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Full text of "Biographie des jeunes gens, ou, Vies des grands hommes : qui, par leurs vertus, leur genie et leurs actions héroiques, sont dignes d'être proposés pour modèles à la jeunesse"

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JEUNES  GENS. 


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Je  déclare  contrefait  tout  exemplaire  qui  ne  sera 
pas  revêtu  de  ma  signature* 


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BIOGRAPHIE 


JEUNES  GENS, 


;  DES  GRANDS  HOMMES 


Par  AimoNSE  de  BEAUCHAMP, 


tUJlTKX  nOMIISncXS  ALLËOOSJQin*, 


PARIS, 


fcU  UBRADUB  D-ÉDUCATION  ET  DE  JUTIISPRUBEKCE 

D'ALEXIS  EYMERY, 


•  *  a  • 


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PREFACE. 


1 


Ïtode  de  riiistoirc  ne  se  borne  point 
ia  recherdic  inimiticiisc  des  laits  et  de* 
l'histoire  se  propose  uu  but  plu» 
la  eoii  naissance  de  rhuiumc,  de.  la 
et  de  ia  pofilique  ;  c'est  la  tîiaiidfur 
des  personnages  qui  la  rend  intéressante. 
Hais  on  y  retrouve  aussi  tous  les  vices  inlic- 
fcns  à  l'espèce  humaine,  dont  elle  l'elt-aee 
les  aclîons  et  sijj;nalc  les  destinées;  elle 
peint  souxenl  les  hum  iiios  sons  des  rapputls 
PW  favorables  à  la  aiorah-,  jct^le  yice  s'/ 
nODlre  avec  une  sùMs  àe-pompe  ct'-d  cclat; 
souvent  m^nie  les  médian?*  ;y  Peçoiienl  de 
la  faiblesse  ou  de  l'erreur.  ck'îi.JEit)|iiniagi's 
qui  ne  sonldus  qu'àjà  vp'-Ijl  Ces  ijicoii\é- 
Siens,  attachés  an  genre  hislorique,  se  font 
[lius  particulièrement  senlir  dans  les  ;iii- 
Oslesdes  peuples  etdesd^'iiaslitrs.  liestduHc 
préférable  Uc  commeucer  l'ctude  de  fhî'. 


L 


îf  PRÉFACE. 

loire  par  Ja  lecture  des  vies  partlculii 
les  personnasjes ,  moins  confondus  ave< 
événemens,  s  j  montrent  dans  toute  leui 
formité  ou  dans  tout  leur  éclat  ;  car  ] 
peu  que  Thonime  influe  sur  le  sort  de 
semblables,  il  ne  peut  plus  se  dérol 
la  postérité  ;  Fhistoire  le  poursuit  toujc 

Mais  tandis  que  de  volumineuses 
graphies  (  i  )  présentent  des  milliers 
noms  vulgaires  qui  n'en  restent  pas  m 
obscurs  ,  à  peine  les  fastes  des  nat 
"offrent -ils  cent  personnaj^es  irréproc 
blés  qu'on  puisse  recommander  à  1 
miration  publique.  C'est  pourtant  un 
petite  minorité  qui  forme  seule  la  gai 
des  grands  hommes  dignes  réellement  d' 
préseïiti^.pcPuV'emàl^5*}E5L*J)Our  modèh 
cette  portujri  mte^éssàYite*  de  la  ]cun< 
que  les  drqit^.^^IjÈc  jaîtrssaiice  et  du  me 


(i)  On  neccm'tèsfèpîuS.riitilité  des  biograp 
fî;éncrales,  ou  dictionnaires  historiques;  ces  se 
de  répertoires  de  ia  célébrité  ont  d'ailleurs  ac 
de  nos  jours  plus  d'extension  ,  de  solidit 
d'exactitude;  mais  ce  n'est  pas  l^  pourtant  ( 
faut  étudier  les  grands  hommes,  dont  la  vie  1 
torique  a  besoin  de  dévôloppcmens,  et  dema 
{)lus  de  faits  que  de  dates. 


^ \ 

PRÉFACE.  r.j     -1 

it  à  servir  l'étal ,  soit  dans  la  carrière     \ 

'^iiveile  aux  héros,  soit  dans  la  tuajjistra-     J 

^ire,  soit  enfin  dans  les  hautes  Ibnctions     | 

*»e  l'admitiislratiou  et  de  la  politique. 

lîii  méditant  sur  l'art  di;  gouverner  Ici 
àonimes,  de  profonds  génies  ont  reconnu 
^c  ie  sort  des  em|>ires  <l(:]>endait  en  grande 
partie  de  l'instruclion  d'une  jeunesse  d'élite 
enlièpCDient  dévouée  à  l'état,  et  soumise  à 
une  éducation  perfectionnée.  Quelle  doit  eu 
^•tre  la  base?  L'histoire,  sans  doute,  quand 
elle  D'offre  ni  de  frivoles  leçons ,  ni  des  1 
exemples  dangereux;  elle  seule,  en  effet,  ' 
peul  former  des  sages,  des  gueniers,  des 
administrateurs;  tel  est  sonbul  politique  et 
moral. 

Que  de  résultats  utiles  ne  présente-t-elle 
pas  aux  chefs  des  nations  !  Ils  y  trouvent 
la  science  du  gfeuvcrnemeut ,  et,  s'ils  remon- 
tent aux  causes,  ils  y  découvrent  les  germes 
da  dégénération  qui,  en  se  développant, 
ÛJCétèrent  la  décadence  et  la  chulc  des  crii- 
iires.  Sans  doute  quelques  ijons  princes 
ont  profilé  des  leçons  de  l'histoii'c  pour 
s'éclairer  et  pour  rendre  leurs  peuples  plus 
:ureux  ;  l'histoire  s'est-siontrée  recouuais- 


'V  PREFACE. 

santé;  elle  suffit  seule  pour  attester  qu«ï= 
boQ  roi  est  la  plus  parfaite  image  die  la  DivL^ 
njlé  sur  la  terre. 

*    •  •  - 

Mais  qu'on  ne  s'imagine  pas  qu'un  genre 
si  grave  soit  a  la  portée  de  lenfance;  l'ado-  . 
lescence  et  l'âge  viril,  voilà  les  époques  d^ 
la  vie  où  l'histoire  devient  une.instructioa 
nécessaire  et  profitable.    Quelle  circons-? 
pection ,  quej  choix  ne  doit  -  on  pas   ap-? 
porter   dans  la  direction  première   d'unç  . 
étude  qui  doit  être  celle  de  toute  la  vie  !  Il 
est  facile  démettre  sous  les  yeux  des  jeunes, 
gens  les  mots  de  rpis ,  d'empire,  de  guerre,./ 
de  conquête,  de  révolution,  de  lois;  ]iiai9 
ce  qu'il  importe,  c'est  d'attacher  à  ces  mptf. 
des  idées  nettes  et  précises. 

La  véritable  connaissance  des  événement 
est  inséparable  de  celle  de  leurs  causes  et 
de  leurs  effets  ;  aussi  l'histoire  généralje|! 
cet  arbre  colossal    auquel  se   rattach< 
toutes  les  franches  de  la  science  histori 
que ,  exige  une  culture  attentive  et  réflé 
à  laquelle  la  plupart  des  jeunes  gens  ^O] 
peu  capables  de  se  livrer.  C'est  dans  la 
particulière  des  grands  hommes  qu'ils  p 
sifout  plus  sûrement  leurs  premières  leçoi 


^  morale  et  de  politique  ;  ce  genre  n'exige 
î^sautaDtde  connaissances  préliminaires, 
M  autant  de  maturiié  dans  l'esprit. 

En  eOet,  pour  connaître  les  hommes  îf 

iiilBt  de  les  voir  agir  ;  leurs  actions  les  dé- 

ïoiJent  :  la  postérité  ne  les  loue,  ne  les  j'u^ 

que  Sur  des    faits.    Maïs  le  ministère  du 

fciograplie  lui  impose  l'obligation  d'ériger 

'  Fhistolre  en  leçons  de  vertu ,  de  mettre  en 

action  le  talent,  le  génie  et  tous  les  genrt-» 

■démérite;  de  rapprocher  le  souvenir  de& 

exploits  les  plus  éclatans ,  de  marquer  tes 

frails  qui  caractérisent  les  héros.  Ce  nom , 

dans  l'origine,  n'était  donné  qu'à  desbîeiï- 

feileurs  de  l'humanité ,  qâi  derenàientainAÎ 

J'ohjet  d'une  sorte  de  culte  établi  par  la 

reconnaissance  ;  aujourd'hui  l'héroïsme  ne 

■  désigne  que  les  vertus  et  la  valeur  guerrièi  e 

exercée  au  plus  haut  degré.  Mais  si  le  nom 

de héro»  n'a  plus  maintenant  qu'une  accep- 

'âion  restreinte,  l'heureuse  affection  de  l'âme 

utjui  porte  à  faire  le  bien  et  à  fuir  le  mal , 

>«t  qu'on    uomme  vertu  ,    exprime  ,  non 

•comme  dans  les  lemps  héroïques,  la  force 

>et  la  vigueur  du  corps  ,  mais  les  qualités  di; 

Tesprit  les  plus  reeomuiandables,  et  plus 


à 


vi  PRÉFACE. 

souvent  encore  celles  du  cœur.  Ainsi  L. 
vertu  se  compose  de  la  force ,  de  la  tem^ 
pérance ,   de  la  justice,  et  surtout  de  1 
prudence ,  que  Xénophon  et  Socrate  ormt 
défini  la  science  des  biens  qui  conviennent  m^ 
à  riiomme.  fe 

On  ne  saurait  trop  le  répéter,  il  est  au  l* 
fond  des  âmes  un  principe  inné  de  justice 
et  de  vertu  que  1  éducation  doit  nourrir,  et 
l'histoire  vivifier.  La  maxime  impie  que  tout 
s'anéantit  parla  mort,  et  que  la  vertu  reste 
bannie  de  la  terre ,  est  un  paradoxe  déso- 
lant et  subversif  des  états.  «  Malheur  aux 
^>  peuples  ,    dit  Tacite ,  chez  qui  s'éteint 
»  l'enthousiasme  de  la  vertu  !  »  Il  est  insé- 
parable de  l'idée  d'un  Dieu ,  source  de  cou- 
rage et  de  consolation.  Les  vertus  politi- 
ques sont  un  gage  d'immortalité  ;  car  c'est 
aux  grands  honames  surtout  qu'il  convient 
d'appliquer  la  belle  pensée  d'Young ,  que 
thornme  se  plonge  dans  le  tombeau  pour 
se  relever  immortel. 

Prouvons  aux  jeunes  gens  que  bonté  et  \ 
justice  ne  sont  pas  seulement  des  mots  abs- 
traits, de  purs  êtres  moraux  créés  par  Timar  = 
gination,  mais  de  véritables  jaffections  de; 


f  PRÉFACE.  TîP 

I  Tâme ,  éclairée  par  la  raison ,  frein  salutaire 
L  de  la  force.  Disons-lenr  sans  cesse  qu'ils 
doiveiït  se  défier  d'eux-mêmes,  inToquer 
dans  leur  conduite  la  circonspection  ,  se  i 
montrer  respectueux  devant  la  vieillesse,  ' 
discrets,  modestes  dans  leurs  habitudes, 
hardis  à  bien  faire,  cl  passionnés  pour  la 
Tertii.  Tels  étaient  ces  illustres  Rpmaii^s  , 
qui  u'entraient  dans  les  charges  qu'après 
avoir  passé  leur  jeunesse  à  défendre  l'iono- 
cence,  à  poursuivre  le  crime,  sans  autre 
intérêt  que  celui  de  servir  la  justice  et  de 
proléger  les  mœurs. 

C'est  donc  plutôt  en  action  qu'en  paroles 
Oa'il  faut  montrer  la  vertn  aux  jeunes  gens: 
tel  est  l'objet  de  cotte  Biographie  parlictj- 
iière ,  oii  les  plus  grands  hommes  des  Icmpi 
anciens  et  modernes  sont  placés  tour  à  toitr 
sous  les  jeux  de  la  jeunesse,  brillans  do 
gloire  et  d'immortalité.  Il  ne  s'agit  point 
ici  d'un  amas  confus  de  vérités  et  d'er- 
reurs, mais  d'une  galerie  de  personnages 
illustres  ,  dont  la  vie  de^Tait  être  pour 
nous  une  leçon  éternelle  ;  mais  d'un  ta- 
bleau des  vertus  qui  doivent  caractériser 
l'homme  pubhc,  et  servir  de  règle  de  con- 


L 


PRÉFACE. 

ite  à  Tadministrateur^  au  magistrat  et  â\ 
néral ,  tableau  qui  ennoblit  l'âme  et  ins 
oit  rhonmie  au  grand  art  de  la  sagesse 
ont ,  dans  un  pareil  ouvrage ,  doit  res 
»irer  l'honneur,   la  probité,  l'amour  d 
>ien ,  l'horreur  dti  vice.  Trop  souvent  o 
reproché  aux  historiens  de  donner  à  leui 
écrits  l'empreinte  de  leurs  préjugés,    d 
leurs  passions,  et  de  n'être  presque  jama 
inspirés  que  par  des  motifs  d'intérêt  pei 
tonnel.  L'un  a  prôné  le  républicanisme 
l'autre  a  flatté  les  rois  ;  celui-ci  a  écrit  dai 
l'esprit  de  son  ordre;  celui-là,  ménagea^ 
tous  les  partis ,  flotte  au  milieu   des  oj 
nions  les  plus  divergentes  :  il  en  est  p 
qui  aient  écrit  pour  honorer  uniquem 
la  vertu.  Ce  noble  bnt ,  oh  se  l'est  p 
posé  dans  la  Biographie  des  Jeunes  Ge 
tous  les  amis  de  la  morale  y  applaudi 
tans  doute.  Cet  ouvrage  d'ailleurs  n'a 
cun  rapport,  aucune  similitude  avec 
abrégés ,  ces  compilations  arides  déc 
si  souvent  de  titres  pompeux ,  et  do 
ne  cesse  d'inonder  la  Httérature  ,  c 
pour  faire  descendre  l'histoire  à  la 
de  renfuDce.  Mais  les  faits,  ainsi  : 


PRÉFACE.  h 

«dénaturés,  n'appartiennent  plus  â  Vhis- 
loirc;  est-ce  dans  des  sommaires,  com- 
posés ordinairement  sans  méthode  et  sans 
i,que  la  jeunesse  peut  apprendre  àcon- 
It's  grands  hommes  qu'on  lai  offre 
iodè!es?Ges  tableaux,  incomplets  et 
'cis,  n'exisleiil-ils  pas  déjà  dans  un 
nombre  de  dictionnaires  hislorîtjues? 
Biographie  des  Jeunes  Gens  ne  re- 
l  les  ^ands  hommes  de  profil.d'a- 
IftSffictionnaires,  qui,  n'ayant  poargiiJdiB 
'  ^  !'alphabet ,  embrassent  indistinctement 
tous  les  genres- de  célébrité.  Son  bot  moral 
a'a  rien  de  vague ,  rien  d'incertain  ;  sous 
ce  rapport  son  avantage  est  incontestable, 
puisijii'elle  nt'  prf'senle  pour  niodèhs  aux 
jeuDcs  gens  que  réli'le  des  plus  gi-ands  per- 
îOnnages  de  l'antiquité  et  des  temps  roo- 
ifcrnes,  c'est-à  dire  tons  les  grands  homnie» 
qni  ont  paru  irréprochables  dans  leur  vie 
ciïile  et  politique. 

Fidèle  au  plan  primilif,  j'ai  laissé  dans 
Toubli  les  noms  et  les  règnes  de  ces  rois 
çii  n'ont  brillé  sur  le  trône  <^ue  de  l'éclat 
oe  leurs  généraux  on  de  leurs  ministres; 
je  a'ai  associé    aux   grands  hommes    dt 


L 


X  PRÉFACE. 

tous  les  âges  que  ces  princes  magnanixt 

vraiment  épris  de  Famour  du  bien  ;  je  e 

admis  que  ces  personnages  immortels,  bic 

faileurs  des  nations  par  les  lois  ,  par  Te 

quence ,  par  des  exploits  guerriers ,  ou  y 

de  grandes  vertus ,  toujours  plus  rares  q 

de  grands  talens.  Si  de  vastes  desseins,  tan 

inspirés,  tantôt  conçus  et  mûris  en  silen( 

ont  obtenu  ici  la  sanction  de  l'histoire ,  c' 

que  j'ai  découvert,  soit  dans  la  conceptic 

soit  dans  l'exécution,  cette  vigueur  de  < 

raclère  inséparable  du  vrai  génie;  je  n'ai 

retracer  enfin  que  des  vies  éclatantes 

des  morts  illustres. 

Tel  est  le  plan ,  tel  est  l'esprit  de  la  Bi 

graphie  des  Jeunes  Gens,  dont  la  premii 

pensée  appartient  tout  entière  au  libraii 

éditeur.  C'est  une  inspiration  si  honorab 

que  je  me  plais  à  la  lui  restituer  publiq 

ment. 

Je  n'entretiendrai  pas  le  public  des 

cidens  qui  m'ont  ôté  la  possibilité  de  U 

miner  seul  la  rédaction  d'un  ouvrage  c 

porte  mon  npm;  des  motifs  personnels 

doivent  point    figurer  dans  un   morcc 

essentiellement  littéraire.  Quand  aux  p 


PRÉFACE.  ,j 

îs  distinguées  qui  m'ont  éclairé  de 
lumières  eti  s'âssociant  a  mes  travaui^ 
aiodestie  se  refuse ,  je  le  sais ,  au  paAa 
d'une  publicité  qui  au  fond  devrait 
solidaire  pour  tous;  mais,  dusse  -je 
irir  leur  blâme  ,  j'avouerai  que  leur 
■ration  m'a  été  d'un  grand  secours.  J^_ 
i  d'abord ,  comme  l'un  de  mes  pluifl 
ieux  collaborateurs ,  M.  Durdent  ,  ' 
agensement  connu  par  d'estimables 
jetions;  je  citerai  encore  M.  Charles 
osoir,  jeune  littérateur  dont  le  savoir 
nulation  méritent  delre  encouragés, 
faible  tribut  d'éloge  est  le  seul  qu'il 
oit  permis  de  leur  offrir  ici ,  que  ne 
e  adresser  un  hommage  plus  éclatant 
x  dames  pleines  de  raison  et  d'esprit , 
'ont  pas  dédaigné  non  plus  de  montrer 
la  flexibilité  de  leur  talent  dans  le 
;  sérieux  de  la  biographie.  En  pas- 
ainsi  de  la  littérature  légère  à  la 
jture  grave  ,  madame  Dufrenoy  et 
ime  de  Bolly  ont  prouvé  qu'elles  sa- 
t  au  besoin  allier  la  vigueur  des  pen- 
et  du  style  au  charme  et  à  l'élégance 
caractérisent  leurs  autres  productions. 


iq  l^AÉFACE. 

Gombiefi  il  leur  a  été  facile ,  tOQt  en 
crifiant  aux  grâces ,  d'élever  un  piédea 
à  la  vertu  f  Admirons  Surtout  le  coun 
quelles  ont  apporté  à  fouiller  dans 
nombreux  monumeris  de  l'histoire  ,  e 
comparer  tant  d'écrivains  ennuyeux  et  p; 
lixes.  Tel  est  le  généreux  appui  que  de 
habiles  auxiliaires  m'ont  prêté  dans  Te: 
cution  de  cet  ouvrage  ,  que  je  n'ai  et 
m'oreuper  exclusivement  que  des  grai 
personnages  tfe  ïa  république  romaine , 
l'empire  romain  et  du  bas  empire. 

Quant  à  notre  système  de  travail,  il 
eu  pour  objet,  je  le  répète,  que  de  pi 
clamer  de  belles  actions  et  de  beaux  car 
tères,  et  pour  but  que  d'être  utile,  en  é 
tant  avec  soin  la  sécheresse  et  la  s  ter 
abondance  des  compilateurs. 

C'est  d'ailleurs  dans  les  sources  les  p] 
pures  de  ITiisloire  ancieuîte  et  modei 
que  nous  avons  puisé  les  élémens  de  ce 
Biographie  d'élite ,  élémens  qui  se  tro 
vaient  enfouis  pour  ainsi  dire  dans  les  s 
nales  de  tous  les  âges  et  de  toutes  le»  i 
tions. 

Nous  avouerons  franchement  que  ne 


PRÉFACE.  liij 

Hfllis  sommes  approprié  toutes  les  riches- 
«s  n-paiidues  par  l'iDiaiitablc  Iiiograpjie 
de  Cliéronée  dans  ses  vies  particulières 
d'igésilas ,  d'Aratus  ,  d'Aristide  ,  de  Ca- 
mille ,  des  deux  Galon  ,  de  Ciiuon  ,  de 
Fabius  Slaximus,  deLycurgue,  deNunia, 
de  Paul  Emile  ,  de  Périclès  ,  de  Pliilopœ- 
men,  de  Phocioo,  de  Publicola  et  de  Soloii, 
3Ialheurcusenient  une  grande  partie  des  Ira- 
taux  biographiques  de  Plutarque  est  deve- 
Bue  la  proie  du  temps.  Nous  ne  saurions  trop 
regretter ,  par  exemple ,  la  vie  <Ies  deux 
Icipîon  ,  celle  d Aristomène ,  g^éoéral  des 
Messéniens,  et  surtout  la  vie  d'Epaininou-r 
itas,  de cethomme extraordinaire,  si  grand 
pir  SCS  exploits,  plus  grand  encore  par  ses 
vertus,  et  qui,  au  jugement  de  Cicérou , 
foi  le  premier  des  Grecs.  Malgré  notre 
«espect  pour  le  patriarche  de  la  biographie, 
nous  ne  nous  sommes  pas  dissimulé  toute^ 
fois  que  Plutarque,  plus  moraliste  qu'his- 
torien, song'cait  moins  à  rassembler  des 
^ts  qu'à  faire  le  portrait  de  l'âme;  qu'U 
*Tait  négligé  !a  chronologie  ,  rompu  à  son 
g^é  la  chaîne  des  faits,  et  qu'il  était  même 
tembé  dans  une  Ibuie  de  contradictions  ut 


L 


" 


xiv  PRÉFACE. 

d'erreurs*  Guidés  par  les  lumières,  par  leil 
observations  des  commentateurs  et  des  criv 
tiques,  nous  avons  osé  rectifier  ce  grani}^ 
biographe  sous  le  double  rapport  de-la"^ 
liaison  des  faits  et  de  Texactitude;  nouilj 
avons  combiné  ses  récits  avec  ceux  de^t 
meilleurs  historiens  de  l'antiquité  qui  ontH 
traité  les  mêmes  sujets  ou  les  mêmes  épo-  ' 
ques  de  l'histoire  ancienne.  H 

Mais  notre  cadre  offrait  encore  bien  de»  '•' 
vides  à  remplir.  Nous  n'avions  ni  précur- 
seurs ni  modèles  pour  former  la  biographie  i 
de  plusieurs  grands  personnages  anciens  et  i 
modernes.  Que  de  matériaux -ne  nous  a-t-  ! 
il  pas  fallu  rassembler  pour  coordonner  i 
un  si  grand  nombre  de  faits  épars  dans  tant  1 
de  volumes,  enterrés  en  quelque  sorte  sous  I 
la  poussière  des  bibholhèques.  Cette  partie  ] 
de  notre  travail ,  la  plus  pénible  et  la  plus  1 
difficile,  ne  sera  peut-être  pas  indigne  deî  ' 
l'indulgence  du  public.  Nous  n'avons  pas  '| 
eu  non  plus,  pour  l'ère  moderne ,  l'appui  j 
d'écrivains  immortels,  devenus  classiques;^ 
mais,  guidés  par  des  critiques  judicieux,  1 
nous  avons  puisé  dans  des  sources  'non"" 
moins  abondantes,  et  recueilli  des  témoi-- 
gnages  non  moins  certains. 


Dsant  former  une  sorte  de  jury  bio- 
tique,  nous  avons  prononcé  l'admis-^ 
DU  le  rejet  des  grands  hommes,  soit 
;s  Tautorité  de  l'histoire,  soit  d'après 
frage  même  de  la  postérité. 
5se  cet  ouvrage,  par  ses  développe- 
mémes,  par  le  haut  intérêt  qu'il  res- 
et  surtout  par  le  but  louable  qu'il  se 
>se ,  mériter  l'accueil  favorable  que 
ambitionnons ,  comme  le  prix  le  plus 
ir.de  nos  veilles  et  de  nos  travaux! 
;nt  surtout  nos  jeunes  lecteurs,  pé- 
;  d'admiration  pour  tant  d'actions  ho- 
les,  héroïques,  illustres,  éprouver 
orte  d'orgueil  d'appartenir  à  l'espèce 
ine,  en  se  retraçant  les  exploits  des 

s  hommes  nue.  nous  leur  offrons  nnnr 


1 

j 


xr]  PRÉrACE. 

»  personnages  ont  combattu  ;  c'est  pour  le 
»  bonheur  de  tous  qu'ils  ont  administré, 
»  gouverne,  régi  les  empires  :  nous  ferions 
»  comme  eux  si  le  destin  nous  plaçait  dant- 
»  les  mêmes  circonstances  I  » 


•^w 


• 


r;iOGRAPHIE 
DES  JEUNES  GENS. 

I*".  PARTIE. 
CYRUS  LE  GRAND, 

BOI  DE  PEBSE, 


itârieasanoieiu.i)uiont  parlé  dcCyru»lW 
plui  d'accord  sur  les  circoniUnoes  (|UÎ  M> 
ii^ignMrnl  la  naissance  rt  la  niori  de  ce  princie 
:■  plusiciiri  partinulariloj  Je  sa  vif.  Le  Cyrus 
idute  ni  un  iléau  du  gcriru  biimatiii  celui 
XënoplioD  es)  ie  Lienraiteur  Je^i  nations  qu'il 
Wn(yaît«s.  On  ne  pnui  te  dissimuler  quocet  his- 
itica,  Miimé  du  il^iir  de  tracer  le  modëiL-  d'un 
'ince  Acompli ,  n'ait  un^teu  ilallé  le  p  irjrait  Jx 
'B  héroi;  ccftendanl  comiiie  X6nO|iUun  s'e;l 
tKTé  Lien  plusi  m^me  qu'Hérodote  d-  s'iiit- 
|â<e  (le  l'hiiloiie  de  Cyrus-,  et  <)ut'  d'ailli-tirs  son 
)t  «UiBrinimeiUplusTraiiembUble,  nousaJup* 
'~  vursinn  :  Ilnlliii  l'a  suivie  aussi  ;    à  siin 


■eoi^le  nous  De  n 'glieeroni  pas  celle  iccasiuii 
oflTrir  à  la  jeunesse,  darts  le  liêros  de  l.i  Cyio- 
*^»e  ,  lem.>ilële  des  boni  princes  et  des  sages 

*-y*uï  naquit  ¥ar»  Yminmoudc  34oo  environ  ; 
ÏWe  /.  1 


it  était  fiU  de  Cttabyté^  roi  P<?rtc .  cl  de  M»» 
dane,  fiUe  d*Ait]ra^e,r6l  i  <!■>»,  f   ut^  île  loui 

les  avantagn'exténeun,  u  un  npm  vif  et  pénè» 
traiit,  dispose  k  receroîr  les  plus  fiublfs  imprcf 
lions,  aride  de  l'iiutniiro,  le  jfunc  prince  repit 
one  ëducatioD.biea  faiic  pour  perfectionner  tfli 
h«ureus«s  dispositions;  il  fut  élevé  selon  Ici  bit 
de  la  Perse,  qui  par  leur  austère  sagesse  se  np^ 
prochaieat  brancoup  alors  des  institutions  m 
Sparte. 

Les  Perses, divisés  M  douze  tribus  ,n'étaSenl  dV 
bord  qu'au  nombre  de  cnnt  vingt  mille  homroei  eu 
état  de  porter  les  armes.  Da     la  suite,  Jevcnussoui 
Cyrus  maîtres  de  l'empire  d'Orient ,    ils  doonè- 
reni  leur  nom  i  tous  hs  pays  compris  entre  le 
fleuve  Indus  et  l'HelIerpont  ;  mais  leurs  inœun 
devaient  changer  aussi  rapidemeni  (|ul'  leur  fof 
tune.  Adonnés  à  la  vie  Biiuple  et  frugale  de  leun 
ancêtres  tant  cra'its  eurent  tyrus  â  leur  lêle  ,  iii 
se  plongèrent  dans  la  mollesse  et  Jana  les  délim  \ 
sous  les  successeurs  de  ce  prince  ,  et  l'on  vit  biePr  | 
(At  tomber  en  désuétude,  nu  du  moins  s'altéttt  ^ 
sensiblementices  admirables  institutions  auxqueUd  ^ 
le  peuple  avait  dd  ses  venus,  sa  force  et     " 
succès. 

'  ChcE  les  Perses  le  bien  public  élaîl  le  priacipt 
el-te  but  de  tontes  les  lois.  Ils  regardaient  l'édv  ^ 
cation  de  U  jeunesse  cotnme  le.  devoir  le  plus  iop^ 
portant  et  la  partie  es*seiiti('l!e  du^ouvernemenU 
on  ne  s'en  reposait  paj  sur  les  parens ,    qu'u  " 
aveugle  tendresse  rend  quelquefois  inca[abte<' 
Cette  fonction  i  l'éiat'B'en  cliargeail  et  faisait  é|i 
les  tnfâns  en  commua  et  d'après  une  I  '   '    ' 
forme;  ils  allaient  aux  écoles  encore  pli     ^ 
apprendre  les  principes  de  la  jusiirequc  pour  s' 
truire  dans  les  sciences  et  dans  les  letirca.  L'iD| 
titude  et  le  mensonM  étaient  les  vires  pour 
fuels  leurs  maîtres  cnercbaient  surlout  à  leur 


c  yh  us.  ;> 

e  l'horreur.  On  s'applitiuait  aussi  k  les  ren- 
ideslï's  H  soamis  aun  nngislrais,  tempé- 
:l  à  les  eadurclr  conire  la  fôlieue  et  les  pri- 
î.  L'exercice  de  l'arc  el  du  j^elot  était  leur 
lale  occtipalion  jusqu'à  leur  seizième  ou  dix  ■ 
ne  année,  é[>oque  à  laquelle  ils  sortaient  de 
'■e  des  enfans  pour  enlrer  dans  celle  des  ado- 
i;  il^  étaient  alors  soumis  à  de  nouveaux  de-" 
;ar  onpeut  dii  e  que  chez  les  Perses  l'édiication 
ssait  toute  la  vie.  C'était  sur  les  jeunes  gens 
posait  le  soin  de  veiller  à  la  sûreté  intérieure 
al;  ils  devaient  sans  cesse  èlre  an»  ordrei 
igistraTs ,  accompagnaient  le  roi  à  la  chasse,' 
erfectionnaient  dans  les  exercices.  Parvenus 
!  de  vingt-sept  ans ,  ib  élaient  mis  au  rang 
ïmmes  feits,  albient  à  la  guerre,  et  pou,- 
ispirer  k  tous  les  emplois  civils  ou  mititai- 
e  D  élait  qu'au  bout  de  vingt-cinq  ans  passés 
lu  service  delà  patrie  qu'ils  enlraient  dans 
tse  des  vieillards,  où  iU  terminaient  leur 
ns  drs  fonctions  paciiiques  ou  dans  un  repos 

vé  selon  ces  règles,  Cyrus  à  l'âge  de  douze 
irpassait  tous  Tes  autres  enfans.  Le  roi  des 
L.,  Astyagc ,  invita  alors  Mandane  à  se  rendre 
)ur  avec  son  peiit-fds  ,  qu'il  désirait  voir 
«  ce  qu'il  avait  appris  de  sa  beauté,  de  son 
et  de  ses  excellentes  qualités.  A  la  cour  de 
-and-pj;re  le  jeune  Cyrd's  attira  tous  les-r«- 
el  se  concilia  tous  Its  cœurs  par  sa  gentil-r 
sa  modeste  assurance  at  sa  raison  prémar 
il  devint  l'idole  d'Asiyage,  et  n'usait  de  sort 
auprès  de  lui  que  pour  rendre  aux  Mèdes 
sortes  de  bons  offices.  Insensible  au  luxe,' 
lasnilicencc  et  à  tous  les  divertisse  mens  de 
r  ue  Médie  ,  le  jeune  prince  ne  trouvait  de 
■  qu'à  la  chasse.  I!  apprit  à  monter  à  cheval , 
ce  alors  inconnu  eu  Perse,  où  la  sécheresse 


4  €  Y  R  II  s. 

er.  la  nature  du  terrain  ne  penaoluient  pas  dé  ^ 
nourrir  des  chevaux.  '* 

Cyrus  entrait  à  peine  dans  sa  seizième  année  ] 
lors(|ue  les  Babyloniens  firent  une  irruption  surkf 
territoire  de  la  Médie.  Astyage  se  mil  aussitôt  es 
campagne.  Cyrus  ne  tarda  pas  à  le  suivre  ^  et  si  Itf 
jttèdes  remportèrent  une  victoire  complète ,  ils  la 
durent  en  grande  partie  à  la  valeur  impétueuse  di 
héros  naissant  et  aux  conseils  pleins  de  sagene 
Cju'il  sut  donner  à  son  aïeul. 

L^année  suivaQ.te  Cyrus  fut  rappelé  p^r  sot 
père  pouf  achever  sou  éducaiioti  enrerse.Unpeat 
voir  alors.combien  ce  jeune  prince  s'était  fait  ai« 
mer  des  Medes  ;  à  son  départ  toute  la  cour  fae- 
compagna  ;  A&tyage  çiéme  le  conduisit  à  cheval 
assez  loin  t  et  quand  il  fallut  se  séparer  il  a^y  eut 
personne  qui  ne  versât  des  larmes.  De  retour  dam 
sa  patrie,  Cyrus  reprit  ses  anciens  exercices,  et  M 
montra  si  soumis  à  la  sévère  disci|)Une  des  Persei- 
que  ses  compagnons  ne  purent  s'empêcher  de  con- 
cevoir une  nouvelle  admiration  pour  celui  que  let 
délices  d'une  cour  molle  et  voluptueuse  n'avaient 
pu  corrompre  dans  un  âge  aussi  tendre. 

Cyrus  venait  d'entrer  dans  la  classe  deshosuM 
{aits  lorsque  Cyaxare,  fils  et  successeur  d^Astyaga» 
menacé  par  le  roi  d'Assyrie,  réclama  le  secours  dl 
Cambyse.  Ce  prince  lui  envoya  trente  mille  &n-! 
tassins,  tous  hommes  d'élite  et  ^ui  avaient  reja 
rexcellcnte  éd  ucati^  des  Perses.  Cyrus  partit  â  1^, 
tète.  Cambyse  voulut  atcompagner  son  61s  jusqu*i 
1)1  frontière,  et  lui  dooQ^  les  plus  sages  ipstruçtiaol 
i.ur les  devoirs  d'1411  général;  il  (ui  Gt  observer  sufv 
tout  que  le  moyen  Te  plu^  sur  de  se  faire  obéir 
Cvonsisle  it  convaincre  ceux  à.  qui  l'on  comnaand^ 
Arrivé  en  Médie,  Cyrus  travailla  sans jrelâcbe  1 
éiablir  Tordre  et  la  d«sdplme  dans  son  aVmée,  4; 
k  L'ixe  naître  unte"  noble  émulation  dans  le  cmf  ' 
dids  chefs  et  des  soldais  par  l'^ttxail  d^  ràcQUi* 


CTRCS.  S 

prosei ,  et  encore  pIuK  par  w.s  tnani^rei  *IT:ibles 
M  préTe»am*«  envers  ceu»  gui  rem  plissaient  bîva 
Irur  4pvoiT.  S'il  cherchait  i  faire  sentir  la  supério- 
rité dé  sun  rang,  r'éuit  par  sa  douceur  et  par  sa 
libéralité,  et  i>oii  parla  sompliiosité  de  sa  t.ible  nu 
ta  magaiticenre  de  ses  habits.  Un  jour  qu'il  faisait 
la  revue  de  son  année  un  courrier  vint  de  la  part 
ie  Cyaiare  l'inviter  k  se  riadre  auprès  d*  îul 
pour  recevoir  des  ambassaJetirs  irfdtetis  vre  coiir- 
Tier  ctail  chargé  en  ontre  de  lui  remettreun  riche 
babillemciit,  afin  qu'il  pût  paraître  avec  èdat  et 
faire  honneur  as»  nation,  (lyius,  sans  changer  de 
co&lunse,  piTlit  sur  le  charn|>  à  la  l^te  de  sn  trou- 
pe*. Cyâitare  parul  d'abord  on  peu  mécontent: 
•■   Vousaurais-jefailplus  d'honneur, luidil  Cyrus, 

■  vêtu  de ponrpre  et  richement  paré,  qiie  je  ne 
>•  TOI»  en  fais  couvert  de  sueur  cl  montrant  i  tout 

■  ly  monde  avec  quelle  diligence  on  s'empresse  de 

»  TOUS  obéir  ?  ••  ■  ' 

Le  roi  d'Arménie ,  depuis  long-temps  ràssal  det 
Mèdes,  les  regardait  alors  comme  II  op  faibles  pour 
rcsisteràhiligiieforniiilabie^ui  s'Maît  formée  con- 
Ire  eus  ;  il  crut  l'occasion  favorable  pour  se  sous- 
traire i  leur  dépendance  et  ne  plusleur  pijer  4« 
tribut.  Cyaxare  était  incertain  s'il  laisserait  celte 
défection  impunie  ;  dans  ta  position  où  il  se  trou- 
wait  il  craienaiT  de  s'ai tirer  de  nouveaux  ennemis, 
Cyrus  se  charge  de  f^ire  bientôt  rentrer  dans  le 
devoir  ce  iribuiaire  infiilèle.  11  pénèrre  î  l'impro- 
viste  dans  l'Arménie,  ci  pres(|iie  sani  coup  férir 
il  fait  prisonnier  le  roi  a«ec  touie  sa  famille  et  ses 
trésors;  mais,  vainqueur  généreux,  il  rend  à  ce 
prince  sa  liberté  et  sa  couronne^  ei  se  canipnie 
d'exiger  le  tribut  ordinaire  et  le  cofllingent  de  trou- 
pes qu'il  devait  fournira  Cyaiare.  PéTtétré  d'une 
telle  grandeur  d'dme,  \c  roi  (rArménie  devint  pour 
toujours-un  des  alliés  les  plus  fidèles  des  MèJes. 
Ces  belles  actions  n'éiaient  pour  Cyrus  que  le 


6  c  Y  a  u  s. 

• 

prélude  d^actîons  plus  glorieuses  encore.  Au  boat 
de  trois  années  employées  de  part  el  d'autre  à 
^'assurer  de  nouveaux  alliés  et  à  faire  des  prépa- 
ratifs, Cyrus  engagea  Cyaxare  ^  aller  k  la  rencon- 
tre des  Assyriens  pour  leur  livrer  bataille.  L'ar- 
mée ennemie,  à  laquelle  le  puissant  roi  de  Lydîe^ 
Crésus ,  avait  joint  toutes  ses  forces  et  qu'il  com- 
mandait en  personne,  conjointement  avec  le  roi 
de  Babylone ,  était  bien  plus  nombreuse  que  celle 
desMèaesctdes  Perses  réunis;  mais  Cyrus ,  qui  par 
vne  position  savante  avait  dérobé  aux  assiégeaus 
la  connaissance  de  sa  faiblesse  ,  sut  tellement  ani-* 
mer  le  petit  nombre  de  ses  troupes  par  sa  présence 
et  par  son  exemple  ,  que  dès  la  première  attaque 
plusieurs    bataillons    ennemis    furent  enfoncés. 
En  vain  Crésus  et  le  roi  de  Babylone  s'efforcèrent 
de  les  rallier;   ils  ne  purent  soutenir  un  choc  si 
rude ,  et  prirent  la  fuiie.  La  cavalerie  Mède jpnt 
encore  augmenter  la  déroute  des  ennemis  ;  elle  en 
(it  un  grand  carnage ,  et  le  roi  de  Babylone  y 
perdit  la  vie.  Cyrus  proposa  à  Cyaxare  de  pour- 
suivre les  fuyards  ;   mais  celui-ci  n'approuva  pas 
touTà  fait  cet  avis;  seulement  il  se  contenta  de 
permettre  à  ceux  des  Mèdcs  qui    le   voudraient 
d'accompagner  les  Perses  à  la  poursuite  des  enne- 
mis. C'est  alors  que  l'on  vit  l'ascendant  que  les 
grandes  qualités  de  Cyrus  exerçaient  sur  l'esprit 
des    soldats   qui  n'étaient  pas    ménie  sous  son 
commandement.  Tandis  que  Cyaxare  et  ses  prin- 
cipaux officiers  passaient  la  nuit  k  se  réjouir  et  à 
célébrer  par  un  festin  la  victoire  qu'ils  venaient 
de  remporter ,  pfesque  tous  les  Mèdes ,  au  lieu  de 
partager  ces  plaisirs,   aimèrent  mieux  aller  avec 
Cyrus  affronter  de  nouveaux  dangers.  Le  camp 
des  ennemis  fut  pris ,  la  victoire  complète  et  le 
butin  immense.  Cyrus  fil  mettre  à  part  pour  le 
roi  des  Mèdes  ce  qu'il  y  avait  de  plus  précieux, 
el  détermina  les  Perses  à  se  piquer  de  générosité 


C  Y  H  U  5.  7 

envers  leurs  alliés  dans  le  partage  du  linlin  -,  Il  se 
réserva  seulemeol  tous  les  chevjux  pris  sur  Vea- 
neini ,  songeanl  dès  lors  â  former  ce  corps  de  c^- 
valerienui  devait  êlre  bientât  la.  partie  U  plui 
)in(ioii|i|e  de  ses  forces. 

ParftiT  les  priscinaiers  qu'on  avait  ftits  il  se 
trouva  uaejeune  princesse  d'une  rare  beauté  ,qu^on 
avait  réservée  pour  Cyrus  ;  elle  se  nommait  Pan- 
ihée ,  et  était  femme  d  Abradate,  roi  de  la  Suziane. 
Cyruj,  àqoi  l'on  vanta  celte  belle  captive,  refusa  de 
la  voir, dans  la  crainte  que  le  pouvoirde  ses  charmes 
ne  le  délournât  des  grands  desseins  qu'il  méditait. 
Araspe,  jeune  soigneur  de  Médie ,  qui  l'avait  en 
garde,  tiouvait  cette  précaution  étrange  ,  et  pré- 
lendail  qu'on  est  toujours  matire  de  sot  in(?me  : 
Cyrus ,  en  lui  bissant  de  nouvi-au  le  soû)  de  la 
princesse ,  l'avertit  de  ne  pas  tant  se  fier  sur  ses 
forces.  Araspe  continua  de  se  crulre  invincible; 
maisliienlâilesallratlsde  la  belle  reine  allumèrent 
dans  son  cœur  une  passiou  si  vive,  que,  ne  pou- 
vant concilier  la  r^istance  de  celte  femme  ver- 
tueuse avec  l'impétuosiré  Je  ses  désirs,  il  élait 
près  d'avoir  recours  à  U  violence.  Elle  implora  la 

troleciion  de  Cyrus,  qui  chargea  aussitôt  Arta- 
ize  daller  trouver  Araspa  de  sa  part  ;  cet  offi- 
cier remplit  sa  mission  avec  tant  de  dureté  que 
relui  ci  se  crut  perdu.  Quelques  jours  après 
Cyrus  le  mande;  i|  vient  tout  tiemblant  ;  mais  le 
prince  ,  au  Heu  de  l'accabler  de  reproches,  lui 
parle  avec  douceur  ,  reconnaissant  que  lui-nilmc 
avaif  eu  tort  de  l'avoir  laissé  aux  prises  avec  un 
ennemi  si  redoutable.  Une  bonté  si  inespéfée 
rendit  la  vie  à  ce  jeune  seigneur ,  et  l'attacha  plus 
que  jain.iis  aos  intérêts  de  Cyrus.  il  répara  avan- 
tageusement sa  faute  ;  il  se  retira  chez  les  Assy- 
riens sous  prétexte  d'un  prétendu  mécontcnte- 
menl^  mais  dans  le  fait  pour  rendre  compte  à 
Cyrus  de  tout  ce  qui  se  passait  chez  Les  ennemis. 


6  C  Y  R  U  5. 

Comme  tout  le  inonde  ignorait  le  motif  de  cettt 
prétendue  disgrâce  ,  la  perte  de  ce  brave  officier 
aflligea  toute  1  armée.  Panthée  ,  oui  croyait  y  avoir 
donnt*  lieu,  promit  à  Cyrus  de  1  en  dëdoquDager 
par  l'acquisition  d'un  autre  officier  quMr aurait 
pas  moins  de  mérite  :  elle  parlait  d'Aoradate^  son 
mari.  Kn  effet  ,  sur  la  lettre  quMI  reçut  de  sa 
femme  )c  roi  de  la  Suziane,  touché  des  nobles  pro- 
cèdes do  C%Tu«,  le  joignit  avec  deux  mille  che- 
vaux ,  et  se  dévoua  entièrement  k  son  service.  Ainfl 
ce  prince  devait  h  sa  douceur  et  il  sa  générosité 
des  avantages  bien  plus  glorieux  que  ceux  queprc^ 
curent  la  rigueur  ou  la  violence. 

Le  dernier  roi  d'Assyrie  avait  été  un  prince  respec- 
taMe;  mais  id^^fils^  qui  lui  succéda, serenditodieui 
par  ses  vires  et  sa  méchanceté  ;,  aussi  plusieuri 
de  ses  auxiliaires  les  plus  puissans,  irrités  de  ses 
cruautés  et' maltraités  par  le  tjrran  dans  ce  qu'ils 
avaient  de  plus  cher,  se  jetèrent-ils  avec  empres- 
sement dans  les  bras  de  Cyrus  :  tels  furent  Go- 
brias  et  Gadatus  ,  qui,  commandant  tous  deux 
à  un  peuple  nombreux ,  lui  remirent  les  troupes, 
les  })!are8  et  les  provinces  confiées  à  leurs  ordres , 
et  s^attachèicnt  pour  jamais  à  sa  fortune.  O'uo 
autre  côti>  Cyrus,  qui,  même  dans  le  pays  ennemi, 
te  faisait  une  loi  de  respecter  les  travaux  de  Tagr»- 
culture  ,  n'avait  jamais  à  combattre  que  des  gens 
de  guerre ,  et  s'épargnait  ainsi  Tembarras  d'avoir 
à  réduire  une  populace  souvent  dangereuse  dans 
son  désespoir.  Après  avoir  vu  son  armée  se  grossir 
;tinsi  rliaquc  jour  d'un  grand  nombre  de  nouveaux 
alli  s ,  et  avoir  forcé  le  roi  d'Assyrie,  qui  s'était  mis 
en  eampngne ,  de  se  retirer  à  Babylione  ,.Cyruss'ap- 
proclia  de  celle  ville  pour  reconnaître  ses  envi- 
rons et  examiner  sa  position.  Prévoyant  ies  désas-* 
Ires  qu'entraînerait  le  siège  de  cette  puissante 
cité,  et  voulant  les  prévenir,  il  offrit  au  roi  des 
Assyriens  de  terminer  leur  (jucrelle  par  un  com- 


C  V  R  u  s.  9 

batiingulirr  :  «  C'eal  ainii,  dit  BoMucl,  qu'en 

■  mooiranl  *on  courage  il  le  doiiua  la  r^paU- 
»*tiouiJ'iin  prince  clciuent  <\ui  i^{iarf;iie  le  t»ag 

■  «J«  tujels.  »  Son  (le&n'ayâDt  poinléiéaccqilé, 
il  partit  pouria  Médic,  a£n  <le  rassembler  de 
aouveUes  forces  et  de  prenilre  les  ordres  de 
Cyaxarc, 

Mais,  cliose  inconcevable,  pendant  que  f^  y  ru  s 
iàbait  chérir  ses  vertus  ï  ses  ennemis  m^mes,  le 
^ince  au  num  et  pour  les  intérf Is  {lu<|uel  il  avait 
iccumpli  de  si  grandes  choM's  lui  TaïKait  un  criois 
Je  se»  exploits.  Déjà  même  lor3(|ue  Cyrus  avait  * 
]u  cooseuienienf  de  Cyaxarc ,  conduit  k  la  pour- 
oû te  des  Ass|rii:ii$  U  plus  grande  partie  des  Mèdei , 
Selui-ci,  furieux  de  s£  trouver  sans  armée  ,  avait 
lépécbé  uu  courrier  i  son  neveu  pour  lui  faire 
h  riolens  reproches  :  Cynis  avait  répondu  lu  roi 
les  Médes  par  une  lettre  ferme,  mais  respectueuse. 
Uyaxare,  qui  ne  jugeait  pas  à  propos  de  recevoir 
Iina  soik  pays  une  armée  considérable,  seniitea 
:h4PÙn  Avec  le  peu  ^^^>i  lui  était  resté  de  cavalerie, 
Lyrus  alla  ai:-,lcv3(il  de  lui  avec  la  sienne,  <ji>i 
^tail  fort  nnnibreusi'  et  fort  lesle.  A  celle  vue  U 
lalousje  et  le  Tnéronlentement  de  Cyaxare  se  ré- 
reillèreni;  il  fil  à  son  neveu  l'accueille  plus  froid, 
ic  refusa  à  ses  embiassemens  ,  et  laissa  même 
icbapper  quelques  larmes.  Cyriis  ,  après  avoirJ"ait 
■loigner  tout  le  monde,  entre  à  l'instant  mCine 
;d  explication  avec  le  roi ,  et  lui  parle  avec  tant  de 
Jouceur,  de  raison  et  de  déférence,  qu'il  dissipe 
k  Duage  qui  s'élevait  dans  l'esprit  du  Cyaxare, 
Et  rentre  parfaitement  dans  ses  bonnes  grâces.  On 
ne  peut  exprimer  quelle  fut  la  joie  des  Perses  ei 
[les  Mèdes  en  voyant  les  deux  priiices  s'embrasser 
tvec  une  lendressi:  léciproqne.  IJyrus  put  dès  lors 
joilter  un  bonheur  snns  mélange  ;  chéri  du  tous 
Ks  alliés,  il  avait  ta  ciiiifiaiice  du  chef.  Cyaxare, 
royant  les  Mèdes  qui  avaient  suivi  Cyrus    plul 


■  '■ 

iD  tT  R  U  s. 

empressa  qm  jinuû  de  lu!  doni  prei 

d'attichenienl  et  de  re^Kct ,  éprc  le  di 

■urpriie. 

Le  roi  dei  Uèdea  srait  une  fîlk  vninue  ;  il  Vof- 
frit  à  Cyras,  avec  l'Âurancc  de  la  nlédie  f>ouf 
dot.  Quelque  honorable,  quelque  brillanlequcfdt 
cette  proposition  i  le  iennc  prince  ne  crut  pa^  de- 
voir l'accepter  avant  d'avoir  le  consentement  de 
ion  père  et  de  >a  mire  ;  il  se  rendit  donc  auprèj 
d'eux  pour  l'obtenir,  et  le  marj.ige  ne  fui  célébré 
qu'à  son  reîour  de  Perac. 

1^  guerre  allait  dès  lors  se  continuer  avec  vi- 
gueur. Cyrus  el  Cyaiare  voyaient  sous  leurs  en- 
seignes une  armée  oien  disciplinée  ei  animée  da 
meilleur  esprit.  Le  roi  de  Babylone,qui  avait  pissi 
chez  les  Lydiens  à  la  lële  de  ses  troupes  et 
d'immenses  trésors,  av.-iil  trouvé  dans  le  tc 
Lydie  un alli^puiassnt.Crésus, élu  généralissime  de 
la  confédération,  avait  eugngé  dans  son  alliance 
ou  forcé  à  se  ranger  sous  ses  drapeaux  une  mul- 
titude de  nations  diverses  :  les  Egyptiens  lui  ayAnt 
envoyé  par  mer  cent  vingt  mille  liorames  ;^il  ai- 
tendait  encore  une  année  de  Chypre  ;  les  Cilt- 
ciens ,  les  Phrypens,  les  Lycaonieos,  les  Paphlago» 
niensilesCappadodens,  les  Arabes,  les  Phénicienl 
étaient 'arrivés-,  cens  de  l'Ionie,  de  l'Ëolie,  et  ]x> 
pliwàrt  des  Grecs  qui  habitaient  l'Asie  avaient  él£ 
comraintsd'eatrer  dans  laconfédéralinn.  Le  ren* 
dez-vous  générai  éuit  iThymbrée,  ville  de  lyAi^ 
Cyrus  aurait  pu  vedouter  une  armée  si  supérieurs 
eu  nombre  i  la  sienne ,  s'il  n'eût  su  que  le  couragi 
«t  la  discipline  décident  bien  plus  du  sort  des  i 
bats  que  le  nombre. 

Convaincu  qu'il  est  toujours  avantageux  da 
faire  la  guerre  dans  le  pays  ennemi,  il  n'alten'* 
dit  pas  que  les  confôdérés  vinssent  l'attaquer  et 
Médie;  mais^  y  laissant  Cy.txare  avec  le  tiers  d4 
•es  troupes  f  il  se  dirigea  en  Lydie  ,*et  après 


>lus  importans  cle  Thistoire  ancienne,  puis- 
le  décida  de  l'empire  d'Asie  entre  les  Assy- 
d«  Babylone  et  les  Perses  ;  c'est  la  première 
on  connaisse  quelques  détails.  L'armée  de 
is  se  montait  à  cent  quatre-yingVq^ze  mille 
mes ,  dont  (renle-six  mille  de  cavaleHe ,  par-< 
;squels  on  distinguait  dix  mille  Perses ,  qui 
Qt  ses  meilleures  troupes.  Crésus  avait  sous 
rdres  quatre  cent  vinst  mille  hommes ,  dont 
inte  mille  de  cavalene.  Les  armées  étaient 
une  plaine  immense ,  qui  eût  permis  au  roi 
ydie  a'envelopper  les  Perses  :  c  était  bien  en 
sop  dessein  ;  mais  il  ne  put  obtenir  des  Egyp- 
,  nui  formaient  plus  du  quart  de  ses  troupes , 
iminuer  la  profondeur  de  leurs  bataillons; 
moins  le  firent  de  son  armée  occupait  près  de 
:  lieues  d'étendue. 

raspe ,  qui ,  commenous  l'ayons  vu  9  sous  pré- 
d'un  mécontentement  s'était  retiré  au- 
de  Crésus  ,  était  revenu  dans  le  camp  des 
es  la  veille  du  combat.  Cyrus  ,  instruit' par 
des  dispositions  des  ennemis  ,  établit  les 
les  en  conséquence.  Nous  n'entrerons  pas 
le  détail  de  ces  dispositions  ,non  plus  que  dans 


13  C  T   a  V   8. 

L*armée  de  Cyrtis  pit^sentaît  Taspect  le  nldi 
Tnagnificfue  ;  hommes  et  chfvaiix  ,  tout  -briUiU 
(d'airain  €t  d'étarlate.  Abradate,  ';ue  Cyrus  aTttI 
placé  au  front  de  Tarmée  avec  un  corpi  dl 
cliariots  aimés  en  guerte  •  était  aux  le  point  dft 
mettre  sa  cuirasse,  qui  n'était  mie  de  lin  piqaê,  se- 
lon la  mode  de  son  p»ys  :  Pantnée ,  sa  felArt*e«vnit 
lui  présenter  une  armure  complette  ,  éclatante 
d'or  et  de  pourpre ,  quVIle  arait  fait  préparer  se* 
r.rotoment  pour  procurer  à  son  mari  une  agréaUt 
surprise.  Malgré  les  efforts  qu'elle  faisait  pour  dis- 
simuler 89n  inquiétude,  elle  ne  pMtVemp^herdi 
répandre  quelques  larmes  m  le  pnrant  ne  ce  dft* 

Précieui  ;  cependant  9  malgré  sa  tendresse  |  ellïl 
exhorta  vivement  à  mourir  plutAt  tes  armes  à  b 
main  que  de  ne  pas  signaler  d'une  manière  digM 
de  !<^<}«*  naissance  et  sa  valeur  et  sa  reconnais- 
sance envers  Cyrus.  Ne  pouvant  plus  serrer  âon  . 
mari  dans  ses  bras  ,  elle  voulut  encore  baiser  le 
diar  qui  le  portait  ,  et  après  l'avoir  suivi  des 
yeux  le  plus  loin  qu'elle  put  elle  se  retira  triste- 
ment. 

Quand  les  deux  armées  furent  en  présence,  et 

3ue  les  <!onfëdércs  eurent  vu  combien  leur  front 
e  bataille  surpassait  celui  de  Cyrus ,  \t  centre 
des  Assyriens  lit  halte  ,  et  les  deuil  ailes  s'avaiH 
ccr^ïnt  en  se  courbant  à  droite  et  i  gauche,  afin 
d'«»nvclopper  l  armée  des  Perses  ;  mais  Cyrus,  pett 
alarme  de  ce  mouvement ,  qu'il  avait  bien  prévu  i 
prit  lui-m^e  en  flanc  les  ennemis,  qui  marchaienl 
pour  employer  contre  lui  cette  manœuvre  ,  et  les 
mit  bientôt  en  déroute.  L'escadron  des  chameaoX| 
dont  les  chevaux  ne  purent  supporter  l'odeur  ^^ 
mit  aussi  en  fuite  la  cavalerie  des  alliés.  Abradate 
rompit  avec  ses  chariots  plusieurs  bataillons  cnne» 
mis;  mais  ,son  char  s' étant  renversé,  il  fut  tue  enhir 
saut  des  prodiges  de  valeur.  Les  Egyptiens  furent, 
de  tous  les  confédérés,  ceux  qui  se  signalèrent  le 


ft  T  R  r  s.  -  1  5 

bSiM  4»IH  celle  balailU  :  t'>ut  avait  foi  <)«vant 
Cyrus:  i^u»  seul»  toiiienaient  le  combat;  on  Im 
y«  ra^inr  nrllre  en  piril  b  vie  de  ce  prince  ;  son 
^cVaI,  percé  de  coups,  s'éta/it  aba  11  u  «du*  lui,  il 
lOMiba  au  milieu  des  ennemis.  Ce  fui  alorii  ,  dit 
Xéni>|>lio[i ,  que  l'on  vit  rombicii  il  iin|i(irli-  à  un 
ginéiA  lit!  se  l^ire  iiimer  du  sei  trouppa  :  oif^eicn  f 
loMats,  éjjalt-mtnl  abnnés  du  danger  dp  Irur 
cb«f  ,  ne  précipiièritnt  avec  inipéltiniilé  au 
cnilipa  d'uoe  foiât  de  piquet  pour  ie  dégager  > 
lorsqu'iU   y    fijrenl   pai-vrnns  le   combat    de^nt 


it    plui  aanglant.    Enfin    Lynn 
II!  cuur»^e   lies  Lgyptions  ,     ei    ne   voulant   pas 
LttM'^r   ptuir   de    si  braves   ({cns  ,  Wr  fit  odrir 


•  coDdtlincu  hoDorablc'^  nu  ils  aocepi^ic 
noind  fulélca  alliés  ^ue  soldais  valeureux  .  ■■«  oii- 
pulèienl  cspresséfnecit  qu'on  ne  leur  ffrail  point 
parl£r  lei  anae«  conire  Cr^^uii,  «fui  les  avait  ap- 
fiA^  i  &ûa  sKcoIirE. 

I^  soi  de  Lydie  s'élaÎL  relira  rapld^mnl  vers 
SiFdai,HtDi|>itale;let  autie>qM<»n*av>i«nlégar- 
Uinent  pris  le  chemin  de  leur  pavs  ;  personne  ne 
se  prétetiuit  plus  pour  disputer 
rui.  Mais  la  joie  qui     ' 

U  désolaliou  de  l'an 
la  rnortd'Ai^iadalei 
inaDÎCDés  de  sou  mar  , 

Senoux,  die  ne  songe  plus  qu'à  nourrir  sa  dou- 
sur  e.L  à  repaître  ses  yeu»  de  r.e  lugubre  s^ieiia- 
de.  Cyrus  I  apprend  ;  il  arcoui.l,  et  ,  in<''laiit  sel 
lamtoi  à  celles  du  cette  épouse  iiifo' lunée  ,  il  s'ef- 
force de  la  consoler,  et  donne  des  oidus  pour 
^u'onrendeàla  mémoire  d'Abiadaie  des  lionneiirs 
cdraordinaires  ;  nnais  à  peine  s'.si  il  retiré  que 
Paathée  '•Voionce  un  poigiurd  djns  le  sein  ,  et 
pose,  expirante,  s»  if  te  sur  leco'ur  de  son  epoiîK. 
Pte  U  Ifiademain  Cyi'usia.jicba  vers  barde*. 


rég4 

ait  dans  s«.r>   camp   lut 

tragi,,„e.Hien  n'égale 

thé^' 

lorsqu'on  ki  annnncc 

elles 

■  lait  apitorlei  le»  restes 

i,  ei 

,  tenant  sa  HVe  sur  s(!« 

l4  ♦    CYRUS. 

Crésus  vint  à  $»  rencontre  k  la  tête  des  Lyd 
et  après  un  combat  yif;oureux  il  fut  rep 
jusque  dans  sa  capitale.  Cyrus  en  forma  le  s 
et  des  le  même  jour  il  se  vit  maître  de  la  cita 
Entré  dans  la  place ,  il  ne  trouva  plus  de 
tance.  Son  premier  soin  fut  ^'en  empêcher  1 
lage,  auquel  on  avait  déjà  commencé  à  se  livi 
fallait  que  Cyrus  possédât  bien  Tartde  se  faire 
pour  arrêter  et  lier  en  quelque  sorte  les  i 
avides  d^une  foule  êe  soldats  étrangers  ^  daDs 
ville  aussi  remplie  de  richesses  que  Tétait  S« 
Il  accorda  la  vie  et  la  liberté  aux  nabitans ,  à 
<]ition  qu^ils  livreraient  toutes  leurs  richesse 
n^eurent  pas  de  peine  à  y  consentir  ;  Crésus  , 
s'était  fait  amener ,  leur  en  avait  donné  Texei 
Le  vainqueur  y  touché  de  compassion  pour  Ti 
tune  de  ce  roi ,  qui ,  tombé  tout  à  coup  d' 
haut  rang ,  supportait  un  tel  désastre  avec  un 
rage  vraiment  admiral)le ,  le  traita  avec  beau 
de  clémence  et  de  bonté  ,  et  lui  laissa  le  no 
l'autorité  de  roi  ^^  lui  interdisant  le  pouvo 
faire  la  guerre  dans  la  suite.  Il  le  mena  tou 
avec  lui  dans  ses  expéditions ,  autant  peut 
pour  s'assurer  de  sa  personne  que  par  estii 
:pour  profiter  de  ses  avis. 

Aussitôt  que  les  Ioniens  et  les  Eoliens  ei 
appris  que  Cyrus  avait  conquis  la  Lydie ,  il 
envoyèrent  à  Sardes  des  ambassadeurs  poi 
prier  de  le^  recevoir  au  nombre  de  ses  sujet 
aux  mêmes  conditions  que  Crésus  leur  avai 
cordées:  Cyrus  »  qui  avant  sa  victoire  les  ava 
vain  sollicités  d'embrasser  son  parti ,  ne  se  cru 
obligé  d'accepter  leurs  offres ,  et  ne  leur  répi 
que  par  l'apologue  d'un  pécheur  qui,  ayant 
lilement  joué  de  la  flûte  pour  faire  venir  à  li 
poissons,  ne  vint  k  bout  de  les  prendre  qu'e 
jtant  ses  filets  à  l'eau.  Il  fit  seulement  une  ei 
tion  en  £iveur  des  Milésiens.  Les  autres  loi 


C  T  B  U  s.  1 5 

r  MSembUfctit  Jps  troupes,  cl  semirenl  en  él»  <Io 

;  le  défendre  ;  ils  dépuiërent  même  i  Spai  te  pour 

demander  des  secours.  Les  Lac^dcmoniens  .se  cod- 

lenlèreni  d'enwoyer  k    Cyriis  un  ilépule    chargé 

l^i  l'avertir  que  Sparte  ne  soudrirail  pas  qu'il  enlre- 

Itrîeo  contre  les  Grecs:  Cyrus  neGl  qva  rire  de 

89  insolente  députarion  ,  et  répondit  que  si  le 

li4iiî  conservait  la  vie  il  donnerait  aux   Lacé- 

moniens  matière  à  parler  non  des  maux  de  leurs 

alliés,  mais  de  leurs  p^pres  malheurs. 

Cyrus  ,  après  avoir  soumis  ,  en  personne  ou 
par  ses  lieutenans  ,  les  divers  peupl&s  de  l'Asie 
—'"■■ire,  depuis  la  mer  Egée  jusnu  à  l'I^uphrate, 
dans  l'Assyrie  cl  dans  l'Aranie ,  qu'il  subju- 
lUement.  De  là  il  s'avança  vers  Baby- 
la  seule  vitlc  d'Orient  qui  lui  résÎMJt  cn- 
Le  siège  de  cette  puissanle  cilé  n'était  pas 
une  entreprise  facile  ;  ses  murailles,  d'une  hatilrur 
Utraordinairc,  semblaient  inaccessibles  ;  une  gar- 
nombreuse,  un  peuple  immense  défen- 
la  ville,  pourvue  de  toutes  sortes  deprovi- 
Nons  pour  vingt  ans.  Cyru.s  iic  pouvait  Jonc  es- 
pérer de  la  ptrnilre  ni  par  U  foi  ce  ni  par  \a  Ta- 
mine;  mais,  dilliossuet,  "  I..1  destinée  de  celle 
■  ville  fut  élrange  ,  puisqu'elle  devait  périr  par 
•  ses  propres  inventions.  »  La  reine  Nitociis, 
poar  faciliter  les  travaux  du  pont  qu'elle  fit  cons- 
truira sur  l'Eupbrate,  avait  lait  creuser  un  lac 
mmense  pour  détourner  les  eaux  de  ce  fleuve 
lirge  el  rapide  ;  elle  ne  songeait  pas  qu'elle  four- 
Huiit  ainsi  à  ses  ennemis  le  moyen  de  prendre 
U  ïille  :  ce  fut  dans  ce  même  lac  que  Cyrus  de- 
nit  attirer  de  nouveau  l'Euiihrale  pour  s'ouvrir 
aa  passage  dans  Bab^lone.  bans  cette  vue  ,  il  lit 
lirerune  ligne  de  rircnuvallation  tout  autour  de 
lï»illc,  avec  une  lianclLée  large  et  profoudt'  qui 
aboDlissait  tout  près  du  fleuve  et  conimuiiii]iiaLt 
U  Uc  de  ^NilocrÎB.  Les  babitans,  se  croyant  à 


~I 


16  CTftIlS. 

Tabri  de  tout  danger  k  la  £iveur  de  lean 

Ektts  et  de  leurs  ntagatins  ,  et  ne  préyoya 
li  desseins  de  Cyrua-,  dont  il  n'avait  co 
aecret  à  personne,  insullaient  les^i'crses  d 
de  leurs  murailles,  et  se  moquaient  de  le 
forts.  Cjrus  souffrit  pattenment  leurs  ra 
jusqu'à  ce  ^uMi  trouvât  roccasion  d*exéci 
qu^j]  mëditatt. 

£liê  ne  tarda  pas  à  se  Drésenirer.  Les  B 

uicns  se  disposaient  à  cabrer  une  fête 

nelle,  et  devaient  passer  toote  la  nuit  au 

des  festins  et  des  plaisirs.  Dès  que  le  « 

arrivé  Cyrus  ordonna  à  une  partie  de  êes  l 

d'ouvrir,  à  force  de  bras,  ue  nouveaux  1 

depuis  la  tranchée  jusqu'au  fleuve ,  qui  cou 

travers  de  la  ville.  L^eàu  entra  dans  les  f 

de  là  dans  la  tranchée  et  dans  le  lac ,  et  laiss 

le  lit  du  fleuve  presque  à  sec.  Alors  des  a 

commandés  par  Gobrias  et  Gadatas  s'y  jf 

des  deux  côtés ,  au-dessus  et  au-dessous  de 

lone ,  et  s'avancèrent  sans  trouver  d'obstacl 

suite  de  la  négligenae  et  du  désordre  qui  rég 

partout  pendant  cette  nuit,  les  portes  d'airâ 

fermaient  les  descentes  du  quai  vers  le  Ûe\ 

trouvaient  ouvertes;  ainsi  les  deux  corps  de  tr 

pénétrèrent  bientôt  dans  le  cœur  de  la  vil 

d*après  Tordre  de  Cyrus ,  imitant  les  cris  de 

by  Ioniens  et  le  bruit  «qu'ils  faisaient  au  loilii 

réjouissances  I  ils  opérèrent  bientôt  leur  jom 

arrivèrent  aux  portos  du  palais ,  et  surprire 

soldats  qui  le  gardaient  avant  d'avoir  éproi 

moindre  résistance.   Le  roi  étant  sorti  au 

du  tumulte ,  l'épëe  à-  U  main   et  à  la  té 

ses  ffardes  ,  fvt  tué  avec  la  plupart  de  oeu 

combattaient  auprès  de  lut  ;  le  reste  fut  bi 

disftersé.  Cyrus ,  maître  du  pahiîs  ,  anvoj^ 

troupes  dans  U  ville  pour  disperser  ceux  < 

fiouveraii  atmés  dana^loa  rues;  puis  il  onl 


pouvant  compter  sur  la  lidélité  des  habitans, 
.  pour  la  sûreté  de  sa  personne  plus  de  prc- 
^ns  qu'il  savait  fait  jusqu'alors;  il  se  forma 
our  et  um^arde  nombreuse,  voulant  d'ail- 
y  par  un  appareil  majestueux ,  inspirer  plus 
ipect  à  ses  nouveaux  sujets, 
nfia  à  différentes  personnes  les  diverses  parties 
dminisiration  ;  mais  il  se  réserva  à  lui  seul  le 
le  nommer  les  généraux,  les  gouverneurs  de 
nces,  les  ministres  et  lesambassadeurs,{>er« 
I  que  c'est  là  proprement  le  devoir  d'un  roi, 
e  de  là  dépend  sa  gloire  et  la  prospérité  do. 
mpire.  Il  possédait  l'art  de  bien  apprécier  le 
tère  des  hommes  ,  et  de  reconnaîtra  le  mérite 
ut  où  il  se  trouvait;  lÀettant  ainsi  chacun 
>lace  9  il  faisait  servir  tous  les  talens,  toutes 
lalités  particulières  à  l'utilité  générale.  Mais 
jue  confiance  qu'il  accordât  au  mérite  et  à  la 
,  il  se  gardait  oien  de  confie»  le  pouvoir  ab- 
à  un  seul,  persuadé  qu'un  prince  firfit  tou- 

fhr  se  rcnentir  d'avoir  renau  un  sujet  trop 
ant.  11  étaolit  un  ordre  merveilleux  pour  la 
'e ,  pour  les  finances  et  pour  la  police.  11  avait 

toutes  ses  provinces    des  personnes  d'une 


l8  CTEU8. 

par  ses  lumières  et  par  ati  Tertus.  J^nx  de  8*a^ 
tirer  le  respect  des -grands  et  de  tous  ceux  qui  rap- 
prochaient ,  il  était  convaincu  que  le  plus  sur 
moyen  de  Toblenir  était  de  leur  témoigner  beau- 
cou  p  dVgards  et  d^observer  lui-m^me  avec  soin 
les  règles  de  1  lionnéteté  et  de  la  pudeur. 

llien  n^égalait  la  libéralité  de  Cyrus*  ^i  n^et- 
Tmait  les  richesses  que  pour  avoir  le  plaisir  d'eu  i 
faire  part  ;tiix  autres.  Lorsque  ce  prince  ,  simple  j 
général  (1(  s  Perses  9  n'était  pa^Msez  riche  pour  ; 
faire  du  bien  à  tous ,  par  cette  4Rson-là  même  3  1 
50  croyait  obligé  de  leur  marquer  sa  bonne  to-  1 
Ion  té  et  rintérét  sincère  qiiM  prenait  au  bien  et  i 
au  mal  qui  leur  arrivait.  Maître  de  l'Orient,  pos-  | 
sesseur  de  richesses  égales  à  son  inépuisable  géné- 
rosité, il  ne  se  croyait  pas  pour  cela  dispensé  d'ac* 
compagner  ses  libéralités  ue  ces  formes  honnétft 
et  délicates  qui  donnent  tant  de  prix  au  bienfait 
Un  jour  Crésus  lui  représenta  qu'i  force  de  donner  ; 
il  Unirait  par  s'appauvrir ,  tandis  qu'il  pouTait 
amasser  des  trésors  infinis  :  «  Et  à  quelle  somme  ] 
»  pensez  -  vous  ,  reprit  Cyrus ,  que  pourraient  ,; 
»  monter  ces  trésors  P  m  Cfrésus  fixa  une  somme  ; 
immense.  Cyrus  fit  écrire  aux  seigneurs  de  sè  cour 
qu'il  av;iit  oesoin  d'argent;  en  un  moment  on 
lui  en  envoya  «le  toute  part  beaucoup  plus  que  la  ] 
sommePmaïquéepar  Crésus  :  «  Voilà,  dit  le  gêné-  i 
»  reux  prince ,  voilà  mes  trésors  ;  le  cœiJPet  l'af-  ■ 
»  feciion  de  mes  sujets,  voilà  les  coffres  où  jt  . 
*  garde  mes  richesses.  »  /  ! 

une  si  longue  suite  de  prospérités  n'aTail.l 
point  (ait  oublier  à  Cyrus  ce  qu'il  devait  anf^u 
dieux  ;  au  contraire  ,  sa  piété  augmentait  âvecl 
son  bonheur.  Le  respect  pour  la  religion  «t  pouf  * 
ses  ministii'S  fut  toujours  l'objet  de  scb  soins}  i|;^ 
iiiViitua  (le  iiouvelles  corémouies  religieuses ^  éî  ■ 
AccoiJa  de  nouveaux    honneur;»  à  1  ordre  dcf'' 


CTRDSi 

d^ji  Tort  considéré  en  Orimt.  Lct  supi 
la  piété  de  leur  inuYerain,  l'aulorilé  île 
(v«  prfrrcx  <)e\-int  très-grande i  heureux  si  par  une 
noive  îngraiiliide  ils  n'cusHcnt  pas  dû  ru  abuser 
BDOtre  l'uu  des  GU  de  leur  bienfatleur  ! 
'Qwuid  Cyius  cul  réglé  tout  ce  qui  concer- 
*,4d  gnuvernrmcnt  il  voulut,  dans  une  n-- 
t  auguste  el  r^ieieuse ,  doTtnrr  a  se >  sujets 
^  ilacte  (l'untrionipne.  llallaoilriraTfcpoinp« 
d«l  ucrificcs  aux  dîcus  ,  aflaclant  dVuler  dans 
cetle  nUTrlie  laul  re  que  la  inagnitîcence a  dcplu« 
briUanI  el  de  plus  espablc  d'imposer  aux  peunlei. 

■*' ut  s»r  uo  char  tupeiba.  le  front  ceint  do  la 

«t  da  diadlœe,  ruvAiu  dp  la  pourpre  royale  , 
:é  de  muiiièrr  it  Tnire  riKoriir  )■  beauié  da 
lîls  et  la  mafcslft  de  sa  taille.  Les  officias  dca 
I  fldosâlliés  le suivaicnl  couverts  de  Innj^iiea 
Tobn  i  U  manière  dea  M^des,  loule:i  extrême- 
aunl  riches,  mais  plus  ou  moliM  magnitiiiurs, 
tcioD  le  grade  qu'iU  ocutpairni.  On  lacntia  tirs 
cbevfti ,  rt  l'on  offrit  des  ckars  aux  diviniiéa  Jti 
pays,  et  surtout  au  Soleil.  Dès  rp»  rnn  ^nt  (!^rii« 

lièrent  devant  lui ,  ce  qui  n'élail  jamais  am>.-  * 

Sans  doute  cette  encessÎTe  inaftiiificeTice  JcKiit 
faire  juïtro  chez  les  l'crses  le  ^oùt  dia  luxe  il  <le 
)a  tDollessc  ,  el  corrompre  Usimphcilé  de  le<irs 
sn«u(si  mais  rendons  à*Cyrus  la  justice  de  due 
aue  s'iF  commit  une  imprudence  en  affectant  ce 
usie  extérieur  ,  il  rnuserva  tuujours  ses  manieras 
J&btcs  et  prévenantes,  son  acllvilé  iitfaligable  , 
M  mt  tant  qu'il  vécut  préserver  ^es  sujets  i;omTiie 
hû-in^me  des  délices  houleux  d'une  vie  oisive  et 
vsluplueuse.  Quoiipic  par  ses  longs  trav;^ux  et  sia 
W^nt  etploils  i)  put  s'imaginer  avoir  le  dit>it  Je 
MKgarder  comme  bien  au- ilchstis  de  Cy.iuau-,  j1 
*-  '  jBwijua  toujoure  la  plus  entière  deJbrt^oe,  «t 


Pi 


20  CTEtfS. 

partagea  atrec  hii  Tempire  conquis       Hii 
valeur.  Ils  allèrent  ensemble  â  Babylone  d» 
plan  de  toute  la  n^narcbie,  qu'ilt  mvièèièflt^ 
cent  vingt  provinces,  •-  a-J^ 

Pour  uoliter  les  communications  dam  soc^  vM^f 
empire ,  il  établit  à  différentes  distanoes  dea  posttil 
et  aes  courriers.  Cette  urOe  institution  ae  conéè^ 
long-temps  en  Penie;  mais  son  usage  étdit  botal 
aux  seuls  besoins  de  Fétat.  •     >*,  .if 

Toutes  les  troupes  de  Fempir^  avaient  ;i 
Tordre  de  se  rendre  auprès  de  I^MnDs.y'qni'CJ, 
la  revue  générale.  Elles  s'éievaienTà  six  eentd 
fantassins  ^  et  cent  vingt  mille  cavaliers  ^  il  iWk; 
outre  deux  mille  chariots  armés  de  &ni^.*A|irii 
en  avoir  dîétribué  un  nombre  nécêssaBre  dtfisdii 
différentes  gamisona.,  il  mena  %ae  partie  éë 
forces  dans  la  Syrie ,  d'où  il  étendit  ses  eôiM — ' 
sur  tous  les payseovirmnans  jusqu'à  la  hmt^ 
et  aux  confins  de  l'Etbiopie. 
.  Cyaxare,  nommé  dans  l'écriture  Darius  le  MMbÙ 
et  Cambyse,  ajànt  terminé  leurs  jours  t»iidM^(d| 
leur  digne  héritier  faisait  ces  conquêtes,  Gjni^ 
vit  à  son  retour  seul  possesseur  des  deux  tmpiiÉSl 
qui  n'en  faisaient  plus  qu'un;  Il  signala/h  jif  imitai 
année  de  son  nouveau  règne  par  ce.célèbf»  édi| 
qui  permettait  aux  Juifs-dè  retourner  à  JéraaaiinÉ| 
après  soixante-dix  ans  de  captivité  à  Babrl^M^lf 
vécut  encore  sept  ans  J  pendant  lesquela  il  }1 
paix  du  fruit  de  ses  travaux  et  de  ses  victoiri 
empire  ,«le  phis  vaste  qui  eût  jamaia  exisro  •  ^ 
l)orné  à  l'orient  par.rindus,  au  nord  .]par  lift 
Caspienne  et  le  ront-Euxin  $  au  conGhant(.|i 
mer  Egée,  au  midi  par  l'Ethiopie  et  k  foMs 
bique.  Cyrus  établit  presque  toujours  aa  de^g 
au  centre  de  seg  états  ;  Babylone  y  aituée^danij 


f^TH¥S.  SI 

lui  un  prinlemps  pnpéluel.  Jouissant  d'une  santé 
ftile  el  robuitc ,  qui  élail'le  fruit  de  h  vie  sage 
tri  frugale  «jii'il  avait  Inujours  mi-née,  atloré  des 
Perses,  des  Mèdcs  et  des  niririTis  conduises,  rieii 
n  aarait  manqué  à.  la  felicilé  di-  ce  prmce  si  les 
vices  et  le  caracièrc  farouche  qu'annonçait  Cain-- 
byse,  son  successeur,  n>u<sent  troublé  la  tran- 
quillilé  de  ses  derniers  jours.  Il  mourut  dans  un 
!^e  irèsëavancé. 

Hérodote  raconte  sa  mnri  d'une  manière  tra- 
gique ;  il  suppose  que  ce  prince  fut  tué  et  défait 
uans  une  balaille  contre  Tliomyris  ,  n'iiie  des 
Scytlies  ,  ^i  plongea  elle-même  sa  tête  Jans  un 
yi%e  plein  de  sauf; ,  en  disant  :  «Abreuve-loi  de 
'<  sang,  t.ii  qui  en  as étéj toujours  si  altéré  1  "  Mais 
quandon  considère  le  génie  d'Hérodote,  quand 
oa  fait  réflexion  aux  déiails  fabuleux  qu'il  rapporte 
louchant  la  uaissance  de  Cyrus  ,  on  peut  se  croire 
a!i«  bien  fondé  pour  rejeter  un  conte  dépourvu 
de  vraisemblance  ,  quand  même  le  caraclère 
«ju'Herodote  lui-m^m^fJonne  à  ce  prince  ,  et  le 
li»moign:ige  de  latit  d'aulres  hisloriens  ne  fourni- 
raient pas  de  preuves  assez  convaincantes  de  la 
fausseté  d'un  tel  récit. 

o  On  peut  regarder  Cyrus  ,  dit  Roliin  ,  comme 
le  conquiirant  le  phis  sage  el  le  héros  le  plus  ac- 
compli dont  il  soit  parlé  d.ms  l'fiistoire  profane.  » 
A  la  valeur  la  plus  impétueuse  il  joignait  tout  le 
lang-froid  ,  toute  la  pi  uJence  nécessaues  i  un  gé- 
néral. La  bonté,   la  générosité,   la  clémence  (ai- 

'  ni  le  fond  de  son  caractère  ;  aussi  fot-il  ap- 


pelé le  père  de  ses  sujets.  On  peut  excuser  l'amhi- 
lion  oui  le  portail  à  fjire  des  conqufles  ,  puisqu'il 
semblait  né  pour  le  bonheur  des  nations  qu'il  avait 


lubjuguëcs.  Les  peuples  qu'il  réduisit  s 
obéissance  étaient  esclaves  auj-aravan!  ;  il  ne  fil 
quechan'^er  leur  scivilude,  souvent  rigoureuse, 
CD  une  dépendance  iiifinimcnt  djure.  Il  voulait 


2a  ClbAUS. 

connaître   le  mérite  et  savait  le  distinguer  ;  il  ; 
Taimait^  et  ne  manquait  jamais  de  le  récompenser 
de  la  manière  la  plus  magnifique  et  la  plus  flat- 
tetise.  A  CCS  belles  qualités  de  Tâme   il  Joignait 
tous  les  avantages  eitérieurs,  un  air  noble  ,  un  ! 
abord  gracieux,  une  conveisaiion   agréable  et 
des  manlèress>blig^2intes.  La  fortune  ne  fil  pai  \ 
moins  pour  lui  que  la  nature  ;  dans  le  cours  de    ' 
son  long  règne  Cyrus  vit  tout  succéder  à  ses  dé- 
sirs, et  ce  que  Ton  peut  dire  de  plu3  vrai  et  de-    ' 
plus   honorable  pour  ce  prince,   c^est  qu^il  le 
montra  constamment  digne  de  tant  de  prospéritis* 


LYCURGUE, 

LÉGISLATEUR  DES   LACÏDÉMUNIF.SS. 


iîiDSOinJS ,  l'un  des  deuK  rois  qui  régnaient  alois  1 
'Sp;rte,  eut  deux  fils;  l'aine  se  nommait  Pulydpcte; 
le  second,  né  d'un  autre  lit,  fut  Lycurgiie,  dont 
an|ilace  la  naissance  gaG  ans  avunt  noire  ère.  La 
plus  grande  dissolulion,  la  licence  ta  plus  effré- 
née régnaient  alors  à  Sparle  ;  le  frein  des  lois  y 
était  aussi  méconnu  que  celui  des  mœurs  ;  les  rois 
et  les  magistrats,  que  leur  dignité  mt^llait  dans 
lï devoir  de  maintenir  l'ordre  et  de  réprimer  Tau- 
dite  d'un  peuple  féroce  et  corrompu,  lonibàient 
■UQi  le  mépris  alors  qu'ils  lui  cédaieul  par  complais 
>ance,  ou  s'attiraient  sa  haine  s'ils  osaient  user 
i:niilre  lui  de  rieneiir.  Le  père  do  Lyrurgue  en  fut 
un  irisle  exemple  ;  il  fut  tué  d'un  coup  Je  i-outpau 
àim  une  émeute  populaire  ,  en  voulant  séparer 
dei  furieux  qui  se  battaîenr. 
Polydecte,  l'aîné  des  fils  d'Kunomus,  lui  suc- 

•tédi,  et  après  un  règne  de  neuf  ans  il  mourut 
uns  poslérilé.  Tout  semblait  appeler  Lycurgue  au 
It^e;  il  fui  roi  en  effet  tant  qu'on  ignora  la  gros- 
iwsedela  reine  sa  btlle'soeur;  mais  dès  qu'elle 
fui  connue  Lyciirguc  déclara  que  si  elle  mettait 
'n  raonde  un  fils  il  serait  le  premier  à  reconnaî- 
tre ses  droiis  à  la  couronne,  et  pour  garant  de  sa 

parole  il   n'administra  le  royaume   qu'en  qualité 

de  luleur  du  jeune  prince- 
La    reine    aimait    Lycurgue,     et  lui   fit    dire 

jue  s'il   consentait   à   TépouseF    elle    o'hésitc- 


24  LTC.URGUE. 

rait  p2i^,  pour  lui  assurer  le  trôae,  à  faire  avo 

le  f:  uil  qii^elte  portait  clan,5  son  sein.  Lycurfj 

dans  la  crainte  de  ne  pouvoir  persuader  une  fen 

violente  dans  ses  «passions,  aissimula  toute  D 

rcur  que  cette  proposition  lui  inspirait,  et  ri^s 

de  la  tromper,  fl  Ij  détourna  fortement  d^cmpl 

un  moyen  si  dangereux  pour  ses  charmes  et  m 

pour  sa  vie ,  en  disant  quMi  conserverait  le  ti 

si  elle  donnait  le  jour  à  une  fille,  et  que  si  elL 

venait  mère  d^un  enfant  mâle  il  saurait  bien 

parti  prendre.  Pour  plus  de  sûreté  il -plaça  au 

dVlle  des  personnes  qui  lui  étaient  atïidées,' 

ordre,  s'il  lui  naissait  une  fille,  de  la  laisser  f 

l(*s  mains  des  femmes  de  la  reine;  mais  si  c^ 

un  fils,  de  le  lui  apporter  sur  le  champs  en  q 

que  lieu  quMl  se  trouvât.  Elle  accoucha  d^un 

qui  fut  aussitôt  remis  entre  les  mains  de  Lycur 

alors  à  souper  avec  les  premiers  magistrat 

Sparte.  Il  leur  présenta  aussitôt  ce  précieux  dé 

«  Spartiates, Mit-il,  voilà  le  roi  qui  nous  est  r 

Il  le  nomma  Charilaiis  (joie  du  peuple  ),  pou 

moi^ncr  la  satisfaction  des  assNtans  et  la  sic 

Ce  fut  ainsi  qu^après  huit  mois  de  règne  il  dé 

la  royauté^  conservant  un  titre  bien  plus  glorî 

Tcstime  et  Tadmiration  de  st$  concitoyens.  I 

la  tutelle  de  Tenfant-roi. 

(Cependant  Tamour  de  la  reine  fit  pljce 
haine  et  à  la  fureur.  *Llle  dir,  elle  fit  répa 
qu^il  était  dangereux  de  confier  les  jours  du  j 
prince  à  la  vigilance  à^\w  homme  qui  n^avait  i 
tte  intérêt  que  d'en  abréger  le  cours  ;  que  L) 
''que  se  repentait  déjà  de  ce  quM  avait  fait,  el 
pour  recouvrer  le  diadème  il  se  proposait  de 
mourir  son  pupille.  Ces  bruits,  faibles  dans 
naissance,  prirent  bieritôt  delà  consistance  ii 
d'être  répétés ,  et  finirent  par  éclater  avec  tai 
force  qu  il  fut  obligé,  pour  les  détruire ,  di 
loigner  de  sa  patrie. 


LTCU  RGUK.  25 

Il  alt.i  J'abord  en  Crële,  où  \es  loii  du  sage 
MiuQsrixërcnllnng' temps  son  atlendon;  il  admira 
riiarmnnie  qu'elles  enlreicnaient  dans  l'élat  et 
chez  les  particuliers.  Il  y  avJiil  alors  en  Crhle  un 
liommc  renommé  par  sa  sagesse  et  sa  science  po— 
ttti<{ue  ;  c'étaîl  uit  pDi'te  lynqJI  nommé Tlialelas. 
Tout  en  paraissant  ne  romposer  que  des  pièL-e»  de 
chani ,  il  se  couiiuisait  réellement  en  habile  légis- 
laleur;  Ton  les  ses  odes  élalent  autant  d'cxhorta— 
lions  i  l'obéissance  et  i  U  concorde  :  <i  Soutenues 

-  du    nombre  et  de  l'Immonie,  dit  Plutarqne, 

-  pleines  h  la  fois  de  douceur  et  de  véhémence^ 
■  ■  elles  adoucissaient  insensiblement  les  esprits  dei 
*  auditeurs,  leur  inspiraient  l'amour  des  choses 
n  bonnflles,  et  faisaient  cesser  les  haines  qui  les 
»  dtvisaienl.  "  Jugeant  un  lel  bommc  digne  de  le 
seconder  dans  les  grands  desseins  qu'il  méditait, 
Lycufgue  s'unil  étroitement  è  lui,  el  l'engagea 
par  ses  prières  à  aller  s'élïblir  à  Lacédémone,nour 
préparer  la  réforme  des  Spartiates  eif  leur  faisant 
eniendre  ses  chants,  consacres  Â  célébrer  les  char- 
mes de  la  vertu. 

Pourmieuxjugor  des  effets  que  produit  la  diflé- 
rence  des  gouyeriiemens  et  des  mœurs  ,  Lycurguc 
passa  dans  l'Asie  mineure.  Au  lieu  de  ce  régime 
sim|;le  et  austère  qui  assurait  le  bonheur  aux  Cré- 
lob ,  il  n'y  vit  que  des  lois  el  des  3mes  sans  vi- 
eueur  :  les  loMens  gémissaient  en  esclaves  sous  le 
|oug  des'plaisirs  et  de  la  licenee.  Mais  il  y  fil  une 
découverte  précieuse  ;  les  poésies  d'Homâre  tom- 
bèrent entre  ses  mains  :  voyant  dans  ces  admi- 
rables outrages  les  plus  belles  maximes  de  la  mo- 
rale el  de  b  politique  embellies  par  les  ch.iimcs  do 
la  Gclion,  il  résolu)  d'en  enrichir  la  Grèce. 

On  prétend  que  Lycurgue  visita  aussi  l'Egypte, 

.    N  qu'entre  les  insliluilons    de  ce  peuple   ayant 

surtout  admiré  celte  qui  sépare  les  gens  de  guecre 

de  toutes  les  autres  classes  du  peuple ,  il  U  trans- 

Tome  I.  i 


•6  IéTcurgur.  ,j 

porta  i  LagEdèinODfr ,  où  il  fil  <Ies  i  îers  et  d^ 
arlisaiM  uaectaue  ijtart.  Ce  voy  :n  Egyple  dak 
ttit  assez  bîeii  altnléi  maU  il  est  au  moins  i: 
'  I  Cfue  Lycuntne  aît 


ribérie,  et  <Io*^iÉL  pénétré   ji^sque  dans    l'iiu^ 

T  .,.»°';"«ff=«'."e)""'<'"ri''.""-  .  J 

Jandis  <|uu  continuait  knnc 

■    •■  t  r<,u 


nnur  v  ce 


Ljbia  cl  da^ 

sophistes.  j 

urlr  les  régio^ 


éloignées,  étudiant  partout 

teurs,  et  recueîllaui    lc&  semences 

C SU  avaient  répawJueven  difféKinli 
cédémone,  fatiguée  de  ses  divisions,  eavt 
^lus  d'une  fois  i  tq  rencontre  dfs  députés  poui 
presser  de  venir  au  secours  de  iléut.  Lui  si 

Souvait  en  diriger  les  rèn^s,  tour  à  tour  llottaut 
ans  les  tnaini  de  princi's  ^ans  autorité  et  du 
celles  d'une  multitude  indonle.  Il  céda  cnfm 
Voeux  empressés  des  Lacédémonien-^  et  des  pri; 
'  ieui-méntes  ,4)ui  espéraient  que  sa  più 
raît  de  frei#  à  la  licence  de  leurs  


■r 


De  retour  i  Sparte,  il  s'aporçut  uieotât  qu'Un 
s'âgis^ii  pas  de  réparer  l'éuifice  des  lois ,  mais  a 
\o  détruire  et  d'en  éUver  un  nouveau  sur  d'à 
ibndemeni.  ^'il  prévit  tous  les  olisiacles  (jiie  dg 
vait  prësenfer  l'exécution  d'un  pareil  dessein  ,0 
sentit  aussi  que  les  cii;foiksiances  ne  pouvaient  Itn{ 
ttrç plus  favorables;  il  voyait  tout  uit  peuple,  mï^ 
heureux  par  Vanarcbic,  tourner  lej  yeux  vers  loil 
comme  pouvant  ^ul  porter  remèJe  À  ses  maux. 
«vail  pour  lui  la  conriance  et  te  riïspect  qu''o 
coidaii  à  sa  naissance,  à  sa  vertu  des  long-teindi 
éprouvée,  et  aux  lumières  qu'd  avait  acquiscsd^ 
tes  voyages  ;  il  avait  son  génie  ,  ce  couraa 
sant  qui  force  ks  volontés,  et  cet  esprit  à 
lialion  qui  lesjttire;  il  avait  cnCa  l'aveu  du  fi 
la  Pythie,  qu'il  avait  é'é  consulter  à  Delphes  a 
démettre  la  nuin  ison  arjnd  ouvrage,  liîï  i 
rt^pondii  ces  mots  ,  qu'f  htrudote  nous  a  to^ai 
véa  ;  «  Te  voiii  da^K  mtJP  lerople  céiàhre,:  -" 


i.Tconr.ii  R,  ^j 

Jupiter  et  de*  hiltilaiif  de  rOlynrpe  :  mon  «ra- 
cle iiictrUin  balamr  l'il  te  déclariTA  un  dieu  du 
nu  homme  i  jo  le  cnils  piuiAi  un  liieu.  »  1^ 
'ail  a}»uli>,  ccinccrnanl  U  Irgislatioii  qu'il  sv»i^ 
roîetée,  qu'Aiiullcii  hii  accordait  Ij  <)eiiiande 
ii'il  loi  avait  faîte  de  ilnnncr  de  bonii  s  loi*  t 
III  {layi,  et  rjii'il  y  t^labliraa  le  meilleur  <\  •  Iniis 
3  gouverne  mens.  Lyr.urgup  ne  cessa  depuis  d'en» 
eieiiir  dtrs  intelligences  avec  la  Pylhii- ,  q-n  im- 
riinacuni'iitninent  k  ses  lois  te  itc<-aii  derau'oiilé 

IitfWn  l'eln  il  suivit  l'exemple  des  aoires  lësw 
|k  n  Cos  hoinmes  écLirés  ei  juOictcux ,  trirtn 
■bation  du  l'alibé'Hicard ,  doui  iiuunKmpriin- 
Kttrs  exni-essions ,  avaient  lenli  cjne  ■•Ws  ne 
ikitt  aux  nomme»  qu'en   leur  pï^ipre  nom  ils 


'aunipnl  pas  assez  tle  pouvoir  sur  les  expriis  jrouf 
niratuer  \v\it  persuasion  ei  li;ur  obéiasiiice.  Lei 
DMimesso  soumeilcnt  ditfirileiucntâ  iinea'jln'ité 
ureiuent  hiiiiiaine  luraqu'il  s'aBit  tle  sacrifier  uns 
irtie  <le  leurs  droite  et  Je  leur  liberté, même  pour 
(titrer  leur  rranijuillité  personnelle  ;  mais  ils  ce- 
ant  sans  [wini:  à  une  anlorilé  suprême,  i;t  iU  vont 
*ec  respect  au-dev.iiiL  des  luiï  qu'un  leur  {tropose 
j  nom  du  b  diviniié.  i 

Avant  de  nfrtire  ac'xécuiion  srs  plans  de  ré- 
irme,  Lycurgue  les  ciumil  à  l'eiameii  de  set 
mis  et  dt.-s  citoyens  les  plus  disiiiijjués.  Il  l'n 
loisit  tiente  qui  devient  t'accumpiguer  dans  la 
lacâ  publique;  au  jour  convenu  ils  s'y  jeièrcnt 
rec  lui.  tout  armés,  comiiiençaul  I  uuviai^i-  de  sa 
gistation  roinme  on  commence  und*rcvulic.  Le. 
iuple  trembla,  tout  tomba  dans  la  stupeur,  et 
;raonn«  m-  Iruia  la  moin. Ire  fcsi'itancc.  Uans  le 
remier  moment  du  tumulte  le  roiChjiilails  ,  ne- 
•udcLycurgu<:,ép'iuvaniéetrioyaui  qu'on  en  vodi- 
it  i  sa  Tie,  se  léi'ugia  dans  un  tein,'Ie;  r^isui'é 
ienlât  sur  le  dangir  dont  il  s'éiaii  cru  menaré, 

■oriit  de  eu  lieu  sacré ,  et  couiuc  II  était    uatu- 


28  LYGURGUE. 

Tellement  doux ,  il  entra  dans  les  vues  de  son  ond 
et  se  joi||;nit  à  son  parti.  La  facilite  de  son  carac 
tère  fit  dire  un  jour  à  Ârchelaiis,  son  collègue,  de 
vaut  qui  on  louait  la  bonté  de  ce  jeune  prince 
fc  Comment  Charilaiis  ne  serait-il  pas  boni  h 
»  qui  ne  sait  pas  même  être  méchant  pour  le 
n  méchans  ?  »  Mot  plein  de  sens  et  qui  est  loij 
d^étre  une  louange  pour  Charilaiis.  En  effet,  un 
trop  grande  bonté  qui  va  jusqu^à  épargner  le 
coupâmes  est  peut-être  le  plus  grana  ^^ut.d 
ceux  qui  gouvernent  :  un  prince  méchaïAi^âc^B 
ses  propres  vices  ;  un  prince  faible  a  les 
de  tous  ^ux  qui  l'approchent. 

Le  premier  objet  et  en  même  temps  le  pi 
portant  de  laHégislation  de  Lycurgue  fîit  rétablis 
sèment  d'un  sénat ,  composé  de  trente  membres 
si  Ton  y  comprend  les  deux  rois.  CVtait  déjii  u: 
fijrand  pas  de  fait;  par  ce  moyen  se  trouvai 
fixée  la  forme  du  gouvernement,  qui  avait  tante 
penché  vers  la  tyrannie  ,  tantôt  vers  la  démo 
cratie.  Ce  sénat  lui  servit  de  contre-poids,  en^ 
■rangeant  du  côté  des  rois  quand  le  peuple  voulai 
se  rendre  trop  puissant ,  et  en  fortifiant  au  con 
traire  le  parti  du  peuple  quand  les  rois  voa 
laient  pousser  trop  loin  leur  autorité.  Pour  qu^  l 
peuple  ne  s'imaginât  pas  que  sa  condition  fût  de 
venue  plus  mauvaise  qu'aupar^ant ,  Lycurgue  li 

1)ermit  de  former  une  assnibléc  génélrale ,  dan 
aquelle  il  n'avait  pas  le  droit  de  délibérer  ,  mai 
seulement  d'approuver  ou.de  rejeter  ce  que  le 
rois  ou  le  Aiat  proposaient. 

C'est  ainsi  que.  le  législateur  avait  tempéré  L 
iorme  du  gouvernement;  mais  dans  la^fuite  oi 
recoMiut  que  les  trente  sénateurs  formaient-  un 
oligarchie  abs^ue  et  préjudiciable  ii  la  liberté  pu 
bliqw;  on  leur  donna  pour  frein  l'autorîliS-  et 
éphora,  qui  furent  établis  environ  cent  treniaan 
après  Lycurgue ,  sous  le  règne  de  Théopompe^ 


LYC0BGUE.  zg 

La  seconde  ei  la  plus  har<]ie  des  institutions  de 
I.ycurguc  fut  le.partUtt-des  terres.  Il  exislaît  i  cet 
égard  enirc  les  citt^^S  une  si  prodigieuse  iné- 
caillé,  que  la  plupart,  privés  de  toute  possession 
et  réduits  à  la  miifre,  étaient  à  charge  à  Vélai, 
laodis  que  les  richesses  se  trouvaient  dans  les  mains 
du  plus  petit  nombre.  Lycurgue,  ^ui  voulait  ban- 
nir de  Sparte  les  deux  plus  grandes  maladies  de 
tous  les  gouvernemeos ,  1  excessive  richesse  et  l'in- 
digence ,  et  tous  les  vices  auxquels  elles  donnent 
naissance,  persuada  à  tous  les  citoyens  de  remettre 
IcuM  terres  en  commun  et  d'en  faire  le  partage 
|K>ur  vivre  ensemble  dans  une  parfiile  égalité , 
sans  autre  distinclion  entre  eux  ni  prééminence  les 
uns  surles  aulres,  que  celles  qui  réiultent  du  mé- 
rite et  de  la  vertu.  Cette  proposition  du  législateur 
souleva  d'abord  les  0sprîls;  mais'après  de  vives 
cootestations  elle  passa.  Les  terres  de  la  Laconie 
furent  distribuées  en  Irenle-neuf  mille  paris  ;  La- 
cédémonseneut  neuf  mille,  el  les  trente  mille  «.u^ 
iTM  furent  distribuées  entre  les  habilans  de  U  cam- 
pagne. On  dit  tiue  quelques  années  après  Lycur- 
gue, traversant  les  teires  de  la  Laconii'  au  temps 
de  la  moisson ,-  el  voyant  les  tas  de  gerbes  parfai- 
tement égaux,  se  tourna  vers  ceux  qui  l'accompa- 
"  gnaient  el  leur  dit  en  souriant  :  "  Ne  semble-l-il 
>•  pas  que  la  Laconie  soll  l'héritage  de  plusieurs 
«  frères  <jui  viennent  de  faire  leur  parlaee  !  •> 

Mais  la  division  des  terres  n'eili  produit  qu'un 
avantage  passager  s'il  avait  toujours  été  permis 
dÎHiBsser  des  espèces  monnoyées.  Pour  l'empi!- 
r I i^Ly cutgufi^.nc  dépouilla  pas  à  la  vérité  ceux 
i;ui  possédaielPBe  l'or  et  de  I  argent  ^  mais,  ce  qui 
revenait  au  mftne,  il  décria  la  valeur  de  ces  mc- 
lauii,etne  souflrit  qu'une  monnaie  de  fer  pour 
foui  Ici  échanges  de  denrées  nécessaires  à  la  vie, 
Cn  nouvelles  espèces  étaient- si  pesantes  et  d'un 
•i  bas  pni,  qu'il  lallail  une  cliarretie  k  deux  bœufs 


5o  XTGURCVtrB. 

pour  porter  uae  soHime  de  dix  mînei,  et  nmt 
chambre  entière  po>ir  la  UMÊF» 

Ensuite  il  bannit  de  Sparte^os  les  artt  frivoles 
et  superflus  (  mais  quand  même  il  ne  les  en  a«rail 

pas  chassés ,  la  plupart  y  seraient  tombés  d,*em-mè- 
mes  et  auraieiii  disparn  avec  Fancienne  monnaie^ 
parce  qUte  les  cstisans  ne  trouvaient  pas  à  sef  dé» 
iaire  de  leurs  ouvrages,  et  que  la  nouvelle  moa« 
naie  n\ivait  cours  dans  aucun  des  antres  étals 
de  la  Grèce,  qui,  loin  d'en  faire  cas,  n'y  attachaient 
qu'un  profond  ridicule.  Ce  mépris  des  étrangers 
influa  sur  les  Spartiates  eux  mêmes  ,  qui  finkent 
par  dédaigner  tellemenf  leur  monnaie  ,  qu^4 
peine  en  faisaient-ils  usage,  et  que  très-peu  d  en* 
Ire  eux  se  souciaient  d'en  avoir  au-delà  u#re  qu'il 
leur  fallait  pbur  subvenir  au  stricte  nécessaire. 

Cependant  toutes  ces  institutions  ne  furent  pas 
encore  regardées  par  Lycurgue  comme  sura*- 
santés  pour  prévenir  les  excès  particuliers  auxquels 
k&  hommes  sont  toujours  enriius.  Un  troisième 
/(•^Icment  ordonnait  que  les  repas  fussent  pu« 
l)lics;*lrs  citoyens  étaient  obliges,  sans  distinc- 
tion ,  <](>  manger  tous  ensemble ,  et  de  se  nounv 
des  mêmes  mets.  11  n'élait  permis  k  personne  de 

(^rondio  ses  repas  chez  soi  et  d'arriver  rassasié  à 
a  table  publique  :  de  m^me  qu'on  y  réprimait 
rinicmpérance ,  on  y  observait  aussi  avec  soin 
relui  qui  ne  buvait  et  ne  mangeait  pas ,  et  on  lui 
reprochait  publiquement  sa  délicatesse  ,  qui  lai 
faisait  mépriser  la  nourriture  commune. 

De  tous  les  réglemens  de  Lycurgue ,  ce  fuiU?tim 
qui  ii i  ita  le  plus  les  riches ,  çt  quiénrouva  oeieur 
part  la  plus  vive  opposition.  Ils  |^|lemblèrent  en 
grand  nombre,  s'ameutèrent  contre^lui,  et  le 
poursuivirent  avec  tant  d'acharnement  quHl  n'eut 
que  le  temps  de  se  jeter  dans  un  temple  ;  encore 
fut-il  atteint  dans  sa  course  par  un  jeune  homdne 
•onimé  Alcandre,  qui  lui  creva  VM  d'un  coup 


I.TCOBGVE.  5* 

dé  bJlon.  Lycurgiie ,  sans  se  hisser  abatlrf  par  U 
Joaleur,  se  louroc  a\-ec  fermeté  vers  le  peuple, 
fi  lui  mnalce  m  bletsure  :  k  celte  vue,i9tei»  de 
honte  el  Je  confusion,  les  citoyens  livicrent  AI- 
ondrcau  légisUleur  ,  qu'ils  reconduisirent  chea 
Iii  en  lui  lémoignanl  loul  leur  regret  Je  Imi- 
tra^  .qu'il  venait  Je  recevoir-  Lycurguo  ,  aprè* 
k&  avoir  remerciés  ,  les  congédia-,  fil  entrer  AI- 
candre  cbpz  lui ,  et,  uns  lui  faire  aucun  reproche, 
te  canteata  de  lui  ordonner  de  panser  sa  hles*-^ 
«fe,  el  de  le  rendre  léoooin  de  sa  vît  en  l'alla» 
chant  quelque  temp'sàson  service.  Alcandre,  qni^ 
sans  avoir  un  manvais  naturel ,  n'étail  que  vif  el 
emporté,  voyant  chaque  jour  la  bonté,  la  dou- 
ceur ,  la  vie  austère  et  la  cunal^nre  infatigable 
At  Ly«urgue  dans  ses  travaux  ,  touché  d'un  slo- 
cère  rcpeaiir  ,  conçut  pour  lui  U  tendresse  la 
plus  «rive,  el  devint  sage  et  paisible  de  luibulent 
ip^i  éHil  :  on  le  vit  désormais  servir  ileiemple  à 
«S concitoyens  par  sa  prndennc  el  sa  inodéraiioi^, 
I  4e  iitemeaT  i  Lyeorgue  par  ioa  sèJe  pour  lm« 
el  de  soutien  auT  inslituiinns  de  ce  législateur  pjr 

Ainsi,  sans  s'ébranler  par  les  oppositions  ,  tnul 
jours  ferme  dan»  ses  Jrss_eins ,  Ljciirgue  parvîn- 
i  êlabltr  celte  im,iortault  refurme.  Les  lablcs 
^ient  Hiatune  d'environ  quinze  personnes  ; 
pour  yéire  reçu  il  fallaii  élic  agréé  de  toule  la 
compagnie.  Chaque  convive  apportai!  jiar  mois  un 
boiueau  de  farine ,  huit  mesures  de  vin  ,  rini[  li- 
bres de  froma^  ,  deux  livres  et  demie  de  fig^ies  , 
<t  quelque  pev'de  inunn-iie  pour  l'apprit  et  l'as- 
sùonnement  des  viv^.  Pcndaul  liing  —  temps 
Ib  Spartiates  furent  très-eiacls  à  se  rendre  à  tes 
repas  :  le  roi  Agis,  au  retour  d'une  e»pédit  un 
(l'irieuse,  avanl  voigtu  s'en  disjicnser  pour  man- 
ger arec  sa  femme  el  se^enfans,  lut  réprîaïaiiJê 
ei  puui  pjr  les  magisliats. 


32  LYCURGtTE. 

Les  enfans  mémeft  se  irouvaient  i  ces  repas  y  et 
on  les  y  conduisait  comme  à  une  école  de  tempé-^ 
rance  et  de  sagesse.  La  simplicité  présidait  k  cet 
réunions  ;    jamais  on  n'y  entendait  de  propos 
contre  les  bonnes  mœurs;  on  en  excluait. jusqu'à 
ces  disputes  de  mots-et  ces  discours  auxouels  Va" 
mour- propre  seul  peut  donner  lieu  ;  là   se 
naient  de  graves  discours  sur  le  gouveraemé 
et  les  enfans  n'entendaient  rien  qui  né^és  im 
*1ttiisît.  Ce  n'est  pas  que  la  conversation  ne  s^eii-  ' 
gageât  quelquefois  par  des  railleries  fines  et  spiri-  • 
tuelles;  mais  elles  n'étaient  jamais  ni  basses  ni  cho- 
quantes; dès  qu'on  s'apercevait  qu'elles  blessaient 
quelqu'un  on  s'arrêtait  tout  court.  On  accouta- 
mait  aussi  ces  jeunes  convives  au  secret;  quand  l'an* 
d'eux  entrait  dans  la  salle  le  plus  âgé ,  qui  prési- 
dait au  repas,  lui  disait,  en  lui  montrant  la  porte: 
«  Rien  de  tout  ce  qui  se  dit  ici  ne  sort  par-là.  » 

La  sauce  noire  était  celui  de  leurs  mets  que 
les  Spartiates  préféraient  à  tout  ^c  qu'on  servait 
sur  leur  table  frugale.  Denys  le  Tyran  voulut  en 
'juger  ;  il  fit  venir  à  cet  effet  un  cuisinier  de  La- 
céuémone ,  s'en  fit  apprêter,  la  goûta  et  la  rejeta: 
w  Je  ne  m'en  étonne  pas^  dit  l'esclave  ;  l'assaison* 
w  nement  y  a  manqué.  —  Hé  quoi  donc  ?  ré-  • 
»  pondit  le  prince.  -—  La  course  ,  la  sueur  ,  la 
»  fatigue ,  la  faim  ,  la  soif;  car  c'est  là  ,  ajoute  \é^ 
»  cuisinier  ,  ce  qui  assaisonne  chez  nous  tous  les 
■»'  mets.  «     •  ■ 

Lycurgue    regardait    l'éducation    des    enfans 


comme  la  plus  grande  et  la  plus  imÉiortanteaffaire 

"  Drincipeeti* 
partenaient  encore  plus   J^l'état  qu'à  leur  père; 


du  législateur.  Son  grand  principe  était  qu'ils  ap* 


c'est  pour  cela  qu'il  ne  s'en  rapporta  pas  à  eux 
pour  les  élever ,  mais  ou'il  voulut  que  l'état  si'em- 
parât  de  l'éducation  ue  la*ttiness6 ,  afin  de  la 
former  sur  des  principes  constans  et  uniformes  » 


L^CUBGTTE.  33 
inspira<sent  de  bonncj  heure  l'amour   de 

Îalrie  et  de  la  vertu, 
lès  qu'un  etiranl  étari  tip  le  père  le  portait  dans 
un  lieu  a|ipe4é  Lachi,  où  s'assemblaient  les  plus 
vieux  de  chaque  tribu  ;  ceux-ci  le  vUiiaîcal ,  ela'iU 
le  trouvaient  bien  formé,  fort  et  vigoureux',  ils 
ordonnaient  qu'il  fill  élevé  ,  «i  lui  aMienatAt 
puur  son  héritage  une  des  neuf  mille  portions  de 
terre  r  si ,  au  contraire ,  ils  le  trouvaient  rtlïl  -fait , 
délicat  et  faible,  et  s'ils  jugeaient  qu^il  n'aurait  ni 
force  ni  santé  ,  ils  le  condamnaient  à  périr  ,  et 
J^Hivoyaicnt  jeter  dans  un  gouftre  voisin  du  mont 
Tàygèle. 

On  accoutumait  de  bonne  heure  les  enfans  i 
n'être  point  difSciles  sur  le  choix  de  leur  nourri- 
ture,  à  n'avoir  pas  peur  dan<  les  ténèbres  ni 
lorsqu'ils  étaient  seuls,  à  n'être  ni  hargneux  ni 
(^f;rins,  à  marcher  nu-pieds,  i  demeurer  ex- 
posés au  grand  air  bien  avant  dans  la  nuit ,  i  être 
vèiiu l'été  comme  Itiver,  et  i  ne  redouter  rieu  de 
leura  semblables. 
.  A  l'âge  de  sept  ans  on  les  relirait  des  mains  de 

Jp  réJucation  publique.  L'étude  dans  ces  clasies" 
n'était  autre  chose  qu'un  a p|iren tissage  de  travaux, 
d'abnégatiou  et  d'obéissance.  Le  plus  avancé  e/i 
Ige  et  en  expérience  présidait  dans  chacune,  et 
châtiait  ceux  qui  faisaient  dos  fautes.  Leurs  jeux  , 
leurs  exercices  éuiionl  réglés  sur  la  plus  exacte  dis- 
cipline, et  les'firmaipnt  à  la  fatigue,  à  la  peine; 
ils  s'y  présentaient  nu-  pieds  et  Ta  lêle  rasée  ;  ils 
se  battaient  les  uns  contre  les  autres  tout  nus. 
Pendant  qu'ils  élaienl  à  table  le  maître  les  ins- 
truisait en  leur  proposant  des  quesiions  sur 
la  nature  des  act^pns  morales  et  sur  la  dilféi<ence' 
du  mérite  des  hommes  les  plus  célèbres  ou  les 
plus  vertueux.  Il  fallait  que  la  réponse  fi)l  prompte 


S4  iT  CD 


•t  accompignée  d'une  ri  i  d  nre  eoft* 

CUM  m  peu  de  iSoU  ;  <       les    ac<  mait   dk 

bonne  heure  i  ns  style  i  la  et  siur  :  du  non 
«Je  leur  p»yê^  LMonie,  <  «rnue  )'iyipreiiûon  d» 
«tyle  laconique.  L^fcorg  vouUit  que  la  iponnatq 
iftt  fort  puante  et  de  p  de  valeur ,  et  9a  can* 
traire  qoe  le  langage  Ct  nrit  en  peu  de  parolei 
(beaucoup' de  Mnt.  Il  ac  imall  les  cnCiOj,  p>E 

nue  joqgue  habilude  t  nce  ,  i  être  smlcn- 

tieui  et  serrés  dans  X  ■»  réparties  i  comme  il 
l'ëlnit  lui-même  dans  ses  discours  ,  à  en  juger  par, 
les  répOHiei  que  'Plolarque  nous  a  conservées  <W 
Igi-  Un  homme  lui  conseillait  d'éiabllr  la  déia| 
.  tfUie  à  Lacédémonc  :  ■  Coinmcnca,  lui  di<~il^ 
H  par  l'établir  d^m  ta  maUon.  '•  Interrogé  pour» 
quoi  il  n*aTait  prMcrit  dans  Its  sacrifices  (|uc  dc% 
TÎCiiuies  de  peu  de  valeur  :  r.  C'est  atin  c|ue  noui^ 
1  ayons  toujnufs  de  quoi  Ixinnrer  Us  dieux ,  ré-_ 
t  poiiilil-il.  ■  —  ■  Y«us  me  demandez  commein;i4 
«  nous  repousserons  Içs  înct  rsions  de  nos  eiine-.' 
M  mis ,  dit-il  un  jour' aux  Laci>  Jérnoaiens;  ce  itra, 
t  en  maîntenapt  Robw  pau>Tcié  et  notre  ée^ltté.  > 
Va  lui  avaieai  demandé  s'il  entourerait  Lacédi- 
ftione  de  murailles  :  ■  Une  ville  nVst  jamais  «ans 
a  murailles  ,  réçoudit-il  ,  riuand  elle  rcnlermt 
«  dans  ton  encûnte  de  vaitlans  citoyens.  »  Plut 
tarque  rapporte  aqssî  de' Ch.-iribiis  ,  neveu  <Ie  bjf- 
curgue,  une  sentence  sur  U  lé^islaiion  de  soi) 
oncle  qui  mérite  d'^lre  citée  :  »  S'il  a  fait  peu  île 
■  lois,  disait  il ,  c'est  qu'il  eo  faut  peu  à  crus  qui 
>  parlent  peu.  » 

Toute  sciepce  d'oilentalîon  était  bannie  de  !>'* 
république  :  aussi  les  jeunes  gens  n'apprenaient- llr 
des  lettres  que  ce  qui  leur  était  indispensable  ;  leur 
^tudc  ne  tendait  qu'A  savoir  obéir  ,  supporlirr  ItH- 
travaux  et  vaincre  dans  les  cnmîiats.  'loiil  ce  qui 
faisait  partie  de  celte  éducation  seinbLti  tendre  i 
augmente^  les  forces  du   ^rps  ,  en  eicitinl  la 


'  1.TCI3BGÎTK,  35 

(çe  et  l'esprit  àf  la  goem'.  Pourprépaier  Ici 
i  gens  aux  stratagèmes  il  leur  était  permis 
voler  les  uns  les  autres;  mais  celui  qui  était 
iir  le  fait  était  puni  pour  avoir  manqué  de 
rii^  Un  enfant  avait  pris  un  canard  ;  sur  te 
d'cir#  vu,  il  le  carha  sous  sa  robe,  et  Vj 
!  plus  lonc-tPmpî  qu'il  lui  fut  possible;  mai» 
Jt ,  morcMi  jusqu'aux  eniraillcs  par  le  c^ 
,  l'enfant  lomba  mort  sur  la  place.  Cette 
isiion  de  voler  valait  pour  le  moins  autant 
e  défense  formelle  ,  puisfpi'on  punissait 
ic  pris  sur  le  fait  le  vol  seiil<!ment  décou- 
c'était  raonLrer  par-b  que  la  négligence  da 
iSeur  l'exposecL  piinlre  sa  propriété  ,  ce  que 
itracleurs  de  la  It'gislation  de  i.yeurguc n'ont 
mùJéré  avec  assez  d'aitenlion. 
patience  et  la  f^pielé  des  jcunei  LacédéiHo- 
éclataient  surtout  dans  une  fête  que  l'on 
l^it  en  l'honneur  de  Diane,  oi!i  l'on  avait 
ne  de  fouetter  les  enfans  devant  l'autel  dç 
Jéeise ,  sous  le*  yeux  de  leurs  parens  et  en 
ice  de  Idule  U-^fle.  Ci-lui  qui  supportait  le» 
avpc  le  l'ius  lie  force  et  de  courage  revenait 
ieu».  On  en  l^f  plusieurs  expirer  sous  larî- 
Me  celle  discipline  sans  laisser  échapper  un 
inglot.  Lorsque  leuisparcns  les  voyaient  tout 
ris  de  sauf;  et  di<  Llcssures,  tout  prêts  à 
r,  ils  les  exiiortaieut  à  piTsév^-er  coAsiAm- 
et  avec  courage  jusqu'à  la  fin.  Certes  il  est 
e  d'exfusor  une  semblable  cftutume  ;  c'était 
;xccllenle  pratique  que  d'accoutumer  de 
I  heure  les  enfans  à  suppoiier  les  intempé- 
e  l'air,  la  f^im,  h  soif  et  la  faiigue;  mais 
-it  les  snumetire  !t  ni<  lr:iiii-ni(^nl  si  bai  bare, 
lUlre  molif  que  la  gloriole  de  moiiirer  un 
courage?  ^i'tiI:lit-ce  pas  inhumanité  de  la 
es  pères  el  des  mères  devoir  de  sanf;-froid 
'  le  sang  des  pUies  de  leurs  eiifunS]  qui 


$6  LTCURGUK. 

SQnvent    même    expiraient    sous  les    coup 
verges  ? 

A  douze  ans  les  enfans  entraient  dans  les  d 
plus  avancées  *,  là  ,  pour  étouffer  les  semenci 
vice  dans  un  temps  où  elles  commenceal  à 
mer ,  le  travail  et  les  instructions  croUsaient 
Tâge.  Leurs  exercices  devenaient  aussi  plus 
lens  :  tantôt  ,  sous  les  ordres  de  leurs  institu 
et  de  leurs  chefs  ,  ils  allaient  à*  la  chasse  ;  t 
ils  livraient  des  escarmouches  .ou  des  romb: 
mules  ;  ils  s^  escrimaient  avec  tant  d^opiniâl 
quoiqu'ils  ne  fussent  pas  armés  ^  qu'ils  se  fal 
souvent  de  graves  blessures.  Ils  étaient  con: 
ment  soumis  à  cette  discipline  jusqu'à  Pâ^ 
trente  ans ,  époque  avant  laquelle  il  ne  leui 
pas  permis  de  se  marier ,  d'être  incorporés  d 
service  militaire  ,  ni  de  posséder  aucune  c 
de  l'état. 

A  l'égard  des  filles ,  leur  éducation  étai| 

sévère  que  celle  des  jeunes  Laçédémoniens 

les  endurcissait  à  la  fatigue  et  aux    travau 

plus    mâles    jusqu'à  l'âge  ,^H^  vingt    ans  . 

la  loi  les   déclarait  nubileiy;    on  ne  leur 

crivait  pas,  comme  à,Athènls/de  seteni 

fermées  ,  de  filer  la  laine  ,  de  s'abstenir  dfl 

d'une  nourriture  trop  forte  ;  mais  on  leur  < 

gnait  à  danser,  à  chanter  ,  à  lutter  entre  el 

cou  ri»,  à  lai^cr  le  palet  et  le  javelot.  Elles  r 

saient  nues  dans  ces  exercices  ,  à  la  vue  d 

toyens  assemblés ,  même  en  présence  des  j 

garçons,  qu'elles  excitaient  à  la  gloire,  soit  p; 

exemple ,  soit  par  des  éloges  ou  des  ironi< 

spectacle  n'était  pas  réputé  indécent,  parc 

le  législateur  supposait  qu'il  était  plus  prc 

éteindre  qu'à  enflammer  les  désirs.  Quoi  q« 

soit,  il  serait  difBcile  d'excuser  cette  i»stiti 

non  plus  que  plusieurs  des  lois  de  Lycurgi 

ie  mariage  ,^ui,  malgré  ses  excellentes  inlen 


h 


LYCURGUE.  37 

(Jurent  avoir  h  plus  fnnesie  Influence  lur  \es 
uiu-urs.  Cl  furent  sans  contredit  la  soitrce  dei 
désoriireB  f^ai  régnérecit  à  Sparic ,  comme  l'a  irè»- 
judicieusoinpnt  oboervé  Arislofe, 

Les  niariagflj  prt-auliirés  n'élaient  pas  pcnnis  à 
Spirtc;  l'époux  Jevail  avoir  trente  ans, et  (a  femme 
final.  On  prenait  soin  d'assoflir  les  mariages  ;  aux 
qualit^i  de  rame  Ifs  deux  i^poux  devaient  joindre 
une  laille  avantageuse  ,  une  beauté  raSIe  ,  une 
faille  robuMC.  Jusqu'ici  rien  dans  ces  réglemens 
qui  ne  mérile  d'élre  approuvé-,  mail  quandiLy- 
curgue  veut  que  l'époux,  après  un  léger  repas 
pris  dans  la  salle  publirjue  ,  enlève  furlivemenl ,  et 
i  l'iaiu  de  ses 'Compagnons  ,  son  épouse  de  la 
maison  paternelle  ;  qu'il  mette  le  m^me  secret  dani 
la  coiiiommalion  du  mariage  ,  et  soit  plusieurs 
tnnées  sans  habiter  avec  celle  qu'il  a  choisie,  je 
vois  dans  ces  dispositions  du  législateur  les  lots 
de  la  nature  étrangement  méconnues;  je  vois 
bannis  de  Sparte  les  vertus  et  les  plaisirs  ({ui  font 
le  charme  et  l'objet  de  l'union  conjugale.  Les 
rares   el  furlives  entrevues    des  époux   lacédérno- 

leuis  sens  .  sont-elles  dignes  du  nom  de  mariage  ? 
Ne  sont-elles  pas  plutôt  à  comparer  aux  accouple- 
mens  dci  animaux  i* 

Aussi  ces  femmes,  si  passionnées  pour  la  gloire 
militaire  ,  si  fiÈres  de  leur  mâle  courage  ,  n'a- 
vaiem-elles  pas  les  vertus  de  leur  sexe.  Ijjtles  ne  se 

tisaient  p.11  scrupule  Je  l'adultère,  contre  lequel 
yraf^oc  n'avjit  fait  aucune  loi,  et  l'écliange  de 
mari  n'éiait  pas  rare  enire  elles.  Epouses  iuGJéIcs , 
tn*s  élaienl  mères  peu  sensibles  ;  on  les  voyjit 
conduire  avec  joie  leurt  fils  aux  cuinliats  ,  rt 
apprendre  d'un  ceil  sec  qu'ilï  y  avaient  pi'rdii  la 
vie. 

Un  rfjirochc  (ju'uii  peut  faire  encore  i  l.yciir- 
fuCf  c'est  d'avoii'  fivorisé  l'oisiveté.  Il  laissa  Iuuj» 


58  ETCtrRcn! 

tes  irti  «t  toa*  Im  métién  aux  a  et  auf 

ëirangera ,  et  ne  tait  ^ntre  ht  »•■  cituyeiw 

3ue  ii  laoce  elle  bouclier;  bien  dillercnt  i-n  cr(t 
e  Socrate,  qai  peiuait  qu'il  n'y  avati  ni  art  nt 
■détier  qu'an  tiomme  libre  ne  pâl  et  at  àût  ArS 
en  état  d'eiercer  ,  afin  d«  sv  ménager  une  ret^ 
tource  àaat  le  malheur,  clont  W  |>lus  grandef 
foi  tunes  De  sont  pat  toujours  à  l'aliri. 

M^iia  Idadis  que  le*  Sfiarliak's  passaient  Icurv 
journées  dan*  un  loisir  perpétuel,  les  Unies,  t«unr 
esclaves ,  arrosaient  de  mir<i  snmrs ,  et  souvent  éa 
leur  sang  ,  la  terre  qu'ils  cul'ivâienl  pour  tes  Aat* 
Ires  détlaigiieiis  et  féroces.  Hien  en  efïet  nVgaté 
la  dureié  avec  laquelle  ils  irailainflt  ers  mallieu^ 
reui  ;  taniflt  ilsles  fory-ateoi  de  boiie  «tcc  «crt, 
et  1rs  menaient  en  ret  élal  dans  les  salW  où  l'oi 
mniigt-ali ,  pour  montier  s»x  j<-ihi.'s  )^pns  romliin 
l'ivivsfe  est  honteuse;  lauiAi  il^  les  fnrçjiieni  de 
.  chunier  dc^rhansons  obtenues  cl  irmriiitrr  Ja 
(Ianse4indéctHiIes,etleur  dcd  nii.iîpnt  tout  ce  que 
ces  amuspmeiis  ont  de  d.'ntK  l'I  d'hiinn^te  ( 
ponr  la  luo.ndic  faute  ils  lis  :ji  oM.iu-r>i  de  avtai 
Taistrdilemotis,  etsituventli  I' ilixiti.iii-Til  L  morb 
Mats  CM  qu'il  y  avait  de  plus  hnrrjliln  ,  l'éia'w  là 
loi  de  reuibuscade.  Les  gniivci  ikus  des  jviinea 
gens  eii\oyaieiit  de  temps  en  !<-ir>pi  les  vin»  iorta 
et  les  ptits  adroits ,  armés  ili'  ii'.if^ii.-inif  et  rhnr^ 
de  vivres,  à  la  chaise  des  lioii-q  ;  m  jeune*  g<^'i*) 
■edisneriant  chacun  de  leur  rfnv,  hq  r<'nait'iii  fcn* 
danl  le  jour  cachés  tranq1itllriii<;iii  ibni  de»  e^ 
droits  couverts,  et  n'en  kum  liiui  iju'.^  la  mm  pont 
se  répandre  dans  les  grande  .  K^  mins ,  cl  l'gorgdfl 

tous  les  Ilotes  qu'ils  rcnfcoi ni,  ^ 

riularque  cherche  i  jusLlitr  LyVurgiK?  de  cetU 
tévériié  barbare; mai*  il  n'eu  est  |>jx  moins  con^' 
tant  que  ses  îasti  tu  lions  ne  furetil  pai  sufGsanW 
pour  empêcher  ce  peuple  de  se  livrer  à  uM^ 
craauté  là  indigne,  ■  Tel  )      l  en  général ,  dit  «* 


LTCUBGI1E.  5^ 

k  «utenr  anglais ,  TeSprit.  des  inslitulions  de  Ly- 

curgue,  iTonl  le  but  gagrtait  l'estime  et  raditii* 

rai  ion  >le  toutes  les  nations  vuisines,  Les  Grecs, 

plus  faits  pour  être  «blouia  par  l'écUt  des  vcrtuS 

•  que  pour  en  senlir  l'utilité,  appréciêreat  d'à- 

*  pfès  ce  caracière  les  loi*  de  Ljcur^ue ,  calculées 
»  âg  mieux  |ioiir  fjire  plutiiL  un  peuple 'de  giier- 
■  riers  «^ue  des  sujets  heureux  ,  et  liubstiluer  lin- 
»  sensibilité  i  la  jouisiance.  Si  l'on  considère  .ivec 
»  les  lumières  Je  b  saine  pDlilî(|ue  relte  (ameiise 
»  LaréJrm<iiie,  on  n'y  verra  qu'une  a.irnison  de 
»  loldals  eiilrclenne  pur  un  grand  noiubre  de  serfs. 
-^  "»  guerre  eat  égali^ment  le  métier  de  l'un  et  de 

Iniri*,  et  souvent  ofTre  A  iiius  (kpjx  un  temps  de 
_jUch«  pourlesentrcice-^peiiilmsi'l  nionfUones 
4e  ta  garnison.  -  Eu  eltcl,  malgié  I  oisii-eté  dans 
libelle  TÎv.iient  les  Spartiates ,  personne  chez  eus 
'n'jvail  ta  libi^ilé  de  vivre  à  s<ui  f;ré;  ils  étaient  k 
toute  heure  de  la  journée  ra.is.mblés  sur  la  place 
publique  ,  préis  à  exécuter  les  ordres  de  lelirS 
chefs.  La  plus  grande  siinpliciié  devait  présider  à 
leur  roslumc,  romme  aux  rcnns  publics.  Pendant 
la  guene  la  discpLne  était  Uw„  moins  sôyt-u-  ;  on 
ne  les  eimièchail  plus  d'avoir  soin  de  leur  cin:ve- 
lure,  d^orner  leurs  liabiti  et  leurs  urines;  leurs 
exercices  étaient  plus  doux  da'is  les  camps  que 
dans  les  gymnases,  leur  genre  d^  vie  inoini  dur", 
leur  cunduiLe  moins  sujette  à  être  recherchée. 

Lycurgue,  tout  en   établissiini  un  goiivernA-» 
ment  roiliiaire  ,  pour  mettre  un  frein  àleur  e.-pîit 

Sjerrier ,  fit  nne  loi  par  laquelle  il  leur  défendait 
e  feire  toiig-temps  la  guerre  ju\  mi'mei  ennemis. 
Celle  défense  inierdis.iit  aux  Spartijles  tout  res- 
■i^ntiinent  durable  el  immodeie,  les  prêseï  vaii  du 
danger  d'instruire  l'crinemi  de  leur  discipline  ,  et 
de  celui  de  faire  des  conquêles  qui  auraient  cn- 
Moé  la  ruine  de  la  cunstiluiiun.  L'oiijei  priiiTtpat 
^c  Ugj^slaleur  n'avait  pas  Éiè  de  laùser  sa  ville  Cft 


4o  LYCURGUE. 

état  de  commander  aux  autres  ;  persuadé  que  It 
bonheur  d^un  état  est  le  fruit  de  la  vertu  et  de 
rharmonie  de  tous  ses  membres ,  il  la  régla  et  dur 
posa  de  manière  que  les  citoyens ,  toujours  libréi 
et  se  suffisant  à  eux-mêmes ,  se  maintinssent  aussi 
long-temps  qu'il  «erait  possible  dans  la  pratique 
de  la  vertu* 

Si  parmi  des  lois  pleines  de  sagesse  et  admira* 
blement  combinées  dans  leur  ensemble,  plusieuri 
institutions  de  Lycurgue  méritent  les  reproches  df 
rhistorien  ,  et  doivent  beaucoup  diminuer  de  Tad- 
^miration  superstitieuse  que  Ton  a  si  long-tempt 
professée  pour  sa  législation ,  on  oe  peut  s  empê- 
cher' d'ad mirera  grandeur  d'âme ,  son  amour 
pour  sa  patrie^^ii  ne  se  démentirent  jamais,  et  la 
douceur  de  son  caractère,  qui  forme  un  contraste 
bien  frappant  avec  Tesprit  de  plusieurs  des  éta- 
blissemens  qu'on  lui  attribue. 

Lorsqu'il  vit  bcs  principales  institutions  affer- 
mies par  un  assez  long  usage ,  et  que  la  forme  do 
|;ouvernement  avait  pris  assez  de  consistance  pour 

f)ouvoîr  se  maintenir  et  se  conserver  d'elle-même i 
e  premier  soin  de  Lycurgue  fut  de  leur  assurer 
un  pouvoir  inébranlable  :  (c  II  me  reste,  dit-il*  an 
»  peuple  assemblé,  à  vous  communiquer  Tartick 
»  le  plus  important  de  notre  législation  ;  mais  je 
»  veux  auparavant  consulter  l'oracle  de  Delphes, 
M  Faites  serment  que  jusqu'à  mon  retour  vous  ne 
»  toucherez  pas  aux  lois  établies.  »  Les'  rois  ,  les 
sénateurs ,  tous  les  citoyens^ prirent  les  dieux  à 
témoin  de  leur  parole.  (Jet  engagement  solennel 
'  devait  être  irrévocable  ,  car  son  dessein  était  de 
ne  plus  revoir  sa  patm. 

Arrivée  Delphes ,  il  voulut  sa  voir  si  les  nouvelles 
lois  suffisaient  pour  assurer  le  bonheur  des  Sgsr: 
tiates.  La  Pytlye  lui  ayant  répondu  que  Sparte  serpit 
la  f  lus  florissante  des  villes  tant  qu*lelie  se  ferail 
un  devoir  de  les  observer ,  Lycurgue  envoya  cet 


LYCDBGUE.  4' 

icle  i  Laridémone ,  et  finît  ses  jours  par  une 
}rt  volontaire,  persuadé,  dit  Plutarque,  que 
mort  d'un  homme  d'éiat  ne  doil  pas  élre  inu- 
;  à  la  république ,  ni  la  fin  de  sa  vie  oisive  ,  mats 
'elle  doil  meltre  le  sceau  à  ses  aciious  précé-. 
Dtes  t  et  porter  le  caractère  de  ses  vertus.  D'au- 
a  disent  qu'il  mourut  en  Crèie,  après  avoir  or- 
niié  que  soa  corps  fdl  brûlé  et  que  ses  cendres 
uent  jetées  aux  vents.  La  mort  de  ce  gnnd 
imme  ,  quelles  que  furent  les  circonstances  qui 
ecompjjg lièrent ,  iul  la  sanclion  de  ses  lois,  et 
ir  inarima  un  caractère  d'Iulorité  que  sa  vie  ne 
lUvJMeur  donner.  Les  Sparliates  regardèrent 
Ile  dernière  action  de  leur  législateur  comnie 
plus  glorieuse  de  loulcs  el  comme  la  plus  digne 
I  de  ses  services  ',  ils  lui  élevèrent  un  temple ,  et 
cernèrent  toujours  les  plus  grands  honneurs  i 
mémoire.  Dès-lors  il;  se  crurent  allacliés  par 
us  les  liens  de  la  reconnaissance  et  de  la  religion 
l'exacfe  observation  des  lois  qu  lis  avaient  juré 
i^arJer,  et  laTongne  durée  du  gouvernement 
ilili  par  Lycurgue  allesla  leur  persévérance  dans 
ite  resolution,  ^ 


42  S0i.OH. 

SOLON, 

].iGISLAT£UR   DES   ATHEN  I£ 


OOLON  vivait  environ  600  ans  avant 
Christ;  il  était  filscl^Exechestides ,  descend 
Codius.  Sa  jeunessefut  fort  orageuse,  et  mù 
çait  pa^ce  qu^il  devait  être  un  jour  ;  alM 
force  contre  ses  passions ,  il  ne  sut  pas  d^al 
défendre  des  séductions  de  la  beauté ,  et 
souvent  à  célébrer  ses  faiblesses  dans  ses  p 
Mais  sa  réputation  n^en  souffrit  pds  aux  ye 
Athéniens  :  nvecpluad^austérité  Solon  leur 
moins  agréable  ;  d'ailleurs  ils  ne  s'offensai 
de  quelques  désordres  dans  les  mœurs  pri^ 
n'exerçaient  leur  censure  que  siflh  les  mœi 
bliqu es,  qui  intéressaient  plus  imniédiaten 
patrie.         .Jj^ 

Fils  d'un||Pb  libéral  el  bienfaisant,  dou 
des  mêmes  Dfrtus,  Solon  se  voyait,  avec  un 
sancc  illustre,  possesseur  d'une  modique  f( 
Mais  si  les  Athéniens  étaient  curioux  de  le 
blesse,  ils  n'avaient  pas  la  faiblesse  de  croire 
homme  d'une  origme  illustre  ne  peut,  s 
dégrader ,  s^vir  l'état  par  le  commerce  ou  l 
trie  :  aussi  dolon  rétaulit-il  par  de^  snécu 
commerciales  sa  fortune  ,  altérée  par  io.s  li 
tés;  il  voyagea  en  négociant  et  en  sage ,  et  ra 
de  ses  courses  cfEBpi  était  bien  plus  préciei 
des  richesses ,  dérKnnaissai)ces  qu'on  ne  [ 
acauérir  JÉns  les  aller  chercher  au  loin. 

il  ne  s'applitqna  d'abord  à  la  noésie  (]uc  pa 
sèment  et  pour  charmer  ses  loisirs  1  ue  irait 


■n 


BUÎa  i]ue  lies  su)Gts  voluptueux  ou  fjadinj.  Dans 
la  suile  il  traila  en  vt^rs  toutes  les  malièrfs  île 
philosophie  etméine  d'hbtnire  ;  il  tiludia  princi- 
palement celte  partie  de  U  mbrale  c]ui  lr;iile 
île  ii  lolilique  ;  il  rulliva  très  -  superCdclIc- 
ment  la  physique.  Thaléi  était  alors  le  seul  qui 
tût  des  idées  précises  et  étendues  sur  la  théorie 
des  sciences^ 

Ledépdl  des  lumières  était  alors  entre  les  maina 
de  quelques  hommes  verlueux  connuAous  le  ticjin 
dejo^cs,  et  dislribués  en  divers  cantons  *de  U 
Grèce,  l^ur  principal*  étude  avait  pour  oli^t 
l'bnmme,  ce  qu'il  est.covju'il  doit  être,  comment 
H  tàul  l'instruire  et  le  gouverner.  Ils  recueillaient 
les  plus  importantes  vérités  de  la  morale,  et  le* 
nnfermaKOt  dans  des  maximes  claires  er  précises. 

■  Attends  la  (in  d'une  longue  vie  pour  la  juger,' 

*  dûail  Chilon  de  Sparte.  —  Veut-tu  régner  en 

*  sâretét  n'aie  d'autre  gar^e  quej'amour  de  le* 

•  sujets,  dîiaU rériandre.»  Un  autre dùutii  ;  oHicn 

>  de  tropi  —  Connais-toi  toi-mAmei,  'était 
une  maxime  de  Soion ,  inscrite ,  dil-un ,  au  Icmple 
lie  Delphes.  Il  notia  en  est  parvenu  d'autres  i\>-  lui 
qui  respirent  ta  plus  profonde  sagesse  :  "  L'égalHi 

■  o'eof^endre  point  Je  guerre.  —  C'est  un  beau 

■  séjour  que  la  tyrannie,  mais  il  n'a  point  d'issue. 

■  —  Un  inagislraldoit  se  régler  soi-iïitinc  a\.nil 

•  ii''eutrepre(ulrc  dérégler  les  autres. —  llnei.int 
\  point  donner  les  conseils  les  plus  agréaUt^ , 

>  mais  les  plus  avantageux.  " 

Liés  d'une  amitié  qui  ne  fut  jamais  alléiée  par 
leur  célébrité,  les  sept  sages  se  réunissaient  quel- 
guefois  dans  un  même  lieu  pour  se  cutnmu ni^ui-p 
bort  lumières  et  s'occuper  des  intérêts  de  l'humaT 
vêà.  Un  jour  entre  autres,  à  la  cour  del'értandre 
ds  Corinthe,  on  proposa  ia  question  de  t>avoir 
mel  était  le  gouvernement  populaire  ti?  plus  p.ii- 
MÏt.'Bîas  dit  :  0  Celui  ou  pusunue  u'uit  au-uei- 


44  SOLON. 

»  sus  des  lois.  »  —  Thaïes  dit  :  «  Celui  où  les  ci* 
»  toyens  ne  sont  ni  trop  riches  ni  trop  pauvres.  » 
—  Le  Scythe  Anacharsis  :  «  Celui  où  la  vertu  -est 
M  honorée  et  le  vict  en  horreur.  »  -—  Pittacut  : 
u  Celui  où  la  vertu  seule  conduit  aux  dignités,  et 
i>  jamais  la  bassesse.  »  —  Cléobulc  :  «  Celui  où 
»  les  citoyens  craignent  plus  le  blâii^  que  la  pu- 
w  nition...  » —  Chilon  :  «  Celuj  où  les  lois  Tem- 
»  portent  sur  les  orateurs.  »  — Enfin,  Selon  : 
«<  Celui  où9iniure  Ëilte  au  nnoindre  citoyen  inlé- 
»  resse  Télat.  »  JËtson  opinion  parut  du  plus  grand 
pdfids.  • 

La  modestie  de  ces  sages  était  égale  à  leurxné* 
rite  et  à  leur  réputation.  Un  trépied  qu^ Hélène 
avait  jadis  jeté  dans  la  mer ,  à  son  retour  de  Troiey 
pour  obéir  à  un  ancien  oracle,  tomba  dans  les  filelf 
de  pécheurs  de  Tîle  de  Cos ,  qui  avaient  vendu  d'a- 
vance à  des  MiléMens  ce  quUls  retireraient  de  Teau. 
Grande  contestation  pour  savoir  à  qui  appartien- 
drait le  trépied.  Déjà  les  villes  de  Cos  et  de  Milet, 
qui  croyaient  leur  nonneur  intéressé  dans  la  que- 
relle, étaient  prêtes  d'en  venir  aux  maÎM;  cepen- 
dant Ton  consulte  la  Pythie ,  qui  ordolm  de  por^ 
ter  le  trépied  au  plus  sage.  On  Tcnvoya  d'abord  k 
Thaïes;  fhalès  le  renVoya'Ji  Bias,  qui,  disait-il  |  [ 
était  plus  sage  que  lui;  Bias,  avec  la  même  mo- 
destie, le  fh  passer  à  un  autre,  et  après  avoir  élé 
successivement  envoyé  aux  sept  sages  «  le  tré- 
pied revint  une  seconde  fois  à  1  halès.  Enfin  j  ttfut 
porté  à  Delphes  et  consacré  à  Apollon. 

L'c.Mircvue  de  Sol  on  avec  Anacharsis  n'est  pas  ', 
moins  célèbre  que  cette  première  anecdote.  Scytht  •.' 
de  nation,  Anacharsis  était  venu  en  Grèce 0iot*j. 
cher  des  lumières,  et  y  avait  mérité  d'être  mis  «à  ;, 
nombre  des  sept  sages.  Arrivé  à  Athènes,  il  se  pv^i^ 
sente  chez  Solon,  et  s'annonce  comme  un  étraiiHi{ 
ger  qui  vient  s'unir  à  lui  par  les  liens  de  ramifié -i 
et  de  i  hospitalité.  «  Il  vaut  bien  mieux  faire  dié  \ 


SOL  ON,  45 

1  chez  so!  que  d'en  aller  chercher  ailleu/-! , 
litSolon. •>  —  «  Hé  bien,  re|>rit  Anacharsi'* 
que  vous  (5les  chez  vous,  Jàiles  donc  de  moi 
e  ami  el  voire  hôle.  »  So'oii ,  charmé  de  ta 
é  (te  celle  réponse,  lui  fir  l'accueil  tb  plus 
et  le  retini  quelques  jours  chez^ui.  Il  s  oc- 
déjà  de  l'administraliun  des  aiVaires  publi- 
t  commençait  à  rédiger  ses  lois.  Anacnarsii^ 
il  &l  pari  de  son  plan  de  législation,  lui 
a  celle  raillerie  spirituelle  :  "  Vos  lois,  dit-il, 
ni  comme  des  toiles  d'araignée  ;  elles  arrf  le- 
,  les  faibles  et  les  petits;  les  puissaos  ol  les  ri-* 
I  les  rompront  facilement  el  passeront  âtra- 
■  ■l-'événementne  justifia  ([ueftop  la  contée- 
Anacharsis.  Une  autre  fois, quece  philosopbtf' 
!sisté  à  une  assemblée  publique  ,  il  dit  à  |tor' 
Dans  les  délibérations  des  Aihéniensce  mm 
lages  qui  proposent,  el  les  Ions  qui  déci- 

}remière  aci'on  par  laquelle  Solon  signala 
Irëe  dans  la  carrièR  des  affaires  publiques 
priie  de  Salamini-.  Les  Atliéuii'Us  ,  fatigués 
guerre  mallieurRiise  qu'ils  so^iteoaîent  de- 
sng-lemps  contre  les  Mégarieos  pour  s'as- 
la   possession  de  cette  île,  avaient  défendu 

décret  t/iie  personne  ,  sous  peine  de  mortf 
r  proposer  une  expédition  centre  Salamine.  Ce 
IX  décret  indignait  Solon  et  lous  ceux  qui , 
e  lui,  chérissaient  l'honneur  de  leur  patrie; 
ttenuspar  la  crainte  de  la  loi,  tous  gardaient 
ice.  11  imagine  de  contrefaire  l'insensé  ,  et 
composé  en  secret  une  élégie  pour  animer 
ncitoyens  contre  les  Mégariens,  qui  leur 
t  enlevé  Salamine ,  il  court  sur  la  place  pu-- 

en  faisant  mille  extravagances,  et  dénîta 
èhëmence  la  pièce  qu'il  avait  composée.  Les 
iens  s'assemblent  autour  du  prétendu  in- 

l'enthousiasme  tlont  il  paraîi  pénétré,  les 


1 


46  s  O  L  O  K. 

nobles  sontimens  qui  avaient  inspiré  ses  chants  pas-' 
sont  dans  le  cœur  des  assistaiis.  risislrate,  proche 
parent  de  Solon  ,  ose  alors  prendre  la  parolç,  el 
pardon  éloc)^encc  il  excite  encore  davantage  Ta^ 
deur  martiale  que  Solon  avait  allumée  par  aies  vert* 
La  guerre  (^)iitre  les  Mégariens  fut  résolue  ;  Selon 
et  risislrate  furent  nommés  chefs  derexpédilioQ, 
qui,  se  terminant  bientôt  à  Tavanlage  diAthèneS) 
lui  assura  pour  jamais  la  possession  de  Tila  de  Sa* 
lamine. 

Ce  succès  et  d^autrcs  preuves  que  Solon  donna 
encorevfle  son  courage  et  de  sa  prudence  lui  ac« 
quireut  beaucoup  de  considération  et  lui  gagné* 
rent^la  confiance  de  ses  concitoyens.  Âthènea,  grl^ 
ces  à  lui,  était  tranq^uille  au-dcnors;  mais  an^de* 
dans  elle  était  agitée  de  dissensions  sans  cessera- 
naissantes.Lc  peuple,ac.cablé  de  dettes  et  de  miserai 
désirait  se  faire  de  ce  sage  un  reihpart  contre  les  vexa- 
tions des  riches,  ^Irce  qu^il  était  homme  de  bien; 
les  grands,  dans  leurs  discussion!  avec  la  multitudef  i 
ne  demandaient  pas  mieux  que  de  s^en  rapporter 
à  lui  pour  les  terminer  ,  parce ^u'il  était  ricbi 
comme  eux.  Las  d^une  liberté  dont  ils  ne  savaient 
pas  faire  usage,  tous  auraient  volontiers  sacrifiéci 
dangereut  avantage.  La  conjoncture  eût  été  bien 
fivorable  à  Solon  pour  s'élever  à  la  royauté  ;  déj| 
même  ou  la  lui  avait  offerte  ;  mais  Solon  ne  vaut  ^ 
lut  commander  à  sa  patrie  qu£  par  la  forqe  de  Itj 
persuasion;  il  eccenta  seulement,  avec  la  charge  dfj 
premier  archonte ,  la  fonction  respectable  de  doer^ 
her  des  lois  à  ses  concitoyens. 

Il  laissa  subsister  tout  ce  qui  lui  parut  au[ 
table  dans  le  régime  qu'il  voulait  corriger. 
voulut  pas  trancher  dans  le  vif  et  appliquer  laeli 
propos  des  remèdes  violent,  de  peur.  île -rem 
tout  TédiËce  de  Tétat  s'il   osait  râ>ranler 
toutes  ses  parties ,  et  de  ne  pouvoir  plusconsti 
un  édiûce  régulier  quand  il  ne  lut  resterait 


:  soj.  (IN.  47 

hn*  matériaux  (jiie  iIm  ili'comlirp.s.  Il  ne  êf  prr- 
m  ijue  liur  clinijj>('nifiM  i|u'il  cru!  pouvoir  taira 
UiittT  par  f^triussion ,  on  recevoir  d'autorité,  en 
MMai  la  force  k  la  jusiice.  Aussi  Jisail  il,  apréa 
il^fUbli  sa  lé^isljiiDn  :  "  J'ai  donné  aiixAlhé- 
rlHeiis  n'in  |ps  meilleures  lois ,  mais  li^3  meilltu- 
l>»«  ((ii'iis  puisseni  ifcevoir.  " 
fLr*  piiivrrsdcil>an<)aient  i  grands  cris  le  par* 
^  ilea  lerresi  mais  il  trompa  leur  atlente.  Il  sen- 


c  déjà  subsi: 


p  fjuc  !*£  parlaee  ne  pourrait  Vnpi 
it  de  Ions  li;s  droilg  de  propriéic  d 
lqu'éi;ibli  par  la  vinleiice  il  ne  nourrail  subd»- 
■  que  par  de>«ioyeiis  forcés.  Mais  si  le  léeisla- 
pr  ne  nut  latiiifiiire  enii^remcnl  la  classe  malhuu- 
pM,  il  all^gfa  dtuinoin3'3on  sort  en  Aolis^anl 
I  dcllei:  les  paires  s'appai^^rent;  les  riches, 
nt  les  pauvres  avaient  menacé  les  propriétés ,  se 
psoUreiit  île  ne  perdre  '(iic  leuffB  créances  ;  ni  lei 
k-iii  les  outres  ne  se  simlevèrent.  Si  cette  loi  de- 
nyftir*  tionneur  i  Solon  comme  législalenr-, 
%hA  cm  fit  encore ^plus  ronune  pailiculier,  car 

loi  qti'ilavaii  pfiir'p  lui  imp>isa  Volilifi.ilinn  de 
re  la  remise  de  summes  lorl  considéraliles  qu4 
F  êiaient  dues. 
En  abolissant  les  delhu  présentes,  il  s'dfcupa 

•elle*  ()«i  pourraienv^lre  coniraciées  par  la 
ifc;i)  a^snra  pour  l'avi^nir  la  libcrlé  du  pauvre, 

défendant  la  rnnlraiute  yar  corps  contre  le  dé- 
eur  insolvable. 

L'abolition  des  lois  de  Dracon  fut  une  des  pré- 
fères'choses  dont  s'uecupa  Solon  ;  il  en  con- 
nra  «eolemcnilesdispijisitions  qui  regardaient  les 
NiMriers.  Homme  ^^ige  cl  d'une  vertu  austère, 
Ea^Ule  d'indulgence  pour  les  faiblesses  de  l'Iiur 
NMé,  l'archonte  Uracoti  n'avait  su  meUre  au-' 
■M  gradation  entre  les  différons  délits;  ses  lois 
1  prononçaient  pour  Ions  qit'ttiie  seule  ^i  mi^nie 
we  ,   la  mort.  AusN  l'uraleur  Dcmade  disait-il 


48  80L0K.  \ 

avec  rnîson  que  Dracon  avait  écrit  aes  lob  noa 
avec  de  Tencre,  mais  avec  du  sang.  Quand  onde*  \ 
mandait  raison  à  ce  législateur  delà  rigueur  deMf  i 
lois  il  i:épondail  :   «  J^ai  cru  que  les  moindres 
>»  failles  méritaient  la  mort,  et  je  n'ai  pas  trouvé 
»  d^autre  peine  pour  les  plus  graves.  » 

Solon  s  appliqua  ensuite  à  réclcr  les  emplois  y 
les  charges  et  la  magistrature,  qii  il  réunit  dans  les 
mains  des  riches.  Il  distribua  ceux-ci  en  trois  clas- 
ses ,  selon  leurs  revenus;  tout  le  reste  des  d- 
loyens  composa  une  quatrième  et  dernière  cltM^,. 
Ceux  qui  la  composaient  ne  pouvaient  posséder 
aucune  charge  de  Vétat;  mais  afljl  de  les  dédom^ 
mager  de  cette  exclusion  ,  il  accorda  et  chaque  ci- 
toyen ei^particulier  le  priviléige  de  voter  dans  Fas^ 
semblée  générale  de  la  répumique.  Ce  droit  i  qui 
lui  parut  d'abord  sans  conséquence *,  devint  dam 
la  suite  fort  dan§rreux ,  car  les  lois  d'Athènes  p^' 
mettant  d'appeler  des  jugemeos  des  magistrats  dtr  : 
vant  le  peuple,  toutes  les  causes  de  quelque  impsCir 
lance  finissaient  par  être  soumises  à  sa  décision*  •.. 

Pour  contrebalancer  l'influence  delà  moltîtildbi- 
Solon  imprima  une  grande  prépondérance  kVJke 
réopage ,  dont  les  sentences  n'étaient  point  saj""^ 
à  l'aÀpei  au  peuple.  Cej^i tique  tribunal  ^  6$ 
parait  que  Solon  fut  le^mlaurateur,  avak.«lM||r' 
fois^  selon  Topinion  des  Athéniens,  )ugéei*ai 
le  dieu  Mars.  Les  causes  du  meurtre  ëtakol 
temps  immémorial,  affectées  k  l'Âtéopagjtf:.! 
((isbteur  en  multiplia  les  attributions,  «Lié. 
|;ea  de  veiller  au  maintien  des  lois  et  des» 
il  institua  aussi  un  second  conseîl,cûiD| 
Ire  cents  membres,  dans  lequel  on  àiii 
iaires  avant  de  les  porter  à  rassemblée  _ 
*■    Après  avoir  établi  ces  premières,  bises  « 
€00  t.tutioui  Solon  s'occupa  de réglq|neiis> 
cuUcrs.  L'un -des  plus  remarquables  iBSt  sanil 
tredit  cette  loi  qui  ordonnait  qu^aucnn  cilojcîi^l 


£ 


SOLON.  f^^ 

iTslSr  nmlrr  Janslfs  leinp?  de  firtioTt:  rfL^mn!-' 
»  lïtiilÎAn  dpmncraiiqiic, 'dii  un  auteur  itiorl^-ine," 

■  reudait  peul-èrre  cette  loi  nécessairp.  Tl  RtM(  aïî^ 
de  prévoir  qup  les  irouliles  seraient  fréqued* 
dans  une  ré|iobllqfie  où  le  peuple  «iiraii  tant 
d'occasion*  ei  tie  moyens  de  S'agiier  ;  et'dan^ 
Ii's  divisions  iotfsttnes  les  liotinfie!  gens'  sont 
portés  à  se  irnir  h  t'éirarl  ;  indignéa  corllre  le» 

de  leur  résister  :  ils  ne  senicnl  pas  combien  leur 
absence  donne  de  force  sus  iuiri^iies  îles  ci- 

■  toyenï  lorbulens.  Le  législateur,  en  leur  inlerdi- 

*  sant  la  neuirjlilé,  les  opposait  ccinTne*;ne  digue 
k  la   fougue  des  citoyens  ma!  iolenlionnés  ou 

•  Irompés.  B 

L'uïage  de  doter  les  Jeunes  niaiiées  fut  aboli; 
IVpoose  ne  d'ev.iil  apporter  h  son  ni.iri  que  des 
tBels  de  peu  de  vaiéur.  Le  but  de  celte  loi  était 
(Pemp^clitr  ijo'on  ne  fît  du  mariape  un  traficï 
Solon  le- crrtiidéiait  cotame  un  lied  honorable 
formé  pour  le  bonlu^ur  des  deux  épôHx  él  l'avan-' 

Sa  loi  sur  Iti  ic^Iameiis  Hil  iorl  estimée.  Jusqutf 
iTors  il  n'aciit  |  as  tic  permis  aux  Alhéûicns  de 
tester;  tous  les  Iiicns  du  mourant  d  i aient  npparj 
l'feBi'r  à  SCS  héiiliers  naturels.  Solon,  qui  pr.'ii'iait 
râWTtiè  à  la  pcrenlé,  la  liberté  du  cholï  .1  t.i  run- 
fîimte,  voiilui  [juecbacun  filllibre  de  liis'irr  sa 
Etrluneà  qui  il  Tondrait.  Ainsi  les  luends  ré  "pro- 
^^es'qui  unÎJisciit  les  iières  à  leurs  en'ans  s?  rts- 
imWent  et  s'affermirentdavanlage,en  confirmniH 
ft«orîté  légitime  des  uns  et  Ij  subordination  nâ- 
Wttllti'dcs  autres. 

L'A-réopage  était  cliarge  du  soiri  d'examiner  la 
Sanïère  de  vivre  de  chaque  particulier,  el  de  punir 
loiis  ceux  qui  passaienl  Irur  ïie  dans  l'iiisiveté.  On 
te^ardail  les  gens  sans  occupation  co:u  rn'  des  es- 
phlS  lùrhulens,  dangereux,  arUcns  pour  les  uout 

Tome  I,  5 


1 

So,  •      '5OL0II, 

veaaUs,  iàm  l'etpoir  d'établir  tune  «nt 

dopent  de  ViUU  A&a  de  rré'  inconv^: 

nient,  un  ffls  n^éUU  pai  ol  lige  tic  subvenir  aux 
besoins  de  •on  père  dans  l'indieeore  ou  dam 
un  Ige  avancé ,  ù  cdoi-cL  avail  négtigé  de  lui  don* 
ner  un  métier  dû  nne  occupation  quelconaue. 
'Soloa  ne  fil  point  de  loi  co  tre.  le  [urricîde  ;  il  nt 
pouvait  supposer  la  po  é  d'un  pareil  crime. 

Si  le  sjitème général  ae  léf;islalion  n'étallpat 
Inui  firappàat  «fans  son  cnsemlile  que  celui  et 
I^urgue,  ilnelaisHpas  de  solisistcr  encore  long- 
temps  ,  et  sembla  acquérir  un-  nntiveau  degré  de 
force  dans  son  exécutioii,  Les  lois  cÏTilea  et  cflnt- 
nelles  du  lëgiiUteurd'Alhènes  furent  touinurs  re- 
gardées comme  des  orarles  par  les  Alnémens, 
comme  des  modèles  pour  les  autres  peuples.  Plu* 
sieura  étab  de  la  Grèce  s'empressèrent  de  les  adop- 
ter. Les  Romaïas ,  fàtigui's  de  leurs  divisions ,  les 
ont  appelées  i  leur  secours  ;  Ils  les  respeclèrenl 
long-temps  ,  et  Justinien  put  en  consigner  en- 
core quelques-unes  dans  ces  codes  immorlels  qui 
ont  servi  de  base  à  la  plupart  des  légisIaiioiK  mo- 
dernes. 

Solon ,  pour  ne  pas  révolter  le  caractère  indé- 
pendant des  Athéniens  par  la  perspeciive  d'un 
|l)UK  étemel,  n'eiieea  l' observation  de  ses  lois  que 
pendant  un  siècle. ^prés  que  les  sénateurs,  les  ar- 
chontes et  le  peuple  aV  furent  engagés  par  ser- 
ment ,et  que  sa  l^ialation  eut  été  rendue  publîquti 
il  s'éloigna  d'Athènes  pour  se  soustraire  aus  tjut»- 
tioni  importunes ,  a^s  ciiiiques  des  uns ,  aux  em- 

Sortemens  des  autres.  Il  savait  Iron  ,  comme  il  U 
isait  souvent  lui-^bâcoe,  tju'il  estthfiicile  de  plaire 
i  tout  le  mond^ 

U  alla  d'abord  en  Egj'pte  ,  et  y  jrrquenu  lu 
pTlitres,  oui  passaient  pour  être  en  possession  dei 
annales  au  tAoode.  Un  jnur  qu'il  étalait  It  teuri 
yeuxlesincieniKiliiidilUinsde  U  Grèce,  a  ^-'— 


SOLON.  âl 

B  Soinn,  dit  gravement  un  de  ces  prêtres ,  voui 
»  autres  Grecs  vous  Ères  bien  jeunes;  le  Irmp» 
»  n'a  pas  encore  blanchi  vos  conn^iss.inccs.  >•  En 
CrHe  d  inslruisît  dans  l'art  de  TÔgner  le  souve- 
rain d'un  petit  canton,  nui  signala  sa  reconnais- 
lance  en  donnant  k  sa  ville  le  nom  de  Salon. 

Le  législateur  d'Allièitcs  alla  aussi  à  la  cour 
de  Crésus,  roi  de  J.yJie.  Le  prince  s'ofTrit  à  s» 
yeux  dans  louL  l'éclal  de  la  royauté,  couvert  des 
habits  les  plui  magnifuiues.  Sulun  parut  peu  sur- 
pris lie  ce  faste,  quoique  nouveau  pour  lui.  l'our 
vaincre  son  inJifiéreiice  philosophique,  Ciésus  or- 
donna (]u'on  étalât  devant  lui  tous  ses  immenses 
trésors.  Quand  Solon  les  eut  vus  cl  suffisamment 
considérés,  le  roi  lui  demanda  s'il  avait  connu 
quelqu'un  de  plus  lieureiix  que  lui:nOui,  prince, 

•  dit  Solon  ;  c'est  Tl-Uus  ,  J' Athènes ,  homme  de 

•  bien,  qui  après  avoir  vécu  honoré  dans  une  ville 
"  florissante,  et  élevé  des  enfans  beaux  cl  vertueux, 
M  «terminé  ses  jours  d'une  manière  éclatante,. en 

•  combattant  pour  la  pairie.  «  Crésus,  élonnë  que 
le  philosojihe  ne  comptât  pour  rien  ses  richesses*, 
mais  ne  Jéïcs]iérjnl  pns  d'oblenir  la  sivooile  place, 
lui  demanda  î  qui  il  l'assignai)  :  <•  A  Cléobis  et  Bi- 
a  ton,  d'Ar^os,  deux  frères  modèles  accomplis 
»  d'amour  fr^ilornel  et  de  tendresse  filiale.  Un  ji.ur 
»  de  fête  la  prêtresse  leurmciedevaitaller  au  Lemi'le 
■•  de  Junon;  comme  on  lardait  à  lui  amunr  ses 
»   bœufs,  ils  M'  mirent  eux  mômes  au  joug,  el  Irat- 

■  nérenl  lecliarUe  leur  mère  pt-ndant  pièsdedcux 

■  heures.  Tous  les  assistans.  ra-isembléa  autour  de 
»  ces  deux  jeunes  gens,  louaient  leur  bon  ns- 
»   turel,  el   lélirilaienl  la  prêtresse  d'avoir  de  tel* 

■  enfans.    Celle-ci,  comblée    de  jojc ,    pénétrée 

■  d'^Uendrissemeni,  |iria  la   déesse  d'accorder  à 

•  tesTils  le  plus  grand  bonheur  que  pOt  obtenir 

■  un  mortel.  Cette  prière  achevée  ,  Cléobis  et 
"  Biloa  ■'eudoroiiient  du  plus  doux  sommeil 

S* 


52  SOl.O  K. 

9  (lins  le  ternplc  ,  et  no.  se  r<^vcillèrent  pins. 
»  Pour  honorer  leur  piété,  la  ville  d'Argos  leur 
»  consacra  des  statues  dans  le  temple  de  Del- 
»  plies. M  — «  Hé  quoi!  reprit  Crésus mécontent ^ 
M  VOUS  ne  me  comptez  donc  pas  au  nombre  det 
»  heureux?  »  — Solon,  qui  ne  voulait  ni  le  flatter 
yr.  ni  Taigrir  davantage,  répondit  :  «  I^  philosophie 
j»  dos  Grecs,  simple  et  hardie,  quoique  sans  faste 
»  et  sans  ostentation,  est  pou  propre  à  la  couf 
»  des  rois.  En  nous  faisant  voir  la  vie  humaine 
»  agitée  par  des  vicissitudes  continuelles,  elle  ne 
M  nous  permet  ni  de  nous  enorgueillir  des  biens 
M  que  nous  possédons ,  ni  d^admirer  dans  les  au* 
»  très  une  félicité  que  le  temps  peut  détruire. 
X  Chaque  jour  amène  pour  nous  des  évél1^mcns 
n  nouveaux  et  imprévus.  (]elui  à  (]ui  les  dieux  ont 
M  accordé  jusqu^à  la  fin  de  sa  vie  une  prospérité 
M  constante  e^t  le  seul  que  nous  estimons  heu*» 
>i  reux  ;  mais  pour  Thomme  dont  la  carrière  n'est 
n  pas  achevée,  et  qui  dès  lors  est  exposé  à  tous  les 
»  malheurs  de  la  vie ,  son  bonheur  est  aussi  in- 
M*  certain  que  la  victoire  Test  pour  Tathlète  qui 
i)  combat  encore  et  que  le  hér.iut  n'a  pas  proclamé 
M  vainqueur.  »  Ces  paroles,  dont  la  vérité  ne  de^ 
vait  que  trop  tAt  se  vérifier  à  iVgnrd  deCrésilSy 
ne  firent  que  Tindisposer  encore  plus  contre  Solon, 

3 ni,    voyant  que  sa  fianchise    républicaine  était 
éplacée  à  la  cour  de  Sardes,  ne  tarda  pas  àquit-^ 
1er  la  Lydie. 

Esope ,  si  célèbre  par  ses  fables ,  se  trouvait  alortf 
auprès  de  Ciésus  ,  et  en  était  traité  favorable^ 
ment.  EAché  du  mauvais  accueil  que Solon  enaVfeif 
reçu,  il  lui  dit  par  forme  (Favis  :  <«  11  faut  ou  tié 
»  point  approclier  des  rois,  ou  ne  leur  f aîr6  en' 
M  tendre  que  des  choses  agréables.  »•*<*•«  Dittfteilu-*! 
»  tôt,  répondit  Solon,  quMl  faut  ou  ne  les  pomf 
»  approcher  ,  ou  ne  leur  dire  que  tles  cnoseiT 
u  utiles.  »  Le- mot  d'l£sop&  était  â^un* court iftaHa;* 
celui  de' Selon  d'uu  homme  libre. 


taleiis ,  il  s'élait  rciiv'u  célèbre  par  les  vic- 
î  (ju'il  avait  rcni|)tK  !écs  sur  les  Mégariens, 
c,  insinuant,  on  le  voyait  loujours  prêta  se- 
r  le  faible,  à  épouser  sa  ^use;  sage  cl  mo- 
envers  ses  ennemis ,  mais  ])Ossëtlant  à  f<>Djd 
de  la  (lissiniulilion,  il  aurait,,  comme  Soloit 
i  disait  à  kii-iuem<i,  pp  séJé  Iputes  les  vci^ 
'il  avait  :pu  déraciner  de  s^*n  âme  c>».lte  am- 
n  démesurée  dont  il  éiait  dévore.  Il  se  dé- 
ii  en  apparenre  le  défenseur  de  l'égalité ,  le 
icteur  des  lois  éi«iblies,  et  Tennemi  de  toute 
t^atiOQ ,  tandis  qu'il  ne  cberchail  en  elTet  qu'à 
*r  une  rëvdluiion  dans  U  république ,  et  k  éta- 
lon autorité  au  mépris  des  lois  et  de  Tégalité. 
luititude,  trompée  par  ces  fyus.  dehors,  se- 
ait  avec  zèle  les  vues  de  Fisisirale.,  et,  san$ 
liner  les  motifs  de  sa  conduite,  elle  se  Jais* 
londuire  aveuglément  vers  la  tyrannie, 
sistrate  était  à  la  veille  de  voir  réussir  sespro-^ 
irnbitieux  ;  le  retour  de  Solon  fut  pour  lui  un 
»ux  contretemps.  ïl  n'ignorait  pas  que  le  légis- 
r  pénétrait  ses  desseins  ,  qu'il  allait  s'y  ôp- 
r.  il  usa  d'abord  de  toutes  sortes  d'arlificeg 

Im  rorlior  nu  il    icr-^ifaii    n  ii  rA\rantr»  •   maie,    n*» 


54  SOLOU. 

tures  légères  qu^il  s^était  faites  lui-même  y 

mande  à  haute  voix  justice  comme  un  l 

qui  venait  d'échapper  au  fer  de  ses  ennen 

n'avait,  dit-il ,  attenté  à  ses  jours  que  pour 

nir  d'avoir  embrassé  la  défense  du  fSeuple  < 

démocratie  ;  il  demande  des  gardes  pour 

reté  de  sa  personne ,  et  finit  par  en  oblenii 

gré  les  efforts  de  Solon  pour  détromper  le 

xriens  sur  ses  desseins  ambitieux.  Bientôt  i 

s'empare  de  la  citadelle.  Solon,  malgré  sob  e 

vieirfesse^et  l'indiflÈrence  générale,  se  ren 

core  sur  la  place  publique,  et,   reprochai 

force  aux  Athéniens  leur  imprudence  et 

cheté ,  il  les  pressait  vivement  de  ne  pas  ab 

ner  la  cause  de  la  liberté  :  «  Avant  ce  jou 

»  disait-il,  il  vous  eût  été  facile  de  réprima 

»  rannie  naissante;  maintenant,  qu'elle  est 

>•  il  sera  plus  grand  et  plus  glorieux  de  la  dé 

MaiSj  yoydnt  que  la  frayeur  avait  saisi  tou: 

prits  et  que  Ton  était^sourd  à  ses  exhortati 

rentra  chez  lui  ^  prit  ses  armes,  et  les  posa 

me,  devant  sa  pone,  en  disant  :  «  J'ai  < 

»  autant  ou'il  était  possible  la  patrie  et  lej 

Depuis  il  abandonna  les  affaires.  Ses  amis  I 

seiliaient  de  prendre  la  fuite  ;  mais  Solon  ne 

pas  les  écouter  :  comme  on  lui  demandai 

pouvait  lui  donner  tant  de  confiance  ,  «  B 

9>  lesse,  »  répondit-il. 

Cependant  Pisistrate ,  après  avoir  tout  s 
eût  regardé  sa  conquête  comme  imparf 
n'eût  point  fait  ceUe  de  Solon.  Bien  instrui 
ductions  auxquelles  un  vieillard  résiste  rai 
il  lui  donna  tant  de  marques  de  considéra 
l'appela  si  souvent  auprès  de  sa  personne , 
ce  législateur  devint  sou  conseil.  Il  est  ^ 
Pisistrate  maintenait  la  plupart*  des.insi 
de  Solon ,  et  qu'il  était  le  premier  à  les  o 
C'est  à  lui  que  les  Athéniens  durent  cette] 


SOLOK.  55 

faisante  qui  ordounatt  que  les  citoyens  inuliles  à 
U  gaerre  fussent  nourris  aui  dépens  de  l'état. 

Solan  ne  survécut  qu'environ  deux  ans  k  la  perte 
k  ia  liberté  de  sa  pairie;  il  mourut  dans  l'!l«  de 
Ch)^re ,  âgé  de  qnaire-vingts  ans,  admiré,  regretté 
de  la  Grèce  entière.  Solon  joignait  plusieurs  ta» 
lens  au  mérite  de  législateur.  Iffut  si  grand  ora- 
teur ,  que  Dicéron  fait  remonter  à  lui  l'origine  de 
l'éloquence  dans  AthËnes  ;  ilfut  doué  d'un  si  beu- 
rmx  génie  peur  la  poésie ,  que  Platon  prétend  que 
l'il  eût  été  libre  de  s'y  livrer  tout  entier  il  eût 
fnil-êtce  partagé  la  glou-e  d'Homère  et  d'Hésiode. 


;5Ç  MlIiTIADR. 

MILTUDE, 

GÉNÉRAL     ATUEN  1  tN. 


IJ  HE  antique  e\  glorieuse  origine,  des  4al 

périeurs  relevés  par  une  rare  modestie  re 

IMlilriade  Fun  des  citoyens  les  plus  recom: 

blés  d'Atliènes,  long-lernpsavnnlqiKfia  jou 

Maraiîirtn  lui  eût  acquis  une  gloire  iminorl 

vers  Tan  .%o  avant  J.-C,  il  était  fils  puîné 

mon ,  noble  Athénien  ,  .Vieul  de  Tillustre  < 

dont  nous  tracerons  aussi  la  vie  glorieuse.  S 

avait  un  frère  utérin,  nommé  aussi  Miltiat 

souffrant    impatiemment  le   pouvoir  des 

de  Pisistrate ,  avait  été  s'établir  avec  une 

dans  la  Chersonnêse  de  Thrace  ,  où  il  ( 

pelé  par  les  habilans  pour  y  être  roi   oi 

Stéfagore ,  fils  aîné  de  Cimon  ,  y  régna 

Après  sa  mort ,  les  enfans  de  Pisistrate  , 

d'Athènes  ,  lui  donnèrent  pour  succcss 

frère  Miltiade  ,  qui  est  celui  dont  nous  ] 

mais.ce  fut  moins  à  sa  naissance  qu'à  so 

que  Miltiade  avait  dû  cette  distinction.  C- 

nombre  des  nouveaux  colons  qui  devait 

s'établir  en  Chersonnêse  était  fort  consi 

et  qu'il  fallait  en  outre  combattre  les  Thra 

avaient  profité  de  la  mort  de   Stéfagore 

rendre  maîtres  de  celte  contrée,  le  choix 

néral  avait  paru  assez  important  pour  qi 

rapportât  à  la  décision  uc  l'oracle  de  1 

Mdtiade  fut  désigné  par  la  pythie ,  qui  p 

ce  choix  assurerait  le  succès  de  l'enirepri; 

,   Miltiade  s'embarqua  donc  pour  la  ( 


Htbtt&P-K.  'S-j 

nhe ,  i  b  têfc  d'uni-  Iroopu  d'ciitc.  Ariivc  snr  U 
«4l(  Je  Lemnos,  il  vtiilui  soiimeKre  co'le  ilr  à  la 
domina tiiiu  des  Allu-iiieni.  Il  Cn  sutnitifr  k'a  Imlii- 
t>ii«  <lt^  SL-  r&ndre  sam  ré^i^i.iMr.i- ;  riisi^  iU  lui  ré- 
piidtjireat  par  dérision  lu'iU  li'.  fiTaiciil  lorsnn'il 
wra!t  veau  de  son  pays  à  Wivnos  avec  l'Ai|uilan: 
ilïMvaieiU  ({ueqevedt.  qui  «Vl^vt^  du  scpIvnIrtoH, 
jlutl  coiitriiire  au«  v.it5Se3"X3tlt^ffii-nx  r^wi  (iiM  licnt 
rnmcvrrs  leurîli?.  Wjliiadc,  u'^y^iit  jui  le  loisir  de 
l'srréler.  on  plulfil  ne  voulniil  pas  mijner  de  di- 
ntiauer  le*  forces  cjui  iiii  l'iuiml  llPl^^•'^^,lllr^  pnitr 
tointHltre  les  Thraccs  ,  ['niiiiniu  ts.  rnutn,  uipn 
.fiiolu  de  puoir  qiiei<ja«  jour  l'iiKolnDcc  do* 
i^.iau'ieas.  .  , 

Ani>C  Cl  Chwsmnàse  ,  il  dhii  on  peu  Je  tenvps 
le»  liarltarrs  ,  s'empara  de  tuul  U^a^j,  el  liSlit 
dm  furis  dam  les  lieux  av.inlageux.  Lzi  mitUi'uJe 
^ui  i'avail  acrompagné  s'élaliUl  Jms  ivt  camp- 
(oes,  et  les  feiùlisa  par  son  inJuslrie.  Milliade  le 
fit Jiifintjil  i  )«  léteid^uRCi  colonie  fionuaate  ;  il  ea 
rc^la  le  ^oovernenKKt  •paj'  les  plus  ^wiifs  lois ,  et 
rwolut  de  le  fixer  dans  ce  [.ays.  U  se  fit  un  mile 
allié  d'Olorus,  l'un  dfs  Mas"  puissans  rois  de  la 
ITirace,  qui  lui  donna  sa  fiilc  llrges^le  en  ma- 
■ûge.  De  celle  union  na.juit  llimon,  qui  devait  être 
1ID  jniir  l'un  des  plus  gi^nds  hommes  d'Alhénes. 
Miltiade  jouissait  p.irmi  les  colons  de  l'auloriié 
tayaie  ,  sans  avoir  le  litre  de  roi  ;  son  élêvatioa 
a'^'ail  pas  fondée  sur  la  violence,  itt^iis  Ihr  l'é- 
t|uité  de  son  gnuvcrnemcrit  :  d'ailletir-s ,  toujours 
fidèle  aux  iiitén'-ls  des  Athéniens ,  U  eUit  niainleiiti 
dattl  te  souverain  pouvoir  autani  par  eenx  ({'li  I  a- 
nient  en^yé  que  par  (eux  ;i  rjui  U  cfiiTiiti.iLiilaJf. 

Des  ijiic  les  forces  ile  la  roliriii'  pun'itl  lui  per- 
mettre de  tenter  qurlipic  cx;iedi(i<>ii  au  deiior-,  d 
ne  tarda  pas  à  doniiri  à  Ailleurs  une  itlmv  c  eii.i- 
lante  d.-  son  allacheT..enl.  11  se  p;eseoM  d«'v.int 
Lemnos  ,  cl  c.i^ea  dw  iiabiu.u  q^ids  lui  U>raï. 


56  HILTIA 

tent  leur  rille.  mIod  leor  prai  ,   iuItt|ti*Ui  ■ 

■'fuient  obltgff  de  «e  rendre  i  liu  r|       1  le  rent  ■ 

du  Tiord  Viurait  porté  de  aon  j>ayi  vt-n  \e  leur.  I 

Lr9  Carieil ,  alori   tnittm  de  l^iininoi         -     '' 

d'e  lûn  arrirée  'lubite  ,  n'osèrent  se  d<-f 

•onir  de  l'tle;  non  qu'ils  iV  crussent  cn^i(|ds  paU 

leur  parole  ,  maù  parce  qu  ili  ^micnt  ^ptiuvaiillL 

i»  la  lup^rîorin  '  dri   ennemù.   Ce  fut  avi-r  1^1 

mhne  bonheur  et  presque  avec  l.i  mArno  faiilitil 

que  Miltiade  loumU  toutes  les  tUs  Cyrladci.  1 

Vers  celte  époque  Darius,  roi  tien  Pcisea.  \ 
entra  en  Europe  pour  atlaqMer  Ici  Siyilieii  itj 
passa  l'Ister  sur  on  pont  de  bateaux  qu'il  avuit  fat* 
construire  ;  maïs  comme  il  vit  qu'il  serait  obli 
de  délanh^  de  aei  troupes  un  corps  considérai 
poar  le  earder ,  craigniot  d'aftiiblii-  son  armée'i, 
il  avait  dessein  de  le  rompre.  Un  J»  ses  oOiciera 
lui  représenta  qu'il  était  pmdfint  de  se  réserva 
cette  voie  de  retraite  en  cai  de  quelque  accident 
ficheux  !  Diriiu  approuva  cal  avis,  cl  confia  U 
farde  du  pont  aux  chefs  des  Ioniens  cl  des  £»lieni 
oui  l'avaient  suivi,  avec  rmiaiion  de  ri-inurner 
cbex  eux  au  bout  de  deux  lîa  s'ils  no  le  voyaient 
pas  revenir. 

