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Full text of "Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers; précédée d'un tableau par ordre chronologique des époques célèbres et des événemens remarquables, tant en France qu'à l'étranger, depuis 1787 jusqu'à ce jour, et d'une table alphabétique des assemblées législatives, à partir de l'assemblée constituante jusqu'aux dernières chambres des pairs et des députés"

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Biographie  nouvelle  des 
contemporains  [1787-1820]. 

Antoine-Vincent  Arnault 


'Hfôs'?,^^ 


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BIO«IUPHIE   NOUVELLE 

DES  CONTEMPORAINS. 


TOME  X. 


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DE  L'IMPRIMERIE  DE  PLASSAN,  RUE  DE  VAITGIRARD,  N<>  i5, 
DimmiHiiE  i.*oi>KOir. 


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BIOGRAPHIE  NOUVELLE 

DES 

CONTEMPORAINS, 

OU 

DICTIONNAIRE 

HISTORIQUE  ET  RAISONNÉ 

DE  TOUS  LES  HOMMES  QUI,  DEPUIS  LA 
RÉVOLUTION  FRANÇAISE, 

ORT    ACQUIS    DE    LA   CÉlÉBRITB   PAR    LEURS    ACTIONS,     LEURS     ECRITS, 
LEURS    ERREURS    OU    LEURS    GRIMES, 

SOIT  EN  FRANCE ,  SOIT  DANS  LES  PAYS  ÉTRANGERS  ; 

PRÉCÉDÉE 

D'un  Tableau  par  ordre  chronologique  des  époques  célèbres  et  des  événemens 
remarquables,  tant  en  France  qu'à  l'étranger,  depuis  1787  jusqu'à  ce  Jour, 
et  d'une  ^able  alphabétique  des  Assemblées  légîsla^ves ,  a  partir  de  l'Assem* 
blée  constituante  jusqu'aux  dernières  Chambres  des  Pairs  et  des  Députés. 

Par  mm.  A.  V.  ARNAULT,  ancien  HSHfiRE  db  l'Institut  ;  A.  JAY; 
E.   JOUY ,   DE  l'AcadÉmib   Française  ;   J.  NORVINS ,  bt   autres 

HOIIMBS    DB    LBTTRBS  ,    MAGISTRATS    BT    MlLITAIRBS. 

Ornée  de  3oo  portraits, 

TOME    DIXIÈME. 
J— LANJ 


JLEDENTU,  LIBRAIRE,  quai  des  Augustins,  n»  3i. 
DUFOUR   ET   C%    LIBRAIRES, 

RUE     DU     pAOïr,     W     T.  • 

1827. 


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BIOGRAPHIE 


NOUVELLE 


DES  CONTEMPORAINS. 


JOURDA 


JOURDAN  (JEAK-BÂPnsfjB),  ma- 
réchal de  France,  né  à  Limoges , 
le  29  avril  176a,  s'enrôla  en  1778, 
dans  le  régiment  d*Auxerrois  y  et 
fit  la  guerre  d* Amérique.  Après  la 
conclusion  de  la  paix,  il  revint  en 
France.  En  1790,  il  était  capitaine 
dea  chasseurs  delà  garde  nationale 
de  Limoges;  il  fut  nommé,  en  1 791 , 
commandant  en  chef  du  a"**  ba- 
taillon ^es  volontaires  de  la  Haute- 
Vienne,  qu'il  conduisit  à  l'armée 
du  Nord;  il  fit  la  campagne  de  la 
Belgique  sous  Dumouriez,  et  se 
distingua  dans  plusieurs  occasions, 
notamment  aux  environs  de  Na- 
mur,  lors  de  la  retraite  de  l'armée. 
Le  27  mai  1 795,  il  fut  élevé  au  gra* 
de  de  général  de  brigade,  et  à  celui 
de  général  de  division,  le  5o  juillet 
suivant.  Il  commandait  le  corps  de 
bataille  à  la  journée  de  Honschoote, 
etfut  blessé  en  enlevant  les  retran- 
chemens  ennemis  à  la  tête  de  ses 
troupes.  Deux  jours  avant,  il  s'était 
emparé  de  Hout-Kerke,  Herzeele, 
Bambeke  et  Rexproede.  Le  a6  sep- 
tembre suivant,il  remplaça  le  géné- 
ral Bouchard  dans  le  commande- 
ment de  l'année.  Le  17  octobre,  il 


remporta  la  victoire  de  Wattignies, 
disputée  avec  acharnement  dans 
un  combat  de  48  heures,  et  força 
le  prince  de  Cobourg  à  lever  le 
blocus  de  Maubeuge.  Le  comité 
de  salut  public  appela  alors  Jour- 
dan  à  Paris,  pour  conférer  avec- 
lui  sur  les  opérations  ultérieures. 
Enivré  de  ses  succès,  le  comité 
voulait  prendre  l'offensive.  Jour- 
dan  lui  fit  considérer  que  l'armée 
était  composée  de  nouvelles  levées^ 
la  plupart  sans  armes  ni  habits; 
qu'ainsi  il  valait  mieux  passer  l'hi- 
ver sur  la  défensive,  pour  se  met- 
tre en  état  d'attaquer  au  printemps. 
Ses  plans  furent  adoptés  ;  néan- 
moins, on  n'oublia  pas  sa  résistan- 
ce, et,  dès  qu  e  les  troupes  furent  en 
état  d'agir,  Pichegru  vint  le  rem- 
placer. Le  comité  de  salut  public 
avait  même  pris  un  arrêté  par  le- 
quel il  ordonnait  la  destitution  et 
l'arrestation  du  général  Jourdan  ; 
Oiais  des  représentans  du  peuple 
près  l'armée  ayant  pris  sa  défense, 
le  comité  se  borna  à  faire  propo- 
ser par  Barère  de  le  mettre  en 
retraite.  Cependant  il  fut  réem- 
ployé peu   de  temps  aprè«,  et 


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2  JOU 

obtint  le  commandement  de  l  ar- 
mée de  la  Moselle.  Il  ouvrit  la 
campagne  de  1794  par  le  combak 
d*Arlon,  où  les  Autrichiens^  forts 
de  169O00  hommes,  furept  com- 
pléteiQent  battus.  Il  reçut  ensuite 
l'ordre  de  iraTers«r  les  Ardenaes , 
et  de  Tenir,  avec  4o,«oo hommes, 
se  réunir  devant  Chariéroi  à  l'aile 
droite  de  l'armée  du  Nord,  ce 
qu'il j'exécu ta  avec  habileté.  Les 
troupes  placées  sous  le  comman- 
dement de  Jourdan  reçurent  le 
nom  d'armée  de  Sambre-et-Meuse. 
Cette  armée  passa  la  Sambre,  rem- 
porta la  vicloirc  de  Fleurus  le  8 
messidor  (a6  juin),  celle  del'Our- 
the  et  «le  l'Aiwâille  le  i8  ôeptem-' 
bre,.et  celle  ^e  la  Roër  le  2  octo- 
bre suivant.  £lle  battit  r^nnemi 
dans  une  fovle  de  combats,  reprit 
les  places  de  Landrecies,  Leques- 
aoy^  Yaleticienaes  et  Condé,Jit  la 
poiiqu^e  de  celles  de.  Ghaderoi, 
Nam«ir,  Julie rs  et  Maestricht,  et 
planta  ses  drapeaux  sur  le  IVbio, 
.  depuis  Glèves  jusqu'à  Cobleati. 
Ainsi  furent  conquises  pour  la 
Fi*aac6  en  «me  seule  campagne, 
ces  beMes  contrées  qu'arrose  le 
Rhin,  >qui  lui  sont  restées  |>eEkdaBt 
90  ans,  et  que  les  désastres  d« 
idi4'<^)Bt  seuk  pu  lui.ai^racher.  £r 
1 795,  JourdftD  '.prit  possession  de 
iû  fort^esde  de  Luxembourg,  qui 
se  -reftditpar  uapitalatioii.  En  sep- 
tembre, il  paËM$a  le  Rhin  de  vive 
£»i^c«i.en  présence  d'un  corps  de 
»o,^ôo  Autrichiens»,  «t  s'empara 
de  H^uaseldorf.  L'araatW  de  Gliiir^ 
&yt9  réuBâ^^uria  Lahn,ii'o8a  point 
^  courir  la  ohaiM^e  d'une. balaille,  et 
«ereploya  au-<)elÀ  du  Meîo.  Jour- 
daiî'^  poursuivit,  et  pdt  4>usitioa 
«ntreJVlayeoceci  Hochst,  eà  pas-* 
mt  k  l^e  de  neutralité  cônve-*' 


JOU 

Jîue  avec  la  Prusse.  Pichegru,qui  a- 
vait  traversé  le  Rhin  à  Manheim,  et 
qui,  d'après  les  ordres  du  gouver- 
neiDent,  aurait  dû  s'avancer  avec 
la  majeure  partie  de  ses  forces  sur 
le  Mein,  pour  couper  la  retraite  à 
Clairfa  jt,  etopérer  sa  jonction  avec 
Tarnsiée  de  Sambre-et-Meu$e^  9e 
borna  à  porter  sur  Heidelberg  un 
corps  de  10,000  hommes,  qui, 
peu  de  jours  après,  fut  complète- 
ment battu.  Clairfayt,  rassuré  par 
l'inaction  de  Pichegru  en  relation 
avec  les  émigrés,  tira  des  renforts 
de  l'armée  autrichienne  du  Haut- 
Rhin,  franchit  la  ligne  de  neutralité 
au-dessus  de  Francfort,  et  iDanœu- 
vra  pour  envelopper  l'armée  de 
Sambre-et-Meuse  entre  la  Lahn  , 
le  Mein  et  le  Rhin.  Telles  ^nt  les 
causes  de  la  retraite  de  Jourdan. 
Le  gôuvepnemeiit  lui  écrivit  à  ce 
sujet  :  «  Oui,  général  »  nous  ai* 
ornons  à  vous  rendre  la  justice  que 
»vou8  méritez;  nous  approuvons 
)»la  retraite  que.  vous  avez  ordoo* 
»fiée,  et  nous  somcEres  convaincus 
»  qu'elle  était  indispensable.  Nous 
•  vous  avcKis  félicité  lorsqii^  vous 
navez  conduit  l'armée  de  Sambre- 
»et-Aleuse  à  la  victoire;  nom  vous 
»  félicitons  de  l'avoir  arrachée,  par 
j)iine retraite  beureuse,  à  une  parte 
«{[tt'esque  inévitable.  »  Peu  de  temps 
après,  le  ^géotéral  Clairfayt  ay^ant 
for^ié  les  ligues  «de  Miayence,  Jour- 
dan marcha  au  secours  de  l'aroiée 
de  Rhin -et -Moselle.  Aj>rè8  une 
courte,  mais  bj^illante  campagne 
dansle Hundsi^ick,  il oonviAt4'un 
armistice,,  et  ia  guerre  qe  fut  re- 
piise  qu'au  p^iateiups  suivant, , 
époque  à  laquelle  il  passa  <lo 
nouveau  le  Riia,,  força  le  |péné- 
ral  Wartensleben  à  battre  en  jê^- 
traite,,  s'etopara  de  F<ri»ncfort  et 


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M  Wut^bourg  »  ^  «  portij  prè? 
dj^  Rafisboi^ae.  Mais  ayant  été  att^t^ 
q^é  paç  ra^çkiduc  CharlçSj  qui  &^ 
fetiirail;  ^e  deyant  JVJoreaM  ,  et  \^r 
aait  au&^ODur^  d«  W^rti^psleben  9 
avec  4p*P<M>  hojpin^s ,  il  fut  oblir 
^é  ie  i^  repfjer  swt  jp  Rl^in.  Joui:- 
dao  a  publié»  .eo  |343,  m  oi^yrage 
ayant  pour  fitrfi  ;  ^émoir^s  pour 
servir  à  i'hfsfolre  dç  la  campagne 
4e  lygà,  4aR9  leqjJjet  iUst  dérnoii- 
tré  qii$  $a  retraite  fut  (ycpasioRiéiB 
par  J9  qfiauyaise  dir.ec^ioa  que  lie 
gouv.eraefnjBB^  dooaa  auxarihéesi, 
^t  p^T  le  pj^rti  qije  prit  Moreau, 
d'aller  rpr^ppjrter  yne  rictoire  fa- 
elle  sur  le  Leqjs. ,  au  lieu  de  $^i- 
vre  }%p]^id]qic  CharljE^s.  ^ourd^ijd 
^y^nt  quitté  le  <;Q09inandement^ 
r^mée,  tutàpmoi^y  en  mars  1 79^7, 
par  1^  département  de  1«  Hauter 
Viiepue,  au  conseil  des  cinq-cents. 
Le  a5  s^^ptembre^  U  fut  élu  pri^ 
aidant,  «t)esii  janvier  1,798,  se^ 
crétairp.  Le  a4  septembre  suir 
Taiit,  il  f^t  réély  président,  e^t 
,4oj(ina  sa  déi;njssion  le  14  ^P~ 
:hre,  a^no^ç^nl  que  le  direptoiire 
le  destinait  au.  commandement 
.d^^  armées.  Dans  T exercice  de  ses 
fo^ctlpiv»  législatives ,  il  prit  spif- 
.Tèii^  part  aux  discussiçn  s,  fit  di- 
vers rapports,  proposa  et  fltadop- 
lier  la  loi  sur  la  consci^tion.  Le 
directoire,  qui  par  ses  prétentions 
exagérées  à  Afistadt ,  ç^t  ses  en- 
itr^prises  en  Italie  et  en  Suisse, 
avait  .aj?mé  toute  FEurope  contre 
Ixki ,  no|i  -  s^eu^ement  négligea  de 
lever  des  arniées  capables  de  te- 
.nir  tête  à  J'orage  ,  miiiî^  encore 
<^ouimença  Ifis  hostilités  avant  d'a- 
voir réuEÛ  pur  les  .pqijats  d'atta- 
que tous  les  moyens  dont  il  pou- 
vait dtspQ^r;.  de  sorte  que  T^i^- 
4i^ée  dusP^niiibe,  i^pmppi^fl^e  par 


JOU  ? 

1^  général  leiurdaq ,  ne  comptait 
qqe  5^99pQ  hpmmes,  lorsqu'elle 
pa^s^j  le  Rhin,  le  \"  mars  1799, 
et  eqfra  ^n  gpp£d>e.  «fourdan  ne 
tarda  pas  à  se  trouver  ep  présence 
de  Tarchiduc  Charles,  qui  avait 
plu§  d^  65,ooo  hommes  sous  ses 
ordres.  Lè§  hostilités  commence- 
rfsnt  le  20  piars;  le  lendeniain,  trois 
divisions  françaises  soutinrent  à 
Oarach ,  çoptre  tput^  l'armée  au- 
trichienne ,  le  copabat  Ip  plus  opi- 
niâtre, e|;  n'abandonuiérent  leur 
position  qu'après  avoir  fait  é- 
.prouver  une  perte  ppnsidérable 
aux  ennemis.  Jpurd^p ,  convaincu 
qu'en  persistant  \à  lutter  çoptrp 
djQ^  fojçces  aus^i  supérieures  il 
cpuipromettraît  son  armée,  prit 
la,  ^termiinatipn  dje  ^e  rapprpàer 
du  ^  Rhin  ,  dans  l'espérauce  d'y 
recevoir  les  secours  d^ont  il  ayaft 
bèspip  pour  reprendre  J'offensive. 
^1  fit  sa  retraite  en  bon  ordre ,  e{ 
fut  suivi  nwllemeht  par  l'archi- 
duc. S'étant  agerçu  ,-  )e  24,  que 
ce  prince  av^it  mal  disposé  ses 
t,rO;(ipes  a,ux  epvirons  de  Stocîeach, 
il  espéra  que  cette  circonstanc.é 
balancerait  la  disproportion  de  ses 
forces  avec  celles  de  son  adver- 
saire, et  prit  la  résolution  de  ten- 
ter encore  une  fois  le  sort  des  ar- 
mes. En  conséquence,  il  attaqua 
rarchiduc  Ip  lendemain ,  à  Licb- 
tingen,  lui  fit  49OOO  prisonniers , 
prit  2  pièces  de  canon  ,  coucha 
sur  le  champ  de  bataille  et  y  sé- 
journa lé^our  suivant.  L'avantage 
remporté  n'ayant  pas  été  aussi 
considérable  que  l'espérait  Jour- 
dan,  il  continua  sa  retraite,  et  se 
porta  vers  les  débouchés  de  la 
forêt  Noire,  Lp  10  avril,  il  fut 
remplacé  par  Massépa.  Réélu  ap 
conseil  des  cing-ce«^ts ,  il  y  entra 


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4  JOU 

en  mai  1799.  L'împéritie  du  gou- 
vernement étant  la  cause  des  re- 
vers qu'essuyaient  les  années  , 
Jourdan  proposa  de  déclarer  la 
patrie  en  danger,  dans  l'espérance 
de  faire  adopter  des  mesures 
propres  à  retirer  la  France  de 
la  situation  déplorable  où  elle  se 
trouvait.  Mais  il  échoua.  Le  18 
brumaire ,  il  ne  marcha  pas  sous 
la  bannière  du  général  Ëonaparte, 
parce  qu'il  craignit  que  sous  le 
prétexte  de  soustraire  la  nation  à 
l'anarchie ,  on  ne  voulût  lui  ravir 
la  liberté.  Il  fut  exclu  du  corps- 
législatif,  et  momentanément  con- 
damné à  être  détenu  dans  le  dé- 
partement de  la  Charente-Infé- 
rieure. Le  24  juillet  1800,  il  fut 
nommé  ministre  extraordinaire , 
puis  administrateur  -  général  en 
Piémont.  Il  extirpa  le  brigandage, 
rétablit  l'ordre  dans  les  finances , 
«t  fit  régner  la  justice  dans  ce 
pays.  En  1803 >  il  fut  appelé  au 
conseil-d'état.  En  janvier  i8o5, 
il  fut  élu  candidat  au  sénat-cori- 
seçvateur,  parle  collège  électoral 
de  la  Haute-Vienne,  et  appelé  en- 
suite ai4  commandement  en  chef 
de  Tarmée  d'Italie.  Le  19  mai 
i8a4>  Jl  fut  fait  maréchal  de  l'em- 
pire, et  grand-cordon  de  la  légion- 
d'honneur.  En  juin  i8o5,  il  reçut 
l'ordre  de  Saint-Hubert  de  Bavié- 
sre,  et  commanda  les  manœuvres 
du  camp  de  Castiglione ,  lors  du 
couronnement  de  Napoléort  com- 
me roi  d'Italie.  Remplacé  à  l'ar- 
mée par  Masséna ,  au  moment  où 
la  guerre  éclata,  il  se  plaignit  a- 
mèrement  à  l'empereur,  qui  lui  fit 
la  réponse  suivante  ;  «Mon  cou- 
»sin,  je  reçois  votre  lettre  du  5 
«vendémiaire;  elle  me  fait  un€ 
•  véritable  peine,  et  je  partage 


JOU 

»  toute  celle  que  vous  ressentes. 
»  Il  est  impossible  d'avoir  été  phis 
»  satisfait  que  je  ne  l'ai  été  de  vo- 
»  tre  conduite,  et  d'avoir  meilleure 
»  opinion  que  je  l'ai  de  vos  talens. 
»  Si  j'ai  envoyé  Masséna  en  Italie, 
«c'est  en  cédant  à  ma  conviction 
»  intérieure,  que  dans  une  guerre 
»qui  présente  tant  de  chances  et 
D  dont  le  théâtre  est  éloigné  du 
*  secours  du  gouvernement,  il  fal- 
»  lait  un  homme  d'une  santé  plus 
«robuste*  que   la  vôtre  ,   et  qui 
«connût  parfaitement  les  loçali- 
»tés.  Les  événemens  se  pressent 
«autour  de  nous  avec  une  telle 
«rapidité,  qu'il  a  fallu  de  telles 
»  circonstances  pour  faire  taire  tou- 
»  te  considération  particulière.  J'ai 
«dû  envoyer  en  Italie   l'homme 
«qui  connaît  le  mieux  l'Italie.  Dcr- 
«puis  les  positions  de  la  rivière 
«de    Gènes   jusqu'à    l'Adîge ,  il 
«n'est  aucune  position  que  Mas- 
»  séna  ne  connaisse.  S'il  faut  aller 
«en  avant,  il  a  encore  un  avan- 
»  tage  ;  ces  contrées'  agrestes  dont 
»  il  n'existe  pas  de  carte  même  à . 
«Vienne,  lui  sont  également  fa- 
»  milières.    Mon  cher  maréchal , 
ftje  conçois  que  vous  devez  avoir 
«de  la  peine;  je  sais  que  je  vous 
»  fais   un  '  tort  réel ,  mais   restez 
«persuadé  que  c'est  malgré  moi. 
«Si  les  circonstances  eussent  été 
«moins  urgentes  coVnme  je  m'en 
«flattais,  vous" eussiez  achevé  cet 
»  hiver  de  bien  connaître  lés  loca- 
«lités,  et  ma  confiance  dans  vos 
»  talens  et  dan§  votre  vieille  expé- 
«rience  de  la  guerre  m'eût  rassu- 
»  ré. Mais  vous  connaissez  le  Rhin; 
«vous  y  avez  eu  des  succès.  La 
«cîunpagne  est  engagée  aujour- 
ï^d'hui;  mais  dans  i5  ou  20  jours, 
«les  événemens  nécessiteront  de 


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JOU 

I»  nouyelles  formations,  et  je  pour- 
»rai  TOUS    placer  sur  ce  théâtre 
»  que  Vous  connaisses  le  mieux., 
»el  où  vous  pourrez  déployer  tou* 
»te  votre  bonne  yolonté.  Je  désire 
«apprendre,  par  Totre  réponse, 
»que  Yous  êtes  satisfait  de  cette 
«explication,  et  que  surtout  tous 
»Re  doutez  pas  des  sentimens  que 
*\e  yous  porte.  •  En  1806,  Jour- 
dan  fut  envoyé  à  Naples  en  qua- 
lité de  gouverneur  de  cette  ville  ; 
et  en  1808,  il  passa  en  Espagne, 
«Q  qualité  de  major-général  so^s 
le  roi  Joseph,  qu'il  suivit  constam» 
ment  à  titre  de  conseil.  Abreuvé 
de  dégoûts-  et  de  contrariétés  de 
toute  espèce,  il  sollicita  son  rap- 
pel, qu'il  obtint  sur  la  fin  de  1809. 
Le  général  Glarke,  ministre  de  la 
guerre,  lui  écrivit  à  ce  sujet  :  a  J'ai 
«soumis  à  l'empereur  votre  de- 
»  mande  de  rentrer  en  France;  s'il 
»  l'accorde,  je  regretterai  vivement 
»la  franchise,  l'exactitude  et  le 
«talent  de  votre  correspondance. 
«Je  crains  bienqueVotre  Excellen- 
«ce  ne  puisse  être  suppléée  par 
«personne,  dans  les  circonstances 
«graves  où  nous  nous  trouvons.» 
Jourdan  vivait  au  sein  de  sa  famil- 
le, lorsque  l'empereur,  détermi- 
né à  faire  la  guerre  à  la  Russie , 
loi  ordonna  de  retourner  en  Es- 
pagne avec  sa  première  qualité. 
Ce  fut  pendant  cette  seconde  pé- 
riode que  se  fit  la  retraite  de  Ma- 
drid, et  que  fut  donnée  la  bataille 
deVittoria,  le  ai  juin  i8i3.  On 
a  long-temps  imputé  au  maré- 
chal Jourdan  le  mauvais  succès 
de  cette  journée;  mais  il  n'y  com- 
mandait ni  de  droit  ni  de  fait,  et 
ses  conseils  éprouvèrent  de  nom- 
breuses contradictions.  On  sait,  de 
plus ,  que  dans  ses  f^équens  rap- 


JOU  5 

ports  au  gouvernement,  il  avait 
prédit  ces  revers  qu'il  n'était  pas 
en  son  pouvoir  d'empêcher,  et  en 
avait  assigné  les  causes.  Après  la 
bataille  de  Yittoria,  il  rentra  en 
France,  et  resta  sans  activité  jus 
qu'à  l'année  suivante,  où  il  fut 
nommé  gouverneur  de  la  i5"*  di- 
vision militaire.  Le  5  avril  1814, 
il  envoya  de  Rouen  son  adhésion 
à  tous  les  actes  du  gouvernement 
provisoire.  Le  2  juin,  il  fut  créé 
chevalier  de  Saint-Louis.  Après 
le  ao  mars  181 5,  il  se  retira  à  sa 
campagne.  Napoléon  l'appela  à 
la  chambre  des  pairs  au  mois  de 
juin,  et  l'envoya  à  Besançon,  en 
qualité  de  gouverneur  de  cette 
place  et  de  la  division  militaire. 
Il  présida  le  conseil  de  guerre  qui 
devait  juger  le  maréchal  Ney ,  et 
qui  se  déclara  incompétent.  Le 
roi  de  Sardaigne  lui  envoya ,  en 
1816,  son  portrait  enrichi  de  dia- 
mans,  comnie  un  témoignage  des- 
tiné à  rappeler  son  administration 
du  Piémont  en  1800.  Il  &it  nom- 
mé, en  1817,  gouverneur  delà 
7*  division  militaire ,  et ,  l'année 
suivante,  le  roi  l'appela  à  la  cham- 
bre des  pairs. 

JOURDAN  (Antoine -Jacques- 
Louis)  ,  littérateur,  né  en  décem- 
bre 1785,  à  Paris,  fut  d'abord  des-; 
lîné  à  la  profession  de  médecin. 
Il  se  livrait  aux  études  nécessaires 
à  cette  profession,  lorsque  appelé 
aux  armées  en  1807 ,  il  y  fut  suc- 
cessivement employé  comme  chi- 
rurgien sous-aide,  et  comme  aide- 
major.  Il  a  conservé  ce  dernier 
grade  et  en  a  rempli  les  fonctions, 
depuis  son  retpur  à  Paris  jusqu'au 
licenciement  de  i8i4>  dans  les 
hôpitaux  militaires  du  Gros-Cail- 
lou et  du  Yal-de-Grace.  M.  Jour- 


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flan,  ^riyè  de  son  €ïnpïof ,  et  )|)0S- 
èédant  plusieurs  tûtigues,  étt- 
tré  autres  ,  ralleinand,  renonça 
tôut-â-fait  à  Texercice  de  la  mé- 
decine pour  se  livrer  à  Ih  littéra- 
ture médicale.  Indépendamment 
d'une  foule  de  bons  éïtrâîts  d*oti- 
Trages  étranger^,*  et  d*)ex(îetten8 
articles  dont  il  a  enrichi  le  Jour- 
nal général  et  le  Dictionnaire  des 
sciences  médicales^  il  a  publié  plu- 
^eurs  ouvrages  dont  les  princi- 
paux sont:  1*  Traité  de  laPligue 
polonaise ,'  'traduit  de  rallemaiid 
de'F.L.  La  Fontaine.  Paris,  1^07, 
în-8"  ;  2*  ^Histoire  de  là  médecine , 
depuis  son  origine  jusqu'au  '19* 
siècle,  traduit  de  rbltemând  die 
Sprerigel',  Paris,  18 15,  7  YOl. 
în-8*  ;  5'  Histoire  de  la  philoso- 
phie moderne,  depuis  la  naissance 
des  lettres  jusgu^à  Kànt ,  'ptécàdéè 
'  H\n' abrégé  de  la  philosophie^ an-- 
çiénne,  depdîsThaUsj'uè'qu'au  i5* 
sî^tle,  tfaduit  de  ràllemùnd  de 
T.'^Buhle,  Taris,    1816,  5  ifol. 

JOURtfl^N     (JEAW-BAP»tïSTE), 

auteur  draHiatîque ,  naquit  à  Mar- 
seille le  20  décembre  1711,  et 
mourut  à  Paris  le  7  janvier  1793. 
FîFs  d'iin  capitaine  de  vaisseau 
nàâf  charid ,'  dès  sa  tendre  jeunesse 
il  ât^conipagna  soh  père  dans  des 
ybyâgés,  et  assista  près  de  lui  û 
felusièlirs  èombats  où  il  monti*â 
beaucoup  de  courage.  Ilafvlaît  èe- 
pèndant  une  autre  vocation,  et 
son  goût  pour  le  théôthe  Tayant 
cèiiduU  a  Paris,  il  s'y  occupa 
(Tèfuvrâges  dramatiques  dont  plu- 
sieurs '  furent  '  représentés  avec 
quelque  succès  sur  le  théâtre  Ita-J 
lien,  entre  autres,  tEcole  des  Pru- 
dis  9' comédie  en  3'hctes,^  joilée  en 
1755  et  non  imprimée.  Jôùtdàn 


avMt  héi^é  ûh  sa  ftnnflle  Vsme  «lo^ 
dique  fortune  t^uNJ  ne  parvint  ptis 
à  'augmen'termai:gré  ses  «ombreux 
travaui.  11  paraît,  au  contraîre. 
^'accablé  dés  infirmités  de  fa 
vieillesse ,  il  se  trouvait ,  lorsqu'R 
moutùt,  dans  un  état  presque  vx)i- 
Sin  de  l'indigence.  Les  ouvrages 
qu'il  a  ]p!isb1ités  8oht  :  i*  téCûrreC" 
tëur  desin>uffc>ns,  ou  t  écai  erdePra^ 
gue,  i75f5,  in-8';  fi""  le  Guerrier 
philosophe^  ou  MémohreB  du  duc 
dis***,  1 7449  4  psntiesin-  i^^^^'Hii- 
îoîre  d'JristomènB,  avec  'quetqojBn 
réftêaHôm^sar  lu  tragédie éeâe  irom, 
174^*5  in-in;  ^""'t/istoire  de  Pyr-^ 
rfïusy  1746',  a  Vôl  in-ia;  5*»  Us 
amours  d^Jibroccme  et  dÂnthia^ 
traduit  du  îg/ec  de  Xîénupfaon  4« 
Jeune,  1748,  Iri-ib;  *6*  Fie%ie 
daine  Olympe  Matdaehlni,  traduit 
jte  i'itali«n  de  Gregorlo  Leti,  arec 
ilés'uotes',  1968,  a'vol.  in-^ia;  ^7* 
Coynpardison  \ie  Mimfiuset  deF\^ 
nise  sautée,  i770«  Dn^graud  honi'<' 
bre  d^ouvrag<^'d'ttile  molndre'iih- 
pôrtance  sont  '8onii»'de  lu  plume 
de  cet  auteur.  - 

JOURDA^  (AKTOK-JofflWH),  né 
à  Aubdgne  en 'Provence,  montra^ 
dès  le  commenc^nent,  rarrersion 
la  plus  marquéepuur  la  révolution. 
Il  ne  voulait  point  cependant  en 
être  le' martyr,  et  se  cacha  pendint 
la  terMôurde  1795.  D^abord  inscrit 
sûr  ta  liste  des- émigrés, ^pilis  dé- 
couvert et  emprisonni^  il'ne  dut 
son  salut  qu'à  la  journée  dU  t^ 
thermidor  an  2  (27  juillet  I7ô4)' 
En  1795^  il  i\lt  nommé  député  au 
conseil  des  cinq-eents  par  le 'dé- 
partement des  BoUcbesHin^Rliôiie. 
Les  prindpes  qu'î^  arait  professés 
jU^u'aioi^s  le^rent  bied'aeeuvitiir 
d*urie  paitiè  'die  ï^as^^mblée.  •'Il 
crut  dévi!^r'86ur««i2r'eës|iirincipei(^ 


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JOU 

qui  ^e   trouvaient  en  opposition 
avec  ceux  de  la  iii£i}ori|:é  des  deux 
coaseiljS)  et  défendit»  toutes  les 
fois  que  i'occdsion  s'en  présenta  , 
la  cau^  des  émigrés  «tvec  une 
chaliQur  reuiarqiiiible*  Il  prétendit 
aussi  défendre  la  liberté  des  cul- 
tes ,  qui  n'était  point  attaquée  f 
à  Toccasion  de  rétablissement  de 
la     tbéophilantropie ,    qu'il    re-r 
poussait  Mais  ce  qui  lui  fait  le 
plus  d'honneur,  cfest  de  s'être  op- 
posé à  ce  qu'on  condamnât  à  mort 
les    émigrés   qvii»    avec   le  duo 
de  M.  de  Choiseul-Stainvilley  fu- 
rent jetés  p^r  un  naufrage  flur  les 
cotes  de  Franoe.  M.  Jourdan  s'é- 
tait f  d^ns  toutes  les  occasions  y 
prononcé  coatre  le  directoire;  il 
en  fut  considéré  oommf  un  enne- 
mi dangereuji;»  et  se  trouva  com- 
pris dans  le  décret  de  déportation, 
qu'à  la  sollicitation  de  ce  même 
directoire  les  deux  Qonseils  rendi- 
rent à  la  suite  de  la  >ournée  du  18 
fructidor.  M*  Jourdan,  parvenu  à 
s'échapper,  allacbercher  unrefuge 
en  Espagne ,  et  ne  fut  autorisé  à 
rentrée  en  France  qu'après  la  ré- 
Yolution  du  )8  brumaire*  Porté 
sur  la  liste  des  candidats  au  sénat- 
ponservateur  m  i8q5>  il  fut  en- 
suite nommé  à  la  préfecture  du  dé- 
partement  des  Forêts.  Après  la  res- 
t^ura^tton  en  )8i4*  M.  Jourdan  ob- 
tint l^  titre  de  conseiller-d'état  en 
service  ordinaire;  et  bientôt  on  joi- 
gait  à  ses  attributions  celles  d'ad- 
mioÎAtr^ur  civil  des  cultes  reli- 
gîeui: ,  eç  remplacement  de  l'an- 
cien ministre  des  exultes.  Le  retour 
de*  Ilâapoléon  en  mars  18 1 5  força  M. 
JoutrddiQ  d'abîoadonner  cette  place, 
dans  laquelleil  fut  réintégré  après 
le  8  juillet ,  ei^'il  quitta  de  nou- 
v^u,  à  c^use  du  dèpériss«m#iit  de 


JOU  7 

s^  santé,  en  1816,  Il  avait  pré»*- 
lablement  rédigé  et  présenté  au 
roi. l'ordonnance  qui  confie  l'ad- 
ministration de  tout  ce  qui  avait 
rapport  au  culte  catholique  au 
grand-aumônier.  Une  nouvelle 
décision  fit  bientôt  rapporter  cette 
ordonnance,  et  je  ministri^  de  l'in- 
térieur vit  la  surveillance  de  tous 
les  cultes  rentrer  dans  ses  attribu- 
tions. 

JOURDAN  (Mathubis-Jodvb), 
dit  Joui^DAïi  GOi^PB-TÊTE,  naquit 
dans  un  village  du  Yivarais.  Il 
apprit  le  métier  de  maréehal-fer- 
rant.  Jeune  encore,  il  partit  pour 
ce  qu'on  appelle  populairement 
faire  son  tour  de  France.  Une  bron 
chure  publiée  à  Paris,  en  1822, 
porte  que  Jourdan  était  attaché  à 
M.  Delaunay,  gouverneur  de  la 
Bastille  en  1789,  et  que  ce  fut  lui 
qni  lui  trancha  la  tête  le  1 4  )uillet. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que 
Jourdan  habita  Versailles  après  le 
i4iuillet  17%*  et  qu'il  y  exerçait 
la  profession  de  marchand  de  vin^ 
lors  des  événemena  des  5  et  6  oc- 
tobre. La  voix  publique  le  désigna 
alors  comme  ayant  coupé  les  têtes 
des  gardes-du-corps.  C'est  à  cette 
époque  qu'il  se  rendit  à  Avignon. 
Cette  ville  n'étant  pas  encore 
réunie  à  la  France,  pouvait  servir 
4i'a$ile  à  qeux  que  la  procédure 
it^ruite  contre  les  auteurs  des  as^ 
sassixiatâ  du  6  octobre  aurait  me- 
nacés. Jourdan  arriva  à  Avignon 
avec  beaucoup  d'argent  et  des 
lettres  de  recommaadation  pour 
Mainvielle  et  Duprat  }eune,  qui, 
à  cette  époque,  étaient  les  cheé 
de  la  révolution  d'Avignon.  Il  se 
livra  à  un  petit  commerce,  et  se 
fit  inscrire  dans  la  garde  national 
le.  Au  mois  d'avril   1791,  cette 


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s 


roo 


garde  se  composait  de  14  compa- 
gnie s,  et  Jourdan,  lors  de  Jfa  réé- 
lection annuelle  des  officiers,  était 
/parvenu  à  se  faire  nommer,  de- 
puis peu,  capitaine  de  l'une  de 
ces  compagnies  C'est  sur  ces  en- 
trefaites que  M.  de  La  Yilasse, 
gentilhomme  de  Yaison,  qui  s'é- 
tait déclaré  avec  ardeur  pour  la 
réunion  du  comtat  à  la  France, 
ayant  été  assassiné  par  les  papis- 
tes de  cette  contrée,  des  patriotes 
d'Avignon  crièrent  vengeance,  et 
demandèrent  à  grands  cris  la  guer* 
re  contre  les  Gomtadîns  qui  ne 
voulaient  pas  de  leur  réunion  à  la 
France.  Le  maire  et  plusieurs  of- 
ficiers municipaux  d'Avignon, 
quoique  très-patriotes,  s'oppo- 
saient à  cette  guerre;  mais  elle 
fut  résolue  d'après  les  menées  et 
les  clameurs  des  frères  Mainyielle, 
des  frères  Duprat ,  des  frères  Ro- 
vère  et  de  Jourdan.  L'armée  avi- 
gnonnaise  se  composa  de  i4com- 
pagnies  de  la  garde  nationale, 
d'environ  aoo  déserteurs  des  ré- 
gimens  de  Lorraine-dragons  et  de 
Soissonnais- infanterie.  Cn  sieur 
Patrix  en  fut  nommé  général,  et 
Rovère  et  Mainvielle  aîné  furent 
ses  lieutenans.  Cette  armée  partit 
bientôt  après  et  rencontra  l'armée 
comtadine ,  près  de  Fariau,  à  4 
lieues  d'Avignon.  L'armée  comta- 
dine fut  mise  en  déroute;  mais 
on  fit  un  crime  à  Patrix  d'avoir 
laissé  les  canons  en  arrière;  on 
cria  contre  lui  à  la  trahison,  et  on 
le  fusilla  sans  jugement.  Il  fut 
ensuite  question  de  lui  donner  un 
successeur  :  l'armée  nomma  suc- 
cessivement Mainvielle  aîné  et 
Rovère,  mais  ils  refusèrent.  C'est 
alors  que  Jourdan  dit  à  très-haute 
voix  :  »  Puisque  personne  ne  veut 


JOU 

«>  être  général,  moi,  je  le  serai.  »  A 
ces  mots,  le  cri  de  vive  le  géné^ 
rai  &eût  entendre,  et  Jourdan  de- 
vint général  en  chef,  sans  qu'au- 
cune autre  formalité  accompagaât 
sa  nomination.  Les  Avignonnais 
allèrent  camper  sous  les  murs  de 
Carpentras;  mais  après  un  mois  / 
d'une  espèce  de  siège,  qui  n'était 
seulement  pas  un  blocus,  ils  ren- 
trèrent à  Avignon.  Cette  armée 
accusait  la  municipalité  de  ne  lui 
avoir  pas  envoyé  les  munitions  né- 
cessaires ,  afin  d'apporter  des  en- 
traves à  ses  opérations.  Elle  cassa 
les  officiers  municipaux,  et  les  fit 
arrêter,  plus  particulièrement  ceux 
qui  s'étaient  opposés  aux  hostili- 
tés. Le  maire,  M.  Richard,  parvint 
à  s'échapper.  Il  est  mort  il  y  a  a 
ans  à  Paris,  où  il  était  venu  cher- 
cher un  asile.  Ces  infortunés  ma« 
gistrats,  tous  patriotes,  furent, 
bientôt  après,  dans  la  nuit  du  16 
octobre,  massacrés  et  jetés  dans 
une  grande  tour  dite  de  la  Glaciè- 
re. Jourdan  était  à  la  tête  des 
bourreaux  dans  cette  nuit  affreuse. 
Des  commissaires  du  roi  arrivè- 
rent bientôt  après  à  Avignon;  on 
instruisit  une  procédure  contre 
ces  assassins.  Jourdan  fut  décrété, 
arrêté  comme  il  traversait  l'Ou- 
vèze,  fuyant  sur  un  cheval,  et 
amené  dans  les  mêmes  prisons 
sur  le  pavé  desquelles  étaient  en- 
core fraîches  les  traces  .du  sang 
qu'il  y  avait  versé.  Les  démar- 
ches de  son  aide-de-camp  Rovè- 
re eurent  pour  résultat  une  am- 
nistie en  faveur  des  giaciéristes; 
alors  Jourdan  sortit,  mais  furtive- 
ment, des  prisons  d'Avignon,et  se 
retira  à  Marseille.  Il  fut  du  nom- 
bre de  ceux  qui  entrèrent  à  Arles 
en  179a,  sous  les  ordres  de  Re- 


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\ 


iOU 

becqui,  qu'un  arrêté  du  départe- 
ment jies  Bouches-du-Rhône  ayait 
envoyé  dans  cette  Ville.  L'année 
suivante,  il reyint  à  Marseille.  Cet- 
te ville  ayant  levé  l'étendard  de 
l'insurrection  contre  la  c(»iyen- 
tion,  Joijfrdan  y  fut  arrêté,  et  resta 
en  prison  jusqu'à  ce  que  l'année 
commandée  par  le  général  Car- 
teaux  eût  rétabli  dans  la  yiUe  l'au- 
tocîté  conventionnelle.  Il  retourna 
à  Avif;non,  où  Rovère  et  Poultier, 
représentans  du  peupb,  envoyés 
en  mission  dans^  les  départemens 
méridionaux,  le  nommèrent  com^ 
mandant  en  chef  de  la  gendarme** 
rie  des  départemens  de  Yaucluse 
et  des  Bouches-du-Rhône.  En 
cette  qualité,  il  fut  le  pourvoyeur 
du  tribunal  de  Yaucluse,  que  ceà 
proconsuls  avaient  érigé  en  tribu- 
nal révolutionnaire.  Ne  sachant 
ni  écrire,  ni  lire,  signant  ses  or- 
dres avec  une^ffe,  il  faisait  arrê- 
ter les  citoyens  de  la  manière  la 
plus  arbitraire.  Il  en  arrêta  lui- 
même  un  des  plus  notables  du 
pays,  et  l'envoya  sous  honne  es- 
corte, d'Avignon  à  laConciergerie 
de  Paris,  parce  qu'il  avait  haute- 
ment improuvé  les  événemens  de 
la  Glacière,  et  la  turpitude  des  re- 
présentans qui  l'avaient  nommé 
aux  fonctions  qu'il  exerçait.  Jour- 
dan  qui  ne  tarda  pas  à  le  suivre 
dans  la  capitale,  se  présenta  à  la 
société  des  Jacobins,  et  y  reçut 
V  accolade  fraternelle  du  président 
et  un  diplôme  de  sociétaire.  De 
retour  à  Avignon,  fier  de  l'accueil 
qui  lui  avait  été  fait  à  Paris,  il  ne 
garda  plus  de  mesure,  et  se  livra 
à  toutes  sortes  d'extravagances  a- 
troces  ou  ridicules .  Il  ne  marchait 
plus  qu'en  voiture  à  4  chevaux, 
escorté  par  ses  gendarmes.  Il  vi- 


JOU  g 

vait  avec  une  femme  de  Bedairi- 
des,  qu'il  avait  enlevée  à  son 
mari.  Il  fit  mettre  en  prison  le 
maire  et  les  officiers  municipaux 
de  Yedennes,  parce  qu'ils  n'avaient 
pas  gardé  le  chapeau  bas  en  lui 
parlant ,  et  fit  faire  feu  sur  des 
citoyens  de  la  commune  d'£yra- 
gues,  qui  ne  voulaient  pas  lui  cé- 
der leurs  chevaux.  L'accusateur 
public  ayant  voulu  réprimer  ces 
ea^oès,  Jourdan  le  fit  arrêter  lui  et 
le  grefiier  du  tribunal.  Tant  de 
turpitudes  et  d'infamies  reçurent, 
enfin  leur  juste  récompense.  Le 
comité  de  salut  public  donna  or- 
dre de  s'emparer  de  Jourdan,  et 
de  le  livrer  au  tribunal  révolu- 
tionnaire. A  l'instigation  deRoyè- 
reet  de  Poultier,  Tallien  parla  en 
vain  en  faveur  de  ce  misérable  à 
la  société  des  Jacobins,  Jourdan 
fut  condamné  à  mort  et  exécuté 
le  8  prairial  an  a  (27  mai  1794)* 
Quand  il  parut  au  tribunal,  il  a- 
vait  sur  sa  poitjrine  un  portrait  de 
Marat,  large  comme  une  assiette. 
C'est  à  tort  que  la  Biographie  des 
frères  Michaud  et  celle  de  Bruxel- 
les disent  que  ce  monstre  fut  puni 
de  mort  comme  royaliste  et  com- 
me fédéraliste.  Il  fut  condamné 
à  mort  comme  convaincu  d'être 
complice  d'une  conspiration  ten- 
dant à  détruire  la  république  par 
l'immoralité.  Yoici,  au  surplus, 
d'après  le  Moniteur  du  i5  prairial 
an  a  (1794)  9  l^s  motifs  du  juge- 
ment :  a  Comme  convaincu  de 
«conspirations  formées  dans  le 
»  département  des  Bouches^ u- 
»  Rhône,  et  notamment  à  Avignon 
»et  dans  son  district,  contre  le 
»  peuple,  par  suite  desquelles  les 
«biens  nationaux  auraient  été  di- 
»kpidés9  en  s'en  procurant  à  vil 


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lo  JOU  / 

»  prix,  I'ad|tidi0ait4<>n  par  le»  in  tri - 
»  gués  et  la  terreur;  en  abusant  et 
»  l'autorité  militatre,  pour  perse- 
»  cuter  et  incarcérer  arbitraîremeat 
»des  citoyens,  des  fonctionnaireft 
»  publics;  en  méconnaissant  Tau-* 
»torité  judiciaire,  administrative 
»et  de  police,  et  même  de  la  re-r 
»  présaitation  nationale,  pour  y 
»  substituer  un  pouvoir  arbitraîro 
»et  oppresseur.  » 

JOUBDAN  (JossPH  -  Gabuei.'- 
Aimé),  homme  de  lettres,  officiel! 
de  la  légion-d^bonneur ,  maître 
des  requêtes,  ancien  premier  côm* 
HÛs  des  finances,  etc. ,  est  né  «à 
Villecs-Cotterets,  département  de 
TAIene,  au  mois  de  fi^tembre 
1771.  I!  étudiait  le  droit  lorsque 
la  révolution  éclata.  Formé  à  Vé-* 
cole  des  pi:  losophea  du  18"^  siè- 
cle, et  passionné  pour  les  ouvra-' 
ges  de  Tua  des  plusoélèbres  d'en-» 
tre  eux,  J.  J.  Rousseau,  il  adopta 
avec  enthousiasme,  mftts  sans  exâ« 
gémtioD,  les  nouveaux  principes. 
Attaché  à  ia  rédaction  du  journal 
ie  Logùgi^pke,  il  se  chargea  de 
Feadre  compte  des  séances  de 
rassemblée  oottstituaote,  ce  qu'il 
fit  avec  beaucoup -de  soin  et  d'im- 
partiâlîjté.  Partisan  de  la  monar-* 
chie  caDsdtutîoBnelle ,  il  fut  sust 
pect  aux  exagérés  de  .1 793,  et  il 
courut  plias  d'un^  danger  à  c^te 
funeste  époque.  Eloigné  de  toute 
fonction  puhliqtre,  il  s'occupait  de 
rétude  de  l'histoire  naturelle,  €4 
««urtotit  de  la  hoianique,  lorsqu'il 
devint,  en  1795,  rédacteur  en 
i^hef  du  Moniteur,  Il  combattit 
dans  cette  fetuillele  terrorisnteyque 
quelques  hommes  exagérés  â'eilbr«< 
çaiesit  .«neene  de  ranînMr.  E  don-» 
Ha  aussi  .il'ejBeeifeBâ.'fiffticks  de 
Urtstérsituw,  «etl'an  aim»  iùi  veti?«ii'* 


JOU 

ver  rame  et  quelque  portion  du 
talent  de  son  illustre  maîti$  dans 
ceux  de  la  ^épuUuré  et  des  Souve-^ 
nirs.  Ces  deux  morceaux,  ausfri 
bien  prisés  que  bien  écrits ,  ont 
inspiré  le  génie  du  poète:  Legminrè 
les  a  reproduits  avec  bonheur  dao9 
deux  pièces  de  vers  qui  portent  U» 
mêmes  titres.  M.  Jjpurdan  donna 
plus  tard  une  œarqœ  touchante 
diattachement.  e(  de  respect  à  U 
mémoire  de  l'auteur  du  Contrai 
soekii.  Le  traducteur  en  prose  de 
Juvénaiy  Dusault,  ayant  attaqué 
le  philosophe  de  Genève,  par  suite 
de. la  vanité  la  plus  ridicule  et 
d'une  insigne  mauvaise  foi,  dans 
une  brochure  qu'il  publia  en  1 798» 
De  mes  Rapports  (wecJ.J.  Roas^ 
seau^  M.  Jourdan  répandit  par  u^ 
ne  autre  brocàure  qui  fut  accueil** 
lie  avec  beauoiHip  d'intérêt,  et 
unanimeoeient  Approuvée.  Sous  le 
gouvernement  conai^ire ,  M. 
lourdan  quitta  la  rédaction  do 
journal  officiel^  et  devint  secré- 
taire de  l'agence  des  receveurs^ 
généraux,  qui,  en  l'an  11  et  en 
l'an  12,  partagea  le  service  de  lu 
trésorerie  nationale.  Cette  agence 
cessant  ses  opérations,  M.  Jourdaa 
fut  changé  d^  rendre  .compte  de 
la  liquidation,  travail  qui  lui  con- 
cilia la  bienveillance  ^u  ministre 
du.  trésor,  qiû  le  nomma  directeur 
de  la  caisse  -de  service  chargée  d» 
continuer  les  mêmes  opérations. 
D^uis  la  premiène  restauration ,  eu 
46149  M.  Jourdan-est  devenu  «lio- 
cessivement  premier  commis  des 
finance$,ayaQt  la  diviston  du  mou- 
vendent  général  dies  londs;  mem- 
bre et  ttfiPifcier  de  la  légion  d'hton*- 
neur;  eafi»,  par  <»donnaace  4u  i«9 
avril  1817.,  nmtm  des  refuêtes 
«f»  sorvioe  extsao^disiawe. 


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JOU 

I  aOURDES  (GitsBRt-AiiàVKB), 
né  à  Aiom,^  département  du  Puy^^ 

I  de-Dô^me,  fut  destiné*  par  sa  fa^^ 
mille  au  barreau,  et  fit,  à  cet  effist, 
de  très-bonnes  étudésw  Ayant  em- 

'  brassé  la  cauit  de  la  réyolution , 
il  fut  député  à  la  cenTèntion  en 
17^;  mais  9  en  qualité  de  sup- 
pléant, il  n*entra  dans  cette  assem- 
blée qu^aprés  la  mort  de  Louis 
XVI.  Il  passa  de  la  convention  au 
conseil  des  cinq-cents,  dont  H  sor- 
tit en  1798.  Après  avoitr  été  nem- 
mé  commissaire  du  directoire  prèë 
le  tribunal  de  cassation,  ilfut^  en 
i8o4  ^  eBToyé  en  Piémont,  avec 
la  mission  d'organiser  Tordre  ju- 
diciaire dans  ce  pays.  De  retenir 
en  Fraiit'é,  M.  Jourdes  y  a  repris 
ses  fonctions  de  substitut  à  la  cour 
de  cassation ,  et  les  a  conservées 
presque  isans  interruption.  Il  a  été 
nommé  avocat-général  près  de  la 
uètiie  cour,  après  la  seconde  res- 
tauration en  1 8 1 5. 

JOUftND-AlJBERT  (N.  ),comte 
de  Tnstal,  pair  de  France  et  com- 
mandeur de  la  légion"^ 'honneur, 
naquft,  en  1755,  à  Bordeaux,  oà 
d'idiord  il  fut  ttègociant ,  puis  ad- 
ministrateur du  district  de  cette 
ville*  «Nommé,  en  17^1,  député  à 
l'asiieinblée  iègislalive  'par  fe  dé- 
partement de  la  GiitJnde,  ti  s'y  oc- 
capa  de  divers  rapports  sur  les 
colonfes.  Il  iic  fit  point  partie  de 
la  ^ecmvention,  et  fob,  «n  raiiaon  de 
ses  opinions ,  6bligé  de  se  cacher 
pendant  lé  règne  dé  4a  terreur. 
Aypès  *la  révolution  ^u  18  brn- 
maire,  il  fut  appdlé  au  sénat-cmi- 
servatstar,  et  ^v4nt  ensuite  lîn  des 
règens  ife  la  banque  -de  France. 
Ndinmê  pair  de  France  afprès  'i» 
premierTetOTtr  du  roi,M.-foumu4 
Akibert  Qrioarât  de  2i  ^meothriiê  1 5^ 


J(H) 


U 


Héritier  d'une  fortune  constééra^- 
ble,  et  amateur  des  beaut-arts,  il 
avait  réuni  l'un  des  plus  bettux  ca- 
biMets  d'objets  d^arts  et  de  scien- 
ces que  pût  posséder  un  particu- 
lier. Il  s'adonna  avec  succès  à  l'a* 
gricultut^,  et  publia,  en  1789,  un 
Mémtrire  sur  i' infertitité  des  Lan-* 
des,  tt  sur  tes  moyens  de  les  mettre 
en  vctteur^ 

JOU  V£N€EL  (Lt:  citfevAiil;ai>fi) , 
fut,  au  coinmencement  de  décem- 
bre i8i3,  nommé,  en  templftce^ 
meiit  de  M.  Gravelle  de  Fontaine, 
maire  de  Versnilles,  et  datis  le 
moi6  de  mars  18 14^  chevalier  de 
Tordre  de  la  Réunion^  il  ad^es^ïi 
aux  habit  ans  de  cette  ville,  lors 
de  l'âpprot^e  de  l'ennemi,  une 
proclamatJiMi  remarquiQblep'arson 
énergie,  les  engageant  à  courir 
aux  armes  et  à  défendre  l'indépen- 
dance nationale.  Lorsque  le  cofps 
qne  commandait  le  maréchal  due 
de  Raguse,  indigné  de  rentrée  dè$ 
alliés  k  Pari»,  était  pt*et  à  se  sou- 
lever contre  son  généra!  ,  te  che- 
valier de  Jouvencel,  en  sa  qui»Iité 
de  nvaii^  déploya,  dans  oètte  o('- 
casion,  atitant  de  présence  K^^e•^- 
prit  que  de  fermeté  et  de  courage^ 
et  parvint  à  empêcher  quelatran- 
qmUité  ne  fût  troublée.  Le  18  mai 
amirant,  il  obtint  la  décoration  de 
la  légion-^ 'honneur,  après  avoir 
été  présenté  au  roi.  Il  aVait  résoht 
de  il'accepter  4iueune  fonction 
pendant  les  cent  jours;  cependafnt 
il  reprit  ceBe de  maire  de  Versail- 
les, pour  se  rendre  arux  vœux  -des 
kabitans  qui  l'en  solMoîtèrent. 
Lorsque  pour  la  seconde  fois  l'en- 
nemi était  aux. portes  de  la  ville  , 
le  5oijufn  r8i5,  elle  se  trouTaiiï 
»lor8  àti  ncMiveau  menacée  du  pi'l- 
lage^rmtiis  M;  de  Jouvendel  obtint 


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la 


JOU 


une  Capitulation  qui  Ten  préserya. 
Il  rjèsista  courageusement  aux  ré- 
quisitions Tejçatoires  des  soldats 
étrangers,  à  qui,  le  8  juillet,  il  dé- 
couvrit son  sein  en  disant  :  «Tuez- 
»  moi ,  niais  laissez  la  yille  en  re- 
»pos.  »  Ce  trait  d'un  si  beau  dé- 
Touement  ne  resta  pas  sans  récom- 
pense. Le  conseil  municipal  de 
Versailles  roulant  offrir  à  M.  de 
Jouvencel  un  gage  de  la  recon- 
naissance des  habitans^  lui  fit  don 
d'un  ricbe  service  d'argenterie, 
sur  lequel  était  gravé,  avec  leur 
hommage,  le  nom  des  journée» 
qjuî  consacraient  ses  titres  à  leur 
reconnaissance.  Le  chevalier  de 
Jouvencel  a  rédigé  sur  les  événe- 
mens  arrivés  dans  cette  yille  en 
1814  et  181 5,  des  Mémoires  très- 
intéressans  qu'il  a  offerts  au  con- 
seil municipal  en  1817. 

JOUY(Victor-Joseph-Etiehne), 
ancien  adjudant-général,  membre 
de  l'institut  (académie  française). 
Beaucoup  d'hommes  célèbres  ont, 
comme  M.  Jouy,  débuté  par  la 
carrière  des  armes  et  fini  par  cel- 
le des  lettres.  Un  plus  grand  nom- 
bre, par  cette  analogie  singulière, 
qui,  surtout  dans  les  états  libres, 
existe  entre  le  soc  et  l'épée,  s'est 
reposé  des  travaux  de  la  guerre 
par  ceux  de  l'agriculture.  Mais 
ceux-ci  avaient  un  patrimoine  à 
cultiver;  et  fort  heureusement,  M. 
de  Jouj,  qui  n'en  avait  pas,  s'est 
vu  dans  la  nécessité  d'acquérir  le 
patrimoine  du  talent.  Né  en  1 769, 
à  Jouy  (Seioe-et-Oise) ,  il  avait  à 
peine  atteint  sa  iS""*  année  quand 
il  suivit ,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale, en  qualité  de  sous-lieute- 
nant à  la  suite  des  colonies,  le  ba- 
ron de  Besner ,  qui  venait  d'être 
nommé  gouverneur  de  la  Guyane 


JOlî 

française.  Peut-être  est-il  naturel 
d'attribuer  aux  impressions  qu'un 
pareil  voyage  dut  produire  sur  un 
enfant  de  i3  ans ,  doué  d'une  or- 
ganisation ardente,  la  vivacité ,  le 
coloris,  et  la  variété  pittoresque, 
qui  caractérisent  particulièrement 
les  productions  de  ce  littérateur. 
L'année  suivante,  comme  si  l'élè- 
ve revenait  de  vacances,  le  voya- 
geur du  NouTcau-Monde  revînt 
prendre  sa  plaoe  sur  les  bancs  du 
collège  d'Orléans,  à  Versailles,  où 
il  acheva  ses  études.  Mais  il  était 
de  sa  destiftée  d'aller  encore  é- 
chauffer  son  imagination  sous  le 
ciel  des  tropiques;et  deux  ans  après, 
il  alla  rejomdre  aux  Indes  orienta- 
les le  régiment  de  Luxembourg,  où 
il  servit  plusieurs  années.  Un  évé- 
nement extraordinaire,  et  dont  le 
plus  simple  récit  tiendrait  trop  de 
place  dans  une  notice  biographi- 
que ,  força  M.  Jouy  à  quitter  . 
ce  régiment  pour  se  reûdre  à  la 
côte  de  Goromandel ,  et  de  là  au 
Bengale,  en  qualité  d'officier  d'é- 
tat-major attaché  au  gouverne- 
ment de  Chandernagor.  Le  sé- 
jour qu'il  a  fait  dans  cette  belle 
partie  du  monde ,  a  fourni  à 
plusieurs  de  ses  ouvrages  ces  cou- 
leurs locales,  ces  tableaux  vrais  et 
attachans,  qu'aucune  imagination 
ne  peut  remplacer;  la  mémoire  est 
aussi  une  des  propriétés  du  ta- 
lent, parce  qu'elle  est  l'empreinte 
de  l'observation.  M.  Jouy  a  été, 
et  est  à  la  fois ,  bon  poète  et  bon 
prosateur ,  parce  qu'il  a  bien  ob- 
servé,* et  bien' choisi  dans  tout  ce 
qui,' depuis  sa  première  jeunesse, 
a  dû  intéresser  son  esprit  et  son 
cœur.  A  la  fin  de  1790  ,  il  quitta 
la  zone  torride,  et  revint  en  Fran- 
ce, où  il  trouva  la  révolution.  Il 


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Pa^e.L2, . 


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Google 


JOU 

entra  en  qualité  de  capitaine  dans 
lé  régiment  de  Colonel-Général 
infanterie,  et  fit  la  première  cam- 
pagne de  la  guerre  de  la  révolu- 
tion ,  comme  aide  -  de  -  camp 
du  lieutenant-général  O^  Moran , 
près  duquel  11  fut  dangereuse- 
ment blessé  au  combat  de  Bon- 
secours.  Nommé  adjudant  rgé-' 
aérai  sur  le  champ  de  bataille,  a- 
près  la  prise  de  Furnes,  il  Tut  ar- 
rêté quelques  jours  après  par  les 
ordres  du  représenta5t  du  peuple 
Duquesnols ,  puis  condamné  à 
mort  par  contumace  au  tribunal 
révolutionnaire  de  Paris.  Il  échap- 
pa miraculeusement  à  Téchafaud, 
sur  lequel  périt  son  ami  le  général 
O'  Morari,rune  des  plus  honorables 
yictimes  de  la  terreur.  Réfugié  en 
Suisse  ,  M.  Jouy  passa  8  mois 
dans  la  petite  ville  de  Brecagerten; 
Après  le  9  thermidor,  il  rentra  en 
France,  reprît  du  service,  et  fut 
nommé  chef  d'état-major  de  l'ar- 
mée sous  Paris,  commandée  parle 
général  Menôu.  Dans  la  journée 
du  2  prairial ,  il  eomniandait  ui;i 
^  bataillon  de  jeûnes  ^ens  qu'il  avait 
formé  lui-même ,  et  auquel  il  a- 
vaît  procuré  des  armes.  C'est  à 
cette  petite  troupe  que  la  conven- 
tion nationale  fut  redevable  en 
grande  partie  du  triomphe  qu'elle 
obtint  sur  les  terroristes.  Au  i3 
vendémiaire,  il  fut  arrêté  et  desti- 
tué pour  être  entré  en  conférence 
avec  les  députés  des  sections  de 
Paris,  au'camp  du  Trou-d'Enfer. 
Quinze  jours  après,  remis  en  li- 
berté, il  fut  envoyé  à  Lille  pour 
commander  la  place;  mais  à  peine 
arrivé,  il  y  fut  arrêté  et  incarcéré 
de  poutedu,  Sous  prétexte  de  liai- 
sons politiques  avec  lord  JMfalmes- 
i>upy,  et  de  connivence  avec  le 


JOU 


i5 


ministère  anglais.  M.  Jouy  é- 
taît  alors,  comme  il  est  à  présent, 
l'ennemi  des  amitiés  étrangères. 
L'accusation  tomba  avec  son  ab- 
surdité, et  il  fut  réintégré  dans  ses 
fonctions.  Mais,  dégoûté  par  cette 
troisième  persécution  d'une  car- 
rière qu'il  paraissait  devoir  par- 
courir avec  éclat ,  il  sollicita  et 
obtint  sa  retraite.  Le  directoire  y 
joignit  un  supplément  de  pension 
pour  cause  de  blessures  et  à  raison 
de  ses  honorables  services.  Il  a- 
vait  5o  ans  quand  il  quitta  l'épée 
pour  prendre  la  plume.  En  1800, 
il  suivit  à  Bruxelles  M.  de  Ponté-> 
coulant,  premier  préfet  du  dépar- 
tement de  la  Dyle,  et  seconda  avec 
beaucoup  ék  zèle  cet  habile  admi- 
nistrateur, dont  le  nom  est  si  jus- 
tement révéré  dans  un  pays  qu'il 
a  élevé  au  plus  haut  degré  de 
prospérité.  L'amitié  de  M.  Jouy 
pour  M,  de  Pontécouiant  l'avait 
seule  attaché  au  travail  administra- 
tif. La  nature  lui  destinait  une  au- 
tre carrière,  celle  de  la  littérature, 
Qà  il  entra  immédiatement  après 
la  nomination  du  préfet  de  la  Dy- 
le au  sénat-conservateur.  Les  pre- 
miers pas  qu'il  fit  dans  la  carrière 
académique  furent  marqués  par 
des  succès  de  vogiie  qu'obtinrent 
quelques  vaudevilles  faits  en  so- 
ciété avec  MM.  Delonchamp  et 
Oieulafoy.  Mai%  son  début  dans  la 
carrière  lyrique  ,  le  bel  opéra  de 
la  Festoie ,  classa  tout-à-coup 
l'auteur  parmi  les  écrivains  dra- 
matiques dont  s'honore  la  Fran- 
ce. Le  brevet  de  sa  dignité  litté- 
raire lui  fut  donné  par  l'académie, 
et  ce  brevet  fut  le  prix  décennal 
fondé  par  Napoléon  ,  qui  proté- 
geait, encourageait  et  récompen- 
sait tous  les  genres  de  gloire.  L'o- 


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14 


JOU 


pinion  puMîqufS  avait  déjà  çlécer*- 
néy  par  un  suffrage  unÎTers^l»  que 
}3  annéfis  4e  aucGjès  <^t  4^aatiQUé 
3an.s  interruption^  la  pallie  popu- 
laire à  ce  bel  ouvrage,  o<^  le  pM^e 
ne  pouvait  avoir  de  rival  que  le 
musicien.  C'estaommerM.  Spon- 
tîni,  dont  la  verve  brillante,  origi- 
nale et  ppétique^  a  fraterqii^é  d'un^ 
^nanière  si  remarquable  avec  c^Ue 
4e  M.  louy*  La  poésiie  et  la 
musique  sont  scèurs.  Les  auteurs 
de  la  Festcde  et  de  Fçrnand  Cor- 
tes  l'ont  prouvé.  Ce  dernier  o*ji- 
yrage  partage  constamment  les 
BUjQcès  de  la  Feêtale^  fil  présente 
jcertaiujBipent  dans  le  Anal  du  ser 
^x>pd  acte  ce  que  la  poésie  et  U 
ipusique  réuaies  ont  pfod^it  de 
plus  grandiose  e^  de  pKîs  pathé^ 
^  Mq^J>e.  Les  opéras  des  4^^^on^, 
«nufiique  de  Méhul  ;  de&  Ahenc/sr^ 
fiagss,  musique  de  M.  Çherubini; 
et  des  B^yadères^  musique  de  M. 
.Catel ,  ces  deux  dernier^  s^irtout 
x>nt  ft^é  très -favorablement  ac- 
puejlUs  du  public  ,  et  sont  restée 
MU  répertoire.  Le  talçnt  de  9il. 
CJatel  ;,  ilam  ce  dernier  ouvrage , 
â'est  montré  avec  «tout  le  cbarroe 
^t  toute  la  mélodie  dont  il  est  &as- 
cef  tlble.,  et  Jl  a  ajouté  un  nouvel 
éclat  à  la  juste  réputation  de  oe 
girand  compositeur.  Plusieurs  o- 
péras-comiques  ont  aussi  amusé 
les  loisirs  de  la  muse  lyrique  de 
a.  Jouy^  et  l'ont  partie  du  ré- 
pertoire du  Théâtre- Feydeau.  tlais 
une  autre  muse  l'appelait  sur  un 
autre  théâtre.  Il  donna  quei-^ 
ques  comédies  en  prose  ou  en  vers 
^U  Théâtre-Français  et  à  celui  de 
rOdéon.  L'une  d'elles,  grand  ou- 
vrage en  5  actes  et  en  vers ,  l'Hé- 
ritière, est  reçue,  depuis  a  ans?  au 
Théâtre- Français.  C'est  une  gra^n- 


JOU 

d^  scelle  4e  «ï<wrs,  ^tl^t  re^^jAr 
tionjEipafu,  ai4xamisqai  TâiaL^ii- 
tendue,  aussi  brin4nte  qi^e  la  64^11- 
ception  en  a  seifiblé  élev^p  et  phi- 
losophique. M^is  fevfii^ns  ^i 
théâtre  de  notr<^  acad,<^miciea.  î»» 
tragédie  était,  au^fi  un.  doiaai|i|& 
que  l'ôge  mOr  de  M.  Jouy  a'^r 
tait  réservé.  Il  annonee  d^a^  $Qa 
début  par  La  tragédie  de  Tippoq-- 
A$â6;^^ qu'il  avait  ponçu^  dans^  l'ia- 
dir ,  rintenj^jlQ^  4e. s'ouvrir  i#q/s 
route  nou  ve41e  entre  ceia  deijx  gea- 
res,  que  Von  e^t  convenu  d.e  dis- 
tinguer paf  les  nou^s  de  cLa^sl^uf 
Bt  d€0r ornant l^u^.  Un  succès  pror 
digieux  a  justifié  cette  ^nnée  lie 
bonheur  de  cette  dé cpuy^rt/e  li^é- 
raire.^  L'introduction  sur  1^  scèa^ 
d'un  personnage  aussi  nipder|:ie 
qqe  Tippoo-SaJèb  ,  d'une  Victàff^ 
contemporaine  dç  iapoliti^Vie  u^fW* 
patrice  de  F  Angle  terrée,  parut  alors 
i^ne  audace  p^r^sque  saqrilége  coa- 
ire  les  vi^ïilles  méthodes  du  P^r 
«nas^  9  où  l'esprit  de  lia  CQutum^ 
et  celui  du  privilège  avaient  su  s^ 
maintenir  malgré  tpi^  les  niveaui^ 
delairévolujl^on.  Cet  ouvrage  n'ob- 
tint qu'un  succès  d 'estime ^«Oa^ 
la  tragédie  i^^.fiéiimir^,  ce  Vf  |#it 
pas  le  siOfMverain  qui.^taît  lé  malr 
heureux:  c'était  Jle  g^and  homwf^ 
le  sauveur  de  l'eiinpire;  l'empe- 
i:eur  était  le  coHp^ible,  le  bourre^n^ 
l'ingrat.  La  scène  était  belle  etjn^ 
4rucUve  pour  la  société.  I^e^  ip(i- 
pressions  étaient  taupes  ÇraîehQ^ 
des  malheurs  d'un  gr^pd  gç»ie  ejt 
du  triomphe  çle  ses  ennemi,s  cou* 
ronnés.  Un  s^ntimept  4^chir^njt 
d'amopr  de  la  patrie  régnait, d^n?  . 
le  noble  caractère  du  héros  fi.y<^u- 
gle,  et  sympathisait  avec  des  plf^i^^ 
récentQS  et  4e^  émotions  qu'au- 
cune ligueur  n'a  j$imais  pu  fiQOr 


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JOU 

damner  au  silenca  chez  leA  Frao- 
çai».  Car  il  est  bien  remarquable 
que  c'est  surtout  aux  représenta- 
Itona  thiâtraies  que  se  trabit  et  s*é- 
paocha,  avec  la  franchis®  la  plus 
vive  et  une  expression  presque 
héroHiue,  la  coascicnoe  moralç  et , 
politique  de  la  nation.  Les  lectures 
de  cet  ouvrage  9  qui  fut  reçu  avec 
acciamadon  au  Théâtre-Français» 
avaient  suffîsauimenl;doaAé.  à  son 
auteur  la  «Q«sure  du  succès  qu'il 
eût  obteinu.Siir  la  scène.  Mais  il 
était  écrit  que  le  iu^au  rôle  de  Bé^ 
liêaire  serait  refusé  k  Talina.  La 
censure  e^e-mtune  avait  d'abord 
accueilli  IWvrage.  Mais  la  censure 
est  scrupuleuse  selon  les  gens  :  elle 
se  crut  séduite,  ille  Tétait  en  efi'et» 
et  elle  ^e  repe<itit*  C'est  à  ce  re- 
pen^r  d'inquisiteurs  que  le  public 
demanda  raison,  dans  le  temps»  de 
la  non -représentation  de  Bélisaire. 
Le  public  la  lui  d^^ianda  Béli^ 
saire  à  la  main.  L'aiuteur  fit  impri- 
naer  sa  pièce  avec  une  préface,  o^i 
il  rendait  ccnnpte  diU  v^to  pronon- 
cé par  l'aréopage  des  ténèbres. 
Ainsi  BélisM-ire  s  au.  lieu  d'un 
triiHnphe  pubjic,  n'^ut  qu'un  suc- 
cès général.  Mais  toutes  les  émo^ 
tions  furent  privées ,  et  l'adaHra- 
tiojfi  n'ayant  pu  être  Sfé.di^jeuse  par- 
ce qu'elle  fut  individuelle,  Ja  tran- 
quillité .de  l'empire  j(ie  .fut  heureu- 
sement potpt  troutitLjèe.  M.  Jouy 
fut  généreux  <2  ans  après  envers  la 
censure,  ou  plutôt  II  s'était  repenti 
à  son  tour.  £n  réparation. de  Tou- 
tjcagequ 'il  avait  fait  à  la  délicatesse 
de  ce  tribunal.,  en  lui  offrant  dans 
le  |Mîrsonnage  .de  Bélisaire  le  ta*- 
bleau  de  l'héroïsme  persécuté, 
pardonQ£Hit  à  son  bourreau,  il  lui 
présenta. le  génie  du  crime,  heu^ 
jreux  de  '^es  triompheii,  et  rassasié 


JOU  i3 

de  la  mort  des  hommes,  abdiquant 
avec  sécurité  au  milieu  de  ses  V'icti- 
mes  son  épouvantable  magistratu- 
iie.  La  censure  adopta  Sylla,  C  'était 
tout  simple ,  elle  avait  refusé  Bé  < 
Useire.  ÉUe  rendit  même  compte 
à  l'auteur  des  motifs  de  sa  préfé;- 
rence,  en  lui  demandant  le  sacri- 
fice de  quelques  vers  qui  respî- 
xaient  franchement  l'amour  de  la 
fkairie  et  de  la  liberté.  Le  tact  de 
la  censure  fut  bien  juste,  car  la 
'tragédie  de  Sylla,  après  60  re- 
iprésentations  consécutives,  pour- 
suit ^  soit  à  Paris,  soit  dans  les 
déparitemens  ,  soit  à  l'étranger , 
la  carrière  d'un  des  plus  grands 
succès  dont  les  annaàes  drama- 
tiques aient  conservé  la  mémoire: 
le  genre  était  aussi  noirveau  que 
le  triomphe  de  l'auteur.  Montes*- 
xfuieu  a  été,  a-*t-on  dit^  la  muse 
de  M.  Jouy  p«ur  la  tragédie  de 
SjUa  :  cela  n'est  pas  exact.  €e  qui 
est  vrai,  c'est  que  M.  Jouy  a  trou- 
yé  dans  Je  dialogue  du  dictatetur 
«avec  un  sage,  l'heureuse  idée  de 
mettre  sur  la  scène  Sylla  se  jus- 
tiliant  de  la  férocité  de  son  propre 
'géw«9  et  ^  déclarant,  au  nom  de 
ia  liberté  de  Rome,  innoeent  de 
itout  le  sang  que  sa  tyrannie  y  a 
répandu.  Cette  idée  est  grande, 
elle  est  sublime  même  par  son 
audace.  Il  n'y  avait  qu^tin  esprit 
Mipjérieur  qui  pût  l'enfanter,  et 
^u'un  grand  tttleut  qui  osât  s'en 
saisir.  Mais  l'histoire,  et  flous  o- 
son^  le  dire  à  l'auteur  lui-même, 
son  génie  éminemment  tragique, 
lui  a  donné  le  personoage  entière^ 
ment  neuf  de  Roscius,  h  singur- 
Uère  audience  des  rois  de  l'Asie, 
la  terrible  image  du  sommeil  et 
de  la  peur  de  cet  homme  qui  em- 
p^iiha  Rome  de  dormir  et  d«  sou- 


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iG 


30U 


pirer,  la  belle  scène  du  fils  de  Sf  l- 
la  qui,  pour  sauver  son  ami  pros- 
crit, le  cache  dans  le  palais  de  son 
père,  à  qui  <;et  atmi  .doit  ôter  la 
TÎe;  enfin  le  grand  coup  de  théâtre 
de  l'abdication,  que  tout  le  monde 
attend,  et  qui  saisit  tout  le  mond« 
d^une  impression  inattendue.  Mais 
l'observateur  de  l'histoire,  au  mi- 
lieu des  succès  de  Sylla,  est  frap- 
pé d'un  autre  caractère ,  non 
moins  original  ,  et  sans  doute 
plus  attachant.  La  tragédie  de 
l'empereur  Julien  a  été  repue  à 
l'unanimité  au  Théâtre- Français. 
Tout  ce  que  nous  ajouterons,  au- 
près avoir  assisté  à  plusieurs  lec- 
tures de  cet  ouvrage,  c'est  qu'il 
n'est  le  souvenir  d'aucun  poëme 
dramatique,  et  qu'un  intérêt  jus*- 
qu'à  présent  inconnu  sur  la  scène, 
sortant  d'un  caractère  d'une  in- 
vention absolument  neuve,  ré- 
pand dans  toute  cette  tragédie  un 
charme  tout-à  fait  idéal,  une  clar- 
té pure  et  magique,  qui  s'éteint 
au  dénoûment,  comme  l'astre  de 
la  vie  de  Julien,  sur  la  tête  cou- 
ronnée de  ce  grand  homme.  Mais 
le  Rosdus  français  si  sublime 
dans  le  rôle  de  Sylla,  où  se-, 
ra-t-îl  pour  montrer  Julien  à 
ses  chers  Parisiens  I  Nous  som- 
mes arrivés  9  non  au  terme  de 
la  carrière  dramatique  de  M. 
Jouj,  mais  à  la  clôture  de  son  ré- 
pertoire actuel.  La  philosophie 
nous  le  montre  encore,  sous  une 
autre  forme,  le  précepteur  de  la 
société.  La  France  n'avait  point 
d'ouvrage  du  genre  du  Spectateur 
d'Addisson  et  Steele  ,  du  Guar- 
dian ,  du  Rambler,  etc.  M. 
Jouy  s'est  plu  à  naturaliser  parmi 
nous  cette  espèce  de  journal  en 
action.  Avant  lui  chez  les  Fran- 


JOÏJ 

çais.  Mercier  seul  avait  essayé 
dans  ses  esquisses  grossières,  sans 
vigueur  connne  sans  vérité ,  non 
le  tableau ,  mais  la  caricature  des 
mœurs  du  jour.  Quinze  volumes 
in-S",  traduitsdans  toutes  langues 
littéraires  de  l'Europe,  sont  un 
monument  assez  imposant  de  ses 
travaux  dans  ce  genre  si  instruc- 
tif et  si  piquant,  qui  donna  autre- 
fois à  la  véritable  comédie  cette 
heureuse  devise,  coêtigat  ridendo 
•mores.  Ces  tableaux,  où  la  nature 
et  la  société  sont  prises  sur  le  fait 
à  chaque  instant,  offrent  certaine- 
ment aux  peintres  comiques  la  pa*' 
lette  la  plus  riche  et  la  plus  variée. 
C'est  aussi  une  manière  d'écrire 
l'histoire  de  son  âge,  dont  les  scè- 
nes les  plus  intéressantes  ne  se  pas- 
sent pas  toujours  sur  le  théâtre  de 
la  cour  ,  de  la  politique  ou  de  la 
guerre  :  ces  courtisans,  ces  hom- 
mes d'état,  ces  guerriers  rentrent 
aussi  dans  la  vie  privée;  et  il  est 
piquant  de  les  olbserver  comme 
particuliers,  dans  les  repos  ou 
dans  l'abandon  de  leur  >  carrière 
publique.  Ce  sont  les  bulletins 
de  la  guerre  et  de  la  paix  sociales 
en  France,  que  V ermite  a  re- 
cueillis; la  réputation,  les  talens, 
les  ridicules,  les  qu£dités,  les  vices, 
les  vertus,  les  services,  les  ingra- 
titudes, sont  les  acteurs  de  cette 
collection  vraiment  dramatique, 
dont  les  éditions  se  multiplient 
chaque  jour.  L'essai  du  même 
auteur  sur /a  Morale  appliquée  à  la 
politique,  est  une  grande  pensée 
qui  -  méritait  d'être  mûrie  plus 
long-temps.  Cet  ouvrage,  qui  a 
servi  de  texte  au  coursque  M.  Jouy 
donna  l'année  dernière  (181^2),  à 
l'Athénée  de  Paris,  fut  si  vivement 
demandé  par  le  public  et  par  le» 


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J013 

audîtears  des  séances  de  èette  aca- 
démie, que  Fauteur  s'est  refusé  à 
lui-même  le  temps  nécessaire 
pour  le  «méditer  davantage.  Mais, 
tel  qu'il  est,  cet  écrit  est  impor- 
tîmt,  riche  d'aperçus,  de  prin- 
cipes ,  de  style ,  et  de  pensées. 
Quelques  chapitres  y  sont  trop 
écourtés,  et  le  manque  de  àèye^ 
loppemens  s'y  fait  parfois  sentir. 
Quelques  au tres^  paraissent  s'é-« 
carter  d'une  classification, ipétho* 
dique.  Un  mois  de  travail  déro- 
bé à  l'infatigable  fécondité  de 
M.  Jouy,  donnerait  à  cet  ouvrage 
distingué  toute  la  valetit"  qu'il  doit 
avoir  en  France,où  l'on  ne  pardon- 
ne pas  à  un  écrivain  de  pécher  par 
les  formes.  C'est  le  seul  pays  où' 
cette  sévérité  soit  connue;  elle  est 
inspirée  par  la  raison.. On  ajparlé 
avec  beaucoup  d'éloge  d^un  autre 
Essai  sur  l^  industrie  française. 
Dans  cette  carrière  nouvelle  pour 
Fauteur,  et  en  dehors  de  son  talent 
et  de. ses  méditations  connues,  le 
plus  pur  patriotismie  lui  a  servi  de 
guide.  Avec  ce  sentiment,  il  était 
bien  sûr  de  ne  pas  s'égarer,  et  de 
remplir  vis-à-vis  du.commerce  de 
sa  patrie,  Fengagement  qu'il  avait 
pris.  Cet  ouvrage  a  été  à  son  a- 
dresse,  et  a  prouvé  aux  négocians 
et  aux  manufacturiers  que  les 
muses  françaises  ne  sont  pas  ex- 
clusives, mais  que  tout  ce  qui.  in- 
téresse à  un  degré  élevé  la  pros- 
périté nationale,  tout  ce  qui  doit 
démontrer  la  supériorité  ou  la  ri- 
valité  de  son  industrie  en  Europe, 
est  une  noble  carrière  où  se  trou- 
vent honorés .  de  descendre  les 
hommes  de  cette  autre  industrie , 
que  Fon  nomme  littérature.  Indé- 
pendammeiH  des  nombreux  arti- 
cles dont  M.  Jouy  a  alimenté  fen-^ 


JOU  i; 

(jant  tarit  d'années,  et  dohtîl  nourrit 
encore  à  présent  plusieurs  j.oar- 
naux,,  et  qui  ont  attaché  son  nom 
comme  collaborateur  à  Fanciehne 
Gazette  de  France,  à  la  Minerve, 
ou  comme  fondateur,  ù  la  Renom-^ 
mée,  au  Courrier  français,  au  Jour-^ 
nal  des  ArtSj^et  ^m  Miroir  desSpec-^ 
taçtes  et  des  mœurs,  il  donna  dans 
ses  premiers  débuts  en  littérature 
une  collection  élémentaire  de 
l'histoire  sacrée,  profane  et  mo-» 
derne,  de  la  géographie  et  de  la 
mythologie,  divisée  en  jeux  de 
cartes  pour  l'instruction  des  en- 
fans.  Ces  jeux  sont  devenus  clas* 
niques.  Il  était  difficile  à  un  poly-t 
graphe  comme  M.  Jouy,  et  sur- 
tout à  un  aussi  actif  collabora- 
teur d'écrits  périodiques,  d'éviter 
certaines  tracasseries  moitié  poli- 
tiques, moitié  judiciaires.  On  n'a 
sans  doute  pas  oublié  le  procès 
singulier  qu'^1  eut  à  soutenir  à  la 
cour  d'assises  en  i8ig,  contre  la 
municipalité  de  Toulon,  pour  avoir 
osé  blâmer  ses  habitans  d'avoir  li- 
vré leurs  murs  aux  Anglais  en  1793. 
Le  procès  était  gagné  de  part  et 
d'autre,  puisque  d'un  côté.  Fin- 
flexible  mémoire  de  cette  affreuse 
époque  était  pour  l'accusé,  et  que 
de  l'autre  un  parti  puissant  se 
vantait  du  crime  que  repoussait 
si  innocemment  l'accusateur.  M. 
Jouy  parla'  devant  tous  les  té- 
moins de  ce  fait  malheureusement 
historique  ,  et  comme  on  peut 
le  penser,  il  fut  absous.  Un  juge- 
ment bien  remarquable  du  tribunal 
de  1"  instance,  à  l'occasion  d'ar- 
ticles incriminés  du  journal  le  Mi- 
roir, lesquels,  en  police  correc- 
tionnelle, avaient  fait  condamner 
les  rédacteurs  à  5  mois  de  prison, 
a  dernièreihent  vivement  intéressé 


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i8 


JOV 


la  curiosité  ou  plutôt  Tamitié  pu- 
blique^ et  par  la  plus  juste  appré- 
ciation de  la  nature  et  de  l'intention 
de  ces  articles^  a  renvoyé  absous 
MM  Jouy,  Amault,  Dupât j  et  les 
autrescoUaborateurs  de  ce  journal.- 
La  littérature  est  aussi  une  religion, 
k  persécution  lui  es,t  favorable. 
£n  1814^  la  mort  du  cheyalier  de 
Parnj,  qui  arracha  ce  poète  au 
spectacle  de  la  guerre  des  dieaa? 
modernes,  laissa  une  place  vacan- 
te à  TiK^adémie.  ^,  Jouy  y  fut 
appelé;  il  y  était  attendu,  et  on 
ne  put  pas  le  qualifier  d'auteur 
d'ouvrages  inédits.  Voici  au  sur- 
plus la  liste  exacte  de  ses  titres 
littéraires  jusqu'au  mois  de  dé- 
cembre i8aa  :  i*  ia  Paix  et 
^ Amour ^  divertissement  à  l'oc-^ 
casion  de  la  paix;  a**  (avec  Long- 
champ)  la  Fille  en  loterie;  l*  Ar^ 
kitre'fComment  faire?  vaudevilles, 
1798;  5*  (avec  le  même  et  Diieu- 
lafoy)  le  Tableau  des  Sabines;  le 
VaudetiUe  au  Caire,  vaudevilles, 
1799;  4"  (avec  Dieulafoy)  t Intri- 
gue dans  les  caves,  vaudeville, 
>^Q9;  5"  (avec  Année  et  Gersiq)  le 
Carrosse  espagnol,  vaudeville;  6* 
(avec  Dieulafoy)  Milton,  opéra-co^ 
mique,  180 5;  7^  la  Vestale,  ^Td^nà  o» 
péra  en  3  actes,  1810;  8*  les  Bayadè 
res,  grand  opéra  en  3  actes,  1 8 1 1  ;9* 
les  Amazones,  grand  opéra  en  3 
actes,  1811;  10'' TippoO'Saëb,tTa' 
gédie  en  5  actes,  i8i3;  ii" les  A- 
bencerrages,  grand  opéra  en  3  ac- 
tes, i8i3;  i^"*  Fernande ortez, 
grand  opéra  en  3  actes,  181 3;  i3* 
Zirphile  et  Fleur  de  Myrte 
(avec  M-  Lefèvre),  opéra  féerie, 
en  a  actes,  i8i4;  i4*  Bélisai' 
te  t  tragédie  en  5  actes  (non  re- 
présentée), avec  préÊice  et  dis- 
cours préliminaire  relatif  aux- 
persécutions  dont  cet  ouvrage  a 


JOV 

été  l'obje^(îii-8*,  i8ao);  1 5"  f  Hom- 
me aux  convenances^  comédie  en  1 
acte,  en  vers,  (représentée  au 
Théâtre-Français);  i^'' l'avide  Hé- 
ritier, comédie  en  5  actes  et  en 
prose  (à  l'Odéoo);  17  'M.  Beaufilsy 
ou  la  Conversation  faife  d'avance , 
comédie  en  1  acte  et  en  prose  (à 
rOdéon  et  au  Gymnase);  18°  le 
Mariage  de  M,  Beaufils,  comédie 
en  i  acte  et  en  prose  (à  l'O- 
dèon);  19*  Sylla,  tragédie  en  5 
actes,  1821;  ao'*  r Ermite  delà 
Chaussée-d'  A  ntin,  ou  Observations 
sur  les  mœurs  françaises  au  19°** 
siècle,  5  vol.  in-ia  (trad.  en  angl. 
parServan),  cheï  Pillet,  Paris^ 
1 8 1 5;  a  1  •  /«  Franc  Parleur,  a  vol. 
in-ia  (trad.  en  angl.,  i8iS);aa* 
l'Ermite  de  la  Guyane,  3  vol.  in- 

I  a,  1 8 16;  aS"*  l' Ermite  en  province, 
3  vol.  in-ia,  Paris,  i8ao;  a4**- 
Morale  appliquée  à  la  politique, 
a  vol.  în-8*>,  Parist^  i8aa;  a5» 
Essai  sur  rindustrie  française,  i 
vol.  in- 1  a,  Paris,  1 82 1  ;  26*  Jeux 
de  cartes  historiques  à  l'usage  de 
la  jeunesse  des  deux  sexes ,  chez 
Vanacker,  à  Lille,  et  chez  Ee- 
nouard,  à  Paris,  1  a  jeux. 

JOVELLANOS  (  dok  Gispà&d-  . 
Melchiob  db  ) ,  poète  espagnol , 
savant  et  homme  d'état ,  hé  dans 
lesAsturiesen  1749  9  reçut  de  la 
nature  les  dispositions  les  plus 
heureuses.  Avide  de  connaissan- 
ces ,  il  obtint  pendant  le  cours  de 
ses  études  les  plus  grands  succès. 

II  sortait  à  peine  de  l'enfance  que 
déjà  l'histoire ,  l'antiquité,  la  lit- 
térature ancienne  et  moderne  lui 
étaient  familières,  et  bientôt  des 
essais  lyriques  le  firent  connaître 
comme  un  rival  heureux  des  meil- 
leurs poètes  existans  alors  dans  la 
Péninsule.  Reçu,  à  21  ans,  mem- 
bre de  l'académie  espagnole,  il  fut 


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JOV 

presque  dans  lie  même  temps  nom- 
ihé  conseîîler-d'état  du  roi  Char- 
les Iir,  qui ,  tant  qu'il  vécut ,  lui 
témbignala  plus  grande  confian- 
ce, en  le  chargeant  souvent  de 
missions  importantes ,  dont  il  s'ac- 
quitta toujours  à  la  satisfaction  du 
monarque.  Après  la  mort  de  Char- 
les III,  les  ennemiB  de  Jovella- 
nos  s'acharnèrent  contre  lui,  et 
cherchèrent  les  moyens  de  l'éloi- 
gner du  conseil  du  nouveau  roi. 
Ils  n'y  réussirent  pas  d'abord,  et, 
pendant  4  ^ns,  il  résista  à  l'orage; 
enfin  ses  ennemis  l'emportèrent,  et 
il  succomba.  L'Espagne  avait  fait 
long-temps  ù  la  république  fran- 
çaise une  guerre  onéreuse;  la  paix 
qui  venait  d'être  conclue  en  1794? 
était  plus  onéreuse  encore.  Le  tré- 
sor royal  était  vide,  les  sources  de 
la  prospérité  publique  épuisées, 
et  l'on  ne  savait  quel  moyen  em- 
ployer pour  lever  des  subsides.  Un 
impôt  sur  le  haut  clergé ,  posses- 
seur de  richesses  immenses  ,  fut 
proposé  par  Jovèllanos,  et  excita 
la  haine  implacable  des  hommes 
puîssaùs',  qui,  en  appelant  cette 
mesure  injuste  et  sacrilège,  par- 
vinrent à  le  faire  exiler  dans  les 
mgntagnes  des  Asturies.  Ce  qui 
prouve  cependant  que  cette  accu- 
sation n'était  qu'un  prétexte  à 
leur  vengeance,  #est  que  son  pro- 
jet fut  adopté  en  grande  partie  et 
mis  à  exécution.  Rappelé  de  l'exil 
en  1 799 ,  Jovellanos  remplaça  ail 
ministère  de  grâce  et  de  justice, 
Llaguno.  Il  avait  d'abord  refusé 
cet  emploi,  lorsqu'un  ordre  réité- 
ré du  roi  le  força  d'accepter.  Com- 
me il  n'avait  pas  l'intention  de  se 
prêter  aux  vues  ambitieuses  du 
ministre  favori,  Godoï  He  prince 
de  la  Paix:)  ,  il  ptévît  dwahtîe  sa 


JOV 


»d 


nouvelle  disgrâce.  H  fut  en  effet, 
sans  que  le  peuple  qui  l'aimait  en^ 
sût  le  motif,  exilé  au  bout  de  8 
mois  à  l'île  Majorque,  et  renfermé 
dans  le  couvent  des  chartreux  de 
Palma.  On  a  cru ,  mais  cela  n'a 
jamais  été  prouvé,  que  dans  un^ 
lettre  adressée  par  lui  au  roi ,  en 
dévoilant  les  intrigues  du  favori  i 
il  avait  parlé  avec  trop  peu  de  mé- 
nagement de  la  reine.  Ce  ne  fut 
qu'à  la  chute  de  Godoï,  et  lors- 
que les  Français  entrèrent  en  Es-* 
pagne  en  1808 ,  que  Jovellanos 
recouvra  sa  liberté.  Il  ne  tarda  pas 
à  être  élu  membre  •  de  la  juntef 
suprême.  Plus  tard  Joseph  Bona- 
parte, assis  sur  le  trône  d'Espa- 
gne ,  le  nomma  ministre  de  l'inté» 
rieur^  emploi  qu'il  n'accepta  pas, 
malgré  la  prédilection  marquée 
qu'il  montra  toujours  pour  les 
Français ,  et  qui ,  dans  un  moment 
d'effervescence,  devint  la  cause 
de  sa  mort.  Les  amis  de  l'ancienne 
dynastie,  qui  considéraient  Jovel- 
lanos comme  un  partisan  du  nou- 
vel ordre  de  choses,  ayant  suscité 
une  émeute  au  commencement  de 
181a ,  il  fut  inhumainement  mas- 
sacré par  le  peuple.  Jovellanos 
était  l'ami  des  lettres  et  le  protec- 
teur des  savans.  Parmi  les  ouvra- 
ges qu'il  a  publiés,  on  distingue 
les'  suîvans  :  i*^  Recueil  de  poésies 
lyriques  ,  Madrid ,  1 780  ;  a*  jOw- 
cours  prononcé  dans  l'assemblée 
générale  de  l* académie  des  beaux^ 
arts  de  Marseille  ,  en  1781,  Ma- 
drid, 1782;  3**  Mémoire  sur  réta- 
blissement des  monts  -  de  ^  piété, 
Madrid,  J764;  4"  Mémoire  lu 
à  l* académie  d* histoire ,  sur  la 
nécessité  d'un  bon  dictionnaire  géo- 
graphique, Madrid,  1785;  5"  R^- 
flexions  sur  ta  législation  d'Espa* 


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ao  JOY 

gne,  Madrid,  1785;  6<*  Lettre 
adressée  à  Campomanès^  sur  le 
projet  (Vun  trésor  public,  Madrid, 
1786;  7"  Informe  sobr^  la  ley 
agraria,  Madrid,  1795.  Dans  le 
Recueil  de  poésies  lyriques  de  Jo- 
Velianos ,  on  trouve  sa  belle  comé- 
die intitulée  et  Delinquente  hono^ 
rado  (  THonnête  Criminel  )  ,  qui, 
après  avoir  obtenu  le  plus  grand 
succès  en  Espagne,  fut  traduite  en 
anglais ,  et  jouée  à  Londres ,  où 
elle  obtint  un  succès  pareil.  L'abbé 
Mejlar,  vicaire- général  de  Mar- 
seille ,  la  traduisit  aussi  en  fran-^ 
çais.  Il  faut  se  garder  de  la  con- 
fondre avec  la  pièce  française  «ous 
le  titre  de  l'Honnête  Criminel,  ou 
U  Piété  filiale,  par  Fenouillot  de 
Falbaire,  représentée,  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1768.  Ce  drame,  en 
5  actes  et  en  vers,  qui  obtint  beau- 
coup.de  succès,  n'a  point  de  res- 
semblance avec  le  sujet  traité 
par  Jovellanos.  La  comédie  es- 
pagnole a  été  réimprimée  à  Bor- 
deaux en  1818.  Jovellanos  par- 
lait avec  beaucoup  de  facilité  les 
'  langues  française ,  anglaise  et  ita- 
lienne. 11  a  traduit  de  ces  langues 
divers  ouvrages,  entre  autres,  le 
Paradis  perdu  de  Milton.  Ce  qui 
lui  fait  le  plus  d'honneur,  comme 
poèie,  est  sa  tragédie  de  Pelage, 
représentée  à  Madrid  en  1790. 

JOYAUT  (  A.  A.  A.  ) ,  aide-de- 
camp  de  George  Cadoudal,  et  l'un 
des  co-accusés  de  ce  général,  né  à 
Lénac  (Morbihan),  était  fort  jeune 
lorsque  la  révolution  éclata,  ce 
qui  l'empêcha  de  prendre  part  aux 
premiers  troubles  de  la  Bretagne. 
Il  vécut  long-temps  à  Rennes  dans 
une  espèce  -  d'inaction  ;  mais  dès 
que  la  chouanerie  fut  organisée 
dans  lesdépartemens  en  vironnans, 


JOY 

il  y  prit  la  part  la  plus  activé  ^  en 
changeant  toutefois  de  nom.  Il 
adopta  celui  d'un  homme  qui,  loin 
de  porter  les  armes  contre  sa  pa- 
trie ,  mourut  glorieusement  en 
combattant  pour  elle,  et  le  chouan 
Joyaut  se  fit  appeler  d'Assas*  Ar- 
rêté par  ordre  du  directoire,  en 
l'an  7  (  1798  )  ,  il  fut  amené  à  Pa- 
ris et  enfermé  au  Temple.  Il  n'y 
resta  que  peu  de  temps,  et  parvint 
à  obtenir  sa  liberté  ,  en  rejetant  le 
tort  d'avoir  pris  parti  contre  le  gou- 
vernement sur  son  peu  d'expé- 
rience et  sur  de  perfides  conseils. 
Cela  ne  Tempêcha  pas  néanmoins 
de  figurer  de  nouveau  dans  l'in- 
surrection de  l'an  8,  où  il  recruta 
publiquement  pour  l'armée  roya- 
le. Ce  fut  alors  qu'il  devint  aide- 
de-camp  de  George  Cadoudal  ; 
mais ,  après  la  pacification  >  de 
l'Ouest,  il  profita  de  l'amnistie 
pour  se  rendre  à  Paris.  Il  demeura 
dans  cette  ville  sous  prétexte  d'af- 
faires de  commerce ,  mais  en  efiet 
pour  y  préparer  l'attentat  du  3 
nivôse  ,  et  la  machide  à  juste  titre 
nommée  infernale,  qui,  dirigée 
contre  un  seul  homme,  fit  périr  et 
mutila  tant  de  citoyens.  Ce  fut 
Joyaut  qui ,  sous  le  costume  d'un 
charretier,  accompagna  ,  dans  la 
soirée  du  5  nivôse,  la  charrette  qui 
portait,  ouàlaqwlle  était  adaptée 
cette  machine.  Après  l'explosipn , 
il  parvint  à  se  soustraire  à  toutes 
les  recherches ,  gagna  un  port  de 
mer,  et  s'embarqua  pour  Jersey 
d'où  il  passa  à  Londres.  Là  il  par- 
ticipa aux  nouveaux  complots  qui 
se  tramaient  contre  le  chef  du  goui 
vernement  français,  et  de  l'exécu- 
tion desquels  George  Cadoudal  é- 
tait  particulièrement  chargé.  Reve- 
nu en  France  avec  ce  dernier, ill'ac- 


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JUB  - 

coinpagna  à  Paris,  où- la  police, 
qui  surveillait  leurs  démarches,  lea 
fit  arrêter  dans  les  premiers  jours 
de  juin.  Joyautfut  encore  tine  fois 
-enfermé  au  Temple,  -et  quelques 
jours  après  condamné  à  mort.  Il 
n'avait  alors  que  26  ans.  Lors  (àe 
l'exécution,  qui  eut  lieu  le  5  mes- 
sidor an  12  (  24  juin  1804  ),  au- 
cune altération  ne  se  fit  remar- 
quer dans  ses  traits ,  et  sur  l'écha- 
faud  il  fit  entendre  le  cri  de  vive 
te  roi  I    ' 

JUBÉ  ( -Auguste)  ,  baron  de  la 
Perelle,  maréchal-de-camp,  com- 
mandant de  la  légion-d'lionneur , 
est  né  en  1765.  Après  avoir  fait  les 
campagnes  de  la  révolution, il  avait 
obtenu  le  commande mentde  la  gar- 
de du  directoire,  qu'il  perdit  lors- 
que ce  gouvernement  fut  renversé 
le  18  brumaire  an  8  (g  novembre 
1799  ).  Lors  de  l'institution  du 
tribunat  9  M.  Jubé  en  fut  nommé 
membre  ,  et  donna  en  cette  qua- 
lité son  adhésion  à  la  proposition, 
faite  au  sein  de  ce  corps ,  de  nom- 
mer le  premier  consul  empereur. 
Lorsque  le  tribunat  eut  cessé 
d'exister,  le  général  Jubé  fut  ap- 
pelé à  la  préfecture  du  départe- 
ment de  la  Doire  (  à  Ivrée  en 
Piémont).  Il  passa  de  cette  pré- 
fecture à  celle  du  Gers,  où  il  fut 
remplacé  en  1814.  Créé,  après  la 
restauration ,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  il  fut,  sous  le  gouverne- 
ment royal ,  attaché  au  ministère 
de  la  guerre.  Le  baron  Jubé  de  la 
Perelle  a  publié  quelques  ouvra- 
ges ,  parmi  lesquels  on  distingue 
une  Histoire  des  guerres  des  Gau- 
lois et  des  Français  en  Italie,  de- 
puis Bellovèse  jusqu'à  la  mort  de 
Louis  XII ,  un  vol.  in-8'';  et  une 
Réponse' au  discours  virulent  pro- 


JUB  21 

nonce  en  1818  pwr  lord  Stanhope, 
dans  la  chambre  des  pairs  d'Angle^ 
terre  ,  contre  la  France  et  la  mai» 
son  de  Bourbon,  Le'  premier  de 
ces  ouvrages,  publié  en  i8o5, 
sert  d'introdpction  à  celui  du  gé- 
néral Servan  sur  le  même  sujet. 
JUBIÉ(Pierre-Jose^hFleuryj, 
né  dans  la  commune  de  la  Sône  , 
arrondissement  de  Saint-Marcel- 
lin,  département  de  l'Isère.  Son 
père  fut  anobli  par  Louis  XVI, 
en  récompense  des  services  rendus 
par  lui  et  sa  famille  à  l'industrie 
manufacturière.  C'était  beaucoup 
autrefois  pour  un  bourgeois  d'être 
anobli;  mais  pour  un  citoyen ,  <;e 
qui  est  tout  c'est  d'être  utile.  La 
culture  en  grand  du  mûrier,  ap- 
propriée à  la  productiondelasoie, 
et  l'introduction  de  l'art  relatif  à  la 
préparation  de  cette  matière,  sont 
dues  à  la  famille  Jubié,  qui  est 
demeurée  propriétaire  des  pré- 
cieuses machines  du  célèbre  Vau- 
canson.  La  médaillée  d'or  fut  ac- 
cordée plusieurs  fois  à  la  manu- 
facture- de  la  Sône,  après  l'expo- 
vsition  des  produits  de  l'industrie 
française.  Avant  la  révolution,  M. 
Jubié  était  inspecteur-général  des 
manufactures.  En  1787,  il  était 
membre  de  l'assemblée  provin- 
vinciale  du  Dauphiné,  et  fut  ad- 
ministrateur du  département  de 
l'Isère  en  1790,  1791  et  1792.  En 
.1795,  il  ftit  appelé  au  conseil  des 
cinq-cents;  compris  dans  la  pros- 
cription du  18  fructidor,  il  dut  à 
l'importance  de  la  manufacture 
qu'il  dirigeait,  le  bonheur  d'y 
échapper.  En  1796,  M.  Jubié  fut 
l'un  des  fondateurs  de  la  caisse 
des  comptes  courans,  dont  la 
réunion  à  la  banque  de  France 
fut  faite  sous  son  administration. 


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) 


2'2 


JUE 


Alors  il  était  chef  d'une  grande 
oiaison  de  banque,  sous  la  raison 
Jubiéy   B aster eiche  et  comp^".  La 
mort  de  son  associé  j  et  des  créan- 
ces considérables  sur  le  gouv^r- 
ment  pour  diyers  services  ,  les- 
quelles furent  xnîses  à  l'arriéré  et 
sont  encore  à  présent  l'objet  de 
^esréclamations,  détenàinèrentSi. 
Jubié  à  renoncer  aux  affaires  et  à 
retourner  dans  son  département. 
£n  iSoa^  il  fut  nommé  membre 
du  conseil-général.  En  i8o3  9  il 
remplaça  ton  ^  père  dans  la  sous- 
préfecture  de  Saint-Marcellin ,  et 
fut  nommé  député  pour  la  session 
de.  1804 à  1809.  En  iSiS,  M.  Ju- 
bié préj^ida  le  collège  électoral  d,e 
l'arrondissement  de  Saint-Mar- 
<    cellin  i  et  fut  deux  fois  candidat  de 
ce  même  collège  en  i8i5  et  1816. 
Ce  fut  au  mois  de  décembre  de 
cet^te  dernière  aimée  que  M.  Jubié 
reçut  le  cordon  de  Sajnt-Micbel. 
En  1819 ,  ^^  reçut  le  titre  de  con- 
Sieiller  du  roi  près  le  conseil-gé- 
néral des  manufactures.   Depuis 
18169  il  faisait  partie  du  jury  ins- 
titué pour  protéger  les  produits 
français  contre  la  fabrication  è- 
trangère,  et  ne  cessa  ces  fonctions 
qu'dMi  i8ao;il  fut  alors  nommé  se- 
crétaire-général de  le  préfecture 
de  la  Seine-Inférieure.  M.  Jubié 
ayait  trois  fils  qu'il  a  eu  le  malheur 
de  perdre  :  l'aîné ,  entre  autres,  de . 
la  manière   la  plus  tragique  en 
1815,  sous  le  fer  d'un  assassin; 
le  second,  ancien  of&cier,  mort 
récemment  à  l'âge  de  29  ans  ;  et 
le  troisième,  capitaine  du  génie , 
périt  à  IMge  de  ai  ans,  dans  les 
glaces  de  la  Russie. 
'    JUERY    (   P.   )  ,    député  du 
département  de  l'Oise  à  l'assem- 
blée législative^  est  né  dao^  la 


JUP 

ci  -  derant  proyince  d'Auy.er- 
gne.  No^)mé,  api:ès  le  10  août 
1792^  l'un  des  Commissaires 
chargés  de  vérifier  la  caisse  de 
l'extraordinaire,  confiée  aux  soji^ 
de  MM.  Ao^ielot  et  Itecoutewr 
Lanoraye,  il  moiaX^  dans  ses 
fonctions  autant  4e  zèle  q,!ue 
d'impartiîdité.  Il  combattit  le 
projet  d'aliénation  des  forêts  na- 
tionales ;  mais  d^ns  cette  discus- 
sion, comme  dans  toutes  celles  oi\ 
il  montra  de  J'opposition ,  il  le  fil 
avecufe  modération  remarqua- 
ble. Il  avait,  le  8  août  de  cette 
même  année  1792^  sauvé  la  vie  à 
M.  Girardin,  lorsque  ce  dernier  fut 
attaqué  au  sortir  de  l'assemblée  , 
en  raison  de  sou  vote  en  faveur  du 
général  La  Fayette.  En  180a,  l'ar- 
rondissement de  Senlis,  où  M. 
Juery  se  trouvait  sous-préfet ,  le 
nomma  député  au  corp^-législatif. 
Depuis  qu'il  a  cessé  d'être  député, 
il  exerce  à  Senlis  la  profession 
d'avocat  consultai^t ,  et  fait,  de 
plus,  valoir  une  manufacture  de 
coton ,  établie  à  quelque  distance 
de  cette  ville. 

JUGLER  (  Jeàn-Fk^débig)  ,  né 
à  Wetteburg  en  Saxe,  le  17  juillet 
1714,  et  mort  le  9  janvier  1791  , 
se  consacra  de  bonne  heure  à 
l'enseignement,  dont  il  suivit  la 
carrière  avec  beaucoup  de  distinc- 
tion. Il  pa^e  pour  un  des  meilleure 
philologues  de  son  temps»  Ce  sa- 
vant actif  et  laborieux  eut  le  mal- 
heur d'être  frappé  de  cécité  quel- 
ques années  avant  sa  mort.  Parmi 
les  ouvrages  qu'il  a  publiés,  et  dont 
quelques-ans  lui  font  le  plus  griud 
honneur,  ojd  distingue  :  1"  BibUa- 
theca  historia  Utterarim  setecta , 
léna,  1754 — 1763,  3  vol.  in-ô';^ 
2"*  Dissertatiçnsur  t  usage  d^s  Bt^, 


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Jtll 

Mémoires  pour  servir  à  une  Bio^ 
graphie  jwristi^fue,  ou  Notices  sur 
la  vie  et  les  écrits  des  hommes 
ifétat  ou  jurisconsultes  gui  se  sont 
illustrés  enEurope,Leipsickf  1 7739 
6  Tol.  in-8'',  Jug^er  a  fait  aussi  un 
i;rand  nombre  d'excellentes  tra- 
ductions. Il  avait  conçu  le  ptan 
d^iHKe  Histoire  critico-'lUtéraire  de 
tous  les  ouvrages  publiés  à  l'occa'-» 
sion  du  procès  de  Charles  I*' ,  roi 
d' Angleterre,  que  sa  cécité  ne  lui 
permit  point  d'exécuter.  Il  était , 
lorsqu'il  mourut  9  conseiller  du 
roi  d'Angleterre,  et  inspecteur  de 
Facadémie  équestre  de  Luné- 
bourg. 

JUIGNB    (  AlCTOlHE-ËlioNO&K^ 

UoM  Lt  Guac  PB  )  9  archevêque 
de  Paris  j  naquit  en  cette  yille  , 
d'une  ancienne  famille  originaire 
du  Maine ,  le  a  novembre  175B, 
et  mourut  le  19  mars  1811.  Ayant 
embrassé  l'état  ecclésiastique,  il 
fut  sacré  évêque  de  Ghâlons-sur-* 
Marne,  le  26  avril  17649  et  Louis 
XVI 9  qui  avait  pour  lui  une  pré- 
dilection marquée,  lui  conféra,  en 
1781,  le  siège  ardbiépbcopal  de 
Paris.  Pendant  le  rigoureux  hiver 
de  1788  à  1789  ,  il  fît  faire ,  aux 
pauvres  de  son  diocèse ,  de  nbm-« 
breu^s  distributions  de  vivres  eft 
de  bois  ,  ajant ,  dit^oà ,  pour  cela 
eagaeé  son  patrimoine  et  vendu 
sa  yaïaAelle  d'argent.  Nommé  dé- 
puté du  clergé  aux  états-généraux 
eo  1 789 ,  il  n'y  montra  pas  d'abord 
HB  esprit  conciliant ,  ni  cette  ab-* 
Bégation  de  l'intérêt  personnel 
que  recommande  le  divin  auteur 
delà  doctrine  de  l'Évangile.  M.  de 
Joigne  manifesta,  au  contraire  , 
l'intiention  dé  soutenir  arec  beau- 
oott|i  de  Tigueur,  et  par  tous  les 


JUl 


^5 


n^oyens  possibles,  les  privilèges 
exclusifs  de  l'ordre  qu'il  représen- 
tait. Dès4ors,  en  butte  aux  dé- 
nonciations et  à  la  haine  du  peu- 
ple ,  il  courut  quelques  dangers 
dans  la  journée  du  24  )nin.  Sa 
voiture  fut  assaillie  par  un  attrou- 
pement populaire ,  on  jeta  des 
pierres  et  delà  boue  à  l'archevêque, 
et  il  ne  se  tira  qu'avec  peine  de 
la  foule  qui  l'entourait.  On  avait 
en  effet  répandu  le  bruit  que  l'ar- 
chevêque s'était  présenté  au  roi , 
un  crucifix  à  la  main,  afin  de 
conjurer  ce  prince  de  ne  pas  sanc- 
tionner les  décrets  de  l'assemblée 
nationde.  Depuis  s'étant  réuâi 
avec  le  clergé  aux  deux  autres 
ordres ,  il  montra  j^tts  de  modé- 
ration, et  consentit,  le  a6  sep- 
tembre, qu'on  appliquât  aUl 
besoins  de  l'état ,  l'argenterie  des 
églises  et  fout  ce  qui  ne  se  trou- 
vait pas  nécessaire  an  culte  :  ce 
qui  ne  l'empêcha  pas  de  s'opposer, 
le  14  avril  1790,  à  ce  que  les  biens 
ecclésiastiques  fussent  déclarés 
nationaux.  Il  émigra  rers  la  ôa 
de  cette  même  année  ;  alla  d'abord 
en  SaToie,  d'oà  il  publia  Ma  man- 
dement contre  les  sermens  que 
l'aÊssemblée  exigeait  des  prêtres. 
Retiré  en  Allemagne  en  179!!,  sa 
maison  servit  de  refuge  à  um»  le9 
prêtres  qui  dvaiènt  refusé  de  se 
cofiforiiker  aux  nouvelles  lois^  re-* 
connues  en  France.  Il  rentra  à 
Paris  après  la  promulgation  dû 
concordat  de  1802,  auquel  it 
donna  son  adhésion,  et  téçat 
depuis  au  sein  de  sa  fannillé  ei» 
^mple  particulier.  Ge  prélat  était 
doué  de  la  plus  heureuse  nlémoire; 
on  assurb  qu'il  savait  la  &iWa.par 
cœur.  Il  a  publié  dirers  Mande'^ 
mens,  des  Lettres  pastorales , }iû 


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24 


JUL 


Rituel,  un  Examendès principes  du 
pastoral  sur  l'ordre,  la  péniten^ 
ce,  les  censures  et  le  mariage,  et 
quelques  autres  écrits  9  dénoncés 
à  Fassemblée  nationale. 

Jl^LIEN  (  Jean)  ,  ministre  pro- 
testant ,  plus  connu  sous  le  .nçan 
de  Julien  de  Toulouse  j  est  né  à 
Nîmes ,  département  du  Gard.  Il 
était  Tun  des  administrateurs  du 
département  de  la  Haute-Garonne, 
lorsque  le  collège  électoral  9  tenu 
àAieux/rélut  ppur  son  président, 
et  le  nomma ,  à  la  presque  unani- 
mité, le  4  septembre  1792  ,  dé- 
puté à  la  convention  nationale. 
Dominé  par  un  caractère  ardent 
et  par  une  imagination  peut-être 
uh'peu  trop  exaltée,  mais  fidèle 
aux  principes  de  morale  et  de 
tolérance  qui  devraient  réunir  en 
une  seule  toutes  les  croyances 
religieuses ,  il  espérait  que  le 
nouvel  ordre  de  choses  opérerait 
les  améliorations  politiques  de- 
mandées par  la  masse  de  la  nation. 
Lanîarche  rapide  des  événemens, 
et^  le  choc  violent  des  passions  , 
ne  permirent  pas  à  M.  Julien  de 
suivre,  en  politique,  la  marche 
lente  et  modérée  qu'il  avait  adoptée 
pour  l'enseignement  de  rJÉvangile. 
Membre  de  la  convention,  il  s'y 
montra ,  et  nous  aurons  plus  d'une 
fois  l'occasion  de  le  remarquer 
dans  cet  article ,  l'appui  et  le  dé- 
fenseur, lui  .ministre  protestant 
depuis  vingt  années ,  des  prêtres 
catholiques  les  plus  opposés  aux 
de^gmes  de^a  croyance.  Dans  le 
procès  du  roi,  l'un  des  ipremiers 
actes  de  cette  assemJ)lée  si  nom- 
breuse et  si  diverse  dans  les  élé- 
mens  qui  la  composaient ,  il  fut 
entraîné  par  une  majorité  impé- 
rieuse. L'homme  le  plus  modéré, 


JUL 

dans  des  occasions  extraoÎTâinaf- 
res,  n'a  pas  jtoujours  les  moyens 
d'assurer  son  indépendance  et  sa 
"sécurité;  ejt  M.  Julien  fut  dans  ce 
cas.  Il  céda  à  l'empire  des  circons- 
tances, et  vota  avec  la  maforîté. 
Tout^ois  ce  ne  fut  pas  sans  com- 
bat, et  il  eut  le  courage  de  dire  a- 
vant  d'émettre  sou  Tote  :  «  S'il  fut 
»un  moment  depuis  l'ouverture  de 
»la  convention,  où  nous  ayons  dû 
»  faire  taire^  toutes  les  passions  , 
«imposer  silence  à  toutes  nps 
D  préventions ,  c'est  celui  où  nous 
«sommes  appelés  à  prononcer  sur 
»la  vie  d'un  citoyen.  Quant  à  moi, 
9  je  ferme  les  yeux  sur  l'avenir 
»  heureux,  ou  malheureux  qui  nous 
«attend;  je  ne  consulte  que  ma 
«conscience  :  voilà  ma  règle ,  et 
»  j^y  puise  l'arrêt  pénible  et-  dou- 
«loureux  que  je  dois  porter.  » 
Dans  cette  explication  pénible  de 
la  pensée,  on  voit  l'homme  sub- 
jugué; on  ne  voit  pas  le  proscrtp- 
teur.  Son  discours ,  monument 
remarquable  pour  la  circonstance, 
fait  partie  de  la  collection  com- 
plète des  opinions  imprimées  avec 
tous  les  documens  à  l'appui  du 
procès.  M.  Julien  avait  combattu 
avec  force  le  projet,  du  moment 
qu'il  fut  manifesté  par  la  majorité 
de  l'assemblée,  de  juger  Louis 
XVI.  «  Quelle  ihipartialité,  avait- 
Ȕl  dit,  quelle  droiture  de  juge- 
»  ment ,  quelle  rectitude  dans  les 
«idées  pourrez- vous  attendre  d'un 
«juge  qui  se  sera  porté  pour  ao- 
«  cusateur,  qui  aura  figuré  comme 
«partie,  d'un  juge  qui  déposera 
«contre  celui  qu'il  accuse  ?  »  Ce 
fut  d'après  ces  bases  qu'il  proposa 
le  projet  de  décret  eh  10  articles 
qui  termine  son  opinion,  et  dont 
le  second' est  ainsi  conçu  :  Louis* 


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JCL 

X^I  serûjugé  par  un  tribunal 
pris  hors  du  sein  dé  ta  convention. 
Le  21  février  1793,  il  fut  élu  se- 
crétaire de  l'assemblée;  à  la  même 
époque,  il  présidait  la  société  des 
jacobin»  9  dont  les  principes  n'îns- 
piraient  point  eneore  Tefifroi.  Il 
fut  ensuite  nommé  membre  du 
cotnité  de  sûreté  générale ,  avec 
AiiQViSR  {pay.  ce  nom) ,'  si  connlu 
par  samodéMktÎQii  et  ses  senti- 
mens  philaiitropî<|ues  ;  m^s  ce 
comité,  qui  ne  proscrivit  point  ,' 
n^eut  pas  une  loi^e  durée.  Par- 
mi les  membres  qui  le  recom- 
posèrent, on  remarqua  Yadier, 
Youland,  Amar,  du  Barran,  Élie 
Lacoste.  Doué  d'une  grande  ac- 
tivité et  d'un^  grand  amour  pour 
le  travail,  il  a  pris  une  part  im- 
portante aux  opérations  des  co- 
mités et  commissions  dont  il  a  été 
membre.  Attaché  k  la  commission 
des  marchés,  M.  Julien  fit  deux 
rapports  à  la  convention  ;  l'un  re- 
latif à  la  réorganisation  des  diffé- 
rens  services  de  l'armée  de  la 
Belgique ,  et  à  l'allocation  des 
sommes  très- considérables  dues 
aux  entrepreneurs-généraux.  '  Le 
décret  ■  à  cet  égard  '  fut  conforme 
aux  propositions  qu'il  avait  faites, 
et  au  plan  d'organisation  joint  à 
son  travail.  Le  second  ,^  relatif  à 
l'établissement  des  régies,  n'eut 
pas  de  suite.  Il  fit  décréter,  dans 
l'intérêt  du  culte  catholique ,  des 
peines  sévères  contre  ceux  qui 
commettraient ,  dans  les  églises  , 
desprofanations  et  des  indécences, 
etîl  s'éleva  contre  la  suppression 
des  frais  de  ce  culte,  comme  pou- 
vant exercer  une  grande  influence 
sur  la  tranquillité  publique.  Il  fut 
envoyé  à  Orléans  pour  vérifier/ les 
iaks  d'inrâbordination 'et  :d'inci- 


JUL 


a5 


visme  imputés  ^ux  chefs  de  la  lé- 
gion Germanique;  sa  mission 
s'étendit  aux  départeniens  de  la 
Vendée,  où  il  ue  fit  que  paraître, 
et  rentra  bientôt  à  la  convention. 
Dans  le  court  sèfour  qu'il  j  fit  , 
il  fut  accusé  d'y  avoir  entravé  la 
liberté  de  la  presse;  et  ses  arrê- 
tés ,  relatif  à  la  suppression  de 
quelques  journaux  exagérés,  fu- 
rent cassés,  sa  conduite  censurée. 
Malus  et  d'Espagnac  sont  dénoncé» 
comme  dtlapidateurs;  on  parle  de 
les  traduire  aux  tribunaux.  M. 
Julien  prend  leur  défense  :  ils  sont 
absous;  mais  lui  est  accusé  par 
Lasource  d'une  indulgence  cri- 
minelle. Néanmoins  Alalgs  est  ren- 
voyé à  ses  fonctions  d'ordonnateur, 
et  d'Ëspagnac  comme<  entrepre- 
neur. A  la  suite  des  éréneniens^ 
des  5i  mai ,  1*'  et  2  juin  1795 ,  et 
d'après  quelques  démêlés  entri|| 
lui  et  Buzot  sur  les  résultats  de 
ces  fatales  journées ,  il  insista  for- 
tement pour,  faire  rendre  un  dé- 
cret d'accusation  contre  cet  esti- 
mable député.  M.  Julien  reconnut 
plus  tard  combien  il ,  avait  été 
heureux  de  ne  pas  l'obtenir.  Il  fut 
étranger  à  la  proscription  dont  Bu- 
zot fut  plus  tard  la  victime.  C'est  à 
son  énergie  qu'on  dut,  le  18  juil- 
let, le  rapport  d'un  décret  rendu 
la  veille ,  qui  déclarait  le  général 
Beyvsser  traître, à  la  patrie,  et  le 
mettait  hors  la  loi ,  comme  com- 
plice de  la  rébellion  des  autorités 
de  Nantes.  Ce  décret  fut  converti 
en  une  simple  traduction  à  la 
barre,  où  lé  général  se  justifia 
pleinement  Des  troubles  sérieux 
s'étaient  manifestés  dans  le  dé- 
partement du  Gard.  Les  patriote» 
avaient  été  mis  en  fuite;  desassas^ 
sinats  avaient  été  comojiis  sur  la 


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26 


JUL 


per sonaede  pliwfeurs  d'entre  eux. 
Les  autorkéâ  étaleot  ceopsjjies  de 
tolérance  on  d'insotidance.  Quoi* 
que  sollicité  par  les  pareas  desrtc- 
tifiies,  M.  Julien  veut  éviter  une 
réacjtion ,  et  il  se  bortie  ^  dans  son 
rapport ,  qui  fut  adopté  $  sauf 
quelques  légères  modifications ,  à 
demander  la  destttutîon  de  la  mu- 
nicipalité et  Tarrestation  de  plu- 
sieurs de  ses  membres.  Il  fait  en- 
suite décrète  l'élargissement  des 
commissaires  du  pouTotr  exécutif 
détenus  à  Brest  ;  passer  à  l'ordre 
du  }our  9  «1  nom  du  comité  de  sû- 
reté générale  ,  dont  il  était  Foi^a* 
ne ,  sur  la  demande  formée  par  le 
général  Custine,  de  faire  entendre, 
daiBS  son  procès ,  comme  témoins , 
Bouchard,  général  en  chef  de 
l'armée  de  Rhîn-et-Moselle,  ainsi 
qu'un  grand  nombre  de  comman- 
Iplans  de  places  fortes,  parce 
qu'il  serait  résulté  de  ce  déplace- 
ment, la  désorganisation  de  l'ar^ 
mée  et  la  mise  à  la  merci  de  l'en- 
nemi de  nos  places  et  citadelles 
c-emées  de  toutes  parts;  mais  il 
proposa  de  faire  entendre ,  de- 
Tant  les  juges  des  lieux,  tous  ceux 
que  Custine  désignerait  pour  té- 
moins. M.  Julien  fit  un  autre  rap- 
port sur  la  conduite  militaire  du 
général  Wvcstermann  dans  l'Ouest, 
accusé  de  trahison  et  de  pillage. 
U  demanda  son  renvoi  devant  une 
eonr  martiale,  qui  l'acquitta.  Sur 
un  autre  rapport  de  ce  député^  trois 
ministres  du  culte  catholique  à 
Orléans,  traduits  à  Paris  et  détc- 
sus  à  la  Conciergerie,  sont  mis 
%n  liberté ,  le  ^ur  même  où  Fou- 
quier-Ttn ville  les  réclamait  pour 
les  traduire  en  jugement.  Dans  uae 
autre  circonstance^  il  fait  mander  à 
la  barre  leprooureur^syndic  dadia» 


JUL 

trîct ,  le  nuiire  ^e  h  commune  de 
Brest  et  «on  substitut.,  pour  j  ren- 
dre compte  de  l'arrestMion  iirbî^ 
traire  des  commissaires  du  pou-» 
voir  exécutif  envoyés  dans  cette 
Ville.  Chevallot,  euré  dans  le  dé- 
partement de  la  Haute-Saôae, 
ayant  été  destitué  de  ses  fonctions 
par  l'évêque  Flavigni,  pour  cause 
de  markige,  M.  Juti^&ftun  rap- 
port »ur  la  pétition  de  ce  -prêtre 
fatigué  d'un  long  célibat,  et  pro- 
noncer pour  l'avenir  l'annullation 
de  toute  destitution  pour  la  mènie 
cause,  fulminée  par  l'autorité  ec- 
clésiastique. Sur  sa  motion,  la 
convention  décrète  que  la  flo<^é 
populaire  de  Toulouse  a  bien  mé- 
rité de  la  patrie  pouc  sa  conduite 
envers  l'armée  des  Pyrénées^  à 
son  passage  par  cette  ville.  Il  dé- 
nonce ceUe  de  Tonnerre,  oomme 
cause  des  troubles  qui  s'y  étaient 
élevés,  et  fait  mander  la  munici- 
palité pour  donnerdes  expUoatîons 
à  ce  sujet.  Ces  fonctkMuiaires  fu- 
retnt  honorablement  acquittés.  Le 
département  des  Landes  fut  un 
de  ceux  du  Midi  où  il  se  manifesta 
les  plus  grandes  agitations,  au  su- 
jet des  événemens  du  5i  mai.  Il 
nes^agissait,  d'après  les  rensetgne» 
mens  fournis  par  M.  Ju^en  à  la 
tribune,  que  de  séparer  et  de  for- 
mer en  républicpie  £édérative  les 
frontières  occidentales,  composées 
des  départemens  de  la  Gironde,, 
de  Lot-et-Garonne,  du  Gers,  és9 
Hautes-Alpes,  des  Basses-Pjrré-* 
nées  et  des  Landes.  Quoique  char- 
gé du  rapport  sur  les  adminbtra- 
tions^  rebelles,  et  malgré  le  soulè- 
vement du  midi  centre  la  eonvea** 
tion,  M.  Julien  crui  mieux  servir 
sa  patrie  en  proposant  des  raean- 
res  peu  aèièm»  cpi^en  demandant 


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du  sai^.  A  quelque»  arre^tatidos 
de  fonotiçQoatres  se  hom^  son 
mioîfitèner  de  rigueur,  «t  l'orage 
fut  aussitôt  .ai^aisé.  Il  Cait  pro-r 
noaeer  la  mise  en  Ubei^é  de  Far 
brctg^ettes,  arrêté  par  ordre  de 
,  la  convenlJoA,  ^^omme  sîgaatarire 
des  air^s  îosurceotîonijiâsj  pris 
parle  Gomité  central  de  Montpel- 
lier, 4ioQt  il  était  secrétaire.  Il  fait 
égaieniieut  relâcher  Maugéy  prési^- 
deot  de  la  société  populaire  de 
Nancî,  arrêté  lors  des  trouMes  de 
eeUXe  viMe,  et  fait  traduire  à  la 
barre  VîUot,  pi^ocupieur^syi^cde 
la  comipmie,  Génajude^et  Olheim, 
officiers  qimicipauf ,  et  4lestituer 
Dvqiueanoj,  directeiir  des^postes^ 
ci-devai^t  membre  de  l'assemblée 
Goastituante.  It  propose  de  faira^ 
examiaer  la  conduite  de  la  pom- 
pagoie  des  Iad<Bs,  qu'il  aeçuse  d'à- 
Toir  prêté,  ea  lyga^p  des  somines 
énormes  pour  faire  opérer  la  con* 
tr^-^révolutioa.  Ce  fut  sur  sa  pro-» 
position  qa^intervint  le  décret  qui 
ordonna  rarr08tation  ^t  la  transla- 
tion à  Paris,  de  plusieurs  citoyeos 
notables  de  Lorient,  et  par  unf» 
disposition  subséquente,  que  l'ad- 
ministration du  département  de 
la  Corréze  n'ayait  pas  cessé  de 
bien  mériter  de  la  patrie.  Il  fait 
prononcer  également  la  mise  en 
liberté  des  enfans  Laguyomarais 
de  Bretagne,  arrêtés  sur  un  ordre 
du  comité  de  sûreté  générale.  Af- 
fligé des  scènes  scandaleuses  qui 
se  passaient  tous  les  jours  à  Paris, 
relativement  aux  famines  qui  nq 
portaient  pas  de  cocardes,  et  des 
Toies  de  fait  dont  ces  femmes  é- 
taient  les  yictimes,  il  fit  décréter 
8  îoors  de  prison  contré  tout^ 
celles  qui,  par  mépris  ou  négli- 
gaocçy  nç  Sfs  décoreraient  pas  dfn 


JUL 


aj 


ee  signe,  e^t  .en  eas  de  réddrve,  la 
néelusion  jusqu'à  la  paix.^  Sur  aa 
depaaode^  un  autse  décret  porta 
peine  4e  mor^  contre  les  fournie 
seurs  infidèles  dans  le  service  des 
armées.  Pendant  ce  temps,  il  était 
déncmeé  %nK  Jacobins,  oamme  fa- 
vorisant leurs  dilapidations^  Aleœ- 
bre  du  comité  de  sûreté  générale, 
il  Dut  chargé  de  faire  un  rapport 
sur  les  ndministr^tions  fédéraUê" 
teê,  c'est-à^tre  rebelles.  Ce  tra- 
vaU  remarquable,  sous  plus  d'un 
rapport,  et  qui  embrassait  %ma 
les  points  du  territoire,  toutes  les 
intrigues  de  l'époque  »  lui  fit  une 
foute  d'ennemis  implacables  dans 
leaein  de  la  convention,  dont  il 
ménagea  tr^p  peu  quelques  mem* 
hre9  influens,  et  au  dehors.  A  la 
suite  du  tableau  vigoureux  de  la 
situation  de  la  France,  et  dans  un 
projet  de  décret  en  9o3  artieles^ 
les  peines  qu'il  proposait  contre 
eeux  qu'on  aecnsait  de  fédéralis- 
BEie,  par  suite  des  événemens  des 
3i  mai,  i^'  et  2  juin,  à  peu  d'ex- 
ceptions près,  n'étaient  que  temr  ^ 
poraires  :  des  destitutions,  des  dér 
placemeos  d*ui^  départeuïent  à 
un  autre»  des  emprisonnemens 
plus  ou  moins  prolongés,  la  pri- 
vation on  suspension  des  exeroi- 
ees  des  droits  civils  pendant  110 
temps  limité,  étaient  les  châtimens 
les  plus  fréquens  qu'il  aurait  voot 
tu  qu'on  infligeât  aux  coupables 
de  cette  époque  orageuse.  Xa  fac- 
tion victorieuse  au  3i  mai,  indi- 
rectement attaquée  dans  ce  rap* 
port,  réunit  to«s  ses  efforts  contre 
Al.  Julien,  tandis  que  Robespierre, 
£urieux  de  voir  son  attente  troa»-^ 
pée,**le  dénan$^it  aux  Jdeohins 
eomm.e  feuillantin  et  coQtre-rév«K 
lutionnaire»  et  Voubod  à  la  < 


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a8 


JUL 


Tentioncomme  modéré,  déclarant 
que  ce  travail  n'atteignait  point  le 
but  qu'on  s'était  proposé,  et  qu'il 
devait  être  regardé  comme  non 
avenu,  ce  qui  fut  décrété.  La  com- 
mune de  Paris,  sur  le  réquisitoire 
de  C baume tte,  ordonna  que  ce 
même  travail  serait  brûlé  dans  le 
lieu  otdinaire  de  ses  séances; 
toutefois,  cet  '  arrêté  surpris  à  la 
précipitation,  fut  rapporté  quel- 
ques jours  après,  sur  la  proposition 
de  Cubièreà-Palmezeaux.  M.  Ju- 
lien, alarmé  de  ce  déchaînement, 
céda  à  l'empire  des  circonstances. 
Il  fit  une  espèce  de  désaveu  de 
son  rapport,  en  déclarant  qu'il  a- 
vait  pu  être  trompé  par  de  fy.iit 
documensqui  lui  avaient  été  trans- 
mis au  nombre  de  plus  de  5,ooo. 
Cette  concession  calma  momen- 
tanément les  passions.  Par  un 
principe  de  justice  et  d'humanité, 
il  combattit  la  proposition  démet- 
tre hors  la  loi  tout  représentant 
du  peuple  qui  Se  soustrairait  au 
décret  d'arrestation  lancé  contre 
lui  sans  avoir  été  entendu.  Il  fit  " 
approuver  la  condtiite  de  La  Plan- 
che, son  collègue  de  la  Nièvre^ 
envoyé  en  mission  dans  le  dépar- 
tement, de  Loir-et-Cher,  et  pro- 
noncer la  mise  en  liberté  du  maire 
dèBeauvais.  Sans  autre  cause  que 
la  haine  de  quelques  proécripteurs, 
et  bientôt  proscrit  par  un  arrêté 
du  comité  de  sûreté  générale  qui 
ordonnait  sa  mise  en  arrestation, 
M.  Julien  prit  le  parti  de  se  sous- 
traire à  cette  mesure  inique;  et 
lorsqu'il  espérait  en  voir  cesser 
l'effet,  JÉlie  Lacoste  le  fit  com- 
prendre dans  la  eonspiration  dite 
de  l'étranger^  où  •  figurèrent,  sous 
des  prétextes  divers,  plus  de  loa 
personnes,  conventionnels  et  au- . 


JUL 

très.  M.  Julien  fut  en  conséquence 
décrété  d'atcusation  ,  et  mis  hors 
la  loi,  comme  prévenu  «d'avoir 
«trafiqué  de  ses  opinions  avec  les 
»  compagnies  financières,  et  com- 
9  me  complice  de  la  falsification 
id'un  décret  coneemant  ces  com» 
»pagnies,  »  avec  Fabre-d'Églan- 
tine,    Delaunay    d'Angers,    etc. 
Plus  heureux  que  ces  derniers  qui 
périrent  sous  la  hache  révolution- 
naire ,  il  échappa  à  toutes  les  re- 
cherches; et  après  avoir  erré  pen- 
dant une  année  sur  les  bords  du 
lac  de  Constance,   il  revint  en 
France,  après  la  révolution  du  9 
thermidor  an  a  (ay  juillet  1794); 
mais  il  ne  rentra  point  à  la  con- 
vention, ajant  été  remplacé  dans 
cet  intervalle  par  Allard,'  son  sup- 
pléant. Encore  sous  le  décret  de 
mise  hors  la  loi,  M.  Julien  récla- 
ma la  cessation  de  sa  proscription. 
Plusieurs  membres  dé  l'assemblée, 
entre  autres,^  Dentzel,  Rovère  et 
Ma^ec,  appuyèrent  sa  demande,  et 
ledécret  fatal  fut  rapporté.  La  crise 
du  5o  prairial  an  3  porta  M.  Julien 
dans  une  des  municipalités  ^e  Pa- 
ris  (celle  du  Luxembourg).  Il 
fait  connaître  à  la  convention  les 
troubles  survenus  dans  l'assem- 
blée primaire  dont  il  est  prési-- 
dent,  et  contre  laquelle  l'autorité, 
mal  informée,  avait  fait  marcher^ 
des  troupes.  Ce  fut  à  peu  près  à 
cette  époque  qu'il  fut  chargé,  par 
la  société  populaire  de  la  rue  du- 
Bac ,  de  rédiger  une  adrjesse ,  dont 
l'objet  était  de  provoquer  un  dé- 
cret qui  déclarât  la  patrie  en  dan- 
ger. Après  la  révolution   du    iS 
brumaire  an  8  (9  novembre  1 799), 
il  fut  arrêté  et  détenu  pendant  quel- 
que temps  à  la  Conciergerie,  avec 
des  mpmbres  dès  précédentes  as- 


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JUL 

semblées  nationales,  dont  la  plu- 
part, ne.  se  connaissaient  que  de 
nom,  et  que  Ton  accusait  d'avoir 
conspiré  contre  le  gouvernement 
consulaire.  Rendu  à  la  liberté,  et 
fatigué  de  tant  de  persécutions,  M. 
Julien  passa  dans  les  départemens 
au-delà  des  Alpes,  et  se  fixa  à  Tu- 
rin, où  il  a  exercé,  pendant  quinze 
ans,  la  profession  d'avocat.  Plu- 
sieurs de  ses  plaidoyers,  insérés 
dans  le  recueil  des  Causes  célèbres  y 
prouvent  qu'il  a  suivi  la  carrière 
du  barreau  avec  distinction,  et 
il  la  suit  encore  à  Embrun,  dé- 
partement des  Hautes-Alpes ,  où 
il  s'est  retiré  après  l'évacuation  de 
l'Italie,  par  les  troupes  françaises. 
C'est  donc  à  tort  que  des  biogra- 
phes, sans  doute  involontairement 
induits  en  erreur,  ont  prétendu 
que  «  M.  Julien  de  Toulouse,  a- 
»près  avoir  cessé  de  faire  partie 
»  de  Ja  convention,  est  rentré  dans 
»une  obscurité  dont  il  n'est  plus 
»  sorti  depuis,  et  qu'en  1 8 1 6 ,  il  a 
vété  obligé  de  quitter  la  France 
»  par  suite  de  la  loi  du  1 2  janvier 
»  (de;  cette  année)  rendue  contre 
j»les  conventionnels  dits  votaifs.  » 
Bi..  Julien  n'a  pu  être  porté  sur 
aucune  liste  de  proscription, 
n'ayant  rempli  aucune  fonction, 
publique  depuis  la  convention 
nationale,  et  n'ayant  point  donné 
son  adhésion  à  Vacte  additionnel 
aux  constitutions  de  ^empire,  La 
carrière  politique  de  M.  Julien  a 
été  extrêmemept  orageuse;  mais, 
dans  tous  les  temps,  dévoué  à  «on . 
pays,  îU'aservi  avec  les  meilleures 
intentions  et  avec  le -plus  grand 
désintéressement. 
.  JULIEN  (d;e  Pabme),  né  à  Sa- 
vigliano^  en  1736,  quitta,  à  l'âge 
de  7  aus^  sa  famille,  qui,  à  cause 


JUL  39 

de  son  extrême  pau  vreté ,  ^e  pou- 
vait lui  donner  aucun  secours.  Il 
reçut  d'un  maître   d'école  qu'il 
servait ,  les  premiers  élémens  de 
son  éducation,  et  acquit,  on  ne 
sait  trop  comment ,  des  connais- 
sahces  en  peinture  qui  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  lutter  long-tèmps 
contre  le  besoin.  Il  alla  à  Kome, 
où  les  bienfaits  du  duc  de  Parme 
le  fixèrent  pendant  .quelques  an- 
nées. Sa  vive  reconnaissance  pour 
ce  prince  le  porta  à  ajouter  le  nom 
de  Parme  à  celui  de  Julien.  Dans 
la  capitale  des  arts,  les  chefs-d'<»u» 
vre  de  Raphaël  et  du  Domîniquin 
exaltèrent    son    imagination.    Il 
comprit  toute  la  différence    qui 
existait  entre  la  manière  de  ces 
grands  maîtres  et  celle  qu'on  lui 
avait  apprise ,   et  dès  ce  moment 
il  résolut  de  marcher  sur  leurs  tra- 
ces. Protégé  par  M.  de  Felino ,  il 
vint  à  Paris,  où  il  fut  présenté  au 
duc  de  Mancini-Nivernois.    Ce 
dernier,  qui  était  l'ami  des  arts  et 
<  des  artistes ,  le  chargea  de  la  con- 
fection des  ornemens  de  sa  galerie, 
et  lui  fit,  pour  prix  de  ce  travail, 
une  pension  viagère  qui  lui  faci- 
lita les  moyens  de  produire  quel- 
ques grandsouvrages, entre  autres, 
un  Jupiter  endormi  entre  les  bras 
de  J linon  sur  le  mont  Ida.  .Ce 
peintre,  qui,  malgcé.son  talent, 
ne  parvint  jamais  à  l'aisance, ayant, 
après  la  mort  de  son  protecteur, 
placé  ses  tableaux!  chez  le  prince 
de  Ligne,  qui,  en  échange,  lui  fai- 
sait une  pension ,  perdit  toutes  ses 
ressources  par  la  banqueroute  du 
prince,  et  tomba  dans  la  plus  gran- 
de détresse*  Le  ministre  de  l'inté- 
rieur, François  de  Neufchâteau,  en 
étant  instruit,  lui  envoya  des  se- 
cours qui. arrivèrent  trop  tard.. Le 


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5o  J€L 

chagrin  causé  par  la  misère  arrfît' 
avancé  les  jours  de  Julien  de  Paff- 
me;  il  mourut  le  do  juin  1799. 

JULIEN  (Piérot),  membre  dcr 
raeadémie  royale  de  peinture  et 
de  sculpture,  et  cheralfer  de  la 
légîori-d'honrteur,  naquit  à  Saint- 
PaaiMn,  dans  le  département  de  la 
Haute-Loire,  en  1751.  Ce  sta-* 
tuaire  célèbre  n'avait  que  i4  ans 
lorsqu'il  entra  chei  un  sculpteur 
et  doreur  de  la  ville  du  Fuy-en- 
Véiay ,  qui  lui  donna  les  premiè- 
res-notions de  son  art.  Il  avait  dé- 
jà fait  quelques  progrès  lorsqu'un 
de  ses  ondes,  jésuite,  le  fit  ve- 
nir à  Lyon  et  le  plaç^a  chez  l'ar- 
chîtecte  Perrache  ;  ce  dernier  pré- 
sidait l'académie  de  Lyon,  où  bien- 
tôt Julien  remporta  un  prix;  Per- 
rache, qui  avait  deViné  le  génie  de 
son  élève,  vit  que  le  talent  qu'il 
annonçait  rie  pouvait  être  perfec- 
tionné qu'à  Paris ,  et  prît  le  parti 
de  l'y  conduire  lui-iném€.  Guil- 
laume Goustou  ,  son  compatriote-, 
fut  le  maître  auquel  il*  le  cortûa. 
Celui-oî,  en  sa  qualité  de  sculp- 
teur du  rbî ,  était  chargé  des  tra- 
vaux les  plus  importans;  îl  eût 
été  difficile  dé  mieux  placer  le 
jeune-  Julien»  Après  avoir  travaillé 
10  ans  sous  la  direction  de  son 
nouveau  maître,  en   1766  il  se 
crut  en  état  de  concourir  pour  le 
grand  prix  de  sculpture.    Cette 
noble  audace  fut  couronnée  d'un 
plein  succès  ;  le  prix  lui  fut  décer- 
né'à  l'unanimité.  Les  véritables 
juges  du  mérite  virent  avec  autant 
de  plaisir  que  d'admirartion ,  qu'en 
profitant  des  leçons  de  son  maître, 
«t  sans  trop  s'écarter  des  princi- 
pes de  son  école ,  J  ulien  avait  senti 
<jue,  pour  parvenir  à  la  perfec- 
tion de  l'art^  il  fallait  se  rappro- 


JtJL 

cher  davantage  de  la  manière  des' 
anciens,   dont    on  admira  long- 
temps en  France  les  modifies  sans 
les  imiteif.    Le  sujet  que  Julien 
avait  choisi  était  un  bas-rélîef  re- 
présentant  Sabinus   offrant   son 
char  aux  Vestales^  obligées^ de  fttir* 
les  Gaulois  tdinqueurs  de  Rome. 
Bn  176S,  îl  fut  envoyé  à  Rome, 
comme  pensionriaîre,  etdefmeu^' 
ra  4  ans  dans  cette  ancienne  ca- 
pitale du  'monde ,  constamment' 
occupé  de  l'étude  del'antique.  Le> 
deux  belles  copies  qu'il  fit  pour" 
le  président  ïfiocqùart ,  de  VApol- 
Ion'  du  Belvédère  et  du  Gladiateuf 
combaitant,  prouvèrent  combien 
il  avait  profité  de  cette  étude.  Tan- 
dis que  Julien  était  à  Rome,  le' 
goiivernement  chargea  G.  Cous- 
tou  du  mausolée  du  dauphin  et  de 
son  épouse ,  inhumés  dans  la  ca- 
thédrale de  Sens.  Coustou,  sur* 
qui  la  main  du  temps  commen- 
çait déjà  àr  s'appelsantir,    pensa 
avec  raison  c(ue  son  élève  Julien 
était  le  sculpteur  le  plus  capable 
de  le  seconder  dans  cette  grande' 
entreprise,  etlui associaBeauvais, 
son  condisciple  et  son  ami.    Ce 
fut  donc  de  ce  beau  monument 
que  Julien  s'occupa  à  son  retour' 
de  Rome.  La  figure  de  Vlmmorta-^ 
Utéy  qui  est  un  chef-d'œuvre,  est 
entièrement  de  lui;  mais  elle  ne' 
contribua  que  peu  à  sa  réputation, 
la  gloire  de  l'avoir  faite  se  repor- 
'  tant  sur  Coustôti,  d'après  les  usa- 
ges même  de  l'académie,  qui  ne' 
ces^it  de^  considérer  conmie  élè- 
ves les  artistes'qu'elle  n'avait  point 
encore  admis  dans  son  sein.  On 
assure  même  que  Coustou ,  pour' 
jouir  sans  partage  de  l'honneur 
de  l'exécution ,  conseilla  à  Julien 
de  retourner  à  Rome,  en  Tassu^ 


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JUL 

rant  que  soo  talent  n'élail  poîot 
eocore  assez  formé.  Celui-ci  9  qui 
aTait  déjà  4^  ans,  cédant  enfin 
aux  conseils  de  ses  amis  qui  Ten* 
conrageaient  à  vaincre  sa  modes- 
tie,  jugejSi  qu'il  était  tempe  de  se 
mettre  sur  les  rangs  pour  entrer 
à  racadémie^  et  commença  les 
épreuves  exigées  par  les  rëgle- 
meo^.  U  fit  une  figure  représen-» 
tant  GmUmède  visant  le.  nectar ^  et 
la  présenta  sous  les  auspices  de 
Coustou,  alors  recteur  de  l'aca^ 
demie.  Celte  figure,  moins  parfaite 
peut-être  que  celles  qu^l  a  faites 
depub,  mais  aupérieure  à  celle» 
que  beaucoup  de  membres  de  Ta^ 
cadémie  ayaient  produites  pour 
leur  réception,  ne  fut  point  agréée; 
ce  qui  étonna  beaucoup  les  hom- 
mes éelaîrés  et  impartiaux,  qui 
t  considérèrent  ce  refus  comme  l'ef- 
fet d'une  basse  jalousie.  On  alla 
même  juscpi'à  dire  que  Coustou, 
loin  de  fayoriser  son  disciple ,  lui 
avait  aussi  xefusé  son  suffrage. 
Ce  coup  accabla  Julien,  qui,  dans 
le  découragement  où  il  tomba, 
eût  abandonné  son  art,  si  des 
amis  tels  que  MM.  Quatremére 
de  Qmncj  et  Dejouz  ne  l'eussent 
encouragé  à  se  remettre  sur  les 
rangs.  Il  céda  à  layoixde  l'amitié, 
et  présenta,  en  1778  ,  le  modèle ^ 
de  son  Guerrier  mourant.  Alors 
tous  les  suffrages  assurèrent  son 
triomphe,  le  modèle  fut  agréé;  et 
Julien,  chargé  de  l'exécuter,  en 
marbre ,  fut  reçu  académicien 
Tannée  suivante,  dès  que  l'ouvra- 
ge fut  terminé.  Dès-lors  il  put 
prendre  place  parmi  les  sculpteurs 
français  les  plus  célèbres.  Chargé, 
par  M.  d'Angiviliiers ,  de  faire  les 
statues  de  La  Fontaine  et  du  Pous 
sin,  il  fit  revivre  sous  son  habile 


JCL    '  5i 

ciseau  Tadmirabie  simplicité  du 
Bon  t  homme.  L'exécution  de  la 
statue  de  Poussin  fut  interrompue 
par  la  révolution  ;  et  l'auteur  ne 
termina  cette  belle  statue  que  peu 
de  temps  avant  sa  mort ,  arrivée 
le  17  décembre  i8o4>  ^1  ^^^tt  fait 
dans  l'intervalle,  lastahie  de  la 
Baigneuse  f  destinée  à  la  laiterie 
de  Rambouillet,  production  char- 
mante qui  orne  maintenant  le  pa- 
lais de  la  chambre  des  pairs,  et 
qu'on  ne  se  lasse  point  d'admirer. 
Il  fit  aussi  pour  le  château  de 
Rambouillet  deux  bas  -1  reliefs  de 
1 5  pieds  de  longueur  sur  5  de  haur 
teur,  représentant,  l'un  Apollon 
chez  Admètey  et?  l'autre  la  fable  de 
la  chèvre  Amalthée;  ces  morceaux 
qui  depuis  furent  placés  ù  la  Mai- 
maison,  réunirent  tous  les  suf- 
frages. Julien  exécuta  aussi  un 
des  bas-treliefs  de  la  non  velle  églî.«e 
de  Sainte-Geneviève,  que  la  ré- 
Yolution  a  fbit  disparaître ,  et  plu- 
sieurs copies  d'après  l'antkfue , 
que  le  baron  de  Juy,  son  ami  , 
Ud  aTait  commandées  pour  la  ville 
de  Lyon.  Le  plus  grand  plaisir  de. 
Julien  fiit  de  favoriser  les  jeunes 
gens  qui  se  consacraient  à  l'étude; 
des  arts;  jamais  les  succès  de  ses 
rivaux  n'excitèrent  s^  ^ousie ,  et 
sa  modestie  fut  au  moins  aussi 
grande  que  ses  lalens.  Pour  per* 
pétuer  l'amitié  qui  les  unissait, 
Claude  Dejoux  éleva,  à  la  mémoi- 
re de  cet  artiste  distingué,  un  mau- 
solée qui  ornait  le  jardin  des  Mo- 
numens  français  «  et  qui  depuis  fut  ' 
transporté  au- cimetière  de  Mont-* 
Louis  (  appelé  vulgairement  du 
P.  La  Chaise).  Julien  était,  lors- 
qu'il mourut,  membre  de  l'institut 
de  France. 

JULIEN    (  LR   COMTE    Lotiis- 


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3a 


JUL 


'  JosEFH-ViCTOR  )  ,  iiiaréchal-de- 
camp  et  commandant  de  la  lé-. 
gîon-d'honneur,  né  au  mois  de 
mars  17649  s'attacha ,  en  17899  à 
M.  de  La  Fayette,  qui  9  pendant  les 
orages  de  la  révolution,  l'employa 
utilement  en  qualité  d'aide^e- 
camp.  Le  parti  constitutionnel  9 
que  ce  dernier  défendait,  ayant  été 
proscrit  après  la  journée  du  10 
août  1 792 ,  et  lui-même  obligé  de 
quitter  l'armée  qu'il  commandait 
aux  frontières  à  cette  époque,  M. 
Julien ,  que  diverses  circonstances 
avaient  empêché  de  suivre  son 
général,  se  trouvait  à  Paris  en 
Fan  2  (1794).  Il  ivA  arrêté  ,  et 
enfermé  dans  la  maison  d'arrêt 
du  Luxembourg;  mais  la  journée 
du  9  thermidor,  ou  plutôt  les  sui- 
tes de  cette  journée,  le  rendirent 
'  à  la  liberté.  Il  reprit  du  service  ; 
fut  nommé  maréchid-de-camp  en 
i8o5,  et  obtint,  peu  de  temps 
après ,  le  titre  de  commandant  de 
la  légion-d'honneur.  Pendant  les 
cent  jours  j  M.  Julien  fut  nommé, 

Ear  Napoléon ,  préfet  du  Morbî-« 
an ,  en  remplacement  du  comte 
de  Floirac,  qui  le  remplaça  à  son 
tour,  après  la  seconde  invasion 
des  étrangers. 

JULLIAN  (  Pi«rre-Louis-Pas- 
gal)  ,iié  ÀMontpellier, d'une  famille 
honorable ,  qui  aopcupé  des  places 
importantes  dans  la  magistrature, 
la  finance  et  l'armée.  Il  fut  d'a- 
bord destiné  par  ses  parens  au 
premier  de  ces  états  ;  mais  un  de 
ses  oncles ,  capitaine  au  régiment 
de  Piémont  cavalerie ,  et  chevalier 
de  Saint-Louis  ,  l'ayant  engagé  à 
prendre  le  parti  désarmes,  il  ve- 
nait, d'acheter  une  lieutenance  au 
régiment  des  gardes- françaises  , 
quand  la  révolution  du  14  juillet 


JUL 

1 789  amena^  le  licenciement  de 
ce  (Corps.  Tournant  alors  de  nou- 
veau ses  regards  vers  la  ma^s- 
trature,  M.  Jullian  se  rendit  à 
Montpellier  pour  étudier  le  droit. 
A  peine  avait-il  commencé  ses 
études  9  qu'un  décret  de  rassem- 
blée nationale  vint  supprimer  les 
parlemens,  le  6  septembre  17^0. 
Ne  sachant  plus  quelle  profession 
embrasser,  et  ayant  assez  haute- 
ment énoncé  des  opinions  con- 
traires à  la  révolution ,  il  se.  fit  des 
ennemis  dans  sa  ville  natale ,  et 
courut  même  quelques  dangers 
dans  unesémeute  populaire ,  où  le 
président  de  BousseiroUes,  son 
apii,  fut  blessé  d'un  coup  de  feu. 
Il  quitta  alors  Montpellier,  et  vint 
à  Paris  où  résidait  son  père.  Le 
roi  venait  d'être  ramené  de  Va- 
rennes;  les  infortunes  de  ce  prince 
exaltèrent  la  tête  de  M.  Jullian , 
qui  trouva  le  moyen  de  lui  être 
présenté.  Louis  XYI  l'accueillit 
avec  bienveillance  «  et ,  depuis 
cette  époque  9  il  parut  fréquem- 
ment au  château  des  Tuileries.  Il 
s'y  trouvait  dans  la. nuit  du.9  au 
10  août.  D'après  les  informations 
qu'il  avait  recueillies  4  M.  Jullian 
instruisit  le  roi  des  dispositions 
qu'on  avait  faites  .dans  les  sections, 
pour  venir  assaillir  le  château  à  la 
pointe  du  jour.  Il  ne  s.'y  trouva 
pas  cependant  au  moment  de 
l'attaque,  parce  que,  trompé  par 
des  renseignemens  postérieurs  , 
qui  annonçaient  qu'elle  n'aurait 
lieu  que  le  11,  Û  s'était  retiré 
pour  prendi^e  quelque  repos,  ayant 
déjà  passé  plusieurs  nuits.  Ré- 
veillé à  9  heures  du  matin,  dans  la 
matinée  du  10,  par  le  bruit  du  ca- 
non, il  tenta  vainement  de  retourner 
au  château ,  dont  toutes  les  issues 


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J13L 

étaient  gardées.  Bientôt  les  cris  de 
yictoire  du  peuple  et  le  massacre  des 
Suisses ,  ne  lui  laissèrent  d'autre 
ressource  que  celle  de  la  fuite;  il 
parvint  à  sortir  de  Paris  le  ii 
août,  entre  quatre  et  cinq  heures 
du  matin,  et  se  rendit  à  Clichy- 
la-Garenne  ^  che&  un  de  ses  amis, 
où  il  demeura  caché.  Apprenant 
que  des  poursuites  étaient  dirigées 
contre  lui,  il  se  retira  successive- 
ment dans  une  petite  maison  so- 
litaire près  de  Yersailles,  puis 
dans  une  autre  retraite  que  lui 
procura  le  propriétaire  de  la  ver- 
rerie de  Meudon.  Enfin,  il  iîit  dé^ 
couvert  le  8  octobre  i^gS,  arrêté 
et  conduit  dans  les  prisons  de 
Versailles,  par  ordre  du  comité 
révolutionnaire  de  cette  ville ,  et 
subit  une  captivité  de  i5  mois. 
Mis  en  liberté  3  mois  après  le 
9  thermidor,  M.  Jullian  crut  de- 
voir marquer  sa  reconnaissance  au 
parti  thermidorien  auquel  il  de- 
vait la  vie.  Poursuivant  sans  relâ- 
che les  hommes  accusés  de  terro- 
risme, il  fut  bientôt  considéré 
comome  l'un  des  chefs  de  cette  jeu- 
nesse qu'on  désignait  sous  le  nom 
de  \si  jeunesse  dorée.  Le  lo  germinal 
an  &,  il  présenta  à  la  convention 
une  adresse  dan^  laquelle  il  de- 
mandait le  jugement  de  Billaud- 
Yarennes  et  de  ColIot-d'Herboîs. 
Ayant  j  dans  cette  séance ,  été  dé- 
noncé comme  chevalier  du  Poi- 
gnard ,  par  Bourdon  de  l'Oise  , 
plusieurs  députés  de  la  Montagne 
proposèrent  de  le  mettre  en  ari*es-  > 
talion;  mais  cette  proposition 
n'eut  pas  de  suites.  Pendant  les 
msurrections  des  12  germinal  et 
1*'  prairial  an  4  9  il  se  rendit  suc- 
cessivement dans  plusieurs  sec- 
tions qu'il  engagea  à  se  rallier  pour 


JUL 


55 


défendre  la  convention  menacée. 
Dans  la  seconde  de  ces  journées,  il 
eut  ses  habits  déchirés  et  fut  au  mo- 
ment de  partager  le  sort  de  l'infor- 
tuné Féraud.  Le  1 5  vendémiaire,  il 
se  rangea  du  côté  de  la  convention; 
il  accompagna  depuis  le  représen- 
tant Fréron  à  Marseille,  pour  y 
arrêter  les  progrès  de  la  réaction. 
M.  Jullian,  dans  un  méhioire  qu'il 
publia  à  son  retour,  s'applaudit 
d'avoir  rempli  cette  mission  sans 
qu'une  seule  goutte  de  sang  eût 
été  versée.  Le  3o  avril  1797,  il  fit 
^  insérer  dans  le  Moniteur^  un  arti- 
cle courageux  relatif  au  général  La 
Fayette,  injustement  détenu  dans 
les  prisons  de  l'Autriche.  Il  deman- 
dait que,  par  un  article  du  traité  de 
paix  qui  allait  se  conclure  entre  la 
république  française  et  l'empereur 
d'Allemagne ,  les  fers  de  l'illustre 
prisonnier  fussent  brisés.  Après  là 
journée  du  18  fructidor  an  5  (4  sep- 
tembre 1797  )  ,  accusé  d'avoir 
participé  à  une  radiation  d'émi- 
grés, M.  Jullian  fut  arrêté,  et  dé- 
tenu au  Temple  pendant  6  mois. 
Traduit  pour  cette  cause  au  tri- 
bunal criminel  de  la  Seine,  le  5 
mars  1 798,  il  fut  acquitté  à  l'una- 
nimité. £n  1795,  il  avait  vCon- 
nu  à  Marseille  Lucien  Bonapar- 
te; ils  renouèrent  cette  connais- 
sance après  le  18  brumaire;  mais 
il  ne  fut  jamais  en  faveur  au- 
près de  Napoléon ,  qui  l'exila 
deux  fois.  Chef  d'escadron  de  la 
garde  nationale  en  1809,  il  fut 
envoyé  nrès  du  maréchal  Ber- 
nadette (aujourd'hui  roi  de  Sùè« 
de),  alors  chargé  de  repousser 
l'agression  des  Anglais  contre  An- 
vers, et  fit  près  de  lui,  pendant 
deux  mois ,  le  service  d'officiçç 
d'ordonannce.  De  retour  à  Pari^, 
5 


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34  Jt5L 

H.  Jullian  fotenooretnenacéd'étre 
enfermé  à  Yîncennes;  il  parvint 
cependant  à  obtenir  la  persaission 
de  se  retirer  en  Francbe-Comté  , 
où  il  passa  i4  mois  chez  le 
prince  de  Beaufremont,  son  ami. 
Après  ce  temps  9  il  reçut  du  direc- 
teur des  droits-réunis,  une  corn* 
mission  pour  se  rendre  en  Italie  y 
dans  rintérêtde  cette  administra* 
lion.  Cette  commission  était  une 
lettre  d*exil ,  puisqu'on  lui  enjoi- 
f;naitde  partir  sur-le-champ,  et  de 
ne  point  repasser  les  Alpes  sansam 
nouTcl  ordre.  Il  parcourut  les 
divers  pays  de  Tltalie^  et,  lors- 
que par  suite  des  éyénemens 
de  18149  ce  pays  rentra  de  nou- 
veau sous  la  domination  autri- 
chienne >  M.  Jullian  revint,  en 
France,  après  s'être  préalable- 
ment rendu  à  Parme,  où  était 
établi  le  quartier  -  général  du 
roi  de  INaples  (  Joachim  Miifrat  )  9 
afin  d'y  chercher. un  appui  contre 
les  vexations  que  faisaient  éprou- 
ver aux  ftgens  français  leurs 
insolens  vainqueurs.  IL  passa  quel- 
ques jours  à  Pans,  et  retourna  à 
Maples^  où  il  se  serait  probable- 
ment fixé ,  sans  le  nouvel  orage 
qui  gronda  sur  ce  pays.  Rentré 
dans  sa  patrie  en  18 1 5,  M.  Jullian, 
témoin  des  scènes  d'horreur  qui 
désolèrent  le  Midi,  et  persécuté 
lui-même ,  se  hâta  de  quitter  en- 
core une  fois  ce  pays  malheureux. 
Il  s'est  établi  depuis  dans  les  en- 
virons de  Bruxelles,  où  il  se 
livre  à  l'étude,  et  sans  renon-^ 
cer  à  sa  patrie ,  où  il  fait  de  fré- 
quens  voyages.  Il  s'est  aussi  ren- 
du en  Espagne,  et  a  publié  un 
ouvrage  sur  la  révolution  de  ce 
pavs.  Les  autres  écrits  publiés  par 
M.^laUldn^sont  :  i"* Mémoire  sur 


JtL 

ié  Éiiàif  Paris,  prairial  an  4>  ^^ 
Fragment  histcrigues  et  pùlitiqù^ii 
Paris,   i8o4;  5"  Souvenirs  de  mti 

vie,  par  M.  deJ j  »  parties, 

vol.  in-8*;  4*  Considérations  poii^ 
tiques  sur  les  affaires  de  France  ei 
d'Italie,  pendant  les  trois  pre^ 
mières  années  du  rétabli  ^sèment  des 
Bourbons  sur  le  tràns  de  France , 
Bruxelles  9  1817.  Ce  dernier  ou- 
vrage est  pleind'intérêt  et  de  faits 
curieux. 

JULLIAN  (N.  ),  de  Gareatan, 
était  professeur  à  l'université  de 
Paris  lorsque  la  révolution  éclata. 
(Jn  grand  dévouement  au  nouvel 
ordre  de  choses  le  fit  remarquer 
dans  la  section  du  Panthéùn,  où  il 
demeurait,  et  le  fit  choisir,  en  1 795, 
parle  comité  de  salut  public,  pour 
remplir  une  mission  secrète.  On 
lui  confia,  à  cet  effet,  une  somme 
assez  considérable  en  assignats. 
Bientôt  il  annonça  qu'il  avait  été 
volé.  Voulant  détruire  les  soup-» 
çons  que  l'on  formait  sur  sa  pro-» 
bité,  et  qui  l'avaient  rendu  l'objet 
de  poursuites,  il  demanda  à  être 
mis  en  jugement ,  et  obtint  enfin 
cette  faveur  après  6  mois  de  solli^ 
citations.  Il  fut  solennellement  aci 
quitté  en  1795.  En  1800,  il  passa, 
en  qualité  de  seorétaire-généfal, 
à  la  préfecture  du  département 
des  Basses -Pyrénées,  et  depuis, 
il  a  été  perdu  de  vue.  M.  Jullian 
avait  publié,  avant  txstte  nomina-* 
tion,  i*  Elémens  du  bonheur  pU'* 
blic,  ouvrage  d'éducation;  a*  Ré-* 
flexions  sur  le  retour  des  émigrés 
en  France. 

