouve  l'éloge  de 
Gerson,  par  Schot,  chanoine  de  Strasbourg;  it.j  Baie,  Ni- 
colas Keseler,  14899  3  vol.  in-foL;  it,^  Strasbourg,  Marc 
Flach,  i494'  ii^"foL  goth.;  it.  (Nurembei^,  Jean  Sen- 
sensmid),  sans  désignation  de  lieu,  in-fol. 

Ces  éditions  diverses ,  signalées  dans  les  annales  typo-- 
graphitfues  de  Panzer ,  reparurent  à  Baie ,  à  Lyon ,  à  Paris , 
à  Vienne,  etc.,  dans  le  xvi*-'  siècle,  plus  ou  moins  complé- 
tement ,  ou  avec  des  additions ,  mais  sans  beaucoup  d'ordre. 
En  1 606 ,  le  docteur  Rîcher  en  donna  une  moins  împiar- 
faite-,  Paris  3  vol.  in-fol.  (i).  La  rareté  de  cette  édition 
engagea  du  Pin  à  publier  celle-ci  : 

Joannis  Gersônii  opéra  omnia,  nos^o  àrdine  digesta  et 
innumeris  in  locis  emendata-;  (/ucedam  nunc  primîim  édita. 
Anvers  (Amsterdam,  J.L.  deXormé),  1706,  5  vol.  in-fol., 
avec  un  beau  portrait  de  l'auteur. 

■457  à  i5oo);  mais  dans  ce  nombre,  on  en  remarque ià  peine  i5oo  digne» 
d'occuper  une  place  distinguée  dans  leç  bibliothèques^  et  de  fixer  l'attention 
des  curieux.  Laire  {Index  Ubrorum  ab  inventa  typographie  ad  annum  i5oo){ 
de  la  Sema,  Santander  {Dict,  bibliogr,  choisi  du  xy«  ttécle)  y  van  Praet  et 
Guill.  Debure  (Catalogue  de  la  Fallière,  ijSS,  3  vol.  in-8«];  Brunet  {Ma- 
nuel des  Libraires  et  des  Amateurs),  ont  fait  de  belles  descriptions  des  ouvrages 
les  plus  intéressans  de  Gerson ,  imprimés  dans  le  xv«  siècle.  Plusieurs  de  ces 
productions  ont  été  traduites  en  italien  et  en  anglais.  Quelques-uns  des  opus- 
cules latins  de  ce  théologien  ont  passé  dans  notre  langue. 

(i)  Richer  a  encore  publié  :  Apologia  pro  Joanne  Gersonio  pro  supremâ  eccle- 
siœ  et  concilii  gênera  lis  auctoritate,  atque  independentiâ,regi(B  potestatis  db  alio 
quàm  à  solo Deo,  Leyde,  1676,  inwj.'»;  ouvrage  posthume,  composé  en  1606. 
Kichcr  Tojpposa  à  un  écrit  italien  que  Bellarmin  avait  fait  contre  deux  traités 
de  Gerson ,  imprimés  en  Italie ,  pour  Ja  défense  de  la  république  de  Venise 
contre  le  pape  Paul  \. 


GER  457 

Cette  édition,,  rangée  dans  un  ordre  méthodique,  est  la 
plus  complète  et  Ja  meilleure.  Les  ouvrages, de  Gerson  y 
sont  distribues  en  ciÏDq  cla«ses  :  la  première  comprend  les 
traités  dogmatiques;  la  deuxième,  ceux  qui  regardent  la 
discipline;  la  troisième,  ceux  qui  ont  rapport  à  la  morale 
et  à  la  piété,  tels  que  les  sermons  (i);  la  quatrième,  ceux 
qui  ont  pour  objet  l'explication  de  l'Ecriture-Sainte  ;  les 
divers  écrits  détachés ,  sous  le  titre  général  d'Œuvres 
mêlées ,,  composent  la  cinquième  classe^  Le  premier  vo- 
lume estDrné  d'un  Gersoniana  :  ouvrage  curieux  et  digne 
d'être  lu  par  les  amateurs, de  l'histoire  littéraire,  et  qui 
contient  un  historique  abrégé  des  controverses,  de  la  doc- 
trine et  des  ouvrages  de  l'auteur  et  de  ceux  qui  lui  sont 
attribués  (â). 

Nous  ne  pourrions ,  sans  sortir  des  bornes  que  nous  nous 
sommes  prescrites,  entrer  dans  le  détail  de  cette  multi- 
tude d'ouvrages.  II  suffira,  pour  notre  objet,  de  rapporter 
les  principales  maximes  et  les  règles  de  conduite  qui  en 
résultent. 

i**  La  puissance  ecclésiastique  est  toute  spirituelle*,  elle 
a  été  conférée  sumaturellement  par  Jésus -Christ  à  ses 
apôtres  et  à  ses  disciples ,  pour  passer  à  leurs  successem*s 

(1)  La  plupart,  proooncés  en  français,  y  paraissent  en  latin ,  trajduits^ar 
Jean  Brisgoëk,  théologien  allemand. 

(a)  Du  Pin  n'y  a  point  compris  les  doux  ouvrages  suivans ,  dont  Gerson  est 
l'auteur  :  i^  les  Géorginef,  Pierre  Gervaîse ,  assesseur  de  l'official  de  Poitiers , 
en  fait  mention  dans  sa  lettre  en  vers,  insérée ,  la  aa*  en  nombre ,  parmi  les 
Lettres  familières  de  Jean  Bouchet  (i585,  in-fol.)  ;  la  Croix  du  Maine, 
BB.  fr.,  t.  I,  p.  507);  a»*  Liber  nomine  Florstos^  metricè^  cura  a)mmeHto  ' 
Jo,  Gersonis,  i5io,  in-4"  (BB.  du  roi,!!»  1169a)  ;  it,,  Lyon,  i494^  in-4% 
{ib,,  G.  i4a76);  it,,  Paris,  Jel\an  Petit,  i5oo,  in-4**  (BB.  Maz.,  G.  10591]. 
Cet  ouvrage,  que  Gerson  honora  d'un  commentaire ,  parait  être  de  Jean  de 
Garlande ,  poète  du  xi«  siècle.  C'est  du  moins  le  sentiment  des  Bénédictins , 
(t.  VIII ,  p.  91  de  leur  Histoire  tittér,  de  la  Fr,),  où  ils  ne  parlent  point  de 
la-ti;aduction  anonyme  en  vers  français ,  imprimée  à  Rennes  en  t4S5,  in-4''9 
et  réimprimée  in-8°,  sans  nom  de  ville  iii  de  typographe. 


458  GER 

lëgitimes ,  jusqu'à  là  fin  des  siècles  ;  elle  ne  doit  servir 
qu'au  maintien  de  la  société  chrétienne ,  et  à  conduire  les 
hommes  au  salut  étemel,  â*^  Cette  puiésance^  considérée 
par  rapport  à  son  objet ,  se  diyise  en  deux  branches,  qui 
ont  une  souche  commune  *,  savoir ,  la  puissance  d'ordre  .et 
1^  puissance  de  juridiction  :  la  première  regarde  la  consé- 
cration du  corps  de  Jésus -Christ  ,  l'administration  des 
Sacremens  et  les  autres  fonctions  du  saint  ministère;  la 
seconde,  concerne  le  for  intérieur  ou  le  £ofP  extérieur  :  ren- 
fermée dans  le  for  intérieur ,  elle  ne  s^exerce  que  sujr  ceux 
qui  s'y  soumettent  yolontairement,  et  n'a  pour  but  que  de 
les  éclairer  et  de  les  sanctifier,  en  remédiant  aux  plaies  de 
leur  âme*,  et  quand  elle  se  porte  vers  le  for  extérieui*,  elle 
n'a  pour  objet  que  les  peines  spirituelles  ,  dont  la  plus 
grande  est  l'excommunication.  3*"  L'autorité  du  concile 
général  est  souveraine  dans  la  société  chrétienne*,  elle  dé- 
cide en  dernier  ressort  les  causes  de  la  foi ,  et  c'est  à  elle 
qu'il  appartient  de  réformer  l'Église  dans  son  chef  et  dans 
ses  membres.  4°  Dans  les  temps  de  schisme ,  lorsqu'on  ne 
connaît  pas  certainement  entre  deux  prétendans  à  la  tiare , 
lequel  est  le  pape  légitime,  il  faut  s'abstenir  de  se  con- 
damner mutuellement ,  et  surtout  ne  se  point  séparer  de 
la  communion  les  uns  des  autres.  5**  Quoique  TEcriture- 
Sainte  soit  Ja  règle  de  la  foi,  elle  est  susceptible  de  diffé- 
rentes interprétations ,  et  c'est  à  TEglise  seule  qu^il  appar- 
tient d'en  donner  le  véritable  sens.  6**  Toute  doctrine 
annoncée  par  ceux  qui  n'ont  pas  autorité  d'enseigner  dans 
l'Église ,  doit  être  suspecte ,  encore  plus  si  elle  n'est  pas 
conforme  à  l'Ecriture-Sainte  et  à  la  tradition,  y**  Les  juges 
de  la  doctrine  sont  le  concile  génâ*al,  dont  les  décisions 
sont  infaillibles  et  irréformables ,  le  pape  dans  toute  TÉ- 
glîse,  et  .chaque  évéque  dans  son  diocèse.  8^  Tout  miracle 
qui  n'est  ni  nécessaire ,  ni  utile  ^  qui  n'a  point  de  rapport 
à  la  religion,  qui  ne  tend  ni  à  confirmer  la  foi,  ni  à  main- 


GER  459 

tenir  les  botmes  mœurs,  doit  être  ^jeté;  encore  plus,  s'il 
tend  à  établir  une  doctrine  nouvelle,  ou  contraire  à  celle 
de  rÉglise.  9""  H  en  est  de  même  fles  révélations  et  des 
autres  opérations  extraordinaires;  il  ne  faut  point  les  at- 
tribuer à  Dieu ,  l<H*s({u'elles  renferment  quelque  circons- 
tance capable  de  les  rendre  suspectes  d'illusion ,  et  surtout 
lorsqu'il  en  résulte  des  inductions  peu  conformes  à  1»  vé- 
ritable doctrine.  lo""  Toutes  les  fois  qu'il  y  a  lieu  de  croire 
que  Torgueil ,  l'intérêt  ou  l'envie  de  faire  du  bruit  dans  le 
monde,  sont  le  principe  de  ces  sortes  d'opérations,  il  finit 
les  mépriser  et  les  rejeter^ 

Tel  est  le  précis  de  la  doctrine  contenue  dans  les  nom- 
breux ouvrages  de  Gerson  ;  on  y  trouve  plusieurs  des  dé-» 
fauts  de  son  siècle  :  son  style  est  inégal,  dur  et  négligé. 
Néanmoins,  lorsqu'il  s'anime,  et  qu'il  prie,  exhorte  ou 
conseille,  ces  défauts  disparaissent.  On  ne  peut  que  pro- 
fiter beaucoup  en  lisant  ses  écrits  avec  application;  et  pom* 
connaître  parfaitement  l'histoire  de  ce  qui  se  passa  dans 
TEglisé  d^Occident,  sur  la  fin  du  xiv*  siècle  et  au  commen- 
cement du  xv*,  et  les  sentimens  de  la  faculté  de  théolo- 
gie de  Paris  et  de  l'Ëglise  gallicane  de  cette  époque,  il  est 
presqu'iudispensable  de  recourir  aux  écrits  de  notre  docte 
Ardennais. 

Quoique  employé  presque  toute  sa  vie  dans  d'importantes 
afiaires,  et  presque  toujours  les  armes  à  la  main  pour  dé- 
fe&dre  la  vérité,  son  imagination  prenait  quelquefois  le  soin 
d'amuser  sa  raison.  C'est  alon  qu'il  se  délassait  avec  les 
muses.  Le  grand  nombre  de  vers  semés  dans  ses  ouvrages, 
l'ont  fait  ranger  par  Gérard  Jean  Vossius  parmi  les  poètes 
latins.  Il  se  les  était  rendus  familiers  durant  sa  jeunesse, 
car  on  remarque  dans  plusieui^s  de  ses  harangues ,  des  pas- 
sages d'Horace ,  d'Ovide ,  de.  Perse ,  de  Sénèque ,  de  Térence 
et  de  Virgile. 

Le  poème  de  2986  vers  qu'il  fit  en  l'honneur  de  saint 


46o  GER 

Jpseph,  Josephina  carnùne  heroïco  decantata  j  est  d'un  ca- 
ractère fort  singulier.  Il  est  partagé ,  non  pas  en  douze 
chants,  mais  en  douze  distinctions^  ce  qui  semble  d'abord 
annoncer  une  composition  empreinte  du  mauvais  goût  qui 
régnait  au  commencement  du  xV  siècle,  a  Cependant ,  dit 
M  le  P.  Colonia,  on  y  trouve  non-seulement  du  feu  et  de 
»  l'imagination ,  mais  encore  un  goût  poétique  et  une  lati- 
»  nité  beaucoup  meilleurs  que  ne  le  portait  la  barbarie  de 
»  ce  temps.  »  Et  on  peut  croire  qu'il  n'a  manqué  à  Gerson, 
pour  occuper  line  place  distinguée  sur  le  Parnasse,  que 
d'être  né  un  siècle  plus  tard.  Oh  en  jugera  par  ce  fragment, 
où  il  décrit  la  fuite  de  Joseph  en  Egypte ,  qu'il  égaie  par 
une  fiction  poétique  empruntée  du  livre  de  la  Genèse  au 
sujet  d'Abrahain,  arrivant  d'Egypte  avec  Agiar  son  épouse  : 

«  • 

Post  iter  emensam  dnrî  multique  laboris , 

De  procul  iospicitar  qnaesiti  terra  Ganopi. 

Hinc  horror  snbitns  amborom  corda ,  paTorqae    * 

Goncutit ,  ipsa  licet  meos  ioooncussa  resUtat. 

Vir  prior  alloquitur  sponsam  :  cogDosco  décora 

Qu6d  sis ,  ô  Domina.  Gens  ista  libidine  feryens , 

Fœdis  nrgetur  stîmulis ,  si  sciverit  uxor 

Quàd  mea  sis ,  mihi  quid  nisi  mors,  ô  virgo  paratur  ; 

Atque  pudiciti»  tibi  discrimen  ?  Pharaonb 

Duoet  ad  aspectum  moz  te  manus  improbua  serrL 

Sors  indigna  nimis  1 

Après,  Joseph,  à  l'exemple  d'Abraham,  prie  Marie  de 
dire  qu'elle  est  sa  fille  et  non  pas  son  épouse,  et  il  aban* 
«donne  le  reste  aux  soins  de  la  Providence. 

Die ,  quœso ,  Maria , 
Filia  quôd  mea  sis.  Hoc  aetas  credere  yerum 
Snadebit.  Reliqiiom  auxilio  committo  supeilio. 

#  • 

11  y  a  eu  de  graves  contestations  entre  les  savans ,  pour 
savoir  à  qui  de  Gersen,  deGersonet  de  Thomas  à  Kempis 
on  doit  attribuer  le  livre  de  V Imitation  de  Jésus-Christ.  Le 


GER  46i 

t 

Gersoniana  offre  une  longue  dissertation  sur  ce  sujet.  Du 
Pin  y  rapporte  les  raisons  alléguées  de  part  et  d'autre,  et 
après  un  examen  fort  circonstancié,  il  laisse  la  chose  in- 
décise. Elle  le  sera  long-temps  encore,  à  en  juger  par  les 
divers  écrits  publiés  depuis  sur  ce  sujet.  Gerson  reste  donc 
toujours  sur  la  ligne  de  ceux  à  qui  l'on  fait  honneur  de  ce 
livre,  le  plus  beau,  dit  Fontenelle,  qui  soit  sorti  de  la 
main  d'un  honlme , ,  puisque  TEvangile  n'en  vient  pas.  Il 
faut  donc  qu'on  ait  cru  notre  docte  chancelier  capable  d'é- 
crire d'une  manière  si  sublime  sur  la  théologie  mystique. 