Conune  aucàn  molîf  de  rinlilé  n'avntl  encore; 
Maté  entre  la  Grèce  et  U  E>ersn  ,  Milliadc  avaît^ 
pu ,  sans  Riaaquer  i  aes  deroira  de  atoycn ,  or  ' 
■es  scrvicea  I  Darius;  auaai  éuit-il  du  nombre 
fheh  tfbmiBÎs  à  U  garde  du  pont.  U'ailleurs, 
capable  de  réaîiter  au  roi  de  Perse  avec  les  foi 
^  sa  petite  colonie,  il  est  probable  qu'il  ne  , 
joignit  i  lui  qoe  parce  qu'il  penaait  bien  que  Dai 
rius  l'aurait  puni  de  garder  là  neuiralilit  ;  Miliiado 
aima  mieux  encore ,  pour  son  honneur  et  poar 
celui  de  sa  patrie^  paraître  rauaîllairc  du  graïf*' 
roi  que  de  a'expoier  lu  danger  inévitable  oe  di 
Tenir  sa  conquête  ;  aussi  aUonB-nou.1  voir  qu'il 
fiât  pas  pour'Dariiu  uq  allié   ■•»  rnii'K 


MILTIADE.  5g 

_  Déji  les  deux  mois  étaient  expir^;  des  cour- 
lïers  venaient  chaque  jour  annoncer  que  les  Psrscs 
n'éprouvaient  que  des  revers  ;  que  ,  piessés  par 
les  Scvlhes  ,  ils  fuyaient  de  toules  parts;  un  corpj 
considérable  de  Scylbes  s'était  même  présenré  à 
l'embouchtire  du  Danube  pour  exhorter  les  lo- 
lliéus  à  rompre  le  nont  et  à  retourner  chez  eux. 
L'occasion  était  belle  pour  eux  de  recouvrer  IcUf 
Hberié;  ils  pouvaient,  sansnianqucrà  leur  devoir  et 
1  leur  parole  ,  suivre  le  conseil  des  Scythes  ; 
Darius,  cerné  d'un  côté  pai»  se^ftnnemis  et  de 
l'autre  par  le  fleuve,  périrait  avec  touie  son  ar- 
mée, on  du  moins  ,  s'il  échappait,  il  serait  à  ja- 
mais hors  d'état  de  lormer  une  pareille  enlre- 
prite. 

Ou  mit  l'afTairecn  délibération,  Mîltiade ,  plus 
sensible  aux  inlérËls  de  sa  patrie  qu'aux  avantages 
^'il  pbuvaiL  espérer  pour  lui-ménie  en  se  mon- 
Iraat  zélé  pour  la  cause  du  grand  roi ,  fut  d'avis 
4e  donner  satisfaction  aux  Scythes  ,  et  de  ne  pas 
hisser  échapper  l'occasion  d'affranchir  l'ionie  de 
la  servitude.  Mais  Hisirié ,  tyran  de  Milet ,  repré- 
senla  i  ses  collègues  que  leur  fortune  était  liée  à 
celle  de  Uariuf,  et  que  c'était  à  sa  protection 
qB'ils  devaient  l!«utoriié  dont  ils  étaient  revêtus  ; 
que  si  la  puissance  des  Perses  venait  i  s'affaiblir, 
les  villes  d'Ionie  ne  manqueraient  pas  de  chasser 
leurs  tyrans  ,  et  de  s'ériger  en  républiques.  En- 
traînés par  des  motifs  aussi  peu  généreux  ,  lea 
che&  des  Ioniens  résolurent  d'attendre  Darius. 
Hilliade,  prévoyant  qu'il  aurait  tout  à  craindre  du 
courroux  de  ce  prince ,  résolut  de  quîlier  la  Cher- 
sonnèse^  il  fil  embarquer  sur  cinq  trirèmes  une 
partie  de  sa  fortune,  e>  mil  à  la  voile  pour  Athènes, 
Attaqué  eti  route  par  dËs  vaisseaux  phéniciens, 
il  se  sauva  à  Imbros  avec  quatre  galères  qu'il  con- 
dubit  heureusfmonl  au  terme  île  son  voyage; 
Hétiochus,  son  (iU  aîué ,  qui  commandait  la  cin-. 


l 


qoihnc  ,  toab«  entre  In  aatnK  di 
^ui  l'araenèrant  prisonnier  JEqiioi 
rius  l'accueiliit  svec  beaucoup  (]!■  1: 
gagea  par  ses  hienTailsi  sefiier  ^m; 
I  Ne  voyant  plus  ri«n  âconqi::':i[  (Il  Asir^,  Di 
rius  porte  SM  regards  rtn  I'Ëuio{k>  ;  iti^jâ  la  )ls^ 
«édoine  et  la  ïlirace  oui  subi  \p  joug.  Il  l>nllR*Â. 
souiiiFttie  la  Grhcc  ;  bientAt  la  \(>ii|;p3iirc-  Vsnhitt 
aoiilre  ce  peuple  qtie  son  amliitimi  riHivciito.  Ln 
Crées  fïvoris^^lesrëvolies  ci.,iiiiiiivUi-s  ci  l's  Io- 
niens; des  (rd^psilhéiiienncs,  {omlo'i  l'iriHextlea 
rebelles,  vont  incaadier  Sardes,  l'ittic  tU-splns  ttAt 
poriaiites  Tilles- dei'empire  des  Pitsm,  Avant  ilfe 
tirer  raison  d'un-parcil  Outrage  ,  Daintis  iiiel  d'f- 
b.Td  ses  soins  à  terminer  la  guerre  dbrili  '  " 
Ioniens.  Au  bout  de  quelques  nnnêes  ',  )1or 
entièrement  soumise  et  pacifioc  ;  MardonidS, 
fendre  Ju  roi  de  Perse,  se  diri^<?  vct»  la  (ir^ce,  ^ 
U  tête  Je  loniesconsidéra  s.  L'eip édition  ne  fut 
pas  hrurcuie,^:  une  *io  e''leiTTpi''tp  ny»M  fate 
périr  une  partie'  dcisHi'  v;  ir.iin  contre  \es  it^ 
«bers  du  mont  Athes', ^et  iFallluarcs  aynut  taiUA 
en  pièces  son  armée  detene,  RlarduoiusL 
blessé  ,  bnri  d'éiat  de  tenir  la  cAnpngne  ,  reprl 
le  chemin  de  Suze ,  couvertvle  confusion  t-t  ^ 
reproches ,  après -s'ôtre  aussi  mal  eoiidnit  sur  leii 
que  sur  mei^ 

Ce  désastre  ne  put  refroidir  le  resseniimcnt  1} 
Darius;  il  eovora  des  hérauts  J.ins  t  unies  les  villi 
de  la  Grèce  demander  La  terre  et  l'eau  ;  c'éi.-ilt  1 
f.irmule  eniploj-ée  par  les  l'.rsrs  pour  exig* 
l'hommsge  des  nsliona,  La  pKi[).ir!  nccurdfiri 
«ans  hésiter  !  Athènes  ei  Lacéi-li'nmiii-  rcTusérei 
mais  ces  fiers  républicaâni  soi|illvr<'ni  I.1  {-kUre 
leur  courage  par  une  vislation  in.inili'sle  un  dm 

des  gens;  ds  jetèrent  d."' '  '      '-  '^ 

ambassadeurs  du  roi. 

A  cette  nouvelle  ]  xeooaitaisiia 


m.-  fosse  pmfoi.de  Ijl 
taisiiaal  l'ii^pérîtiu  Ara 

1 


Mn,TIADE.  6l 

HnrJotiiu.ii,  Djiiiuililiïr^tra  Jt^sa  vcn^r.inrc  DAlis, 
Uèile  lie  iialiitu,  t-l  Ai  tupliiTiii' ,  sixi  tiroiirc  ni<'t' 
mu.  tin  nvaieul  mut,  Iciir^  urilvci  mit!  llold'  Je  s\k 
tenu  vaUscaiix  ,  iinr  annt^i!  <ln  lii'ux  viml  mille 
lommt-9  d'infartleriL-  H  <l>-  .lix  mille  rli.-viiux  ;  il. 
levai^iiLloml)!'!'  sur  Ailiènc*  ol  i^r^im,  rjui  s'é'^ 
lAÎl  lifijiKie  avu':  elle,  ilf^nuire  ci^s  deux  villes  de 
ônd  INI  rnratilt!  r  et  rn  aniunvr  i  Darius  |i»  habi- 

IjtlU'CllAT^tlJe  cllOtufS.."  ,  'I 

'  Eil'éilie,  «pr^i  a'JVTf!i*iAOuraii»rmcnt  d<<i&tKli'e 
pendant  «ix  jwurs,  fut  \>nw  |iar  U  tr^Hibon  de 

ÎPRlqucx  iiiiiili!>ef  |iriiirîpiittxciliiyi!iit.  Lf.fiRtnpIpi 
ireul  rafc^.t,  le(  pcunltrs  mu  mix  (en  \  et  i»  flotU 
lynut  Biissildl  eLordé  tut  kn  cAtct  dr  rAtlique^ 
k«»  l'erse»  niirtoLpird  i  [erre,  au  nninbrc  de  œnl 
Mkhiî  li'IiiiTnmc*,  .iiiprèndu  bnnrg  du  Marathon. 
tWigné  d'Ajti^HM  d'r  nvnoH  i;ectl  quaratilc  itadeif 
Kl  cam|)^n'i)t  iaùs  cet  endroit. 

L«  Attu^iiifns,  toiijmiridivisdï  l'ntreciuquani 
it«  n't'uii'iii  tiicnacii.s  (l'aucune  t!Uerra^ruug^r«i 
iiiililii'Ti'Mi  l^'iirsfitiorvUiislotiniu'df  vit'ont  rfnnenii 
,v"nr.:i'  ..  h'urs  pnrlrs;  ils  r,T-M'tiililiVcnt  loiiles 
Itfiirs  fiir.cs  avui:  une  promi.iiludi:  jdiiMr;iblc-.  I,<-» 

neJf  iniU,-  lioinmes  ;  m:ils  a-  >,o.nl,H:  .'■u'il  Ici.,  de 
leur  (Kiraîlre  suHisant.  Ailleurs  av;,ii  di^jà  imploré 
i'assislnnre  di'saiiires  pr'ii|ili'sdf  l,i  liriVc;  i^iiiis  los 
uns  s'.-t.iieril  soumis  à  I);.i-iiis  ;  1rs  .■iiilrcs  Ivrm- 
blaiciitauseidiiomd.'slVr.s.>s.  i.^.^bl.^■ns,■■.dsen- 
voy«■e..lm,l^.^,<,Mum.s.l.p 


avaieiir  admi: 

i,t'" 

irnllia 

[in- .bus  i< 

leui'étuiLoiK 

e;U.Li. 

''"''■"'fi'' 

couriiri'iii   il 

(  epi 

-OII%'. 

.Ml  L,    r,T 

l'IaJëc.is.   AlIléN,. 

.1  atlcii 

dai<  d,-  S, 

,diiM»ii^^--"" 

;ni.ii 

,s!as„| 

|.rislilii)iii 

iux   Lré.l.',, 

■ns   de 

se  iiierij 

avant  la  pkii 

II.'  lu 

ne. 

l.'a.iuti«  .i 

Ubcirieniio 

loarcba  - 

6fl  MthTlkBM. 

jeulenent  nombreoM  de  dix  miDf     iiloMt^^ 
^it  conduite  par  dix  généraux  gui:     micali  ' 
mander  alternativement  pendant  Ummjour  r  j^ 
trop  peu  de  troupei  et  trop  de  cbefib  llaiÉ  fi}$i^ 
permis  de  ne  uas  désespérer  encore  de  la^f^( 
parmi  ses  généraux  se  trouvait  lliltUde.  Lf 
qu'il  avait  long -temps  soutenue  avec  a|K 
avait  acquis  une  réputation  brilknte{  il  élatt-^. 
condé  par  deux  hommes  plus  jeunes  qof  i^^À 
qui  promettaient  de  le  rempuscer.un  jour  « 
ment,  Aristide  et  Thémistode.  Le  preilner, 
nous  dirons  la  vieaprèscellie  de  Miltiadot  liât  le] 
juste  et  le  plus  vertueux  des  Athéniens  :  le  ai 
eut  des  talens  plus  {grands  et  des  vues  |dua 
dues  qu'Aristide;  il  aima  la  gloireet  aar patrie;: 
il  ne  fut  pas  toujours  assez  scrupuleux  Mr 
moyens  d'acquérir  1,'une  et  de  servir  rsiutre*  :^j 
A  peine  les  Athéniens  furent-ils  en  méieàté'^ 
rennemi  qae  Miltiade  proposa  de  Tattaffd 
quelques-uns  de  ses  collègues  appuyèmil 

1>roposition  ;  mais  les  autres  craignaient  d'er^ 
a  patrie  aux  hasards  d'une  bataiUe.  QueBe» 
dence  ^  disaient-ils ,  d'aller,  avec  fine  yc 
soldats ,  à  la  rencontre  d'une  armée  4ut 
nombreuse  !  11  faut  du-mobs  attendre  le 
des  Lacédémoniens»  Les  avis  étant 
restait  i  prendre  celui  du  polémarque,'  an 
la  milice ,  pour  ôter  l'égalité  des  anfiRnagea*; 
tiade  lui  représenta  avec  vivacité  que  le  eott' 
patrie  était  entre  ses  mains  :  «  C'est  de  ràûài 
»  ô  CaUiinâque,aiouta-4-il,<{a7el% attend^ 
»  tinée  ;  un  mot  de  votre  bouche  va  fm 
»  votre  patrie  dans  la  sei  jpide  ov  lui  col 
»  sa  liberté.  »  Callimaq      aonna  aon  nd^ 
la  bataille  fut  résolue. 

Aristide ,  et  les  autres  généraux  «  J  $ou  \ 
cédèrent  à  Miltiade  Tbooneur  de  coabaâi 
comme  au  pUu  habile^  .  Ik'  «v^ieat  ^ugi. 


j»' 


HIX.TIADE.  ÇS 

txlnnent  ainsi  partagé  ne  pouvait  s'aUifV  ( 
elle  luile,  celle  uniformité  de  plans  et 
lion  qui  sont  ïniIis^tensablM  dans  les  opé- 
miliiairei,  el  qui  seuls  en  assurent  le  suc* 
lis  pour  ménaeei  l'oiguei)  de  sescullèeues, 
lettre  à  l'abri  Je  lout  reproche  en  cas  de  fit- 
■▼ëflemens,  Miliiade  ailendit  le  jour  qui  la 
tle  droit  i  la  tdie  de  l'armée. 
>ur  venu  ,  il  songea ,  en  habile  capitaine  i  ^ 
par  l'avantage  de  la  position  ce  qui  lui 
lit  du  câtë  du  nombre.  Il  rangea  sou  armée 
I  d"unc  monl.igne,  afin  tjuç  l'ennemi  no 
ivelopper  ni  le  prendre  par  les  derrières; 
er  sur  les  deux  côtés  Je  grands  arbres  qu'il 
it  fonpei-  exprès,  afin  de  couvrir  ses  flancs, 
endre  inutife  la  cavalerie  des  Perses.  Les 
5  furent  placés  à  l'aile  gauche;  Callimaque 
ndait  la  droite  ;  Aristide  et  Thêmislocle 
au  centre ,  el  Miliiade  partout  Au  premier 
les  Grecs  franchirent  en  cauraut  l'espace 
ivparait  de  l'ennemi.  Les  Perses,  étonn^ 
enre  d'altaijue  si  nouveau  pour  les  deus 
,  regardent  d'abord  rini])étijosilé  des  Athé- 
imme  un  accès  de  frénésie  ;  mais,  bientAt 
pés  ,  ils  opposent  à  cette  impétuosilc  une 
Aus  tranijuille.  Le  rombal  f>il  long  et  opi- 
AlUliade  avait  porté  toutes  ses  forces  sur 
i  ailes  de  son  armée;  celte  savante  dispo- 
diminuant  beaucoup  le 'désavantage  da 
imbre,  lui  procura  la  victoire.  Sa  droite 
i  les  ennemis  dans  la  plaine  ,  et  sa  gauche 
ia  dans  Tin  marais  qui  offrait  l'aspect  d'une 
,  dans  lequel  ils  s'engagèrent  et  restèrent 
gés.  Cependant  le  corps  de  bataille  des 
que  ,  par  un  effet  de  ta  même  disposition  , 
;  avait  dû  laisser  faible  et  dégarni  ^  <  ommcnd 
iliersous  les  efforts  des  Perses,  malgré  U 
répidité  d'Aristide  et  de  Thémistocle.  Les 


^  bm4ti 

éfeûx  ailes  t^^tbtïettMgsurvii      e  •cémfvi 

nemi  à  reculer  ;  Hù'à  moment  sa  k>  il^vièd 

gétiérale.  LeiPenn;  r.poussés  4q  toits  cAl^jt,» 
trouvent  d'ui1(^'.que  dans  leur  liolte,  ijui  »>(■ 
approchée  du  riya:ge.  Le  vainqueur  !<■«  ptiurani 
léWetlatlanibièilaniiiin,  jireiuî ,  bvâlcet  l-ooI 
ifond  ploweMrjd* leurs  vaisseaux:  Les  Ath^ntCt 
en  prirent  sept?  ils  lo^refti  à  l'#(inemi'riiviron  iT 
ifiiUe  quatre  cCïiti'ïiéinTnes.  Leur  perle  se  mon 
H  cent  quatré^YingWiiiiz.e  héros  ,  car  il  n'y  eaeT 
pasun  quineméritâtcf  iiom.Milt.,-iJe  y  Tut  bleM 
Cstliiiia(|ue  y  périt  en  taisant  dt-s  piodigi-s  de-v 
leur;  le  lyrao  Hippias  perdit  aussi  la  vie  à; 
cette  bslailltt ,  en  cutnlialtant  corttre  ses  cou 
tbyéns  pouf  recouvrer  l'injuslt:  domination  t 
PUlstrate  son  père  avait  usurpée  sur  eux, 

^Le  combat  Snisiait  fi  iieme  ;  un  soldat,  èvà 
tpuf  (umai.l  du  sjiiig  dis  enfl.^nis  ,  oxcéa^'^ 
fatigue  ,  Wma  le  pr.oji't  df  porK'V  le  prCmiier'l 
nourelle  de  la  victoilK  a  feu  rou'  ilnyens ,  el ,  uil 
■lâilter'ses  arrnés^  il  toiirt ,  vcle  ,  arrive  devant  H 
liiagUlralJ:"  Héjoi]îis<:>2A'oii«,'dil-ii,  nau<;5on): 
vaipfjucurs  ",  el'ii  ionilie'  mort  à  leurs  pifds;  ' 

Cepeodaijl' cette 'ViriLiii-p  eilt  clé.  funeste  a'À 
Grecs  saiis.raclîviië  llf  Milliiide.  Uaîis,  ^-àiri^^ 
tjiàîs  encoi'e/h'ieii  Mus  fort  n\i(-  IcÀ' \:airiquctti'i 
cQnçoil'l'espfrtiiçè  lie  surpu'nd^e  Athfenes,  t(i/ 
croyail'sans.défetfs^.'Mais  MUiiudea  soupçonnât 
projet  1  il  se  met  en'in&rclie  ,  il  se  moniic  soxis  U 
mura 'd'Atltënes  le'  jour  mfme  (|ue  l  ennenr>i  ail; 
débarquer,  Dalisjdïcoiîrerlé'  ne  jugea  pas  A  prdp^ 
qç  risquer  l'àttaqui^',  Itvj  l'ancre  ,  el  lit  voilb Val 
4Âsie.-       ""■'„■■  ■    ■■ 

Plalop,  qui  s'att^cliê  souvent  i  relever  la  glili 
de'lk  journée  deMaralhon  ,  la  regarde  comme' 
Ciuse  de  loiitei  IcsTiclotrcs  qui  ont  étérempottll 
de|iuis.  Kn  effel,  c'eitrilc  quidissipa  cftle  lerï  ' 
aveugle  qu^jîi^ilaiît' la  ^luissancu  Ues  feries  |'t 


M  I  L  T  I  A  D  E.  65 

Ulc  qui  rè.vèh  aux  Grtn  le  secrc)  de  It^urs  farces,' 
'Icurappritâne  pas  Ir^mbler  dcvaol  ud  fiiuic- 
lin'aviiitde  (erriule  et  (i'inipoiantquckriom; 
Ue  tcnr  fil  voir  que  la  victoire  ne  dépend  pAS  du 
nnibre,  mais  du  courage ,  el  ^u'il  n'esl  rien  d'îm- 
p»ible  pour  des  hommes  animés  de  L'amour  de 
i. pairie  et  de  U  liberté;  c'est  elle  enfin  qui  mît 
tfis  loul  son  jour  la  gloire  de  l'héroïsme ,  et 
KfMra  aux  Grecs  celle  noble  èmnlatioA  qui  fît 
ge  pendant  si  long-temps  les  vainqueurs  de  Mar 
Ithod  eurent  de  dignes  successeurs. 
Lies  Âthénieni  n'oublièrenl  rien  pour  éterniser 
!»onvetiir  de  celle  victoire;  on  fit  des  funérailles 
onorablesà  ceux  qui  étaient  morts  dans  lecombât. 
Il  Irars  noms  furent  gravés  sur  des  demi-colonnes 
levées  dans  U  plaine  de  IVIaraihon.  (lien  de  plus 


Boble  el  en  même  temns  de  plus  simple  que  la 
técomponse  nue  reçut  Milliade  ;  Polygimte,  célèbre 
a>tUtc,  fui  cliargé  de  p«indre  la  liatatlle  de  Ma- 


rboD  aous  UD  ponique  appelé  le  rcG)l«,-«t'da 
représcnler  dans  In  tableau  k  Ib  léte  da  tes  GaI* 

Wçucs,  ilaus  r.TlliUide  d'un  gpnéral  qui  harangue 
troLipts   et  qui  les  inètie  ao  roinlul.  Atheni-s  , 
rs  pauvre  et  vertueuse,  réconiptiisa  ainsi  son 
éraleur;  el  quand  ce  mi'me  pptiple  vil  ses  ri- 
-^sses  s'accroître  el  ses  mieurs  se  corrompre  ,  i\ 
Hcerna  plus  de  trois  cents  statues  à  Uémclrius  de 
Ikalëre. 
CepenJanl,  quoique  la  reconnaissance  des  Allié" 
SOS  fût  sincère,  elli'  iip  fut  pas  de  longue  duréti; 
"avaient  élevé  Mîliiade  si  hsul ,   qu'ils  commen- 
rpni  i  le  craindre.  La  calomnie  I  anaqiia  ,  el  fut 
fadalée  aviilernent  ;  oti  dtivait  bieniùt  voir  MiJ- 
bde  au    nombre  de  ses    plus  illustres  v'iclimes  : 
'  faus'^e  démaixhe  de  sa  nari  fournit  à  fie»eune- 
rucc^sion  delepeidre.  A  près  la  bataille  de  Ma- 
ton d  ;.va>l  demandé  et'olUenu  une  (lotte  de 
isttiBte  dot  voiles  pour  aller  punir  et  soumelUe  Ica 
Tûm4  i,  t) 


66  IIILTIADX. 

fies  ()ui  frétaient  dédarëes  pour  les  barbares 
en  avait  fait  rentrer  plusieurs  dans  le  devoi 
il  devait  échouer  devant  Yîle  de  Paros. 
long- temps  il  la  tenait  assiégée,  et  même  il  < 
le  point  de  s'en  rendre  maître ,  lorsque  c 
qu'on  aperçut  dans  le  lointain  firent  crc 
assiégea ns  et  aux  assiégés  que  la  flotte  é 
venait  au  secours  de  Fîle.  Miltiade,  se  sent 
faible  pdir  attendre  les  Perses ,  blessé  d'aï 
ne 'pouvant  agir ,  leva  le  siège  de  la  place ,  > 
la  roule  d'Athènes*  A  peine  de  retour  ,  il  es 
en  jugement  pav  un  citoyen  nommé  Xanti] 
Faccuse  d'avoir  levé  le  siège  de  Paros  par  tr 
et  de  s'être  laissé  corrompre  par  l'or  du  gr 
Quelque  peu  vraisemblable  que  fftt  cette 
tion  ,  elle  prévalut  contre  le  mérite  et  Fini 
de  Milliade.  Malade  des  suites  de  la  blessu 
avait  reçue  devant  Paros  même  ,  en  conc 
pour  ce  peuple  qui  allait  le  condamxier,  1 
accusé  ne  pouvait  se  défendre  lui-même  ;  Tis 
son  frère  ,  parIa*pour  lui.  La  multitude  , 
par  les  ^ennemis  de  Miltiade ,  le  condamn 
précipité  dans  îa  fosse  où  l'on  faisait  p 
malfaiteurs;  mais  les  magistrats  eurent  I 
de  cet  infâme  décret^  et  la  peine  fut  co 
en  une  amende  de  So  talens ,  somme  à  ] 
furent  évalués  les  iirais  de  l'expédition  de 
Hors  d'état  de  payer  une  somme  si  consid 
Miltiade  fut  mis  en  prison ,  où  il  mourut 
des  suites  de  sa  blessure. 

Telle  fut  la  fin  de  ce  grand  homme  ;  ma 
moins  sa  perte  â  sa  conduite  au  siège  de 
qu'à  son  mérite  et  i  sa  haute  réputation, 
que  Pisistrate  avait  usurpé  la  tyrannie  en 
servir  ses  Ji^ins  à  ses  projets  ambitieux ,  le 
niens  reddhiilaient  tous  lés  citoyens  puissana 
tueux  ;  Miltiade  rappelait  plus  que  tout  i 
souvenir  de  cet  usurpateur ,  par  cette  doi 


ITT 

H I  L  T  I  A  D  G.  67] 

!  aftabîUté  qui  séduiceni  toujours  la  nuJtitude.' 
e  leur  semblait  pas  possible  ou'il  pût  ?accou- 
BT  à  vivre  en  simple  pariiciJier,  après  s'être 
li  long-tempE  à  la  l^le  des  armées  et  de  la 
iblique,  et  surtout  après  avoir  exercé  l'au- 
é  souveraine  dans  b  Cbersonnèsc.  L'habitude 
Dininandement  devait,  selon  eux,  exciter  son 
îtîoD  ;  aussi  aimèrent-ils  mieux  le  punir  inno- 
,  que  d'avoir  toujours  devant  les  yeui  un  tel 
t  de  crainte.  Il  serait  difficile  d'excuser  une  si 
[rge  politique  ,  et  te  fui  constamment  celle 
ihèoes.  Heureusement  pour  elle  les  fréqueni 
nribles  exemples  qu'elle  donna  de  s tm  ingra- 
te et  de  son  înjusiice  ne  purent  décourager  la 
a  ni  arréLer  le'  zèle  de  su  condlnyens  pauc 
patiie. 


68  A  R  I  s  T  IDE. 


ARISTIDE, 


DIT    LE   JUSTE. 


i* 


A  R  I  ^^  T  I  D  E ,  fils  (le  Lysimac)iu«  ,  naquit  i 
Alop^ro  ,  bourg  de  TAtiiqne  ,  Tan  55o  avant 
notre  tVe.  Il  étaîr  J'nnfi  des  premières  familléf 
d\\thèries,  el  quoiciiril  s'adonnf^r  toute  sa  vieaus 
anaires  publiques ,  il  resta  constamment  pauvrti 
Daus  sa  jcMincssc,  lié  de  la  plus  tendre  amitié 
avec  (^listhène,  Tnù  nvait  beaucoup  rontribué  è 
rcxpnlsioii  des  l'isislralidcs  vl  au  rétablissement 
du  gouverncmeiil  républicain ,  il  se  forma  sur  li 
ïuodébî  de  ce  grand  homme,  el  devint  comme  lai 
l'un  des  plus  zélés  défenseurs  di»  la  liberté.  «  (^'étaitf 
dit  Hollin,  une  valutalre  coulunie  établie  chez  Ici 
anciens,  (]ue  les  jeunes  gens  ()ui  aspiraient  aui 
charges  s'atlaebasseni  particulièrement  aux  vieil- 
lards (|iii  s'y  étaient  h»  plus  distingués,  el  qu'ill 
a|ip!is.('nl  par  h'ur  conversation,  el  encore  phll 
(Kii  Iciii  eMiiple,  Tait  de;  se  bien  conduire  eus- 
inrnnîs  et  de  gouverner  sagement,  les  autres  ;  c'eit 
ainsi  ti'Aristide  s'altaclia  à  (.llislhcMie  ,  Cimon  J 
Al  s;i<le,  eUjue  l\)lybe  se  ren.lil  le  disciple  assidv 
el  riiull.itt  i,r  lidi'le  du  célèbre  Philopœmen.  ^ 
Ari.stidi',  I  ;»ll  au.;si  une  estime  el  une  adiniraliod 
paiticu'l'.e  (.(.ur  I  yeingue,  le  légl'.lalcnir  de  L$té^ 
dé<r:'>ne  (,u'ii  meltail  au-  ;  .  .  de  tous  les  autrtl 
polliqucv:  :  il  étud<ail  beaiK  '  up  ses  lois,  et  à  foMl 
i\v  les  tnédil(  r  il  devint  part'saij  de  rarlstocratii 
Théinistode,  (]iii  ,  plus  j(unc  (pi'Ari&tide ,  avail 
(léluiéj  avoc  non  moins  d  éclat  c^ue  lui i  dani  11 


—     .fefc 


A  R  I  s  T  I  a  B.  69 

carrière  (Jps  affnires ,  penchiil  au  contraire  pour 
le  goiiverneoiont  pn|)uliiire.  Cv  ilisienliiiiciil  U'o*- 
{nni(if),  <]uî  prifcnil  sa  louruc  ilan^  Texlrtïnic!  ilispa- 
titc  Je  leur  caraclère,  ne  cautHbua  pas  peu  a  en- 
tretenir leur  inimitié,  ^ui  aviil  oclaïc  dès  le  rtio- 
menl  i]u'iU  se  connurent.  Thémidacle,  qui  taisait 
[e  bien  de  sa  patrie  mnins  par  amour  pour  elle 
([UP  pour  s'en  faire  gloiie  el  acquérir  de  1  autorité, 
n'onieitjll  rien  de  rcqui  pouvait  le  reudrc agréable 
lu  peuple  et  lui  faire  des  ami<i;  lonjoiirs  pr^l  à 
obliger  ,  il  ne  se  piquait  u:-s  dun.i  ce.i  occasions 
d'une  exacte  imparlialîtê.  Quelqu'un  lui  disait  un 
jour  que  le  moytn  de  bien  gouverner  Athènes  éiait 
de  conserver  I  égalité  parmi  les  citoyens  ,  el  de  ne 
àroriser  pas  plus  los  uns  que  les  autres  :  «  A  Dieu 

■  Beplaise  , s'écria  Théniistiicle  ique  je snii  jamais 

■  assis  »nr  un  tribunal  où  mes  amig  n'aîeut  pas 
»  plus  d<!  crédit  et  de  (àveur  que  tes  étrangers .'  a 
Ariiltdc  au  conlratre,  faisant  le  bien  par  le  seul 

Mnoardi!  la  vertu,  servant  sa  pairie  pour  elle- 
-lAÂnic,  était  indifférent  aus  jugcmeiis  de  la  mul- 
lilode  ;  il  n^u.r.iil  jms  lioIus  i.,u^\  lU-  n.iller  sos 
concilnyeiis  titic  de  r.iinp^iir.-  h  un  lyi.in:  7.i-lê 
pour  leucs  inlcrtUs,  il  s'l  iiib.iria>i.iii  pi'u  de  Ipur 
^ire  ;  il  conseillait  nipme  à  ks  ulfciiser  pour  leur 
glre  utile,  et  pour  ne  jamais  s'erai  li'r  de  ses  prin- 
r;iioitiè,  non  plu»  que 


dpe«  d'équ 
Je  ressenti 

né  ;  ta  favc 
neiit  et  la  b 

JBslice.  Un 
Vdiclaùec 

après  qu  il 

i  ijuand  il 
jour  qu'il 

llaii-nlli^coiidûinuci 

d'une  yoh  unanune.  Ausslhlt  Aiis.idi-  m'  lève,  e 

L/Va  se  îeler  aux  pieds  lies  inagïiirnls  fuiir  Ii's  sup- 

i  »lLprd'èroulersjO  adversaire,  el  de  le  laisser  joui 

'     ïupHvilige  que  la  loi  lui  ar.r.oril.iîL  île  se  déli'ndrt 

Uac  autrefois,  qu'îletait  occupé  à  juger  un  procès 


[D«  lêntull 

il  t'i  fait,  ur  je  s 
non  la  mienne.  > 
iiB[iëluei»  dai 
imiflode  ne  se  moo-B 


70  ji    I    ri 

l'une  àet  eo         na 

Ïiie  ion  aavert      1  tn  i 

.ristide  ;  «  Hé,  moa  a 
«  nous  seulement  le  1 

>  îd  pour  juger  ta  1     isé  ei 
Ambitieux,  calrrarmar* 

déiirs  et  dans  aea  projeta,  1 
trait  pas  auaii  scrupuleax  que  aon  rival;  toui 
moyens  lui  paraiMaienl  bons  qnand  iU  qienaiei 
an  succès.  AJ-iitide,  oui  le  faiMÙ   un  devoir  d«i 
veiller  au  niaintieo  des  lois  et  à  la  pureté  de»' 
moeurs,  s'attachait  à  contrarier  toutes  les  iqmc 
de  Thémistode;  tt  voulait  rabaiiser  son  auto 
toujours  croissante  par  U  farevr  du  peuple, 
pensait  qu'il  valait  mieux  encore  sacrifier  (fuelqui 
lois  des  projets  utiles  au  publici  que  de  facititEr 
aon  adversaire ,  en  lai^sabt  toujours  prévaloir  sH 
avis ,  l'acquisition  d'un  pouvoir  excessif  dont  il 
pouvait  abuser  tAt  ou  tard.  Aussi  Ces  deuK  rivaui 
Âaieat-its  toujours  divisa,  et  la  pbce  publique 
reteniisiait  sans  cesse  de  leurs  querelles.  Arisiide 
l'emporta  un  jour  sur  son  adversaire,  et  c'était 
luiqu^avait  tort  cette  fois;  juste  contre  lui-métnei 
il  n  hésita  point  i  le  reconnaître,  et  eo  fit  baule^^ 
ment  l'aveu  :  «  C'en  est  lait    l'Alhènes ,  dil-il , 
a  l'on  ne  nous  jette  tous  les  deux  ilang  le  Bar] 

>  thre  •  (fosae  où  l'oà pr^ïpilait  les  malfaîteui 
Dans  une  autre  occasion,  il  avait  proposé 

peuple  un  décret  aui  éprouva  beaucoup  de  eo 
Iradidions  ;  mns  il  en  triompha  ■  et  comme 
Jillïît  recueillir  les  Suffrages,  Arîiliile,  recunna 
aani  liiui  à  coup  les  inconvénient  de  son  décret^ 
leretin.  Souvent  il  faisait  pr  vnler  ses  projets  ri 
d'autres,  afin  que  Thémislocle  n'y  mît  pas  d'oi 
tacle.  Un  admirait  surtout  1  1  lui  la  confiance 
la  fermeté  qu'il  déployait  >In  4-hangemens  ii 
prévus  auxquels  sont  expo  :  ceux  qui  prrnne 
{met  au  gouveinenunt,  ne   «  Uissanl  iamait 


ARISTIDE.  71 

par  Us  honneurs  qu'on  lui  décernait,  ni 
alaitre  par  les  déiagrémens  et  les  refus  qu'on  lui 
[lisait  essuyer.  Les  Athéniens  avaient  uneni  liante 
estime  delà  droiture  de  ses  inientions,  de  U  i>iin  té 
de  son  zèle  pour  les  intérêts  de  l'éiat  et  de  la  sin- 
cérité de  sa  vertu ,  qu'un  jour  ils  lui  en  rendirent 
on  témoignage  bien  écUlani ,  à  la  représenralion 
d'une  pièce  u  Eschyle.  L'acteur  ayant  dit  qu'Ain- 
fhiarails  n  était  nnoins  jjloi/i  de  paraître  H emmt 
•  de  bien  que  de  l'être  en  effet  "  ,  tout  le  monde 
laurna  sponiancmenl  les  yeux  vers  Aristida  pour 
lui  en  faire  l'application. 

Nous  avons  vu  précédemment,  dans  h  vie  de 
lUiltiade,  qu'ArisliJe  était  du  nombre  des  dix  gé- 
oératiz  qu)  devaient  commander  chacun  à  st>n 
tour  les  Athéniens  lors  de  la  bataille  de  Mara- 
De  tous  ces  chefs  Aristide  était ,  avec  ïlié- 
loclc,  celui  qui ,  après  Milliade  ,  avait  le  plut 
réputation  et  de  crédit.  Nous  avons  indiqué 
nacilKtemenl  tout  ce  qu'Aristide  lil  pour  sa  pairie 
dani  cette  occasion  :  cefutd'abordluiquicontribaa 
I  le  plus  à  faire  adopter  l'aviî  saluiaire  de  Miltiade, 
^ui  voulait  qu'on  livrât  l'.-ilaille  ;  mais  il  ne  s'en  tint 

Eis  là.  Accoutumé  i  sacrifier  ses  iolénils  à  ceux  Je 
patrie,  quand  son  jour  d'être  à  la  têtu  de  l'armée 
fut  venu,  par  une  déférence  bien  honorable  à  lous 
les  dein,  dcéda  le  commandement  k  Milliade: 
c'élaii  montrer  par  là  à  ses  collègue»  que,  loin 
de  rougir  de  se  soumettre  aux  plus  sages  i-t  Je  leur 
obéir,  il  pensait  au  contraire  que  rien  n'est  plus 
honorable  et  plus  salutaire;  par  ce  moyen  i\  pré- 
vint aussi  la  jalousie  qui  aurait  pu  éclater  entre 
euK,  caries  autres  généraux,  eiilraîné.^  par  son 
exemple,  renoni^renl  pareillement  au  droit  qu'ils 
avaient  de  commander  ahernativemcnt ,  et  se 
Mumircnt  tous  à  Miltiadc. 

Pendant    la    bataille  Aristide  et  ïhcmislocle , 
pUcés  lous  lieux  au  centre  de  l'armée,  soutiorcut 


72  ARISTIDE. 

long-temps  l'effort  des  barbares  ,  et  firent  i 
des  prodiges  de  valeur.  Mais  dans  cette  oc 
une  action  «l'un  autre  genre  devait  encore 

F  lus  d'honneur  à  Aristide.  Après  la  dëroi 
«nnemi  il  fut  laissé  seul  à  Marathon,  av 
corps  de  troupe ,  pour  garder  les  prisonnier? 
dépouilles.  Il  répondit  parfaitement  à  la  cor 
qu  on  avait  en  lui  ;  quoiqu'il  y  eût  beaucou 
et  d'Argent  dans  le  camp  des  Perses,  aussi  bîi 
dans  les  vaisseaut  qui  avaient  été  pris ,  il  n'c 
tnême  la  pensée  d'y  toucher,  et  fit  tout  ce  qi 
en  son  pouvoir  pour  rmpêcher  que  person 
mît  la  main  sur  lé  butin. 

L'année  suivante  Aristide  dut  à  ses  vert" 
sTes  exploits  une  élection  qui,  dans  les  autres 
l'effet  de  leurs  richesses.  Malgré  sa  pauvreté 
nommé  archonte  éponyipe  »  dignité  qu'or 
cordait  qu^aux  citoyens  les  plus  opulens. 

De  toutes  les 'vei  lu  s  qu'Àiislidè  posséda 
Plutarq«e,  celle  que  le  peuple  admirait  1 
c'était  sa  justice ,  parce  que  .l'usage  de  cftti 
est  plus  habituel ,  et  cju«  ses  efTels  s'en  rép 
sur  plus  de  monde ;j  aussi  Tappelait-on  Ari 
juste.  Sage  et  conciliateur  autant  qu'équila 
était  pris  pour  aibilTC  par  ses  concitoyen 
tous  leurs  différens;  il  les  accordait  et  lais 
serter  les  tribunaux  ,  parce  que  son  incorf 
roliité  était  devenue  le  tribunal  le  plus  ré^ 
a  république.  11  exerçait  sur  les  esprits  Tem 
la  vertu  ;  mais  cet  empire  même  n'était  paî 
cent  aux  yeux  d'un  peuple  amoureux  de  sa  1 
ou  plutôt  le  jaloux  riiemistocle  faisait  iraii 
peuple  la  vertu  de  son  lival.  Sa  faction 
Aristide  des'ctablir  une  sorte  de  royauté  d 
plus  dangereuse  qu'elle  éiaii  fondée  sur  1 
du  ptMiple ,  et  conclut  à  la  peine  de  Tostra 
c'était  un  exil  de  dix  pnnées  ,  qui ,  loin  d' 
aucune  honte ,  était  presque  un  titre  de 


l 


F  ^  ARISTIDE.  75 

igôsqa'îl  ^lait  tlans  cette  république,  jalotiso  de  sa 
piUèrté,  U  punllioD  du  mériie  trop  édal.inl.  Lea 
tfibus  étaient  assemblées,  el  devaient  donner 
leurs  suflrages  par  écrîl.  Aristide  assistait  au  juge- 
'neiit.  Ud  homme  du  peuple,  qui  ne  le  coon;ii3- 
uttpas,  le  pria  de  tracer  sur  une  coquille  qu'il  lui 
[pcéseota  le  nom  d'Aristide  :  «   Vous  a-t-il  fait 

>  Quelque  tort?  lui  demanda  le  sa;^e,  —  Kon, 

>  dit  rtiomme  du  peuple ,  majs  je  suis  las  de  l'en- 
p  tendre  nommer  le  juste.  "  Aristide  écrivit  son 
lom  sans  ajouter  un  seul  mol.  11  fut  condamné, 
ttsnrlit  (l'Alhèces  en  disant  ;  <•  Je  prie  les  dieux 
i  que  les  Athéniens  ne  voient  jamait  !e  jour  qui 
•  Iw  obligera  de  se  souvenir  d  Aristide,  « 

Ses  TCeux  ne  furent  peint  exaucés,  car  trois  3ns 
igrts  le  roi  de  Perse  Xerxès ,  après  avoir  tra- 
— ifi la  Th essai ie  ellaBéotie,  entra  dans  l'Attique 
Ptfte  d'une  armée  innombrable.  A  son  ap- 
B  les  Athéniens  craignirent  qu'Aristide  aa 
ît  à  leurs  ennemis  ,  et  n'entraînât  avec  hiï 
i  Grecs  dans  le  parti  des  barbares. 
WMt  bien  mal  connaître  ce  généreux  ciloyen, 
^  de  le  soupçonner  d'une  Italie  perfidie.  Quui 
^a'il  en  soît ,  ils  songèrent  à  le  rappeler ,  et  Tbé- 
nistocle,  loin  de  s'opposer  à  cette  résolution,  l'ap-- 


paya; 


11  contraire  de  tout  son  crédit.  La  liaini 


ces  grands  hommes  n'avait  rien  d'im))l3cj(jle  el 
i'autrë,  puisque  leur  ressentiment  se  taisait  ainsi 
devant  le  danger  de  la  patrie.  Thémistocle  ayant 
été  nommé  gérïérai  aussitôt  apcès  le  retour 
d'Aristide,  celui-ci  n'en  parut  point  jaloux; 
on  le"  vit  au  contraire  seconder  son  rival  de 
__._-.,  voir,  et  concourir  ainsi  i  l'élever 
aa  plui  haut  point  de  gloire,  l^n  efTet,  on  peut 
dire  ijue  sans  Aiistide  les  Grecs  n'eusîcnt  peut- 
ttre  pas  livre  la  bataille  de  Salamine  ,  qui  devait 
isunortaliser  ïliémislocle.  La  flotte  sur  laquella 
iîùt  rassemblée  la  plus  graade  partie  des  forci» 
Tome  I.  7 


74  ARISTIDE.' 

de  la  Grice  se  trouvaîi  près  de  l'île  de  Salunj), 
cernée  de  tous  cdlés  parles  vais.'ieaux  cnnein^ 
tans  qu'aucun  des  Grecs  se  fiU  ancriju  qu'ils  étaiem 
fenvelopp«^s.  Aristide,  qui,  <le  l'ilu  d'Ëgine  où  3 
commandait  alors  quelques  truunes,  avait  pu  ce- 
ronnaflre  la  position  défavoralik  de  ses  conci- 
toyens, s'exposa  aussitôt  à  traverser  h  flotte  en- 
ncnnie  pour  aller  les  tirer  de  leur  dangereuse  s^ 
ciirité.  Arrivé  la  nuit  même  à  la  lente  de  Thénùt- 
iocle ,  il  le  fait  sortir  seul  et  lui  p.irle  en  ces  ta- 
tnes  :  H  TKémistocle ,  si  nous  sommes  sages  nuiu 
»  mettrons  un  terme  à  nos  vaines  cl  puérdesxlil* 

*  sensians.  Un  seul  intérêt  doir  nous  animer  aOrJ 
»  jourd'liui,  celui  de  sauver  la  Grèce;  vous  e  a 
m  remplissant  les  devoirs  d'un  général,  moi  ea 
a  vous  aidant  de  mes  conseils  et  de  mon  lirais 
t>  J'apprends  que  vous  êtes  le  seul  qui  ayez  propos^ 
■  aux  Grecs  de  combattre  au  pluifll'dans  ces  dé: 
»  troiis.  Ils  rejettent  ce  conseil,  qu'ils  deTraieat 
i>  au  contraire  suivre  dans  la  circonstance  préi 
ju  sente  ;  mais  dites-leur  iju'il  ne  s'agit  plus  M 
1  délibérer,  et  que  l'ennemi  vient  de  se  reaJfil 
»  matrre  de  touslespassages  qui  pouvaient  En^ 

•  riser  leur  fuite.  »  Thémislocle  ,  touché  du  pr»^ 
r^dé  d'Aristide,  s'ouvrit  à  lui  avec  confiance  ,  (1 
lui  découvrit  par  quel  stratagème  ilavail  lui-mbnl 
engagé  les  Perses  à  eavelcpper  la  flotle  des  Grcd 
pouffbrcer  ceux-ci  à  livrer  une  bataille  delaquelM 
pourrait  seule  dépendre  leur  salut.  Il  le  pria  eM 
suite  d'entrer  au  conseil  pour  persuader  EuiJ* 
biade  et  les  autres  chefs  ,  qui  avaient  pLua^c  ejffl 
£anre  en  Aristide  qu'en  Thémistocle.  ,^^H 

Pendant  que  les  capitaines  Grecs  déltbjjgj 
encore,  Arisiide,  voyant  que  la  petite  tie  fe  iB 
talie,  située  dans  le  détroit,  en  face  de  Salani^R 
était  pleine  de  troupes  enoL>mle.%eiÀ>arqucproi^ 
tement  sur  des  esquifs  l'élite  des  liintassins,  àet* 
ceitddansrile,'toiiibeauTlei  barbaroi,  lesd 


sàim^ 


ARISTIDE.  ^5 

•âsquemani  cl  les  laîUp  tous  en  pitres ,  à  Teirep- 
m  des  principaux  chefs,  qu'il  fjit  prisnnnicn. 
Cependant  ta  bataille  se  livrait  entre  les  deux 
flottes  ennemies ,  et  les  Grecs  ne  furent  pas  moins 
'heureux  dans  l'action  générale,  qui,  en  assurant 
iaus  alliés  la  possession  de  Psylalie,  leur  procura 
■no  granO  avanlaee ,  en  ce  que  ceux  dont  les  rats- 
seaux  éiaienl  submergés  Irouraient^ans  cette  île 
I  refuge  assuré. 

Après  la  bataille,  Thémistocle,  prenant  à  part 
Aristide,  lui  proposa  de  couper  le  pont  par  où 
Xerxès  était  entré  en  Europe  :  on  doule  qu'un 
fMreïl  avis  fât  sincère  de  la  part  de  Thémistocle  ; 
mais  Aristide  fil  tous  ses  efTorls  pour  persuader 
ison  collègue  d'abandonner  ce  projet.  Il  luire- 
jirésenla  le  danger  de  réduire  au  désespoir  un  en- 
pcnri  qui,  quoique  vaincu,  était  encore  si  puissant, 
«t  l'assura  qu'on  devait  au  contraire  chercher  Iobj 
ks  moyens  de  s'en  débarrasser  au  plus  vite.  Thé- 
'>|ocfe  se  rendit  sans  peine  aux  rabons  d'Aristide, 
ne  songea  plus  qu  à  hâter  le  départ  du  mo- 
a:]rque  asiaiii^tie.  11  îm:igina  pour  cela  de  le  faire 
'  informer  seriélemcnt  i]ue  les  Grecs  avaient  en 
effet  Jesscin  de  rom|ire  le  pont.  Xerxès,  que  cet 
■«vis  remplir  deffioi,  se  hûta  de  passer  l'Helles- 
■aont  avec  toute  sa  flotlc,  laissant  ftlardonius  en 
Ttyièee  avec  l'armée  de  terre,  composiie  di:  ses 
hsneitleuTes  troupes  et  forte  de  trois  cent  mille 
hommes. 

Ce  général,  après  avoir  passé  l'hiver  en  Thps- 
'••atie,  conduisit  ses  troupes  en  BéoCie  au  retour  du 
LiprinteRips,  De  là  il  députa  vers  les  Athéniens 
^^esandre  i" ,  roi  de  Macédoine  ,  leur  allié  ,, 
'^pauT  leur  làire  des  propositions  de  paix  de  la 
"'pari  de  Xerkès,  et  pour  tenter  de  sépan-r  leurs  in- 
'lértis  de  ceux  des  autres  Grecs.  Le  prince, 'admis 
i  l'assemblée,  y  trouva  les  ambassadeurs  de  La- 
'  ccdémone,  IL  Qt  part  au  peupk  des  otfres  dont  il 


76  ARISTIDE. 

était  chargé  :  le  roi  de  Perse  s^engagtait  i 
Athènes,  qu'il  avait  détruite  pendant  la  gueir» 
précédente;  à  lui  fournir  des  sommes  d'argeal 
considérables;  à  lui  laisser  ses  lois  et  sa  constila- 
tion  ;  enfin  à  établir  la  domination  de  cette  répu- 
blique  sur   toute  la   Grèc^.  Les  Lacédémonieut 
prirent  alors  la  parole  pour  dissuader  les  Atbé^- 
niens  (Faccepter  des  propositions  trop  brillaoteft 
pour  urètre  pas^ suspectes;  ils  témoignèrent  coib- 
Lien   Lacédémône    était  sensible   au   triste  sort 
des  Athéniens,  qui  se  trouvaient  sans  maisons 9 
sans  retrait£,  et  dont  les  moissons  avaient  été  rut- 
nées  deux  années  de  suite,  et  offrirent  en  son  nooi 
dfî  pourvoir  abondamment  à  leurs  besoins  pea« 
dant  tout  le  temps  de  la  guerre^ et  de  donner  un 
asile  à  leurs  femmes,  à  leurs  enfans,  à  leurs  vieillai^ 
et  bleuis  esclaves.  L'affaire  mise  en  délibération' j 
le€  Athéniens  répondirent  aux  députas  de  Sparts - 
par  un  décret  dressé  par  Aristide,  alors  premier' 
archonte,  dans  lequel  se  trouvaient  ces  parole! 
admirahh^s  :  «  Nous  pardonnons  à  nos  ennemît, 
»  d'avoir  pu  croire  que  chez  nous  tout  s'achetail' 
»  h  prix  d  argent,  eux  qui  ne  connaissent  rien  d« 
V  plus  précieux;  mais  nous  en  voulons  aux  liac^ 
M  démouiens^  qui,  ne  considérant  que  U  diseitt 
3u  et  la  pauvreté  actuelle  des  Athéniens,  ne  sft  ' 
»  souviennent  plus  de  leur  vertu  et  de  leur  nuA"  ■ 
»  uauimilé ,  et  nous  invitent  par  Tappât  de  qim* 
»  qu(;s  vivres  à  combattre  pour  la  Grèce.  » 

Les  ambassadeurs  étant  rentrés  ,  Aristide  fi| 
lire  en  leur  présence  le  décret,  et  soudain,  ëlevast 
la  voix  ,  «  Députés  des  Lacédémoniens ,  dit-ii|  < 
»  apprenez  à  Sparte  que  tout    Tor  de  la  terre  ^ 
»  n  est  rien  4  nos  yeux  au  prix  de  la  liberté.  El 
»  vous,  Alexandre,  (ajouta-t-il  en  s'adreasànti 
3»  ce  prince  et  en  lui  montrant  le  soleil  )  dites  ft' 
»  Mardonius  que  tant  que  cet  astre  poursuivie 
j»  sa^route  les  Aibéoien^  feroot  U  guerre  ai» 


r* 


infernaux  quiconque  proposerait  èe  faire 
e  avec  les  Mèdes,  ou  d  abandonner  le  parti 
recs. 

donius  fit  donc  une  nouvelle  in^sîon  dans 
;ue.  dix  mois  après  que  Xerxès  se  futrenda 
:  d  Athènes  ,  et  les  Athéniens  abandon- 
encore  une  fois  leur  ville  pour  se  réfugier 
mine.  Aristide,  envoyé  à  Lacédémone,  se 
it  de  la  lenteur  des  Spartiates ,  qui ,  laissant 
iveau  Athènes  en  proie  aux  barbares,  ne 
isaient  pas  d^envoyer  leurs  troupes  au  se- 
de  leurs  alliés.  Les  éphores,  après  Tavoir 
,  Bassèrentla  journée  sans  lui  répondre  ;  mais 
ils  choisirent  cinqmilleSpar  lia  tes,  qui  prirent 
1  sept  Ilotes,  et  tes  firent  p^tir  sans  en  rien 
jx  ambassadeurs  d^Athènes.  Lorsqu'ensuite 
le  se  présenta  4ne  seconde  fois  au  conseil 
f  renouveler  ses  plaintes ,  les  Ephores  lui 
en  riant  qu^il  rêvait  ou  quUl  dormait  sans 
;  que  les  armées  étaient  déjà  en  marche  contre 
rses.  Aristide  leur  répondit  que  ce  n^était  pas 
nent  de  plaisanter  ou  de  jouer  leurs  alliés ,  et 
Fallait  réserver  leurs  Aratagêmes  pour  les 


tic 


a 


78  k\  I  s  T.I  D  E. 

centre  les  alliés  ;  à  la  gauche  les  Athéniens. 
Déierminée  à  tenter  le  sort  d'un  confibat,  l'ar- 
mée se  mit  '  en  marche  dans  cet  ordre,  et 
alla  camper  à  peu  de  distance  de  Ténnemi,  au  ; 
pied  du  mont  Cilhéron,  en  Béotie,  où  Mardonius 
était  retourné,  trouvant  le  terrain  inégal  de  FAt- 
tique  peu  propre  à  la  cavalerie.  Là  on  resta  quel- 
que tenr^ps  dans  l'attenle  terrihle  d'un  événement 
ui  allait  décider  du  destin  de  la  Grèce.  Pendant 
ix  jours  entiers  les  deux  partis  n'engagèrent  que 
quelques  escarmouches,  où  les  Grecs  eurent  près-  ... 
que  toujoui^  l'avantage  ;  on  s'occupait  plutôt  i 
chercher  des  présages  de  victoire  dans  les  en- 
trailles des  victimes  ou  dans  les  prédictions  des 
devins. 

Quand  on  rangea  l'armée  en  bataille  il  s'éleva 
une  contestation  assez  vive  entre  les  Athéniens  et 
les  Tégcatesy  qui  prétendaient  également  comman- 
der Taile  gauche  ;  les  uns  et  les  autres  rapportèrent 
leurs  titres  et  les  exploits  de  leurs  ancêtres.  Mail 
Aristide ,  qui  jusqu'alors  n'avait  pris  aucune  part  k 
la  discussion,  la  termina  en  disant  :  <c  Noua  oe 
^>  sommes  pas  ici  pour  contester  avec  nos  alliés , 
3)  mais  pour  combattre  nos  ennemis.  Ce  n'est  pas 
»  le  poste  qui  donne  ou  qui  Ole  la  valeur*  C'est  à 
»  vous ,  Lacédémoniens ,  que  nous  nous  en  ra[H« 
»  poêlons.  Quelque  rang  que  vous  nous  assigniez, 
»  nous  relèverons  si  haut  qu'il  deviendra  peul- 
3>  être  le  plus  honorable  de  tous.  »  Les  Lacédé- 
moniens opinèrent  awc  acclamation  en  Ëiveur  des 
Athéniens. 

Un  danger  plus  imminent  mit  la  prudence  d'A- 
ristide à  une  plus  rude  épreuve.  Il  apprit  que  quel- 
ques-uns des  ofBciers  de  ses  troupes,  appartenaùt 
aux  premières  familles  d^Athènes,  méditaient  une 
trahison  en  faveur  des  Perses,  et  que  la  conspira- 
tion faisait  chaque  jour  des  progrès.  Loin  de  la 
rendre  redoutable  par  des  recherches  indiscrètes 


endre  que   le  champ  de  bataille   serait  It 
il  où  ils  pourraient  faire  éclater  leur  juslifi- 

nzicme  jour  Mardonius  y  qui  souffrait  avec 
*nce  de  si  longs  délais,  et  qui  d^ailleurs  coin- 
it  à  manquer  de  vivres,  résolut  de  passer  le 
lain  le  fleuve  Asopus,  qui  séparait  les  deux 
,  et  de  surprendre  les  Grecs  par  une  brys- 
aque.  Il  donna  donc  le  soir  ses  ordres  en 
acnce  ;  mais  vers  le  milieu  de  la  nuit 
idr« ,  roi  de  Macédoine,  vint  secrc^emerit 
jp  des  Perses  informer  Aristide  de  la  réso- 
die  Mardonius,  en  le  priant  de  garder  pour 
avis,  et  de  ne  le  communiquer  à  personne, 
e  lui  répond  qu'il  ne  peut  décemment  le 
à  Pausanias,  qui  avait  le  commandement 
:e  Tarmée  ;  mais  il  lui  promet  de  n^en  fMir- 
jcun  asrtre  avant  le  combat.  Use  rend  aussi* 
quartier  des  Lacédémoniens,  et  concert^ 
^ausanias  les  mesures  les  plus  sages  pour 
9er  les  ennemis.  Celui-ci  propose  alors  de 
les  Athéniens  à  la  droite  ,  pour  les  oppo-. 
:  Per.es,  et  les  LacédémJhir ns  à  la  gauche^ 
ju'ils  eussent  eu  tête  les  auxiliaires  Grecs. 


8o  À  H  ï  s  T  I  li  «. 

!>ar  les  sages  discours  d'Aristide ,  ils  pais^ 
'aile  droite,  et  bientôt  on  n'entendit  plus.] 
eux«  au  lieu  de  murmures,  que  les  exhortj 
qu'ils  se  faisaient  mutuellement  de  combattre 
courage  «  et  le  serment  de  vaincre  ou  mouri 
son  côté ,   Mardonius  ,  instruit  du  change 
opéré  dans  la  disposition  de  l'armée  ennemi 
fit  autant  dans  la  sienne.  Cette  nouvelle  dis 
tion  des  troupes  du  roi  de  Perse  en  provoqu; 
autre  parmi  les  Grecs  ;  ainsi  cette  journée  se 
en  marches  et  contre-marches ,  et  n'amena  ai 
action  décisive  ;  seulement  la  cavalerie  des  I 
inquiet  I  a  l'armée  des  Grecs ,  et  parvint  même  à 
Lier  une  fontaine  dont  Ceux-ci  ne  pouvaient  s< 
ser.ll  leurfallut  donc  transporter  leur  camp  u 
plus  loin  :  Mardonius,  croyant  qu'ils  fuyaiei 
ne   doutant  plus  de  la  victoire,  insultait  à 
lâcheté.  Les  Lacédémoniens ,  suivis  de  trois 
Tégéates,  s'étaient   arrêtés   près  du    templ 
Catis  ,  à  dix  stades  de  Platée  ,  pour  attendi 
de  leurs  corps   dont  le   chef  persistait  à  g; 
le  poste  qui  lui  avait  été  confié.  Ce  fut  sur  eu3 
se  dirigea  la  première  attaque  des  Perses. 
sanTas  les  laissa  long-temps  exposés  aux  Ira 
aux  flèches  sans  qu'ils*osassent  se  défendre, 
entrailles  des  victimes  n'annonçaient  que  des 
sages  sinistres  ;  cette  malheureuse  superstiti< 

f)érir   inutflement  beaucoup   de    inonde.    1 
es   Tégéates,  nejpouvant  plus  se  contenir 
mirent  en  mouvement  et  furent  bientôt  sout 
par  les  Spartiates,  qui  venaient  d'obtenir  ou 
ménager  des  auspices  favorables.  A  leur  appr 
les  Perses  serrent  les  rangs ,  se  couvrent  de 
boucliers,  et  opffosent  à  la  fureur  de  l'ennem 
courage  intrépide   et  presque  féroce.    On 
^ire   que    cette  fois  ils  ne  le  cédèrent  pas 
Grecs  en  valeur  ;  mais,  moins  bien  armés  et  n: 
savans  dans  l'art  de  la  guerre,  ils  dejvaieiit  éf 


ARISTIDE.  Si 

r  DDC  entière  défaile.  Mardonius,  i  la  t@te  de 
lllc  scililais  (l'élite,  avait  long'iemps  balanc*^  la 
victoire;  inai5,aileiiit  d'uDroun  morlel,  il  périt, 
IkisMOt  la  réputation  de  général  mal  habile  et  lé- 
tairaiie,  mais  d'homme  valeureux.  Dès  ceino- 
&i-u(  Ifs  Perses  sont  ébranlés,  renversés,  réduits 
i  jifcoàrr.  la  fuite,  et  cherchent  leur  salut  derrière 
la  rcir^nchemcns  qu'ils  avaient  élevés  pour  mettra 
i  couvert  le  bagage. 

l^es  Athéniens,  trop  éloignés  (les  Lacédémonien» 
^ur  apercevoir  leurs  mouveinens,  étaient  restés 
queirjue  temps  dans  l'inaction.  Cependant  le 
iNnil  des  armes  ayant  frappé  leurs  oreilles ,  et  urt 
oilicicr  envoyé  par  Pousanias  leur  ayant  appris 
n qui  se  passait,  ils  éiaienl  parus  aussitôt  pour 
Wer  au  secours  des  Sparliatcs,  Mais  ils  sont  ar— 
itics  dans  leur  course  par  les  Grecs  qui  élnient 
itas  l'alliance  des  Mèdes;  iU  allaient  en  v 


lorsque   Aristide  ,    les    apercevant  «  leur 

K'  ifCn  attestant  les  dieux  de  la  drècc,  df  s'absle- 
rde  combattre  leurs  compatriotes,  et  de  ne' 
lli  s'opposer  au  secours  qu'ils  vont  porter  à  des 
Srecs  qui  cuposcnl  leur  vie  pour  le  sahil  de  la  pa- 
tne.  Une  grêle  de  Lrails  fut  la  seule  réponse  à  ces 
généreuses  remontrances.  Alors  Aiistidc  ne  s'oo- 
mpe  pins  d'aller  au  secours  des  Spartiates,  et  avec 
Nt  seules  troupes  il  fond  sur  ces  Grecs  ,  qui 
étaient  environ  cinquante  mille.  Ils  plièrent  pour 
i)  plupart  sildt  qu'ils  virent  les  barbares  en  fuite, 
A  ne  songèrent  plus  qu'à  la  retraite.  Les  Thé- 
Wns,  qui  avaient  embrassé  avec  plus  d'ardeur  te 
^i  des  Mèdes,  furent  ceux  qui  opposèreul  le 
plos  de  résistance  aux  Athéniens',  mais  ils  liniieut 

Aristide,  sans  perdre  de  temps  à  les  poursuivre, 

itt  aussitôt  rejoindre  tes  Lacédéinouiens,  qui, 

peu  versés  encore   dans    l'art   des  sièges  ,    alia- 

yuicat   vainemeat  i'eaceiiile  du  les  Perses  s'i^ 


s 


êa  A  B  t  s  1 1  D  fe. 

talent  retranchés.  Il  a  bientôt  forcé  ce  retraY 
ment,  et  pénétré  jusqu^aux  barbares,  oui  se  1; 
rent  égorger.comnie  des  victimes.  Il  n  en  éch 
que  trois  mille ,  sur  trois  cent  soixante 
4}ui  avaient  pris  part  au  combat ,  car  pendant 
tion  le  Perse  Artabaze  <,  qui  méprisait  la  téii 
deMardonius,  et  qui  en  prévoyait  le  désa 
avait  fait  sa  retraite  et  emmené  avec  Ivi  qua 
mille  hommes.  Du  côté  des  Grecs  qui  coml 
rent  pour  leur  patrie  il  n'en  périt  que  treize 
soixante  ,  dont  cinquante-deux  Athéniens,  qi 
*vingt-onze  Spartiates  et  seize  Tégéat<îs. 

Cependant  les  Lacédémoniens  et  îes  i 
niens  aspiraient  également  au  prix  de  la  va 
«t  soutenaient  les  uns  %i  les  autres  leurs  pr 
tions  avec  une  hauteur  qui  ne  leur  perm 
lus  d'y  renoncer.  Les  esprits  s'aigrissaien 
eux  camps  retentissaient- de  menaces^  et  F 
serait  porlé  à  des  e:i;oès  sans  Aristide  y  qui ,  |p 
force  (le  ses  raisons  et  de  $ts  remontrance 
consentir  les  Athéniens  ^  s'en  rapporter  au 
ment  des  alliés.  Alors  Théogiton  de  Mégan 
posa  aux  deux  nations  de  renoncer  au  prix  , 
Tadjuger  à  quelque  autre  peuple.  Cléocrile  d 
rinthe  s^étant  levé  ensuite,  on  crut  qu'il  alla 
mander  cet  honneur  pour  les  Corinthiens , 
la  ville  était,  après  Si)artp  et  Athènes,  la  pre 
•en  dignité;  mais  il  (it  en  faveur  des  Platéei 
discours  qui  causa  autant  de  plaisir  que  d'ad 
tion  ,  et  tous  les  suflirages  6e  réimirent  pou 
«décerner  le  prix. 

Après  le  partage  des  dépouilles  entre  les 
^ueurs  on  ne  songea  plus  qu'à  prodiguei 
les  genres  d'honneurs  à  ceux  qui  étaient  me 
armes  à  la  main.  Chaque  nation  éleva  un  toi 
à  SCS  guerriers ,  et  dans  une  assemblée  gé 
de  la  Grèce  Aristide  fit  passer  ce  décret  :  « 
p  tous  les  ans  les  peuples  de  la  Grèce  en  ver 


ARI&TIDE.  S3 

'(tuldc  A  rUi^o,pour  y  rpnmtveler  par 
oacrilii'es  auc;uslcs  la  méiniiiru  de  ceux  qui 
'  avsit^nt  pcrJu  la  vin  dans  le  combat  i  que  loua 

•  lc«cinif  on»  on  y  r.olcbrerail  Jes  jeux  qiii»p- 
■  Tticnt  nommi's  lea  ii\ea  M  \ix  liliuilti ;  rjuc  Ir* 

•  Plaint»  Kcralcnt  d^iormais  rcganlés  comrn« 
une  nation  îiivioUIjIe ,  VI  consarrce  ^  \>  ili  vinil^.  « 
Q»am)  1rs  AiiK-niunt,  rentras  dans  leur  pa- 
M,  purent  rrli'vé  I«urs  mursilles  et  commencé 
jouir    Avi    douceurs    de    la    paix  ,    le  penpie 

jtilplu»  Je  pin  (|ii'il  n'avait  jamais  Ëiit  au{;oii- 
wrnement  ,  et  chaque  jniir  la  cniistilutina  fiiiiait 
ues  pns  vers  la  df^mocralie  absolue.  Arts- 
,  (pli  obscrvail  «s  progrès,  scnlU  (|iic  d'un 
ili  ce  peuple,  qui  avaii  montra  tant  de  valeur, 
'  **  lU  des  (fgavd»,  et  que  de  l'aulic  il  ne  serait 
!!e  da  réduire  par  la  force  celle  inultiiude, 
\wt%  auGcès,  et  qui  avait  les  armes  i  la  main  ; 
idre  en  coméquence  un  d^rct  d*après  1c- 
i-archonles,  inagislrats  suprêmes,  seraient 
Btement  choisis  parmi  toiu  les  Athéniens, 
loi.  quiflatlait  rnicni'ililu  peii]ilR,  anijil  pu 
T  diingurensc  si  elle  n'eill  été  illinoire  |iar 
fiîl,  comme  le  pr^vii  sans  doute  Arisûile  ;  en 
..et,  elle  ne  changea  rien  <^  Uconatilulion  ;  jnmait 
,bpeupie  n'usa  du  droit  qne  lui  donnait  le  iégis- 
llneur,  ei  toujours  on  le  vit  n'accorder  qu'aux  ci- 
tftyCRS  les  plus  distingués  citle  magislralure'qui 

JDUvait  influer  si  nnissamnu'nt  sur  le  salul  do 
eut,  Ctil  ainsi  qu'en  suivant  le  vuîu  général, 
'Ariilide  stil  assurer  la  aubordiiiullun  de  loua  les 
«rdrcs  de  l'étal. 

Ëncouracés  par  leurs  succès  ,  les  firrcs  rc- 
lolurcnl  iJ  envoyer  une  [lotte  pour  délivrer  t"B 
nBea  mariiimps  et  les  île»  giecqnrs  qui  av- 
■iisaicnl  encore  sous  le  joug  des  IVrses.  Une 
Soi  te ,  commandée  par  l'ausanias  piiur  les  Laré— 
dt^onieiis ,  par  Aristide  et  Cimoii ,  lils  de  Mil- 


S4  ABtSTIbt. 

tiade,  pour  les  Alhéniens',  affrancliit^l^abôr 
de  Chypre  ;  puis,  se  dirigeant  vers  THelles 
elle  atUqua  et  prit  la  ville  de  Byzance.  i 
nias  ,  qui  dès  lors  entretenait  des  relations 

Î)ables  avec  lé  roi  de  Perse ,  enivré  de  la  gra 
iiture  que  lui  promettait  Xerxès,  enorgueilli 
leurs  de  h  gloire  dont  Tavait  couvert  la  jo 
de  Platée ,  quitta  les  mœurs  et  la  simplicité 
blicaines  pour  prendre  Textérieur  et  les  ma 
d'un  despote;  naturellement  dur  et  hauU 
traita  les  ailiers  avec  tant  d^arrogance  et  d^inl 
ni^ë  ,  qu^ils  commencèrent  k  détester  le  con 
dément  de  Sparte.  Aristide  et  Cimon  ,  p^ 
conduite  opposée,  leur  faisaient  au  contraire 
celui  d^Atnèncs  ;  aussi  les  généraux  Grecs 
saient-its  chaque  jour  Aristide  <de  se  mettre 
tête  et  de  recevoir  sous  sa  sauve  gardtf  les 
qui  depuis  long-temps  désiraient  d  abandoni 
Spartiates.  Aristide  leur  répondit  qu'ittrouva 
mécontentement  très-légitime;  qn'il  croyait 
indispensable  de  ne  pas  rester  plus  long-ten 
butte  k  la  tyrannie  de  Pausanias  ;  que  ne 

f)art  il  éfait  trèsflatté  de. la  confiance  ac 
^honoraient ,  mais  quUl  lui  fallait ,  pour  gar 
leur  sincérité ,  quelque  entreprise  qui ,  ui 
exécutée,  les  mît  dans  ^impossibilité  de  r 
sur  leur  résolution.  Alors  IJliade  de  Sar 
Antagoras  de  Chio  ,  s 'étant  concertés  ense 
vont  attaquer  près  de  Byzance  }a  galère  que 
tait  Pausanias  ;  le  Spartiate,  outré  de  cette  ii 
se  lève  et  leur  dit ,  d'un  ton  plein  de  colèr 
bientôt  il  leur  fera  voir  que  ce  n^est  pas 
ment  son^vaisseau  ,  mais  sa  propre  patrie 
ont  osé  provoquer.  Pei\  «ffrayés  de  ces  me 
ils  lui  répondirent  qu'il  n'avait  qu'à  se  ri 
qu'il  devait  rendre  grâce  à  la  fortune ,  qu 
tout  fait  pour  lui  à  Platée,  et  que  sanscett 
considération  les  Grecs  auraient  déjà  châ 


ARISTIDE.  8S 

insolence.  En  disant  ces  mots  ib  altèrent  se  raiir 
get  à  b  suite  des  vaisseaux  athéniens. 

Les  Lacédcmonicns,  instruits  de  celte  direction  ^ 

3ipelèrent  aussitôt  Pausanias  :  ses  excès  avaient 
até  ;  on  eul  bientôt  des  preuves  de  sa  trahison  ; 
enfin  une  mort  cruelle  fut  le  prix  de  ses  crimes. 
Quelque  éclatante  que  fût  celle  punition  ,  elle  ne 
ramena  point  les  alliés;  ils  rofnsÈrenl  d'otiéir  au 
qurtiate  Dorcls,  (jui  remplaça  Pansanias,  et  ce  gé- 
V^al  s'étant  retire^  les  Lacédémonien;  déLbérè- 
teatsur  le  parti  qu'ils  devaient  prendre. 

Spanc  était  encore  dominée  par  le  génie  de  Ly- 
etirgue;  elle  montra  dans  celte  occasion  une  gran- 
deur d'âme  admirable.  Voyant  que  ses  généraux 
l'élatent  laissés  corrompre  par  Texcès  du  pouvoir, 
eUe  renonça  volonlairemcnt  à  l'empire,  et  aima 
mieux  avoir  des  citoyens  modestes  cl  fidèles  ob- 
Krvaleurs  dçs  lois  que  de  régner  sur  toute  la 
Grèce.  Heureuse  Lacédémoite ,  si  elle  eût  conservé 
IpOfi-lemps  une  si  rare  modération  t 

Athènes ,  ayant  ainsi  succédé  â  Lacédémone  dans 
le  commandement  général  ,  continua  d'eiiigcr 
comme  elie  les  coiilribuLions  que  les  diiférenres 
républiques  de  la  Gièce  s'étaient  soumises  à  payer 
pour  faire  la  guerre  aux  Perses.  Mais  comme  il  pa- 
rut juste  que  celte  loxe  fût  également  réparlie,  tous 
Ie>  Cirées ,  d'un  commun  accord ,  rhargèrenl  Aris- 
tide de  diriger  celle  opération,  et  remirent  leurs 
intér^ts^nire  ses  mains.  Il  parcourut  donc  le  coti*- 
tioent  et  les  îles ,  s'instruisit  du  produit  des  terres , 
et  s'acquitta  de  celte  commission  avec  tant  d'inlel- 
ligenceel  d'équité,  quêtes  contribuables  mêmes  le 
.regardèrent  comme  leur  bienfaiteur ,  et  que  la  taxe 
ou  ii  impo'^a  fut  appelée  le  bonheur  de  la  Grèce. 
Chargé  p.'.uilleineitt  d'administrer  ces  fonds,  il 
CD  régla  1<  s  dépenses  à  la  saiisfaction  de  tous;  ja- 
inais  on  ne  pni  lui  rej>rocher  d'en  avoir  lait  un 
mage  réprehensibte  ni  même  iautile. 


86  Aristidb. 

Thémistocle  ne  ^-it  pas  sans  chamn  la  grin^ 

confiance  dont  la  Grèce  investissait  son  rival, 'et;*! 

rhonncur  dont  il  se  couvrait  dans  son  admiaislra-. 

tlon.Pour  diminuer,  s*il  était  pos^^ible.  sa  répatA^^ 

lion ,  il  dit  un  jour,  dans  une  assemblée  du  Pfô^j 

pie ,  que  les  louanges  que  Von  prodiguait  i  ArÎM 

tide  convenaient  moins  à  un  homme  qd'h  un  c^fJ 

fre~fort  qui  garde  bien  Tor  qo^on  lui  confie  :  c*é-| 

tait  une  bien  faible  vengeance  d^un  ihot  piqoaMi 

que  lui  ayait  dit  Aristide.  Thémistocle  disait  aiÎ6|l 

selon  lui,  la  plus  grande  qualité  d'un  général Ifen 

de  savoir  prévoir  et  prévenir  les  desseins  de  Fcn^i 

ncmi  :  «  Oui,  répondit  Aristide,  cette  qiialité  hii 

u  est  nécessaire  ;  mais  il  en  est  une  autreoien  P^mJ 

»  belle  et  bien  plus  digne  d'un  général,  c*est  hVI 

*  voir  toujours  les  mains  pures.  »  1 

Lorsque  tout  avait  été  réglé  entre  les  Athénièafl 

et  les  alliés  pour  la  répartition  des  cootribùtioiàt  J 

Aristide  avait  obligeies  Grecs  à  s'eneagâr  parier^ 

ment  à  Tobscrvation  <le  cet  article  importanl  dfl 

leur  alliance.  Il  avait  présidé  lui*-méme  a  cette  €é*>m 

rémonie,  et  pourla  rendre  plus  solennelle  il  availl 

jeté  des  masses  de  fer  ardent  dans  la  mer,  en  fifO*! 

nonçant  des  malédiciions  contre  les  infrai|eitrk| 

Mais  dans  la  suite  Toccasion  s'étant  présentée  de  Via:] 

1er  ce  traité ,  Plutarque  raconte  qu  Aristide  dtt^'àdzJ 

Athéniens  qu'ils  pouvaient  agir  suivant  lêùraiiÉM*! 

rets ,  et  rejeter  le  parjure  sur  lui.  Le  mètne  «ofeoM 

*  ajoute  que  lorsqu'on  proposa  d'enlever  d||(Déloièd| 

de  porter  à  Athènes  les  sommes  mises  en  i&m 

pôt  pour  les  frais  de  la  guerre,  Aristide  approirifi|j| 

cet  avis  ,  en  disant  que  cela  était  injuste ,  maia  tMilkll 

Ces  deux  traits  sont  si  peu  dans *«on  caractère  qi*dta  J 

ne  doit  pas  balancer  à  les  rejeter,  Jamais  AzMtia^  Ha-I 

pensa  que  la  politique  pût  s'affranchir  des  lëbdiJ 

'  la  morale  et  de  l'équité.  Il  faut  quelquefois  r<f#"?| 

■  queren  doute  le  témoignage  de'Plutarque  ;  cet  hik^l 

torien  n'est  pas  toujours  assez  sévère  fur  le  choh  J 

de  ses  anecdotes.  ^  1 


À  II  I  s  T  I  D  K.  87 

Mita  il  Mt  dicncilc  foi  liirsmi'ilraconte le  trait 
^îvant,  nhonoralile  pour  Arisliui.'.  Qin^lijiie  tcmpa 
'ivant  la  bataille  di-,  l'iiii-i:! ,  Thémistoclc  ,  qui 
cherchait  tous  \na  Dtoy<-iis  de  supplanti^r  les  Lac*- 
démoHiens  dans  le  cOinmanJement  général  de  la 
'^  'ce,  et  do  mettre  IfS  Athéaîem  à  leur  place, 
IftKfl  un  juur  au  peuple  qu'il  avait  conçu  un 
'"■  très- important  pour  la  république,  mait 
•  pouvait  pas  le  communinueP  en  assem- 
puiAîquej  il  Quit  par  demander  qu'on  nom- 
|t  qu/>lqu  un  avec  qui  il  pût  s'en  expliquer, Tous 
,  Bimërcnt  Aristide,  et  s'en  rapnorKrcnt  en- 
^rement  i  son  avist  tant  il  avait  la  confiance  et 
l'estime  du  peuple^  Thémislorle ,  l'avant  tirs  4 
{urt,  lui  dit  que  ce  projet  élail  de  brûler  les  vais- 
seaux des  Grecs  qui  étaicut  tous  réunis  dans  un 
port  vttisin.nour  assurer  l'empire  de  la  mer  aux 
&t)iénifns,  Aristide  rentra  dans  rassemblée  ,  et 
diriara  simplement  que  rien  n'ëtail  nlus  utile  qkie 
Il  deueiti  proposé  par  Thén^steclc  ;  mais  que 
rien  ao»i  a  était  plus  injuste.  Sur  ce  rapport  tout 
le  peuple,  d'une  commune  voix,  déclara  qu'il 
rejetait  le  projet.  Je  ne  s;iis  ,  dit  le  vertueux  Ilullin  , 

sais  ti  dans  1  histoire  il  ^  a  un  fait  plus  digne 
d'admiration  que  celui-ci.  Ce  ne  sent  nolnt  des 

i>hUo6a>phes  ,  à  qui  il  ne  coûte  rien  d'établir  dans 
eurs  écoles  de  belles  maximes  et  de  sublimes 
règles  de  morale,  qui  décident  que  jamais  I'uIiIk 
ne  doit  l'emporter  sur  l'honniHe  ;  c'est  un  peuple 
entier  intéressé  dans  la  proposition  qu'on  lui  fait, 
qui  la  regarde  comme  tiès-imporlante  pour  le 
bien  de  l'élal ,  et  qui  néanmoins  ,  sans  hésiter  un 
moment  ,  la  rejelle  d  un  commun  accord  ,  par 
eette  unique  raison  qu'elle  est  contraire  à  la  jus- 
lice. 

Aristide  ,  en  coniribuani  à  enrichit  la  Grèce 
par  la  sagesse  de  sou  «dminisiratiou ,  était  lui- 


S8  ÀRISTIDX. 

même  dans  un  état  voisin  de  Findigence-;  entrAj*: 

{>auvre  dans  cette  fonction ,  qui  aurait  pu  être  a^' 
ucrative,  il  en  sortit  plus  pauvre  encore  ;  il  p»*a|j 
naissait  aimer  la  pauvreté  par  goût,  et,  loin  a'ea«i 
Tougir  ,il  la  regardait  comme  un  titre  aussi  glorieax 
pour  lui  que  ses  triomphes  ;  on  en  jugera  par  li; 
trait  suivant.  Callias ,  très-proche  parent  d'Aria-;, 
tide ,  et  le  plus  opulent  citoyen  a  Athènes ,  fu( 
appelé  en  jifgement;  son  accusateur,  insistant  peu. 
sur  le  fond  de  la  cause,  lui  faisait  surtout  ii||j 
crime  de  ce  que,  riche  comme  il  était,  il  n'aTai 
pas  de  honte  de  laisser  dans  Tindigence  Aristide 
aussi  bien  que  sa  femme  et  ses  enfans,  Calliaa.; 
voyant  que  cette  inculpatiqp  faisait  beaucoup 
d^impression  sur  Tcsprit  de  ses  juges,  appelb^ 
Aristide,  et  le  conjure  d'attester  devant  le  tri*] 
bunal  qu^il  lui  avait  plus  d'une  fois  offert  dea,i 
sommes  considérables ,  et  Pavait  pressé  avec  im» 
tance  de  les  accepter;  mais  quUl  les  avait  toujoun  J 
refusées  en  disant  :  «  Celui -U  seul  doit  étim 
»  réputé  dans  le  besoin  qui  permet  à  ie%  désira 
»  de  passer  les  bornes  de  son  revenu;  celui  | 
»  au  contraire  ,  qui  sait  se  contenter  de  peu,  as 
»  rapproche  plus  des  Dieux,  qui  n'ont  besoin 
»  de  rien.  »  Aristide  confirma  les  assertions  de 
son  parent  ,  et  de  tous  ceux  qui  Tentendi*  ^jj 
rent  il  n'y  en  eut  pas  un  seul  qui,  en  sortant; 
du  tribunal  ,  n'eût  mieux  aimé  être  Aristidt', 
avec  sa  pauvreté,  que  Callias  avec  toutes 
richesses. 

Un  autre  trait  qui  ne  fait  pas  moins  dlion* 
neur  au  caractère  d'Aristide,  ce  fut  sa  conduits.^ 
envers  Thémistocle.   Il   Pavait  eu  poUr  ennéoai 
dans  tout  le  cours  de  sa  vie  politique,  et  n'avait;! 
été  banni  que  par  ses  intrigues  ;-  cependant  lora-^^j 
que  Thémistocle ,  accusé   de  trahison   contre  Êêt^ 
patrie  ,  voyait  Alméon ,  Cimon ,  et  les  plus  poia^ 
sans  citoyens  d'Athènes  se  liguer  contre  loi  poor  :-^ 


r^  ahîstïdV  8g 

ifirins  condamner,  Aristide  ne  fit  et  ne  dit  rien 
ni  pdt  lui  nuire  ;  coinme  il  n'avait  jamais  envié 
H  for  lu  ne  de  son  rival,  il  ne  se  réjouit  pas  de 
Rm  malheur. 

Aristide  ne  fut  pas  toujours  rerftu  de  fonclionj 
bobliques  ;  mais  il  fut  lnujou'rs  utile  à  sa  flétrie. 
Pamai^on  éoit  une  école  de  vertu  et  de  polilique. 
Mat  cesse  ouverte  aux  jeunes  gens  (jui  aspiraient  i 
pugesse  ,  et  qui  avaient  la  noble  ambition  de  se 
^in  dignes  de  gouverner  un  jour.  11  accueillait 
les  disciples  avec  douceur,  les  écoutait  avec  pa- 
tience ,  les  instruisait  familièrcinent ,  el  s'allacnait 
huttout  it  leur  apprendre  à  s'estimer  eux-m^roes 
coinme  ils  le  devaient;  mais  celui  r|ii'il  affectSon- 
kiail  le  plus  ,  i?t  (jui  profita  le  mieux  de  ses  leçons,' 
!fut  Cinton  ,  qui  devait  par  la  suite  jouer 'Ua 
Mie  si  dislingué  dans  la  république. 
[  Les  historiens  ne  sont  d'accord  ni  sur  le  temps 
■i.sur  le  lieu  de  la  mort  d'Aristide;  les  uns  te 
unt  mourir  dans  le  Pont ,  où  il  av^  élé  envoyé 
bMr  tes  affaires  de  la  république  ;  d'autres  en 
«il  dans  rionic  ;  d'autres  enfin ,  el  c'est  la  version 
qu'on  aimprait  mieux  adopter,  raconleut  qu'il 
termina  paisiblement  ses  jours  à  Athènes^  dans 
tin  âge  Irès-avanré.  Quoi  qu'il  en  soit ,  l'iiisioire 
rend  à  son  désintéressement  un  témoignage  bien 
slorieui  1  en  nous  apprenant  pDs:livpment  que 
Celui  qui  avait  eu  si  Inng-ienips  »  sa  disposition 
lous  les  tré'iors  da  la  Grèce  ,  laissa  à  peine  de  quoi 
{uyerses  funérailles  et  doter  ses  filles;  mais  Arls- 
lide  emporta  au  tombeau  l'estiinc  et  l'admiration 
it  ses  conciioyens,  et  pour  lui  en  donner  une 

?eove  éclatante  le  gouvernemcnl  subvint  aux 
aïs  de  ses  obsèques  ,  ef  se  chargea  de  l'entretien 
de  sa  famille  et  Je  rétablissement  de  ses  enfans. 
Mais  la  plus  noble  récompense  qui  lui  fut  géné- 
lalemcnt  accordée  est  sans  cbntrcdit  le  surnom 
de  Jusie ,  que  lui  mérita  non  une  belle  action  , 
Jome  I.  .ft 


mais  sa'^îe  tout  entière/  Combien 
nom  est  au-dessus  des  titres  fastueux  q 
tionnent  les  rois  et  les  conquérans  !  £n  efl 
au  hasard  ou  à  la  fortune  que  sont  sou 
la  puissance  et  k  victoire ,  tandis  que  les 
morales  sont  les  seules  attributions  qui  so 
jours  %n  nous ,  et  qui  ne  dépendent  lamai 
nous.  Pour  terminer  le  portrait  d^Âristii 
portons  cette  réflexion  de  Platon ,  qui  i 
en  si  peu  de  mots  Féloee  le  plus  beau  e 
complet  que  l'on  puisse  taire  ae  ce  grand 
u  Thémistocle  et  Périclès  ,  dit-il,  pnt  ren 
»  patrie  de  superbes  monumens  ;  Ariiti< 
f»  vaille  à  la  remplir  de  vertus.  » 


prîbc(«de'U  race  ies  HéraciiJct  e'élant 

AU  pouvoir  si]pi-éin«,  Sparte  tiepuil 

l|»oque  se  vîl  aomiTjiéF  par  Jfux  rois.  Le 

fiilnclcinenl   i]es  arrnrcs  leur  l't.iit  r/\du.slve- 

tniréjervë;  mais  ils  ne  pouvaient  t-ntreprHndie 

JUcune  Euerre  sans    le   €Oii$enl(>mciil    «Iti   scnal. 

'  AaaxaocriJcs ,   l'un   d'eux,   mourut  laissant  il« 

«ircesscurs.     Doriéc  pl    Ck-omèiips  ,    nés   d'une 

prcnaîère  Jeitimc  de  ce  loi  ,    semblitienl    devoir 

r  «dure  du  Irime  Léaiiîdas,  issu  d'un  second  lit  ; 

.   mab  la  mori  de  tous   deux  plaça  la  couronne  sur 

MÇ>  l^e  ;  il  avait  alors  rinquanle  ans  ;  il  lilail  ni;  l'an 

f%3g   avant  J.-C.  Rempli    de    mudeinlion  et  de 

âouceur,  appaisant   les   discordes  t]i]  il   n'avail  pa 

prévenir,  il  s  était  fait  clit-rirpvauKju'd  f.lt  re>.'lu 

de  la  royauté  ;  Inrsou'il  la  ptisséda  ses  ulcns  cl  ses 

précieuses  qualités  brillèrent  d'un  nouveau  liialre, 

11  fit  craindre  et  respecter  sa  pallie  au-deliors.  al 


92  IiiCOKTDA'S* 

la   garanllt   au-dedans  des  troubles  inséparabi 
cl^un  gouvernement  où  l*au4oritë  était  {tartaig^ 
Cependant  un  de  .ces  hommes  que  la  aature' 
condamnés  à  ignorer  le  vrai  mérite 9  dilnn  jour 
Léonidas  :  «  Four  être  roi,  vous  ne  vatez  pi 
»  mieux  (|ue  nous.  — *  Si  je  n^étais  pas  verfucux, 
»  reprit  le  prince ,  je  ne  voudras  pas  être  roi^ 
La  sagesse  ae  son  administra tiou  justifia  pleii  ~ 
ment  sa  réponse.  '^ 

Léonidas  devait  trouver  une  compagne  di{ 
de  lui;  il  épousa  Gorgo,  fille  de  Cléonrànes,  i 
frère.  Cette  princesse,  qui,  fiar  un  mélange hi 
reux ,  joignait  aux  qualités  bnllantes  deresprit 

Ïualités  bien  préférables  du  cœur^  a  ménié 
lutarque  la  proposât  pour  modèle  aux  époi 
Tertueuses.  Encore  dans Tenfance, elle  moiUnlaj 
£acité  de  son  jugement.  Aristagoras,  tyrande  MilMj 
vint  à  Lacédémone  pour -demander  aes  secoura  d 
troupes  k  Cléomènes.  Sur  le  refus  de  ce  dernier, 
il  lui  offrit  dix  talens ,  puis  vingt,  puis  trente  9 
fin  cinquante.  Le  roi  de  Sparte  paraissait  fié 
lorsque  la  jeune  Gorg^o,  qui  n^avait  alors  que  m 
ans ,  sY*Gria  :  «  Fuyez,  mon  père ,  fuyez  \  cet  étri 
4(  gcr  veut  vous  corrompre.  »  Cléomènes  consédii 
le  tyran ,  et  eut  à  s^applaudir  du  conseil  ae  m 
fille.  Mais  c^est  dans,  la  circonstance  la  plus  im^j 
portante   de  la  vie   de  Léonidas  qu'elle  donn%| 
une  preuve  nouvelle  de  sa  pénétration.  Xerzèl' 
^avail  résolu  d^envahir  toute  la  Grèce.  Démarat€-^| 
fils  d'Ariston,  roi  deSpartede  la  seconde  race,  qi 
des  intrigues  avaient  contraint  d'abandonner  Lac 
démone  ,  était  alors  à  la  cour  du  roii  de  Perse. 
avait  conservé  pour  sa  patrie  un  reste  d'amour., 
faisait  des  vœux  pour  qu'elle  se  mît  en  état  i 
repousser  les  attaques,  au  grand  roi  :  il  se  décû 
xn^me  à  dévoiler  à  Léonidas  tous  les  nrojeti  i 
^rj^ès,  U  fallait  apporter  dans  cette  révelatioii  le 


V 


LÉON  IDA  S.  g!?^! 

Tsnd  mystère.  Démaraie  pril  des  tnUelttUf 
•s  ,  en  enleva  la  cire  ,  écrivit  sur  le  boîj,"  ' 
louvrit  de  die  ,  el  les  fit  ainsi  parvenir  à' 
.  Le  porteur  ne  courait  aucun  danger; 
es  Lacédémoniens  ne  purent  d'abord  rien 
'endre  à  cette  singulière  missive.  Consu 
onidas  ,  Gor^o  devina  le  secret  ;  par'  elfe 
prit  ce  qu'on    aurait  ignoré  jusqu  au  mo-  i 

It  ici  eue  Lrionidas  commence  une  nouvelle 
marcne  i  rimmorialiié.  Les  Grecs  et  leurs 
Kax  alliés,  oubliant  les  conlcslalioits  qui  les 
it,  ne  forment  plus  alors  qu'un  peuple  armÉ  ' 
a  propre  défense,  tes  mers  sontbîenlAt  cott-  • 
de  vais.<eaux  :  Aliènes  Iburnit  cent  vingt—  j 
;alères  ;  parmi  ses  généraux  on  remarque 
islocle.  Mais  Sparte  obtient  l'honneur  de 
■  seule  toute»  les  Ibrces  de  la  Grèce;  elle 
le  commandement  de  l'armée  navale  k 
îade;  Léonidai  est  généralissime  des  troupes 
rt.  Une  diète  est  assemblée.  On  conviont  de 
les  ïhermopyles ,  barrière  naturelle  qui  (]oit 
er  la  Grèce  coirlre  l'invasion  de*  barbares. 
•CKS  navales  sont  dirigées  vers  l'Artémisium, 
des  Thermopyles  ,  afin  d'établir  de  faciles 
unications  entre  les  armées  de  terre  et  de 

sons  la  flotte  suivre  sa  marLhe  pénible, 
;!arieuse,  pour  ne  plus  nous  occuper  que 
fenseurs  des  Thermopyles  ,  de  ce  passage 
t  où  Léonidas  doit  s'illustrer  à  jamais.  Si- 
tre  la  Thessalic  el  la  Locride ,  ce  détroit 
it  aux  Perses  l'entrée  dans  plusieurs  parties 
îrèce.  Le  chemin  ne  pouvait  d'abord  rece- 
l'uncharrlot  ;  plus  large,  il  se  prolongeait 
les  marais  ,  et  conduisait  aux  roduxs  qui 
lent  le  mont  Œta  ;  un  senùer  menait   au 


94  LÉOÎït-DAS. 

sommet  Je  la  montagne  ;  non  loin  de  Ik  était 
courant  d'eaux  chaudes  ^  dont  le  lieu  même  i 
pris  le  nom  de  Thermopyles  ;  plusieurs  cher 
inégaux  traversaient  ce  détroit,  long  d^env 
deux  lieues  ;  sa  largeur  variait  presqu^à  ch< 
pas ,  et ,  placé  entre  des  montagnes  inaccessi 
ou  des  marais  impénétrables^  il  était  soa 
coupé  par  des  torrcns.  En  face  des  Thermo| 
s^étendaient  les  vastes  plaines.de  la  Trachii 
c'est  là  que  vint  camper  Xerxès. 

Une  digression  devient  ici  nécessaire  | 
donner  à  nos  jeunes  lecteurs  une  idée  de  Fai 
colossale  des  Perses  ,  dont  Hérodote  nous  a  U 
xnis  le  dénombrement  curieux. 

L'armée  navale  de  Xerxès  était  composé 

cinq  cent   dix -sept  miUe  six  cents  Perses 

Mèdes,  et  de  vingt-quatre  mille  alliés]  cell 

terre  montait  à  dix-sept  cent  mille  hommes 

fanterie ,  et  quatre-vingt  mille  de  cavalerie.  1 

mille    Arabes  ou    Lydiens',  les  uns  condu 

des  diameaux,    les  autres  montés  sur  des  cl 

et  trois  cent  mille  Européens  se  joignirent  à 

armée ,  déjà  si  formidable ,  et  qui  offrait  alon 

masse   de  près  de  deux  million,  six  cents  ; 

combattans.  Ajoutons  les  valets  ,  les  gens  d't 

page ,   qu*Hérodote  suppose  encore  plus  i 

Dreux,  et  nous  verrons  Aerxèsconduiret:ont 

Grecs  plus  de  cinq  million  deux  cent  quati:e- 

jnille  nommes  :  c'était  plus  que  la  Grèce  n' 

d'habitans.  Quoique  des  (loitesxhargées  i 

vres   suivissent  ces  nombreuses  armées,   t 

dote    ne    peut   comprendre    comment    on 

nourrir   tant  de  monde;    il   garantit  cepei 

Texactitude    de    son    dénombrement ,     rec 

invraisemblable  par  plusieurs  auteurs.  Si  ce 

torien    ne  fut  pas  témoin  oculaire  de  ce  ( 

événement ,  il  prit  du  moins  toutes  les  info 

tions  nécessaires  j)our  rendre  son  récit  digi 


lÉ  GUIDAS.  gS 

nce  ;  il  puisa  îles  tnsiruclions  cbcz  des 
rds  qui  avai<?iit  vu,  qui  avaient  coniribué 
gloire  de  leur  pairie  dans  celle  grande 
il  s'inronoa  m^-'ine  ,  dî(-îl  ,  dct  <.'  ma 
rois    «nls    Sparlialea    qui    ont    péri    avic 

oi.  Hérodolc  lut  son  hisioii-e  à  la  Grt-ce 
blée,  el  ne  trouva  poini  de  coulradicieurs  ; 
ire  nationale  était  sans  doute  rntéressëe  i 
légèrement  sur  quelques  faiii  exagérés } 
loins  d'habiles  critiques  conviennent  que 
tait  gifanlesque  dans  cette  nnlreprise  ,  que 
'iolisine  et  la  valeur  des  Grers  rendirent  in  u- 
)ans  une  expéjilioo  de  Darius  les  vaisseaux 
vrsKs  avaient  été  poussés  et  brisés  par  la  tem- 
Dntre  les  écucibilumontAlhos-.Xernès, pour 

un  pareil  désastre,  fit  ouvrir  cette  monla- 
ft  ses  vaissearux  passt:rent  à  travers  un  csnal 
ï  dans  le  roc. 

lendanl  les  liarljares  vinrent  camper  dans  les 
s  de  la  Trachinie  ,  en  Mélide.  De  lous  cdiés 
ccsserenWirentaoxTherniopylesronycoiiipr 
éjd  rinq  cents  ïégéalcs  ,  cinq  cents  M;mii- 

,  cent  vingt  hommes  d'Urchonicnes ,  el 
des  autres  villes  de  l'Arcadie  ;  quatre  cents 
irinthe  ,  deux  cenis  de  Plilîunles  ,  ^atrc- 

de  Mycènes  ,  sept  cents  Tliespiens  ,  quatre 
Théliains  ,  et  mille  Tliocidiens  ;  h  pelile  na- 
les  Locricns  envoya  toutes  ses  forces.  Les 
:  Grecs  ne  devaient  pas  larder  i  se  mcltre 
rche;  mais  les  Latédémonicns  ,  observateurs 
lieux  de  leurs  institutions  ,  étaient  retenus 
eursfoyorspour  la  célébralion  des  fûtes  rar- 
es ou  des  jeux  olympiques. 
ins  do  confiance,  les  Grecs  se  disaient  : 
nVst    pas    un    dion   ,     mais    un    homme 

vient  attaquer  la  Grèce,  tomme  il  n'y  a 
lais  eu  d'homme  ,    quelque  élevé  qu'il    fOt, 

n'ait  éprouvé  une  chute ,  «il  Jàut  détruire 


96  LEOKIDAS. 

»  If  s  espérances  du  mortel  qui  veut  nous  asser 
Enfin  celte  armée  de  héros  est  réunie.  Léoi 
arrive  à  la  tille  de  trois  cents  Spartiates  seulen 
tous  choiiis  dans  le  corps  des  illustres  chevj 
préposés^  la  garde  des  rois  de  Lacédémone, 
animés  d'un  courage  égal  «  et ,  comme  leur 
généreux,  tous  dévoués  à  une  mort  glorieuse 

Léooidas  avait  rccohnu  Timpossibilité  de 
sisier  k  tant  de  forces.  Une  armée  nombi 
eût  été  de  même  sacrifiée.  Mais  il  ▼< 
faire  assez  de  mal  aux  Perses  pour  4 
respectassent  désormais  sa  patrie  ,  el  Ij 
^  celle-ci  les  moyens  de  se  défendre  er 
quand  Tarmée  des  barbares  serait  affaiblie  p 
coup  qu^il  allait  lui  porter.  Son  grand  cœur 
doute ,  plus  qu^un  oracle ,  lui  avait  dicté 
conduite  héroïque  ;  cependant  nous  rapport! 
la  réponse  de  la  pythie  9  quUl  avait  cons 
à  ce  sujet  :  «  Citoyens  de  la  spacieuse  Sp 
i>  ou  votre  ville  célèbre  sera  df^truite  pa 
»  descendans  de  Persée  ,  ou  le  pays  de 
i>  cédémone  pleurera  la  mort  d  un  -roi 
m  du  sang  d^Hercule.  Ni  la  force  des  taure 
j»  ni  celle  des  lions  ne  pourront  soutenir  le 
i>  impétueux  du  Perse  ;  il  a  la  puissance  de  . 
»  ter.  Non ,  rien  ne  pourra  lui  résister  qu'il 
»  eu  pour  sa  part  Fun  des  deux  j-ois.  m 

Lorsque  Léonidas  quitta  Sparte  avec  les 
cents  braves  qu'il  avait  choisis  ,  les  Ephore 
Furent  étonnés  du  petit  nombre  de  ses  soldats  : 
V  sont  bien  peu ,  dit  le  héros  ,  pour  arrêter 
»  nemi  ;  mais  ils  sont  trop  pour  l'objet  qa' 
D  proposent.  »  Interrogé  sur  cet  objet  :  «  ] 
»  devoir  ,  répliqua-t-il  ,  est  de  défendre  le 
»  sage  ;  notre  résolution  d'y  périr.  Trois  cent 
»  times  suflisent  à  l'honneur  de  Spartç  ;  elle 
»  perdue  sans  ressource  si  elle  me  confiait  to 


lEONIDA.S.  97 

guerriers  ,  car  jp  ne  préiiimc  pas  qu'auctiD 
dVux  «^3t  preiitlie  la  Tuile.  " 
Le  fOur  ilu  iletiarl  Lacé<Jémone  fut  lémoîn  du 
|(ecU*W  li>  plu<  allPiidris^tanl.  D'avaiici;  Im  troît 
BU  rtiuvaliers  honurëivnt  le  lri!p;ix  de  li^ur  chef 
:lV>  Irur  piii  Une  c^rtfmonir  funèbre,  i  Uquello 
U<st^rvHl  lotir  fainilli!  é|>lorc«  ;  puis  ili  sorlireot 
tû  ville  .  iloiiiiani  et  recevant  iMadii^iixéterneU. 
nreo  ,  la  vcrtucutu  (>urgo  ^  demiinJ»  i  son 
bgus  tes  dernières  volonlf's  :  <•  Je  viiut  souhatle, 
■  lai  dit  Lt^ontdâs,  un  rpoux  digne  de  vous  ,  et 
>iles  cnfan<  qui  lui  reMrolbIcnt.  •• 
Hau  rovcttoni  aot  lieux  témoins  du  plus  noble 
bvouemenl.  Hennis  ,  Ici  Grecs  JélibèreAt  :  les 
U,  ellravé»  lie»  forces  iminensrs  du  roi  d«  Penc  , 
Mtposenl  de  retourner  >Un«  li^  IVIoponèse  pouc 
firitr  un  «uirc  passage;  <rautrea  veulent  <)u'on 
lv>>ie  daiu  Toutes  les  villes  de  t.-i  Grèce  paur  im- 
larer  des  serours.  Léonîdas  et  les  siens,  iudienés 
n  faut  de  (aiLilesse  ,  persistent  à  rester  A  leur 
Elfp.  iicor  «lemple  inspire  un  moment  de  cen- 
Eucr  ;  les  rhefs  se  retirent  dans  leurs  tenies, 
tt  Lêoiiidas  s'octuiR'  île  ses  moyins  lit:  ililt-nse. 
,    Cependant   Il'S  1  erses  st}  répandaient  d^ns  U 

Ëie.  Xrixés  envoya  uiicavMicrpour  reconoallre 
^aies  avancés  Je*  Grecs,  et  s  informer  de  leur 
ibte  et  de  leurs  dispuiilioas.  Une  toiirailtequH 
fttoitidas  avait  fait  (élever  cmpéclia  cet  ifiniMaira 
Ht  te^an naître  au  ju>te  leurs  loices  \  il  n'.-iperçut 
far  les  Laccdémoniens,  qui  fonnaiciil  l'avant- 
nrde.    Us  étaient  alurs  occupés  à  di's  exercices 

Einiii(|ucs  ,  uu  i  parer  leur  chevelure  ;  c'était 
jr  habitude  i  l'apprucbo  d'un  combat.  Frappé 
it  leur  sccurilc  ,  le  cavalier  retourna  vers  Xi'rxës 

Kur  lui  ri-ndre  compte  du  rësullit  de  sa  mission. 
roi  de  l'erscccoutaaoïi  récit  avec  !a  plusjjraudo 
nmise,  ne  pouvant  s'imaginer  que  celli^  poigne» 
i     Ttfine  l.  3 


^8  LEONIDAS. 

d^hommes  se  disposât  à  lui  résister.  II  h 
Dëmarate ,  cet  ancien  roi  de  Larc^démc 
nous  avons  déjà  parlé.  Le  Spartiate Tassun 
leur  extraordinaire  de  ses  concitoyens ,  et  i 
point  étrange  qu^âu  nombre  de  trois  cer 
ment  ils  prétendissent  disputer  le-  pas! 
nombreuses  phalanges  du  grand  roi. 

Quatre  jours  sVcoulent  ;  les  armées  s 
|ours  en  présence.  Tour  à  tour  indigné 
d'admirer  la  persévérance  héroïç]uc  des 
Xerxès  écrit  à  Léonidas<  «  Si  tu  veux  teso 
»  je  te  donnerai  Tempire  de  la  Grèce.  » 
çoit  cette  réponse  :  «  J^aime  mieux  moi 
M  ma  patrie  que  de  Tasservir.  »    Une 
lettre  contenait  ces  mots  :  «  Rends  tes 
Léonidas  mit  au  -  dessous  :  «    Viens   1 
»  dre.  » 

Xerxès  résolut  de  punir  Taudare  de 
républicains.  Il  crut  seulement  nécessaire  d 
contre  eux  un  détachement  de  Mèdes  et 
siens,  avec  ordre  qu'on  les  (it  prisonniers 
les  lui  amenât  tout  Vivans.  Un  soldat  vii 
Léonidas  que  les  ennemis  s'approchaien 
»  plutôt  que  nous  sonmies  près  d'eux  »  , 
froidement,  et  il  donna  le  signal  du  coml 
taque  fut  vive  et  impétueuse.  Le  grand  roi  f 
d'envoyer  de  nouvelles  troupes  ,el  le  comb 
longea  incertain  j usqu'à  la  n  u  it,  que  les  Mèd 
contraints  de  se  retuer.  Le  lendemain  H 
marcher  contre  les  Grecs  l'élite  de  ses  Iro 
corps  sacré  des  dix  mille  ,  qu'il  avait  sur 
lesimmortels.coipmandés  par  Hydarnès, 
taient  des  colliers  d'or  ,  et  leurs  armes 
habits  étaient  éclatans  de  perles.  Lt$  Per: 
chaient  avec  joie  contre  les  Grecs  ;  la  yict< 
paraissait  sûre  ;  ils  ne  s'attendaient  pas 
rés^îstance  si   opiniâtre.  Repousses    con: 


LKOKID  A5.  99 

été  Im  Médet ,  ÎU  unirent  en  furf or  r  et 
itendre  Jes  cnsaffrrui.  Leurs  (lîqiiiM.moiai 
1  (|iie  celles  du  iirrca,  ne.  pouvabn*  It-sat- 
c,  el  Ip  Ik'u  dn  roiiibal  «Uni  rrweiré  ili  ne 
iruipriiruer  Je  l'avantage  du  iiomb'v.  Can- 

àf-  se  rrlirer  ,  iU  euietil  auiti  b  litinte-  dit  te 
laiiM  vainrus  par  le»  LacriJriaitiioiu  >  oui  ' 
lUîrenl  en  rfrrl  >l'uni'inaTTi^rercin«raiiBblet 
iculaiil desévoIutioDs lavantts ei  hardiea. Uj 
^rcnt  dant  celle  occasion  reoibitin  i'vt 
ire  leur  éuil  devenu  familier ,  et  r.ambUil 
T<ei  y  avaii-ni  encore  (»l  peu  du  progrès, 
aiir  «unir  Ane,  d'où  il  s  élança  plusieurs  tais 
i  il'éionnenient  ■  Aerxrs  fut  l^initiu  du 
ït  ;  il  rraijjuii  [)o»r  «es  triiu[>es  tacréet. 
jour  suivini  nouvelle  atUijue  ;  n'itiveati  luc 
lur  les  Grei's.  Les  crofanl  (alisiiés  et  ctia- 
Jc  blesiii>et,  les  Perses  temlmiil  se  ànpo- 
istr  une  .affaire  décisiTe.  Leomdas  met  sa 
e  en  baiaille-,  il  place  les  Ph.<ciJieos  lurU 
Ignc  pour  garile*'  le  sentier  ijui,  bientôt 
1  de  XcrxAs ,  Ji'vïi'iiilra  f  ineste  aux  tîrecï. 
loni  ei  natiims  combinent  tour  i  tour,  et 
erses  sont  encore  repousses  avec  perte, 
ntcux  et  d«espcfés  ,  les  barliare.i  n'osent 
lever  lei  yeux.  Xerxès ,  dan^la  plus  grande 
:é  t  comprend  enfin  que  la  muliiliitle  ne  fait 
,  forre  d'une  armée.  Dans  le  fond  de  son 
il  s'avouait  vaincu  ,  lorsqu'un  l'racliinien  de 
1,  £phialiè>,  |>our  »bleiiir  du  roî  une  grande 
ifM'Uïe  ,  vint  lui  inJi((iier  le  sentier  par  où 
louvail  lourncr  les  Greci.  Sj  Iraliisoii  ne  relia 
npunie  ,  car  il  fut  tué  quei([ue  temps  après  , 
e  ayani  été  mise  à  prix  p»r  lej  iNicédéoioBieDs. 
n  de  celle  honleuw  découverte,  Xeni*s  dé- 
I  sussilât  Hydarnis  avec  le  corps  di'ï  immor- 
pour  suivre  la  rouie  indiquée  p  w  l'jpliult^s. 
9  * 


lOO  lilÊOVIDAS. 

IIi  se  mirent  en  marche  h  Tentrée  Je  la  nuii 
avoir  traversé  TAsope  ,  fleuve  qui  coule  i 
ffeniicrfataiy  ils  arrivèrent  au  point  du  y 
bas  delà  montagne.  Nous  avons  dit  que  JU 
avait  ronflé  la  garde  de  ce  passage  auxPhoc 
qui  élai<»r>l  au  nombre  de  mdie ,  et  tous  b 
vnés.  Cachés  par  les  arbres  qui  couvraiei 
•  montagne ,  les  Perses  montent  sans  éire  af 
bientôt  le  bruit  de  leurs  armes  fait  accoi 
Fhocidicns'.  Ilydarnès  met  alors  ses  trou 
bataille  9  et  accueille  par  une  gr^lc  de  ti 
gardiens  du  passage  ,  qui  se  retirent  promp 
sur  la  cîme  ae  la  montagne  ,  et  là  font  leu 
positions  pour  attendre  lenncmi.  Mab  Ilyi 
toujours  guidé  p.ir  Ëphialtès  ,  apprenant 
jBk  'étaient  pas  des  Lacédémonieiis,  les  seukq 
désiré  •combatt4e  ,  «e  retira  saus  inquiett/ir  < 
lage  les  Phocidiens. 

La   consternation    se   répand    dans    le 
des  Grcr^.    Un  devin    consulte  les  entrai! 
victimes  ,  et  annonce  que  ceux  qui  défend 
j'T  Thcrmopyles  périront  le  lendemain  ;  au 

if!  instant  des  transfuges  viennent  avertir  du 

iiij  qu'avaient  fait  les  Perses.   Toute  la  nuit  < 

ployéc  à  consulter  les  augures- 

Le  jour  paraît  ,  et  les  Grecs   délibèrent. 

qu'à  la  dernière  assemblée ,  les  uns  veulen 

donner  les  Thermopyles  ;  los  autres  prêter 

rester.   Mais  Léouidas  veut  arcoinptir  sa 

destinée;  Ucng.igeles  Grecs,  il  leur ordonnt 

de  8C  retirer  tous  dans  leurs  foyers,  les  conju 

^  se  réserver  pour  des  circonstances  pTus  (àvoj 

t!'  il  ajoute  que,  ni  lui  ni  ses  compagnons,  c 

donneront  le  poste  que   Sparte  leur   a 

Alors  les  alliés  se  retirèrent ,  à  Texception  de 

>  bains   et  des  Thespiens  ,   qui  s'attaclière 

^partiales  et  périrent  avec  eux» 


I 


LKONIDA.S.  loi 

làuil  Léuiiidas  9e  dispose  au  combat  qui 
ntjk  jtrr  le  damier  cl  \e  plus  glorieux  de  sa  vie. 
lonccinr.t^i'  tivùl  passé  dans  l'âme  de  tous  ses  cliC' 
«tiers ,  et  I»  Perdes,  bifniât  msîlresducliainp  de 
Miaille,  aihieni  encore  élre  vaincus  et  d'honneur 
I  d'héroïsme.  Xemès  ,  après  a»olr  KJcnfié  au* 
se  mil  en  marche,  ver»  la  troisième  heure 
r.  Les  Grers  s'avancèrent  plua  loin  qu'ils 
■nt  fait jusiju'alora  ;  •<  Ce  n'e-«l  pas  là,  difait 
nidoâ  à  ses  soldais,  que  nous  devons  com- 
>  battre;  il  faul  marcher  à  h  lente  de  XerKi^s  ,  et 
V  I  iininoler  ou  périr  au  milieu  de  sou  camp,  u 
Il  bis>,a  prendre  un  repas  frugal  à  tes  troupes  en 
ttur  disant  ;  i'  Î^oms  en  nrtndfons  l^Ientûi  uir 
»  autre  (bus  le  palais,  de  PliUon.  " 

Eafiii  le  combat  s'engage;  le  carn.i£>e  devient 
litR^ceus  \  les  barbares  tombent  par  millie.rs.  Le» 
Crées  font  des  prodiges  de  valeur;  ils  reaver- 
■oit  tout  ce  qui  s'olfre  à  leur  passage  ,  et 
■reent  le  camp  de»  Ferse.i  ;  ainsi  que  de* 
■Mômes  qui  ne  font  plus  eas  de  la  vie,  les  Spar- 
tiates portent  l;i  mari  dans  lei  bataillons  ennemis  ; 
nais  elle  semble  s'arrûler  pour  eux.  Les  uns  n'ont 
plus  de  piaues  ;  ils  comballent  avec  leur  épéc; 
p^'autres  ,  dénués  de  toute  arme  ,  se  défendent 
^Bcore  avec  leurs  mains  et  leurs  dents,  l'ercc  de 
nupa  ,  couvert  de  gloire  ,  Léonidas  vaut  seul  un 
Mladlon  ;  les  barbares  fuient  devant  lui  ;  il  pé- 
pUre  jusqu'à  la  tente  Je  Xerxès  ,  lui  arrache  le 
Aldéme,  et  meurt.  Le  combat  se  ranime  encore 
Plw  violent  ;  les  Spartiates,  quatre  fois  repoussas, 

tt(«em  aux  ennemis  le  corp.s  de  leur  général.  Mais 
MnlAl  ,  serrés  dans  l'endroit  le  plus  éirnit  du 
HJBlÉ,  environnés  de  toutes  parts,  atteints  d'un 
piillion  de  traits,  tes  Grei.s  succouibeni. 
Telle  fui  l'issue  de  ce  combat  à  jamais  ménio- 


10^  tilBOKIBAS. 

rable,  qui  dévoila  aux  Grecs  le  socret  de  1 
forces,  aux  Perses  celui  de  leur  faiblesse. 

Xerxès  fit  de  grandes  pertes  ;  deux  de  ses  fi 
périrent  les  armes  à  la  main. 
ï  Fend.«nt  h  m^lée  une  pariie  desThébains  \ 

cbez  les  barbaies;  mais  les  Thespiens  tombé 
glorieux  à  rôle  des  Spartiates.  La  terre  qui 
vil  tombât' M'  les  recul  dans  son  sein  ;  on  no 
leur  séputtnie  sur  les  lieux  mêmes.  Sur  le  m* 
nient  des  G  «ers  morts  avani  ou  après  que 
nidas  ei)(  congédié  It^s  alliée  on  mit  cette  ins< 

tii  n  :  «  QUATRE   MILLE    PÉLOPONÉSIE19S  COM] 
»    TIRENT     AtlAtFOIS     DANS     CE     LIED     COÎ 

»  TBois  MILLIONS   l)*HOMRi£S.  »  Un  monur 
J  fiil  élevé  aux    Spaiftaîes    en    particulier;    r 

i  grava  ces  mots  :  «  passant,  va  DIRE  A  LACl 

^1.  »    MONE    QUE   NOUS    REPOSONS    ICI    POUR    A"^ 

»  OBÉI  A  SES  LOIS.  »  Un  lion  en  pierre  fut  i 
sur  une  colline  à  Tentrée  du  pas  des  Thei 
pyles.  Le  poëte  Simonides  fit  à  ce  sujet  une 
cription  dont  voici  le  sens  :  «  Je  suis  le  plus  < 
•  rageux  des  animaux;  celui  que  je  garde,  cl 
»  le  tombeau  duquel  je  suis  étendu,  fut  le 
»  valeureux  des  hommes.  Si  avec  mon  noi 
»  n'eût  pas  eu  un  courage  tel  que  le  mien  ,  o 
V  me  verrait  pas  sur  ce  monument.  » 

Quarante  ans  après  la  mort  de  Léonidai 
ossemens  furent  rapportés  à  Sparte  ,  et  mis  < 
un  tombeau  qu'on  plaça  vis-à-vis  du  théâtre, 
cérémonie  religieuse  était  observée  tous  les  an 
Thonneur  de  ce  héros  ;  les  Spartiates  seuls  éts 
admis  aux  jeux  qu^on  y  célébrait. 

Mous  terminerons  cette  notice  par  quel 
traits  remarquables  auxquels  a  donné  liei 
grand  dévouement. 

Près  d'attaquer   les  barbares,  Léonidas 
sauver  du  dan{;er  deux  jeunes  Spartiates  qu 


LÉ  p^ID  A  S.  Jo5 

«hueol  unii  par  le»  liens  du  sang  et  de  l'amitié, 
H  le»  charge  d'une  missiim  pour  lei  maeîsIraU 
it  Lacétlémone  :  «  Nous  ne  sommes  pa»  ici  poor 
•  porter  vos  ordres,  mais  pour  combàlire  «  , 
luidin-nlils,  elaussirfiiiU  renireiil  dans  les  rangs.    ' 

Vniiljnl  exprimer  combien  ûiait  immense  l'ar- 
mée dc«  l'crses ,  lin  Tlachioien  disait  ;  «  Le 
'  nomt>lo  de  leurs  trails  obirurcir  te  soieiLTant 
!•  mieux  ,  reprend  le  Spartiate  Diéiiécfcs  ;  nouj 
>  c<i  m  bâtirons  à  l'ombre.  •> 

Ëuryliis,  L'un  des  trois  cents,  était  retenu  am 
bnorg  d'Alpenns  par  nn  mal  d'yeux  -,  ayant  appris 
que  le  combat  était  sur  le  point  de  se  terminer  ,  À 
prit  ses  arines  ,  se  fît  conduire  dans  la  mêlée  par 
ton  eKlave,  et  reçul  la  mort  r^u'il  cherchait. 

Des  Iroi.f  cents  Spartiaiei  ,  deux  seulement 
^happèrent  à  la  mort.  Lorsqu'il*  relournèrent  â 
Lae^émone  ils  y  furent  regardé*  comme  des 
Uches,  et  déshonorés.  Le  premier  répara  sa  faute 
par  onc  aciion  d'éclat  h  la  bataille  de  Platée  ;  le 
ueondi'étraogla,  ne  pouvant  supporter  le  mépris 
tjjti  w  suivait  partout. 

Xerxcs  lernil  à  jamais  sa  mémoire  par  le  trait 
luivant.  Léonidas  étant  de  tous  Icï  Urecs  celui 
dont  il  désirai!  le  plus  de  se  venger,  après  la  ba- 
taille il  passa  k  travers  les  morts ,  fil  cbercher  le 
corps  de  ce  général,  lui  fit  arracher  le  coeur, 
«couper  U  léte.  Quelque  temps  après  les  Spar- 
tiates reçurent  de  l'oiacle  de  Delphes  l'ordre 
de  demander  à  Xeriès  jiislice  de  la  mort  de 
Lêonidas  ,  el  de  chercher  dan»  sa  réponse  le 
I  Wns  d'un  augure,  k  Rui  des  Perses  ,  lui  dit  le 
'  •  héra'il  charge  de   celle   mission  ,    les  Lncédé- 

>  moniens  et   les  Hcraclides  de  Sparre  vous  de- 
I   ■  mandent  justice  de  leur  roi,  qui  a  été  lue  par 

»  vous    en    cnmbatiant   pour   la   défense   de   la 

>  Grèce,  u  Xerxèi  se  mit  à  rire»  et  dit  un  instant 


204  (.EONIBAI». 

# 

Après,  montrant  Mardonius ,  Tun  de  tes 
raux  :  «  Voilà  celui  qiii  leur  fera  réponse  < 
^>  il  convient.  >>  Le  héraut  .se  retira.  Les  J 
moniens  déoouvriicnt  dans  ces  mots  un 
farorahle.  Kn  efTet,  ee  même  Mardonius  tr 
mort  à  ia  bataille  de  Platée,  où  les  Sp 
Temportèr«nt^r  les  Perses  une  Yiclolre  pc 


(  : 


CIMON, 

riLS     DE     MILTIADK. 


AïnfeCB»,  privée  dt  l'aripui  de  sps  deux  plus 
)|ranJ«  maftistrai»,  Arisiide  ei  Thcmislnrle,  ne 
•'ap^rnil  pas  long  •  temps  Je  celle  nerie  ;  tile 
potsèdail  Cim»D,fils  <L  Itlilli^du  et  irH^gésy- 
pjrle,  fille  (l'Olorus,  roi  de  ïhroce.  Cimon  r^u- 
Biauit  i  la  v^eur  de  son  père  b  prudence  d« 
^toiislocle,et  presque  iQules  l'es  vertus  d'Aris- 
tide, doniilarail  éléen  quelque  aorte  le  disciple. 
Le  vainqueur  de  Marathon  ,  aprH  avoir  sauvé 
13  patrie,  était  mort  dans  les  fers  :  (v\  exemple 
funesle  nVlouff»  point  dani^  lu  cœnr  de  Cimon  le 
noble  déiir  d'imiler  son  père,  eL  de  se  mcitre 
comme  lui  au  rans  des  bien  lai' eur.i  d'Athènes, 
qu'il  servit  aussi  bien  par  sa  politique  que  par  sa 

Ses  premières  années  éiaienl  loin  depromelire 
ce  qu'il  devait  éire  un  jour.  11  étnit  connu  dans 
Athènes  pour  aimer  beauroup  le  faste ,  le  vin  et 
let  femmes  ;  il  fui  mt'me  accusa  d'un  com- 
merce incestueux  avec  Klpioire,  sa  soeur,  qui 
d'ailleurs  n'avait  pas  une  coniluile  Irnp  réf>li'e. 
Cependant  qni-lqucs  auteurs  prétendent  ,  en- 
ir'anlres  Cornélius  Népos ,  que  crue  lî.iison  n'élait 
ni  crimini-lle  ni  serrèle  ;  mais  que  Cimon  l'avait 
^pousée  li'gilimement,  car  la  loi  permettait  4 
Atbènes  le  mariage  entre  le  hire  et  la  sœur ,  quand. 


106  CIMON. 

ils  n^éiaiont  pas  nés  delà  rn^me  mère.  II  fallait  « 
rir  un  bien  grand  mérite  pour  Tainrrcde  tel 
tacles  à  la  fortune ,  et  Ton  sait  combien  est  1 
la  tache  d^unc  mauvaise  renommée  qn^or 
faite  dans  sa  jeunesse.  Les  Athéniens  lui  au 
volontiers  pardonné  le  dérèglement  de  ses  n 
s'il  eût  su  couvrir  ses  débauches  du  voile  de  1 
ccnce;  mais  ses  vices  étaient  nus ,  et  la  vertu 
se  fait  pardonner  à  peine  la  nudité.  Son  édui 
était  rustique  et  négligée;  il  n'avait  voulu  a[ 
dre  ni  la  musique,  ni  aucune  des  science 
cuiraient  dans  Véducation  des  hommes  hier 
ce  défaut  devail  s'excuser  difficilement  ch 
peuple  aussi  poli  que  les  Alhéuiens.«L'exem 
Cimon  ,  dont  la  jeunesse  fut  si  décriée  «  • 
dans  la  suite  se  lit  un  si  grand  nom ,  dit  1 
Roilin  ,  monlre  que  les  dérangemens  de  c 

'\\  ne  doivent  pas  faire  désespérer  d'un  jetine 

me  ,   surtout  lorsqu'on  y  remarque   un 
d'esprit >  un  bon  cœur,  des  inclinations  dr 

1  et  de  Testime  pour  les  personnes  de  mérite. 

1  telles  étaient  les  heureuses  dispositions  pa 

^  quelles  Cimon  racheta  ses  premiers  désordi 

avait  d'abord  été  très^mal  accueilli  par  le  \ 

?;  la  première  fois  qu'il  s'était  présenté  pour  b 

i;  une  magistrature  ;  rebuté  de  ce  mauvais  si 

|;  il  songeait  à  renoncer  aux  affaires  publiques 

Aristide  ,  remarquant  en  lui  le  germe  de 
belles  qualités  à  travers  ses  défauts,  le  co] 
lui  renaît  Tespérance, s'appliqua  particulier 

i'  à   le  former,  et    contribua  par  ses  instru 

à  le  rendre  tel  qu'on  le  vit  dans  la  suite  : 

\  fut  pas  le  service  le  moins  important  qu*A 

« .  rendit  à  sa  patrie. 

Depuis  ce  moment  Cimon  changea  ei 
ment  de  conduite  ;  il  renonça  à  ses  écarts ,  < 
ne  vit  plus  dans  «es  mœurs  rieo  que  de  gran< 

i  noble.   Déjà  dans  sa  jeunesse  il  s'était  s 


I 

r.  1 M  o  s.  1 07 

MT  sa  piélc  CiijI*;  il  avait  arhrië  la  prittiUsinn 
SlVDïevfiir  le  corps  de  son  ppre .  muri  en  prison , 
|to  payant  pour  lui  li'S  rimitianie  lalrni;  auxquels  il 
i%U\  (fté  condamné,  somme  bien  sii[>^rieiiie  i 
I  furlunc  de  Cimon  ,  alors  1res- modi'inc  ,  et 
n^  fut  obligé  de  puiser  dunt  la  bourse  de  ses 
i^Kns  «■!  de  w(  amis. 

JlaisceauiçommenoïiirtoTil  à  rêlablir  sa  rêj>u- 
Mion  l'tà  luirancilierVesiimede  ses<or;;iloyenj, 
pTut  l'ardrur  qu'il  muntra  pour  la  défende  de  sa 
)trir  lors  df  rinvasion  de  Xerx^s  dans  l'AlTique. 
héniisloclc  avait  proposé  aux  Alhéniens  tl'aban- 
laaer  leur  ville,  qui  nr  pouvait  manquer  d'êtr« 
ffij^  i  la  fiii-eur  dfs  Prrses,  pmir  se  retirer  (\fr 
jar  floUi',  (jui  leur  offraii  un  asile  assitiê.  Dans 

EconsteniaïKin  eéiirrale  que  raosail  un  roiiscil 
banli ,  Cimnn  fut  le  premier  qui ,  suivi  de  plu- 
ifitn  jeunes  cens  de  son  3ge  ,  monti  d'un  oir 
M  i  la  riladellc  ,  pi>ur  y  consacrer  un  mors  de 
■tidc  il  Minerve,  vuubnl  faire  cj>tendre  pir  ce 
miïr  frappant  i^u'il  n'el.-ill  plus  qiiesiion  de  om- 

■drs  boudii'is   suspinil'is  aux    païuis  du  temple, 

Éia  1j  décssi-  ,  ri  di'scruJiI  sur  le  rivage. 
démarrhe  Tut  d'un  Irès-graiid  poids  dans 
icca«ion  ;  l'exemple  de  ce  jeune  héros  ra- 
e  courage  des  Athéniens  ,  leiir  ins[ilra  ijne 
runflaucu,  et  ils  se  delermiiièretiL  à  s'em- 
lors  le  fils  de  MiltiaJe  attira  l'atten- 
Bwi  des  Athétiiens.  La  beauté  de  si's  traits,  sa 
nUlc  élevet.-,  la  liiguiu*  de  son  pori  ,  ptévenaient 
«R  sa  faveur.  Ou  voyait  avi-c  plaisir  le  r.hau- 
gtsicnl  qui  ï'éuii  opéré  dans  ses  mœurs;  cIijcuii 
Vaatait  sa  framliise  et  si  gcnérosité  ;  et  si  l'ou 
poux-ail  eiicure  lui  rcproctier  un  peu  de  rudesse 
f[aD!  les  maniéiei,  nu  lui  pjrJiniiail  ce  défaut 
PD  fjvcur  de  UJionté  qui  présidait  ^  toutes  sts 


actions^  Les  preuves  signalées  qu^ît  donna  î 
valeur  à  la  bataille  de  Salamine ,  qui  eut  lieu 
ce  temps ,  mit  le  comble  h  l'estime  et  à  ïat 
ration  dé  ses  concitoyens.  On  en  vit  un  g 
nombre  s'attaclier  à  lui ,  raccpmpdgner  part 
et  l'exhorter  ii  se  montrer  par  ses  «ewtimei 
ses  actions  le  digne  (ils  du  vainqueur  de  IM 
thon.  Dès  ce  moment  Cimon  s'adonna 
entier  aux  affaires  publiques ,  et  fut  cette  foi 
cueilli  par  le  peuple  avec  tous  \çs  lémoignag 
la  plus  vive  salisfaction. 

Le  mérite  souvent  ne  suffirait  pas  à  rêlév 
de  celui  qui  le  possède ,  s'il  n'ëlaif  pas  sec 
par  les  fauleî»  d'un  rival.  Le  modeste  Cime 
bien  servi  par  le  faste  et  la  fierté  de  ïhém-s 
sa  douceur  et  la  simplicité  de  ses  manières  le 
dirent  d'autant  plus  agréable,  qu'elle» faisaie 
contrasteplus  frappant  avec  l'orgueil  de  cet  h< 
hautain,  liais  personne  ne  contribua  plua 
avancement  qu'Aristide,  qui  se  eomplaisaî 
maintenir  dans  ia  faveur  populaire ,  pour  Top] 
comme  un  contre-poids,  aux  talens  souvent 
gereux  et  à  l'audace  de  Thémistocle. 

Après  que  les  Mèdes  eurent  été  chassés 

Grèce ,  il  fut  nommé  général  de  la  flotte  des 

niens  ,  qui,  n'ayant  pas  encore  la  prééminen 

la  Çrèce,  recevaient  les  ordres  de  Pausar 

des  Lacédémoniens ,  chef»' de  la  confédératii 

Grecs.  Les  alliés,  indignés  de  l'humeur  tyrai 

du  général  Spartiate ,  auraient  craint  de  ti 

dans  Thémistocle  un  autre  Pausanias  ;  ils  sei 

avec  confiance  sous  les  ordres  de  Cimon  el 

ristide.  L'un  par  son  désintéressement  et  p 

équité  ,  l'autre  par  la  bonté  de  son  caractèi 

lui  gagnait  tous  les  cœurs  ,  surent  procures 

patrie  le  conunandement  de  toute  la  Grèce. 

Sa  valeur  justifia  le  choix  des  alliés.  Des  1 

qui  tenaient  au  grand  roi  par  h*»  liens  de 


;iie  occasion   a  son  maure  un   aiucnemcni  F'  \ 

fidélité  qui  ont  peu  d 'exemples.  Il  pouvait  f  J  ;. 

3n  capitulation  avec  l'es  assiégeans ,  et  Cinioa  Vl'. 

avait  m<^ino  fait  ofTrir  plusieurs  fois  à  des  ||> 

ions  trcs-hoiiorables;  mais,  x>rëférafil  Thon- 
la  vie,  Boyès  résolut  de  sauver  Eione  eu 
rir  ,   refusa   toute  espèce   de  traité ,  et  se 
lit  avec  un  courage  incroyable  ,  jusqu'à  ce 
•e  vit  liors  d'étal  de  résister.  Knhn ,    apits 
èpuiié  loulcs  ses  |n*o visions,  il  jette  tous  &cs 
s  du  haut  des  murs  de  la  ville  dans  le  fleuve 
inn  ;  égorge  ensuite  sa  femme,  ses  enfans  , 
is  ceux  qiii  romposaicnt  sa  maison,  les  fait 
au  milieu  des  flammes ,  et  s'y  précipite  lui- 
».  On  ne  peut  s\.*mpecher  d  adiiiim*  le  de* 
iicai  dt:  iioyÀ.) ,  mais  on  frémit  de  sa  férocité. 
hre  de  la  vdle ,  (^iiiion  n^y  put  f.ire  un  buiin 
Jéralde^  mais  il  eu   fut  dt^doinmagé  par  la 
\iéu}   d'Ainphipolis  et  d'autres  pl.iccs  de  la 
ne.  Comft4e  le  paysd'jlcntmir  était  aussi  beau 
'erlite,  il  jugea  à  propos  de  laisser  s'y  établir 
ihéniens,  qui  ,  pour  lui  marquer  leur  rccon- 
uïice  ,  lui  permiiTdt  d'élever  dans  la  ville  trois 
:nc*s  avec  une   inscription  sur  chacjiie  ,   dans 


ij  r,    i'    1 


1 


3; 


IIO  CIMON. 

Cimçn  soumit  ensuite  à  k  domination  d 
ulens  r^le  de  Scyros ,  où  Thésée ,  fiU 
obligé  do  fuir  d'Athèites ,  .s^élait  autrefois 
et  y  avait  péri  par  la  trahison  du  roi  Ly< 
Ua  oracle  av;.ifc  ordonne  aux  Athéniens 

[lorter  les  osscmen.s  de  Thésée  à  Athènes 
'honorer  comme  un  héros  ;  mais  on  ign 
lieu  de  sa  sépulture.  Cimon  mil  tant  de  7èl 
de  soin  à  leVhercher,  quVnfin  il  le  décoi 
fit  chai  ger  ces  i  estes  précieux  sur  s'a  galèr 
porta  aniM  à  Athènes,  pi  es  de  huit  cenls  a 
JC  Thésée  en  était  parti.  Le  peuple  les  re 
e  grandes  marques  de  joie  ;  pour  perp 
mémoire  de  cet  événement  on  institua,  < 
poote^^  tragiques,  àes  coucôurs  qui  euren 
grande  célébrité.  Ce  fut  dans  celte  occh* 
So^)hocle ,  encore  jeune ,  fit  jouer  sa  ^ 
pièce  ;  il  était  âgé  de  vingt -bult  ans  ;  il  ce 
avec  Eschyle,  qui  était  en  po.>sessii»n  du 
Après  la  représentation  des  pièces ,  Farch 

E  résidait  à  ces  jeux  voyant  parmi  les  snc 
eaucoup  de  tumulte,  de  partialité  et  de 
ne  voulut  pas  tirer  au  son  les  juges  du- 
■  Les  dix  généraux  de  la  république,  qui  a 

^  leur  tête  Cimon,  montèrent  alois  sur  le 

■  ]  et  s'aoprochèrent  de  l'autel  de  Bacchus  poi 

,1  des  lioatious.  Leur  présence  ayant  fait  ci 

clameurs  de  rassemblée ,  l'archonte  les  cho 
nommer  le  vainqueur.  La  dignité  des  juge 
encore  plus  vive  l'émulaiion  des  concun 
prix  fut  décerné  à  Sophocle.  Eschyle  en  ce 
si  vif  chagrin,  que,  ne  pouvant  plus  supj 
séjour  d^Athènes ,  où  tout  lui  rappelait  le  1i 
de  son  rival ,  il  se  retira  en  Sicile  ^  et  y  me 
De  tous  les  généraux  grecs  Cimon  fur  c 
orfa  les  plus  terribles  coups  à  la  puissa 
?crses.  Après  qu'ils  eurent  été  chassés  de  la 
il  ne  leur  laissa  pas  le  temps  de  respirer 


r>: 


1 


■  ■•ce    «4ca    xciaca^     u«ii   mxwoi.attr-iJt.  viiv^vf't,    vca  i;    y 

!S.  Bientôt  il  apprend  que  toute  la  floiie  en^ 
avait  jeté  l'ancre  à  Tenibouchure  du  fleuve 
lédon,  et qu* elle  ne  vou1a:t  coinbait«e  qu'a- 
irrivée  d'un  renfnrt  de  quatre-vingts  vaisseaux 
4ens  qu'elle  atiendail.  Pour  prévenir  celte 
>n,  Cimnn  range  ses  galères  en  bataille,  et 
sente  à  Tennemî  ddns  un  ordre  qui  le  force 
iger  Taction.  En  vain  les  Per'^es  se  retirent 
rant  dans  Ti-mbouchure  du  fleuve  :  les  Athé- 
les  poursuivent  avec  tunt  d  ardeur  qu'ils 
obligés  d'accepter  le  combat.  Les  b:;rbare8f 
supérieurs  en  nombre,  font  d'abord  une 
reuse  résistance  ;  mais  enfin ,  presses  vers  le 
I9  ils  s'y  jettent  eh  desordre,  laissent  leurs 
anx  en  proie  aux  vainqueurs ,  et  viennent 
idre  il  leur  armée  de  ti  rre. 
lait  une  entreprise  hasardeuse  de  tenter  une 
nie  en  présence  de  l'ennemi,  et  de  mener 
?  des  troupes  fraîches  et  nombreuses  des 
s  déjà  fatigués  ;  mais  les  Grecs  ,  anin^és 
n  premier  succès  ,  deinandaienr  à  com- 
*  les  barbares.  Cimon  crut  alors  devoir 
er  de  telle  ardeur;  il  s'élance  à   leur  t^e 

*»     rî*-anr#»  .if     1p«    mono     :»     i  pnnoinî  niiî 


} 


113  t:  1  M  D  N. 

f»l  sur  terre  ri  sur  mrr,  Ciinon*  pouf  y  mettre  1 
iMiinl)lo,  apprenant  que  les  vaisseaux  phënicier 
f]ii  attendaient  losTerses  riaient  près  d'arriver 
vole    au  (levant    ilVux  ,   les  surprend  ,    et  les 
bieiit(M  pris  ou  roulés  à  fond. 

Après  ces  glorieux  exploits,  Cîmon,  tir  retou 
dans  sa  patiie,  emploie  les  richesses  considérable 
que  celle  guerre  lui  avait  procurées  à  forliflor  I 
)()rt ,  à  embellir  et  à  oincr  la  ville.  Ce  fut  lui ,  di 
Muîarcpie  ,  qui  le  premier  établit  dans  Athène 
de«  lieux  destinés  à  des  exercices  et  à  des  jeu: 
lu»nr.t!es,ouvertsà  Ions  les  pariiculiers.il  fil  plante 
sur  la  place  publique  de  larges  ;dlces  de  platanes 
il  (bancea  rcuiplacemeni  nu  et  aride  ne  TArj- 
demie  en  une  i»ronienacle  chîiiciense  ;irrosee  u< 
ioulaini'S,  et  ombragée  par  de  beaux  aibres.  l)j 
•  els  embeUi>seraens  lui  assurèrent  de  plus  en  plus 
i'airection  du  peuple,  être  noble  usage  que  Cî- 
mon  faisait  de  sa  foiinne  fut  pour  lui  le  moyen  k 
plus  sur,  et  en  même  temps  le  plus  légitime . 
de  gagner  Testime  el  l'a  mil  iê  des  Athéniens. 

Mais  la  générosité  de  Cimon  ne  se  bornait  paj 
h  ces  sacritK  es  fastueux  ;  son  cœur  se  complaisait 
aussi  à  souliger  les  besoins  du  pauvre  ;  la  bîen- 
fiisance  semblait  en  quelque  sorte  son  élément.  On 
eiit  dit ,  selof)  la  rodexion  ingénieuse  de  Plularque, 
que  ce  grarul  bomine  a^ait  ramené  sur  l.i  terre 
cette  ccmmunauîé  de  biens  si  vantée  au  siècle  d« 
Saturne.  Il  fil  enlever  les  clôluïes  de  ses  vergers, 
afin  que  les  étrangers  et  les  Atbéï^iens  qui  co 
auraient  besoin  pussent  libi*cmon»  en  cueillir 
les  fi  uits.  Tous  les  jours  il  tenait  table  ouverte,  à 
laquelle  les  ciloyens  pouvaient  venir  indistinc- 
tement prendre  part  à  un  repas  simple  et  frugal, 
mars  abond.int.  D«ns  les  rues  d*Alhcnes  plusieurs 
doincsliquesmarcbaieiit  i  sa  suite;  ils  étaient  lou- 
jours  rouverts  de  bons  manteaux ,  à  fin  dVn  revétÎT 
es  vieillards  dont  le  costume  auDonçail  Findî- 


I 


C  tM  O  M. 
^n;    iU  (étaient   aus^i  pourvi 


n5 


,  .  lis   t1  argent,   avec 

hlre    iJ'fti    glisser    lecrctement    ilaiis    la    main 

ht  citoyens    honnêtes    et    nécetsilcux.    Souvent 

lic"rc  on  le  vil  sjibveorr  aui  funérailles  de  ceii» 

^(■linit  morts   sans   laisjer   de  quoi   se  faire 

■mer  :aui9i  les  ïnfurtunés,  regardant  Cimon 

une  h-iir  père,  crai^aîent  de  Im  survivre  ;  Idïit 

t*i)  c\Mirrail  ils  n'avaient  plus  à  reduuler  la  iiii- 


,Tom   ('(ail  almiraMe    dat 
(louvait    sans    injuslir 


ouduhr  : 


i.M«    bienfait) 

il    ne    les 

répand 

B^  se 

rendre 

p 

Hdb 

pr.pUi 

le  -o,.i, 
pirli  Jes 

au  lontr 

*ré  pour 

le 

r.oblcs,e 

|^«l 

arisiocra 

aug-iuvci 

nempiit 

««nab 

ses  sen 

im 

ens  à  CCI 

e8,rJ  lo 

«mii 

Aristide 

I-. 

ntrc   The 

mislocte 

:    snf- 

!   tOU- 

,  et  préfèreir 
Il  pofnUîre. 

Ïj'il  se 
ailpur 
|j|iu1b  Je  la  mulliludc.  Nous  verrons  iju'il  en 
piraa  par  la  «uilc  une  preuve  non  moins  autfacn-' 
""'"lei^^nM  dérlarantovvertcmemcuritre  le  projet 


ir4  ciMON. 

ordinaire,  la  corruption.  Aristide  s^en  était  garan 

Î^ar  une  pauvreté  volontaire  :  Cimon ,  au  sein  i 
^abondance,  n^y  fut  jamais  accessible;  jamais  o 
ne  put  l'accuser  d^avoir  sacrifié  son  devoir  à  V'n 
térét  ;  et  tandis  que  tous  ceux  qui  prenaient  pa 
au  gouvernement  s^enrichissaient  sans  honte  ac 
dépens- du  trésor  public  ,  il  se  maintint  toujou: 
incorruptible ,  et  ses  mains  furent  constammei 
pures  ;  non  seulement  on  ne  put  jamais  le  sou| 
çonncr  de  concussion  ,  mais  encore  d'avoir  ref 
aucun  présent.  Plutarque  cite  de  lut  à  cet 
occasion  up  trait  remar/juable.  Un  Perse  nomn 
Resaccs  était  venu  se  uxer  à  Athènes  avec  d^in 
menscs  richesses  ;  comme  il  y  était  sans  cet 
tourmenté  par  les  délateurs  «  il  se  réfugia  ch 
Cimon  ,  et  crut  devoir  lui  offrir  une  somme  cous 
dérablc  :  «  Kst-ce  pour  a  mi  ou  pour  mercenaire  qi 
»  vous  voulez  m  avoir  i*  lui  demanda  Cimoa  ( 
jf  souriant  —  Pour  ami  ,  reprit  Tclranger.  • 
»  Hé  bien ,  répartit  Cimon  ,  reprenez  votre  01 
i*  en  qualité  de  votre  ami  je  m^cn  servirai  quai 
»  j*cn  aurai  besoin.  • 

Admirable  dons  sa  conduite  privée  «  Cime 
no.  l'était  pas  moins  dans  sa  vie  publique.  D01 
il\ui  grand  sens ,  d'une  rare  prudence ,  il  avs 
une  connaissance  profonde  du  génie  et  du  cara 
icre  de$  hommes.  A  la  télé  des  armées  sa  doi 
t;eur  envers  les  troupes  ne  l'empêchait  pas  < 
les  maintenir  dans  un  ordre  merveilleux  ;  j 
m^is  général  ne  sut  mieux  que  lui  inspirer  i 
soldat  cette  ardeur  qui  lui  fait  compter  pour  rii 
les  fatigues  et  les  dangers:  Dans  les  auaires 
grandeur  d'âme  et  sa  franchise  ne  le  rendaient  p 
étranger  aux  spcn^ts  de  cette  politique  qui  se  co 
cilié  avec  les  lois  de  la  morale  :  c'est  ce  qu 
prouva  par  sa  conduite  avec  les  sHiés. 

Ceux-ci,  de{)uis  que  Thuniiliation  des  Pers 
fai->ait  succéder  la  sécurité  au  long  effroi  qu'avi 


CIMON,  ItS 

iprouré  1^  Grèce  .  refusaient  d'enTOysr  le  contiu- 
(èiil  de  lrou]>cs  et  de  vaisseaux  qu'ils  étaient  cou- 
Tenus  do  fournir  pour  i:oniinuer  U  guerre  con- 
tre les  barbares  ;  ils  trouvaient  ceUe  condition 
plus    dure    i   mesure  que  lu  danger    diminuait. 

Lea  généraux  d'Athènes  n'épargnaient  au- 
tone  rigueur  pour  le*  rontraindre  à  la  remplir, 
H  par  celte  sévérité  mal  enlendue  iU  leur  rea- 
ii'Ktnt  oïlieux  le  gouyernemenl  des  Athéniens. 
Cimnn  ,  dans  des  vues  plus  profondes  et  plus 
(onfnrmes  en  même  temps  à  la  bonté  de  son  ca- 
ractère, suivit  une  roule  tout  opposée  ;  il  pro- 
JKMa  aux  alliés  de  garder  leur»  soldati  et  leurs 
matelots  ,  d'au  g  me  n  te  I'  leurs  contribulioiis  ,  et 
fenvoyci'  seulement  leurs_  galères ,  qui  seraient 
mi>n<ées  par  les  Athéniens.  Par  cette  politique 
klroile  il  les  priva  de  leur  marine  ,  et,  les  plon- 
Kanl  dans  un  fuuesie  repos  ,  il  les  rendit  inha- 
nlcs  aux  travaux  guerriers.  Toujours  en  mer, 
[bniours  armés  ,  les  Athéniens  au  contraire 
Uteoenirent  de  plus  eu  plus ,  et  acquirent  une 
wlle  snpérioriié  qu'ils  devinrent  lei  domina- 
teurs (le  leurs  alliés,  qui  se  trouvèrent  bienlôt , 
4ans  s'en  apercevoir,  des  tribulaues  et  en  quelque 
jorle  des  sujets.  Mais  reprenons  le  cours  des  ex- 
^il«  de  Cimon. 

Un  an  après  la  glorieuse  expédition  de  Panf- 
phylie,  Clmon  apprend  que  quelques  barbare* 
n'avaient  pas  encore  abandonné  la  lihersonnèse 
de  Thrace ,  et  qu'ils  Icnlaieni  de  soulever  en  \eut 
bveur  les  habitans  des  pays  environnant.  Ce  ter- 
lible  ennemi  des  l'ersis  ne  pouvait  rester  oisif  tant 

r'îl  en  restait  encore  sur  le  territoire  de  la  Grèce  ; 
part  aussilât  d'Aibénes  ,  et,  malgré  le  mépris 
r  inspirait  aux  barbares  un  si  faible  annemeut, 
fonil  sur  eux,  leur  prend  treize  vaisseaux,  les 
chasse  du  pays  ,  soumet  les  Thraces  ,  subjugue 
toate  la  CheriDanése,  et  la  utei  sous  la-dominf- 


3l6  CIMOV. 

lion  des  Athéniens,  quo>nu'il  y  eût  lui-mSinc 
plus  de  droit  du  clicf  de  Miltiaue  son  pire,  qd 
en  avait  eu  In  sonreiviinelé. 

Les  habit  ans  de  lîtc  de  Thasos  s^étaient  ré- 
voltes ;  il  les  attaque,  gagne  sur  eux  une  bataille 
navale ,  leur  prend  trente  trois  vaisseaux^  et  met  le 
siège  de  va  ni  leur  ville.  Malgré  ce  premier  revers , 
]es  I  hasiens  soutinrent  leur  révolte  avec  un  achar^ 
nement  extraordinaire  ;  ils  décernèrent  la  peine  de 
mort  contre  le  premier  qui  parlerait  de  capituler  « 
romme  s^iis  eussent  eu  affairf  à  des  ennemis  fé- 
roces et  dont  ils  eussent  à  redouter  les  dernières 
extrémités.  Le  siège  dura  trois  ans,  et  (if  souffrir  i 
ces  malheureux  insulaires  tout  ce  que  la  guerre  a 
de  plus  cruel  :  rien  ne  pouvait  ébranler  leur  fer- 
meté ;  les  femmes  mC'mea  secondaient  leur  énergie ;^ 
on  les  vit  se  dépouiller  de  leurs  cheveux  pour 
remplacer  les  cordes  qui  manquaient  aux  niacnincs 
de  guerre.  La  famine  devenait  extrême  ;  la  villt 
se  dépeuplait;  eiifm  liégétoride  ,  un  des  habi- 
iaiis ,  ne  pouvant  plus  long-temps  voir  sa  patrie 
en  proie  à  tant  de  maux  ,  se  présenta  un  Jour  sur 
la  place  ,  la  corde  au  cou ,  et  dit  :  «»  Tnasiens  y, 
•>  dtc.z  moi  la  vie  si  vous  voulez  ;  maïs  sauvez  par 
»  ma  mort  le  reste  du  peuple,  en  abroge;)ni  la  loi 
»  meurtrière  qiie  voms  avez  rendue  contre  vous- 
»  mêmes.  »  Ces  p3roles  ,  ce  noble  dévouement 
touchèrent  Tassrmblée  ;  les  Thasiens  ne  purent 
se  résoudre  à  faire  mourir  ui  si  généreux  citoyen;. 
ils  se  rendirent  aux  Athe.iii»n5,  qui  leur  laii^sè- 
rent  la  vie,  et  se  conleutcrent  de  démanteler  leur 
Ville. 

Les  riches  mines  d'or  que  possédait  Thasos  sur  h 
rive  opposée  del.i  Tlirace  ftirenl  le  |  rix  de  cet*e  vic- 
toire, l.ifjion  soumit  ensuite  tout  le  pays  jusquVa 
Mare' loin'»  :  il  aurait  mé^me  pu  facilement  se  rendre 
m.iîlred  !jnepartiede(eroyaiime,s  ilcUtvoubipro- 
iilerderoccasion  ;  mais  il  négligea  cette  conquOte^ 


C  I  M  O  N.  117 

uqnîdnnnalîcu  »es»mnemisJe!V.cuwr  Je  s'être 
Igïssé  gagner  par  It-s  priëi^s  du  rcri  de  Macédoine, 
Alexandrie  I".  Appelé  en  jugpmpnt,  it  ne  lui  fut 
pas  (liiTicIlt^  de  pniDver  conibiea  il  était  éloigné 
iTune  lelle  prëvariralioii.  Rien  de  plus  noble  que 
la  défense  ,  dont  Plutarque  nnus  a  conservé  queL- 
ipies  Iraiis  ;  «  Je  n^ai  jamais  formé  de  liaison  , 
"  dîl-il ,  ai-cc  1rs  Ioniens ,  les  ThessalJens,  ni  d'au- 
»  We»  peuples  riches ,  comme  l'oul  fait  mes  pré- 

•  déees<e»rs,  qui  cherthaient  dans  ces  alliances 
■  des  honneurs  et  des  richesses  ;  je  ne  me  suis 

•  lié  qu'avec  \rs  Larcdémoniens  ,  parce  fjue  j'es- 
»  tîmc  leur  vie  frugale ,  que  je  préftre  à  tnus  le» 
"  biens,  et  que  je  me  suis  proposé  d'iimler.  Au 

•  fPSte,  celui  qui  ne  se  sert  de»  dépouilles  des  eii- 
'  nemis  que  pour  eni'îchir  sa  pairie  ,  fèra-l-il  une 
n  bassesse  pour  acquérir  des  ncliesses  dont  il  fait 
t  on  si  noble  usage  ?  » 

CîRton  fut  absous  ;  mais  ^es  ennemis,  encore 
l^iis  acKarnés  par  ce  mativais  luccèa,  épiaient  soi- 
pteusement   le  moment    de   s'en    dùlominager. 

I  A  leur  lÈ-le  on  illitinguail  l'ériclès,  qui  plus  tard 
devait  jouer  un  si  grand  rôL', 

I        Dès  qu  Aristide  itil  mort,  (juc  ThcmLilocle  fut 

[  devenu  odieux  au  peuple  ,  cl  i|ue  le  commande- 
aient  des  arniéies  eut  éloigné  Cimon  de  la  ville  , 
Pèriciès  cnmmença   à  briguer  la  faveur  des  Alhé- 

j  nïeos.  Par  ses  principes  sur  le  gouvernement, 
Cimiin  »PTnil  roni-îlié  l'aini;ié  di's  nobles,  et  les 
■unibi'i-'ui  bieiifiil:,  lui  avaient  ^agné  une  fnii'c  île 

fariiiai.ï  i-aimi  le*  pauvres  riioycns  r  Periclès  , 
abile  à  dégnier  .^on  ainhilîou  sous  des  jonncs 
fOpuUires,  s'éievoii  conUc  la  failion  drsgiaiiJs, 
ets^atUrhiii  à  IJaULr  le  peuple  en  loule  orcasii.n; 
tniis  comme  sa  forhine  le  tnellait  hnis  d'état  d'i- 
■niter  les  immenses  libéralités  de  son  rival ,  il  ga- 
gna la  multitude  en  faUanl  «alariei  une  paitie  du 


Il8  CIMON. 

peuple ,  quHl  appelait  aux  assemblées  et  aui 
tacles  9  et  se  servit  de  Tamour  qu'il  inspirai 
abaisser  toutes    les   autorités  ,    même  ce 
FAréopage,   dont  il  voulait  conférer  au 
une  partie  des  attributions. 

Ce  projet  n'avait  pas  encore  reçu  son  exe 
lors  du  retour  de  Cimon  à  Athènes.  11  v 
douleur  ravilissemcnl  dans  lequel  allait  ton 
tribunal,  qui  était  le  plus  ferme  appui  de  L 
titution  de  la  république.  Son  zèle  pour 
public  lui  suggéra  de  mettre  en  usage  t 
moyens  de  le  faire  rentrer  en  possession  de 
tiques  prérogatives,  et  de  remettre  en  vigut 
ristocralie  telle  que  Tavait  établie  Clislhènf 
l'expulsion  des  tyrans.  Mais  tant  de  soins  r 
tirent  qu'à  faire  perdre  â  Cimon  la  favc 
Athéniens;  ses  ennemis  en  prirent  occasio 
excilffr  le  peuple  contre  lui,  en  lui  reprochai 
tout  son  attachement  pour  les  Laccdémon 
avait  donné  lieu  à  ce  reproche  en  ne  mér 
pas  assez  la  délicatesse  des  Athéniens,  ca 
cessait  d'exnllcr  devant  eux  Lacédémone,  el 
il  leur  faisait  quelque  reproche  il  avait  C( 
<r.i jouter  :  «  Ce  n'est  pas  là  ce  que  font  le 
»  liaies.  »  Cette  sorte  de  partialité  pour  une 
rivait;  lui  aliira  Tenvie  et  la  malveillance 
concitoyens,  qui  lui  en  firent  bientôt  éproi 
effets. 

Vn  tremblement  de  terre  vint  briser  les  se 
<!u  moni  Taygète,  qui  dans  leur  écroulera 
traînèrent  une  partie  de  Lacédémone,  et  fîr 
rir  la  plupart  de  ses  habitans.  Pour  comble 
solati(»n ,  les  Ilotes ,  voulant  saisir  cette  o 
de  secouer  le  joug  ,  accoururent  de 
parts  pour  massacrer  les  Spartiates  qui 
échappé  à  ce  fléau;  mais,  les  ayant  trouvée 
paf  la  sage  prévoyance  de  leur  roi  Archii 


CIHON.  119 

Il  se  retirèrent  Jans  \ea  villes  vmsinci,  dont  la 
tlupjrl  cmbraMèreni  leur  |>arii,  D^s  ce  moment, 
^utenus  d'ailleurs  par  les  Messéiiîens,  ib  «im- 
tttnrirent  contre  LacétJémone  uue  guerre  achar- 
iiSe.  U.ins  celle  exlrèmiié  l<s  Lacéclémonitna  dé- 
lièrent à  Alhène»  pour  demander  du  secours; 
Biais  Ëpliiiil'e  s'y  opposa,  en  déchraiK  qu'il  n'y 
irait  aucune  raison  plausible  de  secourir  iPlte  ri- 
alc  (l'A|]iène«,>|u'ilfallaii  la  laisser  (>ri5evelie  sous 
ts  ruines  ,  et  i^nir  ainsi  l'orgueil  de  Sparte  hu- 
btilié.  Cunon,  loin  d'approuver  un  conseil  si  peu 
péteux  t  rai>pcla  avec  vivacité  Ifs  liens  de  fraier- 
lile  qui  tievairni  unir  tous  hs  Grec;,  et  représenta 
mM  y  aurait  de  b  Ucheié  et  de  l'imprudeace  i 
\àu^r  mutiler  le  corps  de  leur  confédération  :  "  Il 
I  ne  convient  pas  ,  dil-il ,  de  laisser  la  Grère  Loi- 
•  Icase  ,  et  Athènes saiiS  contrepoids.  "  Le  peuple, 
Mtrainé  par  ses  représentations,  ptrmit  i  Cimon 
h  m.irchcr  au  secours  des  Lacédémoniens  à  la  tête 
avilie  .année  nombreuie.  La  seule  approche  de  ce 
Miéral  fît  cessPT  U  révolte;  mais  il  ne  fut  patplu- 
Hi  éloigné  ,  que  les  lions  s'emparèrent  de  la  for- 
teresse d'illiôme.  Sparic  imploia  di^  nouveau  l'as- 
Btlance  d'Alliènes  ,  ()ui  moulra  encore  une  (ois 
Un  noble  empiessemcnt  à  secourir  sa  rivale.  Les 
Athéniens  curent  alors  à  su  plaindre  des  mauvais 

Crocédés  des  Spartiates,  et  seri-liréronl  fort  irriiés. 
lés  ce  monieul,  une  niésintelligence.inarijuées'é- 
liblit  entre  li^s  deux  peuiiles,  cl  celui  d'Athènes, 
^  M  déclarant    l'ennemi    de   quicnnijue   montrerait 
I  quel<]uetiidirialion  pour  les  Lacédémoniens,liiurna 
[  Mn   resieiiliment  conire  Ciniou,    qui  fut   banni 

par  l'oslrarisme. 
I      Quelques  historiens  ont  censuré  la  conduite  de 
ce  général,  prétendant  nu'il  pri'li-ra  d^ns  relte  oc- 
casion l'inrérfl  de.  Lacédilnione  It  l'aj^randlssement 
de  sa  pairie.  Ce  reproche  nous  semble  aussi  ioipo-^ 


120  CIHON. 

iitique  mrinjusie.  En  effet ,  Athènes  et  Sparte  n'é^ 
iaieiit  elles  pas  les  véi  iiaiilcs  soutiens  de  la  tirècp, 
qui  sjns  ruiic  d'elle:»  eût  perdu  la  niollié  de  sa- 

Îiiiissanrei'  D  adleurs  le  peuple  d' Ailleurs  était  si 
ier,  si  orgueilleux  de  S2s  succès ,  qu'il  avait  besoiir  î 
A\\n  frein  qui  modérât  sa  fougue,  ci  ses  vicloirei^  : 
Vavaient  tellement  (H'irhi  qu^i(  avait  besoin  d'être  l- 
toujours  tenu  en  alerte  par  la  rivalité  de  Sparte,  ;- 
pour  ne  pas  «'enj^ourdir  au  sein  d'un  funeste  ; 
re])os.  î 

Copendant  la  guerre  des  Lacédémonicns  contre  i 
les  Ilotes  n'était  pas  prête  h  (iwe.  terminée;  cei  . 
rebelles,  renfeniiés  dans  Ithmne,  après  s'y  6 tre  i 
défendus  pendant  dix  ans  ,  se  rendirent  aux  Lacé-  i 
dêinouiens,  qui  leur  laissèrent  la  vie,  à  con*-  j 
dition  quMs  évacueraient  pour  jnninis  li;  Pclopo* 
iièse.  Les  Aihétiiens  les  accueillirent  avec  leurs 
ieiuines  et  leurs  enfanSfet  les  établirent  à  INau- 
pacte,  don!  ils  Tenaient  de  se  rendre  maîtres.  Ce- 
lait (!ès  lors  uu  titre  à  Taniitié  d'Athènes  que 
d'etî  e  eunerni  de  Sparte.  La  déferlion  de  Mégarcf 
q  li  quitta  le  parti  des  Lacéilénioniens  pour  sf 
rauj^er  sous  la  protection  des  Athéuieus,  mit  le 
eouiMf*  «-i  Va  (lisseution.  Il  se  forma  phrsieurs  li-' 
gne««;  il  se  douua  plusieurs  combats  entre  les  dfux 
p^îupirs,  dopl  le  nlus  ceièhrt'  fut  celui  de  T^nagra, 
où  la  victoire  deniînira  aux  Sj.artiales.  Dans  ceîte 
orciisi(Mi  CuMon ,  qu.ii'|ue  exilé,  se  rendit  enarmes 
dans»'»  !ril>'.,r»ioTrnant  li  j-lus  grande  ardeur  poof 
r(>Tr.baîl!'«*  les  Larédemouieus  :  il  ne  se  souvcniif 
pi'.is  d«'  rit  justice  <lc  ses  concitoyens,  pnJs  ;ii  il 
pou.itii  h»ur  ère  utile,  et  croyait  que  la-nou!'  île 
î:  fMli'ie  iK'vaii  le  dispenser  de  gir.ler  s  m  b:in  ; 
in.;is  s<':  <  niîf»iui'!  lui  iireni  domier  l'ordiedese 
rcliier.  Il  -  ^'IoI^îm  donc,  np.'ès  avoir  conjuré  ses 
aiMis,  sou,  (^ouues  comme  lui  d  être  1rs  plus  chauds 
p:u  ti:-iins  des  LacéuémDnienâ ,  de  combatlrc  saiv 


uiagcinrni  cl  JV-fliicer  jur  leur  bravour*  nui 
IX  4c  leurs  concilçycn»  le  HOiipçnii  injiirit-ux 
t  l'on  avait  form^  sur  eux.  Cv*  giirn  icra ,  ([ut 
^til  au  numlirR  île  iciit,  apr^s  avoir  pbcé  l'ar- 
ye  cunifilèie  de  Citnon  ju  itiilieu  Jt!  leur  (letit 
ftÛtW  Mm':,  se  ûreut  lou*  tuer  en  fui^fnt  dcf 
fdi^e*  (le  valeur,  el  iambrent  aux  Alliéiiiens 
•f.jfgrtï  infini  de  U^ur  prrie,  un  xiiicèru  repentir 
!!loi  avoir  tii  in|uit('inrnt  loupi^onnés. 
Ûsn*  rabaltfimi'nl  où  U  plangeait  «r.s  revers,' 
(h^nos  l'OUfjisMiit  de  h»  injusiices ,  et  ctat  (jui  ia 
liivprtuienl  oubliaient  leur  rivalil^.  Aussi,  après 
idiMbiltt  Je  Taïugra ,  elle  se  souvînt  des  services 
JDSUm'neHl  hcniciiK  de  Cimon,  dont  rlli!  «Vlaït 
4vét  pKT  ton  in^ralituili'.  l'n  irli'i,  qui  l'avait  fait 
^uir,  fui  >cliii  (jul  proposa  i-l  fil  passer  le  décret 
ysoa  tappt-i,  uitt  dicz  et;  peuple  les  haine» po- 
tauA  reliaient  Iji'tlumtni  â  l'iniéi^t  coniitiuit  ! 
tJtldnaré  de  l'eilime  des  Spaniaki ,  tt  a-surë  (le 
kjjonfiaiKK  lies  Athéniens  ,  Cîmon  employa 
pu  Be>'  soins  i  rétablir  la  piJx  enire  eux  «  et 

û  rt'noBcili.itinn  ne  fur  ni  nimplrif  nt  siii- 
bre,  il  les  engagea  ilii  moins  A  signer  uni'  trîjve 
e  cinq  an».  Mai-;  comme  Ailiènus  ne  pouvail  pHui 
jp|)orler  le  ri-pc)s,  il  ('(jtiipa  deux  cenis  galcies 
estinées  à  fain;  sous  sou  rommandcmeni  la  ron- 
ufiledel'ilede  Chypre.  Li^bnt  de  cetic  cxpt'dilion 
itnlaÏDe  élail  dVmpiVlier  li's  Albéiiiens  de  liarre- 
sr  les  Sfiariiali'»  ou  d'opprimer  leurs  ailles  ;  c'c- 
ail«n  mêmelrmps  le  movfii  de  les  tenir  tonjnuis 
n  état  de  dcfeusi'  i:onlie  les  barbares,  cl  de  les  en - 
idiir  d'une  n.AiièrebonoMbl.',  en  leur  fjlsjEil  rap- 
.(.rler  danJa  (;<.Vcles  dépouilles  d<-  leurs  enuomit 
■aturel).  D'ailleurs  re  grand  liommc,  <|ui  ne  f. tr- 
iait [ainiis  nue  de  vjsles  projels  ,  natse  proposait 
■as  moins  (|ne  la  deslrurlion  de  la  mi>ii:irctiic  pcr 
ane..  Bientill   il    bailit  la    Huile  du  (ji.ittd  loi  ^ 

Tome  I,  Il 


123  CIMON. 

la   vue   des  cAtcs  de  la  Pamphylie,  et  s*ew 
de  presque  toute  Tîle  de  Chypre. 

Le  roi  de  Perse  Artaxerxe,  fils  de  Xerxès 
buté  d^une  gueFre^donr  les  commcnremens 
étalent  si  funestes,  se  hâta  de  demander  la  ] 
Les  cooditions  en  furent  huniiliaijles   pour 
mais  la  terreur    qu'inspirait  le  nom  de   CA\ 
clait  telle,  qu'il  s'ostima  trop  heureux  de  To 
nirà  ceprixrArlaxerxc  reconnu!  1  indépendanci 
villes  grecques  de  rionie,  stipula  que  ses  vaiss< 
de«guerrene  pourraieni  mirer  dans  les  mers  c 
Grèce,  ni  ses  troupes  approcher  des  côtes  < 
une  distance  do  trois  jours  de  marche  :  de 
côté  les    Athéniens    s'engagèrent  à  respecte 
territoire  persan. 

Pendant  qu'où  négociait  le  traité  Cîmon  nn 
rut,  pour  ainsi  dire  entre  les  bras  de  la  victo 
devant  la  ville  de  Citiuin ,  les  uns  disent  dé*i 
ladic ,  les  autres  des  suites  d'une  blessure  ( 
avait  reçue  en  combattant  pour  sa  patrie.  Senfar 
fin  prochaine ,  il  assembla  ses  omciers  et  leur 
donna  de  ramener  les  troupes  k  Athènes,  en 
chant  soigneusement  sa  mort.  Cet  ordre  fut  < 
cuté  avec  beaucoup  de  secret  ;  tant  que  dura  la 
rignlion,  ni  les  alliés  ni  les  ennemis  n'eurent  c 
naissance  de  ce  fatal  événement ,  et  au  bout 
trente  jours  la  flotte  arriva  dans  les  ports  de  1' 
t  que,  toujours  commandée  par  Cimon. 

Après  sa  mort  Athènes  eut  encore  quelq 
grands  généraux  ,  mais  bien  peu  fiirent  anii 
rommc  lui  d'un  véritable  amour  pour  la.  pat 
Flattant  les  passions  de  leurs  concitoyens  ^  il 
animèrent  à  combattre  leurs  frères  ,  et  se  fir 
une  étude  de  tourner  la  politique,  la  valeur  e 
puissance  de  il  Grèce  contre  elle-même.  Gim« 
axi  contraire,  s'appliquait  à  faire  régner  b  bo 
inlelligence  entre  les  Grecs  ,  et  ne  voyait  d'en 


CIMOM.  laS 

s  pour  tox  que  dans  les  Perses;  aussi  il  ébranla 
premier  leur  empire ,  et  iraça  en  (|U<li|ue  sori» 
route  qu'Alexandre  devait  parcourir  un  jous 
■c  tant  de  gloire,  * 


ï 


124  pÉRJGi.i;&» 


■WV^X^Ot^^^^^^VX»^»^'»^  %»t»«fc/%%<<»^»W»V%iV>»%%%%»/»^  •W%fJ0^\.<%ftfi 


PERICLÊS, 


CHEF    DES     ATHÉNIENS. 


JrÉRiCLÈS  était  fils  de  Xantippe,  général  . 
nien  ,  qui  avait  vaincu  à  la  bataille  de  B 
les  généraux  du  roi  de  Perse ,  et  il  descend; 
sa  mère  Agarista  des  rois  de  Sicyone.  A{ 
crut  dans  un  songe  qu^elle  accouchait  d^un 
et  peu  de  jours  apcèft.  «Ile  mit  au  n 
Pénclès.  Il  naquit  dans  le  bourg  de  C 
gue  ,  près  d'Athènes ,  et  fit  partie  de  la 
Acamantide.  Cet  enfant ,  bien  conformé 
leurs,  avait  la  tête  d'une  longueur  si  dispr 
lionnée ,  que  les  poètes  d'Athènes  lui  doni 
depuis  le  surnom  de  Schinocéphale ,  ou  iéU 
gnon  marin  ;  les  sculpteurs  au  contraire  , 
cacher  ce  défaut,  mirent  le  casque  en  télé  à 
ses  statues. 

Rien  ne  fut  négligé  pour  son  éducation, 
entre  autres  maîtres Damon,  qui,  sous  les  c 
d'un  musicien  ,  cachait  une  grande  capac 
s'attacha  au  jeune  Périclès  ,  et  lui  doni 
premiers  élémens  de  la  politique.  Mais  il  i 
tellement  se  déguiser  qu'on  ne  reconnût  i 
qu'à  la  faveur  de  sa  lyre  il  cherchait  à  ce 
public  son  application  aux  affaires  et  sa  pr< 
tion  pour  le  pouvoir  absolu;  on  le  bann 
Tusiracisme.    rériclès   prit  alors  des  leço 


I  PÉRICLts,  155 

l'^non  d'Eléf ,  qui  ensHgnnii  In  pti^-siqtre  !wlfiu 
I,  \e»  priaàpFs  de  Parméniilf,  et  nui  if  ronJuisil 
f\m  d'une  fiiis  ilam  les  déloiirit  d  une  dtalectiqtie 
»1)tipusp,  pour  lui fndéeriiivrir  t^s  issues secrèlts. 
Mais  relui  <\n\  ri-inlribus  le  plus  k  lui  donner  cette 
^tv^nn  ,  cette  fierlé  de  seniimeiis  «ju'il  fil  éclater 
'S^ittts  dans  toute  sa  conduite,  ce  fui  AnaicagDre, 
'l^inl  ses  conlempnrains  appelaient  X'InieUîgtiice , 
àcausr  d^l'univerfalilé  de  ses  coDuaissanceseï  de 
1»  profondeur  de  son  génie.  Il  Jévelrippa  au  jeune 

Cérirlès  le  principe  des  êtres.,  les  phénomènes  de 
nature,  et  agrandit  sun  âme,    naturellement 

A  son  ("cofe  Périclès  puisa  cette  ëlofjuence  su- 
blime si  éloignée  delà  bassesse  du  style  popiilaii-e  , 
e»l«S*ur  sévère  el  grave  que  le  rire  ne  tempéra 
"m,  «elle  démarche   ferme  cl  troiiquille,  eu 
^  Toix  toujours  égal ,  cette  modestie   dans 
ité,  dans  rnabiHemenl  ,  toutes  ces  qualités 
(pli ,  relevées  par  beaneoup  d'autres,  fr*p- 

Krrnt  les  Alhétiieirs  ,  et  les  disposèrent  de  bonne 
tire  à  seconder  s«  vues  prémalurées   d'ar.ibi- 
lion. 

Mais  Périclès  s'aperçiitdebnnnelieure  nnssi  que 
n  ttaissance  et  ses  richesses  le  rendaient  suspect  aux 
]Urlisans  de  la  démocratie  absohie.  Un  autre  motif 
augmentait  ses  alarmes  :  on  avait  remanpié  d.ifis 
Bïs  traits  (j  lelqiie  ressemblance  avec  Pisistrate ,  et 
des  vieillard'  qui  avaient  connu  cet  ancien  domi- 
nateur d'\l>iènes,  croyaient  le  reirnoTcr  dans 
te  jeune  Périciès;  r'élâient  en  efïêl  les  mêmes 
Iraitn,  lemi'me  sou  de  voiv  el  la  même  éloquence. 
Dfallail  se  faiie  pardonner  celte  conformité  sin- 
gulière, la  naissance  el  les  ricbesses  dont  elle 
était  accompagnée,  surtout  les  amis  pniss.ins  que. 
rfnnnaieiii  tant  d'avantages.  Périrlè*  ,  dans  la 
crainte  di'  s'.niircrleban  de  riislracisme,qin  frap- 
pait ccuK   dunl  on  redoutait  le  crédit,  ne  prit 


â'aborâ  '  )       |       i 


a^^» 


■fl 


■  pl__ 

losophie;  'par       au       ambitionner  d'aulre] 

dûtînc     IIS       e  ceiie  de  la  valeur  ,  cl  montra  un 
graiid  co  ;  k  l'armée. 

CepeDasiii,  après  \*  mcirl  d'ArUtide  elle 

nUsement  de  'niémislacle  ,  Périclès ,  vuyani  U- 
uon,  attaché  lu  parii  de  la  noblesse,  loujoan 
retenu  dans  ^et  expéditions  lointaine^,  et  la  cao- 
fiance  des  Atbénieiis  flotter  entre  [ilos' 
Currens  incapables  de  la  fixer  ,  jela  pai 
duite  adroite  les  *  premiers  fondcm 
grandeur  fujure.  D  abord  il  su  déclara  pour  Icï 
intérêts  du  peuple,  où  il  trouva  de  b  sârelé  pout 
lui-même,  et  du  crédit  contre  Cimon.  Il  chatig?» 
aussi  ses  habitudes,  se  re  ira  de  la  société,  re- 
nonça aux  plaisirs  ,  ne  se  montra  plus  qu'à  h 
[)lace  publique  nu  au  conseil ,  attira  I  atlention  de 
■  multîlude  par  une  dcman  lie  lenie ,  un  exiërieur 
modeste  pt  des  mœurs  irréprochables;  mais,  W 
voulant  pas  qu'une  trop  fréquente  communication 
avec  le  peuple  in.tpirSt  pour  sa  personne  le  sen- 
timent de  la  satiété,  il  ne  iiarut  que  rarement  et 
par  intervalle  daus  les  as  nblécs  publiques,  «à 
ses  premiers  essais  à  la  trmune  avaient  eionnl 
les  Athéniens.  Il  s'abstint  issl  de  parler  sur  leî 
affaires  d'un  médiocre  înlen^t  ,  se  résurvanl  lot* 
entier  pour  les  grandes  occasions  ;  il-  s'atiactu 
surtout  à  mettre  son  tam  ge  et  sn  dicUon  H 
harmonie  avec  l'élévation  ;  son  ime  ,  en  se  for- 
tifiant de  plus  en  plus  des  i  -fins  d'Aïuxsgore'.i 
en  joignant  au  plus  heureux  naturel  relie  subli 
iniié  d'esprit  qui,  suivant  Platon,  noua  rfn4 
«apable  des  plus  grandes  chnses.  Il  appiifiuail  ^ 
l'art  de  la  parole  tout  ce  qui  pouvait  y  c(»l|çail* 
rir,  et  s'il  dut  i  la  naiure  d'âlrc  le  plus  t^lï^uenl 
des  hommes,  il  dut  au  travail  d'^lrr  le  pr«nîiH 
des  oratcun  de  son  temps.  Ce  fui    '!■'  on,  cctU 


parla  jamais  en  public  sans  avoir  prié  les  ' 

de  ne  pas  permettre  qu^il  lui  échappât 
e  eipression  qui  ne  fût  propre  à  son  sujet , 
i  pût  choquer  ses  concitoyens.  Avant  de 
*e  dans  Tassembiée  du  peuple  il  se  disait  à 
^me  :  «  Songe  bien ,  Périclès ,  que  tu  vas 
er  k  des  hommes  libres ,  à  des  Grecs ,  à  dps 
éniens.  »  Sa  contenance  était  ferme  et  as* 
sa  voix  insinuante  et  persuasive  :  les  poètes 
I  temps  disaient  que  la  déesse  de  la  P^rsuor- 
avec   toutes  ses   grâces  ^   résidait  sur   ses 

roDs -le  maintenant  dans  sa  marche  pour 
*  au  gouvernement  de  sa  patrie.  Il  partagea 
d  la  faveur  des  Athéniens  avant  de  Tob- 
tout  entière.  Cimon  était  â  la  tâtç  des 
(  et  des  riches  :  Périclès ,  qui  s'était  déclaré 
a  multitude ,  contre  son  naturel  peu  popu  - 
se  vit  bientôt  en  état  de  balancer  le  crédit 
mon.  En  vain  ce  dernier ,  'dont  la  fortune 
nmcnse,  essaya-t-il  de  gagner  le  peuple  par 
•gesses  :  Périclès  ,  soutenu  ouvertement  par 
Ititude ,  fil  assigner  des  pensions  aux   ci"^ 


128  PERICLÈS. 

xrieux  afîermir  encore  son  autorité,  il  er 
4'abaiss^le  tribunal  de  F  Aréopage,  ou  is^o 
aux  innovations.  Alors  le  peuple ,  enhardi 
teou  par  Fériclès,  bo'uleversa  Tancien  oi 
gouvernement,  et  cita  au  sénat  la  conna 
de  toutes  les  affaires  importantes. 

Mais  tous  les  obstacles  n^étaient  pas 
surmontés.  Le&  nobles  et  le)  riches  d^A 
yoyantPéricIès  jouir  d'un  pouvoir  presque 
lui  suscitèrent  un  rival  redoutable  dans 
sonne  de  Thucydide  ,  beau-frère  de  Cim( 
litique  consommé ,  au  fait  de  la  tactique  < 
semblées  populaires,  et  qui,  se  mesura 
tribune  avec  rériclcs ,  eut  bientôt  remis  Vé 
dans  le  gouvernement.  Ces  deux  chefs  sé[ 
en  deux  parties  bien  distinctes  le  corps  po 
le  peuple  et  la  noblesse.se  divisèrent ,  et  foi 
deux  factions. 

Dès-lors  Périclès,  ne  troiwant  plus  d< 
que  dans  la  défense  des  intérêts  du  p( 
dans  Téclat  de  sa  faveur ,  chercha  dans  so 
nisiration  même  tous  lés  moyens  de  pi 
multitude.  Ce  n'étaient  chaque  jour  que  sp* 
que  festins  et  banquets,  pour  entretenir 
ville  les  plaisirs  et  la  joie.  Il  envoyait  chaqi: 
en  course  soixante  galères  montées  d'ui 
nombre  de  citoyens ,  qui ,  soudoyés  hui 
se  formaient  à  toutes  les  évolutions  n^ 
établit  aussi  plusieurs  colonies  dans  la  ( 
nèse  ,  à  Naxos ,  à  Andros  ,  en  Thrace  ;  i 
voya  même  en  Italie  ,  pour  repeupler  la 
Si barès, rebâtie  sous  le  nom  de  Thurin 
débarrassant  ainsi  Athènes  d'une  popul 
faute  d'occupation ,  excitait  sans  cesse  d( 
blés,  il  soulageait  les  citoyens  pauvres,  e 
rait  de  la  fidélité  des  alliés  par  des  colo 
les  tenaient  en  respect. 