JIJLLIEN  (dbia  Drôms,  Mabg- 
AwTOiiïi),  né  en  1745^  au  Péage 
de  Romans ,  dans  la  ci  -  devant 
province  du  l>auphiné  ,  dé- 
puté  à  la  oonventiçyn  national* 


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Google . 


jyar  Ks  dc^rtetnmt  ée  la  Drôme. 
Ap^  avoir  ooBsaeré  sa  jeunesse 
à  des  travaux  utiles^  qui  t  lui  aé*- 
«ju^eot  une  honnête  aisance^  il 
était  Tenu  s'établu*  àr'Paris)  po«r 
y  suivre  rédoeation  de  ses  enfan^^ 
âés  Nâatione  Inttikie^  et  la  Gorre»- 
pondanee  qu'il  entretenait  a?ee 
raTooat-gétoérai  dervan  à  Greno<*- 
ble>  6t  quelques  autres  homiiiee 
dislîiiguée  du  Dauphiné  y  vere  le 
tîoaiineaeeiiiéht  de  la  réyoiùtion; 
«es  lettres  brèiante^  de  piairiotis*- 
1^,  ifài  furent  lues  aTeo  avidité 
dans  sen  dépitt^rement^  attirèrent 
Mt  lui  raUe^tien  de  ses^  coftei^ 
(o^ens.  il  fut  élu  par  eax  membite 
«upliléam  à  l'assènlbiée  législatif 
te  «A  i^i  ^  et  rannée  suivatii<e  ^ 
député  à  lu  i^tenvéUtiofl.  L'âtnè 
ftrd^iité  et  possionhée  de  iullieh 
ie)>nrta  à  se  lier  art^  les  hommes 
rpn  ^é  prétendaient  à  eette  époque 
lis  seuls  «mis  sittcère*  dé  Itfliber* 
té.  Né  trouvant  pas  lés  Qirontttnt^ 
mêi  répiibticaln^^  il  se^  prononça 
fortemetit  contre  euxy  et  se  fit  de 
Iftoinbreux  enneiliis ,  taim  au  de^ 
hers  qu'au  seiti  fiaêftie  de  Faasem-> 
blée  nationale.  On  lui  reprochait 
une  exahatimi  éiltrêïne  de  prin^ 
cipesrévotlitioiiiialreB^  un  dèvottoi 
ment  absolu  au  parti  <{it  ée  la 
^èntûgng,  ^i  m^  liavsottë  intimes 
avec  les  ehef^  de  cette  faction^ 
Dans  lé  procès  des  roi  ^  il  Tota 
pour  la  peine' k  plttà  sévère,  banê 
appel  et  sand  suivis.  JuHleo  ne 
panit  cepetidâftt  que  rareihéftt  à 
la  tribune;  i!  y  éleva  il**  jofw  laf 
voix  pour  arrêter  le  glaive  fevé  sur 
«m  dé  ses  compatriotes  établi  à 
Lyon,  (^n'on  avairproposé  dèira- 
dairè,  séatîce  tetiàMite,  ari  tribu- 
nal réTolufiotihtiiilé.  IlplaMâ  quel- 
quefois, deirtritàj  la  cause  d'ku-i 


JUL  35 

tiraB  àndheciiieus  actusés  :  et  il  est 
juste  d'observer  que  ce  députe , 
sou  vent  et  violemm  en  t  attaqué  par 
ses  adversaires ,  n'occupa  aucune 
^<t  ces  missions  dans  lesquelles 
plusieurs  de^ës  ebllègues^  char-*- 
gés  d'organiser  la  terreur,  se  fi- 
rent une  réputation  si  funeste; 
qu'il  n'usa  poiftt  de  son  crédit 
pour  s'enrichihy  et^  qu'il  ne  soU** 
«ta  pas^,  âprèfe  la  session  oonven* 
tîomidle,  de  places  lucratives* 
Btxtployé^  peUdânt^uèlquetemps^ 
en  qualité  de  comnifSi^ai^è  du  d}->- 
rectoîre  prés  de  J'âdmînistratidfl 
du-  département  de  laDrèâïev  il 
dontia  bieMôt  s^  démi^sioA^  eif  $é 
retira  éntîèremètotdjgs  af&fV-ee  p^r 
se  livrer  à  la  liftéirâtut^.  tf  a  pu-»- 
Mié  de»  Oèû9êtUës:p^ëti\ifU^ê^  qui 
obtinrent  des  éloges  êatks  le  Mér-^ 
curefditïgè  alors'  pfer  La  Harpe  et 
Fe^ifanes.  lUUten  è^t'  mort ,  deitis 
sa  davnpagne  auprès' de ftomftài^ 
en  i8^i.   '  '    " 

IULLIBN  (M.  A.)^  fils  du  pré4 
cé^dent,  est  ué  à  Paris  ert  ijf^5^ 
fit  d'excellentes  études  &  l'Uni ver-J 
site  <àe  tétte  ville ,  et  t^ttMûat  im 
eo^rs  de  rhétorique  pendant  IM 
dernière  aunée  des  séances  del'às^ 
sè^tïblée  c6n<stitlàâtit^^  Témt^fhde^ 
effottsênrergiquesd'Uii  graftd  nètà>^ 
hfé  de  patHotes  pour  combattM( 
et  détruire  les  anciens  abus>'  èflf 
pour  fonder  la  Hberlé  polylïqu^  ^ 
kf  jéutte  Jollien  fut  de  boritici 
heure  associé  à  leurs  séhtimens  et 
à  leurstrf^ayaui.  Bft  17^^,  iifitùtf 
voyage  en  Aùgïe*erré,  et  il  j  àh^ 
tînt  J  amitié  dû  tiéléhre  lordStah^J 
hdpe,  l'un  des  chefs  de  rôppôdi- 
tion,  auquel  il  ffvait  été  necoih- 
mantié  par  le  duc  de  Là  Rochefou- 
cauld et  'par  Condy)rcet  Lord 
Staûhopè  le  toit  bientôt  à  mérité 


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56 


JCL 


de  coonaîtpe  toutes  les  menées  de 
Pitt  et  du  mlmstère  britannique, 
pour  favoriser  la  contre-révolu tion 
et  bouleverser  la  France.  Tandis 
qu!6n  agitait  ce  "pays  dans  Tinté- 
rieur,  on  provoquait  au  dehors  les 
gouvernemens  étrangers  à  Tenva- 
bir.  La  nécessité  de  prévenir  une 
invasion ,  de  conserver  Tindépen- 
dance  nationale  et  Vintégrité  du 
territoire,  fit  adopter  des  mesu;* 
res  viotentes  et  terribles,  aux- 
quelles se  joignirent  des  actes  de  fu- 
reur et  des  vengeance^  populaires, 
qui  fournirent  plus  d*uae  fois  aux 
ennemis  de  la  révolution  les  oc- 
casions d'en  calomnier  les  prin- 
cipes, en  la.  précipitant  dans  de 
coupables  eiceès.  M.  Juilien,  obli- 
.gé\  de  quitter  l'Angleterre  ;  pour 
n'être  pas  j^tteint  par  les  lois  sur 
rémigration ,  fut  d'abord,  à  son 
retour  en  France,  employé  comme 
fii^e-commissaire  des  guerres  à 
l'armée  des  Pyrénées  commandée 
par  le  gêpéral  en  chef  Servan , 
frère  de  l'ami  de  son  père.  Devenu 
ensuite  commissaire  du  comité  de 
salut  public  à  Bordeaux ,  pendant 
une,  époque  tristement  fameuse  y 
par  l'exaltation  des  esprits  et.  les 
fureurs  auxquelles  les  différei^ 
partis  se  livraient,  M.  Juilien,  à 
peine  âgé  de  18  ans,  et  dans  tou- 
1;e  la  fougue  d'une  adolescenoe 
passionnée,  rempli  cette  mission 
importante  avec  un  zèle  ardent. 
Des  excès  déplorables  avaient 
été  commis,.  M.  Juilien  en  re- 
jet^ tout  lé  blâme  sur  les  dépu- 
tés en  mission  qui  avaient  des 
pouvoirs;  plus  étendus  que  les 
siens.  Il  attaqua  depuis,  lui-même, 
ta  conduite  du  sanguinaire  procon- 
sul Carrier,  et  de.  quelques  autres 
ultra-révûlutiponaires^  contre  les- 


JUL 

quels  il  ne  craignit  pas  de  se  pro- 
noncer avec  énergie,  et  qui  ne  tar- 
dèrent point  à  se  venger.  M,  Juilien 
avait  obtenu  du  gouvernement  le 
rappel  de  Carrier,  en  prouvant 
que  ce  député  déshonorait,  par 
ses  cruautés,  la  mission  qui  lui 
était  confiée.  La  ville  de  Nantes  fit 
écrire  à  M.  JuUien  une  lettre  hono- 
rable ,  pour  lui  exprimer  sa  recon- 
naissance :  mais  Carrier,  rentré 
dans  le  sein  de  la  convention,  se 
réunit,  le  1 1  thermidor  an  2  (1794)9 
à  l'un  de  ses  collègues  qui  avait 
rempli  à  Bordeaux  une  mission 
presque  aussi  sanguinaire  que  celle 
de  Carrier  à  Nantes  ;  et  ces  deux 
députés,  dont  l'un  venait  d'être 
nommé  membre  du  comité  de  sa- 
lut public,  accusèrent  de  concert 
M.  JuUieii,  et  le  firent  arrêter  sans 
qu'il  pût  obtenir  d'être  mis  en  |a- 
gement ,  malgré  ses  vives  récla- 
mations. Après  une  détention  de 
14  mois,,  il  fut  remis  en  liberté 
par  un  arrêté  du  comité  de  sjlreté 
générale,  qui  déclarait  quesa  con- 
duite publique  avait  été  reconnue 
exempte  de  reproches.  M.  Juilien 
se  chargea ,  bientôt  après ,  4^  la 
rédaction  de  l'Orateur  Piéà^ien , 
fournaldans  lequel  ilsi^^ala  tour- 
à-tour,  d'un  côté,  les  imprudences 
et  les. folies  de  quelques  homngies 
inconsidérés  et  exaltés  qui  vou- 
laient une  démocratie  sans  limites; 
de  l'autre,  la  marche- fausse  et  té- 
nébreuse d'un  gouvernement  fai- 
ble et  hypocrite, qui  ne  savait,  ni 
constplidei; ,  ni  établir  sur  des  ba- 
aes  soliifes,  la  liberté  publique.  11 
obtint  ensuite ,  pour  passer  dans 
l'étranger,  une  commission  de 
<ïapitaine  -  adjoint  à  l'état  -  major 
dans  une  légion  italienne.  A  l'é- 
poque des  préliminaires  de  la  paix 


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de  Léoben,  qui  préparèrent  le  traî'* 
té  de  Campo-Formio ,  le  général 
en  chef  Bonaparte  appela  auprès 
de  lui  M.  Jullien,  et  remploya 
à  des  trayaux  particuliers  et  de 
confiance.  Il  lui  fit  rédiger,  sous 
le  titre  de  Coutrier  de  f  armée 
(fltaiief  un  bulletin  politique,  se- 
mi-ofiiciel,  destiné  à  présenter 
tour-à-tour  à  Tarmée  la  situation 
intérieure  de  la  France,  et  à  la 
France  les  sentimens  et  les  yœux 
de  l'année.  Sa  rédaction  ne  satis- 
fit cependant  pas  toujours  celui  qui 
remployait,  et  M.  Jullîen éprou- 
Ta  une  esp^e  de  disgrâce;  mais 
il  n*en  fut  pas  moins  compris  quel- 
que temps  après,  sur  la  liste  des 
personnes  choisies  par  le  général 
Bonaparte  pour  être  employées 
dans  l'armée  expéditionnaire  d'E- 
gypte; i|ne  resta  que  8  mois  dans 
ce  pays,  et  obtint,  pour  cause  de 
santé,  la  permission  de  revenir 
en  Europe.  Il  débarqua  à  Livour- 
ne,  alla  joindre  le  général  "^^en  chef 
Ghampionnet  à  Borne,  fit  auprès  de 
ce  général  la  campagne  deNaples, 
fat  nommé,  par  lui,  secrétaire-gé- 
néral  du  gouvernement  provisoi- 
re de  la  république  Napolitaine,  et 
reprit  avec  activité  l'exécution  du 
plan  qu'il  avait  proposé ,  quelques 
années  auparavant,  au  général 
Bonaparte,  pour  l'organisation  in- 
dépendante et  fédérative  de  l'Ita- 
lie. Le  général  Ghampionnet  ayant 
été  rappelé,  et  arrêté  à  son  passa- 
ge à  Turin  par  les  ordres  du  di- 
rectoire-exécutif, M.  JulUen  par- 
tagea sa  disgrâce,  et  fut  lui-même 
emprisonné  dans  le  fort  Saint- 
Elme  à  Naples;  puis  renvoyé  hors 
des  états  napolitains,  sans  qu'il 
lui  fût  permis  de  rentrer  en  Fran- 
ce. Après  la  journée  du  18  bru- 


JUL  ,   57 

maire  et  l'établissement  du  gou- 
vernement consulaire ,  M.  Jullien 
fut  employé  dans  la  campagne  d'I- 
talie à  l'armée  de  réserve.  Après  la 
mémorable  bataille  de'Marengo, 
il  fut  chargé  de  rédiger  un  mé- 
moire sur  l'organisation  des  divers 
états  de  la  péninsule  italique.  Ge 
mémoire  présenté  au  premier  con- 
sul, a  depuis  été  imprimé  dans  le 
tome  IX  du  Recueil  des  pièces  offi' 
cieliês  sur  Napoléon,  publié  par 
M.  Schoellen  1814  et  i8i5.  Deux 
missions  relatives  à  l'entretien  des 
troupes  françaises,  furent  succes- 
siven>ent  «confiées  à  M.  Jullien, 
l'une  à  Parme ,  l'autre  en  Hollan- 
de. Au  retour  de  cette  dernière, 
une  conversation  politique  qu'il 
eut  à  la  Malmaison  avec  le  pre- 
mier consul,  fut  suivie  d'un  ordre  . 
au  ministre  de  la  guerre  de  l'éloi- 
gner de  Paris ,  et  il  fut  attaché , 
comme  membre  du  corps  de  l'ins- 
pection aux  revues,  à  la  i5*  divi- 
sion militaire,  où  il  resta  jusqu'à 
la  formation  du  canip  de  Boulo- 
gne. Il  composa,  pendant  cette  es- 
pèce d'exil,  les  deux  ouvrages 
suivans  :  Essai  (général  (t  éduca- 
tion physique  9  morale  et  intellec-- 
tuelle,  et  Essai  sur  l'emploi  du 
temps.  Il  fit  aussi  parvenir  à  l'em- 
pereur Alexandre,  par  suite  d'un 
ukase  de  ce  monarque  inséré  dans 
le  Moniteur  de  France ,  deux  mé- 
moires ,  l'un  exposant  le  plan  d'u- 
ne école  militaire  et  industrielle  , 
l'autre  sur  Vorganisation  simpli-- 
fiée  des  chancelleries ,  ou  minis- 
tère  de  l'empire  de  Russie,  L'em- 
pereur lui  écrivit  une  lettre  flat- 
teuse, accompagnée  de  Fenvoi 
d'une  bague  enrichie  de  diamans.  s 
M.  Jullien  fit  les  campagqes  d'Ulm 
et  d' Austcrlitt ,  à  la  suite  desqu^el- 


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/<^oogIe 


58 


JL'L 


'le&  il  obtint  la  permisBM)Q  de  re^ 
venîrdanssa  famille  à  Paris.  Cbar^ 
^é  des  détails  de  rhabillement  des 
tsoupes,  il  coiuerTa  pendant  4 
années^  de  1806 à  i8icft,oe8fonc-p 
tîons  qui  lui  imposaient  TobLiga- 
tibn  de  travailler  touftles  mois  avec 
Fempereur;   mais   une   nouTelle 
disgrâee  Téloigna  encore  de  Paris 
et  de  la  Fraripe.  Envoyé  à  Milan, 
et  chargé   de   l'inspection  d'une 
partie  des  troupes  françaises  en 
Italie  n  il  fut  accueilli  arec  beau** 
coup  de  bienveillance  par  le  prince 
£ugène^  alors  vice-rot.  Mais  ce 
prince,  après    son    retour   d'un 
voyage  à  Paris  ,  ne  lui  fit  plus  un 
accueil  aussi  favorable.  A  la  fin 
de  18] 3,,  M.  Jullien  fut  ari^té  à 
Mantoue  par  ordre  de  Napoléon, 
il  était  accusé  d'avoir  fait  un  i»é-» 
molire  politique  contré  l'empereur. 
Sie»  papiers  furent  seim ,  mais  on 
n'en  trouva  point  qui  fîussent  de 
nature  à  le  compromettre;  il  ne 
put  néanmoins  les  recouvrer,  aînsi 
que  son  entièife  liberté ,  qu^après 
l'abdication  de  Napdiéon.   Il  re-f- 
Tint  alors  en  France,  et  fut  envoyé 
à  Grenoble  par  le  ministre  de  la 
guerre^  pour  l'organisation  etl'ins- 
pection  des  corps  d'artillerie  ;  mais 
à  peine  échappé  aux  poursïûtes 
de  la  police  impériale ,  il  fut  bien** 
tôt  disgracié  comme  bonapartiste. 
Il  8fe  rj^n^it  alors  en  Suisse^  au- 
près dé  ses  en  fans  et  de  son  ami 
Vemloizl    M.   J^Hién   fut  l'un 
dés  fondateurs  du  journal  rjjî^ 
dépendant  y    qui    est   devenu    le 
ConstiiuHomiel.    Il    avait   déjà, 
vers  la  fin  de  1817,  pubHé  divers 
écrits  Sur  Us  éUctions  et  le  Mmtmi 
éhetorM,  ouvrage  qui  (di^tint  un 
iPuecès  mérité ,  et  qui  a  eu  plu- 
«ieufis  éditiofis.  En  1819,  M.  Jul- 


JUL 

lien  détemiîna  un  oertaio  nMobre 
desava^ns^  depublicistes,  delil-p 
térateurs  et  d'artistes,  à  se  réunir  à 
li|i  pour  rédiger  un  dowmai  cen^ 
irai  de  la  cmiisMtiou  ^  9&a&  letkre 
de  Reoae  encyclopédique*  Ce  re-^ 
eueil,  qui  paraît  par  cahier»  men- 
suels depuis  ^  années,  présente 
un  tableau  abrégé  et  comparé  des 
travaux  utiles  à  rkumanité  dans 
tous  les  genres,  «t  dans  tous  les 
pays.  Indépendamment  iks  ouvra- 
ges cités  cit'dessaa,  il  a  eneore 
pqblié  :  Esprit  de  la  méùhode  d*é- 
dacaiion  de  Peeialozzi,  18 13,  3 
vol.  in-r8*  ;  Mémariai  keraire ,  ou 
Tkermomèire^l'empM  du  tempr^ 
i8i5,  in-8'';  Agenda  gHiértU ,  eu 
Mémùrial  pertatifunwereeé,  livret 
praUfue  d'emploi  du  tempe  9  5^ 
édition,  181 5,  in- 12. 

JULU£N(Avc»»b),  frévedu 
précédent,  est  aé  au  Péage  de 
Romans,  en  1779  ;  fit  ms  premièf  es 
campagnes  aupiés  de  son  feècc  en 
kg3Ppteet  enitalie;  fut  emsuite,  pen- 
dant 8  aiinées,secrétaiffe  particulier 
du  général  Dejean ,  ministre  de  la 
guerre ,  et  BeiBBaé  succeasivemeot 
eommisaaire  des  guerres»,  sous-? 
inspecteur  a»x  revues,  et  sous4a-r 
tendant  militaire.  On  a  de  lui  un 
E^eai  sur  l' ordre ^  1&17,  où  il  ex-r 
pose  des  moyens  simpAssiet  faelles 
d'appliquer  dans  les  acienet»,  et 
suvtout  dans  l'adininislrûtioa  pu-^ 
yiqae,  une  médiode  assez  sûre 
pour  que  tout  y  âoit  caaveaable- 
ment  classé,  et  ^u'il  ne  puisse  ja- 
naà$  s'y  introduire  aucune  «onfu-t 
sîoi^  ni  àttOun  désordre^ 

JULLIËN  (AxDKÀ),  auteur  de 
pkisieMTs  ouvraig^s  utites ,  a'se&t 
partsculièrement  livré  à  de  Io&t 
gués  recherches  sur  les  d|£Ssnenft 
yignebles^qui  ont  a^(|ai»  quelque 


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.  ( 


•élébritédMis  tiKites  1»  parties  dii 
mondo.  II  a  dierdié  à  dél«rmîaev 
d'une  nuffliére  précise  leur  kMtXk-* 
due,  leurs  produit»^  la  clftssiâca-» 
tion  de  Itors  vins,  efc  il  est  par*^ 
reau  à  Ibnner,  pour  Tétrangev 
anssi-bien  fue  pour  la  France  y 
une  espèee  de  siéUistiqus  vineuse  f 
mai  est  d'an  grand  intérêt.  De  sea 
aperçus^  il  résulte  que  les  ¥ignea 
«pi  cooTrent  ly^^^^y^  hectares 
9or  Ifl  silriaee  de  la  France^  pro-? 
ëaisent  annueUemenl ,  terme 
BOjenySi,,!  19,4^2  hectolitres  en^ 
TiroQ.  Il  a  encore  publié  sur  cet 
important  sufet  les  onTrages  sui-* 
Tan»  :  i*  Àppttreiis  perfêcUânnéa , 
propreté  imnêvaser  leêvim  et  tm- 
trêê  liqmurs^  mêc  ottsans  eammttr 
nicatwn  mee  l^air,  18099  tn«ta; 
%*  Manuei  du  sommêiùr,  au  ins" 
truttiom  prmtifuê  iur  ta  mamèrê 
ée  sêigwr  iss  pins,  dédié  à  M.  le 
sénateur  Cbaptal^  %8i5|  în-*is^; 
3*  Topographie  de,  tous  Us  wgna-' 
hées  connus,  suivis  dl une  cUtoaifissh 
Usngsmér aie  dos  vint,  rêiô^  tn*8\ 
M.  JuMien  a  inveoljé  une  espèce 
de  Cannelle^)  nmnmées  aérifères^ 
pour  tranaraser  les  Tins  en  bou- 
teiflea. 

iUMBLIN  (J.  D.>,doctenr.re- 
gem  et  profossenr  de  l'aneienna 
Faculté  de  médecine»  devint  an*« 
suite  prafesaauv  daphyaicpie  et  de 
Biathéfliatôqaes  au  Prytanée  firan* 
fsk,  Ses  talens  comme  méNiacin 
et  coannie  physicîeik  lai  avaient 
acquis  de  la  célébrité^  el  loswyae 
M.  de  Ghoiseul-Gouffier  fut  naaoh 
mé  à  ranaibassade  de  Constante  , 
nople,  if  le  choisit  pour  fttre  Tua 
des  savans  qui  l'acconipagnàreftl 
dans  ce  voyage*  Arrivé  éana  la 
eapitak  àe  rempiraoUBibao,  in^ 
ttclpt  y  ût^  «cni)oiMeniènft  anree 


JUH 


S9 


l'abbè  Spalanaaoi^  son  ami,  des  ex* 
périences  microscopiques  t  dont 
les  résultats  amenèrent  plusieurs 
découvertes  précieuses.  Pendant 
tout  le  temps  qu'il  séjourna  dans 
cette  Tille  ^  il  s^occupa  de  rocher-^ 
ohes  relatives  à  tout  ce  qui  con- 
cerne l'histoire  naturelle  de  la 
Turquie.  On  doit  à  ce  savant  l'ii}* 
vention  d'une  machine  pneuma- 
tique d'une  stnicture  particulière^ 
et  celle  d'une  nouvelle  pompe  à 
feu«  Comme  physicien,  il  trouva 
aussi  le  moyen  de  prendre  l'eau 
ao  haut  des  syphons  recourbés  s 
sans  que  le  courant  établi  dans  la 
sypfaon  se  trouvât  interrompu»  Il 
était  parvenu,  par  un  grand  noBH 
bre  d'expériences,  à  reconnaître 
tous  les  effets  que  peut  produira 
l'électricité  sur  l'économie  ani- 
male. En  parcourant  les  rives  de 
la  mer  Noire,  iL  découvrit  les  rui- 
nes de  la  ville  de  Githium ,  dont 
arant  kii  aucun  auteur  n'avait 
parlé.  Cette  découverte  devint 
l'objet  d'un  Mémoire  ^  que  depuis 
il. présenta  à  l'institut.  Il  a  publié 
plusieurs  bons  ouvrages,  parmi 
lesqueb  00  distingue  un  Traité 
élémentaire  de  physique  et  ds  chi- 
vAie,  dont  le  i**  volume  parut  en 
1S09,  peu  de  temps  avant  sa  mort. 
Le  ai*,  qui  derak  traiter  des  Scisn^ 
ces  physico-mathématiques,  estres* 
té  en  ofianuscrit.  Jumelîn  mourut 
à  Parî&>  en  1809. 

JliMILHAC- CHAPELLE  (m 
BiAaariNi)^  nommé,  en  septem^ 
bre  iSiSt  à  la  chaml>re  à^  dépu- 
tés, par  le  département  de  Sm»* 
et-Qise,  fit  partie  de  la  maîcaité 
de  cette  chambre  ^  avec  laquelle 
îà  vota  constamment.  Lorsqu'à!» 
mois  d'avril  1816,  AI.  Lanhàse- 
Vâknk  proposa  de  Eonse^re  dasùi 


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46 


JCN 


les  mains  des  prêtres  les  registres 
de  rétat^ciyil,  M.  de  Jumilhac  ap- 
piiya  fortement  cette  proposition 
qui  pourtant  ne  fut  pas  adoptée. 
Il  publia  alors  des  observations 
tendant  à  prouver  qu'elle  était  es- 
sentiellement nécessaire  sous  le 
rapport  des  principes  religieux. 
Il  avançait  même,  sans  le  persua- 
der, que  les  registres  de  Tétat-ci- 
vil  étaient  tenus  par  les  municipa- 
lités avec  si  peu  de  ^oin,  qu'il  s'y 
commettait  dés  erreurs  telles,  que 
les  noms  et  prénoms  d'une  femme 
avaient  été  mis  pour  ceux  de  son 
mari  mort,  et  qu'une  jeune  fille 
avait  été  enterrée  comme  étant  du 
sexe  masculin.  Il  s'appuyait  sur- 
tout, en  demandant  le  retour  à 
l'ancien  usage,  de  cette  maxime  : 
A  côté  de  r avantage  (T améliorer  est 
le  danger  d^ innover;  et  il  ajoutait: 
«Pensée  sublime,  qui  d'un  seul 
j»  trait  retrace  la  destinée  des  em- 
»  pires  et  la  folip  des  siècles  qui  les 
»ont  renversés.»  Après  la  dissolu- 
tion de  la  chambre  de  i8i5,  M.  de 
Jumilhac  fut  réélu,  toujours  par 
le  département  de  Seine-et-Oise. 
Il  siégea,  dans  la  session  de  1816 
à  1817,  à  l'extrême  droite,  mais 
ne  parut  plus  à  la  tribune,  et  vota 
avec  la  minorité.  Le  baron  de  Ju- 
milhac est  mort  peu  de  temps  a- 
près  cette  session. 

JUNOT  (Andoche),  duc  d'A- 
brantès,  général  de  division,  colo- 
nel-général des  hussards,  et  grand- . 
cordon  de  la  légion-d'honneur, 
naquit  à  Bussy-les-Forges,  dépar- 
tement de  la  Côte-d'Or,  le  a3  oc  - 
tobre  1771,  et  mourutle  29 juillet 
i8i3.  11  était,  à  l'époque  de  la  ré- 
volution, étudiant  en  droit,  et 
partagea  9  en  1792,  cet  enthou- 
siasme guerrier  qui  appelait  les 


JDN 

Français  à  la  défense  de  la  patrie^ 
Parti  dans  l'un  des  bataillons  de  la 
Côte-d'Or,  comme  simple  grena- 
dier» il  se  fit  remarquer  dans  tou- 
tes les  circonstances  par  un  cou- 
rage à  qui  souvent  on  aurait  pu 
donner  le  nom  de  témérité.  Atta- 
ché, en  1796,  au  géqéral  Bona- 
parte, qui  le  nomma  son  aîde-de- 
camp ,  il  fit  avec  lui  l'immortelle 
campagne  d'Italie ,  où  il  déploya 
une  intrépidité  qu'on  ne  peut  plus 
nommer  rare,  puisqu'elle  est  de- 
venue l'apanage   d'un  si    grand 
nombre  de  guerriers  français.  Il 
suivit  en  Egypte  le  vainqueur  de 
l'Italie,  montra  dans  toutes  les 
occasions  le  même  courage  ,  et  se 
distingua  particulièrement  au  com- 
bat de  Nazareth ,  où  il  ne  craignit 
pas  d'attaquer,  à  la  tête  de  5oo  ca- 
valiers ,  un  corps  de  10,000  Mu- 
sulmans, qu'avec  le  secours  de 
Kléber  il  mit  en  déroute.  De  re- 
tour en  France,  il  y  participa  à  la 
révolution  du  18   brumaire,  et 
continua  de  rempHr  les  fonptions 
d'aide-de-camp  du  premier  con- 
sul. Au  commencement  de  1804» 
il  fut  nommé  successivement  corn* 
mandant,  puis  gouverneur  de  Pa- 
ris. Il  passa  ensuite  à  l'armée  d'An- 
gleterre, en  qualité  de  général  de 
division,  et  reçut  le  titre  de  colo- 
nel-général des  hussards.  Le  1*' 
février  i8o5,  il  obtînt  la  décora- 
tion du  grand-aigle  de  la  légion* 
d'honneur.  Envoyé  en  ambassade 
à  Lisbonne,  la  haute  réputation 
dont  il  jouissait  engagea  le  prince- 
régent  Â  le  nommer  chevalier  de 
l'ordre  du  Christ.  En  i8o5,  il  quit- 
ta momentanément  ses  fonctions 
d'ambassadeur  pour  se  rendre  à 
l'armée  d'Allemagne.  A  la  bataille 
d'Attsterlitz  il  combattit  sous  les 


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yeux  del^apoléon,  et  fit  desprodi« 
ges  de  valeur.  Il  retourna  quelque 
temps  aprèsàLisbonne;inaisla  bon- 
ne intelligence  ayant  cessé  d'exis- 
ter entre  le  Portugal  et  la  France, 
il  qaitta  le  rôle  d'ambassadeur 
pour  reparaître  comme  général. 
Cbargé  de  prendre  possession  du 
royaume  de  Portugal,  lorsque  la 
maison  régnante  de  ce  pays  T^ut 
abandonné  pour  se  retirer  au  Bré- 
sil, il  le  fit  sans  éprouTer  une 
grande  opposition;  il  obtint  par 
suite  le  titre  de  duc  d'Àbrantës,  ap-^ 
partenant  précédemment  à  l'une 
des  plus  illustres  familles  des  bords 
du  Tage.  Il  n'ayait  pour  contenir 
ce  pays  que  peu  de  troupes,  et  s'y 
maintenait  depuis  2  ans,  quand 
lord  Wellington,  à  la  tête  d'une 
armée  nombreuse,  vint  l'attaquer 
dans  Lisbonne.  Junot  et  les  bra- 
ves qu^il  commandait-  soutinrent 
l'attaque  des  Anglais  avec  leur 
courage  ordinaire;  et  si,  en  rai- 
son de  l'infériorité  du  nofnbre,  ils 
De  parvinrent  pas  à  faire  lever  le 
siège  à  ces  derniers ,  que  proté' 
geaient  les  babitans,  ils  en  firent 
assez  pour  obtenir  une  capitula- 
tion des  plus  honorables.  Par  cet- 
te capitulation ,  qui  eut  lieu  le  5o 
août  r8o8,  l'armée  française  et 
son  général  quittèrent  Lisbonne 
ayec  les  honneurs  de  la  guerre,  et 
sortirent  du  Portugal  sans  aucune 
opposition.  Cependant  cet  événe- 
ment contrariait  trop  les  projets 
de  l'empereur  I<japoléon,  pour 
qu'il  n'en  témoignât  pas  quelque 
ressentiment  à  Junot.  Il  fut  dis- 
gracié et  resta  sans  emploi  jus- 
qu'en i8i2.  A  cette  époque.  Na- 
poléon, voulant  porter  la  guerre 
au  sein  de  la  Russie,  eut  besoin  de 
s'entourer  de  nouveau  de  tous  ses 


JUN  41 

braves.  Il  confia  au~  duc  d'Abran- 
tës le  commandement  du  8"*  corps 
de  la  grande-armée  ;  mais  les  di- 
verses positions  qu'occupa  ce  corps 
ne  permirelit  pas  toujours  à  son 
chef  de  signaler  comme  il  l'eût 
voulu  son  bouillant  courage.  II 
se  conduisit  néanmoins  avec  beau- 
coup de  distinction,  le  19  août,  au 
combat  de  Yalentina.  A  peine  de 
retour  en  France,  le  duc  d'Abran- 
tès  repartit  pour  aller  prendre  le 
gouvernement  des  Provinces -II- 
lyriennes^  où  il  avait  été  précé- 
demment nommé;  mais  bientôt 
attaqué  d'une  maladie  dangereu- 
se, ses  facultés  intellectuelles  pa- 
rurent s'affaiblir.  Ramené  en  Fran- 
ce, chez  son  père,  résidante  Mont- 
bard,  le  aa  juillet  i8i5,  il  y  était 
à  peine  depuis  deux  heures  que, 
dans  l'un  des  plus  Violens  accès 
de  la  fièvre  qui  le  consumait,  il 
sauta  par  une  fenêtre ,  et  se  cassa 
la  cuisse.  Les  transports  qili  l'agi- 
taient dérangeant  tous  les  appa-^ 
reils,  l'amputation  fut  jugée  né- 
cessaire et  ordonnée.  Ce  fut  par  sui- 
te de  cette  amputation  que  le  duc 
d'Abrantès  mourut  le  28  du  mê-< 
me  mois ,  laissant  dans  la  désola- 
tion sa  famille  et  tous  les  habitans 
de  Montbard,  dont ,  à  une  autre 
époque,  il  avait  été  le  bienfaiteur. 
Sa  tombe  s'élève,  sans  ornement , 
au  milieu  de  celles  de  ses  compa- 
triotes, avec  lesquels  il  se  confonr 
dit  toujours  ,  et  son  cœur  repose 
au  Panthéon.  On  ne  lira  pas  sans 
intérêt  l'anecdote  suivante,  dont 
l'authenticité  nous  est  garantie  par 
une  personne  qui  a  bien  connu  le 
général  Junot.  A  son  retour  d'E- 
gypte ,  il  alla  en  Bourgogne  voir 
sa  famille,  et  s'arrêta  à  Montbard, 
lieu  de  ses  études  et  de  ses  pre- 


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43 


JUIl 


mîers  plaisirs^  où  rka  tB  bissait 
piésâger  alors  qu*il  dorait  sitôt 
terminer  ses  jours.  Son  plus  grand 
empressement  en  arrivant  fut  de 
eourir  chez  ses  anciens  eamara- 
deS)  et  de  leur  témoigner  que  la 
fortune  n'avait  point  altéré  ks 
sentimens  de  son  cœur.  Dans  le 
cours  de  ses  visites^  ayant  rencon-^ 
tré  son  maître ,  que  depuis  long-^ 
temps,  il  croyait  mort,  il  se  jeta  à 
son  col  et  le  serra  dans  ses  bras 
avec  la  plus  vive  émotioa.  Le 
vieillard ,  surpris  de  recevoir  cea 
témoignages  d'affection  de  la  part 
d'un  homme  dont  l'extérieur  an* 
nonçait  l'élévation  et  la  richesse  9 
reste  confus  et  incertain.  «  Com^ 
ment!  dit  Junot,  ne  me  reconnais- 
ses-vouapas? — Non,  monsieur,  je 
q'aî  pas  œt  honneur;— r-Quoî!  vous 
ne  reconnaissez  pas  le  plus  pares- 
^  seux,  le  plus  libertin,  le  plusntiau- 
vais  sujet  de  vos  écoliers  P — .Se- 
rait-ce  monsieur  Junot  à  qui  j'au- 
rais l'honneur  de  parler?»  répondit 
enfin  le  maître.  A  ces  mots,  le 
général ,  qui  ne  peut  s'^npecher 
de  rire  de  la  naiveté  du  vîdillard, 
Fembrasse  de  nouveau».  Quelque 
temps  après ,  il  lui  fit  une  paft* 
sîon.  Le  duc  d'Abrantès ,  ami  des 
beaux -arts,  et  principalement  de 
la  pdnture,  possédait  une  collée- 
tioB  de  tableaux  du  plus  gra^d  prix. 
JDAIEN  (PiekrbRogh), officier 
distingué  de  la  marine  française , 
commandait  en  1R09  la  fré'gate 
i* Italienne,  faisant  partie  de  la  di- 
vision de  Lorient  sous  les  ordres 
de  M.  Troude.  Deux  divisions  an- 
glaises étant  ven«ies  bloquer  les_ 
ports  de  Lorient  et  de  l'île  d'Aîx, 
et  annonçant  assez  clairement  Fin- 
tention  d'occuper  le  mouillage  de 
la  rade  des  Basques,  le  capitaine 


iV9 

Jurien  refMt  d<)  M*  Troude  l'ordre 
d'appareiller  le  2)5  févri^i:  ;au  ma- 
tin. Il  mit  à  la  voile,  après  avoir 
réuni  i  V Italienne  la  Cybèle  et  la 
Câljpsû,  avec  lesquelles  il  vint 
mouiller  aux  Sahtes-d'Olpniie.  Il 
n'avait  paseocore  atteint  le  bu  t  qu'il 
s'était  pr(^p0sé,  quand  SvaisaeaiCix 
anglais  et  une  frégate  ratta^uèreou 
Aussi  courageux  que  Jean  Bart,  la 
capitaine  Jurienn'était  pashomme 
à  se  laisser  Ikitimider  par  le  nom- 
bre. Malgré  l'inégalité  des  forces, 
et  personnellement  aux  prises  a- 
vec  un  vaisseau  de  80  canon»,  il 
soutint  pendant  5  heures  le  feu 
le  plus  meurtrier,  et  parvint  à 
entrer  dans  le  port  des  Saines. 
Après  la  première  restauration^i  le 
roi  chargea  le  capitaine  Jurien 
d'aller,  en  vertu  du.  traité  de  Pa- 
ris, reprendre  possession  de  l'île 
de  Bourbon.  Il  partit  de  BQcb«* 
fort  le  i3  novembre  18 14»  livrant 
sous  ses  ordres  la  frégate  YAfri^ 
caine  et  les  flûtes  V Éléphant,  la 
Salamandre  et  la  Loire;  s'acquitta 
de  sa  mission  avec  autant  de  zèle 
que  d'inteUigenee,  et  rentra  daa^le 
port  de  Brest  le  917  août  181 5.  La 
réputation  du  capitaine  Juriea  lui 
valut,  pendant  la  traversée,  de  la 
part  de  lord  Sommerset,  gouver- 
neur du  cap  de  Bonne-Espérance, 
l'accueil  le  plus  flattewr.  Ce  brave 
marin  est  au  nombre  des  capitaines 
de  vaisseau  en  activité.  I>e  tels 
hommes  aauront  en  tous  temps 
faire  respecter  le  pavillon  de  la 
France. 

JUSSIBU  (  Aktowe-Laubww 
bb),  né  à  Lyon  en  1748^  vint  étu- 
dia la  médecine  à  la  Faculté  de 
Parts,  et  y  fut  reçu  dœteiMr  eni  517». 
Dès  l'année  1770,  i  l'âge  de  %% 
ans,  il  fot  choisi  par  Lemoni^v 


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Thnie  M), 


J^a^e^4x 


t^^y^/.  a^  iJ^t^.^^^^^. 


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pour  faife^au  jardin  du'Roî  les  le* 
poos  de  botanique  que  ce  célèbre 
professeur)  appelé  auprès  de  LouU 
XY,  en  qualité  de  pteinier  méde* 
ciu  ordinaire  9  se  Toyait  obligé 
d'interrompre.  M.  de  Jus»ieu ,  é-r 
lëye  de  Lemoniery  dont  il  suivait 
les  caur9,  et  de  Bernard  de  Jus-p 
sieuy  son  oncle,  rendit  de  grandi 
serviœs  à  la  scîenee  9  dont  'A  faoi* 
iita  Tenseifioenient.  L*écoledebo« 
taoique,  la  même  qui  avait  été  é^ 
tablie  ou  plantée  par  Touroefort, 
était  trop  resserrée.  Les  fiantes  y 
étaient  placées  sans  ordre,  etvl* 
valent  à  peine  dans  un  sol  épuisé. 
M.  de  Jussieu  sollicita  vivement 
auprès  de  Bufîbn,  alors  intendant 
du  jardin  du  Roi ,  un  changement 
nécessaire  ;  et  quand  celui-ci  eut 
obtenu  des  fonds  pour  renouveler 
l'école ,  M.  de  Jussieu  profita  de 
cette  occasion  pour  disposer  les 
plantes  suivant  une  méthode  nou- 
velle ,  dont  kf  bases  sont  consi* 
gnées  dans  un  Mémoire  imprimé 
en  1775,  dans  le  recueil  de  Taca^ 
demie,  la  nomenclature  de  Linné 
avait  succédé  dans  la  science  k 
eelle  de  Toumefort.  M.  de  Jussieu 
Tadopta  pour  la  nouvelle  éeole 
qui  existe  encore  aujourd'hui,  et 
mit  ainsi  le  jardin  de  Paris  en  har- 
monie >  avec  les  autres  établisse^ 
mens  de  ce  genre  en  Europe.  M. 
de  Jussieu  donna  à  Tacadémie  deux 
Mémoires  :  Tun  sur  lalamille  des 
renoncules,  dans  lequel  il  cherche 
à  fixer  les  principes  pour  la  for- 
mation des  familles  des  j[>lantes; 
l'autre ,  qui  a  été  cité  précédem- 
ment, sur  la  méthode  employée 
par  lui  peur  la  classification  la 
plus  naturelle,  et  qui  devait  servir 
de  base  à  son  Gênera  Plantarum, 
Dans  les  Annales  du  Muséum  ,  et 


JUS 


45 


dans  les  mémoires  qui  y  font  suite, 
il  en  a  donné  un  grand  nombre 
tendant  en  général  à  prouver,  dé^ 
velopper  et  compléter  son  grand 
ouvrage  où  furent  établies  les  fa-*- 
nailles  naturelles ,  et  à  le  tenir  au 
niveau  de  la  science,  qui  s'étendait 
par  les  décoii vertes  des  botanistes 
et  des  voyageurs.   C'est  en  17S9 
fpa'il  publia  le  Gsnera  Pitmtarum. 
Dès  l'âge  de  î5  ans,  en  1775,  M. 
de  Jnssieu  avait  été  nommé  mem* 
bre  de  l'académie  des  sciences.  Il 
Ait  un  des  premiers  membres  de 
la   société  royale  de  médecine, 
fondée  en  1776.  L'année  suivante, 
celle  où  la  botanique  perdit  Ber- 
nard de  Jussieu ,  Haller  et  Linné, 
il  fut  nommé  administrateur  de 
botanique  au  jardin  du  Roi ,  suc- 
cédant à  son  oncle  qui  avait  occu^ 
pé  cette  place- pendant  5^  ^^^'  ^^ 
continua  à  remplir  les  fonctions  de 
M.  Lemonier  jusqu'en  1786,  épo- 
que à  laquelle  le  professeur  renon- 
ça à  sa  chaire  en  faveur  de  M. 
Desfontaînes.  En  1804,  il  fotnoin- 
mé  professeur  de  matière  médi- 
cale à  la  Faculté  de  Paris.  Le  jour 
même  de  son  installation,la  Faculté 
devait  renouveler  son  président. 
M.  de  Jussieu  fut  choisi  par  ses 
nouveaux  collègues  ,  parmi  les- 
quels il  comptait  plusieurs  de  ses 
anciens  élèves.  C'était  à  }a  fois  un 
hommage  rendu  à  ses  talens ,  et 
en  même  temps  une  preuve  d'af- 
fection  qu'il  recevait.  En  1808,  il 
fut  nommé  conseiller  titulaire  de 
l'université  impériale.   Il    perdit 
cette  place  quand  t'universîté  fut 
détruite.  Depuis  la  seconde  restau- 
ration, il  a  reçu  le  cordon  de  Saint- 
Michel.  Il  était  membre  de  la  lé- 
gîon-d'honneur  depuis  la  création 
de  oet  ordres  M.  de  Jussieu  est  en- 


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44 


JUS 


cdre  professeur  de  matière  faiédî- 
caile  à  la  Faculté  de  médecine,  et 
de  botanique  rurale  au  -Muséum 
d'histoire  naturelle.  C'est  Tun  de 
nos  savans  les  plus  distingués  et 
Tun  des  meilleurs  citoyens. 

JUSSIEU  (LlUBEWT-PlERBE  Dl), 

littérateur,  neveu  du  précédent , 
est  né  à  Lyon  le  7  février  1792. 
M.  de  Jussieu,  à  qui  de  bonnes  étu- 
des ont  fait  "sentir  plus  vivement 
la  nécessité  de  répandre  Tinstruc- 
tion  jusque  dans  les  dernières  clas- 
ses de  la  société ,  a  en  quelque 
sortes  à  l'exemple  de  l'abbé  Gaul- 
tier (  voy.  ce  nom  ) ,  qui  l'honora 
de  son  amitié,  et  sur  la  tombe  du- 
quel M.  de  Jussieu  a  exprimé  les 
plus  touchans  regrets  ,  consacré 
son  utile  jeunesse  à  l'éducation^ 
populaire.  Il  est  le  rédacteur-gé- 
néral, depuis  l'origine,  du  Journal 
4t éducation  ,  publié  par  la  société 
pour  l'instruction  élémentaire ;]ont- 
nal  qui  a  puissamment  contribué 
à  la  propagation  de  l'enseigne- 
ment mutuel ,  non-se.ulement  en 
France,  mais  encore  dans  les  pays 
étrangers.  Il  a  mis  au  jour  plusieurs 
ouvrages  d'éducation ,  au  nombre 
desquels  nous  citerons  plus  parti- 
culièrement :  1"  Simon  de  Nantua, 
ou  le  Marchand  forain.  Cet  ouvra- 
ge a  obtenu  le  prix  fondé  par  un 
anonyme,  et  proposé  par  la  société 
pour  l'instruction  élémentaire,  en 
faveur  du  meilleur  livre  destiné  à 
servir  de  lecture  aux  habitans  des 
villes  et  des  campagnes.  La  société 
a  ajouté  une  médaille  d'or  au  prix 
qu'elle  décernait  à  cet  ouvrage , 
qui  a  été  approuvé  par  la  commis- 
sion d'instruction  publique;  il  a 
été  traduit  en  7  langues  (Paris, 
in- 12,  1820,  a"'  édition  avec  fi- 
gure). 2*  Antoine  et  Maurice,  Le 


3U$> 

même  succès  a  accompagné  cétre 
nouvelle  production  de  M.  de  Jus- 
sieu. Elle  a  mérité  le  prix  proposé 
\par  la  société'  royale  pour  l'amé- 
lioratlon  des  prisons ,  en  faveur 
du  meilleur  livre  destiné  à  être 
donné  eii  lecture  aux  détenus, 
(Paris,  in- 12,  1821).  M.  de  Jus- 
sieu a  aussi  payé  à  l'état  une  par- 
tie de  la  dette  que  ses  talens  et 
ses  principes  lui  avaient  feit  con- 
tracter, en  publiant,  comme  un 
des  traducteurs  et  éditeurs,  le  re- 
cueil des  Discours  de  Fox  et  de 
Pitt  au  parlement  d* Angleterre, 
II  coopère  en  outre  à  la  rédac- 
tion de  divers  ouvrages  périodi- 
ques. »' 

JUVET  (HuGUEs-ÀLExis) ,  doc- 
teur en  médecine,  naquit  en  1714, 
à  Chaumonten  Bassigny,  et  mou- 
rut à  Bourbonne-les-Bains,  en 
1 789.  Il  occupa  long-temps  la  pla- 
ce dé  médecin  de  l'hôpital  mili- 
taire de  Bourbonne,  etpbtint  celle 
d'intendant-général  des  eaux  mi- 
nérales, après  la  mort  de  Jean 
Baudry,  dont  il  avait  épousé  la 
fille.  Juvet  a  publié  les  ouvrages 
sùivans  :  1*  Dissertation  sur  les 
fièvres  quartes,  1760;  2*  Disser- 
tations contenant  des  observations 
sur  les  eaux  thermales  de  Bourbon^ 
ne-leS'Bains,  iy5o;  Z'' Réflexions 
sur  les  causes  de  l'intempérie  de 
Vair  régnant  sur  le  climat  de  Fran^ 
ce^  1757  ;  4*  Mémoire  sur  les  eaux 
minérales f  17^7;  5"  Essai  sur  la 
gangrène  interne^  1765.  Chacun 
de  ces  ouvrages  forme  1  vol.  in- 12. 
Juvet  s'occupait  quelquefois  de 
poésie  latine;  il  composa  pour  la 
fontaine  de  bourbonne  le  distique 
suivant: 

.tariferai  divesjactet  Pactolus  arenat; 
Ditior  has  affcrt  inortalibu»  unâa  aetuiem^ 


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JuTet  n'était  pas .  mo'iiia  estimé 
pour  ses  talens  que  pour  ses  qua- 


KAE 


45 


lités  personnelles.  Il  est  générale- 
ment regretté. 


K 


KAESTNËK  (Abrâham-Got- 
thelf),  savant  mathématicien  ^t 
professeur  à  Funiversité  de.Goet- 
tingue,  naquit  à  Léipsick,  en  171^9 
et  mourut  le  20  juin  1800.  Son 
père  et  son  oncle  9  jurisconsultes 
distingués  9  lui  donnèrent  des  le- 
çons de  jurisprudence;  mais  il  pré- 
féra rétude  des  mathématiques,  et 
Hausen,  l'un  de  ses  premiers  maî- 
tres dans  cette  science  5  lui  fit  a- 
dopter  la  méthode  géométrique 
des  anciens  9  à  laquelle  il  s'est 
montré. constamment  attaché.  A 
cette  époque,  Gottscheds'eiTorpait 
d'inspirer  à  ses  cqncitoyens  le 
goût  de  la  bonne  littérature  alle- 
mande. Kaestner  se  lia  ayeclui^et 
forma  son  style  d'après  les  princi- 
pes de  .cet  homme  ^distingué.  Tous 
ses  ouvrages,  en  effet,  scientifiques 
ou  purement  littéraires,  prouvent 
qu'il  a.  étudié  les  bons  modèles. 
Kaestner  étudia  aussi  l'astronomie. 
Il  passait  d4^  nuits  entières  à  ob- 
server le  ciel  étoile  ;  mais  il  n'a- 
vait qu'un  vieux  télescope  à  tube 
de  bois,  lequel  manquait  encore 
d'un  oculaire.  Ce  fut  avec  cet  ins- 
trument misérable  et  imparfait, 
auquel  il  adapta  un  verre  convexe, 
qu'il  tenta  ^'observer  la  comète 
de  174^.  Ses  observations  ne  lui 
paraissant  pas  dignes  d'être  décri- 
tes, il  les  chanta  dans  une  ode 
qu'il  a  imprimée  depuis  dans  sejs 
Mélanges.  Des  relations  d'amitié 
s'étant  établies  entre  lui  et  J. 
Chrétien  Baumann,  opticien  ha- 
bile qui  avait  appris  hs  mathé- 


matiques par  la  seule  lecture  des 
ouvrages  de  Wolf,  il  lui  dut  la 
jouissance  d'une  lunette ,  dont 
l'objectif  avait  6  pieds  de,  foyer, 
et  qui  grossissait  23  fois.  Cette 
lunette  permit  aux  deux  amis  de 
voir  la  comète  de  1744»  I^  s^  pro- 
curèrent de  meilleurs  instrumens; 
et  au  moyen  d'une  lunette  de  26 
pieds,  ils  remarquèrent  sur  le  dis- 
que du  soleil,  qes  taches  blanches 
et  lumineuses  qui  y  furent  égale- 
ment observée?  par  Schrœter  de 
Liliental,  avec  des  télescopes  de 
la  plus  grande  perfection.  Kaest- 
ner épousa  la  sœur  de  Baumann  ; 
mais  sa  place  de  professeur  extraor* 
dinaire  de  mathématiques,  aux 
appointemeus  de  cent  rixdales,  ne 
suffîsant  pas  aux  dépenses  de  sa 
maison,  tenue  sur  le  pied  le  plus 
modeste,  il  fit  pour  des  libraires 
différentes  traductions,  telles  que: 
les  ]fIémoires  de  l'Académie  de 
Suède  \  l'ouvrage  d'Hellot,  VArt 
de  la  teinture-,  celui  de  Smith, 
sur  l'Optique,  etc.  Il  remporta 
un  prix,  à  Tacadéraie  de  Berlin, 
par  une  dissertation  écrite  en 
français,  sur  les  devoirs  qui  ré^ 
sultent  de  la  conviction  que  les  é^ 
vénemens  fortuits  défendent  de  l(i 
volonté  de  Dieu.  Le  mérite  de 
Kaestner,  comme  professeur  de 
mathématiques,  fut  enfin  apprécié, 
et  la  chaire  de  mathématiques  de 
l'université  de  Goettingue  lui  fut 
confiée.  Il  justifia  ,1e  choix  que 
l'on  avait  fait  de  sa  personne,  par 
la  facilité  et  la  clarté  de  son  en- 


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46 


KàS 


seigtimn^nt,  et  par  les  lfTt«6  élé^ 
mentaires  qu'il  a  mis  au  jour,  et 
qui  ODt  concouru  puissamment  à 
répandre  en  Allemag^ne  le  goût  de 
cette  science.  Kaestoer  voyait  af- 
fluer à  ses  leçons  des  élèves  qui 
Mendient  d<es  points  tes  plus  éi^-^ 
^és  du  Nord.  On  vit  même  pen^ 
dânt  la  guerfs  de  sept  âns^  6o«t-* 
tli^gue,  comme  partie  du  Hano-^ 
tre,  étant  tombé  au  pouvoir  de« 
FVdnpa!^,  des  offîeiers  de  <^ette  na-^ 
tkm  assister  aax  leçons  dé  Ka^t*^ 
àer,  et  s'y  fortifier  dans  le$  ma- 
thématiques 9  ou  prendre  le  goût 
ûts  Cette  science.  Ce  professeur 
produisit  une  espèce  de  révolutioti 
dans  l'enseignement  9  plue  parti-^ 
eulièrémebt  sur  la  théorie  du  bi-^ 
ndme,  sur  telle  des  équations  d'ufl 
degré  supérieur,  et  sur  ccfic  de 
Téquilibre  des  forces  dans  les  le^ 
tiers.  Ses  ouvrages  élémentaires 
firent  en  quelque  sortëoùblièr  ceux 
de  Wolf;  mois  Karsten,  à  son 
four,  a  fait  oublier  ceux  de  Kaest^ 
iî^r.  Ce  dernier^  étant  devenu  di- 
recteur de  l'observatoire  de  Goet-» 
tingUe,  après  ïobie  Mayer,  pro-^ 

SE>sâ  l'un  de  ses  élèves ,  Rarsten 
iebuhr,  pour  faire  partie  de  Tex- 
pêdJlion  que  la  cour  de  Copenha- 
gue envoyait  en  Arabie,  afin  d'y 
opérer  des  découvertes  utiles  et 
sôieàllfiifues.  L'élève  de  Raestner 
seul  survécut  à  ses  compagnons 
de  voyage ,  et  rendit  compte  ded 
découvertes  qui  avaient  été  fëlites. 
Kaestner  et  Heyne  étant  parvenus 
k  rapprocher  les  membres  de  la 
société  littéraire  de.Goettingue, 
que  des  discussions  particulières  a- 
vaient  séparés,  le  pren^ier  s'occu- 

Sa  de  la  rédaction  des  méinoîres 
e  celte  société,  et  y  fournit,  dans 
l'espace  de  i4  JJis,  4?  disstrtatitméi 


diepufsle  volume  de  \^k  t^y 
qu'il  pvbfia   en    i7>7i>  jfisqu'aii 
14**  volume  de  Commentationes , 
dans  lequel  on  trouve  son  Speci" 
men  analysées  geometric(B  catn  ai' 
gebraicâ  comparatœ,    Kaestoer  a 
eonoottru  à  la  rédadtîon  de  la  Ga- 
zette ikttéraire.  de  Goettiague  :  il  y 
donna  d'excellentes  dissertaftions 
sur  la  physique^  les  mathémati- 
ques,   l'astroapmte,  âta;   mai» 
eemme  il  était  fort  satirique»  et 
qu'il  avain  beaucoup  d'esprit,  il  ne 
bissait  }aman  échapper  l'âotasîoB 
d'égayer  ses  lecteurs  aux  dépeaj 
de  ses  confrères  et  de  lui-même. 
A  l'époque  oà  les  ouvrages. d« 
Kant  occupaieilt  le  pins  toutes  les 
têtes  germaniques^  on  tui  daman-» 
dait  pourquoi  il  n'étH<yaît^^  oes 
ouvragesqui  avaienl  déîètaBit  d'ad» 
mirateurs:  «Je  possède  12  langues^ 
vtant  ancieniliés  que  modernes  > 
»répofklait-Ml'  :«Ues  nie  suffisent; 
n  et  je  ne  veux  pas ,  à  mon  âge^  «n 
Aapprehdrc^uUQ  treicième^AKaesl'' 
ner,  ayant  eu  le  malheur  ide  per- 
^e  la  sœur  de  son  ami  Baumann^ 
épousa  k  reuve  d'un  officier  fran« 
yais,  et  en  eut  une  fille,  qu'ilioarîari 
un  de  ses  meilleurs  aiils.  M»  Kirs*- 
ten.  Kaestner  a  composé  une  feitle 
d'ouvrages  tous  lm]^imés>  et  dont 
les  titres  seuis  oecUpent  la  pages 
dans  le  Dictionnaire  de  Meuseh 
Nous  citerons  simplement  ceux 
qui  suivent  :  1*  Prima  quœ  posé 
inpêntam  typographiianprodiUMu* 
eiidiê  eàitio,  Léipsiek,  i^So,  ia4*) 
a^  De  kàbitu  fnathêseos  et  phy4ticm 
ad  reiigionem^  Létpsick,  175a;  5* 
Mélanges  (yermischte-Schrifiten)^ 
Altetiboug,  1750,  in-8';  5**  édi* 
tion,  1783,  i«-8%  3  parties;  4* 
MérnMreB  de  la  sociMé  é  Harlem, 
traduetion  du  hollandais,  Léip^ 


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dck,  tySê;  5*Élémen8  (fûtltkmé* 
tiqoê^  de  géométrie ,  de  irigeno^ 
métrie  et  de  perspective,  Goettin- 
eue,  1^56;  6*  Erlauterung,  etc; 
(âouTelle  démopstratîon  de  l'Ini-^ 
finârtaiité  de  l'âme),  Goettinguc, 
Ï767,  in-4*;  T  ^^*  Notices  ou 
Éhges  ée^Leibnitz,  TpBie  Mayer^ 
Reederer  y  Erxiebeii',  Meister  , 
Lichtenberg,  etc.;  8"  Histoire  dés 
mathématii^ues ,  depuis  le  renou- 
Tellement  des  sciences  jusqu'à  la 
fin  du  i8**  siècle,  1^96-1806, 
4  yoL  in-8'.  La  mort  de  Tau* 
teur  né  lui  permît  pas  de  termi- 
ner ce  sarant  ouvrage,  qui  ne  va 
que  fusqu'au  milieu  du  17** 
siècle.  Kaestner  avait,  en  1768^ 
écrit  sa  TÎe ,  que  Baldinger  à  In- 
sérée  dans  ses  &$ofj;tàphîes  des 
médecins  et  des  «laturalistes  vi^ 
Tans,  totnè  1'%  et  dans  V Histoire 
de  i* université  de  Goettingue,  par 
Putler.  Hcyne  a  pubHé,  dans  lé 
tome  1 5  du  Recueil  de  racadémlt 
de  G^^ettingue ,  l'éloge  ^le  Kaest* 
ner.  Une  médaille  d'of^  en  l'hon^ 
neur  de  ce  savant,  avait  été  frap-^ 
pée  en  17^0,  paille  comte  Guillau- 
me I*%  de  Seliaumfetirg  et  Lippes 
«ILALB  (tfi^AAOK  Élis  de),  ori- 
gtnmre  d'AUemi^ne ,  el  d'une  l'a- 
ibille  protestante,  est  né  en  Fran- 
ce en  1767.  Son  père,  qui,  sous  le 
règne  de  Louis  XVI ,  occupait  le 
grade  de  brigadier  des  armées  du 
roi,  fut  tué  k  la  bataille  de  Camp-* 
dedboasse,  dans  la  guerre  de  Tin-» 
dépendance  des  États-Unis.  Des-^ 
tffiN^  à  l'état  militaire,  lé  baroti  d% 
Ralb  entra,  en  1784,  dans  le  ré- 
giment dc'Royal-'Deux-Pents,  éik 
d'aboi<d'  il  fôt  soUs-lieutenant.  Il 
devint  lieutenant  en  1787,  et  en 
179a  ilémigfapourall^rrejoit^ré 
rari»ée  d#»  ptînce».  Il  j  it  partie 


KAL 


4? 


d^utie  compagnie  qui,  sôus  k  ii-^ 
trtj'de  tolotttaif es ,  se  Composait 
d'<9illciers  réunis  des  f égîmens  de 
Deiix^Ponts  et  de  Lamark.  Lors*  . 
que  les  circonstances  euretit  ren-^ 
du  nécessaire  le  licenciement  àt 
cette  compagnie,  il  alla  offrir  ses 
services  à  l'empereur  d'Autriche, 
qui  l'admit,  en  1799,  en  qua** 
lité  de  çAdet  gentilhomme,  daiié 
les  chasseurs  tyroliens  û*£tiâ$ 
von  Keil,  Il  passa  ensuite  clans '^ 
le  réjgîmcnt  d'Erpach,  où  il  fat 
fait  officier,  et  rentria  en  France 
en  i8<y2.  Retiré  dans  la  terre  d« 
Atiloti ,  propreté  de  ses  ancêtres  , 
qui  ne  se  trouvait  point  Tendue^ 
11  devint  maire  de  cette  commune 
par  là  faveur  de  M.  de  Gavres, 
préfet  de  Versailles ,  qui  aTsnt  été 
st^n  compagnon  d'armes  sur  les 
rives  du  Ahin.  Le  baron  de  Kalb, 
nommé,  le  16  mars  i8i3,  chef  de 
cohorte  de  la  garde  nationale  de 
Rambouillet^ et  ma jor-généra^deé 
gardes  nationales  de  Seine-et-Oise> 
Ters  la  fin  de  la  même  année,  re- 
nonça bientôt  à  ces  dernières  fonc- 
tions, qui  lui  semblèrent  incompa- 
tibles avec  celles  de  maire  qu'il 
remplit  toujours.  La  décoration  - 
du  Mérite-militaire  lui  ftit  aecor-  ^ 
dée  en  1816  par  le  roi. 

RALRBRENNER  (Chrïstiaii), 
célèbre  compositeur  de  musique, 
naquit  à  Munder,  dans  l'électorat 
de  Cassel,  en  1775.  Il  était  issu 
d'uue  famille  juive,  Ralkhrenner» 
élève  d'Emmanuel  Bach,  perfec- 
tionna, sous  un  si  habile  maître  > 
les  dispositions  qu'il  avait  reçues  de 
la  nature,  et  par  ses  talens  mérita 
d'être  attaché ,  étant  encore  très- 
jeune,  à  la  chapelle  de  Télecteur 
de  Hesde.  Il  passa  ensuite  à  Berlin. 
Le  prince  Hetiri ,  fi^re  de  Frèdé* 


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48  tLAL 

rie  II,  lui  confia  la  direction  de  sa 
chapelle  et  celle  de  son  théâtre, 
eu   il  a,  fait   représenter,    entre 
autres  pièces ,  les  opéras  de  la 
Veuve  de  Malabar,  de  Démocrite^ 
et  de  la  Femme  et  le  Secret.  Kalk- 
brenner  publia,  vers  cette  époque, 
un  traité  d'accompagnement.  Il 
quitta  Berlin  en  1796,  et  voyagea 
en  Allemagne  et  en  Italie.  S 'étant 
rendu  en  France ,  il  se  fixa  à  Pa- 
ris, et  y  publia,  en   i8oa,  une 
Histoire  de  la  musique,  ^  vol.  în- 
8".  Cet  ouvrage ,  que  la  mort  de 
l'auteur,  arrivée  le  la  août  1 806, 
ne  lui   permit  pas  de  terminer, 
traite  plus  particulièrement  de  la 
musique  des  Hébreux.  Il  est  écrit 
en  français,  bien  que  l'auteur  fût 
AUeiÉiand.Il  aaussi  publié  unTra/- 
té  de  la  fugue  et  du  contre- point, 
d'après  le  système  de   Bitcher. 
Sous  le  gouvernement  impérial, 
Kalkbrenner  fut  attaché ,  comme 
maître  de   chant,   à   l'Académie 
impériale  de  musique,  où  il  fit  re- 
présenter l'opéra  d^Olimpie^  ten- 
tative malheureuse  :  la  pièce  n'eut 
qu'une  seule  représentation. Néan- 
moins il  ne  perdit  pas  courage,  et 
fit  recevoir  par  le  jury,  en  l'an  8, 
Œnone^  qui  devait  être  représen- 
tée l'année  suivante;   mais   par 
suite    de    rétards ,   indépendans 
de  la  volonté  de  l'auteur,  ce  ne 
fut  qu'en  1806  que  l'on  s'occupa 
de  représenter  cette  pièce.  Kalk- 
brenner mourut  lorsqu'il  en  pré- 
parait la  mise  en  scène,  ftl.  Cho- 
ron rapporte,  dans  son  Diction- 
naire   historique  des    musiciens , 
_   que  «  différens  morceaux  de  l'o- 
*>  péra  d'Œnone ,  qui  n'était  d'a- 
»  bord  qu'une  cantate,    avaient 
»  enlevé  tous  les  sufifrages  da0s 
»  plusieurs    concerts    où     l'au- 


KA£ 

«teur  les  avait  fait  eotèadre.  » 
KALKBR£NN£A  (Frjbi>éuc)  5 
fils  du  précédent,  né  en  1784,  est 
élève  de  M.  Adam,  pianiste  dk*- 
tingué.  M.  Kalkbrenner  a  dooné 
plusieurs  œuvres  ppar  le  piano, 
estimés  des  amateurs,  tels  que  2 
œuvres  de  sonates,  des  fantaisies^ 
une  sonate  à  4  mains,  etc.  £a 
1809,  il  s'occupait  de  la  composi- 
tion d'un  grand  opéra,  paroles  de 
M.  Paganel. 

KALKRËUTH  (Adoi.phe-Feé- 
D^iG,  coMTfi  de),  feld-maréc^al 
prussien,  gouverneur  de  Berlin. 
^ë  en  1756,  et  destiné  dès  son 
enfance  à  la  profession  des  armes, 
il  commença  à  se  faire  remarquer 
pendant  la  guerre  de  sept  ans,  où 
il  servit  en  qualité  d'adjudant-gé- 
néral  du  prince  Henri  de  Prusse. 
Les  quêtes  militaires  qu'il  dé- 
ploya alors  contribuèrent  beau- 
coup aux  succès  obtenus  par  le 
prince.  Nommé  au  commande-* 
ment  de  l'armée  de  Pologne ,  en 
1789,  le  désir  de  se  signaler  ne 
l'empêcha  pas  de  se  montrer,  dans 
le  cabinet  prussien,  du  parti  de 
ceux  qui  voyaient  quelques  dan- 
gers à  faire  la  guerre  à  la  Franqe. 
Comme  la  guerre  eut  lieu,  indé- 
pendamment de  sa  volonté ,  il  y 
prit  part  en  faisant  les  campagnes 
de  179a,  1793  et  1794*  Dans  tou- 
tes il  se  conduisit  avec  distinction, 
et  fit  également  preuve  de  talent 
et  de  bravoure  dans  les  chances 
diverses  ^qu'éprouvèrent  les  ar- 
mées dont  il  fit  partie.  S'étant  em- 
paré de  Trêves,  en  1794»  il  en  ré- 
sulta des  discussions  assez  vives 
entre  les  ofliciers  prussiens  et  les 
ofliciers  autrichiens,  qui' se  trou- 
vaient ensable  à  l'armée  du  Rhin. 
Ces  derniers  reprochaient  au  gé- 


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RAL   , 

néral  KaUcrcuifa  de'  ne  chercher^ 
en  feisant  la  gnerre,  qu'à  compro- 
mettre les  intérêts  de  la  maison 
d'Autriche.  Il  réfuta  celte  accu- 
sation par  la'  publication  d'un  mé- 
moire, dans  lequel  il  exposa  clai- 
rement les  faits  qui  justifient  sa 
conduite.  £n  i8o5,  il  fut  revêtu 
du  commandement  de  -  Tarmée 
prussienne,  rassemblée  en  Pome- 
ranie.  Nommé,  en  1806,  gou- 
verneur de  Thbrn  et  de  Dantzick, 
il  devint,  quelque  temps  après, 
inâpecteùr-général  de  toute  la- ca- 
valerie prussienne ,  et  colonel  en 
chef  des  dragons  de  la  Reine.  En 
1806,  il  quitta  la  Pomérânie  pour 
entrer  en  Saxe ,  à  l'efiet  de  join- 
dre le  corps  qu'il  commandait  à 
la  principale  armée  de  sa  nation. 
S'étant  porté  sur  Weimar,  vers  la 
fin  de  septembre,  il  commandait, 
après  la  bataille  d'Iéna ,  une  ^lar^- 
tie  de  la  réserve,  qui  ne  donna 
point  Ayant  sollicité  en  vain  un 
armi&tiçe  de  6  semaines,  qui  lui 
fut  refusé  par  l'empereur  Napo- 
léon, il  se  retira  à  Brunswick.  Il 
défendit  depuis  Dantxicki  assiégé 
par  l'armée-  française  aux  ordres 
du  maréchal  Lefèvre,'  avec  lequel 
il  conclut ,  le  27  mai  1^07 ,  une 
capitulation  par  laquelle  il  obtint 
que  la  garnison  ne  serait  point 
prisonnière  de  guerre;  Ce  fut  lui 
qui,  le  1^4  ju^i^  suivant,  signa ,  au 
nom  de  son  souverain,  le  traité  de 
Tibitt  a?ec  Napoléon.  Il  venail 
d'être  i^iommé  gouverneur  de  Ber- 
lin, au  mois  de  janvier  1810^ 
quand  le  roi  de  Prusse  le  chargea 
de  se  rendre  à  Paris,  pour  y  com- 
plimenter l'empeteur  des  Fran- 
çais, à  roceasion  de  son  mariage 
avec  Tarchiduchesse-  Marie-Loui- 
se. De  retour  en  Prusse,  le  comte 


KAM 


49 


de  Kalkreuth  jFut  nonrmé  gouver-î 
neur  de  Breslau.  En  1814 ,  on  lui 
confia  le  gouvernement  du  grand- 
duché  de  Varsovie:  mais  il  le  quit- 
ta bientôt  pour  celui  de  la  capita^' 
le  de  la  Prusse.  Il  mourut  le  10 
juin  18^8 ,  à  Berlin.  Il  était  âgé 
de  8a  ans,  et  en  avait  passé  67  au 
service.  Il  avait  des  qualités  esti- 
mables qui  le  firent  regretlén  1 

KAMENSROI  (le  comte)  ^  feld- 
maréchal  russe,- etc.  Il  fit  avec 
beaucoup  de  distinction  la  guerre 
contre  les  Turcs,  se  fit  principale- 
.  ment  remarquer  dans  la  campa- 
gne de  1789,  où  sa  réputation 
militaii^e  égala' celle  des  meilleurs 
généraux  russes  connus  jusqû*a- 
lors.  Cependant  la  cfuauté  qu'il 
montra  en  plusieurs  circonstances 
ternit  Téolat  de  ses  belles  actions, 
et  empêcha  même  son  gouver- 
nement de  remployeir  pendant 
quelque  temps.  Paul  I"  avait 
montré  pour  lui  des  dispositions 
peu  favorables;  mais  il  fut  mieux 
traité  de  l'empereur  Alexandre, 
qui  le  remit  en  activité  en  1802. 
Chargé,  en  180G,  du  commande** 
ment  en  chef  des  armées  russes^ 
U  montra  d'abord  beaucoup  de 
mauvaise  humeur  aux  généraux 
Beiiingsea  et  Buxhowden,  auxt 
quels  il  reprocha  leur  marche  ré- 
trograde à  rapproche  de»  Fran- 
çais. En  vertu  des^  pouvoirs  illi- 
mités qu'il  avait  reçus,  s'étimt 
poi'té  en  avant  au  commencement 
de  l'année  1^807,  il  se  fit  battre  à 
Cïarnowo  et  à  Nasielfc.  Ce  dou- 
ble échec  lui  fit  ôter  le- comman- 
dement. On  le  rappela  à  Péters- 
bourg,.  où  «es  partisans  nombreux, 
regardant  cette  disgrâce  comme 
une  injustice,  montrèrent  assez  de 
mécontentement  pour  que  le  mi- 
4 


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do 


KAM 


nistère  se  crût  obligé  d*es^liquer 
lis  motifis  de  sa  condaite.  Il  m 
hû  fut  pas  difEciLe  de  faire  eoimaî- 
tre  que  les  mauvai&es  disptoaitioas 
faites  par  le  général  Kamenskoi, 
au  commencement  de  la  campa- 
gne 5  étaient  les  seules  causes  de 
ses  deux  défaites.  Gela  n'empêcha 
pas  qu'en  1B1O9 11  fut  employé  de- 
rechef à  l'armée  de  Moldayte,  où 
il  remplaça  le  prince  Bagration. 
Au  bout  de  quelques  mois,  il  re^ 
put  la  décoration  de  l'ordre  dk 
Saint-Georges  de  première  classe^ 
pour  prix  de  la  Tictoire  éclatante 
qu'il  venait  de  remporter  à  Schuat^ 
la,  sur  l'armée  turque  commandée 
par  le  grand-rUir.  Le  général  ILa-* 
mçDskoi  est  mort,  le  17  mai  de 
4'année  suivante,  à  Odessa» 

&AMENSKOI  (lb  cowte)^  lieu* 
tenant-^général  russe,  frère  cad^t 
du  précèdent.  Destiné  dès  son  eii- 
fance  à  la  profession  des  armes,  il 
combattit  en  plusieurs  occasions 
jious  les  ordres  de  son  frère ,  et 
parrint  rapidement  aux  premiers 
grades^  Il  fut,  en  1807,.  l'un  des 
cAciers-' généraux  russes  qui  se 
^stinguèrent  à  la  défense  des  forts 
de  Dantiick  contre  les  Français* 
Ce  fut  à  la  belle  conduite  qu'il 
tint  en  cette  ocçasîoa,  qu'il  dut^ 
l'année  suivante,  le  grade  de  lîeti- 
tenant-gènéral.  JBnvoyé  à  l'armée 
de  Finlîuide ,  il  y  soutint  la  répu- 
tation qu'il  avait  déjà  acquise.  A 
ta  fin  de  1 809,  il  battit  les  Suédois 
à  l'affaire  d'Améa,  et  fut  nommé 
-ensuite  général  d'infanterie.  En 
1810,  il  ût  partie  de  l'armée  de 
Moldavie,  et  contribua  puissatn- 
ment  par  sa  valeur  à  chasser  les 
Turcs  de  Schumla.  Chargé,  en 
1812  ^  du  commandement  d'un 
corps  d-armée>  il  fut  battu  ùt  Fro- 


KAM 

dubne^  le  1 3  aoCLt,  par  le&  Français. 
KAÂIFEN  (Nico«.âs^Goi>FBiB]»» 
Van),  né  à  Harlem  en  1776,  fut 
d'abord  destiné  au  commerce  de 
la  librairie  qu'il,  entreprit,  mais 
qu'il  abandonnai  bientôt  pour  se 
livrer  tout  entier  à  la  culture  des 
lettres,  il  rédigea  depuis,  pen-^ 
daot  quelque  temps,  la  GmeMe  d§ 
Lejde,  et  devint  ensuite  profea* 
seur  de  langue  allemande  à  l'uni- 
versité de  lieyde.  Se»  principaux 
ouvrages  sont  un  grand  nonshre 
de  mémairtSf  dont  plusieurs  ont 
été  coijironnés  par  diverses  socîé^ 
tés  savantes,  nationales  etétr^m-^ 
gères;  tels  scmt,  entre  autres^  ceux 
qui  ont  pour  titres:!"  Essai  sur 
i*histoire  de  i a  poésie,  tant  chez  les 
peuples  anciens  que  chez  les  peuples 
modernes,  les  plus  connus  et  les 
plus  civilisés,  couronné  par  la  90-^ 
ciété  d'Harlem,  en  1807;  ^^  Com- 
paraison de  la  vertu  et  du  banhear 
des  anciens,  avec  les  mêmes  astuv- 
ta^es  chez  les  modernes  ;  5*  Mé* 
moire  sur  futilité  des  traductions 
des  auteurs  grecs  et  latins-;  4"*  Comr 
par  oison  des  5  principaux  poè^ 
mesépifues  modernes^  tant  entre 
eux  qu'avec  ceux  d* Homère  et  d» 
Virgile.  Ces  trois  derniers  roé^ 
moires  ont  également  été  couron- 
nés par  la  société  des  sciences  de 
Harlem.  On  doit  encore  à  M. 
Kampen  :  5<*  iSeautés  morales  des 
anciens,  4  volumes  in-S',  1808; 
6"  Description  politique  et  géogra* 
phique  des  Pays-Bas,  1816,  in-8'; 
7*  Histoire  de  la  domination  fr/m- 
paise  en  Europe,  181^  5  volumes 
în*8%  etc.  etc.  Ces  <M  vers  ouvrages, 
ainsi  que  tous  ceux  du  même  au- 
teur que  nous  ne  citons  pas  ici, 
ont  fait  accorder  généralement  à 
M.  ¥an  Kampen  une  grande  éra« 


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'lônw  lo. 


A"- 


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dftîmi^  et  beaucoup  de  jugement» 
&ANT  (biU!iuBL)5raQdesplus 
célébrée  métaphysiciens  de  TAl- 
kmagne,  est  né  à  Kœnîgsberg  en 
Prusse^  lé  2»  atril  1734*  Seeparens, 
dont  la  fortune  était  médUocre,  le  &- 
rent  d'abord  élerer  dans  une  école 
de  ohwté^dont  il  sortît  pour  entrer 
9M  collège^  puis  à  TamTersité  de 
JUenipberg.  Il  deTÎnt  ensuite 
professeur  de  philosophie.  ILant 
avait  contracté ,  dès  son  enlance, 
dans  la  société  de  ses  païens  ^  le 
l^oût  de  cette  inflexible  probité 
qu'on  retronre  partotit^  dans  sa 
conduite  et  dan»  ses  éorits ,  et  11 
ayait  d'ailleurs  reçu  d$  la  nalufe 
une  organisation  telle^  (pi'il.put9 
en  quelques  années  seulement» 
suffire  à  des  trayanx  qui  lui  firent 
embrasser  la  connaissance  de  tous 
les  système»  de  métaphysique  qui 
«raient  paru  ayént  lui ,  en  ihéme 
temfis  qu'il  s^oécupait  aussi  des 
lao^e9  9  de  Thi^oire  9  des  mathé* 
raatiqueS)  et  en  général  de  toutes 
les  sciences.  Noua  nous  garderons 
bien  de  conduire  le  lecteur  à  tra-^ 
▼ers  les  routes  tortueuses  que  Kant 
s'est  frayées  dans  lés  sciences  abs* 
traites.  L'ergotiame  logîco«-méta«> 
physique  de  ce  philosophe^  dont  les 
systèmes  ont  préfalu  dans  une 
partie  do  monde  savant  »  offre 
d'ailleurs  une  telle  obscurité  que 
l'auteur  lui-même  9  sutnugué  par 
ses  propres  idées  )  s'égaie  à  chaque 
instant  dans  ses  démonstrations 
sans  pouvoir  retrouver  sa  route. 
I  Aussi  nous  rangeons-nous  volon-» 
tiers  de  Tavis  des  personnes  d'un 
très*bon  sens  qui ,  en  donnant  à 
Kant  le  titre  de  Prince  des  meta-* 
physiciens»  n'ont  pas  hésité  à  affir- 
mer qu'il  était  impossible  »  après 
ee  philosophe^  de  s'égarer  pliitf 


KAN 


5i 


•omplétenacnt  «ko»  les  sciences 
aâ>straîtes.   Mai»  si  l'on  ne  dérai>- 
sonna  jamais  avec  autant  d'érudî- 
ttoÉi  dt  peut-^tre  d'esprit,  per- 
sonne  aseurément  ne  tint    une 
Hïonduite  plus  irréprochable  que 
le  philosophe  de  Reenigsberg,  et 
l'on  peut  dire  de  hiî  qu'il  éts^lis- 
saît  par  ses  mcsurs^  ee  qu'il  avait 
le  malheur  de  rendre  inintelligible 
par  ses  ralsonnemens  ;  nous  vuv* 
ions  parier  de  la  morale,  «ette 
partie  sî  simple  de  la  philosophie 
qu'il  a  ea  l'art  funeste  de  présen*- 
ter  sous  Un  }our  tellement  objcur 
{^oj^^Métaphy8iquêd0$mtgur$y^ 
qu'elle  pourrait  également  servk 
à  ooQseuler  toutes  les  vertus  et  à 
{«stiâer  tous  les  crimes.  La  révo^ 
Itttion  i?^gîeuse  qui  a  précédé  en 
France  iaréToHition  poKtique,  a 
sans  doute  empêché  que  le  syti^ 
tème  de  Kant  ait  été  introduit 
parmi  nous.  JUais  il  a  trouvé  d'tn- 
fatigablea  pro9éiytesclui»son  pays, 
et  parmi  la  plupart  des  théologiens 
du  Nord>  qui,  àrimitation  de  tant 
d'autres  peuples,  admirent  éf'oo^ 
tant  pius  qm'm  conçoivent  mains, 
La  doctrine  du  philosophe  de  K.€S* 
iiigsberg  se  professe  ou  se  prêché 
aujourd'hui  dans  1»  plupart  diss 
écoles  et  des  églises  d'Allemagne, 
sous  le  nom  à^  christianisme  nà* 
iional.  Cette  doctrine  a  presque 
été  exclusivement  adc^tée  dans 
les  écoles  du  Nord,  et  même  dans 
une  partie  de  la  Suisse.  Les  prin- 
cipaux ouvrages  de  Kant  sont  :  i* 
Pensées  sur  la  véritable  évaiuaition 
des  farces  vitales ,    i^éii;  oi*  Uls'^ 
toire  naturelle  de  l^uniders,  1755; 
5^  Théorie  du  Ciel,  diaprés  les 
principes  de  Nemton,    1^55;  4* 
Traité  dês  premiers  éUmens  de» 
eùlmtùêstmces  humainas  y  1762,011 


Digitizèd  by  VriOOQlC 


5a  KAN 

latin  ;  5""  Eisai  sur  là  manière  dont 
en  pQurrait  introduire  en  philoso- 
phie ridée  des  grandeurs  négati- 
ves,  en  allemand)  1762^^6"  Unique 
kajse  pjossible  à  une  démonstration 
del'^iHistencedeDieUy  1764,  l'au- 
teur, quelques  années  plus  tard, 
détruisit  toutes  les  opinions  et  tous 
les  principes  qu'il  ayai^  émis  dans 
cet  ouyrage  ;  7*  Critique  de  la  rai- 
son .pure;  8*  Principes  métaphy- 
siques delà  science  du  droit,  17969 
in-8*;  g*  Essai-  d^ anthropologie 
rédigée  dans  des  vues  pragmatiques; 
\ff  C Homme  considéré  in  concret 0 
*  et  m  abstracto  ,  etc.  etc.  etc.  Kaqt 
mourut  à&œnisberg9  le  12  févi;ier 
1804.  Jl  avait  cru  pendant  assez 
long-temps  à  la  métempsycose; 
sa  maxime  favorite  était  l'idée 
comprise  dans  les  deux,  vers  suî- 
vans  d'un  auteur  qu'il  affectionnait: 

Summum  crtde  ne/as  atâmam  priitftrrt pudori. 
Et  propttr  vitam  vivendi perdtr*  eausau» 

RANTELAAÎl(JACQUBa),  orateur 
et  écrivain  hollandais, est  né  à  Ams- 
terdam en  1759.  Les  grandes  dis- 
positions qu'il  annonça  dans  le 
cours  de  ses  études,  qu'il  fit  à  l'u- 
niv<e»ité  de  Leyde ,  lui  gagnèrent 
l'amitié  de  H.  Schuttens  ,  célèbre 
professeur  de  langues  orientales^ 
qui  lui  en  inspira  le  goût,  et  dans 
la  connaissance  desquelles  il  ne 
tanda  pas  à  se  faire  remarquer  par" 
des  succès  hrillans.  Ce  fut  à  ces 
progrès  qu'il  dut  l'avantage  d'être 
admis  comme  candidat  en  théolo- 
gie, et  d'être  appelé  successive- 
ment à  remplir  les  fonctions  de 
ministre  des  protestans  réformés 
de  .Wecwond ,  et  ensuite  de  'ceux 
d'Akneio.  C'est  là  qu'il  eut  occa- 
sion de  développer  son  patriotisme 
et  ses  taiens  oratoires,  endéfendant 
kjec  chaleur  les  réclamations  des 


KAN 

citoyens  de  cette  ville  contre  les 
droits  seigneuriaux,  soùs lesquels 
ils  étaient  accablés  par  les  Rech- 
teren,  seigneurs  d'Almelo;  mais 
lorsqu'on  1787  les  droits  furent  ré-, 
tablis  sur  l'ancien  pied,  par  l'inter- 
vention de  la  Prusse  qui  embrassa 
la  cause  des  seigneurs,  Rantelaar, 
pour  se  soustraire  aux  suites  de  la 
réaction,  renonça  à  ses  fonctions, 
et  se  retira  à  Amsterdam,  où  il  se 
livra  entièrement  à  l'étude  des  bel- 
les-lettres. Entre  autres  ouvrages, 
il  y  publia  une  traduction  de  la 
vie  du  fameux  baron  prussien  de 
Trenk,  3  vol.  in-8''.  La  révolution 
de  1795,  qui  rétablit  les  droits  de 
l'homme  sur  les  ruines  des  droits 
seigneuriaux  que  Kantelaar  avait 
attaqués  avec  tant  de  force  huit 
ans  auparavant,  le  jeta  dans  une 
nouvelle  carrière.  La  province  d'O- 
ver-Yssel  le  «nomma  député  à  la 
première  convention  nationale  qui 
se  réunit  à  la  Haye  en  1796.  M. 
Kantelaar  ne  tarda  pas  à  prendre, 
dans  cette  assemblée,  composée 
des  hoinmes  les  plus  éclairés  de 
la  république,  le  rang  que  ses  ta- 
lens  lui  assignaient.  Il  fut  un  des 
principaux  et  des  plus  éloquens 
orateurs  de  cette  assemblée.  Ses 
collègues  furent  étonnés  d'en- 
tendre un  prêtre  discuter  avec 
clarté  et  élégance,  les'^affaires  les 
plus  épineuses  de  haute  politique 
et  d'administration ,  et  développer 
les  vues  d'un  homme  d*état  con- 
sommé. Partisan  zélé  de  la  liberté, 
il  ne  proposa  jamais  de  ces  me- 
sures odieuses  et  violentes  qui 
nuisent  à  la  plus  belle  des  causes. 
Aussi  fut-il  accusé  de  modéran- 
tisme  par  le  parti  exagéré^  qui,  a- 
busantd'un  momentde  triomphe , 
fit  même  incarcérer  Kantelaar  le 


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KAR 

2a  jaûYier  1 798,  avec  to«s  ceux  qui 
oyaient  professé  les  mêoies  opi- 
nioDs;  cependant  son  parti  ayant  re- 
pris le  dessus,  il  recouvra  sa  liberté 
iei  a  juin  suivant.  Plusieurseoïplois 
honorables  et  lucratifs  lui  furent 
offerts;  mais  il  les  refusa  tous,  et 
préféra  d'établir  un  bureau  d'a- 
gence et  de  banque  à  la  Haye,  que 
la  faiblesse  de  sa  santé  le  força 
d'abandonner  après  la  années 
de  succès.  On  a,  de  cet  écrivain, 
plusieurs  ouvrages  estimés  :  Spe^ 
cimen  observât iohum  criticarutn  , 
ad  quœdam,  F.  T.  iocdy  ir^v^ 
Eloge  de  H.  A.  Schuttens  ,  Ams- 
terdam, i7g4»  Discours  surfin'^ 
pience  qu'a  exercée  le  progrès  des 
lumières  sur^  le  sert  des  femmes  ; 
Traité  sur  la  poésie  pastorale^  cou-* 
Fonné  par  la  société  des  sciences 
d'Amsterdam,  et  iniprimé  dans  le 
a' volume  de  ses4Buvres,  18 15, 
in-8*;  en  1793,  il  publia  avec  M. 
Feyth  des  Considérations  sur  les 
belles-lettres,  3vol.in-8°;en  1816, 
avec  le  professeur  Siegenbeck, 
un  ms^asîn  littéraire  sous  le  titre 
d^Euterpe»  Ml  Kantelaar  s'esj  aussi 
exercé  dans  la  poésie  légère;:  son 
Elégie  sur  la  mort  d^un  enfant ^  qui 
est  regardée  comme  un  chef-d'œu- 
vre ,  et  son  Ode  à  Schimmelpen'- 
nincky  prouveront  aux  connais- 
seurs qu'il  eût  réussi  dans  le  genre 
lyrique  comme  dans  le  genre  élé- 
giaque,  si  la  poésie  n'eût  été  pour 
lui  autre  chose  qu'un  objet  de  dé- 
lassement. Aujourd'hui  M.  Kan*- 
telaar  habite  Amsterdam  sa  patrie, 
où  il  a  établi  une  raffinerie  de  su-<- 
cre.  L'institut  des  Pays-Bas  le 
compte  au  nombre  de  ses  mem^ 
brcs.     .  .  ' 

KARASMIN  (N.), savant  litté- 
rateur russe  9  est,  dit-on  ^  l'un  des 


KAS 


55 


premiers  écrivains  de  sa  nation. 
L'empereur  Alexandre  l'a  ïiommé 
conseiller- d'état,  l'a  décoré  de 
l'ordre  de  Sainte-Anne,  et  lui  a 
donné  60,000  roubles  avec  uu  lo- 
gement dans  une  maison  de  plai^ 
sauce  qui  a  appartenu  à  l'impéra- 
trice Catherine  II,  pour  le  ré- 
compenser comme  auteur  d'une 
Jhistoire  générale  de  la  Russie,  dont 
les  9  premiers  volumes ,  qui 
vont  jusqu'à  Tannée  i56o,  ont 
paru  en  1816.  M.  Karasmin  pro- 
fesse une  sincère  estime  pour  la 
littérature  française,  et  a  traduit  en 
russe  les  Contes  moraux  de  Mar- 
nlotttel.  On  lui  doit  aussi  urte  nou- 
velle intitulée  Julie  ^  que  ,  par 
,un  juste  sentiment  de  reconnais-  • 
sance  nationale ,  M .  de  Bouilliers 
atraduite  en  français.  M.  Karùs- 
min  a  encore  donné  4  volumes 
de  Lettres  d*un  Russe  en  voya- 
ge ,  qui  ont  été  traduits  eh  %lle*- 
mand,  et  quelques  poésie!^,  parmi 
lesquelles  on  distingue  celles  qui 
ont  paru  sous  le  titre  :  Aglaia  ^ 
Moscou,  1794>  ^  vol.  in-5'. 

KAST££L£  (PlEBRB-LBOHAltD- 

Van  DEa)^  député  de  ta  conrentioâ 
hollandaise,  est  né  dans  la  provia- 
ce  de  Hx^lande.  Il  fut  pendant 
plusieurs-  années  pensionnaire  de 
la  ville  de  Harlem;  mais  lorsque  '^ 
la  révolution  de  1796  éclata  dans 
sa  patrie,  il  devint  membre  de  Ift 
convention  nationale  qui  se  réunit 
à  la  Haye.  Il  présida  plusieurs  fois 
cette  assemblée,ets'yfitremarqiier 
par  l'éloquence  et  la  logique  {^resr- 
santé  de  ses  discours.  Sous  le  règne 
du  roi  Louis,  il  fut  placé  à  la  tête 
de  la  commission  de  l'arriéré  des 
.finances.  M.  Van  der  Kasteâe  a 
aussi  cultivé  la  poésie ,  etises  pro- 
ductions en  cegenre  ont  eu  du  «uc- 


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S4  KA9 

çès  eo  QollaadQ.  On  a  df  Ji^uoei^- 
ductlon  métrique  d'O^si^n,  qm  çsl 
justement  estimée;  le  jM^oiier  to- 
hime  seul  de  cet  ouTrag^  fi  été 
publié,  précédé  d'une  pr ééice  dans 
laquelle  Fauteur  a^ite  la  que^tioa  » 
si  les  vers  mesurés  des  Greoii  et 
des  fto«9«vis  peufent  être  em- 
ployé» ««06  succès  dans  la  poésie 
hoUaudaise ,  et  il  penche  vers  cette 
O^nion.  Il  a  aussi  publié  de  bon- 
nes traductions  de  plusieurs  odes 
de  K-lopstock  et  de  ^ieland,  i  jgSf 
I  vol.  in-S%  M.  Van  der  hM&Vme 
est  mort  en  1811. 

JtASTNER  (C.  W.  G.)-  Après 
avoir  successivement  professé  la 
physique  et  k  chimie,  dans  leA  u^ 
Diversités  de  Heidelberg,  Fran0«- 
iofif  Halle  et  Bonn,  il  prît  les  ar- 
mea,  «t  combattit  pour  l'indépenr 
dunoe  de  sa  patrie.  U  devint  aiée^ 
de-campdu&ldrmarécfaalBluBher; 
l'aïQO^ntpa^iayà  la  fin  àt»  campa- 
gneis.  denBi4  et  181 5,  à  F'aris;  et 
ibt  ensuite  obargé  d'une  mission 
â^  {iondrea.  Lapais  le  rendit  à  ses 
premières  occupations;  et  il  est 
aujourd'hui  compté  '  parmi  les 
meillj^rs  chimistes  de  TÀllemar 
^e.  S^es  nombreux  ouvrages  fouisf 
sent  de  l'estime  générale.  Ils  sont 
tous  écrits  en  aflemand.  On  a  de 
lui  :  Ofsrundriss  der  chimie,  a  voL 
ia-8%i8o6,  Heidelberg;J9<!i7rai!gtf 
mr  bêgrundung  einer  }Vi$êms^ 
fhaftliohen  chimie,  a  toI.  int8* 
»8o6;  Grundriês  dtr  expérimental 
pbor^iki  !k  vol.  înf8*;  Ençyclopae-r 
dieuahe  {$àer  SHetstmge»,  in- 8*"; 
m^eiotogic  der  tmergûnisehen  it««* 
iwr,  Heidelberg,  1 806,  in-8*;  £m^ 
iitung  in  die  neimrs  chimie,  HallB, 
i6i^^in^% GâWésrbs  freund,  dont 
ila  jusqu'ici  paffu8  v.  in74'';  Deuta^ 
^k0r  Sachbach  fur  di0  Phwmacic., 


KAU 

Biêrlio,  %i%%9  $  Tioi  in-46.  Cet 
ouvrage  se  continue.  M.  tMi-r 
ner  e^t  aisoeié  à  tia  grand  nom- 
bre d'académies* 

iLAUFFMANM  (MAaiB-AnuE- 
Aii«)u«i(U*C4t«eb»e)^  Tune  it» 
femmes  qui  ont  cultivé  la  pein- 
ture avec  le  plus  de  succès^  na- 
quit À  Coire  dans  le  pajs  d«s  Gri* 
sons,  en  174*-  Dès  son  enDuwe, 
elle  montra  tes  plus  heureiiaes 
dispositions  pour  la  peinture  fA 
pour  la  musique;  néanmoios  elles# 
livra  exclusivement  à  la  peintum. 
Son  père,  peintre  médiocre,  fnai» 
homme  de  sens,  lui  donna  tes  pre ^ 
mières  lepûns  de  det  art,  et  laooo* 
duisit  ep  Italte ,  nù  elte  devait  su* 
ehever  son  éducation,  en  préseBee 
des  che&td'eeuvre  des  plus  grands 
maîtres.  Dkt  Fâge  de  1 1  ans,  An-r 
gelioa  jouiJMïait,  comme  peintre, 
d'une  réputation  qui  détermine 
i'évêque  de  €ôme.  Tille  où  son 
père  s'était  fixé,  à iaire  faire  son 
portrait  parla  jeune  artiste.  Ange* 
iica  reproduisit  si  habilement  lee 
traits  du  prélat,  que  tes  prinçi^ 
paux  personnages  de  la  ville  de 
Côme  Toulttipènl  avoir  des  por» 
traits  de  la  mhu^  main;  et  Robert 
d'Esté,  duc  de  Hodène  et  gotiver«* 
neur  de  Milan>  infonné  du  mérite 
d'Angelica^  se  déclara  son  proteo» 
tenr.  Le  cardinal  de  Roth  Tappirie 
à  Constance,  et  se  fit  peindre  par 
elle.  Ses  succès  alUient  toujouiy 
croissant;  mais  ressidiiité  qu'dte 
apportait  au  travail  altéra  sa  sen«^ 
té;  et  à  Y^  de  20  ans,  elte  fut 
forcée  de  cesser  mpmentaoémant 
de  cultiver  Lapemture.  Elle  re^t 
alors  l'étude  de  la  musique  9  àf^^ 
laquelle,  en  peu  de  temps,  eltede^ 
vint  très^-b^lle^  Partagée  entre 
eesdeux,  atts,  dantnn  taUefm  w 


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Google 


eU«  a  TOtthî  rêprodnîfe  èén  |Mm* 
cliant  iovind'ble,  sa  pensée  cons- 
tante, «ile  s'est  représentée  entré 
la  musique  «t  la  peinture;  chacu- 
ne d'eties  s'efforce  de  l'attirer  :  elle 
cède  à  la  peinture;  mais  elle  laisse 
tn  même  temps  aperceroîr  ie  re- 
gret d*êtrê  forcée  de  faire  tm  choix. 
An^eliea  parcourut,  l'Italie,  et  fit 
à  Rome,  eh  17645  «n  cours  de 
perspective.  Sur  l'invitation  de 
qoelfues  seigneure  anglais  qu'elle 
avait  connus  à  Venise,  elle  se  ren- 
dit â  Londres.  Les  plus  brillans 
«accès  marquèrent  son  séjour  en 
Angleterre,  oâ  elle  essuya  aussi 
des  cha^ns  qu'elle  n'avait  point 
encore  éprouvés.  Chargée  de  pein- 
dre les  membres  de  la  famille 
rojale,  au  milieu  des  principaux 
seigneurs  de  la  cour,  déduits  par 
les  talens  et  par  les  grâces  de  sa 
personne,  die  resta  insensible  à 
leur»  hommages.  CJft  artisle  an- 
^is,  dont  eile  avait  refusé  de  de- 
▼eoir  l'épouse,  s'eh  vengea  d^une 
fiàanière  bien  peu  digne^d'un  ga- 
lant homme.  U  choisit  dans  la 
basse  dasse  du  jieuple  un  jeiïne 
homme  bfai  fait,  et  d'une  belle 
figure,  le  revêtit  d'habfts  magni- 
fies, et  lui  fit  étudier, -quelque 
temps,  les  habitudes,  lé  ton,  ie 
langage  des  personnes  d'une  haute 
eoûdition.  Lé  jetîne  ho^me,  bien 
instrttU  d«  son  rôlfc ,  se  présenta  à 
AngeKca  «6ùs  lé  titfë  du  comte 
Frédéric  de  Hârn^^  et  parvint  k 
abuser  de  la  coDfiahce  et  de  la 
candeur  die  la  jeune  artiste.  Elle 
Taîmaetlui  donna  sa  main.  A  pei- 
ïKJ  le  mariage  esWl  oondu  9  que 
le  peintre  anglais  se  hâte  de  dévoi- 
ler Taitificê  qu*il  a  mis  en  usage. 
C^tte  découverte  causa  à  la  feùne 
«p^se  un  chagrin  qui  lui   ôta 


&A13 


55 


presque  l'usage  de  la  raison.  Ses 
amis  parvinrent  cependant  à  la 
calmer;  ils  l'engagèrent  à  porter 
plainte  devant  les  juges,  et  a  de- 
mander l'annullation  de  son  ma«- 
riage:eile  suivit  leurs  conseils,  et 
le  mariage  fut  en  effet^'annulé,  le 
10  février  ï  768,  par  un  acte  de 
séparation;  mais  avec  la  condi^ 
tiôn  de  faire  au  faux  seigneur  une 
pension  viagère  jusqu'à  sa  mort , 
qui  arriva  peu  de  temps  après. 
Angelica  trouva  dans  1  exercice  de 
son  art  de  npbles  consolations;  el* 
le  mérita  de  nouveau  les  suffrages 
du  public,  et  son  nom  fut  inscrit 
avec  solennité  sur  le  registre  dei^ 
membres  de  la  société  rojale  de 
peinture  de  Londres.  Klopstock 
et  Cessner  célébrèrent^  dans  leurs 
écrits,  le  mérite  et  les  grâces  de 
cette  aimable  artiste.  Vivement 
touchée  des  tributs  flatteurs  de 
deux  hommes  aussi  distingués  par 
leurs  talens,  elle  leur  envoya  quel- 
ques tableaux  de  sa  composition. 
Pressée  par  toutes  les  personnes 
qui  lui  étaient  dévouées  de  faire 
un  choix  digne  d'elle ,  en  juillet 
1781,  elle  épousa  Zucchî,  peintre 
vénitien  très^estimé.  Cette  union 
fut  heureuse;  elle  avait  été  formée 
par  suite  d'une  estime  réciproque. 
Angelica  désirait  depuis  long- 
temps de  revoir  l'Italie,  qu'elle 
s'était  habituée  à  regarder  comme 
sa  patrie  d'adoption.  Peu  de  jours 
après  son  mariage,  elle  partit  avec 
son  mari  pour  Ostende;  mais  eile 
s^arrêta  quelque  temps  dans  cette 
ville,  où  elle  composa,  pour  un 
riche  vamateur  aurais ,  Léonard 
de  VinH  expirant  ddrtê  tes  bras  de 
François  1*'.  Elle  se  rendit  ensuite 
à  Naples,  puis  à  Rome,  où  elle 
fixa  etiS^n  sa  résidence.  Dans  la 


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56 


k:au 


cité  même  où  Raphaël  reçut  ses 
sublimes  inspirations, , etïe  exé/cu- 
ta,  pour  l'empereur  Joseph  II, 
qui  voyageait  alors  en  Italie,  le 
Retour  d*  Arminias  vainqueur  des 
légions  de  Varus,  et  la  Pompe  fu- 
nèbre par  laquelle  Énée  honore  la 
mort  de  Pailas.  Des  succès  consr 
tans ,  et  les  témoignages  de  la 
plus  flatteuse  considération,  ne  pu- 
rent la  consoler  de  la  perte  de  son 
époux,  qui  mourut  en  1795.  Bien- 
tôt Tin  vasion  de  lltalîe  par  les 
Français  la  plongea  dans  une 
sombre  inquiétude.  En  yaiin  le 
général  L'Ëspinasse  exempta  sa 
maison  du  logement  des  gens  de 
guerre ,  et  fît  offrir  à  Angellca  sa 
protection  et  tous  les  services  qui 
dépendraient  de  lui  :  cette  femmjB 
célèbre  avait  perdu  son  énergie; 
le  charme  puissant  des  beaux-arts 
avait  disparu  à  ses  jejux;  plus  d'U- 
hmoi),  plus  de  bonheur  :  une  in- 
quiétude .  continuelle  robsédait, 
et  répandit  sur  le  reste  de  sa 
vie  la  douleur  et  Tennui.  Elle 
succomba  à  un  chagrin  vaguç., 
que  nulle  cause  apparente  ne  mo- 
tivait, le  5  novefnbre  1807,  e* 
fut  inhumée  dans  la  chapelle  de 
Saint- André  délie Fratte.ToxisX^s 
membres  de  l'académie  de  Saint- 
Luc  assistèrent  à  ses  funérailles, 
et,  comme  aux  obsèques  de  Ra« 
phaël,  ses  deux  derniers. tableaux 
furent  portés. à  la  suite  de  son  cer- 
cueil. Les  ouvrages  d-Angelica 
Kauffmann  sont  répandus  dans 
toute  l'Europe,  à  Vienaje,  à  Mur 
nich,  à  Londres,  à  Florence,, à  Eo^ 
me,  à  Paris ,  etc.  Tous  se  font  re- 
marquer par  une  grâce  ravissante, 
et  par  un  coloris  qui  était  partir 
culier  à  cette  célèbre  artiste.  Elle 
avait,    comme  peintre  de.  por- 


RAU 

traits,  rhabîtude  d'attendre  quel- 
que temps  avant  d'esquisser  .ses 
figures,  afin  de  saisir  l'attitude  Ja- 
vorite  du  modèle  qu'elle  devait 
peindre.  Dans  tous  ses  fabliaux, 
on  voit  qu'elle  s'était  efforcée  de 
mettre  en  pratique  le  précepte  de 
son  père  :  celui  de  bien  saisir les  ef- 
fets du  clair-obscur.  Ces-mêmes  ta- 
bleaux attestent  aussi  le  soin  qu'el- 
le, prenait  d'éviter  la  confusion  des 
figures,  sa  continuelle  attention  k 
raisonner  les  scènes  qu'elle  retra- 
çait, enfin  à  dessiner  avec  gQût 
ses  draperiesj  de  manière  à  ne  pas 
trop  enveloppe?  ses  personnages». 
Ce  dernier  soin  faisait  dire  à  un 
de  ses  amis,  homme  de  goût  et 
bon  juge  :  «  Vos  figures  aûgélîr 
»qiies  pourraient  marcher  sans 
»  déranger  leurs  vêtemens*  »  Ab-- 
gelica  avait  l'habitude  de  jeter  $ur 
le  papier  les  réflexions  que  ses  tra- 
vaux lui  inspkaîent  quelquefois^ 
et  elle  gardait  ces  souvenirs .  arec 
soin.  A  sa  mort  on  les  a  curieuser 
ment  examinés.  On  lisait  ces  mots 
sur  un  de  ses  ;oal)ier»  :  «  Un  jour^ 
»  que  je  trouvais  de  la  difficulté,  à 
»  exprimer  dans  Ja  tête  de  Dieu  le 
i)père  ce  que  je  sentais,  je.  dis  en 
»  moi-même:  JenjC  yeux  plus  ten** 
»ter  d'expijmer  les  choses  supé- 
»rieures.à  l'inspiration  humaine, 
»  et  je  réserve  cette  entreprise  pour 
»  le  moment  où  je  sierai  dans  )q  cjel; 
»  si  cependarit  au  cieVon  fait  de  la 
»  peinture.  »  M.  G.  de  Eossi  a  pur 
bliéia  vie  d'Angelica  sous  ce  titre: 
Vit  a  di  Angelica  Kauffinann  pU- 
friVe,  Florence,  1810. 
^  KAUFFMANN(N.),célèbre.mu- 
sicien  et  mécanicien  de  Dresde,  a 
inventé  et  exécuté  plusieurs  insr 
trùmens*  de  musique,  tels  que 
le  bellçhéon  ,    le  cordauledion  ejt 


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Vkarmonicordê;  An  doable  mérite 
qui  àe.  rend  déjà  si  recommaDda-* 
ble  aux  yeux  des  amis  des  arts , 
M.  K.aufi'mann  joint  encore  celui 
de  très-habile  exécutant.  Il  s'est 
fait  entendre  dans  plusieurs  Tilles 
étrangères,  où  ses  soirées-  ont  eu 
le  plus,  gr^ud  succès,  et  ont  été 
constamment  suivies,  pans  un 
Yoyage  qu*il  a  fait  à  Paris»  en  1817, 
il  s'est  montré  jaloux.d'obtenir  les 
suffrages-des  artistes  çt  des  ama-% 
t£urs  français,  qui  se  sont  plu  4 
rendre  justice  à  ses  lalens.  Qn 
doit  aussi  à  1!À.  Kauffmann  un  m- 
tomate-trompette ,  qui  est  généra- 
lement regardé  comme  un  chef- 
d'œuyre  de  méciiplque. 

KADNITZtRITTBERG  (Ve»- 
CE$i.^s,  p&iNGE  de),  qui  a  passé  long- 
temps pour  le  plus  habile  dipLoma*- 
teet  le  plus  grand  homme  d'état  du 
4^*'  siècle ,  naquit  en  Autriche 
eo  1710.  Destiné  d'abord  par. sa 
famiUè.à  l'état  ecclésiastique,  la 
mort  de. son  frèm.  aîné  le  jSt  re- 
noncer aux  hpuniturs  de  l'Ëgiise, 
et  il  entra  très-j.eune  encore  dans 
U.  carrière  diplomatique.  Chargé 
successivement  de  plusieurs  mis- 
sions importantes,  il  s'en  acquitta 
à  la  satisfaction  \  de  l'empereur 
Charle».  yi ,  qui  le  nomma  son 
chambellan,  et  qui  le  jugea  digne 
de  représenter  l'empire  germani- 
que, au  congrès  d'Aix-la-Chapel- 
le, fin  1743.. Le. prince  de  K.au^ 
nitz  signa,  au  nom  de  l'empereur, 
le  traité  de  paix  mémorable  qui 
iut  conclu  en  cette  ville.  Il  fut 
chargé  ensuite  d'une  négociation 
qui  offrait  de  bien  plus  grandes 
difficulté;^,. et  qu'il  ter/adina  de  la 
manière  la  plus  heureuse.  II.  parr 
Tint  à  faire  .changer  entièrement 
le  isyitème  politique  du  cabinet  de 


KAU  57 

Yersailles.  L'ancienne  inimitié  qui 
avait  régné  entre  les  maisons  de 
France  et  d'Autriche,  depuis  Char- 
les-Quint et  François  I*S  fit  place 
à  une  étroite  alliance  qui  étoi^na 
toutes  les  nations.  Par  un  mélanr 
ge  adroit  de  hauteur  et  de  sou- 
plesse, le  prince  de  Kaunitz  arri-  ^ 
va  au  but  que  l'on  avait  jusqu'a- 
lors jugé  impassible  d'atteindre. 
Il  s'attacha  d'abord  à  gagner  la 
femme  qyi  exerçait  à  cette  époque 
la  plus  haute  influence  sur  le  mo- 
narque ,^  et  qui  réglait  presque  à  ' 
elle  sébile  les  destinées  de  la  Fran- 
ce.  Négociant  bien  plus  avec  la 
u^arquise  de  Pompadour  qu'avec 
-le  ministère ,  il  obtint  encore  que 
rorgt^eilleuse  impératrice-reine , 
la.pieuse  Marie-Thérèse,  appuyât 
ses  né^ciations,  en  écrivant  de 
sa  main  les  lettres  les  plus  flatteu*- 
ses  à,  la  favorite  de  Louis  Xy.  Ces 
grands  moyens  i'éussirent  parfai- 
tement. Le  roi  de  France ,  qui  ar 
vait  feit  une  guerre  si  cruelle  à 
Marie-Thérèse,  devint  son  allié; 
et  le  roi  de  Prusse ,  qui  avf^it  été 
l'allié  de.  la  France,  devint  son  en- 
nemi.. La  France  et  l'Autriche  s'u- 
nirent après  trois  siècles  d'une 
discorde  sanglante.  Le  traité  fut 
signé  à  Versailles  entre  Lftuis  XV 
et  MaricrThérèse,  en.mai  1756;  et 
l'édifice  politique,  élevé  par  le 
cardinal  de  Richelieu,  fujt  renverr 
se;  cette  alliance,  que  bien  des 
bpmmes  d'état  traitaient  d'union 
monstrueuse,  tourna  en  effet  entiè- 
rement à  l'avantage  de.  l'Autriche*, 
L'abbé^  de  Bernis,  depuis  cai:dindl, 
à  qui  on  fit  houneur  du  traité,,  et 
qui  y  avait  eu  la  moindre  part, 
sentit  un  des  premiers  combiea 
fiette  union  pouvait .  devenir  fu- 
neste à  la.  France.  M^s  dès  qu'il  ' 


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S8 


KâV 


yompad<Mfr  le  fit  disgraeier.  Le 
pWnce  de  Kaunitz,  à  la  tête  du 
ministère  d'Autriche,  sous  Marie* 
Tkérèse  et  sous  l'empereur  Jo- 
seph II,  eut  depuis  constamment 
à  lutter  contre  un  génie  du  pre* 
mSer  ordre.  Le  roi  de  Prusse, 
Frédéfic  II,  qui  n'arâit  point  de 
ûiaîtresse  qu'on  pût  séduire,  était 
aussi  fort  dans  son  cabinet  qu'à  k 
têt^  de  ses  armées.  Il  fallut  eou«* 
Tent  fléchir,  et  rabaisser  devant  lui 
l'orgueil  de  la  maison  d' Autriche. 
Frédéric  démôla  tous  les  plans  du 
prince  de  KaunitK^  et  les  fit  tou- 
jours avorter.  Le  projet  le  plus 
cher  à  Tempereur  d'Allemagne  é^ 
Uût  sans  doute  celui  de  réuoir  à 
ses  vastes  domaines  l'électdrat  de 
Bavière.  La  courte  guerre  de  1778 , 
et  la  paiit  de  Tescben,  à  laquelle 
rAutri<4e  fut  forcée  de  souscrire, 
mirent  fin  à  ces  projets  d'envahis* 
sèment.  Ce  fut  la  dernière  défaite 
du  prince  de  Kaunitx ,  et  le  der^ 
Aier  triomphe  de  Frédéric  IL  Le 
long  ministère  du  prince  se  ter-' 
mina  sans  événemens  impoitans. 
Possédant  des  qualités  très-esti-^ 
mables,  cihéri  des  trois  souverains 
qui  se  succédèrent  sur  le  trône,  à 
la  tête  de  Tadministration  de  l'en- 
tât, sans  avoir  jamais  subi  de  dis-> 
grâce  ;  comblé  de  biens  et  dlion** 
neurs,  le  prince  de  kaumtz  mourut 
à  l'âge  de  84  ans ,  laissant  l'héri- 
tage  d^un  nom  sans  tache,  et  une 
immense  fortune  à  ses  nombreux 
desceàdans. 

KAUNITZ-RITTBERC^QUBS- 
TAMBEAG  (lb  privcs  Alots),  pa-* 
rentdu  célèbre  ministre  de  Marie-* 
Thérèse  et  chambellan  de  ('empe* 
reur  d'Autriche,  né  le  ao  juin 
1794)  entra  de  bonne  heure  dans 


la  carrière  diplomatique^  et  Ait  «ne- 
ceasivement  chargé*  par  ia  coor 
de  Vienne  de,  diverses  ambassades, 
à  Dresde,  à  Copenhague,  à  Na^ 
pies  et  à  Madrid.  Il  fut  remplacé 
dans  cette  dernière ,  en  1816,  par 
le  comte  de  Saurau ,  puis  dèeoré 
de  r<ordre  de  'Saint-Étienne  àé 
Hongrie ,  et  chargé  d'uiM  miosioii 
près  de  la  cour  de  Rome.  Le  comté 
de  Rittberg,  propriété  du  prince 
de  Kanniti  <  se  trouvant  faire  per« 
tie  de  la  Prusse  par  l'acte  du  cou* 
grès  de  Tienne  du  9  juin  i6i5, 
ce  prince  est  devenu  eujet  de  deux 
souverains. 

KAUTS  (CoHSTAifnx-FftAxçms-* 
AHTOiifB  de),  savant  autrichien, 
né.  à  Tienne  en  i^SS ,  étudia  d'a- 
bord la  médecine  et  le  droit ,  et  se 
livra  ensuite  â  des  recherches  ap» 
profondies  sur  l'histoire  de  son 
pays.  En  1 77a,  il  Ait  nommé  mëm* 
bre  de  la  censure  des  livres  dans 
les  états  de  l'Autriche*  On  distin- 
gue p^rmi  les  ouvrages  de  ce  sa* 
vaut  :  VEêêûi  d'une  histoire  des  sa* 
vans  d  Autriche  :  une  Histoire 
pragmdtiïfuedumâr^uisat  é^Aatti" 
chenet  desÈetaireissemens  sur  tes  ûT' 
mesdel'archiduehéd  Autriche,  La 
crojadce  aut  sorciers ,  aux  vam-* 
pires  et  aux  enchanteurs  était  en« 
core  fort  accréditée  dans  sa  patrie; 
il  publia,  en  1771,  un  ouvrage  in- 
titulé de  Culiibus  magieis,  Kauts 
mourut  le  28  janvier  1 797,  à  l'âge 
de  6a  ans. 

KEATE  (GxORexs),  membre  dé 
la  société  royale  de  Londres  et  dé 
celle  des  atitiquaires  de  la  même 
ville,  naquît  vers  1750,  et  fit  ses 
études  au  collège  de  Kingston.  Il 
voyagea  ensuite  dans  la  plus  grande 
partie  de  l'Europe,  et  s'arrêta 
quelque  temps  k  ôenève  ,  oA  il 


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èaebercàa  l'occwon  d«  ^roîr  VoJ^ 
laire,  qui/raceueûliit  ayeo  beau* 
i»>up  de  bieoY^iUance.  Il  reYÎat 
ensuite  en  Angleterre,  etfutnom-» 
ifté  asMAseur  du  eoUksge  de  droit 
da  temple  à  LQudfes.  Il  mounit 
daos  isette  ville  ^o  i79^-  On  bu 
doit  uft  grand  nombre  d'ouvrages» 
qui  ae  4irtiQguent  gétwralecnent 
par  beaucoup  d'origioaiiié  dans 
les  idées  et  d'élégance  dans  le 
^yle.  Les|Mioc!i|WBXsont:  i^Ronu 

qui  i^ut  un  aceumi  ÊiTorable  du 
publie  ;  2*  TuUsaa  abrégé  é»  ChiS" 
tolr4  ancienne,  du  gouvernement 
«P/M0/  et  des  lois  dfi  la  répubii4fue  as 
Genàee,  jn-8*.  Cet  ouvrage  est 
dédié  à  Voltaire^  qin  s'était  d'abord 
propoeé  de  le  traduire  >  mais  qui 
diaagea  ensuite  d'avis,  à  cause 
d'un  éloge  pompeux  que  &eate  fit 
de  Shakespeare  <kns  une  épitre 
«dressée  à  Voltaire.  S"*  Lae  Alpee^ 
poëme»  1^763;  ^•l'ÀbbayedéNet^ 
H^f  poëme,  1769;  5**  le  Tambeaa 
deme  rjreadie,  poëme  dramatique; 
dont  le  fonds  est  pria  dans  le  eé* 
lèbre  tableau^lu  Poussin,  Londres» 
1773;  6"  Esquisse  diaprés  naiure, 
d^esinée  et  eolorUe  dans  un  f>oyage 
à  Margata^  1779^,  d  vol.  in-ria* 
Cet  ouvrage  eat ,  de  tous  ceux  de 
Keate^  celui  qui  a  été  le  plus  géf 
oéralement  goûté  en  Ao^tenne. 
^"L'Behétiade;  c'est  le  fragment 
4*un  poème  en  loohamsquerau- 
leur  avait  entrepris  sur  la  révolu* 
tloA  suisse»  et  qu'il  abandonna  en* 
fuite  d'après  le^i  eonseîis  de  VoK 
49ini.S'fieiaiL9mdsetl0sPelem^,eemp 
posée  eur  les  journaux  ei  eaminu* 
nieaihns  éacapUaine  BanryWiU 
samMde  plusieurs  de  sas  affieiere 
quàisn  a0êi  178%,  y  firent  nmfra^ 
g0ifLMéB6$,  i7&^in-4*.  Le  pro<* 


«hW 


KJbà  $9 

4e  œtte  felatio»»  très#bie« 
écrite»  eutunedestinatîoo  honora-  . 
i>le  :  il  fut  tout  entier  ooasaoré 
à  soulager  les  victimes  du  naufrage 
qui  en  fait  le  sujet;  elle  a  été  trà/^ 
éxkite  en  français. 

]i£ATfi  (Tbo>as),  membre  de 
la  société  ro  jale  de  Londres»  cbU* 
rurgien  de  la  famille  royale,  etoht«- 
rurgtêo  en  chef  des  armées  an^ 
glaises,  a  ppblîé  :  i**  un  Recueil 
à'Ohsermtianesarl'hydrocèleêtla 
tnanUare  4e  traiter  cette  maladie  f. 
9'  un  happert  sur,  iee  relatiane 
entre  les  dieers  cemités  chargés 
4e  eeiUer  à  Imitait  sanitaire  des  ireu^ 
peSf  18081-1809.  M.  Keate  eet 
aussi  estimé  pour  son  caraotèr^ 
que  pour  ses  talens. 

&ËATS  (fiiAaiéuAao-Go»vnii)» 
contre^mirai  anglais»  acquit  de 
bonne  lierre  la  réputation  d'un 
habile  marin.  Il  n'était  que  sim« 
pie  lieutenant  à  bord  du  vaisseau 
le  prince  George,  qui  faisait  paitie 
de  l'esoedre  envoyée  aux  Indes 
occidentales»  sous  l'amiral  Eodr 
nej»  et  sur  lequel  le  duc  de  Gla«r 
rence  était  embarqué  comme  gar-» 
dennarine  :  et  déjà  regardé  .corn* 
me  un  homme  qui  avait. sur  m 
profession  les  ootioos  les  plus  étea-* 
dues,  Keats  fut  chargé  de  l'ios*» 
truction  du  prince  dans  cette  par* 
tie.  Ces  rapports  établirent  bteat6t 
une  liaison  intime.  &eats  fut  eoni^ 
tammeot  protégé  par  le  prince  # 
quieontribua avec  zèle  è  son  avant* 
(*ement.  Sn  1789»  lé  lieutenant 
&eats  fut  élevé  au  grade  de  capi^ 
taine.  Dans  l'action  d'Algésîras»!* 
la  jiûUet  iSoj»  il  commandait  le 
vaisseau  lO'Superbe  »  qis^  montait 
Tamiral  Duekworth.  A  la  bataiUe 
de  San-Domittgo,  leg^vrier  1804^ 
le  litre  de  coiooel  des  royidet  ma» 


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6d 


&£I 


rines  lui  fut  accordé.  Le  2  octobre 
iS^j  il  itit  promu  au  grade  de  con- 
tre-amiral de  Tescadre  Bleue.  C'est 
à  lui  que  le  marquis  de  la  Romana, 
«insi  que  les  troupes  espagnoles  qui 
étaient  sous^es  ordres  dans  le  nord 
de  TEurope,  durent  les  moyens  de 
•s'échapper  9  pour  retourner  dan»^ 
leur  pays.  £a  octobre  1808,  il  re«- 
çut  le  grand-cordon  de  Toixlre  du 
Bain. 

KEITH  (George  ëlphiitstonb^ 
LOfts  YicOMTE  de)  ,  célèbrc  amiral 
anglais 9  etc.,  né  en  17479  d*une 
ancienne  famille  d'Ecosse,  mon*- 
tra  dès' sa  jeunesse  du  goût  pour 
le  service  de  mer,  et  se  distingua 
bientôt  dans  la  marine  royale  de 
son  pays.  Il  y  passa  d'abord  par 
tous  les  grades  inférieurs,  ainsi 
que  l'exigent  les  lois  anglaises  qui 
n'admettent  aucune  exception,  ù 
.cet  égard,  même  pour  les  princes 
«in  sang  royal.  Nommé  lieutenant 
de  vaisseau  en  1773 ,  il  fut  promu 
au  grade  de  capitaine  en  1775. 
£lu  deux  foi$,  en  1774  et  en  1780, 
membre  du  parlement  par  le  com- 
té de  Dumbarton ,  et  pour  la  troi**- 
sième,  en  1786,  par  le  comté  de 
Stiling,  il  figura  parmi  lesmem^* 
bres  indépendans  de  la  chambre 
des  communes,  qui  ne  votaient 
constamment  ni  pour  le  ministère 
ni  avec  l'opposition.'  Il  tenta  vai^- 
nement ,  en  1 780 ,  ^  de  réconcilier 
entre^ux  MM.  Pitt>  Fox  et  le  duc 
de  Portland.  Employé  dans  la 
guerre  contre  les  colonies  d'Amer 
.rique,  il  s'y  distingua,  et  com- 
manda long-temps  un  vaisseau  de 
74canon8.  En  1793,  il  faisait  par^- 
tie  de  la  grande  flotte  de  la  Médi- 
-  terranée,et  commanda/^  Robuste 
d^tns  l'escadre  de  l'amiral  Hood. 
Il  entra  dans  le  port  dé  Toulon 


KEI 

lorsque  cette  ville  eut  proclamé 
Louis  XVII ,  et  eut  le  commande- 
ment "du  fort  de  la  Malgue.  Cette 
expédition  lui  valut  l'ordre  da 
Bain  et  le  grade  de  contre-^amiral  de 
l'escadre  Blanehe.  Après  la  prise 
du  cap  de  Bonnes  Espérance,  dont 
il  s'empara  en  1795,  il  fut  créé 
pair  d'Irlande  avec  le  titre  de  ba- 
ron Keith  du  Stone-Haven  *-  Ma» 
risobal.  Peu  de  temps  après ^  il  re- 
joignit la  flotte  du  canal  aux  or* 
dres  de  lord  Bridport ,  q&'il  rem- 
plaça avec  le  titre  de  vice-amiral. 
En  1800,  il  futchargé.du  booïbar- 
dement  de  Gènes  ;  delà  il  passa  à 
la  baie  de  Cadix  avec  le  grade 
d'amiral,  pour  soutenir  l'entrepri- 
se du  général  Abercrombie  contre 
cette  plac6.£n  1804 ,  il  eutle  com- 
mandement delà  flotte  qui  trans- 
porta l'armée  anglaise  sous  lesor^ 
dres  du  mêmegénéral  en  Egypte  , 
où  il  contribua ,  par  ses  bonnes 
dispositions,  au  débarquement  des 
troupes.  Lord  Keith,  dont  la  gloire 
militaire  avait  été  jusque-là  sans 
tache ,  y  porta  atteinte  à  cette  épo- 
que ,  par  la  yiolation  de  la  con- 
yentioa  d'ElArisch.  Il  exigea  que 
tous  les  Français  qui  avaient  pro- 
mis d'évacuer  librement  l'Egypte 
se  rendissent  prisonniers  de  guer- 
re. Le  général  Desaix  lui  adres- 
sa, à  cette  occasion  y  de  vifs  re- 
proches sur  sa  foi  punique  ;  mai« 
sa  conduite  fut  approuvée  par  le 
gouvernement  britannique,  qui  le 
combla  d'honneurs  et  de  biens.  Il 
reçut  les  remercîmens  des  deux 
eljiambres  du  pariement,  obtint 
la  pairie  4i'Angîeterre,  la  permiis- 
sion  de  porter  l'ordre  turcduCrois- 
sant,  la  place  de  chambellan,  se- 
crétaire et  garde  du  sœau  du  prin- 
ce de  Gallçs  >  etc.'  La  ville  de  Lob:- 


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'dres  lui  envoyai  la  lettre  qui  lui 
donaait  le  droit  de  cité,  dans  une 
boîte  d'^or  dé  grand  prix.  En  i8o3, 
il  fut  nommé  amiral  dePlymouth. 
Il  avait  le  commandement  de  la 
flotte  dans  la'mer  Baltique ,  et  eut 
ordre,  en  1807,  devenir  présider 
la  cour  martiale  formée  pour  juger 
des  causes  de  l'échouement  du 
vaisseau  le  Conquestudor  sur  les 
bas-fonds  de  la  baie  de  Quiberon. 
En  iBi4  9  le  prince-régent  lui  don- 
na le  titre  de  vicomte.  Lord  Keitb 
a  épousé  la-  riche  héritière  de  Wil- 
liam Mercer.  Elle  mourut  après 
ufte  année  de  mariage.  Sa  fille  uni* 
que^.Margùerite-Marie  Elphinsto- 
ne,  a  épousé,  en  1816,  après  une 
longue  résistance  de  son  père  ,  le 
général  comte  de  Flahaut ,  ancien 
aide-de-camp  de  Napoléon. 

KELLER  (Loris  -  Dorothée, 
COMTE  DE  ),  fils  d'un  aucicn  con- 
seiller du  duc  de  Wurtemberg , 
est  lié  à  Stedten,  près  d'Erfurt. 
Il  commença  ses  études  à  Goettin- 
çue,  les  acheva  à  Strasbourg,  et 
entra,  dès  qu'ellesfurent  terminées^ 
ati  service  de  Prusse ,  où  il  se  dis- 
^ngua  dans  la  carrière  diplomati- 
que. Il  était  très-jeune  encore 
quand  il  obtînt  le  titre  de  ministre 
plénipotentiaire  près  la  cour  de 
Suède.  Après  la  mort  du  grand  • 
Frédéric,  son  successeur  ayant 
jugé  le  comte  de  Kelier  digne  de 
toute  sa  coiifiahce ,  le  icontinua 
dans  ses  fonctions ,  et  lui  confia 
bientôt  Timportante  mission  de 
plénipotentiaire  près  delà  cour  de 
Russie..  En  1789  il  fut'  envoyé  à 
la  Haye ,  et  concourut ,  avec  les 
ministres  d'Angleterre  ,  d'Autri- 
che et  de  Hollande ,  aux  arrange- 
tnens  par  lesquels  l'autorité  de  la 
maisoB  d'Autriche  fut  rétablie  en 


K£L 


61 


Relgique.  Il  assista,  en  1795,  à 
une  réunion  de  diplomates  et  de 
généraux,  qui,  sans  l'autorisation 
de  leurs  souverains  respectifs , 
donnèrent  à  cette  réunion  le  nom 
de  Congrès,  pour  délibérer  sur 
les  propositions  faites  par  Du- 
mouriez  fugitjf,  de  subjuguer 
la  France.  •  Il  fit ,  de  concert  a- 
vec  M.  de  Stahremberg,  minis- 
tre d'Autriche ,  rejeter  ces  propo- 
sitions comme  insuffisantes ,  et 
surtout  parce  qu'elles  exigeaient 
de  la  part  des  coalisés  des  conces- 
sions trop  fortes.  Sur  ces  entre- 
faites ,  les  Français  entrèrent  en 
Hollande,  et  mirent, fin  aux  déli- 
bérations du  prétendu  congrès. 
Par  la  même  cause,  la  mission  du 
comte  de  jLeller  près  des  États- 
Généraux  se  trouvant  finie,  il 
resta  dans  Finactîon  j  usqu'en  1 797, 
époque  où  il  fut  envoyé  à  Vienne 
en  qualité  de  ministre  plénipoten- 
tiaire. Il  résida  près  de  cette  cour 
jusqu'en  i8o5,  et  donna  alors  sa 
démission,  se  proposarit  de  vivre 
dans*  la  retraite.  En  1807,  on  lui 
offrit  d'entrer  au  ministère  des 
affaires  étrangères  en  qualité  de 
second  ministre;  mais  son  oppo- 
sition au  système  politique  de  M. 
de  Haugwits  lui  fit  refuser  cette 
place.  Après  l'organisation  du 
royaume  de  Westphalie  enfa- 
veur  de  Jérôme  Bonaparte,  le 
comte  de  Keller  ne  voulut  point 
s'attacher  au  nouveau  gouverne- 
ment de  ce  pays,  bien  qu'il  en 
dépendît  par  ses  propriétés.,  Il 
consentit  néanmoins  à  être  mem- 
bre des  états  provinciaux  convo- 
qués à  Cassel.  Il  voulut  bien  aussi 
remplir  les  fonctions  de  ministre 
du  prince-primat,  grand-duc  de 
Francfort  (  le  duc  de  Dalberg , 


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6^ 


fkEh 


son  ami  )  9  aufwè«  d«  reœjpei^ettr 
Ifapel4on.  Le  comte  de  KeUer 
quitta  Paris  en  18 13;  el  k>P9<|ye9 
par  les  èTénemensde  la  guerre^  le 
rojaume  de  Westphalie  eut  cesse 
d*exister^  l'éleeteur  de  Hesse  ayant 
repris  le  {^ouTentemeut  de  ses 
ancieas  états 9  ne  manqua,  pas 
d'empk)jer  de  nouveau  ses  taleas 
ctiplomatiques  i  eu  le  chargeant  de 
défendre  se»  intérêts  au  congrès 
de  Vienne.  Dés  que  ks  opératiof» 
de  ce  congrès  furent  termiaées  p 
le  comte  de  Seller  rentra  au  set- 
vice  du  roi  de  Prusse.  Il  fut  nojn- 
Boé  premier  président  de  la  «4^ 
gence  d'Erfurt  ^  en  iSi5. 

KËLLEAMANN  (  Fearçoïs- 
GflaiSTOPBft,  DUC  M  YAUiT)^  pair 
«t  maréchal  de  France,  sénateur 9 
grand-cordon  de  la  légion*4'hon-^ 
iieur,  grand*<!roix  de  l'ordre  de 
Saint-Louis,  etc.,,  naquit  à  Strass- 
bourg  f.  département  du  BaSrRhin, 
le  5omai  1755.  Un  goûl  proiioncé 
pour  rétat  militaire  lut  fît  prendre 
du  service  comoïe  simpl&hussard, 
ayant  à  peine  atteint  sa  17*  anikée. 
Son  zèle^  son  imelUgence^  aa 
passion  pour  les  a(rmes,  le  firent 
distinguer  et  aimer  de  ses  ob«rfe  ; 
6t  ayant  donné,  pendant  la  guette 
de  se^t  ans  ,  de^  preuves  réité- 
rées de  ses  talens  et  de  son  coura« 
ge ,  il.  devint  ofitder  et  obtint  assec 
rapidement  le  gradé  de  colonel  du 
végiment  de  Golonel-général  hus^ 
sards;  en  1788,11  était  raaréchalr* 
4le*-oâmp<  Il  adopta  a'vec  enthou-^ 
miasme  les  principes  de  la  rérold* 
tion ,  et  fut  envoyé  en  Alsace  afin 
d'arrêler  Tindiseiplinedes  troupes 
que  fomentaient  en  secret  les  offin 
ciers  ennemis  du  nouvel  ordre  de  , 
eîhoseS^  Il  y  réuasit  en  partie  ;  et 
pour  retremper  le  moral  dea  sel** 


JL£t 

dats,  il  lesr.  engagea  à  fréqM«Ajk)r 
les  sociétés  populaires  ^  pures 
alor»  de  tout  esprit  de  démagogie. 
La  ville  de  Landau  lui  décerna  , 
en  reconnaissance  de  son  zèle  pa- 
triotique ^  une  eouranne  civique, 
^  d^  remercîmens  solennels.  A 
l'époque  du  10  août  179» ,  le  gé^ 
néral  ILettermann,  comme  tons 
les  fonctionnaires  publics  et  ehe£s 
de  corps  y  adhéra;  aux  érénemens 
de  eette  journée,  et  prêta  serment 
è  la  liberté  et.  à  l'égalité.  NomuEié 
peu  d^  lemps  après  commandant 
de  l'armée  de  la  Bfosirile ,  M  fit  sa 
jonction  avec  celle  de  Dutnouriva, 
dans  ks  plaines'de  la  Champagne. 
Chargé  de  défendit  la  position  de 
Valmy,  Je  combat  qu'il  soutint  le 
19  septembre  de  la  même  année» 
décida  le  succès  de  cette  campa- 
gne, eteut  pour  résultat  remarqua- 
ble y  la  itotraite  dss  troupes  alliées^ 
Il  passa  ensuite  soua  les  ordres  du 
général  Cuétine,  qui  l'accusa  à  la 
oonvention  nationale  d'avoir  né^ 
gligé  de  s'emparer  de  Trèvea  et 
de  Mayence.  Indigné  d'un  sem^ 
blabla  rapport ,  le  général  KeUer- 
fliiann  écrivit  à  lamême  assemblée: 
«  que  cette  dénonciation  ne  pou-^ 
jrrait  être  que  l'effet  de  la  folie  ou 
jtduyin.  »  A  cette  époque  d'effer- 
vescence, lea  généraux  étaient 
attaqués  ou  défendus  au  gré  des 
hommes  dont  le  parti  avait  le  plus 
d'influence  ,  sans  égard  aux  difii*- 
cullés  de  1»  position  dans  laquelle 
ces  généraux  se  trouvaient;  il 
fallait  vaincre  pour  n'être  pas  ac* 
ûusé,  et  la  victoire  ne  préservait 
pas  toujours  d'absurdes  dénoncia* 
tiens.  C'est  ce  qui  arriva  au  géné« 
rai  Kellermann.  Il  fut  tour  à  tour 
protégé  et  accusé,  soit  dans  son 
commandement  d^  l'armée  de  la 


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lô/Ttje  ro- 


Pcu^e  tf2 


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IkJÊL 

Moselle^  sait  lors  du  siég*  de  b 
TÎUe  de  LyoQ  ^  dant  il  condobk 
les  preinières  Dpératîons  saos 
beaucoup  de  succès. Fatigpié  d'être 
en  butte  à  ces  dénoocîations  jour-^ 
nalières,  il  demanda  à  passer  à 
l'armée  des  Alpes ,  oïl  ses  services 
contribuèrent  à  défendre  nos 
frontières  méridionales.  Les  dé- 
nonciations se  renouTelèrent ,  et 
elles  eujrent  assez  de  force ,  bien 
<{iie  •  dénuées  de  f«ts  suffîsans 
pour  tes  motif  er^  poifr  le  £iire 
destituer  et  arrêter.  Transféré  à 
Paris  9  il  fut  ix>nduit  à  la  prison 
mîlitaâre  de  l'Abbaye^  en  septem-* 
bre  17959  et  j  resta  jusqu'à  l'é- 
poque de  sa  misie  eo  jugement  au 
tribunal  céToLutionnaâre  C'était 
après  la  rérolulion  du  9  thermidor 
ad  3  (27  juâlet  1794),  et  il  fut 
acquitté.  £n  1795,  il  reprit  le 
commsaidement  de  l'armée  des 
Alpes  et  d'Italie  9  et  ne  put  se 
iaire  renuorquer  que  par  sa  résisr* 
tance  à^es  forces  bien  supérieu-* 
veaanz  siennes.  Le  général  Bo*^ 
naparte  ayant  été  nommé,  par  le 
directoire-exécutif^  commandant 
en  ebef  de  l'armée  d'Italie  9  le  gé^ 
néral  Kellermaan  cooserra  celui 
de  l'armée  des  Alpeft,  qui  fut  re- 
gardée^ comme  une  réserve  et  une 
armée  d\)bservation.  Étant  à  Paris 
en  1 7979  et  après,  avoir  donné  à  la 
g«idarmene.nne  organisation  ré*' 
gulière,  le  général  Kiellermann 
regut  du  directoire  l'ordre  de  se 
rendre  à  Lyon  et  de  mettre  cette 
ville  en  état  de  siègel^  En  1798  9 
se  tfouTànt  au  théâtre  d'Anger^  9 
il  y  reçut  une. couronne  qu'il 
s'empressa  d'enro  jer  aux  autorités 
constituées.  De  retour  à  Paris  9  il 
fut  nommé  membre  du  bureau  mi« 
litaire  établi  près  le  directoire.  II 


KEL 


65 


prit  p#u  de  pMrt  à  la  révolution  du 
kS  brumaire  an  8  (  9  novembre 
1799  )  '  ^  néanmoins  il  fut  nom- 
né  membre  du  sénat  conserva- 
teuTy^dont  il  devint  président  le 
2  août  1801.  Grand-cordon  de  la 
léglio&-d'honneur9  le  5^  juillet  de 
l'année  suivaRte9  il  obtint9  peu  de 
temps  aprèSyla  plus  honorable  ré* 
compense  de  ses  longs  et  utiles 
service»;  il  fut  nommé  maréchal 
de  l'empire.  Il  était  pourvu  de  la 
fténatorerie  de  Goimar^  lorsqu'en 
i8o5  il  3e  rendit  dans  le»  départe- 
mens  du  Haut  et  du  Bas^-Rhin, 
pour  j  organiser  les  gard^  na- 
tio»9d^.  Sa»reconnaissauee  pour 
le  ohef  du  gouvernement  ^  qui 
avait  acquitté  envers  lui  1a  dette 
de  k  patrie 9  lui  fit  proposer,  au 
mois  dj9  juillet  18069  réfection 
d'un  monument  en  l'honneur  de 
l'empereur  NapoléoiK  Ce  prince 
lui  confia  9  lor»  de  la  campagne  de 
Prusse  9  l'organiâiîtion  des  régi- 
mens  provisoires  à  Mayence  ;  et, 
en  1:8099  le  commandement  du 
corps  d'observation  de  l'Ëlbi».  £n 
181 1 9  il  le  chargea  de  présider  le 
collège  électo^rat  du  département 
du  Haut-BJ^.  A  la  suite  de  la  ba- 
taille de  Hanam  (5o  et  3i  octo:br^ 
i#i5)9ldmaréchalKellermaon  prit 
le  commandementde  toùtesle»  ré-* 
serves  à  Metz.  Les  événemefts  po^ 
litâques  de  1814  le  trouvèrent,  ainsi 
"que  tousles  dignitaires  et  fonction» 
naires  de  l'empije  9  prêt  à  se  ratta-* 
cher  au  gouvernement  royale  et 
le  1"  avril  (i8i4)  9  il  vota  la  dé- 
ehéance  de  l'empereur  et  la  créa*^ 
tion  d'jin  gouvernement  provi* 
soîre.  Après  la  première  restaura- 
tion ,  le  roi  le  nomma  commissaire 
extraordinaire  dans  la  5*  division 
juilitaire.,  gnind'croix  de  l'ocdre 


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04 


KEL 


Foyial  et  militaire  de  Saint-Louis , 
et  y  le  4  juin ,  membre  de  la  cham- 
bre des  pairs.  Le  maréchal  Kel- 
lèrmisinn,  n*ajânt  exercé  aucune 
fonction  pendant  les  cent  jours  , 
reprit  de  droit  sa  place  parmi  les 
pairs,  après  la  seconde  restaura- 
tion,  en  juillet  181 5.  Ctst  ancien 
et  illustre  guerrier  mourut  le  i5 
'  septembre  1820,  &  l'âge  de  85  ans. 
Son  cœur  a  été  transporté ,  con- 
formément à  sa  dernière  Toloiité , 
À  Valm y,  «  ^fîn  qu'il  reposât  parmi 
»les  restes  de  ses  brâyes  compa- 
»  gnons  d'armes.  » 

KELLëAMANN  (  N.  MARQUIS 
DE  Valmt  )  ,  fils  du .  précédent , 
lieutenant-général  ;  grand<cordon 
de  la  légion-d'honneur,  chevalier 
de  Saint-Louis ,  e$t  né  à  I\letz  , 
département  de  la  Moselle,  yers 
Ï770;  il  fut  élevé  à  Paris  9  au 
coÛége  des  Quatre-Natîons.  Il  fit 
ses  premières  armes  près  de  son 
père  et  sous  sa  direction.  En  1 796 , 
il  était  adjudant-général  à  Tarmée 
d^Italie,  où  il  montra  une  valeur 
et  des  talens  héréditaires.  Au  pas- 
Sfige  du  Tagliamento,  il  chargea 
là  cavalerie  de  l'ennemi  avec  la 
plus  grande  intrépidité  ;  il  fut 
blessé  de  plusieurs  coups  de  sa- 
bre dans  cette  action  glorieuse. 
En  1800,  combattant  avec  Desaix, 
sous  les  ordres  du  premier  consul, 
il  prit  une  grande  part  à  la  bataille 
de  Marengo,  à  la  suite  de  laquelle  il 
fut  nommé  général  de  division.  Cet- 
te même  armée ,  commandée  par 
Brune,  fut  témoin  encore  de  la  va- 
leurdu  généraliiellermann,au  pas- 
sage du  Mineto.  Passé  àlà  grande- 
armée  d'Allen^agneen  i8o5,il  prit 
Î>art  à  la  célèbre  bataille  d'Auster- 
iis  et  y  fut  blessé.  Employé  à 
l'année  de  Portugal  ^  il  ne  se  fit 


pas  moins  remarquer,  et  fût  en«- 
voyé ,  après  la  perte  de  la  bataille 
de  Vittoria,  en  parlementaire  aux 
généraux  anglais^  il  signa ,  le  3o 
août  1808,  au  nom  du  général 
Junot^  duc  d'Abrantès;  cottinrian- 
dant  en  chef  de  l'armée  française , 
la  capitulation  de  Cintra.  Le  20 
mai  de  l'année  suivante  ;  il  prit  la 
ville  de  la  Pola  de  Sçna  ;  au  com- 
bat d'Alba  de  Termes ,  au  mois 
de  novembre  de  la  même  année , 
il  défit  le  duc  del  Parque  et  couvrit 
momentanémentlaVieille-Castille. 
Rappelé  en  France ,  et  employé 
dans  la  campagne  de  i8i5,  il 
donna  de^^nouvelles  preuves  de 
valeur,  le  19 mai,  au  combat  de 
Wessie,  et  le  ao,  à  la  bataille  de 
Bautzen.  Dans  la  campagne  de 
France,  en  1814?  ilfit  des  prodi- 
ges au  combat  de  Nangis.  A  Pro- 
vins, il  chasisa  l'ennemi  et  lui  fit 
éprouver  une  grande  perte ,  no- 
tamment en  prisonniers.  Après  la 
première  restauration,  le  roi  le 
nomma  ,  le 6  mai  1814,  membre 
d«  conseil  de  guerre,  qui  était 
immédiatement  sous  les  ordres 
de  ce  prince.  Le  2  juin ,  legénéral 
Kellermann  devint  chevalier  de 
Saint-Louis  et  inspecteur-général 
de  cavalerie  dans  les  villes  de 
Lunéville  et  de  Nanci^  Lors  du 
départ  de  Napoléon  de  -  l'île 
d'Elbe,  en  mars  i8i5,  le  général 
Kellermann  ^t  appelé  au  com- 
mandement de  la  cavalerie ,  que 
la  prompte  arrivée  de  ce  prince  à 
Paris  nepermit  pas  de  rassembler. 
Nommé  membre  de  la  chambre 
des  pairs  pendant  les  cent  jours, 
il  en  fut  éliminé  après  la  seconde 
restauration.  Le  général  Keller- 
nyann-est  aujourd'hui  en  disponl- 
biUté. 


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KEL 

KELLGRËN  (Henri),  philoso- 
phe, littérateur  et  poète  suédois , 
naquit  en  Scanie,  le  i*'  décembre 
1751.  Il  fît  à  runirersité  d'Abo, 
en  Finlande,  d'excellentes  études. 
Après  aToir  obtenu  le  titre  de  uiaî- 
tre-ès-arts,  il  donna ,  pendant 
quelque  temps  9  des  leçons  publi- 
ques dans  la  même  ville.  Il  se  ren- 
dit ensuite  à  Stockholm,  et  fut 
chargé  de  l'éducation  des  deux  fils 
du  feld-maréchal  comte  de  Me- 
jerfeldt.  Ses  talens  pour  la  poésie 
le  firent  bientôt  connaître  avanta- 
geusement. Encouragé  par  de 
nombreux  succès ,  il  suivit  cette 
carrière,  et  se  livra  entièrement 
à  la  littérature.  Il  eut  cepen- 
dant de  grands  obstacles  à  vain- 
cre. Long^temps  sans  fortune  ejt 
sans  protecteurs,  il  éprouva  les  at- 
teintes du  Jj^esoin,  et  fut  constam- 
ment en  butte  aux  attaques  de 
tous  les  mauvais. poètes.  Gustave 
IIÏ  remploya  enfin  à  corriger  quel- 
ques écrits  émanés  de  sa  plume 
royale,  et  à  mettre  eu  vers  les  ca- 
nevas d'opéras  que  ce  prince  lui 
fournissait.  Lors-  de  1^  fondation 
de  l'académie  suédoise,  à  l'instar 
de  l'académie  française ,  en  l'an- 
née 1786,  Kellgren  fut  un  de  ses 
18  premiers  membres ,  et  obtint 
une  pension  avec  le  titre  de  secré- 
taire du  roi.  Sans  négliger  les  arts 
d'imagination ,  il  s'occupa ,  les 
dernières  années  de  sa  vie,  de  l'é- 
tude de  l'histoire  et  de  la  philoso- 
phie; mais  un  travail  continuel  rui- 
na insensiblement  sa  constitution 
naturellement  faible,  et  il  succom- 
ba à  la  fleur  de  son  âge,  le  1  a  avril 
1795.  Son  caractère  aimable  et 
ses  talens  lui  avaient  fait  de  nom- 
breux amis,  et  sa  mort  occasiona 
les  regrets  les  plus  sincères.  On 


REL 


65 


frappa  une  médaille  en  son  hon-^ 
neur;  son  convoi  funèbre  fut  suiti 
par  tout  ce  que  la  ville  de  Stock- 
holm renfermait  d'hommes  de  let- 
tres et  de  savans  distingués,  et  ses 
amis  firent  graver  ces  fnots  sur  sa 
tombe  :  Pottœ^  philosopho,  eivi-, 
amico  lagentes  amicL  Les  ouvra- 
ges de  cet  écrivais  ont  fait  époqu« 
non-seulement  en  Suède,  maiâ 
dans  tout  le  Nord.  Ses  poésies  se 
recommandent  par  l'élévation ,  la 
grâce  et  la  finesse  qui  y  régnent  ; 
des  idées  profondes  liées  à  des 
vérités  utiles,  rendues  en  style 
clair  et  précis,  distinguent  ses  pro- 
ductions en  prose.  Le  recueil  des 
œuvres  de  Kellgren  a  paru  après 
sa  mort  ;  il  contient  des  odes^  des 
é pitres  et  les  tragédies  lyriques  de 
Gustave  JVasa  et  de  Christine. 
Ce  sont  les  pièces  dont  on  fait  le 
plus  de  cas.  On  distingue  encore 
dans  ce  recueil,  des  traductions 
à*  Horace^  de  Tibulle^  de  F  oit  aire  j 
et  enfin  des  Essais  de  pfUlûsophie 
morale.  Il  se  rendit  surtout  utile 
en  combattant  le  mauvais  goût 
et  les  prétentions  des  écrivains 
sans  talens,  Kellgren  rédigea,  pen- 
dant plusieurs  années,  la  partie 
littéraire  d'un  journal  intitulé 
StQckholms  posten,àouï\es  articles 
d'analyse  et  d^une  critique  tou- 
jours équitable  et  modérée,  obtin- 
rent un  succès  général. 

KELLY  (John),  savant  anglais, 
naquit,>en  1750,  à  Douglas,  dans 
l'île  de  Man,  et  mourut  le  12  no- 
vembre 1809,  La  langue  du -pays 
où  Kelly  reçut  la  naissance,  était 
un  dialecte  delà  langue  .celtique. 
Il  s'adonna  de  bonne  heure  à  une 
étude  particulière  de  ce  dialecte, 
dont  il  composa,  à  l'âge  de  17  ans, 
sans  être  aidé  d'aucun  livre,  d'au- 
5 


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q^9  une  gr$mtnairfi  e^  un  dia-t 
tionnaire.  Il  fut  chargé  par  réyèr 
qvifi  de  Sodor  H  de  Man,  le  docr 
teur  Hildesley^  de  $uryeiller  1^ 
traduction  dans  e0t  idiom.e  de  dif- 
lereos  livres  religieux  9  .e^tr^  aur 
très,  Vancim  Testament,  ^(i\  avaijt 
été  confié  au  zë}^  de  pUisi^urs  jeç- 
elésiastiques.  Kelly  rieçut  les  or- 
dres ,  et  d£Tint  s4|Cces»iTepaeat 
qb^f  de  congrégation  9  vicaire 
tl'Ardleigk,  e^  recteur  de  Copford 
près  de  Colchester.  Ce  fut  en  iBo5 
qu'il  publia  sa  Grammaire-prati^ 
4fu^  de  l'ancienne  langue  galliqUe, 
ou  de  Vtle  de  Man ,  Tulgairement 
appelée /«MoÂA;^.  Le  complémeut 
4e  pet  ouvrage  intéressant,  s^on 
Dictiannaire  trigUte  des  languies 
free,  irlandaise  et  manks/  étai^  à 
l'inoipression,  ^t  assez  avaax^é  d^^s 
le  tirage,  lorsque  le  £bu  prit  à  ré- 
tablissement des  imprimeurs  Mr 
i^ols,  et  consuma  entièreo^nt  le 
Irayail  du  malheurmix  Kelly.  Ce 
fiât  quelques  années  après  qu'il 
fut  attaqué  du  typhus,  dont  il  de- 
TÎnt  la  victime;  il  était  âgé  d'en- 
viron 60  ans. 

KEMBLË  (JiAK-Pfliuppfi),  cé- 
lèbre acteur  anglais,  frère  de  mi^- 
trlss  Siddons,  1^  meilleure  actrice 
<fae  l'Angleterre  ait  jamds  poss^r- 
dée,  est  né  à  Prescot  dans  le  collec- 
té de  Lancastre,  de  parens  catho- 
liques. Après  lui  avoir  £ait  com- 
mencer son  éducation  en  Angle- 
terre, ses  parens,  qui  le  destinaient 
à  l'état  ecclésiastique,  renvoyè- 
rent à  Douai  en  Flandre,  pour  teiv- 
jniaer  ê^s  études  au  collège  de 
cette  ville,  où  l'on  croit  qu'il  eut 
Talmâ  pour  condisciple.  Aux  pre- 
mières insinuations  qui  lui  furent 
faites  par  ses  directeurs ,  sur  1^ 


ij^tei]itj)ûn9  de  $çs  parp^^ç,  |a  répu- 
gnance po^rl'éfii^t  qu'ifs  voulaient 
luj  donner  fqt  cau^e  qu'il  prit  la  d4- 
j;ermination  .di$  s'y  soustraire  p^r  la 
fuif:e.  De  jretour  en  Angleterre,  ne' 
poAiv^i^t  pa^  f'^i^oqn^^blefneQt  se 
présenter  -^  s^  famille ,  il  fi^t  ^^ 
traîné  par  &on  penchant  et  par  )e 
besoin  d^ns  un^,  trompe  de  comé- 
diens d.e  province.  Il  joi|a  succes- 
sivement .4  Liverppol,  à  ^im* 
bourg  et  à  York,  (et  fi^it  favorable- 
ment accueilli.  C'est  dans  pett^ 
dernière  ville  q4'il  fit  représeolçr 
npe    imitation    de    la   pomédie 
de  Alassinger  :  ^ouûeau  myyen  de 
payer  d'anciennes  dettes  ^   et  cellç 
des  Erreurs.   Encouragé  pap  les 
succès  qu'il  avait  obtenus  d^^sl^ç 
villes  du  second  ordre*  il  se  dé- 
cida A  se  montrer  4^9  Ue^pi^^ley 
et^n  septembre  î703^>  il  débMta 
iSpr  le  théâtre  de  Priiry-i-^pe  , 
dans  le  rôle  de  H^mlet.  J>e  si^p- 
cès  brillant  dont  ce  débi^t  fut 
couronné ,  l'ephardit  ^  3*çngagjer 
d^ns  d'autres  rôles;  l'ienthousi^Sr 
me  général  qu'il  expjta ,  li^i  proiir 
va  qu'il  avait  réussi.  Cependant, 
pépétré  de  la  profondeur  et  d;çs 
diffîciiltés  de  son  état,  et  mojp^ 
satisfait  de  lui  q\i^  nel'pC^ient  s^s 
admirateurs,    U  résolut  dp   vi- 
siter 1^  continent,  pour  y  étudie^ 
les  différens  théâtres,  et  surtout 
ceux  de  la  capital^  de  la  Prança  , 
où  il  fit  un  séjour  ^ez  loug. 
H  s'y  lia  4vec  Talma  çt  les  naeilr 
leurs    acteurs   de    nps  théâtres. 
P^ns  uue  espècjB  de  couversf^tioii 
académique  où  l'on  s'éteudit  d^ 
part  et'd'autre  sur  les  auteurs  qi^i 
avaient  fait  l'ornement  et  la  gloir^ 
de  la  scène  des  d^ux  nations,^eni^ 
bic  omit  de  nommçf  Itf  olièrç-  «  ISt 
»  Hulièr^,  tlglièrek»  s'écrifi^t'-Qa  4^ 


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toates  pifft»  ?  «  Messieurl ,  répli- 
»  qua  Kemble ,  Molière  n^est  pas 
»  Français,  c'est  rbomme  de  la 
»  nature  :  îi  appartient  à  toutes 
0  le«  nations.  »  Le  lendemain,  allant 
ayec  un  acteur,  faire  ce  qu'il  ap- 
pelait un  pèlerinage,  il  prend  les 
rênes  du  cabriolet,  et  airiYe  sans 
s'égarer  d'un  pas  aux  Piliers  des 
Halles ,  en  face  de  la  maison  de 
Molière,  et  salue  le  berceau  et 
le  domicile  de  cet  inimitable  au- 
teur, par  les  expressions  les  plus 
affectueuses  que  son  ^œur  put  lui 
fournir.  Les  acteurs  de  Paris  ne 
furent  pas  les  s^êê^  à  TaccueilUr , 
et  la  manière  ho^i^ûblo  <iont  ma- 
dame la  baronne  de  Staël  en  parle 
dans  ses  mémoires,  prouve  qu'il 
fut  admis  dans  les  plus  hautes  so- 
ciétés. A  son  retour  à  Londres  > 
riche  des  observations  qu'il  avait 
recueilGes,  tant,  à  Madrid  qu'à 
Paris,  il  reparut  sur  la  scène  pour 
y  recevoir  des  témoignages  tou- 
jours plus  flatteurs  de  la  satisfiic- 
tioQ  du  public.  Sa  réputation  fut 
dès-lors  si  solidement  établie  , 
qu'il  fut  chargé  de  la  direction  du 
théâtre  de  Covent-Garden.  Les 
rôles  d'Hamlet ,  de  Macbeth ,  <ie 
Goriolan,  de  Beverley  et  d'Othello 
sont  ceux  qui  ont  principalement 
servi -à  établir  sa  réputation.  Il 
est  curieux  de  conuaître  l'évé- 
nep[)ent  assez  singulier  qui  por- 
ta Kemble  à  s'engager  dans  les 
liens  du  mariage.  On  rapporte 
que  la  ôUe  d'un  ministre  d'état 
conçut  pour  lui  une  passion  si 
violente ,  que  le  père,  pour  en 
prévenir  le$  effets,  pffrit  à  l'ac- 
teur une  somme  de  5,ooo  livres 
sterling,  s'il  se  mariait  tout  de 
suite  à  toute  autre  femme  que  sa 
fille.  Kemble  accepta  l'offre ,  et 


KEM  67 

épousa  la  veuve  de-M.  Breretow. 
L'incendie  du  théâtre  de  Covent- 
Garden,  arrivé  en  1808,  lui  oc- 
casionades  pertes  considérables, 
et  l'obligea  de  continuer  sa  cart- 
rière  sur  le  théâtre  de  l'Opéra- 
Italien.  £n  1817,  cet  acteur,  ju«^te- 
ment  admiré  de  ses  compatriotes 
comme  des  étrangers,  a  quitté  le 
théâtre.  Sa  représentation  de  re- 
traite, dans  le  rôle  de  Goriolan, 
fut  sans  doute  pour  lui  la  journée 
la  plus  satifaisante  et  la  plus  glo- 
rieuse de  sa  vie.  £lle  se  termina 
par  un  banquet  d'adieux,  auquel 
Talm^ ,  alors  à  Londres ,  et  plu- 
sieurs lords  assistèrent.  Après  les 
toasts,  lord  Hojland,  président  de 
la  réunion,  prononça  un  discours 
en  présentant  à  M.  tLemble  un 
vase  magnifique  sur  lequel  devait 
être  gravée  l'inscription  sui vante i^ 
«  A  J.  P.  Kemble ,  écuyer,  lors 
)»de  sa  retraite  de  la  scène,  dont 
»  il  a  été ,  pendant  trente-quatre 
»ans,  l'ornement  et  l'orgueil , 
»  etc.  »  Kemble  ne  fut  pas  seule- 
ment acteur  dramatique  célèbre  ; 
mais  nourri  de  la  lecture  d^  écrf- 
vains  anciens  et  modernes,  il  a 
arrangé  pour  la  scène  anglaise  , 
un  grand  nombre  de  pièces  dQ 
divers  auteurs,  et  quelques-unes 
de  Shakespeare  que  l'on  ne  jouait 
plus.  On  a  de  lui  :  la  Ferme^  co- 
médie, 1789,  in-S*»;  l'Amour 
sous  fHusieurs  masques^  comédie^ 
179a,  in-8'*;  Lodoîskaj  opéra-^ 
comique,  in-8*;  U  Pèlerin^  ço" 
médie,  1797,  in-8". 

KEMBLE  (Charles),  acteur cé^ 
lèbre  et  auteurdramatiqoe  anglais, 
frère  du  précédent,  naquit  à 
Brecknock,  en  1775.  Il  fut  envoyé 
en  France  à  Page  de  i5  ans ,  et 
deqdeur^  3  an%  i  Douai ,  01^  il  ap^ 


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68 


KEM 


prit  la  langue  Trançaise,  et  acheva 
$on  éducation.  De  retour  en.  An- 
gleterre ,  il  occupa  d'abord  une 
place  dans  le  bureau  de  la  poste  ; 
mais,  entraîné  j)ar  son  goût  vers 
le  théâtre ,  goût  irrésistible  dans 
sa  fanlille,  il  se  rendit  à  She(rield, 
où  il  commença  sa  carrière  théâ- 
trale. Il  y  remplit  le  rôle  de  Ro- 
land,  de  la  comédie  Comme  vous 
l* aimez  (As  youlike  it),  et  obtint 
un  grand  succès.  Après  avoir  joué 
tour-à-tour  sur  les  théâtres  de 
Newcastle  et  d'Edimbourg,  il  dé  - 
buta  à  Londres ,  au  théâtre  de 
Drury-Lane,  en  1794»  par  le  rôle 
de  Maicom,  dans  Macbeth.  Ce  dé- 
but fut  brillant,  et  M.  Golman 
l'engagea  aussitôt  pour  le  théâtre 
de  Haymarket.  G.  Remble  y  resta 
jusqu'en  1802.  A  cette  époque,  il 
passa  sur  le  continent  pour  rétî|- 
blir  sa  santé  chancelante.  De  \ re- 
tour à  Londres,  il  se  réunit  à  son 
frère  au  théâtre  de  Covent-Gar- 
den,  et  se  maria  en  1806  (voy,  l'ar- 
ticle suivant).  M.  G.  Kemble  a 
composé  plusieurs  pièces  qui  ont 
été  accueillies  avec  faveur,  telles 
que  :  le  Point  d^ honneur,  comé- 
die ,  1800  ,  in-8";  le  Vagabond,  - 
histoire  dramatique,  1808,  in-8°; 
Intrigue  et  Contre-Intrigue,  far- 
ce, 1808,  în-8°. 

KEMBLE  (  Ma&ie-Thérèse  de 
Camp,  femme  de  Gharles),  comé- 
dienne et  auteur  dramatiqift ,  est 
née  à  Vienne,  en  janvier  1774*  Son 
père,  George-Louis  de  Gamp,  mu- 
sicien ,  la  destina  au  théâtre ,  et 
elle  parut,  à  Tâge  dé  6  ans,  dans  le 
rôle  de  Cupidon ,  des  ballets  de 
Noverre.  Etant  passée  au  théâtre 
Le  Texier ,  elle  remplit ,  n'ayant 
encore  que  8  ans ,  le  rôle  de  Zé^ 
Me,  daiis  la  comédie  de  la  Colom- 


KEM 

be,  dont  M"*  de  Genlis  est  auteur. 
Du  théâtre  Le  Texier ,  elle  passa 
au  Girque,  où  sa  danse  fut  remar- 
quée. Le  prince  de  Galles  s'inté- 
ressa à  la  jeune  danseuse;  et  à  la 
recommandation  de  S.  A.  R.,  elle 
fut  admise  au  théâtre  de  Heymar- 
ket.  Bientôt  M"'  de  Ganip  quitta 
Heymarket  pour  Drury-Lane,  où 
elle  remplit  le  rôle  de  Julie  dans 
l'opéra  de  Richard-cœurrde-Lion, 
de  manière  à  assurer  le  succès  de 
la  pièce.  M"*  de  Gamp  donna  au 
théâtre  où  elle  était  engagée,  une 
comédie,  les  premières  Fautes, 
qui  obtint  tousfliss  suffrages,  eté- 
veilla  l'attentiontti'un  certain  M. 
Earle ,  qui  se  prétendit  volé ,  '  et 
rappela  la  comédie  des  Fautes  n^* 
turclles,  laquelle  avait  paru  pres- 
que incognito.  L'auteur  accusé  se 
justifia  victorieusement  dans  le 
Moming'Chronicle,  M"'  de  Gamp 
quitta,  à  la  fin  de  1806,  le  théâtre 
de  Drury-Lane  ,  pour  celui  de 
Govent-Garden  ,  où  elle  épousa 
presque  aussitôt  M.  Gharles  Kem- 
ble, acteur  distingué  de  ce  théâtre, 
et  frère  du  célèbre  acteur  du  même 
nom.  M"'  Kemble  a  fait  représen- 
ter ,  en  1808  ,  le  Lendemain  de 
noces,  intermède. 

KEMPELEN  (Wolfgang),  ba- 
ron ,  référendaire  de  la  chancelle- 
rie hongroise  à  Vienne ,  et  direc- 
teur des  salines  de  Hongrie,  na- 
quit à  Presbourg,  le  a3  janvier 
1734,  et  mourut  à  Vienne,  le  26 
mars  1806.  Il  manifesta  dès  sa 
jeunesse  un  goût  prononcé  pour 
les  arts  miécaniques ,  et  se  livra 
avec  ardeur  à  l'étude  des  sciences 
exactes.  Bientôt  il  construisit  lui- 
même  des  machines  du  mécanis- 
me le  plus  ingénieux.  En  1769,  il 
offrit  à  la  curiosité  publique  un 


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automate  de  sa  composition  qui 
jouait  aux  échecs ,  et  exécutait 
toutes  les  Combinaisons  de  c^  jeu 
avec  une  telle  précision,  qu'il  ne 
pouvait  être  gagné  que  par  des 
joueurs  de  la  première  force.  Cet- 
te étonnante  machine  fut  annon- 
cée dans  tous  les  journaux  de 
rAliemagne ,  et  les  éloges  les  plus 
emphatiques  y  furent  donnés  à 
Tauteur.  Il  en  méritait  bien  cer- 
tainement, mais  ils  auraient  été 
complètement  justifiés  s'il  eût 
voulu  faire  connaître  les  vérita- 
bles moyens  employés  par  lui 
pour  diriger  cette  machine,  car 
il  paraît'  démontré  que  ceux  qu'on 
mettait  en  évidence  n'atteignaient 
pas  ce  but.  Le  baron  de  Rempe- 
len  vînt,  en  1783,  montrer  à  Paris 
son  Joueur  d* échecs.  On  pense 
bien  que  les  curieux  se  portèrent 
en  foule  pour  le  voir.  L'automa- 
te ,  assis  devant  un  bureau  mon- 
té sur  4  roulettes ,  était  vêtu  à  la 
turque.  Le  bureau  contenait  un 
cylindre  ^  .  des  rouages  ,  dont 
l'objet  apparent  était  de  faire 
mouvoir  la  machine.  L'automate 
levait  son  bras  avec' lenteur,  l'a- 
vançait de  même ,  et  enlevait  a- 
vec  dextérité  la  pièce  que  le  jeu 
indiquait  de  prendre  pourlat^ans- 
porler  sur  la  case  où  elle  devait 
être.  L'adversaire  faisait-il  une 
fausse  marche,  la  pièce  était  in- 
continent reportée  à  la  place 
qu'elle  occupait  précédemment , 
et  un  mouvement  de  tête  de  l'au- 
tomate indiquait  la  satisfaction 
que  fait  éprouver  une  faute  com- 
mise à  celui  qui  en  profite.  Cette 
figure  répondait  aussi  aux  diver- 
ses questions  qu'on  lui  faisait ,  en 
indiquant  sur  une  table  les  lettres 
propres  à  former  ses  réponses. 