Son  portrait.  i°  N...,  dans  les  ffom.  JIL  de  The^^et^ 
p.  2i3;  2**  dans  le  Theatnum  de  Freher;  3"*  Van  Merlen, 
i653,  in.8«;  4'*  L.  Surugue ,' in-4^  5*»  Mad.  Masson  ;  6^ ... 
dans  Odieiiyre^  7°  N...  Picart  delin.^  17^3,  Surugue  sculp.j 
in-4°,  en  habit  de  pèlerin;  8**  dans  la  Galerie  de  Landon. 

Marlot,  Met,  Rem.j  t.  I,  p.  696;  de  Launoy,  Hist. 
Navar.  Gjmnasii^  t.  II,  p.  4^^^^  SSa-,  Du  Boulay,  Hist. 
Unw.  Parisiensis ^  Crevier,  Hist.  de  l'UnWi  de  Paris  ^  t.  III 
et,  VII;  Colonia,  HisL  littér,  de  fyon^  t.  II,  p.  368  à 
3iB8;  id.,  Antiquités  de  Lyon^  p.  i34à  137;  du  Pin,  BB. 
des  Auteurs  EccL^  t.  XII,  p.  66  k  78,  édit.  in-4°;  Oudîn, 
De  Scrip,  EccLj  t.  III,  p.  2263  à  2292  ;  Audiffredi ,  Spe^ 
cixrûenj  édit.  îtalicarum  sœc.  XV,  p.  i52,  324,  ^^Q?  ^^7? 
377-,  Bayle,  Dict.  Crit.^  art.  /.  Petit\  Le  Clerc,  BB, 
Choisie j  t.  X,  p.  I  à  78  ;  Vonder-Hardt ,  AcU  Conc.  Cons-^ 
tant.j  t.  I,  part.  IV,  p.  26;  Lenfant,  Jlist.  du  concile  de 
Pise  et  de  Constance.  (Voy.  l'art.  Morel^  n**  2.) 

GERSON  (Nicolas),  frère  du  chancelier,  né  à  Gerson  (i) 
vers  l'an  1 382 ,  était  Tun  des  douze  enfans  d'Amoul  le  Char- 

(1)  Ce  lieu,  qui  était  de  la  dépendance  du  village  de  Barby,  est  entièrement 
détruit  ;  mais  en  1666  on  y  voyait  encore  un  reste  de  muraille  de  la  maison 
natale  du  célèbre  Gerson ,  que  les  gens  du  pays  appelaient  le  Pignon  dt 
Gerson, 


46a  GER 

lier,  et  d'Elisabeth  la  Chardenière  d'Ailli.  Ceux  quie  le  vieux 
style  ne  rebute  pas ,  liront  peut-être  ayec  plaisir  Tëpilaphe 
de  sa  mère  :  elle  est  gravée  en  caractères  gothiques,  et  sub- 
siste encore  presqu'efiacée  dans  Téglise  de  Barby,  près  de 
Rethel .  La  vtûci  mot  à  mot  y  et  selon  l'orthographe  du  temps  : 

Elisabeth  la  Chardenière ,    • 
Qui  fin  bel  ot ,  z  vie  entière , 
D'Amont  le  Gkarlier,  épouse , 
Auxquels'  en&ns  ont  été  douse  ; 
Devant  cest  bus  fut  enterrée , 
M.  quatre  cens  z  I.  Tannée  ; 
Estait  d'Iuing  le  jour  huitime  : 
Jhestts  li  doînt  gloire  Saintime  (i). 

Nicolas  Gerson  vint  faire  ses  études  au  collège  de  Navarre 
à  Paris ,  en  i  Sgi ,  et  fut  reçu  maître  ès-arts  en  1 396.  11  en* 
tra  depuis  chez  les  Gélestins*,  mais  on  ignore  le  lieu  et  la 
date  de  sa  profession  religieuse  :  on  sait  seulement  qu  il  était 
sous-prieur  du  mona^stère  de  la  Trinité  de  Villeneuve-lès- 
Soissons  en  1419* 

11  eut  la  plus  grande  part  à  la  tendresse  du  chancelier  son 
frère )  qui  lui  a  écrit  deux  lettres.  La  première  concerne 
Jean  Gerson  leur  frère  :  elle  est  dans  rédition  de  du  Pin , 
t.  m,  p.  74'  ?  74^*  ^  seconde  roule  sur  les  moyens  de 
résister  à  la  tentation.  Il  l'exhorte  à  dire,  comme  saint  Mar- 
tin^  en  la  solennité  duquel  il  proAonça  ses  vœux  :  Le  Sei- 
gneur est  mon  soutien  ^  et  je  nt  craindrai  point  ce  que  r  homme 
pourra  me  faire.  Du  Pin  rapporte  cette  lettre  très  affiectueuse 
(t.  III,  p.  ^44  ^  746O  L'on  voit  encore  ibidem. ^  p.  74^?  ^^® 
autre  lettre  du  chancelier  »  par  laquelle  il'recommande  vive- 
ment Nie.  Gerson  son  frère  ^  au  prieur  de  la  maison  dont  il 
était  alors  conventuel. 

(1)  Four  rintellîgence  de  ce  monament  d'antiquité,  il  faut  remarquer  €|ue 
le  mot  9t  répond  h  Vhahuit  des  latins ,  eut  ;  le  mot  fins,  veut  dire  peric  ;  les  z 
signifient  et.  ' 


GER  \         463 

Du  Pin  signale  ce  religieux  comme  un  lu)mmed*une  vertu 
austère,  vir  austerioris  viUe>  Le  chancelier  loue  sa  sainteté 
éminente ,  déplore  sa  perte  prématurée ,  et  consacre  Tamitié 
qui  les  unissait  dans  une  épttre  en  vers ,  adressée  à  Jean  Gei> 
son  son  frère,  bénédidin  de  Tabbaye  de  Saint-Remi  de 
Reims.  Voici  ce  monument  élevé  à  la  gloire  de  la  famille 

de  Gerson  : 

ê 

Gersonis  epistola  consolatoria,  ad  Joannem  Germanum  suum  ,  mo- 
nachum,  in  cœnobio  S.  Remigii  Rhemensis ,  super  morte  alte- 
rius  Germant  sui  Nicolai,  ordinis  cœlestinorum,  et  sororum 
suarum. 

EPIGRAMMA. 

Monice,  quem  mihi  dat  frater  natura  sequendum, 

Nostri  sunt  generis,  quae  mon  um enta  vides. 
Arnulpho  Charlier,  cui  nnpsit  Elisabeth  olim , 

Gerson  origo  fuit,  advena  voce  sonans. 
Dotavit  Deus  hos  bis  senft  proie  ,  puellae 

SeptensB  numéro ,  quinque  fuêre  mares. 
Primus  theologus ,  monachi  très ,  mortuus  alter 

Infans ,  et  nupsit  filia  sola  viro. 
Frater  Pêtre,  rapit  te  mors,  et  te,  soror  jégnm. 

Infante^;  vivit  punis  uterque  Deo. 
JRffCdiSàbina  soror  vivons ,  mala  sustinuisti' 

Jugiter ,  bine  moriens  reddita  bona  capis. 
Gara  soror  Rautina  vale,  qnac  commemisti 

Gunsors  esse  Jesa ,  cajns  eras  famula. 
Hoftpita  panperibus  et  mystica ,  Mûrtba,  fuisti. 

Te  vocat,  inde  Jésus,  tu  Benedicta,  veni. 
Tempora  complesti  consummatus  cito  multa , 

Frater  cordis  amor,  tu  NieolM-^  mei  : 
Gœlos,  credo  equidem ,  tu  cœlestinus  adisti , 

Gœlica  semper  amans ,  dum  peregrinus  eras. 
Sors  lugenda  manet  nobis ,  quos  vita  superstes 

Septem  servat  adhuc ,  torquet  et  exilio. 

t 

Nie.  Gerson  n'a  point  écrit  ;  mais  est-il  nécessaire  de 
laisser  des  monumens  publics  de  son  savoir,  pour  acquérir 
le  droit  de  vivre  dans  la  postérité  ?  la  tradition  constante 


464         .  GER 

de  sonordï^e  dépose  qu'il  mourut  victime  de  sou  zèle,  en  ad- 
ministrant les  derniers  secours  de  la  religion  à  des  pesti- 
férë^?  on  pensera ,  sans  doute,  que  de  pareils  services  équi- 
valent à  bien  des  livres  ;  on  quitte  doucement  la  vie  quand 
une  charité  si  tendre  en  a  signalé  les  derniers  momens. 

Becquet,  Gallicœ  cœlestinorum  Congregationis  j  virorwn 
vitdaut  scriptis  illust.j  elogia  HisL^  p.  loS-,  de  Launoj,  Na- 
ifar.j  collège  hisior.j  p*  99^  loo  et  4^2-,  du  Pin,  Gersch 
nianaj  t.  I,'p.  xxxiv,  t.  III,  p.  767-,  Joum,  de  Verdun^ 
sept.  1706,  p.  209* 

GER  SON  {Jean)^  frère  dés  précëdens,  était  né  à  Gerson 
vers  Tan  i384.  Comme  ses  frères  il  vint  étudier  à  Paris  au 
collège  de  Navarre ,  où  il  fut  admis  au  ïionibre  des  élèves  eu 
théologie  en  i4o4**La  gloire  que  ses  talens  pouvait  lui  atti- 
rer, et  les  douceurs  dont  il  eût  pu  jouir  dans  le  monde, 
furent  pour  lui  sans  attrait.  Son  amour  pour  la  solitude  le 
fit  entrer  dans  1  ordre  des  Gélestins.  Il  y  émît  ses  vœux  eu 
1^07,  au  monastère  de  la  Sainte-Trinité,  situé  à  Limay,  près 
de  Mantes ,  diocèse  de  Rouen..  La  prière ,  les  devoirs  de  son 
état  et  l'étude ,  y  partagèrent  tout  son  temps. 

Devenu  premier  prieur  du  couvent  de  Lyon,'  après 
avoir  exercé  les  mêmes  fonctions  dans  plusieurs  commu- 
nautés de  son  ordre ,  il  donna  un  asile  à  son  frère  aîné , 
qui  avait  tout  à  craindre  de  la  vengeance  du  duc  de  Bour- 
gogne. Cette  marque  d'attachement  fraternel  était  due  au 
chancelier  de  Paris ,  car  il  aimait  et  considérait  singulière- 
ment le  prieur  de  Lyon  :  il  le  lui  avait  prouvé  en  diverses 
circonstances, "surtout  en  lui  adressant  plusieurs  de  ses  ou- 
vrages, entr'autres  son  Traité  des  mcyyens  de  discerner  les 
fausses  visions  des  vraies  j  et;.ses  quatre  livres  de  la  Consola- 
tion de  la  Théolo^ej  qu'il  avait  composés  a  flathemberg, 
pour  adoucir  la  rigueur  de  son  exil. 

Le  P.  J.  Gtirson  mourut  en  i434 ,  étant  prieur  de  la  mai- 


son  de  Lyou.  Sentant  sa  fin  s'apprecheF,  il  demanda  et  i%* 
çut  les  derniers  secours  de  la  religion ,  avec  cette  ferveur  et 
cette  piétë.qui  ne  s' étaient  jamais  démenties  dans  le  cours  de 
sa  vie  -,  et ,  selon  le  témoignage  du  P  «  Dom  Becquet ,  dans  son 
Histoire  latine  des  Écrivains  célestins  de  la  Congrégation  îde 
France^  il  emporta  dans  le  tombeau  la  réputation  d'un  saint. 
Ses  restes  furent  inhumés  dans  le  chœur  de  Téglise  de  son 
couvent ,  et  couverais  d'une  épitaphe  qui  retraçait  le  souvenir 
de  ses  vertus.  Nous  i:tîgrettons  de  ne  pouvoir,  rapporter  ici 
cette  inscription  tumulaire,  détruite  vers  1780,  lorsque  l'é- 
difice qui  la  contenait  fut  démoli.  Le  P.  J.  Gerson  a  quel- 
quefois été  confondu  avec  le  chancelier  :  la  parité  des  noms 
a  jeté  Possevin,  Freher  et  plusieurs  autres  y  dans  cette  mé- 
prise. Nous  avons  de  lui  : 

Epistola  ad  R,  P.  Anselnuun  eœlestinunij  de  operibus  Jo^ 
annis  cancellarUjJratiissui  :  insérée  dans  le  1. 1,  p.  clxxiv  à 
CLXxvif  des  ceuvres  du  grand  Gerson.  Cette  jépître  est  précé- 
dée d'une  lettre  de  condoléance  de  M.  de  Talaru,  arehe- 
véque  de  Lyon,  du  17  juillet  14^9?  ^  ie^u  Gerson,  sur  la 
mort  du  chancelier* 

Dom  Benoit  Haefjten ,  bénédictin  belge,  traitant  dans  ses 
Disquisitiones  monasûcœ  (Anvers,  1644»  ^  vol.  in-fol.)  dcj^ 
commentateurs  de  la  règle  de  saint  Benoit ,  met  à  leur  tête 
firère  Jeaiij  célestin.  Son  commentaire,  dédié  aux  PP.  Cé- 
lestins ,  où  il  dit  avoir  été  élevé.,  «tait  dans  la  BB.  de  Saint- 
Martin  de  Tournai.  Dom  Becquet  pense  que  ce  commenta- 
teur peut  être  J^an  Gerson ,  célestin. 

L'homonymie  des  deux  frères  Jean  Gersod,  leur  a  fait  at- 
tribuer à  l'un  et  à  l'autre,  Tractatus  de  eles^atione  mentis  in 
Deuniy  siçe  Alphabetum  IMs^ini  Amoris  .-ouvrage  tiré  en 
partie  des  écrits  du  chancelier,  et  inséré  dans  le  t.  III, 
pag.  773  à  79g  de  l'édition  de  du  Pin*,  imprimé  avant 
in-4'',  sine  Loco  et  anno ^  et  in-8°,  goth.  Paris ^  George  Mit^ 

TOME  I.  "  ,  3o 


466  GER 

telkus,  i49<^'  Ge  livre  est  de  Jean  Nydec^  dominicain  alle- 
mand ,  mort  vers  1 44^  9  ^^  ^  ^^^  ^  ^  ^^  restitue  dans  l'édition 
de  cet  ouvrage  pubHëe  à  Paris  en  i5i6,  in^S"".  Il  est  très- 
certain  que  dans  le  prologue  de  cet  Alphabetum^  on  cite  Ger- 
son  ;  or,  il  n'y  a  pas  d'apparence  que  cet  écrivain  se  fût  ainsi 
cité  lui-même  avec  saint  Jérôme ,  saint  Ambroise ,  saint  Fran- 
çois ,  etc.  Le  fond  de  cette  remarque  est  tiré  de  J.  A.  Fabri- 
cius,  BB^Lat.  méd.  œtat.^  art.  J.  Ntder  (où  n^est  pas  in- 
diquée l'édition  de  i49^9  in-S"").  Gomme  le  grand  Gerson  a 
paraphrasé,  pour  ses  soeurs^  la  traduction  en  langue  vulgaire 
du  Stimulus  Divini  Amoris  de  saint  Bonaventure,  des  bi- 
liliographes  inattentifs  lui  ont  attribué  VAlphabetum  Di- 
vint  Amoris,  L'erreur  que  nous  signalons  a  été  renouvelée 
en  1777  par  Dom  Jean  François,  dans  sa  BB.  des  Ecri- 
i^ains  de  l'ordre  de  saint  Benoit.  «Jean  Gerson,  célestin , 
»  y  dit- il,  est  auteur  de  VAlphabetum  Dis^ini  Amoris ^ 
»  que  son  frère ,  chancelier  de  l'université  de  Paris ,  a  fait 
»  imprimer  à  la  fin  de  son  traité  sur  le  Cantique  des  Can^ 
y>  tiques.  »  Comment  Gerson,  mort  en  i4^9'  ^"^"^  pajaire 
imprimer  un  ouvrage  de  son  frère ,  l'imprimerie  n'ayant  été 
inventée  en  Europe  qu'en  i^ôy.  Au  reste  ,  cette  méprise 
ne  doit  pas  étonner  de, la  part  d'un  homme  qui  n'a  écrit  la 
bibliographie  que  sur  des 'ailes  de  papillon.  Amort  a  publié 
en  1764  :  Moralis  certitudoj  etc.,  où  il  combat  l'opinion  du 
P.  Faîta,  abbé  du  Mont-Cassin,  qui  attribuait  V Imitation 
deJ.^C.  à  Jean  Gerson,  prieur  des  Célestins  de  Lyon. 

