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JEUNES GENS.
A
Je déclare contrefait tout exemplaire qui ne sera
pas revêtu de ma signature*
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BIOGRAPHIE
JEUNES GENS,
; DES GRANDS HOMMES
Par AimoNSE de BEAUCHAMP,
tUJlTKX nOMIISncXS ALLËOOSJQin*,
PARIS,
fcU UBRADUB D-ÉDUCATION ET DE JUTIISPRUBEKCE
D'ALEXIS EYMERY,
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PREFACE.
1
Ïtode de riiistoirc ne se borne point
ia recherdic inimiticiisc des laits et de*
l'histoire se propose uu but plu»
la eoii naissance de rhuiumc, de. la
et de ia pofilique ; c'est la tîiaiidfur
des personnages qui la rend intéressante.
Hais on y retrouve aussi tous les vices inlic-
fcns à l'espèce humaine, dont elle l'elt-aee
les aclîons et sijj;nalc les destinées; elle
peint souxenl les hum iiios sons des rapputls
PW favorables à la aiorah-, jct^le yice s'/
nODlre avec une sùMs àe-pompe ct'-d cclat;
souvent m^nie les médian?* ;y Peçoiienl de
la faiblesse ou de l'erreur. ck'îi.JEit)|iiniagi's
qui ne sonldus qu'àjà vp'-Ijl Ces ijicoii\é-
Siens, attachés an genre hislorique, se font
[lius particulièrement senlir dans les ;iii-
Oslesdes peuples etdesd^'iiaslitrs. liestduHc
préférable Uc commeucer l'ctude de fhî'.
L
îf PRÉFACE.
loire par Ja lecture des vies partlculii
les personnasjes , moins confondus ave<
événemens, s j montrent dans toute leui
formité ou dans tout leur éclat ; car ]
peu que Thonime influe sur le sort de
semblables, il ne peut plus se dérol
la postérité ; Fhistoire le poursuit toujc
Mais tandis que de volumineuses
graphies ( i ) présentent des milliers
noms vulgaires qui n'en restent pas m
obscurs , à peine les fastes des nat
"offrent -ils cent personnaj^es irréproc
blés qu'on puisse recommander à 1
miration publique. C'est pourtant un
petite minorité qui forme seule la gai
des grands hommes dignes réellement d'
préseïiti^.pcPuV'emàl^5*}E5L*J)Our modèh
cette portujri mte^éssàYite* de la ]cun<
que les drqit^.^^IjÈc jaîtrssaiice et du me
(i) On neccm'tèsfèpîuS.riitilité des biograp
fî;éncrales, ou dictionnaires historiques; ces se
de répertoires de ia célébrité ont d'ailleurs ac
de nos jours plus d'extension , de solidit
d'exactitude; mais ce n'est pas l^ pourtant (
faut étudier les grands hommes, dont la vie 1
torique a besoin de dévôloppcmens, et dema
{)lus de faits que de dates.
^ \
PRÉFACE. r.j -1
it à servir l'étal , soit dans la carrière \
'^iiveile aux héros, soit dans la tuajjistra- J
^ire, soit enfin dans les hautes Ibnctions |
*»e l'admitiislratiou et de la politique.
lîii méditant sur l'art di; gouverner Ici
àonimes, de profonds génies ont reconnu
^c ie sort des em|>ires <l(:]>endait en grande
partie de l'instruclion d'une jeunesse d'élite
enlièpCDient dévouée à l'état, et soumise à
une éducation perfectionnée. Quelle doit eu
^•tre la base? L'histoire, sans doute, quand
elle D'offre ni de frivoles leçons , ni des 1
exemples dangereux; elle seule, en effet, '
peul former des sages, des gueniers, des
administrateurs; tel est sonbul politique et
moral.
Que de résultats utiles ne présente-t-elle
pas aux chefs des nations ! Ils y trouvent
la science du gfeuvcrnemeut , et, s'ils remon-
tent aux causes, ils y découvrent les germes
da dégénération qui, en se développant,
ÛJCétèrent la décadence et la chulc des crii-
iires. Sans doute quelques ijons princes
ont profilé des leçons de l'histoii'c pour
s'éclairer et pour rendre leurs peuples plus
:ureux ; l'histoire s'est-siontrée recouuais-
'V PREFACE.
santé; elle suffit seule pour attester qu«ï=
boQ roi est la plus parfaite image die la DivL^
njlé sur la terre.
* • • -
Mais qu'on ne s'imagine pas qu'un genre
si grave soit a la portée de lenfance; l'ado- .
lescence et l'âge viril, voilà les époques d^
la vie où l'histoire devient une.instructioa
nécessaire et profitable. Quelle circons-?
pection , quej choix ne doit - on pas ap-?
porter dans la direction première d'unç .
étude qui doit être celle de toute la vie ! Il
est facile démettre sous les yeux des jeunes,
gens les mots de rpis , d'empire, de guerre,./
de conquête, de révolution, de lois; ]iiai9
ce qu'il importe, c'est d'attacher à ces mptf.
des idées nettes et précises.
La véritable connaissance des événement
est inséparable de celle de leurs causes et
de leurs effets ; aussi l'histoire généralje|!
cet arbre colossal auquel se rattach<
toutes les franches de la science histori
que , exige une culture attentive et réflé
à laquelle la plupart des jeunes gens ^O]
peu capables de se livrer. C'est dans la
particulière des grands hommes qu'ils p
sifout plus sûrement leurs premières leçoi
^ morale et de politique ; ce genre n'exige
î^sautaDtde connaissances préliminaires,
M autant de maturiié dans l'esprit.
En eOet, pour connaître les hommes îf
iiilBt de les voir agir ; leurs actions les dé-
ïoiJent : la postérité ne les loue, ne les j'u^
que Sur des faits. Maïs le ministère du
fciograplie lui impose l'obligation d'ériger
' Fhistolre en leçons de vertu , de mettre en
action le talent, le génie et tous les genrt-»
■démérite; de rapprocher le souvenir de&
exploits les plus éclatans , de marquer tes
frails qui caractérisent les héros. Ce nom ,
dans l'origine, n'était donné qu'à desbîeiï-
feileurs de l'humanité , qâi derenàientainAÎ
J'ohjet d'une sorte de culte établi par la
reconnaissance ; aujourd'hui l'héroïsme ne
■ désigne que les vertus et la valeur guerrièi e
exercée au plus haut degré. Mais si le nom
de héro» n'a plus maintenant qu'une accep-
'âion restreinte, l'heureuse affection de l'âme
utjui porte à faire le bien et à fuir le mal ,
>«t qu'on uomme vertu , exprime , non
•comme dans les lemps héroïques, la force
>et la vigueur du corps , mais les qualités di;
Tesprit les plus reeomuiandables, et plus
à
vi PRÉFACE.
souvent encore celles du cœur. Ainsi L.
vertu se compose de la force , de la tem^
pérance , de la justice, et surtout de 1
prudence , que Xénophon et Socrate ormt
défini la science des biens qui conviennent m^
à riiomme. fe
On ne saurait trop le répéter, il est au l*
fond des âmes un principe inné de justice
et de vertu que 1 éducation doit nourrir, et
l'histoire vivifier. La maxime impie que tout
s'anéantit parla mort, et que la vertu reste
bannie de la terre , est un paradoxe déso-
lant et subversif des états. « Malheur aux
^> peuples , dit Tacite , chez qui s'éteint
» l'enthousiasme de la vertu ! » Il est insé-
parable de l'idée d'un Dieu , source de cou-
rage et de consolation. Les vertus politi-
ques sont un gage d'immortalité ; car c'est
aux grands honames surtout qu'il convient
d'appliquer la belle pensée d'Young , que
thornme se plonge dans le tombeau pour
se relever immortel.
Prouvons aux jeunes gens que bonté et \
justice ne sont pas seulement des mots abs-
traits, de purs êtres moraux créés par Timar =
gination, mais de véritables jaffections de;
f PRÉFACE. TîP
I Tâme , éclairée par la raison , frein salutaire
L de la force. Disons-lenr sans cesse qu'ils
doiveiït se défier d'eux-mêmes, inToquer
dans leur conduite la circonspection , se i
montrer respectueux devant la vieillesse, '
discrets, modestes dans leurs habitudes,
hardis à bien faire, cl passionnés pour la
Tertii. Tels étaient ces illustres Rpmaii^s ,
qui u'entraient dans les charges qu'après
avoir passé leur jeunesse à défendre l'iono-
cence, à poursuivre le crime, sans autre
intérêt que celui de servir la justice et de
proléger les mœurs.
C'est donc plutôt en action qu'en paroles
Oa'il faut montrer la vertn aux jeunes gens:
tel est l'objet de cotte Biographie parlictj-
iière , oii les plus grands hommes des Icmpi
anciens et modernes sont placés tour à toitr
sous les jeux de la jeunesse, brillans do
gloire et d'immortalité. Il ne s'agit point
ici d'un amas confus de vérités et d'er-
reurs, mais d'une galerie de personnages
illustres , dont la vie de^Tait être pour
nous une leçon éternelle ; mais d'un ta-
bleau des vertus qui doivent caractériser
l'homme pubhc, et servir de règle de con-
L
PRÉFACE.
ite à Tadministrateur^ au magistrat et â\
néral , tableau qui ennoblit l'âme et ins
oit rhonmie au grand art de la sagesse
ont , dans un pareil ouvrage , doit res
»irer l'honneur, la probité, l'amour d
>ien , l'horreur dti vice. Trop souvent o
reproché aux historiens de donner à leui
écrits l'empreinte de leurs préjugés, d
leurs passions, et de n'être presque jama
inspirés que par des motifs d'intérêt pei
tonnel. L'un a prôné le républicanisme
l'autre a flatté les rois ; celui-ci a écrit dai
l'esprit de son ordre; celui-là, ménagea^
tous les partis , flotte au milieu des oj
nions les plus divergentes : il en est p
qui aient écrit pour honorer uniquem
la vertu. Ce noble bnt , oh se l'est p
posé dans la Biographie des Jeunes Ge
tous les amis de la morale y applaudi
tans doute. Cet ouvrage d'ailleurs n'a
cun rapport, aucune similitude avec
abrégés , ces compilations arides déc
si souvent de titres pompeux , et do
ne cesse d'inonder la Httérature , c
pour faire descendre l'histoire à la
de renfuDce. Mais les faits, ainsi :
PRÉFACE. h
«dénaturés, n'appartiennent plus â Vhis-
loirc; est-ce dans des sommaires, com-
posés ordinairement sans méthode et sans
i,que la jeunesse peut apprendre àcon-
It's grands hommes qu'on lai offre
iodè!es?Ges tableaux, incomplets et
'cis, n'exisleiil-ils pas déjà dans un
nombre de dictionnaires hislorîtjues?
Biographie des Jeunes Gens ne re-
l les ^ands hommes de profil.d'a-
IftSffictionnaires, qui, n'ayant poargiiJdiB
' ^ !'alphabet , embrassent indistinctement
tous les genres- de célébrité. Son bot moral
a'a rien de vague , rien d'incertain ; sous
ce rapport son avantage est incontestable,
puisijii'elle nt' prf'senle pour niodèhs aux
jeuDcs gens que réli'le des plus gi-ands per-
îOnnages de l'antiquité et des temps roo-
ifcrnes, c'est-à dire tons les grands homnie»
qni ont paru irréprochables dans leur vie
ciïile et politique.
Fidèle au plan primilif, j'ai laissé dans
Toubli les noms et les règnes de ces rois
çii n'ont brillé sur le trône <^ue de l'éclat
oe leurs généraux on de leurs ministres;
je a'ai associé aux grands hommes dt
L
X PRÉFACE.
tous les âges que ces princes magnanixt
vraiment épris de Famour du bien ; je e
admis que ces personnages immortels, bic
faileurs des nations par les lois , par Te
quence , par des exploits guerriers , ou y
de grandes vertus , toujours plus rares q
de grands talens. Si de vastes desseins, tan
inspirés, tantôt conçus et mûris en silen(
ont obtenu ici la sanction de l'histoire , c'
que j'ai découvert, soit dans la conceptic
soit dans l'exécution, cette vigueur de <
raclère inséparable du vrai génie; je n'ai
retracer enfin que des vies éclatantes
des morts illustres.
Tel est le plan , tel est l'esprit de la Bi
graphie des Jeunes Gens, dont la premii
pensée appartient tout entière au libraii
éditeur. C'est une inspiration si honorab
que je me plais à la lui restituer publiq
ment.
Je n'entretiendrai pas le public des
cidens qui m'ont ôté la possibilité de U
miner seul la rédaction d'un ouvrage c
porte mon npm; des motifs personnels
doivent point figurer dans un morcc
essentiellement littéraire. Quand aux p
PRÉFACE. ,j
îs distinguées qui m'ont éclairé de
lumières eti s'âssociant a mes travaui^
aiodestie se refuse , je le sais , au paAa
d'une publicité qui au fond devrait
solidaire pour tous; mais, dusse -je
irir leur blâme , j'avouerai que leur
■ration m'a été d'un grand secours. J^_
i d'abord , comme l'un de mes pluifl
ieux collaborateurs , M. Durdent , '
agensement connu par d'estimables
jetions; je citerai encore M. Charles
osoir, jeune littérateur dont le savoir
nulation méritent delre encouragés,
faible tribut d'éloge est le seul qu'il
oit permis de leur offrir ici , que ne
e adresser un hommage plus éclatant
x dames pleines de raison et d'esprit ,
'ont pas dédaigné non plus de montrer
la flexibilité de leur talent dans le
; sérieux de la biographie. En pas-
ainsi de la littérature légère à la
jture grave , madame Dufrenoy et
ime de Bolly ont prouvé qu'elles sa-
t au besoin allier la vigueur des pen-
et du style au charme et à l'élégance
caractérisent leurs autres productions.
iq l^AÉFACE.
Gombiefi il leur a été facile , tOQt en
crifiant aux grâces , d'élever un piédea
à la vertu f Admirons Surtout le coun
quelles ont apporté à fouiller dans
nombreux monumeris de l'histoire , e
comparer tant d'écrivains ennuyeux et p;
lixes. Tel est le généreux appui que de
habiles auxiliaires m'ont prêté dans Te:
cution de cet ouvrage , que je n'ai et
m'oreuper exclusivement que des grai
personnages tfe ïa république romaine ,
l'empire romain et du bas empire.
Quant à notre système de travail, il
eu pour objet, je le répète, que de pi
clamer de belles actions et de beaux car
tères, et pour but que d'être utile, en é
tant avec soin la sécheresse et la s ter
abondance des compilateurs.
C'est d'ailleurs dans les sources les p]
pures de ITiisloire ancieuîte et modei
que nous avons puisé les élémens de ce
Biographie d'élite , élémens qui se tro
vaient enfouis pour ainsi dire dans les s
nales de tous les âges et de toutes le» i
tions.
Nous avouerons franchement que ne
PRÉFACE. liij
Hfllis sommes approprié toutes les riches-
«s n-paiidues par l'iDiaiitablc Iiiograpjie
de Cliéronée dans ses vies particulières
d'igésilas , d'Aratus , d'Aristide , de Ca-
mille , des deux Galon , de Ciiuon , de
Fabius Slaximus, deLycurgue, deNunia,
de Paul Emile , de Périclès , de Pliilopœ-
men, de Phocioo, de Publicola et de Soloii,
3Ialheurcusenient une grande partie des Ira-
taux biographiques de Plutarque est deve-
Bue la proie du temps. Nous ne saurions trop
regretter , par exemple , la vie <Ies deux
Icipîon , celle d Aristomène , g^éoéral des
Messéniens, et surtout la vie d'Epaininou-r
itas, de cethomme extraordinaire, si grand
pir SCS exploits, plus grand encore par ses
vertus, et qui, au jugement de Cicérou ,
foi le premier des Grecs. Malgré notre
«espect pour le patriarche de la biographie,
nous ne nous sommes pas dissimulé toute^
fois que Plutarque, plus moraliste qu'his-
torien, song'cait moins à rassembler des
^ts qu'à faire le portrait de l'âme; qu'U
*Tait négligé !a chronologie , rompu à son
g^é la chaîne des faits, et qu'il était même
tembé dans une Ibuie de contradictions ut
L
"
xiv PRÉFACE.
d'erreurs* Guidés par les lumières, par leil
observations des commentateurs et des criv
tiques, nous avons osé rectifier ce grani}^
biographe sous le double rapport de-la"^
liaison des faits et de Texactitude; nouilj
avons combiné ses récits avec ceux de^t
meilleurs historiens de l'antiquité qui ontH
traité les mêmes sujets ou les mêmes épo- '
ques de l'histoire ancienne. H
Mais notre cadre offrait encore bien de» '•'
vides à remplir. Nous n'avions ni précur-
seurs ni modèles pour former la biographie i
de plusieurs grands personnages anciens et i
modernes. Que de matériaux -ne nous a-t- !
il pas fallu rassembler pour coordonner i
un si grand nombre de faits épars dans tant 1
de volumes, enterrés en quelque sorte sous I
la poussière des bibholhèques. Cette partie ]
de notre travail , la plus pénible et la plus 1
difficile, ne sera peut-être pas indigne deî '
l'indulgence du public. Nous n'avons pas '|
eu non plus, pour l'ère moderne , l'appui j
d'écrivains immortels, devenus classiques;^
mais, guidés par des critiques judicieux, 1
nous avons puisé dans des sources 'non""
moins abondantes, et recueilli des témoi--
gnages non moins certains.
Dsant former une sorte de jury bio-
tique, nous avons prononcé l'admis-^
DU le rejet des grands hommes, soit
;s Tautorité de l'histoire, soit d'après
frage même de la postérité.
5se cet ouvrage, par ses développe-
mémes, par le haut intérêt qu'il res-
et surtout par le but louable qu'il se
>se , mériter l'accueil favorable que
ambitionnons , comme le prix le plus
ir.de nos veilles et de nos travaux!
;nt surtout nos jeunes lecteurs, pé-
; d'admiration pour tant d'actions ho-
les, héroïques, illustres, éprouver
orte d'orgueil d'appartenir à l'espèce
ine, en se retraçant les exploits des
s hommes nue. nous leur offrons nnnr
1
j
xr] PRÉrACE.
» personnages ont combattu ; c'est pour le
» bonheur de tous qu'ils ont administré,
» gouverne, régi les empires : nous ferions
» comme eux si le destin nous plaçait dant-
» les mêmes circonstances I »
•^w
•
r;iOGRAPHIE
DES JEUNES GENS.
I*". PARTIE.
CYRUS LE GRAND,
BOI DE PEBSE,
itârieasanoieiu.i)uiont parlé dcCyru»lW
plui d'accord sur les circoniUnoes (|UÎ M>
ii^ignMrnl la naissance rt la niori de ce princie
:■ plusiciiri partinulariloj Je sa vif. Le Cyrus
idute ni un iléau du gcriru biimatiii celui
XënoplioD es) ie Lienraiteur Je^i nations qu'il
Wn(yaît«s. On ne pnui te dissimuler quocet his-
itica, Miimé du il^iir de tracer le modëiL- d'un
'ince Acompli , n'ait un^teu ilallé le p irjrait Jx
'B héroi; ccftendanl comiiie X6nO|iUun s'e;l
tKTé Lien plusi m^me qu'Hérodote d- s'iiit-
|â<e (le l'hiiloiie de Cyrus-, et <)ut' d'ailli-tirs son
)t «UiBrinimeiUplusTraiiembUble, nousaJup*
'~ vursinn : Ilnlliii l'a suivie aussi ; à siin
■eoi^le nous De n 'glieeroni pas celle iccasiuii
oflTrir à la jeunesse, darts le liêros de l.i Cyio-
*^»e , lem.>ilële des boni princes et des sages
*-y*uï naquit ¥ar» Yminmoudc 34oo environ ;
ÏWe /. 1
it était fiU de Cttabyté^ roi P<?rtc . cl de M»»
dane, fiUe d*Ait]ra^e,r6l i <!■>», f ut^ île loui
les avantagn'exténeun, u un npm vif et pénè»
traiit, dispose k receroîr les plus fiublfs imprcf
lions, aride de l'iiutniiro, le jfunc prince repit
one ëducatioD.biea faiic pour perfectionner tfli
h«ureus«s dispositions; il fut élevé selon Ici bit
de la Perse, qui par leur austère sagesse se np^
prochaieat brancoup alors des institutions m
Sparte.
Les Perses, divisés M douze tribus ,n'étaSenl dV
bord qu'au nombre de cnnt vingt mille homroei eu
état de porter les armes. Da la suite, Jevcnussoui
Cyrus maîtres de l'empire d'Orient , ils doonè-
reni leur nom i tous hs pays compris entre le
fleuve Indus et l'HelIerpont ; mais leurs inœun
devaient changer aussi rapidemeni (|ul' leur fof
tune. Adonnés à la vie Biiuple et frugale de leun
ancêtres tant cra'its eurent tyrus â leur lêle , iii
se plongèrent dans la mollesse et Jana les délim \
sous les successeurs de ce prince , et l'on vit biePr |
(At tomber en désuétude, nu du moins s'altéttt ^
sensiblementices admirables institutions auxqueUd ^
le peuple avait dd ses venus, sa force et "
succès.
' ChcE les Perses le bien public élaîl le priacipt
el-te but de tontes les lois. Ils regardaient l'édv ^
cation de U jeunesse cotnme le. devoir le plus iop^
portant et la partie es*seiiti('l!e du^ouvernemenU
on ne s'en reposait paj sur les parens , qu'u "
aveugle tendresse rend quelquefois inca[abte<'
Cette fonction i l'éiat'B'en cliargeail et faisait é|i
les tnfâns en commua et d'après une I ' ' '
forme; ils allaient aux écoles encore pli ^
apprendre les principes de la jusiirequc pour s'
truire dans les sciences et dans les letirca. L'iD|
titude et le mensonM étaient les vires pour
fuels leurs maîtres cnercbaient surlout à leur
c yh us. ;>
e l'horreur. On s'applitiuait aussi k les ren-
ideslï's H soamis aun nngislrais, tempé-
:l à les eadurclr conire la fôlieue et les pri-
î. L'exercice de l'arc el du j^elot était leur
lale occtipalion jusqu'à leur seizième ou dix ■
ne année, é[>oque à laquelle ils sortaient de
'■e des enfans pour enlrer dans celle des ado-
i; il^ étaient alors soumis à de nouveaux de-"
;ar onpeut dii e que chez les Perses l'édiication
ssait toute la vie. C'était sur les jeunes gens
posait le soin de veiller à la sûreté intérieure
al; ils devaient sans cesse èlre an» ordrei
igistraTs , accompagnaient le roi à la chasse,'
erfectionnaient dans les exercices. Parvenus
! de vingt-sept ans , ib élaient mis au rang
ïmmes feits, albient à la guerre, et pou,-
ispirer k tous les emplois civils ou mititai-
e D élait qu'au bout de vingt-cinq ans passés
lu service delà patrie qu'ils enlraient dans
tse des vieillards, où iU terminaient leur
ns drs fonctions paciiiques ou dans un repos
vé selon ces règles, Cyrus à l'âge de douze
irpassait tous Tes autres enfans. Le roi des
L., Astyagc , invita alors Mandane à se rendre
)ur avec son peiit-fds , qu'il désirait voir
« ce qu'il avait appris de sa beauté, de son
et de ses excellentes qualités. A la cour de
-and-pj;re le jeune Cyrd's attira tous les-r«-
el se concilia tous Its cœurs par sa gentil-r
sa modeste assurance at sa raison prémar
il devint l'idole d'Asiyage, et n'usait de sort
auprès de lui que pour rendre aux Mèdes
sortes de bons offices. Insensible au luxe,'
lasnilicencc et à tous les divertisse mens de
r ue Médie , le jeune prince ne trouvait de
■ qu'à la chasse. I! apprit à monter à cheval ,
ce alors inconnu eu Perse, où la sécheresse
4 € Y R II s.
er. la nature du terrain ne penaoluient pas dé ^
nourrir des chevaux. '*
Cyrus entrait à peine dans sa seizième année ]
lors(|ue les Babyloniens firent une irruption surkf
territoire de la Médie. Astyage se mil aussitôt es
campagne. Cyrus ne tarda pas à le suivre ^ et si Itf
jttèdes remportèrent une victoire complète , ils la
durent en grande partie à la valeur impétueuse di
héros naissant et aux conseils pleins de sagene
Cju'il sut donner à son aïeul.
L^année suivaQ.te Cyrus fut rappelé p^r sot
père pouf achever sou éducaiioti enrerse.Unpeat
voir alors.combien ce jeune prince s'était fait ai«
mer des Medes ; à son départ toute la cour fae-
compagna ; A&tyage çiéme le conduisit à cheval
assez loin t et quand il fallut se séparer il a^y eut
personne qui ne versât des larmes. De retour dam
sa patrie, Cyrus reprit ses anciens exercices, et M
montra si soumis à la sévère disci|)Une des Persei-
que ses compagnons ne purent s'empêcher de con-
cevoir une nouvelle admiration pour celui que let
délices d'une cour molle et voluptueuse n'avaient
pu corrompre dans un âge aussi tendre.
Cyrus venait d'entrer dans la classe deshosuM
{aits lorsque Cyaxare, fils et successeur d^Astyaga»
menacé par le roi d'Assyrie, réclama le secours dl
Cambyse. Ce prince lui envoya trente mille &n-!
tassins, tous hommes d'élite et ^ui avaient reja
rexcellcnte éd ucati^ des Perses. Cyrus partit â 1^,
tète. Cambyse voulut atcompagner son 61s jusqu*i
1)1 frontière, et lui dooQ^ les plus sages ipstruçtiaol
i.ur les devoirs d'1411 général; il (ui Gt observer sufv
tout que le moyen Te plu^ sur de se faire obéir
Cvonsisle it convaincre ceux à. qui l'on comnaand^
Arrivé en Médie, Cyrus travailla sans jrelâcbe 1
éiablir Tordre et la d«sdplme dans son aVmée, 4;
k L'ixe naître unte" noble émulation dans le cmf '
dids chefs et des soldais par l'^ttxail d^ ràcQUi*
CTRCS. S
prosei , et encore pIuK par w.s tnani^rei *IT:ibles
M préTe»am*« envers ceu» gui rem plissaient bîva
Irur 4pvoiT. S'il cherchait i faire sentir la supério-
rité dé sun rang, r'éuit par sa douceur et par sa
libéralité, et i>oii parla sompliiosité de sa t.ible nu
ta magaiticenre de ses habits. Un jour qu'il faisait
la revue de son année un courrier vint de la part
ie Cyaiare l'inviter k se riadre auprès d* îul
pour recevoir des ambassaJetirs irfdtetis vre coiir-
Tier ctail chargé en ontre de lui remettreun riche
babillemciit, afin qu'il pût paraître avec èdat et
faire honneur as» nation, (lyius, sans changer de
co&lunse, piTlit sur le charn|> à la l^te de sn trou-
pe*. Cyâitare parul d'abord on peu mécontent:
•■ Vousaurais-jefailplus d'honneur, luidil Cyrus,
■ vêtu de ponrpre et richement paré, qiie je ne
>• TOI» en fais couvert de sueur cl montrant i tout
■ ly monde avec quelle diligence on s'empresse de
» TOUS obéir ? •• ■ '
Le roi d'Arménie , depuis long-temps ràssal det
Mèdes, les regardait alors comme II op faibles pour
rcsisteràhiligiieforniiilabie^ui s'Maît formée con-
Ire eus ; il crut l'occasion favorable pour se sous-
traire i leur dépendance et ne plusleur pijer 4«
tribut. Cyaxare était incertain s'il laisserait celte
défection impunie ; dans ta position où il se trou-
wait il craienaiT de s'ai tirer de nouveaux ennemis,
Cyrus se charge de f^ire bientôt rentrer dans le
devoir ce iribuiaire infiilèle. 11 pénèrre î l'impro-
viste dans l'Arménie, ci pres(|iie sani coup férir
il fait prisonnier le roi a«ec touie sa famille et ses
trésors; mais, vainqueur généreux, il rend à ce
prince sa liberté et sa couronne^ ei se canipnie
d'exiger le tribut ordinaire et le cofllingent de trou-
pes qu'il devait fournira Cyaiare. PéTtétré d'une
telle grandeur d'dme, \c roi (rArménie devint pour
toujours-un des alliés les plus fidèles des MèJes.
Ces belles actions n'éiaient pour Cyrus que le
6 c Y a u s.
•
prélude d^actîons plus glorieuses encore. Au boat
de trois années employées de part el d'autre à
^'assurer de nouveaux alliés et à faire des prépa-
ratifs, Cyrus engagea Cyaxare ^ aller k la rencon-
tre des Assyriens pour leur livrer bataille. L'ar-
mée ennemie, à laquelle le puissant roi de Lydîe^
Crésus , avait joint toutes ses forces et qu'il com-
mandait en personne, conjointement avec le roi
de Babylone , était bien plus nombreuse que celle
desMèaesctdes Perses réunis; mais Cyrus , qui par
vne position savante avait dérobé aux assiégeaus
la connaissance de sa faiblesse , sut tellement ani-*
mer le petit nombre de ses troupes par sa présence
et par son exemple , que dès la première attaque
plusieurs bataillons ennemis furent enfoncés.
En vain Crésus et le roi de Babylone s'efforcèrent
de les rallier; ils ne purent soutenir un choc si
rude , et prirent la fuiie. La cavalerie Mède jpnt
encore augmenter la déroute des ennemis ; elle en
(it un grand carnage , et le roi de Babylone y
perdit la vie. Cyrus proposa à Cyaxare de pour-
suivre les fuyards ; mais celui-ci n'approuva pas
touTà fait cet avis; seulement il se contenta de
permettre à ceux des Mèdcs qui le voudraient
d'accompagner les Perses à la poursuite des enne-
mis. C'est alors que l'on vit l'ascendant que les
grandes qualités de Cyrus exerçaient sur l'esprit
des soldats qui n'étaient pas ménie sous son
commandement. Tandis que Cyaxare et ses prin-
cipaux officiers passaient la nuit k se réjouir et à
célébrer par un festin la victoire qu'ils venaient
de remporter , pfesque tous les Mèdes , au lieu de
partager ces plaisirs, aimèrent mieux aller avec
Cyrus affronter de nouveaux dangers. Le camp
des ennemis fut pris , la victoire complète et le
butin immense. Cyrus fil mettre à part pour le
roi des Mèdes ce qu'il y avait de plus précieux,
el détermina les Perses à se piquer de générosité
C Y H U 5. 7
envers leurs alliés dans le partage du linlin -, Il se
réserva seulemeol tous les chevjux pris sur Vea-
neini , songeanl dès lors â former ce corps de c^-
valerienui devait êlre bientât la. partie U plui
)in(ioii|i|e de ses forces.
ParftiT les priscinaiers qu'on avait ftits il se
trouva uaejeune princesse d'une rare beauté ,qu^on
avait réservée pour Cyrus ; elle se nommait Pan-
ihée , et était femme d Abradate, roi de la Suziane.
Cyruj, àqoi l'on vanta celte belle captive, refusa de
la voir, dans la crainte que le pouvoirde ses charmes
ne le délournât des grands desseins qu'il méditait.
Araspe, jeune soigneur de Médie , qui l'avait en
garde, tiouvait cette précaution étrange , et pré-
lendail qu'on est toujours matire de sot in(?me :
Cyrus , en lui bissant de nouvi-au le soû) de la
princesse , l'avertit de ne pas tant se fier sur ses
forces. Araspe continua de se crulre invincible;
maisliienlâilesallratlsde la belle reine allumèrent
dans son cœur une passiou si vive, que, ne pou-
vant concilier la r^istance de celte femme ver-
tueuse avec l'impétuosiré Je ses désirs, il élait
près d'avoir recours à U violence. Elle implora la
troleciion de Cyrus, qui chargea aussitôt Arta-
ize daller trouver Araspa de sa part ; cet offi-
cier remplit sa mission avec tant de dureté que
relui ci se crut perdu. Quelques jours après
Cyrus le mande; i| vient tout tiemblant ; mais le
prince , au Heu de l'accabler de reproches, lui
parle avec douceur , reconnaissant que lui-nilmc
avaif eu tort de l'avoir laissé aux prises avec un
ennemi si redoutable. Une bonté si inespéfée
rendit la vie à ce jeune seigneur , et l'attacha plus
que jain.iis aos intérêts de Cyrus. il répara avan-
tageusement sa faute ; il se retira chez les Assy-
riens sous prétexte d'un prétendu mécontcnte-
menl^ mais dans le fait pour rendre compte à
Cyrus de tout ce qui se passait chez Les ennemis.
6 C Y R U 5.
Comme tout le inonde ignorait le motif de cettt
prétendue disgrâce , la perte de ce brave officier
aflligea toute 1 armée. Panthée , oui croyait y avoir
donnt* lieu, promit à Cyrus de 1 en dëdoquDager
par l'acquisition d'un autre officier quMr aurait
pas moins de mérite : elle parlait d'Aoradate^ son
mari. Kn effet , sur la lettre quMI reçut de sa
femme )c roi de la Suziane, touché des nobles pro-
cèdes do C%Tu«, le joignit avec deux mille che-
vaux , et se dévoua entièrement k son service. Ainfl
ce prince devait h sa douceur et il sa générosité
des avantages bien plus glorieux que ceux queprc^
curent la rigueur ou la violence.
Le dernier roi d'Assyrie avait été un prince respec-
taMe; mais id^^fils^ qui lui succéda, serenditodieui
par ses vires et sa méchanceté ;, aussi plusieuri
de ses auxiliaires les plus puissans, irrités de ses
cruautés et' maltraités par le tjrran dans ce qu'ils
avaient de plus cher, se jetèrent-ils avec empres-
sement dans les bras de Cyrus : tels furent Go-
brias et Gadatus , qui, commandant tous deux
à un peuple nombreux , lui remirent les troupes,
les })!are8 et les provinces confiées à leurs ordres ,
et s^attachèicnt pour jamais à sa fortune. O'uo
autre côti> Cyrus, qui, même dans le pays ennemi,
te faisait une loi de respecter les travaux de Tagr»-
culture , n'avait jamais à combattre que des gens
de guerre , et s'épargnait ainsi Tembarras d'avoir
à réduire une populace souvent dangereuse dans
son désespoir. Après avoir vu son armée se grossir
;tinsi rliaquc jour d'un grand nombre de nouveaux
alli s , et avoir forcé le roi d'Assyrie, qui s'était mis
en eampngne , de se retirer à Babylione ,.Cyruss'ap-
proclia de celle ville pour reconnaître ses envi-
rons et examiner sa position. Prévoyant ies désas-*
Ires qu'entraînerait le siège de cette puissante
cité, et voulant les prévenir, il offrit au roi des
Assyriens de terminer leur (jucrelle par un com-
C V R u s. 9
batiingulirr : « C'eal ainii, dit BoMucl, qu'en
■ mooiranl *on courage il le doiiua la r^paU-
»*tiouiJ'iin prince clciuent <\ui i^{iarf;iie le t»ag
■ «J« tujels. » Son (le&n'ayâDt poinléiéaccqilé,
il partit pouria Médic, a£n <le rassembler de
aouveUes forces et de prenilre les ordres de
Cyaxarc,
Mais, cliose inconcevable, pendant que f^ y ru s
iàbait chérir ses vertus ï ses ennemis m^mes, le
^ince au num et pour les intérf Is {lu<|uel il avait
iccumpli de si grandes choM's lui TaïKait un criois
Je se» exploits. Déjà même lor3(|ue Cyrus avait *
]u cooseuienienf de Cyaxarc , conduit k la pour-
oû te des Ass|rii:ii$ U plus grande partie des Mèdei ,
Selui-ci, furieux de s£ trouver sans armée , avait
lépécbé uu courrier i son neveu pour lui faire
h riolens reproches : Cynis avait répondu lu roi
les Médes par une lettre ferme, mais respectueuse.
Uyaxare, qui ne jugeait pas à propos de recevoir
Iina soik pays une armée considérable, seniitea
:h4PÙn Avec le peu ^^^>i lui était resté de cavalerie,
Lyrus alla ai:-,lcv3(il de lui avec la sienne, <ji>i
^tail fort nnnibreusi' et fort lesle. A celle vue U
lalousje et le Tnéronlentement de Cyaxare se ré-
reillèreni; il fil à son neveu l'accueille plus froid,
ic refusa à ses embiassemens , et laissa même
icbapper quelques larmes. Cyriis , après avoirJ"ait
■loigner tout le monde, entre à l'instant mCine
;d explication avec le roi , et lui parle avec tant de
Jouceur, de raison et de déférence, qu'il dissipe
k Duage qui s'élevait dans l'esprit du Cyaxare,
Et rentre parfaitement dans ses bonnes grâces. On
ne peut exprimer quelle fut la joie des Perses ei
[les Mèdes en voyant les deux priiices s'embrasser
tvec une lendressi: léciproqne. IJyrus put dès lors
joilter un bonheur snns mélange ; chéri du tous
Ks alliés, il avait ta ciiiifiaiice du chef. Cyaxare,
royant les Mèdes qui avaient suivi Cyrus plul
■ '■
iD tT R U s.
empressa qm jinuû de lu! doni prei
d'attichenienl et de re^Kct , éprc le di
■urpriie.
Le roi dei Uèdea srait une fîlk vninue ; il Vof-
frit à Cyras, avec l'Âurancc de la nlédie f>ouf
dot. Quelque honorable, quelque brillanlequcfdt
cette proposition i le iennc prince ne crut pa^ de-
voir l'accepter avant d'avoir le consentement de
ion père et de >a mire ; il se rendit donc auprèj
d'eux pour l'obtenir, et le marj.ige ne fui célébré
qu'à son reîour de Perac.
1^ guerre allait dès lors se continuer avec vi-
gueur. Cyrus el Cyaiare voyaient sous leurs en-
seignes une armée oien disciplinée ei animée da
meilleur esprit. Le roi de Babylone,qui avait pissi
chez les Lydiens à la lële de ses troupes et
d'immenses trésors, av.-iil trouvé dans le tc
Lydie un alli^puiassnt.Crésus, élu généralissime de
la confédération, avait eugngé dans son alliance
ou forcé à se ranger sous ses drapeaux une mul-
titude de nations diverses : les Egyptiens lui ayAnt
envoyé par mer cent vingt mille liorames ;^il ai-
tendait encore une année de Chypre ; les Cilt-
ciens , les Phrypens, les Lycaonieos, les Paphlago»
niensilesCappadodens, les Arabes, les Phénicienl
étaient 'arrivés-, cens de l'Ionie, de l'Ëolie, et ]x>
pliwàrt des Grecs qui habitaient l'Asie avaient él£
comraintsd'eatrer dans laconfédéralinn. Le ren*
dez-vous générai éuit iThymbrée, ville de lyAi^
Cyrus aurait pu vedouter une armée si supérieurs
eu nombre i la sienne , s'il n'eût su que le couragi
«t la discipline décident bien plus du sort des i
bats que le nombre.
Convaincu qu'il est toujours avantageux da
faire la guerre dans le pays ennemi, il n'alten'*
dit pas que les confôdérés vinssent l'attaquer et
Médie; mais^ y laissant Cy.txare avec le tiers d4
•es troupes f il se dirigea en Lydie ,*et après
>lus importans cle Thistoire ancienne, puis-
le décida de l'empire d'Asie entre les Assy-
d« Babylone et les Perses ; c'est la première
on connaisse quelques détails. L'armée de
is se montait à cent quatre-yingVq^ze mille
mes , dont (renle-six mille de cavaleHe , par-<
;squels on distinguait dix mille Perses , qui
Qt ses meilleures troupes. Crésus avait sous
rdres quatre cent vinst mille hommes , dont
inte mille de cavalene. Les armées étaient
une plaine immense , qui eût permis au roi
ydie a'envelopper les Perses : c était bien en
sop dessein ; mais il ne put obtenir des Egyp-
, nui formaient plus du quart de ses troupes ,
iminuer la profondeur de leurs bataillons;
moins le firent de son armée occupait près de
: lieues d'étendue.
raspe , qui , commenous l'ayons vu 9 sous pré-
d'un mécontentement s'était retiré au-
de Crésus , était revenu dans le camp des
es la veille du combat. Cyrus , instruit' par
des dispositions des ennemis , établit les
les en conséquence. Nous n'entrerons pas
le détail de ces dispositions ,non plus que dans
13 C T a V 8.
L*armée de Cyrtis pit^sentaît Taspect le nldi
Tnagnificfue ; hommes et chfvaiix , tout -briUiU
(d'airain €t d'étarlate. Abradate, ';ue Cyrus aTttI
placé au front de Tarmée avec un corpi dl
cliariots aimés en guerte • était aux le point dft
mettre sa cuirasse, qui n'était mie de lin piqaê, se-
lon la mode de son p»ys : Pantnée , sa felArt*e«vnit
lui présenter une armure complette , éclatante
d'or et de pourpre , quVIle arait fait préparer se*
r.rotoment pour procurer à son mari une agréaUt
surprise. Malgré les efforts qu'elle faisait pour dis-
simuler 89n inquiétude, elle ne pMtVemp^herdi
répandre quelques larmes m le pnrant ne ce dft*
Précieui ; cependant 9 malgré sa tendresse | ellïl
exhorta vivement à mourir plutAt tes armes à b
main que de ne pas signaler d'une manière digM
de !<^<}«* naissance et sa valeur et sa reconnais-
sance envers Cyrus. Ne pouvant plus serrer âon .
mari dans ses bras , elle voulut encore baiser le
diar qui le portait , et après l'avoir suivi des
yeux le plus loin qu'elle put elle se retira triste-
ment.
Quand les deux armées furent en présence, et
3ue les <!onfëdércs eurent vu combien leur front
e bataille surpassait celui de Cyrus , \t centre
des Assyriens lit halte , et les deuil ailes s'avaiH
ccr^ïnt en se courbant à droite et i gauche, afin
d'«»nvclopper l armée des Perses ; mais Cyrus, pett
alarme de ce mouvement , qu'il avait bien prévu i
prit lui-m^e en flanc les ennemis, qui marchaienl
pour employer contre lui cette manœuvre , et les
mit bientôt en déroute. L'escadron des chameaoX|
dont les chevaux ne purent supporter l'odeur ^^
mit aussi en fuite la cavalerie des alliés. Abradate
rompit avec ses chariots plusieurs bataillons cnne»
mis; mais ,son char s' étant renversé, il fut tue enhir
saut des prodiges de valeur. Les Egyptiens furent,
de tous les confédérés, ceux qui se signalèrent le
ft T R r s. - 1 5
bSiM 4»IH celle balailU : t'>ut avait foi <)«vant
Cyrus: i^u» seul» toiiienaient le combat; on Im
y« ra^inr nrllre en piril b vie de ce prince ; son
^cVaI, percé de coups, s'éta/it aba 11 u «du* lui, il
lOMiba au milieu des ennemis. Ce fui alorii , dit
Xéni>|>lio[i , que l'on vit rombicii il iin|i(irli- à un
ginéiA lit! se l^ire iiimer du sei trouppa : oif^eicn f
loMats, éjjalt-mtnl abnnés du danger dp Irur
cb«f , ne précipiièritnt avec inipéltiniilé au
cnilipa d'uoe foiât de piquet pour ie dégager >
lorsqu'iU y fijrenl pai-vrnns le combat de^nt
it plui aanglant. Enfin Lynn
II! cuur»^e lies Lgyptions , ei ne voulant pas
LttM'^r ptuir de si braves ({cns , Wr fit odrir
• coDdtlincu hoDorablc'^ nu ils aocepi^ic
noind fulélca alliés ^ue soldais valeureux . ■■« oii-
pulèienl cspresséfnecit qu'on ne leur ffrail point
parl£r lei anae« conire Cr^^uii, «fui les avait ap-
fiA^ i &ûa sKcoIirE.
I^ soi de Lydie s'élaÎL relira rapld^mnl vers
SiFdai,HtDi|>itale;let autie>qM<»n*av>i«nlégar-
Uinent pris le chemin de leur pavs ; personne ne
se prétetiuit plus pour disputer
rui. Mais la joie qui '
U désolaliou de l'an
la rnortd'Ai^iadalei
inaDÎCDés de sou mar ,
Senoux, die ne songe plus qu'à nourrir sa dou-
sur e.L à repaître ses yeu» de r.e lugubre s^ieiia-
de. Cyrus I apprend ; il arcoui.l, et , in<''laiit sel
lamtoi à celles du cette épouse iiifo' lunée , il s'ef-
force de la consoler, et donne des oidus pour
^u'onrendeàla mémoire d'Abiadaie des lionneiirs
cdraordinaires ; nnais à peine s'.si il retiré que
Paathée '•Voionce un poigiurd djns le sein , et
pose, expirante, s» if te sur leco'ur de son epoiîK.
Pte U Ifiademain Cyi'usia.jicba vers barde*.
rég4
ait dans s«.r> camp lut
tragi,,„e.Hien n'égale
thé^'
lorsqu'on ki annnncc
elles
■ lait apitorlei le» restes
i, ei
, tenant sa HVe sur s(!«
l4 ♦ CYRUS.
Crésus vint à $» rencontre k la tête des Lyd
et après un combat yif;oureux il fut rep
jusque dans sa capitale. Cyrus en forma le s
et des le même jour il se vit maître de la cita
Entré dans la place , il ne trouva plus de
tance. Son premier soin fut ^'en empêcher 1
lage, auquel on avait déjà commencé à se livi
fallait que Cyrus possédât bien Tartde se faire
pour arrêter et lier en quelque sorte les i
avides d^une foule êe soldats étrangers ^ daDs
ville aussi remplie de richesses que Tétait S«
Il accorda la vie et la liberté aux nabitans , à
<]ition qu^ils livreraient toutes leurs richesse
n^eurent pas de peine à y consentir ; Crésus ,
s'était fait amener , leur en avait donné Texei
Le vainqueur y touché de compassion pour Ti
tune de ce roi , qui , tombé tout à coup d'
haut rang , supportait un tel désastre avec un
rage vraiment admiral)le , le traita avec beau
de clémence et de bonté , et lui laissa le no
l'autorité de roi ^^ lui interdisant le pouvo
faire la guerre dans la suite. Il le mena tou
avec lui dans ses expéditions , autant peut
pour s'assurer de sa personne que par estii
:pour profiter de ses avis.
Aussitôt que les Ioniens et les Eoliens ei
appris que Cyrus avait conquis la Lydie , il
envoyèrent à Sardes des ambassadeurs poi
prier de le^ recevoir au nombre de ses sujet
aux mêmes conditions que Crésus leur avai
cordées: Cyrus » qui avant sa victoire les ava
vain sollicités d'embrasser son parti , ne se cru
obligé d'accepter leurs offres , et ne leur répi
que par l'apologue d'un pécheur qui, ayant
lilement joué de la flûte pour faire venir à li
poissons, ne vint k bout de les prendre qu'e
jtant ses filets à l'eau. Il fit seulement une ei
tion en £iveur des Milésiens. Les autres loi
C T B U s. 1 5
r MSembUfctit Jps troupes, cl semirenl en él» <Io
; le défendre ; ils dépuiërent même i Spai te pour
demander des secours. Les Lac^dcmoniens .se cod-
lenlèreni d'enwoyer k Cyriis un ilépule chargé
l^i l'avertir que Sparte ne soudrirail pas qu'il enlre-
Itrîeo contre les Grecs: Cyrus neGl qva rire de
89 insolente députarion , et répondit que si le
li4iiî conservait la vie il donnerait aux Lacé-
moniens matière à parler non des maux de leurs
alliés, mais de leurs p^pres malheurs.
Cyrus , après avoir soumis , en personne ou
par ses lieutenans , les divers peupl&s de l'Asie
—'"■■ire, depuis la mer Egée jusnu à l'I^uphrate,
dans l'Assyrie cl dans l'Aranie , qu'il subju-
lUement. De là il s'avança vers Baby-
la seule vitlc d'Orient qui lui résÎMJt cn-
Le siège de cette puissanle cilé n'était pas
une entreprise facile ; ses murailles, d'une hatilrur
Utraordinairc, semblaient inaccessibles ; une gar-
nombreuse, un peuple immense défen-
la ville, pourvue de toutes sortes deprovi-
Nons pour vingt ans. Cyru.s iic pouvait Jonc es-
pérer de la ptrnilre ni par U foi ce ni par \a Ta-
mine; mais, dilliossuet, " I..1 destinée de celle
■ ville fut élrange , puisqu'elle devait périr par
• ses propres inventions. » La reine Nitociis,
poar faciliter les travaux du pont qu'elle fit cons-
truira sur l'Eupbrate, avait lait creuser un lac
mmense pour détourner les eaux de ce fleuve
lirge el rapide ; elle ne songeait pas qu'elle four-
Huiit ainsi à ses ennemis le moyen de prendre
U ïille : ce fut dans ce même lac que Cyrus de-
nit attirer de nouveau l'Euiihrale pour s'ouvrir
aa passage dans Bab^lone. bans cette vue , il lit
lirerune ligne de rircnuvallation tout autour de
lï»illc, avec une lianclLée large et profoudt' qui
aboDlissait tout près du fleuve et conimuiiii]iiaLt
U Uc de ^NilocrÎB. Les babitans, se croyant à
~I
16 CTftIlS.
Tabri de tout danger k la £iveur de lean
Ektts et de leurs ntagatins , et ne préyoya
li desseins de Cyrua-, dont il n'avait co
aecret à personne, insullaient les^i'crses d
de leurs murailles, et se moquaient de le
forts. Cjrus souffrit pattenment leurs ra
jusqu'à ce ^uMi trouvât roccasion d*exéci
qu^j] mëditatt.
£liê ne tarda pas à se Drésenirer. Les B
uicns se disposaient à cabrer une fête
nelle, et devaient passer toote la nuit au
des festins et des plaisirs. Dès que le «
arrivé Cyrus ordonna à une partie de êes l
d'ouvrir, à force de bras, ue nouveaux 1
depuis la tranchée jusqu'au fleuve , qui cou
travers de la ville. L^eàu entra dans les f
de là dans la tranchée et dans le lac , et laiss
le lit du fleuve presque à sec. Alors des a
commandés par Gobrias et Gadatas s'y jf
des deux côtés , au-dessus et au-dessous de
lone , et s'avancèrent sans trouver d'obstacl
suite de la négligenae et du désordre qui rég
partout pendant cette nuit, les portes d'airâ
fermaient les descentes du quai vers le Ûe\
trouvaient ouvertes; ainsi les deux corps de tr
pénétrèrent bientôt dans le cœur de la vil
d*après Tordre de Cyrus , imitant les cris de
by Ioniens et le bruit «qu'ils faisaient au loilii
réjouissances I ils opérèrent bientôt leur jom
arrivèrent aux portos du palais , et surprire
soldats qui le gardaient avant d'avoir éproi
moindre résistance. Le roi étant sorti au
du tumulte , l'épëe à- U main et à la té
ses ffardes , fvt tué avec la plupart de oeu
combattaient auprès de lut ; le reste fut bi
disftersé. Cyrus , maître du pahiîs , anvoj^
troupes dans U ville pour disperser ceux <
fiouveraii atmés dana^loa rues; puis il onl
pouvant compter sur la lidélité des habitans,
. pour la sûreté de sa personne plus de prc-
^ns qu'il savait fait jusqu'alors; il se forma
our et um^arde nombreuse, voulant d'ail-
y par un appareil majestueux , inspirer plus
ipect à ses nouveaux sujets,
nfia à différentes personnes les diverses parties
dminisiration ; mais il se réserva à lui seul le
le nommer les généraux, les gouverneurs de
nces, les ministres et lesambassadeurs,{>er«
I que c'est là proprement le devoir d'un roi,
e de là dépend sa gloire et la prospérité do.
mpire. Il possédait l'art de bien apprécier le
tère des hommes , et de reconnaîtra le mérite
ut où il se trouvait; lÀettant ainsi chacun
>lace 9 il faisait servir tous les talens, toutes
lalités particulières à l'utilité générale. Mais
jue confiance qu'il accordât au mérite et à la
, il se gardait oien de confie» le pouvoir ab-
à un seul, persuadé qu'un prince firfit tou-
fhr se rcnentir d'avoir renau un sujet trop
ant. 11 étaolit un ordre merveilleux pour la
'e , pour les finances et pour la police. 11 avait
toutes ses provinces des personnes d'une
l8 CTEU8.
par ses lumières et par ati Tertus. J^nx de 8*a^
tirer le respect des -grands et de tous ceux qui rap-
prochaient , il était convaincu que le plus sur
moyen de Toblenir était de leur témoigner beau-
cou p dVgards et d^observer lui-m^me avec soin
les règles de 1 lionnéteté et de la pudeur.
llien n^égalait la libéralité de Cyrus* ^i n^et-
Tmait les richesses que pour avoir le plaisir d'eu i
faire part ;tiix autres. Lorsque ce prince , simple j
général (1( s Perses 9 n'était pa^Msez riche pour ;
faire du bien à tous , par cette 4Rson-là même 3 1
50 croyait obligé de leur marquer sa bonne to- 1
Ion té et rintérét sincère qiiM prenait au bien et i
au mal qui leur arrivait. Maître de l'Orient, pos- |
sesseur de richesses égales à son inépuisable géné-
rosité, il ne se croyait pas pour cela dispensé d'ac*
compagner ses libéralités ue ces formes honnétft
et délicates qui donnent tant de prix au bienfait
Un jour Crésus lui représenta qu'i force de donner ;
il Unirait par s'appauvrir , tandis qu'il pouTait
amasser des trésors infinis : « Et à quelle somme ]
» pensez - vous , reprit Cyrus , que pourraient ,;
» monter ces trésors P m Cfrésus fixa une somme ;
immense. Cyrus fit écrire aux seigneurs de sè cour
qu'il av;iit oesoin d'argent; en un moment on
lui en envoya «le toute part beaucoup plus que la ]
sommePmaïquéepar Crésus : « Voilà, dit le gêné- i
» reux prince , voilà mes trésors ; le cœiJPet l'af- ■
» feciion de mes sujets, voilà les coffres où jt .
* garde mes richesses. » / !
une si longue suite de prospérités n'aTail.l
point (ait oublier à Cyrus ce qu'il devait anf^u
dieux ; au contraire , sa piété augmentait âvecl
son bonheur. Le respect pour la religion «t pouf *
ses ministii'S fut toujours l'objet de scb soins} i|;^
iiiViitua (le iiouvelles corémouies religieuses ^ éî ■
AccoiJa de nouveaux honneur;» à 1 ordre dcf''
CTRDSi
d^ji Tort considéré en Orimt. Lct supi
la piété de leur inuYerain, l'aulorilé île
(v« prfrrcx <)e\-int très-grande i heureux si par une
noive îngraiiliide ils n'cusHcnt pas dû ru abuser
BDOtre l'uu des GU de leur bienfatleur !
'Qwuid Cyius cul réglé tout ce qui concer-
*,4d gnuvernrmcnt il voulut, dans une n--
t auguste el r^ieieuse , doTtnrr a se > sujets
^ ilacte (l'untrionipne. llallaoilriraTfcpoinp«
d«l ucrificcs aux dîcus , aflaclant dVuler dans
cetle nUTrlie laul re que la inagnitîcence a dcplu«
briUanI el de plus espablc d'imposer aux peunlei.
■*' ut s»r uo char tupeiba. le front ceint do la
«t da diadlœe, ruvAiu dp la pourpre royale ,
:é de muiiièrr it Tnire riKoriir )■ beauié da
lîls et la mafcslft de sa taille. Les officias dca
I fldosâlliés le suivaicnl couverts de Innj^iiea
Tobn i U manière dea M^des, loule:i extrême-
aunl riches, mais plus ou moliM magnitiiiurs,
tcioD le grade qu'iU ocutpairni. On lacntia tirs
cbevfti , rt l'on offrit des ckars aux diviniiéa Jti
pays, et surtout au Soleil. Dès rp» rnn ^nt (!^rii«
lièrent devant lui , ce qui n'élail jamais am>.- *
Sans doute cette encessÎTe inaftiiificeTice JcKiit
faire juïtro chez les l'crses le ^oùt dia luxe il <le
)a tDollessc , el corrompre Usimphcilé de le<irs
sn«u(si mais rendons à*Cyrus la justice de due
aue s'iF commit une imprudence en affectant ce
usie extérieur , il rnuserva tuujours ses manieras
J&btcs et prévenantes, son acllvilé iitfaligable ,
M mt tant qu'il vécut préserver ^es sujets i;omTiie
hû-in^me des délices houleux d'une vie oisive et
vsluplueuse. Quoiipic par ses longs trav;^ux et sia
W^nt etploils i) put s'imaginer avoir le dit>it Je
MKgarder comme bien au- ilchstis de Cy.iuau-, j1
*- ' jBwijua toujoure la plus entière deJbrt^oe, «t
Pi
20 CTEtfS.
partagea atrec hii Tempire conquis Hii
valeur. Ils allèrent ensemble â Babylone d»
plan de toute la n^narcbie, qu'ilt mvièèièflt^
cent vingt provinces, •- a-J^
Pour uoliter les communications dam soc^ vM^f
empire , il établit à différentes distanoes dea posttil
et aes courriers. Cette urOe institution ae conéè^
long-temps en Penie; mais son usage étdit botal
aux seuls besoins de Fétat. • >*, .if
Toutes les troupes de Fempir^ avaient ;i
Tordre de se rendre auprès de I^MnDs.y'qni'CJ,
la revue générale. Elles s'éievaienTà six eentd
fantassins ^ et cent vingt mille cavaliers ^ il iWk;
outre deux mille chariots armés de &ni^.*A|irii
en avoir dîétribué un nombre nécêssaBre dtfisdii
différentes gamisona., il mena %ae partie éë
forces dans la Syrie , d'où il étendit ses eôiM — '
sur tous les payseovirmnans jusqu'à la hmt^
et aux confins de l'Etbiopie.
. Cyaxare, nommé dans l'écriture Darius le MMbÙ
et Cambyse, ajànt terminé leurs jours t»iidM^(d|
leur digne héritier faisait ces conquêtes, Gjni^
vit à son retour seul possesseur des deux tmpiiÉSl
qui n'en faisaient plus qu'un; Il signala/h jif imitai
année de son nouveau règne par ce.célèbf» édi|
qui permettait aux Juifs-dè retourner à JéraaaiinÉ|
après soixante-dix ans de captivité à Babrl^M^lf
vécut encore sept ans J pendant lesquela il }1
paix du fruit de ses travaux et de ses victoiri
empire ,«le phis vaste qui eût jamaia exisro • ^
l)orné à l'orient par.rindus, au nord .]par lift
Caspienne et le ront-Euxin $ au conGhant(.|i
mer Egée, au midi par l'Ethiopie et k foMs
bique. Cyrus établit presque toujours aa de^g
au centre de seg états ; Babylone y aituée^danij
f^TH¥S. SI
lui un prinlemps pnpéluel. Jouissant d'une santé
ftile el robuitc , qui élail'le fruit de h vie sage
tri frugale «jii'il avait Inujours mi-née, atloré des
Perses, des Mèdcs et des niririTis conduises, rieii
n aarait manqué à. la felicilé di- ce prmce si les
vices et le caracièrc farouche qu'annonçait Cain--
byse, son successeur, n>u<sent troublé la tran-
quillilé de ses derniers jours. Il mourut dans un
!^e irèsëavancé.
Hérodote raconte sa mnri d'une manière tra-
gique ; il suppose que ce prince fut tué et défait
uans une balaille contre Tliomyris , n'iiie des
Scytlies , ^i plongea elle-même sa tête Jans un
yi%e plein de sauf; , en disant : «Abreuve-loi de
'< sang, t.ii qui en as étéj toujours si altéré 1 " Mais
quandon considère le génie d'Hérodote, quand
oa fait réflexion aux déiails fabuleux qu'il rapporte
louchant la uaissance de Cyrus , on peut se croire
a!i« bien fondé pour rejeter un conte dépourvu
de vraisemblance , quand même le caraclère
«ju'Herodote lui-m^m^fJonne à ce prince , et le
li»moign:ige de latit d'aulres hisloriens ne fourni-
raient pas de preuves assez convaincantes de la
fausseté d'un tel récit.
o On peut regarder Cyrus , dit Roliin , comme
le conquiirant le phis sage el le héros le plus ac-
compli dont il soit parlé d.ms l'fiistoire profane. »
A la valeur la plus impétueuse il joignait tout le
lang-froid , toute la pi uJence nécessaues i un gé-
néral. La bonté, la générosité, la clémence (ai-
' ni le fond de son caractère ; aussi fot-il ap-
pelé le père de ses sujets. On peut excuser l'amhi-
lion oui le portail à fjire des conqufles , puisqu'il
semblait né pour le bonheur des nations qu'il avait
lubjuguëcs. Les peuples qu'il réduisit s
obéissance étaient esclaves auj-aravan! ; il ne fil
quechan'^er leur scivilude, souvent rigoureuse,
CD une dépendance iiifinimcnt djure. Il voulait
2a ClbAUS.
connaître le mérite et savait le distinguer ; il ;
Taimait^ et ne manquait jamais de le récompenser
de la manière la plus magnifique et la plus flat-
tetise. A CCS belles qualités de Tâme il Joignait
tous les avantages eitérieurs, un air noble , un !
abord gracieux, une conveisaiion agréable et
des manlèress>blig^2intes. La fortune ne fil pai \
moins pour lui que la nature ; dans le cours de '
son long règne Cyrus vit tout succéder à ses dé-
sirs, et ce que Ton peut dire de plu3 vrai et de- '
plus honorable pour ce prince, c^est qu^il le
montra constamment digne de tant de prospéritis*
LYCURGUE,
LÉGISLATEUR DES LACÏDÉMUNIF.SS.
iîiDSOinJS , l'un des deuK rois qui régnaient alois 1
'Sp;rte, eut deux fils; l'aine se nommait Pulydpcte;
le second, né d'un autre lit, fut Lycurgiie, dont
an|ilace la naissance gaG ans avunt noire ère. La
plus grande dissolulion, la licence ta plus effré-
née régnaient alors à Sparle ; le frein des lois y
était aussi méconnu que celui des mœurs ; les rois
et les magistrats, que leur dignité mt^llait dans
lï devoir de maintenir l'ordre et de réprimer Tau-
dite d'un peuple féroce et corrompu, lonibàient
■UQi le mépris alors qu'ils lui cédaieul par complais
>ance, ou s'attiraient sa haine s'ils osaient user
i:niilre lui de rieneiir. Le père do Lyrurgue en fut
un irisle exemple ; il fut tué d'un coup Je i-outpau
àim une émeute populaire , en voulant séparer
dei furieux qui se battaîenr.
Polydecte, l'aîné des fils d'Kunomus, lui suc-
•tédi, et après un règne de neuf ans il mourut
uns poslérilé. Tout semblait appeler Lycurgue au
It^e; il fui roi en effet tant qu'on ignora la gros-
iwsedela reine sa btlle'soeur; mais dès qu'elle
fui connue Lyciirguc déclara que si elle mettait
'n raonde un fils il serait le premier à reconnaî-
tre ses droiis à la couronne, et pour garant de sa
parole il n'administra le royaume qu'en qualité
de luleur du jeune prince-
La reine aimait Lycurgue, et lui fit dire
jue s'il consentait à TépouseF elle o'hésitc-
24 LTC.URGUE.
rait p2i^, pour lui assurer le trôae, à faire avo
le f: uil qii^elte portait clan,5 son sein. Lycurfj
dans la crainte de ne pouvoir persuader une fen
violente dans ses «passions, aissimula toute D
rcur que cette proposition lui inspirait, et ri^s
de la tromper, fl Ij détourna fortement d^cmpl
un moyen si dangereux pour ses charmes et m
pour sa vie , en disant quMi conserverait le ti
si elle donnait le jour à une fille, et que si elL
venait mère d^un enfant mâle il saurait bien
parti prendre. Pour plus de sûreté il -plaça au
dVlle des personnes qui lui étaient atïidées,'
ordre, s'il lui naissait une fille, de la laisser f
l(*s mains des femmes de la reine; mais si c^
un fils, de le lui apporter sur le champs en q
que lieu quMl se trouvât. Elle accoucha d^un
qui fut aussitôt remis entre les mains de Lycur
alors à souper avec les premiers magistrat
Sparte. Il leur présenta aussitôt ce précieux dé
« Spartiates, Mit-il, voilà le roi qui nous est r
Il le nomma Charilaiis (joie du peuple ), pou
moi^ncr la satisfaction des assNtans et la sic
Ce fut ainsi qu^après huit mois de règne il dé
la royauté^ conservant un titre bien plus glorî
Tcstime et Tadmiration de st$ concitoyens. I
la tutelle de Tenfant-roi.
(Cependant Tamour de la reine fit pljce
haine et à la fureur. *Llle dir, elle fit répa
qu^il était dangereux de confier les jours du j
prince à la vigilance à^\w homme qui n^avait i
tte intérêt que d'en abréger le cours ; que L)
''que se repentait déjà de ce quM avait fait, el
pour recouvrer le diadème il se proposait de
mourir son pupille. Ces bruits, faibles dans
naissance, prirent bieritôt delà consistance ii
d'être répétés , et finirent par éclater avec tai
force qu il fut obligé, pour les détruire , di
loigner de sa patrie.
LTCU RGUK. 25
Il alt.i J'abord en Crële, où \es loii du sage
MiuQsrixërcnllnng' temps son atlendon; il admira
riiarmnnie qu'elles enlreicnaient dans l'élat et
chez les particuliers. Il y avJiil alors en Crhle un
liommc renommé par sa sagesse et sa science po—
ttti<{ue ; c'étaîl uit pDi'te lynqJI nommé Tlialelas.
Tout en paraissant ne romposer que des pièL-e» de
chani , il se couiiuisait réellement en habile légis-
laleur; Ton les ses odes élalent autant d'cxhorta—
lions i l'obéissance et i U concorde : <i Soutenues
- du nombre et de l'Immonie, dit Plutarqne,
- pleines h la fois de douceur et de véhémence^
■ ■ elles adoucissaient insensiblement les esprits dei
* auditeurs, leur inspiraient l'amour des choses
n bonnflles, et faisaient cesser les haines qui les
» dtvisaienl. " Jugeant un lel bommc digne de le
seconder dans les grands desseins qu'il méditait,
Lycufgue s'unil étroitement è lui, el l'engagea
par ses prières à aller s'élïblir à Lacédémone,nour
préparer la réforme des Spartiates eif leur faisant
eniendre ses chants, consacres  célébrer les char-
mes de la vertu.
Pourmieuxjugor des effets que produit la diflé-
rence des gouyeriiemens et des mœurs , Lycurguc
passa dans l'Asie mineure. Au lieu de ce régime
sim|;le et austère qui assurait le bonheur aux Cré-
lob , il n'y vit que des lois el des 3mes sans vi-
eueur : les loMens gémissaient en esclaves sous le
|oug des'plaisirs et de la licenee. Mais il y fil une
découverte précieuse ; les poésies d'Homâre tom-
bèrent entre ses mains : voyant dans ces admi-
rables outrages les plus belles maximes de la mo-
rale el de b politique embellies par les ch.iimcs do
la Gclion, il résolu) d'en enrichir la Grèce.
On prétend que Lycurgue visita aussi l'Egypte,
. N qu'entre les insliluilons de ce peuple ayant
surtout admiré celte qui sépare les gens de guecre
de toutes les autres classes du peuple , il U trans-
Tome I. i
•6 IéTcurgur. ,j
porta i LagEdèinODfr , où il fil <Ies i îers et d^
arlisaiM uaectaue ijtart. Ce voy :n Egyple dak
ttit assez bîeii altnléi maU il est au moins i:
' I Cfue Lycuntne aît
ribérie, et <Io*^iÉL pénétré ji^sque dans l'iiu^
T .,.»°';"«ff=«'."e)""'<'"ri''.""- . J
Jandis <|uu continuait knnc
■ •■ t r<,u
nnur v ce
Ljbia cl da^
sophistes. j
urlr les régio^
éloignées, étudiant partout
teurs, et recueîllaui lc& semences
C SU avaient répawJueven difféKinli
cédémone, fatiguée de ses divisions, eavt
^lus d'une fois i tq rencontre dfs députés poui
presser de venir au secours de iléut. Lui si
Souvait en diriger les rèn^s, tour à tour llottaut
ans les tnaini de princi's ^ans autorité et du
celles d'une multitude indonle. Il céda cnfm
Voeux empressés des Lacédémonien-^ et des pri;
' ieui-méntes ,4)ui espéraient que sa più
raît de frei# à la licence de leurs
■r
De retour i Sparte, il s'aporçut uieotât qu'Un
s'âgis^ii pas de réparer l'éuifice des lois , mais a
\o détruire et d'en éUver un nouveau sur d'à
ibndemeni. ^'il prévit tous les olisiacles (jiie dg
vait prësenfer l'exécution d'un pareil dessein ,0
sentit aussi que les cii;foiksiances ne pouvaient Itn{
ttrç plus favorables; il voyait tout uit peuple, mï^
heureux par Vanarcbic, tourner lej yeux vers loil
comme pouvant ^ul porter remèJe À ses maux.
«vail pour lui la conriance et te riïspect qu''o
coidaii à sa naissance, à sa vertu des long-teindi
éprouvée, et aux lumières qu'd avait acquiscsd^
tes voyages ; il avait son génie , ce couraa
sant qui force ks volontés, et cet esprit à
lialion qui lesjttire; il avait cnCa l'aveu du fi
la Pythie, qu'il avait é'é consulter à Delphes a
démettre la nuin ison arjnd ouvrage, liîï i
rt^pondii ces mots , qu'f htrudote nous a to^ai
véa ; « Te voiii da^K mtJP lerople céiàhre,: -"
i.Tconr.ii R, ^j
Jupiter et de* hiltilaiif de rOlynrpe : mon «ra-
cle iiictrUin balamr l'il te déclariTA un dieu du
nu homme i jo le cnils piuiAi un liieu. » 1^
'ail a}»uli>, ccinccrnanl U Irgislatioii qu'il sv»i^
roîetée, qu'Aiiullcii hii accordait Ij <)eiiiande
ii'il loi avait faîte de ilnnncr de bonii s loi* t
III {layi, et rjii'il y t^labliraa le meilleur <\ • Iniis
3 gouverne mens. Lyr.urgup ne cessa depuis d'en»
eieiiir dtrs intelligences avec la Pylhii- , q-n im-
riinacuni'iitninent k ses lois te itc<-aii derau'oiilé
IitfWn l'eln il suivit l'exemple des aoires lësw
|k n Cos hoinmes écLirés ei juOictcux , trirtn
■bation du l'alibé'Hicard , doui iiuunKmpriin-
Kttrs exni-essions , avaient lenli cjne ■•Ws ne
ikitt aux nomme» qu'en leur pï^ipre nom ils
'aunipnl pas assez tle pouvoir sur les expriis jrouf
niratuer \v\it persuasion ei li;ur obéiasiiice. Lei
DMimesso soumeilcnt ditfirileiucntâ iinea'jln'ité
ureiuent hiiiiiaine luraqu'il s'aBit tle sacrifier uns
irtie <le leurs droite et Je leur liberté, même pour
(titrer leur rranijuillité personnelle ; mais ils ce-
ant sans [wini: à une anlorilé suprême, i;t iU vont
*ec respect au-dev.iiiL des luiï qu'un leur {tropose
j nom du b diviniié. i
Avant de nfrtire ac'xécuiion srs plans de ré-
irme, Lycurgue les ciumil à l'eiameii de set
mis et dt.-s citoyens les plus disiiiijjués. Il l'n
loisit tiente qui devient t'accumpiguer dans la
lacâ publique; au jour convenu ils s'y jeièrcnt
rec lui. tout armés, comiiiençaul I uuviai^i- de sa
gistation roinme on commence und*rcvulic. Le.
iuple trembla, tout tomba dans la stupeur, et
;raonn« m- Iruia la moin. Ire fcsi'itancc. Uans le
remier moment du tumulte le roiChjiilails , ne-
•udcLycurgu<:,ép'iuvaniéetrioyaui qu'on en vodi-
it i sa Tie, se léi'ugia dans un tein,'Ie; r^isui'é
ienlât sur le dangir dont il s'éiaii cru menaré,
■oriit de eu lieu sacré , et couiuc II était uatu-
28 LYGURGUE.
Tellement doux , il entra dans les vues de son ond
et se joi||;nit à son parti. La facilite de son carac
tère fit dire un jour à Ârchelaiis, son collègue, de
vaut qui on louait la bonté de ce jeune prince
fc Comment Charilaiis ne serait-il pas boni h
» qui ne sait pas même être méchant pour le
n méchans ? » Mot plein de sens et qui est loij
d^étre une louange pour Charilaiis. En effet, un
trop grande bonté qui va jusqu^à épargner le
coupâmes est peut-être le plus grana ^^ut.d
ceux qui gouvernent : un prince méchaïAi^âc^B
ses propres vices ; un prince faible a les
de tous ^ux qui l'approchent.
Le premier objet et en même temps le pi
portant de laHégislation de Lycurgue fîit rétablis
sèment d'un sénat , composé de trente membres
si Ton y comprend les deux rois. CVtait déjii u:
fijrand pas de fait; par ce moyen se trouvai
fixée la forme du gouvernement, qui avait tante
penché vers la tyrannie , tantôt vers la démo
cratie. Ce sénat lui servit de contre-poids, en^
■rangeant du côté des rois quand le peuple voulai
se rendre trop puissant , et en fortifiant au con
traire le parti du peuple quand les rois voa
laient pousser trop loin leur autorité. Pour qu^ l
peuple ne s'imaginât pas que sa condition fût de
venue plus mauvaise qu'aupar^ant , Lycurgue li
1)ermit de former une assnibléc génélrale , dan
aquelle il n'avait pas le droit de délibérer , mai
seulement d'approuver ou.de rejeter ce que le
rois ou le Aiat proposaient.
C'est ainsi que. le législateur avait tempéré L
iorme du gouvernement; mais dans la^fuite oi
recoMiut que les trente sénateurs formaient- un
oligarchie abs^ue et préjudiciable ii la liberté pu
bliqw; on leur donna pour frein l'autorîliS- et
éphora, qui furent établis environ cent treniaan
après Lycurgue , sous le règne de Théopompe^
LYC0BGUE. zg
La seconde ei la plus har<]ie des institutions de
I.ycurguc fut le.partUtt-des terres. Il exislaît i cet
égard enirc les citt^^S une si prodigieuse iné-
caillé, que la plupart, privés de toute possession
et réduits à la miifre, étaient à charge à Vélai,
laodis que les richesses se trouvaient dans les mains
du plus petit nombre. Lycurgue, ^ui voulait ban-
nir de Sparte les deux plus grandes maladies de
tous les gouvernemeos , 1 excessive richesse et l'in-
digence , et tous les vices auxquels elles donnent
naissance, persuada à tous les citoyens de remettre
IcuM terres en commun et d'en faire le partage
|K>ur vivre ensemble dans une parfiile égalité ,
sans autre distinclion entre eux ni prééminence les
uns surles aulres, que celles qui réiultent du mé-
rite et de la vertu. Cette proposition du législateur
souleva d'abord les 0sprîls; mais'après de vives
cootestations elle passa. Les terres de la Laconie
furent distribuées en Irenle-neuf mille paris ; La-
cédémonseneut neuf mille, el les trente mille «.u^
iTM furent distribuées entre les habilans de U cam-
pagne. On dit tiue quelques années après Lycur-
gue, traversant les teires de la Laconii' au temps
de la moisson ,- el voyant les tas de gerbes parfai-
tement égaux, se tourna vers ceux qui l'accompa-
" gnaient el leur dit en souriant : " Ne semble-l-il
>• pas que la Laconie soll l'héritage de plusieurs
« frères <jui viennent de faire leur parlaee ! •>
Mais la division des terres n'eili produit qu'un
avantage passager s'il avait toujours été permis
dÎHiBsser des espèces monnoyées. Pour l'empi!-
r I i^Ly cutgufi^.nc dépouilla pas à la vérité ceux
i;ui possédaielPBe l'or et de I argent ^ mais, ce qui
revenait au mftne, il décria la valeur de ces mc-
lauii,etne souflrit qu'une monnaie de fer pour
foui Ici échanges de denrées nécessaires à la vie,
Cn nouvelles espèces étaient- si pesantes et d'un
•i bas pni, qu'il lallail une cliarretie k deux bœufs
5o XTGURCVtrB.
pour porter uae soHime de dix mînei, et nmt
chambre entière po>ir la UMÊF»
Ensuite il bannit de Sparte^os les artt frivoles
et superflus ( mais quand même il ne les en a«rail
pas chassés , la plupart y seraient tombés d,*em-mè-
mes et auraieiii disparn avec Fancienne monnaie^
parce qUte les cstisans ne trouvaient pas à sef dé»
iaire de leurs ouvrages, et que la nouvelle moa«
naie n\ivait cours dans aucun des antres étals
de la Grèce, qui, loin d'en faire cas, n'y attachaient
qu'un profond ridicule. Ce mépris des étrangers
influa sur les Spartiates eux mêmes , qui finkent
par dédaigner tellemenf leur monnaie , qu^4
peine en faisaient-ils usage, et que très-peu d en*
Ire eux se souciaient d'en avoir au-delà u#re qu'il
leur fallait pbur subvenir au stricte nécessaire.
Cependant toutes ces institutions ne furent pas
encore regardées par Lycurgue comme sura*-
santés pour prévenir les excès particuliers auxquels
k& hommes sont toujours enriius. Un troisième
/(•^Icment ordonnait que les repas fussent pu«
l)lics;*lrs citoyens étaient obliges, sans distinc-
tion , <](> manger tous ensemble , et de se nounv
des mêmes mets. 11 n'élait permis k personne de
(^rondio ses repas chez soi et d'arriver rassasié à
a table publique : de m^me qu'on y réprimait
rinicmpérance , on y observait aussi avec soin
relui qui ne buvait et ne mangeait pas , et on lui
reprochait publiquement sa délicatesse , qui lai
faisait mépriser la nourriture commune.
De tous les réglemens de Lycurgue , ce fuiU?tim
qui ii i ita le plus les riches , çt quiénrouva oeieur
part la plus vive opposition. Ils |^|lemblèrent en
grand nombre, s'ameutèrent contre^lui, et le
poursuivirent avec tant d'acharnement quHl n'eut
que le temps de se jeter dans un temple ; encore
fut-il atteint dans sa course par un jeune homdne
•onimé Alcandre, qui lui creva VM d'un coup
I.TCOBGVE. 5*
dé bJlon. Lycurgiie , sans se hisser abatlrf par U
Joaleur, se louroc a\-ec fermeté vers le peuple,
fi lui mnalce m bletsure : k celte vue,i9tei» de
honte el Je confusion, les citoyens livicrent AI-
ondrcau légisUleur , qu'ils reconduisirent chea
Iii en lui lémoignanl loul leur regret Je Imi-
tra^ .qu'il venait Je recevoir- Lycurguo , aprè*
k& avoir remerciés , les congédia-, fil entrer AI-
candre cbpz lui , et, uns lui faire aucun reproche,
te canteata de lui ordonner de panser sa hles*-^
«fe, el de le rendre léoooin de sa vît en l'alla»
chant quelque temp'sàson service. Alcandre, qni^
sans avoir un manvais naturel , n'étail que vif el
emporté, voyant chaque jour la bonté, la dou-
ceur , la vie austère et la cunal^nre infatigable
At Ly«urgue dans ses travaux , touché d'un slo-
cère rcpeaiir , conçut pour lui U tendresse la
plus «rive, el devint sage et paisible de luibulent
ip^i éHil : on le vit désormais servir ileiemple à
«S concitoyens par sa prndennc el sa inodéraiioi^,
I 4e iitemeaT i Lyeorgue par ioa sèJe pour lm«
el de soutien auT inslituiinns de ce législateur pjr
Ainsi, sans s'ébranler par les oppositions , tnul
jours ferme dan» ses Jrss_eins , Ljciirgue parvîn-
i êlabltr celte im,iortault refurme. Les lablcs
^ient Hiatune d'environ quinze personnes ;
pour yéire reçu il fallaii élic agréé de toule la
compagnie. Chaque convive apportai! jiar mois un
boiueau de farine , huit mesures de vin , rini[ li-
bres de froma^ , deux livres et demie de fig^ies ,
<t quelque pev'de inunn-iie pour l'apprit et l'as-
sùonnement des viv^. Pcndaul liing — temps
Ib Spartiates furent très-eiacls à se rendre à tes
repas : le roi Agis, au retour d'une e»pédit un
(l'irieuse, avanl voigtu s'en disjicnser pour man-
ger arec sa femme el se^enfans, lut réprîaïaiiJê
ei puui pjr les magisliats.
32 LYCURGtTE.
Les enfans mémeft se irouvaient i ces repas y et
on les y conduisait comme à une école de tempé-^
rance et de sagesse. La simplicité présidait k cet
réunions ; jamais on n'y entendait de propos
contre les bonnes mœurs; on en excluait. jusqu'à
ces disputes de mots-et ces discours auxouels Va"
mour- propre seul peut donner lieu ; là se
naient de graves discours sur le gouveraemé
et les enfans n'entendaient rien qui né^és im
*1ttiisît. Ce n'est pas que la conversation ne s^eii- '
gageât quelquefois par des railleries fines et spiri- •
tuelles; mais elles n'étaient jamais ni basses ni cho-
quantes; dès qu'on s'apercevait qu'elles blessaient
quelqu'un on s'arrêtait tout court. On accouta-
mait aussi ces jeunes convives au secret; quand l'an*
d'eux entrait dans la salle le plus âgé , qui prési-
dait au repas, lui disait, en lui montrant la porte:
« Rien de tout ce qui se dit ici ne sort par-là. »
La sauce noire était celui de leurs mets que
les Spartiates préféraient à tout ^c qu'on servait
sur leur table frugale. Denys le Tyran voulut en
'juger ; il fit venir à cet effet un cuisinier de La-
céuémone , s'en fit apprêter, la goûta et la rejeta:
w Je ne m'en étonne pas^ dit l'esclave ; l'assaison*
w nement y a manqué. — Hé quoi donc ? ré- •
» pondit le prince. -— La course , la sueur , la
» fatigue , la faim , la soif; car c'est là , ajoute \é^
» cuisinier , ce qui assaisonne chez nous tous les
■»' mets. « • ■
Lycurgue regardait l'éducation des enfans
comme la plus grande et la plus imÉiortanteaffaire
" Drincipeeti*
partenaient encore plus J^l'état qu'à leur père;
du législateur. Son grand principe était qu'ils ap*
c'est pour cela qu'il ne s'en rapporta pas à eux
pour les élever , mais ou'il voulut que l'état si'em-
parât de l'éducation ue la*ttiness6 , afin de la
former sur des principes constans et uniformes »
L^CUBGTTE. 33
inspira<sent de bonncj heure l'amour de
Îalrie et de la vertu,
lès qu'un etiranl étari tip le père le portait dans
un lieu a|ipe4é Lachi, où s'assemblaient les plus
vieux de chaque tribu ; ceux-ci le vUiiaîcal , ela'iU
le trouvaient bien formé, fort et vigoureux', ils
ordonnaient qu'il fill élevé , «i lui aMienatAt
puur son héritage une des neuf mille portions de
terre r si , au contraire , ils le trouvaient rtlïl -fait ,
délicat et faible, et s'ils jugeaient qu^il n'aurait ni
force ni santé , ils le condamnaient à périr , et
J^Hivoyaicnt jeter dans un gouftre voisin du mont
Tàygèle.
On accoutumait de bonne heure les enfans i
n'être point difSciles sur le choix de leur nourri-
ture, à n'avoir pas peur dan< les ténèbres ni
lorsqu'ils étaient seuls, à n'être ni hargneux ni
(^f;rins, à marcher nu-pieds, i demeurer ex-
posés au grand air bien avant dans la nuit , i être
vèiiu l'été comme Itiver, et i ne redouter rieu de
leura semblables.
. A l'âge de sept ans on les relirait des mains de
Jp réJucation publique. L'étude dans ces clasies"
n'était autre chose qu'un a p|iren tissage de travaux,
d'abnégatiou et d'obéissance. Le plus avancé e/i
Ige et en expérience présidait dans chacune, et
châtiait ceux qui faisaient dos fautes. Leurs jeux ,
leurs exercices éuiionl réglés sur la plus exacte dis-
cipline, et les'firmaipnt à la fatigue, à la peine;
ils s'y présentaient nu- pieds et Ta lêle rasée ; ils
se battaient les uns contre les autres tout nus.
Pendant qu'ils élaienl à table le maître les ins-
truisait en leur proposant des quesiions sur
la nature des act^pns morales et sur la dilféi<ence'
du mérite des hommes les plus célèbres ou les
plus vertueux. Il fallait que la réponse fi)l prompte
S4 iT CD
•t accompignée d'une ri i d nre eoft*
CUM m peu de iSoU ; < les ac< mait dk
bonne heure i ns style i la et siur : du non
«Je leur p»yê^ LMonie, < «rnue )'iyipreiiûon d»
«tyle laconique. L^fcorg vouUit que la iponnatq
iftt fort puante et de p de valeur , et 9a can*
traire qoe le langage Ct nrit en peu de parolei
(beaucoup' de Mnt. Il ac imall les cnCiOj, p>E
nue joqgue habilude t nce , i être smlcn-
tieui et serrés dans X ■» réparties i comme il
l'ëlnit lui-même dans ses discours , à en juger par,
les répOHiei que 'Plolarque nous a conservées <W
Igi- Un homme lui conseillait d'éiabllr la déia|
. tfUie à Lacédémonc : ■ Coinmcnca, lui di<~il^
H par l'établir d^m ta maUon. '• Interrogé pour»
quoi il n*aTait prMcrit dans Its sacrifices (|uc dc%
TÎCiiuies de peu de valeur : r. C'est atin c|ue noui^
1 ayons toujnufs de quoi Ixinnrer Us dieux , ré-_
t poiiilil-il. ■ — ■ Y«us me demandez commein;i4
« nous repousserons Içs înct rsions de nos eiine-.'
M mis , dit-il un jour' aux Laci> Jérnoaiens; ce itra,
t en maîntenapt Robw pau>Tcié et notre ée^ltté. >
Va lui avaieai demandé s'il entourerait Lacédi-
ftione de murailles : ■ Une ville nVst jamais «ans
a murailles , réçoudit-il , riuand elle rcnlermt
« dans ton encûnte de vaitlans citoyens. » Plut
tarque rapporte aqssî de' Ch.-iribiis , neveu <Ie bjf-
curgue, une sentence sur U lé^islaiion de soi)
oncle qui mérite d'^lre citée : » S'il a fait peu île
■ lois, disait il , c'est qu'il eo faut peu à crus qui
> parlent peu. »
Toute sciepce d'oilentalîon était bannie de !>'*
république : aussi les jeunes gens n'apprenaient- llr
des lettres que ce qui leur était indispensable ; leur
^tudc ne tendait qu'A savoir obéir , supporlirr ItH-
travaux et vaincre dans les cnmîiats. 'loiil ce qui
faisait partie de celte éducation seinbLti tendre i
augmente^ les forces du ^rps , en eicitinl la
' 1.TCI3BGÎTK, 35
(çe et l'esprit àf la goem'. Pourprépaier Ici
i gens aux stratagèmes il leur était permis
voler les uns les autres; mais celui qui était
iir le fait était puni pour avoir manqué de
rii^ Un enfant avait pris un canard ; sur te
d'cir# vu, il le carha sous sa robe, et Vj
! plus lonc-tPmpî qu'il lui fut possible; mai»
Jt , morcMi jusqu'aux eniraillcs par le c^
, l'enfant lomba mort sur la place. Cette
isiion de voler valait pour le moins autant
e défense formelle , puisfpi'on punissait
ic pris sur le fait le vol seiil<!ment décou-
c'était raonLrer par-b que la négligence da
iSeur l'exposecL piinlre sa propriété , ce que
itracleurs de la It'gislation de i.yeurguc n'ont
mùJéré avec assez d'aitenlion.
patience et la f^pielé des jcunei LacédéiHo-
éclataient surtout dans une fête que l'on
l^it en l'honneur de Diane, oi!i l'on avait
ne de fouetter les enfans devant l'autel dç
Jéeise , sous le* yeux de leurs parens et en
ice de Idule U-^fle. Ci-lui qui supportait le»
avpc le l'ius lie force et de courage revenait
ieu». On en l^f plusieurs expirer sous larî-
Me celle discipline sans laisser échapper un
inglot. Lorsque leuisparcns les voyaient tout
ris de sauf; et di< Llcssures, tout prêts à
r, ils les exiiortaieut à piTsév^-er coAsiAm-
et avec courage jusqu'à la fin. Certes il est
e d'exfusor une semblable cftutume ; c'était
;xccllenle pratique que d'accoutumer de
I heure les enfans à suppoiier les intempé-
e l'air, la f^im, h soif et la faiigue; mais
-it les snumetire !t ni< lr:iiii-ni(^nl si bai bare,
lUlre molif que la gloriole de moiiirer un
courage? ^i'tiI:lit-ce pas inhumanité de la
es pères el des mères devoir de sanf;-froid
' le sang des pUies de leurs eiifunS] qui
$6 LTCURGUK.
SQnvent même expiraient sous les coup
verges ?
A douze ans les enfans entraient dans les d
plus avancées *, là , pour étouffer les semenci
vice dans un temps où elles commenceal à
mer , le travail et les instructions croUsaient
Tâge. Leurs exercices devenaient aussi plus
lens : tantôt , sous les ordres de leurs institu
et de leurs chefs , ils allaient à* la chasse ; t
ils livraient des escarmouches .ou des romb:
mules ; ils s^ escrimaient avec tant d^opiniâl
quoiqu'ils ne fussent pas armés ^ qu'ils se fal
souvent de graves blessures. Ils étaient con:
ment soumis à cette discipline jusqu'à Pâ^
trente ans , époque avant laquelle il ne leui
pas permis de se marier , d'être incorporés d
service militaire , ni de posséder aucune c
de l'état.
A l'égard des filles , leur éducation étai|
sévère que celle des jeunes Laçédémoniens
les endurcissait à la fatigue et aux travau
plus mâles jusqu'à l'âge ,^H^ vingt ans .
la loi les déclarait nubileiy; on ne leur
crivait pas, comme à,Athènls/de seteni
fermées , de filer la laine , de s'abstenir dfl
d'une nourriture trop forte ; mais on leur <
gnait à danser, à chanter , à lutter entre el
cou ri», à lai^cr le palet et le javelot. Elles r
saient nues dans ces exercices , à la vue d
toyens assemblés , même en présence des j
garçons, qu'elles excitaient à la gloire, soit p;
exemple , soit par des éloges ou des ironi<
spectacle n'était pas réputé indécent, parc
le législateur supposait qu'il était plus prc
éteindre qu'à enflammer les désirs. Quoi q«
soit, il serait difBcile d'excuser cette i»stiti
non plus que plusieurs des lois de Lycurgi
ie mariage ,^ui, malgré ses excellentes inlen
h
LYCURGUE. 37
(Jurent avoir h plus fnnesie Influence lur \es
uiu-urs. Cl furent sans contredit la soitrce dei
désoriireB f^ai régnérecit à Sparic , comme l'a irè»-
judicieusoinpnt oboervé Arislofe,
Les niariagflj prt-auliirés n'élaient pas pcnnis à
Spirtc; l'époux Jevail avoir trente ans, et (a femme
final. On prenait soin d'assoflir les mariages ; aux
qualit^i de rame Ifs deux i^poux devaient joindre
une laille avantageuse , une beauté raSIe , une
faille robuMC. Jusqu'ici rien dans ces réglemens
qui ne mérile d'élre approuvé-, mail quandiLy-
curgue veut que l'époux, après un léger repas
pris dans la salle publirjue , enlève furlivemenl , et
i l'iaiu de ses 'Compagnons , son épouse de la
maison paternelle ; qu'il mette le m^me secret dani
la coiiiommalion du mariage , et soit plusieurs
tnnées sans habiter avec celle qu'il a choisie, je
vois dans ces dispositions du législateur les lots
de la nature étrangement méconnues; je vois
bannis de Sparte les vertus et les plaisirs ({ui font
le charme et l'objet de l'union conjugale. Les
rares el furlives entrevues des époux lacédérno-
leuis sens . sont-elles dignes du nom de mariage ?
Ne sont-elles pas plutôt à comparer aux accouple-
mens dci animaux i*
Aussi ces femmes, si passionnées pour la gloire
militaire , si fiÈres de leur mâle courage , n'a-
vaiem-elles pas les vertus de leur sexe. Ijjtles ne se
tisaient p.11 scrupule Je l'adultère, contre lequel
yraf^oc n'avjit fait aucune loi, et l'écliange de
mari n'éiait pas rare enire elles. Epouses iuGJéIcs ,
tn*s élaienl mères peu sensibles ; on les voyjit
conduire avec joie leurt fils aux cuinliats , rt
apprendre d'un ceil sec qu'ilï y avaient pi'rdii la
vie.
Un rfjirochc (ju'uii peut faire encore i l.yciir-
fuCf c'est d'avoii' fivorisé l'oisiveté. Il laissa Iuuj»
58 ETCtrRcn!
tes irti «t toa* Im métién aux a et auf
ëirangera , et ne tait ^ntre ht »•■ cituyeiw
3ue ii laoce elle bouclier; bien dillercnt i-n cr(t
e Socrate, qai peiuait qu'il n'y avati ni art nt
■détier qu'an tiomme libre ne pâl et at àût ArS
en état d'eiercer , afin d« sv ménager une ret^
tource àaat le malheur, clont W |>lus grandef
foi tunes De sont pat toujours à l'aliri.
M^iia Idadis que le* Sfiarliak's passaient Icurv
journées dan* un loisir perpétuel, les Unies, t«unr
esclaves , arrosaient de mir<i snmrs , et souvent éa
leur sang , la terre qu'ils cul'ivâienl pour tes Aat*
Ires détlaigiieiis et féroces. Hien en efïet nVgaté
la dureié avec laquelle ils irailainflt ers mallieu^
reui ; taniflt ilsles fory-ateoi de boiie «tcc «crt,
et 1rs menaient en ret élal dans les salW où l'oi
mniigt-ali , pour montier s»x j<-ihi.'s )^pns romliin
l'ivivsfe est honteuse; lauiAi il^ les fnrçjiieni de
. chunier dc^rhansons obtenues cl irmriiitrr Ja
(Ianse4indéctHiIes,etleur dcd nii.iîpnt tout ce que
ces amuspmeiis ont de d.'ntK l'I d'hiinn^te (
ponr la luo.ndic faute ils lis :ji oM.iu-r>i de avtai
Taistrdilemotis, etsituventli I' ilixiti.iii-Til L morb
Mats CM qu'il y avait de plus hnrrjliln , l'éia'w là
loi de reuibuscade. Les gniivci ikus des jviinea
gens eii\oyaieiit de temps en !<-ir>pi les vin» iorta
et les ptits adroits , armés ili' ii'.if^ii.-inif et rhnr^
de vivres, à la chaise des lioii-q ; m jeune* g<^'i*)
■edisneriant chacun de leur rfnv, hq r<'nait'iii fcn*
danl le jour cachés tranq1itllriii<;iii ibni de» e^
droits couverts, et n'en kum liiui iju'.^ la mm pont
se répandre dans les grande . K^ mins , cl l'gorgdfl
tous les Ilotes qu'ils rcnfcoi ni, ^
riularque cherche i jusLlitr LyVurgiK? de cetU
tévériié barbare; mai* il n'eu est |>jx moins con^'
tant que ses îasti tu lions ne furetil pai sufGsanW
pour empêcher ce peuple de se livrer à uM^
craauté là indigne, ■ Tel ) l en général , dit «*
LTCUBGI1E. 5^
k «utenr anglais , TeSprit. des inslitulions de Ly-
curgue, iTonl le but gagrtait l'estime et raditii*
rai ion >le toutes les nations vuisines, Les Grecs,
plus faits pour être «blouia par l'écUt des vcrtuS
• que pour en senlir l'utilité, appréciêreat d'à-
* pfès ce caracière les loi* de Ljcur^ue , calculées
» âg mieux |ioiir fjire plutiiL un peuple 'de giier-
■ riers «^ue des sujets heureux , et liubstiluer lin-
» sensibilité i la jouisiance. Si l'on considère .ivec
» les lumières Je b saine pDlilî(|ue relte (ameiise
» LaréJrm<iiie, on n'y verra qu'une a.irnison de
» loldals eiilrclenne pur un grand noiubre de serfs.
-^ "» guerre eat égali^ment le métier de l'un et de
Iniri*, et souvent ofTre A iiius (kpjx un temps de
_jUch« pourlesentrcice-^peiiilmsi'l nionfUones
4e ta garnison. - Eu eltcl, malgié I oisii-eté dans
libelle TÎv.iient les Spartiates , personne chez eus
'n'jvail ta libi^ilé de vivre à s<ui f;ré; ils étaient k
toute heure de la journée ra.is.mblés sur la place
publique , préis à exécuter les ordres de lelirS
chefs. La plus grande siinpliciié devait présider à
leur roslumc, romme aux rcnns publics. Pendant
la guene la discpLne était Uw„ moins sôyt-u- ; on
ne les eimièchail plus d'avoir soin de leur cin:ve-
lure, d^orner leurs liabiti et leurs urines; leurs
exercices étaient plus doux da'is les camps que
dans les gymnases, leur genre d^ vie inoini dur",
leur cunduiLe moins sujette à être recherchée.
Lycurgue, tout en établissiini un goiivernA-»
ment roiliiaire , pour mettre un frein àleur e.-pîit
Sjerrier , fit nne loi par laquelle il leur défendait
e feire toiig-temps la guerre ju\ mi'mei ennemis.
Celle défense inierdis.iit aux Spartijles tout res-
■i^ntiinent durable el immodeie, les prêseï vaii du
danger d'instruire l'crinemi de leur discipline , et
de celui de faire des conquêles qui auraient cn-
Moé la ruine de la cunstiluiiun. L'oiijei priiiTtpat
^c Ugj^slaleur n'avait pas Éiè de laùser sa ville Cft
4o LYCURGUE.
état de commander aux autres ; persuadé que It
bonheur d^un état est le fruit de la vertu et de
rharmonie de tous ses membres , il la régla et dur
posa de manière que les citoyens , toujours libréi
et se suffisant à eux-mêmes , se maintinssent aussi
long-temps qu'il «erait possible dans la pratique
de la vertu*
Si parmi des lois pleines de sagesse et admira*
blement combinées dans leur ensemble, plusieuri
institutions de Lycurgue méritent les reproches df
rhistorien , et doivent beaucoup diminuer de Tad-
^miration superstitieuse que Ton a si long-tempt
professée pour sa législation , on oe peut s empê-
cher' d'ad mirera grandeur d'âme , son amour
pour sa patrie^^ii ne se démentirent jamais, et la
douceur de son caractère, qui forme un contraste
bien frappant avec Tesprit de plusieurs des éta-
blissemens qu'on lui attribue.
Lorsqu'il vit bcs principales institutions affer-
mies par un assez long usage , et que la forme do
|;ouvernement avait pris assez de consistance pour
f)ouvoîr se maintenir et se conserver d'elle-même i
e premier soin de Lycurgue fut de leur assurer
un pouvoir inébranlable : (c II me reste, dit-il* an
» peuple assemblé, à vous communiquer Tartick
» le plus important de notre législation ; mais je
» veux auparavant consulter l'oracle de Delphes,
M Faites serment que jusqu'à mon retour vous ne
» toucherez pas aux lois établies. » Les' rois , les
sénateurs , tous les citoyens^ prirent les dieux à
témoin de leur parole. (Jet engagement solennel
' devait être irrévocable , car son dessein était de
ne plus revoir sa patm.
Arrivée Delphes , il voulut sa voir si les nouvelles
lois suffisaient pour assurer le bonheur des Sgsr:
tiates. La Pytlye lui ayant répondu que Sparte serpit
la f lus florissante des villes tant qu*lelie se ferail
un devoir de les observer , Lycurgue envoya cet
LYCDBGUE. 4'
icle i Laridémone , et finît ses jours par une
}rt volontaire, persuadé, dit Plutarque, que
mort d'un homme d'éiat ne doil pas élre inu-
; à la république , ni la fin de sa vie oisive , mats
'elle doil meltre le sceau à ses aciious précé-.
Dtes t et porter le caractère de ses vertus. D'au-
a disent qu'il mourut en Crèie, après avoir or-
niié que soa corps fdl brûlé et que ses cendres
uent jetées aux vents. La mort de ce gnnd
imme , quelles que furent les circonstances qui
ecompjjg lièrent , iul la sanclion de ses lois, et
ir inarima un caractère d'Iulorité que sa vie ne
lUvJMeur donner. Les Sparliates regardèrent
Ile dernière action de leur législateur comnie
plus glorieuse de loulcs el comme la plus digne
I de ses services ', ils lui élevèrent un temple , et
cernèrent toujours les plus grands honneurs i
mémoire. Dès-lors il; se crurent allacliés par
us les liens de la reconnaissance et de la religion
l'exacfe observation des lois qu lis avaient juré
i^arJer, et laTongne durée du gouvernement
ilili par Lycurgue allesla leur persévérance dans
ite resolution, ^
42 S0i.OH.
SOLON,
].iGISLAT£UR DES ATHEN I£
OOLON vivait environ 600 ans avant
Christ; il était filscl^Exechestides , descend
Codius. Sa jeunessefut fort orageuse, et mù
çait pa^ce qu^il devait être un jour ; alM
force contre ses passions , il ne sut pas d^al
défendre des séductions de la beauté , et
souvent à célébrer ses faiblesses dans ses p
Mais sa réputation n^en souffrit pds aux ye
Athéniens : nvecpluad^austérité Solon leur
moins agréable ; d'ailleurs ils ne s'offensai
de quelques désordres dans les mœurs pri^
n'exerçaient leur censure que siflh les mœi
bliqu es, qui intéressaient plus imniédiaten
patrie. .Jj^
Fils d'un||Pb libéral el bienfaisant, dou
des mêmes Dfrtus, Solon se voyait, avec un
sancc illustre, possesseur d'une modique f(
Mais si les Athéniens étaient curioux de le
blesse, ils n'avaient pas la faiblesse de croire
homme d'une origme illustre ne peut, s
dégrader , s^vir l'état par le commerce ou l
trie : aussi dolon rétaulit-il par de^ snécu
commerciales sa fortune , altérée par io.s li
tés; il voyagea en négociant et en sage , et ra
de ses courses cfEBpi était bien plus préciei
des richesses , dérKnnaissai)ces qu'on ne [
acauérir JÉns les aller chercher au loin.
il ne s'applitqna d'abord à la noésie (]uc pa
sèment et pour charmer ses loisirs 1 ue irait
■n
BUÎa i]ue lies su)Gts voluptueux ou fjadinj. Dans
la suile il traila en vt^rs toutes les malièrfs île
philosophie etméine d'hbtnire ; il tiludia princi-
palement celte partie de U mbrale c]ui lr;iile
île ii lolilique ; il rulliva très - superCdclIc-
ment la physique. Thaléi était alors le seul qui
tût des idées précises et étendues sur la théorie
des sciences^
Ledépdl des lumières était alors entre les maina
de quelques hommes verlueux connuAous le ticjin
dejo^cs, et dislribués en divers cantons *de U
Grèce, l^ur principal* étude avait pour oli^t
l'bnmme, ce qu'il est.covju'il doit être, comment
H tàul l'instruire et le gouverner. Ils recueillaient
les plus importantes vérités de la morale, et le*
nnfermaKOt dans des maximes claires er précises.
■ Attends la (in d'une longue vie pour la juger,'
* dûail Chilon de Sparte. — Veut-tu régner en
* sâretét n'aie d'autre gar^e quej'amour de le*
• sujets, dîiaU rériandre.» Un autre dùutii ; oHicn
> de tropi — Connais-toi toi-mAmei, 'était
une maxime de Soion , inscrite , dil-un , au Icmple
lie Delphes. Il notia en est parvenu d'autres i\>- lui
qui respirent ta plus profonde sagesse : " L'égalHi
■ o'eof^endre point Je guerre. — C'est un beau
■ séjour que la tyrannie, mais il n'a point d'issue.
■ — Un inagislraldoit se régler soi-iïitinc a\.nil
• ii''eutrepre(ulrc dérégler les autres. — llnei.int
\ point donner les conseils les plus agréaUt^ ,
> mais les plus avantageux. "
Liés d'une amitié qui ne fut jamais alléiée par
leur célébrité, les sept sages se réunissaient quel-
guefois dans un même lieu pour se cutnmu ni^ui-p
bort lumières et s'occuper des intérêts de l'humaT
vêà. Un jour entre autres, à la cour del'értandre
ds Corinthe, on proposa ia question de t>avoir
mel était le gouvernement populaire ti? plus p.ii-
MÏt.'Bîas dit : 0 Celui ou pusunue u'uit au-uei-
44 SOLON.
» sus des lois. » — Thaïes dit : « Celui où les ci*
» toyens ne sont ni trop riches ni trop pauvres. »
— Le Scythe Anacharsis : « Celui où la vertu -est
M honorée et le vict en horreur. » -— Pittacut :
u Celui où la vertu seule conduit aux dignités, et
i> jamais la bassesse. » — Cléobulc : « Celui où
» les citoyens craignent plus le blâii^ que la pu-
w nition... » — Chilon : « Celuj où les lois Tem-
» portent sur les orateurs. » — Enfin, Selon :
«< Celui où9iniure Ëilte au nnoindre citoyen inlé-
» resse Télat. » JËtson opinion parut du plus grand
pdfids. •
La modestie de ces sages était égale à leurxné*
rite et à leur réputation. Un trépied qu^ Hélène
avait jadis jeté dans la mer , à son retour de Troiey
pour obéir à un ancien oracle, tomba dans les filelf
de pécheurs de Tîle de Cos , qui avaient vendu d'a-
vance à des MiléMens ce quUls retireraient de Teau.
Grande contestation pour savoir à qui appartien-
drait le trépied. Déjà les villes de Cos et de Milet,
qui croyaient leur nonneur intéressé dans la que-
relle, étaient prêtes d'en venir aux maÎM; cepen-
dant Ton consulte la Pythie , qui ordolm de por^
ter le trépied au plus sage. On Tcnvoya d'abord k
Thaïes; fhalès le renVoya'Ji Bias, qui, disait-il | [
était plus sage que lui; Bias, avec la même mo-
destie, le fh passer à un autre, et après avoir élé
successivement envoyé aux sept sages « le tré-
pied revint une seconde fois à 1 halès. Enfin j ttfut
porté à Delphes et consacré à Apollon.
L'c.Mircvue de Sol on avec Anacharsis n'est pas ',
moins célèbre que cette première anecdote. Scytht •.'
de nation, Anacharsis était venu en Grèce 0iot*j.
cher des lumières, et y avait mérité d'être mis «à ;,
nombre des sept sages. Arrivé à Athènes, il se pv^i^
sente chez Solon, et s'annonce comme un étraiiHi{
ger qui vient s'unir à lui par les liens de ramifié -i
et de i hospitalité. « Il vaut bien mieux faire dié \
SOL ON, 45
1 chez so! que d'en aller chercher ailleu/-! ,
litSolon. •> — « Hé bien, re|>rit Anacharsi'*
que vous (5les chez vous, Jàiles donc de moi
e ami el voire hôle. » So'oii , charmé de ta
é (te celle réponse, lui fir l'accueil tb plus
et le retini quelques jours chez^ui. Il s oc-
déjà de l'administraliun des aiVaires publi-
t commençait à rédiger ses lois. Anacnarsii^
il &l pari de son plan de législation, lui
a celle raillerie spirituelle : " Vos lois, dit-il,
ni comme des toiles d'araignée ; elles arrf le-
, les faibles et les petits; les puissaos ol les ri-*
I les rompront facilement el passeront âtra-
■ ■l-'événementne justifia ([ueftop la contée-
Anacharsis. Une autre fois, quece philosopbtf'
!sisté à une assemblée publique , il dit à |tor'
Dans les délibérations des Aihéniensce mm
lages qui proposent, el les Ions qui déci-
}remière aci'on par laquelle Solon signala
Irëe dans la carrièR des affaires publiques
priie de Salamini-. Les Atliéuii'Us , fatigués
guerre mallieurRiise qu'ils so^iteoaîent de-
sng-lemps contre les Mégarieos pour s'as-
la possession de cette île, avaient défendu
décret t/iie personne , sous peine de mortf
r proposer une expédition centre Salamine. Ce
IX décret indignait Solon et lous ceux qui ,
e lui, chérissaient l'honneur de leur patrie;
ttenuspar la crainte de la loi, tous gardaient
ice. 11 imagine de contrefaire l'insensé , et
composé en secret une élégie pour animer
ncitoyens contre les Mégariens, qui leur
t enlevé Salamine , il court sur la place pu--
en faisant mille extravagances, et dénîta
èhëmence la pièce qu'il avait composée. Les
iens s'assemblent autour du prétendu in-
l'enthousiasme tlont il paraîi pénétré, les
1
46 s O L O K.
nobles sontimens qui avaient inspiré ses chants pas-'
sont dans le cœur des assistaiis. risislrate, proche
parent de Solon , ose alors prendre la parolç, el
pardon éloc)^encc il excite encore davantage Ta^
deur martiale que Solon avait allumée par aies vert*
La guerre (^)iitre les Mégariens fut résolue ; Selon
et risislrate furent nommés chefs derexpédilioQ,
qui, se terminant bientôt à Tavanlage diAthèneS)
lui assura pour jamais la possession de Tila de Sa*
lamine.
Ce succès et d^autrcs preuves que Solon donna
encorevfle son courage et de sa prudence lui ac«
quireut beaucoup de considération et lui gagné*
rent^la confiance de ses concitoyens. Âthènea, grl^
ces à lui, était tranq^uille au-dcnors; mais an^de*
dans elle était agitée de dissensions sans cessera-
naissantes.Lc peuple,ac.cablé de dettes et de miserai
désirait se faire de ce sage un reihpart contre les vexa-
tions des riches, ^Irce qu^il était homme de bien;
les grands, dans leurs discussion! avec la multitudef i
ne demandaient pas mieux que de s^en rapporter
à lui pour les terminer , parce ^u'il était ricbi
comme eux. Las d^une liberté dont ils ne savaient
pas faire usage, tous auraient volontiers sacrifiéci
dangereut avantage. La conjoncture eût été bien
fivorable à Solon pour s'élever à la royauté ; déj|
même ou la lui avait offerte ; mais Solon ne vaut ^
lut commander à sa patrie qu£ par la forqe de Itj
persuasion; il eccenta seulement, avec la charge dfj
premier archonte , la fonction respectable de doer^
her des lois à ses concitoyens.
Il laissa subsister tout ce qui lui parut au[
table dans le régime qu'il voulait corriger.
voulut pas trancher dans le vif et appliquer laeli
propos des remèdes violent, de peur. île -rem
tout TédiËce de Tétat s'il osait râ>ranler
toutes ses parties , et de ne pouvoir plusconsti
un édiûce régulier quand il ne lut resterait
: soj. (IN. 47
hn* matériaux (jiie iIm ili'comlirp.s. Il ne êf prr-
m ijue liur clinijj>('nifiM i|u'il cru! pouvoir taira
UiittT par f^triussion , on recevoir d'autorité, en
MMai la force k la jusiice. Aussi Jisail il, apréa
il^fUbli sa lé^isljiiDn : " J'ai donné aiixAlhé-
rlHeiis n'in |ps meilleures lois , mais li^3 meilltu-
l>»« ((ii'iis puisseni ifcevoir. "
fLr* piiivrrsdcil>an<)aient i grands cris le par*
^ ilea lerresi mais il trompa leur atlente. Il sen-
c déjà subsi:
p fjuc !*£ parlaee ne pourrait Vnpi
it de Ions li;s droilg de propriéic d
lqu'éi;ibli par la vinleiice il ne nourrail subd»-
■ que par de>«ioyeiis forcés. Mais si le léeisla-
pr ne nut latiiifiiire enii^remcnl la classe malhuu-
pM, il all^gfa dtuinoin3'3on sort en Aolis^anl
I dcllei: les paires s'appai^^rent; les riches,
nt les pauvres avaient menacé les propriétés , se
psoUreiit île ne perdre '(iic leuffB créances ; ni lei
k-iii les outres ne se simlevèrent. Si cette loi de-
nyftir* tionneur i Solon comme législalenr-,
%hA cm fit encore ^plus ronune pailiculier, car
loi qti'ilavaii pfiir'p lui imp>isa Volilifi.ilinn de
re la remise de summes lorl considéraliles qu4
F êiaient dues.
En abolissant les delhu présentes, il s'dfcupa
•elle* ()«i pourraienv^lre coniraciées par la
ifc;i) a^snra pour l'avi^nir la libcrlé du pauvre,
défendant la rnnlraiute yar corps contre le dé-
eur insolvable.
L'abolition des lois de Dracon fut une des pré-
fères'choses dont s'uecupa Solon ; il en con-
nra «eolemcnilesdispijisitions qui regardaient les
NiMriers. Homme ^^ige cl d'une vertu austère,
Ea^Ule d'indulgence pour les faiblesses de l'Iiur
NMé, l'archonte Uracoti n'avait su meUre au-'
■M gradation entre les différons délits; ses lois
1 prononçaient pour Ions qit'ttiie seule ^i mi^nie
we , la mort. AusN l'uraleur Dcmade disait-il
48 80L0K. \
avec rnîson que Dracon avait écrit aes lob noa
avec de Tencre, mais avec du sang. Quand onde* \
mandait raison à ce législateur delà rigueur deMf i
lois il i:épondail : « J^ai cru que les moindres
>» failles méritaient la mort, et je n'ai pas trouvé
» d^autre peine pour les plus graves. »
Solon s appliqua ensuite à réclcr les emplois y
les charges et la magistrature, qii il réunit dans les
mains des riches. Il distribua ceux-ci en trois clas-
ses , selon leurs revenus; tout le reste des d-
loyens composa une quatrième et dernière cltM^,.
Ceux qui la composaient ne pouvaient posséder
aucune charge de Vétat; mais afljl de les dédom^
mager de cette exclusion , il accorda et chaque ci-
toyen ei^particulier le priviléige de voter dans Fas^
semblée générale de la répumique. Ce droit i qui
lui parut d'abord sans conséquence *, devint dam
la suite fort dan§rreux , car les lois d'Athènes p^'
mettant d'appeler des jugemeos des magistrats dtr :
vant le peuple, toutes les causes de quelque impsCir
lance finissaient par être soumises à sa décision* •..
Pour contrebalancer l'influence delà moltîtildbi-
Solon imprima une grande prépondérance kVJke
réopage , dont les sentences n'étaient point saj""^
à l'aÀpei au peuple. Cej^i tique tribunal ^ 6$
parait que Solon fut le^mlaurateur, avak.«lM||r'
fois^ selon Topinion des Athéniens, )ugéei*ai
le dieu Mars. Les causes du meurtre ëtakol
temps immémorial, affectées k l'Âtéopagjtf:.!
((isbteur en multiplia les attributions, «Lié.
|;ea de veiller au maintien des lois et des»
il institua aussi un second conseîl,cûiD|
Ire cents membres, dans lequel on àiii
iaires avant de les porter à rassemblée _
*■ Après avoir établi ces premières, bises «
€00 t.tutioui Solon s'occupa de réglq|neiis>
cuUcrs. L'un -des plus remarquables iBSt sanil
tredit cette loi qui ordonnait qu^aucnn cilojcîi^l
£
SOLON. f^^
iTslSr nmlrr Janslfs leinp? de firtioTt: rfL^mn!-'
» lïtiilÎAn dpmncraiiqiic, 'dii un auteur itiorl^-ine,"
■ reudait peul-èrre cette loi nécessairp. Tl RtM( aïî^
de prévoir qup les irouliles seraient fréqued*
dans une ré|iobllqfie où le peuple «iiraii tant
d'occasion* ei tie moyens de S'agiier ; et'dan^
Ii's divisions iotfsttnes les liotinfie! gens' sont
portés à se irnir h t'éirarl ; indignéa corllre le»
de leur résister : ils ne senicnl pas combien leur
absence donne de force sus iuiri^iies îles ci-
■ toyenï lorbulens. Le législateur, en leur inlerdi-
* sant la neuirjlilé, les opposait ccinTne*;ne digue
k la fougue des citoyens ma! iolenlionnés ou
• Irompés. B
L'uïage de doter les Jeunes niaiiées fut aboli;
IVpoose ne d'ev.iil apporter h son ni.iri que des
tBels de peu de vaiéur. Le but de celte loi était
(Pemp^clitr ijo'on ne fît du mariape un traficï
Solon le- crrtiidéiait cotame un lied honorable
formé pour le bonlu^ur des deux épôHx él l'avan-'
Sa loi sur Iti ic^Iameiis Hil iorl estimée. Jusqutf
iTors il n'aciit | as tic permis aux Alhéûicns de
tester; tous les Iiicns du mourant d i aient npparj
l'feBi'r à SCS héiiliers naturels. Solon, qui pr.'ii'iait
râWTtiè à la pcrenlé, la liberté du cholï .1 t.i run-
fîimte, voiilui [juecbacun filllibre de liis'irr sa
Etrluneà qui il Tondrait. Ainsi les luends ré "pro-
^^es'qui unÎJisciit les iières à leurs en'ans s? rts-
imWent et s'affermirentdavanlage,en confirmniH
ft«orîté légitime des uns et Ij subordination nâ-
Wttllti'dcs autres.
L'A-réopage était cliarge du soiri d'examiner la
Sanïère de vivre de chaque particulier, el de punir
loiis ceux qui passaienl Irur ïie dans l'iiisiveté. On
te^ardail les gens sans occupation co:u rn' des es-
phlS lùrhulens, dangereux, arUcns pour les uout
Tome I, 5
1
So, • '5OL0II,
veaaUs, iàm l'etpoir d'établir tune «nt
dopent de ViUU A&a de rré' inconv^:
nient, un ffls n^éUU pai ol lige tic subvenir aux
besoins de •on père dans l'indieeore ou dam
un Ige avancé , ù cdoi-cL avail négtigé de lui don*
ner un métier dû nne occupation quelconaue.
'Soloa ne fil point de loi co tre. le [urricîde ; il nt
pouvait supposer la po é d'un pareil crime.
Si le sjitème général ae léf;islalion n'étallpat
Inui firappàat «fans son cnsemlile que celui et
I^urgue, ilnelaisHpas de solisistcr encore long-
temps , et sembla acquérir un- nntiveau degré de
force dans son exécutioii, Les lois cÏTilea et cflnt-
nelles du lëgiiUteurd'Alhènes furent touinurs re-
gardées comme des orarles par les Alnémens,
comme des modèles pour les autres peuples. Plu*
sieura étab de la Grèce s'empressèrent de les adop-
ter. Les Romaïas , fàtigui's de leurs divisions , les
ont appelées i leur secours ; Ils les respeclèrenl
long-temps , et Justinien put en consigner en-
core quelques-unes dans ces codes immorlels qui
ont servi de base à la plupart des légisIaiioiK mo-
dernes.
Solon , pour ne pas révolter le caractère indé-
pendant des Athéniens par la perspeciive d'un
|l)UK étemel, n'eiieea l' observation de ses lois que
pendant un siècle. ^prés que les sénateurs, les ar-
chontes et le peuple aV furent engagés par ser-
ment ,et que sa l^ialation eut été rendue publîquti
il s'éloigna d'Athènes pour se soustraire aus tjut»-
tioni importunes , a^s ciiiiques des uns , aux em-
Sortemens des autres. Il savait Iron , comme il U
isait souvent lui-^bâcoe, tju'il estthfiicile de plaire
i tout le mond^
U alla d'abord en Egj'pte , et y jrrquenu lu
pTlitres, oui passaient pour être en possession dei
annales au tAoode. Un jnur qu'il étalait It teuri
yeuxlesincieniKiliiidilUinsde U Grèce, a ^-'—
SOLON. âl
B Soinn, dit gravement un de ces prêtres , voui
» autres Grecs vous Ères bien jeunes; le Irmp»
» n'a pas encore blanchi vos conn^iss.inccs. >• En
CrHe d inslruisît dans l'art de TÔgner le souve-
rain d'un petit canton, nui signala sa reconnais-
lance en donnant k sa ville le nom de Salon.
Le législateur d'Allièitcs alla aussi à la cour
de Crésus, roi de J.yJie. Le prince s'ofTrit à s»
yeux dans louL l'éclal de la royauté, couvert des
habits les plui magnifuiues. Sulun parut peu sur-
pris lie ce faste, quoique nouveau pour lui. l'our
vaincre son inJifiéreiice philosophique, Ciésus or-
donna (]u'on étalât devant lui tous ses immenses
trésors. Quand Solon les eut vus cl suffisamment
considérés, le roi lui demanda s'il avait connu
quelqu'un de plus lieureiix que lui:nOui, prince,
• dit Solon ; c'est Tl-Uus , J' Athènes , homme de
• bien, qui après avoir vécu honoré dans une ville
" florissante, et élevé des enfans beaux cl vertueux,
M «terminé ses jours d'une manière éclatante,. en
• combattant pour la pairie. « Crésus, élonnë que
le philosojihe ne comptât pour rien ses richesses*,
mais ne Jéïcs]iérjnl pns d'oblenir la sivooile place,
lui demanda î qui il l'assignai) : <• A Cléobis et Bi-
a ton, d'Ar^os, deux frères modèles accomplis
» d'amour fr^ilornel et de tendresse filiale. Un ji.ur
» de fête la prêtresse leurmciedevaitaller au Lemi'le
■• de Junon; comme on lardait à lui amunr ses
» bœufs, ils M' mirent eux mômes au joug, el Irat-
■ nérenl lecliarUe leur mère pt-ndant pièsdedcux
■ heures. Tous les assistans. ra-isembléa autour de
» ces deux jeunes gens, louaient leur bon ns-
» turel, el lélirilaienl la prêtresse d'avoir de tel*
■ enfans. Celle-ci, comblée de jojc , pénétrée
■ d'^Uendrissemeni, |iria la déesse d'accorder à
• tesTils le plus grand bonheur que pOt obtenir
■ un mortel. Cette prière achevée , Cléobis et
" Biloa ■'eudoroiiient du plus doux sommeil
S*
52 SOl.O K.
9 (lins le ternplc , et no. se r<^vcillèrent pins.
» Pour honorer leur piété, la ville d'Argos leur
» consacra des statues dans le temple de Del-
» plies. M — « Hé quoi! reprit Crésus mécontent ^
M VOUS ne me comptez donc pas au nombre det
» heureux? » — Solon, qui ne voulait ni le flatter
yr. ni Taigrir davantage, répondit : « I^ philosophie
j» dos Grecs, simple et hardie, quoique sans faste
» et sans ostentation, est pou propre à la couf
» des rois. En nous faisant voir la vie humaine
» agitée par des vicissitudes continuelles, elle ne
M nous permet ni de nous enorgueillir des biens
M que nous possédons , ni d^admirer dans les au*
» très une félicité que le temps peut détruire.
X Chaque jour amène pour nous des évél1^mcns
n nouveaux et imprévus. (]elui à (]ui les dieux ont
M accordé jusqu^à la fin de sa vie une prospérité
M constante e^t le seul que nous estimons heu*»
>i reux ; mais pour Thomme dont la carrière n'est
n pas achevée, et qui dès lors est exposé à tous les
» malheurs de la vie , son bonheur est aussi in-
M* certain que la victoire Test pour Tathlète qui
i) combat encore et que le hér.iut n'a pas proclamé
M vainqueur. » Ces paroles, dont la vérité ne de^
vait que trop tAt se vérifier à iVgnrd deCrésilSy
ne firent que Tindisposer encore plus contre Solon,
3 ni, voyant que sa fianchise républicaine était
éplacée à la cour de Sardes, ne tarda pas àquit-^
1er la Lydie.
Esope , si célèbre par ses fables , se trouvait alortf
auprès de Ciésus , et en était traité favorable^
ment. EAché du mauvais accueil que Solon enaVfeif
reçu, il lui dit par forme (Favis : <« 11 faut ou tié
» point approclier des rois, ou ne leur f aîr6 en'
M tendre que des choses agréables. »•*<*•« Dittfteilu-*!
» tôt, répondit Solon, quMl faut ou ne les pomf
» approcher , ou ne leur dire que tles cnoseiT
u utiles. » Le- mot d'l£sop& était â^un* court iftaHa;*
celui de' Selon d'uu homme libre.
taleiis , il s'élait rciiv'u célèbre par les vic-
î (ju'il avait rcni|)tK !écs sur les Mégariens,
c, insinuant, on le voyait loujours prêta se-
r le faible, à épouser sa ^use; sage cl mo-
envers ses ennemis , mais ])Ossëtlant à f<>Djd
de la (lissiniulilion, il aurait,, comme Soloit
i disait à kii-iuem<i, pp séJé Iputes les vci^
'il avait :pu déraciner de s^*n âme c>».lte am-
n démesurée dont il éiait dévore. Il se dé-
ii en apparenre le défenseur de l'égalité , le
icteur des lois éi«iblies, et Tennemi de toute
t^atiOQ , tandis qu'il ne cberchail en elTet qu'à
*r une rëvdluiion dans U république , et k éta-
lon autorité au mépris des lois et de Tégalité.
luititude, trompée par ces fyus. dehors, se-
ait avec zèle les vues de Fisisirale., et, san$
liner les motifs de sa conduite, elle se Jais*
londuire aveuglément vers la tyrannie,
sistrate était à la veille de voir réussir sespro-^
irnbitieux ; le retour de Solon fut pour lui un
»ux contretemps. ïl n'ignorait pas que le légis-
r pénétrait ses desseins , qu'il allait s'y ôp-
r. il usa d'abord de toutes sortes d'arlificeg
Im rorlior nu il icr-^ifaii n ii rA\rantr» • maie, n*»
54 SOLOU.
tures légères qu^il s^était faites lui-même y
mande à haute voix justice comme un l
qui venait d'échapper au fer de ses ennen
n'avait, dit-il , attenté à ses jours que pour
nir d'avoir embrassé la défense du fSeuple <
démocratie ; il demande des gardes pour
reté de sa personne , et finit par en oblenii
gré les efforts de Solon pour détromper le
xriens sur ses desseins ambitieux. Bientôt i
s'empare de la citadelle. Solon, malgré sob e
vieirfesse^et l'indiflÈrence générale, se ren
core sur la place publique, et, reprochai
force aux Athéniens leur imprudence et
cheté , il les pressait vivement de ne pas ab
ner la cause de la liberté : « Avant ce jou
» disait-il, il vous eût été facile de réprima
» rannie naissante; maintenant, qu'elle est
>• il sera plus grand et plus glorieux de la dé
MaiSj yoydnt que la frayeur avait saisi tou:
prits et que Ton était^sourd à ses exhortati
rentra chez lui ^ prit ses armes, et les posa
me, devant sa pone, en disant : « J'ai <
» autant ou'il était possible la patrie et lej
Depuis il abandonna les affaires. Ses amis I
seiliaient de prendre la fuite ; mais Solon ne
pas les écouter : comme on lui demandai
pouvait lui donner tant de confiance , « B
9> lesse, » répondit-il.
Cependant Pisistrate , après avoir tout s
eût regardé sa conquête comme imparf
n'eût point fait ceUe de Solon. Bien instrui
ductions auxquelles un vieillard résiste rai
il lui donna tant de marques de considéra
l'appela si souvent auprès de sa personne ,
ce législateur devint sou conseil. Il est ^
Pisistrate maintenait la plupart* des.insi
de Solon , et qu'il était le premier à les o
C'est à lui que les Athéniens durent cette]
SOLOK. 55
faisante qui ordounatt que les citoyens inuliles à
U gaerre fussent nourris aui dépens de l'état.
Solan ne survécut qu'environ deux ans k la perte
k ia liberté de sa pairie; il mourut dans l'!l« de
Ch)^re , âgé de qnaire-vingts ans, admiré, regretté
de la Grèce entière. Solon joignait plusieurs ta»
lens au mérite de législateur. Iffut si grand ora-
teur , que Dicéron fait remonter à lui l'origine de
l'éloquence dans AthËnes ; ilfut doué d'un si beu-
rmx génie peur la poésie , que Platon prétend que
l'il eût été libre de s'y livrer tout entier il eût
fnil-êtce partagé la glou-e d'Homère et d'Hésiode.
;5Ç MlIiTIADR.
MILTUDE,
GÉNÉRAL ATUEN 1 tN.
IJ HE antique e\ glorieuse origine, des 4al
périeurs relevés par une rare modestie re
IMlilriade Fun des citoyens les plus recom:
blés d'Atliènes, long-lernpsavnnlqiKfia jou
Maraiîirtn lui eût acquis une gloire iminorl
vers Tan .%o avant J.-C, il était fils puîné
mon , noble Athénien , .Vieul de Tillustre <
dont nous tracerons aussi la vie glorieuse. S
avait un frère utérin, nommé aussi Miltiat
souffrant impatiemment le pouvoir des
de Pisistrate , avait été s'établir avec une
dans la Chersonnêse de Thrace , où il (
pelé par les habilans pour y être roi oi
Stéfagore , fils aîné de Cimon , y régna
Après sa mort , les enfans de Pisistrate ,
d'Athènes , lui donnèrent pour succcss
frère Miltiade , qui est celui dont nous ]
mais.ce fut moins à sa naissance qu'à so
que Miltiade avait dû cette distinction. C-
nombre des nouveaux colons qui devait
s'établir en Chersonnêse était fort consi
et qu'il fallait en outre combattre les Thra
avaient profité de la mort de Stéfagore
rendre maîtres de celte contrée, le choix
néral avait paru assez important pour qi
rapportât à la décision uc l'oracle de 1
Mdtiade fut désigné par la pythie , qui p
ce choix assurerait le succès de l'enirepri;
, Miltiade s'embarqua donc pour la (
Htbtt&P-K. 'S-j
nhe , i b têfc d'uni- Iroopu d'ciitc. Ariivc snr U
«4l( Je Lemnos, il vtiilui soiimeKre co'le ilr à la
domina tiiiu des Allu-iiieni. Il Cn sutnitifr k'a Imlii-
t>ii« <lt^ SL- r&ndre sam ré^i^i.iMr.i- ; riisi^ iU lui ré-
piidtjireat par dérision lu'iU li'. fiTaiciil lorsnn'il
wra!t veau de son pays à Wivnos avec l'Ai|uilan:
ilïMvaieiU ({ueqevedt. qui «Vl^vt^ du scpIvnIrtoH,
jlutl coiitriiire au« v.it5Se3"X3tlt^ffii-nx r^wi (iiM licnt
rnmcvrrs leurîli?. Wjliiadc, u'^y^iit jui le loisir de
l'srréler. on plulfil ne voulniil pas mijner de di-
ntiauer le* forces cjui iiii l'iuiml llPl^^•'^^,lllr^ pnitr
tointHltre les Thraccs , ['niiiiniu ts. rnutn, uipn
.fiiolu de puoir qiiei<ja« jour l'iiKolnDcc do*
i^.iau'ieas. . ,
Ani>C Cl Chwsmnàse , il dhii on peu Je tenvps
le» liarltarrs , s'empara de tuul U^a^j, el liSlit
dm furis dam les lieux av.inlageux. Lzi mitUi'uJe
^ui i'avail acrompagné s'élaliUl Jms ivt camp-
(oes, et les feiùlisa par son inJuslrie. Milliade le
fit Jiifintjil i )« léteid^uRCi colonie fionuaate ; il ea
rc^la le ^oovernenKKt •paj' les plus ^wiifs lois , et
rwolut de le fixer dans ce [.ays. U se fit un mile
allié d'Olorus, l'un dfs Mas" puissans rois de la
ITirace, qui lui donna sa fiilc llrges^le en ma-
■ûge. De celle union na.juit llimon, qui devait être
1ID jniir l'un des plus gi^nds hommes d'Alhénes.
Miltiade jouissait p.irmi les colons de l'auloriié
tayaie , sans avoir le litre de roi ; son élêvatioa
a'^'ail pas fondée sur la violence, itt^iis Ihr l'é-
t|uité de son gnuvcrnemcrit : d'ailletir-s , toujours
fidèle aux iiitén'-ls des Athéniens , U eUit niainleiiti
dattl te souverain pouvoir autani par eenx ({'li I a-
nient en^yé que par (eux ;i rjui U cfiiTiiti.iLiilaJf.
Des ijiic les forces ile la roliriii' pun'itl lui per-
mettre de tenter qurlipic cx;iedi(i<>ii au deiior-, d
ne tarda pas à doniiri à Ailleurs une itlmv c eii.i-
lante d.- son allacheT..enl. 11 se p;eseoM d«'v.int
Lemnos , cl c.i^ea dw iiabiu.u q^ids lui U>raï.
56 HILTIA
tent leur rille. mIod leor prai , iuItt|ti*Ui ■
■'fuient obltgff de «e rendre i liu r| 1 le rent ■
du Tiord Viurait porté de aon j>ayi vt-n \e leur. I
Lr9 Carieil , alori tnittm de l^iininoi - ''
d'e lûn arrirée 'lubite , n'osèrent se d<-f
•onir de l'tle; non qu'ils iV crussent cn^i(|ds paU
leur parole , maù parce qu ili ^micnt ^ptiuvaiillL
i» la lup^rîorin ' dri ennemù. Ce fut avi-r 1^1
mhne bonheur et presque avec l.i mArno faiilitil
que Miltiade loumU toutes les tUs Cyrladci. 1
Vers celte époque Darius, roi tien Pcisea. \
entra en Europe pour atlaqMer Ici Siyilieii itj
passa l'Ister sur on pont de bateaux qu'il avuit fat*
construire ; maïs comme il vit qu'il serait obli
de délanh^ de aei troupes un corps considérai
poar le earder , craigniot d'aftiiblii- son armée'i,
il avait dessein de le rompre. Un J» ses oOiciera
lui représenta qu'il était pmdfint de se réserva
cette voie de retraite en cai de quelque accident
ficheux ! Diriiu approuva cal avis, cl confia U
farde du pont aux chefs des Ioniens cl des £»lieni
oui l'avaient suivi, avec rmiaiion de ri-inurner
cbex eux au bout de deux lîa s'ils no le voyaient
pas revenir.
Conune aucàn molîf de rinlilé n'avntl encore;
Maté entre la Grèce et U E>ersn , Milliadc avaît^
pu , sans Riaaquer i aes deroira de atoycn , or '
■es scrvicea I Darius; auaai éuit-il du nombre
fheh tfbmiBÎs à U garde du pont. U'ailleurs,
capable de réaîiter au roi de Perse avec les foi
^ sa petite colonie, il est probable qu'il ne ,
joignit i lui qoe parce qu'il penaait bien que Dai
rius l'aurait puni de garder là neuiralilit ; Miliiado
aima mieux encore , pour son honneur et poar
celui de sa patrie^ paraître rauaîllairc du graïf*'
roi que de a'expoier lu danger inévitable oe di
Tenir sa conquête ; aussi aUonB-nou.1 voir qu'il
fiât pas pour'Dariiu uq allié ■•» rnii'K
MILTIADE. 5g
_ Déji les deux mois étaient expir^; des cour-
lïers venaient chaque jour annoncer que les Psrscs
n'éprouvaient que des revers ; que , piessés par
les Scvlhes , ils fuyaient de toules parts; un corpj
considérable de Scylbes s'était même présenré à
l'embouchtire du Danube pour exhorter les lo-
lliéus à rompre le nont et à retourner chez eux.
L'occasion était belle pour eux de recouvrer IcUf
Hberié; ils pouvaient, sansnianqucrà leur devoir et
1 leur parole , suivre le conseil des Scythes ;
Darius, cerné d'un côté pai» se^ftnnemis et de
l'autre par le fleuve, périrait avec touie son ar-
mée, on du moins , s'il échappait, il serait à ja-
mais hors d'état de lormer une pareille enlre-
prite.
Ou mit l'afTairecn délibération, Mîltiade , plus
sensible aux inlérËls de sa patrie qu'aux avantages
^'il pbuvaiL espérer pour lui-ménie en se mon-
Iraat zélé pour la cause du grand roi , fut d'avis
4e donner satisfaction aux Scythes , et de ne pas
hisser échapper l'occasion d'affranchir l'ionie de
la servitude. Mais Hisirié , tyran de Milet , repré-
senla i ses collègues que leur fortune était liée à
celle de Uariuf, et que c'était à sa protection
qB'ils devaient l!«utoriié dont ils étaient revêtus ;
que si la puissance des Perses venait i s'affaiblir,
les villes d'Ionie ne manqueraient pas de chasser
leurs tyrans , et de s'ériger en républiques. En-
traînés par des motifs aussi peu généreux , lea
che& des Ioniens résolurent d'attendre Darius.