KËM  69 

Les  observateurs  en  général  dou- 
tèrent que  l'opération  eût  lieu 
par  l'effet  de  la  mécanique  ren- 
fermée dans  le  bureau.  Il  y  en 
eut  qui  supposèrent  qu'un  nain 
qui  s'y  trouvait  caché  dirigeait 
seul  les  mouvemens.  Ces  conjec- 
tures se  trouvèrent  fausses.  L.  Dur 
tens,  qui  examina  avec  une  égale 
attention  la  figure  et  la  table  qui 
en  dépendait,  se  convainquit  de 
l'impossibilité  d'y  cacher  l'enfant 
le  plus  petit.  Kempelen  conve- 
nait bien  qu'il  donnait  lui-même 
la  direction*  à  la  machine,  bien 
qu'il  s'en  tînt  toujours  éloigné  à 
une  distance  de  o  pieds  au  moins; 
mais  le  problème  ne  se  trouve 
pas  résolu  par  cet  aveu.  Il  avait 
aussi  une  autre  figure  qui,  au 
moyen  d'un  soufflet  et  d'une  tra- 
chée-artère, articulait  des  mots 
et  même  de  petites  phrases.  Pour 
prouver  qu'il  n'y  avait  point  de 
charlatanisme,  il  en  publia  la  des- 
cription sous  ce  titre  :  le  Méca- 
nisme de  la  parole  y  suivi  de  la  deS' 
cription  d'une  machine  parlante  , 
et  eniHchi  de  2*^  planches ,  Vienne , 
1791 ,  grand  in-8".  Indépendam- 
ment de  cet  ouvrage,  il  a  publié 
quelques  poésies  allemandes,  et 
quelques  pièces  de  théâtre  parmi 
lesquelles  on  cite-:  Persée  et  An- 
dromède, drame  ^  et  V Inconnu 
bienfaisant,  comédie.  Sa  Presse 
à  l'usage  des  aveugles  ,  est  l'un 
de  ses  chefs-d'œuvre  de  mécani- 
que les  plus  estimés.  Dutens  et 
Chu  Gottlieb,  deWindisch  ont  pu- 
blié plusieurs  lettres  sur  son  Joueur 
d'échecs  automate  :  les  premières 
insérées  dans  le  Mercure  deFrance^ 
juillet  1770;  et  les  dernières,  tra- 
duites en  français,dansles^nnâ/^^ 
encyclopédiques  de  1817,  tom,  Y. 


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7Ô 


&E9I 


KEMPER  (  Jean  -MKtcmoft)  , 
professeur  de  jutisp ru  dence  à  rtini- 
versité  de  Leyde,  et  député  à  la  se- 
conde chambre  des  états-généraux 
du  royaume  des  Pays-Bas,  est  né 
à  Amsterdam  9  le  26  avril  1776. 
11  publia,  en  1 796, son  premier  ou- 
Trag^  intitulé  :  Dissertatiojuris  de 
jurisconsultorum  romanorum  prin- 
cip'tG y quod contra  bonos  mores  fiai, 
idjure  ratum  esse  non  opportere. 
Il  se  rendit  à  Leyde  Tannée  sui- 
vante, pour  y  recevoir  le  grade  cle 
docteur  en  droit.  De  retour  à  Ams- 
terdam, il  ouvrit  son  cabinet  d'a- 
vocat, et  devint^  en  1798,  secré- 
taire de  la  société  des  patriotes 
modérés^  formée  dans  le  but  de 
balancer  l'influence  d*une  autre 
société  de  patriotes  qui  avaient 
adopté  tous  les  principes  de  la  ré- 
volution opérée  *le  22  janvier 
1798.  Sa  conduite  lui  attira  la  haine 
du  parti  dominant,  et  lui  aurait 
nécessairement  fait  perdre  la  chaire 
de  professeur  à  l'académie  de  Har- 
derwich,  qui  lui  était  destinée,  si 
la  révolution  du  1 2  juin  1 798  n'eût 
mis  le  pouvoir  entre  les  mains  du 
parti  modéré.  Porté,  au  bout  de 
quelques  mois,  à  la  chaire  de  Har- 
derwich,  il  y  professa  la  jurispru- 
dence jusqu'en  1806.  A  cette  épo- 
que, il  fut  appelé  à  Amsterdam 
comme  adjoint  à  M.  Cras,  dont  il 
était  l'élève  ;  et  en  cette  qualité  il 
fut  chargé  de  l'enseignement  du 
droit  civil,  tandis  que  M.  Cras,  à 
raison  de  son  âge ,  ne  s'était  réser- 
vé que  celui  du  droit  naturel  et 
du  droit  public.  Trois  ans  après, 
M.  Kemper  fut  chargé,  à  Leyde,  de 
la  chaire  du  droit  de  la  nature  et 
des  gens.  C'est  lui  qui  fournit,  en 
1811,  à  MM.  Cavier  et  Noël,  en- 
voyés par  le  gouvernement  fran- 


; 


f^EM 

çaîs,  les  renscignemens  relatif»  à 
l'état  de  l'instruction  publique 
dans  ces  contrées.  Dès  les  pretnîers 
revers  de  la  France , en  i8i3,  M. 
Kemper  donna,  pour  ainsi  dire,  le 
signal  de  la  désobéissance  qui  ame- 
na, quelques  mois  après ,  en  no- 
vembre même  année,  une  réto- 
lution  5  et  qui  replaça  la  Hollande 
sous  la  domination  de  la  maison 
d'Orange.  A  cette  époque,  M. 
Kemper  agit  ouvertement,  et  se- 
conda de  tous  ses  moyens  MM. 
Van  Hogendorp  et  Van  derDuyn, 
qui  s'étaient  placés  à  la  tête  de 
l'insurrection.  Cefutdeccsduûm'- 
virs  qu'il  reçutla  mission,  avec  M. 
Fannius  Scholten,  d'aller  presser 
l'adhésion  à  la  révolution  de  la 
ville  d'Amsterdam,  Ces  commis- 
saires réussirent  dans  leur  mis- 
sion ,  et  la  ville  d'Amsterdam  se 
prononça  ouvertement  pour  là  ré- 
volution qui  venait  de  s'opérer 
dans  le  département  des  Bouches- 
de-la-Meuse  et  autresdépartemens 
de  la  Hollande.  Le  prince  d'O- 
range, au  nom  duquel  le  duumvi- 
rat  agissait ,  revint  et  fit  son  en- 
trée solennelle  à  Amsterdam  le  i*' 
décembre.  M.  Kemper,  qui  l'avait 
accompagné,  et  qui  montra,  dès- 
lors  ,  son  penchant  pour  Texten- 
sion  du  pouvoir  d'un  seul,\l'enga- 
gea  à  prendre  le  titre  de  prince 
souverain^  et  ce  ne  fut  pas  sans 
peine  que  le  prince  se  décida  à  le 
prendre;  aussi  s'empressa-t-il,  dans 
sa  proclamation  du  i**  décembre 
18 15,  de  déclarer  qu'il  n'accep- 
tait la  souveraineté ,  que  sous  la 
réserve  expresse  qu'elle  serait, 
le  plus  tôt  possible,  réglée  et  cir- 
conscrite par  une  constitution.  Les 
patriotes  et  les  écrivains  les  plus 
éclairés  blâmèrent  hautement  M. 


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&£K 


VLemféti  Paraît  dèïêt^  ^û^U  ^^ 
^témùë  de  sa  âeate  autorité ,  la  âou- 
rerdmèfié  m  pfi&cé  d'Orâitftgé^  et 
l'adebs^reot  d'avoir,  paf  ce  seol 
/aii^  pertté  le  ootup  mortel  à  la  li- 
i>erlé  de  ia  ûation.  M.  &emper 
retoi^ltia  ensuite  à  leyde,  où  il 
ref  rît  set(  \€çotss  de  droit,  où  il  re- 
çôt  Tordre  du  Lîon-Belglque,  leâ? 
titres  d'écuyer  et  de  conseiller- 
â'étaf  en  service  ettraordinaire , 
pour  prht  de  ses  services  à  l'éj^o- 
fufé  «te  là  révalution.  Après  avoir 
ergani^é  les  unitersités^  il  fut,  en 
I8175  raiïiefié  daïis  la  Carrière 
politique  pa^  sa  fK»ininaftion  à  la 
seconde  cbàAibre  de»  états-géné- 
iéÊtt  potit  la  prbvinrce  de  HoUan- 
dé,  n  B*y  dîsTfin^ua  pé^  soâr  adhé- 
sion <$o1[istante  aux  mesures  propo- 
éée^pàrlemii^âtèi^e  hollandais.  M. 
Kezùffer  Yotapout  toutes  les  lois* 
fiscâ]c.<v  de  MM.  S*x  et  AppeKos  '^ 
pour  IsÈ  ffo«irelle  loi ,  dite  dès  5o^ 
ftorîns^  en-  limitation  de  la  Hherté 
de  U  pres9e,et  fit  passera  l'ordre  chï 
foursurlespéfitioi^deMUt.  Giiyet 
et  Caiichoîs-Lemaire^  Citoyens 
français^  qui  detnandaient  Tauto- 
risattdtf  de  poursmvre  en  justice 
le  ministre  do  la  police,  pat  )e9 
ordres  dhj<fftel  il»  avalent  été  obli- 
gés, eâ  violation  cfe  Tart^Cle  4  de 
la  toi  fondamentale,  dé  quitter  le 
territoire  du  royaume  <ïes  Pays- 
Bas,  où  ils  étaient  établis.  M .  Kém- 
per  s'eist  pro^ioncé  une  foi^  ce- 
penëaAft,  contre  !a  proposition  iwî- 
instér^lle  et  le  pi'ojet  de  lof  refa-- 
tif  €M  dvint  4e  chasse,  que  l'on 
présentait  éomm^  dro^  ré^^ien , 
et  qu'il  eonsrdéra ,  à\i  confraite  ^ 
coMiÉne  \îti  dt(At  inhérent  à  lapro-^ 
pfiété.  Il  fait  partie  delà  Commis- 
sioit  ebar'gée  die  la  confection  des 
eoéesip  dôU^ï  i*égïr  ïé  royaa- 


?» 


Me  de»  Fâ^y^-Bas.  Bf.  &eà»p<r  a 
publié  les  Ouvrages  suivans  :  Ora- 
iio  de  Jure  naturœ  immaiaMH  et 
éBterno ,  1 79^  ;  Ortttio  dé  prud^h^ 
tiâ  civlli  in  ptom&tendàerudltione, 
îbid.  ;  Oratio  de  Utterarutn  stàdiô 
calarhitosis  reipubtiûtt  tempùribuê 
optimo  éotatiô  et  perfugio,  f8o6} 
Oratio  deUegibus  poputorum  opti' 
mis  iticrescentis  vet  decrescentts  ku^ 
fnanitatis  indiciis,  1806;  Otatîo 
de  prastanliâ  diseipiinùrutn  mdra" 
tiam  cufn  cékteris  disciplinis  eoni^ 
pardta,  t^o^;  Biscoi^s  sur  diffé-^ 
rens  sujets  en  langue  hollandaise, 
ï6  >4  ;  Annales  du  droit  ft*an)^ais  à 
l*  usage  des  départeMêhs  hollandais^ 
5  vol.  in-S";  Code^  criminel  avec 
remarques-,  i  vol.  in-8*;  Obserm* 
fions  sur  là  iài  du  4  ^ài  iSi4^ 
telatite  à  la  conversion  de  lu  dette 
publique  en  tfollande;  Opinion  sur 
le  projet  de  loi  âoneernant  In  péché 
du  hareng,  préséhté  à  la  secondé 
chambre  des  états  -  géiiéraasè  dans 
lu  session  de  i8Îî 7  ;  Oratio  dé  cela- 
fis  noslreè  faiis  éxeinplo  geiiiibUii  àc 
ptœsertim  Btlgis  nUnqu&m  negll^ 
gendo;  Essai  sur  lUàftuehcé  des 
évértemens  politiques  et  des  opinions 
religieuseê  et  philosophiques  depuis 
*5  ans^  et  sur  lei  progrès  deê  /u- 
fnières  chez  les  peuples  de  l'Euro^ 
pe,  sous  le  rapport  de  la  religion 
et  de  la  morale  :  ce  mémoire  a  été 
Couronné  par  la  société  Teylef  à 
Haariem. 

KENDALL  (Jeat^),  quaÉLer, 
naquit  en  Angleterre,  Ve*sija5, 
et  y  mourut  en  r  8149  à  Colchester, 
à  Fâge  d'enviroii  89^  ans.  Il  a  pu- 
blie diiférens  ôi:?vragei  sûr  dés  sil- 
lets de  religion  et  de  mof  aie ,  et  a 
traduit ,  avec  beaucoup  dé  soin , 
des  extraîts  de  notfef  immortel  Fé- 
néloô,  pour  kquél  il  avait  rifte 


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73, 


KEN 


admiration  toute  française.  Les 
ouvrages  de  Kendall  sont  écrit» 
en  anglais.  On  cite  jftrmi  les  plus 
utiles  :  i*  Abrégé  de  l'ancien  et  du 
nouveau  Testament,  in-ia,  1800  ; 
i'  Essai  moral  sur  le  danger  des 
spectacles,  brochure  in -8*;.  3" 
Extraits  des  œuvres  de  Fénélon, 
1  vol.  in-ia;  4**  Lettres  sur  des 
sujets  religieuœ,  2  vol.  in- 12; 
5*  Poésies  sur  ^des  sujets  moraux 
et  religieux,  tirées  de  divers  au- 
tmrs,  1  vol.  in- 13;  6*  Extrait  de 
Thonias  à  Kempis ,  1  volume  in- 
1 2  ;  7''  Vie  de  Thomas  Slory^  pré- 
dicateur quaker,  r  vol.  in- 12;  8* 
Préceptes  de  la  religion  chrétienne^ 
par  demandes  et  par  réponses  ^ 

I  vol.  in- 12. 

RENNA  (lecolonejl  M'),  com- 
mandant en  second  de  Tarmée  des 
indépendans  du  Chili,  a  acquis, 
par  ses  talens  et  sa  bravoure,  une 
bonorable  célébrité  parmi  les  guer- 
riers de  l'Amérique  méridionale. 

II  s'est  distingué  dans  différentes 
occasions,  et  plus  particulière-' 
ment  à  l'affaire  de  Membrillal, 
qui  eut  lieu  le  19  mars  1814.  Vi- 
vement attaqué,  dans  cette  affaire,, 
par  le  chef  des  troupes  royalistes,, 
Gainza,  dont  les  forces  étaient 
beaucoup  plus  considérables  que 
les  siennes,:  il  lui  résista  avec  in- 
trépidité, et  parvint  à  le  repousser 
après  lui  avoir  tué  et  blessé  .  un 
grand  nombre  d'hommes.  M' Ken* 
na  reçut  les  plus  grands  éloge&  du 
commandant  en  chef  de  l'armée 
des  indépendans,  le  général O'Hig- 
gins ,  et  continua  utileiuent  à  pren- 
dre part  aux  événçmens  militaires 
qui  amenèrent  enfin,  dans  le  Chili^ 
rétablissement  d'un  gouverne- 
ment conforme  aux  vœux  des  ha- 
bitans  de  CjBtte  belle  contrée.  M* 


KEN 

Kenna  est  d'origine  irlandaise»  et 
n'a  embrassé  la  cause  des  indépen- 
dans que  par  amour  pour  la  liber- 
té. Ce  fut  en  181 5  qu'il  obtint  le 
commandement  en  second,  dan«^ 
lequel  il  s'est  distingué,  et  dont  iP 
était  digne  par  les  services  qu'il  a- 
vait  déjà  rendus  au  comniçuce- 
ment  de  la  guerfe  de  l'indépen- 
dance. 

KENT  (  Auguste-Ernest,  comtk 
wa  Dublin  ,  dug  de  ) ,  4'*  û^s  du  roi 
d'Angleterre  Georges  III ,  naquit 
à  Londres,  le  2  novenabre  1767. 
Après  avoir  commandé  quelque 
temps  un  régiment,  il  fut  nommé 
général,  et,  le  5o  mars  1820, 
gouverneur  de  l'importante  place 
de  Gibraltar.  Il  y  montra  beau- 
coup de  sévérité  envers  les  sol- 
dats ,  et  une  partie  de  la  garnison 
se  souleva  contre  lui.  Un  léger  pré- 
texte suffit  aux  mutins  pour  pren- 
dre les  armes,  Ils  avaient  envoyé 
auprès  du  prince  une  députation 
pour  solliciter  la  permission  de 
passer  en  fête  la  nuit  de  Noël.  Le 
prince  crut  devoir  la  refu&er  pour 
le  maintien  de  la  discipline,  et 
punit  par  les  arrêts  les  régiroens 
qui  avaient  fait  solliciter  la  doman-* 
de.  Ceux-ci  s'insurgèrent  aussitôt, 
et  voulurent  faire  partir  le  gouver- 
neur, pour  mettre  à  sa  place  le 
général  fiarnet.  On  leur  opposa  le 
54"*  régiment ,  qui  n'avait  point 
pris  part  à  l'insurrection;  il  fit  feu 
sur  les  factieux  et  les  dispersa.  La 
journée  se  passa  eà  entier  dans  la 
confusion  ;  et  le  lendemain  le  trou- 
ble recommença -avec  plus  de  vio- 
lence que  la  veille ,  malgré  tous  les 
efforts  du  général  Barnet  pour  ré- 
tablir le  calme.  A  dix  heures  du 
soir,  le  prince  se  mit  à  la  tête  de  son  ^ 
régiment,  se  fit  Siuivre  d'une  com- 


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KEN 

pagnie  de  grenadiers  et  de  deax 
pièces  de  campague,  et  marcha 
contre  les  mutins  ;  malgré  le  feu 
des  canons  et  4e  la  mousqueterie, 
ils  firent  une  assez  longue  résis-« 
tapce,  et  ne  furent  vaincus  et  dis- 
persés ,  après  un  grand  carnage , 
que  yers  minuit.  On  les  arrêta 
presque  tous ,  et  les  chefs  du  com- , 
plot  furent  traduits  devant  une 
cour  martiale.  Les  habitans  de  la 
ville  témoignèrent  au  prince ,  par 
une  adresse,  leur  reconnaissance 
pour  la  fermeté  qu'il  avait  mise  à 
apaiser  les  troubles.  Il  quitta  ce- 
pendant, peu  de  temps  après,  ce 
gouvernement  pour  retourner  en 
Angleterre.  Il  voulut  le  reprendre 
en  1808,  sur  le  bruit  que  Gibral- 
tar allait  être  assiégé  ;  mais  le  roi , 
3on  père,  lui  refusa  la  permission 
d'y  retourner.  Au  mois  de  juillet 
i8i6,  il  fit  partie  de  l'assemblée 
réunie  à  la  taverne  de  Londres, 
-pour  venir  au  secours  des  manu- 
facturiers. Il  y  fit  une  motion  ten- 
dant à  prouver  que  la  détresse 
présente  était  l'effet  nécessaire  du 
passage  de  l'état  de  guerre  à  l'état 
de  paix  où  l'on  se  trouvait  :  cette 
motion  fut  combattue  par  lord 
Cochrane  ;  l'assemblée  ne  se  sé- 
para point  cependant  sans  avoir 
fait  une  souscription  qui  produisit 
une  somme  considérable.  £n  1818, 
le  duc  de  Kent  épousa  Marie- 
Louise  -  Yictorine  de  Saxe  -  Co- 
bourg,  princesse  douairière  de  Li- 
nange,  sœur  du  prince  Léopold 
qui  avait  épousé  la  princesse  Char- 
lotte, fille  du  prince- régent ,  au- 
jourd'hui Georges  IV.  Le  duc  de 
Kent  fut  emporté,  par  une  mala- 
die aiguë ,  peu  de  temps  après  son 
mariage  ^  dont  il  est  issu  une  prin- 
cesse héritière  de  la  couronne.  Il 


KEN 


7^ 


a  laissé  d'honorables  souvenirs  en 
Angleterre,  où  il  était  à  la  tête 
des  principales  institutions  philan- 
tropiques.  Ainsi  que  son  frère ,  le 
duc  de  Sussex,  il  se  distingua  dans 
la  chambre  des  pairs  parmi  les 
membres  de  l'opposition,  et  se 
.prononça  souvent  avec  énergie 
contre  les  mesures  ministérielles. 
KENTZINGER  (l'abbé  Fran- 
çois-Joseph de),  né  à  Strasbourg, 
le  5  septembre  1757,  était  fils  aîné 
du  dernier  syndic  de  la  noblesse 
immédiate  de  la  Basse-Alsace.  M. 
de  Vergennes  l'appela  à  Versail- 
les, pour  lui  confier  la  place  de 
secrétaire  de  légation ,  à  la  suite 
du  ministre  plénipotentiaire  du  roi 
au  cercle  de  la  Basse -Saxe.  Il  rem- 
plit ces  fonctions  pendant  cinq 
ans,  et  ne  les  quitta  que  pour  al- 
ler les  remplir  de  nouveau  à  Co- 
blentz,  avec  le  comte  Constantin  de 
Vergennes.  L'abbé  Kentzinger  se 
conduisit  dans  ce  poste,  pendant 
l'émigration,  de  manière  à  méri- 
ter la  confiance  des  princes,  frères 
de  Louis  XVI,  qui*  en  partant  pour 
la  campagne  de  Champagne ,  en 
1792,1e  nonimèreiit  leur  chargé 
d'affaires.  Des  succès  dans  l'élo- 
quence de  la  chaire  avaient  précé- 
dé ceux  qu'il  obtint  dans  la  car- 
rière diplomatique.  L'installation 
delà  municipalité,  qui  remplaçait 
l'unique  magistrat  de  Strasbourg, 
en  1 790 ,  donna  lieu  à  une  céré- 
monie solennelle,  qui. attira  un 
concours  '  nombreux  de  specta- 
teurs ;  l'assemblée  se  réunit  dans 
la  cathédrale;  l'abbé  Kentzinger, 
rentré  en  France  par  congé,  avait 
été  choisi  pour  prononcer  le  dis- 
cours. Il  parla  d'une  manière  di- 
gne de  son  ministère,  sur  l'obéis- 
sanos  due  à  l'autorité  légitime,  et 


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r4 


KËN 


Satisfit  également  toiii  le*  jJartîè. 
la  toiinicipaiité  ordonna l'impres- 
siotl  du  discours  aiux  frais  de  lat 
commode.  L'abbé  KenUinger  né 
reparut  en  France  qu'en  i8ï6,  a- 
près  avoir  séjourné  îi4  ans  dand 
les  états  de  l'empereur  d'Autri- 
che, ôû  il  était  généralement  es- 
timé. Il  jouît  d'une  penston  que 
le  tùl  lui  a  accordée  sur  le  mirris- 
fère  des  affaires  étrangères.  ïl  st 
publié  différens  écrite  politiques 
qu'on  a  remarqués  dans  le  temps; 
lés  Considérations  Sur  le  traité  dé 
Baie,  outrage  dàiis  lequel  II  an- 
nonce les  maux  qui  menacent  la 
Prusse,  et  qui  fit  beaucoup  de 
sensation  lorsqu'il  parut.  Il  est 
encore  auteur  d'an  ouvrage  plus 
nouveau,  qui  ne  fut  pas  moins  re- 
marqué que  l'autre  :  Lettre  du  gé- 
néral Palafox  au  général  Lafebvré, 
RÊNTZINGEK(ANtôwE.Xavîef 
m),  frère  dii  précédent,  naquit  à 
Strasboufg  en  i^5g,  émîgra  ed 

I  ^791  ,ct  fut,immédîafement  après, 
nommé  secrétaire  principal  du 
prince  de  Mtetterùkh,  ministre 
pleAipot^ntiair'e  de  l'emperéut 
d'Autriche  ali  gouverdement  gé- 
néral des  Pays -Sas,  qu'il  accom-^ 
pagna  également  au  congrès  de 
Rastadt.  Le  roi  l'a  nomtné  maire 
de  Strasbourg,  en  181 5,  en  ré- 
compensé des  services  qu'il  ren- 
dît à  sa  cause  dans  cet  emploi. 
L'école  de  travail  établie  à  Stras- 
bourg a  ûîé  lés  regards  de  M. 
Kentzînger,  qui  l'a  itiisé  dans  urt 
état  florissant,  et  l'a  rendue  digne 
de  servir  de  modèle  en  ce  genre. 

II  a  reçu  la  décoration  de  la  légiod- 
d'honnéur  et  celle  de  t'Éperon- 
d'or. 

KENTZINGER  (Jèin-Baptisté 
Pe);  frère  des  précédens,  csf  né  à 


RÊfî 

âtrasbourg,  en  1767*  Il  iétrit 
d*dbord  d'agent  secret  aux  prin^ 
cfés,  arriva  à  Goblentz  en  1791,  et 
fit  la  guerre  àous  leur^  ordres.  ît 
rentra  en  ffânce  en  i&i5,  et  fitt 
liomimé  chevalier  de  Saint- Lcfuisf. 
11  exerçait,  en  ïSiS,  les  fonctions 
dé  vice-président  dU  tribunal  ct- 
vîl  et  de  président  de  la  coùf  pré- 
Vôtaie,  à  Straisbourg. 

KENTZINGER  (le  ÉriRO*  CriAU- 
LÉs-Lotis  de)  ,  frèfe  des  précré-' 
dens,  né  à  Strasbourg,  le  i3  dé-^ 
Cembre  1770,  éuiigraen  1791  jfuÉ 
nommé  capitaine  au  fégîment  dé 
Witfgenstéin  à  Farnaiéè  de»  priri-' 
Ces,  et  6t  la  campagne  de  1 7^2f  èi# 
cette  quaKté.  Il  quitta  bientôt  éét-* 
ie  àtméé  aveiï  l'antorisatiôn  dur 
for ,  et  pasî^a  âu  servicie  dé^  ï'Ad-» 
giéfétre/  ïl  fit  toutes  les  guért-cif 
dé  la  révolution,  et  s'éléfa  atf 
grade  de  lietitenant-coionel.  ïfrt 
tSoS,  il  fut  nôntriié  coounàndant 
en  second  de  l'île  d'Héligolaiid  ^ 
6ù  il  reçut,  etf  iSiS,  Monsieur, 
frèt'e  du  foi,  et  M.  lé  due  d'An- 
gouléme,  tjui  s'y  étaient  fendrié 
darisr  l'intention  de  passer  Sur  lé 
cofritinent.  Dafris  le  dOiiranft  dé  cet- 
ce  année,  litté  expédrtidn  dOM  il 
fut  chargé  l'attira  sur  PEIbe  et  îé 
Wésër;  il  avait  ordre  des^empéféi* 
des  batteries  qui  avaient  été  cons- 
truites à  Cuxhaven,  et  d'arïiîcr 
les  Hanovrieris.  Il  débârqutf  en 
conséquence  à  l'embouchure  de 
l'Elbe;   mais,  âppTenarnt  bientôt 

3ue  le  général  Tettenbofn  Venait 
'entrer  à  Hambourg,  avee  l'ai-^ 
vânt-gardé  do  Corps  d'armée  fus^^ 
que  commandait  fci  comte  de  Witt- 
génstern,  }tf.  deKén^zingerséBtâéa 
de  seconder  les  desseins  du  géné- 
ral Tettenborn ,  m  se  réunissant 
à  liiî,  et  en  lui  foufttisféanft  tertïéés 


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KEN 

Icd  arlttèê  éontW  atctit  hesoiïî  pont 
aritier  les  Hamboiirgeoi»  et  le» 
fianorriens^  fl  rétablit  ainsi  les 
eomm  aftic£^oDs  entre  T  Angleterre 
cf  le  nord  de  TAIleniagne,  et  con- 
tribua puissamment  au  succès  dé 
la  coalition.  Dés  services  aussi 
importans  rélevèrent,  à  la  suite  dé 
son  expédition,  au  grade  de  quar- 
tier-maîtfe-général  du  corps  d'ar- 
mée anglo->hanovrîen  que  com- 
mandait le  comte  de  Walmoden. 
Tant  de  faveurs  ne  purent  le  fixer 
en  Angleterre  :  il  deùianda  sa  dé- 
mission du  service  anglah  dès  que 
Monsieur*  fut  arrivé  en  France,  et 
revint  dans  sa  pattie,  où  le  toi  le 
nomma  colonel  et  chevalier  de 
Sdiftf-Lotris.  Monsieur  y  dans  le 
même  temps  ,  le  choisit  pour  se- 
crétaire de  «es  commandemens , 
et  bientôt  après  pour  secrétaire-gé- 
néral du  comité  des  gardes  nationa- 
les du  royaume.  Le  prince -régent 
d'Angleterre  crtit  lui  devoir  aussi 
des  récompenses,et  lui  conféra  Tor- 
dre dès  Guefphes  en  1816;  enfin, 
Il  fot  créé  baron  par  Louis  XVIIL 
KENYON  (  LtoTD,  lord),  célè- 
bre jurisconsulte  anglais,  naquit, 
etii735,  dans  le  comté  de  Flints  de 
Lloyd  Kenyon  de  Brignon.  Après 
avoir  terminé  ses  études  à  l'école 
de  Ruthin ,  dans  le  comté  de  Den- 
l»gh,  son  père,  qui  le  destinait 
au  barreau ,  le  plaça  en  qualité  de 
clerc  chez  un»  pocureor,  pour  le 
familiariser  avec  les  formes  mul- 
tipliées de  la  procédure.  Il  em-^ 
ploya  si  utilement  sontemps,qu'aù 
bout  de  quelques  années  il  fut  ad- 
mis comme  membre  de  la  société 
d'avocats  au  collège  de  justice  de 
Lincoln ,  et  fut ,  peu  de  temps 
après,  compté  au  nombre  dès  meil- 
leurs jurisconsultes.  Nommé  avo- 


K£fl 


75 


cat  aiipiȏs  de  la  cour  de  la  chani- 
cellerié ,  il  débuta  danà  cette  nou- 
velle carriète  par  la  défense  de 
lord  Gordon  ,  dont  il  fut  chargé , 
conjointement  avec  le  célèbre  Ers- 
kine.  En  1  J'Ba,^  il  fut  nommé  pro- 
cureur-géftéral  et  premier  juge  de 
Che3ter,et  les  électeurs  de  H indon 
dans  le  comté  dé  Wîltà  le  por- 
tèrent au  parlement.  11  remplaça, 
i  ans  après,  le  comte  de  Mafis- 
fîeld  dans  les  fonctions  de  greffier, 
et  le  chancelier  lord  Thurlow  le 
crut  encore  placé  au  -  dessous  de 
Son  mérite.  En  1788,  il  fut  élevé 
à  Ifi  place  de  premier  juge  dti  banc 
du  roi,  avec  le  titre  de  baron.  On  a 
constamment  rendu  justice  en  An- 
gleterre â  l'intégrité  et  à  l'équité  de 
lord  Renyoti.  Magistrat  incoiTup- 
tible  et  sévère,  on  lui  a  cependant 
reproché  de  ne  pas  avoir  toujours 
su  se  tenir  en  garde  contre  l'indi- 
gnation que  la  seule  apparence  du 
crime  etcitait  en  lui.  Il  oubliait 
quelquefois  que  l'extrême  j^istice 
dégénère  en  injustice  dans  certai- 
fies  circonstances,  et  l'inflexibi- 
lité de  son  caractère  le  fit  souvent 

'  accuser  d'exercer  ses  fonctîonji  a- 
vec  une  extrême  rigueur.  Il  eut 
pour  l'église  anglicane  la  môme 
ardeur  de  ièle  qu'il  avait  pour  la 
justice ,  et  lord  Kcnyon  en  fut  un 

vdes  plus  fermes  soutiens.  Il  mou- 
rut en  i8oa.  On  a  attribué  sa  mort 
au  chagrin  que  lui  occasiona  la 
perte  de  son  fils  amé. 

RERALIO  (  Louis-Félix -Gui- 
tvÈHENT  DE  ) ,  naquit  à  Rennes  erl 
1754.  Il  entra  d'abord  dans  la  car- 
rière des  armes,  et  parvint  au 
grade  de  lieutenant-colonel.  Kera-v 
îio  obtint  ensuite  sa  retraite  ave6 
la  cfoix  de  Saint-Louis ,  et  vînt  S6 
fixer  à  Paris ^  oà  il  s'adonna  à  Vè^ 


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76 


KER 


tude  des  belles  -  lettres.  Ea  1766, 
il  fut  appelé  à  Parme  et  adjoint  au 
célèbre  abbé  de  Condillac  poup 
diriger  l'éducation  du  jeune  infant 
don  Ferdinand.  Pourvu  ensuite  , 
par  la  protection  du  duc  de  Choi- 
seul,  de  la  place  de  professeur  de 
tactique  àVécole  Militaire,  il  dé- 
tint ,  peu  de  temps  après ,  inspec- 
teur de  cette  école.  On  doit  à 
Keralio  un  grand  nombre  d'ou- 
Trages ,  parmi  lesquels  nous  cite- 
rons :  I*  Recherches  sur  les  prin- 
cipes gànérauxde  la  tactique,  Paris, 
1769,  in- 12;  2"  Voyage  de  Gme- 
Un  en  Sibérie,  traduction  abrégée, 
1767,  2  vol.  in-  12;  3°  Histoire 
,natureUe  des  glaciers  de  la  Suisse^ 
traduction  deGnmer,  i770,în-4% 
avec  figure  ;  4*  Essai  sur  les  moyens 
de  rendre  les  facultés  de  l*  homme 
plus  utiles  à  son  bonheur^  traduit 
de  l'anglais  de  J.  Grégorjf,  1776, 
in- 12.  L'auteur  du  Dictionnaire 
historique ,  littéraire  et  bibliogra^ 
phiqufides  Françaises  et  des  Étran- 
gères naturalisées^maidàme  Fortu- 
née Briquet,  et  M.  Barbier ,  dans 
son  Dictionnaire  des  Anonymes , 
attribuent  cette  traduction  à  ma- 
dame Robert  Keralio,  fille  de  l'au- 
teur, et  dont  on  lira  plus  bas  l'ar- 
ticle. 5"  Histoire  de  la  guerre  des 
Russes  et  des  Turcs  en  1736-1759, 
et  de  la  paix  de  Belgrade  qui  la 
termina,  HYoL  in-125  1777-1780- 
1789,  avec  cartes;  6"  Histoire  de 
la  guerre  enjtre  la  Russie  et  la  Tur* 
quie,  et  particulièrement  de  la 
campagne  de  1759, avec  des  notes 
et  des  observations,  Saint-Péters- 
bourg, 1773,  in-4°,  in-8%  et  en 
2  vol.  in-  12.  Ces  deux  derniers 
ouvrages  ont  été  traduits  en  alle- 
mand. La  Harpe  assure,  peut-^tre 
un  peu  rigoureusement,  que  cette 


KER 

histoire  n'est  qu'une  gazette  très- 
sèche.  Keralio  a  été  aussi  l'un  des 
rédacteurs  du  Journal  des  Savans. 
Il  mourut  à  Grosley,  dans  la  vallée 
de  Montmorency,  le  10  décem- 
bre 1793.  Il  était  membre  de  l'a- 
cadémie des  inscriptions  de  Fran- 
ce, et  de  l'académie  de  Stockholm. 

KERALIO  (  Marie -Fbançoise- 
Abeille  ,  DAME  DE  ) ,  femme  du 
précédent,  naquit  en  Bretagne. 
Elle  a  cultivé  les  lettres  avec 
quelque  succès  ,  et  a  donné  des 
traductions  estimées  de  poètes 
étrangers.  On  cite  plus  particuliè- 
rement: 1"  sa  traduction  de  l'anglais 
des  Fables  de  Gay^  in- 12,  1759; 
imprimée  à  Amsterdam ,  en  1764, 
in-8"  ;  a"  une  autre  traduction  du 
mêiàe  auteur,  r Éventail,  poëme. 
Madame  Keralio  a  transporté  dans 
notre  langue  ces  deux  produc- 
tions ,  avec  un  talent  qui  a  été  gé- 
néralement apprécié.  On  ignore 
l'époque  précise  de  sa  mort. 

KERALIO  (madame  Robert, 
Louise-Félicité  Guinement  de  ) , 
fille  des  précédens,  est  née  à  Pa- 
ris en  août  1768.  Elle  a  coopéré 
quelque  temps  à  la  rédaction  du 
Mercure  national  en  178901  1790, 
au  Censeur  universel ,  et  a  publié 
un  grand  nombre  d'ouvrages,  par- 
mi lesquels  on  cite  :  i*  Essai  *sur 
les  moyens  de  rendre  les  facultés  de 
l'homme  plus  utiles  à  son  bonheur  ^ 
ouvrage  traduit  de  ^l'anglais  (  voy. 
le  i"  article  Keralio  )  ;  2°  traduc- 
tion de  différens  morceaux  des 
Mémoires  de  l'académie  de  Sienne, 
en  /^«/i>,  Paris,  1777, 1  vol.  in-12; 
5*  traduction  des  quatre  derniers 
volumes  de  VHistoire  du  grand- 
duché  de  Toscane,  sous  le  gouver-- 
nement  des  Médicis,  Paris,  4  vol» 
in-12,  1783;  4*  Voyage  dans  les 


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:Pai^  77  ■ 


IhrneyJû. 


^l^a^é^ 


J}èpidé'  ' 


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KER 

Deua-SicUes  de  Henri  Swinburne, 
pendaat  les  années  1777,  1778, 
*779>  1780,  traduit  de  Tanglais  , 
Paris,  Ï785,  in -8%  ouvrage  qui 
réunit  l'agrément  à  Tutilité,  et  que 
madame  Robert  Keralio  a  heureu- 
sement traduit  ;  5*  Histoire  (t Eli- 
sabeth, reine  (t Angleterre  ,  tirée 
des  écrits  originaux  anglais,  actes, 
titres  et  autres  pièces  manuscrites 
qui  n'ont  pas  encore  paru ,  1 786 , 
1787,  1788,  5  vol.  in-8^.  L'His- 
t<Vire  d'Elisabeth,  fruit  de  dix  an- 
nées d'études,  de  reeherches,  de 
patience  et  d'un  talent  mûri  par 
la  réflexion,  est  une  production 
très-remarquable  et  qui  manquait 
à  notre  littérature,  car  nous  étions 
privés  de  l'histoire  et  de  la  vie  de 
cette  princesse ,  si  célèbre  dans  les 
annales  de  l'Angleterre;  l'auteur 
a  fait  précéder  cet  important  tra- 
vail d'un  discours  préliminaire,  où 
l'on  trouve  les  connaissances  d'un 
jurisconsulte  distingué,  et  des  vues 
politiques  que  ne  désavouerait  pas 
un  homme  d'état  supérieur.  Le  sty- 
le de  madame  Robert  Keralio  est 
sage,  égal,  facile;  mais  parfois  un 
peu  sec,  et  trop  généralement  di- 
dactique. 6*  Voyage  en  Hollande 
et  dans  le  midi  de  r Allemagne,  sur 
les  deux  rives  du  Rhin  ,  dans  l'été 
de  1S06 ,  traduit  de  l'anglais, 
1809,  a  vol.  in-8°;  ^'^  Amelia  et 
Caroline,  ou  l' Amour  et  l^ Amitié, 
5  vol.  in-i2j  1808; 8"  l'Étranger 
en  Irlande,  ou  Voyage  dans  les 
parties  méridionales  et  occidentU' 
les  de  cette  lie ,  pendant  l'année 
i8o5 ,  traduit  de  l'anglais  de  John 
Carr,  2  vol.  in-8',  1809  5  9°  ^  Ipf^on- 
se  et  Mathilde ,  ou  la  Famille  espa» 
gnole,  1809,  4  volumes  in- 12; 
10*  Élémens  de  construction  ,  an- 
glais  -  français,  1810  ,  in-8'  ;  1 1* 


KER 


7^ 


Rose  ei  Albert^  ou  le  Tombeau 
d'Emma ,  18 10 ,  5  vol.  in- 1 2  ;  12* 
Fables  de  Dodley,  en  anglais ,  in- 
12,  1810.  Madame  Robert  Kera- 
lio avait  le  projet  d'élever  à  la 
gloire  des  dames  françaises  qui  ont 
cultivé  les  lettres  ,  un  monument 
digne  en  effet  de  sa  nobledestina- 
tion  :  c'était  le  Tableau  de  rétat 
des  lettres  dans  les  Gaules,  Elle  a 
publié  14  vol.  de  cet  ouvrage, 
qui  devait  en  avoir  environ  40  , 
sous  le  titre  de  Collection  des  meil- 
leurs ouvrages  français  composés 
par  des  femmes,  1786,1787,  1789. 
Les  volumes  VII ,  VIII  et  IX  qui 
étaient  préparés ,  n'ont  pas  été  im- 
primés, et  l'ouvrage  a  été  aban- 
donné. Si  cette  tentative  eût  réu^^si, 
l'auteur  eût  rendu  le  même  hom- 
mage au  mérite  des  dames  étran- 
gères. Madame  Robert  Keralio  a 
été  admise  à  l'académie  d'Arras  et 
à  la  société  patriotique  bretonne. 
KÉRATRY(Augcste-Hilâkion), 
né  à  Rennes,  le  28  octobre  1769. 
Ovide  veut  qu'on  attende  la  mort 
d'un  homme  pour  le  proclamer 
heureux  ;  il  n'en  est  pas  ainsi  de 
la  qualification  d'homme  ver- 
tueux: on  peut  la  donner  à  tel 
homme  qui  n'a  pas  encore  fourni 
sa  carrière ,  sans  crainte  que  la 
dernière  moitié  de  sa  vie  démente 
le  témoignage  honorable  de  l'au- 
tre moitié.  La  source  du  bonheur 
est  pour  ainsi  dire  hors  de  notre 
domaine,  et  la  main  qui  la  dirige 
peut  à  chaque  instant  lui  donner 
un  autre  cours;  mais  la  source  de 
la  vertu  est  en  nous-même,  et  n'a 
rien  à  craindre  éts  causes  exté-  ' 
rieures ,  indépendantes  de  notre 
volonté.  Ainsi  donc ,  la  plus  rare 
des  célébrités ,  celle  d'une  vie 
sans  tache,  peut  être  justement 


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acquise  à  celui  qui  ajit  loia  encore 
du  terme  qui  met  le  sceau  à  tou# 
leâ  autres  genres  de  réputatipn. 
C'est  avec  cett/e  sécurité  de  Tave*- 
nir  qi|^  nous  allons  parler  de  St. 
Kér^try,  certaias  que  les  biogra-* 
ph«6  futurs  oe  trouveront  rien  4 
réformer  à  notre  jugement*  Il 
méritait  d'avoir  pour  père  un 
honnête  boipme,  courageusement 
dévoue  aux  intérêts  de  sa  provin- 
ce; c'ét£>it  le  patriotisme  d'une  é- 
poque,  où  -le  goiivernemieat  absolu 
ne  permettait  guère  à  ce  senti- 
ment d'étendre  plus  loin  ses  limi-r 
tes  :  l'exil  dont  il  fui  fr^pé  deu]( 
fois  ne  Qt  qu'ajouter  à  l'estiifie  que 
lui  portaient  se;»  compatriotes»  et 
lui  méritiïrent  l'honneur  d'être 
porté  au  fauteuil  de  président  de 
la  Qoblesse  aux  états  de  Bretagne. 
Cette  remarque  qui  nous  fournit 
l'occasion  de  dire  que  iH.  Auguste 
liératry  est  issu  d'une  famille  no- 
ble, est  un  trait  de  plus  à  ajouter 
i  l'éloge  d'un  hommç  que  n'attei- 
gnit aucun  des  préjugés  de  la 
classe  privilégiée  à  laquelle  il  ap- 
partenait. Après  avoir  commencé 
ses  études  à  Quimper,  il  quitta  )« 
collège  dirigé  par  M*  Le  Coz,  res- 
pectable ecclésiastique,  mort  ar- 
chevêque de  Besançon»  pour  ter-» 
miner  ses  études  à  Rennes ,  sa 
ville  natale.  Auguste  Kératry  rem^ 
porii^le  prix  d'honneur  en  rhéto- 
rique, où  il  avait  pour  professeur 
le  savant  M.  Germé,  actuellement 
recteur  honoraire  de  l'université 
de  Rennes.  M.  Kératry,  que  ses 
droits  héréditaires  et  sa  position 
sociale  appelaient  au  parlement 
de  Bretagne,  devint  élève  en  droit, 
et  eut  pour  camar^ade  le  général 
Moreau>,  alors  prévôt  de  cette 
école  (1787*1788).  Pondant  ces 


KÉft 

deui^  années ,  M.  Kératry  dirige^ 
§es  études,  Jour-à-tour  sérieuses 
et  littéraires,  d'apré*  les  principe^ 
qui  motivaient  en  France  une^é- 
Ibrme  politique.  En  1789,  il  vînt 
habiter  un  bien  rural  qu'il  possé- 
dait dans  le  Finistère ,  et  c'est  de 
là  qu'il  adressa  ^  l'aâsemblée  cons- 
tituante une  pétition  en  feveur  du 
partage  ég^l  dans  les  familles  no- 
ble^;  disposition  légale,  à  l'adop- 
tion de  laquelle  il  n'était  point 
personnellement  intéressé  ,  bien 
que  dernier  né  de  sa  famille ,  at- 
tendu que  ses  droits  héréditaires 
étaient  dès -lors  fixés  par  la  mort 
de  son  père.  Vers  cette  époque , 
il  fit  plusieurs  voyages  ù  Paris,  où 
il  se  livra  plus  particulièrement  à 
la  société  de  quelques  hommes  de 
lettres  estimed)les,  tels  que. Ber- 
nardin de  Saint-Pierre,  Legouvé, 
l'abbé  de  Yauxèles ,  etc.  Rentré 
dans  ses  foyers  lorsque  lu  révolu- 
tion ,  tombée  entre  les  mains  de^ 
arnachistes ,  achevait  de  se  déua* 
turer,  il  fut  un  moment  arrêté  par 
ordre  de  l'affreux  Carrier  ,  qui 
venait  d'arriver  dans  ce  départe- 
ment, et  sauvé  par  quelques  amis 
de  collège.  Un  mois  après  la  mort 
du  roi ,  il  retourna  dans  le  Finis- 
tère ,  où ,  sur  un  ordre  du  comité 
de  surveillance  ,  il  subit  une  dé- 
tention de  4  mois.  Les  habitans  de 
la  conimune  rurale  où  il  aTait 
son  domicile,  le  réclamèrent  avec 
tant  d'instance  ,  qu'il  fut  enfin 
rendu  à  la  liberté.  Depuis  cettç 
époque ,  M.  Kératry,  satisfait  deç 
différentes  fonctions  njiunicipale» 
qu'il  exerça  dans  cette  même  com«' 
mune,  où  l'attachement  qu'on  lui 
porte  est  un  véritable  culte ,  se 
iivr(\  sans  réserve  aux  études  phi- 
losophiques et  littéraires  ,   m%r 


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iLÉa 

quelles  il  espérait  consacrer  sa  Tîe,. 
lorsque  les  suffrages  honorables 
des  habitans  du  Finistère  rappe- 
lèrent, en  1818,  à  la  chambre  des 
Réputés.  Une  nouvelle  carrière 
^'ourrait  devant  lui  ;  il  y  entri 
d'un  pas  ferme,  en  homme  attaché 
à  la  révolution,  dont  il  a  coostam-» 
ment  blâmé  les  excès ,  mais  dont 
il  espérait  contribuer  à  faire  triom- 
pher les  principes.  Cette  marche 
dut  lui  co'içiîier  d*autant  plus  d'es- 
time et  de  considération  ,  qu'elle 
l'éloignait  dayaotage  des  faveurs 
du  pouvoir  et  des  emplois  publics. 
A  peine  honoré  du  titre  de  dépu*» 
té^  ;»vant  l'ouverture  de  la  session» 
i|  combattit  avec  autant  de  forcç 
que  d'éloqqencc,  dans  le  Journal 
ùén0ral,rppïnio^  émise  à  la  cham- 
bre des  p^irs  par  M.  ^arthélem  j, 
et  par  laquelle  on  préludait  ^  la 
destructiop  de  la  )oi  des  élections. 
La  manière  dont  îl  soutinf  à  la 
tribune  cette  mêm^  loi  du  5  fé** 
yrier^  dans  la  session  de  1818  9  et 
dpnt  il  défendit  avec  M.  Rojer* 
Gollard  la  nouvelle  loi  sur  la  li^ 
berté  dç  la  presse,  désigna  sa  place 
dans  la  chambre  sur  ce  qu'on  ap- 
pelait alors  le  banc  des  doctrinaires. 
Pans  la  session  suivante,  cette  loi 
du  5  février  fu^  entièrement  dé- 
truite. Cette  mesure  qu'où  peut 
appeler  désastreuse ,  à  laquel- 
le les  doctrinaires  n'étaient  étran- 
gers que  d'iptention,  rallia  M. 
K^ératry  au  parti  de  l'opposition. 
On  sait  quel  courage  et  quel  talent 
déployèrent  plusieurs  membre^ 
du  côté  gauche  de  la  chambre  | 
dan^  les  discussions  mémorables 
auxquelles  donna  lieu  la  nouvelle 
loi  des  élections  que  l'on  parvint 
à  substituer  à  celle  du  5  février. 
M.  Kératry  parla  le  dix-septièmç 


sur  cette  grande  question  politi-> 
aue,  où  tout  semblait  avoir  été 
dit,  et  le  discours  qu'il  prononça 
dans  cette  circonstance  mérita  d'ê- 
tre recueilli  avec  ceux  des  grands 
orateurs  qui  Pavaient  précédé  à  la 
tribune.  Le  coup  le  plus  funeste 
venait  d'être  porté  aux  espérances 
des  patriotes  piir  l'établissement 
des  lois  exceptionnelles.  Le  député 
du  Finistère,  à  qui  la  censure  ne 
permettait  plus  de  s'exprimer  li- 
brement dans  les  feuilles  publi-> 
ques ,  composa  successiviement 
trois  brochures  politiques  dopt^le 
même  mois  vit  épuiser  plusieurs 
éditiops.  La  première  avait  pour 
titne  :  Pocuniens  historiques  ;  elle 
parut  au  mois  d'août  18:10,  Dans 
{a  seconde ,  ia  France  telle  qu'on 
l'a  faite,  l'auteur  présentait  pp 
tableau  fidèle  des  envahissemeni 
Succes3ifs  de  l'aristocratie  d^ns 
toutes  les  branches  du  pouvoir.  La 
troisième ,  écrite  en  société  avei^ 
le  vertueux,  le  célèbre  Lanjuinais, 
pair  de  Frapce,  était  destinée  à 
combattre  le  projet  de  la  loi  des 
municipalités^  déjà  présenté  à  la 
chambre  per  le  ministère,  et  dont 
le  rapport  venaitd'êtrefait  avec  des 
amendemens  aggravans  au  pom 
d'upe  commission  spéciale.  Onpeut 
affirmer  que  c'est  au  lèle  de  ces  deux 
citoyens  bretons,  et  à  leur  associa- 
tion patriotique,  que  Ton  doit  Ta- 
bandon ,  ou  du  moins  l'ajourne- 
inent  d'un  projet  qui  tendait  à  la 
destruction  de  l'une  des  plus  im- 
portantes garanties  sociales.  Cç 
dernier  écrit  a  paru  au  commen- 
cement  de    1^1.    Depuis    cette 


époque ,  M^Mfatry,  convaincu 
de  rinutilité  mt  ses  efforts  daps 
une  chambre  dont  la  majorité 
n'était  plus  que  l'orgape  du  mh^ 


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6o 


Kia 


ûistère,  n'a  parlé  que  rarement  à 
la  tribune,  et  seulement  pour  y 
prouver  à  ses  commettans   qu'il 
n'avait  point  quitté  lé  poste  des 
libertés  publiques.  C'est  ainsi  qu'il 
à  pris  la  peine  de  démontrer  par 
une  véritable  description  médicale, 
que  le  prétendu  cordon  sanitaire 
des  Pyrénées  n'é kit  qu'une  me- 
sure hostile,  prise  contre  les  Es- 
pagnols; qu'il  a  cru  devoir  récla- 
mer de  l'humanité  de  la  chambre, 
un  dégrèvement  des  droits  sur  le 
sel  ,    impôt  si  onéreux  pour   la 
classe  indigente  ;  qu'il  s'est  élevé 
avec   une   éloquente  indignation 
contre  l'odieux  privilège  des  jeux 
de  hasard  et  de  la  loterie ,  dont  la 
plupart  des  gouvernemens  de  l'Eu- 
rope se  sont  fait  une  honteuse  res- 
source. Enfin,  dans  la  session  de 
1832,  à  l'occasion  du  dernier  bud- 
get du  ministre  des  relations  ex- 
térieures, M.  Rératry  a  courageu- 
sement attaqué  le  système  de  ci- 
vilisation rétrograde,  suivi  par  la 
diplomatie  actuelle  de  l'Europe. 
Nous  aurons  achevé  d'esquisser  la 
vie  politique  de  cet  honorable  dé- 
puté du  Finistère,  en  disant  qu'il 
est  depuis  i4  ans  membre  du  con- 
seil-général de  son  département; 
que  M.   Mangin  ,  procureur-gé- 
néral à  Poitiers,  a  jugé  à  propos 
de  le  faire  figurer  dans  un  de  ses 
réquisitoires,  avec  trois  de  ses  plus 
illustres  collègues,  comme  mem- 
bre désigné  d'un  prétendu  gou- 
vernement provisoire,  auquel  le 
succès  de  la  conspiration  de  Sau- 
mur  aurait  donné  naissance  ;  en- 
fin, que  WL.  Kérat^n'a  pas  seule- 
ment réclamé  judJHîrement,  mais 
qu'il  s'est  associé  iV%  plainte  por- 
tée par  M.  Benjamin  Constant  au 
tribunal  de   l'opinion  publique, 


&E& 

contre  cette  accusation.  Après 
avoir  suivi  M.  Kératry  dans  sa 
carrière  administrative  et  poli- 
tique ,  où  nous  remarquerons 
qu'il  n'a  jamais  exercé  de  foncr 
tions  salariées  ^  considérons  -  lé 
comme  homme  de  lettres,  et  rap- 
pelons ses  titres  principaux  à  cet 
autre  genre  de  gloire.  En  1791,  il 
a  publié  un  volume  de  Contes  et  . 
d  Idylles  à  l'imitation  de  Gesner/ 
L'abbé  Aubert  et  La  Harpe  en  ont 
rendu  un  compte  très-avantageux 
dans  les  journaux  du  temps.  Ses 
Inductions  morales  et  philosophi" 
ques,  dont  nous  ne  saurions  indi- 
quer la  date  précise,  portent  l'em- 
preinte d'un  travail  qui  a  quelque 
chose  de  natifs  et  dans  lequel  une 
imagination  impatiente  s'est  néan- 
moins soumise  à  une  marche  ré- 
gulière et  systématique.  Cet  ou- 
vrage riche  de  pensées  ,'  fort  de 
style,  et  brillant  d'images,  suffirait 
pour  assigner  à  son  auteur  un  rang 
distingué  parmi  les  écrivains  de 
cette  époque.  Dans  le  cours  de 
l'an  8,  il  a  successivement  publié 
son  Voyage  de  24  heures;  deux 
éditions  en  furent  profnptement 
épuisées.  En  l'an  10,  ses  Voisins 
dansl'jàrcadie,  qui  ontobtenunon 
moins  de  succès.  L'année  suivan- 
te, son  Habit  mordoré,  production 
dans  le  genre  de  Sterne  ,  qui  se 
fait  remarquer  par  ce  mélange  de . 
tristesse  et  de  gaieté  que  les  Anglais 
ont  caractérisé  sous  le  nom  à* hu- 
mour. En  i8ii,  il  publia  un  petit 
poëme  en  prose  sous  le  titre  de 
Rut  h  et  Noëmij  sujet  tiré  de  l'E- 
criture sain  te,  et  traité  par  l'auteur 
avec  cette  simplicité  antique  .et 
religieuse  qui  convient  À  ce  genre 
de  composition.  En  i8i5.  M,  Ké- 
ratry mit  au  jour   un   traité  de 


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KÊR 

f  existence  dé  Ditittt  de  ritnmor- 
taiité  de  fume,  dont  aa  ne  peut 
feîre  un  plus  grand  éloge  qu'en 
di^mnt  qu'il  ajoute  des  preuves 
nouvelles  à  des  vérités  sur  les- 
quelles repose  rédifioe  social.  Dans 
le  cours  de  s^ts  travaux  politiques^ 
cet  écrirain  laborieux  a  cherché 
dans  la  cultàré  des  artsr ,  ou  du 
moins  dans  l'appréciation  de  leurs 
chefs-d'œuvre ,  dés  consolations 
contre  l'inutilité  de  ses  courageux 
efforts.  Le  compte  qu'il  a  rendue 
dans  le  Courrier  français,  du  Sa* 
ion  de  1819,  a  fourni  la  matière  de 
plusieurs  lettres  charmante^  qui 
ont  été  réunies  ^n  un  corps  de  vo- 
lume par  le  libraire  Maradan,  édi-^ 
leur  de  presque  tous  lés  ouvrages 
de  M.  Rératry.  On  doit  encore->à 
ses  studieux  loisirs  un  Traité  sur 
les  arts  (limitation,  dans  lecpiel 
se  trouvent ,  peut-être ,  les. pages 
les  plus  éloquentes  qui  aient  été 
écrites  sur  ce  sujet.  Achevons  de 
caractériser  en  quelques  lignes  le 
talent  de  M.  Kératry.  Contempla- 
teur assidu  de  la  nature,  il  se  plaît 
  suivre,  avec  une  imperturbable 
attention ,  la  même  série  de  faits 
et  d'idées,  jusqu'à  ce  que  le  fil  en 
échappe  à  ses  yeux;  son  esprit, 
nourri  dans  la  solitude,  s'est  ainsi 
conservé  quelque  chose  de  propre 
et  d'original  qui  manque  trop  soù* 
vent  parmi  nous,  même  aux  écri- 
vains les  plus  distingues.  Nous 
devons. ajouter  qu'il  en  résulte, 
dans  des  ouvrages  philosophiques 
cl  littéraires,  Temploi  souvent  exa- 
géré de  formes ,  d'images  et  d'ex- 
pre!?sions  trop  directement  em- 
pruntées à  ses  études  physiques  de 
la  nature  et  des  arts.  M.  Kératry 
travaille  en  ce  moment  à  un  com* 
mentaîte  deè  GônsidératioM  Hir 


&Ea 


«I 


le  sublimey  d'ËufimatiUèl  Kant.  Au 
moment  où  nous  terminons  cet 
article,  en  novembre  18212  (la  date 
est  nécessaire  à  constater  )  ,  M. 
Kératry  vient  d'être  réélu  à  k 
chambre  des  députés  par  le  même 
arrondissement  du  département  du 
Finistère ,  qui'  l'avait  nommé  en 
1818. 

KÉftAUDREN  (Pierre  -  Fran- 
çois,) médecin  en  chef  des  armées 
navales,  et  membre  4e  la  légion-* 
d'honneur,  est  né  à  Brest,  eh  1769. 
Dès  que  ses  études  classiques' fa- 
l-erit  achevées,  il  se  livra  spéciale- 
ment à  la  médecine.  Les  cburs 
qui  se  faisaient  alors  à  Brest  étaient 
très- estimés  ;  il  les  suivit  avec  la 
plus  grande  assiduité,  fit  en  peu 
de  temps  des  progrès  rapides,  et 
se  voua  au  service  de  la  marine. 
Afin  de  pouvoir  joindre  Utilement 
la  pratique  à  la  théorie ,  il  fît  plu- 
sieurs campagnes,  dans  lesquel- 
les il  observa  avec  le  plus  grand 
soin  ks  maladies  qui  régnent  or- 
dinairement sur  les  vaisseaux,  et 
parvint  à  découvrir  de  nouveaux 
moyens  de  les  combattre  et  même 
de  les  prévenir.  Au  retour  de  ses 
voyages,  il  obtint  à  Brest  une  chai-r 
re  de  médecine  navale,^  à  l'école 
de  cette  ville.  M.  Kéraudren,  au- 
torisé à  se  rendre  ù  Paris,  vint  ac- 
croître dans  la  capitale  les  eonnâis^ 
sances  déjà  très-étendues  qu'j^pos* 
sédait.  Il  reparut  aut  bordé  'qui 
l'ont  vu  naître,  avec  le  double  titre 
de  docteur  et  de  médecin  en  chef 
de  l'armée  navale.  Ce  futed  cette 
dernière  qualité  qu'U  fit  «un  nou- 
veau  voyage,  qui  le  mit  à  même 
d'adresser,  à  son  retour,  des  mé- 
moires au  ministf-e  de  la  marine^ 
oû>  en  rendant'  compte  de  Ues 
découvertes^  il  indique  les  moy eus 
6 


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Google 


8â 


KM 


de  perfectionner  le.  service  de 
santé  maritiqie.  Lor^  de  l'expé- 
ditioa  du  capitaine  Baudin,  pour 
la  décourerte  des  terres  australes, 
rOe  fut  lui  qui  fut  chargé  de  rédl^- 
ger  les  iiiaitructions  sanitaires  dont 
Péro9  a  fait  dans  sa  relation  le 
pluè  gr^nd  éloge..  Depuis  ce  mo- 
ment, M.Kéraudren,  qui  était  mé- 
de(i^  consultant  attaché  au  <ni- 
nistère  de  la  marine  «  fut  chargé 
£fk  cette  qualité  d'inspecter  tous 
les  ports,  et  d'y  organiser  le  servi- 
.ce  de  santé  des  bôpitau3(  et  de$ 
BSCadreâL  Le  zèle  et  Tinielligence 
qu'il  mit  à  remplir  ses  fonctions 
lui  yalurent  le  titre  d'inspecteur- 
géoéraly  et  la  croix  de  la  légiont 
d'hpRnetir,  dont  l'empereur  le 
décora  en  i^4*  Ai.  Kéraudren  a 
publié  le$  ouvrages  suivana  :  i*" 
Réfieûsicns  séminaires  sur  lé  scoi^^ 
but,  j8o4»  itï-'^%  fi"  Mémoire  sur  U 
sipiùlis  dégénérée.  Cet  ouvrage  $e 
trouve  dans  k  8";*  vol.  des  M^moit 
l'es  de  1/9'.  société  médicaUr'5°  Pr<J{jet 
de  règlement  sur  les  moyens  de  pré- 
venir l'introduction  par  mer  des 
maladies  contagieuses  ;  4°  Mévioi'- 
r^  sur  le, mal  de  mer;  5*  un  asse» 
grafid  nombre,  d'articles  insérés 
dans  le  Dictionnaire  des  sciences 
médicales^  svkv  l'hygiène  navale.  En 
jBi6)  le. roi  a  nommé  M.  Kéifau*- 
dneA  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel. 

K  jàllESPËRTZ  (  LE  COHTB  M  )  i 

colonel  dti.e^valerie  et  chevalier 
de  Saint-IiOiuis ,  eœbraasa  de  bon* 
ne  henre  l!état  militaire.  Il  était  ^ 
en  i;;S8^  iCa()itainè  dans  le  régi* 
ment  des  obasseurs  des  P  jrénées« 
U  éfîiigra  au  commencement  de  k 
révolution  9  et  fit  les  campagnei 
de  l'ateée des  princes.  Il  fut  nom* 
mé  par  le  roi  «ùui- préfet  de  Foiit 


KÈK 

gères  en  iSiS^  et  en  exerça  les 
fonctions  après  la  seconde  restau-* 
ration.  En  mars  1817,  il  fut  appelé 
à  remplacer  M.  Watters  à  la  pré- 
fecture de  la  Vendée. 

KERGAKIOU  (  le  comte  >, 
exerça  sous  le  gouvernement  im-^ 
périal  les  fonction^  de  chambel- 
lan ,  et  fut  créé  comte  par  Napo- 
léon, le  36  décembre  1811.  Il  fut 
nommé  à  la  préfecture  d'Indre* 
et-Loire,  et  en  remplit  les  fonor 
tions  jusqu'au  i5  octobre  i8i4« 
A  cette  époque ,  le  roi  le  fit  ofÊr 
cier  de  la  légion-d'honneur,  et  lui 
confia  la,  préfecture  du  Bas-Rhin. 
Une  ordonnance  ro}^ale  9  en  date 
du  2  août  181 5,  le  déplaça  de 
nouveau  et  le  nomma  préfet  de  la 
Seine-I  n  férieure. 

KERGARIOU^LOCMARIA 
(de) y  oiiicier  de  la  marine  fran^ 
^aise,  avait  servi  d'une  manière 
distinguée  dans  la  marine  royale 
jusqu'au  moment  où  la  révolution 
éclata.  Il  quitta  la  France  et  »« 
réfugia  chez  l'étranger.  Il  reparut 
dans  sa  patrie  avec  les  troupes  qui 
débarquèrent  à  Quiberon  en  1 795. 
On  connaît  le  résultat  de  cette 
éxpéditron;  M.  Kergariou  fut  fait 
prisonnier  par  l'armée  aux  ordres 
du  général  Hoche  9  traduit  devant 
une  commission  militaire,  cout 
damné  à  mort  et  fusillé  le  3o  du 
même  mois»  Son  père,  vieillard 
respectable  par  son  âge  et  par  ses 
vertus  9  avait  été  président  du  dér 
parlement  du  Finistère ,  dans  les 
années  1792  et  1795*  Accusé  d^ 
fédéralisme  après  la  chute  dti  parti 
de  la  Gironde  ,  il  ne  put. échap- 
per à  la  proscription  qui  en  pour^ 
suivit  les  partis^nsi;  il  comparuf  f 
c^  1 794  9  avec  tous  les  adminis* 
trateur^  di»  Finistère,  d^fa^t  le 


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tribunal  réTolutionnaîre  de  Brest  i 
fut  condamné  à  mort  9  et  eut  ia 
douleur  de  ne  subir  son  arrêt  quV 
près  avoir  tu  périr  ses  infortunés 
collègues. 

&ERGORLAY  (  Locis-Fbàh- 
çois-Pàvi;,  GOMTfi  va),  fnembre  de 
la  chambre  des  députés  ^  ofiiCt)»r 
de  la  légion-d'honneur^  eheValior 
de  Saiût'-Louis^  «9t  né  en  ^Breta- 
gne vers  Tannée  1790*  Après  avoir 
servi  pendant  quelques  années  dans 
un  régiment  d'infanterie  ^  il  *e  re^- 
tira  à  la  campagne  ^  vécut  ignoré 
jusquW  181 5^  époque  où  les  ré- 
solutions 4u  congrès  de  Vienne 
étaient  connues  f  et  où  Napoléon 
chancelant  présentait  à  l'accepta- 
tion ou  au  p*efus  des  Français  son 
â€t€  additionneL  M.  de  Kergorlay 
publia  alors  une  bro<ihure  sous  le 
titre  :  Des  lois  eneistantes  et  du 
9  mui  181 5.  Les  opinions  qu'il  y 
énonçait  et  ses  attaques  directes 
oontre  la  personne  de  Napoléon , 
itèrent  l'attention  de  la  police . 
X)'après  un  ordre  du  ministre  Fou-^ 
ché,  l'imprimeur  Dentu  fVit  arrêté* 
L'auteur  devait  l'être  également; 
inais  quoique  les  biographes  Mi-^ 
chaud  prétendent  qu'il  ne  se  cacha 
point ,  toujours  e$t-U  de  notoriété 
pttbliqu<%  que  M.  iLergorlày  ne  fut 
point  trouvé.  L'on  arrêta  ^  il  est 
vrai,  son  frère;  mais  l'auteur  in- 
ciiminé  resta  libre,  grâce  au  dé- 
vouement fraternel  On  ignore  mê- 
me les  démarches  qu'il  fit  alors  pour 
réclamer  contre  l'erreur  qui  frap- 
paiit  son  frèr^  à  sa  place.  Heureuse-» 
ment,  le  second  retour  du  roi,  en 
juillet  de  la  même  année,  mit  6n  à 
la  captivité  de  ce  ïrère  généreux. 
Au  mois  de  septembre  de  la  même 
aiinée,  M.  de  SLergorlay,  celui  qui 
n'avait  point  perdb  sa  liberté ,  fut 


h3K 


85 


nommé  à  la  chambre  deê.  députés 
par  le  département  do  l'Oise.  Il 
se  plaça  à  Tettrême  droite  et  vota 
en  faveur  du  projet  de  loi  sur  les 
crfs  séditieux  ;  mais  toutefois  après 
avoir  proposé  de  remplacer  la  tè^ 
daction  de  l'article  7  par  celle-ci  : 
«  Sont  (coupables  d'actes  séditieux 
»  toutes  personnes  qui  répandraient 
»  ou  abcréditeraieDi  ^  soit  des  alar- 
ornes  sur  l'exécution  fidèle  de  la 
»  charte  CoDstitutionûelle  et  des 
»lois  qu'elle  a  confirmées;  soit 
»  des  nouvelles  tendant  à  alarmer 
»les  citoyens  sur  le  maintien  de 
»  l'autorité  légitime,  et  à  ébranler 
»  leur  fidélité.  >»  Il  avait  exprimé 
1^  plus  toucbans  regrets  sur  l'an- 
cien temps  ^  sur  les  parlemens, 
et  s'était  écrié  :  «  Messieurs,  le 
]»roi  s'est  dépouillé  de  la  puissan- 
wce  législative  qui  n'appartenait 
»qu'À  lui  seul.  *  Opkiion  que  la 
charte  avait  démentie  à  l'avanoe. 
M.  de  Kergo^lay  fut  nommé  se- 
crétaire le  a5  novembre.  Lors  de 
la  présentation  du  projet  de  loi 
sur  r amnistie,  le  6  janvier  1816, 
il  fit  ainsi  cofj^naître  son  opinion  : 
liSfi  regarde  ce  titre  de  projet 
«comme  défectueux.  L'amnistie 
»  que  le  roi  avait  le  droit  de  pro* 
»  damer,  n'est  pas  l'objet  de  la 
»loi.  Cette  loi  générale  a  pour 
»  objet  ks  exceptions  à  faire  à  cet- 
»  te  loi  rendue  par  l'autorité  supé* 
srieure,  celle  du  roi,  et  à  lui  ré- 
»  sérvée  par  l'art.  t4  de  la  charte* 
•  Nous  devons  prier  le  roi  d'user 
»  de  son  pouvoir  dans  sa  plénitu- 
»  de ,  en  retirant  ce  titre  de  projet 
»de  loi.  »  L'évasion  de  M.  de  La 
Valette  (  vify.  La  VAiKtTE  ) ,  mi- 
racle de  l'amour  conjugal,  ejccita 
dans  l'âme  de  M.  Kergorlay  un 
fteiktimeoit  d'indignation  qu'il  ex- 


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84 


KËR 


prima  dans  la  discussion  sur  la 
responsabilité  des  ministres  : 
«  Qudle  interprétalîon  honteuse , 
»dit  ce  député,  û'auraît-on  pas 
»  lieu  de  donner  à  la  *prolongation 
T)de  notre  silence  !...  L'évasion 
ï>  d'un  grand  criminel  a  excité  sur 
»deux  ministres  (  M.  Barbé-Mar- 
wbois  ,  garde-des*sceaux,  et  M. 
v»Decazes,  ministre  de  la  police  ) 
il  des  soupçons  qui  ne  sont  pas 
»  dissipés.  Leur  conduite  posté- 
^  Heure  n'a  pas  été  propre  î'i  nous 
«rassurer.  L'un  a  bravé  notre  dé- 
»  fiance  et  abusé  de  la  confiance 
»de  la  chambre  des  pairs,  en  con- 
wféraiit  l'inamovibilité  à  une  foule 
-»de  juges  que  leur  récente  infidé- 
ulité  enveïs  leur  l'oi  en  avait  ren- 
»  dus  indignes.  Il  a  jeté  aussi  la 
ji  consternation  dans  les  départe- 
»  mens  9  qui  ne  peuvent  attribuer 
»de  telles  nominations  qu'à  une 
»  conspiration  ouverte  contre  la 
»  royauté.  L'autre  emploie  l'au- 
»  torité  arbitraire  qu'il  exerce  sur 
»l€s  journaux,  à  y  organiser^une 
«diffamation  systématique  con- 
»treles  principes  religieux  et  roya- 
»  listes.  Ce  honteux  héritage  de 
»  Fauché ,  iaiblement  contenu  en- 
>»core  par  notre  réunion^  va  pren- 
wdre  évidemment,  aussitôt  après 
j»  la  fin  de  notre  session ,  un  déve- 
«loppement  dont  il  est  impossi- 
»ble  de  calculer  les  suites.  «  Le 
19  avril,  il  fit,  au  nom  de  la  com- 
mission chargée  d'examiner  le 
projet  de  loi  relatif  à  l'extinction 
des  pensions  ecclésiastiques,  un 
rapport  tendant  à  ce  qu'il  fût  af- 
tecté  41  millions  au  clergé ,  et  à  ce 
que  les  biens  non  vendus  fussent 
remis  ou  restitués  aux  établisse- 
mens  ecclésiastiques  à  titre  -  de 
propriété  incontestable.  La  majo-* 


KER 

rite  de  la  chambre ,  animée  des 
principes  deM.  deKergorlay,  don- 
na lieu  à  l'ordonnance  royale  du 
5  septembre  1816.  M.-  de  Ker- 
gorlay  se  présenta  aux  nouvelles 
élections  :  ce  fut  M.  Tronchon, 
membre  de  plusieurs  <le  nos  an- 
ciennes législatures,  qui  fut  élu. 
M.  de  Kergorlay,  renommé  en 
18 17,  fait  partie  de  la  série  qui  a 
été  renouvelée  en  1822.  Il  avait 
publié',  en  181 5,  outre  sa  fameuse 
brochure  Des  lois  existantes,  etc. , 
différens  autres  opuscules  politi- 
ques ,  sur  lesquels  les  journaux  et 
ses  amis  ont  gardé  le  silence. 

KERGORLAY  (Flowan,  comte 
de)  ,  frère  du  précédent ,  et  déjà 
connu  par  son  dévouement  fra- 
ternel en  181 5;  il  siège  à  la  se- 
conde chambre,  comme  l'un  des 
députés  nommés  par  le  départe- 
ment de  la  Manche,  qui  renou- 
velle sa  députation  en  1825.  M. 
de  Kergorlay  se  place  au  côté  droit: 
Il  n'a  encore  trouvé  l'occasion  de 
se  faire  remarquer  que  par  son 
vote  fidèle  à  la  majorité. 

KERGUELEN  -  TREMAREC 
(  Yves- Joseph  de)  ,  célèbre  navi- 
gateur français,  naquit  en  Bre- 
tagne, vers  174^?  ®t  mourut  en 
1797.  Il  montra  dès  sa  jeunesse  9 
ainsi  qu'un  grand  nombre  dese^ 
compatriotes,  un  goût  prononcé 
pour  la  navigation ,  entra  de  bon- 
ne heure  au  s,ervice  de  mer,  et  en 
1767,  à  peine  âgé  de  22  ans,  il 
avait  déjà  obtenu  le  grade  de 
lieutenant  de  la  marine.  A^  cette 
époque,  le  gouvernement  fit  ar- 
mer une  frégatej  à  l'effet  de  pro- 
téger la  pêche  de  la  morue  sur  les 
côtes  d'Islande.  Kerguelbn  en  re- 
çut lé  commandement,  sortit  de 
Brest  le  2&  avril,  et  se  trouva  en 


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KEK 

vue  de  Tlslande  le  12  mai  suivant. 
Le  besoin  de  se  procurer  de$  ra- 
fraîchissemeos  et  du  bois  le  fit  re- 
lâcher,  vers  le, milieu  de  Tété,  à 
Berg^en ,  en  Norwège.  Il  fit  cette 
navigation  pendant  le  temps  em* 
ployé  ordinairement  par  les  pê^ 
cheurs  à  changer  de  parage  pour 
la  pêche,  et  en  se  firayant  un  pas- 
sage au  milieu  des  glaces.  Ker- 
guelen  revint  prendre  sa  station , 
le  17  août,  vers. le  QgT'  parallèle 
nord.  li'usage  des  bâti.mens  pê^ 
cheurs  est  de  quitter  ces  mers  du 
25  au  3o  aoOt.  A  cette  épgaue, 
les  brumes  et  les  mauvais^ Kio^ps 
commencent  à  s'y  faife  sentir  ,  e| 
à  rendre  la  navigation  périlleuse.. 
Kerguelen,  voy^ant  que  sa  pré-> 
sence  n'était  plus  nécessaire  dans 
ces  parages,  mit  à  la  voile,  et  ren- 
tra dans  le  port  de  Brest  le  9  sep- 
tembre. A  son  retour,  il  fut  char- 
gé par  le  gouvernement  de  $e  ren- 
dre en  Angleterre  ,  pour  y  faire 
des  observations  sur  la  construc-^ 
tion  navale,  et  s'acquitta  de  cette 
mission  avec  autant  d'intelligence 
que  de  zèle.  En  1769,^  ?1  reiwit  le 
commandement  de  sa  frégate,; 
pour  une  opération  à  peu  .  près 
semblable  à  la  première.  Ce  ))ut. 
rempli,  il  revint  en  France,  et  pré- 
senta au  roi  ,une  Relation  de  ses 
deux  voyages.  Occupé ,  pendant 
l'année  1 770  et  le  commencement 
de  1771 ,  à  sonder  et  relever  les  ' 
côtes  ie  France,  il  fit  en  même 
temps  exécuter  les  travaux  néces- 
saires pour  indiquer  aux  marins 
la  route  et  l'entrée  des  ports.  On 
supposant  alors  aux  terres  austra- 
les une  étendue  immense^  dont 
Gonneville  n'avait  découvert 
qu'un  des  points  avancés  :  Ker- 
guelen, dans  l'espoir  d'y  faire  de 


K£R  85 

nouvelles  découvertes,  en  propo- 
sa le  vpyage.  Dans  les  instruc- 
tions qu'il  reçut,  on  le  chargea  de 
parcourir  une  nouveUe  route,  in- 
diquée par  le  chevalier  de  Grenier, 
comme  étant  la  plus  courte  pour 
arriver  pux  Indes.  Un  astronome 
(  l'abbé  Rochon  )  fut  attaché  à 
l'expédition,  qui  partit  de  Brest  le 
1"  mai,  et  arriva  à  l'île  de  France 
le  ao  août.  Afin  de  vérifier  Jes  a^ 
vantages  de  la  route  que  l'abbé 
Rochoq, avait  déjà  parcourue  avec 
le  chevalier  de  Grenier,  Rergue- 
len  se  rapprocha  de  i'équateur 
avant  de  se  diriger  vers  le  pôle 
sud.  Il  crut  reconnaître,  ain^i  que 
le  savant  qui  l'accompagnait,  que 
les  avantages  offerts  par  cette 
nouvelle  route  étaient  trop  faibles 
en  comparaison  des  dangers:  aux- 
quels on  était  exposé  en  la  par- 
courant. L'expérience,  néan- 
moins, a  depuis  décidé  cette 
question  différemment.  Kergue- 
len, reparti  de  l'île  de  France 
pour  aller  à  la  découverte  des. 
terpres  australes,  le  16  janvier 
i77ii>  découvrit,,  les  12  et  i3  fé- 
vrier, par  5o*  5'  sud,  àe$  îles  de- 
vant lesquelles^  il  resta  jusqu'au 
v8;.ra[aisles  brumes  et  le  niau- 
vais  teqips  ne  lui  permirent  pas 
d'y  demeurer  plus  long-temps. 
Après  avoir  chargé  la  cprvette  qui 
l'accompagnait  d*y  déppsfs.r  un 
acte  de  prise  de  possession,  re- 
cueilli depuis  par  le  célèbre  capi- 
taine anglaise  Goo)&  en  .1776,  il 
revint  en  France,  annonça  au  mi- 
nistre s^  découverte,  et  en  fit  de- 
vant Louis  XV,  auquel  il  fut  pré- 
senté, upe  description  pompeuse. 
Le  roi,  espérant  tirer  de  cette  prisé 
de  possession  de  grands  avanta- 
ges, nomma  Kerguelen  capitaine 


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86 


Ki:ii 


de  raisseau  ,  et  le  décora  -de  la 
croix  de  Saînt-Louis,  qu'il  liii  at- 
tacha luî-même.  Cette  double  fa- 
veifr  exiita  l'envie,  et  lui  suscita 
beaucoup  d'ennemis,  qui  disaient 
hautement  qu'il  n'avait  découvert 
que  des  glaces.  Cela  ne  l'empo- 
cha pas  d^' obtenir  le  commande- 
ment d'une  nouvelle  expédition 
pour  aller  vérifier  la  découverte 
qu'il  avait  annoncée.  Parti  pour 
se  rendre  à  l'île  de  France,  le  29 
août  1775,  il  quitta  cette  île  le  i9 
octobre,  ayaiît  sous  ses  ordres, 
Indépendamment  de  sa  frégate , 
deux  autres  petits  bâtîmens.  Le 
i5  décembre.  Il  vît  pour  la  pre- 
mière foi»  la  terre  ;  et  depuis  ce 
jour  jusqu'au '6  janvier  1774?  ^^ 
en  reconnut  plusieurs  points,  qui, 
d'après  un  relevé  général,  for- 
maient plus  de  80  lieues  de  côtes. 
Cependant  le  manque  de  vivres , 
le  triste  état  des  équipages  et  des 
bôtimens,  et  une  mer  continuel-r 
lement  agitée  par  des  tempêtes, 
déterminèrent  Kerguelen  à  quit- 
ter ces  parages ,  pour  se  retirer  à 
la  baie  d'Antougil  (île  de  Mada- 
gascar), et  de  là  au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  11  rentra  enfin' dans  le 
port  de  Brest  le  i;^  septembre.  A 
peine  était-il*de  retotir  en  France, 
qu'un  officier  de  son  équipage  :» 
auquel  il  avait  appai^éftiinent  doQ<^ 
né  quelque  sujet  de  plainte,  pu- 
blia contre  lui  un  mémoire,  où  il 
était  accusé  a'avoîi*'mfill  rempli  sa 
mission,  et  surtout' d*avoîr  aban- 
donné dans  des  parëges  déserts 
une  de  ses  embarcations  avec  les 
officiers  et  soldats  qui  la  'mon- 
taient, lesquels  ne  furent  sauvés 
que  par  une  espèce  de  prodige,' 
d'une  mort  inévitable.  Les  an- 
ciens ennemis  de  Kerg^uélen  ap«^ 


KEH 

pesantirent  encore  les  charges  por- 
tées contre  lui ,  et  parvinrent  à  le 
faire  arrêter  et  traduire  devant  un 
conseil  de  guerre ,  qui ,  malgré 
les  attestations  fayorables  de  plu- 
sieurs officiers  de  l'expédition ,  l^ 
condamna  à  ^tre  déchu  de  son  gra- 
de et  enfermé  au  château  de  Sau- 
mur.  Couime  il  paraît  que  Tanî- 
mosité  plus  que  la  justice  avait 
dicté  ce  jugement  rigoureux,  Ker* 
gueten ,  après  quelques  mois  d^ 
détention ,  fut  rendu  à  la  Hbértê. 
Il  avait  employé  utilement  le 
t«mpj|  de  sa  captivité,  en  8*oe* 
eupant;à  rrtetlre  ^h  ordre  ses  di- 
vers mémoires  relatife  à  la  marri- 
ne.  Depuis  ce  moment  jusqu'à 
répoque  de  sa  mort^  arrivée,  com- 
me on  Ta  vu,  en  1797,  il  fit  en- 
core avec  ses  deux  fib  plusieurs 
courses  sur  mer.  Kerguelen  a  pu- 
blié les  ouvrages  suivans  :  i^  /!«- 
tatiom  tC'uh  toynge  dans  la  mer  du 
Nordj  aux  cet  es  d^  Islande^  du 
Groentund,  de  Ferre^  de  Schèi- 
tandy  des  Orcades  et  deNorwège^ 
fait  en  1767  et  1768,  cartes  et  fi- 
gures, Paris,  1771 ,  un  vol.  in-4*> 
a°  Relation  de  deux  wyages  dans 
tes  mers  australes  et  des  Indes ^  fdlts 
^«1771,  1775,  1773  <5r  i7j»4, 
Parfo,  1782,  I  vol.  in-S*;  S*  Me* 
iation  des  combats  et  des  événemens 
de  la  guerre  maritime  dé  1778  , 
eMrê  ta  Franee  et  t*Ah^Cetèrrt^ 
terminée  par  an  précis  de  la  guerre 
présente  g  des  causes  de  h.  Idestrur-' 
tion  de  la  mariné  et  des  moyens  dÈe 
la  rétablir^  Paris,  1796,  1  vol. 
in -8';  4'  Cartes  ma?fl^s  de  la 
Mantke^  des  lies  Orcades^  etc. 
Dans  là  relation  que  donna  Gouk, 
lorsqu'il  eut  pris  possession  de 
l'île  découverte  par  le  navigateur 
français;  il  dit  :  «e  J'auraîa  pu  la 


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onomtxier    fort    conveqabliunBiit . 
nViU  delà  Désolation;  mais  pour. 
»De  P4S  ôter  à  M.  Kerguelen  la. 
»f[loiîr«  i»  l'avoir  découyerte,  je 
»rai  app«Ue  tmre  de  KergueUn.» 

K£|LB.  (  ftoBSftT  ) 9  chirurgien; 
écossais  ^  mort  à  Edimbourg  |  en 
mai  i8i4*  Sa  viehonorahle,  mai», 
ebacur^,  n*a  été  rérélée  que  par 
sea  lalens  et  sfispuTrage&  :  ?ia  pai*» 
sible,  qui  lui  a  fait  aequérir  de  jus- 
tes droits  à  Testinie  générais,  et 
plus  pATtieulièremeiU;  à  la  nôtre  9 
bjien  méritée  par  la  cdnsidèration 
qu'iiportait  à^ssavans,  dont  il  a 
su  apprécier  le  mérîle,  et  dont  il  a. 
(vausporté  les  utiles  coûnaissançes 
dans  sa  langue  mattrnelleu  &err  a 
publié'  :  L.**  Éiémens  de  ehimiê  , 
traduit  du  français  de  Làvoisier» 
*5^-«*-i9955in-8';  ià"" Ess4i  ear  la 
moupelle  méthode  de   èlmuhinunt 
fier  U^^ide  mu^iaiiéfus  oaigéné, 
Iradiiit  4û  français  de  Baithollet; 
3^  le  Mégn4  animal  ^  ou  système 
iaolûgi\qae  de  Linné,   17^^  ii^ 
4^;  4*  HUtoir-o  msturellé  des  ser^ 
ptsnsi  et  ^  des  quadrupàdeS',  4  ^^l* 
ia^Sf ,    il  8Ô149 .  5t .  Mémoires  de  Ip 
vie  de  Mi'  WUUmn  S%neliie,  181 1> . 
a  voL  in-i.8»j  6t  Histoire  de  VÉ^ 
eosse  durant  h  règne  des  Roberti 
Mffuoey  1811,  fi  volv'  in^S"  ;  7*jEsv>. 
siai  suf  la  ihàorie  de  la  tetn^e  ,  ^vaL-» 
duitidu' ftfaaçajs  de  M.  Cuvier^ 
i8i5,  î^-?8^y  etc.  Ce  dcnrier  ouh* 
i«ag^,.4|iii:)ip««u  après  la  «mort  de 
Pai|tpur,a  été  mile  m  j  oùv  p^ le  pro^  ' 
fesseur  Jameson.  i^ërr  éti^t  mem-^ 
b«e  de^la-sooièté  ro jalp  et  dé  la, 
sMûété  icis  •asj^liqoâîfes  d'Édim^^ 
bourg.  ''   .'     ii:   ''  î.- 

KËRSAINT  (A»mawd-Got-Sj^ 
uoMf  cûSTH  Dtf),  mea)bve>de  ras«i 
seubiée  lé^siative-et  de  la  c(»|h 
r«ntion  nationale',  capitaine  de 


vaisseau  9  •  naquit  ^  •  Palis . ,  vfirs . 
1^4*5  d'uufft  famille  noble  deBre* 
tagnc.  Destiné  par  sa  naissance  k 
la  carrière  des  amtes^  ilreçut  Une 
édudatioti  analogue  à  cette  pro^ 
fession.  Son  goût  le  porta  .au  aeiv 
vice  de  mer.  Il  se  trouvait»  au. 
commencement,  de  la  révotuti^fi « . 
capitaine  de  vaisseau»  et  fut^  dit- 
on,  rhomme  de  mer  le  plua  e^pé^ 
rimenté  de  son  temps*  Il  était  cité 
surtout  par  ta  précision  et  Tba*^ 
bileté  de  ses  mancsuvres*  Attaobé 
au  parti  philosophique,  les  prfnei** 
pas  du  nouvel  ordre  I  de  choses 
convinrent  à  soj)  esprit  éclairé^  f^> 
il  les  adopta  avec  franchise,  tuais 
avec  sagesse.  Distingué  *  pan  vSca 
talens  et  sa  bravoure,. pl^in  d-ea^. 
poir  dans  une  réveldtion  qui  de-r 
vail  détruire  de  nombreux  alj^us».- 
dèS'.Taurore  de  cette.  «éfblutioiÈii. 
en.  1789,  'il  publia  ua  ouvrage 
très  1  remarquable  y'  sous  ce  titre  ; 
le  Bon  Sens,  Il«y  nx^aii  h  déeo^ 
vett  l-Âme  d'un  homme  de  bien 
dévoué  à  la  patrie  et  partisan  de 
1^  libertai  Ai4«*de$sus  de  toutes. le» 
suggestions,  dédaignaut  tout  inn>^ 
térêt  persohn^,  il  attaquait  énern. 
giquement^  dans  aon»  éutrage^  ie$ 
privilèges,  les  droits  iaodaus,  el 
jusqu'à:  rpxisteaee,  consme  ordres 
dans  Pétat,  de  la  tnqblessè  et  >dii 
clergé.  Sea'oonnaisaandea  en  ida*-^ 
ritie  et  en  adminiâtration  le  firent 
piusieur^  fois  appeler  îvu  comité, 
maiitime  de  l'assenobiée  eon^ti-^ 
tuante,  afin  d'éelaitfer  Ici  membres* 
qui  le  composaient  de-see  lumières» 
et  de  son  expérienoâ.  i&esidfes: 
n^y  furent  pas  toujours  adoptées, • 
et  il  i' ensuivit  des  discussions- 
qui  Retentirent  jusque  dans,  les 
journaux.  Kersaîat  fut  ùoipmé, 
en  septeiQbre  1 79 1  ^  administras 


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8S  KlA 

teur  du  déparkettient  do  Par», 
dont  il  présidait  le  corps  éleotp^ 
rai ,  et  membre  duppléaot  de  ras- 
semblée législative,  où  il  ne  siégea 
que'  le  5  janvier  i^ga,  à  la  place 
de  Mosneron,  qui  avait  donné  sa 
démission.  Le  25  juillet  1792,  il 
dénonça  le  pouvoir  exécutif,  pour 
n'avoir  pas  déclaré  la  guerre  au 
roi  de  Sardaigne.  Il  demanda  eu-* 
suite  la  nomination  d'une  com- 
mission e:(traordinaire  et  spéciale, 
à  re£tet  d'examiner  si,  sous  ce  rap- 
port^le  roi  n'avài  t  pas  encouru  la  dé- 
chéance. A  la  suite  des  événemens. 
du  10  août,  il  fut  envoyé,  en  qua^ 
lité  de  commissaire,  à  l'armée  de* 
la  Meuse;  mais  le  général  La 
Fa  jette,  qui  la  commandait,  le  fit 
retenir  à  Sedan,  où  il  était  arrivé 
le  14  du  miême  mois.  Rendu  à  la 
liberté,  il  reviM  à  Paris,  et  repdk 
ses  fonctions  àl'assemblée  législat- 
tire,  où  il  continuk  à  professer  les 
Doêmes  principes.  Il.se  pronotipa. 
avec  le  même  courage  contre  ies 
usurpations  de  la  nouvelle  munir 
cipalité de  Paris.  {Feyêz  Gvàiiisi,) 
Redoublant  d'^ergie,  en.  raisoa 
de  la  marche  rapide 'des  événe- 
mens et  <de  l'exagération  .des  difr 
férens  partis,  il  les  attaqua  touri  à. 
tour  dans,  leurs  chefs  ks  plus  exa-' 
gérés  .^  Le  département  dei  Sieine-* 
et-Oise  loi  cloniia  une  preuve, 
d'estime  et'  de  confiance  ,  en- lé: 
nommant,'  au  mp^^s  de  septembre 
1^92,  meminre:  de  la  conveiitîon 
nationale.  Là*  et  dès  le  coùimeAce-» 
ment  de  la  session  ,  il  ^  lia  avec 
le  parti  de  \a.  Gironde,  par  suite 
de  se^  jrelations  avec  plusieurs  de. 
ses  chefs5^:6t  par  suite  de  la  con- 
formité de  leurs  opinions,  qu'il 
partageait  avec  autant  de  franchi^  i 
se- que  de  loyauté.  Comproniis  en 


apptareooe,  et-  sans  y  avoir  domié 
lieu,  dans  des  papiers  trouvés  à 
l'ouverture  de  V armoire  de  fer  ^  il 
se  défendit  avec  chaleur  contre 
les  attaques  de  ses  ennemis.  Il 
prouva  victorieusement  qu'il  avait 
rempli  ses  devoirs  de  député,  par 
la  lettre  même  qu'il  avait  adressée 
au  roi,  et  dans  laquelle  ir conju- 
rait ce.prince  d'éloigner  de  sa  per- 
sonne les  intrigans  qui  le  trom- 
paient et  le  trahissaient  Cette  at* 
taque  violente  ne  l'intimidapas.  Il 
se  montra  plus  animé  encore  con- 
tre les  partisans  du  système  de  I4 
terreur,  que  Ton  conqtmen^t  à 
organiser.  Lors  du  procès  du.roi^ 
le  a6  janvier,  il  vota  la  réclusion 
jusqu'à  la  paix,  et  le  30,  il  écrivit 
au  président  de  la  conventioa  na- 
tionale, pour  lui  deniier  sa4énus<» 
sion.  Dans  cette  lettre,  insérée  au 
âfûTtUeiw,  il  osa  dire  que  c«  s'il  avait 
));été  réduit  à  être  le  collègue,  des 
>y panégyristes  et.  des  {urotnoteurs 
'>^des  9  et  5sq)tenibre,  il  voulait  au 
)H:noins  défendre  sa  mémoire  du 
«jreprpcbe  d'axoir  été.  leur  com-^ 
».plice.  ».  Les mémbrçsdu parti dtt 
la  Aitm^a^^^  .se  «yrurent.  désignés 
et  insultés  par  cette  lettre,  et  ils 
en  attaquèrent  l'auteur*  Les  Gi* 
r^ifidins,  qui  le  comptaient  dana 
leurs ,  rangs  «  n'hésitèrent  pas  à 
prendre  sa  défense,. et  il  fut  man- 
dé à  la  barre.  Le  aa^  U  se  présen-* 
ta^  et  tout  «n.  se.  JMStifiai3||,.il:  xm 
put  s'«bipccher  déliasser  échapper 
des  marques  d'une  profonde  indî^ 
gnation.  Il  persista  dansr  sa  dékni»r 
sion ,  et  refusa  de  BÀé^er  dms  le  séia 
de  la  convention.  Il  serait  difilcile 
d^exprimier  la  sensation'  en  sens 
divers  qu'inspira. cette  preuve  inu- 
sitée d'énergie,  que  la'majoritéide- 
l'assemblée  qualifia  d'audace   et 


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ÏLEK 

d'Impudence.  Le  triamphe  do  par- 
ti des  Montagntords  d&vint  funeste 
à  Kérsaînt.  Robespierre  et  ses  di-i- 
gnes  collègues  ne  lui^pardonnè'^ 
rent  point  son  mépris  et  le  cou» 
rage  c[u'il  avait  montré.  En  valu 
Kersaint  essaya  de  se  soustraire  à 
forage:  sa  perte  était  furée,  et 
pour  être  ^ifl^^rée,  eUe  n!en  to  pas 
moins  certaine.  Sésamisy-espèrant 
faîre  diversion  à  la  proscription 
qui  le  menaçait,  lemirenteii-conT 
currence  avec  Monge  pour  lemi^ 
nistère  de  la  marine;  ils  ne  firent 
que  1^  remettre  en  évidence,  et  ii 
fut  arrêté  après  ta  résolution,  du 
5i  mai  3795,  refusamt  avec  nobles* 
se'dè' cbercher  pn  asile  sur  les 
teives  étrangères,  oà  on  le  pressait 
de  se  rendre.  Traduit  au  tribunal 
révèlutiôtmaire^  il  fut  condamné 
à  •  'mort,  le  4  décepnbiîe>  suivant, 
comme  conspirateur  «t  comme  fé^ 
déraliste.  Il  était  âgé  de  5^  ans.  il 
a  publié,  outre  sa  brochure  le  Bon 
Sens,  plusieurs  autres  ouvrages  : 
I  *  InstUutian$navéties'g  ou'prfmièrelf 
Fuef  sarHea  ciassès  et  l'admini»^ 
traiion  maritime,  lygo^,-  in-8?;  a* 
OonèidéraUon»  isur  la  force  publia 
q^etl'-institutiôh  '^és  giir4»s  na^- 
tiârùUed,  1  f  96;  ït'' Lettre  em^répome 
êcMyAhéê  iiéanettuQïi^lm'U^iTl- 
hmi\^'*Rubic0n;''^rVdL'ii!^w>  dû 
Ifoîit'iStfrtw,  i^îSg:^  lii-*8i*^;  M.  de 
Kierstfint  a  coneourâ  à  la  rédac-*^ 
tii^U' du  Jourhal  4e^l<k  société  1^ 
1769^  avec  Gondbrcieit  ,i  Dupont  de 
Namears,  etc.  La  fille  de»  ce  gè* 
nérètt'X  citoyen  a>  épousé  le  da« 
de^0aras.  Digne  héritière  des  ver* 
tusde  son  pèrey  elle  aaceepté -la  pré- 
sidence d'une  société  de  bienfai* 
sanee,  et  fai  t  encore  partie  de  la  so^ 
«ièté  établie  pour  l- encouragemenjt 
deVèinseigiiemdnt^lémaiitaire.^ 


K£R  H 

KERSAINtr  (N.  GOitTE  9E),*ne«» 
veu  du  précédent,  contre-amiral^ 
commandant  de  la  légion-d-hcm- 
neur,  chevalier  de  Saint-Louis, 
ex- préfet  maritime  et^ex-  préfet 
du  département  de  la  Meurthe, 
«itra  de  bonne  heure  au  service 
de  la  marine,  et  parvint  au  grade 
de  capitaine  de  vaisseau.  Il  était 
chef  des  mouvemens  militaires 
du  port  d'Anvers^  lorsque  l'empe- 
reur le  nomma,  le  12  mars  i8ia^ 
préfet  maritime.  Après  les  évéoe* 
mens  polidques  de  1814  ot  de 
rô  1 5,  il  fut  appelé  par  le  roi,  dam 
le  >  courant  de  eettC' dernière  an^ 
née,  à  remplir  les  fonctions  .de 
préfet  de  la  Meurthe;  mais  en 
septembre  :r8i6,  il  fut  rempladl 
par  le  baron  Séguier.*  Il  reprit 
alors  le  grade  qu'il  oecopalt  idans 
la  marînei  L-emperenr  Aleotan^ 
drè,  voulant  le  récoB»pénsi^  des 
soins  qu'il  avait  eus  des  .troupes 
russes  pendant  son  administration 
sap^jcure>du  département  de.  la 
Méucthe ,  lui  envoya  la  décora- 
tion, en  diamant^  de  l'ordre  de 
Silinte-^Anne.  Le  com  le  de  K  ersainè 
n'étant  plus  inscrit  dans  V  Alw»* 
nach  réyal  depuis  1818,  on  doit 
présumer  qu'il  a  été  mis  en.  rcN 
I  traîiei''  -  -  ^-  •■ 

.  KBRVÉLEG  AN^AbcôsTnr-^ER- 
ir;àaD-^FaftteÇoi9«-GoAftR£  ns),  dèptt^ 
té  aux  états-généraux  ,  à  la  «on-- 
v^itibn  nationale ,  au  conseil  ^déi» 
anciens  et  au  -  corps-lé^iattf, 
est  né  «le  19:  septembre  ♦174^-  '^^ 
était  ^: avant  la  révolution,  •^éné-^ 
chaLduprésidial  de  Quimper,  et 
avait  publié,  lors  des  premiers 
tr&ubles  de  la  Bretagne,  un  écrit 
intitulé  y  Réflea>i-ons  d'Un  philasb^ 
phe  breton  sur  les^  affaires  présent* 
tes  y  ouyra^G  daiis  lequel  se  trou* 


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homme  de  bien  et  d'un  siocèro 
ami  de  la  liberté.  Appelé  par  les 
»uffrag«s  du  ti«r8-état  de  sa  sénér 
ebauasée  9  pour  le  représenfcep  à 
rassemblée  des  états-généraux, 
eo  1789^  il  parut  rarement  à  la 
tribune  de. cette  assemblée:  mais 
ilfit  partie  du  fameux  comité  brer. 
ton  qua  les  députés  du  tiers-éiat 
de  sa  proirince  fonaènent  ù.  Yer-r 
sailles^  et:auquelse  rallièrent  enr 
suite  presque  tousses  défenseur» 
de  la  cause  du  peuple.  Nomittè 
membre  du  -cxmnté  de  ralienatien 
des  domaines  nationaux  ^  &L>de 
Kerrélegan  .y  eut  de  viTes  alter*- 
cations  avec  plusieurs  membpet 
du  parti:  qui  défendait  lés  privif» 
lëfçes.  et  les  droits  féodaux.  A  U 
suite  d'une  de  ees  diflputes.«  il:. se 
bfttlîl  au  pistolet  ayec  le  Ticomte 
de i  Mirabeau^  frère  du  colèbre 
orateur^,  efk  le  blessa.  Élu  parole 
département  du  Finistèce  à  la 
convention  nationale  9  en  septe»'* 
bfe  1792^  il  vota  dans  le  procès 
du  roi  9  pour  la  détention  et  le 
bannissement  à.  la  paix*  Attadbé 
«u  parti  deU>  Gironde  ^  il  le  sou-*- 
tiot  dans  toutes  les  occasions.  La 
feuillet  iooendiaire  que  rédtgeaiè 
Marat,  fut  dénoncée  avec  coura» 
ge  far:  J/L.dé  Korvélegaif.LoaS 
^V  ^7^9  ûet  honoraMe.idéputé' 
fut  noiltiQié  membre  du  comité  des: 
doiiie^  ffm  était  obargé  de  la  re^^ 
chorobe  des  complots  tramés  à 
dette,  tépoque.  par  la  commune 
usttirpi^Uiiœ.de  Paris,  laquelle, 
dans. la. nuit  du  9  au  10  aoât 
^7^9  s'était^  do  son  propre  mou-r 
vemeat,  installée  à  rHételndeT^ 
Ville 4  et  avait  cbassé  lea  medibroa 
ipiesé^itieusementelle  avait  rem«« 
p)«Qés«>  Lé  s^ mai»  il  donna^  ainai 


ij^e  see  eiiae  ccrtlèguet ,  u  iiimt^ 
«ion.  iVlai»  eet  acte  de  prudence 
4)e  leaauva  pas^de  la  prosCriplM^Ht 
Après  la- journée  du  3i  mai,  il 
fut  compris  au  nonriMPe  di^a  mw^^ 
bres  que  le  p^rti  de  la  M^ntagm 
Âjeutait  à  ses  auÉres  vietimee»  M» 
de  Kertélegan  eut  le  bo^b^f 
d'édiappeir  aux.  nombreuses  re^ 
cberobes  qui  furent  faites,  de.  su 
pemonse ,.  et  ne  put  reparaitr» 
^fu'aprèi'iai  révolution  du  9  tbern 
•midor  an  2  (  d^  juillet  1^)* 
âNomméau  comité  de.  sûreté/ gér' 
ttérale,  il  |uslift»  le  choix  die  aefi 
oollèguea ,  pur  .sa  cenduite.énfTi 
fique  lors  de  insurrection  du  1^ 
prairial  an  5,  dan»  la(|ueUe  il  fut 
grièvement  blessé»  Depuis  il  e^té 
Buocessivement  appelé  au  eonsoîi 
des  anciens  9  au  cimseil  des  cinq-* 
oents>9  et  au  eorps*tlégislétif» 
doHt.il  faisait  nacore  paftie:.-eii 
181 5^  M.  de  Kèrvélegai^  s'est 
retiré  dans  6«s  propriétés ,  et 
vit  aujourd-bui  éloigné  di)s  fonc^  ^ 
tiens  publiques^ .  mais  toufours 
bononè  deTestime  et  derafitection 
de  ses  ooneitoyeqsi    '. 

KHIAN-LOU^KG  (  x^rauve  «» 
LA  Cboti)  ,  naquiten  1 7 11 9  et  mon« 
ta  sqrleardne.  après  la  mofft  de 
Youngt{Tlûtig9\SQft-^èii^  e»  i.:^5î^ 
ton  piiemitir^at^e  de  sautef»i»e^ 
iè,  et  surtout  d^  )iistiQe$r(futtd!t 
rendre  a-  là  Uberté  et  -k  Ifmrs  41^ 
gnités  les  pHtioes  de  sa  tetniltaé 
fils  ou  pedit-fils  dfa  libang^^iii  que 
rintrigue  el  la  iabMssie  &wm«iit 
feit  jeter  dan^.Ies  prisons  (^'leart 
guir  liaiift  IVxil^  l^  :  premliiHH  , 
anoées  de  sont  nègne-  fonept-maiH 
^uées  pai^ de  pareils  actes  de. clé* 
menthe .  et >  de,  ^uetîd^e  9.  mm  «Mssi 
par.dQ  violentes  persiéoiitfaiisconr 
tre  les: ebrétietis'  (  En  i*7^3 ^^H 1^ 


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KHI        ' 

terrint  à  mftin  armée  dm»  la  que* 
relie  de^  princes  tartares  qui  se 
faisaient  la  guerre,   et  plaça  A-  * 
moursanan  sur  le  trône  qui  lui 
èuii  disputé  par  un  chef  de  sa 
fJamiUe^  nommé  Dawadji.  Amour- 
sanan   n'avait  cependant  obtenu 
qu'un  pouvoir  très-borné  sous  la 
protection  de  l'empereur  :  il  ne 
put  se  résigner  à  son  sort,  et  leva 
l'étendard  de  la  révolte  contre  son 
bienfaiteur.  Khian-Loang  fit  sur- 
le-^amp  courir  sur  Amoursanan; 
Bfiais   cette    première  expédition 
manqua  par  la  dé£eotion  des  trou<- 
pestartares  qu'on  avait  employées. 
Le  prince  tartare  serait  peut<-être 
même  parvenu  à  rétablir  son  au- 
torîlé  et  à  se  soustraire  k  la  domi-* 
nation  chinoise ,  sans  l'énergie  de 
•deux    officiers   supérieurs,   l'un 
chinois  et  l'autre  mandchous ,  qui 
décidèrent  l'empereur  à  pousser 
la  guerre  avee vigueur.  Ces  deux 
généraux  firent  changer  les  chan-* 
ces;  et  Amoursanan ,  battu  et  fu- 
gitif, ne  se  crut  en  sûreté  que  dans 
U  'Sibérie  ,  où  il  mourat  pres- 
que aossit&t  de   la  petite- vérole. 
L'empereur,  irrité, de  n'avoir  pu 
se  si^rdu  rebelle  vivant,  voulut 
avoir  au  moins  ses  ossemens;  mais 
la  cour  de  Russie  en  refusa  Tex*- 
trad^ton ,  et  se  borna  à  les  foire 
montrer  aux  officiers  de  l'empe" 
reur,  pour  doi^ner  la  preuve  cer- 
taine de  la  mort  du  Tartare.   La 
chute  d'Amoursanan  fi  tpas^er  sous 
la  domination  de  la  Chine,  nop*- 
seulement  les  contrées  immenses 
Habitées  par  les  Tartares,  n^ls 
enoore  les  villes  habitées  par  les 
L   Mahométans.  Ifattre,    par  cette 
guerre,  d'une  grande  partie  desi«é- 
gi<ms  Intérieures  de  l'Asie ,  Khian« 
LoiHig  voulut  faire  nevivre  le»  oé» 


KHI 


9» 


rémonios  triomphale»  qve  lea  an- 
ciens souverains  de  la  Chine  pra« 
tiquaient  à   la  fin   d'une   guerre 
glorieuse.  Elles  eurent  lieu  en  effet 
à  dix  lieues  de  Pékin,  sur  la  route 
par  où  devait  revenir  le  général 
vainqueurTchaoheî.  Lorsqu'on  fut 
près  de  l'autel  de  la  victoire  qui 
avait  été  dressé ,  l'empereur  mît 
pied  à  terre,  fut  au-devant  du  gé^ 
néral,  le  complimenta,  et  aprèl 
avoir  rendu  grâce  à  l'esprit  de*  la 
victoire,  conduisit  Tchaoheï  dans 
sa  tente ,  le  fit  asseoir  auprès  de 
lui,  et  lui  présenta  de  ses  propres 
mains  une  tasse  de  thé,  Le  gêné»» 
rai  voulut,  suivant  l'usage,    le 
recevoir  è  genoux,  niaiî?  l'empe- 
reur s'j  opposa  H  le  releva.  Les 
cérémonies  ferminéeit,  le  cortège 
défila  au  milieu  d'une  foule  itnw 
mense;  le  général  à  cheval,  U 
casque  en  tête  et  armé  de  sa  cui- 
rasse, précédait  d'im  pas  Vempe^ 
reur ,  qui  était  assis  sous  un  dais 
magnifique.  £n  i;;6i,îl  y  eut  dea 
fêtes  publiques  à  l'occasion  de  la 
cinquantième  année  de  la  vie  de 
l'empereur;  mais  ce  ftit  surtout 
en  1767,  qu'il  donna  à  ces  fêtes  i|n 
éclat  extraordinaire  pour  la  oérév 
monie  du  labourage  de  la  terre. 
Trois  ans   après ,   la  nation  de» 
Tourgot,  tribu  mongole  qui  s*é- 
talt  établie   sous  la    domînatloil 
russe,  se  leva  en  masse ,  au  nom** 
br^  environ   de  5oo,ooo   ômes^ 
résoltie  de  se  soustraire  à  H  dofi^i^ 
natioq  de  la  Russie  par  une  urf'-^ 
gratixMi   armée.    Après   bien  dm 
combats  et  des  fatigues,  elle  ét^ 
riva  sur  les^  bords  de  l'Ili,  deman* 
da  à  rentrer  dans  l'empire  chinois, 
et    à   s'établir   À»n$    la    contrée; 
qu'habitèrent  jadis   leurs  pères, 
L^empereur  aeeuelllit  cettfi  de* 


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9»  ^  K^Hl 

mande, arec  les  démonstrations  de 
la  joie  la  plus  vive,  fît  donner  tout 
ce  qui  était  nécessaire  à  l'établis- 
sement de  cette  peuplade,  attira 
son  chef  à  la  cour,  et  le  combla 
d'honneurs.  Un  pareil  événement 
est  regardé  en  Chine  comme  le 
plus  heureux  et  le  plus  honora- 
ble qui  puisse»  arriver ,  et  suffit  à 
lui  seul  pour  illustrer  un  règne. 
Un  événement  lûgalemeot  heu*- 
reux  aux  yeux  deij  Chinois  ,  eut 
lieu  en  1775,  fl'était  la  réduction 
par.  la  force  des  armes ,  ou  plutôt 
l'extermination  des  Miao-tsen, 
petit  peuple  de  race  thibétane, 
qui  s'était  conservé  indépendant 
dans  la  contrée  montagneuse  et 
,  entourée  de  précipices  où  il  s'é- 
tait établi.  Le  général  Akoui  fut 
chargé  de  le  soumettre  à  tout 
prix.  Après  des  travaux  et  des 
fatigues  inouïs,  et  à  l'aide  de 
l'artillerie,  il  poursuivit  les  mon- 
tagnards, les  chassa  de  toutes  les 
gorges,  les  déposta  de  toutes  les 
bouteurs,  et  les  força  à  se  réfugier 
dans  le  fort  de  Karaï,  réputé  im- 
prenable. Il  fut  pourtant  empor- 
té, et  les  princes  et  les  chefe  furent 
conduits  à  Pékin,  chargés  de  fers. 
L'empeneur  n'usa  point  cbtte  ibis 
de  .sa-  clémence,  ordinaire.  II,  fit 
mettre, à  toort  non-séulement  les 
princes  et  les  chefs ,  mais  presque 
tous  les  guerriers  de. ce  peuple, 
souillant  ainsi  sa  victoire  et  son 
cègne  par.  une  insigne  cruauté. 
l>epuis  cet  événement,  il  perdit 
Si^ccessîvement  sa  mère,  son  fils 
aîné  et  son  premier  ministre. 
JUais  l'âgiQ  et  les  infirmités  de 
Khian-Loung  ne  l'empêchaient 
famais  de  s'assujettir  à  toutes  les 
cérémonies  que  .les  empereprs 
placent  au  nombre  de  leurs  de- 


KIË 

voirs,  et  on  le  vit,  à  l'âge  de  80 
ans,  se  lever  au  milieu  de  la  nuit 
•pouf  donner  des  audiences.  Il  â^ 
vait  toujours  annoncé  que  si  la 
durée  de  son  règne  égalait  la  du- 
rée du  règne  de  son  illustre  aïeul 
Khan-hi,  il  abdiquerait  la  cou- 
ronne :  c'est  ce  qu'il  fit  en  faveur 
de  son  fils,  quand  il  eut  accompli 
la  soixantième  année  de  son  règne 
en  1796.  Il  mourut  en  17999  à 
l'âge  de  87  ans.  Ses  connaissan- 
ces, des  vertus  publiques  et  pri- 
vées, l'ont  fait  placer  au  rang  des 
meilleurs  empereurs  qui  aient 
gouverné  la  Chine. 

KICKX(Jean),  pharmacien ,  nô 
à  Bruxelles  5  en  1773,  s'est  fait  a- 
vantageu sèment  connaître  par  sa 
Plora  bruxeliensisy  imprimée  à 
Bruxelles,  iBi2,in-8°.  On  annonce 
de  lui,  comme  devant  bientôt  être 
publiés,  un  traité  latin  sur  les^ 
Substances  médicamenteuses  sim* 
pies,  et  un  Système  de  mméraiogie^ 
purgé  et  débarrassé  de  cesdescrip- 
tloua  prétendues  scientifiques  qui 
rendent  l'étude  de  cette  science  si 
pénible.  Les  talens  et  les  connais- 
sances de  M.  Kickx  ont  été,  mal- 
gré sa  modestie,  honôrablemient  re- 
connus dans  sonpays.  Bla  été  mem- 
bre du.cidevant  jury^  de  uiédecine, 
et  fait  aujourd'hui  partie  du  conseil 
actuel  de  santé.  Il  est  aussi  mem- 
bre de  l'académie  royale  des, scient 
ces  et  belles-lettres  de  Bruxelles. 

RIENMAYER  (iMienBC,  BiAOtf 
db)  ,  feld-maréchal  autrichien,étc. ,' 
entra  dès.  sa  jeunesse  dans  la 
carrière  des  armes.  La  guerre 
contre  les  Turcs  lui  fournit  l'occa-* 
sion.  de  se  distinguer  par  ses  ta- 
lens et  sa  bravoure.  Il  obtint  un 
avancement  rapide,  et  devint  co- 
lonel, vers  la  fin  de  la  dernière 


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KIE 

campagne.  Dans  la  guerre  que  la 
révolution  française  amena,  il  fut 
d'abord  employé  comme  général- 
major,  et  ensuite  comme  lieute- 
nant-feld-maréchal;  mais  il  n'é- 
prouva plus  que  des  revers,  et  ses 
campagnes  contre  les  Français 
n'ajoutèrent  point  à  sa  gloire  mi- 
litaire. Dans  l'année  1800,  il  pas- 
sa à  l'armée  de' Brisgaw.  £n  i8o5, 
il  occupa  la  Bavière  avec  le  corps 
,qu'îl  commandait;  à  l'approche 
des  Français  9  il  se  retira  vers 
la  Bohême,  où  il  eut  besoin  de 
toutes  ses  forces  pour  soute- 
nir leurs  efforts  après  la  capitular 
tion  d'Ulm.  Il  perdit  le  comman- 
dement de  ce  corps,  et  fut  rem-  ; 
placé  par  le  général  Mecrfeld,  lors 
de  sa  réunion  à  l'armée  russe  aux 
ordres  du  général  Kutusow.  Il  fut 
depuis  chargé  d'un  commande- 
ment en  Bohême,  sous  les  ordres 
de  l'archiduc  J'erdinand,  qui  le 
détacha  dans  le  Tyrol  à  la  reprise 
des  hostilités  ;  mais  quand  le  prin- 
ce eut  évacué  Prague,  par  suite 
de  l'armistjce,  il  eut  le  comman- 
dement supérieur  de  toute  la  Bo- 
hême. En  181Q,  ses  connaissances 
dans  l'art  vétérinaire  lui  firent 
confier  l'inspection  -  générale  des 
haras  du  royaume,  afin  de  décou- 
vrir si  la  mortalité  si  fréquente  des 
chevaux,  n'avait  pas  sa  cause  dans 
quelques  vices  de  ces  établisse- 
mens.  Le  gouvernement  de  la 
Gallicie  se  trouvant  vacant,  il  en 
fut  provisoirement  chargé;  il  le 
quitta  vers  la  fin  de  1814  pour 
celui  de  la  Transylvanie. 

KIEZËR  (Dietbich-Geokges), 
médecin,  est  né  le  24  î^oût  17^9, 
à  Harburg,  en  Hanovre,  pays  où 
son  père  était  prédicateur,  en  mê- 
me temp»  qu'il  exerçait'  les  fonc- 


RIE 


93 


tions  de  professeur  au  gymnase 
de  Harburg.  Il  termina  ses  études 
médicales  aux  universités  deGoet- 
tîngue  et  de  Vurtzbourg,  et  dé- 
tint médecin  de  la  ville  de  Nord- 
heîm,  où  il  demeura  6  ans.  Il 
occupa  la  chaire  de  professeur  de 
médecine  à  léna,  en  1812,  et  fut 
un  des  premiers,  après  les  désas- 
tres des  Français,  à  proposer  au 
duc  de  Weimar  de  lever  une  lé- 
gion d'étudians  volontaires  à  che- 
val, à  le  tête  de  laquelle  il  se  mit, 
et  fit  la  campagne  de  1814  contre 
la  France.  Pendant  la  seconde  et 
facile  invasion  de  notre  territoire, 
après  le  désastre  do  Waterloo,  en 
181 5,  il  devint  médecin  en  chef  de 
l'état-major  du  roi  de  Prusse,  et 
directeur  du  grand  hôpital  mili- 
taire prussien  de  Liège,  puis  di- 
recteur de  celui  de  Versailles,  où 
la  valeur  française  mit  quelques 
instans  son  zèle  et  ses  talens  à4'é- 
preuve.  M.  Kiezer,  après  la  guer- 
re, a  repris  ses  fonctions  de  profes- 
seur ordinaire  honoraire  à  léna, 
et  a  publié  diiférens  ouvrages  uti- 
les à  la  science.  Voici  les  titres  et 
les  dates  de  ces  productions  :  1° 
Dissertatio  de  anamarphosi  oculi^ 
Goettingue,  1804,  in-4";  ft*  Oken 
und  Kiezer  biétrage  zur  vergiei- 
chenden  analomie  à  physiologie  , 
Bamberg,  1806,  in-4";  5*  Apho- 
rismen  aus  der  physiologie  der 
P/îflnfztfn,  Goettingue,  1808,  in-8*; 
4*  Uber  die  nntur  erkenntniss  und 
heilang  des  scwharzen  staares  , 
Goettingue,  1810,  in-8*;  5*  Der 
ursprung  des  darmkandls  dus  der 
vesicula  umbilicales,  Goettingue, 
1810,  in-4'*;  6°  Grundlage  der  pa- 
thologie und  sherapie  der  mens- 
chen^  1  theil,  léna,  1812,  in-8*  : 
ç*  M^-mcir^e  sur  l'organisation  des 


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94 


&IK 


fiantêê*  Il  «  été  couronné  par  la 
société  Tejler*  d'HarUm,  i8i5^ 
Hariem;  l'auteur  y  a  joiutaa  plan« 
ches.  8**  Ueber  das  weun  und  die 
bedentung  dsr  exanthetna,  léna, 
i8i3>  in-4*»  9'  yorbauurgs  und 
vfirhalturtgs  muas  regele  beianstei" 
nnnden  faut  fieber  epidemi^n^  léna, 
1 S 1 5t  10-8"  ;  1  G"  Eiemente  des  phy*- 
tonomity  i  theil^Iéna^  i8i5,  in-8''; 
11**  Brugmans  und  Deipech  uber 
(1er  hospUalbradd  y  léna*    1816, 
in- 8°;    la"  System  der  medicin: 
erster  band^  physiologie  der  kran*- 
kfieit.    Halle,    1817,  in-S»;    i3" 
JrchiVé  fur  der  thierischeo  magnc'^ 
iismas^  Léipsick,  1817;  M  Kiezer 
est  particuliàretncDt  recomman^ 
dable  par  seê  décou?ertes  en  ana- 
tomie  et  en  physiologie  végétale. 
KIKKËKT  (AiiTOiM),  yice-a- 
xiiiral  du  royaume  des  Pays-^Bas^ 
oiUcier  de  la  légion^d'honneur  et 
commandant  de  Tordre  militaire 
de  Guillaume,  etc. ,  né  à  Vlieland 
en  Hollande,  le  1 7  novembre  1 762. 
Il  entra  à  Tage  de  14  ans  dans  la 
marine  comme  cadet.  Son  intelli-^ 
gcnce  et  sa  brayoureluÎTalurent, 
en  1779  9  le  grade  de  lieutenant* 
C'est  en  cette  qualité  qu'en  1782 
il  prit  une  part  distinguée  à  la 
glorieuse  bataille  de  Doggersbank, 
sur  le  vaisseau  de  ligne  le  Bâta* 
ve^  commandé  par  le  capitaine 
Bentink.  L'audace  et  le  calme  qu'il 
montra  dans  cette  action   le  fiè- 
rent décorer  de  la  médaille  d'ar- 
gent^ qu'obtinrent  tous  ceux  qui 
avaient  concouru  à  cette  brillante 
victoire.  Nommé  guccessivement, 
en.  1782  et  1786,  premier  lieute- 
nant et  capitaine ,  après  diverses 
croisières  dans  la  Méditerranée,  et 
devant  les  îles  Açores  9  il  prit  terre 
à  l'île  de  Curaçao,  qu'il  ne  quitta 


KIL 

qu'en  décembre  17^5.  Pendant  st 
station,  en  1790,  les  Nègres  de 
nie  s'insurgèrent  ;  mais  aprèe 
quelques  petits  combats ,  le  capi- 
taine  Kikkert  parvint  à  les  ftou^ 
mettre  et  à  les  ramener  à  l'obéis-^ 
sance.  Revenu  dans  sa  patrie,  sa 
belle  conduite  fut  récompensée  ^ 
en  18025  par  le  grade  de  contre* 
amiral,  et  en  18059  par  le  com« 
mandement  des  navires  de  guerre 
stationnés  au  nord  de  la  rivière 
de  TY,  poste  qu'il  conserva  jus* 
qu'en  1807,  époque  à  laquelle  t( 
fut  confié  au  vioe-amiral  de  Win* 
ter,  sous  lequel  il  servit  encore 
environ  un  an*  Promu ,  en  1808  ^ 
au  grade  de  vice-amiral,  il  prit 
le  commandement  de  la  station  du 
Zuydenée.  Lors  de  la  févolutioo 
de  181 5,  il  s'empressa,  dans  une 
proclamation  datée  de  Rotterdam, 
d'abjurer  le  service  de  Napoléon  , 
de  se  déclarer  pnir  la  cause  de 
Tindépendance  nationale  <»  et  de 
faire  flotter  le  pavillon  hollandais 
sur  la  Meuse  9  où  il  avait  fait  arri* 
ver  divers  bâtimens  armés,  des^ 
tinés  à  soutenir  les  efforts  simulta* 
nés  qui  se  faisaient  sur  tous  les 
points  peur  reconquérir  cette  in-> 
dépendance.  D'un  autre  côté,  il  fa* 
vorisa,  par  les  mesures  qu'il  prit, 
l'occupation  des  postes  de  Brielle 
etHeilevoetsluiî,  seuls  ports  par 
lesquels  les  munitions  de  guerre 
d'Angleterre  pussent  être  intro- 
duites dans  la  Hollande.  Le  roi 
des  Pays-Bas  récompensa  le  vice* 
amiral  Ktkkert  de  son  dévoue- 
ment à  la  maison  d'Orange,  en  le 
nommant  commandeur  de  Tordre 
militaire  de  Guillaume,  et  gou- 
verneur de  l'île  de  Curaçao. 

KILMAINË  (CeAaEBs-Josfepe), 
général  des  armées^e  la  répu^ 


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UL 

Ulque  française^  naquit  «a  Ifflaii<» 
4t5  d«  pareils  nobles.  Il  passa  ^  dèt» 
•a  îeiiAease,  au  «etvie^  de  France^ 
et  se  distingua  pendant  la  gue^rt 
de  rAmérique,  où  il  servit  sous 
ks  ordres  des  fénératix  Biron  et 
ib  La  Fayette.  De  retour  à  Parts^ 
après- It  traité  de  17969  il  contî- 
nua  à  suirre  la  carrière  militaire  ^ 
dans  le  règirtiertt  de  Lattsun^hus* 
sUrds;  et  avait  le  grade  de  capitaine 
au  commeoeemélit  de  la  révolu-» 
tîon.  Fidèle  à  la  patrie  qu'il  avait 
adoptée  «  il  la  servit  ftvec-  sèle  »  et 
obtint  bientôt  9  par  ses  talens  et  sa 
Taleur  »  un  avancement  rapide  et 
mérité.  Nommé  général  de  briga« 
de,  et  employé  aux  armées  des 
Ardennes  et  du  Nord^  il  futhono* 
rabletilent  cité  pour  âa  belle  con- 
duite  à  la  bataille  de  J6mmapes« 
11  passa  ensuite  dans  la  Vendée , 
<rà  il  resta  peu  de  temps ,  et  fut 
envoyé  à  l'armée  du  Nord.  Il  y 
oueiUitde  nouveaux  lauriers,  par* 
liculièrement  au  camp  dt  César. 
Xes  preuves  multipliés  de  aèle  9  de 
talens  >  de  valeur  et  de  patriotisr^ 
me  qu'il  n'avait  cessé  de  donner 
au  nouveau  gouvernement  de  là 
France ,  ne  le  mirent  point  a  l'a-» 
bri  des  proscriptions  du  temps.  Il 
fut  destitué ,  arrêté ,  et  allait  être 
mis  en  jugement  lorsque  la  révo* 
lution  du  9  thermidor  an  2(2,7  îuiU 
let  1794)  lui  sauva  la  vie,  lui  ren» 
dit  la  liberté ,  et  le  replaça  dans 
les  rangs  des  braves.  li  défendit 
la  convention  liati«>oale  contre  les 
factieux ,  à  Tépoque  des  [ournées 
de  prairial  an  5  (mai  1795).  Ëm» 
ployé  ensuite  à  Tarmée  d'Ita* 
lie,  Sotts  les  ordres  du  général  en 
chef  Bonaparte ,  il  ajouta  à  sa  ré* 
putation  militaire  par  de  nou«> 
veaux  faits  d'armes ,  tant  sous  les 


RIN 


95 


mliri  de  .  Mantoae  que  dans  les 
plaines  de  Castigltone.  Mandé 
à  Parts  pour  Texécution  d'un  plan 
de  descente  cft  Irlande,  il  tut  nom» 
mé  général  en  cbef  de  rarmée 
d'Angleterre  ;  mais  cette  expédi- 
*tion  ayant  été  retardée ,  le  gêné* 
ralKilmaine  fut  chargé,  en  i79St 
par  le  directoire-»exécotif,  d'un 
ooni mandement  dans  l'intérieur  ^ 
qu'il  quitta  pour  prendre  le  com* 
mandement  de  rarméed'Helvétie. 
Il  eéda^  l'année  suivante^  ce  poste 
au  général  Masséna ,  et  revint  à 
Parts»  Atteint,  dans  cette  ville, 
d'une  maladie  aiguë,  il  mouruldans 
la  journée  même,  le  i5  décembre 
1799.  Le  général  Kilmaine  fut  vi^ 
vement  regretté  de  tous  ceux  qui 
avaient  été  à  même  d'apprécier 
son  noble  Caractère  et  son  inva* 
riable  attachement  à  la  France. 
Tous  les  braves  qui  ont  servi  sous 
ses  ordres  >  honorent  encore  sa 
mémoire  et  citent  avec  vénération 
le  nom  de  Kilmaine. 

&ING  (ÉDouAan) ,  savant  litté* 
rateur  anglais,  naquit  en  1755 
dans  le  comté  de  Norfolk.  Après 
de  longues  études  conomenCées  à 
Cambridge  et  terminées  dans  la 
société  de  jurisprudence  du  Tem- 
ple ,  il  parvint  à  se  faire  riominer 
greffier  de  Lynn.  Un  Esêui  sur  U 
gffutêi'nêmeni  anglais,  qu'il  pi»- 
bliaen  I767,  lui  ouvrit  successif- 
vement  les  portes  de  la. société 
royale  et  de  celle  des  antiquaires^ 
dont  il  devint,  par  la  suite 9  pré-^ 
sideat<  Après  plusieurs  autres  é* 
crits,  il  publia,  en  1 7889  des  Frag* 
mens  de  critiqué ,  dont  le  sort  fut 
asset  remarquable.  Cet  ouvrage 
parut  d'abord  condamné,  par  Tin-^ 
difierenoe  du  public ,  à  un  éter-» 
nel' oubli;   maïs  une  seconde  é-« 


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98  KIN 

ditidR  fut  recherchée^  diaprés  les 
éloges  qu'en  avait  faitd  l'auteur 
du  fameux  poëiïie  des  Powrsmtes 
littéraires,  hesFragmens  i^ttéraires 
ne  sont  cependant  remarquajiles 
i|ue  par  les  opinions  bizarres  et 
ascétiques  qu'ils  renferment.  L'au-' 
teur  cherche  à  prouver  que  saint 
Jean-Baptiste  était  un  ange  en- 
voyé du  ciel ,  et  le  même  qui 
avait  autrefois  apparu  dans  la 
personne  d'Elisée;  que  Jé»us^ 
Christ  reparaîtra  une  seconde  fois 
sur  la. terre  ;  que  le  soleil  est  une 
des  maisons  du  ciel,  et  par  sa  con* 
nexion  avec  la  terre,. notre  ciel, . 
etc.  Un  second  ouvrage  plus  con- 
sidérable que  le  premier,  plus 
érudit ,  mais  tout  aussi  déparé  par 
des  assertions  invraisemblables  et 
absurdes,  parut  quelque  temps 
après  ^ous  le  titre  é^ Histoire  des 
anciens  châteaux.  Doué  d'une 
imagination  ardente ,  la  poésie  ne 
lui  fut  pas  étrangère ,  et  il  ât  suc- 
cessivement paraître,  des  Hymnes 
^  à  l'Être. suprême,  imités  des  can- 
tiques orientaux,  et  une  Imitation 
ide  la  prière  d'JbeL  Comme  éco- 
nomiste politique^  il  publia  des 
Considérations  sur  l'utilité  de  la 
dette  nationale  y  et  comme  ama- 
teur de  l'astrologie,  des  Remarques 
sur  les  signes  du  temps ,  dans  les- 
quelles il  soutient  que  nos  décou- 
vertes en  histoire  naturelle  et  en 
physique,  et  les  événemens  politi- 
ques de  l'Europe,  ne  sont  que 
l'accomplissement  des  prophéties 
emblématiques  de  l'Écriture.  Mais 
ce  nouveau  Nostradamus  s'attira, 
par  ses  doctrines  hétérodoxes, 
l'animadversion  de  l'évêque  Hors? 
ley,  qui  critiqua  sévèrement  et  ré- 
futa ses  ouvrages.  M.  King  avait 
sans  doute  une  vaste  «rudition; 


mais  •  9on  imagmation  déréglée 
rendit  l'emploi^qu'il  fit  de  ses  ta- 
lenspeu  utile  à  la  société.  Ilinoa* 
rut  le  16  aTrll  i'807. 

KING  {lors  Petca)  ,  membre 
du  parlement  anglais,  esti^i^u  dû 
lord-chancelier  King,  nèVeit  du 
célèbre  Locke.  Lord  PeterîKing, 
né  en  1776,  élevé  à'Canabrîdge , 
se  rangea  de  très-^bonne  heure 
parmi  les  membres'  de  l'opposî*;- 
tion.  ïrès-familter  avec  les mar^ 
lières  de  financés  et  de  banque, 
il  prit,  en  t8o5,  une  part  active 
à  la  suppression  des  paiemens  en 
argent  par  la  banque,  et  publia 
même  à  cette  occasion  des  pen- 
sées et  réflexions  •sur  la  suspen-^ 
sion  des  paiemens  en  espèce  aux 
banques  d'Angleterre  et  (tlrlun- 
de.  En  i>8ii ,  il  fit  connaître  par 
la  voie  de  l'impression,  le  dis- 
cours qu'il  avait  prononcé  au  par- 
lement, sur  le  Bill  du  comte  de 
Stanhope,  relatif  aux  guinées  et 
aux  billets  de  banque.  Lord  King 
reprocha  vivement  aux  ministres^ 
au  «lois  de  mars  1816,  de  n'a- 
voir point  réclamé,  au  congrès  dé 
Vienne ,  la  rentrée  des  fonds  que 
plusieurs  puissances  étrangères, 
entre  autres,  la  Russie  et  l'Au- 
triche, devaient  depuis  1796  au 
gouvernement  de  la  Grande-Bre- 
tagne. «  Comment  les  ministres, 
»dit  lord  King,  ont-ils  pu  se  taire 
•  à  ce  sujet  dans  le  congrès  PC'est 
«probablement  encore  une  suite 
fi  de  ce  système  de  libéralité  et 
»de  générosité,  qui  paraît  les  a- 
»  voir  guidés  aux  dépens  du  peu^ 
)>ple  anglais.  Il  aurait'  mieux 
«valu  n'avoir  pas  de  ministre^ 
»au  congrès ,  que-  d'en  avoir 
»  un  qui  s'çst  rendu  coupabU 
IV de    la  plus»  grande   négligencii 


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«pour  les  întéfêts  de  la  patrie.  • 
KINGSTON  (ÉusABETft  Choo- 
iÉicB,  t»rcB«s5B  DC:),  dame  anglaise 
célèbre  par  la  singuiarité  de  ses 
aventures ,  naquit  en  i  ^^o  j  dans 
le  comté  de  DteVohshirte ,  d'ilri* 
îamille  antienne  de  te  pays.  Elle 
était  fort  jeune  lors'qu'elle  eut 
ie  malheur  de  perdre  ^on  père  , 
colonel  en  i^lraité.  Elle  dé- 
tint, par  nntertcntîon  de  M.  Pull»- 
nèy,  principal  chef  dé  Topposi- 
tîon,  que  favorisait  alôrn  le  prince 
de  Galles,  Tune  des  filles  d*hon- 
Heur  de  la  princesse.  La  nature 
nvait  doué  miss  Chtidlei^h  de 
toutes  les  qualités  qui  aài-aibnt  pli 
la  rendre  l'orneihetrt  de  son  sexe. 
Dans  le  rang  où  ^le  se  trouTa 
tout  à  co«p  éléfée,  elle  attira 
bientôt  les  hommages  d'one  foulé 
â^adorateurs ,  parini  lesquels  elle 
?S$tingua  le  duc  d'flamilton.  lU 
avaient,  d'ufi  commun  accord^ 
détèrttiiné  Tépoqùe  de  leur  hnai- 
t4age,  quand  une  hinte  d^  hn»h 
Ghùdleigfi.  Ttii  persuada  que  lé 
duc  étajt  infidèle.  Elfe  f)afvint  àin'- 
si  à  rotnpre  ce  iliartage,  et'fen  fa* 
vorisant  Ifeè  prétentîttns  dû  tîapir 
taine  Herve;^^  fil*  dii  èdnite'  de 
Bristol  5  Â\t  délehniha  sa  nSéce  i 
é^ÏJfotiser  sectiotéttlfenV  ce  dernier  i, 
te  4  août  1^44'  ^'<^^^  uniM  fut 
d/atttai&tîfkTu^ïn^àlheurëuseqtie  dès 
là  ^rcttiière  Muitdês  note*  iniètris^ 
If ë?vey  ctiftçiut  p<yur  sorf  nfiari  anh 
aversion  iiiViîitàbïe,  et'  prit  la  ré- 
solutléh  de  nepHisfe  Voir. iîjepen- 
tlant,  par  tiri  de  tei  cbîitfa*rtés  (jùe 
la  mobilité  de  son  ëaractércf  pou- 
vait seule  eipfiquei-,  dans  la  det*- 
nihvé  eWtrfeiiie  qu'ils  cui-ent  ppuir 
àW-êtei*  les  é<iiidîtions  *uùè  %t^iï'- 
ratîon  à  l'amiable,  elle  déy^int'mé^fe 
d*UB eiffant  qui  ne  rétîut  qu(S'4uef- 


Rl?< 


07 


ques  semnnes.  Alors,  îM)ur  éviter 
lés  selUcitatîons  de  quelques  nou- 
teaut  prétendans,  et  les  reproches 
bien  fondés  du  duc  d'Hanlitton^ 
elle  prit  le  parti  de  passer  sûr  le 
cdtitinfent,  et  t;ette  détermmàtrdn 
fournit  un  trait  de  plus  de  la  faizar«> 
rerlé  de  son  caractère.  Avant  dé 
^Vmbarquer ,  elfe  fit  insérer  dan^ 
tous  les  journaux  atfgtais  TaVis 
luîvant  :  «Une  jeune  lady,  mat- 
»  tresse  de  sa  personne,  possé*- 
Titlant  une  ftiriune  honnête,  et  qui 
»troit  n'être  poitot  désagréable, 
neit  danslarééolutîon  d'aller  pas- 
hier  quelque  temps  dailMeè  pays 
)»  étrangers.  Elle  serait  flattée 
î>  que  quélque^une  hothme  d*uné 
»  famille  honnête  let  d'une  sotiété 
I»  agréable ,  voulûrt  être  son*  (^om* 
bpagnon  de  toyage.  Elle  n^a  au^ 
ù  ctfn  engagement  de  cifeur,  et  él^ 
»le  soi^haite  que  celui  qui  se  pré^ 
»  $éntera  pour  répondre  à  ses  tues 
n^itaiissi  libre  qu'elle,  dfm  que 
TrieW  h'etnpèche  une  unloti  pus 
»  Ihtrmë  de  succéder  -à  çettfe  preî. 
»niil^ré  liaison.  La  répbnjë  est 
1)  atltelidiie  sous  quinze  jotlrs  par  la 
kH-OÎe  des  gazettes.  Oncbinptë  que 
»  le  secret  sera  gardé  jiisqti'à  ce  que 
«tous  lés  ariifingehiéhi  soient  pris. 
ff'L'in^disCrétion  ne  sWait  ptytùt  im- 
to'pudîe.v;  La 'répond  suivante  fut 
în.<iérée  dans  les  joumadt,  deut 
jot^rs  aphès  :  «  Un  homme  entré 
ndéuX  âge*,  d'une  âgtire  passer- 
»ble,  d'une  bt)nnie!  sànlé^  offhe  ses 
«services  à  la  dame  dont  Wh*- 
»  nonce  est  insérée  dans  là  galette 
1)  d'hier;  il  a  déjà  Toyagé,  et  îî  vit 
wdahs  M^e  parfaite  indépehdanîC^é. 
)/Si  la  d^mc  eh  qùé^^tidn«r6h  qu'il 
»  puisse  lui  çonvfîhlr ,  il  e«t  prêt  à 
'A  partir  aussitôt  qu'eFle  le  désire- 
-«îâ;  ellti  voudra  bien  hif  ^fre  sa- 


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98 


KIN 


»  Toir  ses  intentions.  »  Lady  Her- 
vey  eut  up^  entrevue  avep  le 
personnage 9  qui  était  un  major 
anglais.  Ils .  firent  le  voyage  en- 
semble; mais  leurs  humeurs  ne 
sympathisant  pas,  ils  furent  bien- 
ti^t  las  Tun  de  l'autre,  et  se  sépa- 
rèrent à  Berlin.  Le  séjour  de  cette 
ville  fut  très -agréable  à  lady 
Herryey.  Présentée  au  grand  Fré- 
déric, elle  en  reput  Taccueil  le  plus 
favorable  :  ce  prince  parut  char- 
mé de  ses  manières  franches;  et 
sur  la  demande  qu'elle  lui  fit,  il  la 
dispensa,  de  toute  étiquette  en  sa 
préseiiceiikll  eçt  vrai  qu'elle,  avait 
employé  un  moyen  aussi  adroit 
que  flatteur,  en  manifestant  le  dé- 
air  «  d'étudier  à  s(m  aise ,  disait- 
Delle.,  un  priiice  qui  donnait  des 
)) leçons  à  toute  l'Europe,  et  qui 
»  pouvait  hardiment  se  vanter  d'a- 
»  voir  un  admirateur  dans  chaque 
«individu  de  la  nation  bri^anni- 
»que.  »  De  Berlin,  elle  se  rendit 
à  Dres.de,  où  bientôt  par  son  es- 
prit et  le.  charme  de  sa  conver- 
sation ,  elle  sut  captiver  la  bien- 
veillance de  TËlectrice,  qui  prit 
le  plus  grand  intérêt  à  son  sprt, 
et  la  combla  de  présens.  A  son  re- 
tour en  Angleterre ,  elle  ne  man- 
qua pas  d'aller  offrir  son  honrnia- 
ge  à  sa  première  bienfaitrice ,  la 
princesse  de  Galles,  et  charma  çetr 
te  princesse  en  lui  faisant  le  réiCit 
de  ses  voyages  et  de  ses  diyerses 
aventures.  Au  sein  des  plaisirs  de 
Ja  capitale  et  des  cercles  brillans 
dont  elle  faisait  les  délices,  son 
cœw  était  tourmenté  par  l'idée  de 
soi?i  union  avec  le  capitaine  Her- 
vey.  Le  désir  d'«n  faire  disparaî- 
tre les  traces  lui  suggéra  la  pen- 
sée de  se  .rendre  à  Lainston,  Où 
s'était  fait^  la  cérémonie  de  sqd 


mariage  :  là,  elle  se  fit  représenter 
Jes  registres  de  la  paroisse  qu'elle 
feuilleta;  et  tandis  que  le  bon  ec- 
clésiastique ,  chargé  d'en  surveil- 
ler le  dépAt,  causait  avec  les  per- 
sonnes de  sa  suite,  elle  enleva  a- 
.droitement  le  feuillet  qui  conte- 
nait l'acte  qu'elle  aurait  voulu  a- 
néantîr.  Cependant  son  époux, 
qui  était  assez  dangereusement 
malade,  devint  quelque  temps  a- 
près  comte  de  Bristol  et  pair 
d'Angleterre.  Cette  double  cir- 
constance lui  fit  faire  de  graves 
réflexions.  Prévoyanlqu'elle  pour- 
rait devenir  bientôt  une  riche 
douairière,  elle  se  repentit  de  l'im- 
prudente démarche  qu'elle  avait 
faîte,  et  chercha,  en  séduisant  le 
chapelain.de  I^jnston  par  des  pré- 
sens, à  faire  rétablir  sur  les  re- 
gistres son  acte  de  mariage.  Elle 
y  réussit  ;  mais  l'espoir  qu'elle  a- 
vait  conçu  fut  trahi,  et  le  comte  de 
Bristol  se  rétablit  parfaiten^ent 
de  sa  .maladie.  Peu  de  temps  a- 
près,  la  jeune  comtesse  inspira  une 
vive  passion  au  duc  de  Kipgston, 
pair  d'Angleterre,  qui  jouissait 
d'une  iorjuàe  considérable,  et  qui 
lui  offrit  sa  niaîn;  Un  pareil  parti 
devait  nécessairement,  flatter  soo 
amour-propre;  mais  il  fallait,  .pour 
opéref  son  divorce,  obtenir  1^  con-^ 
lentement  du  comte  de  ^stol. 
Celui.- ci  le  refjusa  d'abof;4> /di* 
saut  :  <î  Qu'U. irait. plutô(  à  tais 
»lea  diables,  que  'dcj;i;éçom'pense;r 
))ia  vanité  de  sa  fjçinipîie  par,  le  titre 
»de  duchesse,»  Mais  épris  biientôt 
luj-m^me  d'une  femme  charman- 
te qu'il  voulait  épouser,  il  finit 
par  accorder  ce  qu'on  lui  deipan- 
dait ,  et  lady  Hervey,  au  com.- 
ble  de  i^es  vœux^  fut  enfin  unie 
solennellement,  le  8  mars  1769, 


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au.dpc  de  .IH^g^t€|n.  zVk  f^f:(àl 
.que  ,ce.  mariage  tne  re^i^plil;  paâ 
plus  que  le  premier  ^les  espé- 
rances de  :  la .  nouvelle  duchee-r 
se.  Le  due,  d'une  constitution 
.délicate  et  d'urne,  santé  lolb)^,  a- 
vait  des  mœur$  très-douces ,  qtu 
formaient  un  parfaljt  cpf)traste  a-^- 
vec  le  caractèrç , turbulent  et  inr 
quiet  de  s$i  |eninie:  Ce  contraste 
faisait  éprouver  des  contrariété» 
aux  deux  époux,  qui,;  l'un  et  l'au- 
tre 5 .  regrettèrent  leur,  liberté^  Le 
chagrin  sans  doute  aggrava  la  ma- 
ladie du  duc,  qui  mourut  effi  J73. 
Par  son.  testament,  il  léguait  à 
son  épouse  lia  jouissance  de  sa 
fortuite,  mais  il  j  i^ettait  la  dure 
condition  de  ne  point  ^e  remarier* 
Elle  fit  tout  ce  qu'elle  put  poiur 
faîre  supprimer, cette  clause,  raai$ 
içlle  ne  put. y. parvenir..  Libre  de 
s'abandojiner  à.  ses  goûts,  et  ren- 
due à  fa  société,  ses  profusions, 
qui  scandalisèrent  1è  peuple  de 
Londres,  lui  firent  éprouver  quel-t 
ques,désagrémeiis,,:qui  la  déter-» 
mioèreot.à  s'éloigner  de  cette  ca- 
pitale pour  voyager  en  Italie.  JEUe 
mit  dans  les  apprêts  de.ceyoyj^gj^ 
Ip  plua  grand  faste,  et  fit  çpnsT 
trufre  exprès  un  magnifique  yacht, 
qui  la  conduisit  à  Rom^,  où  son  ar-^ 
rivée  offrit  quelque  chose  de  l'apn 
pareil  du  débarquement  de  Gléo- 
pûtre  à- Tarse.  Dans  ce  voyage, un 
aventurier  adroit,  et  d'une  figure 
agréable,  qui  se  faijsait  npmmer  le. 
prince  d'Albanie,  eut  l'art  de  M 
inspirer  .  une  passion  très-vive. 
Elle  était  sur  le  point  dé  lui  don-^ 
ner.sa  fortune  avec  sa  main,  lors- 
qu'il fut  arrêté  pour  d'anciennes 
escroqueries^  il  se  suicida  dans  sa. 
prison.  Les  héritiers  di^doc  de. 
Kingston,  voulant  faire  casser  l« 


Klîf  99 

}esti2|i|ient'qM^il  ar^  fait  eufoveur 
de  la  duchesse,  Taccusèrent  de 
bigamie,  en  soutenant  là  validité 
de  son  premier  mariage. «  Lors^ 
qu'elle  appîit  cette  nouvelle,  elle 
sa  rendit^chei  son  ban'qui^r,  afiti 
d'en  obtenir  de  l'arigent  pour  re- 
tourner à  Londres.  Cet  homme,  '^ 
gagné  par  ses  ennemis,  refuse  de 
la  voià^;  mais  elle  a  le  courage  de 
l'attendret  avec  un  pistolet  sur  le 
seuil  de  sa  porte,  et  par  la  fierté 
de  sa  contenance,  le  force  à  lui 
donner  les  fonds  dont  elle  a  be- 
soin. Elle  arriva  en  Angleterre  au 
moment  où  uxie  procédure  oonr- 
*tre  elle  était  commencée  ;  les  par- 
ties adverses  soutenaient  que  la 
bour  ecclésiastique  qui  a'vail  Càs-^ 
se  son  mariage  était  incompétent 
tp.  Le  bruit  de  ce  procès  retentit, 
non -seulement  en  Angleterre, 
mais  sur  tout  le  continent.  Lprs- 
quMlfîit  jugé,  «pe  foule  immen- 
se remplit  la  salle'  d«  Westmins- 
ter; on  y  distinguait  des  mem- 
bres de  la  famille  royale,  deis^mi- 
Mjistres  étranger? ,  et  une  grande 
partie  de^là  chambre  dès  comr 
mui^s.  La  duchesse  parut  devant 
ses  juges  avec  une  contenance 
noble  ^t  ^suw.  Elle  était  vêtue 
de  noir,  ^t  accompagnée  de  dciux 
femmes  de  chaiOrbre,  d'un  seoré- 
taîre?  d'un,  ^decia  et  de  six  a- 
yocats.  Elle  avait  assisté:  à  toutes 
Lbç  séances.  Son.  maîntifen  et  ses 
réponses  savaient  intéressé  vive- 
ment l'auditoire  en  sa  faveur*,  :ce- 
pendaut  la  majorité  de  la  cham- 
bre des  pairs. la  déclara  coupable 
de  bigfimie.  Au  terme  de  la  loi, 
un  fei:  rouge  de  vaut  lui  être  appli- 
qué aur  la  main  droite;  mais  les 
juriscopsultes  chargés  de  la  dé- 
feiji^^e  firent  val^p  fi« ,  sfi,  faveur 


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100  Ktlt 

l'un  deê  pHtfM^ès  ^  là  |)éfiHé^ 

Îin  èkettipmil  de  cètt«  peîfre  ceiA 
es  metnferes  ée  ce  fcofrps  '^i  Ta-* 
râieni  eticôariM.  Là  belle  Veut^ 
01^  fut  ct^«rè  ik)uf  échafn^ét  ^6% 
tltk«  de  docfèes^e  dé  Kfri^stdh 
ctmtfè  celui  de  cottitèsà^ï  de  Wris-^ 
tcd',  nprès  a  VOIT  reçir  |)¥éhlaMe- 
nefit  tinte  vive  'rèmanttftnce  du 
gtand-^terW^t.  Uhe  dingularité 
remarquable  se  présehtfe  encote 
fd^  c'est  qoé,  par  ce  jtigettieât^ 
k  testament  du  duc  de  Kiii^àton, 
eon8Îdé)4  'Comme  itidépèfAdàfit  de 
son  inariàge,  fût  conservé.  i>e 
c^tte  manière-,  tes  biens  ttnrftense^ 
qu'il  avait  donnés  èAa  àuchesit^ 
Kingston  ^  restèrent  à  Ik  comtes^ 
de  Bristol-9  cè  t\\A  ne  r<ïmpliHsail  paâ 
le  vieu  de  ceùk  tfii  aVaî'en^  \û^ 
tenté  èe  sciindaleuï  procès.  Ik  n« 
se  tinrent  pas  pou r battus ,  et  foN 
mèretit  le  projet  de  la  faî^è  e&tler 
d&ns  que^Aé  con^té  lôintAit)-^  et 
de  la  déclarer  incapable  de  ^rèf 
86S  M^ns;  ^nàîs  ^lle  prévint  léiii^ 
desseins  efi  s'embatquânt  pouir 
Galais,  d'^0>  après  ^u'-eMe  y  e*A 
demeufé  plusieurs  moi^ ,  telle  ifè" 
l€«mà  à  Home,  font  y  arrtiiftfger 
quelques  affairêfs  dHntérêt:  Peti^ 
dftnt  le  séjow  «quVlte  fit  ëti  l5ettfe 
title^  t>n  lui  ^tistruf»ait  à  GMàiJ) 
un  vai^ssenu  à^mke  fofu^iè  nètfVël^ 
ki',«tdela^ki^  grande  tnagn3fi->-' 
ceMe;<elié  revînt 's*^  embat^uér^ 
et%e  fit  ainsi  cohdoireèSaihl-Pé-»- 
t^rebourg^  oA 'élite  ii^èéut  de  <Ca^ 
tberiAte  II  rftêotieil  \ë^^  disfiti^ 
gué.  Bds  bètds  dé  la  Neiira,  elfe 
se'hindit  teu  Pologne^  dû  te  prince 
de  bftdsiwil)  â  (jui  élite  inspira 
ûtle  grande  pà<f^6>  lui  donftàltes 
fétesltes  plôd  sdta^ueiisteS.  ïl  cOH* 
sidérait  dômme  uYie  fatèlit*  in^ 
gue  râvanttfgc  ^e  devenir  ^on  é^' 


^pG^t;  inais  il  eh  ^  en  vain  là  ât^ 
^Miode.  lia  toMtésdé  de  Bristol  re- 
vint ten  France /bti  la  smgularîtè 
de  ses  avête^tures,  sbh  esprit  ^  ses 
jgtfices  et  sa  fOrt?unte  aHîHfererft  au- 
pires  4'elk  )es  ptefso^nia^s  Yes  plui^ 
illnstres,  tet  la  Mlient  joUîrde  l'exis- 
tence 4a  plu^  bHHaÀte.  Elle  h^ètart 
plus  jeune,  maïs  telle  n^avait  pofnt 
Cessé  d'ênre  aimable  >  et  éa  n^urè 
offrait  encore  des  restes  de  cette 
beauté  dont  le  ebarmè  Irlrèslstî-^ 
ble  avait  Tait  dire  asset  àringillrèré- 
fnent  à  un  poète  anglais: 

Soh  teii  e&fnhi&hde  dé  l'iùmeV. 
Son  gevtc  veut  qu'on  le  tti  t^tcOth, 

La  ducbesse  de  Kingstotii»  dési- 
rant sefitcr  teii  ^France,  adhetà 
le  'magtnfique  c^âtèàù  de  SKitit- 
Assise^  à  deuxiieufes  Ôè  tontal);|e- 
bleàu.  C'est  là  qu'elle  mouhit, 
après  une  maladie  de  qudquek 
jout-8,  le  â8  août  1788,  à  VSge  de 
68  ans. 

KÏNKER  V  JfeA*»).,  ihetiibre  dé 
l^înstitut  i^yal  des  Pa^s^Eas  ëi  de 
plusteu^  sociétés  'sàVant'es,*  est  ne 
à  NièuWei^-^Alnstel,  près  d'Ani^t^r- 
âërnyten  1J64.  Bse.livra  de  bonne 
hëutè  ^  rétudc  dé  1.1  poêsrè,  pul^ 
dte  là  politique  et  de  la  philoso- 
phie. Là  ^cîèsie  ^[)àrdît  aVôîV  été 
son  oCcùpatiort  principale ,  ^t  ïl 
hii  doîf  dc^  Sutcès  Wonof  ables  que 
n'oAt  pôimits>t]fb)és  les  dissensions 
politi€(ucs.  Il  a  publié  :  i*  fe  Mes* 
su^erdeVtitHtan,  1788;  d**  CéUa, 
tragédie  dotit  le  siijet  a  été  ^rrs 
dans  les  ùr&istidi^s;  5**  ^Fîêlè  ^écu^ 
laii-e,  aliégorîè  d^amàtiquey  i8oi; 
4*  Airhùmûr  tt  Zecfirà,  tragédie , 
1804  ;  S""  Dieu  'éi  lu  HhettÉ  ;  6* 
Pf*dsodie  koiianëdise ,  rfrémbire 
éoutonhé  pa*  là  société  des  arts  et 
dte^  stiîetftes  d'Amsterdarii  ;  *?*  In- 
ttodacthn  ti  um  théorie  généra/e 


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UN 

M*  Kmkeff  quelque»  UaUnctioi» 
d*0Ai  vpag^^s.  Ar aidais  dana  sa  bngue 
iviateroeUe.  li  h  été  nommé«  eo 
1.918  ,  professeur  de  (Utéva^ure 
IloUaadaîse  à  Ué^e. 

K^INS&ERQEN  (  Jun  -  Hb^ai 
1Î4»  )  ,  4mle  de  Doggeirsbai^t , 
lî^menaRNamûrdl  ^u  service  du 
j^  dès  P^SrHas  »  naquit  9.  le  ^^' 
«m  1735,  à  ûoesburg.  Dès  l'âge 
4e  gt  9f»9^  il  s^vit  i^ns  l'armée  de 
t^irre,  ot  ç«tra  daos  la  maruM^  d;^ 
im'ii  fut  a^otm  sa  i4^  ana^f*  (I 
i^*Butd*i|bo^4%uelepaag  de  ^det, 
4tq^e^t|es  actv>Qs  d*éclatf  acquit 
4e^  l'e^péricffiçe  dan&  plusieurs 
▼ojNIgf s.  de.  IfNftg  gours,  ets^éleia 
paip  ses  tateqe  et  par  se»  service^ 
)ll9q«i*att  grade  de  Ueutenapt-ami- 
r«d«  li'ymçH^n  à  laquelle,  le  cou- 
damos^  la  paixdiOiit  îouLssiait  aloi*s 
90«^  FAj5«  hv  fil  désirer  die  pasier 
au  9eff¥Îce  de  la  IjL.ussîq;  il  eç  ot>r 
tiAl  \0k  p^rqfiiafipB  de.sion  gOjiprVCF- 
Deqic^t^  el.9'y  feudit  ei^  17^7.  V 
fot  acçufUU  de  la  naanière  la  pji|s 
^iftàv^ée  fSHf  l*Î9ftpératriee  Coi- 
tjkerîoe  II  ^  pa^  9f^.  mi^isitres;  m 
Un  Qon4a,)es  forcées  miMriUines  de 
l'état,  «<  Ni  epiuMiQ  JHsIifui  bieur 
tA(  lsi  e^l^^iAOo  4|u*ac^  afjiiit  ea  lui. 
Venaem  ^'î^M  ar^cé  4sip^  la 
mei?  NoîiiejL.  il  j  vole.  Vescadrè 
sfHiSj  sef:  Qffdf^B  ,  coesipo&ée  dP  9 
Y«j[S!9es^li  de  U99&  de^  4<j  pi^fw 
dke«;anonr9  et  ôje  .quelqiites  petit? 
QAVrires  de:guei;rcï,  »vai»  entête  h 
flottj&tjMi^qu^,  fovie  de  i5  vaisseainx 
de  lîii^a  e^.  dÂ.4ibfféf eo»  aut^res  hfir 
l^eas.  IUjp)t!|beriei^neha)9iaee  p^ 
«1  iiest«iii^  ili  etia<|MG:  reoMsiiewgb  ^ 
fieslQ  i^elHqUj&tîir;  q^uelques-un^,  diê 
8e&  vai3af$fliVtK  ét^cent  maltraité^,.  4 
8,'4iKHglie  .pej^f^nt  quelque?  heurr 

«»i>  t^pa9e>.ei  rexie^t.  à  U  cj^ 


UN  lai 

ge.  {^e  çembat  se  renoaveUe  ;  la 
Ugoe  eonerale  est  coupée»  et  une 
victoire  complète  est  le  résultat 
4*u^e  ipai^œuvre  aussi  bal^ile 
qu*audacieuse  :  les  Turcs  perdi- 
rent leur  vai9seau  amiral,  qui  fut 
coulé  ha».  La  gloire  ne  fut  pas  le 
seul  avantage  que  Van&icisber^bn 
retira  de  ce  combat  :  il  j  fit  l'e^ai 
d'HQ  nouvel  ordre  de  bataille,  q||Hl 
avs^U  inventé ,  et  dont  le  suocès , 
dans  cettc^  ^urnée,  le  fit  adopter 
par  la  suite  par  les  officiels  de  la 
marine  ap glaise  et  4e  la  marine  da  / 
France.  Des  signaux  mobiles  de 
son  invention  fureiit  aussi  essaj^ 
dans  cette  affaire  :  ils  suppléaleot 
à  la  perte  de  la  vergue  ou  de  tour 
te;  autre  partie,  du  vaisseau,  ser- 
vant à  Texécutiou  des  signaux  ; 
leur  mobilité  les  mettait  i 
l'abri  de  tous  lee  busards  4e  ^ 
gue^i^.  Cet  officier  Siavait  écrire 
comme  U  savait  combatt^-e,  :  ou 
remarqua  alofs  un  u;ié«ioî,re  qu'il 
remil  à  l'impératrice  Qathçrine 
(I  y  sur  la  libre,  ivivigation  de  la 
vaer  ISoire ,  et  un  projet  de  oon^i- 
tjcuction  de  chaloupés  canoivii^ 
jpe»,  qu'il  adressa  au  ministre  4c  U 
u^iafi  4e  Russie.  Quelque  birRr 
l#Ute  que  fUt  la  perspective  ^ue 
lui  Qffrait;  le  service  de  cette  pu,^r 
sauce,  il  vov^ut  revoir  sa  patrie, 
e^  il  j  rer^tsça  en  i27^'  ^^^  w^sipn 
Impoct^nte  l'y  attendait  :  la  ijépoe 
bËque  4e^  Pays-Bas  éuit  en,  gu^èrte 
aiVec  l'ei^pereur  de.  9taroQ  ;  U  fu^ 
chargé  4e  conclure  la  ^ai;^f  V;  4er 
veJ^Qppa  4^11^  cette  oçça^on  ua 
a!q|uvea^  talent ,  Qel^i,  d'un,  Uabile 
uégQclaileur.  £9178^ ,  à;  1^  fani^use 
jWrD^ée  du  S  aoOt^  il  ({QuuwRdai^ 
yj  v;ai9g!eauj^  de  Ugi?e,  &qu^  lest  or- 
dres de  l'a^rifil,  8»oujba;iaa9,  etcan^ 
^ibu^  pois^ainuiei»!»,  p^r.  wlw^ 


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102 


KIN 


voure  et  par  l'habileté  de  ses  ma- 
nœuvres, â  la  victoire  que  celut-d 
remporta  sur  l'amiral  Parker.  L'é- 
tat lui  tint  compte  des  services 
qu'il  venait  de  rendre  :  il  reçut  en 
son  nom  une  médaille  d'or,  le  ti- 
tre de  contre-amiral,  celui  de  pre- 
mier adjudant  de  la  marine  auprès 
de   l'amiral-général,  et  fut  enfin 
.nommé  membre  du  comité  secret 
de  la  marine.  L'établissement  dii 
port  du  Helder,  et  ses  améliora- 
tions continuées  jusqu'en   1796, 
sont  encore  dus  à  ses  heureuses 
conceptions.   Quand  fa   paix  fut 
conclue  avec  l'Angleterre,  la  l^is- 
sie  et  le  Danemark  se  disputèrent 
l'avantage  de  posséder  Van  Kins- 
bergen ,  et  lui  firent  les  offres  les 
plus  avantageuses;  il  ne  crut  pas 
devoir  les  accepter  :  il  se  réservait 
pour  sa  patrie.  Effectivement,  il  la 
préserva,  en  179^,  de  l'invasion 
de  Dumouriez,  en  s'opposant  a 
ses  opérations  sur  le  Moerdyk;  et 
en  1794?  il  fit  tin  plan  de  défense 
pour  les  rivières  de  la  Hollande,  et 
particulièrement  pour  J'entrée  du 
Zuyderzée.  Jusqu'ici  nous  ne  l'a- 
yons considéré  que  comme  guer- 
rier et  diplomate,  il  va  se  montrer 
à  joos  yeux  comme  un  administra- 
teur distingué.  Avant  celte  époque, 
'les  dépenses  de  la  marine  étaient 
acquittées  |)ar  des  produits  incer- 
tains et  par  des  secours  précaires^ 
il  donna  le  conseil  de  faire  porter 
sur  le  budget  de  l'état  une  somitte 
'suffisante  pour  cet  objet  impor- 
tant ,  et  la  chose  eut  Heu  comme 
il  l'avait  proposée.  Il  concourût 
-aussi  à  l'étabHssemenf  d^un  Insti- 
tut ou  école  militaire,  pour  lequel 
îl  fit  assigner  des  fonds,  ainsi  que 
pour  des  pe.nsions  à  accorder  aux 
officiers  hors  d'état  de  s'ervli*.  Bâ 


1795,  il  fut  compris  dans  la  mie- 
sure  prise    contre   tout  le  corps 
des  officiers  de  marine ,  pour  cause 
d'opmions  politiques,  et  licencié. 
Arrêté  peu  de  teflnps  aprè»,  îl  fût 
jeté  en  prison  ,  et  relâché  sans 
forme  légale.  Il  crut  poiivoir  alors 
•accepter  les  propoSitîWs  que  lui 
fit  de-  nouveau  le  roi  de  Dane- 
mark, de  prendre  du  service  dans 
ses  états,  mais  avec  la  condition 
expresse  de  ne  jamais  porter  les 
armes  contre  sa  patrie.   Les  cir- 
constances l'empêchèrent  d'exer- 
cer aucun  service  afefif,  et  il  ôb'tîilt 
sa  démission  en  1806;  Louis  Na- 
poléon, à  son  avéneiôent  au  trôlne 
de  la  HoUandei^  sut  apprédèr  lè 
tnérîte  de  cet  officier,  et  le  nomma 
son  premier  chanibellân  honorafî- 
re^  maréchal  du  royauttié  ^  cdn- 
seiller-d'état  en  service  extraOrdi»^ 
naire  (section  de  la  marine) ,  grattd' 
•croix  de  Tordre  de  rUnit)nj  et 
comte  de  Dogge^sbank,  pour  pel^- 
Jétuer  le  souvenir  dé  la  gloire  doiit 
il  s*était  couvert  à  la  journée  de  Ce 
Tiom.Rinsbergen  reçut  les  "emplois 
dont  on  le  revêtait;  mais  il  refiisii 
par  désintéressement  les'  triaite- 
mens  qui  y  étaient  attachés.  Lors- 
que la  Hollande  fiit  réunie  à  l'em- 
pire français,  Napbléôrf  Itfi  Conser- 
va son  titre  de  obnite)  et  le  noiôWra 
sénateur  ;   il    en  accepta    la 'di«i 
gnité,  et  en  refusa  le*  appôintfe- 
mem.  Quoiqti'ir  fît  le  plu^  nfoWe 
usàtge  de  tes  rfcheésës^il  ne  voulut 
•plus  lés  augmenter^  -qutind  îl  piit 
avec  ses  seules  pesfeoupctes  remplir 
ses  projets   de   J^iënfàisancè'.    La 
Hollande-  lui  '  doit  l'ittstît<!^t  d^  là 
marine  à  Amsterdam,  ririètitut  des 
sourds-muets  à  Grôr^flgtfé,  lés  a- 
clademies  d'UlYèbht'ét  de  Harden^ 
Wik,^  de  itiêmte  q!i**m&'ftîaîe^'i««^ 


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KIN 

lîtatioris  partîèutîèrës  pour  lesquel- 
les il  a  dépensé  des  soraïues  con-^ 
sidérables,  et  qui  ont  porté  dans 
les  campagnes  et  dans  la  petite 
ville  qui  avoisineot  son  habitation 
l'instruction'  et  le  bonheur.  Peu 
d'offieiers  étaient  plus  instruits,  et- 
il  en  est  peu  qui  aient  plus  écrit 
sur  là  marine.  Quelques-uns  de 
ses  ouvrages  sont  restés  inédits^  et 
parmi  ceux  qui  oht  été  publiés  5 
plusieurs  oiit  paru  sous  le  nom 
d'un  de  ses-  élftveè.  Toici  leurs  ti- 
tres en  français  :  Ordres]  et  Ins- 
truetions  concernant  te  service  de 
la  rharine;  le  Service  de  taisseàu, 
par  le  ckevaliet  Van  Kinshergen, 
publié  par  C.  A.  "Verbuel;  Exer- 
cice du  canon  sur  un  vaisseau  de 
guerre^  publié  par  le  même;  Ma- 
nuel du  marin^  augmenté  et  rectifié 
par  ie  cketalier  Van  Kinsbergén; 
le  Service  générai  du  vaisseau,  par 
le  chevalier  Van  Kinsbergen,  pu- 
blié par  C.  a:  Verfiùel  ;  Principes 
de  la  tactique 'de  mer,  publié  psir 
le  même.  Cathei»ihe  II  a  fôit  tra- 
duire cet  ouvragé  en  langue  russe,' 
pour  l'usage  de«a  mariné.  Le  grande 
livre  général  des  signaux  de  jour  et 
de  nuk,  avec  un  gNod  nombre  de 
figures  ;   V Artillerie  pratique  de 
marine;  naUvèlïe  Garte  de  lûCri^ 
mée,-  avec  une  'description  de  cette 
province  {  cette  carte  est  très-esti- 
mée)  ;  Carie  de  Mihér  de  M  armera; 
Deseripthiv  de  l'archipel,  aveclUHé 
'  nouvelle  Cai^ïe  généiralè ,  olivragé 
excellent  qui  a  été  traduit  en  alle- 
mand en  179^2 /et  publié  avec  des 
Ttmàv(fiiie^\  Introduction  â  iagèeV- 
re  de  mer,  pa)r  -te Chevalier  Van' 
Kinsberg'ên,  ^liblié  par  Ai  Makay; 
Manuel  ^oUtifuë  'êCH^  us'a^ç^es  jm-, 
nés  ofjielerv  de  màriUè,  par' le' éUe^". 
vaUer  VanKinshef^en,  publié»pàr 


KIS" 


165 


J.  H.  Van  Ollenhausen;  *ttr:/flt 
formation  des  Batteries  de  mer; 
Projet  de  l*  établissement  dfan 
fonds  pour  les  veuves  des  marins, 
sans  frais  pour  f  état  ;  Rêve  (fun 
marin;  sur  la  nécessité  de  tenir  en 
service  un  Corps  permanent  de  Ma-- 
telots  ;  sur  la  formation  d' une 
Académie  de  marine.  Van  Kins- 
bergen  était  décoré  de  la  grand' 
croix  de  l'ordre  militaire  de  Guil- 
laume ;  il  avait  été  e^  écuyer 
par  le  roi  des  Pays-Bas ,  et  c'est 
ce  q«i  l'a  fait  admettre  dans  Ter- 
drê  équestre  de  la  province  de 
Gueldre.  Il  a  reçu  encore  plusieurs 
ordres  étranger,  tels  que  ceux  de 
Saint-Georges ,  du  grand-cordon 
des  ordres  de  Saint -André  ,  d'A- 
lexandre -  Newski  et  de  Sainte- 
Anne,  par  la  cour  de  Russie;  de  là 
grwid^croi*  de  Tordre  de  Danhe- 
brog,  par  celle  dé  Danemark.  Van 
Klinsbergen  était  membre  de  Tins- 
Htùt  des  Pays-Bas ,  de  Tacadémie 
dès  sciences  de  Berlin^  et  de  plu- 
sieurs sociétés  savantes.  Il  ne  respi- 
rait que  pour  la  gloire  dfe  son  pays, 
et  li'à^otfssé  de  multtplter  les  ob- 
jets projprès  à  former  de  grands 
hommes  dans  tous  les» genres,  en 
mettant  sous  les  yeux  des  jeunes 
gens-  les  bustes  de  ceiix  dont  la 
Hfyllande  s'honore  le  plus*  Ruyter 
était"surtobt  son  héros*;  il  le  prît 
pour  modèle ,  il  suivit  ses  traces 
toutes  les  ïFoié  que  4'bfecàsion  s'en 
est  p>éseiltê€,  et  il  en  fit  faire  le 
buste  pour  le  ptecér  dans  l'îns- 
titàt  ;ébns<i€ré  à  fédùetttion  des  jeu- 
nes marini*.  '¥*i  Kînsbepgcte  est 
moîi^A  l'âge  de  iS4'j^iri;  générale- 
rtl^pt  estimé  de  srés  <<^hcîtoyens, 
dfiik  le  bonfteur  roccbpa  sarts 
cessé;  Lorsqti'rl  ne  fttt-pkis,  il*éut 
encore  des  droits  »àià  reconnais- 


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|o4  iilO 

8anc«9  ea  lateMiBt  deuii  élièves^  di- 
gne» dç  lui,  Tamiral  Yerhuel,  qwi 
de  son  Tirant  fut  po^nnaé  pw  4^ 
Fi*anc«4  e\  M.  Van  dçr.  Hciden^  é- 
levé  dans  ee  mopiept  à  un  posie 
wpéi^F  daa9  la  marine  d^Jl^i^ 
ûe. 

néral  autrichi^»  m  d'une  famil^ 
le  diatio^uée,  originaire  de  Hom-* 
grîe.  Il  embrass^a  4a  kaqi|<^  h^ure 
U  profewion  des  afopes ,  ^t  ft'y 
di»tiQ§ua«  II  iatroduidit  d'heureu- 
se» inoo  rations  dan».  Iq  «erTÎeoée 
la  cavaUrîe»  qui  seooAdèrent  I?» 
¥ues  de  Tenapereup  Joseph  H* 
Auasi  fut'-il  nommé  le  faUmr  de 
retnpereui*  poui^la  caral^rie  ^ 
eomme  H.  d^AWiozi  renaît  pour> 
rin&pterje.  Il  obtint  9  d^na  len 
eavipagnes  de  1793  et  ijQârle 
commandement  d*iin9  dÎTÎaiai^ 
autrichienne  dai^  k»  Pays-J*?$,, 
Mm  les  reyers  qq'U  essuya  p^oiftn 
vèrent  évidemmeiit  que  le  «tfr 
lent  de  bkn  org^nUer  une  9rmé^. 
ne  suppose  pasi  ffiujc^ws^eWde. 
la  bien  jçodam^dejr.  I^oipiné  den 
puis  au  CfOffanwndenoient  d^  la^it- 
le  de  Vienne  %  k  CQ^ite  de  Kins- 
kl  y  ifto^wit  «n  ft^rier  1Ô04.  !•« 
eomte  François  Ivinsl^ir  soft  fnère» 
eoi^eUleir  ii^ime,  çt^^bellan,  d^t 
rei9pjerçi)r.f|  dir^qleur  dq  répple 
des  Cade|8,  j  mpurut  ^\|ssi  ui^ 
anaprfei»    j.v  . 