Becquet,  p.  109  et  m  ^  du  Pin,  Gersonianaj,  t.  I, 
p.  XXXIV  j  de  Launoy,  p.  208  et  4B2*,  .Aaidiffredi,  BB^  Ca- 
sanat.j  t.  It,  p'.  2^2. 

GERSON  (  Thomas  DE),  fils  d'une  des  sœurs  des  précédens , 
naquit ,  vers  14 1 5,  au  village  de  Gerson ,  dont  le  nom  lui  est 
resté .  Il  fi^  ses  études  au  collège  de  Navarre ,  et  il  les  eut  à  peine 
finies  qu'on  le  chai'gead'y  enseigner  Jes  humanités.  Il  n'y 


GER  467 

avait  alors  à  Paris  qu'un  professeur  de  philosophie  morale, 
que  Ton  renouvelait  tous  les  deux  ans  :  et  comme  la  faculté 
des  arts  était  composée  de  quatre  nations,  elles  nommaient 
alternativement  à  cette  chaire.  Thomas  de  Gexison ,  quoique 
jeune,  avait  déjà  donné  des  arrhes  hrillantej5,de  sa  capacité. 
Les  •  suffrages  se  réunirent  en  sa  favem^,  et  il  fut  proclamé 
tout  d'une  voix  professeur  de  cette  chaire  publique ,  en  i44o* 

L'honneur  qu'il  eut  d'être  élu  recteur  de  l'université ,  pen- 
dant qu'il  vaquait  à  cet  emploi ,  est  une  preuve  de  la  considé- 
ration dont  il  était  investi.  Après  cette  époque  si  glorieuse 
pour  lui,  on  lui  conféra  le  titre  de  docteur  en  théologie,  en 
1449*  ^^  ]ui  donna  une  nouvelle  marque  d'estime  en  le 
nommant,  en  i458,  â  un  canonicatde  la  Sainte -Chapelle 
de  Paris  :  il  y  joignit  depuis  la  grande  chantrerie  du  nohle  et 
insigne  chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours ,  et  il  releva  l'édat 
de  ces  dignités  par  sa  sagesse  et  son  savoir.  Suivant  de  Lau* 
noy,  il  passa  de  cette  vie  à  lautre  en  147S7  scvec  la  répu- 
tation d'un  homme  qui  avait  su  allier  de  rares  vertus  avec 
les  connaissances  les  plus  vastes ,  vîtam  cum  morte  cammu- 
îa\>itj  relictd  ingenti  cum  doctrinœ^  tum  virtutis  exùtùnatione. 

On  remarquait  dans  Fl^gKse  de  S^iut-M&rtin  de  Tours, 
où  il  fut  inhumé ,  une  riche  tapisserie ,  nommée  la  tapisserie 
de  Gerson  le  Chantre  •  Des  emblèmes  brodés  avec  art  y  fai- 
saient allusion  à  sa  profonde  modestie ,  à  la  pureté  de  ses 
mœurs,  et  à  sa  vie  toute  sainte. 

Ses  ouvrages  : 

I.  Thomœ  Gerson  epistola  ad  Nicolawn  et  Joannem  fra- 
très  (avunados)  suos  :  MS.  du  xv*  siècle.  (BB.  du  roi,  8577.) 
Il  y  a  évidemment  ici  une  erreur  de  copiste.  Cette  lettre  ne 
peut  être  attribuée  à  Fun  des  quatre  frères  du  chancelier 
Gerson,  aucun  d'eux  n'ayant  porté  le  nom  de  Thomas,  Il 
faut  donc  lire  avunculos  au  lieu  êieJratreS' 

Suivant  une  note,  sous  la  date  de  i49^  ?  rédigée  sui?  ]a  foi 

3o. 


468  GËR 

d'un  témoin  domestique  (i)  qui  aurait  vécu  depuis  144^ 
avec  Thomas  de  Gerson  jusqu  à  sa  mort /qu'il  fixe  à  Tannée 
1475 ,  celui-ci  aurait  été  : 

IL  he  transçripteur,  en  i^y^y  de  ce  beau  manuscrit  de 
V Imitation  de  J.-C.y  in-foL,  décrit  par  de  Launoy,  et  por- 
tant 6n  tête  Teffigie  du  chancelier,  qui  parait  être  un  portrait 
de  famiUe. 

III.  Il  serait  auteur  (ou  plutôt  traducteur  français)  de  1*7- 
mitationj  qull  aurait  donnée  à  son  oncle  Jean  Gerson,  par 
humilité. 

lY.  Il  aurait  de  plus  traduit  les  Fies  des  Pères  du  désert^ 
d'après  saint  Jérôme. 

y.  Il  aurait  en  outre  composé  un  livre  intitulé  \  Des  sept 
paroles  du  Sauifeur  en  V arbre  de  la  Croix.  Il  y  a  en  ej9et  une 
édition  de  ce  livre,  de  noweau  imprimé  à  Paris j  CaveUer^ 
153^8,  in-8^,  avec  la  figure  d'un  chanoine  à  genoux  devant 
]a  croix  -,  et,  dans  le  catalc^ue  de  la  BB.  du  roi ,  on  trouve 
cet  ouyrage  attribué  à  un  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle. 

VI.  Legrand  BUison  des  fausses  Amours  en  versj  par  frère 
Guil.  Alexis^  religieux  de  Lire  (^ou  sids^ant  une  note  MS^, 
par  Thdmas  de  Gerson).  1?ms,  s.  d.,  în-S**.  goth.  (^Catal.  de 
Barré j  n*'69i7.)  ' 

De  Launoy,  p.  196,  21 1  et  94^9  Biogr.  unis^. 

GERY  (^Saint)  a  pour  patrie  la  ville  d'Yvois,  où  il  est 
né  vers  54o.  Après  la  mort  de  Vedulfe,  évêque  de-  Cam- 
brai et  d' Arras ,  le  clergé  et  le  peuple  le  demandèrent  au 
roi  Childebert  pour  ^pasteur.  Il  y  consentit  avec  joie,  et 
le  fit  sacrer  vers  58o.  Clotaire  II,  qui  connaissait  la  cha- 
rité du  saint  prélat,  le  chargea,  en  61 3 ,  du  Soin  de  distri- 
buer ses  aumônes,  et  il  s'acquitta  avec  vigilance  de  cet 

(1]  Cette  note  est  rapportée  au  bas  d'un  exemplaire  d'une  ancienne  tra- 
duction de  Vlmitation  de  J.-C.,  faisant  partie  des  lÎTres  légués  à  la  BB.  de 
Sainte-GeD«¥ièye  par  M.  le  Tellier^  arch.  de  Reims. 


GER  469 

emploi  si  analogue  à  sa  tendresse  pour  les  pauvres.  Masse- 
euw,  dans  le  livre  xiii  de  ses  Chroniques  (Anvers ,  1540)9 
nous  apprend  que  Gëry  avait  converti  ce  prince  à  la  foi 
catholique.  Il  ne  se  moùtra  pas  toujours  reconnaissant  en- 
vers le  prélat  :  celui-ci  osa  le  lui  reprocher  oralement  -,  il 
lui  adressa  même  plusieurs  lettres  à  ce  sujet.  Le  Carpen- 
tier,  dans  son  Histoire  de  Cambrai  (t.  I,  a*  part.,  p.,3ai), 
en  rapporte  une  pleine  de  nerf  j  et  tracée  avec  une  liberté* 
vraiment  apostolique.  Elle  a  trait  à  Tusurpation  de  quelques 
domaines  ecclésiastiques.  La  voici  telle  qu'elle  est  relatée 
dans  une  ancienne  légende  latine ,  rapportée  par  cet  his^ 
torien. 

ce  Ma  vie  est  semée  de  beaucoup  de  soucis  ^  que  ma  place 
»  m'oblige  de  dévorer;  mais  je  dois  avouer  que  rien  ne 
»  porte  de  coup  plus  sensible  à  mon  cœur^  que  l'étrange 
»  tyrannie  que  votre  majesté  exerce  à  l'égard  des  ministres 
»  des  autels,  parle  ravissement  de  leurs  biens.  Dieu  nous 
>i  comma.nde  de  porter  sa  parole  à  la  face  des  rois,  sans 
»  rougir  de  la  justice.  La  grâce  du  Christ  me  sera  toujours 
»  plus  chère  que  la  faveur  des  Césars,  et  jamais  je  n'adu- 
»  lerai  un  homme  contre  le  eri  de  ma  conscience  *,  et  je  pro- 
»  fite  à  tous,  lorscpie  je  dévoile  la  vérité  aux  ^ands. 

»  Je  vous  ai  déjà  dit'de  bouche ,  sire ,  quand  vous  com- 
»  mençates  à  ravir  les  droits  ^de  Dieu  et  de  ses  églises ,  que 
»  vous  vous  rendiez  le  ministre  des  fureurs  des  païens ,  qui 
>•  n'ont  rien  tant  à  cœur  que  de  voir  les  chrétiens  à  la  ca- 
»  dène  ;  que  vous  les  feriez  triompher  de  nos  autels  *,  qu'ils 
»  ne  tarderaient  pas  à  mettre  nos  larmes  et  nos  af&ictions  au 
)>  nombre  de  leurs  jours  de  fête ,  si  vous  ne  cessiez  dé 
)>  souiller  votre  âme  par  des  sacrilèges  intentés  contre  le 
))  Christ.  Mais  comme  vous  êtes  sourd  à  ma  voix  et  à  mes 
»  prières,  je  vous  adresse  cette  lettre  pour  rappeler  à  votre 
»  souvenir  les  reproches  que  )e  vous  ai  déjà  faits  pour  votre 
u  salut.  «Si  vous  y  résistez  encore,  je  serai  forcé  de  dire 


47^  ^IL 

.))  que  VOUS  avez  revêtu  rame  d'un  Dioclétien  ou  d'un  ^é- 
»  ron^  plutôt  que  celle  d'un  Conslantin  et  d'un  Thëodo0e> 
»  et  que  la  somme  de  vos  iniquités  vous  rendra  bientôt 
»  le  compagnon  de  leurs  tourmens. 

»  Sire ,  je  ne  m'érige  point  en  censeur  des  libéralités  que 
»  vons  faites  encore  aux  païens  ;  mais  je  suis  l'interprète 
»  de  votre  foi ,  puisque  vous  avez  voulu  que  f  en  fiïsse  le 
»  régulateur.  Vous  pouvez  combler  les  gentils  de  vos  dons; 
A  mais  vous  ne  donnerez  rien  des  droits  de  nos  églises 
»  que  je  n'y  résiste  de  toute  l'étendue  de  mon  pouvoir, 
»  protestant  plutôt  de  souffrir  le  martyre ,  que  de  laisser 
»  molester  mon  troupeau. 

»  Voilà ,  sire ,  ce  que  je  n'aurais  pu  vous  celer  sans  tra- 
»  hir  mon  ministère.  » 

Géry  écrivit  d'autres  lettres  aussi  fermes  à  Clotaire.  Ce 
prince  promit  de  changer  de  conduite;  et  les  donations  qu'il 
fit  depuis  aux  églises  prouvent  qu'il  fut  religieux  observa- 
teur de  ses  promesses. 

Le  ï  I  août  619  fut  le  terme  de  sa  vie ,  après  trente-neuf 
ans  d'épiscopat.  Ses  frères ,  saint  Landon  et  saint  Taurin  ^ 
natifs  d'Yvois ,  marchèrent  sur  ses  traces ,  et ,  comme  lui  y 
ils  méritèrent  les  honneurs  de  la  canonisation.  (  Voy.  ^n*- 
noies  dYvois.) 

GILMER  (Charles)^  recteur  de  Tunivfîrsité  de  Paris ,  ora- 
teur et  poète,  florissait  dans  le  xyi""  siècle.  La  tradition  du 
pays  est  qu'il  naquit  vers  i53o  à  Boulzicourt,  canton  de 
Flize.  Installé  professeur  de  rhétorique  au  collège  de  la 
Marche,  le  3o  septembre  1 565,  il  prononça  un  discours,  où , 
après  avoir  loué  Nicolas  Ghesnean  de  Tourteron,  son  oncle, 
le  poète  Brizard  d'Attigny,  et  d  autres  maîtres  qui  avaient 
illustré  ce  collège ,  il  fait  Téloge  de  la  poésie  et  de  Féloquence, 
et  les  compare  avec  la  philosophie  ,  qu'il  avait  enseignée  pen- 
dant iieuf  ans. 


-  ^ 


GIL  ,         4?* 

Son  mérite  le  fit  élire  f ecteur,  le  24  mars  1 67 1 ,  à  la  veille 
d'une  cérëinonie  où  il  convenait  que  Tuniversité  fût  repré- 
sentée par  un  chef  ^ui  soutînt  sa  gloire  par  ses  talens  et  ^^% 
vertus.  Cette  cérémonie  se  fit  cinq  jours  après  :  c'était  Feu- 
trée solennelle  à  Paris  de  la  reine  Anne  d'Autriche,  femme 
de  Charles  IX.  Le  nouveau  rcQteur  harangua  cette  princesse 
en  français  :  et  comme  elle  n'entendait  pas  hien  notre 
langue ,  le  procureur  de  la  nation  allemande  traduisit  cette 
harangue  dans  cet  idiome ,  et  lui  présenta  une  copie  de  sa 

* 

traduction.  La  reine  reçut  avec  bonté  les  hommages  de  Tu- 
niversité ,  par  Torgane  de  son  recteur. 

Le  l3  juin  1673,  l'université  choisit,  par  ordre  du  roi 
Charles  IX ,  quatre  députés  dans  son  sein  pour  travailler  à 
une  réforme ,  de  concert  avec  les  cardinaux  de  Lorraine  et 
de  Bourbon,  et  plusieurs  autres  prélats.  La  faculté  des  arts 
élut  Gilmer  pour  coopérer  à  ce  grand  ouvrage.  Il  avait  alors 
cessé  d'être  recteur.  Les  honneurs  du  rectorat  lui  furent  dér 
cernés  de  nouveau  le  10  août  1578,  époque  où  étant  princi- 
pal- du  collège  de  Reims,  il  portait  dans  ce  poste  un  degré 
d'instruction  qui  impose  encore  plus  que  l'autorité. 