Fériclès  ,  voulant  aussi  occuper  un  p< 


P  ERIC  LE  s.  12g 

(looiable  à  ses  chefs  dans  les  loisirs  de  La  paix , 
résolut  de  consacrer  à  l'emhelUssetncnl  d'All'^n«s 
linc  grande  panie  des  contriburions  que  four- 
nissaient les  alliés  pour  soulfnir  h  ^ugrre  contre 
■les  Perses,  et  t^u'an  ayait  tenues  jusqu'alors  en 
^^réserve  dans  la  clladelle.  A  peine  ce  phn  fut-il 
iBi'ï  à  exécution  que  les  msnufaclurcs ,  les  ate- 
Llîers,  les  places  publiques  se  remplirent  d'une 
ripfinité  d'artistes,  d'ouvriers  et  de  manœuvres. 
[Des  édifices  d'une  beauté  ,  d'une  élégance  inimi- 
I  lablei  s'élevèrent  de  Ions  ciïtés ,  et  décorèrent 
j  cette  ville  célèbre.  Tous  les  artistes  ,  dirigés  par 
'  Pbidias  ,  qui  seul  avaïl  l'inlendance  des  travaux  , 
('efforçaient  à  l'envi  de  surpasser  ta  magnificence 
'  in  dessin  par  la  peifeclion  du  travail.  Hien  jus- 
I  ^'alors  n'avait  flatlédavanla^c  les  Athéniens,  nî- 
CDDlribué  davantage  à  l'embellissement  d'Athènes, 
ni  éronnë  le  plusjes  aulres  peuples  de  la  Gièce. 
I  Toulefoîs  ,  de  tous  les  acies'  émanés  de  l'adminis- 
I  kalîon  de  Pérîclès ,  c'était  celui  que  ses  envieus 
'  De  cessaient  de  lui  rcprorher  ^  il  servait  de  texte 
ordinaire  à  leur  déclamation  dans  IcS  asscmbli'cs 
du  peuple:  v  X-a  Grèce,  disaient-ils,  ne  peui  se 

■  dissimuler  que  par  la  plus  iujusle  et  la  plus 

■  tyrannique  déprcdalion  tes  sommes  qu'elle  a 
»  consignées  pour  les  frais  de  la  guerre  sont  om- 
«  ployées  à  dorer ,  à  embellir  nnire  ville  comme 
"  une  femme  coquette  que  l'on  couvre  dp  pierres 

•  précieuses  ;  elles   serveni  à'érigcr   des   statues 

•  rnagni&ques  ^  construire  des  temples  dont  tel 
"  a  coûté  |iisqu.'à  mille  talens.  "  C'étail  le  lumple 
ie  Minerve,  que  désignaicTit  les  déiracleurs  île 
Périrlès;  il  avait  en  effet  coUlé  mille  lalens.cn- 

Péricirs,  .U.>  son  cùlé  ,  représenrait  aux  Albé- 
niena  que  l.i  diicn^  des  alliés  était  assurée,  que 
(es  (larban-s  ne  [rouvaienr  jibis  que  des  fionlières 
inaccessibles ;tju'abonJainnii'nl  pourvue oUe-mémii 


i3o  pÉniCLE^. 

de  tous  les  moyens  de  défense ,  Athènes  ponTji^ 
empWyer  l'argent  ■  qu^elle  avait  reçu  des  alliés  i|- 
des  ouvrages  qui ,  une  fois  achevés  ,  lui  procure- 
raient une  gloire  immortelle,  des  ouvrages  qiî. 
alimentaient  Tindustrie  ,  les  arts,  et  assuraiôil;; 
rexistence  de  cette  classe  du  peuple  qui ,  n'étaql 
pas  appelée  au  service  militaire  ,  ne  vivait  que  dft; 
son  travail  :  «  Par  là,  ajoutait-il,  toutes  les  coih* 
»  ditions  et  tous  les  âges  partagent  rabondaoM: 
»  que  ces  travaux  répandent  de  toutes  paris.  »  s 
Il  avait  donné  lui-même  le  dessin  de  l'Odcon;} 
c^était  un  édifice  entouré  dans  son  intérieur  it\ 
plusieurs  rangs  de  sièges  et  de  colonnes ,  et  dont^ 
le  comhle,  incliné  dans  tout  son  contour,  se  ré-'; 
trécissait  peu  à  peu  et  se  terminait  en  pointe.  Se-!; 
Ion  \itruve,  TOdéon,  soutenu  par  des  colonne!] 
de  pitTic  ou  de  marbre,  avait  été  construit  i^\ 
)ro(]uit  des  antennes  enlevées  aux  vaisseaux  da| 
Vrscs ,  et  sa  forme  imitait  celle  de  la  teiîlc  de  ; 
Xerxès.  • 

Dès  qu'il  fut  terminé  Périclès  proposa  cl  iX 
p.^sser  un  décret  pour  y  célébrer  des  jeux  de  mu- 
sique et  les  têtes  des  Panathénées.  Kommé  lui- 
même  distributeur  des  piix,  il  régla  la  manière; 
dont  les  musiciens  qui  entreraient  en  lice  devaient 
chanter,  jouer  de  la  flûte  ou  de  la  lyre.  La  cpiit- 
modi'é  du  local  détermina  depuis  les  musiciens  k\ 
les  poi'lcs  à  sV  rassembler  pour  y  réi.iter  oo 
cliau!er  leurs  ouvrages,  et  cette  dernière  destina- 
tion fit  donner  à  ce  monument  \f.  nom  d'Odéon, 
d'un  verbe  grec  qui  signifie  rharUer.  Ainsi  depub 
l'ouverture  qu'en  fitTéiidès  los  jeux  de  musique 
y  furent  constamment  célébrés. 

Cependsnf  les  orateurs  attachés   nu   parti   de 
Thucydide  ne  cessaient  de  (ricr  que  Périclès  dila- 
pidait les  finances  et  ruinait  ^  république.  Fati- 
;ué  de  ces  accusation?,  sans  cesse  reproduite*, 
^ériclès  demanda  un    jour  au   peuple  asserabli 


f 


{ 


au^a  dépe 


ICLfes.  i3l 

S'il  croyait  qu^a  dépemc  fill  réellempnt  trop 
forle.  —  Oui,  répondit  le  peuple,  beaucoup 
trop,  —  Hê  bien ,  reprît  Périclcs  ,  cette  ilrpema 
ne  sera  pa^  à  votre  charge  ;  je  m'engage  à  la 
■uppoiier  seul  ;  maïs  mon  nom  sf  oJ  aussi  sera 
inscrit  sur  tous  les  moncimeiis.  u  A  ces  mots, 
il  atlmiralion  pour  sa  grandeur  d'Ame,  soit  iiue 
r   jalousie  on  ne  voulût  pas  lui  rcdcr  la  gloire 

tdnt  de  beaux  ouvrages ,  le  peuple  s'écrit  ifu'îl 
rvail  qu'à  puiser  dans  le  trésor,  et  ne  rie»  épar- 
er  pour  achever  d'embellir  Ja  ville. 
Dn  conçut  une  plus  hsute  idée  encore  du  pou- 
tr  qu'il  avait  sur  lui-même  un  jour  que,  peii- 
||t  rassemblée  du  peufle,  on  vit  un  homme  liM 
insolent  ne  cesser  de  Vinsulier  cl  de  lui  dire  Aet 
nrej,  taudis  que  Périclès  au  contraire  se  te^ialt 
Bstamment  à  la  même  place  poW  oipédier  les 
kires  pressées  ,  sans  répondre  un  seKl  mol.  L'as- 
nbl^e  se  prolongeant  jusqu'à  la  nuit ,  on  Mt  ce 
ifnfi  homme  ne,  cesser  d  interrompre  et  d'ou- 
jger  Përidès  ,  le  suivre  même  jusque  dans  sa 
"son  ,  et  a'ors  Péri.U^s  ordonner  froid erai- ni  à 

de  ses  esclaves  ile  prendre  un  flambeau  el  de 
ntluire  cet  homme  chez  lui. 
Mais  celle  modération  ,  qui  lui  conciliait  le  res- 
ct  des  Athéniens,  ne  rempfciiait  pas  au  be- 
in  de  développer  dans  le  gouvernement  de 
tal  celte  vigueur  nécefsaire  pour  élever  la  puis- 
ice  d'Athènes  au  plus  .haut  point  de  splendeur 
de  gloire.  Voilà  ce  que  les  Lacéilémoniens  rom- 
niçaieiit  à  voir  d'un  œil  jaloux.  La  rivalité  entre 
1  Jeus  républiques  se  luaiiifest.i  bien  ^lus  en- 
■re  lorsqite  Péiiclèj  imita ,  ]'ar  un  JérrcI ,  tous 
1  peuples  grecs  d'Kuropo  l'I  d'  \sic  à  envoyer  des 
puiés  à  .Athènes  pour  j  délibérer  sur  les  inté- 
tidelaGiéce.  Les  Larédémonicris,  siiujiçonuant 
le  les  v-ues  secrètes  de  Teri^  l.'s  avaient  |.<.ur  ob- 
I  de  faire  recannaîlre  Aihéncs  coimuc  la  prc- 
ière  ville,  et  pour  ainsi  dire  h  métropole  d% 


132  PERI  CL 


toiilr5  los  nations  grecqurs  »  s  y  opposèrcnf  ;  ils  nr 
voulaient  pas  céder  un  si  grand  honneur  ^n 
At}i('*ni(ïns  ,  qii^ils  regardaient  comme  leurs  ri- 
vaux en  puissance  et  en  gloire. 

Impatient  toutefois  d^augmenter  sa  réputalîon 
par  (pieUpje  expédition  éclataiiie,  Périclès  tonriu 
ses  regards  vers  ia  Cliersonnèse  de  Thracc,  aa» 
jourdjuii  la   Crimée,    dont   Fentréc  appartenâil^  i 
aux  Athéniens ,  et  où  les  Grrcs  avaient  des  cold-  ^ 
nies  qu'il  fallait   protéger;  il  y  transporta  mfli 
Athéniens,  et  ferma  l'isthme,  ou  Pentrée  delà 
Chersonnèso,  par  une  muraille  tirée  d'une  mer  )i 
Tau  ire,  avec  des  forts  de  distance*  en  dislance.Par  tt 
il  mil  les  Grecs  à  Tabri  des  incursions  des  Thraceit 
il  les  délivra  d'une  gueire  pénible  et  presque  coil*. 
tiouelle  qu'il^  avaient  à  soutenir  contre  les  baf* 
b;)res,  et  les  garantit  des  brigandages  des  natnrdi  ■. 
du  pays. 

(>ette  expédition   fut  très<utile  aussi  ao  coitf"\ 
merce  des  Athéniens  dans  la  mer  Noire,  l^a  court! 
Tnarilirne  quVntreprit  ensuite   l'érirlès  autour  m 
Féloponèse  contre  les  ennemis  d'Athènes   le  fc 
admirer   des  étrangers  marnes,   et  lui  assura  b 
réputation  d^un  amiral  habile.  Parti  du  port  dl 
Images  sur  la  cùu*  de  Mégare  ,   il  ne  se  borna  pil 
À  soumettre  les  villes  maritimes,  comme  d*autffli 
généinnx  Tavaient  fait  avant  lui;  mais,  débarquait 
ses  troupes,  il  avança  dons   l'intérieur  du  paysêl 
for^^a  les  hahitans,  effrayés  de  si  présenrjp,  k  Ht 
tenir  renfeimés  dans  leurs  murailles.  A  Nëm^il 
défait  en  batftille  rangée  les  Sicyoniens,  qui  oseit 
se  mes ifrer avec  lui,  et  dresse  un  trophée  pour  ceflt 
victoire.  11  prend  des  renforts  dans  TAchaYe,  all!^ 
des  Athéniens,   s'embarque  pour  passer  dans  b 
eontinent  opposé,  et  aftrès  avoir  côtoyé  le  fleuvfi 
Anhelaijs   il  ravage   rAcjrnniiie,    renferme  \èt 
(lùiéades  dans   leuis  niuis,  ruine  tout  le  pays'i 
ei  revient  glorieusement  dans  Atlii^nes. 

IN^udant  le  «(iuis  de  celte  expédition   il  s^él^» 


3»un  reJoutable  aux  eiin(tmi«  que  r«mpU' 
ISfice  et  il'uciivilé  pour  la  siln-lé  dt*  se»- 
yens.  Scstroiipes  n'cprouvèreiil  ni  jcciileiii 
■s. 

làs  ouvrit  la  saconJc  campagne  en  cinglant' 
,{7orl,  avec  une  flotte  nombreuse  el  ma' 
jnient  équipée.  Là  il  attotJe  aiiK  ïille* 
is  lont  CB  (|U*ellcs  lui  demandeni,  1rs  Iraîte 
Jant  d'humauilé  que  J'égarJs.  Ea  même 
1  Jéplaïe  auK  yeux  des  barbares  (jui  les  en-' 
lieiïl,  «en  présence  de  leur*  rois  et  de  leurs 
,  la  puissance  imposante  des  Aihénknt  ;  il 
1  voir  que,  maître*  de  la  mer,  ils  navi- 
t  partout  avec  la  plus  gvamle  confiance  et 
liëresOrclé.  Il  bisse  aux  Ij^biUiis  de  Sinope, 
!  de  Milet,  sur  les  bords  du  Pont-Cuxin , 
nieres  commandées  par,  ^un  lieutenant 
DUS,  pour  les  défendre  et  les  protéger,  Reu^ 
18  Athènes  t  il  fiit  publier  un  décret  qui 
ki<sn  cents  Athéniens  d'aller  s'élablirà 
I,  et  de  partager  entre  eux  les  terres  qu'a- 
possédées  les  ennptTiis. 

nd  Péiirii-s  vil  1^  puissnnrc  dis  AlliLTiicns 
gré  d'élévation  ,  il  ne  voulut  plus  qu'éviter 
itc  de  la  laisser  affaiblir  el  le  danger  de 
iCDier  encore.  Celte  vue  dirigea  toute  sa 
ue.  Aussi  eul-il  soin  de  réprimer  les  folles 
ttons  de  ses  conciiuyeiis,  qui  voi^laieni  rc- 
érir  l'Egypte, subjuguer  la  Sicile  ei  atiaquer 
M'inces  maritiiiiL's  du  roi  de  l'erses  ;  quel- 
iiis  rêvaient  même  la  coriquèle  de  l'i^irurie 
Cartilage.  Peiiclés  arri^la  Tiirrenr  d'une  ani- 

fiiextr3Vj£;aiile;  il  n'employa  la  plus  grande 

des  !Jicesd"Atl,6;irs  que  pour  lui  cunscr- 
Mu'elle  possédait  sur  mtT  e!  sur  terre  ,  per- 

(lu'il  suflis-iit  de  retenir  les  ^.llifs  dans  la 
idance  el  les  Lacédémoniens  dans  le  respect. 
It«  politique  ferme  et  raisunnable,  il  eut  oc- 


1 


0. 


lS4  Tthl&LkS. 

easion  de  la  manircîstcr  dans  la  première  guerre  ^ 
sncrcc ,  ainsi  nommée  parce  qu'elle  eut  pour  '. 
inot  if  le  temple  d*AnnIlon  à  Delphes.  Périclès  fit  \ 
rendre  aux  rhocidiens  riiitcndance  du  temple,  ^ 
et  fit  graver  sur  une  pierre  sacrée  les  prîyiiégei  i 
que  les  Delphieiis  accordaient  aux  Athénieni  de  \ 
consnlîer  les  premiers  l'oracle.  *j 

La  snge  precantion  qu'il  avait  eue  de  retenir  «^ 
dans  la  Grèce  les  armées  de  terre  et  de  mer  fut  j 
justifiée  par  les  événemens.  L'Eubée  se  révolta  '^ 
contre  l.i  puissance  d'Athènes,  et  Périclès,  saaf ^^ 
perdre  iiu  instant,  marcha  contre  les  Ëubéensâ  la  i 
tf^te  d'une  année  aguerrie ;mais, apprenant  que  kf  < 
LacédémouicnSfCominandéspar  leur  roi  PlistodaV|  I 
niar(  liaient  de  leur  côté  vers  les  frontières  de  '^ 
r.\tti(|ue,  il*  quitta  l'Eubée ,  et  revint  sur  ses  pas» 
]\e  ^oulont  pas  accepter  la  bataille  qu'on  lui  pré* 
sentait,  il  gigna  le  roi  Plistonax,  qui  sortit  du 
trnitoire  (l'Atliènes  sans  avoir  remporté  aucun  ^ 
av.'intage.  IVriclès  repasse  alors  dans  1  Eu  bée  avec  ■\ 
rin(|t].iiite  vaisseaujc  et  cinq  mille  hommes,  sou«  ^ 
mc\  \  ouïes  les  villes*,  et  en  cliatfse  les  ennemis  de  II 
pairie. 

I)  ins  le  compte  qu'il  rendit  de  cette  expédition  il  I 
porla(>n  (1é[)ense  une  somme  de  dix  talens  avec  cette 
seiiit*  indiralion  xpoureniftloi  nécessaire,  Lc|>euple 
la  hii  alloua  sans  aucune  information  et  ne  vou- 
lut pas  en  Q)nnaîtrc  le  motif  secret.  Quelques  his- 
toriens assurent  qu'il  faisait  passer  chaque  année 
lï  Sparl(^  dix  talens  (  environ  cinquante  mille 
francs  )  pour  gagner  les  principaux  magistrats  t 
afin  (Téloigner  la  guerre.  «  11  achetait,  non  pas  la 
»  paix,  dit  Plut  arque,  mais  le  temps  nécessaire  pour 
j»  entrer  en  campagne.  *» 

A  la  faveur  de  la  trêve  qu'il  venait  de  con^prt 
av<v*  Sparte  il  tourna  les  armes  d'Athènes  contre 
les  Samiens ,  qui  refusaient  déterminer  leurs  difTé- 
rcns  avec  les  habitans  de  Miict  en  louie.  Les  ea^ 


Jfeson  esprit  ;  souvent  même  il  puisait  des 
dans  SOS  connaissances  en  politique.  Oa 
Vspasie  avait  pris  un  ascendant  singulier 
is  grands  personnages  d'Athènes,  et  qu'elle 
ée  par  les  philosophes  les  plus  célèbres, 
Socrate  et  Platon.  Les  Grecs  admiraient 
é  et  son  éloquence.  J^es  hommes  d'état, 
de  lettres^  les  artistes  les  plus  renommés, 
niens  et  les  Athéniennes  les  plus  aimables  . 
laient  chez  cette  femme  incomparable  , 
iociété  fut  un  mydèle  de  goût  et  de  poli- 
passion  de  Péri  dès  pour  Aspasie  devint 
ioirsi  vive  et  si  nécessaire  ^  son  bonheur  » 
ousa  après  avoir  répudié  sa  femme,  dont  il 
deux  fils.  Il  l'aima  jusqu^à  la  mort,  e\ 
eut  surjui  un  tel  embire,  qu'on  l'accusa 
)ius  d'une  fois  suscité  la  guerre  pour  ven- 
njures  qui  lui  étaient  personnelles, 
inpagne  contre  les  Saniiens  étant  résolue 
B ,  Périclès  fit  voile  vers  Samos  avec  une 
'  abattit  le  gouvernement  oligarchique, 
otages  cinquante  des  principaux  citoyens, 
rtîr  pour  Leninos ,  refusa  l'argent  qu'on 
pour  leur  liberté,  et  donna  à  Samos  un. 


l36  PiAiCLÈS. 

Tragic.  Pérîclès  ,  qui  n^avait  que  quarante-q 
voiles ,  rempurtc  la*victoire  et  défait  soixant 
vaisseaux  ennomis  ,  dont  vingt  portaieni 
troupes  de  débanjucnmcn t.  Profitant  de  sa  vie 
il  s'empare-  du  porl.  de  Samos ,  et  met  le 
devant  la  ville. 

Les  Samietis  se  défendent  avec  vigueur.  Péi 
prenant  avec  lui  soixante  vaisseaux  ,  s^avancc 
la  Méditerranée  pour  aller  au-devant  d'une 
phénicienne  qui  venait  au  secours  de  Samo: 
assiégés  profitent  de  Tabsence  de  Pérîclès 
attaquer  les  vaisseaux  et  les  troupes  du  bloci 
rennportent  l'avantage  et  reslent  maîtres  de  la 
Informé  de  la  défaite  de  son  armée ,  Péric 
hâte  d'aller  h  son  secours^  bat  Mélissus,  g( 
des  Samiens  ,  et  reprend  le  blocus  de  la  ville, 
distraire  et  tromper  Timpatiencc  de  ses. trou| 
terre  et  de  mer ,  il  partage  sa  flotte  en  hait 
dres ,  et  exempte  chaque  jour  l'une  d'elles  de 
gués  du  siège  ,  afin  qu'une  partie  des  iftatel 
des  soldats  puisse  s'amuser  et  faire  bonne  cl 
tandis  que  ceux  qui  sont  de  service  resserren 
étroitemejit  le  blocus.  Ce  fut  à  ce  si«^e  fimcn 
les  Athéniens  se  servirent  pour  la  première  fc 
machines  de  guerre ,  invention  nouvelle  qui 
merveilleuse  à  Péiiclès.  Samos  se  rendit  c 
après  avoir  résisté  neuf  mois.  Périclès  en  (if 
les  murailles, ôla  aux  Samiens  leur  flotte, et  ( 
d'eux  de  fortes  contributions.  Après  avoir  i 
Samos  il  se  rembarqua  pour  Athènes,  où  il  i 
obsèques  aux  citoyens  morts  dans  le  cours  de 
guerre.  Il  prononça  sur  leur  tombe  une  oi 
funèbre  qui  fut  génér;dcment  admirée.  Loi 
descendit  de  la  tribune  les  femmes  les  plus  d 
guées  d'Athènes  allèrent  l'embrasser  et  lui 
sur  la  t(^te  des  couronnes  comme  à  un  alhlè 
revient  vainqueur  des  jeux.  Ainsi  finit  la  guei 
Samos  y  la  4o?  année  de  la  84*  olympiade ,  c 


M  mëtaate-Ki  ans  avanr  J.-C.  Pcriclès  s<!  gln- 
i»  d'auUnl  phis  d'avoir. terminé  }i(?ur<!iisemem 
\\é  guérie,  que  le  surccs  en  avHÎt  été  longtempj 
f*rtain  ;  p«u  s'en  fallut  m^tne,  suivant  Thucy- 
ie  ,  que  les  SamieDS  ne  fissent  perdre  à  Athènes 
mpire  de  la  mer. 

L  Mivin  dts  lors  se  dér.haîna  avec  pins  ^cliar- 
ment  el  d'amertume  epcorc  contre  Péricles  ;  les 
aD<Euvres  de  ses  nombreux  «nneinis  avaient 
•aaé  à  sa  rivalité  avec  l'orateur  Thucydide  lout 
caractère  d'une  dissension  intestine  cl  iiolitique. 
I  ville  était  pleine  de  troubles  ;  les  noble»  el  le 
apte,  séparés  en  deux  partis,  étaient  à  la  vei)te 
en  venir  3dx  dernières  extrémités  :  il  était  évï- 
mt  qoe  la  longue  Ititie  entre  Tliacydidc  et  l*é- 
dèï  H*  pouvait  plus  se  terminer  que  par  le  ban- 
nement  de  l'un  ou  de  l'autre,  rériL-lèî  l'em- 
irta-,  ii  vint  â  bout  de  faire  exiler  son  adversaire, 
resta  sjnïconrnriens.  Ce  succès  décisii,  en  ré- 
bEssant  la  pai^  dans  la  ville,  lui  donna  à  lui- 
feliie  ont  autorité  gui  ne  différait  gurrr;  clu  pou- 
iïr  monarchique;  il  se  mêlait  de  l'ailniinl^iraiinn 

lOqiic,  ii  jù-iil  d'tio  pouvoir  prea^uP  absolu  pen- 
ml  quinze  ans  encore.  It  cul  alors  k  sa  di'posi- 
)Q  les  revenus,  les  armées  ,  les  lloires ,  les  fies  et 

mer;  seni  il  exerça  celte  vaste  tloinination.  Mais 
!»  ce  moment  aussi  on  le  \\t  changer  de  sys- 
me  :  ïl  ne  céda  plus  si  facilement  aux  désirs  et 
IX  caprices  du  peuple,  cl  il  tendit  les  ressorts 
1  gouvernement  ,  jus'.ju'alors  trop  relSrhës. 
enani  lui-ni<''me  une  conduite  irréprochable,  it 
nena  le  peuple  à  suivre  ses  conseils  et  sa  vo- 
nté«  tanlAt  en  employant  la  persuasion,  tantôt 

contrainte;  loul  s  opérnit  en  appan'nie  par  les 
■glei  établies,  mais  rien  ne  se  faisail  que  par  son 
ipulsion  nu  par  le  charme  de  son  eloqui"nre. 
eltc  grande  autorité  il  l'avail  acquise ,  selon  l 'his- 

Tome  1.  »3 


j38  Pl^RICLÈS. 

loricn  Tliurydirle  ,  non  seulement  par  rend 
ment  (le  retlc  cloquenre  persuasive,  maïs  c 
f  :ir  la  connanre  qu'ini^pirait  au  peuple  son  c 
térj*ssemcnt  et  son  nié  pris  pour  les  rjciiesses. 
nome  et  soigneux  dans  1  administration  d 
piitrimoine,  on  voyait  cliez  lui  la  rerelLc  et 
pense  marcluT  toujours  d  un  pas  égal ,  sans  I 
,  ëeliapper  aucune  trace  de  cetle  ()rorusion  , 

désordre  (jui  r6gnent  ordinairement  dans  l';< 
sons  o|nilentes. 

Le  triomphe  des  Atliéniens  sur  Samos  fil 

la  ligue  du  Péloponèse  une  preuve  nouvel 

despotisme  qu'il»  voulaient  exerccfr  roulrc 

allies  et  contre  leurs  adversaires  ;  telle  était, 

les  principales  nations  de  la  Gièce  »  In  di; 

lion  des  esprits  h  Tëgard  des  Athéniens  et  d 

€  hef.  Les  ennemis  de  Pérld^s  dans  Al  lignes 

j  Liaient  s'entendre  et  agir  de  concert  avec  les 

I  mis  du  dehors;  tous  se  déchaînaient  contre 

;  contre  son  r^gne  ,  car  c'est  ain.si  qu'ils  iiornii 

son  administrât  ion.  N'osant  ratla<|uerdirectei 

ils  tourn^reut  leur  ress(*utiment  el  leurs   ; 

contre;  les  persoimes  rpû  jouissaient  de  sa  pi 

tion  ou  de  son  amilic.  1  hidias ,  charge*  de 

rection  des  magnifriues  monumeus  qu'At' 

devait  au  goût  de  IVrielès,  fut  dénoncé  pour 

sr  uslr.iit  une  panie  de  Tor  destiné  h  enric] 

slatue  de  Minerve  ;  il  fut  jeté  dans  les  iv.n 

ini^nie  temps  une  accusation  d'inifûétc était,  y. 

conlie  Anaxagore,  philosoidie  déiste  et  reli( 

Il  était  évident  qu'on  votjlail  rendre  Périclès 

disciple,  suspect  de  professer  la  ni(^mc  doc 

sur  l'uuité  d  un  dieu  ,   dans  re5poir  de  le 

condamne  r  lui  même,  l^érulès  ne  put  sauve 

m.iîlre  ei  son  ami  (|uV*n  ic  faisant  soi  tir  d'Atl: 

11  eul  hienl^l  À  supporter  un  eoup  plus  rud 

ce>re.  La  céiehre'  Aspasie  ,  son  amie  et  son  ép< 

ijit  àMsai  enveloppée  dans  uuc  accusation  < 


■  piatczis.  ïSg 

Sêl^t  el  IrxJuilecn  juslice;  un  l'accusait  en  outre 
^vpîr  ouirsgé  les  mœurs  par  sa  coniluilp.  As- 

Stîe  fUida  elle  mémo  la  rausc,  et  ne  dut  son 
ut  (iu*aux  prières  de  Périclcs  ,  aux  larmes  que, 
{Ion  ËichÏDc,  il  lépandil  (Icvanl  les  juges  pen- 
^nl  TinslrucUon  du  jjrocès. 
>JMais  CCS  allaqiies  ii  étaienl  que  le  préluda  et 
(vanl-coiireur  de  l'orage  dont  on  mrmçait  sa 
|e.  Ce  fur  alors  qu'il  snuUla  le  feu  de  la  guerre, 
Qp  larijive  à  s'enflammer,  rt  qui,  selon  l'expies - 
«a  de  riulsrque  ,  n'éiaît  encore  que  fiimanie  ;  il 
Btair  liien  que  le  peuple  ,  enlrai'ni  par  sa  puis- 
pce  el  par  son  mériie  ,  ne  se  reposerait  i]uc  sur 
B  «eul  du  soin  de  défendre  la  jialrîe. 
^reasenlant  l'éruplion  prochaine  de  la  guèrrcflu 
j9oponè.«e ,  et  voillanl  déjouer  les  manoiuvrcs  de 
k  caneniis  serrets  ,  il  persuada  aux  Atliéniens 
JènvDver  du  secours  aux  h.'ibilans  de  Corcyre^ 
gouni'liui  Coribu,  <jue  les  Corîoihiens  venaient 
^llaquer.  Il  imporlail  en  cfïet  de  mellre  dans  le» 
Matbs  des  Athéniens  une  île  dont  les  forces  ma-  - 
pines  leur  seraient  si  utiles,  dans  le  ras  où  s'ef- 
Cluerait  l'inv.isiim  que  les  l'éloponésicns  prcje- 
lienl  contre  l'Atlique  ;  d'ailleurs  Corryre  ,  par  sa 
(Milion,fiiDrisaii  le  passage  des  llol  les  athéniennes 
D  Sicile  et  en  Italie,  réiiclés  fit  pailirdix  vaisseaux; 

re-,  mais  il»  !i'arii\^reni  iju'oiirés  le  combat.  A 
Hle  mPine  époqui'  l'oiidfe ,  colonie  de  Connlhe , 
pi  avait  enilir.is.sé  le  parlP  des  Albéniens  ,  se 
Hgnil  à  la  conréd^'raliuu  du  IVIoponèse  :  Périclès 
I  marcher  aussilill  un  rnrps  d  armée  pour  en 
•rmer  le  siège,  La  ^iierte  avec  le  RéIoponése  de- 
inl  alors  inevitalili;  ;  mai*  ce  qui  porta  l'irritabi- 
ij*  3cs  cspiiis  à  Sun  ciniiblp,  ce  fut  le  décret  que 
P^riclèi  fil  adopter  contre  les  M.-Rariens,  arcusé» 
Cairoir  viole  des  lerres  sacrées  i-t  de  (lo.inpr  asile 
Itous  les  esclaves  fugitifs.  Ce  décret  j  ^ue  l'ëriclèi 


j.w, 


'««•«•••     X     ^ 


y  ,  ,  •      *    âiiiirrjij   liât       ^c      l'I 

Tliuc\<lidr,  nui  riait  alors  â  Athènes  à  por 
tout  voir  cl  ae  tout  juger,  n'assigne  point 
raiisc  à  rclte  guerre  fameuse  de  pcliles  int: 
ni  ^le  peliles  passions  ;  il  Taltribue  à  To 
qiravaicnl  inspiré  aux  Alliéniens  leurs  on 
<î.»ns  les  guerres  médiques  ;  à  Tabus  qu'ils 
(îopiiis  de  leur  préëmincnre  sur  le  reste  Je  l.i  ( 
à  la  jalousie  de  Sparte,  qui,  n'ayanl  pu  voi 
fiéintr  passer  en  d'autres  mains  un  empire  q 
av.'iil  souvent  exercé  sans  roncurrenre ,  ré.vç 
l)aiue  desautres  peuples  contre  lc5  Athéniens  < 
:|  suscita  partout  des  ennemis.  Telles  furent  le« 

i,  tables  causes  de  cetttî  guerre  mémorable  qui 

V  vingt- huit  ans.  Athènes,  en  cédant  aux  dem 

impérieuses  des  Lacédémoni^'ns  ,  aurait  fait  . 
lie  sa  faiblesse  :  c'est  encore  le  sentiment  de 
cydide  ,  et  c^est  aussi  le  plus  vraisemblable  i 
on  son^e  au  caractère  de  Périclès,  qoi  joig 


l4 

i 


!•>! 


PRB  ICLl'.S.  |4l 

alIcoiUnl  diacune  ili'vair  jouir  dv  re  rfuVU* 
«il  :  "  Al?  rnépria  de  ceitp  di-cinoa^oivr 
le,  dit  IVriclès  CV),  '<■»  LficétlAmonifli» 
s  sigQiCciiC  iiTipérieust^aiem  Icuii  voldalés  , 
nenpDS  laissant  (iu^  Ici  rhoix  Je  U  guerre  ok 
M  anuipis-vioii ,  iU  nons  ordp^nent  de  ta* 
cer  aux  avai)l:iges  iiui-  nous  ayons  rem* 
es  sur  leurs  al|ii?s.  Ne  pubJicnl-iU  pas  que 
laix  dépend  uiiiquntipal  Ju  ilérr^l  porté 
ire  Mëgare  i"  El  pluiitUrs  d'flnlrp  nous  na 
';ient-ils  pa?  i|i'iin  si  faible   siijol   ne  doit 

nous  engager  à  pri*i)dre  Ips  aiinoa?  Allié- 
|s  j  de  iclres  offres  nr  sont  qu'un  (>idge  jçro»- 

;  il  faut  les  rejeter  jusqu'à  ce  qu'on,  Ir^tle' 
Liipn»  d'égal  à  i^gsl.  Tome  n^^iipn  qw  jwëir 
I  dicter  d()S  lois  à  une  naiiun  rivale  lui  firo-n 
{  dfts.^rs.  Sj  vflvj  (K-diex  sur  uji  sçulpoîntf 
proiiail  vo^s  avoir  fait  trpmi^lâr.  ri,  dÀt  c* 
(^«i^o^  Yf^us  imposej  ^i)  dtf^  (^oq^itif^nt^pluft 

f**"'^'  .    ,  .       .„    .    , 

t^oifn  ppnyez.-v«ti»  cramdre,  wj^vrf)  bm-  àm 
s  iQulc  de  nalÎMisqui  ilifTéreiil  sulont  d'o« 
ne  que  de  piiucijHs  !  facile  lfiii<Mii  «lajis. 
rtnvof,3lJç)ii  de  kurs  diiiles  !  i|uelle  (oiifusipi» 
sla  discusMOn  di'  leurs  inléii'l.s  !  l'.lles  s'oct. 
;nlun  niontenl  du  bleu  giiK-iii]  :  le  re^ledu 
pj  de  leurs  av;ini.ig<s  pairii  ulii-rs.  Celic^rci 
longent  qi^'à  leur  ven^rauce  ,  r<!lUislà 


} 


slVeté,  ei  prusi|ue 
1  sur  les  autres  .Ki  .soi 
rent  sa^l5  s'en  apcjce 
>e.  » 

iclijs  moiitraii  onsuil 
ise    n'ciaiU  p,is  m  i 

loules,  ^e.  reposant  le» 
Il  (te  l<'iir  tonseivalion, 
:voir  ù  leur  pcrj-e  com- 

e  que  les  .illlés  .lu  P^- 
['lat    de    fa;re    pluïici^ 

;«di,tourstslliriclup 
yansptcié>cU  version 

lemler  livre  .le  Tliuiydidc, 
libi^etéléganiç  dsj'ïjilé 

1^2 


PIÎRICLKS. 


! 


campagnes ,  le  meilleur  moyen  de  les  réel 
t'îait.dc  les  lasser  et  d'opposer  une  gnerre  de 
à  une  guerre  de  terre.  «  Ils  fcront  des  in  vas 
»*  dans  r^tti(]ue  ;  nos  flottes  ravageront  I 
»  côles  :  il^  ne  pourront  réparer  leurs  per 
»  tandis  que  nou^  aurons  dos  campagnes  à  c^ 
»  v(>r ,  soit  dans  les  îlos  ,  soit  dans  le  contir 
«  L'cîmpire  de  la  mer  donne  tant  de  supérioi 
»  que  si  vous  étiez  dans  une  île  aucune  ] 
»  sanre  n'oserait  vous  alta(pier.  Ne  considérez 
i»  Athènes  que  comme  une  place  forte  sépara 
»  Quelque  façon  de  la  terre  ;  remplissez  de 
»  dats  les  murs  qui  la  défendent  ,  et  les 
»>  seaux  qui  sont  dans  ses  ports.  Que  le 
»  ritoire  qui  l'entoure  vous  soit  étranger  et 
«  vienne  sous  vos  yeux  la  proie  de  l'ennemi. 
»  cédez  point  à  rardeur  iusensée  d'opposer 
»  tre  valeur  à  la  supériorité  du  nombre  : 
**  victoire  attirerait  bientôt  sur  vos  bras  de 
'*  grandes  années  ;  une  défaite  porterait  à  la 
»  volie  ces  alliés  que  nous  ne  contenons  que 
»  la  ff)rce.  Ce  n'est  pas  sur  la  perte  de  vos   I 

*  qu'il  faudrait  pleurer;  c'est  sur  celle  des  so' 

*  que  vous  exposeriez  dans  une  bataille.  Al 
»  je  pouvais  vous   pnsuader ,   vous  porterie 

*  linstant  in^me   le    fer    et  la   flamme  dans 

*  campagnes  et  dans  les  maisons  dont  elles 

*  couvertes,  et  Ira  Lacjé<lémonlens  apprendr; 

*  à  ne  ;»lus  les  regarder  C(')mme  les  gages  de  r 
*)  seivitude. 

»  J  aurais  d'autre^  6:aran.s  de  la  victoire  à 
«  présenier  si  jetais  assuié  que,   dans  la    ctî 
»  -d'ajouter  de   nouveamc   dangers  à  ceux  d 

*  guerre  .  vous  ne  chercherez  point  à   comb 
pour  conquérir,  c.«ri  a. tnréhende  plus  vos  U 
»  que  les  projets  de  l  eu'eini.  »> 

A   la   surte  do  ce    discours   éloquenl    Péi 


pnt  principalement   leurs  batteries  polili- 
?spéranl  que    s'ils   pouvaient  abattre    sa 
ce   les  Athéniens  soraicri^  alors   plus  sovr- 
plus   dociles.  Dans  cette  vue  ,   ils   provo- 
contre   Périclès  un  décret   de  bannisse- 
mais  cette  tentative    tourna  tout  à   son 
e  ^  parce  épie  les  Athéniens  furent  persua- 
•s  que  c'était  lui  que  les  ennemis  d'Athènes 
nt  et  craignaient  le  plus, 
confédérés    du  Péloponèse ,  au   nombre 
antc  mille  cpmbattans,  sous  les  ordres 
idamas  ,  roi   de  Sparte  ,  s'avançaient  déjà 
.  plaines  de  l'Attique.    A  leur  approcRc 
,  qui  voulait  se  tenir  sur  la  défensive  , 
que  si  les  ennemis  épargnaient   ses  terres 
ïnnfT  à  ses  détracteurs  un  prétexte  de  le 
!er,  il  donnerait  dès  ce  moment  à  la  répu- 
tes biens  et  ses  maisons  de  campagne.  Xe 
semblait  pressant  ;  toute  l'Attique  était 
e  de  soldats,  tant  de  la  Béotie  que  duPé- 
«;   tout  le  monde  voulait  combattre  et 
mmettrc  au  hasard  d'une  seule  bataille: 
i  s'y  opposa  constamment.  Pour  calmer 


1  \f^  PKIl  ICI.  K8. 

;'i  M'ili*  (l'un  si^(*|>ilnu>.  Il  npposâi  la  m^mc  infl< 
l>iliu''  ;hix  i  lista  lires  i\v  ses  airii.s  ,  «lux  rlampur 
:iiix  riM'n;ii-c.s  lic  sv%  rnricini.*»,  v\  aux  rliarinrniii 
lirl/^ijr.H  (loiil  on  l\irr.al)Iail  \  ririi  nr  put  Y(*m 
voir  iNe  vfiularjt  suivre  (|ii«  le»  pl«iii  qu'il  s\ 
Ir.'Kf'',  il  fit  Illettré  m  mer  iiiio  (lotie  de  < 
galères  juiiir  .«lier  ravager  le  IVIc»r»OTi^5e.  lillf  a 
faire  voile,  et  iVrirlés  en  faisail  riiiS|inclion^fl 
(|iie  tout  «^1  roiip  il  survint  unr  iWJipM*.  de  fu 
(pli  eliaii^ca  le  jour  en  ténèUres  ,  (?l  nui  «  rcfjai 
rdinnie  un  sinistre  pnVsafiçe ,  rein|>lit  dr.  fra^ 
h  IIS  les  <".piils.  IViii  lès,  voyant  le  pili»l('  du  i 
'f.'Mi  .unit ai  tioiiMéet  inrci  lain  de  re  qu'il  dr 
faire,  lui  iiiii  smi  in.inleau  devant  les  yeux, ri 
(leinaiida  s'il  trouvait  h  e.rla  (|iiel(me  chose  <! 
fray.nl  et  de  'xuvAvv,  Le  pilote  lui  rénondit  ( 
ne  v(»yait  pas  là  de  quoi  .Veffrayrr:  "  iXé.  bien 
"  dit  IVii(li's  ,  rpielle  ddïiTPiiei*  y  a  t  il  e 
»  mon  nianlfaii  et  i'v.  rpii  cause.  rér.li[)ftr.  ^  ni 
'>  (pjc  (e  (jwi  produit  r.<!.s  ténrlnes  c.5it  plus  gi 
>'  que  mon  iiiniteau!'  "  Ta  (lotie  partit  poi 
iVt(>pon('<.(> ,  et  il  re.s'a  (Iari5t  Atliè.ne.s,  afin 
contenir  la  >ille  jus(pj\i  ce  que  1rs  cnnrniift  9e 
•'>f' t)i  iciiM's.  Mil  allendanl ,  pour  ronsoler  le  pc 
;if(ii{»é  (!4'  cetl»'  (guerre,  et  pour  soulriilr  son 
r;i({i ',  il   lui   (il    i\i*H   distributions   d'argeiii  e 

Aussitôt  que  les  r/'IopoiiéMcnseurcnl  romiii 
h  l>;)itr('  en  lelraite,  il  (uivoya  couina le.s  Loci 
une  divisinii  navale  qui  obtint  (juclques  «ivïinla 
taudis  que  la  L;i'aude  Hotte,  après  avoir  par 
désolaliini  .sur  les  (Aies  du  IVlopQntise,  pnl  k 
leioor  I  île  d  i^;;yne.  IVriclès  en  pcrsouar;  € 
par  teiie  dans  le  pays  des  iVIc^^ajicn^if  et  y  mit 
.1  (eu  et  à  .';aii£;.  iavs  ennemis,  liarccUs  ()t.  falig 
et  a  (pii  les  Alli(''uiens  iaisaîenl  autant  de  ma 
iiiei  (ui^il)  en  .'lOidiraieiit  eux-mâmrs  sur  Ir 
reutieienl   tu    J^accuile ,   roonnfî   Ijericlcs  lî 


PERIC  LES.  145 

d^s  l'ouverliire  de  la  c.imp.-igne.  Il  ua 
t  d'honorer  par  des  fmierailfei  piil>li(n>rs 
•s  qui  avaient  jit'ri  li.-'i  arittfs  à  la  main  ,  ei 
ur  gloire  dans  un  dixcours  éloquent  et 
Je. 

ée  suivante  ArdiiOaraas,  i  \fl  tête  Jes 
ésiens ,  recomininça  îles  courses  dans 
!.  Mais  tout  le  courage,  louie  la  fermelé 
lès  atlaienl  écliouer,  non  rnnlre  les  eiine< 
a  patrie ,  mais  contre  une  puissance  sur- 
! ,  ou  pIntâL  un  ficaii  dt^sofant  qui  rendit 
>us  les  conseils  de  la  prudence  liumaine  ; 
;e  cruelle,  sortie  de  l'Ethiopie  ,  venait  de 
ir  l'Ëgynte ,  la  j.ybîc ,  une  partie  de  [a 
'île  de  Lemnos  el  d"aulres  pays  cnrure. 
:oBp,à  l'arrivée  d'un val-seau  marchand, 
nanift'sie  au  Pirée,  de  là  se  pronage  avec 
aiu  Athènes  el  surtout  au  fond  ue  ces  de- 
obscurcs ,  de  ces  lenles  étouffées  où  les 
I  de  la  campagne  ,  venus  pour  se  soustraire 
icn  de  l'eunemi ,  se  trouvaient  entassés  et 
us.Lessynipliimrsil[[inalélaiente(ï'r.ij-3ns, 
{rès  raprdes  ,  les  suites  presque  toujours 
s  i  ce  mal  alfectait  tout  h  la  fois  le  corps  et 
Les  Athéniens  rcjetèreul  sur  rériclcs  les 
d'une  si  horrible  contagion,  pour  avoir  , 
ils  ,  alliré  dans  leurs  murs.ce  déluge  de 
•t  d'habitans  de  la  campagne, 
l'espoir  de  dissimuler  l'inlensilé  du  mal 
ireenm^mc  temps  aux  ennemis  du  dehors, 
fit  équiper  une  (lotie  de  cent  voiles,  mon- 
les  troupes  de  dêbariiucnient  ;  il  s'y  joignît 
te  galères  des  ili-s  de  Chlo  rt  de  Leshns. 
emenl  si  considérable  releva  les  espérances 
.éniens ,  et  jeta  la  terreur  parmi  les  eune- 
riciés  sVnibarqu3  ;  mais  il  lu;  fit  nen  qui 
t  à  de  si  grandi  préparatifs.  Il  mit  lesîége 
iîpidaure,  mais  sans  succès;  il  n'en  eut  pas 
/.  i3 


fie  putréussir  i  les  appaiser.  ^'ricf>ulBqt  pli 
a  voix  (le  V^igreur  ci  ac  la  passisn ,  jU  pnn 
sulTfagei ,  dépouillèrenl  rériclèi  du  comn 
ment ,  et  le  cp nJamuèrent  avec  unie  riftoei 
trente  à  ijnc  forte  amo^TUe,  que  Ici  vds  font  p 
i  quinze  taleni,  d'autres  k  qn^uante,  eiqui 
^oredc  Sicile  porh-  ù  ijn^irt—vin-i-.  !.i1<'ii,, 
feraitUipmTnedeqiiniiiM'i'iii  uulli.'  iui)i>.;)  Jt: 
monnaie!  Mai*  mU'  Jisgi-iii>  m-,  lui  quVplié 
le  peuplc,(Iitnutari|ui',  Uma  loule  »a  r.ulâr 
Ja  plaie  ,comEae  Vïln'llli-  y  Lme  non  aiguil] 
reconnu^aoi;  iirjusti'''- ,  v.\  V^ndb»  h  lui  par  j 
jnaii  )}  se  ufon^rait  >lrK<n)ri'  des  affaln^â  du 
yeriitmeot  ,.,iojt  i  i.ju.h'  Ac  Ij  l^gèicu-  Jei 
niefil,  jokpar  \t  pin-  ili!  |i1ii»!l'iiis  ilesi;»pi 
rt  dc.icf  amis  que  b  [x-sm  vt'iiuii  de  inoissi 
^I  avait  3e  plu)  l*  chogila  ^c.  voir  b  dia»i 
troubler  depiSislo^f;  temps  sa  famille  ;  Xap 
^'aînédfl  se^fiti,' disïi|^):iieui  i^l  iivodL(}ue.  à 
avait  jttfusé  de  payii'  !<'<  ileilcs ,  fjlîgui^  du 
]}at,erneli:^tait  duvi-mi  l-*  plus  viulent  do  ii 
Iracleura.  tl  rnourui  dit  U         ï. 


de  Ulent  ni  assez  d^autorité  pour  un  coin- 
aeot  de  cette  iinportaftce  ,   ils  commea- 

désir^Périclès ,  à  ie  rappeler  :Si  la  tribune 
ày^nement;  mais,  inconsolable  de  la  perte 
fils,  et  préférant  d^ailleurs  les  charmes  de 
nde  âu  pouvoir  et  aux  iionneurs ,  il  se 

peu. empressé  de  reprendre  le  timon  des 
;  il  céda  pourtant  aux  mstances  d^Alcibiade 
M  amis,  qui  le  déterminèrent  k  reparaître 
tic  Le  peuple  lui  témoigna  qu'if  se  repen- 
ipn  ingratitude,  et  Pénclès  reprit  bientôt 
ts  du  gouvernement.  Nommé  général,  ik 
^t  des  préparatifs  d'une  troisième  cam* 

quand  il, fut  atteint  lui-même  de  la  pestes 
le  déclara  point  chez  lui  par  des  symptômes 
l  ^leps  ;  elle  mina  par  deeré  son  corps  et 
;.niôme.son  esprit  Visité  dans  sa  maladie 
fjgd  intime  9,  il  lui  montra  une  amulette  que 
mes  lui  avaient  suspendu  au  cou,  donnante 
re  qu'il  devait  être  oien  malade  pour  s'étrer 
fie  pareilles  puérilités.  Son  mal  s'aggrava  9 
mourant ,  et  ne  donnait  plus  aucun  signa 
Les  principaux  d* Athènes ,  assis  autour  de 


l/|8  PKRICLis. 

»  vragA  <]i!  la  fortune,  et  qui  me  sont  cor 
I»  avec  tant  d^aulrei  gi^néraux  ,  ol  que  v< 
»  parliri  pas  d«  ce  qu  il  y  a  de  plus  grand 
»  plus  honorable  dans  ma  vie  ;  c'est  de  i 
M  larnais  fait  prendre  le  deuil  à  aucun  de  nu 
»  citoyens.  »  Il  expira  bien  lût  aprè.s,  vers  1 
de  bcodromium  (octobre),  4^9  ^"s  avani 

Les  ëvëneniens  qui  suivirent  sa  mort  iiren 
aux  Alliëniens  toute  la  |>erle  qu'ils  avaien 
Au  lieu  de  Continuer  une  guerre  offensive  p 
et  défensive  par  terre,  au  lieu  de  renoncer 
idée  de  conquéte,conf()rinément  au  plan  de  Pi 
ils  risquèrent  le  s^lut  de  Télat  par  des  f  ritrepr 
niéraires,  et  ne  purent  triom prier  de  leurs  en 
Tout  déclina  dans  Athènes  après  la  mort  d 
ri  es. 

1/asccndant  de  son  éloquence  fut  tel,  que  1 V 
Tliiicydidc,  son  rirai  dans  le  gouvernemei 
ia  tiibune,  disait  souvent  :  «Quand  je  Tait 
Ai  et  que  je  le  tiens  sous  rnoi ,  il  soutier: 
M  nVst  pjs  vaincu,  et  finit  par  le  persuad 
»  Athéniens.  »* 

Quelques-unes  de  mm  harangues  ont 
Guediies  par  rhistorion  Thucydide.  Périr 
laissé  par  érrit  que  quelques  décrets ,  et  I 
cite  de  lui  qu'un  petit  nombre  de  mots 
quables,  tel  que  celui  sur  l'île  d'Kgyne  ;  il  l'a 
une  tache  sur  Tœil  du  Pyrée  qu  il  fallait  fa 
paraître  (  i  ).  Sophocle  ,  son  collègue  r 
cominandemf*nl  de  l'année,  en  s'embarqua 
lui  louait  beaucoup  la  beauté  d'un  jeune  atl 


i|  (  f  )  ?our  leniir  la  fineiie  de  ce  mot  11  feut  se 

U  topugraphit  du  Piiée  ou  port  d'Aibénei  |  lllc 
cuit  prciquc  eo  face  ,  et  fut  loog-tenpi  su  pou 
euiiciaii  de  i*Aui4UC. 


I 


ILJf 


pi  H  t  C  I.  à  s.  I,^() 

•  Saplinftv,  liti  ilil  IVrirW  ,  un  gi'nt^ial  tltiit 
la  •voii-  W  yeux  bhmi  pnrx  (]ue  ks  inaînii.  " 
■  Il  cstimAii  |ifii  rM  )(iiii('raiix  (|u'iint  hcun-tue 
Mntéril^  Ui^all  ri?(;nri1pr  cnmtnt  tie  eratida  capi- 
Utitiot;  pot)  jolout  de  lei  imiter,  il  di".!!!  souvent 
h  aes  conddiyi'Oi  qui  l'îl  nnuviitt  il  ït'n  rendrult 
tmm*rtrU.  Uaii',  l'uraixoii  iiiii^brc  dv»  Athéniens 
I  pi'ri  Jpvinl  Sa^oiil  dit  qu'il*  euicnt 
iiidscuinmelrsdii'uiiTn^mesinCBi-, 


Jijout.i  r  il ,  nous  ne  vnYOriR  lias  Ici  dieiiximais 
*       •    ir  ,TnJ  Cl  \f»  bi^       • 


■  "i 

B  le»  liiMiiiPiiri  (jirun  leur  irni)  cl  if»  bifni  dont 
»  iU  juiiiitr-nf  iioiii  fcinl  ju];er  qu'iU  sonl  immor- 
h  fêla-  C<-ux  qui  lom  miirlii  pour  la  iléffriM  de 
i  leur  patrie  n  onl-iU  pn*  lc>  mfniL'i  uv,iiiUges  ?  >> 
1;.  Si  miclqiics  laclici  uni  pu  dt-parcr  une  "î  leHo 
lie,  elle»  ont  été  eflai-éei  laiis  douto  par  Ici  plus 
tares  lairni,  ei  lurroul  par  un  di^tÎRtéiTitPpncnt  à 
Mie  épreuve.  Pt^rîclèi  porta  li  Iniii  cette  verlii  ^ 
Libt  M  tiiiicmi  des  fir^^cna  et  m^firiia  ai  furl  It^* 
trtiewci  1  qu'iiprJ<s  avoir  prodigieusement  accru 
i  grindeur  el  l'omikore  dont  Ir.t  Alhi^niem 
i«,n«;n.'nt  .iv.mU  lui  .  .i[>r,^  ..vi.lr  di^po.r  ,!,• 
>omrnes  iiuincuscx  nuur  rciulrc  Alli(>iirs  1;i  i>lii<i 
bellu  ville  drLCnVc,  a,>r^:.  :iv,m  .-.i  ,  tvml;i..l 
frès  de  ({uin-aulcanm-e.t,  i  sa  ili«]>iiiiiti»it  [>'  iré.sor 
fnblic  d<'  sa  |i,Tiiic;  -ipri^s  avoir  xurpassi'  les  mis 
n^mes  m  ]<iiiNsaii('<-  ,  il  n':iii!;ini'iit.i  n.i'i  d'uiic 
ilra^in(>  I.-  h\t„  dnnl  il  avait  li.'rii.-  de  s.,n  p.N 


:?' 


nd  lioui'iu'  <n.'ril<-  doiir  l.s  .-locrs  du  la 


rosK'ril^  .  stJ>t.mt  .'i  .aiiïc  .1.-  la  .loiireur  cl  de  la' 
toodt'ratior.  .|u-il  sut  ro^tiivri'  a.,  milieu  de  tat.t 
d'ininiil  t'.t  i-l  d'uni'  pnist.inri'  ^i  :d>^olui-.  l'nili'i- 
lfHr.'.lair«'  des  ails,  d.";  ai  rlsti-,s  ,  di-^Hlivs  .■!  d,- 

Il  philosni.liie  .  il  lit  Ui'dler  AiI«''ih-s,  <]ui ,  sous 

tjnimslr.iti,.,,,  di'viulk-s<'i<.iir  drs  lal.-.is  .-l  d.- la 
hlliU-^.-.  V,-, ,  >  ..[l,.  q.(.,|,„.  (lorlss;il,-nl  lln-doir  , 
Tliundid.-,   IVsa.ylr,  Sonlinrl.  cl   lùmpid»  ,■  Si- 

nid.-,  S<^.T;iie.  llipporraie,  l'indaio.  Melon, 


l5o  PIÊRTCLÉS, 

Phidias ,  Isocrate ,  Démocrite  ,  Empédocle  « 
non  d^EIée  et  P^rménide  ,  Anaxagore  et  Pl« 
Aussi  la  nostérité  a-t-elle  confirmé  les  suffrag 
Tadmiration  des  Athéniens,  en  donnani 
plus  beau  i^iècle  de  la  Grèce  le  iu>m  de  siècl 
Pérlclès,  • 


.« 


s  O  C  li  A  T  ï. 


SOCRATE, 

PHILOSOPHE    ATH^NIEK 


CEATE  naquit  à  AlVnesJa  prctni^^nn^e 
1  77*  olympiade ,  ivCi)  ans  avant  noire  ère.  Il 
ib  Jaiu  sa  jfHnrîse  h  profession  de  Sopliro— 
oe,  son  père,  qtiiëtaitsciilpteiir,ets')-i]islingii»; 
Mercure  et  ses. troii  Grdcei,  que  ron'vovai'i 
ïnes,  avaient,  dit-on,  une  rêpoialion  juste-* 
itmêriiée,  • 

lai^ré  ses  prpmiers  succès  dans  ce  bel  art  i 
rate  seniail  en  lui-même  une  vocalion  qui  l'en- 
aait  vers  une  élude  encore  plus  élevée,  celle 
I  philojophie.  Criton,  qni  devint  pourloujourF 
ami ,  fut  le  premier  qnî  démêla  ces  heiircilsea 
ositions  ;  il  tlr.1  le  jeun,-  homm.-  de  l'aU-liiT  de 
pèr«  et  le  conduisit  dans  les  croies  Ars  philo- 
aes.  Socrate  fré(|ucnla  d'abord  celle  d'Anaxa- 
ï,  où  ileul  pour  condisciple  Kuripide,avec  lequel 
unit  d'une  étroilc  amilié.  On  a  prétendu  même 
1  eut  beaucoup  de  pari  à  la  composition  des 
es  de  ce  poi/lc  Iragique  ,  e(  ^ue  ce  lui  à  Sorrale 
ce  dernier  a  dû  celle  teinle  de  |.hilosophiequi 
ingijc  ses  ouvr.j-i's.  Une  injusLe  condamna- 
■nlcvé  AnsiLnRore  A  sa  patrie  ,  Socr.iie 
;  tes  leçons  d'Arclielaiis,  qui  eut  pour  lui  un 

,a  physique  et  l'aslronouiie  faisaieni  alors  l'oli- 
principal   des  études  des  philosoplies.  Après 

ir  appris  d'eux  lout  ce  qu'ils  savaient  sur  ces 
es  de  matières,  Socrate  reconnut  par  sa  propre 
cnbien  ces  connaissance»,  difûcde» 


,  ava. 
il  les 


■i5» 

1  acquérir',  i 


(le  preiriiè»' 
Iles  dont  l'usage  ttt' 
l□^  qu'une  inquièl»! 

les  vagues  médil»' 
■s  recherches  infruc 
;s  rauscs  première» 

morale,  el  pnfair* 
tiie.  Ce  n'est  paa  qttC' 
lu'alors  négligé  ;  on 
la  Grèce  et  quelqucfi) 
^rdc  frnntla  sciencc-l 
igesse  ;  miU  leur  mora<e  s'appliquait  enlife' 


«ccoru.     i;         p         <       !i 
nécessite ,  m  t 
plus  boraë ,  oa  qai  ne  s 
curiosité.  11  abandonna  ao 
lions ,  Je^riinei  thJorie.s  ei 
lueu(|^^^>hîloaophei  sur 
pour|^^Her  i  l'étude  de 
le  pnnHP^lut  de  la  philosi 
cet  objet  euentiel  eût  été 
avait  aéiii  vu  les  leet  sages  ai 
a  litre  j  philoiophei  faire 


renient  i  la  poUliquetOit,  si  'Ile  avait  pour  objet 
la  conduite  privée,  elle  se  rédiiisaîl  à  quelques  pré" 
ceples  dé'achét  qui  étaient  bien  loiu  de  fermer 
un  sysième  complet,  Dans  la  luile,  lorsque  iei' 
richesses  conqniseï  uir  les  barban-s  eurent  intro- 
duit la  corruplioD  dans  lu  Gri'ce,  on  vit  r^s  vraif'. 


philosophe»  être  remplji 
laisaieut  métier  de  la  lai 
vain  savoir  ,  poui  soutenir,  selon 
leur  intérêt,  tous'k*  pr        les  sans  en  auopi 
aucun,  et  introduire  la        ne  du  iJoiite  dans  1 
vérités  les  plus  e  ?s  au  repos  des  sociétés. 

Ainsi  Socrale  euiioeslinc  à  ramener  i  son  v 
ritable  objet  la  ph^jionhie,  i]ui  n'eût  famais  i 
être  séparée  de  la  moratc  ;  il  peut  en  quelle  soi 
en  ^irc  considéré  comme  le  Ibndaieur.  •<  C«  fv 
lui,  dit  Cicéron,  qui  le  pre  ier 
descendre  ta  philosophie  du  lel . 
pour  l'introduire  da  les  cites  ei 
particulières ,        l'h  en 

la  rendant  plut        mère,      is  d 
commilne,  et  icn  l'appliquant 
qui  pouvait  rendre  le*  hninmes  plus  raisonnablas) 
plus  justesetplutvertncux.  ■ 


des  sophistes  qinl 
ibii.^aient  de  leur 
price 


ervril  de  faii 
elle  sVgaraitj 

Ique  sorte  «o 

<nge  de  la  vit 

mt-.nt  1  t§ 


soc  R  AT  E.  t53 

npli  dp  ce  Qrible  ^rn\et ,  Socfatf  s  appliqua 
uirp,  aulaiitv]u'ii  élaii  en  ïon  pouvoir,  1m 
s  H  li'# prP(iTg()ls  qui  Ton!  le  malheur  et  la 
cl«  l  huminité.  «  On  vit  donc  un  simple 
ilifr,  dit  l'abbé  Harlhélcmy,  sans  naissance  f. 
étlil  ,  sani  aucune  rue  d'intérêt ,  sans  aurun 
le  U  filAire  ,  se  charger  du  soin  pé'iïble  et 
reux  d  instruire  les  hommes  ,  et  de  les  con— 
i  la  vprlu  par  la  véiilé.  On  le  vil  consacrer 
•M  momens  de  ta  vie  a  ce  glnrieux  minislère,. 
:er  avec  la  chaleur  el  la  mudéralion  qu'îni- 
amnur  du  bien  public,  et  .«ouienir  autant 
lait  possible  l'cmpirc  chancelant  des  lois  et 

avantage  dnnl  Sucrate  était  doué  bii  faci- 
tcaucou|)  les  pénibles  fonrtions  qu'il  s'eiait 
;tqiie  sorte  imposiTS;  il  avait  l'éloquence  la 
ouce,  la  plus  insinuante,  la  plus  persuaitive; 
même  regardé  comme  un  des  auieurs  de  la 
loqnence  attiquc ,  et  comme  un  des  premiers 
issocièrcnt  i  la  philoinphie.  On  assure  qu'il 
lur  maîtresse  dans  cet  art  Aspasie ,  cette  cé- 
courtisane  qui  etlaça  par  son  esprit  supé- 
parsesialens  et  parle  noble  utage  qu'elle  en 
que  sa  conduite  put  avoir  d'irrégulier.  Elle 
ilors  fixé  les  vœ>u  ei  faisait  le  bonheur  de 
es ,  qui  gouverna  si  long-iemps  la  ré|>ubllque. 
lison  était  le  rerLdei-vous  des  hommes  les 
lislinguéï  d'Athènes  ,  qui  -venaient  prendre 
des  levons  de  rhétorique  el  de  po'itique. 
rate  apprii  à  ccUe  école  à  lrm(iérer  la  sévérité 
morale  rtar  des  formes  giin nuises.  Sa  vie  liit 

tia  charmes.  On  le  vit  souvent  s'associer 
laisirs  de  ses  disriples,  m.iis  sans  partager 
excès.  Noninoin^iiom'iiR  île  goiU  que  pni- 
le,  il  aimaii  iu4k  l''s  -'iris  il  usTiément;  il  re~ 
it  la  danse  el  U  lutie  comme  tiès-uùles,  et 


dises  élalrcs  h  ses  yeux. 

II  avait  p<iiir  amis  les  plus  riches  citoyens 
ihènes,  qiiî  ne  purent  gagner  sur  lut  qu'i 
fissent  prendre  part  à  leurs  ricljesscs.  Cèpe 
ii  était  (las  occasions  dans  les(|uellcs  il 
croyait  pas  obligé  de  faire  avec  leur  générosi 
guerre  gui  n'est  ni  paix  ni  trêve  ^  selon  l'expr 
de  Plutarque  ;  rjuand  il  avait  quelque  bcs 
ne  rougissait  pas  de  Tavouer  :  «  Si  i  avais  d< 
»  gent,  dit-il  un  jour  devant  eux,  j'achcten 
»  manteau.  »  On  piésumc  facilement  qu^il  i 
entre  nt%  amis  un  combat  à  qui  lui*^Terait  a 
..  desle  présent.  Jamais  Socrate  ne  recevait  de 

[\\  bution  de  ses  disciples  :«  Je  suis  pauvre ,  ! 

»  Eschine  en  se  présentant   à   lui^  mais 
»  donne  entièrement  à  vous  ;  c^est  tout  c 
»  je  puis  vous  ofli'ir.— Vous  ignorez,  luiréj 
»  Socrate,   la   beauté  du  présent  que  toi 
.:'  a»  faites.  M 

I  Quoique  vêtu  d^unc  manière  conforme  à  s 

*1  tune,  son  extérieur  n'était  point  négligé. 

^  propreté  tenait  aux  idées  d'ordre  et  de  décer 


il! 


i 


aoCAATB.  i55 

|Ktuvaipnl  ^iIlt^rRr  »a  Uanquillttù  <râmo;  cVtaii  en 
fcain  i)uc  Xantippe,  sa  femme^  le  metlail  rliatjue 
î^ur  aux  plux  rudes  éfreuves  pir  loa  humeur 
Boarrc  ,  auurillre,  vUilcntr.  il  piiratt  qu'iivant  île 
la  prcnilri:  pour  compagri'v  Socrâle  n'avait  ne» 
îl^noré  son  caraci^rn  ;  mais  il  l'avait  choisie  exprès  , 
iwrièuadé  411e  t||il  venait  à  bout  de  souffrir  ses 
bru^i^iieries  il  n'y  aurait  persoime  av^o  qui  il  ne 
pût  vivri;,  ifuelfjue  dilfirilu  que  fdt  «on  caractère. 
B  S'il  avait  épousé  Xanlippe  dans  cette  vue,  dit 
a  naj'vemeiit  lUdlîn,  il  dut  en  i^lre  content.  »  U 
t^y  e\il  sorte  d'outrage  qu'il  n'eut  4  essuyer  de 
'Il  part  (la  cette  méclianle  Icnimc.  Un-  j:mr,.nnn 
eontciitc  de  l'avoir  arcaliU  d'injurri,  ell<;  lui  jet» 
pn  pol  d'eau  sale  sur  la  léie:'<  Je  savais  bien,  dit 
a  le  sage  en  riant,  qu'un  si  jtand  orage  ne  sa 
»  passerait  pas  sans  pluie.  »  Celte  patience  inal- 
térable se  monlrait  en  toute  occasion.  Le  bras  levé 
mr  un  esclave  indocile  ,  il  se  retint  en  disant  :  <•  Je 
^  te  frapperais  si  je  n'élaii  en  colère.  —  Il  est  fâ- 
•  cheux  de   ne  pas  savoir  quand  il  faut  porter 

«vait  donné  un  soulllet  dans  la  rue.  Quelqu'un 
parabsait  étonné  de  ce  qu'il  avait  soulfert  sans 
M  plaindre  qu'on  lui  donnât  des  coups  de  pieds  : 

■  El  si  j'en  recevais  d'un  âne,  répiindil-il,  irâis-je 

■  le  citer  en  justice?  » 

Bien  loin  que  l'élude  de  la  philosophie  l'empâ- 
chàt  de  remplir  les  devoirs  d'un  bon  citoyen,  elle 
contribua  à  l'y  rendre  plus  fidèle.  Il  servit  plu- 
«enrs  fois  sa  patrie  par  son  cour.nae;  il  combattit 
i  AiDphipoliï  ;  Oix  h  vit,  à  la  bataille  de  Uélium , 
Muvcr  la  vie  au  jeune  Xi'iiophcid  ,  qui  avait  _élé 
renversé  de  son  cheval  ,  et  le  porter  sur  ses 
épaules  jusiiu'à  co  qu'il  l'eût  mis  hors  de  dan- 
ger. Les  Aliiénleus  étant  vaincus  dans  celle  ac- 
tion ,  il  se  relira  lo  ih'riiii'r,  à  côté  du  général,  qu'il 
aidait  de  ses  conseils,  mardunt  i  petits  pas,  et 


u 


l56  SOGRATK. 

toujours  combattant  Lâchés,  cV'taU  le  nona 
général  f  aroua  depuis  qu'il  aurait  pu  co 
sur  la  victoire  si  tout  le  monde  s'était  conr 
comme  Socrate.  Au  siège  de  Polidée,  pe 
qu'un  froid  rigoureux  retenait  les  troupes  so 
tentes,  il  sortait  de  la  sienne  avec  Fhabi 
portait  en  tout  temps,  et  marchail,pieds  nus 
glace.  Darfs  une  sortie  que  fit  la  garniso 
Potidéates ,  Alcibiade  était  tombé  couve 
blessures;  Socrate  l'arracha  des  mains  des 
mis,  et  bientôt  après  lui  fit  décerner  le  prix 
valeur,  qu'il  avait  mérité  lui-même* 

Il  ne  se  mêla  des  affaires  publiques  qae  di 
âge  avancé,  et  il  fut  alors  choisi  par  sa  tribt 
être  membre  du  sénat.  Revêtu  de  cette  dign 
montra  que  1^  courage  qu'il  avait  déploya 
guerre  ne  l'abandonnait  pa»  dans  des  occ 
pcut-/^tre  plus  périlleuses.  Il-  s'agissait  d'une 
sation  contre  des  généraux  qui  venaient  de 
porter  une  victoire  signalée  à  l.i  bataille  nava 
Arginusrs.  Le  peuple  voulait  décerner  coni; 
la  peine  capitale ,  pour  n'avoir  pas  fait  enle> 
morts  après  le  combat;  sa  fureur  était  telle 
se  soulevait  contre  la  moindre  contradict: 
demandait  qu'on  mît'  les  opposans  au  m 
des  accusés.  Les  autres  sénateurs  présens  i 
semblée  avaient  approuvé  le  décret  :  S 
seul,  intrépide  au  milieu  dos  clameurs  et  àt 
narcs  de  la  multitude,  prtttesta  hautement  < 
Tiniquité  de  cette  sentence,  et  refusa  d'y  d 
.son  assentiment. 

Ce  fut  avec  le  même  courag(>  qu'il'  brava  la 
desjrente  tyrans  qui  remplissaient  sa  pati 
crimes  et  d'effroi.  Criti.is,  l'un  d'eux,  aya 
donné  qu'on  lui  amenât  Léonte ,  de  SaL; 
homme  fort  riche,  pour  le  faire  mourir,  So 
qui  était  alors  un  des  dix  capitaines  dp  Tai 
lut  encore  le  seul  qui  ne  voulut  pis  permet 


SOCnATE.  157 

«rlat  ;  il  o»  absaiiilrt'  Li-tinip.  Maïs  xuivnni 
icfale  H»m  l'ejurcicc  des  nobli-s  fonction*  aux- 
iA\e»  il  consacra  loiitc  sa  vir,  celle»  iJc-  formpr 
•  bons  cttuvKiix  A  la  fiairie. 

Comme  il  ac  devait  ni  annoncer  ses  projeTi  de 
forme,  ni  en  accélérer  IVxécuiion.il  ne  composa 
DtiiL  d'ouvrages.  Il  n'avaii  point  dVrolc  ouverte 
aiBme  les  «uircs  philosophes,  ni  d'heures  mar- 
ttéfi  (loiir  ses  leçiiiis  ;  loui  les  tempt,  Ions  tel 
rax,  toutes  les  heures  lui  convenaient  pour  en- 
ligner  ;  sans  eti  clioisir  les  occasions ,  il  les  saisii- 
tît  lauiea-  A  la  promenade,  en  conversation,  «kiiia 
lê  repas ,  à  l'armée ,  dans  les  assemblces  du  peu- 
1r,  «ans  le  sênal,  il  tàchail  tour  â  lour  d'éclairer 
ur  Wurs  vraii  iniéi^is  le  magistral,  l'artisan,  le 
iboureur  ;  il  parais^aii  le  père  commun  de  la 
èpuhlîque  ,  liint  U  veillait  alienliieinent  1  loul 
e  qui  pouva  l  cnTilmcr  an  iionlii'tir  el  i  l'a- 
HiUge  de  sa  pairie  cl  de  iliarun  de  ses  eonci- 
(tycits.  11  ne  se  flattait  point  que  sa  doctrine  se- 
MJ  Boutée  jjes  hommes  faits  ,  parce  qu'il  est  Jilfi- 
île  de  foire  chantier  de  prinripes  une  nation  qui 
«specle  les  préjugés  avec  lesquels  elle  a  vieilli  ; 
naisif  espérait  que  les  jeunes  gens  ,  plus  dociles , 
ransmettraierit  jes  leçons  à  la  génération  suivante, 
Il  ce  fut  à  eux  qu'il  consacra  principalement  ses 
ravaux. 

Ses  disciples  étaient  pénétrés  pour  lui  d'admîra- 
lion  el  de  reï|>eci;  après  sa  mort  ils  en  parlaient 
toujours  avec  un  lendie  snuienir;  ils  lui  erigi-reni 
dam  leur  cceur  une  espère  de  4ulle.  l'ai  n)i  eux  , 
Platon  et  >ténoi>lion  s'illiis;iè  eut  en  retraçant 
dans  h-urs  écrits  la  vie  de  leur  maître  él  les  subli- 
nefl  leçons  iju^ils  avaieni  reçues  de  lui. 

Il  ite  leur  parlai)  puint  avcic  la  rigidité  d'un  cen~ 
Mur  ni  avec  la  liauieur  d'un  sophiste;  l'oiot  de 
reproche»  amers,  point  de  |il;,inres  imporluncs  : 
c'était ,  dit  un  auteur  taodernu,  lu  langage  de  l'a- 


SOCBATE. 
a  daiic  la  bouclie  de  h  vcrltij 


tS8 

mitié  «I  (1l<  la 
Jamais  muîlre  ne  fui  n 

ceplible  envers  tes  disciples.  Voubienlils  prertij^C 
une  légère  teinture  des  sciences  exacles,  j)  leed 
indiquait  les  maîtres  qu'il    croyait    I*lus    ^birétfl 
que  lui;  désiraienr-iU  iri^qiicnler  d'autres  écolei 
il  les   recommandaïL  liii-iudini;  aux    philosui 
'oa'ils  lui  préferaleot,  témoignant  par  là  coinl 
il  était  inaccessible   à   loute   espace    de  jalor 
A  Ses  leçons,  dit  M.   fiarthéleiny,  qui  dans 
AnacharsLS   a  donne  sur  Socrate  une  eKcellenlflJ 
DObcedonl  nous  empruntons  beaucoup  de  chos 
ses  leçons  n'étaient  que  des  eniretiens  faniilieril 
dont  les  drconsfances  amenaient  le  sujet;  uatâltll 
lisait  avec  ses  disciples  les  écrits  Jes  sages  qui  1')HÏ 
▼aient  précédé  ;  tantôt  il  discutait  la  nature  de  K« 
justice  1  de  la  science  et  du  vrai  bien  ;  d'au  Ires  foU'l^ 
jl  leur  montrait  plus  en  détail  lesrapportsqoiliert 
les  hommes  entre  eux,  et  ceux  qu'ils  ont  avecMs 
objets  qui  les  entourent.  Soumission  entière  ><^ 
ordtes  gela  patrie,  aux  volontés  dËs  aareDS,i| 
«jue  sévères  ,  quelque  durs  qu'ils  puisMitt  élii 
égalité  fj'^me  dans  l'une  et  l'autre  rlbnuIn<^;  obi' 
^atian'de  se  cendre  utile  aux  hommes;     ~ 
de  sp  teuLi'  daiis  un  état  de  guerre  contre  ses  p 
s^ns,  (]>nsun,élal  de  paix  avec  les  passions  im 
autres;  ces  points  de   doctrine  Socrate  les  6xpQ 
tait  aveclaulaiit  de,  ckrté  que  de  précision,  a         j 
•     -  Delà  ce  développement  d'une  foulé  d'i^M^ 
nouvelles  pour  eux  ;  de  là  ces  niaxîmes  ffui  seroot; 
éterneUenientréfdtées,  que  moins  ana'de  bewi^ 

£  tus -AQ  approché  de  la  divinité;  que  l'aiBiyetért 
t,  et  jtpn  le  Irayaili  qu'un  regard  arrfit^  ai^ 
complaisance  sur   la  beauté  iniiodtûttj  '  " 

mortel  dans  le  c«cuci,quc  la  gloire  du. sage  ô 
ditle  à  {lie  vertueux  sâùs  aJIecler  de  le  paraître,! 
sa  vx}l)^)lc  à  l'élre  tous  les  jours  de  plus  en  ptinfl 
^u'il  vaux  mieux mouriravec  honneur  que  deyivr^ 


:ienoi 


SOC  BATE.  i5ç\ 

l'Une  faut  jamais  rFi).lrMc  iti.il 


^ur  le  nul  irufin,  et  c'éiaît  une  vérité  effrayante 
b-  luquclle  îl  insistait  Jav'jntage  ,  que  ta  plus 
r^nde  "le»  iini'oslurcs  est  de  préienJie  gouverner 
[conduire  les  liommej  sans  en  avoir  le  lalenLu 

■  Socrale  eut  sur  la  religion  *Ies  idée»  plus  justes 
fplus  suMiinc^  nu'aiicjii  (les  philosopnesf||ui  t'^ 
^uuil  précédé,  il  rdcon naissait  un  dteu  uni(|ue, 

et  conservateur  de  l'univers,  et  des  dieux 
__^in  formés  de  ses  mains,  revêtus  d'une  p.u- 
de  son  autorité.  La  sagesse  suprême  ,  disait-il , 
'  MTve  dans  une    éternelle    jeunesse  l'univerg 
•lU  a  formé.  Invisible  en  elle  même,  les  mer- 
■îtles  qu'elle  étale  à  nos  yeui  ^annoncent  avec 
"at.  rarmi  celte  infinité  (Tôlres  créés  par  le  sou- 
'atR  maître,  rhotnmc,  distingué  des  autres  ani- 
par  yon  intelligence,   fut    toujours  l'objet 
ml  de  la  prédilection  de  la  divinité.  Les  dieiix 
lient  tout,enieiidenl  tout,  et  pénèl  vent  jusqu'aux 
19  aecrètps  pcssées  ;  jjs  assistant  à  toutes  les  dé- 
i£r#tions ,  ils  inspirent  le  parti  qu'il  faut  prendre, 
lur  prix  de  Ikuts  bieiilails,  ils   eiigent  du  nous 
e  culte  étibll  djiis  notre  p;i1rif  ;  des  piièrcs,   des 
icriGces  où  la  puielé  du  tceur  est  plus  i.'.'iseiiiiellie 
le  la   richesse  des  offi-andes.  On  ne  peut  leur 
■  e  qu'en  tâchalll  d'iîlrc  uiilc  à  la  société.  Le 
liel  hommage  que  l'on  puisse  cendre  à  la  di- 
vinité c'est  de    remplir  exactement  ses  devoirs, 
d^ns  quelque  état  que  sa  volonté  vous  ait   placé. 

■  Grand  Dieu!  donnez-nous  les  biens  qui  nous 
»  sont  nécessaires,  soit  que  nous  vous  les  deman- 

■  dîonsounon;  éloignez  de  nous  toutes  les  cliùses 

»  vous  les  demanderions,  "  'f  elle  était  là  prière  pa.r 
laquelle  Socrate  avait  coutume  d'invoquer  la  di- 
vi  itc.  - 

Il  en  conversait  avec  ses  disciiilcs;  il  leur  parlait 
fréqucmmeul  d'un  ge^ie  qui  l'accompagnait  de- 


l6o  s  OCRAT  £. 

puis  son  enfance ,  et  dont  les  inspirations  ne 

gageaient  jamais  à  riçn  entreprendre ,  mais  ï 

taient  souvent  au  moment  de  Texécution.  En 

ses  plus  chers  amis  le  pressaient  de  s 'expliqu 

la  nature  de  cette  voix  céleste;  ils  n'en  obteK 

aucune  réponse.  Socrate  prétendait-il  leur  déa 

par  cÊ  génie  celte  prudence  rare  que  sou  < 

rience  lui  avait  acquise  P  VouTait-il  s^accrédilei 

leur  esprit  en  se  montrant  k  leurs  yeux  comi 

homme  inspiré?  Une  telle  imposture  étaitré 

gère  au  caractère  de  Socrate  ;  amais  il  ne  de 

la  vérité 9  jamais  il  ne  fut  capable  d'une  impos 

il  parait  nu'^ était  de  bonne  foi;  mais  ses.m< 

tions  philosophiques  n'avaient  pu  le  meUr 

;  Il  dessus  de  certaines  superstitions,  et  il  regj 

i  ;^  comme  \e^  conseils  d'un  génie  les  pressenti 

»  S  que  lui  inspirait  son  extrc^me  prévoyance 

i  quelque  événement ,  avant  Texécutien  de  qu 

/»  entreprise. 

îj  Rien  n'égalait  le  zèle  que  Socrate  metlai 

\  faire  des  disciples  ;  apercevait-il  un  jeune  hc 

^  dont   Tcxtérieur   el    'es    manières   annonça 

d'heureuses  dispositions  9  il  s^empressait  au 

de  gagner  sa  confiance  pour  le  conduire 

vertu  :  c'est  ainsi  qu'il  s'attacha  le  jebne  H 

phon.  Celui  ci  joignait  à  la  beauté  des  trait 

physionomie  douce  et  modeste.  Socrate ,  le 

Ij-I  contrant  un  jour  dans  une  rue  étroite,  lui 

'!^i  le  passage  avec  son  bâton  :  «  Où  se  vendci 

*-M  »  denrées  P  lui  demanda-t-il.  -—  Au  march< 

f  »  pondit  Xénophon.  —  Et  où  peut-on  ac( 

»  le  moyen  d  être  honnête  et  vertueux  ? 

jeune  homme  hésitait  :  «   Suis-moi  «  lui  dii 

M  cratc.  »  Xénophon  obéit ,   et  depuis  ce 

il  devint  un  des  disciples  Ijs  plus  fidèles  de  l 

du  sage ,  et  il  ne  le  quitta  que  pour  partir  en 

lité  de  volontaire  à  la  suite  du  jeune  Cyrus. 

L,j  L'étroite  liaison  qui  régna  entre  Alcibia 


1 


\  90CnATB.  îtJl 

au  est  UM  des  circon»inccs  \e$  plus  rcniar- 
blrs  de  leur  vie.  Ce  pliiln^ophe  ayant  ohtcrvi 
l  ee  jeune  homme  d'oxci^llcnles  ([iialiit's  .  rete- 
«ncore  par  les  erâcr^  Je  inn  exluiieiir,  prît 
peines  îiiMoyable»  pour  cultiver  ers  germe» 
f«ux  (  dans  la  crainte  qu'ils  ne  viiiœiil  à  périr 
c  (le  soins.  En  effet ,  louict  lus  inSluctinm  en- 
*«ÎRiit  Alcibiade:  l'inimonnt^  de  la  fortune, 
ré(iU  de  M  ramille  et  de  Périelès  mn  tuteur , 
Biens  perionni'N ,  ia  bi-auti^  parfaite  ,  cl ,  plut 
ore  que  tout  rela ,  la  llstlerie  el  Us  complai- 
ccs  Je  aei  nombreux  amis,  qui ,  ai^duits  psr  les 
nnea  de  sa  (igure,  ses  grSccs  <'t  ses  ricbesxri, 
iblAÎenl  autour  de  lui  une  foule  de  rourllian». 
fût  cru,  ilit  Plutarque,  tiue  la  forlunr  s'éUit 
uo  ptainirde  l'environner  de  loin  ces  brlll.ini, 
»  ilausereui  avantages  ,  pour  le  n^iiJre  en 
ilqno  sorte  inaccesiiule  et  invulnérable  aux 
ils  de  U  pbiloiDpbie,  i  <es  traits  salulairet  qui 
lèirent  jusqu'au  vif  dans  le  eœur  et  y  latixcnt 

ÏnSlon  de  la  vertu  et  de  la  solide  gloire. 
nelqiiea  efforts  que  Ton  fît  pour  détourner 
ûbiade  <!'unc-  société  qui  sr-ule  ,.QUvalt  le  dé- 
>er  à  lanl  de  niége» ,  il  s'y  livrait  eniièieinenl  ; 
,lb!e  au  mente  eMraoïJinairc  de  St.c.ale,  il 
pouvait  résister  aux  charmes,  à  la  douceur  in- 
■ante  de  cette  éloquence  persuasive,  qui  avait 
iM  de  pouvoir  sur  lui  que  les  {tiaisira.  Il  poussait 
ETeclion  pour  un  tel  maître  jusqu'à  le  suivre  en 
os  lieux  ;  il  se  plaisait  dans  ses  enlictiens  ,  cm- 
B^it  ses  principes  avec  ardeur,  prenait  toutes 
I  leçons  et  recevait  ses  réprimandes  avec  une  ' 
luceur  merveilleuse  ;  il  élail  si  louché  de  ses  dis- 
lOrs  qu'il  en  versait  des  larmes  et  avait  honte  de 
i-mé«ne,  tant  la  v(^rilé  avait  de  force  et  d'cin|)ire 
nu  la  bouche  de  Sorratc  !  tant  il  savait  oiposer 
>U3  un  jour  odieux  les  vices  auxquels  se  livrait 
IrihiadclLc  m^iîtrc  s'attacliail  surtout  â  détruire 
Tome  I.  14 


l63 


soe     ik4 


k  hèntè  onnlon  s 

aàftine,  et'  a  réprimer       ra 
grand  dëfnt.  Da 
'  tait  Socrite  ,  il  u       rait  lei.. 
qu'il  Mmbliit  alisolument  un 
peadant ,  eAiporlé  par  la  fou^i 
par  son  penchant  pour  le 
par   les   diicours  et  les  c 
jeunes  gens 


le  avait   (Il 

ul  était  sot 

[Alcibiade 

tfll  de  lui-^ 

titre  hommiE 

de  son  carai 

,  excité  d'ai 

iseils  d'une   fonj 


pour  M  replonger  dans  tons  tes  ëgaremeni 
crate  ne  >e  rebutait  point  de  la  légèreté  di 
disciple;  îl  le  poursuivait  alors  coOiTne  un  r 
échappii  i  la  correclion  ,  et  le  faisait  renti 
lui-même.  En  vain  Alcibi.nde  lui  écliappait 
livrait  i  de  nouveaux  désordres  ;  Socraie, 
jours  anisi  zélé  nour  son  disciple  chéri ,  a 
celle  vicissitude  d  égarement  .  de  retours  i  )« 
et  de  rechotn ,  conservait  loujours  Tespéraii 
le  raifaener  i  la  Tcrtu.  Ce  (ut  \i  sans  doll 
source  de  ce  mélange  de  bien  et  de  mal  iji 
ractérisa  la  conduite  d'Aldbîade.  Les  insirin 
que  son  mattre  lui  avait  données  prévalaient 

Ïuefois  i  mais  dans  d'autres  occasions  la  fc 
e  ses  passious  l'eiitrainail  comme  malgré  Itli 
une  route  opposée. 

L'amitié  de  Socrale  et  d'Alcibiade  dura  < 
que  leur  vie<  On  a  voulu  élever  des  doules  i 
pnretë  dé  celle  liaTson  ;  mais  on  ne  verra  qt 
calomnie  dans  cMle  înculpalîon  ,  tant  de  foit 
légèrement  répétée  ,  si  l'on  considère  que  nîi 
toph^neDi  le»  acrusateurs  de  Socrale,  donti 
'  parlerons  bi^iiiôi ,  ne  lui  ont  pas  fait  à  cet  t 
le  maiodre  répiDcbe  ;  el  certes  ils  n'eusseri 
été  l^onimesi  passer  sous  silence  un  pareil  f 
enx  qui  se  montrèrent  si  habiles  Â  préseniei 
un  jonr  défavorable  la  conduite  et  les  opil 
de.Sorrate.  Si  l'on  veut  absolument  chercïii 
•^eUe  faîb'cMe  il  a  p  yé  son  tribut  à  l'huma 


s  b  C  R  A  T  E.  1 65 

On   trouvera  qu'il  pul    le  d^fflut  de  blpsser  sans 
nér«s$ilé  ramour-propre  de  licaucoup  di:  gens, 

Un  auirt  motif  ijui  dul  attirer  beaucoup  d'en- 
a«mÎ5  k  Socraie  chez  an  peuple  jiloux  Je  toute 
«ipèc«  lie  »u[jériorilé  ,  fut  «ne  démurclic  i]u'iin 
nie  indiscret  suggéra  iiXi:iiéreplion,  disiiple  lie  ce 
'pliîloaulihe.  Croyant  sans  doole  donner  un  iiou- 
JKJiu  lustre  à  son  maître  en  faisant  déclarer  les 
SÉku  miJines  en  sa  fiteur  ,  Chëiej'jlion  avait  ton- 
HUU  pylbie  sur  U  p<;rsonnc  <iv  Sorrale;  il  reçut 
^Hv~rt^O(t<e  que  Socrâte  filait  ]p.  plus  ssge  de 
HR  let  hoinines.  Cet  oracle  augmenta  l'envie 
Bntre  celui  qu'il  concernait  ;  Socraie  ne  parvint 
"|tt»  i  la  désarmer,  quoiiju'il  lâchât  d'al^iMir  le 
Ijeas  de  tctle  réponse  par  une  huerprétadori  mo— 
'igsie  :  «  Le  dieu  a  peut-être  rendu  de  moi  tc! 
I*  témoignage,  dit-il,  parce  que  les  autres  s'enor- 
'"*  gneiltissent  de  ce  qu'ils  prétendent  savoir  ,  e! 
l»  "buË  moi  je  sais  seulement  que  je  ne  sais  rien.  " 
Up-jfUIgMcGtle  hooor^flediiUnction,  malgré  l'at- 
JBdttnpeiil  religieux  qn  avaient  pour  lui  ses  nom- 
hreux  disciples,  et  la  haine  que  lui  portaiciil  ses 
ennemiî  cl  ses  envieux,  neut-illre  plus  nomlirciii. 
«ncore,  Socrate  n'nhiiiil  ).im.iis  dans  U  répul.lirpic 
celte  împorlance,  celle  consideralion  qur  sont  le 
prix  des  talens  et  des  vertus.  De  ce  i|u'il  ne  parais- 
Mît  ^ue  rarement  à  l'assemblée  du  pennie  ei  no  se 
mfUit  nreW|ue  jamais  des-  affaires  piiMiijaes ,  il 
LTësulla  l'opinion  it  peu  prés  générale  que  Socraltt 
était  on  homme  oisif  et  assez  inutile,  un  sophiste 
plus  habile,  plus  honnête,  mais  peiit-élfe  plus 
Tain  que  les  autres  ;  aussi  quand  la  ligue  de  su» 
ennemis  cnlropril  de  diriger  contre  lui  des  alla- 
^ues  combinées,  il  TKT  leur  fut  pas  diflicile  <le 
perdre  un  phdosophe  pour  li>qui:l  «n  n'avait 
qu'une  estime  assez  bible, 
il  assistait  rareineui  aux  spectacles,  cl  un  blâ' 


l64  SOCAATE. 

rnant  Textréme  licence  c|ui  régnait  alors  dan 

comëdies  ,il  s^attira  la  haine  de  leurs  auteurs,  l 

Aristophane ,  Vun  d'eux ,  osa  donner  Socral 

spectacle  dans  une  pièce  intitulée  Us  Nuées , 

introduisit  le  philosophe  professant  Fart  de 

paraître  bonne  une  mauvaise  cause ,  prêchai 

nouveaux  dieux  et  n'en  adorant  aucun ,  et  t 

nant  en  ridicule  les  sentimens  les  plus  sabrés. 

crate ,  i  ce  qu'on  prétend  ,  ne  dédaigna  pas 

sisler  â  la  première  représentation  de  cctti! 

niédie,  et  ue  se  montrer  à  des  étrangers  q 

cherchaient  des  yeux  dans  l'assemblée;  de  par 

attaques  n'ébranlaient  pas  plus  sa  constance 

les  autres  événemens  de  sa  vie.  Un  de  ses  aro 

ayant  demandé  si  cela  ne  lui  faisait  aucune  pi 

«  Point  du  tout,  répondit-il;  je  crois  être 

»  festin  où  je  régale  tout  le  monde.  »  Il  dit  ei 

à  cette  occasion  :  «  Si  les  reproches  de  cet  ai 

»*  sont  fondés ,  je  dois  m'en  corriger  ;  les 

»  priser  s'ib  ne  le  sont  pas.  »  On  lui  rapp 

un  jour  qu'un  homme  disait*du  mal  de  lui  :  «  jC 

*  répondit-il,  qu'il  n'a  pas  apprb  à  bien  par 

Depuis  la  représentation  des  Nuées  il  i 

écoulé  environ  vingt-quatre  ans;  il  semblai 

li^  temps  de  la  persécution  était  passé  pour 

lorsque  tout  à  coup  un  jeune  homme,  Mel 

présenta  aux.  archontes  une  dénonciation  a 

Socrate ,  par  laquelle  il  l'accusait  de  ne  pas 

I  mettre  les  dieux  de  la  république  ,  d'en  intro 

1^  de  nouveaux  sous  le  nom  de  génies,  et  de 

rompre  la  jeunesse  d'Athènes  ;  il  concluait 

I  mort. 

Meliius  était  un  mauvais  poëte  trafique 
Aristophane  s'était  moqué  ;  il  servit  d'instm 
à  la  haine  de  deux  accusateurs  plus  puissan 
lui ,  Anytus  et  Lycon  :  le  dernier  était  un  or 
tiès-goûté  de  la  multitude  ;  ce  fut  lui  qui  di 
les  procédures;  Anytus  |  citoyen  coosidérabl 


\ 


,  n^approuvait  pas  le  gouverncmeat  d'A- 
,  où  tout  allait  au  gré  u^une  aveugle  mul- 
dirigée  par  de  dangereux  démagogues  ;  iX 

pas  craint  de  blâmer  ouvertement  quel- 
sages  de  la  république  :  entre  ses  disciples 
it  vu  Critias  à  la  tête  de  trente  tyrans,  Xé^ 
n  passer  au  service  dé  Lacédépfione,  et  Âl- 
s  combattre  spus  les  drapeaux  des  ennemis 
)atrie. 

dant  les  premières  procédures  Socrate  se 
tranquille.  Ses  amis ,  effrayés ,  tâchaient  de 
erTorage.  Hcrmogène,run  d^eux,  le  priait 
railler  à  sa  défense  :  «  Je,  m^en  sufc  occupé 
lis  que  je  respire,  répondit  Socrate;  qu'on 
nîne  ma  «vie  entière,  voilà  mon  apologie.  » 
,  le  premier  orateur  de  son  temps ,  fit  pour 
4liscours  touchant  et  capable  d'émouvoir  les 
Socrate  en  loua  la  beauté,  mais  il  n'y  trouva 
le  langage  vigoureux  de  Finnocence.  Il  per- 
)nc  dans  sa  résolution  de  ne  point  se  présent 
luppliant  devant  ses  juges.  Néanmoins,  obli* 
lomparaître  devant  le  tribunal  des  héliastes^ 
os  cette  occasion  fut  composé  d'environ  cinà 
membres ,  il  ne  montra  pas  plus  d'orgueil 


I,  I 

II 


»  ue  s(^ixaiiiu-uix  ans.  ici  le  siyic  ,•  tes  fomif 
»  est  uouvcau  pour  moi  ;  je  vais  parler  une 
»  étrangtïre^  et  l'unique  grâce  que  je  vc 
»  mande  c^cst  d'être  attentifs  plutôt  à  mes 
»  qu'à  mes  paroles,  car  votre  devoir  est  de 
»  ncr  la  justice  ;  le  mien  de  vous  dire  la  vé 

Après  s'être  lave  du  crime  d'im|/^lé,  i 
nant  tous  les  Athéniens  et  Melitus  lui-mér 
moin  de  son  exactitude  à  remplir  les  dcvoi 
fieurs-  du  culte  de  la  patrie,  'A  passa  aa 
chef  d'accusation  :  «  On  prëlond  que  yt  co 
»  la  jeunesse  d'Athène»;  qu'on  cite  donc 
»  mes  disciples  que  j'aie  entraîné  dans 
»  J'en  vois  plusieurs  clans  cette  assemblée 
»  se  lèvent,  qu'ils  déposent  contre  leur 
»  teuF.  S'ils  sont  retenus  par  un  reste  de  c 
»  ration,  d'où  vient  que  leurs  pères,  leurs 
»  leurs  parens  n'invoquent  pas  clans  ce  i 
»  la  sévérité  des  lois?  D'où  vient  que  M 
»  négligé  lieur  témoignage  f  C'est  que,  loii 
»  poursuivre  f  ils  sont  eux-mêmes  aecôuri 
»  défense. 

»  Ce  ne  sont  pas  les  calomnies  de  M< 
»  d'Anytus  qui  me  coûteront  la  vie  ;  c'est 


U  montrer  que  le  plus  sage  des  hommes  est*  1 

qui  croit  l'êlrc  le  moins. 

1  on  me  repi'ochait  d'avoir  consacré  tant 
néas  à  des  recherches  si  dangeroHses  ,  je 
ndrais>qu^on  ne  doit  compter  pour  rien  ni» 
B  ni  la  mort  dès  qu'on  peut  être  utile  aux^ 
mes.  Je  me  suis  cru  destiné  à  les  instruire; 
:ru  en  avoir  reçu  la  mission  du  ciel  méiiie: 
lis  gardé  ,  au  péril  de  mes  jours, les  poster  ' 
OS' généraux  m'avaient  placé  à  AmpbijpoliSf 
tidée ,  à  Délium  :  je  dois  garder  aVec  plus^ 
orurage  celui  que  les  dieux  m'ont  assigné  aw 
»u  de  vous ,  et  je  ne  pourrais  l'abandonner 

désobéir  à  leurs  ordres^  sans  m'avi^ir  à' 

yeux. 

irai  plus  loin;  Si  vous  preniez  aujourd'hui*  i 

rli  de  m'absoi^c  à  condition  que  je  gar-^ 

is  le  silence-,  jH^ous  dirais  :  0  mes  juges  ,• 

us  aime  et  je  vous  honore  sans- doute,  mais" 

»ts  obéira  Dieu  plutôt  qu'à  vous.  Tant  que 

spirerai  je  ne  cesserai  de  dire  à  tous  ceu» 

'offriront  à^  mes  regards  :  N'avez  vous  pas 

e  de  ct)urir  après  les  richesses  et  les  hon- 

s,  tandis  que  vous  négligez  les  trésors  de* 


Il 


lf>8  SCCBATE. 

I»  Voilà  ce  quo  la  divinité  me  prciicril  d^an 
»  cor  aux  jf'.iiiies  gens,  aux  vioillarcls,  au 
»  toyen» ,  aux  étrangers  ;  et  comme  iha  aov 
a  sion  à  ses  ordres  est  pour  vous  le  plus  g 
N  (1(?  ses  bienfaits  ,  si  vous  me  faites  mourir 
»  rcjeterez  le  don  de  Dieu,  et  vous  ne  trou 
j*  personne  qui  soit  animé  du  même  z^4e. 
n  donc  votre  cause  que  je  soutiens  aujourd' 
M  en  paraissant  défendre  la  mienne  ;  car  er 
»  Anytus  et  Melitus  pensent  me  calomnier 
»  bannir,  m\'\ter  la  vie;  mais  ils  ne  sauraieu 
M  nuire;  iU  sont  plus  à  plaindre  que  moi, 
»  qu^ils  Aont  injustes. 

M  Pour  échapper  à  leurs  coups  je  n^ai  poii 
«  l'exemple  des  autres  accusés ,  employé  les 
>>  nées  clandestines ,  les  sollicitations  ouverte 
M  vous  ai  trop  respectés  pour  chercher  à  voi 

*  tendrir  par  mes  larmes ,  ou  par  celles  de 
»  en  fans  et  de  mes  amis  rassemblés  auprî 

■tj,  »  moi.  C'est  au  théâtre  qu'il  faut  exciter  la 

»  par  des  images  touchantes  ;  ici  la   vérité 

>  seule  se  faire  entendre.  Vous  avez  fait  un 
»  ment  solennel  de  juger  selon  les  lois  ;  si  )e 
m  arrachais  un  parjure,   j^  serais  véritable 

*  coupable  d'impiété.  MlB,  plus  persuade 
»  mes  adversaires  de  Texistencc  de  la  divinit 

>  me  livre  sans  crainte  à  sa  justice,  ainsi 
»  la  vôtre.  » 

t^'i  Socrate  en  prononçant  rediscoursparaissait 

S\  mander  à  ses  j  .iges  par  la  grandeur  d 'âme  et  Tin 

||  dite  avec  laquelle  il  s'exprimait,  sans  rien  perd 

,  ftl  la  modestie  qui  lui  était  naturelle.  Mais  la  pi 

j*  d'ontreeux  étant  des  gens  du  peuple  sànslun 

'  ..et  sans  principes ,  les  uns  prirent  sa  fermeté 

une  insulte,  les  autres  furent  blessés  des  à 
(lu'il  venait  de  se  donner;  plusieurs  enfin  él 
du  nombre  de  ses  ennemis,  ou  vendus  i  l 
tion  d'Anytus  et  de  Meliius.  11  intervint  un 


,1 


14: 


il 


r 


I 


lUX  dépens  du  tiésor  public,  ses  juges  en 
telleuient  irrités ,  qu  ils  le  coudainaèreut 
B  la  ciguë. 

rate  reçut  cette  sentence  avec  la  tranquillité 
omme  qui  pendant  toute  sa  vie  avait  appris 
rir%  Ses  disciples,  ses  amis  étaient  conster- 
Quoî  !  vous  mourrez  donc  innocent?  se- 
L  ApoUodore,  l'un  d'eux.  —  Aimeriez-vou» 
ux  me  voir  mourir  coupable  ?  »  répondit  le 
Comme  on  le  conduisait  à  la  prison  il  vit 
'  Anytus ,  et  dit  à  un  de  ses  amis  :  «  Voyez 
mie  il  est  fier  de  son  triomphe  !  Il  ne  sait 
que  la  victoire  reste  toujours  à  Thomiùe 
tueux.  » 

lendemain  de  son  jugement  le  prêtre  d'A- 
1  mit  ime  couronne  sur  la  poupe  de  la  ca- 
ui  portait  tous  les  ans  à  Délos  les  offrandes 
thëniens.  Depuis  cette  cérémonie  jusquVu 
r  du  vaisseau  la  loi  défendait  4 exécuter  le» 
lens  qui  prononçaient  la  peine  de  mort. 
Tate  passa  trente  jours  dans  la  prison.  Du— 
:e  long  intervalle  la  mort  dut  se  présenter  à 
ux  avec  toutes  les  horreurs  capables  d'éprou-» 
iicore  sa  conslance  ;  cependant  on  n'aperçut 


IJO 


s  0  C  A  A  T  Fi 


aussi  paisible  qUe  dans  tout  autre  temps;  il  C<MV*  ^^ 
posa  mêine  uu  hfmue  eu  fareur  d'A{K>lloii|  01] 
luit  en  ycrs  uiiè  rablc  d'£so|le« 

(c  La  voloiiltf  de  Dieu  soit  biïè  $  »  dit^ 
tVinouvoir  à  CritOD ,  qui  lui  vint  auttoncer 
ri\ér  du  vaisseau  de  Dëlos.  Cet  ami  fidJle  Tinf^l 
tt-uisit  en  tnéine  temps  qu41  ne  dépendait  que  <far, 
lui  de  sortir  de  sa  prison;  que  le  geôlier  était ga* 

Snéi  et  les  portes  ouvertes*  Socrate  refusa  ea 
isniit  :  «  Les  Atliëuicns  ont  bien  pu  me  condanP 
»  urr  injustement;  mais  moi  je  démentirais  ma 
1)  conduite  passée  et  mes  principes  »  si»  aa  mépril 
))  d(\s  lois,  )  acceptais  le  salut  que  vous  m'ofra*'! 
D  Nulle  considération,  nul  intérêt  ne  peut  dif^ 
»  penser  d  obdir  auiL  lois  de  sa  patrie  et  de  soinV': 
»  la  volonlé  dos  dieuiLé  « 

Deux  jours  après  Les  onze  magistrats  qtii  TeSk  ' 
laieiit  h  LV^xécution  des  criminels  se  rendirent-ds^ 
])onu(*  heure  h  la  prison  pour  le  délivrer  de  M 
fev$  vl  lui  annoncer  le  moment  de  son  trépas 
«   Conil)i(Mi,  dit  alors  Socrate  eu  se  frottant  k- 
»  jamlics,  que  les  chaînes  avaient  froissées;  cott* 
7)  l)i(  n  la  nature  est  admirable  d  avoir  placé  tOlH 
7>  jours  l'un  près  de  l'autre  la  peine  et  le  plaisir I 
»  Sans  la  douleur  que  je  viens  de  soui&*ir  «  voill 
7)  un  |)laii>iff  que  je  n  éproruverais  pas*  » 

Jl  piofila  du  peu  d  instans  qui  lui  restait  poaf^ 
entretenir  ses  amis  sur  1  immortalité  de  l'Ame  i  St, 
éta!jlit  ce  dogme  sul>lime  par  unç  foule  depreutCi' 
qui  jiisHf'aieiit  ses  espérances  t  w  Et  quand  méiMf 
»  disail'^il .  ces  espéi  aiiees  ne  seraient paa  fondéeii 
»  uiiti  e  tpu'  les  sacrifices  qu'elles  eligent  ne  m'oflft, 
»  pas  vwiuài  Ué  détre  le  plus  heure ui  des  hidm^ 
yi  mes .  elles  écarts  nt  de  moi  les  am.  rtumea  de  la 
»  nit>if  <  et  jépandent  sur  mes  deruiirs*m 
»  une  joie  pure  et  délicieuse.  » 

On  vint  ensuite  lui  piésenter  ses  trois  enfims 
deux  étaient  encore  dans  un  fige  fort  teodrci  ' 


R  O  C  B  A  T  E.  17  4 

des   orJrct  aux  frmmrx  i^ûl  li'i  lui  avairnl 

1 ,  ot  Bpr^n  Im  nvoir  ri'iivfij  H  il  conlinits  (I4 

trair  avec  tn  ainii, 

uiumenl  a\ni»  le  fiaidc  cuire  pour  lui  «tii 
[|ue  l'heure  Ml  venue  tl^  prcndn<  \e.  fjlal 

Se.  L'âcUve  tétait  si  alTcrlé  jt  son  aipecl* 
vil  ic  diSiournrr,  pu'i»  rondrc  rji  lAnnrt, 
tz,  dît  Socrale,  le  ligti  cœur  de  c«l  hnmiQe  ; 
Mal  cjuc  jVrai^  ici  il  vonait  i)iic]i|ucrQii  rau- 
iviic  moi;  voyf/,  rtiinmi'  il  (ili-ure.  Orîltin,i 
ut  lui  wlicir;  (ju'hii  »[>iiorU'  lu  puinon  l'il 
itit.  Cl  »'il  ne  l'csl  pas,  ((ij'ori  le  broïu,au'; 
Sl  ^  A  peine  le  »olcil  c^l  il  couché  ,  ré- 
iit  Critfin;  d'aulrcs  oui  eu  la  liberté  d«' 
Riiger  lenr  vie  de  (ini''t]iic»  heures.  —  II«, 
Snl  leur»  raisons  pnur  eu  profiler,  reprit 
«If  ^.mçi  j'ai  let.mirnnea  pour  faire  aulrC*. 

Dii  donna  stt  ordres,  et  liieniAl  un  eacUvq 
k  1k  ,p^itoR.  ,Ën  reccvani  h  eoupe.  de  u 
locratiJ  lui  .lemamla  i;e  qu'il  falUil  faire  ;  —  , 

I  aurez  Lu  ;  puis,  lors<|u<'.  vuus  senlire?.  vna 
iM  s'apiies.intir  ,  vous  irei  vous  coucher 
mire  Ll.  ••  Alnt  s ,  snns  chan(;cr  de  vitage ,  et . 
ni^iii  iiMuréc  ,  Sociale  prend  1^  coupe  t 
I  ami,  (lil-ll  avec  tloiiceiir  h  l'homme  (|ui  U 
ivait  prcseiilre  ,  peut  on  (liirr  une  Ijbalinn 
dieux  avi-e  n-  luciiv.tec?  —  11  n'y  a  nue  la 

:   „cte.s,„,-,  r,.,,. IWbv.;   c,la  n.  ,t 

p...  -  On   p>.,l   j,,   moi..,  In.nqa.r  l,-, 

nce  cl  il''  ri'i'ui'illi'Uir'iil  ,  il  ai  .lo  le,  poisnti 
1  sani;  Iroid  l'I  une  se.uiiiié  <|ui  ue  piiuvent 

jue  lA  !iei  amis  s'él.iienl  f.iil  vi.jleure  pour 
■  leurs  laïun-s;  nuis  iliiis  n>  unmieui  ler- 
e    aaiiissemeiil  cl   l'ellnn   ïcni parièrent   de 


;1 


It  continua  à  se  promener ,  et  quand 
^és  jambes  appesanties  il  se  coucha  sur 
comme  on  le  lui  avait  i^^cdinniandé.  Cèpe 
poison  faisait  des  progrès  rapides  ;  déjà  i 
HiÀrtel  srvah  glace  ses  pieds  et  ses  mains 
près  de  s'insinuer  dans  le  cœur,  lorsque  î 
soulevant  son  manteau ,  dit  à  Criton  : 
;m  devons  un  coq  à  Ësculapc  ;  n'oubliez 
v'vpus  arqyiitrr  de  ce  vœu.  v  Ce  furent 
xiières  paroles  ;   un  instant  api'ès  il  fit  x 
mouvement ,.  rendit  le  dernier  soupir ,  ëi 
lui  ferma  les  yeux. 
Ainsi  mourut,  condamné  copimé  impie  el 
M  cprrupteur,  Tun  des  hommes  de  Tantiq 

j  çui-  \éê  mœurs  les  pfliis  pur^éfli  et  qui  fut 

J;  religieux  des  philosophes'.  Peu  de  temps  i 

*'  _  ïn(ji-t'  les.  Alhénten*s  reconnurent  leur  in 

"i*  punii^ont  sc|  accusateurs ,  et  r^ndiretït  1 

grands  honneurs  à  sa  ndéinoiret  ' 


,  I 


^«« 


XENOPHON, 

G1lNKRA.L    et    UiSTOBlEN    GVF^. 


titîOPnoN,  fit  de  fiiyllut,  na^i't  àitm  im 
mi^  do  i'Alliqite,  45a  »iia  environ, nrtmi'i.jC,^ 
LOque  tiiii  répotiil  à  ta  Hzi''  olym|nadi-.  I..i  'Uï.iiilii 
ises  lrȔls,  sa  phvsioiiomie  (irime  ot-mi/itesii.-  f 
eveoaieiit  en  &a  faveur  ;  il  jui^nait  à  ds  avan-* 
■es  extérieurs  les  (|aaliLés  rlu  cœur  et  (le  IVspritt 
t^ibeuretiifq  di s posttinns furent  ilévetop^ém  par 
[mcîUeure  édumtinn  ,  canil  euE  pour  matif'C 
(CFatc  :  nt>iis  s'ons  vu  Jan.  I.i  vie  i)e  rp  philo- 
plie  comment  il  engagea  XpnopKoni  He  siiiMrd 
imme  dinciple.  Un  sait  avec  (|tiel  e  m  ^re  s  Marnent 

jeune  hoiHme  obéit  ;  il  devint  l'ami  de  son 
aîlre  el  de  lims  ceux  qui  professaient  (a  t^clrinc 
!  Socralc.  ï?nophofi  fut  celui  f|ni  la  suivit  le 
us  fidèlemeal ,  dans  ses  «^crils  comme  dans  sa 
indinte. 

Il  prit  d^s  S.1  jeiineMp  !«  p«rii  tlps  nrinoS ,  et  îff 
uiitg'ia  dans  plusieurs  mmpagnes  ;  il  éiaità  la 
ilaillô de  Hélium, ([uifiil si  fiineMC aux  Atliénîeris, 

il  y  aurait  infailliblement  perdu  la  vie  si  SocraiR 
!  l'avait  sAiivé  an  péril  de  la  sienne.  Mai.s  le  lemps 
élatt  pas  eneorc  vetm  oii  Xénophon  devait  àf- 
oj-er  ces  lalcns  militaires  cnii  lui  onl  Tnértlo  «a 
ne  si  dislingiré  parmi  les  plus  grnnds  capilainei 
i  La  Grèce;  ce  fut  dans  une  gui'rri;  lointaine» 


174  XIÊVOPHON. 

entreprise  par  le  jeune  Cyrus  contre  son 
Ai  taxerxe  ^  roi  de  Perse ,  ,<]u^il  trouva  cett< 
rieuse  occasion. 

Historien  de  cette  esrpédilion,  qui  fut  sui 
la  fameuse  retraite  des  dix  mille ,  Xénopht 
conta  lùi-méxne  comment  il  se  joignit  aux 
qui  suivirent  le  jeune  Cyrus.  Un  Je  leurs 
Proxène  de  Béotie ,  dont  la  famille  était  i 
celle  de  Xénophon  par  les  liens  de  Thospi 
lui  avait  écrit  une  lettre  dans  laquelle  il  1' 
eeait  ii  se  rendre  auprès  de  ce  prince  ,  de  Y 
auquel  il  aurait  plus  à  espérer,  disait-il,  c 
sa  patrie.  Vivement  tenté  de  répondre  à  cet 
vitation ,  Xénophon  se  sentît  arrêté  par  un 
pule  ;  il  craignait  de  s^attirer  le  mécontent 
des  Athéniens  en  se  joignant  aux  Lacédéxn* 
et  h  Cyrus ,  qui  leur  avaient  fait  tant  de  r 
consulte  Son  at<^  :  Socrate  ,  trouvant  éga 
avantages  et  les  inconvéniens  de  cette  entn 
qui  n^avait  au  surplus  rien  de  repréhensil 
elle-même,  n'osa  décider,  et  lui  conseilla 
merit  d'interroger  l'oracle  de  Delphes, 
phon ,  ayant  obtenu  une  réponse  conforma 
désirs,  mit  h  la  voile ,  et  rejoignit  à  Sardes  Pj 
et  Cyrus.  Présenté  au  prince, ni  en  fut  favo 
ment  accueilli.  Peu  de  jours  après  Cyrus  na 
Sardes,  et  marcha  vers  les  provinces  de  la 
Asie.  A  l'exception  de  Cléarque ,  qui  sev 
iniiié  dans  le  secret  de  l'entreprise,  l'arm 
ti^re  ne  savait  ni  quel  était -le  sujet  de  la  f; 
ni  en  quel  pays  on  la  conduisait;  Cyrus  av2 
lement  fait  entendre  qu'il  portait  les  armes 
les  Ifisidiens  ,  qui  infestaient  la  province. 

Lorsqu^on  fut  arrivé  à  Tarse,,  en  Cilici 
Grecs  refusèrent  d'aller  .plus  avant  ;  souple 
avec  raison  qu'il  les  conduisait  contre  Aria 
ils  représentèrent  hautement  que  ce  n'était  p< 
cette  intention  qu'ils  s'étaient  engagés  au 


X  É^N  O  PHON'.  175 

Ar  Cvrus,  C\éiri)ue.  eut  bien  de  la  peine  à  les  »p' 
fiaiter  :  looles  les  ressources  de  son  éloquence 
Cii>seiit  été  v^iiiiei  conlre  l'obstlnalion  Je  la  plu- 
part ,  s'il  ne  les  eût  gagnés  par  l'appât  des  récom- 
toeiises.  La  faonic  de  reculer  aux  yeux  de  leurs 
lompagnnns  et  du  prinre  retint  ceux  sur  lesquels 
9r  pareil  molif  avait  peu  de  pouvoir:  Xênoplton 
Kiait  Je  ce  nombre. 

,  Une  seule  bat.iîlle  devait  mettre  fin  à  l'erp^di- 
Hon  du  jeune  Cyrus.  Artaxerxe  était  venu  à  sa 
lencofilre  à  la  t^iede  douzecent  mille  hommes  ,  et 
Vavail  joint  prps  de  la  ville  de  Cunaxa,  Pendant 
»up  l'une  ei  l'autre  armées  se  disputaient  la  vic- 
toire, tyrus,  ivre  de  fureur  k  la  vue  de  son  frhïî, 
^'éUnçacontrelui,  l'atteignit  faililemenid'un  coup 
^javelot,  et  tomba  tui-nif-me  perc^  decoups.Ses 
troupes,  n'ayant  plus  de  raison  pour  soutenir  le 
toniDal,  Tniient  bas  les  armes,  ou  se  rclirèrept 
|b««  la  conduite  d'Ariée ,  leur  général. 
^  Les  iirccs ,  qu!  ccunbattaient  i  une  assez  grande 
fttlatice  de  ce  prince ,  'avaieiil  repoussé  les  trempes 
qui  leur  étaient  oppnsi'ps.  Ainsi  Clr.irqtjc  et  Ar- 
Uxerxe  ,  ignorant  chacun  de  leur  cOlé  ce  (pii  se 
passai!  de  l'autre  ,  croyaient  tous  deux  avoir  rem- 
porté la  victoire. 

"  C«  fat  le  lendemain  seulement  que  tes  Grecs  aiv 
pnreni  la  mort  de  Cyrus.  Cette  nouvelle  les  étonue 
nus  les  abattre  :  <•    Nous  n'en  avons  pas  moins 

■  vaincu   de    notre    côté,    dit  Cléarquc.    Qu'on 

•  l'annonce  à  Arlée  ,  et ,   s'il  veut    se  joindre  à 

■  nous,  nnus  promettons  de  le  placer  sur  le  trône  ; 

■  c'est  aux  vainqueurs  à  disposer  des  empires.  » 
Cependant  Artaxerxe  envoie  vers  les  Grecs  un 
héraut  pour  les  sommer  de  rendre  les  armes;  «  Si 
»  c'esl  comme  vainqueur  qu'il  nous  les  demande, 

■  répond     I'ro»ène,  qu'd  vienne    les    prendre; 

•  si  c'est  i  litre  d'ami,  qu'il  nous  les  laisse  p^r 

•  le  servir."  Xerioj.hoti,  qui,  sans  avoir  dès  Iots 


u«it    !«.  ui     otjiJt'tiLdii     (iiJ  11.    lie;    K,k\jypit     uno     v* 

•ispirer  9u  trône;  qu  en  conséquence  il  p< 
le  lendemaio  pour  retourner  dans  Flon 
qnc  sHIs  voulaient  Tacconnpagner  iltf  eusseu 
rendre  auprès  de  lui  pendant  la  nuit.  Ils  ) 
senlenU  (^t  bientôt  joignent  Ariëe..  lU  po 
voient  leur  marche  avec  rapidité  ^  Igrsau  us 
atteints  par  les  troupes  du  grand  roi.  Cl 
lait  faire  halte ,  et  5c  prépare  au  combat.  Un 
tenance  si  hardie  effraie  Artaxerxe  ;  il  eny< 
hérouts,  non  plus  pour  leur  signifier 
rendre,  mais  pour  traiter  avec  eux  et  I^i 
po.s.cr  la  pajx.  Les  Grecs  y  çonaentire^rit^ 
clauses  de  l'accord  furent  ^nc  le  roi  jeur  | 
ferait  des  vivras ,  ct.que  par  ses  ordres  iU  9* 
traités  en  nmis  dans  toutes  1/es  provioces  qu 
V  raient  à  traverser.  C'était  le  satrape  Tis3a| 

qui  devait  leur  servir  de  guide. 

Quelques  jours  aprc3  ils  se  mirent  en  i 
So\is  cette  sauy/e-g^rue.  Jilais  cQTnmc  Ariée  a 
fje  nç  pas  campjer  avec eA^x, i^t  que Ti«sapherne 
gageaU  dans  les  chemins  Les  pins  diiiicii^s,  il 
mcncèrcnti^ovpçonpçr  la  perfidie  d^  c^  4a 
nér9u:|f:;  il  y  eut  même  qjfjclquefjescarmouchç 


SBNOJ'HON.  J77 

f  êi'Achiie,  se  rcnilent  à  la    l'ente  «Jn  satrape 
~  meure  6n  à   toutes  dite  tissions.  Us  ne  «oi.t 
Lâtentff»,  (ju'oii  les  charge  iJe  tirs.  Cléar- 
Égorgé;   les    autres    sont   ciiniliiits    vers 
e ,  ijiii  les  rail  mourir  devant  lui  :  la  faibltf 
c  qui  les  avail  suivis  avait  éié  lalUée  en  pièces 
llirlp^  baiiiares. 

Cea  Hail  bit  Je  l'armée  des  Grecs  s'il    ne  le 

On  pjis  iroLivë    parmi  eux  un  homme  doué  de 

taie  ftévajion  d  âme  qui    se  nunilre  supéiieure  k 

Le*  tlAneers.  de  ce  génie  réronil  en  reisourcei 

^i  ae  vâil  hs  obstacles  que  |>our  les  aplanir,  de 

OtU^  renoelé  de  cararlérc  qui  peul  seule  ,  pnr  na 

htweux  mélange  de  douceur,  contenir  Us  sonti- 

W^f  <jiïei'5  «l'une  multitude  d'IiomiDes  privés  «le 

DHS  t.hek.  Vu  tel  hoiome.  et  e  était  Xéucphon  , 

nait  ^tre  leur  sauveur.  Il  mesiiri!  toute  l'étendue 

li'périiijui  les  aienace  :  un  intei'valle  de  plus  de 

w>  c¥Ols  I»eues  les  séfiarc  de  leur  patrie  ;  des  ri- 

jffi  JAlia(W«es,  ieufièmenj,  k  cliemjit  de  t«ute« 

tl^,l'ana.iK  du  rot  «st  U,  F!i^£te  à  tes  accaliler} 

(urt  traverser  ua.mond^  d'ennemis;  ils  n'ont 

t  de  guide  ;  Xênophon 'filage  les  al  an  il  es  de 

a» compagnons,  mais  nun  leur  iiicei tilude. 

Il    va     trouver    les    centurions     du    corps    de 

iProkëne  au  jniliea  de  la  uuit ,  et  leur  représente 

■iM  n'y  a  pas  un  momenA  perdre;  (ju  il  était  de 

I  4cmièrc  imprirlancc  de  prévenir  les  desieins 

'  pmiiicmipcrtide;  que,  malgré  leur  petit  nombre, 

n'en  seraient  pas  muins  formidubls  si  leurs  ef- 

U  répondent  à  la  hardiesse  de  l-.iir  résolution  ; 

C  la  valeur  et  nnu  b  inuliitmlk.'  delcnniiie  le  sort' 


Ti 


la  gjuprre;  fjii'eiifin  i)  esl  uéi'i'ss.iiii;   de 


icil  s'assemble  aussilât;  reiil  ..fiicïers  s'y  léunis- 
wol.  Xéuophon  est  invlit'  a  prciubi'  la  p.irnle  ;  il 
présente  a\ec  plus  de  Jùail  k's  ce nsîdi'ra lions 
quil  o'avait  J'aùyid  luuthéi-stiu';  U-gtremeiil. 


'"S 


17* 

Bientftl  ck       r       s  < 
■ion  i  U  I 

Socrate;  t  nor  i  c 
lieu  de  ïlenon  ;  Xénop 
•on  ami. 

Le    lendemiin   Vamiée    a'^iant    réunie    t 
pointe  du  jour,   Xénojilinn   prit   la   parole   poi 
exciler  le  courage  dea  trnui      :  ••  Si 
a  vnns  vaJncTG,  dit-il,  s.     x  nu  du 
■  rir,  Happeloni-nous  les  |u  rm'cs  de  MaralliMiii 
»  de  PlaUe  et  de  Silaminr  .  cl    niontrons-i  ~~ 

dignes  de  nos  ancélri's.  <•  lilais  rVit  peu  potl 


lui  de  réveiller  dans  le  cu;ur  Âps  foliljil»  cette 
sie  belliqueuse  hérédifairi^  (Uvz  Ion  Gn^s  |  ■■ 
lait  taire  en  eux  la  cuniiliié  ;  ih  renvoit^nt  les 


sie  belliqueuse  hérédifaire  (Uvz  Ion  Grers 
lait  taire  en  eux  la  cuniiliié  ;  ih  renvoi'Mi 
sonnien ,  et  rejetieut  le  b.      %c  t\u\  pourrait  mi- 
traver  leur  marche. 

Le  Spartiate  Chiritoplie  conimandait  l'avani 
garde  ;  l'armée  lui  avait  nixordé  Hur  ses  collf^oi^ 
une  prééminence  que  Xt^nnption  avait  eu  la  nu 
deatie  de  refuser.  Ce  demii^r  t'tait,  avrr  Titnaaîoi 
jliacé  i  rarrière-gtrde ,  yoxie  t|ui  dan>  iiiy  rclrail 
est  le  plus  important  i^-i  I'ivit»  dirigèrent  fail 
murche  vers  la  source  drj  grand»  fleuves  >  pour 
trouver  un  passage  plus  f^iilc, 

Ils  Venaieni  de  laissée  derrière  i.'ux  \fs  villes  d 
Larisse  el  de  Mesmla.^ouKn  dt-nx  \M 
bords  du  Tigre  ,  lorsqu'il:!  «irriii  paraître  i'btj 
jAerne  à  la  t^te  de  toutt-s  »<■%  ir^iupcs.  i'-t  fut  i'" 
cettB  occasien  que,  s'apcircvani  qu'un  balui 
carré  est  la  disposition  Id  plun  ificorninode  pot 
nne  ai-mëe  poursuivie  pnr  l'i'iiMcnti ,  ils  irhangcrei 
(eur  ordre  ,  et  se  ran^^mii  nu-  deux  nulonne» 
entre  lesquelles  fiit  plaç^^  1''  h.i^fi|('.  lia  suuiîarfitil 
sans  beaucoup  de  p«rle  l'I  ti  liniirs  avrc  avaiiLaef 
les  continuelles  attaquts  des  liarbart-s,  ot  les  nrf 
aèrent  m<me  à  se  retirer.  Mais  iiurliiuea  jnuf 
après  les  eànediis  se  crent  aux  Ot«cs  - 


aux  ijtfca  M 


TEENOPnON.  17g 

minence  au  pleJ  Je  lai]uello  ceux-ci  étaient 
es  do  passer.  Xénoplion  retiJil  inulile  celte 
ise    ci>    gagnant    avec    rapiililé  ,    k  la   têts 

délaclicmtnt  de  l'armée,  le  sommet  de  la 
agne  (jui  commandait  cetie  éininence.  Les 
1res  sont  culbutés ,  et  les  Grecs  sVuvrent  gn 
;c  dans  une  plaine,  où  ils  ironvcnt  d'abon* 
s  provisions.  Depuis  ce  moment  Ttssa- 
le  cessa  de  les  poursuivre, 

fut  en  cette  occasion  q\ie  Xënoplion  fit  un 
jui  prouve  combien  il  connaissait  l'esprit  du 
t.  En  courant  à  cheval  sur  le  penchant  de  la 
agne  il  excitait  sa  troupe  à  compter  pour 
es  fatigues  aui  allaient  leur  procurer  une  vie- 
assurée  :  n  Vous  en  parlez  bien  à  votre  aise  , 
Tend  brusquement  un  soldat  ;  un  cheraî 
is  porte,  et  moi  je  suis  k  pied  el  je  porte 
<n  bouclier.   «   Pour  toute  répons'e,  Aéno- 

saule  à  bas  de  sa  monture,  saisit  le  bou- 
la harangueur ,  le  pousse  hors  des  rangs,  et, 
■é  le  poids  de  sa  cuirasse,  pravil  la  bau* 

livrés  de  la  poursuite  dos  Perses,  les  Grecs 
it  bien  d'autres  ennemis'à  comhaltre.  Arré- 
un  cnlé  par  le  Ti§re,  ils  avaient  devant  eu* 
onlagnes  inaccessibles  habitées  par  les  Car- 
^s ,  peuple  belli<]ueux  qui  n'avait  jamais  subi 
jg  des  rois  de  Perse.  Cependant,  comme 
te  trouvait  pas  de  bateaux  pour  traverser  le 
■.y  et  que  le  passage  des  montagnes  donnait 
dans  les  lirhes  plaines  d'Arménie,  les  gé- 
X  résolurent  de  suivre  ce  chemin.  Lts   Car- 


13  prirent   aussînit    l'alaiT 

ne,  et,  se  renfon- 

ur  les  somiiiels  de  leurs 

montagiies,  ils  as- 

)1  les  Grecs  de  tous  côtés 

,   el  font  pleuvoir 
iij'inrs  comhallani, 

iiunegièle.ie  trails.  To 

urs    s'emparant     d'avjui 

:i'    des    (lérilés  ,    1m 

arrêtent  sans  cesse  la  ni 

larchc  des  barbares. 

la  queue.  Us  se  portaient  ainsi  mutuellemei 
cours,  et  dans  toutes  leurs  manœuvres  vei 
à  la  sûreté  réciproque  de  leurs  divisions, 
faut  paâ  en  douter,   malgré  toute  Diabi] 
Xénofhon,  les   Grecs    n^auraient.  jamais 
Uïur    périlleuse    retraite    si   cettç   b&niie  i 
gcnce  y    cet  accord  parfait,  qui  leur  font 
ment  honneur ,  n'avalent  régné  entre  les 
ra  ux. 

Enfin  ,^près  avoir  employé  sept  jours  à  1 

ser  le  pays  des   Carduques  ,  et  avoir  soufiè 

de  maux  (^uc  toute  la  puissance  du  graud  ro 

perfidie  de  Tissa pher ne  n'avaieht  pu  leur  ei 

éprouver,  les  Grecs  arrivent  dans  une  plaie 

r  tile  arrosée  par  le  Centcite ,  qui  sépare  TAi 

'  du  pays    des  Carduques.    Il  fallait    travci 

>  (leuve,  et  combattre  en  même  temps  coa 

-  Carduques  ,   qui  les  poursuivaient   en  qu< 

contre  les  Annénirns,  qui  défendaient  la  r 
posée.  Cependant  les  Grecs   tentèrent  de 
dans  un  endroit  où  ils  avaicFJt  de  Teau 
raisselle;  mais,  enlraincs  par  la  rapidité  d 
raut,  auquel  la  pesanteur  de  leurs  armes  1 


XEN  OPnON.  l8l 

Itidc  savait  qu'il  élait  permis  d'inlerrompre  le 
bs  et  méini!  le  sommeil  lie  ce  géucrsl  quand 
jTvatt  à  lui  faire  (jticlqDe  comniunicarion  rela- 
f"à  la  gueiTe.  Ils  venaieol.  l'informer  qu'en  vour 
t  rraverser  le  Cenlrîte  à  la  nage  ils  avaieni  ren- 
Itré  un  ^ué  tiù  ils  n'avaient  eu  de  l'eau  que 
bu'à  la  ceiiilure.  Aussitôt  Xénopbon  va  lrou»er 
tîsophe,  lui  fait  part  de  l'avis,  et  se  cuncerie 
Ëlui  sur  les  meilleures  disposiliom  à  faire  puiu- 
BBT  le  fleuve  sans  perte,  repousser  les  ennemis 
tétaient  sur  l'autre  rive,  et  n'Piro  point  enla- 
Irpar  ceux  qu'on  laissait  derrière  soi.  11  faut 
te  dans  la  relation  nifme  de  Xénophon  lous  les 
ails  de  ce  passage,  qui ,  principalement  conduit 
F'ce  général,  est  un  cnef-d'ceuvre  d'adresse, 
labileté  et  de  courage. 

Entré  en  Arménie,  l'armée  marclia  sans  intu"- 
Hïoa  et  sans  être  inquiétée,  jusqu'à  ce  qu'elle 
[dépassé  lés  sources  du  Tigre.  Elle  »rnva  en- 
k  sur  les  bords  du  Telebaé ,  dont  les  eaux  lim- 
Tfri  arrosaient  une  pl.iine  ftTlile  el  npufiléede 
lages.  Là  coiiinitrcail  l'Aimenie  o,  ri,!.Ttol<-. 
ijalrape  Tu  ib.ue  ,  f.vi.ri  do  roi  de  l'.-rs.  ,  u.m- 
iitdait  dans  celle  province.  Il  laissa  prei.dre.aui 
'ecs  tous  les  vivres  dont  ils  avalent  besoin,  à 
dditinns  qu'ils  ne  commettraient  aiicnn  dégât 
ai  leur  marche  :  il  eut  toujours  néanmoins 
Itdr  îosu  un  camp  vnlaal  à  qndijue  ili'^tance 
f  leur  armée.  11  tomliii  in'ndi-ii'  une  nuit  une 
ibolîtë  excessive  de  neige  ;  clic  c.iuviit  les 
mes  et  les  .loldals  rgm  <  tjient  Coiicliés  au 
fouaci  hommes  et  cli:vaiu,  tiîul  était  etigoiu- 
'j^  personne  nu  donnait  •iijn'y  de  vie  ;  c'étail  uti 
itciacle  digne  de  compasinju  X*'"oph(.n  .'ul 
^ireinîer  1p  c(.i<rage  de  se  luin  im  pour  fendre 
1  bois  ;  un  aute  (jrrc  l'iui.ta  ,  <"  'H  yn.ti  d'jos- 
n»  leur  exemple  fut  s^iivi  .;r  '.nus  l^-■^  .■:,.l,:;,(s  , 
JÏ  se  mirent  aussi  ^  f^iic  -l'.-.  i"i;T ,  'il  i  L.';rpl.iy!:; 


1 8o  X  É  N  O  P  H  O  N, 

Si  c^était  à  Pavant  garde  qu'ils  barraient  1< 
sage ,  Xënopiioii  ,  qui  commandait  Ta 
garde,  s^avançait  aussitôt ,  et  j  gravissant  la 
.  tagne,  tâchait  de  dépasser  IVnnemi,  Ten 
paît  et  dissipait  l'obstacle.  Chirisôphe  rem 
m^me  service  à  l'arrière-garde  lorsqu'elle 
attaquée ,  et  avec  les  troupes  de  la  tête,  en  : 
naut  à  dominer  reonemi,  il  ouvrait  un  pai 
la  queue.  Us  se  portaient  ainsi  mutuelleme 
cours ,  et  dans  toutes  leurs  manœuvres  vei 
à  la  sûreté  réciproque  de  leurs  divisions, 
faut  paâ  en  douter,  malgré  toute  Tbabi] 
Xénof'hon,  les  Grecs  n'auraient,  jamais 
Uïur  périlleuse  retraite  si  cett^<g  b&nue  i 
gcnce ,  cet  accor-d  parfait,  qui  leur  font 
ment  honneur ,  n'avaient  régné  entre  les 
ra  ux. 

Enfin  ,^près  avoir  employé  sept  jours  à 
S£r  le  pays  des  Carduques  ,  et  avoir  soiifft 
de  maux  (^uc  toute  la  puissance  du  graud  rc 
perfidie  de  Tissa pher ne  n'avaieht  pu  leur  e 
éprouver,  les  Grecs  arrivent  dans  une  plaii 
tile  an  osée  par  le  Ccntrite ,  qui  sépare  l'A 
du  pays  dos  Carduques.  Il  fallait  travci 
(leu\e,  et  combattre  en  même  temps  coc 
I  Carduques  ,   qui  les  poui^suivaient   en  qu 

contre  les  Annénipns,  qui  défendaient  la  r 
posée.  Cepiiîdanl  les  Grecs   tentèrent  de 
dans  un  endroit  où  ils  avaient  de   Teau 
Taisselle;  mais,  eurraînés  par  la  rapidité  d 
''''*^  rant,  auquel  la  pesanteur  de  leurs  armes  1 

pêiJiait  de  réiisîor ,  ils  revinrent  au  rivii 
campèrent  sur  U  bord  du  fleuve.  Leur  déc 
menl  était  au  comble,  et  l'aiMnéiev  après av 


XENOPHON.  iBl 

ÎDdnJf^  savait  qu'il  ëiail  pirmis  J'înlerrompre  le 
ftpns  Cl  in^mc  le  sommeil  de  ce  géuijul  «juaiiJ 
&□  avait  i  \m  faire  tiuplque  coniniunîiMlinti  r^la- 
'îvf  ï  la  guerre.  Ils  veimt^Ql  l'informer  qu'en  vour 
Int  traverser  le  Cenu-iie  à  la  nage  ils  avaient  ren- 
^Btré  un  eue  uii  ils  n'avaient  eu  Je  l'eau  (]iia 
■iu'4  la  ceinture.  Aussitôt  Xénophon  va  lroiiï*r 
Spsoplie ,  lui  fait  part  de  l'avis ,  et  so  cunecrie 
■%i  sur  les  mcilleuies  disposilioni  i  faire  pour 
^jlc  fleuve  sans  perte,  repousser  les  ennemis 
Julent  sur  l'autre  rive,  el  n'Plio  potnl  enta- 
|P|tilr  ceux  qu'on  laissait  derrière  soi.  11  faut 
y.tUns  la  relation  mfine  de  Xénophon  Iou&  les 
edls  (Ifl  ce  passage,  qui ,  principalement  eonduit 
Pcc  général,  est  un  clief-d'œuvre  (t'adics  e, 
ftabilrié  et  de  r.ourage, 

■  Entré  en  Arménie,  Tarmce  maiclia  sans  inlo"— 
Amlioa  e(  sans  être  inquiétée,  jusqu'à  ce  qu'elle 
Bn  dépassa  les  Kiurces  du  Tigre,  Elle  arriva  en- 
Hikkiir  le;  bords  du  Teleboé,  dont  les  eaux  lim- 
BRj  *  àft  oa  ai  eut  une   plaine  fertile  el  peu(>lée  de 

Vilndait  dans  crllf  province.  Il  h^s^n  prendre  aux 
'jSrecs  tous  les  vivres  dont  ils  avalent  besoin,  à 
Oinditions  fiu'ils  ne  commeitraîenl  a'icnn  dégât 
mnS  leur  marche  :  il  eut  loujours  néannioina 
■"Ubr  insu  un  camp  vnlaat  i  quelque  di^lanre 
M  leur  armée.  Il  lomLa    iieuibnl    anc    nuit  una 

tnlilé  excessive  de  neige  ;  tlle  couviil  les 
les  el  les  .soldais  qui  ii.ii'iil  Ctn^fi'és  a,u 
o'uac',  hiunnicset  ilb^vaiiï  ,  l/>ul  cla'il  enROM- 
oï';  personne  nr  Jrinuait  'igii'.' Me  "le  ;  t'i'lriil  un 
»tclarle  digne  de  roiNpas.ii,,!.  X.'nfi^.!iiin  l'u» 
K  premier  le  rournge  de  si'  l,-i,.r  ifi  [njur  içndrc 
ia  bois;  un  aiitje  (îrcc  riuiita,  ci  >  ii  pet*  d'iu-- 
IJins  leur  evemple  fut  «.li/i  ,  *r  t.>„«  W  M.Kld[(t  , 
qui  se  raircnl  auisi  j  f:ii':  d:\  U-i  ,■.!,)  ■-::r\ù  <. .;' 


l89  X<MOPH01!(. 

Ions  lc5  moyens  pour  emp^clier  Taction  du  froid* 
Oïl  apprit  par  un  prisonnier  f|ue  Tiribase  avait 
dessein  (raltnqu(*r  Ins  Giecs  au  pafiage  dea  mon* 
togiics,  dans  un  (Jéfilë  qu^ils  ne  pouvaSent  éTÎlerg 
Ils  vont  au  dcvaol  de  rc  nouvel  obstacle^  en  sVoi* 
parant  de  ce  poste  avnfit  que  Tennemi  ne  vtnf  roe^ 
ruper,  et  metient  eu  fuite  les  Iroupcs  du  aalrapc 
lis  se  hAient  ensuite  de  se  melire  en  marche  pooi^ 
ne  pas  donner  aux  vaincus  le  temps  de  se  rallier  eé 
dW.cuier  le  défilé.  Au  bout  de  trois  joura  ilapaa« 
sèrent  i'Euphrate  vers  sa  source.  ■- 

Ils  eurent  ensuite  beaucoup  à  soudrir  d^un  fSÉf 
de  bise  qui  lein*  soufflait  au  visage  avec  impétaiK 
site.  La  neige  couvrait  à  cinq  ou  six  pieds  de  haiK 
leur  le  paya  (]u\[  leur*fallait  traverser.  Heureuse^' 
ment  ils  trouvèrent  une  assez  grande  quantité  d^ 
boi^  pour  faire  du  feu;  mais  les  vivres  manquaienti 
et  plusieurs  ,  excédés  de  froid  ^  de  fatigue  et  et 
iaitn  ,  tombaient  sans  pouvoir  se  relever.  Ce  te 
alors  que  Xénophon  signala  son  humanilë  ;  il  allir 
:)rter  i  ces  malheureux  le  peu  d'ali«; 


lui-même  porter  i  ces  malheureux  le  peu 
meus  quMl  pouvait  trouver.  Mais  tous  ses  soins  B^ 
purent  empêcher  la  perte  d'un  grand  nombre  d»' 
ses  soldats,  ou  qui  mouraient  sur  la  place,  ouquifj 
par  Texcès  du  froid  perdant  Tusage  de  la  viiia  os; 
de  leurs  jambes*  ne  pouvaient  plus  suivreFiiaiéft'. 
Quelques  Grecs  avaient  aperçu  un  endroit  où  k'^ 
neige  était  fondue  ,  sVl aient  détachés  pour  .  VMMrV 
s'y  reposer ,   et   déclaraient    qu'ils    ne    marcha*' 
raient  plus.  Xénophon  accourt  vers  eus,  les  coSs^;! 
jure  (le  ne  pas  rester  en  arrière  ;  ordres ,  prièrii||' 
ttieuares,  tout  est  inutile  ;  ils  lui  répondeqt  <Itt*Ot^ 
peut  les  égorger  ui  Ton  veut,  mais  quils  ne  pew^r, 
vent  faire  un  pas.  Cependant  un  corps  de   Pffr  *-: 
b.'ires   était    près    de    les    atteindre.     XénophÔH^- 
veut  encore  sauver,  s'il  est  possible,  ces  miihev*^^ 
reux  qiïi  s'obstinent  à  se  perdre  ;  il  juge  quele  aevl^ 
moyen  est  d'inspirer  une  telle  terreur  à  renneori -^ 


!  toit  pBï  tpiilr  t!c  Icâ  altiiqurr.  Sonilam  il 
Jcvtyit  (les  I)ail*ui-e8  k  la  télé  cle  i'ariière- 
pI  Ips  atlaqnp  avfc  ïîçiicur  r  ils  out  bientôt 
fuite  il  travri-s  les  ucipf^ ,  et  on  np  les  vif 
paivitre.  Le  Iriideinaiii  l'aiiude  des  Grecs 
fueeiilié  quelques  villHges  aasnz  bien  ap- 
ouiiéi ,  ib  T  cautouiièrent  pendant  sept 
el  l'on  eut  le  temps  de  rameuer  lea  b'ai— 

se  remît  ensuite  eu  marcIie ,  et  au  bout  <Io 
itres  jours  ou  arrivQâur  les  borda  du  Phases 
aussi  l'Araxe ,  qiii  se  jette  dans  te  Pont- 
.  Ce  lleuve  i  large  d'euYU'on  cent  pieds ,  ar— 
te  pajs  des  Ptiasiens  ,  des  Toaquea  et  dea 
lei.  Ces  penplrs  e'taic-nt  les  plus  belliqueux 
trou  Tes  rarméi:  sursoit  passage ,  surtout  lea 
■es.  les  seuls,  dliXénoplion,  qui  croisaient 
le  avec  les  Grecs.  De  hautes  montages  d^ 
îBt  l'enti^e  de  ce  pays;  il  fallait  absolument 
w:bir  ,  et  leiî  barbares  occupaient  les  liau- 
Brét^à  disputer  le  passage.  L'armée  ne  patt> 
rin'd'en  venir  aux  mains*,  i)  étaîtimportant 
las  tarder  a  le  r.iîrc ,  poui-  étonner  les  euni^ 
ruuebrusquealluqur.  Ce  fui  l'avisqu'ciuvrit 
<bou  ;  mais  ayniij  observd  411e  les  barbares  ue 
taieut  que  le  seul  passage  t'i  équenlé ,  il  pro- 
envoyer  un  'dé  tac  bernent  pour  les  occuper 
le  filusse  attaque  ;  tandis  qu'un  autre  corps  > 
vaut  les  chemins  qui  n'e'Iaïeiit-  pas  gaitlés , 
irerait  des  hnntriii  s  qui  iloiniiiaicnt  [ca  bar- 
Ce  projet  l'ut  eTiéciiIë  avec  autant  de  succès 
lilement  conçu  ;  l'eiuieini  pril  la  l\iit ,  et  le 
e  Itil  rendu  libre  ;  1  armée  marcha  euiini te 
ut  douze  ou  ([itîii£e  jouis  ,  simè  cesse  corn— 
t,  saiu  cessi;  poursuivie,  nmniiuniit  de 
,  et  lie  poiiïiuit  s  rn  pi m'urer  qu'&  la  pointe 
lA.  E.if.i  1  avaiit-^iiid.  pa-ïiiil  ft  nnc  moo- 
très-élcïec  ai>j)el(;c  Xccquc,  d'où  l'ou  dé- 


i84  xÉNOPnopr. 

oiiYi  ait  la  mrr.  A  cette  vue  cbacun  pousa 
îi  is  de  joie.  Xënoplion,  qui  ëlait  en  arrière , 
ravaiit-garde  atfaquée  ;  il  fait  doubler  le  pa 
division  pour  aller  au  secours  de  sescompag 
Ou  entend  distinctement  ces  cris  :  la  mer!  la 
et  Ta  larme  se  change  en  allégresse.  L'ordre 
inarclic  est  rompu;  on  se  précipite  ;  c'est  î 
arrivera  le  premier  au  sommet  de  la  monta 
on  pousse  mille  ciis;  on  verse  des  larmes  de 
les  soldats  dans  leur  ivresse  embrassent  to 
tour  leurs  gëiiëraux  et  leurs  officiers,  et, 
attendre  leurs  ordres ,  entassant  des  armes  j 
aux  Larljarcs ,  ils  élèvent  uu  tropbée  sur  k 
même. 

Mais  les  Grecs  n'étaient  pas  au  terme  de 
travaux  ;  ils  avaient  encore  de  vastes  régions) 
verser  ,  et  des  ennemis  à  combatti'c.  Les  prei 
pfi.plf  s  ({u  ils  rencontrèrent  furent  les  Maci 
<ji:i  ,  disposés  d'aJiord  à  leur  disputer  le  pas 
consentirent  ensuite  à  le  leur  faciliter,  lors» 
se  lurent  .issurés  des  intentions  pacifiques  de 
me'c.  De  là  elle  s'avança  vers  les  montagm 
la  Coiclii(I(.' ,  dont  une  des  plus  liantes  était  occ 
pjir  les  lial.itans  du  pays.  L'accès  n'en  était  | 
praticaMe;  mais  il  n*y  avait  que  cette  voie 
paiSM"  outre.  L'embairas  des  Grecs  était  étra 
ec  fut  encore  Xénophon  qui  aplanit  pour 
cet  obstacle;  il  disposa  leurs  rangs  dans  un  < 
an.s:>i  habilement  combhié  que  nouveau,  £ra 
la  liante  ur  ,  et  dispersa  l'ennemi ,  incapable  d 
histcr  dès  qu'il  n'eut  plus  l'avantage  de  la  ] 
tion. 

Api  es  avoir  pris  quelques  jours  de  repos 
mée  se  mit  en  marche  ,  et  arriva  à  Trcbiso 
ef>h>nie  grecque  originaire  de  Siuope ,  et  situe 
le  Ponè-Euxin,  dans  la  Colcbide.  Les  Grecs, 
tiant  les  l rente  jours  qu'ils  s'aiTetèrent  prè 
cette  ville ,  célébi  créât  des  jeux ,  et  s'accjuittc 


fct  vfieMUt  i\\x'\\s  ivaiént  failî;  niiK  dtpnï  piSOr  «Ifli-- 
Ër  on  liruri-uT  t-etour  d.ins  leur  psdiK  II  fiiV'frïii 
Itiiie  r«nlti  qu'on  retturmerail  pn  Grèce  par  thW". 
whinsnplip  iiariit  surir- champ  pour  aller  (rom''ef 
"î.  amiral  de  Sparle  ,  .ifin  (î'rtht(?"ir  lie  Itiî 
isseaux.  <:epeoi]ant  l'armée  Triaiiriini-t    Hd 

,    Xénnphon  la  comluîiil  conln;  Iri  fïtiT' 

mt,  nation  Vomfie  de  TreljïsondL-,  el  b  pKii 
Iciliqiicute  Je  rè»  lânions.  AprK  une  Inlip  ôpi- 
illre,  son  habileié  iriami'Iia  de  ta  vali^uv  rèrèfé 
ti  et»  barbares  ;  il  brûla  leur  tii^lropole  ,'  et  fa- 
lupcî  charg^ffl  de  butin  ei  abondanu- 
itfnl  pourvues  de  vivres. 
Chirtsoplicn'arrivailpoitil;  oii  jup^a  f|il'il  f^aU 
pdricr  le  paya.  L'armée  suivit  ip.iV  icriv'lÉs  (yHeS 
"  t-limin  ,  ei  arrivaà  C^ra^iiiite,  è(\ïô'ni4,dë 
"  s  trois  joiny'Àii''nrfj'5Al(>ùfna. 
.,  nsirt  dé  PartnW,  'oiif.'Cmonla'lT 

Piatitte  six  F^nts  hbinni^<^,'  ic  (flx  niïllc  qi^'iU 
rtpti  partant.  On  pl'ot'éfla  aliMi  au  naitagc 
ferm-gpiTl  []uî  provenait  de  Ta  Vpntf  di^s  prîïdij- 
li^r*  ,  apr(>s  en  svoir  prélfvi:  If  ilixirEiiP  rnlnr 
Apollon  et  p<uir  Diane  ('■plu-slrnri.-.  On  .loil  r..- 
*|l^^uer  acre  élog>.  rnmlnoi,  Ir.s  iWc-,  ,e-  ,non- 
ttitent  rdi-ipTiX  pi^ud.Vni  i..ui  Iti  ronrs  dû  ci'IIr 
itetf'dilidn.  X?nnptir>^  Inrr-  .Ir^nniii  IVy.nple  d,^ 
hpiélé;  Ce  srnlinvnr  M  •       '  '     '    ' 


W  dlr 

.. ,  ,.n,.sàler 

fccHon  rtn'it  rro\-iii  '!■  ■.on  .,i:i,;>   c;- .«s  snV 
"farlidcCérasuiile,  il  ^c  lit  joiTr  iiar  sa 
*tfav»*rj  pbiMei 
(Viyw,  foin  ai 
•h  Ti^larenien   , 

ktrrs.  Il  av.iit  ftit'iné  le  projet  de  i! 
flans  ces  lipux,  et  d')'f'>iiilfi^ue  rol'uiif: 
ht  apprmivé  par  quilfiiir^-iins  ■-  niai^  1rs 
[■néral  fnvfii  '      '    "        ■ 


nope,    suu..ea. 
.1   s,.)Ourrn   qiiar 


[ 


i  il  die   ; 
nmc  i. 


l86  XÉNOPHON. 

n'était  qu^un  prétexte  pour  rabandonner,  < 
liabitans  du  pays  qu^un  moyen  pour  les  ass 
Xénophon  fut  do.nc  obligé  de  renoncer 
dessein.  Enhardi  par  ce  premier  succès  ,  s( 
vieux  s'eflbrcèrent  de  le  r  eiidre  odieux  aux  tro 
mais  celui-ci,  par  sa  sagesse  ei  sa  modéra 
arrôta  tous  ces  mouvemeiis.  Les  Grecs  se 
pelèrent  enfin  tout  ce  qu^ib  devaient  à  Xénop 
et  la  recherche  qu\)n  avait  fait  de  sa  conduit 
par  tourner  à  sa  gloire. 

Bientôt  après  l  armée  s^embarqua  sur  des 
seaux  qui  leur  avaient  été  fournis  par  les  hal 
de  Cotyore  ,  et  après  un  jour  de  navigatioi 
arriva  à  Sinope,  colonie  de  Milet  «danslaPa 
gonic.  Ce  fut  là  que  Chirisophe  la  rcjoigni 
quelques  galères ,  mais  sans  argent.  « 

Cependant  comme  les  soldais  se  tro# 
moins  éloignés  de  leur  patrie  ,  ils  étaient  pli 
jamais  pressés  d^y  rentrer  enrichis  de  quefqu 
tin;  Ils  jugèrent  qu^en  donnant  un  seul  chef 
mée  ce  général  tirerait  mieux  parti  des  troi 
et  pourrait  mettre  plus  de  promptitude  et  de 
dans  ses  entreprises,  nVtant  plus  obligé  de 
sulier  ses  collègues;  car  auparavant  les  gén 
ne  faisaient  rien  sans  Tavoir  décidé  entr^eux 
pluralité  des  voix.  Les  troupes  jetèrent  içs 
sur  Xénophon  ,  et  vinrent  lui  ofll  ir  de  la  m* 
la  plus  pressante  le  commandement  sup 
Xénophon  ne  fut  pas  insensible  à  cet  honi 
mais  sa  modestie  lui  en  fit  prévoir  les  suit« 
refusa,  et  fit  tomber  le  choix  sur  Chirisophi 
lui-ci  ne  jouit  pas  long-temps  de  son  autoriti 
les  troupes  le  déposèrent  quelques  jours  ^ 

f>our  n^avoir  pas  consenti  à  leur  laisser  exige 
libitans  dlléraclée  une  injuste  contributior 
nophon  ne  voulut  pa^  non  plus  prendre  ) 
cette  exaction  dans  une  ville  qui  était  une  ce 
grecque.  La  discorde  se  mit  alors  dans  Tar 


XÉN  OPUON,  187 

divisa  en  trois  corps,  donl  l'an  fut  cotn- 
parXénophon.  Le;  deux  autres  divisioni 
dëreni  pas  à  s';ipercevoir  qu'un  tel  chef 
iJCK|uait  ;  1  impruilcnce  des  ofHdcrs  qui 
nduisaient  lei  engagea  dans  de  mauvais  pas 
[Iles  ne  se  seraient  jamais  Liréeii  si  Xéno- 
n'élait  surveau  à  propos  pour  les  secou- 
élant  Ions  réunis  Je  nouveau  ,  les  Grers 
retit  ensemble  dans  le  port  de  Calpé ,  et 
èrent  la  peine  capitale  contre  quiconque 
lerail  dans  la  suite  de  diviser  L'armée.  Chiii- 
élait  mort  dans  l'intervalle. 
,e  mireni  ensuite  en  marche  vers  Chryso' 
en  Ohalcédoine ,  d'où  iU  devaient  faire  voile 
Jyzance.  Ils  ne  cessèrent  d'être  poursuivit 
satrape  Pharnabaze,  dont  la  cavaiejie  tailla 
Itfs  un  détachemenl  de  leur  armée  qui  s'était 
é  des  côles  pour  piller;  mais  enfin  Xéno- 
délit entièrement  les  troupfs  du  satrape,  et 
>loit  signala  dignement  ses  derniers  pas  en 

ivés  à  Byzance  ,  les  Grecs  espéraient  voir  la 
ieiirs  traverses  ;  ils  furent  cruellement  Irom- 
*tle  ville,  sujette  de  Larédémone,  où  ils 
ient  trouver  un  nsile  et  du  pain  ,  leur  ferma 
rtes  et  leur  refusa  des  vivres.  Surpris ,  indi- 
de  cet  cutrage ,  les  Grers,  sans  attendre 
!  de  leur  général,  se  précipitent  dansByzance, 
I  se  porter  aux  dernières  extrémités.  Xéno- 
est  au  njilieu  d'eux  ;  il  les  a  suivis  pour  prè- 
les funesles  efltls  de  leur  fureur  :  les  soldats 
foivent  ;  ils  se  pressent  autour  de  lui  : 
tt  maintenant,  Xénojihon,  disent-ils,  qu'il 
;  montrer  du  courage.  Une  ville  riche  et  ilo- 
inte  vous  est  ouverte,  des  troupes  nom- 
uses  et  disciplinées  sont  à  votre  disposition  , 
1  voussoni  dévouées;  commandez  «etDyzance 
i  vous,  et  nuus  allons  faire  de  Xénophon 


Bientôt  après  1  armée  s'embarqua  sur  d 
seaux  qui  leur  avaient  élé  fournis  p^ir  les  h 
de  Cotyore  ,  et  après  un  jour  de  navigali 
arriva  à  Sinope,  colonie  de  Milet  .dans la  ! 
gonic.  Ce  fut  là  que  Chirisophe  la  rcjoig 
quelques  galères ,  mais  saus  argent. 
]  Cependant    comme  les   soldats  se  tro 

moins  éloignes  de  leur  patrie  ,  ils  étaient  t 
jamais  prcs.sés  d'y  rentrer  enrichis  de  queli 
tin;  Ils  jugèrent  qu^en  donnant  un  seul  ch( 
mée  ce  général  tirerait  mieux  parti  des  tr 
et  fourrait  mettre  plus  de  promptitude  et  d 
dans  ses  entreprises,  nVlani  plus  obligé  < 
siiller  ses  collègues;  car  auparavant  les  gi 
)|  ne  faisaient  rien  sans  Tavoir  décidé  entr'ei 

I  pluralité  des  voix.  Los  troupes  jetèrent  i< 

sur  Xénophon  ,  cl  vinrent  lui  ofllir  de  la  i 
la  plus  pressante  le  commandement  si 
Xénophon  ne  fut  pas  insensible  à  cet  ho 
mais  sa  modestie  lui  en  fit  prévoir  les  su 
refusa,  et  fit  tomber  le  choix  sur  Chirisop 

!  Iiiî-rî  nt*  îmiîf  nA«  1nn<y.ltf»mrk«  At^  ami  mtlrkr 


XÉNOPIION.  187 

le  »*•  divisa  en  triHï  corps,  dnni  Ton  fui  corn- 
laniié  parXénophon.  Les  deux  autres  diviiioris 
e  uiderenr  pas  à  s'apprcevoif  qu'un  lel  chef 
nr  mai)<|U3il  ;  l'imprudence  des  officiers  qui 
t  conduisaient  lei  engagea  dans  de  mauvais  pas 
mt  ellps  ne  se  seraient  jamais  tirées  si  Xéno- 
h(in  n'était  survenu  à  propos  pour  les  secou- 
r.  S'élant  tous  réunis  de  nouveau  ,  les  Grecs 
iin|>èrent  ensemble  dans  le  port  de  Cal[ié  ,  pt 
ktfnèrent  la  peine  capitale  contre  quiconque 
«poserait  dans  la  suite  de  diviser  l'armée.  ChiK- 
iptie  était  mort  dans  l'intervalle. 
Ils  se  mirent  ensuite  en  marche  vers  Chryso- 
lait,  en  Chakédoine,  d'où  il»  devaient  faire  voile 
i>ur  Byzance.  Ils  ue  cessèrent  d'être  poursuivit 
ir  le  sairapc  Pharnabaze ,  dont  la  cavalerie  tailla 
t  ptèces  un  détachement  de  leur  armée  qui  s'étart 
eigné  des  côtes  pour  ipiller;  mais  enfin  Xéno- 
ImÛ  défit  entièrement  les  troupes  du  satrape,  et 
M'ftploit  signala  dignement  ses  derniers  pas  en 
>sie. 
Arrivés  à  Bjzanr.e ,  h>s  Grecs  esperalcr.t  \  oir  la 
R  de  leurs  traverses  ;  ils  furent  cruellement  irom- 
éa.  Cette  ville,  sujette  de  Lai:édémone,  où  ils 
ipétiieni  trouver  un  asile  et  du  pain  ,  leur  ferma 
!■  portes  et  leur  refusa  des  vivres.  Surpris ,  indi- 
n^  de  cet  outrage,  les  Grecs,  sans  attendre 
•rdre  (le  leur  général,  se  précipitcntd^nsByzance, 
réit  i  se  porter  aux  dernières  extrémités.  Xéno— 
bon  est  au  milieu  d'eux  ;  il  les  a  suivis  pour  pré- 
Fnir  tes  funestes  effets  de  leur  fureur  ;  les  soldats 
•perçoivent  ;  ils  se  pressent  autour  de  lui  : 
C'est  maintcniint,  Xénojihon,  disent-iU,  qu'il 
faut  montrer  du  courage.  Une  ville  riche  et  tlo- 
ristante  vous  est  ouverte,  des  troupes  nom- 
breuses et  disciplinées  sont  !t  votre  disposition  , 
elles  voussonldéiouées;commandeï;,etByzanca 
est  à  vous,  et  nuus  allons  faire  de  Xénophon 


i83  xiÉNOpnov; 

»  un  àat  plu«  puMsam  cheb  cic  la  Gric».  i'  Xf mM^ 
plirici  paraît  cédrF  à  k*iirs  vœux;  il  m  met  à  leiif 
ti^tect  Icsrangoen  baUille  ;  puia,  qufndil  iroil  leap^ 
première  ardeur  un  peu  ralontié,  il  bor  frit  en^ 
ttinJrc  le  langage  de  la  raison  :  h  Saaadoate  vol 
»  vengeance  ghI  juste ,  dil^il  ;  mais  craignei- 
>»  les  suites;  elle  voua  atiirena  sans  Mtour  1-i 
i>  mitié  des  Lacédémoniens.  La  plus  'floritaa 
yk  ville  do  la  GiècCf  Athènes,  ai  bien  poonrÉIII 
M  d'armrs  et  de  vaisseaux ,  et  qui  Dagttèr«  doné^ 
»  naît  dans  cette  même  Byzance  que  vous  meiiattitf! 
»  Athènes  a  vu  échouer  toutes  ses  (ortêê  dei 
M  la  pui.ssance  de  Sparte» Kt  vout,  qui  Délits  qo'' 
»  poignée  d  hommes,  vous  qui  êtes  'aana^aiy 
9  saris  alliés,  sans  riessourcct,  osf)ërra&*voi]i  h 
)t  voir  lui  tenir  tâle  P  Demandons  f#tia&clN>il» 
)i  mais  ne  nous  vcngeona  pas  d'une  eiffilBlse 
»  tin  crime  odieux ,  et  qui  no  peut  que  m>im 
^  funeste.  »  Ces  paroles  oui  oalméofS'daanÉre 
tes  :  les  Grecs  posent  bsurs  aripos ,  al,  gaice  à  \}m 
conciliateur  de  Xénophon ,  raff'aire  se  termint 
aatisfaclion  des  deux  partis. 

Ce  gi^néral  eut  alors  la  pensée dcqiiitt4f>l'MlÉëi 
et  de  la  laisser  souala  garde  dp  ses  ooUègveaViNli 
aon  â(f<  ction  pour  $e$  soldats  le>  retint»  SemMa, 
prince  de  Thrace,  Tavait  faitaoHicitèr  deltii 
ncr  ses  troupe*)  pour  l'aider  k  reconquérir  les 
de  son  pèie  ,  dnnt  les  enmvmis  loi  aivaientc 
une  partie.  X<'i  ophon  finit  par  y  conse^itir, 
rant  que  ses  Grecs  trouveraient  dans  celte  ex_ 
tion  un  dédommagement  des  fatigués  qu- lia  avi 
jusqu'alors  suppoi  téeaaans  profit.  En  efitt,  il* 
poin  Je  promesiica  que  Seuthèa ne  fit  Elisée 
veaux  auxiliaires;  chaque  soldai  dtittiO  eprtli j|' 
guerre  retourner    dans  sa  palrre  comblé  é^ 
chesses  ,  et  (junntè  Xénophun,  la  prinœiMH 
gcail  à  li)i  donner  sa  fille  en  mariage ,  cl  A  la  m 
aussi  puissant  dana  cea  contrées  quf  V»milt  JêHê^ 


i 


^iti  Miliisilc.  Sùtluii  par  ces  offre*  brilUnlM.  tft 
rocora  par  ta  TrAndiisc  avec  Inqui^lle  Si'iithH 
iblaii  les  Uire,  Xùnoplion  m  àoaitn  li  lui  avec 
loble  coufiance.  Il  le  servii  avrc  siùle ,  le  ré- 
it^a(i(i»*pibviiice«|jertlueii,  «tiiusnJlepritKtS 
'plus  l>fl9oin  des  Grec* ,  loin  iW  Hon^or  iï  rem- 
,48»  pconnes«M ,  il  n«  leur  paya  pas  même  in 
'ft.iloiU  il  ài.iit  convcDU.  iU  u'eil  [las  ^ic  Seti^ 
ibt  ^r  lui-mâme  au-ui  mt^i'liiint  i]UP  nourrail 
auppunr  l-tnt  «ia  maiivat.««  foi  el  d  iufjrnli- 
l  «MU  un  ministre  aisbiiii'im  et  prtfiile  avait 
M  cailliancQ  ,  et  cjirienait  touten  ses  voloiilé). 
ivliie,  c'était  le  nom  de  ce  courtisan  .  ii'aVail 
sans  aUrrao  t'amilit-  que  son  tn.iiire  nvail 
trd  lémoifin^e  i  Xvtinphon  ;  il  fi>  tous  sri  l'f- 
pour  Its  (livî«r,el  n'y  léiissiltjuc  Irnp  Mon. 
'itoéroniei>l''BiBnt  miiluc)  ilu  priiice  et  du 
it était  au  comble,  el  li?uri  discussions  de- 
It  chnque  jour  plus  frùffuenJea  et  plu»  ani-, 
JIOEfilue  Cbarnint!  pt  Pnlynice  arrivèrent  rn 
IMd'anibas9adsursd[>t.3C^d^irion(>,  annnnçant 
la  répuliliiiuc  vrnail  île  iJécl.iii'r  h  punii'  ;^ 
^oaiidsc  Pt  à  TifsapliPriiP  ;  (|iie  Thyinlirnii 
di^jà  einb»rc]iié  a  la  it^lc  ilirs  Irnn^rs  hn-Ji'- 
moairnnes,  et  promeliaii  uni-  solde  n'iisiilfrable 
ilildis  et  aux  iinicipi»  qui  vriiiiliaif ni  sVn- 
g^er  it  mn  service.  Ci^iIp  .iii]l)as<(^irli!  Iutarciic-illi<! 
AUlai>t  lie  jciip  p.ir  les  Gmts  ,  (>ik<'li.inu's  dt^  cp» 
'propoaitinnSi  quu  par  Si-niliès,  qui  Mprrail  ,  au 
moyen  de  Ipiir  ilcp.irl .  i*tri'  dispi-nsé  de  leur  payer 
«qu'il  leur  devait.  Mais  tous  se  réunissaient  i-onire 
Xéoophnn  :  <•  Ce  général  aime  trop  ses  noidiils 
«  pour  faiie  |.-imais  Irirluiic,  disiiil  te  prinre  aux 

■  «l  n'allciidez  pas  son  .nis  pour  le  T^ire.  >■  Les 
W'eçS)  do  lem*  c<^lé,  ryctusuimil  liaiileincnl  de 
Wuri  nial!ipurs;scseniierols  le  rrprésinlaipnl  aiiM 
uiccujnpjieedclj  perfidie  deS^ullics, 


1)11  11  CM.  pruutfiii  uc  se  reiirer  ^  ei  uer»  ce  luui 

lè  prince  sépara  son  camp  de  celui  des  Grecs. 

Quelques  jours  ainèsTarmée  décida  de  ne] 

partir  sans  faire  une  dernière  tentative  aupr 

Scuthès  afin  d^ohtenir  la  solde.  On  députa 

luiXétioplion,  accompagné  des  Grecs  qui  pan 

les  plus  propres  à  cette  mission  ;   ce  général 

acquitta  parfaitement.  Il  adressa  au  roithrac 

discours  où  ,  lui  rappelant  avec  franchise , 

avec  modération,  tous  set  tortj,  il  rengageait 

réparer  au  nom  de  Fhonneur  et  de  ses  pr 

iniéréts.  Scuthès  parut  se  repentir;  il  accord; 

partie  de  ce  que  Tarmée  demandait,  et  qi 

pcrsonnellemeni  Xénophon  d^un  talent ;mais 

ci  fit  part  de  celte  somme  aux  soldats ,  ga 

pour  lui  si  peu  de  chose  quHl  fui  obligé  de  v 

son  cheval  et  ses  équipages  pour  subvenii 

frais  de  son  retour.  Un  de  c^es  amis  lui  dit  il 

occasion  :  u  Quand  tous  les  dieux  se  réuni; 

^  pour  vous  enrichir  ,  votre  dcointéressemen 

»  dralt  leurs  efforls  superflus.  » 

Au  moment  du  départ  de  Tarmée  Xënc 


XÉNOPH  Otf,  191 

'  de  ne  poinl  les  abandonner  ,  el  de  conserver  \c 
"■'^  indcmeiit  jusqu'à  ce  gu'''  i'eàx  remis  enlr-e 

l^piatiis  de  ïhymbron.    On  s'embarcjtia  pour 
_^  e,  el  l'on  descendit  en  Lamyisaque.  Comme 
feiGrecs  Iravclrsaient  la  Troade,  un  riche  sei- 
nr  qui  retournait  en  Perse  Icntba  entte  leurs 
'na  avec  tuule  sa  f^tmille  et  toutes  ses  ricbcsses, 
étaient  immenses.  Celle  capture  dédommaf;ea 
^lienient  l'armée  cle  ses  peùes;  les  ofiSciers  et 
t  Hildals  mirent  à  pari  ce  qu'il  y  avait  de  nlus 
IX  dans  le  bulin  ,  et  rolFrirenl  à  }£énopbon 
!  une  marque  de  leur  reron naissance  ;  ainsi 
l^néral  se  vit  possesseur  d'une  forluue  consi- 

elraite  des  Gftc^  finit  à  rariherium  ,  ville 
;  ce  fut  là  que  Ïhymbron  vint  prendre 
DpmaDdement  de  leur  armée,  et  les  iticor- 
biis  celle  mi'il  amenait  pour  marcher  contre 
^enie  et  Pharnabaze.  Xénophoa  rapporte 
qpuis  l'«po(|ue  du  départ  des  Grecs  au  sortir 
ville  d'Èpbèse  jusqu'à  leur  arrivée  i  Cu- 
',  DU  le  combat  fui  livré,  ils  firent  uue  marche 
fei^cinq  cent  irente  iieiies  en  quatre-vingt-treize 
Hours,  et  depuis  leur  rtlour  du  lieu  de  la  bataille 
(jà  Colyore,  six  cent  viiiHt  lieues  en  cent  vingt- 
4eili  jouis;  en  tout  le  chemin,  tant  pour  aller 
i'Jpie  pour  revenir,  fut  de  onzecenl  cinquanle-cinij 
neaes  dans  l'espace  de  cinq  mois,  y  compris  les 
ionn  de  repos.  On  a  épuisé  toutes  les  formules 
d'admiration  pour  relever  la  gloire  de  celle  re- 
te*ile  i  un  seul  mol  de  Marc-Anioine ,  célèbre  ca- 
piuine  romain,  en  est  le  plus  bel  éloge;  pour- 
suivi long-temps  après  par  les  Panlies  à  peu  près 
dans  le  mt'me  pays,  et  se  irouvanl  dans  uu  pareil 
danger,  il  ^'écria  :  «  U  relraite  des  dh  mille  !  " 

Après  a  voir  quille  raimée  donl  ilavnil  élé  Icsau- 
Tnir,  Aénophon  ne  se  pressa  pas  de  retourner  dans 
ta  p.ilrie;  il  venait  d'apprendre  lejugemenlodîcux 
que  les  Alhémeus  avaient  rendu  contre  Socraie^ 


son  maître  et  son  ami  ,  rt  ce  crime  «  CDitlni 
tout  le  peuple  assemblé,  lui  inspira  toujours 
coup  (l'éloignement  pour  le  séjour  d'AtV 
d'ailleurs  il  piésumail  avec  raison  qu'il  n'y 
pas  vu  d'un  bon  œil,  apr^s  Avoir^er\*i  un 
ami  de  Laccdcmone  et  mérité  la  reconhai 
de  celte  république.  Ce«  motifs  le  délermii 
*  à  se  joindre  au  roi  de  Spaite  Agésilas ,  qui 
alors  la  guerre  ei^Asie  contre  le  satrape 
phcrne.  Xéno[>hon  devint  l'ami  et  partag 
travaux  et  U  gloire  de  ce  grand  r;ipiiaine  *  < 
nous  a  transmis  les  hauts  faits  dans  ses// 
çucs.  Un  ordre  des  éphores  ayant  rappelé  A, 
dans  la  Grèce  ,  Xénoplion  le  suivit,  et  cor 
auf)rès  de  lui  dans  les  plaines  de  Corônée 
de  Béotie,  où  ce  prince  remporta  une  vict< 
gnalée  sur  les  troupes  réunies  deThèbes,  d' 

j    ■  et  de  Corintlie. 

1  Quelque  temps  aprè*  les  Athéniens  coi 

nèrent  Xéuophim  à  IVxil ,  jaloux  sans  dout< 
préférence  qu'il  accordait  aux  Lacédémo 
mais  ces  derniers,  pour  le  dédommager,  lu 
nèrent  une  habitation  à  Scillonte  ,  ville  du 
ponèse.  Les  Eléens  démantelèrent  cette  vill 
ques  années  après,  et  Xértophon  se  retira 
rinlhe  ;  mais  il  revint  à  Scillonte  quand  elle 
rétablie. 

Le  domaine  de  Xénophon  était  cônsidé 
il  en  devait  une  partie  à  la  générosité  des  1 

I  moniens  ;  il  avait  acheté  l'autre  pour  la  coi 

à  Diane  ,  et  s'acquitter  ainsi  d'un*  Voeu  qu' 
son  retour  de  Perse.  11  réservait  le  dixième  c 
duit  pour  l'entretien  d'uti  temple  qu'il  avait 
truit  en  l'honneur  de  la  déesse ,  et  potir  un 
peux  sacrifice  qu'il  renouvelait  tous  les  ans 
son  histoire  de  l'Expédition  dujtune  Cyrus- 
*'\  phon  nous  fait  lui-même  la  description  de  s 

bltation  et  de  cette  fête  solennelle» 


1 


I.;"  ' 


ladé  que  ia  ctiassc  est  l'exercice  le  plus  propre 

préparer  aux  fatigues  de  la  guerre.  ^  f. 

y bîlosophic  de  Xénophoo  n'avait  pas'  le 
le  celle  de  ces  hommes  ciui,  faisant  un  métier  de 
noble  étude  9  se  croyaient  obligés  pour  s'at- 
r  des  auditeurs  d'attirer  sur  eux  les  rc^arjs  ^  < 

p. singularité  de  leurs  manières»  de  levrs  opi- 
I  et  de  leurs  di^cour^  Siniple  et  sans  fanl ,  I4 
ine  du  philosophe  de  Sculonte  n^avaî*  pour  -.^  CJ 

;ue  Tulile;  c'était,  comme  celle  de  Socrate  »  jt^  i'f 

ibil(ftophie  pratique  qqi  1  ne  s'occupant  que  '** 

ucs  morales ,  économiques  tt  politiques ,  se 
ait  à  la  portée  de  tous  les  hommes  doués 
1  nature  d*un  sens  juste^et  droîL 
io  d'al&cier  dans  ses  écrits  une  sagesse  qçe 
lions  eussent  démenties,  Xénophoii  se  con- 
lit  aux  préceptes  de  conduite  qu'il  avait  se- 
bos  ses  diderens  ouvrages,  et  l'on  retrou- 
ans  sa  conversation  la  douceur  el  TélégaDce 

admirait  dans  son  style ,  et  qui  lui  valut 
nom  à^Aùei/ie  atU^ut,  Le  récit,  cte  la  fameuse 
le  des  dix  mille  nous  a  déjà  convaincus 
!a  tête  d'une  armée  il  savait  allier  h  la  pli^ 
e  modération  une  patience  et  une   ferpieté 


I 


*i9-i  XKNOPHON. 

h  AlliènM.  Ce  \punc.  homme,  après  avoi 
prodiges  de  valeur,  périt  à  la  lia'aille  i 
'née  ,  rniporiaiil  avec  lui  la  gloire  d^'^l 
trois  gurrric^rs  ()ui  passèrciil  pour  avoi 
coup  morlcl  à  Kpiimiiiondas. 

Xéiiophon  (tflrait  un  sacrlfire  an  mo 
relie  funeste  nouvelle  lui  iut  aiinoiM'éc;ili 
visage,  il  r^te  la  couronne  (\u\  luicci^naii 
niais,  apprenant  que  Giylli:»  riail  morte 
d'honneur,  il  reprend  !»a  dir^nitc  ,  repo* 
ronne  sur  sa  telc  .  sans  verM*r  une  larme 
liniie  le  sacrifice.  On  loi  parlait  un  jour 
pefte;  U  s»;  conteiila  de  répondre  :  «*  Je  i 
mon  fds  était  mortel.  »  U  tiohvail  peu!- 
témérité  à  Marner  de  pareils  iraiis  ,  puis 
tiquTtc  les  admirait  ,  et  quMIs  éi aient 
mœurs;  mais  nous  devons  nous  feliciitT 
les  neutres  tteles  admcltenl  point:  tant  (le 
loin  d'exciter  Tadmiraiion,  passerait  pai 
i  ./^  pour  insensibilité. 

A  tous  ses  titres.de  gloire  Xénoplio 

encore  celui  d'liislf»ri(  n  elégaf  t  et  judi 

■  fut  par  le  conseil  d'isocrale  «pi'il  entrepri 

riiistoire  :  jamais  liorninc  ne  lui  mieux  c 

et  personne  n'a  donné  de  plus  beaux  Tn< 

cette  belle  simplicité  qui  c(»nvient  au  gei 

lique.  Constamment  ami  de  la  \érité,   il 

.j;  de  p(îine  à  y  conformer  ses  récils,  car  i 

'  ♦![  ■  porte  que  ce  qui  s'est  passé  sous  ses  yeux. 

.'!  4orien  ne  Tégale  dans  la  description  <U.s  b? 

fi;  les  retrace  en  grand  capitaine.  Il  n^a  p;is  l 

I '•'  coloris  d'Hérodote,  le  nerf"  et  la   piofo 

fy  Thucydide;  mais   il  atteint  le   plus  sou 

\  I  diverses   qualités  qui   assurent  à  cbacui 

historiens  une  supériorité  différente.  Se 

nii^bes^  qui,  sauf  un  intervalle  de  quelque: 

font  suite  à  l'histoire  de  la  Guerre  du  Péi 

écrite  par  Thucydide  ;  flni^scul  à  la  mor 


vi 


I  ■ 


M 


Xés  OtiH  ON,  tcfi 

blas',  lui  fui  Ic^  facroi  de  Xcnophon.  On  regretta 
feé  celte  prpférence  exclusive  ait  empi^ché  l'his- 
prïen  de  rcixlre  la  même  justice  à  Epaminondas, 
^  -»!os  habile  el  le  plus  verlueuic  capilainf  de  son 
M.  L'hlsioire  mY Expédition  du  jeune  Cyrus 
%^Keu  i  un  reproche  du  même  genre,  maîi 
ou  sens  contriiire.  C'est  avec  pehie  que  Vo» 
Msaee  Xènoplion  représenier  comme  le  mo- 
tlea  héros  un  prince  qui  Icrnîl  l'éclat  dé  *es 
-lus  par  la  plus  coupaole  ainbiliun.  Ccl  ou- 
Bge  n'en  est  pas  moins  nu  vrai  ciipf-U 'œuvre 
itorique ,  l't  le  plus  piécîeux  moniimenl  de  l'art 
îKlaire  r.hez  !c5  anciens.  Xénophon, presque lou- 
nll  en  scène  ,'v  paile  de  ]ui  avec  une  candeur, 
W  modestie  admirable;  philosophe  sans  fasie  , 
raconte-ses  exploits  avec  simplicité;  il  ne  pré- 
ijt  pas  que  la  posiérilé  ne  les  redira  qu'avec  en- 
ftnsïasme..  Un  a  beaucoup  discuté  et  I  on  discute 
tore  sur  le  rang  qu'on  doit  assigner  a  la  Cyra- 
llis/oire  ilu  grand  Cyfus,  de  Xénophon; 
'onl  voulu  voir  qu  un  roman  dans  cet 
ivrage  ,  el  les  auires  y  ont  lecûiinu  toutes  let 
çiittés  requises  pour  une  liisloirc  ;  il  est  plus  juste 
1  lenir  le  milieu  entre  ces  deux  opinions,  fie- 
rnchez  ù  \d  Cyiii/tédie  une  f}ule  de  conversa- 
fat  ,  lie  discuuiâ  i^t  de  partitularilés  pi^u  con- 
'BOes  à  la  vérité  incali"  ;  ôtez  en  plusieurs  épisodes 
i  tiennent  du  rojnan  ,  et  il  restera  encore  anf.z 
^driails  pour  former  un  corps  d'hisioire  plein 
dienlté  et  de  vraisi'mblance  (i). 
■au  ce  qui  ne  fait  pas  moins  d'Iionneur  i 
Doplion  que  toin  sei  ouvrages,  c'tst  qu'on 
Soit  reux  de '1  huey.liJc.  11  ne  uislail  qu'un 
'  lanuscnt  Je  17/j'muA<;  de  lu  guare  du  fé- 
Ise;  il  loiuLa  enl.c  ios  n.^iii,  d^-  Xéno- 
:  celui-ci   pouvait   naindre   un    li^al    aussi 

H(lîTo/tià  ce  mjci  !i  Vie  de  Cyrui  ,  pi^c  i  de  te  t. 


196  XIÉNOPHOV. 

dangereux  ;  il  était  en  ton  pouvoir  do.  le  ce 
ner  a  l*oubli  ;  mais  une  telle  ba^esse  était  i 
de  lui ,  et  il  transmit  Thucydide  ii  ^  po$U 
Xënophon  mourut,  à  SciDonte ,  âge  de 
quatre-^ingt-dix  ans ,  la  i^'  année  de  1 
olympiade,  trois  centsoixanlc-uii  ansavanl 
deux  ans  appris  ta  bataille  de  ManliBée. 


'ttoPiDAS,  TiIt  (l'yippoeliis ,  ^tait  issu  d'une  d«s 
FCmièrrï  f,i<nili'«  île  Tlirlx^»;  il  vivait  vers  l'^n 
^#4it  DiiUo  hrf.  Fort  jt'une  rticor«,  il  devint 
irunL-lBimciisc  fortune:    mais  il  en  fit 


PELOPIUAS. 