WeSK-WA^A,  pach^  de  RMdr, 
schMpk>  a^vait  dénî^loppé  tiap^  dé- 
nergle  et  de  fermeté  daii^»  &oa 
paobatiks  qn^  le  ^i^ir  JIAi^tapbi^- 
Beira^tar ,  a-Tf»  kquel  il  élaJl  lié 
d'açtiUiéet  de  îiystèi«e,l'f^vait  desti- 
né au  çomjtnand^nient-générîddas 
arméei}  ottomanes  j^ur  le  Danuhe< 
Lorsque  Jtcs  japissi^ires,  dont  Iç  ¥i-. 
liraYî^U  vQulu  dioiinueç  IHnfluep-. 


ce,  filant  la.^en«Ue  révftlutUin. 
d^n»  laquelk  tiustapba-teir^çtaF 
périt ,  Riose-^i^ja  feriTva  k  pre- 
jet  de  Yenger  la  mort  de  soià  anai».      / 
4e  lui  succéder,  et  d'efieotuer  H 
féforme  dopt  la  preniiéro  tenti^lî-^ 
ve  l^\  avait  oo^^  lay-k*  A  la  tète 
^e  /^^ooo  hooMipesde  troupe^  asv^- 
tiqu^,  il  donna  à  craindre  ai^x 
ianissaii^es  mutinés  qu'il  neyouiat 
^arcbe^si^*  Constanlinopk  %  ftiù» 
de  détourner  çe.daniger,  ils  ein4 
pkyérejfit  tQu#  leHçs  moyens  pour 
soukver  seei  ^qldats.  )iîose-Èia>«^ 
fit  loi^-rtenips  têt^  à  Toç^e  x  ^ 
se  dispo^t  à  tirer  Mue  ve<me%Pœ 
éclatante  de  ae»  eonen^i^  :  v^Si 
le»  janissaire^  Ver«p.prtér<mt.   A'- 
ba^dooné  des  siens  ,   trahi,  par 
quelques  gouverneurs  ifoisin»,  f^t  , 
^j^bant  que  aa  tête  ayait  été  aii^G 
H  prl%  1^  .ConstantiBopk»  il  9e  ^it 
for^é  de  çbercbeï  «0  asile  à  ^v- 
cbares^t,  oiXil  fnt  accompagné d« 
yi^î-amiçal  JluTsfo-Aeyj^  et  de  ^i^t 
qnes  autres  personnage»  de  di»T 
tinotion*  Il  pai;¥iut  ^  9auyer,sea 
effet»  k^plus  préciei^  ji  et  ptm^ 
d'un  million   en  or,   La  g^fciFi» 
paraissant    inakmineri^te    entre    k 
Popte-Ottou^ii^  et  k  l^ussie  ,  ce;^ 
réfugks  furent  ioT^^  4  passer  k 
Nkstef  e^  à  se  r<^ndre  en  Ukraine» 
où  Wo^e-Iiiaja?^  fini  pçir  se  ^x^. 
ILIPPIS  (AwDiiÉ),   théologien, 
et  biographe  aogki^,  naquit  e«i^ 
17^7,  i^  Nottifigbap^,  H  Int  éléyei 
4u  dflO^eur  RoddrigOj   pe    vow^ 
à  l!ét^t  eeclésîikstiqui^9  et  fut  i^ou)- 
isné,  en  ^74(8  ,  mjnistre^  ^  Boston  « 
aq  ooipté;  de  tiocoln»  Ça. 17^0,  il 
passa  ^  Dorking>  d^ns  k  pon^té 
de  Surrey,  et  le.  qniUaen  I755> 
pftiif  ê^e.  pa^t^Mii  4'^ne  congré- 
gation à  Westminster.x  Kippis  tra- 
vailla  aussi  .quelque    t^ixips    au 


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Km 

Intitulé  SliMioéhéqf^  kpfitami^Hifi  > 
qui  »'0ttt  poiot  d^  sui!«è^  Oeini 
aaa  aprèa,  pkiïûeiirs  d«'  fe^  amîa 
ayant  état»)!  A  leurs  {rai&  uae  a*- 
cadiénaie  pour  Véducation.daa  pûn 
nialraa  di^iftofi»,  K.lppla  ^a  M 
nommé  profeâst^ur^  U  flt  paraîti>0y 
ea  i^^ëSi  ta  l^fm$0  4^^  mini»tif^% 

à  tmn  dernière  adretiSA  au  parier 
mmi,  ounrad»  auqu^  répondit 
le  floqtaur  «luo^ier»  itt  qui  o^a*. 
skm9i  une  4iftpHta  au^ci  eus.  S» 
i77'f  >  il  <loai?a  uoe  nouYoUa  écB- 
tLQQ  de  9^  MiW^héij^m  k'ii«nnir 
qms  da^s  U«(UQUe  H .  déploya 
tQuf«  ^ea  èrujdjitioi»  et  aea  eoan^iai 
sfUkee^  ^w4«|s.  IL  a  eiM^#'e  publié 
la  fTi^  rf((  wptt(im#  Cq^;  la  Kin 
^.  dûçuar  Lqr4n0vj   YBîM^m 

lui  doit  un  gfftw  nombw  d'au? 
tr^tft  é^ts;  partiçulièramcufit,  de» 
S^KmoiM  et  dç$  Traitéf^  Il  avait 
rççiu,  à  Vunixcraité  d'Ediwhourg, 
le  grade  de  docteur,  et  était  ast 
scicjé  de  la  SjQciété  royale  et  de 
ceUe  ^efi  aatiquaMres  ,-  loraquHl 
mpUFut  le  8i  ootQj^  t^g^.  lîipn 
pise^  dijus,  et  p^e  CQWiue  luar 
t^fien  ;  mais  ses  ou^r^iges  ne 
mauqueut  i)i  de  jugemeuA  ui  de 
reebe^clies. 

TOjN^,  1UR09  ^%  Lnj^iftwaf  )^  plii- 
loaaphe  *uis«tj  uaquit  à  Bomne»  le 
i3  (supyier  ly^j  et  mouirut  ea 
iSop,  Il  apparteuait  à  upe  faaûlte 
au(^ienn^9  qui  k  destiua  à  Vétat 
militaire  :  il  Q'epi  consacra  pa» 
rnoiu^  une  partie  de  ^  jeunease  à 
Té^ude  de  ^  philosophie  ef  des 
hellesT-lettres,  t^%P  an  service  de 
HoU^çkde,  il  cGmKiifKQdait  undér 


&llk 


«aS^ 


tiMsbeumnc^  formiiut  la  g«^i^oi^ 
du  foirt  SaiaM*ierra  pr<^  d# 
M^eitpiebt*  Après  avqir  lu  eye^ 
fruit  les  écrits  i^  lieibnjtii  e|  â^ 
VifkUi  il  eanputle  pni|«t  d'u» 
givi»d  ourrage  plulfisio^qufK  en 
donna  le  plan^  el  en  confia  di^r* 
puis  Texécutii^tn  au  CQUseiilef  Hc- 
liattahauseU]^  9oa  ami,  K.ircliVep- 
gep  commença  4  fixer  Tatteutifl^ 
de  ses  compatrieiteB»  peir  le  û\^ 
cours  qu'il  prQB«!«iça  m  176^  t 
damune^asaemMée  de  )ew^  pa^» 
tHaiens  bernois»  et  ^w»  lequel  il 
célébra  rhérolque  générosité  d^ 
hahîtaïas  de  Soleure*  qui»  peodaui 
le  siège  que  soutint  leur  ^iU^  <¥! 
tSxa»  conlrl»  Léapold  l^^duQ 
d'Avtriebe,  voyant»  p^^rla^ruptupe 
du  pionâde  l'Aacs  uae  foule  d'as-» 
sÂége;ana  tomber  dans  le  £k\(i^et 
a'empiresaérent  de  yeler  é  leur  (^e-r 
cours»  et  parvinrent  à  les  arr^^ber 
^la  mort,  tea  SoleuiH)i£i^  ae  cg^r 
tentèrent  pas  de  celte  $eule  actiou 
généreuse;  ils  donnèrent  è  cea 
malbeureu«^  des  vivres  et  de»  ha- 
billemenS)  et  les  renvoyèrent  sans 
rançon*  lia  pareil  trait  d'bumani- 
té  était  fait  pour  ejçciter  Teiitbc^u^ 
siaame  de»  eufans  d'un  peuple 
hospitalier,  que  régQÎan(ie  n'awl 
poiat  encore,  ccfrcmpu.  R.irçh«- 
berger  prononça  aou  di&co^uri  ave% 
une  onction  qui  pénétra  lesi  cç&urs  » 
et  fut  dèarlors  considéré  eK¥i¥>^ 
un  écrivain  éloquent  et  un  boncir. 
toyeo.  Quoique  porté  par  aea 
g&^t»  à  rétude  de  la  pbiloso^pHieit 
il  ne  aV  H*"^^  ïw»  enelu«iemen%  ^ 
et  s'occupa  ausai  aTco  succès  de» 
l'étude  de^  sciences  natureHei^^ 
qq'il  appliqua  spécialement  à  Tar. 
giH^utaure,  ce  qui  rendit  se»,  con- 
naissances très-utilea  à  son  paya* 
Membre  de  la  société  éconoiniquii 


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io6 


KIR 


et  physique  de  Berne,  il  fit  '  sous 
SOS  yeux  plusieurs  expériences  a- 
^rlcoles,  arec  le  gypse  employé 
dans  les  prairies  artificteH^s. 
Nommé  membre  du  conseil  sou- 
terain  de  Berne,  en  1 776,  il  exer- 
ça aussi  les  fonctions  de  bailii  de 
Gottstadt,  près  de  Bienne,  pen- 
dant l'espace  de  6» ans,  et  entretint 
à  cette  époque  une  correspondance 
suivie  avec  Jean^Jacques  Bous** 
seau.  Kirchberger,  dont  la  philo- 
sophie 'élaît  éclairée ,  et  religieuse 
sans  supersti^on,  s'éleva  avec  for- 
ce contré  une  secte  dHéluminans 
ou  à^éclairearSf  dont  le  chef  était 
Frédéric  Nicolaî,  éditeur  de  la 
Bibliothëgas  germanique.  Cette 
secte  se  propageait  rapidement  en 
Allemagne.  Rirchberger  engagea 
le  chcTalier  de  Kimmermann^  son 
ami,  à  rédiger,  ainsi  qne  lui,  des 
mémoires  contre  elle.  Ces  mémoi- 
res, qui  parvinrent  à  Tempereur 
Joseph  It,  déterminèrent  ce  prin- 
ce à  prendre,  de  concert  avec  la 
cour  de  Beriin,  des  mesures  capa- 
bles d'arrêter  les  progrès  de  ces 
dangereux  sectateurs.  Ce  philoso- 
phe fut  lié  jusqu'à  sa  mort,  avec 
les  hommes  les  plus  recomman- 
dables  de  rAllemagne. 
^  KIBKJLAND  (Titokas),  mem- 
bre de  la  société  royale  d'Edîm- 
boug,  naquit  en  1730.  Après  a- 
Toir  fait  d'excellentes  études,  il 
se  fit  recevoir  dans  une  école  de 
médecine,  et  acquit  un  nom  dis- 
tingué parmi  les  médecins  et  les 
chirurgiens  qui  brillèrent  de  Son 
temps  en  Angleterre.  Sa  vie  en- 
tière fat  consacrée  à  la  pratique 
de  son  art,  et  il  dut  la  grande 
réputation!  dont  il  jouit,  au  ra- 
re désintéressement  ,  'aux  talens 
distingués  et  aux  succès  avec  les- 


KIR. 

quels  il  l'exerça.  De»  doeumeo* 
authentiques  manquent  à  Thistoi- 
re  de  cet  homme  estimable  :  on 
ne  peut  douter  néanmoins  qu'il 
ait  pris  part  aux  discussions  in»-> 
portantes  qui  s'établirent  eotre 
le£^  preihiers  médecins^  de  l'Euro*  - 
pe ,  depuis  le  milieu  du  dernier 
siècle  ;  le  titre  seul  de  ses  ouvra- 
ges prouve  qu'il  ne  fut- étranger  à 
aucune  des  découvertes  de  cette 
époque.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
sur  la  (rirn^én^^  qu'il  puUiaea 
1754,  et  dans  lequel  il  âxe  l^ 
cas  où  l'application  dii  quinquina 
est  utile  ou  nuisible.  \)a  Essai 
sur  les  fièvres  suivit  cet  ouTragv. 
En  1767,  M.  Maxwell  y  répon- 
dit ;  mats^  une  réplique  appuyée 
sur  ^  des  exemples ,  prouva  que 
la  suppression  iiAmédiate  des 
fièvres  est  souvent  très  -  avan- 
tageuse. En  1770^  il  réfuta  les - 
remarques  de  M.  Pott  sur  les  frac- 
tures compliquées.  Ses  Observa'- 
tions  furent  suivies ,  l'année  d'a- 
près, d'un  Appendice;  et  en  i78o« 
il  publia  dn  Supplément  dans  le- 
quel ,'  embrassant  l'opinion  de 
Bilguer  sur  l'abus  des  amputa- 
tions ,  il  affirma  qu'à  la  campa- 
gne, où  on  les  emploie  rarement, 
il  ne  meurt  pas  un  dixième  des 
personnes  atteintes  d'une  frac- 
ture même  compliquée.  On  a  en- 
core des  ouvrages  de  Kirkland  skr 
la  fièjcreet  sur  ia  coqueluche ,  ainsi 
que  des  Commentaires  sur  les  ma- 
ladies apopleàtiques  et  patalyti-  • 
ques*  Ses  Eûoamens  de  l'état  pré- 
sent  de  la  chirurgie ,  passent  en- 
cors  aujourd'hui  pour  un  des  ou- 
vrages les  plus  remarquables  de» 
l'époque  actuelle  :  il  y  Considère  ; 
l'analogie  d^S  maladie»  externes  ' 
avec  les  mdldfd^ies   internés^    et 


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KIR 

ehercUé  à  démontré)'  combien  il 
serait  dangereux  de  séparer  deux 
branches  d'un  art  qui  ont  entre 
elle»  les  rapports  les  plus  intîmes  ; 
qoestion  qui,  vingt  fois  résolue,  a 
été  de  nouyean  agitée  de  nos  jours. 
Kirkland  était  membre  de  la  so- 
ciété; royale  d'Edimbourg,  et  éé 
plusieurs  autres  sociétés  savantes. 
Il  mourut  à  Ashbj,  au  mois  de 
janvier  1798,  à  Fage  d'environ 
77  ans.  < 

KlRKPATftI€K  (Iambs)  ,  sa- 
▼ant  orientaliste^  mort  le  22  mars 
1813,  fut  employé  pendant  long-^ 
temps  par  la  compagnie  des  In- 
des, et  devînt  son  anpbassadeur 
prés  les  cours  de  Madadji-Sciii- 
di^h ,  et  du  grand-nA)^l  Schah- 
Aâlem.  Il  résida  aussi  quelque 
teinps  •  auprès  de  Nizam  ,  ainsi 
qu'à  Haïderaal ,  pour  le  service 
de  la  même  compagnie.  Kirkpa- 
tfick  était  surtout  versé  dans  l'é- 
tude dé  rbistoife,  des  jâfiliquités, 
des  reliions  et  des  langues  de 
l'Asie.  On  lui  doit:  1^  Description 
dàtûjraum0  de  Népaul,  âytc  une 
'  carte  et  des  planches,  Londres  , 
1811  ,  iri^4*»  2*  Biographie  des 
pôèteé  persans f  traduite  de  Daou- 
îet  Scbal,  Calcutta,  1789,  in-4';  3* 
CAôiœ  des  lettres  de 'Tippoo-sui-- 
tan;  Londres,'  18 1 1,  in-4». 

KIRWAN  (Rtchâbd),:  Vun  des 
chimistes  les  plus  distingués  dé 
l'Angleterre,  fur  d'abord  destiné 
à  la* carrière  du  barreau;  mais  son 
goût  i^entraîniant  Vers:  le.i'^cfences 
naturellesyil  s'y  adonna  totillentier. 
Bientôt  il  y  itassez^tlc' progrès, 
particulièrement,  dans  la  chimie , 
potCf  remporter  à  la  société  royale 
de- 'Londres,  le  prix  anhud'  fondé 
par 'C  oplcy .  KîrM^n  deTTÎfit  inem- 
hrëât^àétte  soi^èté^^'et  dcfla  plu- 


KIR 


107 


part  des  académies  de  l'Europe  ; 
il  a  beaucoup  écrit.  Ses  ouvragea 
traitent  de  la  logique,  de  la  méta- 
physique,'de  la  minéralogie,  de  la 
géologi«  et  surtout  de  la  chimie, 
dont  il  a  agrandi  le  domaine. 
Nous  n'en  citerons  ici  que  les  prin- 
cipaux. T*'  Expériences  et  oh^ev^ 
vaticns  sur  la  pesanteur  spéeifiqiée 
et  les  affinités  de  diverses  sukstan^ 
ces  satines,  »•  Estimation  de  ia 
température  sous  les  différons  degréx 
de  latitude^  trsLÛmU  en  français  «t 
insérés  dans  le  Journal  des  Savaite^ 
Paris,  î  790  ;  5*  Obserpatiofii  sur 
les  mines  de  hôuHle,  1789;  4®  Eoh 
périences.sur  la  force,  des  acides  M 
la  proportion  des  ingrédiens  dés 
sels  neutre^i  1790;  5*  Otserve- 
thons  sur  le.  magnétisme,  1796;  €• 
De  l'état  primitif  du  globe  ^t.de  la 
cataslfopiw  pullula  succédé^  1796. 
Cet  ouvrage  offre  les  rapproche* 
nusns  aur  l'état  primitif  du  globe  , 
avec  la  géologie  actuelle.  ^"^  Essai 
sur  la  iiberîe  humaine-^  8".  De  la 
nomenclature  chimique  et  minerai 
logique,  1800  ;  9"  Élémen»  de  wwV 
néralogie,  1794*  a  vol.  in-S";ia" 
Essai  sur  l' analyse  des  eauaminé^ 
raies;  11"  Logique,  1809^  2  voK 
in-S";  la*  Nouvelles  observatianis 
sur  les  proportions  de  J' acide  car^ 
boniquû',  dans  les  trois  acides  m^t- 
néraux  anciennement  'connus  ^  ^ 
sur  tes  hases  de  diverê  sels  meair^s 
et  autres  coniposés,  i797>  ■S" 
Expérience  sur  une  nouvelle  terre*, 
trouvée  près  de  Sronthiau,  :  en  JE- 
cosse,'  1794*  -Cette  terre:  est  crf- 
le%qui  a. été  placée  naguère  ati 
nombre  des  substances  isncote  ii|- 
décomposablea  jusqù'iidn  par  tous 
nos  moyens,  d'analyse  Mmiqxte;, 
:  iy[TE>(CaAJU[j:s)9€l>ii<Mrgienail' 
giais,. naquit  vers  i\;6dtf  kfiwfe- 


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K9% 


KLA 


seM^  dins  le  oomté  de  Kent^  ût 
é%  bonnes  études^  fut -repu  ohtr 
purgien,  et  mèvita  ^ar  lieaucoup 
de  pratique  et  desotù^hagesutiles, 
d'ê£re  reçu  en  qualité  de  i^çmhr^ 
du  oottéfe  fûy(d  des  chîrurgilens. 
lï  a  publié:  i^  Smr  êe»  moyens ik 
rappeler  à  la  vie  i&a  ttsphyxiéa,  in-» 
W*y  \^%^\  s**  Eâ$<H^  &l  okêéreathns 
physèohgiques  ei  médicale^  sur  ia 
submersion  des  animaux,  et  sur-  la 
résine  de^  (^acorotàes  reHnifwa, 
au  résine  de  Btotanj'iB^ay^  in^9 
1^5;  ^*fÂfÈkfeA%Mèmôires,  Bia^ 
seriationê  et  Artichs  sur  des  ma* 
tières  médicales  et  ohivupgîcales  y 
ins^é»  dans  les  journaux-  de  mé-f 
decine  et  dans  plusieurs  iTutres 
l'ecueils:  Charles  Kite  mourut  à 
Gravesend,  vers  ^811. 

RLAFROTH  (MÂiTnf-fi&N&i) , 
célèbre  professeur  de  ohimie, 
membre  de  ^académie  de»  scien* 
ces  de.Bierlîn  et  d)e  plusieurs  au-« 
tresv  académies  9  asaocié  étrangev 
de  (Institut  de  France ,  naquit  à 
BerKn  le  i**^  décembre  1745,  et 
mourut  dans  cette  ville  le  1*^  jan* 
Tier  1817.  I>oué  d'un  esprit  obi 
servateur,  d*un  caractère  réfiéehi 
et  d'une  grande  patience  9  il  se 
livra  à  la  minéralogie ,  dès  que 
ses  études  furent  terpiinées^ 
fl  avait  pour  oétte  seience  un 
penchant  délerminé  ;  mais  il  se»^ 
tit  bientôt  qiie  ce  ne  serat  qu^en 
y'  réunissant  i^èlude  de  la  chimie 
^^11  pourrait  aoquérir  des  o^« 
naissances  certaines.  C^st  en  se 
livrant  avec  une  éga^e  ardeur  à 
l'une  et  à  l'autre  qjuil  fit  lee  pi«>T 
grès  les  plus  rapide».  On  doit  à  ce 
sav'ant  et  laborieux  chimiste,  ka 
découverte  do  la  lirgone  dan»  le 
Jlirgon.'de'  Ceyiaa,  et  çeÉe  de  la 
présenoe  d'o  la  potasse  dana  che 


prodUctÎQUS  yo)«aoif|4be^  It'lPOtl** 
va  eneoipe  la  pestasse  d^s  le^  gfe- 
ftatblane,  ditleucite;  etdanaU 
senior!  rouge,  ua  «oi^veau  tuétal 
auquel  il  donn^^  le  nom  de  iiPtm»,* 
Il  trouva  égalememil  iy>  dieu^tétee 
et  un  troisié^  «létal  dana  la  pecibi- 
bi«nde,  et  dans  )a  ng^i^ed-av  hboi** 
(^e,  et  les  noçam^;,,  V^n»  w/»sme,y 
etl'au^re^  ieilure^^S^s  eupéjpiencea 
réitérées;  lui  frent  aequ^ir  U 
preuve  que  la  mine  d'argent  rouçe 
était  uae.aulfùpe  dfvge;)t  et  d'an- 
tmoloe.  H  a  védigé  un  Système 
mjnàrahsi^ft^  dont  les  prîpoipea 
coustitutifti  deamînétauai  forment 
easenlieilement  la  base.  Un  grand 
nombre  d'analyses  des.  substa^eo^ 
fossUes,  puUiées  par  lui,  «e  troi»T 
^ent  i^n^U' JloHt^aJ  d^phy^i^m^ 
\%tl'Qurm(*  dôé,  minee^  les  Atmaie^ 
de  qkimh^i  «to.  e|c.  C'eat  pan  dc^ 
tfavauiÊ  dont,  l'importance.  ég%le 
U^  nooabte  qui^  Klaprotb  s*^t 
plàcié  au  nombre  d<>s  ^inîâies  les 
plus  distingués^  Ses  Mémoires^  de 
çhimie^oi^  été  recueillis  et  traduits 
en  français  p^r  Taai^aert,.  Paris» 
1807 ,,  A  voJL  in-8.% 

fib  du  précédent  9  eat  né  ^  Berlin 
le  \i  octobre  1785-.  B  aei  hum 
aveo  ardeur,  dès  l^e  de  1$  ansj 
à  l'étude  dea  langues:  asiiatiqtiei».) 
et  prioeipaleaient  du  cbiiada*  les 
bibli#id^uea  roynlesi  et  parliea^ 
Uères)  de  Berlin  lui  fo^uvoireot 
d'abcKrd  de;  précieusî  seo^iuns^qa'il 
eutoepeadant  bcentôit  épuîlsest  (1 
se  rendit  alors,  ters  l'aoaée,i8o»> 
à  t'unîversité  de  HuthynmiBcm^ 
trouyaint ,  ni  dea  professeutis  .4^09 
ittstruita,  ni- les  matériaux  qu'il 
déaîraic,  il  se  détermina,  aprdt 
uA-séjoup  de  iSmoia»  à'  con* 
thiiier  a»  rec^bffcbes  ài  la  hMilîerT 


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dié^Hè  lie  ll^fesîië;  Il  '^è  k^dit 
Tannèê  èùit^te  A  W«h^v$  oi) 

Mées  Mhgûziii  (la  CàftfèiPé'  m^8^*, 
I8d^  -  i«o3).  Aptièè  te'  'FfubliOâr-* 
fi«3i-iâè'^  joufnàU  ^âî  te  fit  ètm^ 

Më^'s^iëncés  dé  Péfë^^bdui^ 
rftt»^e4à  dkné  •son  Béln^eii  ^titdité 
d^éàdémiëien'^Adjoîhlt  pour  i«0 
laliftfès  etialittéï^ituiHg  a^^Hquels. 
Le  b^  ^D^f<(ml  deè  étiiéès  et  de^ 
i^heiichès  de 'JELl^^th^  était  d^ 
fbiirhir  d'Utiles  ^Iftîroisâemetl^ 
sé^  rhiètèir^  etlà  géo^nipbrè  de 
llutérfiè^lftdiè  rAsté^  iet  d«  détël-- 
#tt}nël'  léâ  tnî^tiitiiohs  des  êSSèttti'^ 
téfi  ^euf^làde^  qut  hÀ^itèiit  là  pà^- 
He  la  llltis  VKMle  et  Ift  ^k^  ah<$ii^^- 
ivèiTiëtit  fTétipIèe  <dû  ^Ibbe.  Il  ^l'^ 
MéôU^  ofetîht»,  fen  V«é5,la  pt^^ 

^âé^  <dii'e(iiJite  tk>h$>>r]t{ii  à  Fkîâ^ 
©é^à  les  Vèy<igêtfr&  Avaient  tta^ 
Tersé  la  Sibérie  et  le  pays  ^loé 
aiSi'êi^dil  tolsillaifeèli,  jiis^u'ttux^ 
fiioft}«ièjt*<ë  â^  là  CliiH^^  ki^qa*ul¥e* 
d^[Hl«e  ^t^e^àté  eî^(¥e  l*àmbà9- 
5âd^  et  1%  ^H^e^i'ci^  dé  4a  Aldn- 
^è  ti^  {)é¥lhit  fa^  d'à^llër  plil^ 
tefb.  (Éét  iflddfent  ^otolràrfe  Vî^^e- 
m^m  M.  Klàpli(»h;^âis41i«dtiè$l^ 
Ht  <de^  hOleè  pHeciéuses ,  =ét  pl<oi'^ 
«a -iie&^kWïaîssètoôéfS  ^qtill  avàït 
â)ê<|â{^é  èl^t  ')è^  dMéi^ns  peuplés 
dôttf  fl  V^éttaftdie  travèr»é¥îè  teN-' 
ri«oit^v  ir<it  ttfte  étud^  jifrrtlrèulië^ 
re  des  làii jplïes ,  et  <fo<^a^'*é^>ô«- 
eâbôlaifès  'de  tdûè  leU  tiitffcétéis  en 
usagé 'dafïs  Ces  cofntrééë,  ^uîlul 
feU^^éfit  Véh  èà^s  >d^uii  ^U&' 
«rtiVàil^iil*  ^*e  éias^«i«frt  toétb(w 
diqti«i  <^èâ  bàbi%»iiS  d«  FA^î«  dàtis 
l'ôj«di^  dé  îlé«i»s  rrfèes  |)riïû>îtiVèSi 


|$llqQè^  èoiMartfre&  ^Àd  ta  kitt^ 
^né' maiidcheûe-^  '^âî  'èdft  ^\im 
gtknd  «éèo^râ  poi?i«r  l'iétude  dtt 
èhîkièis^  ^  il  eut  îf^é^^ëh  dWiie^ 
ter  à  frkoutïk  en  SHi^èrie^  ^û  it  fit 
nri  ëéldUt-  dte  lo  mër^,  f^àûobtip 
dfe  libres  ^iiiôlè ,  bidÉvdehëtl^  y  / 
niongols  et  japoâaîsi  A  î^pptNofCÎie 
de  l^été  de  i866>  Il  se  disposa  à 
#fetoiJrrht?r  à  Pé4ersbeûrg^  'mais  îi 
Tëulût  d'iàboÉrd  profiter  dé  la  belle 
Sai^n  Jiour  Idhger  et  eiplorek*  une 
gilsi&de  partie  des  frëntièrès  ée/la 
Chiné.  Il  poussa  s^s  èi^élii-j^îoi^  à 
travers  les  tnônta^ties  d'Àlttaî 
jnscfu'an  lac  SaS»saii  dàh3  le  "pays 
des  Ëleutlis.  A  son  arrivée  à  Pé-* 
ter^è^rg,  exki^èi'j^  raeadétnré  se 
radfôigÈrît  en  qualité  d'aeadéthi-^ 
ciéh  ei^HiordiÛafn;  ^  en  ^ééonmk^- 
sàhce  iéè  se^  heuvelles  décùn Ven- 
tes. Stir  là  prepusftidn  du  eomte 
Jèëh  PôttMBki,  qui  s'était  UVré  ^x 
Éiiêrtiès  i^héi^ebes  ^be  l^v  K4a^ 
ft\>Ûi\  "Vjetei-'Ci  ftit  chargé  par 
TàëtiKl^îé  de  ptif^bdrirles  nkmi- 
tàjjnéè  dn  Càiieâise  Jïéuf  y  coiifti- 
nuer  &és  investigations  savantes 
sW  1^  -peuplés  asiatiques.  Ce 
rùfê^  Hat^reprfs  aux  frais  de  !*«- 
eadémié ,  soUs  ses  aUS{»cesetavee 
se^  îpstl!^àt)dnns  ^  prolnetfait  une 
pla$  Hdiè  tneissnn  dedécîHitet4:es 
et  d'Obstervàtîbns  que  le  premier. 
En  effets  M.  Klaprotb  y  réèueil- 
Kt  des  riôtibfas  prêdeusès  suf  lesf 
KhateÈtf eâ  ^  les  Ooumàniens  ^t  lés. 
Pétdiehègues ,  tmiô  peuplés  tar- 
tàrés^^lont  figuré  suecessiféifnen^ 
dan>9  lé  moyen  âge  ;  enfin  il  "par- 
TÎttt  k  l*èOonikaîlre^  dans  le  Gau*^ 
é^se,  léè  de^eendans  -  ées  Hun^y 
des  Avkrés^tèes  Alains;  Il  ne  fi«? 
pàsmôlnfs  heuréusi  dans  l-àcqùisi'- 
tiondë^ibniHèfcHts  râtes>f atttil  lesr 
^liéb  les  {)bi^  iBi|)^ta#is  liém^êés 


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iiQ  ILLA 

recueils;  ^complets  de,  toutes  les 
langues  parlées  daps  cette  contrée^ 
ejtia  traduction  de  la  Chronique 
géiyrgienne;  mais  la  pénurie  des 
financées  de  racadérnie  de  Russie 
le  fit  rappeler  avapt  qu'il  eût  ter- 
miné  toutes  les  recherches  que  la 
contrée  exigeait.  Il  arriva  à  PéterS'* 
bourg  en  janvier  1809^  après 
avoir  perdu  >  aux  environs  du 
Cauçajse,  s€^:CQiBpaguons,  enle- 
vé^  par  une  fi<;vre  maligne,  et  à 
laquelle  il  n'échappa  lui-mepie 
que  par  un  bonheur  ex,traordinai-r 
re  .  Ses  utiles,  travaux  ^  les  danr» 
gers  qu'il- avait  courus- ^  et  les  suc^-* 
ces.  qui  avaient  couronné  s<ps  ef- 
forts, lui  donnaient,  sans  donte, 
droit  à  quelque  récompense  ; 
loais  on  usa  envers  lui  d'une  gran- 
de parcimonie,  même  pour  l'in- 
demniser de  ^s  frais ,  et  il  éprou- 
va>de  plus,  des  difficultés  impré- 
vues pour  l£(  publication  de  la 
rejation  de  son  voyage.  Jl  ne  lui 
fut  permis  9  qu'en  18*10  ,  de  faire 
paraître  le  premier  volume  de  ses; 
collections  sur  la  littérature  asia- 
tique^ sous  le  titre  :  Archiv  ftfr 
die asiatlsche  Lttteratur^.^TàQd  in- 
4**  9  accon^pa^né  de  trois  lettres  à 
M..  JVlontucci .  à  Berlin,  qui  l'avait 
indirectement  attaqué  dans  sesRe' 
cherche^ .  philologiques,  DégoOté> 
de  Saint-Pétersbourg,  par  les  pro- 
cédé;» peu  généreux  qu'pq  avait  à 
son  ^gard,  il  saisit  l'offre  qui  lui 
fut  faite  d'une  place  de  professeur 
à  l'université  de  Wiln^,  A  la  de- 
mande du  comte  de  Czartprinzki; 
mais  le  nouveau  ministre  de  l'ins- 
truction publique  en  Russie  le 
Fçtint  au  moment  de.  son  départ, 
en  le  chargant  de  faire  le  catalo- 
gue raisonné  des  livre$  et  .^ap«us- 
çrits  chinois  et  mandchou x  dont 


RU 

il  avait.enrichi  la  hiUiothéque  4q 
l'académie  par  ses  deux  prel^iers 
voyages.  Ce  catalogue  ne. fut  X^v*- 
miné  que  dans  la  fiu  de  l'année 
1810,  et  encore  fallut-il  qu'il  se 
rendît  '\  Berlin  pour  y  ^aire  gravei: 
les  caractères  chinois,  nécessaire» 
à  la  publication  de  son  auyrage.-^ 
Cette  dernière  opération. l'occupa 
pendant  14  mois  »  à  la  guite  des- 
quels il  demanda^  en  181a, 
.  son  congé  du  service  de  Russie , 
qu'il  n'obtint  que  long-temps  a- 
près.  En  18149  il  entreprit,  un 
voyage  en  Italie,  et  après  avoir 
parcouru  ce.  pays  pendant  plu- 
sieurs mois,il  vint  en  Friince,  où  il 
séjourna  long-temps.  Le  roi  de 
Prusse  le  nomma,  en  1816,  pro- 
fesseur des  langues  asiatiques  ^  et 
il  eut  en  outre  l 'autorisation  de 
publier  tous  ses  ouvrages  aux  frais' 
de  ce  monarque.  M.  ,|J.lfiprpth  a 
usé. de  cet  avantage,  et  a  déjà  £ait 
paraître  plusieurs  volumes  de  ses 
voyages. 

KLASS    (tSS.  TRÈaBS  FBéDÉRICr 

'Christian,  et  CnABifES'CHais'nAïf  ), 
ont  tous  deux  suivi  ayec  succès 
la  carrière  des  beanx-arts,  le  prer 
mier  comme  peintre  paysagi^t^ 
et  graveur  à  Teau-forte,  et  l'autre 
comme  peintre  d'histoire.  Frédé- 
ric naquit  à. Dresde  en  i^Sa,  ap- 
prit à  dessiner  et  k  peindre  sans 
maître ,  et  ne  réclama  les  conseil^, 
de  Casanova,. peifltçe.disitîngMé, 
que  lorsqu'il  était  déjà  en  état  de 
produire  de  bons  ouvrages.  Ca- 
sanova le  prit  en  amitié,,  et  .le 
dirigea  dans.^es  travaux.  Frédé- 
ric |Llas3,  par  de  nouvelles  etudeS' 
et  une  grande  app^cation ,  justifia 
bientôt  les  espérances. qu'il  avait, 
données;  et  sfâ»  productions  ré- 
pandues^ dans  toute  l'Europe  sont 


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Ihme^jô . 


JPii^e/jiL. 


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eâdmèea  des  amateurs.  Il  exceHâit 
dans  le  paysage  ^  qu'ila  plus  ;pa|^ 
ttculièrement  traité.  Ou  lui  doit^ 
comme  graveur  à  l'eau-forte,  des 
.  Vues  et  d^»  Paysage»  montagneux 
'4*ul^lTaTail  peu  fini^  mais  d'un 
.effet  très-pittoresque 9   et    où  fe 
montre  un  goût  pîquaat  de  com- 
position. Sous  la  désignation  de 
Pesages  montagneux,  on  con- 
naît de  cet  artiste  m^  œuvre  de 
52  pièces  publié  en   1775.  Fré- 
déric Klass  avait  été  adniis  com- 
me membre  résident  de  Tacadé- 
mie  royale  de  Saxje;  il  mourut 
quelques  années  après  son  frère^ 
.  €a AftLEs  9  fi'ère  ■  aîné  de  Fnéi^éiiic , 
.  et  né  €oipfl>e  ,1*4  h  Dresde ,  sV 
.  donna  é,  h  peinture  historique ^  et 
.reçut  des  leçons  et  des  consei|s 
de  Casanova 4  qui  le  dirigea  plus 
par,ticulièremeni  dans  cet  art,  que 
son  frère  dont  le  talent  était  plus 
formé.^    Charles   a.  produit  peu 
d'ouvrages;  il  avait  été  nommée 
Inspecteur  du  cabinet  de^  estam- 
pes de  Dresde  51  et  maître  de  des- 
sin^  des  pages.  U  mourut  en  17949 
et    eut   pQur  successeur  ,  dans 
.remploi  de  maître  de  dMsin  des 
pages  9  son  frère  Frédéric. 

KLAUBER  (iGNACE-SiBASTIEH;^, 

graveur  allemand ,. naquit  à  Augs- 
bourg.  Son  père,  graveur  assez 
médiocre ,  lui  donna  les  premiers 
èlémens  de  son  art  ;  mais  voyant 

.  4es  heureuses  dispositions,  il  vou- 
lut le  confiera  un  maître  habile, 
et  l'envoya  à  Paris  étudier  so'îis  M. 
de  Wille,  bien  digne»  par  une  celé- 

'  brîté  Justement  acquise,  de  diriger 
les  talens  d'un  pareil  élève.  Le 
feune  KJauber  répopdit  aux  soins 
qu'on  prit  dq  }ui ,  et  fit  en  peu  de 
temps  des  progrès  si  rapides,  qu'il 
fut  agréé  par  l'académie  royale  de 


KM  111 

i        ^  ■ 

pemture  9  sur  ses  deux  estampes , 

tEcolUr  de  Harlem,  et  le  Sou- 
joeur  du  monde,  et  qu'en  1.787 ,  U 
fut  reçu  au  nombre  de  ses  mem- 
bres ,  sur  les  portraits  de  Vanloo 
et  d'Allegrain,  I^a  révqlution  dé- 
termina Klauber,à  quitter  la  Fran- 
xe,  et  à  retourner  daqs  sa  patrie. 
L'imp^trice  Catherine  Tappela 
bientôt  à  Saint-Pétei;sbourg^  il, y 
reippjit  d'abord  Ja  place  de  pror 
fes^çur  à  l'académie  impériale 
des.  beaux-arts  ^  et  fut  ensuite 
non^piè ,  par  cette  princesse,,  gar- 
de des  dessins  et  estampes  de  son 
cabinet,  en  même  temps  qu'il  fut 
décoré  de  l'ordre  de  Saint- Wladi- 
mir.  KJauber  était  habile  et  labor 
rieux  :  il  a  gravé,  en  Russie^  un 
grand  pombre  de  portraits  >  par- 
mi lesquels  on  distingua, particut- 
lîèrement  ceuf  de  rimpératriceÉli< 
sabeth,,de  S^taniislas-Auguste,  roi 
de  Pologne^  et  de  Platori,  métro- 
polit^ii^  de  iVtoscou^  !Cet  artiste 
célèbre  mpurut  à  Saint -Péters- 
bpurg,  le  25  mai  1817.  Ses  quali- 
té? morales,  autant  que  ses  talens , 
le  firent  universellement  regretter. 
K.J(.ËRËK  (Jeajt-Baptiste),  l'un 
des  g^Açj-aux-quv  ont  le  plus  illus- 
tré Içs  armes  de  la  France,  na- 
quit à  Strasbourg  en  174^?  d'une 
famille  estimable,  priais  peu  riche. 
Jeunq,eQjçore  quand  il  perdit  son 
père,  il  fut  envoyé  chez  un  ecclé- 
siastique, son  parent,  pour  y  re- 
cevoir sa  première  éducation;ntais 
il  en  fut  bientôt  rappelé  par  sa  fa- 
mille, et,  dès  l'âge  de  16  ans,  il  se 
rendit  à  Paris  afin  d'y  étudier  l'ar- 
chitecture ,  pour  laquelle  il  se 
sentait  de  véritables  dispositions. 
Chalgrin,  l'un  des  architectes  leé 
plus  distingués  de  son  temps ,  fut 
son  premier  maître  dans  cet  art, 


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iili 


KiÈ 


«t  B  pn)fita  dé  ses  leÇohs.  La  bàr*- 
Hèî*^  dtes  beatjx-krt*  ne  paraissant 
f  as  ^evoiî^  lui  offrir  dès  taojnèns 
"dé  Ibrtuhe  ,  îl  retdarna  â  S^ras^ 
ÎJOUI^g:,  et  a  était  ehcoré  indécis 
^t-  *é  •choii  d'iin  état,  t^y^i  iih 
llâsàrd  root  particulier  le  diêteff»- 
n^tiàpôtirlâ  proïfessîon'defsâi*mes, 
où  irâévâit  acquérir  tantijlte  ^loîrè. 
Il  était  liii  j eût  assis  dans  tin  cafi 
aiiprè^  dé  qùêl^îtiCS  BavàrC^ls^'tlofe 
dès  jfeuhes  g«ns  îhsuhèi^ënh  Ïn6i*- 
gfn'é  de  cette  înjnste  agression ,  îl 
prîlriVtrtî'ctîtîe  parti  dëé  étfângei^ 
tphtté  ses  cioteipiatnôtè^,  fft  ptwv'cy- 
q\ia  icfeè  dfefhièris  en  diiél.-t/teS  fer- 
▼^fôîs,  plëms  d'adtt4itàtît)tt  poiik- 
lé  pi-océdé  hardi  et  géiférèux  dfe 
ÏLlétrei-,  îtii  firent  crrte  descTi^ïtilAh 
sèduisattle  de  l'état  irtiHHàirè  ,  ëh 
Itiî  'phïjxwîânt' Centrer  t\  TéCole  dé 
jMltitîlth/Le  jeune  Klébfei-,  en  îfeis 
'écoutant,  ^  seftiît  pénétré  du  feti 
iâvéc  tequel  ils  hsî  parlaièhti  i\  kt- 
ùépta  letit  offre ,  et  détînt  bientôt 
im  lies  lîicîllettrs  élevés  àa  xiftifi^ 
école  tnilîtàîre;  Le  çètiéhil  dte 
Raotiîti,  dotït  il  obtint  ià  *pfl^i^ 
tioti,  le  tioiïïttià  Hètitenant  Âit^ 
son  fiegimerit ,  t>à  il  resta"  depuis 
th^^  jiisqu'étx  1^8^.  Ajrâttt  QÎ(5i*s 
omenti  fati*  ciônçé  pour  tévenfr 
tl£tns  sti  patrfé  ,  il  Se  décida,  dV 
ptfes  Ta  vis  de  sa'ftîthilïe^  àilonnér 
"iSa  dttùîé^îôti  poar  dbtertfr  un  eih- 
plrfi  cîvîl  plus  avantageât  .3  ses 
injévéts.  ïl.  de  la  Oalai^re,  în^ 
tentet  d^Ahace,  luî^t  ôbtehrr  la 
plate  d'inspecteur  des  '  bâtiinerris 
tf ans  Ici  il  aute- Alsace  ,  fonctîwti 
qu'il  remplît  pendant  6  khi.  Lia 
tévOlutiott  ffanç^àrse  qui  isurrrrit 
te  trouva  disposé  â  etnbrassfef  plés 
pHhcîpés  *  W  enitsi  coinhlè  àdju- 
<lartt-tna}oïdans  l'ûti  de^  prtiîïîers 
î>atâainns  de  vôïofntaîi'es'qm  ^t^ 


gantsè^nt.  ¥l^^a  6  'kiè^  à  tii^ 
Bèàuvihiérs  >  j^ndant  4esqiiéts  il 
mit  èii4*ïé  pïedde  i^uterre  lé  fet«îi»- 
làti  dôA¥  ^l'fériè^itpàHitev^  de^m 
bîehfôt  tin- des  ïiîèi1ieiiit<s  dé  Vaf- 
tnéé.-il  se  rendit'ènSuife  *  Tai^Éhèfe 
iîu  ^nét-aV  Guàit^fe  sttùs  l8s  HJm»- 
parts  die  Mliyèfifée,  et  sOllief!^  ^M^ 
place  â'àld<e-de'CaiTip  du  gêbéf&l 
FerHèW,  qUî  cbibmatKkrit  à  P©- 
réntruy  :  tttAii  ft'i<yalit  pu  t'obtë- 
lîit*  >  il  porta  toute  sbrt  ftttétotloo 
sur  l'es  traVauk  do  siège,  j^e^aitt 
lequel  îl  thontra  taht  de  bfttVo«i»e 
et  de  tàlehs  militaifes/^uë  se  febri- 
t!i!ii'be  fut  unahimët^fyé^t  appii^Vé^ 
x!es  géhérâé^^  qui  téttk)igftè»éllt*à 
Klébéf  là  plUis  flatteuse  WeoVéîl- 
lande.  R^'^béll  et  Mëi4ii^  àe  Thitiki- 
Tlllë,  corhwiissaïres  dé  la  eottVfetf- 
tioD  ,  lé  nommèrent  âdjUKlatl^ 
géhéral  ',  héà^nboifiè^  tilu  fe^Métlt 
tVii  il  ten trait  en  FVatKîé  à  la'tûte 
d'UnédéSteolonnés  de  l'arnaèét^é- 
tbrî^iise  \  îl  tiit  èr^êté  à  Nàft^él  et 
ëohdtiit  èbus  efecortè  ju^^â?f*iirtî. 
le  liiît^ii^tre  et  la  ^uékre  le  Ql  k^i- 
iltStihëxm^ïr^htrté,  et  te  hrtUf- 
ihna'génét'àl  ûë  bHgàé^,  en*l«^cdfl- 
firtnanf  ^afflfs  1^  ^rddé  'aiiqtt<H  ^i- 
vaîent  -éîéVê  lés  «}ioit4it1i^aiWîî  4e 
la  cotil^entîbtK  Appelé  ïikjW  en 
éénioigUà^  dàBS  lé  pt^è»  de  Tin- 
fortuné  Où^tiné'^  Kïétrér  dé^KW^a 
avec  auraht  de  coaifa^e  'que  de 
loyauté  j  et  jpartit^  tijouts  après, 
polir  ia  Vendre  ^  uve^  la  -j^hlson 
dé  ili'ajt'nééi  îl  aVïMt  com^^  rin 
plan  d'attaqué  que  lès  ifrèsoKï- 
tious  du  èotiilfrè  dé  sa4«t  public  ae 
lui  permirent  ]tkmsà$>  d'c*èouter. 
la  première  bataille  du'll  «hgagëa 
fut  celle  de  TotfoU ,  dttli&iîïqtietie 
il  reçut  iiiië  bleSsufe  f)4H»f(Miée  'à 
Téfiatilè  ëfe  èfcai*géant  à  la  telle  âés 
preHëmtt^  d'aVawt-igiitde;  41  obtitit 


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KLE 

«nsïiite  plusieurs  avantages,  sur- 
tout au  combat  du  Mans,  à  celui 
de  Savenay,  et  dans  Tioiportante 
expédition  contre  l'île  de  Noir- 
moutiers,  qu'il  fut  seul  chargé  de 
diriger.  Les  prii\cipaux  chefs  ven- 
déens ayant  alors  été  faits  prison- 
niers ,  l'un  d'eux ,  le  prince  de 
Talmont ,  sur  le  point  de  mourir, 
lui  témoigna  hautement  spn  es- 
time. Ce  fut  pendant  cette  cam- 
pagne que  se  passa  le  beau  fait 
d'armes  qui  rappelle  dans  nos  an- 
nales militaires  le  fameux  passage 
des  Thermopyles.  Les  républir- 
Gains  étaient  en  retraite^  et  vive^ 
ment  poursuivis  par  un  ennemi 
supérieur,  apré&  avoir  essuyé  un 
échec  considérable.  Kléber  aper- 
çoit un  défilé ,  et  reconnaît  d'un 
coup  d'œil  qu'il  est  possible  d'y  ar- 
rêter la  marche  des  ennemis  en  sa- 
crifiant 5oo  hommes.  Il  appelle  un 
ofiicier  dont  il  connaît  l'intrépidité 
et  le  dévouement.  «  Vous  allez  oc- 
«cuper  ce  poste,  lui  dit-iU  vous  y 
»  serez  bientôt  attaqué  par  l'enne- 
»  mi;  vous  y  périrez  :  mais  vous  sau- 
»verez  l'armée.  »  Il  embrasse  en- 
suite l'olïicier,  et  lui  dit  un  éternel 
adiei|.  Le  défilé  est  occupé  par 
ces  5oo  hopmes.  Quelques  heures 
après  ,  ils  avaient  tous  cessé  de 
vivre;  mais  leur  trépas  conservait 
à  la  patrie  une  armée  ei^ière.  Klé- 
l)er,  de  retour  à  Paris,  fut  envoyé 
à  l'armée  du  Nord,  puis  à  celle  de 
Sambre-et-Mense ,  et  se  couvrit 
de  gloire  à  la  bataille  de  Fleurus, 
où  les  Autrichiens  et  les  Anglais 
perdirent  plus  de  10,000  hommes, 
et  furent  mis  dans  une  déroute 
complète.  Le  général  Kléber,  qui , 
avait  ei^en  tête  le  prince  d'Orange, 
le  poursuivit  jusqu'au  pont  de 
Marchiennes,  où  il  le  battit  encore. 


KLÉ 


ii3 


Il  s'empara  ensuite  de  Mans  b  1'' 
juillet ,  ayant  sous  ses  ordres  5 
divisions.  Quinze  jours  après,  il 
se  rendit  maître  de  Louvain,  puis 
du  célèbre  poste  connu  sous  le 
nom  de  la  Montagne  de  fer,  et 
plaça  ,  en  octobre  1794  ,  le  siège 
devant  Maestricht,  place  dans  la- 
quelle il  entra  vicTtorieux,  après  1 1 
jours  de  tranchée  ouverte.  Il  servit 
encore  l'année  suivante  à  la  même 
armée ,  commanda  le  passage  du 
Rhin  devant  Dusseldojf ,  et  eut 
une  grande  part  des  succès  qu'ob- 
tint Jourdan  au  commencement 
de  la  campagne  de  1796.  Il  battit 
les  ennemis  à  Altenkirken,  à  Bufz- 
bach^  et  s'empara  de  Francfort,  où 
il  trouva  une  nombreuse  artillerie. 
Feu  après,  il  continua  de  pour- 
suivre les  Autrichiens,  qu'il  attei- 
gnit près  de  la  Rednîtz,  où  il  leur 
enleva  60  pièces  de  canon.  Les 
dégoûts  que  le  directoire  faisait 
éprouver  à  la  plupart  des  géné- 
raux, portèrent  alors  Kléber  à  se 
démettre  du  commandement  :  il 
vint  à  Paris  4  où  il  fut  en  quelque 
sorte  conduit  au  directoire  comme  - 
malgré  lui,  par  le  ministre  Petiet;  ' 
mais  il  quitta  bientôt  Paris ,  et  il 
fit  un  voyage  dans  le  département 
du  Haut-Rhin,  où  ses  amis  se  pro- 
posaient de  le  faire  nommer  mem- 
bre du  corps-législatif.  Leur  espé- 
rance fut  trompée;  Kléber  revint  à 
Paris,  où  il  se  trouvait  à  l'époque 
de  la  révolution  des  18  et  19  fruc- 
tidor. Ses  ennemis,  parmi  lesquels 
on  compte  avec  regret  le  général 
Hoche ,  cherchèrent  alors ,  mais 
vainement ,  à  le  faire  inscrire  sur 
la  Hste  des  déportés.  Ayant  passé 
à  l'armée  d'Angleterre  après  le 
traité  de  Gampo-Formio ,  Kléber 
fut  nommé  par  le  général  en  chef 


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114 


KLÉ 


Bonaparte  pour  faire  partie  de  l'ex- 
pédition d'Egypte.  Le  3o  juin 
1798  ^  Kléber  débarqua  devant 
Alexandrie ,  et  reçut  un  coup  de 
feu  à  la  tête  eh  escaladant  les 
murs  de  cette  place.  Le  générai 
en  chef  lui  ordonna  ensuite  de 
passer  à  Cathieh  pour  former  le 
blocus  d'El-Arish;  et  le  i3  février 
1799,  il  arriva,  après  une  marche 
pénible  dans  les  déserts,  devant  la 
ville  de  JafTa ,  qui  fut  emportée 
avec  ses  forts.  Accompagné  du 
général  Bon,  il  présenta,  quelques 
jours  après ,  le  combat  à  Abdalla- 
Pacha,  qui  s'était  retiré  sur  les 
hauteurs  de  Korsoum  avec  2,000 
chevaux  et  10,000  Turcs.  Kléber, 
enveloppé  ensuite  à  Sed-Jarra , 
par  49<>oo  hommes ,  attaqua  en 
même  temps  la  cavalerie  et  le 
Camp  retranché  des  ennemis,  qu'il 
enleva  de  vive  force.  Cette  victoire 
fut  suivie  de  celle  à  qui  l'histoire 
a  donné  le  nom  de  victoire  du 
Mont-Thabor,  remportée  par  les 
généraux  Bonaparte  et  Kléber. 
De  retour  au  Caire ,  et  après  le 
triomphe  d'Aboukir,  qui  ven- 
gea là  flotte  française ,  le  général 
en  chef  Bonaparte  ayant  résolu 
de  revenir  en  France,  nomma 
Kléber  pour  le  remplacer  dans  le 
commandement-général  de  l'ar- 
mée d'Egypte.  L'armée  encore 
forte  de  i5,ooo  combattans ,  se 
trouvait  d'ailleurs  dans  une  posi- 
tion très-critique.  Kléber  pour- 
suivit les  négociations  commen- 
cées avec  le  grand-vizir,  non  qu'il 
en  espérât  quelque  résultat  bien 
avantageux,  mais  pour  gagner  du 
temps  pendant  lequel  il  présumait 
qu'on  lui  enverrait  des  secours. 
Sur  ces  entrefaites,  le  grand-vizir 
avançait  de  Damas ,  et  une  flotte 


KLE 

arrivée  élevant  Damiétté  débarqua 
4,000  janissaires.  On  fut  obligé 
d'en  venir  aux  mains  :1e  carnage  fut 
horrible;  mais  tous  les  janissaires 
furent  taillés  en  pièces,  à  l'excep- 
tion de  8cK)  qui  furent  faits  prison- 
niers. Cev  javantage,  quoique  im- 
portant ,  n'était  rien  moins  que 
décisif,  et  il  rendit  même  les  né- 
gociations plus  difliciles.  Une  ar- 
mée de  60,000  hommes,  sous  les 
ordres  du  vizir,  s'avançait  en  toute 
hâte ,  en  se  grossissant  à  chaque 
instant  par  de  nouvelles  troupes 
asiatiques ;~et  déjà  la  tête  en  était 
arrivée  à  Jafifa,  lorsque  le  Commo- 
dore Sidney-Sipith,  sur  la  propo- 
sition de  Kléber,  entama  des  né- 
gociations plus  régulières  que  cel- 
les qui  avaient  encore  eu  lieu  jus- 
que-là. Le  général  Desaix  et  M. 
Poussielgue  traitaient  sur  le  vais- 
seau amiral  avec  le  commodore, 
qui  en  avait  reçu  le  pouvoir  du 
vizir,  quand  on  reçut  la  nouvelle 
de  la  prise  du  fort  d'El-Arish  par 
l'armée  ottomane,  qui  se  montait 
alors  à  80,000  hommes ,  avec  70 
pièces  de  canon.  Elle  était  en  ou- 
tre dirigée  par  des  ofiiciers  euro-; 
péens,  et  Kléber  n'avait  à  opposer 
à  des  forces  aussi  considérables 
que  8,5oo  hommes  partagés  en  5 
Corps.  Dans  cette  position  critique, 
il  ordonna  à  ses  plénipotentiaires 
de  ne  rompre  les  négociations 
qu'autant  qu'on  proposerait  de 
traiter  sur  des  bases  qui  compro- 
missent la  sûreté  ou  la  gloire  du 
nom  français.  Sir  Sidney-Smith 
mit  dans  ces  négociations  de  la 
franchise  et  de  la  loyauté.  Après 
plusieurs  notes  oflici elles  remir 
ses  par  le  commodore  anglais 
et  approuvées  par  le  vizir  ,  on 
conclut  enfin   à  £1-Arish,  le  a4 


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ÉLtÉ 

'jànyiér  i8oô,  un  traité  qui  por- 
tait en  substance  :  «  Que  l'armée 
'»  française  éyacuerait  TEgyptè 
»>sous  trois  itnois  ;  qu'elle  serait 
>»' nourrie  jusque  -  là  et  pendant 
»  la  trayerséé  aux  frais  de  la  Por- 
n  te  ;  'qu'on  lui  fournirait  des  bâ- 
«timens  de  transport  et  une  es- 
»corte  de  vaisseaux  de  guerre; 
«que  de  son  côté  elle  n'înquiéte-^ 
'»  rait  aucun  des  alliés  de  la  Porte 
ajasqu'ù  son  arrivée  en  France; 
»  qu'on  lui  livrerait  3,x)oo  bourses 
«chacune  de  3oo  piastres  pour 
M  faciliter  son  départ  *,  somme  qui 
«serait  prise  sur  les  magasins  lais- 
'»  sé^  par  les  Français;  que  l'armée 
M  ne  lèverait  plus  d'irhpôts;  qu'au- 
»  cun  habitant  ne  serait  inquiété 
»  pour  s'être  réuni  aux  Français; 
»  que  les  propriétés  des  sujets  ïes- 
i^pectifs  des  deux  puissances,  con- 
1»  fisquées  depuis  la  guerre^  seraient 
«restituées,  et  lés  sujets  arrêtés 
»  soit  en  France  soit  en  Turquie, 
»  aussitôt  remis  en  liberté ,  etc.  » 
E^léber  avait  souscrit  à  toutes  ces 
coniiittons^  diuis  la  crainte  de  ne 
recevoir  aucun  secours ,  et  par  la 
connaissance  qu'il  avait  de  Tes- 
prît  du  directoire  dont  il  ignorait 
encore  là  chuté;'  mais  comme  H 
s'occupait  à  foire  exécuter  ce  trai- 
té ,  il  reçut  du  commodore  Sid*- 
ney-Sinitfav  ministre  plénipoten- 
tiaire angMs  près  la  Porte,  une 
lettre  qui  itfi  annonçait^  «  Que  le 
»goiiverâemeéèi  anglais  avait  re- 
»fiï$é  d'approuver  le  traité  d? El- 
:»  ÀTish,  et  que  le  cotnmandant  dé 
»la  €otte  angiàisie  sur  la  Méditer- 
»raiiée  ;a?àit  ordre  de  s'opposer 
»à  sbn  exé^atîdn.  ^  A  cet  ihst^e 
-mancfu^  de. foi  dd  gppv^rn^ment 
britannique,  Eiebfer fit  réarmer  les 
'fort9y  af rêter  iedépait  des  muni* 


KLË 


ii5 


tions,  et  disposa  tout  pour  une 
bataille ,  en  excitant  l'indigna- 
tion de  ses  soldats  paf  la  publi- 
cation d'une  lettre  de  l'amiral 
Keith,  du  8  janvier  i8o»0',  dans 
laquelle  cet  officier  anglais  lui 
confirmait  les  dispositions  nou-» 
vellement  prises  par  le  cabinet  de 
Londres.  «  Ce  n'est  que  par  une 
»  victoire  qu'on  répond  à  une 
V  aussi  insigne  lâcheté,  dit-il  à  seà 
•  troupes;  préparez-vous  à  com- 
»  battre.  »  Et  en  effet,  il  fit  aussitôt 
assembler  son  conseil  de  gu^e  ; 
et  dès  la  nuit  suivante,  il  se  ren- 
dit dans  la  plaine  de  Koubé,  où 
tous  ses  soldats  se  rassemblèrent' 
successivement.  Quoiqu'ils  n'i- 
gnorassent pas  le  nombre  prodî-^ 
gièux  de  leurs  ennemis,  un  seul 
cri  de  fureur  se  faisait  entendrcs^ 
parmi  eux,  et  tous  brûlaient  d'en 
venir  aux  mains.  Dès  les  3  heures» 
dîi  matin,  le  village  de  M'atharieh, 
défendu  par  un  retranchement  et 
i6  pièces  de  canon,  fut  emporté' 
à  la  baïonnette  par  quelques 
compagnies  de  grenadiers  sous  les 
ordres  du  général  Reynièr.  L'ar- 
mée turque  arrivée  en  ce  moment; 
enveloppa  d'abord  l'armée  fran- 
çaise ;  mais  cette  attaque  n'ayant 
'pas  réussi,  les  troupes  enûe-^ 
mies  se  retirèrent  en  toute  hâte  a 
£1-Hanka^  où  Kléber  les  poursui- 
vit et  les  mit  en  dérouté.  Ley  jour 
suivant  il  partit  pour  Salahié,>où 
il  comptait  trouver  toute  l'âritiéc 
turque  réunie;  mais  il  n'y  rencon- 
tra qu'un  butin  prodigie'tix,  et  ap- 
prit que  le  vîiir*  s'enfuyait  à  tra- 
vers les  déserts,  escorté  au  plus 
de  ôoo  hommes.  Cette  ^ba- 
tàille  qui  eut  lieu  le  5  \  mars  1 8ao, 
est  conntféf  sous  le  noiki  de  batail- 
le d'Héliopolis.  Kléber  viût  aus- 


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ii6 


RLK 


sitôt  au  Caire;  mais  il  avait  éclaté 
dans  cette  TilJe  une  insurrection 
terrible,  $ur  le  bruit  faussement 
répandu,  que  les  Français  avaient 
été  mis  en  déroute.  La  ville  fut 
plusieurs  fois  sommée  de  se  ren- 
dre, et  après  quelques  attaques, 
elle  signa,  le  27  avril,  une  capitu- 
lation par  laquelle  Rléber  y  entra 
en  vainqueur.  Tant  de  succès  a» 
raient  fait  repentir  le  gouverne- 
ment britannique  de  sa  perfidie, 
et  le  général  français  s* occupait  à 
rétablir  par  une  sage  administra- 
tion, le  délabrement  des  provinces 
qu'il  venait  de  conquérir,  quand 
la  main  d'un  fanatique  musulman 
Tarracfaa  à  sa  jgloire  et  à  ses  triom- 
phes. Il  venait  de  faire  un  voyage 
à  Oizeb,  et  était  de  retour  au  Cai- 
re le  14  juin  1801,  jour  auquel  il 
(ut  invité  à  déjeuner  chez  Le  gé- 
néral Damas,  qui  occupait  une 
maison  attenant  au  quartier-géné- 
rai.  Il  était  près  de  deux  heures, 
quand  Kléber  sortit  de  la  salle  du 
festin  9  emmenant  avec  lui  M. 
Protain,  architecte,  et  engageant 
les  Convives  h  l'attendre  pour  le 
café.  Ils  se  promenaient  tranquil- 
lement tous  ieux  sur  une  longue 
terrasse  qui  Joignait  la  maison  du 
général  Damas  à  eielle  du  quar- 
tier-général, quand  un  homme 
caché  dans  une  citerne  qui  était  à 
l'extrémité  de  cette  terrasse,  en 
sortit  sans  être  vu,  s'avança  de 
même  vers  Itléber^  océupé  todt 
entier  ^  le  conversation  qu'il  avait 
avec  M,  Protain,  et  frappa  ce  go4 
néral  dans  l'aine  gauche,  d'un 
coup  de  poignard  qui  le  blessa 
mQrtellement.  Kléber  se  sentailt 
frappé,  s'appuya  aussitôt  sur  k 
parapet  delà  terrasse,  et  n^eutque 
le  temps  de  crier  :  J  moiy  je  suik 


KLÉ 

blessé.  Au  même  instahnt,  il  tondie 
noyé  dans  son  sang.  M.  Protain 
qui  n'avait  pas  encore  remarqué 
l'assassiÀ,  étonné  des  mouvemens 
du  général,  regarda  autour  de  lui, 
et  aperçut  un  homme  furieux  qui 
s'avançait  contre  lui,  un  poignard 
levé.  Qucjique  l'architecte  ne  fdt  ar- 
mé que  d'une  légère  caiine,  il  en 
frappa  plusieurs  fois  l'assassin,  et  il 
s'engagea  entre  eux^un  combat  daha 
lequel  fis  se  prirent  corps  à  corps:  M. 
Protain  reçut  six  coups  de  poignard, 
qui  le  firent  tomber  sans  connaissan- 
ce auprès  de  llnfortuné  général. 
L'assassin  revint  aussitôt  sur  Klé- 
ber, ignorant  si  le  premier  ooup 
qu'il  lui  avait  porté  était  mortel,  et 
il  le  frappa  encore  de  trois  autres 
coups;  mais  le  premier  avait  péné- 
tré jusque  dans  l'oreillette  droite  du 
cœur.  Pendant  ee  temps,>  l'alar- 
me se  répandait  autour  de  la  ter- 
rasse.Un  soldat  delà  compagniedes 
guides  avait  entendu  les  derniers 
mots  de  Kléber,  et  aceouraît  avec 
plusieurs  autres,  par  les  jardins  de 
l'état-major.  Ils  apercureatun  hom- 
me qui  s'enfuyait,  et  l'arrêtèrent 
à  l'instant  :  c'étail^  l'assassin.  Les 
informations  qu'on  en  tira  appri- 
i*ent  qu'il  ét»it  d'Alep,  et  qu'Û  se 
nommait  Soleyman;  qu'il  «wait 
été  envoyé  par  Aehmedr-Aga,  fa- 
vori disgracié  dn  vicir^  gui  lui  a^ 
vait  promis  le  retour  de  sa  faveur, 
sous  la  condîtioii^xpresse  qu'il  fe- 
rait assassiner  KléJberi  Ce  jeune 
homme  exahé  par  le  fapatisme  re- 
ligieux, se  disposait  à  être  reçu 
lecteur  du  Coran  dans  une  jmos- 
quée,  et  avait  déjà  fait  plusieurs 
pèlerinages  à  la. Mecque,  à^Médi- 
ne>  etc.  Il  appelait  combats  sacrés, 
les  guerres  aetttdles  des  musul- 
mans ctifcitre  leurs   anémia,   et 


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KLÉ 

croyait  quel'etferminationdetous 
leê  infidèles  était  le  gage  le  plus 
assuré  de  la  perfection  de  rislamis^ 
Me.  Aohmed-Aga,  pour  recouvrer 
la  faveur  du  vi^ir,  avait  habilement 
profité  des  dispositions  de  Soley- 
tnan,  à  qui  il  avait  donné  les  ins- 
tructions nécessaires  pour  Tac- 
compitssement  de  son  ^exécrable 
forfait.  Soleyoïan  était  d'abord 
arrivé  au  Caire^  vers  le  5  mai 
i8oi^  et  s'était  logé  à  la  grande 
mosquée.  Après  avoir  attendu  5i 
fours  Kléber,  qui  était  alors  à  Gi- 
seh^  il  avait  formé  le  dessein  d'al- 
ler trouver  le  général  dans  cette 
vtUe;  tuais  à  peine  y  était-il  arrî^ 
vé,  que  Kléber  en  était  parti.  So- 
lejman  revint  au  Caire  presque 
sur  les  pas  du  général,  et  parvint, 
le  i4  juin,  à  se  cacher  dans  la  ci- 
terne dont  nous  avons  parlé.  Ce 
misérable,  condamné  à  mort  par 
un  conseilde  guerre,  périt  du  sup- 
plice du  pal  ^  après  trois  jours  des 
plus  horribles  souffrances.  Son 
corps  a  été  apporté  en  France,  où  il 
est  déposé  au  Muséum  d'histoire  na- 
turelle. Le  général  Slenou  prit  le 
commandement  de  l'armée  après 
la  mort  de  Kléber^  dont  l'oraison 
funèbre  a  été  prononcée  solennel- 
lement à  Paris^  sur  fa  place  des 
Victoires,  par  M.  Garât.  Ce  géné- 
ral était  d'une  taille  héroïque,  et  ùr 
vait  dans  sa  conduite  et  dans  ses 
moeurs,  plus  d'un  trait  de  ressem-^ 
blance  avec  les  héros  d'Homère. 
Son  esprit  était  cultivé,  porté  aux 
gfrandes  conceptions,  et  répondait 
aul  proportions  de  sa  stature  a- 
thlétîquè;  mais  son  caractère  en 
avait  aussi  toute  la  vigueur.  Klé^ 
ber  ne  reconnaissait  que  deux  su- 
périorités, celle  de  l'amitié  et  celle 
du  génie.   Aussi  n'était-il  facile 


JLhÈ  117 

r'avéc  ceuk  qu'il  aitnait,  eti^efut- 
soumis  qu'à  Bonaparte.  Après 
la  levée  du  siège  de  Saint-Jean^ 
d'Acre,  il  dit  au  général  en  chef  : 
«Général,  une  petite  tache  ne 
»  gâte  pas  un  bel  habit.  ^  Il  était 
connu  et  recherché  dans  l'armée 
pour  ses  saillies  heureuses;  et  l'é^ 
tonnante  facilité'  qu'il  avait  pour 
les  jeux  les  plus  subtils  de  l'es- 
prit, pouvait  rappeler  l'adresse 
singulière  de  l'animal  colossal,  in- 
telligent, brave  et  robuste,  qui 
dans  l'Asie  amuse  son  maître 
quand  il  l'aime,  et  court  triom- 
pher pour  lui  dans  les  combats. 
Un  homme  dont  le  jugement  sur 
Kléber  ne  Saurait  être  suspect.  Na- 
poléon, qui  l'avait  nommé  soniruc- 
cesseur  en  Egypte,  dûait  souvent 
à  Sainte-Hélène,  que  si  Kléber 
n'eût  pas  été  assassiné,  l'armée 
anglaise  fcût  été  détruite,  et  l'Égyf- 
te  serait  restée  à  la  France.  An  mo- 
ment où  nous  terminons  cet  arti*- 
cle,  paraît  un  volume  de  notes  et 
de  commentaires  de  Napoléon,  sur 
divers  ouvrages  ou  diverses  piè- 
ces relatifs  à  son  époque.  Au  nom- 
bre de  celles-ci,  se  trouve  lé  rap- 
port du  général  Kléber  au  direc- 
toire, sur  la  situation  de  l'armée, 
sur  celle  de  l'Egypte,  et  sur  les 
circonstances  politiques  et  mili- 
taires dans  lesquelles  Bonaparte 
lui  a  laissé  le  commandement-gé- 
néral. Un  commentaire  de  Napo- 
léon accompagne  cette  pièce  im- 
portante. Le  commentaire  aussi 
est  important;  mais  comme  il 
combat  une  grande  partie  des  as- 
sertions du  général  Kléber,  il 
fait  procès  dans  ce  moment.  Nous 
ne  pouvons  prononcer  entre  ces 
deiix  autorités  imposantes,  et  ftous 
devons  nous  contenter  d'annoncer 


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ii8 


KLE 


•l'existeoce  de  cette  polémique  pbs- 
;th.ume,  qui  va  peut-être  ouvi:ir 
un  champ  bien  vaste  aux  discusr 
fiions  de  ceux  qui  survivent ,  et  re- 
mettre pour  long-tems  en  juge- 
ment, à  mesure  que  les  produc^- 
tions  de  Sainte-Hélî'ne  verront  le 
jour,celui  qui  les  a  dictées,  les  hom- 
mes dont  il  est  appelé  à  parler,  et 
les  grands  événemens  qui  ont^pen- 
dant  20  années,  dominé  la  France 
et  l'Europe  sous  son  iùfluence. 

KLEEMANN  (  Chrétiew-Fbé- 
beric-Ghablbs  )  ,  peintre  d^his- 
toire  naturelle,  naquit  à  Altdorf, 
près  de  Nuremberg^  en  1755,  et 
mourut  le  a  janvier  1789.  Il  eut 
pour  maître  son  père  ;  et  se  per- 
fectionna sous  la  direction  du  cé- 
lèbre natumliste  Koesel  de  Rosen- 
hof ,  donril  épousa  la  fille.  A- 
près  la  mort  de  son  beau-père , 
^  hérita  dejaes  ouvrages  sur  les 
insectes  et  sur  les  grenouilles,  et 
les  perfectionna.  C'est  à  lui  qu'on 
doit  les  gravures  enluminées  duCa- 
talague  systématique  d$s  Coléop- 
tères ,  par  y oet.  Il  a  publié  plu- 
aieurs  ouvrages  dont  les  plus  re- 
marquables sont  :  i^duHanne^ 
ton;  2*  Remarques  sur  quelques 
.chenilles  et,  papillons;  3°  Raupen- 
leben  (  sur  la  vie  des  chenilles), 
de  Jos.  Mader,  accompagné  de 
beaucoup  de  notes  intéressantes  ; 
4"  Supplément  à  r/r/5/o£re  des  in^ 
sectes  j  pour  faire  suite  aux  Ré- 
créations entomo logiques  de  Rcesel, 
continuées  par  Chr.  Schwarz,  2"* 
partie,  1 792- 1 794.  Le  premier  de 
ces  ouvrages  fut  couronné  par  l'a- 
cadémie de  Manheim.  La  réputa- 
tion littéraire  de  Kleemann .  n'est 
point  aussi  étendue  que  celle  qu'il 
s'est  acquise  comme  peintre  d'his- 
toire naturelle. 


ILLÇ 

KLEI^N  (  E&kest-Fb&bina^d  ) ,, 
savant  jurisconsulte  prussien  , 
membre  de  l'académie  des  scien- 
ces de  Berlin,  secrétaire -d'état  au 
département  de  la  justice,  etc.^ 
naquit  à  Breslau  en  1745  ,  et 
mourut  le  28  mars  1810.  Il  passa 
du  gymnase  de  Breslau  à  l'unie 
versité  de  Halle,  où  il  fit  de  très-, 
bonnes  études,  et  de  retour  dans 
sa  Ville  natale,  il  fut  reçu  avocat. 
Le  recueil  de  mémoires  qu'il  pu- 
blia en  1779  ,  sur  le  droit  et  sur 
la  législation ,  fixa  sur  lui  l'atten- 
tion de  ses  confrères,  et  particu- 
lièrement celle  du  chancelier  Cra- 
mer, qui  l'ayant  fait  venir  à  Ber- 
lin, l'attacha  à  la  rédaction  du 
nouveau  code  prussien.  Klein  mit 
le  plus  grand  zèle  dans  la  con^c- 
tion  du  travail  dont  il  était  char- 
gé; et  on  lui  doit,  ainsi  qu'à  Sua»; 
rez  son  ami ,  les  parties  les  plus, 
importantes  de  ce  code,  entre  au- 
tres, celles  relatives  aux  délits  et 
aux  peines.  L'académie  des  scien- 
CQS  de  Berlin  avait  proposé  un  prix 
pour  le  meilleur  mé^loire  sur  la 
puissance  paternelle.  Elle  couron- 
na celui  de  Klein,  nt  l'admit  en- 
suite, en  1789,  au  nombre  de  ses 
membres.  Il  fut  nommé  directeur 
de  l'université  de  Halles  et  mem- 
bre ordinaire,  de  la  Faculté  de 
droit.  Son  zèle  dans  l'exerçicç  de 
ces  nouvelles  fonctions,  fut  le 
même  que  dans  les  précédentes , 
et  quelques  années  après^  ^yai\t 
été  rappelé  à  Berlin ,  il  fut  atta-. 
ché  au  tribunal  suprême.  La  comr 
mission  de  législation  établie  à 
Saint-Pétersbourg  le  nomma,  en 
i8o5,  son  correspondant,  çl  Ift 
gouvernement  prussien  lui  confia 
l'emploi  de  secrétaire-d'état  au 
département  de  la  justice.  Il  r>e(>v^i 


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S.LE 

du  roi  de  Prusse  l'ordre  de  F  Aigle- 
Rouge  de  troisième  classe.  Outre 
les  ouvrages  dont  nous  avons  dér 
|à  fait  mention,  Klein  a  encore 
publié  :  1"  Annales  de  la  iégisla^ 
tion  et  du  droit  dans  les  étals  prus- 
siens, Berlin  et  Stetlin,  a4  vol. 
in -8',  1788-1807.  Cet  ouvrage, 
ainsi  que  tous  les  principaux  fie 
cet  auteur,  sont  en  allemand.  2"* 
Principes  du  droit  pénal  allemand 
et  prussien^  Halle,  in-8%  1799; 
3'  Principes  du  droit  naturel^ 
Halle,  1797,  in-8'';  ^"^  Système  du 
droit  civil  prussien.  Halle,  1801  , 
in-8*;  5°  Archives  du  droit  cri^ 
minel  ;  cet  ouvrage,  fait  en  société 
avec  Kleinschrod ,  forme  7  vol. 
m-8",  1798-1809.  6**  Un  grand 
nombre  de  Mémoires,  Dibseria- 
tiens.  Programmes,  etc.,  ont  été 
imprimés  séparément  ou  insérés 
dans  différens  recueils  et  journaux. 
Le  14"*  vol.  de  la  Bibliothèque 
générale  Allemande,  est  orné  du 
portrait  de  |p  célèbre  juriscon- 
sulte. 

KLEIN  (  Louis,  comte  ) ,  né  en 
176a  à  Lunéyille,  d'un  proprié- 
taire aisé  ,,  fut  employé  fort  jeu- 
ne dans  la  maison  du  roi.  La  ré- 
Yplution.  lui  ouvrit  bientôt  la  rou- 
te où  il  devait  se  distinguer.  La 
vie  du  général  Klein  se  place  avec 
honneur  parmi  les  plus  belles  vies 
militaires  dont  la  France,  trahie 
par  la  fortune,  est  encore  glorieu- 
se aujourd'hui.  Il  partît  en  1790, 
comme  lieutenant  dans  un  régi- 
ment d'infanterie,  passa  dans  un 
régiment  de  chasseurs  à  clieval , 
se  distingua  dans  l'armée  du  Nord, 
y  fut  nommé  adjudant-général,  et 
assista  dans  ce  grade  au  déblocus 
de  Maubeuge.  On  le  vit  combatre 
i^yec   courage^   à  JFleurus ,  dans 


KLE 


*i9 


toutes  les  affaires  qui  eurent  lieu 
sur  la  Meuse  et  l'Qurthe  ;  on  le 
voit  au  passage  de  la  Roër ,  à  la 
prise  de  Bonn ,  d'Audernach  et  de 
Coblentz.  Promu  au  grade  de  gé- 
néral de  brigade  en  1795,  c'est  en 
cette  qualité  qu'il  se  trouva,  au 
passage  de  la  Lahn ,  où  sa  valeur 
brillante  attira  sur  lui  l'attention  ^ 
et  lui  mérita  les  éloges  de  Jour- 
dan.  Dans  cette  journée,  le  géné- 
ral Klein  chargea  deux  fois  la  ca- 
valerie» ennemie,  la  culbuta  en- 
tièrement, faillit  périr  lui-même 
dans  les  eaux,  et  n'échappa  quje 
par  miracle  :  la  gloire  et  une 
Ipngue  vie  ,  que*  tant  d'autre^ 
beaux  faits  d'armes  devaient  ho- 
norer, l'attendaient  sur  l'autre  ri- 
ve. Le  6  thermidor,  il  fit  capitu- 
ler Wurtsbourg;  le  i5,  à  la  tête 
de  l'avant -garde  du  général 
Ghampionnet ,  il  battit  complète- 
ment l'ennemi  à  Sultzbach  ;  avec 
5o  cavaliers  seulement,  il  péné- 
tra à  Bamberg,  et  soutint  long- 
temps dans  les  rues  un  combat 
inégal  et  meurtrier.  Au  moment 
où  les  Autrichiens  le  croyaient 
leur  prisonrrier,  il  se  fit  jour  à  tra- 
vers leurs  rangs,  et  trompa  leur 
attente.  Les  27,  28  et  5o,  il  se 
distingua  aux  attaques  de  Lang- 
feld  ,  d'Abersemandorst  et  de 
Vallsbach.  En  1 796,  Beurnonville. 
lui  confia  le  commandement  de 
l'avant-garde  de  l'armée  de  Sara- 
bre-et-Meuse  :  avec  moins  de 
6,000  hpmmes  il  met  en  fuite  un 
corps  d'armée  autrichien  de 
11,000  hommes,  placé  entre 
Creutznach  et  Kayserlaufern."  Le 
grade  de  général  de  division  lui 
fut  conféré  en  1 799  :  et  Masséna 
ie  nomma  chef  de  l'état-majpr  de 
l'armée.  Il  contribua  à  la  déroute 


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I20  KL£ 

de  Kofsakow  et  entra  à  Zurich.  * 
Appelé ,  en  frimaire  an  8,  au  coin- 
Bfiandement  de  la  cavalerie  sur  le 
Ahin^  il  reprit,  le  9  prairial  sui- 
vant >  celui  des  troupes  devant 
Kehh  et  seconda  Moreau  dans  sa 
marche  sur  Vienne.  Après  tant  de 
travaux  militaires,  il  prit  quelque 
repos,  et  resta  quelque  temps  dans 
ses  foyers^  domme  commandant 
de  la  1'*  division  de  dragons  dans 
le  département  de  la  Somme.  On 
le  retrouve  en  i8o5,  au  passage 
de  Dohawert.  Il  culbute  Tennemi, 
fait  des  prodiges  de  valeur,  et  con- 
tribue à  la  défaite  des  autrichiens 
à  ABbuk,  où  le  général  O'Don- 
nel  est  fait  prisonnier.  A  Mars- 
heîm ,  il  force  le  major  Wemek  à 
capituler,  désarme  6  bataillons  à 
Nuremberg  ,  et  dépeuple  (  pour 
ainsi  dire  )  la  colonne  de  Tarchi- 
duc  Ferdinand,  à  force  de  lui  fai- 
*re  des  prisonniers.  Ensuite  il  pas- 
se en  Bohême  avec  le  général  Ba- 
raguey  -  d'Hilliers.  Blucher  lui 
donne  l'assurance  qu'un  armistice 
vient  d'être  signé  ,  à  la  suite  de 
la  bataille  d'Iéna.  Le  loyal  géné- 
ral français  croit  à  la  loyauté  du 
général  prussien ,  et  laisse  échap- 
per les  débris  du  corps  ennemi. 
Klein  se  venge  héroïquement  de 
cette  perfidie  ;  peu  de  jours  après 
il  atteint  les  Prussiens  dans  leur 
retraite ,  les'  culbute  et  les  disper- 
se :  celte  faute  généreuse,  si  bril- 
lamment réparée,  n'en  fut  pas 
moins  la  cause  d'une  honorable 
disgrâce.  L'empereur  appela  le 
général  Klein  au  sénat,  le  14 
août  1807 ,  et  le  combla  d'hon- 
neurs et  de  distinction  :  l'année 
précédente,  il  avait  épousé  M"* 
d'Arberg,  fille  de  la  comtesse  d'Ar- 
berg,  dame  d'honneur  de  l'impé- 


KL£ 

ratrice  Jo9éphine,et  d^une  des  pre^ 
mières  familles  de  la  Belgique.  Le 
général  Klein  avait  depuis  loug^ 
temps  déposé  l'épée,  lorsque  l'em- 
pereur tomba  du  trône;  comme  sé- 
nateur, il  prit  place  à  la  cham- 
bre des  pairs,  le  4  juîn  18149  ^t 
fut  nommé  chevalier  de  Saint- 
Louis,  le  a^  du  même  mois  :  il 
ne  prît  point  de  service  pendant 
les  cent  Jours^  et  entra  de  droit  à 
la  chambre  des  pairs  après  la  $e-> 
conde  restauration. 

KLEIST  DE  NOLLENDOEF  (le 
comte), débuta  jeune  dans  la  carriè- 
re des  armes,  et  était  parvenu  au 
grade  de  colonel  d«  hussards  en 
1 795.  Il  servit  en  cette  qualité  sur 
le  Rhin,dan^  l'armée  prussienne,et 
se  distingua  au  siège  de  Mayencê 
ainsi  qu'à  l'alSaire  de  Monbaeh.  Il 
reçut  une  blessure  grave  le  i5 
juillet  1794?  ^  ^^  bataille  de  Lau- 
tern.  Nommé  général-major,  il 
fut  employé  ensuite  en  Pologne, 
et  fit,la  même  anné«|INprèsla  red- 
dition de  Varsovie ,  une  guerre  à 
outrance  aux  corps  polonais  qui 
restaient  encore  arméç  après  leâ 
revers  de  Kosciusko.  Fendant  la 
guerre  de  1807,  le  général  Kleist 
fut  bons taounent  employé;  mus 
il  n'y  fit  rien  de  remarquable.  Au 
mois  de  juillet  1812 ,  il  comman- 
dait un  corps  de  l'armée  prussien- 
ne réunie  contre  les  Russes  avec 
les  Français ,  et  il  remplaça ,  dans 
le  grade  delieutenant-général ,  le 
général  Yorck  après  sa  défection. 
Le  corps  mis  sous  ses  ordres  fit 
partie  de  l'armée  commandée  par- 
le roi  JoachimMurat.  Il  fit  la  campa* 
gne  de  18 1 5,lorsque  le  roi  dePrusse 
se^ut  déclaré  contre  la  Fraude ,  • 
et  le  20  mai ,  il  se  distingua  à  l'at- 
taque des  hauteurs  de  Burg.  Le  39^ 


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KLfi 

il  se  rètidit  avec  le  gétiètal  russe 
Schoowakyff,  à  Pleiwitï,  près  du 
duc  de  Vicence,  et  signa  Urt  ar- 
mistice qui  suspendit  lès  hostilités 
jusqu'au  8  juillet.  Le  1 7  août,  il  se 
distingua  de  nouveau  déYîsint  Dres* 
de,  et  quelques  jours  àprèis,  à  Taf- 
faifte  de  Kulm ,  où  le  général  Van- 
damme  fut  fait  prisonnier  ayec  le 
corps  qu'il  conimandait.  €e  fut  à 
la  suite  de  cette  affairé  qu'il  obtint 
le  titre  de  comte  de  Ndlendorf , 
du  nom  du  village  où  le  combat 
s'était  engage  ,  lors  de  l'affaire  de 
Léipsîûk  :  les  troupes  sous  ses  or- 
dres faisaient  partie  de  la  colonne 
commandée  en  chef  par  le  géné- 
ral Barclay  de  ToUy.  Le  6  novem- 
bre ,  il  fit  bombarder  le  fort  de 
Saint  -  Cyprien  et  la  citadelle  de 
Pétersberg;  et  le  7,  il  accorda 
une  suspension  d'armés  au  com- 
mandant de  la  placë,qui  avait  opi- 
niâtrement refusé  de  se  rendre,  a- 
près  différentes  sommations.  Le  1  •' 
janvier  1 8 1 4  9  il  passa  le  Rhin ,  s'a- 
vança avec  l'armée  de  Silésie  de- 
vant Thionville ,  et  le  9  mars,  il 
était  au  combat  de  Laon ,  où  il  se 
distingua.  Le  2 1 ,  H  chercha  à  at- 
telndre^  près  de  Culchy,  les  ma- 
réchaux Mariâont  et  Mortier.  Le 
26,  les  Français  furent  obligés  d'é- 
jacuef  laFerté-Gaucher.  Après  s'ê- 
tre signalé  auxaffaîresdeSézannot^ 
de  Gbulommîers,  il  se  porta,  le 
28,  sur  Clay,  et  s'empara  de  Vil- 
le parisis  et  de  Monsaigle,  posi- 
tions long-temps  disputées  par  les 
Français,  mais  qui  furent  enfin 
obliges  de  céder  au  nombre.  Le 
général  Kleist  ayant  reçu  ordre,  le 
5o,  de  former  l'attaque  principale 
sur  Paris,  déboucha  par  Saint- 
Denis.  Il  éprouva,  aux  villages  de 
la  VHtette  et  de  la  Chapelle ,  une 


KLË  121 

résistance  des  plus^  opiniâtres; 
enfin,  au  moment  où  il  entrait  à 
la  Chapelle,  il  reçut,  par  une  es-» 
tafelte ,  la  nouvelle  de  la  capitula- 
tion. Ce  général  fqt  nammé ,  au 
mois  de  mai  1816,  gouverneur 
du  duché  de  Berg. 

ILLENAU  (le  GOi|fTE  Jeàv  de)  , 
feld-maréchal  autrichien,  né  en 
Hongrie ,  fît  les  premières  cam- 
pagnes de  la  révolution  contre  les 
Français.  Lieutenant  -  colonel  à 
l'armée  de  Wurmser,  en  1793, 
il  eut  soifvent  le  commandement 
de  corps  détachés,  avec  lesquels , 
malgré  le  talent  et  la  bravoure 
que  ses  compatriotes  lui  reôon- 
naissent,  il  fut  presque  toujours 
malheureux.  La  campagne  de 
1799,  en  Italie,  lui  offrit  des 
chances  plus  favorables  ;  il  obtint 
quelques  succès,  fut  fait  géné- 
ral -  major,  et  coQtribba,  après 
la  retraite  du  général  Macdonald, 
à  dissiper  les  petits  corps  que  ce 
général  y  avait  laissés  pour  sou- 
tenir les  partisans  de  1  indépen- 
dance italienne.  Employé  ensuite 
vers  la  Htière  du  Levant,  il  ten- 
ta, pour  pénétrer  dans  Gènes, 
plusieurs  attaques  qui  n'eurent 
aucun  succès.  En  1800,  il  passa 
à  l'armée  du  Rhin.  En  i8o5,  il 
servait  dans  l'armée  de  Bavière, 
et  se  trouvait  enfermé  dans  Ulm, 
lorsque  Mack  signa  la  capitulation 
par  suite  de  laquelle  cette  ville) 
fut  remise  à  l'empereur  Napoléon. 
Ce  prince  ayant  distingué  legéné- 
ralKlcnau  parmi  les  prisonniers, le 
félicita  de  son  courage,  et  plaignit 
son  malheur.  Au  mois  d'avril 
1812,  il  fut  nommé  conseiller  in- 
time de  l'empereur  d'Autriche,  et 
lorsque  cette  puissance  se  déclara 
contre  la  France,  en  i8i5,  il  fut 


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122 


KLI 


chargé  de  se  pprter  sur  Dresde, 
à  la  tête  d'un  corps  d'année  qui 
fut  mis  en  déroute  le  27  août* 
Cette  défaite  ne  TempêcKa  pas 
d'être  non^mé,  dans  le  mois  d'oc- 
tobre suîyant,  général  de  caya- 
lerie.  S'étant  porté  de  nouyeau 
rers,  Dresde,  il  y  attaqua  les  débris 
de  l'armée  française ,  commandés 
par  ie  marécÊal  Gouyion-Saint- 
Cyr,  que  les  difEcultés  de  sa  po- 
sition obligèrent  de  capituler.  Les 
fonctions  d'inspecteur-général  de 
l'armée  autrichienne  furent  çon-r 
fiées  au  général  Klenau  ,  en 
1814.     ' 

RLINGLIN  (le  babon  de),  té- 
tait, à  l'époque  de  la  réyolution , 
maréchal-de-camp  au  service  de 
la  France.  Se  trouvant  chargé  en 
partie  de  l'exécutiçn  des  ordres  de 
M.  de  Bouille ,  relatifs  au  départ 
de  Louis  KVI  jpour  Varennes  en 
juin  1791,^1  fut  décrété  d'accusa- 
tion le  i5  juillet  par  l'assemblée 
nationale.  Il  n'attendit  pas  qu'on 
l'arrêtât ,  et  alla  se  réunir  aux  é- 
mîgrés,  dont  il  commanda  un 
corps  en  1792.  Il  passa  ensuite 
avec  le  grade  de  général-major  au 
service  de  l'empereur  d'Autriche, 
et  fut  employé,  en  1 796  et  1 797, 
à  l'armée  du  Rhin.  C'est  là  que, 
par  une  négligence  funeste  aux 
hommes  de  son  parti,  il  laissa  pren- 
dre ses  équipages  et  fourgons.  A- 
près  la  retraite  du  général  de  La- 
tourj^  on  trouva  dans  les  fourgons 
un  grand  nombre  de  lettres ,  qui 
prouvèrent  les  relations  de  Pi- 
chegru  avec  le  prince  de  Çondé, 
les  émigrés,  et  plusieurs  person- 
nes de  l'intérieur  de  la  France. 
Cette  prise,  sur  laquelle  on  accu- 
sa depuis  le  général  Moreau  d'a- 
voii*  long-temps  gardé  le  silence , 


KLI 

envoyée  par  lui  au  directoire,  ser- 
vit de  base  aux  accusations  dirir 
gées  contre  Pichegru,  après  la 
journée  du  18  fructidor  an  5(4 
septembre  1797).  Klinglin  avait 
été  l'intermédiaire  de  la  corres-^ 
pondance,  et  lorsque  ces  lettre» 
furent  publiées  officiellemeat,  un 
grand  nombre  d'individu?  se  trou- 
vèrent compromis.  En  1800,  le 
général  Klinglin  fut  employé  à 
l'armée  de  Brisgaw;  la  célébrité 
que  lui  avait  donnée  momentané- 
ment la  prise ^e  ses  fourgons,  jae. 
fut  point  soutenue  par  des  fai^s 
d'armes  qui  soient  parvenus  à  la 
connaissance  du  public.  Le  géné- 
ral Klinglin  est  mort  en  Autri- 
che, 

KLINGSPORRË  (MAriiK^  ba- 
Eoir  be),  feld-maréchal  suédois. 
Après  avoir  servi  avec  distinction 
en  France ,  il  revint  dans  sa.  pa- 
trie ,  où  il  obtint  un  avancement 
rapide,  et  la  faveur  des  deux  rois, 
Gustave  IIÎ  et  Gustave  IV  Adol-. 
phe.  Employé  par  le  premier 
dans  la  guerre  de  Finlande,  ea 
1788,  il  fut  chargé  dès  la  secon- 
de campagne,  après  le  renvoi  du 
général  ToU,  du  çommissariah^ 
général  et  des  apprpvisionnemens. 
de  l'armée,  que  son  prédécesseur 
avait  laissé  manquer  des  objets 
les  plus  nécessaires.  Il  s'acquitta 
de  celte  x^ommissipn  difficile., 
dans  un  pays  épuisé,  avec  zèle  et 
intelligence,  jusqu'à'  la  paix  de 
Werœlc.  Le  roi  Gustave  IV  lui 
donna,  en  1808,  le  commande- 
ment  en  chef  de  l'armée,  de  Fin- 
lande, dans  la  guerre  désastreuse 
avec  I4  Russie,  que  ce  prince  s'at- 
tira a  cette  époque.  Le  feH-mf^- 
réchal  Klingsporre  fit  tout  ce  qui 
était  humainenient  possible  ppi^ 


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KLI 

défendre,  pied  à  pied,  U  Fiolcin». 
de  contre  des  années  quatre  fois 
plus  nombreuses  que  celles  mi-. 
ses  à  sa  disposition.  Il  sentit  qu'il 
ne  pouvait,  sans  compromettre 
ses  troupes  9  s'e^oser  à  des  ac- 
tions générales;  mais  il  s'attacha  à 
harceler,  dans  des  aflaires  d'avant- 
postes,  le  général  russe  Buxhou- 
dcn.  Il  fit  brûler  la  flottille  de^ 
Idcs  qui  se  trouvait  dans  les  ports. 
Saint  -  Michel  et  de  Christina  , 
avant  que  le  général  Zutsckoff  ne 
se  fût  emparé  de  ces  places ,  afin 
qu'elle  ne  tombât  pas  au  pouvoir 
de  l'ennemi.  Le  général  Klingsr 
porre  opposa  ensuite,  dans  les  dé- 
filés de  Tawastehus,  une  résb- 
tance  opiniâtre;  mais  il  fut  con- 
traint de  céder  au  nombre;  et  cet- 
ie  place,  qui  n'avait  point  été  mi- 
se en  état  de  soutenir  un  siège  re- 
plier, fut  emportée  dans  le  com- 
mencement du  mois  de  mars. 
Les  Russes  s'emparèrent,  peu  de 
temps  après ,  de  l'île  et  des  forts 
de  S^artholm.  L'occupation  de 
cette  dernière  place  devint  d'un 
avantage  décisif  pour  eux;  ils  y 
trouvèrent  une  artillerie  nom- 
breuse ,  dont  ils  se  servirent  pour 
former  le  siège  de  Swéaborg,  la 
forteresse  la  plus  importante  de 
la  Finlande.  L'aile  gauche  del'âr-. 
mée  ennemie  manoeuvra  pendant 
ce  temps  sur  Abo ,  capitale  de  la 
Finlande,  qui  n'était  point  forti- 
fiée ,  et  s'en  empara.  Le  maré- 
chal Klingsporre  dut  alors  dé- 
ployer toutes  ses  ressources,  et 
niontra  autant  de  talent  que  de 
bravoure.  Poursuivi  par  l'avant- 
garde  et  le  centre  de  l'armée  rus- 
se, il  disputa  le  terrain  avec  ppi^ 
ni^treté,  Jiivr^  .plusiçnrs.  combats 
jBCkçuirtriefs ,  et  se  retira ,  dans  le 


EXI 


135 


meilleur  ordre  .possible,  ver^  U^ 
province  de  la  Bothnie  orientale. 
Vainement  l'aile  droite  des  enne- 
mis tenta  de  le  tourner;  il  décon- 
cert£^  toutes  les  manoeuvres  dea 
Russes ,  et  culbuta ,  à  Sikojoki , 
les  troupes  qui  ne  cessaient  de  le 
harceler.  Ayant  reçu,  peu  de  jours 
après,  des  renforts  de  volontaires 
bothniens  et  d'autres  troupes ,  il 
eut  avec  les  Russes,  à  Keirolàx, 
une  aûaire  générale ,  et  remportj^ 
un  avantage  signalé.  Il  reprît  en- 
suite l'oifensive,  attaqua  l'avant- 
garde  ennemie  commandée  par 
le  général  Balacheff,  et  la  repousse^ 
en  lui  faisant  éprouver  une  perte, 
considérable.  Il  avait  été  favorisé 
dans  ce  mouvement  par  le  débor- 
dement des  lacs,  qui  retardait  li| 
marche  du  principal  corp^  d'ar- 
mée russe;  mais  l'armée  du  ma- 
réchal Klingsporre,  réduite,  par 
les  fatigues  et  les  maladies,  à  un 
petit,  nombre  de  combattans,  ne 
put  pas  profiter  long'-temps  de  ses 
avantages.  Il  chercha  vainement 
à  défendre  la  citadelle  de  Swéa-: 
borg,  qui  tomba  au  pouvoir  des 
Russes  avec  toute  son  artillerie  et 
sa  garnison  composée  de  plus  de 
6,000  hommes.  Le  maréchal 
Klingsporre  tenta  cependant  de 
reprendre  encore  une  fois  l'offen- 
sive, et  dirigea  ses  opérations  avec 
la  plus  grande  habileté.  Il  attaqua 
le  corps  commandé  par  le  général 
Balaton,  le  défit,  lui  tua  beaucoup 
d||i  monde ,  et  .s'empara  d'une 
^^nde  partie  de  son  artillerie.  Le 
générai  Balaton  reçut,  pendant 
l'action,  une  blessure  très-grave. 
Après  cet  avantage,  les  Suédois, 
qui  avaient  reçu  de  nouveaux  reur 
forts,  cl^f^ssèrént  Ips  RjUsses,  de  la 
positioç^  de, Saint- Michel  ft' et  se^ 


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I!&4 


&Lt 


tondes  par  leur  flottille  da  ;olfe 
bothnien  ,  ils  s'eiDparèrent  du 
poste  de  PercliQ,  battirent  le  gé« 
néral  Rayewski ,  et  auraient  sans 
doute  poussé  plus  loin  leurs  aran- 
tages,  si  le  général  Barclay  de 
Tolly  n'était.vedu  avec  tine  armée 
nouyelle  prendre  le  commande- 
ment en  chef  de  toutes  les  troupes 
russes,  devant  lesquelles  le  maré^ 
chai  Klingsporre  fut  forcé  de  se 
retirer.  Cette  retraite  ne  put  s*o- 
pérer  qu'arec  les  plus  grande^ 
difficultés.  Les  TÎvres  et  les  muni- 
tion^s  de  guerre  manquèrent  à  la 
fois  à  l'armée  suédoise,  et  son 
chef  ne  put  en  ramener  que  de 
faibles  débris.  Le  noaréchal  Klîiigs^ 
porre,  de  t«tour  à  Stockholm,  y 
trouva  les  affaires  dans  un  état  dé 
crise  violente.  L'armée  de  TOuest 
venait  de  conclure  un  armistice 
avec  les  troupes  danoises  et  nor- 
wégiennes ,  contre  lesquelles  elle 
avait  long-temps  combattu.  Cette 
armée  marchait  sur  Stockholm 
pour  opérer  un  changement  dans 
le  gouvernement.  Le  méconten- 
tement était  général,  et  les  Russes 
ne  se  trouvaient  plus  éloignés  que 
de  quelques  lieues  de  la  capitale. 
Dans  la  matinée  du  1 3  fé  vrier  1 809, 
le  roi,  enfermé  dans  son  apparte- 
ment ,  avait  donné  l'ordre  de  ne 
laisser  entrer  personne.  Ce  fut  le 
maréchal  Klingsporre  ,  suivi  du 
général  Adelcrentz  et  du  maré- 
chal de  la  cour  Silversparre ,  ouï 
força  le  premier  la  consigne  JUt. 
qui,  après  un  court  entretien,  ^a- 
gagea  Gustave-Adolphe  à  changer 
de  système  de  gouvernement  ou 
à  cesser  de  régner.  La  révolution 
de  1809  eut  lieu  {voy.  l'article 
Gustave  IV).  Le  roi  abdiqua;  les 
états  du  royaume  'élevèrent  sur  lé 


&LO 

trône  le  duc  de  Sudennanîe  (Char- 
les XIII),  qui  se  hâta  de  conclure 
avec  la  Russie  une  paix  devenue 
nécessaire.  Le  maréchal  Klings^ 
porre  est  mort  dans  on  âge  très- 
avancé,  en  1820. 

KLIN&ËNBERG  (  D.  )  ,  adû 
la  réputation  dont  il  a  joui ,  à  ses 
connaissances  étendues  en  hy- 
draulique,  en  géographie  et  en 
astronomie.  On  trouve  dans  les 
archives  de  la  société  de  Harlem, 
plusieurs  mémoires  intéressans 
qu'il  a  donnés  sur  ces  diflFérente» 
sciences.  M.  Rlinkenberg  était 
membre  de  la  société  batave  des 
sciences  de  Harlem,  et  correspon- 
dant de  l'académie  des  sciences  de 
Paris.  Il  moutut  à  la  Haye ,  en 
179g,  ûgédegoans. 

RLOPSTOCR  (FaéMMC-Gor- 
tubb),  un  des  plus  célèbres  poè- 
tes de  l'Allemagne,  naquit  à  Qued- 
linbourg,  le  2  juillet  17^4.  Ses 
parens  avaient  peu  de  fortime,  et 
il  était  l'aîné  de  10  enfans.  Il  é- 
tudia  au  collège  de  Pforta  près  de 
Naumbourg,  et  fil  des  progrès  ra- 
pides. Le  génie  poétique  dont  la 
nature  l'avait  doué,  et  qui  devait 
le  placer  un  jour  au  premier  rang 
des  écrivains  allemands ,  se  déve^ 
loppa  de  bonne  heure.  A  peine 
adolescent,  il  fit  des  odes  et  des 
pastorales  où  l'on  remarquait  déjà 
de  la  verve  et  d'heureuses  inspi* 
rations.  Enflammé  par  la  lecture 
de  milton  etd'Young,  il  conçut 
bientôt  le  projet  de  donner  à  l'Al*- 
lemagne  un  poëme  épique.  Mais  • 
ne  possédant  aucune  fortune,  il 
songea  d'abord  à  se  créer  des 
moyens  d'existence ,  choisit  l'é- 
tat ecclésiastique ,  et  se  rendit  à 
l'université  d'Iéna ,  pour  étudier 
la  théologie.  Il  ne  put  résister,  ce^ 


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lo/t 


l*aaey 


a^ei'Z^. 


i^tûyi^-â^r/y. 


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KLO 

pendant  au  g[oût  inné  qui  Ten- 
traînait  Ter$  la  poésie  9  et  se  mît 
à  trayailler  avec  ardeur  aux  pre- 
miers jçhauts  de  son  poëme  qu'il 
intitula  ia  Messiade,  Sur  ces  en- 
trefaites, il  quitta  léna  pourLéip- 
sick.  C'est  dons  cette  dernière  vil- 
le qu'il  termina  les  3  premiers 
chants  de  ce  célèbre  ouvrage. 
Il  les  communiqua  à  quelques  a- 
mis ,  et  leur  enthousiasme  les  li- 
vra au  public.  Imprimés  en  1 74^9 
à  Brème  et  à  Halle ,  dans  des  re- 
cueils périodiques  ,  ils  firent  la 
plus  vive  sensation  9  et  le  jeune 
Klopstock  fut  dès -lors  regardé 
comme  un  des  poètes  les  plus  dis- 
tingués de  l'Allemagne,  Encoura- 
gé par  un  aussi  brillant  succès  9  il 
publia  des  odes  pleines  de  beau- 
tés. Des  hommes  d'un  éminent 
mérite^  parmi  lesquels  se  trou- 
vaient Bodmer  ,  Breitinger  et 
Gessner,  avaient  formé  à  Zurich 
une  réunion  littéraire,  dont  le  but 
était  le  perfectionnement  de  la 
littérature  allemande.  Admira- 
teurs du  poëme  de  la  Mwiade, 
ils  s'empressèrent  d'engager  son 
auteur  à  se  réunir  4  eu^,  et  l'ac- 
cueillirent avec  transport.  Klops- 
tock séjourna  9  mois  à  Zurich; 
il  retourna  ensuite  dans  sa  patrie, 
et  sollicita  une  chaire  au  collège 
de  Brunswick.  Nais  la  fortune 
qui  jusqu'alors  l'avait  moins  Da^ 
vorîsé  que  la  gloire,  commença 
aussi  à  lui  sourire  au  moment  où 
U  s'y  attendait  le  moins.  L'ambas- 
sadeur danois  près  la  cour  de  Fran- 
ce, amateur  passionné  des  beaux- 
arts  ,  lut  les  5  premiers  chants 
de  la  Uessiade  ;  il  devint  dès- 
lors  l'admirateur  et  le  protecteur 
de  Klopstock.  A  son  retour  k  Co- 
penhague, il  recommanda  vive- 


&L0  12J 

ment  l'auteur  à  son  souverain.  Le 
roi  Frédéric  V  pressa  Klopstock 
de  se  rendre  en  Danemark,  et 
lui  assigna  une  pension  de  200  é- 
cus  (  a,ooo  fr.  environ  ).  C'est 
en  allant  à  Copenhague,  que 
Klopstock  ût  la  connaissance  à 
Hambourg  de  madame  MoUer  , 
femme  aimable  et  spirituelle  qu'il 
épousa  en  1754.  Arrivé  à  Copen- 
hague ,  il  fut  aussitôt  présenté  au 
roi,  qui  lui  fit  l'accueil  le  plus  gra- 
cieux. Voyant  alors  son  existence 
assurée  ,  il  voulut  terminer  ce 
poëme  qu'il  s'était  proposé  pour 
but  de  sa  vie.  En  1755,  les  10 
premiers  chants  de  la  Messiade 
furent  imprimés  aux  frais  du  roi. 
La  force  d'âme  de  Klopstock  fut 
bientôt  après  mise  à  de  rudes  é- 
preuves  ;  la  mort  lui  enleva  son 
épouse,  et,  en  1771,  il  eut  la  dou- 
leur de  voir  le  comte  de  Berns- 
torff  ,  qui  l'avait  constamment 
protégé,  disgracié  et  éloigné  du 
ministère  par  Struensé.  Il  se  ren- 
dit alors  à  Hamboui^g,  et  s'établit 
dans  cette  ville,  où  il  vécut  très- 
retiré  ,  et  ne  la  quitta'  plus  que 
pour  fajlre  de  courts  voyages  au- 
près du  landgrave  de  Hesse ,  qu| 
lui  accorda  aussi  une  pension. 
Quand  la  révolution  française  é- 
ckita ,  Klopstock  se  montra  le 
partisan  d'une  sage  réforme  et 
l'ami  de  la  liberté.  Les  hymne» 
patriotiques  qu'il  composa  lui  va- 
lurent le  titre  de  citoyen  français., 
Mais  après  les  massacres  des  a  et 
3  septembre,  lorsque  le  sang  eut 
souillé  la  belle  cause  à  laquelle  il 
s'était  dévoué,  il  renvoya  le  di- 
plôme àe  citoyen  français  que  lui 
avait  adressé  l'assemblée  consti- 
tuante. Tous  ceux  qui  connurent 
Klopstock  ,  respectèrent   autant 


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126 


KLU 


sçs  vertus  qu'ils  admirèrent  ^on 
talent.  Ses  mœurs  étaient  douces 
et  pures.  Jamais  l'envie ,  l'égoïs- 
me  ou  la  vanité  ,  passions  com- 
munes à  tant  d'écrivains,  ne  souil- 
lèrent son  âme  noble  et  sensible. 
Sa  conversation  était  pleine  d'es- 
prit ,  de  goût  et  d'enjouement. 
Il  recherchait  l'entretien  des  fem- 
mes, et  surtout  des  Françaises. 
C'est  avec  Klopstock  que  l'école 
vraiment  allemande  a  commencé; 
il  donna  à  la  langue  une  harmo- 
nie dont  on  ne  l'avait  pas  encore 
crue  susceptible.  Cet  illustre  écri- 
vain niourut  le  14  mars  i8o5. 
Dans  la  seconde  partie  de  la  Mes- 
siade  ^  on  trouve  un  "admirable 
nîorceau  sur  la  mort  de  Marie  , 
sœur  •  de  Marthe  et  de  Lazare  ; 
c'est  le  tableau  de  la  mort  du  jus- 
te. Klopstock,  sur  Je  point  d'ex- 
pirer^ récitait  d'une  voix  faible 
Tce  passage ,  pour  s'exhorter  lui- 
même  à  bien  mourir.  Les  funé- 
railles de  ce  patriarche  de  la  litté- 
rature allemande  ,  furent  célé- 
brées à  Hambourg  avec  une  pom- 
pe extraordinaire.  On  y  fit  là  lec- 
ture de  ces  mêmes  vers  sur  la 
mort  de  Marie;  La  ville  danoise 
d'Altona,  voisine  de  Hambourg, 
s'empressa  aussi  de  rendre  à  la 
mémoire  de  Klopstock  d'écla- 
tans  honneurs.  Outre  la  Messiadej 
fruit  de  20  années  de  travail,  et 
ses  Odes,i^  poète  a  fait  quelques 
tragédies  ;  la  plus  connue  est 
la  Mort  d^Adam,  Elle  â  été  tra- 
duite en  français  et  en  italien.  Il 
à  aussi  publié  un  Discours  sur  ta 
langue  allemande,  et  enrichi  plu- 
sieurs journaux  et  recueils  périodi- 
ques d'articles  intéressans.   < 

KXUIT(Adbien),  naquît  à  por- 
drecht,  le  9*  février   1755.  Il  fit 


KLU 

d'excellentes  études  à  l'université 
d'Utrecht.  Son  mérite  l'ayant  bien- 
tôt fait  connaître  avantageusement, 
il  fut  nommé  professeur  de  lan- 
gue latine,  d'abord  à  Rotterdam, 
et  ensuite  à  là  Haye .^  En  1764*  il 
passa  en  qualité  de  recteur  à  l'é- 
cole latine  d'Alkmaar,  et  fut  en- 
isuite  appelé,  dans  la  même  quali- 
té, à  Leeuwaarden,  puis  à  Mid- 
delbourg,  où  il  occupa  en  même 
tems  la  chaire  de  profes-^eur  d'élo- 
quence et  de  langue  grecque.  On 
lui  offrit,  en  1778,  la  chaire  des 
langues  anciennes  et  des  antiqui- 
tés, à  l'université  de  Harderwick; 
mais  il  préféra  celle  des  antiquités 
nationales  à  Leyde,  que  lui  propo- 
sèrent les  curateurs  de  l'université 
de  cette  ville.  Le  discours  qu'il 
prononça  à  l'ouverture  de  son 
cours,  et  dans  lequel  il  prouva 
que  les  habitans  des  Pays-Bas  n'a- 
vaient fait  qu'user  d'un  droit  na- 
turel en  renonçant  à  l'obéissance 
au  roi  d'Espagne  Philippe  II,  don- 
na lieu  à  quelques  attaques  des 
partisans  du  pouvoir  absolu,  mais 
il  réfuta  victorieusement  ses  ad- 
versaires. Il  fut  obligé,  en  ï795j 
d'abandonner  sa  chaire  ,  ses  opi-' 
nions  politiques  étant  opposées  à 
celles  du  parti  dominant,  mîiis  éUé 
lui  fut  rendue  en  i8o2>  eten  i8o6j 
il  fut  nommé  professeur  de  sta- 
tistique du  royaume  de  Hollahd<e; 
Sa  fin  tragique  intéressa  vive- 
ment le  public.  Le  1  a  janvier  1807^ 
époque  du  idésastre  de  Leyde,  sa 
maison  s'écroiila  et  l'ensevelit 
sous  ses  débris  ainsi  qlie  son  épou- 
se. H  était  alors  âgé  (le  72  ans; 
Kluit  a  publié  un  grand  nombre 
d'ouvrages  ;  le  plus  remarquable^^ 
est  son  Histoire  de  la  constitutioii 
hollandaise;  5  vol. j  180a fet  l6o5; 


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KLU 

Ses  autres  principaux  écrits,  sont: 
1  •  Indication  du  genre  des  noms 
substûntifs  hollandais,  par  Hoogs- 
traten,  avec  des  remarques  de  A. 
Kluit,  1760;  2"  f^lndiciœ  articuli 
ho,  hœ^  to,  in  novo  testamento^  5  pe- 
tits vol.  in-8%  1768, 1771;  3°  His- 
toria  critica  comitatâs  HoUandim 
et  Zelandiœ,  4  vol.  in-4%  177I) 
1788;  4°  Index  chronologie  us  site 
prodromus  ad  primas  lineas  histo- 
riœfederum  Betgiifederati,  Leyde, 
1789;  5**  la  Souveraineté  des  états 
de  la  Hollande^  défendue  contre  la 
doctrine  actuelle  du  gouvernement 
démocratique^  1785-1788;  6**  Ob- 
servations sur  les  droits  de  C homme 
proclamés  en  France,  1795;  7"  OA- 
servations  sur  Ja  guerre  avec  l'An- 
gleterre, et  sur  lé  commerce  des 
Pays-Bas,  1794- 
,  KLUYSRENS(Jean.Fbançois), 
premier  officier  de  santé  dans  l'ar- 
mée du  royaume  des  Pays-Bas, 
meiçbre  de  l'institut  de  ce  i*oyau- 
me,  de  la  société  de  médecine  de 
Londres,  de  délie  de  l'école  de  mé- 
decine de  Paris,  d'Anvers,  de 
Bruxelles,  de  Bordeaux,  etc.,  est 
hé  le  9  septembre  Ï771,  à  Alost, 
dans  la  Flandre  orientale.  Son  pè- 
re, qui  était  chirurgien,  et  qui  le 
destinait  à  sa  profession,  lui  don- 
na les  premières  notions  de  son 
art,  et  l'envoya  en  1788,  à  Gand, 
pour  y  suivre  des  cours  réguliers. 
Le  jeiftie  Kluyskens,  qui  avait  fait 
de  très-bonnes  études,  développa 
une  intelligence  peu  commune,  et 
joignant  l'application  à  ses  dispo- 
sitions naturelles,*  il  obtint  la  mé- 
daille d'or  qui  s'accordait  à  l'élève 
le  plus  distingué  de  l'école.  M. 
Kluyskens  fut  ensuite  attaché  au 
régiment  autrichien  de  Leloup- 
chasseurs^  en  qualité  d'aide-chirur- 


RLU  127 

gien.  Il  se  trouva  à  l'afTaire  dé  la 
Groix-aux-Bois,  en  Gbampagne, 
et  reçut  une  blessure  grave,  qui 
l'empêcha  de  continuer  son  servi- 
ce. Il  fut  ensuite  attaché  à  l'hôpi- 
tal de  Longwy,  mais  il  se  retira 
dans  sa  famille  après  la  bataille  de 
Jemmapes.  Il  alla  ensuite  à  Paris, 
pour  se  perfectionner  souâ  les 
maîtres  célèbres  de  cette  capitale; 
et  étant  retourné  à  la  Haye,  en 
1794,  il  fut  nommé  chirurgien- 
major  dans  l'armée  hollandaise.  Il 
quitta  cette  place  lorsque  les  Fran- 
çais Se  furent  rendus  maîtres  delà 
Hollande,  etseretiraàGaiid,  pour 
y  exercer  sa  profession.  Ses  talens 
ne  tardèrent  pas  à  y  être  connus, 
et  le  firent  nommer  chirurgien  en 
chef  de  l'hôpital  civil;  il  obtint  en 
même  temps  le  titre  de  professeur 
d'anatomie  et  de  chirurgie  à  l'école 
élémentaire,  ^es  succès  brillans 
augmentant  chaque  jour  son  cré- 
dit et  sa  réputation,  îl  fût  appelé 
à  la  place  de  chirurgien  en  chef  de 
l'hôpital  sédentaire  établi  à  Gand. 
Il  avait  été  nommé  peu  de  temps 
auparavant  membre  du  conseilmu- 
nicipal,  lorsqu'en  1814  la  Belgi- 
que passa  sous  un  nouveau  gou- 
vernement. M.  Kluyskens  devint 
chirurgien  principal  de  l'armée 
des  Pays-Bas.  On  ne  peut  donner 
trop  d'éloges  à  l'activité  avec  la- 
quelle, ajprès  la  bataillé  dé  Wa- 
terloo, il  organisa  le  service  des 
hôpitaux,  où  un  nombre  effrayant 
de  blessés  se  trouvèrent  entassés. 
Il  ne  rendît  pas  un  moindre  servi- 
ce à  la  ville  de  Bruxelles,  en  la 
préservant  par  ses  soins  dé  l'épi- 
démie dont  elle  était  menacée, 
pendant  les  chaleurs  dé  cet  été  et 
par  l'encombrement  des  malades. 
La  décoration  de  l'ordre  du  Lion- 


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isS 


KLU 


Belgique  fut  la  récompense  de 
ses  sains  et  de  son  dévouement; 
U  fut  ensuite  nommé  membre  de 
la  régence  municipale  de  Gand  et 
des  états  provinciaux,  et  c'est  à 
lui  que  la  Belgique  est  redevable 
de  rétablissement  d'un  hospice 
de  maternité,  et  de  cours  pour  les 
sages-femmes,  de  la  propagation 
de  la  vaccine,  de  la  fondation  d'un 
grand  hospice  pour  les  aliénés,  et 
en  grande  partie  de  la  création 
d'une  université  à  Gand.  Outre 
les  voyages  que  M.  Kluyskens 
faisait  régulièrement  tous  les  ans 
à  Paris,  pour  y  prendre  connais- 
sance des  nouvelles  découvertes 
dont  s'enrichissait  la  médecine,  il 
entretenait  des  relations  habituel* 
les  avec  les  hommes  les  plus  ins- 
truits dans  l'art  de  guérir.  Il  fut 
Tun  des  plus  ardens  propagateurs 
de  la  vaccine  dans  sa  patrie,  et  ce 
fut  lui  qui  découvrit  le  moyen  d'a- 
voir le  meilleur  vaccin,  en  indi* 
quant  l'époque  où  l'on  devait  le 
roeueillir.  M.  Kluyskens  n'est  ar- 
rêté dans  ses  opérations  par  au^ 
cune  dilliculté,  e(  il  en  a  surmonté 
de  très-grandes.  On  cite,  entre  au- 
tres faits  remarquables,  dans  la 
Biographie  de  Bruxelles,  le  sui- 
vant: «Une  jeune  femme  de  Son- 
aeghem,  village  situé  à  5  lieues 
de  Gand,  vint,  en  1812^  trouver 
M.  Kluyskens,  et  lui  exposa  qu'elle 
portait  un  enfant  dans  son  sein  de- 
,  puis  16  mois.  Après  un  mûr  exa- 
men, le  docteur  resta  convaincu 
que  l'enfant  était  hors  de  la  ma^- 
trice,  et  qu'il  s'était  développé 
4ans  l'ovaire  gauche,  ou  dans  la 
irompe  de  Failope.  Il  déclara  donc 
à  la  malade  qu'elle  ne  pouvait 
conserver  ses  jours  qu'en  se  sou- 
mettant à  Topération  césarienne; 


KLY  ' 

ia  femme  y  consentit,  et  fat  opé- 
rée avec  autant  d'adresse  que  de 
bonheur;  l'enfant  mort  à  terme 
fut  extrait,  et  la  mère  parfaite- 
ment  rétablie  par  les  soins  de  H. 
Kluyskens  3  eut ,  depuis  cette  épo- 
que,  3  en  fans  do«t  elle  accoucha 
très-heureusement.  »  M.  Kluys- 
kens a  publié  :  i*  V erhandeiing 
over  de  koepokjes^  etc.  Cet  ouvra- 
ge, imprimé  sur  Tinvîtation  du 
préfet  de  l'Escaut,  fut  distribué 
gratui  tendent,  a*  Introduction  à 
la  pratique  des  accouchemens^  tra- 
duit de  l'anglais  ^  a  vol. ,  Gand  , 
1802;  5*  Annotes  de  littérature 
médicale  étrangère^  ouvrage  inté- 
ressant «  commencé  en  1809;  4'' 
Zoonomie,  ou  Lois  de  la  vie  orga- 
nique ,  traduit  de  l'anglais ,  et 
enrichi  d'observations  et  de  notes, 
4  vol,  grand  in-S*",  Gand,  1810; 
5*  Mémoire  sur  la  .fièvre  inflani' 
matoire'  typhoïde^  qui  règne  dans 
la  province  de  la  Flandre  orientale , 
in-8%  Gand,  1817;  6*  J^iwéJrfa- 
tion  sur  l'ophthalmie  contagieuse  , 
qui  règne  dans  quelques  bâtai  fions 
de  l* armée  des  Pays'^Bas,  1  vol. 
in-S**,  Gand,  1819.  M.  Kluyskens 
est  encore  l'auteur  d'un  grand 
nombre  de  discours  et  de  mémoi- 
res ;  on  cite  particulièrement  une 
J>isêertalion  sur  l'efficacité  de  l'u- 
sage extérieur  de  l'acide  muriati- 
que  dans  la  gangrène  d'hôpital, 

KLYN  (Henw-Hbrman)  f  poète 
hollandais,  naquit  à  Amsterdatin, 
en  1775.  Il  fait  valoir  dans  cette 
ville  une  rai&nerie  de  sucre.  Son 
éducation  fut  toute  commerciale; 
mais  un  goût  naturel  l'entraîna 
vers  les  belles -lettres  et  la  poé- 
sie. Ses  essais  poétiques  obtinrent 
du  succès.  Quoique  son  style 
n'ait  pas  toujours  toute  la  correc- 


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KNI 

Jîon  désirable  9  on  trouvé  souvent 
dans  ses  productions  d^heureuses 
inspirations  ,  et  des  morceaux 
pleins  de  verve.  lia  publié  :  r 
Recueil  de  poésies,  2  vol.,  181 5; 
3*  i* Astronomie,  poème  didacti- 
que, 1809,  Amsterdan^;  3°  les 
Passions  ,  poëme  en  6  cbants  | 
181  â,  la  Haye;  4°  '«  Progrès  des 
lumières,  poëme  en  2  cbants;  5* 
«deux  autres  poèmes  intitulés,  L'un 
Oldenbarneoeld,  et  l'autre  C Hom- 
me; 6°  trois  discours  en  prose,  dont 
l'un  intitulé  :  CHomme  considéré 
ccmm€  un  être  susceptible  de  per^ 
fectibilité.  Son  frère  Bernard  Klts 
est  comme  lui  rafiineur  de  sucre 
à  Amsterdam;  comme  lui,  il  s'est 
adonné  à  la  poésie.  Il  a  publié , 
en  1817,  un  recueil  de  poésies, 
dans  lequel  se  trouvent  plusieurs 
pièces  remarquables  ,  entre  au- 
tres ,  celle  intitulée  :  Souvenirs  de 
ma  jeunesse. 

KNIAZIËAYICZ  (N.),  général 
polonais.  Né,  pour  ainsi  dire  dans 
1er  camps,  dès  que  ses  forces  le 
lui  permirent,  ce  brave  ceignit  le 
sabre  et  mania  le  mousquet.  Il  se 
fit  remarquer  par  son  intrépidité 
et  son  patriotisme  lors  de  l'insur- 
rection de  1794  contre  les  Russes. 
Dans  l'affaire  de  Gulkow,  il  eut 
uh  commandement  sous  Zajonc- 
«uk;  il  commanda  également  sous 
l'immortel  Kosciusko,  an  camp 
retranché  près  de  Varsovie,  et  prit 
part  avec  lui  à  la  fameuse  bataille 
de  Macijowice,  contre  les  deux 
armées  russes  réunies  de  Suwarow 
«t  de  Fersen.  Il  serait  difficile  d'é- 
numérer  tous  les  brillans  faits 
d'armes  par  lesquels  il  se  distin- 
gua dans  cette  fatale  journée.  A- 
près  Textérmination  de  presque 
tau!»  ses  compagnons  d'armes,  il 


RNI  129 

fut  pris  sur  le  champ  de  bataille, 
l'épée  à  la  main,  et  se  défendant 
vaillamment  quoique  grièvement 
blessé.  Enfermé  pendant  tout  le 
temps  que  vécut  Catherine  II,  il  ne 
sortit  de  captivité  qu'à  l'avènement 
de  Paul  I"  au  trône  de  Russie.  Le 
premier  usage  qu'il  fit  de  sa  liber- 
té, fut  de  se  rendre  en  France,  où 
il  commanda  en  second  sous  le 
général  Dombrowskî  les  légions 
polonaises.  A  la  reprise  de  Rome 
et  à  la  conquête  de  Naples  sous 
Championnet  et  sous  Macdonald, 
il  fit  des  prodiges  de  valeur.  Ayant 
été  choisi  pour  commander  la  lé- 
gion polonaise  qui  se  forma  sur  le 
Rhin,  il  ne  démentit  pas  la  haute 
réputation  de  bravoure  qu'il  avait 
acquise  sur  les  champs  de" bataille 
dans  la  campagne  de  1803,  et  con« 
tribua  à  la  victoire  de  Hobenlin** 
den.  Voyant,  après  la  paix  de  Lu- 
néville,  que  l'espoir  de  l'indépen- 
dance de  sa  malheureuse  patrie^ 
espoir  qu'il  avait  si  long-temps 
nourri,  n'était  plus  qu'une  illusion, 
qu'aucune  puissance  de  l'Europe 
ne  consentait  à  réaliser,  il  deman- 
da sa  démission,  ainsi  que  plusieurs 
officiers  de  sa  légion,  et  se  retira  à 
la  campagne  en  Pologne.  Là,  plein 
de  souvenirs  glorieux,  et  désabusé 
des  espérances  qui  lui  firent  si 
souvent  aifronter  la  mort,  il  ne 
s'occupa  dans  sa  retraite  que  de  la 
culture  de  ses  champs.  Nouveau 
Cinciunarus,  les  honneurs  sont  ve- 
nus l'y  rechercher,  Napoléon  lui 
envoya,  en  i8o5,  la  décoration  de 
commandant  de  la  légionTd 'hon- 
neur. L'empereur  Alexandre  le 
réintégra  dans  le  grade  de  lieute- 
nant-général de  l'armée  polonaise . 
Une  riche  héritière,  en  unissant 
son  sort  à  celui  du  général  Knia- 
9 


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i5o 


RKI 


ziewicz»  a  depuis  contribué,  plus 
que  tous  les  souverains,  à  réparer 
envers  ce  brave  guerrier  les  torts 
de  la  fortune. 

RNIGGE  (Adolfhe-Fbànçois* 
Faédéug,  babon  de),  littérateur  al- 
lemand^naquit  dans  une  habitation 
de  son  père,  située  aux  environs 
de  la  ville  de  Hanovre.  Ses  études, 
quMl  termina  à  Goettingue,  un  long 
se  jour  à  la  campagne  et  la  disposi- 
tion  de  son  esprit,  tournèrent  toutes 
ses  pensées  vers  la  philosophie,et  il 
visita  qu^qiies  cours  et  plusieurs 
villes  de  FAilemagne,  plutôt  pour 
y  observer  les  hommes  et  les 
mœurs  que  pour  y  chercher  des 
honneurs  et  de  Féclat.  Il  se  fixa 
enfin  à  Bremen,et  fut  attachée  la 
collégiale  de  cette  ville,  où  il  mou« 
rut,  le  6  mai  1796 ,  à  l'âge  de  3^ 
ans.  Le  genre  de  ses  ouvrages  est 
analogue  aux  habitudes  de  sa  vie; 
ils  traitent  de  philosophie,  de  mo* 
raie  et  de  iittérature.  Leur  lecture 
est  facile  et  agréable;  mais  les 
idées  du  baron  de  K^kiig^e  ont  peu 
de  profondeur.  Cependant  son  trai- 
té du  Commerce  des  Hommes^  (li- 
ber dem  -Umgang  mit  menschen), 
%mit  aux  qualités  habituelles  de 
l'auteur,  la  grâce  et  la'facilité,celle 
qui  lui  manque  ordinairement,  la 
profondeur.  Cet  ouvrage  a  obtenu 
et  conserve  encore  un  succès  mé-^ 
rite;  on  l'a  réimprimé  plusieurs 
fois^  en  un  ou  plusieurs  volumes. 
Meuser,  dans  son  dictionnaire^ 
parle  avantageusement  des  ouvra- 
ges de  ce  philosophe. 

KNIGGË  (Philippe -Charles, 
BARON  de),  de  la  famille  du  précé* 
dent,  docteur  en  droit  à  Goettin-^ 
gue,  exerça  plusieurs  emplois 
dans  le  pays  de  Hanovre,  et  pu- 
blia en  làti»  diiférens  ouvrage 


Km 

isur  le  droit  germanique,  pamy 
lesquels  on  remarque  celui  qui  a 
pour  titre  :  Dissêrtatio  inaugurm 
juridica  quàcaslri  germanici  natu^ 
rà  et  indoles  eahihetMr,  Goettin- 
gue,  1747?  ïn-4*«  ^  baron  Ph. 
Ch.  de  Knigge  avait  été  reçu  che* 
Palier  de  l'empire  par  l'empereur 
François  !•'.  Il  mourut  en  1796,. 
dans  un  âge  asseï  avancé. 

KNIGHT  (Ricbaid-Pathe),  ri- 
che pi^opriétaire  et  poète  anglais^ 
naquit  au  sein  de  l'opulence,  ^ 
reçut  une  excellente  éducation, 
dans  laquelle  il  puisa  le  goût  des 
lettres,  qu'il  cultiva  avec  le  plus 
grand  succès.  Il  a  publié:  i"^  No- 
tice sur  Us  restes  du  culte  de  Pr la- 
pe, existent  encore  à  Isernia  dans 
le  royaume  de  Naples,  avec  un 
Discours  sur  le  cuite  de  Priape,  et 
sa  liaison  avec  la  théologie  mysti*- 
que  des  anciens  1786,  in-4'**  Cet 
ouvrage  que  l'auteur  avait  com- 
posé 4ans  sa  jeunesse,  et  où  la 
pudeur  et  la  décei|ce  ne  sont  pas 
toujours  respectées,  n'a  jamais  été 
mis  en  vente^  a*  Essai  analytique 
sur  l'alphabet  grec^  >70^9  in-4"; 
5**  le  Paysage,  poëme  didactique, 
1^94,  în-8";  4"  Revue  du  paysage, 
et  essai  sur  le  pittoresque,  avec  des 
remarques  pratiques  sur  les  orne-- 
mens  champêtres,  >795>  in-8';  5* 
les  Progrès  de  la  société  cit)ih, 
poëme  didactique,  1796,  in-4';  6*' 
Recherches  analytiques  sur  le» 
principes  du  goût,  i8o5,  in-S**;  7» 
Monologue  sur  la  mort  de  Charles 
James  Fox,  1806,  in-8*.  Il  a 
aussi  enrichi  de  divers  articles,  le 
Journal  classique, 

KNIGHT  (Cornélib),  dame 
anglaise,  qui  fit  un  long  séjour  en 
Italie,  a  fait  paraître:  i"  Dinarèas, 
suite  du  Hassêlas  da  docteur  Johr^<- 


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KNO 

son,  1790;  n^MarcusFlaniinius^on 
tableau  de  la  vie  privée^  politique  et 
militaire  de f  Romains ^  renfcriïiç 
dans  une  suite  de  lettres  d*an  pa- 
tricien à  son  aiiii,  yers  l'an  767  de 
la  fondation  de  Rome,  1792,  a 
vol.  în-8*.  C'est  une  heureuse  imi- 
tation du  savant  ouvrage  de  l'ab- 
bé B^rthélemi.  M""'  Knight  a  fait 
pour  Rome,  ce  que  ce  dernier 
avait  fait  pour  la  Grèce  long-temps 
auparavant;  elle  a  tracé  habile- 
ment le  tableau  de  l'empire  et  de 
ses  habitans  sous  les  règnes  d'Au- 
guste et  de  Tibère.  Il  existe  une 
traduction  française  de  cet  ouvra- 
ge, sous  le  titre  de  Vie  privée,  po' 
litique  et  militaire  des  Romains.  3* 
Description  du  Latium  ou  de  la 
Campagne  de  Rome,  avec  des  vues 
dessinées  par  l'auteur,  1 8o5,in-4*'* 

KNOBELSDORF  (A.  F.,  bàbon 
os),  ield-maréchal  prussien,  che- 
valier de  l'ordre  de  l'Aigle-Noir  et 
de  l'Aigle-Rouge,  gouverneur  de 
Custrin ,  avait  le  titre  de  lieute- 
nant-général lorsqu'il  commanda, 
au  commencement  de  1795,  le 
'  corps  -auxiliaire  qui ,  à  cette  épo- 
que, se  porta  ert  Brabant.  Cepen- 
dant il  n'y  seconda  que  très- fai- 
blement l'armée  autrichienne. 
Chargé  de  se  rendre  ensuite  sur 
le  Rhin,  la  direction  du  blocus  de 
Landau  lui  fut  confiée;  mais  cette 
opération  ne  fut  pas  heureuse ,  et 
Id  reprise  des  lignes  de  Weissem- 
bourg  par  les  Français ,  le  força 
de  l'abandonner.  Il  continua  de 
servir,  sans  succès  remarquables, 
la  campagne  suivante.  Ce  général 
était  âgé  de  76  ans  lorsqu'il  mou- 
rut à  Berlin  le  10  décembre  1799. 

KNOES  (  OtAus-ANûEasow  )  , 
savant  suédois,  naquit  vers  le  mi- 
litU'du   i8<^  siècle.  Il  obtint  le' 


KNO 


jSi 


grade  de  maître-ès-arts,  et  ensei- 
gna long-temps  en  cette  qualité  à 
l'université  d'Upsal.  Son  mérité 
releva  à  une  place  de  professeur 
au  gymnase  de  Skara ,  dans  la 
province  de  Vestrogothîe  ;  il  y 
mourut  le  i6  février  1804.  Le 
professeur  Knoes  avait  fait  une 
étude  particulière  de  l'histoire  lit- 
téraire, et  entretenait  des  relations 
intimes  avec  le  bibliothécaireGiœr- . 
well,  qui  s'occupait  dif  même  ob- 
jet. Knoes  a  publié  :  i"  V Histoire 
de  l'académie  d'Upsal;  a*  une  flis- 
toire  littéraire  de  la  Vestrogotkie; 
5*  des  Discours  et  des  Lettres  im-{ 
primés  séparément  ou  consignés 
dans  les  journaux  de  Giœrwell. 

KNOX  (John),  libraire  de  Lon- 
dres, né  en  Ecosse,  acquit  une 
fortune  honorable  dans  cette  pro- 
fession, et  consacra  une  partie  de 
cette  même  fortune  à  des  entre- 
prises utiles  à  ses  concitoyetis. 
Aidé  de  souscriptions  qu'il  provo- 
qua, il  parvint  à  établir  des  ports 
et  villages  pour  la  pêche  du  hareng 
sur  plusieurs  points  des  côtes  oc- 
cidentales et  septentrionales  de 
l'Ecosse,  où  le  besoin  s'en  faisait 
sentir.  Ce  fut  dans  16  voyages,  de 
1764  à  1775,  qu'il  effectua  cette 
importante  opération  ,  dans  la- 
quelle il  fut  puissamment  secondé 
par  la  société  Highlandaise,  éta- 
blie à  Londres,  et  qui  lui  accorda 
toute  sa  confiance.  Knox  fit  con- 
naître les  différentes  'excursions 
que  son  entreprise  avait  nécessi- 
tées, dans  un  ouvrage  intitulé  : 
Tour  through  the  Highlands  of 
Scotland,  1786,  in-8",  lequel  a  été 
traduit  en  français,  2  vol.  in-8% 
1790.  Le  sentiment  patriotique 
qui  l'avait  constamment  dirigé  lui 
inspira  lei  désir  d'entreprendre  à 


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ses  frais ,  et  de  confier,  aux  meil- 
leurs graveurs  de  Londres,  une 
belle. collection  des  sites  les  plus 
pittoresques  de  l'ancienne  Calé- 
donien ainsi  que  des  monumens 
remarquables  qui  subsistent  en-* 
eçre.  La  mort  ne.  lui  permit  pas 
de  mettre  ce  projeta  exécution. 
Elle  le  surprit  le  i"  août  1791,  é-^ 
tant  à  Dalkeith,  en  Ecosse. 

KN0X(Jean)9  capitaine  de  vais- 
seau anglais,  naquit  à  Edimbourg, 
et  mourut  à  Dalkeitb  en  1790.  Jl 
a:publié  une  relation  de  la  campa-, 
gne  du  Canada,  dans  laquelle  il  a 
été  employé,  et  a  donné  des  ren- 
seignemens  que  Tbistorien  et  le 
géographe  pourront  consulter  a- 
vec  fruit.  Cet  ouvrage  est  écrit  en 
anglais  :  An  historicai  account , 
etc.  (Relation  historique  des  cam- 
pagnes faites  en  Amérique  pen- 
dant les  années  1757,  17^,  1760, 
contenant  les  événemens  les  plus 
remarquables  de  cette  période, 
notamment  les  deux  sièges  de 
Québec,  les  ordres  donnés  par  les 
amiraux  et  les  officiers-généraux; 
la  description  des  pays  où  Fauteur 
a  servi,  celle  de  leurs  forts  et  gar- 
,  uisons,  de  leur  sol,  de  leur  climat 
et  de  leurs  productions;  un  jour- 
nal météorologique,  ainsi  que  plu- 
sieurs pièces  offîcielles;  le  mande- 
ment de  révêque  du  Canada,  les 
ordres  du  jour  des  Français ,  et 
des  plans  pour  la  défense  du  pays), 
Londres,  1769,  2  vol.  in-4". 

KOBELL  (f  EaDiKAifi)),  peintre 
et  graveur  à  l'eau-forte,  naquit  à 
Manbeim  en  1740.  Destiné  à  la 
diplomatie,  il  commença  ses  étu- 
des à  l'université  de  Heidelberg; 
mais  un  travail  sédentaire  ne  con- 
venait pointa  son  imagination  ac*^ 
tîve,  11  ne  remplissait  qu'impar- 


iLOfi 

faitement  des  devoirs  pour  lès-* 
quela  il  avait  une  aversion  décidée^ 
^  Remployait  à. dessiner  tous  les. 
momens  qu'il  pouvait  leur  déro-^ 
ber.  Son  père  crut  triompher  de^ 
son  penchant,  en  le  plaçant  chez 
un  secrétaire,  de  la  chancellerie,  . 
et  en  rec^mmandantsurtout  qu'on 
le  surchargeât  d'écritures;  mais  le 
goût  du  jeune  Kobell  était  invin- 
cible, et  il  l'emporta  sur  tous  les 
obstacles.  Un  paysage  qu'il  était 
parvenu  à  peindre,  et  dans  lequel 
l'électeur  de  Bavière,  à  qui  on  te 
présenta,  reconnut  le  germe  d'un 
beau  talei^t,  fit  enfin  cesser  cet  état 
de  contrainte.  Il  reçut  du  prince 
une  pension,  et  ce  t[ui  valait  mieux, 
pour  lui,  la  liberté  de  se  livrer  au 
goût  qui  le  dominait.  Il  fut  bientôt 
.  connu  chez  l'étranger;  et  le  prince, 
jaloux  .de  posséder  un  artiste  ha- 
bile dans  ses  états,  l'envoya  à 
Paris  pour  se  perfectionner.  Il  y 
fit  un  séjour  de  dix  ans,  revint» 
dans. sa  patrie  en  1796,  et  fut 
nommé  par  l'électeur,  son  peintre 
de  paysage.  Des  sites  bien  choisis, 
un  .coloris  frais  et  suave,  distin- 
guent les  tableaux  de  cet  artiste. 
Les  amateurs  recherchent  ses  des- 
sins, bien  qu'ils  soient  très- nom- 
breux. Kobell  joignait  au  talent 
de  peindre  celui  de  graver.  Son 
burin  fin  et  spirituel  s'attachait 
surtout  aux  scènes  champêtres  de- 

?etite  et  de  moyenne  grandeur  : 
o  pièces  en  ce  genre ,  de  l'effet 
le  plus  agréable,  composent  spn 
œuvre.  Non  moins  recommanda-, 
ble  par  ses  moeurs  et  son  caractère, 
que  par  ses  talens,  il  ne  vit  autour 
de  lui  que  des  amis  et  des  admî-. 
rateurs.  Il  mourut  en  1796.  Les 
deux  fils  qu'il  a  laissés ,  Guil- 
laume et  Henri,  ont  reproduit  leSx 


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KOC 

Tertds  et  les  talens  qui  distin- 
guaient leur  père. 

KOBELL  (N.)^peintre  de  paysa- 
ges 9  né  à  Amsterdam,  mourut  en 
18  i5,à!afleur  de  son  âge.  Des  paysa- 
ges et  des  tableaux  d'animaux,  ex- 
posés au  salon  du  Louvre  en  1810, 
iSia  et  1814, lui  ont  fait  une  ré- 
putation méritée.  Sa  manière  se 
rapproche  de  celle  de  Paul  Potter, 
qu'il  avait  particulièrement  étU'^ 
diée.  Une  mort  prématurée  Ta 
empêché  d'atteindre  la  perfection 
à  laquelle  ses  talens  et  son  appli- 
cation pouvaient  lui  donner  1  es- 
poir de  prétendre. 

KOCH  (GHBISTOPHE4ïVMLiLVlini 

bb),  professeur  de  droit  public  à 
Strasbourg^  écrivain  distingué  par 
ses  laborieuse»  recherches,  a  tenté 
avecquelqtt#s  succès  de  débrouil- 
ler le  chaos  qui  enveloppe  This- 
tôire  du  moyen  âge.  Il  naquit 
d'une  famille  protestante,  le  9 
mai  1737,  à  BouxwiIler«  dans  une 
partie  de  TAlsaoe  qui  appartenait 
alo)r6  au  landgrave  de  Hesse- 
Darmstadt.  Son  père  était  con- 
seiller et  membre  de  la  chainbre 
des  finances  de  ce  prince.  Le  jeu« 
ne  Koch  reçut  ses  premières  ins- 
tructions dans  l'excellente  école 
de  la  petite  ville  où  il  était  né,  et 
entra,  en  1760,  à  l'université  pro- 
testante deStrasbourg,oû  il  acheva 
ses  études.  Il  s'attacha  principa- 
lement à  celle  du  droit,  et  acquit 
les  connaissances  lés  plus  éten- 
dues dans  cette  partie,  auxquelles 
il  joignit  bientôt  l'art  particulier 
de  déchiffrer  et  de  juger  les  an- 
ciennes chartes.  Bavait  pour  maî- 
tre le  célèbre  Schœpflin,qui,  ayant 
recûmiu  tout  le  mérite  de  son  élè- 
ve, en  fit  son  ami,  et  l'associa,  au 
bout  dç.  quelques  années,  u  sestra- 


KOC 


i53 


vaux.  L'élëve  se  trouva  bientôt  ^n 
état  de  (continuer  après  son  maître 
l'espèce  d'école  politique  que  le 
professeur  Schcepflin  avait  fondée 
à  Strasbourg,  et  à  laquelle  «a 
haute  réputation  fit  accourir  de 
toutes  parts  des  jeunes  gens  appar- 
tenant aux  preniières  fiimiiles  <fe 
l'Europe.  C'est  de  cette  école  dont 
K.och  devint  fe  chef,  après  la  mort 
de  Sehœpflin ,  arrivée  en  1771, 
que  sortirent  depuis  un  grand 
nombre  de  ministres  et  d'hommes 
d'état.  La  réputation  de  Koeh  s'é- 
tendit encore  en  1761,  par  la  pu- 
blication de  son  Commentatio  de 
collûthne  éignitatum  et  bénéficia^ 
rum  eccUsiàsticorum  in  hnperio  rù- 
mana  germanico,  opuscule  qéi  fut 
le  prélude  du  Commentaire  sur  la 
sanction  pragmatique  germanique, 
qui  ne  fut  publiée  qu'en  1*789.  En 
1763,  il  reçut  les  grades  académi- 
ques, et  vint  À  Parisj  où  les  savans 
les  plus  distingués  l'accueillirent 
honorablement.  Il  passa  un  an 
dans  cette  capitale ,  oà  il  recueil- 
lit des  matériaux  précieux  pour  la 
continuation  de  VHistoria  Za^in- 
go^Badensisy  dont  le  premier  vo- 
lume seulement  avait  été  rédigé 
par  Schœphflin,  bien  que  l'ouvra- 
ge entier  ait  été  publié  depuis 
sous  le  nom  de  ce  savant.  Ce 
dernier  ayant,  lorsqu'il  mourut, 
laissé  son  cabinet,  d'antiquité  et 
sa  riche  bibliothèque  à  la  ville  de 
Strasbourg,  à  condition  que'  Koch 
en  serait  nomm&conservateur,  ce 
vœu  i\it  rempli  et  Koch,  nommé 
professeur,  Tut  dès  lors  autorisé^ 
à  ouvrir  des  cours.  Il  refusa,  en 
1 779,  la  chaire  de  droit  public  ger- 
manique que  lui  offrit  le  gouver- 
nement d'Hanovre,  à  l'université 
4e  Ctoettingue.  En  1780,  il  reçût 


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i34 


1.0C 


de  Tempereur  Joseph  II  le  titre 
de  cheTalier  de  l'empire*  et  peu 
de  temps  après,  il  obtint  à  Stras- 
bourg la  chaire  de  droit  public, 
qu'il  remplit  jusqu'à  ce  que  Funi- 
versîté  de  cette  Tille  cessa  d'exis- 
ter. Député  à  Paris  en  1 789  par 
les  protestans  d'Abace,  il  sollici- 
ta près  de  l'assemblée  constituante 
le  maintien  de  leurs  droits  civils 
et  religieux,  en  rappelant  les  trai- 
tés sur  lesquels  ils  étaient  fondés. 
11  obtint  la  sanction  de  ces  droits 
par  le  décret  du  17  août  1790, 
qui  déclara,  que  les  biens  ecclé-^ 
siastiques  protestans  ne  faisaient 
point  partie  des  biens  mis  à  la 
disposition  de  la  nation  par  le 
déci^et  du  ]*'*  novembre  1790» 
Peu  de  temps  après,  le  cri  dd 
guerre  qui,  en  appelant  aux  armes 
une  jeunesse  belliqueuse,  renle«< 
Tait  aux  études.  Tint  interrompre 
une  carrière  où  Koch  s'était  illus^ 
tré«  (Appelé  dès  lors  à  rendre  à 
son  pays  des  serTices  d'un  autre 
genre,  il  se  Toua  tout  entier  aux 
affaires  publiques,  et  ftit  nommé, 
par  le  département  du  Bas-Rhin, 
député  à  l'assemblée  législative. 
Là,  il  se  montra  partisan  de  la 
monarchie  constitutionnelle,  et 
s'opposa  aux  hommes  dont  le  but 
éTident  était  de  reoTerser  le  trône 
pour  établir  l'anarchie.  Nommé 
président  du  comité  diplomatique, 
il  employa  tous  ses  moyens  pour 
conserver  la  paix,  et  dans  un  rap- 
port qu'il  fît  au  mois  de  mar» 
1 793,  il  aTanpa  que  la  déclaration 
de  guerre  à  l'Autriche  annonçait 
de  grands  malheurs.  Aptes  la 
joumée^du  10  août,  il  écrivit  aux 
autorités  constituées  de  son  dé- 
partoment  pour  exprimer  son  op- 
position personnelle  sur  les  mesu- 


KOC 

re»qui  avaient  préparé  et  qui  mi* 
virent  cette  journée.  Il  espérait  a- 
lors  que  ces  autorités  partage- 
raient ses  sentimens,  et  que  la 
France  entière  se  déclarerait  con- 
tre les  violences  de  la  révolution^ 
Mais  cet  espoir  fut  complètement 
déçu,et  le  vo&u  hautement  exprimé 
de  Koch  attira  sur  lui  le  ressenti-» 
ment  du  parti  vainqueur,  qui  le  fit 
incarcérer.  Il  ne  recouvra  la  li- 
berté qu'après  une  captivité  de  1 1 
mois ,  et  lorsque  Robespierre,  et 
ses  complices  eurent  été  anéan^* 
tis.  Ses  concitoyens  ne  tardèrent 
pas  à  lui  donaer  une  nouvelle 
marque  de  leur  confiance  en  l'ap- 
pelant au  directoire  du  départe<^ 
ment.  Il  défendit  constamment 
les  intérêts  de  ses  administrés 
pendant  le  cours  de  sesfonctions^ 
qu'il  se  hâta  de  quitter  le  plus. tôt 
qu'il  lui  fut  possible,  pour  se  li-» 
vrer:  de  nouveau  à  ses  travawt 
littéraires. .  Il  s'en  occupait  avec 
fruit  depuis  6  ans^  lorsque  le  se-* 
natus-consulte  du  mois  de  mars 
iSod  le  nomma  membre  du  tri* 
bunat.  Il  n'accepta  cette  place 
que  dans  l'espoir  d'être  encore 
utile  à  ses  compatriotes,  et  notam-» 
ment  à  ceux  qui  professaient  le 
même  culte  que  lui.  Il  eut  ea  ef* 
fet  une  grande  part  à  la  nouvelle 
organisation  de  ce  culte,  et  au  ré* 
tablissement  de  l'académie  pro- 
testante de  Strasbourg.  Après  la 
suppression  du  tribunal,  il  refusa 
d'occuper  de  nouvdiles  places  et 
retourna  au  sein  de  sa  famille.  Le 
gouvernement  lui  fit,  sans  qu'il 
l'eût  sollicité,  une  pension  de  re- 
traite de  3,000  francs.  Le  titre 
de  recteur  de  l'uni  versitéide  Stras-» 
bourg  lui  fut  déféré  en  18 10  par 
le  grand-maître  de  Tunivecsité  de 


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France.  M«  Koch  termina  son  bono* 
rable  carrière  le  35  octobre  181 5. 
Indépeiidamment  des  ouvrages 
de  Koeh  déjÀ  mentionnés  dans  cet 
article  on  cite  les  suivans  :  1*  Ta-» 
bies  généalogiques  des  mtUsons  sou- 
veraines de  C Europe,  Strasbourg, 
178a,  1  ToL  in-4*;  a"  Abrégé  de 
l'fiisMre  des  traités  de  paix  entre 
les  puissances  de  V  Europe,  depuis 
le  traité  de  Westpkaiie^,  Bâle, 
,  179^9  4  ▼ol.  in^8«;  5"  Tableau  des, 
révolutions  de  t  Europe  depuis  le 
bouleversement  de  l*  empare  romain 
en  Occident  jusqu'à  nos  jours f 
orné  de  tables  généalogiques  et  de 
cartes  géographiques,  Bâley  iSoa, 
Paris,  1813*1814^  4  vol.  in-8;  4» 
TMe  des,  traités  entre  la  France 
et  les paisêances  étrangères,  depuis 
la  paiûPde  fV  estphalie  jmqn^  à  nos 
jours^  suivie  d'un  recueil  de  traités 
et  actes  diplomatiques  qui  n'ont  pas 
va  le  jour ^  Bâle,  180a,  a  toI.^  in- 
8**.  &ooh,  dit  un  de  ses  biotgra*' 
phes,  possédait  une  sagacité  peu 
comttittne,  une  *  grande  pureté 
d*âme,  une  pa^ence  à  toute  é- 
preuve  et  un  calme  inuiârtorba- 
blc.  . 

&Œ€HLIN  (JâCQmn)^  député 
par  le  département  dn  Haut-Rhin 
à  la  chambre  des  dé{>utés,membre 
de  la  légion -«dliaiioettr,  est  né  à 
Mulhouse.  Son  grand*-père,  Sa* 
mue!  Keechlin,  fonda,  en  174^9 
dans  cette  TÎllej  k  première  ma-* 
nufacture  d'indiennes  connue,  q«i 
depuis  a  reps^une  si  grande  ex* 
tension,  parles  soins  de  ses  petits^ 
fils.  Ce  fut  dans  cette  falnrique  que 
feo  M.  Obeiimnip  acquit  les  con- 
naissances  qui  <topuia  l'ont  mis  à 
même'de  formeff  na  èteblissement 
par^l  à  Jouj,  et  qui  ont  rendu 
son.  ttotti  célâïre  dans  ies  fastes  de 


KOEl 


135 


l'industrie  nationale.  Peu  de  temps 
après  la  révolution  de  1789,  le 
gouvernement  français  ayant  ré- 
tiré à  la  petite  république  de  Mul- 
house le  privilège*  qu'elle  avait 
d'introduire  en  France  ses  pro- 
duits industriels,  M.  K.œchKn,  pè- 
re du  député  actuel,  transporta 
son  vaste  établissement  dans  l'in- 
térieur; mais  à  peine  Mulhouse 
fut-il  réuni  à  la  France,  que  MM. 
Kœchlin  frères  y  établirent  de  nou- 
veau le  même  genre  d'industrie. 
Sous  leur  habile  gestion,  cette  ma* 
nufacture  a  prospéré  ;  elle  est  de- 
venue une  des  plus  considérables. 
du  royaume,  et  eUe  occupait,  'û 
y  a  peu  de  temps  encore  (i8a5) , 
plus  de  6,000  ouvriers.  Lors  de 
l'exposition  de  1819,  le  jury,  char- 
gé de  juger  les  produits  de  l'in*^ 
dustrie  nationale ,  après  avoir  dé- 
cerné la  médaille  d'or  aux^frères 
Kœchlin^  a  demandé  au  gouver- 
nement et  a  obtenu  de  lui  la  croix 
de  la  légioni-d'honneur  pour  un 
des  frênes  de  M.  Jacques  Kœchlin, 
ce  dernier  se  trouvant  déjà  depuis 
long-temps  membre  de  la  légion. 
Jusqu'en  rannée  181 3,  M.  Jacques 
Kœchlfn  n'était  guère  connu  que 
par  ses  grandes  entreprises  indua- 
trielles  et  sa  bienfaisance;  il  était 
considéré  comme  un  père  par  ses 
nombreux  ouvriers.  Il  avait  fon- 
dé et  largement  doté  un  institut 
pour  les  orphelins  dans  sa  ville  na* 
tttie.  A  cette  époque,  l'estime  de 
ses  condtoyens,  celle  des  fone^ 
tionnaires  supérieurs  du  dépar- 
tement, l'appelèrent  à  la  mairie  de 
Mulhouse..  Son  intégrité  dans 
l'exerdce  de  9e»  fonctions,  était 
«généralement  reeonaoe;  mais  sa 
conduite  ferme  et  énergique  en 
1814,  lui  valut  de  plus  l'hefi-. 


Digitjzed  by  VjOOQ IC 


1% 


EΠ


neur  d'être  destitué  par  les.eh^ 
des  armées  étrangères  lors  de  leur 
première  invasion  en  France. 
Réintégré  sous  le  ministère  de  M. 
Decazes ,  il  fut  destitué  de  nouveau 
à  l'époque  de  la  loi  électorale  du 
29  juin  i8ao,  et  huit  jours  avant 
les  élections  du  collège  du  dépar- 
tement du  Haut^Hhin.  Il  n'en  tut 
pas  moins  Qomimé  à  la  presque  una^ 
nimité  de  ce  collège,  député  à  la 
seconde  chambre.  Sa  conduite 
pendant  cette  session  est  connue 
de, la  France  entière.  Réélu  ea 
182a  parle  même  collège  électo- 
ral, M.  Kœchlinfut  chargé  de  pré- 
senter à  la  chambre  une  pétition 
de  i3a  électeurs,  demandant  une 
enquête  judiciaire  sur  la  prome- 
nade militaire  de  deux  esca<)rons 
de  cavalerie  dans  le  département 
du  Haut* Rhin,  qui  n'eut  pour  ré- 
sultat définitif  qne  l'aiTestatio^ 
ducolonel  Garonét  du  sieur  Roger. 
La  pétition  déposée  par  M.  Kœ- 
chlin  n'ayant  point  été  prise  en 
considération,  et  loi-même  n'ayant 
pu  la  soutenir  à  la  tribune,  il  crut 
alors  de  son  devoir  de  Caire  impri- 
mer, sous  sa  responsabilité  per- 
sonnelle, une  relation  de  tout  ce 
qui  s'était  passé  à  cette  époque 
dans  le  département  qui  l'avait 
nommé  et  qu'il  représentait.  L'é- 
crit de  M:  Kœchlin  a  été  depuis 
ssMsi;  et  lui-même,  absent,  a  été 
condamné  par  défaut  à  5,ooo 
francs  d'amende  et  à  un  an  de  pri- 
son. Il  vient  de  faire  opposition  à 
ce  jugement.  Chéri  de  tous,  ceux 
qui  ont  le  bonheur  de  le  connaî- 
tre particulièrement,  M.  Kœchlin 
est  révéré  dans  son  département 
par  la  masse  des  citayens.  Le  jour 
de  sa  nomination  à  la  chambre  des 
députés  fut  un  jour  d'allégresse 


KΠ

générale  à  Mulhouse,  et  tous  les 
habitans  illuminèrent  spontané,-; 
ment  leurs  maisons. 