Hilliade, prévoyant qu'il aurait tout à craindre du
courroux de ce prince , résolut de quîlier la Cher-
sonnèse^ il fil embarquer sur cinq trirèmes une
partie de sa fortune, e> mil à la voile pour Athènes,
Attaqué eti route par dËs vaisseaux phéniciens,
il se sauva à Imbros avec quatre galères qu'il con-
dubit heureusfmonl au terme île son voyage;
Hétiochus, son (iU aîué , qui commandait la cin-.
l
qoihnc , toab« entre In aatnK di
^ui l'araenèrant prisonnier JEqiioi
rius l'accueiliit svec beaucoup (]!■ 1:
gagea par ses hienTailsi sefiier ^m;
I Ne voyant plus ri«n âconqi::':i[ (Il Asir^, Di
rius porte SM regards rtn I'Ëuio{k> ; iti^jâ la )ls^
«édoine et la ïlirace oui subi \p joug. Il l>nllR*Â.
souiiiFttie la Grhcc ; bientAt la \(>ii|;p3iirc- Vsnhitt
aoiilre ce peuple qtie son amliitimi riHivciito. Ln
Crées fïvoris^^lesrëvolies ci.,iiiiiiivUi-s ci l's Io-
niens; des (rd^psilhéiiienncs, {omlo'i l'iriHextlea
rebelles, vont incaadier Sardes, l'ittic tU-splns ttAt
poriaiites Tilles- dei'empire des Pitsm, Avant ilfe
tirer raison d'un-parcil Outrage , Daintis iiiel d'f-
b.Td ses soins à terminer la guerre dbrili ' "
Ioniens. Au bout de quelques nnnêes ', )1or
entièrement soumise et pacifioc ; MardonidS,
fendre Ju roi de Perse, se diri^<? vct» la (ir^ce, ^
U tête Je loniesconsidéra s. L'eip édition ne fut
pas hrurcuie,^: une *io e''leiTTpi''tp ny»M fate
périr une partie' dcisHi' v; ir.iin contre \es it^
«bers du mont Athes', ^et iFallluarcs aynut taiUA
en pièces son armée detene, RlarduoiusL
blessé , bnri d'éiat de tenir la cAnpngne , reprl
le chemin de Suze , couvertvle confusion t-t ^
reproches , après -s'ôtre aussi mal eoiidnit sur leii
que sur mei^
Ce désastre ne put refroidir le resseniimcnt 1}
Darius; il eovora des hérauts J.ins t unies les villi
de la Grèce demander La terre et l'eau ; c'éi.-ilt 1
f.irmule eniploj-ée par les l'.rsrs pour exig*
l'hommsge des nsliona, La pKi[).ir! nccurdfiri
«ans hésiter ! Athènes ei Lacéi-li'nmiii- rcTusérei
mais ces fiers républicaâni soi|illvr<'ni I.1 {-kUre
leur courage par une vislation in.inili'sle un dm
des gens; ds jetèrent d."' ' ' '- '^
ambassadeurs du roi.
A cette nouvelle ] xeooaitaisiia
m.- fosse pmfoi.de Ijl
taisiiaal l'ii^pérîtiu Ara
1
Mn,TIADE. 6l
HnrJotiiu.ii, Djiiiuililiïr^tra Jt^sa vcn^r.inrc DAlis,
Uèile lie iialiitu, t-l Ai tupliiTiii' , sixi tiroiirc ni<'t'
mu. tin nvaieul mut, Iciir^ urilvci mit! llold' Je s\k
tenu vaUscaiix , iinr annt^i! <ln lii'ux viml mille
lommt-9 d'infartleriL- H <l>- .lix mille rli.-viiux ; il.
levai^iiLloml)!'!' sur Ailiènc* ol i^r^im, rjui s'é'^
lAÎl lifijiKie avu': elle, ilf^nuire ci^s deux villes de
ônd INI rnratilt! r et rn aniunvr i Darius |i» habi-
IjtlU'CllAT^tlJe cllOtufS.." , 'I
' Eil'éilie, «pr^i a'JVTf!i*iAOuraii»rmcnt d<<i&tKli'e
pendant «ix jwurs, fut \>nw |iar U tr^Hibon de
ÎPRlqucx iiiiiili!>ef |iriiirîpiittxciliiyi!iit. Lf.fiRtnpIpi
ireul rafc^.t, le( pcunltrs mu mix (en \ et i» flotU
lynut Biissildl eLordé tut kn cAtct dr rAtlique^
k«» l'erse» niirtoLpird i [erre, au nninbrc de œnl
Mkhiî li'IiiiTnmc*, .iiiprèndu bnnrg du Marathon.
tWigné d'Ajti^HM d'r nvnoH i;ectl quaratilc itadeif
Kl cam|)^n'i)t iaùs cet endroit.
L« Attu^iiifns, toiijmiridivisdï l'ntreciuquani
it« n't'uii'iii tiicnacii.s (l'aucune t!Uerra^ruug^r«i
iiiililii'Ti'Mi l^'iirsfitiorvUiislotiniu'df vit'ont rfnnenii
,v"nr.:i' .. h'urs pnrlrs; ils r,T-M'tiililiVcnt loiiles
Itfiirs fiir.cs avui: une promi.iiludi: jdiiMr;iblc-. I,<-»
neJf iniU,- lioinmes ; m:ils a- >,o.nl,H: .'■u'il Ici., de
leur (Kiraîlre suHisant. Ailleurs av;,ii di^jà imploré
i'assislnnre di'saiiires pr'ii|ili'sdf l,i liriVc; i^iiiis los
uns s'.-t.iieril soumis à I);.i-iiis ; 1rs .■iiilrcs Ivrm-
blaiciitauseidiiomd.'slVr.s.>s. i.^.^bl.^■ns,■■.dsen-
voy«■e..lm,l^.^,<,Mum.s.l.p
avaieiir admi:
i,t'"
irnllia
[in- .bus i<
leui'étuiLoiK
e;U.Li.
''"''■"'fi''
couriiri'iii il
( epi
-OII%'.
.Ml L, r,T
l'IaJëc.is. AlIléN,.
.1 atlcii
dai< d,- S,
,diiM»ii^^--""
;ni.ii
,s!as„|
|.rislilii)iii
iux Lré.l.',,
■ns de
se iiierij
avant la pkii
II.' lu
ne.
l.'a.iuti« .i
Ubcirieniio
loarcba -
6fl MthTlkBM.
jeulenent nombreoM de dix miDf iiloMt^^
^it conduite par dix généraux gui: micali '
mander alternativement pendant Ummjour r j^
trop peu de troupei et trop de cbefib llaiÉ fi}$i^
permis de ne uas désespérer encore de la^f^(
parmi ses généraux se trouvait lliltUde. Lf
qu'il avait long -temps soutenue avec a|K
avait acquis une réputation brilknte{ il élatt-^.
condé par deux hommes plus jeunes qof i^^À
qui promettaient de le rempuscer.un jour «
ment, Aristide et Thémistode. Le preilner,
nous dirons la vieaprèscellie de Miltiadot liât le]
juste et le plus vertueux des Athéniens : le ai
eut des talens plus {grands et des vues |dua
dues qu'Aristide; il aima la gloireet aar patrie;:
il ne fut pas toujours assez scrupuleux Mr
moyens d'acquérir 1,'une et de servir rsiutre* :^j
A peine les Athéniens furent-ils en méieàté'^
rennemi qae Miltiade proposa de Tattaffd
quelques-uns de ses collègues appuyèmil
1>roposition ; mais les autres craignaient d'er^
a patrie aux hasards d'une bataiUe. QueBe»
dence ^ disaient-ils , d'aller, avec fine yc
soldats , à la rencontre d'une armée 4ut
nombreuse ! 11 faut du-mobs attendre le
des Lacédémoniens» Les avis étant
restait i prendre celui du polémarque,' an
la milice , pour ôter l'égalité des anfiRnagea*;
tiade lui représenta avec vivacité que le eott'
patrie était entre ses mains : « C'est de ràûài
» ô CaUiinâque,aiouta-4-il,<{a7el% attend^
» tinée ; un mot de votre bouche va fm
» votre patrie dans la sei jpide ov lui col
» sa liberté. » Callimaq aonna aon nd^
la bataille fut résolue.
Aristide , et les autres généraux « J $ou \
cédèrent à Miltiade Tbooneur de coabaâi
comme au pUu habile^ . Ik' «v^ieat ^ugi.
j»'
HIX.TIADE. ÇS
txlnnent ainsi partagé ne pouvait s'aUifV (
elle luile, celle uniformité de plans et
lion qui sont ïniIis^tensablM dans les opé-
miliiairei, el qui seuls en assurent le suc*
lis pour ménaeei l'oiguei) de sescullèeues,
lettre à l'abri Je lout reproche en cas de fit-
■▼ëflemens, Miliiade ailendit le jour qui la
tle droit i la tdie de l'armée.
>ur venu , il songea , en habile capitaine i ^
par l'avantage de la position ce qui lui
lit du câtë du nombre. Il rangea sou armée
I d"unc monl.igne, afin tjuç l'ennemi no
ivelopper ni le prendre par les derrières;
er sur les deux côtés Je grands arbres qu'il
it fonpei- exprès, afin de couvrir ses flancs,
endre inutife la cavalerie des Perses. Les
5 furent placés à l'aile gauche; Callimaque
ndait la droite ; Aristide et Thêmislocle
au centre , el Miliiade partout Au premier
les Grecs franchirent en cauraut l'espace
ivparait de l'ennemi. Les Perses, étonn^
enre d'altaijue si nouveau pour les deus
, regardent d'abord rini])étijosilé des Athé-
imme un accès de frénésie ; mais, bientAt
pés , ils opposent à cette impétuosilc une
Aus tranijuille. Le rombal f>il long et opi-
AlUliade avait porté toutes ses forces sur
i ailes de son armée; celte savante dispo-
diminuant beaucoup le 'désavantage da
imbre, lui procura la victoire. Sa droite
i les ennemis dans la plaine , et sa gauche
ia dans Tin marais qui offrait l'aspect d'une
, dans lequel ils s'engagèrent et restèrent
gés. Cependant le corps de bataille des
que , par un effet de ta même disposition ,
; avait dû laisser faible et dégarni ^ < ommcnd
iliersous les efforts des Perses, malgré U
répidité d'Aristide et de Thémistocle. Les
^ bm4ti
éfeûx ailes t^^tbtïettMgsurvii e •cémfvi
nemi à reculer ; Hù'à moment sa k> il^vièd
gétiérale. LeiPenn; r.poussés 4q toits cAl^jt,»
trouvent d'ui1(^'.que dans leur liolte, ijui »>(■
approchée du riya:ge. Le vainqueur !<■« ptiurani
léWetlatlanibièilaniiiin, jireiuî , bvâlcet l-ooI
ifond ploweMrjd* leurs vaisseaux: Les Ath^ntCt
en prirent sept? ils lo^refti à l'#(inemi'riiviron iT
ifiiUe quatre cCïiti'ïiéinTnes. Leur perle se mon
H cent quatré^YingWiiiiz.e héros , car il n'y eaeT
pasun quineméritâtcf iiom.Milt.,-iJe y Tut bleM
Cstliiiia(|ue y périt en taisant dt-s piodigi-s de-v
leur; le lyrao Hippias perdit aussi la vie à;
cette bslailltt , en cutnlialtant corttre ses cou
tbyéns pouf recouvrer l'injuslt: domination t
PUlstrate son père avait usurpée sur eux,
^Le combat Snisiait fi iieme ; un soldat, èvà
tpuf (umai.l du sjiiig dis enfl.^nis , oxcéa^'^
fatigue , Wma le pr.oji't df porK'V le prCmiier'l
nourelle de la victoilK a feu rou' ilnyens , el , uil
■lâilter'ses arrnés^ il toiirt , vcle , arrive devant H
liiagUlralJ:" Héjoi]îis<:>2A'oii«,'dil-ii, nau<;5on):
vaipfjucurs ", el'ii ionilie' mort à leurs pifds; '
Cepeodaijl' cette 'ViriLiii-p eilt clé. funeste a'À
Grecs saiis.raclîviië llf Milliiide. Uaîis, ^-àiri^^
tjiàîs encoi'e/h'ieii Mus fort n\i(- IcÀ' \:airiquctti'i
cQnçoil'l'espfrtiiçè lie surpu'nd^e Athfenes, t(i/
croyail'sans.défetfs^.'Mais MUiiudea soupçonnât
projet 1 il se met en'in&rclie , il se moniic soxis U
mura 'd'Atltënes le' jour mfme (|ue l ennenr>i ail;
débarquer, Dalisjdïcoiîrerlé' ne jugea pas A prdp^
qç risquer l'àttaqui^', Itvj l'ancre , el lit voilb Val
4Âsie.- ""■'„■■ ■ ■■
Plalop, qui s'att^cliê souvent i relever la glili
de'lk journée deMaralhon , la regarde comme'
Ciuse de loiitei IcsTiclotrcs qui ont étérempottll
de|iuis. Kn effel, c'eitrilc quidissipa cftle lerï '
aveugle qu^jîi^ilaiît' la ^luissancu Ues feries |'t
M I L T I A D E. 65
Ulc qui rè.vèh aux Grtn le secrc) de It^urs farces,'
'Icurappritâne pas Ir^mbler dcvaol ud fiiuic-
lin'aviiitde (erriule et (i'inipoiantquckriom;
Ue tcnr fil voir que la victoire ne dépend pAS du
nnibre, mais du courage , el ^u'il n'esl rien d'îm-
p»ible pour des hommes animés de L'amour de
i. pairie et de U liberté; c'est elle enfin qui mît
tfis loul son jour la gloire de l'héroïsme , et
KfMra aux Grecs celle noble èmnlatioA qui fît
ge pendant si long-temps les vainqueurs de Mar
Ithod eurent de dignes successeurs.
Lies Âthénieni n'oublièrenl rien pour éterniser
!»onvetiir de celle victoire; on fit des funérailles
onorablesà ceux qui étaient morts dans lecombât.
Il Irars noms furent gravés sur des demi-colonnes
levées dans U plaine de IVIaraihon. (lien de plus
Boble el en même temns de plus simple que la
técomponse nue reçut Milliade ; Polygimte, célèbre
a>tUtc, fui cliargé de p«indre la liatatlle de Ma-
rboD aous UD ponique appelé le rcG)l«,-«t'da
représcnler dans In tableau k Ib léte da tes GaI*
Wçucs, ilaus r.TlliUide d'un gpnéral qui harangue
troLipts et qui les inètie ao roinlul. Atheni-s ,
rs pauvre et vertueuse, réconiptiisa ainsi son
éraleur; el quand ce mi'me pptiple vil ses ri-
-^sses s'accroître el ses mieurs se corrompre , i\
Hcerna plus de trois cents statues à Uémclrius de
Ikalëre.
CepenJanl, quoique la reconnaissance des Allié"
SOS fût sincère, elli' iip fut pas de longue duréti;
"avaient élevé Mîliiade si hsul , qu'ils commen-
rpni i le craindre. La calomnie I anaqiia , el fut
fadalée aviilernent ; oti dtivait bieniùt voir MiJ-
bde au nombre de ses plus illustres v'iclimes :
' faus'^e démaixhe de sa nari fournit à fie»eune-
rucc^sion delepeidre. A près la bataille de Ma-
ton d ;.va>l demandé et'olUenu une (lotte de
isttiBte dot voiles pour aller punir et soumelUe Ica
Tûm4 i, t)
66 IIILTIADX.
fies ()ui frétaient dédarëes pour les barbares
en avait fait rentrer plusieurs dans le devoi
il devait échouer devant Yîle de Paros.
long- temps il la tenait assiégée, et même il <
le point de s'en rendre maître , lorsque c
qu'on aperçut dans le lointain firent crc
assiégea ns et aux assiégés que la flotte é
venait au secours de Fîle. Miltiade, se sent
faible pdir attendre les Perses , blessé d'aï
ne 'pouvant agir , leva le siège de la place , >
la roule d'Athènes* A peine de retour , il es
en jugement pav un citoyen nommé Xanti]
Faccuse d'avoir levé le siège de Paros par tr
et de s'être laissé corrompre par l'or du gr
Quelque peu vraisemblable que fftt cette
tion , elle prévalut contre le mérite et Fini
de Milliade. Malade des suites de la blessu
avait reçue devant Paros même , en conc
pour ce peuple qui allait le condamxier, 1
accusé ne pouvait se défendre lui-même ; Tis
son frère , parIa*pour lui. La multitude ,
par les ^ennemis de Miltiade , le condamn
précipité dans îa fosse où l'on faisait p
malfaiteurs; mais les magistrats eurent I
de cet infâme décret^ et la peine fut co
en une amende de So talens , somme à ]
furent évalués les iirais de l'expédition de
Hors d'état de payer une somme si consid
Miltiade fut mis en prison , où il mourut
des suites de sa blessure.
Telle fut la fin de ce grand homme ; ma
moins sa perte â sa conduite au siège de
qu'à son mérite et i sa haute réputation,
que Pisistrate avait usurpé la tyrannie en
servir ses Ji^ins à ses projets ambitieux , le
niens reddhiilaient tous lés citoyens puissana
tueux ; Miltiade rappelait plus que tout i
souvenir de cet usurpateur , par cette doi
ITT
H I L T I A D G. 67]
! aftabîUté qui séduiceni toujours la nuJtitude.'
e leur semblait pas possible ou'il pût ?accou-
BT à vivre en simple pariiciJier, après s'être
li long-tempE à la l^le des armées et de la
iblique, et surtout après avoir exercé l'au-
é souveraine dans b Cbersonnèsc. L'habitude
Dininandement devait, selon eux, exciter son
îtîoD ; aussi aimèrent-ils mieux le punir inno-
, que d'avoir toujours devant les yeui un tel
t de crainte. Il serait difficile d'excuser une si
[rge politique , et te fui constamment celle
ihèoes. Heureusement pour elle les fréqueni
nribles exemples qu'elle donna de s tm ingra-
te et de son înjusiice ne purent décourager la
a ni arréLer le' zèle de su condlnyens pauc
patiie.
68 A R I s T IDE.
ARISTIDE,
DIT LE JUSTE.
i*
A R I ^^ T I D E , fils (le Lysimac)iu« , naquit i
Alop^ro , bourg de TAtiiqne , Tan 55o avant
notre tVe. Il étaîr J'nnfi des premières familléf
d\\thèries, el quoiciiril s'adonnf^r toute sa vieaus
anaires publiques , il resta constamment pauvrti
Daus sa jcMincssc, lié de la plus tendre amitié
avec (^listhène, Tnù nvait beaucoup rontribué è
rcxpnlsioii des l'isislralidcs vl au rétablissement
du gouverncmeiil républicain , il se forma sur li
ïuodébî de ce grand homme, el devint comme lai
l'un des plus zélés défenseurs di» la liberté. « (^'étaitf
dit Hollin, une valutalre coulunie établie chez Ici
anciens, (]ue les jeunes gens ()ui aspiraient aui
charges s'atlaebasseni particulièrement aux vieil-
lards (|iii s'y étaient h» plus distingués, el qu'ill
a|ip!is.('nl par h'ur conversation, el encore phll
(Kii Iciii eMiiple, Tait de; se bien conduire eus-
inrnnîs et de gouverner sagement, les autres ; c'eit
ainsi ti'Aristide s'altaclia à (.llislhcMie , Cimon J
Al s;i<le, eUjue l\)lybe se ren.lil le disciple assidv
el riiull.itt i,r lidi'le du célèbre Philopœmen. ^
Ari.stidi', I ;»ll au.;si une estime el une adiniraliod
paiticu'l'.e (.(.ur I yeingue, le légl'.lalcnir de L$té^
dé<r:'>ne (,u'ii meltail au- ; . . de tous les autrtl
polliqucv: : il étud<ail beaiK ' up ses lois, et à foMl
i\v les tnédil( r il devint part'saij de rarlstocratii
Théinistode, (]iii , plus j(unc (pi'Ari&tide , avail
(léluiéj avoc non moins d éclat c^ue lui i dani 11
— .fefc
A R I s T I a B. 69
carrière (Jps affnires , penchiil au contraire pour
le goiiverneoiont pn|)uliiire. Cv ilisienliiiiciil U'o*-
{nni(if), <]uî prifcnil sa louruc ilan^ Texlrtïnic! ilispa-
titc Je leur caraclère, ne cautHbua pas peu a en-
tretenir leur inimitié, ^ui aviil oclaïc dès le rtio-
menl i]u'iU se connurent. Thémidacle, qui taisait
[e bien de sa patrie mnins par amour pour elle
([UP pour s'en faire gloiie el acquérir de 1 autorité,
n'onieitjll rien de rcqui pouvait le reudrc agréable
lu peuple et lui faire des ami<i; lonjoiirs pr^l à
obliger , il ne se piquait u:-s dun.i ce.i occasions
d'une exacte imparlialîtê. Quelqu'un lui disait un
jour que le moytn de bien gouverner Athènes éiait
de conserver I égalité parmi les citoyens , el de ne
àroriser pas plus los uns que les autres : « A Dieu
■ Beplaise , s'écria Théniistiicle ique je snii jamais
■ assis »nr un tribunal où mes amig n'aîeut pas
» plus d<! crédit et de (àveur que tes étrangers .' a
Ariiltdc au conlratre, faisant le bien par le seul
Mnoardi! la vertu, servant sa pairie pour elle-
-lAÂnic, était indifférent aus jugcmeiis de la mul-
lilode ; il n^u.r.iil jms lioIus i.,u^\ lU- n.iller sos
concilnyeiis titic de r.iinp^iir.- h un lyi.in: 7.i-lê
pour leucs inlcrtUs, il s'l iiib.iria>i.iii pi'u de Ipur
^ire ; il conseillait nipme à ks ulfciiser pour leur
glre utile, et pour ne jamais s'erai li'r de ses prin-
r;iioitiè, non plu» que
dpe« d'équ
Je ressenti
né ; ta favc
neiit et la b
JBslice. Un
Vdiclaùec
après qu il
i ijuand il
jour qu'il
llaii-nlli^coiidûinuci
d'une yoh unanune. Ausslhlt Aiis.idi- m' lève, e
L/Va se îeler aux pieds lies inagïiirnls fuiir Ii's sup-
i »lLprd'èroulersjO adversaire, el de le laisser joui
' ïupHvilige que la loi lui ar.r.oril.iîL île se déli'ndrt
Uac autrefois, qu'îletait occupé à juger un procès
[D« lêntull
il t'i fait, ur je s
non la mienne. >
iiB[iëluei» dai
imiflode ne se moo-B
70 ji I ri
l'une àet eo na
Ïiie ion aavert 1 tn i
.ristide ; « Hé, moa a
« nous seulement le 1
> îd pour juger ta 1 isé ei
Ambitieux, calrrarmar*
déiirs et dans aea projeta, 1
trait pas auaii scrupuleax que aon rival; toui
moyens lui paraiMaienl bons qnand iU qienaiei
an succès. AJ-iitide, oui le faiMÙ un devoir d«i
veiller au niaintieo des lois et à la pureté de»'
moeurs, s'attachait à contrarier toutes les iqmc
de Thémistode; tt voulait rabaiiser son auto
toujours croissante par U farevr du peuple,
pensait qu'il valait mieux encore sacrifier (fuelqui
lois des projets utiles au publici que de facititEr
aon adversaire , en lai^sabt toujours prévaloir sH
avis , l'acquisition d'un pouvoir excessif dont il
pouvait abuser tAt ou tard. Aussi Ces deuK rivaui
Âaieat-its toujours divisa, et la pbce publique
reteniisiait sans cesse de leurs querelles. Arisiide
l'emporta un jour sur son adversaire, et c'était
luiqu^avait tort cette fois; juste contre lui-métnei
il n hésita point i le reconnaître, et eo fit baule^^
ment l'aveu : « C'en est lait l'Alhènes , dil-il ,
a l'on ne nous jette tous les deux ilang le Bar]
> thre • (fosae où l'oà pr^ïpilait les malfaîteui
Dans une autre occasion, il avait proposé
peuple un décret aui éprouva beaucoup de eo
Iradidions ; mns il en triompha ■ et comme
Jillïît recueillir les Suffrages, Arîiliile, recunna
aani liiui à coup les inconvénient de son décret^
leretin. Souvent il faisait pr vnler ses projets ri
d'autres, afin que Thémislocle n'y mît pas d'oi
tacle. Un admirait surtout 1 1 lui la confiance
la fermeté qu'il déployait >In 4-hangemens ii
prévus auxquels sont expo : ceux qui prrnne
{met au gouveinenunt, ne « Uissanl iamait
ARISTIDE. 71
par Us honneurs qu'on lui décernait, ni
alaitre par les déiagrémens et les refus qu'on lui
[lisait essuyer. Les Athéniens avaient uneni liante
estime delà droiture de ses inientions, de U i>iin té
de son zèle pour les intérêts de l'éiat et de la sin-
cérité de sa vertu , qu'un jour ils lui en rendirent
on témoignage bien écUlani , à la représenralion
d'une pièce u Eschyle. L'acteur ayant dit qu'Ain-
fhiarails n était nnoins jjloi/i de paraître H emmt
• de bien que de l'être en effet " , tout le monde
laurna sponiancmenl les yeux vers Aristida pour
lui en faire l'application.
Nous avons vu précédemment, dans h vie de
lUiltiade, qu'ArisliJe était du nombre des dix gé-
oératiz qu) devaient commander chacun à st>n
tour les Athéniens lors de la bataille de Mara-
De tous ces chefs Aristide était , avec ïlié-
loclc, celui qui , après Milliade , avait le plut
réputation et de crédit. Nous avons indiqué
nacilKtemenl tout ce qu'Aristide lil pour sa pairie
dani cette occasion : cefutd'abordluiquicontribaa
I le plus à faire adopter l'aviî saluiaire de Miltiade,
^ui voulait qu'on livrât l'.-ilaille ; mais il ne s'en tint
Eis là. Accoutumé i sacrifier ses iolénils à ceux Je
patrie, quand son jour d'être à la têtu de l'armée
fut venu, par une déférence bien honorable à lous
les dein, dcéda le commandement k Milliade:
c'élaii montrer par là à ses collègue» que, loin
de rougir de se soumettre aux plus sages i-t Je leur
obéir, il pensait au contraire que rien n'est plus
honorable et plus salutaire; par ce moyen i\ pré-
vint aussi la jalousie qui aurait pu éclater entre
euK, caries autres généraux, eiilraîné.^ par son
exemple, renoni^renl pareillement au droit qu'ils
avaient de commander ahernativemcnt , et se
Mumircnt tous à Miltiadc.
Pendant la bataille Aristide et ïhcmislocle ,
pUcés lous lieux au centre de l'armée, soutiorcut
72 ARISTIDE.
long-temps l'effort des barbares , et firent i
des prodiges de valeur. Mais dans cette oc
une action «l'un autre genre devait encore
F lus d'honneur à Aristide. Après la dëroi
«nnemi il fut laissé seul à Marathon, av
corps de troupe , pour garder les prisonnier?
dépouilles. Il répondit parfaitement à la cor
qu on avait en lui ; quoiqu'il y eût beaucou
et d'Argent dans le camp des Perses, aussi bîi
dans les vaisseaut qui avaient été pris , il n'c
tnême la pensée d'y toucher, et fit tout ce qi
en son pouvoir pour rmpêcher que person
mît la main sur lé butin.
L'année suivante Aristide dut à ses vert"
sTes exploits une élection qui, dans les autres
l'effet de leurs richesses. Malgré sa pauvreté
nommé archonte éponyipe » dignité qu'or
cordait qu^aux citoyens les plus opulens.
De toutes les 'vei lu s qu'Àiislidè posséda
Plutarq«e, celle que le peuple admirait 1
c'était sa justice , parce que .l'usage de cftti
est plus habituel , et cju« ses efTels s'en rép
sur plus de monde ;j aussi Tappelait-on Ari
juste. Sage et conciliateur autant qu'équila
était pris pour aibilTC par ses concitoyen
tous leurs différens; il les accordait et lais
serter les tribunaux , parce que son incorf
roliité était devenue le tribunal le plus ré^
a république. 11 exerçait sur les esprits Tem
la vertu ; mais cet empire même n'était paî
cent aux yeux d'un peuple amoureux de sa 1
ou plutôt le jaloux riiemistocle faisait iraii
peuple la vertu de son lival. Sa faction
Aristide des'ctablir une sorte de royauté d
plus dangereuse qu'elle éiaii fondée sur 1
du ptMiple , et conclut à la peine de Tostra
c'était un exil de dix pnnées , qui , loin d'
aucune honte , était presque un titre de
l
F ^ ARISTIDE. 75
igôsqa'îl ^lait tlans cette république, jalotiso de sa
piUèrté, U punllioD du mériie trop édal.inl. Lea
tfibus étaient assemblées, el devaient donner
leurs suflrages par écrîl. Aristide assistait au juge-
'neiit. Ud homme du peuple, qui ne le coon;ii3-
uttpas, le pria de tracer sur une coquille qu'il lui
[pcéseota le nom d'Aristide : « Vous a-t-il fait
> Quelque tort? lui demanda le sa;^e, — Kon,
> dit rtiomme du peuple , majs je suis las de l'en-
p tendre nommer le juste. " Aristide écrivit son
lom sans ajouter un seul mol. 11 fut condamné,
ttsnrlit (l'Alhèces en disant ; <• Je prie les dieux
i que les Athéniens ne voient jamait !e jour qui
• Iw obligera de se souvenir d Aristide, «
Ses TCeux ne furent peint exaucés, car trois 3ns
igrts le roi de Perse Xerxès , après avoir tra-
— ifi la Th essai ie ellaBéotie, entra dans l'Attique
Ptfte d'une armée innombrable. A son ap-
B les Athéniens craignirent qu'Aristide aa
ît à leurs ennemis , et n'entraînât avec hiï
i Grecs dans le parti des barbares.
WMt bien mal connaître ce généreux ciloyen,
^ de le soupçonner d'une Italie perfidie. Quui
^a'il en soît , ils songèrent à le rappeler , et Tbé-
nistocle, loin de s'opposer à cette résolution, l'ap--
paya;
11 contraire de tout son crédit. La liaini
ces grands hommes n'avait rien d'im))l3cj(jle el
i'autrë, puisque leur ressentiment se taisait ainsi
devant le danger de la patrie. Thémistocle ayant
été nommé gérïérai aussitôt apcès le retour
d'Aristide, celui-ci n'en parut point jaloux;
on le" vit au contraire seconder son rival de
__._-., voir, et concourir ainsi i l'élever
aa plui haut point de gloire, l^n efTet, on peut
dire ijue sans Aiistide les Grecs n'eusîcnt peut-
ttre pas livre la bataille de Salamine , qui devait
isunortaliser ïliémislocle. La flotte sur laquella
iîùt rassemblée la plus graade partie des forci»
Tome I. 7
74 ARISTIDE.'
de la Grice se trouvaîi près de l'île de Salunj),
cernée de tous cdlés parles vais.'ieaux cnnein^
tans qu'aucun des Grecs se fiU ancriju qu'ils étaiem
fenvelopp«^s. Aristide, qui, <le l'ilu d'Ëgine où 3
commandait alors quelques truunes, avait pu ce-
ronnaflre la position défavoralik de ses conci-
toyens, s'exposa aussitôt à traverser h flotte en-
ncnnie pour aller les tirer de leur dangereuse s^
ciirité. Arrivé la nuit même à la lente de Thénùt-
iocle , il le fait sortir seul et lui p.irle en ces ta-
tnes : H TKémistocle , si nous sommes sages nuiu
» mettrons un terme à nos vaines cl puérdesxlil*
* sensians. Un seul intérêt doir nous animer aOrJ
» jourd'liui, celui de sauver la Grèce; vous e a
m remplissant les devoirs d'un général, moi ea
a vous aidant de mes conseils et de mon lirais
t> J'apprends que vous êtes le seul qui ayez propos^
■ aux Grecs de combattre au pluifll'dans ces dé:
» troiis. Ils rejettent ce conseil, qu'ils deTraieat
i> au contraire suivre dans la circonstance préi
ju sente ; mais dites-leur iju'il ne s'agit plus M
1 délibérer, et que l'ennemi vient de se reaJfil
» matrre de touslespassages qui pouvaient En^
• riser leur fuite. » Thémislocle , touché du pr»^
r^dé d'Aristide, s'ouvrit à lui avec confiance , (1
lui découvrit par quel stratagème ilavail lui-mbnl
engagé les Perses à eavelcpper la flotle des Grcd
pouffbrcer ceux-ci à livrer une bataille delaquelM
pourrait seule dépendre leur salut. Il le pria eM
suite d'entrer au conseil pour persuader EuiJ*
biade et les autres chefs , qui avaient pLua^c ejffl
£anre en Aristide qu'en Thémistocle. ,^^H
Pendant que les capitaines Grecs déltbjjgj
encore, Arisiide, voyant que la petite tie fe iB
talie, située dans le détroit, en face de Salani^R
était pleine de troupes enoL>mle.%eiÀ>arqucproi^
tement sur des esquifs l'élite des liintassins, àet*
ceitddansrile,'toiiibeauTlei barbaroi, lesd
sàim^
ARISTIDE. ^5
•âsquemani cl les laîUp tous en pitres , à Teirep-
m des principaux chefs, qu'il fjit prisnnnicn.
Cependant ta bataille se livrait entre les deux
flottes ennemies , et les Grecs ne furent pas moins
'heureux dans l'action générale, qui, en assurant
iaus alliés la possession de Psylalie, leur procura
■no granO avanlaee , en ce que ceux dont les rats-
seaux éiaienl submergés Irouraient^ans cette île
I refuge assuré.
Après la bataille, Thémistocle, prenant à part
Aristide, lui proposa de couper le pont par où
Xerxès était entré en Europe : on doule qu'un
fMreïl avis fât sincère de la part de Thémistocle ;
mais Aristide fil tous ses efTorls pour persuader
ison collègue d'abandonner ce projet. Il luire-
jirésenla le danger de réduire au désespoir un en-
pcnri qui, quoique vaincu, était encore si puissant,
«t l'assura qu'on devait au contraire chercher Iobj
ks moyens de s'en débarrasser au plus vite. Thé-
'>|ocfe se rendit sans peine aux rabons d'Aristide,
ne songea plus qu à hâter le départ du mo-
a:]rque asiaiii^tie. 11 îm:igina pour cela de le faire
' informer seriélemcnt i]ue les Grecs avaient en
effet Jesscin de rom|ire le pont. Xerxès, que cet
■«vis remplir deffioi, se hûta de passer l'Helles-
■aont avec toute sa flotlc, laissant ftlardonius en
Ttyièee avec l'armée de terre, composiie di: ses
hsneitleuTes troupes et forte de trois cent mille
hommes.
Ce général, après avoir passé l'hiver en Thps-
'••atie, conduisit ses troupes en BéoCie au retour du
LiprinteRips, De là il députa vers les Athéniens
^^esandre i" , roi de Macédoine , leur allié ,,
'^pauT leur làire des propositions de paix de la
"'pari de Xerkès, et pour tenter de sépan-r leurs in-
'lértis de ceux des autres Grecs. Le prince, 'admis
i l'assemblée, y trouva les ambassadeurs de La-
' ccdémone, IL Qt part au peupk des otfres dont il
76 ARISTIDE.
était chargé : le roi de Perse s^engagtait i
Athènes, qu'il avait détruite pendant la gueir»
précédente; à lui fournir des sommes d'argeal
considérables; à lui laisser ses lois et sa constila-
tion ; enfin à établir la domination de cette répu-
blique sur toute la Grèc^. Les Lacédémonieut
prirent alors la parole pour dissuader les Atbé^-
niens (Faccepter des propositions trop brillaoteft
pour urètre pas^ suspectes; ils témoignèrent coib-
Lien Lacédémône était sensible au triste sort
des Athéniens, qui se trouvaient sans maisons 9
sans retrait£, et dont les moissons avaient été rut-
nées deux années de suite, et offrirent en son nooi
dfî pourvoir abondamment à leurs besoins pea«
dant tout le temps de la guerre^ et de donner un
asile à leurs femmes, à leurs enfans, à leurs vieillai^
et bleuis esclaves. L'affaire mise en délibération' j
le€ Athéniens répondirent aux députas de Sparts -
par un décret dressé par Aristide, alors premier'
archonte, dans lequel se trouvaient ces parole!
admirahh^s : « Nous pardonnons à nos ennemît,
» d'avoir pu croire que chez nous tout s'achetail'
» h prix d argent, eux qui ne connaissent rien d«
V plus précieux; mais nous en voulons aux liac^
M démouiens^ qui, ne considérant que U diseitt
3u et la pauvreté actuelle des Athéniens, ne sft '
» souviennent plus de leur vertu et de leur nuA" ■
» uauimilé , et nous invitent par Tappât de qim*
» qu(;s vivres à combattre pour la Grèce. »
Les ambassadeurs étant rentrés , Aristide fi|
lire en leur présence le décret, et soudain, ëlevast
la voix , « Députés des Lacédémoniens , dit-ii| <
» apprenez à Sparte que tout Tor de la terre ^
» n est rien 4 nos yeux au prix de la liberté. El
» vous, Alexandre, (ajouta-t-il en s'adreasànti
3» ce prince et en lui montrant le soleil ) dites ft'
» Mardonius que tant que cet astre poursuivie
j» sa^route les Aibéoien^ feroot U guerre ai»
r*
infernaux quiconque proposerait èe faire
e avec les Mèdes, ou d abandonner le parti
recs.
donius fit donc une nouvelle in^sîon dans
;ue. dix mois après que Xerxès se futrenda
: d Athènes , et les Athéniens abandon-
encore une fois leur ville pour se réfugier
mine. Aristide, envoyé à Lacédémone, se
it de la lenteur des Spartiates , qui , laissant
iveau Athènes en proie aux barbares, ne
isaient pas d^envoyer leurs troupes au se-
de leurs alliés. Les éphores, après Tavoir
, Bassèrentla journée sans lui répondre ; mais
ils choisirent cinqmilleSpar lia tes, qui prirent
1 sept Ilotes, et tes firent p^tir sans en rien
jx ambassadeurs d^Athènes. Lorsqu'ensuite
le se présenta 4ne seconde fois au conseil
f renouveler ses plaintes , les Ephores lui
en riant qu^il rêvait ou quUl dormait sans
; que les armées étaient déjà en marche contre
rses. Aristide leur répondit que ce n^était pas
nent de plaisanter ou de jouer leurs alliés , et
Fallait réserver leurs Aratagêmes pour les
tic
a
78 k\ I s T.I D E.
centre les alliés ; à la gauche les Athéniens.
Déierminée à tenter le sort d'un confibat, l'ar-
mée se mit ' en marche dans cet ordre, et
alla camper à peu de distance de Ténnemi, au ;
pied du mont Cilhéron, en Béotie, où Mardonius
était retourné, trouvant le terrain inégal de FAt-
tique peu propre à la cavalerie. Là on resta quel-
que tenr^ps dans l'attenle terrihle d'un événement
ui allait décider du destin de la Grèce. Pendant
ix jours entiers les deux partis n'engagèrent que
quelques escarmouches, où les Grecs eurent près- ...
que toujoui^ l'avantage ; on s'occupait plutôt i
chercher des présages de victoire dans les en-
trailles des victimes ou dans les prédictions des
devins.
Quand on rangea l'armée en bataille il s'éleva
une contestation assez vive entre les Athéniens et
les Tégcatesy qui prétendaient également comman-
der Taile gauche ; les uns et les autres rapportèrent
leurs titres et les exploits de leurs ancêtres. Mail
Aristide , qui jusqu'alors n'avait pris aucune part k
la discussion, la termina en disant : <c Noua oe
^> sommes pas ici pour contester avec nos alliés ,
3) mais pour combattre nos ennemis. Ce n'est pas
» le poste qui donne ou qui Ole la valeur* C'est à
» vous , Lacédémoniens , que nous nous en ra[H«
» poêlons. Quelque rang que vous nous assigniez,
» nous relèverons si haut qu'il deviendra peul-
3> être le plus honorable de tous. » Les Lacédé-
moniens opinèrent awc acclamation en Ëiveur des
Athéniens.
Un danger plus imminent mit la prudence d'A-
ristide à une plus rude épreuve. Il apprit que quel-
ques-uns des ofBciers de ses troupes, appartenaùt
aux premières familles d^Athènes, méditaient une
trahison en faveur des Perses, et que la conspira-
tion faisait chaque jour des progrès. Loin de la
rendre redoutable par des recherches indiscrètes
endre que le champ de bataille serait It
il où ils pourraient faire éclater leur juslifi-
nzicme jour Mardonius y qui souffrait avec
*nce de si longs délais, et qui d^ailleurs coin-
it à manquer de vivres, résolut de passer le
lain le fleuve Asopus, qui séparait les deux
, et de surprendre les Grecs par une brys-
aque. Il donna donc le soir ses ordres en
acnce ; mais vers le milieu de la nuit
idr« , roi de Macédoine, vint secrc^emerit
jp des Perses informer Aristide de la réso-
die Mardonius, en le priant de garder pour
avis, et de ne le communiquer à personne,
e lui répond qu'il ne peut décemment le
à Pausanias, qui avait le commandement
:e Tarmée ; mais il lui promet de n^en fMir-
jcun asrtre avant le combat. Use rend aussi*
quartier des Lacédémoniens, et concert^
^ausanias les mesures les plus sages pour
9er les ennemis. Celui-ci propose alors de
les Athéniens à la droite , pour les oppo-.
: Per.es, et les LacédémJhir ns à la gauche^
ju'ils eussent eu tête les auxiliaires Grecs.
8o À H ï s T I li «.
!>ar les sages discours d'Aristide , ils pais^
'aile droite, et bientôt on n'entendit plus.]
eux« au lieu de murmures, que les exhortj
qu'ils se faisaient mutuellement de combattre
courage « et le serment de vaincre ou mouri
son côté , Mardonius , instruit du change
opéré dans la disposition de l'armée ennemi
fit autant dans la sienne. Cette nouvelle dis
tion des troupes du roi de Perse en provoqu;
autre parmi les Grecs ; ainsi cette journée se
en marches et contre-marches , et n'amena ai
action décisive ; seulement la cavalerie des I
inquiet I a l'armée des Grecs , et parvint même à
Lier une fontaine dont Ceux-ci ne pouvaient s<
ser.ll leurfallut donc transporter leur camp u
plus loin : Mardonius, croyant qu'ils fuyaiei
ne doutant plus de la victoire, insultait à
lâcheté. Les Lacédémoniens , suivis de trois
Tégéates, s'étaient arrêtés près du templ
Catis , à dix stades de Platée , pour attendi
de leurs corps dont le chef persistait à g;
le poste qui lui avait été confié. Ce fut sur eu3
se dirigea la première attaque des Perses.
sanTas les laissa long-temps exposés aux Ira
aux flèches sans qu'ils*osassent se défendre,
entrailles des victimes n'annonçaient que des
sages sinistres ; cette malheureuse superstiti<
f)érir inutflement beaucoup de inonde. 1
es Tégéates, nejpouvant plus se contenir
mirent en mouvement et furent bientôt sout
par les Spartiates, qui venaient d'obtenir ou
ménager des auspices favorables. A leur appr
les Perses serrent les rangs , se couvrent de
boucliers, et opffosent à la fureur de l'ennem
courage intrépide et presque féroce. On
^ire que cette fois ils ne le cédèrent pas
Grecs en valeur ; mais, moins bien armés et n:
savans dans l'art de la guerre, ils dejvaieiit éf
ARISTIDE. Si
r DDC entière défaile. Mardonius, i la t@te de
lllc scililais (l'élite, avait long'iemps balanc*^ la
victoire; inai5,aileiiit d'uDroun morlel, il périt,
IkisMOt la réputation de général mal habile et lé-
tairaiie, mais d'homme valeureux. Dès ceino-
&i-u( Ifs Perses sont ébranlés, renversés, réduits
i jifcoàrr. la fuite, et cherchent leur salut derrière
la rcir^nchemcns qu'ils avaient élevés pour mettra
i couvert le bagage.
l^es Athéniens, trop éloignés (les Lacédémonien»
^ur apercevoir leurs mouveinens, étaient restés
queirjue temps dans l'inaction. Cependant le
iNnil des armes ayant frappé leurs oreilles , et urt
oilicicr envoyé par Pousanias leur ayant appris
n qui se passait, ils éiaienl parus aussitôt pour
Wer au secours des Sparliatcs, Mais ils sont ar—
itics dans leur course par les Grecs qui élnient
itas l'alliance des Mèdes; iU allaient en v
lorsque Aristide , les apercevant « leur
K' ifCn attestant les dieux de la drècc, df s'absle-
rde combattre leurs compatriotes, et de ne'
lli s'opposer au secours qu'ils vont porter à des
Srecs qui cuposcnl leur vie pour le sahil de la pa-
tne. Une grêle de Lrails fut la seule réponse à ces
généreuses remontrances. Alors Aiistidc ne s'oo-
mpe pins d'aller au secours des Spartiates, et avec
Nt seules troupes il fond sur ces Grecs , qui
étaient environ cinquante mille. Ils plièrent pour
i) plupart sildt qu'ils virent les barbares en fuite,
A ne songèrent plus qu'à la retraite. Les Thé-
Wns, qui avaient embrassé avec plus d'ardeur te
^i des Mèdes, furent ceux qui opposèreul le
plos de résistance aux Athéniens', mais ils liniieut
Aristide, sans perdre de temps à les poursuivre,
itt aussitôt rejoindre tes Lacédéinouiens, qui,
peu versés encore dans l'art des sièges , alia-
yuicat vainemeat i'eaceiiile du les Perses s'i^
s
êa A B t s 1 1 D fe.
talent retranchés. Il a bientôt forcé ce retraY
ment, et pénétré jusqu^aux barbares, oui se 1;
rent égorger.comnie des victimes. Il n en éch
que trois mille , sur trois cent soixante
4}ui avaient pris part au combat , car pendant
tion le Perse Artabaze <, qui méprisait la téii
deMardonius, et qui en prévoyait le désa
avait fait sa retraite et emmené avec Ivi qua
mille hommes. Du côté des Grecs qui coml
rent pour leur patrie il n'en périt que treize
soixante , dont cinquante-deux Athéniens, qi
*vingt-onze Spartiates et seize Tégéat<îs.
Cependant les Lacédémoniens et îes i
niens aspiraient également au prix de la va
«t soutenaient les uns %i les autres leurs pr
tions avec une hauteur qui ne leur perm
lus d'y renoncer. Les esprits s'aigrissaien
eux camps retentissaient- de menaces^ et F
serait porlé à des e:i;oès sans Aristide y qui , |p
force (le ses raisons et de $ts remontrance
consentir les Athéniens ^ s'en rapporter au
ment des alliés. Alors Théogiton de Mégan
posa aux deux nations de renoncer au prix ,
Tadjuger à quelque autre peuple. Cléocrile d
rinthe s^étant levé ensuite, on crut qu'il alla
mander cet honneur pour les Corinthiens ,
la ville était, après Si)artp et Athènes, la pre
•en dignité; mais il (it en faveur des Platéei
discours qui causa autant de plaisir que d'ad
tion , et tous les suflirages 6e réimirent pou
«décerner le prix.
Après le partage des dépouilles entre les
^ueurs on ne songea plus qu'à prodiguei
les genres d'honneurs à ceux qui étaient me
armes à la main. Chaque nation éleva un toi
à SCS guerriers , et dans une assemblée gé
de la Grèce Aristide fit passer ce décret : «
p tous les ans les peuples de la Grèce en ver
ARI&TIDE. S3
'(tuldc A rUi^o,pour y rpnmtveler par
oacrilii'es auc;uslcs la méiniiiru de ceux qui
' avsit^nt pcrJu la vin dans le combat i que loua
• lc«cinif on» on y r.olcbrerail Jes jeux qiii»p-
■ Tticnt nommi's lea ii\ea M \ix liliuilti ; rjuc Ir*
• Plaint» Kcralcnt d^iormais rcganlés comrn«
une nation îiivioUIjIe , VI consarrce ^ \> ili vinil^. «
Q»am) 1rs AiiK-niunt, rentras dans leur pa-
M, purent rrli'vé I«urs mursilles et commencé
jouir Avi douceurs de la paix , le penpie
jtilplu» Je pin (|ii'il n'avait jamais Ëiit au{;oii-
wrnement , et chaque jniir la cniistilutina fiiiiait
ues pns vers la df^mocralie absolue. Arts-
, (pli obscrvail «s progrès, scnlU (|iic d'un
ili ce peuple, qui avaii montra tant de valeur,
' ** lU des (fgavd», et que de l'aulic il ne serait
!!e da réduire par la force celle inultiiude,
\wt% auGcès, et qui avait les armes i la main ;
idre en coméquence un d^rct d*après 1c-
i-archonles, inagislrats suprêmes, seraient
Btement choisis parmi toiu les Athéniens,
loi. quiflatlait rnicni'ililu peii]ilR, anijil pu
T diingurensc si elle n'eill été illinoire |iar
fiîl, comme le pr^vii sans doute Arisûile ; en
..et, elle ne changea rien <^ Uconatilulion ; jnmait
,bpeupie n'usa du droit qne lui donnait le iégis-
llneur, ei toujours on le vit n'accorder qu'aux ci-
tftyCRS les plus distingués citle magislralure'qui
JDUvait influer si nnissamnu'nt sur le salul do
eut, Ctil ainsi qu'en suivant le vuîu général,
'Ariilide stil assurer la aubordiiiullun de loua les
«rdrcs de l'étal.
Ëncouracés par leurs succès , les firrcs rc-
lolurcnl iJ envoyer une [lotte pour délivrer t"B
nBea mariiimps et les île» giecqnrs qui av-
■iisaicnl encore sous le joug des IVrses. Une
Soi te , commandée par l'ausanias piiur les Laré—
dt^onieiis , par Aristide et Cimoii , lils de Mil-
S4 ABtSTIbt.
tiade, pour les Alhéniens', affrancliit^l^abôr
de Chypre ; puis, se dirigeant vers THelles
elle atUqua et prit la ville de Byzance. i
nias , qui dès lors entretenait des relations
Î)ables avec lé roi de Perse , enivré de la gra
iiture que lui promettait Xerxès, enorgueilli
leurs de h gloire dont Tavait couvert la jo
de Platée , quitta les mœurs et la simplicité
blicaines pour prendre Textérieur et les ma
d'un despote; naturellement dur et hauU
traita les ailiers avec tant d^arrogance et d^inl
ni^ë , qu^ils commencèrent k détester le con
dément de Sparte. Aristide et Cimon , p^
conduite opposée, leur faisaient au contraire
celui d^Atnèncs ; aussi les généraux Grecs
saient-its chaque jour Aristide <de se mettre
tête et de recevoir sous sa sauve gardtf les
qui depuis long-temps désiraient d abandoni
Spartiates. Aristide leur répondit qu'ittrouva
mécontentement très-légitime; qn'il croyait
indispensable de ne pas rester plus long-ten
butte k la tyrannie de Pausanias ; que ne
f)art il éfait trèsflatté de. la confiance ac
^honoraient , mais quUl lui fallait , pour gar
leur sincérité , quelque entreprise qui , ui
exécutée, les mît dans ^impossibilité de r
sur leur résolution. Alors IJliade de Sar
Antagoras de Chio , s 'étant concertés ense
vont attaquer près de Byzance }a galère que
tait Pausanias ; le Spartiate, outré de cette ii
se lève et leur dit , d'un ton plein de colèr
bientôt il leur fera voir que ce n^est pas
ment son^vaisseau , mais sa propre patrie
ont osé provoquer. Pei\ «ffrayés de ces me
ils lui répondirent qu'il n'avait qu'à se ri
qu'il devait rendre grâce à la fortune , qu
tout fait pour lui à Platée, et que sanscett
considération les Grecs auraient déjà châ
ARISTIDE. 8S
insolence. En disant ces mots ib altèrent se raiir
get à b suite des vaisseaux athéniens.
Les Lacédcmonicns, instruits de celte direction ^
3ipelèrent aussitôt Pausanias : ses excès avaient
até ; on eul bientôt des preuves de sa trahison ;
enfin une mort cruelle fut le prix de ses crimes.
Quelque éclatante que fût celle punition , elle ne
ramena point les alliés; ils rofnsÈrenl d'otiéir au
qurtiate Dorcls, (jui remplaça Pansanias, et ce gé-
V^al s'étant retire^ les Lacédémonien; déLbérè-
teatsur le parti qu'ils devaient prendre.
Spanc était encore dominée par le génie de Ly-
etirgue; elle montra dans celte occasion une gran-
deur d'âme admirable. Voyant que ses généraux
l'élatent laissés corrompre par Texcès du pouvoir,
eUe renonça volonlairemcnt à l'empire, et aima
mieux avoir des citoyens modestes cl fidèles ob-
Krvaleurs dçs lois que de régner sur toute la
Grèce. Heureuse Lacédémoite , si elle eût conservé
IpOfi-lemps une si rare modération t
Athènes , ayant ainsi succédé â Lacédémone dans
le commandement général , continua d'eiiigcr
comme elie les coiilribuLions que les diiférenres
républiques de la Gièce s'étaient soumises à payer
pour faire la guerre aux Perses. Mais comme il pa-
rut juste que celte loxe fût également réparlie, tous
Ie> Cirées , d'un commun accord , rhargèrenl Aris-
tide de diriger celle opération, et remirent leurs
intér^ts^nire ses mains. Il parcourut donc le coti*-
tioent et les îles , s'instruisit du produit des terres ,
et s'acquitta de celte commission avec tant d'inlel-
ligenceel d'équité, quêtes contribuables mêmes le
.regardèrent comme leur bienfaiteur , et que la taxe
ou ii impo'^a fut appelée le bonheur de la Grèce.
Chargé p.'.uilleineitt d'administrer ces fonds, il
CD régla 1< s dépenses à la saiisfaction de tous; ja-
inais on ne pni lui rej>rocher d'en avoir lait un
mage réprehensibte ni même iautile.
86 Aristidb.
Thémistocle ne ^-it pas sans chamn la grin^
confiance dont la Grèce investissait son rival, 'et;*!
rhonncur dont il se couvrait dans son admiaislra-.
tlon.Pour diminuer, s*il était pos^^ible. sa répatA^^
lion , il dit un jour, dans une assemblée du Pfô^j
pie , que les louanges que Von prodiguait i ArÎM
tide convenaient moins à un homme qd'h un c^fJ
fre~fort qui garde bien Tor qo^on lui confie : c*é-|
tait une bien faible vengeance d^un ihot piqoaMi
que lui ayait dit Aristide. Thémistocle disait aiÎ6|l
selon lui, la plus grande qualité d'un général Ifen
de savoir prévoir et prévenir les desseins de Fcn^i
ncmi : « Oui, répondit Aristide, cette qiialité hii
u est nécessaire ; mais il en est une autreoien P^mJ
» belle et bien plus digne d'un général, c*est hVI
* voir toujours les mains pures. » 1
Lorsque tout avait été réglé entre les Athénièafl
et les alliés pour la répartition des cootribùtioiàt J
Aristide avait obligeies Grecs à s'eneagâr parier^
ment à Tobscrvation <le cet article importanl dfl
leur alliance. Il avait présidé lui*-méme a cette €é*>m
rémonie, et pourla rendre plus solennelle il availl
jeté des masses de fer ardent dans la mer, en fifO*!
nonçant des malédiciions contre les infrai|eitrk|
Mais dans la suite Toccasion s'étant présentée de Via:]
1er ce traité , Plutarque raconte qu Aristide dtt^'àdzJ
Athéniens qu'ils pouvaient agir suivant lêùraiiÉM*!
rets , et rejeter le parjure sur lui. Le mètne «ofeoM
* ajoute que lorsqu'on proposa d'enlever d||(Déloièd|
de porter à Athènes les sommes mises en i&m
pôt pour les frais de la guerre, Aristide approirifi|j|
cet avis , en disant que cela était injuste , maia tMilkll
Ces deux traits sont si peu dans *«on caractère qi*dta J
ne doit pas balancer à les rejeter, Jamais AzMtia^ Ha-I
pensa que la politique pût s'affranchir des lëbdiJ
' la morale et de l'équité. Il faut quelquefois r<f#"?|
■ queren doute le témoignage de'Plutarque ; cet hik^l
torien n'est pas toujours assez sévère fur le choh J
de ses anecdotes. ^ 1
À II I s T I D K. 87
Mita il Mt dicncilc foi liirsmi'ilraconte le trait
^îvant, nhonoralile pour Arisliui.'. Qin^lijiie tcmpa
'ivant la bataille di-, l'iiii-i:! , Thémistoclc , qui
cherchait tous \na Dtoy<-iis de supplanti^r les Lac*-
démoHiens dans le cOinmanJement général de la
'^ 'ce, et do mettre IfS Athéaîem à leur place,
IftKfl un juur au peuple qu'il avait conçu un
'"■ très- important pour la république, mait
• pouvait pas le communinueP en assem-
puiAîquej il Quit par demander qu'on nom-
|t qu/>lqu un avec qui il pût s'en expliquer, Tous
, Bimërcnt Aristide, et s'en rapnorKrcnt en-
^rement i son avist tant il avait la confiance et
l'estime du peuple^ Thémislorle , l'avant tirs 4
{urt, lui dit que ce projet élail de brûler les vais-
seaux des Grecs qui étaicut tous réunis dans un
port vttisin.nour assurer l'empire de la mer aux
&t)iénifns, Aristide rentra dans rassemblée , et
diriara simplement que rien n'ëtail nlus utile qkie
Il deueiti proposé par Thén^steclc ; mais que
rien ao»i a était plus injuste. Sur ce rapport tout
le peuple, d'une commune voix, déclara qu'il
rejetait le projet. Je ne s;iis , dit le vertueux Ilullin ,
sais ti dans 1 histoire il ^ a un fait plus digne
d'admiration que celui-ci. Ce ne sent nolnt des
i>hUo6a>phes , à qui il ne coûte rien d'établir dans
eurs écoles de belles maximes et de sublimes
règles de morale, qui décident que jamais I'uIiIk
ne doit l'emporter sur l'honniHe ; c'est un peuple
entier intéressé dans la proposition qu'on lui fait,
qui la regarde comme tiès-imporlante pour le
bien de l'élal , et qui néanmoins , sans hésiter un
moment , la rejelle d un commun accord , par
eette unique raison qu'elle est contraire à la jus-
lice.
Aristide , en coniribuani à enrichit la Grèce
par la sagesse de sou «dminisiratiou , était lui-
S8 ÀRISTIDX.
même dans un état voisin de Findigence-; entrAj*:
{>auvre dans cette fonction , qui aurait pu être a^'
ucrative, il en sortit plus pauvre encore ; il p»*a|j
naissait aimer la pauvreté par goût, et, loin a'ea«i
Tougir ,il la regardait comme un titre aussi glorieax
pour lui que ses triomphes ; on en jugera par li;
trait suivant. Callias , très-proche parent d'Aria-;,
tide , et le plus opulent citoyen a Athènes , fu(
appelé en jifgement; son accusateur, insistant peu.
sur le fond de la cause, lui faisait surtout ii||j
crime de ce que, riche comme il était, il n'aTai
pas de honte de laisser dans Tindigence Aristide
aussi bien que sa femme et ses enfans, Calliaa.;
voyant que cette inculpatiqp faisait beaucoup
d^impression sur Tcsprit de ses juges, appelb^
Aristide, et le conjure d'attester devant le tri*]
bunal qu^il lui avait plus d'une fois offert dea,i
sommes considérables , et Pavait pressé avec im»
tance de les accepter; mais quUl les avait toujoun J
refusées en disant : « Celui -U seul doit étim
» réputé dans le besoin qui permet à ie% désira
» de passer les bornes de son revenu; celui |
» au contraire , qui sait se contenter de peu, as
» rapproche plus des Dieux, qui n'ont besoin
» de rien. » Aristide confirma les assertions de
son parent , et de tous ceux qui Tentendi* ^jj
rent il n'y en eut pas un seul qui, en sortant;
du tribunal , n'eût mieux aimé être Aristidt',
avec sa pauvreté, que Callias avec toutes
richesses.
Un autre trait qui ne fait pas moins dlion*
neur au caractère d'Aristide, ce fut sa conduits.^
envers Thémistocle. Il Pavait eu poUr ennéoai
dans tout le cours de sa vie politique, et n'avait;!
été banni que par ses intrigues ;- cependant lora-^^j
que Thémistocle , accusé de trahison contre Êêt^
patrie , voyait Alméon , Cimon , et les plus poia^
sans citoyens d'Athènes se liguer contre loi poor :-^
r^ ahîstïdV 8g
ifirins condamner, Aristide ne fit et ne dit rien
ni pdt lui nuire ; coinme il n'avait jamais envié
H for lu ne de son rival, il ne se réjouit pas de
Rm malheur.
Aristide ne fut pas toujours rerftu de fonclionj
bobliques ; mais il fut lnujou'rs utile à sa flétrie.
Pamai^on éoit une école de vertu et de polilique.
Mat cesse ouverte aux jeunes gens (jui aspiraient i
pugesse , et qui avaient la noble ambition de se
^in dignes de gouverner un jour. 11 accueillait
les disciples avec douceur, les écoutait avec pa-
tience , les instruisait familièrcinent , el s'allacnait
huttout it leur apprendre à s'estimer eux-m^roes
coinme ils le devaient; mais celui r|ii'il affectSon-
kiail le plus , i?t (jui profita le mieux de ses leçons,'
!fut Cinton , qui devait par la suite jouer 'Ua
Mie si dislingué dans la république.
[ Les historiens ne sont d'accord ni sur le temps
■i.sur le lieu de la mort d'Aristide; les uns te
unt mourir dans le Pont , où il av^ élé envoyé
bMr tes affaires de la république ; d'autres en
«il dans rionic ; d'autres enfin , el c'est la version
qu'on aimprait mieux adopter, raconleut qu'il
termina paisiblement ses jours à Athènes^ dans
tin âge Irès-avanré. Quoi qu'il en soit , l'iiisioire
rend à son désintéressement un témoignage bien
slorieui 1 en nous apprenant pDs:livpment que
Celui qui avait eu si Inng-ienips » sa disposition
lous les tré'iors da la Grèce , laissa à peine de quoi
{uyerses funérailles et doter ses filles; mais Arls-
lide emporta au tombeau l'estiinc et l'admiration
it ses conciioyens, et pour lui en donner une
?eove éclatante le gouvernemcnl subvint aux
aïs de ses obsèques , ef se chargea de l'entretien
de sa famille et Je rétablissement de ses enfans.
Mais la plus noble récompense qui lui fut géné-
lalemcnt accordée est sans cbntrcdit le surnom
de Jusie , que lui mérita non une belle action ,
Jome I. .ft
mais sa'^îe tout entière/ Combien
nom est au-dessus des titres fastueux q
tionnent les rois et les conquérans ! £n efl
au hasard ou à la fortune que sont sou
la puissance et k victoire , tandis que les
morales sont les seules attributions qui so
jours %n nous , et qui ne dépendent lamai
nous. Pour terminer le portrait d^Âristii
portons cette réflexion de Platon , qui i
en si peu de mots Féloee le plus beau e
complet que l'on puisse taire ae ce grand
u Thémistocle et Périclès , dit-il, pnt ren
» patrie de superbes monumens ; Ariiti<
f» vaille à la remplir de vertus. »
prîbc(«de'U race ies HéraciiJct e'élant
AU pouvoir si]pi-éin«, Sparte tiepuil
l|»oque se vîl aomiTjiéF par Jfux rois. Le
fiilnclcinenl i]es arrnrcs leur l't.iit r/\du.slve-
tniréjervë; mais ils ne pouvaient t-ntreprHndie
JUcune Euerre sans le €Oii$enl(>mciil «Iti scnal.
' AaaxaocriJcs , l'un d'eux, mourut laissant il«
«ircesscurs. Doriéc pl Ck-omèiips , nés d'une
prcnaîère Jeitimc de ce loi , semblitienl devoir
r «dure du Irime Léaiiîdas, issu d'un second lit ;
. mab la mori de tous deux plaça la couronne sur
MÇ> l^e ; il avait alors rinquanle ans ; il lilail ni; l'an
f%3g avant J.-C. Rempli de mudeinlion et de
âouceur, appaisant les discordes t]i] il n'avail pa
prévenir, il s était fait clit-rirpvauKju'd f.lt re>.'lu
de la royauté ; Inrsou'il la ptisséda ses ulcns cl ses
précieuses qualités brillèrent d'un nouveau liialre,
11 fit craindre et respecter sa pallie au-deliors. al
92 IiiCOKTDA'S*
la garanllt au-dedans des troubles inséparabi
cl^un gouvernement où l*au4oritë était {tartaig^
Cependant un de .ces hommes que la aature'
condamnés à ignorer le vrai mérite 9 dilnn jour
Léonidas : « Four être roi, vous ne vatez pi
» mieux (|ue nous. — * Si je n^étais pas verfucux,
» reprit le prince , je ne voudras pas être roi^
La sagesse ae son administra tiou justifia pleii ~
ment sa réponse. '^
Léonidas devait trouver une compagne di{
de lui; il épousa Gorgo, fille de Cléonrànes, i
frère. Cette princesse, qui, fiar un mélange hi
reux , joignait aux qualités bnllantes deresprit
Ïualités bien préférables du cœur^ a ménié
lutarque la proposât pour modèle aux époi
Tertueuses. Encore dans Tenfance, elle moiUnlaj
£acité de son jugement. Aristagoras, tyrande MilMj
vint à Lacédémone pour -demander aes secoura d
troupes k Cléomènes. Sur le refus de ce dernier,
il lui offrit dix talens , puis vingt, puis trente 9
fin cinquante. Le roi de Sparte paraissait fié
lorsque la jeune Gorg^o, qui n^avait alors que m
ans , sY*Gria : « Fuyez, mon père , fuyez \ cet étri
4( gcr veut vous corrompre. » Cléomènes consédii
le tyran , et eut à s^applaudir du conseil ae m
fille. Mais c^est dans, la circonstance la plus im^j
portante de la vie de Léonidas qu'elle donn%|
une preuve nouvelle de sa pénétration. Xerzèl'
^avail résolu d^envahir toute la Grèce. Démarat€-^|
fils d'Ariston, roi deSpartede la seconde race, qi
des intrigues avaient contraint d'abandonner Lac
démone , était alors à la cour du roii de Perse.
avait conservé pour sa patrie un reste d'amour.,
faisait des vœux pour qu'elle se mît en état i
repousser les attaques, au grand roi : il se décû
xn^me à dévoiler à Léonidas tous les nrojeti i
^rj^ès, U fallait apporter dans cette révelatioii le
V
LÉON IDA S. g!?^!
Tsnd mystère. Démaraie pril des tnUelttUf
•s , en enleva la cire , écrivit sur le boîj," '
louvrit de die , el les fit ainsi parvenir à'
. Le porteur ne courait aucun danger;
es Lacédémoniens ne purent d'abord rien
'endre à cette singulière missive. Consu
onidas , Gor^o devina le secret ; par' elfe
prit ce qu'on aurait ignoré jusqu au mo- i
It ici eue Lrionidas commence une nouvelle
marcne i rimmorialiié. Les Grecs et leurs
Kax alliés, oubliant les conlcslalioits qui les
it, ne forment plus alors qu'un peuple armÉ '
a propre défense, tes mers sontbîenlAt cott- •
de vais.<eaux : Aliènes Iburnit cent vingt— j
;alères ; parmi ses généraux on remarque
islocle. Mais Sparte obtient l'honneur de
■ seule toute» les Ibrces de la Grèce; elle
le commandement de l'armée navale k
îade; Léonidai est généralissime des troupes
rt. Une diète est assemblée. On conviont de
les ïhermopyles , barrière naturelle qui (]oit
er la Grèce coirlre l'invasion de* barbares.
•CKS navales sont dirigées vers l'Artémisium,
des Thermopyles , afin d'établir de faciles
unications entre les armées de terre et de
sons la flotte suivre sa marLhe pénible,
;!arieuse, pour ne plus nous occuper que
fenseurs des Thermopyles , de ce passage
t où Léonidas doit s'illustrer à jamais. Si-
tre la Thessalic el la Locride , ce détroit
it aux Perses l'entrée dans plusieurs parties
îrèce. Le chemin ne pouvait d'abord rece-
l'uncharrlot ; plus large, il se prolongeait
les marais , et conduisait aux roduxs qui
lent le mont Œta ; un senùer menait au
94 LÉOÎït-DAS.
sommet Je la montagne ; non loin de Ik était
courant d'eaux chaudes ^ dont le lieu même i
pris le nom de Thermopyles ; plusieurs cher
inégaux traversaient ce détroit, long d^env
deux lieues ; sa largeur variait presqu^à ch<
pas , et , placé entre des montagnes inaccessi
ou des marais impénétrables^ il était soa
coupé par des torrcns. En face des Thermo|
s^étendaient les vastes plaines.de la Trachii
c'est là que vint camper Xerxès.
Une digression devient ici nécessaire |
donner à nos jeunes lecteurs une idée de Fai
colossale des Perses , dont Hérodote nous a U
xnis le dénombrement curieux.
L'armée navale de Xerxès était composé
cinq cent dix -sept miUe six cents Perses
Mèdes, et de vingt-quatre mille alliés] cell
terre montait à dix-sept cent mille hommes
fanterie , et quatre-vingt mille de cavalerie. 1
mille Arabes ou Lydiens', les uns condu
des diameaux, les autres montés sur des cl
et trois cent mille Européens se joignirent à
armée , déjà si formidable , et qui offrait alon
masse de près de deux million, six cents ;
combattans. Ajoutons les valets , les gens d't
page , qu*Hérodote suppose encore plus i
Dreux, et nous verrons Aerxèsconduiret:ont
Grecs plus de cinq million deux cent quati:e-
jnille nommes : c'était plus que la Grèce n'
d'habitans. Quoique des (loitesxhargées i
vres suivissent ces nombreuses armées, t
dote ne peut comprendre comment on
nourrir tant de monde; il garantit cepei
Texactitude de son dénombrement , rec
invraisemblable par plusieurs auteurs. Si ce
torien ne fut pas témoin oculaire de ce (
événement , il prit du moins toutes les info
tions nécessaires j)our rendre son récit digi
lÉ GUIDAS. gS
nce ; il puisa îles tnsiruclions cbcz des
rds qui avai<?iit vu, qui avaient coniribué
gloire de leur pairie dans celle grande
il s'inronoa m^-'ine , dî(-îl , dct <.' ma
rois «nls Sparlialea qui ont péri avic
oi. Hérodolc lut son hisioii-e à la Grt-ce
blée, el ne trouva poini de coulradicieurs ;
ire nationale était sans doute rntéressëe i
légèrement sur quelques faiii exagérés }
loins d'habiles critiques conviennent que
tait gifanlesque dans cette nnlreprise , que
'iolisine et la valeur des Grers rendirent in u-
)ans une expéjilioo de Darius les vaisseaux
vrsKs avaient été poussés et brisés par la tem-
Dntre les écucibilumontAlhos-.Xernès, pour
un pareil désastre, fit ouvrir cette monla-
ft ses vaissearux passt:rent à travers un csnal
ï dans le roc.
lendanl les liarljares vinrent camper dans les
s de la Trachinie , en Mélide. De lous cdiés
ccsserenWirentaoxTherniopylesronycoiiipr
éjd rinq cents ïégéalcs , cinq cents M;mii-
, cent vingt hommes d'Urchonicnes , el
des autres villes de l'Arcadie ; quatre cents
irinthe , deux cenis de Plilîunles , ^atrc-
de Mycènes , sept cents Tliespiens , quatre
Théliains , et mille Tliocidiens ; h pelile na-
les Locricns envoya toutes ses forces. Les
: Grecs ne devaient pas larder i se mcltre
rche; mais les Latédémonicns , observateurs
lieux de leurs institutions , étaient retenus
eursfoyorspour la célébralion des fûtes rar-
es ou des jeux olympiques.
ins do confiance, les Grecs se disaient :
nVst pas un dion , mais un homme
vient attaquer la Grèce, tomme il n'y a
lais eu d'homme , quelque élevé qu'il fOt,
n'ait éprouvé une chute , «il Jàut détruire
96 LEOKIDAS.
» If s espérances du mortel qui veut nous asser
Enfin celte armée de héros est réunie. Léoi
arrive à la tille de trois cents Spartiates seulen
tous choiiis dans le corps des illustres chevj
préposés^ la garde des rois de Lacédémone,
animés d'un courage égal « et , comme leur
généreux, tous dévoués à une mort glorieuse
Léooidas avait rccohnu Timpossibilité de
sisier k tant de forces. Une armée nombi
eût été de même sacrifiée. Mais il ▼<
faire assez de mal aux Perses pour 4
respectassent désormais sa patrie , el Ij
^ celle-ci les moyens de se défendre er
quand Tarmée des barbares serait affaiblie p
coup qu^il allait lui porter. Son grand cœur
doute , plus qu^un oracle , lui avait dicté
conduite héroïque ; cependant nous rapport!
la réponse de la pythie 9 quUl avait cons
à ce sujet : « Citoyens de la spacieuse Sp
i> ou votre ville célèbre sera df^truite pa
» descendans de Persée , ou le pays de
i> cédémone pleurera la mort d un -roi
m du sang d^Hercule. Ni la force des taure
j» ni celle des lions ne pourront soutenir le
i> impétueux du Perse ; il a la puissance de .
» ter. Non , rien ne pourra lui résister qu'il
» eu pour sa part Fun des deux j-ois. m
Lorsque Léonidas quitta Sparte avec les
cents braves qu'il avait choisis , les Ephore
Furent étonnés du petit nombre de ses soldats :
V sont bien peu , dit le héros , pour arrêter
» nemi ; mais ils sont trop pour l'objet qa'
D proposent. » Interrogé sur cet objet : « ]
» devoir , répliqua-t-il , est de défendre le
» sage ; notre résolution d'y périr. Trois cent
» times suflisent à l'honneur de Spartç ; elle
» perdue sans ressource si elle me confiait to
lEONIDA.S. 97
guerriers , car jp ne préiiimc pas qu'auctiD
dVux «^3t preiitlie la Tuile. "
Le fOur ilu iletiarl Lacé<Jémone fut lémoîn du
|(ecU*W li> plu< allPiidris^tanl. D'avaiici; Im troît
BU rtiuvaliers honurëivnt le lri!p;ix de li^ur chef
:lV> Irur piii Une c^rtfmonir funèbre, i Uquello
U<st^rvHl lotir fainilli! é|>lorc« ; puis ili sorlireot
tû ville . iloiiiiani et recevant iMadii^iixéterneU.
nreo , la vcrtucutu (>urgo ^ demiinJ» i son
bgus tes dernières volonlf's : <• Je viiut souhatle,
■ lai dit Lt^ontdâs, un rpoux digne de vous , et
>iles cnfan< qui lui reMrolbIcnt. ••
Hau rovcttoni aot lieux témoins du plus noble
bvouemenl. Hennis , Ici Grecs JélibèreAt : les
U, ellravé» lie» forces iminensrs du roi d« Penc ,
Mtposenl de retourner >Un« li^ IVIoponèse pouc
firitr un «uirc passage; <rautrea veulent <)u'on
lv>>ie daiu Toutes les villes de t.-i Grèce paur im-
larer des serours. Léonîdas et les siens, iudienés
n faut de (aiLilesse , persistent à rester A leur
Elfp. iicor «lemple inspire un moment de cen-
Eucr ; les rhefs se retirent dans leurs tenies,
tt Lêoiiidas s'octuiR' île ses moyins lit: ililt-nse.
, Cependant Il'S 1 erses st} répandaient d^ns U
Ëie. Xrixés envoya uiicavMicrpour reconoallre
^aies avancés Je* Grecs, et s informer de leur
ibte et de leurs dispuiilioas. Une toiirailtequH
fttoitidas avait fait (élever cmpéclia cet ifiniMaira
Ht te^an naître au ju>te leurs loices \ il n'.-iperçut
far les Laccdémoniens, qui fonnaiciil l'avant-
nrde. Us étaient alurs occupés à di's exercices
Einiii(|ucs , uu i parer leur chevelure ; c'était
jr habitude i l'apprucbo d'un combat. Frappé
it leur sccurilc , le cavalier retourna vers Xi'rxës
Kur lui ri-ndre compte du rësullit de sa mission.
roi de l'erscccoutaaoïi récit avec !a plusjjraudo
nmise, ne pouvant s'imaginer que celli^ poigne»
i Ttfine l. 3
^8 LEONIDAS.
d^hommes se disposât à lui résister. II h
Dëmarate , cet ancien roi de Larc^démc
nous avons déjà parlé. Le Spartiate Tassun
leur extraordinaire de ses concitoyens , et i
point étrange qu^âu nombre de trois cer
ment ils prétendissent disputer le- pas!
nombreuses phalanges du grand roi.
Quatre jours sVcoulent ; les armées s
|ours en présence. Tour à tour indigné
d'admirer la persévérance héroïç]uc des
Xerxès écrit à Léonidas< « Si tu veux teso
» je te donnerai Tempire de la Grèce. »
çoit cette réponse : « J^aime mieux moi
M ma patrie que de Tasservir. » Une
lettre contenait ces mots : « Rends tes
Léonidas mit au - dessous : « Viens 1
» dre. »
Xerxès résolut de punir Taudare de
républicains. Il crut seulement nécessaire d
contre eux un détachement de Mèdes et
siens, avec ordre qu'on les (it prisonniers
les lui amenât tout Vivans. Un soldat vii
Léonidas que les ennemis s'approchaien
» plutôt que nous sonmies près d'eux » ,
froidement, et il donna le signal du coml
taque fut vive et impétueuse. Le grand roi f
d'envoyer de nouvelles troupes ,el le comb
longea incertain j usqu'à la n u it, que les Mèd
contraints de se retuer. Le lendemain H
marcher contre les Grecs l'élite de ses Iro
corps sacré des dix mille , qu'il avait sur
lesimmortels.coipmandés par Hydarnès,
taient des colliers d'or , et leurs armes
habits étaient éclatans de perles. Lt$ Per:
chaient avec joie contre les Grecs ; la yict<
paraissait sûre ; ils ne s'attendaient pas
rés^îstance si opiniâtre. Repousses con:
LKOKID A5. 99
été Im Médet , ÎU unirent en furf or r et
itendre Jes cnsaffrrui. Leurs (lîqiiiM.moiai
1 (|iie celles du iirrca, ne. pouvabn* It-sat-
c, el Ip Ik'u dn roiiibal «Uni rrweiré ili ne
iruipriiruer Je l'avantage du iiomb'v. Can-
àf- se rrlirer , iU euietil auiti b litinte- dit te
laiiM vainrus par le» LacriJriaitiioiu > oui '
lUîrenl en rfrrl >l'uni'inaTTi^rercin«raiiBblet
iculaiil desévoIutioDs lavantts ei hardiea. Uj
^rcnt dant celle occasion reoibitin i'vt
ire leur éuil devenu familier , et r.ambUil
T<ei y avaii-ni encore (»l peu du progrès,
aiir «unir Ane, d'où il s élança plusieurs tais
i il'éionnenient ■ Aerxrs fut l^initiu du
ït ; il rraijjuii [)o»r «es triiu[>es tacréet.
jour suivini nouvelle atUijue ; n'itiveati luc
lur les Grei's. Les crofanl (alisiiés et ctia-
Jc blesiii>et, les Perses temlmiil se ànpo-
istr une .affaire décisiTe. Leomdas met sa
e en baiaille-, il place les Ph.<ciJieos lurU
Ignc pour garile*' le sentier ijui, bientôt
1 de XcrxAs , Ji'vïi'iiilra f ineste aux tîrecï.
loni ei natiims combinent tour i tour, et
erses sont encore repousses avec perte,
ntcux et d«espcfés , les barliare.i n'osent
lever lei yeux. Xerxès , dan^la plus grande
:é t comprend enfin que la muliiliitle ne fait
, forre d'une armée. Dans le fond de son
il s'avouait vaincu , lorsqu'un l'racliinien de
1, £phialiè>, |>our »bleiiir du roî une grande
ifM'Uïe , vint lui inJi((iier le sentier par où
louvail lourncr les Greci. Sj Iraliisoii ne relia
npunie , car il fut tué quei([ue temps après ,
e ayani été mise à prix p»r lej iNicédéoioBieDs.
n de celle honleuw découverte, Xeni*s dé-
I sussilât Hydarnis avec le corps di'ï immor-
pour suivre la rouie indiquée p w l'jpliult^s.
9 *
lOO lilÊOVIDAS.
IIi se mirent en marche h Tentrée Je la nuii
avoir traversé TAsope , fleuve qui coule i
ffeniicrfataiy ils arrivèrent au point du y
bas delà montagne. Nous avons dit que JU
avait ronflé la garde de ce passage auxPhoc
qui élai<»r>l au nombre de mdie , et tous b
vnés. Cachés par les arbres qui couvraiei
• montagne , les Perses montent sans éire af
bientôt le bruit de leurs armes fait accoi
Fhocidicns'. Ilydarnès met alors ses trou
bataille 9 et accueille par une gr^lc de ti
gardiens du passage , qui se retirent promp
sur la cîme ae la montagne , et là font leu
positions pour attendre lenncmi. Mab Ilyi
toujours guidé p.ir Ëphialtès , apprenant
jBk 'étaient pas des Lacédémonieiis, les seukq
désiré •combatt4e , «e retira saus inquiett/ir <
lage les Phocidiens.
La consternation se répand dans le
des Grcr^. Un devin consulte les entrai!
victimes , et annonce que ceux qui défend
j'T Thcrmopyles périront le lendemain ; au
if! instant des transfuges viennent avertir du
iiij qu'avaient fait les Perses. Toute la nuit <
ployéc à consulter les augures-
Le jour paraît , et les Grecs délibèrent.
qu'à la dernière assemblée , les uns veulen
donner les Thermopyles ; los autres prêter
rester. Mais Léouidas veut arcoinptir sa
destinée; Ucng.igeles Grecs, il leur ordonnt
de 8C retirer tous dans leurs foyers, les conju
^ se réserver pour des circonstances pTus (àvoj
t!' il ajoute que, ni lui ni ses compagnons, c
donneront le poste que Sparte leur a
Alors les alliés se retirèrent , à Texception de
> bains et des Thespiens , qui s'attaclière
^partiales et périrent avec eux»
I
LKONIDA.S. loi
làuil Léuiiidas 9e dispose au combat qui
ntjk jtrr le damier cl \e plus glorieux de sa vie.
lonccinr.t^i' tivùl passé dans l'âme de tous ses cliC'
«tiers , et I» Perdes, bifniât msîlresducliainp de
Miaille, aihieni encore élre vaincus et d'honneur
I d'héroïsme. Xemès , après a»olr KJcnfié au*
se mil en marche, ver» la troisième heure
r. Les Grers s'avancèrent plua loin qu'ils
■nt fait jusiju'alora ; •< Ce n'e-«l pas là, difait
nidoâ à ses soldais, que nous devons com-
> battre; il faul marcher à h lente de XerKi^s , et
V I iininoler ou périr au milieu de sou camp, u
Il bis>,a prendre un repas frugal à tes troupes en
ttur disant ; i' Î^oms en nrtndfons l^Ientûi uir
» autre (bus le palais, de PliUon. "
Eafiii le combat s'engage; le carn.i£>e devient
litR^ceus \ les barbares tombent par millie.rs. Le»
Crées font des prodiges de valeur; ils reaver-
■oit tout ce qui s'olfre à leur passage , et
■reent le camp de» Ferse.i ; ainsi que de*
■Mômes qui ne font plus eas de la vie, les Spar-
tiates portent l;i mari dans lei bataillons ennemis ;
nais elle semble s'arrûler pour eux. Les uns n'ont
plus de piaues ; ils comballent avec leur épéc;
p^'autres , dénués de toute arme , se défendent
^Bcore avec leurs mains et leurs dents, l'ercc de
nupa , couvert de gloire , Léonidas vaut seul un
Mladlon ; les barbares fuient devant lui ; il pé-
pUre jusqu'à la tente Je Xerxès , lui arrache le
Aldéme, et meurt. Le combat se ranime encore
Plw violent ; les Spartiates, quatre fois repoussas,
tt(«em aux ennemis le corp.s de leur général. Mais
MnlAl , serrés dans l'endroit le plus éirnit du
HJBlÉ, environnés de toutes parts, atteints d'un
piillion de traits, tes Grei.s succouibeni.
Telle fui l'issue de ce combat à jamais ménio-
10^ tilBOKIBAS.
rable, qui dévoila aux Grecs le socret de 1
forces, aux Perses celui de leur faiblesse.
Xerxès fit de grandes pertes ; deux de ses fi
périrent les armes à la main.
ï Fend.«nt h m^lée une pariie desThébains \
cbez les barbaies; mais les Thespiens tombé
glorieux à rôle des Spartiates. La terre qui
vil tombât' M' les recul dans son sein ; on no
leur séputtnie sur les lieux mêmes. Sur le m*
nient des G «ers morts avani ou après que
nidas ei)( congédié It^s alliée on mit cette ins<
tii n : « QUATRE MILLE PÉLOPONÉSIE19S COM]
» TIRENT AtlAtFOIS DANS CE LIED COÎ
» TBois MILLIONS l)*HOMRi£S. » Un monur
J fiil élevé aux Spaiftaîes en particulier; r
i grava ces mots : « passant, va DIRE A LACl
^1. » MONE QUE NOUS REPOSONS ICI POUR A"^
» OBÉI A SES LOIS. » Un lion en pierre fut i
sur une colline à Tentrée du pas des Thei
pyles. Le poëte Simonides fit à ce sujet une
cription dont voici le sens : « Je suis le plus <
• rageux des animaux; celui que je garde, cl
» le tombeau duquel je suis étendu, fut le
» valeureux des hommes. Si avec mon noi
» n'eût pas eu un courage tel que le mien , o
V me verrait pas sur ce monument. »
Quarante ans après la mort de Léonidai
ossemens furent rapportés à Sparte , et mis <
un tombeau qu'on plaça vis-à-vis du théâtre,
cérémonie religieuse était observée tous les an
Thonneur de ce héros ; les Spartiates seuls éts
admis aux jeux qu^on y célébrait.
Mous terminerons cette notice par quel
traits remarquables auxquels a donné liei
grand dévouement.
Près d'attaquer les barbares, Léonidas
sauver du dan{;er deux jeunes Spartiates qu
LÉ p^ID A S. Jo5
«hueol unii par le» liens du sang et de l'amitié,
H le» charge d'une missiim pour lei maeîsIraU
it Lacétlémone : « Nous ne sommes pa» ici poor
• porter vos ordres, mais pour combàlire « ,
luidin-nlils, elaussirfiiiU renireiil dans les rangs. '
Vniiljnl exprimer combien ûiait immense l'ar-
mée dc« l'crses , lin Tlachioien disait ; « Le
' nomt>lo de leurs trails obirurcir te soieiLTant
!• mieux , reprend le Spartiate Diéiiécfcs ; nouj
> c<i m bâtirons à l'ombre. •>
Ëuryliis, L'un des trois cents, était retenu am
bnorg d'Alpenns par nn mal d'yeux -, ayant appris
que le combat était sur le point de se terminer , À
prit ses arines , se fît conduire dans la mêlée par
ton eKlave, et reçul la mort r^u'il cherchait.
Des Iroi.f cents Spartiaiei , deux seulement
^happèrent à la mort. Lorsqu'il* relournèrent â
Lae^émone ils y furent regardé* comme des
Uches, et déshonorés. Le premier répara sa faute
par onc aciion d'éclat h la bataille de Platée ; le
ueondi'étraogla, ne pouvant supporter le mépris
tjjti w suivait partout.
Xerxcs lernil à jamais sa mémoire par le trait
luivant. Léonidas étant de tous Icï Urecs celui
dont il désirai! le plus de se venger, après la ba-
taille il passa k travers les morts , fil cbercher le
corps de ce général, lui fit arracher le coeur,
«couper U léte. Quelque temps après les Spar-
tiates reçurent de l'oiacle de Delphes l'ordre
de demander à Xeriès jiislice de la mort de
Lêonidas , el de chercher dan» sa réponse le
I Wns d'un augure, k Rui des Perses , lui dit le
' • héra'il charge de celle mission , les Lncédé-
> moniens et les Hcraclides de Sparre vous de-
I ■ mandent justice de leur roi, qui a été lue par
» vous en cnmbatiant pour la défense de la
> Grèce, u Xerxèi se mit à rire» et dit un instant
204 (.EONIBAI».
#
Après, montrant Mardonius , Tun de tes
raux : « Voilà celui qiii leur fera réponse <
^> il convient. >> Le héraut .se retira. Les J
moniens déoouvriicnt dans ces mots un
farorahle. Kn efTet, ee même Mardonius tr
mort à ia bataille de Platée, où les Sp
Temportèr«nt^r les Perses une Yiclolre pc
( :
CIMON,
riLS DE MILTIADK.
AïnfeCB», privée dt l'aripui de sps deux plus
)|ranJ« maftistrai», Arisiide ei Thcmislnrle, ne
•'ap^rnil pas long • temps Je celle nerie ; tile
potsèdail Cim»D,fils <L Itlilli^du et irH^gésy-
pjrle, fille (l'Olorus, roi de ïhroce. Cimon r^u-
Biauit i la v^eur de son père b prudence d«
^toiislocle,et presque iQules l'es vertus d'Aris-
tide, doniilarail éléen quelque aorte le disciple.
Le vainqueur de Marathon , aprH avoir sauvé
13 patrie, était mort dans les fers : (v\ exemple
funesle nVlouff» point dani^ lu cœnr de Cimon le
noble déiir d'imiler son père, eL de se mcitre
comme lui au rans des bien lai' eur.i d'Athènes,
qu'il servit aussi bien par sa politique que par sa
Ses premières années éiaienl loin depromelire
ce qu'il devait éire un jour. 11 étnit connu dans
Athènes pour aimer beauroup le faste , le vin et
let femmes ; il fui mt'me accusa d'un com-
merce incestueux avec Klpioire, sa soeur, qui
d'ailleurs n'avait pas une coniluile Irnp réf>li'e.
Cependant qni-lqucs auteurs prétendent , en-
ir'anlres Cornélius Népos , que crue lî.iison n'élait
ni crimini-lle ni serrèle ; mais que Cimon l'avait
^pousée li'gilimement, car la loi permettait 4
Atbènes le mariage entre le hire et la sœur , quand.
106 CIMON.
ils n^éiaiont pas nés delà rn^me mère. II fallait «
rir un bien grand mérite pour Tainrrcde tel
tacles à la fortune , et Ton sait combien est 1
la tache d^unc mauvaise renommée qn^or
faite dans sa jeunesse. Les Athéniens lui au
volontiers pardonné le dérèglement de ses n
s'il eût su couvrir ses débauches du voile de 1
ccnce; mais ses vices étaient nus , et la vertu
se fait pardonner à peine la nudité. Son édui
était rustique et négligée; il n'avait voulu a[
dre ni la musique, ni aucune des science
cuiraient dans Véducation des hommes hier
ce défaut devail s'excuser difficilement ch
peuple aussi poli que les Alhéuiens.«L'exem
Cimon , dont la jeunesse fut si décriée « •
dans la suite se lit un si grand nom , dit 1
Roilin , monlre que les dérangemens de c
'\\ ne doivent pas faire désespérer d'un jetine
me , surtout lorsqu'on y remarque un
d'esprit > un bon cœur, des inclinations dr
1 et de Testime pour les personnes de mérite.
1 telles étaient les heureuses dispositions pa
^ quelles Cimon racheta ses premiers désordi
avait d'abord été très^mal accueilli par le \
?; la première fois qu'il s'était présenté pour b
i; une magistrature ; rebuté de ce mauvais si
|; il songeait à renoncer aux affaires publiques
Aristide , remarquant en lui le germe de
belles qualités à travers ses défauts, le co]
lui renaît Tespérance, s'appliqua particulier
i' à le former, et contribua par ses instru
à le rendre tel qu'on le vit dans la suite :
\ fut pas le service le moins important qu*A
« . rendit à sa patrie.
Depuis ce moment Cimon changea ei
ment de conduite ; il renonça à ses écarts , <
ne vit plus dans «es mœurs rieo que de gran<
i noble. Déjà dans sa jeunesse il s'était s
I
r. 1 M o s. 1 07
MT sa piélc CiijI*; il avait arhrië la prittiUsinn
SlVDïevfiir le corps de son ppre . muri en prison ,
|to payant pour lui li'S rimitianie lalrni; auxquels il
i%U\ (fté condamné, somme bien sii[>^rieiiie i
I furlunc de Cimon , alors 1res- modi'inc , et
n^ fut obligé de puiser dunt la bourse de ses
i^Kns «■! de w( amis.
JlaisceauiçommenoïiirtoTil à rêlablir sa rêj>u-
Mion l'tà luirancilierVesiimede ses<or;;iloyenj,
pTut l'ardrur qu'il muntra pour la défende de sa
)trir lors df rinvasion de Xerx^s dans l'AlTique.
héniisloclc avait proposé aux Alhéniens tl'aban-
laaer leur ville, qui nr pouvait manquer d'êtr«
ffij^ i la fiii-eur dfs Prrses, pmir se retirer (\fr
jar floUi', (jui leur offraii un asile assitiê. Dans
EconsteniaïKin eéiirrale que raosail un roiiscil
banli , Cimnn fut le premier qui , suivi de plu-
ifitn jeunes cens de son 3ge , monti d'un oir
M i la riladellc , pi>ur y consacrer un mors de
■tidc il Minerve, vuubnl faire cj>tendre pir ce
miïr frappant i^u'il n'el.-ill plus qiiesiion de om-
■drs boudii'is suspinil'is aux païuis du temple,
Éia 1j décssi- , ri di'scruJiI sur le rivage.
démarrhe Tut d'un Irès-graiid poids dans
icca«ion ; l'exemple de ce jeune héros ra-
e courage des Athéniens , leiir ins[ilra ijne
runflaucu, et ils se delermiiièretiL à s'em-
lors le fils de MiltiaJe attira l'atten-
Bwi des Athétiiens. La beauté de si's traits, sa
nUlc élevet.-, la liiguiu* de son pori , ptévenaient
«R sa faveur. Ou voyait avi-c plaisir le r.hau-
gtsicnl qui ï'éuii opéré dans ses mœurs; cIijcuii
Vaatait sa framliise et si gcnérosité ; et si l'ou
poux-ail eiicure lui rcproctier un peu de rudesse
f[aD! les maniéiei, nu lui pjrJiniiail ce défaut
PD fjvcur de UJionté qui présidait ^ toutes sts
actions^ Les preuves signalées qu^ît donna î
valeur à la bataille de Salamine , qui eut lieu
ce temps , mit le comble h l'estime et à ïat
ration dé ses concitoyens. On en vit un g
nombre s'attaclier à lui , raccpmpdgner part
et l'exhorter ii se montrer par ses «ewtimei
ses actions le digne (ils du vainqueur de IM
thon. Dès ce moment Cimon s'adonna
entier aux affaires publiques , et fut cette foi
cueilli par le peuple avec tous \çs lémoignag
la plus vive salisfaction.
Le mérite souvent ne suffirait pas à rêlév
de celui qui le possède , s'il n'ëlaif pas sec
par les fauleî» d'un rival. Le modeste Cime
bien servi par le faste et la fierté de ïhém-s
sa douceur et la simplicité de ses manières le
dirent d'autant plus agréable, qu'elle» faisaie
contrasteplus frappant avec l'orgueil de cet h<
hautain, liais personne ne contribua plua
avancement qu'Aristide, qui se eomplaisaî
maintenir dans ia faveur populaire , pour Top]
comme un contre-poids, aux talens souvent
gereux et à l'audace de Thémistocle.
Après que les Mèdes eurent été chassés
Grèce , il fut nommé général de la flotte des
niens , qui, n'ayant pas encore la prééminen
la Çrèce, recevaient les ordres de Pausar
des Lacédémoniens , chef»' de la confédératii
Grecs. Les alliés, indignés de l'humeur tyrai
du général Spartiate , auraient craint de ti
dans Thémistocle un autre Pausanias ; ils sei
avec confiance sous les ordres de Cimon el
ristide. L'un par son désintéressement et p
équité , l'autre par la bonté de son caractèi
lui gagnait tous les cœurs , surent procures
patrie le conunandement de toute la Grèce.
Sa valeur justifia le choix des alliés. Des 1
qui tenaient au grand roi par h*» liens de
;iie occasion a son maure un aiucnemcni F' \
fidélité qui ont peu d 'exemples. Il pouvait f J ;.
3n capitulation avec l'es assiégeans , et Cinioa Vl'.
avait m<^ino fait ofTrir plusieurs fois à des ||>
ions trcs-hoiiorables; mais, x>rëférafil Thon-
la vie, Boyès résolut de sauver Eione eu
rir , refusa toute espèce de traité , et se
lit avec un courage incroyable , jusqu'à ce
•e vit liors d'étal de résister. Knhn , apits
èpuiié loulcs ses |n*o visions, il jette tous &cs
s du haut des murs de la ville dans le fleuve
inn ; égorge ensuite sa femme, ses enfans ,
is ceux qiii romposaicnt sa maison, les fait
au milieu des flammes , et s'y précipite lui-
». On ne peut s\.*mpecher d adiiiim* le de*
iicai dt: iioyÀ.) , mais on frémit de sa férocité.
hre de la vdle , (^iiiion n^y put f.ire un buiin
Jéralde^ mais il eu fut dt^doinmagé par la
\iéu} d'Ainphipolis et d'autres pl.iccs de la
ne. Comft4e le paysd'jlcntmir était aussi beau
'erlite, il jugea à propos de laisser s'y établir
ihéniens, qui , pour lui marquer leur rccon-
uïice , lui permiiTdt d'élever dans la ville trois
:nc*s avec une inscription sur chacjiie , dans
ij r, i' 1
1
3;
IIO CIMON.
Cimçn soumit ensuite à k domination d
ulens r^le de Scyros , où Thésée , fiU
obligé do fuir d'Athèites , .s^élait autrefois
et y avait péri par la trahison du roi Ly<
Ua oracle av;.ifc ordonne aux Athéniens
[lorter les osscmen.s de Thésée à Athènes
'honorer comme un héros ; mais on ign
lieu de sa sépulture. Cimon mil tant de 7èl
de soin à leVhercher, quVnfin il le décoi
fit chai ger ces i estes précieux sur s'a galèr
porta aniM à Athènes, pi es de huit cenls a
JC Thésée en était parti. Le peuple les re
e grandes marques de joie ; pour perp
mémoire de cet événement on institua, <
poote^^ tragiques, àes coucôurs qui euren
grande célébrité. Ce fut dans celte occh*
So^)hocle , encore jeune , fit jouer sa ^
pièce ; il était âgé de vingt -bult ans ; il ce
avec Eschyle, qui était en po.>sessii»n du
Après la représentation des pièces , Farch
E résidait à ces jeux voyant parmi les snc
eaucoup de tumulte, de partialité et de
ne voulut pas tirer au son les juges du-
■ Les dix généraux de la république, qui a
^ leur tête Cimon, montèrent alois sur le
■ ] et s'aoprochèrent de l'autel de Bacchus poi
,1 des lioatious. Leur présence ayant fait ci
clameurs de rassemblée , l'archonte les cho
nommer le vainqueur. La dignité des juge
encore plus vive l'émulaiion des concun
prix fut décerné à Sophocle. Eschyle en ce
si vif chagrin, que, ne pouvant plus supj
séjour d^Athènes , où tout lui rappelait le 1i
de son rival , il se retira en Sicile ^ et y me
De tous les généraux grecs Cimon fur c
orfa les plus terribles coups à la puissa
?crses. Après qu'ils eurent été chassés de la
il ne leur laissa pas le temps de respirer
r>:
1
■ ■•ce «4ca xciaca^ u«ii mxwoi.attr-iJt. viiv^vf't, vca i; y
!S. Bientôt il apprend que toute la floiie en^
avait jeté l'ancre à Tenibouchure du fleuve
lédon, et qu* elle ne vou1a:t coinbait«e qu'a-
irrivée d'un renfnrt de quatre-vingts vaisseaux
4ens qu'elle atiendail. Pour prévenir celte
>n, Cimnn range ses galères en bataille, et
sente à Tennemî ddns un ordre qui le force
iger Taction. En vain les Per'^es se retirent
rant dans Ti-mbouchure du fleuve : les Athé-
les poursuivent avec tunt d ardeur qu'ils
obligés d'accepter le combat. Les b:;rbare8f
supérieurs en nombre, font d'abord une
reuse résistance ; mais enfin , presses vers le
I9 ils s'y jettent eh desordre, laissent leurs
anx en proie aux vainqueurs , et viennent
idre il leur armée de ti rre.
lait une entreprise hasardeuse de tenter une
nie en présence de l'ennemi, et de mener
? des troupes fraîches et nombreuses des
s déjà fatigués ; mais les Grecs , anin^és
n premier succès , deinandaienr à com-
* les barbares. Cimon crut alors devoir
er de telle ardeur; il s'élance à leur t^e
*» rî*-anr#» .if 1p« mono :» i pnnoinî niiî
}
113 t: 1 M D N.
f»l sur terre ri sur mrr, Ciinon* pouf y mettre 1
iMiinl)lo, apprenant que les vaisseaux phënicier
f]ii attendaient losTerses riaient près d'arriver
vole au (levant ilVux , les surprend , et les
bieiit(M pris ou roulés à fond.
Après ces glorieux exploits, Cîmon, tir retou
dans sa patiie, emploie les richesses considérable
que celle guerre lui avait procurées à forliflor I
)()rt , à embellir et à oincr la ville. Ce fut lui , di
Muîarcpie , qui le premier établit dans Athène
de« lieux destinés à des exercices et à des jeu:
lu»nr.t!es,ouvertsà Ions les pariiculiers.il fil plante
sur la place publique de larges ;dlces de platanes
il (bancea rcuiplacemeni nu et aride ne TArj-
demie en une i»ronienacle chîiiciense ;irrosee u<
ioulaini'S, et ombragée par de beaux aibres. l)j
• els embeUi>seraens lui assurèrent de plus en plus
i'airection du peuple, être noble usage que Cî-
mon faisait de sa foiinne fut pour lui le moyen k
plus sur, et en même temps le plus légitime .
de gagner Testime el l'a mil iê des Athéniens.
Mais la générosité de Cimon ne se bornait paj
h ces sacritK es fastueux ; son cœur se complaisait
aussi à souliger les besoins du pauvre ; la bîen-
fiisance semblait en quelque sorte son élément. On
eiit dit , selof) la rodexion ingénieuse de Plularque,
que ce grarul bomine a^ait ramené sur l.i terre
cette ccmmunauîé de biens si vantée au siècle d«
Saturne. Il fil enlever les clôluïes de ses vergers,
afin que les étrangers et les Atbéï^iens qui co
auraient besoin pussent libi*cmon» en cueillir
les fi uits. Tous les jours il tenait table ouverte, à
laquelle les ciloyens pouvaient venir indistinc-
tement prendre part à un repas simple et frugal,
mars abond.int. D«ns les rues d*Alhcnes plusieurs
doincsliquesmarcbaieiit i sa suite; ils étaient lou-
jours rouverts de bons manteaux , à fin dVn revétÎT
es vieillards dont le costume auDonçail Findî-
I
C tM O M.
^n; iU (étaient aus^i pourvi
n5
, . lis t1 argent, avec
hlre iJ'fti glisser lecrctement ilaiis la main
ht citoyens honnêtes et nécetsilcux. Souvent
lic"rc on le vil sjibveorr aui funérailles de ceii»
^(■linit morts sans laisjer de quoi se faire
■mer :aui9i les ïnfurtunés, regardant Cimon
une h-iir père, crai^aîent de Im survivre ; Idïit
t*i) c\Mirrail ils n'avaient plus à reduuler la iiii-
,Tom ('(ail almiraMe dat
(louvait sans injuslir
ouduhr :
i.M« bienfait)
il ne les
répand
B^ se
rendre
p
Hdb
pr.pUi
le -o,.i,
pirli Jes
au lontr
*ré pour
le
r.oblcs,e
|^«l
arisiocra
aug-iuvci
nempiit
««nab
ses sen
im
ens à CCI
e8,rJ lo
«mii
Aristide
I-.
ntrc The
mislocte
: snf-
! tOU-
, et préfèreir
Il pofnUîre.
Ïj'il se
ailpur
|j|iu1b Je la mulliludc. Nous verrons iju'il en
piraa par la «uilc une preuve non moins autfacn-'
""'"lei^^nM dérlarantovvertcmemcuritre le projet
ir4 ciMON.
ordinaire, la corruption. Aristide s^en était garan
Î^ar une pauvreté volontaire : Cimon , au sein i
^abondance, n^y fut jamais accessible; jamais o
ne put l'accuser d^avoir sacrifié son devoir à V'n
térét ; et tandis que tous ceux qui prenaient pa
au gouvernement s^enrichissaient sans honte ac
dépens- du trésor public , il se maintint toujou:
incorruptible , et ses mains furent constammei
pures ; non seulement on ne put jamais le sou|
çonncr de concussion , mais encore d'avoir ref
aucun présent. Plutarque cite de lut à cet
occasion up trait remar/juable. Un Perse nomn
Resaccs était venu se uxer à Athènes avec d^in
menscs richesses ; comme il y était sans cet
tourmenté par les délateurs « il se réfugia ch
Cimon , et crut devoir lui offrir une somme cous
dérablc : « Kst-ce pour a mi ou pour mercenaire qi
» vous voulez m avoir i* lui demanda Cimoa (
jf souriant — Pour ami , reprit Tclranger. •
» Hé bien , répartit Cimon , reprenez votre 01
i* en qualité de votre ami je m^cn servirai quai
» j*cn aurai besoin. •
Admirable dons sa conduite privée « Cime
no. l'était pas moins dans sa vie publique. D01
il\ui grand sens , d'une rare prudence , il avs
une connaissance profonde du génie et du cara
icre de$ hommes. A la télé des armées sa doi
t;eur envers les troupes ne l'empêchait pas <
les maintenir dans un ordre merveilleux ; j
m^is général ne sut mieux que lui inspirer i
soldat cette ardeur qui lui fait compter pour rii
les fatigues et les dangers: Dans les auaires
grandeur d'âme et sa franchise ne le rendaient p
étranger aux spcn^ts de cette politique qui se co
cilié avec les lois de la morale : c'est ce qu
prouva par sa conduite avec les sHiés.
Ceux-ci, de{)uis que Thuniiliation des Pers
fai->ait succéder la sécurité au long effroi qu'avi
CIMON, ItS
iprouré 1^ Grèce . refusaient d'enTOysr le contiu-
(èiil de lrou]>cs et de vaisseaux qu'ils étaient cou-
Tenus do fournir pour i:oniinuer U guerre con-
tre les barbares ; ils trouvaient ceUe condition
plus dure i mesure que lu danger diminuait.
Lea généraux d'Athènes n'épargnaient au-
tone rigueur pour le* rontraindre à la remplir,
H par celte sévérité mal enlendue iU leur rea-
ii'Ktnt oïlieux le gouyernemenl des Athéniens.
Cimnn , dans des vues plus profondes et plus
(onfnrmes en même temps à la bonté de son ca-
ractère, suivit une roule tout opposée ; il pro-
JKMa aux alliés de garder leur» soldati et leurs
matelots , d'au g me n te I' leurs contribulioiis , et
fenvoyci' seulement leurs_ galères , qui seraient
mi>n<ées par les Athéniens. Par cette politique
klroile il les priva de leur marine , et, les plon-
Kanl dans un fuuesie repos , il les rendit inha-
nlcs aux travaux guerriers. Toujours en mer,
[bniours armés , les Athéniens au contraire
Uteoenirent de plus eu plus , et acquirent une
wlle snpérioriié qu'ils devinrent lei domina-
teurs (le leurs alliés, qui se trouvèrent bienlôt ,
4ans s'en apercevoir, des tribulaues et en quelque
jorle des sujets. Mais reprenons le cours des ex-
^il« de Cimon.
Un an après la glorieuse expédition de Panf-
phylie, Clmon apprend que quelques barbare*
n'avaient pas encore abandonné la lihersonnèse
de Thrace , et qu'ils Icnlaieni de soulever en \eut
bveur les habitans des pays environnant. Ce ter-
lible ennemi des l'ersis ne pouvait rester oisif tant
r'îl en restait encore sur le territoire de la Grèce ;
part aussilât d'Aibénes , et, malgré le mépris
r inspirait aux barbares un si faible annemeut,
fonil sur eux, leur prend treize vaisseaux, les
chasse du pays , soumet les Thraces , subjugue
toate la CheriDanése, et la utei sous la-dominf-
3l6 CIMOV.
lion des Athéniens, quo>nu'il y eût lui-mSinc
plus de droit du clicf de Miltiaue son pire, qd
en avait eu In sonreiviinelé.
Les habit ans de lîtc de Thasos s^étaient ré-
voltes ; il les attaque, gagne sur eux une bataille
navale , leur prend trente trois vaisseaux^ et met le
siège de va ni leur ville. Malgré ce premier revers ,
]es I hasiens soutinrent leur révolte avec un achar^
nement extraordinaire ; ils décernèrent la peine de
mort contre le premier qui parlerait de capituler «
romme s^iis eussent eu affairf à des ennemis fé-
roces et dont ils eussent à redouter les dernières
extrémités. Le siège dura trois ans, et (if souffrir i
ces malheureux insulaires tout ce que la guerre a
de plus cruel : rien ne pouvait ébranler leur fer-
meté ; les femmes mC'mea secondaient leur énergie ;^
on les vit se dépouiller de leurs cheveux pour
remplacer les cordes qui manquaient aux niacnincs
de guerre. La famine devenait extrême ; la villt
se dépeuplait; eiifm liégétoride , un des habi-
iaiis , ne pouvant plus long-temps voir sa patrie
en proie à tant de maux , se présenta un Jour sur
la place , la corde au cou , et dit : «» Tnasiens y,
•> dtc.z moi la vie si vous voulez ; maïs sauvez par
» ma mort le reste du peuple, en abroge;)ni la loi
» meurtrière qiie voms avez rendue contre vous-
» mêmes. » Ces p3roles , ce noble dévouement
touchèrent Tassrmblée ; les Thasiens ne purent
se résoudre à faire mourir ui si généreux citoyen;.
ils se rendirent aux Athe.iii»n5, qui leur laii^sè-
rent la vie, et se conleutcrent de démanteler leur
Ville.
Les riches mines d'or que possédait Thasos sur h
rive opposée del.i Tlirace ftirenl le | rix de cet*e vic-
toire, l.ifjion soumit ensuite tout le pays jusquVa
Mare' loin'» : il aurait mé^me pu facilement se rendre
m.iîlred !jnepartiede(eroyaiime,s ilcUtvoubipro-
iilerderoccasion ; mais il négligea cette conquOte^
C I M O N. 117
uqnîdnnnalîcu »es»mnemisJe!V.cuwr Je s'être
Igïssé gagner par It-s priëi^s du rcri de Macédoine,
Alexandrie I". Appelé en jugpmpnt, it ne lui fut
pas (liiTicIlt^ de pniDver conibiea il était éloigné
iTune lelle prëvariralioii. Rien de plus noble que
la défense , dont Plutarque nnus a conservé queL-
ipies Iraiis ; « Je n^ai jamais formé de liaison ,
" dîl-il , ai-cc 1rs Ioniens , les ThessalJens, ni d'au-
» We» peuples riches , comme l'oul fait mes pré-
• déees<e»rs, qui cherthaient dans ces alliances
■ des honneurs et des richesses ; je ne me suis
• lié qu'avec \rs Larcdémoniens , parce fjue j'es-
» tîmc leur vie frugale , que je préftre à tnus le»
" biens, et que je me suis proposé d'iimler. Au
• fPSte, celui qui ne se sert de» dépouilles des eii-
' nemis que pour eni'îchir sa pairie , fèra-l-il une
n bassesse pour acquérir des ncliesses dont il fait
t on si noble usage ? »
CîRton fut absous ; mais ^es ennemis, encore
l^iis acKarnés par ce mativais luccèa, épiaient soi-
pteusement le moment de s'en dùlominager.
I A leur lÈ-le on illitinguail l'ériclès, qui plus tard
devait jouer un si grand rôL',
I Dès qu Aristide itil mort, (juc ThcmLilocle fut
[ devenu odieux au peuple , cl i|ue le commande-
aient des arniéies eut éloigné Cimon de la ville ,
Pèriciès cnmmença à briguer la faveur des Alhé-
j nïeos. Par ses principes sur le gouvernement,
Cimiin »PTnil roni-îlié l'aini;ié di's nobles, et les
■unibi'i-'ui bieiifiil:, lui avaient ^agné une fnii'c île
fariiiai.ï i-aimi le* pauvres riioycns r Periclès ,
abile à dégnier .^on ainhilîou sous des jonncs
fOpuUires, s'éievoii conUc la failion drsgiaiiJs,
ets^atUrhiii à IJaULr le peuple en loule orcasii.n;
tniis comme sa forhine le tnellait hnis d'état d'i-
■niter les immenses libéralités de son rival , il ga-
gna la multitude en faUanl «alariei une paitie du
Il8 CIMON.
peuple , quHl appelait aux assemblées et aui
tacles 9 et se servit de Tamour qu'il inspirai
abaisser toutes les autorités , même ce
FAréopage, dont il voulait conférer au
une partie des attributions.
Ce projet n'avait pas encore reçu son exe
lors du retour de Cimon à Athènes. 11 v
douleur ravilissemcnl dans lequel allait ton
tribunal, qui était le plus ferme appui de L
titution de la république. Son zèle pour
public lui suggéra de mettre en usage t
moyens de le faire rentrer en possession de
tiques prérogatives, et de remettre en vigut
ristocralie telle que Tavait établie Clislhènf
l'expulsion des tyrans. Mais tant de soins r
tirent qu'à faire perdre â Cimon la favc
Athéniens; ses ennemis en prirent occasio
excilffr le peuple contre lui, en lui reprochai
tout son attachement pour les Laccdémon
avait donné lieu à ce reproche en ne mér
pas assez la délicatesse des Athéniens, ca
cessait d'exnllcr devant eux Lacédémone, el
il leur faisait quelque reproche il avait C(
<r.i jouter : « Ce n'est pas là ce que font le
» liaies. » Cette sorte de partialité pour une
rivait; lui aliira Tenvie et la malveillance
concitoyens, qui lui en firent bientôt éproi
effets.
Vn tremblement de terre vint briser les se
<!u moni Taygète, qui dans leur écroulera
traînèrent une partie de Lacédémone, et fîr
rir la plupart de ses habitans. Pour comble
solati(»n , les Ilotes , voulant saisir cette o
de secouer le joug , accoururent de
parts pour massacrer les Spartiates qui
échappé à ce fléau; mais, les ayant trouvée
paf la sage prévoyance de leur roi Archii
CIHON. 119
Il se retirèrent Jans \ea villes vmsinci, dont la
tlupjrl cmbraMèreni leur |>arii, D^s ce moment,
^utenus d'ailleurs par les Messéiiîens, ib «im-
tttnrirent contre LacétJémone uue guerre achar-
iiSe. U.ins celle exlrèmiié l<s Lacéclémonitna dé-
lièrent à Alhène» pour demander du secours;
Biais Ëpliiiil'e s'y opposa, en déchraiK qu'il n'y
irait aucune raison plausible de secourir iPlte ri-
alc (l'A|]iène«,>|u'ilfallaii la laisser (>ri5evelie sous
ts ruines , et i^nir ainsi l'orgueil de Sparte hu-
btilié. Cunon, loin d'approuver un conseil si peu
péteux t rai>pcla avec vivacité Ifs liens de fraier-
lile qui tievairni unir tous hs Grec;, et représenta
mM y aurait de b Ucheié et de l'imprudeace i
\àu^r mutiler le corps de leur confédération : " Il
I ne convient pas , dil-il , de laisser la Grère Loi-
• Icase , et Athènes saiiS contrepoids. " Le peuple,
Mtrainé par ses représentations, ptrmit i Cimon
h m.irchcr au secours des Lacédémoniens à la tête
avilie .année nombreuie. La seule approche de ce
Miéral fît cessPT U révolte; mais il ne fut patplu-
Hi éloigné , que les lions s'emparèrent de la for-
teresse d'illiôme. Sparic imploia di^ nouveau l'as-
Btlance d'Alliènes , ()ui moulra encore une (ois
Un noble empiessemcnt à secourir sa rivale. Les
Athéniens curent alors à su plaindre des mauvais
Crocédés des Spartiates, et seri-liréronl fort irriiés.
lés ce monieul, une niésintelligence.inarijuées'é-
liblit entre li^s deux peuiiles, cl celui d'Athènes,
^ M déclarant l'ennemi de quicnnijue montrerait
I quel<]uetiidirialion pour les Lacédémoniens,liiurna
[ Mn resieiiliment conire Ciniou, qui fut banni
par l'oslrarisme.
I Quelques historiens ont censuré la conduite de
ce général, prétendant nu'il pri'li-ra d^ns relte oc-
casion l'inrérfl de. Lacédilnione It l'aj^randlssement
de sa pairie. Ce reproche nous semble aussi ioipo-^
120 CIHON.
iitique mrinjusie. En effet , Athènes et Sparte n'é^
iaieiit elles pas les véi iiaiilcs soutiens de la tirècp,
qui sjns ruiic d'elle:» eût perdu la niollié de sa-
Îiiiissanrei' D adleurs le peuple d' Ailleurs était si
ier, si orgueilleux de S2s succès , qu'il avait besoiir î
A\\n frein qui modérât sa fougue, ci ses vicloirei^ :
Vavaient tellement (H'irhi qu^i( avait besoin d'être l-
toujours tenu en alerte par la rivalité de Sparte, ;-
pour ne pas «'enj^ourdir au sein d'un funeste ;
re])os. î
Copendant la guerre des Lacédémonicns contre i
les Ilotes n'était pas prête h (iwe. terminée; cei .
rebelles, renfeniiés dans Ithmne, après s'y 6 tre i
défendus pendant dix ans , se rendirent aux Lacé- i
dêinouiens, qui leur laissèrent la vie, à con*- j
dition quMs évacueraient pour jnninis li; Pclopo*
iièse. Les Aihétiiens les accueillirent avec leurs
ieiuines et leurs enfanSfet les établirent à INau-
pacte, don! ils Tenaient de se rendre maîtres. Ce-
lait (!ès lors uu titre à Taniitié d'Athènes que
d'etî e eunerni de Sparte. La déferlion de Mégarcf
q li quitta le parti des Lacéilénioniens pour sf
rauj^er sous la protection des Athéuieus, mit le
eouiMf* «-i Va (lisseution. Il se forma phrsieurs li-'
gne««; il se douua plusieurs combats entre les dfux
p^îupirs, dopl le nlus ceièhrt' fut celui de T^nagra,
où la victoire deniînira aux Sj.artiales. Dans ceîte
orciisi(Mi CuMon , qu.ii'|ue exilé, se rendit enarmes
dans»'» !ril>'.,r»ioTrnant li j-lus grande ardeur poof
r(>Tr.baîl!'«* les Larédemouieus : il ne se souvcniif
pi'.is d«' rit justice <lc ses concitoyens, pnJs ;ii il
pou.itii h»ur ère utile, et croyait que la-nou!' île
î: fMli'ie iK'vaii le dispenser de gir.ler s m b:in ;
in.;is s<': < niîf»iui'! lui iireni domier l'ordiedese
rcliier. Il - ^'IoI^îm donc, np.'ès avoir conjuré ses
aiMis, sou, (^ouues comme lui d être 1rs plus chauds
p:u ti:-iins des LacéuémDnienâ , de combatlrc saiv
uiagcinrni cl JV-fliicer jur leur bravour* nui
IX 4c leurs concilçycn» le HOiipçnii injiirit-ux
t l'on avait form^ sur eux. Cv* giirn icra , ([ut
^til au numlirR île iciit, apr^s avoir pbcé l'ar-
ye cunifilèie de Citnon ju itiilieu Jt! leur (letit
ftÛtW Mm':, se ûreut lou* tuer en fui^fnt dcf
fdi^e* (le valeur, el iambrent aux Alliéiiiens
•f.jfgrtï infini de U^ur prrie, un xiiicèru repentir
!!loi avoir tii in|uit('inrnt loupi^onnés.
Ûsn* rabaltfimi'nl où U plangeait «r.s revers,'
(h^nos l'OUfjisMiit de h» injusiices , et ctat (jui ia
liivprtuienl oubliaient leur rivalil^. Aussi, après
idiMbiltt Je Taïugra , elle se souvînt des services
JDSUm'neHl hcniciiK de Cimon, dont rlli! «Vlaït
4vét pKT ton in^ralituili'. l'n irli'i, qui l'avait fait
^uir, fui >cliii (jul proposa i-l fil passer le décret
ysoa tappt-i, uitt dicz et; peuple les haine» po-
tauA reliaient Iji'tlumtni â l'iniéi^t coniitiuit !
tJtldnaré de l'eilime des Spaniaki , tt a-surë (le
kjjonfiaiKK lies Athéniens , Cîmon employa
pu Be>' soins i rétablir la piJx enire eux « et
û rt'noBcili.itinn ne fur ni nimplrif nt siii-
bre, il les engagea ilii moins A signer uni' trîjve
e cinq an». Mai-; comme Ailiènus ne pouvail pHui
jp|)orler le ri-pc)s, il ('(jtiipa deux cenis galcies
estinées à fain; sous sou rommandcmeni la ron-
ufiledel'ilede Chypre. Li^bnt de cetic cxpt'dilion
itnlaÏDe élail dVmpiVlier li's Albéiiiens de liarre-
sr les Sfiariiali'» ou d'opprimer leurs ailles ; c'c-
ail«n mêmelrmps le movfii de les tenir tonjnuis
n état de dcfeusi' i:onlie les barbares, cl de les en -
idiir d'une n.AiièrebonoMbl.', en leur fjlsjEil rap-
.(.rler danJa (;<.Vcles dépouilles d<- leurs enuomit
■aturel). D'ailleurs re grand liommc, <|ui ne f. tr-
iait [ainiis nue de vjsles projels , natse proposait
■as moins (|ne la deslrurlion de la mi>ii:irctiic pcr
ane.. Bientill il bailit la Huile du (ji.ittd loi ^
Tome I, Il
123 CIMON.
la vue des cAtcs de la Pamphylie, et s*ew
de presque toute Tîle de Chypre.
Le roi de Perse Artaxerxe, fils de Xerxès
buté d^une gueFre^donr les commcnremens
étalent si funestes, se hâta de demander la ]
Les cooditions en furent huniiliaijles pour
mais la terreur qu'inspirait le nom de CA\
clait telle, qu'il s'ostima trop heureux de To
nirà ceprixrArlaxerxc reconnu! 1 indépendanci
villes grecques de rionie, stipula que ses vaiss<
de«guerrene pourraieni mirer dans les mers c
Grèce, ni ses troupes approcher des côtes <
une distance do trois jours de marche : de
côté les Athéniens s'engagèrent à respecte
territoire persan.
Pendant qu'où négociait le traité Cîmon nn
rut, pour ainsi dire entre les bras de la victo
devant la ville de Citiuin , les uns disent dé*i
ladic , les autres des suites d'une blessure (
avait reçue en combattant pour sa patrie. Senfar
fin prochaine , il assembla ses omciers et leur
donna de ramener les troupes k Athènes, en
chant soigneusement sa mort. Cet ordre fut <
cuté avec beaucoup de secret ; tant que dura la
rignlion, ni les alliés ni les ennemis n'eurent c
naissance de ce fatal événement , et au bout
trente jours la flotte arriva dans les ports de 1'
t que, toujours commandée par Cimon.
Après sa mort Athènes eut encore quelq
grands généraux , mais bien peu fiirent anii
rommc lui d'un véritable amour pour la. pat
Flattant les passions de leurs concitoyens ^ il
animèrent à combattre leurs frères , et se fir
une étude de tourner la politique, la valeur e
puissance de il Grèce contre elle-même. Gim«
axi contraire, s'appliquait à faire régner b bo
inlelligence entre les Grecs , et ne voyait d'en
CIMOM. laS
s pour tox que dans les Perses; aussi il ébranla
premier leur empire , et iraça en (|U<li|ue sori»
route qu'Alexandre devait parcourir un jous
■c tant de gloire, *
ï
124 pÉRJGi.i;&»
■WV^X^Ot^^^^^^VX»^»^'»^ %»t»«fc/%%<<»^»W»V%iV>»%%%%»/»^ •W%fJ0^\.<%ftfi
PERICLÊS,
CHEF DES ATHÉNIENS.
JrÉRiCLÈS était fils de Xantippe, général .
nien , qui avait vaincu à la bataille de B
les généraux du roi de Perse , et il descend;
sa mère Agarista des rois de Sicyone. A{
crut dans un songe qu^elle accouchait d^un
et peu de jours apcèft. «Ile mit au n
Pénclès. Il naquit dans le bourg de C
gue , près d'Athènes , et fit partie de la
Acamantide. Cet enfant , bien conformé
leurs, avait la tête d'une longueur si dispr
lionnée , que les poètes d'Athènes lui doni
depuis le surnom de Schinocéphale , ou iéU
gnon marin ; les sculpteurs au contraire ,
cacher ce défaut, mirent le casque en télé à
ses statues.
Rien ne fut négligé pour son éducation,
entre autres maîtres Damon, qui, sous les c
d'un musicien , cachait une grande capac
s'attacha au jeune Périclès , et lui doni
premiers élémens de la politique. Mais il i
tellement se déguiser qu'on ne reconnût i
qu'à la faveur de sa lyre il cherchait à ce
public son application aux affaires et sa pr<
tion pour le pouvoir absolu; on le bann
Tusiracisme. rériclès prit alors des leço
I PÉRICLts, 155
l'^non d'Eléf , qui ensHgnnii In pti^-siqtre !wlfiu
I, \e» priaàpFs de Parméniilf, et nui if ronJuisil
f\m d'une fiiis ilam les déloiirit d une dtalectiqtie
»1)tipusp, pour lui fndéeriiivrir t^s issues secrèlts.
Mais relui <\n\ ri-inlribus le plus k lui donner cette
^tv^nn , cette fierlé de seniimeiis «ju'il fil éclater
'S^ittts dans toute sa conduite, ce fui AnaicagDre,
'l^inl ses conlempnrains appelaient X'InieUîgtiice ,
àcausr d^l'univerfalilé de ses coDuaissanceseï de
1» profondeur de son génie. Il Jévelrippa au jeune
Cérirlès le principe des êtres., les phénomènes de
nature, et agrandit sun âme, naturellement
A son ("cofe Périclès puisa cette ëlofjuence su-
blime si éloignée delà bassesse du style popiilaii-e ,
e»l«S*ur sévère el grave que le rire ne tempéra
"m, «elle démarche ferme cl troiiquille, eu
^ Toix toujours égal , cette modestie dans
ité, dans rnabiHemenl , toutes ces qualités
(pli , relevées par beaneoup d'autres, fr*p-
Krrnt les Alhétiieirs , et les disposèrent de bonne
tire à seconder s« vues prémalurées d'ar.ibi-
lion.
Mais Périclès s'aperçiitdebnnnelieure nnssi que
n ttaissance et ses richesses le rendaient suspect aux
]Urlisans de la démocratie absohie. Un autre motif
augmentait ses alarmes : on avait remanpié d.ifis
Bïs traits (j lelqiie ressemblance avec Pisistrate , et
des vieillard' qui avaient connu cet ancien domi-
nateur d'\l>iènes, croyaient le reirnoTcr dans
te jeune Périciès; r'élâient en efïêl les mêmes
Iraitn, lemi'me sou de voiv el la même éloquence.
Dfallail se faiie pardonner celte conformité sin-
gulière, la naissance el les ricbesses dont elle
était accompagnée, surtout les amis pniss.ins que.
rfnnnaieiii tant d'avantages. Périrlè* , dans la
crainte di' s'.niircrleban de riislracisme,qin frap-
pait ccuK dunl on redoutait le crédit, ne prit
â'aborâ ' ) | i
a^^»
■fl
■ pl__
losophie; 'par au ambitionner d'aulre]
dûtînc IIS e ceiie de la valeur , cl montra un
graiid co ; k l'armée.
CepeDasiii, après \* mcirl d'ArUtide elle
nUsement de 'niémislacle , Périclès , vuyani U-
uon, attaché lu parii de la noblesse, loujoan
retenu dans ^et expéditions lointaine^, et la cao-
fiance des Atbénieiis flotter entre [ilos'
Currens incapables de la fixer , jela pai
duite adroite les * premiers fondcm
grandeur fujure. D abord il su déclara pour Icï
intérêts du peuple, où il trouva de b sârelé pout
lui-même, et du crédit contre Cimon. Il chatig?»
aussi ses habitudes, se re ira de la société, re-
nonça aux plaisirs , ne se montra plus qu'à h
[)lace publique nu au conseil , attira I atlention de
■ multîlude par une dcman lie lenie , un exiërieur
modeste pt des mœurs irréprochables; mais, W
voulant pas qu'une trop fréquente communication
avec le peuple in.tpirSt pour sa personne le sen-
timent de la satiété, il ne iiarut que rarement et
par intervalle daus les as nblécs publiques, «à
ses premiers essais à la trmune avaient eionnl
les Athéniens. Il s'abstint issl de parler sur leî
affaires d'un médiocre înlen^t , se résurvanl lot*
entier pour les grandes occasions ; il- s'atiactu
surtout à mettre son tam ge et sn dicUon H
harmonie avec l'élévation ; son ime , en se for-
tifiant de plus en plus des i -fins d'Aïuxsgore'.i
en joignant au plus heureux naturel relie subli
iniié d'esprit qui, suivant Platon, noua rfn4
«apable des plus grandes chnses. Il appiifiuail ^
l'art de la parole tout ce qui pouvait y c(»l|çail*
rir, et s'il dut i la naiure d'âlrc le plus t^lï^uenl
des hommes, il dut au travail d'^lrr le pr«nîiH
des oratcun de son temps. Ce fui '!■' on, cctU
parla jamais en public sans avoir prié les '
de ne pas permettre qu^il lui échappât
e eipression qui ne fût propre à son sujet ,
i pût choquer ses concitoyens. Avant de
*e dans Tassembiée du peuple il se disait à
^me : « Songe bien , Périclès , que tu vas
er k des hommes libres , à des Grecs , à dps
éniens. » Sa contenance était ferme et as*
sa voix insinuante et persuasive : les poètes
I temps disaient que la déesse de la P^rsuor-
avec toutes ses grâces ^ résidait sur ses
roDs -le maintenant dans sa marche pour
* au gouvernement de sa patrie. Il partagea
d la faveur des Athéniens avant de Tob-
tout entière. Cimon était â la tâtç des
( et des riches : Périclès , qui s'était déclaré
a multitude , contre son naturel peu popu -
se vit bientôt en état de balancer le crédit
mon. En vain ce dernier , 'dont la fortune
nmcnse, essaya-t-il de gagner le peuple par
•gesses : Périclès , soutenu ouvertement par
Ititude , fil assigner des pensions aux ci"^
128 PERICLÈS.
xrieux afîermir encore son autorité, il er
4'abaiss^le tribunal de F Aréopage, ou is^o
aux innovations. Alors le peuple , enhardi
teou par Fériclès, bo'uleversa Tancien oi
gouvernement, et cita au sénat la conna
de toutes les affaires importantes.
Mais tous les obstacles n^étaient pas
surmontés. Le& nobles et le) riches d^A
yoyantPéricIès jouir d'un pouvoir presque
lui suscitèrent un rival redoutable dans
sonne de Thucydide , beau-frère de Cim(
litique consommé , au fait de la tactique <
semblées populaires, et qui, se mesura
tribune avec rériclcs , eut bientôt remis Vé
dans le gouvernement. Ces deux chefs sé[
en deux parties bien distinctes le corps po
le peuple et la noblesse.se divisèrent , et foi
deux factions.
Dès-lors Périclès, ne troiwant plus d<
que dans la défense des intérêts du p(
dans Téclat de sa faveur , chercha dans so
nisiration même tous lés moyens de pi
multitude. Ce n'étaient chaque jour que sp*
que festins et banquets, pour entretenir
ville les plaisirs et la joie. Il envoyait chaqi:
en course soixante galères montées d'ui
nombre de citoyens , qui , soudoyés hui
se formaient à toutes les évolutions n^
établit aussi plusieurs colonies dans la (
nèse , à Naxos , à Andros , en Thrace ; i
voya même en Italie , pour repeupler la
Si barès, rebâtie sous le nom de Thurin
débarrassant ainsi Athènes d'une popul
faute d'occupation , excitait sans cesse d(
blés, il soulageait les citoyens pauvres, e
rait de la fidélité des alliés par des colo
les tenaient en respect.
Fériclès , voulant aussi occuper un p<
P ERIC LE s. 12g
(looiable à ses chefs dans les loisirs de La paix ,
résolut de consacrer à l'emhelUssetncnl d'All'^n«s
linc grande panie des contriburions que four-
nissaient les alliés pour soulfnir h ^ugrre contre
■les Perses, et t^u'an ayait tenues jusqu'alors en
^^réserve dans la clladelle. A peine ce phn fut-il
iBi'ï à exécution que les msnufaclurcs , les ate-
Llîers, les places publiques se remplirent d'une
ripfinité d'artistes, d'ouvriers et de manœuvres.
[Des édifices d'une beauté , d'une élégance inimi-
I lablei s'élevèrent de Ions ciïtés , et décorèrent
j cette ville célèbre. Tous les artistes , dirigés par
' Pbidias , qui seul avaïl l'inlendance des travaux ,
('efforçaient à l'envi de surpasser ta magnificence
' in dessin par la peifeclion du travail. Hien jus-
I ^'alors n'avait flatlédavanla^c les Athéniens, nî-
CDDlribué davantage à l'embellissement d'Athènes,
ni éronnë le plusjes aulres peuples de la Gièce.
I Toulefoîs , de tous les acies' émanés de l'adminis-
I kalîon de Pérîclès , c'était celui que ses envieus
' De cessaient de lui rcprorher ^ il servait de texte
ordinaire à leur déclamation dans IcS asscmbli'cs
du peuple: v X-a Grèce, disaient-ils, ne peui se
■ dissimuler que par la plus iujusle et la plus
■ tyrannique déprcdalion tes sommes qu'elle a
» consignées pour les frais de la guerre sont om-
« ployées à dorer , à embellir nnire ville comme
" une femme coquette que l'on couvre dp pierres
• précieuses ; elles serveni à'érigcr des statues
• rnagni&ques ^ construire des temples dont tel
" a coûté |iisqu.'à mille talens. " C'étail le lumple
ie Minerve, que désignaicTit les déiracleurs île
Périrlès; il avait en effet coUlé mille lalens.cn-
Péricirs, .U.> son cùlé , représenrait aux Albé-
niena que l.i diicn^ des alliés était assurée, que
(es (larban-s ne [rouvaienr jibis que des fionlières
inaccessibles ;tju'abonJainnii'nl pourvue oUe-mémii
i3o pÉniCLE^.
de tous les moyens de défense , Athènes ponTji^
empWyer l'argent ■ qu^elle avait reçu des alliés i|-
des ouvrages qui , une fois achevés , lui procure-
raient une gloire immortelle, des ouvrages qiî.
alimentaient Tindustrie , les arts, et assuraiôil;;
rexistence de cette classe du peuple qui , n'étaql
pas appelée au service militaire , ne vivait que dft;
son travail : « Par là, ajoutait-il, toutes les coih*
» ditions et tous les âges partagent rabondaoM:
» que ces travaux répandent de toutes paris. » s
Il avait donné lui-même le dessin de l'Odcon;}
c^était un édifice entouré dans son intérieur it\
plusieurs rangs de sièges et de colonnes , et dont^
le comhle, incliné dans tout son contour, se ré-';
trécissait peu à peu et se terminait en pointe. Se-!;
Ion \itruve, TOdéon, soutenu par des colonne!]
de pitTic ou de marbre, avait été construit i^\
)ro(]uit des antennes enlevées aux vaisseaux da|
Vrscs , et sa forme imitait celle de la teiîlc de ;
Xerxès. •
Dès qu'il fut terminé Périclès proposa cl iX
p.^sser un décret pour y célébrer des jeux de mu-
sique et les têtes des Panathénées. Kommé lui-
même distributeur des piix, il régla la manière;
dont les musiciens qui entreraient en lice devaient
chanter, jouer de la flûte ou de la lyre. La cpiit-
modi'é du local détermina depuis les musiciens k\
les poi'lcs à sV rassembler pour y réi.iter oo
cliau!er leurs ouvrages, et cette dernière destina-
tion fit donner à ce monument \f. nom d'Odéon,
d'un verbe grec qui signifie rharUer. Ainsi depub
l'ouverture qu'en fitTéiidès los jeux de musique
y furent constamment célébrés.