Le  poète  Jean  Morel ,  natif  du  hameau  d' Avègres ,  près  de 
Monthois ,  a  caractérisé  avantageusement  Gilmer,  en  V^'Ç" 
-pelant  Personnage  graçe  j  signalé  en  science  et  mérite  j  danç, 
son  opuscule  intitulé  :  Comme  Jean  Morel  a  ménagé  le  col- 
lège de  Reims  ^  i63o,  in-4'*'  ^^  y  voit  d'ailleurs  que  ce 
poète  avait ,.  dès  le  7  juillet  i  SgS ,  succédé  à  fou  M.  Gilmer ^ 
son  compatriote,  dans  la  principalité  du  collège  de  Reims. 
On  peut  donc  rapporter  à  cette  année  la  mort  de  ce  der- 
nier. Jean  Morel  vante  les  talens  de  notre  principal ,  dans 
sa  3"  ode  du  â*  livre  de  sa  Lyre  rii^ale  de  celle  d'Horace  : 
il  y  invoque  lea  Muses,  et  les  conjure  de  lui  donner  la 
force  et  l'harmonie  qu'employait  Gilmer  en  expliquant  le 
6*^  livre  de  Y  Enéide  : 

Sive  Glimeri  date  vim  sonoram  » 


47^  GIL 

Quà  refert  notum  pielate ,  D*funv 
GjTpriâ  intraotem  cane  mansueto 
Atria  noctis. 

Nicolas  Chesneau  lui  a  adressé  ce  sixain  : 

Ad  Carolum  Giîmerium  nepoiem. 

A  patrois  speraot  amplissima  doaa  nepotet  : 

A  me  quid  speres  non  satis  esse  scio. 
A  nudo  quid  enim  capies  F  meminisse  poetjc 

CongCBÎUm  debesy  Garaley  pauperiem. 
Ne  nihil  ast  habeas ,  si  vif ,  chartacea  same 

Dona ,  vins  qua^dat  Mosa  laboriferis. 
Epig.,ab.  II,  fol.  36. 

^s  ouvrages  : 

!•  CaroU  Gilmerii  Cai^men  de  pace  et  nuptiis  PhiUppi  II, 
Begis  HispaniaruMj  et  primœ  Henrici  II ^  GalUanmt  Aegîs 
filia.  Paris,  iSSg,  in-8°.  (^BB^  Baluz.j  p,  485.) 

IL  Elegia  in  ohitum  Baptistœ  sapinij.senatoris  (^Pari" 
siensis)  in  quâ  demortmis  loquens  introducitur  ;  per  Car.  Gil- 
meriwn  Rhemensem.  Paris,  Annet  Brière,  i5(>2,  ,in-4''y  P*  3' 
(BB.  Maz.,  C.  12497.) 

III.  Car.  Gilmerii  Bhend  oratio  in  classe  Marchianorum 
habita j  pridie  cal.  octobris  i565.  Paris,  Th.  Richard,  i565, 
in-4°9  P*  9  non  chiffrées.  (BB.  Maz.,  G.  10317.) 

IV,  Cruenta  syllogismorum  dialecticonim  pugna  j  havicis 
versibus  mandata  :  cum  tribus  tabulis  syllogUmorum^  per  Car. 
Giîmerium  Bhemensem^  scholœque,  Bhemensis  Gymnasiar- 
cham^  Pms^  Denis  du  Pré,  1576,  in-4°. 

A  la  fin  est  une  épitre  latine  à  Nicolas  Chesneau  son  oncle , 
aux  instances  duquel  il  avait  accepté  la  chaire  de  rhétorique 
du  collège  de  la  Marche,  la  défiance  de  ses  propres  forces 
i'ajant  fait  hésiter  d'abord  sur  TacceptaticHi  de  cette  place. 
Il  y  dit  qu'il  a  imité  dans  ce  poème,  ce  que  Nicolas  Brizard 
d^Attigny  a  écrit  en  prose  sur  le  même  sujet. 
*  V.  AdJa,  Buchœrumj  rectorio  magistratu  se  abdicantem^ 


GIL  473 

et  Blasùjun  Martimun  eidem  in  rectordtu  succederUem  ^  Con- 
gratulatioy  habita  Lutetiœ  anno  iSSi,  per  Car.  Gibnerium 
sch.  Rem.  in  acad.  Paris. j  secuhdd primarium.  Paris.,  ibid.^ 
iSSi^in-S'',  p.  10.  (BB*  du  roi>  X.  2229  et  2355.) 

yi.  Actii  synceri  Sannazarii  de  morte  Ckristi  Domini  ad 
mortaUs  lamentatio^  Car.  GibnerU  Rhemensis  Annopido- 
nibus  illustrata.  Paris,  Jean  le  Blanc ,  1589,  m-8%  foL  16. 
(BB.  Maz.,  21207.)  Les  notes  de  Gilmer  ont  plus  d'éten- 
due que  te  texte.  On  remarque  en  tête  un  sixain  de  sa 

façon  au  lecteur  : 

t 

Vivere  vis,  Lector  F  Sed  quis  non  Tîvere  carat  i 

Sternum ,  dico ,  vlrere ,  Lector,  ares  F 
Audi  qnod  proprio  Ghristi  manavit  ab  ore  , 

Ex  illb  cmcem  discito  ferre  tuam. 
Hiinc  sequere ,  et  mandata  ejus  servare  mémento 

Qui  sine  te  salTum  te  retinere  nequit. 

YII.  Un  Sonnet  à  Maître  Nicolas  ChesneaUj  son  oncle. 
Foy.  l'art.  Chesneâu. 

£gasse  du  Boulay^  Hisf.  Uni%f.  Paris,  t.  VI,  p.  722  et 
723-,  Crëvier,  Hist.  de  VUni\f.  deParis^  t.  VI,  p.  25o,  278. 

GILMÈR  {Jean),  élu  abbé  de  N.-D.  de  Mouzon  le  16 
mars  i5i2,  était  probablement  de  la  même  &mille.  Il  se 
distingua  tellement  dans  le  gouvernement  de  cette  abbaye, 
remarque  Dom  Habeit,  chroniqueur  de  Mouzon,  qu'on 
pouvait  lui  appliquer  ce  que  Thistoire  dit  de  Tempereur  Au- 
guste à  regard  de  Rome ,  qu'il  Tavait  trouvée  bâtie  en  bri- 
que, et  qu'il  la  laissait  revêtue  de  marbre.  Craignant  que 
son  monastère  ne  tombât  en  commende ,  il  abdiqua  en  1 528 
en  faveur  de  Claude  de  Villiei;s,  prieur  de  Thin-ie-Moûtîer  ; 
et,  par  permutation  ,  il  retint  ce  prieuré,  où  il  mourut 
le  28  septembre  i58i«  (^Marlot^  X.  II,  p.  16-,  Gai.  Ch*^ 
t.  IX,  p.  266.) 


474  GIV 

GIVRY  {Etiemie  DE).  Le  village  de  Givry-sur- Aisne ,  can- 
ton de  Rethel,  dontilpritle  nom,  le  vit  naître  en  i335.  La  mi- 
sère assiégea  son  berceau.  Les  Dormans ,  fondateurs  du  col*- 
lëge  de  Beauvais ,  à  Paris ,  le  firent  çntrer  pomme  ixmrsier 
'dans  cette  école,  et  pourvurent  généreusement  aux  frais  de 
.  son  éducation.  Il  seconda  si  parfaitement  les  vues  de  ses 
bienfaiteurs,  qu'il  devint  très -bon  jurisconsulte;  et  ce  fut 
dans  la  magistrature  qu'il  fit  Fapprentissagedes  vertus  paci- 
fiques qui  lui  servirent  de  degrés  aux  vertus  épiscopales. 
Préconisé  à  Rome  le  24  juillet  iSgS,  il  fut  installé  évêque 
de  Troyes  le  2  oct.  suivant,  après  avoir  exercé  les  fonctions 
de  conseiller-clerc  au  parlement  de  Paris  durant  vingt  ans. 

Le  grand  schisme  d'Occident,  commencé  en  iSyS,  conti- 
nuait de  déchirer  le  monde  chrétien  par  des  divisions  intes- 
tines. Boniface  IX  siégeant  à  Rome,  et  Benoît  XIII  à  Avi- 
gnon, étaient  alors  les  deux  prétendai^s.  Le  roi  Charles  VI 
désirant  de  rétablir  l'union ,  convoqua  une  assemblée  à  Pa- 
ris. L'évêque  de  Troyes  y  pencha  pour  l'obédience  en  fiiveur 
de  Benoît  \  mais  l'assemblée  convaincue  que  ce  pontife  in- 
flexible persisterait  à  refusa  la  voie  d'abdication ,  prononça 
le  28  juillet  1398,  la  soustraction  entière  d'obéissance. 

Les  négociations  relatives  à  cette  affaire  ayant  constam- 
ment échoué  contre  les  artifices  de  Benoît  et  de  Boniface, 
et  contre  ceux  d'Innocent  VII  et  de  Grégoire  XII ,  élus  par 
le  parti  de  Boniface,  le  roi  Charles^ VI  envoya  en  1407 
Etienne  de  Givry  avec  d'autres  députés  vers  Benoit  XIII , 
qui  était  alors  à  Marseille,  pour  l'exhorter  à  rendre  la  paix  à 
l'Eglise.  Le  résultat  de  cette  mission  fut  un  acte  du  20  avril , 
par  lequel  on  convint  que  l'union  se  ferait  par  la  cession 
volontaire  des  deux  papes  -,  mais  cet  acte  fut  illusoire  :  le 
temps  fixé  par  la  Providence  pour  terminer  ce  scandaleux 
différend ,  qui  occupait  alors  tous  les  esprits ,  n'était  pas  en- 
core arrivé. 

Il  est  vraisemblable  que  Tévêque  de  Troyes  assista  aux 


GIV  475 

conciles  de  Pise  et  de  Constance  assembles  pour  Textinction 
du  schisme ,  dont  les  dernières  semences  ne  furent  entière- 
ment ^toufFëes  qu'en  iJ^^Q*  La  vie  de  notre  prëlat  fut  inar- 
qu^e  par  des  actes  nombreux  de  bîenlàisance  :  il  se  signala 
surtout  en  afirancbîssant  les  serfs  de  son  évêché-,  et,  d«ms 
un  ëpiscopat  de  trente -un  an,  il  montra  toutes  les  vertus  ^ 
d^un  apôtre.  Camusat  a  conservé  le  testament  latin  qu'il  fit 
le  jour  de  sa  mort.  On  y  remarque  entr autres  choses,  la 
disposition  suivante  : 

<(  Item.j  je  veux  que  les  restes  de  mon  père  et  de  ma  mère , 
»  de  mes  sœurs  et  de  mon  frère ,  qui  reposent  dans  le  cime- 
»  tière  de  Gîvry,  soient  exhumés ,  et  que  l'on  construise  avec; 
»  des  j»erres  dures,  du  sable  et  de  la  chaux.,  un  caveau 
))  dans  le  lieu  le  plus  distingué  et  le  plus  apparent  de  ce 
»  cimetière,  pour  y  réunir  leurs  cendres  -,  et  que  ce  caveau 
»  soit  scellé  avec  une  pierre  de  liais  ou  toute  autre ,  tirée  des 
»  carrières  de  Notre-Dame-des-Champs  lès--Paris ,  et  que 
»  cette  Ipmbe  soit  recouverte  d'une  autre  dalle.  » 

On  conserve  à  ThÔpital  de  Saint-Denis  à  Reims,,  un  monu-» 
ment  de  la  bienfaisance  de  Tévêque  de  Troyes  :  c'est  ce.méipc 
testament  par  lequel  il  fait  don  d'une  somme  de  4o  liv.  en  fa- 
veur des  pauvres ,  pour  être  employée  en  achat -de  draps.  Il 
avait  richement  établi  deux  niècçs ,  en  mariant  l'une  à 
Guillaume  Gouault,  garde  des  foires  de  Champagne,  place 
importante ,  et  qui ,  au  siècle  précédent ,  était  dans  la  maison 
de  Brienne;  et  l'autre  à  Simon  Fourni ,  bailli  de  Troyes  pour 
les  Anglais >  alors  maîtres  de  cette  ville.  Il  est  m<xi  le 
a6  avril  i4^6,  âgé  de  quatre-vingt-onze  ans.  Ses  restes,  inhu- 
més dans  sa  cathédrale ,  sont  couverts  d'une  tombe  portant 
cette  inscription  : 

Jiicjœet 
Excelientis  Memoriœ  Stephanus  de  Givriaco  ,  Remens is 
Diœccsts,  quondam  treccnsis  Episcopus^  qui  postqitam  an- 
nos  XX  Parisiio  in  Regio  parlamenio  sedit,  et  in  Episc^» 


4:6  GOB 

I 

pâli  cathedra  xxxi,  Gregem  suum  laudabilîter  rexit,  œta^ 
tisan.  xci ,  spiritumreddidit Domino,  an,  m.  ccgc.  xxvi. 

Marlot,  MeU  Bem.j  t.  II,  p.  SgS  -,  Camusat,  Promptua- 
riuMj  2a8  à  a34j  des  Guerrois,  Fies  des  évêques  de  Troyes^ 
fol.  385  à  391  du  livre  de  la  Sainteté  chrét.i  Courtaloni^ 
Typog^  de  TroyeSj  1. 1,  p.  382. 

GOBERT  (Hubert),  général  de  Tordre  de  Prëmantré ,  vil 
le  jour  à  Monthenné ,  vers  Fan  14^0.  Ne  avec  Tamour  des 
sciénGes  et  Theureuse  disposition  pour  les  acquérir,  il  cul- 
tiva ces  germes  précieux  qui  ne  tardèrent  p^s  à  éclore.  Il  se 
signala  surtout  comme  théologien  et  jurisconsulte*,  et  il  eut 
l'avantage  de  tenir  un  rang  distingué  parmi  les  savans  de 
son  siècle,  sans  avoir  rien  écrit,  et  de  l'avoir  ixiérité  par  les 
talens  de  l'esprit  relevés  par  les  qualités  du  cœur. 

Il  était  abbé  de  Layaldieu,  près  de  son  lieu  natal ,  quand 
Juvenal  ^esUrsins,, archevêque  de  Reims,  lui  donna  Fab- 
baye  de  Saint-Basle,  vers  1467',  mais  on  compétiteur  nommé 
par  le  roi  Fempécha  d'en  jouir.  Elevé  au  généralat  de  son 
ordre,  le  3o  août  »47'^>  î^  soutint  Féclat  de  cette  haute  di- 
gnité en  homme  <jui  avait  su  s'en  rendre  digne. 

Le  Paige  et  Hugo  font  de  ce  prélat  lé  Mécène  des  docteurs 
de  son  temps  ;  ils  ajoutent  qu'il  joignait  à  un  esprit  vif  et 
étendu  un  rare  talent  pour  l'administration }  qu'il  fit  fleurir 
les  études  dans  son  ordre  (i)  -,  qu'il  était  bienfaisant  et  hos- 

(i) L'ordre  de  Prémoatré,  dont  rétablissement  remonte  à  Tannée  11  ai, 
brilla ,  dès  sa  naissance ,  de  tout  l'éclat  que  donne  une  science  profonde  jointe 
à  une  ferveur  éminente.  L'ônumération  des  savans  que  ce  corps  illustre ,  dès 
son  origine ,  fournit  à  la  république  des  lettres ,  et  auxqueb  Lienhart ,  abbé 
de  Roggembourg,  a  consacré  des  notices  dans  son  Spiriius  Litterarus  Norber- 
iinus  (Augsbourg,  1774»  ^1-4**),  suffit  pour  prouver  que  la  littérature  ne  fut 
pas  moins  cultivée  dans  les  abbayes  de  cet  ordre  que  dans  les  autres  retraites 
consacrées  à  la  vie  religieuse.  L'art  de  copier  les  livres  contribua  surtout  à 
nourrir  parmi  les  religieux  le  goût  des  sciences  et  des  lettres.  Bftunis ,  dès  leur 
noviciat  9  de  tous  les  instrumens  nécessaire»  à  l'exercice  de  cet  art,  ils  le  por» 


GOB  477 

pitalier,  et  que  son  affabilité  lui  conciliait  les  cœurs  de  tous 
ceux  qui  le  visitaient  dans  sa  solitude  de  Prémontré. 