KGËHLËR    (  jEiV-BBR2(Aap  )  f 

naquit  à  Lubeck  en  174^9  ^^  ^^^' 
1757  il  publia  une  dissertatioa 
latine  sur  VHymén^e  et  Talassionp. 
divinités  qui  présidaient  aux  ma- 
riages chei  les  Grecs  et  chez  les 
Romains.  Cette  production  fit  con- 
cevoir une  opinion  favorable  de  ce 
jeune  homme,  âgé  alors  de  17  ans, 
et  lui  mérita  des  encouragemens. 
Kœhler  fui  nommé»  en  1766,  pro- 
fesseur d'histoire  et  de  philosophie 
dans  l'université  de  ILiel;  il  publia 
alors  un  prograoune  fort  intéres- 
sant sur  une  nouvelle  édition 
d'Hésiède,  pour  laquelle  il  avait 
fait  des  recherches  immenses  et 
consulté  toutes  les  variantes  des 
manuscrits  de  Paris ,  qu'il  avait 
coUationnés*  Plusieurs  écrits  de 
M.  Kœhler  restèrent  long-temps 
inconnus.  Mais  M.  Wolf  vient 
d^aononcer  qu'il  est  possesseur  de 
ces  manuscrits»  et  qu'il  se  propose 
d'en  faire  usage.  £q  1765^  Kœhler 
publia  de^  remarques  détachées 
sur  Dion  Chtysostàme,  et  en  1767, 
des  notes  et  des  observations  sur 
Théâcritejdont  les  savans  ont  porté 
un  jugement  favorable.  Kœhler 
était  instruit  dans  la  littérature  o^ 
rieatale.  Aussi,  à  la  fin  de  so» 
livre  sur  Tkéocrite,  plaça-t-il  un 
essai  de  corrections  sur  les.éori- 
vains  arabes.  On  a  de  lui  :  Feri-* 
similitimjwris  spuitmn,  en  1771; 
une  édition  des  Imtiiutes  de  Jus- 
tinien,  d'après  celle' de  Cujas,  a- 
vec  des  notes,  en  1772^;  et  deux, 
livres,  Interpretationum  et  Emeh- 
datiûnum  Jurisramsni,  en  1793 .: 
tous  ouvrages  qui  prouvent  qu'il 
s'occupa  beaucoup  de  la  jurispcU'* 


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ienceancleane.  Néanmotos,  il  ne 
perdait  pas  de  yue  les  lettres 
grecques;  il  avait  publié,  en  1 7^8, 
une  traduction  allemande  de  TZ- 
phigénie  en  AuUde,  d'Euripide, 
accompagnée  de  remarques  criti- 
ques.  Il  occupa,  dépuis  1781  jus- 
qu'à 1786,  une  chaire  de  grec  et 
de  langues  orientales  à  Kœnigs- 
berg.  €'est  dans  cet  intervalle 
.  qu'il  publia  ses  Observationes  crU 
tieœ  ad  EecUsiastm  cafHit  uitimam, 
1781 ,  réimprimées  avec  des  cor- 
rections en  1^83,  în-4°«  ^^  savant, 
connu  par  des  ouvrages  estimés, 
et  qui  avait  fourni  de  bons  articles 
à  différens  recueils  périodiques, 
passa  les  dernières  années  de. sa 
vie  dans  un  état  voisin  de  l'indi- 
gence; il  mourut  le  5  avril  1809. 
&ŒKNËK  (TBioTOEE),  naquit 
à  Dresde,  en  1788.  Qàs  l'enfance 
il  s'annonça ,  comme  poète  par 
une  imagination  ardente.  Schil- 
ler, intimement  lié  avec  son  pè^ 
re,  conseiller  du  gouvernement 
saxon,  sut  démêler  les  disposi* 
tiens  du  jeune  homme  pour  la 
littérature,. et  se  lit  un  plaisir  de 
les  cultiver.  En  1811 ,  il  acheva 
ses  études  à  LéipsickC  II  reçut 
bientôt  une  défense  formelle  de 
fréquenter  aucune  des  universi- 
tés de  la  Saxe,  parce  qu'enthou- 
siaste de  l'indépendance  germa- 
nique, il  mettait  tout  en  œuvre 
pour  propager  une  doctrine  que 
son  gouvernement  ne  professait 
pas.  U  se  retira  à  Vienne,  et,  a- 
baoéénnant  ses  idées  politiques , 
il  se  mît  à  travailler  pour  le 
théâtre»  Ses  pièces  eur^it  un  bril* 
laot  succès,  et  k  firent  recher- 
cher dalij»  les  meilleures  sociétés. 
Il  leur  dut  encore  la  place  de  se- 
crétaire de  la  régie' du  théâtre  de 


la  cour,  avec  un  traitement  de 
a,ooo  florins.  Parmi  les  pièces 
qui  établirerM:  sa  réputation,  on 
distingue  particulièrement  Toni 
et  Zriny,  drames  en  5  actes.  Après 
la  retraite  de  Moscou,  les  affaires 
de  l'Allemagne  commençant  à 
changer  de  fnce,  Koerner  sentit 
son  courage  s'enflammer.  Rien  ne 
put  le  retenir  à  Vienne,  ni  l'a- 
mour, ni  son  goût  décidé  pour  les 
lettres,  ni  l'existence  la  plus  heu- 
reuse. Jl  fit  le  voyage  de  Bres- 
lau  pour  s'enrôler,  comme  sim- 
ple soldat,  dans  le  coq>s  prussien 
des  chasseurs  achevai  de  LutKOW. 
Il  dut  à  sa  valeur  dans  le  combat 
de  Lutzen  le  grade  de  spus-ofli- 
cier.  Son  corps  étant  tombé  en- 
suite dans  une  embuscade ,  il  fut 
grièvement  blessé;  il  s'échappa 
néanmoins  à  travers  les  bois,  et  y 
resta  toute  la  nuit  sans  secours. 
Ce  ne  fut  que  le  lendemain  au 
matin  que  des  paysans,  l'ayant 
r^icontré ,  l'enlevèrent  et  le  ca- 
chèrent chez  eux  jusqu'à  sa  con- 
valescence. Les  lettres  le  con- 
,  solèrent  de  cette  retraite  forcée  ; 
il  en  charma  les  ennuis,  en  com- 
posant des  chants  belliqueux.  Il 
quitta  son  asile  le  plus  tôt  possi* 
ble ,  et,  à  la  faveur  d'un  déguise- 
ment, il  regagna  l'armée  pruB» 
siende.  A  l'affaire  du  8  octobre,  il 
se  distingua.de  nouveau,  et  Jut 
nommé  lieutenant  sur  le  champ 
de  bataille.  Mais  il  termina  bien- 
tôt 8^  glorieuse  carrière;  la  mort 
vint  l'arrêter  le  18  dans  les  plai- 
nes de  Léipsick ,  n'ayant  pas  en- 
core a5  ans.  La  noblesse  et  l'éner* 
gie  distinguent  toutes  ses  produc- 
tions. Nouveau  Tyrtée,  ses  chants 
ne  respirent  que  Taniour  de  la 
gloire  et.de  la  patrie.  Le  recueil  de 


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^38 


KOi 


se9  poésies  a  été  publié  à  Vienne 
en  18145  sous  le  titre  de  /a  Lyre 
4tr£pée. 

KOLLëR  ,  général  autrichien  ^ 
fur  un  des  commissaires  chargés 
de  conduire,  en  18149  Napoléon 
à  l'île  d'Ëlbe ,  et  reippUt  honora- 
blement cette  mission.  Il  sot  a?ec 
adresse  et  fermeté  soustraire  l'em*^ 
pereur  aux  dangers  qui  le  mena«- 
cèrent  dans  le  midi  de  la  France , 
"où  plusieurs  attroupemens  ayatent 
été  formés  dans  les  villes  qu'il 
derait  traverser.  A  Aix  et  à^rgon , 
le  général  Koller  reyêtit  Napoléon 
de  son  uniforteé  d'ofiicier-géné- 
rai  autrichien ,  et  parvint  ainsi  à 
le  faire  passer  sans  insulte  à  tra-^ 
vers  la  plus  vile  populace  a* 
.meutée,  et  qui  manifestait  dé}à 
les  intentions  les  plus  hostiles. 
Napoléon  lui  exprima  sa  recon- 
naissance  lors  de  son  arrivée  à 
Tile  d'Ëlbe.  Pendant  la  traversée^ 
après  lui  avoir  témoigné  le  désa-* 
grément  d'avoir  eu  pendant  tout 
le  voyage  des  témoins  incommo- 
des dé  sa  conduite ,  il  afouta  avec 
une  sorte  d'abandon  :  «  Quant  à 
»  VOUS)  général,  je  me  suis  mon* 
n  tré  tout  nu  ;  mais  dites-moi  fran- 
«chement  si  vous  ne  croyez  pas 
n  que  toutes  ces  scènes  scandaleu- 
»ses  ont  été  sourdement  excitées 
»  par  le  gouvernement  provisoire, 
»qui  voulait  me  faire  assassiner 
»  parla  populace.  »Xe  général  Kot- 
1er  lui  répondit  :  «Qu'il  était per> 
»suadé  que  le  gouvernement  fran- 
9  cm  ne  se  serait  pas  permis  une 
»  conduite  si  contraire  aux  vues  des 
»  puissances  alliées.  »  Ces  rensei- 
gnemens  sont  consignés  dans  une 
relation  de  ce  voyage,  qui  parut 
Tannée  suivaiute.  Pendant  les  dix 
)our9  que  le  général  Koller  resta 


ROL 

à  l'âe  d'Elbe,,  il  gagna  de  plus  ea 
plus  la  confiance  de  Napoléon  « 
M.  Koller  lui  ayant  un  jour  répé- 
ta plusieurs  fois  :  «  Votre  majesté 
»a  tort,  »  Napoléon  lui  dit:  «Est- 
»ce  ainsi  que  vous  parles  à  votre 
»  empereur  ?  »  .—  a  Notre  souve- 
n'rain,  répliqua  le  général,  trou- 
avérait  très-mauvais  que  ses  ser- 
»  viteurs  ne  luj  dissent  pas  toujours 
«la  vérité.  »  —  «  En  ce  cas,  re- 
«prit  l'empereur,  votre  maître  est 
«bien  mieux  servi  que  je  ne  l'ai 
«jamais  été.  «  Avant  de  quitter 
l'île  d'Elbe,  le  général  Koller,  qui 
avait  fait  venir  un  navire  de  Gè** 
nés,  chargé  par  Napoléon  de  con*- 
dure  avec  cette  ville  une  convenu 
tion  de  commerce,  s'acquit  de 
cette  dernière  mission  avec  au- 
tant de  promptitude  que  d'à  van* 
tage  pour  les  intérêts  de  l'île  et  de 
son  nouveau  souverain. 

KOLLI  (iB  BARON  db),  Piémon- 
tais,  avait  pns  un  vif  intérêt  à  la 
cause  du  prince  des  Asturîes  ^ 
qui,  après  avoir  détrôné  le  roi  son 
père ,  se  trouvait  Itû-même  privé 
de  la  couronne,  et  détenu  en  Fran* 
ce  au  château  de  Valençay.  Le 
baron  de  KoUi  était  *en  Angleter- 
re en  1810.  Il  concerta,  avec  le 
ministère  anglais ,  le  plan  de  dé* 
livrer  le  prinee  (  aujourd'hui  Fer- 
dinand VII  )  et  les  autres  ia«< 
fans  espagnols.  Le  baron  de  KdI- 
li  avait  reçu  des  pleins-pouvoirs, 
et  des  instructions  particuliëras 
du  marquis  de  Weilesley.  Son 
projet  était  d'enlever  les  lan- 
ces ,  de  les  amener  sur  la  côte  dft 
France ,  où  ils  auraient  trouvé^ 
pour  les  recevoir,  une  escadre 
anglaise  commandée  par  l'amiral 
Coekburn»  Il  quitta  Londres  A  cet 
effet ,  et  Tint  à  Paris  poor  yprè- 


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K.OL 

par«r  ses  oioyeDs»  et  de  lâse  renv 
dre  â  Yalençaj9  lieu  de  la  résii* 
deoce  des  princes  d 'Espagne.  Il 
touchait  au  moment  de  l'exécu- 
tien,  lorsque  par  une  imprudence 
son  plan  fut  découvert.  Le  ^4 
mars,  le  ministre  de  la  police 9 
Foucfaé,  instruit  de  ses  desseinc, 
le  ût  arrêter  et  conduire  devant 
lui.  Le  baron  deKoili  a  depuis  dé-^ 
claré  cpie  ce  ministre  lui  proposa 
de  changer  de  rôle,  et  de  s'intro- 
duire auprès  des  princes ,  mais  de 
les  trahir  en  les  engageant  à  faire 
um  fausse  démarche ,  dont  ib  ser- 
raient ensuite  devenus  les  TÎctimes. 
M.  de  Kolli  rejeta,  comme  il  le  dit 
encore,  cette  indigne  proposition, 
et  fut  enfermé  dans  le  château  de 
Yincennes ,  dont  il  ne  sortît  qu 'au- 
près le  retour  du  roi,  en  avril 
18 14*  Ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  qu'un  autre  individu,  por- 
tenr  des  lettres  de  créance  qu'on 
avait  enlevées  à  Kolli,  et  ayant 
beaucoup  de  ressemblance  avec 
lui,  fut  présenté  à  Ferdinand,  qui, 
r^outant  quelque  piège,  ne  vou- 
lut poîtttj'accueillir,  et  s'opposa 
à  ce  qu'il  fût  introduit  auprès  de 
ses  frères  don  Antonio  et  don. 
Carlos.  Ferdinand  se  hâta  même 
de  dénoncercet  individu ,  et  de 
faire  part  au  commandant  du 
château,  M.  Berthémî,  des  propo- 
sitions qui  lui  avaient  été  faîtes  , 
afin  de  ne  pa^  laisser  croire  un 
aeiid  instant  qu'il  voulût  se  |irêter 
à  un  plan  d'évasion.  JMjpiposteur 
fut  renvoyé,  et  le  vfiPtolli,  dès 
qu'il  eut  recouvré  sa  liberté,  se 
hâta  de  recueillir  et  de  publier 
les  pièces  relatives  à  sa  mission, 
afin  d'éclairer  les  souverains  sur 
hi  pureté .  de  ses  intentions.  Mai» 
B«àgi)è  tous  ses  effcMrts,  on  assure 


tOL 


i3» 


qu'il  ne  put  fanials  obtenir  la  res* 
titution  des  dtamans  saisis  sur  lui 
lors  de  son  arrestation.  '  '  ' 

KOLONTAY  (  Hbhbi  ) ,  vice- 
chancelier  polonais,  naquit  danft 
le  ]^Edatinat  de  Cracovie,  d'une 
famille  noble ,  mais  peu  riche  ; 
ses  parens  le  destinaient  à  l'état 
ecclésiastique.  Après  avoir  fait 
ses  études  à  Eeme ,  et  suivj  la 
carrière  des  lettres ,  il  devint  recf 
teur  de  l'université  de  Gracovie. 
Il  s'occupa  19  ans  de  l'éducation 
publique,  et  en  1788,  la  diète 
de  Pologne  l'appela  dans  son  sein» 
C'etst  alors  qu'un  champ  plus  en- 
tendu s'ouvrit  à  son  ambidon  et 
à  ses  connaissances.  Cette  assem» 
blée  avait  de  grands  objets  en  vue^ 
elle  méditait  des  lois  importantes^ 
pour  le  bonheur  de  la  patrie  ,  elle 
voulait  une  (x>nstitution  qui  ren- 
dit le  gouvernement  de  la  Polo^ 
gne  plus  stable.  Kolontay  la  ser-< 
vit  sous  ceis  deux  rapports;  A 
publia  différens  écrits  p(^r  dispo-^ 
ser  l'opinion  aux  change  mens  qui 
se  préparaient^  et  fut  un  des  prin-- 
cipaux  rédacteurs  de  la  constitn-^ 
tion  du  5  mai  1791.  La  place  de' 
vice -chancelier  de  la  couronne 
récompensa  al6rs  son  zèle  et  ses 
services  ;  mais  la  constitution 
ayant  été  renversée  par  les  armea 
rnsses  en  1792 ,  il  perdit  son  rang 
et  seç  titres,  et  fut  obligé  de  pren«* 
dre  la  fuite.  Il  se  retira  à  Dresde 
avec  son  ami  le  comte  Ignace  Po-- 
tocki.  Sur  la  fin  de  i^^^  ^^^ 
soiusko  l'instruisît  qu'unekisup- 
rection  était  prête  à  édater  en* 
Pologne;  et  bientôt  après  les  in- 
surgés ayant  obtenu  des  succès- 
au  combat  de  Wraclawice,  Ko^ 
lontay  prit  place  au  conseil  na- 
tional, et  fut  chargé  de  diriger  leSir 


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c4o 


K^OM. 


finances.  Le  parti  russe  ou  tojji^ 
liste  qui  le  détestait  «  lui  repro^ 
chait  de  Tinflexibilité  dans  le  ca« 
ractère  ,  de  ia  dureté  dans  ■  les 
manières  et  de  l'exaltation  dans 
les  principes  ;  il  Faccusait  surtout 
de  servir  la  cause  du  peuple  aux 
dépens  des  nobles,  et  de  jouer, 
dans  son  pays,  le  rôle  4e  Eobes- 
pierre.  Toutes  ces  plaintes  se  pro- 
pageaient secrètement  ;  mais  câ- 
pres la  perte  de  la  bataille  de 
MauJQwice  et  la  prise  de  Koscius- 
ko,  les  ennemis  de  Koloi^tay  ne 
gardèrent  plus  aucune  mesure  : 
ils  Taccusèrent  ouvertement  d'a- 
voir voulu  faire  égorger  le  roi ,  sa 
famille,  ses  partisans  et  les  pri- 
sonniers russes,  afin  que,  l'alro- 
cité  de  pareils  crimes  ôtant  tout 
espoir  de  pardon ,  le  peuple  ainsi 
qpe  l'armée  vissent  la  nécessité  de 
sa  défendre  jusqu'à  la  dernière 
extrémité.  Kolontaj  se  réfugia  en 
Gallieie,  mais  il  y  fut  arrêté  et 
renfermé  à  Olmutz.  Il  ne  dut  sa 
liberté  qu'à  Alexandre  I**  5  qui  la 
demanda  et  l'obtint^  à  son  avéne- 
Bffient  au  trône.  Depuis  cette  épo- 
que, Kolontay  est  resté  étranger 
aux  affaires  publiques. 

KOMARZËWS&I  (Jejlk-Bàp- 
tiste)  ,  ancien  lieutenant  des  ar- 
mées du  roi  et  de  la  république 
de  Pologne,  cbevalier  de  pluueurs 
ordres ,  membre  des  sociétés 
royale  de  Londres  et  littéraire 
de  Varsovie,  etc.,  naquit  à  Yarso* 
vie 9  d'une  famille  noble,  mais 
pauvre.  Komarzewfè.i  (on  doit 
prononcer  ELomigeski  )  reçut  une 
très-bonne  éducation,  et,  protégé 
par  un  des  ministres  du  roi  Stanis- 
las-Auguste, il  eut  rhonneur  d'ê- 
tre présenté  à  ee  prince ,  qui  l'ao- 
cueillit  avec  bontés  lui  confia  bien* 


ILOtt 

tôt  plusieurs  missions  importan*- 
tes  près  des  cours  de  Russie,  d'Al- 
lemagne et  de  Gonstantinople-4 
et^  ayant  eu  à  se  louer  de  son  zèle> 
de  son  intelligence  et  de  sa  fidéli- 
té ,  le .  récompensa  successive- 
ment, en  le  décorant  de  l'ordre  de 
l'Aigle-Blanc  de  Pologne,  en  le  fai- 
sant chef  de&  bureaux  de  la  guer- 
re, en  le  nonomaot  lieutenant-gé- 
néral de  ses  armées  et  son-  premier 
aide-de-caxnp,  enfin  en  lui  donn 
nantl'^ntendance-générale  des  mi- 
nes^ dont  une  à  titre  de  propriété. 
Komarzewski  fut  constamment  dé^ 
voué  à  «on  roi  et  à  sa  patrie ,  dont 
il  défendit  l'indépendance  dans  le 
conseil  et  à  Tarmée.  Le  partage 
de  cette  illustre  Pologne  devenant 
inévitable,  le  roi  ordonna  au  gé- 
néral Komarzewski ,  auquel  il  a- 
vait  accordé  k  plus  tendre  ami- 
tié, de  s'éloigner  d'une  patrie  qui 
allait  passer  sous  une  dominatioa 
étrangère.  iLomarzewski  obéit,  et 
se  rendit  en  Russie ,  où  l'impéra^ 
trice  Catherine  II  l'avait  appelé ,. 
et  où  elle  voulut  lui  confier  les 
fonctions  les  plus  honorables*  Le> 
général  Komarzewski  refusa  les. 
offres  de  cette  princesse,  et  n'ac- 
cepta de  toutes  ses  bontés  que  l'or* 
dre  de  5aint^Alexandre  Newsky» 
Paul  I*',  le  pacifique  successeur 
de  la  conquérante  Catherine  > 
Paul  I*'  qui,  honorant  le  malheur 
de  Stanislas- Auguste ,  lui  av^ât 
notifié  son  avènement  au  trône , 
en  le  qualM^lt  de  roi  $  malgré  son 
aldication^^u,  deux  années  après^ 
avait  décoré  de  la  couronne  roya« 
le  la  dépouille  mortelle  de  son  an- 
cien ami  9  et  accompagné  sou  cor- 
tège funèbre  avec  les  marques 
d'une  sincère  douleur,  Paul  P' 
réitéra  des  offres  d^autant  plus  ao*« 


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&0M 

œpUbles  /  alors  ^  que  la  double 
cause  de  L'attachement  de  Ko* 
marzewski  ne  subsistait  plus;  il 
pouTait,  sans  trahir  ses  sermons  ^ 
s'attacher  à  un  nouyeau  maître; 
mais 'il  était  Polonais,  et  il  resta 
attaché  à  son  réi,  quoiq^il  eut 
cessé  d'exister,  età  sapatrie,quoî- 
^c[u'eUe  se  trouTât  rayée  du  nom* 
hre  des  nations.  Eloigné  de  la 
terre  natale,  sans  patrie,  sans  fa-- 
miUe,  Komarzewski  reprend  ses 
anciens  travaux,  et  rentre  dans  le 
domaine  des  sciences ,  qu'il  ataît 
momentanément  quitté.  Il  fut  re- 
çu à  l'unanimité  membre  de  la 
société  royale  de  Londres,  et  pro- 
clamé ,  d'enthousiasme ,  membre 
de  la  société  littéraire  de  Yarso- 
TÎe. .  Stanislas  Auguste  arait  or- 
d<mné  que  MM.  de  Perthes ,  colo- 
nel-géographe de  S.  M. .,  et  Ko- 
marzewskî^  général  employé  près 
delà  personne  du  roi,  dresseraient, 
d'après  la  grande  carte  topogra- 
-  phiqoé  inédite  de  Pologne,  et  la 
>  lerée  des  plans  de  tous^  les  can* 
tons,  une  carte,  qui  pix)eurerait 
aux  Toyageiirs,.aux  militaires  et 
aux  hommes  d'état  les  renseigne- 
mens  les  plus  essentiels  sur  le  ter- 
ritoire polonais.  €e  trayail  eut 
lieu  ;  des  circonstances  en  empê- 
chèrent la  mise  au  jour;  mais  en- 
fin il  parut  à  Paris ,  en  1809^  par 
les  soins  de  Komanewski,  lequel, 
après  ayoîr  parcouru  l'Italie,  l' Anr 
gleterre ,  plusieurs  régions  du 
Nord ,  s'était  JSxé  pour  toujours 
dans ,  la  capitale  de  la  France.  Le 
Moniteur  fit  un  éloge  mérité  de  ce 
trayail;  il  dit  que  :  «  La  carte  hy- 
^drpgraphique  de  Pologne  e^i  la 
9  meilleure  que  l'homme  d'état , 
«  le  militaire ,  le .  géographe  ou  le 
»  voyageur  puissent  consulter  sur 


K0M 


141 


»  la  constitution  physique  de  la  Ko- 
»logne.  9  Komarzewski  composa 
et  exécuta  seul  un  instrument  à 
l'usage  des  mines,  qu'il  nomma 
gruphomètre  souterrain,  et  qui  me* 
sure  en  même  temps  et  invaria-- 
blement  la  direction,  l'inclinaison 
et  la  distance.  Lardasse  des  scien-> 
ces  physiques  et  mathématiques  de 
l'institut  ayant  chargé  des  commis* 
saires  de  faire  un  rapport  sur  cet 
instrument,  les  commissaires  s 'ex^ 
primèrent  ainsi  dans  leltr  rapport  : 
«le  conseil  des  mines  de  France 
»  se  proposait  depuis  long^t^mps 
ode  chasser  la  boussole  des  tra- 
»yaux  des  mines;  des  ingénieurs 
»ont  déjà  projeté  et  dessiné  un 
»  graphomètre  qui  paraît  très-pro- 
«  pre  à  atteindre  ce  but  ;  mais  il 
»  n'est  pas  encore  exécuté.  M. 
nKomàrtewski  a  hnag^né  son  gra- 
nphomètre  souterrain;  il  consiiste 
».en  une  plaque  circulaire  que  l'on 
"9  placejsolidement,  et  dans  une  po- 
»sition  horizontale,  par  le  moyen 
vd'un  niveau  à  bulle  d'air  cylin- 
ndrique.  Cette  plaque  en  plate- 
»  forme  est  divisée  sur  son  timbre 
j>en  degrés,  et  en  même. temps  en 
»  heures,  suivant  la  méthode  des 
j» mineurs;  sur  cette  plaque  repose 
«une  alidade  mobile  circulaire- 
»  ment ,  qui  sert  à  indiquer  les  de- 
»grés,  et  par  conséquent  les  di- 
»  rectîons  ;  cette  alidade  est  sur- 
»  montée  d'une  autre  plaque  ver- 
»  ticale ,  à  laquelle  elle  est  solide- 
»ment  û^e;  cette  plaque  verti- 
»  cale  est  tronquée  par  sa  partie  in- 
»férieur.e,  et  sa  forme  représente 
»les  deux  tiers  d'un  cercle;  elle 
y»nëî  divisée  en  lao  degrés  de  cha- 
»  que  côté  ;  elle  sert ,  à  l'aide  de 
ndeux  alid0des  garnies  de  cro- 
)»  chets,  à  indiquer  les  angles  d'tnr 


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ibyGoogk 


i4i  vjou 

»  clioaison.  »  Après  aToir  établi  la 
supériorité  da  graphomètre  sou- 
terrain sur  la  boussole,  et  avoir 
démontré  rapplîeatioQ  du  pre- 
mier, les  commissaires  terminent 
ainsi  :  «  Nous  pensons  que  le  gra- 
K  pbomètre  souterrain  bien  exécu- 
»  té,  et  après  y  avoir  apporté  quel- 
»ques  periectionnemens ,  pourra 
.  v  remplacer  avantageusement  les 

'  »  anciens  instrumens  en  usage  dans 
j»ies  mines,  sans  en  ^voîr  les  in- 
»  convéniefts,  «t  qu'il  est  à  désirer 
nque  ce  savant  le  fasse  graver, 
»^n  qull  puisse  être -exécuté  par 
«les  artistes  français  et  introduit 
9  dans  nos  mines» .  Au  bas  du  rap- 
port est  l'adoption  par  la  classe 
des  conclusions  des  commissaires. 
Encouragé  par  ce  rapport,  l'au- 
teur du  graphomètre  souterrain  a 
réalisé  le  vœu  de  l'institut, et  l'ins- 
trument perfectionné  a  paru  en 
i8o5.  Par  la  mise  au  jour  de-  ces 
deux  ouvrages,  Komarzevr^i  s'é- 
tait avantageusement  fait  conirâî- 
tre ,  et  ne  pouvait  qu'espérer  du 
succès  d'un  travail  qu'il  méditait 
depuis  long-temps,  et  publia  sous 
le  titre  modeste  de  Coup^tfœii  ra^ 

.  pide  sur  les  causes  réelks  de  la 
décadence  de  la  Pologne  (Paris, 
1  vol.  in-8",  1,806).  Les  bases  de 
ce  travail  tendent  à  prouver  que 
la  Pologne,  jadis  édifice  colossal , 

^  a  eu  ses  /ondemens  sapés  dès  le 
14*  siècle  ;  que  dians  le  16* ,  on  en 
arracha  les  plu»  fortes  colonnes, 
et  que  depuis  ce  temps  les  lois  qui 
devaient  le  raffermir  le  précipi- 
tèrent vers  sa  ruine  :  ces  lois  tar- 
dives amenèrent  l'anarchie,  qui 
bientôt  livra  à  toutes  les  horreurs 
de  l'ambition ,  de  la  haine ,  de  la 
'discorde,  un  pays  immense,  fer- 
tile et  peuplé,  mais  -dénué  de  dé- 


ROM 

fense,  parce  qu'une  armée  sur  pied 
et  des  places  fof  tes  étaient  cen- 
sées préjudiciables  à  la  liberté. 
Le  travail  entier  tend  à  prouver 
que  le  roi  n'était  ni  faible ,  ni  là*- 
che;  que  la  nation  n'est  ni  fou- 
gueuse ,  ni  barbare ,  ni  sauvage. 
Après  avoir  parcouru  èes  divers 
siècles  de  la  Pologne  en  observa- 
teur qui  est  digne  d'écrire  l'his- 
toire de  son  pays,  après  avoir 
semé  au  milieu  de  sa  narration  des 
idées  et  des  observations  impor- 
tantes ,  après  avoir  discuté  et.  ap- 
précié les  faits,  après  avoir  distri- 
bué, avec  la  même  équité,  aux 
souverains ,  aux  peuples  et  à  tous 
ceux  qui  ont  figuré  dans  les  affîiî- 
res  publiques,  l'éloge  et  le  blâme, 
il  prouve  que  les  désastres  de  la 
Pologne  ne  proriennent  que  des 
système»  d'un  petit  nombre  d'o- 
lygarques  qui,  j$our  se  faire  des 
partisans,  employaient  tantôt  le 
poids  des  richesses,  tantôt  les  res- 
sorts de  la  crainte  -ou  de  Fespé- 
ranoo,  et  qui,  avec  l'apparence 
d'un  zèle  ardent  à  servir  l'état ,  ne 
cherchaient  au  fond  qu'à  satisfaire 
leurs  passions.  Un  éloge  touchant 
du  monarque  auquel  Komarzew- 
ski  avait  consacré  toutes  ses  affec- 
tions,terminenoblement  cet  ouvra- 
ge. ^  la  connaissance  approfondie 
des  mathématiques,  aux  scfences 
moins  difficiles  de  la  minéralogie 
et  de  l'hydraulique,  à  sept  langues 
qu'il  possédait,  parlait  et  écrivait 
par  principes ,  Romarzewskî  joi- 
gnait plusieurs  arts  d'agrénient, 
tels ,  entre  autres ,  que  le  dessin 
et  la  musique  ;  il  leur  dut  quel- 
ques motnens  de  tranquillité  dans 
ses  longues  infortunes.  C'est  à  Pa- 
ris, en  1810,  à  l'âge  de  66  ans, 
que  Komarsewski  termina  sa  car- 


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KON 

tière,  égalemeat  regretta  de  ses 
anciens  et  de  ses  nouyeaux  coin'*' 
patriotes.  M.  Basot,  au  nom  de 
plusieurs  sociétés  de  bienfaisance 9 
dont  Komarzewski  faisait  partie , 
prononça  sur  sa  tombe  son  élogs 
funèbre^  qui  fat  imprimé  en  18 lo, 
et  réimprimé  en  i8i4- 

KONING  (Jacques),  commis- 
greffier  au  tribunal  de  1''  instan- 
ce  à  Amsterdam  9  s'est  distingué 
dans  la  carrière  littéraire  par  un 
MémoiresurI*  invention  defimpri^ 
merie,  que  la  société  des  sciences 
à  Harlem  trouva  digne  d'être 
couronné,  en  1^16.  Le  but  de  ce 
mémoire  est  de  résoudre  en  fa- 
veur de  Harlem,  \a  contestation 
encore  indécise  entre  cette  der- 
nière TiUe  et  celle  de  Mayence,  sur 
rinvention  de  rimprimerie,  que 
M.  Koning  attribue  à  Laurent 
Coster,  fils  de  Jean  de  Harlem. 
Cependant,  d'après  les  rechercher 
de  l'auteur,  faites  dans  les  archi- 
Tes  des  églises  de  Harlem,  il  nyoue 
qu'il  n'a  pas  pu  retrouver  le  nom 
de.Laurept,  fils  de  Jean  sacristain 
(€(teter)  que  récrirain  Junius, 
dans  son  ouvrage  Batavia,  publié 
en  i588,  avait  le  premier  cité 
comme  l'inventeur  de  l'art  d'im* 
primer  avec  des  caractères  mobi* 
les.  Le  savant  Gérard  Meerman, 
dans  ses  Annales  iypographicœ, 
et  plusieurs  autres  écrivains  hol- 
landais^  soutiennent  la  même  opi- 
nion, qui  a  toujours  été  combat- 
tue par  les  sâvans  des  autres  pays 
et  que  \  le  méikioire  de  Koning, 
quoiique  couronné  par  la  société 
de  Harlem,  est  loin  de  prouver 
d'une  manière  convaincante.  La 
ffuscription  des  premiers  livres 
sortis  des  presses  de  Mayenee,  et 
les  témoignages  de /tous  les  écri- 


KON 


145 


vains  contemporains  attribuant 
l'honneur  de  Finvention  de  Tim* 
primerie  à  Guttemberg,  Fust  et 
Schœfifer,  qui  ont  travaillé  dans 
cette  ville,  établissent  avec  plus 
d'évidence  que  Mayenee  a  des 
droits  mieux  fondés  que  Harlem 
à  1  honneur  d'une  dfcs  découverte;» 
les  plus  utiles  à  l'humanité. 

KONIRENBDRG  (Jean),  pro- 
fesseur de  théologie  au  collège 
des  protestans-rémontransd'Ams* 
terdam,  avant  la  révolution  de 
1 795.  Il  devint,  en  1 798,  membre 
de  la  convention  nationale  de  la 
république  Batave^  et  fit  partie  de 
la  commission  chargée  de  la  ré- 
daction d'une  nouvelle  constitu- 
tion. Pendant  le  temps  qu'il  passa 
dans  cette  assemblée,  il  restaattu- 
ché  au  parti  des  patriotes;  mais  il 
sortit  de  la  carrière  politique  pour 
retourner  à  sa  chaire  4Bt  à  ses  tra- 
vaux littéraires.  Indépendamment 
des  discours  qu'il  prononça  dans 
des  occasions  plus  ou  moins  re- 
marquables, oa  a  de  lui  :  i**  M^- 
moire  stçr  ta  banque  tf  Amsterdam; 
a'  Essai  sur  iegénie  de  Raphaël  et 
d* Angélique  Kauffman  dans  la 
peinture^  Amsterdam,  1810;.  3* 
Dialogues  sur  les  mythes,  ou  Paro' 
boles  qu'on  trouva  dans  l'Ecriture 
sainte,  1809;  4*  Éloge  d'Elisabeth 
Bekker  et  d^ Agathe  Decken;  5* 
Histoire  de  la  révolution  de 
i8i5,  publiée  en  \^\^\  Q* Mélan- 
ges'^ de  littérature,  dé  physique  et 
de  morale,  Amsterdam,  1818.  M. 
Ronyrenburg  s'est  aussi  essayé 
dans  la  poésie  par  une  tragédie  de 
Consiantin-le- Grand;  mais  il  a 
abandonné  depuis  la  carrière  du 
théâtre.  Parmi  les  diverses  tra- 
ductions dont  il  s'est  occupé,  on 
Ndistinguc  ceUe  dîe  l'ouvrage  de? 


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i44 


RON 


M*  Engel  sur  Vlmitation  mimique, 
Harlem,  1790,  a  vol.  in-8*  avec 
figures. 

KONOPKA,(Jeài«)^  naquit  à 
Slonim,  en  Litnuanie,  le  27  dé- 
cembre 1777.  Il  fut  d'abord  officier 
au  service  de  Pologne,  et  passa, 
en  1795^  au  service  de  France. 
Sa  bravoure  le  fit  bientôt  distin- 
guer; il  parvint  aux  grades  Supé- 
rieurs, et  en  1807,  il  fut  promu  à 
celui  de  général  de  brigade  des 
lanciers  polonais  de  la  garde.  Il  se 
couvrltde  gloire  en  Italie,  àFried- 
land,  dans  les(  journées  de  Maii- 
len,  de  Ciudad^Real  et  de  BadajoK 
en  Espagne.  A  ce  dernier  combat, 
5'régimens  anglais  ayant  dépassé 
la  gauche  de  l'armée  française* 
Konopka  les  attaqua  avec  ses  lan- 
ciers, les  défit  entièrement,  leur 
prit  «5  drapeaux  et  5oo  hommes, 
et  contribua  puissamment  à  cette 
brillante  victoire.  Les  Anglais  ac* 
cusèrent  les  Polonais  d'avoir  souil- 
lé la  gloire  de  celte  action  par 
leur  cruauté,  et  d'avoir  refusé  de 
faire  quartier  aux  prisonniers.Mais 
le  général  Konopka  en  ayant  rame- 
né 5oo  au  quartier-général,  cette 
accusation  tombe  d'elle-même, 
£n  1812,  il  fut  chargé  de  lever  un 
second  régiment  de  lanciers  de  la 
garde  dans  le  duché  de  Varsovie, 
et  il  en  fut  nommé  le  chef.  Il  n'a- 
vait encore  pu  réunir  que  5oo 
hommes,  avec  lesquels  il  se  crut 
en  état  de  tenir  la  campagne  et  de 
provoquer  l'ennemi.  Cette  au- 
dace le  perdit  :  après  la  plus  vi- 
goureuse résistance,  accablé  par 
le  nombre,  il  fut  pris  avec  les  dé- 
bris de  son  régiment,  le  5o  octo- 
bre, à  Slonim,  lieu  de  sa  naissance. 
Sa  caisse  et  tous  ses  effets  mili- 
taires tombèrent  cgaienfient  entre 


KON 

les  mains  de  l'ennemi.  On  croît 
que  ce  brave  est  mort  pendant  sa 
captivité  en.  Russie. 

KONOVNITZIN  (Pibbab),  gé* 
néral  russe ,  chevalier  des  ordres 
de  Saint-*Alexandre-Newsky,  et  de 
Saint-George,  naquit  en  i754, 
dans  le  gouvernement  de  PskofT. 
Il  entra  au  service;  comme  sous- 
officier  dans  l'artillerie ,  le  14 
mars  1772.  IHommé  capitaine  en 
1788,  et  employé  à  cette  époque 
dans  l'armée  de  Finlande,  il  y  res- 
ta jusqu'en  1791,  où  il  passa  à 
l'armée  de  Moldavie  avec  le  rang 
de  major.  Il  devint,  au  mois  d'août, 
alde-de-camp  du  prince  Potem- 
kin,  et  fut  promu,  le  12  février 
1792,  au  grade  de  colonel.  Il  ser- 
vit en  Pologne  en  1793  et  1794» 
et  fut  cité  honorablement  dans  les 
journées  de  Ghelm  et  de  Slonim. 
Le  grade  de  général-major  lui  fut 
accordé  en  1797.  L'année  suivan- 
te, la  noblesse  de  Saint-Péters- 
bourg le  choisît  pour  former  et 
commander  la  milice  de  son  gou- 
vernement. Il  se  distingua  pen- 
dant la  guerre  de  Finlande,  dans 
plusieurs  affaîi*es  sur  terre  et  sur 
mer,  et  obtint  en  1809  le  grade 
de  lieutenant-général.  A  la  même 
époque  ,  le  commandement  de  la 
5'  division  militaire  lut  fut  confié; 
et  après  la  rupture  du  traité  arec 
l'Angleterre,  il  fut  chargé  de  la  di- 
rection de  toutes  les  forces  desti- 
nées à  défendre  les  côtes  de  la 
Baltique,  depuis  Polanghen  jus- 
qu'à Hapsal.  Il  eut  sou»  ses  or- 
dres, en  1812,  une  division  d'in- 
fanterie. Les  14  et  i5  juillet,  on 
remarqua  sa  belle  conduite  près 
deWitepsk  et  à  la  défense  de  Smo- 
lensk.  Il  occupait  la  moitié  de 
cette  dernière  ville,  et  repoussa, 


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KpO 

pendant  douze  beures,  trois  assauts 
consécutifs.  Le  général Konoynit- 
zin  commandait  le  centre  de  Tar- 
mée  russe,  le  a6  août,  à  la  batail- 
le de  BorodinOy  et  se  trouva  à  tou- 
tes les  affaires,  de  cette  campagne, 
dont  la  plus  remarquable  fut  1^ 
bataille  de  Krasnoî.  Au  mois  de 
j^vier,  il  était  à  la  tête  des  gre- 
nadiers; et  à  l'affaire  du  20  avril 
01^  Napoléon  commandait  en  per- 
sonne, il  renforçait  avec  ce  corps 
le  flanc  gaucbe  de  l'armée  russe  ; 
il  j  fut  atteint  d'un  coup  de  feu* 
De  nouveaux  services  rendus  par 
le  général  Konovnitzln  à  la  bataille 
de  Léipsick,  lui  méritèrent  des  dé- 
corations^ de  pi  M  sieurs  ordres,  et 
la  haute  faveur  de  Tempereur  de 
Russie. 

KOOTEN  (Théopore,  Van),  hu- 
maniste et  pioète  latin,  naquit  à 
Leenwarde,  le  .2a  octobre  1749* 
Il  fit  ses  études  à  Francker,  où 
ses  talens  troiivérent  un  maître 
distingué,  Jean  AcLrader,.  qui  fut 
son  ami^  et  qui  lui  donna  une 
grande  preuve  d'intérêt,  en  pla- 
çant le  SpechnenemenUationumda 
ieune  auteur  à  la  suite  de  ses 
proTj^res  Emendationês  f  en  1772. 
Kooten  fut  recteur  de  Técole  laU- 
ne  de  Campen  en  1772,  et  de 
Middelbourg  ea  1779,  et  enfin, 
en  1784,  il  succéda  à^son  maître, 
mort  vers  la  fin  de; 782.  Le  parti 
patriote  ayant  succombé  par  suite 
de  l'invasion  prussienne  ,  lors  des 
troubles  politiques  de  la  Hollande 
en  1787,  il  fut  obligé  de  cpjitter 
^on  poste  et  sa  patrie;  il  vint  en 
France  avec  son  ancien  collègue, 
et  son  ^mî  Walckenaer,  fils  du  cé- 
lèbre helléniste.  En  1795,  il  re- 
tourna en  Hollande, avec  lui  sous 
d'autres  auspices,  et  y  ejjçrça  un 


KOP  145 

emploi  honorable  dans  l'adminis- 
rtration  publique.  Quelques  an- 
nées après,  M.  Walckenaer  ayant 
été,  nommé  à  l'ambassade  d'Ëspa- 
.  gne.  Van  Rop^en  le  suivit,  et  rç- 
vint  encore  avec  lui  en  Hollande 
lorsqu'elle  fut  terminée,  et  ne  l'a 
plus  quitté  dephis  cette  époque; 
il  est  mort,  chez  spn  ami  dans  une 
maison  de  campagne  entre  Harlem 
et  Leyde,  en  18 14-  Van  Kooten  a 
laissé  :  i*  Incerti  auctoris  {vutgô 
Pindari  thebani)  Epitame  IHados 
homericiB ,  Leyde  et  Amsterdam, 
1809,  i"-8%  L'impression  de  cet 
ouvrage  était  commencée  depuis 
1774»  elle  fut  interrompue  p§ir 
des  circonstances  politiques  :  un 
seul  exemplaire  échappé  à  la  des- 
truction d'une  édition  à  laquelle 
il  ne  manquait  queia  préface,  pas- 
sa de  mains  en  mains  dans  celles 
)le  M^  Henri  Weyting,  recteur  k 
Campen,  qui  terinina  enfin  cette 
entreprise.  2°  DelicicR  poetica^ 
(faisant  suite  à  celles  de  Van  San- 
tenj,  Fasciculi  Fil;  les  trois  pre- 
miers à  Dunkerque,  les  quatre 
derniers  à  Amsterdam,  1 792*  1 800, 
iu-8".  Les  meilleures  pièces  de 
cette  collection,  et  heureusement 
Icis  plus  nombreuses,  sdnt  de  m. 
Van  Kooten.  Il  excellait  dans  la 
poésie  latine.  Sa  diction  est  élé- 
gante, correcte  et  pure;  il  s'était 
surtout  proposé  TibuUe  pour  mo- 
dèle. Parmi  les  pièces  qu'il  a  com- 
posées, on  distingue  particulière- 
ment celle  ad  Batavos,  en  vers  ql- 
lexandrins,  1794  (fasc.  IV),  et 
une  Elégie  sur  l'inconstance  des 
choses  humaines  [ïàsc.  VII^  pag. 
254-260,  et  datée  de  1801). 

KOPEC,  officier  polonais,  don- 
na l'exemple  du  cai^rage  à  ses 
Compat;'iotes,  pour  arracher  son 


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i46 


EOR 


pays  au  jottg  de  TélrMiger;  0t 
quoique  ses  efforts  n'aient  pas  été 
couronoés  du  succès 9  son-  nom 
Démérite  pas  moins  d'être  assoelé 
à  celui  de  Kosoiuske»  puisqu'il 
eombettit  pour  la  même  cause. 
Kopec»  ma)or  de  caTaJerie  au  ser* 
vice  dç  la  Pologne,  fut  un  de  ceux 
que  ToD  contraignit,  après  la 
campagne  de  1791,  de  s'incorpo* 
rer  dans  Tarméè  russe.  Il  se  pro* 
mit  bien  de  profiter  de  la  prc-» 
mière  occasion  favorable,  pour  se 
«oustraire  à  la  violence  qu'on  lui 
avait  faite.  Cette  occasion  se  pré*- 
senta  en  1794;  alors,  malgré  le 
soki  avec  lequel  il  était  surveillé, 
il  osa  le  premier  s'éloigner  de 
l'Ukraine  à  la  tête  de  son  corps, 
et  marcher  sur  Dubno  pour  se 
réunira  Kosciusko.  La  )onction  se 
fit,  et  il  prit  alors  le  commande- 
eient  d'une  brigade;  K^opec  servit 
pendant  le  reste  de  la  campagne 
d'une  manière  distinguée*  Û  se  fit 
«Qftont  remarquer  au  premier 
siège  de  Varsovie  que  les  Prus- 
siens tentèrent  inutilement,  et 
qu'ils  furent  forcés  d'abandonner. 
€e  bmve  ofiicier  ne  put  échapper 
ù  k  veogeance.  de  Callierine  ;  il 
tomba  entre  ses  mains»  et  fut  re« 
légué  en  Sibérie. 

iLOftSÂ&OW  (BiKSKOi)  gêné* 
rai  russe,  se  fit  d'abord  connaître 
ccimme  major  4du  régiment  des 
gardes  Semenowsikj}  rexcellente 
tenue  de  ce  beau  corps,  et  la  pré-^ 
cision  de  ses  maassuvres,  avaient 
fait  particulièrement  d^tinguer 
l'ofiicier  chargé  de  son  instruction. 
Korsakow  fut  nommé  par  l'impé- 
ratrice pour  accompagner  le  comte 
d'Artois  en  Angleterre,  et  monta 
avec  ce  prkice  la  frégate /a  J^éniM. 
U  pasaa  qucdque  tcynps A  Londres» 


&0R 

débarqua  ensuite  en  Flandre,  e| 
se  rendit  auprès  du  prince  de  Go-» 
bourg,  qui  commandait  alors  l'ar^ 
mée  autrichienne.  Il  assista  à  la 
bataille  de  Fieurus,  qui  lui  fournit 
depuis  l'ocoasion  de  se  rendre  a-* 
gréable  à  sa  eouveraine,  en  lui 
rendant  un  compte  exact  et  dé- 
taillé des  opérations  militaires  de 
cette  campagne,  dont  la  fin  de-» 
vint  si  honorable  pour  l'armée 
française  et  si  désastreuse  pour 
«es  ennemis.  Il  fut  bientôt  après 
envoyé  en  Perse,  pour  j  servir 
sous  les  ordres  du  prince  Zoubow. 
Lors  de  l'avènement  de  Paul  I*" 
au  trône  impérial,  le  général  Kor*- 
sakow  fut  rappelé,  et  tomba  mo- 
mentanément dans  la  disgrâce  de 
Tempefeur.  Mais  ce  prince  pas-' 
sionné  pour  les  manœuvres  et  é-* 
volutions  militaires,  rendit  bien-" 
tôt  ses  bonnes  grâces  à  un  officier 
qui  avait  déjà  développé  des  ta* 
jens  distingués  comme  tacticien. 
La  laveur  dont  il  jouit  bientôt  au  - 
près  du  souverain,  lui  fournit 
encore  l'occasion  de  retracer  le 
tableau  de  la  campagne  de  1794; 
il  mit  au  ^our  les  fautes  des  géoé-- 
rauz  autrichiens,  ea4ra  dans  le 
détail  de  leurs  manœuvres  et  de 
leur  tactique;  en  s'appesan  tissant 
sur  leurs  erreurs,  il  insista  surtout 
sur  les  moyens  à  employer  pour 
battre  et  soumettre  les  Français, 
chose  iacile,  selon  lui,  vu  leur 
indiscipline  et  leur  mauvaise  te- 
nue. Paul  I*S  qui  avait  créé  un 
nouveau  système  militaire,  crut 
avoir  trouvé  l'occasion  d'en  prou- 
ver l'excellence,  en  chargeant  de 
son  exécution  un  général  qui  en- 
trait si  bien  dans  ses  vues;  en 
eonséquenee,  il  ordonna  à  ILorsa^ 
kow,  4fu'il  .jpnvoyaît  avec  une  ar*- 


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KOR 

mée  pour  ,  'seconder  rarcbidue 
€barl«s,  d'agir  de  cencert  avec 
le  prîoee,  pour  le  plan  général  de 
la  oaàipagne,  mais  de  séparer  son 
armée  de  c^le  de  l'archiduc,  et 
de  combattre  de  manière  que  ses 
exploits  et  sa  gloire  appartÎAssent 
en  propre  à  l'armée  russe,  qui 
n'avait  jttsque-tà  seryi  qu'en  auxi-^ 
llaire  des  Autricfatens  en  Italie. 
Bientôt  4o90<^  Russes  se  trouyè- 
rent  au  centre  de  la  Suisse.  Le 
prînee  Charles  fit  retirer  la  plus 
grande  partie  de  ses  troupes,  et 
laissa  à  Korsakow  la  gloire  de 
combattre  seul  Masséna.  Celui-ci 
établit  son  quartier-général  à  Zu-^ 
rich,  les  combattans  n'étaient  sé- 
parés que  par  la  Limath.  Le  a4 
septeùdbre  17999  les  Russes  se 
disposaient  à  attaquer  les  Français; 
ceux-ci  les  prévinrent  en  descen- 
dant des  plateaux  voisins.  Le  pas- 
sage de  la  Limath  ayant  été  em- 
porté presque  sans  résistance, 
plusieurs  postes  forcés,  et  quel- 
ques-uns tournés,  Korsakow  se 
▼it  réduit  à  rassembler  la  plus 
grande  partie  de  ses  forces  aux 
portes  de  Zurich  et  dans  Zurich 
même,  et  là,  s  engagea  la  bataille 
sanglante  qui  décida  du  sort  de  la 
Suisse  et  de  toute  la  campagne. 
Les  Russes  soutinrent  leur  répu- 
tation ,  firent  des  prodiges  de  va- 
leur, et  le  champ  de  bataille  était 
jonché  de  leurs  eadavres  lors- 
qu'ils l'abandonnèrent.  On  a  pré- 
tendu que  Korsakow,  déconcerté 
par  les  manœuvres  rapides  et  mul- 
tipliées de  l'armée  française,  et 
peut-être  mal  secondé  par  de 
jeunes  offieiers-gén4raux  sans  ex- 
périence, ne  conserva  point  dans 
cette  actiofi  mémorable  le  sang- 
froîd  qui  earadérise  un  grand  gé- 


KÙ3 


t4; 


néral.  Le  coî^ps  de  Côndé  qui  ar- 
rivait de  Constance,  décida  Kor- 
sakow à  suspendre  sa  retraite,  et 
à  se  reporter  en  avant,  pour  se- 
conder les  tentatives  de  Suwarow, 
cherchant  à  débmidier  pur  lés 
petits  cantons.  Cette  marche  don- 
na lieu  à  un  secqad  combat  près 
ib  Diesenhoren;  il  fut  aussi  san- 
glant que  le  premier,  sans  être 
plus  heureux.  Les  Russes  furent 
entièrement  défaits,  et  ne  purent 
plus  tenir  tête  aux  Français  vîçto- 
rieuxé  Korsakow  ayant  réuni  ses 
débris  à  ceux  de  Suwarow ,  se 
trouva  sous  les  ordres  de  ce  gé- 
néral, et  le  suirit  à  Augsbourg  et 
à  Prague.  Les  deux  généraux  fu- 
rent disgraciés  à  leur  retour  en 
Russie.  Mais  à  l'avènement  d'A- 
lexandre i*%  Korsakow  rentra  en 
foveur,  reçut  Tordre  de  Saînt- 
Alexandre-Newsky,  et  fut  nommé 
général  de  la  cavalerie. 

KOSADAWLEW,  ministre  de 
l'intérieur  de  l'empire  de  Russie, 
et  conseiller  intime  de  l'empereur 
Alexandre,  se  distingua  dès  sa 
jeunesse  par  ses  talens  et  son  pa- 
triotisme. Après  avoir  fait  d'ex- 
cellentes études  à  l'université  de 
Léipsick,  sous  la  direction  du  sa- 
vant et  respectable  professeur 
Plattner,  le  Nestor  de  la  philoMM^ 
phie  allemande,  M.  de  Kosadaw- 
lew  voyagea  pendant  quelques  an- 
nées. A  son  retour  dans  sa  patrie^ 
il  fut  jugé  digne  de  seconder  les 
vues  du'  souverain;  et  après  avoir 
rempli  avec  distinction  des  fonc- 
tions importantes,  l'empereur  A- 
lexandre  lui  confia,  en  1816,  le 
portefeuille  du  ministère  de  lln- 
térieur.  M.  de  Kosadawlew  a  fait 
preuve,  dans  ce  poste,  de  connais- 
sances étendues^  et  a  iigaeië  son 


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i48  KOS 

admiii^rjEition  par  plusieurs  éta- 
bibsemeas  d'une  utilité  éminente. 
Ce  tut  sur  son  rapport  que  l'em- 
pereur commenpa,  cette  même  an- 
née, le  grand  œuvre  de  Tdffran- 
chiss.ement  des  serfs  dans  l'inté- 
rieur .de  son  vaste  empire.   Les 

.  propriétaires  nobles  de  la  province 
de  TËsthonie  avaient  déjà,  en 
i8i4j  pris  la  résolution  généreuse 
d'abolir  la  servitude  et  d'affran- 

^  chir  tous  les  paysans  de  leurs  do- 
maines. Ils  recurent  Tautorisation 
nécessaire  du  gouvernement;  et 
cet  acte  de  patriotisme,  qui  mérita 
et  obtint  de  justes  éloges,  a  trouvé 
depuis  de  nombreux  imitateurs.- 
Le^  ministère  de  M.  de  Kosadaw-. 
lew  se  distingue  par  un  exercice 
sage  et  modéré  de  l'autorité  qui 
lui  a  été  confiée.  Il  n'est  pas  de 
l'avis  de  ces  administrateurs  qui 

,  croient  que  leur  pouvoir  doit  se 
faire  sentir  à  chaque  instant  à  leurs 
administrés.  .Quelqu'un  lui  de- 
mandait  un  jour  pourquoi  les 
plantes  et  les  fruits  de  l'étranger 
réussissaient  mieux  en  |lussie  que 
les  manufactures  et  autres  éta- 
blisseoieos  industriels,  qui  sont 
cependant  aussi  les  fruits  du  tra- 
vail et  de  la  patience,  i*  C'est  que 
«l'administration,  répondit  cet 
»  homme  d'état,  ne  se  mêle  pcis  des 
«serres  chaudes  et  des  cultures, 
»mais  qu'elle  les  abandonne  à 
»  l'intelligence  des  propriétaires.  » 
^  KOSCIUSKp  (THADéE),  guer- 
rier citoyen,  un  des  derniers  com- 
me des  plus  illustres  défenseurs 
de  la  liberté  et  de  Tindépendance 
de  §a  malheureuse  patrie,  la  Po- 
logne. Né  vers  l'an  1^55,  d'une 
famille  noble,  mais  pauvre,  il  reçut 
sa  première  éducation  à  Varsovie 
4âùs  lé  corps  des^  Cadets.  Il  s'y 


KOS 

ât  .remarquer  par*  sa  bonne  con- 
duite ,  son  application  à  l'étude , 
les  connaissances  qu'il  acquit  en 
mathématiques  ,  et  son  habileté 
dans  l'art  du  dessin*  Le  jeune 
Kosciusko  obtint  pour  premier 
prix  de  son  mérite  déjà  distingué, 
d'être  mis  au  nombre  des  quatre 
élèves  envoyés  dans  les  pays  étran- 
gers pour  y  perfectionner  leurs 
connaissances ,  et  qui  voyageaient 
aux  frais  de  l'état.  Il  passa  plu- 
sieurs années  en  France,  constam- 
ment appliqué  à  l'étude  des  scien- 
ces ,  et  particulièrement  à  celles 
qui  ont  rapport  à  l'art  militaire  j 
ne  se  délassant  de  ses  travaux  que 
par  la  culture  des  lettres  et  des 
beaux-arts.  De  retour  en  Pologne, 
H  entra  au  service ,  et  fut  nommé 
au  commandement  d'une  compa- 
gnie; mais  sa  patrie  n'ayant  point 
alors  un  besoin  urgent  de  son  bras, 
et  la  bannière  de  la  liberté  flottant 
<Jan«  le  Nouveau-Monde, Koscius- 
ko se  hâta  de  traverser  l'Atlanti- 
que ,  et  alla  offrir  ses  services  au 
général  Washington.  Le  héros  de 
TAmérique  eut  bientôt  l'occasion 
d'apprécier  la  valeur  et  les  talens 
militaires  du  guerrier  polonais;  il 
le  fit  son  adjudant,  lui  accorda 
toute  sa  confiance,  et  l'employa 
dans  les  circonstances  les  plus  dif- 
ficilesJ  Compagnon  des  La  Fayette, 
Lameth  ,  Dumas  et  autres  guer- 
riers français,  il  acquit  des  droits 
à  leur  estime  et  à  lemi  amitié.. H 
fut  comblé  d'éloges  par  le  célèbre 
Franklin  ,  et  reçut  les  remercî- 
méns  publics  du  congrès  des 
treize  provinces  unies.  L'ordre  de 
Cincinnatus  li^i  fut  aussi  accordé  ; 
mais  il  cessa  bientôt,  ainsi  que  la 
plupart  des  républicains  de  l'Amé- 
rique, de  se  distinguer  des  autres 


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To;:: 


Pn,r    V^' 


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KQS 

elloyens  par  une  décoration  exté- 
rieure qui  n'ajoutait  rien  à  sa  gloi- 
re, et  qui  blessait  les  lois  de  l'é- 
galité. Après  la  paix  et  la  recon- 
naissance solennelle  de  l'indépen- 
dance des  Ëtats-tJnîs  de  l'Amérique 
par  l'Angleterre  et  par  toutes  les 
puissances.de  l'Europe,  Koscîusko 
réyirit  en  Pologne.  Il  y  vécut  dans 
la  retraite  jusqu'en  1789.  A  cette 
époque,  le  roi  Stanislas  et  la  diète 
poloiiaise  ay aient  tenté  quelques 
efforts  pour  s'opposer  à  l'influence 
dominatrice  de  l'impératrice  Ca- 
therine II  et  de  ses  alliés.  Kbscius- 
ko  fut  nommé^général-major  par 
la  diète.  £h  1 79 1  ,lè  5  mai,  cette  diè^ 
te,le  roi  et  toute  la  nation  polonaise 
adoptèrent  avec  enthousiasme  une 
constitution  libérale  ;  mais  ils  a- 
Taient  négligé  de  solliciter  auprès 
de  la  grande  autocrate^de  toutes  Ids 
Russîes,  la  permission  d'être  libres 
et  heureux;  elle  envoya  une  armée 
pour  châtier  ce  peuple  qu'elle  trai- 
tait déjà  de  rebelle.  Le  jeune  prince 
Joseph  Poniatowsky  fut  chargé 
de  défendre  son  pay^  contre  l'in- 
vasion des  Russes.  Kosciusko  eut 
sous  lui  le  commandement  d'une 
division,  fit  des  ^prodiges  de  valeur 
pendant  toute  cette  campaigne,  et 
excita  lin-  enthousiasme  général 
dans  l'ak^mée,  par  sa  brillanlte  con- 
duite à  l'affaire  iianglante  de<  Dm-" 
bienskà;  Mais  son  zèle,  et  son  ^aa^ 
versé  pour  sa  patrie,  ne  purent,  la 
sauver  du  >oug  étranger.  Le  faible 
Stanislas^  épouvanté  dcis  menaôeâf 
de  <îelk  qui  ne  lui  avait  pas  toun 
jours  movAtë  tant  de  rigueur,  de 
hâta  de  négocier,  et  se  soumit  eu- 
fia  à  toutes  le»  volontés  tie  Gathe» 
rine.  Dlès  que'  le  honteux  UaAxè 
d'àsservis8«aient  fôt conclu,  Kos-^ 
ciu^kd  et  16  au^es  dès  >princi- 


K05 


ï49 


paux  officiers  patriotes  donnèrent 
leur  démission.  Il  se  vit ,  peu  de 
temps  après ,  forcé  de  s'exiler  de 
sa  patrie  subjuguée  parles  Russes, 
et  il  se  retira  à  Léipsick.  L'assem- 
blée législative  de  France  honora 
son  patriotisme  en  lui  déférant  à 
cette  époque  le  titre  de  citoyen 
français.  Vers  l'année  1795,  Une 
généreuse  résolution  germa  de 
nouveau  dans  l'âipe  des  Polonais. 
Déterminés  à  secouer  le  joug  ac- 
cablant sous  lequel  ils  gémissaient, 
tous  les  jjreux  se  portèrent  sur  Rost 
ciusko.  C'était  lui  que  les  nobles, 
les  guerriers  et  le  peuple,  dési- 
.  raient  voir  à  la  tête  de  cette  gran- 
de entreprise.  Le  général  russe 
Igelstrom  commandait  alors  à  Var- 
sovie; il  se  tint,  à  son  insu,  plu- 
sieurs conciliabules  nocturnes  dan)3 
cette  capitale;  et  par  un  bonheur 
remarquable^  il  ne  se  trouva  pas 
un  ^eul  traître  dans  la  foule  deg 
patriotes  réunis.  L'exil  en  Sibérie 
eût  été  leur  sort  à  la  première  dé- 
noQciation.  Après  avoir  concerté 
leurs  mesures,  ils  envoyèrent^  au 
mois  de  septembre  ,  des  députés 
vers  Kosciuskd.  Il  communiqua 
les  propositions  qui  lui  étaient  faî- 
tes à  Ignace  Pototski,  à  Ralontay, 
et  autres  exilée  polonais.  Tous  lui 
conseillèrent  de  se  rendre  aux 
vœux  des  patriotes ,  et'  tous  pro- 
n!ikent  de  joindre  leurs  efforts  aux 
siens* Il  se  porta  de  suite  sur  la  fronf 
tière,  àt  reconnut  bientôt  combien 
les  ukoyens  mis  à  sa  disposition 
étaient  encore  faiblesetinsuffisan». 
gon  retour  en  Vologne  fut  même 
bientôt  ébruité,. et  donna  l'alaraie 
aux  Russes.  Kosciusko,  aussi  habi- 
le^ aussi  ptudent  que  brave,  vH 
qu'il  n'était  point  tempil d'éclater 
eticore.  H  envoya  son  ami^^dèl^ 


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i5o 


Kas 


et  son  frëre  d'armes,  Za)ôoczeck, 
k  Varsovie,  pour  prendre  de  nou** 
telles  mesures ,  et  surtout  pour 
retenir  les  autres  chefs  qui  vou- 
laient agir  trop  précipitamment. 
Lui-même,  il  et,  avec  <|ue]que  é- 
clat,  un  voyage  en  Italie,  qui  cal- 
ma lès  soupçons  des  Russes.  Mais 
il  revint,  par  une  voie  détournée', 
êù  Pologne,  au  commencement 
de  Fannëe  1794*  Zajonczeck  l'a- 
vait averti  que  les  patriotes  de 
Varsovie  étaient  prêts^  à  commen- 
cer le  mouvement,  et  qu'il  n'y 
avait  plus  de  temps  à  perdre;  que 
les  Kusses  avaient  repris  toutes 
leurs  inquiétiides ,  et  qu'ils  licen- 
ciaient successivement  tous  les 
corps  nationaux.  Kosciusko  ehtrà 
dans  la  ville  de  Grkcbvie  au  mois 
de  février,  dans  le  moment  même 
Où  le  général  Madalinsky  venait 
d*ètre  sommé  par  Igelstrom  de 
Hcencier  son  régiment.  Mais  ,  a» 
heu  d'obéir,  Madalinsky  leva  l'é- 
tendard de  la  liberté,  et  chassa  les 
Russes  de  Cracovie.  Le  a4  mars, 
les  citoyens  de  cette  vîUe  dressé^ 
rent  l'acte  de  rinâépendan(^  po- 
lonaise, et  répandirent  leurs  pro^ 
elamatiorls  dans  tout  ie  tojûnm^. 
RosciiliAo  fîit  déclaré  chef  ^prê-i 
me  de  k  force  nationale ,  et  cAo 
Finvestà  d'unedictaturegénéralej 
tant  pour  lés  alfoif«s  miHtaîres  et 
civiles,  que  pour  les  relations  poti^ 
tiques  avec  les  pulesâmces  et  rangea 
res.  Sa  sagesse  et  sa  modération 
étaient  connues,  et  l'on  ne  donnti 
d'autres  limites  à  son  pouvoir  que 
Celles  de  sa  veitù.  Il  se  montra 
Oonfitaaim«nt  digne  de  cette  liaraté 
confiance,  «t  finnais  ses  ennemis 
mêmes,  ne  purent  lui  r^rocheif 
à^é'ffAr  abfn^se  de  son  aùlèrité.  ïs 
prei«îer  usage  qu'il  <eii  'fit  fdt  de 


KOS 

softif  de  Cracovie,  et  de  se  mettre- 
à  la  tété  de  49<^o  hommes  ,  Ta 
plupart  n'ayant  pour  armes  que 
des  piques  et  des  faux  emman- 
chées. Avec  ce  faible  corps ,  et 
sans  artîneriè,  il  n'hésita  point 
d'aller  à  la  rencontre  d'une  année 
de  la^ooo  Russes ,  amplement 
pourvue  de  tout  l'attirail  de  la 
go^rrei.  Il  n'y  avaîtpas  un  moment 
à  perdre  ,  d'àûtrcfs  troupes  enne- 
mies étaient  en  marche  pour  join- 
dre celle-ci.  Kosciusko  exhorta 
ses  soldats  à  suivie  son  exemple, 
et  à  vaincre  ou  à  périr.  li  attaqim 
avec  la  plus  gramj«  impétuosité 
lesRu^ses^  près  de  Wraclaw^o,  les 
battit  complètement,  leur  enleva 
la  'pièces  de  cànon  ,  et'fit  9,odo 
prisonniers.  Ses  soldats  se  mon- 
trèrent dignes  de  leur  chef.  On  vit 
un  corps  de  paysans  armés  de 
leurs  faux  se  fêter  sur  les  bat^rieit 
russes  et  les  enlever.  De  nouvelles 
levées  vinrent  bientôt  le  joindre, 
et  il  se  trouva,  au'comrmèndéineat 
dtl  mois  de  mal,  &  la  tête  de  9,000 
combattans.  L'exemple  de  Kos** 
ciusko  «t  de  Madalinifty  avait  été 
suivi  aVec  sitcoès  à  Varèdvie.  A- 
pvès  tin  oomhat  dans  les  rues  de 
cette  ville,  combat  tAeuftrler  qui 
âe  prolongea  pendâbt  S^^urâ,  le 
général  Igelstrem et  tousles Kius^ 
ses  en  avaient  'été  chassé  jpai'ldi 
patriotes.  €e  qui  'restai:  de'iégi- 
mens  polonais^  se  sourleTaitde  tou- 
tes parts.  Des  -  paysans  aimés  du 
palatinat  de  Sabdomtr,  et  un  éotfé 
réuni  par  le  génial  pat^<yte<»ro-* 
ohotrsky,  vin^nt  joindre  le  iUié» 
rifteor  delà  IPdlognê,<qpi^bsi^itde 
notfveliu  en  'pldsienrl  Ti}nc<intreé 
les  Russes,  et  les  cbana'dé  l'inté-» 
rieuf  du  pays,  il  de  reodii  ensoilift 
à  ¥àr9otiëpoiilr 'y' organiser  le 


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goaverDement.  Mais  FdppfodiB 
d'un  nouvel  et  formidable  eane-* 
mi  le  força  bientôt  à  en  sortir  pour 
livrer  de  nouyeaux  combats^  Le 
roi  de  Prusse  ei^tra  en  Pologne  à 
la  tête  d'une  armée  de  499<)<<^ 
bdinuies.  kosciusko  n'en  avait 
environ  que  1 5^000  à  lui  opposer. 
11  eut  l'audace  d'attaquer  les  Prus- 
siens près  de  S^cekociny,  dana 
la  mémorable  journée  du  8  juin* 
hsL  bataille  fut  sanglante?  et  la  vic^ 
teire  long-temps  disp4itée«  Après 
avoir  eu  »  chevaux  tués  souâ  lui , 
«t  perdu  beaucoup  de  monde  9 
ILoscîusko  parviat  cependant  <  à 
JHrendre  une  tbrte  position  au»de- 
Tant  de  Varsovie,  et  ^couvrir  cette 
ville  que  les  Prussiens  ne  purent 
eÉEiporter.  Mais  ils  se  vengèrent 
sur  Cracovie,  Id  berceau  de  la  ré-^ 
TolutioUj  pkce  importante  contre 
laquelle  ils  envoyèrent  un  corps 
considérable  qui  s'en  eqipara.  A 
cette  nouvelle j  le  peuple  de  Yar-» 
savie,  transporté  de  fureur >  se 
perta  à  de  grands  çxcès.  Des  agi- 
tateurs ameutèrent  la  populace  9 
et  tbrcèrent  les  prisons.  Plusieurs 
prisonniers  furent  msusacrés;  et 
deux  évêques  9  accusés  de  conni* 
vence  avec  les  ^miemis  de  l'état^ 
furent  pendus,  ^kosciusko, qui  vou- 
lait la  liberté  et  non  la  licence  ^ 
reolra  indigné  dans  Varsovie  ,  oà 
il&taussitot  traduire  les  auteurs  de 
ces  atrocités  devant  les  tribunaux* 
Après  une  enquête  légale ,  ils  su- 
birent la  peine  prononcée  contre 
euxy  et  les  plus  coupables  ex.piè- 
rent  leurs  forfaits  sur  l'écbafaud. 
Lé  roi  de  :Prusse  ayant  réuni  de 
nouvelles  forces  auiKquelles  plu- 
ûeurs. corps  russes  vejoaient  de  ^ 
joindre»  reprit  bientôt  l'investisse^ 
meotde  Var0av4^.Mai&UctaipiQya 


%0B, 


valnem9tit  toutes  l^s^^esiouro^sd^ 
la  puissance  et  de  la  ruse  pour  ri^ 
duire  cette  capitale.  Les  citoyens 
furent  menacés  d'une  destruction 
totale;  on  offrit  aux  ofiSciers  polo-- 
nais  la  conservation  de  leurs  gra- 
des et  de  nouvelles  faveurs  s'ils 
voulaient  abaodoiuiier  'Kosci^isko. 
Tous  renouvelèrent  leur  serment 
de  vaincre  ou  de  périr  avçc  lui. 
Pendant  12  mois»  des  combats  san* 
glans  se  Uv raient  presque  tous  les 
jours«  Dn  assaut  général  fut  enfin 
résolu;  mais  les  patriotes  repous- 
sèrent les  Prussiens  et  les  Russes  }. 
qui  éprouvèrent  une  perte  immen- 
se. Frédéric-Guillaume  se  trouva 
alors  forcé  de  lever  le  siége^  et  de 
se  retirer  t  en  toute  hôte  vers  la  Po* 
logne  prussienne»  où  une  insur- 
rection générale  venait  d'éclater. 
^Qsciuskodétacha  plusieurs  corps 
à;sa  poursuite»  et  comptait  se  met- 
tre lui-même  à  la  tête  d'une  petite 
armée  pour  pénétrer  en  IJtbua- 
nie.  Mais  le  général  russe  Suwa- 
rovr,  depuis  si  lameux,  y  était  dé- 
jà entré»'et  avait  battu  le  patriote 
Sierakoirski  près  de  Brtesc.  D'un 
autre  côté,  le  général  >JPersen  s'a- 
vançait à  marches  forcées  et  à  la 
tête  d'un  corps  considéri^ble»  pour 
se  joindre  à  .Suwarow.  ILosciusko 
résolut  de  tentera  tout  prix  d^eui^ 
pêcher  cette  jonotioh.  U  quitta 
Varsovie  le  ^  deptembrç.  Mais  la 
forljuné  <|ui  avait  jusque-là  secon- 
dé sa  valeur»  le  trahit  bientôt.  Des 
ordres  qu'il  avait  envoyés  au  gé- 
iiflral  Poninski  furent  interceptéa 
par  les  Russes.  Le  corps  *de  ce 
chef  ne  put  le  joindre  j  et  le  plis- 
sage important  d'une  rivière  fut 
forcé  par  l'eanemi;  enfin»  dans  la 
journée  du  4  octobre ,  tLosciusko 
fufeatl^qué  par  l'année  Auiféuér^. 


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i5a 


&0S 


Ferséti ,  tro»  fois  supérieure  en 
nombre  à  la  sienne.  La  bataille  de 
Màcijowice ,  la  plus  sanglante  et 
la  plus  funeste  pour  les  Polonais^ 
dura  une  journée  entière  ;  deux 
fois  les  Russes  furent  repoussés  y 
et  des  prodiges  de  valeur  rendaient 
eneore  la  fortune  incertaine  quand 
Kosciusko  tomba  sans  connaissan- 
ce percé  de  coups.  Il  avait  fait 
jurer  aux  siens  de  ne  point  Faban- 
donner  vivant  au  pouvoir  des  Rus- 
ses; et  l'on  assure  que  des  cavaliers 
polonais  ne  pouvant  l'emmener, 
lui  donnèrent  encore  quelques 
Coups  de  sabre  sur  la  tête ,  et  le 
laissèrent  pourmort  sur  le  champ 
de  bataille.  Les  Cosaques  s'apprê- 
taient déjà  à  dépouiller  son  corp9 
ensanglanté,  quand  il  fut  reconnu 
par  quelques  officiers.  Dès  qu'ils  eu- 
rent prononcé  le  nom  de  Koscius- 
ko,  les  Cosaques  même  lui  témoi- 
gnèrent le  respect  dû  au  courage 
et  au  malheur.  Tous  les  secours  de 
l'art  lui  furent  prodigués,  et  on  lui 
montra  les  plus  grands  égards.  Mais 
l'ordre  arriva  bientôt  de  le  trans- 
porter à  Pétersbourg ,  où  Cathe- 
rine, quelquefois  généreuse,  mais 
alors  trop  irritée  pour  l'être,  le  fit 
plonger  dans  un  cachot.,  Il  aurait 
sans  doute  terminé  sa  vie  dans  les 
fers,  ou  serait  allé  grossir  le  nom- 
bre des  malheureux  Polonais  qui 
languissaient  déjà  dans  les  déserts 
de  la  Sibérie,  si  la  mort  de  l'impé- 
ratrice n'était  yenue  changer  sa 
destinée.  Un  des  premiers  actes  de 
l'empereur  Paul  !•%  fut  de  rendre 
hommage  aux  vertus  de  Koscius- 
ko.  Non-seulement  il^  le  fit  remet- 
tre sur-le-champ  en  liberté,  mais 
il  lui  assigna  une  pension  dont,  à 
la  vérité,  le  fier  Polonais  ne  vou- 
lut jamais  rien  toucher,  et  dont  il 


ROS 

lui  renvoya  le  brevetâtes  qu'il  eut 
remis  le  pied  sur  un  sol  à  l'abri  de 
l'influence  russe.  Quand  ses  nom- 
breuses blessures  furent  cicatri- 
sées, Kosciusko  se  rendit  en  Amé- 
rique ,  où  il  fut  accueilli  comme 
devait  l'être  un  héros  citoyen?  qui 
avait  prodigué  son  sang, dans  les 
deux  mondes  pour  la  sainte  cause 
de  la  liberté.  En  1798,  il  revint  en 
France,  où  les  mêmes  hommages 
lui  furent  rendus.  A  Rayonne,  où 
il  débarqua ,  on  le  reçut  avec 
les  honneurs  militaires  dus  à 
un  général  en  chef  français.  A 
Paris  tous  les  partis  le  fêtèrent  à 
l'envi  ;  et  ses  compatriotes  de  l'ar- 
mée d'Italie,  ayant  trouvé,  eo 
1798,  lors  de  la  prise  de  Lorette,* 
le  sabre  d'un  ancien  sauveur  de 
la  Pologne  et  de  l'Allemagne  ,- 
Jean  Sobie^ky,  qui  avait  vaincu 
les  Turcs  sous  les  murs  de  Vien- 
ne ,  jugèrent  Kosciusko  seul  di-. 
gne  de  posséder  cette  arme,  et  la 
lui  envoyèrent.  Kosciusko 4>réfé-. 
rait  le  séjour  de  la  France  à  tout 
autre  et  y  demeura  long-temps  ; 
mais  il  ne  voulut  accepter  ni  em- 
ploi ni  commandement.  Il  habi* 
tait  presque  toujours  une  campa- 
gne qui  appartenait  à  son  ami 
M.  de  Zeltner ,  ancien  ambassa- 
deur de  la  république  helvétique 
en  France.  Le  héros  polonais,  dans 
celte  humble  retraite,  occupjût  ses 
loisirs  de  travaux  champêtres ,  et 
comme  le  grand  Condé  à  Chan- 
tilly, se  livrait  à  la  culture  des 
fleurs.  Mais  il  ne  cessait  de  suivre 
des  yeux  les  destinées  de  sa  pa-^ 
trie,  et  de  donner  d'utiles  conseils 
à  ses  concitoyens.  £n  1806,  on  le 
flatta  quelques  instans  d'un  nou- 
vel espoir,  et  l'on  fit  luire  à. ses 
yeux  l'image  de  la  Pologne  res- 


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KOS 

suscitée.  Mais  ce  rêye  bHUaat 
s'éyanouit  bientôt.  On  n'en  ré- 
pandit pas  moins  sous  son  nom 
des  proclamations^  contre  lesquels 
les  il  protesta  ;  mais  aucun  jour- 
nal n'osa  publier  ses  réclamations. 
Fouché  mit  tout  en  œuvre  pour 
le  gagner  ou  Tintimider.  «  Je  ne 
»me  mêlerai  jamais,  lui  dit  Kos- 
*»  ciusko  9  de  vos  entreprises  en 
»  Pologne,  à  moins  qu'on  n'assure 
Ȉ  ma  patrie  un  gouvemement 
»  national ,  une  constitution  li-* 
nbérale  et  ses  anciennes  limites. 
»  —  Et  si  l'on  vous  y  fait  conduire 
«par  la  force  armée?  répond  le 
»  duc  d'Otrante.  —  Alors  je  di- 
»rai  à  la  Pologne  entière,  que 
f>  je  ne  suis  pas  libre  et  que  je  ne 
«prends  part  à  rien.  —  Eh  bien, 
>f  nous  nous  passerons  de  vous,  » 
furent  les  dernières  paroles  du 
ministre  irrité ,  qui  s'en  passa  en 
effet ,  ainsi  que  de  gloire  et  de  suc- 
cès. Le  reste  est  connu.  En  18149 
lors  de  l'invasion  des  étrangers  en 
France ,  Kosciusko  se  trouvait 
dans  une  maison  de  campagne, 
aux  environs  de  Fontainebleau. 
Des  pillards  dévastaient  la  com- 
mune qu'il  habitait;  il  s'élance 
au  milieu  d'eux  ,  protège  les 
citoyens,. et  s'adresse  avec  indi- 
gnation aux  officiers  d'un  régi- 
ment polonais  qu'il  rencontre^  et 
dont  les  soldats  n'étaient  pas  les 
moins  ardens  au  pillage.  aLors- 
»  que  je  commandaîsde  braves  sol- 
»dats  ,  s'écria- t-il ,  ils  ne  pillaient 
»  point,  et  j'aui^ais  sévèrement  pu- 
»  ni  les  subalternes  qui  se  seraient 
»  permis  des  désordres  pareils  à 
»  ceux  que  nous  voyons ,  et  plus 
»  sévèrement  encore  les  chefs  qui 
»les  liuraient  autorisés  par  leur 
«coupable  insouciance.  — Et  qui 


KOS 


i53 


ȏtes -vous,  pour  nous  parler  avec 
»  autant  d'audace  ?  lui  demaada- 
».t-on  de  foutes  parts.  —  Je  suis 
»  Kosciusko.  »A  ce  nom  ,  les  sol- 
dats jettent  leurs  armes ,  le  sup- 
plientdeleurpardonner  le  tort  dont 
ils  venaient  de  se  rendre  coupa- 
bles, se  prosternent  à  ses  pieds, 
et,  suivant  l'usage  de  leur  nation^ 
se  couvrent  la»  tête  de  poussière. 
Le  village  fut  sauvé,  les  géné«- 
raux  ennemis  vinrent  tous  lui 
rendre  hommage,  et  l'empereur 
Alexandre  ayant  appris  que  Kos- 
ciusko habitait  ce  lieu ,  ordonna 
qu'on  lui  Ht  donner  une  garde 
d'honneur;  conduite  par  laquelle 
ce  prince  s'honorait  encore  plus 
lui-même  qu'il  ne  favorisait  le 
général  polonais.  Tous  les  envi- 
rons du  domicile  de  celui-ci  furent  ' 
depuis  exempts  et  de  pillage  et 
de  contributions.  Mais  quelques 
ménagemens  qu'on  eût  pour  sa 
personne ,  il  ne  put  supporter 
long-temps  le  spectacle  déchirant 
qu'offrait  à  cette  époque  le  pays  ^ 
qu'il  aimait  le  plus  après  sa  pa- 
trie. Kosciusko  quitta  la  France, 
voyaga  quelque  temps  en  Italie, 
et  se  retira  en6n  dans  les  environs 
de  Soleure  en  Suisse.  C'est  de 
là  qu'est  daté  le  dernier  acte  mar- 
quant de  «a  vie.  Par  une  disposi- 
tion formelle,  prise  devant  les  au- 
torités et  enregistrée  par  le  no- 
taire public,  en  1B17,  il  abolit  la 
servitude  dans  son  domaine  de 
Siecnowicze  en  Pologne ,  décla-, 
rant  libres  et  exempts  de  toute& 
charges,  redevances  et  servicesi 
personnels,  les  anciens  serfs  de  ses 
terrés.  Il  fit  apposer  la  signature 
de  tous  ses  amis  présens  ,  M. 
Zeltner,  le  colonel  Grimm  et  au-  _ 
très ,  à  cet  acte  de  bienfaisance , 


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1^4  Ï<IS 

auquel  û  Tonlut  dènner  là  pltu» 
graôde  solennité^  pour  assurer  tes 
droite  de  ses  paysans  rendua  à  la 
liberté.   \}n  accident   déplorable 
Yint,  peu  de  temps  après,  mettre 
un  terme  à  sa  glorieuse  vie.  Sou 
cbeyal  s'abattit  sous  lui  dans  une 
course  à  la  campagne^  et.Koscius* 
ko,  grièTen>eiit  blessé ,  expira  peu 
de  jours  apiès  ^a  chute.  D'amers 
regrets  éclafèreot  à.  cette  nouvel- 
le ,  dans  randen  et  dans  le  ncNi^ 
▼eau  mofide.  Tout  ce  ftti  setrou*^ 
yaît  d'bonoQies  distingués  4an»  k 
contrée  où  il  mourut)  suivit  son 
convoi.  Le  corps  fut  d'aborddé- 
posé  dans  une  église  deSoleuire; 
mais  sa  patrie  reconnaisaaote  ré-« 
clama  bientôt  les   restes  de  ce 
grand  homme.  Un  général  polo-* 
nais   fut  chargé  de  se  rendre  en 
Suisse  pour  les  chercher ,  et  M<  de 
Zeltner  accompagna  te  corps  de 
son  ami  jusqu'à  sa  demiëiî^  ^de-^ 
meure.  Les  fiâmes  de  la  Pologne 
prirent  d'un  commun  accord  le 
deuil,  et    le  portèrent    comme 
pour  un  père.  Ses  cendres  repo^ 
^ent  maintenant  dans  l'église  mé-» 
tropoMtaine  de  Gracovie  ,  entre 
celles  de  lean  Sobieski  et  de  Jo-^ 
sepfa  Poniatowski.  Un  monument 
colossal  lui  sera  élevé  ;  les'  brarves 
de  plusieurs  pays  ont  désiré  en 
faire  les  frmSi  Mais  sa  mémoire 
durera  plus  «icor e  que  les  moau- 
men»  élevés  par  la?  main  des  hom-' 
mes;  et  sa  gloire,,  pure  de  toute 
souillure,  que  le  onaQieur  même 
n'a  jamais  pu  flétrir^  seperpétue<^ 
ra* d'Age  en  âge.  Le  nom^eKos-^ 
eiusko  «era  prononcé  avec  véné- 
ration ,  tant  qu'il  existera  des  êtres 
qui  honoreront  la  vertu  et  qui  ché- 
riront la  liberté. 

iiOSPOTe  ,généralautrLchie3i, 


&09 

servit,  en  1793,  sous  les  ordre» 
du  géoéral  Wurinser  de  la  ma->- 
nière  la  plus  honorable.  Ce  fut 
surtout  le  i5  oeCobre  qu'il  dé- 
ploya le  plus  grîind  talent,  à  la 
prisedes  lignes  de  Weissembourg, 
où  il  dirigea  pne  des  colonnes  qui 
contribuèrent  au  succès  de  cette 
journée^  Une  pareille  conduite  é- 
iait  un  titre  po4»r  être  employé 
de  nouveau;  il  le  fut  en  «ffet  dan$ 
toutes  les  affaires  qui  eurent  lieu 
À  la  an  dé  ip^ovembre  devant  les 
lignes  de  Haguenau ,  et  il  mérita 
les  mêmes  éloges.  Il  reparut  en- 
core, les  années  suivantes,  à  l'ar- 
mée qui  combattit  sur  le  Rhin; 
il  y  re^ut  la  récompense  de  ses 
services,  ayant  été  nommé  feld- 
maréchal-lieutenant  en  1796;  et 
en.  1800,  il  commandait  une  divi- 
sion vers  Constance,  où  il  obtint 
de  nouveaux  succès. 

KOSTëK  (Hbnbt),  naquit  en 
Portugal  de  parens  anglais.  Il 
voyagea  dans  le  Brésil ,  y  résida 
6  ans,  et,  après  avoir  acquis  une 
parfaite  co|inaissance  de  ce  pays  ^ 
publia  à  Londres,  en  i8i6,  Wà 
ouvrage  intéressant»  accompagné 
d'une  bonne  carte  de  la  rade^  du 
p(»*t  et  des  bancs  de  sable  de  Per- 
naQ»ibuco«  Après  avoir  fait  un 
voyage  par  terre  de  Pemambuco 
à  Séara ,  il  s'embarqua  pour  M.a- 
raham  et  Itamaraca,  qu'il  observa 
avec  soin.  Les  détails  qu'il  donne 
sur  ces  contrées  lointaines  por- 
tent le  caractère  de  la  plus  grande 
exactitude.  Nous  n'avions  encore 
que  des  notions  très- vagues  sur 
une  partie  du  Brésil  qui  n'avait 
pas  été  .décrite  depuis  Bariœus  f. 
Piso  et  Marcgraw.  La  relation  de 
M.  Koster  augmente  nos  connais* 
sances;  mais  il  est  à  regretter  <qu% 


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EOT 

et  Toyageur  n'ait  pas  éteftdu  p\vi$ 
loin  ses  recherches  et  ne  nous  ait 
pas  donné  une  description  com^» 
plète  du  Brésil.  En  tSiS,  M.  Jay 
a  publié,  à  Paris,  une  traduction 
des  Tojages  de  M.  Koster,  «M'oée 
de  planches  et  de  cartes. 

KOTSCflCHJBEY  (ls  comte 
hib),  né  Ters  Tannée  1770,  d'une 
ancienne  famille  de  Russie,  fut 
nommé,  par  rimpératrioe  Cathe- 
rine, dès  Tannée  1793,  A  l'ambas- 
sade de  Con8^antinople.  A  l'are- 
Bernent  de  Paul  I**,  il  fut  rappelé. 
Quoique  le  nouyel  empereur  ne 
lui  eût  pas  conserVé  le  même  de-' 
gré  de  confiance  que  lui  avait  ac- 
cordé Catherine,  il  nomma  le 
oômte  de  KotscboubejTÎce-chan* 
ceKer  et  seCrétaîre-d'élat  aux  af- 
foires  étrangères;  mais  cette  fa- 
veur passagère  fut  suivie  d'une 
disgrâce  complète.  A  l'avéne- 
aaent  de  l'empereur  Alexandre,  il 
fot  de  nouveau  employé,  et  char- 
gé provisoirement  du  portefeuille 
des  affaires  étrangères.  Nommé 
ensuite  au  nfinistère  de  Tinté* 
rieur  7  il  conserva  ce  poste  }us- 
qu'Mi  traité  deTilsitt;  mais  s'é- 
tant  déclaré  contre  le  système 
eotitinental''et  contré  l'alliance  a- 
mtc  Napoléon,  îl  dut  se  retirer  une 
seconde  fois.  Après  les  événe- 
tnensde  iBr»,  le  comte  Kotschou- 
hfj  rentra  en  faveur,  et  a  depuis 
feit  constamment  partie  des  com-» 
missions  de  gouvernement  éta- 
blies pisndant  les  fréquentes  ab^ 
sences  de  Tempereur. 

IKOWEBUË  (Av€trnB-Faérà- 
mc^FBBDiRA^^  D£),  naquît  le  3 
Biâi  1761,  à  Welmar^  oà  $oû  père 
étult  cbti^Hler  de  légation^  Sea 
diB|losftions  poétiques  se  manifés- 
«ftreiit^ès  Tâgetto^  ans.  U  cotti- 


KOT 


i55 


mençà,  au  gymnase  de  »a  tille 
natale,  son  éducation  qu'il  per* 
fectionna  dans  les  académies  d» 
Duisbourg  et  dléna.  Il  s'était 
surtout  distingué  dans  Tétude  du 
droit,  et  Ton  croyait  qu'il  ehoisi'-^ 
rait  la  carrière  de  la  jurrsprudén-' 
ce  :  il  en  fût  autrement.  Kotte- 
bue  fut  homme  de  lettres  ;  il  vou- 
lut être  homme  de  lettres  univer- 
s^;  et  il  n'est  pas  une  branche 
de  littérature  dans  laqueUe  il  ne 
se  soit  exercé,  à  l'épopée  près. 
Il  était  âgé  de  20  ans ,  lorsque  le 
comte  de  Coert« ,  ami  de  son  pè- 
re, et  alors  ministre  de  Prusse  en 
Russie,  Tappela  à  Saint-Péters^ 
bourg*  Kotzebue  se  rendit  dans 
cette  capitale,  en  qualité  de  secré^ 
taîriB  de  M.  de  Bauer,  général  du 
génie.  Ce  dernier  recommanda, 
par^  testament,  son  secrétaire  k 
l'impératrice,  qui  s'empressa  d'ac- 
complir les  dernières  volontéf^ 
d'un  officier  qui  l'avait  fidèlement 
servie.  Cette  princesse  nomma 
Kotzebué  conseiller  titulaire,^  et 
le  plaça  dans  Tadministration  de 
ilevel,  oà  il  devint,  en  1785,  as- 
sesseur au  premier  tribunal,  et 
ensuite  président  du  gouverne- 
ment, place  qu'il  occupa  pendant 
10  ans,  avec  le  grade  de  lieute» 
nant-colonel.  Ayant  reçu  «a  dé- 
mission ,  il  se  retira ,  en  1 7g5 , 
dans  une  petite  propriété  qu'il 
possédait  à  43  werstes  de  Narta, 
et  qui  lui  venait  de  sâ  femme  (il 
s'était  marié  en  Russie).  Dana 
cette  retraite,  il  se  consacra  en« 
tièrement  à  la  littérature  drama^ 
tique,  et  c'est  à  elle  qu'il  doit  par* 
ticttlièreinént  sa  réputation.  Il 
s'était  «ssayé  de  bonne  heure  dans 
cette  carrière  Tout  en  achevant 
son  droit  à  lètktt,  il  avait  oompo- 


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i56 


KOÏ 


se,  pour  une  société,  une  pièce 
qui  obtint  du  succès.  Dès-lors  il 
connut  sa  yocatiôn,  et  fit  repré- 
senter à  Saint-Pétersbourg  plu- 
sieurs pièces  qui  contribuèrent  à 
lui  concilier  la  bienveillance  de 
rimpératrice.  Appelé,  en  i;?92,  à 
la  direction  du  théâtre  de  Vien- 
ne ,  K^otzebue  quitta  la  Russie 
pour  se  rendre  dans  cette  capitale; 
mais  il  se  démit  bientôt  de  la  pla- 
ce qu'on  lui  avait  confiée,  et  par- 
tit pour  Weimâr.  Il  était  depuis 
5  ans  de  retour  dans  sa  patrie, 
quand ,  sollicité  vivement  par  sa 
temme  de  retourner  en  Russie,'  il 
céda  à  ses  prières ,  et  repartit 
pour  Saint-Pétersbourg,  où  il  a- 
vait  laissé  ses  deux  fils  qu'on  éle- 
vait dans  le  corps  des  cadets  rus- 
ses. A  peine  arrivé  sur  les  fron- 
tières de  l'empire,  il  fut  arrêté 
par  ordre  de  Paul  P%  qui  le  soup- 
çonnait d'être  l'auteur  de  pam- 
phlets révolutionnaires,  dans  les- 
^  quels  il  était  personnellement  at- 
"taqué.  Kotsebue  fut,  déporté  à 
Kurgau  en  Sibérie.  Il  rend  comp- 
te ,  dans  .  son  ouvrage  intitulé 
V Année  la  plus  ren^arquable  de 
ma  vie^  de  son  voyage,  de  la  gros? 
sière  dureté  des  sbires  qui  le 
conduisaient  au  lieu  de  son  exil, 
des  vaines  tentatives  qu'il  fit  pour 
leur  échapper,  des  dangers  sans 
nombre  qu'il  courut,  et  des  pri- 
vations de  toute  espèce  qu'il  çut 
à  souffrir.  On  prétend  que  l'ima- 
gination active  du  dramaturge  a 
beaucoup  ajouté  aux  événemens 
réels  dont  il  fait  le  récit.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  on  ne  peut  refuser 
de  l'intérêt  à  cette  relation.  Il  y 
raconte  aussi  que  Paul  I*',  l'ayant 
rappelé,  l'accueillit  très-bien,  lui 
fit  même  des  excusés,  et  lui  con- 


KOT 

fia  la  direction  du  théAtre  de 
Saint-Pétersbourg,  emploi  qu'il 
ne  conserva  que  peu  de  temps. 
Le  désir  de  revoir  son  pays  et  sa 
famille,  l'engagea  à  demander  sa 
démission,  qui  ne  fut  acceptée 
qu'après  la  mort  dé  Paul  I".  Le 
29  avril  1801,  Kotzebue  partit 
de  Pétersbourg,  et  arriva  bientôt 
après  à  Weiniar.  Ayant  eu  dans 
cette  dernière  ville  quelques  dé- 
mêlés avec  Goethe  et  les  frères 
Schlegel,  il  se  rendit  à  Paris,  où 
les  gens  de  lettres  les  plus  distin- 
gués et  les'  meilleures  sociétés 
s'empressèrent  de  Taccueillir.  Il 
répondit  à  la  bienveillance  qu'on 
lui  avait  témoignée,  par  une  bas- 
se ingratitude.  Dans  son  ouvrage 
publié  sous  le  titre  de  M-es  sou-' 
venir  s  de  Paris,  ouvrage  rempli  de 
jugemens  faux  et  d'anecdotes  ha- 
sardés, il  outrage,  il  calomnie  les 
hommes  qui  lui  ont  ouvert  leur 
maison  et  l'ont  admis  dans  leur 
intimité.  L'injustice  avec  laquelle 
il  traité  les  Italiens,  dans  ses  S  ou-' 
venir  s.  de  Rome,  et  de  N  a  pies  , 
n'est  pas  moins  révoltante.  Vers 
la  fin  de  i8o3,  Kotzebue  entre- 
prit, de  concert  avec  M.  Merkel, 
un  journal  intitulé  le  Sincère  (Der 
Freymûthige),  dans  lequel  Napo- 
léon était  attaque  avec  virulence. 
S'étant  brouillé  quelque  temps 
après  avec  M.  MerkeL»  ce  dernier 
révéla,  dans  son  journal  le  Sin^ 
cère,  des  faits  peu  honorables 
pour  son  ex-coUriborateur.  Jusr 
qu'en  i8i3,  Kotzebue  consacra 
tgur-à-tour  son  temps  aux  matiè- 
res littéraires  et  politiques,  et  on 
lui  attribua  une  foule  de  proôla- 
mations  et  de  pièces  diplomati- 
ques qui  partaient  du  C2J)înet  de 
Saîm- Pétersbourg,  Il  suivit   te 


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KOT 

czar  dans  la  campagne  de  18 1 3, 
coqime  ècriTain  politique  de  l'ar- 
mée,  fut  nommé  ensuite  consul* 
général  de  Russie  à  Kœnigsberg, 
et  appelé  à  Saint-Pétersbourg  en 
1816,  pour  être  attaché  aux  afifai- 
res  étraqgères.  En  1817,  Tempe- 
reur  l'autorisa  à  retourner  dans  sa 
patrie,  et  le  nomma  son  corres- 
popdant  littéraire  en  Allemagne, 
aTec  un  traitement  de  i5,ooo 
roubles,  le  chargeant  en  outre  de 
lui  rendre  compte  de  Tesprlt  pu- 
blic dans  ce  pays.  La  correspon- 
dance de  Kotzebue  n'est  qu'un 
tissu  de  calomnies  et  de  diffama- 
tions contre  les  Allemands  qui 
professent  les  idées  libérales,  et 
ce  sont  les  écriTaiiis  les  plus  illus- 
tres de  l'Allemagne.  Il  se  plaisait 
à  y  travestir  leur  doctrine ,  et  à  y 
dénaturer  leurs  idées.  Le  hasard 
ayant  donné  de  la  publicité  à  ces 
bulle.tins,  un  cri  général  s'éleva 
contre  l'insidieuse  servilité  de  leur 
rédacteur.  Les  étudians  des  uni- 
versité^ qui  avaient  combattu  avec 
un  si  noble  dévouement  l'op- 
pression ék*angére  ,  étaient  sur- 
tout grossièrement  insultés  dans 
les  rapports  de  l'écrivainallemand, 
devenu  l'ennemi  de  la  gloire  na- 
tionale. L'un  d'eux  se  rendit  à 
Manheim,  ville  que  Kotzebue  ha- 
bitait depuis  quelque' temps;  de- 
manda à  lui  parler,  le  25  mars 
1819,  et,  ayant  été  introduit  dans 
son  cabinet,  le  frappa  de  trois  coups 
de  poignard.  (  Voyez  l'article 
Sand.)  Kotzebue  mourut  sur-le- 
champ  ,  et  fut  enterré  le  surlen- 
demain. Il  laissa  14  enfans,  dont 
un  fils  capitaine  de  vaisseau  au 
service  de  Russie,  et  qui  jouit 
d'une  réputation  honorable.  [Voy. 
l'art,   suivant.  )  Coxxune    auteur 


KOT 


157 


dramatique,  Kotzebue  a  quel- 
que imagination  ,  une  grande 
entente  de  la  scène  ;  il  dispose 
ses  situations  avec  art ,  et  sait 
obtenir  d'heureux  effets  qui  nais- 
sent principalement  de  l'oppo- 
sition des  caractères.  Il  a  don- 
né, sous  son  nom ,  près  de  5oo 
pièces. de  théâtre;  tout  cela  n*est 
pas  le  fruit  de  son  invention.  On 
sait  qu'il  en  a  acheté  une  grande 
partie  à  des  étudians,  et  qu'il  n'a 
fait  que  les  retoucher.  £n  outre 
Kotzebue,  qui  a  quelquefois  été 
traduit,  a  souvent  traduit  aussi. 
Parmi  ses  pièces ,  il  en  est  plu- 
sieurs qui  sont  imitées  des  auteurs 
français,  telle ,  entre  autres ,  que 
r Homme  de  quarante  ans,  titre 
sous  lequel  il  déguise  la  Pupille  de 
Fagan;  telle  que  la  petite  Ville 
d'Allemagne,  faite  d'après  la 
petite  Ville  de  M,  Picard.  Il  ne 
doit  toutefois  qu'à  lui  seul  ses 
plus  grands  succès.  Gustave  Va'* 
sa^  les  Hussites,  Octavie,  la  Prê-^ 
tresse  du  soleil,  les  Espagnols  au 
Pérou,  Hugo  Grotius,  lui  appar-, 
tiennent  en  toute  propriété ,  ainsi 
que  les  Deux  Frères tt  Misant kro^ 
pie  et  Repentir,  drames  qui  tous 
deux  ont  été  naturalisés  sur  notre 
scèf]ie.  Kotzebue  ne  se  renferma 
pas  dans  la  littérature  dramati- 
que; il  a  composé  plusieurs  ro- 
mans. On  n'a  guère  accueilli  que 
celui  qui  est  intitulé  :  les  Mal» 
heurs  de  la  famille  d'Orthenberg, 
Il  voulut  enfin  être  historien  >  et 
publia  Y  Histoire  de  f  ancienne 
Prusse^  et  ï Histoire  de  l'empire 
d'Allemagne:  mais  ces  deux  ou- 
vrages ,  empreints  de  la  plus  ré- 
voltante partialité ,  sont  tombés 
dans  le  discrédit.  Ses  jugemens, 
en  objets  d'arts»  étaient  souvent 


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i58 


KOT 


aussi  faux  que  ceux  qu'il  portait 
sur  les  hommes.  Il  n'a  {amoîs  tu, 
disait-il,  dans  la  Vénus  de  Midi'* 
ci$  ,  «qu'une  très- jolie  serrante 
H  surprise  en  grand  déshabillé  par 
»le  jeune  maître  de  la  maison, 
»dont  elle  ne  se  presse  pas  trop 
«de  fuir  les  regards  lascifs  ;  »  et 
dans  le  groupe  du  Laacoon,  «  que 
»  les  couTuisions  repoussantes 
«d'un  scélérat  que  le  bourreau 
»  fait  périr  sur  la  roue.  »  Le  ca- 
ractère de  Kotzebue,  entaché  de 
plusieurs  défauts  capitaux,  tels 
que  la  présomption,  l'envie  et  la 
cupidité ,  a  ,  très-malheureuse- 
ment pour  lui,  trop  influé  sur  ses 
écrits,  kotiebue  fut  surtout  libel- 
liste.  Il  fit ,  sous  le  masque  de 
l'anonyme,  une  guerre  peu  hono- 
norable  pour  lui,  contre  les  litté- 
rateurs les 'plus  estimés  de  l'Alle- 
magne. Goethe ,  dont  la  supério- 
rité l'importunait,  fut  lui»même 
l'objet  de  sa  critique  TÎrulente. 
Malgré  l'âcreté  et  l'injustice  des 
jugemens  dont  ils  étaient  remplis, 
les  journaux  qu'il  dirigea  n'ob- 
tinrent pas  de  Togue;  il  n'en  re- 
cueillit que  du  déshonneur.  Les 
prérentions  répandues  contre 
Kotzebue  devinrent  si  fortes  à  la 
longue ,  qu'on  ne  lut  tint  plus 
même  compte  de  ce  qu'il  faisait 
de  bien ,  et  qu'on  cherchait  une 
cause  honteuse  à  ses  actions  ho- 
norables. Ainsi,  quand  il  écrivait 
dans  V Abeille  et  la  Feuille  popu- 
iaire,  en  faveur  de  Tindépendan- 
ee  de  sa  patrie,  quand  il  excitait 
les  peuples  de  l'Allemagne  à  se-» 
eouer  le  joug  que  leur  imposait 
la  France,  on  l'accusa  de  n'écrire 
que  dans  l'intérêt  des  princes  qui 
le  salariaient.  Il  fut  sans  cesse  en 
#ppofition  avec  s^  propres  prin-» 


KOT 

cipes.  Tout  en  prêchant  l'égalité 
et  l'indépendance  au  théâtre ,  il 
écrivait  Tlans  l'ombre  en  faveur 
de  la  tyrannie  et  de  la  servitude. 
Les  rois,  au  reste,  ne  furent  pa? 
ingrats  envers  cet  écrivain.  L'in- 
dignation, produite  par  la  perfide 
apostasie  de  Kotoebue,  ne  se  tour- 
na malheureusement  pas  en  mé- 
pris dans  toutes  les  urnes;  elle 
devint  fureur  dans  celle  de  Sand, 
et  une  lâcheté  fut  punie  par  un 
assassinat. 

KOTZEBUE, fils  du  précédent, 
officier  distingué  de  la  marine  rus- 
se, livra  sa  vie  à  des  dangers  plus 
réels  que  ceux  auxquels  s'exposa 
son  père ,  et  néanmoins  rencontra 
dans  les  entreprises  périlleuses  de 
la  carrière  qu'il  avait  embrassée, 
moins  de  peines,  d'anxiétés  et 
d'ennuis,  que  ce  dernier  dans  sa 
longue  polémique.  Lieutenant  de 
vaisseau  au  service  de  la  Russie, 
Kotzebue  fils  reçut  de  l'empereur 
Alexandre,  en  1814»  le  comman- 
dement du  brick  le  Rurick ,  et 
la  commission  d'entreprendre  un 
voyage  autour  du  monde,  en  dou- 
blant le  cap  Horn ,  et  cherchant 
par  le  Kamstchatka  un  passage 
au  pôle  arctique.  Pendant  16 
mois,  il  erra  sur  ces  mers  désolées, 
où  il  trouva  un  grand  nombre 
d'iles  sans  habitans.  Plusieurs  sa- 
vans  qui  l'accompagnaient,  et  en- 
tre lesquels  on  cite  M.  Wormsfield, 
Danois,  et  M.  Clemisseau ,  Fran- 
çais, firent,  de  concert  avec  lui,  des 
observations  scientifiques,  qu'ils 
publièrent  après  leur  retour,  le 
16  janvier  1816.  Leur  voyage  of- 
fre des  particularités  curieuses. 
M.  Kotzebue  fils  touchait  le  sol  de 
l'Allemagne,  quand  il  apprit  que 
son  père  venait  d'être  assassiné. 


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Jhjneyjo 


J.O(^  ■ 


("'  ty/'m^)^'  /ûw^r/r/fm/ 


Tlaiivnr. 


Tremu  tleZ  et  Srttif. 


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KOU 

&OURAKIN  (lE  PMSGS  Alexan* 
dre),  naquît  yen  17^3;  H  fut  éleré 
avec  Paul  I*'  et  admis  dans  sa  so^ 
cièté  intime.  Constamment  atta* 
ché  ù  sa  personne,  il  Faccompa-* 
gna  dans  ses  voyages  en  Prusse 
€t  en  France.  Il  fut  nommé  rai*- 
nistre  et  yice-chancelier  de  l'em- 
pire de  Rusèie,  en  1796;  se  démit 
de  ces  fonctions  en  1803,  «t  fut 
nommé,peu  de  temps après9àr«'ïm« 
bassade  de  Vienne.  En  1807,  l'em- 
pereur Alexandre  chargea  le  prin^- 
ce  de  Kourakin  de  conclure  les 
négociations  entamées  à  Tilsitt, 
où  il  signa  la  paix  avec  la  France. 
Il  ftit  créé,  à  cette  occasion^  con- 
seiller privé  de  première  classe  a^- 
vec  le  rang  de  feld-maréchal.  Eti 
1808,  le  prince  Kourakin  fat  nom- 
mé à  l'ambassade  de  Paris ,  où  il 
fil  un  sé^ur  de  4  années.  Lors  de 
la  fête  que  le  prince  de  Schwart- 
zenberg  donna  à  l'empereur  Na- 
poléon pour  célébrer  son  mariage 
avec  une  archiduchesse  d' Autri- 
che, le  prince  Kourakin  courut 
les  plus  grands  dangers.  Le  feu 
ayant  pris  à  la  salle,  il  tomba  sur 
les  marches  de  l'escalier,  fut  fou- 
lé aux  pieds,  et  fut  emporté  cou» 
vert  de  blessures,  dont  quelques- 
unes  ne  purent  être  entièrement 
cicatrisées.  Le  prince  Kourakin 
ne  quitta  Paris  que  dans  le  mois 
de  mai  1812,  lorsque  la  guerre 
contre  la  Russie  était  décidée ,  et 
lorsque  tons  les  moyens  de  con- 
ciliation avaient  épuisés.  Il  eidste 
une  correspondance  officielle  en- 
tre ies  agen9  français,  le  comte  de 
Romanzow  et  le  prince  Kourakin, 
contf^nant  tout  ce  qui  a  précédé 
la  rupture  des  négociations  :  die 
est  d'un  grand  intérêt  politique, 
«t  ^tl^ste  les  tulçns  #t  la  sagesse 


KOU  159 

de  Tambassadeur  russe.  Il  se  ren- 
dit, en  quittant  Paris,  à  sa  maison 
de  campagne  près  de  Sèvres,  et 
y  attendit  long-temps  ses  passe- 
ports. Ce  qui  rendait  sa  situation 
plus  désagréable ,  c'est  que  toute 
communication  étant  intercepté^ 
entre  la  France  et  les  frontières  de 
la  Pologne ,  il  ne  pouvait  ni  écri- 
re à  son  souverain,  ni  se  rendre 
auprès  de  lui.  Il  éprouva  des  per- 
tiss  considérables  à  l'incendie  de 
Moscou,  niiais  ses  malheurs  parti- 
culiers ne  firent  qu'augmenter  son 
attachement  pour  son  prince  et 
pour  son  pays.  £n  18149  le  sénat, 
qui  venait  de  déférer  à  l'empereur 
Alexandre  le  surnom  de  Béni^  en- 
voya le  prince  Kourakin  pour  le 
complinienter  et  le  saluer  de  ce- 
titre.  Une  maladie  le  retint  à  Ber- 
lin, et  pendant  quelque  temps  il 
ne  prit  point  de  part  aux  affaires 
publiques.  Quelque  temps  après, 
Alexandre  lui  donna  une  preuve 
de  confiance,  en  rattachant  à  son 
conseil-d'état;  il  y  resta  jusqu'en 
1817;  alors  le  prince,  dont  la  santé 
était  considérablement  affaiblie, 
demanda  et  obtint  la  permission 
de  s'absenter  et  de  voyager  en 
pays  étranger.  Le  congé ,  en  lui 
conservant  ses  appointemens, pen- 
sions et  argent  de  table,  porte  ces 
propres  mots,  que  «c  quand  le  pria» 
»ce  Kourakin  aura  obtenu  du  soU" 
«lagement  dans  son  état  actuel,  il 
1»  ne  se  refusera  pas  sans  doute  à 
»  être  de  nouveau  utile  à  sa  patrie.  » 
Au  mois  de  septembre  de  l'an*^ 
née  1823 ,  il  se  trouvait  à  Pa^ 
ris.  Ce  prince  est  bailli  de  Tordre 
de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  et  ei> 
a  été  chancelier  pendant  plusieurs 
aBiiées;il  est  aussi  chevalier  grand^ 
ûrm%  de  l'otdre  royal  de  la  lé- 


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i6o 


'%0\] 


gion-d'honneu  r,des  ordres  dePrus- 

96,  de  Danemark,  et  de  Bavière. 

KOUTOUSOFF  de  SMO- 

,       LENSK   (MlCHED-LlVRlONOVITCH- 

GoLEMiTCHEFF,  PRINCE  de),  géné- 
ralissime, ministre  d'état, etc., na- 
quit en  1745.  Il  acheva  son  édu* 
cation  à  Strasbourg ,  où  il  apprit 
les  langues  française ,  allemande, 
et  acquit  des  connaissances  très* 
étendues.  A  16  anstil  commença 
sa  carrière  militaire,  en  qualité  de 
caporal  dans  l'artillerie.  Peu  de 
temps  après ,  il  fut  fait  officier,  et 
à  17  ans,  il  était  lieutenant  dans 
le  régiment  commandé  par  Sutvb- 
row.  En  1762,  fl  fut  choisi  pour 
-  aide-de-camp  par  le  prince  Hols- 
tein-Beck,  et  le  21  août  de  la  mê- 
me année ,  il  obtint  le  grade  de 
capitaine.  En  1764  il  passa  en  Li- 
thuanie,  fit  5  campagnes  contre 
les  Polonais,  et  servit  depuis  sous 
les  ordres  de  Romanzoff,  qui  ob- 
tint de  si  glorieux  succès  contre 
les  Turcs.  Le  jeufie  KoutousolT 
s'était  fait  remarquer  au  combat 
de  Ribaja-Mognila ,  le  10  juin 
1770;  à  celui  de  Prutfa,  le  5  juil- 
let; au  passage  de  la  Logne,  ainsi 
qu'à  la  bataille  de  Kagont^  où  Ro- 
manzofl  remporta  une  victoire  si- 
gnalée. Koutousoff  n'obtint  le 
rang  de  major  qu'à  la  fin  de  cette 
année,  et  fut  nommé  lieutenant- 
colonel  au  mois  d'octobre  1771, 
afu:ès  la  mémorable  bataille  des 
Postes,  où  409O00  Turcs  furent 
taillés  en  pièces.  Il  se  trouvait  en 
Crimée,  en  177a  et  1776,  et  as- 
sista à  la  bataille  d'Olchesk y ,  sur 
le  Dnieper;  s'empara  d'un  fort, 
près  d'Isoumne,  et  fut  blessé  dans 
l'attaque.  Honorablement  cité , 
pour  sa  conduite  dans  toutes  les 
affaires  importantes  de  cette  guer- 


!  KOU 

re,  l'impératrice  Catherine' II  le 
nomma  colonel  le  s 7  juin  1782, 
et  brigadier  le  aS  juillet  de  l'année 
suivante,  au  moment  où  il  retout- 
nait  en  Crimée.  ILoutousoff  réunis* 
sait  aux  talens  militaires ,  les  qua- 
lités-morales qui  concilient  l'esti- 
me; deux  célèbres  généraux  nis- 
ses,  rivaux  de  gloire,  RomanzofF 
et  Potemkin,  qui  devaient  com- 
mander dans  la  guerre  qui  venait 
de  se  renouveler  contre  la  Tur- 
quie, et  qui  faisaient  un  cas  parti- 
culier de  Koutousoff,  voulurent 
tous  deux  l'avoir  sous  leurs  ordres. 
Le  a  1  novembre  de  la  même  an- 
née, il  fut  nommé- général-major. 
Depuis  1787,  le  28  août,  jusqu^au 
mois  de  juillet  1788,  il  fut  chargé, 
ayant  sous  ses  ordres  un  corps 
d'armée  séparé,de  couvrir  la  fron- 
tière, et  d'empêcher  l'ennemi  de 
passer  le  Bog;  mais  trouvant  peu 
d'occasions  de  se.  signaler  dans  ce 
genre  de  guerre,  il  obtint  la  per- 
mission de  rejoindre  l'année  de 
Potemkin,  qui  l'employa  au  siège 
d'Oczakoff.  Le  28  août,  l'ennemi 
fit  une  sortie,  et  tomba  a?ec  furie 
sur  le  corps  de  Koutousoff  :  il  ré- 
sista avec  fermeté,  et  développa 
les  plus  grands  talens  ;  mais  11  re- 
çut une  blessure  grave  dont  il  ne 
guérit  que  par  une  sorte  de  mira- 
cle. A  peine  rétabli,  il  vint  rejoin- 
dre le  prifice  Potemkin,  qui  le 
chargea  de  couvrir  les  frontières 
de  la  Turquie  et  celles  de  la  Polo- 
gne. Il  montra,  dans  cette  nouvel- 
le mission,  une  activité  qui  déjoua 
tous  les  projets  de  l'ennemi;  et  le 
résultat  de  ses  manœuvres  habi- 
les, fut  la  victoire  signalée  qu'il 
.  remporta  à  Cochrane;  il  se  trouva 
encore  à  la  prise  d'Ackerma^n  et 
de  Brender.  En  1790,  il  fut  envoyée 


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KOU 


1 


KCW 


ï6» 


avec  seâ  troupes»  à  l'armée  de  Su- 
warow,  qui  assiégeait  Ismaîlow; 
il  y  prit  le  conrniandement  de  la 
6*  coionoe,  et  marcha  à  sa.  tête,  à 
Tassaut  terrible  qui  coûta  la  yie  à 
plus  de  509OO0  Turcs.  Il  l'ut  fait 
lieutenant  -  général ,  le  a5  mars 
1^91, et  envoyé  sur-le-champ  pour 
commander  les  troupes  qui  se 
trouvaient  entre  le  Pruth^le  Dnies- 
ter et  le  Danube.  Il  allait  rempor- 
ter de  nouveaux  avantages ,  lors- 
que le  prince  Repnin  qui  comman- 
dait en  chef,  lui  ordonna  de  le 
joindre;  et  le  a8  juin,  il  se  distin- 
gua à  la  bataille  deMatchine^quifut 
gagnée  par  les  Russes,  et  qui  ter- 
mina la  guerre.  On  put  remarquer 
alors  que  Koutousoff  n'était  pas 
moins  heureux  qu'habile  ;  3  gé- 
néraux presque  toujours  divisés 
d'opinions,  Potemkin»  Suwarow, 
et  Repnin  9  le  recommandèrent  à 
l'impératrice;  il  occupait  le  com- 
mandement de  rUkràine,  qu'il 
quitta  bientôt  pour  aller  àCoUj^an- 
.tînople  y  remplir  les  fonctions 
d'ambassadeur;  elles  durèrent  de- 
puis le  4  juÎQ  179^9  jusqu'au  a4 
mai  1794.  A  son  retour,  l'impéra- 
trice lui  marqua  sa  satisfaction,  en 
lui  donnant  le  commandement  de 
la  Finlande,  et  en  le  nommant  di*- 
recteur  du  i"  corps  des  cadets. 
£n  1796,  le  roi  de  Suède  était  ve- 
nu à  Saint-Pétersbourg,  et  Kou- 
tousolT,  chargé  de  l'accompagner, 
le  reconduisit  jusqu'à  Lovisa.Paul 
I"  lui  continua  la  faveur  4ont  il 
avait  joui  sous  Catherine  II.  11  lui 
en  donna  une  preuve,  en  le  char- 
geant de  décider  la  Prusse  à  en- 
trer dans  son  système,  mission  dé- 
licate qui  eut  un  plein  succès.  A 
son  retour,  il  fut  nommé  au  com- 
mandement des  troupes  de  Fin- 


lande. Bientôt  il  ei^t  demi  autres 
missions  qui  l'honorèrent  sans  l'oc- 
cuper. La  première  le  mettait  à  la  tê- 
te des  troupes  russes,  en  Hollande, 
en  remplacement  du  général  Her- 
mann,  qui  avait  essuyé  un  échec; 
maisjl  apprit  à  Hambourg,  que  la 
paix  était  conclue,  La  seconde  fut 
d'aller  à  la  rencontre  du  roi  de 
Suède,  qui  revenait  en  Russie,  et 
de  l'accompagner;  le  prompt  dé- 
part du  monarque  mit  bientôt  fin 
4  cette  mission.  Le  comte  de  Pah- 
len  ayant  été  disgracié  après  la 
mort  de  Paul  I*%  Koutousoff  fut 
nommé,par  l'empereurAlexandre, 
au  gouvernement  jmilitaire  de 
Saint-Pétersbourg.  Cette  pkce  où 
l'esprit  de  conciliation  est  surtout 
nécessaire,  ne  pouvait  convenir  à 
personne  mieux  qu'à  lui,  et  il  l'eût 
probablement  conservée  ;  m^is  la 
guerre  entre  1»  France  et  l'Autri- 
che ayant  éclaté,  il  fut  chargé  de 
commander  l'armée  qui  devait  se 
réunir  aux  Autrichiens.  Ceux-ci 
venaient  d'être  battus  à  Ulm;  c'é- 
tait une  circonstance  peu.&vorable 
aux  Russes.  Koutousoff  employa 
toute  son  habileté  pour  rendre  cet 
avantage  inutile  aux  Français  :  0 
passa,  puis  repassa  le  Danube»  et 
eut  un  engagement  sérieux  à 
Crems,  qui  n'arrêta  pas  la  marche 
des  Français,  mais  qui  valut  au 
général  russe,  de  la  part  de  l'em* 
pereur  d'Autriche ,  le  grand-^cor- 
don  de  Maric-ïhérèse.  Les  Russes 
se  retirèrent  en  Moravie,  les  Fran- 
çais les  suivirent,  et  les  deux  ar- 
mées furent  en  présence  à  Auster-. 
litz.Ce  fut  près  de  cette  petite  ville 
qu'Alexandre  convoqua  un  conseil 
de  guerre,  .Les  avis  furent  parta- 
gés ;  les  uns  voulaient  une  affaire 
générale,  s'appuyant  sur  la  valeur 


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lôa 


KOU 


I 


ROI' 


de  leurs  troupes  et  sur  raffaiblis- 
sèment  del  Français.  Koutousoff 
fut  d'un  avis  opposé  ^  et  prouva 
par  de  solides  raisons  j  qui  ne  fu  - 
rent  point  accueillies,  qu'on  avait 
tout  à  craindre  en  attaquant  Tar- 
mée  française,  et  tout  à  espérer  en 
faisant  un  mouvement  rétrograde, 
parce  que,  d'un  côté,  on  opérerait 
une  jonction  avec  le  général  Ben- 
ningsen,  qui  s'avançait  avec  un 
renfort  considérable,  et  que  de 
l'autre  on  concerterait  les  opéra- 
tions ultérieures  avec  l'archiduc 
Charles^  qui  revenait  d'Italie  par 
la  Styrie.  Un  jeune  aide-de-camp 
de  l'empereur  de  Russie  détruisit 
tous  ces  raisonnemcns  :  c'était  le 
prince  Dolgorouky;  jeune,  fou- 
gueuxy  méprisant  les  autres  na- 
tions et  exaltant  la  sienne,  pai'lant 
sans  cesse  de  l'honneur  natio- 
nal ,  s'adressant  à  l'imagination 
plutôt  qu'à  la  raison ,  il  persuada 
sans  convaincre,  fit  revenir  .à  son 
avis  les  chefe  qui  avaient  parlé  lés 
premiers,  et  l'attaque  fut  résolue; 
on  prît  toutes  les  dispositions  né- 
cessaires pour  la  faire  réussir,  et 
l'on  assigna  à  chaque  colonne  le 
rang  qu'elle  devait  occuper.  Une 
seule  chose  dérangea  le  plan  sa- 
vamment conçu  des  alliés;  tout  é- 
tait  disposé  pour  l'attaque,  et  rien 
pour  la  défense.  Napoléon  instruit 
que  ses  ennemis  allaient  l'atta- 
quer, les  prévint  ;  le  succès  ne  fut 
pas  un  seul  instant  douteux,  la 
victoire  fut  complète.  La  gloire 
de  Koutousoff  ne  souffrit  point  de 
la  perte  de  cette  bataille,  il  s'était 
opposé  à  ce  qu'elle  eût  lieu.  Il  se 
rendit  en  Ukraine,  dès  que  la  paâx 
fut  conclue,  et  de  là  àPétersbourg. 
Il  eut,  en  1808,  le  commande- 
uicat  de  l'armée  de  Moldavie ,  et 


en  1809,  il  fut  nommé  gouverneur 
de  la  Lithuanie.  Après  la  mort  du 
comte  de  Kamensky,  il  prit  le 
commandement  de  l'armée,  desti- 
née à  combattre  les  Turcs  :  ils  fu- 
rent battus,  mais  on  ne  pouvait 
connaître  l'issue  des  négociations 
qui  suivirent.  Koutousoff  voulant 
seconder  les  vues  de  son  maître, 
qui  désirait  terminer  une  guerre 
qui  divisait  ses  forces,  aprè*  avoir 
remporté  quelques  avantages  sur 
les  Turcs,  et  leur  avoir  enlevé  plu- 
sieurs forteresses,  parvint  à  enve- 
lopper le  grand- vizir  Nadir- Pacha, 
qui  fut  forcé  de  se  rendre  à  dis- 
crétion le  a6  novembre  181  i,avec 
une  armée  supérieure  à  celle  des 
Russes.  Le  titre  de  comie  et  le  don 
du  portrait  de  son  souverain ,  en- 
richi de  diamans ,  fut  le  prix  de 
cet  important  succès.  Koutousoff 
devait  servir  son  pays  d'une  ma- 
nière plus  utile  ^encore,  comme 
négociateur.  Il  avait  reçu  Tordre 
de  j^clure  la  paix  à  tout  prix;  il  , 
dépendait  de  lui  qu'elle  fût  plus 
ou  moins  prompte,  plus  ou  moins 
avantageuse  :  la  paix  qu'il  signa  à  . 
Bâchàrest,le  16  mai  181  a,  surpas- 
sa l'attente  d'Alexandre  sous  ces 
deux  rapports.  Aussi  ne  crut-il 
pas  trop  payer  un  pareil  ser- 
vice, en  élevant  à  la  dignité 
de  prince  celui  à  qui  il  le  de- 
vait. Cependant  la  guerre  avait 
éclaté  entre  la  France  et  la  Russie. 
Toutes  les  espérances  se  portèrent 
vers  Koutousoff;  Alexandre  ne  se' 
borna  pas  à  remplir  le  vœu  géné- 
ral, il  le  nomma  encore  président 
du  conseil-d'état,  et  le  8  août, 
généralissime  de  ses  armées.  Com- 
blé de  tant  de  faveurs,  ce  général 
livra,  le  26  du  même  mois,à  Napo- 
léon, la  bataille  de  la  Moscowa, 


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KOU 


f 


KRA 


105 


la  plus  sanglante  de  toutes  celles 
qui  eurent  lieu  dans  cette  guerre. 
Les  Russes  la  perdirent  malgré  les 
talens  et  la  bravoure  de  leur  chef, 
qui  néanmoins  reçut  le  titre  de 
ield-maréchal  9  et  ne  put  empê- 
cher Napoléon  de  pénétrer  dans 
Moscou.  Ce  prince  occupa  cette 
ville  autant  de  temps  qu'il  crut 
que  les  propositions  de  paix  qu'il 
avait  faites  à  Alexandre  seraient 
acceptées;  quand  il  eut  perdu  tout 
espoir  de  ce  côté,  il  songea  va  quit- 
ter un  lieu  qui  ne  lui  offrait  plus 
aucune  ressource  ;  on  sait  quelles 
furent  les  suites  de  cette  détermi- 
nation tardive.  Malgré  Tétat  af- 
freux dans  lequel  l'armée  française 
fut  réduite,  elle  offrit  cependant  en- 
core une  masse  i^npo$ante,  et  sut,  à 
force  de  valeur,  repousser  les  atta- 
ques journalières  d'un  ennemi  su- 
périeur en  forces.  L'heureux  Kou- 
tousoff ,  si  puissamment  secondé 
par  les  élémens  déchaînés  et  notre 
mauvaise  fortune,  recueillit  les 
fruits  et  les  honneurs  du  triomphe: 
il  fut  décoré  du  grand-cordon  de 
Tordre  de  Saint-George ,  et  reçut 
le  surnom  de  Smolensky.  Dès  le 
mois  de  janvier  suivant  (i8i3), 
les  Russes  pénétrèrent  en  Prusse; 
mais  tandis  que  son  armée  rassu- 
rait l'indépendance  de  l'Allema- 
gne, le  prince  Koutousofl*  éprou- 
vait une  maladie  cruelle,  suite  de 
ses  longs  travaux,  et  était  au  mo- 
ment de  terminer  sa  carrière.  Il 
mourut,  le  16  avril  i8'i5,  à  l'âge 
de  68  ans,  dans  la  petite  ville  de 
Bunslau  en  5ilésie.  Il  avait  con- 
couru à  assurer  le  triomphe  des 
armées  russes ,  et  obtenu  toutes 
les  récompenses  auxquelles  il 
pouvait  aspirer  ;  il  ne  lui  a  man- 
qué   que  d'en   jouir   plus    long- 


temps. Au  reste,  il  était  digne  de 
sa  fortune  ;  dès  l'enfance  il  avait  ' 
étudié  l'art  militaire,  il  en  con* 
hai.^sait  les  principes ,  et  en  avait 
long-temps  médité  ^es  opérations; 
Il  ne  donnait  jamais  rien  au  ha- 
sard :  plus  semblable  en  cela  à 
Romanzoff  qu'à  Suwarow,  et  plus 
heureux  que  tous  deux,  puisqu'il 
jouit. constamment  de  la  faveur 
de  son  souverain;  il  est  vrai  qu'il 
obtint  à  la  guerre,  de  plus  grands 
succès  que  to.us  ceux  qui  l'avaient 
précédé,  et  qu'il  eut  de  plus  grande 
obstacles  à  surmonter.  Il  avait  le 
caractère  liant  et  des  mœurs  dou- 
ces; élevé  en  France,  il  avait  con- 
servé le  goût  de  la  littérature  fran- 
çaise, il  cultivait  les  arts,  et  par- 
lait purement  plu^eurs  langues. 

KRAFFT  (J.  Ch.},  architecte  j 
né  à  Vienne  et  résidant  à  Paris , 
s'est  fait  connaître  par  la  publi- 
cation des  ouvrages  snivans  :  i** 
(  conjointement  avec  Ransonnet- 
te  )  Nouvelle  architecture  français 
se  «  ou  Pians ,  coupes  et  élévations 
d^s  plus  belles  maisons  et  hôtels, 
construits  à  Paris  et  dans  les  en- 
virons ,  1801-1802  ,  in-fol.  ;  2* 
Plans,  coupes  et  élévations  de  diver^ 
ses  productions  de  fart  de  la  char- 
pente, exécutées  tant  en  France 
que  dans  les  pays  étrangers,  1802- 
i8o5,  4  parties,  in-fol.;  3"  Portes 
coc hères ,  portes  d'entrée,  croi- 
sées 9  balcons  ,  entahletnens  ,  et 
détail  de  menuiseries  et  de  serru^ 
reries  y  1812,  in-fol.  ;  4*  Produc- 
lions  de  plusieurs  artistes  fran- 
çais et  étrangers ,  relatives  aux 
Jardins  pittoresques, iSiu  in-fol.  ;  S'* 
liecueil  des  plus  beaux  monumens 
anciens  et  français,   18 12, in-fol. 

KRAHE  (  Lambert  )  ,  peintre 
allemand^   naquit  à  Dusseidorf^ 


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i64  KRA 

Ycrs  Tan  if5o.  C'est  en  Italie,  et 
principalement  à  Rome,  qu'il  per- 
fectionna son  goût  pour  la  pein- 
ture sous  Subleyras  et  Beneâali , 
car  il  n'avait  apporté  de  sa  patrie 
que  des  dispositions  et  quelques 
élémens:  A  son  retour  à  Dussel- 
dorf ,  il  fut  nommé  premier  ins- 
pecteur de  la  galerie  de  cette  vil- 
le. Il  paraît  que  cet  artiste  se  bor- 
na à  la  théorie  de  son  art ,  et  à  la 
restauration  de  la  galerie,  puis- 
qu'on ne  cite  de  lui  aucun  ouvra- 
ge important^  Sans  l'aventure  du 
îeune  Schmitz  ,  son  nom  n'eût 
peut-être  pas  passé  à  la  postérité. 
Cependant  son  enthousiasme  pour 
'  la  peinture  ,  qui  lui  fit  prendre 
tant  d'intérêt  aux  élèves  qui  se 
faisaient  remarquer  par  d'heureu* 
ses  dispositions,  a  sans  doute  con- 
tribué à  augmenter  le  nombre 
des  bon«  peintres.  Abordé  un  jour 
par  un  jeune  homme  assez  sim- 
plement mis ,  qui  lui  oflVe  à  ache- 
ter un  cahier  de  dessins,  Krahe 
l'ouvre ,  et  surpris  d'y  trouver  les 
germes  d'un  grand  talent,  deman- 
de le  nom  de  l'auteur;  le  jeune 
Schmitz  se  nomme ,  et  ajoute 
qu'il  pourrait  faire  mieux ,  s'il 
n'était  obligé>  pour^vivre,  de  tra- 
vailler au  métier  de  boulanger 
chez  son  père,  ce  qui  ne  lui  per- 
mettait de  se  livrer  au  dessin 
que  les  jours  de  fêtes.  Krahe  l'in- 
vite à  revenir  le  lendemain.  II  a- 
vait  eu  le  temps  d'examiner  plus 
attentivement  les  essais  du  jeune 
boulanger  ;  il  le  retient  le  lende- 
main ,  le  loge  chez  lui  et  le  traite 
comme  s'il  eût  été  son  propre  fils. 
Sous  les  auspices  de  Krahe,  le 
jeune  Schmitz  joignit  à  Tétude  du 
dessin,  celle  de  la  géométrie  et 
de  l'histoire.  £t  après  avoir  acquis 


KRA 

quelques  connaissances  élémcm- 
taires ,  il  fut  envoyé  par  son  pro- 
tecteur à  Paris  pour  se  perfection- 
ner dans  le  dessin  ,  auprès  du 
célèbre  graveur  Wîlle.  Cdui-ei 
raccueillitavec  affection,  dévelop- 
pa ses  talens  et  le  renvoya  à 
son  bienfaiteur.  Les  progrès  de 
Schmitz  avaient  été  prodigieux,  et 
Krahe  n'eut  pas  de  peine  à  le  pla- 
cer dans  la  galerie  de  Dresde,  où 
il  lui  confia  des  travaux  qui  de- 
mandaient une  main  habile.  Sou- 
tenu dans  son  assiduité  au  travail 
par  les  deux  plus  puissans  le- 
viers ,  la  reconnaissance  et  l'a- 
mour, Schmitz  ne  fréquenta  pen* 
dant  deux  ans  que  la  maison  de 
Krahe.  Il  y  fut  si  vivement  affec- 
té un  jour,  par  fes  apprêts  d'une 
fête  qui  devait  être  donnée  pour 
célébrer  le  mariage  d'Henriette 
Krahe ,  fille  aînée  de  son  protec- 
teur, dont  il  était  devenu  passion- 
nément amoureux,  qu'il  tomba 
dangereusement  malade,  et  fut 
alité  pendant  près  de  4  mois.  Dans 
le  cours  de  sa  maladie  il  en  dé- 
couvrît la  cause  à  M.  Krahe;  et 
le  projet  de  mariage  ne  s'étant 
pas  réalisé,  celui-ci  résolut  de 
faire  cesser  les  peines  de  son  é- 
lève,  et  se  rendit  chez  lui  avec  sa 
fille  pour  lui  annoncer  sa  détermi- 
nation. Mais  quel  fut  l'étonne- 
ment  de  Krahe ,  lorsque  le  lende- 
main ,  au  lieu  de  voir  Schmitz  ac- 
courir chez  lui ,  il  apprend  qu'il 
est  parti  pour  Munich ,  avec  tou- 
tes ses  planches  et  tous  ses  des- 
sins. Huit  joup  s'écoulèrent  sans 
qu'il  fût  possible  d'apprendre  les 
motifs  de  cette  fuite.  Mais  Schmitz 
revient ,  se  jette  dans  les  bras  de 
Krahe ,  et  s'écrie.  «  A  présent  je 
»suîs  digne  d'Henriette;  j'ai  aussi 


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»  quelques  revenus.  »  Soa  voyage 
à  Munidî  avait  prodcdt  ce  chan- 
gement dans  sa  fortune.-  Il  s'y  é- 
tait  jeté  aux  pieds  de  l'électeur,  et 
lai  ayant  exposé  sa  situation,  il 
en  avait  obtenu  une  pension  de 
600  florins,  en  considération  de 
sa  reconnaissance  envers  son  bien- 
faiteur et  de  ses  talens.  Son  u- 
oion  avec  Henriette  fut  conclue 
ea  178JI.  Dépais  son  mariage, 
ScfamitiT  a  gravé  un  groupe  d* en- 
fans  peint  par  Aubena;  Jésus  et 
saint  Jean  d'après  Sarcellino  , 
et  V Apparition  de  Jésuk  à  la  Ma^ 
deiaine,  du  Barroche.  On  a  enco- 
re de  lui  dans  le  Voyage  pittores^ 
4fue  de  Naples,  une  Vue  de  la  pe» 
tite  cour  supérieure  de  la  maison 
de  campagne  de  Pompée.  Schmitz 
mourut  à  Dusseldorf,  et  ne  sur- 
vécut pas  long-temps  À  soni)eau- 
pére,  qui  termina  aussi  sa  carrière 
il  Dusseldorf,  en  1790 ,  empor- 
tant les  regrets  de  tous  les  jeunes 
artistes,  qu'il  ^vait  aidés  de  ses 
conseils  et  de  ses  bienfaits  pendant 
tout  le  cours  de  sa  vie. 

KRAMP,  mathématicien  alle- 
mand, successivement  médectn  à 
Sjlire,  et  professeur  de  physique 
expérimentale  à  l'écolèi  centrale 
de  Cologne,  s'est  fait  un  nom  par<^ 
mi  lea  savans  et  les  mathémati- 
ciens par  plusieurs  ouvrages  gé- 
néralement estimés.  Son  analyse 
des  Réfractions  astronomiques,  sur- 
tout, lui  assigna  une  place  distin- 
guée dans  la  république  des  li- 
tres. Cet  ouvrage,  d'après  le  ju- 
gement de  rinstitnt,  fut  solenn^- 
lement  prodamé,  en  1798,  comme 
la  meilleure  production  de  l'an- 
née; il  fut  réimprimé  à  Strasbourg 
et  à  Léipsick,  en  1799,  in-/}*'.  Ses 
Eiémensd'  arithmétique  universelle. 


ILRÀ 


i65 


publiés  en  1808^  furent  l'objet 
d'un  examen  spécial  dans  la  classe 
des  sciences  mathématiques  de 
l'institut,  et  il  en  fut  rendu  compté 
en  1810,  dans  son  rapport  sur  le 
progrès  des  lumières.  Vo^ci  com- 
ment le  rapporteur  s'en  explique: 
«  Cet  ouvrage  peut  être  lu  avec 
»  fruit  et  avec  intérêt,  même  après 
«les  nombreux  traités  d'algèbre 
}»qui  ont  paru  dans  toutes  les^lan- 
»  gucs.  L'auteur  y  expose  un  cal- 
»  cul  des  dérivations,  un  peu  diffé- 
»  rent  de  celui  d'Ai^ogart.  Il  s'en^ 
»  sert  pour  bannir  toute  idée  d'in- 
»  fini  des  calculs  différentiel  et  In- 
n  tégral  qu'ilramène  aux  méthodes 
«purement  algébriques.  On  lui 
»  reprochera,  peut-être  aus^',  un 
«néologisme  quia  ses  inconvé- 
«niens  dans  les  sciences  mathé- 
»matiques  comme  dans  la  ^ttéra- 
Ature;  mais  il  s'attache  dans  sa 
«préface  à  démontrer  que  ses  no- 
»  tations  étaient  indispensables 
«pour  le  développement  de  ses 
«idées.  »  On  a  encore  de  lui  en 
allemand  :  i"  Histoire  de  V Ai^éos" 
tatique  sous  Us  rapports  historique^ 
physique  et  mathématiquej  Stras- 
bourg, 1783,  2  vol.  in-8',  avec 
un  supplément  publié  en  1786;  a" 
VArt  des  aecouchemenSs  traduit  du 
tVançais  de  Sacombe,  Manheim, 
1796,  in-8%  et  plusieurs  m^mi»*- 
res  qae  l'on  trouve  dans  différeits 
riecueils  périodiques. 

ILRASICKI  (Unage)  ,  comte  de 
^ezen,  archevêque  de  Goesne, 
etc. ,  naquit  à  Boubiecko ,  fte  5 
février  1756,  d'une  femille  illus- 
tre dans  les  sciences  et  dans  les 
armes.  Ses  parons  le  destinèmut 
dès  son  enfance  à  l'élat  «ceiésaas-, 
tique,  et  il  obtint  sans  peine  des 
dignités  et  des  richesses,  €[u'il  ^ût 


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i66  KRA 

payées  de  son  sang  dans  la  carriè- 
re militaire;  il  devint  successire- 
iiM^nt  prince-évêque  de  Warmie, 
et  archevêque  de  Gnesne.  La  litté- 
rature,  qujl  cultiva  avec  succès, 
rendit  son  nom  célèbre.  Krasickt 
futTun  des  plus  illustres  écrivains 
polonais  du  18"*  siècle.  Passionné 
pour  l'indépendance  de  sa  patrie, 
et  ne  pouvant  la  défendre  avec 
son  épée,  il  la  servit  tant  qu'il  put 
avec  sa  plume.  Quand  la  Pologne 
tut  partagée  pour  la  première  fois 
en  i;?72,  et  que,  par  suite  de  Id 
domination  prussienne,  il  fut  for- 
cé de  renoncer  au  sénat  de  sa  pa- 
trie, il  ne  trouva  de  consolations 
que  dans  les  lettres^  et  se  consa- 
cra entièrement  aux  (travaux  du 
cabinet.  Il  avait  une  conversa- 
tion vive  et  enjouée,  qu'il  con- 
-  serva  malgré  ses  malheurs.  Le 
grand  Frédéric,  qui  aimait  à 
l'entendre ,  l'honora  d'une  cons- 
tante amitié.  Ce  prince  lui  dit 
un  jour  en  plaisantant  :  «  Mon- 
M  sieur  Tarchevêque,  j'espère  bien 
»  que' vous  me  ferez  entrer  en  pa- 
»  radis  sous  votre  manteau  épis- 
»copal.  —  Non,  sire,  répondit  Je 
»  prélat,  votre  majesté  me  l'a  ron- 
agné  si  court,  qu'il  me  serait  im- 
»  possible  d'j  cacher  de  la  contrc- 
ik  bande.  )>  Le  comte  Krasicki 
montrait  dans  ses  •  écrits  plus  die 
goût,  d'agrément  et  de  facilité 
que  Naruszewic»  et  Trembecki> 
ses  contemporains;  mais  il  était 
moins  nerveux  et  moins  correct. 
Il  excellait  surtout  à  saisir  les  ri- 
dicules qui- tenaient  aux  habitudes 
nationales^  et  en  faisait  une  pein- 
ture fidèle.  Parmi  une  foule  d'ou- 
vrages de  ce  poète,  on  distingue  : 
i*\aMych0ide^s\iîei  tiré'de  l'ancien- 
ne chronique  de  Févêque  Kadlu- 


KJRA 

beck,  selon  laquelle  les  rats  et  les 
souris  avaient  mangé  leroiPopiel. 
Krasicki  trouva  dans  cette  fable t 
la  matière  d'Un  poëme  héroï-comi- 
que en  10  chants;  il  été  traduit  en 
français  par  Dubois.  On  cite  en- 
core :  a" /a  Monomachie,  ougiur- 
re  des  moines^  en  6  chants,  do^il 
l'exécution  fut  peut*êtredueàune 
plaisanterie  de  Frédéric.  Ce  prin- 
ce, en  donnant  au  prélat  polonais 
l'appartement  de  Sans  -  Souci 
que  Voltaire  avait  autrefois  occu- 
pé, lui  fit  observer  avec  un  sourire 
malin,  que  le  souvenir  du  poète 
qui  l'afvait  précédé,  allait  sans 
doute  l'inspirer  heureusement. 
Cette  observation  ayait  vivement 
frappé  l'imagination  de  l'archevê- 
que, réchauffa  sa  verve,  et  cet  ou- 
vrage original  passe  pour  son 
chef-d'œuvre.  7)^  V Antimonoma^ 
chie,  aussi  en  6  chants,  poëme 
inférieur  au  premier;  4°  plusieurs 
livres  de  Fables^  qui  en  contien- 
nent d'excellentes,  dont  toutes  le^ 
langues  pourraient  s'honorer;  5"* 
des  Satires  un  peu  froides,  com- 
parées à  celles  de  Naruszewicz;  6" 
la  Guerre  de  Ckocim^  poëme  épi- 
que en  12  chants  :  c'est  plutôt  lin 
récit  historique  de  la  victoire 
remportée  sous  le  règne  de  Si- 
gismond,  par  Ohocskiewi,  sur  le 
sultan  Osman,  qu'un  véritable 
poëme  épique;  on  y  trouve  de 
beaux  vers;  7*  des  imitations 
de  Fingal,  des  chants  de  Selma^ 
et  d'autres  poëmes  d'Ossian  :  el- 
les sont  loin  d'offrir  la  touche 
mâle  de  l'original;  8*  des  Lettres 
et  Mélanges,  en  prose  et  en  vers; 
l'instruction,  la  gaieté  et  la  raison 
semblent  réunies  pour  en  faire  un 
tout  aussi  agréable  qu'utile.  C'est 
dans  ses  ouvrages  en  prose  sur- 


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KRA 

tout  qu'il  attaque  les  défauts  ou 
les  ridicules  de  ses  compatriotes, 
et  Ton  dit  qu'tt  les  en  corrigea  en 
partie.  Les  ouvrages  de  Kraslcki 
font  encore  aujourd'hui  les  délices 
des  hommes  de  goût  de  sa  patrie, 
ir  a  encore  publié  une  Encyclopé- 
die élémentaire  et  une  Histoire  de 
Varsovie^  qui  figurent  aTantageu- 
sement  parmi  ses  autres  ouvra- 
ges. Le  comte  Krasicki  mourut  à 
Berlin,  le  i4  mars  1801,  âgé  de 
66  ans,  et  tut  généralement  re- 
gretté. La  plupart  de  ses  ouvrages 
ont  été  recueillis  et  publiés  par 
Dmachowski,  Varsovie,  i8o5  et 
suiv. ,  en  10  vol.  in-8°. 

KRA^NSKI  (i.ecohteVincet4t), 
général  polonais,  était  issu  d'une 
famiUe  ancienne  et  célèbre  dans 
l'histoire  de  la  Pologne.  Passion- 
né pour  la  liberté,  il  abandonna 
sa  patrie,  quand  il  la  vit  sous  le 
joug  des  Russes,  et  passa  au  ser- 
vice de  France,  où  il  devint  colonel 
du  1"  régiment  de  chevau-légers- 
lanciers  et  chambellan  de  l'empe- 
reur Napoléon.  Il  se  distingua  dans 
différentes  affaires  par  son  coula- 
ge; il  s'illustra  surtout  au  passage 
du  Niémen,  qu'il  traversa  le  pre- 
mier à  la  nage.  Il  se  trouva  à  tou- 
Ites  les  affaires  de  cette  campagne 
^t  s'y  couvrit  de  gloire.  Cette 
brillante  conduite  lui  valut,  en 
181 3,  le  grade.de  général  de  brî-, 
gade,  et  celui  de  général  de  divi- 
sion en  i8i4*  Le  ]5  mars  de  cette 
année,  il  se  signala  encore  auprès 
de  Reims,  et  contribua  particuliè- 
rement à  la  reprise  de  cette  ville, 
en  coupantla  route  de  Béri-au-Bac. . 
I^'ennemi  forcé  de  se  retirer  en' 
désordre,  laissa  au  pouvoir  des 
Fran/pais  23  pièces  de  canon,  5,ooo 
prisonniers  et  100  voitures  deba- 


KRA  1G7 

gages  et  d'artillerie.  L'abdication 
de  Napoléon  mit  fin  aux  hostilités^ 
et  le  général  Krasinski  recoudui- 
sit  les  débris  de  ses  troupes  en  Po- 
logne. Le  jour  qu'il  entra  à  Posen 
fut  un  jour  de  fête;  il  fut  reçu 
aux  acclamations  de  toute  la  ville, 
célébrant  également  et  son  patrio- 
tisme et  ses  belles  actions.  Les  au- 
torités vinrent  à  sa  rencontre,  et 
dans  un  discours  que  leur  adressa 
le  comte  de  Krasinski^  on  remar- 
qua le  passage  suivant  :  «  Les  ai* 
i>glesque  vous  voyez  planer  au^ 
»  dessus  de  nos  têtes,  et  \e&  armes 
»  qui  brillent  dans  nos  mains^  sont 
»Ia  preuve  de  la  confiance  du 
»  jeune  monarque  sous  lequel  nous 
»  vivons,  et  de  la  haute  protection 
»  qu'il  nous  accorde.  Le  monde 
»  entier  lui  rend  justice,  mais  c'est 
))  à  la  postérité  à  l'en  récompen- 
»  ser,  en  le  plaçant  au  rang  de  ces 
»  héros  que  l'admiration  des  siècles 
«transmet  aux  autres  siècles.  Fi- 
»dèles  à  notre  devoir,  nous  n'a- 
»bandonnâmes  un  trône  chance- 
wlant,  que  quand  celui  qui  l'avait 
»  élevée  l'abandonna  lui-même. 
»Ce  n'est  qu'avec  sa  permission 
«que  nous  nous  adressâmes 
Ȉ  l'empereur  Alexandre,  dont 
»  l'âme  magnanime  nous  promit 
nbieuveillance  et  protection.  »  Le 
monarque  russe,  au  mois  de  no- 
vembre de  la  même  année,  char- 
gea le  comte  de  Krasinski  de  pas- 
ser en  revue,  à  Var80vie,la  garde 
impériale  lithuanienne ,  et  le  nom- 
ma commandant  de  cette  ville. 
Plusieurs  membres  de  la  famille 
de  ce  générai  ont  droit  aux  éloges 
de  leurs  contemporains.  Krasins- 
ki» évêquede  KaminieC,  sut  inté- 
resser la  France  entière  à  la  con- 
fédération de  Bar;  et  à  sa  voix, 


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iSè 


eAx 


pour  la  9«coiirit,  une  foUlé  d'Of- 
ficiers français  accouru renl  sous 
les  ordres  des  généraux  de  Vio- 
ménii,  DumourietetChoiseul.  On 
voit  encore,  à  la  même  époque,  le 
grand  «  maréchal  du  même  nom 
obtenir,  de  la  Porte-Ottomane, 
par  son  habileté  les  plus  grands 
avantages  pour  sa  nation.  On  ne 
pourrait  citer  tous  les  Rrasinski 
célèbres,  mais  il  serait  injuste  de 
passer  sous  silence  le  capitaine 
Pierre  Krasin^ki,  blessé  à  Somma- 
^  Sierra,  près  de  Madrid,  dans  la 
fameuse  charge  de  chevau-légers 
j^olonais  de  la  garde,  commandée 
par  le  général ,  son  parent.  • 
RRAIÎSE  (ChaHles-ChbétieîjJ  , 

^  médecin  saxon,  naquit  à  Dolitsch, 
en  1716,  d'une  famille  pauvre. 
Ses  parens  s'efforcèrent  cependant 

^^^e  lui  faire  donner  une  bonne  é- 
ducation ,  et  il  profita  des  sacri- 
fices au-dessus  de  leur»  forces  qu'ils 
s'étaient  imposée.  Il  tennina  ses 
études  à  Léipsick,  après  les  avoir 
commencées  à  Halle  et  conti- 
nuées à  Hambourg,  et  fut  repu, 
en  1753,  docteur  en  médecine  ;  îl 
devint,  en  1762,  professeur  d'a- 
natomie  et  de  chirurgie.  Krause 
s'est  également  fait  remarquer 
comme  professeur  et  comme  pra- 
ticien ,  et  îl  a  composé  une  assez 
nombreuse  collection  de  disserta- 
tions académiques,  dont  les  plus 
importantes  ont  été  réunies  et  pu- 
bliées ,  «n  1787,  par  C.  G.  Kiihn, 
sous  le  titre  de  :  Opuscula  meâieo- 
pratica.  Krause  a  donné  de  bon- 
nes traductions  :  i*de  VOstéoiogie, 
d'Alexandre  Monroe  (  1 76 1 ,  in-8°); 
2*  du  Traité  de  Vtiydroplsie,  de 
Donald  Monroe,  ih-8%  176a, 
réimprimé  en  1777;  3*  des  Mé- 
moires  du  collège  des  médecins  de 


.     ,   KRA 

Londres^  3  vol.  in-8*.  On  cite  en- 
core sa  belle  édition  de  Oeke^ 
Léipsick,  1768,  in-8%  et  les  ama- 
teurs la  réunissent  à  la  collection 
des  yariorum,  Krause  mourut  le 
a6  avril  1703.  ^ 

KRA  Y  fuBOH  m),  général- 
feld-seugmeistre  au  service  d'Au- 
triche, commandeur  de  l'ordre 
de  Marie-Thérèse  ,  propriétaire, 
d'un  régiment  d'infanterie,  na- 
quit en  Hongrie,  d'une  famille 
distinguée.  Il  prit  jeune  encore  lé 
parti  des  armes ,  fit  la  guerre  con- 
ïte  les  Turcs  en  qualité  de  colo- 
nel ,  et  fut  nommé  général-ma)Oi- 
à  la  paix,  en  récompense  de  seb 
services.  Il  se  conduisit^  d'une 
manière  honorable  en  1793,  ,1794 
et  1795,  dans  les  Pays-Bas,  etstlk^ 
le  Rhin.  En  1796,  il^t  employé 
à  l'armée  de  Warten^leben ,  et 
dès  l'ouverture  de  la  campagne 
s'y  distingua  d'une  manière  parti- 
culière ;  il  fut  élevé  au  grade  de 
feld-maréchaMieu tenant.  De  Kray 
continua  à  montrer  la  valeur  la  plus 
brillante  dans  toutes  les  affaires 
qui  eurent  lieu,  en  août  et  en 
septembre,  dans  la  Franconie, 
aux  bataillcis  d'Altenkirken ,  For- 
cheim,  Bamberg,  Wetzlar,  <îîe&- 
sen ,  etc. ,  où  il  développa  de 
grands  talens  et  exécuta  des  ma- 
nceuvres  savantes.  Au  commen- 
cement de  l'année  1 797,  cette'mê- 
me  armée,  que  commandait  Wet- 
neck,  éprouva  des  pertes  si  considé- 
rables '<f  et  fut  mise  par  le  général 
Hoche  dans  une  telledéroute,que!a 
plupart  des  ofliciers-généraux  qui 
y  servaient  furent  inculpés,  et  tra- 
duits à  un' conseil  de  guerre  tenu 
à  Vienne.  De  Kray  fut  acquitté; 
mais  sans  doute,  pour  disculper 
dans  l'opinion  le  chef  aux  dépens 


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RRA 

des  inférieure ,  il  fat  condamné  à 
1 5  jours  d'arrêts.  Il  passa,  en  jtiil-* 
let,  à  Tamiée  d'Italie ,  et,  après 
la  mort  du  jeune  prince  d'Orangé, 
il  pirit  le  commandement  en  chef 
des  troupes  autrichiennes.  La  ma- 
nière brillante  dont  il  ouvrit  la 
campagtie  de  1799?  prépara  les 
succès  qu'obtinrent  bientôt  Mêlas 
et  Smrarow.*  On  Itii  confia  alors  la 
conduite  du  siège  de  Mantoue,  que 
l'approche  de  l'armée  de  Macdo- 
nald  fit  suspendre  un  instant  ;  mais 
il  vînt  à  bout  dé  s'en  emparer,  a- 
près  deux  mors  de  travaux.  L'ac- 
cueil flatteur  que  lui  fit  l'empe- 
reur François,  quand  il  se  rendît  à 
Vienne,  en  février  1 800,  dut  lui  faire 
espérer  de  nouvelles  faveurs,  et  il 
fut  en  effet  nommé  au  comman- 
dement lie  l'armée  du  Rhin ,  que 
quittait  l'archiduc  Charles.  Ses  suc- 
cès ne  répondirent  pas  à  l'attente  du 
monarque;  constamment  repoussé 
et  vaincu  par  les  Français,  il  fut 
forcé  de  se  retirer  jusque  sur  les 
bords  du  lac  de  Constance.  La 
paix  interrompit  bientôt  les  opé- 
rations militaires  du  général  de 
Kray.  Il  se  rendit  à  Vienne ,  où  il 
mourut,  au  mois  de  janvier  1801. 
Il  a  laissé  la  réputation  d'un  des 
généraux  les  plus  habiles  qui  aient 
commandé  les  troupes  autrichien- 
nes ,  pendîint  la  guerre  de  la  ré- 
volution française. 

KRAYENHOFF  (  Cobnbille- 
Rodolphe-Théodore),  lieutenant- 
général  et  inspecteur-général  du 
génie  au  service  du  royaume  des 
Pays-Bas ,  est  né  à  Nimègue ,  en 
1769.  Son  père  ayant  éprouvé  des 
passe-droits  dans  la  carrière  mi- 
litaire, avait  renoncé  au  service, 
et  s'était  établi  pharmacien  à  Ams- 
teVdam.  Le  jeune  Krayenhoff  se 


kRA 


169 


fendit  à  l'école  de  Harderwyck, 
pour  y  apprendre  la  médecine. 
Il  fit  d'excellentes  études,  reçut 
le  grade  de  docteur,  et  exerça 
quelque  temps  l'état  de  méde- 
cin à  Amsterdam.  Mais  il  em- 
ployait tous  ses  loisirs  â  l'étude 
des  mathématiques  et  de  l'art  mi- 
litaire. En  1795,  quand  les  trou- 
bles politiques  éclatèrent  en  Hol- 
lande, le  docteur  RrayenhoflF  prit 
les  armes,  et  se  voua  entièrement 
à  l'état  pour  lequel  la  nature  l'a- 
vait doué  des  dispositions  les  plus 
heureuses,  que  l'étude  avait  dé- 
veloppées. Il  parvint  rapidement 
aux  premiers  grades.  Nommé 
lieutenant-colonel  ingénieur,  et 
contrôleur-général  des  fortifica- 
tions hollandaises,il  fut  chargé  par 
le  gouvernement  en  1 798,  de  faire 
une  nouvelle  carte  de  la  républi-** 
que  batave.  Cette  commission  ne 
pouvait  être  confiée  â  des  mains 
plus  habiles,  i)  la  remplit  avec 
succès ,  et  la  carte  qu'il  livra  bien-  » 
tôt,  est  une  des  plus  belles  et  la 
plus  exacte  qu'on  ait  faites  en 
Hollande.  En  1 799,  au  mois  d'août, 
une  armée  anglo-russe  occupait 
la  Nord -Hollande;  on  le  nomma 
chef  d'une  brigade  d'ingénieurs  , 
et  il  eut  le  bonheur  de  délivrer 
son  pays  de  ces  hôtes  incommo- 
des. Le  17  décembre  i8o5,  il  fut 
élevé  à  la  place  de  commissaire- 
général  du  gouvernement  batave, 
auprès  du  quartier  -  général  de 
Louis  Napoléon.  Il  justifia  la  con- 
fiance dont  on  l'avait  honoré,  dans 
les  compagnes  de  i8o5,  1806  fct 
1809  en  Zélande,  où  il  rendit  des 
services  im^portans.  Peu  de  temps, 
après  l'avènement  de  Louis  au 
trône  de  Hollande,  M.  Krayenhoiî 
fut  nommé  successivement  aide- 


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170 


KRA 


de-camp  du  roi ,  direclcur-géoé- 
ral  du  dépôt  de  la  guerre  9  gé- 
nérai-major 9  et  enfin  ^  en  1809, 
ministre  de  la  guerre.  Lorsqu'il 
fut  question  de  réunir  la  Hollande 
à  Tempire  français  9  désespéré  de 
Toir  sa  patrie  perdre  son  existen- 
ce politique  et  son  indépendance  9 
il  osa  engager  le  roi  Louis  à  la 
résistance  9  proposa  les  mesures 
les  plus  énergiques  9  et  voulut 
mettre  la  ville  d'Amsterdam  en 
état  de  défense.  Mais  l'abdication 
de  Louis  et  la  soumission  des  Hol- 
landais rendireiit  son  zèle  et  ses 
conseils  inutiles*  Le  général 
Krayenhoff  resta  quelque  temps 
sans  fonctions  ;  mais  Napoléon  9 
qui  savait  apprécier  l'énergie  et 
les  talens,  et  qui  prenait  les  hom- 
mes utiles  partout  où  il  les  trou- 
vait 9  le  nomma9  par  son  décret 
du  ai  septembre  iSio,  inspec- 
teur-général du  génie  9  place 
qu'il  a  occupée,  jusqu'à  ce  que  la 
Hollande  eût  recouvré  son  an- 
cienne indépendance,  par  suite 
des  évén^mens  de  18 13.  Le  géné- 
ral Rrayenhoif  embrassa  avec 
chaleur  le  parti  patriotique  9  et 
fut  nommé,  le  24  novembre,  gou- 
verneur d'Amsterdam.  A  cette  é- 
poque,  il  fut  chargé  du  siège  de 
Naarden,  ville  dans  laquelle  les 
Français  s'étaient  renfermés.  Mais 
ceux-ci  résistèrent  vaillamment  à 
toutes  ses  attaques ,  et  ne  capi- 
tulèrent que  lorsqu'ils  furent  in- 
formés que  Paris  avait  ouvert  ses 
portes  aux  armées  alliées.  Le  17 
janvier  18149  on  lui  confia  le 
commandement  de  la  1"  division 
militaire  des  provinces  unies  des 
Pays-Bas,  et  quelque  temps  a- 
près,  la  place  d'inspecteur-géné- 
ral du  génie,  qu'il  remplit  encore 


KIl£ 

aujourd'hui.  M.  Krayenhc^ff  joîirt 
au  courage  et  aux  talens  mili- 
taires 9  des  connaissances  profon- 
des dans  la  partie  qu'il  préside, 
et  dans  celle  du  JVaieràtaat  (ad- 
ministration des  ponts«-et-chaus- 
sées  )  qu'il  dirigait  également  , 
sous  la  république  batave,  avec 
le  titre  de  commissaire-inspecteur 
du ,  JVçiterstàat ,  et  membre  du 
comité  central  de  cette  adminis- 
tration. M.  Krayenhoff  est  aussi  ^ 
un  écrivain  distingué  :  on  lui  doit 
une  traduction  de  l'ouvrage  de 
Jacquet  sur  l'électricité,  auquel 
il  a  joint  un  grand  nombres  d'ob- 
servations particulières  et  de  no- 
tes. Une  société  savante  de  Tou- 
louse avait  proposé  un  prix,  sur 
V Électricité  physique  et  médicale  : 
son  mémoire',  écrit  en  latin,  rem- 
porta le  prix.  Il  a  été  traduit  en 
français  par  le  professeur  Van 
Swinden.  On  lui  doit  encore  une 
description  étendue  de  la  compo- 
sition de  sa  belle  carte  du  royau- 
me de  Hollande ,  ainsi  qu'un  pro- 
jet concernant  la  clôture  de  la  riviè- 
re du  Lek.  Ces  deux  ouvrages  qu'il 
a  adressés  à  l'institut  des  Pays-Bas,- 
ne  sont  pas  encore  publiés.  M.^ 
Krayenhoff,  estimable  sous  tant 
de  rapports ,  est  commandeur  de 
l'ordre  militaire  de  Guillaume,  et 
chevalier  de  la  légioo-d'honneur. 
KRËIG  (Jean-Fmdéric),  géné- 
ral français,  naquit  à  Lahr,  en 
Brisgaw,  en  1730.  Sa  famille  avait 
été  forcée  de  s'exiler- de  France 
après  la  révocation  de  l'édil  de 
Nantes.  Mais  le  jeune  Kreig  y  ren- 
tra à  l'âge  de  16  ans  ,  obtint  du 
service,  et  fit,  avec  distinction, 
toutes  les  campagnes  des  guerres 
d'Hanovre  sous  le  maréchal  de 
Saxe.  Il  fut  nommé,  par  le  mare- 


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KAE 

chai  de  Broglie,  capitaine  de  cava- 
lerie après  ta  malheureuse  bataille 
de  Rosbach ,  ^où  il  avait  presque 
«eul  eu  le  bonheur  de  se  distin- 
guer, et  après  la  bataille  de  Min- 
den,  il  fut  nommé  major.  Il  reçut 
16  blessures  au  combat  de  Clos- 
tercamp,  en  protégeant  la  retraite 
de  Tarraée  française  ;  resta  sur  le 
champ  de  bataille,  et  ne  fut  sauvé 
que  par  la  générosité  du  grand 
Frédéric,  qui  le  fit  enlever  mou- 
rant 9  et  lui  fit  accorder  des  soins 
particuliers.  Après  sa  guérison, 
qui  avait  exigé  un  traitement  de 
3  ans,  il  résista  à  toutes  les  solli- 
citations de  ce  prince,  qui  l'enga- 
geait à  servir  dans  ses  troupes;  re- 
vint en  France,  et  y  fut  long- 
temps malheureux.  Ses  services 
étaient  oubliés,  et  il  n'obtint  enfin 
qu'avec  peine  une  sous-Ueutenan- 
ce.  Parvenu  de  nouveau  au  grade 
de  capitaine ,  il  commandait:  une 
batterie  fiottante  au  siège  de  Gi- 
braltar en  178a;  ces  batteries  ayant 
été  détruites^  il  s'échappa  à  la  nage 
iqalgré  de  nouvelles  blessures,  et 
eut  le  bonheur  de  sauver  aussi  la 
vie  à  plusieurs  de  ses  frères  d'ar- 
mes. La  révolution  le  trouva  capi- 
taine au  régiment  de  Nassau  ;  il 
devint  bientôt  aide-de-camp  du 
général  Wimpfen,  commandait  en 
second  au  siège  de  Thionville,  et 
ce  furent  ses  vigoureuses  softies 
et  ses  habites  manœuvres  qui  for- 
cèrent les  ennemis  à  la  retraite.  Ils 
ne  s'en  vengèrent  pas  en  braves  ; 
ils  diirent  le  feu,  en  se  retirant,  à 
une  petite  propriété  qu'il  avait  à 
Oberkirck,  dans  le  Brisgaw.  Il  de- 
vint, bientôt  après,  colonel  d'in- 
fanterie, puis  général  de  brigade, 
et  enfin ,  général  de  division. 
Arrêté  en  1795,  il  fut  conduit  à 


KAE 


171 


Paris,  et  resta  i5  mois  dans  les 
fers.  Rendu  à  la  liberté ,  il  alla 
combattre  les  Vendéens ,  remporta 
plusieurs  avantages,  et  revint  ù  Pa- 
ris. Appelé  par  le  directoire  pour 
prendre  le  commandement  en 
cette  ville,  il  remplit  18  mois  ce 
poste  diflicile  dans  les  circonstan- 
ces où  l'on  se  trouvait  alors,  ob- 
tint enfin  sa,  retraite,  et,  alla  se  fixer 
à  Bar-su r-Ornain,  où'  il  mourut , 
en  février  i8o3.  Kreig,  générale- 
ment estimé,  était  chéri  des  pau- 
vres qu'il  soulageait ,  et  des  sol- 
dats qu'il  traitait  en  frères.  Il  comp- 
tait Ô4  ans  de  service  effectif,  et  55 
blessures.  Il  avait  été  nommé , 
quelques  années  avant  sa  mort , 
membre  du  conseil- général  de  son 
département. 