Cependsnf les orateurs attachés nu parti de
Thucydide ne cessaient de (ricr que Périclès dila-
pidait les finances et ruinait ^ république. Fati-
;ué de ces accusation?, sans cesse reproduite*,
^ériclès demanda un jour au peuple asserabli
f
{
au^a dépe
ICLfes. i3l
S'il croyait qu^a dépemc fill réellempnt trop
forle. — Oui, répondit le peuple, beaucoup
trop, — Hê bien , reprît Périclcs , cette ilrpema
ne sera pa^ à votre charge ; je m'engage à la
■uppoiier seul ; maïs mon nom sf oJ aussi sera
inscrit sur tous les moncimeiis. u A ces mots,
il atlmiralion pour sa grandeur d'Ame, soit iiue
r jalousie on ne voulût pas lui rcdcr la gloire
tdnt de beaux ouvrages , le peuple s'écrit ifu'îl
rvail qu'à puiser dans le trésor, et ne rie» épar-
er pour achever d'embellir Ja ville.
Dn conçut une plus hsute idée encore du pou-
tr qu'il avait sur lui-même un jour que, peii-
||t rassemblée du peufle, on vit un homme liM
insolent ne cesser de Vinsulier cl de lui dire Aet
nrej, taudis que Périclès au contraire se te^ialt
Bstamment à la même place poW oipédier les
kires pressées , sans répondre un seKl mol. L'as-
nbl^e se prolongeant jusqu'à la nuit , on Mt ce
ifnfi homme ne, cesser d interrompre et d'ou-
jger Përidès , le suivre même jusque dans sa
"son , et a'ors Péri.U^s ordonner froid erai- ni à
de ses esclaves ile prendre un flambeau el de
ntluire cet homme chez lui.
Mais celle modération , qui lui conciliait le res-
ct des Athéniens, ne rempfciiait pas au be-
in de développer dans le gouvernement de
tal celte vigueur nécefsaire pour élever la puis-
ice d'Athènes au plus .haut point de splendeur
de gloire. Voilà ce que les Lacéilémoniens rom-
niçaieiit à voir d'un œil jaloux. La rivalité entre
1 Jeus républiques se luaiiifest.i bien ^lus en-
■re lorsqite Péiiclèj imita , ]'ar un JérrcI , tous
1 peuples grecs d'Kuropo l'I d' \sic à envoyer des
puiés à .Athènes pour j délibérer sur les inté-
tidelaGiéce. Les Larédémonicris, siiujiçonuant
le les v-ues secrètes de Teri^ l.'s avaient |.<.ur ob-
I de faire recannaîlre Aihéncs coimuc la prc-
ière ville, et pour ainsi dire h métropole d%
132 PERI CL
toiilr5 los nations grecqurs » s y opposèrcnf ; ils nr
voulaient pas céder un si grand honneur ^n
At}i('*ni(ïns , qii^ils regardaient comme leurs ri-
vaux en puissance et en gloire.
Impatient toutefois d^augmenter sa réputalîon
par (pieUpje expédition éclataiiie, Périclès tonriu
ses regards vers ia Cliersonnèse de Thracc, aa»
jourdjuii la Crimée, dont Fentréc appartenâil^ i
aux Athéniens , et où les Grrcs avaient des cold- ^
nies qu'il fallait protéger; il y transporta mfli
Athéniens, et ferma l'isthme, ou Pentrée delà
Chersonnèso, par une muraille tirée d'une mer )i
Tau ire, avec des forts de distance* en dislance.Par tt
il mil les Grecs à Tabri des incursions des Thraceit
il les délivra d'une gueire pénible et presque coil*.
tiouelle qu'il^ avaient à soutenir contre les baf*
b;)res, et les garantit des brigandages des natnrdi ■.
du pays.
(>ette expédition fut très<utile aussi ao coitf"\
merce des Athéniens dans la mer Noire, l^a court!
Tnarilirne quVntreprit ensuite l'érirlès autour m
Féloponèse contre les ennemis d'Athènes le fc
admirer des étrangers marnes, et lui assura b
réputation d^un amiral habile. Parti du port dl
Images sur la cùu* de Mégare , il ne se borna pil
À soumettre les villes maritimes, comme d*autffli
généinnx Tavaient fait avant lui; mais, débarquait
ses troupes, il avança dons l'intérieur du paysêl
for^^a les hahitans, effrayés de si présenrjp, k Ht
tenir renfeimés dans leurs murailles. A Nëm^il
défait en batftille rangée les Sicyoniens, qui oseit
se mes ifrer avec lui, et dresse un trophée pour ceflt
victoire. 11 prend des renforts dans TAchaYe, all!^
des Athéniens, s'embarque pour passer dans b
eontinent opposé, et aftrès avoir côtoyé le fleuvfi
Anhelaijs il ravage rAcjrnniiie, renferme \èt
(lùiéades dans leuis niuis, ruine tout le pays'i
ei revient glorieusement dans Atlii^nes.
IN^udant le «(iuis de celte expédition il s^él^»
3»un reJoutable aux eiin(tmi« que r«mpU'
ISfice et il'uciivilé pour la siln-lé dt* se»-
yens. Scstroiipes n'cprouvèreiil ni jcciileiii
■s.
làs ouvrit la saconJc campagne en cinglant'
,{7orl, avec une flotte nombreuse el ma'
jnient équipée. Là il attotJe aiiK ïille*
is lont CB (|U*ellcs lui demandeni, 1rs Iraîte
Jant d'humauilé que J'égarJs. Ea même
1 Jéplaïe auK yeux des barbares (jui les en-'
lieiïl, «en présence de leur* rois et de leurs
, la puissance imposante des Aihénknt ; il
1 voir que, maître* de la mer, ils navi-
t partout avec la plus gvamle confiance et
liëresOrclé. Il bisse aux Ij^biUiis de Sinope,
! de Milet, sur les bords du Pont-Cuxin ,
nieres commandées par, ^un lieutenant
DUS, pour les défendre et les protéger, Reu^
18 Athènes t il fiit publier un décret qui
ki<sn cents Athéniens d'aller s'élablirà
I, et de partager entre eux les terres qu'a-
possédées les ennptTiis.
nd Péiirii-s vil 1^ puissnnrc dis AlliLTiicns
gré d'élévation , il ne voulut plus qu'éviter
itc de la laisser affaiblir el le danger de
iCDier encore. Celte vue dirigea toute sa
ue. Aussi eul-il soin de réprimer les folles
ttons de ses conciiuyeiis, qui voi^laieni rc-
érir l'Egypte, subjuguer la Sicile ei atiaquer
M'inces maritiiiiL's du roi de l'erses ; quel-
iiis rêvaient même la coriquèle de l'i^irurie
Cartilage. Peiiclés arri^la Tiirrenr d'une ani-
fiiextr3Vj£;aiile; il n'employa la plus grande
des !Jicesd"Atl,6;irs que pour lui cunscr-
Mu'elle possédait sur mtT e! sur terre , per-
(lu'il suflis-iit de retenir les ^.llifs dans la
idance el les Lacédémoniens dans le respect.
It« politique ferme et raisunnable, il eut oc-
1
0.
lS4 Tthl&LkS.
easion de la manircîstcr dans la première guerre ^
sncrcc , ainsi nommée parce qu'elle eut pour '.
inot if le temple d*AnnIlon à Delphes. Périclès fit \
rendre aux rhocidiens riiitcndance du temple, ^
et fit graver sur une pierre sacrée les prîyiiégei i
que les Delphieiis accordaient aux Athénieni de \
consnlîer les premiers l'oracle. *j
La snge precantion qu'il avait eue de retenir «^
dans la Grèce les armées de terre et de mer fut j
justifiée par les événemens. L'Eubée se révolta '^
contre l.i puissance d'Athènes, et Périclès, saaf ^^
perdre iiu instant, marcha contre les Ëubéensâ la i
tf^te d'une année aguerrie ;mais, apprenant que kf <
LacédémouicnSfCominandéspar leur roi PlistodaV| I
niar( liaient de leur côté vers les frontières de '^
r.\tti(|ue, il* quitta l'Eubée , et revint sur ses pas»
]\e ^oulont pas accepter la bataille qu'on lui pré*
sentait, il gigna le roi Plistonax, qui sortit du
trnitoire (l'Atliènes sans avoir remporté aucun ^
av.'intage. IVriclès repasse alors dans 1 Eu bée avec ■\
rin(|t].iiite vaisseaujc et cinq mille hommes, sou« ^
mc\ \ ouïes les villes*, et en cliatfse les ennemis de II
pairie.
I) ins le compte qu'il rendit de cette expédition il I
porla(>n (1é[)ense une somme de dix talens avec cette
seiiit* indiralion xpoureniftloi nécessaire, Lc|>euple
la hii alloua sans aucune information et ne vou-
lut pas en Q)nnaîtrc le motif secret. Quelques his-
toriens assurent qu'il faisait passer chaque année
lï Sparl(^ dix talens ( environ cinquante mille
francs ) pour gagner les principaux magistrats t
afin (Téloigner la guerre. « 11 achetait, non pas la
» paix, dit Plut arque, mais le temps nécessaire pour
j» entrer en campagne. *»
A la faveur de la trêve qu'il venait de con^prt
av<v* Sparte il tourna les armes d'Athènes contre
les Samiens , qui refusaient déterminer leurs difTé-
rcns avec les habitans de Miict en louie. Les ea^
Jfeson esprit ; souvent même il puisait des
dans SOS connaissances en politique. Oa
Vspasie avait pris un ascendant singulier
is grands personnages d'Athènes, et qu'elle
ée par les philosophes les plus célèbres,
Socrate et Platon. Les Grecs admiraient
é et son éloquence. J^es hommes d'état,
de lettres^ les artistes les plus renommés,
niens et les Athéniennes les plus aimables .
laient chez cette femme incomparable ,
iociété fut un mydèle de goût et de poli-
passion de Péri dès pour Aspasie devint
ioirsi vive et si nécessaire ^ son bonheur »
ousa après avoir répudié sa femme, dont il
deux fils. Il l'aima jusqu^à la mort, e\
eut surjui un tel embire, qu'on l'accusa
)ius d'une fois suscité la guerre pour ven-
njures qui lui étaient personnelles,
inpagne contre les Saniiens étant résolue
B , Périclès fit voile vers Samos avec une
' abattit le gouvernement oligarchique,
otages cinquante des principaux citoyens,
rtîr pour Leninos , refusa l'argent qu'on
pour leur liberté, et donna à Samos un.
l36 PiAiCLÈS.
Tragic. Pérîclès , qui n^avait que quarante-q
voiles , rempurtc la*victoire et défait soixant
vaisseaux ennomis , dont vingt portaieni
troupes de débanjucnmcn t. Profitant de sa vie
il s'empare- du porl. de Samos , et met le
devant la ville.
Les Samietis se défendent avec vigueur. Péi
prenant avec lui soixante vaisseaux , s^avancc
la Méditerranée pour aller au-devant d'une
phénicienne qui venait au secours de Samo:
assiégés profitent de Tabsence de Pérîclès
attaquer les vaisseaux et les troupes du bloci
rennportent l'avantage et reslent maîtres de la
Informé de la défaite de son armée , Péric
hâte d'aller h son secours^ bat Mélissus, g(
des Samiens , et reprend le blocus de la ville,
distraire et tromper Timpatiencc de ses. trou|
terre et de mer , il partage sa flotte en hait
dres , et exempte chaque jour l'une d'elles de
gués du siège , afin qu'une partie des iftatel
des soldats puisse s'amuser et faire bonne cl
tandis que ceux qui sont de service resserren
étroitemejit le blocus. Ce fut à ce si«^e fimcn
les Athéniens se servirent pour la première fc
machines de guerre , invention nouvelle qui
merveilleuse à Péiiclès. Samos se rendit c
après avoir résisté neuf mois. Périclès en (if
les murailles, ôla aux Samiens leur flotte, et (
d'eux de fortes contributions. Après avoir i
Samos il se rembarqua pour Athènes, où il i
obsèques aux citoyens morts dans le cours de
guerre. Il prononça sur leur tombe une oi
funèbre qui fut génér;dcment admirée. Loi
descendit de la tribune les femmes les plus d
guées d'Athènes allèrent l'embrasser et lui
sur la t(^te des couronnes comme à un alhlè
revient vainqueur des jeux. Ainsi finit la guei
Samos y la 4o? année de la 84* olympiade , c
M mëtaate-Ki ans avanr J.-C. Pcriclès s<! gln-
i» d'auUnl phis d'avoir. terminé }i(?ur<!iisemem
\\é guérie, que le surccs en avHÎt été longtempj
f*rtain ; p«u s'en fallut m^tne, suivant Thucy-
ie , que les SamieDS ne fissent perdre à Athènes
mpire de la mer.
L Mivin dts lors se dér.haîna avec pins ^cliar-
ment el d'amertume epcorc contre Péricles ; les
aD<Euvres de ses nombreux «nneinis avaient
•aaé à sa rivalité avec l'orateur Thucydide lout
caractère d'une dissension intestine cl iiolitique.
I ville était pleine de troubles ; les noble» el le
apte, séparés en deux partis, étaient à la vei)te
en venir 3dx dernières extrémités : il était évï-
mt qoe la longue Ititie entre Tliacydidc et l*é-
dèï H* pouvait plus se terminer que par le ban-
nement de l'un ou de l'autre, rériL-lèî l'em-
irta-, ii vint â bout de faire exiler son adversaire,
resta sjnïconrnriens. Ce succès décisii, en ré-
bEssant la pai^ dans la ville, lui donna à lui-
feliie ont autorité gui ne différait gurrr; clu pou-
iïr monarchique; il se mêlait de l'ailniinl^iraiinn
lOqiic, ii jù-iil d'tio pouvoir prea^uP absolu pen-
ml quinze ans encore. It cul alors k sa di'posi-
)Q les revenus, les armées , les lloires , les fies et
mer; seni il exerça celte vaste tloinination. Mais
!» ce moment aussi on le \\t changer de sys-
me : ïl ne céda plus si facilement aux désirs et
IX caprices du peuple, cl il tendit les ressorts
1 gouvernement , jus'.ju'alors trop relSrhës.
enani lui-ni<''me une conduite irréprochable, it
nena le peuple à suivre ses conseils et sa vo-
nté« tanlAt en employant la persuasion, tantôt
contrainte; loul s opérnit en appan'nie par les
■glei établies, mais rien ne se faisail que par son
ipulsion nu par le charme de son eloqui"nre.
eltc grande autorité il l'avail acquise , selon l 'his-
Tome 1. »3
j38 Pl^RICLÈS.
loricn Tliurydirle , non seulement par rend
ment (le retlc cloquenre persuasive, maïs c
f :ir la connanre qu'ini^pirait au peuple son c
térj*ssemcnt et son nié pris pour les rjciiesses.
nome et soigneux dans 1 administration d
piitrimoine, on voyait cliez lui la rerelLc et
pense marcluT toujours d un pas égal , sans I
, ëeliapper aucune trace de cetle ()rorusion ,
désordre (jui r6gnent ordinairement dans l';<
sons o|nilentes.
Le triomphe des Atliéniens sur Samos fil
la ligue du Péloponèse une preuve nouvel
despotisme qu'il» voulaient exerccfr roulrc
allies et contre leurs adversaires ; telle était,
les principales nations de la Gièce » In di;
lion des esprits h Tëgard des Athéniens et d
€ hef. Les ennemis de Pérld^s dans Al lignes
j Liaient s'entendre et agir de concert avec les
I mis du dehors; tous se déchaînaient contre
; contre son r^gne , car c'est ain.si qu'ils iiornii
son administrât ion. N'osant ratla<|uerdirectei
ils tourn^reut leur ress(*utiment el leurs ;
contre; les persoimes rpû jouissaient de sa pi
tion ou de son amilic. 1 hidias , charge* de
rection des magnifriues monumeus qu'At'
devait au goût de IVrielès, fut dénoncé pour
sr uslr.iit une panie de Tor destiné h enric]
slatue de Minerve ; il fut jeté dans les iv.n
ini^nie temps une accusation d'inifûétc était, y.
conlie Anaxagore, philosoidie déiste et reli(
Il était évident qu'on votjlail rendre Périclès
disciple, suspect de professer la ni(^mc doc
sur l'uuité d un dieu , dans re5poir de le
condamne r lui même, l^érulès ne put sauve
m.iîlre ei son ami (|uV*n ic faisant soi tir d'Atl:
11 eul hienl^l À supporter un eoup plus rud
ce>re. La céiehre' Aspasie , son amie et son ép<
ijit àMsai enveloppée dans uuc accusation <
■ piatczis. ïSg
Sêl^t el IrxJuilecn juslice; un l'accusait en outre
^vpîr ouirsgé les mœurs par sa coniluilp. As-
Stîe fUida elle mémo la rausc, et ne dut son
ut (iu*aux prières de Périclcs , aux larmes que,
{Ion ËichÏDc, il lépandil (Icvanl les juges pen-
^nl TinslrucUon du jjrocès.
>JMais CCS allaqiies ii étaienl que le préluda et
(vanl-coiireur de l'orage dont on mrmçait sa
|e. Ce fur alors qu'il snuUla le feu de la guerre,
Qp larijive à s'enflammer, rt qui, selon l'expies -
«a de riulsrque , n'éiaît encore que fiimanie ; il
Btair liien que le peuple , enlrai'ni par sa puis-
pce el par son mériie , ne se reposerait i]uc sur
B «eul du soin de défendre la jialrîe.
^reasenlant l'éruplion prochaine de la guèrrcflu
j9oponè.«e , et voillanl déjouer les manoiuvrcs de
k caneniis serrets , il persuada aux Atliéniens
JènvDver du secours aux h.'ibilans de Corcyre^
gouni'liui Coribu, <jue les Corîoihiens venaient
^llaquer. Il imporlail en cfïet de mellre dans le»
Matbs des Athéniens une île dont les forces ma- -
pines leur seraient si utiles, dans le ras où s'ef-
Cluerait l'inv.isiim que les l'éloponésicns prcje-
lienl contre l'Atlique ; d'ailleurs Corryre , par sa
(Milion,fiiDrisaii le passage des llol les athéniennes
D Sicile et en Italie, réiiclés fit pailirdix vaisseaux;
re-, mais il» !i'arii\^reni iju'oiirés le combat. A
Hle mPine époqui' l'oiidfe , colonie de Connlhe ,
pi avait enilir.is.sé le parlP des Albéniens , se
Hgnil à la conréd^'raliuu du IVIoponèse : Périclès
I marcher aussilill un rnrps d armée pour en
•rmer le siège, La ^iierte avec le RéIoponése de-
inl alors inevitalili; ; mai* ce qui porta l'irritabi-
ij* 3cs cspiiis à Sun ciniiblp, ce fut le décret que
P^riclèi fil adopter contre les M.-Rariens, arcusé»
Cairoir viole des lerres sacrées i-t de (lo.inpr asile
Itous les esclaves fugitifs. Ce décret j ^ue l'ëriclèi
j.w,
'««•«••• X ^
y , , • * âiiiirrjij liât ^c l'I
Tliuc\<lidr, nui riait alors â Athènes à por
tout voir cl ae tout juger, n'assigne point
raiisc à rclte guerre fameuse de pcliles int:
ni ^le peliles passions ; il Taltribue à To
qiravaicnl inspiré aux Alliéniens leurs on
<î.»ns les guerres médiques ; à Tabus qu'ils
(îopiiis de leur préëmincnre sur le reste Je l.i (
à la jalousie de Sparte, qui, n'ayanl pu voi
fiéintr passer en d'autres mains un empire q
av.'iil souvent exercé sans roncurrenre , ré.vç
l)aiue desautres peuples contre lc5 Athéniens <
:| suscita partout des ennemis. Telles furent le«
i, tables causes de cetttî guerre mémorable qui
V vingt- huit ans. Athènes, en cédant aux dem
impérieuses des Lacédémoni^'ns , aurait fait .
lie sa faiblesse : c'est encore le sentiment de
cydide , et c^est aussi le plus vraisemblable i
on son^e au caractère de Périclès, qoi joig
l4
i
!•>!
PRB ICLl'.S. |4l
alIcoiUnl diacune ili'vair jouir dv re rfuVU*
«il : " Al? rnépria de ceitp di-cinoa^oivr
le, dit IVriclès CV), '<■» LficétlAmonifli»
s sigQiCciiC iiTipérieust^aiem Icuii voldalés ,
nenpDS laissant (iu^ Ici rhoix Je U guerre ok
M anuipis-vioii , iU nons ordp^nent de ta*
cer aux avai)l:iges iiui- nous ayons rem*
es sur leurs al|ii?s. Ne pubJicnl-iU pas que
laix dépend uiiiquntipal Ju ilérr^l porté
ire Mëgare i" El pluiitUrs d'flnlrp nous na
';ient-ils pa? i|i'iin si faible siijol ne doit
nous engager à pri*i)dre Ips aiinoa? Allié-
|s j de iclres offres nr sont qu'un (>idge jçro»-
; il faut les rejeter jusqu'à ce qu'on, Ir^tle'
Liipn» d'égal à i^gsl. Tome n^^iipn qw jwëir
I dicter d()S lois à une naiiun rivale lui firo-n
{ dfts.^rs. Sj vflvj (K-diex sur uji sçulpoîntf
proiiail vo^s avoir fait trpmi^lâr. ri, dÀt c*
(^«i^o^ Yf^us imposej ^i) dtf^ (^oq^itif^nt^pluft
f**"'^' . , . .„ . ,
t^oifn ppnyez.-v«ti» cramdre, wj^vrf) bm- àm
s iQulc de nalÎMisqui ilifTéreiil sulont d'o«
ne que de piiucijHs ! facile lfiii<Mii «lajis.
rtnvof,3lJç)ii de kurs diiiles ! i|uelle (oiifusipi»
sla discusMOn di' leurs inléii'l.s ! l'.lles s'oct.
;nlun niontenl du bleu giiK-iii] : le re^ledu
pj de leurs av;ini.ig<s pairii ulii-rs. Celic^rci
longent qi^'à leur ven^rauce , r<!lUislà
}
slVeté, ei prusi|ue
1 sur les autres .Ki .soi
rent sa^l5 s'en apcjce
>e. »
iclijs moiitraii onsuil
ise n'ciaiU p,is m i
loules, ^e. reposant le»
Il (te l<'iir tonseivalion,
:voir ù leur pcrj-e com-
e que les .illlés .lu P^-
['lat de fa;re pluïici^
;«di,tourstslliriclup
yansptcié>cU version
lemler livre .le Tliuiydidc,
libi^etéléganiç dsj'ïjilé
1^2
PIÎRICLKS.
!
campagnes , le meilleur moyen de les réel
t'îait.dc les lasser et d'opposer une gnerre de
à une guerre de terre. « Ils fcront des in vas
»* dans r^tti(]ue ; nos flottes ravageront I
» côles : il^ ne pourront réparer leurs per
» tandis que nou^ aurons dos campagnes à c^
» v(>r , soit dans les îlos , soit dans le contir
« L'cîmpire de la mer donne tant de supérioi
» que si vous étiez dans une île aucune ]
» sanre n'oserait vous alta(pier. Ne considérez
i» Athènes que comme une place forte sépara
» Quelque façon de la terre ; remplissez de
» dats les murs qui la défendent , et les
»> seaux qui sont dans ses ports. Que le
» ritoire qui l'entoure vous soit étranger et
« vienne sous vos yeux la proie de l'ennemi.
» cédez point à rardeur iusensée d'opposer
» tre valeur à la supériorité du nombre :
** victoire attirerait bientôt sur vos bras de
'* grandes années ; une défaite porterait à la
» volie ces alliés que nous ne contenons que
» la ff)rce. Ce n'est pas sur la perte de vos I
* qu'il faudrait pleurer; c'est sur celle des so'
* que vous exposeriez dans une bataille. Al
» je pouvais vous pnsuader , vous porterie
* linstant in^me le fer et la flamme dans
* campagnes et dans les maisons dont elles
* couvertes, et Ira Lacjé<lémonlens apprendr;
* à ne ;»lus les regarder C(')mme les gages de r
*) seivitude.
» J aurais d'autre^ 6:aran.s de la victoire à
« présenier si jetais assuié que, dans la ctî
» -d'ajouter de nouveamc dangers à ceux d
* guerre . vous ne chercherez point à comb
pour conquérir, c.«ri a. tnréhende plus vos U
» que les projets de l eu'eini. »>
A la surte do ce discours éloquenl Péi
pnt principalement leurs batteries polili-
?spéranl que s'ils pouvaient abattre sa
ce les Athéniens soraicri^ alors plus sovr-
plus dociles. Dans cette vue , ils provo-
contre Périclès un décret de bannisse-
mais cette tentative tourna tout à son
e ^ parce épie les Athéniens furent persua-
•s que c'était lui que les ennemis d'Athènes
nt et craignaient le plus,
confédérés du Péloponèse , au nombre
antc mille cpmbattans, sous les ordres
idamas , roi de Sparte , s'avançaient déjà
. plaines de l'Attique. A leur approcRc
, qui voulait se tenir sur la défensive ,
que si les ennemis épargnaient ses terres
ïnnfT à ses détracteurs un prétexte de le
!er, il donnerait dès ce moment à la répu-
tes biens et ses maisons de campagne. Xe
semblait pressant ; toute l'Attique était
e de soldats, tant de la Béotie que duPé-
«; tout le monde voulait combattre et
mmettrc au hasard d'une seule bataille:
i s'y opposa constamment. Pour calmer
1 \f^ PKIl ICI. K8.
;'i M'ili* (l'un si^(*|>ilnu>. Il npposâi la m^mc infl<
l>iliu'' ;hix i lista lires i\v ses airii.s , «lux rlampur
:iiix riM'n;ii-c.s lic sv% rnricini.*», v\ aux rliarinrniii
lirl/^ijr.H (loiil on l\irr.al)Iail \ ririi nr put Y(*m
voir iNe vfiularjt suivre (|ii« le» pl«iii qu'il s\
Ir.'Kf'', il fit Illettré m mer iiiio (lotie de <
galères juiiir .«lier ravager le IVIc»r»OTi^5e. lillf a
faire voile, et iVrirlés en faisail riiiS|inclion^fl
(|iie tout «^1 roiip il survint unr iWJipM*. de fu
(pli eliaii^ca le jour en ténèUres , (?l nui « rcfjai
rdinnie un sinistre pnVsafiçe , rein|>lit dr. fra^
h IIS les <".piils. IViii lès, voyant le pili»l(' du i
'f.'Mi .unit ai tioiiMéet inrci lain de re qu'il dr
faire, lui iiiii smi in.inleau devant les yeux, ri
(leinaiida s'il trouvait h e.rla (|iiel(me chose <!
fray.nl et de 'xuvAvv, Le pilote lui rénondit (
ne v(»yait pas là de quoi .Veffrayrr: " iXé. bien
" dit IVii(li's , rpielle ddïiTPiiei* y a t il e
» mon nianlfaii et i'v. rpii cause. rér.li[)ftr. ^ ni
'> (pjc (e (jwi produit r.<!.s ténrlnes c.5it plus gi
>' que mon iiiniteau!' " Ta (lotie partit poi
iVt(>pon('<.(> , et il re.s'a (Iari5t Atliè.ne.s, afin
contenir la >ille jus(pj\i ce que 1rs cnnrniift 9e
•'>f' t)i iciiM's. Mil allendanl , pour ronsoler le pc
;if(ii{»é (!4' cetl»' (guerre, et pour soulriilr son
r;i({i ', il lui (il i\i*H distributions d'argeiii e
Aussitôt que les r/'IopoiiéMcnseurcnl romiii
h l>;)itr(' en lelraite, il (uivoya couina le.s Loci
une divisinii navale qui obtint (juclques «ivïinla
taudis que la L;i'aude Hotte, après avoir par
désolaliini .sur les (Aies du IVlopQntise, pnl k
leioor I île d i^;;yne. IVriclès en pcrsouar; €
par teiie dans le pays des iVIc^^ajicn^if et y mit
.1 (eu et à .';aii£;. iavs ennemis, liarccUs ()t. falig
et a (pii les Alli(''uiens iaisaîenl autant de ma
iiiei (ui^il) en .'lOidiraieiit eux-mâmrs sur Ir
reutieienl tu J^accuile , roonnfî Ijericlcs lî
PERIC LES. 145
d^s l'ouverliire de la c.imp.-igne. Il ua
t d'honorer par des fmierailfei piil>li(n>rs
•s qui avaient jit'ri li.-'i arittfs à la main , ei
ur gloire dans un dixcours éloquent et
Je.
ée suivante ArdiiOaraas, i \fl tête Jes
ésiens , recomininça îles courses dans
!. Mais tout le courage, louie la fermelé
lès atlaienl écliouer, non rnnlre les eiine<
a patrie , mais contre une puissance sur-
! , ou pIntâL un ficaii dt^sofant qui rendit
>us les conseils de la prudence liumaine ;
;e cruelle, sortie de l'Ethiopie , venait de
ir l'Ëgynte , la j.ybîc , une partie de [a
'île de Lemnos el d"aulres pays cnrure.
:oBp,à l'arrivée d'un val-seau marchand,
nanift'sie au Pirée, de là se pronage avec
aiu Athènes el surtout au fond ue ces de-
obscurcs , de ces lenles étouffées où les
I de la campagne , venus pour se soustraire
icn de l'eunemi , se trouvaient entassés et
us.Lessynipliimrsil[[inalélaiente(ï'r.ij-3ns,
{rès raprdes , les suites presque toujours
s i ce mal alfectait tout h la fois le corps et
Les Athéniens rcjetèreul sur rériclcs les
d'une si horrible contagion, pour avoir ,
ils , alliré dans leurs murs.ce déluge de
•t d'habitans de la campagne,
l'espoir de dissimuler l'inlensilé du mal
ireenm^mc temps aux ennemis du dehors,
fit équiper une (lotie de cent voiles, mon-
les troupes de dêbariiucnient ; il s'y joignît
te galères des ili-s de Chlo rt de Leshns.
emenl si considérable releva les espérances
.éniens , et jeta la terreur parmi les eune-
riciés sVnibarqu3 ; mais il lu; fit nen qui
t à de si grandi préparatifs. Il mit lesîége
iîpidaure, mais sans succès; il n'en eut pas
/. i3
fie putréussir i les appaiser. ^'ricf>ulBqt pli
a voix (le V^igreur ci ac la passisn , jU pnn
sulTfagei , dépouillèrenl rériclèi du comn
ment , et le cp nJamuèrent avec unie riftoei
trente à ijnc forte amo^TUe, que Ici vds font p
i quinze taleni, d'autres k qn^uante, eiqui
^oredc Sicile porh- ù ijn^irt—vin-i-. !.i1<'ii,,
feraitUipmTnedeqiiniiiM'i'iii uulli.' iui)i>.;) Jt:
monnaie! Mai* mU' Jisgi-iii> m-, lui quVplié
le peuplc,(Iitnutari|ui', Uma loule »a r.ulâr
Ja plaie ,comEae Vïln'llli- y Lme non aiguil]
reconnu^aoi; iirjusti'''- , v.\ V^ndb» h lui par j
jnaii )} se ufon^rait >lrK<n)ri' des affaln^â du
yeriitmeot ,.,iojt i i.ju.h' Ac Ij l^gèicu- Jei
niefil, jokpar \t pin- ili! |i1ii»!l'iiis ilesi;»pi
rt dc.icf amis que b [x-sm vt'iiuii de inoissi
^I avait 3e plu) l* chogila ^c. voir b dia»i
troubler depiSislo^f; temps sa famille ; Xap
^'aînédfl se^fiti,' disïi|^):iieui i^l iivodL(}ue. à
avait jttfusé de payii' !<'< ileilcs , fjlîgui^ du
]}at,erneli:^tait duvi-mi l-* plus viulent do ii
Iracleura. tl rnourui dit U ï.
de Ulent ni assez d^autorité pour un coin-
aeot de cette iinportaftce , ils commea-
désir^Périclès , à ie rappeler :Si la tribune
ày^nement; mais, inconsolable de la perte
fils, et préférant d^ailleurs les charmes de
nde âu pouvoir et aux iionneurs , il se
peu. empressé de reprendre le timon des
; il céda pourtant aux mstances d^Alcibiade
M amis, qui le déterminèrent k reparaître
tic Le peuple lui témoigna qu'if se repen-
ipn ingratitude, et Pénclès reprit bientôt
ts du gouvernement. Nommé général, ik
^t des préparatifs d'une troisième cam*
quand il, fut atteint lui-même de la pestes
le déclara point chez lui par des symptômes
l ^leps ; elle mina par deeré son corps et
;.niôme.son esprit Visité dans sa maladie
fjgd intime 9, il lui montra une amulette que
mes lui avaient suspendu au cou, donnante
re qu'il devait être oien malade pour s'étrer
fie pareilles puérilités. Son mal s'aggrava 9
mourant , et ne donnait plus aucun signa
Les principaux d* Athènes , assis autour de
l/|8 PKRICLis.
» vragA <]i! la fortune, et qui me sont cor
I» avec tant d^aulrei gi^néraux , ol que v<
» parliri pas d« ce qu il y a de plus grand
» plus honorable dans ma vie ; c'est de i
M larnais fait prendre le deuil à aucun de nu
» citoyens. » Il expira bien lût aprè.s, vers 1
de bcodromium (octobre), 4^9 ^"s avani
Les ëvëneniens qui suivirent sa mort iiren
aux Alliëniens toute la |>erle qu'ils avaien
Au lieu de Continuer une guerre offensive p
et défensive par terre, au lieu de renoncer
idée de conquéte,conf()rinément au plan de Pi
ils risquèrent le s^lut de Télat par des f ritrepr
niéraires, et ne purent triom prier de leurs en
Tout déclina dans Athènes après la mort d
ri es.
1/asccndant de son éloquence fut tel, que 1 V
Tliiicydidc, son rirai dans le gouvernemei
ia tiibune, disait souvent : «Quand je Tait
Ai et que je le tiens sous rnoi , il soutier:
M nVst pjs vaincu, et finit par le persuad
» Athéniens. »*
Quelques-unes de mm harangues ont
Guediies par rhistorion Thucydide. Périr
laissé par érrit que quelques décrets , et I
cite de lui qu'un petit nombre de mots
quables, tel que celui sur l'île d'Kgyne ; il l'a
une tache sur Tœil du Pyrée qu il fallait fa
paraître ( i ). Sophocle , son collègue r
cominandemf*nl de l'année, en s'embarqua
lui louait beaucoup la beauté d'un jeune atl
i| ( f ) ?our leniir la fineiie de ce mot 11 feut se
U topugraphit du Piiée ou port d'Aibénei | lllc
cuit prciquc eo face , et fut loog-tenpi su pou
euiiciaii de i*Aui4UC.
I
ILJf
pi H t C I. à s. I,^()
• Saplinftv, liti ilil IVrirW , un gi'nt^ial tltiit
la •voii- W yeux bhmi pnrx (]ue ks inaînii. "
■ Il cstimAii |ifii rM )(iiii('raiix (|u'iint hcun-tue
Mntéril^ Ui^all ri?(;nri1pr cnmtnt tie eratida capi-
Utitiot; pot) jolout de lei imiter, il di".!!! souvent
h aes conddiyi'Oi qui l'îl nnuviitt il ït'n rendrult
tmm*rtrU. Uaii', l'uraixoii iiiii^brc dv» Athéniens
I pi'ri Jpvinl Sa^oiil dit qu'il* euicnt
iiidscuinmelrsdii'uiiTn^mesinCBi-,
Jijout.i r il , nous ne vnYOriR lias Ici dieiiximais
* • ir ,TnJ Cl \f» bi^ •
■ "i
B le» liiMiiiPiiri (jirun leur irni) cl if» bifni dont
» iU juiiiitr-nf iioiii fcinl ju];er qu'iU sonl immor-
h fêla- C<-ux qui lom miirlii pour la iléffriM de
i leur patrie n onl-iU pn* lc> mfniL'i uv,iiiUges ? >>
1;. Si miclqiics laclici uni pu dt-parcr une "î leHo
lie, elle» ont été eflai-éei laiis douto par Ici plus
tares lairni, ei lurroul par un di^tÎRtéiTitPpncnt à
Mie épreuve. Pt^rîclèi porta li Iniii cette verlii ^
Libt M tiiiicmi des fir^^cna et m^firiia ai furl It^*
trtiewci 1 qu'iiprJ<s avoir prodigieusement accru
i grindeur el l'omikore dont Ir.t Alhi^niem
i«,n«;n.'nt .iv.mU lui . .i[>r,^ ..vi.lr di^po.r ,!,•
>omrnes iiuincuscx nuur rciulrc Alli(>iirs 1;i i>lii<i
bellu ville drLCnVc, a,>r^:. :iv,m .-.i , tvml;i..l
frès de ({uin-aulcanm-e.t, i sa ili«]>iiiiiti»it [>' iré.sor
fnblic d<' sa |i,Tiiic; -ipri^s avoir xurpassi' les mis
n^mes m ]<iiiNsaii('<- , il n':iii!;ini'iit.i n.i'i d'uiic
ilra^in(> I.- h\t„ dnnl il avait li.'rii.- de s.,n p.N
:?'
nd lioui'iu' <n.'ril<- doiir l.s .-locrs du la
rosK'ril^ . stJ>t.mt .'i .aiiïc .1.- la .loiireur cl de la'
toodt'ratior. .|u-il sut ro^tiivri' a., milieu de tat.t
d'ininiil t'.t i-l d'uni' pnist.inri' ^i :d>^olui-. l'nili'i-
lfHr.'.lair«' des ails, d."; ai rlsti-,s , di-^Hlivs .■! d,-
Il philosni.liie . il lit Ui'dler AiI«''ih-s, <]ui , sous
tjnimslr.iti,.,,, di'viulk-s<'i<.iir drs lal.-.is .-l d.- la
hlliU-^.-. V,-, , > ..[l,. q.(.,|,„. (lorlss;il,-nl lln-doir ,
Tliundid.-, IVsa.ylr, Sonlinrl. cl lùmpid» ,■ Si-
nid.-, S<^.T;iie. llipporraie, l'indaio. Melon,
l5o PIÊRTCLÉS,
Phidias , Isocrate , Démocrite , Empédocle «
non d^EIée et P^rménide , Anaxagore et Pl«
Aussi la nostérité a-t-elle confirmé les suffrag
Tadmiration des Athéniens, en donnani
plus beau i^iècle de la Grèce le iu>m de siècl
Pérlclès, •
.«
s O C li A T ï.
SOCRATE,
PHILOSOPHE ATH^NIEK
CEATE naquit à AlVnesJa prctni^^nn^e
1 77* olympiade , ivCi) ans avant noire ère. Il
ib Jaiu sa jfHnrîse h profession de Sopliro—
oe, son père, qtiiëtaitsciilpteiir,ets')-i]islingii»;
Mercure et ses. troii Grdcei, que ron'vovai'i
ïnes, avaient, dit-on, une rêpoialion juste-*
itmêriiée, •
lai^ré ses prpmiers succès dans ce bel art i
rate seniail en lui-même une vocalion qui l'en-
aait vers une élude encore plus élevée, celle
I philojophie. Criton, qni devint pourloujourF
ami , fut le premier qnî démêla ces heiircilsea
ositions ; il tlr.1 le jeun,- homm.- de l'aU-liiT de
pèr« et le conduisit dans les croies Ars philo-
aes. Socrate fré(|ucnla d'abord celle d'Anaxa-
ï, où ileul pour condisciple Kuripide,avec lequel
unit d'une étroilc amilié. On a prétendu même
1 eut beaucoup de pari à la composition des
es de ce poi/lc Iragique , e( ^ue ce lui à Sorrale
ce dernier a dû celle teinle de |.hilosophiequi
ingijc ses ouvr.j-i's. Une injusLe condamna-
■nlcvé AnsiLnRore A sa patrie , Socr.iie
; tes leçons d'Arclielaiis, qui eut pour lui un
,a physique et l'aslronouiie faisaieni alors l'oli-
principal des études des philosoplies. Après
ir appris d'eux lout ce qu'ils savaient sur ces
es de matières, Socrate reconnut par sa propre
cnbien ces connaissance», difûcde»
, ava.
il les
■i5»
1 acquérir', i
(le preiriiè»'
Iles dont l'usage ttt'
l□^ qu'une inquièl»!
les vagues médil»'
■s recherches infruc
;s rauscs première»
morale, el pnfair*
tiie. Ce n'est paa qttC'
lu'alors négligé ; on
la Grèce et quelqucfi)
^rdc frnntla sciencc-l
igesse ; miU leur mora<e s'appliquait enlife'
«ccoru. i; p < !i
nécessite , m t
plus boraë , oa qai ne s
curiosité. 11 abandonna ao
lions , Je^riinei thJorie.s ei
lueu(|^^^>hîloaophei sur
pour|^^Her i l'étude de
le pnnHP^lut de la philosi
cet objet euentiel eût été
avait aéiii vu les leet sages ai
a litre j philoiophei faire
renient i la poUliquetOit, si 'Ile avait pour objet
la conduite privée, elle se rédiiisaîl à quelques pré"
ceples dé'achét qui étaient bien loiu de fermer
un sysième complet, Dans la luile, lorsque iei'
richesses conqniseï uir les barban-s eurent intro-
duit la corruplioD dans lu Gri'ce, on vit r^s vraif'.
philosophe» être remplji
laisaieut métier de la lai
vain savoir , poui soutenir, selon
leur intérêt, tous'k* pr les sans en auopi
aucun, et introduire la ne du iJoiite dans 1
vérités les plus e ?s au repos des sociétés.
Ainsi Socrale euiioeslinc à ramener i son v
ritable objet la ph^jionhie, i]ui n'eût famais i
être séparée de la moratc ; il peut en quelle soi
en ^irc considéré comme le Ibndaieur. •< C« fv
lui, dit Cicéron, qui le pre ier
descendre ta philosophie du lel .
pour l'introduire da les cites ei
particulières , l'h en
la rendant plut mère, is d
commilne, et icn l'appliquant
qui pouvait rendre le* hninmes plus raisonnablas)
plus justesetplutvertncux. ■
des sophistes qinl
ibii.^aient de leur
price
ervril de faii
elle sVgaraitj
Ique sorte «o
<nge de la vit
mt-.nt 1 t§
soc R AT E. t53
npli dp ce Qrible ^rn\et , Socfatf s appliqua
uirp, aulaiitv]u'ii élaii en ïon pouvoir, 1m
s H li'# prP(iTg()ls qui Ton! le malheur et la
cl« l huminité. « On vit donc un simple
ilifr, dit l'abbé Harlhélcmy, sans naissance f.
étlil , sani aucune rue d'intérêt , sans aurun
le U filAire , se charger du soin pé'iïble et
reux d instruire les hommes , et de les con—
i la vprlu par la véiilé. On le vil consacrer
•M momens de ta vie a ce glnrieux minislère,.
:er avec la chaleur el la mudéralion qu'îni-
amnur du bien public, et .«ouienir autant
lait possible l'cmpirc chancelant des lois et
avantage dnnl Sucrate était doué bii faci-
tcaucou|) les pénibles fonrtions qu'il s'eiait
;tqiie sorte imposiTS; il avait l'éloquence la
ouce, la plus insinuante, la plus persuaitive;
même regardé comme un des auieurs de la
loqnence attiquc , et comme un des premiers
issocièrcnt i la philoinphie. On assure qu'il
lur maîtresse dans cet art Aspasie , cette cé-
courtisane qui etlaça par son esprit supé-
parsesialens et parle noble utage qu'elle en
que sa conduite put avoir d'irrégulier. Elle
ilors fixé les vœ>u ei faisait le bonheur de
es , qui gouverna si long-iemps la ré|>ubllque.
lison était le rerLdei-vous des hommes les
lislinguéï d'Athènes , qui -venaient prendre
des levons de rhétorique el de po'itique.
rate apprii à ccUe école à lrm(iérer la sévérité
morale rtar des formes giin nuises. Sa vie liit
tia charmes. On le vit souvent s'associer
laisirs de ses disriples, m.iis sans partager
excès. Noninoin^iiom'iiR île goiU que pni-
le, il aimaii iu4k l''s -'iris il usTiément; il re~
it la danse el U lutie comme tiès-uùles, et
dises élalrcs h ses yeux.
II avait p<iiir amis les plus riches citoyens
ihènes, qiiî ne purent gagner sur lut qu'i
fissent prendre part à leurs ricljesscs. Cèpe
ii était (las occasions dans les(|uellcs il
croyait pas obligé de faire avec leur générosi
guerre gui n'est ni paix ni trêve ^ selon l'expr
de Plutarque ; rjuand il avait quelque bcs
ne rougissait pas de Tavouer : « Si i avais d<
» gent, dit-il un jour devant eux, j'achcten
» manteau. » On piésumc facilement qu^il i
entre nt% amis un combat à qui lui*^Terait a
.. desle présent. Jamais Socrate ne recevait de
[\\ bution de ses disciples :« Je suis pauvre , !
» Eschine en se présentant à lui^ mais
» donne entièrement à vous ; c^est tout c
» je puis vous ofli'ir.— Vous ignorez, luiréj
» Socrate, la beauté du présent que toi
.:' a» faites. M
I Quoique vêtu d^unc manière conforme à s
*1 tune, son extérieur n'était point négligé.
^ propreté tenait aux idées d'ordre et de décer
il!
i
aoCAATB. i55
|Ktuvaipnl ^iIlt^rRr »a Uanquillttù <râmo; cVtaii en
fcain i)uc Xantippe, sa femme^ le metlail rliatjue
î^ur aux plux rudes éfreuves pir loa humeur
Boarrc , auurillre, vUilcntr. il piiratt qu'iivant île
la prcnilri: pour compagri'v Socrâle n'avait ne»
îl^noré son caraci^rn ; mais il l'avait choisie exprès ,
iwrièuadé 411e t||il venait à bout de souffrir ses
bru^i^iieries il n'y aurait persoime av^o qui il ne
pût vivri;, ifuelfjue dilfirilu que fdt «on caractère.
B S'il avait épousé Xanlippe dans cette vue, dit
a naj'vemeiit lUdlîn, il dut en i^lre content. » U
t^y e\il sorte d'outrage qu'il n'eut 4 essuyer de
'Il part (la cette méclianle Icnimc. Un- j:mr,.nnn
eontciitc de l'avoir arcaliU d'injurri, ell<; lui jet»
pn pol d'eau sale sur la léie:'< Je savais bien, dit
a le sage en riant, qu'un si jtand orage ne sa
» passerait pas sans pluie. » Celte patience inal-
térable se monlrait en toute occasion. Le bras levé
mr un esclave indocile , il se retint en disant : <• Je
^ te frapperais si je n'élaii en colère. — Il est fâ-
• cheux de ne pas savoir quand il faut porter
«vait donné un soulllet dans la rue. Quelqu'un
parabsait étonné de ce qu'il avait soulfert sans
M plaindre qu'on lui donnât des coups de pieds :
■ El si j'en recevais d'un âne, répiindil-il, irâis-je
■ le citer en justice? »
Bien loin que l'élude de la philosophie l'empâ-
chàt de remplir les devoirs d'un bon citoyen, elle
contribua à l'y rendre plus fidèle. Il servit plu-
«enrs fois sa patrie par son cour.nae; il combattit
i AiDphipoliï ; Oix h vit, à la bataille de Uélium ,
Muvcr la vie au jeune Xi'iiophcid , qui avait _élé
renversé de son cheval , et le porter sur ses
épaules jusiiu'à co qu'il l'eût mis hors de dan-
ger. Les Aliiénleus étant vaincus dans celle ac-
tion , il se relira lo ih'riiii'r, à côté du général, qu'il
aidait de ses conseils, mardunt i petits pas, et
u
l56 SOGRATK.
toujours combattant Lâchés, cV'taU le nona
général f aroua depuis qu'il aurait pu co
sur la victoire si tout le monde s'était conr
comme Socrate. Au siège de Polidée, pe
qu'un froid rigoureux retenait les troupes so
tentes, il sortait de la sienne avec Fhabi
portait en tout temps, et marchail,pieds nus
glace. Darfs une sortie que fit la garniso
Potidéates , Alcibiade était tombé couve
blessures; Socrate l'arracha des mains des
mis, et bientôt après lui fit décerner le prix
valeur, qu'il avait mérité lui-même*
Il ne se mêla des affaires publiques qae di
âge avancé, et il fut alors choisi par sa tribt
être membre du sénat. Revêtu de cette dign
montra que 1^ courage qu'il avait déploya
guerre ne l'abandonnait pa» dans des occ
pcut-/^tre plus périlleuses. Il- s'agissait d'une
sation contre des généraux qui venaient de
porter une victoire signalée à l.i bataille nava
Arginusrs. Le peuple voulait décerner coni;
la peine capitale , pour n'avoir pas fait enle>
morts après le combat; sa fureur était telle
se soulevait contre la moindre contradict:
demandait qu'on mît' les opposans au m
des accusés. Les autres sénateurs présens i
semblée avaient approuvé le décret : S
seul, intrépide au milieu dos clameurs et àt
narcs de la multitude, prtttesta hautement <
Tiniquité de cette sentence, et refusa d'y d
.son assentiment.
Ce fut avec le même courag(> qu'il' brava la
desjrente tyrans qui remplissaient sa pati
crimes et d'effroi. Criti.is, l'un d'eux, aya
donné qu'on lui amenât Léonte , de SaL;
homme fort riche, pour le faire mourir, So
qui était alors un des dix capitaines dp Tai
lut encore le seul qui ne voulut pis permet
SOCnATE. 157
«rlat ; il o» absaiiilrt' Li-tinip. Maïs xuivnni
icfale H»m l'ejurcicc des nobli-s fonction* aux-
iA\e» il consacra loiitc sa vir, celle» iJc- formpr
• bons cttuvKiix A la fiairie.
Comme il ac devait ni annoncer ses projeTi de
forme, ni en accélérer IVxécuiion.il ne composa
DtiiL d'ouvrages. Il n'avaii point dVrolc ouverte
aiBme les «uircs philosophes, ni d'heures mar-
ttéfi (loiir ses leçiiiis ; loui les tempt, Ions tel
rax, toutes les heures lui convenaient pour en-
ligner ; sans eti clioisir les occasions , il les saisii-
tît lauiea- A la promenade, en conversation, «kiiia
lê repas , à l'armée , dans les assemblces du peu-
1r, «ans le sênal, il tàchail tour â lour d'éclairer
ur Wurs vraii iniéi^is le magistral, l'artisan, le
iboureur ; il parais^aii le père commun de la
èpuhlîque , liint U veillait alienliieinent 1 loul
e qui pouva l cnTilmcr an iionlii'tir el i l'a-
HiUge de sa pairie cl de iliarun de ses eonci-
(tycits. 11 ne se flattait point que sa doctrine se-
MJ Boutée jjes hommes faits , parce qu'il est Jilfi-
île de foire chantier de prinripes une nation qui
«specle les préjugés avec lesquels elle a vieilli ;
naisif espérait que les jeunes gens , plus dociles ,
ransmettraierit jes leçons à la génération suivante,
Il ce fut à eux qu'il consacra principalement ses
ravaux.
Ses disciples étaient pénétrés pour lui d'admîra-
lion el de reï|>eci; après sa mort ils en parlaient
toujours avec un lendie snuienir; ils lui erigi-reni
dam leur cceur une espère de 4ulle. l'ai n)i eux ,
Platon et >ténoi>lion s'illiis;iè eut en retraçant
dans h-urs écrits la vie de leur maître él les subli-
nefl leçons iju^ils avaieni reçues de lui.
Il ite leur parlai) puint avcic la rigidité d'un cen~
Mur ni avec la liauieur d'un sophiste; l'oiot de
reproche» amers, point de |il;,inres imporluncs :
c'était , dit un auteur taodernu, lu langage de l'a-
SOCBATE.
a daiic la bouclie de h vcrltij
tS8
mitié «I (1l< la
Jamais muîlre ne fui n
ceplible envers tes disciples. Voubienlils prertij^C
une légère teinture des sciences exacles, j) leed
indiquait les maîtres qu'il croyait I*lus ^birétfl
que lui; désiraienr-iU iri^qiicnler d'autres écolei
il les recommandaïL liii-iudini; aux philosui
'oa'ils lui préferaleot, témoignant par là coinl
il était inaccessible à loute espace de jalor
A Ses leçons, dit M. fiarthéleiny, qui dans
AnacharsLS a donne sur Socrate une eKcellenlflJ
DObcedonl nous empruntons beaucoup de chos
ses leçons n'étaient que des eniretiens faniilieril
dont les drconsfances amenaient le sujet; uatâltll
lisait avec ses disciples les écrits Jes sages qui 1')HÏ
▼aient précédé ; tantôt il discutait la nature de K«
justice 1 de la science et du vrai bien ; d'au Ires foU'l^
jl leur montrait plus en détail lesrapportsqoiliert
les hommes entre eux, et ceux qu'ils ont avecMs
objets qui les entourent. Soumission entière ><^
ordtes gela patrie, aux volontés dËs aareDS,i|
«jue sévères , quelque durs qu'ils puisMitt élii
égalité fj'^me dans l'une et l'autre rlbnuIn<^; obi'
^atian'de se cendre utile aux hommes; ~
de sp teuLi' daiis un état de guerre contre ses p
s^ns, (]>nsun,élal de paix avec les passions im
autres; ces points de doctrine Socrate les 6xpQ
tait aveclaulaiit de, ckrté que de précision, a j
• - Delà ce développement d'une foulé d'i^M^
nouvelles pour eux ; de là ces niaxîmes ffui seroot;
éterneUenientréfdtées, que moins ana'de bewi^
£ tus -AQ approché de la divinité; que l'aiBiyetért
t, et jtpn le Irayaili qu'un regard arrfit^ ai^
complaisance sur la beauté iniiodtûttj ' "
mortel dans le c«cuci,quc la gloire du. sage ô
ditle à {lie vertueux sâùs aJIecler de le paraître,!
sa vx}l)^)lc à l'élre tous les jours de plus en ptinfl
^u'il vaux mieux mouriravec honneur que deyivr^
:ienoi
SOC BATE. i5ç\
l'Une faut jamais rFi).lrMc iti.il
^ur le nul irufin, et c'éiaît une vérité effrayante
b- luquclle îl insistait Jav'jntage , que ta plus
r^nde "le» iini'oslurcs est de préienJie gouverner
[conduire les liommej sans en avoir le lalenLu
■ Socrale eut sur la religion *Ies idée» plus justes
fplus suMiinc^ nu'aiicjii (les philosopnesf||ui t'^
^uuil précédé, il rdcon naissait un dteu uni(|ue,
et conservateur de l'univers, et des dieux
__^in formés de ses mains, revêtus d'une p.u-
de son autorité. La sagesse suprême , disait-il ,
' MTve dans une éternelle jeunesse l'univerg
•lU a formé. Invisible en elle même, les mer-
■îtles qu'elle étale à nos yeui ^annoncent avec
"at. rarmi celte infinité (Tôlres créés par le sou-
'atR maître, rhotnmc, distingué des autres ani-
par yon intelligence, fut toujours l'objet
ml de la prédilection de la divinité. Les dieiix
lient tout,enieiidenl tout, et pénèl vent jusqu'aux
19 aecrètps pcssées ; jjs assistant à toutes les dé-
i£r#tions , ils inspirent le parti qu'il faut prendre,
lur prix de Ikuts bieiilails, ils eiigent du nous
e culte étibll djiis notre p;i1rif ; des piièrcs, des
icriGces où la puielé du tceur est plus i.'.'iseiiiiellie
le la richesse des offi-andes. On ne peut leur
■ e qu'en tâchalll d'iîlrc uiilc à la société. Le
liel hommage que l'on puisse cendre à la di-
vinité c'est de remplir exactement ses devoirs,
d^ns quelque état que sa volonté vous ait placé.
■ Grand Dieu! donnez-nous les biens qui nous
» sont nécessaires, soit que nous vous les deman-
■ dîonsounon; éloignez de nous toutes les cliùses
» vous les demanderions, " 'f elle était là prière pa.r
laquelle Socrate avait coutume d'invoquer la di-
vi itc. -
Il en conversait avec ses disciiilcs; il leur parlait
fréqucmmeul d'un ge^ie qui l'accompagnait de-
l6o s OCRAT £.
puis son enfance , et dont les inspirations ne
gageaient jamais à riçn entreprendre , mais ï
taient souvent au moment de Texécution. En
ses plus chers amis le pressaient de s 'expliqu
la nature de cette voix céleste; ils n'en obteK
aucune réponse. Socrate prétendait-il leur déa
par cÊ génie celte prudence rare que sou <
rience lui avait acquise P VouTait-il s^accrédilei
leur esprit en se montrant k leurs yeux comi
homme inspiré? Une telle imposture étaitré
gère au caractère de Socrate ; amais il ne de
la vérité 9 jamais il ne fut capable d'une impos
il parait nu'^ était de bonne foi; mais ses.m<
tions philosophiques n'avaient pu le meUr
; Il dessus de certaines superstitions, et il regj
i ;^ comme \e^ conseils d'un génie les pressenti
» S que lui inspirait son extrc^me prévoyance
i quelque événement , avant Texécutien de qu
/» entreprise.
îj Rien n'égalait le zèle que Socrate metlai
\ faire des disciples ; apercevait-il un jeune hc
^ dont Tcxtérieur el 'es manières annonça
d'heureuses dispositions 9 il s^empressait au
de gagner sa confiance pour le conduire
vertu : c'est ainsi qu'il s'attacha le jebne H
phon. Celui ci joignait à la beauté des trait
physionomie douce et modeste. Socrate , le
Ij-I contrant un jour dans une rue étroite, lui
'!^i le passage avec son bâton : « Où se vendci
*-M » denrées P lui demanda-t-il. -— Au march<
f » pondit Xénophon. — Et où peut-on ac(
» le moyen d être honnête et vertueux ?
jeune homme hésitait : « Suis-moi « lui dii
M cratc. » Xénophon obéit , et depuis ce
il devint un des disciples Ijs plus fidèles de l
du sage , et il ne le quitta que pour partir en
lité de volontaire à la suite du jeune Cyrus.
L,j L'étroite liaison qui régna entre Alcibia
1
\ 90CnATB. îtJl
au est UM des circon»inccs \e$ plus rcniar-
blrs de leur vie. Ce pliiln^ophe ayant ohtcrvi
l ee jeune homme d'oxci^llcnles ([iialiit's . rete-
«ncore par les erâcr^ Je inn exluiieiir, prît
peines îiiMoyable» pour cultiver ers germe»
f«ux ( dans la crainte qu'ils ne viiiœiil à périr
c (le soins. En effet , louict lus inSluctinm en-
*«ÎRiit Alcibiade: l'inimonnt^ de la fortune,
ré(iU de M ramille et de Périelès mn tuteur ,
Biens perionni'N , ia bi-auti^ parfaite , cl , plut
ore que tout rela , la llstlerie el Us complai-
ccs Je aei nombreux amis, qui , ai^duits psr les
nnea de sa (igure, ses grSccs <'t ses ricbesxri,
iblAÎenl autour de lui une foule de rourllian».
fût cru, ilit Plutarque, tiue la forlunr s'éUit
uo ptainirde l'environner de loin ces brlll.ini,
» ilausereui avantages , pour le n^iiJre en
ilqno sorte inaccesiiule et invulnérable aux
ils de U pbiloiDpbie, i <es traits salulairet qui
lèirent jusqu'au vif dans le eœur et y latixcnt
ÏnSlon de la vertu et de la solide gloire.
nelqiiea efforts que Ton fît pour détourner
ûbiade <!'unc- société qui sr-ule ,.QUvalt le dé-
>er à lanl de niége» , il s'y livrait eniièieinenl ;
,lb!e au mente eMraoïJinairc de St.c.ale, il
pouvait résister aux charmes, à la douceur in-
■ante de cette éloquence persuasive, qui avait
iM de pouvoir sur lui que les {tiaisira. Il poussait
ETeclion pour un tel maître jusqu'à le suivre en
os lieux ; il se plaisait dans ses enlictiens , cm-
B^it ses principes avec ardeur, prenait toutes
I leçons et recevait ses réprimandes avec une '
luceur merveilleuse ; il élail si louché de ses dis-
lOrs qu'il en versait des larmes et avait honte de
i-mé«ne, tant la v(^rilé avait de force et d'cin|)ire
nu la bouche de Sorratc ! tant il savait oiposer
>U3 un jour odieux les vices auxquels se livrait
IrihiadclLc m^iîtrc s'attacliail surtout â détruire
Tome I. 14
l63
soe ik4
k hèntè onnlon s
aàftine, et' a réprimer ra
grand dëfnt. Da
' tait Socrite , il u rait lei..
qu'il Mmbliit alisolument un
peadant , eAiporlé par la fou^i
par son penchant pour le
par les diicours et les c
jeunes gens
le avait (Il
ul était sot
[Alcibiade
tfll de lui-^
titre hommiE
de son carai
, excité d'ai
iseils d'une fonj
pour M replonger dans tons tes ëgaremeni
crate ne >e rebutait point de la légèreté di
disciple; îl le poursuivait alors coOiTne un r
échappii i la correclion , et le faisait renti
lui-même. En vain Alcibi.nde lui écliappait
livrait i de nouveaux désordres ; Socraie,
jours anisi zélé nour son disciple chéri , a
celle vicissitude d égarement . de retours i )«
et de rechotn , conservait loujours Tespéraii
le raifaener i la Tcrtu. Ce (ut \i sans doll
source de ce mélange de bien et de mal iji
ractérisa la conduite d'Aldbîade. Les insirin
que son mattre lui avait données prévalaient
Ïuefois i mais dans d'autres occasions la fc
e ses passious l'eiitrainail comme malgré Itli
une route opposée.
L'amitié de Socrale et d'Alcibiade dura <
que leur vie< On a voulu élever des doules i
pnretë dé celle liaTson ; mais on ne verra qt
calomnie dans cMle înculpalîon , tant de foit
légèrement répétée , si l'on considère que nîi
toph^neDi le» acrusateurs de Socrale, donti
' parlerons bi^iiiôi , ne lui ont pas fait à cet t
le maiodre répiDcbe ; el certes ils n'eusseri
été l^onimesi passer sous silence un pareil f
enx qui se montrèrent si habiles  préseniei
un jonr défavorable la conduite et les opil
de.Sorrate. Si l'on veut absolument chercïii
•^eUe faîb'cMe il a p yé son tribut à l'huma
s b C R A T E. 1 65
On trouvera qu'il pul le d^fflut de blpsser sans
nér«s$ilé ramour-propre de licaucoup di: gens,
Un auirt motif ijui dul attirer beaucoup d'en-
a«mÎ5 k Socraie chez an peuple jiloux Je toute
«ipèc« lie »u[jériorilé , fut «ne démurclic i]u'iin
nie indiscret suggéra iiXi:iiéreplion, disiiple lie ce
'pliîloaulihe. Croyant sans doole donner un iiou-
JKJiu lustre à son maître en faisant déclarer les
SÉku miJines en sa fiteur , Chëiej'jlion avait ton-
HUU pylbie sur U p<;rsonnc <iv Sorrale; il reçut
^Hv~rt^O(t<e que Socrâte filait ]p. plus ssge de
HR let hoinines. Cet oracle augmenta l'envie
Bntre celui qu'il concernait ; Socraie ne parvint
"|tt» i la désarmer, quoiiju'il lâchât d'al^iMir le
Ijeas de tctle réponse par une huerprétadori mo—
'igsie : « Le dieu a peut-être rendu de moi tc!
I* témoignage, dit-il, parce que les autres s'enor-
'"* gneiltissent de ce qu'ils prétendent savoir , e!
l» "buË moi je sais seulement que je ne sais rien. "
Up-jfUIgMcGtle hooor^flediiUnction, malgré l'at-
JBdttnpeiil religieux qn avaient pour lui ses nom-
hreux disciples, et la haine que lui portaiciil ses
ennemiî cl ses envieux, neut-illre plus nomlirciii.
«ncore, Socrate n'nhiiiil ).im.iis dans U répul.lirpic
celte împorlance, celle consideralion qur sont le
prix des talens et des vertus. De ce i|u'il ne parais-
Mît ^ue rarement à l'assemblée du pennie ei no se
mfUit nreW|ue jamais des- affaires piiMiijaes , il
LTësulla l'opinion it peu prés générale que Socraltt
était on homme oisif et assez inutile, un sophiste
plus habile, plus honnête, mais peiit-élfe plus
Tain que les autres ; aussi quand la ligue de su»
ennemis cnlropril de diriger contre lui des alla-
^ues combinées, il TKT leur fut pas diflicile <le
perdre un phdosophe pour li>qui:l «n n'avait
qu'une estime assez bible,
il assistait rareineui aux spectacles, cl un blâ'
l64 SOCAATE.
rnant Textréme licence c|ui régnait alors dan
comëdies ,il s^attira la haine de leurs auteurs, l
Aristophane , Vun d'eux , osa donner Socral
spectacle dans une pièce intitulée Us Nuées ,
introduisit le philosophe professant Fart de
paraître bonne une mauvaise cause , prêchai
nouveaux dieux et n'en adorant aucun , et t
nant en ridicule les sentimens les plus sabrés.
crate , i ce qu'on prétend , ne dédaigna pas
sisler â la première représentation de cctti!
niédie, et ue se montrer à des étrangers q
cherchaient des yeux dans l'assemblée; de par
attaques n'ébranlaient pas plus sa constance
les autres événemens de sa vie. Un de ses aro
ayant demandé si cela ne lui faisait aucune pi
« Point du tout, répondit-il; je crois être
» festin où je régale tout le monde. » Il dit ei
à cette occasion : « Si les reproches de cet ai
»* sont fondés , je dois m'en corriger ; les
» priser s'ib ne le sont pas. » On lui rapp
un jour qu'un homme disait*du mal de lui : « jC
* répondit-il, qu'il n'a pas apprb à bien par
Depuis la représentation des Nuées il i
écoulé environ vingt-quatre ans; il semblai
li^ temps de la persécution était passé pour
lorsque tout à coup un jeune homme, Mel
présenta aux. archontes une dénonciation a
Socrate , par laquelle il l'accusait de ne pas
I mettre les dieux de la république , d'en intro
1^ de nouveaux sous le nom de génies, et de
rompre la jeunesse d'Athènes ; il concluait
I mort.
Meliius était un mauvais poëte trafique
Aristophane s'était moqué ; il servit d'instm
à la haine de deux accusateurs plus puissan
lui , Anytus et Lycon : le dernier était un or
tiès-goûté de la multitude ; ce fut lui qui di
les procédures; Anytus | citoyen coosidérabl
\
, n^approuvait pas le gouverncmeat d'A-
, où tout allait au gré u^une aveugle mul-
dirigée par de dangereux démagogues ; iX
pas craint de blâmer ouvertement quel-
sages de la république : entre ses disciples
it vu Critias à la tête de trente tyrans, Xé^
n passer au service dé Lacédépfione, et Âl-
s combattre spus les drapeaux des ennemis
)atrie.
dant les premières procédures Socrate se
tranquille. Ses amis , effrayés , tâchaient de
erTorage. Hcrmogène,run d^eux, le priait
railler à sa défense : « Je, m^en sufc occupé
lis que je respire, répondit Socrate; qu'on
nîne ma «vie entière, voilà mon apologie. »
, le premier orateur de son temps , fit pour
4liscours touchant et capable d'émouvoir les
Socrate en loua la beauté, mais il n'y trouva
le langage vigoureux de Finnocence. Il per-
)nc dans sa résolution de ne point se présent
luppliant devant ses juges. Néanmoins, obli*
lomparaître devant le tribunal des héliastes^
os cette occasion fut composé d'environ cinà
membres , il ne montra pas plus d'orgueil
I, I
II
» ue s(^ixaiiiu-uix ans. ici le siyic ,• tes fomif
» est uouvcau pour moi ; je vais parler une
» étrangtïre^ et l'unique grâce que je vc
» mande c^cst d'être attentifs plutôt à mes
» qu'à mes paroles, car votre devoir est de
» ncr la justice ; le mien de vous dire la vé
Après s'être lave du crime d'im|/^lé, i
nant tous les Athéniens et Melitus lui-mér
moin de son exactitude à remplir les dcvoi
fieurs- du culte de la patrie, 'A passa aa
chef d'accusation : « On prëlond que yt co
» la jeunesse d'Athène»; qu'on cite donc
» mes disciples que j'aie entraîné dans
» J'en vois plusieurs clans cette assemblée
» se lèvent, qu'ils déposent contre leur
» teuF. S'ils sont retenus par un reste de c
» ration, d'où vient que leurs pères, leurs
» leurs parens n'invoquent pas clans ce i
» la sévérité des lois? D'où vient que M
» négligé lieur témoignage f C'est que, loii
» poursuivre f ils sont eux-mêmes aecôuri
» défense.
» Ce ne sont pas les calomnies de M<
» d'Anytus qui me coûteront la vie ; c'est
U montrer que le plus sage des hommes est* 1
qui croit l'êlrc le moins.
1 on me repi'ochait d'avoir consacré tant
néas à des recherches si dangeroHses , je
ndrais>qu^on ne doit compter pour rien ni»
B ni la mort dès qu'on peut être utile aux^
mes. Je me suis cru destiné à les instruire;
:ru en avoir reçu la mission du ciel méiiie:
lis gardé , au péril de mes jours, les poster '
OS' généraux m'avaient placé à AmpbijpoliSf
tidée , à Délium : je dois garder aVec plus^
orurage celui que les dieux m'ont assigné aw
»u de vous , et je ne pourrais l'abandonner
désobéir à leurs ordres^ sans m'avi^ir à'
yeux.
irai plus loin; Si vous preniez aujourd'hui* i
rli de m'absoi^c à condition que je gar-^
is le silence-, jH^ous dirais : 0 mes juges ,•
us aime et je vous honore sans- doute, mais"
»ts obéira Dieu plutôt qu'à vous. Tant que
spirerai je ne cesserai de dire à tous ceu»
'offriront à^ mes regards : N'avez vous pas
e de ct)urir après les richesses et les hon-
s, tandis que vous négligez les trésors de*
Il
lf>8 SCCBATE.
I» Voilà ce quo la divinité me prciicril d^an
» cor aux jf'.iiiies gens, aux vioillarcls, au
» toyen» , aux étrangers ; et comme iha aov
a sion à ses ordres est pour vous le plus g
N (1(? ses bienfaits , si vous me faites mourir
» rcjeterez le don de Dieu, et vous ne trou
j* personne qui soit animé du même z^4e.
n donc votre cause que je soutiens aujourd'
M en paraissant défendre la mienne ; car er
» Anytus et Melitus pensent me calomnier
» bannir, m\'\ter la vie; mais ils ne sauraieu
M nuire; iU sont plus à plaindre que moi,
» qu^ils Aont injustes.
M Pour échapper à leurs coups je n^ai poii
« l'exemple des autres accusés , employé les
>> nées clandestines , les sollicitations ouverte
M vous ai trop respectés pour chercher à voi
* tendrir par mes larmes , ou par celles de
» en fans et de mes amis rassemblés auprî
■tj, » moi. C'est au théâtre qu'il faut exciter la
» par des images touchantes ; ici la vérité
> seule se faire entendre. Vous avez fait un
» ment solennel de juger selon les lois ; si )e
m arrachais un parjure, j^ serais véritable
* coupable d'impiété. MlB, plus persuade
» mes adversaires de Texistencc de la divinit
> me livre sans crainte à sa justice, ainsi
» la vôtre. »
t^'i Socrate en prononçant rediscoursparaissait
S\ mander à ses j .iges par la grandeur d 'âme et Tin
|| dite avec laquelle il s'exprimait, sans rien perd
, ftl la modestie qui lui était naturelle. Mais la pi
j* d'ontreeux étant des gens du peuple sànslun
' ..et sans principes , les uns prirent sa fermeté
une insulte, les autres furent blessés des à
(lu'il venait de se donner; plusieurs enfin él
du nombre de ses ennemis, ou vendus i l
tion d'Anytus et de Meliius. 11 intervint un
,1
14:
il
r
I
lUX dépens du tiésor public, ses juges en
telleuient irrités , qu ils le coudainaèreut
B la ciguë.
rate reçut cette sentence avec la tranquillité
omme qui pendant toute sa vie avait appris
rir% Ses disciples, ses amis étaient conster-
Quoî ! vous mourrez donc innocent? se-
L ApoUodore, l'un d'eux. — Aimeriez-vou»
ux me voir mourir coupable ? » répondit le
Comme on le conduisait à la prison il vit
' Anytus , et dit à un de ses amis : « Voyez
mie il est fier de son triomphe ! Il ne sait
que la victoire reste toujours à Thomiùe
tueux. »
lendemain de son jugement le prêtre d'A-
1 mit ime couronne sur la poupe de la ca-
ui portait tous les ans à Délos les offrandes
thëniens. Depuis cette cérémonie jusquVu
r du vaisseau la loi défendait 4 exécuter le»
lens qui prononçaient la peine de mort.
Tate passa trente jours dans la prison. Du—
:e long intervalle la mort dut se présenter à
ux avec toutes les horreurs capables d'éprou-»
iicore sa conslance ; cependant on n'aperçut
IJO
s 0 C A A T Fi
aussi paisible qUe dans tout autre temps; il C<MV* ^^
posa mêine uu hfmue eu fareur d'A{K>lloii| 01]
luit en ycrs uiiè rablc d'£so|le«
(c La voloiiltf de Dieu soit biïè $ » dit^
tVinouvoir à CritOD , qui lui vint auttoncer
ri\ér du vaisseau de Dëlos. Cet ami fidJle Tinf^l
tt-uisit en tnéine temps qu41 ne dépendait que <far,
lui de sortir de sa prison; que le geôlier était ga*
Snéi et les portes ouvertes* Socrate refusa ea
isniit : « Les Atliëuicns ont bien pu me condanP
» urr injustement; mais moi je démentirais ma
1) conduite passée et mes principes » si» aa mépril
)) d(\s lois, ) acceptais le salut que vous m'ofra*'!
D Nulle considération, nul intérêt ne peut dif^
» penser d obdir auiL lois de sa patrie et de soinV':
» la volonlé dos dieuiLé «
Deux jours après Les onze magistrats qtii TeSk '
laieiit h LV^xécution des criminels se rendirent-ds^
])onu(* heure h la prison pour le délivrer de M
fev$ vl lui annoncer le moment de son trépas
« Conil)i(Mi, dit alors Socrate eu se frottant k-
» jamlics, que les chaînes avaient froissées; cott*
7) l)i( n la nature est admirable d avoir placé tOlH
7> jours l'un près de l'autre la peine et le plaisir I
» Sans la douleur que je viens de soui&*ir « voill
7) un |)laii>iff que je n éproruverais pas* »
Jl piofila du peu d instans qui lui restait poaf^
entretenir ses amis sur 1 immortalité de l'Ame i St,
éta!jlit ce dogme sul>lime par unç foule depreutCi'
qui jiisHf'aieiit ses espérances t w Et quand méiMf
» disail'^il . ces espéi aiiees ne seraient paa fondéeii
» uiiti e tpu' les sacrifices qu'elles eligent ne m'oflft,
» pas vwiuài Ué détre le plus heure ui des hidm^
yi mes . elles écarts nt de moi les am. rtumea de la
» nit>if < et jépandent sur mes deruiirs*m
» une joie pure et délicieuse. »
On vint ensuite lui piésenter ses trois enfims
deux étaient encore dans un fige fort teodrci '
R O C B A T E. 17 4
des orJrct aux frmmrx i^ûl li'i lui avairnl
1 , ot Bpr^n Im nvoir ri'iivfij H il conlinits (I4
trair avec tn ainii,
uiumenl a\ni» le fiaidc cuire pour lui «tii
[|ue l'heure Ml venue tl^ prcndn< \e. fjlal
Se. L'âcUve tétait si alTcrlé jt son aipecl*
vil ic diSiournrr, pu'i» rondrc rji lAnnrt,
tz, dît Socrale, le ligti cœur de c«l hnmiQe ;
Mal cjuc jVrai^ ici il vonait i)iic]i|ucrQii rau-
iviic moi; voyf/, rtiinmi' il (ili-ure. Orîltin,i
ut lui wlicir; (ju'hii »[>iiorU' lu puinon l'il
itit. Cl »'il ne l'csl pas, ((ij'ori le broïu,au';
Sl ^ A peine le »olcil c^l il couché , ré-
iit Critfin; d'aulrcs oui eu la liberté d«'
Riiger lenr vie de (ini''t]iic» heures. — II«,
Snl leur» raisons pnur eu profiler, reprit
«If ^.mçi j'ai let.mirnnea pour faire aulrC*.
Dii donna stt ordres, et liieniAl un eacUvq
k 1k ,p^itoR. ,Ën reccvani h eoupe. de u
locratiJ lui .lemamla i;e qu'il falUil faire ; — ,
I aurez Lu ; puis, lors<|u<'. vuus senlire?. vna
iM s'apiies.intir , vous irei vous coucher
mire Ll. •• Alnt s , snns chan(;cr de vitage , et .
ni^iii iiMuréc , Sociale prend 1^ coupe t
I ami, (lil-ll avec tloiiceiir h l'homme (|ui U
ivait prcseiilre , peut on (liirr une Ijbalinn
dieux avi-e n- luciiv.tec? — 11 n'y a nue la
: „cte.s,„,-, r,.,,. IWbv.; c,la n. ,t
p... - On p>.,l j,, moi.., In.nqa.r l,-,
nce cl il'' ri'i'ui'illi'Uir'iil , il ai .lo le, poisnti
1 sani; Iroid l'I une se.uiiiié <|ui ue piiuvent
jue lA !iei amis s'él.iienl f.iil vi.jleure pour
■ leurs laïun-s; nuis iliiis n> unmieui ler-
e aaiiissemeiil cl l'ellnn ïcni parièrent de
;1
It continua à se promener , et quand
^és jambes appesanties il se coucha sur
comme on le lui avait i^^cdinniandé. Cèpe
poison faisait des progrès rapides ; déjà i
HiÀrtel srvah glace ses pieds et ses mains
près de s'insinuer dans le cœur, lorsque î
soulevant son manteau , dit à Criton :
;m devons un coq à Ësculapc ; n'oubliez
v'vpus arqyiitrr de ce vœu. v Ce furent
xiières paroles ; un instant api'ès il fit x
mouvement ,. rendit le dernier soupir , ëi
lui ferma les yeux.
Ainsi mourut, condamné copimé impie el
M cprrupteur, Tun des hommes de Tantiq
j çui- \éê mœurs les pfliis pur^éfli et qui fut
J; religieux des philosophes'. Peu de temps i
*' _ ïn(ji-t' les. Alhénten*s reconnurent leur in
"i* punii^ont sc| accusateurs , et r^ndiretït 1
grands honneurs à sa ndéinoiret '
, I
^««
XENOPHON,
G1lNKRA.L et UiSTOBlEN GVF^.
titîOPnoN, fit de fiiyllut, na^i't àitm im
mi^ do i'Alliqite, 45a »iia environ, nrtmi'i.jC,^
LOque tiiii répotiil à ta Hzi'' olym|nadi-. I..i 'Uï.iiilii
ises lrȔls, sa phvsioiiomie (irime ot-mi/itesii.- f
eveoaieiit en &a faveur ; il jui^nait à ds avan-*
■es extérieurs les (|aaliLés rlu cœur et (le IVspritt
t^ibeuretiifq di s posttinns furent ilévetop^ém par
[mcîUeure édumtinn , canil euE pour matif'C
(CFatc : nt>iis s'ons vu Jan. I.i vie i)e rp philo-
plie comment il engagea XpnopKoni He siiiMrd
imme dinciple. Un sait avec (|tiel e m ^re s Marnent
jeune hoiHme obéit ; il devint l'ami de son
aîlre el de lims ceux qui professaient (a t^clrinc
! Socralc. ï?nophofi fut celui f|ni la suivit le
us fidèlemeal , dans ses «^crils comme dans sa
indinte.
Il prit d^s S.1 jeiineMp !« p«rii tlps nrinoS , et îff
uiitg'ia dans plusieurs mmpagnes ; il éiaità la
ilaillô de Hélium, ([uifiil si fiineMC aux Atliénîeris,
il y aurait infailliblement perdu la vie si SocraiR
! l'avait sAiivé an péril de la sienne. Mai.s le lemps
élatt pas eneorc vetm oii Xénophon devait àf-
oj-er ces lalcns militaires cnii lui onl Tnértlo «a
ne si dislingiré parmi les plus grnnds capilainei
i La Grèce; ce fut dans une gui'rri; lointaine»
174 XIÊVOPHON.
entreprise par le jeune Cyrus contre son
Ai taxerxe ^ roi de Perse , ,<]u^il trouva cett<
rieuse occasion.
Historien de cette esrpédilion, qui fut sui
la fameuse retraite des dix mille , Xénopht
conta lùi-méxne comment il se joignit aux
qui suivirent le jeune Cyrus. Un Je leurs
Proxène de Béotie , dont la famille était i
celle de Xénophon par les liens de Thospi
lui avait écrit une lettre dans laquelle il 1'
eeait ii se rendre auprès de ce prince , de Y
auquel il aurait plus à espérer, disait-il, c
sa patrie. Vivement tenté de répondre à cet
vitation , Xénophon se sentît arrêté par un
pule ; il craignait de s^attirer le mécontent
des Athéniens en se joignant aux Lacédéxn*
et h Cyrus , qui leur avaient fait tant de r
consulte Son at<^ : Socrate , trouvant éga
avantages et les inconvéniens de cette entn
qui n^avait au surplus rien de repréhensil
elle-même, n'osa décider, et lui conseilla
merit d'interroger l'oracle de Delphes,
phon , ayant obtenu une réponse conforma
désirs, mit h la voile , et rejoignit à Sardes Pj
et Cyrus. Présenté au prince, ni en fut favo
ment accueilli. Peu de jours après Cyrus na
Sardes, et marcha vers les provinces de la
Asie. A l'exception de Cléarque , qui sev
iniiié dans le secret de l'entreprise, l'arm
ti^re ne savait ni quel était -le sujet de la f;
ni en quel pays on la conduisait; Cyrus av2
lement fait entendre qu'il portait les armes
les Ifisidiens , qui infestaient la province.
Lorsqu^on fut arrivé à Tarse,, en Cilici
Grecs refusèrent d'aller .plus avant ; souple
avec raison qu'il les conduisait contre Aria
ils représentèrent hautement que ce n'était p<
cette intention qu'ils s'étaient engagés au
X É^N O PHON'. 175
Ar Cvrus, C\éiri)ue. eut bien de la peine à les »p'
fiaiter : looles les ressources de son éloquence
Cii>seiit été v^iiiiei conlre l'obstlnalion Je la plu-
part , s'il ne les eût gagnés par l'appât des récom-
toeiises. La faonic de reculer aux yeux de leurs
lompagnnns et du prinre retint ceux sur lesquels
9r pareil molif avait peu de pouvoir: Xênoplton
Kiait Je ce nombre.
, Une seule bat.iîlle devait mettre fin à l'erp^di-
Hon du jeune Cyrus. Artaxerxe était venu à sa
lencofilre à la t^iede douzecent mille hommes , et
Vavail joint prps de la ville de Cunaxa, Pendant
»up l'une ei l'autre armées se disputaient la vic-
toire, tyrus, ivre de fureur k la vue de son frhïî,
^'éUnçacontrelui, l'atteignit faililemenid'un coup
^javelot, et tomba tui-nif-me perc^ decoups.Ses
troupes, n'ayant plus de raison pour soutenir le
toniDal, Tniient bas les armes, ou se rclirèrept
|b«« la conduite d'Ariée , leur général.
^ Les iirccs , qu! ccunbattaient i une assez grande
fttlatice de ce prince , 'avaieiil repoussé les trempes
qui leur étaient oppnsi'ps. Ainsi Clr.irqtjc et Ar-
Uxerxe , ignorant chacun de leur cOlé ce (pii se
passai! de l'autre , croyaient tous deux avoir rem-
porté la victoire.
" C« fat le lendemain seulement que tes Grecs aiv
pnreni la mort de Cyrus. Cette nouvelle les étonue
nus les abattre : <• Nous n'en avons pas moins
■ vaincu de notre côté, dit Cléarquc. Qu'on
• l'annonce à Arlée , et , s'il veut se joindre à
■ nous, nnus promettons de le placer sur le trône ;
■ c'est aux vainqueurs à disposer des empires. »
Cependant Artaxerxe envoie vers les Grecs un
héraut pour les sommer de rendre les armes; « Si
» c'esl comme vainqueur qu'il nous les demande,
■ répond I'ro»ène, qu'd vienne les prendre;
• si c'est i litre d'ami, qu'il nous les laisse p^r
• le servir." Xerioj.hoti, qui, sans avoir dès Iots
u«it !«. ui otjiJt'tiLdii (iiJ 11. lie; K,k\jypit uno v*
•ispirer 9u trône; qu en conséquence il p<
le lendemaio pour retourner dans Flon
qnc sHIs voulaient Tacconnpagner iltf eusseu
rendre auprès de lui pendant la nuit. Ils )
senlenU (^t bientôt joignent Ariëe.. lU po
voient leur marche avec rapidité ^ Igrsau us
atteints par les troupes du grand roi. Cl
lait faire halte , et 5c prépare au combat. Un
tenance si hardie effraie Artaxerxe ; il eny<
hérouts, non plus pour leur signifier
rendre, mais pour traiter avec eux et I^i
po.s.cr la pajx. Les Grecs y çonaentire^rit^
clauses de l'accord furent ^nc le roi jeur |
ferait des vivras , ct.que par ses ordres iU 9*
traités en nmis dans toutes 1/es provioces qu
V raient à traverser. C'était le satrape Tis3a|
qui devait leur servir de guide.
Quelques jours aprc3 ils se mirent en i
So\is cette sauy/e-g^rue. Jilais cQTnmc Ariée a
fje nç pas campjer avec eA^x, i^t que Ti«sapherne
gageaU dans les chemins Les pins diiiicii^s, il
mcncèrcnti^ovpçonpçr la perfidie d^ c^ 4a
nér9u:|f:; il y eut même qjfjclquefjescarmouchç
SBNOJ'HON. J77
f êi'Achiie, se rcnilent à la l'ente «Jn satrape
~ meure 6n à toutes dite tissions. Us ne «oi.t
Lâtentff», (ju'oii les charge iJe tirs. Cléar-
Égorgé; les autres sont ciiniliiits vers
e , ijiii les rail mourir devant lui : la faibltf
c qui les avail suivis avait éié lalUée en pièces
llirlp^ baiiiares.
Cea Hail bit Je l'armée des Grecs s'il ne le
On pjis iroLivë parmi eux un homme doué de
taie ftévajion d âme qui se nunilre supéiieure k
Le* tlAneers. de ce génie réronil en reisourcei
^i ae vâil hs obstacles que |>our les aplanir, de
OtU^ renoelé de cararlérc qui peul seule , pnr na
htweux mélange de douceur, contenir Us sonti-
W^f <jiïei'5 «l'une multitude d'IiomiDes privés «le
DHS t.hek. Vu tel hoiome. et e était Xéucphon ,
nait ^tre leur sauveur. Il mesiiri! toute l'étendue
li'périiijui les aienace : un intei'valle de plus de
w> c¥Ols I»eues les séfiarc de leur patrie ; des ri-
jffi JAlia(W«es, ieufièmenj, k cliemjit de t«ute«
tl^,l'ana.iK du rot «st U, F!i^£te à tes accaliler}
(urt traverser ua.mond^ d'ennemis; ils n'ont
t de guide ; Xênophon 'filage les al an il es de
a» compagnons, mais nun leur iiicei tilude.
Il va trouver les centurions du corps de
iProkëne au jniliea de la uuit , et leur représente
■iM n'y a pas un momenA perdre; (ju il était de
I 4cmièrc imprirlancc de prévenir les desieins
' pmiiicmipcrtide; que, malgré leur petit nombre,
n'en seraient pas muins formidubls si leurs ef-
U répondent à la hardiesse de l-.iir résolution ;
C la valeur et nnu b inuliitmlk.' delcnniiie le sort'
Ti
la gjuprre; fjii'eiifin i) esl uéi'i'ss.iiii; de
icil s'assemble aussilât; reiil ..fiicïers s'y léunis-
wol. Xéuophon est invlit' a prciubi' la p.irnle ; il
présente a\ec plus de Jùail k's ce nsîdi'ra lions
quil o'avait J'aùyid luuthéi-stiu'; U-gtremeiil.
'"S
17*
Bientftl ck r s <
■ion i U I
Socrate; t nor i c
lieu de ïlenon ; Xénop
•on ami.
Le lendemiin Vamiée a'^iant réunie t
pointe du jour, Xénojilinn prit la parole poi
exciler le courage dea trnui : •• Si
a vnns vaJncTG, dit-il, s. x nu du
■ rir, Happeloni-nous les |u rm'cs de MaralliMiii
» de PlaUe et de Silaminr . cl niontrons-i ~~
dignes de nos ancélri's. <• lilais rVit peu potl
lui de réveiller dans le cu;ur Âps foliljil» cette
sie belliqueuse hérédifairi^ (Uvz Ion Gn^s | ■■
lait taire en eux la cuniiliié ; ih renvoit^nt les
sie belliqueuse hérédifaire (Uvz Ion Grers
lait taire en eux la cuniiliié ; ih renvoi'Mi
sonnien , et rejetieut le b. %c t\u\ pourrait mi-
traver leur marche.
Le Spartiate Chiritoplie conimandait l'avani
garde ; l'armée lui avait nixordé Hur ses collf^oi^
une prééminence que Xt^nnption avait eu la nu
deatie de refuser. Ce demii^r t'tait, avrr Titnaaîoi
jliacé i rarrière-gtrde , yoxie t|ui dan> iiiy rclrail
est le plus important i^-i I'ivit» dirigèrent fail
murche vers la source drj grand» fleuves > pour
trouver un passage plus f^iilc,
Ils Venaieni de laissée derrière i.'ux \fs villes d
Larisse el de Mesmla.^ouKn dt-nx \M
bords du Tigre , lorsqu'il:! «irriii paraître i'btj
jAerne à la t^te de toutt-s »<■% ir^iupcs. i'-t fut i'"
cettB occasien que, s'apcircvani qu'un balui
carré est la disposition Id plun ificorninode pot
nne ai-mëe poursuivie pnr l'i'iiMcnti , ils irhangcrei
(eur ordre , et se ran^^mii nu- deux nulonne»
entre lesquelles fiit plaç^^ 1'' h.i^fi|('. lia suuiîarfitil
sans beaucoup de p«rle l'I ti liniirs avrc avaiiLaef
les continuelles attaquts des liarbart-s, ot les nrf
aèrent m<me à se retirer. Mais iiurliiuea jnuf
après les eànediis se crent aux Ot«cs -
aux ijtfca M
TEENOPnON. 17g
minence au pleJ Je lai]uello ceux-ci étaient
es do passer. Xénoplion retiJil inulile celte
ise ci> gagnant avec rapiililé , k la têts
délaclicmtnt de l'armée, le sommet de la
agne (jui commandait cetie éininence. Les
1res sont culbutés , et les Grecs sVuvrent gn
;c dans une plaine, où ils ironvcnt d'abon*
s provisions. Depuis ce moment Ttssa-
le cessa de les poursuivre,
fut en cette occasion q\ie Xënoplion fit un
jui prouve combien il connaissait l'esprit du
t. En courant à cheval sur le penchant de la
agne il excitait sa troupe à compter pour
es fatigues aui allaient leur procurer une vie-
assurée : n Vous en parlez bien à votre aise ,
Tend brusquement un soldat ; un cheraî
is porte, et moi je suis k pied el je porte
<n bouclier. « Pour toute répons'e, Aéno-
saule à bas de sa monture, saisit le bou-
la harangueur , le pousse hors des rangs, et,
■é le poids de sa cuirasse, pravil la bau*
livrés de la poursuite dos Perses, les Grecs
it bien d'autres ennemis'à comhaltre. Arré-
un cnlé par le Ti§re, ils avaient devant eu*
onlagnes inaccessibles habitées par les Car-
^s , peuple belli<]ueux qui n'avait jamais subi
jg des rois de Perse. Cependant, comme
te trouvait pas de bateaux pour traverser le
■.y et que le passage des montagnes donnait
dans les lirhes plaines d'Arménie, les gé-
X résolurent de suivre ce chemin. Lts Car-
13 prirent aussînit l'alaiT
ne, et, se renfon-
ur les somiiiels de leurs
montagiies, ils as-
)1 les Grecs de tous côtés
, el font pleuvoir
iij'inrs comhallani,
iiunegièle.ie trails. To
urs s'emparant d'avjui
:i' des (lérilés , 1m
arrêtent sans cesse la ni
larchc des barbares.
la queue. Us se portaient ainsi mutuellemei
cours, et dans toutes leurs manœuvres vei
à la sûreté réciproque de leurs divisions,
faut paâ en douter, malgré toute Diabi]
Xénofhon, les Grecs n^auraient. jamais
Uïur périlleuse retraite si cettç b&niie i
gcnce y cet accord parfait, qui leur font
ment honneur , n'avalent régné entre les
ra ux.
Enfin ,^près avoir employé sept jours à 1
ser le pays des Carduques , et avoir soufiè
de maux (^uc toute la puissance du graud ro
perfidie de Tissa pher ne n'avaieht pu leur ei
éprouver, les Grecs arrivent dans une plaie
r tile arrosée par le Centcite , qui sépare TAi
' du pays des Carduques. Il fallait travci
> (leuve, et combattre en même temps coa
- Carduques , qui les poursuivaient en qu<
contre les Annénirns, qui défendaient la r
posée. Cependant les Grecs tentèrent de
dans un endroit où ils avaicFJt de Teau
raisselle; mais, enlraincs par la rapidité d
raut, auquel la pesanteur de leurs armes 1
XEN OPnON. l8l
Itidc savait qu'il élait permis d'inlerrompre le
bs et méini! le sommeil lie ce géucrsl quand
jTvatt à lui faire (jticlqDe comniunicarion rela-
f"à la gueiTe. Ils venaieol. l'informer qu'en vour
t rraverser le Cenlrîte à la nage ils avaieni ren-
Itré un ^ué tiù ils n'avaient eu de l'eau que
bu'à la ceiiilure. Aussitôt Xénopbon va lrou»er
tîsophe, lui fait part de l'avis, et se cuncerie
Ëlui sur les meilleures disposiliom à faire puiu-
BBT le fleuve sans perte, repousser les ennemis
tétaient sur l'autre rive, et n'Piro point enla-
Irpar ceux qu'on laissait derrière soi. 11 faut
te dans la relation nifme de Xénophon lous les
ails de ce passage, qui , principalement conduit
F'ce général, est un cnef-d'ceuvre d'adresse,
labileté et de courage.
Entré en Arménie, l'armée marclia sans intu"-
Hïoa et sans être inquiétée, jusqu'à ce qu'elle
[dépassé lés sources du Tigre. Elle »rnva en-
k sur les bords du Telebaé , dont les eaux lim-
Tfri arrosaient une pl.iine ftTlile el npufiléede
lages. Là coiiinitrcail l'Aimenie o, ri,!.Ttol<-.
ijalrape Tu ib.ue , f.vi.ri do roi de l'.-rs. , u.m-
iitdait dans celle province. Il laissa prei.dre.aui
'ecs tous les vivres dont ils avalent besoin, à
dditinns qu'ils ne commettraient aiicnn dégât
ai leur marche : il eut toujours néanmoins
Itdr îosu un camp vnlaal à qndijue ili'^tance
f leur armée. 11 tomliii in'ndi-ii' une nuit une
ibolîtë excessive de neige ; clic c.iuviit les
mes et les .loldals rgm < tjient Coiicliés au
fouaci hommes et cli:vaiu, tiîul était etigoiu-
'j^ personne nu donnait •iijn'y de vie ; c'étail uti
itciacle digne de compasinju X*'"oph(.n .'ul
^ireinîer 1p c(.i<rage de se luin im pour fendre
1 bois ; un aute (jrrc l'iui.ta , <" 'H yn.ti d'jos-
n» leur exemple fut s^iivi .;r '.nus l^-■^ .■:,.l,:;,(s ,
JÏ se mirent aussi ^ f^iic -l'.-. i"i;T , 'il i L.';rpl.iy!:;
1 8o X É N O P H O N,
Si c^était à Pavant garde qu'ils barraient 1<
sage , Xënopiioii , qui commandait Ta
garde, s^avançait aussitôt , et j gravissant la
. tagne, tâchait de dépasser IVnnemi, Ten
paît et dissipait l'obstacle. Chirisôphe rem
m^me service à l'arrière-garde lorsqu'elle
attaquée , et avec les troupes de la tête, en :
naut à dominer reonemi, il ouvrait un pai
la queue. Us se portaient ainsi mutuelleme
cours , et dans toutes leurs manœuvres vei
à la sûreté réciproque de leurs divisions,
faut paâ en douter, malgré toute Tbabi]
Xénof'hon, les Grecs n'auraient, jamais
Uïur périlleuse retraite si cett^<g b&nue i
gcnce , cet accor-d parfait, qui leur font
ment honneur , n'avaient régné entre les
ra ux.
Enfin ,^près avoir employé sept jours à
S£r le pays des Carduques , et avoir soiifft
de maux (^uc toute la puissance du graud rc
perfidie de Tissa pher ne n'avaieht pu leur e
éprouver, les Grecs arrivent dans une plaii
tile an osée par le Ccntrite , qui sépare l'A
du pays dos Carduques. Il fallait travci
(leu\e, et combattre en même temps coc
I Carduques , qui les poui^suivaient en qu
contre les Annénipns, qui défendaient la r
posée. Cepiiîdanl les Grecs tentèrent de
dans un endroit où ils avaient de Teau
Taisselle; mais, eurraînés par la rapidité d
''''*^ rant, auquel la pesanteur de leurs armes 1
pêiJiait de réiisîor , ils revinrent au rivii
campèrent sur U bord du fleuve. Leur déc
menl était au comble, et l'aiMnéiev après av
XENOPHON. iBl
ÎDdnJf^ savait qu'il ëiail pirmis J'înlerrompre le
ftpns Cl in^mc le sommeil de ce géuijul «juaiiJ
&□ avait i \m faire tiuplque coniniunîiMlinti r^la-
'îvf ï la guerre. Ils veimt^Ql l'informer qu'en vour
Int traverser le Cenu-iie à la nage ils avaient ren-
^Btré un eue uii ils n'avaient eu Je l'eau (]iia
■iu'4 la ceinture. Aussitôt Xénophon va lroiiï*r
Spsoplie , lui fait part de l'avis , et so cunecrie
■%i sur les mcilleuies disposilioni i faire pour
^jlc fleuve sans perte, repousser les ennemis
Julent sur l'autre rive, el n'Plio potnl enta-
|P|tilr ceux qu'on laissait derrière soi. 11 faut
y.tUns la relation mfine de Xénophon Iou& les
edls (Ifl ce passage, qui , principalement eonduit
Pcc général, est un clief-d'œuvre (t'adics e,
ftabilrié et de r.ourage,
■ Entré en Arménie, Tarmce maiclia sans inlo"—
Amlioa e( sans être inquiétée, jusqu'à ce qu'elle
Bn dépassa les Kiurces du Tigre, Elle arriva en-
Hikkiir le; bords du Teleboé, dont les eaux lim-
BRj * àft oa ai eut une plaine fertile el peu(>lée de
Vilndait dans crllf province. Il h^s^n prendre aux
'jSrecs tous les vivres dont ils avalent besoin, à
Oinditions fiu'ils ne commeitraîenl a'icnn dégât
mnS leur marche : il eut loujours néannioina
■"Ubr insu un camp vnlaat i quelque di^lanre
M leur armée. Il lomLa iieuibnl anc nuit una
tnlilé excessive de neige ; tlle couviil les
les el les .soldais qui ii.ii'iil Ctn^fi'és a,u
o'uac', hiunnicset ilb^vaiiï , l/>ul cla'il enROM-
oï'; personne nr Jrinuait 'igii'.' Me "le ; t'i'lriil un
»tclarle digne de roiNpas.ii,,!. X.'nfi^.!iiin l'u»
K premier le rournge de si' l,-i,.r ifi [njur içndrc
ia bois; un aiitje (îrcc riuiita, ci > ii pet* d'iu--
IJins leur evemple fut «.li/i , *r t.>„« W M.Kld[(t ,
qui se raircnl auisi j f:ii': d:\ U-i ,■.!,) ■-::r\ù <. .;'
l89 X<MOPH01!(.
Ions lc5 moyens pour emp^clier Taction du froid*
Oïl apprit par un prisonnier f|ue Tiribase avait
dessein (raltnqu(*r Ins Giecs au pafiage dea mon*
togiics, dans un (Jéfilë qu^ils ne pouvaSent éTÎlerg
Ils vont au dcvaol de rc nouvel obstacle^ en sVoi*
parant de ce poste avnfit que Tennemi ne vtnf roe^
ruper, et metient eu fuite les Iroupcs du aalrapc
lis se hAient ensuite de se melire en marche pooi^
ne pas donner aux vaincus le temps de se rallier eé
dW.cuier le défilé. Au bout de trois joura ilapaa«
sèrent i'Euphrate vers sa source. ■-
Ils eurent ensuite beaucoup à soudrir d^un fSÉf
de bise qui lein* soufflait au visage avec impétaiK
site. La neige couvrait à cinq ou six pieds de haiK
leur le paya (]u\[ leur*fallait traverser. Heureuse^'
ment ils trouvèrent une assez grande quantité d^
boi^ pour faire du feu; mais les vivres manquaienti
et plusieurs , excédés de froid ^ de fatigue et et
iaitn , tombaient sans pouvoir se relever. Ce te
alors que Xénophon signala son humanilë ; il allir
:)rter i ces malheureux le peu d'ali«;
lui-même porter i ces malheureux le peu
meus quMl pouvait trouver. Mais tous ses soins B^
purent empêcher la perte d'un grand nombre d»'
ses soldats, ou qui mouraient sur la place, ouquifj
par Texcès du froid perdant Tusage de la viiia os;
de leurs jambes* ne pouvaient plus suivreFiiaiéft'.
Quelques Grecs avaient aperçu un endroit où k'^
neige était fondue , sVl aient détachés pour . VMMrV
s'y reposer , et déclaraient qu'ils ne marcha*'
raient plus. Xénophon accourt vers eus, les coSs^;!
jure (le ne pas rester en arrière ; ordres , prièrii||'
ttieuares, tout est inutile ; ils lui répondeqt <Itt*Ot^
peut les égorger ui Ton veut, mais quils ne pew^r,
vent faire un pas. Cependant un corps de Pffr *-:
b.'ires était près de les atteindre. XénophÔH^-
veut encore sauver, s'il est possible, ces miihev*^^
reux qiïi s'obstinent à se perdre ; il juge quele aevl^
moyen est d'inspirer une telle terreur à renneori -^
! toit pBï tpiilr t!c Icâ altiiqurr. Sonilam il
Jcvtyit (les I)ail*ui-e8 k la télé cle i'ariière-
pI Ips atlaqnp avfc ïîçiicur r ils out bientôt
fuite il travri-s les ucipf^ , et on np les vif
paivitre. Le Iriideinaiii l'aiiude des Grecs
fueeiilié quelques villHges aasnz bien ap-
ouiiéi , ib T cautouiièrent pendant sept
el l'on eut le temps de rameuer lea b'ai—
se remît ensuite eu marcIie , et au bout <Io
itres jours ou arrivQâur les borda du Phases
aussi l'Araxe , qiii se jette dans te Pont-
. Ce lleuve i large d'euYU'on cent pieds , ar—
te pajs des Ptiasiens , des Toaquea et dea
lei. Ces penplrs e'taic-nt les plus belliqueux
trou Tes rarméi: sursoit passage , surtout lea
■es. les seuls, dliXénoplion, qui croisaient
le avec les Grecs. De hautes montages d^
îBt l'enti^e de ce pays; il fallait absolument
w:bir , et leiî barbares occupaient les liau-
Brét^à disputer le passage. L'armée ne patt>
rin'd'en venir aux mains*, i) étaîtimportant
las tarder a le r.iîrc , poui- étonner les euni^
ruuebrusquealluqur. Ce fui l'avisqu'ciuvrit
<bou ; mais ayniij observd 411e les barbares ue
taieut que le seul passage t'i équenlé , il pro-
envoyer un 'dé tac bernent pour les occuper
le filusse attaque ; tandis qu'un autre corps >
vaut les chemins qui n'e'Iaïeiit- pas gaitlés ,
irerait des hnntriii s qui iloiniiiaicnt [ca bar-
Ce projet l'ut eTiéciiIë avec autant de succès
lilement conçu ; l'eiuieini pril la l\iit , et le
e Itil rendu libre ; 1 armée marcha euiini te
ut douze ou ([itîii£e jouis , simè cesse corn—
t, saiu cessi; poursuivie, nmniiuniit de
, et lie poiiïiuit s rn pi m'urer qu'& la pointe
lA. E.if.i 1 avaiit-^iiid. pa-ïiiil ft nnc moo-
très-élcïec ai>j)el(;c Xccquc, d'où l'ou dé-
i84 xÉNOPnopr.
oiiYi ait la mrr. A cette vue cbacun pousa
îi is de joie. Xënoplion, qui ëlait en arrière ,
ravaiit-garde atfaquée ; il fait doubler le pa
division pour aller au secours de sescompag
Ou entend distinctement ces cris : la mer! la
et Ta larme se change en allégresse. L'ordre
inarclic est rompu; on se précipite ; c'est î
arrivera le premier au sommet de la monta
on pousse mille ciis; on verse des larmes de
les soldats dans leur ivresse embrassent to
tour leurs gëiiëraux et leurs officiers, et,
attendre leurs ordres , entassant des armes j
aux Larljarcs , ils élèvent uu tropbée sur k
même.
Mais les Grecs n'étaient pas au terme de
travaux ; ils avaient encore de vastes régions)
verser , et des ennemis à combatti'c. Les prei
pfi.plf s ({u ils rencontrèrent furent les Maci
<ji:i , disposés d'aJiord à leur disputer le pas
consentirent ensuite à le leur faciliter, lors»
se lurent .issurés des intentions pacifiques de
me'c. De là elle s'avança vers les montagm
la Coiclii(I(.' , dont une des plus liantes était occ
pjir les lial.itans du pays. L'accès n'en était |
praticaMe; mais il n*y avait que cette voie
paiSM" outre. L'embairas des Grecs était étra
ec fut encore Xénophon qui aplanit pour
cet obstacle; il disposa leurs rangs dans un <
an.s:>i habilement combhié que nouveau, £ra
la liante ur , et dispersa l'ennemi , incapable d
histcr dès qu'il n'eut plus l'avantage de la ]
tion.
Api es avoir pris quelques jours de repos
mée se mit en marche , et arriva à Trcbiso
ef>h>nie grecque originaire de Siuope , et situe
le Ponè-Euxin, dans la Colcbide. Les Grecs,
tiant les l rente jours qu'ils s'aiTetèrent prè
cette ville , célébi créât des jeux , et s'accjuittc
fct vfieMUt i\\x'\\s ivaiént failî; niiK dtpnï piSOr «Ifli--
Ër on liruri-uT t-etour d.ins leur psdiK II fiiV'frïii
Itiiie r«nlti qu'on retturmerail pn Grèce par thW".
whinsnplip iiariit surir- champ pour aller (rom''ef
"î. amiral de Sparle , .ifin (î'rtht(?"ir lie Itiî
isseaux. <:epeoi]ant l'armée Triaiiriini-t Hd
, Xénnphon la comluîiil conln; Iri fïtiT'
mt, nation Vomfie de TreljïsondL-, el b pKii
Iciliqiicute Je rè» lânions. AprK une Inlip ôpi-
illre, son habileié iriami'Iia de ta vali^uv rèrèfé
ti et» barbares ; il brûla leur tii^lropole ,' et fa-
lupcî charg^ffl de butin ei abondanu-
itfnl pourvues de vivres.
Chirtsoplicn'arrivailpoitil; oii jup^a f|il'il f^aU
pdricr le paya. L'armée suivit ip.iV icriv'lÉs (yHeS
" t-limin , ei arrivaà C^ra^iiiite, è(\ïô'ni4,dë
" s trois joiny'Àii''nrfj'5Al(>ùfna.
., nsirt dé PartnW, 'oiif.'Cmonla'lT
Piatitte six F^nts hbinni^<^,' ic (flx niïllc qi^'iU
rtpti partant. On pl'ot'éfla aliMi au naitagc
ferm-gpiTl []uî provenait de Ta Vpntf di^s prîïdij-
li^r* , apr(>s en svoir prélfvi: If ilixirEiiP rnlnr
Apollon et p<uir Diane ('■plu-slrnri.-. On .loil r..-
*|l^^uer acre élog>. rnmlnoi, Ir.s iWc-, ,e- ,non-
ttitent rdi-ipTiX pi^ud.Vni i..ui Iti ronrs dû ci'IIr
itetf'dilidn. X?nnptir>^ Inrr- .Ir^nniii IVy.nple d,^
hpiélé; Ce srnlinvnr M • ' ' ' '
W dlr
.. , ,.n,.sàler
fccHon rtn'it rro\-iii '!■ ■.on .,i:i,;> c;- .«s snV
"farlidcCérasuiile, il ^c lit joiTr iiar sa
*tfav»*rj pbiMei
(Viyw, foin ai
•h Ti^larenien ,
ktrrs. Il av.iit ftit'iné le projet de i!
flans ces lipux, et d')'f'>iiilfi^ue rol'uiif:
ht apprmivé par quilfiiir^-iins ■- niai^ 1rs
[■néral fnvfii ' ' " ■
nope, suu..ea.
.1 s,.)Ourrn qiiar
[
i il die ;
nmc i.
l86 XÉNOPHON.
n'était qu^un prétexte pour rabandonner, <
liabitans du pays qu^un moyen pour les ass
Xénophon fut do.nc obligé de renoncer
dessein. Enhardi par ce premier succès , s(
vieux s'eflbrcèrent de le r eiidre odieux aux tro
mais celui-ci, par sa sagesse ei sa modéra
arrôta tous ces mouvemeiis. Les Grecs se
pelèrent enfin tout ce qu^ib devaient à Xénop
et la recherche qu\)n avait fait de sa conduit
par tourner à sa gloire.
Bientôt après l armée s^embarqua sur des
seaux qui leur avaient été fournis par les hal
de Cotyore , et après un jour de navigatioi
arriva à Sinope, colonie de Milet «danslaPa
gonic. Ce fut là que Chirisophe la rcjoigni
quelques galères , mais sans argent. «
Cependant comme les soldais se tro#
moins éloignés de leur patrie , ils étaient pli
jamais pressés d^y rentrer enrichis de quefqu
tin; Ils jugèrent qu^en donnant un seul chef
mée ce général tirerait mieux parti des troi
et pourrait mettre plus de promptitude et de
dans ses entreprises, nVtant plus obligé de
sulier ses collègues; car auparavant les gén
ne faisaient rien sans Tavoir décidé entr^eux
pluralité des voix. Les troupes jetèrent içs
sur Xénophon , et vinrent lui ofll ir de la m*
la plus pressante le commandement sup
Xénophon ne fut pas insensible à cet honi
mais sa modestie lui en fit prévoir les suit«
refusa, et fit tomber le choix sur Chirisophi
lui-ci ne jouit pas long-temps de son autoriti
les troupes le déposèrent quelques jours ^
f>our n^avoir pas consenti à leur laisser exige
libitans dlléraclée une injuste contributior
nophon ne voulut pa^ non plus prendre )
cette exaction dans une ville qui était une ce
grecque. La discorde se mit alors dans Tar
XÉN OPUON, 187
divisa en trois corps, donl l'an fut cotn-
parXénophon. Le; deux autres divisioni
dëreni pas à s';ipercevoir qu'un tel chef
iJCK|uait ; 1 impruilcnce des ofHdcrs qui
nduisaient lei engagea dans de mauvais pas
[Iles ne se seraient jamais Liréeii si Xéno-
n'élait surveau à propos pour les secou-
élant Ions réunis Je nouveau , les Grers
retit ensemble dans le port de Calpé , et
èrent la peine capitale contre quiconque
lerail dans la suite de diviser L'armée. Chiii-
élait mort dans l'intervalle.
,e mireni ensuite en marche vers Chryso'
en Ohalcédoine , d'où iU devaient faire voile
Jyzance. Ils ne cessèrent d'être poursuivit
satrape Pharnabaze, dont la cavaiejie tailla
Itfs un détachemenl de leur armée qui s'était
é des côles pour piller; mais enfin Xéno-
délit entièrement les troupfs du satrape, et
>loit signala dignement ses derniers pas en
ivés à Byzance , les Grecs espéraient voir la
ieiirs traverses ; ils furent cruellement Irom-
*tle ville, sujette de Larédémone, où ils
ient trouver un nsile et du pain , leur ferma
rtes et leur refusa des vivres. Surpris , indi-
de cet cutrage , les Grers, sans attendre
! de leur général, se précipitent dansByzance,
I se porter aux dernières extrémités. Xéno-
est au njilieu d'eux ; il les a suivis pour prè-
les funesles efltls de leur fureur : les soldats
foivent ; ils se pressent autour de lui :
tt maintenant, Xénojihon, disent-ils, qu'il
; montrer du courage. Une ville riche et ilo-
inte vous est ouverte, des troupes nom-
uses et disciplinées sont à votre disposition ,
1 voussoni dévouées; commandez «etDyzance
i vous, et nuus allons faire de Xénophon
Bientôt après 1 armée s'embarqua sur d
seaux qui leur avaient élé fournis p^ir les h
de Cotyore , et après un jour de navigali
arriva à Sinope, colonie de Milet .dans la !
gonic. Ce fut là que Chirisophe la rcjoig
quelques galères , mais saus argent.
] Cependant comme les soldats se tro
moins éloignes de leur patrie , ils étaient t
jamais prcs.sés d'y rentrer enrichis de queli
tin; Ils jugèrent qu^en donnant un seul ch(
mée ce général tirerait mieux parti des tr
et fourrait mettre plus de promptitude et d
dans ses entreprises, nVlani plus obligé <
siiller ses collègues; car auparavant les gi
)| ne faisaient rien sans Tavoir décidé entr'ei
I pluralité des voix. Los troupes jetèrent i<
sur Xénophon , cl vinrent lui ofllir de la i
la plus pressante le commandement si
Xénophon ne fut pas insensible à cet ho
mais sa modestie lui en fit prévoir les su
refusa, et fit tomber le choix sur Chirisop
! Iiiî-rî nt* îmiîf nA« 1nn<y.ltf»mrk« At^ ami mtlrkr
XÉNOPIION. 187
le »*• divisa en triHï corps, dnni Ton fui corn-
laniié parXénophon. Les deux autres diviiioris
e uiderenr pas à s'apprcevoif qu'un lel chef
nr mai)<|U3il ; l'imprudence des officiers qui
t conduisaient lei engagea dans de mauvais pas
mt ellps ne se seraient jamais tirées si Xéno-
h(in n'était survenu à propos pour les secou-
r. S'élant tous réunis de nouveau , les Grecs
iin|>èrent ensemble dans le port de Cal[ié , pt
ktfnèrent la peine capitale contre quiconque
«poserait dans la suite de diviser l'armée. ChiK-
iptie était mort dans l'intervalle.
Ils se mirent ensuite en marche vers Chryso-
lait, en Chakédoine, d'où il» devaient faire voile
i>ur Byzance. Ils ue cessèrent d'être poursuivit
ir le sairapc Pharnabaze , dont la cavalerie tailla
t ptèces un détachement de leur armée qui s'étart
eigné des côtes pour ipiller; mais enfin Xéno-
ImÛ défit entièrement les troupes du satrape, et
M'ftploit signala dignement ses derniers pas en
>sie.
Arrivés à Bjzanr.e , h>s Grecs esperalcr.t \ oir la
R de leurs traverses ; ils furent cruellement irom-
éa. Cette ville, sujette de Lai:édémone, où ils
ipétiieni trouver un asile et du pain , leur ferma
!■ portes et leur refusa des vivres. Surpris , indi-
n^ de cet outrage, les Grecs, sans attendre
•rdre (le leur général, se précipitcntd^nsByzance,
réit i se porter aux dernières extrémités. Xéno—
bon est au milieu d'eux ; il les a suivis pour pré-
Fnir tes funestes effets de leur fureur ; les soldats
•perçoivent ; ils se pressent autour de lui :
C'est maintcniint, Xénojihon, disent-iU, qu'il
faut montrer du courage. Une ville riche et tlo-
ristante vous est ouverte, des troupes nom-
breuses et disciplinées sont !t votre disposition ,
elles voussonldéiouées;commandeï;,etByzanca
est à vous, et nuus allons faire de Xénophon
i83 xiÉNOpnov;
» un àat plu« puMsam cheb cic la Gric». i' Xf mM^
plirici paraît cédrF à k*iirs vœux; il m met à leiifÂ
ti^tect Icsrangoen baUille ; puia, qufndil iroil leap^
première ardeur un peu ralontié, il bor frit en^
ttinJrc le langage de la raison : h Saaadoate vol
» vengeance ghI juste , dil^il ; mais craignei-
>» les suites; elle voua atiirena sans Mtour 1-i
i> mitié des Lacédémoniens. La plus 'floritaa
yk ville do la GiècCf Athènes, ai bien poonrÉIII
M d'armrs et de vaisseaux , et qui Dagttèr« doné^
» naît dans cette même Byzance que vous meiiattitf!
» Athènes a vu échouer toutes ses (ortêê dei
M la pui.ssance de Sparte» Kt vout, qui Délits qo''
» poignée d hommes, vous qui êtes 'aana^aiy
9 saris alliés, sans riessourcct, osf)ërra&*voi]i h
)t voir lui tenir tâle P Demandons f#tia&clN>il»
)i mais ne nous vcngeona pas d'une eiffilBlse
» tin crime odieux , et qui no peut que m>im
^ funeste. » Ces paroles oui oalméofS'daanÉre
tes : les Grecs posent bsurs aripos , al, gaice à \}m
conciliateur de Xénophon , raff'aire se termint
aatisfaclion des deux partis.
Ce gi^néral eut alors la pensée dcqiiitt4f>l'MlÉëi
et de la laisser souala garde dp ses ooUègveaViNli
aon â(f< ction pour $e$ soldats le> retint» SemMa,
prince de Thrace, Tavait faitaoHicitèr deltii
ncr ses troupe*) pour l'aider k reconquérir les
de son pèie , dnnt les enmvmis loi aivaientc
une partie. X<'i ophon finit par y conse^itir,
rant que ses Grecs trouveraient dans celte ex_
tion un dédommagement des fatigués qu- lia avi
jusqu'alors suppoi téeaaans profit. En efitt, il*
poin Je promesiica que Seuthèa ne fit Elisée
veaux auxiliaires; chaque soldai dtittiO eprtli j|'
guerre retourner dans sa palrre comblé é^
chesses , et (junntè Xénophun, la prinœiMH
gcail à li)i donner sa fille en mariage , cl A la m
aussi puissant dana cea contrées quf V»milt JêHê^
i
^iti Miliisilc. Sùtluii par ces offre* brilUnlM. tft
rocora par ta TrAndiisc avec Inqui^lle Si'iithH
iblaii les Uire, Xùnoplion m àoaitn li lui avec
loble coufiance. Il le servii avrc siùle , le ré-
it^a(i(i»*pibviiice«|jertlueii, «tiiusnJlepritKtS
'plus l>fl9oin des Grec* , loin iW Hon^or iï rem-
,48» pconnes«M , il n« leur paya pas même in
'ft.iloiU il ài.iit convcDU. iU u'eil [las ^ic Seti^
ibt ^r lui-mâme au-ui mt^i'liiint i]UP nourrail
auppunr l-tnt «ia maiivat.«« foi el d iufjrnli-
l «MU un ministre aisbiiii'im et prtfiile avait
M cailliancQ , et cjirienait touten ses voloiilé).
ivliie, c'était le nom de ce courtisan . ii'aVail
sans aUrrao t'amilit- que son tn.iiire nvail
trd lémoifin^e i Xvtinphon ; il fi> tous sri l'f-
pour Its (livî«r,el n'y léiissiltjuc Irnp Mon.
'itoéroniei>l''BiBnt miiluc) ilu priiice et du
it était au comble, el li?uri discussions de-
It chnque jour plus frùffuenJea et plu» ani-,
JIOEfilue Cbarnint! pt Pnlynice arrivèrent rn
IMd'anibas9adsursd[>t.3C^d^irion(>, annnnçant
la répuliliiiuc vrnail île iJécl.iii'r h punii' ;^
^oaiidsc Pt à TifsapliPriiP ; (|iie Thyinlirnii
di^jà einb»rc]iié a la it^lc ilirs Irnn^rs hn-Ji'-
moairnnes, et promeliaii uni- solde n'iisiilfrable
ilildis et aux iinicipi» qui vriiiiliaif ni sVn-
g^er it mn service. Ci^iIp .iii]l)as<(^irli! Iutarciic-illi<!
AUlai>t lie jciip p.ir les Gmts , (>ik<'li.inu's dt^ cp»
'propoaitinnSi quu par Si-niliès, qui Mprrail , au
moyen de Ipiir ilcp.irl . i*tri' dispi-nsé de leur payer
«qu'il leur devait. Mais tous se réunissaient i-onire
Xéoophnn : <• Ce général aime trop ses noidiils
« pour faiie |.-imais Irirluiic, disiiil te prinre aux
■ «l n'allciidez pas son .nis pour le T^ire. >■ Les
W'eçS) do lem* c<^lé, ryctusuimil liaiileincnl de
Wuri nial!ipurs;scseniierols le rrprésinlaipnl aiiM
uiccujnpjieedclj perfidie deS^ullics,
1)11 11 CM. pruutfiii uc se reiirer ^ ei uer» ce luui
lè prince sépara son camp de celui des Grecs.
Quelques jours ainèsTarmée décida de ne]
partir sans faire une dernière tentative aupr
Scuthès afin d^ohtenir la solde. On députa
luiXétioplion, accompagné des Grecs qui pan
les plus propres à cette mission ; ce général
acquitta parfaitement. Il adressa au roithrac
discours où , lui rappelant avec franchise ,
avec modération, tous set tortj, il rengageait
réparer au nom de Fhonneur et de ses pr
iniéréts. Scuthès parut se repentir; il accord;
partie de ce que Tarmée demandait, et qi
pcrsonnellemeni Xénophon d^un talent ;mais
ci fit part de celte somme aux soldats , ga
pour lui si peu de chose quHl fui obligé de v
son cheval et ses équipages pour subvenii
frais de son retour. Un de c^es amis lui dit il
occasion : u Quand tous les dieux se réuni;
^ pour vous enrichir , votre dcointéressemen
» dralt leurs efforls superflus. »
Au moment du départ de Tarmée Xënc
XÉNOPH Otf, 191
' de ne poinl les abandonner , el de conserver \c
"■'^ indcmeiit jusqu'à ce gu''' i'eàx remis enlr-e
l^piatiis de ïhymbron. On s'embarcjtia pour
_^ e, el l'on descendit en Lamyisaque. Comme
feiGrecs Iravclrsaient la Troade, un riche sei-
nr qui retournait en Perse Icntba entte leurs
'na avec tuule sa f^tmille et toutes ses ricbcsses,
étaient immenses. Celle capture dédommaf;ea
^lienient l'armée cle ses peùes; les ofiSciers et
t Hildals mirent à pari ce qu'il y avait de nlus
IX dans le bulin , et rolFrirenl à }£énopbon
! une marque de leur reron naissance ; ainsi
l^néral se vit possesseur d'une forluue consi-
elraite des Gftc^ finit à rariherium , ville
; ce fut là que Ïhymbron vint prendre
DpmaDdement de leur armée, et les iticor-
biis celle mi'il amenait pour marcher contre
^enie et Pharnabaze. Xénophoa rapporte
qpuis l'«po(|ue du départ des Grecs au sortir
ville d'Èpbèse jusqu'à leur arrivée i Cu-
', DU le combat fui livré, ils firent uue marche
fei^cinq cent irente iieiies en quatre-vingt-treize
Hours, et depuis leur rtlour du lieu de la bataille
(jà Colyore, six cent viiiHt lieues en cent vingt-
4eili jouis; en tout le chemin, tant pour aller
i'Jpie pour revenir, fut de onzecenl cinquanle-cinij
neaes dans l'espace de cinq mois, y compris les
ionn de repos. On a épuisé toutes les formules
d'admiration pour relever la gloire de celle re-
te*ile i un seul mol de Marc-Anioine , célèbre ca-
piuine romain, en est le plus bel éloge; pour-
suivi long-temps après par les Panlies à peu près
dans le mt'me pays, et se irouvanl dans uu pareil
danger, il ^'écria : « U relraite des dh mille ! "
Après a voir quille raimée donl ilavnil élé Icsau-
Tnir, Aénophon ne se pressa pas de retourner dans
ta p.ilrie; il venait d'apprendre lejugemenlodîcux
que les Alhémeus avaient rendu contre Socraie^
son maître et son ami , rt ce crime « CDitlni
tout le peuple assemblé, lui inspira toujours
coup (l'éloignement pour le séjour d'AtV
d'ailleurs il piésumail avec raison qu'il n'y
pas vu d'un bon œil, apr^s Avoir^er\*i un
ami de Laccdcmone et mérité la reconhai
de celte république. Ce« motifs le délermii
* à se joindre au roi de Spaite Agésilas , qui
alors la guerre ei^Asie contre le satrape
phcrne. Xéno[>hon devint l'ami et partag
travaux et U gloire de ce grand r;ipiiaine * <
nous a transmis les hauts faits dans ses//
çucs. Un ordre des éphores ayant rappelé A,
dans la Grèce , Xénoplion le suivit, et cor
auf)rès de lui dans les plaines de Corônée
de Béotie, où ce prince remporta une vict<
gnalée sur les troupes réunies deThèbes, d'
j ■ et de Corintlie.
1 Quelque temps aprè* les Athéniens coi
nèrent Xéuophim à IVxil , jaloux sans dout<
préférence qu'il accordait aux Lacédémo
mais ces derniers, pour le dédommager, lu
nèrent une habitation à Scillonte , ville du
ponèse. Les Eléens démantelèrent cette vill
ques années après, et Xértophon se retira
rinlhe ; mais il revint à Scillonte quand elle
rétablie.
Le domaine de Xénophon était cônsidé
il en devait une partie à la générosité des 1
I moniens ; il avait acheté l'autre pour la coi
à Diane , et s'acquitter ainsi d'un* Voeu qu'
son retour de Perse. 11 réservait le dixième c
duit pour l'entretien d'uti temple qu'il avait
truit en l'honneur de la déesse , et potir un
peux sacrifice qu'il renouvelait tous les ans
son histoire de l'Expédition dujtune Cyrus-
*'\ phon nous fait lui-même la description de s
bltation et de cette fête solennelle»
1
I.;" '
ladé que ia ctiassc est l'exercice le plus propre
préparer aux fatigues de la guerre. ^ f.
y bîlosophic de Xénophoo n'avait pas' le
le celle de ces hommes ciui, faisant un métier de
noble étude 9 se croyaient obligés pour s'at-
r des auditeurs d'attirer sur eux les rc^arjs ^ <
p. singularité de leurs manières» de levrs opi-
I et de leurs di^cour^ Siniple et sans fanl , I4
ine du philosophe de Sculonte n^avaî* pour -.^ CJ
;ue Tulile; c'était, comme celle de Socrate » jt^ i'f
ibil(ftophie pratique qqi 1 ne s'occupant que '**
ucs morales , économiques tt politiques , se
ait à la portée de tous les hommes doués
1 nature d*un sens juste^et droîL
io d'al&cier dans ses écrits une sagesse qçe
lions eussent démenties, Xénophoii se con-
lit aux préceptes de conduite qu'il avait se-
bos ses diderens ouvrages, et l'on retrou-
ans sa conversation la douceur el TélégaDce
admirait dans son style , et qui lui valut
nom à^Aùei/ie atU^ut, Le récit, cte la fameuse
le des dix mille nous a déjà convaincus
!a tête d'une armée il savait allier h la pli^
e modération une patience et une ferpieté
I
*i9-i XKNOPHON.
h AlliènM. Ce \punc. homme, après avoi
prodiges de valeur, périt à la lia'aille i
'née , rniporiaiil avec lui la gloire d^'^l
trois gurrric^rs ()ui passèrciil pour avoi
coup morlcl à Kpiimiiiondas.
Xéiiophon (tflrait un sacrlfire an mo
relie funeste nouvelle lui iut aiinoiM'éc;ili
visage, il r^te la couronne (\u\ luicci^naii
niais, apprenant que Giylli:» riail morte
d'honneur, il reprend !»a dir^nitc , repo*
ronne sur sa telc . sans verM*r une larme
liniie le sacrifice. On loi parlait un jour
pefte; U s»; conteiila de répondre : «* Je i
mon fds était mortel. » U tiohvail peu!-
témérité à Marner de pareils iraiis , puis
tiquTtc les admirait , et quMIs éi aient
mœurs; mais nous devons nous feliciitT
les neutres tteles admcltenl point: tant (le
loin d'exciter Tadmiraiion, passerait pai
i ./^ pour insensibilité.
A tous ses titres.de gloire Xénoplio
encore celui d'liislf»ri( n elégaf t et judi
■ fut par le conseil d'isocrale «pi'il entrepri
riiistoire : jamais liorninc ne lui mieux c
et personne n'a donné de plus beaux Tn<
cette belle simplicité qui c(»nvient au gei
lique. Constamment ami de la \érité, il
.j; de p(îine à y conformer ses récils, car i
' ♦![ ■ porte que ce qui s'est passé sous ses yeux.
.'! 4orien ne Tégale dans la description <U.s b?
fi; les retrace en grand capitaine. Il n^a p;is l
I '•' coloris d'Hérodote, le nerf" et la piofo
fy Thucydide; mais il atteint le plus sou
\ I diverses qualités qui assurent à cbacui
historiens une supériorité différente. Se
nii^bes^ qui, sauf un intervalle de quelque:
font suite à l'histoire de la Guerre du Péi
écrite par Thucydide ; flni^scul à la mor
vi
I ■
M
Xés OtiH ON, tcfi
blas', lui fui Ic^ facroi de Xcnophon. On regretta
feé celte prpférence exclusive ait empi^ché l'his-
prïen de rcixlre la même justice à Epaminondas,
^ -»!os habile el le plus verlueuic capilainf de son
M. L'hlsioire mY Expédition du jeune Cyrus
%^Keu i un reproche du même genre, maîi
ou sens contriiire. C'est avec pehie que Vo»
Msaee Xènoplion représenier comme le mo-
tlea héros un prince qui Icrnîl l'éclat dé *es
-lus par la plus coupaole ainbiliun. Ccl ou-
Bge n'en est pas moins nu vrai ciipf-U 'œuvre
itorique , l't le plus piécîeux moniimenl de l'art
îKlaire r.hez !c5 anciens. Xénophon, presque lou-
nll en scène ,'v paile de ]ui avec une candeur,
W modestie admirable; philosophe sans fasie ,
raconte-ses exploits avec simplicité; il ne pré-
ijt pas que la posiérilé ne les redira qu'avec en-
ftnsïasme.. Un a beaucoup discuté et I on discute
tore sur le rang qu'on doit assigner a la Cyra-
llis/oire ilu grand Cyfus, de Xénophon;
'onl voulu voir qu un roman dans cet
ivrage , el les auires y ont lecûiinu toutes let
çiittés requises pour une liisloirc ; il est plus juste
1 lenir le milieu entre ces deux opinions, fie-
rnchez ù \d Cyiii/tédie une f}ule de conversa-
fat , lie discuuiâ i^t de partitularilés pi^u con-
'BOes à la vérité incali" ; ôtez en plusieurs épisodes
i tiennent du rojnan , et il restera encore anf.z
^driails pour former un corps d'hisioire plein
dienlté et de vraisi'mblance (i).
■au ce qui ne fait pas moins d'Iionneur i
Doplion que toin sei ouvrages, c'tst qu'on
Soit reux de '1 huey.liJc. 11 ne uislail qu'un
' lanuscnt Je 17/j'muA<; de lu guare du fé-
Ise; il loiuLa enl.c ios n.^iii, d^- Xéno-
: celui-ci pouvait naindre un li^al aussi
H(lîTo/tià ce mjci !i Vie de Cyrui , pi^c i de te t.
196 XIÉNOPHOV.
dangereux ; il était en ton pouvoir do. le ce
ner a l*oubli ; mais une telle ba^esse était i
de lui , et il transmit Thucydide ii ^ po$U
Xënophon mourut, à SciDonte , âge de
quatre-^ingt-dix ans , la i^' année de 1
olympiade, trois centsoixanlc-uii ansavanl
deux ans appris ta bataille de ManliBée.
'ttoPiDAS, TiIt (l'yippoeliis , ^tait issu d'une d«s
FCmièrrï f,i<nili'« île Tlirlx^»; il vivait vers l'^n
^#4it DiiUo hrf. Fort jt'une rticor«, il devint
irunL-lBimciisc fortune: mais il en fit
PELOPIUAS.
PELOPIDAS,
G KK #. R A I. T It ÉB.A I
<i y\m b«*l uiigc, cooMcmnl une parue de t?f
imessri à recuurir ses amis ei les citoyen» ver-
lui ei in<iigi'nii.-E|MinitiEindâa,' malgré sa pan '
Klé eL l'élroîle amitié qui Tunis^iail à Télopidas,
;>-cogilaiiKneat ses bienfjiilt ; mois s'il ne
à l'opulence (la snn ami r
pctii dire que cèlul'-ri s'astoria voinniijîfeaif nt
la pauvrelù d'iipaiiiijiniKUs , en lii^iljî^ii^iiit k's
incs su|tL'r[luilé% qu'il aurait jn se gnncurei'.
tlD simplement c.onimr- lui , P(My]iiJi..i ne se
llfiinfjiiail en rieu dusplu^piuvres liloyi'ns \}fiv ta
anmte de Tivre ; » l'enennile de ,'On illufltr'»
Dfrteinr[Kir>iin, il pratiquait l'eûtes les venus ; iruis
piiêrement adnmé' aux exerrices du cuip» , il i.r
tflageail p.is nrcc lui le gcttll deverU , l'aïuour
Ih leiires H de 1» pliilrisf>;ilrie.
nd< hMnï'fs (wt imde Ituri jiius beaux liin'f
;loir<-. Ub p.i.cfiururt.il l».is dfHK la mfi.ie
l<-ic; lousd.'iisfi^tenl p'.at.'S à la Ic'e du gnu ■
icmeni , ei DansfL' poiie , nù laiildi; cortjout'-
s dfliidli'sii^iul.lilen; Jeviùr luire naître erHr«
tui uiiUe oi:c«ii4iis de rivdUlé, m'.lk: sujeu dn
n
1 98 PBLOriDAS»
ijiirrelles , jamais ils ne se n^nti ^rcnt aco(
ati plus léger mouvement d^cnvie ; jaii
mnindre nuage ne vint troubler leur bonn
iigence. Leur aniilLé nVtait pas de ces I
pollliqucs que rnmbihon commence et qii
nilion détruit ; mais elle avait pour base 11
ripa inaltérable , la vertu», qui, les dégag
louè^ntérél personnel, les animait h servir
trie dans la seule vue du bien public.