Sa  ix^putation  perça  Fobscurité  du  cloître  ^  et  parvint  jus- 
qu'à la  cour.  U  y  fut  appelé,  et  y  fit  éclater  les  vertus  et  les 
talens  qui  lui  en  avaient  fraye  le  chemin,  sans  rien  perdre 
de  cette  modestie  qui  en  rehausse  le  prix.  Louis  XI  Thonora 
de  sa  confiance,  et  lui  donna  entrée  dans  son  conseil.  Il  s'ac- 
quit auprès  de  ce  prince  cette  considération  précieuse  que  là 
vertu  et  le  savoir  n'obtiennent  pas  toujours  des  grands ,  et  il 
sut  par  sa  conduite  mériter  sa  bienveillance.  Quoique  ce 
monarque  fût  naturellement  avare  ^  il  combla  néanmoins 
Tabbé  de  Prémontré  de  riches  présens ,  que  celui-ci  em- 
ploya au  soulagement  des  pauvres ,  à  diverses  réparations  et 
constructions  utiles  dans  son  abbaye ,  et  même  à  Tacquisi- 
tion  de  nouveaux  domaines. 

Gobert  mourut  à  Prémontré,  le  17  mars  i497>  ^niportant 


i 


tèreiLt  très-loin ,  priDcipalement  duraat  le  xii*  siècle.  GeaZ'mèmes  qui  aTaient 
le  tai«nt  de  la  composition ,  n'étaient  pas  exempts  de  transcrire  et  de  multi- 
plier les  chefs-d'œuTre  de  la  Grèce  et  de  Rome  ;  mais  ils  s'en  acquittaient  de 
manière  à  ce  que  ce  travail  ne  fût  pas  infructueux  pour  leur  gloire.  La  critique 
qu'ils  s'y  permettaient  leur  donne  encore  des  titres  à  la  reconnaissance  de  la 
postérité.  C'est  à  leurs  soins  que  nous  devons  cette  correction  si  précieuse  de 
jU  plupart  des  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité.  Il  y  avait  dans  les  monastères  des 
seriptoria  ou  salles  consacrées  aux  religieux  qui  s'occupaient  i  copier  des  ma- 
nuscrits. On  les  nommait calligraphes ,  tachygraphes,  chrysographes  ou  no- 
taires ,  paléographes ,  selon  le  travail  auquel  on  les  employait.  Cet  art  si  utile 
et  si  précieux  avant  la  découverte  de  l'imprimerie ,  supposait  alors  dans  ceux 
qui  le  professaient ,  beaucoup  de  goût ,  d'intelligence  et  de  dextérité.  Ils  pui- 
saient dans  cet  exercice  des  lumières  qui,  soutenues  de  leurs  propres  talens , 
les  élevaient  quelquefois  au  comble  de  cette  renommée  dont  ils  n'étaient 
'  d'abord  que  les  instrum^ns  et  l'organe.  Les  religieuses  même  transcrivaient 
les  chartes  essentielles,  et  préparaient  des  matériaux  pour  l'histoire.  On 
aime  i  voir,  en  1  a88,  Mahaut  de  Bourgogne,  abbesse  de  Ghàteau-Ghftlon,  trans- 
crivant ,  d'une  main  pure  et  élégante ,  les  titres  de  son  monastère.  Et  qu'on 
ne  soit  pas  étonné  de  voir  une  abbesse  lire  et  coUationner  un  diplôme  latin  ;  on 
exigeait  des  religieuses,  au  xii*  siècle,  qu'elles  apprissent  la  langue  latine, 
qui  avait  cessé  d'être  vulgaire  :  cet  usage  dura  jusqu'au  xiv*  siècle ,  et  n'aurait 
iamais  dû  finir. 


47»  GOF 

dans  le  tombeau  des  regrets  proportionnés  à  Festime  qu'il 
avait  commandée  durant  sa  vie,  par  des  vertus  qui  égalaient 
au  moins  ses  lumières.  Il  avait  obtenu  du  pape  Sixte  VI  des 
bulles  qui  défendaient  les  grâces  expectatives  et  Fintroduc- 
tion  des  eemmendes  dans  l'ordre  de  Prémontré,  et  qui  per- 
mettaient à  ses  religieux  de  prendre  les  degrés  de  docteur 
en  théologie  et  en  droit  canon.  En  vertu  d'une  résignation 
du  cardinal  Julien  de  la  Rovère ,  il  possédait  Tabbaje  de 
Saintr-Paul  de  Yerduq,  qui  était  de  son  ordre. 

Le  Paige,  BB'^Prtem.y  p.  7a  i,  762,  948,  gSo-,  Hugo^ 
Annal,  Prœm.j  t.  I,  p.  33  et  xxxvii;  t.  II,  p.  10 19,  Gai. 
Ch.,  t.  IX,  p.  201,  ai2,  3i8  et  656;  le  Long,  Hùt.  de 
Lojon» p.  aaS -,  Roussel ,  HisU  de Ferdun^^, lxxii \  Dom  Bu- 
gnatre,  Hist.  MSS^  du  Laonnais,  t.  III,  p.  1842. 

GOFFIN  (Daniel) ,  habile  fondeur  et  graveur,  était  de 
Givonne,  près  de  Sedan,  et  florissait  en  161 4-  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  grava  soixante  paires  de  coins  tant  pour  la  mon- 
naie d'or,  d'argent-et  de  cuivre  de  Sedan ,  que  pour  celle  des 
souverainetés  de  Raucourt,  de  la  Tour-à-Glaire ,  et  de  Cha- 
teau-Regnault. 

Cet  artiste,  de  la  religion  protestante,  et  dont  Gaultier 
Donaldson ,  professeur  à  Sedan ,  épousa  une  parente ,  s'était 
engagé  en  1 627  à  fabriquer  tous  les  coins  nécessaires  pour  les 
pièces  d'argent  et  de  billon ,  que  Lambert  dé  Duras ,  comte 
de  Meldre,  gouverneur  de  Bouillon ,  et  seigneur  en  partie 
des  villages  des  Hayons ,  Bellevaux  et  Planevaux ,  avait  ré- 
glé de  faire  battre  à  ses  armes ,  par  un  édit  du  27  oct.  de  la 
même  année,  en  sa  qualité  de  seigneur  souverain  desdits 
lieux  j  qu'il  entreprit  vainement  d'ériger  en  terre  souve- 
raine (0* 

(1)  Geite  prétendue  sonveraioeté  n'a  doré  qat  quatre  ans  environ.  L«t 
^  *6  juin  1.63 1,  les  seigneurs  et  les  habitans  de  ces  lieux,  réunis  à  ceux  du 


GON  479 

Goret,  habile  graveur  de  caractères^  qui  a  gravé  toutes  les 
sortes ,  a  également  illustré  la  ville  de  Sedan. 

P.  Norbert,  Hist.  Chron.  de  Sedan ^  ann.  i6i4* 

GON  (  AT***) ,  conseiller  près  de  l'élection  de  Rethel ,  au 
commencement  du  xv^ii"  siècle,  associait  à  Uétude  rebu- 
tante des  lois,  la  Culture  des  lettres,  et  se  délassait  quel- 
quefois avec  les  Muses,  Sa  couronne  poétique  se  compose 
des  pièces. suivantes  : 

I .  Épitre  à  la  louange  du  duc  de  Vendôme  et  de  Phi- 
lippe V,  rôi  d'Espagne.  On  en  voit  un  extrait  de  22  vers 
dans  le  Journal  de  Verdun^  mai  181 1,  p.  356.  a.  Dixain 
sur  la  vendange  et  la  paix,  ibid.j  décembre  17 il,  p.  4^9* 
3.  Épitaphe  de  Catinat  :  8  vers,  iZ^iVf,^  avril  171a,  p.  3o3. 
4*  Poème  historique  (de  148  vers),  sur  la  campagne  de 
M.  de  Yillars,  de  i'ji%»  Analyse  de  ce  poème,  ibid.^  mai 
171 3,  p.  365  à  367.  On  y  rapporte  trois  tirades,  contenant 
ensemble  26  vers.  5.  JÉpitre  héroïque  (de  124  vers),  à  M.  de 
Yillars,  ibid,j  mai  I7i4«  On  y  voit  les  huit  derniers  vers 
de  cette  pièce,  dans  laquelle  le  poète  suit  son  héros  depuis 
l'ouverture  de  la  campagne  jusqu'à  la  signature  de  la  paix. 
6.  Portrait  de  M.  TEscalopier,  intendant  de  Champagne, 
ibid._,  février  1717,  p.  i23  (12  vers).  7.  P^ers  k  la  louange 
de  Jean  Law,  élu  membre  de  l'académie  des  Sciences ,  le  14 
décembre  17 19,  à  la  place  du  chevalier  Renaud ,  ibid.j,  fé- 
vrier 1720,  p.  i33  (la  vers).  Et  peut-être  d'autres  pièces, 
qui  n'ont  eu  que  le  mérite  fugitif  qu'elles  tiraient  des  cir-  ' 
constances,  et  qiû  ne  devaient  pas  jouir  d'une  vie.  plus 


village  de  Dohan ,  se  rendirent  à  Sedan,  y  prêtèrent  foi  et  hommage  à  Eliga- 
beth  de  Nassau ,  duchesse  de  Bouillon ,  et  reconnurent  leur  mouTance  et  dé- 
pendance de  la  souveraineté  de  Raucourt,  dont  ib  suivaient  encore  la  cou- 
tume lors  de  leur  réunion  à  la  France,  opérée  le  a6  octobre  1796.  L'évêque 
de  Liège  et  sa  cour  prétendaient  que  ces  villages  dépendaient  de  la  souve- 
raineté et  du  duché  de  Bouillon.  (P.  Norbert,  ibid.,  an.  1667.) 


48o  GON 

longue  que  ^ceUe  des  papillons  et  des  fleurs;  Ces  sortes  de 
plxxluctions  sont  bien  caractérisées  dans  ce  distique  : 

•  G'eit  le  petit  miâgean  dont  le  flot  ai^ntin 

•  Feit  un  léger  mnminre ,  et  nourrit  du  fretin .  •  ' 

OONZAGUE  (Lwis  DE  ) ,  duc  de  Rethel  et  de  Nevers , 
gouverneur  de  Champagne,  dont  le  nom  est  resté  en  hon- 
neur dans  la  postérité,  fut  un  de  ces  hommes  privilégiés 
qui  n'ont  pas  besoin  du  secours  du  temps  pour  parvenir  à 
leur  maturité.  Né  àMantoue  le  i3  septembre  iSSg,  il  fut 
naturalisé  Français  en  i55o.  En  lui  donnant  sa  main,  le 
4  mars  i565,  Henriette  de  Glèves  (î)le  fit  comte  de  Rethel. 
Gette  alliance  lui  en  procuï»  une  nouvelle  avec  la  maison 
royale ,  et  le  rendit  beau-frère  du  prince  de  Condé  et  du 
duc  de  Guise ,  qui  épousèrent  les  deux  autres  sœurs.. 

La  caAîère  de  la  gloire  n'était  alors  ouverte  qu'à  ceux 
qui  embrassaient  la  profession  militaire;  et  pour  être  ho- 
noré il  fallait  endosser  la  cuirasse.  f)ès  qu'il  eut  atteint 
Tâge  de  quatorze  ans ,  le  duc  de  Gonzague  porta  les  armes , 
et  depuis  il*  ne  manqua  aucune  occasion  de  signaler  sa  va- 
leur et  son  zèle  pour  le  service  de  la  France,  sous  les  règnes 
de  François  II,  Gharles  IX,  Henri  III  et  Henri  IV.  Il 
commanda  dans  sept  batailles,  dirigea  une  infinité  de 
sièges,  et  s'empara  de  beaucoup  de  places,  entr'autres  de 
celle  de  Raucourt  (Ardennes).  En  iSôj,  dans  un  combat 
contre  un  parti  de  gentilshommes  huguenots ,  le  capitaine 
Beaumont,  son  vassal,  lui  cassa  le  genou  d'un  coup  de 
pistolet,  dont  il  resta  boiteux  le  reste  de  ses  jours.  En  iSja 
il  sauva  la  vie  à  Henri ,  roi  de  Navarre,  et  à  Henri,  prince 
de  Gondé ,  époux  de  sa  belle-sœur  Marie  de  Glèves ,  en 
s'opposant  dans  le  conseil  à  l'avis  de  ceux  qui  voulaient 
]es  envelopper  dans  le  mass^acre  de  la  saint  Barthélemi. 

*  (0  ^^*  ^^  trt.,'p.  345 ,  et  celui  de  Monlbelan, 


GON  48 1 

Sans  cetle  courageuse  résistance,  la  racine  des  Bourbons 
«Stait  coupée. 

Peu  de  temps  après  ce  funeste  ëvénement,  Charles  IX 
lui  confia,  durant  son  absence,  la  garde  de  Paris.  Henri, 
chevalier  d'Angoulème  ,  frère  bâtard  de  ce  monarque, 
forma  le  projet  dVne  nouvelle  saint  Barthélemi.  «  Deux 
V  de  ses  confidens ,  pour  sonder  le  comte  de  Rethel ,  vin- 
^>  rent  lui  dii'e  que  l'intention  du  roi  était  d'éteindre  en- 
»  tièremeni  l'hérésie  ,  en  exterminant  ce  qui  restait  de  hu- 
»)  guenots.  Le  comte  de  Rethel  répondit,  qu'étant  chargé 
j)  par  Sa  Majesté  de  commander  en  son  absence  dans  la 
»  capitale ,  personne  ne  pouvait  être  mieux  informé  de  ses 
n  intentions  que  lui,  et  sur-Ie-champi  il  les  fit  conduire 
>»  en  prison.  Cet  acte  de  vigueur  déconcerta  les  auteurs 
»  du  complot  et  les  empêcha  de  l'exécuter,  n  [Art  de  vérif, 
les  Dates,) 

Louis  de  Gonzague  possédait  par  indivis  avec  le  prince 
de  Sedan,  la  seigneurie  souveraine  de  Saint-Menges.  En 
15^3,  il  acheta  du  roi  Charles  IX  les  deux  tiers  du  do- 
maine de  la  prévôté  de  Donchery.  En  1 5^4  îl  fit  bâtir  le 
'Château  de  la  Cassine ,  près  de  la  rivière  de  Bar ,  sur  les 
ruines  d'un  ancien  château ,  connu  sous  le  nom  de  Lauriac , 
Lauriacum  castrum  (Ardénnes).  Le  i5  décembre  i58i,  il 
obtint  des  lettres  patentes  portant  érection  du  comté  de  Re- 
thel en  duché-pairie.  La  même  année  (et  non  en  iS^i),  il 
fonda  avec  son  épouse  les  minimes  de  Rethel ,  et  les  corde- 
liers  delà  Cassine  ;  et  le  i4  février  1 588 ,  il  assigna  des  fonds 
A  perpétuité  pour  marier  soixante  filles  de  ses  domaines  (i)  ; 
fondation  qui  peut  défier  la  censure  de  la  philosophie  la 
plus  mondaine.  Le  duc  de  Rethel  finit  ses  jours  à  Nesle , 

(i)  FimdatUm  par  U  due  et  ta  duehêêse  dû  Nivemois,  pour  marier  chaque  armée 
soixante  filles  pauvre»,  avec  les  arrêts  de  la  cour  du  parlement,  et  autres  pièces 
<one9mant  f  exécution  de  ladite  fondation  ;  i663,  in-4''  (BB.  du  roi,  fondf  de 
Congé.) 