PELOPIDAS, 

G  KK  #.  R  A  I.       T  It  ÉB.A  I 


<i y\m  b«*l  uiigc,  cooMcmnl  une  parue  de  t?f 
imessri  à  recuurir  ses  amis  ei  les  citoyen»  ver- 
lui  ei  in<iigi'nii.-E|MinitiEindâa,'  malgré  sa  pan  ' 
Klé  eL  l'élroîle  amitié  qui  Tunis^iail  à  Télopidas, 
;>-cogilaiiKneat  ses  bienfjiilt  ;  mois  s'il  ne 
à  l'opulence  (la  snn  ami  r 
pctii  dire  que  cèlul'-ri  s'astoria  voinniijîfeaif  nt 
la  pauvrelù  d'iipaiiiijiniKUs  ,  en  lii^iljî^ii^iiit  k's 
incs  su|tL'r[luilé%  qu'il  aurait  jn  se  gnncurei'. 
tlD  simplement  c.onimr- lui ,  P(My]iiJi..i  ne  se 
llfiinfjiiail  en  rieu  dusplu^piuvres  liloyi'ns  \}fiv  ta 
anmte  de  Tivre  ;  »  l'enennile  de  ,'On  illufltr'» 
Dfrteinr[Kir>iin,  il  pratiquait  l'eûtes  les  venus  ;  iruis 
piiêrement  adnmé'  aux  exerrices  du  cuip» ,  il  i.r 
tflageail  p.is  nrcc  lui  le  gcttll  deverU  ,  l'aïuour 
Ih  leiires  H  de  1»  pliilrisf>;ilrie. 

nd<  hMnï'fs  (wt  imde  Ituri  jiius  beaux  liin'f 
;loir<-.  Ub  p.i.cfiururt.il  l».is  dfHK  la  mfi.ie 
l<-ic;  lousd.'iisfi^tenl  p'.at.'S  à  la  Ic'e  du  gnu  ■ 
icmeni  ,  ei  DansfL'  poiie  ,  nù  laiildi;  cortjout'- 
s  dfliidli'sii^iul.lilen;  Jeviùr  luire  naître  erHr« 
tui    uiiUe  oi:c«ii4iis  de  rivdUlé,  m'.lk:  sujeu  dn 


n 


1 98  PBLOriDAS» 

ijiirrelles ,  jamais  ils  ne  se  n^nti  ^rcnt  aco( 
ati  plus  léger  mouvement  d^cnvie  ;  jaii 
mnindre  nuage  ne  vint  troubler  leur  bonn 
iigence.  Leur  aniilLé  nVtait  pas  de  ces  I 
pollliqucs  que  rnmbihon  commence  et  qii 
nilion  détruit  ;  mais  elle  avait  pour  base  11 
ripa  inaltérable ,  la  vertu»,  qui,  les  dégag 
louè^ntérél  personnel,  les  animait  h  servir 
trie  dans  la  seule  vue  du  bien  public. 

Pendant  que  Thèbes  gémissait  sous  1 
odieux  de  Sparte*  et  de  la  faction  aristocr 
Pélopidas  fat  exilé  à  cause  de  ys  liaisons  ; 
chefs  du  parti  populaire.  Il  se  retira  à  Al 
qui  avait  offrit  un,  asile  à  tous'los  Thébain 
vaient  bannis  les  tyrans.  lUal^^é  -sa  jet 
il  riltvii  le  gouragf»  de  ses  coirpngmuis  < 
♦nue,  et  It^ur  fjl  •nircvoir  la  possibilité  de  < 
bur  patrie,  s'il?  vouLicnt  leiKer  un  gc 
rifort  pour  la  liberté  :  «  Imitons,  leur  di&a 
u  dévouemcfit  de  ïhrasybule.  Ce  fut  dje  ' 
»  qu'il  partit  pour  cliasser  les  tyrans  qui 
'M  maient  Athènes  ;  parlons  d'Ath^.nes  po 
»  briser  les  fers  de  1  ticbes^»  De  pareils  d 
font  naître  dans  le  cœur  des  bannis  ur 
qu'ils  vont  s'empresser  de  réaliser  ;  ils  t 
rontrç  ]ch  oppresseurs  de  leur  patrie  un  c 
dans  le(ji:el  ils  fo-nt  entrer  les  partisans  ci 
brrté  que  Thèbes  recelait  encore  dans  so 
Phillidas,  le  plus  zélé  d'entre  eux  ,  avait  s 
muler  assez  profondément  ses  pensées  pc 
tenir  la  confiance  d'Archias ,  1  un  des  ty 
Thèbes  ,  et  pour' devenir  ,  à  sa  rocoinuMUi 
secrétaire  de  leur  conseil.  Il  entretint  d'ui 
lelligences  avec  les  bannis,  fut  instruit  d 
desseins,  et  en  dirigea  l 'exécution.  Uouze  h 
de  la  plus  florissante  jeunesse  ,  à  la  UHe  d 
se  distinguait  Pélopiuas,  sortirent  d' Al  In 
«utrèrent  un  soir  à  Thèbes  déguisés  en  i 


P  É  L  O  P  I  D  A  5.  I  yg 

I    ipwUiDI  dei  iiwlruinens  de  chasse,  Dans  ceiir 

W"  Mirée  Pliilliilas  Jnnriail  un  grand  rcpag  ji 

el^M  dipfs  de  h  lymniiiy,  et  n^avait  pas  ni 

(é J'y  invifiT  Arcllias.  Pour  les  attirer  plussûrc- 

•Wdâns  le  piège  ,  il  avait  promis  de  faire  venir 

•  cour Ds.i mies  à  la  fin  du  repas.  Les  conjurai, 

Utnbre  de  nuaranle-huir ,  s'élaiciil  cachés  dans 

«jisD»  de  Charon  ,  l'uu  d'euï.  Le  fesiin  donné 

^fhiliiJas  commençait,  lorscju'Archîas  reç.nt 

fie  la  conspiration  :  on  ne  lui  en  donnait  cjue 

détails  as^ez  confus;  seulement  on  lui  indi- 

lï  Je  citoyen  fhez  lequel  s'étjienl  rendus  les 

ijorés.  Il  mande  Cljaron  ,  et.  sort  pour  aller  i 

Kncontre.  L'air  de  sincérité  de  ccl   homme, 

I  ignorance  apparenle  du  projet  dont  on  lui 

|e,    et  surtout  les  discourt  de  l'hillidas  dissi- 

t  pleinement  les  soupçons  du  lyran.  Il  renlie 

1  ïs  salle  du  festin  ,  Rt  reçoit  bieniôi  après  des 

Iches   venant  d'Athènes  ,  dans  lesquelles  cin 

l^teloppaiL  tout  le  plan  de  la  coujpj^allon.  Lt:  - 

lawr  le  pressed'enprcndre  lecture, disant  qu'il 

t  d'une  affaire  qui  ne  peut  se  lenirtiri'  :  "  A  di:-  * 

)Uin  les  affaires  sérieuses ,  »  r^^piind  Airliias  en 

liant  la  lettre  sous  son  coussin  ,   et  [\  coniinue  , 

»elivieraui  plaisirs  de  la  iJile. 

{nfin  ,    une    partie  des   conjurée! ,  d'''giiisra.  jm 

nneA  rt  le  visage  rimbragcp.ir  d.'srouruiinc.i  Je 

p-set  de  feuillages,  so  présenie  à  renlièe  de  la 

e  :  les  eonvivi's,  trompés  parleur  cgstume,  les 

netllent  averjoie.  Jlaisleurerreur  fui  decourle 

<ée:  les  ii:>uienux    venus  se   font  connaître  en 

gnnidaut    Arcllias    et   les  siens  ;     les    autres 

Mopldrr.i'olil'in't'^nas'im  succès  aussi  fuile  du 
CCI.  it.v".ll.iilpr.rlé:  il  avait  entrenns  de  sfi  dé- 
fi Je  Léouiidas,  le  (il.s  redouialde  àvx  lyrau.-. 
mnie  .'oUre  e1  \i};ilint,  Li'onlidas  avait  refiss 
se  rendre  àTinviiatiou  do  PliiUiJas,  et  n\uxl 


sortir  ceux  que  leurs  scntimens  patriotiqursa 
rendus  susj^erts  aux  oppresseurs.  Tous  les  cil 
s'armeni  et  se  disnosen!  h  défendre  au  péril  d 
vie  la  liberté,  qu  une  poi^rncc  de  bannis  ver 
^oncjuértr. 

IjO  leidemnin  Pélo^Mdas ,   n<^n:T?ié   ln'ota 
iî5»iji  .'•"   ?)re.senlt:  dfvar^t  la  (Itidclle  de  Tlicbe.s  ni 

'î  a'1  k       *■  Il  • 

I  ^;[^  E>  {.tj.imfi.*^  0:1  l'îïil  roirjnriléc  ki  gnrm's'Mi 

»  ^Jérnonienne.  Serouru  àcs  Athéniens,  il  ea 

'y  te  siège  avec  activité  peur  ne  pas  laisser  i  t 

12  Je  temps  d'envoyer  dn  secours.  La  garnison  i 

tenir  long-temps  ;  elle  livra  h  ciiadelie ,  et  > 
des  Thébaiiis  la  permission  d'effectuer  sa  rc 
C'est  ainsi  que  Thèbes  dut  sa  délivrance  â 
pidas. 

^n'on  se  figure  l'iiumilial  ion  et  la  furei 

Spartiates   h  la  nouvelle  de  cette  révolutior 

}  personne  n'avait  prévue.  Résolus  de  châti 

j;i3^f  Thébaios ,  ils  mettent  aussitôt  une  »i'mëe  en 

I*  ^  ^agne,  sous  la  conduite  de  Ctéombrote ,  V 

eurs  rois,  J^'entrée  des  Lacédémoniens   d; 


il'  l 


P^LOPri)  A  s.  2tfl 

tiTi]iir,  n'eût  imagina  un  *l.(ilaf;(ir,p  <j«i  <)e>aii 
•»oir  pour  efiel  de  mcUrt  Ailié^it  »  aux  pQtes  avec 
Laahiémoae. 

Ck-ombrole,  aprè»  une  «mpagn*;  <iuî  ne  fin  si- 
^  I3l«;  par  aucun  succès  rna'i).i]nn) .  èlaîl  rpldiirné 
i5p»rl«,  laissant  àXtiPspifs.  villittr  la  [if n lie,  nnf 
taÔMoa  làcéàémonxfane  pour  lenîr  les  lliébain» 
reipecl.  Elle  élaii  romiD.-indée  par  Sphotli  i.u  , 
lime  (l'an  rararlère  enlreprena^tl ,  mais  ijnnl  la 
idence  nVf;alaii  pas  la  ralrtir.  Pélofiiil.is.  qui 
laifMÎi  le  faible  de  ne  ff-:éTa\ ,  se  Ecrvil  d'une 
indiiecle  pour  lui  snog^rcr  un  projet  don'  I» 
léritétlevair  npwssairrmrol  enflainnifr  «oniiua- 
■ntion.  Il  ne  »'.i|;TtBjit  rinr.  moins  nue  tle  ruiner 
im  reisource  Ailiènes,  la  redDutalile  rivale  de 
■.idémnae,  en  siirprctialit  le  Plrce  do  la  m^me 
ïére  que  rh^liîda«  jvbiI  na^tiire  surpri»  la  et- 
Ite  iê  Thèbe:.  S|)hoi1riat  accueille  e«  pro^rt 
Iramport,  el  d^s  U  nuit  prochaine  il  se  met 
""t  ih  ifle  de  ses  Iroufitfi.  Il  ealtt  djn» 
«■•'avance  juM|u'i  Elrasis^niusaux  pnt-' 
rayons  «du  jour  il  e^t  dt'cimverl,  cl  se  voif 
!  de  se  relirtr  à  Thespies  plus  vite  eiifo-c 
l'en  était  snrli,  sans  recueillir  d'aulit-  liuit 
n  entreprise  que  d'atliier  à  sa  patrie  iif.é 
.guerre  rude  et  opiniâire.  Iriiléi  d  'une  imaMon  si 
icotraire  aun  droits  des  gens,  lei  \',hèti'ten'  re- 
ïnnnvellenl  leur  alliance  avec  ïes'I'liéljaifi.^;  ils  f  ni 
4m  préparatifs  formidables  ciinlre  Lacédémi'iii',' , 
.«escitent  de  louscôés  les  villes  sujeire»n«  alliées 
,épr*Ile  répiiblinue  à  se  (l?chrer  r-ntrc  elle. 

Dans  ceite_conjnnct.i!e\;rsli,i.,r<)iid"S rois  de 

Sparte,  se  m't  à  l.i  lèlnli's  In. uni"   iIpsIiii/ps  à  ri— 

[  f.imprle)Tlicl.alns  Uavaii  JBM]i."M,ifs  ;ilianJoiirê 

'    isfffi  collèRtie  le  soin  li-  les  comlin're,  soil  (ji/il 

I    lit-   [lit   se   diss'miili^r  rinjnslice  de  relie  guerre  , 

mil  qu'il  (eg.irJ3(  les  TbéiiaÎQs  comme  des  ennr- 

Eiû  trop  peu  dignes  de  lui.  Dès  sou  entrée  dans 


IVlopidasl*  Tons  Ir.s  ]ii^\s  rc  gcncnjl  les  lucm 
rrrinririi.  M.jlgré  Timp.  l'iorîilé  i\v.  son  v.nrucU 
il  lour  apprenait  S  s\'in  "1er  ;i  propoî  dans  l( 
snrcès ,  'ornine  à  ne  pas  p(M(lre  romaine  rlansL 
rovors.  (le  fut  Ini  cpii  les  .M^roiitunia  peu  à  pr 
Lia  ver  ces  Spartiates  «ItTn;  ils  redoulnienJ-  la 
lÎMir  ri  pins  encore  l.i  :épntatlon.  Instruit 
les  fautes  et  les  exemple  r,  d'Af^^silas  ,  il  s'apj 
priait  rexpéiienrc  du  plus  h«ibile  générai  d 
(jrère.  Il  recueillit  dans  nne.des  cafnpagncs 
vantes  le  fruit  de  ses  travaux  cl  île  ses 
tiexions.  a 

Il  traversait  la  Déotie,  et  s^avanqait  vers  Thi 
h  la  tèto  i\i\  qneltpics  tioupes  ;  un  corps  de  L 
dtir.oniens  beaucoup  plus  n(»nibrcux  que  le 
reloiirnail  par  le  m^^me  chemin  ;  on  était  prè: 
la  ville  de  Tégyre.  Un  cavalier  Thébain,  qui  * 
rn  avant,  les  aperçoit  sortant  d'un  défdc;  il 
vierit  h  toute  bride  vers  IVlopidas:  «  Nous  som 
*  tornbcs^ntrc  les  mains  de  rennemi,  »>  s^é 
t  iW  —  u  Uiî  pourquoi  ne  serait-il  pas  lo 
»   entre  les  nôtres  ?  *>  rénond    frciidenienl  ce 


pr. I.  opi  II  K  s. 

tt  |KriIit  un  gr^iid  imtijhri'  An  li-ur 
ml  leurs  Jcuv  gen^-ranx  loml  rx  Koit 
>»  de  P<>loi>i Jii» ,  ï'ouviBèil  S'iii'  rTjii; 
^  poir  laisHT  ti;)v.ï.r  l'ri.ncmi.    Mai»  Ip  cJw'f 


rtvliaini,  nui  viiil  ns'cr  mJÎIrc  du  chanip  fit  ^ 
(Ile,  fond  de  nouvtjn  sur  eu»,  Iw  dtatûrie'' 
L  la  plaine,  et  voit  fuli  1»  Spailialei.  LacîiM-  , 
jCAil  (i'aulant  pluséloniit-p<ler«ri'veri,  (|u  elle 
|irt  jtmai.s  «lé  v^iincun  rn  b^Uiillc  rancnv  Un 
xpinît  riail  bii^n  Jignc  il'ftrc  Je  pi^luuc  ilr  la 

^  LdCcJi^ntoiiit^ns  syan)  conclii  aver  Ions  le.i 
a  Ud  iraili-  de  i>;i1x  tli'Ul  )r$  TlicbaitiK  Curi'ni 
►  FM'lus,  le  rni  CU'ntnbrotu  m;irrhii  ili--  nau- 
l  conitatiDi  A  la  li'to   il'uiic  .tiih-i'   ilr  mue 

thnmmes.  LcsTh^biitisii  .<>  r  ,,i  ,■;,■,  i.,  !  le 

baïUns  à  lui  mipo'seï- ;  I'.'..i  .  .  '.'  .  i  ".ii 
iai?ipritiial>!i;.  ^nn  Ejunili.         -  '  i  i 

(tt  avait  sous  «.■»  urdresPi-l  ■;  id^.: .  um  ^di  i- 
dul  le  balaillcn  sacré;  TbèL>cs  allaiLtlovur 
ïiTut  ail»  crF.-.rls  ré»uU  de  r:C^  ii-\,x  a- i>  <h 
mes,  IVl  ■.  .,.  jvn.!.,.  o  l'.-.î.ir,.  IV1„- i.i.s 
1  1rs  a.liciiï  .ir  s.,  k-unvc ,  <{.ii  .  ics  I.Mm.s  .v, 
,  lui  recomni;,t!,bil  ,Io  su  cc.si'e  vr.-  : ..  Voil^'i, 
ponJit  il ,  ce  nu'ii  fjui  icroraitian.ler  aux  sol- 
is ,  m..is  II-  iievoir  d^un  chef  c'est  de  vcillfi  au 
lut  dfs  iuties.  "    _ 

•a  S)>arlîii'cs  élaicni  camiié^  aujirè'  de  ta  vi!l> 
cucliTi.  Ep^minnnibf  voulu]  a[U<iiifr  sur  le 
tp.  Le  ci)mb.it  sVn^![;i-,  et.  a;iri''s  une  vÎjjmi- 
'  ré.isl.iin-  d.'  l.n  ,..,t  de-  ,„L%nds  ,  il  m>  h-r- 
à  ri.v..ut,i;.-  d,-s  TIu.I,.l1i...  Si  rVsI  .„x  sa- 
■s  d;s;i.-'.li.>:>^  .r|-:ipami:iond.i<i  .|u^o.i  doit 
;i.,,!,-,;u'i.l  ail^llr.cr  ,el!.^  vrloir,-.  i!  faut 
er„.ss;<iU.IVo|.id.,sy...n-,d,u:>  l.e,mro„i>  * 
3  piA-ision  i]u  il  mil  à  CMnulcr  les  nrJri-s  de 
général,  ft  smtout  par  riin^i-'.uo'.ilé  avec  U- 


les  vues  fie  son  coliè^'ue  dans  col ic  expéJil 
ti'cn  retracerons  les  détails  qu«  dans  la  v 
niinondas.  Sans  doulc  Fôlopidas  eu!  de  fi 
occasions  de  déployer  sa  Valeur  c\  son  h:) 
coutumées;  niais  ce  qui  est  encore  plus 
pour  lui ,  c'esl  celte  rare  nnodestie  qui  lu 
la  plus  grande  déférence  powr  son  collèg 
renient  hpapTïinond.is  aval»  plus  de  vertu: 
lensqTjc  lui;  mais  Péîopidas,  en  reconnais 
«unéTÎoiilé,  la  faisait  presque' disparaître 
IJne  loi  de  TKèbes  marquait  un  tern 
les  bcoiarques  devaient  se  démettre  de  I 
ri'ié  ;  ce  terme  était  expiré  pour  Epamii 
san  colli^guc  lorsque  1  armée  ibéuviine 
encore  le  réloponèse.  11  aurait  élé  d;»n 
donner  de  nouveaux  chefs  à  TarmcH: 
fin  d'une  expéJiliôn  impf)rtante,  qui  n' 
c»:é  suivie  dansles  mc^mes  vu<*s  pir  d'aut 
rj|ux,  ni  peut  être  avec  la  m^^me  coniian 
soldats,  hpamlnon  Jas  le  sentit  ;  il  gard. 
mindement  malgré  la  loi,  et  Pélop.idas 


PEtOPJBAS.  »o5 

irircu.'.i't  c<  mnie  luupable  iJ'avuîr  rouira 

■mer,  si  courageux  à  h  léle  Jcs  années, 
lira  hiblc  ilevayi  ses  jogi's  i  >1  rWrclia  Jei 
,  il  liescendit  aux  piièies,  et  fui  reuvoyri 
Kous  vi'nomqii'Epamiiioiiilas  n'imiti  yat 
ifiduile  pusillanime. 

odaiH  ie»  Jifférena  clats  de  la  Gt*eo ,  jaloux 
andeiff  présen le  Je  Thcbra,  s'étaient  ligués 
lu  pour  l'acraltierj  le  roi  de  l'prse  Ar— 
fol  même  sollirilé  Je  se  joindre  à  leur 
n.  Les  Thébains  ,  pour  prévenir  reffct  de 
^cialion,  riilaim^e  par  les  Sp-irtiates ,  en- 
II  Pelopidas  en  qualiié  d'ambasiadeur  ao- 
I  grsTid  roi.  Ariaxerxe  el  Inute  sa  cour  virent 

vail  précédé  en  Asie  ;  chacun ,  à  l'exemple 
Ire,  s'empressa  de  )e  combler  i  son  arrivée 
ûnciions  les  plus  llalleuses.  Mais  quand  on 
^me  d'apprécier  ce  ^rand  homme,  quand 
joui  de  sa  conversation,  à  la  fois  pleine  d<? 
de  vivacilé,  de  simpliriteil  de  noblesse, le 
mit  plus  de  bornes  à  son  estime  ,  et  ne 
joînl  aux  dépiiiés  des  republiques  rivales 
Érence .qu'il  accordait  à  t'dluâtre  ihébain. 
ile  négdcialeur ,  Pélopidas  obtint  pour  sa 
.oui  ce  qu'il  désiraîl ,  et  (juilta  la  cour  d'Ar- 
:  aussi  satisfuil  du  roi  q<ie  ce  priuce  pou- 
èlic  de  lui.  t>c  riclies  présens  lui  avalent 
?ris  ;  mais  il  n'en  accepta  (jue  ce  qu'il  fallait 
mporlcr  un  gage  de  la  bienveillance  du  roi. 
conduite  désiiiléresséo,  et  le  succès  de  sa 
n,  ne  contribiièrcnl  pas  peu  à  augmenter 
sîdéraiion  dont  Pélopidas  jouissait  parmi 

IKlour  dans  s.i  patrie ,  il  se  mit  i  la  tête  des 
(li(*ns,  qui  él.-iient  venus  implorer  l'asMs- 
de  'llièijus  contre   les  injustes   agrEjsIow 


j^  cu'('.:isioii  iHf  lai'ua  pas  a  se  ])rfsrnicr. 
néial  llii''I»ain,  rnvoy('î  on  (jualilé  8\imba 
aupris  (i'Alcxandro,  a|»;>n*nd  quo  le  tyran 
t^  le  rcrovoir  à  la  iCic.  «l'une  armée  nonil 
nr^anmciins  U  se  présente  devant  lui  san.s  ( 
se  l'ioyanl  assez  gardé  pir  le  respect  <L^  à 
r^rl^re.  Alexandre  le  fait  arrêter  et  ron 
Phères.  Il  ajoute  encore  rinjnsticc  à  Touli 
expose  en  sperlacle  son  |>risonnier,  espér 
re  moyen  abattre  sa  fierté.  Mais  Pélopidas, 
de  se  plaindre  de  son  malheur,  console  It 
tans  de  Piières  cjuela  curiosité  attire  dans  sa  < 
«•t  leur  promet  (}ue  le  tyran  subira  bientôt  l 

'ment  de  ses  crimes  :  u  Uiies-lui,  ne  cessai 
i>  leur  répéter ,  dites-lui  de  ma  part  que  p 
»>  horume  accoutumé  à  verser  sans  nécessité 
n  de  tant  de  bons  citoyens  ,  c\*st  une  fol 
>'  f  irange  de  m'épargner,  moi  qui  ne  songci 
»  l(!  pmiir  si  jamnis  j'éeha]>ne  de  ses  u 
l'.lt'p.né  de  tnni  de  gr.*ndeur  d  Ame,  Alexaii 
(il  rô{-ondre  :  «  Pourquoi  Pélopidas  me  ptr 
•'  de  It!  faire  mourir  î* — Afin  que  par  < 
*>   nier  riirne  tu  attires  plutôt  si:r  loi  la  ven 

.«>   des  dieux  et  des   liomme«  » ,    réplitpia 


s  de  cavalerie  seulement  consentent  a  le 
et  cVsr  à  la  téle  de  celle  faible  escorte,  k 

viëniuMit  se  joindre  quelques  troupes 
th^ssalicns,  qu  il  ose  prendre  le  cliemin 
sale,  on  le  tyran  a  réuni  toutes  ses  foict»a. 
IX  armées  se  rencontteni  dans  unp  plaine 
e  de  cal  Un  es  (lu' on  nommail  Cynocéphales. 

que  IVlo^ndas  vcni  eni^agor  le  combat; 
on  lui  roprésenle  conilien  r^rmée  d*A- 
e  est  supérieure  on  nombre  à  la  sienne  : 
mieux  ,  réplique- i -il  ;  nous  aurons  plus 
leniis  k  vaincre.  >*  Ce  mot  ne  fut^  point 
ne  bravade.  Son  habileté  à  mettre  à  proul 
ige  du  terrain  et  les  fautes  de  son  adver- 
oii  impétuosité  dans  Tac  lion  ,  qui  semble 
ler  ses  lorces ,  avaient  presque  décidé  la 
;  déjà  le  désordre  commençait  à  se  mettre 
os  en  Remis;  mais  dès  que  Pélopidas  aper- 
îxandre  entouré  de  ses  gardes,  transporté 
ur,  il  s'élance  imprudiruiment  contre  lui , 
be  sous  imc  grêle  de  traits.  Ses  soldats 
à  son  secours;  il  n'était  plus  temps;  un 
avait  traversé  sa  cuirasse  et  percé  sa  poi- 
es  Thébains  vengèrent  noblement  ta  mort 


MU    11^1  l^9t 


Quel  jugement  porter  de  Pélopîdas?  Il  e 
•doué  de  toutes  les  veitus  du  citoyen  et  du 
rier  s'il  eûi  su  modérer  l'împéiuoàité  *c!e  '^o 
r.iclère  ;  digne  émule  d'Kpamiriondas,  il  Teilt 
^ire  ég^Ié ,  si  IVtude  *et  la  réflexion  eusstuit  p 
tionné  les  grandes  qualités  qu'il  avait  rfçues 
juilure«  * 


«>«* 


KPAiriSONDA-Si 


30B' 


^AM  INONDAS, 

fréséRAl.    TnrBAIN. 


bSllAS,  qui  Jpvait   encore  plus  due 
Bnlritiuer  à  IVirvaiioti   de  sa   patrie, 
plions  ei  aux  vertus  qite  possédait  son 
g  les  (jualilés  q<ii  lui  manquaient,    et 
ltslC'g^[esiin[terfi'CliQnsc|uiilé[>3raieffl 
|ffi'4Clère.Qa(>i'[ui>  d'il  ne  famille  pauvre, 
fe'le  cédait  pis  à  celle  de  IVlopidâs  ; 
"■"^fcrofjmnis  ïOD  pdr«,  de  l'antique 
iféoiie.  Son  MucaïKm  ne  swifti-il 
fia  nioJirilé  ilf  sa  fortune;  aucun  ïlic- 
i^îlrrs  i)lus  illjsiros,  et  ne 
i  liien  lia  leurs  leçuos:  ils  ne.  pouvaleiil 
^ia4%esoiti  nu'KpamlnonJas  avait  de  s'-iiw-   . 
.  Hten  n* égale  k'  tendre  allachement  qa'il 

Ëeux,  ef  p.irilculièreinent  pour  Lysis, 
fèie,  dont  il  préférait  la  ctinu'rsation  à 
misemens  de  son  3gc.  II.  canserva  îou- 
:,  )''paniinoiida5,  tout  p,'iUMC  qu'il  était 
mtoe,  lui  offiil  un  asile  dans  sa  tiiiiison  ,  cl. 
Il  (jiie  >écni  ce  philosopheiljiarlagca  avec  lui  le  ' 
a  qu'il  possédait. 
Ce  lui  dans  les  ffëquens  entretiens  qu'il  eut  a' 


'sis  cpjM    se  pénélia   'l«s  idée«  subli 
Terne  i. 


18 


«i!i» 


<AIO  iPÀM  INONDAS. 

Pythagorc  avait  conçues  de  la  vertu , 
vertu,  qui  brillait  dans  l^  moindres  aciio 
minoncfas,  le  rendit  supérieur  à  tous  I 
qui  Tavaienr  devancé.  Les  arts  d^agrën 
étaient  aussi  honorés  chez  la  plupart  des  ( 
dédaignés  chez  les  Homains ,  firent^aussi 
son  éducation  ;  il  excellail  dans  la  musiq 
négligea  pas  non  plus  les  exercices  du  co 
s'y  livrer  avec  autant  d'ardeur  que  Pélop 
g^ant  la  souplesse  plus  propre  au  guerri 
lorce ,  il  s'attachait  particulièrement  à 
rendent  le  corp&  agile. 
.  Aussi  brave  dans  les  combats  que  Pi 
il  le  surpassait  en  sagesse  dans  les  co 
l'égalait  en.  modestie;  non  moins  temj 
ne  se  laissait  pas  emporter  comme  lui  p 
gfge  de  la  colère;  il  supportait  avec  une 
admirable  les  injustices  du  peuple  et  les 
SCS  amis  à  son  égard.  Il  était  si  ennemi 
songe,  qu'il  ne  déguisait  jamais  la  vérité , 
plaisantant.  Tl  possédait  unequalitéplusu 
être  que  le  talent  de  la  parole;  c'éi ail  uned 
^  toute  épreuve.  Appliqué  à  Tétude  des  1 
il  consultait  les  plus  éclairés  ,  et  obse 
autrej  pour  profiler  de  leurs  écaris.  JL< 
XÏei^  graves  et  sérieux  avaient  beaucoup 
pour  lui  ;  aussi,  lorsqu'il  se  trouvait  dan 
cfc  ou.  Ton  discutait  quelque  point  dé  m 
politique  ou  de  littérature ,  il  prêtait  la  pic 
a^ttention  ,  et  ne  se  retirait  que  lorsque  la 
sation.  était  épuisée  :  il  aimait  mieux  éco 
parler  ;  mais  qiiand  son  tour  venait  ses  r 
étaient  pleines  de  justesse  et  de  profonde 
les  occasions  d'éclat  surtout ,  lorsqu'il 
de  défendre  les  intérêts  de^sa  patrie ,  ses  ' 
étaient  promptes,  vigoureuses  et  précisa 
iiôdaignaiti  pas  les  crnemens  de  l'ait  d  as 


:ÉPAKINONDA.S.  ALL 

n  ^u'i!  prononçait  jn  public  ;  maïs  on  y  <ié- 
liltoujours  l'éloquence  des  grandes  âints. 
Sa  maison,  ilil  M.  Barlhélemy ,  qui  nous  a 
^le  périrait  des  grands  liotiime»  de  la  Grèce 
ine*'il  eût  vécu  avfc  eu»,  sa  maison  ûiail 
rs  l'asile  (jue  le  sanci  uaire  de  la  pauvreté  ;  elle 
aait  avec  la  joir  pore  de  l'iniiucence,  avec 
X  inaltérable  du  bniilieur  ,  au  milieu  des 
FM  vertus,  auxquelles  elle  prêlait  de  nonvellç» 
El,  H  qui  se  paraient  de  son  éclat  ;  elle  y  ré- 
it  dans  un  dénuement  si  absolu  ,  t^u'on  aurait 
i  peine  à  le  croire.  Pr^l  à  faire  une  irruplioa 
Te  PëlopouÉse,  Epaminondas  fut  obligé  de 
tiller  à  son  équipage;  il  emprunta  ciui^uanle 
ih^es,  envirnn  cpiaranlc-cinq  francs  de  notre 
iiraie  ,  et  c'élail  à  peu  piès  dans  le  temps  qu'il 
lait  avec  iadignariun  riaquanle  pièces  d'or 
n  prince  lie  Thessalie  avait  osé  lui  ofb'ir.  >* 
fl  AuLre  exemple  sera  le  dernier  Irait  de  ce 
|)epui5  plusieurs  jours  EpaminQiidas 


dans  le  besoin  ,  bon- 
is éles  riclic.  »  tJft  dff 
citoyens  était-il  prisonnier  de  guerre  j.saii» 


'■**  llnée  les  amis  généreux  qui  avaient  con 

rbtte  henné  action.  De  pareils  trait  s  ne  : 
moins  glorieux  ponr  ceux  qu'(î)paminontlc 
F^it  de  son  amitié  que  pour  ce  grand 
lui-même. 

Un  cerlarîn  Diomédon  de  Cyzique ,  e 
Thèbes  par  le  rôi  de  Perse  Ariaxerxe  ,.éta 
d*offrir  de  grandes  sommes  d'argent  àEp 
das  pour  le  mettre  dans  lea  intérêts,  de 
narque  ;  afin  d^obtenir  plus- facilement  aco 
de  lui 9  Diomédon  avait  gagné,  par  un 
considérable ,  un  jeune  homme  qu^Ë^n 
afTectioonait  beaucoup,  Micyilms ,  qui  en 
6iré  part  à  son  illustre  ami  du  motif  qui 
IKoiHédon  à  Thèbes.  Ëpaminondas  le  fai 
ti  Ëroutez ,  Diomédon ,  lui  dit-il;  •  si  les  vi 
H  \  axerxe  sont  conformes  ar  x  intérêts  de  nr 
•n  je  n'ai  pas  besoin  de  ses  présena;  si  eK 
>*  sont  pas  ,  totis  lies  trésor»>de  son  empir 
.|.  M  feraient  pas  trahir  mon  devoir.  Vous. a 

»  de  mon  cœur  par  le  vôtre  :  je  vous  le  pa 
'^  »  mais  sortez  au  plutôt  de  celte  ville ,  de 

\  ù  vous  ne  réussissiez  à  en  corrompre  d^a 

'  \  n  vous  ,  Micylhus ,  poursuivit^il ,  si  vous 


[f  vot  matiis  vuus  nV-lrti  |iliii  ilign^  iltt  le 

mne  n'éiaii  plus  rtgii)e  oLs<n-v;ii«ur  de»- 
ce».   UiiliooMiiE  Af  U  lie  (lu   peuple,  rt' 
débaucti»,  émit  dùttuii  rn  piiso».  Vé- 
.    ,    f»  ayant  iWiAndi^  la  grâni?  de  cr  miiifrsblc, 
iSpjminondas  la  lui  réfuta:  «Quel  «si  lemolifUe 
'  lile ,  hii  de(n:int]»  son  ami.  —  CVsI, 
paminonilas  ,  (ju'il  ne  ronvrnait  pac 
-liomnir  commf!  vniis  de  vous  inlercMcr  A 
lomme  tel  aue  lut.  " 

re  quand  Venercicc  de  s(^9  fonctïooi  le 
iMlaîi  ,  pn^oniie  n'^ltit  plHs  dntix  ,  plut 
Ur  daiia  la  «ootél^.  Zt^té  dijcipla  de  Pylhaf^a»,' 
il  imiiwt  U  fiiignlité,  il  srtait  interdit  l'ii- 
l|»  du  vin:  ceh  ne  î'cmp^rhait  iiïa-dr-  prendre 
pdrptrrâii  |iUcc  i  An  fralins  splendidt-a  ;  il  m 
vfagr^il  la  bii;  san*  en  parln(;i'r  tes  excès  ;  ioU' 
lai  ni^e  il  en  faiwii  \i'  rlwrmc  par  le  t.'ilfnl 
Hëfî lequel  il  muait  de  li  El0i«^  fttijm-iiii  jjtvoU 
|l«»>r.d<-blyre. 

'  Mais  r.'csl  assez  longtern;i?  s;ii\rc  Hiiaminondas 
rie  piivi^e  ;  rlienlioin  m.tiutcnant  â 
e  en  lui  Id  maj^istral ,  le  géni'^tal,  elnoiis 
is  toujours  l'howiic  verliiciix,  car  il  ne 
1  |iiinaia  de  cotiailici:  la  pnlilirjue  avec  \-i  jui- 
.  ,  el  la  (guerre  avec  l'hnmanilé. 
Avant  de  jouer  un  rtile  dans  te  gouvernement 
mit,  suivant  le  conseil  des  sages,  lonz-tcm{»i 
il  avaii  mieux  fait  enrore;  il  a'élait 
»»)  »V|al  de  la  rendre  utile  aux  autres.  Ce  n'est 
fM()u'il  nVdt  en  plusiriir»  nccasifins  signalé  ion 
lèle  pour  lu  cliose  publique  ;  'i'hi^bcs  n'avait  pniiil 
«a  de  meilleur  soldat  avant  de  l'aviiir  pour  ^étii'i 
IbL  Lors  de  la  délivranre  de  sa  palri»  il  s  éfciit 
Mil  i  la  l^tc  de  ses  condtnyens  pnur  seconder 
fièhipidas,  (jui  assî^graii  la  ^arnisiin  Spartiate, re- 
Inocbce  dans  b  citadelle  ;  mais  quoiqu'il  eilt  cté 


abattus  ,  et  qu  on  n  f ut  plus  que  aos 
liâtes  à  combattre,  alors  il  ne  vit  qu'un  ju< 
de  guerre  dans  la  révolte  des  Thëba.ns  coj 
élrangers  ,  oppresseurs  de  sa  patrie. 

Api  es  la  bataille  de  Tégyre  lesdifTi^rente 
bliquesdela  Grèce,  fa  liguées  des  maux  de  la 
avaient  résolu  de  terminer  leurs  différens 
mîable.  La  dièie  fut  convoquée  à  Lacédr 
Kpaminondas  y  parut  avec  les  autres  dép 
Thèbes.  Il  était  alors  dans  sa  quaranlième 
connu  seulement.,  dans  sa  ville  natale  par 
voir  et  ses  vertus  privées;  mais  la  Grèce  n 
çonixait  pas  enc#re  ses  talens  militaires  < 
tiqiies.    Voyant  tous    les   députés   plier   s 
volontés  du  roi  de  Sparte  Agésilas,  il  osa 
parler  avec  autant  de  courage  que  de  fr; 
Faute  de  bonnes  raisons  à  lui  opposer  ,  le 
démonicns    se   répandaient    eu     plaintes 
contre  les    Tbébains,   et    ne  s'cxpriraaiei 
avec  la  précision  qu'affectaienl  toujours  le. 
tiales  :  «   Vous  conviendrez   du   xnoin^ , 
»  Ëpaminondas  ennuyé  de  leurs  invecllv 
»   nousvous  avons  forcés  d'allonger  vos  m 
»  labes.  »   Ensuite  ,  reprenant  la  parole  ^ 


EPAHINOND  V5  2»5 

inondas  une  quesilon  enilurrsïsante  ;  ■■  Vuu« 

■"ajuste  rt  r.iisoiinable.   lui  <l.t-il,  d'ac- 

riniiépendanee  aoji  viUes  de  U  Bcotie;-* 

_  ,  répondît  le  Tliébain  ,  (rovez  voiij 

Innable    et  juste  Je  reconu.-iifre  celle  de  1b 

iconie?  —   Kxpli.iuez-ïoiis  neliemenl,  reprit 

.lEésiUs  endamnié  de  cidére;  je  vous  dcmandtt 

si  Tes  villes  de  l.i  B^ùlie  seront  libres  —  El  moi , 

nfpondftèri'mcalEpaminondas,  jevciusdemaiide 

jî  celles  Je  la  Laconic  le  seront.  «  A  ces  iiit>U 

éiih*  effaça  du  rraiié  le  nom  des  Thébains. 

îpaminondas  alhiit  bienlôi  relever  ,  tes  armes  ^ 

naia,  U  dignité  de  sa  pairie,  qu'il  .ivait si  bien 

'nae  comme  négomieiir.  Vue  aimée  de.  onze 

homraeSj  cninmaiidée  par  Clôombrfte,  se- 

Tçi  de  Sparfr,  éiail  eniiée  Jans  la  ïîéolie-, 

lisail  trembler  Ici  Thébains,  qui  n'avaient ijiie' 

lïIU?  bomjTies  à  liui  oppiis'-v.  Epaminoujas^lall 

r  ttle;  mais  comme  c'éi.iil  la  première  luis 

fOHimandail  ,  sa  préseiifc  ne  pouvait  enrorc 

irer   ses  soldai-  Lui  seul  ne  setnbTait  point 

flager   leurs  slarmf^s.  On  citait  àrf.  av^nrc^  sU 

-  es;   il  réponJlH-ar.un   vefs  dllumere  dont 

î  1p  sens  : 

nûUeui  dei  ptciigcs  cii  i1«  difcnilie  »  pxttici  " 
la  rapporta  ensuite  des  oracles  favorables  |  it 
Bccréutia  tellement  ,  qu^oiv  le  soupçonnait 
I  Cbe  l'auteur.  Il  nVu  fallut  pas  davant.ige  pour 
mer  les  esptirances  des  iroupes  ibébames  , 
d'ailleurs  s'éijîenl  aguerries  sons  Pélopidas. 
yn  dcnx  armées  se  Iroiivèreat  en  préience 
■Ddcoil  de  la  Bëolie  nommé  Leiictics; 
iMIaiUe  .se  dnnn.i  dans  une  plaine.  Cleom- 
Ote  s'était  placé  à  la  droite  de  son  armé;;  avec 
lacéJcmoniennc,  protégée  par  la  ca- 
fnrinait    oue  première  ligne,  tiiami- 

, jré  de    la   victoire   s'il   piul   enfoncer 

Ulle  aile  si  redoutable,  prend  le  parti  d'attaquer 
sagauche.  11  y  fait  passer  ses  meillc lires  troubles  ^ 


2l6  tPAWl'NONDAS. 

tes  range  sur  cîn']unntti  de  hauteur,  et  me 
sa  cavalerie  en  première  ligue.  A  cet 
Cléombrote  rhang(:  sa  première  clispositiur 
au  lieu  de  dunnrr  plus  de  profondeur  àsor 
la  prolonge  pour  dxîborder  Epaioinondas.^. 
tant  même  Pélopidas  accourt  avec  son  b< 
sacré,  et  cliarge  avec  impétuosité  les  Lac< 
nicn&„  qui  n'avaient  pas  encore  repris  leun 
augmenté  leur  désordre,  et  les  force  &  i 
Cependant  Ëpnminondas  tombe  »ur  eux  avi 
son  infini erie  i  ils  en  soutienneni  le  choc  a 
trépidité.  Des  prodiges  dti  valeur  ne  purent 
k;  roi  Cléombrote  ;  sa  mort|(  loin  de  jeter 
couragrment  parmi  les  siens,  accroît  1er 
rage.  Les  guerriers  qui  rentouraieiit^  S2 
leurs  jours  p  ur  ne  pas  laisser  le  corps 
prince  an  pouvoir  de  1  ennemi ,  point  d'h 
parmi  les  urers:  £lj)aminonJa5:  aime  mie 
céder  ce  stérili?  avantage  que  U,c  risquer  l( 
de  la  bataille;  il  leur  laisse  emporter  les  r 
Cléoml)ro?c,  et  dirige  avec  succès  thus  sa 
contre  l'aulre  aile,  commandée  par  Archi 
fils  d'Agêsilas,  et  compose?  d^îs  alliés.  Le 
entraîna  la  déroute  de  toute  rarmce.  I 
les  Lacédé(rK»niens  veulent  se  rallier  deri 
fbssf  ;  les  pertes  (ju'ils  ont  souHortes  ne  le 
m^ettent  pas  tVe  tenter  une  s<»conde  fois  le  s 
sont  forcés  d'ahitndonn-r  tout  i  fait  le  ch; 
bfitaille,  et  de  laisser  les'Tbébains  y  élevé 
blement  un  trophée. 

Enivî'és  dt*  cê  succès^,  ces  derniers  ne 
plus  de  bornes  à.  leurs  pré£{*n lions  ,  ce  qui 
au  philosophe  Aniislihène  :  «    Je  crois  v 
»  écoliers  tout  fiers  d'avoir  batia  leur  it 
Ëpamînond;»s  lui  seul  jouis&ail  modestei 
s^on  triomphe  ;  philosoplie  de  bonne  foi ,  s 
le  portait  à  la  vertu  ,  sans  vouloir  qu^on 
compte  du  bien  qu'il  faisait ,  et  ,  si  Ton 
iiiêiui  y  il  a  était  pas  plus  avide  de  gloire 


ait  su  vaincre  ;  il  montra  quMI  savait  aussi  ^ 

r  de  la  victoire.  Il  conçut  un  projet  aussi  ;< 

rue  nouveau  ;  c'était  d'attaquer  les  Lacédé- 

is  jusque  dans  Lacédémone ,  et  de  les  dé-  -. 

r  entièrement  de  cette  prééminence  dont 

ent  joui  depuis  si  long-temps.  Après  deux  * 

employées  de  part  et  -d'autre  à  rassembler  \i 

upes ,  à  se  faire  des  alliés  et  à  s'essayer  dant  ^ 

es  entreprises  de  peu  d'importance,  Epa-  ^. 

las  fut  nommé  béotarque ,   ou  chef  de  la 

ëotienne,  et  eut  pour  collègue  Pélopidas» 

avec  ce  fidèle  compagnon  de  ses  travaux-  et. 

;loire  qu'il  entra  dans  le  Péloponèse,  por- 

lerreur  chez  les  peuples  attachés  à  Lacé* 

e  9  et  forçant  les  autres  ï  prendre  parti  con- 

Soixante-dix  mille  hommes  des  différentes 

s  de  la   Grèce  marchaient  sous  ses  ordres 

oe  égale  confiance.  Il  les  conduisit  devant 

imonCi  résolu  d'élever  un  trophée  au  mi- 

\  cette  ville ,  qui  jusqu'alors  s'était  crue  in- 

le.  C'eût  été  fait  d'elle  si  elle  n'eàt  eu  pour 

ndre  son  roi  Agésilas.  Sparte  n'avait  point 

rs  ,  point  de  citadelle  ;  mais  elle  renfermait 


son  nom  ,  lui  reprochaient  sa  iârlicté , 
graîent  las  campagnes  voisines.  (]e|)end2 
mînond.'is  désespérait  d^atlircr  les  Lacédéi 
dans  la  plaine  :  l  hiver  était  fort  avancé  ;  so 
faisait  chaque  jour  des  pertes  considéra! 
commençait  à  manquer  de  vivres  ;  une  ps 
alliés  avait  abandonné  le  sloge  ;  les  Aihé 
d'autres  peuples  faisaient  des  levées  pour . 
Lacédémone.  Tous  ces  motifs  réunis  cn( 
lîpaminondas  à  songer  à  la  retraite. 

Si  robiet  principal  de  son  expédition  m 
.  rempli,  il  avait  du  moins  txécuté  une  en 
dont  le  succès  mortifia  cruellement  les  Sp« 
en  rappelant  dans  leur  patrie  les  IVIessénit 
perses  depuis  plus  de  trois  cents  ans.  Il  reb 
capitale  Jans  une  position  favorable  pour 
nir  les  Spartiates,- et  laissa  une  forte  g 
dans  la  nouvelle  ville.  Cette  action  est 
celles  qui  font  le  plus  d'honneur  au  hé 
bain.  llétablir  dans  ses  foyers  ce  peuple 
nient  proscrit  par  l'ambitieuse  Lacédé 
cVtail,  en  servant  la  cause  de  rhumauit 
eu  inâme  temps  un  poup  bien  politique.  A 
mencement  de  la  campacne  Ëpaminondj 
encore  organisé  les  Arcauiens  en  un  seul  c 
peuple,  et  les  avait  engagés  ii  bâtir  une  mé 
qui  porta  le  nom  de  Mégalopolis. 

iNous  avons  vu  dans  la  vie  de  Pélnpi 
quels  puissans  motifs  Enaminondas  et  ses.Cf 
ttsèr<rYi(  contrejv'cnir  à  la  loi  qui  ordonn 


sne. 

moins  â  leur  retour  les  trois  béatarques 
iccusés  et  traduits  en  justice.  Pélopidas  et 
re  collègue  se  défendirent  sans  dignité  ; 
nt  recours  aux  prières.  Ëpaminondas  parut 
ses  juges  avec  la  même  tranquillité  qu^à  la 
son  armée.  Il  convint  de  tous  les  chefj^ 
ition  portés  contre  lui ,  sans  chercher  i 
îr;  il  se  soumit  à  la  peine  portée  par  la  loi, 
inda  pour  toute  grâce  que  Tarrét  fût  côn- 
es termes  :  «  £paminondas  a  été  puni  de 
par  les  Thébains  pour  les  avoir  forcés 
iquer  et  de  vaincre  dans  les  plaines  de 
Ires  ces  Lacédémoniens  qu^Hs  n^osaicnt  au- 
tant regarder  en  face  ;  pour  avoir ,  par  cette 

victoire ,  sauvé  sa  patrie  et  rendu  la 
:ë  i  la  Grèce  ;  pour  avoir  élevé  ie»Thébains 
tel  degré  de  puissance  ,  qu'ils  ont  formé 
ge  deLacédémone,  quis^eslima  trop  heu- 
!  d'avoir  échappe  à  sa  ruine  ;  enfin  ,  pour 
'  rétabli  Messène  ,  et  en  avoir  relevé  les 
illes.  »  Il  prononça  ce  singulier  arrêt  CHrec 
grâce  et  même  de  gaieté  ,  dit  (Cornélius 

que  toute  rassemblée  ne  put  s'empêcher 


l'affection  du  npuplt  pour  eux  ,  ut  clie 
les  moyens  (te-tes  (^carier  du  ^ouv 
comme  il  troui'ait  daiiLEpaminouJas 
saire  bien  pins  patient,  cYrail  suitout 
gu 'il  s'acharnait.  Là  guerre  cUil  pour 
Mnc  ïourredegloire;  M(<ni>clideneces5a 
ter  les  Thébaiiis  à  la  paix  :  "  C'est  trc 
»  concitoyens  par  l'aDus  des  terme! 
a  un  jour  Ëpaminundas,  quand  vous 
>•  les  détourner  de  la  guerre  ;    sous  p 

■  leur  procurrt  du  repos ,  vous  les 

■  dans  Useivitude.  Qui  veut  vivre  en 

■  ^'re  gueiiicr.  Si  lus  Thébalns  veule 

■  les  dominateurs  de  ia  Grèce ,  il  faut  <ji 
»  dans  les  camps  et  non  au  sein  de  le 
Tiièbes  se  miintra  docile  aux  conseils 
nondas;  on  résnliU  de  continuer  la  gu< 
fut  envoyé  d.ins  le  Péloponèse  p»ur  si 
Arcadieus  contre  les  i.acédémonicni. 

Les  troupes  combinées  d'Athènes  , 
et  de  Denys',  tyran  de  Syracuse  ,  ne  pu 

..d^h^r  ^»  rnrr«r   l'ilt,»».  .U    r.nri..ll.a 


—    _. J  J  -, 

délivrer  ce  général  et  punir  le  tyran  ;  elles  \ 

)attues.  Alexandre  poursuivit  les  Thébains 
larnement,  et  les  aurait  lalllës  en  pièces 
i^aleuret  la  prudence  d'Epaminond^s,  qui 
Jans  Tarmée  en  qualité  de  simple  soldat, 
danger  imminent  où  ils  se  trouvaient ,  et 
arxtnsaient  l'incapacité  de  leurs  généraux  ,  ■ 

bains  enrent  recours  à  Thomnne  dontlVx-  3 

s  et  la  valeur  les  avaient  si  souvent  ftit  % 

er,  et  obtinrent  de  lui ,  comme  une  grâce,  î 

ulût  bien  se  charger  de  la   conduite  des  i 

Use  plaça  à  rarriè*  e -garde ,  à  la  tôte  de  la  1 

5  et  de  Tinfanterie  légère  ,  et  il  chargea  les 
(  avec  tant  de  vigueur  qu^ils  abandon^ 
lientôt  leur  poursuite,  et  n'inquiétèrent 
etraite  des  Thébains.  J^es  généraux  à  leur  ^ 

orent  condamnés  à  'Une  amende  tonsidé- 
>  punition  de  leur  lâcheté ,  et  le  comman- 
fut  solennellement  rendu  à  Ëpamînondas. 
lit  peu  de  jours  après  à  la  tête  de  ranade , 
en  Thessalie.  Sa  réputation  l'y  avait  pré- 
'lie  avait  répandu  la  terreur  dans  l'âm«  du 
de  ses  partisans,  qui  déjà  se  croyaient  per- 

IIS    FinaTTnnnTirla«  .     nrpfprnnt*  A     ca    T^rnrkrn 


tjucrellc  qui  agitait  loute  la  Grèce  :  Ep; 
voulait  forcer  le»  Achéens  à  diivenir  le 
Thèbes,  et  à  employer  leurs  farces  à  t 
cadle  dans  la  Aounii^sion.  Knirc  dans  IV 
(lut  encore  plus  bcs  succès  à  son  halûli 
force  des  armes.  Il  eut  l'art  de  Iraite 
hnmmes  nui  avaient  le  plus  de  crédit,  e 
clier  à  la  lormc  de  leur  gouvernement 
aristocraiique,  il  se  contenta  de  les  faire  j 
resteraient  fidèles  à  l'alliance  des  Thé 
dispositions  modérées,  en  assurant  à  c 
puissans  alliés  dans  le  Pélopooèse,  p< 
établir  leur  domination  ;  mais  la  saei 
d'Bpaminondas  fut  calomniée  i  Thëbi 
^issaircs  d'Arcadie  qui  avaient  le  fjus 
lérèt  à  la  rendre  inutile.  Bien  secondés  : 
par  les  ennemis  du  grand  homme,  il  \e 
de  persuader  au  peuple  (ju'Ëpaminonda. 
servi  les  inK^réls  de  sa  patrie,  puisqi 
subsister  en  Achaïe  le  récime  ariatocra 
chérissait  Lacédémonc.  Des  commitsa 
envoyés  pour  détruire  l'ouvrage  d'Hpa 
La  démocratie  fut  rétablie  chez  lot  A< 


iPXM  INONDAS.  i2j 

l'tttt  encore  se  mêler  à  ces  (roubles.  La  paix 

JîifUil   . , ., 

'  Sii  années  aprèsU  balaillc  de  Leucires  ,  el  Iroia 
iwaprès  la  mort  de  Pëlopidas,  Tlièbes,  longi 
■oip  «garée  dans  des  entreprises  qui ,  en  Qat- 
ni  soq  orgueil ,  ne  faisaient  qu  altémier  et 
Sïijfr-  ifg  forces;  Thèbes ,  dis -je,  revint  au 
Kl  0  û  auraient  dû  tendre  coostamment  tou» 
ih  efforts,  Des  querelles  survenues  enira  le» 
jbilans  (le  ïégée  et  ceux  de  Mauiinée  offrirent 
"ttTKêbains  l'occasion  de  rentrer  dans  le  l*élo~ 
M'^-  J-' A rca die,  menacée,  implore  le  secours  de» 
'"iaémonieiis  et  d<.-s  Alhenieus.  Epaminoudat 
"•Vail  k  ta  télé  d'une  année  ;  m  victoire  ou  sa 
jlalliit  décider  si  c'était  aux  Tliébains  ou  au« 
moniens  de  donner  des  lois  à  la  Gcèce.  On  ' 
iaità  le  voir  diriger  ses  pretnières  aiiaques 
intinéer  cl  déjà  les  Lacédemouiens  mar- 
V  ut  secours  de  cette  ville,  sous  le  coinman- 
--■'>(  d'^géiihi. 
«Bitruii  de  ces  disposilions,  EpaminonJas  part 
^•'S^à  l'entrée  de  la  nuit  pour  surprendre  Lacé- 
Mi*ne,  Son  dessein  fut  si  bien  conçu  et  si  pronupte- 
'"^^éculé,  qu'au  jugement  de  Xéntïphon  ilau-i 
"  enlever  Sparte  sa  ni  éprouver  presque  aucune 
"iice,  si,  prévenu  par  un  transluge,  Agésilas 
It  revenu  sur  ses  pas  avec  une  exlrPine  préci- 
sa. Déjà  ses  soldats  occupaient  les  postes  le» 
'«inporlans,  lorsqu'Epaminondas  se  présenla 
^">l  Sparte.  Surpris  sims  être  découragé,  il 
-^"nepiusicursaltaqucs.llavaitpénélré  jusqu'à 
LWarc  publique,  et  s'était  rendu  maîire  d'une 
J^W  de  la  ville  :  Agésilas  n'écoule  plus  alors  que 
**  désespoir;  quoiqu'agé  de  près  de  quatre-vingts 
pj*!  lise  précipite  au  milieu  des  dangers ,  lepouiss 
^luni ,  et  le  force  de  se  retirer. 


124         iSpamikohdas. 

Kpatniiiondu  ne  fut  point  inquiété  dant  m  fi* 
traite  ;  nriaifl,  croyant  ne  pouroir  tenslionte  qviMr 
1«  IVlopnnèse  et  abandonner  lei  alliéi  dei  Th^l 
bains  à  ia  vengeance  de  leura  ennemia^  il  prit  b 
aeul  parti  qui  lui  retlait ,  celui  de  livrer  une  balaSl 
décisive  (|ui  lui  procurât  la  supériorité  ou  iml 
mort  glorieuse.  Il  marcha  en  Arcadie»  où  i^élaiell; 
réuniesJcs  principales  forces  de  la  Grèce.  Lea  A 
années  sont  bientôt  en  présence  t  près  de  la 
de  IMantiiiée.  Celle  des  Lacëdchnoaiena  etda 
alliés,  commandée  par  Agésilas,  était  d«  ploa 
vingt  mille  honim<'8  de  pied,  et  de  prèa  de  d' 
mille  chevaux  :  trente  mille  hommea  dHnfàaii 
<'t  environ  trois  mille  de  cavalerie  composai 
Tarmée  des  Thébains, 

«  Jamais  JOpaminoiidas,  dit  M.  Tabbé  Barthéi 
ci^avait  déployé  autant  de  talens  que  dans  cetir 
constance.  Il  suivit  dans  son  erure  de  balaiUe 
principes  qui  lui  avaient  procuré  la  victoire 
jLeuctrcs.  Une  de  ses  ailes ,  fermée  en  coloni 
tomba  sur  la  phalange  lacidémonienne  f  qo* 
n^aurait  peu t-^tre  jamais  enfoncie^t'il  Â'était  V4 
lui-m6mi*  fortifier  ses  troupes  par  son  exemplCf 
par  un  corps  d'élite  dont  il  était  auivL  Les  ennenif 
effrayés  à  son  approche ,  aVbranlcnt  et  prenneni 
la  fuite  :  iUlea  poursuit  avec  un  courage  dont  ~ 
nVst  \)\u!t  le  maîtr^ ,  et  se  trouve  enveloppé  ( 
un  corps  de  Spai  liâtes  qui  font  tomber  sur  luiu 
grâle  (le  traits.  Après  avoir  long-tempa  écarté  la 
mort  cl  fait  mordre  la  poussière  à  une  foule  da 

f;u«?rriers,  il  tomba,  percé  (Tun  javelot  donileftf 
ui  resta  dans  la  poitrine.  Llionneur  de  Fenlcvtf 
engagea  une  action  aussi  vive  *  aussi  sanglante  qaa 
la  première;  Bfs  compagnons,  ayant  redoublé  defri 
fotts,  curent  la  triste  consolation  de  Teniporttf 
dans  sa  tente.  , 

«  La  blessure  dTpaminondas  arrêta  le  rarnaga^ 
et  suspcadit  la  fureur  dea  auldata.  Lca  troupta  dcik 


i 


ÉPAMINONDAS.  225 

paiTlis,  égaltinent  étonnées,  reslèrenl  dans 
Iton.  De  part  et  il'auU-c  on  sonna  la  retraile, 
1  dressa  un  trophée  sur  le  champ  Je  balaille. 
i^panimondas  rcipiraîL  encore;  se«  amis,  sei 
iri  fondaicat  en  faiines  autour  de  son  lit  ;  le 
retentissait  des  cris  de  la  douleur  et  du  dé- 
1-.  Les  médecins  avaient  déclaré  qu'il  espire- 
is  qu'on  ôierait  le  fer  de  la  plaie.  11  craignit 
ia  Douciier  ne  filt  tnmbé  entre  lei  mains  de 
lEDÎ  i  on  le  lui  montra ,  et  il  le  baisa  comme 
«ment  de  sa  gloire.  11  parut  iof^iiiet  sur  le , 
le  la  balaille;  un  lui  dit  que  les  Théfaaius 
jnt  gagnée:  «  Voilà  qui  est  uien,rBpondii-il; 
assez  vécu.  »  Il  demanda  ensuite  Daïphantns 
lidas,  deux  génèiaux  qu'il  jugeait  dignes  de 
ilager;  on  lui  dit  qu'ils  étaient  nions:  «Per- 
ux  Ihébairis,  reprit-il,  défaire 
laui.  •  Alors  il  ordonna  d'arracher  le  fer,  et 
le  ies  amis  s'ctaat  écrié,  dans  1  égarement  de. 
lleur  :  ••  Vous  mourez,  Ëpaminoiida^!  Si  da 
ins  vous  laissiez  des  cnfans  !  —  Je  laisse, 
ondit-il,  deux  filles  immortel],i:s,  la  victoire 
Leuctres  et  celle  de  Mantinéc.  a  A  acs  mots 


t 


J  no  CI  ON  naquit  à  Athènes,  vers  Tan  4© 
J.-C.  Sa  naissance  ne  répondait  pas  â  Tel 
de  son  âme  ;  il  reçut  néanmoins  une  éd^ 
distinguée;  dès  sa  jeunesse  il  fréquenta 
demie ,  et  puisa  dans  les  leçons  de  Plaloi 
A'cnocrale  les  principes  sublimes  qui  dîi 
toujours  sa  conduite.  On  ne  vit  jamais  I 
ni  rire  ni  pleurer  ;  ce  n'est  pas  qu'il  fût  insc 
mais  son  dme  était  plus  forte  oue  la  joie  et 
leur.  Dans  un  temps  où  les  Athémens  afll 
le  magnificence  et  se  livraient  à  la  moUc 
conservt  toujours  un  extérieur  simple,  u 
nière  de  vivre  austère.  En  voyage  coma 
armées,  il  marchait  toujours  pieds  nus 
manteau,  à  moins  qu'il  ne  fit  un  froid  ins 
table  ;  aussi  les  soldats  avaient-ils  coutv 
dire  en  plaisantant  :  «  Voilà  Phorion  vêti 
»  signe  dniv  grand  firoid.  »  Quoiqu'il  eûi 
coup  de  douceur ,  il  avait  les  traits  du  vi 
rudes  et  l'air  si  renoussant  •  nue  ce^x  qui 


PHOC  ION.  227 

CKabrias.  Ce  gt^iiéral  conçut  beaurdup  d'amilic 
pour  lui ,  et  se  Kl  un  pUisîr  de  lavaucpr  dans  \cs 
gra<Ifes  militaires ,  et  lie  lui  procurer  les  occasinns 
d'acquérir  de  la  gloire,  rhocioa  de  son  côlé  fut 
Irès-ulile  à  Ctiabrias,  et  par  les  bons  avis  qu'il  lui 
doDiialt  malgré  sa  jeunesse,  et  par  l'intelligence 
avec  laquelle  il  exécutait  ou  prévenait  les  ordres  de 
«e  grand  capitaine,  Ce  fui  à  lui  que  Chabrias  dut 
Je  gain  de  la  bataille  navale  de  jSaxos  ;  il  l'avait 
fiiacé  à  la  têlu  de  l'aile  gauche,  qui  décida  eu 
|iarlie  de  la  victoire.  Quelque  lemp»  après  , 
if^iargë  par  ce  général  d'aller  avec  vingt  vaisseaux 
l^lever  le  Iribul  que  certaines  villes  atliéas  d'A- 
llUiènes  lui  payaient  tous  les  ans,  Pliocion  lui  fît 
iqelle  réponse  :  »  A  quoi  bon  une  telle  escorte  f 
'«  Elle  ebt  trop  nombreuse  pour  aller  chez  des  al- 
*  liés,  et  trop  faible  contre  des  ennemis.  »  Il  se 
.tnnicnta  d'une  seule  galère ,  et  partit  pour  remplir 
d'oltiet  de  sa  mission.  Après  avoir  conféré  d'une 

rBiërefiraDcheavecles  gouverneurs  de  ces  ville), 
evint  h  Athènes,  suivi  d'un  grand  nombre  de 
Vaisseaux  qui  portaient  l'argent  fourni  par  les  al- 
lirs.  Phoclon  con^rrva  toujours  pour  Cliahrias  un 
iilacliemcut  sans  bornes,  et  après  la-mort  de  ce 
.{général  il  adopta  en  quelque  soi  le  son  CIs ,  et  se 
chargea  du  soin  de  sou  éducaiioii.  I^e  jeune  homme 
Sépondit  mal  aoï  iinniés  d'un  tel  maître,,  et  ne 
fHya  l'hocion  que  d'iiigrnittude:  mais  celui-ci  ne 
4ê  rebuta  point,  et  ne  c«ssa  jamais  U'^irner  comme 
UD  père  le  fils  de  son  ami. 

A  celte  épotiup  les  citoyens  qui  aspiraient  nu 
fouvernemenl  d'Athènes  se  partageaient  en  deux 
nasses  distinctes,  et  se  bornaient  les  uns  aux  em- 

Plois  militaires,  les  autres  aux  fonctions  civiles, 
hitcion  suiiit  une  méthode  différente;  à  l'exem- 
ple de  Solon ,  d'Aristide  et  de  Périclès  ,  il  voulut 
•«  former  également  à  la  politique  et  à  ia  guerre. 
Aui  talen^  du  grand  capitaine  il  ^ignit  en  cfllêt 


niosthène,  qui  ne  redoutait  nullement  les 
orateurs,  tremblait  en  voyant  Phocion  ido 
la  tribune  :  v  Voilà  ^  d'isait-il  touvent ,   ïa 
M  tranchante  de  mes  discours.  »  La   haute 
nion  qu'on   avait  de  Phocion,  dont  le  nor 

Ï celait  aux  Athéniens  Tidce  de  la  probité  n 
c  zèle  quMls  lui  connaissaient  pour  le  bie 
blic,  devaient  ajouter  un  grand  poids  à  se 
cours. 

Ami  de  la  paix ,  et  se  la  proposant  toi 
pour  but  de  ses  actions  ,  il  dirigea  seul 
d'expéditions  qu^aucun  des  g'énéraux  d< 
temps.  Toujours  opposé  aux  volontés  peu 
diles  du  peuple ,  c^était  en  lui  néanmoins  ( 
peuple  mettait  toute  sa  confiance;  c'était  à  lu 
recourait  dans  les  dangers  pressans  ;  aussi 
nommé  quarante-cinq  fois  général  sans  Vavt 
mais  brigué,  sans  s'être  une  seule  fois  trc 
son  élection.  Bien  différent  des  orateurs  qui 
tnchaigdt  à  flatter  la  multitude,  il  était  sans 
occupé  à  gourmander  ses  caprices.  On  lis 
jour  dans  rassemblée  un  oracle  qui  porta 
tous  les  Athéniens  étaient  d'accord ,  àVexo 
d\in  seul ,    qui    pensait  tout    diiTéremmer 


r  PROCIOK.  229 

ia  quelque  sollîsc?  n  Un  jour  que  les  Athénien?, 

***-^enus  ronlre  ce  qu'il  allait  dire  >  refusaient  de 

lUniirc  Cl  lâchaient  de  IVfTrayer  par  leurs  cla- 

urs  ,  "  Vous  pouvez,,  leur  dil-il,  me  forcer  k 

Tairp  ce  que  je  ne  vkan  pas;  ftiaîs  vous  ne  sauriez 

»  me  forcer  h  parler  contre  ma  conscience.  >■  A 

Jà  suite  d'une  discussion    fort  animée,    Démos- 

ilëne ,  l'un  des  orateurs  qu'il  avait  le  plus  souvent 

pur  adversaire ,  s'avisa  de  lui  dire  :  •>  Frencz- 

>, garde,  Phocion  ,  si  les  Athéniens  eulreot  eo 

►  tareur  ,  ils  vous  feront  mourir.  —  Cela  se  fient, 

*  répondit-il ,  mais  s'ils  rentrent  dans  leur  boa 

l  sens ,  preo IV,- garde  à  vous  ,  Démoslhène.  •> 

Caustique  et  parfois  plein  d'aigreur  dans  les  dé- 

i»à:attons  publiquej,  Phocion  était  d'une  dou— 

iir  înaliërable  uans  sa  vie  privée.  S'il  se  mon— 

lit  (quelquefois  sévère  envers  ceui  <jnl  s'oppo- 

içnt  au  bien  qu'il  vinilait  faire  a  sa  patrie,  an  ne 

^t  jamais  chercher  a  nuire  à  qui  que  ce  fût  par 

llimenl  de  haine  personnelle.  Ses  antagu- 

éprouvaient-ils  qtftlqiie  malheur,    ou  Cuu- 

"      j.iLique   d:irif;i-r,   Plinrion    s'empresiait 

ur  secours  K  Je  .e Hixlart-r  leur  defe.i- 

.pbilîppG,  roi  dft  Î^IacéJoinP,  qui  aspirait  cl  de- 
*(  parvenir  à  U  .h.minalion  de  toute  la  Grèn- , 
^^.iBra  dans  net  illustre  Alliénieii  un  adversaire 
Signe  dt;  lui.  Ce  n'est  pns  que  Phocion  exciiilt 
Walre  lui  sis  concitoyens  ;  le  sentiment  qu'il 
mit  de  leur  ilépravalion  dirigeait  au  contraire 
ii((Utes  SCS  pensées  vers  des  vues  pacifiques.  11  ju- 
jftnt  l'asservissement  de  sa  patrie  inévitable,  et 
;KB'Toyait  rru'un  suriToît  de  cabinilé  dans  h;s 
^oerres  qu'elle  viuilait  enire(jren  Jre  pour  hâier  ce 


Le  roi  de  Macédoine  venait  de  s'emparer  de 
FEub^e,  qui  n'était  séparée  de  l'Ailique  (j'ie  par 
na  bras  de  mer  trèi  étroit.  Plutarque'd'l^clne  , 


choisir.  A  Taidc  d'une  fausse  attaque,  il  al 
ennoTTîis  sur  un  terrain  inégal  et  coupé,  oi 
pouvaient  se  déployer.  Bientôt  vainque 
chassa  Plutaïque  d'Erétrie,  et,  couronnant 
toirenar  un  acte  d'humanité,  il  rendit  la  li 
tous  les  prisonniers  que  ses  troupes  avaientfi 
peur  que  les  Alhéniens.excilés  par  leurs  or 
ne  se  portassent  à  exercer  quelque  cruauté 
eux. 

Le  roi  de  Macédoine  tenait  depuis  long 
assiégée  la  ville  de  Byzan'ce,  d'où  Athènc 
la  plus  grande  parti^  de  ses  subsistances.  C 
que  les  Athéniens  avaient  envoyé  à  la  tétc 
armée  au  secours  de  cette  ville,  s'était  si  m; 
duit  dans  cette  campagne,  qu'ils  le  destitu 
et  nommèrent  Phocion  à  sa  place.  Ce  choix 
du  salut  de  Byzance»  Arrivé  sous  les  mura 
place,  ce  général  avait  établi  son  camp  d 
environs;  mais,  sur  la  réputation  de  sa  ver 
Byzantins  lui  ouvrirent  leurs  portes,  et  jTei 
sèrent  de  loger  son  armée  dans  leurs  maison 
mes  du  même  esnrit  nue  leur  chef,  les  Ath 


pnocios.  sîii 

wlsseaim ,  Tccouvra  la  plupart  desforleresspsoù  Phi- 
lippe avait  déjà  mis  garnison  ,  et  lit  i]Lieli|ues  dea- 
(«Btc-s  sur  diflcrens  points  du  lerriloire  macéilo- 
nten;  mais,  al tt'int  d'une  blessure,  il  sevitcontr'aint 
de  suspendre  le  cours  de  ses  succès  et  de  songer 
i  la  retraite. 

Quelque  lempt  après  Phïliripe  ayant  manifesté 
des  dispositions  pacifiques,  Pliociuii  ethurla  vive- 
[  ment  les  Athéniens  à  en  profiter.  Démoslhène  et 
1.  ë'autres  oraleursélaientd  avis  de  rejeter  les  propo- 
||  ùtions  de  ce  prince  :  ■■  Quand  doni;  eonseillercz- 
'  ■  vous  la  guerre  ?  dit  i  Pliocion  le  démagogue 

•  Hypéride.  —  Quand  je  verrai  les  jeunes  eens 
»  disposés  à  garder  leurs  rangs  dans  les  batailles , 
»  les  riches  à  faire  des  sacrifices  pour  la  pairie,  et 
>  les  orateuTs  à  ne  plus  mettre  le  trésor  au  pil- 
»  \»ec.  "  Vn  autre  orateur  sVciîa  :  "  Hé  quoi , 

jf»  Phocioïi,  iiiainLenanl  que  les  Alliéiiiens  ont  les 

[  «  armes  à  la  main ,  vous  osez  leur  proposer  de  les 

b  quiller!  —  Oui,  je  l'ose,  reprit -il,  quoique 

*>  |e  sache  irès-biea  que  j'aurai  de  l'autorité  sur 

■  vous  pendant  la  guerre,  et  que  vous  en  aurez 

•  sur  moi  pendant  la  paix.  >>  Comme  Démiislliène 
I  insistait  sur  l'avantage  Je  transporter  ie  théâtre  de 

la  guerre  dans  la  lîcotie,  «  N'exominons-pas,  lé- 
I  B  pondit  Pliocion,.  où  nous  livrerons  la  bataille, 
I    ■  mais  comment  nous  la  gagnerons.  >> 

L'événement  ne  justifia  que  trop  les  craintes  de 
ce  sage  magistrat.  Philippe,  à  la  tête  d'une  arniée 
nombreuse,  joignît  i  Lhéronée,  dans  In  liéolie, 
les  forces  combinées  des  Thébains  et  des  Ath6J. 
Biens,  et  remporta  sur  eux  une  victoire  signalée. 
I%ocîon  ne  se  trouva  pas  à  relie  bataille;  la  factidn 
de  ses  ennemis  l'avait  éloigné  du  commandement  ; 
mais  apr^s  cette  dé^aslrcusc  journée  tes  Athéniens 
durent  s'estimer  heureuîc  de  le  retrouver,  toujours 
animé  pour  sa  pairie  d'un  zélé  que  leur  ingrati- 
|u<ie  n  avAit  pu  r«:buter.  Ce  ne  fut  cependant  pas 


plir  les  condilions  que  leur  avait  imposées  PI 
vainqueur,  (|ue  de  .s\*xposer  à  de  nouveaux 
très  en  persistant  dans  une  n>sistance  iiiutili 

On  apiprit  que  le  roi  de  Macédoine  av* 
assassiné  dans  une  fêle.  A  la  nouvelle  de  ce 
neinent,  qui  semblait  devoir  donner  une  ne 
iacc  aux  aif'ain^s  d'Athènes,  Démosthcnc  c 
de  son  parti  s\')bandonuèrent  aux  transport 
joie  la  plus  vive,  et  parur^Mit  couronnes  de 
sur  la  place  publirpie.  Pliocion  leur  fit  sentir  I 
€t  rinronvenance  d^]ne  pareille  joie  :  «  H 
»  montre,  ditîK  un  cœur  plus  bas,  que  de 
»  jouir  de  la  mort  d'un  ennemi.  D'ailleurs  \ 
»  qui  vous  a  défaits  à  Chéronée  n'a  qu'un  h 
»  (le  moins.  »  Ces  représentations  ne  pro du 
aucun  effet,  et  le  peuple  continua  d^apti 
aux  invectives  de  Démosthëne  contre  u 
moire  de  Philippe  et  contre  son  fils  Alexi 
que  cet  orateur  représentait'  comme  un 
étourdi  sans  mérile  et  follement  ambitieux. 

Mais  le  nouveau  roi  fit  bientôt  voir  co 
l'on  s'abusait  sur  son  compte,  en  déjoua 
sa  fermeté  les  mesures  que  les  urecs  avaient 
contre  lui,  Nommé  généralissime  de  tous  les 


PHffCl  OK.  253 

■esaotresorateuTs  qui  avaiciitev^té  les  Athéniens 
ipatrelut.  Le  peuple,  canitcrné,  nesavail  à  quoi  se 
ésoudre;  cnGa  loos  les  regards  se  tourneni  ven 
iliocioii',  on  le  presse  Je  dire  son  avis.  Il  se  lève  , 
iproaoote  ces  paroles  ;  «  Alhéniens,  les  oraleurs 
I  qu'Alexandre  vous  ilemande  sont  ceux-là  mêmes 
bqiii  voiu  ont  jclês  dans  le  péril  où  vous  vous 
■  trouvez,  péril  si  prestanj,  que  si  pour  voua  en 
•.  Itrer  oa  me  JciDanilai!  mes  amis  les  plus  chers, 
t  je  ne  balancerais  paj  i  le»  livrer ,  fussent-ib  in- 

•  iii>ceiis.  C'csl  bien  as^cz  que  la  Grèce  ait  à  dé- 
n,  (ilorer  b  roiue  de  Thèlies  ;  que  le  sort  de  cette 
r  «ille  malheureuse  nous  serve  de  leçoii,el  nous  ap- 
l.pieone qu'il n' est pourAtliêûesqu  unseulmoycn 
k  de  salut,  lasoumissioa  au  vainqueur.  »  Eu  vain 
Démosthène  voulut  s'élever  contre  l'avis  de  Fho- 
Son  ;  îlfut  unanimemeni  adopté,  et  les  Attiénieni 
te  dà:idÉrent  pour  la  paix.  L^oraleur  Demadc  , 
£ri  t'était  conservé  l'amitié  d'Alexandre,  obtint 
Kce  roi  lagrSce  de  ses  collègues;  Charidémeseul 
H,  ^excepté  el  banni.  Le  premier  décret  que  les 
jEnténtens  dressèrent  à  celle  occasion,  et  quM» 
Uvoyèrcnt  à  Alexjndre,  fui  reçu  par  lui  avec  iné- 
|nii  ce  frince  luuriia  le  dos  aux  dépiilés  qui  pu 
liaient  porteurs,  sans  daigner  s'infcirmer  de  ce 
ni'il  conieuail;  mais  quand  Phucion  vint  lui  en 
Ifâenler  un  tecund ,  il  lui  ûl  l'accueil  le  plus  dî;- 
■ngné,  et  lui  accorda  tout  ce  qu'il  demandait.  Il 
nacut  hienidi  pour'lui  une  sincère  amili^i  que 
DÎ  le  temps  ni  Ttloigiiemeut  ne  purent  diminijcr. 
oUeiaadre  demanda  plus  d'une  fois  des  conseils 

*  niocion  ,  et  il  l'éroulail  aver.  déférence  ;  îl  en- 
Iniint  avec  lui  une  ronespuudance  qui  m'  (ut  pas 
ipierrompue  dans  le  cours  de  ses  exiiêdiiicns,  il 
p4tof(.irs.u%^ul  de  maendiqu.-s  pr<^  eus;  mais 
|l*Mlueui  Ailienien  ne  voulu!  jamais  rien  a(.ci-|i- 
ter.  Ub  jour  que  le  roi  de  Macéduinc  lui  avait  <  n- 
Toyé  cent  lalcns,  Phocion  dcmiinda  à  ceux  qiù 

Tome  i,  ao 


puits  9  et  se  lava  les  pieds  en  leur  présence, 
vue  ils  redoublèrent  leurs  instances,  i 
avec  une  sorte  d^aigrenr  qu^il  était  peu  con 
CjUe  l'ami  d'un  si  grand  prince  vécût  d< 
Irile  misère  :  Phocion  demeura  inflexibh 
cent  talens  furent  reportés  à  Alexandre. 

Si  Phocion  refusait  les  bienfaits.  d^Ale: 
il  n'en  était  pas  pour  cela  moins  dît 
lui  rendre  toutes  sortes  dé  bons  offices, 
cjucrant ,  ayant  besoin  de  galères  poui 
picter  sa  flotte,  avait  fait  demander  celtes 
Athéniens  s'étaient  engagés  à  lui  fournir.  1 
leurs  voulurent  faire  rejeter  cette  demande 
injurieuse  à  leur  liberté  :  Phocion^  consul! 
sujet,  répondit  ou'il  ét^it  d'avis  qu'on  fît  p 
galères  sur  le  champ,*  «  Car,  ajoutait-il, 
»  ce  que  vous  puissiez  vous  mettre  vous- ri 
M  la  té^e  des  forces  de  la  Grèce,  il  vous  c 
»  d'être  amis  de  ceux  qui  occupent  ce  post 

ilarpalus  ,  un    des  généraux  d'Al<^xan< 
commandait  en  Asie,   s'élant   enfui  avet 


/.  ••  1- - 


rs  nui 
cacncr 


PHOCION.  3.i^.  i 

^JRlFsrîcliesies'i  mais,  pressentant  <|iie  Vh'o* 
«rait  plus  JifGclIc  à  corrompre,  il  lui  t-nv>iyv 
enis  lalcns.  Pliocion  refusa  cv  piésrnl  Jtvi-c 
t,  el  réponOit  qu'il  ferait  repentir  llarpilui^ 
tl^mart  hes  s'il  coiitinuiiit  à  corrompre  ceux 
'aient  quelque  pouvoir  sur  le  peuple.  Qiiel- 
imps  après  les  Altiëniens  s'élant  assemhlt^S* 
lécrétcr  le  renvoi  de  cet  hôle  dangereux  ,  W' 
nui  en  avaient  reçu  de  l'argenl,  pour* 
iner  leur  turpitude,  furent  les  premiers  ai 
ontre  lui  :  loin  de  suivre  leur  exempte  ^ 
in  se  montra  si  sensible  au  malheur  d'fl.ir- 
H  le  traita  avec  tant  de  douceur,  que  celui-  . 
lui  offrir  de  nouveau  des  présens;  mai»  ro 
tsi  inutilement  que  la  première  fois.  11  fut 
ciMSsé  de  la  vdle,  et  l'Aréopage  infcirma' 
ceux  qui  s'étaient  laissés  corrompre  par  luî.^ 
dès,  gendre  de  l'hocion,  élail  de  ce  noni- 
)inmeilconjuratl  sftn  beau-père  de  prcndrn* 
Inse  :  »  Je  nu  vous  reconifbis  plus  pour  mop' 
ire ,  puisque  vous  avez  cos-.é  iVflïv  honnête- 
ime,  lui  répondit  le  VL-rlueiix  Alhciiicn.  ■. 
bruit  de  la  mon  d'Alexandre  causa  aui 
ïens  une  joie  immodérée  ;  ils  criaient  aux 
:  les  gens  sensés  craignaient  la  guerre  ;  ils- 
t:  soutenus  par  l'hocion.  Celui  ci,  n'osaot 
k  la  vérité  de  celte  nouvelle,  l3chail  de  cal- 
1  esprits  :  "  Si  Alexandre  est  mort ,  disail-it, 
sera  demain  el  après-demain  encore;  ainsi 
1  auronstoul  le  temps  de  délibérer.  >•  Léos-- 
,  guerrier  valeureux,  mais  imprudent,  qui- 
l  avec  le  plus  d'ardeur  les  Al tiénien*  à  prcn- 
armcs,  demanda  d'un  Ion  moqueur  à  l'ho- 
uel  bien  il  avait  fiit  a  sa  pairie  depuis  tant' 
■es  qu'il  commandait  :  «  ComptiT,-  ^  oiis  pour 
,  lui  répondit  le  sage  (jéncral,  d'avoir  élo- 
e  qne  mes  concitoyens,    dînant  lout    c« 


7  '  l 

)oie  à  ces  heureuses  nouvelles,  se  livraient  a 
flatteuses  espérances;  les  ennemis  de  Pli 
croyant  le  confondre ,  ne  cessaient  de  lui 
les  exploits  de  Léosthène  :<c  Je  voudrais  le 
»  faits,  répondit-il;  mais  je  ne  me  repens 
'»  conseils  que  j^ai  donnés.  »  Il  ne  croyait  pa; 
dût  juger  du  conseil  par  le  succès,  et  Tévéi 
ne  liiiiit  pas  changer  d'opinion.  Comme  les 
nouvelles  accouraient  coup  sur  coup,  Phoci 
prévoyait  les  suites  funestes  de  cette  euecr 
cria  :  n  Quand  cesserons-nous  donc  de  vai 
Léosthène  étant  mort  de  ses  blessures-, 
phile^  qui  fut  nommé  pour  le  remplacer, 
d'abord  des  succès  assez  marqués  sur  les  M 
niens.  Les  Athéniens,  enorgueillis* de  ces 

Ïhes  ,  voulaient  encore  déclarer  la  guei 
téotiens  :  Pbocion  combattit  avec  force  c< 
solution.  Ses  amis  lui  représentèrent  que  le 
le  ferait  mourir  s^il  persévérait  dans  son 
sition  :  «  11  peut  disposer  de  ma  vie ,  r< 
»  Phocion  ;  mais  ce  sera.injustement  si  je  lui 
>•  des  conseils  utiles ,  et  ce  serait  avec  jusli 
»  lui  en  donnais  de  contraires  k  ses  inl< 
Tovant  nue  los  Al     niens  ne  se  rendâîea 


Pn  ocio  N.  2.)7 

dlul'iueinblée;  les  vicilbr<l.i  Kurloiil  s'y»  |jht- 
hnutptnenl  :  «  Qu'.i  donr,  cet  nnive  île  •! 
ibk  i'  leur  dit  L'hocioni  moi  qui  ai  âc:]^ 
latre-viiiKlaans,  neseiai-JB  jms  â  voire  léleF» 
*  on  lut  airivé  â  l'endruii  où  Jcvail  se  <loi^ 
combat ,  touï  {^empressent  autour  lie  lui , 
mêlent  de  lui  donner  dcïcoiiseîlft:  «Grand* 
ilieuxl  aV'crla  Pliocioii,  combien  ie  vois  ici  de 
«piuines,  et  combien  peu  de  soiduls  !  •>  Lorg- 
l'il  eut  ranf^c  son  armée *en  bataille,  un  de  ses 
lUsxins  «'avança  hors  des  ligims  ;  puis,  voyant 
deacnneinisvenirà  lui,  il  eut  peur,  el  alla  rc 
raog  :  h  Jeune  homme,  lui  dit  Pho- 
I  nas-lu  pas  honU:  d'avoir  abandonné 
posivs  en  un  jour ,  celui  que  ion  général 
*  d«nné  ,  el  celui  que  tu  av^s  pris  tel- 
le î'  "  A  ces  mots  il  entrée  leg  ennemis ,  [es 
fiiile,  en  fall  un  grand  carnage,  el  lue 
iao  ,  leur  chef,  de  t»  propre  main. 
ei  craÎRlCft  qu'il  avait  nianilestcei  dès  le  com- 
lOinenl  de  la  cuerre  ne  furent  que  trop  lât 
ilifiée^.  Balias  i  Cranon  ,  ville  de  Thess.lie  '- 
'Àlhé 

Klialer   eiitiiT  dans  leur  ville  en  vainqueur  irriié. 
evenus  plus  Siiges  à  la  vue  du  dan^ier,  ce  ne  fut 
Kus   à   des  oratfurs   audaci.^uit   qu'ils   donnèrent 
iir  confiance,  mais  à  l'hocion  et  au  philosophe 
l^nocrale,    qui,    6  son  cxem|i!e,    avail  désap- 
(rouré  la  guerre.  Ils  furent  envoyés  tous  deux 
Wf»  Anli|.aii'r  pour  implorL-r  sj  clùmence.  Xéno- 
St^tc,  qui  parla  le  premier,  ne  fut  pas  accueilli 
par  ce  priuce  avec  les  égards  dus  à  sa  haute  verlu  ; 
nuis  à  peine  Phocion  eul-il  parlé,  qii'Anlipaler  se 
nontra    tiès-dispusê  à  la   pali,    l-I  n'imposa  aux 
Athéniens  que  des  conditions  assez  doutes.  Il  avait 
[néanmoins   l'xigé   qu'un  lui  livrât  Dêinosihènc; 
I  nais  celui  ci  prît  la  fuite,  et  s'einpoùonna  peu  do 
;  jours  après,  ,^ 


I  u 

tique  à  Athènes  -pour  y  établir  l'oligjïirchi 
avait  mis  Phocion  à  la  t^te  des  affaires.  Ce 
rafleistrat  gouverna  ses  concitoyens  avecbeai 
de  justice  et  de  douceur  ;  il  ne  s^adjoignît 
$rs  fonctions  que  les  plus  honnêtes  citoyen 
éloigna  tous  ceux  qu'il  connaissait  pour  turb 
e.\  avides  de  nouveautés.  Persuadé  que  les  1 
mens  n'étaient  point  capables  de  supportei 
servitude  ni  une  liberté  absolue,  il  crut  d 
^ter  à  Tune  ce  qu'elle  aurait  eu  de  trop  dur 
Tautre  ce  qu'elle  avait  d'excessif  et  de  licenc 
ainsi,  sans  compromettre  les  intérêts  de  sa  pi 
il  secondait  les  vues  d'Antipater.  L'orateui 
made  partageait  avec  Phocion  les  bonnes  g 
de  ce  prince  ;  mais  un  mot  de  celui-ci  pi 
quelle  différence  il  savait  mettre  entre  ces 
Athéniens  :  «  J'ai  deux  amis  à  Athènes ,  d 
»  Phocion  et  Demade  :  le  premier  est  un  ho 
»  qui  ne  veut  rien  recevoir ,  quelque  service 
»  rne  rende  ;  le  second  n  'est  jamais  con 
»  quelque  chose  que  je  lui  donne.  »  —  «  Vo 


PHOCION,  25() 

'  raB(Ii^u' Alexandre;  [Murquoi  voulez  vûui  qi;e 

/accepte  vos  présens,  lorsqne  j'ai  refusé  ceux 

ot  ce  prince?  -  Rien  ne  fiiaïit  étbter  d^van^ 

I  lige  h  Tenu   de  l'hocion  (joe  celle- honorable 

ïptnvrclc  dans  laquelle  il  avait  vieilli,  quoiqu'il 

Wt  élé  tint  de  fois  général,  el  qu'il  eill  eu  de» 

S  il  pour  aaiis.  Pendant  ses  tnomens  de  loisir  il 
lirait  un  netil  champ  qui  eût  à  peine  3U%  au 
IPsoÎD  (le  rhammc  le  i^us  modéré  dans  set  dé- 
ïra  ,  et  qui  procurai!  à  Plinciun  un  superflu  dont 
I  soulageait  les  Ltesoinls  des  autres.  11  vivait  avec 
|ine  épouse  digne  de  lui.  Un  jour  qu'une  femme 
tiiienne  étalait  ses  bijoui  devant  elle  3vec  oilen- 
«ton  ,  "  Pour  moi ,  dit-elle ,  mon  jeul  ornement 
c'est  Phorion ,  qui  depui*  vingt  3tu  est  toujoun 
élu  général  des  Athéniens.  " 
Après  la  mort  irAnrinaler  il  s'éleva  deux  £ic- 
iHï  en  BlacêJoine.  PoW'perrhon ,  qu'il  s'était 
lour  successeur  dans  la  régence  ,  était  à 
e  l'une  ;  i  la  léte  de  l'autre  était  Cas- 
Ire,  fils  d'Antipater  ,  qui ,  aitftt  que  son  père 
it  fermé  les  ycvx  el  avant  qu'on  en  eûl  appris 
[h nouvelle  à  Àili^nes,  se  hâia  d'envoyer  Nicanor 
re   le    commandcinent    de    Munichie    à  la 
de  Menillus.  Celui-ci  invita  les  Alhénicns  i 

Bdèli'S  à  Cassandre  ,  et  à  conserver  l'ordre 

«choses  établi  par  Aniipater  :  les  Athénien!  dé- 
nudèrent qu'il  évarult  Municliie.  Nicanor  n'en 
baissait  pas  éloigné;  il  les  amusait  pendant  le 
nr  par  di-s  harangues  et  des  iii'g-ct.iiiiir.s ,  et 
loàaat  la  nuit  il  introduisait  de  nouveaux  sol- 
tta  dans  la   place.    Il    avait  formé  des  liaisons 
it  l'hocion  ,  qui ,  toujours  ennemi  de  l'autoriié 
Ipulairc  ,  paice  qu'il  aimait  sini-6retnent  sa  pa~ 
je,  ne  se  refusa  pas  aux  avances  de  Micanor; 
■Uii  n'étant  iias  instruit  de  ses  desseins  secrets. 
Beat  l'imprudence  de  se  rendre  au;irè!  du  peuple 
^aut  de  la  siocèrilé  de  Nicauor,  qui  profila  de 
î 


titué  du  commandeiiiciil ,  csl  appelé  en  jus 
à  recours  à  Polysperclioci ,  qui  par  une  lûcfc 
tique ,  ose  le  livrer  aux  députés  d'Athènes. . 
pris  de  toutes  les  lois  ,  on  admet  dans  Fass 
qui  doit  prononcer  sur  son  sort  des  étrange 
esclaves ,  des  honimes  notés  d'infamie ,  el 
des  femmes  ;  ceux  qui  réclament  contre  ( 
galités  sont  chassés  à  coups  de  pierre  , 
amis  sont  accusés  avec  lui  ;  ses  ingrats  conc 
refusent  d'entendre  sa  défense.  Voyant  q 
plus  rien  à  espérer  pour  lui ,  il  veut  du 
détourner  le  coup  qui  menace  ses  amis  :  • 
M  nieris,  dit  il ,  je  mérite  la  mort  puisque 
»  voulez  ;  mais  ceux  qui  sont  avec  moi ,  pc 
»  les  fcricz-votfs  mourir?  De  quoi  son  t-i 
»  nables  ?  — -  Ils  sont  tes  amis  ,  »  répond 
pulace  en  fureur.  Dh%  ce  moment  rhoc 
dit  plus  rien.  On  passe  aux  suffrages,  et 
voix  unanime,  ils  sont  presnue  tous  ce 
nés  i  mort.  Les  compagnons  de  Phocion  . 
di  is  par  les  cris  de  leurs  parcns  Vît  de  it'rm 


"       : -1 

PHOCl  ON.  a^i 

m.  CqienJant,  peu  touchés  de  sa  grandeur 
m  et  de  son  impas.iibilUé ,  plusieurs  de  ses 
finis    le    siiîvaïeni   en    l'accablaDt    d'îniures  ; 

JVui  poussa  l'oulrage  jusqu'à  lui  cracher  au 
>e  :  ••  Ne  peut-on  poinr  eiiipécher  cet  homme 
;  commeltre   ce»  indignités  ?  -  dit  rhocion 

air  tranquille  en  se  tournant  vers  les  magis- 
.  Arrivé  dans  la  prison  ,  son  courage  ne  l'aban- 
ia  pas.  Au  moment  de  boire  U  ciguë  on  lui 
tnua  s'il  n'avait  rien  à  faire  dire  à  son  fils  ; 
u>  c«-les,  rëpondit-il;  c'est  de  ne  point  se 
uvenirdel'înjusllcede»  Aihénicns.  ■  Nicoclès, 
lus  fidèle  de  ses  amis  ,  le  pria  de  lui  laisser 
e  le  premier  la  ciguë:  «  C  est  me  demander 
)  sacrilire  Iiien  pénible ,  lui  dit  Phocion  ;  mai* 
iDimc  je  ne  vous  ai  jamais  rien  refusé  pendant 
I*  TÏe ,  je  vous  accorda  celte  dernièri-  satisfac- 
I>n  '  à  ma  morr.  "  Quelques  momcns  après  il 
a»  la  coupe ,  el  il  expira  ,  l'an  5i<j  avant  J.-C 
lia  çondamnalioR  de  ce  grand  homme,  aussi 
«te  que  celle  de  Socrate ,  fut  bien  plus  funeste 
I  patrie  ,  car  Phocion  était  le  seul  qui  eût  élê 
able  de  laasauvL'r  si  elle  s'était  alianJonnée  à 
conseils.  Les  Alliéniens  ne  tardèrent  pas  h  re- 
uiaitre  leur  injustice  ;  ili  lui  érigprcnl  un  lom- 
ni  et  une  statue  d'airain. 


949  i  R  A  TU  s. 


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ARATUS, 


DIT  LE  SAUVEUR  DE  SYCION] 


JLiA  ville  de  Sycione,  long-temps  soui 
régime  de  l'aristocratie,  était  tombée  d 
état  de  troubles  qui  naît  de  Tinquiétude  et  > 
bition  des  démagogues  *  et  après  les  orage 
fausse  liberté  elle  arait  passé  sous  la  vergi 
suite  de  tyrans. 

L'un  d  eux ,  nommé  Cléon,  finit  par  ui 

violente.  Les  Syciouiens  mirent  à  la  téttf 

gouvernement  deux  hommes  qui  devaieni 

mérite  et  à  leurs  vertus  la  confiance  de  leurs 

toyens;  Tun  était  Timoclide,  et  Faiitre  Clii 

premier  mourut  paisiblement  :  Abantidas,  i 

ambitieux,  assassina  le  second»  et  usurpa 

rannie.  Clinias  laissait  un  fils  âgé  de  sep 

c'était  Aratus  ;   il  était  né  Pan  27a  avant 

L'assassin  du  père  aurait  aussi  voulu  fra| 

fils  ;  mais ,  à  la  faveur  du  trouble  anqnc 

donné  lieu  cette  scène  de  meurtre  ,  quelqu( 

de  Clinias  protégèrent  la  fuite  du  jeune  A 

qui  fut  accueilli  chez  la   sœur  m^e  du  1 

épouse  du  frère  de  Clinias.  Cette  femme,  n 

lement  bonne ,  et  persuadée  d'ailleurs  que 

par  la  volonté   de   quelque  dieu  que  cet 

avait  cherché  un  asile  chez  elle  ,  le  caclu 

rintérienr  de  sa  maison ,  et  le  fit  conduire 

tement  à  Argos. 


A  IVA  T  II  s.  l4' 

*l)s  ,  Huvé  ainsi  d'un  si  grtml  danger,  sen- 
1  ce  moment  s'allumer  dani  son  coeuc  '* 
la  plus  vtolenle  conire  la  tyrannie;  senti- 
^i  che.z  lui  se  fbriiBa  avec  l'âge-  Recueilli 
t  hôles  et  les  anni  que  son  père  avait  eus  i 
^  il  fut  élevé  avec  tous  les  soins  dus  à  si' 
Wce  et  aux  heureuses  dispositions  qu'il  an- 
lU.  Dès  sa  plus  tendre  jeunesse  il  s'était  fait 
ijQuer  par  une  gravité ,  une  maturité  de  juge- 
'fu-dessusdeson  âge,  et  surtout  par  cecoa- 
téfléchi  qui ,  moins  brillant  que  rimpétuo' 
errièrf ,  est  d'un  si  grand  avantage  dans  tes 

I  politi(|ues.  Aussi  les  bannis  de  Sycionc^ 
lient  apprécié  le  mérite  naissant  d'Aralus, 
;  déjà  les  yeux  sur  lui ,  le  regardant  comme 
ilor  libéraieur.  Leurs  espérances  ne  furent 
Wçues. 

purp.-ileur  Abanlidas  ne  vivait  plus  ypais  sa 

n'avait  pas  encore  recouvré  sa  libc^.;  elle 

Bit.  sous  \m  autre  tyran  nommé  NIcpclès. 

seulemeni  de  vingt  ans  ,  AralusTorma  une 

jiration  conLre  lui  ;  el  quoique  Nir.ocics  ,   qui 

"  lit  de  lui,  observai  de  près  loules  ses  de.- 

'il  sut  si  bien  couvrir  son  dessein  ,  el  le 

ivec  tant  de  prudence  et  de  secrcl ,  qu'il 

II  à  entrer  de  nuit  dans  Syeione  par-dessus  les 
i;  aussttAl  il  s'empara  des  posies,  qu'il  fit 
par  les  conjurés.  Le   peuple  s'assemblait 

ilie ,  ne  sac.bani  rien  de  cerlaio  sur  tout  ce 

passait;  alors  un  héraut  cria  à  baule  voix  : 

is,  lîlsde  Clinias,  appelle  les  ciloyens  è  la 

Entraînée  par  celte  invitation  inespe- 

louie  se  précipite  vers  le  palais  du  lyran  , 

le  feu.  Nicoclès  avant  eu  le  temps  de  s'é- 

rtlle  révolution  ne  coilia  pasone  goutte  de 

ce   qui  n'est  pas  h  circonstance  la  moins 

du  hiompbed'Aralos, 

te  hâta  de  rappeler  les  ciloyens  que  les  tjTans 


244  ^  "  ^  '*'  ^'  S- 

draioni  bannis  :  plusieurs  nicn.iicnt  tlf  pi 
temps  une  vie  errante*  cl  misérable.  Maïs  i 
pou  sati^sfaits  d'èlre  icintr^rés  clans  leni 
voulurent  aussi  Tètre  dans  les  biens  donl  il 
(Me  dépouillés  ,  et  rliassrr  des  propriéta 
avaient  au  moins  en  leur  laveur  le  droit  qi 
une  longue  jouissance.  Ces  prétentions, 
liables  avec  le  repos  de  Fétat,  menaçaîei 
trie  de  nouvelles  dissensions  ;  déjà  mâni 
gone  Gonatas,  roi  de  Macédoine  ,  se  dis 
profiler  de  ces  troubles  haissans  ))Our  éu 
domination. 

Aratus ,  pour  prévcînir  ces  dangers 
parti  de  réunir  Sycione  à  la  ligue  des  j 
Cett»  ligne  était  encore  faible  et  peu  flo] 
de  petites  villes  la  composaient.  Le  sol  de 
était  peu  fertile  ,  et  les  côtes  manquaient 
Elle  n'avait  pas,  dans  Tunion  de  toutes  sci 
la  for  A  d'une  seule  ville  puissante',  mais,: 
par  le  bon  ordre  ,  réglée  par  de  sages  loi 
tout  babilcmcnt  gouvernée,  elle  se  conseï 
temps  libre,  rendit  la  liberté  à  une  pari 
Grèce ,  et  y  tint  h  place  qu^avaicnt  auti 
cnpée  Atliènes  et  Lacédëmone  aux  jours 
]  u'ssance. 

Aral  us  fut  Taulcur  de  celto  prospérité 
se  lassait  pas  (Fa ^i miter  sa  conduite  et  so 
tore;  génen*ux,  magnanime,  uniqucmcn 
h  ce  qui  est  lionnrte ,  il  n'avait  de  pa& 
riiorreur  de  la  tyrannie  cl  Tamour  de  V 
il  tenait  les  rencs  ;  la  liai  ne  et  ramîtic 
en  son  cœur  rien  de  relatif  à  lui-zn(^me; 
à  cet  égard  'd'autre  règle  que  ("utilité  p 
aussi  ne  paraissait-il  pas  ami  aussi  zélé  qi 
généreux.  C'était,  en  beaucoup  de.  c\m 
homme  accompli  pour  être  à  la  t^le  des 
parlant  bien  ,  parlant  juste,  et  se  taisant 
il  soutenait  avec  douceur  les  discus^iuni 


A  r.  A  T  V  s.  245 

, Jans  loï  Jri;b<-rations.  Il  no  le  rf^ 

l^peraonae  duns  l'art  ilc  Tiiiro  dos  ainii  et  àa 
fceSi'Exceltclil  pouc  les  entreprises  hardi 
le  à  préparer  ties  sarprises ,  à  tes  conduire 
ibfïter,  il  devenait  timiJe  dans  ua  jour  tls 
^,  el  pent-ëlrc  aucun  homme  célèbre  o'if-l 
i  faïl  connaître  qu'il  est  plusieurs  sorles  de" 
ige.  Celait  dans  les  siruaiions  qui  semblaient 
Ipéré^S  qu'Araliiï  trouvait  toute  la  force  de 
Oiirage .  toute  tu  profbudeur  de  son  jugement, 
luvént  ilan^  les  occasions  moins  alarmantes 
Itivit  tous  ses  avantages  par  excès  de  circons- 
in  ,  comme  si  ses  tjuatités  eusseni  été  engour- 
Bar  la  sécheresse  il'une  exéculion  trop  facile.. 
Bftu  ,  après  avoir  réuni  sa  palri»  i  la  ligua 
H)i6ens,  sciv'.t  dans  Icnr  cava'erie,  etméifl* 
fftt  obéissance  l'amiiiêdises^énéraux.  Quot^ 
1M1  infiniment  conlrîbué  au  pouvoir  et  fttt  1 
l<lè  !a  ligue  par  sa  propre  réputalion  et  palf  ' 
Kcs  tiesq  piitrie,  il  »e  mnnlra  constnmment 
ffMtimia  que  le  drrniei- sO^dnl' Mi  chef  qilî 
nanti-lit  les  Acherns,  qiielque  petite  et  obs- 
ffue  lût  la  \lllc  diïiil  tiH  rjv-iit  In-é, 
fiif  long-lerapssanspoiivoir  accorder  les  ban- 
appelés  à  Sycione  avac  les  propnéiaires  des 
t  dont  ils  tvaient  été  dépouillés  ;  il  n'aurait 
le  jamais  pu  y  parvenir  sans  l'amitié  du  roi 
yfile  l'iolémée.  Leur  liaison  élail  fondée  sur 
imotir  commun  pour  les  ans,  Sycione  ,  pairie 
atns,  avait  étélcsiéged'une  des  phis  célibres 
S  de  peinture,  et  comme  il  y  avait  puisé  le 
et  la  ronnajssanre  de  cet  art ,  il  élait  chargé 
le  roi  d'Egypte  de  lui  envoyer  dé  la  Grèce 
ce  qu'il  pouvait  Ironver  d'ouvrages  des  pin* 
ds  loaiires  ;  il  crut  donc  pouvoir  implorer  la 
r6ii(é  de  ce  ptincc  dans  les  débats  iSclieux 
lîvisaient  sa  patrie.  Il  s'embarqua  pour  l'K- 
?,  où  il  n'nrriv.i  qu'apix's  avoir  essuyé  bien 


I 


^46  A  H  A  T  U  5. 

des  conlretemps  el  des  dangers.  Il  eut  une  loiun 
audience  du  roi,  qui  restiina  d^aulant  plus  qu*u 
connut  davanlagc ,  et  qui  lui  donna  pour  sa  yï 
la  somme  de  i5o  talens  (45o,ooo  francs^. 

De  retour  de  Sycione ,  Aratus  fut  nommé  si 
arbitre  souverain  pour  terminer  à  son  gré  to 
les  diiïtTous  des  bannis  et  pour  régler  leurs  îo 
rôts.  Mais  y  par  une  mudesiie  toute  politique,  ilt 
fusa  constamment  cet  honneur  pouruiiseul,  et  s* 
tant  adjoint  quinze  des  citoyens  les  plus  estin 
de  Sycione,  il  parvint,  après  beaucoup  de  pei 
et  de  travail ,  à  terminer  toutes  les  0|»ératIons  i 
latives  à  la  répartition  de  la  somme  donnée  par 
roi  d'Egypte.  Chacun  fut  indemnise  des  perl 
qu'il  avait  supportées;  les  anciens  et  les  nouvel 
propriétaires,  ennemis  par  division  d'intéréti  o 
sèrcnt  de  se  haïr  nuand  cette  cause  n^exisla  pb 
Dans  leur  reconnaissance  pour  Aralus ,  les  esi 
lui  décernèrent  une  statue  d'airain ,  cl  par  s 
inscription  que  nous  a  conservée  Plutarqne  «  on 
déclara  le  père  du  peuple  ,  le  sauveur  de  la  uati 

Créé  pour  la  première  fois  préteur  (  ou  chef 
la  ligue  arhéennc  )  par  les  Achcens,  U  alla  M 
mettre  la  (>alydonie  et  la  Loeride.  U  partît  de 
avec  dix  mille  hommes  pour  aller  au  secours  i 
Béotiens;  mais  il  n'arriva  qu^après  la  bataille  qu 

Éerd iront  à  Chéronéci  où  ils  lurent  battus  par 
Itoliens. 
Huit  années  après  ayant  été  élu  pour  la  sccoi 
fois  général  des  Acheens  «  il  signala  sa  magis 
ture  par  une  action  que  Plularque  égale  aux 
treprises  les  plus  fameuses  des  anciens  nér os  gr 
L'isthme  de  Corinthe  joint  le  continent  à 
Grèce  avec  celui  du  Péloponèsc.  La  citadeUc 
Corinthe,  connue  sous  le  nom  'ÏAcro-Corim 
était  située  sur  une  haute  montagne  au  milîei 
ces  deux  continens,  et  les  séparait  dans  un  ] 
«âge   assez   étroit.    Pourvue   d'une  bonne  | 


tr. 


ABATU».  347 

|k>n.  ellirnniifchail  lontc  cnnununicatînn  au  de- 
tt  fit  l'ulhm»  par  Iprre  et  pir  mn,  ri  rendait 
ii  ^i  en  éiait  poasCMntr  en  ijneltjuc  soriff  niaf- 
■  lie  la  Grpcr;  cV»t  |)ouri)iiui  Philippe  app<'l»il 
H  ciladvllc  Jet  eniraot»  du  la  Grite. 
!jrn>i  At  Macëduinc  Antienne  iVtaii  emparé 
rtttrpriw  «le  c«ll«  place,  on  il  convoitail  ilcpuîi 
g  iRmps,  dans  le  (îeiwin  d'MMujetlir  loiil  \t  Vi- 
—  '7.  (^B  fut  auMÎ  par  turprise,  mai*  non  «an» 
randa  danftrrs ,  qu'Aram*  cul  la  gloire 
Bver,  Il  méditail  depuis  iiui-lfiue  tt-inps 
_  ,  jrens  d'exéniier  un  dessein  auMi  ïmpor- 
■iloraqu'un  hasard  lui  un  fournit  licureusrmcnt 

|)nfaabitanl  de  Coiinthe,  nomm^  lirgine,  élait 

Sycionc,  et  avait  cunlrui^té  dan<  criifvill* 

Sinili^  partiailitre  av<w  un  ItanijujtT  ami  îii- 

(iTArafua.  Leur  conversation  louUut  un  jour 

Il  otadelle  de  Coriwhe,  £rf(ifie  dit  h  aon  •mi 

illaiit  voir  Uioclès,  ton  Irère  1  qui  était  sol- 

'  la  garniion ,  il  avait  remarqué  dan»  lu  cfitri 

r*c»rp{'  un  pelil  ai'uiier  \.-\\\i'  ilms  le  roc, 

conduisait  à  un  endroit  où  la  muraille  de  b 

Ide!leél3rt  furt  basse.  I.e  banoui^r  ne  \a\s%n  pas 

«ber  cette  parole,  et  dpmanda  en  ri.int  a  son 

fl'il  désirait  f;iirc  sa  fortune  et  cpIIcJcsoii  (1ère. 

^ne  entendit  bien  ce  qu'on  voulait  lui  dire,  et 

(mil  de  sonder  sur  cela  Diodes ,  son  frèic. 

Peu  de  jour»  apr^s  11  revint  A  Syciooe.  cl  'e 

Ifgea  de  conduire  .\rahis  .^  l'endroit  011  la  mu- 

h  n'avait  pas  plus  de  ipiin/.e  piedi  de  hauteur  ; 

loaia  que  son  frère  élaîl  disposé  i  conlribin'r  de 

il  ion  pouvoir  à  rexéculiouile  cetift  enlre|>riie. 

IMm  ,    de  son  cdic  ,   ptomil   de  leur  dit[iner 

banle  tatens  li  le  proii't  réussis  i.iil.  Mais  comme 

^'avail  pas  une  somme  si  considérable,  el  qu'il 

ETOiilait  pas  l'empriinler,dausla  crainte  de  faire 

Ulrc  qucl<|iies  soupçons  qui  déviiibuent  son  des- 


■J— -  7      --      —  • I        

Ycrtu  que  dv.s  richesses  :  Aratus  alla  plus  1( 
core  ;  1  emportant  sur  ieurdésinlércsscmenl 
générosité,  il  sacrifia  volontairement  son 
une  entreprise  qui  fentrainait  seul  dans 
grand  danger ,  mettant  tous  ses  soins  à  ce 
concitoyens   ignorassent  et  sis   démarche 
Inenfait  qu'il  leur  préparait.  Comment  ne 
mirer  un  homme  qui,  tout  entier  à  sa  pair 
pose  ainsi  ses  jours  sans  aulregage  ftour  lu 
que  Tespoir.de  faire  une  l>elle  action  ! 

Les  préparatifs  de  Tenlreprise  furent  U 
de  plusieurs  contre-temps  fâcheux ,  dont  i 
aurait  suffi  pour  tout  déconcerter,  si  quelqui 
dans  de  telles  occasions,  eût  été  capable  d 
hier  la  présence  d'esprit  d'Aratus.  Il  ord 
toutes  ses  troupes  de  passer  la  nuit  sous  les 
il  prit  ensuite  avec  lui  quatre  cents  hommes 
qui  portaient  avec  eux  de9  échelles,  et  le 
<lroit  à  une  des  portes  de  la  ville,  dans  Tcnc 
laquelle  était  la  citadelle,  sur  la  cr^te  d'un 
escarpé.  Ils  escaladèrent  les  murailles  sa 


Crpmdant  Acalui  conlitiiiail  sa  marche.  Ar- 
•é  au  (lieil  ilu  rocher  sur  lequel  la  citadelle 
jit  bâtie  ,  il  l'excaUda  h  U  t^tc  des  siens  ;  in.iit 
p  brouillard  ûpais ,  (|ui  s'ëlait  lout  i  coup  i-le- 
&  dé    la    mer  au   moment  où  il  fianchisiait  la 

Ïarailltf,  lui  avail  f^ît  prendre  iiu  sf  uticr  pniir 
ulrr,  l'oiir  plus  ^rand  embarras,  les  Iront- 
Hirc»  ennemies  sonnaient  l'alaimc  de  tous  cdW-x.' 
iturruseriieflt  la  lune  iHasipa  tout  à  coup  lea  nua- 
|^«,  el  tu^fil  tecannaîlre  son  chemin  ;  il  U  survit  k 
n  iSie  lie  cent  hcinnnfii  de»  pins  résolus,  et  arriva 
wfÎD  avec.  I]cau(aii|)  de  peine  it  l'utidroit  qu'orj  lit! 
firail  inilifjiic  ;  mais  il  y  trouva  la  garnison  prClc  A 
jlBrcirvo^i,  Ausiil/^l  11  dépi^uha  liigiuc  nonr  infoi"- 
nerlfi  liu<is  Leriis  hommes  qu'il  avail  laissés  der- 
nirt  lui  du  danger  qui  le  tneiiu^jit,  Ce»  deriiîirs , 
miésau  tijtsdu  rocher,  virent,  sans  t^tre aperçu», 
4rcl)«l3ti3.c<iTnmaiidatit  des  tvfiufles  d'Aitligt>iir, 
VOPter  i  la  citadelle  avec  un  d^lacliemcnt  mcÉ 
{{iiiûd^fablt ,  dans  le  dessein  d'aller  charger  Ai'a- 
Ittro  ({ueue.  Archelaiii  ne  fut  pa«  plulfit  pas.M', 
^CtSorianl  comme  d'mu'  embiisindi- ,  iU  loml^è- 
mn  sur  ^a  Irouj^e  ri  Ij  mirent  i'ii  liiiic.  Ceinn- 
hta  Krgiiie  ariiTcel  leur  apprend  qu'Aralusêiait 
liix  prises  avec  les  ennemis  ,  et  avait  le  plus  i;i-and 
besoin  de  secourt.  Ils  ordonnent  aussilû ta  Lrgine 
{(t  lesctmduire  vers  leurs  compagnons;  guidés  par 
lui,  ils  gravissent  le  rocher.  Leur  jonciion  s'éiant 
Oj>érée  avec  Aralus ,  ils  |irenncnt  pusle  s  ' 
rm'lle,  et  sont  bienirtt  maîtr  '  ' 
même  temps  Ii!  reste  de  leu 
Sycione.  I.cs  Coiinlliirns  leu 
Vecioie.elsejoifinent  i  C, 
Qiers'les  gciis  d  Anligonc. 

Aralus,  tpri-t  avoir  Lien  as 
;end)t  de  la  cit-idellc  pour  .te 
le  porta  une  fonli:  iiiMorobr; 
lar  la  curiosifc  du  lu  voir  et 


s  delà  citadelle;  en 
rs   troupe^  arrive  de 
rouvrent  leurs  portes 
ux  pour  faire  prison- 

nrè  sa  victoire,  des- 
ri.dreautliéairc,où 

de  l'enleiidrc 

Quand 

d'eux  était  le  philosophe  Persée,  qui  s»  n 
Cenchrées  après  avoir  *été  chassé  de  la  cii^ 
Quclqu^un  lui  disait  un  jour,  suivant  la  m 
des  stoïciens ,  qu^il  n'y  avait  de  vrai  génén 
le  sage  :  «  J*ai  cru  long-temps  à  ce  principe^ 
»  non ,  répondu  Persée  ;  mais  un  jeune  b< 
»»  de  Sycione  m'a  prouvé  le  contraire.  »  Peut 
comme  T^bserv^  ^dicicusement  M.  Lévesqi 
maxime  conservai -elle  toute  sa  force,  et  le 
Aratus  était-il  eu  e{[ei  plus  sage  que  le  philo: 
Persée. 

Ce  fut  du  jour  de  la  délivrance  de  Corintli 
commença  la  puissance  des  Achéens.  Difïéi 
villes  du  Péloponèse,  Mégare ,  Trézène ,  Epi 
et  autres ,  secouèrent  le  ioug  du  roi  de  Macêd 
et  entrèrent  dans  k  confédération.  «  On  ava 
dit  un  auteur  moderne,  les  Lacédémonien 
Athéniens,  dans  le  temps  de  leur  grandeur, 
tirer  les  peuples  à  leur  alliance  que  pour  les  < 
ner  ;  les  Achéens ,  an  contraire ,  indif&rei 
plaisir  de  b  domin.ition,  n'avaient  d^autre  bv 
de  faire  nartacrer  k  leurs  voisins  le  bonheur 


A  R  ATT».  a^ 

nil»  dont  ih  abanJoDiKiio'ii  b  (InniinaiioTi.  Ainni 
chanue  |our  la  lieue  aclieennc  voyait  augiitcRlci' 
KS  furces  par  les  menfaiis  ()u'elie  rcpandail  auluur 
dVUe, 

Une  gloire  si  pure  fut  parliculière  À  l'Achaïe, 
ou  p^iût  elle  fut  celle  iJe  rborame  cxirtordinaire 
qui  était  l'Sme  de  la  cnnfcdéralian.  £n  effet, la  rr- 
puutinn  et  le  tredit  d'Aratus  étaient  si  grands 
lurmi  les  Achécni,  ()ue  comme  il  était  défendu 
flT  U  loi  d'élire  le  m^inc  liomme  préteur  plusieurs 
^uées  de  suite,  do  IVIi^iail  au  itioios  de  deux  an- 
nées l'une,  et  i]ue  de  fait,  par  ses  conseils,  il  com- 
uundait  toujours  sans  aucune  discoiitinuatîon.  Va 
Yoyail  clairement  que  ni  les  richesses,  ni  la  gloire, 
Bi  l'aniiiié  des  rois',  ni  rinlérét  pailicidier  de  Sy- 
âùae  titéme,  sa  paiiie,  rien  cniln  uc  lui  était  |)l^s 
Dhcrgue  l'avaiAgc  ei  raccioissenienl  de  b  ligue 
uliéenne. 

Aratus  ,  voyant  avec  prine  les  Argiens  soumis 
>ujou^  du  tyran  Arislomatlius ,  eniieprit  de  lej 
fn  délivrer,  ei  se  fil  vu  point  d'honneur  de 
rendre  à  celle  ville  !;i  libcrir,  rorame  le  prix  de 
IfJucation  qu"ilv;ivail  rn;iie,  i.t  fii  iii(''mc  Icmus 
il'^juuier  une  ville  si  pui^sjuio  a  hi  ligue  dus 
Acliëens.  Son  entreprise  ne  niussii  pas  alors, 
-  'Aristomachus  ayant  été  lue  par  ses  piopins 
d*inesli[|ues,  Aris'ippe,  encoie  plus  dëlCslùljle 
tyran  oue  le  premier,  sc^saisit  de  l'auloiile, 
[  El,  malgré  le»  efforis  d'Aralus,  il  eut  l'adreise 
'  de  s'y  maintenir  du  ciu'^riileiiient  même  des 
Argiens.  Mais  ,  regardant  Aralus  comme  vn 
ennemi  nwrti'l  pendant  la  vie  duquel  la  sienne 
serait  toujours  en  danger,  il  résolut  de  le  faire  as- 
sassiner de  concert  avec  le  roi  de  Macédoine  An- 
t  gone  Doson.  D^jà  étaient  réinudus  avec  profu- 
sion des  gens  qui  épiaient  l'occasion  d'exécuter  ce 
complot  :  mais  il  n  est  pas  pour  un  chef  de  garde 
plus   sfi.e    <]uc   l'a^ciion  ferme  et   sincère    de 


25  i  A  RAT  us* 

cpux  qii^il  commaiulo  ;  quand  le  peii[>lr*  et  \^^ 
gruiuls,  ilit  IHularqiu*,  sont  accoulmnr^  à  lu*. 
p  îS  (Ta  lulie  lonr  cluT,  mais  à  craiiulro  pour  lui, 
tiMilt's  les  oreilles,  tons  les  yi*ux  soiïl  ouverts  j 
pour  veiller  à  sa  sûreté.  Arûtiis  Ti-prouva  bien  î 
dans  cille  occasion.  : 

Après  plusieurs  tentatives  infructueuses  pour 
délivrer  Argos  de  Toppression ,  cet  iiiLii.'^able 
ennemi  des  tyrans  parvint  à  remporter- une  vic- 
toire; éclatante  sur  Aristippe ,  qui  perdit  la  vie 
d;»iis  II'  combat.  îlais  Aratus  ne  put  cn'.:ore  renilic 
les  Anciens  à  lalibeité;  de  nouveaux  opj)re-Si  iii>, 
Allias  et  le  jeune  Arislomaclius,  se  jettMent  dy.iH  • 
Artiios  a\ec  les  trou|>es  du  rui,  et  s'emparcrciitùe 
Tanioriié. 

Aratus  augmenta  sa  renommée  par  les  avan- 
tages qu'il  remporta  sur  les  Ëtoliens.  Ils  avaient 
pour  alliés  les  Lacédémoniens,  conduÎ!s  parAgi^t 
ji'uue  roi,  célèbre  par  son  enthousiasme  pour  les 
vieilles  institutions  de  son  pa^s,  et  qui  mourut  inu- 
tilement pour  elles.  Aratus,  par  amour  pourlebicti 
de  Télat ,   ne  craignit  j).is  d'encourir  pour  (!Ucl'|UC 
temps  le  reproche  de  lâcheté  :  au  lieu  d'attaquer 
les  ennemis  et  de  les  troiibler  dans  leur  marctic , 
il  parut  craindre  de  se  mesurer  avec  eux,  et  les 
l.iissa   franchir    tranquillement    la    montagne  de 
Géraivie  ;  il  ne  les  inquiéta  mâme  pas  quand  iU 
attaquèrent  Pallène,  dont  ils' se  rendirent  maîtres; 
mais  ce  succès  qu'il  k'ur  abandonnait  devait  Hrt 
1(!  dernier.  Dès  qu'il  crut  leur  avo  r  inspiré  asscx 
de  confiance  par  sa  politique  inertie,  il  les  étonna 
>ar  \me  attaque  imprévue,  et  fit  succéder  en  eux 
a  terreur  à  l'imprudente  témérité  ;  comme  ils  se 
défendirent  en  désoidre,  il  remporta  .sur  eux  une 
victoire  complette.  Cette  action,  lui  fit  beaucoup 
d'honneur,  et  changea  en  applandissemcns  et  eu 
éloges  les  reproches  injurieux  qu'on  lui  avait  faits 
et  f|u'il  avait  souffcits  patiemment       , 


I 


Wb  a,ttis.  «55 

Toiilcs  les  vues  J'Aralos  ,    loiiles  ses  enlre- 
nrises    tcndaîenl  â  chnssnr  tp.a  Macédoniens    Aa       ' 
Vëajtanèst'.,  a  abolir  la  lyrannie  et  à  rétablir  les 
vities  dans  leur  ancienne    likcrlé  rt  dans  l'usage 
de  leurs  luis  ,  pt  ce  fui  par  ce  molif  que   lant  que 
Tfcul  Atiligoiic  Gonailias  il  .<e  munrra  conslam- 
mcnl  remiemi  de  ce  prlni:e  et  des  Macédoniens  , 
pour  lusqiieli  il  avait  le  dér^ut  d'affecter  trop  Je 
nicpris.  Il  gaula  la  même  conduire  sous  le  second 
DemeliiuB,  qni  arait  remplacé  ATili|onc  Gonallias 
ïur  le   Irône   du    Blacéiloine.    H    voulut  enlever 
Alhèneit  à  ce  prince,   cl  fut  défait  près  de  Phj- 
lasic,  par  un  lieutenant  de  Uemetnus;  le  bruit 
se  répandit  même  qu'il  avait  été  Iné  ,  et  les  AtUé- 
aiens,  toujours  ISr.hes  adorateurs  de  celui  qui  les 
tenait  sous  le  joug,  se  ceignirent  la  têie  de  cou- 
Tonnes  pour  compLirc  au  roi  de  Macédoine.  Muii 
W  prince  clanl  motl  nco  de  temps  après ,  ils  s'crn- 
[iressèreiil  d'appeler  Aiatus  h  leur  diilivrancc.  Ara- 
lus,  quoique  les  Acliéeiis  eussent  cette  ann^e-li  «n 
ïutr«  prélpur  nue  lui  ,  cl  qu'une  maladie  cra\e 
l'ob^Ai  h  r^.uU-r  i..'  lll»sc  (il  porter  en  lilim-  k 
\A,kv..s.   Il   ■^.ivlr  li-^  Athéniens  comm.-  s'il  eùi 
ignoré  l'insutie  qu'ib  lui  avalent  faite  ,   leur  fit 
rendre  le  l'ircp ,  Munichie ,  Salaminc  et  Snnium  , 
pour  cent  cinquante  lalens  (_  quatre  cent  cin'iuaiile 
mille  francs),  et  lui-même  p.iya  pour  eux  de  ses 
propres  deniers  le  tiers  de  celle  somme. 

Aratus  nvait  loujours  à  cœur  la  délivrance 
d'Argos  ;  il  fil  proposer  à  Aristomachus  de  re- 
mettre cctir  ville  en  liberté  ,  de  l'associer  à  is 
ligue  acbeenne,  cl  de  préférer  l'eslime  et  Isror;- 
sidéralion  d'une  nation  puissante  à  la  tyrannie 
d'une  seflle  ville ,  qui  le  rendait  l'objet  de  la  baii  i; 
générale,  et  l'exposait  à  un  danger  4:unliiini'l. 
Arislomarhus  prêta  Voreille  à  co  conseil,  et  de- 
manda ï  Aiaïus  de  lui  envoyer  cinquanle  lalcni 
(ceni --''iquanii;  mille  francs),  iiu'il  devait  à  ses 


254  ARATU# 

troupes.  Aratus  1rs  lui  fit  passer,  et  Aristomachut 
paya  SOS  troupes  JrsUceiiclaf  et  abdiqua  la  tyrannie. 
Ce  fut  aînsi  que  la  ligue  achéenne  acquit  Argos 
et  riiliasium  ;  déjà  elle  était  renforcée  de  Tac-^ 
rcsffion  des  Égtnètcs  el  d^une  partie  de  TAr- 
cadie. 

Mais  il  s^élevait  contr'elle  un  dangereux  en- 
nemi ;  estait  Cléomène  ,  roi  de  Lacédémone , 
jeune  prince  plein  de  valeur,  qui  méditait  une 
grande  révolution  dans  son  pays,  el  croyAÎI  ne 
pouvoir  l'amener  que  par  une  guerre,  parce  que 
fa  guerre  augmenterait  nécessan*ement  son  crédit 
s'il  y  remportait  de  grands  avantages.  Sousprclexle 
de  protéger  contre  les  Achéens  ceux  des  Arca«  ' 
diens  qui  n'étalent  pas  encore  entrés  dans  leur coo- 
f  ïilération,  il  se  mil  en  campagne  à  la  tête  d^une 
a  iné(*  peu  nombreuse,  mais  pleine  de  confiance 
et  d 'ardf'ijr.  Les  Arliéens  a\ai(!nt  à  lui  opposer 
vingt  mille  hommes  de  pied  et  mille  chevaux. 
Cléomène  les  rencontra  près  de  Pallanlium,  ville 
d  '  Arra(lif*,et  leur  présenta  la  bataille.  Arist(»machiia, 
qui  étiit  alors  préleur  ,j|^'était  nas  d'avis  de  re- 
luier   la   bataille  qu'of^ait  le  Spartiate.    Aratus 

Ï parvint  à  le  faire  changer  de  sentiment;  il  ne  vou- 
ait pas  exposer  les  forces  de  la  ligue  dans  une  ac- 
tion décisive  avec  l'impétuosité  aun  général  ami 
divs  lias.'irds.  Il  avait  peut  -elre  sauvé  un  grand  dé- 
saslri;  à  &a  pallie;  il  n'en  fut  pas  moins  appelé  en 
jugcnienl.  Ses  accusateurs  prétendaient  qu  il  avait 

Îirivé  les  Achéens  d'une  victoire  que  leur  assurait 
a  supériorité  du  nombre;  mais  Tcstime  des  ri- 
toyens  rendit  vaine  Taccusalion  y  el  il  fut  êla 
préteur  Tannée  suivante,  pour  la  douzième  fois. 
Pendant  celte  préture  il  fat  défait  ^r  Cléo- 
mène nr.^s  du  mont  Lycée  t  et  l'on  crut  encore 
celle  fois  qu'il  avait  été  tué;  les  ennemie  eux- 
milnies  étaient  dans  celte  croyance  ;  maïs  il  devait 
Bkctire  à  profil  leur  erreur.  Après  sa  défaite,  au 


AU  ATtfS.  355 

le  songer  Ji  sa  sûreté ,  il  se  jeta  sur  Mantiiioe, 

alliée    des    LacedémonJens  ,    s'en  empan 
arprise,  «t  acquit  seul  ati»    Actiéenj  vaincus 
Tils  auraient  eu  bien  de  la  peineâ  ubtciiîrpar 
ncloirc. 
davantage  fut  conlrelialanré  peu    de    Irmps 

par  la  perle  d'une  autre  bataille,  dans  la- 
e  un  grand  nombre  d'Acliéens  furent  tué» 
leur  général  Lyslade.  Aprèi  celte  virloire 
mc^e  ravagea  Te  icrrilolre  de  MégaInpolJx  , 
h  un  butin  considérable.  Les  Achéens  ren- 
t  Aratus  presque  seul  responsable  de  leur 
te,  para|fcu'il  avait  paru  abandonner  Lysiidc. 
con^ei^étant  assemblé,  on  décréta  qu'on 
lirniraltplasd'argenlà  Aralus,  et  que  s'il  vou- 
conllnuer  la  guerre  il  la   ferait    a   ses    dé-. 

Aratus,  alTecté  d'un  pareil  affront  j  vriu- 
i'abord    se    démettre    de    la  prëturc  ;  maïs 

quelques  réflexions  il  supporta  c«  chagrin  , 
tnt  ensuite  mené  les  Achccns  à  Orchomène  , 
abatlit  contre Mégislonns, beau-père  4{  C.lèo- 
!,  remporta  la  victoire,  lui  tua  trnù  ccnlB 
mes,  el  le  fit  lui- m^me  prisonnier.  C'csiainii 
par  une  cnlreiiriie  audacirusc  il  sut  ré- 
'  une  faute  commise  par  excès   de  circons- 

s  premiers  avantages  de  Cléomène  ne  de- 
it  être  que  le  prélude  d'un  encbatnement  de 
s  nouveaux.  Il  repnt  Mantinée  ,  enleva  Pal- 
et d'autres  places  ,  reçut  les  soumissions  des 
liens,  et  mit  garnisoaJ||ans  leur  ville.  Les 
en)  craignaient  d'éprouver  chaque  jour  des 
dons  nouvelles  ;  l'esprit  de  révolution  se  re- 
lit partout  1  et  Cléomène  avait  des  partisans 
ione  et  à  Corinihe.  Aratus,  muni  de  pleins 
oirs,  va  punir  les  Sycionièns  qui  sont  con- 
ni  de  s'Plre  laissés  corrompre.  Il  vole  enauifi; 
'iiirbe  pour  y  ]-<:tïblir  le  bon  ordre,  cl  la  plus 


ne  lui  parut  pas  unclédonimagemcnt  du 

lui  avaient  fait  en  laissant  ëchappe^Âra 

«  Jusque  là  ,  dit  M.  Lévesque,^^i  i 

»  ble  avoir  le  mieux  apprécié  la  politique 

»  jusque  là  c'était   surtout  par  la  protc 

>»  rois  d'Egypte  qnr  TAchaïe   s'était   i 

»  mais  ces  rois  crurent  que  leurs  inléréli 

«  plus  les  mômes  quand   (iléomènc  lei 

M  près  de  rendre  à   Lacédémone  son 

»  prépondérance.  Les  souverains  d'Rgj 

»  Syne,  qui  n'avaient  défendu  que  pour 

»  pre  avantage  la  ligue  achéenne,  n'av; 

»  d'intérêt  à    la*  protéger  contre  les  S 

»  peu  leur  impdrtait.cn  effet  que  ce  i 

»  ou  TAchaïe  qui  mît  une  barrière  aux  e 

»  des  rois  de  Macédoine ,  et  ils  auraient 

»  donner  la  préférence  aux  Lacédémonî* 

»  oii  s^exagérait  la  fone  actuelle  par  le 

»  qui  s  était  conserve   de   leur   anciei 

'>  sance.  jjg. 

»  Si  donc  AraW  changea  tout  h  cou 
.-  »'_..^     _vi  _i-i 1-   J-.   _. 


•    AtiATirs.  257 

■'/lit  eu  celui  Jp  fatrp  des  rrogrtï ,  el  peul-êlre 
KcIVcomplir  SCS  ilpsseins.  Cei'eiiilanl  Awriis  n'a 
pu  écli3p|)er  aux  reproches  difs  aacîciisi  mais 
s'élâit-il  pas  plus  glijrieux  pour  la  ligue  qu'il 
j^uvecnail  d^avoir  pour  uilié  ou  même  pour 
[yfotecleur  ïf.  vprliieux  Aniigone  Dosoa  ,  que 
e  risquer  de  lomLier  sous  le  joug  de  Cléo- 

b«t  vrai  que  le  roi  di'^  Spane,  après  avoir  rem- 
'  vsi  gnadj  avantages  sur  les  Achéens ,  af- 
..B  ne  demander  autre  chose  que  te  coin- 
pgent  de  la  tiguej  mais  Arams,  ^uicoanais- 
laraO^re  impérieux  et  l'ambilion  dénie- 
Cléomène,  ii^  fut  p.isdu|ie  de  celle  appa- 
idérJlion.lisavjif  que  te  priucc,  en  corn- 
[  1  Acfiaïe  ,  la  rendrait  siijcHe  de  Lacédd- 
;t  que  les  innféilpiés  Ironveraieiu  en  lui 
Te  dur  ,  ami  des  levuluiions  ,  qui  venait 
rejiversiT  dans  son  pays,  et  qui  voudrait 
r  de  même  loule  b  li^ue.D'un  autre  calé, 
e  loyal  du  roi  de,  lU^cédctne  et  l'inlérêt 
Mil  royaume  élaient  pour  Aralus  de  sârs 
Erans  de  la  siTitéiiic  Je  ses  di'posîtions  eu  fa- 
■  des  Ati.énis  ;  asseï  voisin  de  TAcli^ïe 
r  la  seCiJUfir  à  proj'o?,  il  eci  eliit  trop  éloi- 
i  pour  la  mainlenir  dans  l'asservissenuMit. 
(Voilà,  n'en  dourons  pa^,  les  considérations 
i  diHo^reiil  la  con.iuile  d' Aralus,  etiionU 
Nisiedont  on  l'accuse  d'aviur  été  animé  contre 


iotnkat 


I  grant 


^sentiment  si  bas;  d  ailleurs  auraîl-il  oublié 
ireette  seule  conjimctun-,  la  plus  imporlante  de 
■jWifiplitKjue,  la  règlequ'il  suivit  rnnstammcni, 
""«roir  d'autres  nffcniuns  que  celli's  nue  corn- 
Ut  noiérèl  publie  i" 

ius,  quelque  jugement  que  l'on  porte 
^'ja  conduite   d'Aialus,    il   laut   au   inoiu'i   lai 
e  l.  ■  az 


Néannioiiii  il  ne  voulut  pai  appeler  ou* 
le  roi  de  Macéiloine  à  son  secours  ,  ni 
ce  [)3t'tJ  (le  lui-même ,  parce  que  si  Ij  néj 
veiiaiL  à  mal  réussir,  loule  h  haine  en  t 
sur  lui,  et  nue  d'ailleurs  c'clatt  anna 
Achéeiis  qu'il  drsespérait  absolument 
«flaires.,  puis(|u'il  leur  pro{>osait  d'avoir  i 
leur  ennemi  déclaré.  It  eut  donc  ,  en  ha 
tique  ,  l'art  de  conduire  touic  l'afTaire 
rai'tre  y  prendre  pari.  Il  s'assura  par  des. 
directes  des  dispositions  du  roi  Antigoi 
l'amener  à  oflrir  en  qiietaue  soite  sno 
aux  Achéeus.  Le  conseil  de  la  ligue,  assem 
délibérer  sur  celje  proposiiinn  ,  était  i 
l'accepter  ;  mais  Araïus ,  silr  do  la  honni 
d'Antigone  ,  représcnla  que  rien  n'oblij 
core  de  se  presser  ,  et  qu  il  était  de  L'hoi 
la  république  de  fjïre  des  efTorls  pour  se 
par  elle -même ,  et  de  ne  réclamer  les  it 
roi  que  lorsqu'ils  seraient  devco^s  néi 
Celle  nécessité  se  déclara  liientâK  La  pei 


5; 


et  de  4Jorinlhe 


r^ 


ABATUS.  '    sSff 

%uUïfnt  pa.t  qo'il  »pnsat  àfi  jciuri  «ipré- 
kn  p3«>ni  an  traver*  des  erincTnii.  Lci 
•  et  lui  enriiiï  l'environnait- ni ,  l'apprlaimt 
•re  et  leur  «auvpur.  rt  le  trnaienl  ctroilu 
tmbraMé  en  lonilunt  en  larnnn.  Araïui  lei 
'-,  ri  snrfci  Ici  avoir  coninlt^i  it  te  reiulll  4 
»ur  le  bord  de  U  m<^r,  avec  qni^rjuei  amis 
(ili,'-^ui  entrait  alors  dam  Tadolcscenre, 
Bbar()uirent  de  U  pour  Egium  ,  où-se  (e- 

Wcn'taqti'iUlailieinpsd'apjielpr  Antîgone; 
l|;»f;eait  k  lui  rrmellre  la  ntadcllc  de  Ca- 
on  lui  donnait  àa  Aiagri;  Aratusm^mc 
h>va  toit  Gli.  Le  roi  de  Macédoine,  laiu 
de  l»Tiip»,  j'avani^j  A  {jrande»  }->urD^o«  , 
ieiianl*(in(ît  millo  liomiiifi  de  pied,  tOM« 
toirns  ,  el  qualoiEc  cenls  liomini-»  de  cava- 
(rsliia,  auivi  dei  principaux  ofriciors  de  In 
Iralioii  ,  alU  par  mer  au-devafit  d'AnU- 
f  îniu  des  ennemis. 

hvse  ,  instruit  de  l'arrivée  d'Ara' ua ,  tV 
nntui,  ''I  lui  reodll  toiH  Im  Itnnneurs 
■  hailti^  Té()Ulalion;  mai»  lnrsi[iie  iljtis  la 
eut  rcronnii  sn  probile  et  son  grand  jenj, 
■ecorda  une  confiance  sans  burnc».  U  est 
'Arâlus  joignait  i  sa  grande  capacité  pour 
lires  des  formes  aimiblcs  (jui  charmèrent 
■uisi  Antifjonu  n'eut  pas  plulAt  connu  la 
de  son  rarjctère  et  toutes  les  auTcs  aua- 
i  le  rendaient  »\  propre  à  ^trc  l'ami  d'un 
I  qu'il  le  préféra  ,  non  seulement  k  tntij  le« 
Il ,  maismi^me  aux  Macédoniens  rju'il  avait 
de  lui  ,  cl  1  employa  constamment  dans 
les  affaires. 

ivée  de  ce  prince  dans  le  Péloponèse  devait 
JQ  terme  i  la  fort  mit  de  (^licirn^ne.  Cen'v^t 
,  savant  dans  l'art  de  li  ni"'''")  '*  '"«i 'k 
ieconlrcbalant;aipor(jiiclfpi"-''aranl»j'-s.te* 


1 


26o  A  a  A  T  u  s. 

succès  (l'Anligone  et  des  Achéens;  maïs  comme  3 
n'ovait  pas  les  mt^mcs  ressources  que  ses  rnnemM, 
il  fiult  par  perdre  succossivtîmeiit  toutes  les  places 
qu'il  avait  conquises  dans  le  Pélononrse ,  et  vit 
les  autres  se  détacher  de  son  alUanre;  enfin, 
olili^'é  de  romniettie  à  Sclasie  toute  sa  fortune  : 
au  lijs'rd  d'une  seule  action,  il  fui  défait,  et  réduit  . 
à  chercher  un  a.^ile  en  Egypte,  où  il  termina  ses  .. 
jours.  ?*ious  n'entrerons  pas  dans  le  détail  de  tous  . 
ces  événement,  auxquels  Aratus  prit  une  part  . 
glorieuse  ,  ainsi  que  le  jeune  Philopopmen,  qui 
annonçait  déjà  ce  qu'il  serait  un  jour. 

Au  milieu  de  ses  succès  Antigone  se  montra 
constamment  humain  et  généreux  envers  les  peu-  -r 
pies  vaincus.  Après  la  fuite  de  Cléomèue  il  s'était  . 
emparé  de  Sparte  ;  mais  au  lieu  de  (^truirc  cettt 
ville  et  d'en  asservir  les  hahitans  ,  il  la  traita  moins  - 
en  vaintpjewr  (ju'en  ami.   Les  Achéens  n'eurent  j 
point  à  se  repentir  d'avoir  recherché  la  protection  \ 
de  ce  prince  :  «  Il  étahllt ,  il  est  vrai,  dit  M.  Le-  ;. 
iy  ves(juc,  des  garnisons  à  Corinthe  el-À  Orcho-  j- 
w  ini'.ne  ,  et  c'était  des  entraves  qu'il  mettait  au  :. 
»  Peloponèsc  ;  mais  si  la  llherté  des  Achéens  pot  .j^ 
M  en  souffrir,  ils  n'eurent  pas  le  droit  d'accustf  ; 
»  Anligcme  ,  parce  que   cette   mesure   était  or-  : 
w  donnée  par  la  ligueur  <\cs  circonstaoccs.  Plai- 
»  gnons  cependant  la  ligue  achéenne   d'avoir  été 
»  rt>duit(?  à  re(^aider  comme  seul  garant  de  son 
>»  repos  Tcstimc  (ju'Antigone  avait  conçue  pour 
V  Aratus  ;  plaignons- la  de  ce  que  sa  (ranquillilé 
i»   n'était  établie  que  sur  les  vertus  de  ce  prihcCf 
M  car  un  étal  est  bien  malheureux  quand  ses  des- 
ii  tins  sont  ai  faciles  à  la  conservation  d'un  pro- 
»  tecl<  îir.  Aiiilgone  Doson  mouiut  trop  tôt  pour 
»  la  Macédoine,  pour  l'Achaïc  ,  pour  la /jrèce  . 
*  cnlière.  •       \ 

Depuis  que  Cléomèneav»it  perdu  son  royaume  » 
et  qu' Antigone,  par  la  victoire  qu'il  remporta  à 


^^"        A  R  \  T  11  s.  abi 

>  avait  en  qudcfuc  sorlp  parifîë  la  Grèce, 
9t»les  do  Péit'ponjyse  ,  lai  dis  preraiÉrea 
»,  et  peisuadéî  que  l'élat  ptési'nt  des  afr 
JurcTaii  toujours,  avaîcnl  cnHèremeiit  oé- 
es  amies  et  le  métier  Je  Ja  Ruerre.  Les 
|s  songèrent  àjrofiter  de  cette  indolence; 
pouvaieut  soufirir  l#  paix  ,  parire  qu'ils 
accoiiiumcs  à  vivre  de  rapines.  Cependant 
Ue  Us  relinl  tant  que  vcrut  Anl!gon&;  rnaû 
la  mort  iU  méprisèrent  la  jeunesse  de  Phî- 
)on  successeur,  etilrèrcnt  à  main  armée  daii3 
ipouirsê,  et  ravagèrent  les  terres  de  la  Mcs~ 
Aralus  fut  indigné  de  ces  violences.  Il 
;ut  ({ueTînnoiènc,  qui  étuït  alors  préteur  des 
as,  cherchait  à  gagner  du  teinp«,  parce 
^n  année  allait  ex[iirer.  Comme*  il  était 
é  pour  loi  succéder  l'année  suivante,  il 
,  dq  cinq  jours  son  eênéralai  pour  Voler  au 
I  des  Mesi«uîens  ;  il  as.îemhla  sur>le-chnmp 
mpes  de  la  lieue,  et  éprouva  une  déraiie 
bteprés  de  Ca|>n>e».  La  vigueur  des  Aciiéena 
.gflatblie  dans  le  repos  et  l'inaction  pen- 
ue  les  Macédoniens  combatiaîenl  pour  leut 

•ccusa  Aralîis  d'être  Tauleur  de  ce  dL',<aj.lrc. 
a  de  jirouver  que  ce  n'était  point  par  sa  faulu 
bataille  avait  été  perdue  ;  du  reste  it  ajoola 
l  avait  mjnqué  en  quelque  chnse  au  devoir  de 
ipitaine,  il  en  demandait  pardon,  et  priait 
le  traitât  avec  mains  de  rigueur  que  d'indul- 
,  en  considération  de  ses  services  passés. 
mode'lio  fil  une  imji'essioi)  favorable  sur 
'assi'mhiée  ;  toute  sa  colère. «e  tourna  contre 
usatdiis  d  Avalus  ,  qui  ne  retirèrent  d'aulre 

olcr  les  seniiflieiis  d'estime  que  le  peuple 
>our  ce  grand  liuinme.  Oq  ni;  se  servit  en- 

|ue  de  SCS  conseils,  ift  il  fufgpçniis  à  l^léte 


\ 


amiiie  ei  sa  connaoce  pour  i\raîU5  jcngagi 
ce  monarque  à  leur  fournir  de  prompts  et 
secours.  Ils  savaient  qu^Antîgone  en  zn> 
avait  recommandé  sur  toutes  choses  à  Philr 
former  une  intime  liaison  avec  Aratus , 
suivre  ses  conseils  dans  tout  ce  qui  avait  r 
à  la  Grèce  ,  et  ils  n'avaient  pas  oublié  qu'il 
j  aussi  envoyé  pendant  sa  première  jeunesse  < 

(ji       *  Pëloponèse  ,  pour  y  apprendre  Fart  de  gou 

sous  ce  grand  politique. 

Philippe  s^empressa  de  venir  au  secou 
Achéens ,  et  servit  bien  d'abord  la  ligue  ] 
avantages  signalés  qu'il  remporta  sur  les  Ëlo 
et  par  les  places  importantes  qu'il  leur  c 
Docile  aux  avis  d^Antigone ,  il  comblait  J 
des  témoignages  multipliés  d^tin  respect  vra 
filial,  et  le  consultait«ur  toutes  choses ;*m. 
courtisans,  qui  avaient  intérêt  d'écarter  on  ht 
d'une  probité  aussi  reconnue  qn' Aratus  , 
s'emparer  seuls  de  l'esprit  du  jeune  prince , 
chcrent  à  le  lui  rendre  suspect  Philippe 
,1^  l'oreille  aux  calomnies  dirigées  contre  ce  , 


'  -" ^n 

AKATV  s.  afiS 

prùes.  PhiTippR,  de  son  c6\é,  rrconntil  btenOt 
»pti»  qu'on  1  avilit  tronifK^  ;  41  sentit  alors  le  tort 
qu'il  «viil  eu  puveri  AfJtus ,  el  te  liâta  de  le  ré- 
parer en  puaisianl  sévèrement  ses  calnmnialenii  :  ( 
"  Unique  moyen  ,  obierve  le  vurtueuit  KoIHn  , 
d'éc3f1er  pour  toujours  il'aupiJ^  des  piinuc*  U 
calonime,  que  l'imputlilé  el  i]uplquc(oi^  ta  rùrom- 
penH!  eu  baril  issnit  et  armenl  contre  les  plus  ge  ti« 
iif.  bien.  »  \)i:i  ce  momciil  lit  roi  rendit  k  Araiiit 
Innlfl  M  confiance;  aussi  %ii-il  prcap^rer  ses  aJ- 
(nres,  et  s'accioitre  tous  les  jours  sa  puissance  et 
U  lOpuUtion.  Il  ne  voulut  donc  plus  rien  fair» 
'ipu  uar  It^s  avis  de  ce  sage  il  lidi-le  conseiller  ^  ^ 
^pi  il  dut  loule  la  gloire  des  pii-miÈres  années  tlo 
"ton  règne.  Aralus  niontrj  dans  cet'e  occasion 
^^'il  était  cofuble  de  conduiie  non  semlemenl  un 
IMveruentent  populaire,  mai*  encore  nue  mo- 
JUTcliie  ,  el ,  selon  l'cxpretsioii  (énergique  de  Plu- 
'tir.jue  ,  il  rmpirignit  (le  sa  Sdges^e  et  de  la  droi- 
hire  d«  ses  vues  toutes  1rs  actions  de  ce  jeuno 
jbrifKe;  aussi  lès  succès  qu'obtint  Philippe,  e(  1«9 
Vrttis  qu'il  dé|ilo)-a  pendant  I--*  premières  ann^M 
de  son  rèene  ,  ni:  Crciil  {iii:>  nmtiH  d'honneur  h 
Aratus  qn  au  jeune  roi  qui  s'était  clioisi  pour 
ami  un  conseiller  si  écLiiré. 

Mais  bientcll  Pliilippe,  enivré  d'une  ffloire  trop 
lAt  et  trop  facilement  acquise,  n'écoula  plus  que 
ks  Baltenrs,  dédaif^na  tes  avis  sages,  et  ne  montra 
Wlas  <fue  de  rélolgnemcnt  pour  ceux  qui  JHsqu'a- 
|on  lui  en  avaient  donnés.  La  première  marque 
Wil  manifes'a  de  son  chaugeinei:!  fnneste  fiit 
Je  Ir^bir  les  intért^ts  de  la  ligii^ÉBliéen ne  ,  et  do 
ncllre  tout  en  usage  pour  la  réWlTre  sons  ses  lois. 
11  brava  d'abt.rJ  onverlcmcnl  les  Afhéens  en 
l'sUîaat  avec  les  pcifides  el  barbares  Eiolient , 
Ifurs  pins  cruels  ennemis  ;  il  ne  s'occupa  plus  par 
la  suite  que  de  semer  le  Inuiblc  et  la  division  dans 
ItHites  les  villes  de  U  coo&dératton.  La  dissension 


('rivi'niiiK'n'ni   la  fiui'iii'  îles  ilciix  |iarlis  : 
(ïi^trals   rir.'L.I    saisir   1....    ..ral.-urs    .l.i   pp. 

iit.illit.ul.r ,  so.ilev.v  ,  luav^acra  l.'s  ii.;.j;l. 
.'.ivir..,,  ,l,.,iv  .,-n's  .i.-s  ,.|..s  .■oiisi.l.-...l.l 
ïillc.  (^Vlait  là  jni'i  isrinoiil  ce  in'C  l'hlll|i| 
(]uil  ,  I>iiMi  ('.i>nvairic>i  <|iit.'  si  l'un  iltM  p.ii 
d<'lr::it,  il  lit;  l.ir>1ci.iil  i>.is  loutre  il  ip: 
mur  r.>  <i.'  riKiiic.  Aialiis ,  <|iii  s't-rail  .1.-  : 
n-n.iu  i.  3I.-ss;'uo  pour  .-alii.cr  t.'s  iruiil.lo 
|>n]:.]'lio  tout  son  tnécoiilontcinctil ,  cl  ii 
|';i>  .silcnci- à  son  fils,  i|ui  iii- intl-sViiin!* 
iii'in-  au  riii  k's  plus  sati^biis  r<-pi'Oili< 
l*liiii]ipo ,  (jui,  ilaiiA  (le  paii'ilU-s  o<:r.i>iiin' 
|ȉil'.iir('ii)i'nl  se  ru[iir..in.irc,  cu-nria  s.fh 
linifiil  ,  cl  ,  pn'iiaiil  Ar.iliis  K-  |.(':t>  [.ar  1. 
il  lui  doniiiida  sM  vuuVj  y.-iur  a*.H..i 
t,;i-!.M-  ,yh\:ùuw,  m'i  iS  avaii  .j.-..v'i»  .l'.i 
*;u  rili,  f.  ilflH-  fi.i  l.i;csM-  (!<iiil:ii.-.;i  la  <li!.^ 
sô'ic  l'i  ci>mTiiaii(l<iit  la  plus  çraiiih-  p. 
l'clopniic.ic  ,  (oiiimc  U  cilailciii'  Ot!  Ci 
iloiil  il  l'iiil  delà  cil  possession,  (.iinini.- 


A  B  A  T  ïl  s.  365 

faient  qu'sjaiit  en  son  pouvoir  nne  place  il  sVn 
tfSiaUiraît,  ou  Iiîcn  s'il  la  garderait.  Aratus  ne  ré' 
Vndit  rien;  mais  iJémétrius  île  Phare,  prince  illy- 
tn  qui  accompagnait  le  roi,  prit  la  parole  et  fît 
à  plaisantant  celle  réponse  si  cligne  d'an  couiti- 
fc  ï  f  Si  vous  ^ips  dei-in,  retire/. vous  tranquille- 

Eent  ;  mais  si  vous  ^les  roi ,  ne  laisser  p.is  échap- 
T  une  si  belle  DCC4.sion,  el  tenez  le  bœuf  pip 
1  lieux  cornes;  »  faisant  allusion  à  Ilh^me  el  à 
Iftnti-Ccwinthe,  qu'on  appelait  /n  deux  cornes  lia 
Vofiofièse.  Cependant  l'hilippe  pressa  Ar^lus  da 
■  fair»  part  de  son  senlimenl  :  •*  Seigiii>tir ,  lui  dit 
fce  grand  homme,  la  Crète,  la  Phncide  et  l'A- 
Icarnanie  possèdent  un  grand  nombre  de  furie— 
tresses  ;  vous  n'en  avez  pris  aucune  de  vive  force,' 
IH  cependant  tous  ces  pays  se  iôul  une  lui  dVtre 
Mouinis  k  vos  ordres.  C'est  aux  brigands  k  se 
l^enfemier  dans  des  rochers,  à  s*entourer  de 
wr^cipices;  mjiîs  un  roi  n'a  pas  de  forteresses 
kla»  rires  que  la  confiance  et  l'amour  de  se* 
■■{eu  :  cVsi  là  ce  qui  vous  a  ouvert  la  mer  de 
«CrÉie;  c'esr  œ  qui  vous  a  introduit  dans  le  Pé- 
loponèse;  c'csl  enfin  par  là  ([ul-  malgré  votre 
jeunesse  lant  de  pi'up^es  s'empressent  de  vous 
reconnaîire  comme  leur  chef  et  leur  maîlre. 
Voudriez  vous,  en  retenant  Ilhôme,  perdre  en 
noniomenidesidouii avantages!'  «  Ces  représen- 
riions  firent  rentrer  Philippe  en  lui-même  ;  il  sui- 
it  cet  avis  généreux  ;  mais  il  ne  le  pardonna  p^s 
Aralus:  celui  ci  ne  tarda  pas  à  s'en  apercevoir; 
quilt^  h  cour  pour  se  retirer  à  Sycione. 
Philippe,  après  avoir  reçu  de  lapart  desUnmainj 
D  faonleuK  échec  ik-vant  ApoUonie ,  reprit  le  chc- 
lin  du  Pélopo»è-e,  pour  tenter  de  nouveau  d'as- 
ijeltir  les  Messénicns.  Mais,  voyant  que  sca  ruses 
UienI  découvertes,  il  eut  recours  à  la    '"' 


ivagca  loul  le  pays.  Aralus,  indigné  d'une  injus- 

ce  si  criante ,  s'en  pbienit  hautement  et  crut  de- 

7'omel.  33  ' 


le  faire  mourir  par  f|iiel(|uc  voie  secrète, 
obéit ,    quoique    avec  répugnance.  Il  se 
miric  avec  Aratus,  rinviia  plusieurs  fois  à 
cli(?z  lui,  et  dans  l'un  de  ces  repas  il  lui  d< 
poison  ieiil. 

Ar^tus,  sentant  les  ai  teintes  d'un  mal  qu 
snmait  peu  à  pou,  en  reconnut  bientôt  h 
mais  r.oinnic  ses  plaintes  n'auraient  produit 
eflt^t  que  d  exciter  de  nouveaux  troubles  p 
Arhéens,  il  souffrit  patiemment.  Un  )ou 
tnetit,  ayant  craché  du  aang  devant  un  di 
4li*ics  «mis  qui  lui  en  témoignait  sa  surpris 
répondit  :  »  VoiU,  mon  cher  Céphalîon, 
o>  de  l-aniiiié  des  rois.  »  Araiûs  mourut 
tniips  apt:f».s,  dans  la  cinquantri-septicmi 
de  son  âge^  et  daps  Texercice  desa  dÎK  c 
prëtui^t. 


t^  I  L  O  P  OL  M  E  !f .  :^-J 


PHILOPOEMEN, 

IT     LE    DERKIER    DES    GHECS. 


JrHH,oPŒMEN  n3([iiil  3  Mégalopolis,  viile  de 
J'Arcadie,  dans  le  Péloponèse  ,  l'in  a.îS  enfriroa 
avant  J.-C.  Vn  ami  de  Crausis  son  père,  Ca*- 
(Uadre  de  Manrinée,  en  reconnoUsame  de  la  ^é- 

e:use  hospitalité  et  des  services  signjlés  qu'il  en 
t  reçus,  se  chargea  de  donner  au  Jeune  Phi- 
einen  rëdticalion  la  plus  nohie  et  la  plus  li- 
%inle  ;  il  se  conslilwa  son  gouverneur,  et  fut 
ÉMwrfai,  sHon  l'expression  de  IHularque,  ceqne 
iPluénîx  ■«•ait  ^té  pnur  Achille. 

Philopnemeii  ircut  des  leçons  de  philosophie 
•d'Ectlemus  i^t  dt;  Uémophanes  ,  tous  (Jeux  (ii; 
Jlégalopdiis ,  et  disciples  d'Arre^iilas,  académi- 
■cien ,  qui ,  plus  que  lout  aiHre  philtisoplie  de  sou 
temps,  avait  appliquii  la  dorlrine  à  la  p^lilirpit. 
Ecdemus  et  Dértnipliaiies  av;iieiil  en  mainte  m  ca- 
tion bien  mérité  de  la  patrie':  niais  ils  comptaient 
au  nombre  de  leurs  plus  belles  ai:lions  l'éduca- 
^n  de  l'hilopœmcn  ,  qu'ils  avaient  liisposé  par 
leurs  leçons  à  faire  le  bnn!iE)ur  et  la  gloire  de 
h  Grèce  sur  son  déclin,  lin  eftl  riillopcemen  fut 
^pelé  le  dernier  des  Orecs  ,  rnHime  Brulus,  dans 
la  ïutte ,  le  demier  dfs  Homainf, 

Il  avait  pri.^  Epaminondas  pour  modèle  ,  et 
personne  n  imita  mieux  que  lui  la  prudence,  l'ac- 
tïvilé ,  le  dcsintéressemeut  et  la  magnanimité  de 
•e  graod  homnie;  plus  propre  aux  exploits  gner- 

33» 


268  PHTLOPCEBIBN. 

riers  qu'aux  ménagemeos  de  la  polidc 
livrait  sans  ces$e  aux  exercices  militau 
peu  ilc  progrès  dans,  les  arts  d'agrén 
chez  les  Grecs  faisaient  essentiellement 
Téducalion  de  tout  homme  bien  né.  Un 
livré  à  Tétude  de  la  guerre  ,  il  n'étudiai 
ouvr;iges  des  philosophes  et  ne  cherchai 
poëmes  d'Homère  que  les  endroits  ca 
fortifier  sa  valeur  et  d'enflammer  son  c* 
lisait  surtout  les  tacticiens  ;  mais,  persua 
paroles  doivent  avoir  loueurs  pour  bi 
iions ,  et  qu'il  ne  faut  pas  lire  seulem 
s'amuser  et  se  remplir  la  tête  d'un  babi 
il  ne  s'attachait  guère  dans  ces  auteui 
descriptions  topographiques ,  nu'il  alla 
sur  les  lieux  mùines,  et  faisait  d  ailleurs 
tcntion  à  leurs  préceptes  sur  les  ordres  de 
Eli  voyage  ou  dans  se$  piomenades  il 
la  situation  du  terrain  y  et  méditait  sur  \ 
dont  on  pourrait  disposer  des  troupes  si 
ji  combattre  dans  une  position  semblabl 

Lorsqu'il  fut  sorti  des  inains  de  ses  i 
de  ses  gouverneurs  il  prit  part  aux  i 
que  les  Mégalopolitains  faisaient  dans  la 
et  dans  toutes  ses  courses  il  prit  l'habiti 
toujours  le  premier  è^  marcher  et  le  dei*. 
venir. 

Ce  qu'il  gagnait  à  la  guerre  il  le  dép 
chevaux  et  en  armes ,  ou  remployait  à 
ffs  concitoyens  prisonniers.  Comme 
Censeur  chez  les  Uomains,  il  ne  négl 
d'augmenter  sa  fortune  par  t'agricultu 
regardait  comme  le  paoyen  le ^ plus  bon 
s'enrichir  ;  aussi  employait- il  aux  (ravai 
,pétres  et  à^  la  chasse  lé  temps  qu'il  ne  c 
pas  i  l'étude  ou  à  Texerciçe  dç  ù  guerr 
affaires  publiques. 

fhjlopœmea  était  M^  ^9   tjre(ilièg 


PHILOPOEMEN.  26g 

S  raque  Cléfimène,  roi  de  Lscéilémonc,  surprît 
égslopolts  pendant  la  nuir.  Comme  les  habilans 
lient  sans  crainie,  rc  prince  eniri  dans  la  ville 
Es  éprouver  la  moinrlre  réfijtance;  mais  la  plus 
nde  partie  des  Mégalopoljiains  sortit  en  même  ' 
ips  p3r  une  aulre  porte  avec  leurs  effels ,  tftndii 
fae  quelques  autres,  s'étani  anni's  i  la  hSle  et 
»ant  à  leur  li'le  Phîlopœmen  ,  opp(naienl  aux 
marlîates  une  vigoureuse  résisiance.  Si,  malgré 
(orsefTorls,  ces  généreux  déferseoTs  ne  pnrent 
KDver  la  place ,  ils  prolég^rent  du  moins  la  Tiile 
fe  tous  leurs  ronutoyens  ,  qui  se  retirèrent  h 
lessène. 

|Cléoniène  leur  fil  proposrr  de  revenir  ,  lanj 
^re  condition  tpie  de  se  recnnnatire  pniir  s^% 
mes.  Ils  sllaieiit  peul-ftre  se  laisser  séduire  par  v 
Bte  proposilioo  ;  mnis  Philopcr^en  leur  fil  sertltr 
RtiWn  elle  était  insidieuse,  en  leur  disant  que 
uoi  de  Spirte,  qui  n'avait  pas  hesoin  d'acrtuérir 
h'Iîeu  désert,  se  monli'ail  généreitx  pour  avoir  i 
■  fois  et  la  ville  et  les  hommes.  Ci-s  représenla- 
ioin  frappèrent  si  vivement  les  Hiélapipolitains , 
qu'ils  aimèrent  mievix  voir  leur  cilé  ili^truite  par 
1!  vainqueur ,  que  de  manquer  a  la  fidélité  qu'ils 
Taïent  jurée  h  leurs  alliés. 

Quelque  temps  après  Aniigone  Doïon,  roi  de 
Barédome,  protecteur  de  la  ligue  des  Achéens, 
Jant  amené  Ctéomène  à  lui  liiTer  bataille  , 
nprè»  de  Séljsie ,  ville  de  la  Lacr.nie  ,  Phi- 
Opoemen  se  signala  par  un  Irait  d''audare  et 
riiabilelé  qui  attira  sur  lui  tous  les  regard'.  11 
crvait  en  qualité  de  simple  volontaire  dans 
a  cavalerie  du  roi  de  Illacédoîne  ,  avec  quel- 
pies-uns  de  ses  concitoyens.  Antienne  avait  dé- 
acbé  un  corps  d'Illyriens  contre  Euclidas ,  frère 
le  Cléomcne  ,  qui  était  avantageusement  posté 
.nr  le  mont  Eva  ;  mais  daii^  le  temps  qu'ils  l'ef- 
orçaient  de  gravir  les  hauteurs,  quelques  batail- 


et  la  met  en  fuite. 

Ce  fut,  i\v  Tavcu  môme  d'Antîgone,  r 
Tiwuvre  qui  Jécicîa  tle  la  vicloire.  Ce  pri 
m«nnda  après  la  balaillc  quel  olail  Toffi 
avait  de  Son  propre  mouvement  commai 
cavalerie  de  charger  la  troupe  légère  des  c 
\  L^fTicier  à  qui  s  adressait  cette  question 

m  disant  que  c/ëtait  un  jeune  homme  de 
polis  qui  avait  agi  ainsi  malgré  ses  ordre 
»  jeune  homme  ^  répond  le  roi ,  s'est  co 
'^  **  grand  capitaine ,  et  vous  ,  qui  êtes  s< 

»  vous  vous  êtes  comporté  en  jeurte  h  on 
Antigone ,  touché  d^un  mérite  si  rcb 
alors  les  offres  lesrplus  avantageuses  àiPhil 
|>our  rattacher  à  son  service  ;  mais  celui- 
trop  sa  patrie  pour  accepter  ;  d'aïHeurs  i 
I  naissait  trop  de  fierté  et  de  roideur  dans 

tère  pour  consentir  à  vivre  en  courtis. 

]  comme  il  ne  voulait  pas  rester  sans  er 

r  passa  dans  Tile  de  Crète  ,  qui  était  alors 

i,,-»  à  une  guerre  intestine.  Ce  fut  \h  qu'il  s 


PTHLOPCKMBÎC.  a-t 

Ikéfs  âe  U  réj>ul)lit|u«  ,  ih  nrofitairnl  An  la  tiipé- 
iirHlf-  (jup  leur  donnaient  leur  nai.snaiicr  el  leur 
prlnne  pour  s'abnndontwr  à  la  miillfs<e  el  mé- 
tonnatlre  loule  disrlplinc  ;  aussi  inspiiaienl  -  ih 
Us  (le  crainle  aux  citoyens  cl  même  aux  magif 

KïhifopoEmf  n  ,  loin  An  se  rendre  cnmplîce  Je 

n    altus  en   le)  ]»i<isant  f^uh^isier  ,  mît  totis  ses 

M»»  à  les  exllrper.  Il  s'ai^issait  d'atiord  de  réunir 

iue  milice,  ilispcrs^e  tt^iv»  l«s  -différ^Dies  villes 

B  la  confedéralioa  achéennr  ;    il  Ips  parcourut 

URtes,  exliOTUnt  GD  particulier  tou^  Itio  i«un»ii 

l«»  rappelinl  les  tins  à  Iciir  devoir  aii  iiPin  da 

ooncur,  osaiii  mémo  fh.ltier  sév^femenl  rrux 

il  se  IDOntraicnl  iiidrK'ilr-j  -,  snuvi-nt  il  bt  t>^F^' 

t  à  ta  mancewrre  ,  el  leur  faisait  livrer  des  com- 

•  •miibIps  tn  préseai:e  ilt  ifiiahreuv  «prnaieurs. 

S  ce  n»y#n    il   ke»  rendii   Iwnlôl  robll^te^  , 

UÙtAf  coLK'.tgeuet ,  et  ei\  mJme  temps  si  léeer* 

rii  prBin[its,  qii'i4s  nncutaifliH  lu  évolutions 

i«l3reiav«c  tant'  d'ngitvté  e^  de  nrérision  qu'on 

Al  «lit  q.ue  Iniile  ri'lt<!  cav.ilerlc  n  élnil  (juiin  'fiil 

t  même  corps  qui  suivait  un  mouvetneiil  lil>ic  et 

loIoDiaire. 

Philopœnner  fut  réromppns'^  de  ses  soirM  par 
t  TÎCtoire  ([u'I!  ïnt  la  filolrc  de  remporlpr  a  la  li'le 
te  c^e  cavalerie,  Vannée  ni<>:ne  ipi'il  en  fut 
KOrnnif*  géiitT.il  pour  la  première  fciii.  LcsAiîh^en* 
il  élsient  venus  aux  main?  aver  les  liltulirns  et  les 
Oèem  ,  nun  loin  de  la  villi-  d'Elis.  Ojnw, pliante  , 
(Entraide  la  cai    '    '  "    '  "' 

opoemen  ,  taurt 
tnd  de  pied  fcrr 
»up  de  pi<|ue ,  cl  lui  iai 
Jiarge  ensuite  la  cavalerie  onnemlc  el  lj  met  en 
léroute. 

Cel  exploit  avani  cncfirc  accru  la  renomiaee  do 
niit'tpu.-meii,  il  lut  élu  peu  de  tennpï  a^rè»  eapi- 


crie".4écnnc,  a 

»!r.c<;ml   l'I 

,  le  prL'vient  en 

lui  poriani  i 

rier,  iinëgligoa  la  discipline  militaire,  etfud 
<laiis  la  nécessité  de  mettre  TAchaïe  sous  h 
tion  de  quelque  prince  étranger.  Maïs  sous  I 
,in(^n  la  ligue  fut  en  état  de  se  passer  de 
cours  emprunté.  Il  releva  le  courage  de  s 
citoyens ,  et  leur  apprit  à  vaincre.  Dans  ce 
il  remit  parmi  eux  la  discipline  en  vigueur 
ma  leurs  armes^trop  faibles  et  trop  légères 
rri  donna  qui  les  défendaient  mieux  et  1 
daient  plus  redoutables  dans  Tattaque.  Il  i 
aussi  de  modérer  Texcès  de  leur  luxe  et  U 
fensesj  ou  du  moins,  sHl  ne  put  extirper 
pour  la  magnificence  et  Téclat^  il  en  corrige 
en  le  dirigeant  vers  des  objets  utiles  et  u< 
Les  Achécns  avaient  aime  la  somptuosité 
Jiabits  et  dans  les  repas  ;  ils  ne  Taimèrent  ] 
dans  les  équipages  de  guerre»  et  la  jeimesse 
Varmure  itkoins  pesante  ,  parce  qu'elle  él 
JjeJle, 

Philopœmen    donna    toujours    Texenn 
celte  simplicité  dont  il  cherchait  à  inspirer  1 


PH  ILOP(œ  «EN.  >73 

le  ç^néral  des  Achécns,  faisail  de  grands  prépa- 
iraiifs  notrr  le  bien  recevoir  ;  son  Inari  élail  alors  ab- 
Klt.  Philopœinea  arrive;  celle  ft'uiine  ,  ln>m[)ée 
|iar  la  simjilicilp  de  son  costume,  le  pni  pour  un 
«ralel  ou  pour  un  courrii^r,  ei  \c  pria  Je  l'ailler  i 
iiire  U  cu*sitie.  Philopcemen,  quillanl  son  inan- 
leau ,  se  met  â  fendre  du  bois.  L'IiAte  revient ,  et 
le  voyani  ainsi  uccupi^,  "  Que  failes-voun  U  sci- 
t>  gneurDiilopcemeni's'ëcrie-l-il  avecélonnemcnt. 
f  —  Vouslevoyea,  répond  le  grand  hoQiuie,  je 
f  paye  les  iniérf'ts  de  ma  mauvaise  mine.  » 
j  lloil  mois  avaient  suffi  à'  Fliilopcemen  pour 
^baneer  le  régime  militaire  et  rdevcr  le  courage 
\àes  Achéens;  il  devait  encore  signaler  par  une 
ÉraDde  victoire  l'exprcice  du  coiriniandernent  su- 
^r^me  dont  cette  année  il  était  revêtu  pour  la  prC' 

rière  fois. 
Mach.-inidas  ,  roi  de  Lacédémone,  prince  très- 
IwlUquaux,  était  entré  dans  l'Achaïe  i  ta  tftdde 
faMu  impoMntes-  riiilopuemen  marohe  i  sa  renr 
pMli'e ,  et  lui  prëseste  la  bataille  i  la  vue  de  WUa- 
tîaéc.  Le  premier  rlioc  fut  lenililt',  et  lo  sucras 
long- temps  douteux;  maispnOu,  les  Tarenllns  (]ui 
toient  à  la  solde  du  roi  de  Sparte,  ineilpnl  en 
fuite  les  lUynent  qui  cornbatiaîent  dans  l'arniée 
achéenne. 

ïoul  poriait  à  rroïre  que  b  viclnlre  allair  se  dé- 
clarer en  faveur  des  Lacédémoniens.  Mais  ce  fut 
dans  celte  occasion  ,  dit  Polylie ,  qu'on  reconnut 
U  vérité  de  celle  maxime ,  que  h  plupart  des  évé- 
aeroens  militaires  dépendent  uniquemcn)  de  l'ha- 
bileté  ou  de  l'impéritie  des  j-éncraux.  -■  La  fuite 
"  de  nos  étrangers  nous  donnera  la  victoire  ,  »  dit 
Iranquillement  l'hilopœmen,  qui  voit  que  Ma- 
(iianidas,  auiiru  de  profiler  de  son  aviini.-if^e  pour 
attaquer  le  ^'ros  de  l'artnée  achéenne,  s'amusait 
à  poursuivre  les  fuyards.  Puis,  quand  il  eol  laissé 
cet  imprudent  général  s'éloigner  assez  de  l'infan- 
ierie   lacé  démo  nie  une  pour  n'tïtre  plus  à  portée 


^74  l»TltT.ftrf*î?*KH.  1 

é€i  la  proft^c^r,  il  tombe  bnivquAiMilt  iitlf  MWi 
phalany,  La  charge  avoc  vigueur' et  In  iHïïpeHttv^ 
li-ans  lï  plaine  ftii  moment  oh  eHe  M  v*a4tcmMtja 

eus  à  combattre ,  et  croyait ,  ainsi  que  Machanidlitf(:i 
▼irtoin*  assurée.  ^^m 

V\u9  h.ibile  c|6e  son  rival  k  i-ircr  parti  des  atM^I 
f«gt*s  ,   Philopopincri  ne  permit  pas  à  toute  ioIÉb 
armëi*  de  poursuivre  renntmii,  et  retint  auprès  dM 
Ini  un  rarps  considérable  pour  garder  nnpontiitra 
Icq^uel   Marhanidas  devait  nécessairement  pasteft^lj 
Celui- ri,  revenont  de  la  poursuite  des  fuyards ^  1 
ftftt  tout  surpris  de  voir  les  Arhécm  mafcret 4a  J 
pont  ;  sentant  la  faute  quMl  avair  covittiise ,  il  liJl  I 
de  vains  efforts  pour  se  faire  jtyur  à  travers  lesêaj^l 
neniis.  Alors  seul  avec  deux  cavaliers,  il'cotfttM 
long  du  fosse  pmir  trouver  im  psssaget  Fliilw| 
pœrncn,  qui  Ta  reconnu  k  son  manteau  depeuMlfa 
chargr*  un  offinerde  la  garde  (Ht  pont ,  et  anife  *^| 
rhaniiJas  ih  l'ai^ii'e  fM  du  fcsséL  Le  LacëdHitig  j 
nien  rcncorffre  un  endroit  atsé  k  frandiir  ;  ilpitfikl 
son  cheval,  et  sVlance  sur  le  bord  opposé.  FtliNl^j 
pœmen  saisit  ce  momeni  pour  lui  lafleer  m  ■  t >^^ 
▼eline,  et  lui  perce  le  (laiic  d'un  coup  moiw»  Ml 
léte  de  Machanidas,  portée  de  rangenranK,  M^^l 
flamme  encore  le  courage  des  vainqueurs;  A!! 
poursuivent  les  Lacédémoniens  avec  un^  avdettrl 
ioeroyalyle,  et  en  font  un  grand  carnage.  6rMj 
à  IHiilopœuien ,    les  Achéens  remportèrent  oMli 
victoire  comptète;  ils  humilièient  Sparte , -ipl!! 
affectait  ila  les  mépriser.   Aussi  ,  dans  leuf'ri^  ] 
conrinissauce  ,    ils   érigèrent  k  leur  général  «MI^I 
statue  de  bronze  dans  le  temple  de  De^hes,  oi#1 
était  représenté  dans  ratlitùde  d'un  homme  lai^ 
çant  In  javeline.  -'' 

-  Jj'année  suivante  Pliilopœmen  ,  élu  pour  la  se^- 
«onde  fois  général  des  Achi*ens ,  reçut  aux  yeai 
de  la  Gr^ce  asitemblée  des  téraoignagea  ëVs* 
time  non  moins  flatteurs  ;  il  vint  aux  jeux  Në^ 
uiéeiiK,  cl   profita   de  cette  occasion  soleonella 


PDltOPOEMEI*.  575 

pour  faire  manoeuvrer  sa  phalingc.  Tous  les  as- 
aslans  aJmirèreat  la  belle  lenue  de  sa  troupe,  la 
précision  de  ses  mouvemens,  l'ar<!eur  guerrière 
qai  brillait  dans  les  regards  de  cli;iquc  soldi'l,  et 
|À  vënéralicm  qu'ils  paraissaient  toua  avoir  pouii 
leur  aéaëral.  Il  se  présenta  ensuite  au  théSIrc ,  oit 
Vpa  dispulail  le  prix  du  chant.  Coniine  il  entrait^ 
|B(u»n[>^ei>é  de  cette  florissante  jeunesse,  le  mu- 
HlÛKU  Pylade  récitait  ces  vers  du  poète  ThJmo- 
Uéc: 

CVit  lui  qui  touranne  nm  icitt 

ÉDhi  Ulutoo  de  la  Ubtrlc. 
»  les  speclaleurs  tournèrent  les  yeu»  ver» 
oeraeci,  auipiel  ils  firent  TuppIicatioD  de  cra 
1  les  Grecs,  à  la  vue  d'un  héros  qui  kuB 
lit  les  beaux  temps  de  leur  gloire,  le  flat- 
ttreni  un  niainent  de  les  voir  ri;na!lre. 

£a  effet,  Philo pœmen  élaît  l'âme  de  la  li|;ue 
|i4m  AchéeDs  ;  avec  lui  rien  ne  leur  paraissait  bu- 
WHua  de  leurs  forces;  sans  lui  ils  devenaient  lv> 
Inides.  Celait  toujours  vers  lui  qu'on  portait  ses 
regards  dans  li^  périt;  son  seul  ;iS|icct  rendait  la 
ConËance  aux  soldats.  Jamais  reuiii.-mi  n'osait  le 
regarder  eaface,  el  son  notn  seiU  les  faisait  trem- 
bler. Aussi  Philippe,  roi  de  Macédoine,  persuadé 
qu'en  perdant  ce  général  les  Achéens  perdaient 
(ur  puissance  ,  voulut  le  faire  assassiner;  mais  cet 


intame  projet  fut  découveil,  et  ne  servit  qu'i 
rendre  Philopœnieu  plus  cher  à  ses  concitoyens, 
^UÎ  plus  que  jamais  s  enipri^sscrent  dt;  veiller  à  sa 

Lcs'Achéen.sav;inléhi  un  autre  général,  Philo- 
pœmen  s'ét.iit  retiré  à  MégalopoUs,  où  il  vivait  en 
lioiple  partiruiiei'.  Cependant  il  apprend  que 
Itabis,  tyran  de  Lacédémone,  qui  avait  succédé 
1  Maclianidas,  s'était  ein[)aré  de  Me.'^»<^ne  ;  il.  en 
donne  avis  i  Lysipjjo ,  général  des  Acltéens  ;  nui* 


a^G  philopûëmev. 

celui-cî ,  regardant  Messènc  comme  perdu 
rcssouxe ,  refusa  de  porter  des  secours  à  rett 
Alors  Philopœmcn  prend  le  parti  d*y  alk 
m^me,  à  la  tête  de  ses  compatriotes, qui,  s: 
tendre  ni  décret  ni  élection  ,  le  suivent  ; 
cfiamp,  '(  en  vertu  du  décret  de  la  nature,  qi 
»  qu'on  obéisse  au  plus  digne  de  commande 
son  approche  Na1)is  sortit  de  Messène,  s'est 
trop  heureux  de  lui  échapper.  C'est  ainsi  < 
nom  seul  de  Philopœmen  dispersait  te 
nemis. 

Incapable  de  repos ,  ce  général  profita  du 
qu'il  fut  éloigné  du  commandement  pour  fa 
second  voyage  en  Crète,  à  la  prière  des 
tvniens,  qui ,  ayant  une  guerre  à  soutenir,  ï 
gèrent  de  venir  se  mettre  à  leur  tête.  Ce  g( 
voulait  ainsi  tenir  sa  vertu  militaire  dans  UO' 
vite  continuelle. 

Il  acc^uit  dans  la  Crète  un  nouveau  gei 
gloire;  il  y  fit,  à  la  manière 'des  Cretois 
guerre  de  ruse ,  et ,  employant  contre  eux 
propres  stratagèmes ,  et  surtout  ceux  <y]e  li 
gérait  son  expérience  consommée ,  il  proui 
ce  peuple ,  qui  avait  tant  de  renommée  dan: 
partie  de  l'art ,  n^y  était  encore  que  novice. 