Pendant que Thèbes gémissait sous 1
odieux de Sparte* et de la faction aristocr
Pélopidas fat exilé à cause de ys liaisons ;
chefs du parti populaire. Il se retira à Al
qui avait offrit un, asile à tous'los Thébain
vaient bannis les tyrans. lUal^^é -sa jet
il riltvii le gouragf» de ses coirpngmuis <
♦nue, et It^ur fjl •nircvoir la possibilité de <
bur patrie, s'il? vouLicnt leiKer un gc
rifort pour la liberté : « Imitons, leur di&a
u dévouemcfit de ïhrasybule. Ce fut dje '
» qu'il partit pour cliasser les tyrans qui
'M maient Athènes ; parlons d'Ath^.nes po
» briser les fers de 1 ticbes^» De pareils d
font naître dans le cœur des bannis ur
qu'ils vont s'empresser de réaliser ; ils t
rontrç ]ch oppresseurs de leur patrie un c
dans le(ji:el ils fo-nt entrer les partisans ci
brrté que Thèbes recelait encore dans so
Phillidas, le plus zélé d'entre eux , avait s
muler assez profondément ses pensées pc
tenir la confiance d'Archias , 1 un des ty
Thèbes , et pour' devenir , à sa rocoinuMUi
secrétaire de leur conseil. Il entretint d'ui
lelligences avec les bannis, fut instruit d
desseins, et en dirigea l 'exécution. Uouze h
de la plus florissante jeunesse , à la UHe d
se distinguait Pélopiuas, sortirent d' Al In
«utrèrent un soir à Thèbes déguisés en i
P É L O P I D A 5. I yg
I ipwUiDI dei iiwlruinens de chasse, Dans ceiir
W" Mirée Pliilliilas Jnnriail un grand rcpag ji
el^M dipfs de h lymniiiy, et n^avait pas ni
(é J'y invifiT Arcllias. Pour les attirer plussûrc-
•Wdâns le piège , il avait promis de faire venir
• cour Ds.i mies à la fin du repas. Les conjurai,
Utnbre de nuaranle-huir , s'élaiciil cachés dans
«jisD» de Charon , l'uu d'euï. Le fesiin donné
^fhiliiJas commençait, lorscju'Archîas reç.nt
fie la conspiration : on ne lui en donnait cjue
détails as^ez confus; seulement on lui indi-
lï Je citoyen fhez lequel s'étjienl rendus les
ijorés. Il mande Cljaron , et. sort pour aller i
Kncontre. L'air de sincérité de ccl homme,
I ignorance apparenle du projet dont on lui
|e, et surtout les discourt de l'hillidas dissi-
t pleinement les soupçons du lyran. Il renlie
1 ïs salle du festin , Rt reçoit bieniôi après des
Iches venant d'Athènes , dans lesquelles cin
l^teloppaiL tout le plan de la coujpj^allon. Lt: -
lawr le pressed'enprcndre lecture, disant qu'il
t d'une affaire qui ne peut se lenirtiri' : " A di:- *
)Uin les affaires sérieuses , » r^^piind Airliias en
liant la lettre sous son coussin , et [\ coniinue ,
»elivieraui plaisirs de la iJile.
{nfin , une partie des conjurée! , d'''giiisra. jm
nneA rt le visage rimbragcp.ir d.'srouruiinc.i Je
p-set de feuillages, so présenie à renlièe de la
e : les eonvivi's, trompés parleur cgstume, les
netllent averjoie. Jlaisleurerreur fui decourle
<ée: les ii:>uienux venus se font connaître en
gnnidaut Arcllias et les siens ; les autres
Mopldrr.i'olil'in't'^nas'im succès aussi fuile du
CCI. it.v".ll.iilpr.rlé: il avait entrenns de sfi dé-
fi Je Léouiidas, le (il.s redouialde àvx lyrau.-.
mnie .'oUre e1 \i};ilint, Li'onlidas avait refiss
se rendre àTinviiatiou do PliiUiJas, et n\uxl
sortir ceux que leurs scntimens patriotiqursa
rendus susj^erts aux oppresseurs. Tous les cil
s'armeni et se disnosen! h défendre au péril d
vie la liberté, qu une poi^rncc de bannis ver
^oncjuértr.
IjO leidemnin Pélo^Mdas , n<^n:T?ié ln'ota
iî5»iji .'•" ?)re.senlt: dfvar^t la (Itidclle de Tlicbe.s ni
'î a'1 k *■ Il •
I ^;[^ E> {.tj.imfi.*^ 0:1 l'îïil roirjnriléc ki gnrm's'Mi
» ^Jérnonienne. Serouru àcs Athéniens, il ea
'y te siège avec activité peur ne pas laisser i t
12 Je temps d'envoyer dn secours. La garnison i
tenir long-temps ; elle livra h ciiadelie , et >
des Thébaiiis la permission d'effectuer sa rc
C'est ainsi que Thèbes dut sa délivrance â
pidas.
^n'on se figure l'iiumilial ion et la furei
Spartiates h la nouvelle de cette révolutior
} personne n'avait prévue. Résolus de châti
j;i3^f Thébaios , ils mettent aussitôt une »i'mëe en
I* ^ ^agne, sous la conduite de Ctéombrote , V
eurs rois, J^'entrée des Lacédémoniens d;
il' l
P^LOPri) A s. 2tfl
tiTi]iir, n'eût imagina un *l.(ilaf;(ir,p <j«i <)e>aii
•»oir pour efiel de mcUrt Ailié^it » aux pQtes avec
Laahiémoae.
Ck-ombrole, aprè» une «mpagn*; <iuî ne fin si-
^ I3l«; par aucun succès rna'i).i]nn) . èlaîl rpldiirné
i5p»rl«, laissant àXtiPspifs. villittr la [if n lie, nnf
taÔMoa làcéàémonxfane pour lenîr les lliébain»
reipecl. Elle élaii romiD.-indée par Sphotli i.u ,
lime (l'an rararlère enlreprena^tl , mais ijnnl la
idence nVf;alaii pas la ralrtir. Pélofiiil.is. qui
laifMÎi le faible de ne ff-:éTa\ , se Ecrvil d'une
indiiecle pour lui snog^rcr un projet don' I»
léritétlevair npwssairrmrol enflainnifr «oniiua-
■ntion. Il ne »'.i|;TtBjit rinr. moins nue tle ruiner
im reisource Ailiènes, la redDutalile rivale de
■.idémnae, en siirprctialit le Plrce do la m^me
ïére que rh^liîda« jvbiI na^tiire surpri» la et-
Ite iê Thèbe:. S|)hoi1riat accueille e« pro^rt
Iramport, el d^s U nuit prochaine il se met
""t ih ifle de ses Iroufitfi. Il ealtt djn»
«■•'avance juM|u'i Elrasis^niusaux pnt-'
rayons «du jour il e^t dt'cimverl, cl se voif
! de se relirtr à Thespies plus vite eiifo-c
l'en était snrli, sans recueillir d'aulit- liuit
n entreprise que d'atliier à sa patrie iif.é
.guerre rude et opiniâire. Iriiléi d 'une imaMon si
icotraire aun droits des gens, lei \',hèti'ten' re-
ïnnnvellenl leur alliance avec ïes'I'liéljaifi.^; ils f ni
4m préparatifs formidables ciinlre Lacédémi'iii',' ,
.«escitent de louscôés les villes sujeire»n« alliées
,épr*Ile répiiblinue à se (l?chrer r-ntrc elle.
Dans ceite_conjnnct.i!e\;rsli,i.,r<)iid"S rois de
Sparte, se m't à l.i lèlnli's In. uni" iIpsIiii/ps à ri—
[ f.imprle)Tlicl.alns Uavaii JBM]i."M,ifs ;ilianJoiirê
' isfffi collèRtie le soin li- les comlin're, soil (ji/il
I lit- [lit se diss'miili^r rinjnslice de relie guerre ,
mil qu'il (eg.irJ3( les TbéiiaÎQs comme des ennr-
Eiû trop peu dignes de lui. Dès sou entrée dans
IVlopidasl* Tons Ir.s ]ii^\s rc gcncnjl les lucm
rrrinririi. M.jlgré Timp. l'iorîilé i\v. son v.nrucU
il lour apprenait S s\'in "1er ;i propoî dans l(
snrcès , 'ornine à ne pas p(M(lre romaine rlansL
rovors. (le fut Ini cpii les .M^roiitunia peu à pr
Lia ver ces Spartiates «ItTn; ils redoulnienJ- la
lÎMir ri pins encore l.i :épntatlon. Instruit
les fautes et les exemple r, d'Af^^silas , il s'apj
priait rexpéiienrc du plus h«ibile générai d
(jrère. Il recueillit dans nne.des cafnpagncs
vantes le fruit de ses travaux cl île ses
tiexions. a
Il traversait la Déotie, et s^avanqait vers Thi
h la tèto i\i\ qneltpics tioupes ; un corps de L
dtir.oniens beaucoup plus n(»nibrcux que le
reloiirnail par le m^^me chemin ; on était prè:
la ville de Tégyre. Un cavalier Thébain, qui *
rn avant, les aperçoit sortant d'un défdc; il
vierit h toute bride vers IVlopidas: « Nous som
* tornbcs^ntrc les mains de rennemi, »> s^é
t iW — u Uiî pourquoi ne serait-il pas lo
» entre les nôtres ? *> rénond frciidenienl ce
pr. I. opi II K s.
tt |KriIit un gr^iid imtijhri' An li-ur
ml leurs Jcuv gen^-ranx loml rx Koit
>» de P<>loi>i Jii» , ï'ouviBèil S'iii' rTjii;
^ poir laisHT ti;)v.ï.r l'ri.ncmi. Mai» Ip cJw'f
rtvliaini, nui viiil ns'cr mJÎIrc du chanip fit ^
(Ile, fond de nouvtjn sur eu», Iw dtatûrie''
L la plaine, et voit fuli 1» Spailialei. LacîiM- ,
jCAil (i'aulant pluséloniit-p<ler«ri'veri, (|u elle
|irt jtmai.s «lé v^iincun rn b^Uiillc rancnv Un
xpinît riail bii^n Jignc il'ftrc Je pi^luuc ilr la
^ LdCcJi^ntoiiit^ns syan) conclii aver Ions le.i
a Ud iraili- de i>;i1x tli'Ul )r$ TlicbaitiK Curi'ni
► FM'lus, le rni CU'ntnbrotu m;irrhii ili-- nau-
l conitatiDi A la li'to il'uiic .tiih-i' ilr mue
thnmmes. LcsTh^biitisii .<> r ,,i ,■;,■, i., ! le
baïUns à lui mipo'seï- ; I'.'..i . . '.' . i ".ii
iai?ipritiial>!i;. ^nn Ejunili. - ' i i
(tt avait sous «.■» urdresPi-l ■; id^.: . um ^di i-
dul le balaillcn sacré; TbèL>cs allaiLtlovur
ïiTut ail» crF.-.rls ré»uU de r:C^ ii-\,x a- i> <h
mes, IVl ■. .,. jvn.!.,. o l'.-.î.ir,. IV1„- i.i.s
1 1rs a.liciiï .ir s., k-unvc , <{.ii . ics I.Mm.s .v,
, lui recomni;,t!,bil ,Io su cc.si'e vr.- : .. Voil^'i,
ponJit il , ce nu'ii fjui icroraitian.ler aux sol-
is , m..is II- iievoir d^un chef c'est de vcillfi au
lut dfs iuties. " _
•a S)>arlîii'cs élaicni camiié^ aujirè' de ta vi!l>
cucliTi. Ep^minnnibf voulu] a[U<iiifr sur le
tp. Le ci)mb.it sVn^![;i-, et. a;iri''s une vÎjjmi-
' ré.isl.iin- d.' l.n ,..,t de- ,„L%nds , il m> h-r-
à ri.v..ut,i;.- d,-s TIu.I,.l1i... Si rVsI .„x sa-
■s d;s;i.-'.li.>:>^ .r|-:ipami:iond.i<i .|u^o.i doit
;i.,,!,-,;u'i.l ail^llr.cr ,el!.^ vrloir,-. i! faut
er„.ss;<iU.IVo|.id.,sy...n-,d,u:> l.e,mro„i> *
3 piA-ision i]u il mil à CMnulcr les nrJri-s de
général, ft smtout par riin^i-'.uo'.ilé avec U-
les vues fie son coliè^'ue dans col ic expéJil
ti'cn retracerons les détails qu« dans la v
niinondas. Sans doulc Fôlopidas eu! de fi
occasions de déployer sa Valeur c\ son h:)
coutumées; niais ce qui est encore plus
pour lui , c'esl celte rare nnodestie qui lu
la plus grande déférence powr son collèg
renient hpapTïinond.is aval» plus de vertu:
lensqTjc lui; mais Péîopidas, en reconnais
«unéTÎoiilé, la faisait presque' disparaître
IJne loi de TKèbes marquait un tern
les bcoiarques devaient se démettre de I
ri'ié ; ce terme était expiré pour Epamii
san colli^guc lorsque 1 armée ibéuviine
encore le réloponèse. 11 aurait élé d;»n
donner de nouveaux chefs à TarmcH:
fin d'une expéJiliôn impf)rtante, qui n'
c»:é suivie dansles mc^mes vu<*s pir d'aut
rj|ux, ni peut être avec la m^^me coniian
soldats, hpamlnon Jas le sentit ; il gard.
mindement malgré la loi, et Pélop.idas
PEtOPJBAS. »o5
irircu.'.i't c< mnie luupable iJ'avuîr rouira
■mer, si courageux à h léle Jcs années,
lira hiblc ilevayi ses jogi's i >1 rWrclia Jei
, il liescendit aux piièies, et fui reuvoyri
Kous vi'nomqii'Epamiiioiiilas n'imiti yat
ifiduile pusillanime.
odaiH ie» Jifférena clats de la Gt*eo , jaloux
andeiff présen le Je Thcbra, s'étaient ligués
lu pour l'acraltierj le roi de l'prse Ar—
fol même sollirilé Je se joindre à leur
n. Les Thébains , pour prévenir reffct de
^cialion, riilaim^e par les Sp-irtiates , en-
II Pelopidas en qualiié d'ambasiadeur ao-
I grsTid roi. Ariaxerxe el Inute sa cour virent
vail précédé en Asie ; chacun , à l'exemple
Ire, s'empressa de )e combler i son arrivée
ûnciions les plus llalleuses. Mais quand on
^me d'apprécier ce ^rand homme, quand
joui de sa conversation, à la fois pleine d<?
de vivacilé, de simpliriteil de noblesse, le
mit plus de bornes à son estime , et ne
joînl aux dépiiiés des republiques rivales
Érence .qu'il accordait à t'dluâtre ihébain.
ile négdcialeur , Pélopidas obtint pour sa
.oui ce qu'il désiraîl , et (juilta la cour d'Ar-
: aussi satisfuil du roi q<ie ce priuce pou-
èlic de lui. t>c riclies présens lui avalent
?ris ; mais il n'en accepta (jue ce qu'il fallait
mporlcr un gage de la bienveillance du roi.
conduite désiiiléresséo, et le succès de sa
n, ne contribiièrcnl pas peu à augmenter
sîdéraiion dont Pélopidas jouissait parmi
IKlour dans s.i patrie , il se mit i la tête des
(li(*ns, qui él.-iient venus implorer l'asMs-
de 'llièijus contre les injustes agrEjsIow
j^ cu'('.:isioii iHf lai'ua pas a se ])rfsrnicr.
néial llii''I»ain, rnvoy('î on (jualilé 8\imba
aupris (i'Alcxandro, a|»;>n*nd quo le tyran
t^ le rcrovoir à la iCic. «l'une armée nonil
nr^anmciins U se présente devant lui san.s (
se l'ioyanl assez gardé pir le respect <L^ à
r^rl^re. Alexandre le fait arrêter et ron
Phères. Il ajoute encore rinjnsticc à Touli
expose en sperlacle son |>risonnier, espér
re moyen abattre sa fierté. Mais Pélopidas,
de se plaindre de son malheur, console It
tans de Piières cjuela curiosité attire dans sa <
«•t leur promet (}ue le tyran subira bientôt l
'ment de ses crimes : u Uiies-lui, ne cessai
i> leur répéter , dites-lui de ma part que p
»> horume accoutumé à verser sans nécessité
n de tant de bons citoyens , c\*st une fol
>' f irange de m'épargner, moi qui ne songci
» l(! pmiir si jamnis j'éeha]>ne de ses u
l'.lt'p.né de tnni de gr.*ndeur d Ame, Alexaii
(il rô{-ondre : « Pourquoi Pélopidas me ptr
•' de It! faire mourir î* — Afin que par <
*> nier riirne tu attires plutôt si:r loi la ven
.«> des dieux et des liomme« » , réplitpia
s de cavalerie seulement consentent a le
et cVsr à la téle de celle faible escorte, k
viëniuMit se joindre quelques troupes
th^ssalicns, qu il ose prendre le cliemin
sale, on le tyran a réuni toutes ses foict»a.
IX armées se rencontteni dans unp plaine
e de cal Un es (lu' on nommail Cynocéphales.
que IVlo^ndas vcni eni^agor le combat;
on lui roprésenle conilien r^rmée d*A-
e est supérieure on nombre à la sienne :
mieux , réplique- i -il ; nous aurons plus
leniis k vaincre. >* Ce mot ne fut^ point
ne bravade. Son habileté à mettre à proul
ige du terrain et les fautes de son adver-
oii impétuosité dans Tac lion , qui semble
ler ses lorces , avaient presque décidé la
; déjà le désordre commençait à se mettre
os en Remis; mais dès que Pélopidas aper-
îxandre entouré de ses gardes, transporté
ur, il s'élance imprudiruiment contre lui ,
be sous imc grêle de traits. Ses soldats
à son secours; il n'était plus temps; un
avait traversé sa cuirasse et percé sa poi-
es Thébains vengèrent noblement ta mort
MU 11^1 l^9t
Quel jugement porter de Pélopîdas? Il e
•doué de toutes les veitus du citoyen et du
rier s'il eûi su modérer l'împéiuoàité *c!e '^o
r.iclère ; digne émule d'Kpamiriondas, il Teilt
^ire ég^Ié , si IVtude *et la réflexion eusstuit p
tionné les grandes qualités qu'il avait rfçues
juilure« *
«>«*
KPAiriSONDA-Si
30B'
^AM INONDAS,
fréséRAl. TnrBAIN.
bSllAS, qui Jpvait encore plus due
Bnlritiuer à IVirvaiioti de sa patrie,
plions ei aux vertus qite possédait son
g les (jualilés q<ii lui manquaient, et
ltslC'g^[esiin[terfi'CliQnsc|uiilé[>3raieffl
|ffi'4Clère.Qa(>i'[ui> d'il ne famille pauvre,
fe'le cédait pis à celle de IVlopidâs ;
"■"^fcrofjmnis ïOD pdr«, de l'antique
iféoiie. Son MucaïKm ne swifti-il
fia nioJirilé ilf sa fortune; aucun ïlic-
i^îlrrs i)lus illjsiros, et ne
i liien lia leurs leçuos: ils ne. pouvaleiil
^ia4%esoiti nu'KpamlnonJas avait de s'-iiw- .
. Hten n* égale k' tendre allachement qa'il
Ëeux, ef p.irilculièreinent pour Lysis,
fèie, dont il préférait la ctinu'rsation à
misemens de son 3gc. II. canserva îou-
:, )''paniinoiida5, tout p,'iUMC qu'il était
mtoe, lui offiil un asile dans sa tiiiiison , cl.
Il (jiie >écni ce philosopheiljiarlagca avec lui le '
a qu'il possédait.
Ce lui dans les ffëquens entretiens qu'il eut a'
'sis cpjM se pénélia 'l«s idée« subli
Terne i.
18
«i!i»
<AIO iPÀM INONDAS.
Pythagorc avait conçues de la vertu ,
vertu, qui brillait dans l^ moindres aciio
minoncfas, le rendit supérieur à tous I
qui Tavaienr devancé. Les arts d^agrën
étaient aussi honorés chez la plupart des (
dédaignés chez les Homains , firent^aussi
son éducation ; il excellail dans la musiq
négligea pas non plus les exercices du co
s'y livrer avec autant d'ardeur que Pélop
g^ant la souplesse plus propre au guerri
lorce , il s'attachait particulièrement à
rendent le corp& agile.
. Aussi brave dans les combats que Pi
il le surpassait en sagesse dans les co
l'égalait en. modestie; non moins temj
ne se laissait pas emporter comme lui p
gfge de la colère; il supportait avec une
admirable les injustices du peuple et les
SCS amis à son égard. Il était si ennemi
songe, qu'il ne déguisait jamais la vérité ,
plaisantant. Tl possédait unequalitéplusu
être que le talent de la parole; c'éi ail uned
^ toute épreuve. Appliqué à Tétude des 1
il consultait les plus éclairés , et obse
autrej pour profiler de leurs écaris. JL<
XÏei^ graves et sérieux avaient beaucoup
pour lui ; aussi, lorsqu'il se trouvait dan
cfc ou. Ton discutait quelque point dé m
politique ou de littérature , il prêtait la pic
a^ttention , et ne se retirait que lorsque la
sation. était épuisée : il aimait mieux éco
parler ; mais qiiand son tour venait ses r
étaient pleines de justesse et de profonde
les occasions d'éclat surtout , lorsqu'il
de défendre les intérêts de^sa patrie , ses '
étaient promptes, vigoureuses et précisa
iiôdaignaiti pas les crnemens de l'ait d as
:ÉPAKINONDA.S. ALL
n ^u'i! prononçait jn public ; maïs on y <ié-
liltoujours l'éloquence des grandes âints.
Sa maison, ilil M. Barlhélemy , qui nous a
^le périrait des grands liotiime» de la Grèce
ine*'il eût vécu avfc eu», sa maison ûiail
rs l'asile (jue le sanci uaire de la pauvreté ; elle
aait avec la joir pore de l'iniiucence, avec
X inaltérable du bniilieur , au milieu des
FM vertus, auxquelles elle prêlait de nonvellç»
El, H qui se paraient de son éclat ; elle y ré-
it dans un dénuement si absolu , t^u'on aurait
i peine à le croire. Pr^l à faire une irruplioa
Te PëlopouÉse, Epaminondas fut obligé de
tiller à son équipage; il emprunta ciui^uanle
ih^es, envirnn cpiaranlc-cinq francs de notre
iiraie , et c'élail à peu piès dans le temps qu'il
lait avec iadignariun riaquanle pièces d'or
n prince lie Thessalie avait osé lui ofb'ir. >*
fl AuLre exemple sera le dernier Irait de ce
|)epui5 plusieurs jours EpaminQiidas
dans le besoin , bon-
is éles riclic. » tJft dff
citoyens était-il prisonnier de guerre j.saii»
'■** llnée les amis généreux qui avaient con
rbtte henné action. De pareils trait s ne :
moins glorieux ponr ceux qu'(î)paminontlc
F^it de son amitié que pour ce grand
lui-même.
Un cerlarîn Diomédon de Cyzique , e
Thèbes par le rôi de Perse Ariaxerxe ,.éta
d*offrir de grandes sommes d'argent àEp
das pour le mettre dans lea intérêts, de
narque ; afin d^obtenir plus- facilement aco
de lui 9 Diomédon avait gagné, par un
considérable , un jeune homme qu^Ë^n
afTectioonait beaucoup, Micyilms , qui en
6iré part à son illustre ami du motif qui
IKoiHédon à Thèbes. Ëpaminondas le fai
ti Ëroutez , Diomédon , lui dit-il; • si les vi
H \ axerxe sont conformes ar x intérêts de nr
•n je n'ai pas besoin de ses présena; si eK
>* sont pas , totis lies trésor»>de son empir
.|. M feraient pas trahir mon devoir. Vous. a
» de mon cœur par le vôtre : je vous le pa
'^ » mais sortez au plutôt de celte ville , de
\ ù vous ne réussissiez à en corrompre d^a
' \ n vous , Micylhus , poursuivit^il , si vous
[f vot matiis vuus nV-lrti |iliii ilign^ iltt le
mne n'éiaii plus rtgii)e oLs<n-v;ii«ur de»-
ce». UiiliooMiiE Af U lie (lu peuple, rt'
débaucti», émit dùttuii rn piiso». Vé-
. , f» ayant iWiAndi^ la grâni? de cr miiifrsblc,
iSpjminondas la lui réfuta: «Quel «si lemolifUe
' lile , hii de(n:int]» son ami. — CVsI,
paminonilas , (ju'il ne ronvrnait pac
-liomnir commf! vniis de vous inlercMcr A
lomme tel aue lut. "
re quand Venercicc de s(^9 fonctïooi le
iMlaîi , pn^oniie n'^ltit plHs dntix , plut
Ur daiia la «ootél^. Zt^té dijcipla de Pylhaf^a»,'
il imiiwt U fiiignlité, il srtait interdit l'ii-
l|» du vin: ceh ne î'cmp^rhait iiïa-dr- prendre
pdrptrrâii |iUcc i An fralins splendidt-a ; il m
vfagr^il la bii; san* en parln(;i'r tes excès ; ioU'
lai ni^e il en faiwii \i' rlwrmc par le t.'ilfnl
Hëfî lequel il muait de li El0i«^ fttijm-iiii jjtvoU
|l«»>r.d<-blyre.
' Mais r.'csl assez longtern;i? s;ii\rc Hiiaminondas
rie piivi^e ; rlienlioin m.tiutcnant â
e en lui Id maj^istral , le géni'^tal, elnoiis
is toujours l'howiic verliiciix, car il ne
1 |iiinaia de cotiailici: la pnlilirjue avec \-i jui-
. , el la (guerre avec l'hnmanilé.
Avant de jouer un rtile dans te gouvernement
mit, suivant le conseil des sages, lonz-tcm{»i
il avaii mieux fait enrore; il a'élait
»») »V|al de la rendre utile aux autres. Ce n'est
fM()u'il nVdt en plusiriir» nccasifins signalé ion
lèle pour lu cliose publique ; 'i'hi^bcs n'avait pniiil
«a de meilleur soldat avant de l'aviiir pour ^étii'i
IbL Lors de la délivranre de sa palri» il s éfciit
Mil i la l^tc de ses condtnyens pnur seconder
fièhipidas, (jui assî^graii la ^arnisiin Spartiate, re-
Inocbce dans b citadelle ; mais quoiqu'il eilt cté
abattus , et qu on n f ut plus que aos
liâtes à combattre, alors il ne vit qu'un ju<
de guerre dans la révolte des Thëba.ns coj
élrangers , oppresseurs de sa patrie.
Api es la bataille de Tégyre lesdifTi^rente
bliquesdela Grèce, fa liguées des maux de la
avaient résolu de terminer leurs différens
mîable. La dièie fut convoquée à Lacédr
Kpaminondas y parut avec les autres dép
Thèbes. Il était alors dans sa quaranlième
connu seulement., dans sa ville natale par
voir et ses vertus privées; mais la Grèce n
çonixait pas enc#re ses talens militaires <
tiqiies. Voyant tous les députés plier s
volontés du roi de Sparte Agésilas, il osa
parler avec autant de courage que de fr;
Faute de bonnes raisons à lui opposer , le
démonicns se répandaient eu plaintes
contre les Tbébains, et ne s'cxpriraaiei
avec la précision qu'affectaienl toujours le.
tiales : « Vous conviendrez du xnoin^ ,
» Ëpaminondas ennuyé de leurs invecllv
» nousvous avons forcés d'allonger vos m
» labes. » Ensuite , reprenant la parole ^
EPAHINOND V5 2»5
inondas une quesilon enilurrsïsante ; ■■ Vuu«
■"ajuste rt r.iisoiinable. lui <l.t-il, d'ac-
riniiépendanee aoji viUes de U Bcotie;-*
_ , répondît le Tliébain , (rovez voiij
Innable et juste Je reconu.-iifre celle de 1b
iconie? — Kxpli.iuez-ïoiis neliemenl, reprit
.lEésiUs endamnié de cidére; je vous dcmandtt
si Tes villes de l.i B^ùlie seront libres — El moi ,
nfpondftèri'mcalEpaminondas, jevciusdemaiide
jî celles Je la Laconic le seront. « A ces iiit>U
éiih* effaça du rraiié le nom des Thébains.
îpaminondas alhiit bienlôi relever , tes armes ^
naia, U dignité de sa pairie, qu'il .ivait si bien
'nae comme négomieiir. Vue aimée de. onze
homraeSj cninmaiidée par Clôombrfte, se-
Tçi de Sparfr, éiail eniiée Jans la ïîéolie-,
lisail trembler Ici Thébains, qui n'avaient ijiie'
lïIU? bomjTies à liui oppiis'-v. Epaminoujas^lall
r ttle; mais comme c'éi.iil la première luis
fOHimandail , sa préseiifc ne pouvait enrorc
irer ses soldai- Lui seul ne setnbTait point
flager leurs slarmf^s. On citait àrf. av^nrc^ sU
- es; il réponJlH-ar.un vefs dllumere dont
î 1p sens :
nûUeui dei ptciigcs cii i1« difcnilie » pxttici "
la rapporta ensuite des oracles favorables | it
Bccréutia tellement , qu^oiv le soupçonnait
I Cbe l'auteur. Il nVu fallut pas davant.ige pour
mer les esptirances des iroupes ibébames ,
d'ailleurs s'éijîenl aguerries sons Pélopidas.
yn dcnx armées se Iroiivèreat en préience
■Ddcoil de la Bëolie nommé Leiictics;
iMIaiUe .se dnnn.i dans une plaine. Cleom-
Ote s'était placé à la droite de son armé;; avec
lacéJcmoniennc, protégée par la ca-
fnrinait oue première ligne, tiiami-
, jré de la victoire s'il piul enfoncer
Ulle aile si redoutable, prend le parti d'attaquer
sagauche. 11 y fait passer ses meillc lires troubles ^
2l6 tPAWl'NONDAS.
tes range sur cîn']unntti de hauteur, et me
sa cavalerie en première ligue. A cet
Cléombrote rhang(: sa première clispositiur
au lieu de dunnrr plus de profondeur àsor
la prolonge pour dxîborder Epaioinondas.^.
tant même Pélopidas accourt avec son b<
sacré, et cliarge avec impétuosité les Lac<
nicn&„ qui n'avaient pas encore repris leun
augmenté leur désordre, et les force & i
Cependant Ëpnminondas tombe »ur eux avi
son infini erie i ils en soutienneni le choc a
trépidité. Des prodiges dti valeur ne purent
k; roi Cléombrote ; sa mort|( loin de jeter
couragrment parmi les siens, accroît 1er
rage. Les guerriers qui rentouraieiit^ S2
leurs jours p ur ne pas laisser le corps
prince an pouvoir de 1 ennemi , point d'h
parmi les urers: £lj)aminonJa5: aime mie
céder ce stérili? avantage que U,c risquer l(
de la bataille; il leur laisse emporter les r
Cléoml)ro?c, et dirige avec succès thus sa
contre l'aulre aile, commandée par Archi
fils d'Agêsilas, et compose? d^îs alliés. Le
entraîna la déroute de toute rarmce. I
les Lacédé(rK»niens veulent se rallier deri
fbssf ; les pertes (ju'ils ont souHortes ne le
m^ettent pas tVe tenter une s<»conde fois le s
sont forcés d'ahitndonn-r tout i fait le ch;
bfitaille, et de laisser les'Tbébains y élevé
blement un trophée.
Enivî'és dt* cê succès^, ces derniers ne
plus de bornes à. leurs pré£{*n lions , ce qui
au philosophe Aniislihène : « Je crois v
» écoliers tout fiers d'avoir batia leur it
Ëpamînond;»s lui seul jouis&ail modestei
s^on triomphe ; philosoplie de bonne foi , s
le portait à la vertu , sans vouloir qu^on
compte du bien qu'il faisait , et , si Ton
iiiêiui y il a était pas plus avide de gloire
ait su vaincre ; il montra quMI savait aussi ^
r de la victoire. Il conçut un projet aussi ;<
rue nouveau ; c'était d'attaquer les Lacédé-
is jusque dans Lacédémone , et de les dé- -.
r entièrement de cette prééminence dont
ent joui depuis si long-temps. Après deux *
employées de part et -d'autre à rassembler \i
upes , à se faire des alliés et à s'essayer dant ^
es entreprises de peu d'importance, Epa- ^.
las fut nommé béotarque , ou chef de la
ëotienne, et eut pour collègue Pélopidas»
avec ce fidèle compagnon de ses travaux- et.
;loire qu'il entra dans le Péloponèse, por-
lerreur chez les peuples attachés à Lacé*
e 9 et forçant les autres ï prendre parti con-
Soixante-dix mille hommes des différentes
s de la Grèce marchaient sous ses ordres
oe égale confiance. Il les conduisit devant
imonCi résolu d'élever un trophée au mi-
\ cette ville , qui jusqu'alors s'était crue in-
le. C'eût été fait d'elle si elle n'eàt eu pour
ndre son roi Agésilas. Sparte n'avait point
rs , point de citadelle ; mais elle renfermait
son nom , lui reprochaient sa iârlicté ,
graîent las campagnes voisines. (]e|)end2
mînond.'is désespérait d^atlircr les Lacédéi
dans la plaine : l hiver était fort avancé ; so
faisait chaque jour des pertes considéra!
commençait à manquer de vivres ; une ps
alliés avait abandonné le sloge ; les Aihé
d'autres peuples faisaient des levées pour .
Lacédémone. Tous ces motifs réunis cn(
lîpaminondas à songer à la retraite.
Si robiet principal de son expédition m
. rempli, il avait du moins txécuté une en
dont le succès mortifia cruellement les Sp«
en rappelant dans leur patrie les IVIessénit
perses depuis plus de trois cents ans. Il reb
capitale Jans une position favorable pour
nir les Spartiates,- et laissa une forte g
dans la nouvelle ville. Cette action est
celles qui font le plus d'honneur au hé
bain. llétablir dans ses foyers ce peuple
nient proscrit par l'ambitieuse Lacédé
cVtail, en servant la cause de rhumauit
eu inâme temps un poup bien politique. A
mencement de la campacne Ëpaminondj
encore organisé les Arcauiens en un seul c
peuple, et les avait engagés ii bâtir une mé
qui porta le nom de Mégalopolis.
iNous avons vu dans la vie de Pélnpi
quels puissans motifs Enaminondas et ses.Cf
ttsèr<rYi( contrejv'cnir à la loi qui ordonn
sne.
moins â leur retour les trois béatarques
iccusés et traduits en justice. Pélopidas et
re collègue se défendirent sans dignité ;
nt recours aux prières. Ëpaminondas parut
ses juges avec la même tranquillité qu^à la
son armée. Il convint de tous les chefj^
ition portés contre lui , sans chercher i
îr; il se soumit à la peine portée par la loi,
inda pour toute grâce que Tarrét fût côn-
es termes : « £paminondas a été puni de
par les Thébains pour les avoir forcés
iquer et de vaincre dans les plaines de
Ires ces Lacédémoniens qu^Hs n^osaicnt au-
tant regarder en face ; pour avoir , par cette
victoire , sauvé sa patrie et rendu la
:ë i la Grèce ; pour avoir élevé ie»Thébains
tel degré de puissance , qu'ils ont formé
ge deLacédémone, quis^eslima trop heu-
! d'avoir échappe à sa ruine ; enfin , pour
' rétabli Messène , et en avoir relevé les
illes. » Il prononça ce singulier arrêt CHrec
grâce et même de gaieté , dit (Cornélius
que toute rassemblée ne put s'empêcher
l'affection du npuplt pour eux , ut clie
les moyens (te-tes (^carier du ^ouv
comme il troui'ait daiiLEpaminouJas
saire bien pins patient, cYrail suitout
gu 'il s'acharnait. Là guerre cUil pour
Mnc ïourredegloire; M(<ni>clideneces5a
ter les Thébaiiis à la paix : " C'est trc
» concitoyens par l'aDus des terme!
a un jour Ëpaminundas, quand vous
>• les détourner de la guerre ; sous p
■ leur procurrt du repos , vous les
■ dans Useivitude. Qui veut vivre en
■ ^'re gueiiicr. Si lus Thébalns veule
■ les dominateurs de ia Grèce , il faut <ji
» dans les camps et non au sein de le
Tiièbes se miintra docile aux conseils
nondas; on résnliU de continuer la gu<
fut envoyé d.ins le Péloponèse p»ur si
Arcadieus contre les i.acédémonicni.
Les troupes combinées d'Athènes ,
et de Denys', tyran de Syracuse , ne pu
..d^h^r ^» rnrr«r l'ilt,»». .U r.nri..ll.a
— _. J J -,
délivrer ce général et punir le tyran ; elles \
)attues. Alexandre poursuivit les Thébains
larnement, et les aurait lalllës en pièces
i^aleuret la prudence d'Epaminond^s, qui
Jans Tarmée en qualité de simple soldat,
danger imminent où ils se trouvaient , et
arxtnsaient l'incapacité de leurs généraux , ■
bains enrent recours à Thomnne dontlVx- 3
s et la valeur les avaient si souvent ftit %
er, et obtinrent de lui , comme une grâce, î
ulût bien se charger de la conduite des i
Use plaça à rarriè* e -garde , à la tôte de la 1
5 et de Tinfanterie légère , et il chargea les
( avec tant de vigueur qu^ils abandon^
lientôt leur poursuite, et n'inquiétèrent
etraite des Thébains. J^es généraux à leur ^
orent condamnés à 'Une amende tonsidé-
> punition de leur lâcheté , et le comman-
fut solennellement rendu à Ëpamînondas.
lit peu de jours après à la tête de ranade ,
en Thessalie. Sa réputation l'y avait pré-
'lie avait répandu la terreur dans l'âm« du
de ses partisans, qui déjà se croyaient per-
IIS FinaTTnnnTirla« . nrpfprnnt* A ca T^rnrkrn
tjucrellc qui agitait loute la Grèce : Ep;
voulait forcer le» Achéens à diivenir le
Thèbes, et à employer leurs farces à t
cadle dans la Aounii^sion. Knirc dans IV
(lut encore plus bcs succès à son halûli
force des armes. Il eut l'art de Iraite
hnmmes nui avaient le plus de crédit, e
clier à la lormc de leur gouvernement
aristocraiique, il se contenta de les faire j
resteraient fidèles à l'alliance des Thé
dispositions modérées, en assurant à c
puissans alliés dans le Pélopooèse, p<
établir leur domination ; mais la saei
d'Bpaminondas fut calomniée i Thëbi
^issaircs d'Arcadie qui avaient le fjus
lérèt à la rendre inutile. Bien secondés :
par les ennemis du grand homme, il \e
de persuader au peuple (ju'Ëpaminonda.
servi les inK^réls de sa patrie, puisqi
subsister en Achaïe le récime ariatocra
chérissait Lacédémonc. Des commitsa
envoyés pour détruire l'ouvrage d'Hpa
La démocratie fut rétablie chez lot A<
iPXM INONDAS. i2j
l'tttt encore se mêler à ces (roubles. La paix
JîifUil . , .,
' Sii années aprèsU balaillc de Leucires , el Iroia
iwaprès la mort de Pëlopidas, Tlièbes, longi
■oip «garée dans des entreprises qui , en Qat-
ni soq orgueil , ne faisaient qu altémier et
Sïijfr- ifg forces; Thèbes , dis -je, revint au
Kl 0 û auraient dû tendre coostamment tou»
ih efforts, Des querelles survenues enira le»
jbilans (le ïégée et ceux de Mauiinée offrirent
"ttTKêbains l'occasion de rentrer dans le l*élo~
M'^- J-' A rca die, menacée, implore le secours de»
'"iaémonieiis et d<.-s Alhenieus. Epaminoudat
"•Vail k ta télé d'une année ; m victoire ou sa
jlalliit décider si c'était aux Tliébains ou au«
moniens de donner des lois à la Gcèce. On '
iaità le voir diriger ses pretnières aiiaques
intinéer cl déjà les Lacédemouiens mar-
V ut secours de cette ville, sous le coinman-
--■'>( d'^géiihi.
«Bitruii de ces disposilions, EpaminonJas part
^•'S^à l'entrée de la nuit pour surprendre Lacé-
Mi*ne, Son dessein fut si bien conçu et si pronupte-
'"^^éculé, qu'au jugement de Xéntïphon ilau-i
" enlever Sparte sa ni éprouver presque aucune
"iice, si, prévenu par un transluge, Agésilas
It revenu sur ses pas avec une exlrPine préci-
sa. Déjà ses soldats occupaient les postes le»
'«inporlans, lorsqu'Epaminondas se présenla
^">l Sparte. Surpris sims être découragé, il
-^"nepiusicursaltaqucs.llavaitpénélré jusqu'à
LWarc publique, et s'était rendu maîire d'une
J^W de la ville : Agésilas n'écoule plus alors que
** désespoir; quoiqu'agé de près de quatre-vingts
pj*! lise précipite au milieu des dangers , lepouiss
^luni , et le force de se retirer.
124 iSpamikohdas.
Kpatniiiondu ne fut point inquiété dant m fi*
traite ; nriaifl, croyant ne pouroir tenslionte qviMr
1« IVlopnnèse et abandonner lei alliéi dei Th^l
bains à ia vengeance de leura ennemia^ il prit b
aeul parti qui lui retlait , celui de livrer une balaSl
décisive (|ui lui procurât la supériorité ou iml
mort glorieuse. Il marcha en Arcadie» où i^élaiell;
réuniesJcs principales forces de la Grèce. Lea A
années sont bientôt en présence t près de la
de IMantiiiée. Celle des Lacëdchnoaiena etda
alliés, commandée par Agésilas, était d« ploa
vingt mille honim<'8 de pied, et de prèa de d'
mille chevaux : trente mille hommea dHnfàaii
<'t environ trois mille de cavalerie composai
Tarmée des Thébains,
« Jamais JOpaminoiidas, dit M. Tabbé Barthéi
ci^avait déployé autant de talens que dans cetir
constance. Il suivit dans son erure de balaiUe
principes qui lui avaient procuré la victoire
jLeuctrcs. Une de ses ailes , fermée en coloni
tomba sur la phalange lacidémonienne f qo*
n^aurait peu t-^tre jamais enfoncie^t'il Â'était V4
lui-m6mi* fortifier ses troupes par son exemplCf
par un corps d'élite dont il était auivL Les ennenif
effrayés à son approche , aVbranlcnt et prenneni
la fuite : iUlea poursuit avec un courage dont ~
nVst \)\u!t le maîtr^ , et se trouve enveloppé (
un corps de Spai liâtes qui font tomber sur luiu
grâle (le traits. Après avoir long-tempa écarté la
mort cl fait mordre la poussière à une foule da
f;u«?rriers, il tomba, percé (Tun javelot donileftf
ui resta dans la poitrine. Llionneur de Fenlcvtf
engagea une action aussi vive * aussi sanglante qaa
la première; Bfs compagnons, ayant redoublé defri
fotts, curent la triste consolation de Teniporttf
dans sa tente. ,
« La blessure dTpaminondas arrêta le rarnaga^
et suspcadit la fureur dea auldata. Lca troupta dcik
i
ÉPAMINONDAS. 225
paiTlis, égaltinent étonnées, reslèrenl dans
Iton. De part et il'auU-c on sonna la retraile,
1 dressa un trophée sur le champ Je balaille.
i^panimondas rcipiraîL encore; se« amis, sei
iri fondaicat en faiines autour de son lit ; le
retentissait des cris de la douleur et du dé-
1-. Les médecins avaient déclaré qu'il espire-
is qu'on ôierait le fer de la plaie. 11 craignit
ia Douciier ne filt tnmbé entre lei mains de
lEDÎ i on le lui montra , et il le baisa comme
«ment de sa gloire. 11 parut iof^iiiet sur le ,
le la balaille; un lui dit que les Théfaaius
jnt gagnée: « Voilà qui est uien,rBpondii-il;
assez vécu. » Il demanda ensuite Daïphantns
lidas, deux génèiaux qu'il jugeait dignes de
ilager; on lui dit qu'ils étaient nions: «Per-
ux Ihébairis, reprit-il, défaire
laui. • Alors il ordonna d'arracher le fer, et
le ies amis s'ctaat écrié, dans 1 égarement de.
lleur : •• Vous mourez, Ëpaminoiida^! Si da
ins vous laissiez des cnfans ! — Je laisse,
ondit-il, deux filles immortel],i:s, la victoire
Leuctres et celle de Mantinéc. a A acs mots
t
J no CI ON naquit à Athènes, vers Tan 4©
J.-C. Sa naissance ne répondait pas â Tel
de son âme ; il reçut néanmoins une éd^
distinguée; dès sa jeunesse il fréquenta
demie , et puisa dans les leçons de Plaloi
A'cnocrale les principes sublimes qui dîi
toujours sa conduite. On ne vit jamais I
ni rire ni pleurer ; ce n'est pas qu'il fût insc
mais son dme était plus forte oue la joie et
leur. Dans un temps où les Athémens afll
le magnificence et se livraient à la moUc
conservt toujours un extérieur simple, u
nière de vivre austère. En voyage coma
armées, il marchait toujours pieds nus
manteau, à moins qu'il ne fit un froid ins
table ; aussi les soldats avaient-ils coutv
dire en plaisantant : « Voilà Phorion vêti
» signe dniv grand firoid. » Quoiqu'il eûi
coup de douceur , il avait les traits du vi
rudes et l'air si renoussant • nue ce^x qui
PHOC ION. 227
CKabrias. Ce gt^iiéral conçut beaurdup d'amilic
pour lui , et se Kl un pUisîr de lavaucpr dans \cs
gra<Ifes militaires , et lie lui procurer les occasinns
d'acquérir de la gloire, rhocioa de son côlé fut
Irès-ulile à Ctiabrias, et par les bons avis qu'il lui
doDiialt malgré sa jeunesse, et par l'intelligence
avec laquelle il exécutait ou prévenait les ordres de
«e grand capitaine, Ce fui à lui que Chabrias dut
Je gain de la bataille navale de jSaxos ; il l'avait
fiiacé à la têlu de l'aile gauche, qui décida eu
|iarlie de la victoire. Quelque lemp» après ,
if^iargë par ce général d'aller avec vingt vaisseaux
l^lever le Iribul que certaines villes atliéas d'A-
llUiènes lui payaient tous les ans, Pliocion lui fît
iqelle réponse : » A quoi bon une telle escorte f
'« Elle ebt trop nombreuse pour aller chez des al-
* liés, et trop faible contre des ennemis. » Il se
.tnnicnta d'une seule galère , et partit pour remplir
d'oltiet de sa mission. Après avoir conféré d'une
rBiërefiraDcheavecles gouverneurs de ces ville),
evint h Athènes, suivi d'un grand nombre de
Vaisseaux qui portaient l'argent fourni par les al-
lirs. Phoclon con^rrva toujours pour Cliahrias un
iilacliemcut sans bornes, et après la-mort de ce
.{général il adopta en quelque soi le son CIs , et se
chargea du soin de sou éducaiioii. I^e jeune homme
Sépondit mal aoï iinniés d'un tel maître,, et ne
fHya l'hocion que d'iiigrnittude: mais celui-ci ne
4ê rebuta point, et ne c«ssa jamais U'^irner comme
UD père le fils de son ami.
A celte épotiup les citoyens qui aspiraient nu
fouvernemenl d'Athènes se partageaient en deux
nasses distinctes, et se bornaient les uns aux em-
Plois militaires, les autres aux fonctions civiles,
hitcion suiiit une méthode différente; à l'exem-
ple de Solon , d'Aristide et de Périclès , il voulut
•« former également à la politique et à ia guerre.
Aui talen^ du grand capitaine il ^ignit en cfllêt
niosthène, qui ne redoutait nullement les
orateurs, tremblait en voyant Phocion ido
la tribune : v Voilà ^ d'isait-il touvent , ïa
M tranchante de mes discours. » La haute
nion qu'on avait de Phocion, dont le nor
Ï celait aux Athéniens Tidce de la probité n
c zèle quMls lui connaissaient pour le bie
blic, devaient ajouter un grand poids à se
cours.
Ami de la paix , et se la proposant toi
pour but de ses actions , il dirigea seul
d'expéditions qu^aucun des g'énéraux d<
temps. Toujours opposé aux volontés peu
diles du peuple , c^était en lui néanmoins (
peuple mettait toute sa confiance; c'était à lu
recourait dans les dangers pressans ; aussi
nommé quarante-cinq fois général sans Vavt
mais brigué, sans s'être une seule fois trc
son élection. Bien différent des orateurs qui
tnchaigdt à flatter la multitude, il était sans
occupé à gourmander ses caprices. On lis
jour dans rassemblée un oracle qui porta
tous les Athéniens étaient d'accord , àVexo
d\in seul , qui pensait tout diiTéremmer
r PROCIOK. 229
ia quelque sollîsc? n Un jour que les Athénien?,
***-^enus ronlre ce qu'il allait dire > refusaient de
lUniirc Cl lâchaient de IVfTrayer par leurs cla-
urs , " Vous pouvez,, leur dil-il, me forcer k
Tairp ce que je ne vkan pas; ftiaîs vous ne sauriez
» me forcer h parler contre ma conscience. >■ A
Jà suite d'une discussion fort animée, Démos-
ilëne , l'un des orateurs qu'il avait le plus souvent
pur adversaire , s'avisa de lui dire : •> Frencz-
>, garde, Phocion , si les Athéniens eulreot eo
► tareur , ils vous feront mourir. — Cela se fient,
* répondit-il , mais s'ils rentrent dans leur boa
l sens , preo IV,- garde à vous , Démoslhène. •>
Caustique et parfois plein d'aigreur dans les dé-
i»à:attons publiquej, Phocion était d'une dou—
iir înaliërable uans sa vie privée. S'il se mon—
lit (quelquefois sévère envers ceui <jnl s'oppo-
içnt au bien qu'il vinilait faire a sa patrie, an ne
^t jamais chercher a nuire à qui que ce fût par
llimenl de haine personnelle. Ses antagu-
éprouvaient-ils qtftlqiie malheur, ou Cuu-
" j.iLique d:irif;i-r, Plinrion s'empresiait
ur secours K Je .e Hixlart-r leur defe.i-
.pbilîppG, roi dft Î^IacéJoinP, qui aspirait cl de-
*( parvenir à U .h.minalion de toute la Grèn- ,
^^.iBra dans net illustre Alliénieii un adversaire
Signe dt; lui. Ce n'est pns que Phocion exciiilt
Walre lui sis concitoyens ; le sentiment qu'il
mit de leur ilépravalion dirigeait au contraire
ii((Utes SCS pensées vers des vues pacifiques. 11 ju-
jftnt l'asservissement de sa patrie inévitable, et
;KB'Toyait rru'un suriToît de cabinilé dans h;s
^oerres qu'elle viuilait enire(jren Jre pour hâier ce
Le roi de Macédoine venait de s'emparer de
FEub^e, qui n'était séparée de l'Ailique (j'ie par
na bras de mer trèi étroit. Plutarque'd'l^clne ,
choisir. A Taidc d'une fausse attaque, il al
ennoTTîis sur un terrain inégal et coupé, oi
pouvaient se déployer. Bientôt vainque
chassa Plutaïque d'Erétrie, et, couronnant
toirenar un acte d'humanité, il rendit la li
tous les prisonniers que ses troupes avaientfi
peur que les Alhéniens.excilés par leurs or
ne se portassent à exercer quelque cruauté
eux.
Le roi de Macédoine tenait depuis long
assiégée la ville de Byzan'ce, d'où Athènc
la plus grande parti^ de ses subsistances. C
que les Athéniens avaient envoyé à la tétc
armée au secours de cette ville, s'était si m;
duit dans cette campagne, qu'ils le destitu
et nommèrent Phocion à sa place. Ce choix
du salut de Byzance» Arrivé sous les mura
place, ce général avait établi son camp d
environs; mais, sur la réputation de sa ver
Byzantins lui ouvrirent leurs portes, et jTei
sèrent de loger son armée dans leurs maison
mes du même esnrit nue leur chef, les Ath
pnocios. sîii
wlsseaim , Tccouvra la plupart desforleresspsoù Phi-
lippe avait déjà mis garnison , et lit i]Lieli|ues dea-
(«Btc-s sur diflcrens points du lerriloire macéilo-
nten; mais, al tt'int d'une blessure, il sevitcontr'aint
de suspendre le cours de ses succès et de songer
i la retraite.
Quelque lempt après Phïliripe ayant manifesté
des dispositions pacifiques, Pliociuii ethurla vive-
[ ment les Athéniens à en profiter. Démoslhène et
1. ë'autres oraleursélaientd avis de rejeter les propo-
|| ùtions de ce prince : ■■ Quand doni; eonseillercz-
' ■ vous la guerre ? dit i Pliocion le démagogue
• Hypéride. — Quand je verrai les jeunes eens
» disposés à garder leurs rangs dans les batailles ,
» les riches à faire des sacrifices pour la pairie, et
> les orateuTs à ne plus mettre le trésor au pil-
» \»ec. " Vn autre orateur sVciîa : " Hé quoi ,
jf» Phocioïi, iiiainLenanl que les Alliéiiiens ont les
[ « armes à la main , vous osez leur proposer de les
b quiller! — Oui, je l'ose, reprit -il, quoique
*> |e sache irès-biea que j'aurai de l'autorité sur
■ vous pendant la guerre, et que vous en aurez
• sur moi pendant la paix. >> Comme Démiislliène
I insistait sur l'avantage Je transporter ie théâtre de
la guerre dans la lîcotie, « N'exominons-pas, lé-
I B pondit Pliocion,. où nous livrerons la bataille,
I ■ mais comment nous la gagnerons. >>
L'événement ne justifia que trop les craintes de
ce sage magistrat. Philippe, à la tête d'une arniée
nombreuse, joignît i Lhéronée, dans In liéolie,
les forces combinées des Thébains et des Ath6J.
Biens, et remporta sur eux une victoire signalée.
I%ocîon ne se trouva pas à relie bataille; la factidn
de ses ennemis l'avait éloigné du commandement ;
mais apr^s cette dé^aslrcusc journée tes Athéniens
durent s'estimer heureuîc de le retrouver, toujours
animé pour sa pairie d'un zélé que leur ingrati-
|u<ie n avAit pu r«:buter. Ce ne fut cependant pas
plir les condilions que leur avait imposées PI
vainqueur, (|ue de .s\*xposer à de nouveaux
très en persistant dans une n>sistance iiiutili
On apiprit que le roi de Macédoine av*
assassiné dans une fêle. A la nouvelle de ce
neinent, qui semblait devoir donner une ne
iacc aux aif'ain^s d'Athènes, Démosthcnc c
de son parti s\')bandonuèrent aux transport
joie la plus vive, et parur^Mit couronnes de
sur la place publirpie. Pliocion leur fit sentir I
€t rinronvenance d^]ne pareille joie : « H
» montre, ditîK un cœur plus bas, que de
» jouir de la mort d'un ennemi. D'ailleurs \
» qui vous a défaits à Chéronée n'a qu'un h
» (le moins. » Ces représentations ne pro du
aucun effet, et le peuple continua d^apti
aux invectives de Démosthëne contre u
moire de Philippe et contre son fils Alexi
que cet orateur représentait' comme un
étourdi sans mérile et follement ambitieux.
Mais le nouveau roi fit bientôt voir co
l'on s'abusait sur son compte, en déjoua
sa fermeté les mesures que les urecs avaient
contre lui, Nommé généralissime de tous les
PHffCl OK. 253
■esaotresorateuTs qui avaiciitev^té les Athéniens
ipatrelut. Le peuple, canitcrné, nesavail à quoi se
ésoudre; cnGa loos les regards se tourneni ven
iliocioii', on le presse Je dire son avis. Il se lève ,
iproaoote ces paroles ; « Alhéniens, les oraleurs
I qu'Alexandre vous ilemande sont ceux-là mêmes
bqiii voiu ont jclês dans le péril où vous vous
■ trouvez, péril si prestanj, que si pour voua en
•. Itrer oa me JciDanilai! mes amis les plus chers,
t je ne balancerais paj i le» livrer , fussent-ib in-
• iii>ceiis. C'csl bien as^cz que la Grèce ait à dé-
n, (ilorer b roiue de Thèlies ; que le sort de cette
r «ille malheureuse nous serve de leçoii,el nous ap-
l.pieone qu'il n' est pourAtliêûesqu unseulmoycn
k de salut, lasoumissioa au vainqueur. » Eu vain
Démosthène voulut s'élever contre l'avis de Fho-
Son ; îlfut unanimemeni adopté, et les Attiénieni
te dà:idÉrent pour la paix. L^oraleur Demadc ,
£ri t'était conservé l'amitié d'Alexandre, obtint
Kce roi lagrSce de ses collègues; Charidémeseul
H, ^excepté el banni. Le premier décret que les
jEnténtens dressèrent à celle occasion, et quM»
Uvoyèrcnt à Alexjndre, fui reçu par lui avec iné-
|nii ce frince luuriia le dos aux dépiilés qui pu
liaient porteurs, sans daigner s'infcirmer de ce
ni'il conieuail; mais quand Phucion vint lui en
Ifâenler un tecund , il lui ûl l'accueil le plus dî;-
■ngné, et lui accorda tout ce qu'il demandait. Il
nacut hienidi pour'lui une sincère amili^i que
DÎ le temps ni Ttloigiiemeut ne purent diminijcr.
oUeiaadre demanda plus d'une fois des conseils
* niocion , et il l'éroulail aver. déférence ; îl en-
Iniint avec lui une ronespuudance qui m' (ut pas
ipierrompue dans le cours de ses exiiêdiiicns, il
p4tof(.irs.u%^ul de maendiqu.-s pr<^ eus; mais
|l*Mlueui Ailienien ne voulu! jamais rien a(.ci-|i-
ter. Ub jour que le roi de Macéduinc lui avait < n-
Toyé cent lalcns, Phocion dcmiinda à ceux qiù
Tome i, ao
puits 9 et se lava les pieds en leur présence,
vue ils redoublèrent leurs instances, i
avec une sorte d^aigrenr qu^il était peu con
CjUe l'ami d'un si grand prince vécût d<
Irile misère : Phocion demeura inflexibh
cent talens furent reportés à Alexandre.
Si Phocion refusait les bienfaits. d^Ale:
il n'en était pas pour cela moins dît
lui rendre toutes sortes dé bons offices,
cjucrant , ayant besoin de galères poui
picter sa flotte, avait fait demander celtes
Athéniens s'étaient engagés à lui fournir. 1
leurs voulurent faire rejeter cette demande
injurieuse à leur liberté : Phocion^ consul!
sujet, répondit ou'il ét^it d'avis qu'on fît p
galères sur le champ,* « Car, ajoutait-il,
» ce que vous puissiez vous mettre vous- ri
M la té^e des forces de la Grèce, il vous c
» d'être amis de ceux qui occupent ce post
ilarpalus , un des généraux d'Al<^xan<
commandait en Asie, s'élant enfui avet
/. •• 1- -
rs nui
cacncr
PHOCION. 3.i^. i
^JRlFsrîcliesies'i mais, pressentant <|iie Vh'o*
«rait plus JifGclIc à corrompre, il lui t-nv>iyv
enis lalcns. Pliocion refusa cv piésrnl Jtvi-c
t, el réponOit qu'il ferait repentir llarpilui^
tl^mart hes s'il coiitinuiiit à corrompre ceux
'aient quelque pouvoir sur le peuple. Qiiel-
imps après les Altiëniens s'élant assemhlt^S*
lécrétcr le renvoi de cet hôle dangereux , W'
nui en avaient reçu de l'argenl, pour*
iner leur turpitude, furent les premiers ai
ontre lui : loin de suivre leur exempte ^
in se montra si sensible au malheur d'fl.ir-
H le traita avec tant de douceur, que celui- .
lui offrir de nouveau des présens; mai» ro
tsi inutilement que la première fois. 11 fut
ciMSsé de la vdle, et l'Aréopage infcirma'
ceux qui s'étaient laissés corrompre par luî.^
dès, gendre de l'hocion, élail de ce noni-
)inmeilconjuratl sftn beau-père de prcndrn*
Inse : » Je nu vous reconifbis plus pour mop'
ire , puisque vous avez cos-.é iVflïv honnête-
ime, lui répondit le VL-rlueiix Alhciiicn. ■.
bruit de la mon d'Alexandre causa aui
ïens une joie immodérée ; ils criaient aux
: les gens sensés craignaient la guerre ; ils-
t: soutenus par l'hocion. Celui ci, n'osaot
k la vérité de celte nouvelle, l3chail de cal-
1 esprits : " Si Alexandre est mort , disail-it,
sera demain el après-demain encore; ainsi
1 auronstoul le temps de délibérer. >• Léos--
, guerrier valeureux, mais imprudent, qui-
l avec le plus d'ardeur les Al tiénien* à prcn-
armcs, demanda d'un Ion moqueur à l'ho-
uel bien il avait fiit a sa pairie depuis tant'
■es qu'il commandait : « ComptiT,- ^ oiis pour
, lui répondit le sage (jéncral, d'avoir élo-
e qne mes concitoyens, dînant lout c«
7 ' l
)oie à ces heureuses nouvelles, se livraient a
flatteuses espérances; les ennemis de Pli
croyant le confondre , ne cessaient de lui
les exploits de Léosthène :<c Je voudrais le
» faits, répondit-il; mais je ne me repens
'» conseils que j^ai donnés. » Il ne croyait pa;
dût juger du conseil par le succès, et Tévéi
ne liiiiit pas changer d'opinion. Comme les
nouvelles accouraient coup sur coup, Phoci
prévoyait les suites funestes de cette euecr
cria : n Quand cesserons-nous donc de vai
Léosthène étant mort de ses blessures-,
phile^ qui fut nommé pour le remplacer,
d'abord des succès assez marqués sur les M
niens. Les Athéniens, enorgueillis* de ces
Ïhes , voulaient encore déclarer la guei
téotiens : Pbocion combattit avec force c<
solution. Ses amis lui représentèrent que le
le ferait mourir s^il persévérait dans son
sition : « 11 peut disposer de ma vie , r<
» Phocion ; mais ce sera.injustement si je lui
>• des conseils utiles , et ce serait avec jusli
» lui en donnais de contraires k ses inl<
Tovant nue los Al niens ne se rendâîea
Pn ocio N. 2.)7
dlul'iueinblée; les vicilbr<l.i Kurloiil s'y» |jht-
hnutptnenl : « Qu'.i donr, cet nnive île •!
ibk i' leur dit L'hocioni moi qui ai âc:]^
latre-viiiKlaans, neseiai-JB jms â voire léleF»
* on lut airivé â l'endruii où Jcvail se <loi^
combat , touï {^empressent autour lie lui ,
mêlent de lui donner dcïcoiiseîlft: «Grand*
ilieuxl aV'crla Pliocioii, combien ie vois ici de
«piuines, et combien peu de soiduls ! •> Lorg-
l'il eut ranf^c son armée *en bataille, un de ses
lUsxins «'avança hors des ligims ; puis, voyant
deacnneinisvenirà lui, il eut peur, el alla rc
raog : h Jeune homme, lui dit Pho-
I nas-lu pas honU: d'avoir abandonné
posivs en un jour , celui que ion général
* d«nné , el celui que tu av^s pris tel-
le î' " A ces mots il entrée leg ennemis , [es
fiiile, en fall un grand carnage, el lue
iao , leur chef, de t» propre main.
ei craÎRlCft qu'il avait nianilestcei dès le com-
lOinenl de la cuerre ne furent que trop lât
ilifiée^. Balias i Cranon , ville de Thess.lie '-
'Àlhé
Klialer eiitiiT dans leur ville en vainqueur irriié.
evenus plus Siiges à la vue du dan^ier, ce ne fut
Kus à des oratfurs audaci.^uit qu'ils donnèrent
iir confiance, mais à l'hocion et au philosophe
l^nocrale, qui, 6 son cxem|i!e, avail désap-
(rouré la guerre. Ils furent envoyés tous deux
Wf» Anli|.aii'r pour implorL-r sj clùmence. Xéno-
St^tc, qui parla le premier, ne fut pas accueilli
par ce priuce avec les égards dus à sa haute verlu ;
nuis à peine Phocion eul-il parlé, qii'Anlipaler se
nontra tiès-dispusê à la pali, l-I n'imposa aux
Athéniens que des conditions assez doutes. Il avait
[néanmoins l'xigé qu'un lui livrât Dêinosihènc;
I nais celui ci prît la fuite, et s'einpoùonna peu do
; jours après, ,^
I u
tique à Athènes -pour y établir l'oligjïirchi
avait mis Phocion à la t^te des affaires. Ce
rafleistrat gouverna ses concitoyens avecbeai
de justice et de douceur ; il ne s^adjoignît
$rs fonctions que les plus honnêtes citoyen
éloigna tous ceux qu'il connaissait pour turb
e.\ avides de nouveautés. Persuadé que les 1
mens n'étaient point capables de supportei
servitude ni une liberté absolue, il crut d
^ter à Tune ce qu'elle aurait eu de trop dur
Tautre ce qu'elle avait d'excessif et de licenc
ainsi, sans compromettre les intérêts de sa pi
il secondait les vues d'Antipater. L'orateui
made partageait avec Phocion les bonnes g
de ce prince ; mais un mot de celui-ci pi
quelle différence il savait mettre entre ces
Athéniens : « J'ai deux amis à Athènes , d
» Phocion et Demade : le premier est un ho
» qui ne veut rien recevoir , quelque service
» rne rende ; le second n 'est jamais con
» quelque chose que je lui donne. » — « Vo
PHOCION, 25()
' raB(Ii^u' Alexandre; [Murquoi voulez vûui qi;e
/accepte vos présens, lorsqne j'ai refusé ceux
ot ce prince? - Rien ne fiiaïit étbter d^van^
I lige h Tenu de l'hocion (joe celle- honorable
ïptnvrclc dans laquelle il avait vieilli, quoiqu'il
Wt élé tint de fois général, el qu'il eill eu de»
S il pour aaiis. Pendant ses tnomens de loisir il
lirait un netil champ qui eût à peine 3U% au
IPsoÎD (le rhammc le i^us modéré dans set dé-
ïra , et qui procurai! à Plinciun un superflu dont
I soulageait les Ltesoinls des autres. 11 vivait avec
|ine épouse digne de lui. Un jour qu'une femme
tiiienne étalait ses bijoui devant elle 3vec oilen-
«ton , " Pour moi , dit-elle , mon jeul ornement
c'est Phorion , qui depui* vingt 3tu est toujoun
élu général des Athéniens. "
Après la mort irAnrinaler il s'éleva deux £ic-
iHï en BlacêJoine. PoW'perrhon , qu'il s'était
lour successeur dans la régence , était à
e l'une ; i la léte de l'autre était Cas-
Ire, fils d'Antipater , qui , aitftt que son père
it fermé les ycvx el avant qu'on en eûl appris
[h nouvelle à Àili^nes, se hâia d'envoyer Nicanor
re le commandcinent de Munichie à la
de Menillus. Celui-ci invita les Alhénicns i
Bdèli'S à Cassandre , et à conserver l'ordre
«choses établi par Aniipater : les Athénien! dé-
nudèrent qu'il évarult Municliie. Nicanor n'en
baissait pas éloigné; il les amusait pendant le
nr par di-s harangues et des iii'g-ct.iiiiir.s , et
loàaat la nuit il introduisait de nouveaux sol-
tta dans la place. Il avait formé des liaisons
it l'hocion , qui , toujours ennemi de l'autoriié
Ipulairc , paice qu'il aimait sini-6retnent sa pa~
je, ne se refusa pas aux avances de Micanor;
■Uii n'étant iias instruit de ses desseins secrets.
Beat l'imprudence de se rendre au;irè! du peuple
^aut de la siocèrilé de Nicauor, qui profila de
î
titué du commandeiiiciil , csl appelé en jus
à recours à Polysperclioci , qui par une lûcfc
tique , ose le livrer aux députés d'Athènes. .
pris de toutes les lois , on admet dans Fass
qui doit prononcer sur son sort des étrange
esclaves , des honimes notés d'infamie , el
des femmes ; ceux qui réclament contre (
galités sont chassés à coups de pierre ,
amis sont accusés avec lui ; ses ingrats conc
refusent d'entendre sa défense. Voyant q
plus rien à espérer pour lui , il veut du
détourner le coup qui menace ses amis : •
M nieris, dit il , je mérite la mort puisque
» voulez ; mais ceux qui sont avec moi , pc
» les fcricz-votfs mourir? De quoi son t-i
» nables ? — - Ils sont tes amis , » répond
pulace en fureur. Dh% ce moment rhoc
dit plus rien. On passe aux suffrages, et
voix unanime, ils sont presnue tous ce
nés i mort. Les compagnons de Phocion .
di is par les cris de leurs parcns Vît de it'rm
" : -1
PHOCl ON. a^i
m. CqienJant, peu touchés de sa grandeur
m et de son impas.iibilUé , plusieurs de ses
finis le siiîvaïeni en l'accablaDt d'îniures ;
JVui poussa l'oulrage jusqu'à lui cracher au
>e : •• Ne peut-on poinr eiiipécher cet homme
; commeltre ce» indignités ? - dit rhocion
air tranquille en se tournant vers les magis-
. Arrivé dans la prison , son courage ne l'aban-
ia pas. Au moment de boire U ciguë on lui
tnua s'il n'avait rien à faire dire à son fils ;
u> c«-les, rëpondit-il; c'est de ne point se
uvenirdel'înjusllcede» Aihénicns. ■ Nicoclès,
lus fidèle de ses amis , le pria de lui laisser
e le premier la ciguë: « C est me demander
) sacrilire Iiien pénible , lui dit Phocion ; mai*
iDimc je ne vous ai jamais rien refusé pendant
I* TÏe , je vous accorda celte dernièri- satisfac-
I>n ' à ma morr. " Quelques momcns après il
a» la coupe , el il expira , l'an 5i<j avant J.-C
lia çondamnalioR de ce grand homme, aussi
«te que celle de Socrate , fut bien plus funeste
I patrie , car Phocion était le seul qui eût élê
able de laasauvL'r si elle s'était alianJonnée à
conseils. Les Alliéniens ne tardèrent pas h re-
uiaitre leur injustice ; ili lui érigprcnl un lom-
ni et une statue d'airain.
949 i R A TU s.
%«k%«/%'\ %,%«%«% \'«>.'%X««W%«%«%%/«/V%'^WWlA^/%«/^«^WV«l%
ARATUS,
DIT LE SAUVEUR DE SYCION]
JLiA ville de Sycione, long-temps soui
régime de l'aristocratie, était tombée d
état de troubles qui naît de Tinquiétude et >
bition des démagogues * et après les orage
fausse liberté elle arait passé sous la vergi
suite de tyrans.
L'un d eux , nommé Cléon, finit par ui
violente. Les Syciouiens mirent à la téttf
gouvernement deux hommes qui devaieni
mérite et à leurs vertus la confiance de leurs
toyens; Tun était Timoclide, et Faiitre Clii
premier mourut paisiblement : Abantidas, i
ambitieux, assassina le second» et usurpa
rannie. Clinias laissait un fils âgé de sep
c'était Aratus ; il était né Pan 27a avant
L'assassin du père aurait aussi voulu fra|
fils ; mais , à la faveur du trouble anqnc
donné lieu cette scène de meurtre , quelqu(
de Clinias protégèrent la fuite du jeune A
qui fut accueilli chez la sœur m^e du 1
épouse du frère de Clinias. Cette femme, n
lement bonne , et persuadée d'ailleurs que
par la volonté de quelque dieu que cet
avait cherché un asile chez elle , le caclu
rintérienr de sa maison , et le fit conduire
tement à Argos.
A IVA T II s. l4'
*l)s , Huvé ainsi d'un si grtml danger, sen-
1 ce moment s'allumer dani son coeuc '*
la plus vtolenle conire la tyrannie; senti-
^i che.z lui se fbriiBa avec l'âge- Recueilli
t hôles et les anni que son père avait eus i
^ il fut élevé avec tous les soins dus à si'
Wce et aux heureuses dispositions qu'il an-
lU. Dès sa plus tendre jeunesse il s'était fait
ijQuer par une gravité , une maturité de juge-
'fu-dessusdeson âge, et surtout par cecoa-
téfléchi qui , moins brillant que rimpétuo'
errièrf , est d'un si grand avantage dans tes
I politi(|ues. Aussi les bannis de Sycionc^
lient apprécié le mérite naissant d'Aralus,
; déjà les yeux sur lui , le regardant comme
ilor libéraieur. Leurs espérances ne furent
Wçues.
purp.-ileur Abanlidas ne vivait plus ypais sa
n'avait pas encore recouvré sa libc^.; elle
Bit. sous \m autre tyran nommé NIcpclès.
seulemeni de vingt ans , AralusTorma une
jiration conLre lui ; el quoique Nir.ocics , qui
" lit de lui, observai de près loules ses de.-
'il sut si bien couvrir son dessein , el le
ivec tant de prudence et de secrcl , qu'il
II à entrer de nuit dans Syeione par-dessus les
i; aussttAl il s'empara des posies, qu'il fit
par les conjurés. Le peuple s'assemblait
ilie , ne sac.bani rien de cerlaio sur tout ce
passait; alors un héraut cria à baule voix :
is, lîlsde Clinias, appelle les ciloyens è la
Entraînée par celte invitation inespe-
louie se précipite vers le palais du lyran ,
le feu. Nicoclès avant eu le temps de s'é-
rtlle révolution ne coilia pasone goutte de
ce qui n'est pas h circonstance la moins
du hiompbed'Aralos,
te hâta de rappeler les ciloyens que les tjTans
244 ^ " ^ '*' ^' S-
draioni bannis : plusieurs nicn.iicnt tlf pi
temps une vie errante* cl misérable. Maïs i
pou sati^sfaits d'èlre icintr^rés clans leni
voulurent aussi Tètre dans les biens donl il
(Me dépouillés , et rliassrr des propriéta
avaient au moins en leur laveur le droit qi
une longue jouissance. Ces prétentions,
liables avec le repos de Fétat, menaçaîei
trie de nouvelles dissensions ; déjà mâni
gone Gonatas, roi de Macédoine , se dis
profiler de ces troubles haissans ))Our éu
domination.
Aratus , pour prévcînir ces dangers
parti de réunir Sycione à la ligue des j
Cett» ligne était encore faible et peu flo]
de petites villes la composaient. Le sol de
était peu fertile , et les côtes manquaient
Elle n'avait pas, dans Tunion de toutes sci
la for A d'une seule ville puissante', mais,:
par le bon ordre , réglée par de sages loi
tout babilcmcnt gouvernée, elle se conseï
temps libre, rendit la liberté à une pari
Grèce , et y tint h place qu^avaicnt auti
cnpée Atliènes et Lacédëmone aux jours
] u'ssance.
Aral us fut Taulcur de celto prospérité
se lassait pas (Fa ^i miter sa conduite et so
tore; génen*ux, magnanime, uniqucmcn
h ce qui est lionnrte , il n'avait de pa&
riiorreur de la tyrannie cl Tamour de V
il tenait les rencs ; la liai ne et ramîtic
en son cœur rien de relatif à lui-zn(^me;
à cet égard 'd'autre règle que ("utilité p
aussi ne paraissait-il pas ami aussi zélé qi
généreux. C'était, en beaucoup de. c\m
homme accompli pour être à la t^le des
parlant bien , parlant juste, et se taisant
il soutenait avec douceur les discus^iuni
A r. A T V s. 245
, Jans loï Jri;b<-rations. Il no le rf^
l^peraonae duns l'art ilc Tiiiro dos ainii et àa
fceSi'Exceltclil pouc les entreprises hardi
le à préparer ties sarprises , à tes conduire
ibfïter, il devenait timiJe dans ua jour tls
^, el pent-ëlrc aucun homme célèbre o'if-l
i faïl connaître qu'il est plusieurs sorles de"
ige. Celait dans les siruaiions qui semblaient
Ipéré^S qu'Araliiï trouvait toute la force de
Oiirage . toute tu profbudeur de son jugement,
luvént ilan^ les occasions moins alarmantes
Itivit tous ses avantages par excès de circons-
in , comme si ses tjuatités eusseni été engour-
Bar la sécheresse il'une exéculion trop facile..
Bftu , après avoir réuni sa palri» i la ligua
H)i6ens, sciv'.t dans Icnr cava'erie, etméifl*
fftt obéissance l'amiiiêdises^énéraux. Quot^
1M1 infiniment conlrîbué au pouvoir et fttt 1
l<lè !a ligue par sa propre réputalion et palf '
Kcs tiesq piitrie, il »e mnnlra constnmment
ffMtimia que le drrniei- sO^dnl' Mi chef qilî
nanti-lit les Acherns, qiielque petite et obs-
ffue lût la \lllc diïiil tiH rjv-iit In-é,
fiif long-lerapssanspoiivoir accorder les ban-
appelés à Sycione avac les propnéiaires des
t dont ils tvaient été dépouillés ; il n'aurait
le jamais pu y parvenir sans l'amitié du roi
yfile l'iolémée. Leur liaison élail fondée sur
imotir commun pour les ans, Sycione , pairie
atns, avait étélcsiéged'une des phis célibres
S de peinture, et comme il y avait puisé le
et la ronnajssanre de cet art , il élait chargé
le roi d'Egypte de lui envoyer dé la Grèce
ce qu'il pouvait Ironver d'ouvrages des pin*
ds loaiires ; il crut donc pouvoir implorer la
r6ii(é de ce ptincc dans les débats iSclieux
lîvisaient sa patrie. Il s'embarqua pour l'K-
?, où il n'nrriv.i qu'apix's avoir essuyé bien
I
^46 A H A T U 5.
des conlretemps el des dangers. Il eut une loiun
audience du roi, qui restiina d^aulant plus qu*u
connut davanlagc , et qui lui donna pour sa yï
la somme de i5o talens (45o,ooo francs^.
De retour de Sycione , Aratus fut nommé si
arbitre souverain pour terminer à son gré to
les diiïtTous des bannis et pour régler leurs îo
rôts. Mais y par une mudesiie toute politique, ilt
fusa constamment cet honneur pouruiiseul, et s*
tant adjoint quinze des citoyens les plus estin
de Sycione, il parvint, après beaucoup de pei
et de travail , à terminer toutes les 0|»ératIons i
latives à la répartition de la somme donnée par
roi d'Egypte. Chacun fut indemnise des perl
qu'il avait supportées; les anciens et les nouvel
propriétaires, ennemis par division d'intéréti o
sèrcnt de se haïr nuand cette cause n^exisla pb
Dans leur reconnaissance pour Aralus , les esi
lui décernèrent une statue d'airain , cl par s
inscription que nous a conservée Plutarqne « on
déclara le père du peuple , le sauveur de la uati
Créé pour la première fois préteur ( ou chef
la ligue arhéennc ) par les Achcens, U alla M
mettre la (>alydonie et la Loeride. U partît de
avec dix mille hommes pour aller au secours i
Béotiens; mais il n'arriva qu^après la bataille qu
Éerd iront à Chéronéci où ils lurent battus par
Itoliens.
Huit années après ayant été élu pour la sccoi
fois général des Acheens « il signala sa magis
ture par une action que Plularque égale aux
treprises les plus fameuses des anciens nér os gr
L'isthme de Corinthe joint le continent à
Grèce avec celui du Péloponèsc. La citadeUc
Corinthe, connue sous le nom 'ÏAcro-Corim
était située sur une haute montagne au milîei
ces deux continens, et les séparait dans un ]
«âge assez étroit. Pourvue d'une bonne |
tr.
ABATU». 347
|k>n. ellirnniifchail lontc cnnununicatînn au de-
tt fit l'ulhm» par Iprre et pir mn, ri rendait
ii ^i en éiait poasCMntr en ijneltjuc soriff niaf-
■ lie la Grpcr; cV»t |)ouri)iiui Philippe app<'l»il
H ciladvllc Jet eniraot» du la Grite.
!jrn>i At Macëduinc Antienne iVtaii emparé
rtttrpriw «le c«ll« place, on il convoitail ilcpuîi
g iRmps, dans le (îeiwin d'MMujetlir loiil \t Vi-
— '7. (^B fut auMÎ par turprise, mai* non «an»
randa danftrrs , qu'Aram* cul la gloire
Bver, Il méditail depuis iiui-lfiue tt-inps
_ , jrens d'exéniier un dessein auMi ïmpor-
■iloraqu'un hasard lui un fournit licureusrmcnt
|)nfaabitanl de Coiinthe, nomm^ lirgine, élait
Sycionc, et avait cunlrui^té dan< criifvill*
Sinili^ partiailitre av<w un ItanijujtT ami îii-
(iTArafua. Leur conversation louUut un jour
Il otadelle de Coriwhe, £rf(ifie dit h aon •mi
illaiit voir Uioclès, ton Irère 1 qui était sol-
' la garniion , il avait remarqué dan» lu cfitri
r*c»rp{' un pelil ai'uiier \.-\\\i' ilms le roc,
conduisait à un endroit où la muraille de b
Ide!leél3rt furt basse. I.e banoui^r ne \a\s%n pas
«ber cette parole, et dpmanda en ri.int a son
fl'il désirait f;iirc sa fortune et cpIIcJcsoii (1ère.
^ne entendit bien ce qu'on voulait lui dire, et
(mil de sonder sur cela Diodes , son frèic.
Peu de jour» apr^s 11 revint A Syciooe. cl 'e
Ifgea de conduire .\rahis .^ l'endroit 011 la mu-
h n'avait pas plus de ipiin/.e piedi de hauteur ;
loaia que son frère élaîl disposé i conlribin'r de
il ion pouvoir à rexéculiouile cetift enlre|>riie.
IMm , de son cdic , ptomil de leur dit[iner
banle tatens li le proii't réussis i.iil. Mais comme
^'avail pas une somme si considérable, el qu'il
ETOiilait pas l'empriinler,dausla crainte de faire
Ulrc qucl<|iies soupçons qui déviiibuent son des-
■J— - 7 -- — • I
Ycrtu que dv.s richesses : Aratus alla plus 1(
core ; 1 emportant sur ieurdésinlércsscmenl
générosité, il sacrifia volontairement son
une entreprise qui fentrainait seul dans
grand danger , mettant tous ses soins à ce
concitoyens ignorassent et sis démarche
Inenfait qu'il leur préparait. Comment ne
mirer un homme qui, tout entier à sa pair
pose ainsi ses jours sans aulregage ftour lu
que Tespoir.de faire une l>elle action !
Les préparatifs de Tenlreprise furent U
de plusieurs contre-temps fâcheux , dont i
aurait suffi pour tout déconcerter, si quelqui
dans de telles occasions, eût été capable d
hier la présence d'esprit d'Aratus. Il ord
toutes ses troupes de passer la nuit sous les
il prit ensuite avec lui quatre cents hommes
qui portaient avec eux de9 échelles, et le
<lroit à une des portes de la ville, dans Tcnc
laquelle était la citadelle, sur la cr^te d'un
escarpé. Ils escaladèrent les murailles sa
Crpmdant Acalui conlitiiiail sa marche. Ar-
•é au (lieil ilu rocher sur lequel la citadelle
jit bâtie , il l'excaUda h U t^tc des siens ; in.iit
p brouillard ûpais , (|ui s'ëlait lout i coup i-le-
& dé la mer au moment où il fianchisiait la
Ïarailltf, lui avail f^ît prendre iiu sf uticr pniir
ulrr, l'oiir plus ^rand embarras, les Iront-
Hirc» ennemies sonnaient l'alaimc de tous cdW-x.'
iturruseriieflt la lune iHasipa tout à coup lea nua-
|^«, el tu^fil tecannaîlre son chemin ; il U survit k
n iSie lie cent hcinnnfii de» pins résolus, et arriva
wfÎD avec. I]cau(aii|) de peine it l'utidroit qu'orj lit!
firail inilifjiic ; mais il y trouva la garnison prClc A
jlBrcirvo^i, Ausiil/^l 11 dépi^uha liigiuc nonr infoi"-
nerlfi liu<is Leriis hommes qu'il avail laissés der-
nirt lui du danger qui le tneiiu^jit, Ce» deriiîirs ,
miésau tijtsdu rocher, virent, sans t^tre aperçu»,
4rcl)«l3ti3.c<iTnmaiidatit des tvfiufles d'Aitligt>iir,
VOPter i la citadelle avec un d^lacliemcnt mcÉ
{{iiiûd^fablt , dans le dessein d'aller charger Ai'a-
Ittro ({ueue. Archelaiii ne fut pa« plulfit pas.M',
^CtSorianl comme d'mu' embiisindi- , iU loml^è-
mn sur ^a Irouj^e ri Ij mirent i'ii liiiic. Ceinn-
hta Krgiiie ariiTcel leur apprend qu'Aralusêiait
liix prises avec les ennemis , et avait le plus i;i-and
besoin de secourt. Ils ordonnent aussilû ta Lrgine
{(t lesctmduire vers leurs compagnons; guidés par
lui, ils gravissent le rocher. Leur jonciion s'éiant
Oj>érée avec Aralus , ils |irenncnt pusle s '
rm'lle, et sont bienirtt maîtr ' '
même temps Ii! reste de leu
Sycione. I.cs Coiinlliirns leu
Vecioie.elsejoifinent i C,
Qiers'les gciis d Anligonc.
Aralus, tpri-t avoir Lien as
;end)t de la cit-idellc pour .te
le porta une fonli: iiiMorobr;
lar la curiosifc du lu voir et
s delà citadelle; en
rs troupe^ arrive de
rouvrent leurs portes
ux pour faire prison-
nrè sa victoire, des-
ri.dreautliéairc,où
de l'enleiidrc
Quand
d'eux était le philosophe Persée, qui s» n
Cenchrées après avoir *été chassé de la cii^
Quclqu^un lui disait un jour, suivant la m
des stoïciens , qu^il n'y avait de vrai génén
le sage : « J*ai cru long-temps à ce principe^
» non , répondu Persée ; mais un jeune b<
»» de Sycione m'a prouvé le contraire. » Peut
comme T^bserv^ ^dicicusement M. Lévesqi
maxime conservai -elle toute sa force, et le
Aratus était-il eu e{[ei plus sage que le philo:
Persée.
Ce fut du jour de la délivrance de Corintli
commença la puissance des Achéens. Difïéi
villes du Péloponèse, Mégare , Trézène , Epi
et autres , secouèrent le ioug du roi de Macêd
et entrèrent dans k confédération. « On ava
dit un auteur moderne, les Lacédémonien
Athéniens, dans le temps de leur grandeur,
tirer les peuples à leur alliance que pour les <
ner ; les Achéens , an contraire , indif&rei
plaisir de b domin.ition, n'avaient d^autre bv
de faire nartacrer k leurs voisins le bonheur
A R ATT». a^
nil» dont ih abanJoDiKiio'ii b (InniinaiioTi. Ainni
chanue |our la lieue aclieennc voyait augiitcRlci'
KS furces par les menfaiis ()u'elie rcpandail auluur
dVUe,
Une gloire si pure fut parliculière À l'Achaïe,
ou p^iût elle fut celle iJe rborame cxirtordinaire
qui était l'Sme de la cnnfcdéralian. £n effet, la rr-
puutinn et le tredit d'Aratus étaient si grands
lurmi les Achécni, ()ue comme il était défendu
flT U loi d'élire le m^inc liomme préteur plusieurs
^uées de suite, do IVIi^iail au itioios de deux an-
nées l'une, et i]ue de fait, par ses conseils, il com-
uundait toujours sans aucune discoiitinuatîon. Va
Yoyail clairement que ni les richesses, ni la gloire,
Bi l'aniiiié des rois', ni rinlérét pailicidier de Sy-
âùae titéme, sa paiiie, rien cniln uc lui était |)l^s
Dhcrgue l'avaiAgc ei raccioissenienl de b ligue
uliéenne.
Aratus , voyant avec prine les Argiens soumis
>ujou^ du tyran Arislomatlius , eniieprit de lej
fn délivrer, ei se fil vu point d'honneur de
rendre à celle ville !;i libcrir, rorame le prix de
IfJucation qu"ilv;ivail rn;iie, i.t fii iii(''mc Icmus
il'^juuier une ville si pui^sjuio a hi ligue dus
Acliëens. Son entreprise ne niussii pas alors,
- 'Aristomachus ayant été lue par ses piopins
d*inesli[|ues, Aris'ippe, encoie plus dëlCslùljle
tyran oue le premier, sc^saisit de l'auloiile,
[ El, malgré le» efforis d'Aralus, il eut l'adreise
' de s'y maintenir du ciu'^riileiiient même des
Argiens. Mais , regardant Aralus comme vn
ennemi nwrti'l pendant la vie duquel la sienne
serait toujours en danger, il résolut de le faire as-
sassiner de concert avec le roi de Macédoine An-
t gone Doson. D^jà étaient réinudus avec profu-
sion des gens qui épiaient l'occasion d'exécuter ce
complot : mais il n est pas pour un chef de garde
plus sfi.e <]uc l'a^ciion ferme et sincère de
25 i A RAT us*
cpux qii^il commaiulo ; quand le peii[>lr* et \^^
gruiuls, ilit IHularqiu*, sont accoulmnr^ à lu*.
p îS (Ta lulie lonr cluT, mais à craiiulro pour lui,
tiMilt's les oreilles, tons les yi*ux soiïl ouverts j
pour veiller à sa sûreté. Arûtiis Ti-prouva bien î
dans cille occasion. :
Après plusieurs tentatives infructueuses pour
délivrer Argos de Toppression , cet iiiLii.'^able
ennemi des tyrans parvint à remporter- une vic-
toire; éclatante sur Aristippe , qui perdit la vie
d;»iis II' combat. îlais Aratus ne put cn'.:ore renilic
les Anciens à lalibeité; de nouveaux opj)re-Si iii>,
Allias et le jeune Arislomaclius, se jettMent dy.iH •
Artiios a\ec les trou|>es du rui, et s'emparcrciitùe
Tanioriié.
Aratus augmenta sa renommée par les avan-
tages qu'il remporta sur les Ëtoliens. Ils avaient
pour alliés les Lacédémoniens, conduÎ!s parAgi^t
ji'uue roi, célèbre par son enthousiasme pour les
vieilles institutions de son pa^s, et qui mourut inu-
tilement pour elles. Aratus, par amour pourlebicti
de Télat , ne craignit j).is d'encourir pour (!Ucl'|UC
temps le reproche de lâcheté : au lieu d'attaquer
les ennemis et de les troiibler dans leur marctic ,
il parut craindre de se mesurer avec eux, et les
l.iissa franchir tranquillement la montagne de
Géraivie ; il ne les inquiéta mâme pas quand iU
attaquèrent Pallène, dont ils' se rendirent maîtres;
mais ce succès qu'il k'ur abandonnait devait Hrt
1(! dernier. Dès qu'il crut leur avo r inspiré asscx
de confiance par sa politique inertie, il les étonna
>ar \me attaque imprévue, et fit succéder en eux
a terreur à l'imprudente témérité ; comme ils se
défendirent en désoidre, il remporta .sur eux une
victoire complette. Cette action, lui fit beaucoup
d'honneur, et changea en applandissemcns et eu
éloges les reproches injurieux qu'on lui avait faits
et f|u'il avait souffcits patiemment ,
I
Wb a,ttis. «55
Toiilcs les vues J'Aralos , loiiles ses enlre-
nrises tcndaîenl â chnssnr tp.a Macédoniens Aa '
Vëajtanèst'., a abolir la lyrannie et à rétablir les
vities dans leur ancienne likcrlé rt dans l'usage
de leurs luis , pt ce fui par ce molif que lant que
Tfcul Atiligoiic Gonailias il .<e munrra conslam-
mcnl remiemi de ce prlni:e et des Macédoniens ,
pour lusqiieli il avait le dér^ut d'affecter trop Je
nicpris. Il gaula la même conduire sous le second
DemeliiuB, qni arait remplacé ATili|onc Gonallias
ïur le Irône du Blacéiloine. H voulut enlever
Alhèneit à ce prince, cl fut défait près de Phj-
lasic, par un lieutenant de Uemetnus; le bruit
se répandit même qu'il avait été Iné , et les AtUé-
aiens, toujours ISr.hes adorateurs de celui qui les
tenait sous le joug, se ceignirent la têie de cou-
Tonnes pour compLirc au roi de Macédoine. Muii
W prince clanl motl nco de temps après , ils s'crn-
[iressèreiil d'appeler Aiatus h leur diilivrancc. Ara-
lus, quoique les Acliéeiis eussent cette ann^e-li «n
ïutr« prélpur nue lui , cl qu'une maladie cra\e
l'ob^Ai h r^.uU-r i..' lll»sc (il porter en lilim- k
\A,kv..s. Il ■^.ivlr li-^ Athéniens comm.- s'il eùi
ignoré l'insutie qu'ib lui avalent faite , leur fit
rendre le l'ircp , Munichie , Salaminc et Snnium ,
pour cent cinquante lalens (_ quatre cent cin'iuaiile
mille francs), et lui-même p.iya pour eux de ses
propres deniers le tiers de celle somme.
Aratus nvait loujours à cœur la délivrance
d'Argos ; il fil proposer à Aristomachus de re-
mettre cctir ville en liberté , de l'associer à is
ligue acbeenne, cl de préférer l'eslime et Isror;-
sidéralion d'une nation puissante à la tyrannie
d'une seflle ville , qui le rendait l'objet de la baii i;
générale, et l'exposait à un danger 4:unliiini'l.
Arislomarhus prêta Voreille à co conseil, et de-
manda ï Aiaïus de lui envoyer cinquanle lalcni
(ceni --''iquanii; mille francs), iiu'il devait à ses
254 ARATU#
troupes. Aratus 1rs lui fit passer, et Aristomachut
paya SOS troupes JrsUceiiclaf et abdiqua la tyrannie.
Ce fut aînsi que la ligue achéenne acquit Argos
et riiliasium ; déjà elle était renforcée de Tac-^
rcsffion des Égtnètcs el d^une partie de TAr-
cadie.
Mais il s^élevait contr'elle un dangereux en-
nemi ; estait Cléomène , roi de Lacédémone ,
jeune prince plein de valeur, qui méditait une
grande révolution dans son pays, el croyAÎI ne
pouvoir l'amener que par une guerre, parce que
fa guerre augmenterait nécessan*ement son crédit
s'il y remportait de grands avantages. Sousprclexle
de protéger contre les Achéens ceux des Arca« '
diens qui n'étalent pas encore entrés dans leur coo-
f ïilération, il se mil en campagne à la tête d^une
a iné(* peu nombreuse, mais pleine de confiance
et d 'ardf'ijr. Les Arliéens a\ai(!nt à lui opposer
vingt mille hommes de pied et mille chevaux.
Cléomène les rencontra près de Pallanlium, ville
d ' Arra(lif*,et leur présenta la bataille. Arist(»machiia,
qui étiit alors préleur ,j|^'était nas d'avis de re-
luier la bataille qu'of^ait le Spartiate. Aratus
Ï parvint à le faire changer de sentiment; il ne vou-
ait pas exposer les forces de la ligue dans une ac-
tion décisive avec l'impétuosité aun général ami
divs lias.'irds. Il avait peut -elre sauvé un grand dé-
saslri; à &a pallie; il n'en fut pas moins appelé en
jugcnienl. Ses accusateurs prétendaient qu il avait
Îirivé les Achéens d'une victoire que leur assurait
a supériorité du nombre; mais Tcstime des ri-
toyens rendit vaine Taccusalion y el il fut êla
préteur Tannée suivante, pour la douzième fois.
Pendant celte préture il fat défait ^r Cléo-
mène nr.^s du mont Lycée t et l'on crut encore
celle fois qu'il avait été tué; les ennemie eux-
milnies étaient dans celte croyance ; maïs il devait
Bkctire à profil leur erreur. Après sa défaite, au
AU ATtfS. 355
le songer Ji sa sûreté , il se jeta sur Mantiiioe,
alliée des LacedémonJens , s'en empan
arprise, «t acquit seul ati» Actiéenj vaincus
Tils auraient eu bien de la peineâ ubtciiîrpar
ncloirc.
davantage fut conlrelialanré peu de Irmps
par la perle d'une autre bataille, dans la-
e un grand nombre d'Acliéens furent tué»
leur général Lyslade. Aprèi celte virloire
mc^e ravagea Te icrrilolre de MégaInpolJx ,
h un butin considérable. Les Achéens ren-
t Aratus presque seul responsable de leur
te, para|fcu'il avait paru abandonner Lysiidc.
con^ei^étant assemblé, on décréta qu'on
lirniraltplasd'argenlà Aralus, et que s'il vou-
conllnuer la guerre il la ferait a ses dé-.
Aratus, alTecté d'un pareil affront j vriu-
i'abord se démettre de la prëturc ; maïs
quelques réflexions il supporta c« chagrin ,
tnt ensuite mené les Achccns à Orchomène ,
abatlit contre Mégislonns, beau-père 4{ C.lèo-
!, remporta la victoire, lui tua trnù ccnlB
mes, el le fit lui- m^me prisonnier. C'csiainii
par une cnlreiiriie audacirusc il sut ré-
' une faute commise par excès de circons-
s premiers avantages de Cléomène ne de-
it être que le prélude d'un encbatnement de
s nouveaux. Il repnt Mantinée , enleva Pal-
et d'autres places , reçut les soumissions des
liens, et mit garnisoaJ||ans leur ville. Les
en) craignaient d'éprouver chaque jour des
dons nouvelles ; l'esprit de révolution se re-
lit partout 1 et Cléomène avait des partisans
ione et à Corinihe. Aratus, muni de pleins
oirs, va punir les Sycionièns qui sont con-
ni de s'Plre laissés corrompre. Il vole enauifi;
'iiirbe pour y ]-<:tïblir le bon ordre, cl la plus
ne lui parut pas unclédonimagemcnt du
lui avaient fait en laissant ëchappe^Âra
« Jusque là , dit M. Lévesque,^^i i
» ble avoir le mieux apprécié la politique
» jusque là c'était surtout par la protc
>» rois d'Egypte qnr TAchaïe s'était i
» mais ces rois crurent que leurs inléréli
« plus les mômes quand (iléomènc lei
M près de rendre à Lacédémone son
» prépondérance. Les souverains d'Rgj
» Syne, qui n'avaient défendu que pour
» pre avantage la ligue achéenne, n'av;
» d'intérêt à la* protéger contre les S
» peu leur impdrtait.cn effet que ce i
» ou TAchaïe qui mît une barrière aux e
» des rois de Macédoine , et ils auraient
» donner la préférence aux Lacédémonî*
» oii s^exagérait la fone actuelle par le
» qui s était conserve de leur anciei
'> sance. jjg.
» Si donc AraW changea tout h cou
.- »'_..^ _vi _i-i 1- J-. _.
• AtiATirs. 257
■'/lit eu celui Jp fatrp des rrogrtï , el peul-êlre
KcIVcomplir SCS ilpsseins. Cei'eiiilanl Awriis n'a
pu écli3p|)er aux reproches difs aacîciisi mais
s'élâit-il pas plus glijrieux pour la ligue qu'il
j^uvecnail d^avoir pour uilié ou même pour
[yfotecleur ïf. vprliieux Aniigone Dosoa , que
e risquer de lomLier sous le joug de Cléo-
b«t vrai que le roi di'^ Spane, après avoir rem-
' vsi gnadj avantages sur les Achéens , af-
..B ne demander autre chose que te coin-
pgent de la tiguej mais Arams, ^uicoanais-
laraO^re impérieux et l'ambilion dénie-
Cléomène, ii^ fut p.isdu|ie de celle appa-
idérJlion.lisavjif que te priucc, en corn-
[ 1 Acfiaïe , la rendrait siijcHe de Lacédd-
;t que les innféilpiés Ironveraieiu en lui
Te dur , ami des levuluiions , qui venait
rejiversiT dans son pays, et qui voudrait
r de même loule b li^ue.D'un autre calé,
e loyal du roi de, lU^cédctne et l'inlérêt
Mil royaume élaient pour Aralus de sârs
Erans de la siTitéiiic Je ses di'posîtions eu fa-
■ des Ati.énis ; asseï voisin de TAcli^ïe
r la seCiJUfir à proj'o?, il eci eliit trop éloi-
i pour la mainlenir dans l'asservissenuMit.
(Voilà, n'en dourons pa^, les considérations
i diHo^reiil la con.iuile d' Aralus, etiionU
Nisiedont on l'accuse d'aviur été animé contre
iotnkat
I grant
^sentiment si bas; d ailleurs auraîl-il oublié
ireette seule conjimctun-, la plus imporlante de
■jWifiplitKjue, la règlequ'il suivit rnnstammcni,
""«roir d'autres nffcniuns que celli's nue corn-
Ut noiérèl publie i"
ius, quelque jugement que l'on porte
^'ja conduite d'Aialus, il laut au inoiu'i lai
e l. ■ az
Néannioiiii il ne voulut pai appeler ou*
le roi de Macéiloine à son secours , ni
ce [)3t'tJ (le lui-même , parce que si Ij néj
veiiaiL à mal réussir, loule h haine en t
sur lui, et nue d'ailleurs c'clatt anna
Achéeiis qu'il drsespérait absolument
«flaires., puis(|u'il leur pro{>osait d'avoir i
leur ennemi déclaré. It eut donc , en ha
tique , l'art de conduire touic l'afTaire
rai'tre y prendre pari. Il s'assura par des.
directes des dispositions du roi Antigoi
l'amener à oflrir en qiietaue soite sno
aux Achéeus. Le conseil de la ligue, assem
délibérer sur celje proposiiinn , était i
l'accepter ; mais Araïus , silr do la honni
d'Antigone , représcnla que rien n'oblij
core de se presser , et qu il était de L'hoi
la république de fjïre des efTorls pour se
par elle -même , et de ne réclamer les it
roi que lorsqu'ils seraient devco^s néi
Celle nécessité se déclara liientâK La pei
5;
et de 4Jorinlhe
r^
ABATUS. ' sSff
%uUïfnt pa.t qo'il »pnsat àfi jciuri «ipré-
kn p3«>ni an traver* des erincTnii. Lci
• et lui enriiiï l'environnait- ni , l'apprlaimt
•re et leur «auvpur. rt le trnaienl ctroilu
tmbraMé en lonilunt en larnnn. Araïui lei
'-, ri snrfci Ici avoir coninlt^i it te reiulll 4
»ur le bord de U m<^r, avec qni^rjuei amis
(ili,'-^ui entrait alors dam Tadolcscenre,
Bbar()uirent de U pour Egium , où-se (e-
Wcn'taqti'iUlailieinpsd'apjielpr Antîgone;
l|;»f;eait k lui rrmellre la ntadcllc de Ca-
on lui donnait àa Aiagri; Aratusm^mc
h>va toit Gli. Le roi de Macédoine, laiu
de l»Tiip», j'avani^j A {jrande» }->urD^o« ,
ieiianl*(in(ît millo liomiiifi de pied, tOM«
toirns , el qualoiEc cenls liomini-» de cava-
(rsliia, auivi dei principaux ofriciors de In
Iralioii , alU par mer au-devafit d'AnU-
f îniu des ennemis.
hvse , instruit de l'arrivée d'Ara' ua , tV
nntui, ''I lui reodll toiH Im Itnnneurs
■ hailti^ Té()Ulalion; mai» lnrsi[iie iljtis la
eut rcronnii sn probile et son grand jenj,
■ecorda une confiance sans burnc». U est
'Arâlus joignait i sa grande capacité pour
lires des formes aimiblcs (jui charmèrent
■uisi Antifjonu n'eut pas plulAt connu la
de son rarjctère et toutes les auTcs aua-
i le rendaient »\ propre à ^trc l'ami d'un
I qu'il le préféra , non seulement k tntij le«
Il , maismi^me aux Macédoniens rju'il avait
de lui , cl 1 employa constamment dans
les affaires.
ivée de ce prince dans le Péloponèse devait
JQ terme i la fort mit de (^licirn^ne. Cen'v^t
, savant dans l'art de li ni"'''") '* '"«i 'k
ieconlrcbalant;aipor(jiiclfpi"-''aranl»j'-s.te*
1
26o A a A T u s.
succès (l'Anligone et des Achéens; maïs comme 3
n'ovait pas les mt^mcs ressources que ses rnnemM,
il fiult par perdre succossivtîmeiit toutes les places
qu'il avait conquises dans le Pélononrse , et vit
les autres se détacher de son alUanre; enfin,
olili^'é de romniettie à Sclasie toute sa fortune :
au lijs'rd d'une seule action, il fui défait, et réduit .
à chercher un a.^ile en Egypte, où il termina ses ..
jours. ?*ious n'entrerons pas dans le détail de tous .
ces événement, auxquels Aratus prit une part .
glorieuse , ainsi que le jeune Philopopmen, qui
annonçait déjà ce qu'il serait un jour.
Au milieu de ses succès Antigone se montra
constamment humain et généreux envers les peu- -r
pies vaincus. Après la fuite de Cléomèue il s'était .
emparé de Sparte ; mais au lieu de (^truirc cettt
ville et d'en asservir les hahitans , il la traita moins -
en vaintpjewr (ju'en ami. Les Achéens n'eurent j
point à se repentir d'avoir recherché la protection \
de ce prince : « Il étahllt , il est vrai, dit M. Le- ;.
iy ves(juc, des garnisons à Corinthe el-À Orcho- j-
w ini'.ne , et c'était des entraves qu'il mettait au :.
» Peloponèsc ; mais si la llherté des Achéens pot .j^
M en souffrir, ils n'eurent pas le droit d'accustf ;
» Anligcme , parce que cette mesure était or- :
w donnée par la ligueur <\cs circonstaoccs. Plai-
» gnons cependant la ligue achéenne d'avoir été
» rt>duit(? à re(^aider comme seul garant de son
>» repos Tcstimc (ju'Antigone avait conçue pour
V Aratus ; plaignons- la de ce que sa (ranquillilé
i» n'était établie que sur les vertus de ce prihcCf
M car un étal est bien malheureux quand ses des-
ii tins sont ai faciles à la conservation d'un pro-
» tecl< îir. Aiiilgone Doson mouiut trop tôt pour
» la Macédoine, pour l'Achaïc , pour la /jrèce .
* cnlière. • \
Depuis que Cléomèneav»it perdu son royaume »
et qu' Antigone, par la victoire qu'il remporta à
^^" A R \ T 11 s. abi
> avait en qudcfuc sorlp parifîë la Grèce,
9t»les do Péit'ponjyse , lai dis preraiÉrea
», et peisuadéî que l'élat ptési'nt des afr
JurcTaii toujours, avaîcnl cnHèremeiit oé-
es amies et le métier Je Ja Ruerre. Les
|s songèrent àjrofiter de cette indolence;
pouvaieut soufirir l# paix , parire qu'ils
accoiiiumcs à vivre de rapines. Cependant
Ue Us relinl tant que vcrut Anl!gon&; rnaû
la mort iU méprisèrent la jeunesse de Phî-
)on successeur, etilrèrcnt à main armée daii3
ipouirsê, et ravagèrent les terres de la Mcs~
Aralus fut indigné de ces violences. Il
;ut ({ueTînnoiènc, qui étuït alors préteur des
as, cherchait à gagner du teinp«, parce
^n année allait ex[iirer. Comme* il était
é pour loi succéder l'année suivante, il
, dq cinq jours son eênéralai pour Voler au
I des Mesi«uîens ; il as.îemhla sur>le-chnmp
mpes de la lieue, et éprouva une déraiie
bteprés de Ca|>n>e». La vigueur des Aciiéena
.gflatblie dans le repos et l'inaction pen-
ue les Macédoniens combatiaîenl pour leut
•ccusa Aralîis d'être Tauleur de ce dL',<aj.lrc.
a de jirouver que ce n'était point par sa faulu
bataille avait été perdue ; du reste it ajoola
l avait mjnqué en quelque chnse au devoir de
ipitaine, il en demandait pardon, et priait
le traitât avec mains de rigueur que d'indul-
, en considération de ses services passés.
mode'lio fil une imji'essioi) favorable sur
'assi'mhiée ; toute sa colère. «e tourna contre
usatdiis d Avalus , qui ne retirèrent d'aulre
olcr les seniiflieiis d'estime que le peuple
>our ce grand liuinme. Oq ni; se servit en-
|ue de SCS conseils, ift il fufgpçniis à l^léte
\
amiiie ei sa connaoce pour i\raîU5 jcngagi
ce monarque à leur fournir de prompts et
secours. Ils savaient qu^Antîgone en zn>
avait recommandé sur toutes choses à Philr
former une intime liaison avec Aratus ,
suivre ses conseils dans tout ce qui avait r
à la Grèce , et ils n'avaient pas oublié qu'il
j aussi envoyé pendant sa première jeunesse <
(ji * Pëloponèse , pour y apprendre Fart de gou
sous ce grand politique.
Philippe s^empressa de venir au secou
Achéens , et servit bien d'abord la ligue ]
avantages signalés qu'il remporta sur les Ëlo
et par les places importantes qu'il leur c
Docile aux avis d^Antigone , il comblait J
des témoignages multipliés d^tin respect vra
filial, et le consultait«ur toutes choses ;*m.
courtisans, qui avaient intérêt d'écarter on ht
d'une probité aussi reconnue qn' Aratus ,
s'emparer seuls de l'esprit du jeune prince ,
chcrent à le lui rendre suspect Philippe
,1^ l'oreille aux calomnies dirigées contre ce ,
' -" ^n
AKATV s. afiS
prùes. PhiTippR, de son c6\é, rrconntil btenOt
»pti» qu'on 1 avilit tronifK^ ; 41 sentit alors le tort
qu'il «viil eu puveri AfJtus , el te liâta de le ré-
parer en puaisianl sévèrement ses calnmnialenii : (
" Unique moyen , obierve le vurtueuit KoIHn ,
d'éc3f1er pour toujours il'aupiJ^ des piinuc* U
calonime, que l'imputlilé el i]uplquc(oi^ ta rùrom-
penH! eu baril issnit et armenl contre les plus ge ti«
iif. bien. » \)i:i ce momciil lit roi rendit k Araiiit
Innlfl M confiance; aussi %ii-il prcap^rer ses aJ-
(nres, et s'accioitre tous les jours sa puissance et
U lOpuUtion. Il ne voulut donc plus rien fair»
'ipu uar It^s avis de ce sage il lidi-le conseiller ^ ^
^pi il dut loule la gloire des pii-miÈres années tlo
"ton règne. Aralus niontrj dans cet'e occasion
^^'il était cofuble de conduiie non semlemenl un
IMveruentent populaire, mai* encore nue mo-
JUTcliie , el , selon l'cxpretsioii (énergique de Plu-
'tir.jue , il rmpirignit (le sa Sdges^e et de la droi-
hire d« ses vues toutes 1rs actions de ce jeuno
jbrifKe; aussi lès succès qu'obtint Philippe, e( 1«9
Vrttis qu'il dé|ilo)-a pendant I--* premières ann^M
de son rèene , ni: Crciil {iii:> nmtiH d'honneur h
Aratus qn au jeune roi qui s'était clioisi pour
ami un conseiller si écLiiré.
Mais bientcll Pliilippe, enivré d'une ffloire trop
lAt et trop facilement acquise, n'écoula plus que
ks Baltenrs, dédaif^na tes avis sages, et ne montra
Wlas <fue de rélolgnemcnt pour ceux qui JHsqu'a-
|on lui en avaient donnés. La première marque
Wil manifes'a de son chaugeinei:! fnneste fiit
Je Ir^bir les intért^ts de la ligii^ÉBliéen ne , et do
ncllre tout en usage pour la réWlTre sons ses lois.
11 brava d'abt.rJ onverlcmcnl les Afhéens en
l'sUîaat avec les pcifides el barbares Eiolient ,
Ifurs pins cruels ennemis ; il ne s'occupa plus par
la suite que de semer le Inuiblc et la division dans
ItHites les villes de U coo&dératton. La dissension
('rivi'niiiK'n'ni la fiui'iii' îles ilciix |iarlis :
(ïi^trals rir.'L.I saisir 1.... ..ral.-urs .l.i pp.
iit.illit.ul.r , so.ilev.v , luav^acra l.'s ii.;.j;l.
.'.ivir..,, ,l,.,iv .,-n's .i.-s ,.|..s .■oiisi.l.-...l.l
ïillc. (^Vlait là jni'i isrinoiil ce in'C l'hlll|i|
(]uil , I>iiMi ('.i>nvairic>i <|iit.' si l'un iltM p.ii
d<'lr::it, il lit; l.ir>1ci.iil i>.is loutre il ip:
mur r.> <i.' riKiiic. Aialiis , <|iii s't-rail .1.- :
n-n.iu i. 3I.-ss;'uo pour .-alii.cr t.'s iruiil.lo
|>n]:.]'lio tout son tnécoiilontcinctil , cl ii
|';i> .silcnci- à son fils, i|ui iii- intl-sViiin!*
iii'in- au riii k's plus sati^biis r<-pi'Oili<
l*liiii]ipo , (jui, ilaiiA (le paii'ilU-s o<:r.i>iiin'
|ȉil'.iir('ii)i'nl se ru[iir..in.irc, cu-nria s.fh
linifiil , cl , pn'iiaiil Ar.iliis K- |.(':t> [.ar 1.
il lui doniiiida sM vuuVj y.-iur a*.H..i
t,;i-!.M- ,yh\:ùuw, m'i iS avaii .j.-..v'i» .l'.i
*;u rili, f. ilflH- fi.i l.i;csM- (!<iiil:ii.-.;i la <li!.^
sô'ic l'i ci>mTiiaii(l<iit la plus çraiiih- p.
l'clopniic.ic , (oiiimc U cilailciii' Ot! Ci
iloiil il l'iiil delà cil possession, (.iinini.-
A B A T ïl s. 365
faient qu'sjaiit en son pouvoir nne place il sVn
tfSiaUiraît, ou Iiîcn s'il la garderait. Aratus ne ré'
Vndit rien; mais iJémétrius île Phare, prince illy-
tn qui accompagnait le roi, prit la parole et fît
à plaisantant celle réponse si cligne d'an couiti-
fc ï f Si vous ^ips dei-in, retire/. vous tranquille-
Eent ; mais si vous ^les roi , ne laisser p.is échap-
T une si belle DCC4.sion, el tenez le bœuf pip
1 lieux cornes; » faisant allusion à Ilh^me el à
Iftnti-Ccwinthe, qu'on appelait /n deux cornes lia
Vofiofièse. Cependant l'hilippe pressa Ar^lus da
■ fair» part de son senlimenl : •* Seigiii>tir , lui dit
fce grand homme, la Crète, la Phncide et l'A-
Icarnanie possèdent un grand nombre de furie—
tresses ; vous n'en avez pris aucune de vive force,'
IH cependant tous ces pays se iôul une lui dVtre
Mouinis k vos ordres. C'est aux brigands k se
l^enfemier dans des rochers, à s*entourer de
wr^cipices; mjiîs un roi n'a pas de forteresses
kla» rires que la confiance et l'amour de se*
■■{eu : cVsi là ce qui vous a ouvert la mer de
«CrÉie; c'esr œ qui vous a introduit dans le Pé-
loponèse; c'csl enfin par là ([ul- malgré votre
jeunesse lant de pi'up^es s'empressent de vous
reconnaîire comme leur chef et leur maîlre.
Voudriez vous, en retenant Ilhôme, perdre en
noniomenidesidouii avantages!' « Ces représen-
riions firent rentrer Philippe en lui-même ; il sui-
it cet avis généreux ; mais il ne le pardonna p^s
Aralus: celui ci ne tarda pas à s'en apercevoir;
quilt^ h cour pour se retirer à Sycione.
Philippe, après avoir reçu de lapart desUnmainj
D faonleuK échec ik-vant ApoUonie , reprit le chc-
lin du Pélopo»è-e, pour tenter de nouveau d'as-
ijeltir les Messénicns. Mais, voyant que sca ruses
UienI découvertes, il eut recours à la '"'
ivagca loul le pays. Aralus, indigné d'une injus-
ce si criante , s'en pbienit hautement et crut de-
7'omel. 33 '
le faire mourir par f|iiel(|uc voie secrète,
obéit , quoique avec répugnance. Il se
miric avec Aratus, rinviia plusieurs fois à
cli(?z lui, et dans l'un de ces repas il lui d<
poison ieiil.
Ar^tus, sentant les ai teintes d'un mal qu
snmait peu à pou, en reconnut bientôt h
mais r.oinnic ses plaintes n'auraient produit
eflt^t que d exciter de nouveaux troubles p
Arhéens, il souffrit patiemment. Un )ou
tnetit, ayant craché du aang devant un di
4li*ics «mis qui lui en témoignait sa surpris
répondit : » VoiU, mon cher Céphalîon,
o> de l-aniiiié des rois. » Araiûs mourut
tniips apt:f».s, dans la cinquantri-septicmi
de son âge^ et daps Texercice desa dÎK c
prëtui^t.
t^ I L O P OL M E !f . :^-J
PHILOPOEMEN,
IT LE DERKIER DES GHECS.
JrHH,oPŒMEN n3([iiil 3 Mégalopolis, viile de
J'Arcadie, dans le Péloponèse , l'in a.îS enfriroa
avant J.-C. Vn ami de Crausis son père, Ca*-
(Uadre de Manrinée, en reconnoUsame de la ^é-
e:use hospitalité et des services signjlés qu'il en
t reçus, se chargea de donner au Jeune Phi-
einen rëdticalion la plus nohie et la plus li-
%inle ; il se conslilwa son gouverneur, et fut
ÉMwrfai, sHon l'expression de IHularque, ceqne
iPluénîx ■«•ait ^té pnur Achille.
Philopnemeii ircut des leçons de philosophie
•d'Ectlemus i^t dt; Uémophanes , tous (Jeux (ii;
Jlégalopdiis , et disciples d'Arre^iilas, académi-
■cien , qui , plus que lout aiHre philtisoplie de sou
temps, avait appliquii la dorlrine à la p^lilirpit.
Ecdemus et Dértnipliaiies av;iieiil en mainte m ca-
tion bien mérité de la patrie': niais ils comptaient
au nombre de leurs plus belles ai:lions l'éduca-
^n de l'hilopœmcn , qu'ils avaient liisposé par
leurs leçons à faire le bnn!iE)ur et la gloire de
h Grèce sur son déclin, lin eftl riillopcemen fut
^pelé le dernier des Orecs , rnHime Brulus, dans
la ïutte , le demier dfs Homainf,
Il avait pri.^ Epaminondas pour modèle , et
personne n imita mieux que lui la prudence, l'ac-
tïvilé , le dcsintéressemeut et la magnanimité de
•e graod homnie; plus propre aux exploits gner-
33»
268 PHTLOPCEBIBN.
riers qu'aux ménagemeos de la polidc
livrait sans ces$e aux exercices militau
peu ilc progrès dans, les arts d'agrén
chez les Grecs faisaient essentiellement
Téducalion de tout homme bien né. Un
livré à Tétude de la guerre , il n'étudiai
ouvr;iges des philosophes et ne cherchai
poëmes d'Homère que les endroits ca
fortifier sa valeur et d'enflammer son c*
lisait surtout les tacticiens ; mais, persua
paroles doivent avoir loueurs pour bi
iions , et qu'il ne faut pas lire seulem
s'amuser et se remplir la tête d'un babi
il ne s'attachait guère dans ces auteui
descriptions topographiques , nu'il alla
sur les lieux mùines, et faisait d ailleurs
tcntion à leurs préceptes sur les ordres de
Eli voyage ou dans se$ piomenades il
la situation du terrain y et méditait sur \
dont on pourrait disposer des troupes si
ji combattre dans une position semblabl
Lorsqu'il fut sorti des inains de ses i
de ses gouverneurs il prit part aux i
que les Mégalopolitains faisaient dans la
et dans toutes ses courses il prit l'habiti
toujours le premier è^ marcher et le dei*.
venir.
Ce qu'il gagnait à la guerre il le dép
chevaux et en armes , ou remployait à
ffs concitoyens prisonniers. Comme
Censeur chez les Uomains, il ne négl
d'augmenter sa fortune par t'agricultu
regardait comme le paoyen le ^ plus bon
s'enrichir ; aussi employait- il aux (ravai
,pétres et à^ la chasse lé temps qu'il ne c
pas i l'étude ou à Texerciçe dç ù guerr
affaires publiques.
fhjlopœmea était M^ ^9 tjre(ilièg
PHILOPOEMEN. 26g
S raque Cléfimène, roi de Lscéilémonc, surprît
égslopolts pendant la nuir. Comme les habilans
lient sans crainie, rc prince eniri dans la ville
Es éprouver la moinrlre réfijtance; mais la plus
nde partie des Mégalopoljiains sortit en même '
ips p3r une aulre porte avec leurs effels , tftndii
fae quelques autres, s'étani anni's i la hSle et
»ant à leur li'le Phîlopœmen , opp(naienl aux
marlîates une vigoureuse résisiance. Si, malgré
(orsefTorls, ces généreux déferseoTs ne pnrent
KDver la place , ils prolég^rent du moins la Tiile
fe tous leurs ronutoyens , qui se retirèrent h
lessène.
|Cléoniène leur fil proposrr de revenir , lanj
^re condition tpie de se recnnnatire pniir s^%
mes. Ils sllaieiit peul-ftre se laisser séduire par v
Bte proposilioo ; mnis Philopcr^en leur fil sertltr
RtiWn elle était insidieuse, en leur disant que
uoi de Spirte, qui n'avait pas hesoin d'acrtuérir
h'Iîeu désert, se monli'ail généreitx pour avoir i
■ fois et la ville et les hommes. Ci-s représenla-
ioin frappèrent si vivement les Hiélapipolitains ,
qu'ils aimèrent mievix voir leur cilé ili^truite par
1! vainqueur , que de manquer a la fidélité qu'ils
Taïent jurée h leurs alliés.
Quelque temps après Aniigone Doïon, roi de
Barédome, protecteur de la ligue des Achéens,
Jant amené Ctéomène à lui liiTer bataille ,
nprè» de Séljsie , ville de la Lacr.nie , Phi-
Opoemen se signala par un Irait d''audare et
riiabilelé qui attira sur lui tous les regard'. 11
crvait en qualité de simple volontaire dans
a cavalerie du roi de Illacédoîne , avec quel-
pies-uns de ses concitoyens. Antienne avait dé-
acbé un corps d'Illyriens contre Euclidas , frère
le Cléomcne , qui était avantageusement posté
.nr le mont Eva ; mais daii^ le temps qu'ils l'ef-
orçaient de gravir les hauteurs, quelques batail-
et la met en fuite.
Ce fut, i\v Tavcu môme d'Antîgone, r
Tiwuvre qui Jécicîa tle la vicloire. Ce pri
m«nnda après la balaillc quel olail Toffi
avait de Son propre mouvement commai
cavalerie de charger la troupe légère des c
\ L^fTicier à qui s adressait cette question
m disant que c/ëtait un jeune homme de
polis qui avait agi ainsi malgré ses ordre
» jeune homme ^ répond le roi , s'est co
'^ ** grand capitaine , et vous , qui êtes s<
» vous vous êtes comporté en jeurte h on
Antigone , touché d^un mérite si rcb
alors les offres lesrplus avantageuses àiPhil
|>our rattacher à son service ; mais celui-
trop sa patrie pour accepter ; d'aïHeurs i
I naissait trop de fierté et de roideur dans
tère pour consentir à vivre en courtis.
] comme il ne voulait pas rester sans er
r passa dans Tile de Crète , qui était alors
i,,-» à une guerre intestine. Ce fut \h qu'il s
PTHLOPCKMBÎC. a-t
Ikéfs âe U réj>ul)lit|u« , ih nrofitairnl An la tiipé-
iirHlf- (jup leur donnaient leur nai.snaiicr el leur
prlnne pour s'abnndontwr à la miillfs<e el mé-
tonnatlre loule disrlplinc ; aussi inspiiaienl - ih
Us (le crainle aux citoyens cl même aux magif
KïhifopoEmf n , loin An se rendre cnmplîce Je
n altus en le) ]»i<isant f^uh^isier , mît totis ses
M»» à les exllrper. Il s'ai^issait d'atiord de réunir
iue milice, ilispcrs^e tt^iv» l«s -différ^Dies villes
B la confedéralioa achéennr ; il Ips parcourut
URtes, exliOTUnt GD particulier tou^ Itio i«un»ii
l«» rappelinl les tins à Iciir devoir aii iiPin da
ooncur, osaiii mémo fh.ltier sév^femenl rrux
il se IDOntraicnl iiidrK'ilr-j -, snuvi-nt il bt t>^F^'
t à ta mancewrre , el leur faisait livrer des com-
• •miibIps tn préseai:e ilt ifiiahreuv «prnaieurs.
S ce n»y#n il ke» rendii Iwnlôl robll^te^ ,
UÙtAf coLK'.tgeuet , et ei\ mJme temps si léeer*
rii prBin[its, qii'i4s nncutaifliH lu évolutions
i«l3reiav«c tant' d'ngitvté e^ de nrérision qu'on
Al «lit q.ue Iniile ri'lt<! cav.ilerlc n élnil (juiin 'fiil
t même corps qui suivait un mouvetneiil lil>ic et
loIoDiaire.
Philopœnner fut réromppns'^ de ses soirM par
t TÎCtoire ([u'I! ïnt la filolrc de remporlpr a la li'le
te c^e cavalerie, Vannée ni<>:ne ipi'il en fut
KOrnnif* géiitT.il pour la première fciii. LcsAiîh^en*
il élsient venus aux main? aver les liltulirns et les
Oèem , nun loin de la villi- d'Elis. Ojnw, pliante ,
(Entraide la cai ' ' " ' "'
opoemen , taurt
tnd de pied fcrr
»up de pi<|ue , cl lui iai
Jiarge ensuite la cavalerie onnemlc el lj met en
léroute.
Cel exploit avani cncfirc accru la renomiaee do
niit'tpu.-meii, il lut élu peu de tennpï a^rè» eapi-
crie".4écnnc, a
»!r.c<;ml l'I
, le prL'vient en
lui poriani i
rier, iinëgligoa la discipline militaire, etfud
<laiis la nécessité de mettre TAchaïe sous h
tion de quelque prince étranger. Maïs sous I
,in(^n la ligue fut en état de se passer de
cours emprunté. Il releva le courage de s
citoyens , et leur apprit à vaincre. Dans ce
il remit parmi eux la discipline en vigueur
ma leurs armes^trop faibles et trop légères
rri donna qui les défendaient mieux et 1
daient plus redoutables dans Tattaque. Il i
aussi de modérer Texcès de leur luxe et U
fensesj ou du moins, sHl ne put extirper
pour la magnificence et Téclat^ il en corrige
en le dirigeant vers des objets utiles et u<
Les Achécns avaient aime la somptuosité
Jiabits et dans les repas ; ils ne Taimèrent ]
dans les équipages de guerre» et la jeimesse
Varmure itkoins pesante , parce qu'elle él
JjeJle,
Philopœmen donna toujours Texenn
celte simplicité dont il cherchait à inspirer 1
PH ILOP(œ «EN. >73
le ç^néral des Achécns, faisail de grands prépa-
iraiifs notrr le bien recevoir ; son Inari élail alors ab-
Klt. Philopœinea arrive; celle ft'uiine , ln>m[)ée
|iar la simjilicilp de son costume, le pni pour un
«ralel ou pour un courrii^r, ei \c pria Je l'ailler i
iiire U cu*sitie. Philopcemen, quillanl son inan-
leau , se met â fendre du bois. L'IiAte revient , et
le voyani ainsi uccupi^, " Que failes-voun U sci-
t> gneurDiilopcemeni's'ëcrie-l-il avecélonnemcnt.
f — Vouslevoyea, répond le grand hoQiuie, je
f paye les iniérf'ts de ma mauvaise mine. »
j lloil mois avaient suffi à' Fliilopcemen pour
^baneer le régime militaire et rdevcr le courage
\àes Achéens; il devait encore signaler par une
ÉraDde victoire l'exprcice du coiriniandernent su-
^r^me dont cette année il était revêtu pour la prC'
rière fois.
Mach.-inidas , roi de Lacédémone, prince très-
IwlUquaux, était entré dans l'Achaïe i ta tftdde
faMu impoMntes- riiilopuemen marohe i sa renr
pMli'e , et lui prëseste la bataille i la vue de WUa-
tîaéc. Le premier rlioc fut lenililt', et lo sucras
long- temps douteux; maispnOu, les Tarenllns (]ui
toient à la solde du roi de Sparte, ineilpnl en
fuite les lUynent qui cornbatiaîent dans l'arniée
achéenne.
ïoul poriait à rroïre que b viclnlre allair se dé-
clarer en faveur des Lacédémoniens. Mais ce fut
dans celte occasion , dit Polylie , qu'on reconnut
U vérité de celle maxime , que h plupart des évé-
aeroens militaires dépendent uniquemcn) de l'ha-
bileté ou de l'impéritie des j-éncraux. -■ La fuite
" de nos étrangers nous donnera la victoire , » dit
Iranquillement l'hilopœmen, qui voit que Ma-
(iianidas, auiiru de profiler de son aviini.-if^e pour
attaquer le ^'ros de l'artnée achéenne, s'amusait
à poursuivre les fuyards. Puis, quand il eol laissé
cet imprudent général s'éloigner assez de l'infan-
ierie lacé démo nie une pour n'tïtre plus à portée
^74 l»TltT.ftrf*î?*KH. 1
é€i la proft^c^r, il tombe bnivquAiMilt iitlf MWi
phalany, La charge avoc vigueur' et In iHïïpeHttv^
li-ans lï plaine ftii moment oh eHe M v*a4tcmMtja
eus à combattre , et croyait , ainsi que Machanidlitf(:i
▼irtoin* assurée. ^^m
V\u9 h.ibile c|6e son rival k i-ircr parti des atM^I
f«gt*s , Philopopincri ne permit pas à toute ioIÉb
armëi* de poursuivre renntmii, et retint auprès dM
Ini un rarps considérable pour garder nnpontiitra
Icq^uel Marhanidas devait nécessairement pasteft^lj
Celui- ri, revenont de la poursuite des fuyards ^ 1
ftftt tout surpris de voir les Arhécm mafcret 4a J
pont ; sentant la faute quMl avair covittiise , il liJl I
de vains efforts pour se faire jtyur à travers lesêaj^l
neniis. Alors seul avec deux cavaliers, il'cotfttM
long du fosse pmir trouver im psssaget Fliilw|
pœrncn, qui Ta reconnu k son manteau depeuMlfa
chargr* un offinerde la garde (Ht pont , et anife *^|
rhaniiJas ih l'ai^ii'e fM du fcsséL Le LacëdHitig j
nien rcncorffre un endroit atsé k frandiir ; ilpitfikl
son cheval, et sVlance sur le bord opposé. FtliNl^j
pœmen saisit ce momeni pour lui lafleer m ■ t >^^
▼eline, et lui perce le (laiic d'un coup moiw» Ml
léte de Machanidas, portée de rangenranK, M^^l
flamme encore le courage des vainqueurs; A!!
poursuivent les Lacédémoniens avec un^ avdettrl
ioeroyalyle, et en font un grand carnage. 6rMj
à IHiilopœuien , les Achéens remportèrent oMli
victoire comptète; ils humilièient Sparte , -ipl!!
affectait ila les mépriser. Aussi , dans leuf'ri^ ]
conrinissauce , ils érigèrent k leur général «MI^I
statue de bronze dans le temple de De^hes, oi#1
était représenté dans ratlitùde d'un homme lai^
çant In javeline. -''
- Jj'année suivante Pliilopœmen , élu pour la se^-
«onde fois général des Achi*ens , reçut aux yeai
de la Gr^ce asitemblée des téraoignagea ëVs*
time non moins flatteurs ; il vint aux jeux Në^
uiéeiiK, cl profita de cette occasion soleonella
PDltOPOEMEI*. 575
pour faire manoeuvrer sa phalingc. Tous les as-
aslans aJmirèreat la belle lenue de sa troupe, la
précision de ses mouvemens, l'ar<!eur guerrière
qai brillait dans les regards de cli;iquc soldi'l, et
|À vënéralicm qu'ils paraissaient toua avoir pouii
leur aéaëral. Il se présenta ensuite au théSIrc , oit
Vpa dispulail le prix du chant. Coniine il entrait^
|B(u»n[>^ei>é de cette florissante jeunesse, le mu-
HlÛKU Pylade récitait ces vers du poète ThJmo-
Uéc:
CVit lui qui touranne nm icitt
ÉDhi Ulutoo de la Ubtrlc.
» les speclaleurs tournèrent les yeu» ver»
oeraeci, auipiel ils firent TuppIicatioD de cra
1 les Grecs, à la vue d'un héros qui kuB
lit les beaux temps de leur gloire, le flat-
ttreni un niainent de les voir ri;na!lre.
£a effet, Philo pœmen élaît l'âme de la li|;ue
|i4m AchéeDs ; avec lui rien ne leur paraissait bu-
WHua de leurs forces; sans lui ils devenaient lv>
Inides. Celait toujours vers lui qu'on portait ses
regards dans li^ périt; son seul ;iS|icct rendait la
ConËance aux soldats. Jamais reuiii.-mi n'osait le
regarder eaface, el son notn seiU les faisait trem-
bler. Aussi Philippe, roi de Macédoine, persuadé
qu'en perdant ce général les Achéens perdaient
(ur puissance , voulut le faire assassiner; mais cet
intame projet fut découveil, et ne servit qu'i
rendre Philopœnieu plus cher à ses concitoyens,
^UÎ plus que jamais s enipri^sscrent dt; veiller à sa
Lcs'Achéen.sav;inléhi un autre général, Philo-
pœmen s'ét.iit retiré à MégalopoUs, où il vivait en
lioiple partiruiiei'. Cependant il apprend que
Itabis, tyran de Lacédémone, qui avait succédé
1 Maclianidas, s'était ein[)aré de Me.'^»<^ne ; il. en
donne avis i Lysipjjo , général des Acltéens ; nui*
a^G philopûëmev.
celui-cî , regardant Messènc comme perdu
rcssouxe , refusa de porter des secours à rett
Alors Philopœmcn prend le parti d*y alk
m^me, à la tête de ses compatriotes, qui, s:
tendre ni décret ni élection , le suivent ;
cfiamp, '( en vertu du décret de la nature, qi
» qu'on obéisse au plus digne de commande
son approche Na1)is sortit de Messène, s'est
trop heureux de lui échapper. C'est ainsi <
nom seul de Philopœmen dispersait te
nemis.
Incapable de repos , ce général profita du
qu'il fut éloigné du commandement pour fa
second voyage en Crète, à la prière des
tvniens, qui , ayant une guerre à soutenir, ï
gèrent de venir se mettre à leur tête. Ce g(
voulait ainsi tenir sa vertu militaire dans UO'
vite continuelle.
Il acc^uit dans la Crète un nouveau gei
gloire; il y fit, à la manière 'des Cretois
guerre de ruse , et , employant contre eux
propres stratagèmes , et surtout ceux <y]e li
gérait son expérience consommée , il proui
ce peuple , qui avait tant de renommée dan:
partie de l'art , n^y était encore que novice.
Aussitôt après son retour dans sa patrie , 1
pœmen , élu général des Achéens , se char(
commandement de la flotte pour aller ati
riabis, qui faisait le siège de Githium. Il i
aucune connaissance de la marine , mais il
rait être aussi heureux sur mer que sur tei
apprit à ses dépens combien l'expérience i
ccssaire en toutes choses. Nabis n'avait pu rs
bler à la hâte qu'un petit nombre de vaissea*
cependant il fut vainqueur; peu s'en fallut
lie Philopœmen ne tombât entre ses maina.
isgrâce ne découragea pas ce général ^ xx
rendit à l'avenir plus circonspect
3
l>niI.OPOEM EN. a'jy
r de l'afauingcfiM'il VL'iiail Je remporior sijlr
s giaiiil homme de guerre de son Kmps ,
continuait le si^ge de (iythîum avec séGU'~
oui à coup Pliilopœmcn pénèlre dans son
à la faveur Je la nuit, fait un grand car-
des Lacédémoniens, et ravage ensuite let
fis de h Laconie ; nuis il ne put empêcher
de prendre Cythiiim. Ce sucrés ilouneau
une nouvelle audace ; il marche contre
pœmen et lui présente la bataille, Le génc-
:héen ne s'atiendait pas à certe attaque;
, sans laisser rien paraître de sa surprise , A
Ir combien il excellait dans l'art de choisir
amp de bataille. Nabis, «[ui l'avait prévenu,
, empalé du terrain (|ue lui - même aurait
. occulter ; por une fuite simulée , Philopoe-
le th changer de position , et l'attira dans lei
ches qu'il lui avait tendues. Les Lacédémo-
, battus, biis en déroule, prennent b fuiie
dispersent- Mais comme le pays , coupé da
ride ravina, était trës-difTicilc pour ta cavale
NiilopoeRien ne permit pas i ses troupe» de
iuivre l'ennemi ; il fail sonoer la reirailp , et
e moment même él.itilil son canip sur le
Je b bataille. Comme il se doutait bien
l'approche de b niiii les Spartiates, reve-
de leur Tuile , se rKireraietit vers b ville
etils pelotons , il plare en embuscade sur
les passages nui conduisent à l.acédiémone
eus Corps d Achéens , (jui elfectivcrnent
rit ou liienl prisonnieri un grand nombre
émis. Le tyran perdit plus des trois qiiailt
1 armée, et l'iiilopœrnen, après avoir ravagé
conie , rclourna dans sa pairie, cbargo de
cl de gloire.
Li-lqoe temps .iprès Nabis aynni été a.>:tas-
lar les Etoliens, Sparte, m pi oie à b rapa-
e ce pcupb accculumé au brigaudage, n't-
ialloclion des hommes les plus di
l>aré(lùinonc , «ui le rcgArdaient c
libdralrur ; aussi , pour lui lémoigne:
gratitude , ils lui uonnërent , par uc
palais (le Nabis et loute la fortune d
qui inoiitaiL à cent vingt talens ( cnvir
Jiùllu francs }.
Ce fut dam cette occasion, ilit Plu
la vertu de riiilopceincn parut dan
lustre. U n'y eut pas un seul Sparliali
charger de lui offrir ce prcseni ) l'op
Avait du dt'siiDéiesseaient de ce gra
rendait U commissii'ii irop embanasf;
(Mrun décrot, on oitli|^ea Timobus, s
ticuliei', i ïc icidio auprès de lui poi
le pr^ienl de la république.