TOME  I.  ^  3l 


48a  GON 

le  us  octobre  1 5gS  ^  et  fui  inhumé  à  Neyers.  Son  ëpitaphe  a 
ëtë  insérée  à  la  fin  de  son  histoire ,  publiée  par  Turpin. 
(Paris  j  1789,  in- 13.)  Il  laissa  troi^  enfans,  Charles  qui 
suit,  et  deux  filles  :  Catltérinej  mariée  en  i588  à  Henri 
d'Orléans,  morte  en  1629,  et  Marie j  alliée  en  1699  k 
Henri  de  Lorraine,  duc  de  Mayenne,  décédée  en  1601. 
*  «  Son-  vif  attachement  pour  la  religion  catholique  lui  fit 
-»  illusion  pendant  quelque  temps*,  il  signa  la  ligue  à  la 
»  sollicitation  du- duc  de  Guise,  son  beau-fi'ère;  mais  il 
»  s'en  détacha  dès  qu'il  eut  reconnu  les  criminels  projets 
3>  de  ce  dernier ,  et  s^attacha  inviolablemetat  à  Henri  HI.  )> 
(j4rt  de  vér^.  les  Dates.) 

ff  On  dit  qu'après  la  mort  de  ce  monarque,  le  scrupule 
»  de  concourir  à  mettre  sur  le  trône  «un  prince  calviniste, 
»  lui  fit  d'abord  prendre  le  parti  de  rester  neutre*  Ce  qu'il 
»  y  a  de  certain ,  c'est  que  quelques  mois  après  l'avènement 
»  d'Henri  lY  à  la  couronne  (le  a  août  1589),  il  lui  prêta 
»  63  mille  écus  d'or,  et  que  Tannée  suivante  il  lui  amena, 
»  au  siège  de  Paris,  un  renfort  de  troupes  considérable, 
»  et  que  depuis  il  ne  cessa,  jamaiis  de  lui  être  inviolablement 
»  attaché.  Cest  au  ciel  à  V éclairer j  disait-^il ,  c'est  à  moi  de 
»  sentir  mon  ràij  de  quelque  religion  qu'il  soit  n  (Saint- 
,Foix ,  Hist.  de  l'ordre  du  Saint-^Esprit^  p.  94.) 

Louis  de  Gonzague  fut  un  des  grands  les  plus  estimables 
de  son  temps.  Il  opina  toujours  dans  le  conseil  pour  le 
parti  le  plus  sage  et  le  plus  modéré;  et  les  Calvinistes  di- 
saient de  lui  :  Il  faut  craindre  M,  de  Noyers  a\fec  ses  pas  de 
plomb  et  son  compas  à  la  main.  Son  éloge  le  moins  suspect, 
c'est  d'avoir  réuni  l'estime  des  deux  partis.  Il  était  savant 
et  se  mêlait  de  th^logie.  On  conserve  en  maqnscrit,  à  la 
BB.  du  roi ,  divers  Traités  de  lui  sur  la  controverse ,  la 
plupart  écrits  de  sa  main,  et  quelquefois  dans  l'enceinte  de 
ces  camps  audacieux  qui  semblaient  imposer  silence  aux 
muses  dans  toute  l'Europe.  Il  est  encore  auteur  d'autres  ou- 


GOK  483 

vraies  qui  prouvent  que  c'était  ua  prince  guerrier,  pdiitique 
et  philos(^he^  qui  savait  aussi  bien  manieir  la  plume  que 
Tépëe.  Ces  productions  sont  signalas  dans  hi  BB»  Hisu 
de  la  B'r.j  par  Fontette.  Voici  la  plus  intéressante. 

Mémoires  du.  duc  de  Neuers^  depuis  i^'j\  jmquen  iSgS. 
Paris  9  JoUy^  i665,  2  vol.  in-fol.  Us  sont  curieux  et  remplis 
d'une  multitude  de  faits  intportans,  qui  servent  à  ëclaircîr 
l-histo^e  des  guerres  civiles  de  France  et  des  guc^Tes  de 
Savoie.  Les  pièces  ajoutées  par^Féditeur  de  Gomberville, 
vont  jusqu'en  1610.  On  remarque  surtout  dans  cçs  Mémoires 
(t.  ï,  p.  885)  1^  Avertissement  aux  bourgeois  de  Paris  et 
à  tous  bons  catholiques j  digne  d'un  théologien  éclairé,  d'un 
jm'isconsuhe  profond  et  d'un  citoyen  vertueux.  Il  parut  au 
mois  de  mars  1 588 ,  après  la  mort  des  Guise  et  la  clôture 
des  états  de  Blois. 

Arnaud  Sorbin,  évéque  de  Nevers,  a  prononcé  son 
oi'aison  funèbre.  { Paris j  Chaudière,  i5g6,  in -8%)  On 
connaît  :  «  Panégyrique  du  voyage  du  dtic  de  Nevers  (L.  de 
»  Gonzague),  de  la  guerre  contre  les  Turcs,  par  Jouly, 
»  avocat.  »  {Paris  j  Chevalier,  1606,  în-8°.)  Ce  prince  avait 
pour. lùédecin un  très  habile  praticien,  Jean  pidouxj  natif 
de  Ghâtelleraut,  mort  à  Poitiers  en  161 1,  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages.  (Dreux  du  Radier,  BB.  du  Poitou,  t.  III , 
p.  ty'i.){F'oy.Y:»Ti,Montbeton,) 

Son  portrait.  ï°  p^alletj  in-fol.;  2°  N...^  en  petiiv  3**  N..,, 
iil-fol. ,  comme,  premier  chevalier la'tque  créé  par  Henri  III, 
en  habit  de  novice  ;  J^'*  dans  Mpntfaucon ,  Monumens  de  la 
Mon.,  t.  V,  p.  3i2,  planche  XLV. 

,  GONZAjCUE  {Gheurhs  P'  DE),  duc  de  Rethel  ,fils  unique 
du  précédent,  prit  naissance  à  Paris,  le  16  mars  i58o.  Il 
succéda  à  son  père  dans  le  gouv€arnement  de  Champagne,  et  à 
sa  mère  dans  les,  duchés  de  lieth^l  et  de  Nevers.  Étant  paisse , 
Tan  i.6o3,  en  Hongrie,  il  se  signala,  le  22  octobre,  à  Pesca- 

3i. 


484  GON 

lade  de-Ja  ville  de  Bude.  De  retour  en  France  ^  il  servit 
utilement  le  roi  Henri  IV,  sur  la  fin  de  mars  1606  ,  dans 
Texpédition  de  Sedan.  Nomme  ambassadeur  extraordinaire 
en  1609,  pour  prêter  robédience  au  Saint-Si<5ge ,  il  parut 
à  Rome' avec  la  plus  grande  magnificence^  et  y  reçut  des 
honneurs  distingucSs ,  et  des  hommages  dus  à  sa  dignité  et 
à  son  mérite  personnel.  Revenu  la  même  année  dans  sa 
patrie  (1),  il  résida  avec  son  épouse  à  Mézières  dans  son 
palais  des  TourneUes ,  et  fit  entourer  de  murs  le  lieu  d'Ar- 
ches ,  ancienne  maison  royale  près  de  cette  ville ,  et  lui 
donna  le  nom  de  Charle ville.  11  fit  aussi  construire  en  1 6 1 2 , 
le  Mont-Olympe ,  qu'il  fortifia  en  1629.  Il  ouvrit  un  col- 
lège de  jésuites  à  Gharleville,  et  y  fonda  aussi  trois  couvens, 
les  capucins  9  les  carmélites  et  les  jéronymites  du  Mont- 
Calvaire.  Il  mourut  le  21  septembre  iGirjy  emportant  dans 
le  tombeau -la  réputation  d'un  des  plus  grands  hommes 
de  son  temps ,  et  fut  enterré  aux  Franciscains  réformés  de 
Mantoue  (2).  Il  avait  acheté  la  principauté  de  Porcien,  le 
12  mars  1608,  de  Philippe  de  Croï. 

De  Gathéi'ine  de  Lon-aine,  sœur  de  Henri,  duc  de  Mayenne, 
qu'il  avait  épousée  en  février  1 509 ,  sont  issus  François  de 
Paule,  duc  de  Rethelois  (3),  et  Charles,  aussi  duc  de  Re- 

(1)  On  connaît  «Panégyrique  du  prince  Charles  de  Gonzagne,  pour  son 
»  heureux  retour  d<^Rome  ;  par  L.  de  Las  de  la  Gouldré.  Paris,  Verac ,  1609, 
»  in-4«.»  (BB.  du  roi,  Y.  4834.  B.) 

(2)  On  a  son  «Panégyrique  funèbrepar  l'abbé  du/Ghesne,  professeur'  en 
»  théologie.  Paris,  Targa ,  i638,  in -4^*  * 

(5)  Né  le  17  juin  1606,  mort  célibataire  à  Mézières,  âgé  de  seize  ans,  le  1 3  oc- 
tobre i6aa*<.  «  Son  corps  fut  porté  de  Méûères  à  Nevers,  où  il  est  inhumé,  dans 
»  l'église  des  Minimes,  à  cause  que  son  père  croyait  l'aToir  obtenu  de  Dieu, 
•  par  les  prières  de  saint  François  de  Paule  ;  c'est  pourquoi  le  nom  de  ce  saint 
»  lui  fut  donné ,  quand  le  P.  du  Vivier,  minime ,  le  tint  sur  les  fonts ,  au  nom 
»  de  tout  son  ordre.  »  (Mém,  de  Marottes,  t.  I,  p.  100.)  Son  Oraison  funèbre, 
par  François  Rapine,  bénédictin.  Nevers,  1622 ,  in-ia  ;  Discours  funèbre  sur 
ses  obsèques,  par  Denis  Latrecy.  Troyes,  GheTillot,  i6a3,  in-8«^  Le  poète 
Jean  de  Lingendes  a  publié  Poème  sur  ta  naissance  de  M-  te  due  de  Bethetois* 


GON  485 

ihelois.  De  son  mariage,  contracté  le  24  décembre  .1627 
avec  Marie ,  fille  de  François  IV,  duc  de  Mantoue ,  naqui- 
rent Marie  Louise  et  Anne  (1).  On  a  de  lui  : 

•  •  •        ' 

I.  Lettre  au  roij  touchant  le  Prieuré  de  la  Charité^  1621 , 
in-fol.  (£5''  Baluziana^  t.  III,  n®  1983.) 

II.  Un  Manifeste  et  sept  Lettres^  indiqués  dans  la  BB, 
ffist.  de  la  Fr.j  par  Fontette.  Une  de  ces  lettres,  adressée 
au  pape  y  est  datée  de  Mézières,  le  10  mars  16 17,  in-4**', 
une  autre  au  roi ,  aussi  datée  de  ^Mézières ,  le  â4  août  162 1 , 
în-8°*,  enfin,  on  en  remarque  une  troisième  au  roi  et  à  la 
reine ,  du  1 5  novembre  1,6 1 6 ,  et  réponses ,  avec  Jes  actes 
judiciaires  de  la  saisie  féodale  de  la  maison  et  seigneurie 
de  Sy  (Ardennes),  et  autres  terres  du  marquis  de  la  Vieu- 
ville,  mouvantes  du  ducbé  de  Retbeloîs,  1616,  in-4**  (2). 


(1)  La  première,  née  Ter«  161a ,  mariée  d'abord ,  le  6  noT.  i645,  à  Udalis- 
las,  roi  de  Pologne  ;  ensuite,  le  i5  mai  1649  9  ^  ^^^^  Casimir,  aussi  roi  de 
Pologne  j  frère  d'Udalislas,  mourut  à  Varsovie  le  16  mai  1667,  sans  lignée. 
Cette  reine  a  fait  bâtir  le  château  de  Vouziers  (Ardennes),  et  commencer  le 
portail  de  l'église  de  cette  parois&e;  Anne,  née  en  1616,  dite  la  princesse 
Palatine,  épousa  le  a4  ^^ril  i645,  Edouard  de  Bavière,  comte  palatin  du 
Rhin,  dont  elle  eut  trois  filles.  Morte  à  Paru,  le  6  juillet  i684,  âgé  de  soixante- 
huit  ans.  L'histoire  ne  dit  point  où  naquirent  ces  deux  princesses,  qni,  par  la 
supériorité  de  leur  génie,  doivent  être  comptées  parmi  les  grands  hommes. 
Paris,  et  surtout  Mézières  et  Nevers,  peuvent  se  disputer  l'honneur  de  leur 
avoir  donné  le  jour.  Anne ,  l'une  des^  filles  de  la  princesse  palatine ,  épousa , 
le  11  décembre  i663,  Henri  Jules  de  Bourbon  ,  premier  prinee  du  sang,  an- 
quel  elle  apporta  vingt  millions ,  qui  en  feraient  aujourd'hui  plus  de  soixante. 
C'est  du  chef  de  cette  princesse ,  sa  bisaïeule ,  que  le  prince  de  Condé  pos- 
séda la  principauté  de  Charleville.  La  naissance  de  Louis  Joseph  de  Bourbon, 
arrière-pettt-fils  d'Henri  Jnles,  fut  célébrée  à  Charleville,  comme  le  témoigne 
cette  pièce  :  •  Le  triomphe  de  l'amour  et  de  l'faymenée ,  ou  le  feu  de  joie  élevé 

•  par  les  seins  des  consuls,  directeurs  et  procureur-syndic  en  exercice  de 

•  Charleville ,  et  tiré  sur  la  place  ducale  pour  la  naissance  de  S.  A.  S.  Mgr.  le 

•  prince  de  Condé.  Charleville  ^  Thesin  ,1736 ,  in-4°,  p.  16.  » 

(3)  Vienville  (Charles  de  la) ,  lieutenant  général  en  Champagne  et  en  Rethe- 
loiif,  surintendant  des  finances,  mort  à  Paris  le  a  janvier  i653. — Vieuville  {Ro- 
bert de  la),  père  du  précédent,  nommé  lieutenant  général  du  Rethclois  en 


486  GON 

Foy?  1  art.  Lorraine  (Catherine  de),  et  l'art,  le  Conte  (le 
P.  Michel).  .  , 

Son  portrait,  i"*  N. . . ,  iii-fbl.  *,  s**  âgé  de  dix4iuit  ans ,  Ch. 
de  Leuj  în-8**-j  3**  idem.j  plus  âgé,  in-8^;  ^° Massetj  in-fol.; 
5°  Mônèàmétj  in-4**;  6*  Nant&dlj  iiir4*,  beàti. 

GONZAGUË  {Charles  DE),  doc  de  Réthelois;  fils  du 
précédent,  né  en  1609^  était  un  prince  d'une  graàde  espé- 
rance ,  mais  d'une  faible  santév  II  mourut  à  Mautoue,  avant 
son  père,  le  3i  août  i63i,  âgé  de  yingt-deux  ans.  Il  avait 
épousé,  avec  dispense ,  le  a4  décembre  1627^  Marie  de 
Gonzague ,  princesse  de  Mantoue ,  sa  cousine ,  fille  unicpie 
de  François  IV ,  duc  de  Mantoue  et  de  Montferrat ,  et  de 
Marguerite  de  Savoie.  De  ce  mariage  il  eut  Charles,  qui 
suit,  Éléonore,  née  ^n  i63o,  mariée  le  3o  avril  i65ï,  à 
Ferdinand  III,  dit  Ernest j  empereur^  roi  de  Hongrie  et 
de  Bohême,  morte  avant  son  mari,  le  5  décembre  1686. 
Le  portrait  de  c^tte  prinOes^e  a  été  gravé  'par  Moncornet  ^ 
in-4**,  et  celui  de  soii  père  parNanteuîl ,  in-fol. 