Aussitôt  après  son  retour  dans  sa  patrie ,  1 
pœmen  ,  élu  général  des  Achéens  ,  se  char( 
commandement  de  la  flotte  pour  aller  ati 
riabis,  qui  faisait  le  siège  de  Githium.  Il  i 
aucune  connaissance  de  la  marine ,  mais  il 
rait  être  aussi  heureux  sur  mer  que  sur  tei 
apprit  à  ses  dépens  combien  l'expérience  i 
ccssaire  en  toutes  choses.  Nabis  n'avait  pu  rs 
bler  à  la  hâte  qu'un  petit  nombre  de  vaissea* 
cependant  il  fut  vainqueur;  peu  s'en  fallut 

lie  Philopœmen  ne  tombât  entre  ses  maina. 

isgrâce  ne  découragea  pas  ce  général  ^  xx 
rendit  à  l'avenir  plus  circonspect 


3 


l>niI.OPOEM  EN.  a'jy 

r  de  l'afauingcfiM'il  VL'iiail  Je  remporior  sijlr 
s  giaiiil  homme  de  guerre  de  son  Kmps , 
continuait  le  si^ge  de  (iythîum  avec  séGU'~ 
oui  à  coup  Pliilopœmcn  pénèlre  dans  son 
à  la  faveur  Je  la  nuit,  fait  un  grand  car- 
des Lacédémoniens,  et  ravage  ensuite  let 
fis  de  h  Laconie  ;  nuis  il  ne  put  empêcher 
de  prendre  Cythiiim.  Ce  sucrés  ilouneau 
une  nouvelle  audace  ;  il  marche  contre 
pœmen  et  lui  présente  la  bataille,  Le  génc- 
:héen  ne  s'atiendait  pas  à  certe  attaque; 
,  sans  laisser  rien  paraître  de  sa  surprise  ,  A 
Ir  combien  il  excellait  dans  l'art  de  choisir 
amp  de  bataille.  Nabis,  «[ui  l'avait  prévenu, 
,  empalé  du  terrain  (|ue  lui  -  même  aurait 
.  occulter  ;  por  une  fuite  simulée  ,  Philopoe- 
le  th  changer  de  position ,  et  l'attira  dans  lei 
ches  qu'il  lui  avait  tendues.  Les  Lacédémo- 
,  battus,  biis  en  déroule,  prennent  b  fuiie 
dispersent-  Mais  comme  le  pays  ,  coupé  da 
ride  ravina,  était  trës-difTicilc  pour  ta  cavale 
NiilopoeRien  ne  permit  pas  i  ses  troupe»  de 
iuivre  l'ennemi  ;  il  fail  sonoer  la  reirailp  ,  et 
e  moment  même  él.itilil  son  canip  sur  le 
Je  b  bataille.  Comme  il  se  doutait  bien 
l'approche  de  b  niiii  les  Spartiates,  reve- 
de  leur  Tuile  ,  se  rKireraietit  vers  b  ville 
etils  pelotons  ,  il  plare  en  embuscade  sur 
les  passages  nui  conduisent  à  l.acédiémone 
eus  Corps  d  Achéens  ,  (jui  elfectivcrnent 
rit  ou  liienl  prisonnieri  un  grand  nombre 
émis.  Le  tyran  perdit  plus  des  trois  qiiailt 
1  armée,  et  l'iiilopœrnen,  après  avoir  ravagé 
conie  ,   rclourna  dans  sa  pairie,   cbargo    de 

cl  de  gloire. 
Li-lqoe    temps  .iprès    Nabis   aynni  été   a.>:tas- 
lar  les  Etoliens,  Sparte,  m  pi  oie  à  b  rapa- 
e  ce  pcupb  accculumé  au  brigaudage,  n't- 


ialloclion  des  hommes  les  plus  di 
l>aré(lùinonc ,  «ui  le  rcgArdaient  c 
libdralrur  ;  aussi ,  pour  lui  lémoigne: 
gratitude  ,  ils  lui  uonnërent ,  par  uc 
palais  (le  Nabis  et  loute  la  fortune  d 
qui  inoiitaiL  à  cent  vingt  talens  (  cnvir 
Jiùllu  francs  }. 

Ce  fut  dam  cette  occasion,  ilit  Plu 
la  vertu  de  riiilopceincn  parut  dan 
lustre.  U  n'y  eut  pas  un  seul  Sparliali 
charger  de  lui  offrir  ce  prcseni  )  l'op 
Avait  du  dt'siiDéiesseaient  de  ce  gra 
rendait  U  commissii'ii  irop  embanasf; 
(Mrun  décrot,  on  oitli|^ea  Timobus,  s 
ticuliei',  i  ïc  icidio  auprès  de  lui  poi 
le  pr^ienl  de  la  république. 

Anivé  i  Mtitjalopolis  ,  oit  Pliilop» 
■nn  i^jouCi  ïiiudbiis  fut  lellemeul 
l'austénlé  de  ses  mœura,  de  sa  grau 
etdesifri^ilité,  qu'iln'osa  pas  seulen 
Urdel'objel  de  sa  mission  ,  et  qu'il  s'ei 
Lacéd^anesana  lavoir  rempli.  lîuv> 


3  firez  mieux  de  gar- 
__  :heler   b   fiJélilé  *le« 

1  5HspeclK,  «t  pour  vous  concilier  v<m 
tmis  ■  car  c'est  à  tes  ennemis  et  non  i  m 
•  qu'il  f^ut  lier  la  langue  par  des  présrni.  a 
l^céOcrnanîens,  ouGli.inl  Talliaiice  iiu'iis 
t  formée  avec  les  Achéens  ,  ne  larOèr«i(t 
«.seulever.  Uinphane,  (|uiëlait  alors  ^«iiié- 
-Ij^lîgue,  se  prépssail  Â  les  putiii-  sévère^ 
«{e  leur  déterliaci;  mais  riiilopcenticn  s'y 
k.  fortement ,  et  sut ,  par  les  voies  les  plui 
«eï,  &ire rentrer  lesLar^Jéinoaleas  dans  Le 

ntdl  après  ,^  lui  m£me  ^tant  fjénéral  de  U 
tération  ,  les  Lacédémoniens  donnèrent  de 
:aui  sujets  de  plainle.  Irrité  de  leur  turbu- 
'Opiniâtre  ,  rhilopcemen  se  présoulc  devant 
C^la  télé  d'une  arnaée.  (Junûgue  cette  ville 
kt  ouvnt  ses  portes  et  se  fût  rendue  à  dis- 
od  ,  il  avait  résolu  de  la  traiter  coainie  une 
ilptue  d'as^ut.  Après  avait  conimeacri  par 
imnarir  les  principaux  séditieux  ,  il  raaa  1m 
lilles,  dép.iila  dans  I.m  .UriiinMiLes  villus  de 
l,Vic  ions  les  nouveaux  liabitaiis  .|ui  avaient 
des  tyrans  le  droit  de  cilé  .  el  mil  eu  veille  ceux 
'ubslinaieiit  à  rester.  D'une  autre  part  çeiu 
le  lyraii  avait  bauiu'^  de  Larj^d^mone ,  et 
FliilopœniKn  s'elait  déi:lan^  le  prutecteui- , 
,t  réintégrés  dans  tous  leuia  droits  de  ci~ 
is.  Il  abrogea  eu  ouli'e  ce  (|ui  restait  encore 
nslitulions  de  Lycurgue  ,  el  obligea  toute  U 
nie  à  reconnaître  les  lois  qui  gouvernaient 
Ldiéeiis.  On  a  b1ilm<:  i:omiiie  un  .excks  de 
iitinieiit  le  traitement  sévère  qiio  Pliili<poa~ 
fitépniuver  aux  Spai liâtes;  mais  n'>iait-il 
usle  aulant  que  politique  de  dépouiller  du 
;  sa  puissnuce  une  ville  qui  n  'avait  jamais  iâiit 
de  mal  à  la  ligue  acbéeaue  q^ue  «lepuis  qu'eUe 
ion  alliée;' 


ressources  de  son  art  pour  y  résister. 
tout  pour  mainienir  la  dîgniié  de  ta  r 
et  pour  soutenir  le  courage  de  ses  défe 
prévoyait  bien  ^ue  la  ligue  achéenne  s 
rait  enfin  sous  les  efforts  de  ta  ouissance 
mais  il  savait  aussi  qu'avec  de  la  fermeti 
*ail  encore  relarder  ce  moment.  <•  £s-ti 
»  de  voir  h  fin  malheureuse  de  la  Grèce 
un  jour  enpleineassembléei  l'Achéen  A 
qui  voulait  engager  ses  conféd^s  à  flécl 
les  HomaÎBS. 

Il  était  âgé  de  soixante-huit  ans  Inr 
nommti  général  pour  la  huitième  fois- 
élait paisible,  dT  Philopœmen  espérait  le 
paix  sa  carrière.  On  vantail  un  jour  dev 
talons  miliiaiies  d'un  générai  :  "  Eh  î 
»  peut-on  eslimcr  nn  homme  qui  s'i 
»  prendre  en  vie  par  les  ennemis!  »  dit-il 
ment.  11  semlilc ,  comme  l'observe  Pluta 
néjflige  rarement  l'ocrasion  de  faire  qi 
flexion  morale  ,   il  semble  que   la  veng 

A\t..,-,   vn.AAt  minir  P>iilnnn>mpn    ,U  ■'«! 


PHILOPCeMEN.  «?r 

V  D,  prensnt  avec  lui  quelques  cavalit^r^ ,  il  mur- 
wconirc  Démucrale,  le  rencontre  à  cjiielqu» 
tiitjnce  de  Mesiâne  ,  et  le  met  en  fiiiie  avee  Inuie 
on  escorte.  Un  renfort  nsscz  ronsidérabte  aynt 
joint  Démocrate ,  celui-ci  rallie  sa  troupe,  et 
'gage  <]c  nouveau  l'aclion.  i'hiiopcemen  ,  rrii~ 
ant  alors  il'étre  enveloppé  ,  se  relire  en  (aisant 
e  à  t'enDcmi  ;  main  cnionieil  s'était  avancé  avec 
p  d'impétuosllé  contre  ceux  rjui  le  pourxuï-* 
ent  de  plus  pr^s*  il  s'apen;ut  trop  tard  qifil 
il  seul  au  milieu  d'eux,  et  «eparé  ilea  siens.  Sun 
Ht  n'est  pas  encore  tli'stspcré  ;  il  se  fait  jnur  k 
rers  les  rangs  des  Messéniens,  qui,  malgré  leur 
mbre,  n'aient  le  joindre  cnrpsàcnrps.  Mais  snn 
rva\  fait  un  faux  pas,  et  le  jette  rudement  A 
r«  i  PtiilopoBuien ,  blessé  à  la  tCie ,  reste  sans  con- 
asancr ,  et  n'ouvre  les  y  eut  que  pour  se  voir 
pouvoir  des  salelliles  de  UémocruLe  ,  qui  Tac- 
(lent  d'outrages. 

K  la  nouvelle  de  celle  victoire  la  joie  sVuit 
Mtiduedans  Messène;  elle  fut  au  comble  quand 

apprit,quelqiic  monieiis apr(s,t|uf  riiilupteiuen 
lit  prisonnier.  Mr\h  quaml  les  rtiesscuieuf,  .]i]i 
laieiit  portés  en  foule  pour  li-voir,  ce  ni  imii  nie- 
nt le  héros  .1,-la  Gréa- I..-,;,,,.  ,.,„_J,.s  .solJ.ls  et 
argé  de  chaînes  ,  la  compas.sioo  (it  place  A  leur 
égresse  ;  ils  ne  purent  s'empénher  dt;  verser  des 
-mes;  plusieurs  reconnaissaient  eu  lui  leuraii- 
in  général.  Les  magistrats,  craignant  les  siiitei 

rattcndiisseninit  qu'ils  iem.irt|uaieot  dans  le 
uple,  iint  bieiUôl  soiistr.iil  filliÈ'^tre  c.iplil  à  ses 
gards;  l.i.-s-é,  Tu^.t.ide,    il  -st  tiansléie  d.iNs  un 

affrances  ,  Uc.uocrato  lui  env„i,-  ,li,'  poi  .'-n.  JWs 
e  ce  grana  homme  ap.TruI  f  ,.s.r,;t.u,iK  i.-v,;..-, 
il  délalllanle  pour  >l,.n>...„I.T  .i  s.s  ,-<.mi>M:,.f^^,^, 
surtout  Lyrorlas,  étaii'iit  siiuves  :  "  il.  ![■  sont, 
répond  l'usclave.  Jl'  mi'uis  toiilonl .    dii  i'bi.o- 


implore  la  cl^meDCC  du  vainqnenr  ;  Lycor 
donne,  à  condition  que  Démocrate  et  ses  co 
lui  seront  livrés  ;  mais  ceux-ci  préviennent^ 
mort  volontaire,  le*supplîce  qui  \ei  atte 
<^bsëqnes  de  Philopœmen  furent  magnrfir 
fils  (le  Lycortas,  Polybe  ,  qui  fut  depuis  u 
général  et  un  célèbre  histoiien,  portait  Y\ 
contenait  les  cemlres  du  héros. 

Quelques  années  après  sa  mort  Philc 
fut  accusé  devant  le  sénat  de  Rome  d'à' 
Tenneini  des  Romains  ^  \e  m^e  Polybe  ( 
la  mémoire  de  ce  grand  homme,  et  oh 
Fes  Romains  laisseraient  subsister  les  mo 
que  la  reconnaissance  de  ses  concitoyens 
élevéï. 


I  ■  _  ■ 


F 


!.. 


SeONDE  PARTIE 


(f. 


lUMA  POMPILIUS, 

^'.EÙI    DES     BOMAIHS. 


Ik  ^it  'le  Ciirct ,  villo  raf>:ial«?  Jei  Sahîns  « 
Int,  aoton  PluUrque  i  le  a  i  nvr'ii ,  le  sièEné 

m'Rnfflefit  fonder;  pav  Krxmilu.^ ,  l'an  74S 
J.-C.  U  elait  le  jilns  jvunp  >|ps  qi  Otr.'  fils 
Mmpnniiis,  et  jouit  de  Luiiiir  linie  d  uuc 
«-réputation  de  sagesse.  On  3  dit  ([u'il  avait 
'tJûctptc  de  Pyllingore  ;  maiî  d'autres  snu- 
|«ft  qu'il  n'eut  aucune  tonnniM.ince  des  lel- 
[WCques,  et  mi'fbc  que  son  naturel  le  por- 
Facilement  à  ia  vedu  ,  r,H(;  pour  l'exercer  il 
il  pas  eu  besoin  de  m.iîtrcs  :  c'est  le  scniî- 
de  Tite  I.ive.  Numa  s'étni!  formé  lui-m/ime 
les  les  vertu';  sociales  [nr  l'iiislnirlioti ,  piP 
tenee  et  par  la  prali<|Uc  de  la  „l,d,.sopliIe.  U 
purifié  son  fline  non  i.",li>ii-i('iit  de  louie.i  \e% 
,n%  honleiisi's,  ,n  is  «■ii.(He  de  l<.,.l-s  relie* 
nnlesllmées  chez.  i-i  ^■iu-Uart■', ,  l.'l*.-  \.y.c  \.% 
ice  el  la  cupidité  :  il  ,u.y.-\\  .-ue  la  vé/i.,-dila 

1,  O'apiâi  ces  ^iriiiLi^cs  ii  uvait  baïuii  tib  » 


i; 


s84  KUMA    POMPILIU^. 

maison  le  luxe  et  toute  magnificence  ;  ilëlait,} 
les  citoyens  et  pour  les  étrangers  qui  le  cor 
f aient,  un  juge  et  un  arbitre  incorruptible.  N 
consacrait  son  loisir  non  à  rechercher  les  velu 
ou  à  ramasser  des  richesses  ^  mais  k  honore 
dieux ,  à  s^élcver  par  la  raison  à  la  coiinaiss 
de  leur  nature  et  de  leur  puissance;  et  par 
i»*etail  ari|uis  tant  de  réputation  et  tant  de  gl( 
oiie  Tatlus  ,  qui  régnait  à  Rome  avec  Ilomulu 
(  hoisit  pour  son  gendre  et  lui  donna  en  maria, 
fille  II nicpieTatia.  Cette  alliance,  loindeluienfl 
cœur  y  ne  le  porta  pas  même  à  aller  vivre  au 
de  ce  prince;  il  resta  toujours   Cures,  pour 
gner  la  vieillesse  de  son  père,  etTatia  ellc-ra 
référa  la  vie  obscure  et  paisible  de  son  époux , 
onneurs  dont  elle  aurait  pu  jouir  à  Rome  < 
la  maison  paternelle.  Elle  mourut  après  ti 
ans  de  mariage. 

Alors  Numa ,  nbandonn.mt  le  séjour  de  la  v 
alla  par  goût  habiter  la  campagne,  où  il  v 
seul ,  se  promenant  dans  les  prairies  et  dans  les 
consacrés  aux  dieux.  Ce  fut  cet  amour  de  li 
traite  qui  fit  courir  le  bruit  que  ce  n'était  i 
.Tnélancolie  ni  la  douleur  qui  portait  Numa  k 
le  commerce  des  hommes  ;'qu  il  avait  trou\é  < 
la  solitude  une  société  plus  auguste ,  celle  d 
dcessi*  qui  Vavait  jugé  digri^  de  son  alliance; 
la  nymphe  Ëgérie ,  ayant  conçu  pour  lui  une 
pa-^sion,  lui  avait  donné  sa  main,  et  lui  U 
mener  la  vie  la  plus  heureuse,  en  érlairant 
esprit  par  la  connaissance  des  choses  divines. 
Muma  était  dans  sa  quarantième  année  16n 
1rs  ambassadeurs  romains  vinrent  le  prier  c 
ceptcr  la  couronne  après  la  mort  de  Romi 
Vrocidus  et  Vélcsus  portèrent  la  parole  :  ils  avî 
v\\  Tua  et  Tairtre  de  grandes  prétentions  au  Ir^ 
Proculiis  était  nommé  p^r  les  Uouiains,  et  A 
sus  parlesSabins.  Leur  discours  ncfutpuinllc 


»TTMA  POMPILIIIS.  iSS 

lutaîenl  pasqueNuma  ne  rccjrdât  comoi« 
<]  bonheur  fa  nouvelle  qu'ils  lui  appor- 
Eais  il  fallut  employer  b  pi  ière  pour  ébran- 
<gc  qui  avait  loujourï  vécu  dans  la  pais  et 
,  pour  lui  persuader  de  prendre  le  gou- 
nt  (l'une  ville  qui  éuit  née  el  s'étail  ac* 
Tiiiieu  des  armes.  "  Tnulchangemcnl.ré- 
t  Nutna  aux  ambassadeurs  qui  venaient 
frir  la  cournnne,  es)  dangereux  dans  la 
imaine;  mais  pour  celui  qui  ne  manque 
I  nécessaire  el  quln'^  pas  à  se  plaindre d« 
ation  présente  ,  c  est  une  folie  que  de  re- 
r  à  ses  habituJes,  oui,  n'eusserit-ellefi  paa 
e  avaniage ,  so[>l  du  moins  assurées,  el 
la  seul  préférables  à  ce  qui  est  incertain, 
ire  que  vous  i^'ulTrez  ne  présente  pas 
celte  inri:rlilu<le  diiiis  ses  d.mgers,  s'il 

é  du  soupçon  (létrissanl  d'avoir  fait  as- 
\t  Talius,  il  a,  ea  mourant,  laissé  pesrr 
»  ceux  de  son  ordre  l'imputation  non 
flétrissante  de  l'avoir  fait  périr  lui'infttDP. 

dant  on  donne  à  Uomulus  la  gloire  d'êl.e 
in  dieu  ;  on  répète  sans  cesse  qu'il  a  éié 
;t  nourri  dans  son  cnlance  par  une  prt- 
I  singubére  de  la  divinité.  Pour  moi,  je 
une  race  morielle,  j'ai  Été  nourri  et  élevé 
s  liommes  qui  vous  sont  connus  ;  les  qua- 
'on  loue  en  moi  ne  soiil  pas  celles  qui  ren- 
du repos  et  urLe  application  continuelle 
Je,  un  goût  inné,  une  passion  violente 
a  paix,  pour  des  éxrrcices  absolument 
■rs  j  la  guei  re  ,  pour  ces  nssemblée.i 
mes  qui  aimejit  à  l.onorer  tes  dieux,  i 
e  ensemble  (les  pliisirs  innocens.n  qui 
du  lempss'orcupeiil,  cliaciindesoniûié, 
/ev  Li   lUTc  el  a  cicyci-  des  tioujieaux. 


»  aulrc«.  Un  i>rlnre  ()ui  emplnicrail  Iniil 

■  à  servir  les  ilic>iit,et  qui  voudrail  Tom 
»  jeis  i  prali(]uer  la  jiniicc ,  à  diitesrer 

>  Gt  la  violenr.i>,  païaîtrail  ridiiMil^  i  v 
*  (]ui  a  plus  besoin  <1  'un  général  il'arméi 

■  roi,  » 

Aux  raisons  que  Numa  venait  d'allé 
refuser  l'empire  les  Romains  opriospren 
vives  instances  pour  le  faire  changer  iJc  g 
■U  le  coitjiir^cnt  de  ne  pas  les  replimgi 
•ouveaux  troubles  (jui  amèneraient  une 
vile;  enfin  ils  lui  prolcst^renl  nu'il  était 
filt  agré.iLile  aux  deux  p.irlis.  Quand  iU 
retiré*,  son  père  p.I  Marciiis  firent  en 
tous  leurs  efforts  pour  le  déterminer 
une  olfre  si  Uatleuse  et  si  brlIUnie  ;  «  S 
k  de  votre  fortune,  lui  dîrrnl-ils,  vous 

■  pas  de  plus  grari'h  biens;  S), possédant 
»  plus  rérlle  d^ns  la  vertu,  vous  n'ar 
»  pas  ecUe  qui  est  ai  tachée  an  cnminan 
»  an  pouvoir ,  considérez  au  moins  qn 
»  ener  c'est  servir  Dieu  :  il  vous  oppe 

>  (}'hni,etne  veut  pas  laisser  inutile  en 
»  îusiicc  "iii  vousdislinsne.  ^i;  résislc! 


«tTlMA  VOMÏ'TLtlTS.  ilflf 

jRuraaiiuoiilahnéTaiius.lotii  éli^ngpf 
Uit  ;  ils  ont  consacré  par  des  honnctura 
\i  mémoire  de  Komuliisi  e\  qui  sait  si  rs 

,  tant  de  fois  vain(]ueiir ,  n'est  pas  la*  Â9 
trresl  si,  raisasié  de  triomphes  et  de  di- 
s,  il  ne  désire  pas  un  clier  plein  de  dou- 

Je  justice ,  ijui  le  gouverne  en  paix  par 
mes  lois!  Mais  t|ii3iid  il  ronserveralt  U 
passion  ,  la  mPme  fureur  pour  la  guerre, 
drait-il  pM  mieux  ,  ea  prenant  les  rênes 

gouvernement,  tourner  vers  d'autres  ob- 
lle  impétueuse  ardeur ,  et  unir,  par  lei 
e  U  bienveillance  el  de  l'amitié ,  voire  p»- 
toute  la  nation  des  Sabins  avec  un  peuple 
lant ,  avec  une  ville  si  florissante  f  ■  Ce* 
Tarent  confirmées  par  des  présage»  fa- 
,  par  l'empressement  et  le  zèle  de  tous  le* 

qui ,  informés  du  sujet  de  l'ambassade, 
e  conjurer  d'accepter  l'empire  ,  afin  de 
encore  davantage  les  nœuds  qu'ils  avaient 
vec  les  Ronjains. 

fil  ent  donilé  snn  consentemenl  il  Rt  un 
aux  dieux,  et  partit  pf.ur  R'imo.  Le  sénat 
pic,  linllaEit  du  Jé^ir  Je  h  voir,  vinrent 
contre.  Lcî  femmes  le  reçuieut  avec  lel 
3  acel.i  mal  ions  ;  on  fit  de-!  sacrifices  dans 
temples,  el  l;i  ville  eiillèr^  témoigna  au— 
oie  que  si  elli-  eât  reçu,  non  pas  un  roi, 
nouveau  royjumc  Lursqu'on  fut  arrivé* 
publique,  Spuriiis  Vellius,  qui  ce  jour-là 
ait  les  six  heiiri's  irinierrfgne ,  fil  procéder 

rta  les  marques  Je  la  Jigniié  nnale.  Mais 
e    les  recevoir    il    dit    qu"i!    f:,lbil    d*a- 
nsuller  les  dieux,  et,  prenant  nvec lui  de» 
!t  de?!  devina  ,  il  monta  au  C.ipitolc. 
rantDacicr  Cxc  l'époque  de  ravèiicment 


'.    o 


seulement  ce  qu'il  crut  nécessaire ,  et  qu 
aux  commandans  des  Célères ,  qui  corn 
la   garde  des  rois ,    le  troisième  rang  dî 
ministration  des  choses  sacrées. 

Rome  était  alors  dans  cet  état  d'effer 
dont  parle  Platon  ;  née  pour  ainsi  dire 
dace  et  de  la  témérité  des  hommes  les  pli 
et  les  plus  belliqueux,  qui  s'y  étaient  rasseï 
toutes  parts ,  nourrie  dans  des  expéditioi 
guerres  cominuelles  ,  elle  avait  consolidé 
sance  par  le»;  dangers  mêmes.  Numa  voul 
tituer  des  affections  justes  et  douces  aux 
tions  dures  des  romains  ;  mais ,  jugeant.  < 
il  était  dir&cile  d'adoucir  et  de  porter  à  la 
peuple  fier  el  guerrier ,  il  appela  la  religii 
secours  Des  fêtes,  dei  sacrifices  et  de 
qu'il  ordonnait  lui-même,  et  dont  il  tem 
gravite  par  l'attrait  du  plaisir,  lui  ser 
amollir  peu  à  peu  ces  courages  bouillar 
respiraient  que  la  guerre.  Quelc[uefois 
leur  prés(?ntnit,  de  la  part  des  dieux,  de 


r 

NtJMAPOMPlI.  lus.  aSg 

[■nvet  la  pratique  habituelle  des  exercices  relî- 
{ÎQu  étaient  les  premières  bases  du  gouverne- 
Iteni  àe  Nu  ma. 

L'atlifict  dont  le  nouveau  roi  dei  Romains 
t  tuage  consislait  dans  de  prétendues  communî- 
itïtMis  avec  Egérie,  nymphe  delà  forêt  d'Aride, 
mt  noui  avons  déjà  parlé. 

Ktima,  dit-an,  feienait  d'aller  la coniultcrpotir 
recevoir  des  conseils  sur  le  gouvernement.  Les 
teurs  qui  retranchent  de  l'histaire  tout  ce  qu'il 
kde  fabuleux  disent  que  Nnma  feignil  d'avoir  dei 
bvtiens  avec  Egérle  afin  que  ses  sujei»  s'atla- 
assent  à  lui  de  plus  m  plus  par  la  crainle  dea 
btix ,  et  qu'ils  reçussent  pins  volouliers  ses  lois , 
tanme  émanées  de  U  uivînilé  %iâine.  Num« 
Hipoaa  aussi  qu'il  avait  des  enirciiens  secrets  avec 
Eiouses  ;  il  allribuait  à  CCI  divinités  la  plupart 
BjKS  révélalinns  politiques, 

^iularque  nous  apprend  qu'il  avait  des  notioni 
Ifc^ogs-sur  la  nature  du  premier  @ti'e,  qu'il  cân- 
BraH  comme  étant  'le  principe  de  toutes  e/ioAf'i 
fipaisi/'fr  ,  spiriiiie!  et  in'-.omiplihJe.  C'est  ce  qui 
B détermin.-i  .'i  dL'fcndre  auï  lloiruins  de  repré- 
Effier  la  divinité  sous  aucune  Toimn  humaine.  Ses 
■donnances  a  rel  égard  avaient  le  plus  grand 
tippnrt  avec  le  dogme  de  Pythagore  ;  ainsi  que 
■  philosophe  ,  il  ni.'  faisait  aux  dieux  aucun  sacri- 
Ice  sanglant  ;  mais  ,  quelles  qu'aient  été  les  idées 
fcNumâ  reialivement  i  la  divinité,  il  n'élablit 
plaj  le  culte  de  r^lre  suprême  :  il  rendit  seule- 
wfnX  plus  régulières  cl  plus  décentes  ii'i  supevslï- 
HDS  sabines  et  albiiiei.  U  partagea  le$  ministres 
ft  la  religion  eu  plusieurs  classes. 

Rome  lui  dut  la  fondaiion  du  prini:ii>al  coV- 
||ke  des  prC>tres,  qu'on  :ippelait  poii'ifcs.  Nùma 
in  établit  quutie,  duiil  lo  chef  portait  le  titre  de 
VùHlifexma^inius,  ousouvemin  Ponlîfe.lls  étaient 
tous  de  fatnlite  natiicienne.  V\'ti  de  quatre  siècles 
Tome  /.  »5 


290  NU  M  A    l>  O  M  P  1  U  I  l]  S. 

plus  tarJ  «n  en  ajonta  tiuairr  plôbéioii 
sous  Sylla  ,  un  lis  porta  jusqu^à  qutnz 
vorain  phntifc  rcniplissaU  les  fonction 
pièto  el  de  devin,  ou  plutôt  d'hiéroph 
souknnent  il  présidait  à  tous  les  snci 
LLics,  mais  encore  il  veillait  à  ceux  qui  s 
en  particulier  ;  il  enseignait  ce  que  cha 
faire  pour  honorer  ou  appaiser  les  diei 
geait  souverainement  toutes  les  causes 
ressaient  la  religion.  Numa  ne  fut  pas  1( 
comme  quelques  auteurs  le  rapportent  ^ 
tua  les  vestales,  ainsi  que  la  consécrati 
sacre  qu Viles  entretenaient  ;  mais  il  pai 
fut  lui,  et  non  pas  llomulus,  qui  bâtit  le 
Vesta  ,  ainsi  que  Denys  d'IIalicarnass* 
Il  lui  donna  fa  foi*me  ronde,  parce  q 
Fcstiis,  estait  la  terre,  dont  la  forme  € 
qui  fournissait  a  la  vie  des  hommes,. et 
lait  que  Festa  fût  adorée  dans  un  len 
figure  semblable  à  celle  de  U  terre.  Nun 
de  grandes  prérogatives  aux  vestales. 

Après  qu^il  eut  réglé  tout  ce  qui  re{ 
institutions  religieuses,  il  bâtit ,  près  du 
Vesta ,  un  palais  appelé  Kegia ,  maison 
rhabitait  ordinairement  ;  mais  il  avait  si 
Quirinal  une  autre  habitation  dont  or 
encore  l'emplacement  du  temps  de  Plut 

Ce  prince  fut  aussi  le   premier  qui 
temple  à  la  Bonne-Foi  et  au  dieu  Term 
a{)f>rit  aux  ilomnins  que  le  plus  gram 
qu'ils  pussent  faire  était  dr  jurer  leur  fui 
sfirment  médius JieJ/us^  co.si  à-dire,  par  a 

I»ar  le  dieu  de  la  foi.  Ce  fut  encore  lui 
e  territoire  de  Home.  Komulus  n'avait 
lu  le  faire,  parce  qu'en  mesurant  ce  qi 
part(>nait  il  aurait  montié  ce  qu'il  usi 
bvs  antres;  car  les  bornes,  quand  ou  les 
auut  U  frein  de  la  puiiisance;  maia  si 


HtiM\  POMPll.lus.  agi. 

1  (IcvieiinenL  Ja  convicilon  dp  l'itijiu- 
!  jJans  ses  conimencemi^iis  uvait  un  ler- 
1  étendu;  llomulus  l'agi'anjit  fiar  ses 
,  et  Numi  (lislribua  ces  nouvelles  leires 
ni  indigens,  afin  de  les  souairairc  i  U 
luac  presaue  nécessaire  (le  Ja  pcrver«îld^ 
aer  vers  l'agriculture IVspritïlu  peuple, 
implant  la  terre,  s'adoucirait  lui-même. 

il  n'est  [loÎDt  d'exercices  qui  inspirent 
tintement  que  ceux  de  la  vie  cliaiapétre 
ruent  de  la  paix;  an  y  consiM'VC  cetiR 
efrière  qui  anintc  à  conibatlre  pour  la 
!  ses  propriétés,  et  l'on  s'y  dépouille  Je 
dite  qui  porte  k  faire  envahir  lu  bien 
Muma  donc,  qui  voulait  faire  aimc^r  aux 
agriculture  comme  l'allrail  le  pluspiiix- 
laic,  et  qui  la  croyait  encore  plus  piupre 
leurs  mœurs  iju'à  les  curichirf  jiuitAged, 
ritoireen  plusieurs  poriious  nii'il  itppKU 
l  établit  dans  cbacun  d'cnx  des  inspcc- 
t»  commissaires-  Il  en  faisait  souvcnl  lui-, 
ïisVtc  ,  et,  jugeant  des  miturs  des   il- 

le  d'stinfïuaiciit  par  Uni-  atll\ilé.  Aljia  k 
ivre  de  la  pobllcpii;  de  Nuun  fui  la  créa- 
■.ommoiiauiés  d'arls  ut  méliers.  La  villiï 
jusiiu'jlors  dlviséi:  eu  ^Icui:  factions  nu 
leuples  ,  les  Sabins  et  les  Romains,  Piiuc 
:etle  disiincliou  il  i.hs;..i  les  .lifféreiilfis 
ti,  cl  aiTiiida  i  clijcuiiii  dilTiTcns  pr'i- 
lans  cettje  division  lus  juueiirs  d'itlslru-' 
ent  le  piemitT  ranq  ,  parti»  i,|u'iU  étaient 
dans  les  sacrilices  et  dan^  les  aulret 
d^A^liglpiis  ;  lesnrfuvres,  les  c1l3rllI;n- 
l  feinliiricii  eurent  leurs  loU  et  ii'iiri 
lirulièrcs.  l'ar-li,  il  fut  le  jireiiiiei  ijifi 
!  llome  cet  espiil  de  pjrli  qui  laia:iil  [Kia- 
ire  *ax  uns  qu'ils  claieut   Romains ,  à 


■  ■^.'4joiirs.si>lni)  Pliii;ir<[iic,  cl  ilc  .'<r>5  si 
■(i.t;  luits  Irs  iiuir.-s  tiisfirii-ns. 

l.a  ninrl  de  Nmna  iir  fui  ni  subite  ii 
.it.Y>t  tnnih.;<l.ii>.s..n<'fii;.I.i.li<<.l<>  h.r);jii.-i 
;;nil  pni  a  ppii  (le  vir-iHcwi- ,  (;l  ex  jura  diiu 
^irlgt  ilcuxifîinc  année.  Loslicnnitursm 
anitrent  ses  olisètjues  ajiiiitèrerit  i  l'éfla 
l'uiii  1rs  pRufilcs  voisins ,  amiit  etalliésde 
riMidireiit avec  i]es  prcM-iis  et  des  CDuron 
jialfurii  ]iorlércnt  sur  leurs  épaulfs  la 
Avait  place  son  corps  ;  ils  étaiont  suivis 

JTèirea  et  d'une  rf>nle  innombrable  de  p 
■ininos m^rocs  et  les  cnfans  auisUient 
railles,  non  commi!  à  celles  d'un  roi  mo 
ie»sR,  mais  cumtne  au  convoi  de  l'ami  li 

f|iii  aurait  été  muisnoiiné  à  la  fleur  de  si 
uiid.iii'tit  tous  en  brinos  et  poussaienl  d< 
*-^    _f  ^('•iniMeiiiens.  On  ne  brûla  [wi  mn  coi 

1 1j^J  t  iju'il  l'avait  (li''ffiidii  ;  mais  on  (it  deux  c* 

iiirrre  (gu'on  enleira  au  pied  du  mont 
!  riin  renfennait  soii  rorps  ,  et  l'autre  lei 


'        WtlMA    POMPILirS-  sgj 

[ueol  ce  roi  phiinsuphe.  H  recul  la  courunne 
ïvoir  demandée ,  ft,  n'iUnl  que  simple  |iar- 
-,  la  verlu  le.  remlilsi  recommandai  lie  qu'il 
é  digne  de  r^guer.  U  sul  relSr-ber  à  Home 
pris  du  gtiuvcriicinrnl ,  qui  éiaienl  irop  tfiii- 

adoucil  les  moeiira  de).  Hnnuin.'; ,  mod^iB 
raclëre  bouilUut  cl  emporlé,  el  leur  fil  »!•• 
,  paix  el  la  justice;  mais  ic  bol  <]u'il  s'éuit 
é  dans  ses  établissemcns  polirlquca,  pour 
nir  Home  dans  l'union  ,  s'évanouit  ovet 
lima  était  à  peine  mort,  c]u9  le  temple  «le 

^'îl  avait  leiiu  fermé  pendant   tout  son 

et  dans  lequel  il  aTsil  comme  enchaînA 
^OD  àe  la  guerre,  fut  aussilôt  rouvert ,  et 

entière  remplie  de  sang  et  de  carnage. 
la  plus  belle  et  la  plus  juste  des  instilutiuiw 
Dulini  que  peu  de  temps ,  paice  qu'elle  n'a- 
I  noiir  lien,  comme  la  iégislalion  de  Ly- 
,  l'édursllon  de  la  jeunesse  ;  du  reste  le 
jeNuma,  kuig  cL^uîGque,  élai»,  sahin 
Wuicn,  très  propre  à  laissu  Kome  é»m  ta 
riié.  ai  eue  eiïi  eu  iian»  ce  iêffiiîs  la  'îjîî't"- 
meîns  borné  et  unopui^simce  l'iin  éiendue, 
ppsrcnrc  ipic  ja  forlune  eût  Clé  finée  pour 
;  c'cst-i-dire,  qu'anéléc  parlcsiusiilulioas 
Tia  dam  son  essor  guerrier,  elle  n'aurait 
inuis  le  monde.  Mai'  c'c  t  en  lui  une  chose 
ble,  dit Plularc|ue,elprpsiii'e divine, qii'af*- 
un  trône  étiaiiger  il  ait  changé  tonle  la 
le  eouverneirie;ii   p.ir  l.t  seule  persuasion; 


ns  emplovpi 
rendu  uiaîlrc 
iverscs;    qii'. 
.les,  iUoû 
et  à  former 

1e^  a 
d'un 
nfii. , 
parv. 
cnire 

mes  el  ta  coniraiiiie 
ville  agilér  par  des 
par  sa  fagfsse  et  .sa 
m  i,  réomr  tous  les 
eux  les  liens  les  plu 

naihears  des 
eni  bien  plu 

de! 

nui  surrcdèrent  à  N 
l.lH.  .  sa  gloir.,  De 

fut  irnpptf  de  U  foudre. 


otmmmm 


—"^i, 


VALERIUS  PUBLICOLA, 

CONSUL  BOMAIH. 


P 

PTu  B1 


BtiusVALBnius  descen  Jait  de  ce  Volcsu* 
ou  Valerius  qui,  dans  les  premiers  temps  du 
Home,  eul  une  si  grâtide  part  à  la  réunion  âvs 
fRomains  et  des  Saljins  en  un  seul  peuple,  et  qui 
^uivît  Tatius  à  Rome  m?me  après  la  concluiio» 
idu  trailé.  Quoiqu'il  vécilt  sous  le  r*gne  de  Tar- 
^uîn  le  Superbe,  il  se  fit  remarquer  de  bonne 
ffieure  par  son  éloquence  ,  dont  il  >e  servait  pour 
défendre  la  justice,  »t  par  sa  fortune,  qui  lui  per- 
meUait  de  répandre  des  bienfaits  sur  les  mallieu- 
leux  1  il  fallait  du  courage  pour  f^ire  un  rmnlai  si 
nnble  et  si  généreux  des  lumières  et  des  rirliesse» 
soui  un  prince  Ici  que  ïarquin  ;  elles  n'étaient 
qu'un  objet  d'envie  et  de  haine  pour  loi,  qui  avait 
-DKurpële  trône  en  foulant  aux  pieds  loulesles  loi* 
'  divines  et  humaines. 

I  Lorsque  Lucius  Drulus  voulut  entreprendre  de 
rhangerla  lorme  dugouvernenienlel  deïe  mettre  h 
U  lélc  du  paili  pfipiilaire,  il  communiqua  d'abord 
son  dessein  n  Valerius,  qui  leseconda  de  tout  sim 
pouvoir,  et  contribua  puissamment  à  chasser  Ta  r-' 
qtiin.  Cederoier,  pour  prix  de  son  zèle,  aspirait  à 
'  '  ■■  ilîrutus;        ■    " 

ieudoV; 
de  Lucrèce.  V.U 


.  pour , 
fire  nommé  consul  et  asgorié  à  Druluf 


ut  Ire  son  propre  gré,  au  lieu  do  Valerius ,  eut 

■"îl^gne  Cotlaii^ 


marche  rassura  les  <  onsuls  ,  et  satisfit  Le 
le  peuple.  Bienlôt  les  actions  Je  Valeriui 
loëreiit  son  senneat.  C'eit  à  lui  (]ue  l'escU 
dicius  vint  découvrir  la  conspiration  des  < 
de  Brutus  en  faveur  de  Tarquin.  Saisi  de 
M  d'horreur  au  rëcit  de  cet  esclave,  il  V 
tians  33  maison  ,  sort  accompagné  d'ur 
nombre  de  clicns  et  d'amis,  surprend 
jures,  s'empAre  de  leurs  papivrs,  et  les  e 
inalf<;rc  leur  résistance ,  sur  la  place  publiqa 
faisant  amener  Vindicius,  il  intente  l'acc 
Après  le  supplice  des  conjurés  Valc 
immédiatement  consul  à  U' place  dé  Colia 
venu  suspect  k  cause  de  sa  parenré  i«cle  i 
crit;  ce  n'était  que  la  récompense  du  aèl 
qu'il  venait  de  montrer  pour  U  cause  de  I 
i'antnseutimeutdcjuslice,  il  commença  pa 
chir  Vindicius,  auquel ilfit donner,  paruot 


peuple,  U  qualiié  de  ciioven  romain,  avet 

•le  suffrage  dans  celle  du  tribus  au'il 

choisir  ;  c  était  le  premier  cxempU  u'uni 


fe" 


IfCU  Je  Tarquîn,  nnussèruiit  k>un  chcram 
toixre  l'autre,  et  sVnirc-ni^rcnt.  tx  ré»v\in. 
n*Uilleéiaii  encore Inreriaiii  lorttju'i  l'entrée 
jttuitklTosrsm,  taiiiâ  de  frayi>ur  et  de  IroU' 
libandonHërent  Icun  rctriTicnemeni  el  prî- 
M  fuite. 

HCTÎu*t  n'apercevant  pluï  d'ennemis,  ramaaii 
lAouiUei,  el  rentra  irinniphant  daiia  Itomci  il 
nreinier  dei  cotiiuh  quiy  fil  ion  entrée  xur  un 
^ré  par  quatre  chovao».  Celle  pompe  gucr- 
{Vturut  grande  et  nia]r)tiioiiie  au  peuple  ro- 
^  il  aui  gré  auH)  i  VaWius  des  liuniieurs 
«rdinairei  qu'il  rendit  à  son  colliguo  avant 
pèi  M)  obsèques  ;  il  prononça  lui-même  son 
'•n  fanûbrCf  el  celle  aclinnful  si  agréable  itu 
(<t  parut  si  utilo,  que  depuis  toux  Ifi 
hommes  furent  puliliiiucment  honoras 
ileur  mort, 
Hta  Valeriui ,  retié  leul  consul,  devint  bieniM 
Ifct  au  peuple,  tant  U  multitude  est  mobilt 
IM  aiMctioni  !  On  alla  jusqu'à  \g  ioui>^ncr 
pKri  la  royaiilé .  parce  qu'il  ne  l'^lnït  point 
)é  de  coWi-RMe  de|)iiis  la  mort  de  Bruius. 
M  lui  reprocliail  surlout  de  fjiri;  bSlir  «iir  le 
t  Vélia  une  maison  plus  grande  et  plus  belle 
It  palais  de  Tarquîn  ,  qu'il  4vail  lui-mAmi'  fait 
nlir.  Celte  maison  dominait  lellemetit  la  place 
îque ,  qu'on  voyait  de  là  luul  n-  qui  s'y  passait. 
UMi  les  envieut  et  ses  ennemis  publiaienL-ilt 
(que  c'élûil  une  vi''rilalile  riiadclle  que  Vale- 
fAisail  construire  ,  pour  en  f.iire  le  siège  de 
rrannie  :  ••  Ni;  voycz-vims  pis  diaaienl-its  au 
■Dpic,  ifiie,  lorsqu'il  descend  avecson  r.oilégc 
jl»  hauieiir  où  sa  maison  est  située,  sa  marche 
^ésenlc  ;i  remi  (jui  le  voient  d'en  lia!,  no»  la 
fnplicilé  d'un  rr>n«ul,  mais  le  (asie  d'un  mo- 
irquc  ?  " 
verti   pai    xeïi  iutï:   du   nn^cnulrnlemeal  du 


I 


M 


rilt!  suprême,  spectacle  quicharme  la  m 
parce  qu'elle  voit  dans  ctiUumsrque  de  ri 
aveu  tacite  que  ta  {luÏMaDce  consulaire  i 
nait  inférieure  à  la  puifisance  et  à  la  m 
peuple  rnniain.  Quand  on  a  Fai<  fttence 
mence  par  envier  le  son  Ar.  .ion  collègue 
faîte  des  honneurs,  après  avoir  délivré  s 
a  péri  glorieusement  en  combaltant  p( 
avant  ^ue  l'envie  ait  osé  ternir  Térlat  d« 
tus  civiques.  Moins  heureim,  il  a  survécu 
vouement, aet  il  se  vit  pour  aiusi  dire  < 
^tre  en  butte  aux  accusations  de  la  haine 
tear  de  sa  pairie,  il  se  voit  désormais  t 
avec  les  tyrans  et  les  traîtres  :  «  Hé  quoi 
»  dire  Tite  Live  (i)  ,  n'y  aurait-il  donc 
"  vertu  asseï  éprouvée  pour  élre  i  l'abri 
»  çon  7  Le  plus  implacable  ennemi  des 
»  rait-il  dû  s'alicndre  à  subir  l'inculpai 
n  pirer  ila  royatHé!*  £tquand  j'habitera 
•>  pilole,  dans  la  citadelle  même,  aur 
»  penier  que  ie  serais  un  objet  de  cra 


valehius  publicolA,  agg 
b  de  si  frètes  appuis  ,  que  le  lieu  Je  ma  demeure 
»  voos  alarme  plus  que  mon  ciracicre  tous  th- 
B  sure  f  Non  ,  rîtoyens,  non  ;  ta  maison  de  Pu- 
'J«  bKos  Vaieriu»  ne  portera  point  d'ombrage  à  la 
!«  liberté  ;  perdez  la  crainte  que  Vétia  vous  ins- 
m  pire  ;  je  descendrai  du  sommet  au  pied  de  la 
»  montagne  ,  afin  de  placer  au-dessus  oe  ma  t^te 
p»  des  surveilUns  d'on  citoyen  aussi  suspect.  Qu'ils 

■  habitent  Vélia,  ceux  à  qui  U  liberté  peut  ttre 
'  conGée  p^s  sûrement  qu'à  Valerîus.  u 

Il  fit  transporter  gur-le-chatnp  tous  les  maté- 
I  pieu  de  La  colline.  Quand  le  peuple  vil 
les  il  admira  la  grandeur  d'âme  de  Vale- 
ii  eut  lionle  de  voir  te  consul  des  fVu- 
BB  réduit  à  loger  dans  une  maison  d'emprunt 
^'"-    B  que  la  sienne  fdt  bSlie  dans  le  lico  le 
,  à  l'endroit  où  se  trouvait,  du  t«mpi 
l'Aagaste,  le  temple  de  la  Victoire. 

■  -Avant  de  se  donner  un  rollègue,  et  pendant 
11*0' avait  seul  loole  l'autorité,  il  compléta  le  sé- 
JM,  qoe  la  cruauté  de  Tarquin  et  le  dernier  rom- 
prai avaient  réduit  à  an  frcs-potit  nombre  de  sé- 
y  dateurs.  Il  fit  ensuite  plusieurs  lois  populaires  (pii 
||  elTacèrent  jusqu'aux  moindres  traces  des  soupçons 

■  formés  contre  lui;  l'une  entre  autres,  qui  pro- 
'   nonçail  l'appel  au  peuple  de  tous  les  jugemcns 

'  des  magistrats,  changea  pour  ainsi  dire  la  forma 

"  du  gouvernement;  c  est -à-dire,  qu'il  fut  permis 

(Fappeler  au  tribunal  du  peuple  assemblé  des  ju- 

■  ecmens  rendus  par  les  consuls,  tandis  que  sous 
tes  mis  les  p/é/iisrilM ,  ou  ordonnances  du  peuple, 
n'avaient  force  de  loi  qu'autant  qu'elles  étaient 
aolorisées  par  un  sénalus-consulre.  Ainsi  Valerios 
élendil  les  droits  du  peuple,  et  la  puissance  con- 
sulaire se  trouva  affaiblie  dès  son  orieine.  Par 
vae  auire  loi,  qui  ne  pouvait  manquer  de  réussir 
anx  yeux  de  U  muliiiudc  ,  la  tète  et.les  biens  di^ 
quiconque  aspirerait  à  la  ryrannie  furent  déroués 


5oo    TÀLEKirs  pcblxc.ola; 

aux  (lieux  iofei  nauz  »  et  Ton  permettait  de  t^Jff] 
sans  aucune  furmalilé  juridique  ^  toutRomaiiiipi , 
voudrait  établir  le  pouvoir  absolu  ;  elle  MSUtA 
rimpunité  à  Fauteur  du  meurtre,  pourvu  <|a1l 
administrât  des  preuves  du  crime,  autorîaant.aÎM 
tout  citoyen  k  prévenir ,  par  la  mort  du  coupable^ 
le  jugement  que  la  consommation  du  crime  avnît 
poui-étre  empêché.  Quoiqu'une  pareille  loÂnacèl 
contraire  à  la  douceur  des  ordonnancea  de  vale^ 
riiis ,  elle   ne  fut  pas  moins  approuvée  par  w 

ÏK^uole  jajoux  de  sa  liberté;  mais  ce  qui  augmenta. 
e  plus  sa  popularité ,  ce  fut  rordonn^nce. parla- 
quelle  il  fit  séparer  les  haches  des  iaiaoeaux  qm 
les  licteurs  portaient  devant  les  consuls ,  Touhai 
indiquer  par  là  que  ces  magisdrals  n*av«ieni  paa4 
droit  du  glaive ,  symbole  de  la  aouveraine-pair 
sauce. 

Les  mêmes  principes  d^équiré  et  de  tnodeitiel|.| 

f portèrent  à  ne  point  se  charger  d^adminiatrer  ptf' 
ui-même  ni  de  faire  administrer  par  aeAamiaJiêl 
contributions  levées  pour  les  frais  de  U  gucrre^-i 
il  désigna  lui-même  le  temple  de  Saturne «oimmJ 
devant  servir  de  garde  au  trésor  public  :  lovpesh 
pie,  diaprés  son  am,  élut. deux  sénateurs  qu'en 
appela  dfopuis  questettrsj  et  qui  furent  chargés  ds 
la  gestion  des  deniers  publics. 

(Je  ne  fut  qu'après  la  promulgation  de  tonifi 
ces  lois,  donVil  voulait  se  réserver  le  mérite  àM 
seul,  qu'il  tint  les  comices  pour  se  doQUer  iqp-cal- 
lègue.  Le  peuple  nomma  Lucretius ,  père  de  Ia- 
crèce.  \  alerius ,  en  considération  de  son  grand  lgS| 
lui  réJâ  le  premier  rang,  et  T honneur  de  birc  po^ 
ter  devant  lui  les  faisceaux,  honneur  qa7«ii  défifs 
toujours  depuis  à  la  vieillesse.   . 

One  conduite  si  pleine  de  modération  eflf  dps 
lois  si  favorables  au  peuple  fii'cnt  donner -i  ctl 
il);i5lrc  patricien  le  nom  de  PubUcola^tm  de  pe^ 
puicûrr  ;  mais  ce  fut  moins  [lour  mériter  œ  liir^ 


VALEKltJ  ^UliLlCOLAf  5oi 
nr  (tour  attnrVier  plu» élroilemcnt  le  peuple  à  la 
ièéeaaf  de  la  liberté  que  Vaterius  augmenta  son 
iniluencâ  pai'  ce»  liifféreiis  réglemens,  car  ces  lois 
a'étatcDt  ijuc  îles  ménasemens  nécessaires  dam 
des  commencemens  si  délicats  ;  en  eifet ,  si  les  pa- 
triciens avaient  laissé  enlrevoir  au  peuple  qiiMls 
n'avaient  chassé  un  mafpre  que  pour  s'en  donner 
[AusieuTs  ,  le  peuple  n'aurait  jamais  concouru  à 
loiilenir  celte  nouvelle  forme  de  gouvernement 
tvec  l'énergie  nécessaire  pour  repousser  tous  lei 
tnnemis  que  Tarquiii  eut  l'adresse  de  susciter, . 

Porsenna  ,  l'un  des  rois  les  plus  puissans  des 
âonze  peuples  de  l'Elruric,  se  déclara  le  premier 
■n  faveur  de  Tarquin,  parce  qu'il  regardait  comme 

ËaricuK  pour  les  Toscans  qu'il  y  eût  un  foi  h 
Oise ,  et  surtout  un  loi  toscan  ;  d  ailleurs  un  sou- 
verain chassé  de  son  irdne  était  pour  lui  d'un  dan- 
gereux esemple. 

—  Selon  Plularque  et  Tile  Lire,  ce  prince  ne  dc- 
irivr*  U  guerre  aux  Romains  que  sous  le  second 
«•nsulat  de  Pubticola. 

Le  fondateur  de  la  liberté  romaine  était  absent 

rand  il  fut  noiumé  consul  pour  la  seconde  Ibis  ; 
y  revint  aussilùt ,  et,  secondé  par  son  collègue 
Tttus  LucreliuB  ,  il  rassembla  nne  armée  pour 
marcher  contre  Porsenna  ,  qui  s'avançait  avec 
4ea  forces  imposantes.  Le  choc  des  deux  armées 
ptt  lieu  près  du  Janicule,  aux  portes  de  Rome 
même.  Publicola  soutint  vadiamment  les  cfforl^s 
des  ennemis,  supérieurs  en  nombre,  jusqu'à  ce 

3 n'étant  couvert  dp  blessures  il  fut  emporié  hors 
o  champ  de  balaillc.  Son  collègue  Lucretius  fut 
«ntsi  blessé.  Les  Romains ,  découragés ,  se  réfugiè- 
rent vers  la  ville.  Ce  fut  à  la  suite  de  ci-tle  dé- 
route «ju'Horalius  Coclès  soutiui  seul  l'elfort  des 
ennemis  el  les  arrêta  k  l'entrée  d'un  pont  de  briis 
appelé  Sublitius,  jusqu'à  ce  que  ses  camarades  cu- 
rent couDc  11- tfoul  derrière  lui;  alors  il  se  jeta  tout 


3oa       VALER1VS   Pt/BLICOLA.' 

armé  dans  le  Tibre, qu*il  traversa  à  la  nag^jqnoûiu^^^ 


Coclès  pour  une  somme  égale  à  ce  qut  chacun  d*eu  .' 
dépensait  en  un  jour  pour  sa  nourriture.  Suifant/'' 
Denis  d'Halicarnasse ,  cettt  libéralité  sponla^' 
née  vint  du  seul  mouvement  du  peuple  ;  mab  lei^.' 
historiens  ajoutent  que  Publicola  fit  aoaner  à  Cor'  ' 
clés  autant  de  terre  qu'il  en  pourrait  enfenner  ev.^'* 
un  jour  dans  un  sillon  qu'il  tracerait  lui-même..-  #. 

Cependant  Porsenna  tenait  Rome  assiégée;  il 
p«iraît  môme  que  le  siège  fut  long^  car  Publicola'i? 
dans  l'intervalle  fut  nommé  consul  pour  la  Iroi-i';^ 
si^me  fois.  La  ville  commençait  à  éprouver  kit^^ 
horreurs  de  la  famine ,  lorsqu'une  nouvelle  améa. 
de  Toscans  vint  porter  encore  la  désolation  et  fe 
dégât  dans  les  campagnes  environnantes.  PuUi^| 
cola  j  (pli  épiait  l'insiant  de  surprendre  reonenu. 
disséminé ,  négligeait  à  dessein  de  réprimer  ctk-. 
brigandages  partiels,  réservant  toute  sa  vengeance.^' 
pour  des  occasions  plus  décisives.  Dans  le  desseio  i 
d'attirer  les  fourrageurs,  il  ordonne  à  un  grand  ^ 
nombre  de  citoyens  de  sortir  le  lendemain  par  b 
porte  Esquiline,  la  plus  éloignée  des  assiéffeansyet' 
do  cliasscr  devant  eux  leurs  tsoupeaux.  Séduits  par.  l 
Vospolr  d'un  butin  général,  les  Toscans  passeat 
)o.  Tibre  en  plus  grand  nombre  qu'à  roTCUnaiit;^ 
ils  sont  tout  à  coup  assaillis  de  plusieurs  sorties  si- 
iiiult:^nées  ;  Valerius  en  personne  descend  lemoat;  | 
Cœlius  avec  l'élite  des  cohortes  «  tombe  brusqaa-:;', 
meiit  sur  les  ennemis ,  les  met  en  fuite ,  et  leur  Ul4  ; 
cinq  mille  hommes.  On  rapporte  âi  celle  mêvn^ 
époque  du  siège  l'action  célèbre  de  Mutivf.SoïKi 
vola ,  racontée  par  tous  les  historiens ,  mab  àt  . 
différentes  manières*  Porsenna ,  effrayé  de  Tava»»  ' 
in^c  que  venait  de  remporter  Yalerius^  et  de  b 
co4ispi ration  de  trois  cents  jeunes  romsiiu,  don^ 


VAIEHIVS  PUBLICOLA.  5l>5 
jBtiuS)  quls'éuil  inlroJnil  furtivemenltlans  sou 
Stp  pour  le  luer,  Ycnait  de  lui  faire  la  fausse 
pfidcncf,  consenlit  à  traiter  de  la  pais  arec 
Ëme.  Publicola  donna  pour  ûtage  dix  jeunes  geus 

Eihinille  patriciennes  ,  et  autant  de  jeunes  Gîtes , 
nombre  desquelles  était  sa  fille  Valeria  ;  il  ren- 
S  en  outre  les  terres  que  les  Romains  avaieut 
■Dquises  en  Toscane.  Les  Tarquins,  ainsi  aban- 
pnnés,  se  virent  forcés  d'accéder  au»  conditions 
pe  dicta  le  peuple  romain. 
L'année  suivante,  dès  (ju'ojn  sut  à  Rome  que 
^  Sabins  unis  aux  Latins  se  préparaient  à  une 
bnvelle  guerre,  l'ublîcola  fui  nammc  consul  pour 
E  <gualricme  fois.  Non  seulement  il  sut  ramcnsr 
|Confîance  parmi  ses  concitoyens,  mais  encore 
rÇDtretînt  et  échauffa  les  dirisions  qui  éclataient 
Lrmi  les  Sabius,  ennemis  de  Rome;  c'est  ain^i 
n'U  sut  attirer  dans  le  sein  mAme  de  c^le  ville 
uppius  Clausus  ou  Clodius,  que  ses  grandes  ri- 
Kpfses,  son  éloquence  et  ses  vertus,  faisaient  reear- 
H'  comme  le  premier  de  sa  nation.  Exposé  à  I  en- 
irïede  ses  concitoyens,  Appîus,  cédant  aux  propo- 
Ittïons  de  PuLlirolii,  asscnjbic  tous  ses  amii ,  qi'i 
âe  leur  côté  en  attirent  d'auires,  et  il  entraîne 
kvec  lui  à  Rome  cinq  mille  chefs  de  famille  avec 
^l)rs  femmes,  leurs  enfans  et  leurs  esclaves.  Pu- 
njicola  1  prévenu  de  leur  arrivée ,  s^cmpresse  de  les 
wScueilÙr,  et  leur  fait  le  iraitemeot  le  plus  favora- 
file;  il  accorde  à  tous  le  droit  de  bourgeoisie,  «t 
iêùr  distribue  par  tiHe  deux  arpens  de  terre  le  long 
(^  jBeuve  Anio.  In  ités  de  la  retraite  d'un  si  grand 
noiâDrc  de  leurs  làiiiilles,  les  Sâbins  se  mirent  eit 
îàùmaene,  el  vinrent  ramper  entre  Rome  et  Fi- 
'■l^neSi^nitruit  de  luurs  projets  par  des  tiansfuges, 
KibliÉola  fit  attaquer  les  fourrageurs,  et  lui  même 
ivcc  lé  reste  de  1  armée,  faisant  un  grand  circuit, 
»int  envelopper  l'armée  entière  des  Sabins;  sur- 
paie de  tous  cCtés,  elle  fol  bientôt  défaite  eto^isc 


I 


SCS  parles  précé  tien  tes,  Publicola  reçut  It 
iieurs  du  triomplie.  Après  avoir  remis  une  s 
fois  sa  patrie  viciorinuse  entre  les  mains  Ji 
suis  nommés  pour  lui  succéder,  il  mourut. 
Rome  760  (Soaans  avant  J.-C),  comblé 
les  hanncurs  que  les  hommes  ambilionnenl 
et  qu'il.'L  jugent  le  plus  dienes  de  leur  eslim 
De  Aveu  de  tous,  (fil  Tilc  Live  ,  Pi 
fut  le  premier  homme  de  son  siècle  ,  et 
guerrier  et  comme  citoyen.  Riche  en  1 
Il  ne  laissa  pas  de  c|uoi  fournir  aus  i 
ses  funérailles  ;  Denis  d'Halicarnasse  rei 
même  que  ce  fut  la  pauvreté  de  Public 
pr.rra  le  sénat  de  llome  à  ordonnfr  iju' 
enterré  aux  frais  de  l'état.  Chaque  riloye 
été  taxé  au  quart  d'un  as,  ce  qui  laïl 
près  trois  sous  de  notre  monnaie  ,  et 
de  Home  contenant  alorscent  trente  mille  ci 
il  résulte  de  ce  calcul  que  la  pompe  funJ 
Publicola  coûta  plus  de  trente  mille  francs; 
certaine  que  le  peuple  romain ,  si  frugal 


VA  1.  RRIUS  f  UDUCOL  *.  ^^ip.» 
b  (lâQi  çf  méra(i\\vit  fui  Jonnc  pour  toujours  n 
pp/léntè,' ;iviiurage  plus  cilltt.«lile  Ijuë  les  "rj 
}^_  ei  la  royaulc  mérue  ,  si  l'on  met  U  féliptii 
.pS»  dans  les  volupLës,  mais  dans  VhoriDCUr  ri 

Kla  gloîie. 
I^oblicoh  fui  pcuilsnt  )3  vî<?  le  premier  iea 
nains  par  sa  jjoissance,  par  IVdal  closes  vurlus, 
Ans  de  six  cenis  a'ns  aprcs  sa  iiiorl  Irs  plus 
ries  familles  Je  lïf.mc ,  L-s_  INiblicola,  1rs 
svU,  el  tousjes  V.ilc-rius  qui  sorlaient  de  la 
lie  lise,  lui  rappiirlèjeiil  Ij  gloire  de  leur  no- 
FC.  Les  diffcrniies  liranchri  i\e  celle  illustre 
Kll(!  se  diili(igM;iliii(  li'.s  unes  den  autres  par  dil- 
■■■  n  suim.nis,  cu^^mw  U'i  JUimi.s,  les  Coi- 
,  les  Poliliis,  i'es  Levinus  el  les  l'hccll.,  " 
blicela  lut  lierm-ui  prnJ.mt  sa  vie  et  pour 
direaprfs  sa  irinrli' car  Hjpjs  les  l>icasreEar- 
■amiae  les  (^lu3  ^faiicTs  et  le.^  plus  e^tiiiublps 
t  Ips  liiinimes  pinîseVit  jouir  ,  illes  a  possédés 

P' poser vés  jusipyâ  son  trépas;  non  seulement 
parens  et  ses  amis  pleùrèfenl  sa  mort,  mais 
^.r«b^illedeR(,n><■  l..u,l  ehli.Ve  ;  des  milliers  dc 
'sonnes  en  p„rt.-,-ent  le  deuil.  ..■!  les  fenimei 
Daines  regreitèrent  l'ubjicold  ronmie  un  fib , 
Jbèrc,  un  niari. 

ï  ne  s'enrichit  point  pic  des  injustices;  îl  eut 
IpoQtraire  la  gltiire  de  faire  le  plus  bel  usaf^e 
■9  farlune,  en  venant  au  leraurs  des  malhcu- 

U  diminiia  1(-  faste  dti  eonsiibt ,  et  rendu  celle 
ttialrsture  douce  el  almaldi:  [our  tous  les  ri- 
ipiis.  Il  emprunta  plusieurs  Inis  de  Soloii  ; 
ireaulies  (.elles  qui  ilonnaieni  au  peuple  le  di  oit 
lire  ses  mitjislrjls,  et  qui  piTineMyienl  d  ap- 
er  à  sa  .if'risjon  des  jngeiiieiis  rendus  p,ir  Ifs 
lunaux.  l'^ti  éulilissanr  îles  <|iie9ieiiis  poiu'  l.i 
■de  dji  iresor  public,  i!  \oulur  (pi'un  u.i.*ul 
mine  de  bien  put  îf  li>u'r  j  '\ti  soins  plus  im 
Tome  l.  ;-« 


les  affaires  qui  demaniient  de  la  force  et 
gueur,  et  qui  doivent  élre  décidées  pa 
des  armes  9  il  fait  paraître  encore  plus  c 
dans  celles  qui ,  pendant  la  paix ,  exîgen 
<lresse  et  de  la  persuasion  ;  il  sait  91  bie 
Porsenna,  que  d'un  enneçni  redoutable  il 
anii  fidèle  des  Romaine.  Mais  il  gagne  plui 
tailles  f  et  remplit  également  le  devoir  de  ( 
celui  de  soldat.  Il  parvint  à  abattre  p< 
jours  la  royauté ,  depuis  loTig- temps  ai 
dominante  dan»  Rome ,  et  son  ■  conra^ 
montra  jamais-  au-dessous  de  son  entrep 
condée  par  la  fortune,  sa  puissance  çou 
venu  du  succès  le  plus  Tieureux, 

On -peut  dire  que  radministratron-  et  h 
Fublicola  maintinrent  Tordre  dans  Rome 
temps  des  guerres  civiles,  et  qu'ainsi  < 
bomme  sut  affermir  son  établissBment 
•t  en  4S&ur«r  la  durée. 


CISCINNATUS.  307 


CINCINNATUS, 

DICT\TEnR   B0MA1N. 


I 


iC  llTS  QuiNTlDS,  surnommé  Cinrinnatirs 
e  qu'il  portail  ses  cheveux  bouclés  et  frisés» 
irtenait  i  hoc  tainille  patricienne  aussi  distin- 
i  pat  l'éclat  àa  sa  noblesse  que  por  ses  alliances 
1  un  graail  nomlire  Je  personnages  îlluslres 

occupaient  les  premières  charges  de  l'état  ; 
même,  par  son  mérite  personnel,  devint 
liât  Tun  Jes  ornemensel  desaembres  les  plu« 
.«iniinJaLI<..i  du  s.inat  de  Hom:-.  dans  un 
ps  où  les  vertus  étaient  honorées  dans  ce\iK 
jbli<]ue.Toult.-l'ois  les  meilleurs  citoyens  avaient 
éptorer  les  ét*?rnelles  discutions  entre  la  no- 
ise et  le  peuple  ;  mus  au  milieu  de  ces  agita- 
is politiques  tousles  ordres  de  l'état  rendaient 
ice  à  la  modération  et  à  l'impartialité  de  Cin- 
latus.  Il  n'en  était  pos  de  même  de  son  fils  atné, 
on,  jeune  patricien  ardent  .qui,  disltngué  aU' 
t  par  son  éloquence  que  par  sa  valeur,  se  mon- 
t  toujours  opposé  an  parti  populaire, 
.e  tribun  Terenliuj  Arsa  ayant  entrepris  dp 
r  ta    jutisprudi^nce  et  de  limiter  les  pouvoir» 

consuls  et  de  la  noblesse,  de  grandes  contos- 
Qns  et  de  vifs  débats  éclal^renl  à  Ciî  luiei  ctiln; 
deux  ordres  de  l'état.  Céson  ,  à  la  télo  de  la  jeu- 
ie  palrieienitc ,  provoqua  des  viotcnccs  couin- 


»  (li{i;nc  (le  pardon  ;  rtMlncAlion  (]iril  a  r 
M  l<*s  yciix  d'un  p^rc  inndiMtc  v\.  po\n 
1»  pli  servir  de  frdii  h  son  in.solrnrc*.... 
»  Quintiiis,  on  n\i  aucun  reprochi*  à  v< 
3»  si  c(i  nVst  mie  In  qualitr  de  père  Tcmp 
M  vous  sur  celle  d«  ciloyi^n.  » 

I^cs  tribuns  deTnand^^cm  l'arrestation  c 
nidîs,  ap^^s  i\e%  d(^l).'its  très-animës,  il  f 
qu'on  le  laisserait  libre  apr^s  qu'il  aurait  d 
cautions.  On  hésitait  sur  la  somme  à  \a<\ 
inendc  serait  fixée;  la  décision  de  çr,  poiii 
voyéc  au  sénat.  Il  prononça  que  chacune 
lions  s'obligerait  pour  la  somme  de  ti 
oiire^  de  cuivre.  Dix  citoyens  s'engage 

{>ré5;<.*nter  Céson  le  jour  qu'on  jugerait  à  p 
'assigner,  ou  h  payer  cette  somme.  C'est  d 
toiri!  romaine  le  premier  exemple  de cauti 
nies  par  un  ac(  usé.  (léson ,  remis  en  lîbe 
tit  dans  la  nuit  même,  cl  se  retira  en  exil 
Toscans  pour  prévenir  sa  condamnation 
biins  exigèrent  avec  autant  de  rigueur  qi 


ciNr  ivN  AT  ns.  Sog 

•.s  pro|ir{!s  mains  ciii<[  ou  six  arpcns  de  Icrje , 
,  Jéliris  de  son  lii^rilugo  ,  nui ,  ilc  son  noi», 
ipt  «Idi  ilfi  pr/s  Quenlieiis.  LS  ,  n'fjyant  qu'un 

iiombrc  il'cjcbvcs  qui  l'aidaient  à  laboûrer 
:b>mp,  il  mrnait  une  vie  obscure  et  pénible  ; 
iHVrelr  ne  lui  pemicriait  ni  d'aller  è  Home, 
e  recevoir  ses  amis  ,  ni  d'assister  auK  fêles  et 
C^émonies  publiques. 

ai»  au  moindre  danger,  Rome,  alors  l'asilt 
jpr  d'avoir  recours 
c  ce  les^eclable  pa- 
ie Iroiibkf ,  venail  d'^cliapprr  ik  la  soudaine 
iugercu,>^e  invasion  du  sab^n  Ilordonius ,  qui , 
t  fi'jlre  euifiaré  du  Cajulole  par  un  coup  do 
1 1  n'aviil  perdu  la  vie  dniis  un  si  danecreux 
[•loi  qu'.m  dépend  de  celle  du  consul  Valeriua, 
!  sénat  voulait  donner  à  ce  digne  magistrat 
uccessmrd'un  méiitir  ivtonnu,  capableenfin 
(Wtenir  par  son  autntiié  un  peuple  turbulent 
a  tribuns  farlieux  ;  il  jelf  les  yeux  sur  Quintiu» 
lîfinalus,  père  de  Céson,  Le  jour  deIXeclioa 
t  fixi: ,  le  corps  cnli.T  des  pairiclens  fit  hs  der- 
i  elforts  pour  que  le  choix  tomba  sur  Cinciu- 
».  La  première  classe  desvolans,  composçe 
liX'Huit  cenlurics  de  cavalerie  et  àc:  qualre- 
l> d'infanterie,  lui  donna  l.i  voix.  Cecoucours 
\ime.  de  lau'iesiL's  centuries,  d'une  chsse  (]ui 
aas^il  tes  classes  inférieures  par  le  nombre  de 
luflrages,  assura  la  supn^me  magi>lrnlure  à 
ùnnaïus ,  (|ui  fui  décl.iré  cnnsul  en  snn  absence 
ans  sa  iiartiripalion.  Le  peuple  en  fui  rons- 
É;  il  alljiii  Si'  voir  au\  prises  aver  tin  consul 
j ,  loul  pui,s,i!il  pnc  la  fjvi'ur  du  aeiul  ,  par  son 
'»ge,  par  ses   Iruis  lils ,   dunt  pas  un  uc  le  st^ 

à  Céson  en  grandeur  d'âme,  et  qui  tous 
>nl  de  plus  ijiic  lui  le  mérite  de  la  prudence 
e  la  modéranon. 


l'emporta  sur  celui  de  la  retraite  ;  il  prit 
sa  femme,  et,  lui  recommandant  les  soin 
nage  ,  «  Je  crains  bien ,  ma  chère  Racili; 
»  H,  que  nos  champs  ne  soient  mal  euh 
»  année.  »  On  le  revêtit  en  même  tem 
robe  de  pourpre,  et  les  licteurs  avec  h 
ceaux  se  rangèrent  devant  lui  pour  i  *ei 
pour  recevoir  ses  ordres.  C  'est  ainsi  que 
rilc  et  le  besoin  de  Fétat  le  ramenèn 
Rome ,  où  il  n'était  point  rentré  depuis  h 
de  son  fils. 

Dès  quHl  eut  pris  possession  du  cons 
fit  rendre  compte  de  tout  ce  qui  s'était  n 
dant  et  depuis  Vinvasion  d'Hordonius.Fi 
là  occasion  de  convoquer  rassemblée  du 
tl  monte  sur  son  tribunal,  et«  sans  se  d< 
pour  le  sénat  ni  pour  le  peuple,  il  les  rê| 
Fun  et  Tautre  avec  une  égale  sëlvérité.  Il 
au  sénat  son  indigne  moltesse,  qui  seule 
hardi  les  tribuns  à  s'ériger  désormais  en  n 
perpétuels  ,  et  â  s'étanlir  dans  un  petit 

nt^wf^TQ    lin    fnvpr    Aa     tvrannîtfk  .    m\    îi«  a 


CINCINNATUS.  3ll 

«nfîn  conire  la  licence  effrénée  goi  régnait  dans 
tlome ,  d'où  la  subordination  et  l'obéissancR  sem- 
lilaleTil  élre  bannies.  A  la  honte  an  nom  romain , 
noute  Cincinnalus,  on  venait  de  vuir  des  séditieux 
mettre  à  priile  salut  de  leur  ville,  tout  prêts  are- 
BOnnatlreHordoniiispourleur  souverain  ,sil'onre- 
fciSâit  de  changer  la  forme  du  gouvernement:  «"VoiU 
K  le  Iruit ,  sVcrie  alors  le  consul ,  voiU  le  &uit  de 
h  ces  harangues  continuelles  dont  le  (leuple  se  laisse 
p  enivrer;  mais  je  saurai  bien  l'arracher  àsessédoc- 
m  teurs  qui  régnent  aujourd'hui  dans  Rome  avec 
w  nlut  d'orgueil  etdelyrannie  que  n'ont  jamais  fait 
b  les  Tarquin.  Sachez  donc  ,  peuple  romai'n  ,  que 
k  nousavonsréscilu  ,  mon  collègue  et  moi,  depor- 
fc  1er  la  guerre  chez  les  Eques  ot  chez  les  Volsques. 
ft>  Fious  vous  déclarons  m3nie  que  nous  hirerne- 
r*  rons  en  campagne  pendant  tout  notre  consulat. 
h»  Nous  commandons  Â  tous  ceux  quiont  prélé  le 
RB  serment  militaire  de  se  trouver  au  lac  lUgilLc  ; 
p  ce  sera  là  le  rendez-vous  de  toute  l'armée.  »' 
f  Les  tribuns  lui  répartiréot  d'un  air  moqafeur 
qu'il  courait  risque  d'aller  h  h  guerre  seul  avec 
Son  collègue,  et  qu'ils  ne  souffriraient  point  qu'il 
■'(e  Ht  aucune  levée  :  n  Nous  ne  manquerons  point 
^>  de  soldais,  répondit  Quinlius,  et  nous  avons 
'»  encore  sous  nos  ordres  tous  couk  qui ,  à  la  vue 
'P  du  Capilole,  ont  pris  les  armes  et  juré  snlen- 
>^  nellement  de  ne  les  quitter  que  par  la  permis- 
¥  «ion  des  consuls.  Si  par  vos  conseils  ils  refusent 
'"  de  nous  obéir ,  les  dieux  vengeurs  du  parjure 
l'j"  sauront  bien  les  punir  de  leur  désertion.  » 
'  Le  peuple ,  dit  'rite  Live  à  cette  occasion  ,  rcs- 
peclail  encore  la  saintelc  du  serment;  aussi  la  ha- 
rangue de  Cincinnatus  ne  Fut-elle  pas  sans  effet. 
Pour  tenir  je  peuple  en  respect  le  consul  pu- 
bliait encore  à  dessein  qu'à  son  retour  il  ne  con- 
roquerait  pas  d'assemblée  pour  élire  de  nouveaux 
consuls ,  et  qu'il  était  résolu  da  nommor  un  Uicla- 


campagne,  fut  consterné  d^un  dessein 
posait  à  passer  Thiver  sous  des  tentes.  L< 
n'étaient  pas  moins  alarmés  par  la  craii 
assemblée  hors  de  Rome,  où  li  se  pouva 
des  résolutions  contraires  à  leurs  intérêts 
et  les  autres ,  intimidés  par  la  fermeté  des 
eurent  recours  au  sénat  ;  les  femmes  et  le 
tout  en  larmes ,  conjurèrent  les*  principi^ 
teurs  d'adoucir  Quintius ,  et  d'obtenir  < 
Yère  magistrat  que  leurs  maris  et  leurs  f 
sent  revenir  chez  eux  à  la  fin  de  la  c 
L'affaire  fut  mise  dans  une  espèce  de  néj 
C'était  le  point  où  le  consul,  par  cette  se 
feclée,  mais  nécessaire,  avait  voulu  ai 
tribuns.  Il  se  fit  un  traité  provisionnel  < 
Quintius  promit  de  ne  point  armer  et  de 
faire  hiverner  les  troupes  en  campagn 
eîait  forcé  par  quelques  nouvelles  incux 
ennemis,  et  les  tribuns  de  leur  côté  s'ei 
à  ne  point  faire  au  peuple  aucune  pr 
touchant  l'établissement  des  lois  nouvel] 
Quintiiis ,  ayant  appaisé  ainsi  les  ti'd 
Rome  ,   rétablit  l'exercice  des  jagemens 


ir— -^ — "        "" 

CINCINNATI' s.  3l3 

1  rnfaQS.  Aisidu  lout  le  joiir  <i  son  ni. 
et  d'un  actes  facile,  queltjuc  afiairc  qu'il 
|£r,  il  exammait  avec  attculion  le  droit 
-es,  et  rendait  ensuite  des  jua<!{ncnsf>îéqiii- 
^ue  le  peuple,  charmé  de  La  iluuct-ur  da 
yemement,  semltiait  avoir  oublié  tju'il  y 
tril>uns  dans  la  républî'jue. 
urlialilé  et  IVquiiR  (|iic  Cincinnal.ua  oion^ 
is  toutes  les  affaiiesiaisaient  dé^rcr  auxpa* 

et   même  gii  jpcuple  qu'on  le  couliuuât 
I  fonctions  de  la  magistraïuie  consubiro  ;      >1l 
i  m^nie  une  sorte  de  conL'ejioids  à  li  puis»        * 
!s  tribuns. du  peuple,  qui,  à  force  di;  hn~       J 
■taiout  fait  prorogea; dans  le  Iribunat,  mal-        , 
^nnaaco  qui  deleiidaii  au 'aucun  citoyca        j 
courût  dans  les  élections  dens  ans  de  suiie- 
I  mêmes  charges.  Mais  Cincinnatui  se  re- 
;  instances  du  sénat  et  de  la  plupart  de  sn        \ 
fôns;  rien  ne  put  vaincre  son  opposUÎDn. 
il  ne  parla  avec  autant  de  détint  éresseioeaC 
gesse;  il  représenta,  averbe.tucuup  de  gra- 
jxsénaleiiis  le  lorl   qu'iU  ("ais.iieut  à  kur 
on  en  voulant  violer    eux- niêuics  leurs. 

décrets  ;  que  rien  ne  n:iari(u.iit  ilavanlage- 
:sse  du  gouvemcmcut  que  cette  multitude 
nouvelles  qu'on  propnsaii  tous  I/s  jours  et 
,'obîei'vait  pas;  qiiec  était^r  une  conduite 
stante  qu'ils  s'attiraient  jusiement  le  mê- 
la mullitude;  puis,  rontinunul  avec  plus ds 

de  véliémence,  «  Faut-il  s'étonner  ,  dil-il, 

conscrits,  si  le  peuple  ne  respecte  pas.vna 
ons,lorsque  vous  les  inrirmeï  vous-mêmes? 
uoi ,  parce  que  le  peuple  continue  s  '  ma- 
ils au  inépiis  de  votre  sénatus  couiulte^ 

voulez  l'enfreindre  auwi  pour  rendiériu 
li  extravagances  de  la  multitude ,  i  omme  si 
marquait  mêuic  son  pouvoir  en  m  mires- 
plus,  d'inconséquence  et  de  légireié!  Apri» 


à  son  avis,  et  jiroréJa  iraméilMttment  à 
vcllc  élection,  f^omtilé  de  kénédictio 
louanges,  devenu  l'objet  de  l'estime,  de 
ration  de  ses  concitoyens  ,  Cincmnalus  , 
lant  avec  joie  la  pourpre ,  se  hâta  de  ren 
sa  paisible  retraite  des  bords  du  Tibre 
trouva  ses  buufii ,  sa  charrue  .  sa  chaum 
comma  auparavant,  y  vécut  du  trava 
mains,  dans  la  plus  heureuse  tranquillité 

L'intérêt  et  le  salut  de  l'état  pouval 
l'arranher  à  celte  retraite  obscure  et  Iionc 
faisait  le  charme  de  sa  vie.  De  nouveaux 
pour  la  patrie  réclamèrent  bientôt ,  Je  I 
ce  grand  homme,  de  nouvelles  preuve 
Toueinent  et  de  grandeur  d'jme. 

Tout  à  coup  1  armée  romaine  ,  comma 
le  ronsul  Miiiucius,  se  irouve  ensaf 
des  lieux  escarpés,  eu  présence  Jcs  Ëq 
s'emparent  <lc  toutes  les  issues.  Cinq  < 
ayant  réussi  A  percer  les  postes  ennemis 
rent  porter  à  Rome   la  nouvelle  de'  l'ii 


eiSClNNATUS.  3l5 

'  iltgnilf's,  Cl  qu'on  ne  peut  Irnuver  la  forci;  du 
«    çomRi«[iil('nient  que  U  où  U  fi}rtiina  a  accumulé 

■  les  sr^nJci  possessions.  Le  seul  liiimme  sur  le- 
«  qnei  le  peuple    romain    complaît    pour    faire 

■  respecter  sa  puissance  ,  était  yuîniius  Cinctn- 

■  naïus,  c]tiî  ne  possédait  eo  tout  qu'un  champ 
■•  (le  quatre  arpens  qu'il  cultivait  de  ses  mains,  ■ 

Les  députés  du  sénat  Irotiv^ent  ce  vénérable 
patricien  comme  la  première  fois  ,  culinant  de  stis 
propres  mains  son  pellt  liénUge,  seloo  les  uns 
courbé  sous  sa  bfiche  et  creusant  on  fossé,  selon 
d'autres  menant  sa  diarrue,  mais  enfin  occupé 
d'un  travail  rustique.  Après  li's  salutations  réci- 
proques, ils  débutèrent  par  des  vœux  pour  sa 
prospérité  et  pour  celle  de  ta  répubiliiiie ,  et  la 
prièrent  de  prendre  sa  loge  ]«iur  enlendre  plus 
convenablement  les  instructions duséital.Quiiilius, 
étonné ,  demande  à  plusieurs  reprises  s'il  est  ar- 
rivé quelques  malheurs  e i Ira ordin aires ,  et  dit  i 
M  femme  nacilia  d'aller  lui  chercher  sa  tnge  dans 
sa  cabane.  lorsqu'il  eut  nettoyé  la  poussière  et  la 

nouveau  vf  trment ,  les  dcpulés  le  proclamèrent 
dictateur,  en  le  comblant  de  félicitations.  Ils  le 
pressent  de  venir  à  Rome,  lui  font  pjrt  de  l'état 
inquiétant  de  l'armée  consulaire,  et  hit  présentent 
aussitôt  vingt -quatre  licteurs  armés  de  haches 
d'armes  enirelassées  dans  leurs  faisceaux,  espèce 
ie  garde  des  anciens  rois  de  Home,  dont  les  con- 
suls avaient  retenu  une  partie,  maïs  qui  ne  por- 
bient  des  harlies  d'armes  dans  la  ville  que  devant 
le  diclaleur  seul.  Le  séii.il,  iiisLriiil  que  Quinlîus 
approchait,  lui  cmoie  un  bateau,  dans  lequel  il 
passe  le  Tibre.  A  la  dcsti'iUe  il  esl  rei;u  ptr  ses 
Uois  enfuis  ,  venus  A  sa  rciiroiHre  ;  bientck  il  est 
joint  par  tous  ses  pareiis ,  par  Ions  ses  amis  et  par 
les- premiers  du  sénat.  C'est  au  milieu  de  ce  nom-. 


Sl6  ClNCINîtiTUa. 

breux  cortège  que,  [in^Rdilé  âc  if.%  licteurs  ,  i[  «il 
conOuit  Jaiii  Iloini-  jusqu'il  la  mauvo. 

Le  I  m  i]  cm  .lin  le  dictateur  nomma  pour  g^n^ 
rai  <le  la  cavakric  Tarquiiûu,  paiiicicn  2'unv 
raro  v;jl^ur,  maïs  oui ,  pour  n'avoir  pji  «u  la 
jQoyen  <J'arIieter  M  Jt!  nourrir  un  tlieval ,  n'avait 
encore  srrvï  que  dan.i  l'infatiItTÙr.  Aimi  toute  !'»■ 
p^rance  de  la  rcpuUlitgue  lo  li'ou.vBit  reufcniHio 
tlani  un  vieillard  qu'on  vcniùt  de  tirer  do.  U  char- 
rue, et  dans  un  lanUMiiiil  i^.ui  l'onvonfiAitle  coin* 
mandement  de  la  cavalerie  ;  mais  ces  homnes ,  i}ui 
se  faisaient  bonneur  de  la  pauvreté,  n'en  moa* 
iraienlpaj  moins  de  couraf;e  dana  le  comnMiide* 
ini-til.'I.e  dictateur  fît  ti^rmer  les  liouliqut»,  ot 
ordonna  A  tous  )(■«  liabitan.i  qui  liaient  encori 
eu  ëlnl  Jl-  porter  le»  aroitvi  de  se  rcndi  e  3<vani  U 
cnuclier  du  soleil  d^o»  le  cbamp  de  Mars  ,  rJiacuH 
avec  douze  picui  t\  des  vivrc.i  pour  cluq  jour*. 
h  se  mit  eiituif£  4  U  i^Ie  de  ces  ttnupex  ,  cl  tr- 
riva  avant  tu  jour  a(,sra  prf^a  du  ump  ennemi , 
qu'il  alla  rccoDnaiue  lui-m£me ,  aulaat  que  lea 
t^Q^Iircs  le  pouvaiem  pcrutcUre.  Sci  soldats  ,  par 
itoti  ordi'K,  pi)ii<uâi'enl  de  gi.unda  cri»  ,pnur  avur» 
tîi  le  consul  ■]«  l'urvivi^f!  diia  secours;  ils  ta  rjK 
Ir^uf lièrent  rfc  te  fuctîLièrent  par  une  psiiuada 
laite  avec  W  pîcui  qu'ils  avairat  apport^  de, 
Itoiiui  ;  f»  retranchemaos  sorv^ieal  ea  ntnx 
temps  it  eiifeimer  le  csnip  ennemi.  Leg^nérdl  liH 
Kqucs,  appeU  Gracclius  Derilîus,  unlr«]iri|  dlik>' 
terroinpre  lo  travail  dus  ftonuju*.  Quintiiu,  qui 
ivalt  prévu  cette  attaque ,  lui  opposa  une  pan» 
lie  loii  aim^e  pendant  que  l'autre  cnuliouait  laa 
rctrancht^r.  J.e  liruit  des  arineael  lea  et  i»  dvi com* 
battions  reniliieat  le  consul  ejicure  plut  nertain  du 
aecours. 

U  attaqua  de  son  cûliï  le  camp  dci  Ëqnot, 
{lour  liiire  diveDlon ,  ce  qui.  douuile  UibiÎm  lia. 


CINCÏKTÎATIIS.  Si  7 

PMir  d'n  cire  ver  ses  n'iranclifinfin;  en  aoiH 
e8«Dneniis,  au  point  du  jimr,  ae  virent  à 
»ur  «iK'gf^li  r>ar  deux  armi^ps.  Le  dicutmir 

consul  asxiiillirent  «Ion  a\fr.  lanlpi  Itnin 
I  iRcainpciinnmi.Ciiiiiinnatns  trouva  IVndroit 
m  allifjuc  moins  fonili^,  parce  que  h  géaé- 
!iE(]u<-fi.  n'ayant  ^la»  cm  avoir  k  se  <](!!ri>nilrc 
e  coiti-lii,  tiR  fil  qii'iiTii:  fiiilile  ri'Mislinrc. 
me  il  nrai^nait  d'éirc  empoTlc  IVpéc  A  h 
,  il  Cutrccoiin  Ji  la  ni^ifona'ion,  et  envoyi 
i^pul^i  au  coniul,  nui,  sans  les  eulenitre^ 
rvoya  au  diciaievr.  (îes  il^put^s ,  s'élani  pré- 
ik  lui  malgré  la  clialeur  ùp  IV.lion ,  1<  con- 
Biit  d'arrj^ier  l'hnpKltiosiiir  d«  ses  loldatJ  t  <t 
I  pat  mpltrcsa  gloiro  i  faire  p^rir  pcac|uB 

une  nation ,  et  ib  lui  ofTrirent  d'abandonner 

camp  et  de  se  reiirer  sans  liagitge,  sans 
a  et  «ans  arme*,  Quinlius  leiirrtijifindil  atec 

qu'il  ne  Im  (■«liinair.  p;ii  ass<>»  iintir  croire 
eur  tnnrl  fiU  de  imelquc  consëigui'nca  à   U_ 
Hînut  ;  nn'il  leur  liiliaatt  volontiers  ta  ^ai'^ 
1^11  il  Yoiilaît  <\\if  liMir   p;t'o('ral  et  \ch  priwi'- 

olficrcrs  n-sliissi'iii  prisnuiLii^is  Jf  fjufire,  et 
les  sulilaia  [lassasirnl  sous  li;  jnug  îles  llo- 
I,  sinon  qu'il  allait  li}s  laire  liiiller  tons  en 
I.  Les  Eques,  cDviriiniiès  de  toutes  paris,  st 
(ireni  i  toutes  les  conditions  qu'il  pKil  i  un 
mi  virtoriuux  de  Irnr  im|ioser.  Un  iîclia  deut 

ne*  en  iirrc  ,  et  uno  troisième  fut  atpachéfe 
iviTs  sur  la  pointe  des  deux  premitres;  loui 
ijucs,  nuseldés.iimi^f,  passèrent  sous  le  por- 

militaiiTi  rspM'  d'Jnl.miie  que  les  victorieux 
saient  i  des  vjînru.s  qui  ut'  piiuvaienl  ni  com- 
3  ni  se  nlinr.  On  livra  iin  même  irmp*  ant 
ains  le  {;<''ii[''i.il  et  K'.t  iilfii-iers,  qui  furent 
vé%  pour  si-riir  au  trioiniitii;  du  dirlatcnr. 
lintius  ali,nidi.i 


e  de  Rome,  saiiarien 


3l8  CIWCIHBATOS, 

reUnir  pour  Ini  du  buiin ,  et  latu  vouloir  loufTnF, 
que  lesiroupi'iâucoiDiul,  qu'il  venait  ile  dégager ^ 
jrpri»etit  fttn  :  «  SoMaiH ,  kur  dil-il  avec  sévérilâ  ,^ 
j>  vnuK  (fui  avec  été  i  h  vrillt-  de  devenir  la  proi^ 
«  denosriiDeini»,  vous  ne  partagcri-s  point leurt 
«  dépouille*.  -  Tuii,  se  toiirnàni  vcnlc  contulij 
«  £l  vuuSjHinutius,  sjuuu-t-îl ,  vous  ne  cos:^ 
s  manderez  plut  en  clief  A  cet  légions  juiqu't  ci^ 
>  aue  voui  ayez  fait  paratlte  plus  de  cour3gft,et 
■  dp  rapacité.  "  Ce  rliilimt-nt  n)ilit.iirc  ne  unP- 
nua  un  rien  ilu  resptcl  et  de  la  recoanai»an«  de 
ces  troupca  pour  leur  libéialeur,  ri  le  coniul  (1 
ses  snlduts  décernèrent  i  Cinciunatui  une  cgu 
ruune  d'or  du  poids  d'une  livre,  comme  â  celi 
(pli  avait  sauvé  U  vie  et  Thonneur  i  tes  couci- 
t..y<!ns. 

1.C  Rénal ,  ayant  reçu  les  nouvelles  de  la  vïctoîn 
r)uele  diciafeur  vetjalt  de  remporrer,  et  le  par' 
lage  jufJIcieua  (|ii'll  uvail  fait,  de»  dépouillea  dit 
«nueniis,  linnlcux,    pour  DÏii«i  dire,   ou'un  Ûi, 

§raiid  capilaiiic  vieillit  dans  la  pauvrcle,  lui  fit 
ire  (|u'il  entendait  iju'il  prit  une  part  considâ- 
rabic  dans  le  bulin,  voulant  milme  lui  adjuger 
une  pAviion  des  terres  romjuise*  sur  les  lîques, 
avec  le  nombre  d'csclavpg  et  de  besiiaui  liécea- 
■airc  pour  Ica  faire  valoir  \  mais  Quinti'ja  crt 
devoir  un  {ilui  grand  exeuinle  à  sa  patrie  ;  il  [n*' 
fera  ,  JUS  richeases  qu'on  lui  olfrail,  celle  fMU^ 
vreté  ,  relie  vie  dure  (ju'il  regardait  comme  l'aA 
de  [i  vertu  elle  soutien  de  la   liberté,   jinruuâi 

Ju'il  n'y  a  rien  de  plui  libre  ut  de  plua  inJëpenr 
ant  qu'un  Mtoyen  qui  ,  aans  rînu  attendrit  d<t 
autres  ,  tire  toute  sa  subsistance  de  son  propft 
héritage  ou  de  son  travail. 

Ainsi,  en  moins  de  quinze  jours  ce  graDfti 
liomme  dégagea  l'armée  du  consul,  vainqulE 
celle  des  ennemis  ,  fit  son  entrée  dans  IXomt  aWC 
b-s  honneurs  du  Irioatplic  et  è  la  iftc  de  touu  >oa 


C!  NCINN  ATVS.  Sig 

rm/*.  Drv.inl  sun  char  marchais  ni  le»  f;<lnrrauv 
^nemb,  puis  venaient  les  dépouilles  et  tes  dm* 
Wiuxenlev^Jl  \e%  soldats  Hnmninx  suivaient, roii- 
wrli  de  chapeaux  de  fleurs  et  célébrant  la  vic- 
bire  de  Cincînnatus  par  des  chansons  mililaires. 
Du  labiés  étaient  dressées  devant  toutes  les  mai- 
kins,  elle»   convives  acccmpagnaient  la  marche 

Ëiphale  de  ^is  de  joie  et  de  chani«  d'allé- 
e.  Cincinnarns  abdiqua  an  bout  de  seize  jours 
;tature,  qui  lui  avait  été  déférée  pour  six 
(bob,  rt  qu'il  eût  pu  retenir  ;  il  abdiqua  en  pré- 
llNice  du  peuple,  après  loi  avoir  rendu  compiR  ut 
jk  sa  courte  administration  et  de  son  expédilioii 
liéaiorable.  Une  telle  modération  augmenta  rn- 
iote  sa  gloire  et  l'affection  que  ses  concitoyens  lui 
tv*îent  vouée. 

Les  amis  de  sa  fjmîlli*,  se  prévalunl  de  cette  con- 
bnclure ,  obtinrent  enfin  qu  on  pf^eM  l'accusateur 
K  Quintiui  Céson ,  sun  fils.  11  fut  convaincu  de 
iitomnie  et  de  faux  témoignage  ;  Céson  fui  np- 
||Ué  I  et  les  tribuns ,  voyant  que  lé  peuple  adorait 
ion  p^re ,  n'osèrent  s'opposer  à  un  jiieemenl  si 
builable.  Cinoiinalus, rouvert  de  ^loiriM'i  s.itisrait 
lu  retour  de  so.i  (ils  .  .s'arraili.i  aux  ;i[>i>!.iudiss,-. 
nens  des  Honiains,  et  retourna  s'ensevelir  dans 
a  chaumière  ,  où  il  reprit  ses  travaux  cham- 
>?lres. 

Il  n'y  fut  p.is  lone-lemps  sans  que  Rome  épro'i- 
•it  le  be.oln  <le  sa  p.ésence  et  de  ses  conseils.  De 
louvenux  iriuihlivs .  l'xriics  au  sujet  de  la  publica- 
ion  df  la  loi  Tersiiiilla  par  li's  tribuns  du  peuple, 

e  sénat  ûi'  i.ippt'li'r  (^iiu.iniiaïus  pour  l'opposer  4 

Les  S-ibius  cl  les  laques  venaient  de  retiouveler 
purs  rouist's  sur  le  i.rrllniie  de  Home;  le  séuat 
irdonn.1  aossiliU  que  le«  <-<iosuls  uiareheraieut 
onlrc  les  ennemis;  mais  quand  il  fut  question  de 


iiv.  bien  qui  aiment  si ncè renient  leur  jial 
«lait  prPt.fjnoiqiLP  arr^blû  (l'ann^s ,  il'c 
li;  premier  IVxemplc ,  et  qu'ils  trouvera 
II'  combat  ou  uue  victoire  glorieuse  ou 
bonorable. 

Tous  ces  mouvtnncns  ayant  été  appai 
cinnalus  se  relira  de  nouveau  dans  sa  ca 
pnVt  du  Tibre,  pour  y  jouir  enfin, 
.<eln  (le  sa  famille,  dn  calme  li<>urci>K  ^ 
niait  sa  vieillesse  ,  et  qu'il  avait  mer ili 
lie  travaux  honorables.  11  ue  lontiail  p 
»fiil  vceu  I  relui  d'y  t'-nniuer  \iaiHil)l 
ri.rrièi^,  et  dn  pouvoir  emporter  dans 
la  coRStilante  idie  qu'il  laissait  sa  pa 
un  ('lat'de  vi'ocur  et  de  prospérité  cri 

Mais ,  l'aa  de  Home  Hi3 ,  il  mirvinl  u] 
al!'reusc  qui  cauna  det  troubles  et  des  sé< 
la  faveur  desquels  nn  rlievalier  romain  ti 
iioinniéSpuriuïMeliuSjfiit  à  la  veille  de 
de  i'au tonte  souveraine,  après  avoir  sédi 
pie  par  ses  libérabtés.  Dans  le  péril  oij  s 


I  CIHCINK  ATCS. 

imiue.  Cincionatus  résbu  tl'al>nr>)  ;  il  ilcmand» 
E  séiul  cl  au  consul  à  quoi  ils  soiiEjealeni ,  de 
reUfJfi^  un  vieillard  décrtpîl  pour  le  jeier  au 
ijlieu  d'un  choc  si  violenl  ;  mais  comme  on  lui 
Hait  de  tous  cdtcs  qu'il  y  avaîl  dans  ce  vieillard 
U  seulemeni  plus  de  sagesse  ,  m^is  mfnie  ptua 
^^ergie  que  dani  toutfslcs  autres  tftes,  qu'on 
auiabUil  de  justes  louanges  j  et  que  le' consul  in- 
BUtt  toujours ,  il  finit  par  se  rendre.  Ch  homme 
PJléreux  conjura  les  dieux  immortels  de  ne 
f5  permettre  que  dans  une  crise  si  alai  manie  la 

ticsse  de  sou  9gB  fît  le  malheur  et  la  honie  de 
pays  ;  et ,  se  faissant  nommer  dictateur  par  le 
sol ,  il  clioisil  lui-même  pour  général  de  la  ca- 
pierie  Caïus  Scrvilius  Ahala,  I,e  lenciemain  drs 
Ëacliemcns  armés  occupent  tous  Us  quiTtiers  de 
l'Tilleet  tous  les  posles,  comme  si  reunemi  eût 
là  aux  porles  de  fVtmie  ;  le  dictateur  se  rend  lui- 
Mme  au  Forum,  y  fait  porter  son  tribunal,  el-y 
iônte  escorté  de  ses  llctears ,  armés  de  leurs  ha- 
Ua  d'armes  ,  et  avec  tout  l'appareH  de  la  son- 
«raine  puissance.  La  noiivcainÈ  Ji-  res  mi>Surcî 
1  l'élonncment  fînent  sur  lui  tous  tes  regards  de 
a  multiludc.  A  l'exception  de  Mi-lius  ,  de  ses  par- 
ions et  de  SCS  complices ,  qui  voyaient  clairement 
ju'une  force  si  rcdoutaltle  était  dirigée  contre 
ui ,  tous  les  autres  citoyens ,  qui  n'avaient  nulle 
onnaissance  de  la  conspu'ation  ,  demandent  quel 
Anger  si  pressant,  (|uelle  guerre  subite  a  pu  exi- 
vr  qu'<m  déploie  une  autorité  si  terrible,  et  que 
îincmnalits,  à  l'dge  de  plus  dequaire-vingtsans, 
oit  investi  du  commjmleintiit  siiprî^me.  Dans 
etle  incerlllu.le  gi^iiiTsIe  le  dicti.lcur  onlonne 
u  général  de  la  cavalerie  d'aller  sommer  MelJus 
e  comparaîln:  devant  son  tribunal.  Metius  ink- 
lore  le  secours  di^a  multitude,  el,  l'onjure  ses 
mis  de  ne  pjs  r.'ibandinuier.  Ses  partisans  s'ani- 
icnt,  le  peu['lc  s'émeut,  el  veut  Tarradier  des 


que  penser  d'unacte  d'autorîlé  "  vigourei 
cinnalus  la  haranji^ua  ;  il  ordonna  ensuite  a 
teurs  de  metlre  en  vente  lou»  les  biens  de 
et  d'Vn  vers«r  le  produit  dans  le  trésor  f 
fit  aussi  rajer  la  maison  de  ce  co^spirau 
que  l'emplacemenl  seul  fût  un  nion"»^^»' 
crime  et  de  sa  punition. 

On  y  avait  trouvé  une  gÀnde  (juanlité 
que  le  dictateur  fit  vendre  i  vil  pn>-  ^^  ^ 

fjislrat  ne  jugea  point  i  propos  d'info'''np 
es  complices  et  les  partisans  du  chef  ^^  ' 
ration  I  de  peur  de  trouver  wnirope^and 
de  coupables.  C'est  ainsi  qu 'alliant  l^i^^rr 
prudence  4  et  la  vertu  au  talent,  ilrélablifii 
et  affermit  la  liberté  dans  sa  patrie ,  ^t  C( 
un  âge  où  l'homme,  n'ayant  d'ordinair^ 
sens  glacés  et  un  cœur  engourdi ,  n'est  p'' 
Lie  d  aucun  acte  de  vigueur  ni  de  courage 
Mais  ce  fut  la  dernière  action  (lublitjue 
cinnalus  ;  il  mourut  peu  de  temps  après, 
tant  dans  la  tombe  les  regrets,  1  amoi 
vénération  de  ses  citncilovens. 


CINCINNATUS. 
re  et  à  manier  les  rtiprits 


523 
nduiie 
le  ,  toujours  réglée  par  la  raison  ,  jamaii 
imeur  ou  le  ciprirte;  un  amour  du  bien 
supérieure  toutes  ivs  passions; 
lent  qui  ne  se  démenlil  jamais;  uni 
Il  infatigable  au  travail  et  à  seâ  de^ 
mêlé  à  toute  épreuve  dans  le  tumulte  de» 
itioRS ,  et  dans  les  camps,  un  CDUp-d'œil 
DUC  résolution  impassible;  telles  furent  . 
s  et  belles  qualilés  avec  lesquelles  Cin- 
I  arrfia  laliL-encc,  sauva  uneymée  con- 
,  rétablit  Tordre  et  la  tranquillité  dans  l'état 
I  le  cours  de  ses  magiatralures  éclatantes  et 
ble*. 


524  CAMILLK. 


%^'**'V%%/v%^rv%x-v%w%v*'*.'*iv*'vw%w%^b#wi%*'V«%4/%*%^%/%4/) 


FURIUS  CAMILLl] 


DICTATEUR  EOMAIN* 


1^  unies  était  son  nom  de  famille,  et 41  ava 
prénom  Marcus;  (Jamillus  était  un  sumoita 
donnait  aux  enfans  de  qualité  qui  servaiei 
le  temple  de  Jupiter  avant  leur  entrée  t 
nionJe.  C'est  sous  ce  dernier  nom  que  F 
romain  dont  nous  allons  retracer  les  exp 
rappeler  les  Tcrlus  s'est  rendu  si  célèbre , 

Îjresqu»!  le  seul  qui  lui  soit  resté.  La  fam 
''ijriu;*  n*avait  pas  eu  jusqu'à  lui  cette  répi 
éclatante  que  donne  la  gloire  des  grandes 
militaires  ;  Camille  fut  le  premier  qui,  par  8' 
rite  personnel ,  lui  donna  de  rillustration 
Féclat.  Il  avait  à  peine  quatorze  ou  quinze 
servait  comme  simple  chevalier  sous  le  di 
Postumius  ïubertus,  lorsque,  dans  une 
affaire  contre  les  Ëques  et  les  Yolsques,  il 
son  cheval  hors  des  rangs ,  et,  quoique  ble 
cuisse,  ne  quitta  point  le  combat,  arrach; 
môme  le  trait  qui  était  resté  dans  la  plaie ,  e 
chant  aux  plus  vaiilansdes  ennemis  ,qui  fure 
gés  de  prendre  la  fuite.  Ce  trait  de  bravoure 
rita  plusieurs  récompenses  honorables  ,  et  > 
suite  lesouveniir  de  cette  belle  action  contril 
faire  nommer  censeur  (Tan  de  Rome  353), 
qui  dans  ces  temps-là  donnait  une  grand< 
uératioii.  Une  des  actions  louables  qu  ilfit  c 


C  i  «  1 1.  L  K.  HH 

it  (]p  ilétvmiiiHT,  autant  p,ir  la  pprsua- 
par  [J«BiiwiiâCiSt  li!3  céliliatairut  à^pouMn 
■s  ,  dtiiil  le  [iniiibre  avait  èl^  ougFnrnti 
;urrre»  caii^jiiudllf  ».  Il  prit  nussi  iiiir  nutr» 
uclan^ccMitÂcommanilail;  il  suunaiRus 
\»  onpbclini.exMnpUjusiju'alois  ilelnut^» 
Lm  dépense*  considéialilcs  ijuViitrâl- 
s  fréquuBs  arintment  ie  lotcèrunl  Ui!  rm» 
I  loi. 

ait  lUTlout  koaoîn  dVgrni  pour  snuienir 
tic  Vms,  que  d'aulros  apprllent  Vsufla- 
t(>ttalt>  J(!  lu  Toscane,  qui  iic  le  céJail  k 
i  par  It!  notnlire  de  sl's  combutiani  ni  pal* 
\ii  do  ïi-t  tniinition*  dccucrrr.  il  y  avait 
Mpt  trt»  que  le  sip|;c  durait,  lorH]ur  la 
mécnolfnt  de  w»  ({éiuTaux,  qu'il  Jicciisait 
ni:  Irnifur,  leur  dla  lu  coimnjuilt^mcnt  ' 
l'uutre*  tribuns  pour  continiitr  la  guet'M. 
Ail  •îe  ce  nombre,  et  c'éuit  pour  In  troi— 
»  qu'un  lui  conférait  cette  dignité,  La  snrt 
\M  d'abord  i  comliaUEB  contre  lea  Falït^ 
le»  Capfiialcs,  fjui  ëtaieni  enlr*'*  sur  li'« 
»  tloinaiii.^.  Camill>-  les  bjllit ,  ci  lus  ubli- 
e  rrnfcimi-r  daii.i  liNirs  murailles. 
'Ce  (le  Vi'ii^s  durait  toiijonrs;  le  sénat,  mé- 
des  ntagi^itrats,  cl  alltiliuanl  la  longueur 
guerre  à  la  lenteur  qu'iU  y  apporlaient , 

I  d'abiliquer.  On  eut  recours  dans  celle 
I,  cninmt-  d^ns  une  calaniitù  piililiquc,  i 
ttcur.  Camille  fut  élevé  à  reUu  suprtïme 
iture,  et  seul  cliargé  de  la  r.onJuile  d'une 
[ui  durait  ilipuïs  si  long  Irinps  ;  honneur 

ir(il  capilaiui'  ;  <ouj<nictiu'e  où.. sans  Ixigua 

II  à  sa  place.  On  avait  déjà  oiiseiié  »|ue  , 
emplois  où  Camille  avait  eu  des  collègues, 
valeur  et  la  liaute  capacité  lui  avaient  lait 


suivre  a  la  guerre  un  gênerai  que  la  ' 
vait  jamais  abandonné  ;  les  alliés  mên 
rent  un  secours  puissant  composé  de  I 
lissante  jeunesse.  Camille  pouvait  avo 
de  cinquante  ans  ;  il  s'engagea,  parfln 
nel,  s'il  terminait  heureusement  ceti 
faire  célébrer  les  grands  jeux  appelés  ( 
du  Cirque ,  bâti  par  Tarquin  I  Ancien 
roi  de  Itome ,  et  à  dédier  le  temple  < 
Matuta,  qui,  si  l'on  en  juge  par  les 
de  ses  sacrifices,  parait  £tre  la  même 


Le  dictateur  n'eut  pas  plutdt  pi 
louble  vœu  ,  qu'il  se  rendît  au  cat] 
devant  Véies.   Sa  présence  seule  rétt 


devant  Veies.  sa  présence  seule  reu 
cipline  ;  on  se^ra  k  place  de  plus  p 
son  ordre  on  releva  les  forts  que  1 
avaieni  ruinés.  11  marcha  ensuite  cont 
ques  elles  Capenates, qu'il  iléfilen  bats 
après  celte  victoire ,  qui  lui  laisuîl  b 
libre,  il  revînt  au  siège,  qu'il  poussa  av 
Telle  ardeur. 


CAMILLE.  S27 

»  conduisit  juïque  sous  la  citadelle,  i  l'en' 
même  où  était  le  temple  de  Junon  ,  palrone  ' 
I te  ville.  Dan*  ce  moment  U  le  général  ilei 
□s  faisait  un  sacrifice,  et  le  devin,  après 
considéré  les  enlrailles  de  la  victime ,  s'écria 
I  dieux  donnaient  U  victoire  ii  celui  (|ui  ache* 
lie  sacrifice.  Les  Romains  qui  étaient  dans  la 
,  ayant  eoiendu  ces  paroles ,  ouvrent  la  terre, 
il  en  faisant  un  bruit  cffioyable  avec  leurs 

,  et  enlèvent  les  entrailles  de  la  victime  ;  iU 
andîrent  de  là  dans  la  ville  ;  une  partie  alla 
er  par  derrière  ceu»  t|ui  défendaient  les  mu- 

,  d'autres  rompirent  les  pi-rlea,  el  toute 
Se  entra  dans  la  place.Les  malheureux  Véiens 
virent  d'aliord  Ja  fureur  de  l'ennemi  victo- 
,  on  ne  pardonoa  qu'à  ceux  (ju'oii  trouva  dé- 
s,  et  le  soldat,  encore  plus  avide  que  cruel, 
t  piller  les  richesses  immenses  dont  celle  ca- 
était  remplie.  Caioille,  qui  du  haut  de  la  ci- 
t  voyait  tout,  ne  put  retenir  se»  larmes;  il 
let  yeux  vers  le  c>el,  et  ftl  celle  prière  :, 
ind  Jupiter,  et  vous  ,  dieux  (jul  voyez  les 
mea  el  les  mauv.iises  aclinns  des  lionimcs, 
I»  savez  ([lie  ce   n'est  pûs   injualenienl,  mais 

la  nccËSïilé  d'une  juste  dêlènse  ijuc  les  Llo- 
s  les  armes  conire  lea  habitans  de 
mpenscr  celle  prospérité, 
is  devons  éprouver  quelque  roalliuiir,  failes- 
etombi-r  sur  moi ,  et  épargnez,  je  vous  en 
jure,  la  ville  de  Koine  el  ses  années.  » 
ind  on  eut  cesse  le  oillaire,  Camille,  oour 


mpru 

le.  Si, 


TÎvale  de  Uome.  Tous  li's  Icmpics  fun 
de  damas  n        ' 


àti  prières  pulliijups  en  actions  de  erâ 
n'avait  point  rncorc  f\é  praliaué  tiai 
liitiirou)!  succès  de  la  rèpulilîque;  le  trion 
du  dictaicnr  eut  qiiulque  chose  de  parti 
mille  onira  danf  Ilome  sur  un  char  ma 
lir<^  par  f|Uïtre  clievaui  blancs. 

Aliis  ce<tc  singularité  déplut  au  ppu] 
vit  qu'avrr.  une  indif^nation  tecrjtle  < 
magîtlrat  afTccier  une  pompe  réservé 
pour  la  royauté,  et,  depilis  l'expuhioi 
ronsarrée  siïulemcnl  ati  culte  des  diei 
dit  riularque,  une  première  cause  do 
tement  dut  citoyens  ;  ils  en  curent  liîen 
conde  dans  la  loi  qui  ordonnait  le  pa 
ville.  Les  tribuns  avaient  proposé  ou' 
en  deux  poninns  claies  le  sénat,  les  cne 
peuple;  qu'une  moitié  restât  i  Rome,  et 
allât  habiter  la  ville  nouvellement  conq 
représentaient  la  situation,  la  force,  , 
cence  des.  édifices,  et  le  territoire  plus 
plps  fertile  <]ue  {clui  de  Home,  et  ils 
q)ie  les  Romains  par  ce  iDoycn  poiin 


CAMttLE.  St^ 

itaU  m»  trime,  dbait-il,  (Je  con  Juirf  te  pm- 
main  dans  uneltirecairtive,  ei  <]«  fir'^rt^âf  le 
tmnca  i  h  patrie  viclorieuse.  Il  ajoula^'îl 
«jtouible  nae  deux  ville»  si  puissantes  p<]»~ 
emeus-er  lons-lemps  Pn  paix,  el  B'i'ïprfet 
"^it  U  guen-e  l'une   â  l'antre  ctlei  devU- 

4  i  la  ua  la  proie  de  leurs  ciiiieniis  coin^ 

ttréa  de  h  sagesse  des  reniontranrcs  de  ce 
fr  dloyen  de  Va  république ,  les  sétideun  et 
incipaux  de  la  nobli-sse  déclarrrenl  qu'ill 
aUni  plutOipux  veux  du  peuple  rnmain  i|afe 
liPT  leur  pairie.  Teu^  les  vieillards  $k  remlt- 
br  la  place,  où  le  peuple  était  assemblé;  ik 
t^irèrrnt,  Icî  larmes  aiw  yeai,  de  ne  pas  qntt^ 
Ile  ville  augiisle,  nui  commanderah  un  jouf 
Mndeenlîer,  et  i  laquelle  les  dieux  avatent 
^  de  si  grandes  deâliiién;  ils  mantraîottt 
e<lel3  main  le  Capilole,  et  tlrmandaieaiauk 
C[»  s'ils  atiraiciit  le  dCurage  d'ibaiKtsTnier, 
*,T*Sla  jïVniTrtilus  el  les  antres  diiînilésni- 

5  de  celle  \iUe,  pour  suivre  dts  iiilums  qaï 
STchaient,  par  un  partage  si  funeste,  qu'à 
la  républi(|iic  ;  enfin  ,  le  peuple,  entraîné  par 
c  de  ce  raisonnement,  rejeta  ta  proposition 
bons  à  ta  pluralilé  des  voix.  Le  sénat  or- 
1  par  l'avis  de  (Camille,  qu'on  distribuerait 
te  sept  arpen»  de^  terres  des  Véiens,  pour 
i^enser  le  peuple  de  sa  docilité.  Les  plébéiens, 
*a  de  celle  libéralité,  donnèrent  de  grandei 
;es  au  sénal  -.  on  vit  renaîire  la  conrorde  fn- 

cleux  ordres.  Sous  le  gouvernement  de  ce» 
J|at«  patriciens  les  Eques  furent  vaincus, 
-  âlisques  .se  douuèrcnl  i  h  Tirpublique.  Tous 
*ntflf;es  étaient  attribués  à  la  sngesse  et  à  la 

*]e  Camille;  ce  furent  de  nonvelie»  injures 
T"d  des  tribuns,  qui  ne  [lauvaicnt  voir  sanj 


I 


55o  CAMILLK. 

haine  Tunion  du  peuple  avec  le  sénat,  cp;^ 
gardaient  connfne  Texlinction  de  leur  autork-i 

ITs  auraient  bien  voulu  pouvoir  se  défaire 
homme  qui  seul  était  plus  redoutable  qu 
le  sénat;  mais  il  était  bien  difficile  d^accu5 
cltoyon  révéré  pour  ses  verlus,  adoré-  du  sa 
et  qui  n'avait  jamais  eu  d'autre  intérêt  que  ce] 
sa  patrio. 

Ce  fut  surtout  à  Poccasion  de  la  dîme  de 
pouilles  que  le  peuple  fit  éclater  son  aninn 
contre   Camille.  Lorsque   ce    général  était 
pour  Véies  il  avait  fait  vœu  j^  s'il  prenait 
ville ,  de  consacrer  à  Apollon  *a  dîmedubiJ 
mais,  soit  que  Camille  craignît  d^afHiger  ses 
dais ,    soit   que  l'embarras  où  il  se  trouvait    < 
lui  eût  fait  oublier  son  vœu,  il  les  laissa  main  * 
tout,  et  ce  ne  fut  qu'au  bout  d^un  auj  el 
qu'il  était  déjà  sorti  de  charge,  qu'il  en  fi^ 
rapport  au  sénat. 

Les  sénateurs  regardèrent  comme  impo- 
de  revenir  sur  le  partage  d'un  butin  que  If- 
dats  avaient  dissipé;  ils    ordonnèrent  seul<^ 
que  ceux  qui  y  avaient  eu  part,  en  rapporte" 
aux  questeurs  te  dixième  de  la  valeur,  afi> 
faire  une  offrande  digne  de  la  piété  et  de  ^ 
jesté  du  peuple  romain.  Cette  contribution 
tendue  imta  les  esprits  contre  Camille  ; 
Luns  saisirent  cette  occasion  pour  se  dé 
contre    lui;  ib  rappelèrent  le  souvenir 
triomphe,    et  ils  ajoutaient  que  ce  fier  p 
en   partant  pour  l'armée   avait  voué   au 
la  dîme  de  dépouilles  de  l'ennemi ,  et  q 
tenant  li  prenait  celles' de  ses  concitoyens 
dant  les  soldats  apportèrent  la  portion  qi 
exigée,  et  le  sénat  arrêta  que  Ton  en  fera 
tère    d'or   qui    serait    envoyé  à  Dclpl 
For  était  furt  rarc^  et  comme  les  magist 


CAMILLR.  53l 

en  prorurcr,  Ici  djitncï  rom.Tincs  s'as- 
t  et  t;on*inrenL  cnli''ell('s  d'rmpKiyiT 
iiijoux  i  cette  oltiantle)  (jui  lui  de  huit 

re  conirc  les  Fsiisqucs  et  1rs  afTaires 
Jemanilaient  un  général  qui,  à  une 
[i^rience.dans  U  guerre,  joignit  bcau.- 
piitalion  et  J'aulorilé,  Le  jiinal  nnmnM 
lUc  tribun  miliiiiirp,  avec  cinq  autres, 
ne  36o.  Le  peuple  conGrma  cette  ékc- 
a  suffrages.  Camille  prilk  cotaminde- 
'arméc,  entra  sur  les  terres  lies  Pa- 
t  le  siège  Juvanl  Falérie,  ville  bien  for-, 
ait  qu'elle  ne  serait  pas  facile  à  prendre, 
iége  en  serait  fort  lonfj  ;  nuis  îl  «tait 
e  tenir  les  Homains  hors  de  leur  ville  , 
n'eussent  p.is  d'occatlnn  de  fumier  des 
,  et  d'etr.iier  des  séditions  ;  car  Ica  sé- 
els  que  des  médecins  habiles,  crrt' 
ifesquc  toujours  utilement  te.  remèdo , 
Tasser  le  corps  politique  des  humeur* 
ui  en  IroiiMaieni  IVcouoinie. 
ilans  de  i'aléiie  avair-nt  une  lelle  ron- 
■urs  foriifiralioiis  ,  qu'ils  juiiiss*icnt  de 
faite  sécurité,  et  l'ocnipaieui  peu  du 
epté  d'iix  ([iii  E;.irdaicnt  les  murailles. 
se  rciidaieii'  à  Vécwli'  publique  et  sor- 
.  de  la  vdb'  pour  ti-ire  leurs  exereices 
.  ]..eiir  inailie  ,  qui,  par  le  moyen  de  se* 
iiLit  livier  Il's  l'\disqiies  aux  llrniains, 
ses  écoliers  1res  prés  des  ennemis,  et 
i  dessein  d»ii.s  les  preit.iéres  gardes. 
Ja  eiisiiile  qu'on  li-  i-rési  citâl  au  cé- 
and  il  1,11  au'.'ès  de  Coiiiile  .1  lui 
lis  le  maîlre  d'ec.de  di-  l'Aeru-  ;^re(érant 


iidi'c  maître  de  (elle  ville.  "  Carailfc ,  le- 


n  c>ui|i  rrurain  (irw  uc  ieif.«.  lu  : 
»  s<!  leur  injustice  njr  un  rriiiM!  j 
•  itioul.  t'tiurRKii,  dit  Cainillfi,  je;  I 
■  ]>ar  1rs  siuts  moypiis  qiifi  les  Itoiiiain 
»  s«nl,  par  ).1  valrur,  le  tidrail  et  le 
l'în  m  1*1  ne-temps  il  coramantle  qu'on  <j 
hiiliils  de  re  iraïlrc,  et  r|uK,  let  maint  )i^ 
le  tlfia,  il  soit  rojiiluit  i  coup*  de  vurfj 
^i)l(!  par  ira  t^lèvcs. 

Les  t'alisciuei,  ayant  reconnu  U  II 
niBÎtrf^  liVcuIe,  étaient  dam  la  plus  gra 
ti'rnalion.  Les  prinripaux  habitans ,  h 
icmmes,  couraient  lîors  tl'eui-mÀm* 
remparts  <!t  aux  portes  de  U  ville,  loi 
il  roup  ils  voient  revenir  leurs  enf*ni, 
naii'nt  leur  mahre  nu  ctli^ ,  en  appelant  C 
(lieu  Cl  leur  sauveur.  A  rctte  vue,  non  ui 
pères,  Biaii  tous  1«>  autres  citoyens,  péii< 
miralian  pour  le  g^n^ral  romain ,  oi 
nifnic  diiair  de  s'en  rjpnorler  k  sa  j 
envo.ent  lur-lc-cbump  des  di'pul^i  p 
iiiellre  à  sa  discx^tion.  Camille!  ailress; 
ct-s amliasaadi'iirs ,  qui,  admis  (i;ina  le  mïi 
que  les  Homaius,  ea  préfiÉraat  b  jusiic 


CATIlLLE.  355 

Il  alliance  avec  ces  peuples,  il  rep-^il  If  Ètirmio 
I  Rome.  Les  soldats,  ^at  avaient  cnmpic  sur  le 
Hage  de  Falérip,  ne  tiirenl  p^s  j.lolâi  rentré» 
lus  Rome  qu'ib  dRcrièrent  Camille  coniiiie  on 
Rnme  qui  avait  envié  aux  cilovcns  pauvre* 
(moyen  légitime  de  sVnrichir.  Lps  Irihuns  du 
ople  saisirent  ce  moment  pour  mclire  onrore 

avant  la  loi  qui  avait  |iour  bui  le  parlace  ûf.  la 
te;  dcii  il)  appelaient  le  peuple  aux  st.flMe''»t 
[•que  Camille,  biavant  toute  la  haiiie  qu'H  tiC 
«waitmaTwjnerdes'aUiMr,  parla  contre  celte  loi 
fctant  de  tibeiié  et  de  force,  quele  peuple, 
ntreson  propre  letilîment,  abrogea  la  Idî.  Les 
Demij  de  Camilk'éiaient  si  irrités  contre  lui,  q<ie 
malkieifr  qu'il  épiouva  par  la  mort  d'un  de  set 
fans  ne  les  tnuLna  point  et  ne  put  apaiser  leur 
1ère. 

Camille,  nUurcllemenl  bon  et  sensible,  fnl  fi 
tablé  de  cetïë  peite,  que,  cité  en  iuîtico,  il  ne 
rnparut  point ,  et  se  lintrenfeimé  chez  lui.  Il  eut, 
HT  accusateur  Luciu»  Apuleius ,  qui  lui  imputait 
ivoir  détourne  une  porlion  du  butin  de  la  Tos- 
ne  ;  il  en  donnait  pour  preuves  des  portes 
lirain  qui  en  faisaient  partie,  et  qui,  disait-il, 
lient  été  vues  ches;  Camille.  Le  peuple,  irrité, 
raissait  décillé  à  le  condamner  sur  le  moindre  pré- 
[le.  Camille  assembla  srs  amii ,  li^s  of^ciers  qui 
aient  fait  la  guerre  avec  lui  et  ses  anciens  col- 
•oes  ;  il  les  conjura  de  ne  point  soulFrir  que,  sur 

fausses  accusations,  ou  condamnât  leur  gë- 
raL  Aprèt  en  avoir  délibéré  enlr'eui,  ils  lui 
pondirent  qu'ils  ne  pouvaient  rîcn  pour  empê- 
•r  le  jugement,  maiî  que  s'il  était  comlamné  à 
le  amende  ils  l.i  paieraient  pour  lui.  Camille, 
Jignéde  leur  f^dibli-sse,  résolut  de  se  b.iniiir  lui-» 
Snie  de  Il<imc,  (iluiùi  que.  du  voir  h  liojiie 
inG  coud  uni  nation  atlacbéi:  à  son  nuoi.  11  em- 
isM  s>  fetuoie  et  son  fils,  soil  de  m  maisuu 


53  i  GAMI»LBi 

et  marche  en  sllence\jusqu'aax  portes  de  Rome. 
il  s'arrête,  et,  s'étant  retour oé  vers  le  Capilok,if. 
prie  les  dieux  que  ses  ingflts  concitoyens  se repeniv  * 
tent  bientôt  d^avoir  payé  ses  services  par  un  si  cmsl  : 
outrage ,  et  forme  mâne  le  vœu  oue  leurs  propm 
calamités  les  obligent  de  le  rappeler.  Ces  inqurA-' 
cations  de  Camille  contre  sa  patrie  ne  pêavent] 
s'excuser  ;  mais  c'est  la  seule  fois  que  ce  gra»l  : 
homme  ait  démenti  sa  modération  et  la  géoéro*-, 
site  de  son  caractère. 

De  même  qu'Achille,  après  avoir  prononcé dl< 
terribles  imprécations  contre  seê  concitoyenS|  4> 
s'éloigna,  et  alla  se  réfugier  à  Ardée,  ville  pai-| 
éloignée  de  Rome.  On  le  condamna ,  par  contof 'J 
mace,  aune  amende  de  quinze  as   (neuf  miHfi 
livres  de  notre  monnaie  actuelle).  11  n*eit  pasnij 
Romain  qui  n'ait  été  persuadé  que  les  malédin 
tions  de  Camille  furent  promptement  suivies  ds^ 
leurs  effets ,  et  qu'elles  attirèrenMvur    Rome  léj! 
vengeance  céleste;  vengeance  dont  Camille  liH| 
nkéine   fut  vivement  affligé ,  tant  les  dienx  et*! 
courroux   accablèrent    tout  à  coup  Rome  y  ^* 
firent  peser  sur  cette  ville  des  jours  de  teireor  cl  i 
de  danger,  soit  que  ces  fléaux  aient  été  l'ouvntgfJ 
de   la  ibrtune,  ou  le  châtiment  .d'un  dieu  qvji 
veille  à  ce  que  l'ingratitude  n'outrage  pas  impunè-  'j 
ment  la  vertu.  Ce  qiie  dit  Plutarque  de  la  persos* 
sien  où  furent  les  Romains  que  les  imprécation  : 
de  Camille  avaient  eu  des  effets  déplorantes |  n'é* 
lait  pas   une   opinion   particulière..  Horace  lui?,^ 
m^me  a  dit,  dan$  la  cinquième  de  ses  Ëpodcsfi 
dira  detestatio  nuUà  expiatur  çiciimâ;  nul  sacrifice- 
ne  peut  arrêter  TefTet  des  imprjkiations.  '     ^' 

Le  premier  signe  des  grandes  calamités  doal-*l 
Rome*  était  menacée  fut  b  mort  du  censeur  Jev^ 
lius  :  le^  Romains  avaient  La  plus  grande  vénénr.' 
lion  pour  la  dignité  de  la  censure,  et  la-regsiv^ 
dalciit  comme  sacrée,  Un  second  signe  avaitprfel 


CAMILLE.  555 

itèiiè  1  pxil  de  Caniitlr  :  un  citoyen  nummè  Marcus 
ICedilius,  hiunme  de  bien  et  esûmp  imur  sa  vertu, 
|>^vait  entendu  U  nuit  une  voix  plus  forte  <jue 
«lie  d'un  humilie  ijui  lui  avait  dit  :  «  Marcus 
'  C^ditius,  demain  va  diri:  ^i  x  tribuns  miU- 
p  laires  ijue  les  Gaulois  seroi'f  bientôt  dans  nos 
'  lU'.rs,  -  Peu  de  Icmiis  anrj's  arriva  l'exil  de 
Çjifflille, 

,  Les  Gauloit ,  nalinn  celti()ue ,  chargés  d'une 
lopulaiion  trop  Dumbreuse,  avaient  quitté  leur 
U^s,  (|ui  ne  pouvait  sulIireàleursubsistanre,pour 
lier  fonder  ailkurs  de  nouveaux  ëtablisseinens. 
>'éuil  une  muliilude  immense  d'hommes  tous 
telli^ueui ,  et  qui  mendient  à  leur  suite  un 
lombre  plus  grand  encore  de  femmes  cl  d'eufans. 
<ei  uns  se  répandirent  vers  l'Océan  seplenr 
rjoaal,  et  se  (ixercul  aux  exlrt'mités  de  l'Europe  j 
fautres  s'établirent  cnire  les  J'jTénées  et  les 
klpei.  Les  Senoniens,  .qui  étaient  en  plus  grand 
ombre,  l'emparèrfnt  des  belles  provinces  qui 
but  entré  les  moniagnes  des  Alpes  et  celles  des 
Apennins.  Qucl-iucs  auteurs  leur  attiibuent 
même  l'orieinc  i.'l  la  fondation  des  villes  de  Milan, 
iVi'.one,  Pa,lou<.',  Dresse ,  Côn.e,  et  de  plusieurs 
autres  qui  subsistent  encore  aujnurd'hui. 

Deux  cents  ans  aprèi  leur  passage  en  Italie  ils  as- 
nt^èrenlClusium ,  ville  de  la  Toscane.  Les  habita ns, 
craignant  de  tomber  sous  la  dumination  de  ces  bar- 
bares, implorèrent  le  scioiirs  (les  Unnians.  Le 
«énat  députa  vers  les  Gaulois  trois  IrÈres  de  la  fa- 
mille des  Fabius,  dans  le  dessein  de  donner  la  paix 
iiux  deux  n,itions  ;  nt.iis  leur  C'>nduiie  înjpru- 
dente  al.éna  les  Gaulois  ,  qui  m  irchèrent  contre 
Home.  Brennu^  ,  leur  général,  défait  les  Komains 
piès  de  la  rivière  (J'AUia ,  pénètre  dans  Rome, 
précédé  par  la  victoire  et  par  la  terreur  ;  il  trouve 
i  viile  abandonnée  par  ses  habitans ,  et  assiége  le 


lut  oerruiii;  o  tameuse  viiie  ae  nome,  i^ei 
convertirent  en  Llocus  le  siège  Ju  Capi 
n'ayant  plus  dcvi>Tes,  tout  éùnt  dévasU 
làrcnt  les  bourgs  voisins.  Le  hisarj  con 
Je  leur  Relâchement  vers  la  \iUe  tl'Ai 
Camille  se  trouvait  en  exil  depuis  d 
Maigri!  rinjujiire  ili's  Uomains,  il  aimait 
sa  patrie.  Le  sénat  d'Ardce  sVuiit  issem 
délibérer  sur  les  mesures  qn'il  avait  À 
pour  arrêter  tes  Gaulois,  Cailtilte ,  plus 
auxmallieurs  de  son  P'iys  qu'à  son  pm 
demanda  à  être  admis  ilins  le  conseil,  e 
qurncc  déli^rmina  tous  les  Ajrdèaies  i  ai 
îeuiiesse,  et  à  refuser  aux  Gaulois  l'eutn 
Yille. 

Les  Gaulois  rinrtnt  aussilât  campe 
Ardée,  sans  ubservrr  ni  ordre,  ni  diid 
croyaient  t|u'apTte  avoir  vaincil  lei  Rc 
n'y  avait  ancuii  ennemi  redoutable  pnur 
mille,  Toiibnl  profiler  de  cl-IIc  imprudcn 
de  ta  ville  pendant  une  nuit  obscure  avec 
d Vlile ,  et ,  ayant  surpris  les  Gaulois  ensc 
le  vin,  il  en  ût  une  horrible  boucherie.  ' 
se  sauvèrent  i  la  faveur  des  téuèbres  M 


CAMILLE.  3,17 

Il  le  malheur  de  leur  [latrle  :  <■  Qod  gériéial, 
iSaîcnt  Us,  la  forlune  3  enluvé  i!e  Home  !  Quoi  1 
ndis  ane  Camille  illustre  par  ses  exjtloils  la 
Be  d'ArJée  .  celte  nui  vil  naître  ce  gfanJ 
omme ,  est  perdue  !  rvoiis-méincs  ,  fauli;  d'ua 
ief  qui  nous  conduise,  nous  restons  dans  l'îii- 
ition  ,  et  nous  trahissons  ainsi  l'Italie.  ■  Ib  dé- 
jenl  JHMildl  vers  Camille,  pour  le  conjurer 
Mvadre  sous  sa  protection  des  romains  l'u^r. 
.  rrslG  des  débris  de  1a  défaite  d'Allia. 
ts  députés  ,  jirésenlé!  à  Camille ,  lui  dirent  : 
[«ne  n'est  plus ,  et  vous  voyez  devant  vous  les 
istes  re5l<?s  d'un  état  qui  a  (leuri  pendant  plus 
{ trois  siècles.  Une  seule  La  taille  a  détidcdesoii 
M  et  du  nAtrp,  et  îl  ne  nous  reste  d'asile  qan 
WS  votre  com]!.  "  Camille  leur  répondit  (ju'il 
CPiiicraîl  le  cfim mandement  qu  autant  (ju« 
lioiK  qu'ils  f.iisiient  de  lui  serait  ratifié  par  ui 
rcns  veiifermi'î  d,ins  le  Capitole  ;  que  tant 
u  y  cxisleraient  il  verr.iit  en   eux   la  pairie, 

fçe  Itjterait    d'obéir   i    leurs  ordres,  mais 
n'agirait  pninl  sans  les  avoir  reçus. 
'île  Live ,  qui  n'iui  rc  ti>mi>ign:tgea  Camille ,  dit 
1  n'aurai:  ,,a.sv,.ul,.seuiem.ni  change.   '     - 


on  c\il  s 

,inî 

i'ûv 

.Ire  d, 

j  sénat  t 

t  du  l'fuplf. 

On 

lira  sa  m 

oJ,' 

s'ie 

;  m.-T.i 

:  l'e.nbai 

rasélait  Je;. 

'euir  ci'lt 

e  n< 

311VI 

.-lia  .IL 

V  Capilo 

le,  te  qui  p.. 

rut 

ique  imp 

bic. 

,   tant 

mdi.-  y 

laee  était    eu 

;  vi- 

née de  t 

nies,    Ui 

Il   jc'une   r.ijii 

n  granJ 

ro^i 

lVilP< 

:■  ,    ap 

,,elo  I\m 

ns 

frit  pour 

reit 

e  11!: 

ie,  et  au  tiat 

ers 

nilL-  dar. 

ge;-: 

s  an 

•iva  ad  Capiii; 

le. 

.essciiah' 

rurs 

oui 

y  éuieni  n'ti 

lerincs  s'ass,; 

■ifi- 

•ent ,  et 

l'n. 

leur 

BOiiOLii;: 

1  la  viil.>iie 

■t'.f 

léen'Mei 

].:. 

•\.;: 

^<  qu'i! 

s  avaii.'ii 

t  fait  de  C:.!!! 

.r  lour  (-( 

■al; 

il  les 

exhorta 

à  lui  eu  COI 

ifir- 

•le  litre, 

piii 

>i\ii' 

■ilélai 

ll.:.^ulà^ui!esRoia; 

slr.s 

lersi-î  vo 

ulu 

=;eu 

t  ob; 

ir.  Les 

sénateurs  cl 

it» 

nmt'  l 

=  :) 

niniio  dic'alciir  ^toiirla  lioisi^mcfoi*,  e\ 
niflf>hlral  dosUomains.  D.ms  tout  aiiLre 
ilil  Titi!  I.ivr,  ce  n'aurail  éLé  (jn'un  v,iii 
n-.i  ne  lui  lio^inait  avec  loulnt  ces  d 
IrniipM ,  ni  argent  pour  en  lever. 

Camille  Iroiiva  lont  cela  dans  son  < 
«lans  celle  hanle  rénnialion  qu'il  avai 
men)  acquise.  11  se  vit  bientôt  a  1<1  l^tc  d 
mille  hommes,  Romains  ou  a11i«^-i,  q 
croyaient  invincibles  nous  un  sï  grand  g 
iliseUe  se  (aisnit  sentir  i  la  fois  an  Cap 
i-imp  de  Utcnnus.  Depuis  qii'on  avait 
(lictalnro  à  Camille,  cet  liabilc  génf^ral, 
la  campagne  ,  occnnait  aussi  Ions  teS'pa 
Gaulois  n'os:iienl  s  écarter  pour  all«r  ch 
livres,  ensoneque  Brcnnus,  (jui  assî^s 
piloIcTél.iil  liiiinPme,  et  souflrait  1 
mcommoditi  s  que  ceux  qu'il  assiégeait. 

Les  Homains,ipil  n'avaient  aucune n 
C^imille,  cl  qui  se  voyaient  pre.s.^^s  pai 
résolurent   d'entrer    en    négociation. 
tribun  milllaire.  en  fnt  chargé-,  il  s'alic 
Drennus  ,    ri  ils   convinrent  nue    les 


f,  \M  I  L  LF,  S55        -5 

ifircnmis,  rjni  ,  .m  lipu  de  falrr  rpisir 
<lilé,  Y  ajoiil;)  l'InMilic  et  h  railk'iiCf         j 

*i]i'stui  ti>«  poids  son  (''pée  avec  'e        | 
tus  Uii  oyHiir  (loinaiiile  ce  (|ti«  ri-la        . 
.,      Hé,  quelle  aulra  chftse,  rp()0iiilit  ■'•' 
,  sinon  malheur  aux  vaincm?  »  l'en-  , 

ilhpuliiient  ciiitr'eiiN ,  Cnniille ,  i  b  It^te         ' 
lée,  aViait  avancé  jusqu'aux  ponn  ds 

il  avpiil  apfim  (ju'nn  éiail   entré  on         J 
)  |iniir   la  |>aix.  Aussildt  îl  ordonoe  à         1 
do  Ifî  suivie,   et,  pienani  avec  lui  sei         I 
(irûcic's  ,  il  K  Te.nA  an  liru  ili'  la  con-         , 
iiir  y  menacer  lui  mi^mi^  1rs  huirùti  d« 
)ès  qne  Caniaïc  pariil  U.ins  l'assemblée 
%    ilu  sénat    s'oiivriieut  pour  lui  fane 
lur  le  rerevoir  comme  leur  dicUlcur  , 
iMiuei  ilues  au  preraier  niagislial  de  U        'i 
.  Apr^s  qu'ils  liii  eiireiK  rpnJu  compte         j 
ïncJu  avec  Bretinus .  ils  se  plaignirrnt         ' 
ice  de  ce  prince  dans   renécuiiun.  Ca- 
lanl  l'or  ijue  l'un  jiMail,  li'  dnnne  imi'it 
■\   ilit   iiiiH    (>:ii]!nri  il(^  n-pt'cridri:  Icuin 
:  li-.i<-sli..l.'ii.M-s,.-l  <).!.«.!  ii-riror:"  U 
■,\,-s  tl<>it>;.i»'i,  <lii  II,   ('1,1   Jl-   rj<:liHi'r 
il.-   :,y.;.  [,■    fer,     ol    ii<)r>    nv.'c    l\,r.  - 


camp,  et  la  nuit  mOiiie  il  fait  parti 
toute  sonarmëe,  ri  vn  tamper  à  tn 
Ci'ite  ville  ,  piès  du  rhrmiit  iJc  Gabic 
revêtu  d'arme»  érlataiiios ,  cl  sjiîvi 
Romains,  à  <|iii  il  iii^piinit  la  pins  ç 
fiance,  se  présente  à  reniierni  et  i*al 
vnc  nouvelle  ardeur.  Le  coinbal  fut  1 
rible;  il  finit  |)3r  laJéfaile  iIps  Gaulois 
jtérirent  sur  la  place,  et  ceux  qui  prin 
furent  massacrés  par  les  lialiilans  de. 
des  villes  voisines. 

C'est  ainsi  que  Uome  ,  apr^s  avoi 
d'une  manière  si  surprenunlti,  fut  sai 
valeur  d'un  exilé  ,  qui  sacrifia  loui  ic 
au  salut  de  sa  pairie. 

Le  dictateur ,  dit  Tito  Live,  après av< 
pairie  des  irr.iins  des  barbares  ,  rentra  t 
dans  la  ville  ,  aux  aci'lam.ntîons  de  ses  si 
l'appelaienl  le  père  de  la  pairie  et  le  scc( 
tcur  de  Rome.  Camilte  offrit  des  sacril 
fia  la  ville  ,  rcbâlil  les  anciens  temf 
fit  élever  un  nouveau  à  l'endroit  ni^me 
Cédiiius  avait  eiitemln  cette  voiu   divi 


CAMILLE,  54l 

Ifi'»;  comme  ses  citoycni  manquBiKit  (li?  lomci 
M  tfiowB  nétrcsMiiîi  es  pour  cette  rntrrpriae,  il* 
9l>»ill(|ue  il'aprèidet  gnorro  nusnihnijufs  et  « 
fî&itÈ   il>  nvaient   pliii    Utauin  de  pivndre  iIb 

E^u  il'alicr  n'rtpitiier  pur  ce.  nouveau  travail. 
ntlt  (Itïtola'ion  )i  f;^iér:ile  ,  iU  rt-nou vêlèrent 
!nB«  propcisiiion  de  iransfércr  à  V«ic»  U 
||ede l'empitii,  ui  d'habiier celte  vîllu,  qui «iibii*- 
I  tant  ciillrrt! ,  et  était  {lourvue  Jo  tuul  en 
^dancci  par  tA  iU  fourniretil  aux  iriLunt  uue 
IIV*1I«  occasion  de  Ici  Iiartiigiicr  et  dit  Ipiiir 
Mrc  t^antillf  de*  prot'Ot  «éditieux.  tVl.iit ,  dl- 

Et'ill ,  pour  siiii  nmhttiou  cl  pour  sa  ffloirii 
nnellct  (|ii'il  i'i)vi;iU  «k  ciloyuiis  le  si'iour 
I  ville  touio  priic  à*lc»  recevoir,  «i.  qu'il  Ui 
bitl  d'iubilef  iiM  riilneu,  de  relever  de-  vuUH 
uteratix  du  Cf ndrc.i ,  ufin  d'éiie  apprlé  non 
iMn''i)l  le  rlii^fVl  le  grnpr.-i]  dm  Jlnniaina ,  maii 
wrK  le  furidatt-ur  de  Hanic,  et  d'etdcTcr  ce 
killxtnulHS.  * 

but  s^iiaffiirs,  qui  crai^'iaienl  i;ne  sédition  Jati- 


ijincner  [ht  la  |crs,iii.if>'i  plulill  que  pa-  la 
ce.  lllcui  rn,>iilr..il  I,-:.  tinl>..,iK  d,-  l.*iirs  an, 
i-es,  r.c3  lufii|jl!-s  (-1  i:<vi  ln'ux  iaifiH'ini'  Il  iri'i- 

el  iViiina  av.licMl  n()i].s;icr'>5  ,  et  dont  ii.s  )■  .:r 
lienl  tra.iMui^  1-  ,U-yùL  'IVll^s  l'Lii.'.jl  1rs  ..'p.'c- 
.larions  <Tiin  r;,' Ri-an.l   l.,.i,,«i.;  adu-ssal(  311,,.-^- 

^hiu,s.s.wns.l,;r..in,Mncp.'Mpl.-,<|ui  Ir  ,  .,n- 
.1,1  de  n,!  p.iî  .-.iK'T  qi.<-,  d.M^  m.  ni..l  d<-  i-.iu- 
u-oi,  rav.iil  ivdiiii  l<-  N.-iuiiunc  dunt  11  vin/dt 
cliappcr,  il  ii.-li-v3l  Itsiuiiies   d'uui;   vilU   dé- 


il  tdilut  prendre  les  avis  ,  Lamillc  comin 
Liidus  Lucreiiiis ,  qui ,  en  tpalité  de  print 
int,  parlait  toujours  le  premier,  cl  il 
aiilrps  d'opiner  après  lui.  Il  se  fil  un 
silnnce,  et  Lucrelius  prenait  â  peine  la 
lorsipron  enl(;nilit  le  centurion  qui  rc 
{{^iiJu  du  jour  crier  Mion 'premier  ens< 
s'arri^ter  cl  do  pbnier  làsftn  étendart;  cai 
reiolficier,  c'est  ici  qu'il  faut  dtTOeor 
p^irolc  ,  entendue  detoulc  l'assemblée  et 
giie  Â  h  m.-iiière  qui  était  en  délibéraiio 
pas  é\é  plutôt  prononcée  que  Lucretiui 
«  J'acccptt  l'augure,  et  j'adore  les  dinuii 
M  donnent  un  si  heureux  coniei).  »  Tout 
Applaudit  à  son  avis.  Celte  parole  jetée  ai 
mais  tournée  en  présage,  rut  plus  de  poi 
IVs[>ril  du  peuple  que  tes  raisons  les  pli 

On  ne  paib  pins  de  Véies,  et  chaciir 
liiltir  dans  r^ndioit  qui  lui  parut  le  olus 
On  y  mit  tant  d'j.rdpur,  que  ia  ville  fu 
truiie  en  ii"  oins  d'un  an.  Ceux  qui  avaient 
gés  par  Camille  derpiiieicherlesemplace 
lieux  sarrés  irouvèrenl  en  fouillant  le  1 


C  A  M  I  L  !•  E. 

1  1rs  fnr 


543 


ils  ,  mit  de  r 

(riviiarË  les  armei.  Les  tiques  ,  les  VoU(|ues ,  (oui 
twUint  (le  Iloinc,  firent  une  lit^ue  pour  acc;iblfr 
uetle  ville  avaiii  qu'elle  n  rilt  re;ii'iï  si^i  fiirccs.  Li^4 

E*  "iDS  Cl  les  Heriii(]ucs,  (|uui(|ue  alliés  tlu  peuple 
laia,  entrèrent  dans  ce  (lt'ss<^ii)  et  fouruircnt 
ltou]>M,  Ll-ï  un»  et  les  aunes  si;  jel^rtai  sur 
Sfc  lerriioire  romain,  et,  après  avoir  réi.ni  ttTulrj 
narclièrent  droit  à  Home.  Li'j 
es  sortirent  de  ta  ville  à  b  tôle  des 
es  généraux  se  laissèreul  enfermer 
!>,  et  lout  ce  iju'ils  pua-iil  lairc  fut 
loat  de  Mars ,  où  ils  se  Irouvëreiit 
I  par  les  Laiiiiî.  Uiins  ce  d  iiger  cxirfmg 
H'ours  6  un  gi^tiéral  sujtérii'ia-  aux  dilB- . 
la  cl  aux  iierils  ;  Camiile  fiil  itoiinxé  i](cl3l'>ur 
t  la  troUtèiuc  fois.  Ajant  aprii  que  l'atmee 
e  cotomaDdaient  lei  tiiîiuris  éiait  aï^iégér  ^ar 
kLalinset  les  Volsques  ,  il  fil  prendre  Us  ainic")  i 
r  Im  ciloycns  ,  sain  en  cxcepler  le»  vie  llards, 
Miraa  ,  par  un  léger  circuit ,  le  mont  de  fl'lars  \ 
3  plaça  son  camp  derrièie  ' 


iireaperi,-!!,  dfn  allumcrdc; 


:i'aiidsle.u 
1.^.  Les  L.i 


pnuj 


V.>k<],IL..S,S,-V.. 

V  ini 

,.„,. 

i-e  deux  a 

rmpcs  .  se 

linrent 

reufcrméi  .hm' 

\«u. 

■  CJl- 

n;),  qu'i 

Is  forh'iiè: 

:eilt    dp. 

l^mscUés,   etu 

col 

t!ï  posiii 

on   ils  ivs 

-dmeiU 

il'alicndre  un  re 

.ifo] 

rt  c|i 

i',m   Icu 

1-  envoyai 

t  de  la 

Toscinc.  (.au.il 

,1e, 

pèEn^tia 

leur   ('e.; 

^ein,  et 

Craignant  de   si; 

leloppe 

liîU  de  les  piév. 

en.r 

.  11"; 

ivail  «1... 

i-ivii  que 

unis  los 

malins  il  s\;leva 

lj;r.l 

n.lveiil. 

:lu  rôle  di 

tagnes  ;  la  nalnr 

I,..ncllen 

lens  del'e 

inienii. 

rousimitsen  bo 

is, 

loi  a 

v.iilsugj; 

ère  l'id.-e 

def.iivfi 

prenircr    une    . 

nniil 

le    ,, 

de   lorrli 

If  s.  Dos 

q..ele)Olii|'.ini! 

1  d. 

)r,J,. 

niia  à  ini 

r..rps  d. 

troupes 

d'aller  d'un. ■.!:( 

^ilUn 

r  r.-uneo 

li  à  coup  (le  Irails 

pendant  cjue  lui 

,  se 

purlerail  aver,    reu>;   ■ 

,,.,i  j... 

544  CAMILLE. 

v;iiriit  lancer  le  feux,  et  attendrait  ponr  agir  le 
moment  favor:)bie.  Déjà  les  I^pmaîns  avaient  com- 
menccratlaqnc  ;  le  vent  souillait  avec  violeDcei 
lorsque  Camille  doima  le  signal  aux  siens  \  qei 
firent  aussilut  pleuvoir  dans  les  retfanrhemeni 
une  grêle  de  traits  enflammés.  Le  feu  ayant  ^rif 
de  toute  part ,  Tincendle  se  communiqua  rapide-  ^ 
ment  à  toute  Vcnceinte.  Comme  les  Latins  n'a- 
vaient à  leur  disposition  rien  qui  pâl  en  arrêler 
les  progrès,  que  tout  leur  camp  était  déjà  em  proie 
aux  flammes,  ils  se  virent  bientôt  forcés  d'en  sor- 
tir, et  tombèrent  entre  les  mains  de  leurs  enno- 
mis  ,  qui  étaient  rangés  en  bataille  (^levant  les  re- 
t.incliemens.  Il  n'en  échappa  qu'un  très-petit 
nombre  ;  ceux  qui  restèrent  dans  le  camp  forent 
ronsumés  ;  enfin  les  Romains,  par  l'ordre  de  leur 
général ,  éteignirent  le  feu  pour  sauver  le  bulin't 
c;ui  fut  distribué  aux  soldats.  Camille,  laissant  â 
'.on  fils  Lurins  la  garde  ilvs  prisonniers,  cnlift; 
s  r  !cs  terres  desennemis,  prend  la  villedesEqna^ 
î>  ic  les  VolçrjTies  do  se  rendre,  et  marche  cn- 
i^\j'\n  r.tî  siTouïs  do  Sntr!i:m  ,  qui  renaît  dY-tr» 
•p:  :5e  pM'  les  l'ofccns.  I^av.s  sa  mardie  il  reucon* 
tra  les  mnllicureux  lubilcini  de  cette  ville,  quelet 
Toscans  avalent  réduits  à  la  plus  affreuse  dei 
i7)isères.  Camille  fut  vivement  touché  de  leufr 
état  ;  voyant  que  lesllomains,  a tieitdris  jusqu'aux 
larmes  par  les  prières  des  Subriens ,  nepouvaint, 
contenir  leur  indignation,  il  résolut  de  ne  pli 
différer  de  vcnf^er  ces  peuples.  «  Les  Toscans ,  dil 
?>  Camille  h  res  soldats  ,  qui  viennent  de  prendre 
)>  une  viile  lichc  et  puissante,  n'auront  songé  qn^ 
>'  se  divertir  ;  marclions,  et  nous  les  trouveront  SSM. 
M  défense.  »  Sa  conjecture  se  trouva  vraie  ;  non  ictt* 
lenient  il  traversa  le  territoire  de  Sutrîum  sans;. 
(^tre  aperçu,  mais  encore  il  arriva  aux  portes  de  i 
>a  ville  et  se  saisit  des  murailles  avant  qne  les  • 
Toscans  fufiftcnt  informés  de  sa  marche.  Cemme 


»• 


C  A  JH  I  L  1  ï.  34s 

ille  l'avait  prévu,  les  Toscans  n'avaient  mis 
ïDtitwUei  nulle  pari,  ei  lorsqiiiis  reconnurent 
les  Hainains  étalent  maîtres  de  Sutriuin  ,  le 
ri  la  bnnne  chère  dont  ils  élaient  gorgés  Icifr 
t  lonle  défense  ,  ils  se  livrfrreol  honteuse- 
ta  l'ennemi,  (^'esl  ainsi,  dît  Plutarque ,  que 
ium  fut  p'ise  deux  fois  dans  un  jour;  ceux 
menaient  de  s'en  rendre  mnîtres  U  hi<ts^reiit 

Tarent  par  l'haijilelé  de  Camille,  Le  triomphe 
obiint  par  celle  victoire  ne  lui  acigott  pas 
M  d'esliiiic  et  de  ploîro  que  les  deuxni-écé- 
.  Sm  ennemis  les  plus  dëilniés,  qui  >itlri~ 
eut  ses  succès  à  la  fortune  pUiii^tqu'à  sa  va- 
,  furent  forcés  de  rer.onnaîtfe  i^ue  ces  der- 
t  exploits  Étaient  dus  à  sa  prudence  et  à  son 
ilé.  te  plus  déchaîné  de  ses  ennemis  éiait 
CinManlius;  c'élail  à  la  rérité  le  célèbre  Jé- 
■ur  du  Capilole;  mais  son  3mbilioi>  et  son  es- 
ra  v^nilé  étaient  encore  plus  grandes  que  sa 
ir.  Cet  homme  orgueilleux   nii  p.iuvait  souf- 

rmf^rsinSijeii'avai-s.uvélfC.p.I.iie.di^all-il, 
mille .■ù(-ilp.^re,oiivrirRmnt;'..C'éiaii  avec 
pareils  disrotirs  qnil  ctiercliait  à  oWurtir  la 
*C  (l'un  homme  (|u  il  regriidait  cornnie  son 
.  Manlms,  iie|iouv/nl  parvenir  par  des  voies 
nêii's  à  si'rfi;is-;ei' la  gl'i'e  de    (.:>mi!le,    prît 


..lie:  il  Ira 

v;.JIa 

às-aiMcher   h  n^ullilude  et 

iliiyeiis  pe:-i 

ilui  Jf 

délies,  î'jrlà  il  *e  vit  bien- 

'nlotiré  du 
ire  enrilaiei 

lie  fou 
nt  des 

li'  J  ir:iiiecns,  qui  par  leur 

s,  el  se  faiî 
ns.  Dan?  c( 

■ai.'nt  . 
:llecp 

rraiiulie  des  ptincipauit  r.i- 
iijoncliire  on  nomma  dicta- 

ni,  'iui  rr, 

Cipitn 
aJi,nU 

lmu,.i,qui  sur  le  champ  fit 
■  peuple  en  prit  le  deuil,  et 
une  i-evoUc,    ordoaiia  que 

346  CAMILLE. 

• 

IVi.inlius  fût  mis  en  liberté.  Mais  loin  d«  scrirr 
xïiL'iHeur  (le  sa  prison ,  il  n'en  souleva  le  pcupis 
qu'avec  plus  d'insolence. 

Camille    ayant  éié  nommé  tribun    xnîlilaiie, 
Manlius  fut  de  nouveau  traduit  en  justice  ;  mais 
le  Capitule  ,  théâtre  de  ses  exploits,  nuisait  à  ses 
accusateurs ,  et  faisait  la  plus  vive  impression  sur 
les  esprits.  Camille,  s'en  étant  aperçu,  fit  trans- 
porter le  tribunal  hors  de  la  ville,  dans  le  bcis 
rétiîlen.  Alors,   comme   l'objet  qui   avait  sauvé   . 
Mniilii.s  ne  frappait  plus  les  yeux  de  ses  Juges,  il 
fut'(  ondiimuéà  c^tre  précipité  du  haut  du  Ca|>itole, 
ilié/ïlre  de  sa  gloire,  et  qui  devint  le  iiiotiument 
(jt»  sa  iléplorahie  destinée.  Camille,  appelé  pi»urla 
sixirmc  f(»is  à  la  cliarg;^  de  tribun  militaire,  reftt" 
sail  retle  dignité  à  cause  de  son  grand  •'^ge;  peut- 
(^treaussiqu'.q  restant  de  sucres ilcraignil  uiirtfven  : 
de  fortune.  La  cause  la  plus  apparente  était  sa'maa*  ; 
vaise  s:in!é;  mais  le  peuple  ne  recul  point  son  ex-  '. 
cijse,  et  se  mit  à  ctier  qu'on  ne  lui  demandait  pa»  ■ 
de  (  onibaitreà  pied  ou  à  cheval,  qu^on  ne  voulait 
seuleruent  que  ^es  conseils  pour  la  conduite  de  la 
gneire.  Il  fut  donc  obligé  de  preiidre,  avec  Ln- 
cius  Furius,  son  collègue,  le  commandement  des 
troupes,  hes  Préuesiinsct  les  Volsques  ravageaient 
](  s  huiesdes  alliés  de  Rome;  Camille,  àla  létedê 
son    armée,   alla  camper  foi  t  près  des  cnnennip 
Son  intention  était  de  rétablir  sa  santé  avant  que- 
de  (  ombattre;  mais  Lucius  et  les  autres  capiiaioesî 
emportés  par  le  désir  de  la  gloire,  étaient  impa* 
tiens  <ren  venir  aux  mains.  Camille  «  qui  trai-   . 
f>r:il   qu'on  ne  le  soupçonnât  d'avoir  envié  à  crt   ] 
jeunes  officiers  une  occasion  de  se  distinguer,  per- 
mit à  Lucius,  quoiqu'à  regret,  de  livpttr  bataille. 
Pour  lui,   ditlite   Livc,  retenu  par  sa  maladie» 
V  se  plaça  avec  quelques  troupes  sur  nn  lieu  élevé, 
ù  où  il  regardait  quelle  issue  aurait  un  combat  en- 
ti(*[)ris  contre  sa  volonU;.  Lucms,  qui  chargea  te* 


.:>>IILI.E.  5/,  7 

prr.Tlri-HK^nl  Ics  etinemU ,  fui  bicniôl  rqiouMti. 
namiiie  ,  voyant  les  liontauiï  prindre  h  ruj|^ue 
Wul  se  conienir;  il  fail  avancer  ses  irouprTau- 
tevanl  des  fuyards ,  passe  au  Hivers  d'eux ,  tomba 
Ibr  les  eiinetiiis  qui  les  pounuivaient,  et  les  diï- 
pcrif  ;  le  ioiultinnin,  ayant  rangé  son  arttiée  rti 
Ird'P  de  bolaille,  il  charge  les  ennemis  avec  Iniit 
|r  vigueur  qu'il  les  met  en  fuite,  entre  dans  li'iir 
pmp,  prend  tout  ce  qui  s'y  trouve  de  IV^nestiiis 
fc4e  Volsijues,  et  ne  leur  t'ait  aucun  quarlïor.  l.A 
pamillc  apprend  que  la  ville  de  Satiia  a  é\è  prise 
Ut  tcn  i'oscai^s,  et  ({uc  ses  lial>itana,  cfui  tons 
nî«ii[  Homaiiis,  Ont  été  passes  au  til  de  l'^pée. 
■.COtlc  nouvelle  Cauiille  reuvoîc  â  Uoiue  ioii  în- 
nUrie ,  et ,  prenant  aven  lui  riflilr  de  lies  tmupcs 
ig^re*,  marche  caiitru  les  Toscans,  tes  délait, 
p  tue  un  grand  nombre  ,  et  cluste  les  aulies  da 
I  ville. 

r  QuO''!"*  niilaje  ,  il  revint  i  Home  charge 
■  butin  de  ses  ennemis,  et  prouva  ,  par  son 
jpBRiple,  qu«  c'est  surionl  don«  l'e-^pril  que  con~ 
liste  la  pr(nti|>ale  force  d'un  Renpr::!  d'annér.  Sun 
Mpériente  el  son  C(iur;ige  snpi'lrèreiil  à  av-  t'.o\ens 
physiques;  il  montra,  comme  l'a  <lil  rv!i>(|u(iit 
DOS.suet ,  que,  nialj^ré  ses  infiniiili'^s ,  ntic  îiri:i; 
[uerrière  est  toujours  maiiressc  du  corps  qu'elle 
laime. 

Camille  était  à  peine  rentré  dans  Unmr,  qncle 
lénal,  informé  de  In  r.nnl'e  <ks  Ti.sculans.  le 
chargea  eni  inc  de  celle  e>;]'éililioti ,  en  lui  laissant 
le  choix  de  colui  des  cnlléf^nct  qu'il  prciidr  dt  avec 
lui.   Mais,    co.iire    r.iiteiit^ -le  1..mI    le  monde  ,    11 

ivail  livré  i.al.ullc  aux  l'i'én.-stlns  cl  ;iux  Vuhqu.-s', 
:l  IVail  p.'idnc.  I.CK  'J-nsnihns,  instrulls  de  la 
mrrlie  deCauiillc,  usèrent  d'adresse  pour  ré|.,-,- 
■er  I.Mir  faute  ;  ils  icmplireul  la  r.anir>ag(i.^  dr  i.er- 


54^  CAMILLE. 

lous  les  magistrats,  accompagnés  desx princîpaiMr 
(Je  l|^ille,  alièreul  au-deyant  de  ce  général,  et 
firent  porter  dans  le  camp  des  Romains  toutes 
sortes  de  provisions.  Ces  témoignages  de  sou- 
mission n'estèrent  pas  â  Camille  la  certitude  de* 
leurs  projets  de  révolte;  mais,  touche  de  ces  mar- 
(fties  de  repentir ,  qui  en  étaient  un  désaveu  ,  il  leur 
ordonna  d'atler  trouver  le  sénat  pour  prévenir 
rcffet  de  son  ressentiment.  Camille  appuya  leurs 
prièies,  et  contribua  beaucoup,  non  seulement 
à  l(S  faire  absoudre,  mais  encore  à  leur  ûire 
acc'  rdcr  la  paix  et  le  droit  de  bourgeoisie  i 
lioiiic.  Telles  furent  les  actions  les  plus  éclatantes 
dr.  sixième  tribunat  de  Camille. 

(Quatre  ans  après  la  paix  de  Tusculum,  Luci- 
nius  Stolon  et  bextius  excitèrent  dans  Rome  unt 
sédition  violente ,  à  l'occasion  de  la  loi  qui  por* 
t.'tir  qu'un  ôa  consuls  serait  pris  dans  le  con^s  da 
plebriens.  Comme  ces  magistrats  du  peuple  re- 
doutaient d'effort ,  et  paraissaient  disposée  i  st 
poit(r  aux  d(*rnières  extrémités,  le  sénat  eut  re-^ 
covus.  dit  Tite  Live,  aux  deux  seules  ressounrei 
qui  lui  rcsiass(^nt  ;  le  pouvoir  suprême  de  la  die- 
taluu!  f  et  les  taiens  du  plus  grand  des  citoyensde 
la   r('pui)liqu(-,  Camille.  I 

Tous  les  .sénateurs  lui  défèrent  la  dictature,  et  ! 
c'est  [)oijr  la  quatrième  fois  qu'il  en  est  rerèta;   ; 
raais  \[  ne  racceplc  qti  avec  répugnance.  Ce  grand  j 
homme,  indifférent  entre  la  noblesse  et  le  neaplef   : 
(\  a  Haché  uniquement  au  corps  entier  de  la  répiH- 
Miquo,  eut  bien  voulu  ramener  les  esprits  par 
s  .1  conseils  modérés;  mais  l'animosilé  -était  trop  • 
^ratiJc',  et  les  tribuns  trop  opiniâtres;  d'aillearif    | 
assurés  de  leurs  collègues ,   ils  se  croyaient  défi    i 
les  maîires  de  faire  passer  leurs  lois ,  lorsque  M'I 
diri.iît'ur  tenta  un  remède  aux  maux  nréscns.  Ca- 
nii  le  ,  p.verti  du  jour  que  les  tribuns  devaient  fiiire 
pa.'jscr  la  loi ,  fit  publier  un  édit  par  lequel  il  or- 


CAMILLE.  54<) 

[lonnail  au  pt^uple  romain  île  se  trouver  ^u  ch,imp 
de  Mars  pour  suivre  le  ilktulcur  à  l.i  guerre. 
"  I  eJît , 


Cei  eJît ,  d'un  lïiagUlrai  qui  avait  pouvoir  de 
IQort  SUT  1rs  ciioycns ,  dotiua  une  grande  inrjiiié- 
kldc  au  peupli-.  Les  tribuns,  pour  le  rassurer, 
furent  l'audace  de  menacer  le  dlcialeur  d'une  con- 
^ajnnatiun  s'il  ne  révo'|uait  son  ordnnnance.  Pen- 
dant tous  ces  débals,  la  nuit  surviti',  le  pr-iiple  et 
les  Irtbuns  furerU  obligés  de  «c  retirer  s.nns  avoir 
bo  rien  terminer;  ce  i]ui  avait  été  h  princifuile 
*nc  du  dicialeiir. 

i  Camille  se  relira  die?,  lui,  alléguanlsa  mauvaisa 
pRiiié,  et  peu  de  jours  npiés  il  ^ibdiqua  la  dicla- 
lure,  soÎKjMC,  considcraiil  snu  âge  avancé,  ou  rt- 
Wtulani  peut-^lrc  un  nouvel  exil,  si  peu  digne  de 
ns  eliirieux  etploïis,  ou  soit  enfin,  ce  [jui  a  pani 
Mii  vraisemblable  à  Tile  Llve  ,  qu'on  iVdl  avoli 
n'ilvavait  eaqueViues  Jéfauls  dans  la  manîciedt'. 
BgiQluJieles  auspices  à  santiniin.)itoD.  Un'esldonc 
Wff  étonnant  qu'un  magisirat  aussi  pieux  ijue  Ca^ 
Pulle  n'aii  p.is  voulu  retenir  plus  long-iemps  une 
dignité  !,i.i  lui  avail  vU-  r„!if<TC.-  ro^ili.-  les  préju- 
ge, di-  s.-,  n'h^.-.in:  tr.,is,  r,'  i.ui  s^'ri.bk-  i^rouver 
Ha,\  n3bil»(Udpoiiil[..ir  lj  rrji:,ie  que  couvaie.il 
lui  iiisj  iii^i'  ils  iT.biiii.s  du  peu|)le  ,  r  fsl  (]uo  peu 
de  leiii[is  apies  >I  .icii'iiid  de  nouveau  hi  dir./.nure, 
avant  même  (jue  laffaû-i;  du  rjovulal  cùl  éié  ter- 
minte 

Tont  n'élail  i]i!c  trouble  dans  Komin ,  û\  scsTia- 
bîuns  élaienl  à  la  veille  de  prcndie  I.n  arriiPS  les 
uns  conire  k"!  nurses,  li>rscju'ils  furent  obliges  de 
les  tcjurnei-  roEilr*-  une  nuée  de  Gaulois,  <]ui , 
sonisdi':,  bfiuK  i!l'I:i  nier  Adri.it loue  ,  N'svaiiçaienl 
vers  Uome  p,.nr  v,';n-;r.r  la  dél>,;h-  A.-  l.-urs  co.n- 
p3lriulL-s.  Le  dauge  .b-  la  i.T^ii.',  r.i|.|jroi;bp  d'un 
e;:neniiaus.-ire.!outi!j|i',sii.p.>ii.li.-.'JUlo/tesl.'sili- 
v;ii(Hi>(|.iijs:l.u.:  Il  ^l'i'p.ibliij.u;,--!  il  ncfuljibis 
<lues<io:i  île  disiiuk-r  df  la  cai^a^iicel  Je  la  valeur 


5i>0  CAMILLE.  , 

çniiT  los  patridcns (t  les  pVbf»îens.  Un  pWl  com- 
ninn  ,  rinierpnNlo  1c  plus  sAr  du  véritable  niéritei 
lôiMiir  tons  les  vcriix  ;  les  tribuns  du  pnuple  di*^ 
ni.uidÎM'cni  Camille  pour  dic!aieur  avec  autant 
d\»inprfss»*mont  (pic  tous  les  sénateurs  enx  mémoit 
(Gérait  [)oiir  In  cinquième  fois  qu'on  IVlevait  à  celte 
siiprr*fTi(»  mngistiMturp.  La  virfoire,  soiii  un  li 
grand  capitaine,  uc  fut  ni  difficile  ni  douteuse. 

C.imilto  ,  qnoiipie  courbé  par  les  années,  n'eut 
pas  tilt'  plut  A t  revêtu  de  celle  dignité  ,  quM 
5  )rtlt  i\o  nnme  h  la  i^\e  de  son  armée.  Comme  il 
s  )vait  <]uv  la  piinripale  force  des  Gaulois  éinil  dans 
Imiis  ^pôes,  dont  ils  se  servaient  en  J)arbares.  pour 
al)nttre  la  tctc  et  les  épaules  de  bnirs  ennemis,  il 
f  I  arm  r  ses  sold.iîs  de  casques  d'acier  poli,  sur 
I  wnicls  les  épérs  des  Gaulois  ne  pouvaient  inan- 
qiior  (le  ç^lisser  ou  <le  se  rompre.  Camille  easeignft 
.'iMssi  à  5e.s  sold.Hs  à  se  servir  de  longues  pinoef 
pour  [)ré venir  les  cotips  que  ceux-ci  leur  portaient 
ii\oc  violeiire.  Le  dictateur  plaça  son  camp  sur] 
une  r.olllno  dont  la  pente  était  douce,  et  coupée  d^ 
pin  sieurs  eavités  ,  dans  lesquelles  il  cacha  ta  plut 
(irrniule  partie  (le  ses  troupes,  a6n  que  cellea  qm 
étaient  en  vue  pnrussent  s'être  portées  par  craintt. 
s'ir  les  hauteurs.  Là  (Jamitle  se  tint  en  repos poof^^ 
ohs.Tvcr  les  (jaulois  ;  mais  quand  il  s'apercnt  j 
q'i  .me  parrie  des  troupes  de  Tennemi  se  (lit* 
pers,'»ii  pour  aller  au  fourrage,  et  que  le  reste  pss^ 
s.jii  la  j(»nrnée  entière  à  se  gorger  de  viande  cl  do  ^ 
vin .  alors  il  ordonna  h  se»s  troupes  légèrei  d^allcv. 
h^^rrrler  1rs  harbaies,  et  de  les  chargier  ^  me;piré 
qu'ils  .sortiraietit  <le  leur  camp.  Ensuite  CarniHè, 
defcend  dans  la  plaine  À  In  t(^te  de  son  infanlerief 
que  los  ennemis  crevaient  en  peiif  nomlirç  et  dé-» 
ronragée  :  mais,  à  îeur  grand  élnnnemont,  ils  b:  ' 
vil  enf  très  .nombreuse  et  pleine  d'ardeur.  "        I 

Camille  fait  aTOiicer  son  année  ;  le  combat  i*eii*  . 


CAMILLE.  .);»  I 

gage; le» barbare* »'«'!anc- ni  mirlciHnmjînîieoleirr 

pntisiiani  doscniipi  d'épiie  dans  les  rpins  ;  ceux-'i 

leur  op|)A.tent  Oi-  Icngnes  |)i(]iips,  et  piéseiiliiiil  A 

Icers  cnup?  des  cnrps  rouvcrls  de  fer;  les  èpvi'n 

irs  Gaulois ,  qui  éraieni  (t*Un  acier  peu  bntlu  H 

d'une  trempo  molle ,  ic  courbaicnl  rr  sp  lompatoiit 

m  denx.  La  furi-ur  s'empare  de  ces  barbares,  qui , 

abandonnant  leurs  propres  arrnes,  se  jelteu' sur 

.Ifs  pi<joes  des  ennemis  pour  les  leur  arracher.  Lt^3 

Romains  se  saisisscnr  deséf>éea,  mrobeni  sur  tes 

Ciulois,  el  en  fon(  nn  grand  carnan;e.  Celle  »ic- 

due  à  l'habileié  ne.  Camille,  fui  remporiéc 

trois  ans  après  la  prise  «le  Home. 

pareil  succès  rendii  1rs  Gaiilnisi  bien  moim 

|vdouiables.t  ei   guéril  les  Komains  de  la  (erreur 

w»  leur  in.ipirail  un  ennemi  donl  ils n'airriliiiiiieiit 

a^vcmiére  aéfaiie  qu'aux  maladies  et  aux  accidens 

Sprë»us  qui  l'avaient  all'ailili. 

celle  défaite  des  Gaulois,  et  la  prisit  île  Vê- 

Xes,  ville  de»  Volsques,  hir«nt  les  dernières  ac- 

>i)tKloneiisesdclavic  de  Camille.  La  (in  de  celte  - 

lerre  fin  le  .'ommenrenienl  .le  ni.uvelles  dissen- 

niis  |«.liii'|(i-5  ,  .|iii  laisM'iVTil.  enrorr  à  ce  ^rard 

lidié  par  les  Iribniis,  ri  fier  de  ses  sucera, 
îrsisrail  :'i  tiiger  qn'un  drs  consuls  Ail  pris  piiinii 
S  ptel»''i('[is.  l.e  diclalenr,  i]iii  s'élaît  rendu  un 
lieu  de  Tassiribirc ,  suh'i  de  loiil  le  sénal,  voulut 
l'y  oppuser  de  louli's  seî  forrrs  ;  mais  les  tribuns, 
(]ui  lie  rcs;'tcl:Mi'rir  jdiis  ni  leslois  ni  la  pirmiiTe  di- 
gnité de  la  ié[iiild;i;ne  ,  erivoy''rciil  un  liclnui  pour 
arr^t'T  Camille  et  le  conduire  en  |irimn.  Cri  at- 
tentai rnnire  le  sonviT.iiii  mai-islmt ,  el  doni  un 
pasciicgrevi!  d'exeni|ile,  fil  snulevrr  loiile 
la  noblesse.  Les  psliiriens  repoussi^ii'iil  le  licli  ni; 

Iles  plébéiens  se  préparaient  i  le  so'ilenir,  el  le» 
deiijt  partis  étaient  iirôls  i  en  venir  aux    mains. 


coiiciinycns, 

La  ilii'fm^ncc  lii-s  opinion'  fit  naître 
Bt^nttfui's  de»  tlfliais  ti'ôa  ~  animas  ;  et 
commit  il  fulUIl  (]<<lil)di-er ,  et  ijiic  le 'p« 
rinux,  menaçait  d'abandonner  llomp  , 
ment  le  plus  modéré  IVm[)or(a;  ce  fut 
céder  au  peuple,  en  lui  bissant  prendre 
rarnii  les  plébéiens.  Sexlius  fui  le  preiul 
de  rette  dignité.  Les  paLriciensobtinrcuI 
(remise  du  dictateur,  ileux  nouvelles  cl 
t.^ur  furent  blFerlécs  i  l'exclusion  du  p 
p  eiiiière  tul  b  préiure,  fonclion  ali»rht 
iiiiUl ,  et  la  seconde  dignité  de  la  répulil 
Furius,  fils  du  dictateur,  fui  le  premic 
de  Home, "et  en  cette  qualité  on  lui  3 
Ttbe  piflextf,  on  bor<lée  de  pourpre,  ia 
rite  et  six  lirteurs  La  r^ecotide  cjiargc^fi 
intieure ,  oit  èdililé cumlt.  Les  premieis 
r^iit  '.n,  QuNilius  Capiloliiiua  et  l\ 
Sel  pion. 

Ce  décret,  proclamé  par  le  dictateur 
assemblé*!,  tit  tant  de  plaisir  au  peuple 
reconcilia  avec  le  sénat,  et  rcrxinduisil 


CAMII.  L£.  355 

ourauxft'rieslaliucs;  qu'à  l'heure  même 
frir  des  sacrîfice.i  aux  dieux,  el  que  tOM» 
tii  y  assisteraient  couronné»  de  fleurs. 
U  dernière  aciion  publique  di'  b  vie  de 
/année  suivante  Rome  fut  aifligée  d'une 
inleva  à  la  républioue  un  nombre  infini 
■als  et  d'hommes  illustres;  Camille  en 
lent  la  victime.  Quoique  sa  vie  eût  été 
lie  que  hrillanle ,  sa  perte  causa  plus  de 
I  Romains  que  celle  Je  tous  les  autres 
emportés  par  le  même  fléau, 
ne  dut  qu  à  son  grand  mérite  la  répa- 
içlnire  dont  il  joua  presque  dès  son  en- 
ulllva  les  grandes  quaUlés  qu'il  avail  re- 
nalure ,  el  les  dirigea  vers  le  bien  de  sa 
première  campagne  le  désigna  aux  Ro— 
mie  un  homme  rare  ,  el  né  pour  faire 
:  de  son  pays.  En  lui  U  maturité  de  l'es- 
it  celle  de  l'âge  ,  et  l'hisloirc  ne  lui  re- 
cun  de  c£s  écarts  dans  lesquels  la  fougue 
fls  emporte  presque   toujours  la  jeu- 

lire  dans  cet  homme,  à  jamais  célèbre  i 
I  et  son  icle  pour  la  rehgion;  dan»  le' 
•  n  premier  soin  éiait  de  s'adresser  aux 
'implorer  leurs  secours  par  des  vœux  et 
cri,  Ci'He  application  de  Camille  ait 
dieux  parlait  du  fond  du  coeur,  el  était 
iircl  de  ses  sRntimens.  A  cet  amour 
Camille  j'ii^naii  encore  un  grand  fond 
lité  el  de  bonté.  Ce  grand  himmc  ne 
ic  ville  puissante  livrée  au  pillage  sans 
s  regrcK  i  soti  i'ifnrlune,  et  annaer  d« 
les  laini.j-i  .ju  il  venait  de  cueillir;  sen- 

bôn'ré  <K'"Camilîe  se  llr  lo^V'^^^cnT 
lus  brilUn.  siicu'f'  il  partagea  avec  sei4 


ranscs  bien  hnnor.iMtvs,  j>iii«;r|iir  le  vrril; 
(l(*  5a  rorHlanifi'ilion  fiit  ci'tfc*  rrHini^ici 
lanr.o  <[ui  fiil  aiiLmt  (J'linririr!iir  .î  son  roi 
&a  frnnolr.  Il  s'oppos.i  ♦'on.Ht.»rnm<'nl  ^  I 

r)i).s<*r  pnr  1rs  irlhiKi.s  (Jii  |)(Mip|(*,  (iiii  von 
1  moiti(^  (Ici  citoyens  nlMt  s'i'Unlir  «^  ^ 
^iic  (>aruîlU*  (*l  tons  ks  nioytifiS  Mimes 
r '^.mlairrit  rornmi!  la  rijim*  enti^n*  <lf 
biirpitf*.  IVnd.'int  sa  n'Irai l(»  à  Artlôt»  Cian 
st^iva  lontr  la  ilignitf'ï  «h*  son  carartère  ri 
7.M<*  pour  sa  f>.'i1ru*  ;  (.\*s\  dn  K)n(l  k\c  mou 
partit  pnnr  .'aller  arracher  iionie  des  t 
Gnnl^is  :  on  ne.  pent  trop  inlmirer  ce 
firvtc^  avec,  laqnelle  il  1rs  8pn9trc)|?h^  , 
résistanc.p  nia^naninio  (|iti  1rs  força  i] 
tirer.  Mais  poin*  se  faiic  une  jnstf  iiléc 
porlance.  <le  ses  expluits  ,  rcf^artlons  Ilorn 
pnissanle,  cl  (lestinéc  h  (^tteun  jour  la 
du  uinnAti^  prise  et  déiruîlc  par  d(>s  1 
considi^rons  la  bravoure  et  le  sang  fVnîd 
(\nvU  Onniilte  la  délivre  des  mairi'.  de  cv^ 


r  ^A  Mit  te,  $59 

}ù ,  malgré  ion  ^land  3f{(^,  îl  d^plnie  tant 
vv^ince  e\  d'univi't'i  coiiftidéroiu  de  fluA 
e  |;riiri(l  linniriit!  n'u  jamais  dû  nu'i  lui- 
Ifl  gloire  lie  »r»  li;iiiia  f.iii.s.  Si  I  on  veiU 
lée  Irapp^nii;  du  >«  inodériiion  el  <h  »A 
!,  t\uoa  soiigi:  à  si  candcscrnJatir.f!  pour 
Onlé  du  jieuplc  ,  ijui  ilemaixlail  un  toii- 
a  dsm  son  i:orp«  ;  elle  mil  fii)  à  iino  doa 
ingercuics  dissengioni  dont  U  répuliUi^ue  ait 

est  IVlogc  arcoitipli  <|ue  Pliilarquc  fait  Ja 
nd  hrimine;  celui  <|u'en  fait  Tîle  Live  ett 
letidu.  Après  avoir  observé,  coniine  Ilu- 
,  4|iie  sa  tncirl ,  queique  arrivi^e  dans  un  d^a 
•ncé  ,  causa  h  plu.s  vive  dnaleur  aux  I\o- 
,  ilAJoulctjueCatnilIcfut  un  liornmc  unique 
uules  les  sîluoiions  où  il  se  trouva;  tju  a- 
in  exil  il  fui  1c  prt^mlerdes  Iliiioaiiix,  dana  U 
nmme  dans  Li  guerre.  Son  exil  le  rvfîdit  en* 
lus  illustre ,  soit.  ,par  les  regret»  dtt  Homn,, 
e  voyant  au  pf>tiv»ir  des  etineinia.  implur^ 
Dors  de  Camiili;  abseul ,  soit  eiidn  par  le 
ur.ml..i.,.-i,r.m,édanssM'-""-,illui 

daiit  les  ariii.:.-.  qu'il  vi'.ut  depuis  son  rc- 
1  lie  drinciilll  ]i3s  un  s^ul  insianl  celle  cs- 
;  tfUeglune  t'i  Lilarilo  qu'il  avait  si  jiislemcnt 
"Si  H,  ruiuiiii..  l'observe  ctieorc  Tite  Live, 
\c  ne  fui  pas  moins  redevalde  à  ses  vertus 
a  valeur  du  lilrc  bu.iorable  .lu'on  lui 
de  iiL'ri.'  cl  de  resi.iurnteur  dt  sa  paliis ,  et 
ondfimd^lcurdc  Hume. 