Anivé i Mtitjalopolis , oit Pliilop»
■nn i^jouCi ïiiudbiis fut lellemeul
l'austénlé de ses mœura, de sa grau
etdesifri^ilité, qu'iln'osa pas seulen
Urdel'objel de sa mission , et qu'il s'ei
Lacéd^anesana lavoir rempli. lîuv>
3 firez mieux de gar-
__ :heler b fiJélilé *le«
1 5HspeclK, «t pour vous concilier v<m
tmis ■ car c'est à tes ennemis et non i m
• qu'il f^ut lier la langue par des présrni. a
l^céOcrnanîens, ouGli.inl Talliaiice iiu'iis
t formée avec les Achéens , ne larOèr«i(t
«.seulever. Uinphane, (|uiëlait alors ^«iiié-
-Ij^lîgue, se prépssail  les putiii- sévère^
«{e leur déterliaci; mais riiilopcenticn s'y
k. fortement , et sut , par les voies les plui
«eï, &ire rentrer lesLar^Jéinoaleas dans Le
ntdl après ,^ lui m£me ^tant fjénéral de U
tération , les Lacédémoniens donnèrent de
:aui sujets de plainle. Irrité de leur turbu-
'Opiniâtre , rhilopcemen se présoulc devant
C^la télé d'une arnaée. (Junûgue cette ville
kt ouvnt ses portes et se fût rendue à dis-
od , il avait résolu de la traiter coainie une
ilptue d'as^ut. Après avait conimeacri par
imnarir les principaux séditieux , il raaa 1m
lilles, dép.iila dans I.m .UriiinMiLes villus de
l,Vic ions les nouveaux liabitaiis .|ui avaient
des tyrans le droit de cilé . el mil eu veille ceux
'ubslinaieiit à rester. D'une autre part çeiu
le lyraii avait bauiu'^ de Larj^d^mone , et
FliilopœniKn s'elait déi:lan^ le prutecteui- ,
,t réintégrés dans tous leuia droits de ci~
is. Il abrogea eu ouli'e ce (|ui restait encore
nslitulions de Lycurgue , el obligea toute U
nie à reconnaître les lois qui gouvernaient
Ldiéeiis. On a b1ilm<: i:omiiie un .excks de
iitinieiit le traitement sévère qiio Pliili<poa~
fitépniuver aux Spai liâtes; mais n'>iait-il
usle aulant que politique de dépouiller du
; sa puissnuce une ville qui n 'avait jamais iâiit
de mal à la ligue acbéeaue q^ue «lepuis qu'eUe
ion alliée;'
ressources de son art pour y résister.
tout pour mainienir la dîgniié de ta r
et pour soutenir le courage de ses défe
prévoyait bien ^ue la ligue achéenne s
rait enfin sous les efforts de ta ouissance
mais il savait aussi qu'avec de la fermeti
*ail encore relarder ce moment. <• £s-ti
» de voir h fin malheureuse de la Grèce
un jour enpleineassembléei l'Achéen A
qui voulait engager ses conféd^s à flécl
les HomaÎBS.
Il était âgé de soixante-huit ans Inr
nommti général pour la huitième fois-
élait paisible, dT Philopœmen espérait le
paix sa carrière. On vantail un jour dev
talons miliiaiies d'un générai : " Eh î
» peut-on eslimcr nn homme qui s'i
» prendre en vie par les ennemis! » dit-il
ment. 11 semlilc , comme l'observe Pluta
néjflige rarement l'ocrasion de faire qi
flexion morale , il semble que la veng
A\t..,-, vn.AAt minir P>iilnnn>mpn ,U ■'«!
PHILOPCeMEN. «?r
V D, prensnt avec lui quelques cavalit^r^ , il mur-
wconirc Démucrale, le rencontre à cjiielqu»
tiitjnce de Mesiâne , et le met en fiiiie avee Inuie
on escorte. Un renfort nsscz ronsidérabte aynt
joint Démocrate , celui-ci rallie sa troupe, et
'gage <]c nouveau l'aclion. i'hiiopcemen , rrii~
ant alors il'étre enveloppé , se relire en (aisant
e à t'enDcmi ; main cnionieil s'était avancé avec
p d'impétuosllé contre ceux rjui le pourxuï-*
ent de plus pr^s* il s'apen;ut trop tard qifil
il seul au milieu d'eux, et «eparé ilea siens. Sun
Ht n'est pas encore tli'stspcré ; il se fait jnur k
rers les rangs des Messéniens, qui, malgré leur
mbre, n'aient le joindre cnrpsàcnrps. Mais snn
rva\ fait un faux pas, et le jette rudement A
r« i PtiilopoBuien , blessé à la tCie , reste sans con-
asancr , et n'ouvre les y eut que pour se voir
pouvoir des salelliles de UémocruLe , qui Tac-
(lent d'outrages.
K la nouvelle de celle victoire la joie sVuit
Mtiduedans Messène; elle fut au comble quand
apprit,quelqiic monieiis apr(s,t|uf riiilupteiuen
lit prisonnier. Mr\h quaml les rtiesscuieuf, .]i]i
laieiit portés en foule pour li-voir, ce ni imii nie-
nt le héros .1,-la Gréa- I..-,;,,,. ,.,„_J,.s .solJ.ls et
argé de chaînes , la compas.sioo (it place A leur
égresse ; ils ne purent s'empénher dt; verser des
-mes; plusieurs reconnaissaient eu lui leuraii-
in général. Les magistrats, craignant les siiitei
rattcndiisseninit qu'ils iem.irt|uaieot dans le
uple, iint bieiUôl soiistr.iil filliÈ'^tre c.iplil à ses
gards; l.i.-s-é, Tu^.t.ide, il -st tiansléie d.iNs un
affrances , Uc.uocrato lui env„i,- ,li,' poi .'-n. JWs
e ce grana homme ap.TruI f ,.s.r,;t.u,iK i.-v,;..-,
il délalllanle pour >l,.n>...„I.T .i s.s ,-<.mi>M:,.f^^,^,
surtout Lyrorlas, étaii'iit siiuves : " il. ![■ sont,
répond l'usclave. Jl' mi'uis toiilonl . dii i'bi.o-
implore la cl^meDCC du vainqnenr ; Lycor
donne, à condition que Démocrate et ses co
lui seront livrés ; mais ceux-ci préviennent^
mort volontaire, le*supplîce qui \ei atte
<^bsëqnes de Philopœmen furent magnrfir
fils (le Lycortas, Polybe , qui fut depuis u
général et un célèbre histoiien, portait Y\
contenait les cemlres du héros.
Quelques années après sa mort Philc
fut accusé devant le sénat de Rome d'à'
Tenneini des Romains ^ \e m^e Polybe (
la mémoire de ce grand homme, et oh
Fes Romains laisseraient subsister les mo
que la reconnaissance de ses concitoyens
élevéï.
I ■ _ ■
F
!..
SeONDE PARTIE
(f.
lUMA POMPILIUS,
^'.EÙI DES BOMAIHS.
Ik ^it 'le Ciirct , villo raf>:ial«? Jei Sahîns «
Int, aoton PluUrque i le a i nvr'ii , le sièEné
m'Rnfflefit fonder; pav Krxmilu.^ , l'an 74S
J.-C. U elait le jilns jvunp >|ps qi Otr.' fils
Mmpnniiis, et jouit de Luiiiir linie d uuc
«-réputation de sagesse. On 3 dit ([u'il avait
'tJûctptc de Pyllingore ; maiî d'autres snu-
|«ft qu'il n'eut aucune tonnniM.ince des lel-
[WCques, et mi'fbc que son naturel le por-
Facilement à ia vedu , r,H(; pour l'exercer il
il pas eu besoin de m.iîtrcs : c'est le scniî-
de Tite I.ive. Numa s'étni! formé lui-m/ime
les les vertu'; sociales [nr l'iiislnirlioti , piP
tenee et par la prali<|Uc de la „l,d,.sopliIe. U
purifié son fline non i.",li>ii-i('iit de louie.i \e%
,n% honleiisi's, ,n is «■ii.(He de l<.,.l-s relie*
nnlesllmées chez. i-i ^■iu-Uart■', , l.'l*.- \.y.c \.%
ice el la cupidité : il ,u.y.-\\ .-ue la vé/i.,-dila
1, O'apiâi ces ^iriiiLi^cs ii uvait baïuii tib »
i;
s84 KUMA POMPILIU^.
maison le luxe et toute magnificence ; ilëlait,}
les citoyens et pour les étrangers qui le cor
f aient, un juge et un arbitre incorruptible. N
consacrait son loisir non à rechercher les velu
ou à ramasser des richesses ^ mais k honore
dieux , à s^élcver par la raison à la coiinaiss
de leur nature et de leur puissance; et par
i»*etail ari|uis tant de réputation et tant de gl(
oiie Tatlus , qui régnait à Rome avec Ilomulu
( hoisit pour son gendre et lui donna en maria,
fille II nicpieTatia. Cette alliance, loindeluienfl
cœur y ne le porta pas même à aller vivre au
de ce prince; il resta toujours  Cures, pour
gner la vieillesse de son père, etTatia ellc-ra
référa la vie obscure et paisible de son époux ,
onneurs dont elle aurait pu jouir à Rome <
la maison paternelle. Elle mourut après ti
ans de mariage.
Alors Numa , nbandonn.mt le séjour de la v
alla par goût habiter la campagne, où il v
seul , se promenant dans les prairies et dans les
consacrés aux dieux. Ce fut cet amour de li
traite qui fit courir le bruit que ce n'était i
.Tnélancolie ni la douleur qui portait Numa k
le commerce des hommes ;'qu il avait trou\é <
la solitude une société plus auguste , celle d
dcessi* qui Vavait jugé digri^ de son alliance;
la nymphe Ëgérie , ayant conçu pour lui une
pa-^sion, lui avait donné sa main, et lui U
mener la vie la plus heureuse, en érlairant
esprit par la connaissance des choses divines.
Muma était dans sa quarantième année 16n
1rs ambassadeurs romains vinrent le prier c
ceptcr la couronne après la mort de Romi
Vrocidus et Vélcsus portèrent la parole : ils avî
v\\ Tua et Tairtre de grandes prétentions au Ir^
Proculiis était nommé p^r les Uouiains, et A
sus parlesSabins. Leur discours ncfutpuinllc
»TTMA POMPILIIIS. iSS
lutaîenl pasqueNuma ne rccjrdât comoi«
<] bonheur fa nouvelle qu'ils lui appor-
Eais il fallut employer b pi ière pour ébran-
<gc qui avait loujourï vécu dans la pais et
, pour lui persuader de prendre le gou-
nt (l'une ville qui éuit née el s'étail ac*
Tiiiieu des armes. " Tnulchangemcnl.ré-
t Nutna aux ambassadeurs qui venaient
frir la cournnne, es) dangereux dans la
imaine; mais pour celui qui ne manque
I nécessaire el quln'^ pas à se plaindre d«
ation présente , c est une folie que de re-
r à ses habituJes, oui, n'eusserit-ellefi paa
e avaniage , so[>l du moins assurées, el
la seul préférables à ce qui est incertain,
ire que vous i^'ulTrez ne présente pas
celte inri:rlilu<le diiiis ses d.mgers, s'il
é du soupçon (létrissanl d'avoir fait as-
\t Talius, il a, ea mourant, laissé pesrr
» ceux de son ordre l'imputation non
flétrissante de l'avoir fait périr lui'infttDP.
dant on donne à Uomulus la gloire d'êl.e
in dieu ; on répète sans cesse qu'il a éié
;t nourri dans son cnlance par une prt-
I singubére de la divinité. Pour moi, je
une race morielle, j'ai Été nourri et élevé
s liommes qui vous sont connus ; les qua-
'on loue en moi ne soiil pas celles qui ren-
du repos et urLe application continuelle
Je, un goût inné, une passion violente
a paix, pour des éxrrcices absolument
■rs j la guei re , pour ces nssemblée.i
mes qui aimejit à l.onorer tes dieux, i
e ensemble (les pliisirs innocens.n qui
du lempss'orcupeiil, cliaciindesoniûié,
/ev Li lUTc el a cicyci- des tioujieaux.
» aulrc«. Un i>rlnre ()ui emplnicrail Iniil
■ à servir les ilic>iit,et qui voudrail Tom
» jeis i prali(]uer la jiniicc , à diitesrer
> Gt la violenr.i>, païaîtrail ridiiMil^ i v
* (]ui a plus besoin <1 'un général il'arméi
■ roi, »
Aux raisons que Numa venait d'allé
refuser l'empire les Romains opriospren
vives instances pour le faire changer iJc g
■U le coitjiir^cnt de ne pas les replimgi
•ouveaux troubles (jui amèneraient une
vile; enfin ils lui prolcst^renl nu'il était
filt agré.iLile aux deux p.irlis. Quand iU
retiré*, son père p.I Marciiis firent en
tous leurs efforts pour le déterminer
une olfre si Uatleuse et si brlIUnie ; « S
k de votre fortune, lui dîrrnl-ils, vous
■ pas de plus grari'h biens; S), possédant
» plus rérlle d^ns la vertu, vous n'ar
» pas ecUe qui est ai tachée an cnminan
» an pouvoir , considérez au moins qn
» ener c'est servir Dieu : il vous oppe
> (}'hni,etne veut pas laisser inutile en
» îusiicc "iii vousdislinsne. ^i; résislc!
«tTlMA VOMÏ'TLtlTS. ilflf
jRuraaiiuoiilahnéTaiius.lotii éli^ngpf
Uit ; ils ont consacré par des honnctura
\i mémoire de Komuliisi e\ qui sait si rs
, tant de fois vain(]ueiir , n'est pas la* Â9
trresl si, raisasié de triomphes et de di-
s, il ne désire pas un clier plein de dou-
Je justice , ijui le gouverne en paix par
mes lois! Mais t|ii3iid il ronserveralt U
passion , la mPme fureur pour la guerre,
drait-il pM mieux , ea prenant les rênes
gouvernement, tourner vers d'autres ob-
lle impétueuse ardeur , et unir, par lei
e U bienveillance el de l'amitié , voire p»-
toute la nation des Sabins avec un peuple
lant , avec une ville si florissante f ■ Ce*
Tarent confirmées par des présage» fa-
, par l'empressement et le zèle de tous le*
qui , informés du sujet de l'ambassade,
e conjurer d'accepter l'empire , afin de
encore davantage les nœuds qu'ils avaient
vec les Ronjains.
fil ent donilé snn consentemenl il Rt un
aux dieux, et partit pf.ur R'imo. Le sénat
pic, linllaEit du Jé^ir Je h voir, vinrent
contre. Lcî femmes le reçuieut avec lel
3 acel.i mal ions ; on fit de-! sacrifices dans
temples, el l;i ville eiillèr^ témoigna au—
oie que si elli- eât reçu, non pas un roi,
nouveau royjumc Lursqu'on fut arrivé*
publique, Spuriiis Vellius, qui ce jour-là
ait les six heiiri's irinierrfgne , fil procéder
rta les marques Je la Jigniié nnale. Mais
e les recevoir il dit qu"i! f:,lbil d*a-
nsuller les dieux, et, prenant nvec lui de»
!t de?! devina , il monta au C.ipitolc.
rantDacicr Cxc l'époque de ravèiicment
'. o
seulement ce qu'il crut nécessaire , et qu
aux commandans des Célères , qui corn
la garde des rois , le troisième rang dî
ministration des choses sacrées.
Rome était alors dans cet état d'effer
dont parle Platon ; née pour ainsi dire
dace et de la témérité des hommes les pli
et les plus belliqueux, qui s'y étaient rasseï
toutes parts , nourrie dans des expéditioi
guerres cominuelles , elle avait consolidé
sance par le»; dangers mêmes. Numa voul
tituer des affections justes et douces aux
tions dures des romains ; mais , jugeant. <
il était dir&cile d'adoucir et de porter à la
peuple fier el guerrier , il appela la religii
secours Des fêtes, dei sacrifices et de
qu'il ordonnait lui-même, et dont il tem
gravite par l'attrait du plaisir, lui ser
amollir peu à peu ces courages bouillar
respiraient que la guerre. Quelc[uefois
leur prés(?ntnit, de la part des dieux, de
r
NtJMAPOMPlI. lus. aSg
[■nvet la pratique habituelle des exercices relî-
{ÎQu étaient les premières bases du gouverne-
Iteni àe Nu ma.
L'atlifict dont le nouveau roi dei Romains
t tuage consislait dans de prétendues communî-
itïtMis avec Egérie, nymphe delà forêt d'Aride,
mt noui avons déjà parlé.
Ktima, dit-an, feienait d'aller la coniultcrpotir
recevoir des conseils sur le gouvernement. Les
teurs qui retranchent de l'histaire tout ce qu'il
kde fabuleux disent que Nnma feignil d'avoir dei
bvtiens avec Egérle afin que ses sujei» s'atla-
assent à lui de plus m plus par la crainle dea
btix , et qu'ils reçussent pins volouliers ses lois ,
tanme émanées de U uivînilé %iâine. Num«
Hipoaa aussi qu'il avait des enirciiens secrets avec
Eiouses ; il allribuait à CCI divinités la plupart
BjKS révélalinns politiques,
^iularque nous apprend qu'il avait des notioni
Ifc^ogs-sur la nature du premier @ti'e, qu'il cân-
BraH comme étant 'le principe de toutes e/ioAf'i
fipaisi/'fr , spiriiiie! et in'-.omiplihJe. C'est ce qui
B détermin.-i .'i dL'fcndre auï lloiruins de repré-
Effier la divinité sous aucune Toimn humaine. Ses
■donnances a rel égard avaient le plus grand
tippnrt avec le dogme de Pythagore ; ainsi que
■ philosophe , il ni.' faisait aux dieux aucun sacri-
Ice sanglant ; mais , quelles qu'aient été les idées
fcNumâ reialivement i la divinité, il n'élablit
plaj le culte de r^lre suprême : il rendit seule-
wfnX plus régulières cl plus décentes ii'i supevslï-
HDS sabines et albiiiei. U partagea le$ ministres
ft la religion eu plusieurs classes.
Rome lui dut la fondaiion du prini:ii>al coV-
||ke des prC>tres, qu'on :ippelait poii'ifcs. Nùma
in établit quutie, duiil lo chef portait le titre de
VùHlifexma^inius, ousouvemin Ponlîfe.lls étaient
tous de fatnlite natiicienne. V\'ti de quatre siècles
Tome /. »5
290 NU M A l> O M P 1 U I l] S.
plus tarJ «n en ajonta tiuairr plôbéioii
sous Sylla , un lis porta jusqu^à qutnz
vorain phntifc rcniplissaU les fonction
pièto el de devin, ou plutôt d'hiéroph
souknnent il présidait à tous les snci
LLics, mais encore il veillait à ceux qui s
en particulier ; il enseignait ce que cha
faire pour honorer ou appaiser les diei
geait souverainement toutes les causes
ressaient la religion. Numa ne fut pas 1(
comme quelques auteurs le rapportent ^
tua les vestales, ainsi que la consécrati
sacre qu Viles entretenaient ; mais il pai
fut lui, et non pas llomulus, qui bâtit le
Vesta , ainsi que Denys d'IIalicarnass*
Il lui donna fa foi*me ronde, parce q
Fcstiis, estait la terre, dont la forme €
qui fournissait a la vie des hommes,. et
lait que Festa fût adorée dans un len
figure semblable à celle de U terre. Nun
de grandes prérogatives aux vestales.
Après qu^il eut réglé tout ce qui re{
institutions religieuses, il bâtit , près du
Vesta , un palais appelé Kegia , maison
rhabitait ordinairement ; mais il avait si
Quirinal une autre habitation dont or
encore l'emplacement du temps de Plut
Ce prince fut aussi le premier qui
temple à la Bonne-Foi et au dieu Term
a{)f>rit aux ilomnins que le plus gram
qu'ils pussent faire était dr jurer leur fui
sfirment médius JieJ/us^ co.si à-dire, par a
I»ar le dieu de la foi. Ce fut encore lui
e territoire de Home. Komulus n'avait
lu le faire, parce qu'en mesurant ce qi
part(>nait il aurait montié ce qu'il usi
bvs antres; car les bornes, quand ou les
auut U frein de la puiiisance; maia si
HtiM\ POMPll.lus. agi.
1 (IcvieiinenL Ja convicilon dp l'itijiu-
! jJans ses conimencemi^iis uvait un ler-
1 étendu; llomulus l'agi'anjit fiar ses
, et Numi (lislribua ces nouvelles leires
ni indigens, afin de les souairairc i U
luac presaue nécessaire (le Ja pcrver«îld^
aer vers l'agriculture IVspritïlu peuple,
implant la terre, s'adoucirait lui-même.
il n'est [loÎDt d'exercices qui inspirent
tintement que ceux de la vie cliaiapétre
ruent de la paix; an y consiM'VC cetiR
efrière qui anintc à conibatlre pour la
! ses propriétés, et l'on s'y dépouille Je
dite qui porte k faire envahir lu bien
Muma donc, qui voulait faire aimc^r aux
agriculture comme l'allrail le pluspiiix-
laic, et qui la croyait encore plus piupre
leurs mœurs iju'à les curichirf jiuitAged,
ritoireen plusieurs poriious nii'il itppKU
l établit dans cbacun d'cnx des inspcc-
t» commissaires- Il en faisait souvcnl lui-,
ïisVtc , et, jugeant des miturs des il-
le d'stinfïuaiciit par Uni- atll\ilé. Aljia k
ivre de la pobllcpii; de Nuun fui la créa-
■.ommoiiauiés d'arls ut méliers. La villiï
jusiiu'jlors dlviséi: eu ^Icui: factions nu
leuples , les Sabins et les Romains, Piiuc
:etle disiincliou il i.hs;..i les .lifféreiilfis
ti, cl aiTiiida i clijcuiiii dilTiTcns pr'i-
lans cettje division lus juueiirs d'itlslru-'
ent le piemitT ranq , parti» i,|u'iU étaient
dans les sacrilices et dan^ les aulret
d^A^liglpiis ; lesnrfuvres, les c1l3rllI;n-
l feinliiricii eurent leurs loU et ii'iiri
lirulièrcs. l'ar-li, il fut le jireiiiiei ijifi
! llome cet espiil de pjrli qui laia:iil [Kia-
ire *ax uns qu'ils claieut Romains , à
■ ■^.'4joiirs.si>lni) Pliii;ir<[iic, cl ilc .'<r>5 si
■(i.t; luits Irs iiuir.-s tiisfirii-ns.
l.a ninrl de Nmna iir fui ni subite ii
.it.Y>t tnnih.;<l.ii>.s..n<'fii;.I.i.li<<.l<> h.r);jii.-i
;;nil pni a ppii (le vir-iHcwi- , (;l ex jura diiu
^irlgt ilcuxifîinc année. Loslicnnitursm
anitrent ses olisètjues ajiiiitèrerit i l'éfla
l'uiii 1rs pRufilcs voisins , amiit etalliésde
riMidireiit avec i]es prcM-iis et des CDuron
jialfurii ]iorlércnt sur leurs épaulfs la
Avait place son corps ; ils étaiont suivis
JTèirea et d'une rf>nle innombrable de p
■ininos m^rocs et les cnfans auisUient
railles, non commi! à celles d'un roi mo
ie»sR, mais cumtne au convoi de l'ami li
f|iii aurait été muisnoiiné à la fleur de si
uiid.iii'tit tous en brinos et poussaienl d<
*-^ _f ^('•iniMeiiiens. On ne brûla [wi mn coi
1 1j^J t iju'il l'avait (li''ffiidii ; mais on (it deux c*
iiirrre (gu'on enleira au pied du mont
! riin renfennait soii rorps , et l'autre lei
' WtlMA POMPILirS- sgj
[ueol ce roi phiinsuphe. H recul la courunne
ïvoir demandée , ft, n'iUnl que simple |iar-
-, la verlu le. remlilsi recommandai lie qu'il
é digne de r^guer. U sul relSr-ber à Home
pris du gtiuvcriicinrnl , qui éiaienl irop tfiii-
adoucil les moeiira de). Hnnuin.'; , mod^iB
raclëre bouilUut cl emporlé, el leur fil »!••
, paix el la justice; mais ic bol <]u'il s'éuit
é dans ses établissemcns polirlquca, pour
nir Home dans l'union , s'évanouit ovet
lima était à peine mort, c]u9 le temple «le
^'îl avait leiiu fermé pendant tout son
et dans lequel il aTsil comme enchaînA
^OD àe la guerre, fut aussilôt rouvert , et
entière remplie de sang et de carnage.
la plus belle et la plus juste des instilutiuiw
Dulini que peu de temps , paice qu'elle n'a-
I noiir lien, comme la iégislalion de Ly-
, l'édursllon de la jeunesse ; du reste le
jeNuma, kuig cL^uîGque, élai», sahin
Wuicn, très propre à laissu Kome é»m ta
riié. ai eue eiïi eu iian» ce iêffiiîs la 'îjîî't"-
meîns borné et unopui^simce l'iin éiendue,
ppsrcnrc ipic ja forlune eût Clé finée pour
; c'cst-i-dire, qu'anéléc parlcsiusiilulioas
Tia dam son essor guerrier, elle n'aurait
inuis le monde. Mai' c'c t en lui une chose
ble, dit Plularc|ue,elprpsiii'e divine, qii'af*-
un trône étiaiiger il ait changé tonle la
le eouverneirie;ii p.ir l.t seule persuasion;
ns emplovpi
rendu uiaîlrc
iverscs; qii'.
.les, iUoû
et à former
1e^ a
d'un
nfii. ,
parv.
cnire
mes el ta coniraiiiie
ville agilér par des
par sa fagfsse et .sa
m i, réomr tous les
eux les liens les plu
naihears des
eni bien plu
de!
nui surrcdèrent à N
l.lH. . sa gloir., De
fut irnpptf de U foudre.
otmmmm
—"^i,
VALERIUS PUBLICOLA,
CONSUL BOMAIH.
P
PTu B1
BtiusVALBnius descen Jait de ce Volcsu*
ou Valerius qui, dans les premiers temps du
Home, eul une si grâtide part à la réunion âvs
fRomains et des Saljins en un seul peuple, et qui
^uivît Tatius à Rome m?me après la concluiio»
idu trailé. Quoiqu'il vécilt sous le r*gne de Tar-
^uîn le Superbe, il se fit remarquer de bonne
ffieure par son éloquence , dont il >e servait pour
défendre la justice, »t par sa fortune, qui lui per-
meUait de répandre des bienfaits sur les mallieu-
leux 1 il fallait du courage pour f^ire un rmnlai si
nnble et si généreux des lumières et des rirliesse»
soui un prince Ici que ïarquin ; elles n'étaient
qu'un objet d'envie et de haine pour loi, qui avait
-DKurpële trône en foulant aux pieds loulesles loi*
' divines et humaines.
I Lorsque Lucius Drulus voulut entreprendre de
rhangerla lorme dugouvernenienlel deïe mettre h
U lélc du paili pfipiilaire, il communiqua d'abord
son dessein n Valerius, qui leseconda de tout sim
pouvoir, et contribua puissamment à chasser Ta r-'
qtiin. Cederoier, pour prix de son zèle, aspirait à
' ' ■■ ilîrutus; ■ "
ieudoV;
de Lucrèce. V.U
. pour ,
fire nommé consul et asgorié à Druluf
ut Ire son propre gré, au lieu do Valerius , eut
■"îl^gne Cotlaii^
marche rassura les < onsuls , et satisfit Le
le peuple. Bienlôt les actions Je Valeriui
loëreiit son senneat. C'eit à lui (]ue l'escU
dicius vint découvrir la conspiration des <
de Brutus en faveur de Tarquin. Saisi de
M d'horreur au rëcit de cet esclave, il V
tians 33 maison , sort accompagné d'ur
nombre de clicns et d'amis, surprend
jures, s'empAre de leurs papivrs, et les e
inalf<;rc leur résistance , sur la place publiqa
faisant amener Vindicius, il intente l'acc
Après le supplice des conjurés Valc
immédiatement consul à U' place dé Colia
venu suspect k cause de sa parenré i«cle i
crit; ce n'était que la récompense du aèl
qu'il venait de montrer pour U cause de I
i'antnseutimeutdcjuslice, il commença pa
chir Vindicius, auquel ilfit donner, paruot
peuple, U qualiié de ciioven romain, avet
•le suffrage dans celle du tribus au'il
choisir ; c était le premier cxempU u'uni
fe"
IfCU Je Tarquîn, nnussèruiit k>un chcram
toixre l'autre, et sVnirc-ni^rcnt. tx ré»v\in.
n*Uilleéiaii encore Inreriaiii lorttju'i l'entrée
jttuitklTosrsm, taiiiâ de frayi>ur et de IroU'
libandonHërent Icun rctriTicnemeni el prî-
M fuite.
HCTÎu*t n'apercevant pluï d'ennemis, ramaaii
lAouiUei, el rentra irinniphant daiia Itomci il
nreinier dei cotiiuh quiy fil ion entrée xur un
^ré par quatre chovao». Celle pompe gucr-
{Vturut grande et nia]r)tiioiiie au peuple ro-
^ il aui gré auH) i VaWius des liuniieurs
«rdinairei qu'il rendit à son colliguo avant
pèi M) obsèques ; il prononça lui-même son
'•n fanûbrCf el celle aclinnful si agréable itu
(<t parut si utilo, que depuis toux Ifi
hommes furent puliliiiucment honoras
ileur mort,
Hta Valeriui , retié leul consul, devint bieniM
Ifct au peuple, tant U multitude est mobilt
IM aiMctioni ! On alla jusqu'à \g ioui>^ncr
pKri la royaiilé . parce qu'il ne l'^lnït point
)é de coWi-RMe de|)iiis la mort de Bruius.
M lui reprocliail surlout de fjiri; bSlir «iir le
t Vélia une maison plus grande et plus belle
It palais de Tarquîn , qu'il 4vail lui-mAmi' fait
nlir. Celte maison dominait lellemetit la place
îque , qu'on voyait de là luul n- qui s'y passait.
UMi les envieut et ses ennemis publiaienL-ilt
(que c'élûil une vi''rilalile riiadclle que Vale-
fAisail construire , pour en f.iire le siège de
rrannie : •• Ni; voycz-vims pis diaaienl-its au
■Dpic, ifiie, lorsqu'il descend avecson r.oilégc
jl» hauieiir où sa maison est située, sa marche
^ésenlc ;i remi (jui le voient d'en lia!, no» la
fnplicilé d'un rr>n«ul, mais le (asie d'un mo-
irquc ? "
verti pai xeïi iutï: du nn^cnulrnlemeal du
I
M
rilt! suprême, spectacle quicharme la m
parce qu'elle voit dans ctiUumsrque de ri
aveu tacite que ta {luÏMaDce consulaire i
nait inférieure à la puifisance et à la m
peuple rnniain. Quand on a Fai< fttence
mence par envier le son Ar. .ion collègue
faîte des honneurs, après avoir délivré s
a péri glorieusement en combaltant p(
avant ^ue l'envie ait osé ternir Térlat d«
tus civiques. Moins heureim, il a survécu
vouement, aet il se vit pour aiusi dire <
^tre en butte aux accusations de la haine
tear de sa pairie, il se voit désormais t
avec les tyrans et les traîtres : « Hé quoi
» dire Tite Live (i) , n'y aurait-il donc
" vertu asseï éprouvée pour élre i l'abri
» çon 7 Le plus implacable ennemi des
» rait-il dû s'alicndre à subir l'inculpai
n pirer ila royatHé!* £tquand j'habitera
•> pilole, dans la citadelle même, aur
» penier que ie serais un objet de cra
valehius publicolA, agg
b de si frètes appuis , que le lieu Je ma demeure
» voos alarme plus que mon ciracicre tous th-
B sure f Non , rîtoyens, non ; ta maison de Pu-
'J« bKos Vaieriu» ne portera point d'ombrage à la
!« liberté ; perdez la crainte que Vétia vous ins-
m pire ; je descendrai du sommet au pied de la
» montagne , afin de placer au-dessus oe ma t^te
p» des surveilUns d'on citoyen aussi suspect. Qu'ils
■ habitent Vélia, ceux à qui U liberté peut ttre
' conGée p^s sûrement qu'à Valerîus. u
Il fit transporter gur-le-chatnp tous les maté-
I pieu de La colline. Quand le peuple vil
les il admira la grandeur d'âme de Vale-
ii eut lionle de voir te consul des fVu-
BB réduit à loger dans une maison d'emprunt
^'"- B que la sienne fdt bSlie dans le lico le
, à l'endroit où se trouvait, du t«mpi
l'Aagaste, le temple de la Victoire.
■ -Avant de se donner un rollègue, et pendant
11*0' avait seul loole l'autorité, il compléta le sé-
JM, qoe la cruauté de Tarquin et le dernier rom-
prai avaient réduit à an frcs-potit nombre de sé-
y dateurs. Il fit ensuite plusieurs lois populaires (pii
|| elTacèrent jusqu'aux moindres traces des soupçons
■ formés contre lui; l'une entre autres, qui pro-
' nonçail l'appel au peuple de tous les jugemcns
' des magistrats, changea pour ainsi dire la forma
" du gouvernement; c est -à-dire, qu'il fut permis
(Fappeler au tribunal du peuple assemblé des ju-
■ ecmens rendus par les consuls, tandis que sous
tes mis les p/é/iisrilM , ou ordonnances du peuple,
n'avaient force de loi qu'autant qu'elles étaient
aolorisées par un sénalus-consulre. Ainsi Valerios
élendil les droits du peuple, et la puissance con-
sulaire se trouva affaiblie dès son orieine. Par
vae auire loi, qui ne pouvait manquer de réussir
anx yeux de U muliiiudc , la tète et.les biens di^
quiconque aspirerait à la ryrannie furent déroués
5oo TÀLEKirs pcblxc.ola;
aux (lieux iofei nauz » et Ton permettait de t^Jff]
sans aucune furmalilé juridique ^ toutRomaiiiipi ,
voudrait établir le pouvoir absolu ; elle MSUtA
rimpunité à Fauteur du meurtre, pourvu <|a1l
administrât des preuves du crime, autorîaant.aÎM
tout citoyen k prévenir , par la mort du coupable^
le jugement que la consommation du crime avnît
poui-étre empêché. Quoiqu'une pareille loÂnacèl
contraire à la douceur des ordonnancea de vale^
riiis , elle ne fut pas moins approuvée par w
ÏK^uole jajoux de sa liberté; mais ce qui augmenta.
e plus sa popularité , ce fut rordonn^nce. parla-
quelle il fit séparer les haches des iaiaoeaux qm
les licteurs portaient devant les consuls , Touhai
indiquer par là que ces magisdrals n*av«ieni paa4
droit du glaive , symbole de la aouveraine-pair
sauce.
Les mêmes principes d^équiré et de tnodeitiel|.|
f portèrent à ne point se charger d^adminiatrer ptf'
ui-même ni de faire administrer par aeAamiaJiêl
contributions levées pour les frais de U gucrre^-i
il désigna lui-même le temple de Saturne «oimmJ
devant servir de garde au trésor public : lovpesh
pie, diaprés son am, élut. deux sénateurs qu'en
appela dfopuis questettrsj et qui furent chargés ds
la gestion des deniers publics.
(Je ne fut qu'après la promulgation de tonifi
ces lois, donVil voulait se réserver le mérite àM
seul, qu'il tint les comices pour se doQUer iqp-cal-
lègue. Le peuple nomma Lucretius , père de Ia-
crèce. \ alerius , en considération de son grand lgS|
lui réJâ le premier rang, et T honneur de birc po^
ter devant lui les faisceaux, honneur qa7«ii défifs
toujours depuis à la vieillesse. .
One conduite si pleine de modération eflf dps
lois si favorables au peuple fii'cnt donner -i ctl
il);i5lrc patricien le nom de PubUcola^tm de pe^
puicûrr ; mais ce fut moins [lour mériter œ liir^
VALEKltJ ^UliLlCOLAf 5oi
nr (tour attnrVier plu» élroilemcnt le peuple à la
ièéeaaf de la liberté que Vaterius augmenta son
iniluencâ pai' ce» liifféreiis réglemens, car ces lois
a'étatcDt ijuc îles ménasemens nécessaires dam
des commencemens si délicats ; en eifet , si les pa-
triciens avaient laissé enlrevoir au peuple qiiMls
n'avaient chassé un mafpre que pour s'en donner
[AusieuTs , le peuple n'aurait jamais concouru à
loiilenir celte nouvelle forme de gouvernement
tvec l'énergie nécessaire pour repousser tous lei
tnnemis que Tarquiii eut l'adresse de susciter, .
Porsenna , l'un des rois les plus puissans des
âonze peuples de l'Elruric, se déclara le premier
■n faveur de Tarquin, parce qu'il regardait comme
ËaricuK pour les Toscans qu'il y eût un foi h
Oise , et surtout un loi toscan ; d ailleurs un sou-
verain chassé de son irdne était pour lui d'un dan-
gereux esemple.
— Selon Plularque et Tile Lire, ce prince ne dc-
irivr* U guerre aux Romains que sous le second
«•nsulat de Pubticola.
Le fondateur de la liberté romaine était absent
rand il fut noiumé consul pour la seconde Ibis ;
y revint aussilùt , et, secondé par son collègue
Tttus LucreliuB , il rassembla nne armée pour
marcher contre Porsenna , qui s'avançait avec
4ea forces imposantes. Le choc des deux armées
ptt lieu près du Janicule, aux portes de Rome
même. Publicola soutint vadiamment les cfforl^s
des ennemis, supérieurs en nombre, jusqu'à ce
3 n'étant couvert dp blessures il fut emporié hors
o champ de balaillc. Son collègue Lucretius fut
«ntsi blessé. Les Romains , découragés , se réfugiè-
rent vers la ville. Ce fut à la suite de ci-tle dé-
route «ju'Horalius Coclès soutiui seul l'elfort des
ennemis el les arrêta k l'entrée d'un pont de briis
appelé Sublitius, jusqu'à ce que ses camarades cu-
rent couDc 11- tfoul derrière lui; alors il se jeta tout
3oa VALER1VS Pt/BLICOLA.'
armé dans le Tibre, qu*il traversa à la nag^jqnoûiu^^^
Coclès pour une somme égale à ce qut chacun d*eu .'
dépensait en un jour pour sa nourriture. Suifant/''
Denis d'Halicarnasse , cettt libéralité sponla^'
née vint du seul mouvement du peuple ; mab lei^.'
historiens ajoutent que Publicola fit aoaner à Cor' '
clés autant de terre qu'il en pourrait enfenner ev.^'*
un jour dans un sillon qu'il tracerait lui-même..- #.
Cependant Porsenna tenait Rome assiégée; il
p«iraît môme que le siège fut long^ car Publicola'i?
dans l'intervalle fut nommé consul pour la Iroi-i';^
si^me fois. La ville commençait à éprouver kit^^
horreurs de la famine , lorsqu'une nouvelle améa.
de Toscans vint porter encore la désolation et fe
dégât dans les campagnes environnantes. PuUi^|
cola j (pli épiait l'insiant de surprendre reonenu.
disséminé , négligeait à dessein de réprimer ctk-.
brigandages partiels, réservant toute sa vengeance.^'
pour des occasions plus décisives. Dans le desseio i
d'attirer les fourrageurs, il ordonne à un grand ^
nombre de citoyens de sortir le lendemain par b
porte Esquiline, la plus éloignée des assiéffeansyet'
do cliasscr devant eux leurs tsoupeaux. Séduits par. l
Vospolr d'un butin général, les Toscans passeat
)o. Tibre en plus grand nombre qu'à roTCUnaiit;^
ils sont tout à coup assaillis de plusieurs sorties si-
iiiult:^nées ; Valerius en personne descend lemoat; |
Cœlius avec l'élite des cohortes « tombe brusqaa-:;',
meiit sur les ennemis , les met en fuite , et leur Ul4 ;
cinq mille hommes. On rapporte âi celle mêvn^
époque du siège l'action célèbre de Mutivf.SoïKi
vola , racontée par tous les historiens , mab àt .
différentes manières* Porsenna , effrayé de Tava»» '
in^c que venait de remporter Yalerius^ et de b
co4ispi ration de trois cents jeunes romsiiu, don^
VAIEHIVS PUBLICOLA. 5l>5
jBtiuS) quls'éuil inlroJnil furtivemenltlans sou
Stp pour le luer, Ycnait de lui faire la fausse
pfidcncf, consenlit à traiter de la pais arec
Ëme. Publicola donna pour ûtage dix jeunes geus
Eihinille patriciennes , et autant de jeunes Gîtes ,
nombre desquelles était sa fille Valeria ; il ren-
S en outre les terres que les Romains avaieut
■Dquises en Toscane. Les Tarquins, ainsi aban-
pnnés, se virent forcés d'accéder au» conditions
pe dicta le peuple romain.
L'année suivante, dès (ju'ojn sut à Rome que
^ Sabins unis aux Latins se préparaient à une
bnvelle guerre, l'ublîcola fui nammc consul pour
E <gualricme fois. Non seulement il sut ramcnsr
|Confîance parmi ses concitoyens, mais encore
rÇDtretînt et échauffa les dirisions qui éclataient
Lrmi les Sabius, ennemis de Rome; c'est ain^i
n'U sut attirer dans le sein mAme de c^le ville
uppius Clausus ou Clodius, que ses grandes ri-
Kpfses, son éloquence et ses vertus, faisaient reear-
H' comme le premier de sa nation. Exposé à I en-
irïede ses concitoyens, Appîus, cédant aux propo-
Ittïons de PuLlirolii, asscnjbic tous ses amii , qi'i
âe leur côté en attirent d'auires, et il entraîne
kvec lui à Rome cinq mille chefs de famille avec
^l)rs femmes, leurs enfans et leurs esclaves. Pu-
njicola 1 prévenu de leur arrivée , s^cmpresse de les
wScueilÙr, et leur fait le iraitemeot le plus favora-
file; il accorde à tous le droit de bourgeoisie, «t
iêùr distribue par tiHe deux arpens de terre le long
(^ jBeuve Anio. In ités de la retraite d'un si grand
noiâDrc de leurs làiiiilles, les Sâbins se mirent eit
îàùmaene, el vinrent ramper entre Rome et Fi-
'■l^neSi^nitruit de luurs projets par des tiansfuges,
KibliÉola fit attaquer les fourrageurs, et lui même
ivcc lé reste de 1 armée, faisant un grand circuit,
»int envelopper l'armée entière des Sabins; sur-
paie de tous cCtés, elle fol bientôt défaite eto^isc
I
SCS parles précé tien tes, Publicola reçut It
iieurs du triomplie. Après avoir remis une s
fois sa patrie viciorinuse entre les mains Ji
suis nommés pour lui succéder, il mourut.
Rome 760 (Soaans avant J.-C), comblé
les hanncurs que les hommes ambilionnenl
et qu'il.'L jugent le plus dienes de leur eslim
De Aveu de tous, (fil Tilc Live , Pi
fut le premier homme de son siècle , et
guerrier et comme citoyen. Riche en 1
Il ne laissa pas de c|uoi fournir aus i
ses funérailles ; Denis d'Halicarnasse rei
même que ce fut la pauvreté de Public
pr.rra le sénat de llome à ordonnfr iju'
enterré aux frais de l'état. Chaque riloye
été taxé au quart d'un as, ce qui laïl
près trois sous de notre monnaie , et
de Home contenant alorscent trente mille ci
il résulte de ce calcul que la pompe funJ
Publicola coûta plus de trente mille francs;
certaine que le peuple romain , si frugal
VA 1. RRIUS f UDUCOL *. ^^ip.»
b (lâQi çf méra(i\\vit fui Jonnc pour toujours n
pp/léntè,' ;iviiurage plus cilltt.«lile Ijuë les "rj
}^_ ei la royaulc mérue , si l'on met U féliptii
.pS» dans les volupLës, mais dans VhoriDCUr ri
Kla gloîie.
I^oblicoh fui pcuilsnt )3 vî<? le premier iea
nains par sa jjoissance, par IVdal closes vurlus,
Ans de six cenis a'ns aprcs sa iiiorl Irs plus
ries familles Je lïf.mc , L-s_ INiblicola, 1rs
svU, el tousjes V.ilc-rius qui sorlaient de la
lie lise, lui rappiirlèjeiil Ij gloire de leur no-
FC. Les diffcrniies liranchri i\e celle illustre
Kll(! se diili(igM;iliii( li'.s unes den autres par dil-
■■■ n suim.nis, cu^^mw U'i JUimi.s, les Coi-
, les Poliliis, i'es Levinus el les l'hccll., "
blicela lut lierm-ui prnJ.mt sa vie et pour
direaprfs sa irinrli' car Hjpjs les l>icasreEar-
■amiae les (^lu3 ^faiicTs et le.^ plus e^tiiiublps
t Ips liiinimes pinîseVit jouir , illes a possédés
P' poser vés jusipyâ son trépas; non seulement
parens et ses amis pleùrèfenl sa mort, mais
^.r«b^illedeR(,n><■ l..u,l ehli.Ve ; des milliers dc
'sonnes en p„rt.-,-ent le deuil. ..■! les fenimei
Daines regreitèrent l'ubjicold ronmie un fib ,
Jbèrc, un niari.
ï ne s'enrichit point pic des injustices; îl eut
IpoQtraire la gltiire de faire le plus bel usaf^e
■9 farlune, en venant au leraurs des malhcu-
U diminiia 1(- faste dti eonsiibt , et rendu celle
ttialrsture douce el almaldi: [our tous les ri-
ipiis. Il emprunta plusieurs Inis de Soloii ;
ireaulies (.elles qui ilonnaieni au peuple le di oit
lire ses mitjislrjls, et qui piTineMyienl d ap-
er à sa .if'risjon des jngeiiieiis rendus p,ir Ifs
lunaux. l'^ti éulilissanr îles <|iie9ieiiis poiu' l.i
■de dji iresor public, i! \oulur (pi'un u.i.*ul
mine de bien put îf li>u'r j '\ti soins plus im
Tome l. ;-«
les affaires qui demaniient de la force et
gueur, et qui doivent élre décidées pa
des armes 9 il fait paraître encore plus c
dans celles qui , pendant la paix , exîgen
<lresse et de la persuasion ; il sait 91 bie
Porsenna, que d'un enneçni redoutable il
anii fidèle des Romaine. Mais il gagne plui
tailles f et remplit également le devoir de (
celui de soldat. Il parvint à abattre p<
jours la royauté , depuis loTig- temps ai
dominante dan» Rome , et son ■ conra^
montra jamais- au-dessous de son entrep
condée par la fortune, sa puissance çou
venu du succès le plus Tieureux,
On -peut dire que radministratron- et h
Fublicola maintinrent Tordre dans Rome
temps des guerres civiles, et qu'ainsi <
bomme sut affermir son établissBment
•t en 4S&ur«r la durée.
CISCINNATUS. 307
CINCINNATUS,
DICT\TEnR B0MA1N.
I
iC llTS QuiNTlDS, surnommé Cinrinnatirs
e qu'il portail ses cheveux bouclés et frisés»
irtenait i hoc tainille patricienne aussi distin-
i pat l'éclat àa sa noblesse que por ses alliances
1 un graail nomlire Je personnages îlluslres
occupaient les premières charges de l'état ;
même, par son mérite personnel, devint
liât Tun Jes ornemensel desaembres les plu«
.«iniinJaLI<..i du s.inat de Hom:-. dans un
ps où les vertus étaient honorées dans ce\iK
jbli<]ue.Toult.-l'ois les meilleurs citoyens avaient
éptorer les ét*?rnelles discutions entre la no-
ise et le peuple ; mus au milieu de ces agita-
is politiques tousles ordres de l'état rendaient
ice à la modération et à l'impartialité de Cin-
latus. Il n'en était pos de même de son fils atné,
on, jeune patricien ardent .qui, disltngué aU'
t par son éloquence que par sa valeur, se mon-
t toujours opposé an parti populaire,
.e tribun Terenliuj Arsa ayant entrepris dp
r ta jutisprudi^nce et de limiter les pouvoir»
consuls et de la noblesse, de grandes contos-
Qns et de vifs débats éclal^renl à Ciî luiei ctiln;
deux ordres de l'état. Céson , à la télo de la jeu-
ie palrieienitc , provoqua des viotcnccs couin-
» (li{i;nc (le pardon ; rtMlncAlion (]iril a r
M l<*s yciix d'un p^rc inndiMtc v\. po\n
1» pli servir de frdii h son in.solrnrc*....
» Quintiiis, on n\i aucun reprochi* à v<
3» si c(i nVst mie In qualitr de père Tcmp
M vous sur celle d« ciloyi^n. »
I^cs tribuns deTnand^^cm l'arrestation c
nidîs, ap^^s i\e% d(^l).'its très-animës, il f
qu'on le laisserait libre apr^s qu'il aurait d
cautions. On hésitait sur la somme à \a<\
inendc serait fixée; la décision de çr, poiii
voyéc au sénat. Il prononça que chacune
lions s'obligerait pour la somme de ti
oiire^ de cuivre. Dix citoyens s'engage
{>ré5;<.*nter Céson le jour qu'on jugerait à p
'assigner, ou h payer cette somme. C'est d
toiri! romaine le premier exemple de cauti
nies par un ac( usé. (léson , remis en lîbe
tit dans la nuit même, cl se retira en exil
Toscans pour prévenir sa condamnation
biins exigèrent avec autant de rigueur qi
ciNr ivN AT ns. Sog
•.s pro|ir{!s mains ciii<[ ou six arpcns de Icrje ,
, Jéliris de son lii^rilugo , nui , ilc son noi»,
ipt «Idi ilfi pr/s Quenlieiis. LS , n'fjyant qu'un
iiombrc il'cjcbvcs qui l'aidaient à laboûrer
:b>mp, il mrnait une vie obscure et pénible ;
iHVrelr ne lui pemicriait ni d'aller è Home,
e recevoir ses amis , ni d'assister auK fêles et
C^émonies publiques.
ai» au moindre danger, Rome, alors l'asilt
jpr d'avoir recours
c ce les^eclable pa-
ie Iroiibkf , venail d'^cliapprr ik la soudaine
iugercu,>^e invasion du sab^n Ilordonius , qui ,
t fi'jlre euifiaré du Cajulole par un coup do
1 1 n'aviil perdu la vie dniis un si danecreux
[•loi qu'.m dépend de celle du consul Valeriua,
! sénat voulait donner à ce digne magistrat
uccessmrd'un méiitir ivtonnu, capableenfin
(Wtenir par son autntiié un peuple turbulent
a tribuns farlieux ; il jelf les yeux sur Quintiu»
lîfinalus, père de Céson, Le jour deIXeclioa
t fixi: , le corps cnli.T des pairiclens fit hs der-
i elforts pour que le choix tomba sur Cinciu-
». La première classe desvolans, composçe
liX'Huit cenlurics de cavalerie et àc: qualre-
l> d'infanterie, lui donna l.i voix. Cecoucours
\ime. de lau'iesiL's centuries, d'une chsse (]ui
aas^il tes classes inférieures par le nombre de
luflrages, assura la supn^me magi>lrnlure à
ùnnaïus , (|ui fui décl.iré cnnsul en snn absence
ans sa iiartiripalion. Le peuple en fui rons-
É; il alljiii Si' voir au\ prises aver tin consul
j , loul pui,s,i!il pnc la fjvi'ur du aeiul , par son
'»ge, par ses Iruis lils , dunt pas un uc le st^
à Céson en grandeur d'âme, et qui tous
>nl de plus ijiic lui le mérite de la prudence
e la modéranon.
l'emporta sur celui de la retraite ; il prit
sa femme, et, lui recommandant les soin
nage , « Je crains bien , ma chère Racili;
» H, que nos champs ne soient mal euh
» année. » On le revêtit en même tem
robe de pourpre, et les licteurs avec h
ceaux se rangèrent devant lui pour i *ei
pour recevoir ses ordres. C 'est ainsi que
rilc et le besoin de Fétat le ramenèn
Rome , où il n'était point rentré depuis h
de son fils.
Dès quHl eut pris possession du cons
fit rendre compte de tout ce qui s'était n
dant et depuis Vinvasion d'Hordonius.Fi
là occasion de convoquer rassemblée du
tl monte sur son tribunal, et« sans se d<
pour le sénat ni pour le peuple, il les rê|
Fun et Tautre avec une égale sëlvérité. Il
au sénat son indigne moltesse, qui seule
hardi les tribuns à s'ériger désormais en n
perpétuels , et â s'étanlir dans un petit
nt^wf^TQ lin fnvpr Aa tvrannîtfk . m\ îi« a
CINCINNATUS. 3ll
«nfîn conire la licence effrénée goi régnait dans
tlome , d'où la subordination et l'obéissancR sem-
lilaleTil élre bannies. A la honte an nom romain ,
noute Cincinnalus, on venait de vuir des séditieux
mettre à priile salut de leur ville, tout prêts are-
BOnnatlreHordoniiispourleur souverain ,sil'onre-
fciSâit de changer la forme du gouvernement: «"VoiU
K le Iruit , sVcrie alors le consul , voiU le &uit de
h ces harangues continuelles dont le (leuple se laisse
p enivrer; mais je saurai bien l'arracher àsessédoc-
m teurs qui régnent aujourd'hui dans Rome avec
w nlut d'orgueil etdelyrannie que n'ont jamais fait
b les Tarquin. Sachez donc , peuple romai'n , que
k nousavonsréscilu , mon collègue et moi, depor-
fc 1er la guerre chez les Eques ot chez les Volsques.
ft> Fious vous déclarons m3nie que nous hirerne-
r* rons en campagne pendant tout notre consulat.
h» Nous commandons  tous ceux quiont prélé le
RB serment militaire de se trouver au lac lUgilLc ;
p ce sera là le rendez-vous de toute l'armée. »'
f Les tribuns lui répartiréot d'un air moqafeur
qu'il courait risque d'aller h h guerre seul avec
Son collègue, et qu'ils ne souffriraient point qu'il
■'(e Ht aucune levée : n Nous ne manquerons point
^> de soldais, répondit Quinlius, et nous avons
'» encore sous nos ordres tous couk qui , à la vue
'P du Capilole, ont pris les armes et juré snlen-
>^ nellement de ne les quitter que par la permis-
¥ «ion des consuls. Si par vos conseils ils refusent
'" de nous obéir , les dieux vengeurs du parjure
l'j" sauront bien les punir de leur désertion. »
' Le peuple , dit 'rite Live à cette occasion , rcs-
peclail encore la saintelc du serment; aussi la ha-
rangue de Cincinnatus ne Fut-elle pas sans effet.
Pour tenir je peuple en respect le consul pu-
bliait encore à dessein qu'à son retour il ne con-
roquerait pas d'assemblée pour élire de nouveaux
consuls , et qu'il était résolu da nommor un Uicla-
campagne, fut consterné d^un dessein
posait à passer Thiver sous des tentes. L<
n'étaient pas moins alarmés par la craii
assemblée hors de Rome, où li se pouva
des résolutions contraires à leurs intérêts
et les autres , intimidés par la fermeté des
eurent recours au sénat ; les femmes et le
tout en larmes , conjurèrent les* principi^
teurs d'adoucir Quintius , et d'obtenir <
Yère magistrat que leurs maris et leurs f
sent revenir chez eux à la fin de la c
L'affaire fut mise dans une espèce de néj
C'était le point où le consul, par cette se
feclée, mais nécessaire, avait voulu ai
tribuns. Il se fit un traité provisionnel <
Quintius promit de ne point armer et de
faire hiverner les troupes en campagn
eîait forcé par quelques nouvelles incux
ennemis, et les tribuns de leur côté s'ei
à ne point faire au peuple aucune pr
touchant l'établissement des lois nouvel]
Quintiiis , ayant appaisé ainsi les ti'd
Rome , rétablit l'exercice des jagemens
ir— -^ — " ""
CINCINNATI' s. 3l3
1 rnfaQS. Aisidu lout le joiir <i son ni.
et d'un actes facile, queltjuc afiairc qu'il
|£r, il exammait avec attculion le droit
-es, et rendait ensuite des jua<!{ncnsf>îéqiii-
^ue le peuple, charmé de La iluuct-ur da
yemement, semltiait avoir oublié tju'il y
tril>uns dans la républî'jue.
urlialilé et IVquiiR (|iic Cincinnal.ua oion^
is toutes les affaiiesiaisaient dé^rcr auxpa*
et même gii jpcuple qu'on le couliuuât
I fonctions de la magistraïuie consubiro ; >1l
i m^nie une sorte de conL'ejioids à li puis» *
!s tribuns. du peuple, qui, à force di; hn~ J
■taiout fait prorogea; dans le Iribunat, mal- ,
^nnaaco qui deleiidaii au 'aucun citoyca j
courût dans les élections dens ans de suiie-
I mêmes charges. Mais Cincinnatui se re-
; instances du sénat et de la plupart de sn \
fôns; rien ne put vaincre son opposUÎDn.
il ne parla avec autant de détint éresseioeaC
gesse; il représenta, averbe.tucuup de gra-
jxsénaleiiis le lorl qu'iU ("ais.iieut à kur
on en voulant violer eux- niêuics leurs.
décrets ; que rien ne n:iari(u.iit ilavanlage-
:sse du gouvemcmcut que cette multitude
nouvelles qu'on propnsaii tous I/s jours et
,'obîei'vait pas; qiiec était^r une conduite
stante qu'ils s'attiraient jusiement le mê-
la mullitude; puis, rontinunul avec plus ds
de véliémence, « Faut-il s'étonner , dil-il,
conscrits, si le peuple ne respecte pas.vna
ons,lorsque vous les inrirmeï vous-mêmes?
uoi , parce que le peuple continue s ' ma-
ils au inépiis de votre sénatus couiulte^
voulez l'enfreindre auwi pour rendiériu
li extravagances de la multitude , i omme si
marquait mêuic son pouvoir en m mires-
plus, d'inconséquence et de légireié! Apri»
à son avis, et jiroréJa iraméilMttment à
vcllc élection, f^omtilé de kénédictio
louanges, devenu l'objet de l'estime, de
ration de ses concitoyens , Cincmnalus ,
lant avec joie la pourpre , se hâta de ren
sa paisible retraite des bords du Tibre
trouva ses buufii , sa charrue . sa chaum
comma auparavant, y vécut du trava
mains, dans la plus heureuse tranquillité
L'intérêt et le salut de l'état pouval
l'arranher à celte retraite obscure et Iionc
faisait le charme de sa vie. De nouveaux
pour la patrie réclamèrent bientôt , Je I
ce grand homme, de nouvelles preuve
Toueinent et de grandeur d'jme.
Tout à coup 1 armée romaine , comma
le ronsul Miiiucius, se irouve ensaf
des lieux escarpés, eu présence Jcs Ëq
s'emparent <lc toutes les issues. Cinq <
ayant réussi A percer les postes ennemis
rent porter à Rome la nouvelle de' l'ii
eiSClNNATUS. 3l5
' iltgnilf's, Cl qu'on ne peut Irnuver la forci; du
« çomRi«[iil('nient que U où U fi}rtiina a accumulé
■ les sr^nJci possessions. Le seul liiimme sur le-
« qnei le peuple romain complaît pour faire
■ respecter sa puissance , était yuîniius Cinctn-
■ naïus, c]tiî ne possédait eo tout qu'un champ
■• (le quatre arpens qu'il cultivait de ses mains, ■
Les députés du sénat Irotiv^ent ce vénérable
patricien comme la première fois , culinant de stis
propres mains son pellt liénUge, seloo les uns
courbé sous sa bfiche et creusant on fossé, selon
d'autres menant sa diarrue, mais enfin occupé
d'un travail rustique. Après li's salutations réci-
proques, ils débutèrent par des vœux pour sa
prospérité et pour celle de ta répubiliiiie , et la
prièrent de prendre sa loge ]«iur enlendre plus
convenablement les instructions duséital.Quiiilius,
étonné , demande à plusieurs reprises s'il est ar-
rivé quelques malheurs e i Ira ordin aires , et dit i
M femme nacilia d'aller lui chercher sa tnge dans
sa cabane. lorsqu'il eut nettoyé la poussière et la
nouveau vf trment , les dcpulés le proclamèrent
dictateur, en le comblant de félicitations. Ils le
pressent de venir à Rome, lui font pjrt de l'état
inquiétant de l'armée consulaire, et hit présentent
aussitôt vingt -quatre licteurs armés de haches
d'armes enirelassées dans leurs faisceaux, espèce
ie garde des anciens rois de Home, dont les con-
suls avaient retenu une partie, maïs qui ne por-
bient des harlies d'armes dans la ville que devant
le diclaleur seul. Le séii.il, iiisLriiil que Quinlîus
approchait, lui cmoie un bateau, dans lequel il
passe le Tibre. A la dcsti'iUe il esl rei;u ptr ses
Uois enfuis , venus A sa rciiroiHre ; bientck il est
joint par tous ses pareiis , par Ions ses amis et par
les- premiers du sénat. C'est au milieu de ce nom-.
Sl6 ClNCINîtiTUa.
breux cortège que, [in^Rdilé âc if.% licteurs , i[ «il
conOuit Jaiii Iloini- jusqu'il la mauvo.
Le I m i] cm .lin le dictateur nomma pour g^n^
rai <le la cavakric Tarquiiûu, paiiicicn 2'unv
raro v;jl^ur, maïs oui , pour n'avoir pji «u la
jQoyen <J'arIieter M Jt! nourrir un tlieval , n'avait
encore srrvï que dan.i l'infatiItTÙr. Aimi toute !'»■
p^rance de la rcpuUlitgue lo li'ou.vBit reufcniHio
tlani un vieillard qu'on vcniùt de tirer do. U char-
rue, et dans un lanUMiiiil i^.ui l'onvonfiAitle coin*
mandement de la cavalerie ; mais ces homnes , i}ui
se faisaient bonneur de la pauvreté, n'en moa*
iraienlpaj moins de couraf;e dana le comnMiide*
ini-til.'I.e dictateur fît ti^rmer les liouliqut», ot
ordonna A tous )(■« liabitan.i qui liaient encori
eu ëlnl Jl- porter le» aroitvi de se rcndi e 3<vani U
cnuclier du soleil d^o» le cbamp de Mars , rJiacuH
avec douze picui t\ des vivrc.i pour cluq jour*.
h se mit eiituif£ 4 U i^Ie de ces ttnupex , cl tr-
riva avant tu jour a(,sra prf^a du ump ennemi ,
qu'il alla rccoDnaiue lui-m£me , aulaat que lea
t^Q^Iircs le pouvaiem pcrutcUre. Sci soldats , par
itoti ordi'K, pi)ii<uâi'enl de gi.unda cri» ,pnur avur»
tîi le consul ■]« l'urvivi^f! diia secours; ils ta rjK
Ir^uf lièrent rfc te fuctîLièrent par une psiiuada
laite avec W pîcui qu'ils avairat apport^ de,
Itoiiui ; f» retranchemaos sorv^ieal ea ntnx
temps it eiifeimer le csnip ennemi. Leg^nérdl liH
Kqucs, appeU Gracclius Derilîus, unlr«]iri| dlik>'
terroinpre lo travail dus ftonuju*. Quintiiu, qui
ivalt prévu cette attaque , lui opposa une pan»
lie loii aim^e pendant que l'autre cnuliouait laa
rctrancht^r. J.e liruit des arineael lea et i» dvi com*
battions reniliieat le consul ejicure plut nertain du
aecours.
U attaqua de son cûliï le camp dci Ëqnot,
{lour liiire diveDlon , ce qui. douuile UibiÎm lia.
CINCÏKTÎATIIS. Si 7
PMir d'n cire ver ses n'iranclifinfin; en aoiH
e8«Dneniis, au point du jimr, ae virent à
»ur «iK'gf^li r>ar deux armi^ps. Le dicutmir
consul asxiiillirent «Ion a\fr. lanlpi Itnin
I iRcainpciinnmi.Ciiiiiinnatns trouva IVndroit
m allifjuc moins fonili^, parce que h géaé-
!iE(]u<-fi. n'ayant ^la» cm avoir k se <](!!ri>nilrc
e coiti-lii, tiR fil qii'iiTii: fiiilile ri'Mislinrc.
me il nrai^nait d'éirc empoTlc IVpéc A h
, il Cutrccoiin Ji la ni^ifona'ion, et envoyi
i^pul^i au coniul, nui, sans les eulenitre^
rvoya au diciaievr. (îes il^put^s , s'élani pré-
ik lui malgré la clialeur ùp IV.lion , 1< con-
Biit d'arrj^ier l'hnpKltiosiiir d« ses loldatJ t <t
I pat mpltrcsa gloiro i faire p^rir pcac|uB
une nation , et ib lui ofTrirent d'abandonner
camp et de se reiirer sans liagitge, sans
a et «ans arme*, Quinlius leiirrtijifindil atec
qu'il ne Im (■«liinair. p;ii ass<>» iintir croire
eur tnnrl fiU de imelquc consëigui'nca à U_
Hînut ; nn'il leur liiliaatt volontiers ta ^ai'^
1^11 il Yoiilaît <\\if liMir p;t'o('ral et \ch priwi'-
olficrcrs n-sliissi'iii prisnuiLii^is Jf fjufire, et
les sulilaia [lassasirnl sous li; jnug îles llo-
I, sinon qu'il allait li}s laire liiiller tons en
I. Les Eques, cDviriiniiès de toutes paris, st
(ireni i toutes les conditions qu'il pKil i un
mi virtoriuux de Irnr im|ioser. Un iîclia deut
ne* en iirrc , et uno troisième fut atpachéfe
iviTs sur la pointe des deux premitres; loui
ijucs, nuseldés.iimi^f, passèrent sous le por-
militaiiTi rspM' d'Jnl.miie que les victorieux
saient i des vjînru.s qui ut' piiuvaienl ni com-
3 ni se nlinr. On livra iin même irmp* ant
ains le {;<''ii[''i.il et K'.t iilfii-iers, qui furent
vé% pour si-riir au trioiniitii; du dirlatcnr.
lintius ali,nidi.i
e de Rome, saiiarien
3l8 CIWCIHBATOS,
reUnir pour Ini du buiin , et latu vouloir loufTnF,
que lesiroupi'iâucoiDiul, qu'il venait ile dégager ^
jrpri»etit fttn : « SoMaiH , kur dil-il avec sévérilâ ,^
j> vnuK (fui avec été i h vrillt- de devenir la proi^
« denosriiDeini», vous ne partagcri-s point leurt
« dépouille*. - Tuii, se toiirnàni vcnlc contulij
« £l vuuSjHinutius, sjuuu-t-îl , vous ne cos:^
s manderez plut en clief A cet légions juiqu't ci^
> aue voui ayez fait paratlte plus de cour3gft,et
■ dp rapacité. " Ce rliilimt-nt n)ilit.iirc ne unP-
nua un rien ilu resptcl et de la recoanai»an« de
ces troupca pour leur libéialeur, ri le coniul (1
ses snlduts décernèrent i Cinciunatui une cgu
ruune d'or du poids d'une livre, comme â celi
(pli avait sauvé U vie et Thonneur i tes couci-
t..y<!ns.
1.C Rénal , ayant reçu les nouvelles de la vïctoîn
r)uele diciafeur vetjalt de remporrer, et le par'
lage jufJIcieua (|ii'll uvail fait, de» dépouillea dit
«nueniis, linnlcux, pour DÏii«i dire, ou'un Ûi,
§raiid capilaiiic vieillit dans la pauvrcle, lui fit
ire (|u'il entendait iju'il prit une part considâ-
rabic dans le bulin, voulant milme lui adjuger
une pAviion des terres romjuise* sur les lîques,
avec le nombre d'csclavpg et de besiiaui liécea-
■airc pour Ica faire valoir \ mais Quinti'ja crt
devoir un {ilui grand exeuinle à sa patrie ; il [n*'
fera , JUS richeases qu'on lui olfrail, celle fMU^
vreté , relie vie dure (ju'il regardait comme l'aA
de [i vertu elle soutien de la liberté, jinruuâi
Ju'il n'y a rien de plui libre ut de plua inJëpenr
ant qu'un Mtoyen qui , aans rînu attendrit d<t
autres , tire toute sa subsistance de son propft
héritage ou de son travail.
Ainsi, en moins de quinze jours ce graDfti
liomme dégagea l'armée du consul, vainqulE
celle des ennemis , fit son entrée dans IXomt aWC
b-s honneurs du Irioatplic et è la iftc de touu >oa
C! NCINN ATVS. Sig
rm/*. Drv.inl sun char marchais ni le» f;<lnrrauv
^nemb, puis venaient les dépouilles et tes dm*
Wiuxenlev^Jl \e% soldats Hnmninx suivaient, roii-
wrli de chapeaux de fleurs et célébrant la vic-
bire de Cincînnatus par des chansons mililaires.
Du labiés étaient dressées devant toutes les mai-
kins, elle» convives acccmpagnaient la marche
Ëiphale de ^is de joie et de chani« d'allé-
e. Cincinnarns abdiqua an bout de seize jours
;tature, qui lui avait été déférée pour six
(bob, rt qu'il eût pu retenir ; il abdiqua en pré-
llNice du peuple, après loi avoir rendu compiR ut
jk sa courte administration et de son expédilioii
liéaiorable. Une telle modération augmenta rn-
iote sa gloire et l'affection que ses concitoyens lui
tv*îent vouée.
Les amis de sa fjmîlli*, se prévalunl de cette con-
bnclure , obtinrent enfin qu on pf^eM l'accusateur
K Quintiui Céson , sun fils. 11 fut convaincu de
iitomnie et de faux témoignage ; Céson fui np-
||Ué I et les tribuns , voyant que lé peuple adorait
ion p^re , n'osèrent s'opposer à un jiieemenl si
builable. Cinoiinalus, rouvert de ^loiriM'i s.itisrait
lu retour de so.i (ils . .s'arraili.i aux ;i[>i>!.iudiss,-.
nens des Honiains, et retourna s'ensevelir dans
a chaumière , où il reprit ses travaux cham-
>?lres.
Il n'y fut p.is lone-lemps sans que Rome épro'i-
•it le be.oln <le sa p.ésence et de ses conseils. De
louvenux iriuihlivs . l'xriics au sujet de la publica-
ion df la loi Tersiiiilla par li's tribuns du peuple,
e sénat ûi' i.ippt'li'r (^iiu.iniiaïus pour l'opposer 4
Les S-ibius cl les laques venaient de retiouveler
purs rouist's sur le i.rrllniie de Home; le séuat
irdonn.1 aossiliU que le« <-<iosuls uiareheraieut
onlrc les ennemis; mais quand il fut question de
iiv. bien qui aiment si ncè renient leur jial
«lait prPt.fjnoiqiLP arr^blû (l'ann^s , il'c
li; premier IVxemplc , et qu'ils trouvera
II' combat ou uue victoire glorieuse ou
bonorable.
Tous ces mouvtnncns ayant été appai
cinnalus se relira de nouveau dans sa ca
pnVt du Tibre, pour y jouir enfin,
.<eln (le sa famille, dn calme li<>urci>K ^
niait sa vieillesse , et qu'il avait mer ili
lie travaux honorables. 11 ue lontiail p
»fiil vceu I relui d'y t'-nniuer \iaiHil)l
ri.rrièi^, et dn pouvoir emporter dans
la coRStilante idie qu'il laissait sa pa
un ('lat'de vi'ocur et de prospérité cri
Mais , l'aa de Home Hi3 , il mirvinl u]
al!'reusc qui cauna det troubles et des sé<
la faveur desquels nn rlievalier romain ti
iioinniéSpuriuïMeliuSjfiit à la veille de
de i'au tonte souveraine, après avoir sédi
pie par ses libérabtés. Dans le péril oij s
I CIHCINK ATCS.
imiue. Cincionatus résbu tl'al>nr>) ; il ilcmand»
E séiul cl au consul à quoi ils soiiEjealeni , de
reUfJfi^ un vieillard décrtpîl pour le jeier au
ijlieu d'un choc si violenl ; mais comme on lui
Hait de tous cdtcs qu'il y avaîl dans ce vieillard
U seulemeni plus de sagesse , m^is mfnie ptua
^^ergie que dani toutfslcs autres tftes, qu'on
auiabUil de justes louanges j et que le' consul in-
BUtt toujours , il finit par se rendre. Ch homme
PJléreux conjura les dieux immortels de ne
f5 permettre que dans une crise si alai manie la
ticsse de sou 9gB fît le malheur et la honie de
pays ; et , se faissant nommer dictateur par le
sol , il clioisil lui-même pour général de la ca-
pierie Caïus Scrvilius Ahala, I,e lenciemain drs
Ëacliemcns armés occupent tous Us quiTtiers de
l'Tilleet tous les posles, comme si reunemi eût
là aux porles de fVtmie ; le dictateur se rend lui-
Mme au Forum, y fait porter son tribunal, el-y
iônte escorté de ses llctears , armés de leurs ha-
Ua d'armes , et avec tout l'appareH de la son-
«raine puissance. La noiivcainÈ Ji- res mi>Surcî
1 l'élonncment fînent sur lui tous tes regards de
a multiludc. A l'exception de Mi-lius , de ses par-
ions et de SCS complices , qui voyaient clairement
ju'une force si rcdoutaltle était dirigée contre
ui , tous les autres citoyens , qui n'avaient nulle
onnaissance de la conspu'ation , demandent quel
Anger si pressant, (|uelle guerre subite a pu exi-
vr qu'<m déploie une autorité si terrible, et que
îincmnalits, à l'dge de plus dequaire-vingtsans,
oit investi du commjmleintiit siiprî^me. Dans
etle incerlllu.le gi^iiiTsIe le dicti.lcur onlonne
u général de la cavalerie d'aller sommer MelJus
e comparaîln: devant son tribunal. Metius ink-
lore le secours di^a multitude, el, l'onjure ses
mis de ne pjs r.'ibandinuier. Ses partisans s'ani-
icnt, le peu['lc s'émeut, el veut Tarradier des
que penser d'unacte d'autorîlé " vigourei
cinnalus la haranji^ua ; il ordonna ensuite a
teurs de metlre en vente lou» les biens de
et d'Vn vers«r le produit dans le trésor f
fit aussi rajer la maison de ce co^spirau
que l'emplacemenl seul fût un nion"»^^»'
crime et de sa punition.
On y avait trouvé une gÀnde (juanlité
que le dictateur fit vendre i vil pn>- ^^ ^
fjislrat ne jugea point i propos d'info'''np
es complices et les partisans du chef ^^ '
ration I de peur de trouver wnirope^and
de coupables. C'est ainsi qu 'alliant l^i^^rr
prudence 4 et la vertu au talent, ilrélablifii
et affermit la liberté dans sa patrie , ^t C(
un âge où l'homme, n'ayant d'ordinair^
sens glacés et un cœur engourdi , n'est p''
Lie d aucun acte de vigueur ni de courage
Mais ce fut la dernière action (lublitjue
cinnalus ; il mourut peu de temps après,
tant dans la tombe les regrets, 1 amoi
vénération de ses citncilovens.
CINCINNATUS.
re et à manier les rtiprits
523
nduiie
le , toujours réglée par la raison , jamaii
imeur ou le ciprirte; un amour du bien
supérieure toutes ivs passions;
lent qui ne se démenlil jamais; uni
Il infatigable au travail et à seâ de^
mêlé à toute épreuve dans le tumulte de»
itioRS , et dans les camps, un CDUp-d'œil
DUC résolution impassible; telles furent .
s et belles qualilés avec lesquelles Cin-
I arrfia laliL-encc, sauva uneymée con-
, rétablit Tordre et la tranquillité dans l'état
I le cours de ses magiatralures éclatantes et
ble*.
524 CAMILLK.
%^'**'V%%/v%^rv%x-v%w%v*'*.'*iv*'vw%w%^b#wi%*'V«%4/%*%^%/%4/)
FURIUS CAMILLl]
DICTATEUR EOMAIN*
1^ unies était son nom de famille, et 41 ava
prénom Marcus; (Jamillus était un sumoita
donnait aux enfans de qualité qui servaiei
le temple de Jupiter avant leur entrée t
nionJe. C'est sous ce dernier nom que F
romain dont nous allons retracer les exp
rappeler les Tcrlus s'est rendu si célèbre ,
Îjresqu»! le seul qui lui soit resté. La fam
''ijriu;* n*avait pas eu jusqu'à lui cette répi
éclatante que donne la gloire des grandes
militaires ; Camille fut le premier qui, par 8'
rite personnel , lui donna de rillustration
Féclat. Il avait à peine quatorze ou quinze
servait comme simple chevalier sous le di
Postumius ïubertus, lorsque, dans une
affaire contre les Ëques et les Yolsques, il
son cheval hors des rangs , et, quoique ble
cuisse, ne quitta point le combat, arrach;
môme le trait qui était resté dans la plaie , e
chant aux plus vaiilansdes ennemis ,qui fure
gés de prendre la fuite. Ce trait de bravoure
rita plusieurs récompenses honorables , et >
suite lesouveniir de cette belle action contril
faire nommer censeur (Tan de Rome 353),
qui dans ces temps-là donnait une grand<
uératioii. Une des actions louables qu ilfit c
C i « 1 1. L K. HH
it (]p ilétvmiiiHT, autant p,ir la pprsua-
par [J«BiiwiiâCiSt li!3 céliliatairut à^pouMn
■s , dtiiil le [iniiibre avait èl^ ougFnrnti
;urrre» caii^jiiudllf ». Il prit nussi iiiir nutr»
uclan^ccMitÂcommanilail; il suunaiRus
\» onpbclini.exMnpUjusiju'alois ilelnut^»
Lm dépense* considéialilcs ijuViitrâl-
s fréquuBs arintment ie lotcèrunl Ui! rm»
I loi.
ait lUTlout koaoîn dVgrni pour snuienir
tic Vms, que d'aulros apprllent Vsufla-
t(>ttalt> J(! lu Toscane, qui iic le céJail k
i par It! notnlire de sl's combutiani ni pal*
\ii do ïi-t tniinition* dccucrrr. il y avait
Mpt trt» que le sip|;c durait, lorH]ur la
mécnolfnt de w» ({éiuTaux, qu'il Jicciisait
ni: Irnifur, leur dla lu coimnjuilt^mcnt '
l'uutre* tribuns pour continiitr la guet'M.
Ail •îe ce nombre, et c'éuit pour In troi—
» qu'un lui conférait cette dignité, La snrt
\M d'abord i comliaUEB contre lea Falït^
le» Capfiialcs, fjui ëtaieni enlr*'* sur li'«
» tloinaiii.^. Camill>- les bjllit , ci lus ubli-
e rrnfcimi-r daii.i liNirs murailles.
'Ce (le Vi'ii^s durait toiijonrs; le sénat, mé-
des ntagi^itrats, cl alltiliuanl la longueur
guerre à la lenteur qu'iU y apporlaient ,
I d'abiliquer. On eut recours dans celle
I, cninmt- d^ns une calaniitù piililiquc, i
ttcur. Camille fut élevé à reUu suprtïme
iture, et seul cliargé de la r.onJuile d'une
[ui durait ilipuïs si long Irinps ; honneur
ir(il capilaiui' ; <ouj<nictiu'e où.. sans Ixigua
II à sa place. On avait déjà oiiseiié »|ue ,
emplois où Camille avait eu des collègues,
valeur et la liaute capacité lui avaient lait
suivre a la guerre un gênerai que la '
vait jamais abandonné ; les alliés mên
rent un secours puissant composé de I
lissante jeunesse. Camille pouvait avo
de cinquante ans ; il s'engagea, parfln
nel, s'il terminait heureusement ceti
faire célébrer les grands jeux appelés (
du Cirque , bâti par Tarquin I Ancien
roi de Itome , et à dédier le temple <
Matuta, qui, si l'on en juge par les
de ses sacrifices, parait £tre la même
Le dictateur n'eut pas plutdt pi
louble vœu , qu'il se rendît au cat]
devant Véies. Sa présence seule rétt
devant Veies. sa présence seule reu
cipline ; on se^ra k place de plus p
son ordre on releva les forts que 1
avaieni ruinés. 11 marcha ensuite cont
ques elles Capenates, qu'il iléfilen bats
après celte victoire , qui lui laisuîl b
libre, il revînt au siège, qu'il poussa av
Telle ardeur.
CAMILLE. S27
» conduisit juïque sous la citadelle, i l'en'
même où était le temple de Junon , palrone '
I te ville. Dan* ce moment U le général ilei
□s faisait un sacrifice, et le devin, après
considéré les enlrailles de la victime , s'écria
I dieux donnaient U victoire ii celui (|ui ache*
lie sacrifice. Les Romains qui étaient dans la
, ayant eoiendu ces paroles , ouvrent la terre,
il en faisant un bruit cffioyable avec leurs
, et enlèvent les entrailles de la victime ; iU
andîrent de là dans la ville ; une partie alla
er par derrière ceu» t|ui défendaient les mu-
, d'autres rompirent les pi-rlea, el toute
Se entra dans la place.Les malheureux Véiens
virent d'aliord Ja fureur de l'ennemi victo-
, on ne pardonoa qu'à ceux (ju'oii trouva dé-
s, et le soldat, encore plus avide que cruel,
t piller les richesses immenses dont celle ca-
était remplie. Caioille, qui du haut de la ci-
t voyait tout, ne put retenir se» larmes; il
let yeux vers le c>el, et ftl celle prière :,
ind Jupiter, et vous , dieux (jul voyez les
mea el les mauv.iises aclinns des lionimcs,
I» savez ([lie ce n'est pûs injualenienl, mais
la nccËSïilé d'une juste dêlènse ijuc les Llo-
s les armes conire lea habitans de
mpenscr celle prospérité,
is devons éprouver quelque roalliuiir, failes-
etombi-r sur moi , et épargnez, je vous en
jure, la ville de Koine el ses années. »
ind on eut cesse le oillaire, Camille, oour
mpru
le. Si,
TÎvale de Uome. Tous li's Icmpics fun
de damas n '
àti prières pulliijups en actions de erâ
n'avait point rncorc f\é praliaué tiai
liitiirou)! succès de la rèpulilîque; le trion
du dictaicnr eut qiiulque chose de parti
mille onira danf Ilome sur un char ma
lir<^ par f|Uïtre clievaui blancs.
Aliis ce<tc singularité déplut au ppu]
vit qu'avrr. une indif^nation tecrjtle <
magîtlrat afTccier une pompe réservé
pour la royauté, et, depilis l'expuhioi
ronsarrée siïulemcnl ati culte des diei
dit riularque, une première cause do
tement dut citoyens ; ils en curent liîen
conde dans la loi qui ordonnait le pa
ville. Les tribuns avaient proposé ou'
en deux poninns claies le sénat, les cne
peuple; qu'une moitié restât i Rome, et
allât habiter la ville nouvellement conq
représentaient la situation, la force, ,
cence des. édifices, et le territoire plus
plps fertile <]ue {clui de Home, et ils
q)ie les Romains par ce iDoycn poiin
CAMttLE. St^
itaU m» trime, dbait-il, (Je con Juirf te pm-
main dans uneltirecairtive, ei <]« fir'^rt^âf le
tmnca i h patrie viclorieuse. Il ajoula^'îl
«jtouible nae deux ville» si puissantes p<]»~
emeus-er lons-lemps Pn paix, el B'i'ïprfet
"^it U guen-e l'une â l'antre ctlei devU-
4 i la ua la proie de leurs ciiiieniis coin^
ttréa de h sagesse des reniontranrcs de ce
fr dloyen de Va république , les sétideun et
incipaux de la nobli-sse déclarrrenl qu'ill
aUni plutOipux veux du peuple rnmain i|afe
liPT leur pairie. Teu^ les vieillards $k remlt-
br la place, où le peuple était assemblé; ik
t^irèrrnt, Icî larmes aiw yeai, de ne pas qntt^
Ile ville augiisle, nui commanderah un jouf
Mndeenlîer, et i laquelle les dieux avatent
^ de si grandes deâliiién; ils mantraîottt
e<lel3 main le Capilole, et tlrmandaieaiauk
C[» s'ils atiraiciit le dCurage d'ibaiKtsTnier,
*,T*Sla jïVniTrtilus el les antres diiînilésni-
5 de celle \iUe, pour suivre dts iiilums qaï
STchaient, par un partage si funeste, qu'à
la républi(|iic ; enfin , le peuple, entraîné par
c de ce raisonnement, rejeta ta proposition
bons à ta pluralilé des voix. Le sénat or-
1 par l'avis de (Camille, qu'on distribuerait
te sept arpen» de^ terres des Véiens, pour
i^enser le peuple de sa docilité. Les plébéiens,
*a de celle libéralité, donnèrent de grandei
;es au sénal -. on vit renaîire la conrorde fn-
cleux ordres. Sous le gouvernement de ce»
J|at« patriciens les Eques furent vaincus,
- âlisques .se douuèrcnl i h Tirpublique. Tous
*ntflf;es étaient attribués à la sngesse et à la
*]e Camille; ce furent de nonvelie» injures
T"d des tribuns, qui ne [lauvaicnt voir sanj
I
55o CAMILLK.
haine Tunion du peuple avec le sénat, cp;^
gardaient connfne Texlinction de leur autork-i
ITs auraient bien voulu pouvoir se défaire
homme qui seul était plus redoutable qu
le sénat; mais il était bien difficile d^accu5
cltoyon révéré pour ses verlus, adoré- du sa
et qui n'avait jamais eu d'autre intérêt que ce]
sa patrio.
Ce fut surtout à Poccasion de la dîme de
pouilles que le peuple fit éclater son aninn
contre Camille. Lorsque ce général était
pour Véies il avait fait vœu j^ s'il prenait
ville , de consacrer à Apollon *a dîmedubiJ
mais, soit que Camille craignît d^afHiger ses
dais , soit que l'embarras où il se trouvait <
lui eût fait oublier son vœu, il les laissa main *
tout, et ce ne fut qu'au bout d^un auj el
qu'il était déjà sorti de charge, qu'il en fi^
rapport au sénat.
Les sénateurs regardèrent comme impo-
de revenir sur le partage d'un butin que If-
dats avaient dissipé; ils ordonnèrent seul<^
que ceux qui y avaient eu part, en rapporte"
aux questeurs te dixième de la valeur, afi>
faire une offrande digne de la piété et de ^
jesté du peuple romain. Cette contribution
tendue imta les esprits contre Camille ;
Luns saisirent cette occasion pour se dé
contre lui; ib rappelèrent le souvenir
triomphe, et ils ajoutaient que ce fier p
en partant pour l'armée avait voué au
la dîme de dépouilles de l'ennemi , et q
tenant li prenait celles' de ses concitoyens
dant les soldats apportèrent la portion qi
exigée, et le sénat arrêta que Ton en fera
tère d'or qui serait envoyé à Dclpl
For était furt rarc^ et comme les magist
CAMILLR. 53l
en prorurcr, Ici djitncï rom.Tincs s'as-
t et t;on*inrenL cnli''ell('s d'rmpKiyiT
iiijoux i cette oltiantle) (jui lui de huit
re conirc les Fsiisqucs et 1rs afTaires
Jemanilaient un général qui, à une
[i^rience.dans U guerre, joignit bcau.-
piitalion et J'aulorilé, Le jiinal nnmnM
lUc tribun miliiiiirp, avec cinq autres,
ne 36o. Le peuple conGrma cette ékc-
a suffrages. Camille prilk cotaminde-
'arméc, entra sur les terres lies Pa-
t le siège Juvanl Falérie, ville bien for-,
ait qu'elle ne serait pas facile à prendre,
iége en serait fort lonfj ; nuis îl «tait
e tenir les Homains hors de leur ville ,
n'eussent p.is d'occatlnn de fumier des
, et d'etr.iier des séditions ; car Ica sé-
els que des médecins habiles, crrt'
ifesquc toujours utilement te. remèdo ,
Tasser le corps politique des humeur*
ui en IroiiMaieni IVcouoinie.
ilans de i'aléiie avair-nt une lelle ron-
■urs foriifiralioiis , qu'ils juiiiss*icnt de
faite sécurité, et l'ocnipaieui peu du
epté d'iix ([iii E;.irdaicnt les murailles.
se rciidaieii' à Vécwli' publique et sor-
. de la vdb' pour ti-ire leurs exereices
. ]..eiir inailie , qui, par le moyen de se*
iiLit livier Il's l'\disqiies aux llrniains,
ses écoliers 1res prés des ennemis, et
i dessein d»ii.s les preit.iéres gardes.
Ja eiisiiile qu'on li- i-rési citâl au cé-
and il 1,11 au'.'ès de Coiiiile .1 lui
lis le maîlre d'ec.de di- l'Aeru- ;^re(érant
iidi'c maître de (elle ville. " Carailfc , le-
n c>ui|i rrurain (irw uc ieif.«. lu :
» s<! leur injustice njr un rriiiM! j
• itioul. t'tiurRKii, dit Cainillfi, je; I
■ ]>ar 1rs siuts moypiis qiifi les Itoiiiain
» s«nl, par ).1 valrur, le tidrail et le
l'în m 1*1 ne-temps il coramantle qu'on <j
hiiliils de re iraïlrc, et r|uK, let maint )i^
le tlfia, il soit rojiiluit i coup* de vurfj
^i)l(! par ira t^lèvcs.
Les t'alisciuei, ayant reconnu U II
niBÎtrf^ liVcuIe, étaient dam la plus gra
ti'rnalion. Les prinripaux habitans , h
icmmes, couraient lîors tl'eui-mÀm*
remparts <!t aux portes de U ville, loi
il roup ils voient revenir leurs enf*ni,
naii'nt leur mahre nu ctli^ , en appelant C
(lieu Cl leur sauveur. A rctte vue, non ui
pères, Biaii tous 1«> autres citoyens, péii<
miralian pour le g^n^ral romain , oi
nifnic diiair de s'en rjpnorler k sa j
envo.ent lur-lc-cbump des di'pul^i p
iiiellre à sa discx^tion. Camille! ailress;
ct-s amliasaadi'iirs , qui, admis (i;ina le mïi
que les Homaius, ea préfiÉraat b jusiic
CATIlLLE. 355
Il alliance avec ces peuples, il rep-^il If Ètirmio
I Rome. Les soldats, ^at avaient cnmpic sur le
Hage de Falérip, ne tiirenl p^s j.lolâi rentré»
lus Rome qu'ib dRcrièrent Camille coniiiie on
Rnme qui avait envié aux cilovcns pauvre*
(moyen légitime de sVnrichir. Lps Irihuns du
ople saisirent ce moment pour mclire onrore
avant la loi qui avait |iour bui le parlace ûf. la
te; dcii il) appelaient le peuple aux st.flMe''»t
[•que Camille, biavant toute la haiiie qu'H tiC
«waitmaTwjnerdes'aUiMr, parla contre celte loi
fctant de tibeiié et de force, quele peuple,
ntreson propre letilîment, abrogea la Idî. Les
Demij de Camilk'éiaient si irrités contre lui, q<ie
malkieifr qu'il épiouva par la mort d'un de set
fans ne les tnuLna point et ne put apaiser leur
1ère.
Camille, nUurcllemenl bon et sensible, fnl fi
tablé de cetïë peite, que, cité en iuîtico, il ne
rnparut point , et se lintrenfeimé chez lui. Il eut,
HT accusateur Luciu» Apuleius , qui lui imputait
ivoir détourne une porlion du butin de la Tos-
ne ; il en donnait pour preuves des portes
lirain qui en faisaient partie, et qui, disait-il,
lient été vues ches; Camille. Le peuple, irrité,
raissait décillé à le condamner sur le moindre pré-
[le. Camille assembla srs amii , li^s of^ciers qui
aient fait la guerre avec lui et ses anciens col-
•oes ; il les conjura de ne point soulFrir que, sur
fausses accusations, ou condamnât leur gë-
raL Aprèt en avoir délibéré enlr'eui, ils lui
pondirent qu'ils ne pouvaient rîcn pour empê-
•r le jugement, maiî que s'il était comlamné à
le amende ils l.i paieraient pour lui. Camille,
Jignéde leur f^dibli-sse, résolut de se b.iniiir lui-»
Snie de Il<imc, (iluiùi que. du voir h liojiie
inG coud uni nation atlacbéi: à son nuoi. 11 em-
isM s> fetuoie et son fils, soil de m maisuu
53 i GAMI»LBi
et marche en sllence\jusqu'aax portes de Rome.
il s'arrête, et, s'étant retour oé vers le Capilok,if.
prie les dieux que ses ingflts concitoyens se repeniv *
tent bientôt d^avoir payé ses services par un si cmsl :
outrage , et forme mâne le vœu oue leurs propm
calamités les obligent de le rappeler. Ces inqurA-'
cations de Camille contre sa patrie ne pêavent]
s'excuser ; mais c'est la seule fois que ce gra»l :
homme ait démenti sa modération et la géoéro*-,
site de son caractère.
De même qu'Achille, après avoir prononcé dl<
terribles imprécations contre seê concitoyenS| 4>
s'éloigna, et alla se réfugier à Ardée, ville pai-|
éloignée de Rome. On le condamna , par contof 'J
mace, aune amende de quinze as (neuf miHfi
livres de notre monnaie actuelle). 11 n*eit pasnij
Romain qui n'ait été persuadé que les malédin
tions de Camille furent promptement suivies ds^
leurs effets , et qu'elles attirèrenMvur Rome léj!
vengeance céleste; vengeance dont Camille liH|
nkéine fut vivement affligé , tant les dienx et*!
courroux accablèrent tout à coup Rome y ^*
firent peser sur cette ville des jours de teireor cl i
de danger, soit que ces fléaux aient été l'ouvntgfJ
de la ibrtune, ou le châtiment .d'un dieu qvji
veille à ce que l'ingratitude n'outrage pas impunè- 'j
ment la vertu. Ce qiie dit Plutarque de la persos*
sien où furent les Romains que les imprécation :
de Camille avaient eu des effets déplorantes | n'é*
lait pas une opinion particulière.. Horace lui?,^
m^me a dit, dan$ la cinquième de ses Ëpodcsfi
dira detestatio nuUà expiatur çiciimâ; nul sacrifice-
ne peut arrêter TefTet des imprjkiations. ' ^'
Le premier signe des grandes calamités doal-*l
Rome* était menacée fut b mort du censeur Jev^
lius : le^ Romains avaient La plus grande vénénr.'
lion pour la dignité de la censure, et la-regsiv^
dalciit comme sacrée, Un second signe avaitprfel
CAMILLE. 555
itèiiè 1 pxil de Caniitlr : un citoyen nummè Marcus
ICedilius, hiunme de bien et esûmp imur sa vertu,
|>^vait entendu U nuit une voix plus forte <jue
«lie d'un humilie ijui lui avait dit : « Marcus
' C^ditius, demain va diri: ^i x tribuns miU-
p laires ijue les Gaulois seroi'f bientôt dans nos
' lU'.rs, - Peu de Icmiis anrj's arriva l'exil de
Çjifflille,
, Les Gauloit , nalinn celti()ue , chargés d'une
lopulaiion trop Dumbreuse, avaient quitté leur
U^s, (|ui ne pouvait sulIireàleursubsistanre,pour
lier fonder ailkurs de nouveaux ëtablisseinens.
>'éuil une muliilude immense d'hommes tous
telli^ueui , et qui mendient à leur suite un
lombre plus grand encore de femmes cl d'eufans.
<ei uns se répandirent vers l'Océan seplenr
rjoaal, et se (ixercul aux exlrt'mités de l'Europe j
fautres s'établirent cnire les J'jTénées et les
klpei. Les Senoniens, .qui étaient en plus grand
ombre, l'emparèrfnt des belles provinces qui
but entré les moniagnes des Alpes et celles des
Apennins. Qucl-iucs auteurs leur attiibuent
même l'orieinc i.'l la fondation des villes de Milan,
iVi'.one, Pa,lou<.', Dresse , Côn.e, et de plusieurs
autres qui subsistent encore aujnurd'hui.
Deux cents ans aprèi leur passage en Italie ils as-
nt^èrenlClusium , ville de la Toscane. Les habita ns,
craignant de tomber sous la dumination de ces bar-
bares, implorèrent le scioiirs (les Unnians. Le
«énat députa vers les Gaulois trois IrÈres de la fa-
mille des Fabius, dans le dessein de donner la paix
iiux deux n,itions ; nt.iis leur C'>nduiie înjpru-
dente al.éna les Gaulois , qui m irchèrent contre
Home. Brennu^ , leur général, défait les Komains
piès de la rivière (J'AUia , pénètre dans Rome,
précédé par la victoire et par la terreur ; il trouve
i viile abandonnée par ses habitans , et assiége le
lut oerruiii; o tameuse viiie ae nome, i^ei
convertirent en Llocus le siège Ju Capi
n'ayant plus dcvi>Tes, tout éùnt dévasU
làrcnt les bourgs voisins. Le hisarj con
Je leur Relâchement vers la \iUe tl'Ai
Camille se trouvait en exil depuis d
Maigri! rinjujiire ili's Uomains, il aimait
sa patrie. Le sénat d'Ardce sVuiit issem
délibérer sur les mesures qn'il avait À
pour arrêter tes Gaulois, Cailtilte , plus
auxmallieurs de son P'iys qu'à son pm
demanda à être admis ilins le conseil, e
qurncc déli^rmina tous les Ajrdèaies i ai
îeuiiesse, et à refuser aux Gaulois l'eutn
Yille.
Les Gaulois rinrtnt aussilât campe
Ardée, sans ubservrr ni ordre, ni diid
croyaient t|u'apTte avoir vaincil lei Rc
n'y avait ancuii ennemi redoutable pnur
mille, Toiibnl profiler de cl-IIc imprudcn
de ta ville pendant une nuit obscure avec
d Vlile , et , ayant surpris les Gaulois ensc
le vin, il en ût une horrible boucherie. '
se sauvèrent i la faveur des téuèbres M
CAMILLE. 3,17
Il le malheur de leur [latrle : <■ Qod gériéial,
iSaîcnt Us, la forlune 3 enluvé i!e Home ! Quoi 1
ndis ane Camille illustre par ses exjtloils la
Be d'ArJée . celte nui vil naître ce gfanJ
omme , est perdue ! rvoiis-méincs , fauli; d'ua
ief qui nous conduise, nous restons dans l'îii-
ition , et nous trahissons ainsi l'Italie. ■ Ib dé-
jenl JHMildl vers Camille, pour le conjurer
Mvadre sous sa protection des romains l'u^r.
. rrslG des débris de 1a défaite d'Allia.
ts députés , jirésenlé! à Camille , lui dirent :
[«ne n'est plus , et vous voyez devant vous les
istes re5l<?s d'un état qui a (leuri pendant plus
{ trois siècles. Une seule La taille a détidcdesoii
M et du nAtrp, et îl ne nous reste d'asile qan
WS votre com]!. " Camille leur répondit (ju'il
CPiiicraîl le cfim mandement qu autant (ju«
lioiK qu'ils f.iisiient de lui serait ratifié par ui
rcns veiifermi'î d,ins le Capitole ; que tant
u y cxisleraient il verr.iit en eux la pairie,
fçe Itjterait d'obéir i leurs ordres, mais
n'agirait pninl sans les avoir reçus.
'île Live , qui n'iui rc ti>mi>ign:tgea Camille , dit
1 n'aurai: ,,a.sv,.ul,.seuiem.ni change. ' -
on c\il s
,inî
i'ûv
.Ire d,
j sénat t
t du l'fuplf.
On
lira sa m
oJ,'
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311VI
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lersi-î vo
ulu
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t ob;
ir. Les
sénateurs cl
it»
nmt' l
= :)
niniio dic'alciir ^toiirla lioisi^mcfoi*, e\
niflf>hlral dosUomains. D.ms tout aiiLre
ilil Titi! I.ivr, ce n'aurail éLé (jn'un v,iii
n-.i ne lui lio^inait avec loulnt ces d
IrniipM , ni argent pour en lever.
Camille Iroiiva lont cela dans son <
«lans celle hanle rénnialion qu'il avai
men) acquise. 11 se vit bientôt a 1<1 l^tc d
mille hommes, Romains ou a11i«^-i, q
croyaient invincibles nous un sï grand g
iliseUe se (aisnit sentir i la fois an Cap
i-imp de Utcnnus. Depuis qii'on avait
(lictalnro à Camille, cet liabilc génf^ral,
la campagne , occnnait aussi Ions teS'pa
Gaulois n'os:iienl s écarter pour all«r ch
livres, ensoneque Brcnnus, (jui assî^s
piloIcTél.iil liiiinPme, et souflrait 1
mcommoditi s que ceux qu'il assiégeait.
Les Homains,ipil n'avaient aucune n
C^imille, cl qui se voyaient pre.s.^^s pai
résolurent d'entrer en négociation.
tribun milllaire. en fnt chargé-, il s'alic
Drennus , ri ils convinrent nue les
f, \M I L LF, S55 -5
ifircnmis, rjni , .m lipu de falrr rpisir
<lilé, Y ajoiil;) l'InMilic et h railk'iiCf j
*i]i'stui ti>« poids son (''pée avec 'e |
tus Uii oyHiir (loinaiiile ce (|ti« ri-la .
., Hé, quelle aulra chftse, rp()0iiilit ■'•'
, sinon malheur aux vaincm? » l'en- ,
ilhpuliiient ciiitr'eiiN , Cnniille , i b It^te '
lée, aViait avancé jusqu'aux ponn ds
il avpiil apfim (ju'nn éiail entré on J
) |iniir la |>aix. Aussildt îl ordonoe à 1
do Ifî suivie, et, pienani avec lui sei I
(irûcic's , il K Te.nA an liru ili' la con- ,
iiir y menacer lui mi^mi^ 1rs huirùti d«
)ès qne Caniaïc pariil U.ins l'assemblée
% ilu sénat s'oiivriieut pour lui fane
lur le rerevoir comme leur dicUlcur ,
iMiuei ilues au preraier niagislial de U 'i
. Apr^s qu'ils liii eiireiK rpnJu compte j
ïncJu avec Bretinus . ils se plaignirrnt '
ice de ce prince dans renécuiiun. Ca-
lanl l'or ijue l'un jiMail, li' dnnne imi'it
■\ ilit iiiiH (>:ii]!nri il(^ n-pt'cridri: Icuin
: li-.i<-sli..l.'ii.M-s,.-l <).!.«.! ii-riror:" U
■,\,-s tl<>it>;.i»'i, <lii II, ('1,1 Jl- rj<:liHi'r
il.- :,y.;. [,■ fer, ol ii<)r> nv.'c l\,r. -
camp, et la nuit mOiiie il fait parti
toute sonarmëe, ri vn tamper à tn
Ci'ite ville , piès du rhrmiit iJc Gabic
revêtu d'arme» érlataiiios , cl sjiîvi
Romains, à <|iii il iii^piinit la pins ç
fiance, se présente à reniierni et i*al
vnc nouvelle ardeur. Le coinbal fut 1
rible; il finit |)3r laJéfaile iIps Gaulois
jtérirent sur la place, et ceux qui prin
furent massacrés par les lialiilans de.
des villes voisines.
C'est ainsi que Uome , apr^s avoi
d'une manière si surprenunlti, fut sai
valeur d'un exilé , qui sacrifia loui ic
au salut de sa pairie.
Le dictateur , dit Tito Live, après av<
pairie des irr.iins des barbares , rentra t
dans la ville , aux aci'lam.ntîons de ses si
l'appelaienl le père de la pairie et le scc(
tcur de Rome. Camilte offrit des sacril
fia la ville , rcbâlil les anciens temf
fit élever un nouveau à l'endroit ni^me
Cédiiius avait eiitemln cette voiu divi
CAMILLE, 54l
Ifi'»; comme ses citoycni manquBiKit (li? lomci
M tfiowB nétrcsMiiîi es pour cette rntrrpriae, il*
9l>»ill(|ue il'aprèidet gnorro nusnihnijufs et «
fî&itÈ il> nvaient pliii Utauin de pivndre iIb
E^u il'alicr n'rtpitiier pur ce. nouveau travail.
ntlt (Itïtola'ion )i f;^iér:ile , iU rt-nou vêlèrent
!nB« propcisiiion de iransfércr à V«ic» U
||ede l'empitii, ui d'habiier celte vîllu, qui «iibii*-
I tant ciillrrt! , et était {lourvue Jo tuul en
^dancci par tA iU fourniretil aux iriLunt uue
IIV*1I« occasion de Ici Iiartiigiicr et dit Ipiiir
Mrc t^antillf de* prot'Ot «éditieux. tVl.iit , dl-
Et'ill , pour siiii nmhttiou cl pour sa ffloirii
nnellct (|ii'il i'i)vi;iU «k ciloyuiis le si'iour
I ville touio priic à*lc» recevoir, «i. qu'il Ui
bitl d'iubilef iiM riilneu, de relever de- vuUH
uteratix du Cf ndrc.i , ufin d'éiie apprlé non
iMn''i)l le rlii^fVl le grnpr.-i] dm Jlnniaina , maii
wrK le furidatt-ur de Hanic, et d'etdcTcr ce
killxtnulHS. *
but s^iiaffiirs, qui crai^'iaienl i;ne sédition Jati-
ijincner [ht la |crs,iii.if>'i plulill que pa- la
ce. lllcui rn,>iilr..il I,-:. tinl>..,iK d,- l.*iirs an,
i-es, r.c3 lufii|jl!-s (-1 i:<vi ln'ux iaifiH'ini' Il iri'i-
el iViiina av.licMl n()i].s;icr'>5 , et dont ii.s )■ .:r
lienl tra.iMui^ 1- ,U-yùL 'IVll^s l'Lii.'.jl 1rs ..'p.'c-
.larions <Tiin r;,' Ri-an.l l.,.i,,«i.; adu-ssal( 311,,.-^-
^hiu,s.s.wns.l,;r..in,Mncp.'Mpl.-,<|ui Ir , .,n-
.1,1 de n,! p.iî .-.iK'T qi.<-, d.M^ m. ni..l d<- i-.iu-
u-oi, rav.iil ivdiiii l<- N.-iuiiunc dunt 11 vin/dt
cliappcr, il ii.-li-v3l Itsiuiiies d'uui; vilU dé-
il tdilut prendre les avis , Lamillc comin
Liidus Lucreiiiis , qui , en tpalité de print
int, parlait toujours le premier, cl il
aiilrps d'opiner après lui. Il se fil un
silnnce, et Lucrelius prenait â peine la
lorsipron enl(;nilit le centurion qui rc
{{^iiJu du jour crier Mion 'premier ens<
s'arri^ter cl do pbnier làsftn étendart; cai
reiolficier, c'est ici qu'il faut dtTOeor
p^irolc , entendue detoulc l'assemblée et
giie  h m.-iiière qui était en délibéraiio
pas é\é plutôt prononcée que Lucretiui
« J'acccptt l'augure, et j'adore les dinuii
M donnent un si heureux coniei). » Tout
Applaudit à son avis. Celte parole jetée ai
mais tournée en présage, rut plus de poi
IVs[>ril du peuple que tes raisons les pli
On ne paib pins de Véies, et chaciir
liiltir dans r^ndioit qui lui parut le olus
On y mit tant d'j.rdpur, que ia ville fu
truiie en ii" oins d'un an. Ceux qui avaient
gés par Camille derpiiieicherlesemplace
lieux sarrés irouvèrenl en fouillant le 1
C A M I L !• E.
1 1rs fnr
543
ils , mit de r
(riviiarË les armei. Les tiques , les VoU(|ues , (oui
twUint (le Iloinc, firent une lit^ue pour acc;iblfr
uetle ville avaiii qu'elle n rilt re;ii'iï si^i fiirccs. Li^4
E* "iDS Cl les Heriii(]ucs, (|uui(|ue alliés tlu peuple
laia, entrèrent dans ce (lt'ss<^ii) et fouruircnt
ltou]>M, Ll-ï un» et les aunes si; jel^rtai sur
Sfc lerriioire romain, et, après avoir réi.ni ttTulrj
narclièrent droit à Home. Li'j
es sortirent de ta ville à b tôle des
es généraux se laissèreul enfermer
!>, et lout ce iju'ils pua-iil lairc fut
loat de Mars , où ils se Irouvëreiit
I par les Laiiiiî. Uiins ce d iiger cxirfmg
H'ours 6 un gi^tiéral sujtérii'ia- aux dilB- .
la cl aux iierils ; Camiile fiil itoiinxé i](cl3l'>ur
t la troUtèiuc fois. Ajant aprii que l'atmee
e cotomaDdaient lei tiiîiuris éiait aï^iégér ^ar
kLalinset les Volsques , il fil prendre Us ainic") i
r Im ciloycns , sain en cxcepler le» vie llards,
Miraa , par un léger circuit , le mont de fl'lars \
3 plaça son camp derrièie '
iireaperi,-!!, dfn allumcrdc;
:i'aiidsle.u
1.^. Les L.i
pnuj
V.>k<],IL..S,S,-V..
V ini
,.„,.
i-e deux a
rmpcs . se
linrent
reufcrméi .hm'
\«u.
■ CJl-
n;), qu'i
Is forh'iiè:
:eilt dp.
l^mscUés, etu
col
t!ï posiii
on ils ivs
-dmeiU
il'alicndre un re
.ifo]
rt c|i
i',m Icu
1- envoyai
t de la
Toscinc. (.au.il
,1e,
pèEn^tia
leur ('e.;
^ein, et
Craignant de si;
leloppe
liîU de les piév.
en.r
. 11";
ivail «1...
i-ivii que
unis los
malins il s\;leva
lj;r.l
n.lveiil.
:lu rôle di
tagnes ; la nalnr
I,..ncllen
lens del'e
inienii.
rousimitsen bo
is,
loi a
v.iilsugj;
ère l'id.-e
def.iivfi
prenircr une .
nniil
le ,,
de lorrli
If s. Dos
q..ele)Olii|'.ini!
1 d.
)r,J,.
niia à ini
r..rps d.
troupes
d'aller d'un. ■.!:(
^ilUn
r r.-uneo
li à coup (le Irails
pendant cjue lui
, se
purlerail aver, reu>; ■
,,.,i j...
544 CAMILLE.
v;iiriit lancer le feux, et attendrait ponr agir le
moment favor:)bie. Déjà les I^pmaîns avaient com-
menccratlaqnc ; le vent souillait avec violeDcei
lorsque Camille doima le signal aux siens \ qei
firent aussilut pleuvoir dans les retfanrhemeni
une grêle de traits enflammés. Le feu ayant ^rif
de toute part , Tincendle se communiqua rapide- ^
ment à toute Vcnceinte. Comme les Latins n'a-
vaient à leur disposition rien qui pâl en arrêler
les progrès, que tout leur camp était déjà em proie
aux flammes, ils se virent bientôt forcés d'en sor-
tir, et tombèrent entre les mains de leurs enno-
mis , qui étaient rangés en bataille (^levant les re-
t.incliemens. Il n'en échappa qu'un très-petit
nombre ; ceux qui restèrent dans le camp forent
ronsumés ; enfin les Romains, par l'ordre de leur
général , éteignirent le feu pour sauver le bulin't
c;ui fut distribué aux soldats. Camille, laissant â
'.on fils Lurins la garde ilvs prisonniers, cnlift;
s r !cs terres desennemis, prend la villedesEqna^
î> ic les VolçrjTies do se rendre, et marche cn-
i^\j'\n r.tî siTouïs do Sntr!i:m , qui renaît dY-tr»
•p: :5e pM' les l'ofccns. I^av.s sa mardie il reucon*
tra les mnllicureux lubilcini de cette ville, quelet
Toscans avalent réduits à la plus affreuse dei
i7)isères. Camille fut vivement touché de leufr
état ; voyant que lesllomains, a tieitdris jusqu'aux
larmes par les prières des Subriens , nepouvaint,
contenir leur indignation, il résolut de ne pli
différer de vcnf^er ces peuples. « Les Toscans , dil
?> Camille h res soldats , qui viennent de prendre
)> une viile lichc et puissante, n'auront songé qn^
>' se divertir ; marclions, et nous les trouveront SSM.
M défense. » Sa conjecture se trouva vraie ; non ictt*
lenient il traversa le territoire de Sutrîum sans;.
(^tre aperçu, mais encore il arriva aux portes de i
>a ville et se saisit des murailles avant qne les •
Toscans fufiftcnt informés de sa marche. Cemme
»•
C A JH I L 1 ï. 34s
ille l'avait prévu, les Toscans n'avaient mis
ïDtitwUei nulle pari, ei lorsqiiiis reconnurent
les Hainains étalent maîtres de Sutriuin , le
ri la bnnne chère dont ils élaient gorgés Icifr
t lonle défense , ils se livrfrreol honteuse-
ta l'ennemi, (^'esl ainsi, dît Plutarque , que
ium fut p'ise deux fois dans un jour; ceux
menaient de s'en rendre mnîtres U hi<ts^reiit
Tarent par l'haijilelé de Camille, Le triomphe
obiint par celle victoire ne lui acigott pas
M d'esliiiic et de ploîro que les deuxni-écé-
. Sm ennemis les plus dëilniés, qui >itlri~
eut ses succès à la fortune pUiii^tqu'à sa va-
, furent forcés de rer.onnaîtfe i^ue ces der-
t exploits Étaient dus à sa prudence et à son
ilé. te plus déchaîné de ses ennemis éiait
CinManlius; c'élail à la rérité le célèbre Jé-
■ur du Capilole; mais son 3mbilioi> et son es-
ra v^nilé étaient encore plus grandes que sa
ir. Cet homme orgueilleux nii p.iuvait souf-
rmf^rsinSijeii'avai-s.uvélfC.p.I.iie.di^all-il,
mille .■ù(-ilp.^re,oiivrirRmnt;'..C'éiaii avec
pareils disrotirs qnil ctiercliait à oWurtir la
*C (l'un homme (|u il regriidait cornnie son
. Manlms, iie|iouv/nl parvenir par des voies
nêii's à si'rfi;is-;ei' la gl'i'e de (.:>mi!le, prît
..lie: il Ira
v;.JIa
às-aiMcher h n^ullilude et
iliiyeiis pe:-i
ilui Jf
délies, î'jrlà il *e vit bien-
'nlotiré du
ire enrilaiei
lie fou
nt des
li' J ir:iiiecns, qui par leur
s, el se faiî
ns. Dan? c(
■ai.'nt .
:llecp
rraiiulie des ptincipauit r.i-
iijoncliire on nomma dicta-
ni, 'iui rr,
Cipitn
aJi,nU
lmu,.i,qui sur le champ fit
■ peuple en prit le deuil, et
une i-evoUc, ordoaiia que
346 CAMILLE.
•
IVi.inlius fût mis en liberté. Mais loin d« scrirr
xïiL'iHeur (le sa prison , il n'en souleva le pcupis
qu'avec plus d'insolence.
Camille ayant éié nommé tribun xnîlilaiie,
Manlius fut de nouveau traduit en justice ; mais
le Capitule , théâtre de ses exploits, nuisait à ses
accusateurs , et faisait la plus vive impression sur
les esprits. Camille, s'en étant aperçu, fit trans-
porter le tribunal hors de la ville, dans le bcis
rétiîlen. Alors, comme l'objet qui avait sauvé .
Mniilii.s ne frappait plus les yeux de ses Juges, il
fut'( ondiimuéà c^tre précipité du haut du Ca|>itole,
ilié/ïlre de sa gloire, et qui devint le iiiotiument
(jt» sa iléplorahie destinée. Camille, appelé pi»urla
sixirmc f(»is à la cliarg;^ de tribun militaire, reftt"
sail retle dignité à cause de son grand •'^ge; peut-
(^treaussiqu'.q restant de sucres ilcraignil uiirtfven :
de fortune. La cause la plus apparente était sa'maa* ;
vaise s:in!é; mais le peuple ne recul point son ex- '.
cijse, et se mit à ctier qu'on ne lui demandait pa» ■
de ( onibaitreà pied ou à cheval, qu^on ne voulait
seuleruent que ^es conseils pour la conduite de la
gneire. Il fut donc obligé de preiidre, avec Ln-
cius Furius, son collègue, le commandement des
troupes, hes Préuesiinsct les Volsques ravageaient
]( s huiesdes alliés de Rome; Camille, àla létedê
son armée, alla camper foi t près des cnnennip
Son intention était de rétablir sa santé avant que-
de ( ombattre; mais Lucius et les autres capiiaioesî
emportés par le désir de la gloire, étaient impa*
tiens <ren venir aux mains. Camille « qui trai- .
f>r:il qu'on ne le soupçonnât d'avoir envié à crt ]
jeunes officiers une occasion de se distinguer, per-
mit à Lucius, quoiqu'à regret, de livpttr bataille.
Pour lui, ditlite Livc, retenu par sa maladie»
V se plaça avec quelques troupes sur nn lieu élevé,
ù où il regardait quelle issue aurait un combat en-
ti(*[)ris contre sa volonU;. Lucms, qui chargea te*
.:>>IILI.E. 5/, 7
prr.Tlri-HK^nl Ics etinemU , fui bicniôl rqiouMti.
namiiie , voyant les liontauiï prindre h ruj|^ue
Wul se conienir; il fail avancer ses irouprTau-
tevanl des fuyards , passe au Hivers d'eux , tomba
Ibr les eiinetiiis qui les pounuivaient, et les diï-
pcrif ; le ioiultinnin, ayant rangé son arttiée rti
Ird'P de bolaille, il charge les ennemis avec Iniit
|r vigueur qu'il les met en fuite, entre dans li'iir
pmp, prend tout ce qui s'y trouve de IV^nestiiis
fc4e Volsijues, et ne leur t'ait aucun quarlïor. l.A
pamillc apprend que la ville de Satiia a é\è prise
Ut tcn i'oscai^s, et ({uc ses lial>itana, cfui tons
nî«ii[ Homaiiis, Ont été passes au til de l'^pée.
■.COtlc nouvelle Cauiille reuvoîc â Uoiue ioii în-
nUrie , et , prenant aven lui riflilr de lies tmupcs
ig^re*, marche caiitru les Toscans, tes délait,
p tue un grand nombre , et cluste les aulies da
I ville.
r QuO''!"* niilaje , il revint i Home charge
■ butin de ses ennemis, et prouva , par son
jpBRiple, qu« c'est surionl don« l'e-^pril que con~
liste la pr(nti|>ale force d'un Renpr::! d'annér. Sun
Mpériente el son C(iur;ige snpi'lrèreiil à av- t'.o\ens
physiques; il montra, comme l'a <lil rv!i>(|u(iit
DOS.suet , que, nialj^ré ses infiniiili'^s , ntic îiri:i;
[uerrière est toujours maiiressc du corps qu'elle
laime.
Camille était à peine rentré dans Unmr, qncle
lénal, informé de In r.nnl'e <ks Ti.sculans. le
chargea eni inc de celle e>;]'éililioti , en lui laissant
le choix de colui des cnlléf^nct qu'il prciidr dt avec
lui. Mais, co.iire r.iiteiit^ -le 1..mI le monde , 11
ivail livré i.al.ullc aux l'i'én.-stlns cl ;iux Vuhqu.-s',
:l IVail p.'idnc. I.CK 'J-nsnihns, instrulls de la
mrrlie deCauiillc, usèrent d'adresse pour ré|.,-,-
■er I.Mir faute ; ils icmplireul la r.anir>ag(i.^ dr i.er-
54^ CAMILLE.
lous les magistrats, accompagnés desx princîpaiMr
(Je l|^ille, alièreul au-deyant de ce général, et
firent porter dans le camp des Romains toutes
sortes de provisions. Ces témoignages de sou-
mission n'estèrent pas â Camille la certitude de*
leurs projets de révolte; mais, touche de ces mar-
(fties de repentir , qui en étaient un désaveu , il leur
ordonna d'atler trouver le sénat pour prévenir
rcffet de son ressentiment. Camille appuya leurs
prièies, et contribua beaucoup, non seulement
à l(S faire absoudre, mais encore à leur ûire
acc' rdcr la paix et le droit de bourgeoisie i
lioiiic. Telles furent les actions les plus éclatantes
dr. sixième tribunat de Camille.
(Quatre ans après la paix de Tusculum, Luci-
nius Stolon et bextius excitèrent dans Rome unt
sédition violente , à l'occasion de la loi qui por*
t.'tir qu'un ôa consuls serait pris dans le con^s da
plebriens. Comme ces magistrats du peuple re-
doutaient d'effort , et paraissaient disposée i st
poit(r aux d(*rnières extrémités, le sénat eut re-^
covus. dit Tite Live, aux deux seules ressounrei
qui lui rcsiass(^nt ; le pouvoir suprême de la die-
taluu! f et les taiens du plus grand des citoyensde
la r('pui)liqu(-, Camille. I
Tous les .sénateurs lui défèrent la dictature, et !
c'est [)oijr la quatrième fois qu'il en est rerèta; ;
raais \[ ne racceplc qti avec répugnance. Ce grand j
homme, indifférent entre la noblesse et le neaplef :
(\ a Haché uniquement au corps entier de la répiH-
Miquo, eut bien voulu ramener les esprits par
s .1 conseils modérés; mais l'animosilé -était trop •
^ratiJc', et les tribuns trop opiniâtres; d'aillearif |
assurés de leurs collègues , ils se croyaient défi i
les maîires de faire passer leurs lois , lorsque M'I
diri.iît'ur tenta un remède aux maux nréscns. Ca-
nii le , p.verti du jour que les tribuns devaient fiiire
pa.'jscr la loi , fit publier un édit par lequel il or-
CAMILLE. 54<)
[lonnail au pt^uple romain île se trouver ^u ch,imp
de Mars pour suivre le ilktulcur à l.i guerre.
" I eJît ,
Cei eJît , d'un lïiagUlrai qui avait pouvoir de
IQort SUT 1rs ciioycns , dotiua une grande inrjiiié-
kldc au peupli-. Les tribuns, pour le rassurer,
furent l'audace de menacer le dlcialeur d'une con-
^ajnnatiun s'il ne révo'|uait son ordnnnance. Pen-
dant tous ces débals, la nuit surviti', le pr-iiple et
les Irtbuns furerU obligés de «c retirer s.nns avoir
bo rien terminer; ce i]ui avait été h princifuile
*nc du dicialeiir.
i Camille se relira die?, lui, alléguanlsa mauvaisa
pRiiié, et peu de jours npiés il ^ibdiqua la dicla-
lure, soÎKjMC, considcraiil snu âge avancé, ou rt-
Wtulani peut-^lrc un nouvel exil, si peu digne de
ns eliirieux etploïis, ou soit enfin, ce [jui a pani
Mii vraisemblable à Tile Llve , qu'on iVdl avoli
n'ilvavait eaqueViues Jéfauls dans la manîciedt'.
BgiQluJieles auspices à santiniin.)itoD. Un'esldonc
Wff étonnant qu'un magisirat aussi pieux ijue Ca^
Pulle n'aii p.is voulu retenir plus long-iemps une
dignité !,i.i lui avail vU- r„!if<TC.- ro^ili.- les préju-
ge, di- s.-, n'h^.-.in: tr.,is, r,' i.ui s^'ri.bk- i^rouver
Ha,\ n3bil»(Udpoiiil[..ir lj rrji:,ie que couvaie.il
lui iiisj iii^i' ils iT.biiii.s du peu|)le , r fsl (]uo peu
de leiii[is apies >I .icii'iiid de nouveau hi dir./.nure,
avant même (jue laffaû-i; du rjovulal cùl éié ter-
minte
Tont n'élail i]i!c trouble dans Komin , û\ scsTia-
bîuns élaienl à la veille de prcndie I.n arriiPS les
uns conire k"! nurses, li>rscju'ils furent obliges de
les tcjurnei- roEilr*- une nuée de Gaulois, <]ui ,
sonisdi':, bfiuK i!l'I:i nier Adri.it loue , N'svaiiçaienl
vers Uome p,.nr v,';n-;r.r la dél>,;h- A.- l.-urs co.n-
p3lriulL-s. Le dauge .b- la i.T^ii.', r.i|.|jroi;bp d'un
e;:neniiaus.-ire.!outi!j|i',sii.p.>ii.li.-.'JUlo/tesl.'sili-
v;ii(Hi>(|.iijs:l.u.: Il ^l'i'p.ibliij.u;,--! il ncfuljibis
<lues<io:i île disiiuk-r df la cai^a^iicel Je la valeur
5i>0 CAMILLE. ,
çniiT los patridcns (t les pVbf»îens. Un pWl com-
ninn , rinierpnNlo 1c plus sAr du véritable niéritei
lôiMiir tons les vcriix ; les tribuns du pnuple di*^
ni.uidÎM'cni Camille pour dic!aieur avec autant
d\»inprfss»*mont (pic tous les sénateurs enx mémoit
(Gérait [)oiir In cinquième fois qu'on IVlevait à celte
siiprr*fTi(» mngistiMturp. La virfoire, soiii un li
grand capitaine, uc fut ni difficile ni douteuse.
C.imilto , qnoiipie courbé par les années, n'eut
pas tilt' plut A t revêtu de celle dignité , quM
5 )rtlt i\o nnme h la i^\e de son armée. Comme il
s )vait <]uv la piinripale force des Gaulois éinil dans
Imiis ^pôes, dont ils se servaient en J)arbares. pour
al)nttre la tctc et les épaules de bnirs ennemis, il
f I arm r ses sold.iîs de casques d'acier poli, sur
I wnicls les épérs des Gaulois ne pouvaient inan-
qiior (le ç^lisser ou <le se rompre. Camille easeignft
.'iMssi à 5e.s sold.Hs à se servir de longues pinoef
pour [)ré venir les cotips que ceux-ci leur portaient
ii\oc violeiire. Le dictateur plaça son camp sur]
une r.olllno dont la pente était douce, et coupée d^
pin sieurs eavités , dans lesquelles il cacha ta plut
(irrniule partie (le ses troupes, a6n que cellea qm
étaient en vue pnrussent s'être portées par craintt.
s'ir les hauteurs. Là (Jamitle se tint en repos poof^^
ohs.Tvcr les (jaulois ; mais quand il s'apercnt j
q'i .me parrie des troupes de Tennemi se (lit*
pers,'»ii pour aller au fourrage, et que le reste pss^
s.jii la j(»nrnée entière à se gorger de viande cl do ^
vin . alors il ordonna h se»s troupes légèrei d^allcv.
h^^rrrler 1rs harbaies, et de les chargier ^ me;piré
qu'ils .sortiraietit <le leur camp. Ensuite CarniHè,
defcend dans la plaine À In t(^te de son infanlerief
que los ennemis crevaient en peiif nomlirç et dé-»
ronragée : mais, à îeur grand élnnnemont, ils b: '
vil enf très .nombreuse et pleine d'ardeur. " I
Camille fait aTOiicer son année ; le combat i*eii* .
CAMILLE. .);» I
gage; le» barbare* »'«'!anc- ni mirlciHnmjînîieoleirr
pntisiiani doscniipi d'épiie dans les rpins ; ceux-'i
leur op|)A.tent Oi- Icngnes |)i(]iips, et piéseiiliiiil A
Icers cnup? des cnrps rouvcrls de fer; les èpvi'n
irs Gaulois , qui éraieni (t*Un acier peu bntlu H
d'une trempo molle , ic courbaicnl rr sp lompatoiit
m denx. La furi-ur s'empare de ces barbares, qui ,
abandonnant leurs propres arrnes, se jelteu' sur
.Ifs pi<joes des ennemis pour les leur arracher. Lt^3
Romains se saisisscnr deséf>éea, mrobeni sur tes
Ciulois, el en fon( nn grand carnan;e. Celle »ic-
due à l'habileié ne. Camille, fui remporiéc
trois ans après la prise «le Home.
pareil succès rendii 1rs Gaiilnisi bien moim
|vdouiables.t ei guéril les Komains de la (erreur
w» leur in.ipirail un ennemi donl ils n'airriliiiiiieiit
a^vcmiére aéfaiie qu'aux maladies et aux accidens
Sprë»us qui l'avaient all'ailili.
celle défaite des Gaulois, et la prisit île Vê-
Xes, ville de» Volsques, hir«nt les dernières ac-
>i)tKloneiisesdclavic de Camille. La (in de celte -
lerre fin le .'ommenrenienl .le ni.uvelles dissen-
niis |«.liii'|(i-5 , .|iii laisM'iVTil. enrorr à ce ^rard
lidié par les Iribniis, ri fier de ses sucera,
îrsisrail :'i tiiger qn'un drs consuls Ail pris piiinii
S ptel»''i('[is. l.e diclalenr, i]iii s'élaît rendu un
lieu de Tassiribirc , suh'i de loiil le sénal, voulut
l'y oppuser de louli's seî forrrs ; mais les tribuns,
(]ui lie rcs;'tcl:Mi'rir jdiis ni leslois ni la pirmiiTe di-
gnité de la ié[iiild;i;ne , erivoy''rciil un liclnui pour
arr^t'T Camille et le conduire en |irimn. Cri at-
tentai rnnire le sonviT.iiii mai-islmt , el doni un
pasciicgrevi! d'exeni|ile, fil snulevrr loiile
la noblesse. Les psliiriens repoussi^ii'iil le licli ni;
Iles plébéiens se préparaient i le so'ilenir, el le»
deiijt partis étaient iirôls i en venir aux mains.
coiiciinycns,
La ilii'fm^ncc lii-s opinion' fit naître
Bt^nttfui's de» tlfliais ti'ôa ~ animas ; et
commit il fulUIl (]<<lil)di-er , et ijiic le 'p«
rinux, menaçait d'abandonner llomp ,
ment le plus modéré IVm[)or(a; ce fut
céder au peuple, en lui bissant prendre
rarnii les plébéiens. Sexlius fui le preiul
de rette dignité. Les paLriciensobtinrcuI
(remise du dictateur, ileux nouvelles cl
t.^ur furent blFerlécs i l'exclusion du p
p eiiiière tul b préiure, fonclion ali»rht
iiiiUl , et la seconde dignité de la répulil
Furius, fils du dictateur, fui le premic
de Home, "et en cette qualité on lui 3
Ttbe piflextf, on bor<lée de pourpre, ia
rite et six lirteurs La r^ecotide cjiargc^fi
intieure , oit èdililé cumlt. Les premieis
r^iit '.n, QuNilius Capiloliiiua et l\
Sel pion.
Ce décret, proclamé par le dictateur
assemblé*!, tit tant de plaisir au peuple
reconcilia avec le sénat, et rcrxinduisil
CAMII. L£. 355
ourauxft'rieslaliucs; qu'à l'heure même
frir des sacrîfice.i aux dieux, el que tOM»
tii y assisteraient couronné» de fleurs.
U dernière aciion publique di' b vie de
/année suivante Rome fut aifligée d'une
inleva à la républioue un nombre infini
■als et d'hommes illustres; Camille en
lent la victime. Quoique sa vie eût été
lie que hrillanle , sa perte causa plus de
I Romains que celle Je tous les autres
emportés par le même fléau,
ne dut qu à son grand mérite la répa-
içlnire dont il joua presque dès son en-
ulllva les grandes quaUlés qu'il avail re-
nalure , el les dirigea vers le bien de sa
première campagne le désigna aux Ro—
mie un homme rare , el né pour faire
: de son pays. En lui U maturité de l'es-
it celle de l'âge , et l'hisloirc ne lui re-
cun de c£s écarts dans lesquels la fougue
fls emporte presque toujours la jeu-
lire dans cet homme, à jamais célèbre i
I et son icle pour la rehgion; dan» le'
• n premier soin éiait de s'adresser aux
'implorer leurs secours par des vœux et
cri, Ci'He application de Camille ait
dieux parlait du fond du coeur, el était
iircl de ses sRntimens. A cet amour
Camille j'ii^naii encore un grand fond
lité el de bonté. Ce grand himmc ne
ic ville puissante livrée au pillage sans
s regrcK i soti i'ifnrlune, et annaer d«
les laini.j-i .ju il venait de cueillir; sen-
bôn'ré <K'"Camilîe se llr lo^V'^^^cnT
lus brilUn. siicu'f' il partagea avec sei4
ranscs bien hnnor.iMtvs, j>iii«;r|iir le vrril;
(l(* 5a rorHlanifi'ilion fiit ci'tfc* rrHini^ici
lanr.o <[ui fiil aiiLmt (J'linririr!iir .î son roi
&a frnnolr. Il s'oppos.i ♦'on.Ht.»rnm<'nl ^ I
r)i).s<*r pnr 1rs irlhiKi.s (Jii |)(Mip|(*, (iiii von
1 moiti(^ (Ici citoyens nlMt s'i'Unlir «^ ^
^iic (>aruîlU* (*l tons ks nioytifiS Mimes
r '^.mlairrit rornmi! la rijim* enti^n* <lf
biirpitf*. IVnd.'int sa n'Irai l(» à Artlôt» Cian
st^iva lontr la ilignitf'ï «h* son carartère ri
7.M<* pour sa f>.'i1ru* ; (.\*s\ dn K)n(l k\c mou
partit pnnr .'aller arracher iionie des t
Gnnl^is : on ne. pent trop inlmirer ce
firvtc^ avec, laqnelle il 1rs 8pn9trc)|?h^ ,
résistanc.p nia^naninio (|iti 1rs força i]
tirer. Mais poin* se faiic une jnstf iiléc
porlance. <le ses expluits , rcf^artlons Ilorn
pnissanle, cl (lestinéc h (^tteun jour la
du uinnAti^ prise et déiruîlc par d(>s 1
considi^rons la bravoure et le sang fVnîd
(\nvU Onniilte la délivre des mairi'. de cv^
r ^A Mit te, $59
}ù , malgré ion ^land 3f{(^, îl d^plnie tant
vv^ince e\ d'univi't'i coiiftidéroiu de fluA
e |;riiri(l linniriit! n'u jamais dû nu'i lui-
Ifl gloire lie »r» li;iiiia f.iii.s. Si I on veiU
lée Irapp^nii; du >« inodériiion el <h »A
!, t\uoa soiigi: à si candcscrnJatir.f! pour
Onlé du jieuplc , ijui ilemaixlail un toii-
a dsm son i:orp« ; elle mil fii) à iino doa
ingercuics dissengioni dont U répuliUi^ue ait
est IVlogc arcoitipli <|ue Pliilarquc fait Ja
nd hrimine; celui <|u'en fait Tîle Live ett
letidu. Après avoir observé, coniine Ilu-
, 4|iie sa tncirl , queique arrivi^e dans un d^a
•ncé , causa h plu.s vive dnaleur aux I\o-
, ilAJoulctjueCatnilIcfut un liornmc unique
uules les sîluoiions où il se trouva; tju a-
in exil il fui 1c prt^mlerdes Iliiioaiiix, dana U
nmme dans Li guerre. Son exil le rvfîdit en*
lus illustre , soit. ,par les regret» dtt Homn,,
e voyant au pf>tiv»ir des etineinia. implur^
Dors de Camiili; abseul , soit eiidn par le
ur.ml..i.,.-i,r.m,édanssM'-""-,illui
daiit les ariii.:.-. qu'il vi'.ut depuis son rc-
1 lie drinciilll ]i3s un s^ul insianl celle cs-
; tfUeglune t'i Lilarilo qu'il avait si jiislemcnt
"Si H, ruiuiiii.. l'observe ctieorc Tite Live,
\c ne fui pas moins redevalde à ses vertus
a valeur du lilrc bu.iorable .lu'on lui
de iiL'ri.' cl de resi.iurnteur dt sa paliis , et
ondfimd^lcurdc Hume.
J
556 FABBIGIUS.
'%«%W%%%-V«<\^%-VV1>.'%WVWW'%/VWX/WW%'V%W«^%%WV%%««(MA
FABRICIUS LUCINIUÎ
CONSUL ROMAIN.
VoïCî encore un de ces illustres Romai
mœurs antiques et pures , qui réunissait ai
liaul degré les vertus civiles et lestalens mili
Possesseur d'un modique héritage, sansrev
sins esclaves, tout aussi pauvre que l'ava
Cincinnatus, et cultivant Ini-mêmc quelqu
pcns de terre, ainsi queTavaitfait ce grandho
C'aïus Fabricius ne derait sa subsistance qu'
épce et à sa charrue ; mais il était heureux à
sein de la médiocrité ; méprisant les rîch
uniquement occupé de ses devoirs, n'ayant
Ire passion que le bien public et la prflspéi
Rome, jamais il n'éprouva le sentiment p
des besoins factices , jamais il ne ressentit 1'.
Ion du luxe. A Tamour des richesses il pré!
répulation et les honneurs, qui font le seul
de l'ambition des grandes âmes. La carrièn
gloire lui était ouverte ; il s'était déjà fait ui
dans les camps et dans les conseils iorsqu'i
vint à son premier consulat, Tan de Rome
et avani J.-C 2.S2..