GONZAGUE  {Ckarks  //DE),  duc  de  Rethel,  fils  du 
précédent,  vit  le  jorn*  en  1629.  U  succéda,  en  1637,  à. 
Charles  l'f,  son  aïeul  paternel ,  dans  les  dttchés  de  Rethel, 
de  Nevçrs,  de  Mayenne,  et  dans  le  Donziois,  ainsi  que 
dans  le  duché  de  Mantoue,  sous  la  tutelle  de  Marie  de 
Gonzague  sa  mère,  fondatrice  du  couvent  des  Aononcîmles 

16749,  gouveroear  de  Mézières  et  du  fort  de  Linchampî  seigneur  des  Ar- 
moises ,  de  Givaadeau,  VUlemoDtry  et  de  Sy  (Ardennes);  Ge  futenr  sa  faveur 
que  la  terre  de  Sy  fut  érigée  en  inar<tui8at ,  sops.le  nopi  de^/4  FwiuUile»  Au 
mois  de  mars  i588 ,  il  s'approcha  de  SedaQ,  potir  obtenir  la  iieateuanee  géoé- 
rale  de  cette  ville  avec  celle  de  Jamets.,  Il  avait  mis  lespriaclpAiix  Sedaooi» 
dans  ses  intérétSé  Mais  à  l'ouverture  de  ses  propositions ,  le$  articles  en  pa- 
rurent si  révoltans ,  que  s'il  fût  entré  à  Sedan  ,  sa  vie  eût  été  en  danger,  et 
que  ses  partisans  craignirent  pour  eux-mêmes  dans  une  sédition  qui  éclata  à 
ce  sujet.  L'année  suivsinte ,  il  envoya  un  corps  de  troupes  à  la  Gbartreuse  du. 
Mont-Dieu,  dont  les  religifeux  eurent  beaucoup  à  «oulFrir. 


GRA  .    487 

dé  M<!ziéres,  en  i633*,  mais  Ses  .tantes ,  Marie-Louise  et 
Anne,  prétendirent  que  le  duchë  de  Mayeniie  et  les  ai^tres. 
biens  de  leur  père  et  de  leur  frère  leur  appartenaient  par 
clroit  d'aubaine,  à'rexclusion  de  leur  neveu.  Un  Arrêt  leur 
accorda  la  provision  dont  elles  jouirent  jusqu^en  1 645.  Cette 
année ,  lé  roi  ayant  évoqué  ce  différend  à  son  conseil , 
adjugea  tous  ces  biens  à  Gbàrles  U,  moyennant  la  somme- 
de  quinze  cent  mille  livres  pour  Marie-Louise  y  et  douze 
cent  mille  pour  Anne  (i).  Le  duc  voulant  quitter  là  France 
pour  se  retira  dans  sçs  duchés  de  Mantoue  et  de  Mont- 
ferrat,  vendit  tous  ses  domaines  de  France  au  cardinal 
Mazarin,  par  contrat  du  11  juillet  i665.  Le  i4  août  i665 
&t  le  terme  de  sa  vie.' 

GRANDPRE  {César  DE).  La  connaissance  des  généalo- 
gies et  des.armoiries  fit  sa  principale  étude.  Si  Ion  rassemble 
les  particularités  qui  ont  rapport  à  sa  vie  et  à  sa  famille ,  on 
voit  qu'il  était  né  à  Grandpré ,  dans  le  xvii®  siècle ,  de  Ma- 
rie Gravoîse  et  de  Pierre  de  Grandpré ,  l'un  des  descendans 
des  comtes  de  ce  nom*,  et  qu'il  eut  de  Marguerite  de  Loré, 
sa  première  femme,  Marguerite  de  Grandpré,  mariée  à 
Pierre  de  Guilevert,  sieur  du  Verger.  La  seule  trace  qui 
reste  de  sa  plume  est  : 

Le  César^Armoricd ,  au  Recueil  des  armes ^et  des  blasons  de 
toutes  les  illustres^  principales  et  nobles  maisons  de  France; 
oîi  les  gentilshommes  tromperont  promptement  leurs  noms  et 
leurs  armes  ^  curieusement  reclierçhés  et  mis  en  ordre  alpha-- 
bétifjm;  par  C  />.  G.  P.  Pans,  V®-  Petit-Pas,  i645,  în-8<*, 
p.  60*2;  à.j  ih.^  164^9  ^^"4**?  P*  207*,  it,j  Paris,  Guillemot, 


(i)  Od  a  publié  sur  ce  procès  :  Sommaire  de  la  défense  des  princesses  MariC' 
Louise  et  Anne,  contre  Charles  II de  Mantoue  (par  M.  de  Montfaolon ,  arocat  au 
parlement).  Pari^,  164 1)  in -fol.,  p.  5 1,  et  le  factum  àf.  ce  duc  contre  ces  prin- 
cesses ,  - 1644  9  iQ'foI. 


488  GRA 

■  1649  '  îï^^S",  p.  44^5  *•>  Paris ,  Henri  le  Graa,  ï65o  ,  in-8% 
p.  448)  '^«j  ihid.j  1654,  in-8". 

On  remarque  à  la  fin  de  rin-S"",  1  "''  édition,  les  armoiries 
de  rauteur,  surmontées  de  cette  devise.  :  Animas  imperat  f 
et  à  la  tête  des  deux  éditions  de  i645 ,  une  figure  in-4°9  g^^'' 
vée  par  Masne ,  représentant  César  armé  d'un  bouclier  por- 
tant  cette  inscription  :  Apponet  stemmata  virtus.  On  lit  au 
bas  de  cette  gravure  ^  Sed  quid  contra  sonantem  œgida  pos-- 
sent  mentes?  Du  reste,  Fauteur  s'arrête  à  l'art.  Grànbpré, 
4e  mianière  à  faire  aisément  juger  qu'il  y  prenait  une  part 
singulière.  Fontette  dit  que  le  portrait  de  César  de  Grand- 
pré  a  été  gravé  in-8°  par  Rousselet  -,  il  ajoute  qu'un  anonyme 
a  également  gravé,  dans  le  même  format,  cekd  de  Louis  de 
Grandpré,  maître  en  fait  d'armes,  qui  était  peut-être  le 
compatriote  de  notre  armoriste. 

Le  Long ,  Hist.  de  Laon  ^  p.  4^^  \  ^  Chenaye-Desbois  ^ 
Dict.  de  la  Nob.^  t.  VII,  p.  4o5;  Fontette,. -ffJ?.  Hist.:, 
t.  III,  p.  685  -,  t.  IV,  p.  2o5  de  V Appendice. 

GRANDPRE  (/ea/^DE),  surnommé  de  Grandpré ^  lieu 
de  sa  naissance,  embrassa,  jeune  encore,  l'état  religieux, 
dans  l'ordre  des  chanoines  réguliers  du  Val-des-Ecoliërs , 
et  parvint,  par  son  mérite  et  ses  vertus,  à  la  place  d'aumd^ 
nier  de  FraQce  (i).  Il  vaquait  à  cet  emploi  sous  Philippe- 
le-^el  en  i3i49  et  fut  alors  nommé  l'un  des  exécuteurs  de 
ses  testament  et  codicile.  Il  était  encore  revêtu  de  cette 
dignité  sous  le  roi  Louis  Hutinj  la  même  année  et  la  sui- 
vante ,  et  l'eçut  à  cette  époque  une  somme  de  45  livres ,  par 
lettres  données  à  Saint-Ouen  près  de  Paris ,  le  dinianche ,  fête 
de  la  Nativité  de  la  Vierge,  i3i4*  (P-  Simplicien,  Hist,  de 

la  maison  royale  de  France j  t.  VIII,  p.  2a5.) 

■        * 

(1)  Le  cardinal  de  Meudon,  mort  en  iSSg,  est  le  premier  qui  se  soit'  dif 
grand  aumônier  de  France ,  ses  prédécesseurs  n'ayant  pris  que  la  qualilé  de 
grands  aumôniers  du  roi ,  d'aumôniers  du  roi ,  d'aïunôniei»  de  France. 


GRI  489 

GRIVE  (/ean  DE  LA),  g<5ographe  ordinaire  de  la  ville 
de  Paris ,  de  la  société  royale  de  Loadre» ,:  que  les  biographes 
font  naître  à  Sedan,  en.  1689,  "^^Ç^*  le  jour  à  Donchery,  le 
17  nov.  1687,  de  Dominique  la  Grive,  ingénieur;  et  de 
Marie  Angélique  Golligny.  Il  manifesta  de  Lonne  heure  du. 
goût  pour  les  mathématiques.  Après  avoir  parcotiru  le  cercle 
ordinaire  des  études  au  collège  de  Sedan ,  où  il  obtint  toutes 
ces  petites  distinctions  qui  sont  si  flatteuses  pour  la  jeunesse, 
sans,  être  toujours  les  avant  -  couleurs  de  succis  plus  du- 
rables ,  il  entra  chez  les  Lazaristes ,  à  Paris. 

A  peine  avait-il  été  pronku  au  sacerdoce,  que  ses  supé- 
rieurs l'envoyèrent  à  Cracovie,  en  1713^  pour  y  professer 
la  théolc^ie.  Son  séjour  en  Pologne  ne  fut  pas  long.  Il  était 
de  retour  à  Paris  Tannée  suivante.  Peu  de  temps  après ,  les 
assujettissemens  prescrits  par  les  statuts  de  sa  congrégation* 
ne  lui  permettant  pas  de  suivre  son  penchant,  il  en  sortit  ' 
pour  s'y  livrer  sans  réserve. 

Le  dessin,  la  gravure ,  Farpentage ,  la  trigonométrie,  etc., 
et  toutes  les  autres  parties  des  sciences  employées  par  la  géo- 
métrie lui  devinrent  bientôt  d^un  usage  famiUer;  et  il  ne 
tarda  pas  à  donner  des  preuves  de  ses  talens,  dont  il  consa- 
cra les  prémices  à  la  gloire  de  la  ville  de  Paris. 

Il  fut  employé ,  conjointement  avec  Cassini ,  à  déterminer 
la  méridienne  de  l'Observatoire.  Son  zèle  infatigable  lui  per- 
mit d'entreprendre,  en  1749?  un  plan  détaillé  de  Paris, 
au  inoyen  duquel  on  devait  avoir  toutes  les  dimensions  de 
cette  .capitale.  Déjà  il  avait  publié,  en  1754?  le  quartier  de 
la  cité ,  ou  l'île  du  palais  ;  mais  la  mort  interrompit  l'exécu- 
tion de  ce  projet.  Il  passade  cette  vie  à  l'autre  le  18  avril.i757y 
laissant  les  matériaux  du  reste  de  l'ouvrage.  Hugnin,  son 
élève,  a  fini  et  puUié  quelques  feuillet  (0  ^^  ^^^^^  vaste  et 


(1)  Plan  déîaiHé  du  quartier  de  Sainte-Geneviève,  1757,  in-fol.  {Joum,  de» 
Savans,  jan.  1758,  p.  61.)  Iles  Saint-Louis  et  Louvi^rs^,  in-fol. 


490  GRI 

intëressante  topogxwphie  j  dont  ren^emble  aurait  bien  au- 
tant mérite  Tattention  des  philosoplies  que  la  curiosité  des 
géomètres.  On  trouve  son  éloge  dans  le  Journal  de  Tré^ 
voux^  jan.  1^58^  pag.  i58.'  La  liste  de. ses  ouvmges  suffit 
pour  donner  une  idée  de  ses  études  et  de  ses  succès. 

I.  Manuel  de  Trigonoméùie^Pratù/ue.  Paris,  Guâin  et 
Ddlatoiir,  17649  in^%  ûg.y  p.  a3o;  le.^  Paris ,  G)urcier9 
iSoS,  iu-8%  revu  et  augmenté  d'une  Table  de  Logar 
rithmes. 

«  Ce  Tolmne,  qui  n'est  pas  fert^ndu»  comprend  néan- 
»  moins  une  multitude  de  choses  très^utiles  :  i^  toutes  les 
»  déânitions  i^latives  k  la  Géométrie  et  à  la  Trigonométrie-, 
»  2®  un  Abrégé  des  Proportions,  avec  Texplication  des  Loga- 
»  rithmes  et  de  leur  construction  *,  3^  des  Elémens  de  Gëo- 
»  métrie  suffisans  pour  la  pratique*,  4^  une  Trigonométrie 
»  comprenant  le  calcul  des  sinus  et  les  propositions  qui 
»  concernent  les  Triangles^  5^  les  Hègks  pincipales  du 
)>  Nivellement*,  6""  une  Notiee  abrégée  sur  la  figure  et  la 
»  grandeur  de  la  Terre  ^  j""  des  Problèmes'  qui  sont  TappU- 
D  cation  des  principes  établis  dans  ce  livre  -,  8^  une  Méthode 
»  pour  rapporter  une  suite  de  triangles  à  u^e  méridienne, 
»  et  à  une  autre  ligne  qui  lui  soit  perpendiculaire*,  g**  des 
»  Tables  au  nombre  de  tv,  où  Ton  trouve  le  résultat  de  tous 
»  les  calculs  qu'on  serait  obligé  de  faire  dans  tous  les  cas 
»  possibles.  Apfès  ces  Tables ,  Tauteur  revient  enc(M«  à  la 
»  figure  de  la  terre.  U  indique lespreuves de  Tapplatissement 
»  du  globe  vers  les  pôles*,  la  première  tirée  delà  pesanteur 
»  des  corps,' plus  faible  à  Féquatéur,  et  plus  fi>rte  à  mesute* 
>>  qu'on  approche  des  pôles*,  la  seconde  tirée  des  opérations 
»  faites  au  Pérou ,  au  cercle  polaire  et  en  France ,  pour  ob- 
))  tenir  la  mesure  des  degrés  du  méridien.  L'abbé  de  la 
»  Grive  croit  que  l'excès  du  diamètre  sur  Taxe  est  dans  le 
»  rapport  de  187^ à  186*,  mais,  comme  il  y  a  diverses  hy- 


GRI  491 

»  pothèses  pour  ]ugpT  de  cet  excès ,  Fâobecir  dontiedes  Tables 
»  relatives  à  chacune  de  ces  hypothèses.  Tel  est  sommai):^e- 
»  ment  tout  le  fonds  de  cet  ouvrage,  ^uW  trouvera  très- 
»  clair,  très-didactique  et  très-propre  à  former  des  é)èvers.  » 
(Mém.  de  TM^ûur^  àéc*  i7S4>  p-  3oa8.)  Ou  rend  -ëgale- 
ment  un  compte  avantageux  de  cette  pioduction  dans  le 
JoUm.  de  Verdun,  noV.  1764 9  p<  3^8. 

n.  'Nott9f0au  Plan  de  Paris.  Paris  y  ij^j  gr*  ia^fol.  fion 
pour  lé  fond  9  mais  mal  gravé.  De  la  Grive  fit  justice  de  la 
maladresse  de  Tartiste  en  brisamt  la  planche  ;  et  depuis  il 
grava  lui-même  presque  tOtt6  ses  ouvrages.  Fohtetle  (BB. 
Hist.,  t.  ly  p.  98),  lui  attribue  trms  auti^es  plans  de  Paris ^ 
dont  deux  în«>fol.,  j^SS  et  1744^  ^^  ^^  «oïre  petit,  très- 
•  joliment  gravé,  demi-feuille. , 

III.  Carie  topograpJtù/ue  des  environs  de  Paris.  Paris, 
17^1 ,  9  feuilles  înrfbl.  (Jbid.,  p.  97.) 

IV.  Cours  de  la  Seine  et  des  rivières  et  ruisseaux  com- 
mfirçans  qui  y  affluent  y  lev^é  sur  les  lieux  j  par  ordre  de  Tur- 
got,  prévôt  des  marchands.  Paris,  1782  à  1737^.90  cartes 
in<*fol. ,  sans  compter  divers  plans  au  dos. 

y.  Dèseription  du  €&urs  de  la  Seine  et  des  rivières  et  rais- 
seaux  y  affluons,  dont  les  (90)  cartes  ont  été  levées  sur  les 
U&ix.  Paris,  1736,  petit  in-fol.  (Ibid.jp.  62  et  63.) 