J 


556  FABBIGIUS. 


'%«%W%%%-V«<\^%-VV1>.'%WVWW'%/VWX/WW%'V%W«^%%WV%%««(MA 


FABRICIUS  LUCINIUÎ 


CONSUL    ROMAIN. 


VoïCî  encore  un  de  ces  illustres  Romai 
mœurs  antiques  et  pures ,  qui  réunissait  ai 
liaul  degré  les  vertus  civiles  et  lestalens  mili 
Possesseur  d'un  modique  héritage,  sansrev 
sins  esclaves,  tout  aussi  pauvre  que  l'ava 
Cincinnatus,  et  cultivant  Ini-mêmc  quelqu 
pcns  de  terre,  ainsi queTavaitfait  ce  grandho 
C'aïus  Fabricius  ne  derait  sa  subsistance  qu' 
épce  et  à  sa  charrue  ;  mais  il  était  heureux  à 
sein  de  la  médiocrité  ;  méprisant  les  rîch 
uniquement  occupé  de  ses  devoirs,  n'ayant 
Ire  passion  que  le  bien  public  et  la  prflspéi 
Rome,  jamais  il  n'éprouva  le  sentiment  p 
des  besoins  factices ,  jamais  il  ne  ressentit  1'. 
Ion  du  luxe.  A  Tamour  des  richesses  il  pré! 
répulation  et  les  honneurs,  qui  font  le  seul 
de  l'ambition  des  grandes  âmes.  La  carrièn 
gloire  lui  était  ouverte  ;  il  s'était  déjà  fait  ui 
dans  les  camps  et  dans  les  conseils  iorsqu'i 
vint  à  son  premier  consulat,  Tan  de  Rome 
et  avani  J.-C  2.S2.. 

A  celte  époque  les  accroissemens  que  n 
de  jour  en  jour  la  puissance  ambitieuse  de 
mams  ,  par  des  victoires  sans  nombre  rei 
Ices  dans  des  guerres  continuelles  ,  jetai 
tjcxeur  parmi  les  nations  de  l'Italie  encore 


ioidauies.  Ilf,  .>iHéeî  de  leur  «m  jupisscmcnl,  elli  s 
MAyèrciil  (l'unii  leurs  furccs  fl  Kur  pollli<iuc  p.iur 
l^ser  uu  [ieK[>lc  ngardé  comme  l'enDcmi  com- 
Imn  de  Ions  les  aulies  peuples  de  celte  partie  de 
pnrope.  Ligués ^Tcc  les  Lucaniens et  les Brulirn  , 
fs  Satnnltes  éclalèrcnt  les  premier»,  Fabricîu» 
larcha  contre  eux  avec  l'armée  rnmaine,  lesvain- 
otl  en  plusieurs  rencontres,  prit  de  force  et  dé- 
-iiisic  plusieu^  de  leurs  villes.  Le  vicioîre  la  plus 
lém arable  fuf  celle  uùconiballitSlalius  Sutilius, 
meux  général  samni'e  i|ui  assiégeait  Thurium; 
jn  camn  fut  emporlé  l'épée  è  la  main  par  les  sol- 
aLs  de  Fabricius,  qui  dans  cette  action  dédsîve 
gèrent  vingt  mille  ennemis ,  prirent  plus  de  vingt 

Eeaui ,  cl  firent  cinq  mille  prisonniers  ,  parmi 
lels  se  trouvail  le  général  en  chef  des  Sam- 
.  Le  lendemain  Fabncius  récompensa  tous  les 
oldats  romains  qui  s'étaient  le  plus  distingués ,  et 
iiclara  qu'il  donnerait  une  couronne  vallaire  .'i 
eluî  qui  avait  pénétré  le  premier  dans  le  camp  des 
itanemis;  aucnn  soldat  ne  s'é  ta  ni  présenté  pour 
érlamer  un  Ii'i  honneur,  Fabricius  publia  que  r'r- 
ait  au  dii'ii  Mars  lui-même,  au  fondateur  de 
iVome,  qu'il  fallait  ai'ribuer  cet  exploit,  et  que 
Mars  élnit  seul  la   cause  première  de  la  -' -  ^ 


un  édll  il  <>rd.ir...a  le  jour  m^me,  en  ['bon- 
irur  du  di(~ii  de  la  guerre,  une  procession  :•  la- 
Iticlle  les  soldats,  porlant  des  couronnes  de  lau- 
riers, as'ii ■lièrent  en  faisant  éclater  les  accens  de 
la  joicct  delBrecounaissanc.. 

Telle  était  la  masse  énorme  du  butin  que  Fa- 
:irinus  avait  fait  daus  ces  dîfféreutes  victoires, 
m'aprèi  avoir  rérompensé  les  soldais  et.  restitue 
,„x  cilcyensdeltomc  ce  qn'ilsavaient  donnépour 
es  frais  de  la  guerre  ,  il  lui  resta  quaire  cents  la- 
ens,  qu'il  fil  porter  à  l'épargne  le  jour  de  son  ' 
riomplie. 

Apres  avoir  mcrilé  ce  tribut  de  g'"""^)  ^  ^^^ 


!*■  consiri  Lovinus,  ei  s'empara  du  cam 
itniioîiis  avaient  abanJoniié.  Mais  ces  11 
lilirainsavaleal  trop  de  patriotisme  pour 
a])aitre  par  des  revers;  dans  le  sénat  1 
vimlaiit  enflammer  les  esprits  ,   dit  : 


n'étaient  pas  lei  Epirotes  qiiî  avaieut 

Romains,  mais  seulement  ryirhus  qui 
-  fait  Urinus.  ■>  Il  opina  donc  pour  coi 
pncrre  avec  plus  de  vigueur  encore.  Le 
donna  immédiatement  de  nouvelles  levé 
mnnUa  décidé  à  faire  les  plus  grands  efli 
résister  non  seulement  à  l'yrrhus,  mats  ci 
Tarentins  rt  aux  Saniniles  ligués  avec  rc 

On  délibéra  aussi  dans  le  sénat  sur  la 
de  savoir  si  l'on  devait  racheier  ions  U 
nicrs  ou  les  abandonner  au  vainqnçur.  Li 
parti  ayant  prév;ilu,  les  pires  conscrits 
renl  en  ambassade  au  roi  d'Epire,  puur  I 
l'écliange  de  la  rançon  des  prisonniers,  F 
niUuB  Papus  et  Cornélius  UolabelU,  t 

images  des  plus  di»lingj(és  de   la  i*j 


PABS  ICIITS.  J.ij) 

Wfljt   i  'riili   ilt'S   prcsi'ti*,  el   leur  pro<ïtgnn  l's 

■^  Jte  niOsi.iii.liié  II   ,.l,is  bienveillante.  Telle 

ft'l^epli'in  qu'il  fil  puljllqunnriit  aux  iinbaii- 

jin  fn  généal;  mais  à  feiiie  le-  c(iiiréi-eni:e» 

r  l'échange  des  pritonnicis  iureni-elles  enta— 

,  que  l'yiTbiis  iinnn»  îles  marquea  de  c  usï- 

liralioD  parti  Cl  ilii're  h  Fnbricius,  car  il  li*  rcgar- 

BÎt  comme  le  [lersnnnage  le  plus   prépondérant 

le  l'ambassade ,  H  comme  celui  i|ui,  par  ses  vertus 

■  ses  tulenit,  joiûssail  Je  plus  de  crédit  dans  le  sé- 

||)L  ]1  l'invllait  avec  ses  cillégucs  à   inangcr  ar^c 

,  et  paraissait  S?  (laine  Jaos  s'a  cODversation.  L'n 

ir  que  cel  illu^lrc  romain  se  trouvait  à   U  table 

me  Pyrrhus ,  le  philosophe  Cineas ,  un  des  rour- 

nftns  et  des  ministres  ile  ce  prince,  ait  milieu  lie 

^ie  du  festin,  vint  à. parler  de«  sages  d«  la 

p,  de  leurs  différenies  doctrines,  el  enUeau- 

jne  celle  d'Epicure.  Ceux  qui  suivent  les  opi- 

S  de  ce  philosop}ie,  dit  Cineas,  foui  consister 

bouveraln  bien  ^e  Thomme  dans  une  vie  v<olup- 

i»e  éloignée  des  a FTa ires  publiques  ;  ils  piélen- 

dfut   que   la    divinilé,  iiidifferentfi  sur  ce   qui   .e 

passe  i(l  1m3,  ne  yreml  aucun   inrér^t 


tels,  cl  s 


pur 


I  les  n 


-  O  die 

»  tels,  s'écria  Faliririus,  en  interrompant  Cineas, 
»  puissent  les  Samr>itcs  cl  Pyrrhus  goilteret  mel- 
»  treen  pratique  celle  belle  philosophie  tant  qu'ils 
>  feront  la  guerre  aux  Romains  !  - 

Le  lendemain  le  roi  il'Epirc  ,  qui  avait  conçu  la 
plus  haute  id(*  de  Fahricius,  le  prit  à  part  dans 

J  fidelilé.  il   liii  d'r  .i'I'bord  que  de  tous  leTuô- 
mainî    celui  qii  il  il.-'.irait   le   plus    avoir  pour  ami 
t'étail  lui-nit'me,  parce  qu'lticunissait  à  un  di-grâ 
rare  les  vcrlus  civiles  et  les  lalens  militaires  ;  puis   . 
italTecU  de  paraître  indigné  Je  ce  que  la  méaio-i 


T  I-» 


:)6(>  FABR  ir  lus. 

fillé  (lo  la  foilune  «le  Faluicius  le  mottail  hors 
il"»':;»!  (l;î  parailre  avec,  la  dignité  (jiii  coiivc'nait  û 
lin  li(»imno.  de  son  raijg  et  iio.  son  xnorilc  :  il  lui 
cAh\t  (le  ii''[>arer  celle  injustice  du  sort,  en  lui 
(lûririaiit  assez  do  richesses  pour  Tëgalcr  aux  lioni- 
iiuvs  lî  s  pins  opulens  :  «  Je  me  garderais  bien,  lui 
»   dit  il,   de  vous  faire  cette  proposition   si   elle 
»   iTilall  honorable  que  pour  moi,  et  qu'elle  fût 
».  avilissante  pour  vous  ;  mais  comme  vous  n'a- 
»  cluUerrz   pas  mes  hionfaits   par  la   trahison  ni 
i>   par  aucune  action  indigne  de  votre  caractère, 
j>  (|nelle  raison  auriez-vons   de  rejeter  avec  une 
»   (liiroîé  opiniâtre  les  don*  de  Tamitié  et  de  Thos-  j 
i>  f>:;.i!il(;  i'  Je  ne  vous  demande  ,  en  vous  les  of-  / 
»  fi  anl ,   que  d'agir  à  mon  ég.ird  comme  peut  et  } 
i-  (luii  le  i.iire  le  plus  honnête  homme,  et  le  ci-  |.. 
n  io\jn  le  plus  aliai;hc  à  si  patrie.  Tout  ce  que  je 
»  (i'siro,  c  est  que  vous  ameniez  insensiblement  :■, 
»  le  s (  rj.it  à  al) jurer  cette  animosité   implacable  •. 
»  (ju'il  scnihlcrai'avoii  vouée ,  pour  en  venir  à  iIm 
»  seni'iiner's  pins  doux  et  plus  humains.  Faites-lui 
ji  roTn{;r(.'n<lie  <pie  la  bonne  intelligence  avec  un 
;>   j>riT)ro  tel  que  tuoi   est  bien   prélérahle,  pour 
'>  voire  iepnLiî(;iic  ,  à  cet  état  dnosîi'llé  qui  nous 
y  in<  l  anx  nii:s  d  aux  autres  les  armes  à  la  main  ] 
»   ponr  (les  iiilércîs   rpii  nous  sont  étrangers.  Je  j 
)■  vous   (Igunc^rai  d'aillours  tels  garans  que  vous  j 
>^  voudrez  de  nia  pnrole. —  Prlnre,  répondit  Fa-  ! 

...  Al  '     *  •     • 

^  hiicins,    vous  eies  dans  une  grande  erreur  51  | 

î  v(>îis  WkIS  imaginez  que  ma  pauvreté  me  rende   | 

»  n;;ii.i^:i!cnx  ;  car,  méprisant  les  richesses ,  cl   |. 

!>  {)c<  H.'"  nniqiîemenl  de  mes  devoirs,  je  n'ai  ja-  \ 

y  oi..  S  (  p'n-ivé  le  srnlimenl  pénible  des  besoins/  : 

>■•  ni  la  >./i(  inextinguible  de  l'or.  Quelle  raison  au- 

»)  I  ai  î('  li  accnser  la  foi  i une  ?  Lui  le.iai  ie  un  crim« 

j>  <!<;  i\i  i]^^^' 1  maigre  ma   pauvreté,  je  jouis  danî 

>•  ma  pairie  avec  les  liches,  et  même  préférable- 

j^  ment  à  eux,  de  H.is  les  avantages,   de  tous  !« 


Ï-ABRICIUS. 

nrs  qui  doivent  exciter  ta  noble  imbilLO 
anilei  âmes  7  " 
m'élève-l-on  pas  am  dignités  1m  pliij 
ntei  de  l'étal?  Ne  me  place-l-on  pas  ' 
'spliisgrjDilesarméFs  ?  Npmerhargp- 
>s  amnasEadrs  les  plus  honorables?  De 
on  me  confie  les  ibnctions  les  plui  an-* 
i  de  la  religion  ;  je  suis  appelé  aux  dt'-libé- 
■  Jii  sénat)  je  suis  ronsuliésiirlrsarfaîres 
us  iraporianifs  de  la  république,  et  j'ni 
!  la  satisfaction  de  voir  nue  mon  e;(i<m|ile 
imine  un  puissaiit  aieiii[loii  pour  animer 
prin  ,  cl  pour  conduire  à  la'gloire»  Tiint 
andj  avantages  a'exiger.t  de  inaparl  ni 
ises,'nirasle,  ni  luxe. 
je  IRC  considère  ensuite  dan»  mon  état  de 
e  particulier,  bien  loin  ijue  ma  pauvreté 
nil  à  charge»  cl  qu'elle  me  cause  aucune 
élude  ni  aucun  chagriu  ,  je  trouve  au  con- 
mon  sort  iiicoTnfiarablpmenl  plus  beurenX 
s  les  fois  ijue  je  me  comp.irp  à  ces  riches 
ox,  soLtcii-ii'x  t'I  in.taiijMi".,  .m  riiilii'ii  li.? 
S  l.-s  suucrfl.nK's  ei  de  1„m1,-.  1,s  jui,!- 
■s  .hi  lim-,  ri  doul  U->  sen.IlHnj  n\.iii, 
iiié.KTgicni  n-^^ori.  j;.i|.p,'lii  .-is:;iis..vn,; 
moi  11  plus  siinplp  nourriture;  U  «ni!  n:f 


F. 


)>  rAi5Kiojr;S. 

^rJire  à  ma  pauvreté.  Quant  à  des  intérêts  poln 

îi  |ues ,   prince  ^   quant  à  ce  qui  conrerae  la- 

4;iuTre  ou  la  paix,  songez  que  je  ne  puis  et  ne 

ilois  être  que  l^organc  du  sénat.  Si  vous  vous 

(liMorminez  à  sortir  Je  Tltalie  avant  que  la  force 

(U'.iy  armes  ne  vous  y  contraigne,  je  viendrai    j 

vi)!oiiîiors,  le  caducée  à  la  main,  vous  accor-   ! 

w   i}rr  [\  paix  et  rarriilié  de  Rome.  »  I 

T'Ai  soni   les  principaux  irnits  delà  conversa-   I 

l\on  (](»  iVirlins  (I   dt»  Fabricius,  rapportée  par    | 

D^nis  *1  ilalicai  Uusse.  j 

On  ijjoi.io  que  Pyrrhus  fit  encore  de  nouvelles 

tontwtivis  pour  ébranler  In  fiîrnieîé  d'un  homme 

dont  le  (iésinlérossomcnt  l  étonnait,  et  dont  il  ne  • 

oijvalt   qu'admirer  la   sagesse  el  la  prudence;  il  f 

ui  pîomit,   dil-on,   qu'après  avoir  fait  sa  paix    • 

avec.    Fiotiie   il  lui  donnerait   la  première    plac«    : 

parmi  <cs  amis  et  parmi  tous  ses  capitaines,  s'il   ?! 

voiiliit  le  suivre  ru  Epire  ,  et   qu'il    alla   mêmit  h 

jjsfju'à  l«ji   olVtir  une  plai:e  de  premier  ministre;   |- 

tnais  ce  généreux  Romain  ,  tonjoui  s  inébranlable, 

lui  répondit  :  «  \  ous  êtes  sans  doute  ,  ô  Pyrrhus,   •' 

j»  un  prince  illî-stre.  un  grantl  guerrier;  mais  vos  i" 

»   pcMiples  géniissi  nt  dans  la  misère  et  dans  la  ser^    T 

w   \itude.  Qiie!l(^  témérité  de  vouloir  me  mener    > 

■>   rivvc  vou.s  (Ml   Kpire  !  Douiez-vo'js  que  bientôt,  i' 

-   ).i:ic;rs  50US  nio>  lois,   vo-j  peuples  ne  préféras* 

V   iirni  roxonipilon  des  tribus  aux  surchargées  des  j; 

'   impAt-s,  et  la  snrelé  h  Tincertilutle  de  leurs  pos-  fe 

"  sso  blons?   Aujourd'hui   votre  favori,    demain  |» 

*   v(îlr(:  maître »  |= 

(hi  dil   (pran    .orlir  de  cette  conversation   le  I 

ir\  n  iîisista  nliis:  Tn.iis  Qn'éiouiK-  de  plus  en  nliis  b 

<l  un  <i  généreux  Jesinteressomcnl ,  il  voulut  aussi  f 

me'lro  à  répreuve  1  intrépidité  de  tabricius.  Pyr-  ♦.- 

»  .i.s  s^.''":iil   niH   l'ami). îs-^adf'ur  ronnin  n'avait  ja-  i 

v.!-^  \'[i   ..  -•î'-)^';.n]r  ;    ;l  («rdonria  Jarmer  le  id"i>    i 

I    »       I  I  1 

,■  ..•■,.....  '      '        '1'  'if*  ttW'  ■■  .•  •  ] 

;,    •  .  .-,     -  •       '    •         •         ••     •       .     ■'•  '•....      •  «      î 


^HR&  le  tenaient  les  conférencM,  et  île  1c 
^ff^ ,  Aetrihc  une  espèce  Je  riJcau  en  forme  ile 
'ipUserie.  Cet  ordre  est  Méculé,  et  dès  le  lemle- 
isÎD,  Pyrrhus  et  Fabricia»  étant  ensemble,  on 
,r«  lé  rideau  qui  cachait  t'Aéphant,   et  cet  ani- 
ial  énocme,   au  signal  que  lui  donne  ton  cor- 
ac  ,  yiTiil  tout  i  coup  ,  levani  sa  troni|)e  sur  1» 
^e  de  Fabricius  ,  en  pnii^sant  des  crii  épouvan  ' 
ihles  *l  des  liiirlemens  affruu».  Fabrîciua  se  re- 
Diirna  trinijnillemenl ,  sans  témoigner  ni  surprime 
li  crai'ite ,  et  dir  à  Pyrrhus  en  souriant  :  »  Viilrs 
I  or-ne  m'a  ptiint  séduit  hier,  et  votre  éléphant 
I  ne  m'effrayera  point  aujourd'liiii  » 
^  La  cooJitiLi^  de   Fabricius  d:ins  relie    célèbre 
li^bastade  ne  pouvait  iiu'ajuuter  à  l'estime  el  à  la 
Hrtoixtion  qu'il  s'était  £i  ju'ileiiii'nt  acniiises*;  aiis-ii_ 
u(r-il  nomnié  consul  poiN'  U  .seconde fois,  l'an  ât 
plâe  474  (a?^  avant  J.  C).  U  Mit  pnur  cM- 
^^e  Emiliu.i  Papus,  qui  av^îl  fJpjà  cxend  ïiT?c 
[Su  cette  magi^haiuresupri^mi?.  Ttiuî  denx  vUû'Mit 
le  me.iiri'   i  Is  i.'^lo  d('_  l'ariric?  romniiic  qui   cliil 
Oppnsée  i  Pjrihus.   Ce  j-riE)^  marchj  au-dev.nii 
de   Fabrir.ius  avec  ses  troupes,   .lans  le  d.'s.-.ein 
d'ob'Crvcr    ses   mouvemcns    et   de    pCfl<;lrer   ses 
projfts.   Lei  deux  arinéi's  (ilaicnt  camjn'i-s  a-.ic/ 
prè»  l'une  de  l'autre,  lors^ju'il  arrii-.i  un  incident 
■némarablc  que  lo:>s  les  Iii'itorieus-OTit  rapporté  :i 
peu  près  de  la  môme  manière.  Un  értiissaire  viui 
trouver  Fabricius  d.ius  son  camp,  c-  lui  remit  mu' 
lettre  d"  i«édi;cln  di'  l'yrrlim,  -iiii  iiOuit  au  C'mi- 
lul   d'enipt)isonnor   ce   prince  »i   les  tiom.iin-  li;i 
prnmeH.i  eut,  pour  cepa;-rlelde  ,  une  récompjn  " 
propi>rli«nn.n;   au   senice   qu'il   li.-iir  reiîdi-.iil ,   mi 
1<^rii|Énaijt  d'un  seul  cou»  une   gunne  di;   ccH' 
im;iorianr/; ,  sans  au'-nn  danger  pnur  eii\. 


Bt-ire  itet-ritlie.  Sa  lettre  éUit  cançue  en  c« 
Caîus  Fahricws  et  Quintus  En 
au  roi  Pyrrus , 
SALDT. 

"  Il  paratt  que  vois  vnus  aonnaîsm  mi 
!>  et  en  ennemti;  voui  en  coBvicndn 
"  yons  aurez  lu  la  lettre  qu'on  noiu  a 
»  que  noua  vous  envo^ns,  afin  i^ue  to 
»  pi-euve  que  vojs  faitet  la  guerre  i  des 
"  de  liien  ,  remplis  d'honneur,  et  que  y 
»  nez  Loule  voire  confiance  à  des  méchai 
»  perfi<les.  Ce  n'est  pas  seulement  pou 
*  de  vous  que  nous  vous  dTinnoni  eet  i 
a  par  respect  et  par  amour  pour  nouS'int 
"  nous  gérions  faciles  que  votre  mort  fo 
u  occasion  de  nous  calomiiier ,  et  que' 
>>  ciût  capables  d'une  irabijon,  et  de  à 
u  de  tarmirierheureiKeineiil  celle  guerre 

Pyrrhus,  ayant  reçu  relie  lellre,  s'ëc 
d'adtiiii-atiou  :  »  .le  reconnais  U  ce  Fabi 


fABRÏCITlS.  S63 

MCAnde  fois  Cin*a^,  il  lui  orJonna  d'aller  offrvB 
U  paix  au  sénst  de  Home,  et  de  lui  demander  SOii 
amitî^.  Le  sénar ,  paivr  ne  rien  devoir  il  Pyri'hus', 
lui  renvoya  aula-ii  de  priionni''ts  'liifeiiiiiii  él 
Samnites  mi'ii  av.iit  rendu  de  B'Miiaîfii,  et  fî- 
JtOjldil  k  CÎde-m,  d'après  ie  conseil  tn^int'  dc'ÎV 
^ricitis,  t|iie  Hume  rQe;irderait  toujours  Pyrrlma' 
torame  son  ennemi  décUré  tant  qu'il  reslerait 
'ta  Italie. 

L'expédîlinn  de  SicH»  Tint  lirer  Tyri  hos  d'em- 
tiarr:i5.  Ce  prince  ér.int  toul  ofeupÀ  de  ce  nuuVeaa 
jfrojel,  li's  mn-iils  jugr-rent  qu  il  l'iait  temps  de 
Iminier  leurs  armes  conlie  les  Tuscain  ,  les  La- 
caniens.lesBruliens,  U'.  S.immtes-ei  les  Tarent 
lîns,  afin  de  rompre  une  CDiifeJéiatîiin  qui  met- 
lait  en  da[ig<:r  ta  république  roi>iaine.  K.ib'icius, 
■ayant  envoyé  son  roîiègue  ron're  les  Tnscins  , 
ifefit  seul  tes  Lacaniens,  tes  Bruticits  ,  te.-  Tjii'ii- 
Sîlis  et  les  Samnîtes.  l'ar  ses  sava  il/s  caniLiruS- 
^jUMa  il  obligea  un  SOÊÊÉ  nombre  de  villes,  emre. 
Patres  Héraclée ,  demBposcr  aux  (trnditions  iju^il 
lui  ])lut  dp  pre;.riire.  Il  Inompha  de  Inuï  ces  pe'n- 
pliîs  avant  Ici  ides  de  décembre  de  l'an  377 
•va.u  J.-C. 

Pendant  cetlr  glorieuse  rainp:i{>ne  il  refusa  gé- 
néreusement une  somme  considérable  ,  ainsi  qu« 
des  vases  d'or  et  d'argent  d'uTie  grande  ma^çriifi- 
rrnce  ,  qu'élaient  %enus  lui  offrir  les  députes  d^-s 
Samnîtes.  Ce  fut  h  cette  occasion  que  ,  portant  te» 
mains  h  ses  oreittcs  ,  à  ses  yeux  ,  à  sa  biniehc  ,  il 
répnudit  :  «  Tant  que  je  pourrai  maîtriser  nirs 
"  seiii  et  romtiL.inder  à  loiiiescos  pailies-la,  rien 
»  ne  maïujuera  à  mes  bi-soiiis,  el  vos  offres  me 
>•  siéront  inutiles  ;  reporiez  donc  cet  or  et  cet  ar-. 


sent  à 

ceux  qui  lie  peuvent  s 
,„J   himB.'jéUT.ni, 

lé  par  les  circons- 

,-.c   ...,1 

itiques  où  (^lait  sa  patri 
l  (Je  peuples  divers, 

employa  (oui  ion 

f 


566  '   FABRIGIUS: 

crétlit  pour  faire  déférer  le  consulat  à  Connefidi 
Ru(inus>  qu'il  n^aimait  point  à  cause  de  laTéni- 
lité,  mais  auquel  il  rcconnaissail  les  talens  d'un 
bon  général.  Rufinus  ,  rayant  emporté  sur 
ses  concurrens  ,  remercia  Faoridus  de  ce  quHl 
lui  avait  frayé  la  route  du  consulat  à  Tépoque  ' 
même  d'une  gueire  importante ,  et  quoiqu'il  ne  ^ 
pût  se  flatter  de  Tavoir  pouf  ami  :  «  Devex-vovs 
»  être  surpris ,  lui  répondit  Fabricius ,  de  œ 
»  que  f aime  encore  mieyx  être  pillé  que  d*étie 
«  vendu  ?  »  (i) 

Fabricius  se  montra  encore  plus  rigide  à  Fé- 
ard  de  re  même  Rufinus,  deux  années  plus  tard 
Tan  de  Rome  477))  ^■'"^  ^^  cours  de  sa  cen- 
sure. Cette  année  ,  si  glorieuse  au-dehors  par 
(l'heureui  succès  dans  la  guerre,  fut  illusti^  au-^ 
dedans  par  la  sollicitude  et  le  zèle  que  firenjt  éda-' 
ter  Fabricius  et  Fmilius  Papus  ,  son  ami  intime, 
poiH^  le  maintien  des  lois  et  des  bonnes  mtienri*^ 
Une  conformité  parfaite .  s^u  le  rapport  deaseor 
tiniens ,  des  goûts  et  de  ijfl|nière  Je  voir ,  £nr  . 
sait  vivre  dans  une  concorde  admirable  ces  deux 
Illustres  Romains  toutes  les  fois  qu^ik  exerçsienl. 
en  commun  les  grandes  magistratures  de  iar^iH'. 
blique.  Papus  «  homme  aussi  austère  que  FaorH, 
cius ,  n^avait  pour  toute  argenterie  qa*un  petit  pUI* 
qui  lui  servait  à  présenter  ses  offrandes  aux  dieux,^ 
cl  Fabricius  qu  une  petite  salière  dont  la  baav.( 
n^était  que  de  corne.  ^Nommés  tous  deux  cemcorii  j' 
ils  dégradèrent  plusieurs  chevaliers  et  pluaieiin ,' 
sénateurs,  à  cause  de  leur  copduite  reprénensibltL  . 
îMais  Texenïple  le  plus  frappant  de  la  aévérilé  iêr'^: 


fi)  FruUli't  ne  sentitait.on  pat  teste  U  fùtf  é^  €Êfi\ 
trait  inoidaitt  et  tcverc  ,  li  nous  «c  rappclHoBt  •■X'^: 
j«ufiei  gcfii  que  daiîi  lei  gueirei  des  tocitoi  les  vaÎMXi' 
t{u\  locnbaieui  au  pouvoir  dfli  vainquent»  diaitalfC».: 
4ui  Cl  icdulii  en  etclava^e.  i 


PABRlCIUS.  567 

PdbrîciilS  fut  U  rumeur  exceMÎve  dont  il  um 
contre  ce  m^me  Hufiiius  ,  qui  avail  àù  le  consiiLt 
à  son  crédit.  Quoiqu'il  eùl  été  deux  fois  consul  cl 
uae  fois  diciaieur,  [juoiqii'il  edt  nK^rilé  el  nbleou 
le  triomplie.  Fabrîciui  le  r^ya  du  tableau  des 
c^iuteurs,  el  moliVa  cette  flétrissure  sor  ce  (Ju'il 
possédait  chez  lui  aninze  ou  seize  mzTCs  d'aigen- 
terie  1  au  mépris  des  lois  somptuaires  ;  tant  In 
rônplicité  el  [»  frugalité  étaient  encore  en  huaneui' 
dans  ces  premiers  siècles  de  Rome  ! 

Cet  illustre  ré.pobiicaîn  ,  rjui  se  nourrissait  des 
lier1i)gcs(|u'il  cultivait  lui  même,  vécul  et  mourut 


si  pauvre 

quel 

le  séaat  st 

>  fil  un  di 

fvoir  de  marier 

el  (le  dok 

■rses 

filles  auK 

dtpens  <hi  trétur  public. 

comine  If 

■-   pèr 

e  s'en   él; 

ut  tail  ui 

1  de  leur  laisier 

pour  loul 
Yrelé. 
Sénèqu 

lléii 

lage  sa  gl 

oire,  sa  ■ 

vertu  et  sa  pau^ 

e  ne 

se  borne 

:  point  à 

louer  Fabrîcius 

.d'avoir  repoussé  avec  hoi 

rreur  la  proposition d'em- 

polsonaer 

Fyr 

rhus,  r« 

uiemi  de  " 

Hometilcom- 

pare  celle 

■  beil 

le    acfioii 

au   désin 

iléressement  nui 

tailles    du 

ilb.^i 

rp  aot...ni, 

,1  a  refiwi 

T  les  ofiies  bril- 

i-,  i 

.rK;.ire: 

,1  repré 

:scn<e    Fabricius 

comme  vé 

rilali; 

leuient  di^ 

ined'aSm 

iralion,  lorsque. 

se  tenant  inviotablement  allaclié  aux  principes  de 
probité,  lorsque,  loujouH  vertueuiel  juste  aumi- 
|liea  même  de  h  licence  drs  rampï  et  des  fléaux  de 
la  guerre,  il  ne  perd  jamais  de  \ue  i^u'il  ^  a,  même 
à  légard  des  ennemis,  des  règles  d'honneur  qu'il 
r'est  jamais  permis  de  violer  sans  crime,  et  il  en 
conclut  que ,  ne  vouloir  pas  vaincre  par  le  poison 
et  ne  pas  se  laisser  vaiucre  par  l'or,  sont  deux 
actions  qui  parlent  d'un  mfme  principe  et  d'un» 
même  grandeur  d'âme.  U  demande  ensuite  si  Fj- 
bricius  éiali  vraiment  malheureux  de  ruthver  lol- 
méme  son  chiiup ,  Ior3i|oe  la  république  le  Uissait 
j^ns  aucune  roni:<ion  civile  ou  niibtaire  ;  s'il  éLiît 
réeliemeut  à  plaindre  ,   lorsqu'il  faisait  la  gucrr* 


368  TABRIC1US. 

amant  aux  riclicsses  de  Phyrrus  qu'à  Phymw 
lui  in^nie  ,  e\  lorsrni^il  se  conleiitnit ,  pour  toute 
iiounilurr  ,  <\vs  lirrb.-^^rs  (]ue  sa  main  triornphaiitfî 
;«rr<)s.-iit  l't  faisait  rroîlrt  dans  son  jardin.  Ce 
^r.nuluionilistosaisitceUcorcasionpourélablirqiie 
le  \T:ii  l)()idK'ur  no  ctiB^istn  pbint  dans  la  passion 
i\vs  rirl»  s^os,  mais  dans  l'exercice  do  la  vertu ,  6t 
d  applaudit  à  rantiquité ,  qui- avait  grand  loin 
d\  x.iltiT  irs  belles  actions  ci  d^en  perpétuer  le 
>»MiM'îiir. 

il  (•^r  nTtaîri  que  la  vertu  de  Fabricins  ne  fut 
ras  um'  vaine  et  nassacère  ostentation  de  rigidité 
r"|K.i».'.(ai:M*  ;  quelle  ne  s  exaltait  pas  pour  ainsi  | 
liiic   (.1   pliiast's  môdiiécs   et  préparées   avec  art  i 
jour  tljl'ulr  L»  vulgaire;  elle  reposait  sur  une  j 
cniuinile  iin'.lorme  ,  soutenue  jusqu\i  la  fin,  et  ] 
servaiii  comino  de  témoignage  à  la  vérité  des  du-  j 
cours  et  des  maximes  de  ce  grand  homme ,  quW  j 
iour<riuii  nous  devons  nous  contenter  d^admircr»  *: 
surfont  en  ce  (jui  conceVne  son  mépris  pour  Ici 
rirlics5<*s,  et  Tespècc  de  culte  qu'il  avait  érigé  à  la 
p.uivrelé.  En  effet,  ces  veitus,  si  recommanJakK'S 
dans  une  république,  ne  .sont  pas  toutes  dcns  no» 
mœurs,  et  ne  «-cmblent  pas  nécessaires  au  niaia* 
'hfn  de  nos  iusiiuuious  âorialcs. 


«M 


w 


N 


r&Bius  uAxiMvs.       3119 


tBIUS  MAXIMUS 

hCOMSVL     RUMAlIf, 


« 


Ktion  accrédilée  à  Rome  donnnit  l'Her- 
Fable  pour  t\te  i  b  r»m.lle  da  f  abiu»  , 
b*e  omy.iU  d  une  pins  haute  aiititguilé 
Ubn«  même.  Celte  origine  imaginaire  n'svait 
itâtgèt  sans  doute  que  pour  daller  U  vanité 
■D  inaisun  devenue  puissante.  H  parait  ct^rtaitl 
■liuîa  qu'il  V  avait  déjà  ùe$  Fabius  avant  que 
Btafôt  fondée,  {luisquc  lletnua  appela  de  ce 
Il  ccui  qui  s'atlacbèri-nl  à  lui.  On  m-  ^leui  p^î 
hplusdoulerrpjelafjraillf  Fslwii,,..  ut- Un  utia 
rpVs  nombreuses  et  de^  plus  lliu.^lrc.s  de  llurae. 
h  *H1  que  ,  l'an  27G  de  la  fondation  de  cette 
le  V elle  entreprit  à  elle  saule,  et  i  ses  fiais,  k 
fm  Cintre  les  Véiens  ;  ellu  réunit  trois  cenl  ïix 
ibballaiis ,  Ions  pulricicn»,  pris  dans  son  srin 
^09.»  qui  cnlii'i'vnt  iinniédi;ilement  en  campa- 
B»;mais  ils  péiiivul  tous  dans  un  comhai  mal- 
Mh^x,  A  l'eTO'pilon  .riiiiseul,  i[ui  siirvt'cutà  ce 
Uslre,  et  rciiouïi'ia  pour  ainsi  dire  son  illustre 


Klle  avait  élé 

(■■levée  aux  premières  dignités  de 

Idt  JiîS    l'ONgil' 

.MleUonn-ionyprilsnrcessiye- 

ml  triiis  pviiici 

i-s  du  sénat ,  et  d  y  eut  même  des 

hius   qui   fnrc 

nt  sept  lois  i::t>nsul.  Celui  dont 

uwllo..sccrii 

■e  la  vie  descendait,  aa  qualiièiiie 

]     '  tiirel  lraiH|uilU:  et  Uii:iliirne,  son  peu  ciVn 

iDrnt  pour  les  plaisirs  de  son  Age,  sa  Ici 
sriii  p(*u  d'apliiude  pour  tniiii>  sorle  ri' 
tiofi«  sa  coiiiplaisaiii.e  ««^  sa  docilité  pour  se 
ladi's ,  le  (aîsaii'.nt  mrine  soupçonner  di 
dilé;  pfu  de  personnes  détn^'laierit  en  lui 

.  ^  .       Ij  pi ir  pénétrant ,  ce  caractère  ferme,  cette  gi 

'-  iv  -  -^I  u'.'lme  et  ce  courage  invincible  qui  deva 

jour  lai  mériter  tant  de  considération  et 
gli'ire.  Excité  par  les  affaires  publiques ,  F; 

J  t.iida  pas  A  faire  voir  (pic  cet  engourdisien 

li.iri'ut  n'était  en  lui  qire  gravité  |  fermeté 
deiice. 

lioiiie  éLiit  alors  aux  prises  avec  Canh 
la  pieniière  guerre  puninue  faisait  de  VA 
de  1  iilsp^gne  et  de  la  Sicile  un  iheÂti*e  d*h 
et  de  carnage.  Dans  celte  ci&se  politique 
sentit  la  iiéces.iilé  de  fortifier  son  corps 
exercices  inditaiies,  afin  de  le  rentire  pro] 
combats  et  aux  fatigues  des  camps.  Il  s'a 
aunsi  à  1  art  de  la  parole ,  pour  s'en  f 
moyen  de  persua'iion  auprès  du  peuple  ; 
sut  l'adapier  à  son  cnracière  et  au  genre 

/iii^'il   av.tit   ^r»dtr:jv«M     S#kM    «ilaniioiir.p    n'av 


■  I 


FABIUS    MAXIHUS.  37 

:ydiJe,  doni  la  force,  la  connsion,  l'i 
'A  des  penséei  màlei  et  éiiergiques  forment 
tère  parliciilier.  Le*mérlle  de  Fabius  fut 


E  les  ronciloyens  Télevèrept  cinn  fiiin  au 
:.  On  lui  déféra,  pour  I4  tirctnière  fo'it , 
eaux,  l'an  de  Itome  Su|.  11  fit  U  f;uerru 


irîens,  en  tua  un  grand  rionibrtr  dant  nne 
,  contraignit  ceux  qui  lui  etaifnt  échappés 
ijiiT  dan-i  les  montagnes  dis  Alpes  ,  mit 
ins  de  l'Italie  i  couvert  de  leurs  brigan- 
'biÎRl  les  honneurs  du  triomphe  i  Home* 
ipha  la  veille  des  cjlendes  de  février.  Au 
I  son  «consulat  il  fut  créé  censeur,  et  fît, 
I  collègue  TudiUmus ,  la  t-lâiure  du  qua- 
'tètae  fuitre,  ou  déaombrciiierit.  Son  s^ 
insuUi  eut  lieu  (iaci  ans  'P'ès,  dix  ans 
ntréc  d'Aonibalen  lulie.  ' 
lal  tytnt  passé  l'Ebre,  attaqué  et  pris  Sa- 
intre  la  foi  des  traites,  le  sénat  envoya 
lassadcurs  d>  Carlhiige   pour  se  plaindre 

inti-action.  Fabius  l'ut  inis  à  la  léie  de 
■de.  Arrivé  en  Afrique  ,  et  introduit  dans 

de  Carlhjge,  il  se  huma  uiu(|uenieni  à 
enle  question  qu'on  lui  avait  prescrite;  il 
I  aux  Carlliagiiiois  si  c'était  <le  l'aveu  du 
ement  qu'Aniiibal  avait  assii-gé  Sagmite. 
leurs,  foin  de  désavouer  celle  e»lre[>rise, 
entil3Colorcip4r<Jt.'jsophisineset|>ardea 
ions.  Alors  Fal>lui,  ayant  relevé  sa  m^e, 
is  apporte  ici,  diiil .  la  guerre  ou  b  paix  ; 
isez.  ■  Un  lui  cria  sur-le-champ,  avec  non 
E  fierté  :  <•  CtioisUsi-z  voiis-uii'me  »  Fa- 
isant tomber  S3  iog«,  icpliqua  ;  v  Je  vous 

■d»nc  la  gm-rro.  >•  Telle  fol  l'oiigine  d« 
le  guérie  pu:<i  lue.  Il  (t'y  en  eut  jamaii  > 
Lire,  d'.iii.'ii  mémoT'able.  Aucun  g(-néral 

i  Texcepiiod  de  celui  qui  out  le  bonheur 
miner,  a'acijuit,  daui  le  cours  dt  celte 


« 


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'    »       ■  r 

■      4 

^  i-. 

■ma      ». 

t^  ' 

troupi'S  éta'uMiî  a^uriru\s  p:*r  pliisicurs  i 

il  pniposjît  il'tMivoyi'r  dos  sfrours  aux 

tenir  les  viiirs  (bus   la  soi'niis  .ion  ,    c\  * 

I  .i  forTC5  J\\iinlb;il  so  consunior  il  tîiîc 

Or.-;  roMsriis  ai  saj^cs  nr  pcr.'îUiulôn'nl  pas 

i' i 'ii.iiii.is  ,  (|iii,  jiiiiii*  ne  le*  avoir  point 

j)iMilil  l:i  b.ttaillo  cl  la  vlfi  à  Trasiniènr.  «  \ 

«   (lit     h*   piTirur   Pompnniu.^  app'PJ    a\ 

»  voqiié  rasscriiblrc  (In  pcMiple ,  Komal 

»  avons  clé  vaincus  dois  nn  ^rand  coin 

»>  iii(*e  a  t'Ir  l.iilîc*»  on  p'''"t  r^ ,  cl  le  cons 

>»   nins  a  pori.  ^*  •■  ..  .:•/  ^jw  «v  quVxigc  I 

»  fiotîM'   cl  v(  .•'mcîô.  >»   Ci.'{\c  nom 

r    1  IM!:|.iri]iH^,  rop.i   ■  ne  sans  dôloiir  ni  méi 

^\i  Tiii  mi  lion  d^uiH'  nuiltiludr.  tiTnrirnsCy  r 

|.  vrnl  ini])ôhioux  sui- une  vasto  iiior ,   jo 

•  d.iiis  la  villo.  J^a  conslornation  fnl  si 

;  (juOn  no  savait  à  quoi  s^arrcîlcr,  ni  quoi 

f  tir)n  il  fallait  prondrc.  On  sentît  cniiii 

;  (]<'  l'ocourir  à  colle  puissance  absolue  ap 

t.ilurc;  mais  on  jiigoa  on  momo  temps  qi 

lail  la  confier  qnW  u:i  bomme.  capable  de 

','.  .  avoc  autant  do  forinoU»  cpie  de  courace, 

K'L'irils  se  tonrnoiont  vors  Fabius  Ma: 


bttqoerantrevenaJlOcfierir,  lepPop1e,pat 
ïBveauié  jutoiiHlors  s-ins  exemple,  élut  ra- 
rodicracur.  Le  y>ai  iiu'nie  qu'il  prit  posses- 
e  sa  magislrature  il  choisit  Marcus  MinU' 
uffu»  pour  géiieial  iJp  la  cavalerie,  cl  con- 
le  «etial.  Si^i  premiers  «oins  fuieni  pour  Ici 
l  il  leur  offrit  d'aliord  des  sariiËcrt,  et, 
avoir  assemblé  le  peuple  i  omain ,  il  lui  re- 
)ta  que  re  uVtait  point  par  la  lâclielé  Hes 
is ,  Riais  par  la  néglisence  el  le  mépris  do 
il  pour  la  diviitilé  qu  on  avait  perdu  la  ba- 
de  Trasiniène  ;  il  l'exhorta  à  ne  pas  craindre 
haiaia ,  maisi  honorer  les  diet>\et  à  ]e>  appaî- 
I  fil  b  consécralion ,  appf  1«  par  les  Koiiiaii» 
atempi  sacié,  qui  consistait  i  oflrir  aux  dieux 
iStsiie  la  terre,  el  voua  «ussi  lacélébraliniidiu 
cëttiqufs.  En  élevant  ainsi  IVspril  liu  peuple 
a  divinité,  Fabius  le  rendit  plus  confiait  sur 
iir.  Quand  il  eut  ainsi  terminé  timt  ce  qui 
Tnaîl  la  religion  ,  il  outrit  dans  le  sénat  la 


Ration  sur  h  guerre  et  su 

r  les  ressiiiirces  pu- 

es,  sur  le  chois  el  le  r 

lorabre  des  légions 

faudrait  opposer-  à  Icom 

■n,i*iclori..ui.,pui. 

tifia  les  tours  et   les  mur, 

Billes  de  la  viUe  ,  G 

partition  des  cohortes  , 

el  coi'p.i  les  pDïiti 

Lvicres,  afin  de  nioltre  1 

es  Hoin»ins  en  éta 

éC-ndre  Home,   puisquil 

la    ii'avjieut    pu  dé 

e  rtalie. 

irsque  son  général  de  l.i  c 

;avalpiîe  ml  achevi 

Memcnl  des  nouvelles  1.' 

.e.s,  il  llxa  i,ar  un, 

amation   le  jour   du  las.-ic 

■mblem^ciiàTibur 

ir  «ne  autre  procbimiio; 

n  il  eiifoignil  à  Jot 

qui  demciiiaieni  .l.ins  df 

•   i:eliles  phces  SOI. 

ise,  ainsi  qu'aiix  li:,Lh;,ii 

fides  rni.pasnr-iqe, 

«  et  détruit  toutes  lu  i 


plus  docile<«  et  ]>ius  soiiniin,  il  si*  fil  |>m 
viiigr-quiitre  licN'urs  nui  portaient  les 
De  loin  il  aperçut  iSirmrc  ronsulain 
Tibre  ;  voyant  venir  ii  lui  le  consul  i 
il  lui  eiivoy;!  ,  par  un  de  set  hérauts 
de  mettre  pied  i  terre ,  de  se  dépouiller 
les  manques  de  sa  digni.é,  ef  de  ne  pai 
vant  lui  que  comme  un  simple  citoyen 
n.ère  dont  se  passa  cette  entrevue  doni 
Tito  Live,  une  grande  idée  de  la  puissar 
lori.ilc  aux  Romains  et  aux  alliés,  qti 
presque  oublié  celte  ni ,7gist rature,  dcpu 
inlcrvjlle  de  temps  que  l'exercice  en  aval 
pondu.  11  y  avait  on  rflet  trente-trois  a 
n'avait  nommé  de  dictateur. 

Fabius,  persun'ié  que  le  succès  appc 
droit  à  la  vertu  et  n  la  prudence,  mit  en  ' 
tout  Tc-'-poir  dj*  la  vii:tc»ire ,  et  vint  campe 
d'Ânnibal,  non  d  »ns  riiitculion  de  le  ci 
mais  rêsf)lu  d'épuiser  la  vigueur  des  ti 
le  peu  de  ressources  qu'avait  son  adv« 
Pour  n^avoir  pas  à  craindre  les  attaques 
Valérie  carthaginoise,  il  eut  soin  de  cai 

M>nr.<«    d;ins*  d(\«    <>nrhrnit«  ^nonliiPiir   p|-i 


rAfiius  MAxiMua.        575 

iinnz  fiiade  lui  lonlttrois  pourfatrr  cr^inilre 
eceslenieurs  n'eussi-nl  d'autre  but  que  d'atlf!n- 
i  te  momrni  favorAble  pour  prendre  rofFeosïvi>. 
D'aborJ  la  prudence  de  Faliius  ap[)orU  un  peu 
reUrhp  aux  dé^asties  des  Romains  ;  un  voyait 
quM  faisait  de  la  guerre  un  art  a.uujiilli  à 
ombiDii.sons  ,  cl  non  plus  abdndnnné  au  ha- 
ei  au  caprice  d'une  foogne  iniprudenlr.  jetais 
ia  guen-e  eu  longueur  il  tomba 
es(hère  de  itippris  aux  yenx  du 
Ujies  en  iiinnnuraii-nt  ouverle- 
i  niante  iivail  conçu  une  l'alhlff 
et  lie  ton  tnurage.  Ann  bal  seul 
„^eaitpas  ainsi  .  el ,  d".iprès  le  plan  iIb  om- 
ll^«e  Fabius  aiail  ad<i[>ié  ,  \l  senlii  qu'il  âl-. 
«mployer  la  luse  el  la  force  l'Our  l'ntlirtfr 
•rabat  i  il  eul  donc  recours  à  tous  len  slr.ita- 
pul  imagioer,  cl,  comme  un  habile 
le  qui  épie  tijulcs  fea  occasions  de  saisir  son 
irutre,  lanlôl  il  s'ai'pn.chaif  de  son  camp  et 
laiilâi  il  s'doign,iil  el  ch.tn- 


Irainant  s 
ntôl  dans 
Ç.iM;  «rs 
-    et  IV 1; 


aniicr  i.i  res<il[il 

iiii  iin'ii  ii.uMi-sai!  avoir 

f  rien   basai. ter 

;    m.is   l'ai,!..,   bl.n  ro 

)  la  sagesse  de 

ion    jiLin,  s'y  tenait  inv 

iCDi  altaclic. 

Qui  l'aurait  cr 

!  Ce  pian   si   sage  éiail 

lui  traTerso  par 

le  général  de  h  cavaleiic 

V»,  que  par  At 

nib.,!  lui  même.    Il  detrl 

m  son  génpia 

1,   (raitail   sa   cirronsi'''c 

tnie^sa  pruiU'i 

ce  de  tiniulité,  Itii  dnnn 

ïi  défauts  volïiii 

d.-sesvrr(.,s.car,l|,. 

KtTite  Llve,  rt 

aripeilije  (jni  fiiLt  l>'  m 

biUd'ambiiinj.. 

ci'i  an  fl'iilever  sa  lepui 

la^illant  iV!r''''i  drs 


^■J<i  FABIUS   MAXinOS. 

raiiiRS  eipéraiicca.  Aus«  li-s  suKInl)  k  moquait 
ils  (la  F-ibiusi  il.'!  l'iiiipcliiiriii  ror  dcrVion  )e  $ 
ihnof-aeii' \na'i\i»\,lant\ii  qu'iliFoluiciiliucp 
traira  le  m^itif  du  lliiiiii^iiis,  I('t|uel  ne  nuoipa 
y:t»  non  jilas  lie  l»uih(tr  eu  ridicule  U  pruilca 
Jr  son  et'-iicral,  el  luriuut  »vt  omppincn*  »bc 
trouiie  di'smiiiiLacnc».  Il  disait  que  1p  dicrit« 
ijiniaissaû  A  irs Soldats  de  Wlt»  pbcas  {KiurI 
Tinilre  »pccUteurs  de  l'iiicenJit:  eL  du  ravA 
l'IultL' cul'ére  ;  il  Jcmandnît  ans  «mis  de  1  ._ 
«i,  dr.sri|iéranlilVir[?  en  idrclâsur  la  terre >  ili 
transi'O'Ierail  pas  son  sridi^e  dm»  te  ciel,  <l 

' •''}",'} 

nii«d<r 
aifierir»  am^rei  eli 


III-  fuir  les  ennemis,  il  vnubil  se  racher 
tauc.n.  LfsaniUi 


I  dam 


fc^-tirouillard» 

i>iu«,  en  lui  r 

Itravjdes ,  IVxlionaicpl  i  faire  cesseï  ]e  t^écri  jén| 

rai  où  it  éliil,  t?l  h  ri«(i'ieriitic  bi>iad!<-.*  Ce  4-^^ 

«  bien  alors,  leur  i^{ii<ii(lil  Knliici,  ijiir  je  « 

M  rérlleinciil  plus  limide  ijnc  je  ne  le  parais  R— ^__ 

•<  tenant,  li,  codent  à  luiir«  larcAsmes  et  i  bif      ' 

»  injuns,  j'itltaia  cliii'>(;t!r  de  rénciluiiiMi.  H  n'y 

ti  point  (le  nome  i  rraindre  pour  la  jt.'lrie  : 

>>  di'fi'rer  lâclieturnt  ri>pinion  dci  ViotiiineAill 

■>  dimiei  Iciiia  calomnies  et  \r<in  cemurea,  CCI 

•>  rait  *e  montres  indigne  d'un  pnic  auad 

••  rirnt,  ce  wr^il-^e  rendre  rrsrjjve  deceui  i 

'<  l'on  cunimaude,  el  nu'on  doit  rtprimeri^ai] 

»  ilsic  laiwient  aller  A  cl***  couseiU  |<emideMI' 

£11  vjîn  Annil<alp»Meduraiilo»  d'Arpi  dint 
S.imriiuin  ;  Fabiua  le  siiiLMor  raviatjtiei';  il  le» 
en  (;»iiijtaine  ,  pays  enviionnr  de  monlogna 
porle  il  I  i'sue  d'une  vollce  quatre  r  '"  ' 
dliilanteiie,  pl'releresti- de  si-j  iroiipi»  xur  i 
tinuleuia ,  el ,  |<reri^rii  nvrc  Lui  Ii-.t  [i1ii«  li^wa  cl 
pIuK  .X  id'>  dea  soldais,  il  Ji>iiibe  lur  l'art t&^ti, 
«leï  (;,iilli:^Riiioi*^aniel  en  dèsonlrc,  el  tue  fa 
rvnl.ln.infnr».  jff..ii'  "  ' 
ViWius  y:r  il' 


FA'Bins  MAXiMns.  577 

rs  à  ce  fimeux  stralagcme  des  ileus  mille 
■  ,  aitx  ronies  desquels  il  fît  aUuher  des 
;s  et  des  bgnts  Je  int^nu  bois;  puis,  ayant 
lellFc  le  icu  aux  totclies  peadant  la  nuit,  il 
ma  qu'on  rhasiât  les  bœufs  vers  tes  mon- 
1  tfoe  l'armée  romaine  occupall.  On  sait  que 
tge  spectacle  de  ces  Hjinbleaux  errans  efiraya 
leat  les  Romains,  qu'ils  abandonnèrent  les 
urs  et  les  délilés ,  et  Ibrcèrvnt  ainsi  F,-ibias  i 
'aite.  Cet  échec  fit  blâmer  encore  davantage 
tan  de  campagne, 'qui  semblait  tourner  à  sa 

nibal,pour  enflammer  davantage  le  courroux 
.nfn^îiis  contre  le  diclatcur,  ordonna  d'épar- 
\ea  terres  qui  lui  appartenaient  dans  la  Cam^ 
;   il  y  plaça  même  une  garde ,  et  fit  brûler 

ruire  tous  les  environs  ,  ce  qui  ne  pouvait 
uer  de  répandre  le  soupçon  de  quelque  ïn- 
ince  secrète   entre  le    dictateur  et    lui.  En 

celte  nouvelle  ouvrit  à  Home  un  vaste 
p  à'ia  calomnie  ;  on  décria  liauiement 
ts  dsm  les  assemblées  du  peuple.  D'un  autre 
le  dictateur  lui-même  s'étiit  permis  unedé- 
le  qui  parut  d'.nbord  équivoque  et  blâmable , 

qii  il  n'avait  point  allendu  l'autorisation 
nar,  mais  qiû  finit  par  ■tourner  manifeste- 
àsipliis  jjp'and? gloire.  IL"ivail,conforméiaent 
^iii  s'était  jiialiijiié  dans  la  première  guerre 
|iie,  arn^Lé  avi-c  Annibal  rechange  di;s  prî- 
ers  ,  de  manière  que  celui  qui  en  recevrait  plus 
n'en  donnerait  paierait  cinq  marcs  d'argent 
chaque  soldai.  (Jonime  il  s'éiait  trouvé  lieux 
5iiarjr.[i--sept  prisonniers  romains  de  plus, 
[•  le  séuai ,  pir|ue  de  n'avoir  pas  été  consulté  , 
|[  loaltsKs  projiositions  faites  à  différentes 
les  tic  fournir  la  .son:ime  duc  pour  leur  ran- 
Fabius  ondoya  son  fds  à  Uo.ne  pour  mrllra 
nie  ccilL  mOme  tcric  ménagée  par  l'ennemi, 


378  FABItlS   MAXIHUS. 

«t  arquittfr  •in»i  de  trs  ]ro|.rp»  «Irnieri  ane  éa 
I)uI>li(jU'>.  l'iuiieiim  jirUoiiDirrs  dëlvréi  vei 
turi'ot  dam  h  *ui)«-  lu>  rcntlir  It^ur  lâiiçon;  ni 
Fdbiii»  la  rcfii  a  grnwru-n.  pni, 

IVu  ili'  liiïii)*  après  il  fui  rjjiprlë  A  Romr  p 
le  rollff^t-  (II-»  lV>ntif[S,  pour  y  iîire  d»  urnfir 
rrlgii'un;  il  iaut»  ,  rn  |urlanl,  Ir  rofinnandraie 
de  1  annei>  h  Minunui  1  rt ,  iiiio  ronlein  dr  lui  d 
fendre  connue  iliciateur  de  coinI).>llre,    et  de  1 
rien   pnirei>reiiilie  lunire  l'cniirini  de  Roaie, 
eni|tloyi  le«  roMxrilx  ei  itii*ine  Ici  pri^im  m**  I 
eng3|>('r:  iii.-iis' If  diriAirur  f»i  é  rrinettorti 
cam[t,  nue  Minucius  ic  ni,i  à  h^n^i'ler  to  Ci 
giiiniK.  Atiiiib.'.l ,  ek|ii^rant   l'aKiier  ibn»  <\i 
embûchr ,  lui  laisu  mnpntiiT  de  Liaera  < 
tages  l'^'ur  l'anirirciT-   Grouis  pac   ta    (en 
inée,.cea  «urrèi  appaiens   firent  i  Rome 
giamle  lensniiun  m  f;ivcur  de  Mimiciui:  le  pt 
«n  coit^iii  1»  f<Iua  (latlruM's  eant^raHrex , n conrni 
pldn  ilo  |>>te,  au  l'oriim.  Là,  le  iril>un  Mélelïui 
étant  monté  i^  la  irilmne  aux  linran^^uet ,  exalla 
^«tiiétal  de  la   i;av.ilerie  ,  qui  flaii  ton  parent , 
poiiaia  In  paili^lilt^  el  l'avcualetni'nt  uu  pniiil ifl 
ciiser  Fabiiji  de   irahisiin.  Cu  sriind  honuite  I 
se  jutlifîiT  ;  il  du  Mulemcn'  qu'il 


hJier  ili-  finir  \e%  sacrifires,  afio  qu'il  pût  i 
.  ri  puaff  MilH 


■'  piomjitement  it  l'armée,  ri  pujQI 
(ûus  il'avoir  cfimljaTlii  rmilrn  aon  ordrt?,  Cm  _ 
mlci  f  xnièrent  un  grand  luinultr  parmi  le  pro)? 
qui,  rntlanuné  pur  U-»  hiiraii(jue*  du  tiibiin ,  ' 
voulant  «nustraii'4'  Minuciua  au  djiiaer  qui  le  w 
naçail,  dt-mamla  instaniment  que  le  roinmaM) 
nit^iil  de  l'année  filt  piriaori ,  el  (juc  ie  général  < 
la  cavalerie  fût  auinnxé  à  faire  la  guerre  avec  11 
pouvoir  égal  1  r^lni  du  didatcur,  cv  qui  a'a-n 
pas  «iicoro  en  d'rxerople. 

Au  sénal  iiii^«vecc  n'était  p-iKHan*  quelque inM 
tlcncc  <iu'oii  a\  uil  cntindu  t'alrîus  c^iiltcr  ItuCai  la 


ÏABIttS   MAXIMCS.  S?^ 

',  ïHrîbiier  tous  les  détas'rfs  qii'on  avait  es- 
depuis  tleuK  ans  à  l'ignuranrp  pi  à  U  tciné- 
!«  généraux,  dérlarëfiidii  qu'il  aurait  de» 
es  i  dem^ridei-  au  général  de  la  c.avaliTte 
iviiîr  coriibatiu  coulre  les  ordres  de  snii  diC'* 
;  aussi  le  séi>at  ei  le  peuple  s'acrordérent  Ils 
(jariagc  de  son  aulouié  Les  ennemis  de  Fs- 
aiieiidaieni  à  le  voiralialtuet  humilié;  mais 
[Jiirla  lolt^mmi'nt  et  sans  amertume  ce  iju» 
ir  i>eiscinup|,  réalisinr  par  s»  conduite  ceLtf- 
le  des  philosophes ,  i(uiin  liomme  honnête 
tueu^  ne  peul  i^tie  outragé  ni  deshonoré, 
réi  piililhc  seul  lui  fai^aii  voir  avec  chagrin 
udence  du  peuple,  qui  vi'ulail  donner  à 
■ius  uD  moyen  de  salisfdrc  en  combat- 
la  ambition  el  si  témérité;  soit  qu'il  craic- 
ès  lors  ^ue  ce  général  oe  se  précipitât  dana 
lie  démarche  funeste,  soi)  qu  il  ne  voulât 
suyer.  luiiuésenl,  tout  le  dégodt  des  dé- 
ur  la  limiia^ion  de  son  autoriié,  il  n'ailen- 
s  le  jour  où  h  loi  devait  Are  présentée 
uffrages  ;  dés  Li  veille  il  partil  pour  Tar- 
ci  roi;ui  PII  roule  le  j'IéLi'rile  qui  ilonnait  à 
ibatlerne  un  pnuvoir  ég^il  nu  sipii.Trop  sOr, 
le  Live,  <jue  si  l'aulo»*?  éinii  la  même  l'ha- 
nc  rétaii  pas,  son  invincible  l'eimeié  ne  se. 
itil  pas  plus  avec  ses  rnnciloyerts  qu'avec 
>dl,  et  il  r.  c.iend  le-  ramn  sans  taire  éclaicr 


icontentenie 

it  ,    ni    lepioclic»  ,    ni    mur- 

oiiva  Minii 

ius  enflé  de  l'avantage  qu'il  de- 

la  fiveiir  de 

peuple  ,   devenu  inlrailable,  et 

.l<|uerhoeu 

1  iiiiir  à-tnoreûile  romu.ande- 

en.h.fdEio 

iie  1  ;i[mée,soit  pour  un  jour,  soit 

iDleni;<spli 

slong  ;  mai^ledirtali'iir  s'yrefiisa 

s>i.iili'quecéi.iitleinoveniii'toiit 

■,eldfildéri 

liTiiu'nuuirliiÊiTalt  l'armée.  Si- 

lype ,  Fabius  donaa  te  clioit  <^  iUiiiuciui  uu  df 


V 


58o  FABIUS   MAXIMUS. 

<(iTiirnan(]rr  cliacun  tour  à  lour  Tarmiie  ,  < 
|).iMa^(U'  U'.s  Ic'^ioiis,  c-L  MîiiLcius  préfera  c< 
fii!*r  paiti.  Quoi  qu'il  un  soil ,  les  deux  géi 
|);iita(><!reiit  aussi  par  moilié  les  troupes  des 
(  e  fui  une  double  joie  pour  Annibal,  car  ri 
iiii  (-ch'ippail  de  ce  qui  &c  passait  dans  le  eau 
11  ornai  fKS. 

(a  pendant  IMlnurius  se  f^lorifiait  haufcini 
<v.  qu'on  avait  diminué  et  rabaissé  pour  lui 
,^n)ré  1.1  plus  ;j!>s(nu<!  de  la  république;  ma 
bius  lui  i('pié:>eriia;t  avec  niodéiatioii  que  c 
t^it  pas  contre  le  dictateur,  mais  contre  A 
qui!  avait  à  conibattic;  «  Au  reste,  ajou 
"  blus,  si  vous  voulez  voir  absolument  un 
»  dar.s  votre  collègue,  montrez,  apiès  av< 
1»  M  fort  lionoré  par  le  peuple  et  Ta  voir  eu 
^*  sur  votre  f^én<'îral  ,  montrez  que  vous 
i^  pas  moins  a  cieur  le  salut  et  la  suret é  d 
»  concitoyens  (|we  moi  même,  quialiurcoi 
»  que  ie  peu;  U\  a  malt r ailé  avec  une  sorte 
»  jij;»ti(e.  »Mii.u(;iui,  regardant  ce  ctjoseil  c 
ni;e  iiouie  du  viciil'ird ,  [>rit  avec  lui  la  mo 
l'ai  rnée,  (taila  r.'jnper  à  quinze  cents  pas  de  ï 
S^aii.Midonnant  bientôt  à  sa  longue  natinelbr, 
cp:e  irripMjde£nnient%Anfiibal  9  qui,  prolitii 
t</us  sca  avantages,  fond  sur  les  Romains  1 
f.jit  ép  ou>er  une  déf.iite  conq>lète;  l'aud. 
jVi:iU(.iu.>  lui  même  eu  est  ai>attuc.  Le  dict 
oit  J'iutarque ,  voyant  d'une  Iiautcur  vtnM 
son  (:xtfi[)  Taifrftje  de  son  f  ollègue  en  déru 
envrloppée,  frap;  a  sur  sa  cuisse,  et,  pouss< 
profond  soupir  ,  d.t  a  ceux  qui  étaient  près  t. 
«f  O  dieux  !  >)ue  iMin<iciu.s  s'esl  per.lu  îieaucoL 
»  tôt  CjU'r  je  ne  pensais ,  mais  bien  plgs  inrd  q 
»  le  voulait  lui  même!  »  L»  inétne  teni[»s 
donne  aux  eusiiguis  de  marcberf  et  à  tout 
rnéiî  de  bs  .'»ui\re.  Selon  Tite,  Live,  Il  i' 
«   Voilà  Jonc  ii,vii  craintes  qui  ne  se  sont  qu 


FABIUS    MAKIMTIS.  r.8l 

•  Wrifi«s  !  La  tëmérilé,  qui  fiomodiil  sur  b  f.it- 

■  finie ,  s'y  Irnuve  prise  ;  icclui  f]u  oH  a  fait  IVgal 
a  Je  Fabius  a  rt^ncimlré  son  m.iîtru  dans  Aiini- 

•  bat.  Mais  ce  n'esl  pas  le  moment  du  dépit  et  îles 
«  reproches  ;  marchons  à  l'ennemi.  » 

'  Apeine  arrivé  sur  le  champde  bstailie,  il  fond 
sur  les  Nlfcnidi^s  ,  s'ouvre  un  passage  i  travers  les 
combaltans,  et  va  sui-  ta  cottiue  dégainer  Mtnu- 
cius.  Annibal  fait  aussiti^t  sonner  la  relrailn  pour 
rxinener  les  Carihagînois  daos  son  camp,  et,  s'a- 
dressanl  aux  officiersqui  l'entouraient  :  •>  Ne  l'a- 

■  vais-je  pas  prévu,  leur  dit-il, 'que  ce  nuage  qui 
I»  se  tenait  toujours  sur  les  monlagnes  (  il  dtsi- 
b  çnait  Fabius)  finitait  un  jour  par  «rêver,  et 
^  ier.iit  fondre  sur  nous  un  tiolent  orage?  « 

I  Le  combat  fini ,  le  dictateur  fit  enlever  les  dé- 
peuiltes  des  ennemis  qu'on  avait  rués,  et  rentra 
■3ns  son  camp  sans  proférer  un  seul  mot  d'insubc 
o»  de  reproche  contre  son  sollègue.  Mais  Mimi- 
flîns,  ayant  assemblé  ses  iroopes,  ordonne  qu'on 
tfeye  les  aigles,  et  que  lonle  l'armée  les  suive.  Il 

qu'il  V  est  entré  il  va  droit  au  quartier  du  dicln- 
tenr.  Les  troupes,  étonnées,  soni  dans  l'atleiile  de 
ce  qui  va  se  pisser.  A  peine  Minucius  aperçoil-il 
F.-ibius ,  r|uM  fait  ntanler  devant  lui  les  enseignes , 
et ,  s'approchsnt  du  dirt.nleur ,  il  lui  donne  haute- 
ment  le  nom  de  père  :  "  (^ar,  ajoutc~t-it ,  je  vous 

■  ai  plus  d'obligation  qu'à  celui  de  qui  j'ai  reçu  le 

•  jour;  je  ne  lui  dois  que  ma  vie,  et  je  \ousdois * 
»  avec  ma  vie,  relie  de  tous  tes  Romains,  Vous 

•  seul  devc7,  commander  en  tout  désormais.  " 
Kn  finissant  il  se  jette  dans  las  bias.de  l'abius; 
tons  ses  soldais  einbra.'^senx  aussi  leurs  camarades, 
Sft  serrent  éiroiieincnt  les  uns  les  autres,  et  se 
donnent  lous  les  lémoif;nagesdel  arfcclion  la  plus 
vive.  Le  camp  est  rempli  d'allégresse;  partout 
OH  voit  couler  des  larmes  de  joie,  et  ce  jour,  qui 


582 


P&BtVS  HAXIMfiS. 


pou  d'Iiem-M  auparavanr  ilcvjii  <Hr«  une  é| 
Ac  •Iptulaitvn  e)  Je  dtuîl,  Tmii  par  ^tre  ui  ^ 
de  fi'te.  Lo'vin'i'n  tr<.itl  i  lloiiie  les  |ircim*rt 
nijtivrllra  Je  «roui  sc'ai'  iiait-p.  rhirun  Ji  l'i^ 
éli-va  JMKjuaoH  riPiiK  \r  nom  du  gr-iml  t'abiia 
doi>i  II  RlfHrt^  iiVrail  pas  mémo  coinei'te  p 
Ai<n  bil  •'!  nar  li>s  (lantiaginoio.  * 

l'nlrbc  air  qn'alnr»  «eiil«nieiil  nn  reconnut 
R'-me  >l  iiDR  m^iitirrf'  (•viJunlc  (pifl  avantage  <i 
toiijnur'i  1.1  rrnitpté,  U  iiruJrnrp  el  le  }UKe<n8 
pIi-iTi  da  ipn'  <l  tin  g^nonl  ('x|i^nincnt«,  sur  Ul 
mpi'iré  et  la  fiillR  (irMomptiuii  d'un  homme  q 
nVsi.)irfM.l.lal. 

Le<  t'tx  raniA  dp  diciaiiir^  de  Fsl>iu*^)ani  pti 
dVxpîrrr.  il  retoit  l'amtée  euirc  \ci  'iiaii»»  d 
consuls  qui  veiiaicnl  d'iVri*  pIiii  pour  l'annve. 
qui  (urL'nl  anez  sages  p'iur  suivre  non  plu  I 

fiierrr,   si  b'tr.n   justiiîi'i  par   IVv'W'ï'i'nt  cl  p^ 
expérience.  Nais  qua'id  le  ténx^raire  Vairon  bl^    | 
Çna  cl  obiim  le  ronsubi  par  la  faveur  du  peophi 
loul  r.han^ea  bieirlAl  de  ùre.  Celle  hiiiiimc  pré 

implueiix  ne  restait  de  ré|>^[er.  dans  loute*  U 

semblées  «lu  Foi  «ni 

linaMe  laril  tm'oii  m 

les  armées  i  il   ne  vonLiii ,  diMii-il,  ({n'uii 
,  Dur  pour  voir  lea   ennemis  et  niur  les  rainera     , 
donnant  ai'iai  k  connaître  qu'il  na  itierait  le  «aM^ 
"étal   daoa  une  seule  bataille.  Les  llitii 
iffès    pir    ses   ditcoiirs ,     levèrent  ufi 
mée  de  (jualrc-vi  igt   mille  hommes  ,    et  lui  i 
coiiGèrent -le  commandement:  ce  qui  do' 
plus  vives  in  |uielud«>  •'i  Fabius  et  h  tuu*  c«  t\ 
Y  avait  de  cîloyens  sensés  dans  la  ville,  ibii  e 
la  plupart  ne  voyaient  plus  pour  Uniae  Je  ino. 
de  ït  relever,  si  elle  perddil  U  jeaneue  «M 
breuse  iiuil^iitail  lout  sou  espoir,  tabnt»,»'.-"'" 
saut  ^lurs  à  Paul  lilmlle,  rull^gi^e  de  V^i 
buinnic  d'uQC  gratide  cxjKficnuc  dans  \»  gucir 


,e   rr|>eLt:i  *  U4ii|9    luuic*  la 

que  U  fiuerre  serait  ialtQ 
lirait  des  Fabii.t  i  l«iA 


VA,StV8  HAlIMtTS.  "^^ 

te  à  t'opposer  dr  tout  son  pouvoir  i  II 
in^rilé  di-  win  toll*Bue:  il  li;  prévit-ut  'ju'il 
t  pM  ntoiiii  à  iléjpiiilre  ■:■  polrif^  cotitrv 

i|ue  (ontre  \nnibal  lii  m^mc,  touf  tlfu» 
limM  lie  la  iii^in^  |r,)i<i,r  pour  c  xnbdlire  I 
idevrs,  ajiiuu  fabiua,  vous  en  ra,-pr>rtar' 
Hà  moi  i|u'à  V»r-..ii  »iir  rc  c|uî  concernft 
îbsl.  Je  voui  T^'iiil*  qu'il  sera  forc^  iJ« 
er  rildlie  «i  pfisnxni'  ne  conbal  coatr* 
»tte  annéi-;  ou,  sM  aobi'ixc  1  y  nitr^ 

y  rainrra  ion  aiinéf  fI  IuhIm  su  i-tpé- 
es.  "  Tel  e«i  ru  sul  tuiiot  le  iKicouri  cjuv 

adrfiM  1  Paul  Kmilc;  mais  cV»t  dana 
iTC  iju'il  faut  te  lire;u-(;ra(i(J  hutorien<^ni 
morceau  achevé,  rt  uu  vrai  iiiudële  d'elo*. 

Eoliiique. 
iiiilu  parlil  pour  l'arnu^  avec  I4  ferme  riS- 
11  Je  5ut<rr  1rs  coiisi-iU  de  Fabius;  maii  les 
t  ayant  ledotl  de  roaniauder  chacun  leur 
Varroii  profila  de  cet  avaniaee  pour  livrer 
■itie  bai'ilii-  de  Canoea,  t|ui  fut  perdue  par 
criié  ri  par  son  inc^périenre.  Dans  celt« 
-■•  3.  r.iJi-  a..x  K.'injii.»,  le-  foiHiil  l'.ul 
blessé  à  mon  et  abandonné  ,  refusa  les  se- 
Je  Coriieliu'i  Lcuiulus.  jeune  (lalricîen  qui 
reconnu  ,  (juniqii'd  fill  couvert  de  sang  et 
'é.  Le  consul,  lui  prenani  la  maiu,  et  se 
ïnl  un  peu  ,  lui  dit  :  «  Lenlulus,  va  ironver 
ius  de  uia  part ,  et  sob-tui  léinoîn  que  l'aul 
le  a  iulvi  jusqu'il  la  fin  ses  conseils,  sans 
quer  è  la  p.irole  qu'il  lui  avait  donnée;  mai» 
I  a  et'-  vaincu  d'aoord  par  Varron ,  ensuite 
Aotiib,)!.  » 

baïaiilc  de  Cannes,  où  |)érirent  cinquante 
\oinaiiis,  fut  il'aLii;>at  p'us  fune>te  aux  vain- 
ue  la  f>lup3i't  des  peuples  1rs  plus  puissaiis 
■  liesedcclircrcntp'iurAnnibil  Cet  exemple 
a  que  lc3  glands  revers  foui  couuaiire  non 


1 

[ 


tH^ 


s; 


S64         rABius  AfAxiuva. 

Mulenieat  les  «mis  (idoles,  toïnine  ie  dit  Enripi^  ^ 
Jwiis  sa  IragéOie  d'Hécubc,  mai»  eiirore  U-s  gêné-  ( 
r.iiixsag<.-s  etjDiuikns.  Ce  qu'on  avak  regardé  Jji»  . 
Fabius  comme  lâiblesse  et  pusiUanimitc  ,  parut  ' 
apios  ce  désastre  une  prudence  plus  qu'huniaii"ij  I 
une  inspiration  divine  qui  lui  avait  ttil  prévoit J 
di!  ïi  loin  des  événemeus  auxquels  pouviieiit  9 
croiie  ceux  qui  Ips  éprouvaienl,  Aunp 
!,n'hésitant  plus  à  meltrceu  lulscïdiTnioitïl 
esjii'riaiices,  eut  recours. i  ses  coiucila  comme  n 
ceux  d'une  divinité  tulelaire,  et  si  le  peuple  n  1*1^ 
b^inJonna  point  la  ville ,  s'il  n«  sr  dispersa  iwi"!  , 
cuinme  à  l'époque  de  l'inïasion  des  Gaulois ,  e't4  | 
siiriout  h  la  prudence  cl  à  la  tcrmclé  de  Fabipj  ^ 
qu'on  en  fut  redevable.  Dans  ce  moment  dcdéH  ^ 
laiiim,  dans  ce  péril  cxliâiue,  lut  seul  couBCnl  g 
tout  son  sang-froid;  loi  seul  donna  au»cpat^ 
conseils  salutaires  j  lui  seul  calma  l'agitation  M 
esprils,  proposa  et  fil  exécuter  les  mesures  de  ptq 
caution  pour  le  salut  de  U  patrie  menacée.  &| 
milieu  de  U  roosternalion  générale ,  ovi  l'excèl  i'  , 
la  douleuv  et  le  trouble  qui  en  était  la  tuite  «Uilit  , 
rhaieat  de  pourvoir  au  désordre  et  de  réparer  ta  r 
désastres  de  U  journée  de  Cannes,  Fabius  miri  , 
ehjit  seul  dans  les  rues  de  Home  d'un  pas  Bif  . 
déré ,  et  avec  un  visage  tranquille ,  parUn)  i  1«  ^ 
le  inonde  avec  douceur,  taisant  cesser  Ics-lanis  ^ 
talions  des  femmes,  et  dissipant  les  groupetd  , 
ceuji  qui  serenddientsurlespbcespubliqueBpM  . 
y  déplorer  les  malbeurs  communs. Il  6t  aswmb 
le-sénat,  redonna  de  b  cotifiaocc  à  ses  collée 
aUKmagisiratfij  dont  il  était  seul  la  ftirc^ctii 
titn,  et  qui  tous  avaient  les  ycuï  fîié»  suri 
Aptes  avoir'  bit  poser  des  gardes  k  taules  les  i 
tes  /)our  Mnp^chcr  Ir  pOo^  de  sortir  et  d'à 
dnnner.la  Saille,  F^ibius  lunits  à  irenu  jou 
temnt  du.  deuil,  .-ifiii  qui?  [ItHire  u\vtis  re  li 
n'oliiii  plus  rtcti  dcrjjipfi-ed  l-igubruqu'cltcf 


1"  

FA^BTUS    MASTMUS.  Sft5 

f'aMx  regards  affligés  de  ses  habitans  depuis  la 

Itanre  de  Cannes,  fl  présida)  r^aleincnl  h  tnnlps 

I  cërémonips  religieuses  qtie  le  collège  des  pon- 

^  ordoTina  pour  appaiser  les  dieux,   et  pour 

knurner  les  effets  des  sioistres  pr^.sag^s, 

tCe  fat  aussi  Fabius  qui  inspira  auv  Romains  la 

induite  magnanime  (ju'ils  linrcnl  à  IVgard  de 

Irron.  Les  magistrats  el  les  principaux  sén.T  leurs, 

ttniî  lesquels  se  faisait  remarquer  Fabius,  allé- 

pt  au-devant  de  VarrtHi ,  et  le  rfimercièrcnl  de 

iToir  pas  .  dans  une  si  {grande  l'alamili^ ,  déscs- 

fé  de  la  uëpublîqtie.  Mais  lorsque  le  peuple  et  le 

Aat  eurent  appris  qu'Aiiniba) ,  après  la  bataille, 

tlieu  de  marcber  droit  à  Home,  avait  conduit 

B  armée  dans  d'autres  cantons  de  l'Italie ,  leur 

nfuncc  se  ranima  ;   ils  mirent  de  nouvelles  ar-; 

ks  en  campagne  ,  et  nommèrent  des  généraux, 

pt  les  plus  illii'^tres  étaient  Fabius  et  Marcetius; 

H  deux  avaient  acquis  une  égale  réputation, 

lift  psr  de»  qualités  opposées. 

Cftt  ici  Je  tCoisiione  consulat  de  Fabius  et  la  sc- 

Jonde  année  de  iia  e;ucrre  ronlro  Annibal.  Apres 

ivoîr  pris  l'a  vis  <lu  sénat,  illil  publier  dain  les  cam- 

>agnesurie  proclamai  in  n  portant  que  tous  les  grains 

tissent,  avant  le  |iiemier  juin,  trauspoitcs  dans  des 

riJIes  murées.  Parloirt  oit  Ion  n'aurait  pas  obéi  i 

*1  ordre,  le  ionsulmcnaç:iil  de  dévaster  les  (erres, 

ie  brûler  les  fermes  ei  de  vendre  les  esclaves  & 

l'encan.  Il   fit  ensuite   Ip  par-age  drs  troupes  avec 

Ion  collègue ,   p:issj  le   Vulinrn»' ,   el  poussa  ses 

tnireprises  jusque  dans  les  onviiou-i  de  (.'apoue, 

}ui  êta.t  lomlii'e  au  potivoii    d'Annilial    II  em- 

»oria  lie  vtv  Corre  les  villrs  de  Compulteris,  de 

trcbala  el  d*  Satirula  .  qui  av;iient  pv-sé  dans  le 

[larli  de  l'i'nncmi   L<-  '.rÀ\  i\c  ce'K;  cu.i  |utHc  li.t  la 

|>risc  ^lesgar.iisn  I,  i-::rt!i.i£;im.isp<  ,  ainsi  quf  d'im 

JranJ  ■  omU'..-  d-:  C.^iup.^uicn-.  F;ibm^  fit  .ii!ssi'<ît 

fasMT  ï'-  ■  arméi;  ciUrt  Ca,>i)ue  tl  \t  csirp  d".\n- 

2'om.  I.  33 


."•Pf)  lABlUS    MAXIMUS. 

n  liai ,  rta])li  sur  e.  nioul  i  iialo. ,  oX  île  là  îl  rrliril 
flans  le  tli^vcilr  la  vllU'  di*.  Noh».  11  ii»vint  sur  ses 
p.i^  pour  l.iiftsor  .'lUx  Cain[)ani('iis  la  liberté  dVii se 
iiHMircM*  leurs  h'ires,  cl   ne  se  pcniiil.  d'y  cxcrecr 
.MUMine   lioslililé  cpuî  lnrs(|ue  les    l)lés   en  her:»i' 
lurent  assez  liauls  pour  donner  du  fourrage.  II  Ii? 
til   Iraiisporler  dans  le  rauip  de  Suessula,  où  jvir 
sou  uitiri'  furml  e.onsiruiie;  des   l}arraf)uos  pour    , 
le  io^(Mn(!ul  des  soldiiis  pi'inlani  l'hiver.  j 

Telie  lui  la  seconde  ('.nn[)d^ne  d(!  FaUiusronlic  ; 
le  vainipu'ur  tle  (launes,  cainpai^ne  moins  m- 
Tuor.ible  sans  douh*  par  la  grandeur  dos  évcn.' 
intMis,  (pie  parce  ipi'clle  laissa  aux  lloniains  !' 
teni[>s  de  relever  la  répuhlitjue  sur  le  pcnciiHii 
de.  sa  ruine. 

Pénétrés  (radmiralioii  pour  ce  grand  homme*, 
non  seulement   ils    le    coudilèreiit    dMionneurs, 
mais  ils  noininèrent  son  (ils  consul.  Il  s^ appelait    : 
i).  Fj!)ii!s  connue  son  pore,   ef   fui  consul  avn"   ■ 
Seuiprouius   (icacclnis  ,    la   sixième  année  de  h 
secouilcijjiierre  puni(]ne  ,  iuigiédi.itement  après  !•'  j 
ipialrièuM*  consulat  de  l'ahins.  Valèie  Maxiind O" 
rapportant  ci'llr   circonstance,  donne   de  la  mo- 
destie de  k'ahius  et  de  Taniour  qu'il  portait  à  sJ 
patrie   nu   témoitrnaiïe    éclatant  ,    nue    l'ialanii'''  |- 
11  jmiit  pas  (lu  nasser  sons  silence.  ral)ms  ]>l.i\»'  j 
înns,<lir  V.ilère  ÎMaxiuu',  considérant  cpi'il  a^iti'  ] 
été  (lualre  (oisconsul ,  rpie  son  pèie,  son  aïeul, soii  • 
bisaïeul  et    ses    autres  ancêtres   avaient  souvc.l  j 
id)t(Miu  les  honneurs  du  consulat,  et  voyant  qt-  \ 
le  p.îi'ple  ,    d'un   consentement  universel,   all.«îl  j 
dé(l::M!-   >ou   fds  consul,  demanda  lcJî.i-inst.»i  i-  I 
meni  («ne  la  iatnille  des  l^ihius  fiU  désormais  ih^   ; 
]>(  ns«e  d'exercer  celte  charge,  non  qu'il    se  dj- 
îiàl  de  la  vertu  de  son  (ils,  personnace  essentielh** 

III  •         r       ^  n 

ijicut  KU-oniinanJahle,  mais  atni  cj'.ie  1  .iutori<e 
sou\eiairu».  ne  i'ùi  pas  en  r|iiel(|UC  sorte  p«rpe- 
luclle  dans  uiie  niétne  i.iuiiile. 


stlouiLMiii  l.ommngfirendiuàri'gMilo    • 
.^^-^^BRcaing  ,  LIlmi  lare  ini'iui^  dans  les  gouvefiiu- 
pùtns  pci|mtaires. 

£lu  contiil  malgré  les  ie|irésenUlions  ilo  son 
{)èrc  t  Faltitis  le  fils  pnt  le  cumtnanJttncol  dt;  VdT' 
mie  nui  était  alorj  avpi'èt.  'le  Suessula  ,  daci^la 
Poullle.  Son  iiirc  su  rendil  à  son  camp,  chargé 
(l'Uue  coriiii)i:uiiin  <lu  scD^t  ,  et  niCmC)  selon 
'J'ile-Livo  ,  pouv  lui  ïervii  de  liculenaul;  exemple 
tjii'iivait  Jtii  donne  un  ù-.--  ses  aiicéires.  Lp  con- 
&ii1  éuiit  allé  à  la  rencontre  ùc  soa  pÈrc  ,  \es,  lic- 
teftrs  qui  inarchaicul  di-vaiil  lui  liissèrent  avan- 
cer Fabius  à  cheval,  sans  y  meUre  obstacle,  et 
cela  liàT  respixt  puur  r3ge  ci  pour  la  msjosié 
de  cet  illuslrc  roinain.  Déjà  unze  licleurs  lui 
avaient  1ail  (Jaie.  loisiiue  le  consul  ordonna  au.' 
duu>i'''<>''  iiu  !"  m.  I  <'J.,irirnmédialement,  de  faire 
*on.li.-  ■  'ii.  .-.  s':iJressa[ilalorsàFabiuï, 
loi  ii;i.i  ..  .;  .  .■....,>  .!>.■  ilieval,  el  snr-le-cliamp, 
1 14  yv'''J'"''  "'":i'  •*  *-'''L  ordre  en  disani  :  «  J'ai 
»  voiiluvoir,  mon  iiU,  si  tu  savais  soutenir  la  di- 

"  î)ai.s  son"<|.ni'r;ùùjr  e.o.isuhl  Tiibios  reprit  l.i 


de  la  t;.r, 

fil  ccMm 

11 

m  |.ili;.B.' 

•. '1 

,,uf.io,l.„ 

Icail...;. 

.11: 

talir.ii  .1.' 

ï 

'"',"';".  '"1 

'■     f 

*-Ui<;[3l  CL 

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Cl     ii 

h  ,q„il 

.  d, 

n  h  tu<)ii)e 

,ji;.ij. 

ijagn.iiit 
,-î  ,  qi.i  1 
Ja    lin 

le 

roimn^n- 

itli- 

;;':iïï;ù: 

'"'■'. 

lU.    l'il.il 

de 

,ell;i  livra 

eeliecott- 

l[.  ÎI..Î..1- 

iiul 

ilii-,  ce  ijui 

C.1,1 

,',m"..'    ou 

■'t 

1  hsu|,,,n- 

r    .lu 

IxLliii  iiii- 
s  c,yi„-o„ 

:;Sr 

i'i 

n%t  !<'<;   .[;.- 

,trc  i  Taiciin 

.  l.a,«o'.,. 

>  mot  de  Fabius  renfermait  un  grand  préi 
plutdt  une  grande  leçon  de  pniitiijneet  de 
En  effet,  i)  dnnnail  à  entendre  indirecicr 
Homains  de  se  garder  suriout  de  Iran; 
RoDje  les  ornemens  des  villes  conduise 
que  pardà  ,  selon  la  remarque  judicieuse 
lybe ,  on  accoutumait  le^uple  à  la  mag 
et  au  tjie,  il  en  résultait  aussi  le  doubX 
vénient  de  réveiller  dans  l'esprit  des  Ta 
souvenir  de  leur  humiliation  et  de  leurs  d 
et  d'allumer  en  eux  la  haine  et  la  fureu 
les  victorieux. 

Cependant  Fabius  fit  transporter  i  1 
déposer  au  Cipitole  le  colosse  d'tlercule 
duquel  il  fit  placer  sa  propre  statue  en 
sans  doute  romme  par  une  sorte  d'hi 
rendu  à  la  ir.-idition  rt^çue  qui  ferait  d< 
lés  Fabius  d'Hercule  lui-même. 

Fabius  triompha  pour  la  seconde-foii 
irinmplie  fut  plus  glorieux  que  le  pre 
l'obtint,  dit  Pfularque,  comme  un  vaitla 


TABIIIS    MAXIMUS.  580 

it  celte  ville  ,  avait  (onttrv'é  aux  Ilomiins  U  ci- 
laJcUe,  ma'cré  (dus  les  erforis  d'Annibal  Les 
li.tnneurs  <]ii  on  reml.iit  i  t'abiiis  ayant  excitt:-  sn 
jalousie  et  son  amliilbn  ,  il  dit  l'n  plein  sénat 
une  c'était  lui  senl  et  non  pat  Fabius  cjuï  avait 
taïf  reprendre  Tarpnle  :  «  Vous  avez  raison,  lui 
»  (lit  F-->biu3  en  souriant,  car  si  vous  ne  Tavirs 
»  pas  laissé  |)rcnilre  je  ne  l'aurais  (las  reprise,  a 

Vers  celte  époque  Scipioii,  après  avoir  chassé 
les  Cartba^inois  de  l'ii.spagne  ,  conçut  le  projet 
d'aller  droit  h  Canhage  ,  île  remplir  l'Afrique 
ifi's  It-gioiii  et  'les  armi-s  romaines,  d'en  raviiger 
les  ronirées,  ei  di'  reparler  dans  son  sein  la  enerre 
rjii'elle  avait  elk-nâme  altuini>e  en  Iialie.  Il  tfa- 
raillait  avec,  la  plus  grande  aideur  /i  (nire  ap- 
jtroBrer  ce  di-ssoin  ,iu  peuple  ;  mais  Fabius  fais  lit 
font  craindre  aux  Rumiiiis  d'une  pareille  enli'^ 
prise  ;  il  leur  reprc^eiilait  que  l'impi-iidi-nce  il  un 
leutie  homme  allait  les  précipiier  dans   le  nius 

rand  Janjjar.  Cette  queslioa  fut  très -agitée  dani 
sénat.  Faliius  pronnru^a  un  très  long  discours 


M-iMi;  ilsclevadfsdel...!,  . -,     '.■.',■*. 

a  Sicdc  pour  proviiirc,  .'ViT  is  [,'•■ 
passer  en  Afri'Tue  s  il  le  )■((;•■.  i"  r.-,  tr 
mléri»rs  de  lïo.ne.  Les  dunur.  J.-  !' 
Scly.oi.  mé:ilent  d',v,cl„  ,1  m  .:  ;< 
trouvera  dans  le  uH'.  livre  de  Tlir-  ^  > , 
Le  neiipie  crLir  ,|ue  Kab.us  ne  ,s  <-, 
par  j  iloii.tie  am  entreprises  de  Si:i..  < 
1ar(|ue  lui-in<'me  partige  ce  senlimer 
ijVil  pas  cerl-in  1oi.  eiV,is  <[ue  Fab., 
Ji!  ''opposer  à  I  cxpéditioLi  de  Scipion  i 


7iC)0        V  \  F»  lus     M  A  X  I  M  U  s. 

Quoique  les  succès  aient  justifié  celle  entreprise  l»a- 
saf  tl('iJ«(»,  il  no  ilôhuit  pas  les  bonnes  raisons  que 
l'abiiis  donnait  pour  en  démonlrcf  toutledangcr, 
♦  I.  rontr(^  lesquelles  Scipion  ne  se  défendit  que 
(<ti!)îein<'nr.  D'ailleurs  n'esl-il  pas  démontré  que 
les  <lécliiron:ens  dit  Homo  ,  sa  corruption  ,  ses 
guerres  civiles  éclatèrent  dès  qu'elle  n'eut  plus  ni 
liva'le  ni  contrepoids  politique  ? 

Mais  Fabius  ne  vécut  pas  jusqu'à  la  fin  de  la 
seconde  guerre  puni(jne  ;  il  ne  sut  pas  qu'Anni- 
bal  avait  été  battu;  il  ne  vit  pas  cette  brillante 
prospérité  de  sa  patrie;  il  mourut  de  maladie,  ou 
plutôt  de  vieillesse,  vers  Tnn  54f)  de  Rome,  lors- 
('.u'Annibal  sortit  de  l'Italie  pour  aller  défendre 
(]arlbage.  Il  devait  être  très-vîeux  en  effet,  s'il 
est  ^^ai ,  comme  le  rapporte  Tile-Live,  qu'il  ait 
été  augure  pendant  soixante-deux  ans. 

Fabius  ne  fut  pas  fcnterré  aux  dépens  de  U 
république,  mais  les  Romains  contribuèrent  à 
SCS  obsèques,  non  qu'il  fallût  suppléer  à  sa  pau- 
vreté, mais  parce  que  le  peuple  voulut  faire  lesfrai? 
de  ses  funérailles  coiiime  de  celles  d'un  père.  Ainsi 
sa  mort  fui  illustrée  par  un  honneur  et  une  gloire 
dignes  de  sa  vie. 

Cet  illustre  Romain  laissa  de  grands  exemples 
de  vcmIus   militaires  et   politiques.   Ayant  pris  la 
conduite  du  gouvernement  dans  les  temps  les  plus 
humilians  et  les  plus  désastreux  pour  Rome ,  il 
releva   la  république  sur  le   point  de»  s'écrouler, 
eu  ilcvint  seul  Tappul ,  et  empêcha  que  fes  faute? 
des  géiiéraux  (jui  l'avaient  précédé   n'entraînas- 
sout  sa  ruine  toMle.  Cependant  Fabius  ne  gagna 
(ju'une  seule  bataille  ianc:ée,  celle  nui  liii  mérita 
son  r»r^"îH<*r  triornoiie  :  in»is  il  arraciia  son  coi- 
lèi^ue  Aiinucius  des  mains  d'Annibal,  et  il  sauva 
\ii!e  armée  entière,  aciion  vraiment  grande  ,  où 
(*elate':L   à  la  fois   la  yak-nr ,    Il    prudence   cl   1j 
boui'. 


E' 


FABIUS     M  \  X  I  M  X^S.  S91 

CfureDement  sage  et  pniilpnl ,  il  ne  fît  jamais 
fttles  en  ce  qui  dépendait  de  Itiî  ;  aiiisl  son 
e  militaire  «'tail-il  plus  propre  à  conserver  les 
s  qo'à  faire  des  runquiiles  brillantes.  La 
hi  doit  une  école  i  part,  cfile  tjui  instruit 
^itaincs  à  fout  attendre  du  temps  et  dc$ 
Ifinaiioas  de  la  priitlence;  celle  c[ui  a  pour 
enfin  de  manœuvrer,  el  do  leinporiser,  ex- 
iiion  consacrée  nujoiird'Iiiii  au  système  de 
lus,  elqui  caraftérise  Fabius  lui-mi'inp,  ddsî- 
par  les  inilitaires  et  par  les  politiques  soua'le 
I  de  Cunclaior,  ou  temporiseur. 
'aisadmirons5uTtT>iii.'.i  grandeur  d'âme,  nul, 
oi  inspirant  le  mépils  des  ricbessps,  lui  fit 
liguer  sf  s  biens  pour  soulager  les  malbrurcux, 
aur  rai-heier  de  •«■pioprss  dcnicri  le;  pri- 
liers  romains. 


392 


SCIPJOM    lAPRICAIM. 


\k^%%XW%«^/\%lW«/VV%%W«^%V^>/%«/V%*'V\%%%%V^^<WV««^h«««%%«M 


CORNELIUS    SCIPION 


SUSNOMMÉ      l'africain. 


J.iAf'iniîIIc  Corneliaj  ou  drs  rjornélierH,  était  u! 

ilcs  plus  ancinrines,  des  plus  nomlireuscs  et  d 

l'Iiis  iilu5.trcs  (i<i  Iloinc.  Le  surnom  de  Sciplo  ^  q 

<'ii  latin  signifie  un   bâton  «   lui    fut  donné  par 

{\\\\\n  jeune  patricien  de  cette  famille  avait  sei 

ii.ippui  à  son  père  aveugle,  qu'il  conduisait  da 

II.)  rues  di^  llomi!  cl  d.ms  le  sénat.  Onze  perso i 

iiiîj^os  dt!  cette  maison  célèbre  .ivairnt  été  Avt\ 

•ù\x\  prcniièî-es  charges  de  la  république ,  lorsq 

Sriplou  rAfricain  ,    dont    nous  allons   relrac 

riiisioire,  débuta  dans  la  c;iirière  brillante  où 

s'e^t  rendu  immortel.  Son  père  ,  Tublius  Corn 

lius  Scipion«  était  consul  à  Touveiture  de  la  s 

condo  gui^rre  punique.  Ce   lui  lui  qui  le  prern 

voulut  arrêter  1rs  progiès  d'Anuibal  ^  qui  veu 

de  p,iss(r  les  Aipe*.;  mais,  blessé  pi  es  du  To>in 

cuvcloi>p('  p.'«r  un  ^'cos  de  cavalerie  canhagi nuise 

nedutia  vie  I  j'à  snrifits  à  peine  âgé  de  quinzeai 

qui,  par  un  effort  décourage,  patvnilale  dcgag 

Queicpies  auteurs  prétendent  qu'un  esclave  li| 

ricfi  s.iuva  la  m;*  ^w  consul;  mais  la  plupa*t  i 

liistoriiîus  atlribuî'i.ii  cette  .«et ion  de  v.deur  et 

pieté  (iliahî  nu  jeun*'  Scipion  ;  cVlail  le  sentim< 

de  'Ywv  iJve  :  «  A  ce  euiant ,  dit  ce  grand  lilsl 

»  lieu,  sfra  réservé,  ilrius  un  «ige  plus  mi\r, 

^  gloire  de  inuiiiier  I.»  .seconde  gueire  pUMi()a 

»  et  sa  YÎ^'l^^ire  niémor^vlc  ^ur  Annib-il  et  sur 


SCIPIOH    L'AFttlCAIÎÎ.         SgS 

^arihaginoia    lui    vaudra    te  snrDOin  d'Afri» 

Drjà  Scipiun  iiViail  pas  moins  admirable  par 
s  talcns  oaljurels  ijue  par  l'ailres^  merveilleuse 
rii  méfait  à  les  faire  vJoir  ;  déjA  mâtne  on  le 
oyait  animé  par  des  iospiralions  divines  ,  soit 
le  la  siipersiition  eût  réellement  aueltpie  eia- 
reswrson  espril ,  soit  qu'il  sentît  lui- m ïme  U 
^essitédes'euviionDer  de  l'iinpos^nle  autorité 
t  la  religion.  A  compter  du  jour  où  II  prit  la 
»Le  virile  il  ne  fit  aucune  action,  soit  pi:iliii<|iie, 
Ml  paniciiliéie,  ajns.inonler  ^paravaiil  au  Ca- 
ijole,  sans  eolier  dans  le  iem|  le  .iii  maître  de» 
If  us ,  et  sans  y  demeurer  iiueltjue  temps  '^cul  et 
^ngé  dans  la  œeiJiialioa.  (.elle  r^gle,  ifvi'il  ol>- 
;rva  (uutc  sa  vie,  atciédila  l'opinion,  née  de  la 
Ati'iueouduliiMid,  ijuile  ferait regaider  parte 
SôpiecoTniricissii  di'  sma  des  dieux.  Un  fil  même 
tnife  à  sou  auji't  la  Cable  grossièie  i]uon  avJÎl 
lugrnrà  sur  La  riaissancr  d'Alexandre  ,  aCti'ibuée 
iiïrefols  a  l'union  de  sa  mère  Olvmfiai  averun 
■rpfnl  moiis-n^c-ux  ,  i/ar  un  débiiiÎL  à  î'iJi'ie 
u'on  revoyait  souvent  au,-  lè'.  rie  Ij  mèje  'i  ■  Sc^i- 
iun  rem^uieserjieii-.  qui  Jisp.T  rîiS-iit  to'itài-O'ip 
lit  regards  profanes  dccetijiju^imenait  une  indu - 
■èle  curio  iic.  Scipii'n  *e  g  rda  iiieo  d'affaiblir 
aulorilc  du  pré'endii  prodige  dont  il  était  I  nb- 
l;  il  eut  1  art  au  rontoire  il'en  fortifier  la 
ro>anre,  sans  rompiomefire  la  vérité  ,  par  l'air 
lysterieuK  avic  lequel  il  alFiTta  de  ne  jamais  nier 

fa  t ,  et  Cfpi'ndini  de  ne  rien  affirmei . 

On  est  foi.de  à  croiic  qu'il  fit  les  premii';res 
.mpagnesdlialier.-nt.e  Annibal;  d  est  certain 
u  il  éfai<  tiibun  militaire  dans  la  secoiide  légion 
irs  de  la  désastreuse  bataille  de  Cannes  ,  a  la- 
uiiie  il  prit  part ,  et  qu'à  celte  époque  son  père 

iialiié  de    procoi:sul.   Irtun.eiiiîtement    après   la 


l.i'..iLU'  1<'  lils  .I'lxi  <:oim>lam-,  Kuiiu» 
^;l.l'ln.r  .li.v  a'-tiii  air  M\ai'   'ii.'Ils   ii. 

..y  ;.v.iil  plus  .,<>.-.  ,>U-.m-r  s„r  l.o.m- ; 
(•■l.'ÙI  bil,J..  bn',.  .I,[,<|.,-;  .,>,',>„  (.  ai.d 
<!.'  iViiix'j  rnlri''!.'., .  ,  %'U\h,s  i,  l.-.>r  t.*' 
rli.iiriil  ili''j:<  [Ith  vai.-cjiiv  pour  abaiiilun 
lii-  cl  NI'  r.'.  jjiiT  it  la  cour  de  (ineli]ur  ri 
Il  iiti .  (:iii'  iiiiuvclln  5Î  cxlraoruinaii-p  jrl 
Ml  ;  l'iir  iDu:  n-nx  (jiii  (-laîoul  pri^icns.  ( 
i.u'uik;  {inrrillc  i(''ïoliirînn  est  affreuse 
|<r<!ii'i.'iu  d'aiscmlili-i  !^'  roiiïcil  pour  di^li 
rc  ilcticin ,  jusijii'aloTs  sauj  exrmplp,  api 
iji-.^ailri'n  ;  mais  Sdpiiin  ,  l'hoinme  qii 
lini'-i!  ilrsif^nnlt  i\ht  lors  pour  Icmii 
(;>ii'i'M-,  ïauii<-nt  que  ce  n'est  pas  là  un 
■Il  riis.'iiiin  ,  qu'un  coup  dé^sif  est  néccM. 
liiiil  agir,  i-l  non  pas  JélituTcr  sur  un  m 
s.iiil  :  rim;  leii»  i[ui  aiment  la  répiiblit 
i[ii'.i  pi'i-nihr  lés  armrs  et  le  suivre  à  Pi 
(iiiiil  ait.ssilAi  vers  Umaisoiioi'i  logeait  9 


Si:  ll>ION     I.'A  l'U  I  f ,  \  IN.  SilS 

iir  les  miens,  rtfjratul  .)u]iiii-r,  votpliti 

wngMticM  1  J'i'xigt'  l<i  mi'mn  Rermrnt 

Ion»  rjuî   Cle»  iri  rnjirmhl^*  ,  ri  lî  un 

r  wiil  (te  voiii  1p  n-fuse ,  qu'il  »achc  que  ce  fer  «t 

■  foui  prfl  k  tiii  percer  le  sein.  » 

|Non  moins  Hpniiv.iiHi*,i,    dil   Tiif  I.ivc ,  que 

«VuMeiit  vo  l'nlrpi-  Aniiiha)  viiMoneux  .  roii« 

tt^rom   le     serment    exi^^  ,    et     coti-etilirent 

ivre  Sciiiion ,  aui  marohi  atissirAl  nvrc 

mr  allpr  renforcer  Im  troii(>eii  errntiti;»  cl 

WȎn  c]ui  se  n'onissiiont  au  roti^ul  Vsrron,  it 

i  <\\ui  le  cOMraye  pilnoliijue  iriia^enl 

inc  sauv»  pniil  6tre  b  république,  en  rcIpTuitt 

Eùurs^e  aballti  de  «esplui  illiutrrs  ciroyeni. 

iVei^iHe  milliairc  de  Sdipimi  ne  noiiv.iil  inaii- 

e  St  se  fortifier  à  IVrole  des  VM.i„,  de.t  Mar- 

)Biet  des  siilres  i-.i[)itnine.t  ro'ti'tins,  fjiii  iti'rrnl 

i:  in  bornes  Bux  «ncc^i   inouïs  ^'Atimbal , 

^Mos  noiivoir  mnpoiier  toutefoii  sur  lui  de 

Bibîrê  ('/■■i.ivc. 


t  Avii'ulel  m<  MisSn|>i.'iil>n(;<ntV.liIil<''nii':<!<-; 

Heml>  V.iiiICK'  l'.>nm>Mt-'l'  'Icv  II  .[<  on  Jm  piiple  , 

bndi'p  sur  ce  m. M  n  jviol    n^i-^    l'.l^i'    nn'Miil  par 

Kl  lois  :  .'  M..is  ,  r.'pli<,iia  ie  |.'iii)<'  <  .iiillid..' ,  st  le 

[■■suiï'age  niianimc  d"  nu',  <»iicir.iyensiii':ippelle 

>  k  relti'  ch.ir-r  ,  n.'  sms  je  ji^n  i.v^.v,   .li;^  pimr  U 

-  reinplu- i'  "    Sia-  <-i>i|"    r,.i>oni>  IhuIi'h  Irï  Inliiis 

lui  diii.ii.SrMr  l'iiis  siilh, !{;.■,    ,nn-   l.itit    d'uniirii- 

œiW,  (|ucl.-slnlM.iiNs<'drsisirrriit.iu'i»iiAt.lcleur 

bppuJin,.. 

Sciiiioii  ml  Lirni.lt  la  dimleiir  (r.ippreiiilri>  ipie 
ion  père  et  ■"•n  nui  le   vi'naieni  de  prr.lre  l;i    vie 

en  con.l.att.mr    ro>,rr,.    les   Ca.lliaKl-.oi..    en    \:^~ 

pacne;  il  jura  d<>  !i-«  venger,  et  icdittd)la  daid.'.ir 
et  de  Mr  pniir  niêiiler  de  plus    en    pins  l,i    cou 

fiance  de  se'  i.!ii.-iii>yeiiv 

(!r|>rii.l,iiit  A.silrnbiil,   va'iiqucur  'les  Jeux  Sci- 

5)0        SCIP  ION    L'AFRICAIN. 

|ii<)ii  (1.1114  la  IVniris'ilo  ,  |>oiirsiii\afi  le  cours 
so'>  surt'rs;  mais,  $\'taiit  lai-'t*  (MiftM'ini'r  d.iiis  > 
(L'filcs  pat'  l'ariiu't*  lumnine  dr  (^taiidîns  Nôro 
Si  porto  S(Miil>Liii  iiiévilil>l(*.  Toi'l  à  roup  on 
prend  à  llotnc  que  \i*  ium^  (j.irili.tgiiiois  cA  p 
vcMii  p.ir  nii  slral.ij;;(^nip  à  tromper  INrron,  t\ 
a  rcinciu'  son  armrt*  iiiMne  et  repris  sa  s»ipcr 
rlti-  Mjr  r.n'iii'e  rninaiiie. 

i^îns  Ifs  cllov-  us  •!••  U«»mp  et  Ips  sénateur* 
pirijc  luîp  npprn't'iit  «ivt*r  n.di^iia  «om  ie:=f  ik 
v-îlc  'it  il' n.liu*.  On  (O'ivor.na  sr»! -Ii  fiia.-.p 
ccïiiiK's  .11  pr.  «\»dir  à  i  êpriion  il  nu  IK 
vij-  M  DroMs.i',  ra.iabl-  d.'  ienJie  t'uix  .'mîh 
d  '  '\*'Jt  ■•■  ••  '■  ,  n*nii('i  lus  r  Lr  mi  u-  <  .t-n 
d.  fî  1'  Iv  ff^.i'i-  t'ii  'ini  «^i-  JMç^i'.fH  ni  di^ 
d  (  ■•  FiiM 'I-.  le  '  vt.i  d'  <  "k*  mp  »  lanr.e  vif 
t;.  !'  .  .  ^  •'  i':  •  i.^.'i^r  |(>  proc'insjlal  ;  m 
a     .    |î   .!  ;  .         :»       *      lin    .no'Ui'  .sileiu'H  réfji: 

d.  .  i  :.  i'^-  îi  ••t-nii'il  lésrspéri'i'»  «pie  piTMii 
ICI  e.'tlor-    II'    romiinind  rnenl   des   arm 

■>,  ''«n».  T'.u'  n  coup  Sriiiiou  se  dérlaro  r 
(•i  'i: .  <•!  .(•  (jI-jc-  (Uns  nu  1  -.U  clrvé,  u  où  ton 
luon.'Ie  nonv.df  I  ajM'rcPvoir.  Celte  di'Tiun 
:il!  ('  sur  hii  [va  regards  de  la  irinUitude  «  t 
liri  (ai'l  la  fàvenr  populaire  sVx;'lu)ue  par  i 
(;i;  <1  .ipp.oliaLion,  pre^sa^e des  sucrés cpii (levai 
m'j"  î'.iler  sesarnips.  l/élecM;u  consommée,  lor^cj 
I  (  l'hou'iasiue  et  nu  zèle  succédi'ienl  la  rf (Ipx 
(  d'^e  .  ou  crut  voir  dans  ce  choix  l'ouviages 
de  ia  r.ivenr,  ^ans  le  rouiours  de  la  raison  ;  d 
i;ifMiie  ou  tirait  du  nom  de  Scipioii  un  siiûs 
\)\v  :'\\('  ,  (îi ,  ajoute  Tile  Live,  on  ne  vo^ 
(jir.'îver  eflrni  nu  jenue  homme  «  encore  c«)u\ 
dh  di'iiil  df^  .sy.^  plus  pioches  païens  ,   partir  p' 

ijr (iiilrée  où  il  allait  coinljaitre    au  milieu  i 

I  ;i«l>.\jîix  <riin  père  (»i  tTun  oncle. 

6(ipi()n,  voy.ini  l'in(pjî«!tn'iK  et  la  crainte,  rt* 


SCIPIOS     1,  A  FRIC  AÏS.       ^Cf; 

r  l'cntliouiiasme  qui  avail  |iiériiiilp  sa  îi»imi- 

:onvoqiier    une  nnuvellc  iissL'niMpc 

Ppeu|i)c  ;  Uil  pai'le  de  ïon  âge,  du  rommaiidtt- 

^nl  el  delà  gui-rre  qu'on  vient  de  lui  conlîpr , 

:  une  maliirité  de  jugement,    une  granJeiu' 

JBW  qui  raniment  l'ardeiir  de  ses  conciloycr.s 

remplisteiil  leur  âme  d'une  confiance  que  l'ïea 

Diaij  ne  peut  plifs  aliéner. 

Kd^lirU  de  Tuncicnnc  armée  d'F.spagnc  on 

.WÎlle  rlievBux  et  dix  mille  hommes  d'in- 

jtÎHt  Bt  Jullus  Silanu)  est  envoyé  en  qualité 

(«préteur  pour  aider  Scipion  de  ses  conseils. 

iennuveang;énttraU'(>mbarqi>eà  Oslie,  it  boid 

neflotle de  Irenle galères,  et,  après  a vnir longe 

cdles  de  la  mer  de  Ligurie ,  doublé  le  colfc  l'e 

in  et  le  promontoire  des  Pyrénées,  il  prend 

ei  Emportes,  ville  d'orisine  grecque,  située 

«  Rose  et  Barcelonnc;  là  ,  metlaiit  pied    à 

■  avec  l'élile  de  ses  troupes,  il  ordonna  a  ses 

aux  de  le  suivre  par  mer  jusqu'à  Tarragone, 

de  la  putssani^e  romaine  en  Espagne.  Il  y 

ique  unp  as'iemblép composée  de!  déiiulalioiis 

itous  les  peuples  alliés  ileî  l\omaiiis,  donne  ses 

fiences  ,  el  répond  auic  dcpuips  des  vili^|aviT 

ant  de  cnnliancu  f|iie  de  grandeur  d'jlnic,   et 

[qu'il  lui  ccliappe  aucun  Irait  d'argiieil. 

.,TO  bienlôl  visiler  lui-in(>.nc  les  Cillrsalliê.s 

I  quartiers  d'iùver  des  arnires,  et  donne  les 

p;g»nds  éloges  anxsolilais,  dont  le  rouragc, 

I  de  se  laisser  abatire  par  de  terribles  èriicrs 

:v  In  province  de  Tarragone  k  l.j  re- 
flique,   lepmisser  les  ennemis  el  défendre  les 

I  Li  premitre  fuis  qu'il  passe  ses  Ironnrs  en  rr- 
be  il  demande  où  est  le  br;.ve  Mairn^  ,  .-,.  ,,.„„b 
fcevalier  romain  élève  de  ton  p'-re  et  d,'  s.n 
finrle,  dont  il  avait  nnnr  nin,i  dire  vengé  le  trépdS 
k  rcniporlanl  sur  Asdrub;il,  vainqueur,  et  avec 


riiiijtniri  aixomp.igné  de  lïlarcius, 
lUiiK  toutes  les  paities  de  son  conin 
iirrèh-  cl  onlnniic  looles  les  mesure: 
ii<'tessaires  ,  l't  levienl  k  Tarragone  p< 
pxérulion  le  plan  de  campagne  dont  1 
secret.  Déjà  sa  renommée  esl  égale  p: 
lii'S  cL  parmi  les  ennemis;  il  s'y  joîii 
de  pressentiment  de  l'avenir. 

Les  trois  généraux  carthaginois  avai 
menL  letirs  ({uarticrs  d'Iiiver;  Alagoi 
g^ne;  Asdniljal,  fils  de  Giscon ,  vers 
Asditibijl,  fils  d'Amilcar,  près  de  l'Ët 
virons  de  Sagonle. 

Au  commencement  du  printemps  I 
sa  (lotte  en  mer,  réunit  les  contingen 
et  va  se  mettre  à  la  tfle  de  son  arméi 
l  eiti%u(l<iire  de  l'Ebrc.  Arrivé  au  cam 
auï  U^gionnaires  qui  avaicTit  survéa 
ilét'alles  une  hai'angue  éloquente  qi 
duiis  Tiie  Live,  et  dont  nous  rappc 
prini'ipaux  traits  :  (i)  «  Dans  toutes 
"  impurlanles,  dit  Scipion  i  ses  solda 
»  du  |>eu pie  romain  a  été  de  n'en  sort 
"  qu'après  avoir  commencé  par  être  i 


1^ 


lier  en  chercher  d^s  exemnlcs  ilaiis  l'antiquilil, 
I,  des  Gaulois,  dos  Sjdi- 


S  C  I  P  I  O  N  LA  Fïl  1 C  A  I  M.  Sgç) 
en  chercher  d^s  exem 
^qune  ceux  de  Porscnna,  i 
ïleSj  je  ae  remanierai  pas  plus  haut  que  les 
uerres  puniques.  Combien  de  flottes,  d'armées 
t  de  généraux  n'avons-nous  pas  perdus  dans  la 
p'emiére  S  Jt*  puis  parler  de  la  seconde,  puisqueJG 
lesuisIrouvi^àloulcsnoidéralles.Maisc'estvous, 
aidais,  qai  les  premiers,  après  la  bataille  de 
Uiines,aveï,  souslacgaduileetsûuslesauspicps 
einonpère,  arrêté  Asdrubal,  qui  marchait^ 
^ands  pas  vers  l'Italie,  el  dont  la  jonr.lion  aveu 
oa  frère  eùl  entraîné  Texlinction  du  nom  ro-' 
naioi.  Les  succès  dus  à  votre«cûurage  ont  ba- 
ancé  les  revei's  qui  nous  accablaient.  Les  uial- 
leurs  mêmes  éprouvés  en  lispagne  onlélé, 
rrâces  à  tous,  moins  funestes  à  l'étâl  qu'à  tna 
ïmiUe.  Aujourd'hui  les  Jicux  immortels,  les 
[ïçux  protecteurs  de  l'empire  romain  ne  m'an- 
lonceot  que  des  succès ,  le  jour  par  leurs  aus- 
tices ,  la  nuit  par  des  songes  prophétiques.  Mes 
iressentimens ,  qui  ne  mont  jamais  trompé, 
le  me  promettent  pas  moins  que  l'Espagne  sera 
(icnlûl  à  nous,  et  que  les  Carthaginois,  chas- 
iés  de  CCS  coniriles,  couvriront  les  teries  cl  les 
ners  des  débris  de  leur  fuite  et  de  leur  déroule, 
>é^à  tes  alliés  de  nus  ennemis  ,  révoltés  de  Icuis 
■exilions,  implorent  noire  secours  par  leuis 
imbassadcurs.  Trois  généraux,  divisés  d'oiii- 
lîon ,  au  point  d'être  presqu'en  guerre  ouverte  , 
»nt  partagé  leur  année  en  trois  corps ,  el  oui 
lié  prendre  des  positions  Iros-éloignées  les  unes 
les  autres.  Tiop  peu  d'accord  pour  pouvoir  .se 
éunir,  ils  seront  hors  d'étal  de  nous  résislLr, 
soles  comme  ils  le  sont.  Tour  vous,  soldais, 
iccueilioz  avec  iuiérèt  le  nom  des  Sclpion  ,  ci 
âvorisez  de  lou!  votre  zèle  ce  rejeloii  qui  va 
jire  rcili'uiir  la  lige  dont  il  reçut  la  nais.saiice.  » 
r\p:éa  avoir  anime  ses  soldats  par  ce  discoitis, 


Sripion  iriMstivait  la  ville  par  lerre.  1 
»»nibinées  mircnl  sept  jour»  à  se  rendre 
(li^vani  la  iioiivelle  Carthage.  Scîpion, 
Vrinl  plus  r.achrr  son  orojtit,  représente 
(l:its  Cl  à  SCS  olKniers  l'imporiance  de  b  p 
v^.nt  assit'jjcr;  il  dit  (gue  Neptune  lui-m 
do  lui  apparaître  pour  lui  ronseiller  cf 
|ivtsp  ,  duiil  il  I[ii  a  promis  le  succès,  e 
(|i:'ds  seront  kionlât  les  témoins  d'un  pi 
le  dieu  de  la  n)er  opérera  en  sa  faveur, 
p-ir  des  pécheurs  de  Tairagonc,  qu'au 
du  reflux  on  pouvait  aisément  arrivci 
pii-d  dei  murailli'S  ducflliî  du  port,  en 
(■lié  l'élaiig  (|ui  comniuni(]U3it  à  la  mer 
dail  la  viilo  à  IVil. 

A  pn-M  les  eau"  se  sont-elles  reth-éos 
l;h(;iir  la  \ille  par  terre  et  par  mer.  L'assa 
dit  1-1  li'rri! ,  poussé  avec  vivante,  orcup< 
Icntion  ot  les  forres  des  habitans  de  la 
rariliagiiioiMt,  et  les  attaques  réîléréet 
mains  y  sont  toulonucs  arec  courage. 


SCIPION    LAFBICAIN.  401 

li  gi^ntrnt  kieiitAl  le  sommet,  la  ville  nVtJint 
noititinritfii'e  dans  celle  i)ariifî  ,  que  l'asiictte  du 
itfu  et  la  harrièrc dp iVUng  avaient  fyil  juger  împra- 
tivibk.  I^s  Homaini  pendirent  donc  sans  obstacle 
'  in«  la  ville.  Les  .issiégés,  «urpris  el  saisU  de  ler- 
ur,  ab-iiidunnenl  les  iniirailles  et  se  jetlenr.  vri- 
éipîtamment  dani  la  cit.idt'lle  sver  Magon,  k-itr 
eiiêrat  en  chrf  ;  maïs,  invesli  de  toutes  part',  et 
int  espéni)ce  de  pJuvoir  résisler,  ce  général  se 
mJît  il  discrétion, 

te  mast.irre  ayant  cessé,  le  pillage  commença, 
M'ie  butin  fut  irumense.  Les  Ilaniains  firent  aix 
aille  prisniiHii-rs ,   non  compris  les  femme»,  les 

KTans  et  les  esriaves;  mais  ils  ne  rédulNirent 
^^  «rlavage  i^ue  les  Africains;  (jnani  aux  Enjia- 
K^*'  t>li,  Scip)on,  voulant  les  captiver  par  des  bicn- 
Is,  Im  laissa  eji  possession  de  leur»  biens  et 
fc  leurs  lois.  Il  renvoya  aus'ii  chez  eus  ,  chargé» 
[pjjréïcns,  tous  les  ôiages  ^ue  les  Carthaginois 
vaicnt  exigés  des  vUles  cl  des  provinces  d'Esipacne. 
it  vaiii(|iieurs  IrouvArent  dans  le  )iort  dix-huît 
•tovs  ei  cent  trrnie  vaisseaux  rnarcliandn  , 
uns  les  mafjasins  d'iminenses  (Srovi^inm,  dans 
1rs  arscuatit  une  grandi'  (juantilê  de  machines  de 
tavitii,  dans  U  ville  une  prodi^^ieuse  qnanlilé 
il'ar  •  t  d'arseiit  ;  eu  sorte  que  de  tant  d'objcia 
Wécieux  ,  dont  la  victoire  les  rendait  maîtres, 
Csnliagf-ue  ,  selon  l'expression  de  ïiie  Liïe  ,. 
était  le  moins  considéra  lie. 

u(ia  d'abord  Jp  rcnd'c  (^rîcei  a 


feui  .l'ivciir 

enurts 

uljou 

soumis  1 

sa  pi 

ss 

ncc 

Il  nlk  la  rlu. 

n  riss 

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nuemenl ,  le 

mellail 

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IrCme  ahoiid; 

nce;  ei 

snile 

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P 

s   U 

bravou.e  !,  i.> 

iti'  épreuve  di 

ses 

volda 

s.  ()l 

■Mit 

Obslaclc  n'ar 

il  pu 

.TOler 

,  ni 

la  1» 

■  s 

n-tlft 

i  la  hauteur  des  murudli-j,  ni  le 

44 


U«f««     •'«    I  1     lit.        tt  1 


r.*»f>liv(^  «i  uiu*  IxMuK'  si  ar('(ïinnll»»  ^  niit 
sur  son  pa.-s.ï^i»  oWo  .ili irait  Irs  i(!goi'(ls. 
l:i  vit  avec  r^ivissi'iiu'iiî.  Iviio  apparU^noit  <lr 
>Miii<|uriir,  c\  ce  vain<|iu*ur  était  à  la  (leur 
f/  /uQC/iis^  et  rtv.lehs  rt  oirtor^  d'il  Valc>io 
Maîlrf  ij(*  ^alislàire  sos  ilô?,ir.s ,  Scipi(»ii  eut  1 
i1(>  trioiiinlicr  irum*  passion  uaîssaiito.  Il  ii 
l.i  litlltï  (aptiyt*  sur  suii  pays,  sur  sn  nai 
sur  If  s  rn^a«^tMuiMis  qu'elU'  pouvait  avoir 
t(s;  il  avpiit  onin*  aulnvs  pariiculariti'i 
rla'l  fiaiiri'c*  au  prince  des  Crllibéririis, 
li //il  fins,  i\\iHsi\ùi  il  m  an  do  ses  pareils  o.l 
toi  rjtoux,  et,  sarliant  i\uv.  \v  prince  aîn 
diHMiKMit  la  jc'Jin<*  ra|»tivi*,  il  \<M«t  ciu'il  I 
do  <\s  «nains  :  «  Votre  fiancer,  lui  dil  il , 
i>  [ktIcc  dans  ;non  raijip  couiiuf^  ello 
>•  chez  les  «lUtcurs  d»  ses  jours;  jo  vous 
'>  BCiV^c  pure  et  suis  tai  hc  ^  pour  vous  ei 
n  i)rcscnl  diij;nr  de  vou.j  et  de  moi. Le  seul 
»  je  mets  a  re  service  ,  c  est  (jue  vous  so 
»  du  jX'Uple  romain.  >'Alluclus,  Iraris] 
joie,  prit  la  main  de  Sciplou  ,  et  lui  e\ 
,  !  vive    reconnai.-sance.    On   introduisit    <*; 

^ii'«  « I J ..    !..    ?  _ .  ! 


ri  Cl  PION    t'A.FR[CAlA.  4^5 

priftire,  cnrnMé  d'honneiiritet  dn  [irëien.i,  i^reiW 
•«nchant^'  Une  coiiduilfi  ii  ccn^rciiM  procura  de 
ilus  grands  svaii'a(;''s  anK  lioinnina  mm  n'tvair 
.<it  la  \ithe  ni<*[iie  ili>  Canhagèno.  Allnritjt,  de 
Teloiir  dani  la  Ci'll'ih^ric  ,  ne  coisa  d'en  Ire)  en  ir  , 
«HComPDirinlcsilM  vrrliis  deScipioti,  dcce  jriinu 
nvrotcpb,  di'^uir  il,  sembtalilpaux  dieux, ««t  venu 
fiùur  subjuguer  loul,  mnlria  cuccirR  par  la  foff-a 
ùe»  anne»  c[iie  |iar  ni's  bietifaîta  cl  »>  gf-iràrosit^. 
.  Le  creur  plein  Je  ers  seniimen»,  il  fit  entrer 
toute  la  Ccliitiiirie  dan«  les  ii)tër<>t!i  Afa  Humnins . 
M  amena  lui-m^rae  S»  Sci[iioi)  iin  rorpi  de  seize 
I*  clicvaiiK  dVIllii.  Ti'l  est  le  trait  lî  famear 
insscré  non  «eulrineni  par  l'histoire,  maU  par 
'~  foule  Je  monumciis ,  el  qui,  après  plus  di! 
;t  liMfi,  PSI  rticnru  connu  de  là  poftérhû 
;  le  litre  de  runfinenr.e  de  Scipion. 
lé  jeune  héros  lit  criihart[iicr  Lelius  avec  Ma- 
et  tcfl  sénateurs  rarthacitiois  h\\%  prisonniers , 
"ïVojra  ptirler  h  Home  la  notivelle  de  lo  ton- 
de Carthagène  !  elle  y  fit  la  plus  vive  sensa- 
fSon  ,  ri  le  scnal  cl  le  [leupli?  la  n'ijurcnt  avi-<:  iti: 
'granJps  deinonalraiiom  de  joie, 
"  Apres  avoir  rons.iiTC?  le  peu  de  jours  (pi'il  w 
proposait  de  passer  danj  relie  ville  h  exercer  \v% 
IriîiipPS  de  lerre  et  de  mer ,  Scipion  partit  pot.i 
Tarragone,  où  il  avali  rniivofjué  l'alsembite  de, 
tous  les  alliés,  tant  anciens  f|ue  nouveaux,  hh  il 
rëgla  toutes  les  Hllaires  de  la  provînre,  atec  ret 
esprit  lie  niodéiMlinn   er  dVtjiiiié  qui  ajoulail  un 


Si' 

'  .'  ■   !             i'  ■■■■  iTiuu  iniililc,  il  joignit  ses 
jiiTii'û  de  terre.  A  l  niiVer- 

im,.. 

lUIl' 

'■    !■■ !'■    i.iiiiii.ieile  il  sortit  de  Tarrt- 

rz. 

el  i„.uiuco.il.eleseniu-mis.  second.*  U(! 

,d('j.i  revenu  de  Home,  el  sans  le  ci>nr<M)ra 

du  f]  lie 

1  il  ni'  voulait  tenter  aueuiie  ttiilreprisc  ini- 

porta 

le.   Scipion  ne  rencontra  sur  sa  roule  (juc 

4o4  SCIPION    L'AFRlCAItt. 

dp»  amiiei  den  alliés  qui  ven-iientau-iIeTaot  J^lsi 
pur  les  contint  île  leur  Icrritoire,  vl  lui  faisaient 
cortège  Oans  aa  marche.  l^iUraînéi  par  la  pente 

Ïi^néiale  ilt^s  esprits  â  pr^f^ffr  la  Jumi nation  •!<: 
Lu  me  A  celle 'Je  Carlbugi;,  Mandoniua  tt  Juilk 
libis ,  alors  les  princes  m  i>lu«  nuissaits  île  1'^ 

5agn«,  abanJonnèreut  Asurut^al  et  vinrent  jt 
re  Scipion  avec  leurj  Iroupra.  j— 

Cependant  le  général  rarthaginoîs  marGl]«ic 
aussi  avec  une  armée  foimi'isbie  contre  Sdpioa  , 
()ni  JesEin  càlécoiiduisjîtâsa  reucontresotiarnii^ 
victorieuse,  augmentée  d'un  ({iHnil  nambre  d'Ël- 
pagnol»  auxil  ailes  qui  élaleiil  dfvcnurt  mt  alliés. 

Li's  deux  armées  se  rcnroiiirèreni  i  Bilcula,  e» 
Andalousie ,  non  loin  Je  Cjilolon ,  et  s'anét^ml 
en  lace  l'une  de  l'auti c.  Asdnibal  piit  iinit  f>rte 
position.  Quelque  dangereuse  qiie  mrût  l'attaqiu 
de  son  camp,  Scipion  résolut  de  la  tenter,  sai 
attendre  quelesdeuxarméeseiiiiemietvinsaenli«i- 
drc  Asdrubal .  ou  lui  coupassent  la  rclraît*  en  Vcb 
fermant  au  milieu  ,  ce  qui  était  plu»  facile  enc«r 

Plein  de  confiance  diin^  la  valeur  de  aea  Iruup 
et  de  son  propre  génie  ,  SLi(>ioii  dirigea 
ni^me  l'altaijue  avL'c  lanl  d'habtl'lé  ,  tguC  l'an 
d'Asdrubal,  malgré  sa  vive  résùtance ,  fat  u 
en  déroule,  et  forcée  d'abandonner  le  camp^  < 
fut  livré  au  pillage. 

Scipion  nt  des  présens  fnagnifKjnn  iUK\ 
qui  l'avaienl  si  heureusement  sec(tnd4,  et  n 
voya  s.ins  rançon  tous  les  piisouniers  et[ukn< 
qui  élaicul  lûmbés  en  son  pouvoir,  rénèlie^  d*ai 
miration  et  du  reconnaissance ,  tou^  l'allrui 
Purent  autour  de  sa  lente  et  le  prod.iciNïrent  i 
d'us  conseuiement unanime. Scipion,  après a*a 
feit  faire  silence  par  un  héraut,  répnndil  au>  Sê-Ë 

fagnols  (IDC  )c  litre  à'Imperatar,   duiit  ses  soldais  1 
ayaienl  nonoré,  était  h  ses  yeux  le  plu»  gUiieui 
^it'il  pilt  recevoir I  et  qu'il  priaiL  ses  clie<s  aliu»  I 


SCIPION  t'AVBICAIH.  4o5 
c  borner  à  une  euiaie  liicile ,  mais  de  ne  jamsit 
donner  le  nom  de  roi  ,  insu^iporiable  aux 
nains.  Ces  peuples  seniirenl  combica  il  y  avait 
grandeur  d'âme  è  dtdalgner  un  titre  docit 
at  éblouit  les  yeuK  de  Inus  les  mortels, 
epcndani,  aprèssa  ilél'aile,  ^drubal,  accom- 
ne-de  son  allitf  Mftsinissa,  prince  afriuiii  , 
t  recueilli  les  débris  de  son  armée  et  marcbé 

les  Pyrénées,  en  suivant  tes  boids  ilu  Tagc> 
lieu  de  le  poursiivre  ,  ,Scipion  josea  plus  con- 
ible  de  Diener  son  arnicc  victorieuse  dans  le 
re  même  de  l'Espagne  ,  pour  reeevoiv  et 
iriser  la  soumission  des  divers  peuples  de  !■ 
insule.  Parmi  les  prisonniers  (ju'ilavaitfails  à  la 
lille  lie  Bécula,  se  iruurait  un  jeune  prime 
:ain  d'une  rare  beauté,  neveu  do  M^sinU'a  i 
lion  le  renvoya  à  son  oncle,  comblé  de  présens, 
ommença  ainsi  à  ébranUr  la  fidélilê  de  ce  loi 
lide,  en  le  disposant  en  faveur  dts  Roninins. 
acampaj^ne  suivante  répondit  à  de  si  glorieux 
loienceinens.  Les  forces  réunies  de  Magnn  et 
Hannon  éprouvèrent  un  éctier  considérable, 
cipion  en  personne  ayant  mis  le  siège  devant 
igr,  aujourd'hui  Arjona,  dans  le  royaume  de 
1,  s'empara  de  celte  vdie  importante  ,  et  tint 
riréo  dans  la  piuviiice  de  Cadix  la  secr^nde 
ée    carlliaginnise    sons    les    ordres    d'Asdru- 

Il  vint  ensuite,  à  .son  ordinaire,  prendre 
quartiers  d'Iiiver  à  Tarra^jone,  sîé^e  de  la 
sancc  romaine  en  Espagne.  Les  Caribagi- 
.,  défaits  dans  plusieurs  comb.its,  avaient  été 
.us-ws  iiis<|u"aii«  b'>i  d-î  de  l'Océan  ;  mais  l'Es- 
le  avait  sur  lltiilre  un  grand  avantage  ;  c'était 
outes  les  parties  du  monde,  soit  par  le  génie 
babitans  ,  soit  p.ir  la  situation  des  lieux,  b 

propre  à  runoiiveUT  la  guerre.  En  elTèl ,  bien 
ce  soit  la  picinière  pro\inrc  di]  continent  OÙ 
lloiuaius    aiuni   porte  lenrs  unies,  c'cit  la 


avi'c  tiiulcs  si's  IVircw,  qui  nioiiiaii-nr , 
1rs  Uoiii.ilris  et  \es  alliùs,  iV  iiuaranUi-t 

,  Après  tjuii  les  Jeux  arméps  eurent  e: 
force  Oans  diffrreiiics  cscannouclies ,  cil 
finirent  <>t  en  vinrent  à  une  action  génér 
ironli^res  de  la  lîrliiiiic.  J^s  Carihactn 
linjircrit  il'.-iburd  avec  taiil  de  vali-ui 
Romains  Loniinencèiiiit  i  jicrdre  cour^ 
«Sci[  iim,  mcltinl  pied  à  ti-rre,  prend  uii 
m-  j(  lie  au  milieu  des  bataillnns  africains 
p.ir  cet  exemple  ses  soldats,  qui  red 
dVfïoris.  I-Vnnemi  est  LiciitAl  mis  en 
•  'i  ttlial  regagne  son  camp  i  mais  il  l'ai 
l'di'liinl  la  nuit  et  se  relire  dn  cAlé  ii 
^(iJ■i(FIl  le  suit  de  près,  et,  l'ayant  al 
''('t;iit  vw.  seconde  (<>'is.  I!  ne  resiail  plus 
h:.\  que  six  mille  hommes.  Ce  fut  avec 
i.iMis  restes  (ju'il  parvint  à  gagner  I* 
iriiiic  liaiilenr  <>(>car|iée,'oà  il  se  rclrancl 
sur  le  pnitil  d'Olte  investi  par  Scipion 
diiiiné  par  kck  propres  soldats,  il  gagn 
pendant  la  nuit ,   cl  mit  à  la  voile   poi 


s  r  I  p  1  o  V   h\  !■■  n  t  c  \  I K.       407 

Id  tixi^nic  aniific  <lii  roiiitn.inJfinetil  de 
>li.  Cc- ^(.'fléral  iMirnya  son  d'iro  Lucius  >> 
a  poiir  y  ipnrloi-  |a  notM'ullc  du  rrcuO- 
enl  entier  de  riîs|U{(nc.  1^  jnicfui  iiniver- 
àaaa  \i  u|Mtale,  rt  nu  élrva  juif|u'iu  riel 
lc)ar  du  licrox  à  iiut  l'oa  dt^vait  cette  impor- 
«;on<}Ui!tc.  Liii  spuI  .  m^atùble  de  gloire  ,  ri*- 
■il  U  possession  di-  l'^^pagoe  camme  peu  dfi 
1  Bit  CQn>iuraijiiii  dr»  r»tM  prujcli  tjn'aviiit 
Ù  son  çwur  niA^iiaiiiroi'.  Déjà  ses  youi  so 
laicnl  vers  G<iidi.'i(;i",  it  ne\-oyait  que  la  sait- 
an  eniièro  d»  l'ATiiaue  ({tii    ptlt  metife  le 

à  u  gloire  «i  aLlactirr  à  son  nom  un  iitr« 
jriol.  LUiu  ceuc  vou ,  et  scnlant  la  nccr^siit' 
If  ménigiT  des  tiitcHiçwncM,  de  s'y  conrillt'f 
rj ion  des  primu'i  fi  Jirs  peuples,  il  ic»olut 
mdtx  I('.s  disi>osilii>ns  de  Syphai  ,  roi  Ht* 
atssyliciu,, allié  alors  des  C.irinAginois ,  dans 
»ir<|ue  r.c  [iriurf  se  décluivrjil  pour  l«s  Ho* 
».  M  envoya  l.eliin  à  sa  cnur  «vrc  dvsnrd* 
ronstilériblos.  L'Afriraîn  cousonlit  i  IraUer; 

il  .Irrlan.  .r.i'il  w  ^il.iit  rit>i<  rnn.lnre 
,■■■  Sclywn  ,;,  i>,;>,^,M.  D'-i.irs  1,..,  ,,1,., 
Ci-  K,!.i,T.d  .nair  M.r  rAliin.io,  l'amili.-  ,lf 
;u  nmivili.   .tuTIm-   u,.    cvm..\   nm,ls   d.u,.  l, 


..rs.  Lis...  M>,.  ...•,n,.o  .Vr-n-nS"^-  -'"-  '« 
.s  .K- s..,  Iu-ui.»..n..  ,,,.,.;.  d<.f..r.-.s..uo  sur 
c,nii.;in,-,rnu-s.ljUmL.-i.li..o.iAln>|U.-.Lc 
•d  voulut  .11. -.lu  uu-inrul   on  il  a,.pn.,Imll  .1li 


Asdn 


4oS         SCIP  ION   l'kvkicms. 

aliii  (!('  procurer  la  paix  aux  deux  ualiuns;  mai 
Si  ipu)i\  :»'t*\i'iMa  y  m  proiostaïU.  i]u\[  rravaii  avC' 
A 'ilriihal  aucun  sujet  de  haine  ptM'.sonnelle  c)u'un< 
eiilii'vui'  pût  dissiper,  et  qu'à  IVgnrd  des  afidire 
p.>liii(](i(\s  il  nierait  pas  en  son  p(»uvoir  d'en  trai 
tiT  sans  l\intoris.ilioii  expresse  du  séiiaL  Touti 
l(»is  les  deux  généraux  soupèrent  ensemble ,  et 
pour  ne  pas  désobliger  le  roi,  ils  prireii»  place  su 
le  Niênie  lit.  Sc.iplon,  dit  Titc  Live  ,  avait  uni 
.nnabililési  Si'^duisnnteet  tauldc  dextérilé  naturels 
ei  de  souplesse,  (pie  les  grc^(!f5  de  sacouversalioi 
«"li.n  nièrent  non  seulement  Syphax  ,  nutis  Asdru 
i);d  lui -inc'^nie ,  un  des  ennema  les  plus  achar 
nés  (le  la  république.  Ce  gén(?ral  convenait  fran- 
(  lirnient  qu  il  avait  pris  de  Scipion  une  plus  hauU 
iilee  (ra()rè<  son  entrelien  (pie  d'après  ses  exploit! 
fnèiiies.  Knfia ,  le  Irailc  se  conclut,  et  Sr.i]>ion. 
^pres  s  èire  expose»  sur  untflerreennemiea  la  bonn( 
i('\  (l'un  prince  dont  les  intentions  étaient  s 
é(]ui\()(p]es,  quitta  l'Afrique,  dont  il  avait  déii 
re.s!.(»u-  d(î  se  rendre  maître ,  et  rentra  dans  b 
poif  (le  Carihagène. 

De  retour  en  E<p|^ne,  il  alla  faire  en  personne 
le  sié^e  (rilliturgis,  ville  située  sur  le  Beiis,  f 
peu  de  distance  (rAnduxar^  et  il  chargea  Alarcîu! 
de  réduire  sous  son  ()béi^5auce  Castulon;  ros  *\c*i^ 
villes  s'étaient  rév()llé(»s.  La  première  lut  pr..« 
d'.iss.iut,  et  Scipion  y  fut  blessé  au  cou.  A  ccfti 
viu>  r.ittimosité  des  soldats  fut  portée  au  comble; 
ils  (lét.  uisirent  la  viih> ,  et  passèrent  tous  les  habi- 
ta n  ;  au  iil  de  l'épée.  (lastulon  capitula ,  etéprourj 
un  ir.iiiement  moins  rigoureux. 

De  re.our  à  Cartbagcne  ,  Scipion  acquitta  let 
V(i\u\  (|U  il  avait  faits  aux  immortels,  et  y  donnj 
L>  tombât  de  gladiateurs,  dont  il  avait  déjà  or 
d' mie  bs  prc'paratlts,  dans  le  dessein  d'honorei 
1.1  n.éinoin;  de  son  -p^ie  et  de  son  oncle.  H  n'j 
adlnii ,  au  livu  de  gladiateurs  ,  que  des  aiilago* 


r: 


SCIPIOTI    l'africain.  ijo*) 

r  dùttîn^u[>s  qui  sVlaient  présciilés  so;l  pnur 
fiiire  la  cour,  soit  pour  répuiiJre  à  des  défi». 
IX  prinres  espagQuls  y'clisporèrcnt ,  ïépée  à  la 
^.n  ,  la  poMcssion  des  étals  de  leur  père. 
Cependant  la  ville  d'Astapa ,  dont  les  mines  se 
ienl^encon  près  de  la  rivière  du  Xenil ,  â  quel- 
dislance  d'Auleqiiera  ,  el  dont  le  nom  se  con- 
e    dans  celui  de  l.i  ville  acluelle   d'Erlapa  , 
lit  résolu  de  s'ensevelir  sous   ses  ruines  plulftl 
s  de  se  rendre  k  l^  discrétion  des  HnRi.tins. 
■reins  en  forma  le, siège  par  ordre  de  Sci;iion  ; 
lis  les  habitans,  aflWéî  par  le  désespoir  et  la 
se  précipilèreut  en  furieux  sur  le  ciinp  des 
ini ,  et  se  firent  tous  tuer ,  i  l'enceplion  de 
qtianie,  ^ui  ,  tro(i  fidèles  à  lenr"  mission  ter- 
lé,  assassinèrent  les  (cmmes  et  les  enfans  con- 
'Jeur  garde  dans  la  ville  même;  las  enlin  de 
'   massacres,  ils  s'élancèrent  avec  leurs  armes 
biïclier  où  ils  avaient  placé  toutes  leurs 
,  et  annuel  ils  mirent  le  feu.  Tel  fut  le* 
icle^oavMii.iblecjai  s'oftrit  aux  regards  drg 
lins  iorsqu'ih  pénéirèrent  dans  Asiapa.   Un 
1(1  pombre^  poussé  par  la  cupidité,  pérît  dans 
flammes,  et,  suivant  le  récit  de  'lilc  Live, 
le  rille,  détrxiiie  nm-  le  1er  et  par  le  feu.  ne 
sa  rien  à  l'avidlle  .tu  suidai. 
fMarcius,  après  avoir  réduit  p.ir  la  craiula»eculc 
autres  peuples  de  ces  contrées  ,  r,i:ïii-iin  son 
lée  victorieuse  à  (larlIiaf^i'Tie  ,  où  Si'ipion  étaif. 
ibé  malade.  La  renommée  avait    présenté  sa 
ladîe  comme  plus  dangereus.-  quVilf  ni'  l'était 
tellement ,  ce  qui  jpla  le  trouble  cl  la  r onlusiou 
Espagne  ;  les  alliés  en  devinrent  intidéles  et 
soldats  sédilienx.  Mandoniusct  InJibilis,   qui 
aient  Haltes  que  l'expulsion  des  CariliJi;iuois 
far  Assurerait  la  domiiration  de  la    péninsule  , 
^nt  leur  aitcnte  dé^,1le  ,  iirenl  n'prcndre    lis 
^^les  i  la  jeunesse  ccliibériunne.  Les  Ca"iiiaj;i- 
Tame  I.  '■':'> 


OHrter 

chefs  de  la  sédition,  ce  (jiii  ïiilimiJa  U 
muijns,  (fu'ils  se  soiimirCDt  sans  rési 
«(il<]ats  s'éiaient  allrntlu  à  trouver  1< 
aballu  ctlanguijs.-iiil;  mais  il  les  liaran) 
air  si  aninié  et  si  iin{>osjnt,  i^u'iLi  li 
avec  jnic  un  nouveau  ïcrnieiil  de  fîdéli 
seiice.ivail.'ijoulé  au  respect  (pi'inspira 
En  effet ,  la  JigiiilC  naturelle  du  n 
Sci|iiun  était  relevée  par  une  longue 
par  un  costume  mâle  et  guerrier  «jui 
rien  aux  recliet elles  du  Iwiej  déplus,  i 
dam  la  force  de  l'âge,  et  l'embonpoin 
repris  depuis  sa  convalescence  lui  don 
t!c  fratclicur  qni  lemblait  avoir  renouv 
Oc  lajerinesse. 

ÎK^Moii  marche  aussitdt  contre  Ha 
Indiliilis,  (jui  avaient  repris  les  armes 
Ilomaîns  ;  il  les  rencontre  avec  une 
vingt  (Jeux  mille  hommes  dans  le  paya 
tains,  en  de^à  di;rf:,Lr|i,  leur  livre 


!!  CI  PION     i/afBICAIN.  /,\t 

511e  occ.ision  tJVnIrer  en  conférence  avec  Sljii- 
ei$S3i  qui  s'ùlait  renfenné  dans  Cadix  avec  Ma- 
gon  ,  et  dont  il  connaissait  les  disposilions  secréf» 
m  faveur  dei  Hninains.  En  eflèt  ,  dès  que  Scipion 
Rit  arrivé  anx  environs  de  Cadix,  te  prince  nu- 

Eiidc  ,  sous  prétexte  d'aller 'en  roconnaissance, 
Int  trouver  le  proconsul,  e\  fit  un  irailé  secret 
id'alliancc  avec  Rome.  Il  lui  conseilla  en  même 
kemps  de  passer  en  Afrique,  revêtu  du  m^me 
(Minraandeinent ,  lui  promctlant  de  le  secaniler, 
Et  lui  donnant  mfjne  1  espérance  de  voir  la  fin  de 
Kcmpire  de  Cailliage.  Celle  entrevue  et  ces  dis- 
■JMt  Al 

6 


t  Airenl  tiè^-agréa^s  à  Scipion.  Ainsi  ,  liés 
te  muluelles  assuràftes ,  le  proconsul  reprit  la 
rde  Tarraeone  ,  et  MasinUsa  celle  de  Cad 


reçu  du  si>naL  de  Carihagc  l'oi^  « 
«  rendre  en  Iialie  avec  la  flolle  qu'il  avait  dans 
rade  de  Cadix,  à  peine  eut-il  mis  i  la  voiIr 
M  les  habitans  de  celle  ville  ouvrirent  leuia 
Fies  aux  Romains  ^  ce  qui  rendit  ïicipiori  mattrc 
l'Iîipagnp  entière. 

La  guerre  riaîl  tpritiipéc,  cl  il  ne  restait  plus  à 
jpion  qu'à  irrui'iilir  la  gloire  de  sf-s  biillanj 
Kcès  à  Rome  même,  où  le  sénat  venait  de  le 
fpe\eT.  Il  remit  sans  murmure  son  aulorlté  à 
veaux  proconsuls  envoyés  pour  le  rem- 
,  accompBgt.é  d^  son  liJflc  Leiius  et  Je 
Lurius,  il  parlrt  avec  dix  galères  pour 
Duraer  i  Home. 

ite  sénat  lui  demanda  audience  tors  de  b  ville , 
temple  de  Belloone.  J.à  Scipion  exposa 
qu'il  avait  fait  en  Espagne,  combien  de 
Haille»  il  avait  livrées,  combien  de  villes  il  avait 
jpportées  d'assaut,  quelles  nations  il  avait  son- 
ges au  pouvoir  du  peuple  romain.  Il  ajoula 
feyaot  ru  àconibollie  qualre  généraux  cl  qu^irc 
mées  victorieuses  ,  il  n  avait  pas  laissé  un  n  ni 
drihaginois    dans    toute    b    péninsule.    l']u    rc~ 


(]('*[)().sa  dans  \v  trésor  public  uvccLcaucoi 
lir.lics.scs. 

C  ('tait  r^poquo  des  nouvelles  élcrtio 
1rs  cuMilinies ,  ann  conitnW.mv.nt  iina 
(Iccn'iiènMit  les  faisci.'aux  (■onvulairf's  , 
n'rill  pas  rnoon*  viij^;t  iiruf  ans,  e.i  i 
Tr(:i\t  jias  encore  Vài^i'.  requis  pour  Htr 
.(anials,  dans  toute  relte  ^uiTrCf  Yasst 
pi'npL*  n'avait  été  si  nomUrciisf.  ;  on  s'y  i 
de  ti)Utes  parts,  nnn -seuienient  pour  ^ 
faveur  dt*  Sriplon ,  mais  [)our  Ty  r.niitc 
fouit*  le  suivait  jiiAjut^  cheK  lui,  «I  se 
au  (^apitoie  pour  ly  von*  iiuinolcr  l'I 
rie  (  eni  hœufs  qu^iL  avail  voués  à  Jupil 
dernière  rani;)fii;iio.  i 

t)i\  rii»\aii  ^eiiéralerne^nt  nu^à  lin  sen 
9'*ri'ée  la  gloire  de  teriniiier  la  seconde  | 
i)i(pie,  et  de  rliasser  l(^  Cartbai;inoiH  i 
aii'si  (piM  !("{  avait  (liasses  de.  Thsipagnc 

(,)iianvl   il  f.dlnl  régler  la  répartition 
'.'.]  viiKi-s,  Si-ipion,  ne  nieliani  piusde  ii< 


SCIPIOT»  l'af-ricaïn.  4'5 
,iuit  (le  U  jalousie  que  lui  caii.'i.iit  uii  mérUc  nah~ 
;  Scipion  du  mains  fil  scnlir  ditiis  sa  réponse 
jne  c'était  ce  mot  if 'lui  animait  Fabius.  Mai» ,  sprès 
g  couris  débats ,  la  najorilé  déGida  (me  Sripinn 
'llhmaRderaii  en  Siciti!  ,  et  que,  s'il^c  jugeait 
nkg^tix  i  Télat,  il  pourrait,  avec  une  ffotle 
"Henle  vaûseaux,  porter  la  gnerre  en  Afritpie  ; 
1^  aussi  autori>ié  à  mener  avec  lui  tous  les  vn- 
MUires  qni  voudraient  l'iiceompagocr,  et  à  eni- 
^  des  allrés  tout  ce  nni  serait  nécessaire  pour 
|uiper  une  nouvelle  flntie.  Plusieurs  province» 
'ifil-renlea  villes  st  laxcreril' ellrs-mfmes  pour 
cirait  du  blé,  .lu  T-r,  ilu  bois  .le  charpente, 
W^Usi  etc-  Qiiaranie-cin(|  jours  aprèi  que  lu 
f^^at  é\é  lire  des  forets,  une  (lotta  d'environ 
:  galères  neuves  mit  en  mer ,  tout  équipée 
fetûut  armée,- 

FlScipion,  après  avoir  débarqué  en  Sicile,  apr^? 
'r  discipliné  les  volontiwrcs  qu'il  avait  aineni's 
tlÀi,  envoya  Ldîos  arec  tin  corps  choisi  faîra 
liescenie  en  Afriqne.  Ce  n'était  qu'une  es- 
i  de  reconnaissant?  ;  Lclius  en  revint  ;ivfc  uti 
e  Lutin,  et  reiidil  rorapu'  ri  Suipinn  ile  Tinip.T- 
lait  Masinissa  Je  le  voir  arriver  à  la 
tode  son  armée. 

itervalle  une  dépiitaiion  des  Lorriprs 
(venue  se  plaindre  à  Home  de  la  lyranme  île 
Reniinîus,  lieutenant  île  Scipion,  ijljî  av.iir  cn- 
!  les  trésors  du  Icmple  de  lîrosrrnine,  el  ilésiiti- 
né  les  femmes  .'I  l,-.-  enfai.s  des  Lo.riens.  Des 
libats  animés  s'élcvércnl  à  cette  <)crat.i'>n  dans  le 
re  les  amis  el  lus  ad  versa  in 'î  de  Scipion. 
>Utre  les  attenfali  de  PlCminius  el  les  désastrrs 
«Locricns,  on  ii'nrochait  à  re  général  un  pxié- 
i  peu  di;^np  d'un  soldai  qni;  inin  llo- 
bain.  A  culenilre  ses  dclr.irt.'ins  ,  un  Ir  voyaii  sQ 
['promener  dans  le  (iuTina^e  l'n  niuHrset  en  ni.in- 
leau  ;  il  pai>:înll  si>ii  icmjts  à  écouler  lus  dL<Uina- 


4>4        SCIVION    l/ArBICAlK. 

liiifi*  ilrs  lophiMct  el  h  jnger  An  b  fnrce  di4 
jiiliMip»  :  i  Bon  enemnl? ,  loVI  rr  qvJ'  A«il  toHf 
«et  oidrMviviii  dans  la  ni^niFniolIfMe,  an  milim 
lie*  ilrlirm  i!(!  Syraniip,  Cribmlri,  injnni^ii  à 
Sriplon  ,  di'trrminàrcnl  li"  «énal  i  cnvoypr  mi  Si» 
titc  iinr  inuiniM^îon  pnnr  «'mnircr  de  la  v/'t'iH'. 

iV  Inir  snifi-e  à  Synriisv  ScWian  se  mil  pn 
Ami  de  joitifii-r  n  condnili-  pïr  dei  i^n^r»  pluiftt  ] 
,(|iii!  par  dru  paiolc»;  il  Ji'nna  nrdte  di?  m-.-'vm- 
hlrr  l'armée  rt  de  l(>nir  la,  fInUe  ^iiuini'i- .  '.11  ■ 
ni  l'on  rût  drt  rnmbjtlrr  rc  jniirla  Te^  <.m(Ii.i^i 
iiois  far  lerrr  et  \>amn'er.  Il  irçot  k»  ra>p)'iiiiiJi>'i 
ili4-e  lui  tvrc  I*  pftlilpuc  l»  ptu)  prévriiante,  et 
dr«  le  lendemain  fit  paraître  inui  Icun  jfiu 
l'*rrti(ic  et  la  flolle,  non  ivuli-menl  en  lion  nntr*, 
tnniii  rliBnine  If  iir  donnant  le  «peclarTr  il'iiri  irom- 
)>«[  simiiU)  ensuiltr  il  condiiî^îl  li-  iir^'enr  rt  Itt 
(oininiicairet  JBiMlntn.iKi'tnii'ldiinoInarirtiaUf. 
Le  (n'iip  d'oiil  [;r^néraL  et  tes  di'lMili  de  loui  cm 
prt'paniir*  le»  pi'nt^trèrent  tradtriiralîon  ,  ft  \êai^ 
donnèri^nt  l'i.Murance  qu'l  celle  arrii^e,  Ji  et  |4-' 
iiénl  était  riservi'e  la  di'fille  de  Cartiuge,  on 
(iii'eile  Sfrail  it  jamiiîi  impitmible.  lU  l'exlinrtèrer' 
donc,  à  palier  en  Atrii]iie  «du*  U  ^irolection 
dietix,  et  piftircdl  Rvrr*nulani  iln  jnie  qiin 
■  vaieiil  da  porter  dam  la  capitale  la  iiruitrllr 
h  rietoire.  Le  rappnrl  unanime  dea  com  ' 
hairrs  et  dei  trthiini  fui  *i  favorable  A  Snmot 
ton  armée,  que  )c  léiiat rrRulul  d'orc^lerer 
pédiiion  d'Amf]Uc. 

Ceiicijdini  A*drubal ,  liU  de  Giteoti,  ven: 
di-lacder  iiypbax  de  rinli^r^l  dei  Itonuinai  e. 
lalianl  épa>i»er  sa  rdlJiPSophnn.ibe,  ai  n<liil 
disent  lODS  les  liialorims,  par  in  l>e«nlé  CI 
lia  cuurQge  lupérieur  A  snn  wike.  Son  ptfrl'a 
d'abord  promise  à  Matiniala  ;  ffllM  n  prii 
ayant  perdu  aon  rnyainne .  Aidnibal  vintj 


r,  ri  donna  Snpl 


rnyaiiine.  Aiuruhal  vinu  w 
tiphoniibe  a  Sypitaï.  Scipion 


KriPtON  I.'a  FR  I  C  A  IK.  4'^ 
ieiK^tiicmcrit  rniiR  iiiiiivcllc  it  itiiti  armde,  et 
liiit  rassomliler  ses  soUl.ilt,  il  li'ur  Jil  «Q 
irp  que  Sy|)lidX  pt  M(Miii!>sn  ie  pUignjirnt 
déUi*,  el  Ip  |irfMjitEiil  lir  Id  ïciiir  joindre 
na  onlrr  t'n.tuil<!  que  k.i  fl<i1le  fi't  voile  puur 
ileLiiybt'e,e>qut;  do  lioupci  l'jrrendiiseiit 
re. 

«ison  ne  vil  d'i-mliarqucm^ni  fuît  nvcr.pluf 
B  ni  d'une  munière  )'liii  fra[>|ianln  :  unV 
mmcnir  rempliuail  Je  p<irl,  «lin  de  jouir  d« 
cfacU.  AvDnl  de  mcinr  à  la  viiilc  Scipîsn 
iiir  lu  lill.ir.  du  vnixtc.iii  .imiral  ,  t-I  «prit 
hdraut  eul  fnli  relire  siii'M<:e,  ••  Hioux  et 
K3  ,  dit-il ,  qui  ti  iblrr*!  In  leire  cl  Ifi  mi-ri , 
OUI  prie  et  rOnjurç  deieifr  un  rc^»rd  de 
veillancc  lur  tout  »  (|ui  s'r.xi  r»il ,  ««i  f  lil  rt 
ra  S0U9  mou  coinmAndrincul ,  c\  de  li?  faire 
fier  è  ma  gloire  «l  A  l'^vuntago  du  fMuple 
tia  ,  et  de  fiïre  tnn^ber  lur  Carlhaf}e 
lei  mallicurs  dont  dlU  ic  pr^nrait  d'ac- 
K  Homo.  ■  On  ^goruM  eniuile  une  vie 
doni  il   jctn,   orlon   liisaRc,   ici  poImIUm 

I   miT,  n  nji     Ir    non   dr   l.i   IrOMIpPIIti   il   (ïl 

r  i«i<NiWli:.lrm'-iii  U'  ^>f-u.i[  du  .Uparl,  La 
Ut  un  v.'iii  l;iv«...l.|<'.  A  p<-iuc  di-cmivrit-ou 
b  d'Afii(|iii'  djus  litiilc  son  t'irudue  ,  qua 

I  voulut  .s-walt  I.'  ii.jiu  ilw  r;.p  II-  plus  vul- 
,  sur  <■«■  .[u'o.i  lui  dit  .|.i'll  ,'ap|,f  hiil  [,■  J,Wu , 
Ceple  rniigurp  ,  iriioiidil  if  ;  r'i-sl  l,i  «u'il 
fiUunkc:  Aii>-.;i,M  l;i  lUiu- luuK''3  la  r.Me, 
o  l.'t  lr>m,>.'s  luK-ui  ini^^vi.^  l.-m-. 

II  plu*  iiJJMI'tj]    .A|ipi(Tl    (|IJ<-  'l'il.'  J.ivi-,  (loill 

alion  .sciulili'  ninirn  s'.-irriinliT  avi'i:  l.n  mite 

■ncm''u.'i  que  r.-ll<'  Ji-  l'Iiisioricn  prcc. 
i!l>.'<npii'iij<'u[  <!>'  Sc'ipiori  irpaiiilil  l:i  lirrfiir 

r   pilori    (ju'Aïdi'ulial  ,   ijue   Scipiuii    avait 


/jiG      sciPïON  l'africain. 

Laltii  si  souvent  en   lispagne  ,   et  qui  irailleurs 
n'avait  sous  ses  orJres  qiit*  de  nouvelles  levées. 
Dans   une  première    escarniourlie    un    détache- 
n).*nt  carthaginois  fut  lolalenirnt  licfait.  Scipiun, 
i(*;.Miiaiil  ro  jMt'uiifM*  surcès  comni»»  un  lieureuz  1 
ptr-.rj»,   m.nrlia  vei-î  Loilia ,  ville  qui  semblait  j 
(  innicltre  à  ^<  s   soldais  un  riche   butin.  Aussi, 
<M.j>ii)iie  hvs  h.ihiians  cu:»senl  demande  la  vie  et  la 
..'l>citè  lie  se  retirer,  et  que  Sr.ipion  eill  fait  son-  î 
ner  la  retraite  ,  les  soldats  «  impatiens  de  ra^a;îer  .. 
n*lle  malheureuse  vilh»,  v  pénélrèrenl  et  p.îWîcnt  • 
lous  les  habitaus  au  fd  de  Tépée,  sans  disiiurt  on  ■ 
«IVî^^e  ni  de  sexe,  l'ne  action  si  barbare  ,  pnieJee  . 
d'iiue  désobéissance  formelle,  ne  resta  ras  iin- 
[  unie ,   le  proconsul  fit  décimer  les  cenlunons  (]ui  ! 
avaient  encouragé  la  soldatesque  à  poursuivre  Tat-  I 
t.?nîie. 

Masinissa  vint  pendant  la  nuit  trouver  Scipioa 
djus  son  camp.  Ce  piince  numide,  dépouille  de 
son  royaume  par  Svphax  ,  en  avait  vie  rexxiis.en 
p(\^<:tssion  parla  médiation  desCarlhaginois.  Dant 
ii-rr  cnircvue  secrète  on  arrêta  qu'il  continuerait 
à  'Toruper  ses  anciens  alliés,  jusqu^à  ce  qu'il  s'of- 
lu't  une  occasion  iavurable  pour  rompre  avec 
ii:-:. 

TcntMidant  Asdrubal  ,  après  avoir  rassemblé 
iH.c  .iinuM'  de  tiet'.le  mille  hommes  et  de  cent 
t..'ij!i'  ('îcph.ins,  s'aî»j'rc)cha  d'Utiquc,  ville  im* 
i  f'r;,:;]ii>  (ji.e  ^(i|)ion  allait  iiiveslir.  3Iasinissaf 
';;  I  <  i.tit  de  tou.^  les  conseils  du  guerre,  epgagea 
^-  i^  ::r;;ilcariha^iuois  à  détacher  son  (ils  Hannon 
;.v  c  un  torps  de  mille  chevaux  pour  observer  les 
lîîoMVvMiicns  de  l'eriTiemi,  et  faire  entrer  ce  renfort 
i\Ar\^  {  iirp:e,  pionietlant  de  seconder  celle  entre- 
{!■  ■  A\rr  tonte  la  cavalerie  nunftde.  Il  commu- 
i'''ju':  .;n';«itul  ce  dessein  à  Scipion  ,  qui  surprit  le 
d(  i.<  ii(  iw  lit,  il  ht  llannon  piisounier.  3Iasînissa 
se    dtcldic  alors  uuvcrleiiK'iit  ,  et  S\plia.\^  son 


I 

I 


sciPioN  l'africain.      417 

ivâl,  qui  avait  joué  le  r*le  de  médialeur  entre 
te  Carthaginois  et  les  Romains  ,  ne  garde  pluj 
Itcune  mesare,  el  fait  sa  jonction  avec  Asdrubal, 
Investi  alors  par  une  armée  de  ccni  mille  corn— 
Milan*,  Scipiun  est  obligé  de  rcDoncer  à  l»  con- 
li^te  d^Ulique,  après  cent  jours  de  sié^e  et  d'ef- 
irts  extraordinaires  ;  d'aillciirs  l'hiver  approchait. 
Il  alla  donc  choisir  ses  quartiers  d.ms  un  lieu  plua 
ftr,  el  choisit  un  proinonloire  oùâa  flotte  ptail  à 
ancre.  Tout  l'hiver  se  passa  en  négocialions  insi- 
ieusea  entre  Sripion  el  Syphax,  qui  avait  rrprîj 
Y  râle  de  mâdiaroir  entre  les  deux  nations  ,  es- 
CrHitl -que  les  tlomains  évacuciaient  l'Alrique, 
fies  Cai-Lha^inois  I  Iialie. 

I  l^e  camp  où  hiveraaieni  Asiiriibal  et  Syphas, 
Quelques  lieii«s  de  celui  de  Scipion  ,  était  ci>in~ 
osé  de  huttes,  faites  la  plupart  de  boii  nu  d'an- 

rs  malénaui  combustibles  pris  au  hasard  dans 
campagne  ;  celles  des  Numides  suclout ,  tissa 
jfptner  âe  roseau k  et  de  natlcs,  étaient  dctper- 
■S  sans  ordre  ,  suivant  le  caprice  des  soldais ,  et 
melques-unes  même  plicées  hors  des  fossés  et 
les  retrancheraciis.  Scipion,  informé  de  ces  dé- 
ûU,  en  conçut  respéranice  de  brûler  les  deux 
tinps  ennemis. 

Avec  les  négociateurs  qu'il  députait  à  Syphax 
I envoyait  ,  sous  Ihabil  d'esclave,  ses  ofliciera 
H  plus  distingués  par  leur  bravoure  et  par  leur 
■périence  ,  et,  pendant  que  les  dépuiés  traitaient 
rec  les  ministres  du  roi,  leurs  prétendus  valets 
traient  dans  le  camp,  reconnaissaient  avec  soin 
!S  entrées  et  les  issues,  la  situation  et  la  forme 
tnl  du  camp  en  général  que  de  ses  diverses  nar- 
ef ,  les  quartiers  des  jN'umides  et  ceux  des  Car- 
lacinois,  Tinleivaile  qui  séparait  le  camp  d'Ai- 
rubal  el  Pelui  de  Syphax.  Comme  les  pourparlers 
;  multipliaient ,  Scipion  envoyait  chaque  fois  de 
i>aveaui  émissaires. 


se.<  troupes  à  Lelius,  elle  charge  d'aller 
cerl  avec.  MasînUsa  et  les  Numides,  al 
rnmpde  Syph.ix  rt  d'y  mettre  le  feu,  se  r 
lui,  l'3lia<|ue  d'Asdi'ubal  et  des  Carthagi 
Tout  réiisiit  ail  gré  de  Scipion;  les  de 
furent  surpris  et  brûlés  ;  quarante  mille 
de  l'armée  ennemie  périrent  par  le  fer 
feu;  on  fit  plus  de  cinq  mille  prisonni 
'  ubal   et   Syphai 


fuyards  ,  échappèrent  au 
si  grande  i  Carthage,  qu'on  s'attenda 
Scipion  renoncer  au  siège  d'Utique  pc 
attaquer  Carihage  mfme.  Cependant  o 
de  continuer  la  guerre ,  et  le  s^nat  de 
ordonna  la  levée  de  nourelles  troupes. 
Asdrubal  et  Syphax,  encore  rénnis, 
camper  avec  une  armée  de  (rente  mille 
dans  un  endroit  appeléla  Grande  Plaint 

1*ouriiées  d'Utique  ,  dont  le  proconsul  ai 
e  siège.  Instruit  de  leur  approche,  Scî] 
verlit  le  siège  en  blocus,  et  inarche  aui 
ginois.  Après  quelques  légères  escarmo 
deux  armées  en  viennent  î  une  action  ] 
qui  se  termine  k  l'avanlage  de  Scipion. 


SCIPTON    l'africain.  41^ 

I  comment  Syphax  fui  faii  prisonnier  par  Lflim 
a.sinissa  ;  comment  Sophonisbe  .  fille  d'Av- 
al ,  et  femme  du  mi  numide ,  lomba  an  pou- 
de  Masinissa,  qu'une  paision  violente  porta 
Ldt  à  IVpoiiser;  ef  comment  Masinissa  ,  dont 
on  avait  l»!3më  l'hymen  précipi'é  ,  envoyS 
lison  à  Soplionisbe ,  qui  se  donna  la  mort 
un  courage  au-dessus  de  son  sexe,  (iel  éfâ- 
dramatique  est  d'ailleurs  assez  connu. 

ndis  que  Scipion ,  vainijueur  et  matlrc  de  la 
idie,  envoyait  Leliiis  à  Hnme  avec  Syphaz 
reste  des  prisonniers,  et  qn'il  ominaii  en  per- 
!  son  ancien  camp  près  de  Tunis,  les  Carlha- 
a  ne  cherchaient  qu'à  suspendre  ses  opéra- 
par  de  nouvelles  iiégoriii lions  de  paix  jusqu'i 
vée  d'Annibal ,  que ,  dans  leur  désespoir ,  tb 
enl  de  rappeler  d'Italie, 
n'était  plus  un  roi  barbare,  ni  son  beau-pire 
ubal,  toujours  malheureux,  niunfamasde 
ins  mal  armés  que  Scipiaii  allait  avoir  1  cont- 
i  ;  c'était  le  terrible  Annïlul,  qui ,  vieilli  dans 
uite  de  victoires,  avait  rempli  l'Espagne,  la 
i  et  l'Italie  des  monumens  glorieux  de  ses 
its.  L'armée  qu'il  commandait,  mille  foit 
lée  dan^  le  sang  des  Homnins,  avait  bbnchî 
son  cVicf  sous  les  mi'mrs  drapeaux.  Depuis  Ift 
r  d'Annibal  sur  la  câte  d'Afrique  la  trêve 
conférences  avaient  elé  rompues.  Rome  et 
lage  ne  pouvaient  contempler  sans  une  vive 
élude  Annibal  ei  Scipion  pr^ts  à  se  mesurer 
terminer  ccite  grande  querelle. 
;ssé  |)3r  les  courriers,  qui  venaient  coup  sur 
l'informer    que    li's   environs   do    Carthage 

II  ftccupés  par  les  llomains ,  Annibal  se  ren- 
.  diligrnre  à  Zan,,.,  ville  sil-ée  à  cinq  jonr- 
de  Cartli.igp,  cl  de  là  il  envoya  des  coureur» 
naître  rennemi.  Ceux-ci,  surpris  par  les 
'.t  avancées  des  Homains,  furent  conduits  k 


420         SCIPION  l'africaik. 

Scipion,  qui  les  rassurra  elles  remit  mire  les maini 
des  Irihuns,  avoc  ordre  de  les  promener  dans  le 
camp  et  de  leur  en  laisser  observer  à  loisir  toutes 
les  p  irtios  ;    ensuite,  après  leur  avoir  demandé  si 
leur  cutiosltô  étût  satisfaile,  il  le<ir  donna  une  es- 
corte pour  rejoindre  leur  général.  Cette  confiance 
de  Sci|Mon  fit  la  plus  vive  impression  sur  l'esprit 
d\Vnr)ihnl.  Persuadé  que  le  moyen  d'obtenir  des 
couiiilionsplus  avantageuses  était  de  négocier lors- 
qn'il    avait  eurore  toutes  ses  forces,  et  sans  at- 
teutlro  uut":  Oiitlère  défjite,  il  envova  vers  Sripion 
pour  lui  (liMiiauder  une  entrevue.  Scipion  ne  s'y 
élan!  pas  refuse,  les  deux  généraux,  de  concert, 
approchèrent  leur  camp  Tun  de  Taulre,  afin  de 
pouvoir  conférer  de  plus  près. 

Le  rendez-\  ous  fut  un  lieu  situé  au  milieu  desdeai 
camus,  et  assez  découvert  pour  ne  laisser  craindre 
aucune  surprise.  Les  escortes  respectives  étantres- 
tces  à  une  égale  distance,  bientôt  on  vit  s' avancer 
l'un  vers  Tautre ,  chacun  avec  un  interprète ,  ces 
deux  généraux ,  ncui  seulement  les  premiers  de 
leurs  temps,  mais  comparables  aux  plus  grands 
capitaines.  Ils  ne  s'étaient  jamais  rencontrés.  An- 
nihalfut  surpris  à  la  \-ue  de  Scipion,  qui  était  à  la 
(leur  de  Page,  et  dont  les  traits  réguliers  cl  beaux 
étaient  encore  relevés  par  une  taille  majestueuse 
et  par  un  air  noble  et  plein  de  douceur;  son  ba- 
biliemcnt  était  simple  et  tel  qu'il  convient   à  un 
soldat.  Tous  deux,  saisis  d'une  admiration  mu- 
tuelle, gardèrent  quelque  temps  le  silence.  An- 
nibal  le  rompit  le  premier,  et  ût  un  long  discours 
sur  la  vicissitude  de  la  fortune,  dans  lequel  il  raéU 
adroitement  des  louanges  pour  Scipion,  et  qu'il 
termina  par  la  proposition  de  faire  la  paix  en  cé- 
dant aux  Romains  l'Espagne,  la  Sardaigne,  la 
Sicile  et  toutes  les  îles  situées  entre  l'Italie  et  l'A- 
frique.  Scipion  répondit  ^vec  toute  la  fierté  d'un 
vainqueur  :   a  Vous  n'offrez  rien,  dit-il  à  An- 


SCIPIOM  l'afbicain.        4u 

qui  ne  soit  déji  au  pouvoir  des  Romsint." 
sur  l'accepiarion  îles  condilioui  di!  piii 
il  déjà  dictées  à  Carihage  :  ••  Si  i^llcs  va» 
innont,  ajouta-l-il,  le  sénat  et  le  peuple 
n  ne  rpfuseronl  pas  de  traiter;  inait  sï 
OUI  paraissent  trop  dures,  préparez-vous 
uerrc,  puisque  vous  n'avez  pu  supporter  II 
>  A  ces  mots  IfS  ditux  généraux  se  sépa- 
:t,  dcretour  dans  leur  camp,  annont-èreot 
par  une  proclamation  aux  soldats,  que 
IX  armes  seules  à  décider  la  querelle,  et 
fallait  plus  altendic  son  sort  que  de  sa  t^ 
le  la  volonté  des  dieux.  , 
taille  fut  fixée  au  lendemaii».  Ce  jnur  al- 
ler qui  donnerait  la  lot ,  de  Rome  ou  de 
e.  Ce  n'était  plus  l'Afrique  ou  l'Italie, 
nivers  entier  qui  allait  devenir  le  prix  du 

jamais  victoire  ne  fut  plus  opiniâtrement 
,L*a  deux  eéuéraux-avaiesl  mis  en  oeuvre 
ir  habileté  dans  l'ordre  de  bataille  ei  dans 
du  terrain.  Scipion,  après  avoir  renversé 
(  premières  lignes  de  l'arntée  carlli.îgi- 
tlaqua  eu  personne  la  jilialaiif|e  foi  inée  de 
e  ces  vétérans  d'^nnibal  ijui  avaient  sî 
fait  irenibier  les  Uom..iiLs  d«ns  les  plaine» 
Aunibal  la  coinmandail  lui  mèiiie;  ainsi, 
S.'teiicourageï  |.ar  l'exemple  de  leur  gé- 
es  CaiibQ(;iiiois  ri^islèrent  à  tous  les  ef- 
rinfjntvMi'  romaïui;.  Scipion,  déterminé 
-e  ou  à  mourir,  emi'loya  en  vain  tout  ce 
lit  d'Iiabili-li-  et  de  valeur  [iiiur  rompre  ce 
niiéneiralile;  1rs  Itumaïus  revinrent  plus 
ùs  à  I;,  r)i.,.fi,-,  el  toujours  inulilement. 
,  deei.in'iie  d  luii;  léilstaiicesi  opiniâtre, 
jà  perdu  toute  espérame.  liWsijiie  Lelius 
lissrt.  qui  venaient  de  poursuivre  la  ca- 
carlljaginoise  et  iiumide  ,  arrivèrent  et 
la  phalange  eu  qui:ue.  Celle  atlji^ue  lut 


d'Adramète  avec  un  pelit  nombres  de  cai 
Celle  victoire  mémorable  éleva  Sci| 
dessus  d'Annîbal,  et  prépara  aux  Roi 
moyens  d 'enlreprendre  la  conquête  du  i 
Aussitôt  aprèf  le  combat  Scipion  alla 
campennemi;  on  y  Irouva  un  riche  biilii 
transporter  à  bord  do  sa  floite;  nuis  il  si 
Tunis,  d'où  il  contempla  la  sîtoatK^  de  ( 
moins  pnuriarisfairesa  curiosité  que  pour 
l'ennemi.  Lk  une  députation  des  plus  gr; 
sonnages  de  cette  république,  vint  se  prés< 
pour  implorer  b  paix  ;  les  députés  n'épj 
ni  soumission  ni  promesse^.  Scipion  lesr 
bord  avec  beaucoup  de  hauteur,  et  pan 
vouloir  écouler  leurs  propositions;  mais 
il  souhaitait  la  pais  avec  presque  autant 
que  les  Carthaginois  eux -mentes,  deç 
avait  reçu  de  ses  amis  de  Rocne  l'avis  ii 

3ue  le  consul  Néron  faisait  équiper  Un 
ans  l'intenlion  de  passer  en  Afrique  « 
enlever  la  gloire  d'avsir  terminé  ta  gii 
lendemain  il  fit  rappeler  le*  ambassadeur 
nolifî.1  les  condilioRf  auxquelles  i)  vou 


SCIPION  l'atbicain.        4Q;i 

bire  désormais  la  guerre,  soil  en  Afrique,  soil 
)un(lerAfricjue,  sans  Ta^cu  du  pcnpli^  Romain; 
ttexiseail  aussi  qu'ils  rendissent  li  Masitiissa  tout 
be  qu  ils  lui  avaient  pris,  et  qu'ils  iisaent  avec  lui 
■nlraiië;  de  plus,  Carthage  devait  fournir  des 
^»res  à  l'arniéc  romaine,  acquitter  h  solde  tiei 
kûupes  auxiliaires  ,  payer  aux  Rtimains,  en  rin- 
nuanlê  années,  dix  mille  talens  ,  donner  cent 
Images  au  choix  (le  Scipion,  ei  reslituer,  avec  leur 
«argaison ,  tous  les  Lâlimers  de  transports  enlevés 
lU  mépris  de  la  première  uève.  Ces  cundilicm* 
citaient  dures  ;  mais  Annibal  lui  mf'me  déclara 
lÉu'il  fallait  s'y  sciutnellre.  La  sus|jension  d'armes 
pt  alors  publiée  dans  le  c^mp  de  Sci|iion,  et  le 
Unit  de  Cartilage  dépêcha  des  aniliass.-ideura  i 
nome  pour  obtenir  la  ratification  du  traité, 
t  lie  nouveaux  consuls r  des  patriciens,  jaloux  Je 
U gloire  de  Scipion.  lui  enviaient  l'hnnneur  di 
Maner  la  paix  aux  CarMia^ini<ia,.ol  de  ramuner 
nrmée  victorieuse i  mais  ,  a(>rès  de  graitds  débaM 
puis  les  tribus  et  dans  le  sénat  de  Home,'  Scipion 
fiil  conliTiné  dans  le  c.om.Ti,.iLd<-nifiii  de  l'AIrl.pje 
«1  des  armées  ifiiM  avait  soos  ses  iirii.rs.  La  rati- 
SaUiundu  irail'é  d.Jiina  Vif.ii  à  d.-s  déijats  encore 
plus  animés  ;  eepundani ,  coinmi:  tiuis  les  esprits 
iDclinaient  vers  la  paix,  le  vueu  des  Icibus  futnna- 
ùime  ;  eu  conséquence,  le  sénat  décréta  que  Sci- 
yion,  aidé  de  dix  cominisï^aiies,  slsneraii  la  paix 
•t  ramènerait  les  troupes.  Les  ambassadeurs  do 
Carihage,  s'élant  rendus  en  Alriquc  aupiï's  de  Sci- 
tàoti,  lui  livrèrent  l^urs  vaisseaux  de  guerre,  leurs 
iltpLans,  les  rsclavi^s  fu^îiifs  ,  ainsi  que  les  trans- 
6iges  el  (|uatre  iiilile  prisunniers.  Sri[iion  Ù\  ion- 
Juire.les  vaisseaux  en  pleine  iniT  pnui-  y  êire  Urà- 
Us  l  il  s'y  trouva  plus  di'  ilnq  cunls  bàliinens  à 
ratncs,  cl  l'aspecl  de  cet  rinbiasein>:ut ,  qui  ij-appa 
tout  i  coup  les  yciiï,  pénetia  les  CarlbaciDuis 
dtne  aussi  vive  dnoleur  qu'aurait  pu  laiie  Viu- 
undie  m^iine  de  Cartilage, 


494  SC1P10N    L^AFBICAIH. 

Il  y  Avait  t[U3fanU!  ans  tiitc  la  dcraièfe  pais  mi 
été  faite  avec  le»  Carlluginois.  La  guerre  av* 
commencé  vingt-trois  stii.  apr^  ;  eliit  fut  icrmiu^ 
la  iJix-se|irièfae  nnnée.  Dans  la  suili;  t>n  CDUrod 
plus  d'une  io'vt  dire  à  Scipion  que  a'il  n'svjj 
pas  tertDtn^  Ia  gutrrt;  par  la  deitt'Uuliou  «nlière  il 
Cartilage  ,  b  fauti-  m  ^lait  d'aburj  It  l'ambili^ 
du  consul  Néron,  put*  du  consul  Cornélius,  \ 
avaient  vuulu  hii  ravir  l'honneur  de  tiu-niineri 
grande  expédîlion.  Hn&n,  sprèx  avoir  donné  i^ 
pairie  une  paix  si  glorîeoic  sur  terre  rt  «ur  tnc 
il  embarqua  ses  trouée»,  repassa  en  Sitrilc,  do 
lil  partir  sur  des  galères  b  plusi  grande  partie  < 
ses  siiljats,  et  avec  le  reile  il  traversa  l'itali 
heuiGuse  de  la  paix  aut;inl  tgue  de  la  viclaîre, 
milieu  du  concours  imracase  des  peuples,  qui,t 
villes  ei  dus  earapagars,  aecotiraient  eo  toulei 
son  ps^s^ge.  Scipion  arriva  juscju'À  Rome  aveci 
magnifique  rori^ge,  et  y  reçut  l«s  honnenrti 
plus  brillant  triomphe.  Le  sénBlnur  Terentiu 
qu'il  avait  tiré  de  cnptivité ,  suîvtl  ion  char  Irîoi 
pliai,  le  chapeau  d'aSranclii  sur  la  \tlc-,  et  louT^ 
reste  de  sa  vie  il  honora  Scipion  comme  utOj 
bcrâleur.  Ce  fut  au  moniem  n:<"nie  oij  ec|^ 
homme  louciiaîl  au  faite  de  b  gloire  (|n'ii  donn 
les  témoignages  lea  plus  éidaians  de  sa  modnâ 
et  de  sa  soumi!«ion  aux  loi^.  IMit  de  vivïsref^ 
mandes  au  prutilc,  oui  voulait  le  notnincr  c«a 
et  dictateur  perpétuel;  il  refusa  de  fle  laûstn'  lUei 
des  staïut's  sur  la  place  des  asiieniblées,  devait 
tribune  au  s  harangues,  dansleM'iiat,  au  CaplHl 
il  s'opfKisa  3u  décret  qui  ordonnait  que  son  i»! 
sortirait  du  temple  même  de  Jupiier  arec  1| 
rap|>areil  du  triomphe*  Tout  ces  miu  pcwiiil 
une  Smi!  élevée,  attentive  àTrpous<er  itcv'anjl 
liens  qui  bless^rsient  IVgalné  rîffpublicaidCt  Qim 
an  surnom  d'Africain  qui  le  distingua,  nn  ns  ■ 
s'il  le  dut  à  l'enlhousia^aie  de  ses  soldais  oui 
iaveui  du  peuple  ;  c'est  du  reste  le 


SCIPIOS  l'africain.  /|2ft 
fotnaîn  qui  atl  pris  l<!  nom  de  la  nation  <]□'!! 
raiacue  :  danslasnilc  J'aulres,  i  son  cxeni' 
0  sont  altribud  an  [larelh  tiiics  d'honneurs. 
IX  années  après  son  tnomnbe  Scipion  reçut 
moignage  honorable  du  I  estime  publique; 
Dporta  sur  plusieurs  compétiteurs  illustres 
talent  sur  les  ranj;»  pour  la  censure ,  et  fol 
lé  par  les  comices  ,  conjoinlement  areC 
tlVelUs,  Vsn  ■()()  avant  J,-C.  Ces  Jeux  ma- 
is vécurent  dans  une  paifaile  intelligence ,  et 
ircnl  les  varances  du  »énat  sans  flétrir  aucun! 
iHr.  Ils  affermèrent  les  péages  (te  Capoue  , 
Uïxol  et  du  port  de  <JorS!0  ,  où  ihélalilircnt 
olonie  de  trois  cenÀ  riloyens,  nombre  dé- 
lépar  un  sénatos-consulle. 
"sqiie  dans  la  suite  les  ennemis  d'Annibaï» 
lors  exerçait  la  prélure  à  Carihage  ,  irri- 
contre  lui  les  Honiains,  dont  la  haine  ne 
i^t«|u'un  préiexie,  Scinion,  en  ennemi  gé* 
it  '■,  représem»  en  plein  sénat  qu'il  était' 
bnvenable  â  la  majeçlë  dn^ciiple  l\rtin;iin 

3er  la    di^niié    nationale  ,    en    mliTveiiaiil 


1 


les   calnlys   <!es    Car 

lliii^inois; 

,     qi 

j'on    d,;- 

■  c.nienlfr  J'aroir  v. 

nin? 