A celte époque les accroissemens que n
de jour en jour la puissance ambitieuse de
mams , par des victoires sans nombre rei
Ices dans des guerres continuelles , jetai
tjcxeur parmi les nations de l'Italie encore
ioidauies. Ilf, .>iHéeî de leur «m jupisscmcnl, elli s
MAyèrciil (l'unii leurs furccs fl Kur pollli<iuc p.iur
l^ser uu [ieK[>lc ngardé comme l'enDcmi com-
Imn de Ions les aulies peuples de celte partie de
pnrope. Ligués ^Tcc les Lucaniens et les Brulirn ,
fs Satnnltes éclalèrcnt les premier», Fabricîu»
larcha contre eux avec l'armée rnmaine, lesvain-
otl en plusieurs rencontres, prit de force et dé-
-iiisic plusieu^ de leurs villes. Le vicioîre la plus
lém arable fuf celle uùconiballitSlalius Sutilius,
meux général samni'e i|ui assiégeait Thurium;
jn camn fut emporlé l'épée è la main par les sol-
aLs de Fabricius, qui dans cette action dédsîve
gèrent vingt mille ennemis , prirent plus de vingt
Eeaui , cl firent cinq mille prisonniers , parmi
lels se trouvail le général en chef des Sam-
. Le lendemain Fabncius récompensa tous les
oldats romains qui s'étaient le plus distingués , et
iiclara qu'il donnerait une couronne vallaire .'i
eluî qui avait pénétré le premier dans le camp des
itanemis; aucnn soldat ne s'é ta ni présenté pour
érlamer un Ii'i honneur, Fabricius publia que r'r-
ait au dii'ii Mars lui-même, au fondateur de
iVome, qu'il fallait ai'ribuer cet exploit, et que
Mars élnit seul la cause première de la -' - ^
un édll il <>rd.ir...a le jour m^me, en ['bon-
irur du di(~ii de la guerre, une procession :• la-
Iticlle les soldats, porlant des couronnes de lau-
riers, as'ii ■lièrent en faisant éclater les accens de
la joicct delBrecounaissanc..
Telle était la masse énorme du butin que Fa-
:irinus avait fait daus ces dîfféreutes victoires,
m'aprèi avoir rérompensé les soldais et. restitue
,„x cilcyensdeltomc ce qn'ilsavaient donnépour
es frais de la guerre , il lui resta quaire cents la-
ens, qu'il fil porter à l'épargne le jour de son '
riomplie.
Apres avoir mcrilé ce tribut de g'"""^) ^ ^^^
!*■ consiri Lovinus, ei s'empara du cam
itniioîiis avaient abanJoniié. Mais ces 11
lilirainsavaleal trop de patriotisme pour
a])aitre par des revers; dans le sénat 1
vimlaiit enflammer les esprits , dit :
n'étaient pas lei Epirotes qiiî avaieut
Romains, mais seulement ryirhus qui
- fait Urinus. ■> Il opina donc pour coi
pncrre avec plus de vigueur encore. Le
donna immédiatement de nouvelles levé
mnnUa décidé à faire les plus grands efli
résister non seulement à l'yrrhus, mats ci
Tarentins rt aux Saniniles ligués avec rc
On délibéra aussi dans le sénat sur la
de savoir si l'on devait racheier ions U
nicrs ou les abandonner au vainqnçur. Li
parti ayant prév;ilu, les pires conscrits
renl en ambassade au roi d'Epire, puur I
l'écliange de la rançon des prisonniers, F
niUuB Papus et Cornélius UolabelU, t
images des plus di»lingj(és de la i*j
PABS ICIITS. J.ij)
Wfljt i 'riili ilt'S prcsi'ti*, el leur pro<ïtgnn l's
■^ Jte niOsi.iii.liié II ,.l,is bienveillante. Telle
ft'l^epli'in qu'il fil puljllqunnriit aux iinbaii-
jin fn généal; mais à feiiie le- c(iiiréi-eni:e»
r l'échange des pritonnicis iureni-elles enta—
, que l'yiTbiis iinnn» îles marquea de c usï-
liralioD parti Cl ilii're h Fnbricius, car il li* rcgar-
BÎt comme le [lersnnnage le plus prépondérant
le l'ambassade , H comme celui i|ui, par ses vertus
■ ses tulenit, joiûssail Je plus de crédit dans le sé-
||)L ]1 l'invllait avec ses cillégucs à inangcr ar^c
, et paraissait S? (laine Jaos s'a cODversation. L'n
ir que cel illu^lrc romain se trouvait à U table
me Pyrrhus , le philosophe Cineas , un des rour-
nftns et des ministres ile ce prince, ait milieu lie
^ie du festin, vint à. parler de« sages d« la
p, de leurs différenies doctrines, el enUeau-
jne celle d'Epicure. Ceux qui suivent les opi-
S de ce philosop}ie, dit Cineas, foui consister
bouveraln bien ^e Thomme dans une vie v<olup-
i»e éloignée des a FTa ires publiques ; ils piélen-
dfut que la divinilé, iiidifferentfi sur ce qui .e
passe i(l 1m3, ne yreml aucun inrér^t
tels, cl s
pur
I les n
- O die
» tels, s'écria Faliririus, en interrompant Cineas,
» puissent les Samr>itcs cl Pyrrhus goilteret mel-
» treen pratique celle belle philosophie tant qu'ils
> feront la guerre aux Romains ! -
Le lendemain le roi il'Epirc , qui avait conçu la
plus haute id(* de Fahricius, le prit à part dans
J fidelilé. il liii d'r .i'I'bord que de tous leTuô-
mainî celui qii il il.-'.irait le plus avoir pour ami
t'étail lui-nit'me, parce qu'lticunissait à un di-grâ
rare les vcrlus civiles et les lalens militaires ; puis .
italTecU de paraître indigné Je ce que la méaio-i
T I-»
:)6(> FABR ir lus.
fillé (lo la foilune «le Faluicius le mottail hors
il"»':;»! (l;î parailre avec, la dignité (jiii coiivc'nait û
lin li(»imno. de son raijg et iio. son xnorilc : il lui
cAh\t (le ii''[>arer celle injustice du sort, en lui
(lûririaiit assez do richesses pour Tëgalcr aux lioni-
iiuvs lî s pins opulens : « Je me garderais bien, lui
» dit il, de vous faire cette proposition si elle
» iTilall honorable que pour moi, et qu'elle fût
». avilissante pour vous ; mais comme vous n'a-
» cluUerrz pas mes hionfaits par la trahison ni
i> par aucune action indigne de votre caractère,
j> (|nelle raison auriez-vons de rejeter avec une
» (liiroîé opiniâtre les don* de Tamitié et de Thos- j
i> f>:;.i!il(; i' Je ne vous demande , en vous les of- /
» fi anl , que d'agir à mon ég.ird comme peut et }
i- (luii le i.iire le plus honnête homme, et le ci- |..
n io\jn le plus aliai;hc à si patrie. Tout ce que je
» (i'siro, c est que vous ameniez insensiblement :■,
» le s ( rj.it à al) jurer cette animosité implacable •.
» (ju'il scnihlcrai'avoii vouée , pour en venir à iIm
» seni'iiner's pins doux et plus humains. Faites-lui
ji roTn{;r(.'n<lie <pie la bonne intelligence avec un
;> j>riT)ro tel que tuoi est bien prélérahle, pour
'> voire iepnLiî(;iic , à cet état dnosîi'llé qui nous
y in< l anx nii:s d aux autres les armes à la main ]
» ponr (les iiilércîs rpii nous sont étrangers. Je j
)■ vous (Igunc^rai d'aillours tels garans que vous j
>^ voudrez de nia pnrole. — Prlnre, répondit Fa- !
... Al ' * • •
^ hiicins, vous eies dans une grande erreur 51 |
î v(>îis WkIS imaginez que ma pauvreté me rende |
» n;;ii.i^:i!cnx ; car, méprisant les richesses , cl |.
!> {)c< H.'" nniqiîemenl de mes devoirs, je n'ai ja- \
y oi.. S ( p'n-ivé le srnlimenl pénible des besoins/ :
>■• ni la >./i( inextinguible de l'or. Quelle raison au-
») I ai î(' li accnser la foi i une ? Lui le.iai ie un crim«
j> <!<; i\i i]^^^' 1 maigre ma pauvreté, je jouis danî
>• ma pairie avec les liches, et même préférable-
j^ ment à eux, de H.is les avantages, de tous !«
Ï-ABRICIUS.
nrs qui doivent exciter ta noble imbilLO
anilei âmes 7 "
m'élève-l-on pas am dignités 1m pliij
ntei de l'étal? Ne me place-l-on pas '
'spliisgrjDilesarméFs ? Npmerhargp-
>s amnasEadrs les plus honorables? De
on me confie les ibnctions les plui an-*
i de la religion ; je suis appelé aux dt'-libé-
■ Jii sénat) je suis ronsuliésiirlrsarfaîres
us iraporianifs de la république, et j'ni
! la satisfaction de voir nue mon e;(i<m|ile
imine un puissaiit aieiii[loii pour animer
prin , cl pour conduire à la'gloire» Tiint
andj avantages a'exiger.t de inaparl ni
ises,'nirasle, ni luxe.
je IRC considère ensuite dan» mon état de
e particulier, bien loin ijue ma pauvreté
nil à charge» cl qu'elle me cause aucune
élude ni aucun chagriu , je trouve au con-
mon sort iiicoTnfiarablpmenl plus beurenX
s les fois ijue je me comp.irp à ces riches
ox, soLtcii-ii'x t'I in.taiijMi"., .m riiilii'ii li.?
S l.-s suucrfl.nK's ei de 1„m1,-. 1,s jui,!-
■s .hi lim-, ri doul U-> sen.IlHnj n\.iii,
iiié.KTgicni n-^^ori. j;.i|.p,'lii .-is:;iis..vn,;
moi 11 plus siinplp nourriture; U «ni! n:f
F.
)> rAi5Kiojr;S.
^rJire à ma pauvreté. Quant à des intérêts poln
îi |ues , prince ^ quant à ce qui conrerae la-
4;iuTre ou la paix, songez que je ne puis et ne
ilois être que l^organc du sénat. Si vous vous
(liMorminez à sortir Je Tltalie avant que la force
(U'.iy armes ne vous y contraigne, je viendrai j
vi)!oiiîiors, le caducée à la main, vous accor- !
w i}rr [\ paix et rarriilié de Rome. » I
T'Ai soni les principaux irnits delà conversa- I
l\on (](» iVirlins (I dt» Fabricius, rapportée par |
D^nis *1 ilalicai Uusse. j
On ijjoi.io que Pyrrhus fit encore de nouvelles
tontwtivis pour ébranler In fiîrnieîé d'un homme
dont le (iésinlérossomcnt l étonnait, et dont il ne •
oijvalt qu'admirer la sagesse el la prudence; il f
ui pîomit, dil-on, qu'après avoir fait sa paix •
avec. Fiotiie il lui donnerait la première plac« :
parmi <cs amis et parmi tous ses capitaines, s'il ?!
voiiliit le suivre ru Epire , et qu'il alla mêmit h
jjsfju'à l«ji olVtir une plai:e de premier ministre; |-
tnais ce généreux Romain , tonjoui s inébranlable,
lui répondit : « \ ous êtes sans doute , ô Pyrrhus, •'
j» un prince illî-stre. un grantl guerrier; mais vos i"
» pcMiples géniissi nt dans la misère et dans la ser^ T
w \itude. Qiie!l(^ témérité de vouloir me mener >
■> rivvc vou.s (Ml Kpire ! Douiez-vo'js que bientôt, i'
- ).i:ic;rs 50US nio> lois, vo-j peuples ne préféras*
V iirni roxonipilon des tribus aux surchargées des j;
' impAt-s, et la snrelé h Tincertilutle de leurs pos- fe
" sso blons? Aujourd'hui votre favori, demain |»
* v(îlr(: maître » |=
(hi dil (pran .orlir de cette conversation le I
ir\ n iîisista nliis: Tn.iis Qn'éiouiK- de plus en nliis b
<l un <i généreux Jesinteressomcnl , il voulut aussi f
me'lro à répreuve 1 intrépidité de tabricius. Pyr- ♦.-
» .i.s s^.''":iil niH l'ami). îs-^adf'ur ronnin n'avait ja- i
v.!-^ \'[i .. -•î'-)^';.n]r ; ;l («rdonria Jarmer le id"i> i
I » I I 1
,■ ..•■,..... ' ' '1' 'if* ttW' ■■ .• • ]
;, • . .-, - • ' • • •• • . ■'• '•.... • « î
^HR& le tenaient les conférencM, et île 1c
^ff^ , Aetrihc une espèce Je riJcau en forme ile
'ipUserie. Cet ordre est Méculé, et dès le lemle-
isÎD, Pyrrhus et Fabricia» étant ensemble, on
,r« lé rideau qui cachait t'Aéphant, et cet ani-
ial énocme, au signal que lui donne ton cor-
ac , yiTiil tout i coup , levani sa troni|)e sur 1»
^e de Fabricius , en pnii^sant des crii épouvan '
ihles *l des liiirlemens affruu». Fabrîciua se re-
Diirna trinijnillemenl , sans témoigner ni surprime
li crai'ite , et dir à Pyrrhus en souriant : » Viilrs
I or-ne m'a ptiint séduit hier, et votre éléphant
I ne m'effrayera point aujourd'liiii »
^ La cooJitiLi^ de Fabricius d:ins relie célèbre
li^bastade ne pouvait iiu'ajuuter à l'estime el à la
Hrtoixtion qu'il s'était £i ju'ileiiii'nt acniiises*; aiis-ii_
u(r-il nomnié consul poiN' U .seconde fois, l'an ât
plâe 474 (a?^ avant J. C). U Mit pnur cM-
^^e Emiliu.i Papus, qui av^îl fJpjà cxend ïiT?c
[Su cette magi^haiuresupri^mi?. Ttiuî denx vUû'Mit
le me.iiri' i Is i.'^lo d('_ l'ariric? romniiic qui cliil
Oppnsée i Pjrihus. Ce j-riE)^ marchj au-dev.nii
de Fabrir.ius avec ses troupes, .lans le d.'s.-.ein
d'ob'Crvcr ses mouvemcns et de pCfl<;lrer ses
projfts. Lei deux arinéi's (ilaicnt camjn'i-s a-.ic/
prè» l'une de l'autre, lors^ju'il arrii-.i un incident
■némarablc que lo:>s les Iii'itorieus-OTit rapporté :i
peu près de la môme manière. Un értiissaire viui
trouver Fabricius d.ius son camp, c- lui remit mu'
lettre d" i«édi;cln di' l'yrrlim, -iiii iiOuit au C'mi-
lul d'enipt)isonnor ce prince »i les tiom.iin- li;i
prnmeH.i eut, pour cepa;-rlelde , une récompjn "
propi>rli«nn.n; au senice qu'il li.-iir reiîdi-.iil , mi
1<^rii|Énaijt d'un seul cou» une gunne di; ccH'
im;iorianr/; , sans au'-nn danger pnur eii\.
Bt-ire itet-ritlie. Sa lettre éUit cançue en c«
Caîus Fahricws et Quintus En
au roi Pyrrus ,
SALDT.
" Il paratt que vois vnus aonnaîsm mi
!> et en ennemti; voui en coBvicndn
" yons aurez lu la lettre qu'on noiu a
» que noua vous envo^ns, afin i^ue to
» pi-euve que vojs faitet la guerre i des
" de liien , remplis d'honneur, et que y
» nez Loule voire confiance à des méchai
» perfi<les. Ce n'est pas seulement pou
* de vous que nous vous dTinnoni eet i
a par respect et par amour pour nouS'int
" nous gérions faciles que votre mort fo
u occasion de nous calomiiier , et que'
>> ciût capables d'une irabijon, et de à
u de tarmirierheureiKeineiil celle guerre
Pyrrhus, ayant reçu relie lellre, s'ëc
d'adtiiii-atiou : » .le reconnais U ce Fabi
fABRÏCITlS. S63
MCAnde fois Cin*a^, il lui orJonna d'aller offrvB
U paix au sénst de Home, et de lui demander SOii
amitî^. Le sénar , paivr ne rien devoir il Pyri'hus',
lui renvoya aula-ii de priionni''ts 'liifeiiiiiii él
Samnites mi'ii av.iit rendu de B'Miiaîfii, et fî-
JtOjldil k CÎde-m, d'après ie conseil tn^int' dc'ÎV
^ricitis, t|iie Hume rQe;irderait toujours Pyrrlma'
torame son ennemi décUré tant qu'il reslerait
'ta Italie.
L'expédîlinn de SicH» Tint lirer Tyri hos d'em-
tiarr:i5. Ce prince ér.int toul ofeupÀ de ce nuuVeaa
jfrojel, li's mn-iils jugr-rent qu il l'iait temps de
Iminier leurs armes conlie les Tuscain , les La-
caniens.lesBruliens, U'. S.immtes-ei les Tarent
lîns, afin de rompre une CDiifeJéiatîiin qui met-
lait en da[ig<:r ta république roi>iaine. K.ib'icius,
■ayant envoyé son roîiègue ron're les Tnscins ,
ifefit seul tes Lacaniens, tes Bruticits , te.- Tjii'ii-
Sîlis et les Samnîtes. l'ar ses sava il/s caniLiruS-
^jUMa il obligea un SOÊÊÉ nombre de villes, emre.
Patres Héraclée , demBposcr aux (trnditions iju^il
lui ])lut dp pre;.riire. Il Inompha de Inuï ces pe'n-
pliîs avant Ici ides de décembre de l'an 377
•va.u J.-C.
Pendant cetlr glorieuse rainp:i{>ne il refusa gé-
néreusement une somme considérable , ainsi qu«
des vases d'or et d'argent d'uTie grande ma^çriifi-
rrnce , qu'élaient %enus lui offrir les députes d^-s
Samnîtes. Ce fut h cette occasion que , portant te»
mains h ses oreittcs , à ses yeux , à sa biniehc , il
répnudit : « Tant que je pourrai maîtriser nirs
" seiii et romtiL.inder à loiiiescos pailies-la, rien
» ne maïujuera à mes bi-soiiis, el vos offres me
>• siéront inutiles ; reporiez donc cet or et cet ar-.
sent à
ceux qui lie peuvent s
,„J himB.'jéUT.ni,
lé par les circons-
,-.c ...,1
itiques où (^lait sa patri
l (Je peuples divers,
employa (oui ion
f
566 ' FABRIGIUS:
crétlit pour faire déférer le consulat à Connefidi
Ru(inus> qu'il n^aimait point à cause de laTéni-
lité, mais auquel il rcconnaissail les talens d'un
bon général. Rufinus , rayant emporté sur
ses concurrens , remercia Faoridus de ce quHl
lui avait frayé la route du consulat à Tépoque '
même d'une gueire importante , et quoiqu'il ne ^
pût se flatter de Tavoir pouf ami : « Devex-vovs
» être surpris , lui répondit Fabricius , de œ
» que f aime encore mieyx être pillé que d*étie
« vendu ? » (i)
Fabricius se montra encore plus rigide à Fé-
ard de re même Rufinus, deux années plus tard
Tan de Rome 477)) ^■'"^ ^^ cours de sa cen-
sure. Cette année , si glorieuse au-dehors par
(l'heureui succès dans la guerre, fut illusti^ au-^
dedans par la sollicitude et le zèle que firenjt éda-'
ter Fabricius et Fmilius Papus , son ami intime,
poiH^ le maintien des lois et des bonnes mtienri*^
Une conformité parfaite . s^u le rapport deaseor
tiniens , des goûts et de ijfl|nière Je voir , £nr .
sait vivre dans une concorde admirable ces deux
Illustres Romains toutes les fois qu^ik exerçsienl.
en commun les grandes magistratures de iar^iH'.
blique. Papus « homme aussi austère que FaorH,
cius , n^avait pour toute argenterie qa*un petit pUI*
qui lui servait à présenter ses offrandes aux dieux,^
cl Fabricius qu une petite salière dont la baav.(
n^était que de corne. ^Nommés tous deux cemcorii j'
ils dégradèrent plusieurs chevaliers et pluaieiin ,'
sénateurs, à cause de leur copduite reprénensibltL .
îMais Texenïple le plus frappant de la aévérilé iêr'^:
fi) FruUli't ne sentitait.on pat teste U fùtf é^ €Êfi\
trait inoidaitt et tcverc , li nous «c rappclHoBt •■X'^:
j«ufiei gcfii que daiîi lei gueirei des tocitoi les vaÎMXi'
t{u\ locnbaieui au pouvoir dfli vainquent» diaitalfC».:
4ui Cl icdulii en etclava^e. i
PABRlCIUS. 567
PdbrîciilS fut U rumeur exceMÎve dont il um
contre ce m^me Hufiiius , qui avail àù le consiiLt
à son crédit. Quoiqu'il eùl été deux fois consul cl
uae fois diciaieur, [juoiqii'il edt nK^rilé el nbleou
le triomplie. Fabrîciui le r^ya du tableau des
c^iuteurs, el moliVa cette flétrissure sor ce (Ju'il
possédait chez lui aninze ou seize mzTCs d'aigen-
terie 1 au mépris des lois somptuaires ; tant In
rônplicité el [» frugalité étaient encore en huaneui'
dans ces premiers siècles de Rome !
Cet illustre ré.pobiicaîn , rjui se nourrissait des
lier1i)gcs(|u'il cultivait lui même, vécul et mourut
si pauvre
quel
le séaat st
> fil un di
fvoir de marier
el (le dok
■rses
filles auK
dtpens <hi trétur public.
comine If
■- pèr
e s'en él;
ut tail ui
1 de leur laisier
pour loul
Yrelé.
Sénèqu
lléii
lage sa gl
oire, sa ■
vertu et sa pau^
e ne
se borne
: point à
louer Fabrîcius
.d'avoir repoussé avec hoi
rreur la proposition d'em-
polsonaer
Fyr
rhus, r«
uiemi de "
Hometilcom-
pare celle
■ beil
le acfioii
au désin
iléressement nui
tailles du
ilb.^i
rp aot...ni,
,1 a refiwi
T les ofiies bril-
i-, i
.rK;.ire:
,1 repré
:scn<e Fabricius
comme vé
rilali;
leuient di^
ined'aSm
iralion, lorsque.
se tenant inviotablement allaclié aux principes de
probité, lorsque, loujouH vertueuiel juste aumi-
|liea même de h licence drs rampï et des fléaux de
la guerre, il ne perd jamais de \ue i^u'il ^ a, même
à légard des ennemis, des règles d'honneur qu'il
r'est jamais permis de violer sans crime, et il en
conclut que , ne vouloir pas vaincre par le poison
et ne pas se laisser vaiucre par l'or, sont deux
actions qui parlent d'un mfme principe et d'un»
même grandeur d'âme. U demande ensuite si Fj-
bricius éiali vraiment malheureux de ruthver lol-
méme son chiiup , Ior3i|oe la république le Uissait
j^ns aucune roni:<ion civile ou niibtaire ; s'il éLiît
réeliemeut à plaindre , lorsqu'il faisait la gucrr*
368 TABRIC1US.
amant aux riclicsses de Phyrrus qu'à Phymw
lui in^nie , e\ lorsrni^il se conleiitnit , pour toute
iiounilurr , <\vs lirrb.-^^rs (]ue sa main triornphaiitfî
;«rr<)s.-iit l't faisait rroîlrt dans son jardin. Ce
^r.nuluionilistosaisitceUcorcasionpourélablirqiie
le \T:ii l)()idK'ur no ctiB^istn pbint dans la passion
i\vs rirl» s^os, mais dans l'exercice do la vertu , 6t
d applaudit à rantiquité , qui- avait grand loin
d\ x.iltiT irs belles actions ci d^en perpétuer le
>»MiM'îiir.
il (•^r nTtaîri que la vertu de Fabricins ne fut
ras um' vaine et nassacère ostentation de rigidité
r"|K.i».'.(ai:M* ; quelle ne s exaltait pas pour ainsi |
liiic (.1 pliiast's môdiiécs et préparées avec art i
jour tljl'ulr L» vulgaire; elle reposait sur une j
cniuinile iin'.lorme , soutenue jusqu\i la fin, et ]
servaiii comino de témoignage à la vérité des du- j
cours et des maximes de ce grand homme , quW j
iour<riuii nous devons nous contenter d^admircr» *:
surfont en ce (jui conceVne son mépris pour Ici
rirlics5<*s, et Tespècc de culte qu'il avait érigé à la
p.uivrelé. En effet, ces veitus, si recommanJakK'S
dans une république, ne .sont pas toutes dcns no»
mœurs, et ne «-cmblent pas nécessaires au niaia*
'hfn de nos iusiiuuious âorialcs.
«M
w
N
r&Bius uAxiMvs. 3119
tBIUS MAXIMUS
hCOMSVL RUMAlIf,
«
Ktion accrédilée à Rome donnnit l'Her-
Fable pour t\te i b r»m.lle da f abiu» ,
b*e omy.iU d une pins haute aiititguilé
Ubn« même. Celte origine imaginaire n'svait
itâtgèt sans doute que pour daller U vanité
■D inaisun devenue puissante. H parait ct^rtaitl
■liuîa qu'il V avait déjà ùe$ Fabius avant que
Btafôt fondée, {luisquc lletnua appela de ce
Il ccui qui s'atlacbèri-nl à lui. On m- ^leui p^î
hplusdoulerrpjelafjraillf Fslwii,,.. ut- Un utia
rpVs nombreuses et de^ plus lliu.^lrc.s de llurae.
h *H1 que , l'an 27G de la fondation de cette
le V elle entreprit à elle saule, et i ses fiais, k
fm Cintre les Véiens ; ellu réunit trois cenl ïix
ibballaiis , Ions pulricicn», pris dans son srin
^09.» qui cnlii'i'vnt iinniédi;ilement en campa-
B»;mais ils péiiivul tous dans un comhai mal-
Mh^x, A l'eTO'pilon .riiiiseul, i[ui siirvt'cutà ce
Uslre, et rciiouïi'ia pour ainsi dire son illustre
Klle avait élé
(■■levée aux premières dignités de
Idt JiîS l'ONgil'
.MleUonn-ionyprilsnrcessiye-
ml triiis pviiici
i-s du sénat , et d y eut même des
hius qui fnrc
nt sept lois i::t>nsul. Celui dont
uwllo..sccrii
■e la vie descendait, aa qualiièiiie
] ' tiirel lraiH|uilU: et Uii:iliirne, son peu ciVn
iDrnt pour les plaisirs de son Age, sa Ici
sriii p(*u d'apliiude pour tniiii> sorle ri'
tiofi« sa coiiiplaisaiii.e ««^ sa docilité pour se
ladi's , le (aîsaii'.nt mrine soupçonner di
dilé; pfu de personnes détn^'laierit en lui
. ^ . Ij pi ir pénétrant , ce caractère ferme, cette gi
'- iv - -^I u'.'lme et ce courage invincible qui deva
jour lai mériter tant de considération et
gli'ire. Excité par les affaires publiques , F;
J t.iida pas A faire voir (pic cet engourdisien
li.iri'ut n'était en lui qire gravité | fermeté
deiice.
lioiiie éLiit alors aux prises avec Canh
la pieniière guerre puninue faisait de VA
de 1 iilsp^gne et de la Sicile un iheÂti*e d*h
et de carnage. Dans celte ci&se politique
sentit la iiéces.iilé de fortifier son corps
exercices inditaiies, afin de le rentire pro]
combats et aux fatigues des camps. Il s'a
aunsi à 1 art de la parole , pour s'en f
moyen de persua'iion auprès du peuple ;
sut l'adapier à son cnracière et au genre
/iii^'il av.tit ^r»dtr:jv«M S#kM «ilaniioiir.p n'av
■ I
FABIUS MAXIHUS. 37
:ydiJe, doni la force, la connsion, l'i
'A des penséei màlei et éiiergiques forment
tère parliciilier. Le*mérlle de Fabius fut
E les ronciloyens Télevèrept cinn fiiin au
:. On lui déféra, pour I4 tirctnière fo'it ,
eaux, l'an de Itome Su|. 11 fit U f;uerru
irîens, en tua un grand rionibrtr dant nne
, contraignit ceux qui lui etaifnt échappés
ijiiT dan-i les montagnes dis Alpes , mit
ins de l'Italie i couvert de leurs brigan-
'biÎRl les honneurs du triomphe i Home*
ipha la veille des cjlendes de février. Au
I son «consulat il fut créé censeur, et fît,
I collègue TudiUmus , la t-lâiure du qua-
'tètae fuitre, ou déaombrciiierit. Son s^
insuUi eut lieu (iaci ans 'P'ès, dix ans
ntréc d'Aonibalen lulie. '
lal tytnt passé l'Ebre, attaqué et pris Sa-
intre la foi des traites, le sénat envoya
lassadcurs d> Carlhiige pour se plaindre
inti-action. Fabius l'ut inis à la léie de
■de. Arrivé en Afrique , et introduit dans
de Carlhjge, il se huma uiu(|uenieni à
enle question qu'on lui avait prescrite; il
I aux Carlliagiiiois si c'était <le l'aveu du
ement qu'Aniiibal avait assii-gé Sagmite.
leurs, foin de désavouer celle e»lre[>rise,
entil3Colorcip4r<Jt.'jsophisineset|>ardea
ions. Alors Fal>lui, ayant relevé sa m^e,
is apporte ici, diiil . la guerre ou b paix ;
isez. ■ Un lui cria sur-le-champ, avec non
E fierté : <• CtioisUsi-z voiis-uii'me » Fa-
isant tomber S3 iog«, icpliqua ; v Je vous
■d»nc la gm-rro. >• Telle fol l'oiigine d«
le guérie pu:<i lue. Il (t'y en eut jamaii >
Lire, d'.iii.'ii mémoT'able. Aucun g(-néral
i Texcepiiod de celui qui out le bonheur
miner, a'acijuit, daui le cours dt celte
«
ï
' » ■ r
■ 4
^ i-.
■ma ».
t^ '
troupi'S éta'uMiî a^uriru\s p:*r pliisicurs i
il pniposjît il'tMivoyi'r dos sfrours aux
tenir les viiirs (bus la soi'niis .ion , c\ *
I .i forTC5 J\\iinlb;il so consunior il tîiîc
Or.-; roMsriis ai saj^cs nr pcr.'îUiulôn'nl pas
i' i 'ii.iiii.is , (|iii, jiiiiii* ne le* avoir point
j)iMilil l:i b.ttaillo cl la vlfi à Trasiniènr. « \
« (lit h* piTirur Pompnniu.^ app'PJ a\
» voqiié rasscriiblrc (In pcMiple , Komal
» avons clé vaincus dois nn ^rand coin
»> iii(*e a t'Ir l.iilîc*» on p'''"t r^ , cl le cons
>» nins a pori. ^* •■ .. .:•/ ^jw «v quVxigc I
» fiotîM' cl v( .•'mcîô. >» Ci.'{\c nom
r 1 IM!:|.iri]iH^, rop.i ■ ne sans dôloiir ni méi
^\i Tiii mi lion d^uiH' nuiltiludr. tiTnrirnsCy r
|. vrnl ini])ôhioux sui- une vasto iiior , jo
• d.iiis la villo. J^a conslornation fnl si
; (juOn no savait à quoi s^arrcîlcr, ni quoi
f tir)n il fallait prondrc. On sentît cniiii
; (]<' l'ocourir à colle puissance absolue ap
t.ilurc; mais on jiigoa on momo temps qi
lail la confier qnW u:i bomme. capable de
','. . avoc autant do forinoU» cpie de courace,
K'L'irils se tonrnoiont vors Fabius Ma:
bttqoerantrevenaJlOcfierir, lepPop1e,pat
ïBveauié jutoiiHlors s-ins exemple, élut ra-
rodicracur. Le y>ai iiu'nie qu'il prit posses-
e sa magislrature il choisit Marcus MinU'
uffu» pour géiieial iJp la cavalerie, cl con-
le «etial. Si^i premiers «oins fuieni pour Ici
l il leur offrit d'aliord des sariiËcrt, et,
avoir assemblé le peuple i omain , il lui re-
)ta que re uVtait point par la lâclielé Hes
is , Riais par la néglisence el le mépris do
il pour la diviitilé qu on avait perdu la ba-
de Trasiniène ; il l'exhorta à ne pas craindre
haiaia , maisi honorer les diet>\et à ]e> appaî-
I fil b consécralion , appf 1« par les Koiiiaii»
atempi sacié, qui consistait i oflrir aux dieux
iStsiie la terre, el voua «ussi lacélébraliniidiu
cëttiqufs. En élevant ainsi IVspril liu peuple
a divinité, Fabius le rendit plus confiait sur
iir. Quand il eut ainsi terminé timt ce qui
Tnaîl la religion , il outrit dans le sénat la
Ration sur h guerre et su
r les ressiiiirces pu-
es, sur le chois el le r
lorabre des légions
faudrait opposer- à Icom
■n,i*iclori..ui.,pui.
tifia les tours et les mur,
Billes de la viUe , G
partition des cohortes ,
el coi'p.i les pDïiti
Lvicres, afin de nioltre 1
es Hoin»ins en éta
éC-ndre Home, puisquil
la ii'avjieut pu dé
e rtalie.
irsque son général de l.i c
;avalpiîe ml achevi
Memcnl des nouvelles 1.'
.e.s, il llxa i,ar un,
amation le jour du las.-ic
■mblem^ciiàTibur
ir «ne autre procbimiio;
n il eiifoignil à Jot
qui demciiiaieni .l.ins df
• i:eliles phces SOI.
ise, ainsi qu'aiix li:,Lh;,ii
fides rni.pasnr-iqe,
« et détruit toutes lu i
plus docile<« et ]>ius soiiniin, il si* fil |>m
viiigr-quiitre licN'urs nui portaient les
De loin il aperçut iSirmrc ronsulain
Tibre ; voyant venir ii lui le consul i
il lui eiivoy;! , par un de set hérauts
de mettre pied i terre , de se dépouiller
les manques de sa digni.é, ef de ne pai
vant lui que comme un simple citoyen
n.ère dont se passa cette entrevue doni
Tito Live, une grande idée de la puissar
lori.ilc aux Romains et aux alliés, qti
presque oublié celte ni ,7gist rature, dcpu
inlcrvjlle de temps que l'exercice en aval
pondu. 11 y avait on rflet trente-trois a
n'avait nommé de dictateur.
Fabius, persun'ié que le succès appc
droit à la vertu et n la prudence, mit en '
tout Tc-'-poir dj* la vii:tc»ire , et vint campe
d'Ânnibal, non d »ns riiitculion de le ci
mais rêsf)lu d'épuiser la vigueur des ti
le peu de ressources qu'avait son adv«
Pour n^avoir pas à craindre les attaques
Valérie carthaginoise, il eut soin de cai
M>nr.<« d;ins* d(\« <>nrhrnit« ^nonliiPiir p|-i
rAfiius MAxiMua. 575
iinnz fiiade lui lonlttrois pourfatrr cr^inilre
eceslenieurs n'eussi-nl d'autre but que d'atlf!n-
i te momrni favorAble pour prendre rofFeosïvi>.
D'aborJ la prudence de Faliius ap[)orU un peu
reUrhp aux dé^asties des Romains ; un voyait
quM faisait de la guerre un art a.uujiilli à
ombiDii.sons , cl non plus abdndnnné au ha-
ei au caprice d'une foogne iniprudenlr. jetais
ia guen-e eu longueur il tomba
es(hère de itippris aux yenx du
Ujies en iiinnnuraii-nt ouverle-
i niante iivail conçu une l'alhlff
et lie ton tnurage. Ann bal seul
„^eaitpas ainsi . el , d".iprès le plan iIb om-
ll^«e Fabius aiail ad<i[>ié , \l senlii qu'il âl-.
«mployer la luse el la force l'Our l'ntlirtfr
•rabat i il eul donc recours à tous len slr.ita-
pul imagioer, cl, comme un habile
le qui épie tijulcs fea occasions de saisir son
irutre, lanlôl il s'ai'pn.chaif de son camp et
laiilâi il s'doign,iil el ch.tn-
Irainant s
ntôl dans
Ç.iM; «rs
- et IV 1;
aniicr i.i res<il[il
iiii iin'ii ii.uMi-sai! avoir
f rien basai. ter
; m.is l'ai,!.., bl.n ro
) la sagesse de
ion jiLin, s'y tenait inv
iCDi altaclic.
Qui l'aurait cr
! Ce pian si sage éiail
lui traTerso par
le général de h cavaleiic
V», que par At
nib.,! lui même. Il detrl
m son génpia
1, (raitail sa cirronsi'''c
tnie^sa pruiU'i
ce de tiniulité, Itii dnnn
ïi défauts volïiii
d.-sesvrr(.,s.car,l|,.
KtTite Llve, rt
aripeilije (jni fiiLt l>' m
biUd'ambiiinj..
ci'i an fl'iilever sa lepui
la^illant iV!r''''i drs
^■J<i FABIUS MAXinOS.
raiiiRS eipéraiicca. Aus« li-s suKInl) k moquait
ils (la F-ibiusi il.'! l'iiiipcliiiriii ror dcrVion )e $
ihnof-aeii' \na'i\i»\,lant\ii qu'iliFoluiciiliucp
traira le m^itif du lliiiiii^iiis, I('t|uel ne nuoipa
y:t» non jilas lie l»uih(tr eu ridicule U pruilca
Jr son et'-iicral, el luriuut »vt omppincn* »bc
trouiie di'smiiiiLacnc». Il disait que 1p dicrit«
ijiniaissaû A irs Soldats de Wlt» pbcas {KiurI
Tinilre »pccUteurs de l'iiicenJit: eL du ravA
l'IultL' cul'ére ; il Jcmandnît ans «mis de 1 ._
«i, dr.sri|iéranlilVir[? en idrclâsur la terre > ili
transi'O'Ierail pas son sridi^e dm» te ciel, <l
' •''}",'}
nii«d<r
aifierir» am^rei eli
III- fuir les ennemis, il vnubil se racher
tauc.n. LfsaniUi
I dam
fc^-tirouillard»
i>iu«, en lui r
Itravjdes , IVxlionaicpl i faire cesseï ]e t^écri jén|
rai où it éliil, t?l h ri«(i'ieriitic bi>iad!<-.* Ce 4-^^
« bien alors, leur i^{ii<ii(lil Knliici, ijiir je «
M rérlleinciil plus limide ijnc je ne le parais R— ^__
•< tenant, li, codent à luiir« larcAsmes et i bif '
» injuns, j'itltaia cliii'>(;t!r de rénciluiiiMi. H n'y
ti point (le nome i rraindre pour la jt.'lrie :
>> di'fi'rer lâclieturnt ri>pinion dci ViotiiineAill
■> dimiei Iciiia calomnies et \r<in cemurea, CCI
•> rait *e montres indigne d'un pnic auad
•• rirnt, ce wr^il-^e rendre rrsrjjve deceui i
'< l'on cunimaude, el nu'on doit rtprimeri^ai]
» ilsic laiwient aller A cl*** couseiU |<emideMI'
£11 vjîn Annil<alp»Meduraiilo» d'Arpi dint
S.imriiuin ; Fabiua le siiiLMor raviatjtiei'; il le»
en (;»iiijtaine , pays enviionnr de monlogna
porle il I i'sue d'une vollce quatre r '" '
dliilanteiie, pl'releresti- de si-j iroiipi» xur i
tinuleuia , el , |<reri^rii nvrc Lui Ii-.t [i1ii« li^wa cl
pIuK .X id'> dea soldais, il Ji>iiibe lur l'art t&^ti,
«leï (;,iilli:^Riiioi*^aniel en dèsonlrc, el tue fa
rvnl.ln.infnr». jff..ii' " '
ViWius y:r il'
FA'Bins MAXiMns. 577
rs à ce fimeux stralagcme des ileus mille
■ , aitx ronies desquels il fît aUuher des
;s et des bgnts Je int^nu bois; puis, ayant
lellFc le icu aux totclies peadant la nuit, il
ma qu'on rhasiât les bœufs vers tes mon-
1 tfoe l'armée romaine occupall. On sait que
tge spectacle de ces Hjinbleaux errans efiraya
leat les Romains, qu'ils abandonnèrent les
urs et les délilés , et Ibrcèrvnt ainsi F,-ibias i
'aite. Cet échec fit blâmer encore davantage
tan de campagne, 'qui semblait tourner à sa
nibal,pour enflammer davantage le courroux
.nfn^îiis contre le diclatcur, ordonna d'épar-
\ea terres qui lui appartenaient dans la Cam^
; il y plaça même une garde , et fit brûler
ruire tous les environs , ce qui ne pouvait
uer de répandre le soupçon de quelque ïn-
ince secrète entre le dictateur et lui. En
celte nouvelle ouvrit à Home un vaste
p à'ia calomnie ; on décria liauiement
ts dsm les assemblées du peuple. D'un autre
le dictateur lui-même s'étiit permis unedé-
le qui parut d'.nbord équivoque et blâmable ,
qii il n'avait point allendu l'autorisation
nar, mais qiû finit par ■tourner manifeste-
àsipliis jjp'and? gloire. IL"ivail,conforméiaent
^iii s'était jiialiijiié dans la première guerre
|iie, arn^Lé avi-c Annibal rechange di;s prî-
ers , de manière que celui qui en recevrait plus
n'en donnerait paierait cinq marcs d'argent
chaque soldai. (Jonime il s'éiait trouvé lieux
5iiarjr.[i--sept prisonniers romains de plus,
[• le séuai , pir|ue de n'avoir pas été consulté ,
|[ loaltsKs projiositions faites à différentes
les tic fournir la .son:ime duc pour leur ran-
Fabius ondoya son fds à Uo.ne pour mrllra
nie ccilL mOme tcric ménagée par l'ennemi,
378 FABItlS MAXIHUS.
«t arquittfr •in»i de trs ]ro|.rp» «Irnieri ane éa
I)uI>li(jU'>. l'iuiieiim jirUoiiDirrs dëlvréi vei
turi'ot dam h *ui)«- lu> rcntlir It^ur lâiiçon; ni
Fdbiii» la rcfii a grnwru-n. pni,
IVu ili' liiïii)* après il fui rjjiprlë A Romr p
le rollff^t- (II-» lV>ntif[S, pour y iîire d» urnfir
rrlgii'un; il iaut» , rn |urlanl, Ir rofinnandraie
de 1 annei> h Minunui 1 rt , iiiio ronlein dr lui d
fendre connue iliciateur de coinI).>llre, et de 1
rien pnirei>reiiilie lunire l'cniirini de Roaie,
eni|tloyi le« roMxrilx ei itii*ine Ici pri^im m** I
eng3|>('r: iii.-iis' If diriAirur f»i é rrinettorti
cam[t, nue Minucius ic ni,i à h^n^i'ler to Ci
giiiniK. Atiiiib.'.l , ek|ii^rant l'aKiier ibn» <\i
embûchr , lui laisu mnpntiiT de Liaera <
tages l'^'ur l'anirirciT- Grouis pac ta (en
inée,.cea «urrèi appaiens firent i Rome
giamle lensniiun m f;ivcur de Mimiciui: le pt
«n coit^iii 1» f<Iua (latlruM's eant^raHrex , n conrni
pldn ilo |>>te, au l'oriim. Là, le iril>un Mélelïui
étant monté i^ la irilmne aux linran^^uet , exalla
^«tiiétal de la i;av.ilerie , qui flaii ton parent ,
poiiaia In paili^lilt^ el l'avcualetni'nt uu pniiil ifl
ciiser Fabiiji de irahisiin. Cu sriind honuite I
se jutlifîiT ; il du Mulemcn' qu'il
hJier ili- finir \e% sacrifires, afio qu'il pût i
. ri puaff MilH
■' piomjitement it l'armée, ri pujQI
(ûus il'avoir cfimljaTlii rmilrn aon ordrt?, Cm _
mlci f xnièrent un grand luinultr parmi le pro)?
qui, rntlanuné pur U-» hiiraii(jue* du tiibiin , '
voulant «nustraii'4' Minuciua au djiiaer qui le w
naçail, dt-mamla instaniment que le roinmaM)
nit^iil de l'année filt piriaori , el (juc ie général <
la cavalerie fût auinnxé à faire la guerre avec 11
pouvoir égal 1 r^lni du didatcur, cv qui a'a-n
pas «iicoro en d'rxerople.
Au sénal iiii^«vecc n'était p-iKHan* quelque inM
tlcncc <iu'oii a\ uil cntindu t'alrîus c^iiltcr ItuCai la
ÏABIttS MAXIMCS. S?^
', ïHrîbiier tous les détas'rfs qii'on avait es-
depuis tleuK ans à l'ignuranrp pi à U tciné-
!« généraux, dérlarëfiidii qu'il aurait de»
es i dem^ridei- au général de la c.avaliTte
iviiîr coriibatiu coulre les ordres de snii diC'*
; aussi le séi>at ei le peuple s'acrordérent Ils
(jariagc de son aulouié Les ennemis de Fs-
aiieiidaieni à le voiralialtuet humilié; mais
[Jiirla lolt^mmi'nt et sans amertume ce iju»
ir i>eiscinup|, réalisinr par s» conduite ceLtf-
le des philosophes , i(uiin liomme honnête
tueu^ ne peul i^tie outragé ni deshonoré,
réi piililhc seul lui fai^aii voir avec chagrin
udence du peuple, qui vi'ulail donner à
■ius uD moyen de salisfdrc en combat-
la ambition el si témérité; soit qu'il craic-
ès lors ^ue ce général oe se précipitât dana
lie démarche funeste, soi) qu il ne voulât
suyer. luiiuésenl, tout le dégodt des dé-
ur la limiia^ion de son autoriié, il n'ailen-
s le jour où h loi devait Are présentée
uffrages ; dés Li veille il partil pour Tar-
ci roi;ui PII roule le j'IéLi'rile qui ilonnait à
ibatlerne un pnuvoir ég^il nu sipii.Trop sOr,
le Live, <jue si l'aulo»*? éinii la même l'ha-
nc rétaii pas, son invincible l'eimeié ne se.
itil pas plus avec ses rnnciloyerts qu'avec
>dl, et il r. c.iend le- ramn sans taire éclaicr
icontentenie
it , ni lepioclic» , ni mur-
oiiva Minii
ius enflé de l'avantage qu'il de-
la fiveiir de
peuple , devenu inlrailable, et
.l<|uerhoeu
1 iiiiir à-tnoreûile romu.ande-
en.h.fdEio
iie 1 ;i[mée,soit pour un jour, soit
iDleni;<spli
slong ; mai^ledirtali'iir s'yrefiisa
s>i.iili'quecéi.iitleinoveniii'toiit
■,eldfildéri
liTiiu'nuuirliiÊiTalt l'armée. Si-
lype , Fabius donaa te clioit <^ iUiiiuciui uu df
V
58o FABIUS MAXIMUS.
<(iTiirnan(]rr cliacun tour à lour Tarmiie , <
|).iMa^(U' U'.s Ic'^ioiis, c-L MîiiLcius préfera c<
fii!*r paiti. Quoi qu'il un soil , les deux géi
|);iita(><!reiit aussi par moilié les troupes des
( e fui une double joie pour Annibal, car ri
iiii (-ch'ippail de ce qui &c passait dans le eau
11 ornai fKS.
(a pendant IMlnurius se f^lorifiait haufcini
<v. qu'on avait diminué et rabaissé pour lui
,^n)ré 1.1 plus ;j!>s(nu<! de la république; ma
bius lui i('pié:>eriia;t avec niodéiatioii que c
t^it pas contre le dictateur, mais contre A
qui! avait à conibattic; « Au reste, ajou
" blus, si vous voulez voir absolument un
» dar.s votre collègue, montrez, apiès av<
1» M fort lionoré par le peuple et Ta voir eu
^* sur votre f^én<'îral , montrez que vous
i^ pas moins a cieur le salut et la suret é d
» concitoyens (|we moi même, quialiurcoi
» que ie peu; U\ a malt r ailé avec une sorte
» jij;»ti(e. »Mii.u(;iui, regardant ce ctjoseil c
ni;e iiouie du viciil'ird , [>rit avec lui la mo
l'ai rnée, (taila r.'jnper à quinze cents pas de ï
S^aii.Midonnant bientôt à sa longue natinelbr,
cp:e irripMjde£nnient%Anfiibal 9 qui, prolitii
t</us sca avantages, fond sur les Romains 1
f.jit ép ou>er une déf.iite conq>lète; l'aud.
jVi:iU(.iu.> lui même eu est ai>attuc. Le dict
oit J'iutarque , voyant d'une Iiautcur vtnM
son (:xtfi[) Taifrftje de son f ollègue en déru
envrloppée, frap; a sur sa cuisse, et, pouss<
profond soupir , d.t a ceux qui étaient près t.
«f O dieux ! >)ue iMin<iciu.s s'esl per.lu îieaucoL
» tôt CjU'r je ne pensais , mais bien plgs inrd q
» le voulait lui même! » L» inétne teni[»s
donne aux eusiiguis de marcberf et à tout
rnéiî de bs .'»ui\re. Selon Tite, Live, Il i'
« Voilà Jonc ii,vii craintes qui ne se sont qu
FABIUS MAKIMTIS. r.8l
• Wrifi«s ! La tëmérilé, qui fiomodiil sur b f.it-
■ finie , s'y Irnuve prise ; icclui f]u oH a fait IVgal
a Je Fabius a rt^ncimlré son m.iîtru dans Aiini-
• bat. Mais ce n'esl pas le moment du dépit et îles
« reproches ; marchons à l'ennemi. »
' Apeine arrivé sur le champde bstailie, il fond
sur les Nlfcnidi^s , s'ouvre un passage i travers les
combaltans, et va sui- ta cottiue dégainer Mtnu-
cius. Annibal fait aussiti^t sonner la relrailn pour
rxinener les Carihagînois daos son camp, et, s'a-
dressanl aux officiersqui l'entouraient : •> Ne l'a-
■ vais-je pas prévu, leur dit-il, 'que ce nuage qui
I» se tenait toujours sur les monlagnes ( il dtsi-
b çnait Fabius) finitait un jour par «rêver, et
^ ier.iit fondre sur nous un tiolent orage? «
I Le combat fini , le dictateur fit enlever les dé-
peuiltes des ennemis qu'on avait rués, et rentra
■3ns son camp sans proférer un seul mot d'insubc
o» de reproche contre son sollègue. Mais Mimi-
flîns, ayant assemblé ses iroopes, ordonne qu'on
tfeye les aigles, et que lonle l'armée les suive. Il
qu'il V est entré il va droit au quartier du dicln-
tenr. Les troupes, étonnées, soni dans l'atleiile de
ce qui va se pisser. A peine Minucius aperçoil-il
F.-ibius , r|uM fait ntanler devant lui les enseignes ,
et , s'approchsnt du dirt.nleur , il lui donne haute-
ment le nom de père : " (^ar, ajoutc~t-it , je vous
■ ai plus d'obligation qu'à celui de qui j'ai reçu le
• jour; je ne lui dois que ma vie, et je \ousdois *
» avec ma vie, relie de tous tes Romains, Vous
• seul devc7, commander en tout désormais. "
Kn finissant il se jette dans las bias.de l'abius;
tons ses soldais einbra.'^senx aussi leurs camarades,
Sft serrent éiroiieincnt les uns les autres, et se
donnent lous les lémoif;nagesdel arfcclion la plus
vive. Le camp est rempli d'allégresse; partout
OH voit couler des larmes de joie, et ce jour, qui
582
P&BtVS HAXIMfiS.
pou d'Iiem-M auparavanr ilcvjii <Hr« une é|
Ac •Iptulaitvn e) Je dtuîl, Tmii par ^tre ui ^
de fi'te. Lo'vin'i'n tr<.itl i lloiiie les |ircim*rt
nijtivrllra Je «roui sc'ai' iiait-p. rhirun Ji l'i^
éli-va JMKjuaoH riPiiK \r nom du gr-iml t'abiia
doi>i II RlfHrt^ iiVrail pas mémo coinei'te p
Ai<n bil •'! nar li>s (lantiaginoio. *
l'nlrbc air qn'alnr» «eiil«nieiil nn reconnut
R'-me >l iiDR m^iitirrf' (•viJunlc (pifl avantage <i
toiijnur'i 1.1 rrnitpté, U iiruJrnrp el le }UKe<n8
pIi-iTi da ipn' <l tin g^nonl ('x|i^nincnt«, sur Ul
mpi'iré et la fiillR (irMomptiuii d'un homme q
nVsi.)irfM.l.lal.
Le< t'tx raniA dp diciaiiir^ de Fsl>iu*^)ani pti
dVxpîrrr. il retoit l'amtée euirc \ci 'iiaii»» d
consuls qui veiiaicnl d'iVri* pIiii pour l'annve.
qui (urL'nl anez sages p'iur suivre non plu I
fiierrr, si b'tr.n justiiîi'i par IVv'W'ï'i'nt cl p^
expérience. Nais qua'id le ténx^raire Vairon bl^ |
Çna cl obiim le ronsubi par la faveur du peophi
loul r.han^ea bieirlAl de ùre. Celle hiiiiimc pré
implueiix ne restait de ré|>^[er. dans loute* U
semblées «lu Foi «ni
linaMe laril tm'oii m
les armées i il ne vonLiii , diMii-il, ({n'uii
, Dur pour voir lea ennemis et niur les rainera ,
donnant ai'iai k connaître qu'il na itierait le «aM^
"étal daoa une seule bataille. Les llitii
iffès pir ses ditcoiirs , levèrent ufi
mée de (jualrc-vi igt mille hommes , et lui i
coiiGèrent -le commandement: ce qui do'
plus vives in |uielud«> •'i Fabius et h tuu* c« t\
Y avait de cîloyens sensés dans la ville, ibii e
la plupart ne voyaient plus pour Uniae Je ino.
de ït relever, si elle perddil U jeaneue «M
breuse iiuil^iitail lout sou espoir, tabnt»,»'.-"'"
saut ^lurs à Paul lilmlle, rull^gi^e de V^i
buinnic d'uQC gratide cxjKficnuc dans \» gucir
,e rr|>eLt:i * U4ii|9 luuic* la
que U fiuerre serait ialtQ
lirait des Fabii.t i l«iA
VA,StV8 HAlIMtTS. "^^
te à t'opposer dr tout son pouvoir i II
in^rilé di- win toll*Bue: il li; prévit-ut 'ju'il
t pM ntoiiii à iléjpiiilre ■:■ polrif^ cotitrv
i|ue (ontre \nnibal lii m^mc, touf tlfu»
limM lie la iii^in^ |r,)i<i,r pour c xnbdlire I
idevrs, ajiiuu fabiua, vous en ra,-pr>rtar'
Hà moi i|u'à V»r-..ii »iir rc c|uî concernft
îbsl. Je voui T^'iiil* qu'il sera forc^ iJ«
er rildlie «i pfisnxni' ne conbal coatr*
»tte annéi-; ou, sM aobi'ixc 1 y nitr^
y rainrra ion aiinéf fI IuhIm su i-tpé-
es. " Tel e«i ru sul tuiiot le iKicouri cjuv
adrfiM 1 Paul Kmilc; mais cV»t dana
iTC iju'il faut te lire;u-(;ra(i(J hutorien<^ni
morceau achevé, rt uu vrai iiiudële d'elo*.
Eoliiique.
iiiilu parlil pour l'arnu^ avec I4 ferme riS-
11 Je 5ut<rr 1rs coiisi-iU de Fabius; maii les
t ayant ledotl de roaniauder chacun leur
Varroii profila de cet avaniaee pour livrer
■itie bai'ilii- de Canoea, t|ui fut perdue par
criié ri par son inc^périenre. Dans celt«
-■• 3. r.iJi- a..x K.'injii.», le- foiHiil l'.ul
blessé à mon et abandonné , refusa les se-
Je Coriieliu'i Lcuiulus. jeune (lalricîen qui
reconnu , (juniqii'd fill couvert de sang et
'é. Le consul, lui prenani la maiu, et se
ïnl un peu , lui dit : « Lenlulus, va ironver
ius de uia part , et sob-tui léinoîn que l'aul
le a iulvi jusqu'il la fin ses conseils, sans
quer è la p.irole qu'il lui avait donnée; mai»
I a et'- vaincu d'aoord par Varron , ensuite
Aotiib,)!. »
baïaiilc de Cannes, où |)érirent cinquante
\oinaiiis, fut il'aLii;>at p'us fune>te aux vain-
ue la f>lup3i't des peuples 1rs plus puissaiis
■ liesedcclircrcntp'iurAnnibil Cet exemple
a que lc3 glands revers foui couuaiire non
1
[
tH^
s;
S64 rABius AfAxiuva.
Mulenieat les «mis (idoles, toïnine ie dit Enripi^ ^
Jwiis sa IragéOie d'Hécubc, mai» eiirore U-s gêné- (
r.iiixsag<.-s etjDiuikns. Ce qu'on avak regardé Jji» .
Fabius comme lâiblesse et pusiUanimitc , parut '
apios ce désastre une prudence plus qu'huniaii"ij I
une inspiration divine qui lui avait ttil prévoit J
di! ïi loin des événemeus auxquels pouviieiit 9
croiie ceux qui Ips éprouvaienl, Aunp
!,n'hésitant plus à meltrceu lulscïdiTnioitïl
esjii'riaiices, eut recours. i ses coiucila comme n
ceux d'une divinité tulelaire, et si le peuple n 1*1^
b^inJonna point la ville , s'il n« sr dispersa iwi"! ,
cuinme à l'époque de l'inïasion des Gaulois , e't4 |
siiriout h la prudence cl à la tcrmclé de Fabipj ^
qu'on en fut redevable. Dans ce moment dcdéH ^
laiiim, dans ce péril cxliâiue, lut seul couBCnl g
tout son sang-froid; loi seul donna au»cpat^
conseils salutaires j lui seul calma l'agitation M
esprils, proposa et fil exécuter les mesures de ptq
caution pour le salut de U patrie menacée. &|
milieu de U roosternalion générale , ovi l'excèl i' ,
la douleuv et le trouble qui en était la tuite «Uilit ,
rhaieat de pourvoir au désordre et de réparer ta r
désastres de U journée de Cannes, Fabius miri ,
ehjit seul dans les rues de Home d'un pas Bif .
déré , et avec un visage tranquille , parUn) i 1« ^
le inonde avec douceur, taisant cesser Ics-lanis ^
talions des femmes, et dissipant les groupetd ,
ceuji qui serenddientsurlespbcespubliqueBpM .
y déplorer les malbeurs communs. Il 6t aswmb
le-sénat, redonna de b cotifiaocc à ses collée
aUKmagisiratfij dont il était seul la ftirc^ctii
titn, et qui tous avaient les ycuï fîié» suri
Aptes avoir' bit poser des gardes k taules les i
tes /)our Mnp^chcr Ir pOo^ de sortir et d'à
dnnner.la Saille, F^ibius lunits à irenu jou
temnt du. deuil, .-ifiii qui? [ItHire u\vtis re li
n'oliiii plus rtcti dcrjjipfi-ed l-igubruqu'cltcf
1"
FA^BTUS MASTMUS. Sft5
f'aMx regards affligés de ses habitans depuis la
Itanre de Cannes, fl présida) r^aleincnl h tnnlps
I cërémonips religieuses qtie le collège des pon-
^ ordoTina pour appaiser les dieux, et pour
knurner les effets des sioistres pr^.sag^s,
tCe fat aussi Fabius qui inspira auv Romains la
induite magnanime (ju'ils linrcnl à IVgard de
Irron. Les magistrats el les principaux sén.T leurs,
ttniî lesquels se faisait remarquer Fabius, allé-
pt au-devant de VarrtHi , et le rfimercièrcnl de
iToir pas . dans une si {grande l'alamili^ , déscs-
fé de la uëpublîqtie. Mais lorsque le peuple et le
Aat eurent appris qu'Aiiniba) , après la bataille,
tlieu de marcber droit à Home, avait conduit
B armée dans d'autres cantons de l'Italie , leur
nfuncc se ranima ; ils mirent de nouvelles ar-;
ks en campagne , et nommèrent des généraux,
pt les plus illii'^tres étaient Fabius et Marcetius;
H deux avaient acquis une égale réputation,
lift psr de» qualités opposées.
Cftt ici Je tCoisiione consulat de Fabius et la sc-
Jonde année de iia e;ucrre ronlro Annibal. Apres
ivoîr pris l'a vis <lu sénat, illil publier dain les cam-
>agnesurie proclamai in n portant que tous les grains
tissent, avant le |iiemier juin, trauspoitcs dans des
riJIes murées. Parloirt oit Ion n'aurait pas obéi i
*1 ordre, le ionsulmcnaç:iil de dévaster les (erres,
ie brûler les fermes ei de vendre les esclaves &
l'encan. Il fit ensuite Ip par-age drs troupes avec
Ion collègue , p:issj le Vulinrn»' , el poussa ses
tnireprises jusque dans les onviiou-i de (.'apoue,
}ui êta.t lomlii'e au potivoii d'Annilial II em-
»oria lie vtv Corre les villrs de Compulteris, de
trcbala el d* Satirula . qui av;iient pv-sé dans le
[larli de l'i'nncmi L<- '.rÀ\ i\c ce'K; cu.i |utHc li.t la
|>risc ^lesgar.iisn I, i-::rt!i.i£;im.isp< , ainsi quf d'im
JranJ ■ omU'..- d-: C.^iup.^uicn-. F;ibm^ fit .ii!ssi'<ît
fasMT ï'- ■ arméi; ciUrt Ca,>i)ue tl \t csirp d".\n-
2'om. I. 33
."•Pf) lABlUS MAXIMUS.
n liai , rta])li sur e. nioul i iialo. , oX île là îl rrliril
flans le tli^vcilr la vllU' di*. Noh». 11 ii»vint sur ses
p.i^ pour l.iiftsor .'lUx Cain[)ani('iis la liberté dVii se
iiHMircM* leurs h'ires, cl ne se pcniiil. d'y cxcrecr
.MUMine lioslililé cpuî lnrs(|ue les l)lés en her:»i'
lurent assez liauls pour donner du fourrage. II Ii?
til Iraiisporler dans le rauip de Suessula, où jvir
sou uitiri' furml e.onsiruiie; des l}arraf)uos pour ,
le io^(Mn(!ul des soldiiis pi'inlani l'hiver. j
Telie lui la seconde ('.nn[)d^ne d(! FaUiusronlic ;
le vainipu'ur tle (launes, cainpai^ne moins m-
Tuor.ible sans douh* par la grandeur dos évcn.'
intMis, (pie parce ipi'clle laissa aux lloniains !'
teni[>s de relever la répuhlitjue sur le pcnciiHii
de. sa ruine.
Pénétrés (radmiralioii pour ce grand homme*,
non seulement ils le coudilèreiit dMionneurs,
mais ils noininèrent son (ils consul. Il s^ appelait :
i). Fj!)ii!s connue son pore, ef fui consul avn" ■
Seuiprouius (icacclnis , la sixième année de h
secouilcijjiierre puni(]ne , iuigiédi.itement après !•' j
ipialrièuM* consulat de l'ahins. Valèie Maxiind O"
rapportant ci'llr circonstance, donne de la mo-
destie de k'ahius et de Taniour qu'il portait à sJ
patrie nu témoitrnaiïe éclatant , nue l'ialanii''' |-
11 jmiit pas (lu nasser sons silence. ral)ms ]>l.i\»' j
înns,<lir V.ilère ÎMaxiuu', considérant cpi'il a^iti' ]
été (lualre (oisconsul , rpie son pèie, son aïeul, soii •
bisaïeul et ses autres ancêtres avaient souvc.l j
id)t(Miu les honneurs du consulat, et voyant qt- \
le p.îi'ple , d'un consentement universel, all.«îl j
dé(l::M!- >ou fds consul, demanda lcJî.i-inst.»i i- I
meni («ne la iatnille des l^ihius fiU désormais ih^ ;
]>( ns«e d'exercer celte charge, non qu'il se dj-
îiàl de la vertu de son (ils, personnace essentielh**
III • r ^ n
ijicut KU-oniinanJahle, mais atni cj'.ie 1 .iutori<e
sou\eiairu». ne i'ùi pas en r|iiel(|UC sorte p«rpe-
luclle dans uiie niétne i.iuiiile.
stlouiLMiii l.ommngfirendiuàri'gMilo •
.^^-^^BRcaing , LIlmi lare ini'iui^ dans les gouvefiiu-
pùtns pci|mtaires.
£lu contiil malgré les ie|irésenUlions ilo son
{)èrc t Faltitis le fils pnt le cumtnanJttncol dt; VdT'
mie nui était alorj avpi'èt. 'le Suessula , daci^la
Poullle. Son iiirc su rendil à son camp, chargé
(l'Uue coriiii)i:uiiin <lu scD^t , et niCmC) selon
'J'ile-Livo , pouv lui ïervii de liculenaul; exemple
tjii'iivait Jtii donne un ù-.-- ses aiicéires. Lp con-
&ii1 éuiit allé à la rencontre ùc soa pÈrc , \es, lic-
teftrs qui inarchaicul di-vaiil lui liissèrent avan-
cer Fabius à cheval, sans y meUre obstacle, et
cela liàT respixt puur r3ge ci pour la msjosié
de cet illuslrc roinain. Déjà unze licleurs lui
avaient 1ail (Jaie. loisiiue le consul ordonna au.'
duu>i'''<>'' iiu !" m. I <'J.,irirnmédialement, de faire
*on.li.- ■ 'ii. .-. s':iJressa[ilalorsàFabiuï,
loi ii;i.i .. .; . .■....,> .!>.■ ilieval, el snr-le-cliamp,
1 14 yv'''J'"'' "'":i' •* *-'''L ordre en disani : « J'ai
» voiiluvoir, mon iiU, si tu savais soutenir la di-
" î)ai.s son"<|.ni'r;ùùjr e.o.isuhl Tiibios reprit l.i
de la t;.r,
fil ccMm
11
m |.ili;.B.'
•. '1
,,uf.io,l.„
Icail...;.
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talir.ii .1.'
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*-Ui<;[3l CL
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ijagn.iiit
,-î , qi.i 1
Ja lin
le
roimn^n-
itli-
;;':iïï;ù:
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lU. l'il.il
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IxLliii iiii-
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n%t !<'<; .[;.-
,trc i Taiciin
. l.a,«o'.,.
> mot de Fabius renfermait un grand préi
plutdt une grande leçon de pniitiijneet de
En effet, i) dnnnail à entendre indirecicr
Homains de se garder suriout de Iran;
RoDje les ornemens des villes conduise
que pardà , selon la remarque judicieuse
lybe , on accoutumait le^uple à la mag
et au tjie, il en résultait aussi le doubX
vénient de réveiller dans l'esprit des Ta
souvenir de leur humiliation et de leurs d
et d'allumer en eux la haine et la fureu
les victorieux.
Cependant Fabius fit transporter i 1
déposer au Cipitole le colosse d'tlercule
duquel il fit placer sa propre statue en
sans doute romme par une sorte d'hi
rendu à la ir.-idition rt^çue qui ferait d<
lés Fabius d'Hercule lui-même.
Fabius triompha pour la seconde-foii
irinmplie fut plus glorieux que le pre
l'obtint, dit Pfularque, comme un vaitla
TABIIIS MAXIMUS. 580
it celte ville , avait (onttrv'é aux Ilomiins U ci-
laJcUe, ma'cré (dus les erforis d'Annibal Les
li.tnneurs <]ii on reml.iit i t'abiiis ayant excitt:- sn
jalousie et son amliilbn , il dit l'n plein sénat
une c'était lui senl et non pat Fabius cjuï avait
taïf reprendre Tarpnle : « Vous avez raison, lui
» (lit F-->biu3 en souriant, car si vous ne Tavirs
» pas laissé |)rcnilre je ne l'aurais (las reprise, a
Vers celte époque Scipioii, après avoir chassé
les Cartba^inois de l'ii.spagne , conçut le projet
d'aller droit h Canhage , île remplir l'Afrique
ifi's It-gioiii et 'les armi-s romaines, d'en raviiger
les ronirées, ei di' reparler dans son sein la enerre
rjii'elle avait elk-nâme altuini>e en Iialie. Il tfa-
raillait avec, la plus grande aideur /i (nire ap-
jtroBrer ce di-ssoin ,iu peuple ; mais Fabius fais lit
font craindre aux Rumiiiis d'une pareille enli'^
prise ; il leur reprc^eiilait que l'impi-iidi-nce il un
leutie homme allait les précipiier dans le nius
rand Janjjar. Cette queslioa fut très -agitée dani
sénat. Faliius pronnru^a un très long discours
M-iMi; ilsclevadfsdel...!, . -, '.■.',■*.
a Sicdc pour proviiirc, .'ViT is [,'•■
passer en Afri'Tue s il le )■((;•■. i" r.-, tr
mléri»rs de lïo.ne. Les dunur. J.- !'
Scly.oi. mé:ilent d',v,cl„ ,1 m .: ;<
trouvera dans le uH'. livre de Tlir- ^ > ,
Le neiipie crLir ,|ue Kab.us ne ,s <-,
par j iloii.tie am entreprises de Si:i.. <
1ar(|ue lui-in<'me partige ce senlimer
ijVil pas cerl-in 1oi. eiV,is <[ue Fab.,
Ji! ''opposer à I cxpéditioLi de Scipion i
7iC)0 V \ F» lus M A X I M U s.
Quoique les succès aient justifié celle entreprise l»a-
saf tl('iJ«(», il no ilôhuit pas les bonnes raisons que
l'abiiis donnait pour en démonlrcf toutledangcr,
♦ I. rontr(^ lesquelles Scipion ne se défendit que
(<ti!)îein<'nr. D'ailleurs n'esl-il pas démontré que
les <lécliiron:ens dit Homo , sa corruption , ses
guerres civiles éclatèrent dès qu'elle n'eut plus ni
liva'le ni contrepoids politique ?
Mais Fabius ne vécut pas jusqu'à la fin de la
seconde guerre puni(jne ; il ne sut pas qu'Anni-
bal avait été battu; il ne vit pas cette brillante
prospérité de sa patrie; il mourut de maladie, ou
plutôt de vieillesse, vers Tnn 54f) de Rome, lors-
('.u'Annibal sortit de l'Italie pour aller défendre
(]arlbage. Il devait être très-vîeux en effet, s'il
est ^^ai , comme le rapporte Tile-Live, qu'il ait
été augure pendant soixante-deux ans.
Fabius ne fut pas fcnterré aux dépens de U
république, mais les Romains contribuèrent à
SCS obsèques, non qu'il fallût suppléer à sa pau-
vreté, mais parce que le peuple voulut faire lesfrai?
de ses funérailles coiiime de celles d'un père. Ainsi
sa mort fui illustrée par un honneur et une gloire
dignes de sa vie.
Cet illustre Romain laissa de grands exemples
de vcmIus militaires et politiques. Ayant pris la
conduite du gouvernement dans les temps les plus
humilians et les plus désastreux pour Rome , il
releva la république sur le point de» s'écrouler,
eu ilcvint seul Tappul , et empêcha que fes faute?
des géiiéraux (jui l'avaient précédé n'entraînas-
sout sa ruine toMle. Cependant Fabius ne gagna
(ju'une seule bataille ianc:ée, celle nui liii mérita
son r»r^"îH<*r triornoiie : in»is il arraciia son coi-
lèi^ue Aiinucius des mains d'Annibal, et il sauva
\ii!e armée entière, aciion vraiment grande , où
(*elate':L à la fois la yak-nr , Il prudence cl 1j
boui'.
E'
FABIUS M \ X I M X^S. S91
CfureDement sage et pniilpnl , il ne fît jamais
fttles en ce qui dépendait de Itiî ; aiiisl son
e militaire «'tail-il plus propre à conserver les
s qo'à faire des runquiiles brillantes. La
hi doit une école i part, cfile tjui instruit
^itaincs à fout attendre du temps et dc$
Ifinaiioas de la priitlence; celle c[ui a pour
enfin de manœuvrer, el do leinporiser, ex-
iiion consacrée nujoiird'Iiiii au système de
lus, elqui caraftérise Fabius lui-mi'inp, ddsî-
par les inilitaires et par les politiques soua'le
I de Cunclaior, ou temporiseur.
'aisadmirons5uTtT>iii.'.i grandeur d'âme, nul,
oi inspirant le mépils des ricbessps, lui fit
liguer sf s biens pour soulager les malbrurcux,
aur rai-heier de •«■pioprss dcnicri le; pri-
liers romains.
392
SCIPJOM lAPRICAIM.
\k^%%XW%«^/\%lW«/VV%%W«^%V^>/%«/V%*'V\%%%%V^^<WV««^h«««%%«M
CORNELIUS SCIPION
SUSNOMMÉ l'africain.
J.iAf'iniîIIc Corneliaj ou drs rjornélierH, était u!
ilcs plus ancinrines, des plus nomlireuscs et d
l'Iiis iilu5.trcs (i<i Iloinc. Le surnom de Sciplo ^ q
<'ii latin signifie un bâton « lui fut donné par
{\\\\\n jeune patricien de cette famille avait sei
ii.ippui à son père aveugle, qu'il conduisait da
II.) rues di^ llomi! cl d.ms le sénat. Onze perso i
iiiîj^os dt! cette maison célèbre .ivairnt été Avt\
•ù\x\ prcniièî-es charges de la république , lorsq
Sriplou rAfricain , dont nous allons relrac
riiisioire, débuta dans la c;iirière brillante où
s'e^t rendu immortel. Son père , Tublius Corn
lius Scipion« était consul à Touveiture de la s
condo gui^rre punique. Ce lui lui qui le prern
voulut arrêter 1rs progiès d'Anuibal ^ qui veu
de p,iss(r les Aipe*.; mais, blessé pi es du To>in
cuvcloi>p(' p.'«r un ^'cos de cavalerie canhagi nuise
nedutia vie I j'à snrifits à peine âgé de quinzeai
qui, par un effort décourage, patvnilale dcgag
Queicpies auteurs prétendent qu'un esclave li|
ricfi s.iuva la m;* ^w consul; mais la plupa*t i
liistoriiîus atlribuî'i.ii cette .«et ion de v.deur et
pieté (iliahî nu jeun*' Scipion ; cVlail le sentim<
de 'Ywv iJve : « A ce euiant , dit ce grand lilsl
» lieu, sfra réservé, ilrius un «ige plus mi\r,
^ gloire de inuiiiier I.» .seconde gueire pUMi()a
» et sa YÎ^'l^^ire niémor^vlc ^ur Annib-il et sur
SCIPIOH L'AFttlCAIÎÎ. SgS
^arihaginoia lui vaudra te snrDOin d'Afri»
Drjà Scipiun iiViail pas moins admirable par
s talcns oaljurels ijue par l'ailres^ merveilleuse
rii méfait à les faire vJoir ; déjA mâtne on le
oyait animé par des iospiralions divines , soit
le la siipersiition eût réellement aueltpie eia-
reswrson espril , soit qu'il sentît lui- m ïme U
^essitédes'euviionDer de l'iinpos^nle autorité
t la religion. A compter du jour où II prit la
»Le virile il ne fit aucune action, soit pi:iliii<|iie,
Ml paniciiliéie, ajns.inonler ^paravaiil au Ca-
ijole, sans eolier dans le iem| le .iii maître de»
If us , et sans y demeurer iiueltjue temps '^cul et
^ngé dans la œeiJiialioa. (.elle r^gle, ifvi'il ol>-
;rva (uutc sa vie, atciédila l'opinion, née de la
Ati'iueouduliiMid, ijuile ferait regaider parte
SôpiecoTniricissii di' sma des dieux. Un fil même
tnife à sou auji't la Cable grossièie i]uon avJÎl
lugrnrà sur La riaissancr d'Alexandre , aCti'ibuée
iiïrefols a l'union de sa mère Olvmfiai averun
■rpfnl moiis-n^c-ux , i/ar un débiiiÎL à î'iJi'ie
u'on revoyait souvent au,- lè'. rie Ij mèje 'i ■ Sc^i-
iun rem^uieserjieii-. qui Jisp.T rîiS-iit to'itài-O'ip
lit regards profanes dccetijiju^imenait une indu -
■èle curio iic. Scipii'n *e g rda iiieo d'affaiblir
aulorilc du pré'endii prodige dont il était I nb-
l; il eut 1 art au rontoire il'en fortifier la
ro>anre, sans rompiomefire la vérité , par l'air
lysterieuK avic lequel il alFiTta de ne jamais nier
fa t , et Cfpi'ndini de ne rien affirmei .
On est foi.de à croiic qu'il fit les premii';res
.mpagnesdlialier.-nt.e Annibal; d est certain
u il éfai< tiibun militaire dans la secoiide légion
irs de la désastreuse bataille de Cannes , a la-
uiiie il prit part , et qu'à celte époque son père
iialiié de procoi:sul. Irtun.eiiiîtement après la
l.i'..iLU' 1<' lils .I'lxi <:oim>lam-, Kuiiu»
^;l.l'ln.r .li.v a'-tiii air M\ai' 'ii.'Ils ii.
..y ;.v.iil plus .,<>.-. ,>U-.m-r s„r l.o.m- ;
(•■l.'ÙI bil,J.. bn',. .I,[,<|.,-; .,>,',>„ (. ai.d
<!.' iViiix'j rnlri''!.'., . , %'U\h,s i, l.-.>r t.*'
rli.iiriil ili''j:< [Ith vai.-cjiiv pour abaiiilun
lii- cl NI' r.'. jjiiT it la cour de (ineli]ur ri
Il iiti . (:iii' iiiiuvclln 5Î cxlraoruinaii-p jrl
Ml ; l'iir iDu: n-nx (jiii (-laîoul pri^icns. (
i.u'uik; {inrrillc i(''ïoliirînn est affreuse
|<r<!ii'i.'iu d'aiscmlili-i !^' roiiïcil pour di^li
rc ilcticin , jusijii'aloTs sauj exrmplp, api
iji-.^ailri'n ; mais Sdpiiin , l'hoinme qii
lini'-i! ilrsif^nnlt i\ht lors pour Icmii
(;>ii'i'M-, ïauii<-nt que ce n'est pas là un
■Il riis.'iiiin , qu'un coup dé^sif est néccM.
liiiil agir, i-l non pas JélituTcr sur un m
s.iiil : rim; leii» i[ui aiment la répiiblit
i[ii'.i pi'i-nihr lés armrs et le suivre à Pi
(iiiiil ait.ssilAi vers Umaisoiioi'i logeait 9
Si: ll>ION I.'A l'U I f , \ IN. SilS
iir les miens, rtfjratul .)u]iiii-r, votpliti
wngMticM 1 J'i'xigt' l<i mi'mn Rermrnt
Ion» rjuî Cle» iri rnjirmhl^* , ri lî un
r wiil (te voiii 1p n-fuse , qu'il »achc que ce fer «t
■ foui prfl k tiii percer le sein. »
|Non moins Hpniiv.iiHi*,i, dil Tiif I.ivc , que
«VuMeiit vo l'nlrpi- Aniiiha) viiMoneux . roii«
tt^rom le serment exi^^ , et coti-etilirent
ivre Sciiiion , aui marohi atissirAl nvrc
mr allpr renforcer Im troii(>eii errntiti;» cl
WȎn c]ui se n'onissiiont au roti^ul Vsrron, it
i <\\ui le cOMraye pilnoliijue iriia^enl
inc sauv» pniil 6tre b république, en rcIpTuitt
Eùurs^e aballti de «esplui illiutrrs ciroyeni.
iVei^iHe milliairc de Sdipimi ne noiiv.iil inaii-
e St se fortifier à IVrole des VM.i„, de.t Mar-
)Biet des siilres i-.i[)itnine.t ro'ti'tins, fjiii iti'rrnl
i: in bornes Bux «ncc^i inouïs ^'Atimbal ,
^Mos noiivoir mnpoiier toutefoii sur lui de
Bibîrê ('/■■i.ivc.
t Avii'ulel m< MisSn|>i.'iil>n(;<ntV.liIil<''nii':<!<-;
Heml> V.iiiICK' l'.>nm>Mt-'l' 'Icv II .[< on Jm piiple ,
bndi'p sur ce m. M n jviol n^i-^ l'.l^i' nn'Miil par
Kl lois : .' M..is , r.'pli<,iia ie |.'iii)<' < .iiillid..' , st le
[■■suiï'age niianimc d" nu', <»iicir.iyensiii':ippelle
> k relti' ch.ir-r , n.' sms je ji^n i.v^.v, .li;^ pimr U
- reinplu- i' " Sia- <-i>i|" r,.i>oni> IhuIi'h Irï Inliiis
lui diii.ii.SrMr l'iiis siilh, !{;.■, ,nn- l.itit d'uniirii-
œiW, (|ucl.-slnlM.iiNs<'drsisirrriit.iu'i»iiAt.lcleur
bppuJin,..
Sciiiioii ml Lirni.lt la dimleiir (r.ippreiiilri> ipie
ion père et ■"•n nui le vi'naieni de prr.lre l;i vie
en con.l.att.mr ro>,rr,. les Ca.lliaKl-.oi.. en \:^~
pacne; il jura d<> !i-« venger, et icdittd)la daid.'.ir
et de Mr pniir niêiiler de plus en pins l,i cou
fiance de se' i.!ii.-iii>yeiiv
(!r|>rii.l,iiit A.silrnbiil, va'iiqucur 'les Jeux Sci-
5)0 SCIP ION L'AFRICAIN.
|ii<)ii (1.1114 la IVniris'ilo , |>oiirsiii\afi le cours
so'> surt'rs; mais, $\'taiit lai-'t* (MiftM'ini'r d.iiis >
(L'filcs pat' l'ariiu't* lumnine dr (^taiidîns Nôro
Si porto S(Miil>Liii iiiévilil>l(*. Toi'l à roup on
prend à llotnc que \i* ium^ (j.irili.tgiiiois cA p
vcMii p.ir nii slral.ij;;(^nip à tromper INrron, t\
a rcinciu' son armrt* iiiMne et repris sa s»ipcr
rlti- Mjr r.n'iii'e rninaiiie.
i^îns Ifs cllov- us •!•• U«»mp et Ips sénateur*
pirijc luîp npprn't'iit «ivt*r n.di^iia «om ie:=f ik
v-îlc 'it il' n.liu*. On (O'ivor.na sr»! -Ii fiia.-.p
ccïiiiK's .11 pr. «\»dir à i êpriion il nu IK
vij- M DroMs.i', ra.iabl- d.' ienJie t'uix .'mîh
d ' '\*'Jt ■•■ •• '■ , n*nii('i lus r Lr mi u- < .t-n
d. fî 1' Iv ff^.i'i- t'ii 'ini «^i- JMç^i'.fH ni di^
d ( ■• FiiM 'I-. le ' vt.i d' < "k* mp » lanr.e vif
t;. !' . . ^ •' i': • i.^.'i^r |(> proc'insjlal ; m
a . |î .! ; . :» * lin .no'Ui' .sileiu'H réfji:
d. . i :. i'^- îi ••t-nii'il lésrspéri'i'» «pie piTMii
ICI e.'tlor- II' romiinind rnenl des arm
■>, ''«n». T'.u' n coup Sriiiiou se dérlaro r
(•i 'i: . <•! .(• (jI-jc- (Uns nu 1 -.U clrvé, u où ton
luon.'Ie nonv.df I ajM'rcPvoir. Celte di'Tiun
:il! (' sur hii [va regards de la irinUitude « t
liri (ai'l la fàvenr populaire sVx;'lu)ue par i
(;i; <1 .ipp.oliaLion, pre^sa^e des sucrés cpii (levai
m'j" î'.iler sesarnips. l/élecM;u consommée, lor^cj
I ( l'hou'iasiue et nu zèle succédi'ienl la rf (Ipx
( d'^e . ou crut voir dans ce choix l'ouviages
de ia r.ivenr, ^ans le rouiours de la raison ; d
i;ifMiie ou tirait du nom de Scipioii un siiûs
\)\v :'\\(' , (îi , ajoute Tile Live, on ne vo^
(jir.'îver eflrni nu jenue homme « encore c«)u\
dh di'iiil df^ .sy.^ plus pioches païens , partir p'
ijr (iiilrée où il allait coinljaitre au milieu i
I ;i«l>.\jîix <riin père (»i tTun oncle.
6(ipi()n, voy.ini l'in(pjî«!tn'iK et la crainte, rt*
SCIPIOS 1, A FRIC AÏS. ^Cf;
r l'cntliouiiasme qui avail |iiériiiilp sa îi»imi-
:onvoqiier une nnuvellc iissL'niMpc
Ppeu|i)c ; Uil pai'le de ïon âge, du rommaiidtt-
^nl el delà gui-rre qu'on vient de lui conlîpr ,
: une maliirité de jugement, une granJeiu'
JBW qui raniment l'ardeiir de ses conciloycr.s
remplisteiil leur âme d'une confiance que l'ïea
Diaij ne peut plifs aliéner.
Kd^lirU de Tuncicnnc armée d'F.spagnc on
.WÎlle rlievBux et dix mille hommes d'in-
jtÎHt Bt Jullus Silanu) est envoyé en qualité
(«préteur pour aider Scipion de ses conseils.
iennuveang;énttraU'(>mbarqi>eà Oslie, it boid
neflotle de Irenle galères, et, après a vnir longe
cdles de la mer de Ligurie , doublé le colfc l'e
in et le promontoire des Pyrénées, il prend
ei Emportes, ville d'orisine grecque, située
« Rose et Barcelonnc; là , metlaiit pied à
■ avec l'élile de ses troupes, il ordonna a ses
aux de le suivre par mer jusqu'à Tarragone,
de la putssani^e romaine en Espagne. Il y
ique unp as'iemblép composée de! déiiulalioiis
itous les peuples alliés ileî l\omaiiis, donne ses
fiences , el répond auic dcpuips des vili^|aviT
ant de cnnliancu f|iie de grandeur d'jlnic, et
[qu'il lui ccliappe aucun Irait d'argiieil.
.,TO bienlôl visiler lui-in(>.nc les Cillrsalliê.s
I quartiers d'iùver des arnires, et donne les
p;g»nds éloges anxsolilais, dont le rouragc,
I de se laisser abatire par de terribles èriicrs
:v In province de Tarragone k l.j re-
flique, lepmisser les ennemis el défendre les
I Li premitre fuis qu'il passe ses Ironnrs en rr-
be il demande où est le br;.ve Mairn^ , .-,. ,,.„„b
fcevalier romain élève de ton p'-re et d,' s.n
finrle, dont il avait nnnr nin,i dire vengé le trépdS
k rcniporlanl sur Asdrub;il, vainqueur, et avec
riiiijtniri aixomp.igné de lïlarcius,
lUiiK toutes les paities de son conin
iirrèh- cl onlnniic looles les mesure:
ii<'tessaires , l't levienl k Tarragone p<
pxérulion le plan de campagne dont 1
secret. Déjà sa renommée esl égale p:
lii'S cL parmi les ennemis; il s'y joîii
de pressentiment de l'avenir.
Les trois généraux carthaginois avai
menL letirs ({uarticrs d'Iiiver; Alagoi
g^ne; Asdniljal, fils de Giscon , vers
Asditibijl, fils d'Amilcar, près de l'Ët
virons de Sagonle.
Au commencement du printemps I
sa (lotte en mer, réunit les contingen
et va se mettre à la tfle de son arméi
l eiti%u(l<iire de l'Ebrc. Arrivé au cam
auï U^gionnaires qui avaicTit survéa
ilét'alles une hai'angue éloquente qi
duiis Tiie Live, et dont nous rappc
prini'ipaux traits : (i) « Dans toutes
" impurlanles, dit Scipion i ses solda
» du |>eu pie romain a été de n'en sort
" qu'après avoir commencé par être i
1^
lier en chercher d^s exemnlcs ilaiis l'antiquilil,
I, des Gaulois, dos Sjdi-
S C I P I O N LA Fïl 1 C A I M. Sgç)
en chercher d^s exem
^qune ceux de Porscnna, i
ïleSj je ae remanierai pas plus haut que les
uerres puniques. Combien de flottes, d'armées
t de généraux n'avons-nous pas perdus dans la
p'emiére S Jt* puis parler de la seconde, puisqueJG
lesuisIrouvi^àloulcsnoidéralles.Maisc'estvous,
aidais, qai les premiers, après la bataille de
Uiines,aveï, souslacgaduileetsûuslesauspicps
einonpère, arrêté Asdrubal, qui marchait^
^ands pas vers l'Italie, el dont la jonr.lion aveu
oa frère eùl entraîné Texlinction du nom ro-'
naioi. Les succès dus à votre«cûurage ont ba-
ancé les revei's qui nous accablaient. Les uial-
leurs mêmes éprouvés en lispagne onlélé,
rrâces à tous, moins funestes à l'étâl qu'à tna
ïmiUe. Aujourd'hui les Jicux immortels, les
[ïçux protecteurs de l'empire romain ne m'an-
lonceot que des succès , le jour par leurs aus-
tices , la nuit par des songes prophétiques. Mes
iressentimens , qui ne mont jamais trompé,
le me promettent pas moins que l'Espagne sera
(icnlûl à nous, et que les Carthaginois, chas-
iés de CCS coniriles, couvriront les teries cl les
ners des débris de leur fuite et de leur déroule,
>é^à tes alliés de nus ennemis , révoltés de Icuis
■exilions, implorent noire secours par leuis
imbassadcurs. Trois généraux, divisés d'oiii-
lîon , au point d'être presqu'en guerre ouverte ,
»nt partagé leur année en trois corps , el oui
lié prendre des positions Iros-éloignées les unes
les autres. Tiop peu d'accord pour pouvoir .se
éunir, ils seront hors d'étal de nous résislLr,
soles comme ils le sont. Tour vous, soldais,
iccueilioz avec iuiérèt le nom des Sclpion , ci
âvorisez de lou! votre zèle ce rejeloii qui va
jire rcili'uiir la lige dont il reçut la nais.saiice. »
r\p:éa avoir anime ses soldats par ce discoitis,
Sripion iriMstivait la ville par lerre. 1
»»nibinées mircnl sept jour» à se rendre
(li^vani la iioiivelle Carthage. Scîpion,
Vrinl plus r.achrr son orojtit, représente
(l:its Cl à SCS olKniers l'imporiance de b p
v^.nt assit'jjcr; il dit (gue Neptune lui-m
do lui apparaître pour lui ronseiller cf
|ivtsp , duiil il I[ii a promis le succès, e
(|i:'ds seront kionlât les témoins d'un pi
le dieu de la n)er opérera en sa faveur,
p-ir des pécheurs de Tairagonc, qu'au
du reflux on pouvait aisément arrivci
pii-d dei murailli'S ducflliî du port, en
(■lié l'élaiig (|ui comniuni(]U3it à la mer
dail la viilo à IVil.
A pn-M les eau" se sont-elles reth-éos
l;h(;iir la \ille par terre et par mer. L'assa
dit 1-1 li'rri! , poussé avec vivante, orcup<
Icntion ot les forres des habitans de la
rariliagiiioiMt, et les attaques réîléréet
mains y sont toulonucs arec courage.
SCIPION LAFBICAIN. 401
li gi^ntrnt kieiitAl le sommet, la ville nVtJint
noititinritfii'e dans celle i)ariifî , que l'asiictte du
itfu et la harrièrc dp iVUng avaient fyil juger împra-
tivibk. I^s Homaini pendirent donc sans obstacle
' in« la ville. Les .issiégés, «urpris el saisU de ler-
ur, ab-iiidunnenl les iniirailles et se jetlenr. vri-
éipîtamment dani la cit.idt'lle sver Magon, k-itr
eiiêrat en chrf ; maïs, invesli de toutes part', et
int espéni)ce de pJuvoir résisler, ce général se
mJît il discrétion,
te mast.irre ayant cessé, le pillage commença,
M'ie butin fut irumense. Les Ilaniains firent aix
aille prisniiHii-rs , non compris les femme», les
KTans et les esriaves; mais ils ne rédulNirent
^^ «rlavage i^ue les Africains; (jnani aux Enjia-
K^*' t>li, Scip)on, voulant les captiver par des bicn-
Is, Im laissa eji possession de leur» biens et
fc leurs lois. Il renvoya aus'ii chez eus , chargé»
[pjjréïcns, tous les ôiages ^ue les Carthaginois
vaicnt exigés des vUles cl des provinces d'Esipacne.
it vaiii(|iieurs IrouvArent dans le )iort dix-huît
•tovs ei cent trrnie vaisseaux rnarcliandn ,
uns les mafjasins d'iminenses (Srovi^inm, dans
1rs arscuatit une grandi' (juantilê de machines de
tavitii, dans U ville une prodi^^ieuse qnanlilé
il'ar • t d'arseiit ; eu sorte que de tant d'objcia
Wécieux , dont la victoire les rendait maîtres,
Csnliagf-ue , selon l'expression de ïiie Liïe ,.
était le moins considéra lie.
u(ia d'abord Jp rcnd'c (^rîcei a
feui .l'ivciir
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44
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r.*»f>liv(^ «i uiu* IxMuK' si ar('(ïinnll»» ^ niit
sur son pa.-s.ï^i» oWo .ili irait Irs i(!goi'(ls.
l:i vit avec r^ivissi'iiu'iiî. Iviio apparU^noit <lr
>Miii<|uriir, c\ ce vain<|iu*ur était à la (leur
f/ /uQC/iis^ et rtv.lehs rt oirtor^ d'il Valc>io
Maîlrf ij(* ^alislàire sos ilô?,ir.s , Scipi(»ii eut 1
i1(> trioiiinlicr irum* passion uaîssaiito. Il ii
l.i litlltï (aptiyt* sur suii pays, sur sn nai
sur If s rn^a«^tMuiMis qu'elU' pouvait avoir
t(s; il avpiit onin* aulnvs pariiculariti'i
rla'l fiaiiri'c* au prince des Crllibéririis,
li //il fins, i\\iHsi\ùi il m an do ses pareils o.l
toi rjtoux, et, sarliant i\uv. \v prince aîn
diHMiKMit la jc'Jin<* ra|»tivi*, il \<M«t ciu'il I
do <\s «nains : « Votre fiancer, lui dil il ,
i> [ktIcc dans ;non raijip couiiuf^ ello
>• chez les «lUtcurs d» ses jours; jo vous
'> BCiV^c pure et suis tai hc ^ pour vous ei
n i)rcscnl diij;nr de vou.j et de moi. Le seul
» je mets a re service , c est (jue vous so
» du jX'Uple romain. >'Alluclus, Iraris]
joie, prit la main de Sciplou , et lui e\
, ! vive reconnai.-sance. On introduisit <*;
^ii'« « I J .. !.. ? _ . !
ri Cl PION t'A.FR[CAlA. 4^5
priftire, cnrnMé d'honneiiritet dn [irëien.i, i^reiW
•«nchant^' Une coiiduilfi ii ccn^rciiM procura de
ilus grands svaii'a(;''s anK lioinnina mm n'tvair
.<it la \ithe ni<*[iie ili> Canhagèno. Allnritjt, de
Teloiir dani la Ci'll'ih^ric , ne coisa d'en Ire) en ir ,
«HComPDirinlcsilM vrrliis deScipioti, dcce jriinu
nvrotcpb, di'^uir il, sembtalilpaux dieux, ««t venu
fiùur subjuguer loul, mnlria cuccirR par la foff-a
ùe» anne» c[iie |iar ni's bietifaîta cl »> gf-iràrosit^.
. Le creur plein Je ers seniimen», il fit entrer
toute la Ccliitiiirie dan« les ii)tër<>t!i Afa Humnins .
M amena lui-m^rae S» Sci[iioi) iin rorpi de seize
I* clicvaiiK dVIllii. Ti'l est le trait lî famear
insscré non «eulrineni par l'histoire, maU par
'~ foule Je monumciis , el qui, après plus di!
;t liMfi, PSI rticnru connu de là poftérhû
; le litre de runfinenr.e de Scipion.
lé jeune héros lit criihart[iicr Lelius avec Ma-
et tcfl sénateurs rarthacitiois h\\% prisonniers ,
"ïVojra ptirler h Home la notivelle de lo ton-
de Carthagène ! elle y fit la plus vive sensa-
fSon , ri le scnal cl le [leupli? la n'ijurcnt avi-<: iti:
'granJps deinonalraiiom de joie,
" Apres avoir rons.iiTC? le peu de jours (pi'il w
proposait de passer danj relie ville h exercer \v%
IriîiipPS de lerre et de mer , Scipion partit pot.i
Tarragone, où il avali rniivofjué l'alsembite de,
tous les alliés, tant anciens f|ue nouveaux, hh il
rëgla toutes les Hllaires de la provînre, atec ret
esprit lie niodéiMlinn er dVtjiiiié qui ajoulail un
Si'
' .' ■ ! i' ■■■■ iTiuu iniililc, il joignit ses
jiiTii'û de terre. A l niiVer-
im,..
lUIl'
'■ !■■ !'■ i.iiiiii.ieile il sortit de Tarrt-
rz.
el i„.uiuco.il.eleseniu-mis. second.* U(!
,d('j.i revenu de Home, el sans le ci>nr<M)ra
du f] lie
1 il ni' voulait tenter aueuiie ttiilreprisc ini-
porta
le. Scipion ne rencontra sur sa roule (juc
4o4 SCIPION L'AFRlCAItt.
dp» amiiei den alliés qui ven-iientau-iIeTaot J^lsi
pur les contint île leur Icrritoire, vl lui faisaient
cortège Oans aa marche. l^iUraînéi par la pente
Ïi^néiale ilt^s esprits â pr^f^ffr la Jumi nation •!<:
Lu me A celle 'Je Carlbugi;, Mandoniua tt Juilk
libis , alors les princes m i>lu« nuissaits île 1'^
5agn«, abanJonnèreut Asurut^al et vinrent jt
re Scipion avec leurj Iroupra. j—
Cependant le général rarthaginoîs marGl]«ic
aussi avec une armée foimi'isbie contre Sdpioa ,
()ni JesEin càlécoiiduisjîtâsa reucontresotiarnii^
victorieuse, augmentée d'un ({iHnil nambre d'Ël-
pagnol» auxil ailes qui élaleiil dfvcnurt mt alliés.
Li's deux armées se rcnroiiirèreni i Bilcula, e»
Andalousie , non loin Je Cjilolon , et s'anét^ml
en lace l'une de l'auti c. Asdnibal piit iinit f>rte
position. Quelque dangereuse qiie mrût l'attaqiu
de son camp, Scipion résolut de la tenter, sai
attendre quelesdeuxarméeseiiiiemietvinsaenli«i-
drc Asdrubal . ou lui coupassent la rclraît* en Vcb
fermant au milieu , ce qui était plu» facile enc«r
Plein de confiance diin^ la valeur de aea Iruup
et de son propre génie , SLi(>ioii dirigea
ni^me l'altaijue avL'c lanl d'habtl'lé , tguC l'an
d'Asdrubal, malgré sa vive résùtance , fat u
en déroule, et forcée d'abandonner le camp^ <
fut livré au pillage.
Scipion nt des présens fnagnifKjnn iUK\
qui l'avaienl si heureusement sec(tnd4, et n
voya s.ins rançon tous les piisouniers et[ukn<
qui élaicul lûmbés en son pouvoir, rénèlie^ d*ai
miration et du reconnaissance , tou^ l'allrui
Purent autour de sa lente et le prod.iciNïrent i
d'us conseuiement unanime. Scipion, après a*a
feit faire silence par un héraut, répnndil au> Sê-Ë
fagnols (IDC )c litre à'Imperatar, duiit ses soldais 1
ayaienl nonoré, était h ses yeux le plu» gUiieui
^it'il pilt recevoir I et qu'il priaiL ses clie<s aliu» I
SCIPION t'AVBICAIH. 4o5
c borner à une euiaie liicile , mais de ne jamsit
donner le nom de roi , insu^iporiable aux
nains. Ces peuples seniirenl combica il y avait
grandeur d'âme è dtdalgner un titre docit
at éblouit les yeuK de Inus les mortels,
epcndani, aprèssa ilél'aile, ^drubal, accom-
ne-de son allitf Mftsinissa, prince afriuiii ,
t recueilli les débris de son armée et marcbé
les Pyrénées, en suivant tes boids ilu Tagc>
lieu de le poursiivre , ,Scipion josea plus con-
ible de Diener son arnicc victorieuse dans le
re même de l'Espagne , pour reeevoiv et
iriser la soumission des divers peuples de !■
insule. Parmi les prisonniers (ju'ilavaitfails à la
lille lie Bécula, se iruurait un jeune prime
:ain d'une rare beauté, neveu do M^sinU'a i
lion le renvoya à son oncle, comblé de présens,
ommença ainsi à ébranUr la fidélilê de ce loi
lide, en le disposant en faveur dts Roninins.
acampaj^ne suivante répondit à de si glorieux
loienceinens. Les forces réunies de Magnn et
Hannon éprouvèrent un éctier considérable,
cipion en personne ayant mis le siège devant
igr, aujourd'hui Arjona, dans le royaume de
1, s'empara de celte vdie importante , et tint
riréo dans la piuviiice de Cadix la secr^nde
ée carlliaginnise sons les ordres d'Asdru-
Il vint ensuite, à .son ordinaire, prendre
quartiers d'Iiiver à Tarra^jone, sîé^e de la
sancc romaine en Espagne. Les Caribagi-
., défaits dans plusieurs comb.its, avaient été
.us-ws iiis<|u"aii« b'>i d-î de l'Océan ; mais l'Es-
le avait sur lltiilre un grand avantage ; c'était
outes les parties du monde, soit par le génie
babitans , soit p.ir la situation des lieux, b
propre à runoiiveUT la guerre. En elTèl , bien
ce soit la picinière pro\inrc di] continent OÙ
lloiuaius aiuni porte lenrs unies, c'cit la
avi'c tiiulcs si's IVircw, qui nioiiiaii-nr ,
1rs Uoiii.ilris et \es alliùs, iV iiuaranUi-t
, Après tjuii les Jeux arméps eurent e:
force Oans diffrreiiics cscannouclies , cil
finirent <>t en vinrent à une action génér
ironli^res de la lîrliiiiic. J^s Carihactn
linjircrit il'.-iburd avec taiil de vali-ui
Romains Loniinencèiiiit i jicrdre cour^
«Sci[ iim, mcltinl pied à ti-rre, prend uii
m- j( lie au milieu des bataillnns africains
p.ir cet exemple ses soldats, qui red
dVfïoris. I-Vnnemi est LiciitAl mis en
• 'i ttlial regagne son camp i mais il l'ai
l'di'liinl la nuit et se relire dn cAlé ii
^(iJ■i(FIl le suit de près, et, l'ayant al
''('t;iit vw. seconde (<>'is. I! ne resiail plus
h:.\ que six mille hommes. Ce fut avec
i.iMis restes (ju'il parvint à gagner I*
iriiiic liaiilenr <>(>car|iée,'oà il se rclrancl
sur le pnitil d'Olte investi par Scipion
diiiiné par kck propres soldats, il gagn
pendant la nuit , cl mit à la voile poi
s r I p 1 o V h\ !■■ n t c \ I K. 407
Id tixi^nic aniific <lii roiiitn.inJfinetil de
>li. Cc- ^(.'fléral iMirnya son d'iro Lucius >>
a poiir y ipnrloi- |a notM'ullc du rrcuO-
enl entier de riîs|U{(nc. 1^ jnicfui iiniver-
àaaa \i u|Mtale, rt nu élrva juif|u'iu riel
lc)ar du licrox à iiut l'oa dt^vait cette impor-
«;on<}Ui!tc. Liii spuI . m^atùble de gloire , ri*-
■il U possession di- l'^^pagoe camme peu dfi
1 Bit CQn>iuraijiiii dr» r»tM prujcli tjn'aviiit
Ù son çwur niA^iiaiiiroi'. Déjà ses youi so
laicnl vers G<iidi.'i(;i", it ne\-oyait que la sait-
an eniièro d» l'ATiiaue ({tii ptlt metife le
à u gloire «i aLlactirr à son nom un iitr«
jriol. LUiu ceuc vou , et scnlant la nccr^siit'
If ménigiT des tiitcHiçwncM, de s'y conrillt'f
rj ion des primu'i fi Jirs peuples, il ic»olut
mdtx I('.s disi>osilii>ns de Syphai , roi Ht*
atssyliciu,, allié alors des C.irinAginois , dans
»ir<|ue r.c [iriurf se décluivrjil pour l«s Ho*
». M envoya l.eliin à sa cnur «vrc dvsnrd*
ronstilériblos. L'Afriraîn cousonlit i IraUer;
il .Irrlan. .r.i'il w ^il.iit rit>i< rnn.lnre
,■■■ Sclywn ,;, i>,;>,^,M. D'-i.irs 1,.., ,,1,.,
Ci- K,!.i,T.d .nair M.r rAliin.io, l'amili.- ,lf
;u nmivili. .tuTIm- u,. cvm..\ nm,ls d.u,. l,
..rs. Lis... M>,. ...•,n,.o .Vr-n-nS"^- -'"- '«
.s .K- s.., Iu-ui.»..n.. ,,,.,.;. d<.f..r.-.s..uo sur
c,nii.;in,-,rnu-s.ljUmL.-i.li..o.iAln>|U.-.Lc
•d voulut .11. -.lu uu-inrul on il a,.pn.,Imll .1li
Asdn
4oS SCIP ION l'kvkicms.
aliii (!(' procurer la paix aux deux ualiuns; mai
Si ipu)i\ :»'t*\i'iMa y m proiostaïU. i]u\[ rravaii avC'
A 'ilriihal aucun sujet de haine ptM'.sonnelle c)u'un<
eiilii'vui' pût dissiper, et qu'à IVgnrd des afidire
p.>liii(](i(\s il nierait pas en son p(»uvoir d'en trai
tiT sans l\intoris.ilioii expresse du séiiaL Touti
l(»is les deux généraux soupèrent ensemble , et
pour ne pas désobliger le roi, ils prireii» place su
le Niênie lit. Sc.iplon, dit Titc Live , avait uni
.nnabililési Si'^duisnnteet tauldc dextérilé naturels
ei de souplesse, (pie les grc^(!f5 de sacouversalioi
«"li.n nièrent non seulement Syphax , nutis Asdru
i);d lui -inc'^nie , un des ennema les plus achar
nés (le la république. Ce gén(?ral convenait fran-
( lirnient qu il avait pris de Scipion une plus hauU
iilee (ra()rè< son entrelien (pie d'après ses exploit!
fnèiiies. Knfia , le Irailc se conclut, et Sr.i]>ion.
^pres s èire expose» sur untflerreennemiea la bonn(
i('\ (l'un prince dont les intentions étaient s
é(]ui\()(p]es, quitta l'Afrique, dont il avait déii
re.s!.(»u- d(î se rendre maître , et rentra dans b
poif (le Carihagène.
De retour en E<p|^ne, il alla faire en personne
le sié^e (rilliturgis, ville située sur le Beiis, f
peu de distance (rAnduxar^ et il chargea Alarcîu!
de réduire sous son ()béi^5auce Castulon; ros *\c*i^
villes s'étaient rév()llé(»s. La première lut pr..«
d'.iss.iut, et Scipion y fut blessé au cou. A ccfti
viu> r.ittimosité des soldats fut portée au comble;
ils (lét. uisirent la viih> , et passèrent tous les habi-
ta n ; au iil de l'épée. (lastulon capitula , etéprourj
un ir.iiiement moins rigoureux.
De re.our à Cartbagcne , Scipion acquitta let
V(i\u\ (|U il avait faits aux immortels, et y donnj
L> tombât de gladiateurs, dont il avait déjà or
d' mie bs prc'paratlts, dans le dessein d'honorei
1.1 n.éinoin; de son -p^ie et de son oncle. H n'j
adlnii , au livu de gladiateurs , que des aiilago*
r:
SCIPIOTI l'africain. ijo*)
r dùttîn^u[>s qui sVlaient présciilés so;l pnur
fiiire la cour, soit pour répuiiJre à des défi».
IX prinres espagQuls y'clisporèrcnt , ïépée à la
^.n , la poMcssion des étals de leur père.
Cependant la ville d'Astapa , dont les mines se
ienl^encon près de la rivière du Xenil , â quel-
dislance d'Auleqiiera , el dont le nom se con-
e dans celui de l.i ville acluelle d'Erlapa ,
lit résolu de s'ensevelir sous ses ruines plulftl
s de se rendre k l^ discrétion des HnRi.tins.
■reins en forma le, siège par ordre de Sci;iion ;
lis les habitans, aflWéî par le désespoir et la
se précipilèreut en furieux sur le ciinp des
ini , et se firent tous tuer , i l'enceplion de
qtianie, ^ui , tro(i fidèles à lenr" mission ter-
lé, assassinèrent les (cmmes et les enfans con-
'Jeur garde dans la ville même; las enlin de
' massacres, ils s'élancèrent avec leurs armes
biïclier où ils avaient placé toutes leurs
, et annuel ils mirent le feu. Tel fut le*
icle^oavMii.iblecjai s'oftrit aux regards drg
lins iorsqu'ih pénéirèrent dans Asiapa. Un
1(1 pombre^ poussé par la cupidité, pérît dans
flammes, et, suivant le récit de 'lilc Live,
le rille, détrxiiie nm- le 1er et par le feu. ne
sa rien à l'avidlle .tu suidai.
fMarcius, après avoir réduit p.ir la craiula»eculc
autres peuples de ces contrées , r,i:ïii-iin son
lée victorieuse à (larlIiaf^i'Tie , où Si'ipion étaif.
ibé malade. La renommée avait présenté sa
ladîe comme plus dangereus.- quVilf ni' l'était
tellement , ce qui jpla le trouble cl la r onlusiou
Espagne ; les alliés en devinrent intidéles et
soldats sédilienx. Mandoniusct InJibilis, qui
aient Haltes que l'expulsion des CariliJi;iuois
far Assurerait la domiiration de la péninsule ,
^nt leur aitcnte dé^,1le , iirenl n'prcndre lis
^^les i la jeunesse ccliibériunne. Les Ca"iiiaj;i-
Tame I. '■':'>
OHrter
chefs de la sédition, ce (jiii ïiilimiJa U
muijns, (fu'ils se soiimirCDt sans rési
«(il<]ats s'éiaient allrntlu à trouver 1<
aballu ctlanguijs.-iiil; mais il les liaran)
air si aninié et si iin{>osjnt, i^u'iLi li
avec jnic un nouveau ïcrnieiil de fîdéli
seiice.ivail.'ijoulé au respect (pi'inspira
En effet , la JigiiilC naturelle du n
Sci|iiun était relevée par une longue
par un costume mâle et guerrier «jui
rien aux recliet elles du Iwiej déplus, i
dam la force de l'âge, et l'embonpoin
repris depuis sa convalescence lui don
t!c fratclicur qni lemblait avoir renouv
Oc lajerinesse.
ÎK^Moii marche aussitdt contre Ha
Indiliilis, (jui avaient repris les armes
Ilomaîns ; il les rencontre avec une
vingt (Jeux mille hommes dans le paya
tains, en de^à di;rf:,Lr|i, leur livre
!! CI PION i/afBICAIN. /,\t
511e occ.ision tJVnIrer en conférence avec Sljii-
ei$S3i qui s'ùlait renfenné dans Cadix avec Ma-
gon , et dont il connaissait les disposilions secréf»
m faveur dei Hninains. En eflèt , dès que Scipion
Rit arrivé anx environs de Cadix, te prince nu-
Eiidc , sous prétexte d'aller 'en roconnaissance,
Int trouver le proconsul, e\ fit un irailé secret
id'alliancc avec Rome. Il lui conseilla en même
kemps de passer en Afrique, revêtu du m^me
(Minraandeinent , lui promctlant de le secaniler,
Et lui donnant mfjne 1 espérance de voir la fin de
Kcmpire de Cailliage. Celle entrevue et ces dis-
■JMt Al
6
t Airenl tiè^-agréa^s à Scipion. Ainsi , liés
te muluelles assuràftes , le proconsul reprit la
rde Tarraeone , et MasinUsa celle de Cad
reçu du si>naL de Carihagc l'oi^ «
« rendre en Iialie avec la flolle qu'il avait dans
rade de Cadix, à peine eut-il mis i la voiIr
M les habitans de celle ville ouvrirent leuia
Fies aux Romains ^ ce qui rendit ïicipiori mattrc
l'Iîipagnp entière.
La guerre riaîl tpritiipéc, cl il ne restait plus à
jpion qu'à irrui'iilir la gloire de sf-s biillanj
Kcès à Rome même, où le sénat venait de le
fpe\eT. Il remit sans murmure son aulorlté à
veaux proconsuls envoyés pour le rem-
, accompBgt.é d^ son liJflc Leiius et Je
Lurius, il parlrt avec dix galères pour
Duraer i Home.
ite sénat lui demanda audience tors de b ville ,
temple de Belloone. J.à Scipion exposa
qu'il avait fait en Espagne, combien de
Haille» il avait livrées, combien de villes il avait
jpportées d'assaut, quelles nations il avait son-
ges au pouvoir du peuple romain. Il ajoula
feyaot ru àconibollie qualre généraux cl qu^irc
mées victorieuses , il n avait pas laissé un n ni
drihaginois dans toute b péninsule. l']u rc~
(]('*[)().sa dans \v trésor public uvccLcaucoi
lir.lics.scs.
C ('tait r^poquo des nouvelles élcrtio
1rs cuMilinies , ann conitnW.mv.nt iina
(Iccn'iiènMit les faisci.'aux (■onvulairf's ,
n'rill pas rnoon* viij^;t iiruf ans, e.i i
Tr(:i\t jias encore Vài^i'. requis pour Htr
.(anials, dans toute relte ^uiTrCf Yasst
pi'npL* n'avait été si nomUrciisf. ; on s'y i
de ti)Utes parts, nnn -seuienient pour ^
faveur dt* Sriplon , mais [)our Ty r.niitc
fouit* le suivait jiiAjut^ cheK lui, «I se
au (^apitoie pour ly von* iiuinolcr l'I
rie ( eni hœufs qu^iL avail voués à Jupil
dernière rani;)fii;iio. i
t)i\ rii»\aii ^eiiéralerne^nt nu^à lin sen
9'*ri'ée la gloire de teriniiier la seconde |
i)i(pie, et de rliasser l(^ Cartbai;inoiH i
aii'si (piM !("{ avait (liasses de. Thsipagnc
(,)iianvl il f.dlnl régler la répartition
'.'.] viiKi-s, Si-ipion, ne nieliani piusde ii<
SCIPIOT» l'af-ricaïn. 4'5
,iuit (le U jalousie que lui caii.'i.iit uii mérUc nah~
; Scipion du mains fil scnlir ditiis sa réponse
jne c'était ce mot if 'lui animait Fabius. Mai» , sprès
g couris débats , la najorilé déGida (me Sripinn
'llhmaRderaii en Siciti! , et que, s'il^c jugeait
nkg^tix i Télat, il pourrait, avec une ffotle
"Henle vaûseaux, porter la gnerre en Afritpie ;
1^ aussi autori>ié à mener avec lui tous les vn-
MUires qni voudraient l'iiceompagocr, et à eni-
^ des allrés tout ce nni serait nécessaire pour
|uiper une nouvelle flntie. Plusieurs province»
'ifil-renlea villes st laxcreril' ellrs-mfmes pour
cirait du blé, .lu T-r, ilu bois .le charpente,
W^Usi etc- Qiiaranie-cin(| jours aprèi que lu
f^^at é\é lire des forets, une (lotta d'environ
: galères neuves mit en mer , tout équipée
fetûut armée,-
FlScipion, après avoir débarqué en Sicile, apr^?
'r discipliné les volontiwrcs qu'il avait aineni's
tlÀi, envoya Ldîos arec tin corps choisi faîra
liescenie en Afriqne. Ce n'était qu'une es-
i de reconnaissant? ; Lclius en revint ;ivfc uti
e Lutin, et reiidil rorapu' ri Suipinn ile Tinip.T-
lait Masinissa Je le voir arriver à la
tode son armée.
itervalle une dépiitaiion des Lorriprs
(venue se plaindre à Home de la lyranme île
Reniinîus, lieutenant île Scipion, ijljî av.iir cn-
! les trésors du Icmple de lîrosrrnine, el ilésiiti-
né les femmes .'I l,-.- enfai.s des Lo.riens. Des
libats animés s'élcvércnl à cette <)crat.i'>n dans le
re les amis el lus ad versa in 'î de Scipion.
>Utre les attenfali de PlCminius el les désastrrs
«Locricns, on ii'nrochait à re général un pxié-
i peu di;^np d'un soldai qni; inin llo-
bain. A culenilre ses dclr.irt.'ins , un Ir voyaii sQ
['promener dans le (iuTina^e l'n niuHrset en ni.in-
leau ; il pai>:înll si>ii icmjts à écouler lus dL<Uina-
4>4 SCIVION l/ArBICAlK.
liiifi* ilrs lophiMct el h jnger An b fnrce di4
jiiliMip» : i Bon enemnl? , loVI rr qvJ' A«il toHf
«et oidrMviviii dans la ni^niFniolIfMe, an milim
lie* ilrlirm i!(! Syraniip, Cribmlri, injnni^ii à
Sriplon , di'trrminàrcnl li" «énal i cnvoypr mi Si»
titc iinr inuiniM^îon pnnr «'mnircr de la v/'t'iH'.
iV Inir snifi-e à Synriisv ScWian se mil pn
Ami de joitifii-r n condnili- pïr dei i^n^r» pluiftt ]
,(|iii! par dru paiolc»; il Ji'nna nrdte di? m-.-'vm-
hlrr l'armée rt de l(>nir la, fInUe ^iiuini'i- . '.11 ■
ni l'on rût drt rnmbjtlrr rc jniirla Te^ <.m(Ii.i^i
iiois far lerrr et \>amn'er. Il irçot k» ra>p)'iiiiiJi>'i
ili4-e lui tvrc I* pftlilpuc l» ptu) prévriiante, et
dr« le lendemain fit paraître inui Icun jfiu
l'*rrti(ic et la flolle, non ivuli-menl en lion nntr*,
tnniii rliBnine If iir donnant le «peclarTr il'iiri irom-
)>«[ simiiU) ensuiltr il condiiî^îl li- iir^'enr rt Itt
(oininiicairet JBiMlntn.iKi'tnii'ldiinoInarirtiaUf.
Le (n'iip d'oiil [;r^néraL et tes di'lMili de loui cm
prt'paniir* le» pi'nt^trèrent tradtriiralîon , ft \êai^
donnèri^nt l'i.Murance qu'l celle arrii^e, Ji et |4-'
iiénl était riservi'e la di'fille de Cartiuge, on
(iii'eile Sfrail it jamiiîi impitmible. lU l'exlinrtèrer'
donc, à palier en Atrii]iie «du* U ^irolection
dietix, et piftircdl Rvrr*nulani iln jnie qiin
■ vaieiil da porter dam la capitale la iiruitrllr
h rietoire. Le rappnrl unanime dea com '
hairrs et dei trthiini fui *i favorable A Snmot
ton armée, que )c léiiat rrRulul d'orc^lerer
pédiiion d'Amf]Uc.
Ceiicijdini A*drubal , liU de Giteoti, ven:
di-lacder iiypbax de rinli^r^l dei Itonuinai e.
lalianl épa>i»er sa rdlJiPSophnn.ibe, ai n<liil
disent lODS les liialorims, par in l>e«nlé CI
lia cuurQge lupérieur A snn wike. Son ptfrl'a
d'abord promise à Matiniala ; ffllM n prii
ayant perdu aon rnyainne . Aidnibal vintj
r, ri donna Snpl
rnyaiiine. Aiuruhal vinu w
tiphoniibe a Sypitaï. Scipion
KriPtON I.'a FR I C A IK. 4'^
ieiK^tiicmcrit rniiR iiiiiivcllc it itiiti armde, et
liiit rassomliler ses soUl.ilt, il li'ur Jil «Q
irp que Sy|)lidX pt M(Miii!>sn ie pUignjirnt
déUi*, el Ip |irfMjitEiil lir Id ïciiir joindre
na onlrr t'n.tuil<! que k.i fl<i1le fi't voile puur
ileLiiybt'e,e>qut; do lioupci l'jrrendiiseiit
re.
«ison ne vil d'i-mliarqucm^ni fuît nvcr.pluf
B ni d'une munière )'liii fra[>|ianln : unV
mmcnir rempliuail Je p<irl, «lin de jouir d«
cfacU. AvDnl de mcinr à la viiilc Scipîsn
iiir lu lill.ir. du vnixtc.iii .imiral , t-I «prit
hdraut eul fnli relire siii'M<:e, •• Hioux et
K3 , dit-il , qui ti iblrr*! In leire cl Ifi mi-ri ,
OUI prie et rOnjurç deieifr un rc^»rd de
veillancc lur tout » (|ui s'r.xi r»il , ««i f lil rt
ra S0U9 mou coinmAndrincul , c\ de li? faire
fier è ma gloire «l A l'^vuntago du fMuple
tia , et de fiïre tnn^ber lur Carlhaf}e
lei mallicurs dont dlU ic pr^nrait d'ac-
K Homo. ■ On ^goruM eniuile une vie
doni il jctn, orlon liisaRc, ici poImIUm
I miT, n nji Ir non dr l.i IrOMIpPIIti il (ïl
r i«i<NiWli:.lrm'-iii U' ^>f-u.i[ du .Uparl, La
Ut un v.'iii l;iv«...l.|<'. A p<-iuc di-cmivrit-ou
b d'Afii(|iii' djus litiilc son t'irudue , qua
I voulut .s-walt I.' ii.jiu ilw r;.p II- plus vul-
, sur <■«■ .[u'o.i lui dit .|.i'll ,'ap|,f hiil [,■ J,Wu ,
Ceple rniigurp , iriioiidil if ; r'i-sl l,i «u'il
fiUunkc: Aii>-.;i,M l;i lUiu- luuK''3 la r.Me,
o l.'t lr>m,>.'s luK-ui ini^^vi.^ l.-m-.
II plu* iiJJMI'tj] .A|ipi(Tl (|IJ<- 'l'il.' J.ivi-, (loill
alion .sciulili' ninirn s'.-irriinliT avi'i: l.n mite
■ncm''u.'i que r.-ll<' Ji- l'Iiisioricn prcc.
i!l>.'<npii'iij<'u[ <!>' Sc'ipiori irpaiiilil l:i lirrfiir
r pilori (ju'Aïdi'ulial , ijue Scipiuii avait
/jiG sciPïON l'africain.
Laltii si souvent en lispagne , et qui irailleurs
n'avait sous ses orJres qiit* de nouvelles levées.
Dans une première escarniourlie un détache-
n).*nt carthaginois fut lolalenirnt licfait. Scipiun,
i(*;.Miiaiil ro jMt'uiifM* surcès comni»» un lieureuz 1
ptr-.rj», m.nrlia vei-î Loilia , ville qui semblait j
( innicltre à ^< s soldais un riche butin. Aussi,
<M.j>ii)iie hvs h.ihiians cu:»senl demande la vie et la
..'l>citè lie se retirer, et que Sr.ipion eill fait son- î
ner la retraite , les soldats « impatiens de ra^a;îer ..
n*lle malheureuse vilh», v pénélrèrenl et p.îWîcnt •
lous les habitaus au fd de Tépée, sans disiiurt on ■
«IVî^^e ni de sexe, l'ne action si barbare , pnieJee .
d'iiue désobéissance formelle, ne resta ras iin-
[ unie , le proconsul fit décimer les cenlunons (]ui !
avaient encouragé la soldatesque à poursuivre Tat- I
t.?nîie.
Masinissa vint pendant la nuit trouver Scipioa
djus son camp. Ce piince numide, dépouille de
son royaume par Svphax , en avait vie rexxiis.en
p(\^<:tssion parla médiation desCarlhaginois. Dant
ii-rr cnircvue secrète on arrêta qu'il continuerait
à 'Toruper ses anciens alliés, jusqu^à ce qu'il s'of-
lu't une occasion iavurable pour rompre avec
ii:-:.
TcntMidant Asdrubal , après avoir rassemblé
iH.c .iinuM' de tiet'.le mille hommes et de cent
t..'ij!i' ('îcph.ins, s'aî»j'rc)cha d'Utiquc, ville im*
i f'r;,:;]ii> (ji.e ^(i|)ion allait iiiveslir. 3Iasinissaf
';; I < i.tit de tou.^ les conseils du guerre, epgagea
^- i^ ::r;;ilcariha^iuois à détacher son (ils Hannon
;.v c un torps de mille chevaux pour observer les
lîîoMVvMiicns de l'eriTiemi, et faire entrer ce renfort
i\Ar\^ { iirp:e, pionietlant de seconder celle entre-
{!■ ■ A\rr tonte la cavalerie nunftde. Il commu-
i'''ju': .;n';«itul ce dessein à Scipion , qui surprit le
d( i.< ii( iw lit, il ht llannon piisounier. 3Iasînissa
se dtcldic alors uuvcrleiiK'iit , et S\plia.\^ son
I
I
sciPioN l'africain. 417
ivâl, qui avait joué le r*le de médialeur entre
te Carthaginois et les Romains , ne garde pluj
Itcune mesare, el fait sa jonction avec Asdrubal,
Investi alors par une armée de ccni mille corn—
Milan*, Scipiun est obligé de rcDoncer à l» con-
li^te d^Ulique, après cent jours de sié^e et d'ef-
irts extraordinaires ; d'aillciirs l'hiver approchait.
Il alla donc choisir ses quartiers d.ms un lieu plua
ftr, el choisit un proinonloire oùâa flotte ptail à
ancre. Tout l'hiver se passa en négocialions insi-
ieusea entre Sripion el Syphax, qui avait rrprîj
Y râle de mâdiaroir entre les deux nations , es-
CrHitl -que les tlomains évacuciaient l'Alrique,
fies Cai-Lha^inois I Iialie.
I l^e camp où hiveraaieni Asiiriibal et Syphas,
Quelques lieii«s de celui de Scipion , était ci>in~
osé de huttes, faites la plupart de boii nu d'an-
rs malénaui combustibles pris au hasard dans
campagne ; celles des Numides suclout , tissa
jfptner âe roseau k et de natlcs, étaient dctper-
■S sans ordre , suivant le caprice des soldais , et
melques-unes même plicées hors des fossés et
les retrancheraciis. Scipion, informé de ces dé-
ûU, en conçut respéranice de brûler les deux
tinps ennemis.
Avec les négociateurs qu'il députait à Syphax
I envoyait , sous Ihabil d'esclave, ses ofliciera
H plus distingués par leur bravoure et par leur
■périence , et, pendant que les dépuiés traitaient
rec les ministres du roi, leurs prétendus valets
traient dans le camp, reconnaissaient avec soin
!S entrées et les issues, la situation et la forme
tnl du camp en général que de ses diverses nar-
ef , les quartiers des jN'umides et ceux des Car-
lacinois, Tinleivaile qui séparait le camp d'Ai-
rubal el Pelui de Syphax. Comme les pourparlers
; multipliaient , Scipion envoyait chaque fois de
i>aveaui émissaires.
se.< troupes à Lelius, elle charge d'aller
cerl avec. MasînUsa et les Numides, al
rnmpde Syph.ix rt d'y mettre le feu, se r
lui, l'3lia<|ue d'Asdi'ubal et des Carthagi
Tout réiisiit ail gré de Scipion; les de
furent surpris et brûlés ; quarante mille
de l'armée ennemie périrent par le fer
feu; on fit plus de cinq mille prisonni
' ubal et Syphai
fuyards , échappèrent au
si grande i Carthage, qu'on s'attenda
Scipion renoncer au siège d'Utique pc
attaquer Carihage mfme. Cependant o
de continuer la guerre , et le s^nat de
ordonna la levée de nourelles troupes.
Asdrubal et Syphax, encore rénnis,
camper avec une armée de (rente mille
dans un endroit appeléla Grande Plaint
1*ouriiées d'Utique , dont le proconsul ai
e siège. Instruit de leur approche, Scî]
verlit le siège en blocus, et inarche aui
ginois. Après quelques légères escarmo
deux armées en viennent î une action ]
qui se termine k l'avanlage de Scipion.
SCIPTON l'africain. 41^
I comment Syphax fui faii prisonnier par Lflim
a.sinissa ; comment Sophonisbe . fille d'Av-
al , et femme du mi numide , lomba an pou-
de Masinissa, qu'une paision violente porta
Ldt à IVpoiiser; ef comment Masinissa , dont
on avait l»!3më l'hymen précipi'é , envoyS
lison à Soplionisbe , qui se donna la mort
un courage au-dessus de son sexe, (iel éfâ-
dramatique est d'ailleurs assez connu.
ndis que Scipion , vainijueur et matlrc de la
idie, envoyait Leliiis à Hnme avec Syphaz
reste des prisonniers, et qn'il ominaii en per-
! son ancien camp près de Tunis, les Carlha-
a ne cherchaient qu'à suspendre ses opéra-
par de nouvelles iiégoriii lions de paix jusqu'i
vée d'Annibal , que , dans leur désespoir , tb
enl de rappeler d'Italie,
n'était plus un roi barbare, ni son beau-pire
ubal, toujours malheureux, niunfamasde
ins mal armés que Scipiaii allait avoir 1 cont-
i ; c'était le terrible Annïlul, qui , vieilli dans
uite de victoires, avait rempli l'Espagne, la
i et l'Italie des monumens glorieux de ses
its. L'armée qu'il commandait, mille foit
lée dan^ le sang des Homnins, avait bbnchî
son cVicf sous les mi'mrs drapeaux. Depuis Ift
r d'Annibal sur la câte d'Afrique la trêve
conférences avaient elé rompues. Rome et
lage ne pouvaient contempler sans une vive
élude Annibal ei Scipion pr^ts à se mesurer
terminer ccite grande querelle.
;ssé |)3r les courriers, qui venaient coup sur
l'informer que li's environs do Carthage
II ftccupés par les llomains , Annibal se ren-
. diligrnre à Zan,,., ville sil-ée à cinq jonr-
de Cartli.igp, cl de là il envoya des coureur»
naître rennemi. Ceux-ci, surpris par les
'.t avancées des Homains, furent conduits k
420 SCIPION l'africaik.
Scipion, qui les rassurra elles remit mire les maini
des Irihuns, avoc ordre de les promener dans le
camp et de leur en laisser observer à loisir toutes
les p irtios ; ensuite, après leur avoir demandé si
leur cutiosltô étût satisfaile, il le<ir donna une es-
corte pour rejoindre leur général. Cette confiance
de Sci|Mon fit la plus vive impression sur l'esprit
d\Vnr)ihnl. Persuadé que le moyen d'obtenir des
couiiilionsplus avantageuses était de négocier lors-
qn'il avait eurore toutes ses forces, et sans at-
teutlro uut": Oiitlère défjite, il envova vers Sripion
pour lui (liMiiauder une entrevue. Scipion ne s'y
élan! pas refuse, les deux généraux, de concert,
approchèrent leur camp Tun de Taulre, afin de
pouvoir conférer de plus près.
Le rendez-\ ous fut un lieu situé au milieu desdeai
camus, et assez découvert pour ne laisser craindre
aucune surprise. Les escortes respectives étantres-
tces à une égale distance, bientôt on vit s' avancer
l'un vers Tautre , chacun avec un interprète , ces
deux généraux , ncui seulement les premiers de
leurs temps, mais comparables aux plus grands
capitaines. Ils ne s'étaient jamais rencontrés. An-
nihalfut surpris à la \-ue de Scipion, qui était à la
(leur de Page, et dont les traits réguliers cl beaux
étaient encore relevés par une taille majestueuse
et par un air noble et plein de douceur; son ba-
biliemcnt était simple et tel qu'il convient à un
soldat. Tous deux, saisis d'une admiration mu-
tuelle, gardèrent quelque temps le silence. An-
nibal le rompit le premier, et ût un long discours
sur la vicissitude de la fortune, dans lequel il raéU
adroitement des louanges pour Scipion, et qu'il
termina par la proposition de faire la paix en cé-
dant aux Romains l'Espagne, la Sardaigne, la
Sicile et toutes les îles situées entre l'Italie et l'A-
frique. Scipion répondit ^vec toute la fierté d'un
vainqueur : a Vous n'offrez rien, dit-il à An-
SCIPIOM l'afbicain. 4u
qui ne soit déji au pouvoir des Romsint."
sur l'accepiarion îles condilioui di! piii
il déjà dictées à Carihage : •• Si i^llcs va»
innont, ajouta-l-il, le sénat et le peuple
n ne rpfuseronl pas de traiter; inait sï
OUI paraissent trop dures, préparez-vous
uerrc, puisque vous n'avez pu supporter II
> A ces mots IfS ditux généraux se sépa-
:t, dcretour dans leur camp, annont-èreot
par une proclamation aux soldats, que
IX armes seules à décider la querelle, et
fallait plus altendic son sort que de sa t^
le la volonté des dieux. ,
taille fut fixée au lendemaii». Ce jnur al-
ler qui donnerait la lot , de Rome ou de
e. Ce n'était plus l'Afrique ou l'Italie,
nivers entier qui allait devenir le prix du
jamais victoire ne fut plus opiniâtrement
,L*a deux eéuéraux-avaiesl mis en oeuvre
ir habileté dans l'ordre de bataille ei dans
du terrain. Scipion, après avoir renversé
( premières lignes de l'arntée carlli.îgi-
tlaqua eu personne la jilialaiif|e foi inée de
e ces vétérans d'^nnibal ijui avaient sî
fait irenibier les Uom..iiLs d«ns les plaine»
Aunibal la coinmandail lui mèiiie; ainsi,
S.'teiicourageï |.ar l'exemple de leur gé-
es CaiibQ(;iiiois ri^islèrent à tous les ef-
rinfjntvMi' romaïui;. Scipion, déterminé
-e ou à mourir, emi'loya en vain tout ce
lit d'Iiabili-li- et de valeur [iiiur rompre ce
niiéneiralile; 1rs Itumaïus revinrent plus
ùs à I;, r)i.,.fi,-, el toujours inulilement.