Cet  ouvrage  long  etpënible  fiit  e^cuté  sans  adjoints  ^  de 
la  Grive  lentreprit  seul  en  1732,  et  le  termina  en  1787  :  les 
détails  qu  il  comprend  n^ont  point  été  rendus  publics.  Il  y 
en  avait  une  belle  copie  à  la  bâ)liothéque  de  la  ville ,  et 
Toriginal  était  au  greffe. 

VL  PlM^  des  foniames  dé  la  viBe  et  des  faubourgs  de 
Paris  ;  différentes  conduites  des  eaux  de  source  et  de  rivière; 
les  chdteaiiXHÏeaUj  ks  regards  et  réservoirs^  a\fec  les  noms 
des  fontaines  et  des  rues  où  passent  les  tuyaux  de  distribu-- 
tion  ;  oîi  Von  a  Joint  les  puits  entretenus  en  différens  quar- 
tiers pour  la  commodité  et  les  besoins  du  ptélic;  levé  par 


49^  GUI 

de  la  Griv^e  ^  pour  servir  au  t.  IV  du  Traité  de  la  Police , 
par  de  la  Mare.  Paris,*  1737,  in-fol.  (Fontette,  t.IV,  p.  235.) 

VII.  Plan  de  Saint-Cloud  et  des  environs.  Paris  ,  I744> 
in-fol.  (Ibid.j  1. 1,  p.  i^oi.) 

VIII.  Plan  de  Versailles  j  du  petit  parc  et  de  ses  dépen- 
dances^ où  sont  marqués  les  emplacemens  de  chaque  maison 
de  cette  i^ille^  les  plans  du  château  et  des  hôtels  j  les  distri- 
butions des  jardins  et  bosquets ^  et  les  détails  des  statues.  Pa- 
ris? '74^>  in-fol.  (Ibid.j  t»  I,  p.  10a.)    ' 

IX.  Les  Jardins  de  JMar(^., Paris,  in-fol. 

X.  Carte  des.  jurisdictions  ressortissantes  en  la  Cour  des 
Aides  de  Paris  ^  EtectionSj  Greniers  à  Selj  Juges  des  Traites 
foraines  des  dépôts  des''  sels  et  de  la  marque  des  fers  ^  et  Pré- 
uôtés  du  Clermontois,  Gr.  in-fol.  —De  Paris,  comme  centre^ 
on  a  décrit  plusieurs  cercles  concentriques,  de  vingt  en 
vingt  mille  toises,  pour  avoir  au  juste,  et  du  premier  coup 
d'œil  les  distances.  (Ibid.^  1. 1 ,  p.  5 1 .) 

XL  Carte  de  la  Censive  de  V abbaye  de  Sainte-Gene^ 
viè\fe/uïrî(iA..  (Ibid.j  t.  IV,  p.  235.) 

XII .  Le  Terrier  du  domaine  du  Roi  aux  environs  de  Paris* 

XIII.  Plan  de  la  ville  de  BeauvaiSj  levé  par  de  la  Grive  ^ 
et  gravé  par  Riolletj  vers  1750,  in-4'*'  (Ibid.j  t.  IV,  p.  233.} 

Toutes  ces  pièces  sont  faites  avec  soin ,  et  elles  assurent  à 
leur  auteur  un  rang  distingué  parmi  les  topographes  du 
xvin®  siècle. 

GUILLAUME  (^de  Saint- Thier ri)  j  figure  honorable- 
ment parmi  les  savans  de  son  siècle.  Profès  de  Saint-Nicaise, 
de  Reims ,  il  fut  élu  abbé  de  Saint-Thierri ,  en  1 1 19.  Il  ab- 
diqua en  1 1 33,  et  embrassa  l'institut  de  Giteaux  à  l'abbaye 
de  Signy,  près  de  Mézières,  où  il  composa  ses  ouvrages.  Lié 
étroitement  avec  Saint-Bernard ,  Guillaume  sonna  lalàmie 
contre  les  nouveautés  d' Abailard ,  et  le  mit  aux  prises  avec 
Tabbé  de  Glairvaux.  Né  à  Liège,  mort  à  Signy  .vers  i  i5o. 


GUY  493 

Parmi  ses  nombreux  écrits ,  rapportés  dans  le  t.  XII  de 
VffisL  littér.  de  la  France j  on  remarque  une  lettre  latine 
sur  la  vie  solitaire ,  adressée  aux  Chartreux  du  Mont-Dieu 
(Ardennes).  Elle  est  insérée  dans  le  t.  IV,  p.  i  à  21  de  la 
Bibliothèque  cistercienne  de  dom  Tissier,  Ardennais ,  et 
dans  toutes  les  éditions  de  Saint-Bernard,  et  a  été  traduite 
en  français  par  Lami  (Antoine  le  Maître) .  Paris ^  Vitré , 
i65i,  in- 12;  it,y  Paris^  le  Petit,  i656,  in- 12.  Il  y  en 
avait  une  autre  traduction  parmi  les  MSS.  du  Mont-Dieu. 

Guillaume  écrivit  cette  épître  vers  1 135 ,  époque  où  Ton 
bâtissait  cette  chartreuse»  Il  y  congratule  le  prieur  et  les 
religieux  de  ce  désert,  d'avou'  renouvelé  la  ferveur  des  an- 
ciens solitaires  d'Egypte ,  et  de  s'être  montrés  dignes ,  par 
leur  simplicité ,  que  Dieu  leur  manifestât  des  vérités  in- 
connues ai^^ionde.  Avant  Mabillon  les  critiques  attribuaient 
cette  lettre ,  tantôt  à  saint  Bernard ,  tantôt  à  Guignes ,  V* 
Prieur  de  la  grande  Chartreuse  ;  mais  ce  savant  l'a  assurée  à 
Guillaume  par  des  preuves  incontestables.  Tel  est  le  senti- 
ment des  Bénédictins,  auteurs  de  VHist.  littér.  de  la  Fr.^ 
malgré  les  raisons  apportées  par  dom  Rémi  Ceillier,  t.  XXIII, 
p.  39  de  son  Hist.  des  auteurs  ecclésiastiques, 

GUY  DE  CHATEAU-PORCIEN ,  né  dans  cette  viUe, 
au  commencement  du  xiii'  siècle,  était  fils  de  Raoul,  comte 
de  Porcien  et  d'Agnès  de  Bazoche ,  de  FiUustre  maison  de 
Xjhatillon-sur-Mame.  lEbi  doyen  de  la  cathédrale  de  Laon, 
en  1 233 ,  il  abdiqua  peu  de  temps  après,  et  devint  évéque  de 
Soissons  en  1245. 

Son  nom  figure  avec  éclat  dans  les  fastes  de  ceux  qui  arro- 
gèrent de  leur  sang  les  champs  de  la  Palestine.  Les  évéqîies 
qui  suivaient  les  Croisés ,  joignaient  les  exercices  guerriers 
à  ceux  de  leur  état.  Accompagné  de  Hascelin  de  Grandpré 
et  dlvard  de  Mouzon  (1),  Guy  partit  avec  saint  Louis  pour 

(i)  Les  quatorze  Ardennais  dont  les  noms  suivent,  forent  aussi  du  nombr<: 


494  <5UY 

la  Terre^Saiote»  où  il  périt  comme  tant  d^aatres,  près,  de 
Mansoure.  le  5  avril  iaSq.  L'obituaire  de  la  cathédrale  de 
Soisfions  en  fidt  cette  mention  : 

«  Noms  apriUs ,  obiit  apud  Mansoriam^  cwitcUem 
M  JEgjrpti ,  cum  S.  Ludovico  Rege ,  captas  à  Sarrace^ 
»  nis,  et  ab  iisdemprofide  catholicâ  truncatus  D,  Guido 
w  deCastro-Portuensi,  Ep{scopus(Lxni)Suessionensis,  » 

Le  sire  de  Xoin ville  trace  ainsi  la  fin  de  notre  prélat  :  «  H  y 
T»  avoit  nn  moult  vaillant  home  en  Fost,  qui  a  voit  à  nom  Mon- 
))  seigneur  Jaque  de  Castel,  evesque  de  Soissons.  H  qui  avoit 
»  grant  desîrrer  de  aller  à  Dieu ,  ne  s'en  voult  pas  revenir 
»  en  la  terre  dontil'étoit  né*,  ainçois  se  haste  dVller  avec  • 
)>  Dieu ,  et  féri  des  ^spçrons  et  assembla  aux  Turs  tout  seul  ^ 
»  qui  à  leurs  espéesToccistrent  et  le  mistrent  enr  la  compai- 
»  gnie  Dieu  911  nombre  des  Martirs.  »  (Hist  de  S.  Louis ^ 
p.  83,  édit.  17.61.) 

Dormay,  JFfist.  de  Soissons,  t.  H,  p.  281;  Gai*  Ch., 
t.  IX,  p.  369  et  56^. 

des  Croisés  :  Baudouin  du  Bourcq  ;  Baudouin  ,^*  comte  de  Grandpré  ;  Briard , 
cl^âtelain  d'Omobt.;  Godefroide  Mézières;  Guillaume  de  Grandpré;  Henri  V^ 
ccunte  de  Grandpré;  Jtan  IX*,  comté  de  Rethet,  et  setgoeiir  d'Ornant; 
Jean  III ,  comte  de  Gbînî  et  seigneur  d'Yroîs  $  liOuis  III ,  comt^  de  GMbî  ; 
Louis  de  Mouzon  ;  Manassés ,  -seigneur  d'Hierges ,  chancelier  du  royaume  de 
Jérusalem  ;  Regi^ault  d'Ambly;  Robert ,  prieur  de  Senuc;  Taxiergé,  ùatlf 
de  Margut. 


FIN   DU    TOME  PREMIER. 


ADDmONS  ET  CORRECTIONS. 


Pag. 

Ut 

1 

i« 

1     . 

35 

3 

5 

10 

3a 

ai 

3i 

«9 

«9 

3i     , 

ao 

3/ 

lO 

«▼aot ,  litez  :  ayant. 

à  Reims ,  ûjoute»  i  Adalberen  lui. 

Mossomantis,  Usez  Motomensit. 

Porcier,  làeat  :  Porcien  ;  et  aUteurr  ok  il  te  trouve, 

Qoncj  y  ajoutent  :  Ce  IIS.  a  été  imprimé'  à  la^  fia  de  son  Traité 
des  rioliet, 

en  iySi ,  lisez  :  le  ai  juin  1763. 

i8aa,/^e2;  :  i8a3. 

Ajoutez  â  la  fin  de  tort.  l'Aiobhtiii  :  Une  des  principales 
actions  de  justice  fiiites  contre'  leS'  fimmciers  9  durant  le 
ministère  de  Snlly,  tùt  l'emprisonnement  et  le  procès  du 
famenz'  partisan  l'Argentier,  seigneur  du  Gbesnois.  Les 
Mémoires  sur  l'histoire  de  France,  après  aToir 'rapporté 
(t.  tl,  pag.  a7i),  ses  malyersations  et  ses  disripations,  y 
joiffneat  ce  trait  :  c  An  dernier  yoyage  du  roi  à  Fontaine- 
»  bieau ,  l'Argentier  étant  Tenu  prendre  congé  de  S.  M. 
»  lui  dit  que  bientôt  U  s'y  acheminerait,  pour  lui  baiser  les 
»  mains  et  recevoir  ses  commandemens ,  et  ajouta  :  ce 
»  yoyage  me  coûtera  dix  mille  écus.  —  Tentre-saint-gris  1 
»  répondit  le  roi,  c'est  trop  pour  un  Tovage  de  Paris  à 
»  Fontainebleau.  —  Oui ,  sire ,  répliqua  1  Argentier  ;  mais 
»  j'ai  autre  chose  à  faire ,  sous  le  bon  plaisir  de  Y.  M., 
»  qui  est  de  prendre  le  modèle  des  frontispices  de  votre 
»  maison,  pour  en  accommoder  une  des  miennes,  que 
»  j'ai  en  Champagne  ;  à  quoi  le  roi  se  prenant  à  rire,  n'y 
»  répondit  rien  pour  lors  ;  mais  quand  on  lui  porta  la  non- 
>  velle  de  sa  prison  au  Ghâtelet  ;  comment ,  dit-il ,  veut-il 
»  prendre  le  modèle  du  frontispice  du  Ghâtelet  f»  {Jiièm» 
deSulfy,  t.  VII,  p.  74,  édit.  1778.) 

37  16  et  17     173a ,  lisez  :  1737.  Soixante-deux  ans ,  lisez  :  cinqnante-cinq. 

38  4  1794, /«««:  179a» 

id,  2y         Lavaldien,  lisez  :  Laval  dien  (i). 

47  3i         Vehy,  lisez  :  VeUy. 

48  37  '  Marche ,  Usez  :  Marck. 

49  a7         Gérard  Jausse ,  lisez  :  Gérard  de  Jausse. 

71         16         poétiques,  ajoutez  :  (Siècles de ia  littérature,), 
109         10'         Oilof  »  Usez  :  Dilo. 
111         a  a         soit ,  lisez  :  était  parfois. 
ao8  '        a         1750, /Û02  .'1770,  in-fol.,  a*  édition, 
aao         i4         autre,  lisez  :  autres. 
a37         3i         Col  vénère,  lisez  :  Gouverner. 
346  4         i5o5,  liset  :  1695. 

a55         a5         ce  sixain ,  ajoutez  :  et  ce  quatrain,  i 
260        il         Saint  Pierre.  Ajoutez  :  Benoît  XIV  goûta  tellement  cette 

hymne ,  qu'il  en  témoigna  sa  satisfaction  à  Goffin ,  par  un 

bref. 
374         i4         lyiSy  lisez  :  ijij. 

(i)  Célèbre  abbaye  delà  commune  obsenrance,  et  non  de  la  réforme  de  Tordre  de  Pré- 
montré ,  comme  il  est  dit  dans  la  Nomenclature  des  communes  du  D.  des  Ardtnnes. 


1 


I 


496 


370 

a84 
289 

3o4 

ao. 

3i6 

\î 

3a6 

3& 

343 

.>4 

358 

27 

36 1 

33 

365 

35 

36; 

9 

392 

6 

39« 

3i 

M 

34 

.  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS. 

• 

vingt  ans  »  tuez  :  vingt-deux  aps. 

17  septembre,  tuez  :  a^septeiûbre. 

Barthélémy.  Ajoutez  :  il. 

(Paris  y  y7^»  in':i^)j{iotitez  :  et  «dans  le  t.  III,  p.  320  des 

*  tièm.  iittèr,  de  Favart  ;  4"  Go8so!\b  fit  en  novembre  1790  un 
«lOMu'n  sur  la  réunion  de  trois  octogénaires.  Il  est  imprimé 
p.  LVXX111  de  la  Noiice  tur  la  vie  de  Fapfurt,  insérée  d'ordi- 
naire  à  la  fin  du  i*>^  volume  des  Mémoiret  de  cet  acteur. 

de  ses  productions ,  litez  :  de^  siennes. 

le  5  mai  1587,  lieez  :  en  mai  1567. 

française.  JfoUtez:  Il  est  mort  le  10  février' 1832 ,  à  Revel, 
capitale  de  l'Estonie. 

livre  élémentaire ,  Usez  :  livres  élémentaires. 

nachichten  9  Osez  :  nachrichten. 

en  1733,  litez  :  le  29  nov.  1743. 

vers  1812 ,  litez  :  le  20  octobre  181 5. 

il  y  prêcha ,  litez  :  il  prÊcha. 

L'hidrcgéomanie,  litez  :  L'hidrogéomancie. 

Letdegarii,  lisez  :  Leodegarii.  * 

Avant  let  mott  son  article ,  litez  :  (  1  )  Foy» 


1 3'  1922