KJiEUTZER  (Rodolphe),  célè- 
bre compositeur  de  musique  et  l'un 
de  nos  premiers  virtuoses  sur  le 
violon,  est  né  à  Versailles,  dépar- 
tement deSeine-et-Oise,  en  1767. 
Son  père,  musibien  attaché  à  la 
chapelle  du  roi,  lui  donna  les 
premiers  principes  de  son  art,  et 
le  plaça  ensuite  sous  la  direction 
de  A.  Stamitz,  qui  cultiva  les  heu- 
reuses dispositions  du  jeune  Kreut- 
zer pour  le  violon.  Il  parut ,  à  pei- 
ne âgé  de  i3  ans,  au  concert  spi- 
rituel, où  il  exécuta  avec  un  art, 
un  aplomb  qui  excitèrent  l'en- 
thousiasme, un  concerto  de  violon 
qu'il  avait  composé.  Ses  progrès ,. 
ses  talens  se  développèrent  si  heu- 
reusement, qu'à  19  ans  il  fit  ré- 
péter, dans  la  petite  chapelle  du 
château,  devant  toute  la  cour, 
deux  grands  opéras,  qui  furent 
écoutés  avec  beaucoup  d'intérêt  : 
ils  lui  méritèrent  la  protection  de 
la  reine,  et  l'honneur  de  faire 
partie  des  concerts  particuliers  de 


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i7â 


&RË 


celte  princesse.  Prouvant  bientôt 
qu'il  ne  possédait  pas  moins  la 
théorie  de  son  art  que  l'exécution, 
il  publia  plusieurs  concertos,  et  fit 
représenter  successivement  plu- 
sieurs bpéras,  qui  furent  accueillis 
avec  faveur  :  celui  de  Paul  et  Vir- 
ginie le  fit  classer  parmi  les  pre- 
miers compositeurs  en  ce  genre. 
M.  Kreutzer,  entré  comme  pro- 
fesseur au  Conservatoire ,  lors  de 
la  création  de  cet  utile  établisse- 
ment, fut  envoyé,  en  1797,  en 
Italie ,  pour  y  recueillir  les  ouvra- 
ges des  maîtres  de  l'école  italien- 
ne. Jaloux  de  puiser  à  toutes  les 
sourcejs  pour  perfectionner  son  ta- 
lent, il  voyagea  depuis  en  Alle- 
magne et  en  Hollande.  De  retour 
à  Paris ,  il  devint  premier  vîoloh 
de  la  chapelle  et  de  la  musique 
particulière  de  l'empereur,  et  pre- 
mier violon  de  l'Académie  impé- 
riale de  musique.  Il  est  actuelle- 
ment premier  professeur  de  violon 
à  l'École  royale  de  musique  et  de 
déclamation ,  et  premier  chef  d'or- 
chestre de  l'Académie  royale  de 
musique.  Ses  différens  ouvrages 
sur  notre  première  scène  lyrique, 
^  comme  à  l'Opéra -Comique,  ont 
obtenu  le  succès  le  plus  flatteur. 
Nous  allons  faire  connaître  la  no- 
menclature de  ses  ouvrages.  A 
l'Académie  de  musique  :  i*  Astya-- 
nax^  opéra  en  trois  actes,  paroles 
de  Dejaure ,  '  iBoi ,  composition 
remarquable  par  de-beaux  chœurs 
et  un  air  du  caractère  le  plus  tra- 
gique; 2°  (avec  Nîcolo)  Fiaminius 
àCorinihe,  opéra  en  un  acte,  pa- 
roles de  Guilbert  et  Lambert,  180 1  ; 
S*  Aristippe,  opéra  en  a  actes, 
paroles  de  MM.  Gîraud  et  Leclerc, 
1808,  ouvrage  plein  de  grâces; 
4*  /a  Mort  (tAbel,  opéra  en  5 


£LR£ 

^ 

actes ,  paroles  de  M.  Hoffmai) , 
1810;  5"  le  Triomphe  du  mois  de 
Mars  y  opéra  en  un  acte,  paroles 
de  M.   Dupaty,  1811;   6"  (avec 
MM.  Méhul,  Paer  et  Berton)  t'O- 
riflamme,  opéra  en  un  acte,  pa- 
roles de  MM.  Etienne  et  Baour- 
Lormian,   i8i4;   7*  /a  Princesse 
de  Babylone,  opéra  en  3  actes, 
paroles  de  M.  Tîgée-,   181 5  :  cet 
ouvrage  se  ressent  un  peu  de  l'ex- 
trême froideur  du  poërae;  8°  (avec 
MM.  Persuis,  Spontini  et  Berton) 
les  Dieux  rivaux,    opéra  en  un 
acte ,  paroles  de  MM.  Dieulàfoi  et 
Brifaut.  9*  Il  a  composé  la  musi- 
que de  plusieurs  ballets  :  eu  1806, 
Paul  et  Virginie;  en  i8o8.  An- 
toine  et  Cleo  pâtre;   en  1809,  (a 
Fête  de  Mars;  en  181 3  (avec  MM. 
Persuis   et   Berton),    l'Heureux 
retour;  en  1817,  le  Carnaval  dé 
Venise;    en    1818,    la    Servante 
justifiée;  enfin,  en  1820,   ClarL' 
La  musique  des  ballets  à^ Antoine 
et  Ctéopâtre,  de  la  Fête  de  Mars 
et  de  Clari,  est  délicieuse,  et  vaut 
celle  dès  meilleurs  opéras.  A  t'O- 
péiu-Coi^iQUE  :  i""  Jeanne  d'Arc  ; 
a*  Lodoiska,  ouvrage'  intéressant, 
et  dont  l'ouverture  est  toujours 
entendue  avec  plaisir;  5*  Paul  et 
Virginie,  dont  la  musique  simple 
et  naïve  participe  du  génie  de  Ber- 
nardin de  Saint-Pierre  ;  4*  '^  franc 
Breton;  5*  Charlotte  etVerther ; 
6*  le  petit  Page;  7"  François  I**\ 
S^  Jadis  et  Aujourd'hui;  9*  l^ Hom- 
me sans  façon  ;  1  o"  le  camp  de  So- 
bieski;  \V  Constance  et  Théodore; 
12*»  le  Béarnais  {1814);    i3*  la 
Perruque  et  la  Redingote  (1814)  ; 
14*  enfin,  en  1816,  le  Maître  et 
le  Valet.    M.  Kreutzer  a  encore 
composé  la  musique  des  chœurs 
d'une  espèce  de  mélodrame  inti- 


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KRÊ 

tulé  :  ia  Journée  de  Marathon,  ou 
le  Triomphe  de  la  Liberté,  lequel 
fut  représenté ,  en  1794  5  rue  de 
Richelieu  9  sur  le  théâtre  qui  de- 
puis devint  celui  de  l'Opéra.  On 
doit  à  M.  Kreutzer  des  concertos 
-de  violon,  des  symphonies  concer^ 
tantes  pour  deux  violons^  des  quar^ 
fetii,  des  trios,  des  duos  et  des 
sanates  de  violon.  Il  est  auteur, 
avec  M.  Baiïlot,  de  l'excellente 
Méthode  de  violon,  rédigée  pour 
renseignement  du  Conservatoire 
de  musique. 

KREUTZER  (N.) ,  frère  puîné 
du  précédent  ^  est  un  de  nos  meil- 
leurs Tiolonistes  ;  il  joue  avec  un 
rare  talent  les  concertos  de  Viotti. 
M.  Kreutzer  jeune  est  professeur 
survivancier  de  son  frère,  à  l'É- 
cole royale  de  musique  et  de  dé- 
clamation ,  et  troisième  violon  de 
l'Académie  royale  de  musique.  Il 
-ne  paraît  pas  s'être  livré  à  la  com- 
position. 

KRIEGER,  officier  distingué  de 
marine  c&anoise9  était  parvenu  au 
grade  d'adjudant-général,  et  com- 
mandait une  division  de  chalou- 
pés canonnières  en  1808.  Il  fit,  a- 
Tcc  les  faibles  moyens  mis  à  sa 
disposition,  tout,  ce  qu'on  pouvait 
attendre  de  l'officier  le  plus  brave 
et  le  plus  expérimenté.  Un  convoi 
anglais  très-considérable  avait  mis 
à  la  voile  des  côtes  de  la  Suède , 
èous  l'escorte  de  2  frégates  de  cette 
nation  et  de  plusieurs  autres  b.lti- 
mens  de  guerre ,  et  passait  à  la 
hauteur  de  Dragœ.  M.  Krieger  n'é- 
coutant que  son  courage  et  l'hon- 
neur de  sa  nation ,  n'hésita  pas  à 
les  attaquer  avec  la  division  qu'il 
avait  sous  ses  ordres  ;  des  forces 
aussi  inégales  devaient  tout  au  plus 
faire  espérer  qu'on  pftt  balancer 


,     KRI  175 

celles  de  l'ennemi.  M.  Kriegep  fit 
bien  davantage  :  il  «ou  tînt  un  com- 
bat de  6  heures,  pendant  lequel  il 
brûla  plusieurs  bâtimens  du  con- 
voi, en  prit  10  autres,  parmi  les-> 
quels  était  un  brick  de  guerre,  et 
désempara  une  des  frégates.  Le 
glorieux  succès  qu'il  remporta  en 
cette  occasion  ,  avait  eu  pour  té- 
moin le  roi  de  Danemark  ,  qui 
était  placé  au  port  de  Dragœ  ,  et 
qui  avait  été  spectateur  du  com- 
bat. Aussi  récompensa-t-il  digne- 
ment le  courage  et  l'habileté  de 
l'adjudant-général,  en  l'élevant 
sur-le-champ  au  rang  de  comman- 
deur. Il  est  amiral  aujourd'hui. 
M.  Krieger  a  soutenu  sa  réputation 
pendant  toute  la  durée  de  la 
guerre. 

KjaiVTZOFF    (  LE  COMTE  DE  )  , 

colonel  des  Cosaques  de  la  garde 
impériale.  Après  s'êtrB  distingué 
par  dfî  beaux  faits  d'armes  et  une 
intrépidité  à  toute  épreuve,  il  s'est 
encore  honoré  par  son  humanité 
et  sa  généreuse  conduite  envers 
les  blessés  et  les  malades  français. 
Les  soins  qu'il  prodigua  aux  pri- 
sonniers après  le  désastre  de  Mos- 
cou, lui  ont  acquis  des  droits  éter- 
nels à  la  reconnaissance  des  brave» 
de  toutes  les  nations ,  et  particu- 
lièrement des  Français.  Quinze' 
cents  malheureux  trahis  par  la  for- 
tune, et  preisque  tous  mutilés  ou 
couverts  d'honorables  blessures, 
se  trouvaient  abandonnés  dans  un 
hôpital  ^ont  les  Russes  venaient 
de  s'emparer.  La  populace  d^ 
Moscou ,  exaspérée  par  les  maux 
qu'elle  avait  soufferts  pendacft  l'oc- 
cupation de  cette  capitale ,  et  par 
Tincendie  récent  du  Kremlin,  al- 
lait les^^mmoler  à  sa  rage.  Le  co- 
lonel Krivtzoff ,  qui  avait  alors  1» 


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174  K^W 

jambe  cassée  d'un  coup  de  feu,  ou- 
blie ees  propres  maux,  se  traîne  à 
l'entrée  principale  de  l'hôpital , 
fait  un  rempart  de  son  corps  aux 
1 5oo  Français  qu'on  voulait  égor- 
ger, et  a  le  bonheur  de  les  sauver 
tous.  A  l'affaire  de  Kulm^lorsque 
la  victoire  était  déjà  décidée,  un 
des  derniers  boulets  qui  furent 
tirés  lui  emporta  la  cuisse.  On  ne 
put  lui  conserver  la  vie  qu'en  fai- 
sant l'amputation  le  plus  haut  pos- 
sible. L'opération  qui  présentait 
les  plus  grandes  difilcultés ,  fut 
exécutée  si  habilement,  et  si  com- 
plètement guérie ,  que  M.  Krivt- 
zoff  put  voyager  peu  de  temps  a- 
près.  Il  commença  par  visiter  l'Al- 
lemagne et  la  Suisse  ,  et  se  trou- 
vait, en  1816,  à  Paris.  Il  y  assis- 
tait à  toutes  les  séances  de  1$l  so- 
ciété de  l'instruction  élémentaire, 
à  l'effet  de  s'instruire  et  de  rap- 
porter dans  sa  patrie  le  bienfait  de 
cette  utile  institution  ;  et  en  cela , 
il  suivait  autant  les  dispositions  de 
son  cœur  que  les  intentions  de  son 
souverain.  La  {générosité  qui  l'a- 
vait signalé  ù  la  reconnaissance 
des  Français,  avait,  long-temps 
auparavant ,  acquitté  le  bienfait 
qu'il  leur  empruntaitalors.  Il  vou- 
lut,encore  qu'ils  lui  fussent  rede- 
vables d'une  invention  utile  ,  'du 
modèle  d'une  cuisse  et  d'une  jam- 
be artificielles,  qui  réparaient  en 
quelque  sorte  la  perte  qu'il  avait 
faite  de  l'une  et  de  l'autre.  Il  les 
déposa  chez  le  docteur  Montègre, 
rédacteur  de  la  Gazette  de  santé. 
Ce  modèle  avait  été  confectionné 
pour  lui,  avec  beaucoup  de  talent, 
par  un  mécanicien  anglais;  et,  à 
l'aide  de  la  machine  construite  sur 
le  modèle,  il  marchait  avec  beau- 
coup de  facilit^.  La  descriji^fton  de 


RRU 

ce  modèle ,  présenté  d'après  le» 
intentions  bienfaisantes  de  l'offi- 
cier russe  au  conseil  d'adminis- 
tration ,  fut  insérée  dans  le  bulle- 
tin; et  déjà,  deux  artistes  français 
étaient  parvenus  à  l'imi  ter  en  181;;?. 
Le  colonel  Krivtzoff  joint  à  un  ca- 
ractère noble  et  à  la  plus  haute 
valeur  des  connaissances  très-éten- 
dues, et  cultive  avec  succès  la  lit- 
térature et  les  beaux-arts.' 

itRUDENER  (N.,  baron  de), 
ambassadeur  de  Russie  près  la 
cour  d'Espagne,  naquit  en  Livo- 
nie,  d'une  des  plus  anciennes  fa- 
milles de  cette  partie  du  territoire 
russe.  A  la  suite  de  ses  études,  qui 
furent  très-s«»ignées  et  très-bril- 
lantes ,  il  se  consacra  à  la  diplo- 
matie, et  devint,  en  1796,  ambas- 
sadeur de  la  cour  de  Saint-Péters- 
bourg à  celle  de  Madrid.  Les  rap- 
Jports  politiques  entre  ces  deux 
puissances  ayant  cessé  vers  cette 
époque,  il  ne  put  remplir  sa  mis- 
sion ,  et  se  retira  dans  ses  terres. 
Son  gouvernement  le  nomma,  en 
1798 ,  ministre  à  Copenhague ,  et 
ensuite  à  Berlin.  Il  mourut  dans 
cette  dernière  ville,  d'une  attaque 
d'apoplexie,  le  i4  juin  1802.  M. 
de  Rrudener,  (Jue  ses  qualités  per- 
sonnelles ont  généralement  fait 
regretter,  passait  pour  un  des  pu- 
blicistes  les  plus  distingués  de 
l'Europe.  Sa  femme ,  dont  l'arti- 
cle suit,  a  donné  à  son  nom  un 
autre  genre  de  célébrité. 

KRUDENER  (Valérie,  baronne 
DE  )  ,  illuminée  du  19"*  siècle , 
faite,  peut-être,  pour  devenir  l'u- 
ne des  femmes  les  plus  utiles  et 
les  plus  distinguées  de  son  temps, 
s'est  livrée  à  une  vocation  mysti- 
que ,  à  un  iiluminisme  exalté  ,  à 
un  enthousiasme  religieux,  que  la 


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RRU      . 

raison  n'avouait  pas,  que  repous- 
sait rétat  actuel  dés  esprits  9  et 
qui  frappèrent  de  stérilité  et  mê- 
me de  ridicule  les  plus  aimables 
dons,  les  plus  remarquables  facul- 
tés de  rintelligence.  Fille  du  com- 
te de  Wittenkoflf ,  gouverneur  de 
Kiga,  arrière-petite-fiUe  du  célè- 
bre maréchal  Munich ,  elle  est 
née  en  1765.  Une  physionomie 
raviss£|nte;  un  esprit  facile  et  lé- 
ger; des  traits  mobiles,  qui  expri- 
HLient  toujours  le  sentiment  et  la 
pensée  ;  une  taille  moyenne  et 
parfaite;  des  yeux  bleus,  toujours 
sereins,  toujours  vifs,  dont  le  re- 
gard pénétrant  semblait  vouloir 
(comme  disait  si  bien  Diderot), 
traverser  le  passé  ou  l'avenir;  des 
cheveux  cendrés  retombant  en 
bouclés  sur  ses  épaules  ;  quelque 
chose  de  neuf,  de  singulier,  d'im- 
prévu dan«  ses  gestes  et  ses  mou- 
vemens  :  tels  étaient  les  avantages 
physiques  qui  distinguaient  la  ba- 
ronne Valérie  de  Krudener,  am- 
bassadrice à  Berlin  en  1788.  Ido- 
lâtrée du  monde,  elle  Taimait.  Son 
rî^ng,  sop  esprit,  ses  qualités,  fai- 
saient d'elle  une  des  premièresr 
femmes  de  l'Europe.  Une  passion 
fatale  qu'elle  inspira  au  secrétaire 
de  légation  du  baron  de  Krudener, 
son  mari,  alors  ministre  de  Russie 
à  Venise,  rendit  son  nom  plus 
célèbre  encore;  et  un  roman  plein 
de  charme,  où  elle  raconte  avec 
une  sensibilité  profonde  le  sort  du 
malheureux  jeune  homme  qui  s'é- 
iait  suicide  pour. elle,  acheva  de 
fixer,  sur  l'iiéroïne  de  son  propre 
roman ,  l'ahentipn  de  l'Europe. 
Cet  ouvrage,  intitulé  Valérie,  est 
écrit  avec  un  enthousiasme  et  une 
verve  qui  annonçaient  déjà  une 
âme  tumultueuse  et .  ardente  qui 


KRU  1^5 

devait  bientôt  l'egarder  comme 
trop  humbles  les  régions  vulgaires 
de  la  société  humaine  ,  et  cher- 
cher, loin  de  toutes  les  idées  com- 
munes et  de  toutes  les  pensées 
raisonnables,  une  atmosphère  plus 
épurée.  Au  commencement  de  la 
révolution  ,  elle  fit  un  voyage  et 
un  séjour  dans  nos  provinces  mé- 
ridionales avec  sa  belle-fille ,  So- 
phie de  Krudener,  mariée  depuis 
à  un  Espagnol,  et  ses  deux  enfans. 
Un  an  après,  elle  retourna  en  Al- 
lemagne. Depuis  ce  temps',  jus- 
qu'en i8o5ou  1806,  M""*  de  Krude- 
ner échappe  à  l'histoire;  et  quand 
on  la  voit  reparaître  sur  la  scène, 
la  brillante  ambassadrice  de  Prus- 
se ,  la  touchante  historienne  de 
Valérie  se  montre  sous  la  forme 
de  Magdeleine  pénitente.  C'est 
une  femme  envoyée  de  Dieu  et 
animée  d'une  vo(^ation  irrésistible. 
Le  vase  des  parfums  est  brisé. 
Elle  oublie  tous  les  succès,  toutes 
les  amitiés ,  toutes  le^  vanités  du 
monde.  Elle  pleure  sur  les  hom- 
mes ,  sur  leurs  erreurs ,  et  sur  sa 
propre  jeunesse.  Veuve  depuis 
quelques  années  ,  elle  partage  sa 
vie  entre  sa  mère ,  et  ces  œuvres 
de  charité  qu'elle  prodigue ,  et 
qui  bientôt  attirent  sur  elle  les 
regards  inquiets  des  gouverne- 
mens.  Une  foule  de  malheureux  k 
q\ii  elle  donne  asile  ,  subsistance 
et.amitié,  la  suivent  en  tous  lieux. 
Valérie  se  dit  appelée  à  rétablir 
sur  la  terre  le  règne  de  Christ,  Ja- 
mais tant  de  générosité ,  de  grâce 
et  de  dévouement  ne  se  sont  unis 
à  une  persévérance  plus  ardente 
dans  cette  mission  ultrà-évangé- 
lique.  Mais  les  i^ois  trouvèrent 
mauvais  que  l'on  catéchisât  dans 
les  carrefours,  et  qu'avec  le  ton 


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176  RfttJ  s 

d'une  inspirée  on  soulevât  à 
Christ  la  population  de  leurs  états. 
Durement  renvoyée  avec  les  fidè- 
les qui  composaient  son  cortège, 
dès  domaines  du  roi  de  Wurtem- 
berg,  tant  soit  peu  philosophe  et 
rude  «hrétren,  elle  trouva  un  asile 
plus  doux  et  une  hospitalité  plus 
généreuse  sur  les  terres  de  Bade. 
Cependant  elle  devenait  une  puis- 
sance :  les  cabinets  se  liguèrent 
contre  ses  prédications ,  et  elle  ne 
marcha  plus  que  par  négociation 
de  royaume  en  royaume.  Les  évé- 
nemens  de  la  terre  suivaient  leur 
cours.  Napoléon  tomba.  Valérie 
crut  ce  moment  favorable  pour  la 
conversion  de  la  terre ,  dont  elle 
avait  embrassé  si  co'urageusement 
Tentreprise.  Elle  suivit  à  Paris 
Alexandre,  qu'elle  nommait  Voint 
du  Seigneur ,  et  qu'elle  regardait 
sérieusement  comme  choisi  d'en- 
haut  pour  être  le  régénérateur  du 
monde.  Là  ,  livrée  à  toutes  les 
erreurs  d'une  imagination  arden* 
tè,  elle  n'oublia  rien  pour  les  faire 
partager.  Dans  des  conférences 
mystiques ,  dont  un  jeune  pré- 
dicant  genevois,  nommé  £m- 
peytas,  partage  les*  travaux,  elle 
explique  les  prophéties  antiques, 
celles  du  Nord,  et  appelle  à  son 
secour,  les  visions,  les  voix  en- 
tendues du  ciel,  les  rêves  du  jour 
et  les  songes  de^ia  nuit.  Les  puis- 
sances de  la  Jterre  viennent,  trois 
fois  par  semaine,  assister  à  ces 
théurgiques  et  mystérieuses  as- 
semblées :  la  pourpre  de  l'auto- 
jcrate  du  Nord  s'humilie  devant  la 
parole  de  cette  femme  extraordt- 
naire.  La  voix  publique  assure 
même  que  la  cérémonie  religieuse 
.du  camp  de  la  Vertu  et  la  sainte 
alliance  sont  l'ouvrage  de  Valérie. 


KEU 

Puisse -t-elle  ne  pas  avoir  à  se  re- 
pentir trop  amèrement  des  eifets 
de  son  éloquence  ^t  de  ses  pres- 
tiges sur  les  destins  futurs  des  na- 
tions et  des  rois  de  l'Europe!  Sou- 
mise elle-même  à  l'empire  4c 
t;ette  foi  brûlante  à  laquelle  elle 
soumet  aisément  ceux  qui  la  voient 
et  l'entendent  sans  méfiance,  cet- 
te femme  que  l'on  ne  peut  blâmer  ' 
sans  la  plaindre,  et  que  le  philo- 
sophe doit  voir  avec  plus  de  com- 
passion que  d'étonné  ment,  a  sou- 
vent égaré  son  esprit  dans  les  ré- 
gions de  la  mort  et  de  la  vie  éter- 
nelle, et  dans  le  commerce  des 
anges.  C'est  ainsi  qu'après  la  mort 
du  jeune  et  infortuné  LaBédoyère, 
auquel,  avant  ce  moment,  elle  a- 
vaît  donné  tant  de  larmes,  elle 
n'en  versa  plus  que  de  joie.  Elle 
l'avait  vu,  disait -elle,  brillant  de 
la  gloire  céleste.  Elle  lui  avait 
parlé  :  il  lui  avait,  répondu  :  «  Je 
»suis  heureux!  »  David  (c'est  le 
nom  que  M"*  de  Krudener  don- 
na à  l'empereur  Alexandre)  quitta 
la  France,  et  M"*  de  Krudener  le 
suivit.  Depuis  ce  temps,  sa  vie  a 
été  une  série  de  tribulations,  qu'el- 
le reçut  comme  des  bienfaits  du 
ciel.  Ses  amis  d'Allemagne  l'a-- 
valent  oubliée,  et  ses  fidèles  l'a- 
bandonnèrent :  on  lui  interdit  l'en- 
trée de  la  France;  en  Suisse,  elle 
erra  de  canton  en  canton,  poursui- 
vie par  la  surveillance  des  magis- 
trats. Cependant  le  canton  d'Ar- 
govj^  lui  offrit  un  asile.  Aidée  de 
M.  Empeytas,  elle  prêcha  long- 
temps à  Arau  et  dans  les  environs; 
des  milliers  de  fidèles  accoururent 
des  bords  des  lacs  et  des  montagnes, 
pour  partager  le  pain  de  vie  des 
mains  de  la  fond^rice  du  nouveau 
culte.  Elle-même,  debout  «iir  un 


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KRO 

monticule  9  prêchait  douvent  cinq 
ou  dix  heures  en  plein  air;  et  ces 
longues  improvisations,  ces  longs 
voyages,  l'absence  du   sommeil 
et  de  la  nourriture ,   n'altéraient 
point  la  santé  de  Valérie.  De  ce 
corps  fragile,   où   la  délicatesse 
avait  précédé  les  années,  une  voix 
d'oracle  sortait,  et  les  infirmités 
semblaient   fuir   la  missionnaire 
de  la  charité.  «Voyez!  dit -elle, 
n  ne  sui^  -  je  pas  moi  -  même  un 
»  miracle    perpétuel?  »   Valérie, 
catéchisant    les   souverains  ,  .  les 
grands,  les  pécheurs  et  les  pau- 
vres du  19'  siècle,  offrait  la  plus 
fidèle  traduction  du  beau  passage 
d«  Virgile,  où  il  peint  si  bieu  la 
possession  de  Dieu  dans  une  fem- 
me inspirée.  Cependant  la  loi  hu* 
maine  se  déclara  ouvertement  con- 
tre la  loi  divine  annoncée  par  la 
baronne  de  Krudener.  La  charité 
chrétienne,  qui  unit  tous  les  hom- 
mes, ultras  et  libéraux,  carbona- 
ris  et  serviles,  d'un  lien  de  frater- 
nité et  d'indépendance,    sembla 
aux  gouvernemens  une  insurrec- 
tion descendue  du  ciel  pour  régé- 
nérer l'ordre  social.  On  dispersa 
le  troupeau.  La  parole  de  l'hum- 
ble pythonisse  fut  déclarée  sédi- 
tieuse, et  la  législatrice  retourna 
dans  sa  patrie.   Malheureux  em- 
ploi des  dons  les  plus  rare»!  éparts 
xiéplorables  d'une  imagination  brû- 
lante, qui  a  fait  de  l'amour  le  lien 
du  ciel  et  de  la  terre,  et  qui,  do- 
minée du  sentiment  de  sa  force 
intérieure,  a  cru  tout. possible  à 
cette  puissance  et  à  cette  ardeur 
de  volonté! 

KRUNIÏZ  (  Jban-Geohges  )  , 
docteur  en  médecine,  est  né  à 
Berlin  en  1728.  Il  fit  ses  études  à 
Goettingue,  Halle  et  Francfort- 


s«r-rOder.  C'est  dans  cette  der- 
nière ville  qu'il  obtint  le  grade  de 
docteur,  après  avoir   publié    éa 
dissertation  inaugurale,  de  Ma- 
trimonio,  muttorum  morborum  re- 
medio,  Francfort,  1799,  in-4°.  Il 
professa  ensuite  et  pratiqua  la  mé- 
decine dans  cette  ville;  mais, ob- 
tenant peu  de  succès  comme  pro- 
fesseur et  comme  praticien ,  il  re- 
nonça à  la  médecine,  et  vint  s'é- 
tablir à  Berlin,  où  il  se  fit  remar- 
quer comme  un  des  écrivains  tra- 
ducteurs et  compilateurs  les  plus 
infatigables  de  l'Allemagne.   On 
assure  que  le  docteur  Krunîtz  ne 
livrait  pas  moins  de  trois  feuilles 
par  jour  à  l'impression.  Une  ma- 
ladie dont  il  fut  affecté  pendant 
les  dernières  années  de  sa  vie  ne 
mit  point  obstacle  à  sa  fécondité , 
et  les  exercices  les  plus  modérés 
étaient  devenue  trop  fatigans  pour 
lui;  néanmoins  il  ne  trouvait  de 
distractions  à  ses  xnaux  que  dans 
s^s  travaux  littéraires.  Krunitz  était 
trop  pressé  d'écrire  pour  Soigner 
son  style  et  pour  éviter  une  extrê- 
me prolixité.  On  peut  cependant 
retirer  quelque  frnit  d<i  ses  ouvra- 
ges, On  y  trouve  souvent  de  pré- 
cieux renseigne  mens,  et  le  lecteur  - 
est  étonné  de  l'immense  érudition 
de  l'auteur.  Ses  principaux  écrits 
sont ,  outre  une  foule  de  traduc- 
tions de  bons  ouvrages  français  ; 
V  Encyclopédie  économico'teclinolo' 
giaae,  ou  Système  général,  de  l'é-- 
conomie  politique,  domestique  et 
morale  y  de  géographie,  de  t  histoi- 
re naturelle  et  des  arts.  Plusieurs 
articles  fort  étendus  de  cette  en- 
cyclopédie, tels  que  le  Curé  de 
campagne^  1 794 ,  et  les  Ecoles  ru- 
rales, ont  été  imprimés  à  part.  Il 
a  traduit  de  l'anglais,  V Histoire  de 


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,1.78 


KRIJ 


r électricité^  par  Priestley,  177a; 
V Histoire  naturelle  des  coralines^ 
par  EUis ,  1767 ,  in-4%  etc.  II  a 
encore  publié  «a  recueil  d^artlcles 
choisis  sur  ragrîcuïture,  l'écono- 
mie domestique,  les  arts  et  les  ma* 
nufactnres,  3  toI.  în-8'S  avec 
fig.,  Léipsick,  1768.  C'est  lui  qui 
a  dressé  les  tables  de  matières  de 
plusieurs  grands  ouvrages ,  entre 
autres,  celles  de  la  traduction  alle- 
mande de  VBlstoire  naturelle  de 
Buffôn.  Il  a  fourni  à  plusieurs  feuil- 
les .périodiques  un  grand  nom- 
bre de  mémoires  sur  la  médecine, 
l'histoire  naturelle,  etc.  Plusieurs 
sociétés  savantes  l'avaient  admis 
au  nombre  de  leurs  membres.  On 
ignore  l'époque  précise  de  sa 
mort.    ' 

KRDS  (Joseph -Lottis-Casimir), 
naquit  à  Lucerne,  d'une  famille 
distinguée,  et  fut  destiné  à  la  ma-- 
gistrature.  Il  commença  par  fré^ 
quentér  le  gymnase  de  sa  ville  na- 
tale, et  fit  ensuite  ses  études  en 
philosophie  et  en  jurisprudence, 
à  l'université  de  Fribourg  daiiS  le 
Brisgau.  Il  parcourut  depuis  la 
France  et  l'Italie,  et  se  fixa  quel- 
que temps  auprès  du  prince  abbé 
de  Saint-Gall,  qui  l'avait  chai-gé 
de  l'administration  de  ses  domai- 
nes. De  retour  à  Lucerne,  M.  Krus 
fut  élu  membre  du  conseil-d'état. 
Ses  talens  et  son  patriotisme  lui 
acquirent  bientôt  une  prépondé- 
Tance  marquée  dans  le  gouverne- 
ment de  son  canton.  Deux  partis 
divisaient  alors  les  conseils  de  Lu- 
cerne, et  se  livraient  (depuis  1764 
jusqu'en  1769)  à  des  discussions 
continuelles  qui  troublaient  l'état. 
Malgré  les  efforts  const.ms  de  M. 
Krus  pour  concîHer  ces  partis,  la 
paix  ne  put  se  rétablir  et  le  sang 


KRU 

coula.  Des  haines  et  des  rivsdités 
de  famille  furent  transformées  en 
complots  contre  l'état,  quelques 
imprudences  de  jeunesse  furent 
regardées  comme  des  conspira* 
tions,  et  on  ^n  profita  pour  former 
des  accusations  graves,  dont  le  ré- 
sultat ftit  une  sentence  de  mort 
contre  le  fils  d'un  des  premiers 
magistrats,  et  le  bannissement  de 
son  malheureux  père.  M.  Krus, 
qui  après  des  efforts  infructueux 
pour  rétablir  la  paix  entre  ses  col- 
lègues, les  avait  abandonnés  à 
leurs  passions,  reparut  pour  s'op- 
poser à  l'exécution  d'une  sentence 
injus^;  il  ne  put  y  réussir,  mais 
H  contribua  à  démasquer  l'hypo- 
crisie du  parti  victorieux,  dont  If. 
chef  fut  banni  par  une  espèce 
d'ostracisme,  mesure  qui  rendit 
enfin  la  paix  à  sa  patrie.  Devenu 
administrateur  des  bailliages  ita- 
liens, il  sut  profiter  des  deux  an- 
nées pendant  lesquelles  il  occupa 
ce  poste,  pour  se  lier  d'amitié  a- 
yec  le  comte  Firman  à  Milan ,  et 
obtint,  par  ce  moyen,  de  précieux 
avantages  pour  ses  «administrés. 
De  retour  à  Lucerne^  il  fut  nom- 
mé avoyer  et  premier  magistrat 
du  canton,  que  dès-lors  il  repfé- 
senta  souvent  dans  les  diètes  de 
la  confédération.  M.  Krus,  pour 
éviter  à  sa  patrie  les  maux  de  la 
révolution  et  de  l'invasion  étran- 
gère, avait  fortement  appuyé  lé 
système  d'une  parfaite  neutra- 
lité, et  s'était  même,  dans  cette 
vue,  prononcé  franchement  pour 
l'abandon  des  privilèges  patri- 
ciens :  cette  conduite  prudente  et 
modérée  lui  valut  la  haine  des 
exagérés,  et  il  fut  privé  de  ses  em- 
plois; il  vécut  dan<)  la  retraite  jus- 
qu'en 1801.  Alors  le  gouvememeat 


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KRU 

helvétîqwe,  qui  roulait  conserver 
à  la  Suisse  sa  constitution  unitai- 
re, crut  ne  pouvoir  arriver  à  ce 
but  qu'en  opérant  l'union  des 
volontés  et  desissprits.  Ayant  ré- 
solu de  6'adjoindre  les  anciens 
magistrats^  les  plus  connus  par 
leurs  talens,  leur  probité  et  leur 
patriotisme,  il  appela  M.  Krus  au 
conseil  législatif.  Mais  cet  homme 
respectable,  qui  avait  vieilli  dans 
d'autres  habitudes,  qui  ne  voyait 
que  des  choses  et  des  formes  nou- 
velles à  la  place  de  celles  qui  lut 
étaient  familières,  se  dégoûta 
bientôt  d'un  poste  où  il  ne  pouvait 
agir,  où  ses  moyens  lui  devenaient 
inutiles,'  et  commença  à  regretter 
l'ancien  système  ûé  gouverne- 
mefit.  Il  crut  le  retrouver  dans 
l'acte  de  médiation  proposé  à  la 
Suisse  par  Napoléon,  et  il  s'em- 
préssa  d'accepter  la  place  d'avoyer 
que  lui  déférèrent  ses  concitoyens  : 
cette  illusion  ne  tarda  pas  à  se 
dissiper;  quelques  formes  ancien- 
nes avaient  à  la  vérité  reparu, 
mais  l'indépendance  nationale  et 
la  liberté  des  délibérations  n'exis- 
taient plus  que  nominalement.  Ne 
pouvant  tenir  secret  le  chagrin 
qu'il  ep  resserfliit,  il  se  condamna 
à  former  une  sorte  d'opposition, 
défendant  toujours  avec  forcé  ce 
qui  était  juste  et  honnête,  ou  ce 
qui  lui  paraissait  tel,  mais  mon- 
trant quelquefois,  par  habitude 
sans  doute,  un  peu  trop  d'humeur 
contre  toute  création  libérale  et 
généreuse.  Il  niourut  en  i8o5, 
âgé  de  71  ans. 

KBlUSËMÂRK  (  LE  BARON  De)  , 

générai  et  ambassadeur  prussien^ 
etc.,  naquît  en  Prusse,  d'une  fa- 
mille distinguée  par  ses  services 
militaires.  Ayant  acquis  des  con- 


&EU 


^.9 


naissances  diplomatiques ,  et  au 
fait  des  intérêts  des  cours  ^  il  fut 
chargé  de  plusieurs  missions  par 
le  cabiaet  de  Berlin.  Le  roi  de  Prus- 
se, en  1806,  avait  fait,  auprès  de 
Napoléon ,  plusieurs  démarches 
tendant  à  maintenir  la  paix;  mais 
toutes  les  tentatives  à  ce  sujet 
n'ayant  produit  aucun  résultat  fa- 
vorable, Frédéric-Guillaume  fit  par- 
tir pour  Saint-Pétersbourg,  avec 
une  lettre  de  sa  propre  main,  adres- 
sée à  l'empereur  Alexandre,  M.  de 
Krusemark,  qui  réussit  à  renouer 
entre  les  deux  monarques  une 
coalition  dont  ils  se  promettaient 
le  plus  grand  succès  9  et  qui  n'a- 
boutit qu'au  traité  de  Tibitt.  Dans 
le  courant  de  1609,  il  fut  nommé 
ambassadeur  de  Prusse  près  la 
cour  de  France  ;  il  en  remplissait 
enOore  les  fonctions  eh  181 5,  en^- 
tretenant  constamment  la  bonne 
intelligence  entre  les  deux  états; 
mais  les  désastres  de  Moscou  ac-*- 
casionèrent  une  rupture  qui  le 
força  à  quitter  la  France.  L'impor* 
tance  des  événemens  d'alors  don- 
na lieu  à  la  correspondance  la  plus 
active  entre  le  prince  de  Harden* 
berg^  le  duc  de  Bassano  et  lui  ;  on 
l'a  recueillie,  elle  fortne  un  en/^ 
semble  de  docuniens  précieux  pour 
l'histoire  complète  de  cette  épo- 
que. £n  1B149  et  lorsque  la  paix 
eut  été  signée  à  Paris ,  le  général 
Krusemark  fut  nommé  eiKoyé 
extraordinaire  de  la  cour  de  Ber- 
lin près  celle  de  Vienne  ;  il  est 
mort  dans  cette  dernière  ville, 
en  1821. 

KRUSÈNSTERN  (le  CHEVALIER 
A. -F.  ùe)  , entra  de  bonne  heure  dans 
la  marine  russe,  8*j[  distingua  par 
ses  connaissances  et  son  caractère 
entreprenant,  et  parvipt  au  grad« 


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i8o 


KAU 


de  capitaine  dé  Taisseau.  Il  servît 
4Bur  les  flottes  anglaises  pendant  les 
années  de  1793  à  1797,  et  passa  à 
Canton^  en  Chine,  les  années  1798 
et  1 799.  Doué  d'un  esprit  observa- 
teur, il  vit  tout  d'un  coup  l'avan- 
tage inuuense  que  les  Russes  pt)u- 
vaienl  retirer  d'un  commerce  di- 
rect avec  la  Chine,  en  y  transpor- 
tant les  pelleteries  de  leurs  pos- 
sessions sur  les  côtes  de  nord-ouest 
de  l'Amérique.  De  retour  en  Rus- 
sie, il  n'eut  rien  de  plus  pressé 
que  de  soumettre  à  son  gouver- 
nement un  projet  tendant  à  don- 
ner des  secours  à  la  compagnie 
russe  d'Amérique,  afin  de  procu- 
rer aux  négociaus  établis  sur  les 
côtes  de  nord-ouest  et  aux  îles 
Aleutiennes,  les  moyens  de  faire 
un  commerce  direct  avec  la  -Chine 
et  le  Japon.  Ce  projet  eut  le  sort 
de  la  plupart  des  projets  utiles,  ne 
fut  point  goûté  d'abord;  mais  ac- 
cueilli depuis  par  l'empereur  A- 
lexandre,  à  qui  le  comte  de  Ro- 
manzoi!',  ministre  du  commerce , 
le  présenta  aussitôt  que  ce  prince 
fut  monté  sur  le  trône,  M.  de  liru- 
seiistern  fut  muni  des  pleins-pou- 
voirs nécessaires,  et  quitta  la  ra- 
de de  Falmouth  le  5  octobre  i8o3, 
avec  plusieurs  bâtimens  sous  ses 
or4resi  Celui  sur  lequel  il  se  trou- 
vait en  personne,  nommé  la  TVfl- 
deshda  (l'Espérance),  et  un  autre, 
laiV^îJû,  était  commandé  par  le  ca- 
pitaine Lisanskoy.  La  Nadeshda 
fut  de  retour  à  Cronstadt  le  19 
août  1806.  Il  a  paru  trois  relations 
de  ce  voyage  :  i'^  Voyage  autour 
dumonde,  fait  de  1804  à  1806,  par 
le  capitaine  A*  F.  Krusensteirn  [en 
allemand ) ,  Saint  -Pétersbouf g , 
i8jo,  3  vol.  iri-4**,  et  allas;  2" 
Lisanskoy  (Uroy).  Voyage  autour 


&RU 

du  monde  (en  russe),  ibid.,  a  roL 
in-8^  Il  en  a  été  annoncé  une 
traduction  allemande  par  fti.  Pans- 
ner.  S"  Observations  faites  dans 
un  voyage  autour  du  monde  pen- 
dant les  années  i8o3  à  1807,  par  -, 
Langsdorff^  Francfort,  1812',  2 
vol.  in-4''.  Les  découvertes  de  ce 
voyageur  sont  précieuses,  surtout 
parce  qu'elles  ont  pleinement  con- 
firmé celles  qu'avait  faites  avant 
lui  le  célèbre  et  infortuné  La 
Peyrouse,  et  celles  que  quelques 
Hollandais  avaient  annoncées  de- 
puis ce  dernier;  de  sorte  qu'il  res- 
te peu  de  choses  à  faire  maihte- 

,nant  pour  compléter  la  reconnais- 
sance entière  de  cette  contrée. 
M.  de  Krusenstern  a  déterminé 
de  la  manière  la  plu&  précise,  la 
position  de  Nangasaki  et  celle  du 
détroit  de  Sangaar.  Il  a  aussi  exa- 
miné de  plus  près  et  avec  plus  de 
soin  que  Bronghton  même,  qui 
voyageait  en  1796,  la  côte  occi- 
dentale de  l'île  de  Jedso,  le  dé-, 
troit  de  La  Peyrouse,  qu'il  a  tra- 
versé ;  on  lui  doit  encore  d'avoir 
mieux  reconnu  que  ses  prédéces- 
seurs, la  côte  orientale  de  l'île  de 
Saghalien,  l'extrémité  nord  de  cet- 
te île,  et  la  côte  Mord-est  qui  se 
rapproche  de  la  côte  de  Tartarie , 
et  du  détroit  qui  a  arrêté  la  mar- 
che de  La  Peyrouse.  C'est  aussi 
dans  ce  voyage  qu'il  rencontra, 
sur  les  côtes  de  Noukaïwa^  l'une 
des  îles  Mendoça ,  dans  le  grand 
Océan ,  où  il  avait  été  obligé  de 
relâcher,  un  matelot  français  qu'un 
naufrage  y  avait  jeté  quelques 
années  auparavant.  C'est  le  fa- 
meux Joseph  Cabris,  qui  s'est 
exposé  si  long-temps  aux  regards 
des  Parisiens.  Au  moment  de  tom- 

'  ber  sous  le  casse-tête  des  sauva- 


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KUH 

ges,  il  aratt  touché  le  cœur  de  la 
fille  du  roi,  était  devenu  son  é- 
pouX)  prince  de  la  famille  royale, 
et  enfin  grand  juge- du  pays.  M. 
de  Krusenstern  l'aVait  enlevé  à 
toutes  ces  faveurs  de  la  fortune. 
Si  cet  enlèvement  était  Tefiet 
d*une  violence  dont  ces  anthro- 
pophages, de  qui  il  paraît  que 
Cabris  avait  commencé  à  adoucir 
les  mœurs,  eussent  à  se  plaindre, 
il  serait  affreux  d'avoir  peut-être 
à  reprocher  à  M.  de  Krusenstern 
d'aggraver  le  sort  de  tous  ceux 
qui  tomberont  dans  leurs  mains. 
Ea  i6i5,  il  fut  chargé  d'une  nou- 
Telle  expédition  ;  il  s'agissait  en- 
core d'un  voyage  autour  du  mon- 
de, pour  examiner  le  détroit  de 
Behring,  l'Océan  glacé,  et  pour 
trouver  ua  passage  de  la  côte 
nprd<K)uest  de  l'Amérique  à  Ar- 
chaagel,  paf  le  continent  d'Amé- 
rique ou  celui  d'Asie.  Dès  que  le 
bruit  de  cet  armement  se  fiit  ré- 
pandu, le  capitaine  russe  vit  une 
foule  d'officiers  accourir  vers  lui, 
et  demander  à  être  ses  associés. 
On  connaît  déjà  quelques  particu- 
larités de  ce  voyage ,  mais  la  re- 
lation n'en  a  pas  enoore  été  pu- 
bliée. 

RUH  (Éphaàîm-Moîsb)  ,  poète 
allemand ,  né  à  fireslau  en  i  ^3 1 , 
était  d'une  famille  israélîte.  Il  an- 
aonpait  les  plus  heureuses  dispo- 
sitions et  une  grande  ardeur  pour 
l'étude.  Son  père,  qui  était  né- 
gociant, le  crut  propre  à  briller 
dans  une  autre  carrière,  et  vou- 
lut en  faire  un  savant  rabbin  :  mais 
les  subtilités  âe  la  scolastique 
des  Hébreux  rebutèrent  le  jeupe 
Kuh;  son  imagination  vive  ne  put 
s'en  accommoder,  et  il  montra 
pour  ce  genre  de  connaissances 


KUH 


i8f 


une  répugnance  qut  décida  son- 
père  à  renoncer  à  l'espoir  d'avoir 
un  rabbin  dans  sa  famille.  Il  finit 
alors  par  le  destiner  à  l'état  où  il 
s'était  enrichi  lui-même.  Il  avait 
un  frère  à  Berlin ,  fameux  sous  le 
nom  d'Éphraîm,  et  connu  peur 
avoir  été  chargé  de  l'entreprise 
de  la  refonte  des  monnaies  ,^ous 
Frédéric.  C'est  à  lui  qu'il  adressa 
son  fils,  et  le  jeune  Kuh  entra  ain- 
si dans  le  commerce.  Parmi  les 
connaissances  qu'il  fit  dans  cette 
ville,  se  trouvaient  Mendelsschn , 
Ramier,  Lessing  et  d'autres  grands 
écrivains.  Kuh,  séduit  par  leur 
exemple,  négligea  bientôt  le  soin 
de  sa  fortune,  pour  se  donner  tout 
entier  aux  lettres ,  et  surtout  à  la 
poésie;  et  la  passion  des  livres 
se  joignant  au  défaut  d'économie, 
tort  assez  rare  chez  les  Iraélites, 
il  se  vit  ruiné  en  peu  données , 
au  point  qu'il  ne  lui  resta  d'autres 
moyens  de  subsister  qu'une  pen- 
sion que  sa  famille  fut  obligée  de 
lui  faire.  Trois  caisses  énormes, 
remplies  de  livres,  le  suivaient 
dans  tous  ses  voyages;, c'est  ain- 
si qu'il  parcourût  la  Hollande ,  la 
France  et  l'Italie.  Il  revint,  deux 
ans  après,  en  Allemagne,  rap- 
portant de  ses  courses  une  mé- 
lancolie qui  dégénéra  bientôt  en 
aliénation  mentale,  accompagnée 
d'accès  de  fureur.  Ce  triste  état 
lui  laissait  cependant  quelques 
instans  lucides,  et  c'est  alors 
qu'il  composa  ses  meilleures  piè- 
ces de  vers.  Un  médecin  habile 
parvint  à  le  guérir  de  sa  mélan- 
colie ;  mais  Kuh  ne  fit  que  chan- 
ger de  malheur,  et  il  est  douteux 
qu'il  ait  gagné  au  change  :  il  de- 
vint paralytique  en  1785.  Il  mou- 
rut à  Breslau   le   5   avril  1790, 


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i8s 


KDL 


Son  manuscrit,  tout  entier  de  poé- 
sies, contenait  plus  de  5,ooo  piè* 
ces.  Ramier  se  chargea  après  sa 
mort  de  les  recuéHlir,  et  d'en  foire 
un  choix.  G^est  ce  choix  qu'il  a 
publié  et  fait  imprimer  à  Zurich^ 
en  179a ,  en  3  petite  yolumes.  Ils 
renferment  particulièrement  des 
épigrammes,  des  madrigaux,  des 
chansons  dans  le  genre  de  Catulle 
ou  d'Ânacréon  ;  des  fables ,  dans 
lesque^es.  il  a  cherché  à  se  rap- 
procher de  la  manière  de  Phèdre; 
et  enfin  une  ode  à  la  Divinité, 
qu'on  dit  a  Voir  été  retouchée 
par  le  célèbre  philosophe  Men- 
delssohn.  Lé  Muséum  aliemand 
et  le  Martial  de  Ramier  contien- 
nent aussi  quelques  poésies  de 
Kuh.  Mofee  Ifîrschel,  son  compa* 
triote  et  son  co-religionnaire,  a 
rédigé  sur  Ce  poète  une  fiotiee 
intéressante. 

KULENK AMP  (Louis),  profes- 
seur à  l'université  de  Goettin^ue, 
naquit  ^à  Brème  en   1724,  fit  de 

'  bonnes  études,  et  fut'  nommé, 
jeune  encore,  à  la  place  de  pro- 

^  fesseur,  dans  laquelle  il  rendit  d'u- 
tiles services  à  la  jeunesse.  Il  se 
fit  connaître  avantageusement  dans 
les  lettres  par  une  disertàtion  la- 
tine sur  Nlsroch,  idole  des  Assy- 
riens, dont  il  est  question  dans  le 
chap;  57  d'Isaîe,-  et  dans  le  chap. 
I9du4"*liv-  desKoîs.  Gette  dis- 
sertation fut  honorablanent  ac- 
cueillie. Kulenkamp  a  composé 
peu  d'ouvrages;  le  plus  remar- 
quable est  un  Spécimen  d'observa* 
tions  et  de  corrections  sur  CEtimo* 
hgicam  magnum,  d'après  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  de  Wol- 
fenbuttel,  Goeltîngue,  1^65,  in- 
4".  Les  encouragemens  que  Ku- 
lenkamp reçut  pour  ce  trarnîh  an- 


KUS 

quel  \\  avait  apporté  autant  ^e 
soin  que  de  talent,  lui  donnèrent 
ridée  d'en  préparer  une  nouvelle 
édition.  Différens  travaux  lui  fi- 
rent ajourner  ce  projet,  et  il  mou- 
rut, sans  l'avoir  eiécuté,  dans  le 
courant  de  l'année  1^7. 

&USZANZl^(Au)w  pacha  àdeux 
queues,  chef  des  Kersales,  au  ser- 
vice de  la  PorterOttomane ,  etc  ^ 
appartient  par  sa  naissance  awfc 
derniers  rangs  de  la  société  ;  mais 
son  coarage  et  son  énergie  l'ont 
élevé  au  poste  périlleux  de  chef 
des  Kersaies  serviens,  et  il  est  l'un 
des  plus  braves  guerriers  de  ce» 
contrées.  Kuszanajr-AH  aJaflt'€rai^ 
té,  en  1804,  avec  les  Serviens  in*- 
surgés,  promît  de  mettre  à  leuv 
disposition  les  deys  turcs  vivras 
ou  morts,  mais  ayant  eu  à  se 
plaindre  de  ces  mêmes  Serviens* 
il  conduisit  ses  prisonniers  à  Be^ 
kir-Pacha,  et  ne  voulut  point  é-^ 
vacuer  Belgrade^  qu'il  avait,  le 
projet  de  garder  pour  «on  comp- 
te. Proscrit  par  k  divan,  par  sui- 
te de  sa  défection,  et  n'ayant  pour 
résistera  Gzemi-Georges,  qui  vei- 
nait l'attaquer  à  la  tête  des  Ser- 
viens, que  ses  propi-es  forces,  il 
fit  toutes  les  dispositions  néoés»- 
saires,  et  se  défendit  vaillamment. 
Epuisé  par  de  nombreuses  attu*- 
qiies^  une  longue  résistance  et 
une  grande  détresse ,  il  se  déter- 
mina enfin  à  envoyer  des  députés 
aux  assiégeans ,  offrant  de  rendre 
la  forteresse  et  la  ville  ^  à  la  dou^- 
ble  condition  d'être  employé  par 
les  Serviens  et  de  conserver  son 
organisation  militaire.  Quoique 
Gzemi-Georges  dût  tout  à  la  for- 
tune, qu'il  fût  brave  et  qu'il  sût 
estimer  le  courage,  il  se  montra 
outré  delà  résistance  de  Kuszau- 


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Google 


MB 

ftj-{àU,^t  refusa  d*écoiiler>au(»ui0 
propoidUoQ.  L'Iqtrépide  cheî  des 
assiégea  résis^ta  eooorè^  mms.  inut 
tilement;  et  après  la  prise  de  la  TJl- 
4e  basse  par  les  Serviens^t  il  se  re- 
tira, le  i^déHmhvj^.  1807,  dans  la 
forteresse  supiédeure,  d'où  U  s'é  • 
ohappa,  JBOfi  sans  peine,  et  naarcha 
sur  Widdin,  où  il  espérait  se  réu- 
nif  àPasswan-Qglou.  La  mort  de 
ce  chef  lui  fit  refuser  l'etttrée  de 
la  TtUe.  Us'e»  éloi^a;  oiais  il  r^^ 
TÎBt  bientôt  etiut  aduus*  l\  deviot 
mêtne  oomâiandjiat  eu  seeoQd  de 
kfplaoe  sous  l4ris-Pacha*  La.Por^ 
te-^Ottomaae  lui  ayant  raudu  sa 
cdofiafice,  ea  1^0^  il-fit  de  aou- 
veau  la  g^elrre  aus  SerrJeus^  let 
Gommand»  Fa  vaut-garde  de  Tar- 
màe  tunpneé  Depuis  ce  temps  ii 
a-été  perdu  de  vue^  Kua^aosty-Ali 
est^cstiiiié  Don-^çeulemeùt  par  son 
ODUrage,  iuais>  encore  par  de»  qua- 
lités qui  ne  sont  pas  toujours  le 
partage  dee^  ehefs  indépendant. 
U  ètmti  humain  et  générecac.  Qa 
<$tle  comme  .unte  preuve  de  soit 
énergie»  ia  letti^  qu'il  éa« vit  à 
€^mt*<G«olrgei9)  et^qu^  les .  jourr 
nauxdu  temps  ont  rappoilée»  Il 
y  déclartii^4|ii!il  périmait  les  armes 
à  lamaîadanslafortei-essis  de  Eei- 
ft»dej  si  les  conditions  qu'il  pro- 
posait n'étaî«at  p^fit^accotfdée»* 
S!a  défonse  en  «ffet  ét^n^a  même 
sesteoaemls. 

ILUTTNIIft  (GH4AW  C^OTTiiOV), 

savant  vojageur  aai^n  9  naquit  à 


U9  ifô 

Wiedfsmar»  pv^s  de  Delitsph.  en 
Saxe,  le  18  février  1705.  Il  ût 
d'e^eUeates  études  à  i.éî.p$Ick., 
et  exerça  pendant  huit  ans»  à  Baie, 
la,  professicn  d'instituteur.  Son 
instruction  et  sa  moralité  lui  firent 
confier  l'éducation  d'un  jeune 
lurd  irlandais,  avec  lequel  il  fit 
plu4ie.urs.  voyages  dans  les  prin- 
cipales contrée»  de  l'Europe;  il 
accompagna  ensuite  quelques  ri- 
ches Anglais  qui  voyageaient  éga- 
lement pour  s'instruire.  Kuttner 
n'ét^t  pas  seulen^ent  un  homme 
studieux  et  avide  de  connaissan- 
ces, il  était  bon  observateur  des 
hommes  et  des  choses  «  et  ses 
voyages  renferment  de  nombreux 
rensei^nemens  que  l'o/i  consul^ 
avec  frmt.  Il  possédait  à  fond  plu- 
sieurs langues,  et  a  publié,  .outre 
les  ouvrages  dont  npus  allons  faire 
connaître  les  titres^  un  grand 
m>i|ibre  d'observations,  de  mé- 
moires et  d'extraits,  sur  des  ma- 
tières intéressantes^  qui  ont  été 
insérés  dans  les  recueils  et  jour- 
naux littéraire^  de  l'Allemagne. 
On  lui  doit  :  i"  Lettres  sur  Clr-- 
Lande  et  sur  la  Suisse;  a*  Voyages 
en  AUemagne ,  en  Danemark  , 
en  SuèfUy  en  Norwège  et  dans  me 
partie  de  l'Italie;  3"  Observations 
sur  l' Angleterre,  les  Pays-Bas, çt 
la  France.  Ccsaîj^t  estimaWes*è- 
tait  retiré  dans  sa  patrie,  et  mou- 
rut à  Léipsick,  le  1 1  février  i8o5, 
regretté  de  ses  cof^citoyens. 


LABANT£  (G.  M.),  professeur  socrate,   dans  laquelle  il  a  rept-ô- 

de  langue  italienne  à  Paris,  s'est  duit   avec   avantage  une  grande 

liait  connaître  par  une  bouné  tra-  partie  des  beautés  du  rhéteur  grec. 

dMPti^n  en  -it^ep  àea^OEw>rfs  dÙh  Cet  ouvrage  a  été  imprimé  en  2 


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1^4 


LAB 


Tol.  in- 13.  L'aùteùr  y  a  ajouté 
des  notes  estimées,  la  vie  d'Iso* 
cratepar  Plutarque,  plusieurs  pas* 
sages  de  la  traduction  française  de 
TabbéÀuger,  de  Denysd'Halicar- 
nasse  et  de  Cicéron.     ^ 

LABAREYRE  (Alexandre-Lait- 
bekt-Garitieh  de),  commandait  en 
1B14  la  garde  nationale  de  Valen- 
ce, et  fut  le  premier  qui  proclama 
dans  cette  yille  le  rétablissement 
delà  maison  de  Bourbon.  Lorsque 
î^apoléon  revint  de  Tîle  d*Ëlbe  en 
181 5,  M.  de  Labarejre,  qui  rem- 
plissait encore  les  mêmes  fonc- 
tions, prît,  pour  s^opposer  à  son 
passage,  des  mesures  qui  furent 
rendues  vaines  par  la  force  des  é- 
vénemens  qui  ramenèrent  Napo- 
léon à  Paris.  Dès  ce  moment, 
M.  de  Labareyre  fut  destitué,  et 
pour  éviter  l'arrestation  dont  il  se 
croyait  menacé,  il  alla  «e  Joindre 
au  dite  d'Angoalême,  qu'il  servit 
avec  autant  d'activité  que  de  zèle 
dans  l'organisation  des  corps 
royauxde  la  y"^*  diVision  militaire^ 
que  le  prince  lui  conâa  lorsqu'il 
fut  entré  dans  Valence.  Obligé  de 
quitter  de  nouveau  cette  ville  après 
la  retraite  des  troupes  royales,  il  se 
réfugia  d'abord  dans  le  Vivarais, 
puis  à  Lyon^,  et  vint  ensuite  à  Paris. 
Onattribue  à  tort  à  M.  de  Labareyre 
un  ouvrage  intitulé  :  Exposé  suc^ 
einct  des  ét&nemtns  qui  ont  eu  lieu 
dans  le  département  de  La  Drame, 
depuis  C invasion  de  Bonaparte, 
jusqu'au  7  avril  1 8 1 5,  Paris,  1 8 1 5. 

LABAROLIÈRE  (kebaron),  gé- 
néral au  service  de  la  république, 
fut  élevé  àLunéville,  dans  la  mai- 
son d'éducation  du  roi  Stanislas, 
et  entra  très-jeune  dans  la  carriè- 
re des  armes.  Il  était,  au  com- 
mencement de  la  révolution,  lieû- 


LAB 

leiiant-colonel  des  chasseurs  à  che- 
val de  Lorraine^  et  fut  employé,  en 
1792,  dans  l'armée  de  Dumouriez*- 
L'année  suivante,  il  passa  à  l'ar- 
mée des  côtes  de  la  Rochelle,  sou» 
les  ordres  du  général  Biron,  et  fut 
chargé  du  commandement  en 
chef  de  toutes  les  forces  d'Angers 
et  dé  Saumur,  réunies  au  pont 
de  Gé.  M.  Labarolière  se  porta  sur 
Martigné*Bryant,  •  où  il  campa  le 
i5  juillet.  Bientôt  il  fut  attaqué 
par  les  généraux  Laroche -Jacque- 
lin  et  Bonchamp,  qui  comman- 
daient une  armée  de  i5^ooo  Ven- 
déens. L'avant-garde  des  républt- 
cainsfutd'abord  repoussée;maisM» 
Labarolière  eut  bientôt  réparé  cet 
échec^  en  faisant  porter  quelques 
demi-brigades  sur  les  havteurs. 
Ce  mouvement  décida  de  la  vic- 
tcnre ,  et  les  royalistes  dispersés 
se  retirèrent  jusque  sur  Coron.  Le 
17,  ils  revinrent  attaquer  les  ré- 
publicains 5  et  cette  fois  ils  eurent 
l'avantage.  Dans  ces  temps  dé- 
plorables, un  général  ne  pouvait 
être  malheureux  impunément.  M. 
Labarolière-fut  destitué;  mais  il  fut 
rappelé  en  1796.  Il  resta  quelque 
temps  encore  k  l'armée  de  l'Ouest» 
chargé  du  commandement  de  la 
division  de  Rennes,  qu'il  perdit 
bientôt  pour  n'être  plus  réemployé. 
Sous  le  gouvernemeni  impérial, 
il  obtint  la  croix  de  la  lègron- 
d'honneur,  et  la  place  de  receveur- 
général  du  département  du  Gard. 
LABARRE  (N.),  général  au 
service  de  la  république.  Il  avait 
fait  les  guerres  d'Amérique  ^'v^ec 
le  général  La  Fayette.  De  retour 
en  Europe,  il  reprit  du  service 
dans  l'armée  française  A  l'époque 
où  nombre  d'officiers  donnèrent 
leur  démission,il  ne  crut  pas  devoir 


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LAB 

les  imiter;  et  il  continua  de  servir 
SOUS'  les  drapeaux  français,  quoi- 
qu'ils eussent  changé  de  couleijr. 
Employé  au  siège  de  Toulon  en 
1793,  lise  distingua,  le  17 novem- 
bre de  la  même  année,  a  l'attaque 
du  fort  Pharon.  Appelé  ensuite  à 
l'armée  des  Pyrénées,  il  déploya 
des  connaissances  militaires  et  le 
courage  le  plus  héroïque  aux  ba- 
tailles de  Coliioure,  de  Boulou,  et 
enfin  au  combat  entre  Roses  et  Fî- 
guières,  où  il  reçut  une  blessure 
morteUe,  qui  l'enleva  à  la  patrie 
le  17  juin  1794*  ^^  convention 
décréta  que  les  actions  militai- 
Fes  de  ce  brave  seraient  gravées 
sur  une  des  colonnes  du  Panthéoà, 
de  ce  temple  alors  consacré  à  per- 
pétuer la  mémoire  des  grands 
hommes,  mais  qui  depuis  peu  a 
été  rendu  au  eulle  catholique.  Le 
général  de  Labarre  était  un  hom- 
me remarquable  par  sa  loyauté  et 
son  courage;  il  fit  application  aux 
intérêts  qui  divisèrent  la  France 
en  1789,  des  principes  qu'il  avait 
puisés  à  l'école  de  Washington,  et 
ne  pouvait  pas  croiH^  que  défen- 
dre le  sol  occupé  par  la  majorité 
de  la  nation,  ce  ne  fût  pas  défen- 
dre la  patrie. 

LABARAE  (Lovis-Jvlie5-Cas- 
TBLs),  musicien  compositeur,  est 
issu  d'une  famille  noble  de  la  ci- 
devant  -  province  de  Picardie;  il 
est  né  à  Paris,  le  24  mars  1771. 
Son  goût  pour  la  musique  se  ma- 
nifesta de  très-bonne  heure,  et  il 
prit  des  leçpns  de  violon  du  célè- 
bre Yiotti.  Roulant  étudier  son 
art  sur  la  terre  classique  de  la 
musique,  il  se  rendit  en  Italie.  En 
1791,  il  alla  à  Naples,'et  apprit 
la  composition  au  conservatoire 
de  la  Pieta,  à  l'école  de  Nicole 


LAB 


i85. 


Sala,  professeur  des  plus  distin- 
gués. De  retour  en  France  en 
1795,  il  se  mit  sous  la  direction 
de  Méhul,  et  deux  ans  après,  il 
devint  premier  violon  du  théâtre 
Molière,  où  il  fit  jouer,  en  l'an  6, 
un  opéra  en  1  acte,  (es  Époux  de 
seize  ans ^  ou  Auguste  et  Marianne, 
qui  n'eut  que  3  représentations, 
le  poëme  ayant  paru  d'une  extrè-  . 
me  froideur.  Le  5  pluviôse  an  7, 
M.  Labarre  fut  admis  à  l'académie  ^ 
de  musique,  par  suite  du  concours 
qui  eut  lieu  au  conservatoire.  Il 
est  auteur  de  3  Œuvres  de  duos 
pour  le  Tiolon,  de  deux  recueils  de 
Romances,  ô^nn^  scène  des  adieux 
du  Cid  à  Chimène,  enfin  de  Capri- 
ces et  airs  variés  pour  le  violon. 

LABARTHE  (Ehmànoel-Fsli- 
cfTÉ,  COMTE  de),  d'uue  des  plus 
anciennes  familles  de  la  Guieiine, 
né  en  1769,  entra,  à  l'âge  de  i5 
ans,  dans  les  gendarmes  de  la 
^arde  du  roi,  et  obtint,  en  1 788, 
la  place  de  commissaire  des  guer- 
res, avec  le  grade  de  capitaine. 
L'année  suivante,  il  fut  envoyé  à 
Londres  par  M.  de  Montmorin, 
auprès  d»  l'ambassadeur  de  Fran- 
ce, et  à  son  retour,  il  servit  dans 
l'armée  du  maréchal  Luckner, 
comme  aide-de-camp  du  général 
Jarry.  Forcé  de  renoncer  au  ser-  i 
vice,  après  l'émigration  de  son 
général,  il  ne  reparut  qu'en  1795 
dans  la  Guienne,  où  il  remplit  les 
fonctions  de  «hef  d'état-major  de 
l'armée  royale.  Ce  corps  fut  dé-  / 
truit  sous  le  gouvernement  con- 
sulaire, et  les  principaux  chefs  fu- 
rent traduits  devant  des  commis- 
sions militaires.  Toutefois  M.  de 
Labarthe  obtint  sa  liberté,  après 
quelques  mois  d'emprisonnement; 
mais  une  partie  de  ses  propriétés 


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186  LAB 

fut  C€[nfisquée.  Les  désastres  de 
la  campagne  .de  Moscou  lui  per- 
inireat  de  faire  de  nouvelles  ten* 
tatiyes  en  faveur  de  la  famille 
de»  Bourbons;  il  reviat  en  18 13 
à  Paris,  et  y  forma,  dit-on,  avec 
quelques  royalistes,  le  prof  et  d*at* 
taquer  T^empereur  dans  le  sein 
nriême  du  corps*législatif.  Le  ren- 
voi inattendu  de  cette  assemblée 
aurait  seul  fait  manquer  Texé- 
cutiouvde  ce  dessein.  Ce  fut  lui 
qui  lit  connaître  au  comte  de 
Lynch,  maire  de  Bordeaux,  le 
lieu  où  étalent  détenus  les  frères 
Polif  nac.  Il  concerta  avec  eux  le 
plan  du  mouvement  que  M*  de 
Lynch  exécuta  depuis.  Au  retour 
de  Louis  XVIII  en  1814,  il  fut 
nommé  secrétaire  honoraire  de  la 
chambre  et  du  cabinet  du  roi, 
chevalier  de  Saint-^Louis,  et  aide- 
de-camp  du  duc  d'Aumont,  avec 
le  grade  de  colonel.  Au  mois  de 
mars  1 8 1 5,  il  était  avec  son  géné<- 
isal  dans  la  Normandie,  et  il  fut  o- 
biîgé  de  se  retirer  avec  lui  en  An- 
gleterre, après  avoir  inutilement 
tenté  de  faire  prendre  les  armes 
à  la  population.  M.  de  Labarthe 
9e  rendit  aussitôt  à  Caen,  et  dès 
le  commencement  du  mois  de 
fuin,  il  retourna  en  Angleterre 
ftTcc  des  instructions.  De  là,  il 
passa  dans  Tile  de  Jersey,  où  se 
formait  un  coi^s  destiné  à;  agir 
contre  la  Normandie.  Ce  corps, 
commandé  par  le  duc  d'Aumont, 
débarqua  près  de.Bayeux,  et  se 
porta  sur  Caen,  où  commandait 
le  genéral'Yedel,  lorsqu'on  apprit 
la  nouvelle  de  la  rentrée  du  roi 
dans  Paris.  Les  hostilités  cessèrent 
alors,  et  le  comte  de  Labarthe  re- 
prit ses  fonctîons.d'aide-de*camp 
dti  dnc  d'Aumont,  ainsi  que  celles 


LAB 

de  secrétaire  de  la  chambjre  et  du 
cabinet  du  rot. 

LABARTHE  (P.),  employé  au 
ministère  de  la  marine,  est  auteur 
de  plusieurs  ouvrages  sur  la  ma- 
rine, les  colonies  9  etc.  1"  Es^ai 
sur  l'étude  de  la  législation  de  la 
marine,  tant  ancienne  que  moderne, 
avec  les  notices  des  décrets,  rendu» 
partrois  desassemblées  législatives 
sur  cette  matière,  rangés  par  okire 
méthodique,  in-8%  1796;  a* /^.<iya- 
gê  au  Sénégal,  pendant  les  années 
1784  et  1785,  d'après  les  mémoi- 
res de  Lajaille,  in-8%  i8oa;  5* 
Voyage  à  la  côte  de  Guinée^  ou 
description  des  côtes  d'Afrique, 
depuis  le  cap  Tagrin,jusguau  cap 
dé  Lopez'Gonzahet%  in-8',  i8o3; 
4"  Harmonies  maritimes  et  colO'^ 
niales,  contenant  un  précis  des  éf 
tablissen^ens  français  en  Améri- 
que, en  Afrique  et  en  Asie,  in-8% 
181.5  ;  5*  Intérêts  de  la  Fram» 
dans  l*lnde,  in-8%  1816.  On  attri- 
bue encore  à  M.  Labarthe,  les^^ii- 
nales  marilimes  et  coloniales ,  im- 
primées en  17QO,  1  vol.  in-8*». 

LABASëËË  (HÀaiGBA£-M- 
CAMP,  baron),  né  le  11  février 
17649  enSaintonge,  s'est  distin- 
gué dans  les  campagnes  de  la  ré- 
volotion,  et  particulièrement  à  la 
bataille  de  Marengo ,  où  il  corn* 
mandait  un  régiment.  11  futnom<r 
mé  général  de  brigade  en  i8o3«  et 
commandant  de  la  légion-d'hon- 
neur en  1804.  En  1808,  legénénal 
Labassée  entra  en  Espagne,  fut 
employé  à  l'armée  du  Nord ,  et 
montra  beaucoup.de  courage  à  ia 
prise  d'Oviédo,  les  18  et  19  juin 
1809.  En  18149  après  la  rentrée 
des  Bourbons  en  France,  il  fut  dé«> 
coré  de  la  croix  de  Saint-Louis, 
et  pourvu  du  çomi»a|idement  de 


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LAB 

ia  1"*  subdivision  de  la  i4"*  di- 
vision militaire  à  Cherbourg»  Huit 
jéurs  ayant  le  débarquement  de 
^^oléon  au  golfe  Juan,  il  écrlTait 
à  Louis  XVIU  :  «  Sire ,  l'armée 
vtottîours  fidèle  à  Thonneur,  à  son 
nprtnee^  à  la  patrie^  ne  semra 
«point  l'ambition  de  ses  plus 
««ruels  enneoïis;  elle  servira  jus- 
»qu'à  la  mort  son  souverain  légi>- 
«tirae.  J'en  jure  parles  sentim^ne 
«qui  m'animent  pour  votre  augus* 
»  te  personne;  j 'en  }ure  par  le  bon 
x"  esprit  qui  règne  parmi  les  trou- 
»pes  stationnées  dans  le  comman->- 
wdeoient  des  troupes  que  votre 
»  majesté  m'a  oonfié.  ^iv^  Lotdà 
>»XVIIIl  nous  n'en  voulons  pas 
»  un  autre.  »  Après  les  événemens 
du  ao  raiars ,  le  général  Labassée 
quitta.le  commandement  de  Cher* 
bourg^,  et  fut  envoyé  à  l'armée 
d'observation  du  Jura ,  où  il  fut 
employé  dans  la  4"*  division  des 
gardes  nationales  de  l'empire.  De- 
puis cette  époque,  il  n'est  plus  en 
activité. 

LABASTAYS  (N.),  docteur  mé- 
decin, gradué  en  France  et  en  Es- 
pagne, médecin  de  l'hôpital  mu- 
nicipal et  militaire  de  Lorient,  a 
publié  différens  ouvrages,  parmi 
lesquels  on  remarque  les  suivans  : 
t'' Précis  d'une  noaveiie  théorie  des 
maindies  chroniques,  parlieulière'- 
ment  des  scorbutiques  et  puruien'- 
^tes,  1760,  1  vol.  in-iâ.  Cet  ou- 
vrage a  été  réimprimé,  même  for- 
jnat)  en  1801.  a*  Traita  de  l'affèc'- 
tiûn  vénérienne ,  1789,  in-8";  3* 
Da  cuite  philosophique,  ^79^^  in- 
8*.  La  singularité  de  ce  mémoire 
Va  fait  traduire  en  allemand.  L'au^ 
teur  y  prend  le  titre  <de  physicien 
et  de  philosophe.  4'  Traitement 
é^smutwHee^cHtênées,  1  vol.ln^ia. 


LAB  187 

LABATTU,  officier  français  au 
service  des  indépendans  de  l'Avné- 
rique,  fut  nommé,  en  1812,  com- 
mandant en  chef  de  l'armée  de 
Carthagène,  conjointement  avec 
don  M.  Gortès-Campomanès,  offi- 
cier espagnol  qui  avait  embrassé 
ia  «aéme  cause.  Tandis  que  ce  gé- 
néral obtenait  des  saeeès  impor- 
tans  dans  les  département  de  Tola 
et  deSan-Benito,  Labattu  chassa 
les  royalistes  de  tous  les  points 
fortifiés,  situés  sur  la  rivière  de 
Magdalena,  tels  que  San-Antonio, 
£1  Penon,  Guaymaro,  etc.,  etc. 
Labattu  vola  aussitôt  à  de  nouvel- 
les victoires,  et  s'embarqua  sur  le 
lac  dit  Cienega  de  Santa-Marta, 
pour  marcher  sur  la  ville  de  ce 
nom.  Plusieurs  bateaux  armés 
s'opposaient  à  son  passage  ;  il  les 
détruisit  et  s'empara  ensuite  de  la 
ville.  Ces  nouveaux  avantages 
semblaient  devoir  assurer  la  liber- 
té de  toute  la  province  de  Rio-Ha- 
oha,  d'autant  plus  que  l'esprit  de 
la  plupart  des  habitans  était  entiè- 
rement porté  vers  les  idées  d'in- 
dépendance; mais  la  conduite  im- 
politique de  Labattu  fit  perdre  les 
avantages  qu'il  avait  obtenus  par 
ses  armes.  Les  habitans  de  San- 
ta-Marta se  Tévoltèrent,  et  quoi- 
qu'il y  eût  dans  te  port  plusieurs 
vaisseaux  de  guerre  qui  le  soute- 
naient, il' fut  contraint  de  s'embar* 
quer  pour  Carthagène.  Cette  re- 
traite donna  aux  royalistes  la  faci* 
lité  de  faire  venir  de  la  Havane 
et  de  Maraoaybo,  des  renforts  qui 
mirent  la  ville  à  l'abri  de  nou*- 
velles  attiaufues.  Quelque  temps 
après,  Labattu  fut  encore  chargé 
d'une  autre  expédition  qui  ne 
ràussitpas  mieux  que  la  première» 
ce  qui  détermina   le  gouveme-s 


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i88 


LAB 


ment  à  cesser  de  remployer  ea 
qualité  de  commandant  en  chef. 

LABAUME  (Eu^èhe),  cafHtaine 
au  corps  royal  des  ingénieurs- 
géographes,  cheyalier  dé  la  Cou- 
'  ronne-dé^fer,  est  né  à  Nîmes,  vers 
1780.  Son  pire  exerçait  la  profes-- 
sion  d'avoué.  Le  }eone  Labaume, 
destiné  au  service  militaire,  entra 
de  bonne  heure  dans  le  corps  du 
génie.  Il  passa  bientôt  dans  le 
royaume  d'Italie,  et  fut  nommé 
par  le  vice-roi  Eugène  Beauhar- 
nais,  auquel  il  avait  été  recom- 
mandé, stius-lieutenantingénieur- 
géographe.  Ces  fonctions  ne  fu- 
rent pas  celles  qui  Toccupèrent  le 
plus;  le  prince  le  dispensait  de  la 
plus  grande  partie  du  service,  et 
l'employait  à  des  objets  qui  étaient 
pour  lui  d'une  importance  par- 
ticulière; voulant  réunir  aux  parcs 
de  sa  maison  de  plaisance  des  por- 
tions du  territoire  de  Monza ,  il 
chargea  le  jeune  Labaume  d'en  le- 
ver les  plans.  Il  le  fit  ensuite  pas- 
ser à  Venise,  pour  mesurer  les 
lagunes,  et  de  là  dans  le  Frioul, 
pour  tracer  une  carte  du  cours  de 
la  Brente  ;  enGn  il»  l'envoya  à  Pa- 
ris, en  1810,  avec  la  mission  os- 
tensible de  quelques  travaux  topo- 
graphiques.  M.  Labaume  profita 
du  long  sé}oi|r  qu'il  fit  dans  cette 
capitale^  pour  prendre  rang  par- 
mi les  écrivains  :  il  publia  une 
Histoire  abrégée  de  la  république 
de  Venise,  a  v.  in-8%  Paris,  i8ii.- 
Des  journalistes  de  Parisr  cru- 
rent sans  examen  ce  qu'il  annon- 
ce dans  sa  préface,  qu'il  avait  puisé 
ses  matériaux  dans  les  auteurs  vé- 
nitiens ,  et  donnèrent  les  plus 
grands  éloges  à  son  ouvrage ,  en 
témoignant,  comme  lui,  quelque 
mépris  pour  l'histoire  de  Venise, 


LAB 

faite  par  l'abbé  Laugîer.  Mais  la 
chose  fut  examinée  de  pkts  près 
en'  Italie,  et  l'on  reconnut,  en  fai- 
sant des  comparaisons,  que  l'his- 
toire de  M.  Labaume  n'était  que 
l'abrégé,  et  souvent  une  copie  Ût^ 
térale  de  celle  de  Laugiér;  que  le 
premier  n'avait  consulté  aucun 
des  titres  originaux  des  anciennes 
histoires  vénitiennes  ,•  et  qu'enfin 
il  avait  puisé  dans  la  Dietionnaire 
historique  de  Chaudon,  l'aventu- 
re romanesque  de  Blanche  Capel- 
lo;  et  la  barbare  démonstration 
d'amour  de  Mahomet  II  envers 
Irène.  Tous  ces  détails  sont  consi* 
gnés  dans  un  journal  italien  inti- 
tulé :^nn«/(  di  scienze  e  Uttere, 
Néanmoins  le  vice-roi,  à  qiû  l'ou- 
vrage était  dédié,  redoubla  de 
bienveillance  pour  l'auteur,  l'éle- 
va  au  grade  de  lieutenant-ingé- 
nieur-géographe, et,  à  son  départ 
pour  la  campagne  de  1 8 1  a,  le  nom- 
ma l'un  de  ses  officiers  d'ordon-  . 
nance;  c'est  en  cette  double  quali- 
té que  M.  Labaume  fit  la  çampa- 
jgne  de  Russie,  il  échappa  à  ses  dé< 
sastres,  et  en  revint  arec  la  déco- 
ration de  la  légion-«l'honiieur.  Il 
habita  Milan  jusqu'à  la  fin  de  1 81  ^,  . 
époque  à  laquelle  le  vice-roi  se 
rendit  dans  le  Frioul;\ct  à  l'appro- 
che des  Autrichiens  A  il  se  retira 
avec  lui  sur  le  Mincio,  L'abdica- 
tion de  Napoléon  ne  ch)ingea  rien 
:  aux  bonnes  dispositions  du  prince, 
qui,  pendant  son  séjour  à  Paris, 
fit  employer  son  protégé  par  le 
général  Dupont,  alors  ministre  de 
la  guerre.  M.  Labaume  ne  fut 
l>oint  employé  pendant  le  ministè- 
re du  maréchal  Soùlt,  duc  de  Dal- 
matie,  qui  le  remplaça;  il  alla 
habiter  l'ancien  état,  vénitien ,  oà 
il  avait  une  propriété.  Il  avait  pu- 


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LAB 

Wié  pendant  son  dernier  sé|our  à 
Paris, une  histoire  delà  campagne 
de  Russie,  sous  le  titre  de  Rela- 
tion  circonstanciée  de  la  campagne 
de  Russie,  en  1812,  ornée  des 
plans  de:  la  bataille  de  la  A(oskowa 
et  du  combat  de  Malo-Jaroslayetz. 
Cette  histoire,  incomplète  sans 
doute,  puisqu'elle  ne  comprend 
que  les  opérations  du  corps  que 
commandait  le  prince  Eugène,  est 
cependant  intéressante,  et  joint  en 
g^énéral  à  l'exactitude  des  faits,  le 
mérite  du  style  ;  elle  a  été  impri- 
mée trois  fois,  et  traduite  çn  an- 
glais en  i8i5.  Après  le  retour  du 
roi,  M.  Xabaume  obtint  une  place 
au  bureau  topographique  du  mi- 
nistère de  la  guerre ,  et  est  deve- 
nu un  des  trois  historiographes  de 
ce  ministère. 

LABAUMË  (Melghior)  ,  maré- 
chal-de-camp, naquit  à  Châions- 
^ur-Saône,  en  1756.  Officier gé* 
'.lierai  au  commencement  de  la  ré^ 
Yolution,  il  se  retira  à  Thiais,  près 
■de  Choisy-le-Roi  ;  mais  dénoncé 
pendant  le  règne  de  la  terreur,  il 
^e  vit  bientôt  arrêté  comme  sus^ 
pect,  fut  traduit  à  Paris,  et  en- 
fermé dans  les  prisons  du  Luxem- 
bourg. Enveloppé  dans  la  préten- 
due conspiration  des  détenus  de 
«ette  maison  d'arrêt,  il  fut  livré 
an  tribunal  révolutionnaire,  et  con- 
damné à  mort  le  10  juillet  1794* 
LABBÉ  (Marie)  ,  femme  Gai- 
las,  est  née  à  Monthois ,  départe- 
ment des  Ardennes.  Consacrée  à 
célébrer  tous  les  titres  à  la  gloire 
ou  à  l'estime  publique,  la  Biogra- 
phie nouvelle  des  Contemporains 
ne  passera  pas  sous  silence  l'un  des 
plus  honorables  traits  du  caractè- 
re français.  C'est  une  femme  qui 
le  fournit,  et  qui  nous  rappelle  ces 


LAB 


189 


beaux  temps  de  Sparte  et  de  Ro- 
me ,  où  les  mères  sacrifiaient  hé- 
roïquement à  la  patrie  lesplus  chers 
objets  de  leur  tendresse.  En  1 799, 
sous  le  gouvernement  consulaire, 
l'ordre  du  départ  des  conscrits  de 
la  commune  de  Monthois,  chef-* 
lieu  de  canton ,  étant  arrivé,  la 
Plupart  des  mères,  se  jetèrent  en 
pleurant  dans  les  bras  de  leurs  fils, 
>et  énervaient  ainsi  le  courage  de 
ces  jeunes  gens  qui  ne  connais- 
saient encore  que  les  affections 
domestiques.  Marie  Labbé,  indi- 
gnée de  cet  acte  de  faiblesse ,  s'a- 
vance au  milieu  d'elles.  «Eh  quoi! 
•  vous  pleurez,  leur  dit  cette  /em- 
1)  me  courageuse,  quand  la  patrie 
»  a  besoin  de  vos  en  fans  P  Retenez 
.»ces  larmes  qui  les  rendent  aussi 
»  faibles  que  vous.  J'avais  cinq  fils, 
»  trois  sont  partis  volontairement; 
»  Fun  deux  est  mort  sur  le  champ 
»de  bataille;  Je  quatrième  part 
«aujourd'hui;  le  cinquième,  âgé^ 
»de  18  ans,  me  reste.  Mais  si  ses 
nbras  vigoureux  sont  nécessaires 
»  à  la  défense  de  la  liberté ,  il  est 
j»  prêt  à  partir,  et  le  sacrifice  en  est 
»  i'ditiy.  Ces  paroles,  dignes  de  cet- 
te Spartiate  qui  remettant  un  bou- 
clier à  son  fils  partant  pour  la  guer- 
re, lui  dit,  en  l'embrassant,  pars, 
et  reviens  avec  ou  dessus,  électri- 
sèrent  tous  ceux  qui  les. entendi- 
rent ;  toutes  les  larmes  se  séchè- 
rent, et  les  assistans,  les  mères 
et  les  jeunes  soldats  s'écrièrent: 
f^ive  la  république  !  C'est  ce  dé- 
vouement à  la  patrie,  qui  pendant 
le  cours  de  la  révolution  s'est  à  la 
fois  montré. chez  tous  les  citoyens, 
qui  a  porté  le  nom  français  chez 
tous  les  peuples,  et  leur  a  fait  ac- 
quérir tous  les  genres  de, gloire. 
LABBE  Y  (Jeân-Baftiste),  pro* 


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190 


LAB 


fesseur  de^  matbématiqtfes,  a  été 
attaché  en  cette  tfualîté  aux  écoles 
centrales  9  pendant  le  cours  de  la  " 
révolution.  On  lui  doit  :  i**la  tra- 
duction, du  latin  en  français,  arec 
des  notes  et  des  éclaircissemens , 
de  l'Introduction  à  l'analyse  infi- 
nitésimale, par  L.  Euler,  Paris, 
1^97,  a  Tol.  in^8*;  2""  Traité  dj^ 
statique  y  1612,  in-S";  3»  Lettres 
à  une  Princesse  d^  Allemagne,  sui- 
vies de  VÉloge  de  Condarcet,  nou- 
relle  édition,  avec  des  notes,  2 
ol.  in-8*»,  1812. 

LABBEY  -  DE  -  POMPIÈRES 
(Gvillaxjme-Xayier)  ,  né  le  5  ikiai 
1751,  embrassa  très-jeune  la  car- 
rière militaire.  Il  était ,  à  l'époque 
de  la  révolution,chevalier  de  Saint- 
Louis  et  capitaine  d'artillerie,  ar- 
me dans  laquelle  il  servit  pendant 
24  ans.  Une  dénonciation,  dont 
rinjustice  fut  reconnue  plus  tard , 
le  fit  incarcérer,  et  il  subit  une 
détention  de  18  mois.  Rendu  ù  la 
liberté ,  il  devint  président  de  soh 
district,  et  exerça  difiérentes  fonc- 
tions gratuites ,  telles  que  celles  de 
président  des  hospices  civils  de  sa 
résidence.  Devenu  ensuite  conseil- 
ler de  préfecture ,  il  occupa  long- 
temps ,  par  intérim ,  la  place  de 
préfet,  et  en  18 1 5,  il  fut  élu  mem- 
bre du  corps-législatif.  Dans  la 
chambre  de  1814  9  M.  Labbey^ 
de-Pompières  prononça  plusieurs 
discours,  qui  furent  imprimés, 
ceux  entre  autres  sur  la  liberté  de 
la  presse,  sur  le  budget,  sur  le 
projet  de  loi  relatif  à  la  naturali- 
sation'des  habitïins  des  départe- 
mens  réunis  à  la  France,  sur  la 
restitution  aux  émigrés  de  leurs 
biens  non  vendus ,  sur  le  projet  dé 
loi  des  douanes,  sur  la  franchise 
du  port  de  Marseille ,  sur  les  im- 


LA* 

positions  établies  par  le  préfet  dé 
la  Meurthe ,  etc.  Dans  tout  le  cour» 
de  cette  session ,  il  n'émit  aucune 
opinion  qui  ne  fût  favorable  à  la 
cause  du  peuple.  Nommé ,  en 
181 5,  membre  de  la  chambre  des 
représentans,  par  le  départentent 
de  l'Aisne ,  il  fut  un  des  cinq  mem- 
bres de  la  comipission  des  inspec^ 
teurs  de  la  salle,  et  parut  peu  k 
la  tribune  pendant  cette  session*. 
Réélu  par  ce  m<$me  département, 
en  1819,  à  la  chambre  de»  dépu- 
tés, et  fidèlô  à  la  cause  de  la  li« 
berté,  qu'il  avait  défendue  avec 
autant  de  courage  que  de  talent 
dans  toutes  les  occasions,  il  s'oppo- 
sa de  tous  ses  moyens  aux  décrets 
qu'il  croyait  contraires  aux  droits 
nationaux  et  aux  véritables  inté- 
rêts du  trône  constitutionnel!  Il 
avait  promis  aux  électeurs  du  dé- 
partement de  l'Aisne  de  siéger  au- 
près de  ses  honorables  amis,  MM. 
Dupont  de  l'Eure,  La  Fayette, d'Ar- 
gensot) ,  etc.  Il  remplit  son  man- 
dat avec  le  dévouement  qu'on 
attendait  de  lui ,  et  avec  une  éner- 
gie que  son  grand  âge  et  la  fai- 
blesse de  sa  constitution  ne  per- 
mettaient guère  d'espérer.  Lors 
de  la  discussion' sur  le  changement 
de  la  loi  des  élections,  session 
de  1819,  îl  prononça  un  dis- 
cours éloquent,  dans  lequel  il  é- 
tablissait  l'inconstîtutionnalité  de 
cette  loi ,  et  les  dangers  qu'elle  de- 
vait entraîner  après  elle.  «  Quand 
nia  charte,  dît-il,  est  violée,  le 
»  pacte  social  est  rompu ,  le  co^ps 
»  politique  est  dissous ,  la  loi  n'est 
»plus  qu'un  fantôme;  il  ne  reste 
»que  l'arbitraire  et  la  force,  pré- 
»  curseurs  de  l'anarchie.  Avec  unfe 
«perspective  aussi  funeste,  dans 
A-un  péril  aussi  imminent,    nou^ 


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LAB 

•  tiousiicnoDs,  atec  un  noble  pair: 
»C*0St  de  cette  tribune  fue  doit 
»  partir  le  premier  cri  d* alarme, 
»Mais  les  Français  ont  entrevu  la 
1»  liberté  ;  ib  la  veulent ,  ils  Tau- 
«ront,  du^nt  -  ils*,  briser  sur  la 
tf  tête  de  leurs  ennemis  les  chaînes 
«qu'ils  Youdraient  leur  donner.  « 
Peu  de  temps  après  9  il  s'éleva  a^ 
vec  non  moins  de  force  contre  la 
«ensure  des  journaux  ^  et  il  établit 
qu'il  n'y  a  plus  de  liberté,  lors- 
qu'on ne  peut  plus  penser  ce  qu'on 
veut,  et  lorsqu'on  ne  peut  plus 
écrire  ce  qu'on  pense.  Dans  la  dis* 
cussîon  sur  les  comptes  ai^riérès , 
il  prouve  que ,  d'après  la  manière 
dont  ils  étaient  présentés ,  la  cour 
des  comptes  ne  pouvait  trouver  de 
moyens' assez  sûrs  de  contrôler 
exactement  toutes  les  opérations 
en  recettes  et  en  dépenses.  Il  se 
plaignit  qu'ils  renfermaient  une 
foule?  de  dépenses  qui  n'avaient  été 
n!  demandées  ni  consenties,  dans  le 
nombre  desquelles  figurait  l'achat 
de  plusieurs  hôtels,  dont  le  prix 
était  même  porté  au-delù  de  ce 
qu'ils  avaient  été  achetés.  M.  Lab- 
bey-de-Pompières  proposa  des  ré- 
ductions sur  les  budgets  des  diilë- 
rens  ministères,  et  il  soutint  que  la 
dépense  du  ministère  de  la  justice 
était  exorbitante,  qu'elle  s'élevait 
à  18  millions  aujourd'hui,  tandis 
qu'elle  n'allait  qu'à  10  millions  en 
1810,  à  une  époque  à  laquelle  la 
France  se  composait  de  17  dépar- 
temens  de  plus.  Dans  la  session  de 
1820,  M.  Labbey-de-  Pompières  dé- 
fendit les  intérêts  de  la  nation  avec 
le  orême  zèle  et  avec  le  même  ta- 
lent; mais  il  se  distingua  surtout 
dans  les  séances  des  9  mars  et  18 
ayril,  en  combattant  la  proposi- 
tion de  M.  Sirieys  de  Mayrinhac. 


LA6  1^1 

«Quels  sont  doue,  dît^il,  lesdroîtt 
»  de  ceux  qui  veulent  nous  imposer 
»  silence?  Viennent-ils  d'une  autre 
»  eriginequele9n6tres?Alors,quMl9 
»^nous  montrent  leurs  pouvoirs. 
»  Ainsi  que  nous,  né  les  tiennent- 
»  ib  que  du  peuple  PQu'ils  daignent 

«  aussi  nous  écouter qu'où 

»  n'espère  pas  étouffer  nos  justes 
»  plaintes.  Nous  sommes  envoyé» 
i>pour  exposer  les  besoins  dé  la 
»  nation,  pour  défendre  ses  inté- 
»  rets ,  peindre  ses  tourmens  ,•  ex- 

•  primer  ses  désirs Je  le  répè- 

»te,  ce  n'est  pas  de  vous  que  je 

•  tiens  le  droit  d'émettre  ici  ma 
«  pensée  ;  la  charte  l'a  reconnu  ce 
»  droit,  elle  me  l'assure,  comme 
»  elle  vous  fait  un  devoir  de  m'én- 
»  tendre.  Je  déclare  que  je  l'exer- 
»cerai  dans  toute  sa  plénitude,  et 

•  qu'une  fois  à  la  tribune,  je  n'en 
»  descendrai  qu'après  avoir  émis 
»  toute  ma  pensée,  à  moins  qu'on 
»ne  m'en  arrache  de  vive  force. 
»Eh!  que  nVt-on  pas  le  droit  de 
»dire  à  cette  tribune,  quand  on  a 
»  entendu  y  proférer,  y  répéter  ce 
9 blasphème  anti -social,  ce  blas- 
»  phème  impie,  qu'il  est  une  classe 
^  que  sa  naissance  met  au-dessus  des 
Ti>  autres  j  et  à  qui  son  rang  ne  pcr- 
»  met  pas  de  réparer  par  le  trafic 
mou  l'industrie  les  brèches  de  sa 

ï>  fortune Ne  vous  y  trompei 

»  pas,  messieurs,  ce  n'est  pas  le- 
«trouble  qu'on  redoute,  c'est  la 
»  publication  de  la  vérité  ;  c'est  le 
»  despotisme  des  ministres  qu'on 
»  vous  propose  d'établir.  Ils  veu- 
»  lent  vous  ôter  la  parole,  parce 
»  qu'ils  veulent  renverser  la  liber-* 
»té,  et  qu'elle  n'a  plus  d'autre 
«refuge  que  cette  tribune.  Ceuàf 
»gui  veulent' renverser  la  liberté, 

•  dit  Montesquieu,  craignent   les 


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19a  LAB 

»  écrits  gui  peuvent  rappeler  l'esprit 
»  de  la  liberté,  .^ . .  Messieurs ,  à  tou- 
»  tes  ces  prétentions  je  n'opposerai 
»  qu'un  mot  ;  je  le  tirerai  de  This- 
»toire,  et  c'est  aux  ministres  que 
»je  l'adresse  :  Tarquin  usurpa  le 
ii pouvoir  du  peuple;  il  fit  des  lois 
»sans  lui,  il  en  fit  même  contre 
»  lui  :  il  aurait  réuni  les  trois  peu^ 
Ttvoirs  dans  sa  personne;  mais  le 
n  peuple  se  souvint  un  moment  qu^il 
»  était  législateur,  et  Tarquin  ne  le 
fifut  plus.  »  Dans  sa  proposition 
pour  la  suppression  de  l'impôt  sur 
le  sel  9  il  excita  fréquemment  les 
murmures  du  côté  droit,  et  il  cita 

^-à  propos  ce  passage  de  Montes- 
quieu, dans  lequel  l'auteur  pré- 
sente les  quatre  manières  dont  l'a- 
ristocratie établit  ses  privilèges , 
par  rapport  aux  subsides  :  «  La 
»  première ,  de  n'en  point  payer  ; 
»la  seconde,  de  s'en  exempter  par 
.}  la  fraude  ;  la  troisième ,  de  se  les 

^  «faire  rendre,  sous  prétexte  de 
»  rétributions  ou  d'appointemens 
»  pour  emplois  ;  la  quatrième,  de 
»  rendre  le  peuple  tributaire ,  et 
«de  partager  les  impôts  levés  sur 
dIuî.  »  Le  8  février  182a,  lors  de 
la  discussion  générale  du  projet 
de  loi  relatif  aux  feuilles  périodi- 
ques, il  prononça  un  discours  re- 
marquable ,  qu'il  termina  ainsi  : 
«  Les  hommes  dont  la  conscience 
)»est  pure  bravent  la  médisance, 
»  comme  Sully,  comme  vous,  mes- 
»  sieurs,  et  vous  le  prouverez  en 
»  rejetant  la  loi.  Cependant,  si  elle 
M  doit  être  adoptée ,  il  ne  me  reste 
»  qu'à  m'écrier  avec  douleur  :  Voyez 
»  d'ici  ce  lieu  où  des  nations  étaient 
»  enchaînées  aux  pieds  d'un  colosse 
«de  bronze  I  Habitans  de  la  Flan- 
»  dre  p  de  l'Alsace ,  de  la  Franche- 
«  Comté,  elles  figuraient  vos  aïeux  ! 


LAB 

i»Tel  est  le  sort  réservé  à  toute  tta- 
»tion  où  les  ministres  ne  savent 
•  gouverner  qu'avec  des  milliers 
ode  gendarmes  pour  asservir  la 
«patrie,  des  représei^ans  pour  la 
«vendre,  et  un  cacheisur  la  boa- 
»  che  de  quiconque  oserait  se  plain- 
»dre.  »  Le  17  avril,  dans  61  dis- 
cussion relative  au  budget  des  re- 
cettes, il  s'éleva  contre  l'impôt  sur 
le  sel,  qu'il  soutint  être  inique, 
immoral  et  nuisible  :  inique,  ea 
ce  qu'il  portait  particulièrement 
sur  la  classe  indigente;  immoral ^ 
en  ce  qu'il  favorisait  la  fraude;  et 
nuisible,  parce  qu'il   privait  lea 
bestiaux  d'un  aliment  salutaire  et 
productif.   Le  23  juillet  suivant, 
session  de  i8aa,  après  avoir  pro- 
posé différentes  réductions  sur  le 
ministère  des  affaires  étrangères  , 
il  laissa  à  la  conscience  du  ministre 
le  soin  de  faire  disparaître  de  ses 
comptes   les  dépenses   secrètes , 
«  cette  honte  des  gouverncmens^ 
»cet  aliment  des  dénonciations... « 
«Sept  cent  mille  francs,  ajoute- 
»  t-il ,  pour  explorer  les  contre-ré- 
nvolutions  étrangères,  quelle  pi- 
»tiél  Le  prix  des  sueurs  du  peuple 
»  destiné  à  river  les  fers  de  ses  voi- 
»sins,  quel  siècle!  0    C'est  ainsi 
que,  le  i5  du  même  mois,  en  de- 
mandant un  dixième  de  réduction 
sur  le  budget  du  même  ministère  , 
il  avait  émis  le  vœu  de  voir  un 
jour  disparaître  totalement  cette  dé- 
pense, qui  ne  servait,  comme  il  le 
dit,  qu'à  river  les  fers  des  peuples. 
«  La  diplomatie  actuelle,  s'écria- 
»  t-il ,  n'est-elle  point  en  ce  mo-' 
»ment  même  occupée  à  renouer 
n  toutes  ses  intrigues ,  et  toutes  ses 
«démarche^  ne  tendent-elles  pas 
»  à  livrer  à  la  furie  d'une  horde  de 
»  lâches  assassins  cette  nation  mal* 


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LÂB 

»%èumuse  (les  Grecs)  qui ,  depuis 
«trois  siècles,  expie,  sous  le  joug 
»  le  plus  dur,  le  crime  de  lèse-ty- 
«i'anaie  d'ayoir  donné  la  dvilisa- 
vjtion  à  TËiubpe?  La  diplomatie 
»Toit  d'unJeil  sec  les  torrens  de 
»sang  quiMnondent  rOrûent ,  et 
vdes  massacres  épouvantent  l'uni- 
»  vers  sans  troubler  son  jmpassi- 
iibiiité.  »  M.  Labbej-de-Pompières 
giége  encore  aujourd'hui  (iSsiS)  A 
la  cbambre  des  députés. 

LA  BÉDOYÈRE  (Charles-An- 
eéuQUE- François  *-HuGBET,  comte 
bb),  d'une  famille  noble  et  ancien- 
ne, né  à  Paris  en  1786.  L'année 
de  sa  naissance,  mourut  son  aïeul, 

MAReUBftlTE-HvGHES-CHARLES-MA^ 
BIE-HVCHET  DE  La  BÉDOYÈRE,  si  COU- 

nn  alors  par  la  passion  que  lui  a- 
▼ait  inspirée  la  belle  et  vertueuse 
AeATfiE  Sticoti:,  actrice  du  théâtre 
Italien,  qu'il  épousa  malgré  sa  fa- 
mille. Son  père,  procureur-général 
au  ^parlement  de  Bretagne,  après 
l'avoir  déshérité,  eut  facilement 
le  crédit  de  faire  casser  son  ma- 
riage. Mais  l'amour  et  le  talent 
surent  triompher  de  l'orgueil  no- 
biliaire et  magistral,  et  il  dut  à 
des  mémoires  pleins  d'intérêt  et 
de  verve  qu'il  publia,  non-seule- 
ment la  restitution  de  la  femme 
qu'il  avait  choisie,  mais  encore 
celle  d'une  partie  de  son  héritage; 
les  infortunes  de  M.  et  de  M"*  de 
La  Bédoyère  donnèrent,  dans  le 
temps,  à  Arnaud  de  Baculard,  le 
sujet  de  son^  roman,  Us  Epouco 
imiheureuo}.  Ce  sont  aussi  les  in- 
fortunes de  son  petit-fils  qui  font 
la' matière  de  cette  notice.  Charles 
avait  toutes  les  qualités  qui  font 
qu'on  est  malheureuit  et  distingué. 
Il  était  beau,  spirituel,  mélanco^ 
Uque^  emporté,   abstrait,  franc 


LA* 


IS5 


jusqu'à  la  rudedse,  passionné  poux? 
Ws  grandes  actions,  pt)ur  les 
grands  talens,  mais  enfcore  plus 
pour  les  beaux  sentimens  et  pour 
tes  hautes  vérités  de  la  morale  et 
de  la  politique,  assez  insouciant 
des  dehors  de  la  vie,  vrai  solitaire 
delà  société,  où  il  n'avait  que  des 
accès  d'abandon,  loyal  en  tout 
point,  brave  'en  toute  occasion,  a- 
nA  du  danger -et?  du  merveilleux, 
d'un  commerce  facile  et  attachant, 
enjoué  par  distraction,  rêveUr  par 
nature'.  Ses  qualités  comme,  ses 
défauts  étaient  prématurés.  Ses 
défauts  n'étaient  que  l'excès  de 
ses  qualités.  Charles  vivait  ^le 
principes  plutôt  que  de  ïentimeinrs; 
mais  comme  il  était  doué  d'une 
organisation  ardente,  il  donnait  à 
tout  ce  qu'il  sentait  la  fougue 
d'une  passion,  et  c'était  avec  une 
sorte  de  délire  qu'il  était  amou-^ 
reux  de  la  raison.  £n  1806,  à  pei- 
ne âgé  de  30  ans,  il  sortit  tôut-iW 
coup  des  habitudes  d'une  société 
où  il  avait  puisé  peut-ôlre  l'exal^ 
tation  de  ses  idées  avant  leur  dé* 
veloppeme»t,  pour  prendre  le  par- 
ti des  armes.  Pu'  salon  de  la' 
célèbre  bar(^ne  de. StAël,  il.  se 
trouva  soldat'à  M^iyence^  et  peu  a^ 
près,  officier' dans  le  corps  des 
gendarmes  d'ordonnance  de  lu 
garde  impériale.  L'époque  «tait  ' 
graild«  alors;  elle  rappelle  encore 
la  bataille  d'I  en  a,  la  bataille  d?»Ey-* 
lau,  la  bataille  de  Friedland,  la 
pa^x  de  ïilsitt.  Charles  servit  aved 
distinction  dans  k  seconde  cbm-» 
pagnie,  et  fut  cité  parmi  les^brit  ves 
dans  la  campagne  de  Poméranie. 
En  1 808  et  1 809,  le  prince  Eugè- 
ne, dont  il  était  l'ami,  se  l'attacha 
comme  aide-de-caçrip.  En  Espa- 
gne^ à  la  bataille)  de  Tud6la,.la 
i3 


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maréchal  Laoaes^  qui  se  connais* 
sait  en  homao^ft  de  guerre,  fit 
uae  mention  honorable  4u  jeune 
La  Bédoy ère»  qui»  malgré  une  blés- 
tare  graya^  enleva  une  pièce  de 
canon*  De  Tarmée  d'Espagne,  il 
passa  à  celle  de  Pologne ,  et  mé- 
rita, par  la  distinction  de  ses  ser* 
TÎces  dans  la  fatale  retraite  de  Mos- 
cou, d'être  appelé  au  commande* 
ment  du  iia"*  régiment  d'infau* 
terie  de  ligne.  Le  vieux  régiment 
et  le  jeune  colonel  se  couvrirent 
de  gloire  aux  batailles  de  Lutsen 
et  de  Bautsen  en  Saxe,  en  i8i3. 
Ce  corps  faisait  partie  de  la  divi-* 
lien  Gérard*  Rien  ne  manquait  à 
ion  illustration.  Charles  fut  blessé 
à  la  tête  de  son  régiment  Rentré 
en  France  avec  l'armée  qui  survi* 
vait  à  peine  aux  victoires  et  aux 
trahisons,  le  colonel  La  Bédojère 
fit  la  fameuse  campagne  4e  18149 
chef*  d'oeuvre  militaire  dtl  plus 
grand  capitaine  des  temps  moder- 
nes. Après  Tabdication  de  Napo* 
léon,  il  revint  à  Paris,  où  il  perdît 
le  commandement  du  1  id**  régi^ 
ment,  lequel  fut  incorporé  par  la 
suppression  de  son  numéro.  L'c-» 
ehelle  militaire  suivait  la  réduc* 
tion  de  l'échelle  politique.  En  181 5, 
Charles  fut  nommé  colonel  du  7»» 
d'infanterie  de  ligne  en  garnison 
à  Grenoble.  Après  le  débarque* 
ment  de  Napoléon,  qui  n'avait  en* 
core  été  rejoint  que  par  quelques 
détachemens  ,  le  colonel  du  7"* 
lui  amena ,  à  Vieille ,  le  premier 
régiment.  En  abordant  Napoléon, 
La  Bédoyère  lui  dit  :  «  Sire ,  les 
1»  Français  vont  tout  faire  pour 
»Y.  M.  ,  mais  il  faut  aussi  que 
*T.  M.  fasse  tout  pour  eux  :  plus 
»  d'ambition ,  plus  de  despotisme; 
ftnous  voulons  être  libres  et  heu* 


LAB 

»reux.  Il  iàui  abjurer,  Sire,  I« 
•  système  de  conquête  et  de  puis- 
»' sance ,  qui  a  fait  le  malheur  d« 
»{&  France  et  le  vôtre.  9  Aprèe 
cette  courte  harangi^,  on  se  mit 
en  marche.  La  Béov^ère  suivit 
Napoléon  avec  son  régiment.  Poitr 
quiconque  a  connu  intimement  ce 
malheureux  jeune  hommcf,  il  n'est 
point  douteax  qu'en  trahissant  le 
serment  qu'il  avait  prêté  au  roi, 
il  n'ait  envisagé  une  telle  action 
comme  le  plus  grand  sacrifice 
qu'il  crbjait  pouvoir  faire  à  la  pa* 
trie.  Cet  amour  de  la  patrie ,  le*- 
quel,  dès  ses  plus  jeunes  ans,  avait 
exalté  son  âme  de  tous  les  graiùds 
souvenirs  de  la  Grèce  et  de  Rome, 
avait  pris,  depuis  la  première  res- 
tauration, le  caractère  d'une  idée 
fixe,  d'une  passion  unique  et  dé* 
vorante  ,  qui  avait  envahi  toutes 
ses  facultés.  Aussi  ce  n'était  point 
à  la  cause  de  Napoléon  que  le 
colonel  La  Bédojère  se  dévouait: 
c'était  à  la  cause  de  la  liber* 
té;  car  il  était  révolté  du  despo- 
tisme, rehaussé  même,  et  pres- 
que ennobli  qu'il  eût  été  par  la 
gloire ,  et  rien  ne  pouvait  arrêter 
les  mouvemens  de  l'indignation 
que  lui  causait  tout  acte  arbitraire. 
Aussi,  quand  fut  publié  le  décret 
qui  confisquait  les  biens  des  mem- 
bres du  gouvernement  provisoire 
de  18149  il  ne  put  s'empêcher  de 
dire  en  présence  de  Napoléon  :  «  Si 
»le  régime  des  séquestres  et  des 
9 proscriptions  recommence,  tout 
»sera  bientôt  fini;  »  et  quand  il 
reçut  sa  nomination  d'aide-de- 
camp  de  Napoléon,  il  en  fut  sur* 
pris.  «  Je  n'ai  rien  fait  pour  lui , 
n  disait-^il,  je  n'ai  rien  fait  que  pour 
»la  patrie.  »  11  avait  été  nommé 
général  de  brigade  à  son  arrivéi» 


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LAB 

à  ParU,  €t  peu  après,  il  fut  lieu- 
tenant-général, et  appelé  à  la  pai- 
rie. La  journée  de  Waterloo  eut 
Ueu  Le  général  La  Bédoyère  res- 
ta un  des  dfjïtiierssur  le  champ  de 
bataille,  ef  revint  à  Paris  siéger 
dans  lé  chambre  des  pairs.  Mais 
le  désespoir  qu'il  apportait  de  Wa- 
terloo, où,  suivant  son  idée  do- 
minante, il  venait  de  voir  périr  ce 
qu'il  appelait  la  patrie  ^  Tentraîna 
dans  la  faiseuse  séance  du  22  juin^ 
où  fut  agitée  si  tumultueusement 
la  question  de  .l'abdication  que 
Napoléon  venait  de  faire  en  faveur 
de  son  fils.  La  véhémence^  Téga- 
rement  des  paroles  que  La  Bé- 
doyère prononça ,  le  firetit  inter- 
rompre plusieurs  Fois,  et  plusieurs 
fois  même  rappeler  à  Tordre.  Pa- 
ris capitula.  Là  Bédoyère  suivit 
l'armée  au-d«M  de  la  Loire.  Le  5 
juillet,  Â  l'époque  du  licenciement 
de  cette  armée,  ne  voyant  point 
de  sûreté  pour  lui  en  France,  il  se 
disposait  à  partit  pour  T  Amérique. 
Il  avait  déjà  son  passe-port  et  une 
lettre  de  crédit.  Mais  la  voix  de 
la  nature  pariait  aussi  violemment 
ÙL  son  âme  qiie  la  voix  de  la  pa^ 
trié;  Ses  yeux  se  fermèrent  sur 
tous  ses  périls.  Il  voulut,  avant 
de  s'exiler,  peut-être  pour  jamais 
de  la  France^  dire  un  dernier  adieu 
à  sa  [eune  femme  et  à  son  enfant. 
Cependant ,  il  n'ignorait  point  le 
sort  qui  l'attçndait  s'il  était  arrê- 
té :  iuS-même,  après  Waterloo,  il 
avait  prononcé  sa  sentence,  quand 
il  avait  dit  :  «  Si  les  chambres  s'i- 
»  soient  de  l'empereur  5  tout  est 
»  perdu.  Les  ennemis  seront  sous 
»peu  de  jours  à  Paris.  Alors,  que 
»  deviendra  la  liberté  et  que  de- 
»  Vtndront  tous  ceux  qui  ont  em- 
«bfasdé  la  cause  nationale?  Quant 


LAB 


195 


jiâ  moi,  taon  sort  n'est  pas  dou- 
»  teux,  je  serai  fusillé  le  premier.  » 
La  fatalité  dont  peut-être  ce  jeune 
homme  ne  repoussait  pas  l'in- 
fluence, l'entraîna  A  sa  perte.  Il 
arriva  à  Paris  par  la  diligence,  et 
descendit  dans  le  faubourg  Pois- 
sonnière chez  une  amie  de  M"*  de 
La  Bédoyère.  Mais  il  n'était  pas 
venu  seul  de  l'armée  dans  cette 
diligence.  Le  jour  même  il  fut  ar- 
rêté. Traduit,  le  4  août  181 5,  de- 
vant une  commission  militaire  , 
lié  par  sa  propre  conviction,  il  ne 
chercha  pas  à  repousser  l'accusa- 
tion dont  il  était  l'ohjet,  et  il  ac- 
cepta sa  sentence  comme  il  aurait 
accepté  sa  grâce.  Il  marcha  froi- 
dement à  la  mort  comme  dans  un 
jour  de  combat;  et  s'il  mourut  sans 
faiblesse,  il  ne  mourut  pas  sans 
regret.  Le  pouvait-il?  il  ne  cessa 
d'avoir  présente  la  cause  si  chère 
de  sa  mort,  sa  femme  et  son  en- 
fant :  et  de  plus,  il  fut  assisté.  Jus- 
qu'au dernier  moment,  par  l'abbé 
Dulondel  de  Caîm,  qui  l'avait  vu 
naître,  qui  l'avait  élevé,  qui  te  vît 
mourir.  Ah!  sans  doute  ce  respec- 
table ecclésiastique  n'oubliera  ja- 
mais le  19  août  i8i5,  où  périt  sou^ 
ses  yeux,  à  la  fleur  de  l'âge,  à  29 
ans ,  celui  demi  il  était  le  premier 
ami. 

LABELINAYE  (M.  B.),  né  à 
Fougères  5  d'une  famille  noble.  Il 
entra  de  bonne  heure  dans  la  car- 
rière militaire  ,  où  il  se  distingua , 
par  sa  bravoure,  et  obtint  la  croix 
lit;  Saint-Louis.  A  l'époque  de  la 
révolution ,  il  quitta  le  service  et 
se  fixa  à  Paris.  Arrêté  en  vertu  de 
la  loi  du  17  septembre  contre  les 
personnes  5uspectes,  et  traduit  en- 
suite au  tribunal  révolutionnaire, 
il  y  fut  condamné  à  la  peine  de 


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igÔ  LAB 

mort,  le  28  juin  1794?  à  l'âge  de 

LABERTÈCHE  (N.  ),officier.gé- 
néral^né  le  1 4  octobre  1 764  a  Sedan, 
entra  au  service  en  1779,  dans  les 
volontaires  de  la  marine,  et  re- 
çut 2  ans  après  le  brevet  de  sous- 
lieutenant.  Il  fit  en  cette  qualité 
la  guerre  d'Amérique,  et  il  ne  re- 
vint en  France  qu'après  que  l'in- 
dépendance des  Etats  -  Unis  eut 
été  reconnue.  Il  fut  alors  incorpo- 
ré dans  la  compagnie  écossaise 
des  gendarmes  de  Lunéville,  et 
entra,  au  commencement  de  la  ré- 
volution, dans  la  gendarmerie  na- 
tionale. Il  était  capitaine  dans  ce 
corps  ù  la  bataille  de  Jemmapes, 
où  il  donna  des  preuves  d'une  rare 
valeur  Le  général  Beurnonville 
et  lui  étaient  entourés  de  18  dra- 
gons ennemis;  M*  Labertèche  char- 
gea sur  eux,  en  tua  quelques-uns , 
mit  les  autres  en  fuite,  et  délivra 
ainsi  le  général.  La  couronne  de 
chêne  et  le  sab/e  d'honneur  que  la 
convention  lui  accorda,  ne  furent 
pas  les  seules  récompenses  qu'il 
obtint  pour  ce  beau  fait  d'armes  ; 
il  ne  tarda  pas  à  être  nommé  co- 
lonel par  le  général  Beurnonville, 
devenu  ministre  de  la  guerre,  et 
que  l'assemblée  avait  chargé  de 
son  avancement.  Nommé  bientôt 
après  commandant  de  l'école  du 
Champ-de-Mars ,  le  général  La- 
bertèche ne  fut  pas  tout-à-fait  é- 
trangcr,  dit -on,  au  projet  des 
principaux  membres  delà  conven- 
tion qui  fondaient  sur  les  élèves 
de  cette  école  l'espoir  de  triom- 
pher à  la  journée  du  9  thermidor. 
Dénoncé,  pour  ce  fait  à  la  conven- 
lion,  et  traduit  à  la  barre,  il  ne 
dut  son  salut  qu'aux  services  qu'il 
vivait  rendus  à  la  patrie;  il  obtint 


LAB 

même  une  pension  de  retraite,  a* 
vec  laquelle  il  se  retira  à  Sedan. 
En  18 15,  le  général  Labertèche 
fut  changé  du  commandement  du 
château  de  cette  ville;  il  s'em- 
pressa, avant  l'arrivée  même  des 
Prussiens,  de  faire  arborer  le  dra- 
peau blanc  sur  les  remparts  de  la 
place.  Il  avait  été  nommé,  en  18 1 2, 
chevalier  de  la  légion-d'honneur. 
LABESNADIÈRE  (lechevàueh 
de),  conseîUer-d'état,  officier  de 
la  légion-d'honneur,  etc.,  était,  a- 
vant  la  révolution,  membre  de  la 
congrégation  de  l'Oratoire.  Ses 
principes,  conformes  aux  idées 
libérales^  le  firent  admettre,  après 
la  suppression  des  maisons  reli- 
gieuses ,  au  ministère  des  affaires 
étrangères,  d'abord  en  qualité  de 
simple  commis.  M.  de  Labesna- 
dière  passa  bientôt  sous -chef,  et 
enfin  chef  de  division.  C'est  alors 
qu'il  put  faire  connaître  l'étendue 
de  ses  connaissances  en  diploma- 
tie. La  réputation  qu'elles  lui  don- 
nèrent le  fit  remarquer  par  l'empe- 
reur Napoléon,  qui  voulut  le  voir, 
et  qui,  à  la  suite  d'un  entretien 
qu'il  eut  avec  lui,  le  nomma,  le 
1"  janvier  18 15,  conseiller-d'étàt 
et  membre  de  la  légion-d'honneur. 
Le  retour  des  Bourbons  n'a  fait 
qu'apporter  un  changement  favo- 
rable à  l'état  de  M.  de  Labesna- 
dière  ;  conservé  au  conseil-d'état, 
il  a,  en  outre,  été  chargé  de  la 
direction  des  travaux  politiques 
du  ministère  des  affaires  étran- 
gères. Il  faisait  partie  des  envoyés 
français  au  congrès  de  Vienne, 
lors  de  la  révolution  du  20  mars. 
Rentré  en  France  à  cette  époque , 
il  fut  nommé  membre  de  la  cham- 
bre des  représentans ,  et  fut  du 
nombre    des    commissaires    en- 


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LAB 

Tojrés,  le  27  juin,  par  le  gouTer- 
neiAent  provisoire,  aux  généraux 
des  armées  ennemies  campées  sous 
Paris.  M.  de  LabesnadiéreTait  tou- 
jours partie  du  conseil-d'état. 

LABILLARDIERE  (  Jean  -  Ju- 
MB») ,  né  à  Alençon ,  étudia  d'a- 
bord la  médecine ,  et  se  livra'  en- 
suite entièrement  à  la  botanique. 
Il  apprit  les  premiers  élémens  de 
Cette  science  à  Montpellier,  et  aus- 
sitôt ses  études  terminées,  il  alla 
en  Angleterre,  où  il  resta  18  mois. 
M.  Labillardiére  y  trouva,  dans 
led  'riches  collections  des  plantés 
de  toutes  les  parties  du  globe,  dés 
moyens  de  s'instruire,  et  le  célè- 
bre Bancks  les  lui  facilita.  A  peine 
rentré  en  France,  il  se  dirigea 
Tcrs  les  Alpes,  où  il  fît  des  recher- 
chés, ainsi  que  dans  les  monta- 
gnes du  Dauphiné,  avec  Villars. 
A  Turin,  il  fut  guidé  pair  MM. 
Bellardi  et  Balbi.  Il  entreprit  en- 
suite le  voyage  dti  Levant,  ayant 
une  mission  du  gouvernement 
français.  Après  être  resté  quelque 
temps  à  l'île  de  Chypre,  il  partit 
pour  la  Syrie ,  et  ne  put  avancer 
que  lentement  dans  ce  pays,  à 
cause  de  la  guerre  et  de  la  peste. 
Il  parcourut  les  restes  de  la  forêt 
du  Liban,  où  il  s'arrêta  pour  me- 
surer la  hauteur  de  la  montagne 
du  Sannin ,  et  après  y  avoir  re- 
cueilli quelques  plantes,  et  fait  des 
observations  sur  les  mœurs  des 
habitan»et  sur  la  culture  du  pays^ 
il  se  rendit  à  Damas,  où  il  fixa  le 
terme  de  ce  voyage.  M.  Labil- 
lardiére revint  en  France,  avec 
une  belle  collection  de  plantes, 
par  l'Ile  de  Candie,  la  Sardaigne 
et  la  Corse;  il  commença,  quelque 
tempis  après  son  arrivée,  la  publi- 
cation de  son  ouvrage,  intitulé  : 


LAB 


197 


Icônes  plantarum  Syriœ  rariorum 
descriptionibus  et  observatlonibds 
illustratœ,  decas  prima  ^  Plaris  , 
1791,  petit  in-4°9  avec  figures. 
Ce  travail,  seulement' terminé  en 
181a,  a  long-temps  été  interrom- 
pu par  les  voyages  et  les  entre- 
prises que  lui  fit  ftiire  son  amour 
pour  les  découvertes  utiles.  La 
même  année  1791,  qu'il  avait  fait 
paraître  la  première  décade  de  son 
ouvrage,  il  accepta  du  service 
dans  l'expédition  de  d'Enlrecas- 
teaux,  envoyé,  à  cette  époque,  à 
la  recherche  de  l'infortuné  La 
Peyrouse.  L'expédition  partie  de 
Brest  le  28  septembre ,  relâcha  à 
l'île  de  Ténérife,  dont  M.  Labil- 
lardiére visita  le  pic;  delà,  elle 
prit  terre' au  cap  de  Bonne -Es- 
pérance, et  ensuite  à  la  Nouvel- 
le-Hollande. M.  Labillardiére  re- 
cueillit partout  une  grande  quan- 
tité de  plantes,  ainsi  que  dans  les- 
îles  de  la  mer  du  Sud  et  de  la  Son- 
de qu'il  parcourut  également.  Il 
aurait  encore^  augmenté  son  her- 
bier, composé  de  4? 000  plantes 
en  majeure  partie  nouvelles,  sans- 
la  guerre  avec  l'Angleterre.  Ar- 
rêté à  l'île  de  Java,  dépouillé 
des  richesses  qu'il  avait  acquises 
au  milieu  des  périls  de  toute  es- 
pèce, dans  lesquels  sùccom|)èrent 
une  grande  partie  de  ses  compa- 
gnons, entre  autres  son  ami  Riche, 
e|  d'Ëntrecasteaux  lui-même,  il 
ne  parvint  k  regagner  l'Europe 
qu'avec  les  plus  grandes  peines. 
Cependant  M.  Labillardiére  ob- 
tint la  restitution  de  son  herbier 
à  la  sollicitation  de  Banks.  Ei> 
1798,  il  publia  sa  Relation  du 
Voyage  à  la  recherche  de  La  Pey- 
rouse^ 2  vol.  in-4'*9  et  in-8**,  avec 
atlàSb.  En  1800,  il  fut  admis  à  l'ins^ 


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19^  LAI 

tîtuty  en  renJplaceiBent  de  Lliéri* 
tter,  et  .en  18049  î^  comoieBça  à 
Dure  paraître ,  par  livraisons  9  la 
description  des  plantes  qu'il  ayait 
recoeàltes  dans  la  INouvelle-HoU 
lande.  Cet  ouvrage  terminé  en 
»8o6,  et  inlitulé  Novœ-HoUandiasi 
•  piantarum  speclmeny%yo\.  ia-fol.) 
contient  a65  plantes»  avec  des  figu- 
res parfaitement  exécutées,  et  for- 
me la  collection  la  plus  complète 
des  plantes  de  la  NoUvelle-HoUan- 
de.  Le  docteur  Smith  a  doané  ùk  un 
genre  d'arbostes  de  cette  oontrée^ 
de  la  famille  des  apocyrUes,  le 
nom  de  M.  Labillardière. 

LABINTINAYE  (Agatbon-Mà- 
me-René  de),  major  de  vaisseau, 
naquit  k  Rennes  le  24  mars  1768^ 
et  entra  très-jeune  au  service  de 
la  marine.  Au  combat  d'Ouessant^ 
le  7  octobre  \  779,  le  >eaQe  Labin- 
tinaye  montait  la  frégate  la  Sur-^ 
teilhnt»,  en  qualité  d'enseigne  de 
vaisseau.  Plein  d'ardeur,  il  s*é-^ 
lançait  à  l'abordage  de  la  frégate 
anglaise  I0  Québec^  lorsqu'il  eut 
le  bras  droit  fracassé  par  un  caup 
de  mitraille.  Le  courage  seul  ne 
distinguait  pas  ce  jeune  officier: 
il  avait  des  connaissances  éten- 
dues ;  elles  furent  appréciées  par 
les  états  de" Bretagne,  quî>  malgré 
sa  jeunesse  (il  n'avait  que  ;ia  ans)^ 
lui  donnèrent  voix  délibérative 
dans  leurs  assemblées.  Labinti- 
naje ,  quoiqu'il  n'eût  plus  qu^uB 
bras  dontîl  pftt  se  servir,  conti- 
nua à  rester  en  activité  jusqu'à  l'é-* 
poque  de  sa  mort,  arrivée  sur  mer 
en  1792.  Il  avait  été  nommé  major 
de  vaisseau  avant  la  révolution. 

LABLACHE  (le  comte  de),  dé- 
puté de  la  noblesse  du  Dauphiné 
aux  états-généraux.  Partisan  des 
réformes,  il  fut, un  des  premiers 


tAB 

de  l'ordre  de  la  noblesse  à  ae  reiw 
dre  à  la  chambre  du  tiers-état  U 
se  fit  remarquer  dans  toutes  left 
discussions  relatives  aux  qiiesti<Mss 
de  finances,  et  s'opposa  suriout 
vivement  à  la  i»-éation  dea  assi- 
gnats, qu'il  pféa?aia  comma  étr» 
vaut  exercer  ««e  iniuenoedestruer^ 
tive  sur  le  crédit  ^  la  parospéri^ 
de  la  France*  Il  contribua  à  l'a- 
doption de  plusieurs  déerets  mt 
les  coixtre»seings,  et  teronaa  m 
carrière. politique  en  apposant  su 
signature  aux  protestations  des  1% 
et  i5  septembre  1791.  Après  avok 
long-temp«  vécu  retiré  dans  une 
terre  qu'il  possédait  aux  environ» 
de  Paris»  il  y  mourut  ea  lëosu 

LAB1.ACIIÉS  (Loins),  plustcon* 
nu  dans  le  corps  où  il  servait  sciu» 
le  nom  de  Lacsavssbb  ,  naquit  à 
Portiemaurt,  département  de  ^0^* 
se,  le  i5<  mars  1770»  et  entra  aa 
service  dans  le»  carabiniers  du  2"* 
régiment  d'infanterie  légère.  €e 
brave  prit  part  à  toutes  les  cam^ 
pagnes  de  la  révolution,,  et  fit  par^ 
tie  do  l'armée  d'Egypte.  Sa  videur^ 
éprouvéele  fit  choisir  pour  êtrel' un 
des  quinze  plus  intrépides  soldabi 
qui  devaient  les  premiers  escala-< 
d^r  le»  murailles  de  la  forteresse  d« 
Saint-Jean-d'Acre.  Treixe  y  péri» 
rent,  et  quelque  temps  apr5s,  90a 
camarade  étant  mort,  il  ftit  le  seul  , 
qui  pût  rendre  témoignage  d'ua  si 
beau  trait  de  dévouement.  A  Tai- 
faire  dite  des  trois  rente  Ifrûves^  il 
donna  de  nouveiltjs  preuves  de 
bravoure,  et  j  fut  grièvemmit 
blessé.  Il  ne  quitta  point  le  rang 
des  simples  soldats;  son  éduea* 
tion,  ses  habitudes,  sa  modestie 
l'y  retenaient;  mais  il  fut  un  de 
ceux  qui  furent  désignés  dès  la 
créatioa  de  la  légion* dlioaaeuv 


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)Mur  en  faire  partie.  Le  »4  ^^u-* 
maire  aa  15,  il  reçut  la  décoration 
de  cet  ordre,  et  mourut  le  14  bru* 
tnaire  an  14,  re§;retté  de  tous  séi 
camarades. 

LABLANCHBRIE  (MiKHb- 
Ci.ao0I-Paiiih  de)  ,  naquit  à  Lan* 
grès,  le  29  décembre  i^Sa,  et 
mourut  à  Londres,  en  1811.  Après 
aroir  fait. ses  études  à  Paris,  il  en- 
tneprit  des  voyages  ^  et  ?isita  les 
possessions  françaises  de  rAméri* 
^e;  maia  réTolté  de  la  manière 
dont  on  traitait  les  Nègres,  Il  ne 
tarda  pas  k  reyenir  dans  sa  patrie. 
Il  euTrlt  alors  un  bureau  de  cor-' 
respottdance  générale  pour  les 
sciences  et  les  arts,  destiné  à  faire 
connaître  les  progrès  de  l'industrie 
en  Europe.  Cette  utile  entreprise 
n'eut  qu'un  succès  momenta  é 
Au  commencement  de  la  révolu- 
Hon ,  Lablancherie  émigra  en  An-* 
gieterre,  et  il  alla  s'établir  à  Loq- 
dres,  dans  une  maison  qui.  avait 
appartenu  au  célèbre  Newton. 
Cette  circonstance,  dont  il  sut 
profiter  habilement,  hit  fit  faire  la 
connaissance  de  plusieurs  person* 
nages  Importans ,  entre  autres  du 
ducdeBucelengh,  qui  obtînt  pour 
Ini  une  pension  du  gouTememënt 
ainglals, ainsi  que  l'autorisation  d'a« 
)Outer  le  nom  de  Newton  au  sien. 
Le»  titres  ne  donnent  pas  le  génie, 
et  Lablancherie  resta  obscur  mal- 
gré son  nouveau  nom.  ItafpubHé: 
1*  Extraits  da  Journat  de  mes 
ff9^agest  ou  Histoire  d'un  jeune 
homme,  pour  sertir' tt école  aux 
pèreh  et  aux  mères,  2  vol.  in-is , 
Paris,  1776,  ouvrage  d'une  con- 
ception heureuse ,  mai^  qui  laisse 
beaucoup  à  (fésirer  ;  a"  Correspond 
danee  générale  sur  les  sciences  et 
les  êHs,  ou  Ifouveihs  de  la  tépu^ 


iAB  ^ 

'Mquesl^s  tettreSf  depuis  1778.  Ce 
journal,  commencé  le  2%  janvier 
*779>  «  changé  divei*ses  fois  de 
titre  :  il  forme  one  collection  de 
8yol.  in-4*.  5""  Essai  d* un  tableau 
historique  des  peintres  de  Cécole 
française,  depuis  Jean  Cousin ,  en 
i5oo 9  jusqu'en  1783,  ibid.,  in-4'. 
LABLANDINIERE  (JACQizssr 
PuaBK-CoTELLB  db),  uaqult  à  La* 
val  en  1709,  et  est  mort  en  1795. 
Il  entra  dans  l'état  ecclésiastique, 
et  après  avoir  été  directeur  au  sé- 
minaire d'Angers,  curé  de  Sou-^ 
laines 9  et  prieur  de  Ballée  dans  iè 
Maine ,  il  devint  dojen  de  la  col* 
légiale  de  Saint-Cloud ,  avec  le  tî* 
tre  de  second  supérieur  des  prêtres 
du  Mont-Valérlen,  et  grand- vi- 
caire et  archidiacre  de  Blois,  En 
1755,  l'abbé  de  Lablandinière  pu- 
blia une  Lettre  sur  l'Assemblée  du 
elergé,  contre  laquelle  la  séné-^ 
chaussée  d'Angers  prononça  une 
sentence,  le  5  mars  1766.  <^uel- 
que  temps  après,  à  la  mort  d'Au- 
debois  de  LaChalinière,  il  s'occupa 
de  la  rédaction  des  Conférences 
d'Angers  9  auxquelles  il  travailla 
depuis  sans  interruption.  Cet  ou- 
vrage 1,  qui  a  Joui  d'une  grande 
réputation ,  a  été  aussi  fortement 
attaqué  en  1785.  L'auteur  des' 
Nouvelles  ecclésiastiques  a  repro- 
ché à  l'abbé  de  Lablandiniëre  d'^jr 
avoir  soutenu  une  morale  relâ- 
chée, particulièrement  dans  le 
voliime  qui  forme  le  traité  des 
Actes  humains.  En  1787  et  en 
1 789,  Maultrot  publia  contre  lui 
êSL  Défense  du  second  ordre-y  3  vol. 
in-iâf,  et  la  Défense  des  Prêtres 
dans  le  synode.  Lablandiniëre  , 
pourvu  dé  plusieurs  bénéfices  , 
s'était  déclaré  dans  fous 'ses  écrits 
en  faveur  des  préri^gati'ves  dont  le 


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.kaii.t  clergé  était  en  possession.  En 
i^Sç^^  il  se  montra  opposé  à  la 
cor^stitulion  civile  du  clergé,  et 
.perdit  son  revenu.  Il  fut  alors  ac- 
cueilli dans  la  maison  d'une  reli- 
gieuse, où  il  termina  sa  carrière 
à  Tâge  de  86  ans. 

LABLËË  (Jacques)  ,  ^né  àBeau- 
gencj,  le  26  août'1751,  d'un  né- 
gociant de  cette  ville.  Il  était  avo- 
cat au  parlement  de  Paris ,  lorsque 
la  révolution  éclata.  En  179Q,  il 
fut  nommé  officier  municipal^  et 
l'un  des  60  administrateurs  de  la 
Commune.  Tandis  qu'il  présidait 
la  section  du  Luxembourg,  on  fut 
averti  qu'un  attroupement  de  5  à 
6000  personnes  s'était  porté  au  pe- 
tit Luxembourg,  occupé  par  il/ (?»- 
A£>ttr  (aujourd'hui  Louis  XVIII) , 
et  voulait  y  entrer.  Le  bruit  du 
départ  du  prince  y  avait  donné 
lieu.  M.  Labiée  conçut  le  projet 
de  le  délivrer  du  danger  auquel  il 
le  voyait  exposé.  Il  sut  arrêter  la 
multitude  à  la  porte  du  palais,,  où 
il  entra  accompagné  d'une  députa- 
tion,  ,et  Teput  une  déclaration  du 
prince ,  qui  calma  l'effeiTescence 
populaire  :  il  fit  part  à  l'assemblée 
nationale  de  ce  qui  venait  d'arri- 
ver. lJn,,4ttrojipement  également 
considérable ,  qui  s'était  formé 
autour  des  Tuileries ,  venait  aussi 
de  se  dissiper.  M.  Labiée  fut  con- 
duit par  Içs  oîUcierg  municipaux 
à  rHôtel-de-Ville,  où,  sur  le  ré^ 
quisitoire  du  procureur-  général- 
syndic,  le  maire  lui  vota  é{e$  re- 
mercîmens.  On  vota  en  outre  riin- 
pression  du  prpcès- verbal,  de  Vér- 
véne^n^nt.  En  1795,  M.  Labiée 
fut  nommé  administrateur-géné- 
ral des  subsistances  militaires.  Peu 
après,  il  fut  arrêté,  et  détenu  six 
Uiois  s^\i  Lyiembourg.  On  produi- 


LAB 

sit  contre  lui  le  procès-verb^  é€ 
l'événement  que  nous  venons  de 
rapporter,  et  son  opinion  sur  le 
procès  de  Louis  XVI ,  insérée  a4i 
Fanal  parisien,  ouvrage  périiî- 
dique  dont  il  était  rédacteur,  É- 
chappé  à  la  mprt,  il  fut  nommé, 
en  17981,  contrôleur -général  des- 
ser  vices  delà  guerre  dans  leMidi, 
sur  la  présentation  de  Louis  Bo- 
naparte. N'ayant  pas  voulu  faire 
partie  de  l'expédition  d'Egypte,  il 
resta  dans  la  8°'*'  division  militaire, 
et  en  administra  les  services.  Il  lut 
ensuite  eoiplpyé  dans  l'admJtBiâ* 
tration  des  droits-réunis.  En  18149 
le  roi  le  nomma  chevalier  de  l'or- 
dre de  la  légion-d'hooneur,  et  lui 
donna  une  pension  de  laoofr.  sur 
la  liste  civile.  U  a  publié,  en  1777^ 
des  Es&ais  de  poésies  légères ,  avec 
Sylvain  Maréchal.  Ea  1780,  une 
petite  comédie  héroïque,  intitulée 
J pelles. et  Campas pe^  qui  a, eu  3 
éditions,  mais  n'a  été  représentée 
que  sur  des  théâtres  de^  société. 
En  1785,  des  Opuscules  lyriques, 
et  Werther  à  Charlotte,  héroîde. 
En  1 800 ,  une  Lettre  au  ministre 
Carnotj,  relative  à  l'inspection  des 
services  de  la  guerre.  La  mêoae 
année,  des  Rommces  historiques , 
qui  ont  eu  4  éditions.  Successive- 
ment ,  des  romans  ayant  ppur  ti- 
tres: Sylvine,  fille  séduite;  l'Hom- 
me  aux  six  femmes  i  le  CheeçLlier 
à  l'épreuve;  la  ^ouietfe  (qui  a  eu 
6  éditions);  Amour  et  Religion; 
Ediinde,,  ou  le  Prix  du  courage; 
l'Ecarté;  Aventures  d' mie  joueuse; 
les  six  Nouvelles  ;  uj^e  traduction 
des  Visions  de  Quêvedo;  les  Ren" 
dez  -  vous  de  la  Coltine  ;  et  un 
grand  nombre  de  contes  à  l'usage, 
de  la  jeunesse.  Avec  IVl"*  la  com- 
tesse de  Genlidi,  le  Petit  Journal 


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LÀB 

du  Dimanche,  On  a  encore  de  lui 
des  Considérations  siir  les  jeux  Je 
'hasard  y  un  Tableau  chronologique 
dm  ordres  de  chevalerie,  une  tra- 
duction libre  en  vers  français  de 
ià  Mort  d'Abely  dont  le  libraire 
15ymery  prépare  ('  1 8^5)  une  a"^*  édi- 
tion; une  traduction  libre  en  vers 
français  des  Satires  d'Yoàng,  dont 
il  a  paru  2  éditions.  M.  Labiée 
a  publié  successivement ,  comme 
éditeur,  plusieurs  recueils  poéti- 
ques :  le  Journal  des  Muses;  les 
Trûubadours  modernes;  le  i*'  vo- 
lume des  Quatre  Saisons  du  Par^ 
nasse;  les  Annales  poétiques:  le 
Choix  décennat;  le  Nouveau  Par- 
nasse chrétien;  la  Lyre  ^acrée;  la 
Couronne  poétique  de  Napoléon, 
etc. ,  etc.  M.  Labiée  a  encore  publié 
différentes  brochures  sur  des  sujets 
de  jurisprudence,  d'administration 
et  de  politique.  Il  n'a  point  mis 
son  nom  à  la  plus  grande  partie  de 
ses  ouvrages. 

LABOISSIÈRE(Jean-Baptiste), 
avocat  avant  1789 ,  se  prononça 
•en  faveur  de  la  résolution ,  et  fut 
nommé,  en  1791 ,  par  le  départe- 
ment du  Lot,  député  à  l'assemblée 
législative.  L'année,  suivante  ,  il 
fut  réélu  à  là  convention  natio- 
nale ;  lors  du  procès  de  *  Louis 
XVI ,  il  demanda  que  le  rapport 
sur  les  faits  imputés  à  ce  prince 
fût  fait  par  les  comités  réunis,  et 
qu'ensuite  la  convention  le  jugeât 
elle-même  sans  en  appeler  au  peu- 
ple. Il  cita  à  l'appui  de  son  opi- 
nion l'exemple  des  dieux,  «  qui , 
«dans  l'Olympe,  se  jugeaient  en- 
K  tre  eux.  ^  Cependant ,  Labois- 
sière  vota  pour  la  mort,  avec  la 
réserve  de  Mailhe  ,  réserve  qui , 
comme  on  le  sait ,  tendait  à  sau- 
ver le  roi.  Après  la  session  conven- 


LAB  201 

tionnëlle  ,  il  entra  au  conseil  des 
anciens,  el  devint  secrétaire  de 
cette  assemblée  le  21  novem- 
bre 1797.  L'année  suivante,  il  sor- 
tit du  conseil ,  et  fut  envoyé  dan» 
le  département  du  Lot  copnïne 
commissâi^'e  du  directoire  près 
l'administration  centrale.  Après 
l'établissement  du  gouvernement 
consulaire^  il  passa  comme  juge  au 
tribunal  civil  du  département  de  la 
Seine,  dont  il  cessa  de  remplir  les 
fonctions  quelques  années  aprèfe. 
On  ignore   ce  qu'il   est  devenu. 

LABOISSIÈRE  (N.),  général 
de  division  ,  fit  la  campagne  de 
1 794  en  Allemagne  ,  et  fut  fait 
prisonnier  au  combat  de  Trips- 
ladt.  Rendu  à  la  liberté,  il  se  dis- 
tingua, en  1796,  sur  le  Rhin,  no- 
tamment à  la  bataille  de  Biberach 
et  au  passage  du  Val- d'Enfer.  Il  se 
rendit  ensuite  à.l'armée" d'Italie,  y 
fit  la  campagne  de  1799  et  celle 
de  1800  dans  le  Tyrol.  Le  général 
Laboissière  cessa,  à  cette  époque', 
d'être  employé;  mais  il  reparut, 
en  18 15,  à  l'armée  d'Allemagne, 
où  il  eut  le  commandement  d'une 
division  de  cavalerie.  Depuis  ce 
temps,  il  a  été  perdu  de  vue. 

LABOISSIÈRE,  était  cbanoine 
et  vicaire-général  à  Perpignan , 
lorsqu'il  fut  nommé  ,  en  #791  ? 
député  du  clergé  aux  états-géné- 
raux. Il  signa  les  protestations  des 
12  et  i5  septembre  1791  ,  seule 
occasion  où  il  fut  remarqué. 

LABORDE  (jEAN-PiEaBE),  né 
le  i5  novembre  1765,  avait  été 
employé  dans  l'administration  des 
finances  de  sa  province  avant  la 
révolution,  et  Jor^u'elle  éclata, 
il  était  secrétaire-général  de  l'as- 
semblée provt&ciale  de  Commin- 
gçs.  En  1791 ,  il  fut  nommé  juge 


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«oft  LAB 

«a  tribunal  de  lombes  ^  et  après 
la  révolution  du  9  thermidor  ,  il 
obtint  la  pLice  d'administrateur 
du  district  de  l-île  Jourdin.  Maire 
de  la  Tille  de  Lombes  en  1796,  il 
lut  élu,  la  même  année,- député  au 
conseil  des  cinq-cents  par  le  dé- 
partement du  Gers.  Le  3o  mai 
1796,  il  fit  décréter  que  les  biens 
des  ecclésiastiques  déportés  se- 
raient restitués  à  leurs  héritiers  » 
et  en  1797,  il  fit  accorder  des  in- 
demnités aux  habitans  de  Landre- 
cies  pour  les  pertes  qu'ils  ayaient 
éprouvées  pendant  le  siège  de 
cette  place.  Sorti  du  conseil  dans 
le  mois  de  mai  17999  il  entra  au 
Boureau  corps- législatif ,  où  il 
lesta  jusqu'en  1806.  Dans  le  mois 
de  janvier  i8i3  9  M.  Laborde 
Sut  réélu  par  le  département  du 
Gers  f  et  au  commencement  du 
mois  d'avril  18149  il  donna  son 
adhésion  à  k  déchéance  de  l'em- 
pereur Napoléon.  A  l'arrivée  de 
Louis  XVIII 9  il  fit  partie  de  la 
députation  envojrée  au-devant  de 
ce  prince  à  Gompiègne;  et  de  re- 
tour dans  la  capitale  9  il  fut  l'un 
des  membres  de  la  commission 
chargée  de  préparer  le  projet  de 
rè^ement,  pour  l'assemblée.  M. 
Laborde  parla  en  faveur  du  projet 
de  lot  par  lequel  on  devait  exclu* 
re  les  députés  devenus  étrangers  à 
la  France  par  suite  du  traité  de, 
Paris.  Il  appuja  les  projets  de  Loti 
de»  ministres  sur  la  liberté  de  la 
presse  9  sur  les  finances  ;  et  il  se 
prononça  pour  la  restitution  en- 
Jière  dès  biens  des  émigrés  non 
vendus.  Enfin,  le  22  décembre,  il 
parla  en  faveur  du  projet  des  mi«» 
nistres  sur  la  rédueticMi  des  menï< 
bre»  de  la  cour  saprême  de  eas^ 
«alto»,   ikuis  celte,  sessîoa,   M. 


LAB 

Laborde  vota  constamment  avec 
les  ministres;  il  fut  nommé  mem- 
bre de  la  légion-d'honneur.  Pen^ 
dant  les  cent  jours,  il  fit  partie  de 
^  chambre  des  représentaos- 

LAtORDË  (J.  P.),  ouré  de 
Gomeillanf  fut  choisi  par  le  cler- 
gé de  la  sénéchaussée  de  Con<- 
dom,  pour  le  représenter  aux  é- 
tats -généraux  de  1789.  Il  y  em* 
brassa  le  parti  national,  et  prêta 
le  serment  civique  et  le  serment 
religieux.  £n  ,1795,  l'assemblée 
électorale  du  département  du  Gers 
le  porta  au  conseil  des  cinq-cents. 
Il  y  contribua  à  uo  aete  de  justicei» 
en  faisant  décider  la  restitution  dei 
biens  dct  prêtres  déportés  à  leurs 
héritiers.  Sorti  du  conseil  en  mai 
1799,  î^  ^^  partie  du  corps>légb* 
latlf  qui  succéda  à  cette  assemblée* 

LABORDE  (lb  Bâsi»),  ad>ity 
dant-commandanty  avait  embrassé 
de  bonne  houre  la  profession  mili<^ 
taire.  Il  était  officier  d'infanterie  em 
1793,  lorsqu'à  la  suiJte  du  3t  mai 
plusieuis  départemens  se  dispo^ 
saient  à  faire  marehec  des  forcée, 
contre  la  conrention,  il  fut  arrêté 
dans  les  environs  de  Lisieox,  par 
des  agens  du  général  l^impâsa» 
commandant  les  farces  fédérales 
du  Galvados.  On  le  soupçonnait 
d'être  chargé  par  le  eomilé  de  sa- 
lut public  d'une  mission  seofète» 
Mis  en  liberté  par  suite  des  évè* 
nemens,  il  fit  dans  le  paj»  uol  a»^ 
ses  long  séjour,  ce  qui  dofioa  tien 
de  croire  qu'il  avait  reçu  du  gott-*- 
yernement  Tordre  de  surveêllev 
leS'  partisans  de  la  cbotmnnêriê 
qui  étaient  en  grand  nombce»  M. 
Laborde,,  de  retour  à  Paris ,  fiil 
atiaehé  à  la  police  militaire,  qobh 
ine  adjoint  à  rétat-major  du  gé^ 
aérai  Moulin*   U  oMat  sous  le 


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'  goiiTeraenieQt  oonsalaive  le  grade 
de  beutenaat^^louel,  et  se  mon- 
tra depuis  «uast  dévoué  à  Napoléon 
empereur,  qu'il  l'avait  été  àBona^ 
parle  premier  C0B8ui.  Se»  ««rvioes 
fureot  eependaol  elrcooscrîtsddns 
renceiat^  cte  la  ville  de  Paria,  où  il 
oxerça  une  police  trèd^vi^îlaate^Ce 
fut  lui  qui  arrêta  9  dans  k  malt- 
née  di»  9^7  octobre  iSia^^le  gêné** 
ml  Uallet,  au  niomeiit  oj]|  celui-* 
eî  allait  déchar§f^  nur  kii  son  se* 
coud  platokt^  après  avoir^  d'uo 
premi^f  coup,  fracassé  la  raâchad-i 
ve  «R  fèuéral  Hu)Ud.  Le  bâton 
Laborde  ayant  tarasse  Maliet,.  le 
désarma  et  le  fit  arrêter.  L'empe- 
reur, qui  était  alors  en  Russie,  se 
montra,  à  son  retour,  reconnais- 
sant envers  M.  Laborde;  il  lui 
fit  compter  une  somme  d'argent 
considérable,  lui  accorda  le  rang 
d'ad^udant-comn^ndant  et  te  \l^ 
tre  de  baron.  Quoique  cet  offîeier 
n'ait  poim  été  employé  depuis,  le 
retour  du  roi,  et  qu^i^  ait  cessé 
dfe  porter  rttaiibFoae,ilbabitetoiiiH 
jours  la  capitale. 

LAROaUË  («lEÀIt-JoSlSFB  bb), 
andea  banquier  de  la  cour  (qo'il 
tie  faut  pas  confondre  avec  M.  do 
Laborde,  valet  de  chambvedu  roi), 
a  été  un  des  hommes  de  ces  der-^ 
nîers  temps  le  pi  os  distingués  par 
son  génie  pour  le  commerce ,  ait^ 
si  que  par  le  bon  emploi  qu'il  fit 
de  ses  richesses.  II  était  d'une  an-* 
donne  famille  do  Béam,  nommée 
Bort,  établie  à  Bielle,  chef*lleu  de 
ili  vallée  d'Ëss&n.  Elle  prit  le  nom 
ée  Laborde  en  t6fto,  lorsque  l'hé^ 
ritière  de  la  phis  grande  partie 
des  biens  de  la  famille  Dort  épou* 
sa  M.  Tressarin.  Depuis  cette  é* 
^oque,  la  branche  cadette  qui  con-^ 
imua  d'habiter  Awlle  prit  le  nom 


LAB 


210S 


do  Dort  Laborde.  Jeaa-4oseph  de 
Laborde^  né  en  1 724^  «Dtra>  ùt'âge 
de  1  S»  ans,  dans  la  maison  de  com- 
merce d'un  de  sos  oncles  étaihHe  à 
Bayonne.  Il  a'y  fit  connaître  en 
peu  de  liemps  par  beaucoup  de 
sagacité  et  une  activité  infatigable^ 
Les  priiKsipales  opérations  de  cette 
maison  consistaient  dans  IVicqni^ 
sftion  des  marchandises  de  l'Inde, 
et  le  transport  %n  échange  dé  nos 
produits  indigènes;  elle  faisait  aus- 
si un  grand  commerce  avec  VEb^ 
pagne,  et  c^est  dans  ce  dernier 
pays  que  M.  de  Laborde  a  fait  les 
plus  fortes  opérations.  Il  »'y  était 
acquis  un  si  grand  ctédit  et  une 
telle  considération,  que  le  goover*- 
aement  espagnol,  en  1^5^,  ne 
consentit  à  prêter  5o  millions  an 
gouvernement  français,  que  sur  hi 
garantie  personnelle  de  M.  de  La- 
borde. Connu  bientôt  dans  toute 
l'Europe,  il  fut  aussi  apprécié  par 
les  ministres  du  roi  de  France,  et 
surtout  parie  duc  deCbois^l,  qui 
ne  négligea  rien  pour  se  l'attacher, 
et  fui  le  chargea  de  presque  tous 
les  sorvices  importans  de  la  guer*» 
te  et  de  la  marine,  qu'il  soutint 
par  d'immenses  avances  de  fondi 
dans  les  temps  les  plus  difficiles. 
C'est  alors  qu'il  fut  nommé  ban-»^ 
quier  de  la  cour.  Mais  lors  de  la 
disgrâce  dti  duc  de  Choisenl,  il  s>e 
retira  entièrement  des  affaires , 
pour  îouir  en.  repcK»  d'une  fortune 
honorablement  acquise,  il  eonser* 
va  cependant  encore 6  vaisseaux^ 
qni  servaient  principfttemeBt  aux 
transports  de  tous  les  prodoitt  des 
immehâes  habitatieBs  qu'il  possé-  * 
datt  à  Sâint->Domingue.  Ce»  vaîa» 
seaux  y  rapportaient  sur  leur  les! 
des  pierres,  de  taille  numérotées , 
qui  ^erraient  ù  construro  les  seuU 


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304 


LAB 


édifices  en  pierre  qui  existent. en- 
core aujourd'hui  dans  cette  co- 
lonie. La  principale  raison  qui 
engagea  M.  de  Laborde  à  se  re- 
tirer des  affaires,  était  la  crainte 
qu'on  pût  l'accuser  d'accapare- 
ment, ou  de  spéculations  quelcon- 
<|ues  sur  des  marchandises.  £n  ef- 
fet son  crédit  était  si  grand,  et  sa 
correspondance  si  bien  établie  a- 
Tec  toutes  les  maisons  considéra- 
bles de  l'Europe,  qu'il  aurait  pu 
paralyser  la  vente  de  toutes  les 
denrées  qu'il  eût  voulu  accaparer, 
et  doubler  ou  tripler  ainsi  en  un 
moment  sa  fortune.  On  eut  la 
preuve  de  ce  qu'il  aurait  pu  faire, 
lorsque  pendant  la  guerre  d'Amé- 
rique, il  arrêta  pour  le  service  du 
roi  tout  l'or  monnayé  qui  se  trou- 
vait dans  les  différentes  places  de 
l'Europe,  et  fit  porter  i  a  millions 
de  cette  monnaie  à  Brest  et  au 
Havre,  pour  ie  paiement  de  la  ma- 
rine et  de  l'armée,  ce  qui  rétablit 
«ur-le'K^hamp  le  crédit  de  l'état. 
Après,  a  voir  renoncé  aux  affaires, 
il  se  livra  à  son  goût  pour  les  arts, 
et  principalement  pour  l'architec- 
ture. Ayant  acheté  successivement 
plusieurs  grandes  terres,  il  les  em- 
bellit et  y  fit  construire  des  habi- 
tations magnifiques.  Le  château  de 
Saint-Ouen,  qui  appartient  au- 
jourd'hui à  M.  Ternaux;  celui  de 
Saint-Leu,  au  duc  d'Orléans  ;  de 
la  FerLé-Vidame ,  au  duc  de  Pen- 
tbièvre;'èt«eluide  Méré ville,  fu- 
rent élevés  par  ses  ordres.  Ce  fut 
surtout  dans  ce  dernier  lieu ,  un 
des  plus  agréables  et  des  plus  pit 
toresques  des  environs  dé  Paris, 
que  M.  de  Laborde  dépensa  des 
sommes  considérables;  On  lui  doit 
aussi  les  plus  beaux  hôtels. de  la 
Chauseée-d'Antin.    Toute   cette 


LAB 

partie  de  Paris  était  alors  un  grand 
jardin  dépendant  de  son  hôtel  de 
la  rue  Grange-Batelière,  au  coin 
du  boulevart.  Le  goût  des  cons- 
tructions et  des  travaux  de  la 
campagne  s'accordait  chez  lui  a- 
yec  la  passion  de  la  bienfaisance, 
qu'il  avait  au  plus  haut  degré. 
Les  travaux  qu'il  faisait  exécuter 
attiraient  autour  des  lieux  qu'il 
habitait,  une  population  nombreu- 
se qui  finissait  par  s'y  établir.  C'est 
ù  cette  circonstance  qu'un  poète 
fit  allusion,  dans  un  quatrain  qu'on 
trouva  un  jour  sur  une  des  fabri- 
ques du  jardin  de  Méréville. 

Ici ,  Laborde  au  fruit  de  ses  utiles  reilles 
Donnait  un  emploi  généreux: 
Par  bienfaisance  il  créait  des  merveilles. 
Et  par  amour  des  arts  il  faisait  des  heureux. 

L'aisance  qu'il  répandait  autour 
de  lui  dans  ses  terres  ne  l'empê- 
chait pas  de  faire  des  aumônes 
consiaérables  à  Paris.  Il  y  consa- 
crait régulièrement  24?^^^  francs 
par  an,  dont  12,000  étaient  remis 
au  curé  de  Saiat-fiustache,  sa  pa- 
roisse. En  1 768,  il  souscrivit  pour 
400,000  francs,  lors  qu'une  nou- 
velle construction  de  quatre  grands 
hôpitaux  fut  proposée  pour  la  vil- 
le de  Paris.  Il  mettait  dans  sa  ma- 
nière d'obliger  une  délicatesse  qui 
en  augmentait  le  prix,  et  il  était 
bien  rare,  lorsqu'on  s'adressait 
directement  ^lui ,  qu'on  éprouvât 
un  refus.  Quelquefois  aussi  il  y 
mettait  de  la  gaieté.  Un  seigneurdc 
la  cour  très-dérangévint  un  jourle 
trouver,  et  lui  dit:  «Monsieur  de  La- 
»  borde,  vous  allez  être  bien  éton- 
»né,  que  n'ayant  pas  l'honneur  dé 
»vous  connaître,  je  vienne  vous 
«prier  de  me  prêter  100  louis. 
8  Monsieur,  lui  répondit-il,  vousaf- 
»  lez  être  bien  plus  étonné  enoore 


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LAB 

•que  moî^  ayant  Thonneur  de 
»  vous  connaître,  je  vous  les  prête.  » 
Quoique  aimant  la  magnificence , 
M.  de  Laborde  était  très-modeste  et 
simple  dans  ses  manières.  Le  roi 
avait  érigé  pour  lui  la  terre  de  La- 
borde en  marquisat,  omis  il  ne 
voulut  jamais  en  porter  le  titre.  Il 
disait  souvent  à  ses  enfans  :  «  J*ai 
«acquis  de  la  fortune  pour  vous, 
»  vous  devez  acquérir  de  la  gloire 
»pour  moi;  celui  qui  ne  ^aitpas 
»  mériter  le  bonheur  n'est  pas  dî- 
»gne  d'en  jouir.  »  Aussi  avait -il 
fait  embrasser  à  ses  fils  la  carrière 
la  plus  périlleuse,  celle  de  la  ma- 
rine. L'aîné,  après  avoir  fait  avec 
distinction  la  guerre  d'Amérique, 
quitta  le  service  militaire  pour 
exercer  la  charge  de  garde  du  tré- 
sor royal.  Il  fut  nommé  député 
du  tiers  aux  états- généraux  de 
1789,  par  le^  bailliage  d'Etam* 
pes ,  et  siégea  au  c&té  gauche  de 
l'assemblée  constituante.  Il  y  fut 
chargé  de  plusieurs  rapports  im- 
portanssurles  finances,  qui  furent 
imprimés  par  ordre  de  la  cham- 
bre. Deux  autres  fils  de  M.  de  La- 
borde, également  placés  dans  la 
marine ,  périrent  malheureuser 
ment  pendant  le  voyage  de  La 
•Peyrouse.  Leur  mort  fut  due  à  un 
acte  de  courage  et  de  généreux 
dévouement.  On  en  trouve  le  ré- 
cit dans  la  relation  de  ce  voyage, 
et  La  Peyrouse  leur  fit  élever  un 
monument  au  port  des  Français, 
sur  la  côte  de  la  Californie.  Le 
quatrième  des  fils  de  M.  de  La- 
borde est  aujourd'hui  (  i8a3  ) 
membre  de  la  chambre  des  dépu- 
tés, nommé  par  le  département 
de  la  Seine,  (f^oyez  l'article  sui- 
vant). Pour  prix  d'une,  vie  utile 
et  honorable^  M.  de  Laborde  de- 


LAB 


205 


yait  au. moins  espérer  une  mort 
tranquille;  mais  il  n'en  fut  pas 
ainsi.  Il  subit  le  sort  d'un  grand 
nombre  d'hommes  distingués  de 
la  même  époque,  et  la  hache  ré- 
volutionnaire, qui  firappà  Maies- 
herbes  et  Lavoisier,  atteignit  éga- 
lement cet  homme  de  bien.  Il  était 
au  milieu  de  son  jardin  de  Méré- 
ville,  entouré  de  ses  nombreux 
ouvriers,  lorsque  les  gendarmes 
vinrent  le  saisir  pour  le  conduire 
au  tribunal  révolutionnaire.  A  cet^ 
te  nouvelle,  tous  les  habitans  de 
la  commune  se  présentèrent  au 
nombre  d'environ  i,Qooavec  des 
pioches  et  des  fourches  pour  le 
délivrer  j  et  il  eut  beaucoup  de 
peines  à  leur  persuader  qu'il  ne 
eourait  point  de  danger,  et  qu'on 
ne  devait  pas  s'exposer  pour  lui  à 
une  résistance  inutile.  Ces  braves 
gens  envoyèrent  une  députation 
pour  le  réclamer  auprès  de  la  con- 
vention, mais  cette  démarche  mê- 
me hâta  sa  perte.  Il  périt  le  18 
avril  1794. 