, deei.in'iie d luii; léilstaiicesi opiniâtre,
jà perdu toute espérame. liWsijiie Lelius
lissrt. qui venaient de poursuivre la ca-
carlljaginoise et iiumide , arrivèrent et
la phalange eu qui:ue. Celle atlji^ue lut
d'Adramète avec un pelit nombres de cai
Celle victoire mémorable éleva Sci|
dessus d'Annîbal, et prépara aux Roi
moyens d 'enlreprendre la conquête du i
Aussitôt aprèf le combat Scipion alla
campennemi; on y Irouva un riche biilii
transporter à bord do sa floite; nuis il si
Tunis, d'où il contempla la sîtoatK^ de (
moins pnuriarisfairesa curiosité que pour
l'ennemi. Lk une députation des plus gr;
sonnages de cette république, vint se prés<
pour implorer b paix ; les députés n'épj
ni soumission ni promesse^. Scipion lesr
bord avec beaucoup de hauteur, et pan
vouloir écouler leurs propositions; mais
il souhaitait la pais avec presque autant
que les Carthaginois eux -mentes, deç
avait reçu de ses amis de Rocne l'avis ii
3ue le consul Néron faisait équiper Un
ans l'intenlion de passer en Afrique «
enlever la gloire d'avsir terminé ta gii
lendemain il fit rappeler le* ambassadeur
nolifî.1 les condilioRf auxquelles i) vou
SCIPION l'atbicain. 4Q;i
bire désormais la guerre, soil en Afrique, soil
)un(lerAfricjue, sans Ta^cu du pcnpli^ Romain;
ttexiseail aussi qu'ils rendissent li Masitiissa tout
be qu ils lui avaient pris, et qu'ils iisaent avec lui
■nlraiië; de plus, Carthage devait fournir des
^»res à l'arniéc romaine, acquitter h solde tiei
kûupes auxiliaires , payer aux Rtimains, en rin-
nuanlê années, dix mille talens , donner cent
Images au choix (le Scipion, ei reslituer, avec leur
«argaison , tous les Lâlimers de transports enlevés
lU mépris de la première uève. Ces cundilicm*
citaient dures ; mais Annibal lui mf'me déclara
lÉu'il fallait s'y sciutnellre. La sus|jension d'armes
pt alors publiée dans le c^mp de Sci|iion, et le
Unit de Cartilage dépêcha des aniliass.-ideura i
nome pour obtenir la ratification du traité,
t lie nouveaux consuls r des patriciens, jaloux Je
U gloire de Scipion. lui enviaient l'hnnneur di
Maner la paix aux CarMia^ini<ia,.ol de ramuner
nrmée victorieuse i mais , a(>rès de graitds débaM
puis les tribus et dans le sénat de Home,' Scipion
fiil conliTiné dans le c.om.Ti,.iLd<-nifiii de l'AIrl.pje
«1 des armées ifiiM avait soos ses iirii.rs. La rati-
SaUiundu irail'é d.Jiina Vif.ii à d.-s déijats encore
plus animés ; eepundani , coinmi: tiuis les esprits
iDclinaient vers la paix, le vueu des Icibus futnna-
ùime ; eu conséquence, le sénat décréta que Sci-
yion, aidé de dix cominisï^aiies, slsneraii la paix
•t ramènerait les troupes. Les ambassadeurs do
Carihage, s'élant rendus en Alriquc aupiï's de Sci-
tàoti, lui livrèrent l^urs vaisseaux de guerre, leurs
iltpLans, les rsclavi^s fu^îiifs , ainsi que les trans-
6iges el (|uatre iiilile prisunniers. Sri[iion Ù\ ion-
Juire.les vaisseaux en pleine iniT pnui- y êire Urà-
Us l il s'y trouva plus di' ilnq cunls bàliinens à
ratncs, cl l'aspecl de cet rinbiasein>:ut , qui ij-appa
tout i coup les yciiï, pénetia les CarlbaciDuis
dtne aussi vive dnoleur qu'aurait pu laiie Viu-
undie m^iine de Cartilage,
494 SC1P10N L^AFBICAIH.
Il y Avait t[U3fanU! ans tiitc la dcraièfe pais mi
été faite avec le» Carlluginois. La guerre av*
commencé vingt-trois stii. apr^ ; eliit fut icrmiu^
la iJix-se|irièfae nnnée. Dans la suili; t>n CDUrod
plus d'une io'vt dire à Scipion que a'il n'svjj
pas tertDtn^ Ia gutrrt; par la deitt'Uuliou «nlière il
Cartilage , b fauti- m ^lait d'aburj It l'ambili^
du consul Néron, put* du consul Cornélius, \
avaient vuulu hii ravir l'honneur de tiu-niineri
grande expédîlion. Hn&n, sprèx avoir donné i^
pairie une paix si glorîeoic sur terre rt «ur tnc
il embarqua ses trouée», repassa en Sitrilc, do
lil partir sur des galères b plusi grande partie <
ses siiljats, et avec le reile il traversa l'itali
heuiGuse de la paix aut;inl tgue de la viclaîre,
milieu du concours imracase des peuples, qui,t
villes ei dus earapagars, aecotiraient eo toulei
son ps^s^ge. Scipion arriva juscju'À Rome aveci
magnifique rori^ge, et y reçut l«s honnenrti
plus brillant triomphe. Le sénBlnur Terentiu
qu'il avait tiré de cnptivité , suîvtl ion char Irîoi
pliai, le chapeau d'aSranclii sur la \tlc-, et louT^
reste de sa vie il honora Scipion comme utOj
bcrâleur. Ce fut au moniem n:<"nie oij ec|^
homme louciiaîl au faite de b gloire (|n'ii donn
les témoignages lea plus éidaians de sa modnâ
et de sa soumi!«ion aux loi^. IMit de vivïsref^
mandes au prutilc, oui voulait le notnincr c«a
et dictateur perpétuel; il refusa de fle laûstn' lUei
des staïut's sur la place des asiieniblées, devait
tribune au s harangues, dansleM'iiat, au CaplHl
il s'opfKisa 3u décret qui ordonnait que son i»!
sortirait du temple même de Jupiier arec 1|
rap|>areil du triomphe* Tout ces miu pcwiiil
une Smi! élevée, attentive àTrpous<er itcv'anjl
liens qui bless^rsient IVgalné rîffpublicaidCt Qim
an surnom d'Africain qui le distingua, nn ns ■
s'il le dut à l'enlhousia^aie de ses soldais oui
iaveui du peuple ; c'est du reste le
SCIPIOS l'africain. /|2ft
fotnaîn qui atl pris l<! nom de la nation <]□'!!
raiacue : danslasnilc J'aulres, i son cxeni'
0 sont altribud an [larelh tiiics d'honneurs.
IX années après son tnomnbe Scipion reçut
moignage honorable du I estime publique;
Dporta sur plusieurs compétiteurs illustres
talent sur les ranj;» pour la censure , et fol
lé par les comices , conjoinlement areC
tlVelUs, Vsn ■()() avant J,-C. Ces Jeux ma-
is vécurent dans une paifaile intelligence , et
ircnl les varances du »énat sans flétrir aucun!
iHr. Ils affermèrent les péages (te Capoue ,
Uïxol et du port de <JorS!0 , où ihélalilircnt
olonie de trois cenÀ riloyens, nombre dé-
lépar un sénatos-consulle.
"sqiie dans la suite les ennemis d'Annibaï»
lors exerçait la prélure à Carihage , irri-
contre lui les Honiains, dont la haine ne
i^t«|u'un préiexie, Scinion, en ennemi gé*
it '■, représem» en plein sénat qu'il était'
bnvenable â la majeçlë dn^ciiple l\rtin;iin
3er la di^niié nationale , en mliTveiiaiil
1
les calnlys <!es Car
lliii^inois;
, qi
j'on d,;-
■ c.nienlfr J'aroir v.
nin?
■u An,
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des ar,nc,,>ans Jf.ro
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■urs , el lo pcr.mvrc
les lrlb,.naui: n„i.
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sorte dc-
loria sur
tssedeecs,m,oi.i,aii
ivoyée a Carlhapc po
ricr avpc Ajiiiorijiis 1
=. AI,,.,, 1,. ,.;„,,„„
e ,.
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lan'd'!
l'A uni
■Ài
l.al
iiliassade
inilj.ii de
nouvelle
.i;niit;i à
opres litres de g.i'iif
, -.1
ri noir
ITJI
1 lénioi-
de inngii.iniriDli' , e
louvoir à ce .|iii- li' ra
l'an
■<>[>pos
;iiit
de U.ut
Il se dés-
■à[parcrtloniiiiri".'l!-;i
ulinn ifiii fvit^d {<uu.
'le l.
':2
i.si dii'
36
.n'd'iluS
guerre ;mporlanIc conire Antiocliuï ; ir
cré snn sentiment , le sénat ne fut point
faire passer une nouvelle armée en M
La lieux nouveaux censeurs de ce
année continuèrent dans la présidence
Scipion , à qui leurs prédécesseurs av^
ronléré cet honneur.
Si l'on en cruit quelques historiens,
après avDir opéré sa jonclion avec son
qui avait i combatire les Gaulois insubi
environs de M^an, noria luî-ïnéme 1
tion sur le territoire des Briens et des i
tant qui: leurs bois et leurs mirais ne
surent pas d'insurmontables barrières;
prélcnJent que, sans avoir rianfait de m
il revint i lîoine pour y présider les cor
Ce fut pcnJant son second consul,
sénat occupa pour la première fois
d'bon leur aux représentations ihéaira
distinction, comme toutes les nouveaul
Hiaiière à l'éloge, mais plus encoFf '
I-
SCIPIOH L'AFRirAIlT. 4^*7
itre en liiice , et !<■ roi numide a'înicrivatit
IX conlre la fixation ilcs limiiei atiribuécs A
\a , le lénat enraya en Afrique Iroii 1:0111
ires- sai-oir, Ceificgus, Minulîns Hnfus ft ,,
>n 1 Africain , pour terminer sur les lieux la
Mtion reUlive i ces limiles.
'Cbinmissairea se renitirent m Afrique;
tjkria avuii'iecoiinii les lient et rnten(]u les
■ (le part eld'auire, iU restèrent neutres,
fèrent l'anâire en suspens. Il paraît que la
)ue leur prescrivit une indécision nui bis-
'.* deux partis avx prise : sans cela , Scipion ,
ar la connaissance dci fiits, inil par i'au—
(|ue lui (lounvicnt ses biii.fiilj snr Masi-
■iniii que sur Carlliage , aurait pu seul Iran-
aililCculié,
puis (lin ans ee gr;imi tiomme , dont la
I était S) éclatante, et par lA jilus propre à
irte» yeux de IViivie, n'avali pasce^si^ d'flre
es yeuK du public el i^ominc riirisuleicommtf i
Ur. L^h^biliide 1^ voir les i;i*;iiii]s ]eJ'^ll« nagea
1ère souvent * nric surle il'indinrieiicu ;
ie grand Scipion ii'i'iil pas nn'ine ir tiédll
ire porle.' au rori^^irl.il Corni'iiiiï Scipinn , son
,1, ni. son rl,.-r l...|in., m/il .-ippuj.it .].•
sa reromm^nul^t'^N n,...r U pb,-c de rons^.1 '
\<n. U c.fdil nai...;.ii.l de gulntius l'iuml-
l'emporta sur relui <)e Scipion.
pendant Us préj^aralifs il'Aniiochus , roi de
, qii'Annibid i\c:ilail à la f;iicrrc, inr(uié-
t tellement \rs r.runaiiis, i|ii'il.'i euTOyereril
imbassadir ;. <;.■ pnn< r youv le ranienir à d.-s
Tiens plus p.-ir;f;.|i»-. 'J i,r Ln e ni.- .Ir* liis.o-
f'I pCIIt'irC! (MHS UC.l CUIllllTri lUiniilllK
viji». .s<*inblnit inirrditc h l'ambition (If
firipion lui donmndc rnsuiu* ([ui lui para
jccoiul rang. — Pyrrhus, rrpr)ii(l A uni
lions (levons Tari clos canîpoTTïons , ot r
f'qalcî ponr la srlenro des positions ot po
liqnc inililaire. — lilnfin Sripion v(»ul s.n
AnnilialnWrvo la troisième |>laro:— Ar
lépond Annilial sans liésilcr. — Kt qnc» (
h'i \o\\% m\ivii'z vainni ? n''pliqn(* Sripi(
liant.— Alors, dil Annihal, je me serais
Alex.'indre, avant Pyrrhns, jjvant tous
. ranx. — Scipion fui agréablement surpi
réponse adroite, de cette louange înif
semblait le meliic au dessus de tout
raison.
Jja guerre ronire Anliorbus était d
table lorsque Leiius et \é, Cornélius
frère di'Sîipion l'Afrirain. furent élus n
r.onfinnre pubK(|ue semblait attendre de
,1 l'heureusiî issue de cette nouvelle gnei
[•^ les deux consuls se dispul^renl-îls le déi
SCIPION LAFBtr.AIN. 4^9
J^liiii. On éuit curieux, Jil Tile Live, d'éprour
\erai Antiodius trouverait plus dp rr^ssnurres clans
Atinibal vaiitcn ijue le consul de l'armée romaine
dans Sripion viclorieut.
Avant son départ Scipion fit élever un arc de
triomphfi dans le Capitule, qu'il ornn de deux sta-
tBcs dorées, et de sept chevaux. Les Ëlolirns
'étaient en guerre avec Rome lorsqu'il s'em-
barqua à ApoUoiiie avec le consul son frère, le
premier de* génériUT romains nui ait passé en
Asie; il vint, i travers l'Ëpirc et la Thessalïe, au
siège d'Amphise, qui résistait aux armes romai-
Bea. Ce fut U que les ambassadeurs d'Athéites lui
demandèrent grâce en faveur des Etollens. La ré-
Itonse de ce grand liomme ne fut point découra-
gnnlc ; il ne cherchait qu'un prétexte honnête Je
te débarrasser de h guerre d'Ëtolie , afin de tour-
ner ses armes contre l'Asie et contre Antiocbus.
■t il recommanda aux Athéniens d'rngaeer les
Etolieas à préférer la guerre à la paix. Aussitât le»
fitolien' cnvoi-freni une ambassade nombreuse
au camp des Romains, Sripion l'Africain, qu'ils
abordi-;cnt \e piomicr, releva leurs cspi'ranref! en
rappel.mt qu'en Espsgne daliard , et ensuite en
Afrique, un firnu.i nombre de notions s'étaieT.t
remises i sa fui, cl qu'il avait laissé partout sur
ion passnge onrore umius île picuves de vaillance
que dn rlémcnce et de bonté; mais le consul leur
ayant impoM- des loiidilioii'i dures, ils n'obtin-
rent de lui une irèvn que par l'intercession de
Scipinn l'Afùrain, D.-s que les affaires .l<-5 lito-
liens iinent ré;;!.'fs L. Sciniim reprit avec son
rcèrc le clinniii d<- la ■J'bessalic, oour alU'r tia-
rerser !,. ]\L»c,loio,' rt la Thr.ice. et de là pnsser
m Asie. . BIou fri-re, lui dit .ilois rAiricain ,
" votre projet .i lou;e mon appiobatlon; mais
. la srtrelu de voir.' mar.lic dépend .b-s iiUen-
f lions du roi l'iiil;p[:ej assis aujourd'hui sur le
» avant qu'il ait le temps de iilas<|i]er
" tabW projela. ■ Ce parti fui aussiiât ad
le consul s'élanl ainsi assuré des disDOsilk
râbles du Philippe, l'armée entra dans 1
(loine, où lout élaii prêt pour la bien :
Fliilippe Iraita les Scipîon avec une mag
vraiment royale , et leur fit les honneur
royaume avec une aisance et, une grSce
Wient pas -sans mérite aux ytux de Scip
fricain, car ce gr.ind homme , distingué
tant de qualités éminenies, n'élait pas
d'une certaine élégance de mœurs touiou
ble quand elle ne dégénère pas en lui
l'année arriva sur k's bords de l'Hcllespo
avoir traversé la Macédoine et la Thrare ,
accompagnée de Philippe, et trouvant,
la prévoyance de Scipion, to.ul ce dont <
besoin sur sa route. Le consul et son f
reconnaissance de la manière noble et \
dont Philippe avait reçu l'année, lui
au nom du peuple romain, sur le
SCIPION L'A.FniCAIW. ^$t
: , roi de Bylhinif! , avec dea leltrRS où il signa-
les vues snibilieiises <]ui conduisaient les ttfl-
ins en Asie, et le pressait de se joindre i lui
ir repousser (lar la force des armes desenne-
I dangereux. Ces avis fivnt <iiieli)ue imiiression
Prusias; mais hienlôt les leirre.i dit consul,
uriout celW de son frère, Scipîon l'Africain,
lipèrent ions ses soupçons. Ce dernier repré-
tait au roi de Uylhiiup l'usage constant du
pie romain de relever, par les dlsùncrions les
I Hatleuses, la m.ijeslii des rois ses allies, et
it , entre autres exemples , teu« ijui, Kii étant,
lonncls, n'en ëlalenl que plus propres à per-
der i Piwsias de clierclier à ménier de pareilles
nirs. « Ainsi , disait-il , de Ions les petits prinCes
Iplgnols qui onl rerlierché mon aniirié , il
'en esl aucun qui , à mon départ de rKspagne,
e soit devenu un roi puiscwil. Mui-mi'me, non
Mitenl d'avoir réiabli Masinitsa sur le t'dne
e SCS pères , n'ai- je pas ajouté à ses états ceux
e son ennemi? et ce prince e|l non-seulement
! pins puissant miminiiiie de toute l'AfriiiuB,
'ne's,"psse''leri,?,osrt'uR";,urj)^'\:H^^
■e, et l'jniit'i; il un .nnbaisadeur romain,
tv^rerK de dédd-r l'i ii-.i;,s
fpendani le roi de Syne, Irniililé par la (.ertc
I second <'oml):)i n.nal, .iba<, donna .-]i>x Uo-
is le,i:,ss.iR,- de rileiksponl.f.rs .l,.i,x S.i|.l.>n
ampe.n.'lil' qu'on' v,t' i.tn'r'iVcr.aide de'Uy-
lions, de iie'le |.'Vsi-Tjei <\l-Z','l iV^nsul
piès;!ioil»vLi Snpioii rf\!ii.alri, cji d Lon.p-
bicn ^ur la nii'.li.ilion d'un lu ri;s cpii , d.iIu-
mi'iil ^,. ni'i.'Hi !■] r.is':,s'é.li> ;,loji,'. seiuhl.nt
• ir eii^'un-iiisiidlexible depuis (^ue l'iutirCl de
1
454 sct?iON l'afuicaih.
aon fils , qui «e Iroiivart prisonnier d'élâl , lui fit-
sait en (juclque sorio nnc obligation dp diiin-t
une prompte paix. Let faîstorirns sont paKig^
snr ce fait ; ils ne conviennrnt tii des llctix ni <lc
répoqiif , ni de la manière dnnt ce jeune rom.iia
étail )on>bi^ au pouvsir du roi de Syrie. Selon la
iin«, déi le commenremeni d« la cuerre il tnil
iri prî.i sur mer, en passant de Cbalris i Orëf ;
selon d'autres , depuis le passage en Asie ; cnvnyl
avec un escadron pour reroQnaitre l'ennemi) il
avait reiiconli-é une cavalerie supéripnre en nûB-
bre , et avait M pris arec daiiK i*.ivalii:rs « el cniv-
duît au roi. Un point sur lequel on csl d'accord,
c'est que quand mfme Antïnchus eût#té en paii
avec Ilonie-, ei eût eu des liaisons personiirUn'
ifhospiiaiilé aver la fiimille de* Sciplon, ce jeuud
guerrici" n'eût pu éprouver un traitement plm
noble el plus disling<ua.
Tels éiaienl les motifs d'espf^rance sur lesiftielf
Anlînchus fondait les sucièj de non atnbawado.
On donna d'abond audience i llnrarlide devant
une assemblée nombreuse'*, cet ambassadeur tvM
lut ensuite de sonder en pai'liculier, comme oB II
lui avait recommandé, les dîspnsilt'ins deScipim
l'Africain. Avant tout, il loi annoni,^ que «H
maître lui renverrait son fils sâlis rançon-, |HM
faute de roniMÎtve cl la magnanimité de re jçnlA
homme el le caractère roinnin, il lui ofTnt t
somme d'argent considérable, et te |Mmgv
l'ablnrilé dans les élals d'Anti<Khut, i l'exwp
lion du lilre de roi, si la Svrie devait ta p*u à]
entremise, •< Que vous ne rniinaissiei , inî dit ï
H pion, nilcs ilomains, ni l'homnW ^x■^squi^'
H vous envoie , je n'en suis pas étonné , puitc
> vous ne ronnattsrx pas mîne i^ûtiMtton
K celui au nom duquel vous Jlf-S \tau. Anitni*
' d'bui , qu'Aiilioctius , s.int mi^iiie dîapuia
M passage de 1 lt(.'l]esiKinl , noua a l^iiaes \*»i
mcnl «II Aïit' , Qu'il a re^u le frein et subi
jg, (juelespûu- lui leslc-t-iJ Jn Irailcr il'é-
éaa\ avec un peuple Joui il n'a ptui qu'i
■ naître la loi? Pour mol. le Jo» le [>lus
eux que je puïise leiiîr de b luuuiricence
>i c'eit b ILberlc de mon ûli. Quant aux
», Teuillenl lei dieux que la furtunc ne
taue jamais un Leuiiti ! Ce n'en sera da
3 jamais uu pour mon ciEUr. Que s\ An-
us, pour un bieiiliait personnel, n'exige
le reconnaissance perjonncllc, je lui prou-
(ja'il n'aura point obligé uti ingrat; mai»,
oe homme public, l'inlérét de I é<at ne me
et de lui rien Jevoir ni Je lyi rien accor-
Pour Je présent, lout ce que je puis lui
er c'esl un couseil salutaire. Allez , diles-
: ma part de niellée Las les armes, et de na
■r aurune des conditions qu'on voudra lui
ichus De put goûter de telles propositions ,*
nçint à 1 idée d'un accammodeiDent, il n9_
plui nu'à hasarder une bataille. Il vint
avec s,.u annùe aux entrons de Thya-
, surb .,.)uv,-llu que Scl|.lon l'Arrlcaiti,
, s'éiall tait lrans|mrtpr à Elée , d lui
des députes pour ri'iucliia suu fds enira
is- La vue d'un obj.ii si agréal.le au cœur
re fut pour la siiiié de aclpiou k- plus
de tiius les reinédcs. Apres avoir salblaic
nicrs l['ans{>arts [lalcrni'hi , » Allez, dit-il
nvoyés, allez assurer le roi de tnule ma
naistance ; pourlcmumcnt je ne puis lui
nner d'autre preuve qiu; de lui conseiller
lioint teuier le sort d'une bataille avant
l'ait apprU mon retour au camp. •■ _
Sire Sdpion espérait-il qu'un delii don-
Lni au rui de liilre du sérieuses réJlesions,
l. 3,
r"
43/| SCI PI ON l'africain.
rï tïo songrr à conclure une paix honorable:
fie f]iîol scconrs sa présence pouvait-elle <^ln
roi (le Syrie dans une bataille 1* Qimî rjii^il en i
Antioclius « ébranlé par Fautorité de ce gi
liornme, alla camper sous les nriurs de M.ign
Là il fut attamié et défait par Farmée roma:
fjno le consul Cornélius Scipion conduisit en
5onne. Sri[)ion l'Africain , resté milade à Ë
ne se trouva point, i cette bataille, gagnée par
f'ère. Déjà le consul victorieux était à Sardes 1
fjiic Scipion, faible encore, vint le joindre.!]
lot après un héraut d'Anliochus fut introduit
Sripion TyVfricain auprès du consul , et oL
pour son maître la permission dVnvoycr
.Knb.'issadeurs. Ce fut encore lui qui présenta
envoyés au consul. On leur donna audience
vant une assennblée nombreuse : << liomains,
» Zeuxis , nous venons moins faire une apolc
» (]ue vous demander les moyens d'expier la ù
» du roi , et d'obtenir du vainqueur la pai
i> titre de grâce. Rome a toujours eu la génère
)' de pardonner aux monarques et aux peu|
j' vaincus; combien ne doit-etle pas être plus
» néreuse et plus disposée à la clémence a[
3* une victoire cpii lui assure l'empire de Funivc
i> Aujourd'hui, supérieurs aux mortels que v
3> n'avez plus à combattre , vous devez, à Tex^
j> pie des dieux , devenir les bienfaiteurs du gp
}> liumain. " Avant l'arrivée des ambassade
la réponse était déjà concertée. Scipion l'Afriia
cliargé de la faire, s'exprima à peu près en
1(;rmes : « Nous tenons de la bonté des immor
)) ce qu'il était en leur pouvoir de nous accord
'> mais pour nos .sentiinens^ qui dépendent
> nous, ils furent et sont toujours les m^i
» dans toutes les situations : la prospérité ne b(
» a point enflés ; l'adversité n'a pu nous aball
>y Au défaut d'autres exemples, je vous en du
sciPioH l'africain. 435
iteraù pour témoin votre Annibal, si je ne pou-
vais vous citer voos-tn^mes. Après avoir passé
rHcllejpont , avant d'apert^voir le camp el j'ar-
mée d'Àntiochus , lorsque le sort doi armes
était encore inccriain, nous vous proposâmes
descondilionsdf paix, en traitant d égal i égal;
hé bien , ces mêmes proposilions nous les re-
nouvelons aujourd'hui , que nous sommes '
vainqueurs et que ndus parlons à des vaincus.
Renoncez k toute prétention sur l'Europe ;
abandonnez vos possessions en Asie en deçà
' du montTaunis; payez tes frais de la guerre,
I donnez des sûretés , livrez des âtages , livres
I aussi les principaux moteurs de la guerre, et
I nommément la personne d'Annilial, puisqu'il
I est démoniré que partout où Annibal portera
■a haine contre home le peuple romain ne
■ peut compter sur une paix solide. Alors', nous
. vous accorderons la paiï. Votre maître, pour
avoir trop lardé, la fera dans une position dé-
favorable ; mais , s'il hésite encore , qu'il sache
qu'il est plus illfricil,^ lie faWc Joscfndre îiir
rois les premiers degrés du trône que d'ache-
ver de les en précipiter. »
Les ambassadeurs d'Antiochus avaient ordre de
onclure la paix à tout prix. Ainsi ce monarque
sialique, qui avait paru si redoutable aux Romains
l par ses propres forces et par l'avantage d'avoir
innibal à la ti;le de ses armées, aprè^ avoir été
éfait sur (erre et sur mer , se vit expulsé non
nilement de l'Europe, mais de l'Asie, en deçà
u rnont Taurus, par une paix honteuse à laquelle
fut forcé de souscrire, et que lui dicta Scipion
Africain. Le consul son frère revînt à Rome,
t pour rivaliser de gloire avec le vainqueur
'Annibal, il se fit d'inncr le surnom A' Asialiriue;
, obtint aussi les honneurs du triomphe. La
ompe du spectacle fui plus magnifique que ne Va.-
/,:)(; SCI PION 1/ A m ICA IN,
>;iil rtr (<'llr «le Scipioo rAdirnin ; mais soiisifl
r.i{)|M)it (le riiiipoilarKc (1rs iaits, de l:i grandnir
flu |)i'i-il <'l (It'.s obsii^'lcs , ce (l<*rnirr ti'uniiplic fui
:iiis.si iiifciinii* au {Hcniirr (iiic L. S(i[)ir)ii litâil
à-Sri|)lnii r^Viiicain, v.i (|U Aiitiocliiis Vv\n'i\ à
Aiiiiii>al.
Pour la Iri'isiiMiK* 'fois Scipion fut nommi*
]nln(<» (lu .s(''iial ; in.iis ('.(^ '(iil la dcrnit'nî (a\Tur
(|u il rn.ul i\r s'Ui iiif;.ralc palri(f ; Teiivu* , adiar-
iKM* (-(Mit!(M'(' (^r.iiul liMniuir, alirciiv.i le reste de
an vi(* (le (l({;iuls et (i^trurtluruc. A rinsli^atiori
(le (..iidii, '|i!i, p'iur iKiiis .s(*rvir (i(r rcxpicssioii
i\v 'ril(! 1.1 Vf, Ml* (cssall (J'ahoycr roiiln» le ^ritrul
Scipioii , lc.s(l(*Mx Pclilius, liibiinsdu peuple, IV-
(u.-.crctil (le p('*eiilai , et le i).^iretil. en eausf?. Ils
piélendiK'Ml (pTil avait, rerii d'Antioelius, cou-
jnitiicuietil avec sou (i('re, (pi.'dn; inillloris de ses-
1iM.>('s, pour ncronicr » ce priiir(î iimt paix pîu<
av;mi.»t;eu.se. (/est du Tnoins celle f^ornme ']iii
fui I edeniau<lé(^ à Scipuiu TAIricain dans le sriiat
iiHMue ; sur (puii re fM'iK'ral dit à Htyn fn'ro dt;
produire sou livre de compte, et, c*n présence il('S
senaîein's, il le mit eu pièces, indiqué do S(» voir
ie(l('uiari(h'r (pi.ilrf itidlions de seslei-.ses après en
;ivoii- (ail entrer <I;tns le trésor pnidic pins de diMix
(culs millious. (iniiMue les tribuns n*o.s.'iient ouvrir
le irt'snr puldic (outre. t.Kh^fenspdela Ini, Scîpion,
fort de s.i consriiMu'e , demanda les clefs, rn (lisant
(]u'il pouv.iit rou\rirlui-Tiu'''nn', puisqu'on ini devait
l'oMi;^.iii(Mi de 1 avoir (ernié. Du reslc cette cause
fut jn^ée<le plusieurs manières, snivautla diversité
iU'B (arartères. J-es uns s'élevaient, non ronlre
Taudai e des tribuns, mais contn* leseiloyens assez
ià( hes pour .souifrir un tel vwè^ d^ndi^nîté. Les
i\vu\ pieini(>r(vs répul)li(pies de Tunivers sVtaîent
inoiiin'es pres(|n'en m (^ me temps ingrates à * Té*
j^ard d(! leurs citoyens les pins rocommnndabjcs;
mais ringralilude de lioine était encore plus ré-
SCÎPION i,'a FntC\lN. 4^1
, C't'iaii a\iri's .ia ilf^laiii' ijne Cariha(|e
niiibul vaincu, ci Uonn: orgui^il|i-iiM! ra*
: Sun iciu Sciploii, it (|ui nUn devait U
A fiiiciKlrc les iiiUre*, aucune èUvilion
lii (liappnji^r un ciioyen de r«iiUre vumiiLe
lie Na cnniluilc ; rien n'èuil plus r.ipaiile
reuirréftAlilÀrépuhlkaiiie que l'obi tjfstinn
Stix hoininc* |>uix,<ans de cnni)>;ir;i!ti'i! dc-
i liibiiiiaux. iris furent les propM 4*
|uv|u';iii jour Je la comparuiion. Jatnaîa
jatndis 5ci|)tt)ti lui-mt^iiin , ronsiil ou tfO-
avail paru daus \v rninin avur uncoité^e
tnlireux el plus iirpu^anL r\\\t'. n'y p.irDt
iUtisire au'usi', îîrttntiiti (li> prudtiire t«
de détcnsa, au lieu de répotulru iiux im-
s dont U fiait l'obipl , il parla de le* faits
&VCC tant ilf pnnipu el de riolilL-:iiQ, (|itc
«nt'gyriijue ue lut plui vrii ni plui i^a-
Ihuna du peuple .pciiinloniierplHsdepoidji
xusatipii . ( Mii..ur'<< l'K !ii par faire revivre
îniies 1,.! ' ; .i,'i ronlri' Sripinn
.. i r ,:.lr,ul,»- molUae
(ju.iiiui.'. J l.:..-. A, ;. i;rs otdestrnu-
1.'» à I..I.I >'.<>;» .l,'s.,.M..I-.dr!<uii armer,
un-inir J<>p''''il-i' IUlfr<.n,lri-.'ii[pliiiôt
pa-snmplio,u.|u..s.Lrd..sp..'v.sT,s:.. S,m
'isuiitiin', ilisaLctil iN, lui u\.\U ck: rendu
an(;iiii; r'i''i;iii.'i Si l|iifpii m'hI iiii'Aniiocliw»
F.lill.-Inp,ir. n.nin.rM lloim-l'i'ill ['jiucul
e.k.|.M.;,lx.l,lrl,if;i,rT,r U ,vnM,l avait
M'II luitKoins nu li.ul.'n;<nt.,iMiM<lii'U-
s'il;i\.MlM.U'i M.rHin-c <v n'.niiil éle <|u«
l'inlfKliii.i .l'riMpi.'hJn' .i U iluVi- , à
!<'■ rOiliMil, .:■ .|i, il .iv.nU p<t^li:i,1h dq.iiis
It'u.iï i, I l>i..it:(i>', ;. la Ujulc , .1 la Sicilo
/|5R sriPiON j/AriiiCAiN.
>' et :i rAfrif|iir; c'est à Jiir, r}iriJii si'iil iioinmP
M v[ni[ le. rlicf et l.i colonne de l\'iri|)iri' mniain,
" cl. (jn<' le nioirnJie f^csle de Scipirui leiinil lieu
" di' ilecrcis <ln .sén.'il ci des ordres du pe(i[)lc. »
(/(•si .iliisi cpie, <Jé.s(!.s|)ér;iiit dr* (lélrir son lion-
nctir, il. s'cfforc.jienl ilv le rendre odienx. L;i iiuil
Miixiiii .111 mdicn des drl).'ils, et la cause fnl ajour-
nt'c. \n jour inarfjiié les trdiuri.s punirent de
^1 mmI malin à rass»*nd>!ée. Le piévernj .s^av.ince au
iiii.i- Il du nondncnx (orté^e de .ses .unis et de
.'.<*. iliciii, |)eir<* la foule, et irionle /i la trdiune;
lie. iiii'oii a fait silence, « 'i'rilxin.ï lUi peuple,
» d. d, cl \ons, notnaiiis, c'est h pareil jour
" «i'i! j ;u ici.i|.oi h- <'n Mri(|iM^ nri<* victoire
" 1 1 !.i.i;ii<! >.|ir Afinilul et stjr les (laillia^^inois.
" Ainsi, alli)ns de ce pis au (iapitolc pri'ieiitcr
-" 1:0, I. nur.o ir^'s aux dirnx Intelaiies de ilonif,
- il I. Hi Miidre '!«• justes a<:l:ons de rpâces pour
.* m .!v i\v y ( (■ jr>ui- même et dans plusieurs au-
.. lie-, orfjsiiini , iris[»i."e le. dessein cl donne, le
'. I'Oii\r,ii di" scivir m in p.iys. Vene/. , llonairis,
» (o.ij:iMi- les dieux de vo^:; donner toujonis des
il (ii«{-, (jiii me ii',sr:iiiii!cnt, Pardonne/, ce lan*
" i;'> ;<■ à un «iloNM'ii <pii, d*'"» 1 -^«fç*' de «liit-scpt
" .lii, jii'.jprà sa vieillesse , a vu vos disfinclioiif
»• j»n'*\;iiir ;,»■■: année., p.iice «pu*, .ses service
j> .iv.neiii jm-venii \os ri'i onipense.s. » Apiès f'î
pi ti de irioi.s il (pjille le 1 Orum et monte aU Cl'
pii(/ie^ Miivi de l.i ((. nie du peuple , (pril entraiM? *
Mil « . |>.i>. Du (la[iitole il [larconit tous les U'.iw
p!( s de l.i ville, toujours accompagné de la nii1r«* .
iiiiiihhide ; <•! ce jour, on le penpli* romain sr 1
ii.ioilra si Ixiii ju;^e de la vérilalde ^rarnleur, IijI *
plus t;loiieux pour Sripi(»n «pie celui où il ttail
leiilié dans liorne [ our ti ioinpIuT 'de Sypli3X *'^
<le:. (i.'M tlia^irmis.
Ce (lit là le (lernier de sva luanx juurs. Cc^DHu
J
SCIPION L^AFRICAIM. 4-^9
;, voulant éviler Je nouvi?Ues altercations
s tribuns, qui auraient fini par le rendra
, profila Je l'ajourDemeiit pour se relirer
maiïon Je campagne de Literne, bien dé-
ne plus compataiirc. La nature lui avait
une âtne trop haute, el la fortune Tavait
imé i un râle trop brillant pour qu'il pût,
,r le personnage d'accusé, et descendre de
évaiîon au lang.-ige suppliant d'un honune
I se défendre. Le jour de l'assignation venu,
Scipion dérlara qu^une inuisposition ne
tait pas à son frère Je paraître en justice :
uns ne reçurent pas d'abord celte encuse;
ucius en ayant appelé aux sutrrî Iribuns,
ritcdécida qu'un nouveau délai ne pouvait
usé à Scipiun.
rius Scmpronius Gracchus, ennemi per-
de rette famille illustre, se trouvait alui s au
; des tribuns du peuple, et comme il avait
de souscrite i l'ordonnance de «es coUè-
in s'ailendait que ses conclusions leraïent
I ligueur ; mais il déclara au contraire
1 appui pour le dispi asr-r de répondre;
on, Jil-il, par ré(.iat Je ses exploits,
es honneurs dont le pu.ple romain l'a
lié, par les suffrages léuuîs Jes hommes et
lieux. Cil parvenu à un tel point d'élévation
'abaissement J'uii si gr.mJ homme, tra-
en criminel au bas Je la tribune, et en
aux invectives d'une insolente jeunesse,
|,l„s Uo„le« ,.„,„■ llo.nc que pour li.l-.
.. Quoi, l,-ilm„', co„.i„„a 1-11 a„c i.iJL-
.nx , vous allez, i uir à vos pieds le connue-
Je l'Afii^iie ! iS'a-t^il donc défait en
;[ie quatre t^vncraon rai tliaginois Jes p'us
fi, et nil\ iiu.irre armées en déroute;
J
4'fO SCIPION i/africain.
" iTa-l-il pris Syphax , v.iincu Annibal, rcncla
». (^drlliage tributaire de Rcme, relégué Aiitio-
i' ( liijs .lu-delà du mont Taurns, (car L. Scipioa
j» (oristîiil à parlagcr avec son frîîro Thonneur
>■ (le ivt\e rxpi* î;liori ) fpu* pour devenir iiii la vic-
» fiin'^ de la haine de Petilins , que pour voir Im
" ni lui lis lrii»n plier de Sripion rAfricaîn ! Ëh
^> (jii.',l, v.ï les services, ni les honneurs n'assure-
i» ront donc jamais aux grands hommes un asile
'> inviolable et sacré (jù leur vieillesse jouisse tlu
" repos, sinon au milieu âes hommages qui lui
^' .sopldiis, au moins à Tabri des outragea! » Cette
• wlaration, et lemouvement oratoire qui la termi-
r -lit 4 firent impiession et sur rassemblée et sur les
îr.'i'saleuis eux mêmes. Le peuple congédié, le
.'('■îiat s'assembla, et Tordre eu corps, surtout les
.•'K'ifiîv et h s consulaires,- rendirent des actions
J.' (places à Tiberius (iracchus de ce qu^il avait sa-
ri (i* à rinlérel public ses rcssenlimens particu-
li r*.. On convient généralement que Gracchus
rl)!i[.! e«i rn.'Tiage la plus jeune des filles de Sci-
pion r -\fri( ni:i , en reionnaissancc de ce qu^il avait
arrrlé les poursuites (lirigées contre ce grand
JionïUîe, et voici comment on raconte les parti-
cidaii.'es «le ralliance qui fit entrer la célèbre Cor-
(U'!i<>, (;ui fut depuis la mère des Gracchus, dans
l.i fatnille Sempronia, plébéienne à la vérilé, mais
Vîine tirs pins distinf,nres dans la république de-
] iiis (;iie le peuple éiait admis indifiéremment '
;ivee la noblesse aux pieruières dignités de TélaL ^
Ap! (savoir cédé aux instances delà juupart des seul*
leurs , (Il promettant de donner la main de safillf i
Senipronius Oiacchus, qui venait de le défendre
si cloqiiemmenl dans le rorum, Scinion , de re-
t iir chez lui , fit part à sa femme -/îimilia Je
r<'»{<.'i cernent snleniiel qu'il venait de contracter,
i;»us toutefois lui nommei sou gendre futur; si;r
SCIPION L'Arme AIN. 44'
nilis, blessée ilc c« qu'on eilt disposé de
de la ËUe sans aoti aveu , répondit i Sci'
ctouieU scnsibililé de l'amour maternel i '
irait pas dû choisir un gendre sans consul-
lère , fiîl ce m^m'! Scmpronios Gracchus !
en, c'en lui-m^fiie ! >• répli<jua Sci pi on >
i jugemeni si ronforme au sien,
I de temps ([ii'il v(''Cot encore Seipion Is
ns sa retraite de Liicrne , rrlrailc OMrurr,
i , si on la comp.ire a l'érbi de ses exploit*
, mais non moins honorable pour lui si l'nn
?. la conslance et l'égalité d ime arec la-
soutiiit l'espèce de disgritce que lui attira
ude Je sesconcitoyeris. LÀil adiipialarie
QS Romains, c'est-à-dire une vie simple
tuae, se Faisant è leur exemple un passe-
norable de cultiver la terre de ses maiBt
les. L'amilië et les beaux-aru , Leilut et
: consolèrent et embellirenl sa snlilude.
, dans une lettre <jii'il date du lieu
>ù Scipron s'éuit relire , s'écrie , k
II loiiifirau rjui renferrnail ses ccnilces,
loule pas f]ue l'àme de re j^rand lioiiime
'il a comm.indé de cramies armées, car
^ut dire aiitanl de Lambvse, ce roi in-
furieux, inais.\ r.auiie dc'l
atienee qu'il lértiiisua en d
H adieu:.. J'ai un faraud ,
a modéralion
isaut ^ Home
,Ui,ir, dil-ll,
^arcr tes mœurs de Sciiiii.n a
ind canhaim:, h lerreur d,
de Uome, «près avoir oihi
propres niaius, venait pn
et obscur u:U,\\, li.ibilait
vec les Mùtres.
L- Caribagc cl
\v son rhamp
■.ui,e le, b.iî.
sous ce petit
s sincères venait visiter
44^ SG1P10N L*ArRICAIN.
Scinion ,i1an$ sa relraite, et lut tenir lieu de Rome
entière. Sans avoir Tesprit aussi cultivé que Sci-
pion Ëiiiilicn, héritier de son nom et de sa gloire,,
il paraît qu'il ne manquait pas de goût pour les '
belles-lettres ; c'est ce que fait préjuger du moins'.
son intime linison avec le poêle hnnius, dont
il voulut , dit-on , partager le tombeau. Ce
grand homme avait voué une amitié particulière ^
à re poëte , qui dans ses vers avait célébré ses ,
exploits 11 n'est pas douteux qu'Ënnius n'ait rendu
^ cet illustre exilé |)endant sa retraite tons'Ict
devoirs d*un ;mii (idèle et zélé.
Quelques histor'ens assurent que, mécontent de '
la 1:1c he lé du scnit , de l'injustice du peuple et de
Tingralitude de l'un et de l'autre , Scipion recoin- *
manda en mourant à sa femme .£înilia de ne,
pas faire porter ses cendres ^ Rome, et de lui de-
ver un tombeau dans sa solitude champêtre, poor
ravir à son ingrate patrie l'honneur de lui rendre <
les dei niers devoirs ; ils ajoutent qu'JSmilia Im
érigea un mausolée à Literne, et y plaça sastatos»
avec celle clu poëte Ënniiis.
Mais les particularités qui concernent les derrv;
nières années de ce grand homme , sa mise' et
jugement, ses obsèques et sa sépulture, varieol
tellement entre elles, que Tite-Live lui-même dé*
clare qu'il ne sait quelle tradition suivre, ni \k
quels mémoires s en rapporter* On ne convieill
ni du nom de son accusateur, que les uns DOi**î
ment Nœvius, au lieu des Petilius , ni de Tépoiins,,
de cette accusation , ni de l'année de sa moit,
du lieu où il décéda et reçut les honneurs iîi
bres ; les uns le font mourir i Rome , letauM.
à Literne. Du temps de Tite-Live on mi
dans Tun et dans l'autre endroit son tombeau
5a statue. »-o.
rdybe place la mort de Scipion Fan de Roîni
BG;, (187 ans avant J.-Cj la même année q|M
SC2PI0N l'africain. 44^
ïurnt Annibal; mais TiJe-Live n'adopte point
f»loul; en effet, Scipion n'aurait eu alors que
arante-quatreans. Il paraît qu'il mourut à l'âge
cinquanle-lrois ans, ('an i8o avant J.-C).
loï qu'il en soit , fa carrière de ces deux liommes
èbres, qui tenaient le premier rang dans leur
!rie, et dont la vie n'est poirtt assez ronnue,
lil se comparer sous plusieurs rapports. Aucun
Dx n'eut une fin qui rëpondil A 1 éclat du râle
'il avait joué sur la sr^ne du monde ; tous deux
tururenl loin de leur patrie, qui ne put leur
iilrc les honneurs de la sépuliure. Scipion ne
pas, à la vérité, condamné ni banni, comme
laibal; mais il eut IMiumilialien d'être mis en
ise, el , en refusant de comparaîire à l'ajourne-
mt, il s'imposa un exil volontaire qui le priva
.la douceur de vivre dans sa patrie et de la
nsolation d'y laisser ses tendres. Mais quel mo-
^nt que relui de l'accusation qu'il soutient ou
ilôl qu'il ne veut pas soulenir devant le peuple
naiiilComine onnpplaitdiliJ'drgneil nnpii:onLic
cet instanllc plus modrsle des Ixtos! Il .r^git
>s ;il est sublime quand llprofi-re ces Lullespa-
es : Homains , niions rfnàre gri'tre iiux ih'etix, etc.
Ce grand homme, si digne de l'imniorlalilé,
moins ci'lébre ddns la psix que d.ms la guerre.
passa tjufe sa jouncsir dans les camps; aussi la
emière partie de sa vie jeta- t-ello plus d'éclat que
dernière; mais s;i renommée s'éclipsa avec l'âge,
jon génin languit fauli' d'aliment. Sou< te rapport,
vie offre er;ror(! une sorte iK' confoiinilé avec
.le d'Anuilial. Si Toi^ cnmpare ces deux grands
pilaines, on leur trouve à tous deux celle étcu-
e de eénie nécessaire pour former et exécuter
pin. Tous Jeux Imaginèrent un projet
ier, vaste, seul salutaire, seul dé-
if, capaid.- doxcrrcr les plus toiles [('les : l'un
ulut vaiiicru les Uoiuaiiis dans leur propre pajs ;
,%
4/|'i SCI PION i/ArnicAiN.
raiiln* altûcjiia IWfiiquc (l.ifis rAfri'jur mrme. Le
poiiil d(^ vdiï Je l.i ^laruicMii cl de la i;loire de >-
Nipioii (Vsl sans c.oiilredit la secoïKJi* guerre'
pimi'jiir; {uTsonrio no partagea avec lui 1 h(tiii;euf
d'avn.i tci'iniiK^ cctU* guerre, la plus imporUiitt: Cl i
Il |)his (!;ii. ;:':('u.si' que les lloinains aient jamais ''^
eiii' .1 .^oiilc't.ir.
(olvlii*, anrès avoir loué Sclpion sur lis vcrlus
^t laiintcs (|u'o[i adinîiait en lui, sa lihétralllé, si
ni.i^i i(i< fnre , sa grandeur dame, ajoute que'
ceux (jui h', connaissaient perso nuellenii.'iiL u'ail-
miraietil pas nioirjs ses goiits simples, son pcn-
rh.jiit pour la .'.ohriélé et la (rugalilé, son aptitude
et son a[)plii-atlon aux affaires publiques, l'in ui
mot, les veiIns guerrières, civiles, morales et
T' 1 pieuses hrillèrtMit dans Sripion , dans ce grand
I:.)nirrte que Cicéron désignait toujours sous.ll
ïïoin d homme divin, diçinum homiaem AJrUfuoau
«
CATOS LE CENSEUR. /(45
CATON LE CENSEUR.
iB pliilcisoplie Hpcaion de Rhodes, qui Fleoris-
rt v«rs l'an i3o avant J.-C, défiint ainsi lit sage
«i son livre des Devoirs : •• Le sdge est un
hommecnîendu , B[iplit|ué , conduisant bien ses
^llâircR, sans lileSser les lois , les mœurs ou les
usagCJ de son pays ; car on peul désirer d'êlre
liOTe , non seulement pour soi , mais pour ses
enfans , ses proclies , ses amis , et surtout pour
TéUt) puisque les richesses des particuliers sont
■le» richesses de li république. »
S'il est un homme à qui retic défimiion judi-
euse puisse s'appliquer, c'eil assurémpnr Caton
Censeur. Dovié de loules les voitus qui font le
an citoyen, il rappelait dans Home déjà cor-
inipiie l'austérité de mœurs et l'aniiquc simpli-
té des Curius, des Fabririus cl des tînrinnalus,
nnctni de la n\ollesse et du luxe, il ne le fut ce—
endanl pas des richesses, et mit eu usage tous
s moyens légitimes d'en acquéiir, afin d'entre-
:nir la splendeur de sa maisou , i;i d'êlre en état
e servir sa pairie sans avoir Lpsoiri de ses bleti-
Marcu
Tu seul
■e ; sa
rs Tordus (;,iti)i
um, ville du U
famille élail
1 , dii le ■
lium, l'an
trés-aurie
(Censeur , naquit
nm','m.Ïs"pl'é!
éienne
:s Ho-
, et sans illuslr;
mains d'anpelei
îiioii. Cl
' hommes
■lair la coulums
nouoeaux ccu<
446 CATON LE CENSEUR.
qui, sortis d^ancétres obscurs, commença
distinguer dans la république. Caton, qu
pas l'avantage de la naissance, songea as
rccommandable par son mérite et par ses
et à devenir la source et le principe de
blesse de sa famille. Il ne porta pas d'aboi
nom de Caton , mais celui de Priscus, el
cause de sa prpfondc sagesse qu'on le
Caton , nom que les Romains donnai
hommes d'une grande expérience , et quic
est passé en proverbe pour désigner un
sage.
Calon passa ses premières années i
terres que son père lui avait laissées près
des Sabins. Un travail continu , une vi(
lui avaient fait un tempérament robuste i
ble de supporter les plus rudes fatigues.
Sa maison de campagne était voisine d
tite métairie qui avait appartenu à Maniu:
Dentatus. Caton allait souvent s'y prom
lorsqu'il considérait la petitesse du chan
simplicité de l'habitation, il ne pouvait
d'admirer ce grand homme , qui , apr
chassé Pyrrhus de lltaiie et obtenu troi;
plies , labourait ce petit champ de ses mai:
rieuses. Mais, uon content d une admira
rile, il se faisait un devoir d'imiler en tout
simplicité de ce grand homme.
Avant de devenir un orateur distingué
Forum., Caton se fit d'abord dans le p;
habitait la réputation d'un avocat plein A
de capacité. Il ne cessa jamais de cultiver
de la parole , qu'il regardait comme le m
plus honorable et le plus sûr de se fai
naître. Il n'exigeait aucun salaire pour le
qu'il plaidait; contept de l'honneur qu'il
rait, c'était par les travaux champêtres et!
çiie qu'il cherchait à s'enrichir. Dès le :
r.ATON LE CF.NSKIIR. 44?
illait au« pclilex villes tles environs dérenilre tie-
rs ni le.t Iribiinaux ceui oui s'adressaient à lui;
Je U il rrvi-nait dans son champ . 'où il travaillsil
ivec ses domc' liijues, el a]nès le ttavail il pjr-
.ageait avec eux un inodesie repas.
ejjoycn romain aus;;) distingua par sa no-
[ileMeei son opulence que par aes talens et ses ver-
lii«, Valerius Flaccus, possédait des terre» Entili-
Euës i la m<^tairie de Calon. U enlendil vanter la
tonalité , l'ordre et l'économie de ce leoue
liomme ; on lui fil en outre les plus grands élogus
ie la modération et de la sagesse ijui brillaient
dans toutes ses actions comme dans ses discours.
Cm détails loi inspirèrent le désir de connaître
celui dont on disait tant de bien*, il l'invitaàsouper.
Depuis ce moment , ayant fonné une liaison par-
liculifre aver lui ,il reconnut dans Calon unegr.i-
viié (le mœurs si au dessus de son âge , une telle
Élévatiiin dVspril el tant de capacité , qu'il lui
persuada d'aller à Rome cL de s'appliquer aux
ftlfaires publi[|ues.
Il n'y fui pas long-temps sans se faire ron-
naîtie; r'étalt alois une coiilunn^ à Il.Jine que
jeimcs gens doués d'-un bon
le moi»
iix diarges , signalas.M'iir
le par une ctbilante dénia
cusatciiis des désordres
leur enirée dans
id.e, eusepor-
co.nmis danl le
Ro'ilin ,
iLPincnl parijiii-lijur illuitri
j<-i:n<' lioinme iiui ti-naitr
méritait en eflel d'c'Ire i
; rilovcn,
ellerouduile.dlt
loué .1,. tous les
toyen ,
■i é-'aiii'r .II- l;i république
il pn-TKiil iiM ni(;,-.R.-ru,.„I
ti-nips qu'il Ira-
snleniirl <r4't|re
rai une
<ii:î;S'|'arl'^:ùlié!"'".'l
on.miiu rlgéné-
prisorinelle ,1e
mrniT 1
un lion
scur (tt
atcuwleor Ufs IjuK-s d'ju
iltic ; rar quand
nul, lui pardon-
i;
44^ CM ON LE CrNSEUB.
iiora'l on s'il faisait le plus légor ccarf du soiillrr
ilroit iJo 1;» justice el de. la ver:ii r* »»Tel!e fui larouk
(juc |Mil Calon , autant pour parvenir aux dignirés
(jiie pour extirper les germes de corruption qui
( Doimenijaient à se développer dans Home. Guidé
)ar cette noble ambition, il ne craignii pas Je
ravjîr lininiitiH dvs citoyens les plus puissans.
j\!a's s^il se fit des ennemis, il s'attira aussi
des p.'irtisans et des amis parmi les hommes les
plus rerommandables de la république : de ce
nombre étaK le fameux Q. Fabius Maximus, qui
par ses sagts lenteurs avait sauvé Home. Ce grand
lioniiiie, dit Cicéron dans son Traiiii de la yieil'
lisse » a\ait une gravité m(51ée de bonté et de po-
» iitesse, et son grand âge ne lui avair rien fait
>i perdre île l'amabilité de son caractère, i* Caton
s'aitarlia particulièrement à Tabius; il Taima et
Cl lui aimé comme s'ils eussent été du mtoe
à^e.
Ce fut sous Fabius Maximus que Caton, à l'âge
de dl\ ncnl ans, fit sa première campagne, Tan de
IloiiK' « j. Ka\\{\ ans après il le suivit au siège de
Tan'ule , et raiinée suivante il servit en Sicile en
(jualiié de tribun légionnaire. Dans ces exjiedi-
tioiîs il rct ue.llii le fruit de la vie fiugale el labo-
licuse (ju il avait menée des sa tendre jeunes>e;
]»lus >oljre (piauiun soldat de Tarmée, les fa-
tigues el les privations ne lui semblaient nuilc-
uuîîl [M'iiiblcs , et le courage avec lequel il les
bi.'j\;ii le lit remaupier de ses chefs. Dans les
iii.iK lies il allait toujours à pied , portait lui-
même ses armes , suivi d'un seul esclave chargé
de ses provisions. Jamais il ne lui témoignait ue
colère ni d'humeur, <]uel«)ue chose qu'il lui ser-
vit pour ses repas; souvent même apics son ser-
vice miliiairc il Taidait à faite son omTage. Sa
iermeté dans les combats n'était pas moins re-
uiarquable; inébranlable à son poste | il portait
tiKrCiV LE CESSEUlt. ^49
inns terribles, inonliait à I (^nneintun viiage
ltaï»lc, le menaçait J'un Ion Jp vois effrayiiH,
ade avec raison que rts moyens 3cces£oira«
louvenl plus d'impression sur lut ([ue l'ëpéa
I lui précenie.
ton fat d'abord élu tribun niililaire en S»-
l'sn de Kome 549 I et enauile envoyé ques-
;n Afn<|ue, sou* le §rand Scipian. Ce gêné'
qui joignail à une verlii solide de« manières
s,_Tivail avec magi)i(icence el di^lriduait
ménagement l'argiriit à srs troupes. L'amlère
Q fut cliOL|ué de CCS piiifiisions , qui leiidAÎent
rer Taiilique sittiplirilé des toldatS) 1"'*% ^
Tiple de leur génàial, arrictaient le litxe et
pyaîent en rUisiis les lichcsses (juH leur
iguaîl' Il çn r>i des reproches à Scipion avec
«nrhise onlinai'e; celui-ci lui répondit qu'il
il pas besoin d'uti questeur austi éronime ,
a'au surplus il devail compte à la république
das sommes qu'il aurait dépcnsi'es, mais des
Au, qu'il aurait fsits. Sur cQt'e réponse ^■9%
te quitta, el , de retour à Home , il se
lit dans lo séuar .i Fabius Ti: viii.us el à _U
)n oppoSfe J Scipinn. Ce j^ii^iiil lionniiu n a-
pas seulemeni pour accus;,! eu rs ceux que
; plus'
jrs respetUbics
ur le maiiiliru ■
■ivs'i-r",
!n"Z
°"jÛ'
vcc.lIroVle ]'u>
e'je
séii^mi
in excessîte in
dulgeucc cuver;
î ses
Iroiipes.
lui rCjTocli.'iii
en onirt; sa co
U|»U.
• inilul-
e pour son limi
teoani Pléiniuiii
s,,jul,
er.\ové
loi à i.orrei,
s'y livrait joui 1
u'Ilc.n
lies plu* inoui.
i. Ci's plaintes ,
qui 1
lerai.iit
sans vrais^mbL
jnce , iiirejit ar
cutllli
esiurle
(. Il nivoya
des coniiijis~aiii
« .h)
■ yps Je
ier U-s faih Mir
Ies]ii.'ux, el de
raniti
■er ScU
si les accusulio
ns «laieiilfonilees. l'o
ur loule
gmt I.
38
9» niucurs. IVu'ii nr ïvmblAil alurs plus
imire, tlil riutar<|ii<t , que de vuir u
fidMc aux aTitiijues uiiagd, cultivir la i
Sri>]ire$ mains , su conlonier d'une
uftalc, tl'uti vétuint'iit simple , d'urit:
modeste , rt aimfr mieux se passer i
que de s'en faire un besoin.
Cependant, comme par relie rond
que par ses accusations multipliées il
vertement la guerre au luxe et à l'excès
, gaiilé de ses concituyi-ns, (Jaton voyai
croître le nombre de ses ennemis ;
(l'avarice son amour pour la simpiic
voyaient que de la dureté dans et» m:
térei; mais tous ceux qui jugeaient sa
rendaient plus de juslîce.
Econome de S6n prupre bien, il i
avare lorsqu'il s'aeisaait de mettre i a
le trésor public. Tant qu'il fut à la t<
inées il ne prit jamais qu'une très pei
des provisions de bouche que l'état i
CATON LE cr.NSEUB. 45i
En,ru^mc liiiips son amour pour la jusiiii;. Les
péleurs qui lavaient précéclt ruioaienl U pay»
m se ruisant fournir dos pavillons , des lits , des
habits, et Voulaient le peuple en traînant A Icuf
mile un corlégi; [lotuliieux d'arnis # de domesti-
ques , et en l'xigcaiit dos sginmci considérables
pour dfs fesiiiis , des jeux et des Ici». Caton, au
Kntr^ire, se distingua par une siiiipllcilé sans
hiemple dans ses babils, sa table et son tkjuipige.
Il ne prit jamais un stul denier du public. Quand
ï visiiail les villes de son gouvernement il allait
^ pied, sans cortège, suivi seuiemeut d'un oITicifr
buUic [|ui lui portait une robe et un vase , pour
^ixe ses libations dans les sacrifices. Cet bommc
H simple , si modeste , si iàcile pour ce qui concer-
nait son service particulier , reprenait l'air gcivc
H majestueux d'un magistrat romain , et se inaa-
Irait d'une fermelé inexorable et d'une ligueur
tnfleiible , quand il s'agissait de réprimer les dé~
hirJres et de maintenir la lionne disciplin
kl lois. Aussi ,
dit PI
ulanpic
', jamais 1
a puissance
romaine navail
paru
à ces
pcupks 11
i si Icn
-iblc
ai si aimable.
Trois aniiiies
anrt"
; Calon
fuL cim
au coi
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lai avec Valcrit
,s V-la
cens ^
et eut ]
Hiur
Jépaîle..ie„i l'I
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i'e.irc. a'v
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, dé-
part pour celle
prov.
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Home
une
.:onteslalio[i Irôi
au su je
1 -le la loi
1 Opple
Cette loi délond;
lit aux
i.mL
roiiiaini^s
d'empli
iiyer
plus d'une ilfii
ll-l)llL-
c .ior
eu bijou.
'T-T
liur
asage , de por
rer J
los llill.
ils de di
eurs, et de so
lllOllll
ut:. Il
1 mille
l>;is
i la ronde dan^
har ail.
l'Ie de elle
vaux s
n'était à l'occasi.
<>[> di-
S».Kuil
ces public
s; elle :
ivait
^té portée par !■
i- Iriln
a» (1,.,
le eoLi..
i.ibt
aeg.F.biosel
de 1'
. S
roi. lus, di
uis le le
uips
que le^ ravap^s
d;A,
.nibal .
i'p:iudaiei
it la mi
^.:)2 CATON LE CKNSEIB.
l li'pir Dyiiiit cessé, on cri:l qut; cotle loi nVtaie
j lus »l<» s.iisoii, c\ cju'on |)0uvait Tabroger sans
( i);isr(|'.MMKo. (^aton , toujours fidèli! h son projet
il\»xilr[Hr 1(* luxe, fut d'un avis contraire , et dê-
]^lî)v.i t oui os Ift ressources de son élo{|uerir.e pour
iiuitiii u\v iiii:* loi si favorable à ses vues ; niais il
ii(* rcLisslr pis. Ce fut à celle oc^.asion que, se
Til.ùi>njnl avec force du dangereux ascendant que
11*, ff Mimes prenaient à Rome, il prononça ces pa-
roles, (pie I lularijue nous a conservées : « Tous
w les hommes ont autorité sur leurs femmes ; nous
M Loinernons tous les hommes, et nos femmes
9* nous maîli'isoiit ! »
llsitré en lîspagne à la tc^te d'une armée peu
nombreuse, 11 commençait à soumeître par ses
^niiivs une partie des nations rebelles, et attirait
les v'inlics p.tr la persuasion, lorsqu'il fui tout à
< ni;;> ussailh par une armée de barbares , dont la
3' jliilijde lui fit craindre pour ses léG[ions. Les
♦..eiiilx riens eîant venus, ilans celte conjoncture
( mb.'irFnssante , lui offrir leur secours, moyen-
n«îit une somme de deux cents talens , fou» ses
ni'.i( i(Ts re^^ardaieul comme Indigne des liomains
<l\ich( 1er à prix d'argent ^alliance des bar-
boires : " Co marché , leur dit Caton , n'est pas si
>■ jiê<;'îion(»rant que vous le pensez; car si nous
»' u'Hiporlons la victoire nous paierons 'avec
« r.n;,» ni i\cs ennemis, et si nous sommes vain-
»• (US ni ceux cpii exigent cette somme ni ceux
« à qui on \a d; mande n'existeront pins. »»
(I ava.i (l.'ibli son camp non loin d'Ëmpones
( ville m irlllme de (lalologne), et de là il ne ces-
Sc:il 'h> iiiKe'er les Ks[)agnols dans des combats
parti iili(Ms, où l'avaniage lui demeuraii toujours;
enfid , vo^ajil que ses ennemis, découragés, n'o-
2>aie.:l pln^ Sortir de leurs reiranchcniens , Caloa
lé.'.i) ut (ie les torcer à une action décisive. Pair
une marche sayanîe il se porta sur les dcrrièr€l
de Ipur caiDp, et leur présenta le c<>ml>ar .ivanl
qu'ils se douiassenl de son ap|iruclic; (nais bienldl,
fenh ilf leur snrprisp, iU (]is|Tui^rpni Irjng-iBmps
W virloire, qui en («1 d'acLint plus glfirieiise k
Caton ; phis de trenlp mille des IcTirs resiéicnl jur
fe chainti (le b.itaUlc. Ce succèi érialant enrratua
fa spumission de inna les peuple ijni pViaieni ré-
cités , ellorsc|iie Calon arriva à Tarrngone tonle
la iiartie de ri'spagtie , sîtni'r en-deçà de l'Ebre ,
^1 BTipetée par reilc laison dlérieure, paiaissait
Mlîèremcnt piicîËée.
' Mais cette iranqndl'iK* ne fut pas Je longue
3tirée , car plusieur» netiples . après 9"#ire soumis,
ïfprireni les armes d^s que le'eonsnl fut ^loigni*.
Calon , craignant que les :i!itres ne suivissent leur
fesemple, prit Ipp.iriii}edès3rmer(ruales Ënpagnnls
fn-der.â derii'jre, et fit raser en un seul jrmr Ici
'înurailles de leurs villes , pour leur fller loul
teoyen de se révolter de ih
(aneps.
Ouire le bulin considéra
avaient fait en diverses r.-n.
niveau ; itiesiire e>
(idée p.ir les drcon;
Ide que ses soldai
-onircs, il leur dis
triljua par li^f une livre peîn
S3nt(]n'il valait mieux les voii
î^'rt!'"^"L'ii!'vi;'r;;n
>. saii-il , .l'.e je IjUrie rvx
!iii d'arge:.t(0, di
r s'en reloiirniT li>u
i.mhreavecde Toi
: " CcnVsl p.«, di
qui profiictil de" ce
j. que de riclio.',' aver les [\
[>iirs (;ens de bien
NS npJlens, KdVi
> Sjn content ilc s
(i) Euviion ^uauc-vÎDgi-dîjL fu
des gi'nëraux , qui , moins suidés par 1
la vertu que par celui de la gloire,
plulûl obtenu les distinctions auxquelle
raient, qu'ils renoncent aux aiTaires ,
le reste Je leurs jours dans l'oisiveté i
délires. Calon , au contraire , parvenu i
de la gloire , montra toujours la mêm
et n'aUMidonaa jamais l'exercice de la '
service de sa patrie ; et ainsi , deux an
son triomphe , il alla en qualiié de
consulaire faire la guerre en Tlirace
Danube. Il accompagna ensuite, comi
militaire , le consul Manius Acilius, qi
Grèce cumbaltre Antiochui , le grai
Syrie, le plus redoutable ennemi des
après Annibal. Ce | rince, glorieux di
2uétes en Asie , enflé Je ses succès
lire la guerre aux Komaiiis, comme
ennemis dignes de lui. Les Romains di
n'étaient pas fâchés île. s'opposer aux ç
la puissance de ce prince. On chercha
<^t d'aulre des préteulcs pour en venir ai
Autiochus donna le .signal des husiilil
Irant dans la Grèce à la léte d'une arm^
CATON LE CENSEUR. 4^.
peu nombreuse, parce (ju'il avait trop
é sur les secours des Grecs , ne vit d'autrâ
rce que de se retrancher dans le dérdé des
iO[>yles , que h nature a rendu presque iiu-
ible. Il s'y tint Tort Iranquillc , persuadé
vait fermé de ce côlé loin accès aux Ho-
, qui eux-mêmes dése^ripraient de pouvoir
er. C'est dans celle occasion que b lecture
itoire (ut d'une grande utilité à Catoo. Il se
.t du détour qu'avaient fait aulrefuis tes
pour entrer par là dans la Grèce, rappela
irconstanre au consul Manius Acilius , et
rgca d'aller surprendre Anlîaclius par ce
n. Il sorlit du camp pendant la nuit i la
une pariii' de l'armée, el, bravant tous les
, il parviiii à la pointe du jour sur leshau-
]ui dominaient le camp d'Autiorhus, alta-
1 corps d'Kloliens qui les gardaient, les dis-
et les força de gagner leur camp , qu'ils
irent de trouble ft d'épouvante. Eu même
Maaius, au bas desmonlagnes, donna l'as-
rec toutes ses lrou|ies aux relrancbemens
ochus , et les einporra. La déroule des Sy-
Jl coiiigdéto ; ils furent tnus laillés en pièces,
série Je cinq ci:iils caviiliers , avec lesquels
grièvement blessé, su sauva à Chalris.
fui le succès de la fameuse balallle des
lofiyles, qui Duviit. aux Utimains le chemin
sie. C'est à Galon que l'on doit prluclpaU-
attnbuer l'hoinitior de celle vi( loire. Au
de l'a,
ssé , et ,
ort de sa joie,
,1 le lO.l!
„! le
„n°ëe'°°''cl!,™Ç'
n prési-nie
J,' 1
du'caro.
çiue
1. Le
^-'irn'le pc° pk
compenser digne-
' nO(n de Calon
lï, bouci,
!.,.o;iu .11-
li'va
el tous ceux qui
leur avec laquelle
et diaigé
les ennemis , eooûr-
^TiG CKTOM LE ClNiErH.
niaient par leurs ditcours l'clogc »jur vetliît dt'
lui donner Aciltua. i
Le consul envoya Caion lui-tn^e à EUtillA'
pDrl?r la nouvf ll« îli; b vicloîrc, ay^nt soin.
mai(|iipr dans ses dcfiêchi's , pn tonnes rtH-rgioii
l» (lart ctinsitlrrable ijue Ciliin y avKÎl eup 11
beau pour un géiici.il de rendre ainsi juilii-'f
mérite de ses officiers, c\ de ne point rhcrcUefi
Irur dérober leiir gluire. L'arrivée de Caton ti
flit Itrtme d'une joie d'autant plus vivu , qi
on avait forioment appréhendé te» lutli^s jl'ui
guiTrt! nonire un rui au»i puUsani qu'Anbi
chus.
La journ^d des Thermapylcs fut le terme île)
travaui militaires de Caton. Oontem de U glnÎN
qu'il s'était acquise dans les aunes, il ne «dngU
plus qu'à veillL'raiirn;iîntien desm<rurs|>HhU>|ur*;
honora!>lEmission,â bqtirlle il se détona touteu
vie, t)ii ne le voyait pas briguer s^ds cesi* !■«
dignilPj, mais, toujours appliqué a relever les pf
varicalions Je ceux qui en étiieut revêtus >l tttf
Çiit en quelfi'ie sorte une magistritiure per;»*^
tiie!le;i] semblait qu'il fill né pour tUe. lu lléitt
(les mauvais cîloyens.
Dix ans aprù son consn'al Caton brigua 'U
censure , l'an do Ri.ne SlîH. Cene cliarge était I
Rome la dignité la plus honorable, «I celle ^
il.illail le plus l'atnbition des citnyens. Outre 1*
prépondérance qu'elle donnait dans le gouverner
elle assurait à ceux qui en étaient rtréloalt
tde;
des I
1 de U
: la cou» ^_
:iiliers indistinciement (i^.ConMM
le aénat veillait sur le peuple , les censeurs at»?
les yeux sur (e peuple et sur le sénat ; il fallaî
rétablissent dans la répuhtti^iie tout ce qi
LE CENSE nu. 4^7
^é forruinpi), (|ti'iU notassent la tiédeur, ju-
^sscnt les négligences , etcorrigeassi'Rt Icsfautfi
^aiBme les lois puniasaienl les crimej. Tout ce
ifui pouvait in tru du ire des nouveautés dangereuse:',
changer le cœur et l'esprit des ciloyeni , était ré-
Formé par les censeurs. Ils faisaient tous let cinq
ans le dénombrement des citoyens, et recréaient
pour ainsi dire le corps du peuple. Ils pouvaient
chasser du sénat qui ils vouUieni , Aler à un che-
valier le cheval qui lui était eutrelenu par le pu-
blic , inettrc un ciioyen dans une autre tribu*
et nifime parmi rftux (]\ii payaient les charges de
b cilé, sans en avoir les privilèges.
Cicéron nous faitconnaître d'une manière bicB
iner;>ique toute l'étendue du pouvoir et toute
l'ntililé deceitemagistraiureî'iTiberius Gracchua^
,■ censeur, transféra, dit-il, les alfrancbia dans les tri-
• basdela ville, non par la force de sou éloqucn-
a ce , mais par une (larole, parun geste; et s'il ne
> l'eût pas fait, cette république, ({u'aujourd'hut
• nous soutenons k ^eine , n'exisierait plus. ■
Les rensi'iirs m- devaii'nl point êlre n'chcrchés
sar let choses qu'ils avaient faites pendant leur
censure ; on pouvait laire rendre i tons tes ma-
Îistrals raison di: leur conduite, à l'exception
Un grand nombre de citoyens des première*
familles de Hume , cinq patriciens et quatri' plé-
béiens s'étaient mis sur le» rangs en mPme temps
que Calon pour briguer celle année là la cenifu
re; quelque illustre que fil I la naissaiice des un.-.
*t des autres , il n'y en av.iit aucun qui fût digne
deluiérreconipjré; Caton les effaçait In us par son
mérite. ÎMais leur brigue était bien puissante : les
patriciens, qui s'étnieut constamment déclariii
contre lui , n'avaient pas manqué de se réunir
encore; ils ii'ç; ardaient comme un affront pour i,i
Bolilesse qrte des î;eus d'une naissant'C obsn;^'.'
3i»,r (; ' 3o
j>.ii viu.vsrnl nu plus li.jul «Icgrô <i*)ionnrur (M dr
|)in.s*^an('r ; d'autres, (|ui vîv.'ii(*nt dans le* luxe et
dans la inollrs'r, (|iii avainit à so reprochfr iiiic
roihluiir (l«'»n'**;li"0 rt (1rs nirrnr.s rorrornpurs , rr-
rloulaiciit rau.strrllr (Tun cmsfMir qui passait p' iir
le p;iriis.Mi le |)1us zélé de rânh(|ue sîfiiplic:ilii
roinaiut'.
'r.iiidis que tous «oh rDriiprlitoiirs employaient
jc^ (l.ilhMJi'K v\ It'K rairNScvs pour g-i^nrr 1rs siil-
rr;ijL;rs du pcnpl'* , (lalnn n'opposait ;i leurs in-
tii^u(*s (pie sa vertu. Il païut dans la place pii-
ldi*|ue d'un air pie.s(pie ]i>i>naf;aiit , ciiant (|iie li*
pi:n|tlt> ('tail ((imiiie un malade qui a hesoin (1rs
f enièdes les plus vi(d(Mis ; (pi'il fallait choisir,
i)0(i riioinine le plus doux et le plus indulgent ,
mais le plus sévère et le plus inexorable, (a* lut
alo"^ (pie le peuple romain (it preuve d'une v<'ri-
talde grandeur ilMnie, et se montra dii^no d'avoir
cJrsi^iaTids lioiiîmes pour le f»ouverner. Il rejeta
les ( onipelileurs (pli paraissaient si disno5(Vs à lui
( oinpl.iire en tout , et , loin de redouter i^inflexibl-
lilé lie (ialon, il Télut censeur d'une voix uiia-
rilrne , et lui diinna pour rolli'gue Lucius Vale-
lins Ma((ns,(pril avait demandé et prescjie exigé.
l/ouv( rlurr de Texeieice de la censure excita
U'M '^i.iinle allenle, nu^'lee de crainte pour plii-
.sirms. I.a prrmi('re chose (]ne fit (laton ce fut de ijj
iiouMiiei priiue du sénat son c(dl^gne et son arni j
\ ;d;i lus. Ils privèrent de leur dignité sept des I
s/'ii tit'iiis , ftarmi lesquels il y 'en avait un uon J
•n'iiiis illn^^hc par sa naissance que par les charges 1
h»»ii<»r.ddrs (pi'il avait exercises; c/élait L. (.Juin- '-
tiMi i'I.iiiiinius ^ personnage consulaire, et frère
(h- rrl'ii (|iii .iv.iit \airicu IMiilipfie, roi de M.irt»-
doiiie. \ ('ici rpielle fui la laison de celle (letiis-
Miic. M.iiuinius, pendant (ju^il coirrorMidait eo
riaiiic (Il (pi.'dite de corisid, s^ctait souille d^iiiif
«Tii.'iiié aussi atroce (pi'inutlie , an milieu crunc
l^*.>rtj<' (le il« l^auilttt. Cité devant le tribunal des
CATON Lt. CENSEUR. 4^9
Mn«r>iirf , Il ois d'abord le fait ; mais Ca'on
lui ileft-ra le »erinfnt; il n'osa pjs^er nul.e, Uni
la religion du serment était encore respfciée
chez Les Hamains.
' Le grand dessein de Caton , et il était bien
Signe de lui s'il avait pu y réussir, c'était d'ei-
lirper entièrement le luie , (ju'il regardait comme
devant un jour causer la ruine de la républitjuc.
II ne pouvait pai l'allaquer de vive Coi ce, car ce
(Odt funeste avait gagne tous les ordres de l'état ;
■■ ressnurce unique élail de lui porter des coups
indirects, et d'essayer de le faire tomber par des
nesures détouruces.
Arant Caion les meubles, les équipages, les
lub'tls, la toilette des femmes, n'entraient pas'
dans reitimaiio n que devaient faire les censeurs de»
feïana de cba<[ue citoyen ; mais sentant que c'est
['d«BS ce$ objets mie le luxe a surtout l'occasion de
( it déployer , il les y comprit. On peut voir dam
llHuIarquc le mode que Caton iotrodubit pour
l^révaluatinn de_^ce nouvel impât. Nous ne savons
pas à quel l'o'ul ri^ilc meîuie lut un cprni'-,le olfi-
toujours est il rpiVIlf était pli'ine de sagi'ssc. Il est
encore ciTtain qu'elle attira de nouviMin en-
nemis à Caton, car, cnniiiLC l'observe j d il icieu sè-
ment Plutaïqiic , la plupart des honiiiii's croi'-nt
tju'on leur cui^vc leurs richesses quand on les eni-
pîcbe i\p les mo^ilrcr; ils ne les étalent j.imaiï
que dans le su|)ei'lluj i^t non dans les cboses né-
cessaires.
Caton, peu «enslble à toutes les clameurs qu'ex-
citaient se-i ri'loi iiii's , demeura toujours ferme et
îitébra niable. Il parait néanmoins que le i>euple ,
nialgié toutes les conlraibrlions dei{;rai!<ls et des
riches, ajiplaudit généralement à laniani'-re dont
il s'ari|iui!a de sa censure , car il luîéiigea mut
sldtue dajis le temple de la Santé, et fil graver au
46o CATON LE CENSEUR.
bas une inscription qui , sans rappeler les ex]
||;uerriers ni les triomphes de Caton , ne cool
que ces mots : A Vhonneur de Caton , pour a
par de salutaires ordonnances , par des institi
et des riglemens sages , relevé pendant sa cen
la république romaine , tfue t altération des n
avait fait pencher vers sa décadence. Jusque
peuple ne lui avait point encore décerné un [
honneur; et coninne peu de temps anpar;
quelqu'un lui avait témoigné son étonnenient
qu^on ne lui a^ait pas érigé de statue, tandi
beaucoup de gens sans mérite et sans
avaient obtenu celte distinction, « J'aime 1
» coup mieux, répondit-il , qu'on demande |
» quoi on n'a pas érigé de statue à Caton
» pourquoi on lui en a érigé. »
Depuis ce temps il n'exerça plus les preir
magistratures ; cependant le reste de sa vie n
pas moins consacré à l'état. Il eut cela de <
mun avec Aristide et Epaminondas, qui ne
sèrent jamais dMtre utiles à leur patrie , bien <
ne furent pas souvent Aevés aux dignités, i
voyait assidu aux assemblées du peuple <
sénat, prendre souvent la parole, et dk^p
loulo Ténergie de son caractère toutes les foi
roccasion )c demandait. Sa sagesse , son éloqi
et sa vieillesse lui avaient acquis une si gi
autorité , que dans les conjonctures critiqu
sénat tenait les yeux attachés sur lui, comme
la tempête , dit Plutarquc, les passagers les tiei
i}xv.s sur le pilote ; souvent aussi dans son ah
011 remettait jusqu'à son retour les affairi
plus importantes.
Il arrivait néanmoins qnelquefois qne le p
et le sénat ne se montraient pas auâsi dispc
suivre ses avis :mais ni la froidtfur avec laque]
récontait, ni les clameurs de la multitude n^é
cmpables de décontenancer ni de réduire au si
CATON LE CENSEUR. ^Gl
i citoyen. Doué d'une force de poumons
i la vigueur de son 3me, il ne cessait de pai-
u\aà ce qu'il eût convaincu ses auditeurs cl
la bouche à ses adversaires. C'est ainsi (]ub,
ë la plus vive opposiiion, il conlriliua besu-
l'an de Home S-jH, ^ faire passer h loi Vo-
une, ({iii défendait à tout citoyen romaia
iluer une femme son hérilièe.Aulu-GelIc cite
Lginent de la harangue iju'il prononça dans
me orcaiion. Fidèle k ses {irincipes anstèrei ,
I, en empêchant tes femmes de succéder, von*
évenir les causes du lune, comme en prenant
iense de la lai Oppienne il avait voulu arrë~
hixe niêmc.
nAme Anlu-Gelle nous a conservé im discour»
tti>nprononçaqucl(]ues»nnée^ après en faveur
.hodiens. Ce peuple avait envoyé des ambas-
rs a iiome pour implorer la clémence du
vivement irrilé des inieUigencesq>i'i1s avaient
«nues avec IVrsée, roi de Macédoine. Il, se-
■op long de ciier quelque fragmenl de celle
goe, aussi vemsrtjuable par la forre el la so-
dés pensées oiie ps: l'éiiergle du style; mais
:aît pai iniliilercnl de mp-^nrler rcllecircons-
, (p. i -prouve (ive ia sévétiie Je Calon savait
iicir lorsqu'il s'agissait de plaider la cause de
lanité. Au reste, quelque peu disposé que fût
at à faire grâce aux Khodlens, il ne fut pas
aux représentations d'un sénateur aussi grave
si respecté : Rhodes fui épargnée ; on se con-
seulemcnt de la piivcr de quelques villes dans
:.ie et dan^ la Carie , qu'elle lenait de la libéi-
de Ito-ne.
ton eul encore le bonheur de rendre un ser-
lu m^ne genre aux Achéens. Depuis la dé-
le Persée, les Romains dominaient sur loulc
èce ; mais dans l'asseivitseAicnt général, la
achéenni; était encore ansfi puissante pour
Ml' "^^^^^^^^^^^^^
A
46a CATOW lE rBNSïir*r
k-m Jonnpr de l'ombrage ; noanmoin» Xr,n~
parcnne de ratnitiii gubabiaii cMrf Hoinc ci Im
At'IiéPM -. Ct'ï rfpmier» ai-^ient vnkmt pris part ^ la
guêtre contre IVr«i^i>. Mxis A m-ine ftit-rlle lei'mi*
nei-, (]iic 1rs l^ofnains leur rKc-itl ortlonnPr p*r
Iviir pr^leurCsIlicraie.eiHi^rcmi'nl vendu aux in-
tcri'ls de Rome, Je cniidamner à mort mille i-i-
Ifiyeiiï qn'An^r-ur désignpriiil, ei i|iii avaiptit cn-
iri'tùiiu des intplligrnrMavef 1p mi vaincu. Ëiivain
les Ai:hicn8 rirfiis-iifiil île condflmiUT les acculés
sans lesciileiidre*, res malheiireii)!, au nombre di^J-
tjiicls (iMil l'biitlurion l'oiybe, fufenl arrPl^,coii-
duiiï â Home, cl dispentx daim ililiTt-renie) bour-
gades de rhalic-. Leur tnalhcur 3v;iit diiié diic-t<-pl
ans , et déjà , 8ur mille qu'iU élairnl , pliti de sept
cei)is avaI«iU {léri de chagrin ou de misère. Lifur
fnrorliJiie n'aurait pas eu daiiire terme ^oc wliii
de kurs jour», si l'olybe ne l'avaii partagée. Sci-
pîiiii Kinilien, ipii l'avait e« nour prik-^plenr , rtsit
devenu son ami. Il demanda 1» dtliviancc deim^
luuriuM A[;bi-eii»; sa demande enfila de vivesi^
leslalions dans le sétul, et aurait [leul-éuc «W
sans efïet si Cslon ne l'avaii soutenue; « A i>o«*;
> voir, dit-il, disputer ioul un jour pour »*«t'
» si ijiielt|ues [liiuvres vieilbrdi df'ce^iii'a mTOBB
* enlcrré« par no» fossnvRurs ou par v^iix de iMC
« p;iirie,neacinblerait-ilp4xi]urimux n'avotisficD
" à feirei' " Il ne fallut (lueeeltcpIsisBul^rie pou»
faire lionle au sénat de sa longue opiniâircté, M
ptjup le déterminer à renvoyer eiifirrles Aeb'~""
dans le PéloponèscPulybc aurait encore >oi '
t^u'on les rétablît dans les bnni^trurset danxl
gnilës qu'ils avaient avant leur bannîsïi'TiK-nl
avant duprësenterier^uHJeaii sénat il crut
pressentir CaLoii, ctui lui dit en snunanl ; s '
» u'imiii'z.paa, Polvbe. li sa{;es!># il'Ulyuei
» vouteK rcnlTL'r dan^ l'ai>tre du cyelopt
m (jui'Ujucs ijrdes ijttc vous y a^e7: loissets. t
C>TOÎI LE CENSEUR. 4^^
Ai:héens proGlèrent de l'avis, et se haièrenl de re-
tourner dans leurs foyers.
Un voit, par les deux saillies que nous venam de
Cliei-, que Caton savait très-bien manier la plai-
lauterie. On cite enCDiit de lui d'autres mots fort
lieureax. Les Komalus avaieut député vers le roi
ie Bilhynie trois ambassadeurs, dont l'un avait
les pieds perdus par la eouttc, l'autre un grand
Vida au crâne par suite J'un« blessure, ei le Iroi-
tiéine passait pour fou. Il dit •• que Rome avait
1 envo\é une ambassade qui n'avait ni pieds, ni
» cervelle, ni si^ns. »
Ainsi dans Oaton l'âge ne semblait en rien di-
tbînuer l'acliviié ni ralentir l'ardeur pour le bien
pablic : n La vieillesse, disait-il sguveni, est assea
»> hideuse par elle-même , sans y ajouter encnre
f la difToniiité du vice. " FidèU à sa maxime, on
le voyait embcllii' la sienne par i'eiercice constant
4' ta vertu; seulement on pouvait lui reprocher de
la pousser quelipiefuis jusqu'à l'excès. C'est cette ri>
gidïté de principes qui lui lit voir avec chagrin 1«
goûL de la philosophie s'introduire à Rome. Une
ambassade d'Albctiesy élait venue pour négocier
une affaire particulière. Les ambassadeurs étalent
trois célèbres philosophes; Carnéade, de la secte
académique; Diogène, de la secte sloïque, etCri-
t"olaus,péripaléiitien. Ils furent à peine arrivés, que
tous \ti jeunes Romains qui avaient du goût pour
les lettres se firent un honneur et un plaisir d'aller
lés voir et les enii'ndre. Carnéade surtout, qui joi-
gnait à la force de son éloquence beaucoup de gr^e
et de délicatesse, voyait cnaijuc jour augmenter le
nombre et l'empressenienl de ses auditeurs ; toute
la ville retcnlisiait do ses louanges ; chacun répé-
tait ses discours, et déjà un sénateur h's avait tra-
duits en latin. Au milieu de cet enthousiasme gé-
néral, CatoJi lui seul gardait nue contenance sé-
Nere; il crji;iouii ijuc b ji^unesje romaine, tournant
464 CATON LE CENSEUR.
vers l'riude de la littérature grerqiie foute son
finiilalioii, ne préférât la gloire àc. bien parlera
iA\v Je bien f.iire: «llàtons-noiis de décider l'af-
»» iiùie des Alhénirns, ne cessait-il de répéter lu
» Mîiial, et renveyons au plutôt ces discoureurs
»» rap«'d)les de persuader tout ce qu'ils veulent, j
>• Oi/ils retournent à leurs écoles pour y instruire
» les enfans des Grecs; mais que les enfans des
» Romains n'écoutent ici qoe les lois et les ma-
>» pistrats. » Ce n'était pas par une inimitié persoo-
nello contre Carnéade ou ses collégnc» que Calon
Ïiail.iil ainsi, mais parce qu^en général il méprisait
a ])hilosopliie et. la littérature grecque; il portait
niOme si loin ce mépris, qu'il défendit expressé-
mrnt à son fils de s*en occuper: a C'en est fait de
»» llorne, lui disait-il souvent avec vivacité, si ja-
" lîiais ses citoyens cmbrnsst»nl les doctrines delà
^ Grèce. » L'empressement des jeunes Romains
po'.ir les discours de ces f^hilosophes pouvait éire
excessif, et dans ce cas Caton aurait eu raison de
demander que Ton modérât cette ardeur; mab il
avait tort de vouloir proscrire toute étude delà
philosophie. La bonne, la véritable philosophie,
est aussi utile aux partirnlicrs et aux états que
pt»ul leur être nuisible celle qui n'a que des dehors
trompeurs ou qui s'occupe de questions frivoles et
dangereuses.
C'est sans doute k cau^^e de cet éloî^ement de
Caton pour les disciplines grecques quePlutarque,
qui n'est pas toujours exempt d'une certaine par-
tialité, juge très-sévèrement la conduite privée
«l'un homme si admirable dans sa vie publique.
Cet historien , qui a écrit tant de traités philoso-
phiques, et qui se fais.iit une gloire d'être le suc-
cesseur de ces rhéteprs qu'avait dédnignés cet au.s-
tvîrc Uomain, ne devait y>as ^tre très flatté d'avoir
contre leur profession une autorité aussi imp#>-
^anle. ]N[ous ne nous aitaclierou.*^ pas à di^cutrt rt
(.AT ON LE CENSEUR, ^fy5
éscnter tous un jour moini dcfavurable dei
lU Je la vie privée de Caton, qu'il se plat[ &
icersous un jour tout à fait désavanU^Piix è
lémoire de ce ^rand homme; ces particulari-
lous ont semblé peu compatibles btit U di-
i de l'hi^luire. Mnis nous ne passmins pas
silence le reproche d'avariée que lui (^fil ce
raplie, parrc i|ue, dit-il en substance, vers la
le avs jours (lalon s'occupa moins de la cul-
dvn terres pour placer son argent d'une ma-
c pluH silre et moins sujette à varier, en aclie-
Jes pilturaffes , des bois, des étan;;! et dei
PS, etc. A moins mie d'avoir une pbilosophie
chagrine, il est dilficile de voir dans tout cl'Ui
aorilide avarice. lilsl'On blâmable pgur cher—
à augmeuTerson revenu par des moyens hon-
s. surtout lorsiiue ce soin ne vous empêche
le servir sa palnei* C'est riiidustrie des pani-
ers qui failli prospérité des étals. Plularque
nénage pas plus Caton au sujet de future tua-
U, qui lut pour cet habile économe une suurce
ildanlc lie ricliesscs. Il est ceprndaiil f.irilc <le
que relie eipi'ci; d'usure, fniidi'e sur une spé-
tion commerciale, est bien loin d ;iv,iit b' ca-
âre'ocliciK de celle qui résulte d'un simple
, et qiii met eu quelque sorie l'indigent à la
ci d'un avide crc.mcier. Loin d'iivoir les senii-
is que l'IuUrque lui prl^le, Calon av.iîi lant
jireiir pour celle praiique bonicusi', que quel-
lu lui demaudanl uujuur: ■ Que prn<:rz vous
e l'usnre?" il répondit avec indig;nalion : •• F.t
lie peiil on penser de rii-micideP - Ce mol
s 3 été roTiser vé i>ar Cici^ron , qui . presque cou-
porain de n'i illustre renscur, devait mieux le
ionimi'ii' d'iiilleurs (^iton aurait-il pu roncilier
■ I.inl d .Tvarite un désintéressement qui lui fil
ours nujjli^ci' les uucatioiis léj^ilSmes de s'en-
qu'il admirait le plus dans Socrale, c'él
criir et la complaisance «ju'il avait touji
tréfs envers une femme acariâtre. JaiD:i
porla plus loin la tendresse pour ses en
(ju'il eut de son premier mariage lui él;
ipi'il voulut parrager avec sa femme le
si'iiis prodigués à son enfance ; l'affjî
pressée , à moins qu'elle ne regardât la n
11 élait pas capable de l'arracher i celle
cuipation. 11 put se dire doulilenienl le
(ils chéri, puis^u'outre la nalisance il
l'édirration , dont il ne voulut confier l
à personne. Ce fat lui-même qiu l'inst
les lettres , qui fut son guide dansTétad
et son maflre pour les exercices du ci
enseij>n3 à combattre loul armé, à moi
val, à lancer le javelot, à supporter le
rios des saisons , et à traverser à la nage
le plus rapide. Il s'était donné la peint
crirc pour lui , de sa propre main , et
Ictli'i-s , les plus beaux traits de Ubïstoir
Il s'abstenait de prononcer en 53 présenc
Mlle qui aurait pu blesser le plus lé^rei
CATON LE CENSEUR. 4^>7
éa scfoiid Scipîon rAfricaîn, et ce fut autani à
son mi'rite qu'à la rcputalion de son père qu'il dut
tine allniice aussi honorable. Il mourtil quelnues
années agni, laissant des cnfans en bai S^e , Van
de Rnmc Sgf). Catiiti fut fort sensible à la perte
d'un fils qm faisait la gloire de ses vieux jours;
mais cependant il supporta ce malheur avec loule
la fermeiif d'un philosophe, et ne s'cn'montra pas
HR seul momeiii moins appliqué nux affaires de U
rt^publlniie. Il lui fil des funérailles modestes, tau-
jours eniit-mi d'une vaine pompe et des dépense*
(«snieii'^cs t|ui n'ont aucune utilité,
- Le diTiiier des ac.les politiques do Calon fut de
faire dpciJer la Iroisicme guerre punique , qui eut
E3ur objet et pour terme la ruine de Carlhagn.
es Carthaginois, contre la foi du dernier traité ,
avaient équipé et armé en guerre un grand num-
bre de vaisseaux ; ils étaient sortis de li'urs ffon-
âères pnur attaquer Masinissa, roi de NtimiJIe ,
^i avait éie de tout temps t'am.i du peuple ro-
main ; enfin iU avaieni rrfusé l'entrée de U'ur ville
i Gulussa et Micipsa, fils de ce prince, CDuduiis
par des ambassadeurs romalns,uueniéine ilsavjient
[nsuhés. Caton était de cette amb.nssadei il éialt
chargé, ainsi que ses collègues, d'examiner les
différeiis griefs des deux partis. Ceux que Masi-
nissa aliéRuail contre Carthage éiaicnt vrais à cer-
tains ei^ard'i-, mais il est bon d'observer que cette
ville n'av.iit pris les armes contre le roi de Nnmi-
diequ'.iprcs une espi'ce de déni de juslire de la
part des Romains. Knme se poriail pour arbitre
souveraine entre tous les peuples ; elle leur devait
une justice égale, N aurai! elle pas dû avoir égard
auxpiainles réitérées que lesCarthaginois lui adres-
saient depuis long-temps au sujet des invasions de
Masinissai' Lesdépulés mêmes qu'elle venait d'en-
vojei' alors avaient pour instructions secrètes de
468 CATON LE CETtSEUB.
f ilt ej le tcmpi n^c(^s^aîre pour consfimirtf r «« m-
ttepriiei. Ainsi l'on fwul ilire (|iie la manière v\,i-
Unir ilnntlapopuUce ilcCartliaeo avait lr:)ili!Sd-
pion Nati(;>, l'un livt inil>MxaAeuvt,Vèlaii na
auelqur sorte qu'une reiiri^xaillr^rhuiilrdet ^ol]^■
OH et ;>erfiilM ini'aées îles Romatna. Quoi iiu'il m
anil , it> finirrnt par refuser de no suunieltre À U
dvi'iiiun (l'arbllrei rloiil iU avaient uni (ir. raîionl
De ri'iour i Uomc, Calon, lrouv;)Ql les eiprili
cxli.''ini^meiit aigris conlip Carttv>IÎCi p'ofila Jo
uiK* iliK;>ositi(in |H>iir engiiger xea cunciloycriii ila
giiirre tontro une viHk c(tie sr» tlcwsire* avaicnisi
pfii hum'liéc;. » LrsftitenTs i\<ic Ii*s Caritiaeinnii
- ont s'iiiienues contre l<-s Ituniains, ilisaitïl, \tt
<• onl iilti'Ac aguerri* qu'alfailili»; relie i|h'iIii r>>'it
« au* ^ll^]i(lel n'es! quête pn^lui3ei}emn1rf)>rûiei
» i]\i\U iit<!'Jilcni coniie nou». Iti<*ti ti'esl impow-
» l>tr k tfur auUncc. Je iii'tltrniLis, eu erilrant
" dan% Ciirlhage, i la ir()u\cf d^ai IVial oli rm
11 vi('ioirrs Vaviient réduite, r'eJH i dire é{Htj<rf
» dliominrâ c-i ilaifioiil ; jf 1 ai vu« au cnrtiriin
" piupW d'une j '^lues&c floiistame, rcg-rseaill
H d'iT cl irargriil, ,<iiiiivue de toute larlpâ'ar*
■ mes VI lie nt'mil'iini, pU'iiie de ci'nCdncixIan
" tuutes ses ressouicri, «i iiuunia>aiil le» phil
" haines espdraiires. Les traites de (uiix 1rs }ilu
» solenneU ne notit pour elle tjue de tiniplea tua>-
•■ pensi'ins JVmes pour Mlleuilre upe orcaiicM
" ^«^o^;lllIe. Romains, il (aul pn' venir »e» ilcstein
» AiiilarieiiN; il iaul ili'iruire CaMliug*. •■ En ôi-
s,ifil ( et mois il )ei» au milieu du sejiai des fipiet
d'Alri(|ue qu'il avait danf le pan de. sa robe.
(Inoime les séiiaieun adnùraienl. lu beauli^ «t U
grosseur de CCI fruits," La lert c cjui les pMxJuit n'eil
>i au A trois journées de Roni«, dii-ir, telle eU U
>• tlisl.inrc (|ui noui sépare lie l'ennemi. « Depoi*
oc Icnip3,r|udle (|i)e fiàl l'ailjitc «lise en deliliera-
CATON I.e CENSEUR, /jf-'i
tiiui dans le sénat , Caton , qui opinait souvent , iii>
le faisaitjamais sans ajouter ces mois: •< £l je ren
H dus en nuire qu'il faui délrutre Carlhage. » Sci-
pion INasica , au coniralre , (jooiqu'i! eill Jcs Ino-
ïifs paiticuliers de haine contre les Cnriliaginois ,
disait ijii'il fallait humilier et affaiblir leur villn ,
maïs non raiiéanlir. Il appréhendait qu'après U
destruction de cette république rivale les Ito-
mains nç missent plus de borne i leur cupidilëf
et qu'à défaut d'ennemis étrangers Rome n'en
trouvât dans son propre sein. La suite fit voir
qu'il ne se irompsit pas.
Mais comme Tavis de Caton était d'accord avec
l'ambition de ses concitoyens, il n'eut pas de peine
i prévaloir, et si la guerre ne fut déclarée qu assez
long-temps après, on peut croire qua ce tut plu-
idt l'occasion qui manquait au peuple romain que
la volonté. Ce fut le jeune Scipion Emiliéri qui
dirigea et termina si glorieusemeni cette Iroidèms
guerre punique. A la nouvelle de ses premiers ex-
ytoils Caloi] l'avait reconnu pour le plus grand
homme qu'eût abra la répulilii]ue, et avait (iri'Jil
'qu'i lui seul était réservée la gloire de detruive
l^arthagc. Il n'eut pas la saliïlaction de voir sa
prédiclioii accomplie, car i! luourui au comiBcn-
cemenl de la guerre, dans sa ii&'. année, empor-
tant avec lui l'eslime d« tous les Romains et mtmc
de ses enni^mis. Quelques jours avant sa ruort , iu-
juslenient accusé devant le peuple . il avait pro-
noncé ces paroles remarquables : « Il est bien dif-
» ficile de rendre comple de sa vie à des liommcs
« d'un autre siècle que ct^iui où l'on a vécu. »
Ilabilt' général, grand boramc d'état, orateur
éloquente! citoyen vertueux, Caton aurait encore
un titre de plus à l'estime de la postérité si le
temps avait respcclé sou hi^tllire intitulée : /es Ori-
gines. Cicéron faisait un irès-grand cas de- cet ou-
vrage, et le trouvait sans dc7aut. Siutus, qui le
/t-o CKTON L'A CKNt. Kî:n.
louait iivrc ])lu.s (le résrrvt», t-ii (il cependant nu
clo^(* ('(l;:laiW. Il ne inancjuûit, tlitil, anx tcriis
dr (latori et aux traits de son génie, qu'nne cer-
f line (leur do siyleet une certaine vivacité de cou-
leur (]ui iretniont pas encore en usage de son
temps. Si (laton l'ancien a eu des admiralrurs, il
a eu aussi des <]élraclcurs parmi les historiens,
^'ous n\'ivons pas paitagé l opinion de ces der-
niers, non (|iie nous soyons guidés par uneadmi-
ration exagérée pour tout ce qui tient à ranliauité,
mais nous avons cru (|u'on ne pouvait trop louer
un lioinuK^ dont le nom est devenu celui de la sa- j
gesse elle-(n^me, et qui réunit en sa faveur de si '
glorieux témoignages. Cicéron, dont l'autorité est
ici bien incontestable , a dit : « Ou il ii^y a jamais
» eu d homme sage , uu s'il y en a eu qucl-
» (ju'un, c'est sans contredit Calon. m jéutnrmo^
aut si fjiiisquiim illc sapiens fuit, (Traité de T Ami-
tié, cil. [). ) Des pères de TKglise eux-xn(^ines ont
rendu liouiriiage à sa sagesse et à sa vertu : « Qui
M d'entre vos dieux a été plus grave et plus sage
M (jue (^;<toii ? >' dit i erlullien , adressant la parule
aux paytîiis. Ex i/lis diis çestris gravior et sapientior
Catorie ? (Cbap. ii de son Apologétique. )
PAUL EMILE,
CONSUL ROMAIN.
*•
maisnn àe$ Emilius à Rome ^taït pairi-
le el de la plus haute anii'iuilé. Les historipns
llrîhuen' an philosophe Pylhaeore rGduralir>n
uma prélenilent que le premier E'iiiiiiis fui
ercus, QU de ce philosophe, qui iransmir h
Ms descenilans le surnom d'Emiliu'i , qu'on
'^itdunné àcaïuedela douceurel delà grâc«
n lansace. Tous ceu» de cette maison nui se
illuslrés onldû leur réni.tallor, etli-u, s',rr<.s
r amour pour b venu. L'infortuné LurL.î
js fit éilater sa prudence et sa valeur à la ba-
de Cannes. N'ayant nu persuader à son ci>l-
■ Varron de ne pas livrer le combal , il op-
vainementson courage au» malheurs de celle
lée ; rien ne put l'abattre , et, loin de pariflgcr
ile du consul, il lint ferme à son posteet
latlit jusqu'à la mnri.
laissa une fille nommée Emilia, qui fut ma-
au grand Scipion, et un fils appelé Paul
e ; c'«st c(aui dont nons allons retracer les ev-
s et rappeler les verhis. Il parut avec beaucoup
lains les plus distingués de son temps , tjuoiipie
on entrée dans le monde il n'eût pas adopté
lémes goûls c|ue les jeunes gens do-son rang.
j(-.s PKVt iMII.K
Comme eux il ne «'fxprça iioîtil i IVInrnn-mr d»
barri^au, i-t il rpitiin^a tot'inR aii.isi aux bTi^nti.
aux Bolhcitnlîons, aux cnrrsirs el à toutes iMauln'i
voies de l'iitlri^ue , Joui se servaient alors b plii
part ùt's jeune) ptiiricient pour arriver aux pli
ei aux m:igi»lrfliiim. l'ml Etnilo ne dut iloi
aucune flaitcric l'egtinir que lui porla de bo
heure l« peuple romain; ilprdiiéra, i-.amine i'
Ptul;irque, uni' gloire bien lupérieiin.- , celle
ima_a • de la vertu , du la valeur et de la justift|
qffltlili's par Wquelles il «Dt bientôt surpaiié lui
les jeunes ^ens de son Sge.
La nri'ini^ie char|;e c]u'il demanda fut l'édilîi
il eut la prcfeience sur donze concurrens, d'il
Srande nsissanre el d'un éf^i\ nidrllc , et i)ui Jj
1 suiie furenl luus élevés au totutuljt. L'aiu
de son édiliié lui signalée par plu\reurs aineu<
tiu'il imposa aitx Icrmicrs des pjlura(ics jtublil
1 argent qui en provint tut servit i faire iatini|i
<)cs biiurliers doit'-s tgu'ou siupendit au temple
Jnpilcr. Il fit aussi élever deux pi)rlii|ues} l'u
bors ilu fiiubourg, aux trois purlev, el jont
iiroloiigcDienl funnsit ttue balle sur le« boTi}i
J'ibre, et l'autre depuis la porte des Fontaîi
juiiiu'à l'autel de Mars.
liienlAt après il (iii élu aiif^ure , ou l'un (
praires dont les fonction) consmlaienl dans et
t»p^re de diviitolion cqu^ on tirait du vol ile>i
seaux , des signes et prodiges cHcstcs.
l'aul Eniilenevoulutaouflrir anmneînnfirilî
Jans ton niinillërc rebgieitx , et il s'adonna (tf
ment à IVtude des rite* anciens et dos cérémonil
'aucccsaccrdore, estimé seulement irautcàt,
Jignilé et de l'hunneur qui y étaient allaebéi, i
vint lur ses soin* un des Mats 1rs plus riHrvi!f,i
l' jstiba le sentiment des pbitosophes.quî di-finisi
1 rrligion la science du service des dieux.
D^lcnseuT non muîus rigide de la disci|'
r ÏAtL EMILE- ^jT»
fijîlitaire, il la faisait obsfrver avec le plus grand
jûiit. Jamais on ae k- vit caresser ni flaltcr les sol'
Bals pour arriver au commun de ment par de lâches
|onir<Uisarices, comme le taisaient lanl d'autres gé-
■érauk. Tel qu'un prâtre qui preïcriratl les céré-
monies d'uu granJ saciifice, il instruisait les sol-
pH^ta de leurs devoirs, et sP montrait inexorable
■|tv«fs ceux qui se rcndaienl coupables de lraris>
jp-e.isian ou de d«'ar)béissance.
r Rome avait alors une guerre puissante à son-
Kni'' contre Anlîocbus , roi de Syrie , et ses meîl- '
leui's géuéraux y étaient employéi. Tout A coup il
t^leva une nouvelle giieire au cuuchani ; louie
u^|>agna se souleva , et Paul Emile y liii envoya
ULquiiliié de préleur. Au lieu dfl six licteurs, il en
E-it douze, c|u'il fa marcher devant lui , et eut
Bnsi dans celle charge toute la DMJeilé cansu-
tU'abord il fut repoussé parles Lusitaniens, qui
b tuèrent six mille bonunes, et le forcèrent de reii-
nr dans ses retranchemens ; mais , ayant renforcé
Bêu de lemps après son armée , encouragé ses S'>1-
Mats e1 repris l'iilffiisive , il vainquit deux fois les
jLuait.aiiiens en bataille T3iip;ée, emporta ]ciirc;imp
9^ assaut, leur tua dix mille hommes, et fit liois
klille trois cenls prisonniers. Nous suivons ici la
^rsion de Tile Live, et non celle de Pluiarcpie ,
nui nous a paru exagérée et emphatique.
Le bruit des sufçès do Paul Emile rrl.blil blen-
Idt le calme dans toute l'Espagne. Après avoir pa>
cî6é loute h province , et s'être assuré de sa fidé-
lité , il revint il Home, sans avoir dans celle ex
pédition augmenté sa fortune de la valeur d'une
drachme. Loin d'amasser des richesses, il dépensait
Sénéreusemeni son palrimoine, toujours si mo-
ique, qu'après sa mort on trouva à pcîne de
quoi payer la dot de sa femme.
U avait épousé Papiria , fille de PapiriusMosson,
Tomel. .4«
<7 4 PAU L ÉJVl IhK.
Iiuiiiino consuLiirr ; il vôrul long- temps avcr elle,
tM .i{)i(>.s en avuir ou drs ('tir.'iii.s J^iii iiiérile (Jisliii-
f^ur, car vWv. t'tail niiVc du célèbit» Scipîon et de
I'.'iMun !\ia\iinus, il la répudia. Les causes de ce
clixorce ne sont point |>arveiiiies juscpi'à nous.
S rl.i.'ii ainsi .séparé do Papiria, il eut d'une se-
( (iniit* (cinnio deux iiN, (]u il garda auprès de lui.
S(\s (ifiix fils aines passèrent par adoption dans
les f.iinillcs les plus pu issart tes de Home; rainé
tjjn^ (etl(> de l'aMus Maxiinus, et le second dans
((•Ile (le Sripion l'Africain, dont il prit le nom.
J)(.> (liiix filies de Paul Kmile , Tune épousa le fils
d • (iaiuri ranricn, elTautre l'^lius 'l'uoéron, Fun
drs lii'tnriies les plus vertueux de son temps, et
c|(ii Supporta la pauvreté avec le |>lus de grandeur
ei de (ji^niti*.
1j* premier consulat do Paul Kmile fut marqué
i>nr le reiiouvelleinent de la guerre contre les
^i^Mirions ou Jugannes , peuple lier et hellicpieiii
oui ocrcpait rexlréinilé de lltalie, au bout des
Aip< s. Le nouveau consul n'eut pas plutôt ter-
mine les levées , fju'il marcha contre ces mon-
' la^u.irdi intrailahles. A peine iut-il canipé sur
ii-urs fiontièies , cpic les ennemis députèreot
vers lui, sous ])rélexte de demander la paix,
Ytuiis liien dans Fintention de reconnaître ses
forces. Paul Kmile s'étant refusé d'entrer en négo-
ci.ilion, ils sollicitèrent une trêve di» dix jours, et
dès (|u ils Teurent obtenue ils rassemblèrent toutes
leurs (oices; puis, à labri des montagnes, d où
ils avaient eu Tart décaiter les lloniaios, ils vin~
lent , avec une armée formidable , fondre sur le
cam|> du consul , dont ils f attaquèrent à la fuis
toutes les ii!SU(>s. L'assaut dura un jour entier. Les
Homaius, près es aux portes de leurs retranclie-
oicns , n'eurent ni la [tossibilité de sj dévelop]tef
:ii celle de s.Mlir; en sorte rpi'ils opposaiBiit auR
L.;/ i.a ub ie 1. i.Mart dc leurs ccrps [nuiol tj e h
PAUIi tMILE. 4?^
défense de leurs annes. Ati fouclifr du soleil l'eii-
oemi, Ibrigué, seri^tira, ei Paul £mde profita de
ce momenl pour envoyer deuK cavaliers' au pro-
consul Baebius, alors k Pise, avec prière de vtnir
à son secours. Muis ce secours ne pouvait être'
que tardir, ei dès le lendemain les Liguriens re-
rinreiit à la charge : le consul préféra rester dans'
ses lignes ei alleodre le renfort «jui devait lui ar-
river (le Pise, plulO! f^ae de risquer un combat
dont l'issue pouvait entraîner la perte de son a: -
mée. Voyant néanmoins qu'aucun secours n'arrî-
Vaii, PL ne recevant aucuaie nouvelle, il crut que
leis cavaliers avalent élé enlevés par les ennerriis.
Ainsi, persuadé «fu'il n'avait aucun moment à
perHre pour tenter lui-même le sort des armes, !1
rangea ses troupes en ordre de bataille aux quatre
portes de son camp, dans le dessein de (aire, au
signal donni', une sortie générale. Tout étant dis-
posé , le général parcourut en personne tous
..tes postes, anima le soldat et enflamma sonat-
[ tlour par des motifs les plus propres à l'irriter.
"^ Tani Jt il s'élevait contre h perfidie des Ligurien» ;
qui riavait'ni demande la paix, obtenu un^: trêve,
(jue pour violer le droit des gens; lantcii il leur
peij^iiaii la huntc d'i^lre assièges par di:s Liguriens,
c'est-à-dire par des brigands: •> De quel front,
u leur dit-il , si vous devez votre salut k des se-
» cours étrangers et non à votre propre valeur,
» oserez-vous approclier , je ne dis pas des sol-
u- dais vaiiiqueiirsd' Annibal , de Pliilippe et d' An-
« tiocbus, icsiroiiplusgrandscapitaineydetlotre
■ siècle, mais de ceux qui, relançante travers des
i> Itiri'is impraticables ces infmes Liguriens comme
" de timiiles troupeaux, ont su les forcer et I>^s
» tailler en piéi:es ! Quoi! ce que n'oseraient ni
» les Espagnols, ni les Gaulois, ni les Macedo-'
» nicns , ni même les soldats de Carlbage, de
» vils L guiiens voudiàiicuL io loiilcr! Ils appro-
47(>
PAUL lÉMlLE.
«> rluMit (run camp romain, et rassiôgcnl daiislVs*
M poir ilcTomporUT cl*assaut, eux à tiuî naguère
» iiDiis donnions la chasse dans les (Jètoiirs des
» iiois, san*i pouvoir à peine les atteindre dans des
•• repaires où reflroi les tenait renfermés ! »
Celle harangue enflamme l^arnrice,c]ui « par un
cri général , demande le signal de la sortie. Le
signal est donné ; les Romains tous à la fois
poussent un cri horrible, et fondent sur les Li«
guriens par toutes les portes. Cette brusque sortie
déconcerta les assaillans; d'abord ils voularent se
défendre, mais, senés^le pi es par les Romains,
on les vit fuir avec précipitation. Poussés en dé'
sordre par la cavalerie jusque dans leur camp,
ils ne peuvent pas m^mc s'y déie.ndrc ; le r^mp
est forcé parles vainqueurs, qui tuent plus de quinze
Tiillle Liguriens, et font deux mille cmq cents pri-
sonniers.
JVois jours après cette défaite toute la nation
des Liguriens Juganncs, se confiant à l'aul Emile,
lui remit à discrétion ses vaisseaux et ses villes. Le
consul leur rendit les villes, et se contenta d'en
démolir les murailles; mais il prit tous les vais-
seaux, et ne leur laissa que des barques ; il mit aussi
en liberté un grand ntmibre de prisonniers, tant
Romains quVtrangers, (pi' ils avaient faits sur terre
ej sur mer. Ceux (pii fiirenl chargés d'aller porter
à Rome cette nouvelle demandèrent pour le eon-
51)1 la permission de quitter une piovincc où il
avait si heureusement terminé la guerre, cl de li-
cencier 9on armée victorieuse. I^^une et l'autre de-
mande lui furent accordées, et Ton ordonna, en
actions de grfkes, qu'il y aurait trois jours de prières
publi(|ues dans tous le.s temples»
Telles furent les actions remarquables du premier
consubt de Paul ILmiie. Peu de temps après il
montra le désir à\*n obtenir un seconil, et se mil
même sur !:..>> ran^s*, mais le peuple ji'élanl refisse
PAUL I.MILE. 477
1 f-t înslanc^s , il substilua \a dt^uceiir du repos
A l>L'lat itei cmploit. Cuiiime 3Uf;urc il s'occupa
dot TitrictiMis desnn tarordoci^, et comme père
de 1 cdiicQtiou île sca enfani. Réserve el économe
p»ur tout ce aiit n'avait Irait qu'au luxe «I au
liulc , mais aoble et inagnitique pour lei d^penxes
d'honnc^ur et de devoir, il n'épargnait rien pour
^procurer ji sei enfans une «ducatiori digne de leur
saitsancc. Graminairiciis , rhétriiri , petnim ,
^cuyers, vcaeurs Jriitinés k instruire les jeunes
geas aux exercices de L) chasse , il donna â sn Gis
tous les maîtres propres à leur former l'esprit e(
le corn* î lui-mÉme , lorsqu'il n'était poim occupé
!iux anairci pubtiqiies, assistait à leurs études et
,à Jeurs exercices , témorgnaut , par ses soins as-
^dns, qiie de Ions les Homsins il était le père
^iii avait pour ses enfatts le plus d'amuur et de
Jeodreue.
La guerre contre le roi de Macédoine occu|iait
[«lors lous Les e<pnts, et le lemps pour l'éleciion
)dt» roniuls venant d'arriver , on atlendail à Rome
avec la plus vive impallmcp sur tpii lomherail un
choix aussi impnrianl. Les iénaleurs el les princi-
fiaux citoyens, dit l'iularque, soutinrent qu'an
icu de donner le commïodemeni des armées .i la
lirigue cl à L faveur , il fjll.iii plutôt y appeler un
général «gui, par sa sagesse el son expérience, fût
capabi» de mettre un terme è une guerre aussi
dangereuse. Cet homme était Paul Emile , qui
avait alors piès de soixante ans. L'^ge , sans rien
diminuer de ses forcei, n'avait fait que lui donner
une marnrité de cun^D'il ei de prudence plus né-
cessaire i un général qui- le cour.ige el l'inlrépidité
mt^mes. Tous ses païens et ses amis le pressèrent
vivement de se rendre aux vœux du peuple, qui
l'appelait au consulat. Pour loi, préférant la vie
paisibh- dont il jouissait depuit long-temps à la
gloire de (oiiiinaader , îl mcnlra d'abord la plus
il fut élu consul iiour la seconde {<
pour collègue Licluius Crassus. Mai:
tu' voulut pas livrer au caprice du son
de Macédoinç: il en décerna sur- le-ch a:
mandement il Paul Emile , et Licinius
en Italie. Cependant Tiie Live dit que
tirtreni au sori ; mais le récit de Rur
paraît plus vrai lembla bit! , car la décisîi
durait pu rendre inutile tout l'empre
peuple.
On raconte que le jour m^mei^uePai
diaigé de ta conduite de la guerre conti
iniiliitude l'ayant conduit par honneui
maison, il trouva en entrant chez lui a
tia, encore enfant, quiplaurait; qu'il la f
liras, et lifi demanda la cause de ses la
lia, le serrant, <• £h quoi, mon père,
» vous ne savez pas que Persée estnii
lait un petit chien quelle élevait, et
avait donne ce nom. « Tant mieux, m
• lui dit Paul Emile, et j'accepte L'aug
pXul ûmh.r. 479
dans la conduiic de celti! guerre, en le
s'occuper nuit et jour de toutes les nie-
ropres 1 en assurer le sucré». Son premier
t de presser li? sénat d'envoyer en Macé-
Ics commissaires pour îiis|>ecter les forces
e et de mer, afin cju'à leur retour on eût
>orl exact sur l'élatei les besoins des armées
uU de rei détails imporlans, Il convoqua
ileurs, et ouvrit la délibération. Le sénat
que Paul Kmile nummerail les tribuns
ions , et qu'aussitdt taules les levées faites
■ait pour son département. Tous ces décret»
, le consul se rendit i r.issembléc du pea-
, de son iriliunal, il fil un discours d'o-
oaçii à peu près en ces termes r " Romains,
doute vous ooiirrissra l'espiiir que je ler-
irai avec un succès digne de la majesté de
16 une guerre qui ne s'est que trop long-
fl prolongée. Cependant, si vous croyea
Il autre soit plus capable que moï de la
itire, je suis prêt à lui céder le romman-
nnt; mais j'aime a croire que les dieux
ni approuvé voire choix , et que ces niÊmes
Il lie me seront pas moins favorables daus
ireclion de vos arméus. Ma confiance se
e sur les plus heureux présages et sur les
justes ospô.ranccs. Ce dont je puis donner
irancc formelle , c'est que je ferai tous mes
Is pour lie poiiil tromper voire attente.
\ ce que je vous deiiLinde, Romains , c'est
'ajouter foi (pi'inix dépêches que j'adresserai
au sénat, soit ;i voui-mèmes. Je vous dë-
; aussi que si v(ius voulez persister à com-
der à vos gériér.iiii , vous vous rendrez
ridicules dans relie espédilîon que vous
uviv. êti"' préi<'i!-[i,TiiiT)l ; car, n'en douiez
MoDiai'ii, Liuii les :,i;,.é.3iix ii'op^iuscnt
48o PAUL KIVIILE.
»> pas aux bruits populaires la fermeté de Fabius i
>» (jiii nliiia inic.iix voir s(<n aulorité. restreinlc par
*• i\>'our(lcrio de la multitude , que de compro-
» mettre les intérêts de Télat pour ménagflt sa
'» i('pi:tatit)ii. »»
Ce i]i«i( (Mirs ins]/n*a le plus grand respect pour
rjiil Kiiiilr, et donna aux i:itoyens les plus hautes
rsporanccs pour l'avenir ; ils se félicitèrent tous
d'avoir choisi un (général plein de graindeur
d'àir:(! , ot qui leur parlait avec franchise, tant le
{X'upie romain , pour ac€|uérir la dominai ion sur
(S autros peuples, était soumis à Tempire ^le la
^rilu. Au sortir de cette assemblée on célébra
.s'ir le mont Albain les fériés latines, et aussitôt
ajMTs I\iul Emile partit pour la Macédoine. Ja-
Tn<iis (onsul, dit Tite Live , ne vit son départ
honoré (fun aussi £;rand cortège, tant on présa-
(>rait à Home que la guerre touchait à sa un, et
t{ij(' Taul Emile reviendrait bientôt triomphant.
La navigation favorable et les facilités qu'il
({Mouva dans son voyage doivent être attribuées
à la fort u no, nui le rendit à son camp avec autant
do pronjptitude que de sér.urité. Mais, dit Plu-
tarquc , quand je vois que les succès qu'il obtint
Auent l'ouvrage de son audace et de son activité,
(le la sagesse de ses conseils et de sa constance
d.'inK les dangers, enfin du choix qu'il sut faire
des moyens les plus convenables , je ne saurais
imputer aucun de ces glorieux exploits à ce bon*
heur qu'on vante si fort en lui, à moins de re-
garder comme un effet de la fortune de Paol
Jlniilr l'avarice de Persée, qui, par sa passion
pour Targeni , renversa et détruisit les grandes
et belles es[>érances que les Macédoniens avaient
conçues de cette guerre.
Dix mille cavaliers bastarnes ou gaulois, cl
autant de fantassins, avaient été envoyée à Persée
pour reuforcor son armée cl ranimer le couragt
Pil'L tMlLE. 4^1
de ses soldais; mais ces inirépides giieiriers ne
recevaient de paie que celle qu'on leur faisait à la
guerre, et n'avaient d'autre métier que celui de
comballre et de vaincre. Lorsque chaque capitaine
de ces barbares eut demandé au roi mille pièces
d'or pour sa paie, ce prince fut si irrilé d'une de-
mande aussi exorbiiante , qu'il se laissa emporter
à sou avarice , et refusa leur secours. C'est ainsi ,
ajoute Plularque, qu'aeissait un prince qui n'ftait
F as né d'un roi de Lydie, mais qui se prétendait
héritier du sang et de la vertu de Philippe et
d'Alexandre, de ces deux monarques qui eurent
loujours pour maxime qu'd faut acheter la do-
mination par l'argent, et non l'argent par la do-
mination. Perséiï , qui couvrait d'or sa personne,'
^es enfans et son royaume, préféra d'i'ive traîné
captif avec toutes ses richesses , et faire voir aux
Hotnains tout ce qu'il leur avait épargné, pluldt
que d'en sacrifier une partie à son salul.
C'était à un tel ennemi que Paul Emile allait
' faire la guerre ; aussi n'eut-il que du mépris pou»
sa personne. Mais à son arrivée en fliacëdoioe,
il lut étonné des forces et des priîparatifï de ce
prince; sa cavalerie était forte de quatre mille
hommes , et sa phalange de près de quarante mille
fantassins ; il avait en outre l'avantage d'ôtre campé
sur les bords de la mer et au nied du mont
Olj'mpe, dans des lieux inaccessibles et fortifiés
de rctrancheniens. Là il se croyait dans une en-
tière sûreté, et comptai) voir les Uomains se con>
>umer par la Iciiiguciir du temps et par la dé-
pense exiessive qu'ilî seraient obliKés de faire.
Mais Paul 1-raile , l'espril en mouvement , re-
doiilila de soins et de ciicoiispi-'i'iion pour mûrir
son plan d attaque, et pour faire ecliouer pjr sa
sagesse des espérances qui paraissaient si bien
fiiiidees. Le consul, voyant que ses soldats, jwr
suite de leur ancienne licence, supportaient im-
Tome l. 4t
Comme h dîMtte ^^«éb te Mtût
àint'U umpTomtia , Paul&oîle, ni
hiutear da mont Olympe, tDut eourei
conjecui» , par 'U Ttrnufe de Inu
qu'il devait y «voir danik iriii dC'kn
aourcm d'eau } il €t enmaur en ht» 4a
et du poil»., apA m mnpKKDt d'ana
d'abord , «nli mi 'àvriml Ueaiftt «■
^'abondaiAe. Cet-^évéïMdWDlv ak.im
Toir nue £iveur •pédali an Mii><«{i
pecl'dBl'arniéfi fear'4«i(éDdnli, fk.i
coafiincc'^'ptlc dv«il «n luî. j
Paul fitnîlr , après ;ivoir fait d'ivcMal
lancet inr W» passigri et »ur liiua 4ci
l'abord éuit Ir plusuciU, prit d<-) mi
qu'au pranîtr nigml In manteuvrci
a «éculisMnil dans lous l«s langi avi
et sai» déaordrff. l'oiir olivier 1 une fo
tl étabbt i|n'i l'avrnir les iribuni dor
mot d'ordmau premier ceniurion , qu
PAUL ÉM ILE. 485
gard des postes avancés; il riigla qu'ils seraient
relevés désormais le malin et à midi; par celte
Ordoimance le soldât n'éiait jamiis fatigué , A
ne pouvait être surpris à sou désavantage.
Quand il eut fait adopter à snn armée routes
es nouvelles dispositions, il lui adressa un dis-
cours analogue à celui tju'il avait tenu dans ras-
semblée du peuple : " C'éiail au général, disait-
-» il, qu'il appartenait de régler les opérations
■ militaires, soi) par lui-méma, soit de concert
I avec ceux qu'il appelait à son conseil. Qaant
• aui officiers non considiés , ils dsvaient garder
1 jioitr eux leur manière de Voir, et n'en occuper
I ni le public ni les pariîculiers. Pour moi, je
P' remplirai, ajoula Paul Emile, les devoirs d'un
^^' R^.iia'me, en voys înénageant les occasions de
^■F'btUr'' vos ennemis. » Après cette leçon sévÈre
^^H VODgétlia l'assemblée. Les vieux soldats avouJs
B^'
e s'êlre jamais formé que de ce jour-là une
_ lée jnîle de la disciiiline des camps ; aussi ce ne
fal point par de stériles ap;ilaudiMemons qu'iU lé-
moianérent loiirappruUaliiin; llsmonlrèrenl asspz,
par leur contenance guerrière, (|u'à la premii're
occasion ils slgualeraieirl leur vnicur, ou par une
Tictoi'e éclatanie, ou par une mort glorieuse.
Néanmriini, en dépit de l'.irdeur qui endammait
"les àc\i\ p.irtis , ils restèrent encore quelques jourj
dans rinaciion, cl jamiis on ne vil deux armées
aussi nombreuses et aussi viiisines l'une de l'autre
«e tenir si loug-lemns tranquilles.
Pendant ces dcbis Paul Knille travaillait aux
moyens Je sy frayer une route pour aller atlaqucr
l'ennemi. A force de tentatives el de recliercnes,
il apprit Je Jeux marcliand< pcrrhébéens , dont la
restait un seul passage qui n'élail pas gardé, et
qui menait à la ville de Pylhium, en Perrliébie, et
!4S4 PAttL KMILR.
•u fort da rctri, Wme de» cir.d.-Ui^s •)<>. la M;irJ.
Joins 1 llnra IVspéiançe ûe rniicUr vc [in^sage
o^gliRrijMr lescnnernuj l'eniiwfinnl «urla crainte
des dimciilu'i ^iti avaient einpl!chtl q'/tm ne le
{irdit, «loicrmino lu consul à prendre lej deui
EerrliébéciK pour f;i)iOcs. Il inando le. préleur
OcUvîui, li'mcld«n.f 11 ronfidenr.e ili^ aonnroirl,
lui donne «nlre d« fsirp voiln vers Hérnclée, el
d'cmbarcjupr dei vivre» pour dix mille honimn
durant du jouri.
U d^Uclie au!i>irAl Sr.ipion Nai^Jra, gendre il<
Scipion l'Ari'icain, et Q. Fahtun Maxiinua, not
fila, i U t^te Je cinq mille hommes d'élite, tvK
la destination aiiparenlf< do s'embar<]iier pourri-
vager les cAies de 1> Marédnine inliirieure. Apl4i.^
leur dnpan Paul Emilu cnfjagen Itii-m^me M
csmliat avec len postes avances , afin que Pera6e
portilt son altenlioii niir auoici aiitic point. '
combit eut pour ipeclateurs, .d'un cAié, le ri
«ver sa pli.ibiigc, de l'autre, le eonsul avec se
louions, It's uiitrs et les autres en ordre de bauiUt
devanl lui iclraiichemcm. Vers le milieu du jour
le combat finit, l'aul l^mile ayant fait sonner II
retraite. Lk lendemain, au leverduBol«il, leadni
partis, anîiaiis par Us souvcniri de la veille, K
«Harg^renl avec encore plus de vigueur et d'anW
nemuiil. Le consul perdit plus de monde coJt>l>^
li , et donna le xignil de la reiruiit- plua lard tfui
la veUle. Le troisième jour l'ennemi voulait livm
la balaillo; mais Paul Emile l'abstitit de eonF
traître , cl sh retira vers U partie iuh^rîeuFC de toi
camp , comme .l'il avait nu le dessein d« Mntrr 1*
passage du fleuve, vers la mer. IVrs^e , uniqusnitiil
occupa du danger pmeni, ipetiait tous ses sniit
i repousser IV-unt-mi, cju'it avait eiifaee, iiesnup-
Înnitaut d'ailleurs rien niuini iju'unc autre atl«Ittf.
Irpendani S. INasica * qui s'tïiaîi porté sur Ls rdv
itytc le corps mis sous ses (irdro), était arri^j
PAUL ÊMILÏ. 48fî
prÊs d'HdracUc, où, sticndant b (in <1u jour, il
avait fail prendre queli]iie nnurriture à ses soldais.
Dès que la nuit fui venue il découvrit aux offi-
ciera SCS véritables inslruclions, et, prenant un
chemin oppDjé à là m?r, il marcha loule la nuit,
et oe s'arrl^la c|ue sons les murailles de Pylhiutn ,
où il fil reposer ses iroupes. Persée , informé du ,
Jauger i|ui le menaçair , envoie deux mille Macé-
doniens et dix mille auxiliaires , avec ordre d'aller
proirtplemeni sVmoarer des hauteurs.
Si l'on en croit Pnlybe , personne ne s'àperçul
de l'approche des Romains, Nasica surprit les
Macédoniens endormis , et n'eni qu'à les culbuter
àa haut de la montagne ; mais Nasica assure qu'il
eut h siinteoir «n combat rude et périlleux. Enfin
les Macédoniens , conlrainls de céder, prirent hon-
' teusemenl |a fuite. Les Iloniains poursuivirent Ira _,
Aiyards jusque dans ta (daine, où ils descendirent
Mni obsiacle. Percée, saisi de frayeur à celle nou-
velle , et confondu dans ses espérances , leva son
camp, et se retira su^le* derHÈres de sa première po-
sition. Cepcridanl il ne icilail i ce prince que TaU
leniatlvc de se rrplii'r sur l'j jna, place fone, d'y
attendre l'eiinemi, et de le coriibaKre, ou dcvi./r
pi-néirer dans !<; cœur de ses élals une eucrre qui,
une fois qu'elle y sen.lK'taMie, ne pourrait plus
s'ëteiniire qiti' sous des (lots de sang et des mon-
ceaux di' iiuirls.
Icrnitl,.!
sujdi' qui' Ir
plus horiO'abletil.lit eu même leiu|ii
le ,,l„i>.lr,
cliJ, Muiii '
llo„ AlM .
opéK- s.i joii
il irlrn{(r;iih mr l'y<lna , s'yrelraii-
Vuj;'y''r.' Ïva' rUbV"aJ^!:s"avo'r
rii.ui ,.vr<- N.sica, marelle, -l.oit aii.'c
(is à la \\u- d'une aruiée aussi iniim-
saille vnT W
uoiulire que par sa conleiiriuru iuue-
ii'la, saisi d'etonncmciil et livié à de*
''l8() PAU L KMILK.
On nvnil passé le solslicr J\'*lé, el il élail pf«
(le iniili : I arinrc avait inarchi* à rardeur ilii soleil
ri à (iMYcis il(*s loiirhillons lie poussière; déjà la
iali^iic (M 1.1 soifso faisaient st^ntir, rt ne pouvaient
(|ii\(iiî;iiM ri'cr. Dans cet état , Paul Kiiiilc lésolut
«le ne pas liasanlor ses soldats coutic; des troupes
fianlMN; mais il falhit autant d'art que re grand
lu>n:ni('eii avait [lonrniodérrrrimpcluositédcsRo-
inaii-s, ri pour tioinpor Tini patience des ennemis.
A\.'iil <pie rannéo eill arlievc de se former le
(onsul p.ircourut lf\s rangs pour animer ses Irou-
])(■>: lii.iis, voyant cjuc leur lassitude trahissait leur
(oiira^;(> , il ordonna aux centurions de dresser les
;i!if;ut mens du camp, et de faire déposer les ba-
f^:»;^e.s. L<'s soldais tcnioignèrenl aiîs:;ilAl la plus
{^'i.iiide joie de ce que leur général ne les obligeait
|)as de r>mballre. Four les lieutenans de Paul
l'iiui'e, fr;ip(Ȏs de ce changement subit, ils gar-
tien ni un .sden(e ppdfond. Nasica seul osa prendre
la parole, et pres.er le consul de ne pas laisser
il li.ipper de ses inains un ennemi dont Padiessc
il e\ ili r loni eiif^.'i^einent a\ait nn> en défaut Texpé-
lieiu .' el il- Coin ;i^e «le ses prédécesseurs. Paul
l'Iniiie, sans s'oKenser de la libellé de cet illustre
jeune homme, lui dit : » A votre i)ge, Masica,
>* \:\\ pensé comme vous; nu jour vien4lra cpiu
>' \()ii; p( !!^eIl•/, comme moi ; une longue expé-
»> iniMr ma a[)piis rpiand il faut conihattie, cl
» (|! . ::(! la OTiideiice l(> défenil. (ie n\'St pa« sur
•' le v\\ mp (11' bataille tiiTil c.cMivient de \ons(airc
» par t r.e.i raisons cpii lue décident au parti fpie je
>' prenils; dans un autre lenips je pourrai vous
» en instruin* : aujomdMiui i\W\\ vous .suffis
» lie r.intorite d'un \ieux capitaine. >» Nasica 5C
t:it , persuadé (pie le ( on^ul av^iit pour ne pas
<on.l..:itie d(ts niollfs ijui éch.ippaient à sa jH'né*'
tiahou.
le lemlcmain, apiès avoir inimulé à Ilercuk
PAUL ^MILE. 4^
u'àvinglbœuft, Paul Emile ordqnnaauxcapi-
» de rangerrarmée en,ba taille; mais pour éviter
»es soldats eussent le .soleil en face en combal-
le malin, il attendit que cet astre s'inclinât
le couchant. Pendant cet inlervalle il tint
leil, et se reposa dans sa lenle. On prétend que
oQT-là m^me. ni le roi ni le consul n'étaient
is de livrer bataille; mais qu'en dépit delà
ignance des deux chefs , b fortune , qui se joue
) prudence humaine , engagea le combat entre
iétachement de Thraces et un détachement
aia postés sur les rives opposées d'une petite
re qui coulait enire les deux armées. Au bruit
:euK qui couraient au combat, Paul Emile
t de sa tente, parcourut tous le» rangs à che-
, et exhorta ses soldai! à soutenir dans la
le l'ardeur qui les animait. Persee s'avan^it
L en bon ordre avec son armée. A la vue de
asifs serrés, de cette phalange impéuétrable ,
ice rempart hérissé de piques, Paul Emile fut
ïé d'une surprise mêlée d'effroi , et (iepHii il
la que j.Tin.iis spect.icle niis.si fiirmidable ne
it offert à ses regards. Alors, dissimulant son
blc intérieur sous un front calme et serein, il
ta de ne prendre ni casque ni cuirasse pour
les dernières dispositions de la bataille, et
nna aussiiOt le signal de l'allaque. Les Ilo-
ts s' efforcé re ni de couper, à grands coups d'é-
, les longues piques des Macédoniens, ou de
epnusser avec leurs boucliers ; mais ceos-ri,
:sant des mains leurs armes terribles, les
sent avec vigueur sur la première ligne des
tains, qui, ne pouvant résister à l'impubioa
phalange, plie, et se relire vers une mon-
i voisine. A cet aspect, Paul Emile, indigné
nir li's siens hésiter, et n'approcher de cette
do fer qu'en tremblant, éprouva un accès de
e si volent , qu'il décbira son manteau. Mai$,
488 P^DI. KHtLC.
en ca[ntaine eipérimcnté . il s'aptn'çelt bienidt tjat
ràlie ma^e n'était pas égulemrnt serrée piilout^
et qa'die présentait de temps en t<'inps àes cuver-'
tores, soit à raison de l'înéealité ilu terrain, soit
i cjus« (lu JéTeloppemenl de la phalange sur un
front trop élendu. En conséquence , yiour élablir
par dfs combals partiels une roinnne dani II
tViane oftVail un rempart inexpugnable, il or-
donne à ses soldats de se jeter , en formant le coin)
dans tous les vides; de pénétrer, à la faveur de
cette manœuvre, dans les moindrpainlervaUes, et
d'agir avec toute la vigueur dont iUsoni capables
Tile Livp allribne i celle manœuvre le gain de la<
bataille, el il ajouie que si les Rornains eussent
contîmié d'attaijuer la phalange de fionl , et tous
ensemble, ils se seraient enferrés, et n'auraient
ianfais pu la rompre. En effet, re que Paul Emilt
avait prévu arriva ; les Macédoniens s'ouvrirent et
prêtèrent le fiant' aux Romains; U oianceuvre df'
P'
la légion rompit la phalange, el déciila ainsill'
victoire. l.'infdnleTtc fui laiUée en pièces, à la ré*
serve d'un peiit nombre de fuyards, qui nVcbap*
purent qu'en jetant leurs armes. Pertée donna k
fromier l'esemple de la fuiie, el pi il U roule il
ella avec les cavaliers de sa garde. Jamais, dit
. Tite Live, dans une seule bataille il n'avait pAi
autant de Macédoniens ; on leur tua vingt mill*
hnmnncs, et onze millelombèrent vivant entre kl
mains des vainqueurs. '
Paul Emile envoya Quinlus Fabius, son Ski
porter à Rome la nouvelle d'une si éclatante ï*
toire, et après avoir abandonné à son armée
dépouilles des ennemis, il s'approcha de U mi
en marchant sur rydna. En moins de deux Joug
il se vit maître de Béroé d'abord , ptiis de Tbe^
' salonitpie, de Pella , enfin de presque I ou le 11
Macédoine. Durant le séjour qu'il fil à Pi-lla , vill«
4ont U situation justiËait le clioix que les roU 4t^
VAUL ÉMILB. 4^9
iloine en avaient fait pour leur capilale , il y
les (léputalinnsdmlivers peuples, enlr'aiitrea
de Thessalie, qui venaii le féliciter de sa
re. Ensuite, î la nouvelle que Persée était
dans l'Ile de Samolhrace, il partit de Pelk
iva en quatre jours de marche sousW muri '
iphlpolis. L'empresspmenl avec lequel tel
ans vinrent à sa rencontre prouva bien
se croyaient non privés d'un roi , maiï dé^
J'un tyran dont le joug leur était iniuppor-
Paul Emile entra dans Amphipolis pour
e hommage aux diçux de ss victoire î i! W-
de cette ville pour se meltreà la poursuite da
e, et poricr ses armes victorieuses dam
s les provinces qui reconnaissaient encore
mination royale. Il passa le Strymon , entra
le pays des Odomantes , et alla camper soui
urs de Sires. Il y reçut des'tenws de Persée,'
i priait de lui envoyer trois officiers pour
rer de sa situation actuelle; mais celle con-
ce n'eut aucun résultai , par l'obstinalioa de
e à rffcnir le nom de r<ii , cl par la fermeté
aul Kmile à exiger qu'il remît sa personne
) étals à la discrétion et à la clémence du
e romain. Le roi, se voyant ali.indonné par
[jels , songea i se réfugier rhe7. le roi Cotys;
, Iraiii par un Cretois , n'ayant plus ni vais-
, ni 'soldats, ni Irésors, il se rendit avec
de ses fils à Uctavius , qui s'él^iiL emparé de
s les issues de l'îlr de Saraotliracc. La pri«
oi était une srco..de virloire ; Paul ITmile
un sacrifice ;u.x dieux, .-.sseml.la sou conseil,
a lettre d'Orl.iviiis , ei euvi)va ensuite au-de-
du prir.re (Jiniilus Jilius Tukernii, et fit
■ tous les autres olfiriers dans sa lente. Ja-
, dit Tite Live. spectacle n'avait attiré au-
lespedaleun. l*ers(-e, qui, non content na-
■.du loyaunic du Macédoine, avait porté ses
490 PAIÎL £51 ILE.
armes dniis la Dardanio, riliyrie y soulevé les
liastwi lies contre les ildiiidius, réduit mainlenant
à n avoir ni armes, ni états, au rôle de prison-
nier el de sii|)i)li:iut , entra dans le camp des lio-
niains en habil de deuil , accompagné (Je Philippe
son fils, rpii, en partageant son malheur, en re-
douI)lai( Tintéret. La foule des curieux Tobligea
de s\'irrèler jusqu'à ce que le consul lui eût en-
voyé «les licteurs pour lui ouvrir un passage. Au
moment nue le roi parut à Fentrce de la tente
Paul Emile se leva, et ordonna à tous ses offi-
Clcr:^ (îc resii'f 25si5l il fit quelques pas au-devant j
du prince, et lui présenta la main. Tersce voulut
se prosterner aux pieds de son vainqueur; mais
ceIui-( i le releva avant que le captif eût pu em-
brasser ses genoux , le fit entrer dans sa tente, et
Tinvita à prendre place vis-à-vis des membres du
conseil.
l\iul lilmilc ayant demandé à Persée quel était
le motif qui avait pu lui inspirer Nint d^animosité
contre 1(*. peuple romain, et lui iàire (Entreprendre
une guerre (pii avait exposé sa personne et ses
états an ])lus grand des malheurs, le roi ne répon-
dit que par ses larmes, et, les yeux baissés, garda
le silence. Plutarque et Tite Live diffèrent dans la
manière de rapporter le discours que Paul Emile
adressa à Persée. Dans Tite Live, Paul Emile
parle d'un ton ])Ius grand et plus naturel, plus
convenable aux circonstances ; il parle tou)ourseD
grec à PtMsée ; mais , se tournant vers ses officiers
cl vers ses enfans, « Vous voyez, leur dit-il en
» latin, nn exemple frappant des vicissitudes hu«
» maines : gardez-vous, jeunes gens, dans lapos*
>» terité , d^user de hauteur et de trop compter
» sur les faveurs de la fortune, puisqu^on ne peut
» prévoir le matin les événemens que peut ame-
» ner le soir! Pour être digne du nom d'homme,
>' il ne faut pas se laisser cuivrer par le succès ni
PAUL EMILE. 49^
■ abaltre par lea revers. •> Après avoir congédia
raiaeniblee , Paul limild remil le roi i la earae de
Q. EUus. Le mi^me jou/ il l'invita à sa table , el lui
rendil tous les honneurs <[ue permellait la situa-
lion; ansuiie l'armée fui envoyée en quartiers d' hi-
T«r dans les villes voisines.