■u    An, 

llib<- 

<i   par   U 

des  ar,nc,,>ans  Jf.ro 

ndr 

c  au  1 ,1 

ing 

descsac 

■urs  ,   el  lo  pcr.mvrc 
les   lrlb,.naui:   n„i. 

la  l 

qiiclq 

'"'1 

sorte  dc- 
loria  sur 

tssedeecs,m,oi.i,aii 
ivoyée  a   Carlhapc  po 
ricr  avpc  Ajiiiorijiis  1 

=.  AI,,.,,  1,.  ,.;„,,„„ 

e    ,. 

,  et  un 

lan'd'! 
l'A  uni 

■Ài 
l.al 

iiliassade 
inilj.ii  de 
nouvelle 

.i;niit;i  à 

opres  litres  de    g.i'iif 

,   -.1 

ri   noir 

ITJI 

1    lénioi- 

de    inngii.iniriDli'  ,    e 
louvoir  à  ce  .|iii-  li'  ra 

l'an 

■<>[>pos 

;iiit 

de    U.ut 
Il  se  dés- 

■à[parcrtloniiiiri".'l!-;i 
ulinn   ifiii   fvit^d  {<uu. 
'le  l. 

':2 

i.si  dii' 

36 

.n'd'iluS 

guerre  ;mporlanIc  conire  Antiocliuï  ;  ir 
cré  snn  sentiment ,  le  sénat  ne  fut  point 
faire  passer  une  nouvelle  armée  en  M 

La  lieux  nouveaux  censeurs  de  ce 
année  continuèrent  dans  la  présidence 
Scipion  ,  à  qui  leurs  prédécesseurs  av^ 
ronléré  cet  honneur. 

Si  l'on  en  cruit  quelques  historiens, 
après  avDir  opéré  sa  jonclion  avec  son 
qui  avait  i  combatire  les  Gaulois  insubi 
environs  de  M^an,  noria  luî-ïnéme  1 
tion  sur  le  territoire  des  Briens  et  des  i 
tant  qui:  leurs  bois  et  leurs  mirais  ne 
surent  pas  d'insurmontables  barrières; 
prélcnJent  que,  sans  avoir  rianfait  de  m 
il  revint  i  lîoine  pour  y  présider  les  cor 

Ce  fut  pcnJant  son  second  consul, 
sénat  occupa  pour    la    première   fois 
d'bon  leur  aux  représentations   ihéaira 
distinction,  comme  toutes  les  nouveaul 
Hiaiière  à  l'éloge,  mais   plus  encoFf  ' 


I- 

SCIPIOH  L'AFRirAIlT.  4^*7 
itre  en  liiice ,  et  !<■  roi  numide  a'înicrivatit 
IX  conlre  la  fixation  ilcs  limiiei  atiribuécs  A 
\a  ,  le  lénat  enraya  en  Afrique  Iroii  1:0111 
ires-  sai-oir,  Ceificgus,  Minulîns  Hnfus  ft ,, 
>n  1  Africain  ,  pour  terminer  sur  les  lieux  la 
Mtion  reUlive  i  ces  limiles. 
'Cbinmissairea  se  renitirent  m  Afrique; 
tjkria  avuii'iecoiinii  les  lient  et  rnten(]u  les 
■  (le  part  eld'auire,  iU  restèrent  neutres, 
fèrent  l'anâire  en  suspens.  Il  paraît  que  la 
)ue  leur  prescrivit  une  indécision  nui  bis- 
'.*  deux  partis  avx  prise  :  sans  cela ,  Scipion  , 
ar  la  connaissance  dci  fiits,  inil  par   i'au— 

(|ue  lui  (lounvicnt  ses  biii.fiilj  snr  Masi- 
■iniii  que  sur  Carlliage  ,  aurait  pu  seul  Iran- 
aililCculié, 

puis  (lin  ans  ee  gr;imi  tiomme  ,  dont  la 
I  était  S)  éclatante,  et  par  lA  jilus  propre  à 
irte»  yeux  de  IViivie,  n'avali  pasce^si^  d'flre 
es  yeuK  du  public  el  i^ominc  riirisuleicommtf  i 
Ur.  L^h^biliide  1^  voir  les  i;i*;iiii]s  ]eJ'^ll« nagea 
1ère  souvent  *  nric  surle  il'indinrieiicu  ; 
ie  grand  Scipion  ii'i'iil  pas  nn'ine  ir  tiédll 
ire  porle.'  au  rori^^irl.il  Corni'iiiiï  Scipinn  ,  son 
,1,   ni.  son   rl,.-r    l...|in.,  m/il   .-ippuj.it   .].• 

sa  reromm^nul^t'^N  n,...r  U  pb,-c  de  rons^.1   ' 
\<n.   U  c.fdil    nai...;.ii.l  de  gulntius  l'iuml- 

l'emporta  sur  relui  <)e  Scipion. 
pendant  Us  préj^aralifs  il'Aniiochus  ,  roi  de 

,  qii'Annibid  i\c:ilail  à  la  f;iicrrc,  inr(uié- 
t  tellement  \rs  r.runaiiis,  i|ii'il.'i  euTOyereril 
imbassadir  ;.  <;.■  pnn<  r  youv  le  ranienir  à  d.-s 
Tiens  plus  p.-ir;f;.|i»-.  'J  i,r  Ln e  ni.- .Ir*  liis.o- 


f'I     pCIIt'irC!     (MHS    UC.l    CUIllllTri    lUiniilllK 

viji».  .s<*inblnit  inirrditc  h  l'ambition  (If 
firipion  lui  donmndc  rnsuiu*  ([ui  lui  para 
jccoiul  rang.  —  Pyrrhus,  rrpr)ii(l  A  uni 
lions  (levons  Tari  clos  canîpoTTïons ,  ot  r 
f'qalcî  ponr  la  srlenro  des  positions  ot  po 
liqnc  inililaire.  —  lilnfin  Sripion  v(»ul  s.n 
AnnilialnWrvo  la  troisième  |>laro:— Ar 
lépond  Annilial  sans  liésilcr. — Kt  qnc»  ( 
h'i  \o\\%  m\ivii'z  vainni  ?  n''pliqn(*  Sripi( 
liant.— Alors,  dil  Annihal,  je  me  serais 
Alex.'indre,  avant  Pyrrhns,  jjvant  tous 
.  ranx.  —  Scipion  fui  agréablement  surpi 

réponse  adroite,  de  cette  louange  înif 
semblait  le  meliic  au  dessus  de  tout 
raison. 

Jja  guerre  ronire  Anliorbus  était  d 

table  lorsque   Leiius    et    \é,    Cornélius 

frère  di'Sîipion  l'Afrirain.  furent  élus  n 

r.onfinnre  pubK(|ue  semblait  attendre  de 

,1  l'heureusiî  issue  de  cette  nouvelle  gnei 

[•^  les  deux  consuls  se  dispul^renl-îls  le  déi 


SCIPION    LAFBtr.AIN.  4^9 

J^liiii.  On  éuit  curieux,  Jil  Tile  Live,  d'éprour 
\erai  Antiodius  trouverait  plus  dp  rr^ssnurres  clans 
Atinibal  vaiitcn  ijue  le  consul  de  l'armée  romaine 
dans  Sripion  viclorieut. 

Avant  son  départ  Scipion  fit  élever  un  arc  de 
triomphfi  dans  le  Capitule,  qu'il  ornn  de  deux  sta- 
tBcs  dorées,  et  de  sept  chevaux.  Les  Ëlolirns 
'étaient  en  guerre  avec  Rome  lorsqu'il  s'em- 
barqua à  ApoUoiiie  avec  le  consul  son  frère,  le 
premier  de*  génériUT  romains  nui  ait  passé  en 
Asie;  il  vint,  i  travers  l'Ëpirc  et  la  Thessalïe,  au 
siège  d'Amphise,  qui  résistait  aux  armes  romai- 
Bea.  Ce  fut  U  que  les  ambassadeurs  d'Athéites  lui 
demandèrent  grâce  en  faveur  des  Etollens.  La  ré- 
Itonse  de  ce  grand  liomme  ne  fut  point  découra- 
gnnlc  ;  il  ne  cherchait  qu'un  prétexte  honnête  Je 
te  débarrasser  de  h  guerre  d'Ëtolie ,  afin  de  tour- 
ner ses  armes  contre  l'Asie  et  contre  Antiocbus. 
■t  il  recommanda  aux  Athéniens  d'rngaeer  les 
Etolieas  à  préférer  la  guerre  à  la  paix.  Aussitât  le» 
fitolien'  cnvoi-freni  une  ambassade  nombreuse 
au  camp  des  Romains,  Sripion  l'Africain,  qu'ils 
abordi-;cnt  \e  piomicr,  releva  leurs  cspi'ranref!  en 
rappel.mt  qu'en  Espsgne  daliard  ,  et  ensuite  en 
Afrique,  un  firnu.i  nombre  de  notions  s'étaieT.t 
remises  i  sa  fui,  cl  qu'il  avait  laissé  partout  sur 
ion  passnge  onrore  umius  île  picuves  de  vaillance 
que  dn  rlémcnce  et  de  bonté;  mais  le  consul  leur 
ayant  impoM-  des  loiidilioii'i  dures,  ils  n'obtin- 
rent de  lui  une  irèvn  que  par  l'intercession  de 
Scipinn  l'Afùrain,  D.-s  que  les  affaires  .l<-5  lito- 
liens  iinent  ré;;!.'fs  L.  Sciniim  reprit  avec  son 
rcèrc  le  clinniii  d<-  la  ■J'bessalic,  oour  alU'r  tia- 
rerser  !,.  ]\L»c,loio,'  rt  la  Thr.ice.  et  de  là  pnsser 
m  Asie.  .  BIou  fri-re,  lui  dit  .ilois  rAiricain  , 
"  votre  projet  .i  lou;e  mon  appiobatlon;  mais 
.  la  srtrelu  de  voir.'  mar.lic  dépend  .b-s  iiUen- 
f  lions  du  roi  l'iiil;p[:ej  assis  aujourd'hui  sur  le 


»  avant  qu'il  ait  le  temps  de  iilas<|i]er 
"  tabW  projela.  ■  Ce  parti  fui  aussiiât  ad 
le  consul  s'élanl  ainsi  assuré  des  disDOsilk 
râbles  du  Philippe,  l'armée  entra  dans  1 
(loine,  où  lout  élaii  prêt  pour  la  bien  : 
Fliilippe  Iraita  les  Scipîon  avec  une  mag 
vraiment  royale  ,  et  leur  fit  les  honneur 
royaume  avec  une  aisance  et,  une  grSce 
Wient  pas  -sans  mérite  aux  ytux  de  Scip 
fricain,  car  ce  gr.ind  homme ,  distingué 
tant  de  qualités  éminenies,  n'élait  pas 
d'une  certaine  élégance  de  mœurs  touiou 
ble  quand  elle  ne  dégénère  pas  en  lui 
l'année  arriva  sur  k's  bords  de  l'Hcllespo 
avoir  traversé  la  Macédoine  et  la  Thrare , 
accompagnée  de  Philippe,  et  trouvant, 
la  prévoyance  de  Scipion,  to.ul  ce  dont  < 
besoin  sur  sa  route.  Le  consul  et  son  f 
reconnaissance  de  la  manière  noble  et  \ 
dont  Philippe  avait  reçu  l'année,  lui 
au    nom    du   peuple  romain,     sur    le 


SCIPION  L'A.FniCAIW.  ^$t 
: ,  roi  de  Bylhinif! ,  avec  dea  leltrRS  où  il  signa- 
les vues  snibilieiises  <]ui  conduisaient  les  ttfl- 
ins  en  Asie,  et  le  pressait  de  se  joindre  i  lui 
ir  repousser  (lar  la  force  des  armes  desenne- 
I  dangereux.  Ces  avis  fivnt  <iiieli)ue  imiiression 
Prusias;  mais  hienlôt  les  leirre.i  dit  consul, 
uriout  celW  de  son  frère,  Scipîon  l'Africain, 
lipèrent  ions  ses  soupçons.  Ce  dernier  repré- 
tait  au  roi  de  Uylhiiup  l'usage  constant  du 
pie  romain  de  relever,  par  les  dlsùncrions  les 
I  Hatleuses,  la  m.ijeslii  des  rois  ses  allies,  et 
it ,  entre  autres  exemples  ,  teu«  ijui,  Kii  étant, 
lonncls,  n'en  ëlalenl  que  plus  propres  à  per- 
der  i  Piwsias  de  clierclier  à  ménier  de  pareilles 
nirs.  «  Ainsi ,  disait-il ,  de  Ions  les  petits  prinCes 
Iplgnols  qui  onl  rerlierché  mon  aniirié  ,  il 
'en  esl  aucun  qui ,  à  mon  départ  de  rKspagne, 
e  soit  devenu  un  roi  puiscwil.  Mui-mi'me,  non 
Mitenl  d'avoir  réiabli  Masinitsa  sur  le  t'dne 
e  SCS  pères  ,  n'ai- je  pas  ajouté  à  ses  états  ceux 
e  son  ennemi?  et  ce  prince  e|l  non-seulement 
!  pins  puissant  miminiiiie  de  toute  l'AfriiiuB, 

'ne's,"psse''leri,?,osrt'uR";,urj)^'\:H^^ 
■e,  et  l'jniit'i;  il  un  .nnbaisadeur  romain, 
tv^rerK  de  dédd-r  l'i  ii-.i;,s 

fpendani  le  roi  de  Syne,  Irniililé  par  la  (.ertc 
I  second  <'oml):)i  n.nal,  .iba<, donna  .-]i>x  Uo- 
is  le,i:,ss.iR,- de  rileiksponl.f.rs  .l,.i,x  S.i|.l.>n 

ampe.n.'lil'  qu'on' v,t'  i.tn'r'iVcr.aide  de'Uy- 

lions,  de  iie'le  |.'Vsi-Tjei  <\l-Z','l  iV^nsul 
piès;!ioil»vLi  Snpioii  rf\!ii.alri,  cji  d  Lon.p- 
bicn  ^ur  la  nii'.li.ilion  d'un  lu  ri;s  cpii  ,  d.iIu- 
mi'iil  ^,.  ni'i.'Hi  !■]  r.is':,s'é.li>  ;,loji,'.  seiuhl.nt 
•  ir  eii^'un-iiisiidlexible  depuis  (^ue  l'iutirCl  de 


1 


454       sct?iON  l'afuicaih. 

aon  fils ,  qui  «e  Iroiivart  prisonnier  d'élâl ,  lui  fit- 
sait  en  (juclque  sorio  nnc  obligation  dp  diiin-t 
une  prompte  paix.  Let  faîstorirns  sont  paKig^ 
snr  ce  fait  ;  ils  ne  conviennrnt  tii  des  llctix  ni  <lc 
répoqiif ,  ni  de  la  manière  dnnt  ce  jeune  rom.iia 
étail  )on>bi^  au  pouvsir  du  roi  de  Syrie.  Selon  la 
iin«,  déi  le  commenremeni  d«  la  cuerre  il  tnil 
iri  prî.i  sur  mer,  en  passant  de  Cbalris  i  Orëf  ; 
selon  d'autres ,  depuis  le  passage  en  Asie  ;  cnvnyl 
avec  un  escadron  pour  reroQnaitre  l'ennemi)  il 
avait  reiiconli-é  une  cavalerie  supéripnre  en  nûB- 
bre ,  et  avait  M  pris  arec  daiiK  i*.ivalii:rs  «  el  cniv- 
duît  au  roi.  Un  point  sur  lequel  on  csl  d'accord, 
c'est  que  quand  mfme  Antïnchus  eût#té  en  paii 
avec  Ilonie-,  ei  eût  eu  des  liaisons  personiirUn' 
ifhospiiaiilé  aver  la  fiimille  de*  Sciplon,  ce  jeuud 
guerrici"  n'eût  pu  éprouver  un  traitement  plm 
noble  el  plus  disling<ua. 

Tels  éiaienl  les  motifs  d'espf^rance  sur  lesiftielf 
Anlînchus  fondait  les  sucièj  de  non  atnbawado. 
On  donna  d'abond  audience  i  llnrarlide  devant 
une  assemblée  nombreuse'*,  cet  ambassadeur  tvM 
lut  ensuite  de  sonder  en  pai'liculier,  comme  oB  II 
lui  avait  recommandé,  les  dîspnsilt'ins  deScipim 
l'Africain.  Avant  tout,  il  loi  annoni,^  que  «H 
maître  lui  renverrait  son  fils  sâlis  rançon-,  |HM 
faute  de  roniMÎtve  cl  la  magnanimité  de  re  jçnlA 
homme  el  le  caractère  roinnin,  il  lui  ofTnt  t 
somme  d'argent  considérable,  et  te  |Mmgv 
l'ablnrilé  dans  les  élals  d'Anti<Khut,  i  l'exwp 
lion  du  lilre  de  roi,  si  la  Svrie  devait  ta  p*u  à] 
entremise,  •<  Que  vous  ne  rniinaissiei ,  inî  dit  ï 
H  pion,  nilcs  ilomains,  ni  l'homnW  ^x■^squi^' 
H  vous  envoie ,  je  n'en  suis  pas  étonné  ,  puitc 
>  vous  ne  ronnattsrx  pas  mîne  i^ûtiMtton 
K  celui  au  nom  duquel  vous  Jlf-S  \tau.  Anitni* 
'  d'bui  ,  qu'Aiilioctius  ,  s.int  mi^iiie  dîapuia 
M  passage   de  1  lt(.'l]esiKinl ,  noua  a  l^iiaes  \*»i 


mcnl  «II  Aïit' ,  Qu'il  a  re^u  le  frein  et  subi 
jg,  (juelespûu-  lui  leslc-t-iJ  Jn  Irailcr  il'é- 

éaa\  avec  un  peuple  Joui  il  n'a  ptui  qu'i 
■  naître  la  loi?  Pour  mol.  le  Jo»  le  [>lus 
eux  que  je  puïise  leiiîr  de  b  luuuiricence 
>i  c'eit  b  ILberlc  de  mon  ûli.  Quant  aux 
»,  Teuillenl  lei  dieux  que  la  furtunc  ne 

taue  jamais  un  Leuiiti  !  Ce  n'en  sera  da 
3  jamais  uu  pour  mon  ciEUr.  Que  s\  An- 
us, pour  un  bieiiliait  personnel,  n'exige 
le  reconnaissance  perjonncllc,  je  lui  prou- 
(ja'il  n'aura  point  obligé  uti  ingrat;  mai», 
oe  homme  public,  l'inlérét  de  I  é<at  ne  me 
et  de  lui  rien  Jevoir  ni  Je  lyi  rien  accor- 
Pour  Je  présent,  lout  ce  que  je  puis  lui 
er  c'esl  un  couseil  salutaire.  Allez  ,  diles- 
:  ma  part  de  niellée  Las  les  armes,  et  de  na 
■r  aurune  des  conditions  qu'on  voudra  lui 

ichus  De  put  goûter  de  telles  propositions  ,* 
nçint  à  1  idée  d'un  accammodeiDent,  il  n9_ 
plui  nu'à  hasarder  une  bataille.  Il  vint 
avec  s,.u  annùe  aux  entrons  de  Thya- 
,  surb  .,.)uv,-llu  que  Scl|.lon  l'Arrlcaiti, 
,  s'éiall  tait  lrans|mrtpr  à  Elée  ,  d  lui 
des  députes  pour  ri'iucliia  suu  fds  enira 
is-  La  vue  d'un  obj.ii  si  agréal.le  au  cœur 
re  fut  pour  la  siiiié  de  aclpiou  k-  plus 
de  tiius  les  reinédcs.  Apres  avoir  salblaic 
nicrs  l['ans{>arts  [lalcrni'hi  ,  »  Allez,  dit-il 
nvoyés,  allez  assurer  le  roi  de  tnule  ma 
naistance  ;  pourlcmumcnt  je  ne  puis  lui 
nner  d'autre  preuve  qiu;  de  lui  conseiller 
lioint  teuier  le  sort  d'une  bataille  avant 
l'ait  apprU  mon  retour  au  camp.  •■  _ 
Sire  Sdpion  espérait-il  qu'un  delii  don- 
Lni  au  rui  de  liilre  du  sérieuses  réJlesions, 
l.  3, 


r" 


43/|       SCI  PI  ON  l'africain. 

rï  tïo  songrr  à  conclure  une  paix  honorable: 

fie  f]iîol  scconrs  sa  présence  pouvait-elle  <^ln 

roi  (le  Syrie  dans  une  bataille  1*  Qimî  rjii^il  en  i 

Antioclius  «  ébranlé  par  Fautorité  de  ce  gi 

liornme,  alla  camper  sous  les  nriurs  de  M.ign 

Là  il  fut  attamié  et  défait  par  Farmée  roma: 

fjno  le  consul  Cornélius  Scipion  conduisit  en 

5onne.  Sri[)ion  l'Africain ,   resté  milade  à  Ë 

ne  se  trouva  point,  i  cette  bataille,  gagnée  par 

f'ère.  Déjà  le  consul  victorieux  était  à  Sardes  1 

fjiic  Scipion,  faible  encore,  vint  le  joindre.!] 

lot  après  un  héraut  d'Anliochus  fut  introduit 

Sripion  TyVfricain  auprès  du  consul  ,    et   oL 

pour    son   maître    la   permission   dVnvoycr 

.Knb.'issadeurs.  Ce  fut  encore  lui  qui  présenta 

envoyés  au  consul.  On  leur  donna  audience 

vant  une  assennblée  nombreuse  :  <<  liomains, 

»  Zeuxis  ,  nous  venons  moins  faire  une  apolc 

»  (]ue  vous  demander  les  moyens  d'expier  la  ù 

»  du  roi  ,  et  d'obtenir  du  vainqueur  la  pai 

i>  titre  de  grâce.  Rome  a  toujours  eu  la  génère 

)'  de  pardonner  aux  monarques  et  aux   peu| 

j'  vaincus;  combien  ne  doit-etle  pas  être  plus 

»  néreuse  et  plus  disposée   à    la  clémence  a[ 

3*  une  victoire  cpii  lui  assure  l'empire  de  Funivc 

i>  Aujourd'hui,  supérieurs  aux  mortels  que  v 

3>  n'avez  plus  à  combattre ,  vous  devez,  à  Tex^ 

j>  pie  des  dieux ,  devenir  les  bienfaiteurs  du  gp 

}>  liumain.  "  Avant  l'arrivée  des  ambassade 

la  réponse  était  déjà  concertée.  Scipion  l'Afriia 

cliargé  de  la  faire,  s'exprima  à  peu  près  en 

1(;rmes  :  «  Nous  tenons  de  la  bonté  des  immor 

))  ce  qu'il  était  en  leur  pouvoir  de  nous  accord 

'>  mais   pour  nos  .sentiinens^  qui  dépendent 

>   nous,   ils  furent   et   sont  toujours   les  m^i 

»  dans  toutes  les  situations  :  la  prospérité  ne  b( 

»   a  point  enflés  ;  l'adversité  n'a  pu  nous  aball 

>y  Au  défaut  d'autres  exemples,  je  vous  en  du 


sciPioH  l'africain.       435 

iteraù  pour  témoin  votre  Annibal,  si  je  ne  pou- 
vais vous  citer  voos-tn^mes.  Après  avoir  passé 
rHcllejpont ,  avant  d'apert^voir  le  camp  el  j'ar- 
mée  d'Àntiochus ,    lorsque  le  sort  doi  armes 
était  encore  inccriain,  nous  vous  proposâmes 
descondilionsdf  paix,  en  traitant  d  égal  i  égal; 
hé  bien  ,   ces  mêmes  proposilions  nous  les  re- 
nouvelons   aujourd'hui  ,    que    nous    sommes    ' 
vainqueurs  et  que  ndus  parlons  à  des  vaincus. 
Renoncez  k  toute  prétention    sur   l'Europe  ; 
abandonnez  vos  possessions   en  Asie    en  deçà 
'  du  montTaunis;  payez  tes  frais  de  la  guerre, 
I  donnez  des  sûretés ,  livrez  des  âtages ,  livres 
I  aussi  les  principaux  moteurs  de  la  guerre,  et 
I  nommément  la  personne  d'Annilial,  puisqu'il 
I  est  démoniré  que   partout  où  Annibal  portera 
■a   haine  contre   home  le    peuple  romain   ne 
■  peut  compter  sur  une  paix  solide.  Alors',  nous 
.  vous  accorderons  la  paiï.  Votre  maître,  pour 
avoir  trop  lardé,  la  fera  dans  une  position  dé- 
favorable ;  mais ,  s'il  hésite  encore ,  qu'il  sache 
qu'il    est    plus    illfricil,^  lie  faWc   Joscfndre  îiir 
rois  les    premiers  degrés  du  trône  que  d'ache- 
ver de  les  en  précipiter.  » 

Les  ambassadeurs  d'Antiochus  avaient  ordre  de 
onclure  la  paix  à  tout  prix.  Ainsi  ce  monarque 
sialique,  qui  avait  paru  si  redoutable  aux  Romains 
l  par  ses  propres  forces  et  par  l'avantage  d'avoir 
innibal  à  la  ti;le  de  ses  armées,  aprè^  avoir  été 
éfait  sur  (erre  et  sur  mer  ,  se  vit  expulsé  non 
nilement  de  l'Europe,  mais  de  l'Asie,  en  deçà 
u  rnont  Taurus,  par  une  paix  honteuse  à  laquelle 
fut  forcé  de  souscrire,  et  que  lui  dicta  Scipion 
Africain.  Le  consul  son  frère  revînt  à  Rome, 
t  pour  rivaliser  de  gloire  avec  le  vainqueur 
'Annibal,  il  se  fit  d'inncr  le  surnom  A'  Asialiriue; 
,  obtint  aussi  les  honneurs  du  triomphe.  La 
ompe  du  spectacle  fui  plus  magnifique  que  ne  Va.- 


/,:)(;  SCI  PION    1/ A  m  ICA  IN, 

>;iil  rtr  (<'llr  «le  Scipioo  rAdirnin  ;  mais  soiisifl 
r.i{)|M)it  (le  riiiipoilarKc  (1rs  iaits,  de  l:i  grandnir 
flu  |)i'i-il  <'l  (It'.s  obsii^'lcs ,  ce  (l<*rnirr  ti'uniiplic  fui 
:iiis.si  iiifciinii*  au  {Hcniirr  (iiic  L.  S(i[)ir)ii  litâil 
à-Sri|)lnii  r^Viiicain,  v.i  (|U  Aiitiocliiis  Vv\n'i\  à 
Aiiiiii>al. 

Pour    la    Iri'isiiMiK*  'fois  Scipion    fut    nommi* 
]nln(<»    (lu   .s(''iial  ;  in.iis  ('.(^ '(iil  la  dcrnit'nî  (a\Tur 
(|u  il  rn.ul  i\r  s'Ui  iiif;.ralc  palri(f  ;  Teiivu* ,  adiar- 
iKM*  (-(Mit!(M'('  (^r.iiul  liMniuir,  alirciiv.i  le  reste  de 
an  vi(*  (le  (l({;iuls  et  (i^trurtluruc.   A  rinsli^atiori 
(le  (..iidii,  '|i!i,    p'iur  iKiiis  .s(*rvir  (i(r  rcxpicssioii 
i\v  'ril(!  1.1  Vf,  Ml*  (cssall  (J'ahoycr  roiiln»  le  ^ritrul 
Scipioii ,  lc.s(l(*Mx  Pclilius,  liibiinsdu  peuple,  IV- 
(u.-.crctil   (le  p('*eiilai  ,    et  le   i).^iretil.  en  eausf?.  Ils 
piélendiK'Ml    (pTil   avait,  rerii   d'Antioelius,  cou- 
jnitiicuietil  avec  sou  (i('re,  (pi.'dn;  inillloris  de  ses- 
1iM.>('s,    pour   ncronicr  »  ce  priiir(î  iimt  paix  pîu< 
av;mi.»t;eu.se.    (/est    du  Tnoins    celle  f^ornme  ']iii 
fui  I  edeniau<lé(^  à  Scipuiu  TAIricain  dans  le  sriiat 
iiHMue  ;    sur  (puii    re   fM'iK'ral  dit  à  Htyn   fn'ro  dt; 
produire  sou  livre  de  compte,  et,  c*n  présence  il('S 
senaîein's,  il  le  mit   eu  pièces,  indiqué  do  S(»  voir 
ie(l('uiari(h'r  (pi.ilrf  itidlions  de  seslei-.ses   après  en 
;ivoii-  (ail  entrer  <I;tns  le  trésor  pnidic  pins  de  diMix 
(culs  millious.  (iniiMue  les  tribuns  n*o.s.'iient  ouvrir 
le  irt'snr  puldic  (outre.  t.Kh^fenspdela  Ini,  Scîpion, 
fort  de  s.i  consriiMu'e  ,  demanda  les  clefs,  rn  (lisant 
(]u'il  pouv.iit  rou\rirlui-Tiu'''nn', puisqu'on  ini devait 
l'oMi;^.iii(Mi  de  1  avoir  (ernié.  Du  reslc  cette  cause 
fut  jn^ée<le  plusieurs  manières,  snivautla  diversité 
iU'B  (arartères.    J-es  uns  s'élevaient,   non  ronlre 
Taudai  e  des  tribuns,  mais  contn*  leseiloyens  assez 
ià(  hes  pour  .souifrir  un  tel  vwè^  d^ndi^nîté.  Les 
i\vu\  pieini(>r(vs  répul)li(pies  de  Tunivers  sVtaîent 
inoiiin'es  pres(|n'en  m (^ me  temps  ingrates  à  *  Té* 
j^ard  d(!  leurs  citoyens  les  pins  rocommnndabjcs; 
mais  ringralilude  de  lioine  était  encore  plus  ré- 


SCÎPION  i,'a  FntC\lN.        4^1 

,  C't'iaii  a\iri's  .ia  ilf^laiii'  ijne  Cariha(|e 
niiibul  vaincu,  ci  Uonn:  orgui^il|i-iiM!  ra* 
:  Sun  iciu  Sciploii,  it  (|ui  nUn  devait  U 
A  fiiiciKlrc  les  iiiUre*,  aucune  èUvilion 
lii  (liappnji^r  un  ciioyen  de  r«iiUre  vumiiLe 
lie  Na  cnniluilc  ;  rien  n'èuil  plus  r.ipaiile 
reuirréftAlilÀrépuhlkaiiie  que  l'obi  tjfstinn 
Stix  hoininc*  |>uix,<ans  de  cnni)>;ir;i!ti'i!  dc- 
i  liibiiiiaux.  iris  furent  les  propM  4* 
|uv|u';iii  jour  Je  la  comparuiion.  Jatnaîa 

jatndis  5ci|)tt)ti  lui-mt^iiin ,  ronsiil  ou  tfO- 
avail  paru  daus  \v  rninin  avur  uncoité^e 
tnlireux  el  plus  iirpu^anL  r\\\t'.  n'y  p.irDt 

iUtisire  au'usi',  îîrttntiiti  (li>  prudtiire  t« 
de  détcnsa,  au  lieu  de  répotulru  iiux  im- 
s  dont  U  fiait  l'obipl ,  il  parla  de  le*  faits 

&VCC  tant  ilf  pnnipu  el  de  riolilL-:iiQ,  (|itc 
«nt'gyriijue  ue  lut  plui  vrii  ni  plui  i^a- 

Ihuna  du  peuple  .pciiinloniierplHsdepoidji 
xusatipii .  (  Mii..ur'<<  l'K  !ii  par  faire  revivre 
îniies  1,.!  '   ;    .i,'i  ronlri'  Sripinn 

..    i    r ,:.lr,ul,»-    molUae 

(ju.iiiui.'.  J  l.:..-.  A,  ;. i;rs  otdestrnu- 

1.'»  à  I..I.I  >'.<>;»  .l,'s.,.M..I-.dr!<uii  armer, 
un-inir  J<>p''''il-i'  IUlfr<.n,lri-.'ii[pliiiôt 
pa-snmplio,u.|u..s.Lrd..sp..'v.sT,s:..  S,m 
'isuiitiin',  ilisaLctil  iN,  lui  u\.\U  ck:  rendu 
an(;iiii;  r'i''i;iii.'i  Si  l|iifpii  m'hI  iiii'Aniiocliw» 
F.lill.-Inp,ir.  n.nin.rM  lloim-l'i'ill  ['jiucul 
e.k.|.M.;,lx.l,lrl,if;i,rT,r  U  ,vnM,l  avait 
M'II  luitKoins  nu  li.ul.'n;<nt.,iMiM<lii'U- 
s'il;i\.MlM.U'i  M.rHin-c  <v  n'.niiil  éle  <|u« 
l'inlfKliii.i    .l'riMpi.'hJn'   .i    U   iluVi- ,    à 

!<'■  rOiliMil,  .:■  .|i,  il  .iv.nU  p<t^li:i,1h  dq.iiis 
It'u.iï  i,  I  l>i..it:(i>',  ;.  la  Ujulc ,  .1  la  Sicilo 


/|5R       sriPiON  j/AriiiCAiN. 

>'   et  :i  rAfrif|iir;  c'est  à  Jiir,  r}iriJii  si'iil  iioinmP 

M   v[ni[  le.  rlicf    et  l.i  colonne  de  l\'iri|)iri'  mniain, 

"   cl.  (jn<'  le  nioirnJie   f^csle  de  Scipirui  leiinil  lieu 

"   di'    ilecrcis  <ln  .sén.'il  ci  des  ordres  du  pe(i[)lc.  » 

(/(•si   .iliisi  cpie,    <Jé.s(!.s|)ér;iiit  dr*   (lélrir  son  lion- 

nctir,  il.  s'cfforc.jienl  ilv  le  rendre  odienx.  L;i  iiuil 

Miixiiii  .111  mdicn  des  drl).'ils,  et  la  cause  fnl  ajour- 

nt'c.    \n    jour  inarfjiié   les    trdiuri.s     punirent    de 

^1  mmI  malin  à  rass»*nd>!ée.  Le  piévernj  .s^av.ince  au 

iiii.i- Il    du   nondncnx   (orté^e  de  .ses  .unis  et  de 

.'.<*.  iliciii,  |)eir<*  la  foule,   et  irionle /i  la   trdiune; 

lie.  iiii'oii   a    fait  silence,    «  'i'rilxin.ï   lUi   peuple, 

»   d.    d,   cl    \ons,    notnaiiis,    c'est  h  pareil   jour 

"   «i'i!    j  ;u    ici.i|.oi  h-    <'n     Mri(|iM^     nri<*     victoire 

"   1 1  !.i.i;ii<!  >.|ir   Afinilul   et  stjr    les   (laillia^^inois. 

"    Ainsi,    alli)ns   de  ce   pis  au  (iapitolc   pri'ieiitcr 

-"    1:0,  I. nur.o  ir^'s  aux  dirnx  Intelaiies  de  ilonif, 

-    il  I.  Hi    Miidre  '!«•   justes  a<:l:ons  de  rpâces  pour 

.*    m  .!v  i\v  y    (  (■  jr>ui-  même  et  dans  plusieurs  au- 

..    lie-,   orfjsiiini  ,    iris[»i."e   le.  dessein  cl  donne,  le 

'.   I'Oii\r,ii  di"  scivir  m  in  p.iys.  Vene/. ,  llonairis, 

»   (o.ij:iMi-  les  dieux  de  vo^:;  donner  toujonis  des 

il   (ii«{-,   (jiii    me   ii',sr:iiiii!cnt,   Pardonne/,  ce  lan* 

"   i;'>  ;<■  à   un   «iloNM'ii   <pii,    d*'"»  1 -^«fç*'  de  «liit-scpt 

"   .lii,   jii'.jprà  sa   vieillesse  ,  a  vu  vos  disfinclioiif 

»•    j»n'*\;iiir    ;,»■■:    année.,    p.iice    «pu*,    .ses    service 

j>   .iv.neiii    jm-venii    \os    ri'i  onipense.s.  »   Apiès  f'î 

pi  ti  de  irioi.s  il  (pjille  le    1  Orum   et  monte  aU  Cl' 

pii(/ie^    Miivi  de  l.i  ((. nie  du  peuple  ,  (pril  entraiM?     * 

Mil     «  .  |>.i>.  Du   (la[iitole  il  [larconit  tous   les  U'.iw 

p!(  s  de  l.i  ville,  toujours  accompagné  de  la  nii1r«*     . 

iiiiiihhide  ;    <•!   ce   jour,    on    le   penpli*   romain  sr     1 

ii.ioilra  si  Ixiii  ju;^e  de  la  vérilalde  ^rarnleur,  IijI      * 

plus   t;loiieux    pour   Sripi(»n   «pie  celui  où  il  ttail 

leiilié  dans  liorne   [ our   ti  ioinpIuT 'de  Sypli3X  *'^ 

<le:.  (i.'M  tlia^irmis. 

Ce  (lit  là  le  (lernier  de  sva  luanx  juurs.  Cc^DHu 


J 


SCIPION    L^AFRICAIM.  4-^9 

;,  voulant  éviler  Je  nouvi?Ues  altercations 
s  tribuns,  qui  auraient  fini  par  le  rendra 
,   profila  Je  l'ajourDemeiit  pour  se  relirer 

maiïon  Je  campagne  de  Literne,  bien  dé- 
ne  plus  compataiirc.  La  nature  lui  avait 

une  âtne  trop  haute,  el  la  fortune  Tavait 
imé  i  un  râle  trop  brillant  pour  qu'il  pût, 
,r  le  personnage  d'accusé,  et  descendre  de 
évaiîon  au  lang.-ige  suppliant  d'un  honune 
I  se  défendre.  Le  jour  de  l'assignation  venu, 

Scipion  dérlara  qu^une  inuisposition  ne 
tait  pas  à  son  frère  Je  paraître  en  justice  : 
uns  ne  reçurent  pas  d'abord  celte  encuse; 
ucius  en  ayant  appelé  aux  sutrrî  Iribuns, 
ritcdécida  qu'un  nouveau  délai  ne  pouvait 
usé  à  Scipiun. 

rius  Scmpronius  Gracchus,  ennemi  per- 
de rette  famille  illustre,  se  trouvait alui s  au 
;  des  tribuns  du  peuple,  et  comme  il  avait 
de  souscrite  i  l'ordonnance  de  «es  coUè- 
in  s'ailendait  que  ses  conclusions  leraïent 
I  ligueur  ;  mais   il  déclara  au    contraire 

1  appui  pour  le  dispi  asr-r  de  répondre; 
on,  Jil-il,  par  ré(.iat  Je  ses  exploits, 
es  honneurs  dont  le  pu.ple  romain  l'a 
lié,  par  les  suffrages  léuuîs  Jes  hommes  et 
lieux.  Cil  parvenu  à  un  tel  point  d'élévation 
'abaissement  J'uii  si  gr.mJ  homme,  tra- 
en  criminel  au  bas  Je  la  tribune,  et  en 
aux  invectives  d'une  insolente  jeunesse, 
|,l„s  Uo„le«  ,.„,„■  llo.nc  que  pour  li.l-. 
..  Quoi,  l,-ilm„',  co„.i„„a  1-11  a„c  i.iJL- 
.nx ,  vous  allez,  i  uir  à  vos  pieds  le  connue- 
Je  l'Afii^iie  !  iS'a-t^il  donc  défait  en 
;[ie  quatre  t^vncraon  rai  tliaginois  Jes  p'us 
fi,    et  nil\  iiu.irre  armées  en  déroute; 


J 


4'fO        SCIPION  i/africain. 

"   iTa-l-il  pris  Syphax  ,   v.iincu  Annibal,  rcncla 
».   (^drlliage  tributaire  de  Rcme,  relégué  Aiitio- 
i'  (  liijs  .lu-delà  du  mont  Taurns,  (car  L.  Scipioa 
j»  (oristîiil   à  parlagcr   avec  son   frîîro  Thonneur 
>■   (le  ivt\e  rxpi*  î;liori  )  fpu*  pour  devenir  iiii  la  vic- 
»   fiin'^  de  la  haine  de  Petilins ,  que  pour  voir  Im 
"   ni  lui  lis  lrii»n  plier  de  Sripion   rAfricaîn  !  Ëh 
^>  (jii.',l,  v.ï  les  services,  ni  les  honneurs  n'assure- 
i»  ront  donc  jamais  aux  grands  hommes  un  asile 
'>  inviolable  et  sacré  (jù  leur  vieillesse  jouisse  tlu 
"  repos,  sinon  au  milieu  âes  hommages  qui  lui 
^'  .sopldiis,  au  moins  à  Tabri  des  outragea!  »  Cette 
•  wlaration,  et  lemouvement  oratoire  qui  la  termi- 
r  -lit  4  firent  impiession  et  sur  rassemblée  et  sur  les 
îr.'i'saleuis  eux  mêmes.  Le  peuple  congédié,  le 
.'('■îiat  s'assembla,  et  Tordre  eu  corps,  surtout  les 
.•'K'ifiîv  et  h  s  consulaires,- rendirent  des  actions 
J.'  (places  à  Tiberius  (iracchus  de  ce  qu^il  avait  sa- 
ri (i*  à  rinlérel  public  ses  rcssenlimens  particu- 
li  r*..    On  convient  généralement  que    Gracchus 
rl)!i[.!  e«i  rn.'Tiage  la  plus  jeune  des  filles  de  Sci- 
pion  r  -\fri(  ni:i ,  en  reionnaissancc  de  ce  qu^il  avait 
arrrlé    les    poursuites    (lirigées   contre   ce   grand 
JionïUîe,  et  voici  comment  on  raconte  les  parti- 
cidaii.'es  «le  ralliance  qui  fit  entrer  la  célèbre  Cor- 
(U'!i<>,  (;ui  fut  depuis  la  mère  des  Gracchus,  dans 
l.i  fatnille  Sempronia,  plébéienne  à  la  vérilé,  mais 
Vîine  tirs  pins  distinf,nres  dans   la  république  de- 
]  iiis  (;iie   le   peuple    éiait  admis   indifiéremment    ' 
;ivee  la  noblesse  aux  pieruières  dignités  de  TélaL     ^ 
Ap!  (savoir  cédé  aux  instances  delà  juupart  des  seul* 
leurs ,  (Il  promettant  de  donner  la  main  de  safillf  i 
Senipronius  Oiacchus,   qui  venait  de  le  défendre 
si  cloqiiemmenl  dans  le  rorum,  Scinion ,  de  re- 
t   iir  chez  lui  ,   fit   part  à   sa  femme  -/îimilia  Je 
r<'»{<.'i cernent  snleniiel  qu'il  venait  de  contracter, 
i;»us  toutefois  lui  nommei  sou  gendre  futur;  si;r 


SCIPION    L'Arme  AIN.  44' 

nilis,  blessée  ilc  c«  qu'on  eilt  disposé  de 
de  la  ËUe  sans  aoti  aveu  ,  répondit  i  Sci' 
ctouieU  scnsibililé  de  l'amour  maternel  i  ' 
irait  pas  dû  choisir  un  gendre  sans  consul- 
lère ,  fiîl  ce  m^m'!  Scmpronios  Gracchus  ! 
en,  c'en  lui-m^fiie  !  >•  répli<jua  Sci  pi  on  > 
i  jugemeni  si  ronforme  au  sien, 

I  de  temps  ([ii'il  v(''Cot  encore  Seipion  Is 
ns  sa  retraite  de  Liicrne ,  rrlrailc  OMrurr, 
i ,  si  on  la  comp.ire  a  l'érbi  de  ses  exploit* 

, mais  non  moins  honorable  pour  lui  si  l'nn 
?.  la  conslance  et  l'égalité  d  ime  arec  la- 
soutiiit  l'espèce  de  disgritce  que  lui  attira 
ude  Je  sesconcitoyeris.  LÀil  adiipialarie 
QS  Romains,  c'est-à-dire  une  vie  simple 
tuae,  se  Faisant  è  leur  exemple  un  passe- 
norable  de  cultiver  la  terre  de  ses  maiBt 
les.  L'amilië  et  les  beaux-aru  ,  Leilut  et 
:  consolèrent  et  embellirenl  sa  snlilude. 
,  dans  une  lettre  <jii'il  date  du  lieu 
>ù    Scipron  s'éuit   relire  ,    s'écrie  ,     k 

II  loiiifirau  rjui  renferrnail  ses  ccnilces, 
loule  pas  f]ue  l'àme  de  re  j^rand  lioiiime 

'il  a  comm.indé  de  cramies  armées,  car 
^ut  dire  aiitanl  de  Lambvse,  ce  roi  in- 


furieux,  inais.\  r.auiie    dc'l 
atienee  qu'il  lértiiisua  en   d 
H  adieu:..  J'ai  un  faraud  , 

a  modéralion 

isaut  ^  Home 
,Ui,ir,  dil-ll, 

^arcr  tes  mœurs  de  Sciiiii.n  a 
ind  canhaim:,    h  lerreur  d, 
de  Uome,  «près  avoir oihi 
propres    niaius,  venait  pn 
et    obscur   u:U,\\,    li.ibilait 

vec  les  Mùtres. 
L-  Caribagc  cl 
\v  son  rhamp 
■.ui,e  le,  b.iî. 
sous  ce  petit 

s  sincères  venait  visiter 


44^  SG1P10N    L*ArRICAIN. 

Scinion  ,i1an$  sa  relraite,  et  lut  tenir  lieu  de  Rome 
entière.  Sans  avoir  Tesprit  aussi  cultivé  que  Sci- 
pion  Ëiiiilicn,  héritier  de  son  nom  et  de  sa  gloire,, 
il  paraît  qu'il  ne  manquait  pas  de  goût  pour  les  ' 
belles-lettres  ;  c'est  ce  que  fait  préjuger  du  moins'. 
son   intime  linison  avec  le  poêle   hnnius,  dont 
il    voulut  ,    dit-on  ,    partager  le  tombeau.    Ce 
grand  homme  avait  voué  une  amitié  particulière  ^ 
à  re  poëte  ,  qui  dans  ses  vers  avait  célébré  ses  , 
exploits  11  n'est  pas  douteux  qu'Ënnius  n'ait  rendu 
^    cet   illustre  exilé   |)endant  sa  retraite  tons'Ict 
devoirs  d*un  ;mii  (idèle  et  zélé. 

Quelques  histor'ens  assurent  que,  mécontent  de  ' 
la  1:1c he lé  du  scnit ,  de  l'injustice  du  peuple  et  de 
Tingralitude  de  l'un  et  de  l'autre  ,  Scipion  recoin-  * 
manda  en   mourant  à  sa  femme  .£înilia  de  ne, 
pas  faire  porter  ses  cendres  ^  Rome,  et  de  lui  de- 
ver  un  tombeau  dans  sa  solitude  champêtre,  poor 
ravir  à  son  ingrate  patrie  l'honneur  de  lui  rendre < 
les   dei  niers  devoirs  ;   ils  ajoutent  qu'JSmilia  Im 
érigea  un  mausolée  à  Literne,  et  y  plaça  sastatos» 
avec  celle  clu  poëte  Ënniiis. 

Mais  les  particularités  qui  concernent  les  derrv; 
nières  années  de  ce  grand  homme ,  sa  mise' et 
jugement,  ses  obsèques  et  sa  sépulture,  varieol 
tellement  entre  elles,  que  Tite-Live  lui-même  dé* 
clare  qu'il   ne  sait  quelle  tradition  suivre,  ni  \k 
quels  mémoires  s  en  rapporter*  On  ne  convieill 
ni  du  nom  de  son  accusateur,  que  les  uns  DOi**î 
ment  Nœvius,  au  lieu  des  Petilius  ,  ni  de  Tépoiins,, 
de  cette  accusation  ,  ni  de  l'année  de  sa  moit, 
du  lieu  où  il  décéda  et  reçut  les  honneurs  iîi 
bres  ;  les  uns  le  font  mourir  i  Rome  ,  letauM. 
à   Literne.  Du  temps  de  Tite-Live  on   mi 
dans  Tun  et  dans  l'autre  endroit  son  tombeau 
5a  statue.  »-o. 

rdybe  place  la  mort  de  Scipion  Fan  de  Roîni 
BG;,  (187  ans  avant  J.-Cj  la  même  année  q|M 


SC2PI0N    l'africain.  44^ 

ïurnt  Annibal;  mais  TiJe-Live  n'adopte  point 
f»loul;  en  effet,  Scipion  n'aurait  eu  alors  que 
arante-quatreans.  Il  paraît  qu'il  mourut  à  l'âge 

cinquanle-lrois  ans,  ('an  i8o  avant  J.-C). 
loï  qu'il  en  soit ,  fa  carrière  de  ces  deux  liommes 
èbres,  qui  tenaient  le  premier  rang  dans  leur 
!rie,  et  dont  la  vie  n'est  poirtt  assez  ronnue, 
lil  se  comparer  sous  plusieurs  rapports.  Aucun 
Dx  n'eut  une  fin  qui  rëpondil  A  1  éclat  du  râle 
'il  avait  joué  sur  la  sr^ne  du  monde  ;  tous  deux 
tururenl  loin  de  leur  patrie,  qui  ne  put  leur 
iilrc  les  honneurs  de  la  sépuliure.  Scipion  ne 

pas,  à  la  vérité,  condamné  ni  banni,  comme 
laibal;  mais  il  eut  IMiumilialien  d'être  mis  en 
ise,  el ,  en  refusant  de  comparaîire  à  l'ajourne- 
mt,  il  s'imposa  un  exil  volontaire  qui  le  priva 
.la  douceur  de  vivre  dans  sa  patrie  et  de  la 
nsolation  d'y  laisser  ses  tendres.  Mais  quel  mo- 
^nt  que  relui  de  l'accusation  qu'il  soutient  ou 
ilôl  qu'il  ne  veut  pas  soulenir  devant  le  peuple 
naiiilComine  onnpplaitdiliJ'drgneil  nnpii:onLic 
cet  instanllc  plus  modrsle  des  Ixtos!  Il  .r^git 
>s  ;il  est  sublime  quand  llprofi-re  ces  Lullespa- 
es  :  Homains ,  niions  rfnàre  gri'tre  iiux  ih'etix,  etc. 
Ce  grand  homme,  si  digne  de  l'imniorlalilé, 

moins  ci'lébre  ddns  la  psix  que  d.ms  la  guerre. 
passa  tjufe  sa  jouncsir  dans  les  camps;  aussi  la 
emière  partie  de  sa  vie  jeta-  t-ello  plus  d'éclat  que 
dernière;  mais  s;i  renommée  s'éclipsa  avec  l'âge, 
jon  génin  languit  fauli'  d'aliment. Sou<  te  rapport, 

vie  offre  er;ror(!  une  sorte  iK'  confoiinilé  avec 
.le  d'Anuilial.  Si  Toi^  cnmpare  ces  deux  grands 
pilaines,  on  leur  trouve  à  tous  deux  celle  étcu- 
e  de  eénie  nécessaire  pour  former  et  exécuter 
pin.  Tous  Jeux  Imaginèrent  un  projet 
ier,  vaste,  seul  salutaire,  seul  dé- 
if,  capaid.-  doxcrrcr  les  plus  toiles  [('les  :  l'un 
ulut  vaiiicru  les  Uoiuaiiis  dans  leur  propre  pajs  ; 


,% 


4/|'i        SCI  PION  i/ArnicAiN. 

raiiln*  altûcjiia  IWfiiquc  (l.ifis  rAfri'jur  mrme.  Le 
poiiil   d(^   vdiï  Je  l.i  ^laruicMii   cl   de   la  i;loire  de  >- 
Nipioii  (Vsl  sans  c.oiilredit    la   secoïKJi*    guerre' 
pimi'jiir;  {uTsonrio  no  partagea  avec  lui  1  h(tiii;euf 
d'avn.i  tci'iniiK^  cctU*  guerre,  la  plus  imporUiitt: Cl    i 
Il  |)his  (!;ii.  ;:':('u.si'  que  les  lloinains  aient  jamais ''^ 
eiii'  .1  .^oiilc't.ir. 

(olvlii*,  anrès  avoir  loué  Sclpion  sur  lis  vcrlus 
^t  laiintcs  (|u'o[i  adinîiait  en  lui,  sa  lihétralllé,  si 
ni.i^i  i(i<  fnre ,  sa  grandeur  dame,  ajoute  que' 
ceux  (jui  h',  connaissaient  perso nuellenii.'iiL  u'ail- 
miraietil  pas  nioirjs  ses  goiits  simples,  son  pcn- 
rh.jiit  pour  la  .'.ohriélé  et  la  (rugalilé,  son  aptitude 
et  son  a[)plii-atlon  aux  affaires  publiques,  l'in  ui 
mot,  les  veiIns  guerrières,  civiles,  morales  et 
T'  1  pieuses  hrillèrtMit  dans  Sripion  ,  dans  ce  grand 
I:.)nirrte  que  Cicéron  désignait  toujours  sous.ll 
ïïoin  d  homme  divin,  diçinum  homiaem  AJrUfuoau 


« 


CATOS    LE   CENSEUR.  /(45 


CATON  LE  CENSEUR. 


iB  pliilcisoplie  Hpcaion  de  Rhodes,  qui  Fleoris- 
rt  v«rs  l'an  i3o  avant  J.-C,  défiint  ainsi  lit  sage 
«i  son  livre  des  Devoirs  :  ••  Le  sdge  est  un 
hommecnîendu  ,  B[iplit|ué  ,  conduisant  bien  ses 
^llâircR,  sans  lileSser  les  lois ,  les  mœurs  ou  les 
usagCJ  de  son  pays  ;  car  on  peul  désirer  d'êlre 
liOTe  ,  non  seulement  pour  soi ,  mais  pour  ses 
enfans ,  ses  proclies ,  ses  amis  ,  et  surtout  pour 
TéUt)  puisque  les  richesses  des  particuliers  sont 
■le»  richesses  de  li  république.  » 
S'il  est  un  homme  à  qui  retic  défimiion  judi- 
euse  puisse  s'appliquer,  c'eil  assurémpnr  Caton 
Censeur.  Dovié  de  loules  les  voitus  qui  font  le 
an  citoyen,  il  rappelait  dans  Home  déjà  cor- 
inipiie  l'austérité  de  mœurs  et  l'aniiquc  simpli- 
té  des  Curius,  des  Fabririus  cl  des  tînrinnalus, 
nnctni  de  la  n\ollesse  et  du  luxe,  il  ne  le  fut  ce— 
endanl  pas  des  richesses,  et  mit  eu  usage  tous 
s  moyens  légitimes  d'en  acquéiir,  afin  d'entre- 
:nir  la  splendeur  de  sa  maisou ,  i;i  d'êlre  en  état 
e  servir  sa  pairie  sans  avoir  Lpsoiri  de  ses  bleti- 


Marcu 
Tu  seul 
■e  ;    sa 

rs  Tordus  (;,iti)i 
um,  ville  du  U 
famille    élail 

1 ,  dii  le  ■ 
lium,  l'an 
trés-aurie 

(Censeur  ,  naquit 

nm','m.Ïs"pl'é! 

éienne 
:s    Ho- 

, et  sans  illuslr; 
mains  d'anpelei 

îiioii.  Cl 

'  hommes 

■lair  la  coulums 
nouoeaux    ccu< 

446  CATON   LE   CENSEUR. 

qui,  sortis d^ancétres  obscurs, commença 
distinguer  dans  la  république.  Caton,  qu 
pas  l'avantage  de  la  naissance,  songea  as 
rccommandable  par  son  mérite  et  par  ses 
et  à  devenir  la  source  et  le  principe  de 
blesse  de  sa  famille.  Il  ne  porta  pas  d'aboi 
nom  de  Caton ,  mais  celui  de  Priscus,  el 
cause  de  sa  prpfondc  sagesse  qu'on  le 
Caton  ,  nom  que  les  Romains  donnai 
hommes  d'une  grande  expérience ,  et  quic 
est  passé  en  proverbe  pour  désigner  un 
sage. 

Calon  passa  ses  premières  années  i 
terres  que  son  père  lui  avait  laissées  près 
des  Sabins.  Un  travail  continu  ,  une  vi( 
lui  avaient  fait  un  tempérament  robuste  i 
ble  de  supporter  les  plus  rudes  fatigues. 

Sa  maison  de  campagne  était  voisine  d 
tite  métairie  qui  avait  appartenu  à  Maniu: 
Dentatus.  Caton  allait  souvent  s'y  prom 
lorsqu'il  considérait  la  petitesse  du  chan 
simplicité  de  l'habitation,  il  ne  pouvait 
d'admirer  ce  grand  homme ,  qui ,  apr 
chassé  Pyrrhus  de  lltaiie  et  obtenu  troi; 
plies ,  labourait  ce  petit  champ  de  ses  mai: 
rieuses.  Mais,  uon  content  d  une  admira 
rile,  il  se  faisait  un  devoir  d'imiler  en  tout 
simplicité  de  ce  grand  homme. 

Avant  de  devenir  un  orateur  distingué 
Forum.,  Caton  se  fit  d'abord  dans  le  p; 
habitait  la  réputation  d'un  avocat  plein  A 
de  capacité.  Il  ne  cessa  jamais  de  cultiver 
de  la  parole  ,  qu'il  regardait  comme  le  m 
plus  honorable  et  le  plus  sûr  de  se  fai 
naître.  Il  n'exigeait  aucun  salaire  pour  le 
qu'il  plaidait;  contept  de  l'honneur  qu'il 
rait,  c'était  par  les  travaux  champêtres  et! 
çiie  qu'il  cherchait  à  s'enrichir.  Dès  le  : 


r.ATON    LE   CF.NSKIIR.  44? 

illait  au«  pclilex  villes  tles  environs  dérenilre  tie- 
rs ni  le.t  Iribiinaux  ceui  oui  s'adressaient  à  lui; 
Je  U  il  rrvi-nait  dans  son  champ  .  'où  il  travaillsil 
ivec  ses  domc' liijues,  el  a]nès  le  ttavail  il  pjr- 
.ageait  avec  eux  un  inodesie  repas. 


ejjoycn  romain  aus;;)  distingua  par  sa  no- 
[ileMeei  son  opulence  que  par  aes  talens  et  ses  ver- 
lii«,  Valerius  Flaccus,  possédait  des  terre»  Entili- 
Euës  i  la  m<^tairie  de  Calon.  U  enlendil  vanter  la 
tonalité  ,  l'ordre  et  l'économie  de  ce  leoue 
liomme  ;  on  lui  fil  en  outre  les  plus  grands  élogus 
ie  la  modération  et  de  la  sagesse  ijui  brillaient 
dans  toutes  ses  actions  comme  dans  ses  discours. 
Cm  détails  loi  inspirèrent  le  désir  de  connaître 
celui  dont  on  disait  tant  de  bien*,  il  l'invitaàsouper. 
Depuis  ce  moment ,  ayant  fonné  une  liaison  par- 
liculifre  aver  lui  ,il  reconnut  dans  Calon  unegr.i- 
viié  (le  mœurs  si  au  dessus  de  son  âge  ,  une  telle 
Élévatiiin  dVspril  el  tant  de  capacité  ,  qu'il  lui 
persuada  d'aller  à  Rome  cL  de  s'appliquer  aux 
ftlfaires  publi[|ues. 

Il    n'y   fui    pas   long-temps  sans    se    faire    ron- 
naîtie;    r'étalt  alois   une   coiilunn^   à    Il.Jine    que 
jeimcs  gens  doués  d'-un  bon 


le  moi» 

iix  diarges  ,  signalas.M'iir 
le  par  une  ctbilante  dénia 
cusatciiis    des    désordres 

leur  enirée  dans 
id.e,  eusepor- 
co.nmis  danl   le 

Ro'ilin , 

iLPincnl  parijiii-lijur  illuitri 
j<-i:n<'  lioinme  iiui  ti-naitr 
méritait  en   eflel   d'c'Ire  i 

;  rilovcn, 
ellerouduile.dlt 
loué    .1,.  tous  les 

toyen , 

■i  é-'aiii'r  .II- l;i  république 

il   pn-TKiil    iiM   ni(;,-.R.-ru,.„I 

ti-nips  qu'il  Ira- 
snleniirl    <r4't|re 

rai  une 

<ii:î;S'|'arl'^:ùlié!"'".'l 

on.miiu  rlgéné- 
prisorinelle    ,1e 

mrniT  1 
un  lion 
scur  (tt 

atcuwleor  Ufs  IjuK-s  d'ju 

iltic  ;  rar  quand 
nul,  lui  pardon- 

i; 


44^  CM  ON    LE   CrNSEUB. 

iiora'l  on  s'il  faisait  le  plus  légor  ccarf  du  soiillrr 
ilroit  iJo  1;»  justice  el  de.  la  ver:ii  r*  »»Tel!e  fui  larouk 
(juc  |Mil  Calon  ,  autant  pour  parvenir  aux  dignirés 
(jiie  pour  extirper  les  germes  de  corruption  qui 
(  Doimenijaient  à  se  développer  dans  Home.  Guidé 
)ar  cette  noble  ambition,  il  ne  craignii  pas  Je 
ravjîr  lininiitiH  dvs  citoyens  les  plus  puissans. 
j\!a's  s^il  se  fit  des  ennemis,  il  s'attira  aussi 
des  p.'irtisans  et  des  amis  parmi  les  hommes  les 
plus  rerommandables  de  la  république  :  de  ce 
nombre  étaK  le  fameux  Q.  Fabius  Maximus,  qui 
par  ses  sagts  lenteurs  avait  sauvé  Home.  Ce  grand 
lioniiiie,  dit  Cicéron  dans  son  Traiiii  de  la  yieil' 
lisse  »  a\ait  une  gravité  m(51ée  de  bonté  et  de  po- 
»  iitesse,  et  son  grand  âge  ne  lui  avair  rien  fait 
>i  perdre  île  l'amabilité  de  son  caractère,  i*  Caton 
s'aitarlia  particulièrement  à  Tabius;  il  Taima  et 
Cl  lui  aimé  comme  s'ils  eussent  été  du  mtoe 


à^e. 


Ce  fut  sous  Fabius  Maximus  que  Caton,  à  l'âge 
de  dl\  ncnl  ans,  fit  sa  première  campagne,  Tan  de 
IloiiK'    «   j.  Ka\\{\  ans  après  il  le  suivit  au  siège  de 
Tan'ule  ,  et  raiinée  suivante  il  servit  en  Sicile  en 
(jualiié  de   tribun   légionnaire.   Dans  ces  exjiedi- 
tioiîs  il  rct  ue.llii  le  fruit  de  la  vie  fiugale  el   labo- 
licuse  (ju  il  avait  menée  des  sa  tendre  jeunes>e; 
]»lus   >oljre   (piauiun  soldat  de  Tarmée,  les  fa- 
tigues el  les  privations  ne  lui  semblaient   nuilc- 
uuîîl   [M'iiiblcs  ,    et  le  courage  avec  lequel  il  les 
bi.'j\;ii   le  lit  remaupier  de  ses  chefs.   Dans  les 
iii.iK  lies     il  allait  toujours  à  pied  ,    portait   lui- 
même  ses  armes ,  suivi  d'un  seul  esclave  chargé 
de  ses  provisions.  Jamais  il  ne  lui  témoignait  ue 
colère  ni  d'humeur,    <]uel«)ue  chose  qu'il  lui  ser- 
vit pour  ses  repas;  souvent  même  apics  son  ser- 
vice miliiairc  il  Taidait  à  faite  son   omTage.  Sa 
iermeté    dans  les  combats  n'était  pas  moins  re- 
uiarquable;  inébranlable  à  son  poste  |  il  portait 


tiKrCiV   LE  CESSEUlt.  ^49 

inns  terribles,  inonliait  à  I  (^nneintun  viiage 
ltaï»lc,  le  menaçait  J'un  Ion  Jp  vois  effrayiiH, 
ade  avec  raison  que  rts  moyens  3cces£oira« 
louvenl  plus  d'impression  sur  lut  ([ue  l'ëpéa 
I  lui  précenie. 

ton  fat  d'abord  élu  tribun  niililaire  en  S»- 
l'sn  de  Kome  549  I  et  enauile  envoyé  ques- 
;n  Afn<|ue,  sou*  le  §rand  Scipian.  Ce  gêné' 
qui  joignail  à  une  verlii  solide  de«  manières 
s,_Tivail  avec  magi)i(icence  el  di^lriduait 
ménagement  l'argiriit  à  srs  troupes.  L'amlère 
Q  fut  cliOL|ué  de  CCS  piiifiisions  ,  qui  leiidAÎent 
rer  Taiilique  sittiplirilé  des  toldatS)  1"'*%  ^ 
Tiple  de  leur  génàial,  arrictaient  le  litxe  et 
pyaîent  en  rUisiis  les  lichcsses  (juH  leur 
iguaîl'  Il  çn  r>i  des  reproches  à  Scipion  avec 
«nrhise  onlinai'e;  celui-ci  lui  répondit  qu'il 
il  pas  besoin  d'uti  questeur  austi  éronime , 
a'au  surplus  il  devail  compte  à  la  république 
das  sommes  qu'il  aurait  dépcnsi'es,  mais  des 
Au,  qu'il  aurait  fsits.  Sur  cQt'e  réponse  ^■9% 
te  quitta,  el  ,  de  retour  à  Home  ,  il  se 
lit  dans  lo  séuar  .i  Fabius  Ti:  viii.us  el  à  _U 
)n  oppoSfe  J  Scipinn.  Ce  j^ii^iiil  lionniiu  n  a- 
pas  seulemeni  pour  accus;,! eu rs  ceux  que 
;  plus' 


jrs  respetUbics 
ur  le  maiiiliru  ■ 

■ivs'i-r", 

!n"Z 

°"jÛ' 

vcc.lIroVle    ]'u> 

e'je 

séii^mi 

in  excessîte   in 

dulgeucc  cuver; 

î   ses 

Iroiipes. 

lui   rCjTocli.'iii 

en    onirt;    sa   co 

U|»U. 

•    inilul- 

e  pour  son  limi 

teoani  Pléiniuiii 

s,,jul, 

er.\ové 

loi  à  i.orrei, 

s'y   livrait    joui  1 

u'Ilc.n 

lies  plu*  inoui. 

i.    Ci's  plaintes  , 

qui    1 

lerai.iit 

sans  vrais^mbL 

jnce  ,    iiirejit    ar 

cutllli 

esiurle 

(.     Il    nivoya 

des   coniiijis~aiii 

«    .h) 

■  yps   Je 

ier  U-s  faih  Mir 

Ies]ii.'ux,  el  de 

raniti 

■er   ScU 

si  les  accusulio 

ns  «laieiilfonilees.  l'o 

ur  loule 

gmt  I. 

38 

9»  niucurs.  IVu'ii  nr  ïvmblAil  alurs  plus 
imire,  tlil  riutar<|ii<t ,  que  de  vuir  u 
fidMc  aux  aTitiijues  uiiagd,  cultivir  la  i 

Sri>]ire$  mains  ,  su  conlonier  d'une 
uftalc,  tl'uti  vétuint'iit  simple  ,  d'urit: 
modeste  ,  rt  aimfr  mieux  se  passer  i 
que  de  s'en  faire  un  besoin. 

Cependant,  comme  par  relie  rond 
que  par  ses  accusations  multipliées  il 
vertement  la  guerre  au  luxe  et  à  l'excès 
,  gaiilé  de  ses  concituyi-ns,  (Jaton  voyai 
croître  le  nombre  de  ses  ennemis  ; 
(l'avarice  son  amour  pour  la  simpiic 
voyaient  que  de  la  dureté  dans  et»  m: 
térei;  mais  tous  ceux  qui  jugeaient  sa 
rendaient  plus  de  juslîce. 

Econome  de  S6n  prupre  bien,  il  i 
avare  lorsqu'il  s'aeisaait  de  mettre  i  a 
le  trésor  public.  Tant  qu'il  fut  à  la  t< 
inées  il  ne  prit  jamais  qu'une  très  pei 
des  provisions  de  bouche  que  l'état  i 


CATON    LE    cr.NSEUB.  45i 

En,ru^mc  liiiips  son  amour  pour  la  jusiiii;.  Les 
péleurs  qui  lavaient  précéclt  ruioaienl  U  pay» 
m  se  ruisant  fournir  dos  pavillons  ,  des  lits ,  des 
habits,  et  Voulaient  le  peuple  en  traînant  A  Icuf 
mile  un  corlégi;  [lotuliieux  d'arnis  #  de  domesti- 
ques ,  et  en  l'xigcaiit  dos  sginmci  considérables 
pour  dfs  fesiiiis  ,  des  jeux  et  des  Ici».  Caton,  au 
Kntr^ire,  se  distingua  par  une  siiiipllcilé  sans 
hiemple  dans  ses  babils,  sa  table  et  son  tkjuipige. 
Il  ne  prit  jamais  un  stul  denier  du  public.  Quand 
ï  visiiail  les  villes  de  son  gouvernement  il  allait 
^  pied,  sans  cortège,  suivi  seuiemeut  d'un  oITicifr 
buUic  [|ui  lui  portait  une  robe  et  un  vase ,  pour 
^ixe  ses  libations  dans  les  sacrifices.  Cet  bommc 
H  simple ,  si  modeste ,  si  iàcile  pour  ce  qui  concer- 
nait son  service  particulier  ,  reprenait  l'air  gcivc 
H  majestueux  d'un  magistrat  romain ,  et  se  inaa- 
Irait  d'une  fermelé  inexorable  et  d'une  ligueur 
tnfleiible  ,  quand  il  s'agissait  de  réprimer  les  dé~ 
hirJres  et  de    maintenir  la  lionne  disciplin 


kl  lois.  Aussi  , 

dit  PI 

ulanpic 

',  jamais  1 

a  puissance 

romaine  navail 

paru 

à  ces 

pcupks  11 

i  si  Icn 

-iblc 

ai  si  aimable. 

Trois  aniiiies 

anrt" 

;  Calon 

fuL  cim 

au  coi 

nsu- 

lai  avec  Valcrit 

,s  V-la 

cens     ^ 

et  eut  ] 

Hiur 

Jépaîle..ie„i  l'I 

■spagr 

le  ci  tel 

i'e.irc.  a'v 

aiil  sou 

,  dé- 

part  pour  celle 

prov. 

ncc   il 

s'.Uoa  i 

Home 

une 

.:onteslalio[i  Irôi 

au  su  je 

1  -le  la  loi 

1  Opple 

Cette  loi  délond; 

lit  aux 

i.mL 

roiiiaini^s 

d'empli 

iiyer 

plus  d'une  ilfii 

ll-l)llL- 

c  .ior 

eu   bijou. 

'T-T 

liur 

asage  ,     de  por 

rer    J 

los    llill. 

ils    de  di 

eurs,  et  de  so 

lllOllll 

ut:.  Il 

1  mille 

l>;is 

i  la  ronde  dan^ 

har  ail. 

l'Ie  de  elle 

vaux     s 

n'était  à  l'occasi. 

<>[>  di- 

S».Kuil 

ces  public 

s;  elle  : 

ivait 

^té  portée  par  !■ 

i-  Iriln 

a»  (1,., 

le  eoLi.. 

i.ibt 

aeg.F.biosel 

de  1' 

.  S 

roi. lus,  di 

uis  le  le 

uips 

que  le^  ravap^s 

d;A, 

.nibal  . 

i'p:iudaiei 

it  la  mi 

^.:)2  CATON     LE     CKNSEIB. 

l  li'pir  Dyiiiit  cessé,  on  cri:l  qut;  cotle  loi  nVtaie 
j  lus  »l<»  s.iisoii,  c\  cju'on  |)0uvait  Tabroger  sans 
(  i);isr(|'.MMKo.  (^aton  ,  toujours  fidèli!  h  son  projet 
il\»xilr[Hr  1(*  luxe,  fut  d'un  avis  contraire  ,  et  dê- 
]^lî)v.i  t  oui  os  Ift  ressources  de  son  élo{|uerir.e  pour 
iiuitiii  u\v  iiii:*  loi  si  favorable  à  ses  vues  ;  niais  il 
ii(*  rcLisslr  pis.  Ce  fut  à  celle  oc^.asion  que,  se 
Til.ùi>njnl  avec  force  du  dangereux  ascendant  que 
11*,  ff  Mimes  prenaient  à  Rome,  il  prononça  ces  pa- 
roles, (pie  I  lularijue  nous  a  conservées  :  «  Tous 
w  les  hommes  ont  autorité  sur  leurs  femmes  ;  nous 
M  Loinernons  tous  les  hommes,  et  nos  femmes 
9*   nous  maîli'isoiit  !  » 

llsitré  en  lîspagne  à  la  tc^te  d'une  armée  peu 
nombreuse,  11  commençait  à  soumeître  par  ses 
^niiivs  une  partie  des  nations  rebelles,  et  attirait 
les  v'inlics  p.tr  la  persuasion,  lorsqu'il  fui  tout  à 
<  ni;;>  ussailh  par  une  armée  de  barbares  ,  dont  la 
3'  jliilijde  lui  fit  craindre  pour  ses  léG[ions.  Les 
♦..eiiilx  riens  eîant  venus,  ilans  celte  conjoncture 
(  mb.'irFnssante ,  lui  offrir  leur  secours,  moyen- 
n«îit  une  somme  de  deux  cents  talens ,  fou»  ses 
ni'.i(  i(Ts  re^^ardaieul  comme  Indigne  des  liomains 
<l\ich(  1er  à  prix  d'argent  ^alliance  des  bar- 
boires  :  "  Co  marché  ,  leur  dit  Caton  ,  n'est  pas  si 
>■  jiê<;'îion(»rant  que  vous  le  pensez;  car  si  nous 
»'  u'Hiporlons  la  victoire  nous  paierons  'avec 
«  r.n;,»  ni  i\cs  ennemis,  et  si  nous  sommes  vain- 
»•  (US  ni  ceux  cpii  exigent  cette  somme  ni  ceux 
«  à  qui  on  \a  d;  mande  n'existeront  pins.  »» 

(I  ava.i  (l.'ibli  son  camp  non  loin  d'Ëmpones 
(  ville  m  irlllme  de  (lalologne),  et  de  là  il  ne  ces- 
Sc:il  'h>  iiiKe'er  les  Ks[)agnols  dans  des  combats 
parti  iili(Ms,  où  l'avaniage lui  demeuraii  toujours; 
enfid  ,  vo^ajil  que  ses  ennemis,  découragés,  n'o- 
2>aie.:l  pln^  Sortir  de  leurs  reiranchcniens  ,  Caloa 
lé.'.i)  ut  (ie  les  torcer  à  une  action  décisive.  Pair 
une  marche  sayanîe  il  se  porta  sur  les  dcrrièr€l 


de  Ipur  caiDp,  et  leur  présenta  le  c<>ml>ar  .ivanl 
qu'ils  se  douiassenl  de  son  ap|iruclic;  (nais  bienldl, 
fenh  ilf  leur  snrprisp,  iU  (]is|Tui^rpni  Irjng-iBmps 
W  virloire,  qui  en  («1  d'acLint  plus  glfirieiise  k 
Caton  ;  phis  de  trenlp  mille  des  IcTirs  resiéicnl  jur 
fe  chainti  (le  b.itaUlc.  Ce  succèi  érialant  enrratua 
fa  spumission  de  inna  les  peuple  ijni  pViaieni  ré- 
cités ,  ellorsc|iie  Calon  arriva  à  Tarrngone  tonle 
la  iiartie  de  ri'spagtie  ,  sîtni'r  en-deçà  de  l'Ebre  , 
^1  BTipetée  par  reilc  laison  dlérieure,  paiaissait 
Mlîèremcnt  piicîËée. 

'  Mais  cette  iranqndl'iK*  ne  fut  pas  Je  longue 
3tirée  ,  car  plusieur»  netiples  .  après  9"#ire  soumis, 
ïfprireni  les  armes  d^s  que  le'eonsnl  fut  ^loigni*. 
Calon  ,  craignant  que  les  :i!itres  ne  suivissent  leur 
fesemple,  prit  Ipp.iriii}edès3rmer(ruales  Ënpagnnls 
fn-der.â  derii'jre,  et  fit  raser  en  un  seul  jrmr  Ici 
'înurailles   de  leurs  villes  ,    pour    leur  fller  loul 


teoyen  de  se  révolter  de  ih 

(aneps. 

Ouire   le   bulin    considéra 
avaient    fait   en   diverses  r.-n. 

niveau  ;  itiesiire  e> 
(idée  p.ir  les  drcon; 

Ide   que   ses    soldai 
-onircs,    il   leur  dis 

triljua  par  li^f  une  livre  peîn 
S3nt(]n'il  valait  mieux  les  voii 

î^'rt!'"^"L'ii!'vi;'r;;n 

>.  saii-il ,  .l'.e  je  IjUrie  rvx 

!iii  d'arge:.t(0,    di 
r  s'en  reloiirniT  li>u 
i.mhreavecde    Toi 
:  "  CcnVsl   p.«,  di 
qui  profiictil  de"  ce 

j.   que  de  riclio.',' aver  les  [\ 

[>iirs  (;ens  de  bien 
NS  npJlens,  KdVi 
>  Sjn  content  ilc  s 

(i)  Euviion  ^uauc-vÎDgi-dîjL  fu 


des  gi'nëraux ,  qui ,  moins  suidés  par  1 
la  vertu  que  par  celui  de  la  gloire, 
plulûl  obtenu  les  distinctions  auxquelle 
raient,  qu'ils  renoncent  aux  aiTaires  , 
le  reste  Je  leurs  jours  dans  l'oisiveté  i 
délires.  Calon  ,  au  contraire  ,  parvenu  i 
de  la  gloire  ,  montra  toujours  la  mêm 
et  n'aUMidonaa  jamais  l'exercice  de  la  ' 
service  de  sa  patrie  ;  et  ainsi ,  deux  an 
son  triomphe ,  il  alla  en  qualiié  de 
consulaire  faire  la  guerre  en  Tlirace 
Danube.  Il  accompagna  ensuite,  comi 
militaire  ,  le  consul  Manius  Acilius,  qi 
Grèce  cumbaltre  Antiochui  ,  le  grai 
Syrie,  le  plus  redoutable  ennemi  des 
après  Annibal.  Ce  | rince,  glorieux  di 

2uétes  en  Asie  ,  enflé  Je  ses  succès 
lire  la  guerre  aux  Komaiiis,  comme 
ennemis  dignes  de  lui.  Les  Romains  di 
n'étaient  pas  fâchés  île.  s'opposer  aux  ç 
la  puissance  de  ce  prince.  On  chercha 
<^t  d'aulre  des  préteulcs  pour  en  venir  ai 
Autiochus  donna  le  .signal  des  husiilil 
Irant  dans  la  Grèce  à  la  léte  d'une  arm^ 


CATON    LE    CENSEUR.         4^. 

peu  nombreuse,  parce  (ju'il  avait  trop 
é  sur  les  secours  des  Grecs ,  ne  vit  d'autrâ 
rce  que  de  se  retrancher  dans  le  dérdé  des 
iO[>yles ,  que  h  nature  a  rendu  presque  iiu- 
ible.  Il  s'y  tint  Tort  Iranquillc  ,  persuadé 
vait  fermé  de  ce  côlé  loin  accès  aux  Ho- 
,  qui  eux-mêmes  dése^ripraient  de  pouvoir 
er.  C'est  dans  celle  occasion  que  b  lecture 
itoire  (ut  d'une  grande  utilité  à  Catoo.  Il  se 
.t  du    détour  qu'avaient  fait  aulrefuis    tes 

pour  entrer  par  là  dans  la  Grèce,  rappela 
irconstanre  au  consul  Manius  Acilius  ,  et 
rgca  d'aller  surprendre  Anlîaclius  par  ce 
n.  Il  sorlit  du  camp  pendant  la  nuit  i  la 
une  pariii'  de  l'armée,  el,  bravant  tous  les 
,  il  parviiii  à  la  pointe  du  jour  sur  leshau- 
]ui  dominaient  le  camp  d'Autiorhus,  alta- 
1  corps  d'Kloliens  qui  les  gardaient,  les  dis- 

et  les  força  de  gagner  leur  camp ,  qu'ils 
irent  de  trouble  ft  d'épouvante.  Eu  même 
Maaius,  au  bas  desmonlagnes,  donna  l'as- 
rec  toutes  ses  lrou|ies  aux  relrancbemens 
ochus  ,  et  les  einporra.  La  déroule  des  Sy- 
Jl  coiiigdéto  ;  ils  furent  tnus  laillés  en  pièces, 
série  Je  cinq  ci:iils  caviiliers  ,  avec  lesquels 

grièvement  blessé,  su  sauva  à  Chalris. 

fui  le  succès  de  la  fameuse  balallle  des 
lofiyles,  qui  Duviit.  aux  Utimains  le  chemin 
sie.  C'est  à  Galon  que  l'on  doit  prluclpaU- 
attnbuer  l'hoinitior   de  celle  vi(  loire.  Au 

de  l'a, 
ssé  ,  et  , 
ort  de  sa  joie, 


,1     le    lO.l! 

„!  le 

„n°ëe'°°''cl!,™Ç' 

n  prési-nie 

J,'  1 

du'caro. 

çiue 
1.   Le 

^-'irn'le  pc°  pk 
compenser  digne- 
'    nO(n   de    Calon 

lï,  bouci, 
!.,.o;iu  .11- 

li'va 

el  tous  ceux  qui 
leur  avec  laquelle 

et  diaigé 

les  ennemis ,  eooûr- 

^TiG  CKTOM    LE    ClNiErH. 

niaient  par  leurs  ditcours  l'clogc  »jur  vetliît  dt' 
lui  donner  Aciltua.  i 

Le  consul  envoya  Caion  lui-tn^e  à  EUtillA' 
pDrl?r  la  nouvf  ll«  îli;  b  vicloîrc,  ay^nt  soin. 
mai(|iipr  dans  ses  dcfiêchi's ,  pn  tonnes  rtH-rgioii 
l»  (lart  ctinsitlrrable  ijue  Ciliin  y  avKÎl  eup  11 
beau  pour  un  géiici.il  de  rendre  ainsi  juilii-'f 
mérite  de  ses  officiers,  c\  de  ne  point  rhcrcUefi 
Irur  dérober  leiir  gluire.  L'arrivée  de  Caton  ti 

flit  Itrtme  d'une  joie  d'autant  plus  vivu  ,  qi 
on  avait  forioment  appréhendé  te»  lutli^s  jl'ui 
guiTrt!  nonire  un  rui  au»i  puUsani  qu'Anbi 
chus. 

La  journ^d  des  Thermapylcs  fut  le  terme  île) 
travaui  militaires  de  Caton.  Oontem  de  U  glnÎN 
qu'il  s'était  acquise  dans  les  aunes,  il  ne  «dngU 
plus  qu'à  veillL'raiirn;iîntien  desm<rurs|>HhU>|ur*; 
honora!>lEmission,â  bqtirlle  il  se  détona  touteu 
vie,  t)ii  ne  le  voyait  pas  briguer  s^ds  cesi*  !■« 
dignilPj, mais,  toujours  appliqué  a  relever  les  pf 
varicalions  Je  ceux  qui  en  étiieut  revêtus  >l  tttf 
Çiit  en  quelfi'ie  sorte  une  magistritiure  per;»*^ 
tiie!le;i]  semblait  qu'il  fill  né  pour  tUe.  lu  lléitt 
(les  mauvais  cîloyens. 

Dix  ans  aprù  son  consn'al  Caton  brigua  'U 
censure  ,  l'an  do  Ri.ne  SlîH.  Cene  cliarge  était  I 
Rome  la  dignité  la  plus  honorable,  «I  celle ^ 
il.illail  le  plus  l'atnbition  des  citnyens.  Outre  1* 
prépondérance  qu'elle  donnait  dans  le  gouverner 
elle  assurait  à  ceux  qui  en  étaient  rtréloalt 


tde; 


des  I 


1  de  U 


:  la  cou»     ^_ 
:iiliers  indistinciement  (i^.ConMM 
le  aénat  veillait  sur  le  peuple  ,  les  censeurs  at»? 
les  yeux  sur  (e  peuple  et  sur  le  sénat  ;  il  fallaî 
rétablissent  dans  la  répuhtti^iie  tout  ce  qi 


LE  CENSE  nu.       4^7 

^é  forruinpi),  (|ti'iU  notassent  la  tiédeur,  ju- 
^sscnt  les  négligences  ,  etcorrigeassi'Rt  Icsfautfi 
^aiBme  les  lois  puniasaienl  les  crimej.  Tout  ce 
ifui  pouvait  in  tru  du  ire  des  nouveautés  dangereuse:', 
changer  le  cœur  et  l'esprit  des  ciloyeni ,  était  ré- 
Formé  par  les  censeurs.  Ils  faisaient  tous  let  cinq 
ans  le  dénombrement  des  citoyens,  et  recréaient 
pour  ainsi  dire  le  corps  du  peuple.  Ils  pouvaient 
chasser  du  sénat  qui  ils  vouUieni ,  Aler  à  un  che- 
valier le  cheval  qui  lui  était  eutrelenu  par  le  pu- 
blic  ,  inettrc  un  ciioyen  dans  une  autre  tribu* 
et  nifime  parmi  rftux  (]\ii  payaient  les  charges  de 
b  cilé,  sans  en  avoir  les  privilèges. 

Cicéron  nous  faitconnaître  d'une  manière  bicB 
iner;>ique  toute  l'étendue  du  pouvoir  et  toute 
l'ntililé  deceitemagistraiureî'iTiberius  Gracchua^ 
,■  censeur, transféra, dit-il, les  alfrancbia  dans  les  tri- 

•  basdela  ville, non  par  la  force  de  sou  éloqucn- 
a  ce  ,  mais  par  une  (larole,  parun  geste;  et  s'il  ne 
>  l'eût  pas  fait,  cette  république,  ({u'aujourd'hut 

•  nous  soutenons  k  ^eine  ,  n'exisierait  plus.  ■ 
Les  rensi'iirs  m-  devaii'nl  point  êlre  n'chcrchés 
sar  let  choses  qu'ils  avaient  faites  pendant  leur 
censure  ;  on  pouvait  laire  rendre  i  tons  tes  ma- 

Îistrals  raison    di:  leur    conduite,  à   l'exception 

Un  grand  nombre  de  citoyens  des  première* 
familles  de  Hume  ,  cinq  patriciens  et  quatri' plé- 
béiens s'étaient  mis  sur  le»  rangs  en  mPme  temps 
que  Calon  pour  briguer  celle  année  là  la  cenifu 
re;  quelque  illustre  que  fil I  la  naissaiice  des  un.-. 
*t  des  autres  ,  il  n'y  en  av.iit  aucun  qui  fût  digne 
deluiérreconipjré;  Caton  les  effaçait  In  us  par  son 
mérite.  ÎMais  leur  brigue  était  bien  puissante  :  les 
patriciens,  qui  s'étnieut  constamment  déclariii 
contre  lui ,  n'avaient  pas  manqué  de  se  réunir 
encore;  ils  ii'ç; ardaient  comme  un  affront  pour  i,i 
Bolilesse  qrte  des  î;eus  d'une  naissant'C  obsn;^'.' 
3i»,r  (;  '  3o 


j>.ii  viu.vsrnl  nu  plus  li.jul  «Icgrô  <i*)ionnrur  (M  dr 
|)in.s*^an('r  ;  d'autres,  (|ui  vîv.'ii(*nt  dans  le*  luxe  et 
dans  la  inollrs'r,  (|iii  avainit  à  so  reprochfr  iiiic 
roihluiir  (l«'»n'**;li"0  rt  (1rs  nirrnr.s  rorrornpurs  ,  rr- 
rloulaiciit  rau.strrllr  (Tun  cmsfMir  qui  passait  p' iir 
le  p;iriis.Mi  le  |)1us  zélé  de  rânh(|ue  sîfiiplic:ilii 
roinaiut'. 

'r.iiidis  que  tous  «oh  rDriiprlitoiirs  employaient 
jc^  (l.ilhMJi'K  v\  It'K  rairNScvs   pour  g-i^nrr  1rs  siil- 
rr;ijL;rs  du   pcnpl'* ,    (lalnn    n'opposait   ;i   leurs  in- 
tii^u(*s  (pie  sa  vertu.   Il   païut  dans  la  place  pii- 
ldi*|ue  d'un  air  pie.s(pie  ]i>i>naf;aiit  ,   ciiant  (|iie  li* 
pi:n|tlt>  ('tail  ((imiiie   un  malade  qui    a  hesoin  (1rs 
f  enièdes    les    plus    vi(d(Mis  ;    (pi'il  fallait    choisir, 
i)0(i  riioinine   le  plus  doux  et  le  plus  indulgent , 
mais  le  plus   sévère  et  le  plus  inexorable,  (a*  lut 
alo"^  (pie  le  peuple  romain  (it  preuve  d'une  v<'ri- 
talde  grandeur  ilMnie,  et  se  montra  dii^no  d'avoir 
cJrsi^iaTids  lioiiîmes  pour  le  f»ouverner.  Il  rejeta 
les  ( onipelileurs  (pli  paraissaient  si  disno5(Vs  à  lui 
(  oinpl.iire  en  tout ,  et ,  loin  de  redouter  i^inflexibl- 
lilé  lie  (ialon,  il  Télut  censeur  d'une  voix  uiia- 
rilrne  ,  et  lui  diinna  pour   rolli'gue   Lucius  Vale- 
lins  Ma((ns,(pril  avait  demandé  et  prescjie  exigé. 
l/ouv(  rlurr  de  Texeieice  de  la   censure  excita 
U'M '^i.iinle  allenle,  nu^'lee    de   crainte  pour  plii- 
.sirms.  I.a  prrmi('re  chose  (]ne  fit  (laton  ce  fut  de    ijj 
iiouMiiei  priiue  du  sénat  son  c(dl^gne  et  son  arni    j 
\  ;d;i  lus.  Ils    privèrent  de  leur   dignité   sept  des    I 
s/'ii  tit'iiis  ,   ftarmi    lesquels  il  y 'en  avait  un    uon     J 
•n'iiiis  illn^^hc  par  sa  naissance  que  par  les  charges     1 
h»»ii<»r.ddrs  (pi'il  avait  exercises;  c/élait  L.  (.Juin-     '- 
tiMi  i'I.iiiiinius  ^   personnage  consulaire,   et  frère 
(h-  rrl'ii  (|iii  .iv.iit  \airicu    IMiilipfie,  roi  de  M.irt»- 
doiiie.  \  ('ici  rpielle   fui  la  laison  de  celle  (letiis- 
Miic.  M.iiuinius,   pendant   (ju^il    coirrorMidait    eo 
riaiiic  (Il  (pi.'dite  de  corisid,  s^ctait  souille   d^iiiif 
«Tii.'iiié  aussi  atroce  (pi'inutlie  ,  an    milieu    crunc 
l^*.>rtj<'  (le  il«  l^auilttt.  Cité  devant  le  tribunal  des 


CATON     Lt.    CENSEUR.  4^9 

Mn«r>iirf ,  Il  ois  d'abord  le  fait  ;  mais  Ca'on 
lui  ileft-ra  le  »erinfnt;  il  n'osa  pjs^er  nul.e,  Uni 
la  religion  du  serment  était  encore  respfciée 
chez  Les  Hamains. 

'  Le  grand  dessein  de  Caton  ,  et  il  était  bien 
Signe  de  lui  s'il  avait  pu  y  réussir,  c'était  d'ei- 
lirper  entièrement  le  luie  ,  (ju'il  regardait  comme 
devant  un  jour  causer  la  ruine  de  la  républitjuc. 
II  ne  pouvait  pai  l'allaquer  de  vive  Coi  ce,  car  ce 
(Odt  funeste  avait  gagne  tous  les  ordres  de  l'état  ; 
■■  ressnurce  unique  élail  de  lui  porter  des  coups 
indirects,  et  d'essayer  de  le  faire  tomber  par  des 
nesures  détouruces. 

Arant  Caion  les  meubles,  les  équipages,  les 
lub'tls,  la  toilette  des  femmes,  n'entraient  pas' 
dans  reitimaiio  n  que  devaient  faire  les  censeurs  de» 
feïana  de  cba<[ue  citoyen  ;  mais  sentant  que  c'est 
['d«BS  ce$  objets  mie  le  luxe  a  surtout  l'occasion  de 
(  it  déployer  ,  il  les  y  comprit.  On  peut  voir  dam 
llHuIarquc  le  mode  que  Caton  iotrodubit  pour 
l^révaluatinn  de_^ce  nouvel  impât.  Nous  ne  savons 
pas  à  quel  l'o'ul  ri^ilc  meîuie   lut   un  cprni'-,le  olfi- 

toujours  est  il  rpiVIlf  était  pli'ine  de  sagi'ssc.  Il  est 
encore  ciTtain  qu'elle  attira  de  nouviMin  en- 
nemis à  Caton,  car,  cnniiiLC  l'observe  j d il icieu sè- 
ment Plutaïqiic  ,  la  plupart  des  honiiiii's  croi'-nt 
tju'on  leur  cui^vc  leurs  richesses  quand  on  les  eni- 
pîcbe  i\p  les  mo^ilrcr;  ils  ne  les  étalent  j.imaiï 
que  dans  le  su|)ei'lluj  i^t  non  dans  les  cboses  né- 
cessaires. 

Caton,  peu  «enslble  à  toutes  les  clameurs  qu'ex- 
citaient se-i  ri'loi  iiii's ,  demeura  toujours  ferme  et 
îitébra niable.  Il  parait  néanmoins  que  le  i>euple  , 
nialgié  toutes  les  conlraibrlions  dei{;rai!<ls  et  des 
riches,  ajiplaudit  généralement  à  laniani'-re  dont 
il  s'ari|iui!a  de  sa  censure  ,  car  il  luîéiigea  mut 
sldtue  dajis  le  temple  de  la  Santé,  et  fil  graver  au 


46o  CATON     LE    CENSEUR. 

bas  une  inscription  qui ,  sans  rappeler  les  ex] 
||;uerriers  ni  les  triomphes  de  Caton  ,  ne  cool 
que  ces  mots  :  A  Vhonneur  de  Caton  ,  pour  a 
par  de  salutaires  ordonnances  ,  par  des  institi 
et  des  riglemens  sages  ,  relevé  pendant  sa  cen 
la  république  romaine  ,  tfue  t altération  des  n 
avait  fait  pencher  vers  sa  décadence.  Jusque 
peuple  ne  lui  avait  point  encore  décerné  un  [ 
honneur;  et  coninne  peu  de  temps  anpar; 
quelqu'un  lui  avait  témoigné  son  étonnenient 
qu^on  ne  lui  a^ait  pas  érigé  de  statue,  tandi 
beaucoup  de  gens  sans  mérite  et  sans 
avaient  obtenu  celte  distinction,  «  J'aime  1 
»  coup  mieux,  répondit-il ,  qu'on  demande | 
»  quoi  on  n'a  pas  érigé  de  statue  à  Caton 
»  pourquoi  on  lui  en  a  érigé.  » 

Depuis  ce  temps  il  n'exerça  plus  les  preir 
magistratures  ;  cependant  le  reste  de  sa  vie  n 
pas  moins  consacré  à  l'état.  Il  eut  cela  de  < 
mun  avec  Aristide  et  Epaminondas,  qui  ne 
sèrent  jamais  dMtre  utiles  à  leur  patrie ,  bien  < 
ne  furent  pas  souvent  Aevés  aux  dignités,  i 
voyait  assidu  aux  assemblées  du  peuple  < 
sénat,  prendre  souvent  la  parole,  et  dk^p 
loulo  Ténergie  de  son  caractère  toutes  les  foi 
roccasion  )c  demandait.  Sa  sagesse ,  son  éloqi 
et  sa  vieillesse  lui  avaient  acquis  une  si  gi 
autorité  ,  que  dans  les  conjonctures  critiqu 
sénat  tenait  les  yeux  attachés  sur  lui,  comme 
la  tempête ,  dit  Plutarquc,  les  passagers  les  tiei 
i}xv.s  sur  le  pilote  ;  souvent  aussi  dans  son  ah 
011  remettait  jusqu'à  son  retour  les  affairi 
plus  importantes. 

Il  arrivait  néanmoins  qnelquefois  qne  le  p 
et  le  sénat  ne  se  montraient  pas  auâsi  dispc 
suivre  ses  avis  :mais  ni  la  froidtfur  avec  laque] 
récontait,  ni  les  clameurs  de  la  multitude  n^é 
cmpables  de  décontenancer  ni  de  réduire  au  si 


CATON   LE   CENSEUR.  ^Gl 

i  citoyen.  Doué  d'une  force  de  poumons 
i  la  vigueur  de  son  3me,  il  ne  cessait  de  pai- 
u\aà  ce  qu'il  eût  convaincu  ses  auditeurs  cl 
la  bouche  à  ses  adversaires.  C'est  ainsi  (]ub, 
ë  la  plus  vive  opposiiion,  il  conlriliua  besu- 
l'an  de  Home  S-jH,  ^  faire  passer  h  loi  Vo- 
une,  ({iii  défendait  à  tout  citoyen  romaia 
iluer  une  femme  son  hérilièe.Aulu-GelIc  cite 
Lginent  de  la  harangue  iju'il  prononça  dans 
me  orcaiion.  Fidèle  k  ses  {irincipes  anstèrei , 
I,  en  empêchant  tes  femmes  de  succéder,  von* 
évenir  les  causes  du  lune,  comme  en  prenant 
iense  de  la  lai  Oppienne  il  avait  voulu  arrë~ 
hixe  niêmc. 

nAme  Anlu-Gelle  nous  a  conservé  im  discour» 
tti>nprononçaqucl(]ues»nnée^  après  en  faveur 
.hodiens.  Ce  peuple  avait  envoyé  des  ambas- 
rs  a  iiome  pour  implorer  la  clémence  du 
vivement  irrilé  des inieUigencesq>i'i1s avaient 
«nues  avec  IVrsée,  roi  de  Macédoine.  Il,  se- 
■op  long  de  ciier  quelque  fragmenl  de  celle 
goe,  aussi  vemsrtjuable  par  la  forre  el  la  so- 
dés pensées  oiie  ps:  l'éiiergle  du  style;  mais 
:aît  pai  iniliilercnl  de  mp-^nrler  rcllecircons- 
,  (p. i -prouve  (ive  ia  sévétiie  Je  Calon  savait 
iicir  lorsqu'il  s'agissait  de  plaider  la  cause  de 
lanité.  Au  reste,  quelque  peu  disposé  que  fût 
at  à  faire  grâce  aux  Khodlens,  il  ne  fut  pas 
aux  représentations  d'un  sénateur  aussi  grave 
si  respecté  :  Rhodes  fui  épargnée  ;  on  se  con- 
seulemcnt  de  la  piivcr  de  quelques  villes  dans 
:.ie  et  dan^  la  Carie ,  qu'elle  lenait  de  la  libéi- 
de  Ito-ne. 

ton  eul  encore  le  bonheur  de  rendre  un  ser- 
lu  m^ne  genre  aux  Achéens.  Depuis  la  dé- 
le  Persée,  les  Romains  dominaient  sur  loulc 
èce  ;  mais  dans  l'asseivitseAicnt  général,  la 
achéenni;  était  encore  ansfi  puissante  pour 


Ml'       "^^^^^^^^^^^^^ 

A 

46a  CATOW   lE  rBNSïir*r 

k-m  Jonnpr  de  l'ombrage  ;  noanmoin»  Xr,n~ 
parcnne  de  ratnitiii  gubabiaii  cMrf  Hoinc  ci  Im 
At'IiéPM  -.  Ct'ï  rfpmier»  ai-^ient  vnkmt  pris  part  ^  la 
guêtre  contre  IVr«i^i>.  Mxis  A  m-ine  ftit-rlle  lei'mi* 
nei-,  (]iic  1rs  l^ofnains  leur  rKc-itl  ortlonnPr  p*r 
Iviir  pr^leurCsIlicraie.eiHi^rcmi'nl  vendu  aux  in- 
tcri'ls  de  Rome,  Je  cniidamner  à  mort  mille  i-i- 
Ifiyeiiï  qn'An^r-ur  désignpriiil,  ei  i|iii  avaiptit  cn- 
iri'tùiiu  des  intplligrnrMavef  1p  mi  vaincu.  Ëiivain 
les  Ai:hicn8  rirfiis-iifiil  île  condflmiUT  les  acculés 
sans  lesciileiidre*,  res  malheiireii)!,  au  nombre  di^J- 
tjiicls  (iMil  l'biitlurion  l'oiybe,  fufenl  arrPl^,coii- 
duiiï  â  Home,  cl  dispentx  daim  ililiTt-renie)  bour- 
gades de  rhalic-.  Leur  tnalhcur  3v;iit  diiié  diic-t<-pl 
ans ,  et  déjà  ,  8ur  mille  qu'iU  élairnl ,  pliti  de  sept 
cei)is  avaI«iU  {léri  de  chagrin  ou  de  misère.  Lifur 
fnrorliJiie  n'aurait  pas  eu  daiiire  terme  ^oc  wliii 
de  kurs  jour»,  si  l'olybe  ne  l'avaii  partagée.  Sci- 
pîiiii  Kinilien,  ipii  l'avait  e«  nour  prik-^plenr , rtsit 
devenu  son  ami.  Il  demanda  1»  dtliviancc  deim^ 
luuriuM  A[;bi-eii»;  sa  demande  enfila  de  vivesi^ 
leslalions  dans  le  sétul,  et  aurait  [leul-éuc  «W 
sans  efïet  si  Cslon  ne  l'avaii  soutenue;  «  A  i>o«*; 
>  voir,  dit-il,  disputer  ioul  un  jour  pour  »*«t' 
»  si  ijiielt|ues  [liiuvres  vieilbrdi  df'ce^iii'a  mTOBB 
*  enlcrré«  par  no»  fossnvRurs  ou  par  v^iix  de  iMC 
«  p;iirie,neacinblerait-ilp4xi]urimux  n'avotisficD 
"  à  feirei'  "  Il  ne  fallut  (lueeeltcpIsisBul^rie  pou» 
faire  lionle  au  sénat  de  sa  longue  opiniâircté,  M 
ptjup  le  déterminer  à  renvoyer  eiifirrles  Aeb'~"" 
dans  le  PéloponèscPulybc  aurait  encore  >oi  ' 
t^u'on  les  rétablît  dans  les  bnni^trurset  danxl 
gnilës  qu'ils  avaient  avant  leur  bannîsïi'TiK-nl 
avant  duprësenterier^uHJeaii  sénat  il  crut 
pressentir  CaLoii,  ctui  lui  dit  en  snunanl  ;  s  ' 
»  u'imiii'z.paa,  Polvbe.  li  sa{;es!>#  il'Ulyuei 
»  vouteK  rcnlTL'r  dan^  l'ai>tre  du  cyelopt 
m  (jui'Ujucs  ijrdes  ijttc  vous  y  a^e7:  loissets.  t 


C>TOÎI   LE  CENSEUR.  4^^ 

Ai:héens  proGlèrent  de  l'avis,  et  se  haièrenl  de  re- 
tourner dans  leurs  foyers. 

Un  voit,  par  les  deux  saillies  que  nous  venam  de 
Cliei-,  que  Caton  savait  très-bien  manier  la  plai- 
lauterie.  On  cite  enCDiit  de  lui  d'autres  mots  fort 
lieureax.  Les  Komalus  avaieut  député  vers  le  roi 
ie  Bilhynie  trois  ambassadeurs,  dont  l'un  avait 
les  pieds  perdus  par  la  eouttc,  l'autre  un  grand 
Vida  au  crâne  par  suite  J'un«  blessure,  ei  le  Iroi- 
tiéine  passait  pour  fou.  Il  dit  ••  que  Rome  avait 
1  envo\é  une  ambassade  qui  n'avait  ni  pieds,  ni 
»  cervelle,  ni  si^ns.  » 

Ainsi  dans  Oaton  l'âge  ne  semblait  en  rien  di- 
tbînuer  l'acliviié  ni  ralentir  l'ardeur  pour  le  bien 
pablic  :  n  La  vieillesse,  disait-il  sguveni,  est  assea 
»>  hideuse  par  elle-même ,  sans  y  ajouter  encnre 
f  la  difToniiité  du  vice.  "  FidèU  à  sa  maxime,  on 
le  voyait  embcllii'  la  sienne  par  i'eiercice  constant 
4' ta  vertu;  seulement  on  pouvait  lui  reprocher  de 
la  pousser  quelipiefuis  jusqu'à  l'excès.  C'est  cette  ri> 
gidïté  de  principes  qui  lui  lit  voir  avec  chagrin  1« 
goûL  de  la  philosophie  s'introduire  à  Rome.  Une 
ambassade  d'Albctiesy  élait  venue  pour  négocier 
une  affaire  particulière.  Les  ambassadeurs  étalent 
trois  célèbres  philosophes;  Carnéade,  de  la  secte 
académique;  Diogène,  de  la  secte  sloïque,  etCri- 
t"olaus,péripaléiitien.  Ils  furent  à  peine  arrivés,  que 
tous  \ti  jeunes  Romains  qui  avaient  du  goût  pour 
les  lettres  se  firent  un  honneur  et  un  plaisir  d'aller 
lés  voir  et  les  enii'ndre.  Carnéade  surtout,  qui  joi- 
gnait à  la  force  de  son  éloquence  beaucoup  de  gr^e 
et  de  délicatesse,  voyait  cnaijuc  jour  augmenter  le 
nombre  et  l'empressenienl  de  ses  auditeurs  ;  toute 
la  ville  retcnlisiait  do  ses  louanges  ;  chacun  répé- 
tait ses  discours,  et  déjà  un  sénateur  h's  avait  tra- 
duits en  latin.  Au  milieu  de  cet  enthousiasme  gé- 
néral, CatoJi  lui  seul  gardait  nue  contenance  sé- 
Nere;  il  crji;iouii  ijuc  b  ji^unesje  romaine, tournant 


464  CATON    LE   CENSEUR. 

vers  l'riude  de  la  littérature  grerqiie  foute  son 
finiilalioii,  ne  préférât  la  gloire  àc.  bien  parlera 
iA\v  Je  bien  f.iire:  «llàtons-noiis  de  décider l'af- 
»»  iiùie  des  Alhénirns,  ne  cessait-il  de  répéter lu 
»  Mîiial,  et  renveyons  au  plutôt  ces  discoureurs 
»»  rap«'d)les  de  persuader  tout  ce  qu'ils  veulent,  j 
>•  Oi/ils  retournent  à  leurs  écoles  pour  y  instruire 
»  les  enfans  des  Grecs;  mais  que  les  enfans  des 
»  Romains  n'écoutent  ici  qoe  les  lois  et  les  ma- 
>»  pistrats.  »  Ce  n'était  pas  par  une  inimitié  persoo- 
nello  contre  Carnéade  ou  ses  collégnc»  que  Calon 

Ïiail.iil  ainsi,  mais  parce  qu^en  général  il  méprisait 
a  ])hilosopliie  et.  la  littérature  grecque;  il  portait 
niOme  si  loin  ce  mépris,  qu'il  défendit  expressé- 
mrnt  à  son  fils  de  s*en  occuper:  a  C'en  est  fait  de 
»»  llorne,  lui  disait-il  souvent  avec  vivacité,  si  ja- 
"  lîiais  ses  citoyens  cmbrnsst»nl  les  doctrines  delà 
^  Grèce.  »  L'empressement  des  jeunes  Romains 
po'.ir  les  discours  de  ces  f^hilosophes  pouvait  éire 
excessif,  et  dans  ce  cas  Caton  aurait  eu  raison  de 
demander  que  Ton  modérât  cette  ardeur;  mab  il 
avait  tort  de  vouloir  proscrire  toute  étude  delà 
philosophie.  La  bonne,  la  véritable  philosophie, 
est  aussi  utile  aux  partirnlicrs  et  aux  états  que 
pt»ul  leur  être  nuisible  celle  qui  n'a  que  des  dehors 
trompeurs  ou  qui  s'occupe  de  questions  frivoles  et 
dangereuses. 

C'est  sans  doute  k  cau^^e  de  cet  éloî^ement  de 
Caton  pour  les  disciplines  grecques  quePlutarque, 
qui  n'est  pas  toujours  exempt  d'une  certaine  par- 
tialité, juge  très-sévèrement  la  conduite    privée 
«l'un   homme  si  admirable  dans  sa  vie  publique. 
Cet  historien ,  qui  a  écrit  tant  de  traités  philoso- 
phiques,  et  qui  se  fais.iit  une  gloire  d'être  le  suc- 
cesseur de  ces  rhéteprs  qu'avait  dédnignés  cet  au.s- 
tvîrc  Uomain,  ne  devait  y>as  ^tre  très  flatté  d'avoir 
contre   leur  profession  une  autorité  aussi  imp#>- 
^anle.  ]N[ous  ne  nous  aitaclierou.*^  pas  à  di^cutrt  rt 


(.AT  ON    LE   CENSEUR,  ^fy5 

éscnter  tous  un  jour  moini  dcfavurable  dei 
lU  Je  la  vie  privée  de  Caton,  qu'il  se  plat[  & 
icersous  un  jour  tout  à  fait  désavanU^Piix  è 
lémoire  de  ce  ^rand  homme;  ces  particulari- 
lous  ont  semblé  peu  compatibles  btit  U  di- 
i  de  l'hi^luire.  Mnis  nous  ne  passmins  pas 
silence  le  reproche  d'avariée  que  lui  (^fil  ce 
raplie,  parrc  i|ue,  dit-il  en  substance,  vers  la 
le  avs  jours  (lalon  s'occupa  moins  de  la  cul- 
dvn  terres  pour  placer  son  argent  d'une  ma- 
c  pluH  silre  et  moins  sujette  à  varier,  en  aclie- 
Jes  pilturaffes  ,  des  bois,  des  étan;;!  et  dei 
PS,  etc.  A  moins  mie  d'avoir  une  pbilosophie 
chagrine,  il  est  dilficile  de  voir  dans  tout  cl'Ui 
aorilide  avarice.  lilsl'On  blâmable  pgur  cher— 
à  augmeuTerson  revenu  par  des  moyens  hon- 
s.  surtout  lorsiiue  ce  soin  ne  vous  empêche 
le  servir  sa  palnei*  C'est  riiidustrie  des  pani- 
ers qui  failli  prospérité  des  étals.  Plularque 
nénage  pas  plus  Caton  au  sujet  de  future  tua- 
U,  qui  lut  pour  cet  habile  économe  une  suurce 
ildanlc  lie  ricliesscs.  Il  est  ceprndaiil  f.irilc  <le 
que  relie  eipi'ci;  d'usure,  fniidi'e  sur  une  spé- 
tion  commerciale,  est  bien  loin  d  ;iv,iit  b'  ca- 
âre'ocliciK  de  celle  qui  résulte  d'un  simple 
,  et  qiii  met  eu  quelque  sorie  l'indigent  à  la 
ci  d'un  avide  crc.mcier.  Loin  d'iivoir  les  senii- 
is  que  l'IuUrque  lui  prl^le,  Calon  av.iîi  lant 
jireiir  pour  celle  praiique  bonicusi',  que  quel- 
lu  lui  demaudanl  uujuur:  ■  Que  prn<:rz  vous 
e  l'usnre?"  il  répondit  avec  indig;nalion  :  ••  F.t 
lie  peiil  on  penser  de  rii-micideP  -  Ce  mol 
s  3  été  roTiser  vé  i>ar  Cici^ron ,  qui .  presque  cou- 
porain  de  n'i  illustre  renscur,  devait  mieux  le 

ionimi'ii'  d'iiilleurs  (^iton  aurait-il  pu  roncilier 
■  I.inl  d  .Tvarite  un  désintéressement  qui  lui  fil 
ours  nujjli^ci'  les  uucatioiis  léj^ilSmes  de  s'en- 


qu'il  admirait  le  plus  dans  Socrale,  c'él 
criir  et  la  complaisance  «ju'il  avait  touji 
tréfs  envers  une  femme  acariâtre.  JaiD:i 
porla  plus  loin  la  tendresse  pour  ses  en 
(ju'il  eut  de  son  premier  mariage  lui  él; 
ipi'il  voulut  parrager  avec  sa  femme  le 
si'iiis  prodigués  à  son  enfance  ;  l'affjî 
pressée ,  à  moins  qu'elle  ne  regardât  la  n 
11  élait  pas  capable  de  l'arracher  i  celle 
cuipation.  11  put  se  dire  doulilenienl  le 
(ils  chéri,  puis^u'outre  la  nalisance  il 
l'édirration ,  dont  il  ne  voulut  confier  l 
à  personne.  Ce  fat  lui-même  qiu  l'inst 
les  lettres ,  qui  fut  son  guide  dansTétad 
et  son  maflre  pour  les  exercices  du  ci 
enseij>n3  à  combattre  loul  armé,  à  moi 
val,  à  lancer  le  javelot,  à  supporter  le 
rios  des  saisons ,  et  à  traverser  à  la  nage 
le  plus  rapide.  Il  s'était  donné  la  peint 
crirc  pour  lui ,  de  sa  propre  main ,  et 
Ictli'i-s  ,  les  plus  beaux  traits  de  Ubïstoir 
Il  s'abstenait  de  prononcer  en  53  présenc 
Mlle  qui  aurait  pu  blesser  le  plus  lé^rei 


CATON    LE   CENSEUR.  4^>7 

éa  scfoiid  Scipîon  rAfricaîn,  et  ce  fut  autani  à 
son  mi'rite  qu'à  la  rcputalion  de  son  père  qu'il  dut 
tine  allniice  aussi  honorable.  Il  mourtil  quelnues 
années  agni,  laissant  des  cnfans  en  bai  S^e  ,  Van 
de  Rnmc  Sgf).  Catiiti  fut  fort  sensible  à  la  perte 
d'un  fils  qm  faisait  la  gloire  de  ses  vieux  jours; 
mais  cependant  il  supporta  ce  malheur  avec  loule 
la  fermeiif  d'un  philosophe,  et  ne  s'cn'montra  pas 
HR  seul  momeiii  moins  appliqué  nux  affaires  de  U 
rt^publlniie.  Il  lui  fil  des  funérailles  modestes,  tau- 
jours  eniit-mi d'une  vaine  pompe  et  des  dépense* 
(«snieii'^cs  t|ui  n'ont  aucune  utilité, 
-  Le  diTiiier  des  ac.les  politiques  do  Calon  fut  de 
faire  dpciJer  la  Iroisicme  guerre  punique  ,  qui  eut 

E3ur  objet  et  pour  terme  la  ruine  de  Carlhagn. 
es  Carthaginois,  contre  la  foi  du  dernier  traité  , 
avaient  équipé  et  armé  en  guerre  un  grand  num- 
bre  de  vaisseaux  ;  ils  étaient  sortis  de  li'urs  ffon- 
âères  pnur  attaquer  Masinissa,  roi  de  NtimiJIe , 
^i  avait  éie  de  tout  temps  t'am.i  du  peuple  ro- 
main ;  enfin  iU  avaieni  rrfusé  l'entrée  de  U'ur  ville 
i  Gulussa  et  Micipsa,  fils  de  ce  prince,  CDuduiis 
par  des  ambassadeurs  romalns,uueniéine  ilsavjient 
[nsuhés.  Caton  était  de  cette  amb.nssadei  il  éialt 
chargé,  ainsi  que  ses  collègues,  d'examiner  les 
différeiis  griefs  des  deux  partis.  Ceux  que  Masi- 
nissa aliéRuail  contre  Carthage  éiaicnt  vrais  à  cer- 
tains ei^ard'i-,  mais  il  est  bon  d'observer  que  cette 
ville  n'av.iit  pris  les  armes  contre  le  roi  de  Nnmi- 
diequ'.iprcs  une  espi'ce  de  déni  de  juslire  de  la 
part  des  Romains.  Knme  se  poriail  pour  arbitre 
souveraine  entre  tous  les  peuples  ;  elle  leur  devait 
une  justice  égale,  N  aurai!  elle  pas  dû  avoir  égard 
auxpiainles  réitérées  que  lesCarthaginois  lui  adres- 
saient depuis  long-temps  au  sujet  des  invasions  de 
Masinissai'  Lesdépulés  mêmes  qu'elle  venait  d'en- 
vojei'  alors  avaient  pour  instructions  secrètes  de 


468  CATON    LE  CETtSEUB. 

f  ilt  ej  le  tcmpi  n^c(^s^aîre  pour  consfimirtf  r  ««  m- 
ttepriiei.  Ainsi  l'on  fwul  ilire  (|iie  la  manière  v\,i- 
Unir  ilnntlapopuUce  ilcCartliaeo  avait  lr:)ili!Sd- 
pion  Nati(;>,  l'un  livt  inil>MxaAeuvt,Vèlaii  na 

auelqur  sorte  qu'une  reiiri^xaillr^rhuiilrdet  ^ol]^■ 
OH  et  ;>erfiilM  ini'aées  îles  Romatna.  Quoi  iiu'il  m 
anil ,  it>  finirrnt  par  refuser  de  no  suunieltre  À  U 
dvi'iiiun  (l'arbllrei  rloiil  iU  avaient  uni  (ir.  raîionl 

De  ri'iour  i  Uomc,  Calon,  lrouv;)Ql  les  eiprili 
cxli.''ini^meiit  aigris  conlip  Carttv>IÎCi  p'ofila  Jo 
uiK*  iliK;>ositi(in  |H>iir  engiiger  xea  cunciloycriii  ila 
giiirre  tontro  une  viHk  c(tie  sr»  tlcwsire* avaicnisi 
pfii  hum'liéc;.  »  LrsftitenTs  i\<ic  Ii*s  Caritiaeinnii 
-  ont  s'iiiienues  contre  l<-s  Ituniains,  ilisaitïl,  \tt 
<•  onl  iilti'Ac  aguerri*  qu'alfailili»;  relie  i|h'iIii  r>>'it 
«  au*  ^ll^]i(lel  n'es!  quête  pn^lui3ei}emn1rf)>rûiei 
»  i]\i\U  iit<!'Jilcni  coniie  nou».  Iti<*ti  ti'esl  impow- 
»  l>tr  k  tfur  auUncc.  Je  iii'tltrniLis,  eu  erilrant 
"  dan%  Ciirlhage,  i  la  ir()u\cf  d^ai  IVial  oli  rm 
11  vi('ioirrs  Vaviient  réduite,  r'eJH  i  dire  é{Htj<rf 
»  dliominrâ  c-i  ilaifioiil  ;  jf  1  ai  vu«  au  cnrtiriin 
"  piupW  d'une  j '^lues&c  floiistame,  rcg-rseaill 
H  d'iT  cl  irargriil,  ,<iiiiivue  de  toute  larlpâ'ar* 
■  mes  VI  lie  nt'mil'iini,  pU'iiie  de  ci'nCdncixIan 
"  tuutes  ses  ressouicri,  «i  iiuunia>aiil  le»  phil 
"  haines  espdraiires.  Les  traites  de  (uiix  1rs  }ilu 
»  solenneU  ne  notit  pour  elle  tjue  de  tiniplea  tua>- 
•■  pensi'ins  JVmes  pour  Mlleuilre  upe  orcaiicM 
"  ^«^o^;lllIe.  Romains,  il  (aul  pn' venir »e» ilcstein 
»  AiiilarieiiN;  il  iaul  ili'iruire  CaMliug*.  •■  En  ôi- 
s,ifil  (  et  mois  il  )ei»  au  milieu  du  sejiai  des  fipiet 
d'Alri(|ue  qu'il  avait  danf  le  pan  de.  sa  robe. 
(Inoime  les  séiiaieun  adnùraienl.  lu  beauli^  «t  U 
grosseur  de  CCI  fruits,"  La  lert c  cjui  les  pMxJuit  n'eil 
>i  au  A  trois  journées  de  Roni«,  dii-ir,  telle  eU  U 
>•  tlisl.inrc  (|ui  noui  sépare  lie  l'ennemi.  «  Depoi* 
oc  Icnip3,r|udle  (|i)e  fiàl  l'ailjitc  «lise  en  deliliera- 


CATON  I.e   CENSEUR,  /jf-'i 

tiiui  dans  le  sénat ,  Caton ,  qui  opinait  souvent ,  iii> 
le faisaitjamais sans  ajouter  ces  mois:  •<  £l  je  ren 
H  dus  en  nuire  qu'il  faui  délrutre  Carlhage.  »  Sci- 
pion  INasica  ,  au  coniralre  ,  (jooiqu'i!  eill  Jcs  Ino- 
ïifs  paiticuliers  de  haine  contre  les  Cnriliaginois , 
disait  ijii'il  fallait  humilier  et  affaiblir  leur  villn  , 
maïs  non  raiiéanlir.  Il  appréhendait  qu'après  U 
destruction  de  cette  république  rivale  les  Ito- 
mains  nç  missent  plus  de  borne  i  leur  cupidilëf 
et  qu'à  défaut  d'ennemis  étrangers  Rome  n'en 
trouvât  dans  son  propre  sein.  La  suite  fit  voir 
qu'il  ne  se  irompsit  pas. 

Mais  comme  Tavis  de  Caton  était  d'accord  avec 
l'ambition  de  ses  concitoyens,  il  n'eut  pas  de  peine 
i  prévaloir,  et  si  la  guerre  ne  fut  déclarée  qu  assez 
long-temps  après,  on  peut  croire  qua  ce  tut  plu- 
idt  l'occasion  qui  manquait  au  peuple  romain  que 
la  volonté.  Ce  fut  le  jeune  Scipion  Emiliéri  qui 
dirigea  et  termina  si  glorieusemeni  cette  Iroidèms 
guerre  punique.  A  la  nouvelle  de  ses  premiers  ex- 
ytoils  Caloi]  l'avait  reconnu  pour  le  plus  grand 
homme  qu'eût  abra  la  répulilii]ue,  et  avait  (iri'Jil 
'qu'i  lui  seul  était  réservée  la  gloire  de  detruive 
l^arthagc.  Il  n'eut  pas  la  saliïlaction  de  voir  sa 
prédiclioii  accomplie,  car  i!  luourui  au  comiBcn- 
cemenl  de  la  guerre,  dans  sa  ii&'.  année,  empor- 
tant avec  lui  l'eslime  d«  tous  les  Romains  et  mtmc 
de  ses  enni^mis.  Quelques  jours  avant  sa  ruort ,  iu- 
juslenient  accusé  devant  le  peuple  .  il  avait  pro- 
noncé ces  paroles  remarquables  :  «  Il  est  bien  dif- 
»  ficile  de  rendre  comple  de  sa  vie  à  des  liommcs 
«  d'un  autre  siècle  que  ct^iui  où  l'on  a  vécu.  » 

Ilabilt'  général,  grand  boramc  d'état,  orateur 
éloquente!  citoyen  vertueux,  Caton  aurait  encore 
un  titre  de  plus  à  l'estime  de  la  postérité  si  le 
temps  avait  respcclé  sou  hi^tllire  intitulée  :  /es  Ori- 
gines. Cicéron  faisait  un  irès-grand  cas  de-  cet  ou- 
vrage, et  le  trouvait  sans  dc7aut.  Siutus,  qui  le 


/t-o  CKTON    L'A    CKNt.  Kî:n. 

louait  iivrc   ])lu.s  (le   résrrvt»,  t-ii   (il  cependant  nu 
clo^(*  ('(l;:laiW.   Il  ne  inancjuûit,  tlitil,  anx  tcriis 
dr  (latori  et  aux  traits  de  son  génie,  qu'nne  cer- 
f  line  (leur  do  siyleet  une  certaine  vivacité  de  cou- 
leur (]ui  iretniont  pas    encore  en   usage  de  son 
temps.  Si  (laton  l'ancien  a  eu  des  admiralrurs,  il 
a   eu   aussi  des  <]élraclcurs  parmi   les  historiens, 
^'ous  n\'ivons  pas  paitagé   l  opinion   de  ces  der- 
niers, non  (|iie  nous  soyons  guidés  par  uneadmi- 
ration  exagérée  pour  tout  ce  qui  tient  à  ranliauité, 
mais  nous  avons  cru  (|u'on  ne  pouvait  trop  louer 
un  lioinuK^  dont  le  nom  est  devenu  celui  de  la  sa-    j 
gesse  elle-(n^me,  et  qui  réunit  en  sa  faveur  de  si    ' 
glorieux   témoignages. Cicéron,  dont  l'autorité  est 
ici  bien  incontestable ,  a  dit  :  «  Ou  il  ii^y  a  jamais 
»   eu    d  homme   sage ,  uu  s'il   y   en   a   eu    qucl- 
»  (ju'un,  c'est  sans  contredit  Calon.  m  jéutnrmo^ 
aut  si  fjiiisquiim  illc  sapiens  fuit,  (Traité  de  T Ami- 
tié, cil.  [).  )  Des  pères  de  TKglise  eux-xn(^ines  ont 
rendu  liouiriiage  à  sa  sagesse  et  à  sa  vertu  :  «  Qui 
M  d'entre  vos  dieux  a  été  plus  grave  et  plus  sage 
M  (jue  (^;<toii  ?  >'  dit  i  erlullien ,  adressant  la  parule 
aux  paytîiis.  Ex  i/lis  diis  çestris  gravior  et  sapientior 
Catorie  ?  (Cbap.  ii  de  son  Apologétique.  ) 


PAUL   EMILE, 

CONSUL     ROMAIN. 

*• 


maisnn  àe$  Emilius  à  Rome  ^taït  pairi- 
le  el  de  la  plus  haute  anii'iuilé.  Les  historipns 
llrîhuen'  an  philosophe  Pylhaeore  rGduralir>n 
uma  prélenilent  que  le  premier  E'iiiiiiis  fui 
ercus,  QU  de  ce  philosophe,  qui  iransmir  h 
Ms  descenilans  le  surnom  d'Emiliu'i ,  qu'on 
'^itdunné  àcaïuedela  douceurel  delà  grâc« 
n  lansace.  Tous  ceu»  de  cette  maison  nui  se 
illuslrés  onldû  leur  réni.tallor,  etli-u,  s',rr<.s 
r  amour  pour  b  venu.  L'infortuné  LurL.î 
js  fit  éilater  sa  prudence  et  sa  valeur  à  la  ba- 

de  Cannes.  N'ayant  nu  persuader  à  son  ci>l- 
■  Varron  de  ne  pas  livrer  le  combal ,  il  op- 
vainementson  courage  au»  malheurs  de  celle 
lée  ;  rien  ne  put  l'abattre ,  et,  loin  de  pariflgcr 
ile  du  consul,  il  lint  ferme  à  son  posteet 
latlit  jusqu'à  la  mnri. 

laissa  une  fille  nommée  Emilia,  qui  fut  ma- 
au  grand  Scipion,  et  un  fils  appelé  Paul 
e  ;  c'«st  c(aui  dont  nons  allons  retracer  les  ev- 
s  et  rappeler  les  verhis.  Il  parut  avec  beaucoup 

lains  les  plus  distingués  de  son  temps ,  tjuoiipie 
on  entrée  dans  le  monde  il  n'eût  pas  adopté 
lémes  goûls  c|ue  les  jeunes  gens  do-son  rang. 


j(-.s  PKVt    iMII.K 

Comme  eux  il  ne  «'fxprça  iioîtil  i  IVInrnn-mr  d» 
barri^au,  i-t  il  rpitiin^a  tot'inR  aii.isi  aux  bTi^nti. 
aux  Bolhcitnlîons,  aux  cnrrsirs  el  à  toutes  iMauln'i 
voies  de  l'iitlri^ue ,  Joui  se  servaient  alors  b  plii 
part  ùt's  jeune)  ptiiricient  pour  arriver  aux  pli 
ei  aux  m:igi»lrfliiim.  l'ml  Etnilo  ne  dut  iloi 
aucune  flaitcric  l'egtinir  que  lui  porla  de  bo 
heure  l«  peuple  romain;  ilprdiiéra,  i-.amine  i' 
Ptul;irque,  uni'  gloire  bien  lupérieiin.- ,  celle 
ima_a  •  de  la  vertu ,  du  la  valeur  et  de  la  justift| 
qffltlili's  par  Wquelles  il  «Dt  bientôt  surpaiié  lui 
les  jeunes  ^ens  de  son  Sge. 

La  nri'ini^ie  char|;e  c]u'il  demanda  fut  l'édilîi 
il  eut  la  prcfeience  sur  donze  concurrens,  d'il 

Srande  nsissanre  el  d'un  éf^i\  nidrllc  ,  et  i)ui  Jj 
1  suiie  furenl  luus  élevés  au  totutuljt.  L'aiu 
de  son  édiliié  lui  signalée  par  plu\reurs  aineu< 
tiu'il  imposa  aitx  Icrmicrs  des  pjlura(ics jtublil 
1  argent  qui  en  provint  tut  servit  i  faire  iatini|i 
<)cs  biiurliers  doit'-s  tgu'ou  siupendit  au  temple 
Jnpilcr.  Il  fit  aussi  élever  deux  pi)rlii|ues}  l'u 
bors  ilu  fiiubourg,  aux  trois  purlev,  el  jont 
iiroloiigcDienl  funnsit  ttue  balle  sur  le«  boTi}i 
J'ibre,  et  l'autre  depuis  la  porte  des  Fontaîi 
juiiiu'à  l'autel  de  Mars. 

liienlAt  après  il  (iii  élu  aiif^ure  ,  ou  l'un  ( 
praires  dont  les  fonction)  consmlaienl  dans  et 
t»p^re  de  diviitolion  cqu^ on  tirait  du  vol  ile>i 
seaux ,  des  signes  et  prodiges  cHcstcs. 

l'aul  Eniilenevoulutaouflrir  anmneînnfirilî 
Jans  ton  niinillërc  rebgieitx  ,  et  il  s'adonna  (tf 
ment  à  IVtude  des  rite*  anciens  et  dos  cérémonil 
'aucccsaccrdore,  estimé  seulement  irautcàt, 
Jignilé  et  de  l'hunneur  qui  y  étaient  allaebéi,  i 
vint  lur  ses  soin*  un  des  Mats  1rs  plus  riHrvi!f,i 

l' jstiba  le  sentiment  des  pbitosophes.quî  di-finisi 
1  rrligion  la  science  du  service  des  dieux. 
D^lcnseuT  non  muîus  rigide  de  la  disci|' 


r  ÏAtL    EMILE-  ^jT» 

fijîlitaire,  il  la  faisait  obsfrver  avec  le  plus  grand 
jûiit.  Jamais  on  ae  k-  vit  caresser  ni  flaltcr  les  sol' 
Bals  pour  arriver  au  commun  de  ment  par  de  lâches 
|onir<Uisarices,  comme  le  taisaient  lanl  d'autres  gé- 
■érauk.  Tel  qu'un  prâtre  qui  preïcriratl  les  céré- 
monies d'uu  granJ  saciifice,  il  instruisait  les  sol- 
pH^ta  de  leurs  devoirs,  et  sP  montrait  inexorable 
■|tv«fs  ceux  qui  se  rcndaienl  coupables  de  lraris> 
jp-e.isian  ou  de  d«'ar)béissance. 
r  Rome  avait  alors  une  guerre  puissante  à  son- 
Kni''  contre  Anlîocbus ,  roi  de  Syrie ,  et  ses  meîl-  ' 
leui's  géuéraux  y  étaient  employéi.  Tout  A  coup  il 
t^leva  une  nouvelle  giieire  au  cuuchani  ;  louie 
u^|>agna  se  souleva  ,  et  Paul  Emile  y  liii  envoya 
ULquiiliié  de  préleur.  Au  lieu  dfl  six  licteurs,  il  en 
E-it  douze,  c|u'il  fa  marcher  devant  lui ,  et  eut 
Bnsi  dans  celle  charge  toute  la  DMJeilé  cansu- 

tU'abord  il  fut  repoussé  parles  Lusitaniens,  qui 
b  tuèrent  six  mille  bonunes,  et  le  forcèrent  de  reii- 
nr  dans  ses  retranchemens  ;  mais ,  ayant  renforcé 
Bêu  de  lemps  après  son  armée  ,  encouragé  ses  S'>1- 
Mats  e1  repris  l'iilffiisive  ,  il  vainquit  deux  fois  les 
jLuait.aiiiens  en  bataille  T3iip;ée,  emporta  ]ciirc;imp 
9^ assaut,  leur  tua  dix  mille  hommes,  et  fit  liois 
klille  trois  cenls  prisonniers.  Nous  suivons  ici  la 
^rsion  de  Tile  Live,  et  non  celle  de  Pluiarcpie  , 
nui  nous  a  paru  exagérée  et  emphatique. 

Le  bruit  des  sufçès  do  Paul  Emile  rrl.blil  blen- 
Idt  le  calme  dans  toute  l'Espagne.  Après  avoir  pa> 
cî6é  loute  h  province  ,  et  s'être  assuré  de  sa  fidé- 
lité ,  il  revint  il  Home,  sans  avoir  dans  celle  ex 
pédition  augmenté  sa  fortune  de  la  valeur  d'une 
drachme.  Loin  d'amasser  des  richesses,  il  dépensait 

Sénéreusemeni  son  palrimoine,  toujours  si  mo- 
ique,  qu'après  sa  mort  on  trouva  à  pcîne  de 
quoi  payer  la  dot  de  sa  femme. 

U  avait  épousé  Papiria ,  fille  de  PapiriusMosson, 
Tomel.  .4« 


<7  4  PAU  L     ÉJVl  IhK. 

Iiuiiiino  consuLiirr  ;  il  vôrul  long- temps  avcr  elle, 
tM  .i{)i(>.s  en  avuir  ou  drs  ('tir.'iii.s  J^iii  iiiérile  (Jisliii- 
f^ur,  car  vWv.  t'tail  niiVc  du  célèbit»  Scipîon  et  de 
I'.'iMun  !\ia\iinus,  il  la  répudia.  Les  causes  de  ce 
clixorce  ne  sont  point  |>arveiiiies  juscpi'à  nous. 
S  rl.i.'ii  ainsi  .séparé  do  Papiria,  il  eut  d'une  se- 
(  (iniit*  (cinnio  deux  iiN,  (]u  il  garda  auprès  de  lui. 
S(\s  (ifiix  fils  aines  passèrent  par  adoption  dans 
les  f.iinillcs  les  plus  pu issart tes  de  Home;  rainé 
tjjn^  (etl(>  de  l'aMus  Maxiinus,  et  le  second  dans 
((•Ile  (le  Sripion  l'Africain,  dont  il  prit  le  nom. 
J)(.>  (liiix  filies  de  Paul  Kmile  ,  Tune  épousa  le  fils 
d  •  (iaiuri  ranricn,  elTautre  l'^lius  'l'uoéron,  Fun 
drs  lii'tnriies  les  plus  vertueux  de  son  temps,  et 
c|(ii  Supporta  la  pauvreté  avec  le  |>lus  de  grandeur 
ei  de  (ji^niti*. 

1j*  premier  consulat  do  Paul  Kmile  fut  marqué 

i>nr  le  reiiouvelleinent  de  la  guerre  contre  les 
^i^Mirions  ou  Jugannes ,  peuple  lier  et  hellicpieiii 
oui  ocrcpait  rexlréinilé  de  lltalie,  au  bout  des 
Aip<  s.  Le  nouveau  consul  n'eut  pas  plutôt  ter- 
mine les  levées ,  fju'il  marcha  contre  ces  mon- 
'  la^u.irdi  intrailahles.  A  peine  iut-il  canipé  sur 
ii-urs  fiontièies  ,  cpic  les  ennemis  députèreot 
vers  lui,  sous  ])rélexte  de  demander  la  paix, 
Ytuiis  liien  dans  Fintention  de  reconnaître  ses 
forces.  Paul  Kmile  s'étant  refusé  d'entrer  en  négo- 
ci.ilion,  ils  sollicitèrent  une  trêve  di»  dix  jours,  et 
dès  (|u  ils  Teurent  obtenue  ils  rassemblèrent  toutes 
leurs  (oices;  puis,  à  labri  des  montagnes,  d  où 
ils  avaient  eu  Tart  décaiter  les  lloniaios,  ils  vin~ 
lent ,  avec  une  armée  formidable  ,  fondre  sur  le 
cam|>  du  consul ,  dont  ils  f attaquèrent  à  la  fuis 
toutes  les  ii!SU(>s.  L'assaut  dura  un  jour  entier.  Les 
Homaius,  près  es  aux  portes  de  leurs  retranclie- 
oicns ,  n'eurent  ni  la  [tossibilité  de  sj  dévelop]tef 
:ii  celle  de  s.Mlir;  en  sorte  rpi'ils  opposaiBiit  auR 
L.;/  i.a  ub  ie  1.  i.Mart  dc  leurs  ccrps  [nuiol  tj  e  h 


PAUIi    tMILE.  4?^ 

défense  de  leurs  annes.  Ati  fouclifr  du  soleil  l'eii- 
oemi,  Ibrigué,  seri^tira,  ei  Paul  £mde  profita  de 
ce  momenl  pour  envoyer  deuK  cavaliers' au  pro- 
consul Baebius,  alors  k  Pise,  avec  prière  de  vtnir 
à  son  secours.  Muis  ce  secours  ne  pouvait  être' 
que  tardir,  ei  dès  le  lendemain  les  Liguriens  re- 
rinreiit  à  la  charge  :  le  consul  préféra  rester  dans' 
ses  lignes  ei  alleodre  le  renfort  «jui  devait  lui  ar- 
river (le  Pise,  plulO!  f^ae  de  risquer  un  combat 
dont  l'issue  pouvait  entraîner  la  perte  de  son  a:  - 
mée.  Voyant  néanmoins  qu'aucun  secours  n'arrî- 
Vaii,  PL  ne  recevant  aucuaie  nouvelle,  il  crut  que 
leis  cavaliers  avalent  élé  enlevés  par  les  ennerriis. 
Ainsi,  persuadé  «fu'il  n'avait  aucun  moment  à 
perHre  pour  tenter  lui-même  le  sort  des  armes,  !1 
rangea  ses  troupes  en  ordre  de  bataille  aux  quatre 
portes  de  son  camp,  dans  le  dessein  de  (aire,  au 
signal  donni',  une  sortie  générale.  Tout  étant  dis- 
posé ,  le  général  parcourut  en  personne  tous 
..tes  postes,  anima  le  soldat  et  enflamma  sonat- 
[  tlour  par  des  motifs  les  plus  propres  à  l'irriter. 
"^  Tani  Jt  il  s'élevait  contre  h  perfidie  des  Ligurien»  ; 
qui  riavait'ni  demande  la  paix,  obtenu  un^:  trêve, 
(jue  pour  violer  le  droit  des  gens;  lantcii  il  leur 
peij^iiaii  la  huntc  d'i^lre assièges  par  di:s Liguriens, 
c'est-à-dire  par  des  brigands:  •>  De  quel  front, 
u  leur  dit-il ,  si  vous  devez  votre  salut  k  des  se- 
»  cours  étrangers  et  non  à  votre  propre  valeur, 
»  oserez-vous  approclier  ,  je  ne  dis  pas  des  sol- 
u-  dais  vaiiiqueiirsd' Annibal ,  de  Pliilippe  et  d' An- 
«  tiocbus,  icsiroiiplusgrandscapitaineydetlotre 
■  siècle,  mais  de  ceux  qui,  relançante  travers  des 
i>  Itiri'is impraticables  ces  infmes Liguriens  comme 
"  de  timiiles  troupeaux,  ont  su  les  forcer  et  I>^s 
»  tailler  en  piéi:es  !  Quoi!  ce  que  n'oseraient  ni 
»  les  Espagnols,  ni  les  Gaulois,  ni  les  Macedo-' 
»  nicns  ,  ni  même  les  soldats  de  Carlbage,  de 
»  vils  L  guiiens  voudiàiicuL  io  loiilcr!  Ils  appro- 


47(> 


PAUL    lÉMlLE. 


«>  rluMit  (run  camp  romain, et  rassiôgcnl  daiislVs* 
M  poir  ilcTomporUT  cl*assaut,  eux  à  tiuî  naguère 
»  iiDiis  donnions  la  chasse  dans  les  (Jètoiirs  des 
»  iiois,  san*i  pouvoir  à  peine  les  atteindre  dans  des 
••  repaires  où  reflroi  les  tenait  renfermés  !  » 

Celle  harangue  enflamme  l^arnrice,c]ui  «  par  un 
cri  général ,  demande  le  signal  de  la  sortie.  Le 
signal  est  donné  ;  les  Romains  tous  à  la  fois 
poussent  un  cri  horrible,  et  fondent  sur  les  Li« 
guriens  par  toutes  les  portes.  Cette  brusque  sortie 
déconcerta  les  assaillans;  d'abord  ils  voularent  se 
défendre,  mais,  senés^le  pi  es  par  les  Romains, 
on  les  vit  fuir  avec  précipitation.  Poussés  en  dé' 
sordre  par  la  cavalerie  jusque  dans  leur  camp, 
ils  ne  peuvent  pas  m^mc  s'y  déie.ndrc  ;  le  r^mp 
est  forcé  parles  vainqueurs,  qui  tuent  plus  de  quinze 
Tiillle  Liguriens,  et  font  deux  mille  cmq  cents  pri- 


sonniers. 


JVois  jours  après  cette  défaite  toute  la  nation 
des  Liguriens  Juganncs,  se  confiant  à  l'aul  Emile, 
lui  remit  à  discrétion  ses  vaisseaux  et  ses  villes.  Le 
consul  leur  rendit  les  villes,  et  se  contenta  d'en 
démolir  les  murailles;  mais  il  prit  tous  les  vais- 
seaux, et  ne  leur  laissa  que  des  barques  ;  il  mit  aussi 
en  liberté  un  grand  ntmibre  de  prisonniers,  tant 
Romains  quVtrangers,  (pi' ils  avaient  faits  sur  terre 
ej  sur  mer.  Ceux  (pii  fiirenl  chargés  d'aller  porter 
à  Rome  cette  nouvelle  demandèrent  pour  le  eon- 
51)1  la  permission  de  quitter  une  piovincc  où  il 
avait  si  heureusement  terminé  la  guerre,  cl  de  li- 
cencier 9on  armée  victorieuse.  I^^une  et  l'autre  de- 
mande lui  furent  accordées,  et  Ton  ordonna,  en 
actions  de  grfkes,  qu'il  y  aurait  trois  jours  de  prières 
publi(|ues  dans  tous  le.s  temples» 

Telles  furent  les  actions  remarquables  du  premier 
consubt  de  Paul  ILmiie.  Peu  de  temps  après  il 
montra  le  désir  à\*n  obtenir  un  seconil,  et  se  mil 
même  sur  !:..>>  ran^s*,  mais  le  peuple  ji'élanl  refisse 


PAUL     I.MILE.  477 

1  f-t  înslanc^s  ,  il  substilua  \a  dt^uceiir  du  repos 
A  l>L'lat  itei  cmploit.  Cuiiime  3Uf;urc  il  s'occupa 
dot  TitrictiMis  desnn  tarordoci^,  et  comme  père 
de  1  cdiicQtiou  île  sca  enfani.  Réserve  el  économe 
p»ur  tout  ce  aiit  n'avait  Irait  qu'au  luxe  «I  au 
liulc  ,  mais  aoble  et  inagnitique  pour  lei  d^penxes 
d'honnc^ur  et  de  devoir,  il  n'épargnait  rien  pour 
^procurer  ji  sei  enfans  une  «ducatiori  digne  de  leur 
saitsancc.  Graminairiciis ,  rhétriiri  ,  petnim  , 
^cuyers,  vcaeurs  Jriitinés  k  instruire  les  jeunes 
geas  aux  exercices  de  L)  chasse ,  il  donna  â  sn  Gis 
tous  les  maîtres  propres  à  leur  former  l'esprit  e( 
le  corn*  î  lui-mÉme  ,  lorsqu'il  n'était  poim  occupé 
!iux  anairci  pubtiqiies,  assistait  à  leurs  études  et 
,à  Jeurs  exercices ,  témorgnaut ,  par  ses  soins  as- 
^dns,  qiie  de  Ions  les  Homsins  il  était  le  père 
^iii  avait  pour  ses  enfatts  le  plus  d'amuur  et  de 
Jeodreue. 

La  guerre  contre  le  roi  de  Macédoine  occu|iait 
[«lors  lous  Les  e<pnts,  et  le  lemps  pour  l'éleciion 
)dt»  roniuls  venant  d'arriver ,  on  atlendail  à  Rome 
avec  la  plus  vive  impallmcp  sur  tpii  lomherail  un 
choix  aussi  impnrianl.  Les  iénaleurs  el  les  princi- 

fiaux  citoyens,  dit  l'iularque,  soutinrent  qu'an 
icu  de  donner  le  commïodemeni  des  armées  .i  la 
lirigue  cl  à  L  faveur  ,  il  fjll.iii  plutôt  y  appeler  un 
général  «gui,  par  sa  sagesse  el  son  expérience,  fût 
capabi»  de  mettre  un  terme  è  une  guerre  aussi 
dangereuse.  Cet  homme  était  Paul  Emile ,  qui 
avait  alors  piès  de  soixante  ans.  L'^ge  ,  sans  rien 
diminuer  de  ses  forcei,  n'avait  fait  que  lui  donner 
une  marnrité  de  cun^D'il  ei  de  prudence  plus  né- 
cessaire i  un  général  qui-  le  cour.ige  el  l'inlrépidité 
mt^mes.  Tous  ses  païens  et  ses  amis  le  pressèrent 
vivement  de  se  rendre  aux  vœux  du  peuple,  qui 
l'appelait  au  consulat.  Pour  loi,  préférant  la  vie 
paisibh-  dont  il  jouissait  depuit  long-temps  à  la 
gloire  de  (oiiiinaader ,  îl  mcnlra  d'abord  la  plus 


il  fut  élu  consul  iiour  la  seconde  {< 
pour  collègue  Licluius  Crassus.  Mai: 
tu'  voulut  pas  livrer  au  caprice  du  son 
de  Macédoinç:  il  en  décerna  sur- le-ch a: 
mandement  il  Paul  Emile ,  et  Licinius 
en  Italie.  Cependant  Tiie  Live  dit  que 
tirtreni  au  sori  ;  mais  le  récit  de  Rur 
paraît  plus  vrai lembla bit! ,  car  la  décisîi 
durait  pu  rendre  inutile  tout  l'empre 
peuple. 

On  raconte  que  le  jour  m^mei^uePai 
diaigé  de  ta  conduite  de  la  guerre  conti 
iniiliitude  l'ayant  conduit  par  honneui 
maison,  il  trouva  en  entrant  chez  lui  a 
tia,  encore  enfant,  quiplaurait;  qu'il  la  f 
liras,  et  lifi  demanda  la  cause  de  ses  la 
lia,  le  serrant,  <•  £h  quoi,  mon  père, 
»  vous  ne  savez  pas  que  Persée  estnii 
lait  un  petit  chien  quelle  élevait,  et 
avait  donne  ce  nom.  «  Tant  mieux,  m 
•  lui  dit  Paul  Emile,  et  j'accepte  L'aug 


pXul  ûmh.r.  479 

dans  la  conduiic  de  celti!  guerre,  en  le 
s'occuper  nuit  et  jour  de  toutes  les  nie- 
ropres  1  en  assurer  le  sucré».  Son  premier 
t  de  presser  li?  sénat  d'envoyer  en  Macé- 
Ics  commissaires  pour  îiis|>ecter  les  forces 
e  et  de  mer,  afin  cju'à  leur  retour  on  eût 
>orl  exact  sur  l'élatei  les  besoins  des  armées 

uU  de  rei  détails  imporlans,  Il  convoqua 
ileurs,  et  ouvrit  la  délibération.  Le  sénat 
que  Paul  Kmile  nummerail  les  tribuns 
ions  ,  et  qu'aussitdt  taules  les  levées  faites 

■ait  pour  son  département.  Tous  ces  décret» 
,  le  consul  se  rendit  i  r.issembléc  du  pea- 
,  de  son  iriliunal,  il  fil  un  discours  d'o- 
oaçii  à  peu  près  en  ces  termes  r  "  Romains, 
doute  vous  ooiirrissra  l'espiiir  que  je  ler- 
irai  avec  un  succès  digne  de  la  majesté  de 
16  une  guerre  qui  ne  s'est  que  trop  long- 
fl  prolongée.  Cependant,  si  vous  croyea 
Il  autre  soit  plus  capable  que  moï  de  la 
itire,  je  suis  prêt  à  lui  céder  le  romman- 
nnt;  mais  j'aime  a  croire  que  les  dieux 
ni  approuvé  voire  choix ,  et  que  ces  niÊmes 
Il  lie  me  seront  pas  moins  favorables  daus 
ireclion  de  vos  arméus.  Ma  confiance  se 
e  sur  les  plus  heureux  présages  et  sur  les 

justes  ospô.ranccs.  Ce  dont  je  puis  donner 
irancc  formelle  ,  c'est  que  je  ferai  tous  mes 
Is  pour  lie  poiiil  tromper  voire  attente. 
\  ce  que  je  vous  deiiLinde,  Romains  ,  c'est 
'ajouter foi  (pi'inix  dépêches  que  j'adresserai 
au  sénat,  soit  ;i  voui-mèmes.  Je  vous  dë- 
;  aussi  que  si  v(ius  voulez  persister  à  com- 
der   à   vos   gériér.iiii  ,   vous    vous  rendrez 

ridicules  dans  relie  espédilîon  que  vous 
uviv.  êti"'  préi<'i!-[i,TiiiT)l  ;  car,  n'en  douiez 

MoDiai'ii,  Liuii  les  :,i;,.é.3iix  ii'op^iuscnt 


48o  PAUL     KIVIILE. 

»>  pas  aux  bruits  populaires  la  fermeté  de  Fabius  i 
>»  (jiii  nliiia  inic.iix  voir  s(<n  aulorité.  restreinlc  par 
*•  i\>'our(lcrio  de  la  multitude ,  que  de  compro- 
»  mettre  les  intérêts  de  Télat  pour  ménagflt  sa 
'»  i('pi:tatit)ii.  »» 

Ce  i]i«i(  (Mirs  ins]/n*a  le  plus  grand  respect  pour 
rjiil  Kiiiilr,  et  donna  aux  i:itoyens  les  plus  hautes 
rsporanccs  pour  l'avenir  ;  ils  se  félicitèrent  tous 
d'avoir  choisi  un  (général  plein  de  graindeur 
d'àir:(! ,  ot  qui  leur  parlait  avec  franchise,  tant  le 

{X'upie  romain  ,  pour  ac€|uérir  la  dominai  ion  sur 
(S  autros  peuples,  était  soumis  à  Tempire  ^le  la 
^rilu.  Au  sortir  de  cette  assemblée  on  célébra 
.s'ir  le  mont  Albain  les  fériés  latines,  et  aussitôt 
ajMTs  I\iul  Emile  partit  pour  la  Macédoine.  Ja- 
Tn<iis  (onsul,  dit  Tite  Live ,  ne  vit  son  départ 
honoré  (fun  aussi  £;rand  cortège,  tant  on  présa- 
(>rait  à  Home  que  la  guerre  touchait  à  sa  un,  et 
t{ij('  Taul  Emile  reviendrait  bientôt  triomphant. 

La  navigation  favorable  et  les  facilités  qu'il 
({Mouva  dans  son  voyage  doivent  être  attribuées 
à  la  fort u no,  nui  le  rendit  à  son  camp  avec  autant 
do  pronjptitude  que  de  sér.urité.  Mais,  dit  Plu- 
tarquc ,  quand  je  vois  que  les  succès  qu'il  obtint 
Auent  l'ouvrage  de  son  audace  et  de  son  activité, 
(le  la  sagesse  de  ses  conseils  et  de  sa  constance 
d.'inK  les  dangers,  enfin  du  choix  qu'il  sut  faire 
des  moyens  les  plus  convenables  ,  je  ne  saurais 
imputer  aucun  de  ces  glorieux  exploits  à  ce  bon* 
heur  qu'on  vante  si  fort  en  lui,  à  moins  de  re- 
garder comme  un  effet  de  la  fortune  de  Paol 
Jlniilr  l'avarice  de  Persée,  qui,  par  sa  passion 
pour  Targeni ,  renversa  et  détruisit  les  grandes 
et  belles  es[>érances  que  les  Macédoniens  avaient 
conçues  de  cette  guerre. 

Dix  mille  cavaliers  bastarnes  ou  gaulois,  cl 
autant  de  fantassins,  avaient  été  envoyée  à  Persée 
pour  reuforcor  son  armée  cl  ranimer  le  couragt 


Pil'L     tMlLE.  4^1 

de  ses  soldais;  mais  ces  inirépides  giieiriers  ne 
recevaient  de  paie  que  celle  qu'on  leur  faisait  à  la 
guerre,  et  n'avaient  d'autre  métier  que  celui  de 
comballre  et  de  vaincre.  Lorsque  chaque  capitaine 
de  ces  barbares  eut  demandé  au  roi  mille  pièces 
d'or  pour  sa  paie,  ce  prince  fut  si  irrilé  d'une  de- 
mande aussi  exorbiiante  ,  qu'il  se  laissa  emporter 
à  sou  avarice  ,  et  refusa  leur  secours.  C'est  ainsi , 
ajoute  Plularque,  qu'aeissait  un  prince  qui  n'ftait 

F  as  né  d'un  roi  de  Lydie,  mais  qui  se  prétendait 
héritier  du  sang  et  de  la  vertu  de  Philippe  et 
d'Alexandre,  de  ces  deux  monarques  qui  eurent 
loujours  pour  maxime  qu'd  faut  acheter  la  do- 
mination par  l'argent,  et  non  l'argent  par  la  do- 
mination. Perséiï ,  qui  couvrait  d'or  sa  personne,' 
^es  enfans  et  son  royaume,  préféra  d'i'ive  traîné 
captif  avec  toutes  ses  richesses ,  et  faire  voir  aux 
Hotnains  tout  ce  qu'il  leur  avait  épargné,  pluldt 
que  d'en  sacrifier  une  partie  à  son  salul. 

C'était  à  un  tel  ennemi  que  Paul  Emile  allait 
'  faire  la  guerre  ;  aussi  n'eut-il  que  du  mépris  pou» 
sa  personne.  Mais  à  son  arrivée  en  fliacëdoioe, 
il  lut  étonné  des  forces  et  des  priîparatifï  de  ce 
prince;  sa  cavalerie  était  forte  de  quatre  mille 
hommes ,  et  sa  phalange  de  près  de  quarante  mille 
fantassins  ;  il  avait  en  outre  l'avantage  d'ôtre  campé 
sur  les  bords  de  la  mer  et  au  nied  du  mont 
Olj'mpe,  dans  des  lieux  inaccessibles  et  fortifiés 
de  rctrancheniens.  Là  il  se  croyait  dans  une  en- 
tière sûreté,  et  comptai)  voir  les  Uomains  se  con> 
>umer  par  la  Iciiiguciir  du  temps  et  par  la  dé- 
pense exiessive  qu'ilî  seraient  obliKés  de  faire. 
Mais  Paul  1-raile  ,  l'espril  en  mouvement  ,  re- 
doiilila  de  soins  et  de  ciicoiispi-'i'iion  pour  mûrir 
son  plan  d  attaque,  et  pour  faire  ecliouer  pjr  sa 
sagesse  des  espérances  qui  paraissaient  si  bien 
fiiiidees.  Le  consul,  voyant  que  ses  soldats,  jwr 
suite  de  leur  ancienne  licence,  supportaient  im- 
Tome  l.  4t 


Comme  h  dîMtte  ^^«éb  te  Mtût 
àint'U umpTomtia ,  Paul&oîle,  ni 
hiutear  da mont  Olympe,  tDut  eourei 
conjecui»  ,  par  'U  Ttrnufe  de  Inu 
qu'il  devait  y  «voir  danik  iriii  dC'kn 
aourcm  d'eau  }  il  €t  enmaur  en  ht»  4a 
et  du  poil».,  apA  m  mnpKKDt  d'ana 
d'abord  ,  «nli  mi  'àvriml  Ueaiftt  «■ 
^'abondaiAe.  Cet-^évéïMdWDlv  ak.im 
Toir  nue  £iveur  •pédali  an  Mii><«{i 
pecl'dBl'arniéfi  fear'4«i(éDdnli,  fk.i 
coafiincc'^'ptlc  dv«il  «n  luî.  j 

Paul  fitnîlr ,  après  ;ivoir  fait  d'ivcMal 
lancet  inr  W»  passigri  et  »ur  liiua  4ci 
l'abord  éuit  Ir  plusuciU,  prit  d<-)  mi 
qu'au  pranîtr  nigml  In  manteuvrci 
a  «éculisMnil  dans  lous  l«s  langi  avi 
et  sai»  déaordrff.  l'oiir  olivier  1  une  fo 
tl  étabbt  i|n'i  l'avrnir  les  iribuni  dor 
mot  d'ordmau  premier  ceniurion  ,  qu 


PAUL    ÉM  ILE.  485 

gard  des  postes  avancés;  il  riigla  qu'ils  seraient 
relevés  désormais  le  malin  et  à  midi;  par  celte 
Ordoimance  le  soldât  n'éiait  jamiis  fatigué  ,  A 
ne  pouvait  être  surpris  à  sou  désavantage. 

Quand  il  eut  fait  adopter  à  snn  armée  routes 
es  nouvelles  dispositions,  il  lui  adressa  un  dis- 
cours analogue  à  celui  tju'il  avait  tenu  dans  ras- 
semblée du  peuple  :  "  C'éiail  au  général,  disait- 
-»  il,   qu'il  appartenait   de  régler  les   opérations 
■  militaires,  soi)  par  lui-méma,  soit  de  concert 
I   avec  ceux  qu'il  appelait  à  son  conseil.  Qaant 
•  aui  officiers  non  considiés  ,  ils  dsvaient  garder 
1   jioitr  eux  leur  manière  de  Voir,  et  n'en  occuper 
I   ni  le  public  ni  les  pariîculiers.  Pour  moi,    je 
P'  remplirai,  ajoula  Paul  Emile,  les  devoirs  d'un 
^^'  R^.iia'me,  en  voys  înénageant  les  occasions  de 
^■F'btUr''  vos  ennemis.  »   Après  cette  leçon  sévÈre 
^^H  VODgétlia  l'assemblée.  Les  vieux  soldats  avouJs 

B^'  


e  s'êlre  jamais  formé  que  de  ce  jour-là  une 
_  lée  jnîle  de  la  disciiiline  des  camps  ;  aussi  ce  ne 

fal  point  par  de  stériles  ap;ilaudiMemons  qu'iU  lé- 
moianérent  loiirappruUaliiin;  llsmonlrèrenl  asspz, 
par  leur  contenance  guerrière,  (|u'à  la  premii're 
occasion  ils  slgualeraieirl  leur  vnicur,  ou  par  une 
Tictoi'e  éclatanie,  ou  par  une  mort  glorieuse. 
Néanmriini,  en  dépit  de  l'.irdeur  qui  endammait 
"les  àc\i\  p.irtis ,  ils  restèrent  encore  quelques  jourj 
dans  rinaciion,  cl  jamiis  on  ne  vil  deux  armées 
aussi  nombreuses  et  aussi  viiisines  l'une  de  l'autre 
«e  tenir  si  loug-lemns  tranquilles. 

Pendant  ces  dcbis  Paul  Knille  travaillait  aux 
moyens  Je  sy  frayer  une  route  pour  aller  atlaqucr 
l'ennemi.  A  force  de  tentatives  el  de  recliercnes, 
il  apprit  Je  Jeux  marcliand<  pcrrhébéens  ,  dont  la 

restait   un   seul   passage  qui  n'élail  pas  gardé,   et 
qui  menait  à  la  ville  de  Pylhium,  en  Perrliébie,  et 


!4S4  PAttL   KMILR. 

•u  fort  da  rctri,  Wme  de»  cir.d.-Ui^s  •)<>.  la  M;irJ. 
Joins  1  llnra  IVspéiançe  ûe  rniicUr  vc  [in^sage 
o^gliRrijMr  lescnnernuj  l'eniiwfinnl  «urla  crainte 
des  dimciilu'i  ^iti  avaient  einpl!chtl  q'/tm  ne  le 

{irdit,  «loicrmino  lu  consul  à  prendre  lej  deui 
EerrliébéciK  pour  f;i)iOcs.  Il  inando  le. préleur 
OcUvîui,  li'mcld«n.f  11  ronfidenr.e  ili^  aonnroirl, 
lui  donne  «nlre  d«  fsirp  voiln  vers  Hérnclée,  el 
d'cmbarcjupr  dei  vivre»  pour  dix  mille  honimn 
durant  du  jouri. 

U  d^Uclie  au!i>irAl  Sr.ipion  Nai^Jra,  gendre  il< 
Scipion  l'Ari'icain,  et  Q.  Fahtun  Maxiinua,  not 
fila,  i  U  t^te  Je  cinq  mille  hommes  d'élite,  tvK 
la  destination  aiiparenlf<  do  s'embar<]iier pourri- 
vager  les  cAies  de  1>  Marédnine  inliirieure.  Apl4i.^ 
leur  dnpan  Paul  Emilu  cnfjagen  Itii-m^me  M 
csmliat  avec  len  postes  avances ,  afin  que  Pera6e 
portilt  son  altenlioii  niir  auoici  aiitic  point.  ' 
combit  eut  pour  ipeclateurs,  .d'un  cAié,  le  ri 
«ver  sa  pli.ibiigc,  de  l'autre,  le  eonsul  avec  se 
louions,  It's  uiitrs  et  les  autres  en  ordre  de  bauiUt 
devanl  lui  iclraiichemcm.  Vers  le  milieu  du  jour 
le  combat  finit,  l'aul  l^mile  ayant  fait  sonner  II 
retraite.  Lk  lendemain,  au  leverduBol«il,  leadni 
partis,  anîiaiis  par  Us  souvcniri  de  la  veille,  K 
«Harg^renl  avec  encore  plus  de  vigueur  et  d'anW 
nemuiil.  Le  consul  perdit  plus  de  monde  coJt>l>^ 
li ,  et  donna  le  xignil  de  la  reiruiit-  plua  lard  tfui 
la  veUle.  Le  troisième  jour  l'ennemi  voulait  livm 
la  balaillo;  mais  Paul  Emile  l'abstitit  de  eonF 
traître ,  cl  sh  retira  vers  U  partie  iuh^rîeuFC  de  toi 
camp  ,  comme  .l'il  avait  nu  le  dessein  d«  Mntrr  1* 
passage  du  fleuve,  vers  la  mer.  IVrs^e ,  uniqusnitiil 
occupa  du  danger  pmeni,  ipetiait  tous  ses  sniit 
i  repousser  IV-unt-mi,  cju'it  avait  eiifaee,  iiesnup- 

Înnitaut  d'ailleurs  rien  niuini  iju'unc  autre atl«Ittf. 
Irpendani  S.  INasica  *  qui  s'tïiaîi  porté  sur  Ls  rdv 
itytc  le  corps  mis  sous  ses  (irdro),   était  arri^j 


PAUL   ÊMILÏ.  48fî 

prÊs  d'HdracUc,  où,  sticndant  b  (in  <1u  jour,  il 
avait  fail  prendre  queli]iie  nnurriture  à  ses  soldais. 
Dès  que  la  nuit  fui  venue  il  découvrit  aux  offi- 
ciera SCS  véritables  inslruclions,  et,  prenant  un 
chemin  oppDjé  à  là  m?r,  il  marcha  loule  la  nuit, 
et  oe  s'arrl^la  c|ue  sons  les  murailles  de  Pylhiutn  , 
où  il  fil  reposer  ses  iroupes.  Persée ,  informé  du  , 
Jauger  i|ui  le  menaçair ,  envoie  deux  mille  Macé- 
doniens et  dix  mille  auxiliaires  ,  avec  ordre  d'aller 
proirtplemeni  sVmoarer  des  hauteurs. 

Si  l'on  en  croit  Pnlybe  ,  personne  ne  s'àperçul 
de  l'approche  des  Romains,  Nasica  surprit  les 
Macédoniens  endormis  ,  et  n'eni  qu'à  les  culbuter 
àa  haut  de  la  montagne  ;  mais  Nasica  assure  qu'il 
eut  h  siinteoir  «n  combat  rude  et  périlleux.  Enfin 
les  Macédoniens ,  conlrainls  de  céder,  prirent hon- 
'  teusemenl  |a  fuite.  Les  Iloniains  poursuivirent  Ira  _, 
Aiyards  jusque  dans  ta  (daine,  où  ils  descendirent 
Mni  obsiacle.  Percée,  saisi  de  frayeur  à  celle  nou- 
velle ,  et  confondu  dans  ses  espérances ,  leva  son 
camp,  et  se  retira  su^le*  derHÈres  de  sa  première  po- 
sition. Cepcridanl  il  ne  icilail  i  ce  prince  que  TaU 
leniatlvc  de  se  rrplii'r  sur  l'j  jna,  place  fone,  d'y 
attendre  l'eiinemi,  et  de  le  coriibaKre,  ou  dcvi./r 
pi-néirer  dans  !<;  cœur  de  ses  élals  une  eucrre  qui, 
une  fois  qu'elle  y  sen.lK'taMie,  ne  pourrait  plus 
s'ëteiniire  qiti'  sous  des  (lots  de  sang  et  des  mon- 
ceaux di'  iiuirls. 


Icrnitl,.! 
sujdi'  qui'  Ir 

plus  horiO'abletil.lit  eu  même  leiu|ii 

le  ,,l„i>.lr, 
cliJ,  Muiii  ' 
llo„    AlM    . 
opéK-  s.i  joii 

il   irlrn{(r;iih   mr    l'y<lna ,  s'yrelraii- 

Vuj;'y''r.'  Ïva'  rUbV"aJ^!:s"avo'r 
rii.ui  ,.vr<-  N.sica,  marelle,  -l.oit  aii.'c 
(is  à  la  \\u-  d'une  aruiée  aussi  iniim- 

saille  vnT  W 

uoiulire  que  par  sa  conleiiriuru  iuue- 
ii'la,  saisi  d'etonncmciil  et  livié à  de* 

''l8()  PAU  L    KMILK. 

On  nvnil  passé  le  solslicr  J\'*lé,  el  il  élail  pf« 

(le  iniili  :  I  arinrc  avait  inarchi*  à  rardeur  ilii  soleil 

ri  à  (iMYcis  il(*s  loiirhillons  lie  poussière;  déjà  la 

iali^iic  (M  1.1  soifso  faisaient  st^ntir,  rt  ne  pouvaient 

(|ii\(iiî;iiM  ri'cr.  Dans  cet  état ,  Paul  Kiiiilc  lésolut 

«le  ne  pas  liasanlor  ses  soldats  coutic;  des  troupes 

fianlMN;   mais  il  falhit  autant  d'art  que  re  grand 

lu>n:ni('eii avait  [lonrniodérrrrimpcluositédcsRo- 

inaii-s,  ri  pour  tioinpor  Tini patience  des  ennemis. 

A\.'iil  <pie  rannéo  eill  arlievc  de   se    former  le 

(onsul  p.ircourut  lf\s  rangs  pour  animer  ses  Irou- 

])(■>:  lii.iis,  voyant  cjuc  leur  lassitude  trahissait  leur 

(oiira^;(> ,  il  ordonna  aux  centurions  de  dresser  les 

;i!if;ut  mens  du  camp,  et  de  faire  déposer  les  ba- 

f^:»;^e.s.  L<'s  soldais  tcnioignèrenl  aiîs:;ilAl  la  plus 

{^'i.iiide  joie  de  ce  que  leur  général  ne  les  obligeait 

|)as  de  r>mballre.   Four  les  lieutenans  de  Paul 

l'iiui'e,  fr;ip(Ȏs  de  ce  changement  subit,  ils  gar- 

tien  ni  un  .sden(e  ppdfond.  Nasica  seul  osa  prendre 

la  parole,   et  pres.er  le  consul  de  ne  pas  laisser 

il  li.ipper  de  ses  inains  un  ennemi  dont  Padiessc 

il  e\  ili  r  loni  eiif^.'i^einent  a\ait  nn>  en  défaut  Texpé- 

lieiu .'   el    il-   Coin ;i^e  «le  ses  prédécesseurs.    Paul 

l'Iniiie,  sans  s'oKenser  de  la  libellé  de  cet  illustre 

jeune  homme,  lui   dit   :  »  A  votre  i)ge,  Masica, 

>*  \:\\   pensé  comme  vous;   nu  jour  vien4lra  cpiu 

>'   \()ii;  p(  !!^eIl•/,  comme  moi  ;  une  longue  expé- 

»>   iniMr  ma  a[)piis  rpiand  il  faut  conihattie,  cl 

»   (|!  .  ::(!   la   OTiideiice  l(>  défenil.    (ie  n\'St  pa«  sur 

•'    le  v\\  mp  (11'  bataille  tiiTil  c.cMivient  de  \ons(airc 

»  par  t  r.e.i  raisons  cpii  lue  décident  au  parti  fpie  je 

>'   prenils;  dans  un  autre  lenips  je  pourrai  vous 

»   en    instruin*    :    aujomdMiui    i\W\\    vous   .suffis 

»   lie  r.intorite  d'un   \ieux  capitaine.  >»  Nasica  5C 

t:it  ,    persuadé  (pie    le  ( on^ul  av^iit    pour   ne  pas 

<on.l..:itie  d(ts  niollfs  ijui  éch.ippaient  à  sa  jH'né*' 

tiahou. 

le  lemlcmain,  apiès  avoir  inimulé  à  Ilercuk 


PAUL  ^MILE.  4^ 

u'àvinglbœuft,  Paul  Emile  ordqnnaauxcapi- 
»  de  rangerrarmée  en,ba  taille;  mais  pour  éviter 
»es  soldats  eussent  le  .soleil  en  face  en  combal- 

le  malin,   il  attendit  que  cet  astre  s'inclinât 

le  couchant.  Pendant  cet  inlervalle  il  tint 
leil,  et  se  reposa  dans  sa  lenle.  On  prétend  que 
oQT-là  m^me.  ni  le  roi  ni  le  consul  n'étaient 
is  de  livrer  bataille;  mais  qu'en  dépit  delà 
ignance  des  deux  chefs  ,  b  fortune ,  qui  se  joue 
)  prudence  humaine ,  engagea  le  combat  entre 
iétachement  de  Thraces  et  un  détachement 
aia  postés  sur  les  rives  opposées  d'une  petite 
re  qui  coulait  enire  les  deux  armées.  Au  bruit 
:euK  qui  couraient  au  combat,  Paul  Emile 
t  de  sa  tente,  parcourut  tous  le»  rangs  à  che- 
,  et  exhorta  ses  soldai!  à  soutenir  dans  la 
le  l'ardeur  qui  les  animait.  Persee  s'avan^it 
L  en  bon  ordre  avec  son  armée.  A  la  vue  de 
asifs  serrés,  de  cette  phalange  impéuétrable , 
ice  rempart  hérissé  de  piques,  Paul  Emile  fut 
ïé  d'une  surprise  mêlée  d'effroi ,  et  (iepHii  il 
la  que  j.Tin.iis  spect.icle  niis.si  fiirmidable  ne 
it  offert  à  ses  regards.  Alors,  dissimulant  son 
blc  intérieur  sous  un  front  calme  et  serein,  il 
ta  de  ne  prendre  ni  casque  ni  cuirasse  pour 

les  dernières  dispositions  de  la  bataille,  et 
nna  aussiiOt  le  signal  de  l'allaque.  Les  Ilo- 
ts s' efforcé  re  ni  de  couper,  à  grands  coups  d'é- 
,  les  longues  piques  des  Macédoniens,  ou  de 
epnusser  avec  leurs  boucliers  ;  mais  ceos-ri, 
:sant  des  mains  leurs  armes  terribles,  les 
sent  avec  vigueur  sur  la  première  ligne  des 
tains,   qui,    ne  pouvant  résister  à  l'impubioa 

phalange,  plie,  et  se  relire  vers  une  mon- 
i  voisine.  A  cet  aspect,  Paul  Emile,  indigné 
nir  li's  siens  hésiter,  et  n'approcher  de  cette 
do  fer  qu'en  tremblant,  éprouva  un  accès  de 
e  si  volent ,  qu'il  décbira  son  manteau.  Mai$, 


488  P^DI.  KHtLC. 

en  ca[ntaine  eipérimcnté .  il  s'aptn'çelt  bienidt  tjat 
ràlie  ma^e  n'était  pas  égulemrnt  serrée  piilout^ 
et  qa'die  présentait  de  temps  en  t<'inps  àes  cuver-' 
tores,  soit  à  raison  de  l'înéealité  ilu  terrain,  soit 
i  cjus«  (lu  JéTeloppemenl  de  la  phalange  sur  un 
front  trop  élendu.  En  conséquence  ,  yiour  élablir 
par  dfs  combals  partiels  une  roinnne  dani  II 
tViane  oftVail  un  rempart  inexpugnable,  il  or- 
donne à  ses  soldats  de  se  jeter ,  en  formant  le  coin) 
dans  tous  les  vides;  de  pénétrer,  à  la  faveur  de 
cette  manœuvre,  dans  les  moindrpainlervaUes,  et 
d'agir  avec  toute  la  vigueur  dont  iUsoni  capables 
Tile  Livp  allribne  i  celle  manœuvre  le  gain  de  la< 
bataille,  el  il  ajouie  que  si  les  Rornains  eussent 
contîmié  d'attaijuer  la  phalange  de  fionl ,  et  tous 
ensemble,  ils  se  seraient  enferrés,  et  n'auraient 
ianfais  pu  la  rompre.  En  effet,  re  que  Paul  Emilt 
avait  prévu  arriva  ;  les  Macédoniens  s'ouvrirent  et 
prêtèrent  le  fiant'  aux  Romains;  U  oianceuvre  df' 


P'  

la  légion  rompit  la  phalange,  el  déciila  ainsill' 
victoire.  l.'infdnleTtc  fui  laiUée  en  pièces,  à  la  ré* 
serve  d'un  peiit  nombre  de  fuyards,  qui  nVcbap* 
purent  qu'en  jetant  leurs  armes.  Pertée  donna  k 

fromier  l'esemple  de  la  fuiie,  el  pi  il  U  roule  il 
ella  avec  les  cavaliers  de  sa  garde.   Jamais,  dit 

.  Tite  Live,  dans  une  seule  bataille  il  n'avait  pAi 
autant  de  Macédoniens  ;  on  leur  tua  vingt  mill* 
hnmnncs,  et  onze  millelombèrent  vivant  entre  kl 
mains  des  vainqueurs.  ' 

Paul  Emile  envoya  Quinlus  Fabius,  son  Ski 
porter  à  Rome  la  nouvelle  d'une  si  éclatante  ï* 
toire,  et  après  avoir  abandonné  à  son  armée 
dépouilles  des  ennemis,  il  s'approcha  de  U  mi 
en  marchant  sur  rydna.  En  moins  de  deux  Joug 
il  se  vit  maître  de  Béroé  d'abord  ,  ptiis  de  Tbe^ 

'  salonitpie,  de  Pella ,  enfin  de  presque  I  ou  le  11 
Macédoine.  Durant  le  séjour  qu'il  fil  à  Pi-lla  ,  vill« 
4ont  U  situation  justiËait  le  clioix  que  les  roU  4t^ 


VAUL   ÉMILB.  4^9 

iloine  en  avaient  fait  pour  leur  capilale ,  il  y 
les  (léputalinnsdmlivers  peuples,  enlr'aiitrea 

de  Thessalie,  qui  venaii  le  féliciter  de  sa 
re.   Ensuite,  î  la  nouvelle  que  Persée  était 

dans  l'Ile  de  Samolhrace,  il  partit  de  Pelk 
iva  en  quatre  jours  de  marche  sousW  muri  ' 
iphlpolis.  L'empresspmenl    avec   lequel    tel 
ans    vinrent    à    sa   rencontre    prouva    bien 

se  croyaient  non  privés  d'un  roi ,  maiï  dé^ 

J'un  tyran  dont  le  joug  leur  était  iniuppor- 

Paul  Emile  entra  dans  Amphipolis  pour 
e  hommage  aux  diçux  de  ss  victoire  î  i!  W- 

de cette  ville  pour  se  meltreà  la  poursuite  da 
e,  et  poricr  ses  armes  victorieuses  dam 
s  les  provinces  qui  reconnaissaient  encore 
mination  royale.  Il  passa  le  Strymon  ,  entra 
le  pays  des  Odomantes  ,  et  alla  camper  soui 
urs  de  Sires.  Il  y  reçut  des'tenws  de  Persée,' 
i  priait  de  lui  envoyer  trois  officiers  pour 
rer  de  sa  situation  actuelle;  mais  celle  con- 
ce  n'eut  aucun  résultai ,  par  l'obstinalioa  de 
e  à  rffcnir  le  nom  de  r<ii  ,  cl  par  la  fermeté 
aul  Kmile  à  exiger  qu'il  remît  sa  personne 
)  étals  à  la  discrétion  et  à  la  clémence  du 
e  romain.  Le  roi,  se  voyant  ali.indonné  par 
[jels ,  songea  i  se  réfugier  rhe7.  le  roi  Cotys; 
,  Iraiii  par  un  Cretois ,  n'ayant  plus  ni  vais- 

,   ni 'soldats,  ni  Irésors,   il  se  rendit  avec 

de  ses  fils  à  Uctavius ,  qui  s'él^iiL  emparé  de 
s  les  issues  de  l'îlr  de  Saraotliracc.  La  pri« 
oi  était  une  srco..de  virloire  ;   Paul   ITmile 

un  sacrifice  ;u.x  dieux,  .-.sseml.la  sou  conseil, 
a  lettre  d'Orl.iviiis ,  ei  euvi)va  ensuite  au-de- 

du  prir.re  (Jiniilus  Jilius  Tukernii,  et  fit 
■  tous  les  autres  olfiriers  dans  sa  lente.  Ja- 
,  dit  Tite  Live.  spectacle  n'avait  attiré  au- 
lespedaleun.  l*ers(-e,  qui,  non  content  na- 
■.du  loyaunic  du  Macédoine,  avait  porté  ses 


490  PAIÎL   £51  ILE. 

armes  dniis  la  Dardanio,  riliyrie  y  soulevé  les 
liastwi  lies  contre  les  ildiiidius,  réduit  mainlenant 
à  n  avoir  ni  armes,  ni  états,  au  rôle  de  prison- 
nier el  de  sii|)i)li:iut ,  entra  dans  le  camp  des  lio- 
niains  en  habil  de  deuil ,  accompagné  (Je  Philippe 
son  fils,  rpii,  en  partageant  son  malheur,  en re- 
douI)lai(  Tintéret.  La  foule  des  curieux  Tobligea 
de  s\'irrèler  jusqu'à  ce  que  le  consul  lui  eût  en- 
voyé «les  licteurs  pour  lui  ouvrir  un  passage.  Au 
moment  nue  le  roi  parut  à  Fentrce  de  la  tente 
Paul  Emile  se  leva,  et  ordonna  à  tous  ses  offi- 
Clcr:^  (îc  resii'f  25si5l  il  fit  quelques  pas  au-devant  j 
du  prince,  et  lui  présenta  la  main. Tersce  voulut 
se  prosterner  aux  pieds  de  son  vainqueur;  mais 
ceIui-(  i  le  releva  avant  que  le  captif  eût  pu  em- 
brasser ses  genoux ,  le  fit  entrer  dans  sa  tente,  et 
Tinvita  à  prendre  place  vis-à-vis  des  membres  du 
conseil. 

l\iul  lilmilc  ayant  demandé  à  Persée  quel  était 
le  motif  qui  avait  pu  lui  inspirer  Nint  d^animosité 
contre  1(*.  peuple  romain,  et  lui  iàire  (Entreprendre 
une  guerre  (pii  avait  exposé  sa  personne  et  ses 
états  an  ])lus  grand  des  malheurs,  le  roi  ne  répon- 
dit que  par  ses  larmes,  et,  les  yeux  baissés,  garda 
le  silence.  Plutarque  et  Tite  Live  diffèrent  dans  la 
manière  de  rapporter  le  discours  que  Paul  Emile 
adressa  à  Persée.  Dans  Tite  Live,  Paul  Emile 
parle  d'un  ton  ])Ius  grand  et  plus  naturel,  plus 
convenable  aux  circonstances  ;  il  parle  tou)ourseD 
grec  à  PtMsée  ;  mais  ,  se  tournant  vers  ses  officiers 
cl  vers  ses  enfans,  «  Vous  voyez,  leur  dit-il  en 
»  latin,  nn  exemple  frappant  des  vicissitudes  hu« 
»  maines  :  gardez-vous,  jeunes  gens,  dans  lapos* 
>»  terité  ,  d^user  de  hauteur  et  de  trop  compter 
»  sur  les  faveurs  de  la  fortune,  puisqu^on  ne  peut 
»  prévoir  le  matin  les  événemens  que  peut  ame- 
»  ner  le  soir!  Pour  être  digne  du  nom  d'homme, 
>'  il  ne  faut  pas  se  laisser  cuivrer  par  le  succès  ni 


PAUL   EMILE.  49^ 

■  abaltre  par  lea  revers.  •>  Après  avoir  congédia 
raiaeniblee ,  Paul  limild  remil  le  roi  i  la  earae  de 
Q.  EUus.  Le  mi^me  jou/  il  l'invita  à  sa  table ,  el  lui 
rendil  tous  les  honneurs  <[ue  permellait  la  situa- 
lion;  ansuiie  l'armée  fui  envoyée  en  quartiers d' hi- 
T«r  dans  les  villes  voisines. 