LABORDE  (Alexandre-Louis- 
JosEFH  de),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Paris  le  1 5  septembre  1774* 
et  fut  élevé,  ainsi  que  ses  frères 
aînés,  à  Jully.  Il  serait  entré  com- 
me eux  dans  la  marine  ,  mais  les 
approches  de  la  révolution  jetaient 
déjà  quelques  incertitudes  sur  di- 
verses situations  ,  et  rendaient  le 
choix  d'un  état  plus  difficile.  M. 
de  Laborde  père  se  rappelant  que 
l'empereur  Joseph,  lors  de  son 
voyage  en  France,  et  pendant  un 
séjour  prolongé  dans  la  terre  de 
la  Ferté  ,  satisfait  de  l'accueil 
qu'il  y  recevait ,  avait  témoigné 
le  désir  de  voir  entrer  au  service 
d'Autriche  un  des  enfans  du  pro- 
priétaire ,  celui-ci,  prit  tout  d'un 


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do6 


LA6 


coap  la  résolution  d'enroyer  le 
dernier  de  ses  fils  à  Vienne,  arec 
une  simple  lettre  à  Feuipereur 
|»our  toute  formalité.  Le  jeune  de 
Laborde  fut  très-bien  reçu  ,  et 
nommé  sur4e-*champ  sous-lieu^ 
tenant  dans  le  régiment  de  Yen- 
ceslas-CoUoredo,  et  aide-de^camp 
du  général  de  ce  nom ,  chargé  a* 
lors  du  commandement  de  l'armée 
qui  se  rassemblait  en  Russie  pour 
entrer  en  Pologne.  Deux  ans  a^ 
près,  il  Alt  nommé  capitaine  dans 
les  cheyâu-légers  de  iLInsky,  et 
fit,  en  cette  qualité  et  en  celle  de 
chef  d*escadron,  cinq  campagnes; 
fut  blessé  deux  fois ,  et  obtint 
l'honneur  bien  rare ,  pour  les  é^ 
trangers  ,  d'être  mentionné  arec 
éloge  dans  les  Annaiêë  dé  t* armée 
autrichienne,  composées  sous  la 
direction,  et  imprimées  par  ordre 
du  g^uremement.  Si  un  Français 
est  excusable  de  n'atolr  pas  quitté 
à  cette  époque  le  service  étranger, 
c'est  sans  contredit  M.  de  Labor-^ 
de.  Il  était  entré  au  service  d'Au- 
triche avant  la  révolution, lorsque 
cette  puissance  était  encore  alliée 
à  la  France.  Son  père  avait  depuis 
été  jeté  en  prison ,  et  n'en  sortit 
que  pour  aller  finir  sur  l'échafaud 
sa  longue  et  honorable  tie.  Au 
milieu  des* horreurs  de  la  guerre, 
M.  de  Laborde  conserva  toujours 
lin  cœur  français.  Transporté  bles- 
fik  dans  la  ville  de  Heidelberg,  où 
le  général  Oudinot,  fait  prison-^ 
nier  par  le  régiment  de  Kinsky, 
renaît  aussi  d'être  conduit,  dès 
qu'il  p'ut  sortir,  il  alla  trouver  ce 
général,  lui  offrit  ses  services,  vi" 
fita  avec4ui  les  autres  prisonniers 
lï'ançais ,  et  leur  prodigua  des  se- 
cours et  des  soins.  Aussitôt  qu'il 
f)ut  peutccr  en  France,  il  quitta  le 


LAB 

service  d'Autriche,  et  revint  dans 
sa  patrie  peu  de  temps  après  le 
traité  de  Campo^Formio.  Il  se 
livra  avec  ardeur  é  l'étude  des 
hDgues  anciennes ,  des  lettres  ^ 
des  arts;  patx;ourut  ensuite  T An- 
gleterre, la  Hollande  et  l'Italie,  et 
se  prépara  au  Tojage  d'Espagne, 
qu'il  méditait  depuis  long-temps, 
désirant  décrire  ce  pays  si  peu 
connu  alors,  et  si  intéressant  sous 
plusieurs  rapports.  Après  avoir 
exécuté  ce  projet ,  it  publia  le 
Voyagé  pittoresque  et  historique 
de  l'Espagne ,  4  '^^^'  in*fol.  ,  et 
Vltinéî*aire  de  t'Espagne,  5  Vol. 
în-^**.  Il  ajouta  bientôt  à  ces  pu- 
blications la  dèscriptibn  des  Phases 
grecs  du  comte  de  Lamberg^  une 
des  collections  les  plus  précieu^ 
ses  ;  un  Voyage  pittoresque  en 
Autriche;  a  vol.  in-fol.;  uti  grand 
travail  sur  les  Monumens  de  ta 
France  classés  chronologiquement. 
Ce  dernier  ouvrage  n'est  pas  en- 
core terminé.  Lesdiiïéfens  travaux 
de  M  «  de  Laborde  lui  méritèrent 
d'être  reçu  à  l'institut  (iicadémie 
des  inscriptions  et  belles-lettres )t 
et  attirèrent  sur  lui  les  regards  du 
chef  du  gouvernement.  L'empe* 
reur  l'emmena  avec  lui  éti  Espa-^ 
gne,  et  l'année  suivante  en  Autrî<- 
ehe  ;  le  nomma  successiyemcnt 
maître  des  requêtes  au  consett- 
d'état,  président  de  la  liquidation 
des  comptes  de  la  grande-armée , 
et  directeur  des  travaux  publics 
de  Paris.  Il  publia,  en  1812,  un 
Recueil  de  projets  de  travaux  (tu^ 
tilité  publique  à  eivécviter  dans  Pa* 
ris  j,  dont  on  a  déjà  exécuté  une 
partie,  et  cet  ouvrage  est  Consulté 
encore  pour  tous  les  travaux  de 
ce  genre.  On  y  distingue  surtout 
un  système  perfectionné  pour  le^ 


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LA» 

égouts»  ainsi  que  pour  1^  distri- 
bution des  eaux  jusqu'aux  étages 
lea  plus  élevés  des  maisoiis  «  ua^ 
modèle  de  trottoirs  en  dalles  de 
granit ,  et  des  projets  de  belles 
fontaines  publiques.  Le  gouyer^ 
oeoient  ayant  nommé,  en  iSao^ 
une  commission  pour  indiquer 
l'emplacement  le  plus  favorable  à 
la  eonstruction  d'une  salle  d'opé- 
ra, M.  de  Laborde  en  fut  nommé 
rapporteur.  Après  avoir  discuté 
dan»  son  rapport  les  avantages  et 
les  inconvéniens  de  tous  les  pro- 
jets présentés,  il  proposa  de  cons- 
truire cet  édifice  dans  le  jardin  de 
Frascati^  sur  le  boulevart^  vis-à- 
Tis  du  prolongement  de  là  rue 
Vivienne»  formant  un  p$eiidop4^ 
riplère,  ayant  face  d'un  côté  sur 
le  boulevart ,  et  de  l'autre  vi»-à'- 
vis  la  rue  Vivienne,  étant  ainsi 
isolé  de  toutes  parts  9  et  offrant 
aux  voitttres  l'avantage  de  station- 
ner sur  la  place  de  la  Bourse  et 
«ur  les  Boulevarts»  Ce  projet  fut 
adopté  par  le  conseil  des  minis- 
tres; mais  on  prit  le  parti  de  cons-* 
truire  d'abord  une  salle  provisoi- 
re qui  entraîna  des  frais  si  consi- 
dérables,  qu'il  est  douteux  qu'on 
en  bâtisse  de  long- temps  une  au- 
tre. M*  de  Laborde  éta^  chef  de 
bataillon  de  la  garde  nationale  de 
Paris  y  et  se  tr^Hivait,  le  5i  mars 
1S14  »  posté  avec  une  compagnie 
âe..grenadiers  au-devant  de  la  bar-* 
rière  de  Clicfay.  Il  fut  envoyé  dans 
la  nuit  par  le  marécbal  Monccy  9 
avec  M.  Tourton,  au  camp  russe, 
pour  traiter  d'une  capitulation 
noQorable  pour  la  garde  nationa- 
le. A  son  retour,  il  fut  nommé 
colonel  d'étatr-major  de  cette  gar- 
de, et  eut  le  commandement  aux 
Tuileries  pendant  les  dix  dernier» 


hkt 


907 


{ours  qui  précédèrent  le  ao  mars. 
U  Qt  ensuite  un  nouveau  voyage 
en  Angleterre  pour  prendre  conr* 
naissance  de  différentes  améliora* 
tions  et  institutions  nouvelles,  k 
son  retour ,  il  publia  le  premier 
ouvrage  qui  ait  paru  sur  VEnsei* 
gn^ment  mutuel ,  et  fut,  pendant 
3  ans ,  secrétaire-général  de  la 
Société  Centrale  ,  qui  fonda  cette 
institution.  D  publia  de  plus  dif- 
férons ouvrages  sur  l'administra* 
tion  et  l'économie  politique.  Son 
travaiUur/'^^/^ri^  (téusociatÎQH,  et 
soji  rapport  sur  les  fyriêons  de  Pût- 
ria^  donnèrent  lieu  à  plusieurs  a- 
méliorations  dans  Je  régime  inté- 
rieur de  ces  dernières.  Rentré 
dans  le  conseil-d'état  en  1818,  il 
en  fut  de  nouveau  exclu  peu  de 
temps  après.  Son  attachement  aux 
institutions  nouvelles  d'une  utilité 
reconnue,  et  le  besoin  qu'il  éprou*- 
vait  d'attaquer  tous  les  abus  et  de 
chercher  à  soulager  le^  maux  de 
l'humanité,  le  firent  accuser  d'o- 
pinions libérales.  Mais  repoussé 
par  le  ministère,  il  fut  adopté  par 
la  nation  ;  et  reçut  bientôt  le  té- 
moignage le  plus  flatteur  de  l'es- 
time générale  par  sa  nomination 
à  la  chambre  des  députés.  M.,  de 
Laborde  fut  élu,  en  1832,  par  le 
grand  collège  du  département  de 
la  Seine.  U  a  paru  plusieurs  foi» 
à  la  tribune,  et  s'est  prononcé  avec 
autant  d'énergie  que  d'éloquence 
sur  des  matières  importantes.  Il 
a  voté  contre  la  proposition  d'une 
nouvelle  loi  des  douanes,  qu'il  a 
signalée  comme  contraire  à  toute<^ 
ifes  saines  doctrines  en  économie 
politique;  a  hautement  improuvè 
la  conduite  de  certains  agens  d» 
l'autorité  envers  le  colonel  Du-^ 
£aiy  :  son  discours  improvisé  à  ce 


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208 


LAB 


dernier  sujet  produisit  un- grand 
effet  ,d£ins  l'assemblée.  M.  de  La- 
borde  a  épousé  W^*  de  Labre,  fille 
de  l'ancien  ministre -de  France  à 
la  cour  de  Russie ,  et  nièce  de 
l'abbé  Sabatier  de  labre,  conseil^ 
1er  au  parlement,  qui  proposa  un 
des  premiers  à  ce  corps  la  convo- 
cation des  états -généraux.  Dans 
la  session  de  1823,  il  a  voté  contre 
la  guerre  d'Espagne. 

LABORDE  MÉRÉVILLE  (F. 
L.  J.  de)  ,  fils  du  banquier  de  la 
cour,  et  frère  aîné  du  précédent, 
était  garde  du  trésor  royal  au 
commencement  de  la  révolution. 
Il  fut  nommé  ,  par  le  tiers-état 
d'Ëta.mpes,  député  aux  états-gé- 
néraux de  1789,  et  s'y  prononça 
d'abord  avec  modération  pour 
une  sage  réforme  politique.  Il 
parut  plusieurs  fois  à  la  tribune 
nationale  pour  y  discuter  des  ques- 
tions de  finarices  ,  et  fit  quelques 
rapports  sur  ces  matières,  ainsi 
que  sur  la  caisse  d'escompte  dont 
il  était  un  des  principaux  action- 
naires. Au  mois  de  s«^ptembre 
1790  ,  il  fut  au  nombre  des  com- 
missaires chargés  de  recevoir  l'ar- 
genterie que  les  églises  de  France 
offrirent  en  doh  patriotique  ,  et  il 
fit,  à  la  même  époque,  pour  son 
propre  compte,  un  don  de  5o,ooo 
livres.  Après  la  clôture  de  la  ses- 
sion de  l'assemblée  constituante, 
il  ae  retira  en  Angleterre,  et  mou- 
rut à  Londres  en  1801. 

LABOREAU  (Jean -Baptiste), 
naquit  en  1762,  ù  Saint -Claude, 
et  mourut  le  20  décembre  1814, 
à  Sens,  où  il  était  receveur  des 
domaines.  Après  avoir  fait  de  bon- 
nes études  dans  son  pays,  il  vint 
à  Paris,  où  il  cultiva  le  dessin  a- 
vec  succès.   Il  passa  ensuite  en 


LAS 

Angleterre,  y  vécut  quelque  temps 
du  produit  de  son  art,  se -fit  con- 
naître, et  finit  par  être  nommé 
secrétaire  de  l'ambassadeur  de 
France.  Laboreau  revint  dans  sa 
patrie,  après  avoir  habité  Londres 
pendant  1 5  ans.  Il  a  publié,  sous 
l'anonyme,'la  traduction  du  Précis 
philosophique  et  politique  de  l'An^ 
gleterre,  par  O.  Goldsmith,  2  vol. 
in- 12,  Londres,  1776.  Eni786,rM"* 
Brissot  a  donné  une  traduction  de 
cet  ouvrage  sous  le  titre  de  Lettres 
philosophiques,  etc.,  2  vol.  in -8*. 
LABORIE  (Antoine-Athawase- 
Rouxdr),  né  en  176^,  dans  le 
département  de'  la  Somme,  se  fil 
connaître  par  un  Eloge  du  cardi- 
nal d*EstoateùUe,  qui  remporta, 
en  1 788,  le  prix  proposé  par  l'a- 
cadémie de  Rouen.  Il  semble  avoir 
eu  le  projet  de  se  consacrer  à  l'é- 
ducation de  la  jeunesse. /A  cet  ef- 
fet, il  passa  quelques  mois,  vers  la 
fin  de  1789  et  le  commencement 
de  1 790 ,  à  l'institution  de  l'Ora- 
toire; mais  les  événemens  de  la 
révolution  changèrent  probable- 
ment sa  résolution.  Dès-lors  il 
s'occupa  des  affaires  publiques;,  et 
ne  se  livra  paB  exclusivement  à  la 
politique  spéctilative.  En  1792,  M 
était  secrétaire  du  ministre  des  af- 
faires étrangères  (  M.  Bigot  dç 
Sainte-Croix).  Compromis  par  les 
papiers  trouvés  chez  ce  ministre 
après  la  journée  du  10  août ,  il 
évita  les  poursuites  de  la  polipe  en 
se  retirant  en  Angleterre ,  où  M 
passa  quelques  années.  Revenu 
en  France  avant  la  révolution  du 
18  brumaire,  comme  il  avait  eu 
précédemment  des  relations  avec 
M.  de  Talleyrand  -  Périgord,  de- 
venu ministre  des  relations  exté- 
rieures, il  obtint  la  place  de  pre* 


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LÂB 

.luier  secrétaire  dans  le  Cidjînet 
particulier  de  ce  ministre.  Tout 
en  s'occupant  des  affaires  da  mi- 
nistère, il  ne  négligea  pas  les  sien- 
nes. Mettant  à  profit  les  rensei- 
gnemens  que  la  correspondance 
diplomatique  lui  procurait ,  il  en 
alimenta  plusieurs  journaux  ,  et 
particulièrement  le  Journal  des 
Débats,  à  la  prospérité  duquel 
son  industrie  ne  fut  pas  inutile,  et 
à  la  propriété  duquel  il  fut  associé 
pour  ce  service.  M.  Laborie  fonda 
aussi  à  cette  époque,  de  compa- 
gnie arec  M.  Suard,  le  Publicis' 
te,  journal  qui,  néanmoins,  ob- 
tint peu  de  succès ,  et  mourut*^au 
bout  de  quelques  années  de  mort 
Tiolente,  lorsquMl  allait  expirer  de 
mort  naturelle.  Dans  la  seconde 
année  du  consulat ,  M.  Laborie 
disparut  subitement.  Il  s'était 
soustrait  par  la  fuite  aux  recher- 
ches du  gouvernement.  Par  quel- 
les )causes  les  avaît-îl  provoquées? 
^ous  ne  répéterons  pas  ce  qui  a 
été  débité  dans  le  temps,  et  ce  que 
les  Biographies  étrangères  ont  ré- 
pété. Nous  ne  consignons  ici  sur 
des  objets  d'une  certaint^  nature , 
que  ce  qui  a  été  juridiquement 
constaté.  M.  Laborie  chercha  en- 
core une  fois  asile  en  Angleterre, 
où  il  resta  jusqu'en  i8o5,  époque 
V  laquelle  Napoléon,  devenu  em- 
pereur, consentit  à  son  retour. 
Rentré  en  France,  il  chercha  et 
trouva  dans  son  industrie  des  res- 
sources contre  la  mauvaise  fortu- 
ne, et  se  fit  inscrire  sur  le  tableau 
des  avocats.  Il  ne  plaida  pas,  mais 
il  fit  des  mémoires  dans  plusieurs 
causes  d'une  importance  recon- 
nue. L'accusation  dont  il  avait  été 
frappé  ne  lui  avait  pas  cependant 
aliéné  tous  ses  amis ,  et  il  était 


LAB 


209 


même  resté  en  relation  a^ec  un 
personnage  puissant  qui,  lui  mê- 
me, avait  fini  par  encourir  la  l\%^ 
grâce  du  chef  du  gouvernement. 
Cette  position  explique  le  crédit 
dont  on  l'a  vu  jouir  lors  de  l'en- 
trée des  alliés  à  Paris  le  5i  mars 
18149  et  l'on  ne  s'étonna  pas  de 
le  voir  nommer  secrétaire-adjoint 
du  gouvernement  provisoire.  Le 
zèle  de  M.  Laborie  justifia  la  con- 
fiance dont  il  était  honoré.  Chargé 
de  faire  imprimer  la  fameuse  dé- 
claration de  l'empereur  de  Rus- 
sie, de  ne  traiter  avec  aucun  des 
membres  de  la  famille  Bonaparte, 
il  la  porta ,  dès  le  jour  même  de 
l'arrivée  d'Alexandre,  à  l'imprime- 
rie des  frères  Michaud,  qui  rivali^ 
salent  avec  lui  de  zèle  et  d'activi- 
té. Remise  à  a  heures  après  midi, 
on  avait  déjaHré  10,000  exemplai- 
res de  cette  pièce  à  7  heures  du 
soir,  et  a,ooo  étaient  à  la  disposi- 
tion du  monarque,  qui  se  trouvait 
logé  chez  le  prince  de  Bénévent 
(M.  de  Tallejrand),  nommé  tout 
récemment,  par  le  sénat,  prési- 
dent du  gouvernement  provisoire: 
VenàdLïiXies  cent  jours,  M.  Laborie 
suivit  le  roi  à  Gand;  il  y  travailla  à 
la  rédaction  du  journal  officiel,  pu*^ 
blié  par  les  ordres  de  ce  prince,sous 
le  titre  de  Monileur  universel.  A- 
près  la  seconde  abdication  de  Napo« 
léon,  M.  Laborie  rentra  en  Fran- 
ce ,  et  fut ,  dans  le  mois  d'août  ^ 
nommé  à  la  chambre  de  181 5  par 
le  corps  électoral  du  département 
de  la  Somme.  Dans  cette  cham- 
bre ,  dissoute  par  l'ordonnancé 
royale  du  5  septembre  1816,  non- 
seulement  il  fut  constamment  uni 
à  la  majorité ,  mais  il  se  signala  ^ 
par  son  exagération  entre  lés  j^us 
exagérés.  Il  7  montra  surtout 
/      14 


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a  1  o  LAB 

une  piédilectioa  marquée  pour 
le  clf^cgê  ,  dont  il  proposa  ,  dans 
un  nipport  fait  en  comité  secret, 
«l^méliorer  le  sort.  A  la  suite 
d'une  opinion  émise  sur  le  bud- 
get, dans  la  séance  du  18  mars, 
il  offrit  un  tableau  de  cette  ses- 
sion assez  digne  de  remarque ,  et 
termina  par  une  profession  de  foi 
dans  laquelle  les  principes  de  la 
'majorité  de  la  chambre  étaient 
solennellement  consacrés.  Lors 
des  élections  de  1816  pour  la  for- 
mation d'une  nouvelle  chambre 
de  députés,  les  collèges  d'arron- 
dissement d'Amiens  et  de  Dour- 
lens  présentèrent  M.  Laborie  pour 
candidat;  mais  tous  les  effoits  des 
électeurs  qui  partageaient  ses  prin- 
cipes ne  purent  lui  acquérir  la  ma- 
jorité, et  repoussé  de  la  législatu- 
re ,  il  Toulut  entrer  dans  l'admi- 
nistration ,  et  tourna  ses  regards 
vers  la  préfecture  de  la  Somme. 
De  grands  personnages  l'appré- 
ciaient, dît-on,  et  pourtant  M.  La- 
borie n'exerbe ,  depuis  cette  épo- 
que, que  l'honnête  profession  d'à- 
Tocat. 

LABOUDERIE  (Jean),  prédi- 
cateur et  licencié  en  droit ,  né  à 
Chalinargues,  petit  bourg  du  dé- 
partement tlu  Cantal,  le  1 5  février 
1776.  Après  avoir  étudié  les  langues 
anciennes  au  collège  de  France,  il 
embrassa  l'état  ecclésiastique ,  et 
était  vicaire  de  Notre  -  Dame  de 
Paris  en  181 5.  Le  jour  de  l'exé- 
cution d'un  misérable  nommé 
Dautun,  condamné  à  mort  pour 
avoir  assassiné  son  frère ,  dont  il 
partagea  ensuite  le  corps  en  mor- 
ceaux^ qu'il  jeta  dans  différentes 
rues  de  Paris,  Labouderie  fut  ap- 
pelé auprès  de  ce  monstre ,  pour 
[ui  donner  les  secours  de  sou  mi- 


LAI 

nistèt-e;  mais  aussitôt  que  Daotun 
aperçut  cet  ecclésiastique,  il  l'ac- 
cabla d'injures  et  refusa  son  mi- 
nistère. M.  Labouderie  a  publié 
les  ouvrages  suivans  :  t  "  Pensées 
théologiques,  in-S*;  a*  wi  Mot  sur 
la  constitution,  par  un  vicaire  de 
Paris,  i8i4;  S"  Fragment  ttun 
discours  prononcé  à  Notre-^Dame, 
le  jour  de  l*  Assomption,  181 5;  4* 
Discours  sur  le  baptême  d'un  juif 
converti,  Paris,  181 5;  5"  Adresse 
aux  Parisiens  par  un  ami^de  l*or^ 
dre  et  de  la  paix,  181 5;  6*"  Oraison 
funèbre  de  M,  de  La  Roue,  archi'- 
prêtre  de  Notre-Dame,  octobre 
1  S*!  5;  7*  Discours  prononcés  à  No* 
tre-Ddme,  le  7  mars  1817,  àtoe^ 
casion  du  baptême,  du  mariage,  et 
de  la  première  communion  é^un 
juif  converti;  8*  Considérations  or 
dressées  aux  aspirans  au  ministère 
de  l'église  de  Genève,  faisant  suite 
aux  Considérations  de  M.  Bmpey^ 
tas  sur  la  divinité  de  Jésus-Christ, 
avec  une  réponse  à  quelques  ques- 
tions qui  m'ont  été  proposées  par 
M.  Dellac,  avocat  à  la  cour  royale 
de  Paris,  1817,  in*8';  9*  Précis 
historique  du  méthodisme,  suivi 
d'un  discours  pour  l'abjuration 
d'un  jeune  homme  de  cette  secte, 
in-8°.  L'abbé  Labouderie  a  encore 
publié  plusieurs  sermons. 

LABOUILLËRIË  (le  bàroI 
RouLLET  de),  fut  d'aboni  employé 
dans  les  bureaux  de  la  marine;  il 
parvint  à  se  faire  connaître,  et  ob- 
tint la  place  de  caissier  particulier 
du  premier  consul.  Il  passa  ensuite 
à  l'armée  des  côtes  d'Angleterre, 
où  il  fut  trésorier -général,  et  4 
son  retour,  il  fut  nommé  admi- 
nistrateur de  la  caisse  d'amortis- 
sement. Pendant  la  campagne  de 
1809,  il  remplit  à  Vienne  la  plac« 


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LÂB 

d^administrateur  des  fonds  du  pajrs 
concpjis^  et  après  la  paix,  il  devint 
trésorier-général  du  domaine  ex- 
traordinaire. H.  de  Lab'ouillerie 
était  maître  des  requêtes  au  co- 
mité des  finances.  En  18149  il  fut 
conservé  dans  ses  fonctions  9  et 
nommé  intendant  du  trésor  de  la 
liste  civile,  puis  secrétaire-géné- 
ral du  ministère  de  la  maison  du 
roi.  Pendant  les  cent  jours,  en 
181 5,  il  ne  fut  point  employé; 
mais  au  retour  des  Bourbons,  il 
fut  réintégré  dans  les  places  qu'il 
occupait  avant  leur  départ.  Dans 
le  mois  d'août  1816,  il.  fut  appelé 
à  la  chambre  des  députés  par  le 
département  de  la  Sarthe,  et  dans 
le  mois  d'octobre  suivant,  il  pré- 
sida le  comité  des  finances  en  l'ab- 
sence du  ministre.  Dans  le  mois 
de  février-  1817,  il  prononça  un 
discours  sûr  l'état  des  finances, 
qu'il  termina  en  engageant  la  cham- 
bre à  adopter  le  projet  de  loi  avec 
lesamendemens  de  la  commission. 
Il  a  été  différentes  fois  attaqué 
par  les  membres  du  côté  gauche, 
pour  des  actes  de  son  administra- 
tion. Le  baron  de  Labouillerie , 
qui  était  un  des  employés  les  plus 
sélés  du  gouvernement  impérial, 
à  montré  le  même  dévoilement 
aux  différons  ministres  qui  se  sont 
succédé  sons  le  gouvernement 
roy^l.  Siégeant  à  la  droite  dans  la 
chambre  des  députés,  il  a  cons- 
tamment voté  avec  les  ministres, 
et  a  su  conserver  jusqu'à  ce  jour 
(1825)  les  fonctions  de  conseiller- 
d'état,  auxquelles  il  a  obtenu  de 
joindre  celles  plus  lucratives  enco- 
re de  sous-secrétaire*d'état  du  dé- 
partement des  finances. 

LABOULAYE  (  Jean-Baptistk- 
Lotis  F&OG  de),  membre  de  la 


I-AB  au 

chambre  des  députés,  e^i  né  à 
Versailles.  Après  avoir  seri^  dans 
l'administration  de  la  marine ,  où 
il  obtint  la  place  de  commissaire 
en  1786,  et  celle  de  secrétaire  du 
conseil  en  1788,  il  fut  chargé,  en 
i79i,d'unemission  en  Angleterre» 
parle  ministreBertrand  Molle  ville. 
A  son  retour,  il  fut  nommé  chef 
d'administration  à  Lorient ,  et  fut 
envoyé  dans  différens  ports  pour 
effectuer  l'échange  des  prisonniers 
avec  les  Anglais.  Arrêté  à  cette  ë- 
poque  par  ordre  du  comité  de  sa- 
lut public,  il  resta  détenu  pen- 
dant un  an  dans  les  prisons  de 
Saint-Alalo,  et  à  sa  sortie,  après 
le  9  thermidor ,  il  fut  appelé  au^ 
près  de  l'amiral  Yillaret- Joyeuse 
pour  occuper  la  place  d'intendant 
de  l'armée  navale.  En  1796,  il  de^ 
vint  secrétaire-générul  du  minis- 
tère de  la  marine  ,  et  passa  en-^ 
suite  ordonnateur  à  Nantes  et  à 
Lorient.  En  1804»  il  entra  au  ml-* 
nistère  des  affaires  étrangères,  et 
en  18149  il  fut  nommé  commis- 
saire du  roi  pour  traiter  de  l'ér 
change  des  prisonniers  en  Angle^ 
terre.  Choisi,  à  la  fin  de  la  même 
année,  pour  secrétaire  d'ambassl* 
de  à  Constantinople ,  il  se  trour 
vait  avec  le  marquis  de  Rivière  à 
Marseille  au  commencement  de 
mars  181 5.  La  manière  dont  il  sf 
prononça  à  cette  époque,  en  fa-? 
veur  de  la  cause  des  Bourbons,  le 
contraignit  à  se  cacher  après  la 
retraite  de  M.  le  ducd'Angoulême| 
mais  il  n'en  fut  pas  moins  nommé 
à  la  chambre  des  représéntans 
par  le  département  de  la  Marne. 
Réélu  à  la  chambre  dite  introuva-- 
êle,  dans  le  mois  de  septembre  sui- 
vant, M.  Froc  de  La^oulaye  ne  fut 
pas  4u  nombre  des  df  pûtes  écar- 


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ai  12 


LAB 


tés  pa/  rordôimaoce  du  roi  du  5 
septembre  1816;  il  fut  de  nouyeau 
choisi  par  le  département  de  la 
NLarne.  Ce  député,  placé  daas  les 
rangs  ministériels,  parla,  en  1818, 
en  faveur  de  la  liberté  de  la  pres- 
se, et  s'inscriyit,  en  181g,  contre 
la  proposition  faite  par  M.  Barthé- 
lémy à  la  chambre  des  pairs.  En 
.  i8sto,  il  fit  le  rapport  contre  la  loi 
sur  la  liberté  de  la  presse,  fut 
nommé  conseiller-d'état  en  ser- 
Tice  ordinaire,  le  12  juillet  de  la 
même  année,  et  en  1821,  il  vota 
en  faveur  de  la  nouvelle  loi  d'é- 
lection. Le  ministère  a  réuni ,  en 
1822,  M.  Froc  de  Laboulaye  aux 
amis  de  l'ordre  constitutionnel  ; 
dans  cette  session ,  il  a  voté  avec 
.  eux,  et  a  prononcé  plusieurs  dis- 
<;ours  qui  ont  produit  une  \i\-e 
impression  dans  l'assemblée  et 
dans  le  public. 

LABOULINIÈRE  (Pierre),  fut 
d'abord  secrétaire-général  de  la 
préfecture  des  Hautes-Pyrénées; 
il  fut  nommé,  en  1814^  sous- pré- 
fet de  l'arrondissement  de  Bcau- 
Tais.  M.  Laboulinière,  qui,  au  re- 
tour de  la  famille  des  Bourbons, 
a\ait  manifesté  beaucoup  de  roya- 
lisme, servit  néanmoins  avec  zè- 
le pendant  les  cent  Jours.  Destitué 
au  retour  du  roi ,  il  a  obtenu  de- 
puis une  nouvelle  sous-'préfecture 
dans  le  département  de  Seine-et- 
Oise.  On  a  de  lui  :  r  Précis  (ti^ 
déologie,  i8o4,  in-8°;  2'  de  Cln^ 
fluence  d*ane  grande  révolution 
sur  le  commerce,  l' agriculture  et 
les  arts  ,  discours  couronné  à  l'a-. 
cadémie  de  Lyon  et  dédié  à  Louis 
Bonaparte,  i8o8,in-8'*;  5' Histoire 
politique  et  civile  des  trois  premier 
res  dynasties  françaises,  1808,  3 
vol,  iii-8®;  4*  Considérations  poli- 


LAB 

tiques  sur  la  France  et  les  divers 
états  de  l'Europe,  1808,  in-8';  5* 
des  Factions  et  des  Conquêtes,  ou 
Précis  des  écarts  politiques  et  mi- 
litaires de  la  révolution  française  , 
181 5,  in-8^  M.  Laboulinière  est 
correspondant  de  l'académie  de 
Turin  et  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes 

LABOURDONNAIE,maréchal- 
de-camp  avant  la  révolution,  se 
prononça  pour  elle;  il  fut  employé 
'à  l'armée  de  Flandre  sous  le  gé- 
néral Dumouriez,  et  chargé  de  la 
direction  du  siège  de  la  citadelle 
d'Anvers  ;  il  fut  ensuite  envoyé  à 
l'armée  de  l'Ouest  contre  les  Ven- 
déens. Accusé  par  Bourdon  de 
l'Oise  d'avoir  mal-à- propos  fait 
porter  sur  les  derrières  5,ooo  hom- 
mes que  lui  avaient  envoyés  les 
commissaires  du  département  de 
la  Manche ,  il  parvint  avec  peine 
à  justifier  non  ses  manœuvres  mi- 
litaires, mais  au  moins  ses  inten- 
tions. Il  n'en  fut  pas  moins  des- 
titué peu  de  temps  après ,  et  n'a 
point,  à  ce  qu'on  sache,  été  em- 
ployé depuis. 

LA  BOURDONNA YE  (le  baron 
de),  chevalier  de  la  légîon-d'hon- 
neur,  nommé  nriaire  de  la  ville  de- 
Rennes  en  1812,  s'est  distingué 
par  son  dévouement  au  gouver- 
nement impérial  ,  et  depuis  au 
gouvernement  royal.  Dans  une  a- 
dresse  à  l'impératrice  Marie-Loui- 
se, à  la  fin  d'octobre  1^1 3,  il  s'ex- 
primait ainsi  :  «  La  bonne  ville  de 
»  Rennes  s'empresse  de  faire  par- 
»  venir  à  Votre  Majesté  l'expres- 
»sion  des  sentimeus  d'amour  et 
»  de  respect  dont  elle  est  pénétrée 
opour  ses  souverains ,  et  qui ,  s'il 
«était  possible  ,  augmenteraient 
«encore  dans  le  moment  où,  lors- 


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LAB 

»que  nous  Yoyons  notre  magna- 
Anime  empereur  sacrifier  son  re* 
»  pos  à  la  défense  de  Tempirey  nous 
«▼oyons  son  auguste  compagne 
»se  consacrer  tout  entière  aux 
«soins  qu'entraîne  l'administra- 
vtion  intérieure.  »  Présenté  au 
roi  le  9  mai  1814»  il  lui  adressa  le 
discours  suivant  :  «  Le  retour  de 

•  Votre  Majesté  a  comblé  de  joie 
»les  habitans  de  la  yille  de  Ren- 
»nes;  c'est  avec  transport  que  les 
«Bretons  voient  renaître  un  gou- 

•  Temement  paternel  pour  lequel 
I»  ils .  soupiraient  depuis  si  long- 
»  temps,  et  qui  peut  seul  concilier 
»la  puissance  avec  la  justice.  A  la 
»  première  nouvelle  de  cet  événe* 
»  ment ,  l'allégresse  publique  a  é- 
uçlaté  par  un  mouvement  spon- 
»tané,  et  le  souvenir  de  nos  longs 
«malheurs  a  paru  effacé  dans  un 
<»  jour.  »  Le  baron  de  La  Bourdon- 
naye  n'a  point  été  conservé  dans 
ses  fonctions  de  maire. 

LABOUEDONNA  YE  (F&ivçois- 
AÉGis,  COMTE  db),  ué  le  19  mars 
1767,  servit  avant  la  révolution 
dans  le  régiment  d'Austrasie,  et 
fut  officier  municipal  à  Angers, 
en  1789.  Attaché  dès-lors  au  par* 
ti  dont  il  est  maintenant  l'un  des 
orateurs  les  plus  exaltés,  il  émi- 
gra  en  1793.  Après  avoir  servi 
peu  de  temps  sous  les  ordres  du 
prince  de  Gondé,  il  rentra  en 
France,  alla  se  joindre  aux  Ven- 
déens, et  se  battit  avec  distinction 
sous  l^rs  drapeaux.  Le  gouvci;- 
nement  consulaire  ayant  adopté 
pour  devise  union  et  oubli,  M.  de 
Labourdonnaye  en  profita,  et  fut 
nommé  membre  du  conseil-géné- 
ral du  département  de  Maine-et- 
Loire,  maire  d'Angers,  et  enfin, 
eii  1817,  candidat  au  corps-légis- 


LAB 


113 


latif.  Comme  tant  d'autres  mem- 
bres de  l'ancienne  noblesse,  il  a- 
baissa  son  orgueil  devant  le  chef 
de  l'empire  français;  quand  Na- 
poléon revint  d'Espagne,  il  lui 
présenta  une  adresse,  au  nom  du 
conseil-général  du  département. 
Les  désastres  de  la  campagne  de 
Russie  réveillèrent  des  prétentions 
éteintes  depuis  long-temps,  et  la 
chute  de  l'empereur  fit  naître  l'es- 
poir de  les  réaliser.  Le  rétablisse- 
ment de  l'ancien  régime  dans  tou- 
te sa  pureté,  devint  l'objet  de  tous 
les  soins  de  la  vieille  oligarchie. 
Le  comte  de  Labourdonnaye,  ap- 
pelé à  la  chambre  de  181 5  par 
le  département  de  Maine-et-Loi- 
re, s'y  montra  le  plus  introuvable 
de  cette  chambre.  Le  1 1  novem- 
bre, il  lut  le  projet  de  loi,  appelée 
depuis  loi  d'amnistie,  dans  lequel 
il  proposait  de  poursuivre,  par  ca- 
tégories, tous  ceux  qui  avaient 
pris  part  à  la  révolution  du  ao  mars. 
«Les  exemples,  dit-îl ,  pour  être 
«salutaires,  doivent  être  choisis  de 
»  préférence  parmi  ces  vétérans  de 
«la  révolution,  ces  conspirateurs 
»  rassasiés  d'honneurs,  de  puissan- 
4  ce,  de  richesses,  d<tnt  la  prospé- 
«rité,  objet  de  tant  d'envie,  a  en- 
»  flammé  tant  d'ambitions,  exalté 
«tant d'espérances,  et  produit  tant 
«de  ^^oupables  projets.  C'est  en 
«  précipitant  ces  hommes  superbes 
«de  la  hauteur  où  leurs  crimes 
«les  ont  élevés,  que  vous  donne- 
«rez  des  leçons  utiles  de  modéra- 
«tion  et  de  vertu.  C'est  en  prou- 
«vant,  par  des  exemples  fréquens, 
«ces  vérités  triviales  de  l'incons- 
«tance  de  la  fortune  et  delà  puni- 
»tion  certaine,  quoique  tardive, 
»  des  forfaits,  que  vous  ramènerez 
))à    cette   morale  publique  qui, 


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ii4 


LAB 


»  seuld  Riree  la  religion,  hit  la  for- 
»ce  des  états,  et  supplée  à  rinè- 

•  puissance  des  lois...  Trop  long- 

•  temps  séduit  par  des  apparences 
»de  soumission,  par  quelques  ser- 

•  vices  hypocrites,  par  desprotes- 

•  tations  de  fidélité,  le  gouyeme- 
»ment  a  épargné  des  hommes  que 
•l'on  TÎt,  à  toutes  les  époques  de 
»la  réyolution,  en  diriger  les  mou- 
AYemens  et  etf  aiguiser  les  poi- 
«gnards!...  Il  né  suffit  pas  de  re- 

•  chercher  les  coupables,  de  tou-^ 

•  loir  les  punir;  il  fôut  encore  que 

•  la  justice,  d'accord  arec  la  Ten- 
»  geance  nationale,  les  désigne,  et 

•  que  la  clémence  et  la  politique 

•  les  isolent  de  cette  multitude  é- 
»  garée  ouséduite,  derrière  laquel- 
•le  ils  surent  toujours  si  habiie- 
»  ment  se  cacher.  Ce  ne  sera  pas 
•dans  Tordonnance  du  a4  )t>illet 
«que  TOUS  irea  les  chercher;  vous 
»  la  rejetterez  cette  ordonnance, 

•  monument  irrécusable  de  la  lé- 
S)  gèreté,  de  la  faiblesse  des  uns,  de 
»  la  trahison  dès  auti^es.  »  Lorsque 
M.  Michaud  proposa  de  voter  des 
remereimens  en  faveur  des  in- 
dividus qui  s'étaient  armés  pour 
la  cause  royale  pendant  les  cent 
jours,  M.  Je  Labourdoùnaye  s'éle- 
va contre  l'ordre  du  jour,  et  pro- 
posa à  la  chambre  de  déclarerque 
les  troupes  royales  de  la  Vendée, 
de  rOuest  et  dd  Midi  avaient  bien 
mérité  de  la  patrie.  Le  a  janvier 
1816,  dans  la  discussion  relative 
aux  andens  membres  de  la  con- 
vention ^qui  avaient  voté  pour  la 
mort  dans  le  procès  de  Louis 
XVI ,  et  qui  avaient  accepté  des 
places  après  l'événement  du  ao 
mars,  le  comte  de  Labourdonnaye 
s'écria  :  «  Nous  concevons  que 
•  les  crimes  postérieurs  des  régî- 


LAB 

•  cîdes  ne  sont  pas  une  récidif  e^de 
•leur  premier  crime;  mais  ce  ne 

•  sont  plus  des  coupables  ordinai- 
»  res.  Des  hommes  qui  ne  possè- 

•  dent  aucune  vertu,  puisque  la 

•  démence  n'a  pu  les  désarmer, 

•  sont  toujours  dangereux,  et  le 
•bannissenient  de  pareils  hommes 

•  est  commandé  par  l'intérêt  pit* 

•  blic.  »  €e«te  opinion  si  formel- 
lement contraire  au  texte  de  la 
charte  constitutionnelle ,  n'en  fat 
pas  moins  accueillie  par  une  im- 
mense majorité.  Dans  la  même 
session,  on  a  vu  M.  de  Labour- 
donnaye se  prononcer  vivement 
contre  le  ministère  de  la  police,  et 
proposer  d'examiner  si  le  prodoit 
des  impôts  sur  le^  jeux,  ^ir  les 
journaux,  etc. ,  devant  être  perçu 
par  ce  départements  Son  aniioo- 
^é  contre  les  ministres  de  18 1 5 
lui  avait  fait  faire  cette  proposi- 
tion, qui,  cependant^  ne  fut  point 
adoptée;  elle  avait  des  adversaires 
intéressés  trop  puissans.  Dans  les 
sessions  suivantes ,  ce  député  re- 
nouvela son  attaque ,  et  toujours 
par  le  même  motif.  C'est  ainsi 
que  dans  la  discussion  sur  la  loi 
contre  la  liberté  individuelle(i8i6 
À  1817),  après  avoir  reproché  au 
ministre  Decazes  d'avoir  indiqué 
sommairement  le  nombre  des 
personnes  arrêtées  et  détenues  en 
vertu  de  ses  ordres,  il  s'éleva  con- 
tre l'arbitraire  et  l'immoralité  de 
la  police ,  à  cause ,  disait-il ,  des 
moyens  qu'elle  ofl^ait  à  ^  chef 
ambitieux  de  devenir  dictateur. 
Dans  son  discours  contre  le  pro- 
jet de  loi  sur  les  élec^ons^  il  avait 
excité  contre  lui  les  murmures, 
et  s'était  fait  rappeler  à  Tordre. 
Danscdui  contre  le  projet  de  cen- 
sure des  journaux,  on  fut  étonné 


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LAB 

de  Tenteadre'  foire  l'éloge  de  U 
liberté  de  la  presse,  comme  seule 
capable  de  créer  un  esprit  public. 
Mais  sous  le  ministère  suiyant, 
composé  en  partie  d'hommes  at- 
tachés à  la  patrie,  lorsqu'oo  pensa 
on  instant  qu'un  rapprochement 
entre  les  libéraux  et  les  ultras  ne 
serait  pas  entièrement  impossible^ 
au  moyen  de  concessions  récipro- 
ques, le  comte  de  Labourdonna  je 
fit  bientôt  éTaaouir  toute  espèce 
d*espéranoe  par  un  discours  dans 
lequel  il  avanipa,  malgré  réTÎden* 
ce  des  faits,  <|ae  les  ou? rages  dont 
le  gouvernement  fayôrisait  le  dé- 
bit étaient  ceux  dirigés  contre  la 
charte,    la   morale  publique  et 
la  légitimité»  On  est  autorisé  à 
conclure  que  M.  de  LabourdoU'- 
naye  avait  voté  contre  la  loi  sur 
la  censure  des  îoumaux,  seule- 
ment parce  qu'elle  ne  devait  pas 
être  exercée  par  des  hommes  de 
son  choix*  La  loi  sur  le  recrute- 
ment, que  la  France  doit  au  mare* 
chai  Gouvion-Saint-Cyr ,  et  qui 
tendait  à  mettre  le  gouvernement 
à  même  d'avoir  continuellement 
sur  pied  des  armées  nombreuses, 
sans  donner  l'éveil  à  des  puissan- 
ces jalouses  de  notre   ancienne 
gloire;  cette  loi  nationale  fut  l'ob* 
jet  ^P attaques  de  M.  Labourdoa- 
naye»  L'organisation  des  légion- 
nures-vétérans»  et  l'avancement 
par  ancienneté,  sont  les  articles 
contre    lesquels  il  se   prononça 
principalement.  Il  termina  en  de- 
«landant  la  réforme  générale  de 
l'administration  et  des  états-ma- 
jors, et  une  loi  sur  la  responsabi- 
lité des  ministres.  Yotant  ensuite 
contre  le  budget,  sans  discuter  ce- 
lui de  la  justice,  il  se  plaignit  du 
ministre  ainsi' que  de  celui  de  te 


LAB  «115 

police,  en  parlant  de  l'écrit  du 
colonel  Fabvicr,  intitulé  :  Lyon 
«n  1817.  «  Qui  maintiendra,  dit-il, 
•la  dignité  de  la  magistrature,  st 
»le  ministère  public  ne  poursuit 
»pas  un  écrit  qui  accuse  une  cour 
«prévôtale  d'a?oir  rendu  des  ar- 
vrêts  sanguinaiies ,  des  arrêts  qui 
»ne  ressemblent  que  trop  aux  ju- 
ngemens  en  masse  de  1795?  Pour^ 
»quoi  tant  de  sévérité  pour  les 
«écrits  qui  attaquent  les  a£tes  des 
«ministres,  et  d'indifférence  pour 
•ceu^qui  attaquent  les  cours  sou- 
»  veraines?  »  Labourdonnaye  vota 
contre  le  budget  du  ministère  de 
la  police ,  qu'il  présenta  comme 
ayant  été  la  cause  des  troubles  par 
une  réaction  continuelle.  De  là,  il 
parla  de  la  prépondérance  que 
pouvait  avoir  un  ministre  de  la 
police,  par  les  moyens  qu'il  avait 
de  soudoyer  et  de  préparer  le 
crime  ;  enfin  ,  il  parla  des  agens 
dont  elle  se  servait,  et  il  les  repré- 
senta comme  initiés  à  toutes  les 
conspirations.  L'année  suivante, 
le  comte  de  Labourdonnaye  fut 
opposé  à  la  résolution  de  la  cham- 
bre des  pairs,  relative  à  la  loi  des 
élections ,  et  il  termina  son  dis- 
cours par  une  violente  sortie  con- 
tre les  ministres,  à  cause  de  la 
création  de  nouveaux  pairs.  Dans 
la  discussion  sur  la  presse,  il  rom- 
pit, le  premier  du  côté  droit,  le 
silence  que  les  membres  qui  siè- 
gent à  cette  partie  de  la  chambre 
paraissaient  avoir  adopté,à  l'exem- 
ple, de  la  majorité  des  pairs.  Le 
17  mai,  il  parla  contre  la  pétition 
en  faveur  des  bannis  ,  et  bientôt 
après,  lors  de  la  discussion  sur  le 
budget  de  la  guerre,  il  s'écria  : 
.  fc  Quarante  mille  hommes  de  plus 
»ou  de  moins  ne  sont  rien  dans  b 


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9'^ 


LAB 


ttbolaûce  de  l'Europe.  Les  souve- 
«raÎDs  plus  ou  moins  prochaine* 
»  ment  attaqués  par  les  progrès  des 
»  doctrines  subversires  dé  toute  so- 
ft ciété,  sentent  enfin  que  c'est  con* 
»  tre  cet  ennemi  qu'il  faut  se  réu- 
»nir.  Vainement  Youdrions-nous 
»  nous  dissimulertque  c'est  parmi 
«nous  que  s*est  établi  le  foyer  de 
9  ces  doctrines  incendiaires.  C'est 
»du  plus  ou  du  moins  de  tran- 
«quillité  de  la  France  que  les 
»  souverains  attendent  le  salut  de 
»  l'Europe;  l'influence  politique  de 
»la  France  sera  en  raison  des  pro- 
»  grès  qu'aura  faits  son  goureme- 
»ment  dans  le  rétablissement  de 
»  l'ordre,  de  la  morale  et  de  la  re- 
nligion.  Ce  n'est  point  avec  des 
»  armées  plus  ou  moins  uombreu- 
i>ses  que  nous  conquerrons  cette 
»  influence.  N'est-ce  point  assez 
»  qu'une  loi  de  recrutement,  con- 
»  traire  au  système  monarchique, 
»ait  développé  dans  l'armée  un 
»  esprit  de  guerre  et  de  conquête? 
i»  Faut-il,  en  augmentant  cette  ar- 
»  mée  ,  accroître  son  influence  , 
«propager  son  esprit,  le  rendre 
»  national,  en  faire  l'esprit  du  gou- 
»  vernement?  »  Au  commencement 
de  la  session  de  1819  à  1820,  M. 
de  Labourdonnaye  s'opposa  à 
l'admission  de  M.  Grégoire  à  la 
chambre  des  députés,  et  il  s'écria 
qu'il  devait  être  chassé  comme 
indigne  et  comme  régicide.  Le  14 
février,  ce  fut  lui  qui  proposa  l'a- 
dresse faite  au  roi  au  sujet  de  l'as* 
sassinat  du  duc  de  Berri.  Dans  la 
discussion  sur  la  loi  suspensive  de 
la  liberté  indiriduelle ,  il  préten- 
dit qu'il  n'était  pas  question  de 
savoir  si  cette  loi  était  contraire  à 
la  charte,  mais  si  elle  était  néces- 
sitée par  les  dangers  de  l'état  ;  il 


LAB 

ajoutait  que  lorsqu'on  injuriait  les 
mbsionnaires  et  qu'on  nomnoait 
un  régicide  député,  on  ne  pouvait 
refuser  aux  ministres  le  droit 
d'emprisonner.  Le  21  mars,  il 
parla  en  faveur  de  la  nouvelle  loi 
sur  la  censure,  et  il  attribua  tous 
les  malheurs  de  la  France  aux  é- 
crivains  libéraux  qui  renversaient 
la  légitimité  et  la  religion  en  prê- 
chant l'égalité  et  la  souveraineté 
du  peuple.  Le  17  ayril^  il  déclara 
que  les  ministres  avaient  toujours 
le  droit  de  parler  sur  toutes  sortes 
de  questions,  et  que  les  députés 
n'avaient  pas  toujours  le  droit  de 
leur  répondre.  Le  a8  du  même 
mois,  il  demanda  le  rappel  à  l'or- 
dre de  M.  Manuel,  pour  avoir  ci- 
té un  chef  vendéen  pensionné  sur 
la  liste  civile,  après  avoir  été  des- 
titué pour  des  causes  infamantes. 
Dans  la  discussion  sur  la  nouvelle 
loi  des  élections,  il  s'éleva  contre 
celle  du  5  février  1817 ,  parce 
qu'elle  avait  amené  à  la  chambre 
un  régicide  et  des  hommes  tels 
que  M.  Manuel;  enfin,  il  prétendit 
qu'on  pouvait  modifier  les  lois,  et 
que  d'ailleurs  la  charte  avait  été 
octroyée  et  non  pas  consentfe. 
Dans  la  session  suivante,  lors  de 
la  discussion  sur  les  pétitions-,  il 
traita  de  paroles  anarchiqu4|M^d- 
les  du  général  Meynaud  de  La- 
vaud,  qui,  en  déplorant  les  consé- 
quences ftinestes  de  l'arbitraire, 
avançait  que  «  si  les  ministres 
«sont  responsables  devant  la  loi 
»  envers  le  roi,  ils  le  sont  aussi  de- 
nvant  la  nation  et  l'armée.  »  M: 
de  Labourdonnaye  demanda  mê- 
-me  à  ce  sujet  le  rappel  à  l'ordre 
de  ce  député.  Le  même  jour,  dans 
la  même  discussion,  il  s'écria  que 
la  France  ne  voulait  plus  de  dépu- 


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LAB 

tes  do  côté  gauche  ;  son  rappel  à 
Tordre  fut  alors  demandé  par 
MM.  de  Gorcelles  et  Alexandre 
Lameth.  Il  parla,  le  33  février , 
comme  rapporteur  de  la  commis- 
sion chargée  du  projet  de  loi  sur 
la  circonscription  des  arrondisse- 
mens  électoraux.  Rapporteur  de 
la  commission  des  recettes ,  il 
présenta  son  rapport  le  lo  mai 
1891 ,  et  il  termina  son  discours 
par  des  considérations  sur  la  né- 
cessité de  réduire  la  contrihution 
foncière.  Le  la  juillet ,  lorsque 
M.  Labbej*de-Pompières  prouva 
que  la  grande  propriété  payait  à 
peine  le  dixième  de  la  contribu- 
tion foncière  et  le  centième  des 
contributions  indirectes,  il  repro- 
cha à  Tauteur  de. ce  discours  de 
n'avoir  pour  but  que  d'appeler 
Tanimad version  publique  sur  la 
majorité  de  la  chambre.  La  car- 
rière législative  de  M.  de  Labour- 
donnaye  est  encore  (i8a3)  en 
pleine  activité  ;  et  naguère  les 
vœux  de  son  parti  et  les  craintes 
de  la  nation  le  citaient  comme 
successeur  prochain  d*un  minis- 
tre opposé,  dit-on,  à  la  guerre 
d'Espagne.* 

LABOUR£AU  (Jkàii-Baptistb), 
né  en  1755,  à  Amay-ie-Duc, 
était  médecin  avant  la  révolution. 
Il  se  montra  l'un  des  partisans  les 
plus  prononcés  de  la  cause  popu- 
laire, et  se  fit  recevoir  membre  de 
la  société ,  des  Jacobins  ;  mais  les 
liaisons  qu'il  eut  successivement 
avec  les  chefs  de  plusieurs  partis 
faillirent  lui  devenir  funestes.  En  ^ 
1794?  il  ftit  incarcéré  comme  en- 
nemi >de  Robespierre ,  et  il  le  fut 
de  nouveau  peu  de  temps  après , 
comme  ayant  pris  part  à  la  cons- 
piration dite  des  Hébert istes.   Il 


LAB  Ï17 

eut  le  bonheur  d'être  le  seul  des 
prévenus  dans  cette  affaire,  ac- 
quitté par  le  tribunal  révolution- 
naire, et  il  reparut  ensuite  aux 
Jacobins,  où  deux  jours  après  son 
acquittement,  il  fit  l'éloge  du  tri- 
bunal qui  l'avait  prononcé,  dis- 
cours qui  respirait  encore  la  ter- 
reur qu'il  avait  éprouvée  devant 
ce  tribunal  de  sang.  Le  3ô  prai- 
rial, Laboureau  reparut  dans  la 
société  populaire  du  Manège  for- 
mée à  cette  époque;  mais  depuis 
la  dissolution  de  cette  société  il  a 
cessé  de  se  mêler  des  affaires  publi- 
ques, et  il  s'est  uniquement  oc- 
cupé de  sa  profession. 

LABRADOR  (lb  chevalier  doh 
Pedro -GoMBz),  était  conseiller- 
d'état  du  roi  d'Espagne,  et  minisr 
tre  de  Charles  IV  à  la  cour  de  Flo- 
rence^ avant  la  révolution  de  1808. 
La  réputation  dont  il  jouissait 
comme  diplomate  lui  valut  alors 
l'honneur  d'accompagner  Ferdi- 
dand  VU  à  Rayonne.  Dès  les  pre- 
mières conférences  que  don  Pe- 
dro Labrador  eut  à  cette  époque 
avçc  M.  de  Champagny,  ministre 
de  Napoléon,  il  fit  voir  qu'on  ten- 
terait en  vain  de  le  faire  entrer 
dans  les  vues  de  l'empereur,  et 
fut  bientôt  remplacé,  sous  le  pré- 
texte qu'il  n'était  pas  d'un  rang 
égal  à  celui  du  duc  de  Cadore. 
Don  Pedro  Labrador  suivit  le  roi 
d'Espagne  en  France,  et  il  parta- 
gea son  exil  jusqu'en  181 4*  ^  cet- 
te époque,  il  rentra  dans  sa  patrie, 
fut  nommé  conseiller- d'état,  et 
peu  de  temps  après  ambassadeur 
en  France  et  au  congrès  devien- 
ne. Il  y  fit  partie  du  conaité  géné- 
ral des  huit  puissances  qui  avaient  V 
eu  part  au  traité  de  Paris;  et  dans 
la  discussion  sur  l'abolition  de  la 


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2l8 


LAB 


traite  des  Noirs,  il  s'opposa  forte- 
ment à  l'abolition  immédiate  ré«> 
elamée  par  lord  Castiereagh.  Il 
représenta  que  cette  mesure  com- 
pçomettraît  les  intérêts  de  l'Espai- 
gne,  à  <^ause  de  la  situation  des 
colonies  de  Cuba  et  de  Porto-Ri- 
eO)  dans  lesquelles  l'introduction 
des  Nègres  était  nécessaire  pour  le 
soutien  d'établissemens  nouvelle-* 
ment  commencés,  et  que  d'ail- 
leurs l'Espagne,  par  le  traité  du  5 
juillet  1814,  s'était,  il  est  vrai, 
engagé  à  s'occuper  de  Tabolitioa 
de  la  traite,  mais  qu'elle  l'avait 
ensuite  fixée  à  8  ans,  et  seulement 
d'après  les  instances  de  Tambas-^ 
sadeur  anglais.  Don  Pedro  Labra- 
dor termina  son  discours  en  disant 
que  l'Angleterre  pressait  trop  la 
conclusion  d'une  ^affaire  que  le 
parlement  britannique  avait  dis- 
cutée pendant  plusieurs  années, 
et  qui  était  dans  le  seul  intérêt  de 
l'Angleterre.  S'il  ne  montra  pas 
dans  cette  circonstance  une  gran-^ 
de  philantropie,  au  moins  prou- 
va-t-tl  qu'il  n'était  nullement  du* 
pe  de  la  politique  du  gouverne- 
ment britannique.  A  la  fin  du  mois 
de  mars  181 5,  il  reçut  l'invitation 
faite  au  roi  d'Espagne  par  les  plé- 
nipotentiaires de  Russie,  diAngle^ 
terre,  de  Prusse  et  d'Autriche, 
d'accéder  au  traité  d'alliance  cou" 
du  contre  Napoléon  le  a5  du  mê- 
me mois,  et  il  répondit  que  l'Es- 
pagne ne  prendrait  part  à  aucun 
traité,  que  comme  partie  princi- 
pale. Le  chevalier  Labrador  sou- 
tint avec  la  même  fermeté  l'hon- 
neur de  sa  nation  dans  le  mois 
de  f  uin  de  la  même  année ,  et  re- 
fusa de  participer  à  aucun  acte 
contraire  à  la  restitution  immé- 
diate dos  duchés  de  Parme,  Plai- 


LAB 

sanoe  et  Guastalla;  mftis  ses  ei&rts 
furent  infructueux.  Les  quatre 
grandes  puissances  disposèrent  de 
ces  états  sans  égard  aux  droits  de 
l'Espagne,  et  le  chevalier  Labra- 
dor en  fut  réduit  à  la  formule  or- 
dinaire d'une  protestation,  et  au 
refus  de  sa  signature.  Le  congrès 
de  Vienne  terminé,  il  retourna  en 
Espagne,  et  fut  ensuite  nommé  à 
l'ambassade  de  Naples. 

LABRAGERESSE  (Paiy^iv 
BoNRBT  de),  docteur  en  médecine^ 
naquit  vers  17349  ^  Monde,  et  est 
nwrt  dans  cette  ville  le  i5  novem- 
bre 1804.  On  a  de  lui  un  Mémoi^ 
re  sttr  in  rage,  inséré  dans  les  mé- 
moires de  la  société  royale  de  mé^ 
decine,  et  un  autre  ouvrage  inti*- 
tulé  la  PalsatiUe;  ils  sont  très- 
estimés  ,  et  Labrageresse  leur 
doit  sa  réputatioa  dans  le  monde 
savant.  Ses  talens  <omme  prati- 
cien l'ont  aussi  fait  connaître  a- 
vantageusement ,  et  il  jouissait 
de  l'estime  de  ses  concitoyens  au 
double  titre  de  savant  et  d'bon- 
néte  homme. 

LABRETONNIÈRË  (N.),  nom- 
mé en  1 8a  1  membre  de  la  chambre 
des  députés  par  le  département 
de  la  Drome.  Son  admission  00- 
casiona  des  débats  assez  .vifs  par 
les  réclamations  des  députés  du 
côté  gauche  de  l'assemblée,  qui, 
sans  lui  contester  d'avoir  réuni  ea 
sa  faveur  le  vœu  de  la  majorité  des 
électeurs  de  Montelîmart ,  se  plai- 
gnaient de  l'omission  des  formalités 
exigées  impérieusement  parla  loi, 
et  qui  seules  rendent  une  élection 
valide.  Les  députés  du  côté  droit 
et  du  centre  soutinrent  que  les  élec- 
teurs ayant  procédé  de  bonâe  fd , 
cela  suffisait  pour  valider  l'éleo- 
tion.  Ils  ne  prévoyaient  pas  sans 


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LAB 

éoote  les  nombreux  abus  auxquels 
ane  pareille  conclusion  ouyrait 
)a  porte  9  et  malgré  les  réclama-^ 
IfOBS  les  plus  fortes^  Mi  Labreton- 
nlère  fut  aâmts  et  se  plaça  au  cen- 
tre. 

LÂBRIFFE  (ÀVOUSVB9  gohtsùb), 
était  sous-lieutenant  au  régiment 
des  dragons  de  la  Reine  ayant  la 
réyolution.  Admis  au  nombre  ét$ 
courtisans  de  Napoléon,  il  fut  nom" 
mé  son  chambellan.  L'eaipereur 
le  chargea^  en  iSii,  de  portera 
N^ples  la  nouvelle  de  la  naissance 
de  son  âls.  Le  comte  de  Labriffe 
fut  décoré  à  cette  occasion  du 
gtand-»coitlon  de  Tordre  des  Deux- 
Sieiles.  Après  les  érénemens  de 
1814,  il  fut  nommé  capitaine  dans 
la  garde  nationale  à  cheval  de  Pa« 
ris,  lors  de  l'arrivée  de  Monsieur 
en  cette  ville;  devint  ensuite  sous<* 
Keutenantdes  cbevau-légers,  et  fut 
décoré  de  la  croix  de  Saint*LouÎ8. 
Datis  le  mois  de  juillet  18  iS,  il 
présida  le  collège  électoral  du  dé« 
partement  de  TAube,  qui  le  cboî-» 
sit  pour  son  député  à  cette  cham- 
bre, qui  fut  dissoute  par  l'ordon- 
nance du  5  septembre.  Il  y  avait 
fait  preuve  de  modération,  en  vo- 
tant avec  la  minorité.  En  1816,  le 
comte  de  Labriffe  obtint  le  com-» 
nfiandement  des  dragons  de  la 
Manche,  et  la  même  année,  il  fut 
réélu  à  la  chambre  des  dépu- 
tés. 

LABROQDËRË  (F&asçois-Rat- 
HOirtHLuG  de)  ,  professeur  de  droit 
en  Tuniversité  de  Toulouse ,  na-> 
t}ult  dans  cette  ville  le  18  octobre 
1725.  Les  rares  talens  qu'il  dé- 
ployait lorsqu'il  fréquentait  le 
barreau,  lui  firent  des  ennemis  qui 
lui  disputèrent,  non  par:  une  ho- 
norable lutte  de  talens^  mais  par 


LAB  219 

de  lâchés  ealcwanie»,  la  cbaire 
de  polesseur,  et  ils  remportè- 
rent. Labroquère  ne  se  découra- 
gea point;  plusieurs  fois  il  rentra 
dans  la  lice  ;  enfin  au  quatrième 
eoncdifiTi,  en  1766,  il  fut  nommé, 
et  l'approbation  de  ce  choix  fut 
générale^  Depuis  lors ,  jusqu'à 
Pépoque  delà  révolution,  il  exer- 
ça ses  foncdons  avec  autant  de  di^ 
gnité  que  de  science  et  de  succès. 
Labroquère  écrivait  et  parlait  le 
latin  et  le  français  avec  une  égaie 
pureté.  Parmi  ses  ouvrages,  on 
compte  les  traités  suivans,  tous 
marqués  au  coin  des  véritables 
connaissances  :  i*"  Inêiitutioniba» 
Juriê  civilis;  a*  De  -servit ut ibus; 
S*  De  Soluto  tnatrimenio  ;  4*  ^^ 
moine  sur  les  noces  des  Romains^ 
5<^  Mémoire  sur  les  différens  peu- 
ples placés  entre  l' Armorique  et^ 
l* Aquitaine  pendant  les  premier^ 
siècles  de  l'empire  romain.  Ce  sa-^ 
vaut  professeur  mourut  en  1810. 
LABRODSS£  (Svzaknb)  ,.née  à 
Vauxin,  dans  la  ci-devant  province 
du  Périgord,  vers  i^4^>  ^^  ^^^^ 
appelée  dès  son  enfance  à  deve- 
nir une  prophétesse,  une  sainte.. 
Son  imagination  ardente  lui  re- 
présentait sans  cesse  la  béatitude 
éternelle;  c'était  l'objet  de  tous 
Bes  vœuxt  Couchée  sur  le  dos,  elle 
passait  des  journées  entières  à  con- 
templer le  ciel ,  et  pour  y  monter 
plus  tôt,  elle  tenta ,  âgée  de  9  ans, 
de  s'empoisonner,  en  avalant  des 
araîgnéesé  Cette  espèce  de  folie  ne 
fit  que  s'accroître,  et  à  20  ans,  elle 
voulut  courir  le  monde  pour  ré- 
former l'égLise  et  les  moeurs  des 
grands.  £lle  céda  néanmoins  aux 
sages  conseils  de  l'évêque  de  Pé'- 
rigueux,  et  retarda,  pour  le  mo« 
ment,  son  pèlerinage.  Alals>  quand 


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220  LAB 

la  réyolution  éclata  «  le  chartreux 
DON  Gbrle  \toyez  ce  nom),  autre 
illumiDé,  ayant  proclamé  5  dans 
Tenceinte   même  de  l'assemblée 
constituante,  le  nom  de  Suzanne 
Labrousse,  dont  il  exaltait  les  ver- 
tus   prophétiques,    rien   n'arrêta 
plus  cette  visionnaire.  Elle  entre- 
prit le  voyage  de  Rome ,  pour  y 
prêcher  le  pape  lui-même,  disant 
qu'elle  s'élèverait  dans  les  airs  aux 
yeux  des  habitàns  de  cette  ville, 
si   le    souverain  pontife  refusait 
d'accéder  aux  conditions  qu'elle 
lui  proposerait.  Le  saint -père,  au 
lieu  d'écouter  les  sermons  de  Su- 
zanne, la  fit  enfermer  au  château 
Saint- Ange,  d'où  elle  ne  sortit 
qu'en  1798,  Ws  de  l'entrée  des 
troupes  françaises  en  Italie.  '  M"* 
Labrousse  revint  à  Paris,  et  ne 
pouvant    prophétiser  et   pérorer 
publiquement,  elle  composa  des 
ouvrages  mystiques,  commenta  la 
Bible  et  V Apocalypse,  Elle  n'était 
pas  dénuée,  à  ce  qu'il  paraît,  de 
quelque  éloquence;  car  elle  a  fait 
des  prosélytes  parmi  des  hommes 
distingués.  L'évêque  Gontard,  en- 
tre autres,  fut  un  de  ses  prôneurs. 
«C'est  dans  les  cahiers  de  M^'*  La- 
«brousse,    écrivait-il  en    179a, 
«qu'il  faut  apprendre  à  connaître 
9  la  religion,  non  point  cette  reli- 
ngîon  que  les  vices   de  l'ancien 
»  clergé  ont  rendue  si  différente  de 
^  son  origine ,  mais  cette  émana- 
X  tion  pure  des  lumières  célestes , 
)»  etc.  »  Parvenue  à  un  âge   tirès- 
avancé,  elle  habite  encore  aujour- 
d'hui la  capitale,  et  rachète  ses 
erreurs  passées    par  la  pratique 
de  toutes  les  vertus  chrétiennes. 
Elle  a  publié,  en  1797,  un  volume 
de  prophéties. 

LABROUSSE-BEAUREGARD , 


LAB 

après  avoir  été  chanoine  régulier 
de  Chacelade,  devint  prieur -curé  . 
de  Champagnolles.   En  .17B9,.  le 
cleicgé  de  la  sénéchaussée  de  Sain- 
tes l'élut  député  aux  états-géné-  . 
raux.  Il  se  fit  peu  remarquer  pen- 
dant l'assemblée  constituante,  .et  , 
signa  les  protestations  des  la  et  i5 
septembre  contre  les  décrets,  de 
cette  assemblée. 

LABROUST£(FKi]!rçois-MiiiiE- 
Alexandbe),  ex-membre  du  con^ 
seil  des  cinq-cents  et  du  tribunat, 
ex-administrateur  de  la  caisse  d'à-  . 
mortissement ,  membre  de  la  lé-  . 
gion-d'honneur,  s'est  fait  remar- 
quer pendant  la  durée  de  ses 
fonctions  législatives  par  des  tra- 
vaux importans  d'utilité  publique. 
Le  département  de  la  Gironde  le 
nomma,  en  1796,  député  au  con- 
seil des  cinq-cents.  Au  mois  .de 
juillet  1797,  M.  Labrouste  soumît 
les  projets  de  résolution  pour  la 
réunion  des  lois  sur  les  fermages. 
Le  trésor  public  poursuivait  une 
rentrée  de  ao  millions;  et  le  tra- 
vail à  ce  sujet,  nonobstant  les  ar- 
rêtés du  conseil ,  était  sans  cesse 
retardé.  Le  a5  juillet,  il  insista  for- 
tement pour  la  discussion  de  deux 
projets  qu'il  présentait  sur  cette 
affaire.  Enfin  ils  furent  adoptés  a- 
vec  différens  amendemens.  Dans 
la  séance  du  4  septembre  (1797)» 
il  demanda  la  radiation  du  nom  de 
Duprat  de  la  liste  des  députés  dé- 
portés; dans  celle  du  14  octobre 
suivant,  il  combattit  la  proposi- 
tion de  l'établissement  d'une  ins- 
pection-générale pour  le  recouvre- 
ment des  contributions  directes; 
et  dans  celle  du  a4  novembre  de 
la  même  année ,  il  exposa  l'état 
d'abandon  dans  lequel  se  trou-^ 
valent  les  hospices  civils  de  Bor- 


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LAB 

deaux.  Sur  sa  proposition,un  mes- 
sage au  directoire-exécutif  fut  dé- 
crété, à  l'effet  de  réclamer  toute 
Texécution  de  la  loi  du  16  vendé- 
miaire an  5.  Le  3o  janvier  i?g9, 
il  prit  part  à  la  discussion  sur  l'im- 
pôt des  sels,  et  vota  en  faVcur  de 
l'impôt  ;  le  3  mai ,  voulant  sous- 
traire à  la  mort  les  émigrés  nau- 
frages à  Calais  9  il  proposa  leur 
déportation.  La  révolution  du  1 8 
brumaire  an  8  (9  novembre  1 799) 
ayant  fait  renouveler  la  législatu- 
re, M.  Labrouste,  qui  avait  été 
renommé  au  conseil  des  cinq-cent!s 
pour  1799,  devint  membre  du  tri- 
bunal, dont  il  fut  élu  secrétaire  le 
24  octobre.  i8o5.  Il  fit  partie  de 
cette  assemblée  jusqu'à  sa  disso- 
lution en  1807.  Administrateur 
de  la  caisse  d'amortissement  de- 
puis cette  époque,  il  perdit  cette 
place  en  181 5,  par  suite  de  la  sup- 
pression de  la  place  même; 
mais  il  fut  nommé,  le  26  juin  18 1 6, 
en  qualité  de  commissaire-liqui- 
dateur pour  l'apurement  des  comp- 
tes de  tous  les  comptables  de  l'an- 
cienne administration^  sous  la  sur- 
veillance immédiate  du  ministre 
des  finances.  On  doit  à  M.  Labrous- 
te des  Considérations  sur  la  caisse 
d'amortissement,  Paris,  1816.  Il 
avait  donné,  au  mois  de  mai  1 8o4» 
une  preuve  d'un  grand  désinté- 
ressement, en  refusant  la  place  de 
directeur  des  droits-réunis  du  dé- 
partement du  Rhône,  à  laquelle 
U  avait  été  nommé.  M.  Labrouste, 
après  avoir  occupé  des  places  émi- 
nentes  et  rendu  des  services  réels 
à  son  pays ,  est  aujourd'hui  l'un 
des  receveurs  particuliers  des  con- 
tributions de  Paris. 

LABUS  (Jbân),  archéologue,  né 
vers  1776,  dans  le  Brescian^  d'une 


LAB  221 

famille  originaire  de  France,  étu- 
dia à  Brescia,  ensuite  à  Padoue,  et 
il  se  disposait  à  embrasser  l'état 
ecclésiastique,  lorsque  les  Fran- 
çais changèrent  la  forme  du  gou- 
vernement de  son  pays.  Les  cnefs 
de  la  nouvelle  république  Cisalpi- 
ne reconnurent  en  lui  tous  les  ta- 
lens  propres  à  remplir  des  fonc- 
tions importantes,  et  malgré  sa 
jeunesse,  ils  l'envoyèrent  dans  le 
Yéronais,  où  il  justifia  la  conGan- 
ce  qu'on  avait  eue  en  lui.  Sous  le 
gouvernement  de  Napoléon,  il  fut 
chef  de  division  dans  les  bureaux 
de  l'in tendance-générale  des  biens 
,  de  la  couronne  ;  mais  son  amour 
pour  l'étude  l'empêcha  de  recher- 
cher une  place  plus  importante, 
dans  la  crainte  qu'elle  lui  laissât 
moins  de  loisirs.  L'étude  de  l'an- 
tiquité, dont  il  avait  puisé  le  goût 
près  du  célèbre  archéologue  Mor- 
celli,  avait  pour  lui  le  plus  grand 
attrait  :  aussi  passe -t-il  pour  un 
des  hommes  les  plus  habiles  dans 
l'explication  des  monumens.  Il  a 
fait  part  de  ses  découvertes  dans 
différens  ouvrages  en  italien,  aussi 
estimés  pour  la  pureté  du  style  que 
pour  l'importance  des  sujets,  et  il 
a  donné  une  édition  de  trois  opus- 
cules de  l'abbé  Morcelli. 

LABUSSIERE,  simple  employé 
au  comité  de  sûreté  générale,  mé- 
rite de  trouver  place  dans  une  bio- 
graphie, comme  bienfaiteur  de 
l'humanité  et  comme  un  des  nom- 
breux exemples  de  l'ingratitude 
des  grands.  Il  appartenait  à  une 
famille  honorable;  mais  la  révolu- 
tion l'avait  contraint  à  remplir  une 
place  de  commis  dans  les  bureaux 
du  comité  de  sûreté  générale.  Il 
sut  donner  de  l'importance  à  ses 
fonctions,  en  travaillant  une  par- 


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^.22  LAC 

tie  des  nuits  à  détruire  les  pièces 
qui  devaient  servir  à  poursuivre 
une  foule  de  personnes  innocen- 
tes. On  porte  à  4oo  le  nombre  de 
celles  qu'il  sauva  par  ce  moyen, 
et  parmi  lesquelles  étaient  les  ac*- 
teurs  du  Théâtre-Français.  Labus- 
siëre  fit  connaître  ces  actes  par  des 
mémoires  qu'il  publia  en  180 5;  les 
comédiens  français  donnèrent  une 
représentation  en  sa  faveur;  mai^ 
nous  sommes  fâchés  de  dire  que 
cet  exemple  de  reconnaissance  ne 
fut  point  imité  par  plusieurs  pei^- 
sonnages  impoitans  qui  doivent 
leur  existence  au  citoyen  coura- 
geux qui  s'est  dévoué  pour  les, 
sauver.  Labussière  est  resté  dans 
un  état  voisin  de  l'indigence. 

LACATHELINIÈaE  (Lours-Ri- 
PAVLT  de),  l'un  des  chefs  des  ar- 
mées vendéennes,  le  plus  connu 
par  le  courage  et  en  même  temps 
parla  cruauté.  A  la  première  in- 
surrection des  départemens  de 
l'Ouest ,  dan^  le  mois  de  mars 
1793,11  souleva  les  paysans  du 
pays  de  Retz,  et  à  leur  tête,  il 
commença  à  se  faire  connaître 
par  la  prise  du  port  de  Saint-ێ- 
ré  et  de  Bourg-Neuf.  L'arrivée  du 
générai  Beysser  le  contraignit  à 
se  retire^  sur  le  Bocage  ;  mais 
bientôt  après,  il  opéra  sa  jonction 
a^c  Charette,  et  marcha  avec  lui 
sur  Nantes,  d'où  ils  furent  repous- 
sés avec  perte.  Contraint,  après 
cet  échec,  de  rentrer  dans  le  pays 
.de  Retz,  Lacathelinière  y  fut  atta-^ 
que  par  la  garnison  de  Mayence, 
qui  l'en  chassa  malgré  la  coura- 
geuse résistance  qu'il  opposa  long- 
temps à  ses  ennemis.  Il  parvint 
cependant  à  se  réunir  encore  à 
Charette,  se  battit  avec  lui  à  Tor- 
fou  et  à  Montaigu,  et  s'en  sépara 


LAC 

de  nouveau  après  le  passage  de 
la  Loire.  Dans  l'hiver  de  17949  il 
fut  attaqué  par  plusieurs  colonnes 
républicaines,  et  dans  l'impossi- 
bilité où  il  était  de  résister  à  tou- 
tes ces  forces,  aussi-bien  que  de 
se  joindre  à  d'autres  chefs,  il  vou- 
lut licencier  ses  troupes  jusqu'au 
retour  de  la  belle  saison.  Toutefois 
les  officiers  vendéens  ,  entraînés 
par  l'exemple  deCharette,le  déter- 
minèrent à  renoncer  à  ce  projet, 
et  à  faire  de  nouvelles  levées.  Le 
succès  sembla  d'abord  favoriser 
son  audace;  Lacathelinière  battit, 
vers  la  fin  de  février,  la  première 
colonne  républicaine  qui  se  pré* 
senta  à  l'entrée  de  la  forêt  de 
Prince;  mais  vaincu  à  son  tour 
par  de  nouvelles  troupes,  et  bles- 
sé de  deux  coups  de  feu ,  il  fut 
contraint  de  se  cacher  dans  une 
ferme,  où  il  fut  découvert  dès  le 
lendemain  même  de  cette  affaire. 
Conduit  à  Nantes ,  il  y  fut  con- 
damné à  mort  et  fusillé.  Ce  chef 
réunissait,  à  une  haute  valeur  et 
à  des  falens  militaires  très-distin- 
gués, cette  fermeté  dans  les  con- 
seils qui  entraîne  les  esprits.  Mais 
ses  bonnes  qualités  étaient  obscur- 
cies par  sa  férocité.  Les  cruautés 
qu'il  exerçait  de  sang- froid  en- 
vers les  malheureux  prisonniers, 
ses  concitoyens,'  ont  flétri  sa  mé- 
moire, et  ont  donné  lieu  à  ces  ter- 
ribles représailles  qui  dévastèrent 
et  ensanglantèrent  les  belles  pro- 
vinces de  l'Ouest  de  la  France. 

LACAZE  (Joseph),  fils,  négo- 
ciant de  Libourne,  né  en  1751, 
fut  député  à  la  conïention  natio- 
nale par  le  département  de  la  Gi- 
ronde, au  mois  de  septembre  1 792. 
Lacaze  avait  adopté  avec  sincérité 
les  principes  de  la  révolution  ^  et 


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Ibnie^w. 


^,^a^^^?^  t/^^  . 


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LAC 

il  fut  chargé  par  ses  concitoyens 
de  remplir  plusieurs  fonctions  ad* 
mînistratiyes,  ayant  d'être  revêtu 
de  leur  confiance  et  de  leur  man-^ 
dat  à  la  convention.  Dans  le  pro- 
cès du  roi,  il  vota  le  bannissement 
à  la  paix  et  la  réclusion  pendant 
la  guerre.  Attaché  au  parti  de  la 
Gironde,  il  .fut  dénoncé  par  Marat, 
comme  entretenant  une  corres- 
pondance anti' jacobine  avec  son 
collègue  Valazé.  Il  donna  à  ras- 
semblée toutes  les  explications, 
qu'elle  désirait  9  et  offrit  de  sou- 
mettre cette  correspondance  au 
plus  rigoureux  examen.  Lacaze 
ayant  signé  les  protestations  con- 
tre la  révolution  du3i  mai  1795, 
fut  décrété  d'accusation  le  3  octo- 
brcy  et  livré  au  tribunal  révolu- 
tionnaire, qui  le  condamna  à  mort 
le  3o  septembre  1 794  (9  brumai- 
re an  a).  Il  périt  ayant  à  peine 
atteint  sa  4q*  année.  L'année  sui- 
vante, il  fut  demandé  à  la  conven- 
tion la  célébration  annuelle  d'une 
pompe  funèbre  en  l'honneur  de 
cette  victime  de  la  terreur,  et  des 
amis  de  la  liberté  qui  avaient  péri 
sur  l'échafaud. 

LACÈNE  (PiE»aE-JEiN),  lieu- 
tenant au  58"*  régiment  de  ligne, 
est  né  vers  179a,  à  Bordeaux, 
département  de  la  Gironde,  et  fut 
élevé  à  l'école  militaire  de  Saint- 
Cyr.  Il  entra  comme  sous-lieute- 
naht  de  voltigeurs  dans  le  3"'  ré- 
giment qui  faisait  partie  de  la  5"* 
division  du  1"  corps.  Au  combat 
en  avant  de  Mosaîck ,  et  à  l'atta- 
que faite  par  la  division  du  géné- 
ral Compans  dans  les  premiers 
jours  de  septeml>re  181a,  le  sous- 
lieutenant  Lacène ,  alors  à  peine 
âgé  de  ao  ans ,  s^élança  l'un  des 
premiers  dans  une  redoute ,  en 


LAC 


^a^ 


chassa  les  Russes ,  et  s'étant  em- 
paré d'une  pièce  de  canon ,  il  fit 
feu  sur  eux.  Nommé  lieutenant 
peu  de  jours  après ,  il  fut  blessé 
d'un  coup, de  feu  à  la  jambe  à  la 
bataille  de  la  Moskowa ,  et  fait 
prisonnier  dans  la  retraite  le  10 
décembre  suivant.  Etant  parvenu 
à  s'échapper  des  prisons  de  Rusr 
sie,  il  allait  traverser  le  Niémen 
pour  rejoindre  ses  drapeaux,  lors- 
qu'il fut  arrêté  par  les  postes  en- 
nemis. On  le  conduisit  à  Orem- 
bourg  sur  l'Oura,  dans  la  Tartane 
d'Asie,  où  il  est  resté  jusqu'aux 
événemens  de  1S14.  De  retour 
dans  sa  patrie ,  il  a  repu  de  son 
corps  et  du  prince  d'Eckniulh  les 
témoignages  les  plus  flatteurs ,  et 
il  sert  aujourd'hui  dans  le  58"'' 
régiment  de  ligne.  Le  brillant 
début  de  M.  Lacène  promettait  à 
la  grande-armée  un  brave  qui  se 
fût  montré  bien  digne  de  lui  ap- 
partenir. 

LACËPÈDE  (Bernard  Germâin- 
Étienne  La  ville,  comte  de),  est 
né  à  Agen,  le  16  décembre  1756, 
d'une  famille  noble.  Destiné  par 
ses  parens  à  la  carrière  des  armes, 
il  servit  d'abord  quelque  temps 
en  Bavière  ;  mais  entraîné  par  un 
penchant  irrésistible  vers  l'histoi- 
re '  naturelle ,  il  quitta  le  service 
militaire  pour  se  livrer  entière- 
ment à  son  étude  favorite.  Buf> 
fon  introduisait  alors  en  Fran- 
ce, par  la  magie  de  son  style ,  le 
goût  de  cette  science  qu'on  y  avait 
long- temps  négligée.  Ce  grand 
peintre  de  la  nature ,  et  son  col- 
laborateur Daubenton,  distinguè- 
rent le  jeune- Lacepède,  quidevin* 
leur  meilleur  élève.  Ils  iHvent 
obtenir  la  place  de  garde^Br  ca- 
binets au  jardin  du  Boi^  à  Paris  7 


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224 


LAC 


emploi  qu'il  occupait  encore  lors- 
que la  révolution  éclata.  Il  s'était 
déjà  fait  connaître  par  son  Histoi- 
re naturelU  des  quadrupèdes  ovfi^ 
pares  et  des  serpens,  qui  annon- 
çait le  continuateur  de  Buffon. 
Cet  ouvrage  était  tracé  sur  le 
même  plan  que  les  œuvres  du 
Pline  français;  mais  M.  de  Lace- 
pède,  ayant  bientôt  senti  la  néces- 
sité d'adopter  une  méthode  dans 
les  sciences ,  et  connu  le  danger 
de  s'abandonner  à^  tous  les  élans 
du  génie,  d'où  résultent  des  écarts, 
embrassa  quelques  idées  lidnéen- 
nes,  et  son  Histoire  naturelle  des 
po.ssons,  1798,  5  vol.  in-4'>  com- 
posée pendant  la  révolution,  est 
rédigée  d'après  un  système  qui  se 
rapjproche  de  celui  du  naturaliste 
suédois.  M.  de  Lacepède  avait 
donc  un  nom  déjà  européen 
quand  il  entra  dans  la  carrière  po- 
litique qui  s'ouvrait  devant  lui. 
11  fut  d'abord  nommé  adminis- 
trateur de  Pai'is.  Appelé  ensuite 
par  cette  ville  à  l'assemblée  légis- 
lative,  il  fut  élu^  le  28  novembre 
1 791 ,  président  de  la  même  assem- 
blée, et  se  fit  toujours  remarquer 
par  la  modération  de  ses  princi- 
pes. Ne  se  dévouant  à  aucun  par- 
ti ,  il  voulut  conserver  une  attitu- 
de indépendante,  ce  qui  était  fort 
dangereux  alors.  C'est  pendant  sa 
présidence  que  l'assemblée  fit  une 
adresse  au  roi  contre  les  émigrés 
réunis  sur  les  bords  du  Rhin ,  et 
que  la  création  de  la  haute-cour 
nationale  d'OHéans  fut  décrétée. 
C'est  lui  qui  accueillit,  au  nom  de 
l'assemblée,  l'hommage  du  club 
desWhigs  d'Angleterre,  avec  les- 
quefljk^  reprèsentans  de  la  nation 
franPRe  s'unirent  de  sentimens. 
De  concert  avec  M.  Français  de 


LAC 

Nantes,  il  demanda,  à  cette  occa^ 
sion,  que  des  lettres  de  naturalisa- 
tion fussent  accordées  au  fils  du 
respectable  docteur  Priestley,  dont 
quelques  sicaires  du  ministère  bri- 
tannique avaient  brûlé  la  maison  9 
à  cause  de  son  attachement  connu 
à  la  révolution  française.  Après  la 
session,  M.  de  Lacepède  reprit  ses 
occupations  littéraires,  et  traversa 
sans  accidens  et  sans  fonctions  les 
temps  orageux  de  la  révolution. 
£n  1796,  il  fut  nommé  membre 
de  l'institut,  et  trois  ans  après, 
celui  de  Bologne  l'admit  au  nom- 
bre de  ses  associés.  Il  fut  princir 
paiement  chargé  d'organiser  l'ex- 
pédition commandée  par  le  capi- 
taine Baudin.  M.  de  Lacepède  dé- 
signa lui-même,  pour  faire  partie 
de  cette  expédition ,  deux  jeunes 
sa  van  s  qui  se  sont  distingués  de- 
puis, MM.Bory  de  Saint-Vincent  et 
Péron.En  1799,  le  premier  consul 
Bonaparte  l'appela  au  sénat-conser- 
vateur, dont  il  fut  élu  président 
en  1801.  En  t8o5,  lors  de  l'orgar 
nisation  de  la  légion-d'honneur, 
il  fut  nommé  grand-chancelier  de 
cet  ordre;  en  1804»  il  fut  créé  ti- 
tulaire de  la  sénatorerie  de  Paris, 
et  décoré',  en  février  i8o5,  du 
grand-aigle  de  la  légion.  Comme 
membre  du  grand-conseil  d'admi- 
nistration et  président  du  sénat, 
M.  de  Lacepède  porta  la  parole 
dans  toute»  les  occasions  solen- 
nelles qui  signalèrent  la  domina- 
tion impériale.  Entièrement  dé- 
voué à  Napoléon ,  il  consacra  son 
éloquence  à  l'éloge  de  ce  dernier 
et  À  l'apologie  de  toutes  ses  entre- 
prises. Le  12  janvier  1814  9  il  osa 
cependant  parler  de  paix  à  l'em* 
pereur,  à  la  tête  du  sénat,  et  pro- 
nonça ces  paroles  remarquables  : 


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LAC 

<'NoUs  combattons  entre  les  tom- 
I»  beaux  de  nos  pères  et  les  ber- 
»  ceaux  de  nos  enluns.  Obtenez  la 
«paix.  Sire,  et  que  votre  main, 
»  tant  de  fois  viictorieuse,  laisse  é- 
»  chapper  Ie$  armes  après  avoir  si- 
»gné.  le  repos  du  monde,  d  Lors 
de  Tinstallation  du  gouvernement 
provisoire ,  il  fut  privé  de  la  pla- 
ce de  grand-chancelier  de  la  lé- 
gion-d'honneur, qui  fut  confiée 
momentanément  à  M.  de  Pradt. 
Le  4  juin  i8i4,  M.  de  Lacepède 
fut  nommé  pair  de  France  par  une 
ordonnance  royale.  Au  retour  de 
'Napoléon  de  l'île  d  Elbe,  il  refusa 
la  placé  de  grand-maître  de  Tuni- 
Tersité,  qui  lui  était  proposée; 
mais  il  accepta  celle  de  grand- 
chancelier  de  la  légion  -  d'hon- 
neur, et  continua  de  siéger  à  la 
chambre  des  pairs,  dont  il  fut  ex- 
clu par  l'ordonnance  du  roi  du  24 
juillet  181 5.  Il  a  été  rappelé  de- 
puis dans  ce  premier  corps  de  l'é- 
tat. Pendant  le  cours  de  sa  vie  po- 
litique, et  lorsqu'il  remplissait  les 
plus  hautes  charges,  IVl.  de  Lace- 
pède ne  cessa  jamais  d'assister  ré- 
gulièrement aux  séances  de  l'ins- 
titut, de  concourir  à  l'examen  des 
mémoires,  et  (de  faire ,  quand  ses 
autres  occupations  le  lui  permet- 
taient, ses  cours  au  jardin  des  Plan- 
tes, dont  il  était  aussi  l'un  des  plus 
ïéjés  administrateurs.  Les  titres  et 
les  cordons  ne  changèrent  point 
son  caractère,  qui  fut  toujours  ai- 
mable et  bienveillant.  Il  a  publié, 
en  1804  9  V Histoire  naturelle  des 
cétacéeSfCj^uiyde  même  que  son  His^ 
toire  des  quadrupèdes  ovipares  et 
celle  des  poissons,  peut  être  con- 
sidérée comme  la  continuation  des 
oeuvres  de  BulTon.  On  retrouve 
d^ns  les  ouvrages  de  c^  saTfinr  na- 

I.  X. 


LAC 


aa5' 


turaliste  cette  élégance  de  stylç  ^ 
ces  observations  profondes  qui 
rappellent  l'excellente  école  à  la- 
quelle il  appartient.  M.  de  Lace- 
pède éprouva  de  grands  chagrins 
domestiques  ;  la  perte  des  person- 
nes qu'il  avait  le  plus  ainaées  in- 
terrompit ses  travaux,  et  a  peut- 
être  privé  la  France  de  quelques 
ouvrages  utiles,  qu'il  aurait  pu4ui 
donner  encore.  11  ne  s'est  point 
livré  exclusivement  aux  sciences 
et  à  la  politique;  au  milieu  de  ses 
graves  occupations ,  ^  il  a  encore 
trouvé  le  temps  de  cultiver  les  let- 
tres et  les  arts.  Passionné  pour  la 
musique ,  il  a  porté  fort  loin  ^es 
connaissances  dans  cet  art  ;  ou  en 
peut  juger  par  sou  ouvrage  intku* 
lé  :  La  Poétique  de  la  musique , 
1^85,  a  yol.  in-8°.  Il  a  aussi  pu- 
blié deux  romans,  qui  ont  été  fa-' 
vorablement  accueillis  du  public  : 
Ellivai  et  Caroline  ^  2  vol.  in-12;. 
Charles  d'Elfivctl  et  Caroline  da 
Florentinoy  suite  d' Ellivai  et  Cài' 
roline^  3  vol.  in-12.  Outre  les  ou- 
vrages précédemment  cités,  M.  le 
comte  de  Lacepède  a  encore  don-^ 
né  :  Essai  sur  C électricité  naturelU 
et  artificielle,  lySi 9  2  vol.  in-8^;. 
Physique  générale  et  particulière^, 
1782  et  1784,  2  vol.  in-8'';  Elog^ 
de  /?/.  J,  L.  duc  de  Brunswick  ,' 
1786,  in-8";  Eloge  historique  d^. 
ÙaUbenton;  Kues  sur  Venseigm-^^ 
ment  public,  1790,  m-8°;  Notice^ 
sur  Dolomieu.  M.  de  Lacepède  a« 
travaillé  aux  Annales  du  Muséum* 
d'histoire  naturelle,  à  la  Mena-., 
gerie  du  Muséum  et  au  Magasin^ 
encyclopédique,  11  a  aussi  com-, 
posé  des  symphonies  et  des  sona- 
tes. On  recherche  avec  empres-. 
sèment  les  Discours  d'ouverture, 
de  ses  CQ^w•#  au.  jardin  des  Plan-. 


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%^ù 


LAC 


tes  5  qui  formeol  t  Toliime  104*. 
LAGHABSAUSSIÈRE  (  Amgb- 
ÉruanffB-XATiBR  PoisêON  0eJ  9  Ht- 
térateur»  secrétsure  perpétuel  de 
1a  société  pbiiotecbnique  et  de 
celle  des  Enfans  d'Apolk)!!,  mem- 
bre de  plusieurs  sociétés  littérai- 
res de  France  et  de  Tétran^r^  na- 
quit à  Paris»  le  4  décembre  17  5a, 
«t  mouruâ dans  cette  Tille,  le  10, 
septembre  iB^o.  Il  fit  ses  étude» 
ayec  éclat  au  collège  des  Quatre-  ^ 
Nations»  le  même  dans  lequel  son 
f  ère ,  avocat  distingué  au  parle- 
ment de  Paris,  a^ait  été  pension- 
naire en  qualité  de  gentilhomme 
flamand.  Lacbabeaus8ière,d*abord 
destiné  à  l'état  ecclésiastique,  pré- 
'  fera  la  profes^on  des  armes ,  et 
f^tadmis  dans  les  gardes-du-corps 
de  M.  le  comte  d'Artois,  aujour- 
d'hui Monsieur*  Ce  fut  dans  ce 
corps  qu'il  se  lia  de  la  plus  tendre 
amitié  avec  D£deyrac,qul  y  servait 
au8si,et  qu'ils  composèrent  ensem- 
bleletir  premier  ouvrage^  l* Éclipse 
totale,  opéra-comique  qui  eut 
beaucoup  de  succès,et  qui  l'ut  sui- 
TÎ  d'un  autre  non  moins  favorable-^ 
ment  accueilli,  Jzémia,oulesSaU' 
pages.  Ce  fut  encore  Daleyrac  qui 
fit  la  musqiue  de  Gulisian ,  ou  U 
HulU  de  Samaroande ,  paroles  de 
Lachabeaussièrè  et  de  M.  Etienne. 
D'autres  compositeurs  se  chargè- 
rent de  faire  la  nHisique  des  jolis 
opéras  de  Caroline  deLichtefleld, 
de  VEmbarras  du  choix,  etc.ll  fit» 
en  outre,  plusieurs  comédies,  par- 
mi lesquelles  on  remarque  les  /l/n- 
ris  corrigés,*  la  Confiance  dange^ 
reuse,  les  Deux  Fourbes,  etc.  Le 
yaudevillelni  doïtiÀttendre  etCou- 
rir,  Lasthénie,  etc.  Après  un  long, 
fntervalle  employé  à  des  travaux 
littéraires  d'une  autre  nature»  et 


LAC 

peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  fit 
recevoir  au  théâtre  Feydeau  deux 
ouvrages  dont  l'admission  eut  lieu 
à  l'unanimité ,  et  qui  sans  doute 
seront  bientôt  donnés  au  public  ; 
ils  ajouteront  à  la  gloire  de  cet  es- 
timable et  spirituel  auteur.  Ou 
connaît,  par  la  lecture  qu'il  en  a 
faite  dans  différentes  sociétés  lit-* 
téraires,  sa  traduction  en  prose 
poétique  de  l'Enéide,  et  l'on  s'é- 
tonne que  l'auteur  n'ait  pas  rendu 
cet  ouvrage  public.  Sans  décider 
la  ^question  tant  et  depuis  si  long- 
temps agitée,  de  l'utilité  et  du  de- 
gré de  fidélité  des  traductions  en 
prose,  même  poétique,des  poètes» 
on  ne  verrait  pas  sans  intérêt,  pa- 
raître un  ouvirage  auquel  Lacha- 
beaussièrè a  mis  tous  ses  soins»  et 
pour  lequel  il  avait  une  grande 
prédilection.   Peu  de  poètes  ont 

^réuni  autant  de  grâces  qu'il  en  a 
développé  dans  ses  poésies.  On  a 
de  lui  une  traduction  eja  vers  li-* 
bres  à^ Anacréon,  et  nombre  d'u- 
pologues,  dans  lesquels  la  morale 
la  plus  pure  se  trouve  embellie 
par  l'harmonie  habituelle  d'une 
poésie  pleine  de  pensées  douces 
et  d'images  ingénieuses  qui  flat- 
tent le  cœur  et  plaisent  à  l'esprit. 
A  un  talent  distingué,  Lachabeaus- 
sièrè unissait  La  modestie.   Il  ai-* 

^mait  à  obliger,et  ses  conseils»  gai- 
dés  par  le  goût  »  ont  été  souvent 
utiles  à  ses  jeunes  confrères.  Il 
leur  rendait  même  un  autre  genre 
de  services, aussi  bien  qu'aux  hom- 
mes de  lettres  qui  formaient  sa  so- 
ciété habituelle.  Amateur  enthou- 
siaste de  l'art  de  la  comédie,  et 
paraissant  sur  les  théâtres  de  so- 
ciété avec  un  succès  qui  eût  fait 
honneur  à  un  acteur  de  profession»  • 
H  réciftait  devant  eux»  avec  toute 


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LAC 

rki^piratîon  qu'ils  auraieni  pu  y 
mettre  Bux^mêmes 9  leurs  propres 
proddctiong^et  leur  fournissait  ain- 
si les  moyens  de  )ug;er  d'ayance 
l'effet  qu^elles  devaient  produirez 
Lachabeaussière  a  couru  ^e$  dan- 
gers à  Tune  des  époques  les  plus 
orageuses  de  la  révolution.  Il  fut 
arrêté,  lui,  sa  femme  et  ses  filles, 
sur  la  présomption  qu'il  avait  don- 
né un  asile  secret  au  député  Ju- 
lien de  Toulouse,  qu'il  ne  connais- 
sait même  pas.  Inscrit  sur  la  liste 
du  tribunal  révolutionnaire  pour 
te  10  thermidor,  quelques  jours 
avant  cette  époque,  il  composa 
des  vers  pour  sa  femme,  et  chargea 
un  d^ses  compagnons  d^infortune 
de  les  lui  faire  parvenir  à  la  mai- 
son d'arrêt,  dite  de  la  Bourbe ,  où 
elle  était  enfermée.  La  révolution 
du  9  thermidor  an  »  (27  juillet 
1794)  lui  fit   rendre  la  liberté, 
ainsi  qu'à  sa  femme,  ses  filles  et 
tant  d'autres  infortunés,  victimes 
de  la  tyrannie  de  Robespierre.  En 
1796,  Lachabeaussière  fut  désigné 
par  le  conseil  des  cinq-cents,  com- 
me un  des  hommes  de  lettres  à 
employer  pour  l'instruction  de  la 
jeunesse.  En  1 798 ,  il  devint  ad- 
ministrateur de  l'Opéra;  mais  Tan^ 
née  suivante,on  lui  intenta  un  pro- 
cès^  en  dilapidation,  dont  le  justifia 
pleinement  un  jugement  solenneL 
Depuis  ce  temps  jusqu'à  sa  mort, 
il  ne  s'occupa  plus  que  de  travaux 
littéraires.   Outre  ses   pièces    dé 
théâtre^  il  a  publié:  1'  Catéchis- 
me français,  on  Principes  de  mor 
raie,  en  vers;  a**  Œuvres  diverses, 
dans  lesquelles  ou  remarque  des 
esssHS    de    traductions     en    vers 
d'Homère,  de  Virgile ,  d'Horace , 
etc.,  1811,  in-8'*;  5'  Poésies  g(H 
Unit  s  et  ^raeieases  tCAnacrécn  , 


LAC  JSkVty 

Bion,  MoschusyCaiuHe  et  Horace^ 
traduites  on  imitées  envers,  i8o3, 
in-S";  4°  Apologues  motaax,  in- 
8%  i8i4;  5Ma  traduction  de  T/- 
bulUf  publiée  sous  le  nom  de  Mi- 
rabeau ,  et  qu'il  a  réclamée  corn* 
me  étant  son  ouvrage. 

LACHABEAUSSIÈRE  (Poisson  . 
de),  minéralogiste,  membre  de  la 
légîon-d'honneur,  frère  puîné  du 
précédent,  est  né  le  6  août  1755. 
Il   a  rempli    successivement  les 
places  d'agent  temporaire,   d'ins- 
pecteur et  de  directeur^dans  le^ 
mines  des  ci-devant  provinces  du 
Limousin ,  de  la  Navarre ,  et  dans 
le  département  de  la  Loire-Infé- 
j'ieure.  Il  a  eu  pendant  quelque 
temps  la  direction  des  salines  de 
Cette   dans  l'ancien  Languedoc. 
En  1795,  il  ne  fut  pas  employé,  à 
cause  de  sed  opinions  politiques, 
dans  le  corps  qui  s'organisait  a- 
lors.  En  18 15,  la  réunion  de  la 
direction  -  générale  des  mines  à 
l'administration    des    ponts  -  et- 
chaussées  9  fit  perdre  à  M.  de  La- 
chabeaussière l'emploi  qu'il  occu- 
pait dans  les  bureaux  de  la  direç- 
tion^générale.  Les  auteurs  d'une 
biographie  rapportent,    qu'ayant 
servi  en  1776,  dans  les  gardes-du- 
corps  de  M-,  le  cotnte  d'Artois,  au- 
jourd'hui Monsieur  (et  nous  pen- 
sons qu'ils  confondent  M.  Lacha- 
beaussière le  minéralogiste,  avec 
son  frère  le  littérateur,  qui  y  ser- 
vit bien  réellement,  circonstance 
dont  ils  ne  parlent  pas),  il  entra, 
en  18149  comme  surnuméraire, 
dans  les  gardes  de  la  porte  du  roi; 
mais  la  licenciement  de  ce  ^ps 
le  priva  de  son  emploi ,  et  il  se 
trouva ,  ajoutent  les  mêmes  bio- 
graphes, aprè»  4^  atis  de  services, 
sans  place  ot  sans  pension.  Ù.  de 


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2StS 


LAC 


•  Lachabeaussière  a  coopéré,  dans  la 
même  année,  a\ec  M.  Vîton  de 
Saint-Allais,  à  la  publication  du 
1"  volume  du  Nobiliaire  univer'^ 
«e/.  Il  a  fait  impH mer,  en  1816, 
une  pièce  de  Vers  sur  le  retour 
de  Louis-le-Désiré,  Peu  de  temps 
avant  la  publication  de  cet  opus- 
cule, il  reçut  du  roi  la  décoration 
de  la  légion-d'hooneur. 

LAC  H  AISE  (le  baron  de)  ,  an- 
cien mare  chai- de-cjamp  et  préfet 
du  Pas-de-Calais ,  est  né  à  Aulun 
en  1744*  Il  ctait  officier  supérieur 
dans  le  régiment  de  cavalerie 
Royal-Normandie,  avant  1789,  et 
il  parvint  au  grade  de  général  de 
brigade  dans  les  premières  cam- 
pagnes de  la  révolution.  Il  se  re- 
tira ensuite  à  Beauvais,  où  il  oc- 
cupa d'abord  différentes  fonctions 
publiques,  et  dont  il  était  devenu 
maire  en  i8o3,  lors  du  passage 
du  premier  consul  Bonaparte  dans 
cette  ville  pour  le  camp  de  Bou- 

^  logne.  M.  de  Lachaise  fut,  à  cette 
époque,  nommé  préfet  du  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais ,  dont  le 
collège  électoral  le  présenta  l'an- 
née suivante  comme  candidat  au 
sénat-conservateur.  Pendant  tou- 
te son  administration  comme  pré- 
fet, le  baron  de  Lachaise  fit  exé- 
cuter avec  une  rigueur  inflexible 
les  décrets  impériaux,  et  montra 
un  dévouement  sans  bornes  ù  ce 
gouvernement.  Comme  orateut*, 
il  remporta  la  palme  sur  tous  les 
panégyristes  de  l'époque.  »  Tràn- 
»  quilles  sur  nos  destinées,  disaît- 
»il  ù  Napoléorx  (devant  Tétat- 
»  major  de  l'armée  au  camp  de 
»  Montreuil),  nous  savons  tous  que 
j»pour  assurer  le  bonheur  et  la 
»  gloire  de  la  France,  pour  rendre 
]»à  tous  les  peuples  la  liberté  du 


LAC 

»  commerce  et  des  mers ,  et  fixer 
«enfin  la  paix  sur  la  terre.  Dieu 
«créa  Bonaparte  et  se  reposa.  » 
En  1814  >  le  baron  de  Lachaise  se 
prononça  avec  la  même  éloquence 
pour  la  cause  royale,  et  obtint  la 
croix  de  la  légion-d'honneur  du 
duc  de  Berri,  qu'il  avait  reçu  chez 
lui.  Il  perdit  sa  place  en  18 15,  au 
retour  de  Napoléon  de  l'île  d'Elbe, 
et  n'a  pas  été  employé  depuis  la 
seconde  rentrée  du  roi.  Le  baron 
de  Lachaise  vit  retiré  à  Beauvais. 

LACHAPELLE  (le  comte  de)  , 
maréchal-de*camp,  eut,en  1790,10 
commandement  des  troupes  char- 
gées de  maintenir  la  tranquillité 
dans  Lyon;  mais  il  fut  bientôt 
accusé  d'être  entré  dans  une  cons- 
piration royaliste  découverte  à  cet- 
te époque ,  et  fut  destitué  dans  le 
mois  de  décembre  de  la  même  an- 
née. Le  comte  de  Lachapelie  émi- 
gra  alors,  rejoignit  les  princes ,  et 
fut  nommé  major-général  de  leur 
armée  en  1792.  En  1796,  il  fît 
partie  du  corps  de  débarquement, 
commandé  par  loVd  Moira,  et 
accompagna  le  comte  d'Artois  à 
l'île  Dieu.  Arrêté  en  1802,  à  Bay- 
reuth ,  avec  plusieurs  autres  émi- 
grés, il  perdit  sa  correspondance , 
et  ne  tarda  cependant  pas  à  obte- 
nir sa  liberté.  Il  est  mort  en  An- 
gleterre. 

LACHAPELLE  (l'abbé  de),  na- 
quit vers  1710,  et  se  livra  à  l'étu- 
de des  mathématiques,  science  à 
laquelle  il  a  rendu  des  services 
très-importans.  Vivant  dans  la  re- 
traite, où  il  pratiquait  la  philoso- 
phie ,  il  partagea  son  temps  entre 
le  travail  et  la  société  de  quelques 
sa  vans.  Il  n'en  fut  pas  moins  nom- 
mé censeur  royal,  membre  des  a- 
cadémies  de  Lyon  et  de  Bouen, 


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LAC 

el  de  !â  société  royale  de  Londres. 
Il  est  mort  à  Paris  vers  1792.  Oa 
lui  dpît  plusieurs  découvertes  uti- 
les, consignées  dans  ses  nombreux 
ouvrages;  les  principaux  sont  :  1" 
Discours  sur  l'étude  des  mathéma- 
titfues^  in- 12,  Paris,  174^;  a"*  Z"^- 
titutions  de  géométrie^  2  vol.  in-8°, 
174^;  Traité  des  sections  coniques- 
et  autres  courbes  anciennes  ^  ap^ 
pliquées  et  applicables  à  la  prati- 
que  des  différens  arts^  in -8",  i75o/ 
4"  l^Art  de  communiquer  ses  idées, 
avec  des  notes  critiques  et  philo- 
8ophiques,^  Paris,  in- 12,  1763  ;  5* 
le  Ventriloque,  ou  l'Engastrimy- 
the,  2  part,  in- 1 2,  Londres  et  Paris, 
1^72  :  ouvrage  intéressant,  et  le 
plus  complet  qui  existe  encore  sur 
ce  sujet,  dans  lequel  Tauteùr  prou- 
ve qu'on  peut  expliquer  les  ora- 
cles et  plusieurs  faits  miraculeux, 
au  moyen  de  l'engastrimysme  , 
ou  de  la  faculté  qu'auraient  cer- 
tains individus  de  jeter  à  de  gran- 
des distances  des  voix  dans  l'air, 
ou  d'en  faire  sortir  de  la  terre.  Les 
effets  de  celte  faculté  étaient  con- 
nus dans  les  temps  anciens,  et  c'est 
de  cette  manière  qu'on  explique 
l'évocation  de  l'ombre  de  Samuel 
par  la  pythonisse  d'Endor  devant 
Saiil.  Enfin,  en  1774?  l'abbé  de 
Lachapelle  a  publié  son  Traité  de 
la  construction  du  scaphandre,  ou 
du  bateau  de  l'homme,  Paris,  in-8\ 
Au  moyen  de  cet  appareil ,  fait  de 
liège ,  l'homme  peut  marcher  sur 
un  fleuve,  et  l'auteur  a  fait  plu- 
sieurs fois  lui-mêm€  l'essai  de 
celte  découverte  sur  la  Seine. 

LACHAPELLE(madame  veuve), 
célèbre  sage-femme  et  professeur 
en  chef  à  l'hospice  de  la  Materni- 
té, naquit  à  Paris  vers  1776.  Sa 
ttîère,  M"*  Dugucs,  professeur 


LAC  229 

d'accouctiement  '  à  l'Hôtel-Dieu^ 
l'instruisit  de  très -bonne  heure 
dans  la  pratique  de  son  art;  et 
cette  intéressante  élève  donna ,  à 
l'âge  de  ï  5  ans  et  demi,  des  preu- 
ves d'un  talent  précoce  et  de  beau- 
coup de  présence  d'esprit  dans  un 
accouchement  difficile  où  elle  eut 
le  bonheur  de  sauver  la  mère  et 
l'enfant.  Mariée  à  22  ans,  et  veuve 
peu  de  temps  après ,  elle  se  con- 
sacra tout  entière  aux  devoirs  de 
son  état,  et  devint,  en  1794?  sage- 
femme  et  professeur  en  chef  à  l'é- 
cole ou  hospice  de  la  Maternité. 
Elle  y  rendit  d'iniportans  servi- 
ces, et  y  forma  d'excellentes  élè- 
^ves  ;  l'une  d'elles  (dont  l'article 
paraîtra  au  supplément  général)^ 
M"*  Boivin,  connue  par  plusieurs 
bons  ouvrages,'  lui  a  succédé.  M"* 
Duguès  était  morte  victime  de  son 
dévouement,  en  soignant  une  fem- 
me atteinte  d'une  maladie  conta- 
gieuse. M"*  Lachapelle  a  consumé 
ses  forces  dans  l'accomplissement , 
de  ses  devoirs.  Outre  les  travaux 
et  les  soins  de  son  professorat,cha- 
que  jour  elle  faisait  trois  visites 
au  lit  des  malades ,  et  consacrait 
le  reste  de  son  temps  à  l'éducation 
de  son  neveu,  M.  Duguès,  qui, 
déjà,  a  obtenu  des  succès  d'ans  la 
carrière  de  la  médecine.  Elle  pas- 
sait le  peu  de  momcns  de  loisirs 
que  lui  laissaient  de  nombreux 
travaux-,  dans  la  culture  d'un  jar- 
din de  botanique  ises  amuscmens 
étaient  encore  utiles  à  la  science. 
La  vie  de  cette  excellente  femme, 
que  ses  élèves  ne  désignaient  ja- 
mais que  sous  le  nom  (  consacré 
à  l'école)  de  la  bonne  M'^  Lacha- 
pelle, a  été  constamment  séden- 
taire et  laborieuse;  quoique  riche 
à  plus  de  2^0, 00a  francs  de  rentes. 


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35o 


LAC 


elle  ne  prît  de  voiture  que  dans 
les  dernières  années  de  sa  yie.  Il 
«erait  difficile  de  nombrer  toutes 
ses  bonnes  œuvres,  comme  d'ex- 
primer ses  longues  souffrances. 
Atteinte,  dans  sa  45"*  année,  d'une 
înaladie  de  Tonesice  cardiaque, 
qui  la  força  de  s'abstenir  de  toute 
espèce  d'alimens  solides,  elle  fut, 
,  pendant  phis  de  a  années,  en  proie 
aux  horreurs  de  la  faim.  Le  7  oc- 
tobre 182 1,1a mort  mit  cependant 
un  terme  à  cette  longue  agonie,  et 
M"'  Lachapelle  fut,  au  moment 
suprême,  ainsi  qu'elle  l'avait  été 
pendant  tout  le  temps  de  ses  souf-^ 
iVances,  un  modèle  de  résignation 
et  de  douceur.  Le  conseil-général 
des  hospices  lui  a  fait  rendre  les 
honneurs  funèbres.  Ses  élèves^ 
précédées  de  cent  jeunes  filles  vê- 
tues de  blanc ,  les  médecins  les 
plus  distingués  de  la  capitale  y  et 
des  personnes  des  plus  notables  ^ 
accompagnaient  sa  dépouille  mor* 
telle,  qui  a  été  déposée  au  cime- 
tière de  l'Est  (dit  du  P»  La  Chaise), 
Trois  discours  ont  été  proponcés 
sur  sa  tombe.  Le  dernier,  dit  le 
Moniteur,  celui  de  M"*  Hollevii/^ 
»tE  [voy.  ce  nom),  ancienne  élève 
»  de  l'école,  et  membre  de  l'athé- 
»née  des  arts,  était  adressé  à  ses 
^compagnes ,.  et  exprimait  de  la 
9  manière  la  plus  touchante  les 
Dsentimens  de  respect,  de  recon- 
9  naissance  et  de  regrets  qu'elle 
)>  partage  avec  elles.  »  M"*  Lacha- 
pelle voulant  que  les  fruits  de  son 
expérience  ne  fussent  point  per^ 
dus  ,  les  a  consignés  dans  deux 
ouvrages,  qui  jouissent  d'une  es-^ 
time  méritée  :  l'un  sous  le  litre 
de  Recherches  sur  les  maladhs  d^s 
nouveau-nés,  vol.  in-4°  ;  et  l'autre 
$ous  celui  dç  Prqtltiue  d^s  accour 


LAC 

chemens,  ou  Recueil  de  mémoires 
et  observations  sur  les  points  les 
plus  imporians  de  l'art,  Paris, 
1821,  1  vol.  in-8*.  Elle  â  publié 
des  observations  intéressantes  dan^ 
le  1"  vol.  de  V Annuaire  des  Hôpi" 
taux.  Liée  d'une  ancienne  et  cons- 
tante amitié  avec  le  célèbre  accou- 
cheur Baudeloque  {voyez  ce  nom), 
elle  lui  fournit,  ainsi  qu'au  conseil 
d'administration  des  hospices,  dea 
observations  nombreuses  pour  le» 
tableaux  officiels  qu'ils  ont  publiés. 
On  a  remarqué  queM"*^Lachapelle 
qui  a  été  le  premier  professeur  de 
l'hospice  de  la  Maternité>où  ilse  fait 
par  an  de  4  à  5,ooo  accouchemens, 
et  où  elle  pratiqua  pendant  20  ans, 
sans  interruption  ,  toutes  sortesr 
d'accouchemens  de  quelque  natu-^ 
re  qu'ils  se  présentassent,  ne  ter- 
minait'presque  jamais  un  accou- 
chement contre  nature  ou  labo- 
rieux, c'est-à-dire,  avec  les  ins- 
trumens  ou  forceps,  sans  consulter 
les  auteurs  anciens  ou  modernea 
les  plus  estimés.  On  a  remarqué 
aussi  qu'une  prévention  populaire 
voudrait  faire  interdire  aux  sages- 
femmes  l'emploi  de  ces  instru-» 
mens.  Cependant  i^ii  est  constant 
que  toutes  les  élèves  sages^femmes 
instruites  i\  l'école  de  la  Maternité, 
par  ordre,  et  la  plupart  aux  frai* 
du  gouvernenient,  reçoivent  pour 
question  de  concours  :  Descrip^ 
tion  des  instramens  et  manière  de 
s'en  servir, 

LACHATRE  (le  Dtid  de)  ,  né , 
vers  1760,  dans  leBA'ri,  était  ma- 
réchal -  de  -  camp  et  grand  -  bailM 
d'épée  du  Berri  en  1789,  lorsqu'il 
fut  nommé  député  de  la  noblesse 
de  cette  province  aux  étâts-géné- 
raux.  M.  de  Lachâtre  ne  se  fit  re- 
oiarqueri  rassemblée  constituaa- 


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LAC 

te  que  comme  signataire  de^  pro- 
testations des  12  et  1 5  septembre 
1791 ,  contre  les  décrets  de  cette 
assemblée.  Il  émigra  ensuite  avec 
les  princes,  et  servit  à  l'armée  de 
Condé  en  179a  et  en  lygS.  Après 
le  licenciement  de  cette  armée  il 
leva  le  régiment  Royal-Émigrant^ 
au  service  de  l'Angleterre^ Ce  corps 
fit  partie  de  l'expédition  de  Qui- 
beron  en  1796,  et  le  duc  de  La- 
châtre  continua  à  le  commander 
jusqu'à  son  licenciement  en  1802. 
Il  se  retira  alors  à  Londres ,  avec 
le  traitement  de  colonel  de  l'ar- 
mée anglaise  ,  et  en  i8o5,  il  fut 
accrédité  paf  les  princes  auprès  du 
cabinerde  Saint- James.  En  i8i4î 
il  fut  conservé  près  de  ce  gouver- 
nement comme  ambassadeur  de 
France,  et  dans  le  mois  d*août 
1815,  il  a  été  nommé  membre  de 
la  chambre  des  pairs,  et  duc  l'an- 
née suivante.  Rentré  en  France , 
dans  le  mois  de  mai  de  la  même 
année ,  il  a  été  employé  auprès 
du  roi  comme  premier  gentil- 
homme de  la  chambre. 

LACHENAL  (Werner  dis),  na- 
quit à  Bâle  en  I736,  et  fit  ses  é- 
tudes  à  l'université  de  cette  villoi 
Il  se  livra  ensuite  à  ta  médecine , 
et  fut  nommé,  en  1776,  profes- 
seur d'anatomie  et  de  botanique. 
Les  observations  et  les  recherches 
de  Lachenal  ont  beaucoup  servi  à 
Haller  dans  son  Histoire  des  plan-* 
tes  suisses.  Il  était. lié  avec  ce  bo- 
taniste ,  à  qui  il  a  écrit  un  graid 
nombre  delettres,imprîmée$dans 
les  Épttres  latines  à  Haller.  Il  a 
aussi  fait  des  supplémens  au  g^and 
ouvrage  de  son  ami,  qui  sont  ren- 
fermés dans  les  Acta  et  nova  acta 
helvetica. 

LAÇHEVARDÏÈRE  (A.  L.^,  é- 


LAC 


23 1 


tait  chef  de  bureau  à  la  caisse  de 
l'extraordinaire  au  commence- 
ment de  h\  révolution,  11  se  pro- 
nonça avec  chaleur  pour  la  cause 
populaire,  et  devînt  un  des  prin- 
cipaux orateurs  de  la  section  de 
la  Halle-aux-Blés.  Après  la  jour- 
née du  10  août,  il  fut  nommé  vi- 
ce-président de  la  commissioa 
administrative,  remplaçant  le  dé- 
partement de  Paris.  Le  i5  avtîl 
1793,  Lachevardière  parut  à  la» 
barre  de  la  convention,  à  la  tête 
d'une  députation  de  la  section  de  1 
lu.  Halle<«auX'Blé5 ,  et  demanda 
l'exclu sion  de  l'assemblée  des  dé- 
putés de  la  Gironde^  ainsi  que  de 
plusieurs  autres  metnbres  qu'if 
qualifiait  d'ennemis  du  peuple.  Il 
ftit  ensuite  envoyé  dans  la  Ven- 
dée, et  il  y  montra  autant  de  Sévé- 
rité dans  l'eKécutiôn  des  ordres  du 
gouvernement,  que  d'activité  dans 
les  mesures  à  prendre  pour  la  dé- 
fense du  pays.  Dé  retour  dans  k 
capitale,  il  assista  assidûment  aux 
séances  des  Jacobins ,  et  il  y  dé-^ 
nonça  le*  député  (ïoupilleau  de 
Fontenaî ,  qu'il  accusa  de  fautes 
graves.  Il  prétendit  même  que  la 
convention  était  coupable  d'avoir 
envoyé  ce  député  en  mission  dans 
son  propre  pays,  et  il  fut  aussitôt 
accusé  lui-même  par  Bentabole^ 
«Favilîr  l'assemblée  nationale.  La; 
chevardîère  aurait  été  exclu  de  la 
société  sans  la  protection  de  Ro- 
bespierre ,  qui  prit  hautement  sa  '^ 
défense.  11  dévoila  ensuite  les  in-  " 
tfrgues  du  gouvernement  anglais, 
qii'îl  accusa  d'être  l'auteur  ées 
malheurs  delà  France,  et  il  fut, 
après,  chargé  de  rédiger  un  acte 
d'accusation  contre  tous  les  rois 
ennemis  de  la  république^  t^che- 
vardlète  se-retira  pendant  quehjue 


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a32  LAC 

temps,  après  la  chute  de  Robes-- 
pierre;  maiîj  il  reparut  lors  de  la 
révolution  du  18  fructidor,  et  ob- 
tint la  place  de  secrétaire-général 
du  ministère  de  la  police,  dont. 
Sotin  avait  lé  portefeuille.  En 
1798,  il  passa  au  ministère  de  la 
guerre,  et  ne  tarda  pas  à  être  nom- 
mé consul  à  Palerme.  Dans  le' 
yoyage  qu'il  fit  pour  s'y  rendre. 
Lâche vardière  fut  pris  par  les  An-, 
glais,  et  eut  le  bonheur  de  s'é- 
chapper presque  aussitôt.  Il  était 
yé  avec  Gohier  et  Moulin,  et  il  fut 
nommé  par  eux  membre  de  l'ad- 
ministration du  département  de, 
la  Seine,  après  la  journée  du  3o 
prairial,  qui  les  avait  fait  entrer 
au  directoire.  La  révolution  du  18 
brumaire  renyersa  ses  protecteurs, 
et  non-seulement  il  perdit  sa  pla- 
ce, mais  il  fut  même  condamné  à 
la  déportation.  Le  général  Menou, 
avec  qui  Lachevardière s'était  trou- 
vé dans  la  Vendée ,  et  qu'i}  avait 
même  défendu  dp  diverses  incul- 
pations, obtint  la  suspension  de  cet- 
te mesure.  Par  la  protectîoti  de  ce . 
général  ,  il  fut  mêoîe  nommé  , , 
e,n  .f,89î^5  secrétijire  !des  relations 
-  cominerç^iales  a .  Hambourg.  La- 
chevardière,.te  venu  depuis  à  Pa- 
ris, n'a  pïu5  occupa  de  fonctions, 
^publiques.,   .    , 

LACHÈZE  -  MUREL  ,   né  en; 
1,^4^5  était,  avant  la  révolution , . 
lieutenant-général  au  bailliage  de 
I^)[artei-ea-Querci ,  et  fut  nbnimé , 
en  1789^  député  aux  états-géné- 
raux^par  le  tiers-  état  de^  ce  bail-  . 
liage.  Mandataire  du  peuple  dans 
cette  assemblée,  M.  Lachèzé-Mu- 
rel  vota  constamment  avec  le  par- 
ti opposé  à  toutes  les  améliora- 
tions du  système  social,  réclamées 
p.arjsescommettans.  Après  le  14  ^ 


LAC 

juillet,  il  se  prononça  contre  l'en- 
voi d'une  députation  au  service 
funèbre  célébré  en  l'honneur  des 
vainqueurs  de  la  Bastille  ,  et  il 
s'éleva  contre  le  supplice  de  la  dé- 
capitation d<ins  la  discussion  du 
codç  pénal.  Sa  conduite  comme 
député  lui  attira  quelques  persé- 
cutions en  1793  ;  il  fut  arrêté  et 
incarcéré  à  la  Conciergerie,  où  il 
resta  jusqu'après  le  9  thermidor. 
Appelé,  en  l'an  6,  au  conseil  de» 
anciens,  il  n'y  parla  que  rarement^ 
et  fut  nommé,  en  1809,  par  Na- 
poléon, président  du  collège  élec- 
toral de  FigeajC ,  département  du 
Lot.  M.  Lachè^e-Murel  sacrifia 
comme  tant  d'autres  à  l'idole  de 
r.époque ,  et  il  ne  liû  épargna 
pas  la  flatterie  dans  son  dis- 
cours d'ouverture.  Napoléon  suc- 
comba. Habile  à  profiter  des  cir- 
constances ,  M.  Lachèze  -  Murel 
rappela,  en  i8i4>  ce  qu'il  avait 
fjiit  à  l'assemblée  constituan* 
te  en  faveur  du  pouvoir  illimité. 
S^es  anciens  services  ne  furent 
point  oubliés;  il  obtiat  des  lettres 
de  noblesse,  la  croix  de  chevalier 
de  la  lé^or^-d'honneur,  celle  de 
chevalier  de  Malte ,  et  il  fut  en 
même  temps  nommé  conseiller- 
d'état.  En  181 5,  M.  Lachèze-Mu- 
rel  fut  député  par  son  parti  à  cette 
fameuse  chambre  Introuvable ,  qui 
ejlt  amené  une  nouvelle  révolu- 
tion sans  l'ordonnance  salutaire 
du  5  septembre  1816,  et  s'y  mon- 
tra ,  malgré  son  iige  avancé  ,  ua 
des  plus  ardens  promoteurs  des 
lois  d'exceptions _et  des  mesures 
les  plus  rigoureuses.  Cherchant  à 
détruire,  l'une  après  l'autre,  tou- 
tes les  institutions  nationales  a- 
doptées  pendant  les  20  dernières 
années  en  France,  il  fil  un  loiiç 


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LAC 

discours  dans  lequel  il  engagea  la 
chambre  à  s'occuper  de  suite  du 
projet,, de  rendre  aux  curés  et  aux 
desseryans  les  fonctions  d'officiers 
del'état  civil.  Après  avoir  fait,dans 
ce,  discours,  la  description  des  a- 
vantages  de  cette  manière,  d'ad- 
ministrer jusqu'en  1789,  «  Hélas! 
»s'écria-t-il,  la  France  avait  mé- 
»rité  par  ses  crimes  de  perdre  le 
»  bonheur  dont  elle  jouissait;  et 
»  cette  première  assemblée,  tant 
«exaltée  par  les  apôtres  de  l'iin- 
«  piété  et  les  ennemis  de  tout  or- 
i)dre,  mais  contre  laquelle  l'his- 
1»  toirc  formera  une  si  terrible  ac- 
,»  cnsation ,  dérangea  l'ordre  des 
«choses  que  j'ai  rappelé,  et  décré- 
»ta  qu'il  serait  établi,  pour  tous 

^  »  les  Français  sans  distinction,  un 
»roode  uniforme  pour  constater 
»  les  naissaqces  ,  les  mariages  et 
))lcs  décès.  »  M.  Lachèze-Murel 
prétend  ensuite  prouver  que  ce 
mode,  qu'il  appelfle  anti-religieux, 
a  été  une  des  causes  de  la  dépra- 
vation qu'il  suppose  dans  les 
moeurs,  et  il  termine  par  ces  pa- 
roles :  «  L'évangile  ne  détermine 

^  »  aucune  forme  de  gouvernement. 
»  Comment  en  aurait-il  déterminé, 
Mlorsque  son  divin  auteur  disait 
»>que  son  royaume  n'était  pas  dç 
»  ce  monde  ?  Il  les  approuve  tou- 
»  tes;  il  oblige  seulement  à  respet- 
))  ter  le  gouvernement  qui  est  éta- 
»  bli,  et  à  obéir  à  ceux  qui  sont  les 
«dépositaires  de  la  puissance,  non 
«par  le  Aiit ,  mais  lorsqu'ils  ont 
»  pour  eux  la  sanction  du  temps.  » 
M.  Lachèze-Murel  demanda,  pen« 
dant  la  même  session ,  qu'on  an- 
nulât les  élections  trop  préci- 
pitées, et  se  plaignit  de  la  promp- 
titude que  plusieurs  députés  met- 
taient ÙL  se  faire  inscrira  pour  ar 


LAC  a53 

voir  la  parole.  Il  vota  ,  au  reste  9 
constamment  avec  les  ministres 
quand  ils  proposaient  des  lois  de 
rigueur;  mais  il  se  prononça  for- 
tement  contre  eux  lorsque  l'expé- 
rience des  malheurs  de  la  Franche 
et  du  mécontentement  général 
que  leurs  mesures  y  excitaient,  le» 
eut  ramenés  à  des  opinions  plus 
modérées..  Il  demanda  alors  avec 
instance  qu'une  loi  sut  la  respon- 
sabilité des  ministres,  dont  le  prin- 
cipe était  consacré  par  la  charte, 
reçût  un  entier  développement;  il 
fut  mêftie  chargé,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  de  La  Bourdonnaye , 
de  faire  un  rapport  au  nom  de  la 
commission  nommée  pour  fairo 
une  enquête  sur  les  allégations 
relatives  à  la  conduite  de  quel- 
ques-uns des  ministres  de  cette  é- 
poque.M.deLachèze  allait  présen- 
ter ce  travail  à  l'assemblée,  quand 
la  dissolution  inopinée  de  la  cham- 
bre introuvable  vint  le  priver  de 
ses  fonctions  législatives.  Il  pré- 
senta depuis,  conjointement  avec 
l'ex-député  Sirieys  de  Marinhac, 
à  la  nouvelle  chambre  où  ni  l'un 
ni  l'autre  n'avaient  été  appelés, 
une  dénonciation  en  forme ,  dans 
laquelle  il  accusait  le  préfet  Lezai- 
Marnesia  et  trois  autres  magis- 
trats du  département  du  Lot,  de 
s'être  servis  de  voies  illégales  pour 
influencer  les  élections  et  pour 
donner  l'exclusion  aux  candidats 
désignés  comme  ultra-royalistes. 
Un  procès  en  calomnie  fut  intente 
contre  MM.  Lachèze  et  J^irieys,  et 
ils  furent  condamnés  à  cent  francs 
d'amende  et  aux  frais. 

LACHIÈZE(P.),  àéputéà ras- 
semblée législative  parlé  départe- 
ment du  Lot,  devint  ensuite  pré- 
sident du  tribunal  de  Martel.  Au 


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a54 


LAC 


mots  de  mars  17979  il  fut  nommé 
par  le  même  département  au  eon» 
seil  des  anciens.  Son  élection  9  dé- 
clarée nulle  d'abord,  à  cause  d'une 
scission  t[uî  avait  eu  lieu  dans  l'as- 
semblée électorale,  fut  validée 
peu  de  temps  après ,  et  son  con- 
current Sallelles,  qui  avait  siégé 
quelques  jours  au  conseil,  en  fut 
exclu  par  suite  de  la  journée  du 
18  fructidor  an  5  (4  septembre 
1797).  Entré  au  corps-législatif 
au  mois  de  décembre  17999  M. 
Lachièze  en  a  fôît  partie  jusqu'en  . 
1804.  Il  "ï*^  point  rempli  de  fonc- 
tioÉis  législatives  depuis  cette  é- 
poque. 

LACHNÎTH  (Loms-ViNCESLAs), 
compositeur  de  musique.,  ancien 
maître  de  la  musique  et  des  spec- 
tacles des  ducs  régnans  de  Deux- 
Ponts  ,  est  né  &  Prague ,  en  1 766. 
Il  avait  déjà  un  talent  très-distin- 
gué sur  le  cor,  lorsqu'il  vint  à  Pa- 
ris, en  1773,  et  il  le  perfectionna 
en  prenant  des  leçons  et  des  con- 
seils de  M.  Rodolphe.  On  entendit 
ce  virtuose  plusieurs  fois  avec  un 
vif  plaisir  au  concert  spirituel; 
mais  il  fut  obligé ,  pour  cause  de 
santé,  de  renoncer  à  l'exécution, 
et  il  se  livra  à  l'étude  de  la  com- 
position, dans  laquelle,  le  dirigea 
le  célèbre  Philidor.  M.  Lacbnitb 
a  formé  à  son  tour  des  élèves  dis- 
tingués, et  a  donné  un  nombre 
assez  considérable  d'ouvrages.  1* 
Il  a  composé,  avec  M.  Adam,  une 
Méthode  de  doigté,  et  y  a  ensuite 
ajouté  deux  parties;  elle  a  été  a- 
doptée  par  le  Conservatoire.  2*  il 
est  seul  auteur  de  18  œuvres  de 
musique  ,  tels  que  symphonies , 
^uatiwrs,  concertos,  sonates  pour 
)e  piano  et  pour  la  harpe,  et  d'une 
grande  qtmntité  de  musique  ar- 


LAC 

rangée.  5*  Ses  ouvrages  dramati- 
ques consistent  en  quelques  opé- 
ras-comique»  représentés,  savoir: 
l'heureuse  Récokeiiiation,  au  théâ- 
tre des  Italiens;  C Antiquaire,  au 
théâtre  de  Monsieur;  et  te  mauvais 
Fils  ,  au  théâtre  Montansier. 
4*  M.  Laehnith  a  arrangé,  pour 
l'Académie  impériale  de  musique, 
1*  les  Mystères  d'Isis^  d'après  le» 
airs  de  la  Flûte  enchantée,  de  Mo- 
zart, c(  Il  £^  ajouté,  disent  les  aur^ 
Dteurs  du  Dictionnaire  historique 
n  des  Musiciens,  des  récitatifs,  et  a 
»  fait  aussi  l'air  de Bocchorîs,  Soyez 
j*  sensibles j  etc. ,  auquel  celui  de 
»  Mozart  sert  d'accompagnement , 
»et  qui  est  répété  dans  trois  cou- 
«plets,  avec  le  chœur  et  la  danse.  » 
a'  L'oratorio  de  Saill,  pasticcio 
formé  des  i  hefs-d'œuvre  des  plus 
grands  maîtres.  M.  Laehnith  dut 
cette  Idée  heureuse  au  désir  qu'il 
avait  de  remplacer  les  concerts 
spirituels,  qui  n'^existaient  plus. 
5*  Enfin ,  la  Prise  de  Jéricho,  autre 
oratorio  dans  le  même  genre.  Il 
s'associa,  pour  l'arrangement  de 
ces  deux  oratorios ,  un  de  ses  con-  ^ 
frères  les  plus  distingués,  M.  Kalk- 
BRBNNEB,  père.  {Voyez  ce  nom.) 
M.  Laehnith  a,  dit-on,  en  porte- 
feuille les  Fêtes  lacédémoniennes  , 
opéra  en  5  actes,  paroles  de  M. 
Santerre;  unœuvre  de  symphonies, 
exécuté  aux  concerts  de  la  loge 
olympique,  et  un  œuvre  de  qua^  . 
tuors  pour  le  violon- 

LACLQS  (  Pierre  -  Amb&oise- 
Feavçois  Choderlos  de),  naquit  à 
Amiens  en  1741.  Il  entra,  en  1769, 
en  qualité  d'aspirant,  dans  le 
corps  royal  d'artillerie;  et  l'année 
suivante,  il  fut  fait  sous  -  lieu- 
tenant. Il  était  capitaine  en 
1778,  lorsqu'il   fut  envoyé  dans 


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LAC 

riie  d*Aix  pour  y  construire  tm 
fort.  £n  17899  il  fut  attaché  à  la 
personne  du  dernier  duc  d'Or- 
léans,  comme  secrétaire  surnu- 
méraire, et  suivit  ce  prince  en 
Angleterre  vers  la  fin  de  }a  même 
année.  M.  de  Laclos  revint  à  Paris  à 
l*époque  de  la  fédération,  et  fut 
chargé,  par  une  société  célèbre, 
de  rédiger  le  Journal  des  Amis 
de  la  Constitution  :  le  dernier  nu- 
méro de  ce^  ouvrage  c^t  du  mois 
de  juillet  179^15  époque  où  il  y 
eut  scission  dans  cette  société. 
M.  de  Laclos  prit  alors  le  parti 
de  la  retraite;  «il  renonpa  même  au 
service  militaire,  mais  il  le  reprît 
en  1 793  avec  le  grade  de  maréchal- 
de-carop.  Nommé,  la  même  an- 
née, gouverneur  de  tous  les  éta- 
blîssemens  français  dans  l'Inde,  il 
travaillait  à  reunir  les  moyens  de 
réussir  dans  cette  mission  diffîcîle, 
lorsqu'il  fut  destitué  et  arrêté  dans 
les  premiers  mois  de  1795.  M.  de 
Laclos,  qui  avait  fait  unç  étude 
approfondie  de  l'art  militaire,  en- 
voya de  sa  prison  aux  comités  du 
.r;r)uvernement  ijes  plans  de  réfor- 
me et  des  projets  d'expérience  sur 
une  nouvelle  espèce  de  projectile. 
On  lui  accorda  la  liberté  de  faire 
ses  essais  à  la  Fère  et  à  Meudon. 
Le  succès  justifia  ce  qu'il  avait 
avancé;  mais  on  ne  lui  permit  pas 
de  pousser  ses  recherches  plus 
loin.  Mis  de  nouveau  en  prison, 
H  n'en  sortit  que  quelques  mois 
après  la  journée  du  9  thermidor.  Ce 
fut  alors  qu'on  le  nomma  secré- 
taire-général de  l'administration 
des  hypothèques,  et  telle  était 
l'heureuse  facilité  de  son  esprit, 
que  ce  genre  de  travail,  tout  nou- 
veau pour  lui,  parut  néanmoins 
lur  être  fe^ilîer.  Après  la  réforme 
de  cette^dministration^  Ureprit  ses 


LAC 


235 


expériences  militaires^  qui  furent 
aussi  heureusesifue  les  précéden- 
tes. Le  premier  comiil  qui  les 
avait  ordonnées,  agréa  la  demande 
que  lui  iSt  M.  de. Laclos  de  rentrer 
au  service,  et  le  rétablit  dans  le 
grade  de  général  de  brigade.  Il 
reçut  l'ordre  de  se  rendre  à  l'ar- 
mée du  Rhin ,  où  il  fut  employé 
dans  l'artillerie;  passa  de  là  en  Ita- 
lie ,  pour  commander  en  second 
l'artillerie  de  siège,  et  commanda 
ensuite  l'artillerie  de  réserve  de  la^ 
même  armée,  sous  le  général 
Marmont.  Depuis  son  retour  en 
l'an  10,  il  fut  honoré  de  deux 
missions  parjiculièref.  Enfin,  mal- 
gré la  faiblesse  de  son  âge  et  l'al- 
tération visible  de  sa  santé,  M.  de 
Laclos  sollicita  et  obtint,  en  l'an 
1 1,  l'honneur  d'aller  commander 
l'artillerie  de  Tannée  qu'on  desti- 
nait pour  les  côtes  dltalie.  Un 
voyage  si  long,  des  soins  si  péni- 
bles, que  son  zèle  ne  lui  permet- 
tait pas  d'interrompre,  et  l'exces- 
sive chaleur  du  climat,  eurent 
bientôt  achevé  de  ruiner  ses  for- 
tes. Il  mourut  à  Tarenle,  le  5  oc- 
tobre i8o3.  L'activité  d'esprit 
dont  M.  de  Laclos  était  doué  ne 
trouvait  point  assez  d'altmens  dans 
les  études  de  l'état  militaire  qu'il 
avait  embrassées  dès  son  jeune  âge, 
et  il  y  associa  bientôt  la  culture 
des  lettres.  Des  Poésies  fugitives 
qui  feraient  la  réputation  de  tout 
autre,  ne  sont  qu'une  faible  partie 
de  la  sienne.  L'ouvrage  qui  lui' a 
donné  de  véritables'  titres  à  la  cé- 
brîté,  c'est  le  roman  des  Liaisons 
dangereuses,  que  l'on  blâma  et 
qu'on  lut  avec  la  même  fureur,  et 
dont  la  singulière  destinée  fut  de 
nuire  à  son  auteur  en  raison  mê- 
me des  succès  qu'il  obtint.  Ce^ 
roman  est  une  peinture  des  mœurs. 


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nie  LAC 

de  la  bonne  compagnie,  telles 
qu'elles  étaient  alors.  Ces  mœurs 
sont  révoltantes;  malheureuse- 
ment elles  existaient,  et  le  tableau 
n'était  que  trop  fidèle.  Les  modè- 
les que  le  peintre  avait  repré- 
sentés frémi rerlt  à  la  vue  de  ces 
images  de  leur  dépravation;  ils 
,  ne  purent  pardonner  à  M.  de  La- 
clos d'avoir  offert  au  grand  jour 
ce' mélange  de  perfidie,  de  liberti- 
nage et  de  cruauté  que  le  bon  ton 
avait  mis  à  la  mode,  et  dont  l'hor- 
reur étaft  cachée  sous  les  grâces 
de  la  politesse.  Leur  vengeance  fut 
cruelle  :  ils  insinuèrent  que  dans 
ces  mœurs,  %  peintre  ne  produi- 
sait que  sa  propre  morale,  et  que 
son  livre  était  moins  un  roman 
qu'une  confession  ;  ainsi,  par  une 
de  ces  inconséquences  dont  le 
monde  seul  p^t  donner  l'exem- 
ple, l'estimç  qu'on  ne  pouvait  re- 
fuser à  l'écrivain,  on  voulut  l'ôter 
à  sa  personne,  et  l'indignation 
qu'on  devait  au  vice  découvert  fut 
la  récompense  de  celui  qui  l'osait 
démasquer.  Cette  impression  a 
été  pour  l'auteur  des  Liaisons  dan- 
gereuses une  source  d'injustices  et 
de  persécutions  qui  ont  rempli  sa 
vie  d'amertume.  M.  de  Laclos  a- 
dressa,  en  1786,  à  l'académie 
française,  une  lettre  sur  le  prix 
qu'elle  proposait  pour  VÉloge  du, 
maréchal  de  Vauban,  Dans  celle 
lettre,  écrite  aveclesménagemens 
que  ce  sujet  demandait,  il  cher- 
chait à  réduire  à  leur  juste  valeur 
Tes  services  peut-ôtre  trop  vantés 
du  maréchal.  La  cour  crut  devoir 
répondre  par  de  la  hauteur  à  une 
opinion  que  les  places  fortes  de  M. 
Vauban  devaient  réfuter,  ouplutôt 
qu'elles  n'ap^uj^aient  que  trop 
bien,  puisque  après  avoir  mis  d'a- 


LAG 

bord  tant  de  peirie  à  les  construire, 
on  en  eut  si  peu  dans  la  suite  à 
les  prendre.  Doué  d'nn  esprilfort 
etisouple  à  la  fois,  M.  de  Laclos 
a  prouvé,  dans  les  dlfférens  em- 
plois qu'il  a  exercés,qu'il  était  fait 
ppur  tout  embrasser.  On  a  de  lui 
plusieurs  écrits  sur  la  guerre,  sur 
les  finances  et  sur  quelques  autres 
branches  de  l'économie  politique. 
Il  avait,  sur  le  gouvernement  de 
nos  possessions  dans  l'Inde,  les 
vues  d'un  véritable  ftomme  d'é- 
tat. Ses  Instructions  aux  bailliages, 
écrites  en  1789,  feront  toujours 
Jionneur  à  la  justesse  de  son  es- 
prit et  à  la  droiture  de  ses  inten- 
tions. Peu  d'hommes  enfin,  parmi 
nos  contemporains,  ont  été  plu» 
recommandables  à  plus  de  titres. 
LACOMBE  (François)  ,  d'Avi- 
gnon, naquit  en  1755,  et  mourut 
dans  les  premières  années  de  la 
révolution,  à  Montpellier,  où  il  é- 
tait  commissaire  de  police.  Il  a 
traduit  quelques  ouvrages  de  l'an- 
glais ,  et  en  a  composé  plusieurs 
qu'il  a  publiés  presque  tpus  sans 
nom  d'auteur  :  i°  Lettres  historié 
gués  et  •  philosophiques  du  comte 
d'Orrery  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  Swift,  traduiV  de  l'anglais,  in- 
12,  1753;  a°  Lettres  choisies  de 
Christine,  reine  de  Suède,  in- 13, 
1739;  3°  Lettres  secrètes  de  Chris- 
tine,  reine  de  Suède  j^  aux  person- 
nes illustres  de  son  siècle,  Paris  , 
in- 12,  1762;  4**  Lettres  de  milord 
Schaftesbury  sur  l^ enthousiasme  , 
avec  sa  vie  ,  traduit  de  l'anglais  , 
Paris  et  Londres,  in- 12,  1762;  5* 
Dictionnaire  du  vieux  langage  fran-- 
fais,  2  vol.  in-8%  1765-1767;  6" 
le  Mitron  de  Vaugirard,  Dialogua 
sur  le  blé,  la  farine  et  le  pain,  avec 
un  Traité  de  boulangerie  ,  Paris  » 


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LAC 

Amsterdam  9  în-8%  1776;  7*  Ob^ 
nervations  sur  Londres  et  ses  envi- 
rons, avec  un  Précis  de  là  canstUu-' 
tion  d'Angleterre  et  de  sa  décaden- 
ce, in-8%  1780.  Cet  ouvrage  a  été 
réimprimé  sous  le  titre  de  Tableau 
de  Londres  et  de  ses  environs.  Dans 
le  mois  de  septembre  1795,  la 
conrention  accorda  une  pension 
'  à  la  veuve  de  Lacombe. 

LACOiVBE  (Dominique),  évê- 
que  d'Angoulême,  né  en  1749;  à 
Montre  Jean,  près  de  Toulouse,  a- 
dopta  les  principes  de  la  révolu- 
tion,  et  fut  un  des  premiers  de 
son  ordre  qui  prêtèrent  serment  de 
fidélité  à  la  constitution  civile  du 
clergé.  Il  fut  ensuite  nommé  cu- 
ré de  la  paroisse  de  Saint-Paul  ^  à 
Bordeaux,  et  en  1791,  député  à 
l^assemblée  législative.  Le.  7  avril 
1792,  il  donna  sa  démission,  et 
retourna  à  Bordeaux,  où  il  con- 
tribua à  sauver  la  vie  à  plusieurs 
citoyens  estimables,  proscrits  sur 
Taccusation  absurde  d'être  fédé- 
ralistes. De  ce  nombre  fut  M.  Tar- 
teyron  de  Gange ,  riche  négociant 
«t  protestant  zélé,  envers  lequel 
la  conduite  du  prélat  catholique 
'  fut  des  plus  honorables.  En  1798, 
M.  Lacombe  fut  sacré  évêque  mé- 
tropolitain de  la  Gironde,  en  ver- 
tu de  la  décision  prise,  dans  une 
réunion  tenue  à  Paris,  en  1797,  par 
le  clergé  constitutionnel  de  Fran- 
ce. £n  i8oi,ilassista  au  second  co- 
mité des  prêtres  constitutionnels, 
donna  ensuite  sa  démission,  de- 
mandée alors  à  tous  les  , prélats, 
et  obtint,  en  1802,  le  siège  d'An- 
goulême.  La  nomination  de  M. 
Lacombe  et  de  1 1  autres  évêques 
constitutionnels ,  avait  éprouvé 
de  grandes  diflicultés  de  la  part 
d\\  clergé  non  conformiste  et  du 


LAC 


.^57 


pape.  On  leur  imputait  à  crime 
ne  s'être  crus  citoyens  en  même 
temps  que  prêtres,  et  le  souverain 
pontife  leur  fît  demander,  par  le 
cardinal  Caprara ,  une  rétraction 
que  Lacombe  et  deux  de  ses  col- 
lègues ne  voulurent  point  dour 
ner.  Il  eut  à  ce  sujet  un  entretien 
avec  le  légat,  dont  il  rend  lui-mô- 
me compte,  ^e  la  manière  suivan- 
te, dans  une  lettre  adressée,  le  4 
juin  1802,  au  vénérable  prêtre  Bi- 
nas, ancien  chanoine  de  Saint-Ber- 
trand, <<  Je  déclarai  que  je  ne  fai- 
»sais  Tabandon  de  la  constitution, 
»  civile  du  clergé,  que  parce  qu'u- 
»  ne  nouvelle  loi  la  rendait  impra- 
»  ticable;  que  loin  de  me  repentir 
»  d'y  avoir  été  fidèle,  je  regardais 
»  comme  les  meilleurs  actes  de 
»  ma  vie,  tous  ceux.qu'élle  m'avait 
«prescrits,  et  auxquels  je  me  fé- 
»liciterai  toujours  de  m'être  prê- 
»té.  Si  quelqu'un  ose  vous  dire 
»  que  nous  nous  sommes  rétractés, 
»  ne  craignez  pas  de  lui  dire  :  Men- 
ti tiris  impudeniissimè.  On  vous  di- 
»ra  peut-être  que  M.  le  légat  nous. 
»a  donné  l'absolution ,  que  la 
«preuve  en  est  dans  les  registres 
»de  la  légation  :  vous  direz  avec 
»  moi  que  M.  le  légat,  au  mépri» 
»  des  règles  usitées  dans  l'adminis- 
«tration  du  sacrement  de  péni- 
»  tence,  au  mépris  de  ces  parole* 
»  célèbres  d'une  infinité  de  papes  : 
»Nisi  vère  contrit is  et  confessis,  a 
»  donné  une  absolution  qui  n'était 
»ni  voulue,  ni  demandée;  que 
«lorsque  le  decretum  en  a  été  re- 
»  mis  par  l'évêque  Bernier  à  quel-  r 
»ques-uns  d'entre  nous,  ils  en  ont 
«fuit  justice  çn  le  jetant  au  feu,  ^ 
«en  préseilce  de  celui  de  qui  iU 
«l'avaient  reçu,  sous  les  yeux  du 
0  citoyen  Portalis,  nnuistrcdes  cul- 


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a38 


LAC 


»tesy  qai  nous  a  assuré  en  ai  oh* 
»  agi  de  mêuiey  lorsque  M.  le  1^ 
»  gat  lui  a  transmis  un  semblable 
»  deeretam,  pour  le  relever  et  Tab- 
9  soudre  des  censofes  qu'il  a  pu 
«encourir  en  prenant  part  à  la 
«résolution.  Yous  dîrec  de  plus 
»  que  le  constitutionnel  Lacombe 
«  n'a  pas  été  gratifié  de  ce  deeré^ 
vtum.  Sans  doute  qu'on  a  craint 
«qu'il  fût  moins  patient  que  les 
«autres;  qu'après  avoir  déclaré 
«  hautement  qu'il  en  ferait  plain* 
»  te  à  qui  de  droit,  il  le  renverrait, 
«bien et  dûment  conditionné,  è 
«son  auteur,  avec  une  lettre  bien 
«propre  à  attester  que^  s'il  est 
«plein.de  respect  pour  le  siège 
«  apostolique,  il  ne  l'est  pas  égale- 
«ment  pour  ceux  qui,  ayant  sa 
«confiance,  prodiguent  et  ris- 
«quent  témérairement  ses  grâ«> 
>oes.  »  L'abbé  Bernîer,  si  connu 
par  la  conduite  qu'il  avait  tenue 
dans  la  guerre  de  la  Vendée,  oà' 
ce  membre  d'une  église  qui  abhor- 
re le  sang,  lut  loin  de  détourner 
les  yeux  quand  on  versait  ceiut 
de  ses  concitoyens;  cet  abbé  mili- 
tant, dévoué  depuis  au  premier 
consul  et  nommé  par  hii  évêque 
d'Orléans,  a  publié  qiie«  les  12  e- 
-«vêques  constitutionnels  réélus 
«avaient  donné  des  marques  de 
«résipiscence,  et  qu'ils  s'étaient 
«conformés  aux  dispositions  du 
»  décret  d'absolution,  qu'ils  avaient 
»  reçu  avec  tout  le  respect  conve* 
«  nable.  »  Ce  fait,  démenti  par  M. 
Lacombe,  est  cité  dans  la  Biogra- 
phie des  frères  Michaud ,  qui  par- 
lent en  outre,  en  style  peu  histori- 
que, de  h\  jactance,  des  inconsé^ 
ijuences  et  ée^rodomontades  du  pré- 
lat constitutionnel ,  et  qui  s'éten- 
dent 9  avec  complaisance^  sur  les 


LAC      . 

•  désagrémenset  mortifications  qu'il 
doit  avoir  essuyés  dans  ces  der- 
niers temps,  et  particulièrement 
lors  du  passage  d'un  prince  à  An- 
gouléme.  Ces  détails,  d'ailleurs 
peu  intéressans,  ne  sont  point  par- 
venus jusqu'à  nou9.  M.  Lacombe 
occupe  encore  aujourd'hui  .(i  825) 
le  siège  épiscopal  d' Angouflêfine , 
où  ses  moeurs  pures,  sa  bienfai- 
sance et  l'exercice  de  toutes  les 
vertus  chrétiennes  le  font  honorer 
et  chérir  de  se^  concitoyens. 

LACOMBE  (J.B.),  président  de 
la  commission  milituire  dite  révo- 
lutionnaire de  Bordeaux,  fbt  on  des 
hommes  les  plus  féroces,  et  Tu* 
des  instrumens  les  plus  ab^eeta 
du  pouvoir.  Il  naquit  à  Toulouse, 
où  il  fut  instituteur  avant  la  ré- 
volution; mais  sansespi^it»  com- 
me sans  connaissances,  il  fut  con- 
traint de  quitter  cette  ville,  et  il 
alla  s'établir  à  Bordeaux,  qu'il 
quitta  encore,  pour  éviter  la  pei«^ 
ne  que  lui  avaient  fait  encourir  dî^ 
férentes  escroqueries.  Il  se  retira 
alors  dans  un  village  du  départe^ 
ment  de  la  Gironde,  et  il  y  ouvrit 
une  école  qu'il  tint  jusqu'à  la  ré-^ 
volution  du  3i  mai,  qui  renversa 
le  parti  des  Girondins,  La  confu- 
sion qui  régnait  à  cette  époque 
dans  Bordeaux,  permit  à  Lacon^ 
d'y  reparaître.  La  violence  denses 
opiiHons  le  fit.  remarquer  des 
proconsuls  en  mission  dans  cette 
ville,  qui  le  jugèrent  digne  d'être 
l'exécuteur  de  leurs  ordres  san<^ 
guinaires,  et  le  nommèrent ,  ea 
conséquence,  président  de  la  com«- 
mission  militaire,  appelée  ensuite 
commission  militaire  révolution 
naire.  Cet  homme  odieux  s'em- 
parait des  dépouilles  de  ses  victi- 
mes: aussi,  pour  eo  auj^tnei^terk 


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tton^ire,  Q  faisait  lui-même  des 
listes  de  proscription,  et  arrêtait 
les  malheureux  qui  y  figuraient. 
Lorsque  Julien  futenToyé  à  Bor- 
deaux par  le  comité  de  salut  pu- 
blic ,  pour  remplacer  les  repré- 
scntansy  il  parvint  à  le  tromper, 
et,  de  cette  manière,  à  conser- 
ver son  pouvoir  *  jusqu'à,  la  chu- 
te de  Robespierre.  Il  fut  alors  tra- 
duit lui-même  devant  le  tribunal 
qu'il  avait  présidé,  et  condamné 
à  la  peine  capitale.  On  rapporte 
que  l'accusateur  pùbHc  le  fit  taire 
au  moment  où  il  allait  prouver 
qu'il  était  moîns^  coupable  que 
ceux  qui  av^iient  établi  la  commis- 
sion militaire;  mais  qu'il  n'en  pro- 
nonça pas  mojps  ces  paroles  :  «  Si 
»vous  avez  des  reproches  à  me 
»  faire,  vou?  m 'avez  aussi  de  gran- 
»de8  obligations.  Si  j'avais  suivi 
*les  ordres  des  reprèsentans,  j'au- 
»  rais  fait  périr  le  double  de  victi- 
«mes,  et  beaucoup  de  ceux  qui 
»m'écoatent  n'existeraient  plus.  » 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  accompa- 
gné jusqu'au  lieu  du  supplice  par 
ks  malédictions  du  peuple,  k  qui 
sa  mort  faisait  pousser  des  cris  de 
}oîe. 

LACOIVIBË  ('MABEMOrSBLLB),  CO* 

médienne  assez  médiocre,  à  l'épo- 
que de  la  révolution,  voulut  se 
montrer  sur  un  plus  vaste  théâtre 
que  celui  de  Thalîe,  et  devint  Pu» 
ne  des  héroïnes  de  ce^  temps  de 
troubles.  Elle  figura  principale* 
ment  dans  l'attaque  du  château 
des  Tuileries  le  lo  août  1792,  et 
parut,  le  sabre  à  la  main,  au  mi- 
lieu des  assaillans.  Les  fédérés , 
Jiour  prix  de  sa  bravoure,  lui  dé- 
cernèrent ,  après  cette  journée , 
fine  couronne  civique  qu'elle  dé- 
posa le  25  du  mâme  mois  sur  le 


LAC  aSô 

bureau  de  l'assemblée  législatite. 
Le  26  août  1 795  ,  elle  parut  à  la 
barre  de  la  cornvention,  y  pronon- 
ça un  discours  en  qualité  d'orateur 
de' la  Société  des  héptibUcains,  et 
demanda  l'épuration  de  ten^tes  les 
administrations,  la  destitution  des 
administrateurs  traîtres ,  et  l'ex- 
pulsion des  fonctions  publiques 
de  tout  ce  qui  appartenait  à  la 
caste  des  nobles.  L'exaltation  de 
ses. principes  n'empêcha  pasqu'el- 
le^fut  dénoncée  aux  Jacobin*  le  16 
septembre  suivant,  par  Chabot^ 
Bazire  et  Renaudin,  qui  frappaient 
souvent  sur  leurs  aijûis  comme 
sur  leurs  ennemis.  Cette  dénon- 
ciation ,  néanmoins ,  n'eut  pas*  de 
suites  fâcheuse»  pour  elle;  mais  la 
convention,  lasse  de  ses  peprésen- 
tationsT,  la  renvoya  au  comité  de 
sûreté  générale,  q^ui  neîes  accueil- 
lit pas  mieux.  On  assure  (fue  sous 
le  gouvernement  directorial,  ÏH'** 
Lacombe  a  été  attachée  à  la  po- 
lice de  Paris.  Quoi  qu'il  en  soit,  il 
paraît  que  les  drfférens  rôles  qu'et- 
le  a  joués  ne  l'ont  point  enrichie. 
Elle  a  disparu  entièrement  de  la 
scène  politique;  ori  la  croit  marte 
depuis  quelques  années. 

LACOMBE  (Jacques),  naquit 
à  Fiiris  en  1724?  exerça  la  profes- 
sion d'avocat,  et  se  fit  ensuite  re- 
cevoir libraire.  Il  s'est  fait  con*- 
naître  par  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, en  général  estimés,  dont 
nous  ne  citerons  qu^  les  princi- 
paux :  1°  Progrès  des  sciences  et 
des  beaiLX-arts  sous  le  règnes  dt 
Louis  X  F7,  ode  imprimée  dans  le 
recueil  de  l'académie  d'Angers,  et 
qui  avait  obtenu  le  prix  proposé 
par  cette  société  en  1749;  ^^  Bio- 
tionnaire  portatif  des  beaux-arts, 
în-8*,  lySîï,  réimprimé  différenr- 


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Google 


a4o  l'AC 

tes  fois >  et  traduit  en  italien  ;  5* 
le  Salon ,  eu'  vers  et  en  prose  ^  ou 
Jugement  des  ouvrages  exposés  au 
Loupreen  1763,  in- 12;  4**  Abrégé 
chronologique  (le  l* histoire  ancien-- 
ne,  in-8%  ijS^;  5"  le  Spectacle 
des  beaux-arts,  in-S",  1758,  réim- 
primé en  1 762;  6"  (avec  Macquer) 
'  Abrégé  chronologique  de  l'histoire 
d'Espagne  et  de  Portugal,  com- 
mencé par  le  président  Hénault,  2 
Tol.  in-8%  1769, 2"*  édition,  176$; 
7°  Histoire  des  révoluiiéns  de  l'em- 
pire de  Russie,  in-8",  1760,  tra- 
duit en  allemand;  8°  Histoire  de 
Christine,  reine  de  Suède,  in-S", 
1762,  traduit  en  anglais;  g*  Abré- 
gé chronologique  de  l'histoire  du 
Nord,  ^  Yol.  iu-8°,  1762;  lo*  Sci- 
pion  àCarthage,  opéra  en  3  actes^ 
an  3;  ii*  Précis  de  l'art  dramati- 
que des  anciens  et  des  modernes, 
2  vol.  in-8%  1808,  ouvrage  pos- 
thume, composé  avec  Champfort. 
Lacombe  a  encore  travaillé  au 
journal  intitulé  l' Avant-Coureur, 
au  Mercure^de  France,  et  il  a  four- 
ni à  VEncyclopédie  méthodique  le 
Dictionnaire  des  arts  et  métiers 
mécaniques,  8  vol.  ;  celui  des  chas- 
ses, des  poches,  etc.,  1  vol.;  celui 
de  tart  aratoire  et  du  jardinage, 
\  vol.  ;  celui  des  amusemens  îles 
sciences,  1  vol.  ;  VEncyclopédiana, 
i  vol.  ;  enfin ,  le  Dictionnaire  des 
jeux  mathématiques  et  des  jeux 
familiers ,  1  vol.  Lacombe  est 
mort  à  Paris  en  1801.  Le  Dic- 
tionnaire dis  musiciens  dit  qu'il 
était  beau-père  du  célèbre  Grétry» 
tACOMBE-DE-PREZEL  (Ho- 
noré )  ,  frère  de  Jacques  ,  naquit 
^a  1725,  et  mourut  au  commen- 
cement de  la  révolution.  Comme 
son.  frère,  il  a  exercé  la  profession 
d'avocat ,  et  comme  lui ,  il  s'e*t 


LAC 

occupé  de  littérature.  Il  afait  pa^ 
raître  plusieurs  dictionnaires  :  i* 
Dictionnaire  d'anecdotes^  de  traits 
singulières  et  caractéristiques  -,  a 
vol.  in-8%  1766;  2"*  Dictionnaire 
iconotogique,  ou  Introduction  à  la 
connaissance  des  peintures,  médail- 
les ,  estampes  ,  etc. ,  in- 1 2 ,  1 7  56  ; 
3**  Dictionnaire  portatif  de  juris- 
prudence, 3  vol.  in-12,  1763;  et 
4**  Dictionnaire  des  portraits  histo- 
riques, ouvrage  dans  lequel  l'ail- 
teur  a  montré  beaucoup  de  goût 
dans  le  choix  de  ses  sujets,  3  vol. 
in-8*,  1768.  On  a  encore  de  lui  les 
Progrès  du  commerce,  in-12, 1760, 
et  les  Pensées  dfi  Pope,  avec  un 
Abrégé  de  sa  vie,  extraites  de  iV- 
dit  ion  anglaise  de  ïVarburton  , 
in-8%  1766. 

LACOMBE  -  SAINT-  MICHEI. 
(Jean-Piéride),  né  vers  1 740,'d'une 
famille  noble  du  Languedoc,  avait 
servi  avec  distinction  pendant -2^ 
ans  dans  le  7"°*  régiment  d'artille- 
rie ,  oi\  il  avait  été  décoré  de  lu 
croix  de  Siiint-Louis,  lorsque  la 
révolution  éclata.  A  cette  époquev 
son  corps  reçut  l'ordre  de  marcher 
sur  Paris;  Lacombe  manifesta  dès-  ' 
lors,  et  surtout  à  la  journée  du  ï^ 
juillet  1789,  des  principes  de  li- 
berté qui  n'étaient  pas  conformes 
à  ceux  du  maréchal  de  Broglie,. 
La  nuit  suivante  même,  il  futdes— 
titué;  mais  en  1791,  il  fut  nommé 
par  le  département  du  Tarn  dé- 
puté à  l'assemblée  législative. 
Lacombe-Saint-Michel  demanda 
qu'on  prît  des  mesures  sévères 
contre  les  officiers  qui  abandon- 
naient leurs  drapeaux ,  et  surtout 
contre  ceux  qui  sortaient  de  leur 
patrie  et  qui  s'armaient  chez  l'é- 
tranger pour  y  porter  la  guerre 
civile.  Il  s'occupa  ensuite  d«  l'ad- 


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LAC 

iniaistràtipa  do  Tarnirée  nationale, 
fit  augmeoter  le  aombre  des  corps 
de  rartillerie  à  cheYal,  et  fit  por- 
ter le  décret  de  peine  de  mort 
contre  les  commandans  de  places 
assiégées  qui  ouyriratent  leurs 
portes  «sans  s^être  défendus  aussi 
long- temps  que  les  règleinens  le 
prescrivent.  Lacombe  se  battît  à 
ruifaire  du  lo  août  »  et  il  coatri* 
bua  puissamment  à  la  défaite  des 
Suisses.  Il  alla  ensuite  en  mission 
au  camp  de  Soissons,  à  l'armée 
du  Midi  et  en  Savoie ,  et  il  ^  fut 
nommé  député  à  la  convention 
nationale.  Il  y  vota  la  mort  de 
Louis  XVI  sans  appel  et  sans  sur- 
fis. Envoyé  quelque  temps  après 
en  Corse,  en  qualité  de  commis- 
saire, il  pourvut  aux  approvision- 
nemens  de  cette  île,  que  le  gou- 
verneoient  paraissait  avoir  ou- 
bliée depuis  long-temps,  et  il  y  fit 
exécuter  les  décrets  des  assem- 
blées constituante,  législative  et 
conveationnelle ,  relatifs  à  la 
religion  catbolique.  Cependant, 
il  ne  tarda  pas  à  être  attaqué  par 
les  Corses ,  qu'il  battit  dans  les 
mois  de  pluviôse,  ventôse  et  ger- 
minal an  2 ,  se  défendit  encore 
quelque  temps  contre  les  Anglais, 
auxquels  il  refusa  de  rendre  Bas- 
tia^  et  fut  enfin  obligé  de  se  rem- 
barquer faute  de  moyens.  Rentré 
à  la  convention,  il  fut  bientôt  en- 
voyé en  àiission  à  l'armée  des  Ar- 
dennes,  dont  il  annonça  les  succès 
à  l'assemblée.  £o  1 796,  Lacombe-. 
Saint-Michel  fit  partie  du  comité 
de.  salut  public  ,  et  fut  ensuite 
nommé  membre  du  conseil  des 
anciens.  Il  y  présenta  diiférens 
rapports  sur  l'organisation  de  l'ar- 
mée, et  .l'ut  élevé  *à  la  présidence 
le  28  octobre  1797.  L'année  sui- 


LAC.  a4i 

vante,  Ll  sortit  du  corps-législatii', 
rentra  dans  l'armée,  et  fut  ensuite 
appelé  à  l'ambassade  de  Naple.^. 
Les  dégoûts  que  ses  opinions  lui 
attirèrent  à  cette  cour  lui  firent 
demander  son  rappel,  qu'il  ob^ 
tint  au  commencement  de  1799* 
Rentré  en  France,  il  fut  employé 
d'abord  comme  général  de  bri gar- 
de, puis  comme  général  de  divi- 
sion, et  enfin,  comme  inspecteur- 
général  d'artillerie.  Il  se  distingua 
dans  la  campagne  de  i8o5  en  Ita- 
lie ,  et  fut  pourvu  d'un  comman- 
dement en  Hanovre  lors  de  la 
campagne  de  Prusse  en  1806.  La- 
combe-Saint-Michel  passa  ensuite 
en  Espagne,  et  fut  décoré  de  l'ai- 
gle de  la  légion  -tl'honneur  le  27 
juillet  1808.  Chargé,  en  1809,  ^^ 
la  direction  du  siège  d'Ostalric, 
il  fut  contraint  de  l'abandonner, 
épuisé  par  l'âge  et  par  lés  fatigues. 
Il  rentra  alors  en  France ,  où  il 
mourut,  le  27  janvier  1812,  dans 
son  château  de  Saint-Michel.  Il 
était  membre  de  l'académie  de 
Melun. 