Telle fut l'issue de la guerre enirc Persée, ai*,
roi de Macédoine, et les Homains; elle dura quatre
ans, et se termina par la destruction d'un royaume
dont la renommée avait rempli la plus grande partie
de l'Europe et l'Asie entière.
On l'tait à l'enlréc de l'automne; Paul Emile,
nattfe de Persée et de ses <!tats , voulut consacrer
le loisir de cette saison à parcourir la Grèce, el4
voir par lui-mîme tous sci montnîî?nî. P^P5 es
dessein, il se mit en route, accompagné de son
fils Scipion , et d'Athénée , frère du mi Eumène.
Après avoir traversé ta Thessalie il te rendit à
Delphes, où il offrit un sacrifice au dieu qu'on y
ruerait ; il trouva dans le vestibule du temple
dci colonnes qui devaient servir de piédestaux aux
ilatucs de l'eisée, el comme vain(]i]rur il les des-
tina k recevoir les siennes. A l.el.a.lire il sacrifu.
à J U|iiter Trophonicn et à IltTcyiiua , qui avaierit
leurs temj>les on ce lieu. Il desiendit à Clialcis,
fioury jouir du sprrlarle del'I'Iuripe et du pont qui
iait rKuLlc au continent. 11 passa dans ta ville
d'Anlis , c clcbre pour avoir contenu dans son port
les mille vaisseaux d'Afiainemiion , et vu couler
sur les autels Je Diane ie sang d'iplngénie; de là
il se dirigea vers rAlti-im-. Atlièncï l'intéressa
par le souvenir îles temps liiTi.iqnos, et |!ar les ob-
<els dignes lie curiosité ipii s'y Iriiuvaieiit en grand
lonibre; prnd-ni son séjour dans celle ville cé-
lèbre il d.'inanda auK hal.il.'uis un excellent phi-
losoph.- ponr arhever l'éducntion de ses lils, et
tiiomplie, On loi envoya iUérodorc, qui ciccUait
49^ PAUL EMILE.
dans la philosophie et flans la peinture. Après
a\oir sacrifié h Minerve, déesse tiitélaîre de la ci-
tadelUî d'Athènes, il partit de cette ville, et en
deux jours il se rendit à Corinihe , alors une
des plus helles villes de la Grèce : la citadelle et
risllinie fort étroit qui sépare deux mers voisines,
Tune à rorcident, et l'autre à Torient, frappèrent
le plus sa curiosité. De - là il visita Sycîone et
Argos, }>uis Epidaurc, célèbre parle temple d'Es-
culai^e, qu'on voit à la distance de cinq milles.
Paul Emile admira dans Lacédémone non ses
édifices, mais le souvenir de sa discipline et de ses
lois. Prenant ensuite par Mégalopolis, il monfa
jusque dans Olympie ; à la vue de la statue de
Jupiter qui ornait ce temple célèbre » il en fiit
frappe comme s'il eût vu le dieu lui-même , et Jit
cette parole dev'cnue si célèbre, que Phidias avait
représenté le Jupiter d'Homère. Il s'y arrêta pour
faire un sacrifice tel qu'il eût pu l'offrir au Capi-
tole. Ce fut ainsi qu'il parcourut la Grèce et la
Macéfloinc entière. En retournant par Démé-
triade et [>ar Appollonie , il trouva 1 erséc dans
cette dernière ville, où il était gardé assez légère-
ment ; il le confia à la garde de Posthumius, et fit
venir de Samothrace à son camp d'Amphipolis
la fille de ce prince et le plus jeune de ses fils ,
qu'il traita avec les égards dus à leur rang et à
leurs malheurs.
Dix principaux citoyens de chaque ville de Ma-
cédoine avaient ordre de se rendre à Amphipolis,
et d'y apporter avec les trésors du roi tous les re-
gistres publics. Le jour arrivé pour l'ouverture de
rassemblée de tous les députés, Paul Emile parut^
sur son tribunal au milieu des dix commissaires
de Home. Ayant ordonné de faire silence , il lut le
décret du sénat , portant en substance que les
IVJnr'' Ioniens seraient libres , conserveraient leurs
villes et les territoires qui en dépendaient, l'usage
P\TH l'iMILE. 49^
, de leurs loîi sous des m»gLs(i3ls qu'ils lUiraïent ^
cLque la nation paier.iit au peuple romain la moi-
tié des impôts (ju't'lle payait a ses loîs.
La Macédoine fui uivîsêe en quaire jiariies ou
Suaire dislricls, qui n'avaient de commun que la
jrme générale du régime. Paul £inile i^iroittil en
ouire à ces peuples de leur donuer unelégistalion;
et tes lois données par lui aux Macédoniens fti-
reql. d'ailleurs si sagement ealculées , que i'usaee ,
Mul réformaleur des lois, n'y fil ^ccauu.l^re dans
une longue suite d'années rien de défectueux.
A ces soins imporians succédèrent des oc-
cupations moins sérieuses. Depuis sa yidoire
Paul Emile s'occupait des piéparaliFi d'une fêle 1
laquelle il avait fait in>àlEr les députes des répu-
bliques i et les princes de l'Asïe, ainsi qlieles prin-
cipaux chefs des villes Je la Giècc.
Ces jeux se célébrèrent à Ampliipolis , avec
une pompe et une magnificence extraordinaires,
Leconsulyavail rassemulc de itiuiesles parties du
monde une foule d'alhlètes el d'artistes qui le
consarraienl à f'amusenieni du public, ainsi que
des rl.evaux femeun par les courses dont ils
avaient gagné les prix, hes amî'aïsadeiiis des dif-
férentes nations y pjiurenl , el on é.als tout l'ap-
pareil que la Grèce déployail dans ses grandi
Eux pour faire honneur aux dieux et aux )iumnie>v
nfm on y admira non seulement la magui-
ficence du spectacle, mais le véiilalile goût al-
liquc alors peu connu des Itoinains. La même
•omptuosiîé cl la même elé^ïauce piésidèrent aux
repas donnés :iux anibassadcuis. On cite à ce su-
jïi ce mot lie l'.ud l'Imile , que les appréls d'un
rordo.mai
,1 .i'.eil <iui décide le g.in d,
Ljl.iii:i.'s. Cr <]u[ frapiia le plui les étrangers dar
l.-sjeux sceniques, (ut Texposiiion du riclie buli
ûil surk ilaieJoine; ou y vit des tableaux , d.
il livia s<>Uanl(^-<lix villes au pUl
emb:iiiiii3 ion armëe el rcliiurna en
fuient les tvénoriiens et l'issue de (
Pmi dv jours ajirps l'aul Emile remo
sur un vaisseau royal <le la première \
seize rangs de rames , orné de riche
des palais de Persée, et jl s'avança v
au milieu île la foule des citoyens qui
les Jeux rives. Le sénat décerna Hn
grand homme les honneurs du trioi
1 envie, achaniëe contre le mérite supé
Si'mpronius , i^ui avait servi sous lui e
Iriliiin (let sol Jais , k former une puis!
pniir empêcher que le triotaphe n'eC
princi|>auK pcrsdiina^iîs de Home ace
tapitole , et sVtevèrent fortement cor
nœuvtM : ■ Quelle indienité. s'pcrièr
* vouloir priver Paul Emile du Iri.
» qui a mis fin à une guerre si import
» Persées'oppnseraulriomnhesurla 1
>■ ei SCS portes fermées k la pompe
I' SuivTa-t-on au-delà du Tibre le roi
PACL EMILE. 49^
bnns votèrent le triomphe d'une voix unanime.
/Linsi Paul Emile, vainqueur de la malveilbitce et
de la jalousie , triompha du roi Persée et des
Macédoniens durant trois jours , le tjuatrirrae *
le Iroisièine et le second des calendes de décem-
bre, Tan de Rome 584-
L'éclat et la pom|ie de ce triomphe effacèrent
lotis ceux qui Tavaient précédé , snii par la gran-
deur du monarque vaincu , suit par la beauté des
Eiaïues et des v:ises qu'on y aporia , soii enfin par
les sommes immenses qui passcrent sous les yeux
du peuple romain.
Mais Paul Emile , ainsi comblé d'honneu.s et
tout éclatant d'or et de pourpie, n'en fui pas
§lu« à Tahri de l'iiTCunsLince de la fortune. Des
eux fils de sa dernière FeniiBe, qu'il s'était réser-
vés en quelque s.irle pour cire les héritiers de
son nom et de sa gloire , l'un n>ourut cinq jf'Urs
avant son triomphe , et l'aîné , âgé de qnaiorae
âni, trois jours après les cérémonies. Ce Irtste
événement n'entpécha |)oint Paul Emile de venir
dans l'assemblée du peuple pour y rendre compte,
suivant l'usage , de ses opéraliuns ; il litil à celle
occusion un discours mémoiable , digne d'un
général roinaiii , et que Plutarijue et l'ite-Live
H Romains, dit-Il, ni les heureux succès de
> mon ronsuial, ni les coups de foudre qui vien-
» nent de frapper ma famille ne vous sontincon-
» nus; la cérémonie de mon triomphe et la pompe
i> funèbre Je mes enfai>s, qui vous ont servi de
o spectacles , ne vous ont que Irep instruits de
n ma glc>lre et di" mes malheurs. Permettez-moi
" cependaut d'établir tnlre la prosiiérité de l'état
n el ma foi lune particidii'ie un parallèle conforme
X aux ïcnlimeui que diiivciil m'iuspiror l'une et
H l'autre. Lorsque je quittai l'ilalie je partis de
» Briudcs au lever du soleil, et j'entrai dans le
490' PAUtr £»tTi.e.
>' port de Carryre avec ma flotte vers I;
ième heurt. Ciii' ' . i.. ■ . i^
Ù j'offrii lians
!n<]re Apollgn favorable à votre cénéral aios
vième heure. Cinq jours après j'ptais à Delphes,
"offrii lians le temple un
;1
» qu'à vos armées de lerre et de mer. De Delphei,
» en cinq jours, j'arrivai au camp. A peine eus-j(
- » jfm le coirimandemenl et réformé les abus qd
• me paraissaient un grand obstacle à la vicloirc,
> je marchai droit aux ennemis. Itlais i-oyaol
» uu'il nVlail possible ni de forcer leur camp ni
.> d'engager une action, je perçai les corps àt
» troupes qui me dispulaient le passage, et jt
> m'emparai des hauteurs de Pythium ; je contri
j> gnîs ainsi Persée d'en venir ans mains; jei
M vainquis en bataille rangée, victoire qui ati
M duît toute ia Macédoine sous la puissance dl
> peupleromain. Celte guerre, ^ui durait dfpuii
w pluâ de trois ans, je la terminai en quinze jouu
» Ces rapides succès ont été comme lasource (é-
H condede tous ceux qui les ont suivis. Toutes ta
•• villes de la Macédoine ont ouvert leurs port«,
» tous les trésors du roi sont tombés entre noi
» mains; enfin Persée, livré enquelquesone parle)
» dieux eux-mêmes, a été fait prisonnier avecsH
■ - enfans dans le temple de Samoihrace. Alors m»
a fortune m'a paru trop favorable pour oe pa
a m'in.i'pirer de défiance ; j'ai commencé à craii>-
> dre les dangers de la mer dans le transporta
a li riches dépouilles el d'une armée triomphaoKE
» mais la navigation a été des f>\v.s heureuses, '
- tout est arrivé à bon pori ; je n'avais plus
» vceux a former. Cependant, conune ceit
» comble de la prospérilé que la rhute «t fl
w rapide , j'ai prié les dieux de fiiire éprouverl
a revers de la fortuite à ma famille , pluidt oA
H la république. Sans doute les coopi terribl»,
« dont elle vient de me frapper auront acquillt'
C la délie de Tétat, et mon char de Iriojnphe,
p\iiL iTaihx. 497
.placé enirc les cercueils Je mes deux fils , sera
le suiil exemple des jeux nuels de son incons-
tance. Cerles , nfiui donnons aux innrtels ,
I l'ersée et moi , un^ preuve frsppanle des ca-
(prices du sort. Encore rout capiif <[ii'il est, s'il
a v« mener devani lui ses enfaiis chargvs de
. fers, il a du moins la <:onsj>1atiori de les voir
, pleins de vie , et ^oî , i|iii ai triiimphé de lui ,
' i'ai monlé des funérailles de l\in de mes Gis sur
iiDon diar pour aller an Capilole, et je n'en suis
desrendu que pour voir expirer laulre; de
i'sorte cfu'une prospérilé si briil.mle me trouve
j sans hériliers de mon nom. Rassuré par le
' grand nnmbre de mes enfans , j'en ai Lissé
( passer dem par adoption dans le» familles
li Cornelta et Fsbîa. l'au^ Emile ne vnit plus dan>
•> sa maisuD que le deuil et la solitude. Hciireux
K enrore de trouver dans la prospérité de l'élal et .
['dans 1,1 fortune de Komc la consolation de
lises inalliefirs et deses perles domestiques! »
[■ licite! discours, prononcé avec fermele d'ime,
il sur le pi?iiplc une împi ession beaurnup plus vive
|ue si Paul Kmilc eût déploré son inlortune dans
e langa^^e li- plus toiicliant.
Laeon'jui'lc delà Jlacéduine eut un grand avgn-
age.qmi
à Paul Emile la r.
wuplc;il rapiioila dans lotrt'.sor public des suinnies
i conMd.^niblc; .(tu- les Rom.iius nVureiit plus à
)ayerd'iinpôi |h'iid.i;it iiiigrjiid iiniobred'anriées,
!t sous fc rajjo'irl, lus viiioiit's de Paxil Emile
urent aussi ulili-s que filoiicusc:;. Mais ce qu'il y
I de pailicutier en lui c'esupic , citéri ei hiuioré
lu peuple , il re.la toujours ;.tuebé au parti de h
loLles,w . e1 ne ill j:.m..is ri,-ii da„s la vue de fi:i1 1er
k-s pli'b-l.'us que ivux .;ui rbcK!i,.ieul k- plus à
enr romplaiiv. l.f p.-i-plv: b- fit .iss.ï voir par l.s
lilÏMii.'^ b<,iiiicurs .jv/lilu; Jea^iua, elsuitcLleu
\
498 FAVL ÉM1LB.
l'^vanl i U censure. U il^grsda treis sénatni»]
d« noint dUtingii^s , ri fui, ainii que son coDè-
^eJHerous, très- niodi^r^ iJjiiis la revue dej che-
valiers Tornain.s. Sovs sa Censure le rl^nonibn^ j
tneiit iVicva à trois ccnl ireiile-sppt mille qustre I
cent cinquante cilnyens inscrits. Après avoir IB^
miné les alfaires Ips plus iinporunles de >a m:
triture, U fui 3lla(]Ȏd'nne malatlb qui, iipr^ai
iDnoncée comme très-dangereuse, s'adoucit CB-
suite , et |>aiul devoir être longue et difiicile. H
■'embarqua, nar le conseil des médecins, nouralts
A Elée oc Vélie, ville de la grande Gr*ce , oii
demeura long-temps dans une maison voitine il
la mer, el y vécut fort [ran({uille.
Obligé enfin d'a'siiiter i un sarri6r« solenncW
el te croyant d'ailleurs assez bien rélabli , il reviitf
à Rome, el fit le satiifice avec les autre» préirc*^
tniouréd'unefuuleimmerisequis empressait de tu
témoigner sa joie. Le lendemain, il offrit aui i'md
un sacrifice d actions de grâces pour sa guérisost
mais, rentré rhez lui, il pcidit ioulârou|i ronnait-
■■nre , avant d'avoir pu s'a nercc voir d'une alt^
raûon dans sa santé ; il tomba dans le dclirc, et
mourut au boul de trois jouis , après avoir rouai
dans sa pcriionne i.nus les avantages qu'un regarile
comme la source d'une vie lieureuse. On célebi»
aes funérailles avec la plus grande maf|;nificcnï»i
<a vertu Y fui honorée des ornemens les plus gl»"
lieux quipuissent décorer un convoi. Ces ornf
ment n'étaient ni l'or, ni tout l'appareil d'une'vai ~
et ambitieuse somptuosité, mais l'ailectioD ,
respect et la reconnaissance tjue lui témoignèri
aes concii' yens el ses ennemis eux-mêmes. T(
ce qui se t I «va d'Ibériens, de Liguriens et de 1
cédémoniens y assista. Valère Maxime dit qne kl
Macédoniens qui parlaient le corps de Paul Ëmiift
étaient les personnages les plus distingués de b
Macédoine , qui demeuraieot i tUioie ca cjualilé
PAUL lÉMILE, 499
d'ambassadeurs. Ce que firent ces ambassatleurs ,
ajoute- t-il, (laraifra encore plus grand si l'on
considère que le devant du Hl funèbre élail orné
de tableaux où l'on avaitreprcsenlé les triomphes
qiK Paul Emile avait remportés sur la Macédoine.
En elTel, quel resjiecr et quelle vénéralion ne mar*
suaient pas à ce général des bnnimcs qui, pour
i amour de lui, n'eurent pas horreur de porter
eux-uiêmes , au travers de tout un peuple, les
.marques des défailes de leur nation ! Ce spectacle
transforma en quelque sorte ses funérailles en un
.nouveau triorapne.
Ce grand homme se conserva toujours pur et
juste dans l'adminisiration des affaires , ou plutôt
il y arriva tout formé à la vertu parles lois et par
les mœurs de sa patrie , car de son temps tous tes
Romains étaient également modestes, également
soumis à leurs usages , pleins de crainte pour les
lois et de respect pour leurs institutions. Ce-qu'on
ne peut trop admirer dans Paul £mile c'est
3u'après avoir détruit la monarchie héréditaire
'Alexandre le Grand, i! dédaigna d'augmenter
•on bien d'une seule drachme, et ne voulut ni
toucher ni voir ces trésors irmnenses dont il fit
à d'autres de si {grandes largesses. Dans le plus
grand des malheurs, dans la douleur extrême
que lui causa la perte de ses enfans, il ne se mon-
tra ni plus faible ni moins estimable que dans sa
plus grande prospérité.
SCIPION LE JEUNE,
GENERAL BOMAIW.
tt A HA 18 on ne vit un si granJ homme que Faut
l'.mile produire un (ils ilesiiné à devenir son é^A
rn eloire et en venu. Tel fut pourtant Scipion
Emilien , fili du vainqueur de Perséc , à qui 11
ilcAlructton de Carlliage valut depuis le surnoib
d'Africain, Trè^-ieune encore, il passa par adop'
lion dans la famille du premier Scinionl Africain)
ilorit il devint le peiit-lils. Doué des dispositiont
les plus heureuses, il se montra de bonne heuic
le itifjne héritier du nom et de la renommée iâ
vainqueur d'Anriibal. 11 n'avait que dix-sept
lorsqu'il suivit son pfre, l'aid limile , dans s.
meuse expédition de Macédoine. Des deux fils (pe
le consul avait dans son armée , Scipion élait celui
■ *|u'il aimait te plus, parce qu'il montrait plus Je
jienchanl pour la vertu qu'aucun de ses firèrei. H
^lait plein d'ardeur, passionné pour la f^loirc, et
il donna des preuves delà plus brillante valcuri
la célèbre bataille de Pydna , qui renversa le trône
héréditaire d'Alexandre le Grand. Paul Emile, nr
le voyant pas revenir ajirès l'action , en ronçulds
vives alarmes ; ÏI craignait iju'entraîiié par sou peu
d'expérience au milieu i)ca ennemis, il n'eût r\i
la viflime de son cmjiage. Tout le c«mp n'est p»J
plutôt instruit de l'inquiétude du consul, que Ici
S')ldats, qui prenaient leur repas à l'entrée de la
iiiilt, roururcnt avec des torches allumées, le»
uus à Ij tente du général, le« autres devant hi
SCTprON tB JEUNE. 5ni
retranchemenï, pourchercherScipion parmi ceux
qui avaient péri les premiers. Un profond silence
régnait dans le ramp, et la plaine relenlissait des
cris de neux qui appelaient Sripion , c.ir dès son
entrée dans le monde il s'était fait généralement
admirer et chérir. Toutes les recherches éiaiil inu-
tiles, on le rroyail peVdu^u tué, lorsiju^il revint
tout h coup de la poursuite des fuyards, avec irois
oa quatre de ses camarades, cotiverls de sueur et
du sang des eaiiemis. Tel fui le début dans la
eat'fière des armes du jeune héros, (jui devint si
célèbre depuis par la destruction de Carthage et
deNumance.
'landis nue Paul Emile réglait à Amphipolïsles
afTaires de la Macédoine , le jeune Scîpion , à qui
l'âge ne permettait de prendre aucune part aux
Opérations politiques , se livrait à l'élude et à
l'exercice de la chasse. Paid Emile, attentif à procu-
rn* à son lîb des plaisirs honnéies pour te détour-
ner de ceux que la raison aurait pu condamner, le
laissa goûter avec une liberté eniièce un exer-
cice qui avait été en Macédoine l'amusement ordi-
A son retour a R*ne Sclpion se lia élroiie-
ment avec l'historien l'oljlie, dont l'amitié lui fut
depuis si utile et si houorablr. Un jour qu'ils se
trouvaient ensemble sans témciins, le jeune liis
de Paul Emile, ouvrant son cœur à Polybe avec
une sorte d'effusion, se plaignit île ce que dans
Karole de préf<;rence à son frère aine, au lieu de
li parlera lui mèuje:.. Je ne sens que trop, dit-d,
» que celle indiiférenci- potir moi vient de l'idée
» où vous êtes , comme tant d'autres , que je suis
» un jeune homme inappliqué, stins vocjtion,
j> sans goût pour les exercices du birroau, et en
B un mol comme n'ayant aucun penchant pour
f> cultiver le beau talent de la parole. Mais com-
!)i)2 SCIPION LE JEUNB.
» inenl m'y livrerais- je ? On me dit perpëtuelle-
» irxMit que ce nesi point ua orateur que Toa
>» atttMid lie la maison des Scipion , mais un gé-
» iK^raUrarmée. Je vous Ta voue toutefois y pardon-
» uc'A TTia franchise, votre indifférence est ce qui
» lu'M'iç^o. le plus. Quand verrai-je, ajouta-t-il
» vu prenant les mains de l^olybe et les serrant
» ilans les siennes, quand verrai-je cet heureux
» jour où , libre de toui autre engagement, et
>» vivant avec moi en frère et en ami, vous vou-
» drez bien vous appliquer à me former Tesprit
» et le cœur ! C'rsl alors que je me croirai vrai-
4> iiietil <ligne de mes ancêtres. » Polybe, cliarnié,
attendri de voir éclater dans Tâme de ce jeune
patricien de si nobles sentimens , le consola , le
rassura, et s'attacha plus particulièrement à lui.
De son (olé Scipion ne pouvait plus le quitter,
et trouvait un rharme inexprimable dans sa conver-
sation; il le respectait comme son père, et regar-
dait coTiinie une faveur insigne de pouvoir être
formé par ses conseils. Polybe augmenta son éloi-
giKMiient et son aversion pour ces vains amusc-
niriis, pour ces plaisirs dangereux auxquels s'a-
bandonnait la jeunesse de nome, déjà déréglée et
< orronipue par les richesses et par le luxe. Tou-
j«)urs guidé par les sages conseils de Polybe, le
(ils adoptif de Scipion joignit à l'innocence des
m(eurs le plus louable désintéressement, et il en
donna des preuves touchantes en faisant de sa
fortune , dans plusieurs occasions ^ un généreux et
noble usage. Devenu possesseur de la riche suc-
cession de sa tante Emilia, qui avait épousé Sci-
pion TAfricain , il l'abandonna tout entière à sa
mère Papiria, qui, n'ayant pas de quoi soutenir
l'éclat de sa naissance, menait une vie obscure et
retirée; celte libéralité, vraiment filiale , et très-
peu commune à llome dans un temps où l'on
coimuen^ait à être esclave des rich€ssea| honora
SCIPIOK I.E JEUHE. 5o3
siognlièrement le jeune Scipion dans l'esprit de
•es conciloyens. Les d^mes mmaiofs lui en surent .
un gré infini, ei lui donnèrfoi des louantes lui
lui servirent comme d'aiguillon pour suivre la
roule de la venu. Le même esprit de déaintéres-
■noenl le dirigea deux aùs après , lorsqu'à la mort
de son père, Paul l£mile, il feil;i â son lière
Fabius sa p;irt de la succession palernellc, voulant
corriger ainsi l'inegalilé des biens qui ejtistaitentre
lui ei son frère. Scipioa abandonna aussi à ses
soeurs toui ce qu'il avait donné à sa mère, et
s'attira de nouveaux appidudissemens par celle
action, qui témoignait as^ez sa grandeur d'âme
et sa tendre amitié pour sa famille! Ce (|ui ajou-
tait surlotit un nouveau prix i ses libéraliiés,
c'était l'Sgc où il les faisait , et les manières gra-
cieuses et obligeantes dont il savait les accompa-
. sner. Telles ei.iienl, au milieu du dépérissement
' des moeurs romaines, les acticns vertueuses et les
^ rares qualités de Scipion.
Cependant les Espagnols, qui ne supportaient
qu'3veti)™ti,-,)rt-),;j-.Jg des Roo.alns, ayant fait
éprouver plusieurs échecs aux légions qui ser-
vaient en Europe, aucun citoyen ne voulnil plu»
s'enrôler, tant il y avait à Home d'éioignement
pour cette guerre longue et terrible.
Les tribuns du peuple .ingnienlaient le désordre
en protégeant ceux qui rcfusaicnl de s'enrôler. Le
peuple assemblé ne cessait de déclamer contre la
guerre d'Europe , et le sénat el les consuls étaient
dans une grande perplexité, lorsque Scipion, à
peine âgé de trente ans, se présenia an Forum,
et demanda l.i permission de p.irlcr. On la lui ac-
corda aussitôt, et il fit un discours si persuasif,.
que kienlôt les citoyens marqnèren' autant d'em-
pressement pour s'enrôler qu'ils avaient fait pa-
raître jusqu'alors de lépugnance.
On ignore si le Gis de i'aul Emile servit e*
5a4 SCIPIOK LE IKCNK.
Espagne ta qusUié de lieutenant du consul Lici-
nius Luculliis , ou simplement commis tribun lé-
gionnaire; mais il est constant loulefoîs qu'à lui
seul fureat aliribués les surcès que les Homatui
obtinrent ptrndant la campagne oui suivît cet en-
rdlcment extraordinaiic Au milieu de tous les
«xcès, (le loures les barbaries doni se flétrissaient
les Romjins, Scipion s'aci|uit une répulalion de
clémence et de probité in^me parmi les cnnemin
de Rome ; il signala sa rare valeur dins un combat
singulier contre un Espagnol d'une laîlle gigtn-
tesque qui avait défié le plus hardi légionnaire, et
il fut honoré de deux couronnes , l une murale,
el l'autre civique.
Ludullus l'envoya peu de tempi aprét <!it mis-
•îon en Niimidie , pour demander à Mnsinissi
quelques éléphans armés en euerre. Scipinn aniva
en Afrique au moment où Tes hoslililés venaient
ée se renouveler entre le prince numide, allié Je
Rome, et les Carihagiuois, dont une armée puis-
sante avani,ail vers tes frontières de la Numijic.
De part et d'aulre on se prénarait h une aciion
générale, lorsque Masini^isa, mstruJl du débar-
quement de Scipion, fît parlir ses lieux lils et louie
sa cavalerie pour aller le recevoir et pour Tei-
corier. Qnoique le (iU de Paul £mi[e ne filt pelil>
Sis du vainqueur d'Annibal et du protecteur df
Uasinissa que par adoplioo, le seul nom de Sci-,
pion excita dans le cceur du vieux inoRar(|iie
numide, des senlimens d'af&ciion et de recon-
naissance. A peine ful-il arrivé au camp, que
Masinissa courut l'embrasser avec les plus grandi
témoignages deteudresse; il .ne put retenir seî
Wmesen parlant de son ancien bienf.iîleur,Sctpii>il
l'Africain. Il ace irnpagna partout le digne h<Titier I
de cet homme célèlîrL', l'instruisit des préparaliâ
au'il avait ihils pour la bataille du lendemain ; puis
fit passer l'élite de ses troupes en revue dcTanl
SCIPION LR JEUNE. bo.i
lui. C<; que le fils de Paul Emile admira le plas ,
ce fui le roi lui-même, qui, malgré son grand
âge, monlrail toujours la in^me vi|;ueur, se te-
nait à cru sur son clieval, à U manière des Nu-
mides, et ne prenait pas d'autre nourriture que
celle de ses propres soldats.
Rame n'ayant point encore rompu ouvertement
avec Carlhfige, acipion Hmilien crut ne devoir
prendre aucune part à l'engagement général rjul
allait avoir lieu. Dès le lendemain, au levËr du
soleil . il alla se placer sur une hauteur d'oii il vît
dUiiuctemenl une des batailles les plus mémora-
bles qui se soient dijnnées en Afrique; elle dura
depuis le lever du soleil jusqu'à fa nuit; mais
enfin les Carthaginois plièrent. Dans ta suite
Scipion avoua souvent qu'il avait assiste à bien.
i' des batailles , mais que nulle autte ne l'avait au-
' Mal frappé que relle-ci , pendant laquelle , tran-
t qiiille et de sang froid, il avait vu plus Je cent,
* mille combaltjns en venir aux mains, et se dis-
puter long - temps la victoire; comme il étaïl
très-versé J..m la Wlure .H Wre . 41 ajoutait
qu'il n'avait jamais été donné qu'.i .lupiter et k
Neptune de jouir avant lui d'un pareil spcclaclc ,
lorsque TuTi, du liaui du mont Ida, et l'autre du
sommet le |ilus plus élevé de l'fle de Samolhrace ,
avaient conlemplc un, combat à outrance entre les
Grecs et les Troyens,
Cependant, comme la bataille n'avait pas éié
décisive, Eniit'ieii entreprit de négocier la paix '
entre les parties belligérantes ; mais s^ médialioii
ii'ayanl eu aucun sucrés , 11 partit |iour l'Espagne
avec les éléphaus qu'il était venu demandera Ma-
De relour.i Uome, il trouva que le sénil, exrîté
par Caton le Censeur, avaltrcsolu de conmen-
ecr contre Cartilage la troisième guerre punique;
Scipion, à (|ui il était réservé de la termmer glo-
JîoG s CI PI ON LE JE II NT?.
ri<'ns«*iiuMït , sVriiharqiia aussitôt awc Tarmôr» ron
Milaiif , (K'iiis iac]U(!lif* il MTvait alors cmi qualitt* de
tribun , ci .l'honla cmi Afri<|ii(;. Il m; tarda pas à se
<lisiifj:^'MM autant |»ar sa pnul«nr.o <|iii» par sa
vaiciii : i «'S «consuls firent plusieurs fàiiLos pour
ii(* pas avoir voulu suivre ses avis, l^cur atlainii!
lonirt* <lartliag(* ne fut pas heureuse; une paiiie
«Je II llolte romaine fut brAlée par les Carlhagi-
ii:>is, et dans une sortie le ramp des consuls au-
rait etf forré sans le courage de Sripiori , qui, a
la tète il un rorps de cavalerie, tomlia bnis(}ue«
in«'iit :>iir lf*s (]arihap;inois , qui se virent forrésde
K'iitK-i dans leur ville. Dans une occasion plus im-
portante encore il sauva toute Taiinée , assaillie
*vr( lurenr par les troupes d^Asdrubal. Tous Ici
liislorirns conviennent que l'armée romaine était
perdue sans (e jeune héros, qui renouvela Texploit
<1 lloi.irius ('orlès. A la tête d'un corps de imif
cents rlievaux, il soutint l'attaque de loulus les forces
d Asdrnhal , et couvrit les lésions dans leur re-
traite , pendatit qu'elles passaient une rivière eu
prést-nre de l'ennemi. Non c<mtent de cet exploit,
il (OUI lit sauver un corps isolé qui était investi,
et 14'vint an (uiinp au milieu des acclamations de
l'année. Les sotdats qu'il venait de délivrer lui
dcr crnèrenr la couronne de.grumen^ ou d'herbages
cueillis sur les lieux témoins de sa valeur.
(^e trait et beaucoup d'autres encore acquirent
tant de gloire à c>cipion lùnilien, que le sévère
t'atoHfipJi jnsnu alors n avait loue personne, ne put
fuser à cet* illustre Iloinain les éloges qui lui
étaient dus. Sa faraude réputation lui avait attiré
d'abord quelques atteintes de la nnalvcillance et
de la uiédiocrlté jalouse ; mais sa modestie et sa
rettMine c.lian^^èrent bientAt l'enviu en admira-
tion, VA quand le sénat envoya des députés a«
Camp fiour se faire rendre c<»mple de l^ëtat du
.vi''(;t' , l'jriaee cutière, soidéLs, ofliciors^ géiiÀ»
scri'ion LE JEUNE. 5ny
raiix, se rêunil pour faire de la cotuljilte de Sc.i-
jiinn l'élngr !(■ plus (lalteur , Gl pour relever son
tnérile et ses liauts faits.
Mdsiaissa , qui sentait sa fin apgiroclier, fit
prier Scipion ne venir assister à ses deroieri
momens, pour assurer à ses enfans s» succcssioii
et le partage da ses élats. Mab ce prince n'exis-
tait déjà plus quand Scipion arriva dans sa ca-
pitale. Désigné son exécuteur testamentaire et
nomme luieur de ses deux fils , qui devaient s'en
rapporter à ce qu'il réglerait , Scipiofl manira
dans celle commission délicate autant de pru-
dence que d'équité.
La campagne suivante il fol chargé à" plusieurs
reprises, par le proconsul Manilius, qui cumman-
d*it l'armée romaine en Afrique , li'liilerccpter
les conTois de Tenneirii el de ravager les ca.nipa—
gnes, ce qui eiiigcait une grande activité. Scipion
remporta plusieurs avantages, et prit un grand
nombre de châteaux, entre autres Rezagiia.
Dans une de res expéditions il eut une confé-
rence parlicuijère avec l'haneas, général de la ca-
valerie rariliaginoisc , excellent officier, el il par-
vint à le décider à passer dans l'armée romaine
avec un corps do deux mille deux ronls chevaux. Le
proconsul l'envoyrf à Home avec Ph-ineas, CI écrivit i
celle (ircasiiin au sénai une lettre dans laquelle il
avouait qu'il était redevable à Scipion ue lnus L*S
tuccés qu'il avait obtenus pendant son curaman-
Le nouveau con!;ul,Caipurnius Pisce, vînt con-
tinuer le siéi»e de Cartilage, mais avec langu^'iT, et
la campagne se passa tout entière en opérations
infi uctueuses , de sorte que les Carthaginois
eurent le temps de se fortifier el iriniér.Mi'r les
Seuples et les lois dans leur querelle. A-iiSsi i
lome commençait- un i craindre l'issue d'une
guerre qui devenait de jour en jour plusdoijteusi'.
4:1 *
îîo8 S C I P 1 () N L K J E V S K.
Au1;iiil on hlàriiail 1rs ^('nrf niix nui l.i (liii^o.iicrit,
mitant on cx.iltair I<*.s (iiialiitrs dv Scmion, (*( (^alnii
lui nppliqnail w. nucdit. llnmrrt! de J'in'-sias rorn
paît' aux autres linl)lfati!i (1(9 TKly.M'H* : <« Slmj! il a
»t (les siMis (M (l(i la t(^!t(*; l(\s niitrrs ne .s(irit (jul*
n lies onibiTS. »» On assure humik» (|u(^ peu ilc
t<>ni|)S avant, sa UKirt Cal on projit que ia fi-
incusi! (Jartlia^f* vv succ.omlierail que lorsquVIle
serait assli'^i'îc pir Sc.ipion.
Il t'était. v(*inj à l\onio pour deniaiidcr TiMlilitr;
mais à [)eine parut ii dans rasscrnhliMî du peuple,
cpie son air, sa n'>putalion, ro[)irMori univcrselhr-
inent K'pandue fpie les dieux h* destinaiciil pour
letiniiKM la troisièriK^ giuM're puni(|U(* , roiuiim
^>^ipion son p('rc adoptii avait IcrniirH'^ la sfîconih*,
lrapp(*renl tellement les (*sprils, cju'au Iïvm de IV-
dilit(> le peuple lui ronf('Ma la digiiil('' consulaire;
on (it en sa faviMir une excef)liun à la loi Villia,
(pii défendait d'accorder les (aisceanx à un randi-
dit au dessr)iis de. quarante-trois ans. Siipioii nvn
avait rpu* trente sept, et le peuple, laissant dormir
les Iciis , voulut nit^ine cpril eilt rAfnfpie pour
dépaileoient ,saiis tiier avecsou r.olU'gue les pro-
>in('es au soit, comme ('\*lait Tus.ige.
Il faisait des pK-p-iratifs de départ pour r.\f-
f[i'|ue, loisrpriiii homme «pii lui était attaché d(^
puis l(>o(; temps et (jui lui faisait assidiienient la
(our, vint lui demander hi |)lace de coiiiniandaitt
des |>ioiiniers de son armée, place très-lucrative
( luîA les Itomaiiis; mais , sur le relus «le Scipion,
cet homme se relirait \\v.s irieconleut : «« ^e vous
w Moniu'A pas, lui dit ce f;éneral, si vous iToli-
»• teiii'/ pas de moi remploi que vous sollicitez;
i» it y a lon^ temps (\iiv je roftic inutilrinent à un
» liotmrie «pii , je p(Mise , aurait iï cœur le soin Je
» ma i('piitat(on. •• Scipii)n n^igiiorail pas, aînà
que le (ail ubsiMver Cicéron ix ce sujet , que les
SCIPION LE JEUNE, 5og
f^cas en pbce sont respnnssbks de la coniluile de
ceux qu'ils attachent à leur persoone.
Lp nouveau consul s'embarqoa d'abord pflur U
Sitile, arrompagnê de l'historien Polybe, doolit
ne pouvait se sépaifr, el de Lelius, fils de celui
pour qui S':i[>ion l'Africain avait eu lanf d'af-
fection. De la Sicile il fit voile pour sa drslina-
lîon, et arrivé à Utique. îl apprit que trois mille
cinq rents hommes Je l'armée romaine étaient en
péril devant C»rlhnge ; aussitôt il vole au secours
âe ses compatrioles, et les ramène k bor<l de ses
TaUseaux, aptes avoir repoussé les Carthaginois.
jSi'is il fallait avant tout rélablir ta discipline
parmi les troupes de la république : nul ordre ,
nulle subordination, nulle obéissance: le soldat
ne songeait (ju'à piller el à se plonger dans la dé-
tiaticbe. Scipîon fil de salutaires réformes, don-
nant lui-même l'exemple des vertus mililairej. II
poussa ensuite le siège de Carthage avec vigueur,
M attaqua d'abord la mnie de la ville apprléa
Mégare, nui défendail 1 approche de l'isthme au
Lord duquel sëev^W Carth.ii,'!' di. oV,^ .!,■ I. i..<t.
Il prit IVlpoare d'assaut, n, se voyant maître ab-
folu de ^i^^hmp, il brûla le camp que tes ennemis
pour sps trounes, éleva du côté de Carthage un
mur haut de douze pieds, flanqué de tours et de
redoiiii's, occupant louie la largeur de l'isthme ,
bloqua ainsi Ciitliage par mer et par terre, et eu-
tri-pril de fi-rmcr entirieiiienl l'entrée de son port
M;>is le (liU''.tp(jir suggéra aux assiégés un pro-
jet dont l>xcriitioii semblait impossible ; ils ou-
vrirenl Éoiit j roiip une nouvelle entrée de l'autre
rfllé du p'nt, el Minirenl en nier avec une flotte
nombreuse: red.^ublnni ensuite d'efforts et sur
terre et sur mer, ils bTi'ilèrent les machines des
Komairis,!-: rendirent inutiles toutes Ics tentatives
5lO SCIPION l.f. JKITNK.
de hloriis. ToiitiToif Sclpioii finît par se rrndrr
itiuln* (l'uiKî loiTa.S54! ciui «'.ouvrait la vlllr du cCtié
Jr Li mer, et il termina ainsi sa pmni^TC cam*
l*riiilaril Tir ver il ;ill«iqna N(^pli<^ri.s , plarc vni
ê\iv* lie (]arlli.)^c, et (]ni , par la voie d(^ la mer,
(•iiiniis.'Miil «les vivres aux asAii^j^é.s. Il s\*ii reiulit
III. îhe après ;ivoir iovciS les n^haurlicmnis des en-
II' mis, leur avoir tué soixante uiille lioininesct
l.iit <llx mille priscKiniers. Ln siéce avait <liiré
, . » -Il II
viii^l deux jours, el aurait e(c encore plus long
c.ins Ir siTours d^uu rorps de cavalerie numide,
(jue (fuliissa, fds et surresseur de Masiriissa, avait
auH né ;i Siijtion ; dtVshors CarLlia|;e lut iiive&tic ci
as'lé^éi' dans les forîTirs.
l/;ninée eon.salairc étant expirée, Sripion fut
«nutorisf* A garder, sous le titre de |>rornnsiil, le
comnKiiuIement de Tarmée (rAfiicpic, jusf|U^i ce
i]\]'\\ rnt ronronné sa grande entn*prise par un
nui ''"S détisif. lh':i le roininenrenieut du prin-
kinps il s'empara de Tune des portes de Car-
lli.i'.e i'I <lr l Ile dv (iollion, siiiiée entre les deux
pniis. Il pi il ensuilt; la résolnlion liardie de pénclrer
lan» la villr,t'i (r.ni.upirr la e.itadelle appelée Byrsa,
)our (rapjTrr (^alllla^e .iu ( hmii . I/liislorien Po-
) l)e, (pli jnan II lil ii ses rt^lés, lui ( unscilla de faire
s;.iinir les rues de ehevaux de fri.se, afiu f|u*uil
ne pùl ralia(pier par derrière : « Vous prcnes
'* hop de prér.aulions , Polybe, répondit le vail-
» lant ^;énéral ; il n'y ;i rien «^ r.raindre dàui une
» ville remplie de confusion et déjà en notre
» p')nvoir. » Trois ru(*s escarpées mtMiaienl à la
eiiad'-lle; les maisons des deux côtés étaient fort
li.iiiies cl remplies de (Carthaginois qui accablaient
le:. Iinmaius de pierres el de traits. Sclpion, ca
pcisoiuie, ik la télé d'un détai Inrment «relile,
«iKa'pirf la prcmiéie maison, et seu empara ré|)re
^ li m un. Sou exemple (ut iinilé par sus idliiirrs
I
i' " SCIPIOK LE JEDNE. 5ll
_ «l persesscIdiiU, (jui allèrent de maison en mai^
«en ea pass:int tous ceux qu'ils rei>conlriical3uU
de l'épée. A mesure (|m; les maisons étaient for-
cées des deitx cAlés de la rue, le» Hdnraîns avaa-
. ^ient vtrs U citadelle, luuiDun en cumbatiantî
r mais chaque poure de lerre leur était disputé par
% vne année carthaginoise ; ainrs Scipion, au tnï^
\ Keu des cris de plusieurs millierj do blessés et de
^ Baourans , fit meitrr le feu au quartier de h ville
'. Mjài joignait la citadelle. La terreur et l'edroi firent
|j, alors tttie telle impression sur les assiégés, qu'oR
»it d'abord vin^t-cinq mille femmes ei à peu prè«
tKBie nailtc hommes soi lir de Byrsa en suppliant,
rt venir se jeter aux pieds du proconsul, en deman-
dant la vie pour toute fa veur.Scipion la leur accord»,
4âhtpoureux qiiepourioiisceaTiqHiétaienl renfer- .
fBéa dans la ciiadelle, à l'exeepiion des déserlevirB
, Ttomiins. Asdmbal eut la liclielé d'abandonner
les défsnseurs de la ciudelle , el de venir seul im-
fdorcr la clémence de Scipion, nonr qu'il pàtser»
vir d'ornemeol à son Iritîmphe. Lesdéserleurs.re-
lirésdaus le ieTii[ile(l'Ksriil,irpel n'ayant pins d'es-
poir, .Vnspv,lir<-nf dans les Elainmës, à IVi><-,n|de
de ia feiiinre d'Asdi ubal , <|ui s'y piCri]iita anrèî
^voir poignardé %v% d<^ox enfans et exlialé d.'s
imprécaii-.ins ronire l.i ISrlicié de son indierie
épouï. TnTit d"!i<i<Tihles i.ènrs arrachèrent des
larmes à iripion. Il n-sl.t iurlijiic temps dans un
trisle sileiire, cl li- ronipîi udiir réciler deux vers
d'Ilomére dr.nt vol.! le inus: •. 11 viendra .m
" temps où la ville sarré,- de Troie et le belli-
» queux 1-rinm er eupl. périront .. Un pro_-
loriil soupir aiTomp3f!'ia ces mois, l'nlybe, qut
Clait toujoiii-i :i ses cnU's, lui demanda ce qu'il en-
tendait par Tri;ie et le peupli; de IViam. Scipion,
sans nomiTHir Home , marqua assex clairement
q'i il rr.iii^nril qu'un jour sa pairie n'i'ùt le mi'me
suit que Tiolc el Carihage; u Les plus graiid»
!}\'l SCI PION LE JET NE.
>' rhirs , .ijoiira l 11, oui leurs priloiirs, apnVs Irs-
>' f|ijï'ls [.I (or lu ne aliaisse c<*ux qu^cilc avait pris
'• piaisii' à «'irvcr. >»
L'- vain(|iii'ural>aii(l()nna totitr la villoau ])i}lagp,
à la irscivr- di- Tur c! dr l 'ai^^ciit, ili's slafues et
ili'; nflia ".l's qui ar. 1ninvai(*iil dans les élaljlisse-
iiH'iis jMiMii's v\ dans \vs trmplcs. Il fil savoir en
i:irnn' irmps aux diffônîiis peuples de la Sirihî
cpj ils ('laicnr aniorisôs à venir rliarnn rrconnaîlriî
v\ M'|.r<n(lfc les tahleaux v\ les slaluos que les
(.ailliaf^inois avni(>nt enlevés dt* leurs villes dans
hs ^ni-rrcs préctMlentes. Lv. fameux taureau de
IMialans (ut r(*rnJii aiix liahitans d'Agrîgenlc ;
hi;iii(' (nt restituée aux habilaus de Segeste , et
J«îri' me a'ix 'i liydaritains.
A[ins .«voir mis en vente une partie des dc-
pruil!*v, Srij/îDu fil de sévères défenses à toutes
I.". [i»: ^(niiics (il* sa suite de ne rien prendre ni de
I c", .'(!i"'('r dir (e (pii avait appartenu aux Car-
I. a-ii ')ii, laiii il prenait soin dVearler incarne de
M |i"i '.'•niic jus^pTau [)1us léger soupçon de vé-
uililé. On v'.it [iar là rpic» Sripion, constamnient
ail;i(1}(- aiix anricnurs maximes , regardait non
.srulcnicMt ronnnr une lionle et une infamie, mais
ciH op" ( oniiiir une prévaricalion criminelle, de pro-
fitrr du ( onnnandnnont pour s\*nrichir.
Il fit tioiiiT une partie des dépouilles à boni
d'uiic ; .ilcie , qu'il envoya immédiatement à
fioûx'. ponr iuforniiT le sénat que (;arlhage était
prise i'i la i^îicrir d Afri'pir l(!rininée; il <ieman-
ti.iit « !i fnéîiip It nips d'aulM's instructions. Une
iu)uv( l'r aussi ir?ipnr!aute causa une joie incxpri-
ïîial)!»' a !r)us h'sc.iloycn.s de Uome, qui <le leur pro-
pitr i!i(iiv( luenl coiiiurent aux temples pour lé-
M:ni;;n( I leur rerouiiaissauci! aux dieux. Aprîs
di' n»ùns déliliérations le sénat enw>ya ordre a
S(i|)i')n (le détiuin: (Cartilage, l^e (eu ayant élti
mis uix '.'vldi'.i's dccftlc sujteilie capilalO| dau^ tous
rf7:
; :] c LE jeunï;. 5i5
les quar à , Tincendie éclata de toutes
Erts avi ; le tureur incroyable^ il continua dix-
pt jours avant que tout fût dévoré par les
flammes ; ce oui suffit ppur donner une idée de la
Jrandeur proaigieuse de Carthage. Telle fut la fin
éplorable d'une ville fameuse. par sa puissance
et par ses richesses , qui avait subsisté pendant
sept cents ans , étendu son empire au loin, résisté
pendant deux siècles à Rome , sa rivale , qui s^était
▼ue â la veille de succomber elle-même dans celte
lutl^ sanglante ; d^une ville enfin qui n'avait été
renversée qu'après avoir soutenu , dépouillée
d'armes et de vaisseaux , toutes les misères d'un
|ong siège.
ocîpion ramena ses f roupes h Rome » où il
obtint il la fois le surnom glorieux de second
Jl/ricain et un magnifique triomphe ; on n'enavaijt
jamais vu de si éclatant ; ce n'étaient que statues ,
raretés , objets curieux et d'un prix inestimable ,
que les Carthaginois , pendant le cours de plu-
sieurs siècles , avaient apportés en Afrique et ac-
cumulés à Carthage. Après ce beau triomphe, qui
lui fii4 (lérorné Tan de Rome Co6,el i46ftvaiU
J.-C. , Srif>i()n déposa au Caj)ilole une urne rem-
plie des cendres de Carlliage , qu'il veuail d'anéan-
tir par le feu.
Sa gloire brillait sans tache , et il avait acquis,
sans y prétendre, sur le peuple et sur le sénat, un
ascendant qu'il ne devait qu'à ses exploits et à ses
vertus. Ap'ès avoir été à la tête des armées, dans
le tumulte des combats , dans la pompe desT
triomphes, ce grand liommevinl goûter le repos
de la vie privée au milieu de ses anns et dans le
sein de sa famille. L'éducation excellente dont il
avait été redevable aux soins de sou illustre père,
et les >astes connaissances qu'il avait actjuises par
ses rapports intimes avec Polybe , le mettaient eu
état de remplir les vides que lui laissaient les af-
Idiivs publi(]ues , et de soutenir , avec autant de
5ï/t SCIPION LK JEUNE.
dignilô (fup. d*agrément, les loisirs de la vie priver
Scipion n'était pas d^ailleurs étranger aux ueiJes-
lettres; le loisir et la solitude avaient pour lui des
charmer inexprimables. « Personne, dit ThislO'
» rien Paterculus, ne savait mieux que lui en-
>» tremWcr le repos et Faction, ni mettre ii profil
» avec plus de aélicatesse et de gouttes vides que
» lui laissaient les affaires. Partagé entre les
» armes et les livres, entre les travaux militaires
» du c.'imp et les ocrupations du cabinet , tantôt
» il forlifiait son coips par les habitudes de ia
»» gtrcrre , tantc^til cultivait son espcit par Tëlude
*> (les srirnres. >•
Le goût de Scipion était si sûr dans la culture
des lettres , qu'à Rome c'était un bruit générale-
mer!! répandu qu'il aidait, en société avec son atni
Lclius, le noëfe ïérence dans la composition Aï
•es pièces ue théâtre » si remarquables p:ir Vêlé*
gance cl les grâces du style. Térence s'en fiii hou-
nfjir (ai -même dans sa com<'»die des A%lolphes.
Mais la gloire de Scipion devait s'étendre en
<!nre î»u delà de la carrière des armes. Trois an
api es son premier triomphe il fit partie d'uni
fameuse ambassade que le sénat envoya ei
Orient et en Egypte ; elle était composée d<
Alummius, de Motellus et de Tilluslre fils de Pau
Kmiie , trois des plus grands personnages de 1.
république. Leurs instructions leur prescrivaien
de pisser en Svrie , alors en proie aux troubles e
aux révolios; de visiter la Grèce, l'Asie mineure
de voir dans quel état se trouvaient toutes ce
contrées ; d'examiner si Ton y observait les traité
faits avec Home , et de remédier k tous les désor
dres , à toutes les infractions. L'ambassade abord;
d'abord à Alexandrie , où régnait Ptolémée Phys
con , le plus cruel tyran qui ait souillé les rontréc
qu'arrose le Nil. Ce prince , Teffroi de ses sujets
recul les envoyés romains avec une ma^nificeno
SCIPION LB JEDNE. SiS
•Mrtor(]înaire: ceux-ci alTectèreiil la plu^ grande
•impliriié, Scipion, de tous les granil) de lïuRiple
{Anspurssanl et (e plus riche, ne psrirt diiK la
npilale de l'EgYpte qu'avec une suite de lii per-
sanes, parmi lesquelles on remarquait le philo-
sophe Panelius. * On complaii , dit Yalère
kcMaxime, non ses*dnmesli(|uei, mais ses vic-
» loîies, et l'on estimait en lui non t'édat de l'or
> et de l'arecnt, maïs ses verlus et ses qualités
• perso un elle s. «
Pendanr son séjonr à Alenndrie V mifabaît
tervir i sa table tout ce qn'rl j avnii Ae plus àéïi-
cat et de plus recherché ; mais Sdpioti ne tAo--
chah jamais qn'am mets les pitis irmptes «I In
jAia communs, méprisanttowt le tesie :seJtoRfe-
gofs s'efforçaient de Timiier.
■ Quand A eot bien m AlesMtifie.-rt fPdé 1h(
«fFjïres de Tambassade , il remrrAta 4e TflT phot
Visiter MeTnpbis et les autres psHiel' èê yVigfMK.
It connut par luî'-intoK on par d'etaetes tnior-
malions le grand nombre <fps villes et la multi-
tïiiie proiligieuse d'Ii.ibilans i]'ie renr<Tmait relie
heureuse situation et les aviinl.itji-s (qu'elle devait
à la ferlilité de son territoire. Il trouva qu'il n'^
manquait ripn, pour la rendre formidable et flo-
rissante, qu'un prince qui eût à la fois des lu-
mières et (le la bonté ; mais Physcon ,qiji y régnait,
dégradait et avili'^sait l'Egvpic ; sa mollesse et son
difformi
ter cellf;
ranre s(
ié de SI
• ma
nifeslaic.
;'itre ; à
rme de cl
,1 pi:
pinn
r h gr
csseuretla
vait-il por-
cilé et U
mais en
un .■fii.ri
homm.-,
1 pniir
, se lou
que
andise ,
)mp.igne(
et il ne p
char. ToL
r Scipion :
netius, lui
araissail ja-
ilefois il fit
riant ; •■
» de va
L;-s A
lier !
minns II
. pied k.
Lr'ro
«M 1
'obligation
6l6 SCIPIOX LEJEVNE.
Ainsi, tandis que Physcon élaït un objel de
mépris p'>ur ses sujets, Sripion, visitant les curlo-
(iléi d'Alexandrie , faisait , selon IVxprMsion dt
JusIiD , l'admiration de loute la ville; dum inipi-
cit urhem , spe/:tarulo AUxundiinî fuit.
Cette ambassade, ou plulât celle mission poli-
- tlifiU!, le fit connaître en Asie, et donna encctrf
plui d'éclal 1 sa renuramëe..
Elevé à la censure pen de temps ariris son re-
tour dans sa patrie, Scipion , dans rexeicire de
celte magistrature délicate, eut â lutter ccnirf les
mauvaises mœurs et contre les abus de tous genrai
qui s^iniroduisaient dans la république ; mais tout
so'n zèle fut rendu inutile par la trop grande faci-
lilé de son collègue Mummius, don) le cararièr*
de bonté dégénérait en tiiiblesse. Ainsi, pendant
que Scipion examinait avec sëvénié la conduite
des sénateurs, des chevaliers, et même des pria*
cipaux che& du parli populaire ; tandis qu'il usait
de l'autorité de sa cbargr pour réprimer les vtcpSt
son collègue ne notait personne, ou mettail à cou-
vert de la flétrissure tous ceux que notait ScipioUr
Ce grand homme s'en plaignit un jour en pleîiw'
assemblée du peuple: «J'aurais exercé la censure j
» dil-il, d'une manière digne de la majesté de 1|
» république , si l'on ne m'avait point donné dt
1 collègue , ou si l'on m'en avait donné un. «
IL n'outrait pas toutefois la sévérité, çtvoic
fait qui ne lai»e aucun doute Ji cet égard. Dans Ik
revue des chevaliers, lorsque le tour de Liciniiti;
Sacerdos fut venu de se présenter devant les ceftr
■eurs , Scipkin dit à haute voix: « Je sais que JJ-
H cinius s'est parjuré, et si quelqu'un veut l'accu-
i> ser je servirai de témoin, «Personne ne s'élaol pré-
sent é, Scipion , adressant la parole à Llcîniu^. lilî'
• ' ordonna de passer, el ajouta: «Je ne vous noteraji
" point, pour qu'il ne soit pas dil que j'aie faitl'
» voire égard Us fonctions (l'accusateur , de jugi
^
SCIPION LE JEUKE. 5l7
> et de témoin. ■ Ainsi ce grand bomme, au fa-
gcinenl dufjucU'en rapportaient le peuple romain '
Bl même les nations ëiratifèr», ne croyait pas
devoir s'en rapporter i lui seul lon<]u'il s'agissait
de fléirir i(n ciloyen. '
Dans la clôture du lustre il Aait d'usage d'a--
dresser une prière aux dieux pour leur demander
d'augmenter la puissance du peuple romain. Lors*
que le greffier lot cette rnrmale Scipion, alors
censeur, prit la parole , et dit : « Notre puissance
•• est assez grande ; tout ce que nous devons de-
» mander ai>x dieux c'est qu'ils la conservent
» dans le mfnie état , •• et sur-le^hamp il fil
reformer celle ancienne formule , qui resta depuis
(cUc fluil l'avait dictée.
L'Afrique avait clé sovmife par ses exploits;
mais plusieurs parties de l'Espagne opposaient
encore aux armes r-imaines une résistance invin-
cible. Des généraux mal habiles et rapaces'aug-
menlaient In confitsinti, le désordre, l'in discipline,
e( aigriiiaient de plus en pins un peuple généreux
Deu^'^nnuveaiixronsiiK. S,i![.iciLts clillia et Au-
reliiis Colla, av.iiit inaTÙf.^sIe loii« deux un entrisme
désir ,ralU'rr.>m!.i«..,itT.-i. llspa-iu- l'our y amas-
ser d?s rirl.os.Oi . il .-il iH-snit.i d'.-s débals vjolens
a (pli la gloire toute ré-
tieuce l'.iv
ci-nli- d\i"
graiidL> dii:
. d,.s d,-u
is dL' S
» è-.fe <'\<
if 'ni
Faluus
Djndom;'!
l'iinilù
11 d.- I'
5i8 SCIPION LE JEUXR.
surcossivcmout'à plusieurs artnécs consul
quoi(]uc leur territoire et leur puissance i
trôs hornés. Il falloit, pour remédier à de si ^
moux^un capilaiiie d^iii mérite éprouvé
toniin ; le deslructciir de Carihage parut s<
pable de terminer la guerre de Numance. !
présenté au champ de Mars pour soUici
charge de questeur en faveur de son n
le peuple, de son propre mouvement, le
ma lui - même consul. Ainsi , deux fois
élevé ;tu consulat sans l'avoir demandé. Un
nombre de citoyens s'offrit pour aller servi
ses dr.tpeaux ; mais le sénat déclara qu'il }
assez de soldats en Espagne t et qu'il n'y ma
c|u'un général ; c'était pour prévenir en qi
sorte la déserlion de l Italie, Rome ayant
leuis plusieurs guerres à soutenir à la fcMs. 0
mil seuleinenr à Scipion de tirer cinq mille
n»es des villes d'Italie avic lewpielles il a'^
des relations, et de foimer en outre un esc
de cinq rnits volontaires à cheval , qu'il ;
VEscadroH des timis.
Si)n premier soin à son arrivée en Es
fnl d'introil'jire de sévères réformes dans l'a:
({ui^au milieu de tant de défaites,avak presqu
jours été dans l'oisiveté et dans \à licence. P
ordie les soldats tirent des marches pénil
rolongé(*s avec leur équipement de guerre
eur provisioii de blé pour quinze ou vingt]
et ohar^'és en outre de sept pieux. Quand
piaigniient de cette innovation Emilien le
qu'il fallait bien uu'ils.Mssent des palissades
prêtes pour fortifier le camp, jusqu'à ce
fussent capables de le défiendrc ;ivec leurs
li leur faisait aussi creuser des fossés , cods
des. murs, et élever ôvs ouvrages qu'il ruini
suite , ne se proposjyat d'autre biH aue d'e
cir SCS soldais à là fatigue ot Aislravtti: « Qi
l
SCtPIOM LE JEUNB. - Si J
ivrcnl de lxiiie,(lisaii-il, pi)iï(|u'iU critignont
lire couverts dt tang. " Il astislait lui-mâme
t Icn iravauL, et inonlrait une grande sévé-
' Les généraux liglJej, ilisail-îl souvent, »
iilent utiles à leurs armées, randis <\ue d'au-
s,pAr trop d'indulgence, ne sont uldes qu'aux
irjnis. Le camp de cas deniieri , ajouiaîi-îl,
pire la gaiclé , il est vrai ; mais on y méprise
ordreiJu général : celui où L'on sacrifît: tout
I discipline a un air triste, mais ot^^^éit,
le soldat est toujouie pr<U i lou^Vnire-
îiidre. » Aussi) dans celte première campafjne,
ut se passa en maiclies et en contreniarultes
nucllcs, l'armée changca-t-etle de iace.
irèî avoir encore aguerri ses troupes par plu-
I expéditions conlre les peuples voisins Ja
anrc, el qui s'éiaieni lig'iéii avec oelie ville,
an vint prendre ses quartiers d'Iiïver sur ce-
otre. Ce futUi]uc le fameux JuguriKa, |>rinco
de, alors allié des Homains, er le jeune ))1a-
ijui devait un jour te vaincre , firent lou»,
liiurj preniièrc's ;ii nic-i. StipJon lovir donnait
s d«:ux de giajids léniol«i>aH-' d'esliino. ai-
à favoriM-r i-l s culliv,-r l: méiiie nais^nt.
s que L ;ialso[i le piTinil il envoya des delà-
ens ravag':r les uariiftai^ncï qui environnaient
ancc ; mais son dessi^in n'éjait pas de hasar-
escomljats conlre les défenseurs de cette villo
re , soit qu il voulûi é]iari^ner li' sjng romain ,
u'il n'eût d'autre inleiiiion que d'amorlir la
ité "lo roulage di-s asiléf^és , <iu de les dom])-
r h idiaiui'. Silu.:e vuj- une haoL.^ur escarpée,
in<:e, ], ,inii.-e par le DiiriusC Uuero), offrait
l'enreiiili; dt- m-s iniu'iiilles 'les cliainps de
llIdW^ de i.iriiiil . |tropri^s .1 lu <.i>l(uir ; nuis
inl>re de ses li;.lj;iins en ei;>t de po.tcr le*
> ne s'élevail qu'à buit uidle.Xouleiuis, mal-
5S0 * 9CIP10N LE JEIING.
grt leur petit nombre , ils prireol la généreuse ri^
•olution'ilc s<! dérenilre cnnlrc soixante mille cnnb
batUns, coniinaiidrs par te ilestructeur de Car-
Lorsque la place fui investie Scipion psriagei
en deuit corps sa nombreuse année , conipn^i^e dé
Homaiiu et d'espagnols, tt commença lut-mém
à serrer la place. Les Numaniins, aUrmés d'un s
formidable appareil , firent des ouvertures da
pix|^ks Seipion ayant exige qu^ih livraiseaT
leur TiW, leurs armes et leurs personnes , ils r^w
lurent d* préfi^rcr une mort glorieuse i une hoa-
teuse servitude. Sorraul alors de la ville en bOD
ordre, ils allèrent insulter les Romains dans leun
retranrhemens, et leur présenlf-renl I,
mais Scipion, constamment attaché à son plan,
la refusa, sans ^tre ému par les provocationi dt
l'ennemi ni par les murmures des léginnniirn.
te fut dans celle circonstance qu'on l'enlendi '
péter souvent avec éloce cette maxime de _.
p6re, Paul Emile : « Un habile général ne doll
• jamais risquer une bataille i moins ipi^il n'j
n soil forcé I ou que la victoire soit pirs(]ue rei
u taine. — Les Numantins, ajoulail ScîpioB
' n'agissent que par désespoir j aussi leur ruint
» «st-elle inévitable ; les combattre ne !iera>t nuira
" chose jpie leur rionner le plaisir de répandi
u sang des Homaius. «
Après avoir calmé par de sages discoui
trop grande ardeur de ses troupes , il lira des El'
gnes de circonvaliation et de contrevatlalinn au-
tour de la place , entoura ses rclrancherarns d'un
fossé et d'un rempart ftanquf-de tours d't-spareM
«space, et bâtit sur les deux rives du fleuve d«u(
forls>qui le rendirent maître de son cAurx; puîji
ne donnant aucun relâche ni aux assiégés ni à Kl
troupes, et vbilant tous les postes chaque jnnr,
SCIPION LE JEUNE. 521
il montra ce. que pcuvcnl l'activité et U vigilanct?
tians un grand rapiiainc.
Pendant ce siège méinoralile il vint k Scipion ,
de la jiart irAtl'ale , roi de Pergamc, des préscna
fgniiaérabW CVteit l'usage (les généraux ro-
Biains (le profiter de ces tributs de la flatterie ; niait
Scipion, loin de suivre le« inaximes d'une basse
Îividilé , voulut que les présens du roi de l'ergame
ai fussent remis en présence de tout« l'armée,
tt , les faisan! porter lui'mfme sur les registres
lies questeurs , il iléclara qu'ils serviraicnl pour ré-
compenser les soldats qui se ilisliRgucraienl par
leur b'avoiire dans cette |uerre.
Si Numanie eût été secourue , peul^tre Sci-
pion, malgré son habileté et sa vigilance, eOt-II
/rhovir dans retle grande entreprise; aussi jugea-
til qu'il importait d'imprimer la terreur à toutes
les Tilles qui se montraient disposées à porter du
Kcours aux Nûmanlins, ci il fit en personne une
Cipédili^n. contre Lucia, dont la jeuiiesse, tou-
chée du sort de Numance , venait de prendre les
arines pour voler ;'i la défense de celle ville ; il
sive , et ne pardonna (ju'aiix vieillards, qui s'é-
tai<'ii1 opposes à ce mouvement.
Ainsi iNumauie , abandonnén à ses propres
forres et serrée .le louli'S parts, fut bienliîl n-
linite au desespoir et à la famine. Cinq députés
s'éianl présentes à Sripion pour obtenir de sa
générosité une rap.tulation honorable , le pro-
). aunine proposition que lorsque vous m'aurez.
>• livré \ii\\y \ille , vos armes Cl vos personnes, >■
Alevir rentrer dans la ville les députés furent
niassacii'i |iar les assiégés, qui, la raae dans !e
coeur, se prci ipilérent e» furieux sur les retrjii -
clietnens dis lluRiains ; ils se sciaient ouvert un
6aa 5CiPIO!t i,E jsrut.
jMmK* ^ te ri-nconwl iiV |ai> )>a> ;ici'Oiiru à l«
aie oe vingt inilU: hommut ilr r^t^rvc. Ils parlc-
renl enfia (i« *t >«niirei mais cfltc résolulion oc
fut ni g^DiSr^ilc ni nincète. L> fluf^art priifcrt-iwiit
la nort i la perle ili; l:i librrié i au li<^u de mcllni
bu ]e« arnirt , ili miri-<ii U ftiu à Utir» inaiaoïu,
«I ■'«iilreHii^reiii ou [H.'rir«nl duoi loii daiTitRfii 4e
tottt qu'il n'en mil |taf un ai-iil |>uui' servir il'nr-
nemenl au lrtoinpli« do Scitiio» i m^is, srlon
Amien , un aucs grand nomBin s« rendît 1 dif
crétion , el le vaiiuiueur , aprii un avoir réservi
dnquanle pnur xnn Iriuraplie . vt^ndil tnu* 1m au-
tres, renverra Niinianc< lic fond rn cnmble, H
disiribat aux peuplci vùiftins If* Icnes de crtic
ville infonutiée, qui avait détail ai «ouvctii dca
années coii»idiitc«.
Quoique iso\èa . abaTiJi nnée , clic avait ar*
rèié lon^- temps ira pruffèi de U puiaaance ro-
maine. 5a conquête <:1 «u Julrurlton hllÈrcnt la
•ouifiission lie \aulM les parlirt.Jii l'i'^paffiic , et
dèi lors Ia penioiule euliéro fijrul supptirivr a<m
plus de résignation et de patient: c le gouvetne*
mentde/Buto.i'i>s.
On peut dur mfmc que Scipion acmbk avoir
été appelé à d.'ituire les deux villes qui l'étaient
nonirées les ennemiei ks plu^ d^tHnereusea de
IVnine, et qu'il eut aiiiat b {(luire non fieulcmeitl.
d'éli-imire l's t^uerre.i pri^vRlo , mais encora de-
prévenir crllcs qui pnuvaieni nailre..
Scipion , de leKiur à Home, obtint pour U tê^
eonde fois les Initineun du trtomiilio , l'an 198
avant J.-C. , el reçut le turnotn de A'umMAj/fl «
Îue le peuple -ijoKia d^> lors i relui de sccudiI
ifrinain,quc Siqitin portait dopula la destmtUcn
de Carlhaec.
La prta>' tir Niim.ince , qui icrminait 111
guerre si huntvusc jiour le nom roikùn, mit
«ombie s niili
Emile.
Mais nulle gloire , nuls sfr rei si
ne mcilatoiii un cUoyert foma a i
Biatioijs el des accusalio des in i.
TU un exemple frappanl c la si
mier ScipLon l'Africain; le i i t la
tnèmu épreiiYC.
Pendant sa ceniure il avait rn:uiireslé lljnten-
tion de iléf;r3(ler du rang (le chevalier romain un
certain Claudius A^elius i (]ue ru]ipogilion seule
du second censeur garanlit .le h IletriSsure qu'il
avait mrrtée. Ce Claudins loiiserva un vif res-
Kntiincnl cotilre Scipion , e{ , t'élant frayé
la rouie du irihunat, il lui intenta une accu-
sation devant le peuple. Sons ijuel prétexte ?
C'est ce que les'monumens tjui nous restenlaU
nous npprenneni point; mais on siit que Scipion
•nti'inl dans celle circonstance son caractère de ~
nagnanimit^. 11 ne prit point le deuil, il ne parut
pninl en suppliant, et même il le joua de sort
adversaiic avec cet air de snpérioril^ qui sied à ua
grand Iiomn.e. L'affaire n'eut point de suite.
Mais Scipiiin perdit de sa populariié , de tnême
que le premier Africain , lorsqu'il se vit forcé,
pour ainsi ■lire, de se déclarer en faveur du U
noblesse rntilre It
■ \,.,tl
i |iopulaire : c'était à l'é-
5"2!'rh,s!"K'r!''n
: monveiticns excités pjr
er dc.i
tjraeques, n'avaient pu
être anvLe.sqvi.-p.ir
lence et parle meurire de
ce célrl.re Iril.nn
et d.r
ses jdus zélés partisans.
Scipion avali epon
se Se
mpinnia , la sœur de»
Gr.H-que.; mais,,,
:,.,lf;re
ceii.- doiii.leallijme,h
differ.-iire .-t i'em
>,l..lio,
:i (les inilis , celte vive
aniniosite (ji^i divi.
sait d
,p.;i. I..ng i'-mps les pa-
hicieus et les pleli
an Mijet du paitage (Je.s
1ern-s, av.iii luiijoi
iipi'ilie qu il y eiil enlre
CCS deux maisons u
ueui.
ion sijiccie. Les Sçipious
T)2i SCIPION LE JEUNE.
s%''laiciit (lérlarc^s , dans plus d\ine contes
pollt*u|tie , ennemis de la famille Semproni
Uracques se plaignaient môme que Scipion
lien ne vécût pas en bonne intelligence
Sf*rnproni;i , sa lemme, sous prétexte de s.
rilité , et Ton soupçonnait généralement to
Sripions , qui s'étaient déclarés contre le;
ap;raircs de Tiberius, d'avoir contribue à la
dt' ceNribun. •
L(! pruple n^altendaitqu*une occasion del
ger, et était alors excité par Carbon , l'un d«
éioqut'ns orateurs de son temps, qui ,. apr^s
fray('! la route du tribu nat , ne cessait de dé|
le meurtre de ïiberius , et de proposer de
contraires à Tintérét de^ grands. L'un de ce
jets do loi tendait i autoriser le peuple à pro
^^ tribuns aussi long-temps qu'il le jugerai:
vonablc : Scipion s'opposa fortement à V
tien <Ie cette loi populaire , et eut m^.me à <
jet dos altercations très-vives avec Carbon,
ce tribun revenait toujours sur le meurtre c
berius , cf, dans une discussion véliémen
dcmarula insidieusement â Scipion ce qu'il p
de cette mort; il espérait en retirer une ré
favorable à ses vues , Scipion étant beau-frè
Grar(|uos, ou peut-ôtre, soupçonnant ce qu
)ondrait , ne cherchait-il qu'à le rendre od
a multitude.
Q uoi qu'il en soit, Scipion était au-dessus di
et lautre de ces considérations; ils'était m^m
déclaré ouvertement au sujet de ces trouble!
qu'il était encore devant Numance. Là, a
riant la nouvelle de la mort de Tiberius, il
prononcé à haute voix un vers d'Homère
le sens est : <« Périsse comme lui quiconqui
tera ses actions! >» Le vainqueur de Numar
démentit point en présence du peuple de !
son premier jugement, et rëponait à Tinter
l
p.
SGIPION LE JEUKE. 025
^ fSoii de Carbon que si Tiberius avait semë en ef-
rjf^t la di orJe dans la république , il le croyait
1» justement puni. A celte réponse ferme, le tribun^
1^ excita le peuple à insulter le personnage le plus
I respectable qu'ily eût dans Rome, et Scipion, ce'
" qui n^était jamais arrivé, fut interrompu par des
murmures el par des vociférations ; mais, prenant cet
êÎT d'autorité que donne la supériorité du mérite,
il imposa silence à cette vile populace : « Taises
», vous, lui dit-il (fun ton de maître^, vous dont
Mt ritalie est la marâtre et non la mère. » Ce ton
impérieux ayant excité de nouveaux cris parmi la
multitude, Scipion, loin de céder, s'écria avec
plus de fierté encore : «* Misérables! que seriez-
» vous sans mon père Paul- Ennle et sans moi!.
» Vous seriez les esclaves de vos ennemis. Je vous
' » ai ramenés chargés de chaînes , et maintenant ,-
» que vous n'en portez plus , vous prétendez m'in->
» timider! N'espérez pas y réussir. » Ces mots,
prononcés avec l'assurance que donne * l'habi-
tude du commandement , léduisirent la multitude
*" au sllciK e ; mais de ce moincni la fiiveur de Sci-
pion au|)!ès (lu peuple (ilniiiiua, el ne fil plus que
(1(M linei jus(ju'à sa mort.
Aj)i es ( elle in(lit;ne scène le vainqnenrderAfrique
el (Je ri!.vp,ii>rie se relira avecson ami Lelius dans sa
ina-son de ( ainpai^ne de (/ayelle. Là, é( liappé au
tutrnilie des camps el aux inIrigiiQS du Forum, il
respirait eu liheru'*, consoic'î [)ar un ami fidèle qui
devait à sa prohilé el à sa prudence 1(î surnom de
S.ige. (^elail une chose admirable sans doute
fpje de \()ic ces deux amis , dépouillant l'appareil
des p;rarHJeurs et des charges piiblupies , se réiufçier
])Oui ainsi dire au sein d'une ni.iison de can>pagne
modeste, et y montrer conslannueut une candeur,
mu* simjdicilé de mceurs dignes des premiers si (M les
de Uoine. Là, sous les auspices de 1 amitié , ils
goûtaient les mêmes plaisirs iunocenjs -qui les
SaS SCtPIOH LE JEUNE,
aviîent divcnis {wndaot leur «nfance ; eouvrnl oA
In voyait il- prommer sur te bord de la nier, et
raminer i IVnvî ili't toquiliages ou d« ppiittf
pieiTM claies nnur les faire glisser sur b «urface
de l'esu. l^i^Lt les doureuts de la c*(npagtie rt da
la vie priver ne pouvaient ^tre rju'unc cornpeniis-
liot) épWtnère pnur un perBoniiage lel fjiie Sci-
piun , révolu si souvent des digniléi les plu» hii-
norablea de la républi']ue, et pour qui l'amour
du bien public éiaii une verin « une naision ; et-
lait tnujeârs i regret i)u'il altandonnait sa snliiuile
champ^rt pour [entrera Rome, où les afFaiTesde
VétU rédaxiaienl si souvent sa présence.
A teOe 6po|iie les lois aerairrs de Tibenui
6r«cchiia étaieitl la cause et te prélcilc de iiou-
teaux décliiretneiis , et n'nyani poiiil cic abrngért,
Caïui<îracchua croyait son honneur engagea fàin
exécuter dc« lois diml In promulg^ition avail roùlt
la vie i son l'rère. Il s'élait as.iocié Fulvim FUrcii)
et le tribun Carbon , et les avait fait nommer avec
lui triumvirs pour le parlagc des terres. Il «'.lais-
sait de déi'o^scilct Ions les ddlenieiirn des terres
ail de li de cinq cents aipens,mii par li se ir>>u-
vaienl d^ns le i^as piévu par la lui Licinia ; mais li
n'y avait presque p.is de grands dans Home, et
même dans te reste de rilalic, ^i n'en [Osiéilaf
sent une plus grande quantité. Les triiimvirii, char
gés de veiller à l'exitculinn de la loi , rherduiesl
par des declamalîoiis coriliniiellcs i «ighr le
peuple contre les riches i d'un aidre cûte les s^
liés de la république se pl.iignaient de l'injustiet
des triumvirs, qui, dans la di&tn billion des «■rret^
■e montraient plus favorables suxhahitatisdcHoint
au'àceuK des provîntes dont ils n'avarent paabesoi<
ecaptiv«r les sufliagcs. Sriplon, choqué de tiitf
de partialité, prit res derniers sous sa pruli-rliaill
Conslernri:i eL réduits au désespoir parV-s recher*
cbes des triumvirs, les citoyens des pruvÎMces
s :(1 I.F. JEUMK. 5ï7
> aUw» vci loLile i llonip pour iinpIonT
ippiii do i conimu éiant le ficrsoiinagc le
ua CD crédit dans l'état et le plus zélé pour It
en iiublic, drconutsiici;! si liîtrii iii4li()uée dana
I fi-Rgiiiciii Ou prince des oraieurxi iiiii nous a
i conservé sou^ le n»m de songe de Sc'pioa, le
:éini«r Arricaici eu fenuiinc est tciixt! aj^pa-
iire i sua pclit-fils auoplif, pour lui udresierle
«couif sitiv;jiit : " A voI<t ri'ioiir île Nuioanct
Vous IrouYcrei la nipubli<j»r dam \'i\ trotiblt
JtOi'ruii, causé par mon pelil-filsTiburimi Grac-
chuj. C'cil U surluul , mun i lirr Alriiaiiif qu'il
faudra faire usa^e de vas Uinil^rcs, de voirs
courage fl de votre proijeiire , pour giiratitir
votre p^ilrie des plus grands maux. Hume II '«t-
iL'odra \]i\ sncMur» (|uc de votre peraonan. Lt
,scaat , tous les {(fus de bien , Ivt Latins et Ua
•lli^s auront les yeux fixés sur vous; on voui
regaiiiera numme l'uriiiiue appui de vus conci-
loyens. £n un niol.^ii vous pouviez VAus dérober
aux mains iinpirs du vos prnclies, il faut que ,
rrv.Mu >!,- U sn,.v.-r.il„.- ;.:H».il,- de dl.l.iU-ur,
vous r.;i;.blis.i.-£ le bon ov.lrc Jans U répu-
l>l;,pu.. .■
Tel eluit eu rffN 1.- dessnu .lu sénat , telle»
»!«'«
it son
,r,M;
l.ll.,-,
sa p.isir.ilu)Ld s.' ri>niuiellre
:. le p
l'irplc
', iiiitui
i<|uiT •iii ecti'nu'ul li's lois des
iirtjuci
■<nl [)'
'.'"'.'
1 .'hi.I.'i
lières; il prll un lnur iilus
aun.oln.slvxeroliou. lj..n.
,,'7,
mi.l.-i
;.c';
■ 1 ■ il ii'piéifnta avec heau-
ituu^irs iliargé-s du pai l;,t;e
Urif
.il d.'s r
ed.i.srn
'■!'■ noiuuies ,|ue puur exa-
iloy.-usipu, aiipiepidueJcs
1 i.iusde .iu.ii.'ulsaii.eus.
528 SCIFIOS Lb jkvnk.
nitn li iiniinrtinl il hUail cnniiatlrc: lei limitM
fixn et coniMnlM lit. v\i>n»c Vif'-ritagi? ; mai* igue
)ks proprii^tairrs ayanl dinêrcntas {iri'irntionii an
suiel de CI-) tîmiieii , la eonnainsniti-p et le jncKTnfni
de toulrt Ira affaire* qui en iltirivaienl Jeman-
ditenl d'auircs juges, 0(i du moius uiii>. comtnii-
■ion plus étcn<Iiif>.
La propo.Hi'ion ayini pas*^ à la pluralilé •Ip<
nifrrasea.Jicipinn rut le cn^dil(l'eni*vprrplie fttr-
tie de u commission dfîs mainx dci iriiimvirn , ei i
U fit dércroer i Tmlitanut, alnrg rnnnil,qiii,«i}a(.
une apjpnrenre (riinpaitialit^, rnchnit un d^vout»
ment entier aux orJrcs du signal et aux inltrfti
dei granils. Ccmagitlrat, pour i^bluuir le peuplf.
vaqua d'^liord iwc br^iiroup d'applicaltni) i l'eu-
men des orélciitions de chaque parlicutier ; Tniii
arant qunii^ Home bniaquement, lom prétexu
uallereri lllyrii', »nn département, pour y *T
paiser qni-lmtes irnitlilcx, aonabnencesuspendilU
lonciiort ^ir* triumvirs, nui un giardonn^rml point
à Scipion d'avoir f»\\ échouer leur dessein ri f^
ralyserleiir autui'il<^.
Le pf'uple. fjui vit »M psp^iante* trompai
s'emporta vivemeiif rriilrc Srlpioii , cl Ii '
cha dans les assemtiii^cs de ï'ni'pi
ment dps luis afçr.iires, et de Iraïur, ,
pour Icfl gr. -iikIk, l'uni viTSalitë des riloyr«*,ausiitell
il devait limle «i gloire, ^j.rAs en avoir reçu de»!
consuUK miiM'rulifs, malgré Mules les ialfli d
m^me m^ilgré le sen.il et les grands.
Les tKii» eommissaires qui avaient exrïté et
marnes b mïlveillunee du peuple i^psndirent
bruit qu'on ne pri'riarail à abroger la loi par la vr
des ariDrs. C.-ù'us Gracrhu» alla jusqu'à dire àl
l'assemblée du pauple , en parlant de son 1>
frère $('i;>ion, i/u'il fallait u défaire du t)
■ Les tuiiemiï de la pairie, répondit ce gi
■ bomini! , out raison de souhaiter nu mort,
iposer i IVtitbIiw
:, pour Ir sénatd
SrilMOK LE 3-ZVfiT.. Biçi
■U savent Lien que Rome t
iquc Scipion vivra , iiî Sc.i
vKuait à périr. ■••
Il élait visible que les Iriumvirs cl le peuple re-
outaient de voir délcrer la dirtalure A Scipinn, et
! montraient n'solus de s'y oppoier même jUr
ea moyens violens. D»ns une autre assemblée Jn
euple, l'Iarcus, hummo violent <;t cmporlé, U
lus imolent dei Iriumvirs, se répandit en invec-
ives cvnire Sripîon , «ans garder aucune mesure,
•ant mËme lui (aire des menaces et l'accmanl de
Tt£uerladiclalure, daiisrintiintioii dene ta point
baitjuerel desefairemi sous un aulre nom. C'était
ouer Si:ipiun è li haine du peuple et provaquer
onire lui le meurl re «l l'assassinai. Scipion . voyant
lu'ttu tramait contre sa \ie, ne put B'einpt'rlier de
Ha plaindre et de dire qu'il était bien jnal ré-
ompens^ de ses services par des citoyens îngraU
.Mais le Eèle dps grands craissiit ponr lui duw
B même proportion que la haine du peuple, et
'on peut dire riur fi' jniir lui le plu.s Li'au de «a
'ie. Au sorlir de l'asspmliléi' le sénal eu corps,
fs allies du [leuplc i niuain , les Latins et un f^raaÀ
ombre de ri
toyeus de Rome le reeojiduisirent en
ouiejuMpie
die/lui, el comim- eu Iriou-phe. t.
le *•■ doiJlaif
'Ml pns (ju'ils lut rendaieni pai avance
,'S hoiinnirs
runèbres ; le lendemain il fut trouvé
Tif>itd.in,-is<
)u lit , avec les traces d'un trépas qui
l'était iiolni
naturel.
Les p-eu.i
ipis soupçons tombèrent sur Flaccus;
Tui la veille
l'ai.iil (ueiiacé du ressentiment du
peuple; ma
'\:i irpuue.s suuti-iiaienl avec plus de
vr^iseu.l.bu
i-c (]ij'iiii rr)i;psi liardi ne |ioiiv;iil ve-
Hir que il'ui
!!■ iiiaiu plus |>rorlie, el en cffel el at-
teiilal lut u
uivcisellrmeiit refçardé romine 1 ou-
ciginages de rhÎ3(oire on trouve qu:
5r»0 SCI PION LE JKTJNK.
ScMiipronia, fomme de Scipion, cxrilée par la fé-
lôhvi* Cornélie, sa mëre, et par son frèic Caïus,
(Irviiit elle-même rinstnimcnt d^un crime qu'on
lui avait représenté comme devant la débarrasser
d'nn ennemi de sa^maison ei d^un mari qui ia
méprisait, et que ce fut elle qui empoisonna Sci-
pion, on du moins qui inirodnisit la nuit dans
ka cliamhre les meurtriers qui lui arrachèrent li
vie. I^at<Mcnlus dit positivement que son cou ]ia-
r.'ii.ssait empreiiit des marques de b violence qu'on
lui avait faite. La précaution inusitée de porlrr
la tT'ie voilée au tombeau parut une preuve que
i\)Ti daignait les regards des curieux.
i\lais lirs auteurs du meurtre semèrent le bruit
r)iu> Sripion, désespérant d'obtenir ce quM avait
promis aux alliés, s'était donne lui-m^me la mort.
Dans la crainte que Caïus Grarrinis ne fût trouvé
complice d\tn attentat si lâche et si infâme, le
piMiple ne souffrit pas qu'on fît aucune information
fcin la mort dv. ce grand homme, circonstance qui
no fit ({d'augmenter les soupçons et exciter les
pl. tintes des gens de bien. On ne lui fit pas non
plus dv funérailles publiques, cVsL-à-dircaux frais
du gouveinenient; mais les regrets vifs et sincères
des ciloyeiis les plus distingués à^^nii tous les or-
<li(>s do létat, qiii accompagnèrent son convoi,
lui on tinrent lieu, et firent ressortir encore piui
riiigratitude du peuple.
Ainsi mourut, à l'âge de cinquante-six ans , ce
liéros , dont les Idlens et les exploits égalèrent
icltonioiit ceux du premier Afticain , que Home
inônH' im sui à qui donner la préférence. Ils furent
é<^..l('iriont illnsiies en courage et en honneurs, et
giôiids on hubileté et en sagesse. A la honte éter-
iitllo (lo lour patrie^ l'un finit ses jours dans une
(•.s[)ô(o d*oxil,et l'autre rérit de mort violente aui
mi Mou morne de ses concitoyens.
Quand MetellusMacedouicufySou rival en gloire^ |
SCIPION LE JEUNE. 55l
aftprit sa mori , il en lémoigns une vive doiilciir ,
et, se Pouni^ni veis ses deux fils , " Allez, l'Mir
> dit-il I allez assister aux ftinérailles. du {iliis
s grand homme cjiie l.i république ait jamais pro*
• (luir : vous ne verrez j^Tnais son égal. »
Ce fiit Qiiintus FaMus Maximus, son neveu,
t|uifiistin iiraisou funèbre. Cicérnn en n conservé
tt trait remarifiiable : » Remercions les dieux ,
A dit Toraleui', Je ce qu'il a fiit nattrc Scipion
» dans Kome, car c'ciail de nécessité înbillible
■ que IV'oipire du monde suitit la destinée de r.e
• f>ran<t humine, et appartînt i la ville dont il
« aurai) éié iHloyen. « ,
Scipion Emili^n possédait les richesses néces*
^saire .lux patriciens d'une puissante république;
tinais il éiait éloigné dn ri; goili de dépense et de
j^Stc qui , accompagne ordinairement l'opulence.
DOn a remarqué que jamais il n'acheta rien , que
Ifamais ii ne bâiit aucune maison ni aucun édifice,
i ^ si'molri on ne trouva chec lui que ciniiuante
'Marcs d'aigenlerie et quelques ouvrages d or du
S nids de qiialre m.nr.s , siinplicilé bi.T. honrirable
, ans 1111 génér.it qui aurdil pu s'enrichir des dé-
Lpoiiilli's de Carlbage.
i, Discours, âclion.' , senlimens, on ne vil rien en
'Juî que de louable pendant le cours de loule sa
'^w. A ta fois soldat ei capitaine, i] se distingua éga-
^niint d.iiis bs emplois subalternes et dans l;
, tointnaiiilemenl en rhel. Au cour;ige intrépide,
.ii la gramicur des \ue^, il jnignail une fcrmetii
rare pnur b- mainlien île la discipline, qualité
t|iii ciiniriiiii.i enciire plus A .is victuiies que la
■ force nn'nic des armes. 11 sut combattre et vaincre
Uns lircr l'épéi^.
Pénétré de l'amour de la patrie, toujours atta-
rhé an bien public, il fit preuve de lumières su-
périeures, de (oostaiice , de grandeur d'âme, de
ttjépns pour les plus grands dangers, et enfin, prflt
45*
532 SCÎPION LE JEUNE.
à rér.iblir l'ordre dans la république en dé
fartiriix . il trouva dans Home même la m
ravjii épargné dans les hasards de la guen
Dans sa conduite privée îl fut libéral , l
faut , bon fils, bon parent, bon ami , doi
faiblesse, ferme sans austérité. Il cultiva l<
de la nature par Tétude des belles connais!
et il aima les lettres avec passion. Il avai
Xénophon une prédilection particulière;
son auteur favori , parce qu'il y trouvait , ta
la morale que pour la guerrç, inslructi
4ide et délassement agréable. A Tavantagi
piéciablc qu'il retira de l'étude des belles
il .-jjouta celui que donne le don et le taler
parole , si nécessaire dans une république
affaires de l'univers se décidaient par les di
lions du sénat et du peuple. Cicéron, si bi
en fait dVloquence, caractérise celle de
Emilie n par des traits tout à fait convenak
aussi grand homme, la majesté , rautoi
force des pensées , la noblesse et l'élëvat
seniimens ; on y sentait , dit-il, un chef qi
liait le ton au peuple au lieu de le recevoir
Scipion rassemblait donc en lui seul toi
qiiilités , toutes les vertus qui constituent h
capitaine, l'homme d'état et l'homme d<
mais, ce qui est peut-être unique, c'est que
une si belle vie, l'histoire ne remarque
tache ; elle loue Scipion Ëmilien sans auci
ception. Ce grand hoinme. n'eut point d'(
il laissa son héritage k son neveu Quintus
•Alaiimtts.
CATO:^ D'iiTimiE.
CATON D'UTIQUE.
La f;imîUc des Calon dcv^iïl son ïlliislralïon et $t
;loire à Catoti surnommé fe Censeur, qui (iil lu
'isaïeul de Caton cI'Ulif|iie, si célèbre par ses
ertus rigides, et doni nniis allons écrire la via
•wtfc Idute rimparlialil^ que rédame ce morceau
le bi<igrapbie el d'hisloiie. •
Caioii naqiiil l'an do Rome C6n, et resia de
lODtie boni e orpbelin de pèfe et de mère avec »i>ii
lère Cepi(-n cl sï soeur Ptiriia. On les dieva tlans
a m^son de Livius ^rusus, leur dnrle iiiaternrl.
>éi gf^R enBince CaloB nronlra danà \ei traits de
un visage, dans le non de sa vulv et jusque dans
es yeux, un niaclèie feime, une âme roDstaiiie
l_ i-jPevibli.. Iriliailabl.' iTivrrs cci.v ^iiti le tbi-
aient, il se nionli
ait eiiroie plus sévère pour
es pers<.nr.es (|ui
clicnliaii'iit a l'iniimider, oit
le domplrr par 1
,1 Ibrce. llaroment la p;aieté du
ir sa figure; il ne s'aliandon-
ourire paraissait si
lail pas .l II cuière.
1 mais, une fois irrité, on ne
taivonail â Tappaisi
îr que diflieileinent. Du reste.
1 obélss.i, à .ou ,,
iiuvcineur S.irpedon, homme
âge el iiisiniil, du
u1 los soins se porlèrcni sur-
;j rDlJC'nlioii ifiilc
1 1 n'apprenait qn'.ivec l.eau-
:-iù^::z.
;ouq.ris, car sa uj.-inoire était
.Ire , el s.i \c»\cxn-
ne vrnali q.ie de la diflieulté
iJ'il avnil de rniire
ses maîtres , ù qui il deinau-
lail raison Je luul.
î
534 CATON d'uTIQTTE.
Plularque nous a transcrit deux traits d'autant
lus caractéristiques sur la constance intrépide de
nton , qu'ils se rapportent à son enfance , ou
du moins à sa première jeunesse. Un député
iles alliés do Rome , nommé Pompcdius , vint
dans cotte capitale solliciter pour ses concitoyens
le droit de bourgeoisie. Lié avec Ponde deCaton ,
rhcz leouel il recevait la plus bienveillante hospi-
talité, il demanda un jour à cet enfant sérieux et
[tensoiir s'il intercéderait pour les alliés auprès de
^011 oncle. Caton , sans rien répondre, ni con-
naîiic qu'il rejetait sa demande; alors Pompediusy
relevant dans ses bras et le tenant suspendu hors
(le la fciiètre, le menaça , s'il se refusait de rien pro-
uve tire, de le bisser tomber dans la rue ; mais
C.'tton ne donna aucun signe d'étonnement ni de
crainte. « Quel bonheur pour l'Italie , dit Pom-
» {xslius en le remettant h terre , d^avoir «n tel
j) enrani ! S il était en âge d^entrer au sénat, je ne
» crois pas que nous eussions un seul suffrage. »
Le père de Caton avait été Tami particulier de
Sylla , et ce dictateur, inattre de Rome, faisait sou-
vent venir chez lui le jeune Caton, ainsi que son
(tèro. Un jour Caton, qui avaitalûrs Quatorze ans,
ténioi^^na son horreur des cruautés ae SylIa»dont
il était témoin , et, tirant à part son gouverneur,
il lui demanda pourquoi l'on n'avait pas encore
lue cet homme sanguinaire. « C'est, lui répondit
» Sarpedon , parce qu'on le craint encore pliu
» qu'on ne le hait. — Que ne me donniez -vous
i> donc une épée, répliqua le jeune Romain , j'au-
M rais, en le tuant» déliviéma patrie de l'escla-
M vage. >» Depuis on le garda pour ainsi dire^
vue , dans la crainte qu'il ne se portât à quelque
entreprise téméraire.
IVommé prêtre d'Apollon, il se sépara de son
frère , qu'il chérissait ,et prit sa part du patrimoint}
E
CATON D'UTIQUE. 535
sans changer son f;enre de vie.iiui fut encore plus
Austère. Il lit sa principale élude de la morale et ile
la paliiic|ue tous Antipaler de Tyr, philosopha
■loïcieii, et se forma aussi à l'éloi^uenre , sans
pourtant s'exercer i déclamer pNbhquemenldans
ts écoles. « Cal'in , l'on blâme ion silence , lui dit
n à ce sujet un de ses camarades, — Je m'en con-
" sole, répondii-il, puisqu'on ne lilâine pas ma
H conduite. Je parlerai quand je saurai dira des
» choses utiles. »
Son premier essai è la tribune aux harangues
cul un succès coraplel. Il voulait s'opposer au dé-
E lacement de la colonne de Calonle Censeur dans
I basilique de l'orcla, et il gagna sa cause sur les
tribuns. Rien dans son discours ne se ressemii de sa
jeunesse ; il était serré , plein de force et de sens.
Calon se renferma ensuite dans le silence et dam
ses occupations ordinaires. Il voulut aussi endur-
cir son corps , l'accoulomei' à supporter les fati-
guer, les chaleurs, les frimas, et il voyageait à
pied en toute saison. En général, il élait persuadé
que les moeurs s'étaient tellement corrompues. et
avaient besoin d'une si grande réforme , que pour
l'opérer il fallait tenir une route diaméiralecneiit
opposée à celle que suivait la jeunesse de Home.
Un de ses cousins lui ayant laissé une surccssioii
aussi considérable que son patrimoine , il la ven~
dit, et préla sans intérêt l'argent qu'il en tir»; sou-
vent même il donnait à ses amis ses terres et ses
esclaves peur les engager au public et se rendait
iui-in^me leur caution.
Ce fut sous (lellius qu'il fit ses premîèi-es arme»,
en qualité de volont.iire.dans la guerre des esi laves,
appelée au&si laeui'ire di; Spartacus. Au milieu dt!
ia mollesse et du luxe qui régnaient dans l'aC'
mée, il fit érialer un tel amour de l'ordre el de la
discipline , tant de valeur et de prudence , que sou
génér.il lui décorna les prix et les (lonneurs dont
;jr)S CATON D'IJTIQTTE.
ftii léromprnsait le conrage; mais il les refusa en
disaril i\{\\[ iw 1rs avait pas mérités.
Nomme tribun des soldats et envoyé en Macé^
doirie aiiprrs du préteur Rubrius , il mena i sa
5niti» (|uinz(». esclaves, deux affranchis et quatre de
5«'sainis,(|ni voyageaient à cheval tandis qu'il mar-
c'i..il toujours à pied et s'entretenait alternative-
îiiî lit avec eux. A son arrivée au camp le général
lui (loTma une légion à commander. Son ambition
{'..l de rendre tous ses soldats semblablesà lui-même;
il sut allier avec succès les récompenses elles châti-
ïTicns pour discipliner et pour instruire ses soldats. Il
faisait le premier ce qu'il recommandait aux autres,
rî dans sa manière de vivre, de se vêtir, de voyager,
il se rap]irochait bien plus des soldats que des gé-
néreux. Il profita de deux mois de Congé que lui
rrroidait la loi -pour aller trouver à Pergame le
vhilosophc Arlémidore, très-versé dans la doc-
l'ine (l(»s stoïciens. Caton trouvait dans la rigidité
il\i sti/nisme de TaTialogic avec la fermeté, je dirai
pv( scjno avec riiillcxibilité de son caractère; comme
ii voui.iil riirore se livrer tout entier à l'étude de
l'cViO ilocliine fameuse, ilmettaitun grand intérêt
à s'atl .riivr Artémidore; mais ce philosophe l'é*
tait roiii^ianiiDCiit refusé aux sollicitations des plus
grands géiu raiix d'armée , et même de plusieurs
jois (|ui av:îient voulu l'attirer près de leur per-
foune. Arrivé à Pergame, Caton combattit si Lien
5(.: inotils de refus, qu' Arlémidore, vaincu par ses
pr-.ssanies sollicitations, se détermina à le suivi^e.
il.\'.on renjrneua dans son camp, ravi de joie
4l\ine ronquele qu'il devait plus à l'estime et à la
p<»rsii.'\si()n qu'à la séduction et à la violence.
Il ('taii encore à l'armée lorsqu'il apprit que Cé-
pioii , son frère, était tombé malade dans une ville
<ie 1.» Tilt ace. Sans être arrêté par aucun obstacle,
il s'emharfpie à Thessalonique , manque d'être
iiilnn<ï'gc dans une tempête, et arrive à isiius au
I
1 1
CATOÎS D UTIQUE, 55?
xnomfnt où sod fr^e vcnail Je mourir. 11 donna
les marques île la Joukiir \a plus vive , fit pour le*
funérailles des dépenses extraordinaites, el éleva ft
tou frère un lombeau de marbre qui lui coâla
4o,ooo francs. Insiîtué hérilier avec la fille deCé-
.{wn , il HC porta en compie aucune des dépenses
' qu'il venait de faire pour le tombeau et pour 1m
ju Dérailles.
I , A r«xpiration de sa charge de tribun légîon-
I paire, il reçut en quillanl l'arméo des ténioi-
I gnases sincères de regrets de la part de tous les
^solJals qui rembrâssnicui éLTcitemeDl et qui lui
ÏrodiguaieuE des louaiges. Avjnt de re'.ouiner k
Lomé pour s'y occuper des affaires publiques il
voulut parcourir l'Asie ; s:i manière de v<>)3ger
ét'it simple et modeste. En arrivant à Ephèsc il
alla saluer Pompée, qui lui était supérieur en di-
gnité et en â^e , e( qui cnniniand^iii alori- la plus
fuiiSfiiUe armée de la tépuoli jue. A peine Pompée
eut-il aperçu , «qu'au lieu de l'allendre sur son
■iége il si^ leva, le traita comnnre un de; plus
grands personnages de ilome, lepril parla main,
1 embrassa , loua sa verlu en sa pri*sence , et en ùt
■jHHi de plus grands ^'logcs quand il se fut retiré.
^HPIFmoment tous les yeux se tournèrent vers
Calon, tout le monde s'occupa de lui , et sa répu-
tation s'élendil dans l'Asii; entière. Dcjolarus, roi
de Galatie, qui était d'un lige fort avancé, le fit
prier de venir â sa cour; il vtiubii lui recomman-
der si's eitlaus el toute sa famille. Ce prince lui en-
voya île rii-ties prcsens des q'i'il le su: arrivé dans
son palais; mais (Uihni ei\ Un tellement blessé,
qu'il n'y passa ipi'une nuit. Le lendemain il re-
partit à la liitic, reuvoy.inl a Dpjolaïus tous ses
présens, et ne permctlaLit à aucune personne de sa
De ri tour à Home, il passa tout son temps ou
dau» ia maiioii , à s'cuiieteiiir avec Artémidere,
^558 cATO-sr D'uTiçre.
«tfatiForum, pour rendre srrvlce à ses amia. T^n;
an'ilfuL en âge de briguer la questure, rel3g«é<ait
Bx^ vingt-trois ans, il ne voulu! se mettre sur les
Tsnes qu'après avoir lu loutes le» lois, tous l(i
récleoiens relatifs à celte magistrature , et s'être
mu >u f;iil (le loii« les droits cle cjue leur. Amsi,
à^a qu'il fui nommé, rrpfima-t-il une foule d'abus
et de f rail lies, et fil-il de grandes réfoi mes parmi \n
officiers el les gief&ers du trésor public. I*tusie<<n
exemples de sévérîlé soumirent les grefOcis aipi
questeurs , dont ils avaient usurpé insensiblement
Ms prérogalires el les pouvoirs. Un peut dire >|u'il
rappela cette charge à loule la sévérité de sort ios-
litulion,cl qu'il lui donna mSme la dignité ducon-
■abt. Il avait trouvé d'anciennes dettes des parli-
culîersau trésor public, cl du trésor aux particD-
liera ; il fit cesser en'méme lentps eetle double iujufr
tîce. Il parvint aiitsi à faire punir 1rs sicaires que
Sylla avait employés à égorgpr les citoyens.
Le pi'iii>le jroaçut alors une grande eslime pour
' CaioVi ; iladmirason infatigable activité dans tout-'i
lesforictinni de sou eorydoi. Il était toujours le i<re-
mierà la chambre du trésor, et n'en sortait qu^^
dernier. Il ne manquait jamais aucune asFeJ|^Hk
■oit du peuple , soit du sénat , et ne te dissî^HRr
pas combien l'état de la républi({ue exigeait <li
zèle et de surveillaure de la part des bons ci
toyetis. Il sentait qu'il vivait dans un tenips oi
Home ne conservait plus qu'une ombre et ui
souvenir de son ancienne dignité ; il y trouvait de
TÎcesà combattre, el une lulie i soutenir lontr
des hommes corrompus qui voulaient élever su
la ruine des lois et df h Iiberié une autorité tv
rannique. I.es vieilles institutions, si long-icmps
respectées, n'étaient plus que de vaius simulacre!
dont nn se jouait inipitnénient.
Uo jour s'étant élevé avec force contre Clodios
xe démagogue séditieux qui jetait des semences d<
\ _^i
J
CATOM d'utiqite. SSg
lioublcs iljiis I3 républinue, Cicéron lui en fil des
i-eiiiercieineiis. - C'est Hnme, lui dit Caion, que
" vous devez remercier, car dans louies les affaires
■ (lu gouvernemeiit ce sont ses inlérSu seuls que
Il ïcquir par U une grande cousidéralion , et sa
ffrlu fui reconnue siuniversi-Uemcnl, que son nom
Jtfvint celui de la nrobilé mPme.
Calon seconda Cicéron dctoul sou pouvoir dans
plusieurs afTatTes difficiles qu'il eut i soutenir pen-
dantsonconsulat.etill'aidasuTtoul à terminer glo-
rîeusemenr la grande affaire de la découverte de la
conjuration de Caiilina. Lor5qu^an délibéra au
lénAt sur le supplice à infliger aux coupables, Jules
César fit à la louange de \» clémence une harangue
qui est parvenue jusqu'à nous, et qu'on regarde
comme un chcl d'œuvre d'éloquence poliliquc.
Cetie harangue fit une si furie impression sur l'as-
lemblée, que la plupart des sénateurs rétractèrent '
leur premier avis, tendant i la peine de mort ; mail
(^iton dépeignit avec de >i rives couleurs le dea-
lein lerribli' îles conjurés, il démnnli'a si daite-
mt>nt <]ui; la clémence laiit v.intée par Ci'sar était
incompatible avec la Silicté (]c l'étui, que lous Ici
■énaleurs revinrent i leur [iri'mier seulirncnl; les
conjurés lurent condamnés à mort et exécutés.
Les affatrits publiques lui laissant dès lors quel-
que loisir, il fit provision de livres , emmena
,ivec lui quelques pliîlosophes, cl se rendit eti Lu-
canie, où il avait des terres dont le séjour était
agréable. Mais instruit que Meiellus, créature de
Pompée, bnguail le tribunal , il revint .'i Home
dans II' seul mol if de Ira verser les c]es;eins nnibilieiii
de PompéL-; il accourut au Forum, demanda
pour lul-mOme le Iribunat, et l'obtinl. Ce fui alorï
que César et Calon se trouvèrent en cliarge en
uicme Icuips, l'un en qualité de prôleur, l'aulie
de tribun. La diversité de caractère el de principe»,
54o CATON D'il TIQUE.
qui les avait Jt'jà mis en opposition , particulier
romiMit dans la délibération sur le supplice des
adhcrnis de Catilina, les porta k une dissension
violon 'o qui ne fit nue s'accoître dans la suite. Ja-
mais cil (fret doux nommes avec de si grands ta-
lons ne furent [>lus opposés de maximes et de con-
duite ; c'est ce que fail ressortir d^une manière si
ingénieuse et si remarquable riiistorien Salluste
dans son pa allèle de Caton et de Jules César.
Quoiqu'il ail flatté le portrait de César, son bien-
faiteur, il a été juste toutefois à l égard de Caton*
L'un, dit-il, était la ressource des malheureux,
l'autre le fléau des méchans. C'est par la sévérité J
et par Tinrio» ence de ses mœurs , ajouta-t-il, que
Caton avilit acquis une réputation si éclatante. Il
ne se proposait pas de Tcm porter sur les riches
par ses richesses, ni sur les factieux par l'esprit de
faction et de cabale, mais il le disputait aux plus
couraf^eux par la magnanimité , aux plus mo-
destes par la retenue, aux plus irréprochables par
le désintéressement et riutégrité; il cherchait plus
à être homme de bien qu à le paraître , et par
celte conduite moins il courait après b gloire,
plus elle semblait le chercher. Ce portrait de Ca-
ton , par un ami et «n protégé de César, ne peut
(ilre suspect aux yeux de la postérité.
Entré en charge comme tribun, aucune considé-
ration particulière neputfaire fléchir Caton. Il dé-
clara en [>lein sénat, malgré le crédit de Pompée, li-
gné dès lors avec César, qu'il ne souffrirAit pas que
Pompée entrât avecson armée dans Rome, et il fit
voir (|ue c était un piège pour investir Pompée de
l'aulorilé absolue. Ayant eu à lutter dans cette cir-
constance et contre César et contre Metellus , sa
créature , il se présenta avec intrépidité à l'asj^em-
blée du peuple , et s'écria , en voyant Metelius en-
vironné de sicaires : « O homme audacieux et
» lâche, qui, contre un homme nu êl sans armes ,
CATON D'rTlQUE, _ 54l
• as rassemblé tant de gons armés ! <• S' avançant
d'un p4s ferme , iV (Jcïnciira ensuite immobile, ex-
posé à une grêle de pii?rres et de bâtons que les
MCtieux faisaient pleuvoir sur lui de tous cAtés.
Son intrépidité entraîna le peuple et le sénal à son
ppinion , et la loi fui rejelée.
VPompce, voulant avoir Caton pour amî, lui£t
déniaader ses propri's filles, qui élaîent en âge
d^étre mariées , l'aînée pour lui-mGme , et ta se-
cande pour son fils : •• Allez, dit Caion • l'en-
a voyé de Pompée , qui venait lui faire cette
» demande , allez dire à celui qui vous envoie
■ que ce n'est point par les femmes qu'on peut
» captiver Caton ; atlez lui dire que je meLTiTail-
M leurs un grand prix i, l'amitié de Pompée, et
■ que tant qu'il ne fera rien que de jusie , il trou-
u vera en moi un attachement plus solide que
■> toute» lès alliances; mais dites-lui aussi que je
B ne donnerai jamais à la gloire de Pompée des
» otages contre ma pallie. "
Il s'opposa avec la même fermeté à la demande
que fit (Jésar di; pouvoir penilaot son absence soU
liriter fe consulat par ses amis. L'alliance de César
et de Pompée lui devinl suspecte , et il fut le pre-
miiT à signaler te dauger d'une telle connivence
enire des' hommes si puissans; il se montra invin-
cible à leurs menaces comme à leurs caresses , et
César, qui crut pouvoir tenter co'ntre lui des.voies
de rigueur, l'ayant fait arnUer pendant son con-
sulat, le fit relâcher aussitdl sans avoir pu rien
gaeu'Tsur sou esprit.
ÏVmr réloij^ner de Rome et pour être plus siir»
di' f..ire enilrr Cicéron , César et Pompée fiient
passiT un décrel portant confiscation des Liens et
df, éi,Éii de Plolemée,roi de Chypre, et qui défé-
raii .1 Calou le gouvernement de cette île, pour
mettre a exécution le décret, lléduit à U néccssiitt
5/|'2 r.ATON D'nTTyiTK.
(]\)l)(Mr , (l.'itrtii nu'L h l«i voilt* , itiuclio «h llhotWs
1)Oiir y falrt» dfvs pn* para tifs, et là reçoit la visite dp
^(>l('lll(•<' , roi (ri*i^)plr, itiiqtu'l il donne dt* .ia{>rs
rt sjliiiaii<vs toiimmIs ; puis il \\\ icmrthc* Irsk^iiiiii
rii |;r.l( 0 jvrr Irs ISysanliiis , lôialilil la Cdiicord^
dan5 leur villr , rt . rcvriianl sur ses pas , aborde,
i-ii (.hypri* ,di)iii le. lui, p.iruii bonheur (pie (lalon
ne |K)ii\ ;iif espérer , venait de »e donner lui u\^mf
l.j MiorL (loniiiM* il lais.sait des trésoiset de.i rie liesses
iriini(||)s(>s , (laton assista lui-nil^nie k la vente et
tint ronij^te de tout i\JS(pi*ii la plus petite soitiinr:
il vu relira srpl luillr talens, environ trente troii
millions de (ranis. Tout cet argent , à peu de
(Iioscs |)r(vs, arriva heureusement à Uoiiie. Pri
(pTuii y appr<'nd cpie Caton approche aver ses
v.'ussr.iux, tous les magistrats, tous les prêtres, le
2>rn;it eu ( oi ps ei Li jdiis giande parti» du peuple
vont ;ni devant de lui le long du Tiliro , dont Ici
deux rives se eouvreul d'une foule immense. Cw
ton ne s^n n^le (pie lors(pi^il est entré dans le port
ave.c sa (lotie. Le f>eu[)le , eu voyant porter ii tra-
vers la plaît* puMi'pie ces sommes immenses d'or
et d'arm'ni , ne peu! revenir de sa surprise. Le s«^-
nal <'()nd)le (.alou d éloge, et lui décerne une pi^-
ture extraordinaire, c/eM à dire avant l'âge : Ca-
ton n'avail alors (pie trente huit ans, et la 4oi en
exi(;eail (juaranti* pour exercer la prdture. ÏAf lênat
y .-«jouta \r privilég(* d'assister aux jeux v^tu iVunt
loin* hordi'e de pourpre. Caton refusa ces hon-
neurs , et demanda seulement la liberté de Nieiai,
intendant du loi Ptot(''mée, dont il attesta la fick-
litt' el le /.eie pour l(>s iutér('^ts de la république.
Mais pendant Tabseuce de Caton u* triumvirat
d<> P«.inp('*e, de Crassus et d« Cé.sar avait tout fait
pli<*r dans Home, et (^iloii trouva César maître de
rarniée (*t du gouveruemetiL des Gaules , et Pom-
pée le dominateur de l'Italie et du sénat. Caton
CATON B'uriQir.. 5kj
iverlit. Iirst^nat qu'en fjxorissiil les vues ambilieu-
|ps (le César, il courail se mettre lui-même sous son
lOUg. Nommé préirur , il accuia ouvcrlemeiit
Pompée d'dspirer à la puissance souvcTaine; mais,
myant ensuite éc'ater des troubles qui présageaient
ane guerrr intestine , il appuya ilans le sénat l'avii
i* nommer Pompée seul consul : « Car il n'y a
" féralile 3 l'anarchie; j'espère d'ailleuis rjuel uni-
■ tléfcre, CI qu'il saura conserver une ville qu'on
À remet eniie sps- mains. » En remerciant vive-
nient Calon de riiiinneiir qu'il vt'i)dMe lui pror
COI er , Pompée le pria de 1 aider d^Ks conseils ,
et de présider ea (|uelqiie snrie à sun cousuUt.
1 Dan? ma conduire précédeiil«, répondit Calua,
V ja n'ai point agi par un senli'nent de haine, ni
^ par un moiif <Ie fdveur dans ce que je vieus de
' faire; je n'ai réellement consulté que l'intérêt
■1 de l'éiat. Toutes tes fui) que vous me deman-
- der.-z dci consml. sur vos afTai.es personnelle»
>• je vous lf!s donnerai voloiiliers ; mais dans Icï
* affaires publiques, quand im'iMe vouj ne me le
j. de 111,1 m lieriez, pas, je ilir^i ((lujours ce que je
» croirai le plus convenable et le plus utile. •
Telle fut en effet U n^le de sa louduiie.
Cependant, comme il voyait que de jour en jour
César dev.-nait l'cinemi le plus redoutable de la
liberté , il se mit lui iiK^me ïur les rancs l'année
suivante pciiir le consulat, el ne put l'obtenir;
mais, San.'- se ili'cnurdger, il dévoila au sénat les
vues auiMtii'i^ïii's de Lésar ; toutefois il ne fut pas
écoulé liiirs ilii si'iiat, car le peuple voulait que
CeNar [>ar\iul à la plus grande puissance.
(,)uaii'j ou eut appris que César, pour ren-
niai'cliail sur Uoiiie avec sun armée , tous les
I
Sj/f CATON n'iTTIQUK.
vrnx alors so tournèrent vers Caton. La sagan'é
nwv liqiirlle il avait dévoilé les vues secrcii^s ile
Voinpôi* o\ les projets astucieux de César, paiuli
apit's riivéncment, une véritable prophétie.
ilrsolii de suivre Pomper dans sa fuite, il en-
vo\a le plus jeune de ses fils à Munantius, dans
\v p.ivs (les iirutiens , et se fit accompagner de
Taîne. J^a Sicile lui étant échue en partage, il se rer.-
ilir à Syracuse. Là , instruit que Pompée avait
nlKtndoiiiié entièrement l'Italie , et ne croyant pal
pouvoir dt'fondre la Sicile avec succès contre lei
i. iiioMJiis de César, il ne voulut pas la ruiner co
ntiirant la |berre dans son sein, et il fut joindre <
Pnmpôo à son camp de Dyrrachium. Il n eut ja-
mais ()u\jn même avis ; ce fut de traîner la guerre
<Mi lon^^iHMir , dans Tespérance de prévenir par
uii n( ( onimodenient une bataille où Home, di-
VI .rc contre elle-m^inc , verrait nécessairement
le p.irti l(> plus faible passé au fil de répée. Caton
piMNuada égaUMiicni Pompée de ne piller aucune
ville soinuisc ;iux Homains, et de ne faire périr
aucun Uonnin hors du champ de bataille.
Knvoyé ensuite en Asie pour y rassembler dei
vaisseaux et dos troupes, il se rendit k Rhodes, et
attira 1rs babilans au parti de Pompée, auprèf
du(]uel il retourna «^ Dyrrachium. Là, après avoir
éié le téinoifi du combat où César fut repoussé,
ou le vit ^ en promenant ses regards sur le champ
de l)ai;<ille, jonché des corps de tant de braves
Romains qui étaient tombés les uns sous le fer
des autres, ou le vit , tout ému, verser des larmes
siu' sa patrie , et déplorer cette funeste ambition
de réguor qui faisait le malheur du monde. Lors-
<ju 'après cette défaite César se relira en Thes-
salie, et (luc Pompée le suivit, Caton fut laisfc
à Dyrraclnum pour commander la ville avec cinq
culiortes.
f
j
I
CATON n'uTIQUE. 5/(5
Du jour qu'il apprit b déroute de Phatsale il
n^ mangea plus qu'assis (i), cl ajoiUa à son ileuii
Drdiuaii-e de ne se courrier que b nuil paiir
doriuir. Au commeticemciiL de la guerre ùvîle,
tf)|icl)é des maux di- sa patrie, il avait [iris'piiblr-
queinciit le deuil, el s'élaîl iinpoié des privations
pénibles. Il conserva jusqu'il la moil cet élal de
tristesse el d'abattement.
Catoa fit voile alors pour Corcyre , oà ^tait
Ijarmëe navale. Les soldats ne voulaient plus obéir
jjo'i lui; mais ayanL trouvé (liréion à Corcyre, il
rouiut lui céder le commandement, parce qu'il
Jtdil personnage consul.iîre , et (]ue lui n'avait clé
que^réleur; mai» Cicé. on le refusa. Il apprit sur
La flotre la mort de Pompée en Cgypic , Cl voile
pour Cyréne , el se mil en devoir de joindre ea
Africjue Scipion , Lieau-père de Pompée, et le roi
luba , qni venaient de rassemltter une arm^c
^ntre X.és3r. Coinnte on élalL alori en hiver, il
prit la roule par terre , avec un convoi Je mulets
pour po^l(^^ Teau , beaucoup de charriols et de
rivrcs. Pendant les sepi jours que dma celle mar-
che, it fui loujours a la lè[e des troupes, sans
[amais se servir de cheval. Après avilir fasse l'iii-
veren Afrique, il se remit en marche avec un corps
d'armée qui cl.iit de dix mille liomnies , et joi};nit
enfin Scipion , Varns el Juba. Tous les officiers
rinvitèrenl à prendre le contmandemeni en chef,
Cftlon répéta ce qu'il avait déji <lii en pareil uc-
casion , qu'il ne violerait yias les lois , dont la con~
servaiion était le seul moiif de la guerre qu'on
faisait à celui qui les avait violées; qu'il n'était
que propréieuf , et qu'il ne cotiimaiiderajl pas en
présence d'un proconsul. Scipion se mit donc à Ja
(,)0«
546 CATON d'dtiquk.
d\i* do r armée. D'à boni , pour faire sa cour i
Juba, il voulut faire égorger tous les habîtans
«l*lhi(]ue, et raser la vOle jusqu'au fondement,
parce qu'elle penehait pour le parti de César. Ca-
toii , indigné, protesta hautement dans le conseil
C()nire uiuî proposition aussi cruelle, et il parvint
à sauver les habîtans d'Ulique.
Enfin , à leur prière , et sur les instances mômes
de Srinion , il se chargea de la défense et du com- i
maniement de la ville. Klle était abondamment t
pourvue de tout; Caton la fortifia davantage, et
en lit le mag.isin général de l'armée.
Le conseil (|u'il avait auparavant donné à Pom-
pée , il le donna encore à Scipion ; c'était de ne
pas livrer bataille à un ennemi plein de valeur et
d'expérience , mais de (raîner la guerre en lon-
gueur. Scipion, naturellement présomptueux, itt^-
prisa cet avis, et perdit tout à la bataille de Thj-
sus. A la nouvelle de ce désaa^'re Galon encou-
ragea les Romains qui étaient avec lui dans Uti-'
que , et parvint à les rassurer; il rejeta avec hor-
reur Tâvis de chasser ou de tuer les habitans dont
les dispositions étaient douteuses, et, donnant
toiis ses soins à la sûreté des sénateurs cpii étaient
enfermés dans la place , il fit tout disposer pour
leur embarquement. Quand César ne se troon
plus qu\^ une petite distance de la ville, les séna-
teurs qui ne s'étaient point embarqués chargèrent
Lucius César, parent du dictateur , et qui avait
9uivi le parti de Pompée , d'aller intercéder en
leur faveur.
Caion approuva leurchoix^et composa lui-même
le discours que ce député devait adresser â César.»
Lucius, en prenant congé de luijPassura qu'il M
b;j lancerait pas de solliciter à genoux la clémence
de César pour Caton personnellement; mais il
ne voulut pas même lui permettre de prononcer
.<)uu nom : u Je ne veux pas, dit-il y devoir à ua
CATON d'UTIQUE. 54?
» tyran des grâce» que je ne puis regarder que
-" eouune Jes marques de [yrannie, l'I c'en est
• une (le » part. que de donner la vie comme
M niatire i, ceux qu'il n'a pas le droit de com-
» mander.» Cependant, lorsque Lucius fut sui-
te point de partir, il lui recommanda sun fda et
le rcsie de ses ami». Vers le soir il fit ouvrir les
porte'! de la ville, exhorlant également let Homiins
et les habilaris d'Utique i se porter au-devant du
v«it>au<iur pour implorer «a démence.
Pour lui , avant de souper , il alla au bain , se-
lon sait usage i il apnela son (ils, et lui recom-^
manda de ne se jamais mêler des affaires du gou-*
vornrment. Quand il eul pris son ba^ il se mit
A labte avec ses amis les plus inlimes. La conver-
■aiion roula sur plnuieun mall^res philosophiqu^j.
Dans la chaleur de la discussicm il laissa échappei-
quelques mots qui firent cunnaîire le projet qu'il
avait coiii^u de conserver sa liberié aux dépens
im'mes de sa vie. Tout le monde alors garda le
kilence , et parut d;ins la tristesse. 11 !e relira en-
■ uile dans son apparieiiient , apris nvoir em-
brassé son (Ils et !:e> amis av.-c plus d'alleclion qu<-
iJe coutiune. Ucsié seul, il su coucha, et se mit .\
lire avi'c briiuciiup d'aitenlioii le Dialogue lie
J'ialim sur lm,mvrta/itè Je fdiM. Dans un trans-
port de joie, excilé en lui par l'espérante d'une
Iieurfuse iinirinrtalité, il jel.i les yeux sur l'eu-
drnit iii'i aurait dil Oirc son cpée , el , ne la voyant
pas , il di-ni.iiida ce qu'elle élajt devenue ; il ( ou-
limia sa Ici'lurc, et urduniui qii[:1c|ucs inonu'ns
ap.s, sa..s lé,.,..igner d'i.npatieneç , qu'on lui
appiiiià' .iixi é|HV ; mais, ayant fini le dialogue
s.'tns qu'i.ii < lit obéi à ses ordres, il se plai{^nit vi-
v<-tii< iii'iiii voulitt le livrer nu et s;ins armes„Â
av.\ ru .r'i.i.s. î'iii \aiii son fils et ses amis, étant
accuuiiis, .- 1 liiiuérent de le détourner du projet
tli s.' i.icr : „ Di' <^Liet druit j leur dit-il , me des-
»» .irîTir-l-nn , et mVmpiVIio l-on do fairr «s^p^
» <lf' iii'i laiscin et tïv tti.i voloiitc i* » Se lourniiiil
a!o:.s v«rs snii fils, «f Jù vrnis , jeuiic homni^,
" ;i;-.)iifa l il , pourquoi ne lloz-voiis pas les mains
« ««'ji I t!ns à voire pore , pour que César . quanJ
•• il ^ilMl(l^a, n*«il plus rirn à craindre de lui!
« Al je tr.iîllciirs besoin d'une ôpée pour m'olcr
»• l.î MO i' Ne ni(î siifïirail il pas de retenir quelque
>» t' m! > mou lialeiiip , ou de mv. frapper une seule
î» I »is I \ '(■!(• contre la muraille?» A ces mots son
fi'ss ;rii (le Ia( li.iRihre on ver>ant un totront delir-
in'*"», cl ((uisM's.'iniislosiiivironl. On renvoya à Ci-
t<>n son ôp't' par un oiifant; il la prit , Texamina,
ot iorsqii'iL v.i q'.io la [»ointe en était bien acéréo,
w C/rsf à [iré:>ont , dit-il, que jo suis maître ilfi
» mol mrmo. » Il reprit aussitôt le dialogue «le
l'ialoi! , ot , Tayant relu , il sVndonnil iranquilli'-
mrn!. Vers minuit il appela doux de ses affranchis
pour s'nssuror si lont le monde était embarqué «l
eu sùiolé; il l(*s envoya au poït, afin de donner
des secours de sa part à tous cetix qui en auraient
besoin, (^oinme les oiseaux commençaient à clian-
ter , il se reodormif queb|ues momens; puis, ti-
iniit -ou épée , il se renfonça sous la poitrine ,nijis
ne se bli ssa pas mortellemont. En luttant contre
ia morl il toniba de son lit, et renversa une table.
Sou (ils entra aussitôt dans sa chambre , suivi Je
SOS amis é;)lerés ; ils le trouvèrent qui nageait
dans son s.iiif^ ; il vivait encore, et les regardait
fixeineiil. (le spectade les pt'nétra de la plus vive
diHilonr. Sou médecin , ayant reconnu que les f n-
traiiies n^étaieut pas oilensées, essaya île coudre
la pl.ûe ; mais (i.iton, revenu de son ëvannifisse-i'
inenl , repoij.*»>.'i le médecin , arrarba ra[>pjreily
pl , n>anl rouvert s.i l>"lessnre , expira, Agé de
(|i:.irante huit aris, ou de cinrjuant-j-cinq , ^uitaSt
t]ueî(jries liislorieiis.
^i la <vuinle du danger préscni , ni lV^lp^cs9^:
CATOTl D'UTIQUB. S/jÇ)
iineni il'aller rendre homtnagp au vain(|Mpiir , rifti
ne put délourner les habiljns il't'liqne <k feire A
Catan les obsè^ura les plus honorables. Quand
César, àétk aux portes de la ville, aripril la watt
de cet illustre Romain , « Caton , dll il , je l'envie
* ta mort, puisque lu m'as envié la gloire da le
- Telle fut la mort de Catoii, qne toute l'anti-
I qHil« a lonée , mais ijuc les maiinies de la irvcnale
et (le notre religion condainnent . el (jui, datu
une motiarcbie, ne saurait ôrre offerte pour nm-
dèle aux jeunes pens : taton p;irmi iious serait
mfn-t coimne Baprd , au sein de Dionneur, de
la religion et de la gloire.
C'est pliilAt d»ns sa rie que dans «a mort que
' nous dcTtins chei'ciier des exemples de Tcrtu et
d'héroïsme. On les trouve dans les soins *]u"il
prend de sauver ses concitoyens pendant qu'il
renonce lui-même à la vie ; dans sa douceui- inal-
térable à l'égard des iiabiims d'Uiique-, dans son
amour pour la justice, qui le porte à s'onposer à
toutes les wolenccs que veulent exercer les cliefs
Je son parti. Celte humaniié {jénéroiise ne s'est
pas seulement signalée d^ns les diirniers jours de
.sa vie; elk a toujours dirigé ms actions et sa
cenduito.
Si à ces deux grands traits de son caractère,
la fermeté el la douceur , on .ijoulc l'élévation du
génie, l'étendue el li sagaiiié des vues , l'applica-
tion iur^illir^ibleau ir.ivail, la nurelé et l'innocence
des mœurs , on le considérera comme un des
homn.es l.s plus nMlnuLLs que le p.ganism. ait
|»rod,:lfs. Uouie u'av.ilr peut .'tie jamais eu de ci-
toyen plus veiluciix; il av.Tit toutes les qualités,
el pas un seul d.^s défauts de Caion le Ceuseur ;
il aurait soutenu la république par sa f^rmelé et
]i3i' sa cuuslauce invincibles, si les dieux eux-
5r)0 • CATON D'UTIQUË.
inrinos, srlon l'expression de Plutarque, n*avaicnt
pas résolu de l.i détiuiro.
Ne soyons donc pas étonnés que Virgile ait
placé Catoii dans rËlysée, à la télé des zélateurs
de la vertu , et jugeons -le digne du bel éloge qu'en
a faillite Live dans une seule phrase qui nous a
été conservée par saint Jérôme : « Caton , dit
• cet immortel h storien , a été loué et blâmé par
» deux des plus grands génies (Cicëron et César)
N qui aient jan)ais été (i) ; maïs personne ii*a pu
» augmenter sa gloire par des louanges , ni k
» diminuer par des censures. »
Caton ne fut pas heureux dans son intérieur.
Ses deux sœurs se rendirent fameuses dans Rome
par le dérèglement de leur conduite ; il fut obligé
de répudier sa première femme , dont il avait eu
deux enfans , et Marcia , la seconde, qui eut une
si grande réputation de sagesse | finit aussi par
ne pas ^tre à Tabri de tout soupçon. Son fils
même ne se montra pas digne non plus d'un li
vertueux père.
(i) Cie^ron avait compoië un panégyrique de Ci*
ton y qui s'est pcidu ; et Gëiar y avait répondu par deux
cciiis intiiuUi Anti^Caton , et qui ont en U mêoïc soiU
FIN DU PREVtER TOLUIIB*
r
t
TABLE.
PREMIÈRE PARTIE.
„ ■ F'i-
»^ YHUS LE GRAND , roi de Pcrie
LYCUHGUE , lëgisUleor ia Ucéiimc-
'""' »3
SOLON , législaleur des Alhéniens 4a
MILÏEADE , génër.l slhéiiien 56
AUISTIUI! , dit LE JUSTE , général sihénien. 66
LEONIDAS, roi do Spano. ç,i
CIMON, fila de Mil.iade o5
i'KIUCLÉS,chcf des Athéniens 24
SOChATIÎ, plillosoplie athénien i5i
XÉiNOPlION, général et historien grec. . . 173
riiLOl'ID.US , général théhalo 197
lil'AMlNUNDAS , géijéral thébain aog
l'IlUClON, orateur et général athénien. , . 226
AK.\TUS,dit LE SAUVEUR DE syctoNE. . . a4a
rHlI.OI'OilVlLN, dit LE DERNIER DES
CflECS 267
'S-A TAB1.C.
SECONDE PARTIE.
Pog,
NUMA POMPILIUS, fioi des Romains. . . :i83
VALEllIUS PUBL1C0L\, consul romain. 298
(J>i(JNNATl' S, dictateur romain 3oy
C A Ml I.LU S, dictateur romain 024
FAr»rilClUS, ron5uI romain o56
1 ABIUS JIAXIMUS, consul romain. . . . 869
CORNELIUS ^CinON, dit l'africain.. 39a
CATON le cetîsïur 445
PAUL EMILE, consul romain 4?!
SCIPION le jeune, dit le second africain. 5oo
CATON D'UTIQUE 533
FiN DE LA TAJBLE.
y
/
^
'é^>?^