Telle  fut  l'issue  de  la  guerre  enirc  Persée,  ai*, 
roi  de  Macédoine,  et  les  Homains;  elle  dura  quatre 
ans,  et  se  termina  par  la  destruction  d'un  royaume 
dont  la  renommée  avait  rempli  la  plus  grande  partie 
de  l'Europe  et  l'Asie  entière. 

On  l'tait  à  l'enlréc  de  l'automne;  Paul  Emile, 
nattfe  de  Persée  et  de  ses  <!tats ,  voulut  consacrer 
le  loisir  de  cette  saison  à  parcourir  la  Grèce,  el4 
voir  par  lui-mîme  tous  sci  montnîî?nî.  P^P5  es 
dessein,  il  se  mit  en  route,  accompagné  de  son 
fils  Scipion  ,  et  d'Athénée  ,  frère  du  mi  Eumène. 
Après  avoir  traversé  ta  Thessalie  il  te  rendit  à 
Delphes,  où  il  offrit  un  sacrifice  au  dieu  qu'on  y 
ruerait  ;  il  trouva  dans  le  vestibule  du  temple 
dci  colonnes  qui  devaient  servir  de  piédestaux  aux 
ilatucs  de  l'eisée,  el  comme  vain(]i]rur  il  les  des- 
tina k  recevoir  les  siennes.  A  l.el.a.lire  il  sacrifu. 
à  J  U|iiter  Trophonicn  et  à  IltTcyiiua ,  qui  avaierit 
leurs  temj>les  on  ce  lieu.  Il  desiendit  à  Clialcis, 

fioury  jouir  du  sprrlarle  del'I'Iuripe  et  du  pont  qui 
iait  rKuLlc  au  continent.  11  passa  dans  ta  ville 
d'Anlis ,  c  clcbre  pour  avoir  contenu  dans  son  port 
les  mille  vaisseaux  d'Afiainemiion  ,  et  vu  couler 
sur  les  autels  Je  Diane  ie  sang  d'iplngénie;  de  là 
il  se  dirigea  vers  rAlti-im-.  Atlièncï  l'intéressa 
par  le  souvenir  îles  temps  liiTi.iqnos,  et  |!ar  les  ob- 

<els  dignes  lie  curiosité  ipii  s'y  Iriiuvaieiit  en  grand 
lonibre;  prnd-ni  son  séjour  dans  celle  ville  cé- 
lèbre il  d.'inanda  auK  hal.il.'uis  un  excellent  phi- 
losoph.-  ponr   arhever   l'éducntion  de   ses   lils,  et 

tiiomplie,  On  loi  envoya  iUérodorc,  qui  ciccUait 


49^  PAUL   EMILE. 

dans  la  philosophie  et  flans  la  peinture.  Après 
a\oir  sacrifié  h  Minerve,  déesse  tiitélaîre  de  la  ci- 
tadelUî  d'Athènes,  il  partit  de  cette  ville,  et  en 
deux  jours  il  se  rendit  à  Corinihe  ,  alors  une 
des  plus  helles  villes  de  la  Grèce  :  la  citadelle  et 
risllinie  fort  étroit  qui  sépare  deux  mers  voisines, 
Tune  à  rorcident,  et  l'autre  à  Torient,  frappèrent 
le  plus  sa  curiosité.  De  -  là  il  visita  Sycîone  et 
Argos,  }>uis  Epidaurc,  célèbre  parle  temple  d'Es- 
culai^e,  qu'on  voit  à  la  distance  de  cinq  milles. 
Paul  Emile  admira  dans  Lacédémone  non  ses 
édifices,  mais  le  souvenir  de  sa  discipline  et  de  ses 
lois.  Prenant  ensuite  par  Mégalopolis,  il  monfa 
jusque  dans  Olympie  ;  à  la  vue  de  la  statue  de 
Jupiter  qui  ornait  ce  temple  célèbre  »  il  en  fiit 
frappe  comme  s'il  eût  vu  le  dieu  lui-même ,  et  Jit 
cette  parole  dev'cnue  si  célèbre,  que  Phidias  avait 
représenté  le  Jupiter  d'Homère.  Il  s'y  arrêta  pour 
faire  un  sacrifice  tel  qu'il  eût  pu  l'offrir  au  Capi- 
tole.  Ce  fut  ainsi  qu'il  parcourut  la  Grèce  et  la 
Macéfloinc  entière.  En  retournant  par  Démé- 
triade  et  [>ar  Appollonie  ,  il  trouva  1  erséc  dans 
cette  dernière  ville,  où  il  était  gardé  assez  légère- 
ment ;  il  le  confia  à  la  garde  de  Posthumius,  et  fit 
venir  de  Samothrace  à  son  camp  d'Amphipolis 
la  fille  de  ce  prince  et  le  plus  jeune  de  ses  fils , 
qu'il  traita  avec  les  égards  dus  à  leur  rang  et  à 
leurs  malheurs. 

Dix  principaux  citoyens  de  chaque  ville  de  Ma- 
cédoine avaient  ordre  de  se  rendre  à  Amphipolis, 
et  d'y  apporter  avec  les  trésors  du  roi  tous  les  re- 
gistres publics.  Le  jour  arrivé  pour  l'ouverture  de 
rassemblée  de  tous  les  députés,  Paul  Emile  parut^ 
sur  son  tribunal  au  milieu  des  dix  commissaires 
de  Home.  Ayant  ordonné  de  faire  silence ,  il  lut  le 
décret  du  sénat  ,  portant  en  substance  que  les 
IVJnr'' Ioniens  seraient  libres  ,  conserveraient  leurs 
villes  et  les  territoires  qui  en  dépendaient,  l'usage 


P\TH    l'iMILE.  49^ 

, de  leurs  loîi  sous  des  m»gLs(i3ls  qu'ils  lUiraïent  ^ 
cLque  la  nation  paier.iit  au  peuple  romain  la  moi- 
tié des  impôts  (ju't'lle  payait  a  ses  loîs. 

La  Macédoine  fui  uivîsêe  en  quaire  jiariies  ou 

Suaire  dislricls,  qui  n'avaient  de  commun  que  la 
jrme  générale  du  régime.  Paul  £inile  i^iroittil  en 
ouire  à  ces  peuples  de  leur  donuer  unelégistalion; 
et  tes  lois  données  par  lui  aux  Macédoniens  fti- 
reql.  d'ailleurs  si  sagement  ealculées ,  que  i'usaee , 
Mul  réformaleur  des  lois,  n'y  fil  ^ccauu.l^re  dans 
une  longue  suite  d'années  rien  de  défectueux. 

A  ces  soins  imporians  succédèrent  des  oc- 
cupations moins  sérieuses.  Depuis  sa  yidoire 
Paul  Emile  s'occupait  des  piéparaliFi  d'une  fêle  1 
laquelle  il  avait  fait  in>àlEr  les  députes  des  répu- 
bliques i  et  les  princes  de  l'Asïe,  ainsi  qlieles  prin- 
cipaux chefs  des  villes  Je  la  Giècc. 

Ces  jeux  se  célébrèrent  à  Ampliipolis  ,  avec 
une  pompe  et  une  magnificence  extraordinaires, 
Leconsulyavail  rassemulc  de  itiuiesles  parties  du 
monde  une  foule  d'alhlètes  el  d'artistes  qui  le 
consarraienl  à  f'amusenieni  du  public,  ainsi  que 
des  rl.evaux  femeun  par  les  courses  dont  ils 
avaient  gagné  les  prix,  hes  amî'aïsadeiiis  des  dif- 
férentes nations  y  pjiurenl ,  el  on  é.als  tout  l'ap- 
pareil que  la  Grèce  déployail  dans  ses  grandi 
Eux  pour  faire  honneur  aux  dieux  et  aux  )iumnie>v 
nfm  on  y  admira  non  seulement  la  magui- 
ficence  du  spectacle,  mais  le  véiilalile  goût  al- 
liquc  alors  peu  connu  des  Itoinains.  La  même 
•omptuosiîé  cl  la  même  elé^ïauce  piésidèrent  aux 
repas  donnés  :iux  anibassadcuis.  On  cite  à  ce  su- 
jïi  ce  mot  lie  l'.ud  l'Imile  ,  que  les  appréls  d'un 


rordo.mai 


,1  .i'.eil  <iui  décide  le  g.in  d, 
Ljl.iii:i.'s.  Cr  <]u[  frapiia  le  plui  les  étrangers  dar 
l.-sjeux  sceniques,  (ut  Texposiiion  du  riclie  buli 
ûil  surk  ilaieJoine;  ou  y  vit  des  tableaux  ,  d. 


il  livia  s<>Uanl(^-<lix  villes  au  pUl 
emb:iiiiii3  ion  armëe  el  rcliiurna  en 
fuient  les  tvénoriiens  et  l'issue  de  ( 
Pmi  dv  jours  ajirps  l'aul  Emile  remo 
sur  un  vaisseau  royal  <le  la  première  \ 
seize  rangs  de  rames  ,  orné  de  riche 
des  palais  de  Persée,  et  jl  s'avança  v 
au  milieu  île  la  foule  des  citoyens  qui 
les  Jeux  rives.  Le  sénat  décerna  Hn 
grand  homme  les  honneurs  du  trioi 
1  envie,  achaniëe  contre  le  mérite  supé 
Si'mpronius  ,  i^ui  avait  servi  sous  lui  e 
Iriliiin  (let  sol  Jais  ,  k  former  une  puis! 
pniir  empêcher  que  le  triotaphe  n'eC 
princi|>auK  pcrsdiina^iîs  de  Home  ace 
tapitole  ,  et  sVtevèrent  fortement  cor 
nœuvtM  :  ■  Quelle  indienité.  s'pcrièr 
*  vouloir  priver  Paul  Emile  du  Iri. 
»  qui  a  mis  fin  à  une  guerre  si  import 

»  Persées'oppnseraulriomnhesurla  1 
>■  ei  SCS  portes  fermées  k  la  pompe 
I'  SuivTa-t-on  au-delà  du  Tibre  le  roi 


PACL     EMILE.  49^ 

bnns  votèrent  le  triomphe  d'une  voix  unanime. 
/Linsi  Paul  Emile,  vainqueur  de  la  malveilbitce  et 
de  la  jalousie  ,  triompha  du  roi  Persée  et  des 
Macédoniens  durant  trois  jours  ,  le  tjuatrirrae  * 
le  Iroisièine  et  le  second  des  calendes  de  décem- 
bre, Tan  de  Rome  584- 

L'éclat  et  la  pom|ie  de  ce  triomphe  effacèrent 
lotis  ceux  qui  Tavaient  précédé  ,  snii  par  la  gran- 
deur du  monarque  vaincu  ,  suit  par  la  beauté  des 
Eiaïues  et  des  v:ises  qu'on  y  aporia  ,  soii  enfin  par 
les  sommes  immenses  qui  passcrent  sous  les  yeux 
du  peuple  romain. 

Mais  Paul  Emile  ,  ainsi  comblé  d'honneu.s  et 
tout  éclatant  d'or  et  de  pourpie,    n'en  fui  pas 

§lu«  à  Tahri  de  l'iiTCunsLince  de  la  fortune.  Des 
eux  fils  de  sa  dernière  FeniiBe,  qu'il  s'était  réser- 
vés en  quelque  s.irle  pour  cire  les  héritiers  de 
son  nom  et  de  sa  gloire  ,  l'un  n>ourut  cinq  jf'Urs 
avant  son  triomphe  ,  et  l'aîné  ,  âgé  de  qnaiorae 
âni,  trois  jours  après  les  cérémonies.  Ce  Irtste 
événement  n'entpécha  |)oint  Paul  Emile  de  venir 
dans  l'assemblée  du  peuple  pour  y  rendre  compte, 
suivant  l'usage  ,  de  ses  opéraliuns  ;  il  litil  à  celle 
occusion  un  discours  mémoiable  ,  digne  d'un 
général  roinaiii ,  et  que  Plutarijue    et    l'ite-Live 

H  Romains,  dit-Il,  ni  les  heureux  succès  de 
>  mon  ronsuial,  ni  les  coups  de  foudre  qui  vien- 
»  nent  de  frapper  ma  famille  ne  vous  sontincon- 
»  nus;  la  cérémonie  de  mon  triomphe  et  la  pompe 
i>  funèbre  Je  mes  enfai>s,  qui  vous  ont  servi  de 
o  spectacles  ,  ne  vous  ont  que  Irep  instruits  de 
n  ma  glc>lre  et  di"  mes  malheurs.  Permettez-moi 
"  cependaut  d'établir  tnlre  la  prosiiérité  de  l'état 
n  el  ma  foi  lune  particidii'ie  un  parallèle  conforme 
X  aux  ïcnlimeui  que  diiivciil  m'iuspiror  l'une  et 
H  l'autre.  Lorsque  je  quittai  l'ilalie  je  partis  de 
»  Briudcs  au  lever  du  soleil,  et  j'entrai  dans  le 


490'  PAUtr   £»tTi.e. 


>'  port  de  Carryre  avec  ma  flotte  vers  I; 
ième  heurt.  Ciii'  '  .     i..  ■    .  i^ 

Ù  j'offrii  lians 
!n<]re  Apollgn   favorable  à  votre  cénéral  aios 


vième  heure.  Cinq  jours  après  j'ptais  à  Delphes, 
"offrii  lians  le   temple    un 


;1 


»  qu'à  vos  armées  de  lerre  et  de  mer.  De  Delphei, 

»  en  cinq  jours,  j'arrivai  au  camp. A  peine  eus-j( 

-   »  jfm  le  coirimandemenl  et  réformé  les  abus  qd 

•  me  paraissaient  un  grand  obstacle  à  la  vicloirc, 

>  je  marchai  droit  aux  ennemis.  Itlais  i-oyaol 
»  uu'il  nVlail  possible  ni  de  forcer   leur  camp  ni 

.>  d'engager  une  action,  je  perçai  les  corps  àt 
»  troupes  qui  me   dispulaient  le  passage,  et  jt 

>  m'emparai  des  hauteurs  de  Pythium  ;  je  contri 
j>  gnîs  ainsi  Persée  d'en  venir  ans  mains;  jei 
M  vainquis  en  bataille  rangée,  victoire  qui  ati 
M  duît  toute  ia  Macédoine  sous  la  puissance  dl 

>  peupleromain.  Celte  guerre,  ^ui  durait  dfpuii 
w  pluâ  de  trois  ans,  je  la  terminai  en  quinze  jouu 
»  Ces  rapides  succès  ont  été  comme  lasource  (é- 
H  condede  tous  ceux  qui  les  ont  suivis.  Toutes  ta 
••  villes  de  la  Macédoine  ont  ouvert  leurs  port«, 
»  tous  les  trésors  du  roi  sont  tombés  entre  noi 
»  mains; enfin  Persée,  livré enquelquesone parle) 
»  dieux  eux-mêmes,  a  été  fait  prisonnier  avecsH 

■  -  enfans  dans  le  temple  de  Samoihrace.  Alors  m» 
a  fortune  m'a  paru  trop  favorable  pour  oe  pa 
a  m'in.i'pirer  de  défiance  ;  j'ai  commencé  à  craii>- 

>  dre  les  dangers  de  la  mer  dans  le  transporta 
a  li  riches  dépouilles  el  d'une  armée  triomphaoKE 
»  mais  la  navigation  a  été  des  f>\v.s  heureuses,  ' 
-  tout  est  arrivé  à  bon   pori  ;  je  n'avais  plus 

»  vceux  a  former.   Cependant,   conune  ceit 
»  comble  de  la  prospérilé  que  la    rhute  «t  fl 
w  rapide  ,  j'ai  prié  les  dieux  de  fiiire  éprouverl 
a  revers  de  la  fortuite  à  ma  famille  ,  pluidt  oA 
H  la  république.   Sans  doute  les  coopi  terribl», 
«  dont  elle  vient  de  me  frapper  auront   acquillt' 
C  la  délie  de  Tétat,   et  mon  char  de  Iriojnphe, 


p\iiL   iTaihx.  497 

.placé  enirc  les  cercueils  Je  mes  deux  fils  ,  sera 
le  suiil  exemple  des  jeux  nuels  de  son  incons- 
tance.  Cerles  ,    nfiui    donnons    aux  innrtels  , 

I  l'ersée  et  moi ,    un^  preuve  frsppanle  des  ca- 

(prices  du  sort.  Encore  rout  capiif  <[ii'il  est,  s'il 
a  v«  mener  devani  lui  ses  enfaiis  chargvs  de 
.  fers,  il  a  du  moins  la  <:onsj>1atiori  de  les  voir 
,  pleins  de  vie  ,  et  ^oî ,  i|iii  ai  triiimphé  de  lui  , 
'  i'ai  monlé  des  funérailles  de  l\in  de  mes  Gis  sur 

iiDon  diar  pour  aller  an  Capilole,  et  je  n'en  suis 
desrendu  que  pour  voir  expirer  laulre;  de 
i'sorte  cfu'une  prospérilé  si  briil.mle  me  trouve 
j  sans  hériliers  de  mon  nom.  Rassuré  par  le 
'  grand  nnmbre  de  mes  enfans ,  j'en  ai  Lissé 
(  passer  dem  par  adoption  dans  le»  familles 
li  Cornelta  et  Fsbîa.  l'au^  Emile  ne  vnit  plus  dan> 
•>  sa  maisuD  que  le  deuil  et  la  solitude.  Hciireux 
K  enrore  de  trouver  dans  la  prospérité  de  l'élal  et  . 
['dans  1,1  fortune  de  Komc  la  consolation  de 
lises  inalliefirs  et  deses  perles  domestiques!  » 
[■  licite!  discours,  prononcé  avec  fermele  d'ime, 
il  sur  le  pi?iiplc  une  împi ession  beaurnup  plus  vive 
|ue  si  Paul  Kmilc  eût  déploré  son  inlortune  dans 
e  langa^^e  li-  plus  toiicliant. 
Laeon'jui'lc  delà  Jlacéduine  eut  un  grand  avgn- 


age.qmi 


à  Paul  Emile  la  r. 


wuplc;il  rapiioila  dans  lotrt'.sor  public  des  suinnies 
i  conMd.^niblc;  .(tu-  les  Rom.iius  nVureiit  plus  à 
)ayerd'iinpôi  |h'iid.i;it  iiiigrjiid  iiniobred'anriées, 
!t  sous  fc  rajjo'irl,  lus  viiioiit's  de  Paxil  Emile 
urent  aussi  ulili-s  que  filoiicusc:;.  Mais  ce  qu'il  y 
I  de  pailicutier  en  lui  c'esupic  ,  citéri  ei  hiuioré 
lu  peuple  ,  il  re.la  toujours  ;.tuebé  au  parti  de  h 
loLles,w  .  e1  ne  ill  j:.m..is  ri,-ii  da„s  la  vue  de  fi:i1 1er 

k-s  pli'b-l.'us  que  ivux  .;ui  rbcK!i,.ieul  k-  plus  à 
enr  romplaiiv.  l.f  p.-i-plv:  b-  fit  .iss.ï  voir  par  l.s 
lilÏMii.'^  b<,iiiicurs  .jv/lilu;  Jea^iua,  elsuitcLleu 


\ 


498  FAVL    ÉM1LB. 

l'^vanl  i  U  censure.  U  il^grsda  treis  sénatni»] 
d«  noint  dUtingii^s  ,  ri  fui,  ainii  que  son  coDè- 
^eJHerous,  très- niodi^r^  iJjiiis  la  revue dej che- 
valiers Tornain.s.  Sovs  sa  Censure  le  rl^nonibn^  j 
tneiit  iVicva  à  trois  ccnl  ireiile-sppt  mille  qustre  I 
cent  cinquante  cilnyens  inscrits.  Après  avoir  IB^ 
miné  les  alfaires  Ips  plus  iinporunles  de  >a  m: 
triture,  U  fui  3lla(]Ȏd'nne  malatlb  qui,  iipr^ai 
iDnoncée  comme  très-dangereuse,  s'adoucit  CB- 
suite  ,  et  |>aiul  devoir  être  longue  et  difiicile.  H 
■'embarqua,  nar  le  conseil  des  médecins,  nouralts 
A  Elée  oc  Vélie,  ville  de  la  grande  Gr*ce  ,  oii 
demeura  long-temps  dans  une  maison  voitine  il 
la  mer,  el  y  vécut  fort  [ran({uille. 

Obligé  enfin  d'a'siiiter  i  un  sarri6r«  solenncW 
el  te  croyant  d'ailleurs  assez  bien  rélabli  ,  il  reviitf 
à  Rome,  el  fit  le  satiifice  avec  les  autre»  préirc*^ 
tniouréd'unefuuleimmerisequis  empressait  de  tu 
témoigner  sa  joie.  Le  lendemain,  il  offrit  aui  i'md 
un  sacrifice  d  actions  de  grâces  pour  sa  guérisost 
mais,  rentré  rhez  lui,  il  pcidit  ioulârou|i  ronnait- 
■■nre  ,  avant  d'avoir  pu  s'a nercc voir  d'une  alt^ 
raûon  dans  sa  santé  ;  il  tomba  dans  le  dclirc,  et 
mourut  au  boul  de  trois  jouis  ,  après  avoir  rouai 
dans  sa  pcriionne  i.nus  les  avantages  qu'un  regarile 
comme  la  source  d'une  vie  lieureuse.  On  célebi» 
aes  funérailles  avec  la  plus  grande  maf|;nificcnï»i 
<a  vertu  Y  fui  honorée  des  ornemens  les  plus  gl»" 
lieux  quipuissent  décorer  un  convoi.  Ces  ornf 
ment  n'étaient  ni  l'or,  ni  tout  l'appareil  d'une'vai  ~ 
et  ambitieuse  somptuosité,  mais  l'ailectioD , 
respect  et  la  reconnaissance  tjue  lui  témoignèri 
aes  concii'  yens  el  ses  ennemis  eux-mêmes.  T( 
ce  qui  se  t  I  «va  d'Ibériens,  de  Liguriens  et  de  1 
cédémoniens  y  assista.  Valère  Maxime  dit  qne  kl 
Macédoniens  qui  parlaient  le  corps  de  Paul  Ëmiift 
étaient  les  personnages  les  plus  distingués  de  b 
Macédoine  ,  qui  demeuraieot  i  tUioie  ca  cjualilé 


PAUL      lÉMILE,  499 

d'ambassadeurs.  Ce  que  firent  ces  ambassatleurs  , 
ajoute- t-il,  (laraifra  encore  plus  grand  si  l'on 
considère  que  le  devant  du  Hl  funèbre  élail  orné 
de  tableaux  où  l'on  avaitreprcsenlé  les  triomphes 
qiK  Paul  Emile  avait  remportés  sur  la  Macédoine. 
En  elTel,  quel  resjiecr  et  quelle  vénéralion  ne  mar* 
suaient  pas  à  ce  général  des  bnnimcs  qui,  pour 
i amour  de  lui,  n'eurent  pas  horreur  de  porter 
eux-uiêmes  ,  au  travers  de  tout  un  peuple,  les 
.marques  des  défailes  de  leur  nation  !  Ce  spectacle 
transforma  en  quelque  sorte  ses  funérailles  en  un 
.nouveau  triorapne. 

Ce  grand  homme  se  conserva  toujours  pur  et 
juste  dans  l'adminisiration  des  affaires ,  ou  plutôt 
il  y  arriva  tout  formé  à  la  vertu  parles  lois  et  par 
les  mœurs  de  sa  patrie ,  car  de  son  temps  tous  tes 
Romains  étaient  également  modestes,  également 
soumis  à  leurs  usages  ,  pleins  de  crainte  pour  les 
lois  et  de  respect  pour  leurs  institutions.  Ce-qu'on 
ne     peut   trop    admirer    dans  Paul    £mile  c'est 

3u'après  avoir  détruit  la  monarchie  héréditaire 
'Alexandre  le  Grand,  i!  dédaigna  d'augmenter 
•on  bien  d'une  seule  drachme,  et  ne  voulut  ni 
toucher  ni  voir  ces  trésors  irmnenses  dont  il  fit 
à  d'autres  de  si  {grandes  largesses.  Dans  le  plus 
grand  des  malheurs,  dans  la  douleur  extrême 
que  lui  causa  la  perte  de  ses  enfans,  il  ne  se  mon- 
tra ni  plus  faible  ni  moins  estimable  que  dans  sa 
plus  grande  prospérité. 


SCIPION  LE  JEUNE, 

GENERAL    BOMAIW. 


tt  A  HA  18  on  ne  vit  un  si  granJ  homme  que  Faut 
l'.mile  produire  un  (ils  ilesiiné  à  devenir  son  é^A 
rn  eloire  et  en  venu.  Tel  fut  pourtant  Scipion 
Emilien  ,  fili  du  vainqueur  de  Perséc  ,  à  qui  11 
ilcAlructton  de  Carlliage  valut  depuis  le  surnoib 
d'Africain,  Trè^-ieune  encore,  il  passa  par  adop' 
lion  dans  la  famille  du  premier  Scinionl  Africain) 
ilorit  il  devint  le  peiit-lils.  Doué  des  dispositiont 
les  plus  heureuses,  il  se  montra  de  bonne  heuic 
le  itifjne  héritier  du  nom  et  de  la  renommée  iâ 
vainqueur  d'Anriibal.  11  n'avait  que  dix-sept 
lorsqu'il  suivit  son  pfre,  l'aid  limile  ,  dans  s. 
meuse  expédition  de  Macédoine.  Des  deux  fils  (pe 
le  consul  avait  dans  son  armée ,  Scipion  élait  celui 
■  *|u'il  aimait  te  plus,  parce  qu'il  montrait  plus  Je 
jienchanl  pour  la  vertu  qu'aucun  de  ses  firèrei.  H 
^lait  plein  d'ardeur,  passionné  pour  la  f^loirc,  et 
il  donna  des  preuves  delà  plus  brillante  valcuri 
la  célèbre  bataille  de  Pydna ,  qui  renversa  le  trône 
héréditaire  d'Alexandre  le  Grand.  Paul  Emile,  nr 
le  voyant  pas  revenir  ajirès  l'action  ,  en  ronçulds 
vives  alarmes  ;  ÏI  craignait  iju'entraîiié  par  sou  peu 
d'expérience  au  milieu  i)ca  ennemis,  il  n'eût  r\i 
la  viflime  de  son  cmjiage.  Tout  le  c«mp  n'est  p»J 
plutôt  instruit  de  l'inquiétude  du  consul,  que  Ici 
S')ldats,  qui  prenaient  leur  repas  à  l'entrée  de  la 
iiiilt,  roururcnt  avec  des  torches  allumées,  le» 
uus  à  Ij  tente  du  général,  le«  autres  devant  hi 


SCTprON    tB  JEUNE.  5ni 

retranchemenï,  pourchercherScipion  parmi  ceux 
qui  avaient  péri  les  premiers.  Un  profond  silence 
régnait  dans  le  ramp,  et  la  plaine  relenlissait  des 
cris  de  neux  qui  appelaient  Sripion  ,  c.ir  dès  son 
entrée  dans  le  monde  il  s'était  fait  généralement 
admirer  et  chérir.  Toutes  les  recherches  éiaiil  inu- 
tiles, on  le  rroyail  peVdu^u  tué,  lorsiju^il  revint 
tout  h  coup  de  la  poursuite  des  fuyards,  avec  irois 
oa  quatre  de  ses  camarades,  cotiverls  de  sueur  et 
du  sang  des  eaiiemis.  Tel  fui  le  début  dans  la 
eat'fière  des  armes  du  jeune  héros,  (jui  devint  si 
célèbre  depuis  par  la  destruction  de  Carthage  et 
deNumance. 

'landis  nue  Paul  Emile  réglait  à  Amphipolïsles 
afTaires  de  la  Macédoine ,  le  jeune  Scîpion ,  à  qui 
l'âge  ne  permettait  de  prendre  aucune  part  aux 
Opérations  politiques  ,  se  livrait  à  l'élude  et  à 
l'exercice  de  la  chasse.  Paid  Emile,  attentif  à  procu- 
rn*  à  son  lîb  des  plaisirs  honnéies  pour  te  détour- 
ner de  ceux  que  la  raison  aurait  pu  condamner,  le 
laissa  goûter  avec  une  liberté  eniièce  un  exer- 
cice qui  avait  été  en  Macédoine  l'amusement  ordi- 

A  son  retour  a  R*ne  Sclpion  se  lia  élroiie- 
ment  avec  l'historien  l'oljlie,  dont  l'amitié  lui  fut 
depuis  si  utile  et  si  houorablr.  Un  jour  qu'ils  se 
trouvaient  ensemble  sans  témciins,  le  jeune  liis 
de  Paul  Emile,  ouvrant  son  cœur  à  Polybe  avec 
une   sorte  d'effusion,  se  plaignit  île  ce  que  dans 

Karole  de  préf<;rence  à  son  frère  aine,  au  lieu  de 
li  parlera  lui  mèuje:..  Je  ne  sens  que  trop,  dit-d, 
»  que  celle  indiiférenci-  potir  moi  vient  de  l'idée 
»  où  vous  êtes ,  comme  tant  d'autres ,  que  je  suis 
»  un  jeune  homme  inappliqué,  stins  vocjtion, 
j>  sans  goût  pour  les  exercices  du  birroau,  et  en 
B  un  mol  comme  n'ayant  aucun  penchant  pour 
f>  cultiver  le  beau  talent  de  la  parole.  Mais  com- 


!)i)2  SCIPION   LE  JEUNB. 

»  inenl  m'y  livrerais- je  ?  On  me  dit  perpëtuelle- 
»  irxMit  que  ce  nesi  point  ua  orateur  que  Toa 
>»  atttMid  lie  la  maison  des  Scipion ,  mais  un  gé- 
»  iK^raUrarmée.  Je  vous  Ta  voue  toutefois  y  pardon- 
»  uc'A  TTia  franchise,  votre  indifférence  est  ce  qui 
»  lu'M'iç^o.  le  plus.  Quand  verrai-je,  ajouta-t-il 
»  vu  prenant  les  mains  de  l^olybe  et  les  serrant 
»  ilans  les  siennes,  quand  verrai-je  cet  heureux 
»  jour  où ,  libre  de  toui  autre  engagement,  et 
>»  vivant  avec  moi  en  frère  et  en  ami,  vous  vou- 
»  drez  bien  vous  appliquer  à  me  former  Tesprit 
»  et  le  cœur  !  C'rsl  alors  que  je  me  croirai  vrai- 
4>  iiietil  <ligne  de  mes  ancêtres.  »  Polybe,  cliarnié, 
attendri  de  voir  éclater  dans  Tâme  de  ce  jeune 
patricien  de  si  nobles  sentimens ,  le  consola ,  le 
rassura,  et  s'attacha  plus  particulièrement  à  lui. 
De  son  (olé  Scipion  ne  pouvait  plus  le  quitter, 
et  trouvait  un  rharme  inexprimable  dans  sa  conver- 
sation; il  le  respectait  comme  son  père,  et  regar- 
dait coTiinie  une  faveur  insigne  de  pouvoir  être 
formé  par  ses  conseils.  Polybe  augmenta  son  éloi- 
giKMiient  et  son  aversion  pour  ces  vains  amusc- 
niriis,  pour  ces  plaisirs  dangereux  auxquels  s'a- 
bandonnait la  jeunesse  de  nome,  déjà  déréglée  et 
<  orronipue  par  les  richesses  et  par  le  luxe.  Tou- 
j«)urs  guidé  par  les  sages  conseils  de  Polybe,  le 
(ils  adoptif  de  Scipion  joignit  à  l'innocence  des 
m(eurs  le  plus  louable  désintéressement,  et  il  en 
donna  des  preuves  touchantes  en  faisant  de  sa 
fortune  ,  dans  plusieurs  occasions ^  un  généreux  et 
noble  usage.  Devenu  possesseur  de  la  riche  suc- 
cession de  sa  tante  Emilia,  qui  avait  épousé  Sci- 
pion TAfricain  ,  il  l'abandonna  tout  entière  à  sa 
mère  Papiria,  qui,  n'ayant  pas  de  quoi  soutenir 
l'éclat  de  sa  naissance,  menait  une  vie  obscure  et 
retirée;  celte  libéralité,  vraiment  filiale ,  et  très- 
peu  commune  à  llome  dans  un  temps  où  l'on 
coimuen^ait  à  être  esclave  des  rich€ssea|  honora 


SCIPIOK  I.E  JEUHE.  5o3 

siognlièrement  le  jeune  Scipion  dans  l'esprit  de 
•es  conciloyens.  Les  d^mes  mmaiofs  lui  en  surent  . 
un  gré  infini,  ei  lui  donnèrfoi  des  louantes  lui 
lui  servirent  comme  d'aiguillon  pour  suivre  la 
roule  de  la  venu.  Le  même  esprit  de  déaintéres- 
■noenl  le  dirigea  deux  aùs  après ,  lorsqu'à  la  mort 
de  son  père,  Paul  l£mile,  il  feil;i  â  son  lière 
Fabius  sa  p;irt  de  la  succession  palernellc,  voulant 
corriger  ainsi  l'inegalilé  des  biens  qui  ejtistaitentre 
lui  ei  son  frère.  Scipioa  abandonna  aussi  à  ses 
soeurs  toui  ce  qu'il  avait  donné  à  sa  mère,  et 
s'attira  de  nouveaux  appidudissemens  par  celle 
action,  qui  témoignait  as^ez  sa  grandeur  d'âme 
et  sa  tendre  amitié  pour  sa  famille!  Ce  (|ui  ajou- 
tait surlotit  un  nouveau  prix  i  ses  libéraliiés, 
c'était  l'Sgc  où  il  les  faisait ,  et  les  manières  gra- 
cieuses et  obligeantes  dont  il  savait  les  accompa- 
.  sner.  Telles  ei.iienl,  au  milieu  du  dépérissement 
'  des  moeurs  romaines,  les  acticns  vertueuses  et  les 

^  rares  qualités  de  Scipion. 
Cependant  les  Espagnols,  qui  ne  supportaient 
qu'3veti)™ti,-,)rt-),;j-.Jg  des  Roo.alns,  ayant  fait 
éprouver  plusieurs  échecs  aux  légions  qui  ser- 
vaient en  Europe,  aucun  citoyen  ne  voulnil  plu» 
s'enrôler,  tant  il  y  avait  à  Home  d'éioignement 
pour  cette  guerre  longue  et  terrible. 

Les  tribuns  du  peuple  .ingnienlaient  le  désordre 
en  protégeant  ceux  qui  rcfusaicnl  de  s'enrôler.  Le 
peuple  assemblé  ne  cessait  de  déclamer  contre  la 
guerre  d'Europe  ,  et  le  sénat  el  les  consuls  étaient 
dans  une  grande  perplexité,  lorsque  Scipion,  à 
peine  âgé  de  trente  ans,  se  présenia  an  Forum, 
et  demanda  l.i  permission  de  p.irlcr.  On  la  lui  ac- 
corda aussitôt,  et  il  fit  un  discours  si  persuasif,. 
que  kienlôt  les  citoyens  marqnèren'  autant  d'em- 
pressement pour  s'enrôler  qu'ils  avaient  fait  pa- 
raître jusqu'alors  de  lépugnance. 

On  ignore  si  le  Gis  de  i'aul  Emile  servit  e* 


5a4  SCIPIOK   LE  IKCNK. 

Espagne  ta  qusUié  de  lieutenant  du  consul  Lici- 
nius  Luculliis ,  ou  simplement  commis  tribun  lé- 
gionnaire; mais  il  est  constant  loulefoîs  qu'à  lui 
seul  fureat  aliribués  les  surcès  que  les  Homatui 
obtinrent  ptrndant  la  campagne  oui  suivît  cet  en- 
rdlcment  extraordinaiic  Au  milieu  de  tous  les 
«xcès,  (le  loures  les  barbaries  doni  se  flétrissaient 
les  Romjins,  Scipion  s'aci|uit  une  répulalion  de 
clémence  et  de  probité  in^me  parmi  les  cnnemin 
de  Rome  ;  il  signala  sa  rare  valeur  dins  un  combat 
singulier  contre  un  Espagnol  d'une  laîlle  gigtn- 
tesque  qui  avait  défié  le  plus  hardi  légionnaire,  et 
il  fut  honoré  de  deux  couronnes  ,  l  une  murale, 
el  l'autre  civique. 

Ludullus  l'envoya  peu  de  tempi  aprét  <!it  mis- 
•îon  en  Niimidie  ,  pour  demander  à  Mnsinissi 
quelques  éléphans  armés  en  euerre.  Scipinn  aniva 
en  Afrique  au  moment  où  Tes  hoslililés  venaient 
ée  se  renouveler  entre  le  prince  numide,  allié  Je 
Rome,  et  les  Carihagiuois,  dont  une  armée  puis- 
sante avani,ail  vers  tes  frontières  de  la  Numijic. 
De  part  et  d'aulre  on  se  prénarait  h  une  aciion 
générale,  lorsque  Masini^isa,  mstruJl  du  débar- 
quement de  Scipion,  fît  parlir  ses  lieux  lils  et  louie 
sa  cavalerie  pour  aller  le  recevoir  et  pour  Tei- 
corier.  Qnoique  le  (iU  de  Paul  £mi[e  ne  filt  pelil> 
Sis  du  vainqueur  d'Annibal  et  du  protecteur  df 
Uasinissa  que  par  adoplioo,  le  seul  nom  de  Sci-, 
pion  excita  dans  le  cceur  du  vieux  inoRar(|iie 
numide,  des  senlimens  d'af&ciion  et  de  recon- 
naissance. A  peine  ful-il  arrivé  au  camp,  que 
Masinissa  courut  l'embrasser  avec  les  plus  grandi 
témoignages  deteudresse;  il  .ne  put  retenir  seî 
Wmesen  parlant  de  son  ancien  bienf.iîleur,Sctpii>il 
l'Africain.  Il  ace  irnpagna  partout  le  digne  h<Titier  I 
de  cet  homme  célèlîrL',  l'instruisit  des  préparaliâ 

au'il  avait  ihils  pour  la  bataille  du  lendemain  ;  puis 
fit  passer  l'élite  de  ses  troupes  en  revue  dcTanl 


SCIPION    LR   JEUNE.  bo.i 

lui.  C<;  que  le  fils  de  Paul  Emile  admira  le  plas , 
ce  fui  le  roi  lui-même,  qui,  malgré  son  grand 
âge,  monlrail  toujours  la  in^me  vi|;ueur,  se  te- 
nait à  cru  sur  son  clieval,  à  U  manière  des  Nu- 
mides, et  ne  prenait  pas  d'autre  nourriture  que 
celle  de  ses  propres  soldats. 

Rame  n'ayant  point  encore  rompu  ouvertement 
avec  Carlhfige,  acipion  Hmilien  crut  ne  devoir 
prendre  aucune  part  à  l'engagement  général  rjul 
allait  avoir  lieu.  Dès  le  lendemain,  au  levËr  du 
soleil .  il  alla  se  placer  sur  une  hauteur  d'oii  il  vît 
dUiiuctemenl  une  des  batailles  les  plus  mémora- 
bles qui  se  soient  dijnnées  en  Afrique;  elle  dura 
depuis  le  lever  du  soleil  jusqu'à  fa  nuit;  mais 
enfin  les  Carthaginois  plièrent.  Dans  ta  suite 
Scipion  avoua  souvent  qu'il  avait  assiste  à  bien. 
i'  des  batailles  ,  mais  que  nulle  autte  ne  l'avait  au- 
'  Mal  frappé  que  relle-ci ,  pendant  laquelle  ,  tran- 
t  qiiille  et  de  sang  froid,  il  avait  vu  plus  Je  cent, 
*  mille  combaltjns  en  venir  aux  mains,  et  se  dis- 
puter long  -  temps  la  victoire;  comme  il  étaïl 
très-versé  J..m  la  Wlure  .H  Wre  .  41  ajoutait 
qu'il  n'avait  jamais  été  donné  qu'.i  .lupiter  et  k 
Neptune  de  jouir  avant  lui  d'un  pareil  spcclaclc , 
lorsque  TuTi,  du  liaui  du  mont  Ida,  et  l'autre  du 
sommet  le  |ilus  plus  élevé  de  l'fle  de  Samolhrace  , 
avaient  conlemplc  un, combat  à  outrance  entre  les 
Grecs  et  les  Troyens, 

Cependant,  comme  la  bataille  n'avait  pas  éié 
décisive,   Eniit'ieii   entreprit   de   négocier   la   paix  ' 
entre  les  parties  belligérantes  ;  mais  s^  médialioii 
ii'ayanl  eu  aucun  sucrés  ,   11  partit  |iour  l'Espagne 
avec  les  éléphaus  qu'il  était  venu  demandera  Ma- 

De  relour.i  Uome,  il  trouva  que  le  sénil,  exrîté 
par  Caton  le  Censeur,  avaltrcsolu  de  conmen- 
ecr  contre  Cartilage  la  troisième  guerre  punique; 
Scipion,  à  (|ui  il  était  réservé  de  la  termmer  glo- 


JîoG  s  CI  PI  ON    LE   JE  II  NT?. 

ri<'ns«*iiuMït ,  sVriiharqiia  aussitôt  awc  Tarmôr»  ron 
Milaiif ,  (K'iiis  iac]U(!lif*  il  MTvait  alors cmi  qualitt*  de 
tribun  ,  ci  .l'honla  cmi  Afri<|ii(;.  Il  m;  tarda  pas  à  se 
<lisiifj:^'MM    autant  |»ar  sa  pnul«nr.o     <|iii»    par   sa 
vaiciii  :    i «'S  «consuls   firent   plusieurs    fàiiLos  pour 
ii(*   pas   avoir  voulu  suivre  ses  avis,  l^cur  atlainii! 
lonirt*  <lartliag(*  ne  fut  pas  heureuse;   une  paiiie 
«Je  II   llolte  romaine  fut  brAlée  par  les  Carlhagi- 
ii:>is,  et  dans  une  sortie  le  ramp  des  consuls  au- 
rait  etf  forré  sans  le  courage  de  Sripiori ,  qui,  a 
la  tète  il  un  rorps  de  cavalerie,  tomlia  bnis(}ue« 
in«'iit  :>iir  lf*s  (]arihap;inois ,  qui  se  virent  forrésde 
K'iitK-i  dans  leur  ville.  Dans  une  occasion  plus  im- 
portante encore  il  sauva  toute  Taiinée ,  assaillie 
*vr(    lurenr  par  les  troupes  d^Asdrubal.  Tous  Ici 
liislorirns  conviennent  que  l'armée  romaine  était 
perdue  sans  (e  jeune  héros,  qui  renouvela  Texploit 
<1  lloi.irius  ('orlès.  A  la  tête   d'un  corps  de  imif 
cents  rlievaux, il  soutint  l'attaque  de  loulus  les  forces 
d  Asdrnhal ,  et  couvrit  les  lésions  dans   leur  re- 
traite ,  pendatit  qu'elles  passaient  une  rivière  eu 
prést-nre  de  l'ennemi.  Non  c<mtent  de  cet  exploit, 
il  (OUI lit  sauver  un  corps  isolé  qui  était  investi, 
et  14'vint  an  (uiinp  au  milieu  des  acclamations  de 
l'année.   Les  sotdats  qu'il  venait  de  délivrer  lui 
dcr crnèrenr  la  couronne  de.grumen^  ou  d'herbages 
cueillis  sur  les  lieux  témoins  de  sa  valeur. 

(^e  trait  et  beaucoup  d'autres  encore  acquirent 
tant  de  gloire  à  c>cipion  lùnilien,  que  le  sévère 
t'atoHfipJi  jnsnu  alors  n  avait  loue  personne, ne  put 
fuser  à  cet*  illustre  Iloinain  les  éloges  qui  lui 
étaient  dus.  Sa  faraude  réputation  lui  avait  attiré 
d'abord  quelques  atteintes  de  la  nnalvcillance  et 
de  la  uiédiocrlté  jalouse  ;  mais  sa  modestie  et  sa 
rettMine  c.lian^^èrent  bientAt  l'enviu  en  admira- 
tion, VA  quand  le  sénat  envoya  des  députés  a« 
Camp  fiour  se  faire  rendre  c<»mple  de  l^ëtat  du 
.vi''(;t' ,  l'jriaee  cutière,  soidéLs,  ofliciors^  géiiÀ» 


scri'ion  LE  JEUNE.         5ny 

raiix,  se  rêunil  pour  faire  de  la  cotuljilte  de  Sc.i- 
jiinn  l'élngr  !(■  plus  (lalteur  ,  Gl  pour  relever  son 
tnérile  et  ses  liauts  faits. 

Mdsiaissa  ,  qui  sentait  sa  fin  apgiroclier,  fit 
prier  Scipion  ne  venir  assister  à  ses  deroieri 
momens,  pour  assurer  à  ses  enfans  s»  succcssioii 
et  le  partage  da  ses  élats.  Mab  ce  prince  n'exis- 
tait déjà  plus  quand  Scipion  arriva  dans  sa  ca- 
pitale. Désigné  son  exécuteur  testamentaire  et 
nomme  luieur  de  ses  deux  fils  ,  qui  devaient  s'en 
rapporter  à  ce  qu'il  réglerait  ,  Scipiofl  manira 
dans  celle  commission  délicate  autant  de  pru- 
dence que  d'équité. 

La  campagne  suivante  il  fol  chargé  à"  plusieurs 
reprises,  par  le  proconsul  Manilius,  qui  cumman- 
d*it  l'armée  romaine  en  Afrique  ,  li'liilerccpter 
les  conTois  de  Tenneirii  el  de  ravager  les  ca.nipa— 
gnes,  ce  qui  eiiigcait  une  grande  activité.  Scipion 
remporta  plusieurs  avantages,  et  prit  un  grand 
nombre  de  châteaux,  entre  autres  Rezagiia. 

Dans  une  de  res  expéditions  il  eut  une  confé- 
rence parlicuijère  avec  l'haneas,  général  de  la  ca- 
valerie rariliaginoisc  ,  excellent  officier,  el  il  par- 
vint à  le  décider  à  passer  dans  l'armée  romaine 
avec  un  corps  do  deux  mille  deux  ronls  chevaux.  Le 
proconsul  l'envoyrf  à  Home  avec  Ph-ineas, CI  écrivit  i 
celle  (ircasiiin  au  sénai  une  lettre  dans  laquelle  il 
avouait  qu'il  était  redevable  à  Scipion  ue  lnus  L*S 
tuccés  qu'il  avait  obtenus  pendant  son  curaman- 

Le  nouveau  con!;ul,Caipurnius  Pisce,  vînt  con- 
tinuer le  siéi»e  de  Cartilage,  mais  avec  langu^'iT,  et 
la  campagne  se  passa  tout  entière  en  opérations 
infi  uctueuses  ,  de  sorte  que  les  Carthaginois 
eurent  le  temps  de  se  fortifier  el  iriniér.Mi'r  les 

Seuples  et  les  lois  dans   leur  querelle.    A-iiSsi  i 
lome   commençait- un  i   craindre   l'issue   d'une 
guerre  qui  devenait  de  jour  en  jour  plusdoijteusi'. 
4:1  * 


îîo8  S  C  I  P  1  ()  N    L  K   J  E  V  S  K. 

Au1;iiil  on  hlàriiail  1rs  ^('nrf  niix  nui  l.i  (liii^o.iicrit, 
mitant  on  cx.iltair  I<*.s  (iiialiitrs  dv  Scmion,  (*(  (^alnii 
lui  nppliqnail  w.  nucdit.  llnmrrt!  de  J'in'-sias  rorn 
paît'  aux  autres  linl)lfati!i  (1(9  TKly.M'H*  :  <«  Slmj!  il  a 
»t  (les  siMis  (M  (l(i  la  t(^!t(*;  l(\s  niitrrs  ne  .s(irit  (jul* 
n  lies  onibiTS.  »»  On  assure  humik»  (|u(^  peu  ilc 
t<>ni|)S  avant,  sa  UKirt  Cal  on  projit  que  ia  fi- 
incusi!  (Jartlia^f*  vv  succ.omlierail  que  lorsquVIle 
serait  assli'^i'îc  pir  Sc.ipion. 

Il  t'était. v(*inj  à  l\onio  pour  deniaiidcr  TiMlilitr; 
mais  à  [)eine  parut  ii  dans  rasscrnhliMî  du  peuple, 
cpie  son  air,  sa  n'>putalion,  ro[)irMori  univcrselhr- 
inent  K'pandue  fpie  les  dieux  h*  destinaiciil  pour 
letiniiKM  la  troisièriK^  giuM're  puni(|U(*  ,  roiuiim 
^>^ipion  son  p('rc  adoptii  avait  IcrniirH'^  la  sfîconih*, 
lrapp(*renl  tellement  les  (*sprils,  cju'au  Iïvm  de  IV- 
dilit(>  le  peuple  lui  ronf('Ma  la  digiiil(''  consulaire; 
on  (it  en  sa  faviMir  une  excef)liun  à  la  loi  Villia, 
(pii  défendait  d'accorder  les  (aisceanx  à  un  randi- 
dit  au  dessr)iis  de.  quarante-trois  ans.  Siipioii  nvn 
avait  rpu*  trente  sept,  et  le  peuple,  laissant  dormir 
les  Iciis ,  voulut  nit^ine  cpril  eilt  rAfnfpie  pour 
dépaileoient  ,saiis  tiier  avecsou  r.olU'gue  les  pro- 
>in('es  au  soit,  comme  ('\*lait  Tus.ige. 

Il  faisait  des  pK-p-iratifs  de  départ  pour  r.\f- 
f[i'|ue,  loisrpriiii  homme  «pii  lui  était  attaché  d(^ 
puis  l(>o(;  temps  et  (jui  lui  faisait  assidiienient  la 
(our,  vint  lui  demander  hi  |)lace  de  coiiiniandaitt 
des  |>ioiiniers  de  son  armée,  place  très-lucrative 
(  luîA  les  Itomaiiis;  mais  ,  sur  le  relus  «le  Scipion, 
cet  homme  se  relirait  \\v.s  irieconleut  :  ««  ^e  vous 
w  Moniu'A  pas,  lui  dit  ce  f;éneral,  si  vous  iToli- 
»•  teiii'/  pas  de  moi  remploi  que  vous  sollicitez; 
i»  it  y  a  lon^  temps  (\iiv  je  roftic  inutilrinent  à  un 
»  liotmrie  «pii ,  je  p(Mise ,  aurait  iï  cœur  le  soin  Je 
»  ma  i('piitat(on.  ••  Scipii)n  n^igiiorail  pas,  aînà 
que   le  (ail  ubsiMver  Cicéron  ix  ce  sujet ,  que  les 


SCIPION    LE   JEUNE,  5og 

f^cas  en  pbce  sont  respnnssbks  de  la  coniluile  de 
ceux  qu'ils  attachent  à  leur  persoone. 

Lp  nouveau  consul  s'embarqoa  d'abord  pflur  U 
Sitile,  arrompagnê  de  l'historien  Polybe,  doolit 
ne  pouvait  se  sépaifr,  el  de  Lelius,  fils  de  celui 
pour  qui  S':i[>ion  l'Africain  avait  eu  lanf  d'af- 
fection. De  la  Sicile  il  fit  voile  pour  sa  drslina- 
lîon,  et  arrivé  à  Utique.  îl  apprit  que  trois  mille 
cinq  rents  hommes  Je  l'armée  romaine  étaient  en 
péril  devant  C»rlhnge  ;  aussitôt  il  vole  au  secours 
âe  ses  compatrioles,  et  les  ramène  k  bor<l  de  ses 
TaUseaux,  aptes  avoir  repoussé  les  Carthaginois. 

jSi'is  il  fallait  avant  tout  rélablir  ta  discipline 
parmi  les  troupes  de  la  république  :  nul  ordre  , 
nulle  subordination,  nulle  obéissance:  le  soldat 
ne  songeait  (ju'à  piller  el  à  se  plonger  dans  la  dé- 
tiaticbe.  Scipîon  fil  de  salutaires  réformes,  don- 
nant lui-même  l'exemple  des  vertus  mililairej.  II 
poussa  ensuite  le  siège  de  Carthage  avec  vigueur, 
M  attaqua  d'abord  la  mnie  de  la  ville  apprléa 
Mégare,  nui  défendail  1  approche  de  l'isthme  au 
Lord  duquel  sëev^W  Carth.ii,'!'  di.  oV,^  .!,■  I.  i..<t. 
Il  prit  IVlpoare  d'assaut,  n,  se  voyant  maître  ab- 
folu  de  ^i^^hmp,  il  brûla  le  camp  que  tes  ennemis 

pour  sps  trounes,  éleva  du  côté  de  Carthage  un 
mur  haut  de  douze  pieds,  flanqué  de  tours  et  de 
redoiiii's,  occupant  louie  la  largeur  de  l'isthme  , 
bloqua  ainsi  Ciitliage  par  mer  et  par  terre,  et  eu- 
tri-pril  de  fi-rmcr  entirieiiienl  l'entrée  de  son  port 

M;>is  le  (liU''.tp(jir  suggéra  aux  assiégés  un  pro- 
jet dont  l>xcriitioii  semblait  impossible  ;  ils  ou- 
vrirenl  Éoiit  j  roiip  une  nouvelle  entrée  de  l'autre 
rfllé  du  p'nt,  el  Minirenl  en  nier  avec  une  flotte 
nombreuse:  red.^ublnni  ensuite  d'efforts  et  sur 
terre  et  sur  mer,  ils  bTi'ilèrent  les  machines  des 
Komairis,!-:  rendirent  inutiles  toutes  Ics  tentatives 


5lO  SCIPION    l.f.  JKITNK. 

de  hloriis.  ToiitiToif  Sclpioii  finît  par  se  rrndrr 
itiuln*  (l'uiKî  loiTa.S54!  ciui  «'.ouvrait  la  vlllr  du  cCtié 
Jr  Li  mer,   et  il  termina  ainsi  sa  pmni^TC  cam* 

l*riiilaril  Tir  ver  il  ;ill«iqna  N(^pli<^ri.s  ,  plarc  vni 

ê\iv*  lie  (]arlli.)^c,  et  (]ni ,  par  la  voie  d(^  la  mer, 

(•iiiniis.'Miil  «les  vivres  aux  asAii^j^é.s.  Il  s\*ii  reiulit 

III.  îhe  après  ;ivoir  iovciS  les  n^haurlicmnis  des  en- 

II' mis,  leur  avoir  tué  soixante  uiille  lioininesct 

l.iit     <llx   mille   priscKiniers.   Ln   siéce   avait   <liiré 

,         .        »  -Il  II 

viii^l  deux  jours,  el   aurait  e(c  encore  plus  long 

c.ins  Ir   siTours  d^uu  rorps  de  cavalerie  numide, 

(jue  (fuliissa,  fds  et  surresseur de  Masiriissa,  avait 

auH  né  ;i  Siijtion  ;  dtVshors  CarLlia|;e  lut  iiive&tic  ci 

as'lé^éi'  dans  les  forîTirs. 

l/;ninée  eon.salairc  étant  expirée,  Sripion  fut 

«nutorisf*  A  garder,  sous  le  titre  de  |>rornnsiil,  le 

comnKiiuIement  de  Tarmée  (rAfiicpic,  jusf|U^i  ce 

i]\]'\\  rnt  ronronné  sa  grande  entn*prise  par  un 

nui ''"S   détisif.   lh':i  le   roininenrenieut   du    prin- 

kinps  il   s'empara   de  Tune  des  portes    de   Car- 

lli.i'.e  i'I  <lr  l  Ile  dv  (iollion,  siiiiée  entre  les  deux 

pniis.  Il  pi  il  ensuilt;  la  résolnlion  liardie  de  pénclrer 

lan»  la  villr,t'i  (r.ni.upirr  la  e.itadelle  appelée  Byrsa, 

)our   (rapjTrr  (^alllla^e  .iu  (  hmii  .  I/liislorien  Po- 

)  l)e,  (pli  jnan  II  lil  ii  ses  rt^lés,  lui  (  unscilla  de  faire 

s;.iinir   les  rues   de  ehevaux   de    fri.se,   afiu   f|u*uil 

ne   pùl    ralia(pier    par   derrière  :   «    Vous  prcnes 

'*   hop  de  prér.aulions ,  Polybe,  répondit  le  vail- 

»  lant  ^;énéral  ;  il  n'y  ;i  rien  «^  r.raindre  dàui  une 

»  ville    remplie  de  confusion  et   déjà    en    notre 

»  p')nvoir.  »  Trois  ru(*s  escarpées  mtMiaienl  à  la 

eiiad'-lle;  les  maisons  des  deux  côtés  étaient  fort 

li.iiiies  cl  remplies  de  (Carthaginois  qui  accablaient 

le:.  Iinmaius  de   pierres  el  de  traits.  Sclpion,  ca 

pcisoiuie,    ik   la    télé    d'un   détai  Inrment  «relile, 

«iKa'pirf  la  prcmiéie  maison,  et  seu  empara  ré|)re 

^  li  m  un.  Sou  exemple  (ut  iinilé  par  sus  idliiirrs 


I 


i'  "  SCIPIOK   LE   JEDNE.  5ll 

_     «l  persesscIdiiU,  (jui  allèrent  de  maison  en  mai^ 
«en  ea  pass:int  tous  ceux  qu'ils  rei>conlriical3uU 
de  l'épée.  A  mesure  (|m;  les  maisons  étaient  for- 
cées des  deitx  cAlés  de  la  rue,   le»  Hdnraîns  avaa- 
.     ^ient  vtrs  U  citadelle,  luuiDun  en  cumbatiantî 
r     mais  chaque  poure  de  lerre  leur  était  disputé  par 
%    vne  année  carthaginoise  ;  ainrs  Scipion,  au  tnï^ 
\     Keu  des  cris  de  plusieurs  millierj  do  blessés  et  de 
^     Baourans ,  fit  meitrr  le  feu  au  quartier  de  h  ville 
'.    Mjài  joignait  la  citadelle.  La  terreur  et  l'edroi  firent 
|j,  alors  tttie  telle  impression  sur  les  assiégés,  qu'oR 
»it  d'abord  vin^t-cinq  mille  femmes  ei  à  peu  prè« 
tKBie  nailtc  hommes  soi  lir  de  Byrsa  en  suppliant, 
rt  venir  se  jeter  aux  pieds  du  proconsul,  en  deman- 
dant la  vie  pour  toute  fa  veur.Scipion  la  leur  accord», 
4âhtpoureux  qiiepourioiisceaTiqHiétaienl  renfer-  . 
fBéa  dans  la  ciiadelle,  à  l'exeepiion  des  déserlevirB 
,  Ttomiins.   Asdmbal  eut  la  liclielé   d'abandonner 
les  défsnseurs  de  la  ciudelle ,  el  de  venir  seul  im- 
fdorcr  la  clémence  de  Scipion,  nonr qu'il  pàtser» 
vir  d'ornemeol  à  son  Iritîmphe.  Lesdéserleurs.re- 
lirésdaus  le  ieTii[ile(l'Ksriil,irpel  n'ayant  pins  d'es- 
poir, .Vnspv,lir<-nf  dans  les  Elainmës,  à  IVi><-,n|de 
de   ia    feiiinre  d'Asdi  ubal ,  <|ui   s'y   piCri]iita  anrèî 
^voir    poignardé   %v%   d<^ox    enfans  et  exlialé   d.'s 
imprécaii-.ins  ronire    l.i    ISrlicié   de   son    indierie 
épouï.   TnTit   d"!i<i<Tihles  i.ènrs  arrachèrent   des 
larmes  à  iripion.  Il  n-sl.t  iurlijiic  temps  dans  un 
trisle  sileiire,  cl  li-  ronipîi  udiir  réciler  deux  vers 
d'Ilomére    dr.nt    vol.!    le    inus:  •.   11   viendra    .m 
"    temps    où    la   ville   sarré,-    de  Troie  et  le    belli- 

»   queux    1-rinm  er eupl.  périront    ..  Un  pro_- 

loriil  soupir  aiTomp3f!'ia  ces  mois,  l'nlybe,  qut 
Clait  toujoiii-i  :i  ses  cnU's,  lui  demanda  ce  qu'il  en- 
tendait par  Tri;ie  et  le  peupli;  de  IViam.  Scipion, 
sans  nomiTHir  Home  ,  marqua  assex  clairement 
q'i  il  rr.iii^nril  qu'un  jour  sa  pairie  n'i'ùt  le  mi'me 
suit   que   Tiolc  el  Carihage;  u  Les  plus  graiid» 


!}\'l  SCI  PION    LE   JET  NE. 

>'  rhirs ,  .ijoiira  l  11,  oui  leurs  priloiirs,  apnVs  Irs- 
>'  f|ijï'ls  [.I  (or  lu  ne  aliaisse  c<*ux  qu^cilc  avait  pris 
'•   piaisii'  à  «'irvcr.  >» 

L'- vain(|iii'ural>aii(l()nna  totitr  la  villoau  ])i}lagp, 
à  la  irscivr-  di-  Tur  c!  dr  l 'ai^^ciit,  ili's  slafues  et 
ili';  nflia ".l's  qui  ar.  1ninvai(*iil  dans  les  élaljlisse- 
iiH'iis  jMiMii's  v\  dans  \vs  trmplcs.  Il  fil  savoir  en 
i:irnn'  irmps  aux  diffônîiis  peuples  de  la  Sirihî 
cpj  ils  ('laicnr  aniorisôs  à  venir  rliarnn  rrconnaîlriî 
v\  M'|.r<n(lfc  les  tahleaux  v\  les  slaluos  que  les 
(.ailliaf^inois  avni(>nt  enlevés  dt*  leurs  villes  dans 
hs  ^ni-rrcs  préctMlentes.  Lv.  fameux  taureau  de 
IMialans  (ut  r(*rnJii  aiix  liahitans  d'Agrîgenlc  ; 
hi;iii('  (nt  restituée  aux  habilaus  de  Segeste  ,  et 
J«îri'  me  a'ix  'i  liydaritains. 

A[ins  .«voir  mis  en  vente  une  partie  des  dc- 
pruil!*v,  Srij/îDu  fil  de  sévères  défenses  à  toutes 
I.".  [i»:  ^(niiics  (il*  sa  suite  de  ne  rien  prendre  ni  de 
I  c",  .'(!i"'('r  dir  (e  (pii  avait  appartenu  aux  Car- 
I.  a-ii ')ii,  laiii  il  prenait  soin  dVearler  incarne  de 
M  |i"i '.'•niic  jus^pTau  [)1us  léger  soupçon  de  vé- 
uililé.  On  v'.it  [iar  là  rpic»  Sripion,  constamnient 
ail;i(1}(-  aiix  anricnurs  maximes  ,  regardait  non 
.srulcnicMt  ronnnr  une  lionle  et  une  infamie,  mais 
ciH op"  (  oniiiir  une  prévaricalion  criminelle, de  pro- 
fitrr  du  (  onnnandnnont  pour  s\*nrichir. 

Il  fit  tioiiiT  une  partie  des  dépouilles  à  boni 
d'uiic  ;  .ilcie  ,  qu'il  envoya  immédiatement  à 
fioûx'.  ponr  iuforniiT  le  sénat  que  (;arlhage  était 
prise  i'i  la  i^îicrir  d  Afri'pir  l(!rininée;  il  <ieman- 
ti.iit  «  !i  fnéîiip  It  nips  d'aulM's  instructions.  Une 
iu)uv(  l'r  aussi  ir?ipnr!aute  causa  une  joie  incxpri- 
ïîial)!»'  a  !r)us  h'sc.iloycn.s  de  Uome,  qui  <le leur  pro- 
pitr  i!i(iiv(  luenl  coiiiurent  aux  temples  pour  lé- 
M:ni;;n(  I  leur  rerouiiaissauci!  aux  dieux.  Aprîs 
di'  n»ùns  déliliérations  le  sénat  enw>ya  ordre  a 
S(i|)i')n  (le  détiuin:  (Cartilage,  l^e  (eu  ayant  élti 
mis  uix  '.'vldi'.i's  dccftlc  sujteilie  capilalO|  dau^  tous 


rf7: 


;  :]      c      LE  jeunï;.  5i5 

les  quar        à  ,  Tincendie  éclata  de  toutes 

Erts  avi   ;      le  tureur  incroyable^  il  continua  dix- 
pt  jours   avant  que  tout   fût   dévoré  par  les 
flammes  ;  ce  oui  suffit  ppur  donner  une  idée  de  la 

Jrandeur  proaigieuse  de  Carthage.  Telle  fut  la  fin 
éplorable  d'une  ville  fameuse. par  sa  puissance 
et  par  ses  richesses  ,  qui  avait  subsisté  pendant 
sept  cents  ans  ,  étendu  son  empire  au  loin,  résisté 
pendant  deux  siècles  à  Rome  ,  sa  rivale ,  qui  s^était 
▼ue  â  la  veille  de  succomber  elle-même  dans  celte 
lutl^ sanglante  ;  d^une  ville  enfin  qui  n'avait  été 
renversée  qu'après  avoir  soutenu  ,  dépouillée 
d'armes  et  de  vaisseaux ,  toutes  les  misères  d'un 
|ong  siège. 

ocîpion  ramena  ses  f  roupes  h  Rome  »  où  il 
obtint  il  la  fois  le  surnom  glorieux  de  second 
Jl/ricain  et  un  magnifique  triomphe  ;  on  n'enavaijt 
jamais  vu  de  si  éclatant  ;  ce  n'étaient  que  statues , 
raretés ,  objets  curieux  et  d'un  prix  inestimable , 
que  les  Carthaginois ,  pendant  le  cours  de  plu- 
sieurs siècles  ,  avaient  apportés  en  Afrique  et  ac- 
cumulés à  Carthage.  Après  ce  beau  triomphe,  qui 
lui  fii4  (lérorné  Tan  de  Rome  Co6,el  i46ftvaiU 
J.-C.  ,  Srif>i()n  déposa  au  Caj)ilole  une  urne  rem- 
plie des  cendres  de  Carlliage  ,  qu'il  veuail  d'anéan- 
tir par  le  feu. 

Sa  gloire  brillait  sans  tache  ,  et  il  avait  acquis, 
sans  y  prétendre,  sur  le  peuple  et  sur  le  sénat,  un 
ascendant  qu'il  ne  devait  qu'à  ses  exploits  et  à  ses 
vertus.  Ap'ès  avoir  été  à  la  tête  des  armées,  dans 
le  tumulte  des  combats ,  dans  la  pompe  desT 
triomphes,  ce  grand  liommevinl  goûter  le  repos 
de  la  vie  privée  au  milieu  de  ses  anns  et  dans  le 
sein  de  sa  famille.  L'éducation  excellente  dont  il 
avait  été  redevable  aux  soins  de  sou  illustre  père, 
et  les  >astes  connaissances  qu'il  avait  actjuises  par 
ses  rapports  intimes  avec  Polybe  ,  le  mettaient  eu 
état  de  remplir  les  vides  que  lui  laissaient  les  af- 
Idiivs  publi(]ues  ,  et  de  soutenir  ,  avec  autant  de 


5ï/t         SCIPION    LK   JEUNE. 

dignilô  (fup.  d*agrément,  les  loisirs  de  la  vie  priver 
Scipion  n'était  pas  d^ailleurs  étranger  aux  ueiJes- 
lettres;  le  loisir  et  la  solitude  avaient  pour  lui  des 
charmer  inexprimables.  «  Personne,  dit  ThislO' 
»  rien  Paterculus,  ne  savait  mieux  que  lui  en- 
>»  tremWcr  le  repos  et  Faction,  ni  mettre  ii  profil 
»  avec  plus  de  aélicatesse  et  de  gouttes  vides  que 
»  lui  laissaient  les  affaires.  Partagé  entre  les 
»  armes  et  les  livres,  entre  les  travaux  militaires 
»  du  c.'imp  et  les  ocrupations  du  cabinet  ,  tantôt 
»  il  forlifiait  son  coips  par  les  habitudes  de  ia 
»»  gtrcrre  ,  tantc^til  cultivait  son  espcit  par  Tëlude 
*>  (les  srirnres.  >• 

Le  goût  de  Scipion  était  si  sûr  dans  la  culture 
des  lettres  ,  qu'à  Rome  c'était  un  bruit  générale- 
mer!!  répandu  qu'il  aidait, en  société  avec  son  atni 
Lclius,  le  noëfe  ïérence  dans  la  composition  Aï 
•es  pièces  ue  théâtre  »  si  remarquables  p:ir  Vêlé* 
gance  cl  les  grâces  du  style.  Térence  s'en  fiii  hou- 
nfjir  (ai -même  dans  sa  com<'»die  des  A%lolphes. 

Mais  la  gloire  de  Scipion  devait  s'étendre  en 
<!nre  î»u  delà  de  la  carrière  des  armes.  Trois  an 
api  es  son  premier  triomphe  il  fit  partie  d'uni 
fameuse  ambassade  que  le  sénat  envoya  ei 
Orient  et  en  Egypte  ;  elle  était  composée  d< 
Alummius,  de  Motellus  et  de  Tilluslre  fils  de  Pau 
Kmiie  ,  trois  des  plus  grands  personnages  de  1. 
république.  Leurs  instructions  leur  prescrivaien 
de  pisser  en  Svrie  ,  alors  en  proie  aux  troubles  e 
aux  révolios;  de  visiter  la  Grèce,  l'Asie  mineure 
de  voir  dans  quel  état  se  trouvaient  toutes  ce 
contrées  ;  d'examiner  si  Ton  y  observait  les  traité 
faits  avec  Home ,  et  de  remédier  k  tous  les  désor 
dres ,  à  toutes  les  infractions.  L'ambassade  abord; 
d'abord  à  Alexandrie  ,  où  régnait  Ptolémée  Phys 
con  ,  le  plus  cruel  tyran  qui  ait  souillé  les  rontréc 
qu'arrose  le  Nil.  Ce  prince ,  Teffroi  de  ses  sujets 
recul  les  envoyés  romains  avec  une  ma^nificeno 


SCIPION   LB  JEDNE.        SiS 

•Mrtor(]înaire:  ceux-ci  alTectèreiil  la  plu^  grande 
•impliriié,  Scipion,  de  tous  les  granil)  de  lïuRiple 
{Anspurssanl  et  (e  plus  riche,  ne  psrirt  diiK  la 
npilale  de  l'EgYpte  qu'avec  une  suite  de  lii  per- 
sanes, parmi  lesquelles  on  remarquait  le  philo- 
sophe Panelius.  *  On  complaii  ,  dit  Yalère 
kcMaxime,  non  ses*dnmesli(|uei,  mais  ses  vic- 
»  loîies,  et  l'on  estimait  en  lui  non  t'édat  de  l'or 
>  et  de  l'arecnt,  maïs  ses  verlus  et  ses  qualités 
•  perso  un  elle  s.  « 

Pendanr  son  séjonr  à  Alenndrie  V  mifabaît 
tervir  i  sa  table  tout  ce  qn'rl  j  avnii  Ae  plus  àéïi- 
cat  et  de  plus  recherché  ;  mais  Sdpioti  ne  tAo-- 
chah  jamais  qn'am  mets  les  pitis  irmptes  «I  In 
jAia  communs,  méprisanttowt  le  tesie  :seJtoRfe- 
gofs  s'efforçaient  de  Timiier. 
■  Quand  A  eot  bien  m  AlesMtifie.-rt  fPdé  1h( 
«fFjïres  de  Tambassade  ,  il  remrrAta  4e  TflT  phot 
Visiter  MeTnpbis  et  les  autres  psHiel'  èê  yVigfMK. 
It  connut  par  luî'-intoK  on  par  d'etaetes  tnior- 
malions  le  grand  nombre  <fps  villes  et  la  multi- 
tïiiie  proiligieuse  d'Ii.ibilans  i]'ie  renr<Tmait  relie 

heureuse  situation  et  les  aviinl.itji-s  (qu'elle  devait 
à  la  ferlilité  de  son  territoire.  Il  trouva  qu'il  n'^ 
manquait  ripn,  pour  la  rendre  formidable  et  flo- 
rissante, qu'un  prince  qui  eût  à  la  fois  des  lu- 
mières et  (le  la  bonté  ;  mais  Physcon  ,qiji  y  régnait, 
dégradait  et  avili'^sait  l'Egvpic  ;  sa  mollesse  et  son 


difformi 
ter  cellf; 

ranre  s( 
ié  de  SI 

•  ma 

nifeslaic. 
;'itre  ;    à 
rme  de  cl 

,1  pi: 
pinn 

r  h  gr 

csseuretla 
vait-il  por- 

cilé  et  U 
mais  en 

un  .■fii.ri 
homm.-, 

1   pniir 
,  se  lou 

que 

andise  , 
)mp.igne( 

et  il  ne  p 
char.  ToL 

r   Scipion  : 
netius,  lui 

araissail  ja- 
ilefois  il  fit 

riant  ;  •■ 

»  de  va 

L;-s    A 

lier  ! 

minns    II 
.  pied  k. 

Lr'ro 

«M    1 

'obligation 

6l6  SCIPIOX    LEJEVNE. 

Ainsi,  tandis  que  Physcon  élaït  un  objel  de 
mépris  p'>ur  ses  sujets,  Sripion,  visitant  les  curlo- 
(iléi  d'Alexandrie ,  faisait  ,  selon  IVxprMsion  dt 
JusIiD  ,  l'admiration  de  loute  la  ville;  dum  inipi- 
cit  urhem  ,  spe/:tarulo  AUxundiinî  fuit. 

Cette  ambassade,  ou  plulât  celle  mission  poli- 
-    tlifiU!,  le  fit  connaître  en  Asie,  et  donna  encctrf 
plui  d'éclal  1  sa  renuramëe.. 

Elevé  à  la  censure  pen  de  temps  ariris  son  re- 
tour dans  sa  patrie,  Scipion  ,  dans  rexeicire  de 
celte  magistrature  délicate,  eut  â  lutter  ccnirf  les 
mauvaises  mœurs  et  contre  les  abus  de  tous  genrai 
qui  s^iniroduisaient  dans  la  république  ;  mais  tout 
so'n  zèle  fut  rendu  inutile  par  la  trop  grande  faci- 
lilé  de  son  collègue  Mummius,  don)  le  cararièr* 
de  bonté  dégénérait  en  tiiiblesse.  Ainsi,  pendant 
que  Scipion  examinait  avec  sëvénié  la  conduite 
des  sénateurs,  des  chevaliers,  et  même  des  pria* 
cipaux  che&  du  parli  populaire  ;  tandis  qu'il  usait 
de  l'autorité  de  sa  cbargr  pour  réprimer  les  vtcpSt 
son  collègue  ne  notait  personne,  ou  mettail  à  cou- 
vert de  la  flétrissure  tous  ceux  que  notait  ScipioUr 
Ce  grand  homme  s'en  plaignit  un  jour  en  pleîiw' 
assemblée  du  peuple:  «J'aurais  exercé  la  censure  j 
»  dil-il,  d'une  manière  digne  de  la  majesté  de  1| 
»  république ,  si  l'on  ne  m'avait  point  donné  dt 
1  collègue ,  ou  si  l'on  m'en  avait  donné  un.  « 

IL  n'outrait  pas  toutefois  la  sévérité,  çtvoic 
fait  qui  ne  lai»e  aucun  doute  Ji  cet  égard.  Dans  Ik 
revue  des  chevaliers,  lorsque  le  tour  de  Liciniiti; 
Sacerdos  fut  venu  de  se  présenter  devant  les  ceftr 
■eurs  ,  Scipkin  dit  à  haute  voix:  «  Je  sais  que  JJ- 
H  cinius  s'est  parjuré,  et  si  quelqu'un  veut  l'accu- 
i>  ser  je  servirai  de  témoin,  «Personne  ne  s'élaol  pré- 
sent é,  Scipion  ,  adressant  la  parole  à  Llcîniu^.  lilî' 
•  '  ordonna  de  passer, el  ajouta:  «Je  ne  vous  noteraji 
"  point,  pour  qu'il  ne  soit  pas  dil  que  j'aie  faitl' 
»  voire  égard  Us  fonctions  (l'accusateur  ,  de  jugi 


^ 


SCIPION   LE  JEUKE.  5l7 

>  et  de  témoin.  ■  Ainsi  ce  grand  bomme,  au  fa- 
gcinenl  dufjucU'en  rapportaient  le  peuple  romain  ' 
Bl  même  les  nations  ëiratifèr»,  ne  croyait  pas 
devoir  s'en  rapporter  i  lui  seul  lon<]u'il  s'agissait 
de  fléirir  i(n  ciloyen.  ' 

Dans  la  clôture  du  lustre  il  Aait  d'usage  d'a-- 
dresser  une  prière  aux  dieux  pour  leur  demander 
d'augmenter  la  puissance  du  peuple  romain.  Lors* 
que  le  greffier  lot  cette  rnrmale  Scipion,  alors 
censeur,  prit  la  parole  ,  et  dit  :  «  Notre  puissance 
••  est  assez  grande  ;  tout  ce  que  nous  devons  de- 
»  mander  ai>x  dieux  c'est  qu'ils  la  conservent 
»  dans  le  mfnie  état  ,  ••  et  sur-le^hamp  il  fil 
reformer  celle  ancienne  formule  ,  qui  resta  depuis 
(cUc  fluil  l'avait  dictée. 

L'Afrique  avait  clé  sovmife  par  ses  exploits; 
mais  plusieurs  parties  de  l'Espagne  opposaient 
encore  aux  armes  r-imaines  une  résistance  invin- 
cible. Des  généraux  mal  habiles  et  rapaces'aug- 
menlaient  In  confitsinti,  le  désordre,  l'in discipline, 
e(  aigriiiaient  de  plus  en  pins  un  peuple  généreux 

Deu^'^nnuveaiixronsiiK.  S,i![.iciLts  clillia  et  Au- 
reliiis  Colla, av.iiit  inaTÙf.^sIe  loii«  deux  un  entrisme 
désir  ,ralU'rr.>m!.i«..,itT.-i.  llspa-iu- l'our  y  amas- 
ser d?s  rirl.os.Oi .  il  .-il  iH-snit.i  d'.-s  débals  vjolens 

a  (pli  la  gloire  toute  ré- 


tieuce  l'.iv 
ci-nli-    d\i" 
graiidL>  dii: 
.   d,.s    d,-u 

is  dL'  S 

»  è-.fe   <'\< 

if 'ni 

Faluus 
Djndom;'! 

l'iinilù 
11  d.-  I' 

5i8  SCIPION    LE  JEUXR. 

surcossivcmout'à  plusieurs  artnécs  consul 
quoi(]uc  leur  territoire  et  leur  puissance  i 
trôs  hornés. Il  falloit,  pour  remédier  à  de  si  ^ 
moux^un  capilaiiie  d^iii  mérite  éprouvé 
toniin  ;  le  deslructciir  de  Carihage  parut  s< 
pable  de  terminer  la  guerre  de  Numance.  ! 
présenté  au  champ  de  Mars  pour  soUici 
charge  de  questeur  en  faveur  de  son  n 
le  peuple,  de  son  propre  mouvement,  le 
ma  lui  -  même  consul.  Ainsi ,  deux  fois 
élevé  ;tu  consulat  sans  l'avoir  demandé.  Un 
nombre  de  citoyens  s'offrit  pour  aller  servi 
ses  dr.tpeaux  ;  mais  le  sénat  déclara  qu'il  } 
assez  de  soldats  en  Espagne  t  et  qu'il  n'y  ma 
c|u'un  général  ;  c'était  pour  prévenir  en  qi 
sorte  la  déserlion  de  l  Italie,  Rome  ayant 
leuis  plusieurs  guerres  à  soutenir  à  la  fcMs.  0 
mil  seuleinenr  à  Scipion  de  tirer  cinq  mille 
n»es  des  villes  d'Italie  avic  lewpielles  il  a'^ 
des  relations,  et  de  foimer  en  outre  un  esc 
de  cinq  rnits  volontaires  à  cheval ,  qu'il  ; 
VEscadroH  des  timis. 

Si)n  premier  soin  à  son  arrivée  en  Es 
fnl  d'introil'jire  de  sévères  réformes  dans  l'a: 
({ui^au  milieu  de  tant  de  défaites,avak  presqu 
jours  été  dans  l'oisiveté  et  dans  \à  licence.  P 
ordie  les  soldats  tirent  des  marches  pénil 
rolongé(*s  avec  leur  équipement  de  guerre 
eur  provisioii  de  blé  pour  quinze  ou  vingt] 
et  ohar^'és  en  outre  de  sept  pieux.  Quand 
piaigniient  de  cette  innovation  Emilien  le 
qu'il  fallait  bien  uu'ils.Mssent  des  palissades 
prêtes  pour  fortifier  le  camp,  jusqu'à  ce 
fussent  capables  de  le  défiendrc  ;ivec  leurs 
li  leur  faisait  aussi  creuser  des  fossés ,  cods 
des. murs,  et  élever  ôvs  ouvrages  qu'il  ruini 
suite ,  ne  se  proposjyat  d'autre  biH  aue  d'e 
cir  SCS  soldais  à  là  fatigue  ot  Aislravtti:  «  Qi 


l 


SCtPIOM    LE  JEUNB.  -  Si J 

ivrcnl  de  lxiiie,(lisaii-il,  pi)iï(|u'iU critignont 
lire  couverts  dt  tang.  "  Il  astislait  lui-mâme 
t  Icn  iravauL,  et  inonlrait  une  grande  sévé- 
'  Les  généraux  liglJej,  ilisail-îl  souvent,  » 
iilent utiles  à  leurs  armées,  randis  <\ue  d'au- 
s,pAr  trop  d'indulgence,  ne  sont  uldes  qu'aux 
irjnis.  Le  camp  de  cas  deniieri ,  ajouiaîi-îl, 
pire  la  gaiclé ,  il  est  vrai  ;  mais  on  y  méprise 
ordreiJu  général  :  celui  où  L'on  sacrifît:  tout 
I  discipline  a  un  air  triste,  mais  ot^^^éit, 
le  soldat  est  toujouie  pr<U  i  lou^Vnire- 
îiidre.  »  Aussi)  dans  celte  première  campafjne, 
ut  se  passa  en  maiclies  et  en  contreniarultes 
nucllcs,  l'armée  changca-t-etle  de  iace. 
irèî  avoir  encore  aguerri  ses  troupes  par  plu- 
I  expéditions  conlre  les  peuples  voisins  Ja 
anrc,  el  qui  s'éiaieni  lig'iéii  avec  oelie  ville, 
an  vint  prendre  ses  quartiers  d'Iiïver  sur  ce- 
otre.  Ce  futUi]uc  le  fameux  JuguriKa,  |>rinco 
de,  alors  allié  des  Homains,  er  le  jeune  ))1a- 
ijui  devait  un  jour  te  vaincre  ,  firent  lou», 
liiurj  preniièrc's  ;ii  nic-i.  StipJon  lovir  donnait 
s  d«:ux  de  giajids  léniol«i>aH-'  d'esliino.  ai- 
à  favoriM-r  i-l  s  culliv,-r  l:  méiiie  nais^nt. 
s  que  L  ;ialso[i  le  piTinil  il  envoya  des  delà- 
ens  ravag':r  les  uariiftai^ncï  qui  environnaient 
ancc  ;  mais  son  dessi^in  n'éjait  pas  de  hasar- 
escomljats  conlre  les  défenseurs  de  cette  villo 
re  ,  soit  qu  il  voulûi  é]iari^ner  li'  sjng  romain , 
u'il  n'eût  d'autre  inleiiiion  que  d'amorlir  la 
ité  "lo  roulage  di-s  asiléf^és ,  <iu  de  les  dom])- 
r  h  idiaiui'.  Silu.:e  vuj-  une  haoL.^ur  escarpée, 
in<:e,  ],  ,inii.-e  par  le  DiiriusC  Uuero),  offrait 
l'enreiiili;  dt-  m-s  iniu'iiilles  'les  cliainps  de 
llIdW^  de  i.iriiiil  .  |tropri^s  .1  lu  <.i>l(uir  ;  nuis 
inl>re  de  ses  li;.lj;iins  en  ei;>t  de  po.tcr  le* 
>  ne  s'élevail  qu'à  buit  uidle.Xouleiuis,  mal- 


5S0  *         9CIP10N  LE  JEIING. 

grt  leur  petit  nombre ,  ils  prireol  la  généreuse  ri^ 
•olution'ilc  s<!  dérenilre  cnnlrc  soixante  mille  cnnb 
batUns,  coniinaiidrs  par  te  ilestructeur  de  Car- 

Lorsque  la  place  fui  investie  Scipion  psriagei 
en  deuit  corps  sa  nombreuse  année ,  conipn^i^e  dé 
Homaiiu  et  d'espagnols,  tt  commença  lut-mém 
à  serrer  la  place.  Les  Numaniins,  aUrmés  d'un  s 


formidable  appareil  ,  firent  des  ouvertures  da 
pix|^ks  Seipion  ayant  exige  qu^ih  livraiseaT 
leur  TiW,  leurs  armes  et  leurs  personnes ,  ils  r^w 


lurent  d*  préfi^rcr  une  mort  glorieuse  i  une  hoa- 
teuse  servitude.  Sorraul  alors  de  la  ville  en  bOD 
ordre,  ils  allèrent  insulter  les  Romains  dans  leun 
retranrhemens,  et  leur  présenlf-renl  I, 
mais  Scipion,  constamment  attaché  à  son  plan, 
la  refusa,  sans  ^tre  ému  par  les  provocationi  dt 
l'ennemi  ni  par  les  murmures  des  léginnniirn. 
te  fut  dans  celle  circonstance  qu'on  l'enlendi  ' 
péter  souvent  avec  éloce  cette  maxime  de  _. 
p6re,  Paul  Emile  :  «  Un  habile  général  ne  doll 
•  jamais  risquer  une  bataille  i  moins  ipi^il  n'j 
n  soil  forcé  I  ou  que  la  victoire  soit  pirs(]ue  rei 
u  taine.  —  Les  Numantins,  ajoulail  ScîpioB 
'  n'agissent  que  par  désespoir  j  aussi  leur  ruint 
»  «st-elle  inévitable  ;  les  combattre  ne  !iera>t  nuira 
"  chose  jpie  leur  rionner  le  plaisir  de  répandi 
u  sang  des  Homaius.  « 

Après  avoir  calmé  par  de  sages  discoui 
trop  grande  ardeur  de  ses  troupes ,  il  lira  des  El' 
gnes  de  circonvaliation  et  de  contrevatlalinn  au- 
tour de  la  place  ,  entoura  ses  rclrancherarns  d'un 
fossé  et  d'un  rempart  ftanquf-de  tours  d't-spareM 
«space,  et  bâtit  sur  les  deux  rives  du  fleuve  d«u( 
forls>qui  le  rendirent  maître  de  son  cAurx;  puîji 
ne  donnant  aucun  relâche  ni  aux  assiégés  ni  à  Kl 
troupes,  et  vbilant  tous  les  postes  chaque  jnnr, 


SCIPION   LE  JEUNE.  521 

il  montra  ce.  que  pcuvcnl  l'activité  et  U  vigilanct? 
tians  un  grand  rapiiainc. 

Pendant  ce  siège  méinoralile  il  vint  k  Scipion  , 
de  la  jiart  irAtl'ale  ,  roi  de  Pergamc,  des  préscna 
fgniiaérabW  CVteit  l'usage  (les  généraux  ro- 
Biains  (le  profiter  de  ces  tributs  de  la  flatterie  ;  niait 
Scipion,  loin  de  suivre  le«  inaximes  d'une  basse 

Îividilé  ,  voulut  que  les  présens  du  roi  de  l'ergame 
ai  fussent  remis  en  présence  de  tout«  l'armée, 
tt ,  les  faisan!  porter  lui'mfme  sur  les  registres 
lies  questeurs ,  il  iléclara  qu'ils  serviraicnl  pour  ré- 
compenser les  soldats  qui  se  ilisliRgucraienl  par 
leur  b'avoiire  dans  cette  |uerre. 

Si  Numanie  eût  été  secourue  ,  peul^tre  Sci- 
pion, malgré  son  habileté  et  sa  vigilance,  eOt-II 
/rhovir  dans  retle  grande  entreprise;  aussi  jugea- 
til  qu'il  importait  d'imprimer  la  terreur  à  toutes 
les  Tilles  qui  se  montraient  disposées  à  porter  du 
Kcours  aux  Nûmanlins,  ci  il  fit  en  personne  une 
Cipédili^n.  contre  Lucia,  dont  la  jeuiiesse,  tou- 
chée du  sort  de  Numance  ,  venait  de  prendre  les 
arines   pour  voler  ;'i   la    défense  de  celle  ville  ;    il 

sive  ,  et  ne  pardonna  (ju'aiix  vieillards,  qui  s'é- 
tai<'ii1  opposes  à  ce  mouvement. 

Ainsi  iNumauie ,  abandonnén  à  ses  propres 
forres  et  serrée  .le  louli'S  parts,  fut  bienliîl  n- 
linite  au  desespoir  et  à  la  famine.  Cinq  députés 
s'éianl  présentes  à  Sripion  pour  obtenir  de  sa 
générosité   une  rap.tulation   honorable  ,    le  pro- 

).  aunine  proposition  que  lorsque  vous  m'aurez. 
>•  livré  \ii\\y  \ille  ,  vos  armes  Cl  vos  personnes,  >■ 
Alevir  rentrer  dans  la  ville  les  députés  furent 
niassacii'i  |iar  les  assiégés,  qui,  la  raae  dans  !e 
coeur,  se  prci  ipilérent  e»  furieux  sur  les  retrjii - 
clietnens  dis  lluRiains  ;  ils  se  sciaient  ouvert  un 


6aa         5CiPIO!t  i,E  jsrut. 

jMmK*  ^  te  ri-nconwl  iiV |ai>  )>a>  ;ici'Oiiru  à  l« 
aie  oe  vingt  inilU:  hommut  ilr  r^t^rvc.  Ils  parlc- 
renl  enfia  (i«  *t  >«niirei  mais  cfltc  résolulion  oc 
fut  ni  g^DiSr^ilc  ni  nincète.  L>  fluf^art  priifcrt-iwiit 
la  nort  i  la  perle  ili;  l:i  librrié  i  au  li<^u  de  mcllni 
bu  ]e«  arnirt ,  ili  miri-<ii  U  ftiu  à  Utir»  inaiaoïu, 
«I  ■'«iilreHii^reiii  ou  [H.'rir«nl  duoi  loii  daiTitRfii  4e 
tottt  qu'il  n'en  mil  |taf  un  ai-iil  |>uui'  servir  il'nr- 
nemenl  au  lrtoinpli«  do  Scitiio»  i  m^is,  srlon 
Amien ,  un  aucs  grand  nomBin  s«  rendît  1  dif 
crétion ,  el  le  vaiiuiueur ,  aprii  un  avoir  réservi 
dnquanle  pnur  xnn  Iriuraplie  .  vt^ndil  tnu*  1m  au- 
tres, renverra  Niinianc<  lic  fond  rn  cnmble,  H 
disiribat  aux  peuplci  vùiftins  If*  Icnes  de  crtic 
ville  infonutiée,  qui  avait  détail  ai  «ouvctii  dca 
années  coii»idiitc«. 

Quoique  iso\èa  .  abaTiJi  nnée  ,  clic  avait  ar* 
rèié  lon^-  temps  ira  pruffèi  de  U  puiaaance  ro- 
maine. 5a  conquête  <:1  «u  Julrurlton  hllÈrcnt  la 
•ouifiission  lie  \aulM  les  parlirt.Jii  l'i'^paffiic ,  et 
dèi  lors  Ia  penioiule  euliéro  fijrul  supptirivr  a<m 
plus  de  résignation  et  de  patient: c  le  gouvetne* 
mentde/Buto.i'i>s. 

On  peut  dur  mfmc  que  Scipion  acmbk  avoir 
été  appelé  à  d.'ituire  les  deux  villes  qui  l'étaient 
nonirées  les  ennemiei  ks  plu^  d^tHnereusea  de 
IVnine,  et  qu'il  eut  aiiiat  b  {(luire  non  fieulcmeitl. 
d'éli-imire  l's  t^uerre.i  pri^vRlo ,  mais  encora  de- 
prévenir  crllcs  qui  pnuvaieni  nailre.. 

Scipion  ,  de  leKiur  à  Home,  obtint  pour  U  tê^ 
eonde  fois  les  Initineun  du  trtomiilio  ,  l'an  198 
avant  J.-C. ,  el  reçut  le  turnotn  de  A'umMAj/fl  « 

Îue  le  peuple  -ijoKia  d^>  lors  i  relui  de  sccudiI 
ifrinain,quc  Siqitin  portait  dopula  la  destmtUcn 
de  Carlhaec. 

La    prta>'    tir    Niim.ince  ,    qui   icrminait  111 
guerre  si  huntvusc  jiour  le  nom  roikùn,  mit 


«ombie   s  niili 

Emile. 

Mais  nulle  gloire ,  nuls  sfr  rei  si 

ne  mcilatoiii  un  cUoyert  foma     a  i 
Biatioijs  el  des  accusalio      des  in  i. 

TU  un  exemple  frappanl  c        la       si 
mier  ScipLon  l'Africain;  le  i         i  t  la 

tnèmu  épreiiYC. 

Pendant  sa  ceniure  il  avait  rn:uiireslé  lljnten- 
tion  de  iléf;r3(ler  du  rang  (le  chevalier  romain  un 
certain  Claudius  A^elius  i  (]ue  ru]ipogilion  seule 
du  second  censeur  garanlit  .le  h  IletriSsure qu'il 
avait  mrrtée.  Ce  Claudins  loiiserva  un  vif  res- 
Kntiincnl  cotilre  Scipion  ,  e{  ,  t'élant  frayé 
la  rouie  du  irihunat,  il  lui  intenta  une  accu- 
sation devant  le  peuple.  Sons  ijuel  prétexte  ? 
C'est  ce  que  les'monumens  tjui  nous  restenlaU 
nous  npprenneni  point;  mais  on  siit  que  Scipion 
•nti'inl  dans  celle  circonstance  son  caractère  de  ~ 
nagnanimit^.  11  ne  prit  point  le  deuil,  il  ne  parut 
pninl  en  suppliant,  et  même  il  le  joua  de  sort 
adversaiic  avec  cet  air  de  snpérioril^  qui  sied  à  ua 
grand  Iiomn.e.  L'affaire  n'eut  point  de  suite. 

Mais  Scipiiin  perdit  de  sa  populariié  ,  de  tnême 
que  le  premier  Africain  ,  lorsqu'il  se  vit  forcé, 
pour  ainsi  ■lire,   de  se   déclarer   en   faveur  du  U 


noblesse    rntilre    It 

■    \,.,tl 

i  |iopulaire  :  c'était  à  l'é- 

5"2!'rh,s!"K'r!''n 

:  monveiticns  excités  pjr 

er  dc.i 

tjraeques,  n'avaient  pu 

être  anvLe.sqvi.-p.ir 

lence  et  parle  meurire  de 

ce    célrl.re  Iril.nn 

et   d.r 

ses  jdus  zélés  partisans. 

Scipion   avali    epon 

se   Se 

mpinnia  ,    la    sœur    de» 

Gr.H-que.;  mais,,, 

:,.,lf;re 

ceii.-  doiii.leallijme,h 

differ.-iire    .-t    i'em 

>,l..lio, 

:i   (les  inilis  ,   celte   vive 

aniniosite  (ji^i    divi. 

sait    d 

,p.;i.   I..ng  i'-mps  les  pa- 

hicieus   et    les  pleli 

an  Mijet  du    paitage   (Je.s 

1ern-s,   av.iii    luiijoi 

iipi'ilie  qu  il  y  eiil  enlre 

CCS  deux  maisons  u 

ueui. 

ion  sijiccie.  Les  Sçipious 

T)2i  SCIPION    LE   JEUNE. 

s%''laiciit  (lérlarc^s  ,  dans  plus  d\ine  contes 
pollt*u|tie ,  ennemis  de  la  famille  Semproni 
Uracques  se  plaignaient  môme  que  Scipion 
lien  ne  vécût  pas  en  bonne  intelligence 
Sf*rnproni;i ,  sa  lemme,  sous  prétexte  de  s. 
rilité  ,  et  Ton  soupçonnait  généralement  to 
Sripions  ,  qui  s'étaient  déclarés  contre  le; 
ap;raircs  de  Tiberius,  d'avoir  contribue  à  la 
dt'  ceNribun.  • 

L(!  pruple  n^altendaitqu*une  occasion  del 
ger,  et  était  alors  excité  par  Carbon  ,  l'un  d« 
éioqut'ns  orateurs  de  son  temps,  qui ,.  apr^s 
fray('!  la  route  du  tribu nat ,  ne  cessait  de  dé| 
le  meurtre  de  ïiberius ,  et  de  proposer  de 
contraires  à  Tintérét  de^  grands.  L'un  de  ce 
jets  do  loi  tendait  i  autoriser  le  peuple  à  pro 
^^  tribuns  aussi  long-temps  qu'il  le  jugerai: 
vonablc  :  Scipion  s'opposa  fortement  à  V 
tien  <Ie  cette  loi  populaire ,  et  eut  m^.me  à  < 
jet  dos  altercations  très-vives  avec  Carbon, 
ce  tribun  revenait  toujours  sur  le  meurtre  c 
berius  ,  cf,  dans  une  discussion  véliémen 
dcmarula  insidieusement  â  Scipion  ce  qu'il  p 
de  cette  mort;  il  espérait  en  retirer  une  ré 
favorable  à  ses  vues  ,  Scipion  étant  beau-frè 
Grar(|uos,  ou  peut-ôtre,  soupçonnant  ce  qu 

)ondrait ,  ne  cherchait-il  qu'à  le  rendre  od 

a  multitude. 

Q  uoi  qu'il  en  soit,  Scipion  était  au-dessus  di 
et  lautre  de  ces  considérations;  ils'était  m^m 
déclaré  ouvertement  au  sujet  de  ces  trouble! 
qu'il  était  encore  devant  Numance.  Là,  a 
riant  la  nouvelle  de  la  mort  de  Tiberius,  il 
prononcé  à  haute  voix  un  vers  d'Homère 
le  sens  est  :  <«  Périsse  comme  lui  quiconqui 
tera  ses  actions!  >»  Le  vainqueur  de  Numar 
démentit  point  en  présence  du  peuple  de  ! 
son  premier  jugement,  et  rëponait  à  Tinter 


l 


p. 


SGIPION   LE  JEUKE.  025 

^  fSoii  de  Carbon  que  si  Tiberius  avait  semë  en  ef- 
rjf^t  la  di    orJe  dans  la  république ,  il  le  croyait 
1»  justement  puni.  A  celte  réponse  ferme,  le  tribun^ 
1^  excita  le  peuple  à  insulter  le  personnage  le  plus 
I   respectable  qu'ily  eût  dans  Rome,  et  Scipion,  ce' 
"    qui  n^était  jamais  arrivé,  fut  interrompu  par  des 
murmures  el  par  des  vociférations  ;  mais,  prenant  cet 
êÎT  d'autorité  que  donne  la  supériorité  du  mérite, 
il  imposa  silence  à  cette  vile  populace  :  «  Taises 
»,  vous,  lui  dit-il  (fun  ton   de  maître^,  vous  dont 
Mt  ritalie  est  la  marâtre  et  non  la  mère.  »  Ce  ton 
impérieux  ayant  excité  de  nouveaux  cris  parmi  la 
multitude,  Scipion,  loin  de  céder,  s'écria  avec 
plus  de  fierté  encore  :  «*  Misérables!  que  seriez- 
»  vous  sans  mon  père  Paul- Ennle  et  sans  moi!. 
»  Vous  seriez  les  esclaves  de  vos  ennemis.  Je  vous 
'  »  ai  ramenés  chargés  de  chaînes ,  et  maintenant  ,- 
»  que  vous  n'en  portez  plus ,  vous  prétendez  m'in-> 
»  timider!  N'espérez  pas  y  réussir.  »   Ces  mots, 
prononcés   avec   l'assurance  que   donne  *  l'habi- 
tude du  commandement  ,  léduisirent  la  multitude 
*"    au  sllciK  e  ;  mais  de  ce  moincni  la  fiiveur  de  Sci- 
pion au|)!ès  (lu  peuple  (ilniiiiua,  el  ne  fil  plus  que 
(1(M  linei  jus(ju'à  sa  mort. 

Aj)i  es  ( elle  in(lit;ne  scène  le  vainqnenrderAfrique 
el  (Je  ri!.vp,ii>rie  se  relira  avecson  ami  Lelius  dans  sa 
ina-son  de  (  ainpai^ne  de  (/ayelle.  Là,  é(  liappé  au 
tutrnilie  des  camps  el  aux  inIrigiiQS  du  Forum,  il 
respirait  eu  liheru'*,  consoic'î  [)ar  un  ami  fidèle  qui 
devait  à  sa  prohilé  el  à  sa  prudence  1(î  surnom  de 
S.ige.  (^elail  une  chose  admirable  sans  doute 
fpje  de  \()ic  ces  deux  amis  ,  dépouillant  l'appareil 
des  p;rarHJeurs  et  des  charges  piiblupies  ,  se  réiufçier 
])Oui  ainsi  dire  au  sein  d'une  ni.iison  de  can>pagne 
modeste,  et  y  montrer  conslannueut  une  candeur, 
mu*  simjdicilé  de  mceurs  dignes  des  premiers  si  (M  les 
de  Uoine.  Là,  sous  les  auspices  de  1  amitié  ,  ils 
goûtaient    les    mêmes    plaisirs   iunocenjs  -qui   les 


SaS  SCtPIOH   LE  JEUNE, 

aviîent  divcnis  {wndaot  leur  «nfance  ;  eouvrnl  oA 
In  voyait  il-  prommer  sur  te  bord  de  la  nier,  et 
raminer  i  IVnvî  ili't  toquiliages  ou  d«  ppiittf 
pieiTM  claies  nnur  les  faire  glisser  sur  b  «urface 
de  l'esu.  l^i^Lt  les  doureuts  de  la  c*(npagtie  rt  da 
la  vie  priver  ne  pouvaient  ^tre  rju'unc  cornpeniis- 
liot)  épWtnère  pnur  un  perBoniiage  lel  fjiie  Sci- 
piun  ,  révolu  si  souvent  des  digniléi  les  plu»  hii- 
norablea  de  la  républi']ue,  et  pour  qui  l'amour 
du  bien  public  éiaii  une  verin  «  une  naision  ;  et- 
lait  tnujeârs  i  regret  i)u'il  altandonnait  sa  snliiuile 
champ^rt  pour  [entrera  Rome,  où  les  afFaiTesde 
VétU  rédaxiaienl  si  souvent  sa  présence. 

A  teOe  6po|iie  les  lois  aerairrs  de  Tibenui 
6r«cchiia  étaieitl  la  cause  et  te  prélcilc  de  iiou- 
teaux  décliiretneiis ,  et  n'nyani  poiiil  cic  abrngért, 
Caïui<îracchua croyait  son  honneur  engagea  fàin 
exécuter  dc«  lois  diml  In  promulg^ition  avail  roùlt 
la  vie  i  son  l'rère.  Il  s'élait  as.iocié  Fulvim  FUrcii) 
et  le  tribun  Carbon  ,  et  les  avait  fait  nommer  avec 
lui  triumvirs  pour  le  parlagc  des  terres.  Il  «'.lais- 
sait de  déi'o^scilct  Ions  les  ddlenieiirn  des  terres 
ail  de li  de  cinq  cents  aipens,mii  par  li  se  ir>>u- 
vaienl  d^ns  le  i^as  piévu  par  la  lui  Licinia  ;  mais  li 
n'y  avait  presque  p.is  de  grands  dans  Home,  et 
même  dans  te  reste  de  rilalic,  ^i  n'en  [Osiéilaf 
sent  une  plus  grande  quantité.  Les  triiimvirii,  char 
gés  de  veiller  à  l'exitculinn  de  la  loi ,  rherduiesl 
par  des  declamalîoiis  coriliniiellcs  i  «ighr  le 
peuple  contre  les  riches  i  d'un  aidre  cûte  les  s^ 
liés  de  la  république  se  pl.iignaient  de  l'injustiet 
des  triumvirs,  qui,  dans  la  di&tn billion  des  «■rret^ 
■e  montraient  plus  favorables  suxhahitatisdcHoint 

au'àceuK  des  provîntes  dont  ils  n'avarent  paabesoi< 
ecaptiv«r  les  sufliagcs.  Sriplon,  choqué  de  tiitf 
de  partialité,  prit  res  derniers  sous  sa  pruli-rliaill 
Conslernri:i  eL  réduits  au  désespoir  parV-s  recher* 
cbes  des  triumvirs,  les  citoyens  des  pruvÎMces 


s  :(1        I.F.   JEUMK.  5ï7 

>  aUw»  vci  loLile  i  llonip  pour  iinpIonT 

ippiii  do  i  conimu  éiant  le  ficrsoiinagc  le 

ua  CD  crédit  dans  l'état  et  le  plus  zélé  pour  It 
en  iiublic,  drconutsiici;!  si  liîtrii  iii4li()uée  dana 
I  fi-Rgiiiciii  Ou  prince  des  oraieurxi  iiiii  nous  a 
i  conservé  sou^  le  n»m  de  songe  de  Sc'pioa,  le 
:éini«r  Arricaici  eu  fenuiinc  est  tciixt!  aj^pa- 
iire  i  sua  pclit-fils  auoplif,  pour  lui  udresierle 
«couif  sitiv;jiit  :  "  A  voI<t  ri'ioiir  île  Nuioanct 
Vous  IrouYcrei  la  nipubli<j»r  dam  \'i\  trotiblt 
JtOi'ruii, causé  par  mon  pelil-filsTiburimi  Grac- 
chuj.  C'cil  U  surluul ,  mun  i  lirr  Alriiaiiif  qu'il 
faudra  faire  usa^e  de  vas  Uinil^rcs,  de  voirs 
courage  fl  de  votre  proijeiire  ,  pour  giiratitir 
votre  p^ilrie  des  plus  grands  maux.  Hume  II '«t- 
iL'odra  \]i\  sncMur»  (|uc  de  votre  peraonan.  Lt 
,scaat ,  tous  les  {(fus  de  bien ,  Ivt  Latins  et  Ua 
•lli^s  auront  les  yeux  fixés  sur  vous;  on  voui 
regaiiiera  numme  l'uriiiiue  appui  de  vus  conci- 
loyens.  £n  un  niol.^ii  vous  pouviez  VAus  dérober 
aux  mains  iinpirs  du  vos  prnclies,  il  faut  que , 
rrv.Mu  >!,-  U  sn,.v.-r.il„.-  ;.:H».il,- de  dl.l.iU-ur, 
vous  r.;i;.blis.i.-£  le  bon  ov.lrc  Jans  U  répu- 
l>l;,pu..  .■ 

Tel  eluit   eu   rffN    1.-  dessnu    .lu   sénat  ,    telle» 
»!«'« 


it  son 

,r,M; 

l.ll.,-, 

sa  p.isir.ilu)Ld  s.'  ri>niuiellre 

:.  le  p 

l'irplc 

',  iiiitui 

i<|uiT  •iii  ecti'nu'ul  li's  lois  des 

iirtjuci 

■<nl  [)' 

'.'"'.' 

1  .'hi.I.'i 

lières;   il   prll  un   lnur  iilus 
aun.oln.slvxeroliou.  lj..n. 

,,'7, 

mi.l.-i 

;.c'; 

■  1  ■  il  ii'piéifnta   avec  heau- 
ituu^irs   iliargé-s   du  pai  l;,t;e 

Urif 

.il  d.'s  r 
ed.i.srn 

'■!'■  noiuuies    ,|ue    puur  exa- 
iloy.-usipu,  aiipiepidueJcs 
1  i.iusde  .iu.ii.'ulsaii.eus. 

528  SCIFIOS  Lb  jkvnk. 

nitn  li  iiniinrtinl  il  hUail  cnniiatlrc:  lei  limitM 
fixn  et  coniMnlM  lit.  v\i>n»c  Vif'-ritagi?  ;  mai*  igue 
)ks  proprii^tairrs  ayanl  dinêrcntas  {iri'irntionii  an 
suiel  de  CI-)  tîmiieii ,  la  eonnainsniti-p  et  le  jncKTnfni 
de  toulrt  Ira  affaire*  qui  en  iltirivaienl  Jeman- 
ditenl  d'auircs  juges,  0(i  du  moius  uiii>.  comtnii- 
■ion  plus  étcn<Iiif>. 

La  propo.Hi'ion  ayini  pas*^  à  la  pluralilé  •Ip< 
nifrrasea.Jicipinn  rut  le  cn^dil(l'eni*vprrplie  fttr- 
tie  de  u  commission  dfîs  mainx  dci  iriiimvirn ,  ei  i 
U  fit  dércroer  i  Tmlitanut,  alnrg  rnnnil,qiii,«i}a(. 
une  apjpnrenre  (riinpaitialit^,  rnchnit  un  d^vout» 
ment  entier  aux  orJrcs  du  signal  et  aux  inltrfti 
dei  granils.  Ccmagitlrat,  pour  i^bluuir  le  peuplf. 
vaqua  d'^liord  iwc  br^iiroup  d'applicaltni)  i  l'eu- 
men  des  orélciitions  de  chaque  parlicutier  ;  Tniii 
arant  qunii^  Home  bniaquement,  lom  prétexu 
uallereri  lllyrii',  »nn  département,  pour  y  *T 
paiser  qni-lmtes  irnitlilcx,  aonabnencesuspendilU 
lonciiort  ^ir* triumvirs,  nui  un  giardonn^rml  point 
à  Scipion  d'avoir  f»\\  échouer  leur  dessein  ri  f^ 
ralyserleiir  autui'il<^. 

Le  pf'uple.  fjui  vit  »M  psp^iante*  trompai 
s'emporta  vivemeiif  rriilrc  Srlpioii ,  cl  Ii  ' 
cha  dans  les  assemtiii^cs  de  ï'ni'pi 
ment  dps  luis  afçr.iires,  et  de  Iraïur, , 
pour  Icfl  gr. -iikIk, l'uni viTSalitë  des riloyr«*,ausiitell 
il  devait  limle  «i  gloire,  ^j.rAs  en  avoir  reçu  de»! 
consuUK  miiM'rulifs,  malgré  Mules  les  ialfli  d 
m^me  m^ilgré  le  sen.il  et  les  grands. 

Les  tKii»  eommissaires  qui  avaient  exrïté  et 
marnes  b  mïlveillunee  du  peuple  i^psndirent 
bruit  qu'on  ne  pri'riarail  à  abroger  la  loi  par  la  vr 
des  ariDrs.  C.-ù'us  Gracrhu»  alla  jusqu'à  dire  àl 
l'assemblée  du  pauple ,  en  parlant  de  son  1> 
frère  $('i;>ion,    i/u'il  fallait  u  défaire  du  t) 

■  Les  tuiiemiï  de  la  pairie,  répondit  ce  gi 

■  bomini! ,  out  raison  de  souhaiter  nu  mort, 


iposer  i  IVtitbIiw 
:,  pour  Ir  sénatd 


SrilMOK    LE  3-ZVfiT..  Biçi 

■U  savent  Lien  que  Rome  t 

iquc  Scipion  vivra  ,  iiî  Sc.i 

vKuait  à  périr.  ■•• 

Il  élait  visible  que  les  Iriumvirs  cl  le  peuple  re- 
outaient  de  voir  délcrer  la  dirtalure  A  Scipinn,  et 
!  montraient  n'solus  de  s'y  oppoier  même  jUr 
ea  moyens  violens.  D»ns  une  autre  assemblée  Jn 
euple,  l'Iarcus,  hummo  violent <;t  cmporlé,  U 
lus  imolent  dei  Iriumvirs,  se  répandit  en  invec- 
ives  cvnire  Sripîon  ,  «ans  garder  aucune  mesure, 
•ant  mËme  lui  (aire  des  menaces  et  l'accmanl  de 
Tt£uerladiclalure,  daiisrintiintioii  dene  ta  point 
baitjuerel  desefairemi  sous  un  aulre  nom.  C'était 
ouer  Si:ipiun  è  li  haine  du  peuple  et  provaquer 
onire lui  le meurl re  «l  l'assassinai.  Scipion .  voyant 
lu'ttu  tramait  contre  sa  \ie,  ne  put  B'einpt'rlier  de 

Ha  plaindre  et  de  dire  qu'il  était  bien  jnal  ré- 
ompens^  de  ses  services  par  des  citoyens  îngraU 

.Mais  le  Eèle  dps  grands  craissiit  ponr  lui  duw 
B  même  proportion  que  la  haine  du  peuple,  et 
'on  peut  dire  riur  fi'  jniir  lui  le  plu.s  Li'au  de  «a 
'ie.  Au  sorlir  de  l'asspmliléi'  le  sénal  eu  corps, 
fs  allies  du  [leuplc  i  niuain  ,  les  Latins  et  un  f^raaÀ 


ombre  de  ri 

toyeus  de  Rome  le  reeojiduisirent  en 

ouiejuMpie 

die/lui,  el  comim-   eu  Iriou-phe.  t. 

le  *•■  doiJlaif 

'Ml  pns  (ju'ils  lut  rendaieni  pai  avance 

,'S  hoiinnirs 

runèbres  ;  le  lendemain  il  fut  trouvé 

Tif>itd.in,-is< 

)u   lit ,  avec  les  traces  d'un  trépas  qui 

l'était  iiolni 

naturel. 

Les  p-eu.i 

ipis  soupçons  tombèrent  sur  Flaccus; 

Tui   la   veille 

l'ai.iil  (ueiiacé    du    ressentiment  du 

peuple;    ma 

'\:i  irpuue.s   suuti-iiaienl  avec  plus   de 

vr^iseu.l.bu 

i-c  (]ij'iiii  rr)i;psi  liardi  ne  |ioiiv;iil  ve- 

Hir  que  il'ui 

!!■  iiiaiu  plus  |>rorlie,  el  en  cffel    el  at- 

teiilal   lut   u 

uivcisellrmeiit  refçardé   romine  1  ou- 

ciginages  de  rhÎ3(oire  on  trouve  qu: 


5r»0  SCI  PION    LE   JKTJNK. 

ScMiipronia,  fomme  de  Scipion,  cxrilée  par  la  fé- 
lôhvi*  Cornélie,  sa  mëre,  et  par  son  frèic  Caïus, 
(Irviiit  elle-même  rinstnimcnt  d^un  crime  qu'on 
lui  avait  représenté  comme  devant  la  débarrasser 
d'nn  ennemi  de  sa^maison  ei  d^un  mari  qui  ia 
méprisait,  et  que  ce  fut  elle  qui  empoisonna  Sci- 
pion,  on  du  moins  qui  inirodnisit  la  nuit  dans 
ka  cliamhre  les  meurtriers  qui  lui  arrachèrent  li 
vie.  I^at<Mcnlus  dit  positivement  que  son  cou  ]ia- 
r.'ii.ssait  empreiiit  des  marques  de  b  violence  qu'on 
lui  avait  faite.  La  précaution  inusitée  de  porlrr 
la  tT'ie  voilée  au  tombeau  parut  une  preuve  que 
i\)Ti  daignait  les  regards  des  curieux. 

i\lais  lirs  auteurs  du  meurtre  semèrent  le  bruit 
r)iu>  Sripion,  désespérant  d'obtenir  ce  quM  avait 
promis  aux  alliés,  s'était  donne  lui-m^me  la  mort. 

Dans  la  crainte  que  Caïus  Grarrinis  ne  fût  trouvé 
complice  d\tn  attentat  si  lâche  et  si  infâme,  le 
piMiple  ne  souffrit  pas  qu'on  fît  aucune  information 
fcin  la  mort  dv.  ce  grand  homme,  circonstance  qui 
no  fit  ({d'augmenter  les  soupçons  et  exciter  les 
pl. tintes  des  gens  de  bien.  On  ne  lui  fit  pas  non 
plus  dv  funérailles  publiques,  cVsL-à-dircaux  frais 
du  gouveinenient;  mais  les  regrets  vifs  et  sincères 
des  ciloyeiis  les  plus  distingués  à^^nii  tous  les  or- 
<li(>s  do  létat,  qiii  accompagnèrent  son  convoi, 
lui  on  tinrent  lieu,  et  firent  ressortir  encore  piui 
riiigratitude  du  peuple. 

Ainsi  mourut,  à  l'âge  de  cinquante-six  ans ,  ce 
liéros ,  dont  les  Idlens  et  les  exploits  égalèrent 
icltonioiit  ceux  du  premier  Afticain ,  que  Home 
inônH'  im  sui  à  qui  donner  la  préférence.  Ils  furent 
é<^..l('iriont  illnsiies  en  courage  et  en  honneurs, et 
giôiids  on  hubileté  et  en  sagesse.  A  la  honte  éter- 
iitllo  (lo  lour  patrie^  l'un  finit  ses  jours  dans  une 
(•.s[)ô(o  d*oxil,et  l'autre  rérit  de  mort  violente  aui 
mi  Mou  morne  de  ses  concitoyens. 
Quand  MetellusMacedouicufySou  rival  en  gloire^  | 


SCIPION    LE   JEUNE.  55l 

aftprit  sa  mori ,  il  en  lémoigns  une  vive  doiilciir , 
et,  se  Pouni^ni  veis  ses  deux  fils  ,  "  Allez,  l'Mir 
>  dit-il  I  allez  assister  aux  ftinérailles.  du  {iliis 
s  grand  homme  cjiie  l.i  république  ait  jamais  pro* 

•  (luir  :  vous  ne  verrez  j^Tnais  son  égal.  » 

Ce  fiit  Qiiintus  FaMus  Maximus,  son  neveu, 
t|uifiistin  iiraisou  funèbre.  Cicérnn  en  n  conservé 
tt  trait  remarifiiable  :  »  Remercions  les  dieux  , 
A  dit  Toraleui',  Je  ce  qu'il  a  fiit  nattrc  Scipion 
»  dans  Kome,  car  c'ciail  de  nécessité  înbillible 
■  que  IV'oipire  du  monde  suitit  la  destinée  de  r.e 

•  f>ran<t  humine,  et  appartînt  i  la  ville  dont  il 
«  aurai)  éié  iHloyen.  «    , 

Scipion  Emili^n  possédait  les  richesses  néces* 
^saire  .lux  patriciens  d'une  puissante  république; 
tinais  il  éiait  éloigné  dn  ri;  goili  de  dépense  et  de 
j^Stc  qui , accompagne  ordinairement  l'opulence. 
DOn  a  remarqué  que  jamais  il  n'acheta  rien  ,  que 
Ifamais  ii  ne  bâiit  aucune  maison  ni  aucun  édifice, 
i  ^  si'molri  on  ne  trouva  chec  lui  que  ciniiuante 
'Marcs  d'aigenlerie  et  quelques  ouvrages  d  or  du 

S  nids  de  qiialre  m.nr.s  ,  siinplicilé  bi.T.  honrirable 
,  ans  1111  génér.it  qui  aurdil  pu  s'enrichir  des  dé- 
Lpoiiilli's  de  Carlbage. 

i,  Discours,  âclion.' ,  senlimens,  on  ne  vil  rien  en 
'Juî  que  de  louable  pendant  le  cours  de  loule  sa 
'^w.  A  ta  fois  soldat  ei  capitaine,  i]  se  distingua  éga- 
^niint  d.iiis  bs  emplois  subalternes  et  dans  l; 
,  tointnaiiilemenl  en  rhel.  Au  cour;ige  intrépide, 
.ii  la  gramicur  des  \ue^,  il  jnignail  une  fcrmetii 
rare  pnur  b-  mainlien  île  la  discipline,  qualité 
t|iii  ciiniriiiii.i  enciire  plus  A  .is  victuiies  que  la 
■  force  nn'nic  des  armes.  11  sut  combattre  et  vaincre 
Uns  lircr  l'épéi^. 

Pénétré  de  l'amour  de  la  patrie,  toujours  atta- 
rhé  an  bien  public,  il  fit  preuve  de  lumières  su- 
périeures, de  (oostaiice  ,  de  grandeur  d'âme,  de 
ttjépns  pour  les  plus  grands  dangers,  et  enfin,  prflt 
45* 


532  SCÎPION    LE   JEUNE. 

à  rér.iblir  l'ordre  dans  la  république  en  dé 
fartiriix  .  il  trouva  dans  Home  même  la  m 
ravjii  épargné  dans  les  hasards  de  la  guen 

Dans  sa  conduite  privée  îl  fut  libéral ,  l 
faut ,  bon  fils,  bon  parent,  bon  ami ,  doi 
faiblesse,  ferme  sans  austérité.  Il  cultiva  l< 
de  la  nature  par  Tétude  des  belles  connais! 
et  il  aima  les  lettres  avec  passion.  Il  avai 
Xénophon  une  prédilection  particulière; 
son  auteur  favori ,  parce  qu'il  y  trouvait ,  ta 
la  morale  que  pour  la  guerrç,  inslructi 
4ide  et  délassement  agréable.  A  Tavantagi 
piéciablc  qu'il  retira  de  l'étude  des  belles 
il  .-jjouta  celui  que  donne  le  don  et  le  taler 
parole  ,  si  nécessaire  dans  une  république 
affaires  de  l'univers  se  décidaient  par  les  di 
lions  du  sénat  et  du  peuple.  Cicéron,  si  bi 
en  fait  dVloquence,  caractérise  celle  de 
Emilie n  par  des  traits  tout  à  fait  convenak 
aussi  grand  homme,  la  majesté ,  rautoi 
force  des  pensées ,  la  noblesse  et  l'élëvat 
seniimens  ;  on  y  sentait ,  dit-il,  un  chef  qi 
liait  le  ton  au  peuple  au  lieu  de  le  recevoir 

Scipion  rassemblait  donc  en  lui  seul  toi 
qiiilités ,  toutes  les  vertus  qui  constituent  h 
capitaine,  l'homme  d'état  et  l'homme  d< 
mais,  ce  qui  est  peut-être  unique,  c'est  que 
une  si  belle  vie,  l'histoire  ne  remarque 
tache  ;  elle  loue  Scipion  Ëmilien  sans  auci 
ception.  Ce  grand  hoinme. n'eut  point  d'( 
il  laissa  son  héritage  k  son  neveu  Quintus 
•Alaiimtts. 


CATO:^    D'iiTimiE. 


CATON  D'UTIQUE. 


La  f;imîUc  des  Calon  dcv^iïl  son  ïlliislralïon  et  $t 
;loire  à  Catoti  surnommé  fe  Censeur,  qui  (iil  lu 
'isaïeul  de  Caton  cI'Ulif|iie,  si  célèbre  par  ses 
ertus  rigides,  et  doni  nniis  allons  écrire  la  via 
•wtfc  Idute  rimparlialil^  que  rédame  ce  morceau 
le  bi<igrapbie  el  d'hisloiie.  • 

Caioii  naqiiil  l'an  do  Rome  C6n,  et  resia  de 
lODtie  boni  e  orpbelin  de  pèfe  et  de  mère  avec  »i>ii 
lère  Cepi(-n  cl  sï  soeur  Ptiriia.  On  les  dieva  tlans 
a  m^son  de  Livius  ^rusus,  leur  dnrle  iiiaternrl. 
>éi  gf^R  enBince  CaloB  nronlra  danà  \ei  traits  de 
un  visage,  dans  le  non  de  sa  vulv  et  jusque  dans 
es  yeux,  un  niaclèie  feime,  une  âme  roDstaiiie 
l_  i-jPevibli..   Iriliailabl.'  iTivrrs  cci.v  ^iiti  le  tbi- 


aient,   il  se  nionli 

ait   eiiroie    plus    sévère  pour 

es  pers<.nr.es    (|ui 

clicnliaii'iit  a   l'iniimider,  oit 

le  domplrr  par  1 

,1  Ibrce.  llaroment  la  p;aieté  du 
ir  sa  figure;  il  ne  s'aliandon- 

ourire  paraissait    si 

lail  pas  .l  II  cuière. 

1  mais,  une  fois  irrité,  on  ne 

taivonail  â  Tappaisi 

îr  que  diflieileinent.  Du  reste. 

1  obélss.i,  à  .ou  ,, 

iiuvcineur  S.irpedon,  homme 

âge  el  iiisiniil,    du 

u1  los  soins  se  porlèrcni  sur- 

;j  rDlJC'nlioii  ifiilc 

1  1    n'apprenait   qn'.ivec   l.eau- 

:-iù^::z. 

;ouq.ris,   car  sa  uj.-inoire  était 

.Ire  ,  el  s.i  \c»\cxn- 

ne   vrnali  q.ie  de  la  diflieulté 

iJ'il  avnil   de  rniire 

ses  maîtres  ,  ù  qui   il   deinau- 

lail  raison  Je  luul. 

î 


534  CATON    d'uTIQTTE. 

Plularque  nous  a  transcrit  deux  traits  d'autant 
lus  caractéristiques  sur  la  constance  intrépide  de 
nton  ,  qu'ils  se  rapportent   à  son   enfance  ,  ou 
du  moins   à  sa   première    jeunesse.    Un   député 
iles   alliés   do  Rome  ,  nommé  Pompcdius ,  vint 
dans  cotte  capitale  solliciter  pour  ses  concitoyens 
le  droit  de  bourgeoisie.  Lié  avec  Ponde  deCaton  , 
rhcz  leouel  il  recevait  la  plus  bienveillante  hospi- 
talité, il  demanda  un  jour  à  cet  enfant  sérieux  et 
[tensoiir  s'il  intercéderait  pour  les  alliés  auprès  de 
^011  oncle.  Caton  ,  sans  rien  répondre,  ni  con- 
naîiic  qu'il  rejetait  sa  demande;  alors  Pompediusy 
relevant  dans  ses  bras  et  le  tenant  suspendu  hors 
(le  la  fciiètre,  le  menaça ,  s'il  se  refusait  de  rien  pro- 
uve tire,   de  le  bisser  tomber  dans  la  rue  ;  mais 
C.'tton  ne  donna  aucun  signe  d'étonnement  ni  de 
crainte.  «  Quel  bonheur  pour  l'Italie  ,  dit  Pom- 
»  {xslius  en  le  remettant  h  terre  ,  d^avoir  «n  tel 
j)  enrani  !  S  il  était  en  âge  d^entrer  au  sénat,  je  ne 
»  crois  pas  que  nous  eussions  un  seul  suffrage.  » 
Le  père  de  Caton  avait  été  Tami  particulier  de 
Sylla ,  et  ce  dictateur,  inattre  de  Rome,  faisait  sou- 
vent venir  chez  lui  le  jeune  Caton,  ainsi  que  son 
(tèro.  Un  jour  Caton, qui avaitalûrs  Quatorze  ans, 
ténioi^^na  son  horreur  des  cruautés  ae  SylIa»dont 
il  était  témoin  ,  et,  tirant  à  part  son  gouverneur, 
il  lui  demanda  pourquoi  l'on  n'avait   pas  encore 
lue  cet  homme  sanguinaire.  «  C'est,  lui  répondit 
»  Sarpedon  ,   parce  qu'on  le  craint  encore  pliu 
»  qu'on  ne  le  hait.  —  Que  ne  me  donniez -vous 
i>  donc  une  épée,  répliqua  le  jeune  Romain ,  j'au- 
M  rais,  en  le  tuant»  déliviéma  patrie  de  l'escla- 
M  vage.  >»  Depuis  on  le  garda  pour  ainsi   dire^ 
vue ,  dans  la  crainte  qu'il  ne  se  portât  à  quelque 
entreprise  téméraire. 

IVommé  prêtre  d'Apollon,  il  se  sépara  de  son 
frère , qu'il  chérissait  ,et  prit  sa  part  du  patrimoint} 


E 


CATON    D'UTIQUE.  535 

sans  changer  son  f;enre  de  vie.iiui  fut  encore  plus 
Austère.  Il  lit  sa  principale  élude  de  la  morale  et  ile 
la  paliiic|ue  tous  Antipaler  de  Tyr,  philosopha 
■loïcieii,  et  se  forma  aussi  à  l'éloi^uenre  ,  sans 
pourtant  s'exercer  i  déclamer  pNbhquemenldans 
ts  écoles.  «  Cal'in  ,  l'on  blâme  ion  silence ,  lui  dit 
n  à  ce  sujet  un  de  ses  camarades, — Je  m'en  con- 
"  sole,  répondii-il,  puisqu'on  ne  lilâine  pas  ma 
H  conduite.  Je  parlerai  quand  je  saurai  dira  des 
»  choses  utiles.  » 

Son  premier  essai  è  la  tribune  aux  harangues 
cul  un  succès  coraplel.  Il  voulait  s'opposer  au  dé- 

E lacement  de  la  colonne  de  Calonle  Censeur  dans 
I  basilique  de  l'orcla,  et  il  gagna  sa  cause  sur  les 
tribuns.  Rien  dans  son  discours  ne  se  ressemii  de  sa 
jeunesse  ;  il  était  serré ,  plein  de  force  et  de  sens. 
Calon  se  renferma  ensuite  dans  le  silence  et  dam 
ses  occupations  ordinaires.  Il  voulut  aussi  endur- 
cir son  corps  ,  l'accoulomei' à  supporter  les  fati- 
guer, les  chaleurs,  les  frimas,  et  il  voyageait  à 
pied  en  toute  saison.  En  général,  il  élait  persuadé 
que  les  moeurs  s'étaient  tellement  corrompues. et 
avaient  besoin  d'une  si  grande  réforme  ,  que  pour 
l'opérer  il  fallait  tenir  une  route  diaméiralecneiit 
opposée  à  celle  que  suivait  la  jeunesse  de  Home. 
Un  de  ses  cousins  lui  ayant  laissé  une  surccssioii 
aussi  considérable  que  son  patrimoine  ,  il  la  ven~ 
dit,  et  préla  sans  intérêt  l'argent  qu'il  en  tir»;  sou- 
vent même  il  donnait  à  ses  amis  ses  terres  et  ses 
esclaves  peur  les  engager  au  public  et  se  rendait 
iui-in^me  leur  caution. 

Ce  fut  sous  (lellius  qu'il  fit  ses  premîèi-es  arme», 
en  qualité  de  volont.iire.dans  la  guerre  des  esi  laves, 
appelée  au&si  laeui'ire  di;  Spartacus.  Au  milieu  dt! 
ia  mollesse  et  du  luxe  qui  régnaient  dans  l'aC' 
mée,  il  fit  érialer  un  tel  amour  de  l'ordre  el  de  la 
discipline  ,  tant  de  valeur  et  de  prudence  ,  que  sou 
génér.il  lui  décorna  les  prix  et  les  (lonneurs  dont 


;jr)S  CATON    D'IJTIQTTE. 

ftii  léromprnsait  le  conrage;  mais  il  les  refusa  en 
disaril  i\{\\[  iw  1rs  avait  pas  mérités. 

Nomme  tribun  des  soldats  et  envoyé  en  Macé^ 
doirie  aiiprrs  du  préteur  Rubrius  ,  il   mena  i  sa 
5niti»  (|uinz(».  esclaves,  deux  affranchis  et  quatre  de 
5«'sainis,(|ni  voyageaient  à  cheval  tandis  qu'il mar- 
c'i..il  toujours  à  pied  et  s'entretenait  alternative- 
îiiî  lit  avec  eux.  A  son  arrivée  au  camp  le  général 
lui  (loTma  une  légion  à  commander.  Son  ambition 
{'..l  de  rendre  tous  ses  soldats  semblablesà  lui-même; 
il  sut  allier  avec  succès  les  récompenses  elles  châti- 
ïTicns  pour  discipliner  et  pour  instruire  ses  soldats.  Il 
faisait  le  premier  ce  qu'il  recommandait  aux  autres, 
rî  dans  sa  manière  de  vivre,  de  se  vêtir,  de  voyager, 
il  se  rap]irochait  bien  plus  des  soldats  que  des  gé- 
néreux. Il  profita  de  deux  mois  de  Congé  que  lui 
rrroidait  la  loi -pour  aller  trouver  à  Pergame  le 
vhilosophc  Arlémidore,   très-versé  dans  la  doc- 
l'ine  (l(»s  stoïciens.  Caton  trouvait  dans  la  rigidité 
il\i  sti/nisme  de  TaTialogic  avec  la  fermeté,  je  dirai 
pv(  scjno  avec  riiillcxibilité  de  son  caractère;  comme 
ii  voui.iil  riirore  se  livrer  tout  entier  à  l'étude  de 
l'cViO  ilocliine  fameuse,  ilmettaitun  grand  intérêt 
à  s'atl  .riivr  Artémidore;  mais  ce  philosophe  l'é* 
tait  roiii^ianiiDCiit  refusé  aux  sollicitations  des  plus 
grands  géiu  raiix  d'armée  ,  et  même  de  plusieurs 
jois  (|ui  av:îient  voulu  l'attirer  près  de  leur  per- 
foune.  Arrivé  à  Pergame,  Caton  combattit  si  Lien 
5(.:  inotils  de  refus,  qu' Arlémidore,  vaincu  par  ses 
pr-.ssanies  sollicitations,  se  détermina  à  le  suivi^e. 
il.\'.on   renjrneua    dans   son  camp,   ravi   de   joie 
4l\ine  ronquele  qu'il  devait  plus  à  l'estime  et  à  la 
p<»rsii.'\si()n  qu'à  la  séduction  et  à  la  violence. 

Il  ('taii  encore  à  l'armée  lorsqu'il  apprit  que  Cé- 
pioii ,  son  frère,  était  tombé  malade  dans  une  ville 
<ie  1.»  Tilt  ace.  Sans  être  arrêté  par  aucun  obstacle, 
il  s'emharfpie  à  Thessalonique  ,  manque  d'être 
iiilnn<ï'gc  dans  une  tempête,  et  arrive  à  isiius  au 


I 

1 1 


CATOÎS   D  UTIQUE,  55? 

xnomfnt  où  sod  fr^e  vcnail  Je  mourir.  11  donna 
les  marques  île  la  Joukiir  \a  plus  vive  ,  fit  pour  le* 
funérailles  des  dépenses  extraordinaites,  el  éleva  ft 
tou  frère  un  lombeau  de  marbre  qui  lui  coâla 
4o,ooo  francs.  Insiîtué  hérilier  avec  la  fille  deCé- 
.{wn  ,  il  HC  porta  en  compie  aucune  des  dépenses 
'  qu'il  venait  de  faire  pour  le  tombeau  et  pour  1m 

ju  Dérailles. 
I  ,     A  r«xpiration  de  sa  charge  de  tribun  légîon- 
I  paire,   il  reçut  en    quillanl    l'arméo   des  ténioi- 
I  gnases  sincères  de  regrets  de  la  part  de  tous  les 
^solJals  qui  rembrâssnicui  éLTcitemeDl  et  qui  lui 

ÏrodiguaieuE  des  louaiges.  Avjnt  de  re'.ouiner  k 
Lomé  pour  s'y  occuper  des  affaires  publiques  il 
voulut  parcourir  l'Asie  ;  s:i  manière  de  v<>)3ger 
ét'it  simple  et  modeste.  En  arrivant  à  Ephèsc  il 
alla  saluer  Pompée,  qui  lui  était  supérieur  en  di- 
gnité et  en  â^e  ,  e(  qui  cnniniand^iii  alori-  la  plus 
fuiiSfiiUe  armée  de  la  tépuoli  jue.  A  peine  Pompée 
eut-il  aperçu  , «qu'au  lieu  de  l'allendre  sur  son 
■iége  il  si^  leva,  le  traita  comnnre  un  de;  plus 
grands  personnages  de  ilome,  lepril  parla  main, 
1  embrassa  ,  loua  sa  verlu  en  sa  pri*sence ,  et  en  ùt 
■jHHi  de  plus  grands  ^'logcs  quand  il  se  fut  retiré. 
^HPIFmoment  tous  les  yeux  se  tournèrent  vers 
Calon,  tout  le  monde  s'occupa  de  lui ,  et  sa  répu- 
tation s'élendil  dans  l'Asii;  entière.  Dcjolarus,  roi 
de  Galatie,  qui  était  d'un  lige  fort  avancé,  le  fit 
prier  de  venir  â  sa  cour;  il  vtiubii  lui  recomman- 
der si's  eitlaus  el  toute  sa  famille.  Ce  prince  lui  en- 
voya île  rii-ties  prcsens  des  q'i'il  le  su:  arrivé  dans 
son  palais;  mais  (Uihni  ei\  Un  tellement  blessé, 
qu'il  n'y  passa  ipi'une  nuit.  Le  lendemain  il  re- 
partit à  la  liitic,  reuvoy.inl  a  Dpjolaïus  tous  ses 
présens,  et  ne  permctlaLit  à  aucune  personne  de  sa 

De  ri  tour  à  Home,  il  passa  tout  son  temps  ou 
dau»  ia  maiioii ,  à  s'cuiieteiiir  avec  Artémidere, 


^558  cATO-sr  D'uTiçre. 

«tfatiForum, pour  rendre  srrvlce  à  ses  amia.  T^n; 
an'ilfuL  en  âge  de  briguer  la  questure,  rel3g«é<ait 
Bx^  vingt-trois  ans,  il  ne  voulu!  se  mettre  sur  les 
Tsnes  qu'après  avoir  lu  loutes  le»  lois,  tous l(i 
récleoiens  relatifs  à  celte  magistrature  ,  et  s'être 
mu  >u  f;iil  (le  loii«  les  droits  cle  cjue  leur.  Amsi, 
à^a  qu'il  fui  nommé,  rrpfima-t-il  une  foule  d'abus 
et  de  f rail  lies,  et  fil-il  de  grandes  réfoi  mes  parmi  \n 
officiers  el  les  gief&ers  du  trésor  public.  I*tusie<<n 
exemples  de  sévérîlé  soumirent  les  grefOcis  aipi 
questeurs ,  dont  ils  avaient  usurpé  insensiblement 
Ms  prérogalires  el  les  pouvoirs.  Un  peut  dire  >|u'il 
rappela  cette  charge  à  loule  la  sévérité  de  sort  ios- 
litulion,cl  qu'il  lui  donna  mSme  la  dignité  ducon- 
■abt.  Il  avait  trouvé  d'anciennes  dettes  des  parli- 
culîersau  trésor  public,  cl  du  trésor  aux  particD- 
liera  ;  il  fit  cesser  en'méme  lentps  eetle  double  iujufr 
tîce.  Il  parvint  aiitsi  à  faire  punir  1rs  sicaires  que 
Sylla  avait  employés  à  égorgpr  les  citoyens. 
Le  pi'iii>le  jroaçut  alors  une  grande  eslime  pour 
'  CaioVi  ;  iladmirason  infatigable  activité  dans  tout-'i 
lesforictinni  de  sou  eorydoi.  Il  était  toujours  le  i<re- 
mierà  la  chambre  du  trésor,  et  n'en  sortait  qu^^ 
dernier.  Il  ne  manquait  jamais  aucune  asFeJ|^Hk 
■oit  du  peuple ,  soit  du  sénat ,  et  ne  te  dissî^HRr 
pas  combien  l'état  de  la  républi({ue  exigeait  <li 
zèle  et  de  surveillaure  de  la  part  des  bons  ci 
toyetis.  Il  sentait  qu'il  vivait  dans  un  tenips  oi 
Home  ne  conservait  plus  qu'une  ombre  et  ui 
souvenir  de  son  ancienne  dignité  ;  il  y  trouvait  de 
TÎcesà  combattre,  el  une  lulie  i  soutenir  lontr 
des  hommes  corrompus  qui  voulaient  élever  su 
la  ruine  des  lois  et  df  h  Iiberié  une  autorité  tv 
rannique.  I.es  vieilles  institutions,  si  long-icmps 
respectées,  n'étaient  plus  que  de  vaius  simulacre! 
dont  nn  se  jouait  inipitnénient. 

Uo  jour  s'étant  élevé  avec  force  contre  Clodios 
xe  démagogue  séditieux  qui  jetait  des  semences  d< 


\  _^i 


J 


CATOM  d'utiqite.  SSg 

lioublcs  iljiis  I3  républinue,  Cicéron  lui  en  fil  des 
i-eiiiercieineiis.  -  C'est  Hnme,  lui  dit  Caion,  que 
"  vous  devez  remercier,  car  dans  louies  les  affaires 
■  (lu  gouvernemeiit  ce  sont  ses  inlérSu  seuls  que 

Il  ïcquir  par  U  une  grande  cousidéralion  ,  et  sa 
ffrlu  fui  reconnue  siuniversi-Uemcnl,  que  son  nom 
Jtfvint  celui  de  la  nrobilé  mPme. 

Calon  seconda  Cicéron  dctoul  sou  pouvoir  dans 
plusieurs  afTatTes  difficiles  qu'il  eut  i  soutenir  pen- 
dantsonconsulat.etill'aidasuTtoul  à  terminer  glo- 
rîeusemenr  la  grande  affaire  de  la  découverte  de  la 
conjuration  de  Caiilina.  Lor5qu^an  délibéra  au 
lénAt  sur  le  supplice  à  infliger  aux  coupables,  Jules 
César  fit  à  la  louange  de  \»  clémence  une  harangue 
qui  est  parvenue  jusqu'à  nous,  et  qu'on  regarde 
comme  un  chcl  d'œuvre  d'éloquence  poliliquc. 
Cetie  harangue  fit  une  si  furie  impression  sur  l'as- 
lemblée,  que  la  plupart  des  sénateurs  rétractèrent  ' 
leur  premier  avis, tendant  i  la  peine  de  mort  ;  mail 
(^iton  dépeignit  avec  de  >i  rives  couleurs  le  dea- 
lein  lerribli'  îles  conjurés,  il  démnnli'a  si  daite- 
mt>nt  <]ui;  la  clémence  laiit  v.intée  par  Ci'sar  était 
incompatible  avec  la  Silicté  (]c  l'étui,  que  lous  Ici 
■énaleurs  revinrent  i  leur  [iri'mier  seulirncnl;  les 
conjurés  lurent  condamnés  à  mort  et  exécutés. 

Les  affatrits  publiques  lui  laissant  dès  lors  quel- 
que loisir,  il  fit  provision  de  livres  ,  emmena 
,ivec  lui  quelques  pliîlosophes,  cl  se  rendit  eti  Lu- 
canie,  où  il  avait  des  terres  dont  le  séjour  était 
agréable.  Mais  instruit  que  Meiellus, créature  de 
Pompée,  bnguail  le  tribunal ,  il  revint  .'i  Home 
dans  II' seul  mol  if  de  Ira  verser  les  c]es;eins  nnibilieiii 
de  PompéL-;  il  accourut  au  Forum,  demanda 
pour  lul-mOme  le  Iribunat,  et  l'obtinl.  Ce  fui  alorï 
que  César  et  Calon  se  trouvèrent  en  cliarge  en 
uicme  Icuips,  l'un  en  qualité  de  prôleur,  l'aulie 
de  tribun.  La  diversité  de  caractère  el  de  principe», 


54o  CATON    D'il  TIQUE. 

qui  les  avait  Jt'jà  mis  en  opposition ,  particulier 
romiMit  dans  la   délibération  sur  le  supplice  des 
adhcrnis   de   Catilina,  les  porta  k  une  dissension 
violon 'o  qui  ne  fit  nue  s'accoître  dans  la  suite.  Ja- 
mais cil  (fret  doux  nommes  avec  de  si  grands  ta- 
lons ne  furent  [>lus  opposés  de  maximes  et  de  con- 
duite ;    c'est  ce  que  fail  ressortir  d^une  manière  si 
ingénieuse  et   si  remarquable  riiistorien  Salluste 
dans  son   pa  allèle  de  Caton  et  de  Jules  César. 
Quoiqu'il  ail  flatté  le  portrait  de  César,  son  bien- 
faiteur, il  a  été  juste  toutefois  à  l  égard  de  Caton* 
L'un,  dit-il,  était  la   ressource  des  malheureux, 
l'autre  le  fléau  des  méchans.  C'est  par  la  sévérité     J 
et  par  Tinrio»  ence  de  ses  mœurs  ,  ajouta-t-il,  que 
Caton  avilit  acquis  une  réputation  si  éclatante.  Il 
ne  se  proposait  pas   de  Tcm porter  sur  les  riches 
par  ses  richesses,  ni  sur  les  factieux  par  l'esprit  de 
faction  et  de  cabale,  mais  il  le  disputait  aux  plus 
couraf^eux  par    la  magnanimité  ,    aux   plus    mo- 
destes par  la  retenue,  aux  plus  irréprochables  par 
le  désintéressement  et  riutégrité;  il  cherchait  plus 
à  être  homme  de    bien  qu  à   le  paraître ,  et  par 
celte  conduite  moins  il  courait  après  b  gloire, 
plus  elle  semblait  le  chercher.  Ce  portrait  de  Ca- 
ton ,  par  un  ami  et  «n  protégé  de  César,  ne  peut 
(ilre  suspect  aux  yeux  de  la  postérité. 

Entré  en  charge  comme  tribun,  aucune  considé- 
ration particulière  neputfaire  fléchir  Caton.  Il  dé- 
clara en  [>lein  sénat,  malgré  le  crédit  de  Pompée,  li- 
gné dès  lors  avec  César,  qu'il  ne  souffrirAit  pas  que 
Pompée  entrât  avecson  armée  dans  Rome,  et  il  fit 
voir  (|ue  c  était  un  piège  pour  investir  Pompée  de 
l'aulorilé  absolue.  Ayant  eu  à  lutter  dans  cette  cir- 
constance et  contre  César  et  contre  Metellus  ,  sa 
créature ,  il  se  présenta  avec  intrépidité  à  l'asj^em- 
blée  du  peuple ,  et  s'écria ,  en  voyant  Metelius  en- 
vironné   de  sicaires  :  «  O  homme  audacieux   et 
»  lâche,  qui,  contre  un  homme  nu  êl  sans  armes , 


CATON    D'rTlQUE,  _    54l 

•  as  rassemblé  tant  de  gons  armés  !  <•  S' avançant 
d'un  p4s  ferme ,  iV  (Jcïnciira  ensuite  immobile,  ex- 
posé à  une  grêle  de  pii?rres  et  de  bâtons  que  les 
MCtieux  faisaient  pleuvoir  sur  lui  de  tous  cAtés. 
Son  intrépidité  entraîna  le  peuple  et  le  sénal  à  son 
ppinion  ,  et  la  loi  fui  rejelée. 
VPompce,  voulant  avoir  Caton  pour  amî,  lui£t 
déniaader  ses  propri's  filles,  qui  élaîent  en  âge 
d^étre  mariées ,  l'aînée  pour  lui-mGme  ,  et  ta  se- 
cande  pour  son  fils  :  ••  Allez,  dit  Caion  •  l'en- 
a  voyé  de  Pompée  ,  qui  venait  lui  faire  cette 
»  demande  ,  allez   dire  à  celui  qui  vous  envoie 

■  que  ce  n'est  point  par  les  femmes  qu'on  peut 
»  captiver  Caton  ;  atlez  lui  dire  que  je  meLTiTail- 
M  leurs  un  grand  prix  i,  l'amitié  de  Pompée,  et 

■  que  tant  qu'il  ne  fera  rien  que  de  jusie ,  il  trou- 
u  vera  en  moi  un  attachement  plus  solide  que 
■>  toute»  lès  alliances;  mais  dites-lui  aussi  que  je 
B  ne  donnerai  jamais  à  la  gloire  de  Pompée  des 
»  otages  contre  ma  pallie.  " 

Il  s'opposa  avec  la  même  fermeté  à  la  demande 
que  fit  (Jésar  di;  pouvoir  penilaot  son  absence  soU 
liriter  fe  consulat  par  ses  amis.  L'alliance  de  César 
et  de  Pompée  lui  devinl  suspecte ,  et  il  fut  le  pre- 
miiT  à  signaler  te  dauger  d'une  telle  connivence 
enire  des' hommes  si  puissans;  il  se  montra  invin- 
cible à  leurs  menaces  comme  à  leurs  caresses  ,  et 
César,  qui  crut  pouvoir  tenter  co'ntre  lui  des.voies 
de  rigueur,  l'ayant  fait  arnUer  pendant  son  con- 
sulat, le  fit  relâcher  aussitdl  sans  avoir  pu  rien 
gaeu'Tsur  sou  esprit. 

ÏVmr  réloij^ner  de  Rome  et  pour  être  plus  siir» 
di'  f..ire  enilrr  Cicéron ,  César  et  Pompée  fiient 
passiT  un  décrel  portant  confiscation  des  Liens  et 
df,  éi,Éii  de  Plolemée,roi  de  Chypre,  et  qui  défé- 
raii  .1  Calou  le  gouvernement  de  cette  île,  pour 
mettre  a  exécution  le  décret,  lléduit  à  U  néccssiitt 


5/|'2  r.ATON    D'nTTyiTK. 

(]\)l)(Mr ,  (l.'itrtii  nu'L  h  l«i  voilt* ,  itiuclio  «h  llhotWs 

1)Oiir  y  falrt»  dfvs  pn*  para  tifs,  et  là  reçoit  la  visite  dp 
^(>l('lll(•<' ,  roi  (ri*i^)plr,  itiiqtu'l  il  donne  dt*  .ia{>rs 
rt  sjliiiaii<vs  toiimmIs  ;  puis  il  \\\  icmrthc*  Irsk^iiiiii 
rii  |;r.l(  0  jvrr  Irs  ISysanliiis ,  lôialilil  la  Cdiicord^ 
dan5  leur  villr  ,  rt .  rcvriianl  sur  ses  pas ,  aborde, 
i-ii  (.hypri*  ,di)iii  le.  lui,  p.iruii  bonheur  (pie  (lalon 
ne  |K)ii\  ;iif  espérer  ,  venait  de  »e  donner  lui  u\^mf 
l.j  MiorL  (loniiiM*  il  lais.sait  des  trésoiset  de.i  rie  liesses 
iriini(||)s(>s  ,  (laton  assista  lui-nil^nie  k  la  vente  et 
tint  ronij^te  de  tout  i\JS(pi*ii  la  plus  petite  soitiinr: 
il  vu  relira  srpl  luillr  talens,  environ  trente  troii 
millions  de  (ranis.  Tout  cet  argent  ,  à  peu  de 
(Iioscs  |)r(vs,  arriva  heureusement  à  Uoiiie.  Pri 
(pTuii  y  appr<'nd  cpie  Caton  approche  aver  ses 
v.'ussr.iux,  tous  les  magistrats,  tous  les  prêtres,  le 
2>rn;it  eu  ( oi  ps  ei  Li  jdiis  giande  parti»  du  peuple 
vont  ;ni  devant  de  lui  le  long  du  Tiliro ,  dont  Ici 
deux  rives  se  eouvreul  d'une  foule  immense.  Cw 
ton  ne  s^n  n^le  (pie  lors(pi^il  est  entré  dans  le  port 
ave.c  sa  (lotie.  Le  f>eu[)le  ,  eu  voyant  porter  ii  tra- 
vers la  plaît*  puMi'pie  ces  sommes  immenses  d'or 
et  d'arm'ni ,  ne  peu!  revenir  de  sa  surprise.  Le  s«^- 
nal  <'()nd)le  (.alou  d  éloge,  et  lui  décerne  une  pi^- 
ture  extraordinaire,  c/eM  à  dire  avant  l'âge  :  Ca- 
ton n'avail  alors  (pie  trente  huit  ans,  et  la  4oi  en 
exi(;eail  (juaranti*  pour  exercer  la  prdture.  ÏAf  lênat 
y  .-«jouta  \r  privilég(*  d'assister  aux  jeux  v^tu  iVunt 
loin*  hordi'e  de  pourpre.  Caton  refusa  ces  hon- 
neurs ,  et  demanda  seulement  la  liberté  de  Nieiai, 
intendant  du  loi  Ptot(''mée,  dont  il  attesta  la  fick- 
litt'  el  le  /.eie  pour  l(>s  iutér('^ts  de  la  république. 

Mais  pendant  Tabseuce  de  Caton  u*  triumvirat 
d<>  P«.inp('*e,  de  Crassus  et  d«  Cé.sar  avait  tout  fait 
pli<*r  dans  Home,  et  (^iloii  trouva  César  maître  de 
rarniée  (*t  du  gouveruemetiL  des  Gaules  ,  et  Pom- 
pée le  dominateur  de  l'Italie  et  du  sénat.  Caton 


CATON   B'uriQir..  5kj 

iverlit.  Iirst^nat  qu'en  fjxorissiil  les  vues  ambilieu- 
|ps  (le  César,  il  courail  se  mettre  lui-même  sous  son 
lOUg.  Nommé  préirur ,  il  accuia  ouvcrlemeiit 
Pompée  d'dspirer  à  la  puissance souvcTaine;  mais, 
myant  ensuite  éc'ater  des  troubles  qui  présageaient 
ane  guerrr  intestine ,  il  appuya  ilans  le  sénat  l'avii 
i*  nommer  Pompée  seul  consul  :  «  Car  il  n'y  a 

"  féralile  3  l'anarchie;  j'espère  d'ailleuis  rjuel  uni- 

■  tléfcre,  CI  qu'il  saura  conserver  une  ville  qu'on 
À  remet  eniie  sps- mains.  »  En  remerciant  vive- 
nient  Calon  de  riiiinneiir  qu'il  vt'i)dMe  lui  pror 
COI  er  ,  Pompée  le  pria  de  1  aider  d^Ks  conseils  , 
et  de  présider  ea  (|uelqiie  snrie  à  sun  cousuUt. 
1  Dan?  ma  conduire  précédeiil«,  répondit  Calua, 
V  ja  n'ai  point  agi  par  un  senli'nent  de  haine,  ni 
^  par  un  moiif  <Ie  fdveur  dans  ce  que  je  vieus  de 
'  faire;  je  n'ai  réellement  consulté  que  l'intérêt 
■1  de  l'éiat.  Toutes  tes  fui)  que  vous  me  deman- 
-  der.-z  dci  consml.  sur  vos  afTai.es  personnelle» 
>•  je  vous  lf!s  donnerai  voloiiliers  ;  mais  dans  Icï 
*  affaires  publiques,  quand  im'iMe  vouj  ne  me  le 
j.  de  111,1  m  lieriez,  pas,  je  ilir^i  ((lujours  ce  que  je 
»  croirai  le  plus  convenable  et  le  plus  utile.  • 
Telle  fut  en  effet  U  n^le  de  sa  louduiie. 

Cependant,  comme  il  voyait  que  de  jour  en  jour 
César  dev.-nait  l'cinemi  le  plus  redoutable  de  la 
liberté  ,  il  se  mit  lui  iiK^me  ïur  les  rancs  l'année 
suivante  pciiir  le  consulat,  el  ne  put  l'obtenir; 
mais,  San.'-  se  ili'cnurdger,  il  dévoila  au  sénat  les 
vues  auiMtii'i^ïii's  de  Lésar  ;  toutefois  il  ne  fut  pas 
écoulé  liiirs  ilii  si'iiat,  car  le  peuple  voulait  que 
CeNar  [>ar\iul   à   la  plus  grande  puissance. 

(,)uaii'j  ou   eut  appris  que  César,  pour  ren- 

niai'cliail  sur    Uoiiie  avec  sun    armée  ,  tous  les 


I 


Sj/f  CATON    n'iTTIQUK. 

vrnx  alors  so  tournèrent  vers  Caton.  La  sagan'é 
nwv  liqiirlle  il  avait  dévoilé  les  vues  secrcii^s  ile 
Voinpôi*  o\  les  projets  astucieux  de  César,  paiuli 
apit's  riivéncment,  une  véritable  prophétie. 

ilrsolii  de  suivre  Pomper  dans  sa  fuite,  il  en- 
vo\a  le  plus  jeune  de  ses  fils  à  Munantius,  dans 
\v  p.ivs  (les  iirutiens ,  et  se  fit  accompagner  de 
Taîne.  J^a  Sicile  lui  étant  échue  en  partage, il  se  rer.- 
ilir  à  Syracuse.  Là  ,  instruit  que  Pompée  avait 
nlKtndoiiiié  entièrement  l'Italie  ,  et  ne  croyant  pal 
pouvoir  dt'fondre  la  Sicile  avec  succès  contre  lei 
i.  iiioMJiis  de  César,  il  ne  voulut  pas  la  ruiner  co 
ntiirant  la  |berre  dans  son  sein,  et  il  fut  joindre  < 
Pnmpôo  à  son  camp  de  Dyrrachium.  Il  n  eut  ja- 
mais ()u\jn  même  avis  ;  ce  fut  de  traîner  la  guerre 
<Mi  lon^^iHMir ,  dans  Tespérance  de  prévenir  par 
uii  n(  (  onimodenient  une  bataille  où  Home,  di- 
VI  .rc  contre  elle-m^inc ,  verrait  nécessairement 
le  p.irti  l(>  plus  faible  passé  au  fil  de  répée.  Caton 
piMNuada  égaUMiicni  Pompée  de  ne  piller  aucune 
ville  soinuisc  ;iux  Homains,  et  de  ne  faire  périr 
aucun  Uonnin  hors  du  champ  de  bataille. 

Knvoyé  ensuite  en  Asie  pour  y  rassembler  dei 
vaisseaux  et  dos  troupes,  il  se  rendit  k  Rhodes,  et 
attira  1rs  babilans  au  parti  de  Pompée,  auprèf 
du(]uel  il  retourna  «^  Dyrrachium.  Là,  après  avoir 
éié  le  téinoifi  du  combat  où  César  fut  repoussé, 
ou  le  vit  ^  en  promenant  ses  regards  sur  le  champ 
de  l)ai;<ille,  jonché  des  corps  de  tant  de  braves 
Romains  qui  étaient  tombés  les  uns  sous  le  fer 
des  autres,  ou  le  vit ,  tout  ému,  verser  des  larmes 
siu'  sa  patrie ,  et  déplorer  cette  funeste  ambition 
de  réguor  qui  faisait  le  malheur  du  monde.  Lors- 
<ju 'après  cette  défaite  César  se  relira  en  Thes- 
salie,  et  (luc  Pompée  le  suivit,  Caton  fut  laisfc 
à  Dyrraclnum  pour  commander  la  ville  avec  cinq 
culiortes. 


f 
j 
I 


CATON   n'uTIQUE.  5/(5 

Du  jour  qu'il  apprit  b  déroute  de  Phatsale  il 
n^  mangea  plus  qu'assis  (i),  cl  ajoiUa  à  son  ileuii 
Drdiuaii-e  de  ne  se  courrier  que  b  nuil  paiir 
doriuir.  Au  commeticemciiL  de  la  guerre  ùvîle, 
tf)|icl)é  des  maux  di- sa  patrie,  il  avait  [iris'piiblr- 
queinciit  le  deuil,  el  s'élaîl  iinpoié  des  privations 
pénibles.  Il  conserva  jusqu'il  la  moil  cet  élal  de 
tristesse  el  d'abattement. 

Catoa  fit  voile  alors  pour  Corcyre  ,  oà  ^tait 
Ijarmëe  navale.  Les  soldats  ne  voulaient  plus  obéir 
jjo'i  lui;  mais  ayanL  trouvé  (liréion  à  Corcyre,  il 
rouiut  lui  céder  le  commandement,  parce  qu'il 
Jtdil  personnage  consul.iîre ,  et  (]ue  lui  n'avait  clé 
que^réleur;  mai»  Cicé. on  le  refusa.  Il  apprit  sur 
La  flotre  la  mort  de  Pompée  en  Cgypic  ,  Cl  voile 
pour  Cyréne  ,  el  se  mil  en  devoir  de  joindre  ea 
Africjue  Scipion ,  Lieau-père  de  Pompée,  et  le  roi 
luba ,  qni  venaient  de  rassemltter  une  arm^c 
^ntre  X.és3r.  Coinnte  on  élalL  alori  en  hiver,  il 
prit  la  roule  par  terre ,  avec  un  convoi  Je  mulets 
pour  po^l(^^  Teau  ,  beaucoup  de  charriols  et  de 
rivrcs.  Pendant  les  sepi  jours  que  dma  celle  mar- 
che, it  fui  loujours  a  la  lè[e  des  troupes,  sans 
[amais  se  servir  de  cheval.  Après  avilir  fasse  l'iii- 
veren  Afrique,  il  se  remit  en  marche  avec  un  corps 
d'armée  qui  cl.iit  de  dix  mille  liomnies ,  et  joi};nit 
enfin  Scipion  ,  Varns  el  Juba.  Tous  les  officiers 
rinvitèrenl  à  prendre  le  contmandemeni  en  chef, 
Cftlon  répéta  ce  qu'il  avait  déji  <lii  en  pareil  uc- 
casion  ,  qu'il  ne  violerait  yias  les  lois ,  dont  la  con~ 
servaiion  était  le  seul  moiif  de  la  guerre  qu'on 
faisait  à  celui  qui  les  avait  violées;  qu'il  n'était 
que  propréieuf ,  et  qu'il  ne  cotiimaiiderajl  pas  en 
présence  d'un  proconsul.  Scipion  se  mit  donc  à  Ja 


(,)0« 


546  CATON    d'dtiquk. 

d\i*  do  r  armée.  D'à  boni ,  pour  faire  sa  cour  i 
Juba,  il  voulut  faire  égorger  tous  les  habîtans 
«l*lhi(]ue,  et  raser  la  vOle  jusqu'au  fondement, 
parce  qu'elle  penehait  pour  le  parti  de  César.  Ca- 
toii ,  indigné,  protesta  hautement  dans  le  conseil 
C()nire  uiuî  proposition  aussi  cruelle,  et  il  parvint 
à  sauver  les  habîtans  d'Ulique. 

Enfin  ,  à  leur  prière  ,  et  sur  les  instances  mômes 
de  Srinion  ,  il  se  chargea  de  la  défense  et  du  com-    i 
maniement  de  la  ville.  Klle  était  abondamment    t 
pourvue  de  tout;  Caton  la  fortifia  davantage,  et 
en  lit  le  mag.isin  général  de  l'armée. 

Le  conseil  (|u'il  avait  auparavant  donné  à  Pom- 
pée ,  il  le  donna  encore  à  Scipion  ;  c'était  de  ne 
pas  livrer  bataille  à  un  ennemi  plein  de  valeur  et 
d'expérience  ,  mais  de  (raîner  la  guerre  en  lon- 
gueur. Scipion,  naturellement  présomptueux,  itt^- 
prisa  cet  avis,  et  perdit  tout  à  la  bataille  de  Thj- 
sus.  A  la  nouvelle  de  ce  désaa^'re  Galon  encou- 
ragea les  Romains  qui  étaient  avec  lui  dans  Uti-' 
que  ,  et  parvint  à  les  rassurer;  il  rejeta  avec  hor- 
reur Tâvis  de  chasser  ou  de  tuer  les  habitans  dont 
les  dispositions  étaient  douteuses,  et,  donnant 
toiis  ses  soins  à  la  sûreté  des  sénateurs  cpii  étaient 
enfermés  dans  la  place ,  il  fit  tout  disposer  pour 
leur  embarquement.  Quand  César  ne  se  troon 
plus  qu\^  une  petite  distance  de  la  ville,  les  séna- 
teurs qui  ne  s'étaient  point  embarqués  chargèrent 
Lucius  César,  parent  du  dictateur  ,  et  qui  avait 
9uivi  le  parti  de  Pompée ,  d'aller  intercéder  en 
leur  faveur. 

Caion  approuva leurchoix^et  composa  lui-même 
le  discours  que  ce  député  devait  adresser  â  César.» 
Lucius,  en  prenant  congé  de  luijPassura  qu'il  M 
b;j lancerait  pas  de  solliciter  à  genoux  la  clémence 
de  César  pour  Caton  personnellement;  mais  il 
ne  voulut  pas  même  lui  permettre  de  prononcer 
.<)uu  nom  :  u  Je  ne  veux  pas,  dit-il  y  devoir  à  ua 


CATON    d'UTIQUE.  54? 

»  tyran  des  grâce»  que  je  ne  puis  regarder  que 
-"  eouune  Jes  marques  de  [yrannie,  l'I  c'en  est 
•  une  (le  »  part. que  de  donner  la  vie  comme 
M  niatire  i,  ceux  qu'il  n'a  pas  le  droit  de  com- 
»  mander.»  Cependant,  lorsque  Lucius  fut  sui- 
te point  de  partir,  il  lui  recommanda  sun  fda  et 
le  rcsie  de  ses  ami».  Vers  le  soir  il  fit  ouvrir  les 
porte'!  de  la  ville,  exhorlant  également let  Homiins 
et  les  habilaris  d'Utique  i  se  porter  au-devant  du 
v«it>au<iur  pour  implorer  «a  démence. 

Pour  lui  ,  avant  de  souper ,  il  alla  au  bain  ,  se- 
lon sait  usage  i  il  apnela  son  (ils,  et  lui  recom-^ 
manda  de  ne  se  jamais  mêler  des  affaires  du  gou-* 
vornrment.  Quand  il  eul  pris  son  ba^  il  se  mit 
A  labte  avec  ses  amis  les  plus  inlimes.  La  conver- 
■aiion  roula  sur  plnuieun  mall^res  philosophiqu^j. 
Dans  la  chaleur  de  la  discussicm  il  laissa  échappei- 
quelques  mots  qui  firent  cunnaîire  le  projet  qu'il 
avait  coiii^u  de  conserver  sa  liberié  aux  dépens 
im'mes  de  sa  vie.  Tout  le  monde  alors  garda  le 
kilence  ,  et  parut  d;ins  la  tristesse.  11  !e  relira  en- 
■  uile  dans  son  apparieiiient  ,  apris  nvoir  em- 
brassé son  (Ils  et  !:e>  amis  av.-c  plus  d'alleclion  qu<- 
iJe  coutiune.  Ucsié  seul,  il  su  coucha,  et  se  mit  .\ 
lire  avi'c  briiuciiup  d'aitenlioii  le  Dialogue  lie 
J'ialim  sur  lm,mvrta/itè  Je  fdiM.  Dans  un  trans- 
port de  joie,  excilé  en  lui  par  l'espérante  d'une 
Iieurfuse  iinirinrtalité,  il  jel.i  les  yeux  sur  l'eu- 
drnit  iii'i  aurait  dil  Oirc  son  cpée  ,  el ,  ne  la  voyant 
pas  ,  il  di-ni.iiida  ce  qu'elle  élajt  devenue  ;  il  (  ou- 
limia  sa  Ici'lurc,  et  urduniui  qii[:1c|ucs  inonu'ns 
ap.s,  sa..s  lé,.,..igner  d'i.npatieneç  ,  qu'on  lui 
appiiiià'  .iixi  é|HV  ;  mais,  ayant  fini  le  dialogue 
s.'tns  qu'i.ii  <  lit  obéi  à  ses  ordres,  il  se  plai{^nit  vi- 

v<-tii< iii'iiii  voulitt  le  livrer  nu  et  s;ins  armes„Â 

av.\  ru  .r'i.i.s.  î'iii  \aiii  son  fils  et  ses  amis,  étant 
accuuiiis,  .- 1  liiiuérent  de  le  détourner  du  projet 
tli    s.'  i.icr  :  „  Di'  <^Liet  druit  j  leur  dit-il ,  me  des- 


»»  .irîTir-l-nn  ,  et  mVmpiVIio  l-on  do  fairr  «s^p^ 
»  <lf'  iii'i  laiscin  et  tïv  tti.i  voloiitc  i*  »  Se  lourniiiil 
a!o:.s  v«rs  snii  fils,  «f  Jù  vrnis ,  jeuiic  homni^, 
"  ;i;-.)iifa  l  il ,  pourquoi  ne  lloz-voiis  pas  les  mains 
«  ««'ji  I  t!ns  à  voire  pore  ,  pour  que  César .  quanJ 
••  il  ^ilMl(l^a,  n*«il  plus  rirn  à  craindre  de  lui! 
«  Al  je  tr.iîllciirs  besoin  d'une  ôpée  pour  m'olcr 
»•  l.î  MO  i'  Ne  ni(î  siifïirail  il  pas  de  retenir  quelque 
>»  t'  m!  >  mou  lialeiiip  ,  ou  de  mv.  frapper  une  seule 
î»  I  »is  I  \  '(■!(•  contre  la  muraille?»  A  ces  mots  son 
fi'ss  ;rii  (le  Ia(  li.iRihre  on  ver>ant  un  totront  delir- 
in'*"»,  cl  ((uisM's.'iniislosiiivironl.  On  renvoya  à  Ci- 
t<>n  son  ôp't'  par  un  oiifant;  il  la  prit ,  Texamina, 
ot  iorsqii'iL  v.i  q'.io  la  [»ointe  en  était  bien  acéréo, 
w  C/rsf  à  [iré:>ont ,  dit-il,  que  jo  suis  maître  ilfi 
»  mol  mrmo.  »  Il  reprit  aussitôt  le  dialogue  «le 
l'ialoi!  ,  ot ,  Tayant  relu  ,  il  sVndonnil  iranquilli'- 
mrn!.  Vers  minuit  il  appela  doux  de  ses  affranchis 
pour  s'nssuror  si  lont  le  monde  était  embarqué  «l 
eu  sùiolé;  il  l(*s  envoya  au  poït,  afin  de  donner 
des  secours  de  sa  part  à  tous  cetix  qui  en  auraient 
besoin,  (^oinme  les  oiseaux  commençaient  à  clian- 
ter  ,  il  se  reodormif  queb|ues  momens;  puis,  ti- 
iniit  -ou  épée  ,  il  se  renfonça  sous  la  poitrine  ,nijis 
ne  se  bli  ssa  pas  mortellemont.  En  luttant  contre 
ia  morl  il  toniba  de  son  lit,  et  renversa  une  table. 
Sou  (ils  entra  aussitôt  dans  sa  chambre  ,  suivi  Je 
SOS  amis  é;)lerés  ;  ils  le  trouvèrent  qui  nageait 
dans  son  s.iiif^  ;  il  vivait  encore,  et  les  regardait 
fixeineiil.  (le  spectade  les  pt'nétra  de  la  plus  vive 
diHilonr.  Sou  médecin  ,  ayant  reconnu  que  les  f n- 
traiiies  n^étaieut  pas  oilensées,  essaya  île  coudre 
la  pl.ûe  ;  mais  (i.iton,  revenu  de  son  ëvannifisse-i' 
inenl  ,  repoij.*»>.'i  le  médecin ,  arrarba  ra[>pjreily 
pl  ,  n>anl  rouvert  s.i  l>"lessnre  ,  expira,  Agé  de 
(|i:.irante  huit  aris,  ou  de  cinrjuant-j-cinq  ,  ^uitaSt 
t]ueî(jries  liislorieiis. 

^i  la  <vuinle  du  danger  préscni ,  ni  lV^lp^cs9^: 


CATOTl     D'UTIQUB.  S/jÇ) 

iineni  il'aller  rendre  homtnagp  au  vain(|Mpiir ,  rifti 
ne  put  délourner  les  habiljns  il't'liqne  <k  feire  A 
Catan  les  obsè^ura  les  plus  honorables.  Quand 
César,  àétk  aux  portes  de  la  ville,  aripril  la  watt 
de  cet  illustre  Romain  ,  «  Caton  ,  dll  il ,  je  l'envie 
*  ta  mort,  puisque  lu  m'as  envié  la  gloire  da  le 


-  Telle  fut  la  mort  de  Catoii,  qne  toute  l'anti- 
I  qHil«  a  lonée  ,  mais  ijuc  les  maiinies  de  la  irvcnale 
et  (le  notre  religion  condainnent .  el  (jui,  datu 
une  motiarcbie,  ne  saurait  ôrre  offerte  pour  nm- 
dèle  aux  jeunes  pens  :  taton  p;irmi  iious  serait 
mfn-t  coimne  Baprd  ,  au  sein  de  Dionneur,  de 
la  religion  et  de  la  gloire. 

C'est  pliilAt  d»ns  sa  rie  que  dans  «a  mort  que 
'  nous  dcTtins  chei'ciier  des  exemples  de  Tcrtu  et 
d'héroïsme.  On  les  trouve  dans  les  soins  *]u"il 
prend  de  sauver  ses  concitoyens  pendant  qu'il 
renonce  lui-même  à  la  vie  ;  dans  sa  douceui-  inal- 
térable à  l'égard  des  iiabiims  d'Uiique-,  dans  son 
amour  pour  la  justice,  qui  le  porte  à  s'onposer  à 
toutes  les  wolenccs  que  veulent  exercer  les  cliefs 
Je  son  parti.  Celte  humaniié  {jénéroiise  ne  s'est 
pas  seulement  signalée  d^ns  les  diirniers  jours  de 
.sa  vie;  elk  a  toujours  dirigé  ms  actions  et  sa 
cenduito. 

Si  à  ces  deux  grands  traits  de  son  caractère, 
la  fermeté  el  la  douceur  ,  on  .ijoulc  l'élévation  du 
génie,  l'étendue  el  li  sagaiiié  des  vues  ,  l'applica- 
tion iur^illir^ibleau  ir.ivail,  la  nurelé  et  l'innocence 
des  mœurs ,  on  le  considérera  comme  un  des 
homn.es  l.s  plus  nMlnuLLs  que  le  p.ganism.  ait 
|»rod,:lfs.  Uouie  u'av.ilr  peut  .'tie  jamais  eu  de  ci- 
toyen plus  veiluciix;  il  av.Tit  toutes  les  qualités, 
el  pas  un  seul  d.^s  défauts  de  Caion  le  Ceuseur  ; 
il  aurait  soutenu  la  république  par  sa  f^rmelé  et 
]i3i'  sa  cuuslauce  invincibles,  si  les   dieux  eux- 


5r)0  •    CATON    D'UTIQUË. 

inrinos,  srlon  l'expression  de  Plutarque,  n*avaicnt 
pas  résolu  de  l.i  détiuiro. 

Ne  soyons  donc  pas  étonnés  que  Virgile  ait 
placé  Catoii  dans  rËlysée,  à  la  télé  des  zélateurs 
de  la  vertu  ,  et  jugeons -le  digne  du  bel  éloge  qu'en 
a  faillite  Live  dans  une  seule  phrase  qui  nous  a 
été  conservée  par  saint  Jérôme  :  «  Caton  ,  dit 
•  cet  immortel  h  storien  ,  a  été  loué  et  blâmé  par 
»  deux  des  plus  grands  génies  (Cicëron  et  César) 
N  qui  aient  jan)ais  été  (i)  ;  maïs  personne  ii*a  pu 
»  augmenter  sa  gloire  par  des  louanges  ,  ni  k 
»  diminuer  par  des  censures.  » 

Caton  ne  fut  pas  heureux  dans  son  intérieur. 
Ses  deux  sœurs  se  rendirent  fameuses  dans  Rome 
par  le  dérèglement  de  leur  conduite  ;  il  fut  obligé 
de  répudier  sa  première  femme ,  dont  il  avait  eu 
deux  enfans  ,  et  Marcia  ,  la  seconde,  qui  eut  une 
si  grande  réputation  de  sagesse  |  finit  aussi  par 
ne  pas  ^tre  à  Tabri  de  tout  soupçon.  Son  fils 
même  ne  se  montra  pas  digne  non  plus  d'un  li 
vertueux  père. 


(i)  Cie^ron  avait  compoië  un  panégyrique  de  Ci* 
ton  y  qui  s'est  pcidu  ;  et  Gëiar  y  avait  répondu  par  deux 
cciiis  intiiuUi  Anti^Caton  ,  et  qui  ont  en  U  mêoïc  soiU 


FIN    DU   PREVtER  TOLUIIB* 


r 


t 


TABLE. 


PREMIÈRE    PARTIE. 
„  ■  F'i- 

»^  YHUS  LE  GRAND  ,  roi  de  Pcrie 

LYCUHGUE  ,  lëgisUleor  ia   Ucéiimc- 

'""' »3 

SOLON  ,  législaleur  des  Alhéniens 4a 

MILÏEADE  ,  génër.l  slhéiiien 56 

AUISTIUI!  ,  dit  LE  JUSTE ,  général  sihénien.     66 

LEONIDAS,  roi  do  Spano. ç,i 

CIMON,  fila  de  Mil.iade o5 

i'KIUCLÉS,chcf  des  Athéniens 24 

SOChATIÎ,  plillosoplie  athénien i5i 

XÉiNOPlION,  général  et  historien  grec.  .  .  173 

riiLOl'ID.US  ,  général  théhalo 197 

lil'AMlNUNDAS  ,  géijéral  thébain aog 

l'IlUClON,  orateur  et  général  athénien. ,  .  226 
AK.\TUS,dit  LE  SAUVEUR  DE  syctoNE.  .  .  a4a 

rHlI.OI'OilVlLN,  dit   LE    DERNIER     DES 
CflECS 267 


'S-A  TAB1.C. 


SECONDE   PARTIE. 

Pog, 
NUMA  POMPILIUS,  fioi  des  Romains.  .  .  :i83 

VALEllIUS  PUBL1C0L\,  consul  romain.  298 

(J>i(JNNATl' S,  dictateur  romain 3oy 

C  A  Ml  I.LU  S,  dictateur  romain 024 

FAr»rilClUS,  ron5uI  romain o56 

1  ABIUS  JIAXIMUS,  consul  romain.  .  .  .  869 

CORNELIUS  ^CinON,  dit  l'africain..  39a 

CATON  le  cetîsïur 445 

PAUL  EMILE,  consul  romain 4?! 

SCIPION  le  jeune,  dit  le  second  africain.  5oo 

CATON  D'UTIQUE 533 


FiN    DE    LA  TAJBLE. 


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