LAC0SÏE(N.  ),  ministre  de  Louis 
XY I,  était,  avant  la  réitolution,  pre- 
mier commis  dans  les  bureaux  de 
la  marine.  Les  connaissances  qu'il 
avait  acquises  dans  ^ette  place  l'a- 
vaient mis  à  même  d'en  remplir 
une  plus  impoitante,  et  il  fut  bien- 
tôt envoyé  en  mission  dansl^s  Iles- 
du-Vent,  pour  y  établir  le  nouveau 
régime  colonial.  Des  querelles  qu^il 
eut  avec  M.  de  Béhague,  gouver- 
neur de  la  Martinique,  le  contrai- 
gnirent à  repasser  en  France,  et  à 
son  arrivée,  il  dénonça  cet. offi- 
cier-général à  l'assemblée  et  à  la 
société  des  amis  de  la  constitution, 
dans  laquelle  M.  Laooste  fut  alors 
admis.  Dans  le  mois  de  mars  1792, 
16 


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i^2 


UC 


Louîft  XVI  lui  confia  le  portefeuil- 
le du  ministère  de  la  marine,  au 
ffrand  mécontentement  des  roja- 
nstes  exclusifs  et  exagérés  ifui  ne 
Toy aient  dans  M.  Lacoste  qu*un  ro- 
turiei'y  dont  les  principes  n*étaient 
nullement  en  harmonie  avec  lés 
leurs.  Cependant  le  nouveau  mi- 
nistre, malgré  ses  brusqueries,  et 
même  ses  violences,  était  un  hom- 
me de  bien,  qui  ne  craignit  pas  de 
donner  au  roi  de  nombreuses  preu- 
ves d'attachement.  Le  lo  juillet 
1^92,  M.  Lacoste  remit  son  porte- 
feuille ainsi  que  tous  les  autres  mi- 
nistres, et  devint'  ensuite  ambassa- 
deur en  Toscane.  Mais  il  fut,  quel- 
que temps  api:ès,  arrêté  et  traduit, 
dans  le  mois  de  février  1795,  de- 
vant le  tribunal  criminel  de  la  Sei-  ' 
ne,  qui  l'acquitta.  Depuis  cette 
époque,  M.  Lacoste  vécut  dans  la 
retraite  jusqu'en  1800,  que  le  pre- 
mier consul 'appel  a  au  conseil  des 
prises,  supprimé  en  1814. 

LACOSTE  (ÉuÉ),  député  de  la 
Dordogne  à  la  convention  natio- 
nale, exerçait,  avant  la  révolution, 
la  médecine  à  Martignac.  Il  se  pro- 
nonipa  avec  ehaleur  pour  la  cause 
populaire,  et  fut  nommé  adminis- 
trateur du  département  de  la  Dor> 
dogne.  Élu,  «n  septembre  1791, 
député  ù  rassemblée  législative,  il 
fut  réélu  Tannée  suivante  à  la  con- 
vention nationale;  il  y  vota  lamoif 
de  Louis  XVI  sans^ursis  ni  appel. 
Lacoste  siégea  constamment  à  la 
Montagne,  et  cependant  il  se  con- 
duisit avec  quelque  modération  à 
Tarmée  du  Nord,  où  il  fut  envoyé 
en  mission.  Pendant  la  terreur,  il 
ÛC  partie  du  comité  de  sûreté  gé- 
nérale, et  dans  le  mois  de  prairial 
an  !à,  il  fit  le  rappoit  de  la  conspi- 
ration dite  de  BaU,  ou  de  Tétranger^ 


LAC 

dont  le  but  était,  s<doB  lui,  d'as- 
sassiner^ Robespierre  et  Colioi* 
d'Herbois.  Le  1*'  messidor,  il  fut 
nommé  président  de  rassemblée^ 
et  à  la  révolution  du  9  theitnidor, 
il  se  joignit  à  tous  les  membres  des 
comités  du  gouvememeot  pour 
renverser  Robespierre,  dont  ils 
connaissaient  les  intentions  hosti- 
les à  leur  égard.  Le  même  jour» 
Lacoste  dénonça  à  la  convention 
Labre  tèche,  comme  Tun  des  exé- 
cuteurs des  mesures  prises  contre 
elle;  le  ii  du  même  mois,  il  fit 
décréter  la  suspension  du  tnbunal 
révolutionnaire,  en  partie  voué  à 
Robespierre,  et  le  fit  remplacer 
par  une  commission.  £n  révolu'- 
tipn,  les  vainqueurs  ne  s'arrêtent 
guère  au  point  marqué  par  la  jus- 
tice. Le  parti  qui  avait  triomphé 
au  9  thermidor  ne  tarda  pas  à 
vouloir  exercer  des  réactions;  mais 
lorsque  Lacoste  entendit  Lecointre 
de  Versailles  dénoncer,  les  mem- 
bres de  r ancien  comité  de  salut 
public,  non -seulement  il  le  com* 
battit  avec  force,  mais  il  demanda 
même  son  airestation.  Quelque 
temps  après,  plusieurs  membres 
de  ce  comité  furent  mis  en  accu- 
sation :  Lacoste  tenta  de  nouveau^ 
mais  vainement,  de  les  défendre; 
il  fut  lui-même  dénoncé  par  Gou- 
ly,  le  9  pt*airial ,  pour  avoir  parti- 
cipé à  rinsurreoti^n  des  premiers 
jours  de  ce  mois,  et  il  fut  arrêté 
comme  membre  des  anciens  comi- 
tés du  gouvernement.  Lacoste  ob- 
tint sa  liberté  après  Famnistie  du 
4  brumaii'e  an  4  9  ^^  ^^  retira 
dans  son  pays,  où  il  continua  de 
pratiquer  la  médecine  jusqu'à  sa 
mf)rt,  arrivée  en  i8o3. 

LACOSTE  (lÊmai&quisdb)  ,  était, 
en  1789,  résident  près  le  duc  de 


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LAC 

Dcux-PoTîts,  loi^(tiril  tue  nommé 
député  atrx  états  -  généraux  par  la 
lïoM^i^se  du  Cliafonais.  Le  mar- 
quis dé  Lacoste  embrassa  la  cause 
du  peupfe  i\  rassemblée  coustî* 
tuante,  et  dans  la  séance  du  Saoôt 
17S9,  il  d^emàtfida  même  que  les 
biens  du  clergé  fussent  mis  à  la 
disposition  de  l'état,  pour  subre- 
nir  à  ses  besoins.  Ayant  ensuite  é- 
migré,  îî  fut  arrêté  en  1795;  mais 
if  obthrt  sa  liberté  quelque  temps 
après,  et  cessa  de  prendre  part  aux 
spires  publiques. 

LACOSTE  (JEAN-BÀrrrsTt),  a- 
tocat  et  député  à  hi  conrention 
nationale  par  le  département  du 
Cantal,  Tota  la  mort  de  Louis  XVF 
sans  appef  ni  sursis.  M.  Lacoste, 
presque  toujours  en  mission,ne  prit 
ensuite  qu'une  très  -  légère  part 
aux  délibérations  de  rassemblée. 
Après  avoir  parcouru  les  départe- 
mens  de  fa  Haute-Loire,  du  Rbin 
et  de  la  Moselle,  il  fut  envoyé  près 
des  armées  du  Nord,  où  il  donna 
des  preuves  de  courage.  A  Haguç* 
nau,  il  servit  lui-même  les  pièces 
êe  canon ,  et  à  la  dèfigiite  de  If  o- 
obe,  à  Kaiserlautern ,  il  resta  dans 
le  fort  de  la  mèlée^  En  1 796,  Rf .  La- 
coste accompagna  l'armée  qui  fit 
la  conquête  de  la  Hollande,  et  dans 
tetie  invasion ,  comme  dans  tou- 
tes les  autres,  il  se  fit  autant  re- 
marquer par  son  intrépidité  et  son 
désintéressement,  que  par  l'exac- 
titude avec  laquelle  il  fit  exécuter 
les  décrets  de  la  contention  et  les 
ordres  du  gouvernement.  Quelque 
temps  après  son  retour,  les  députés 
Faure  et  Dentie!  l'accusèrent,  à  la 
séance  dti  i*' juin  1796,  d'avoir 
organisé  la  (Commission :  qui  en- 
sanglanta l'Alsace,  sous  la  direc- 
tion de  l'accusateur  public  Scbriei- 


LAC  243 

dtf.  Delabayfe',  quoique  |>roscri't 
au  5i  mai,  comme  Girondin,  prit 
la  défense  de  M.  Lacpst^  qui  ah)rS 
était  malade,  et  demanda  pour 
ce  député  l'autorisation  de  rester 
chez  lui  sans  gendarmes,  «  atten- 
»  du,  dit-il,  qu'il  n'a  pas  le  moyen 
»  de  les  payer.  »  L'assemblée  parut 
étonnée,  mais  M  Lacoste  n'en  fut 
pas  moins  décrété  d'arrestation.  Il 
fut  nommé  préfet  du  département 
des  Forêts,  après  l'établissement 
du  gouvernement  consulaire.  En 
181 5,  appelé  par  Napoléon  à  la 
préfecture  de  la  Sartne,  il  fut  en 
conséquence  atteint  parla  loi  d'am< 
nîstie  du  12  janvier  1816.  Il  s'était 
d'abord  retiré  en  Belgique;  mais 
par  suite  de  mesures,  provoquéeH 
par  le  gouviemement  françfais,  il  à 
été  obligé  de  quitter  ce  royaume. 
LACOSTE  (PfERaE-FEAwçois), 
né  à  Piaisanocy  près  de  Toulouse, 
a  été  long -temps  professeur  à 
Clermont-Ferrant ,  département 
du  Puy-de-Dôme.  Il  s  est  parti- 
culièrement livré  à  Pétude  de  l'his- 
toire naturelle,  et  a  été  reçu  mapi- 
bre  de  l'académie  des  antiquaires 
de  France.  Il  a  publié  :  1*  Lettre 
de  M,  l* abbé  Lacoste,  de  Plaisahce, 
vicaire  de  la  Dalbade ,  à  un  curé 
non  conformiste,  în-8*,  1791,  et 
la  réponse  à  cette  lettre,  intitulée  : 
Képonse  à  ta  lettre  (tun  curé  non 
confqrmîste ,  in-8\  1791  ;  a*  Dis- 
court sur  tes  devoirs  des  citoyens 
envers  ta  patrie,  Toulouse,  in-8*; 
3*  Discours  pour  une  fête  civique, 
Toulouse,  in-S**,  1 793;  4" DiV^oar* 
sur  les  oblisations  que  les  Français 
se  sont  imposées  en  acceptant  (a 
constitution ,  Toulouse ,  in-8%  an 
4;  5*  Discours  sur  les  vertus  répu- 
blicaines ,  Toulouse ,  in-8*,  an  4- 
Cet  ouvrage  a  été  imprimé  par 


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244 


LAC 


ordre  du  département.  6"  Obàer- 
mtions  sur  l'agriculture  des  mon- 
tagnes de  l'Auvergne,  in-8°,  Cler- 
inont;  7**  Ké flexions  sur  la  nécessi- 
té de  se  rallier  tous  à  la  constitu- 
tion et  de  la  maintemr,inS°^  1801; 
8*  quelques  Observations  concer- 
nant l' agriculture  dans  les  monta- 
gnes du  département  du  Puy-de- 
Dôme  ,  in-8**,  1801  ;  g*  Discours 
sur  les  dispositions  des  habitons  du 
.département  du  Puy-de-Dôme  pour 
lès  sciences,  in-8%  1801;  10°  Dis- 
cours sur  les  avantages  qu^i  résul' 
lent  de  f  élude  de  l' histoire  naturel" 
le,  avec  des  notes,  in-8",  1801;  1 1" 
Observations  sur  les  volcans  d"*  Au- 
vergne ,  suivies  de  notes  sur  divers 
jghjets  recueillis  dans  une  course 
tninéralogique,  in-8*',  1802,  a"*  é- 
dition,  i8o5;  12,"  Lettres  minéra- 
logiques  et  géologiques  sur  les  vol- 
cans de  l' Auvergne,  écrites  dans 
un  voyage  fait  en  1 804,  in-8*',  1 8 1 5; 
i3°  Histoire  naturelle  de  l  Auver- 
gne et  dés  départemens  environ'- 
nans,  dont  il  a  lui-mome  rassem- 
blé tous  les  matériaux ,  5  vol. 
^n*^ 

LACOSTE  (Henbi  VEBmERDE), 
appartient  à  une  famille  de  Nîmes, 
estimée  dans  le  commerce.  Dés 
le  commencement  de  la  révolu- 
tion, il  se  fit  connaître  par  son  a- 
mour  pour  la  liberté,  pour  cette 
liberté  éclairée  qui,  tenant  le  mi- 
lieu entre  la  tyrannie  et  la  licen- 
ce, peut  seule  assurer  le  bonheur 
des  peuples.  Ses  principeî)  lui  firent 
embrasser  la  cause  des  Girondins; 
il  Youlut  s'opposer  aux  attentats 
commis  contre  la  repuésentatîon 
nationale  lès  5i  mai,  1  et  a  juin 
1793,  et  fut  décrété  d'accusation 
jpar  la  conrention  comme  l'un  des 
chefs  du  parti  fédéraliste.  Lacoste 


•       LAC 

parvint  à  se  sauyer.et  à  sortir  de 
France.  11  fut  alors  mis  hors  la 
loi,  et  inscrit  sur  la  liste  des  émi- 
grés ;  mais  après  la  chute  de  Ro- 
bespierre, il  rentra  dans  sa  patrie, 
où  après  avoir  exercé  diâërentes 
places  administratives,  il  fut  nom- 
mé, en  Tan  8,  membre  du  corps- 
légi«latif.  £n  Tan  i3,  il  ne  fut  pas 
réélu  par  le^ sénat,  çt  devint  chef 
de  division  aux  archives  de  la  po- 
lice générale.  Après  la  chute  de 
Napoléon  en  1814 >  il  fut. envoyé 
par  le  roi  dans  lés  départemens  de 
rOuest  ;  mais  la  franchise  et  le 
courage  avec  lesquels  il  s'expliqua 
sur  les  causes  des  malheurs  qui 
désolaient  la  France,  irrita  contre 
lui  un  ministère  dévoué  au  parti 
réactionnaire,  et  Lacoste  fut  a- 
lors  rappelé;  dans  le  mois  de  mai 
i8i5,  il  fut  nommé,  parrarron- 
dissement  de  Nîmes,  député  à  la 
chambre  des  représentans.  Dès  les 
premiers  jours ,  Lacoste  se  montra 
opposé  au  gouvernement  dé  Napo- 
léon; et  aussitôt  que  l'acte  addi- 
tionnel  aux  constitutions  de  l'em- 
pire eut  paru,  il  fit  imprimer  tme 
brochure  intitulée  :  Appel  aux  pro- 
messes de  Vempereur,  Cette  bro- 
chure, dans  laquelle  l'auteur  s'ex- 
prime avec  beaucoup  d'énergie^ 
ne  lui  attira  cependant  aucune  es- 
pèce de  persécution.  Après  la  ba- 
taille de  Waterloo,  Lacoste  s'éleva 
en  comité  secret  contre  le  rapport 
des  ministres,  et  il  fut  l'un  des  prer- 
miers  à  demander  la  déchéance  de 
Napoléon.  Dans  la  séance  du  a8 
juin,  il  se  rendit  l'interprète  de  la 
nation,  en  demandant  à  l'assem- 
blée qu'elle  exprimat  la  rfîconnaiâ- 
sance  des  Français  envers  l'armée. 
Après  le  second  retour  du  roi,  La-^ 
coste  a  (ravaillé  à  la  rédaction  de 


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LAC 

plusieurs  journaux,  entre  autres  à 
la  Quotidienne  :  \\  '  est  nriort  y  ers 
i8ai.  Lacoste  est  auteur  du  drame 
ée-f^ashington ,  qui  a  été  repré- 
senté ayec  quelque  succès^en  1 8 1 5, 
sur  le  théâtre  c*e  l'Odéon,  ci -de- 
vait de  rimpérattice. 

LACOSTE  (J.  A.  j>e),  président 
dtt  tribunal  de  la  Rochelle  en 
1791^  fut  élu  par  le  dépàHenient 
de  lai  Cbaretite^nférieure  à  l'as- 
semblée'iégîslatite.  Il  ne  fît  point 
-ipartie  de  k  convention,  radis.,  eu 
1795,  il  entra  au  conseil  des  an- 
ciens, ort  il  se  montra  favorable 
au"  directoire,'  notamment  à  l'épo- 
que du  18  fructidor  an  5  (4  sep- 
temb^'1797).  M.  de  Lacoste 
sortit  du  ^conseil  en  1799,  et  n'a 
point>  été  appelé  depuis  dans  les 
oàambres  législatives. 

•LACOSTE  (EttfilTNB-CLBMEIfT), 

maréchal-de-camp,  cîommandant 
de  la  légion-d'honneur,  Chevalier 
de  Tordre  de  Saint-Henri  de  Saxe, 
etc.,  etc.,  naquit^  le  îJ  décembre 
1775,  à  Romans,  département  de 
la  Drôme ,  et  entra  au  service-  en 
1792,  dans  un  bataillon  de  volon* 
taires.  Le  17  novembre  de  la  mê- 
me année,  il  fut  nommé  lieute- 
nant ,  passa  à  l'armée  des  Alpes , 
et  fut  employé  au  siège  de  Toulon 
«mnniN^  effîcief  é'éclalretirs.  La- 
eo«te  servît  ensuite  à  l'armée  des 
Pyrénées-Oricmales ,  et  il  mérita 
)e  grade  de  capitaine  adjudant- 
major  à  l'attaque  delà  redoute  de 
la  Sekie^edoute  dans  laquelle  il  s'é- 
lanoa  l'un  des  premiers,  et  où  il  fit 
i5  prisonniers.  Il  avait  été  blessé  à 
cette  affaire* d'un  coup  de  feu  à  la 
bouehe^  il  le  fut  de  nouveau  à  la 
bataille  de  Saint  -  Laurent  de  la 
Mouga,  le  26  thermidor.  Le  capi- 
taine Lacoste  fit  ensuite  paftia  de 


LAC 


345 


rariiiée  d'Italie,  et  se  distingua  à 
la  bataille  d'Arcole.  Après  cette 
liiémorable  canipagne,  il  pas^  en 
Egypte  avec  le  général  Bonapar- 
te, et  donna  des  preuves  d'une 
grande  valeur  au  premier  assaut 
dé  Saîrit-Jean-d'Acre,  où  il  reçut 
uff  coup  de  feu;  à  la  bataille  d'Hes- 
ber;  à  celle  du'  io  bmmaîre  an  8, 
où  il  fut  fait  chef  de  bataillon  sur 
le  champ  de  bataille;  enfin,  à  celle 
d'Alexandrie,  où  il  eut  la  jambe 
cassée.  De  retour  eh  Europe,  La- 
coste fit  les  campagnes  de  180 5, 
i9o6  et  1807.  Sa  conduite  à  la  ba- 
taille d'Eylau  lui  valut  le  gradé 
dé  colonel^  il  quitta  le  96"*  ré- 
gknent  d'infanterie  de  ligne  pour 
prendre  le  commandement  du 
27""  régiment  d'infanterie  légère, 
avec  lequel  il  entra  en  Espagne  en 
1808.  Il  contribua  à  la  prise  de 
Bilbao,  de  Saint-Ander  et  de  Bur- 
gos,  et  se  distingua  aux  batailles 
d'Ëpinosa,  de  Medelin,  de  Tala- 
vera  de  la  Reyna ,  d'Ocana ,  à 
Almonacid,  et  à  l'affaire  de  Chi- 
clana.  Après  la  campagne  de  Rus- 
sie, lorsque  l'armée  française  quit- 
ta la  ligne  du  Tage,  le  colonel  La- 
coste rentra  en  France ,  et  passa 
en  Allemagne  comme  général  de 
brigade.  Après  avoir  rendu  dès 
services  importans  dans  la  campa- 
gne de  Saxe,  il  accompagna  l'ar- 
mée dans  sa  retraite  sur  le  Rhin , 
et  fut  tué,  en  i8i4>  dans  une  re- 
connaissance. 

LACOSTE (lE  comte),  général 
de  brigade  du  génie,  aide-de-camp 
de  Napoléon ,  officier  de  la  lé- 
giond'honneur,  etc.,  fit  lacampa- 
gne  de  1807  en  qualité  de  colonel 
du  génie,  fut  blessé*  à  la  bataille 
de  Friedland ,  et  mérita  les  plus 
grands  éloges  pendant  le    siège 


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346 


LAC 


de  DanUick.  Le  courage  et  le$ 
coDDaissances  dont .  il  fit  preu- 
ve JP  l'attaque  de  cette. TÎlle  le  fi- 
rent conyître  de  Tempereuf  N»- 
poléoDy  qui  rattacha  à  sa  person- 
ne eu  qualité  d'aide-de-camp,  a* 
▼ec  le  grade  de  géaéral  de  brigade. 
En  1808,  Lacoste  passa  en  Espa^ 
gne,  et  fut  chargé  de  la  directîoa 
des  trayaux  du  siège  de  Sarragas* 
se,  où  il  déploja  la  plus  grande  in- 
trépidité. Cette  Tille  était  à  la  yeil- 
le  de  se  rendre,  lorsqu'il  fut  tué , 
le  31  février  1809,  par  une  balle 
qui  l'atteignit  au  front.  Le  général 
Lacoste,  aussi  recommaadable  par 
ses  connaissances  que  par  son  cour 
rage,  a  emporté  en  mourant  les  re- 
grets de  toute  l'armée. 

LAC011DKAY£(mLot]i«s,chk. 
TAUsa  m),  fut,  en  1789,  député 
aux  état»-géoéraux  par  la  n(4>les- 
se  du  Poitou.  Npmmé  n^enolivf 
du  comité  de  la  marine,  lorsque 
l'assemblée  nationale  fut  consti- 
tuée, la  dissidence  prononcée  de 
ses  opinions  avec  celles  de.  ses 
coUègnes  le  porta  à  donner  sa  dé- 
mission, en  février  1791.  Pendant 
toute  la  durée  de  l'assemblée  cons^ 
tiquante,  il  vota  constamment  a- 
vec  la  minorité,  et  signa  les  pro* 
testatîons  des  19  et  a5  septembie. 
M.  de  Lacoudraye  n'a  point  Csiit 
partie  des  assemblée^  suivantes. 

LACOUA,  peintre,  naquît  en 
1746,  à  Bordeaux,  où  il  fut  proi- 
fesseur  de  dessin  à  l'école  ceotra- 
le.  11  apprit  les  premiers  élémens 
de  son  art  dans  Tatelier  de  Vien,  et 
alla  ensuite  se  perfectionner  à  Ro- 
me, où  il  fit  une  étude  particu- 
lière des  cheiis  -d'oeuvre,  tant  an- 
tiq^es  que  modernes,  qui  enfi- 
chUsent  cette  ville.  De  retour  en 
Fr^ace,  Lacour,  malgré  tous  les 


LAC 

avantages  qu'on  lui  prooaettaif 
dans  la  capkale,  s'établit  à  Vor- 
deau^,  où  il  fut  nomn^é  profes^- 
seur  de  dessin.  On  n'enscâgnait  a- 
lors  que  les  premiers  principes  de 
l'art  à  VsidiémU  de  cette  riUe, 
Lacour  j  introduisît  l'étude  de  la 
peinture;  et  grâces  4  ses  sojns  et 
à  sa  sollicitude  vraimeot  paternel- 
le enTen  ses  élèves,  il  en  forma 
en  peu  de  lenops  de  Irès-distin- 
gués,  et  qui  l»î  ont  fait  le  plus 
grand  honneur.  Lacour  peigaaic 
avec  succès  dans  plusieurs  geaf»s, 
et  ses  ifabienux  d'histoire  sont  ^^ 
timés.  Il  a  exposé  au  LoMTre 
difierentes  piodnctiops  •  parim 
lesquelles  on  n  remarqué  nu  À^ 
pare  ^ndoÊmù  mw  âoh  trésor^  un 
MeudUni,  de»  Payêêges,  des  Tê- 
tes d^ études.,  et  des  Morinfs.  Iai 
plus  gfw^  partie  de  ses  ouvra- 
ges existe  à  Cordeaux,  et  il  ea  a 
aîné  Jusque  toutes  les  églises 
de  cettQ  ville.  Un  de  ses  t|J»le»ux 
les  plus  estimés  représente  la 
façade  des  Chartrans;  mais  son 
cbefnl'fipuvre  est  celui  qui  repré- 
sente ««iat  P^a/in»  êrchewégue  de 
Bordeaux,  aecaeUÛftt  dans  son  pa^ 
lais  une  foule  de  malheureux  par- 
séeutés.  Ce  tableau  est  le  derpier 
ouvrage  de  Lacour;  il  le  fit  étant 
déjà  atteint  de  la  maladie  qui  V^Or- 
leva  aux  arts,  le  a8  janvier  i8i4* 
LA<COlJa  (N.  GuTOT,  XAxoif  pu), 
lîeulenaiit- général,  commandant 
de  laiégion-d'honneur,  grand'croix 
de  l'ofdre  de  Saint-Henri^e Saxe, 
issu  d'une  famille  noble  9  naquit  à 
Carignan,  département  des  Ai^ 
dennes.  U  entra  fort  jeune  au  ser^ 
vice ,  en  1 787,  en  qualité  de  cadet, 
au  régiment  de  Rojal^Auvergae. 
Nommé  socceesivement  f  cus^lieu- 
t^ant  et  lieutenant  dans  le  même 


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ïbm^uv , 


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ary/uy". 


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LAC 

corp»,  il  était ,  en  1793,  capitaine 
aîde-de-camip  du  général  de  Font*- 
bonne.  Son  attachement  au  nouyel 
ordre  de  choses  9  qu'il  rK;  servit 
néanmoins  que  dans  les  rangs  de 
Tarmée,  le  fit  adjoindre  aux  adju-» 
dans-géticraux.  Il  fit  la  belle  cam^ 
pagne  de  Hollande^  en  qualité 
d*adjudant-générai  sous  Ftonegru, 
et  celle  d'Allemagne  sous  Moreau» 
dont  il  fijiapliM  d'uiie  foisrattea* 
tion  par  son  courage  et  ses  talens. 
Fait  prisonnier  ainsi  que  plusieurs 
o£fîcicrs-géiiéaux>  en  Suisse,  il  fut 
d'abord  accu«ili  a?ec  asset  de  bîeii«- 
TeilianceparSinrarow;  mai^bien» 
tôt  ce  général  russe  1^  traita  ayee 
une  extrême  rigueur.  Cèpendadt^ 
il  lui  rendit  la  liberté  sur  parole. 
Il  fut  nommé  ^  en  1801,  général 
de  brigade,  et  investi  du  com^ 
mandement  des  départetiaens  du 
r Yonne,  de  la  Majrenne  et  de  la 
Loire.  Il  passa,  en  i8o3,  en  qpia- 
Hté  de  eommanda«l  d'une  briga-^ 
de,  à  l'armée  dltali«,  et  eut  la 
gloire  de  terminer  le  siège  de 
l'importante  place  de  Gaëte.  Qii 
1806,  le  général  Laoourse  rendit 
au  corps  d'armée  du  OMréefaal 
DaroQst,  en  Pologne.  liât  la  cam- 
pagne de  i8«9,  en  Autriche;  se 
distingua  plus  particulièrement  au 
pont  de  Landshut,  qu'il  emporta 
malgré  la  supériorité  de  l'enn^imi^ 
ce  qui  lui  mérita  ta  mention  la 
plus  honorable  dans  les  bulletins 
de  l'armée ,  et  dans  les  relations 
historiques  de  cette  époque.  Blessé 
à  mort  à  la  bataille  de  Wagrani ,  il 
reçut  la  risite  de  l'empereur -Na-^ 
poléon ,  qui ,  après  lui  avoir  té-^ 
moigné  les  regrets  les  plus  flat^ 
teurs  et  les  plus  tCHichansy  lui 
conféra ,  ayant  de  le  quitter ,  le 
frade  de  général  de  dirision  :  mais 


LAC 


24? 


le  général  Lacour  expira,  à  Vienne, 
le  28  juillet,  32  fours  après  la  ba- 
taille. Il  fut  regretté  de  tousses 
compagnons  d'armes.  £n  vertu 
d^un  décret  de  l'empereur,  du  1" 
janvier  1810,  la  statue  de  ce  brave 
devait  être  placée  sur  le  pont  de 
la  Concorde. 

LACOUR  .  D'AMBËSiËDX  {N. 
i»e),  avocat  de  Grenoble,  futnooi- 
mé,en  1789,  député  aux  états-gé- 
néraux par  le  tiers-état  du  Dau-*- 
phiné.  Au  mois  d'août  1790,  il  fut 
élu «ecrétaire  de  l'assemblée;  et 
lors  du-  voyage  de  Louis  XVI  à 
Varernies.,  en  1791 ,  il  fut. chargé 
de  se  rendre  en  qualité  de  corn- 
rai^atre  dans  les'  départemens  de 
TAiny  de  la  H^ute-Saône,  du  Jiîra 
et  du  Dotfbs,  pour  j  veiller  au 
maintien  de  la  constitution.  M.  de 
Lacour-d'Ambesieux  n'a  point  fait 
partie  des  assemblées  législatives 
qui  se  sont  succédé  sous  diver- 
ses dénominations  depuis  cette 
époque. 

LACRAMPE  (N.),  homme  de 
loi  avant  la  révolution.  Nommé 
député  à  la  convention  nationale, 
par  le  département  des  Hautes- 
Pyrénées  9  il  j  vota  la  mort  du 
ror;  il  entra  ensuite  au  conseil  des 
<»iiq«>cents  avec  les  a  tiers  descon- 
ventîonneb,  et  fut  réélu  en  1798. 
Après  la  révolution  du  18  brumai- 
re, il  fut  appelé  au  corps  légfsla- 
tif>  et  cessa  de  faire  partie  de  cet- 
te assemblée  en  1804*  Depuis  oet^ 
te  époque,  M.  Lacrampe  a  cessé  dé 
prendre  part  aux  aftaires  pql)li- 
ques^ 

LACRETËLLE  rPiniBB-Lovis}, 
atné,  est  né  à  Metz  en  1751.  lie 
biographe  est  heureux  àe  rencon- 
trer une  de  ces  belles  vies  que  dis- 
tinguent une  grande  probité  poli- 


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348 


LAC 


tique  et  littéraire ,  un  talent  re> 
marquable  consacré  à  Tutilîté  des 
hommes,  et  l'alliance  de  tous  ces 
•titces  à  Testihie  publique.  Fils  d'un 
des  avocats  les  plus  distingues  de 
Metz,  M*  Lacretelle  a  fait  ses  pre- 
miers essais  dans  la  carrière  judi- 
ciaire,  sousla  direction  de  son  pè- 
re, au  barreau  de  Nanci.  En  1778, 
il  vint  à  Paris,  fut  inscrit  au  ta> 
bleau  des  avocats,  et  ses  premiers 
écrits  attirèrent  sur  lui  l'attention 
des  philosophes  ;  plusieurs  dis- 
cours ^  mélanges  et  rjfiémoires  annon- 
cèrent une  pensée  forte,  un  style 
énergique ,  une  faculté  rare  d'in- 
T^estigation  philosophique  chez  M. 
Lacretelle,  encore  jeune.  En  1 78 1 , 
il  obtint,  en  concurrence  avec  M. 
Carat ,  un  second  prix  à  l'acadé-* 
mie.  française ,  pour  un  Éloge  de 
^lontausier.  Si  l'ouvrage  de  son 
rival  renfermait  une  grande  quan- 
tité de  vues ,  d'images  et  d'aper- 
çus, celui  de  M.  Lai^retelle  était 
peut-être  conçu  avec  plus  de  for- 
ce, et  présenté  sous  un  aspect  plus 
vrai  et  plus  sévère.  En  1785,  il 
publia  son  excellent  Discours  sur 
le  préjugé  des  peines  infamantes  : 
l'académie  le  couronna  comme /^ 
l'ouvrage  le  plus  utile  et  le  mieux 
fait  de  l'année.  Tout  le  monde  sait 
que  cet  ouvrage  a  exercé  sur  la 
réforme  judiciaire  une  haute  et 
salutaire  influence.  L'académie  de- 
manda, l'année  suivante,  une  mo- 
rale élémentaire  et  populaire  sous 
le  titre  de  :  Catéchisme  de  mora- 
le. M.  Lacretelle,  inspiré  par  la 
lecture  du  programme,  conçut 
l'ouvrage  sous  un  plan  plus  éten-  v 
du  :  il  envoya  quelques  fragmens 
de  son  travail.  L'académie  (chose 
rare  dans  les  homnnes,  et  plus  rare 
encore  dans  les  assemblées)  ap-* 


LAC 

plaudit  à  l'écrivain  dont  la  pen^ 
'sée  avait  été  plus  vaste  que  la 
sienne,  et  recula  de  deux  années 
le  terme  du  concours  pour  don- 
ner à  M.  Lacretelle  le  temps  d'à-- 
cheverson  ouvrage  :  la  révolution 
approchait;  l'académie  futdétrui-. 
te,  et  le  prix  ne  fut^ias  adjugé. 
Ami  de  Malesherbes,  et  choisi  par 
ce  grand  homme  pour  confident 
et  dépositaire  de  ses  pensées  se- 
crètes et  intimes ,  M.  Lacretelle  , 
en  1787,  sur  la  demande  de  ce 
ministre ,  fut  asso^  par  le  roi  à 
une  commission  cnargée  de  pré- 
senter des  projets  de  réforme. 
Depuis  quelques  années ,  il  était 
collaborateur  du  Mercure,  et  con- 
tribua beaucoup,  avec  M.  Garât  et 
Laharpe,  à  la  vogue  de  cet  ou- 
vrage, qui  exejiçait  alors  une  sor- 
te de  supré^iatie  littéraire.  Ses 
articles,  étendus  et  raisonnes,  é- 
taient  plus  que  de  simples  mor- 
ceaux de  critique.  Bans  Fesp^e 
d'atmosphère  où  vivait  M.  Lacre- 
telle ,  il  ne  pouvait  qu'embrasser 
les  principes  d'une  révolution  dé- 
sirée, provoquée ,  appelée  par  les 
espérances  de  tous  les  hommes 
honnêtes,  par  les  désirs  de  tous 
les  talens,  par  toutes  les  supério- 
rités en  mérite  et  en  vertu.  Ce- 
pendant M.  Lacristelle  sut  se  mon- 
trer à  la  fois  ardent  à  aàopter  \e^ 
principes  régénérateurs,  et  mode- 
ré  dans  les  moyens  de  les  faire 
triompher.  Premier  élu  de  sa  sec- 
tion ,  à  Paris ,  lors  des  élections 
de  1789,  premier  élu  pour  la  pre- 
mière commune  de  Paris,  sup- 
pléant À  l'assemblée  constituante 
de  1 789,  membre  de  l'assemblée 
législative  en  179a,  membre  du 
jury  national  suivant  la  constitu- 
tion de  1795,  ï\  fut  enfin  membre 


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LAC 

du  corps-législatif  de  la  législa- 
tion consulaire.  Pendant  cette  é- 
poque  si' orageuse  9  il  ne  montra 
pas  moins  de  courage  que  d*hu- 
.  manité  et  de  patriotisme.  Au  mb- 
ment  de  fô  suppresf^ion  des  acadé- 
mies,  il  était  désigné  pour  entrer 
à  l*acadéinfe  française  après  M. 
Garât,  son  ami  ;  lors  de  la  restau- 
ration des  académies,  sous  le  nom 
dlnstîtut  national ,  il  fut  un  des 
premiers  élus  de  la  seconde  clas- 
se. En  i8oa,  il  publia  des  Œuvres 
diverses  •  et  en  1817,  des  Frag^ 
inens  politiques  et  littéraires^  dont 
Tapparition  causa  des  discussions 
vives  sur  plusieurs  points  impor- 
tans  qu'avait  agités  Fauteur.  Il  a 
été  l'un  des  fondateurs  et  des  col- 
laborateurs de  l'ouvrage  périodi- 
que si  honorable,  connu  sous  le 
titre  de  la  Minerve,  Après  avoir 
traversé  la  révolution  sans  repro- 
ché, mais  non  sans  danger;  après 
avoir  échappé  aux  faveurs  et  par 
conséquent  aux  disgrâces  du  con- 
sul Bonaparte  et  de  l'empereur 
Napoléon,  il  vît  aujourd'hui  dans 
la  retraite.  La  modicité  de  sa  for- 
tune ne  le  rend  pas  même  admis- 
sible à  la  fonction  d^électeur.  En 
essayant  d'apprécier  le  talent  de* 
M.  Lacretelle,  nous  y  trouvons 
quelques-unes  des  plus  belles  par- 
ties de  l'écrivain.  Il  atteint  la  pro- 
fondeur ,  et  discute  avec  patience 
et  vigueur.  Des  combinaisons  nou- 
velles et  inattendues  sortent  sou- 
vent de  sa  plume,  et  toujours  avec 
quelque  utilité  pour  les  hommes. 
Dans  ses  ouvrages  judiciaires,  il  a 
été  plus  qu'un  bon  auteur;  il  a  été 
bon  citoyen  :  il  a  signalé  avec  har- 
diesse et  chaleur  ces  détentions 
arbitraires,  ce  trafic  de  la  liberté 
des  hommes  >  habitude  des  mo- 


LAC  249 

narchies  absolues.  Il  examine  ail- 
leurs quelle  réparation  est  due  par 
la  société  aux  accusés  reconnus 
innocens  ;  enfin ,  il  a  flétri  cette 
antique  et  folle  opinion  qui  faisait 
rejaillir  sur  unef  jmille  innocente 
la  Honte  du  crime  co^nmis  par  un 
de  ses  membres.  C'est  surtout 
dans  ce  dernier  ouvrage  qu'il  est 
éloquent,  neuf,  dramatique,  et 
qu'il  applique  avec  une  véhémen- 
ce sage  et  une  chaleur  d'âme  gui- 
dée ^par  un  esprit»  vigoureux ,  la 
philosophie  à  la  législation  :  aussi 
deux  écrivains  bien  remarquables, 
Thomas  etChénier,  professèrent- 
ils  pour  cet  ouvrage  une  admira- 
tion aussi  vive  qu 'elle  é tait  méritée . 
Les  autres  écrits  de  M.  Lacretelle 
portent  à  un  degré  plus  ou  mojns 
élevé,  le  même  caractère  de  force 
et  deiugement.  Un  drame,  intitu- 
lé te  Fils  naturel^  plus  fortement 
conçu  que  celui  de  Diderot,  offre 
une  foule  de  situations  neuves  et 
un  tissu  d'événemens  qui ,  pour 
n'être  pas  rangés  selon  les  lois  de 
l'art  dramatique,  n'en  n'ont  pas 
moins  un  puissant  intérêt.  11  serait 
à  désirer  que  M.  Lacretelle  don- 
nât aujourd'hui  une  complète  é- 
dition  de  ses  œuvres^  où  il  rassem- 
blerait ses  travaux  sur  la  scienc» 
et  ^éloquence  judiciaire ,  ceux  de 
ses  écrits  qui  tiennent  à  la  phitO" 
Sophie  et  à' la  littérature^  enfin  ses 
oliDrages politiques.  Il  occupe  d'ail- 
leurs parmi  les  écrivains  de  ce» 
derniers  temps  un  rang  qui  ajoute 
à  l'intérêt  de  son  nom  et  de  ses 
œuvres.  Placé  entre  les  pères  de 
notre  rénovation  politique.,  les 
Voltaire,  les  Diderot,  etc.  etc. ,  et 
les  écrivains  du  premier  quart  du 
ig"*  siècle,  il  offre,  pour  ainsi  di» 
re  f  la  transition  entre  cette  épo-* 


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u5o 


LAC 


que  de  philosophie  théôritîque  et 
notre  époque  de  philosophie  appli- 
quée. Il  a  reçu  les  leçons  et  enten- 
du la  voix  des  encyclopédistes  9  et 
il  Yoit  aujourd'hui  r£urope  entier- 
re  Igtter  pour  leur  application.  11 
sera  compté  lui-même  au  nomère 
des  écrivains  qui  ont  4^n€Ottru  le 
plus  efficacement  aux  progrès  de 
la  raison  humaine. 

LAC£i£j;iL£(£HÀfiLKS  0B),fr6. 
re  puîné  du  précédent^ujourd'hui 
professeur  d'histoire  ancienne»  et 
censeur  royal  des  ouvrages  dca- 
matiquesf  a  peu  de  rapports  intel- 
lectuels avec  M.  Laci«telle  aîné. 
On  ne  peut  lui  reprocher  ni  la  phi- 
losophie, ni  la  profondeur,  iii  rat- 
tachement à  o^  hautes  pensées, 
à  ces  fécondes  doctrines,  à  ces  sages» 
investigations  q^i  distinguent  son 
frère,  aine.  Journaliste  au  com- 
mencement de  la  révolutiofa,  M. 
de  Lacretelle  ne  se  fît  pas  remar- 
quer par  cette  vivacité  de  traits» 
par  cette  justesse  de  vues,  néces- 
saires pour  réussir  dans  la  discus- 
sion périodique  des  faits,  des  évé- 
nemens  et  des  principes.  Il  rédi- 
gea des  teuilletons  avec  la  gravité 
de  rhistoire,  et  quelque  temps 
après,  essayant  d'éorire  l'histoire, 
il  y  porta  la  diffusion  des  jour- 
naux. Continuateur  de  Rabaiid- 
Saint-Étienne,  il  sacrifia  aux  idées 
du  jonr  ses  sentimens  intimes,dont 
nous  ne  voulcfns  point  contester 
la  sincérité ,  mais  qu'il  n'avoua 
que  plus  tard,  et  qu'aujourd'hui 
enfin  il  professe  ouvertement.  Il 
adoHt  d'abord  la  nécessité  de  la 
liberté  publique,  contre  laquelle 
il  trouva  ensuite  des  argument  si 
péremptoires,  et  brûla,  comme  un 
autre^  son  grain  d'encens  sur  Tau* 
tel  du  héros  qui  avait  arraché  la 


LAC 

France  à  l'anarchie,  et  qui  eut  te 
malheur  de  perdre  sur  le^i-ocher 
de  Sainte  -  Hélène  l'admiration  de 
M.  Charles  de  Lacretelle.  Il  don- 
na successivement  5  petits  volu- 
mes siir  la  révolution  française. 
Le  style  enluminé  et  la  brillante 
prétention  qu'on  remarqfue  dans 
cet  ouvrage,  rappellent  «ouvent  le 
genre  strapasêè  des  peintres  de  la 
dernière  école  Italienne.  Son  iif  w- 
toire  de  France  pendant  le  1 8*  siècle 
offre  avec  le  même  genre  de  mé- 
rite, un  défaut  plus  grand  peut- 
être^,  celui  d'une  affectfttion  de 
toujours  penser,  qui  répugne  sin- 
gulièrement aux  penseurs  vérita- 
bles. JH.  de  Lacretelle  est  un  de  nos 
plus  habiles  écrivains  dans  l'art  de 
faire  jouer  leurs  phrases  comme  si 
elles  étaient  profondes,  et  de  don- 
ner à  ses  antithèses  et  à  ses  épi- 
thètes  un  faux  semblant  d'énergie 
et  de  nouveauté.  Cependant  on 
doit  reconnaître  que  C Histoire  de 
France  pendant  les  guerres  d^  reli- 
gion, bien  qu'un  peu  lâche  de 
style,  est  généralement  mieux  é- 
crite,  plus  nmple,  plus  riehe  de 
recherches.  On  a  comparé  le  genre 
dé  M.  de  Lacretelle  à  un  tambour 
qui,  sans  une  forte  compression,  ne 
donne  aucun  son  à  l'oreille;  mais 
qui ,  tendu  avec  violeace ,  devient 
assourdissant.  Il  y  a  dans  cette figu* 
re  quelque  chose  de  satirique  sans 
doute  ;  mais  il  est  trop  vrai  que 
cet  écrivain,  tantdc  diffus  et  tantôt 
afi«)ctant  unei  brièveté  Tacitienne 
et' fatigante,  manque  ix  la  fois  le 
double  but  qu'il  se  propose,  celui 
du  naturel  et  celui  de  la  concision. 
Membre  de  l'académie  française, 
où  il  remplaça  £sroenard,  décoré 
de  la  croix  de  la  Réunion,  et  noble 
par  ordonnance,  il  a  entièrement 


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LAC 

abjjirê  ces  TVfs  p^i}p«^^iqu«é 
qui  fom  vivre  les  œuvres  de  l'es- 
prit, et  cas  hautes  pensées  géné- 
rales qui,  ri^^adi^U  .^x  réciti^ 
et  9UII  iiiéiiitat><!»uâ  (]c  récdvain 
les  (^aiuls  iatéreti)  spùrux,  les 
SQulienneut,  et  (comme  dit  Ba- 
CQ«)  (I  ^eur.  i^eryvfltde  le&t  f»t  jep 
>itiii^l  «uma^^r  au  milieu  du  tov-. 
»reui  des  agf».»  Dan:»  son  dernier 
ouvrage^  V Histoire  de  l* assemblée 
cçnsUtuflnle^  i]  s'&it  pojrté^  avec 
unjei  ^grande  hardiesse ,  Taccusa- 
teiir  public  de  la  Fjçupce  et  (Je  l'Eu- 
rojK:  ;  il  a  osé  citier  â  la  barre  des 
cours  e|  des  cabij»els ,  ce  long  cri 
de  joie  dont  les  peuples  ôat  salué 
ùi^  6n  du  ig~'  sfècie  le  ivéveil  de 
•*  la  .liberté,  cette.  géaé4reiise  efler- 
veM^iice,  ce  4éy<M|eineot  auxinté^ 
rêt9  de  ia  patrie,  ce  nouvel  h^ 
roîsine^  qqi  est  venu,  rendra  la  vie 
^t  \^  lumière.  dUK.peiiplf^  ipofiar- 
chiqueSff  que  la  déeadàfice  et  Tex- 
cès  d'une  .civilisation  corro^^pue 
entraînait  au  tombeau.  Jl  u  crM 
pouvoir  (pétrir  les  gloires  français 
^Sf  attaqLier  les  ao^^wr^»  les  re-» 
grets^  les  sQvyenirs  de  i^on  pajSy 
spuiller  k:s  renonaiia^^^  4t)s  pre- 
miers talens  et  des. plus  nobl^ 
caractères  qui  se  soieint  dévoués 
à  la  défen^  de  la  régénération 
sQciale^  Dans  ce  djerni^r  ouvrage, 
M*  de  Lacretelle  est,  comme  écri- 
V4ÎO5  au  dessous  de  lui  oiême..  Il 
ne  pouvait  guère  4Mi  êt|f  autre-- 
ipent.  Il  est  un  sauctqaîre  hors 
•  duquel  le  talent  (quel. qu'il  soit) 
n^  pept  espérer  4(i  S9lut  :  c'est  ce- 
lui où  résident  ces  trois  déesses 
immortelles»  la  vérité,  la  justice 
et  la  philosophie.  lU.  de  Laçjpetelle 
occupa  depuis  20  i^qs  la  place  de 
censeur  des  pièces  de  théâtre;  il 
doit  ^trç,  à  oe  titw,  plus  partiçu* 


JUkC 


a5i 


Uiueiuent  responsable  d^  l'état  de 
dégradation  où  l'art  dramatique 
est  tombé  en  France,  au  milieu 
de  tfiut  d'éiémens  de  succès  .que  la 
censure  est  parvenue  à  disperser. 
LACROLX  (IsMc-JicoB),  gr»^ 
reur  a\i  pointillé  et  en  taiUe^iiou- 
ce,  «aqu}t  à  Pajîeri^,  dans  k  can- 
ton de  Berne vTers  ijSi ,  d'ime 
fannlle  pauvre^  mais  qui,  voyant 
le3  di^osition^  qi^'jl  utontrait  pour 
le  dessin ,  s'iaiposa  des  sacrîéoes, 
et  favorisa  son  inclination  en  le 
nif^ttaot  sous  I4  direction  de  Miol* 
let.  En  sortant  de  Tccole  de  cet 
artiste ,  à  qui  U  dut  d'excellens 
principes  de  des^sin^  1^  jeune  La-* 
crqiK  passi»  chez  Christian  de  Aie- 
obeU  à  Bàle*  La,  il  apprit  la  gra- 
vure au  poÀqtillé  ^  en  taille-dpu- 
ce«  Une  ^tnde  de  plusieurs  années 
fortifia  son  talent,  et  le  mit  en  état 
de  travailler  avec  succès  ftux  m^- 
(l^Uf9  de  Hedlioger,  à  la  Danse 
des  moriSs  et  à  ia  galerie  de  Dm- 
seldorf. .  Néanmoins ,  il  considéra 
le  temps  qu'il  passa  chez  ce  mai* 
tre.cotanpie  une  suite  de  ses  étude», 
et  comme  entièrement  perdu  pour 
&ji  réputation*  DunckleretËichler 
furent  à  ses  jreux  ses  véritables 
maîtres ,  et  il  attribua  à  leurs  le- 
çons et  à  leufs  conseils  les  progrès 
qu'il  ût  par  la  suite.  Il  accomjla- 
gua  en  Italie  un  de  ^^s  amis  nom- 
mé Ducros.  Les  deux  voyageurs 
séjourtièrent  quelque  temps  à  Bo- 
logne et  à  Florence ,  et  se  rendi- 
rent à  Rome,  but  de  leur  voyage; 
ils  s'y  ù  lièrent  pend<mit  plusieui's  an-^ 
nces.  Tous  les  moquinens  des  arts 
attirèrent  l'attention  de  Lacroix. 
Il  en  destsina  un  grand  nombre^ 
et  eut  le  bonheur  de  $e  lier  d'amU 
tié  avec  deux  artistes  célèbre^,, 
Hackert,  peintre,  et  Yolpalo,  gra- 


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â52  LAG 

veur,  auxquels  il  dut  dVxcelleiiâ 
conseils  et  la  meilleure  direction 
dans  son  art.  ^ackert  lui  confia  la 
grarure  de  son  tableau  de  la  Fut 
de  Césène,  composition  eapitnle  , 
et  dont  le  burin  de  Lacroix  rendit 
avec  beaucoup  de  fidélité  Tesprît 
et  tous  les  genres  de  mérite.  Hac- 
kert  9  enchanté  du  talent  de  son 
traducteur,  le  chargea  de  graver, 
comme  pendant  de  la  Vue  de  •Cé^ 
sène ,  son  tableau  de  la  Fue  de 
l'église  de  Saint-Pierre  de  Rome. 
Lacroix  ne  put  conduire  jusqu'à 
la  fin  cette  seconde  entreprise, 
que  Votpato  termina.  Le  climat  de 
Rome,  contraire  à  là  santé  de  Tar-^ 
tiste  suisse,  le  força  de  retourner, 
sans  délai,  dans  sa  patrie,  où  il  ar- 
riva après  4  années  d*absence.  Il 
s'y  occupa  exclusivement  de  su- 
jets et  ornemeUs  typographiques, 
et  fut  enlevé  aux  arts  dans  un  âge 
peu  avancé  ,  vers  les  premières 
années  du  ig"*  siècle.  Il  «a  laissé 
la  réputation  d'un  graveur  distin*^ 
gué  et  d'un  honnête  homme.  On 
lapporte  de  cet  artiste  une  gran- 
de preuve  de  modération  et  de 
générosités  Un  graveur,  jaloux  de 
la  préférence  que'  lui  avait  don- 
née Hackert>  en  lui  confiant  le 
soin  de  graver  sa  Fue  de  Césène^ 
s'ihtroduit  chez  lui  pendant  son 
absence,  et  sous  un  prétexte  éloi- 
gne le  jeune  élève  de  Lacroix,  puis, 
croise  de  deux  coups  de  taille  la 
planche  de  ce  tableau  presque  en- 
tièrement terminée.  Lacroix  rentre 
dans  ce  moment  même;  il  saute  sur 
son  épée,  et  va  se  précipiter  sur 
son  odieux  rival.  «  Malheureux! 
»  dit-il ,  je  pourrais  te  tuer  ;  mais 
»\e  t'abandonne  à  test  remords.  » 
Ce  fut  là  toute  sa  vengeance. 
LACROIX  (Stivbsthe-Feiw- 


LAC 

çôis),  lÀeiubi^de  la  îégion-d'hon- 
neur,  professeur  de  mathémati- 
ques et  l'un  des  premiers  géomè- 
tres de  rEurope,  auteur  de  plu - 
sieurs  ouvrages  très-répandus  eC 
traduits  dans  diverses  langues ,  est 
né  à  Paris,  en  1765.  Monge,  dont 
il  suivait  les  leçons,  lui  fit  obtenir^ 
en  1782,  uneplafce  de  professeur 
de  mathématiques  dès  gardes  de 
la  marine  à  Rochefort.  Condorcef 
l'appela  à  Paris,  en  17S6,  pour 
IjB  suppléer  au  lycée  qu'on  venait 
de  fonder;  il  le  fit  entrer,  en  1787, 
à  l'école  Militaire,  qui  futsuppri^ 
mée  l'année  suivante.  En  1788, 
M.  Lacroix  devint  professeur  à 
j'école  d'artillerie  de  Besânpdn; 
en  1793,  examinateur  des  aspirans 
et  élèves  du  corps  de  l'artillerte , 
et  en  1794  9  chef  de  bureau  à  la 
comfmisston  de  l'instruction  pu- 
blique ,  lorsqu'on  vint  à  s'occuper 
de  réorganiser  cette  partie;  A  la  * 
première  école  Normale ,  Monge 
le  prit  pour  l'un  de  ses  adjoints 
dans  l'enseignement  de  I9  géo~mé~ 
trie  descriptive.  Il  fut ,  dans  la 
même  année  (1794),  professeur 
de  mathématiques  à  l'école  ceti'- 
tralè  des  ijuatre- Nations,  et  en 
1799;  professeur  d'analyse  à  l'é*- 
cole  Polytechnique  :  il  quitta  a- 
lors  son  emploi  de  chef  de  bu- 
reau. En  180 5,  à  la  transmutation 
des  écoles  centrales  de  Paris  en 
lycées ,  él  y  devint  professeur  de 
mathématiques  transcendantes.  En 
1809,  il  fut  appelé,  en  cette  qua- 
lité, à  faire  partie  de  laKaculté  des 
sciences  de  Paris,  à  l'organisation 
de  l'université ,  et  nommé  en  mê- 
me temps  doyen.  La  Inême  année, 
il  passa  de  la  place  de  professeur 
d'analyse  dans  l'école  Polytechni- 
que, à  «elle  d'examinateur  perma- 


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LAC 

aeot  des  Aères  de  cette  école.  Eii 
181 5',  sur  la  double  présentation 
des  professeurs  du  collège  de 
France  ,  et  des  membres  de  la 
olasse  des  sciences  mathématiques 
«I- physiques  de  l'institut ,  il  fut 
nommé  à  la  chaire  du  collège  de 
France,  Tacante  par  la  mort  de 
M.  Mauduit,  qui  avait  été  son 
premier  maître,  et  il  donna  sa  dé- 
mission des  places  qu'il  occupait  à 
l'école  Polytechnique  et  au  lycée. 
En  1821 ,  malgré  les  instances  qui 
lui  furent  faites  par  la  commission 
de  l'instruction  publique,  il  re- 
nonça aux  fonctions  de  doyen  de 
la  Faculté  des  sciences ,  pour  se 
renfermer  dans  celles  de,  rensei- 
gnement, qu'il  continue  aujour- 
d'hui. M.  Lacroix  avait  déjà,  en 
1787,  remporté  le  prix  proposé 
par  l'académie  des  sciences ,  sur 
les  /  assurances  ^naritimes.  Il  fut , 
deux  ans-  après ,  nommé  corres-« 
pondant  de  cette  académie ,  et  suo- 
cessivement,  en  1799,  membre 
de  l'institut;  en  1806,  chevalier 
de  la  légion-d'honneur.  Il  a  com- 
posé, pour  l'enseignement,  des 
traités  qui  forment  un  cours  de 
mathématiques  pures,  en  7  vol. 
in-S''^  et  qui  ont  été  souvent  ré- 
imprimés et  traduits  dans  les  lan- 
gues étrangères  :  quelques-uns  de 
ces  ouvrages  sont  à  la  1  ô""*  édition. 
Mais  Touvrage  le  plus  important 
de  M.  Lacroix  est  son  traité  du 
Calcul  di/férentiel  et  du  calcul  in* 
légral,  en  3  vol.  10-4"  5  qui  a  eu 
2  éditions,  et  dans  lequel  ilsut 
rassembler  tout  ce  qu'il  y  avait  de 
plus  nouveau  et  de  plus  profond 
sur  cette  branche  de  mathémati- 
ques. Le  jury  chargé  de  la  pro- 
position des  grands  prix  décen- 
naux, plaça  cet  ouvrage  immé- 


LAC 


255 


diatement  après  celui  de  la  Méca- 
nique analytique  de  Lagrange , 
comme  méritant  une  distinction 
particulière.  Dans  un  traité  élé- 
mentaire du  calcul  des  probabili- 
tés n  et  qui  est  également  à  sa  a* 
édition,  M.  Lacroix  s'est  proposé 
de  mettre  à  la  portée  de  peux  qui 
ne  connaissent  que  les  élémens 
d'algèbre,  la  démonstration  des 
résultats  fondamentaux  du  calcul 
des  probabilités,  et  les  bases  de 
ses  applications,  soit  aux  jeux, 
soit  aux  sciences  morales  et  poli- 
tiques. Une  raison  ferme ,  une  vé- 
ritable philantropie,  qui  chi:rchent 
à  écarter  de  séduisantes  erreurs  et 
les  frappent  sans  ménagemens,  se 
font  remarquer  dans  cette  produc- 
tion, qui  doit  être  considérée  non- 
seolement  comme  un  traité  de 
mathématiques,  mais  encore  com- 
me un  excellent  traité  de  morale. 
Ou  joint  ordinairement  cet  ouvra- 
ge au  cours  de  mathématiques, 
ainsi  que  les  Essais  du  même  au-  ^ 
teur  sur  C enseignement  en  général, 
et  sur  les  mathéma.iques  en  parti- 
culier. Ces  Essais,  publiés  en  i8o5, 
au  moment  de  la  suppression  des 
écoles  centrales,  et  réimprimés 
avec  quelques  additions  en  1816, 
ont  principalement  pour  but  de 
faire  connaître  ce  qu'avaient  été 
ces  écoles;  ce  qu'elles  auraient  pu 
devenir  si  on  les  eût  conservées, 
encouragées;  et  enfin  combien 
leur  enseignement  était  conforme  à 
ce  qu'exigeaient  l'état  des  connais- 
sances ,  les  progrès  de  l'esprit  hu- 
main, et  les  vœux  de  tout  les  hom- 
mes éclairés  du  iS"*  siècle.  Dans 
la  préface  ,*on  lit  ce  qui  suit  :  «  h- 
»  tranger  à  tous  les  partis ,  et  placé 
»  dans  des  circonstances  qui  m'ont 
»  permis  de  n'être  qu'observateur 


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^54  LAC 

«dans  la  crise  tioleRte  que  nous 
•  avons  éprouvée,  je  n'ai  rien  à 
»  dissimuler,  rien  k  considérer  der- 
wrièî'e  wïoi,  qui  puisse  m*empê- 
»  cher  de  dire  la  vérité  tout  en- 
«tièrei  ou  du  moins  ce  ([ue  je 
»  prends  pouf  elle.  (Pag.  5  et  4«  édî- 
vtfonde  i8i6.)j»  Enfin,  M.  Lacronc 
a  publié  d*abord ,  à  la  t^te  de  la 
traduction  française  de  la  Géogra- 
phie de  M.  Pinkerton,  ensuite  ât 
part  et  fort  augnientée ,  une  /n- 
troduction  à  la  géographie  mathé^ 
matiqueet  critique ^  et  à  fa  géogra^ 
phie  physique  y  où  sont  exposés  les 
principes  de  la  construction  des 
cartes ,  et  les  fondemens  de  la  des- 
cription topographîque  et  physi- 
que de  la  terre. 

LACROIX     (JEAW-ALBXAKDaE), 

chirurgien-herniaire  du  roi ,  est 
né  à  Paris  en'  1 766.  Il  fut  reçu  , 
en  1806,  à  la  Faculté  de  médeci- 
ne, en  qualité  de  chirurgien-mé- 
canicien. Ce  praticien  habile  a 
rendu  à  la  science  et  aux  person- 
nes frappées  de  dîfFormités  natu- 
relles ou  accidentelles,  des  servi- 
ces de  la  plus  haute  importance. 
Il  a  créé  chez  lui  un  atelier  de 
gymnastique  en  feveur  des  indivi- 
dus qui  ressentent  des  tÉffections 
de  poitrine ,  de  paralysie ,  ou  qlii 
sont  atteints  de  diCTormités.  An 
moyen  de  différens  exercices,  M. 
Lacroix  a  obtenu  des  guérisons 
inespérées.  Il  exécute  lui-même, 
avec  un  rare  talent ,  une  foule 
d'appareils  mécaniques  destinés  ùl 
la  pratique  de  son  art  ;  mais  il*  a 
encore  difns  ce  genre  le  génie  de 
l'invention.  On  cite  entre  autres 
les  corsets  élastiques,  qui  servent 
à  remplacer  les  corps  garnis  de 
baleines  et  de  plaques  dt  fer,  dont 
les  femmes  se  servaient  autrefois. 


LAC 

et  qui  les  rendaient  soil^eflt  poi- 
trinaires ;  et  des  corseh  de4tT-» 
nés  à  cacher  les  désavantages  de 
la  taille.  On  cite  eneore  parmi  ses 
inventions  les  pltts  lïtîlés  :  i*  cette 
qui  a  pour  objet  dé  suppléer  à 
l'action  des  muscles  extenseurs 
des  doigts  de  la  main ,  dl^truité 
par  une  paralysie  :  cette  invention 
fttt  mentionnée  avec  éloge  dans  le 
rapport  à  la  Faculté  de  médecine; 
*»•  celle  qui,  inttwhaite  dans  l'infé- 
rieur du  neï,  sert  à  enlever  les 
carti^ges  latéraux  rompus  >\  la 
suite  d'un  accident;  5*  celle  à 
arbalète,  tendant  à  détruire  la 
flexion  de  l'avant  -  bras  sur  le 
bra»,  à  la  suite  des  coups  de  feu. 
LACROIX  (J.  P.),  naquît  en 
1754,  à  Pont-Audemer,  et  était 
avant  la  révolution  avocat  à  Anet, 
près  de  Dreux.  Lancé  dans  le  par- 
ti populaire,  Lacr(fix  fut  nommé, 
^n  1791,  pro'cftreur-généfal-syn- 
^îc  du  département  de  l'Eure ,  et 
Tannée  sutvanle,député  de  ce  dé- 
partement à  l'assemblée  législati- 
ve. It  s'y  montra  l'un  des  plus 
exaltés  défenseurs  de  la  cause 
qu'il  avait  embrassée ,  attaqua  vi- 
vement ses  adversaires ,  dénonça 
plusieurs  individus-comme  faisant 
partie  d'un  comité  autrichien, dont 
l'existence  ne  fut  jamais  prouvée, 
et  poursuivit  avec  aichariienbent 
les  prêtres.  Il  accusa  ces  dernier» 
de  fomenter  tous  les  troubles  qui 
agitaient  la  France.  Le  roi  même 
était  coupable  selon  lui ,  et  dans 
un  long  et  véhément  discowVs, 
Lacroix  accusa  Louis  XVI  d'entre* 
tenir  les  désordres  par  son  refus 
de  sanctionner  les  derniers  décrets 
relatifs  an  clergé.  Dans  la  même  ' 
séance,  il  fit  paraître  à  la  barre  le 
ministre  de  l'intérieur,   pour  le 


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LAC 

cootraîndre  à  donnera  l'assemblée 
des  expHoalioiM  à  ce  sujet.  Quelr 
qttes  jours  après^  le  ao  juin  1790^ 
Lacroix  fit  réintégrer  dans  ses 
fonctions  de  mu  ire  de  Paris  9  Pé* 
tioQ  qui  avait  été  suspendu  à  la . 
iiuite  de  cette  journée,  quoique 
lui-même  eût  fait  mander  à  la 
barre  tout  le  corps  municipal  par 
snite  de  cette  aiTaire.  Lacroix 
détesUiit  M.  de  La  Fayette;  cèpe n* 
dwit ,  persuadé  qu'il  était  inculpé 
faussement,  il  vota,  le  S  août,  con« 
tre  sa  mise  en  accusation.  Après 
la  journée  du  1  o  du  même  mois,  il 
fit  décréter  rétablissement  d*une 
cour  martiale,  pour  juger, sans  dé-* 
seinftarer,  les  Suisses  faits  prison- 
niers aux  Tuileries.  Le  19  du  mê- 
me mois,  il  fut  fiommé  président 
de  rassemblée  législative,  et  fut, 
après  la  dissolution ,  élu  membre 
de  lu  convention  nationale  par  le 
département  de  TËure.  Dans  le 
procès  de  Louis  XVI,  Lacroix  vo- 
ta-  pour  la  mort,  sans  appel  et  sans 
sursis.  Chargé  ensuite  avec  Dan- 
ton de  plusieurs  missions  pour  la 
Belgique,  sa  conduite  dans  ce 
pays,  où  il  avait  siugulièrement 
augmenté  sa  fortune,  fut  le  ntotîf 
dan  attaques  dirigées  conlf  e  lui  par 
le  coté  droit,  et  par  les  GironMns , 
qui  d'ailleurs  le  méprisaient.  Il  é* 
tait  encore  accusé  d'avoir  entrete- 
nu des  liaisons  avec  Dumouriez; 
mais  Fappui  de  la  Montagne  le 
sauva.  Le  27  mai  1 795,  Lacroix  dé- 
fendit Danton  et  Marat,  que  le  côté 
droit  accusait  d'avoir  été  les  au- 
teurs des  troubles  du  10  mars,  et 
de  ceux  qui  alors  même  agitaient 
Paris.  Quelques  jours  après ,  il  fit 
décréter  la  création  de  Tarmée  ré- 
volutionnaire. Le  général  Miazcins- 
kt^condamné  i\  mort  pour  compli- 


LAC 


255 


cité  avec  Diimoudei,aTa[t,  dû  fond 
desa  pvisefi,  dénoncé  Lacroix, 
dans  Tespoir  de  se  soustraîré  à 
réchafaud.  Le  député  Lasource 
avait  appuyé  cette  dénonciatioa 
devant  la  convention ,  et  produit 
de  nouvelles  charges.  Mais  les  a- 
mis  de  Lacroix  réussirent  à  le  sau- 
ver pour  quelque  temps  des  suites 
de -ces  accusations  réitérées.  (3n« 
nouvelle  ataqne  fut  dirigée  contre 
M,  le  'iS  janvier  1794*  Il  sut  en- 
core la  repousser  avec  quelque  a- 
dresse.  Le  long  discours  qu'il  pro- 
nonça à  cette  occasion,  se  ressen- 
tit cependant  de  la  position  embar- 
rassée dans  laquelle  il  se  trouvait. 
11  nia  ses  relations  avec  Dumou* 
riez,  et  s'appuyait  principalement 
sur  ce  qu'ilavait,  un  des  premiers, 
dénoncé  ce  général  ;  mais  vers  la 
fin  du  mois  de  mars  de  la  mente  an- 
née, le  comité  de  sulut  public  ayant 
résolu  la  perte  de  Danton,  Lacroix 
fut  compris  dans  cette  proscrip- 
tion, qu'il  repoussa  avec  assez  d'a«> 
dresse  dans  un  discours  qui  ,  d'a- 
bord, parut  produire  un  eifet  favo- 
rable sur  l'assemblée;  mais  la  dis- 
position des  esprits  changea  bien- 
tôt; el  lorsque  Saint-Justdeman 
du  un  décret  d'accusation  ,.  l'as* 
semblée  le  rendit  sur-le>champ. 
Lacroix,  Danton,  Garni  lie  Desmou- 
lins ,  Hérault  de  Séchelles ,  etc. , 
furent  condamnés  et  exécutés  le 
5  avril  1794  (16  germinal  an  2). 
Ils  subirent  tous  leur  jugement  a- 
vec  courage.  Lacroix  était  doué 
de  plusieurs  avantages  extérieurs. 
Sa  belle  figure,  sa  voix  sonore, 
des  manières  prévenantes,  de  l'é- 
loquence et  un  esprit  fécond  en 
ressources  ,  l'avaient  fait  distin- 
guer dès  le  commencement  de  la 
révolution.  Miiis  ses  passions  vior» 


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!à56 


LAC 


lentes,  ses  mœurs  dissolues  et  sui;- 
tout  son  avidité  pour  TargcAt, 
fournirent  bientôt  contre  lui  de 
suffîsans  prétextes  pour  le  perdre. 
Dès  qu'il  fut  attaqué  par  Robes- 
pierre, il  succomba. 

LACROIX  (  Fbakçois-Josbph- 
Paiîphile,  BAiOH  DB  ) ,  ué  le  1*'  juin 
1774?  ^  ^^ît  partie  de  Texpédilion 
de  Saint-Domingue  en  1802.  Il 
a  publié  sur  cet  événement,  et 
sur  les  causes  de  la  révolution  de 
cette  île,  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Mémoire  pour  servir  à  la  ré* 
volution  de  Saint-Domingue.  Cet 
écrit  présente  d'une  manière  pré- 
cise et  justeles  affaires  de  cette  ile 
depuis  5o  ans;  c'est  là  que  peu- 
vent puiser  ceux  qui  veulent  con- 
naître les  véritables  causes  qui 
ont  fait  perdre  cette  colonie  à  la 
France.  En  181 5^  le  général  Pam- 
pbile  Lacroix  était  chef  d'état- 
iQajor  du  a"*  corps  d'armée,  com- 
mandé par  le  comte  Reiile;  et  a- 
pirès  la  retraite  de  ISVaterloo,  il 
défendit  victorieusement ,  à  la 
cbambre  des  représentans  ,  ce 
corps  qu'on  accusait  de  défection. 
Le  a5  décembre  1819,  il  pronon- 
ça sur  la  tombe  du  marécnal  Ser- 
rurier un  discours  plein  de  pii- 
triotisme ,  dans  lequel  il  compare 
le  sort  du  maréchal  à  celui  du 
prince  d'ËsIing.  Il  y  plaint  M  as- 
séna d'avoir  terminé  ses  jours 
dans  un  temps  où  son  pays  était 
occupé  par  les  armées  étrangè- 
res. Il  lut  nommé  commandant 
de  la  7"*  division  militaire.  Lors 
de  l'insurrection  qui  éclata  à 
Grenoble,  dans  le  mois  de  mars 
1821,  il  fit  déclarer  la  ville  en  état 
de  siège,  et  dans  le  inçis  d'avril 
suivant,  il  fut  nommé  comman- 
deur de  l'ordre   rgyal  de  Saint- 


LAC 

Louis,  et  gentilhomme  de  la  cham- 
bre du  roi.  Dans  le  courant  de  la 
même  année,  le  général  Pam- 
phile  Lacroix  passa  .au  comman- 
dement de  la  5""  division  militai- 
.  re  à  Strasbourg.  Les  àervices  qu'il 
a  rendus  dans  les  départemens  de 
l'Isère  et  du  Haut- Rhin  lui  ont 
acquis  la  plus  grande  faveur.  Il 
a  été  chargé  du  commandement 
d'une  des  divisions  de  l'armée 
d'observation  d'Espagne,  qui  pa- 
raît devoir  (mars  iSaS)  devenir 
armée  active. 

LACROIX  (SisASTiEN),  fou- 
gueux démagogue,  commissairede 
la  commune  de  Paris  pour  les 
subsistances,  fut  envoyé  en  mis- 
sion ijh  Meaux,  au  commencement 
de.  septembre  179a,  époque  à  la- 
quelle eut  lieu  le  massacre  des 
prêtres  dans  cette  ville.  Le  6  du 
même  mois,  il  présenta,  au  nom 
du  collège  électoral  du  départe- 
ment de  Seine-et-Marne,  la  pro- 
position d'abolir  à  jamais  la  royau- 
té, et  y  joignit  des  offres  d'une  a- 
trocité  inouïe  concernant  la  per- 
sonne même  du  roi.  Sa  conduite 
violente  en  plusieurs  circonstances, 
a  fait  croire  qu'il  n'avait  point  été 
étrangei^  aux  attentats  commis  à 
Paris  vers  la  même  époque;  et 
bientôt  ces  soupçons  se  changè- 
rent en  certitude ,  lorsqu'on  le  vit, 
peu  de  temps  après ,  exercer  avec 
fureur  les  fonctions  de  membre 
du  comité  révolutionnaire.  Lacroix 
se  fit  aussi  l'interprète  de  la  sec- 
lion  des  Quatre-Nations,  et  le  5 
avril  1795,  il  demanda,  en  celte 
qualité,  l'arrestation  de  tous  les 
membres  des  assemblées  consti- 
tuante et  législative,  qui  s'étaient 
prononcés  en  faveur  du  roi  et  de 
i>L  de  La  Fayette.  Il  obtint  enfin 


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LAC 

l 

la  récomp^ise  de  ses  crimes  ;  tra- 
duit deTant  le  tribunal  révolution- 
naire, comme  complice  d'Hébert, 
il  fut  condamné  à  mort  le  i3  à- 
vrili794. 

LACKOIX  (  Jeah-Bapîistb-Jo- 
SBPH  DE  ),  naquît  à  Bordeaux,  en 
lyZ^f  d'une  famille  noble,  et  en- 
tra au  servîbe  très-|eune  dans  les 
g^endarmes  de  la  gardé  du  roi.  Au 
licenciement  de  ce  corps ,»  il  re- 
toui'na  dans  sa  Tille  natale,  où  son 
opînfon  contre  la  révolution  le  fit 
arrêter  en  1 79^,  Traduit,  au  com- 
mencement de  février  1794»  de- 
Tant la  commission  militaire  de 
Bordeaux,  comme  n'ayant  pas 
i^dulu  accepter  la  constitution  de 
1795,  et  pour  avoir  manifesté  le 
désir  de  voir  les  ennemis  en  Fran- 
ce, il  fut  condaDQ^né  à  mort  le  5  du 
même  mois. 

LACIIOIX (Michel),  homme  de 
Im  atant  1789,  se  montra  partisan 
de  la  révolution,  et  fut  d'abord- 
appelé  à  des  fonctions  judiciaires; 
nommé  ensuite  député  à  la  con- 
Tention  nationale,  par  le  départe- 
ment de  la  Haute-Vienne,  il  s'at-r 
tacha  au  parti  de  la  Gironde,  et 
TOta,  dans  le  procès  de  Louis  XVI, 
pour  la  détention  elle  bannisse- 
ment à  k  paix.  Modéré  par  prin- 
cipes, il  signa  la  protestation  faite 
contre  la  journée  du  3 1  mai.  Arrê- 
té  par  suite  avec  les  75autres  signa- 
taires, il  resta  détenu  jusqu'à  la  ré- 
volution du  9  thermidor,  à  laquel- 
le il  dut  son  salut.  Michel  Lacroix 
rentra  alors  dans  le  sein  de  la  con- 
vention; mais  il  ne  fut  point  réé- 
lu après  cette  session.  Il  devint 
ensuite  commissaire  près  le  tribu- 
nal civil  de  Bellac,  dont  il  fut 
noinmé  président,  en  i8i4* 

LACROIXDE  CONSTANT 


LAC 


i^K 


(CHiEi.Bs  de)  ,  mipistre  des  rela-^ 
tîons  extérieures  de  la  république, 
fut  nommé,  en  1792,  par  le  dé- 
partement de  la  Marne,  député  à 
la  convention  nationale  ,  où  il 
vota  la  mort  de  Louis  XVI,  sans 
appel  ni  sursis.  Il  fut  ensuite 
chargé  de  (lifférentes  missions  dans 
les  départemens,  et  se  trouvait,  à 
la  fia  de  1794,  dans  ceux  des  Ar- 
.  dennes  et  de  la  Meuse.  Il  s'y  mon- 
tra opposé  au  régime  de  la  ter- 
reur,  en  répripiia  les  coupables  a- 
gens,  et  obligea,  en  même  temps, 
les  prêtres  qui  agitaient  en  sens 
inverse  ces  départemens,  à  se  ren- 
dre aux  chefs-lieux,  où  il  les  sou-> 
mit,  par  un  arrêté,  à  la  stricte  «ur-* 
veillance  des  autorités  constituées. 
Rentré  dans  la  convention ,  La- 
croix s'opposa  cependant,  par  de? 
raisons  politiques,  à  ce  qu'on  ren- 
dît les  biens  des  personnes  con- 
damnées sous  le  règne  de  la  ter- 
reur; Mais  la  convention,  animée, 
à  cette  époque,  de  sentimens  plus 
honorables,  ne  céda  point  aux 
suggestions  d'un  sordide  intérêt. 
On  ne  voulut  plus  se  souiller  du 
prix  du  sang,  et  les  biens  non  ven«* , 
dus  furent ,  par  le  plus  équitable 
de  tous  les  décrets,  rendus  ^ux 
parens  des  condamnés.  0ans  le 
mois  d'octobre  1796,  Lacroix  en- 
tra au  conseil  des  anciens  avec 
les  deux  tiers  conventionnels^  et 
fut  nommé  ministre  des  relations 
extérieures,  le  14  du  mois  suivant.^ 
On  lui  reprochait  d'avoir,  pendant 
ses  fonctions,  invité  les  ambas^a-' 
deurs  d'Espagne  et  de  Prusse, 
à  assister  à  la  cérémonie  de  l'an-' 
niversaire  de  la  mort  de  Louis 
XVI.  Mais  ce  fait  n'a .  point  été 

f trouvé.  Charles  de  Lacroix  quîtta 
e  portefeuille  dans  le  mois  de  juil- 
»7 


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^58 


LAC 


let  17979  et  fut  remplacé  par  M. 
de  Tallejrand.  Il  fut  ensuite  en- 
voyé en  ambassade  en  Hollande  > 
et  il  y  seconda  la  révolution  dé* 
ihocratique  de  1798,  Nommé  pré- 
fet des  Bouches-du-Kbôncy  aprè» 
rét^blissenient  du  gouvernement 
consulaire  9  il  fit  construire  à  Mar- 
seille des  mqnumens  qui  hono- 
rent sa  mémoire.  Il  passa  ensuite 
à  la  préfecture  de  la  Gironde,  et 
mourut  à  Bordeaux  dans  le  mois 
de  novembre  i8o5. 

LAÇROIX-LACOMBE,  est  né 
en  1767.  Il  a  fait  toutes  les  cam* 
pagnes  de  la  révolution,  comme 
chirurgien  des  armées  françaises, 
et  fut  nommé  successivement, 
chirurgien  de  a"'  classe,  chirur- 
gien de  1"  classe  en  1797,  et  chi- 
rurgien-major du  3**  régiment  de 
cuirassiers.  Il  -déploya  constam- 
ment le  plus  grand  zèle,  fut  fait 
prisonnier,  et  recutplusieurs  bles- 
sures graves  en  remplissant  ses 
fonctions.  A  Prevesa,  une  mala- 
die pestilentielle  avait  déjà  empor- 
té plus  de  2000  individus,  quand 
M.  Lacroix-Lacombe  parvint  à  en 
arrêter  les  funestes  effets  ;  en  29 
jours  il  la  fit  même  disparaître 
entièrement.  Le  trait  suivant,  at- 
testé par  ses  supérieurs,  fait  le 
phis  grand  honneur  à  Thumanité 
de  cet  estimable  chirurgien.  Au 
siège  meurtrier  de  Côrfou ,  il  vît 
un  malheureux  blessé,  abandonné 
et  jeté  dans  un  fossé  par  les  Turcs; 
il  alla  lui  porter  secours  sous  le 
feu  des  ennemis.  Le  général , 
voyant  M.  Lacroix  exposé  à  un 
imminent  danger,  lui  fit  donner 
Tordre  de  se  retirer;  pressé  d'obéir, 
il  emporta  le  blessé  sur  ses  épau- 
les. 

tA€ROSS£  (  Jeau  -  BAPnsts- 


LAC 

Aaimohd  di  ) ,  contre^amiral ,  né 
le  7  septembre  1761 ,  h  Meilhau  y 
département  de  la  Gironde ,  entra 
au  service  comme  garde  de  la  ma- 
rine en  1779.  Il  fut  nommé  en- 
seigne en  1 782,  lieutenant  de  vais 
seau  en  1786,  et  il  était  capitaine 
en  1792,  lorsqu'il  fut  chargé  de 
pacifier  les  îles  de  la  Martinique 
et  de  la  Guadeioi^pe.  Lacrosse  eut 
le  bonheur  de  remplir  cette  mis- 
sion s^ns  effusion  de  sang  ;  et  a- 
près  avoir  battu  les  Anglais  sur 
terre  et  sur  mer,  il  revint  en  Fran- 
ce ,  où  il  fut ,  peu  de  temps  après, 
destitué  et  arrêté  par  ordre  du 
comité  de  salut  public.  Les  servi- 
ces qu'il  avait  rendus  k  la  républi-» 
que  ne  devaient  pas  être  oubliés  ; 
cependant  il  resta  détenu  jusqu'au 
mois  de  janvier  1795.  Mis  alors 
en  liberté  avec  les  généraux  Kel- 
lermann  et  Mlranda,  il  fut  chargé. 
Tannée  suivante,  du  commande- 
ment d'une  division  en  rade  de 
Brest,  avec  le  grade  de  contre^ 
amiral,  et  il  fut  en  outre  pourvu 
d'une  commission  du  pouvoir 
exécutif,  pour  organiser  l'arme- 
ment destiné  à  effectuer  uoe  des- 
cente en  Irlande.  Le  directoire 
voulait  user  de  repiésailles  avec 
l'Angleterre,  et  organiser,  comme 
celte  puissance  l'avait  fait  dans  la 
Vendée,  une  insurrection  en/Ir- 
lande. Les  apprêts  termines ,  le 
général  Hoche,  qui  commandait 
l'expédition ,  mit  à  la  voile  de 
Brest  le  1 5  décembre  1796.  Une 
tempête  qui  s'éleva  dispersa  la 
flotte,  et  le  contre-amiral  Lacros- 
se, qui  montait  le  vaisseau  les 
Droits  de  l* homme  ^  après  avoir 
parcouru  divers  ports  de  l'Irlande, 
dans  l'espérance  d'y  trouver  les 
Franf.ais,  fut  contraint,  après  des 


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LAC 

recherches  inutiles,  de  revîrer  de 
bord,  et  de  faire  >  oile  velPs  la  Bre- 
tagne.' Dans  Ja  joute,  il  fut  atta- 
qué par  2  vaisseaux  anglais  et 
une  frégate ,  et  il  soutint  contre 
eux  un  des  combats  qui  font  le 
plus  d'honneur  à  la  marine  fran- 
^*aise.  Non-seulement  il  parvint  à 
s'échapper;  mais  encore  il  fit  beau- 
coup de  mal  à'  l'ennemi  et  dé- 
sempara un  dé  ses  vaisseaux.  Ce- 
pendant 11  fut  SI  maltraité  lui-mê- 
me ,  qu'il  eut  les  plus  grandes 
peines  à  regagner  les  côtes  de 
France,  sur  lesquelles  il  s'échoua. 
A  la  sortie  de  Rewbell  du  direc- 
toire, M.  Lacrosse  concourut  avec 
l'abbé  Sieyes  pour  le  r*:ïiplacer, 
et  peu  de  temps  après,  il  fut  nom- 
mé ambassadeur  eh  Espagne.  Au- 
près la  révolution  du  1 8  brumaire^ 
le  premier  consul  lui  proposa  le 
portefeuille  de  la  marine,  qu'il 
refusa,  parce  qu'on  ne  voulut 
point  rétablir  l'amirauté ,  sans 
laquelle  M.  Lacrosse  pensait  qu'il 
était  impossible  de  réorganiser 
la  marine.  En  1^02,  il  fut  en- 
voyé avec  une  division  à  la  Gua- 
deloupe, en  qualité  de  capitai- 
ne-général.' Dans  la  traversée^ 
il  fit  aux  Anglais  plusieurs  pri- 
ses, et  arriva  avec  elles  à  sa  des- 
tination. A  peine  faisait -il  sen- 
tir à  la  colonie  la  sagesse  de  son 
administration,  qu'elle  ftit  trou-^ 
blée  par  les  ititrigueâ  de  quelques 
factieux  qui,  réunis  aux  hom-* 
mes  de  couleur,  levèrent  l'éten- 
dard de  la  révolte  sous  les  ordres 
du  mulâtre  Selage.  M.  Lacrosse  fut 
alors  contraint  de  se  retirer  à  la 
Dominique  ,  où  il  resta  jusqu'à 
Tarrivée  de  l'armée  expédition- 
naire du  général  Rîchepanse.  Il 
rentra  ^ors  à  la  Guadeloupe,  et 


LAC 


a5ô 


reprît  le  commandement  de  l'île, 
le  5  septembre,  à  la  mort  du  gé- 
néral en  chef.  Il  attaqua  aussitôt 
les  rebelles  qu'il  soumît,  chassa 
une  partie  .des  meConlens,  main- 
tint l'autre  '  par  sa  fermeté  ,  et 
parvint  enfin  à  rétablir  l'ordre.  La 
colonie  fleurissait,  lorsqu'à  l'épo- 
que de  la  rupture  du  traité  d'A- 
mieni$.  M*  Lacrosse  s'embai-qua 
pour  la  France  sur  la  frégate/a  i)r- 
dôri.  Il  n'était  point  infprmé  des 
événemens  qui  se  passaient  alors 
en  Europe,  et  ignorant  en  consé- 
quence ce  qu'il  avait  à  craindre, 
il  alla  se  jeter  dans  la  croisière  an- 
glaise qui  était  devant  Brest. 
Chassé  par  12  vaisseaux  de  ligne, 
le  contre-amiral  Lacrosse  enleva 
en  Ifeur  présence  la  corvette  U 
Laurier^  et  il  envoya  sa  prise  à 
Saint-Ander,  oïli  peu  de  temps  a- 
près  il  alla  débarquer  lui-même. 
De  retour  en  France,  il  fut  nom- 
mé inspecteur  de  la  flottille,  et 
bientôt  après  préfet  maritime  du 
a***  arrondissement  au  Havre.  M. 
Lacrosse  poussa  les  travaux  avec 
une  telle  activité  âans  ce  port , 
qu'on  disait  que  la  flottille  sortait 
de  ses  mains.  Il  y  faisait  même 
préparer  les  menàbrùres,  les  bbr- 
dages  et  mâtures  de  frégates  et  de 
vaisseaux,  que  l'on  fait  transpor- 
ter dans  d'autres  ports  où  ces  bâ- 
timens  pouvaient  être  lancés.  A 
la  mort  de  Pamiral  Bruix,  il  ob- 
tint le  commandement  en  chef, 
et  il  se  rendît  alors  à  Boulogne , 
où  il  fit  exécuter  les  manoeuvres 
les  plus  savantes.  Bientôt  les  An- 
glais, qui  d'abord  avaient  méprisé 
cet  armement,  sentirent  la  gran- 
deur du  danger  qui  les  mena- 
çait ;  ils  résolurent  d'incendier 
les  bStimens  de  transport?  et  t'est 


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tî6o 


LAC 


alors  qu'eut  lieu  l'approche  de^ 
brûlots,  dont  la  flottille  eût  été  en* 
^èrçment  victime  sans  la  pru- 
dence du  contre-amiral  Lacros- 
se.  Cet  habile  marin  a  continué 
de  servir  jusqu'à  la  restauration; 
mais  depuis  cette  époque,  il  ne 
lui  a  point  été  accordé  d'activité. 
Il  passe  pour  un  des  officiers  de 
la  marine  les  plus  braves  et  les 
plus  instruits,  et  joint  à  ces  qua- 
lités celles  d'homme  d'état,  d'ex- 
cellent administrateur  et  de. ci- 
toyen intègre. 

LACRUZ  Y  CANO  (dow  Ramon 
de)  ,  poèt»  dramatique  espagnol  $ 
naquit  à  Madrid,  le  la  mai  1728. 
It  fit  de  bonnes  études,  et  se  voua 
4'abord  à  la  profession  d'avocat; 
mais  aussi  éloigné  de  cet  état  par 
goût  que  par  caractère ,  il  l'aban- 
donna pour  s'attacher  à  un  grand 
seigneur,  dont  il  fut  le  secrétaire. 
Lacruz  entra  ensuite  dans  un  bu- 
reau de  finances,  qu'il  quitta  pour 
professer  la  philosophie,  et  entre- 
prendre encore  d'autres  profes- 
sioqs  auxquelles  il  ne  s'attacha  pas 
davantage  qu'à  la  première.  L'a  - 
môur  de  la  poésie  causait  cette 
inconstance  apparente  ;  le  succès 
de  quelques  productions  le  fixa 
définitivement,  et  il  se  consacra  à 
l'art    dramatique.    La    première 
pièce  qu'il  composa  fut  d'abord 
représentée  sur  un  théâtre  de  so- 
ciété, et  bientôt  après  sur  un  théâ- 
tre public,  où  elle  obtint  les  plus 
vifs  applaudissemens.  D'autres  piè- 
ces ne  tardèrent  point  à  succéder 
à  celles-ci,  et  augmentèrent  la  ré- 
putation de  l'auteur.  Lacruz  reti- 
ra des  sommes  considérables  de 
son  théâtre  ;  mais  il  n'en  fut  pas 
plus  riche  :  son  cœur,  bon  et  gé-» 
néreux,  prodiguait  en  faveur  de 


LAC 

ses  apais  et  des  iudigens  ce  que 
sa  plume  lui  prbduisait,  et  souvent 
même  il  se  privait  pour  eux  du 
nécessaire.  Recherché  dans  tou- 
tes les  classes  de  la  société ,  pour 
ses  vertus  et  pour  son  caractère 
enjoué,  il  se  plaisait  surtout  avec 
le  peuple,  au  milieu  duquel  il  pas- 
sait la  plus  grande  partie  de  sa  vie. 
C'est  chez  un  pauvre  menuisier  , 
chez  qui  ^  avait  assisté  à  un  bal  d« 
noces,  qu'il  fut  attaqué  de  la  ma- 
ladie dont  il  mourut,  dans  la  mê- 
me maison,  le  4  novembre  1795. 
A  l'exception  de  deux  comédies 
en  5  actes,  don  Ramon  de  Lacruz 
n'a  fait  que  de  petites  pièces  en 
1  acte,^qîie  les  Espagnols  appel- 
lent Saynètes:  son  inconstance na^ 
turelle  l'empêchait  d'entrepren- 
dre des  ouvragés  plus  longs;  mais 
ses  pièces,  qui  sont  d'ailleurs  tou« 
tes  écrites  en  vers,  n'en  sont  pas 
moins  de  véritables  modèles  de  la 
bonne  comédie ,  malgré  le  cadre 
resserré  dans  lequel  elles  sont  ren- 
fermées, et  le  peu  de  temps  qu'il 
mettait  à  les  composer  :  on  l'a  vu 
rédiger  dans  le  m^me  jour  la  pièce 
qu'il  avait  imaginée  dans  la  nui  té 
Plein  d'esprit,  de  gaieté  et  de  goût, 
il  a  saisi  les  ridicules  de  tintes  les 
classes  de  la  société,  et  particuliè- 
rement ceux  du  peuple,  et  il  les  a 
présentés  de  la  manière^  la  plus 
piquante.  Ses  ouvrages  les  plus 
estimés  sont  :  el  Saraoyel  reverso 
delsaraù  (  le  Rai  vu  en  action  et 
par-derrière);  ei  Sueno  (le  Rêve)  y 
pièce  qui  ressemble  beaucoup  au 
Cocu  imaginaire  de  Molière  ;  el  dia 
de  Noche  buena  (la  v,eille  de  Noël); 
el  Terno  (  le  Terne);  Manolo^  tra- 
gédie burlesque  ;  el  Bivoreio  feliz 
(l'heureux  Divorce),  comédie  ^n  5 
actes;  la  Florentina,  drame  en  3 


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LAC 

actes,  qui  offre  le  plus  grand  inté- 
rêt ;  plusieurs  opéra»-  comiiques , 
entre  autfeâ,  et  Licenciado  farfkllû 
(le  Licencié  brejiouillon)  ,etc. ,  etc. 
Toutes  les  pièces  de  Lacruz  ont 
été  réunies  sdus  le  litre  de  Théâ- 
tre ocoleccion  de  los  saynètes  y  de* 
mas  obras  drûtnaticas  de  don  Ra- 
mon  de  Lncruz^  Madrid,  Samha, 
17^,  10  vol.  in^8*. 

LAORUZ-CAIHO  Y  OLMEIDA 
(don  Antowio  de),  géographe  es- 
pagnol, naquît  en  1755,  à  Cadix, 
et  est  mort^en  1794»  Après  avoir 
appris  les  mathématiques,  il  s'ap- 
pliqua à  la  géographie,  et  fit,  dans 
cette  science,  les  progrès  les  plus 
rapides.  Appelé  à  Maérld  par  le 
FOI  Charles  III ,  il  obtint  de^  ce 
prince  une  pension  et  le  titre  ^e 
géographe  de  la  cour.  En  1772,' 
don  Antonio  fut  envoyé  en  Amé- 
rique pour  j  drfesser  la  carte  des 
possessions  espagnoles  dans  cette 
partie  du  globe.  En  1773,  il  arriva 
au  Pérou,  et  de  là,  il  visita  toutes 
les  provinces  espagnoles,  dans  les- 
quelles il  Testa  plusieurs  années» 
Enfin,  à  son  retour,  en  1780,  il 
publia  la  carte  la  plus  exacte  et  la 
plus  complète  qui  existïf  encore 
de  cette  importante  partie  de  TA-" 
mérique.  Ce  travail  lui  valut  Itf 
cÉoix  de  Charles  III,  Taugmenta^ 
tion  de  sa  pension  et  d'autres  ré- 
compenses.  Il  était  tnembre  de 
plusieurs  académies^  correspon- 
dant de  cdles  de  Londre&5  de 
Berlin,  etc.        ^ 

XACUÉË  (Jban  GéHAUD ,  com- 
te BE  Csssi^c),  esl  né  le  4  novem- 
bre lySnj  à  Massdp,  près  d'Agent 
tt  servit,  avant  la  révolution,  dans 
le  régiment  Dauphin,  ^  vivait  re-» 
tiré' à  cette  époque.  Les  principes 
qu'il  manifesta  le  firent  nommer. 


LAC 


261 


en  1790,  procureur-syndic  du  dé-  ^ 
partement  du  Lot  ;  laoédanière  ho- 
norable dont  il  remplit  les  fonc- 
tions de  cette  place  le  fit  choisir, 
parles  électeurs  de  ce  département, 
pour  leur  député  à  l'assemblée  lé- 
gislative, où  il  se  montra.inviola- 
blement  attaché  à  la  constitution 
de  1791.  Il  vota  cependant  cons- 
tamment avec  le  côté  droite  dont 
il  ne  partageait  pas  les  opinions; 
mais  il  craignait  les  effets  d' une- 
liberté  effrénée.  Il  s'occupa  prin-« 
Cipalement  des  affaires  de  la  guer- 
re. A  la  séance  du    i5  juin  y  il 
9' éleva  avec  la  plus  grande  force 
contre  le  général  Duchouriez, qu'il 
accusa  de  trahison,  si  ce  général 
connaissait   Tétat   de  la   France 
lorsqu'il  avait  fait  déclarer  la  guer- 
re à  l'Autriche,  ou  d'incapacité  s'il 
ne  le  connaissait  pas.  Dans  le  moi^ 
de  décembre  de  la  même  année, 
il  se  montra  le  défenseur  des  prê- 
tres insermentés,  contre  -lesquels' 
les  motions  les  plus  violentes- é- 
talent  alors  adressées  à  l'assem- 
'blée.  Le  28  avril  1792,  il  fut  éle- 
vé à  la  présidence  ;  mais  dans  le 
mois  de  septembre  suivant,  il  ne  ^ 
fut  point  réélu  à  la  convention 
nationale.  Il  entra  alors  dans  les 
bureaux  de  la  guerre,  et  fut,  au 
mois  d'octobre ,  mis  au^  nombre 
des-  candidats  proposés  pour  ce 
ministère ,  en  remplacement  du 
général  Servan.  Il  avait  faiUi  être 
payé  de  la  liste,  à  cause  de- la  ma- 
nière dont  il  avait  voté  à  l'assem- 
blée législative,  et  ce  fut  à  Ver- 
gniaud  qti^l  fut  redevable  de  ne 
point  éprouver  cette  radiation.  En 
juin  1793^  Baudot  l'accusa  d'avoir 
pris  part  à  la  rébellion  des  autori- 
tés de  Toulon;  cependant,  cette 
accusation  n^eut  pas  de  suite,  et 


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a6a 


I.AC 


M.  Lacuéte  eut  encore  le  bonheur 
d'échappeiivà  la  proscription.  En 
1795,  M.  Lacuée  entra  au  con- 
seil des  anciens  9  où  il  fit  adop- 
ter plusieurs  lois" dur  la  désertion,' 
contre  Tabus  des  pensions,,  etCi  ^ 
etc.  Le  20  mai  17965  il  fut  nom-- 
mé  secrétaire  de  rassemblée ,  et 
président  le  jaa  octobre  suivant. 
Lors  de  la  lutte  qui  s'éleva  entre 
le  dii^'eotoire  et  les  conseils,   et 
qqi  finit  par  la  révolution  du  18 
fructidor,  il  faisait  partie  de  la 
commission  des  inspecteurs  de  la 
salle.  A  cette  époque,  Bonaparte, 
général  en  chef  de  l'armée  d'Ita- 
lie ,  envoya  à  Paris  son  aide-de- 
camp  Lavalette,  depuis  directeur 
des  postes,  pour  cpnnaître   les 
événement  qui  se  préparaient  et 
là  force  des  partis.  M.  Lacuée  mé« 
nageu  à  cet  envoyé  plusieurs  en- 
tretiens avec  M«  Garnot,  membre 
du  directoire ,  ef^oâ  ami  intime. 
Cependant ,.  il  se  conduisit  avec 
tant  de  prudence  au  moment  de 
là  crise,  que,  malgré  ses  reJa- 
tioujs  avec  un  directeur  proscrit, 
,  et  quoiqu'il  ne  fôt  pas  compté  par- 
mi  les   députés  directoriaux  ,  il 
n'eut  rien  à  craindre  pour  sa  li- 
berté*' M^  Lacuée  fut  mêikie  con*^ 
serve  au. conseil  des  anciens,  où 
il  n'hésita  ppint  à  défendre  M.  Gar- 
not. £n  1799,  il  sortit  de  ce  conseil, 
et  fut  aussitôt  réélu  pour  celui  de» 
•inq-çents.  Il  y  présenta  différens 
rapports  sur  des  objets  de  finance , 
sur  la  conscription,  sur  le  service 
mttitaire,  et  y  fit  l'éloge  du  géné- 
ral Ghérîû ,  tué  en  Suisse.  Après 
la  révolution  dn  18  brumaire  aa 
8  (9  novembre  1799),  à  laquelle 
il  avait  coopéré,  M.  Lacuée  fut 
nommé  conseiller-d'état  et  men- 
bre  de  TioMitut.  "Bientôt  après,  il 


LAC 

fut  chargé  par  le  prem^  consul  de 
présenter  au  corps-législatif  plu- 
sieurs projets  d'organisation  mili- 
taire qu'il  défendit  à  la  tribune.Ënr 
i9oo,  il  occupa  par  intérim  le  mi-^ 
nistère  de  la  guerre  ,  et  rempla- 
ça ensuite  le  général  Brune,  nom- 
mé ambassadeur  à  Constantino- 
pie ,  çomqie  président  de  la  sec- 
tion de  la  guerre' ail' conseil-d'état. 
En  1804^  Al.  Laouée  fut  déeeré 
de  la  croix  de  grand -officier  de 
la  légion-d'honneur,  et  nommé 
en  même  temps  gouverneur  de 
l'école  Polytechnique ,  qui  devint 
bientôt  la  prenlière  école  du  mon- 
de. Dans  le  mois  de  juillet  1806, 
il,  fut  nommé  directeur- général 
des  revues  et  de  la  eopscription  , 
et  dans  le  mois  de, novembre  18079 
ministre  d'état  en  sa  qualité  de 
président  du  conseil  de  la  guecre. 
En  1810,  M.  Lacuée  devint  minis- 
tre-directeur de  l'administratioa 
de  la  guerre  p^  la  démiasiou  du 
comte  Dejean,  et  conserva  cette 
place  jusqu'en  18*14*  On  lui  a  re-. 
proche  d'avoir  été  l'un  des  apo- 
logistes du  système  militaire  de 
Napoléon  et  du  pou viûr;  absolu 
qu'il  exerçait.  Des  hommes  qui- 
ont  encensé  lepoovbîr  sous  quel- 
que forme  qu'il  se*  soit  présent^  5 
ont  encore  renehéri  sur  i^e  refnro^ 
che;  M.  Lacuée,  adoûs  à  la  re« 
traite  en  1.81 5,  a  cessé  dès-lors  de 
prendre  part  aux  affîûres^  publi- 
ques., Il  apubUé  s  le  Guidé  des 
officiers  particuliers  en  campt^ 
gnsj  a  vol.  in-8%  >  J8Ô,  3-«  édi- 
tion,  181 5:;  Pifof^i  de  eanHiior 
Oqu  pour  formée  d$9  SrçLnpaie  (  a» 
vec  Serran),  :in-8%  1789;  un  Mi^ 
titaire^  aux  Français  ,  inrS",  '1789. 
M.  Lacuée  a  fait  insérer  des^  mé^ 
moires  dans  ceux  de  Hnstitut,  et 


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LAC 

a'  rédigé  la  partie  militaîre  de  VEii- 
èychpédiê  méthodique.  Cet  honora-* 
ble  citoyen  est  du  nombre  des  an- 
ciens membres  de  rînstîtut  qui  font 
mamtenant  partie  de  l'académie 
françaii}e«  Il  arait  été  créé  comte  de 
Gessae  daiis  les  premières  années 
de  Templre. 

LAGUÉE  (ArroniE),  fils  du  pré- 
^  cèdent,  était  colonel  du  65***  régi- 
ment d'infanterie  de  li^e  qui  fit  la . 
campagne  de  Pologne  en  1807. 
Atteint  de  deux  l>lessurès  à  la  ba- 
taille d*£ylau ,  le  8  février,  il  re- 
tourna au  combat  malgré  les  chi- 
rurgiens ,  et  reçut  la  mort  dans 
une  nouyelle  charge. 

LiC\]ÈE{GiM.ÈM),  frère  puîné 
d'Antoine,  mourut  comme  lui  au 
champ  dlioiàneur,  ilétait  né  à  Agen 
(Lot-et-Garonne).  Capitaine  d'é- 
'  tat-mafor,  il  fit  la  campagne  d'E* 
gypte,  et  fut  blessé  à  la  prise  du 
Caire  par  les  Français.  Deyenu 
aide-de-^camp  du  général  Bona-* 
parte  9  il  le  suivit  dans  la  campa^ 
gne  d'Italie  en  1800,  et  fut  chargé 
par  lui  de  complimenter  le  gêné-- 
rai  autrichien  Mêlas  après  le  trai- 
té d'Alexandrie.  En  i8o5,  Laenée 
commandait  le  Sg**  régiment  d'in- 
fanterie de  ligne ,  et  fut  tué ,  le  5 
octobre  ,  à  l'attaque  des  ponts , 
sous  Gunzbourg.  C'était  un  odi- 
cier  de  la  plus  haute  espérance. 

LACU£EDA(Doif  Fbakgisgo  dg)^ 
archcTêque  de  Se  ville,  grand-cor- 
don de  l'ordre  d'Espagne,  etc.,  é- 
tait  issu  d'une  famille  respectable, 
et  jouissait  "de  l'estime  générale* 
Destiné  dès  son  enfance  à  l'état 
ecclésiastique,  ses  études  furent 
dirigées  vêts  ce  but,  et  on  n'eut 
qu'à  s'applaudir  de  ses  succès.  Il 
embrassa  d'abord  l'état  religieux, 
feïîat  ensuite  promu  à  Févêché  de 


LAC 


à(>5 


Porto-Ricco;  lorsque  les  Françnif 
pénétrèrent  en  Espagne  en  1808, 
don  Laeuerda  habitait  Madridejos. 
Joseph  Napoléon  étant  devenu  roi 
d'££ pagne  par  l'abdication  forcée 
de  Ferdinand  Vil,  l'évêque  de 
Porto-Ricco  ne  tarda  pas  à  se  pro-  . 
noncer  en  sa  feveur.  Quelque 
temps  aprèsjle  roi  l'appela  au  siè- 
ge épîscopal  de  Malaga;  le  pour- 
vut, lé  i5  juin  1810,  du  riche  ar- 
chevêché de  Tolède,  et,  vers  la 
fin  tlu  même  mois ,  le  décofra  du 
graad  -  cordon  de  l'ordre  royal 
d'Espagne. 

LACUNZA  (EMMAHOBt),  j«snit€f 
espagnol,  naquit  le  19  juillet 
i^Si  ,  à  Saint- Jago,  capitale  du 
Chili,  dans  l'Amérique  méridiona- 
le. Issu  d'une  famille  noble,  mais 
sans'fortt^ne,  il  fut  destiné  à  sui- 
vre la  carrière  ecclésiastique.  Il  fit 
ses  études  chez  les  jésuites ,  fut 
admis  dans  leur  société  en  i747t 
et  y  reçut  les  ordres.  Après  avoir, 
pendant  quelque  temps,  exercé  la 
prédication,  oCi  il  obtint  des  suc- 
cès, et  s'être  livré  â  l'élude  de  la 
géométrie  et  de  l'astronomie,  il  fit 
profession  solennelle  en  1766. 
L'année  >uivaAte ,  par  suite  de 
l'expulsion  des  membres  de  son 
ordre  d^s  états  de  la  domination 
espagnole,  il  se  rendit  en  Italie,  et 
se  fixa  à  luiola.  Il  y  cl^angea  en- 
tièrement sa  manière  de  vivre.  Se 
séquestrant  volontairement  de  tou- 
ie  société ,  se  servant  lui-même , 
passant  les  nuits  au  travail  ou  à  la. 
promenade ,  et  se  couchant  au 
point  du  jour,  il  Composa  un  ou- 
vrage singulier  qui  parut  à  Lon- 
dres eii  |8i6,  en  4  vol.  in^8%  sous 
le  titre  à' Avènement  du  Messie 
dans  sa  gloire  et  dans  sa  majesté, 
par  les  .soins  de  l'envoyé  de  la  ré^. 


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a64 


LAC 


publique  de  Buénosl-Ayres  en  An- 
gleterre. L'auteur  y  établit  «  que 
.  j^JésuS'Cbrist  descendra  du  cie;! 
»  lorsque  le  temps'  sera  yenu  ^  et 
»  qu'accompagné,  des  saints  et  des 
»  anges  9  il  régnera  yisiblement  a- 
«yec  eux  pendant  mille  ans,  et 
*»qu'eniin5  mais  sans  être  remonté 
»  aux  cieux ,  il  se  montrera  dan3 
»  toute  sa  majesté  pour  juger  tous 
vies  hommes.  »  Ces  rêves,  fruits 
d'une  imaginatîckn  éch§iuSee  par 
la  solitude  absolue  à  laquelle  La- 
cunza  s'était.condamné ,  et  d'une 
interprétation  arbitraire  de  l'Apo- 
ealypse,  annonçaient,  une  grande 
connaiss£^nce  de  l'Ecriture,  et  ont 
trouvé  des  partisans.  L^nd'eu^ 
a  publié  à  ce  sujet  une  brochure 
sous  le  titre  de  :  Vues  sur  le  sefonijL 
avènement  de  Jésas-Christ ,  ou 
Analyse  de  l'ouvrage  de.Lacunza 
sur  cette  importante  matière,  Pa- 
ris, 1818,  in-8°  d«r  120  pages.  Il 
y  donne  à  la  suite  une  notice  cu- 
rieuse sur  Lacunza,  sur  son  genre 
de  vie  et  sur  son  système.  L'ou- 
vrage du  jésuite  parut  en  espagnol, 
d'abord  en  a  petits  volumes  im- 
primés à  l'île  de  Lépu^  près  de  Ca- 
dix ,  sous  le  nom  de  Jeî\n-Josa- 
phat-Ben-£zen,et  fut  traduit  en  la-7 
tin  par  un  Mexicain  qui  ne  crut 
pas  devoir  y  altachef  son  nom. 
Lacunza  périt  accidentellement 
dans  une  de  ses  promenades  dç 
nuit,  le  17  juin  1801;  on  le  trouva 
mort  sur  les  bords  de  la  rivière 
qui  baigne  les  murs  de  la  ville 
d'Imola.  ,     ^ 

.  LACY  (do»  Louis  de),  lieute- 
nant-général espagnol,  né  le  11- 
janvier  1775,  à  Saint-B.och ,  prë^ 
de  Gibraltar,  est  issu  d'une  f0mil- 
|e  irlandaise,  qui  tirait  son  origine 
d'un  duc  de  Normandie,'et  dont  un 


LAC 

des  ancêtres  accompagna  Guillaa- 
me-le-Conquérant,son  parc;nt,dans 
Texpéditiôn  d'Angleterre.  Son  pèr 
re,  Patrice  Lacy,  major  au  régi- 
ment d'infanterie  d'Ultonîe,  étant 
mopt,  sa  mère  se  remaria  à, un  ca- 
pitaine, et  à  la  mort  de  son  deuxiè- 
me époux,  elle  alla,  avec  son  âU» 
rejoindre  ses  frères,  oHiciprs  dans 
le  régiment  d'infanterie  de  Bruxel- 
les. Le  jeune  Lacy ,  alpxs  âgé  de 
9  ans  j  entra  dans  ce  corps  en  qua- 
lité dç  cadet;  il  le  sqività  Puerto^ 
Ricco^et  il  retint  a^ec  lui  enËspa* 
gne.  Pans  un  âge  aussi  tendre  ^  il 
montra  uugoût  décidé  pour,  le 
métier  qu'il  avait  embrassé ,  et 
une  vivacité  qui  lui  fut  souvent 
Juneste.  Il  fut  nomp^é  sous-lieu- 
Jenant  en  1786,  lieutenant  en  1788, 
adjudant-major  eU;  1791,  et  en 
^794  capitaine  daps  le  régiment 
d'infanterie  d'Ultonie»  Endurci  aux 
plus  dures  fatigues,  Lacy  se  cfou- 
chait  rarement  la  nuit,  et  il  ne  pre- 
nait que  quçlqueç. minutes  de  re- 
pos après  son  dîner.  Il  marchait 
à  pied  pendant  24  heures  de  suite, 
sans  s'arrêt^  que  letenaps  néces*; 
saire  pour  prendre  un  peu  4e 
nourriture;  et  s'il  y  avait,  à  son  ar- 
rivée, quelque  bal  ou  réunion  dans 
l'endroit  où  il  se  trouvait,  il  n^ 
manquait  pas  de  s'y  rendre.  Il  joi- 
gnait à  ces  avantages  une  intrépi- 
dité rare,  et  un  sang-froid  à  toute  ^ 
épreuve.  Aujssi,  dans  la  guerre  . 
contre  la  république  française, 
trouva-t-il  des  occasions  de  se  dis 7 
tinguer  fréquemment.  A  l'affairé 
du  5  février  1 794,  il  commandait  u^ 
parti  de  guérillas.  Il  était  aux  jour-r 
nées  des  5  et  .16  juin  même  année» 
et  il  enleva  une  batterie  à  celle  du 
pt5  du  même  mois.  £nfin  il  prit  part 
à  toutes. les  affaires  qui  eucent  liçu 


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LAC 

jusqu'à  la  paix;  alors  même  il  con- 
tinua de  rendre  des  services  impor- 
tans  dans  Tinstruction  des  recrues^ 
dont  il  fut  souvent  chargé.  Le  5 1  dé- 
cembre 1798,  il  s'embarqua  atec 
son  régiment  pour  les  îles  Cana- 
ries, d'où  il  fut  exilé  à  l'île  de  Fer» 
par  le  capkaitte^énéral,pour  avoir 
été  son  rival  préféré  dans  une  in  tri-* 
pie  amoureuse.  Lacj,  indigné  d'u- 
ne telle  injustice,  écrivit  des  lettres 
outrageantes  à  ce  général  »  qui  le 
fit  traduire  deyant  un  conseil  de 
guerre.  Le  crime  dont  il  était, 
prévenu  emportait  la  peine  capi- 
tale ;  mais  ses  juges,  pleins  d'esti- 
me pour  son  mérite ,  saisirent  le 
prétexte  de  l'aliénation  de  son  es-* 
prit,  pour  lui  appliquer  seulement 
un  an  d'emprisonnement.  Peu  a- 
près,  il  obtint  sa  liberté ,  et  il  fut 
envoyé  en  retraite  A  Cadix,  d'oà 
il  demanda  l'autorisation  de  faire 
la  campagne  de  Portugal,  en  quih 
lité  de  simple  grenadier,  ce  qdi 
lui  fut  refusé.  Cependant  le  car 
raetère  de  Lacy  ne  lui  permettait 
pas  de  rester  dans  l'inaction.  Pour 
sortir  d'un  état  aussi  pénible  pour 
lui,  et  dans  le  dessein  de  se  perfec- 
tionner dans  l'art  de  la  guerre,  à 
réeole  des  premiers^  i^rriers  de 
l'Europe,  il  résolut  d'efttrer  au 
service  delà  France,  alors  alliée 
intime  de  l'Espagne.  A  cet^efiet, 
il  entreprit  à  pied  le  voyage  de 
Cadix  à  BouIog»e-sur-mer^  où  il 
arriva  dans  le  mois  d'octobre  1 8o5. 
Il  s'engagea  comme  simple  «soldat 
dans  le  6*'  régiment  d'infanterie 
légère,  où  il  était  devenu  sergent 
au  bont  d^  29  jours ,  lorsqu'il  re- 
çut son  brevet  de  capitaine-adju- 
dant-^major  dans  la  légion  Irlan- 
dméet  qui  se  formait  alors  à  Mor- 
laîx.  .Ce  corps  ayant  été  envoyé 


LAC 


265 


en  garnison  à  Quimper,  Lacy  fît 
eonnaissance,  dans  cette  ville ,  de 
mademoiselle  Emilie  du  Guer- 
meur,  avec  laquelle  il  se  maria  le 
11  juin  1806,  malgré  les  parens 
de  cette  jeune  personne,  qui  ne 
voulaient  point  donner  leur  fille, 
à  un  homme  qui  ne  possédait  que 
son  épée.  Trois  jours  après  ce  ma^ 
riage ,  la  légiqp  Irlandaise  reçut 
l'ordre  de  partir  pour  Anvers ,  où 
Lacy  fut  suivi  de  son  épouse,  qui 
l'accompagna  également  dans  l'île 
de  Walcheren,  etc.,  jusqu'en  1807- 
Nommé  commandant  du  bataillon 
iriandaLs,  destiné  k  faire  partie  de 
l'armée  d'Espagne  aux  ordres  de 
Hurat,  Lacy,  qui  prévoyait  les  ré- 
sultats de  cette  expédition ,  et  qui 
avait  trop  d'honneur  pour  porter 
les  armes  contre  son  pays,  fît  part 
à  son  épouse  du  dessein  qu'il  avait 
formé  de  se  réunir  aux  Espagnols» 
et  en  conséquence  U  lui  conseilla 
de  se  retirer  dans  le  sein  de  sa  far 
mille,  à  Quimper,  jusqu'à  ce  que 
les  événemens  qui  se  préparaient 
fussent  décidés.  Arrivé  à  Madrid, 
Lacy  quitta  l'armée  française ,  et 
il  se  dirigea  sur  Séville ,  où  s'était 
retirée  la  juntei  suprême ,  qui  le 
nomma,  sous  les  ordres  du  'gêné* 
rai  Cuesta, lieutenant-colonel  com- 
mandant le  bataillon  de  Ledesma. 
C'est  avec  ce  corps  formé  et  exer- 
cé par  ses  soins,  qu'il  se  battit  à 
Logrono*  à  la  retraite  de  TÈbre  et 
à  Guadalaxara.  Voyant  que  l'ar- 
mée se  retirait  avec  trop  de  préci- 
pitation, il  s'arrêta  tout-é-coup 
dans  la  plaine,  et' il  soutint  les  ef- 
forts des  Français  jusqu'à  ce  que 
la  division  d'avant-garde  pût  pren- 
dre une  position  avantageuse.  Dans 
la  même  année,  Lacy  fut  nommé 
colonel  du  régiment  dMnfonterie 


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si66 


LAC 


de  Btirgos,  avec  lequel  il  défendit 
plusieurs  passages  de  la  Sierra- 
Morenav  et  surprit  5,ooo  cheyaux 
à  Toralva.  Nommé  brigadier  par 
suite  de  cette  affaire,  il  eut  le  com-!> 
maiidement  de  ]a  division  d'à  van  t# 
garde,  se  battit  à  la  Cuesta  de  la 
neynay  et  à  Aran)uez.  A  Almo» 
nacid,  sa  division  soutint  presque 
ieiile  le  feu  meurtrii^r  de  Tennemiy 
qui  dura  pendant  9  heures;  Il  se 
distingua  également  à  Ocana  et  à 
Despena  Perros ,  dont  il  ne  quitta 
la  position  qu'après  qu'elle  eut  été 
entièrement  tournée.  Après  tant 
de  revers,  Cadix  était  la  $eule  po-« 
sition  où  les  Espagnols  pouvaient 
se  défendre.  Lacy  s'y  retira ,  et  il 
y  fut  nommé  ^usH'nspecteur  d'in^ 
fanterie,  major-général,  maréchal- 
de-camp,  chef  de  rétat-major  et 
commandant -général  de  l'ile  de 
Léon.  Ce  fut  lui  qui  dirigea. les 
différentes  sorties  qui  eurent  lieu 
jusqu'à  la  bataille*  de  Chioknu  (5 
mai  1^11),  à  laquelle  il  prit  une 
part  importante:  Dans  le  mei<;  de 
juin  suivant,  il  fut  nommé  com*- 
mandant  en  chef  de  la  Catalogne^ 
et  envoyé  dans  cette  province  pour 
secourir  Tarragorie  alors  assiégée* 
Sept  jours  après  son  départ,  il  ar*- 
riva  devant  cwtte  place,  qui  venait 
d'être  prise  d'assaut;  néanmoins 
il  n'hésita  point  à  débarquer,- et  à 
se  mettre  à  la  tête  du  peit  de  trou^ 
pes  qui  n'avaient  point  été  disper*- 
sées.,Lacy  avait  à  lutter  contre 
mille  obstacles;  la  province,  entiè- 
rement envahie,  était  plongée  dlois 
l'abattement  et  la  confusion,  et 
les  restes  de  l'armée  ne  se  compo- 
saient que  de  1000  hommes  d'in- 
fanterie et  100  de  cavalerie,  qui 
même  avaient  perdu  toute  espèce 
de  confiance  par  suite  des  revers 


LAC  -  , 

non  interrompus  qa^siiavaîént  es*^ 
suyés.  C'est  avec  d'aussi*  faibles 
moyens  qu'il  essa3ra  de  Lutt^  €on« 
tre  une  armée  victorieuse,  ooni>- 
posée  des  troupes  lés  mieux a^uers* 
ries,  et  commandées  par  un  excel- 
lent capitaine.  Pourparvenir  à  son 
but,  il  fallait  des  prodiges,  et  il  ea 
ûté  D'abord  il  s'occupa  de  rétablir 
le  hioral  dé  ses  êoldîats ,  ce  qu'il 
ob^tint  après  quelques  succès ,  qui 
lui  facilitèrent  les  moyens  de  lever 
des'con^ributions  dans  des  endroits 
occupés  par  les  troupes  françaises* 
Enfin  par  «on  aetivtté  et  sa  perse* 
vérance,  il  parvînt  à  créer  une  ar- 
mée, il  est  vrai V  inférieure  en  for* 
ces  à  celle  qui  lui  était  opposée, 
mais  contre  laquelle  il  n'en  soutint 
pas  moikisvdaas  Pespace  de  30 
mois,  ^8aff»fes,  soit  générales, 
sort'pa»*ficiilières<.  En  181a,  il  fut 
nommé  lieutenant-général ,  com- 
mandant de  l'armée  de  Oalice,  et 
capitaine^général  de  la-  province. 
A  la  rentrée  de  Ferdinand  en  Es- 
pagne ,  il  perdit  son  ^^ommande- 
ment,  et  alla  s'établir,  avec  l'au- 
torisation du  roi  y  dans  la  ville  de 
Vinirroz ,  dans  le  royaume  de  Ya*- 
lence.  TaUb  fut  la  récompense  ac- 
cordée à  tous-  les  généraux  distin- 
gués, q«Ei  avaient  si  vaillamment 
combattu  pour  le  pince  et  pour  la 
patrfe.  Mais  ces  braves  avaient  ju- 
ré fidétfté  àla  constiution  de  18111, 
et  lie  serment  qu'ils  avaient  prêté 
à  cette  époque  devant,  après  le  ré- 
taiblisseinent  de  la  monarchie,  leur 
fake  autant  d'enneipis  qu'il  y  avait 
de  partisahs  du'  pouvoir  absolu. 
Ces  misérables  qui,  au  jour  du 
danger,  avaient  abandonné  l'Ës*- 
pagne ,  entouraient  alors  le  trône. 
A  force  de  bassesses  et  d'adula- 
tions ,'  ils  pârvinrenj  à  se  Tendrer 


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LAC 

maîtres  dé  Tesprit  du  roi,  et  à  lai 
faire  voir  des  traîtres  dans  les  plus 
fidèles  et  les  plus  dévoués  de  ses 
sujets.  Bientôt  les  Espagnols,  d'à* 
près  les  conseils  de  ces  perfides 
courtisans,  se  virent  privés  de  cet- 
te liberté,  pour  laquelle  ils  avaient  ' 
fait  si  généreusement  lesacrifice  de 
leur  vie  et  de  leur  fortune;  et  ce  fut 
le  tribunal  de  Tin^uisition^  rétabli 
par  le  roi,  qui  fut  chargé  de  river 
leurs  fers.  Un  tel  ordre  de  choses 
ne  pouvait  exister  long- temps. 
Différentes  conspirations  se  for- 
mèrent en  foreur  de  la  cause  na- 
tionale; elles  furenttou tes  déjouées 
et  leurs  auteurs  punis.  Portier  fut 
du  nombre  de  ces  victimes;  mais 
le  sort  de  ces  braves  n'intimida 
point  ceux  qui ,  dans  la  guerre  de  < 
1  indépendance  ,  ayaient  affronté 
cent  fois  la  mort  et  les  supplices , 
et  qui  avaient  jaré  dé  moorir  pour 
la  constitutif).  Fidèlts.à  ce  »er*- 
ment,  Lacy  et  plusieurs  de  ses 
compagnons  résolurent  de  profi- 
ter du  mécontentement  général , 
et  liurtoal  de  celui  d«s  troupes, 
que  le  gouvernement  laissait  sans 
vêtemens  et  presque  sans  vivres^ 
pour  opérer  le  changement  exé- 
cuté depuis  par  Quiroga  et  Aiégo, 
et  non,  ainsi  que  Font  prétendu 
des  écrivains  serviles,  pour  cons- 
pirer contre  le  roi  et  former  la  Ca- 
talogne en  république:  L'étendard 
de  l'insurrection  allait  être  dé-< 
ployé,  lorsque  l'autorité  en  fut  in- 
formée. Le  général  Milans,  l'un  des 
conjurés,  et  qui  maintenant  (  i  SsS) 
est  à  la  tôte  d'un  des  corps  consti-^ 
tutionnels  qui  viennent  de  disper- 
ser l'armée,  si  irréligieusement 
ajf^elée  armée  de  la  Poi,  eut  le 
bonheur  de  s'édiapper  avec  quel- 
ques officiers;  mais  Lacj^  moins 


LAC 


967 


heureux,  fut  surpris  avec  quel- 
ques-uns des  siens,  et  aussitôt  tra- 
duit comme  chef  de  complot  de- 
vant un  tribunal  militaire.  Les  dé- 
bats ne  fournirent  aucune  preuve 
de  délit  ;  mais  avant  qu'ils  fussent 
ouverts ,  Lacy  était  condamné. 
Ses  juges  cependant,  si  l'on  peut 
donner  ce  nom  à  des  hommes  ca^ 
pables  de  condamner  sans  que  la 
culpabilité  fût  démontrée,  ses  ju- 
ges, dis- je,  n'osèrent  prononcer 
sa  dégradation  :  la  sentence  portait 
que  Lacy  passerait  par  les  armes  ' 
sans  être  dé^raâèr.  On  assure  que 
ce  jugement  ne  fut  soumis  au  roi 
qu^'après  son  exécution.  Quoi  qu'il 
en  soit,  Lacy  fût  extrait  de  la  ci- 
tadelle de  Bafcelonrfll  dans  la  nuit 
du  129  juin  1817,  et  embarqué  se- 
crètement pour  l'île  de  Majorque. 
M  fut  débarqué  de  même  sur  une 
plage  déserte,  et  conduit  au  châ-i 
teatr  de  Bel  ver,  dans  la  nuit  du  4 
juillet  suivant.  Là,  maigre  la  pa- 
role d'honneur  qui  lui  avait  été 
donnée  qu'on  ne  le  conduisait 
point  au  supplice,  on  lui  apprit 
qu'il  allait  être  exécuté,  et  on  lui 
donna  seulement  6;  heures  pour  se 
préparer.  Le  généi'al  Lacy  se  ré- 
cria contre  une  conduite  aussi  dé- 
loyale^ et  contre  une  précipita- 
tion qui  l'empêchait  de  faire  ses 
dfS{(ositions  comme  catholique, 
comme  époux  et  comme  père. 
Rien  ne  put  fléchir  ses  bourreaux, 
qui  se  servirent  de  soldats  étran- 
gers du  régiment  d'infanterie  de 
Naples,  pour  le  fusiller  dans  ui^ 
lieu  fermé.  Cette  exécution  e\n 
lieu  le  5  juillet  à  quatre  heures  du 
matin,  et  au  milieu  de  la  nuit,  on 
transporta  le  cadavre  dans  l'élise 
de  Saint-Dominique  de  la  ville  de 
Palma^  capitale  de  Tile.  Trois  ans 


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268 


LAD 


après,  en  iBao,  le  corps  du  géné- 
ral Lacy  a  été  exhumé  et  trans- 
porté à  Barcelone.  Telle  fut  la  fia 
de  ce  général,  dont  les  ancêtres, 
depuis  nombre  de  siècles,  ont  oc- 
cupé des  grades  énainens  danft 
presque  toutes  les  armées  de  TEut 
rope;  qui  lui-même  fut  décoré  le 
premier,  par  la  régence  d*£spagne> 
de  la  grand'croix  de  l'ordre  royal 
et  militaire  de  Sainte  Ferdinand^ 
Les  services  nombreux  qu'il  a  ren- 
dus au  roi  n'ont  pu  servir  de  con- 
tre-poids à  la  hafi^B  de  ses  ennemis, 
de  ces  lâches  adulateurs  qui  ne 
comptent  leurs  jours  que  par  les 
bassesses.  Nous  n'entreprendrons 
point  de  relever  les  nombreuses 
erreurs  dansf^squelles  on  est  tom- 
bé sur  le  compte  de  Lacy,  non 
plus  que  les  calomnies  inventées 
contre  lui^  entre  autres  celles  qui 
sont  contenues  dans  le  Supplé- 
-ment  du  Dictionnaire  historique  de 
l'abbé  Feller;  la  nation,  depuis 
sa  révolution,  a  rendu  la  justiee  la 
plus  éclatante  à  la  mémoire  de  cet 
infortuné  général  :  tout ,  récem- 
ment encore,  elle  vient  dq  déco-î 
rer  son  jQls  du  titre  de  premier 
grenadier  des  Ëspagnes. 

LADEYÈZE  (Poujàdb),  était 
abbé  avant  la  révolution.  Il  aban- 
donna l'état  ecclésiastique  dès 
qu'elle  eut  éclaté  ;  mais  indisposé 
contre  les  évén.emens  qui  le  for- 
çaient à  renoncer  aux  loisirs  et 
aux  dignités  ecclésiastiques ,  il 
s'popupa  à  combattre  les  princi- 
pes réformateurs,  et  prit  une  part 
active  à;  1^  rédaction  des  divers 
journaux  qui  axaient  oindre  de 
les  attaquer.  C'est  ainsi  qu'il  coo- 
péra à  la  rédaction  de  VA  mi  da 
roi,  avec  TabbéRoyou  et  son 
frère.  Quelque  temps  après,  il  éta* 


LAD 

blit,  sur  les  débris  d-une  feuille 
abandonnée,  le  Courrier  uniderseL 
Ce  journal  changea  souvent  de  ti- 
tre sans  changer  de  destinée ,  et 
n'eût  aucun  succès  ;  enfin ,  le  ha- 
sard ou  le  besoin  fit  cèunir  ce  jour* 
nal  à  une  ancienne  feuille  de  la 
rèvolution,que  le  constituant  Bîaa- 
tat  avait  reproduite  sous  le  titre 
de  Journal  des  Débats,  et  qui  n'é- 
tait d'abord  qu'un  tableau  synop- 
tique des  opérations -des  diverses 
assemblées.  C'est  de  cette  union 
qu'est  né,  en  1800,  le  Journal  des 
Débats  politiques  et  tittér aires,  qui 
dut  sa  première   prospérité  aux 
feuilletons  de  l'abbé  Geoffroi*   A 
l'époque  de  la  réunion,  les  entre- 
preneurs assurèrent  à  M.  Lade- 
vèze  une  rente  qu'ils  cessèrent  de 
payer  en  iBio.  M.  Ladevèze  a  in- 
tenté divers  procès  pour  obtenir 
la  restitution  de  sa  rente  et  des 
arrérages.  Le  conseil-d'état  a  de- 
puis évoqué  cette  afifaire,  mais  on 
ignore  quelle  décision  définitive  a 
été  prononcée.  Dans  la  séance  de 
la  convention  nationale  du  19  sep- 
tembre  1795,   Tallien  demanda 
l'arrestation  de  M.  Ladevèze,  com- 
me prêehant  la  ^erre  civile  et  é- 
tant  aux  gages  du  parti  toyaliste  : 
cette  dénonciation  l' oblige  à  se 
cacher^  mais  de  nouvelles  accusa^ 
tions  étant  survenues   à  l'appui 
de  la  dénonciation  de  Tallien ,  il 
fut  condamné  à  mort  par  contu- 
mace, le  ii%  octobre  suivant,  pour 
avoir  dit,  dans  son  journal,  «  qu'en 
»  choisissant  même  parmi  les  mem-» 
»  bres  les  plus  purs  de  la  conven-^ 
Dtion,  il  trouverait  encare  parmi 
)>eux  déls  voleurs,  des  brigands. e| 
»des  as^afisins,  »  Après  l'établisse- 
ment du  gouvernement,  directo-r 
rial,  M,  Ladevèze  se  constitua  pn« 


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LAD 

sonnîer  pour  faire  purger  sa  con-^ 
tumace,  et  fut  renroyé  absous. 

LADOUCETTE  (J.  C.  F. ,  baboh 
DB),ex-préfet9  succes9iirement  (^es 
Hautes -Alpes,  de  la  Roër  et  de 
lu'  Moselle  ,  officier  de  la  légion* 
d'honneur,  membre  de  plusieurs 
sociétés  sarantes^  etc.,  est  né  à 
Nancl,  où  il  fit  ses  études  avec  de 
brillans  succès.  Il  passa  en  Suisse 
le  temps  le  plus  orageux  de  la  ré- 
Tolution,  et  ce  séjour  ne  fut  point 
inutile  à  ses  méditations.  L'étude 
d'une  nature  forte,  de  la  langue 
et  du  caractère  des  Allemands  lui 
procura  des  connaissances  positi* 
Tes.  Il  en  fit  une  application  ju- 
dicieuse, dans  la  carrière  adminis'- 
tratiye  -qu'il  commença  en  1802 , 
,  comme  préfet  du  département  des 
Hautes-Alpes ,  pays  pauvre,  et 
dans  lequel  peu  de  routes  étaient 
alors  frayées.  Il  le  trouva  livré 
aux  horreurs  de  la  disette,  les  blés 
Tenant  d'y  être  séchés  sur  pied. 
M.  de  Ladoucette  sentit  la  néces- 
sité d'y  établir  des  communication^ 
journalières  avec  le  fertile  Pié- 
mont; et  malgré  des  ordres  su^ 
périeurs,  il  ouvrit  le  mont  Genè- 
vre,  en  faisant  personnellement  de 
fortes  avances  d'argent,  et  au 
moyen  du  concours,  dans  ce  tra- 
vail, des  habitans  circonvoisins  et 
des  soldats  de  deux  régimens.  On 
lui  doit  la  découverte  de  la  ville 
romaine  de  Mont-Séleucus,  sut 
laquelle  il  a  fait,  en  i8o5,  un  rap- 
port à  l'institut.  M,  de  Ladoucette 
resta  plus  de  sept  années  dans  le 
départeipent  des  Hautes-Alpes,  où 
il  réussit  à  diriger  les  esprits  ver» 
l'agriculture.  Appelé,  en  1809,  à 
la  préfecture  du  département  de . 
la  Roër  ,  il  y  porta  les  même^ 
vues  d'utilité  publique  «t  le  même 


LAE      (  269 

zèle;  et  toutes  les  classes  de  ce  dé- 
partement, si  industrieux  et  si  ri- 
che, citent  encore  sa  longue  et  pa- 
ternelle administration.  En  181 5^ 
il  fut  nommé  préfet  du  départe- 
mept  de  la  Moselle,  et  sans  aucu- 
ne mesure  violente^  il  y  dévelop- 
pa de  grands  moyens  pour  la  dé- 
îenie  et  la  conservation  de  cette 
frontière  importante.  Depuis  cette 
époque,  il  se  livre  aux  travaux  des 
champs  et  aux  charmes  des  Muses 
et  de  l'amitié.  Gomme  homme  de 
lettres,  il  a  aussi  des  droits  à  l'es- 
time publique.  Il  a  donné  ;  i**  Hei* 
vétius  à  Voréy  comédie  reçue  avec 
applaudissement,  i8oô;  2"  Rose 
et  Noir  y  nouvelle,  1801;  3*  Philo- 
dès,  imitation  de  V^gaton  de  y^îe- 
land,  1 8o3.  Ge  roman  de  Pfiilociès 
a  eu  trois  éditions;  ^"f^oy  âge  dans 
le  pays  entre  Merise  et  Rhin,  i8i8y 
5"  Topographie-^  histoire,  usages, 
dialectes  des  Hautes- Alpes,  i8ao. 
Ges  deux  écrits,  qu'on  lit  avec  in- 
térêt, ont  été  regardés  comme  la 
meilleure  statistique  de  ces  deux 
pays.  6*  Nouvelles ,  contes ,  fl/70- 
togues  et  mélanges^  3  vol.  in- 12, 
1822.  Les  journaux  ont  fait  l'élo- 
ge de  cet  agréable  recueil. 

LADRÉYT  DE  LA  tHARRIÈ- 
R£  (N.),  membre  de  la  chambre 
de  181 5,  où  il  fit  constamment 
partie  de  la  majorité,  fut,  après  1^ 
dissolution  de  cette  chambre,  réé- 
lu en  1*8 16,  puis  en  1821,  par  le 
corps  électoral  du  département  de 
l'Ardèche.  Il  siège  habituellement 
au  côté  droit,  et  ne  paraît  jamais 
à  la  tribune  ;  il  a  voté  en  faveur 
du  nouveau  système  électoral  et 
des  lois  d'exepUon. 

LAENNEG  (René  -  Théophile- 
Hyacinthe),  né  à  Quimper  en 
1781 9  étudia  la  médecine  à  Paris> 


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«7© 


LAB 


et  y  remporta  les  premiers  prix 
en  i8o5.  Bientôt  il  se  livra  à  la 
pratique^  et  fit  paraître  dans  dif- 
férens  ouvrages  le  résultat  de  ses 
rejcherchesy  dont  l'institut  a  fait 
une  mention  honorable  dans  son 
rapport  de'iSio,  sur  les  progrès 
des  sciences.  En  iSoa,  il  pubjia, 
dans  le  Journal  de  Médecine^  son 
premier  travail  sur  l'anatomie 
pathologique  «  intitulé  Mémoire 
sur  la  péritonite.  A  la  fin  de  la  mê- 
me année ,  il  fit  paraUre,  dans  le 
même  journal,  son  procédé  ana- 
tomique  employé  pour  disséquer 
la  membrane  interne  des  ventri^- 
cules  du  cerveau,  que  les  anato- 
mistes  ne  connaissaient  pas  en- 
core ,  et  donsi  iis^  n'admettaient 
l'existence  que  par  analogie.  On 
lui  doit  encore  la  découverte  de 
la  membrane  propre  du  foie,  dont 
la  description  ,  véiifiée  par  M. 
Boyer  et  par  les  éditeurs  de  VÀ^ 
natomie  descriptive  de  Bichat,  a 
été  insérée  dans  leurs  ouvrages 
(même  journal,  i8o5).  La  A/o- 
nographiedes  versvésicalaires,  l'un 
des  ouvrages  les  plus  importans 
de  M.  Laenncc^  et  qui  contient  la 
description  de  plusieurs  espèces 
nouvelles  de  vers ,  a  été  jnserée , 
en  1804»  dans  les  mémoires  de  la 
Faculté.  Il  a  lu  à  cette  société 
différens  mémoires  sxxt  l' anginje  de 
poitrine;  sur  les  mélanoses,  espè-- 
ce  d'altération  organique;  sur  une 
nouvelle  espèce  de  vers  intesti- 
naux, qui  n'appartient  à  aucun 
des  genres  connus,  et  appelée  par 
Tauteur  distomus  intersectus,  etc. , 
etc,  M.  Laennec  a  fait  un  iH^mo/r^ 
.sur  une  nouvelle  espèce  de  hernie^ 
,  imprimé  à  la  suitç  du  traité  de 
Scarpa  sur  les  hernies,  traduit 
par  M.  Cayrol.  Il  s'est  enc^ïre  oc- 


LAF 

cupé  de  recherches  sur  les  mala- 
dies du  poumo«i  et  du  rœur.  La 
propriété  qu'ont  tous  les  corps  de 
transmettre  le  son,  lui  a  donné 
l'idée  d'un  instrument,  à  l'atde 
auquel  il  est  parvenu  à  trouver 
une  méthode  -  d^exploraCion  pour 
ces  maladies.  Il  a  été  fait  mention 
de  cette  découverte  importante 
dans  les  Annales  encyclopédiques 
(  voy,  5i3  ) ,  et  dans  les  Annales 
politiques  ,  morales  et  littéraires. 
M.  Laennec  a  été  pendant  long-* 
temps  l'un  des  principaux  colla^^ 
borateurs  du  Journal  de  Médecin 
ne,  rédigé  par  MM.  CorvisarC  , 
Boyer ,  etc.  Il  a  également  four- 
ni des  articles  à  la  Biblioihéqt^ 
médicale ,  et  au  Dictionnaire  des 
sciences  médicales,  dans  lequel  on 
remiairque  ceux  qui  ont  pour  titres, 
anatomie  pathalogique,  ascarides, 
eneéphaloide.  Aussi  distingué  par 
son  humanité  que  par  ses  con- 
naissantes ^  ce  savant  médecin , 
né  au  fond  de  la  Basse-Bretagn« , 
et  connaissant  tous  les  dialectes 
de  la  langue*  celtique,  a  rendu  des 
services  importans  en  1814  5  ^^ 
traitant  gratuitement,  à  l'hôpital 
de  la  Salpétriêre,  tous  les  cons- 
crits bretons  qu'on  avait  réunie 
à  cet  effet. 

LAFAGË  (Aktoike  db)  ,  baron 
de  Pailhes,  célèbre  agronome  du 
midi  de  la  France ,  naquit  à  Tou- 
louse, département  de  la  Haute- 
Garonne,  en  iy55.  Il  aima  les  art« 
et  les  cultiva  avec  succès.  Peintre 
gracieux,  sculpteur  habile,  il  ex-- 
posa  à  Paris,  en  1775,  divers  mo- 
dèles d'architecture  qu'il  avait  tra- 
vaillés au  tour  avec  une  rare  habi- 
leté. Mais  abandonnant  plus  tard 
ces  agréables  délassemens,  tous 
ses  goûts  se  réunirent  sur  la  noble 


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XAF 

^  Qtile  scieneexie  l'agriculture.  Il 
composa  plusieurs  ouvrages  em» 
preiats  du  sceau  de  la  réflexiop  et 
de  la  pratique.  Il  fit  mieux  encore; 
il  prouva  la  vérité  de  ses  théories 
«t  l'excellence  des  moyens  qu'il 
proposait,  en  quadruplant  le  rêve* 
nu  de  la  terre  de  JVIancie.  A  l'épo- 
que la  plus  désastreuse  de  la  révo« 
lution,  il  fut  arrêté.  Menacé  de 
perdre  la  vie,  il  s'oublia  pour  cher- 
cher à  soustraire  à  leur  funeste  sort 
quelques-uns  de  ses  compagnons 
d'infortune,  en  écrivant  pour  leur 
justification-,  et  il  eut  plus  d'une 
fois  le  bonheur  de  réussir  :  récom* 
pense  bien  douce  de  sa  générosi- 
té. £n  sortant  de  prison ,  il  fut  ap* 
pelé  par  ses  concitoyens  à  occu- 
per les  premières  fondions  muni- 
cipales. Après  avoir  rempli  dans 
toutes  les-  situations,  même  les 
plus  pénibles ,  ses  devoirs  de  bon 
citoyen,  et  d'homme  qui  n'avait 
en  vue  que  Tintérêt  général  ou 
particulier  de  ses  concitoyens,  il 
mourut  généralement  regretté,  le 
16  septembre  1807.  On  a  du  ba- 
ron de  Pailhes  :  i*  Nouveau  Sys^ 
tème  d* agriculture  fondé  sur  l'ex- 
périence.  Cette  excellente  produc^ 
tion  fut  rédigée  par  l'auteur  lors- 
qu'il était  privé  de  sa  liberté.  2" 
Observations  sur  le  rouleau  à  battre 
les  grains;  3'  dififérens  Mémoires 
sur  les  constructions  des  cuves 
pour  les  citernes  en  maçonnerie  ; 
sur  les  boulbènes,  etc. 

LAFARGUE  (Étienhe  de),  avo- 
cat au  parlement  de  Pau ,  naquit 
à  Dax,  le  7  décembre  1728,  et 
mourut  vers  1 796.  Il  s'est  oocu^ 
pé  avec  succès  de  littérature,  et  a 
été  reçu  membre  ou  associé  des  a- 
radémies  de  Caea ,  Lyon  et  Bor- 
deaux.  On  a  de  lui  :  1*  Histoir^^ 


LAF  271 

giagraphiquêdelaNouvelle-Ecéssef 
traduite  de  l'anglais,  in- 12,  1750; 
a"  Discours  sur  la  lecture,  in-8*, 
1764;  5*  Œuvres  mâlées^  2  vol.  in- 
12,  1765,  réimprimé  avec  des 
Augmentations,  sous  le  même  ti- 
tre, en  1786,  et  en  1787  sous  ce- 
lui de  :  Epanchemens  du  cœur  et  de 
Cesprit,  ou  Mélanges  de  littératu- 
re et  d'histoire,  destinés  à  Cusa^e 
des  collèges,  2  vol.  in-8*.  Cette  é- 
dition  renferme,  outre  les  2  pre- 
miers ouvrages,  des  imitations  de 
quelques  pièces  d'Horace  et  de 
Martial,  un  poëme  en  ua  chant 
sur  la  Navigation,  un  autré^  en  3 
chants  sur  iesA:-rémensde  la  cam- 
pagne, etc.  etc.;  4"  une  ode  sur 
la  mort  du  Dauphin,  intitulée 
La  voix  du  peuple,  1766;  5*  un 
poëme  sur  r£^aca/io/{^  en4  chants, 
in-8v»7B8;  6"  Le  beau  jour  des 
Français,  ou  la  France  régénérée, 
poème  en  2  chants,  avec  des  no- 
tes historiques,  in- 8%  1791.  Cet 
ouTrage,  dédié  à  la  nation,  et  pré- 
senté à  IVissemblée  nationale  le 
20  janvier  1791,  respire  le  patrio* 
tisme  le  plus  pur. 

LAFARGUE  (N.  ),  négociant, 
précédemment  consul ,  fut  nom-' 
mé,  en  1789,  député  aux  états -gé- 
néraux, par  le  tiers-état  de  lu  sé- 
né chaussée  de  Bordeaux.  Il  se  fit 
peu  remarquer  à  l'assemblée  na- 
tionale ,  et  devint  néanmoins,  a- 
près  la  session,  administrateur  du 
département  de  la  Gironde,  qui 
le  nomma,  en  mai  1798,  député 
au  conseil  des  cinq-cents ,  pour 
une  année  seulement.  Il  prononça, 
le  5  décembre  de  cette  même  an- 
née, un  discours  assez  remarqua- 
ble sur  les  inhumations.  Il  prit  u- 
ne  autre  fois  la  parole  pour  com- 
battre  an   projet  sur  les  moyens 


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2^21 


lAP 


de  réprimer  le  Tagabondage,  par 
Bertrand  du  Calyados.  M.  Lafar- 
gue  a  cessé  de  paraître  sur  la 
scène  politique  depuis  cette  épo- 
que. 

LAFAURIE-DE-MONTBADON 
(le  comte  Làuheiit)  ,  né  le  5  août 

^  1 767 ,  servit  ayant  la  réyolution  > 
et  se  retira  avec  le  grade  de  colo- 
nel. Il  entreprit  ensuite  le  com- 
merce, et  fut  nommé,  en  i8o5, 
maire  de  la  ville  de  Bordeaux.  En 
1809,  il  fut  proposé  comme  can- 
didat au  sénat-conservateur,  où 
il  entra  le  6  mars  de  la  même  an- 
née. Il  reçut,  en  1811,  le  titre  de 
comte  avec  majorât,  et  fut  nom- 
mé, en  i8i3,  gouverneur  du  pa- 
lais de  Bordeaux.  Admis  à  la  cham- 
bre des  pairs  en  18149  il  a  été  con- 
firmé par  le  roi  en  i8i5.  Il  est 
chevalier  de  Saint- Louis  et  mem- 
bre de  la  légion-d'honneur. 
LAFAYE-DESRABIERS  (F.), 

"  procureur- syndic  du  district  de 
Barbésieux  en  1791,  fut  nommé 
député  à  rassemblée  législative 
par  le  département  de  la  Charen- 
te. Il  se  fit  peu  remarquer  comme 
député,  et  donna  sa  démission  le 
â6  juillet  1792,  sur  le  refus  qu'on 
lui  fîtkd'un  congé  pour  aller  rendre 
les  derniers  devoirs  à  son  père 

V  expirant.  En  1800,  M.  Lafaye-des- 
Rablersfut  nommé,  parle  premier 
consul,  juge  au  tribunal  civil  de 
Barbésieux*  H  en  exerça  long-temps 
les  fonctions  sous  le  gouverne- 
ment impérial.     ^ 

LAFERANDIÈRE  (Marie- Aita- 
BJLE  Petitau,  marquise  de),  naquit- 
à  Tours,  département  d'Indre- 
et-Loire,  en  1736,  et  épousa,  en 
1756,  H.  Louis- Antoine  Rousseau 
de  Laferandière,  capitaine  au  ré- 
giment de  Champagne.  Comme 


UF 

plusieurs  des  d^mes  françaises  qlit 
ont  cultivé  la  poésie,  entre  autre» 
Madame  Joliveau  {voyez  ce  nom),, 
fabuliste  comme  elle,  l'amour  ma- 
ternel inspira  son  génie  aimable. 
L'heureuse  indiscrétion  de  l'ami- 
tié le  révéla  au  public,  et  mit  M"* 
de  Laferandière  dans  la  nécessité 
de  publier  des  productions  qu'elle* 
aurait  voulu  renfermer  dans  le  se- 
cret de  la  vie  privée.  Une  jolie  chan- 
son adressée  à. sa  fille,  âgée  de  10 
ans,  lui  fut  dérobée  et  envoyée 
sn  Mercure,  Elle  valut  à  l'auteur 
des  vers  charmans,  auxquels  il 
crut  devoir  répondre.  Dès  ce  mo- 
ment le  Mercure  et  VAlmdnach  des 
Muses  s'enrichirent  de  ses  pro- 
ductions, que  reproduisirent  \ei 
autres  recueils  annuels.  M*'  de 
Laferandière  publia  bientôt  un 
volume  de  fables,  qui  fut  plusieurs 
fois  reimprimé,  in- 18  et  in-ia. 
Dans  ses  poésies,  cette  dameinon- 
tre  constamment  le  naturel  lé 
plus  parfait  et  la  sensibilité  la  plus 
touchante  9  que  recommandent 
encore  une  philosophie  douce  et 
un  style  correct.  Sa  pièce  intitu- 
lée :  Plus  d' Illusions,  présente  ce 
début  remarquable  : 

Eh  quoi  !  tout  fait  dans  le  vieil  â|e  ! 

Tout  fuit  jusqu'il  l'illusion  ! 
Ah  !  U  nature  aurait  été  phis  sage 
De  U  garder  pour  l'arrière-salson. 

Madame  de  Laferandière  est  mor- 
te en  1819.  Le  Moniteur  lui  a 
consacré  une  longue  et  intérêts* 
santé  notice. 

LAFERRIÈRE-L'ÉVÊQUE  (le 
GdMTE  Louis-Marie),  né  le  9  avril 
1776,  à  Redon,  entra  2^u  service, 
en  1 792 ,  comme  sous-lieutenant 
dans  le  99T  régiment  d'infaftterie 
de  ligne,  et  devint,  après  avoir 
&it  deux  campagnes  dans  ce  corps, 


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LAF 

aîde^de-camp  dq  général  IM[,oj|;inejt/ 
Et^ot  p^ssé  eastuite  à  l'arwée  ie 
rOuest,  il.evit  le  conamandement 
des  guides  du  ^général  ea  Qbef 
£ernadotte.  iiprès  la  s^ippressiori 
de  ce  corps,  il  resta  quelque  te qips 
saps  eoiploi;  aiais  on  ,1802,, il  pas- 
sa ^  l'armée  de  HaDovre  avçc  le 
grade  de  chef  d!escadron  dans  \e 
a"'/égiment  de  hussards.  En  i8o5, 
il  fût  OQlPi^^mé  major  du  S"'  régi- 
mi^t  de  hussards,  qu'il  comman- 
da à  la  halaille  ^'I^ua.,  où  il  fut 
blessé  griëveipent.  Cojonel  du  mê- 
me régi^pent ,  il  passa  à  l'armée 
d'Espagpe^  se  distingua  à  .la  ba- 
taille de  Tudela,  et  fit  ens\iite  par- 
tie de  r.e^pédition  de  ftlasséna  ep 
Portugal.  Blessé  pendaut  ,1a  re- 
traite au  commencement  de  1 9 1 1 , 
il  re.Yint  en  France ,  et  reput ,  (a. 
même  année,  le  grade  de  ^général 
de  brigade,  ain^i  que  le  titre  de 
comte  peu  de  temps  après.  Placé, 
en  1810,  à  la  tête  ^e»  grenadiers 
à  cheyal  de. la  garde  impériale,  il 
commanda  ce  corps  d'élite  pen- 
dant les  campagnes  de  Saxe  et  de 
France,  et  se  distingua  .particu- 
lièremeat  à  la  bataille  de  Hanau, 
au^  affaires  de  Champ  -  Aubert  et 
de  Reims,  d'où  il  chassa  le  corps 
rus3e  du  général  Saint-Priest;  en- 
fiiV»  à  la  bataille  de  Craonne,  où  {1 
eut  une  ^ambe  emportée  d*uQ  coup 
de  canon.  Le  général  Laferrièrje 
adhéra  à  la  déchéance  de  N.apo- 
léon^  et  fut  nommé ,  par  .le  roi , 
inspecteur-général  djC  cavalerie, 
gran|i-o0icier  de  la  lé,gion-4*Kon- 
neur  et  çhpT^lier.dp  Saint-^LQuîs. 
Après  la  nomipatipp  dp  maréchal 
Soult  JSL}!  ministère  fie  la  guerre* 
il  obtint  le  commandement  de  l'é- 
cole de  qaTalerij&  de  Saumur  au 
cajumencemefit  de  181 5,  et  peu 


UF  ay» 

de  temps  après  la  reptrée  de  Na- 
poléon j  dont  il  fut  d'abord  assez 
ixiàl  accueilli,  il  fut  nommé  mem- 
bre de  1^  chambre  des  pairs. 

LAFEARONAYE  (Jcles-Basi- 
i,e),  éyêque  de  Lisiieux,  naquit,  en 
1755?  a\i  château  de  Sainl-iMarsr 
les- Amiens,  près  de  Nantes,  entr^ 
dans  l'état  ecclésiastique  ,  et  fut 
pourvu  très-jeune  de  divei:s  béné- 
fices. Le  8  avril  1772,  il  fut  nom- 
mé évêque  de  Saînt-Brieux,  d'où 
il  fut  appelé  au  siège  de  Bayonne, 
et  enûn,à  celui  de  Lisieux  eh  1783. 
Il  se  mpQtra  opposé  à  la  ré;vQlur 
tion^  et  il  émigra  en  1790.  Atta- 
ché aux  princes  de  la  maison  de 
Bourbon,  il  resta  près  d'eux,  en 
An^^let^rre  ,  Jusqu  à  l'époque  d^ 
Sfi  mort,  arrivée  en  i§o2. 

LAFERTÉ  (Papiu.on,haboiï.pe^, 
fih  d'un  intendant  des  Mienus-Pla|- 
sirs9Condamnéàmorteni794,com-' 
me  coipplice  d'une  prétçndue.cons- 
piration  formée  dans  les  prisons  tlu 
Luxembourg,  où  il  se  trouvait  dé- 
tenu, pans  le  temps  où.ilpçrd^t 
son  père,  il  servait  comme  simpl^e 
hussard  4^ns  r.armée  commandée 
par  le  général  Piçbegrû.  Quand' |1 
apprit  cette  fatale  npu^vçlLe,  uçi 
.mouvement  bien  légitime  dp  dé- 
sesppirle  fit  passer\à  l'étranger;  ^1 
j  resta  jpsgu'apr^  la. révolution 
du  .1^  brumaire.  A  ^  reuti:é<e>  §p 
JFi;ance>  Napplépn  le  nomnsia  ^ji- 
diteur  au  çonsejl-d'étAt.  Après. IjBjs 
désiiastres  .de  IJlpscop,  il  f^t  ch^gé; 
çie  parcourir  les  dépàrtempnsppur 
les  disposer  .aux  no.u,v.eau^  s^cri^ 
fices  que  l'indépendance  et  la  gloi- 
re de  la  France  pxig^aient.  ;J.e  rap- 
port qu'il  fit  de  cette  mission  fi\t 
inséré  daus  \p  Sfonitewr.  }\  tuf, 
.employé  pendant  quelques  annÀi^ 
à  la  cais^  ^d'amortisseiaept.  Le 


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2;4  I^AF 

roiyà  son  retour,)ui  rendant  la  pla- 
ce que  son  père  avait  exercée^  l'a 
nommé  à  Tinteudance  des  Menps, 
et  il  est  chargé  en  cette  qualité  de 
la  surveilkince  de  l'Opéra  et  des 
grands  théâtres  de  la  capitale,  fonc- 
tions qu'il  remplit  en  Yéritable  a- 
mi  iei  arts;  il  exerce  aussi  les  fonc- 
tions de  lieutenant-colonel  de  Tétat- 
major  de  la  garde-nationale. 
LAFERTE-IIVIBAULT  (JVUwE- 

TllÉRESE  GeofFMN^  Mi-AQUISE  De), 

née  à  Paris  le  20  avril  1^15,  fil- 
le de  la  célèbre  M*'  Geoffais, 
reçut  dans  la  maison  de  sa  mè- 
re réduèatîon  la  plus  distinguée. 
Elle  dut  il  la  société  des  hom- 
mes de  lettres  et  des  sa  vans  qui 
s'y  réunissaient,  des  connaissan- 
ces aussi  étendues  que  solides. 
Fontenelle,  Montesquieu  et  l'abbé 
de  Saint-Pierre  se  plurent  surtout 
à  cultiver  les  heureuses  disposi- 
tions dont  la  nature  avait  doué 
W*  Geoffrin.  On  remarque  que 
malgré  la  gaieté  vive  à  laquelle 
€lle  se  livrait  souvent,  elle  avait 
pour  les  études  sérieuses  .et  pour 
la  morale ,  un  goût  qui  ne  fit  que 
s'accroître  avec  l'âge.  Les  hommes 
de  mérite  qui  composaient  la  so- 
ciété de  M"*  Geoffrin ,  exaltèrent 
bientôt  les  progrès  de  sa  fille ,  et 
lui  firent  de  bonne  heure  une  hau- 
te réputation  d'esprit  et  de  sages- 
se. Le  caractère  et  les  goûts  de  M"* 
Geoffrin  différaient  cependant  en 
plusieurs  points  de  ceux  de  sa 
mère.  Elle  affectait  de  prendre 
plus  particulièrement  son  père 
pour  modèle,qui,  d'après  ce  qu'el- 
le en  disait  elle-même  ^  possédait 
des  vertus  gothiques,  et  n'avait 
nullement  le  désir  de  jouer  un 
rôle  brillant,  ou  de  faire  du  Bruit 
dans  le  monde.  M"*  Geoffrin  épou- 


LAF 

sa,  en  i^35,  le  marq^iis^e  Laf<rt^ 
té-Imbaull,  arrière- petit-fils  îlu  ma- 
réchal de  ce  nom.  L'esprit  et  les 
sentimens  des  personnes  qui  com- 
posaientlasociétédesonmari,rhu- 
meur  de  ce  dernier  et  ses  habitu- 
des, étaient  si  peu  en  harmonie  a- 
vec  l'éducation  qu'elle  avait  reçue 
'Ct  les  goûts  qu'elle  avait  con- 
tractés dès  son  enfance ,  que  son 
changement  d'état  lui  fit  éprouver 
d'abord  de  grandes  contrariétés; 
elle  ne  cessa  cependant  d'avoir 
pc^r  M.  de  Laferté-Imbault,tous 
les  égards  et  les  soins  qu'il  avait 
droit  d'exiger.  Obligée  de  passer 
la  plus  gji^ande  partie  de  l'année  au 
sein  de  sa  nouvelle  famille,  et  dans 
une  terre  au  fond  de  la  Pologne, 
elle  sut  se  résigner  à  ce  genre  de 
vie,  et  suppléa  par  la  lecture  des 
écrits  des  philosophes  anciens  et 
modernes  aux  moyens  de  bonheur 
qui  lui  manquaient.  Montaigne* de- 
vint son  auteur  favori.  Elle  de- 
vint veuve  à  ai  ans;  sa  fille  uni- 
que était  sa  plus  chère  espé- 
rance ;  mais  à  peine  cette  jeune 
personne  eut-elle  atteint  sa  i5** 
année,  qu'elle  mourut.  M"*  de  La- 
ferté  éprouva  une  douleur  si  vi- 
ve, que  sa  santé  eu  fut  long-temps 
altérée,  et  que  même  il' en  résulta 
une  surdité  qui  l'aflligea  jusqu'à  la 
fin  de  ses  jours.  Comme  elle.n'a- 
vait  plus  d'enfans,  elle  porta  tou- 
tes ses  affections  sur  a  jeunes  cou- 
sins de  son  mari  qu'elle  fit  marier 
avantageusement.  IN^ous  avons  dit 
que  son  caractère  s'accordait  rare- 
ment avec  celui  de  sa  mère',  à  qui 
elle  reprochait  d'avoir,  en  fait  de 
conquêtes,  une  ambition  ausbi 
grande  que  celle  d'Alexandre-le- 
Grand  ;  cependant  lorsque  M"* 
Çeoffrîn^  oJ)ligée  de  renoncer  aux 


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LAF 

àiiecèft  de  société  qui  avaient  fait 
si  Iong-teiiip8  le  charme  de  sa  vie, 
f^t  livrée  aux  infirmités  de  la  vieil- 
lesse 9  elle  trouva  dans  sa  fille  ces 
consolatjons  tendres  et. ces  soins 
aOectueux  qui  caractérisent  un  ex- 
cellent cceur,  et  ne  reçoivent  leur 
impulsion  que  de  la  nature.  Pen- 
dant le  cours  d%me  maladie  qui 
dura  près  de  a  ans,  M"*  de  Laieç- 
té-Iipbault  ne  quitta  point  sa  mè- 
re ,  qui  ne  pouvait  quelquefois 
s'empêcher  de  témoigner  sou  é- 
tonnçment,  de  se  voir,  malgré. ses 
souffrances,  heureuse  par  les  soins 
de  sa  fille.  Mais  M"*  de  Laferté, 
jpircon venue  à  cette  époque  par 
les  détracteurs  de  la  philoso- 
phie, ne  jugea  plus  à  propos 9  en 
1776,  de  recevoir  les  personnes 
qui  avaient  fait  autrefois  partie 
de  la  société  de  sa  mère.  D'Alem- 
bert,  Marmontel  et  plusieurs  au- 
tres de  ses  anciens  amis  furent  ex- 
clus. Le  premier  en  témoigna  sa 
juste  indignation,  en  publiant  la 
lettre  inconvenante  par  laquelle  la 
fille  de  M**  GeoflVin  lui  avait  dé- 
fendu sa  porte.  On  blâma  généra- 
lement la  démarche  de  celle-ci,  et 
les  louanges  que  quelques  hom- 
mes de  lettres  lui  avaient  prodi- 
guées jusqu'alors  se  changèrent 
en  s£^rcasmes  amers.  M"""  de  La- 
ferté  -  Imbault  conserva  long- 
temps des  relations  intimes  avec 
le  cardincd  de  Bernis,  qui  avait 
été  le  compagnon  de  son  enfance; 
une  suite  de  lettres  intéressantes, 
formant  leur  correspondance  de- 
puis i^Sg  jusqu'en  1767,  existe 
encore,  et  il  est  à  regretter  qu'el- 
les n'aient  point  été  publiées.  M"" 
de  IVlarsan,  gouvernante  de  mes- 
dames Glotilde  et  Elisabeth  de 
France,  voulant  préserver  ses  clè- 


LAF  275 

veç  de  ce  qu'elle  appelait  la  conta- 
gi(Mi  des  doctrines  du  siècle,  s'a- 
dressa à  M""  de  Laferté-lnibaiilt, 
avec  laquelle  elle  était  liée  depuis 
long-temps.  Sachant  que  celle-ci 
avait  lait  de  volumineux  extraits 
des  anciens  philosophes ,  et  un 
traité  ^e  morale  religieuse,  elle 
lui  proposa  de  retoucher  son  tra.- 
vail,  afin  de  le  mettre  à  la  portée 
des  jeunes  princesses,  dont  l'une  . 
était  âgée  de  7  ans  et  l'autre  de 
12.  M"*  de  Laferté  se  rendit  à  .ce 
désir,  et  devint  ensuite  l'une  des 
institutrices  de  Mesdames,  Ce  pe- 
tit cours  de  philosophie,  commen- 
cé en  1771,  dura  3  ans,  et  reçut 
l'approbation  de  Louis  XV,  qui, 
malgré  l'espèce  d'indifférence  qu'il 
montrait,  n'était  nullelnent  le  par- 
tisan des  idées  nouvelles.  Le  gen- 
re de  ce  travail,  et  le  but  qu'on  se 
proposait  d'atteindre,  mirent  M** 
de  Laferté  en  crédit  à  la  cour.  Les 
partisans  de  tout  ce  qui  porte  le 
cachet  de  l'antiquité  se  groupè- 
rent autour  d'elle,  et  beaucoup  de 
personnes  établies  au  château  de 
Versailles  manifestèrent  le  désir 
d'obtenir  pour  leurs  enfans  la  fa- 
veur de  partager  les  mêmes  ins- 
tructions. Ses  extraits,  répandus 
.dans  Paris  parmi  ses  amis,  furent 
accueillis  et  prônés  avec  une  espè- 
ce d'enthousiasme.  Ce  fut  vers  ce 
temps  qu'un  de  ses  admirateurs, 
le  marquis  de  Croismare,  homme 
qui  par  sa  gaieté  naturelle  et  la 
tournure  de  son  esprit  était  dispo- 
sé à  plaisanter  sur  les  événcmens 
les  plus  sérieux,  fonda,  pour  faire 
.diversion  au  mécontentejment  gé-» 
né  rai  que  causait  la  suppression 
des  parleinéns  par  le  chancelier 
Maupeou,  un  ordre  singulier  sous 
la  dénomination  des  Lanturelus^ 


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276  LAF 

dont  il  s'établît  grand-maître,  et 
Yionitna  grande-maîtresse  M**  de 
Laferté-Imbaull.  Toutes  les  per- 
sonnes ([ne  la  grande -maltresse 
honorait  de  son  amitié  forent  ad- 
iTiise)  dans  cet  ordre ,  et  par  re- 
connaissance les  chevaliers  la  pro- 
clamèrent peine  au  hcJut  de  quel- 
ques aùnées.  Le  résultat  de  cette 
institution ,  fut  rémission  d'un 
grand  nombre  de  dhansons  et  poé-' 
sies  assez  piquantes,  qui  portèrent 
'sa  renommée  Jusqu'aux  rives  de 
la  Nèwa.  L'impératrice  Catherine, 
qui  s'occupait  quelquefois  dé  pe- 
tites choses,  né  Manqua  jamais  de 
recomïnandier  aux  seigneurs  russeis 
qui  se  rendaient  à  Paris,  de  se  fai- 
re recevoir  chevaliers  de  l'ordre 
des  Lmturelus:  La  czarine  en  fit 
même  l'injonction  à  son  fils  et  à 
sa  belle-fille,  lorsque  sous  le  nom 
de  comte  et  de  comtesse  du  Nofd, 
ils  voyagèrent  en  France;  et  ses 
désirs  en  celte  occasion  furent  par- 
faitement remplis.  On  peut  ^'éton- 
ner aujourd'hui  de  l'importance 
qu'acquit  dans  un  siècle  échiré 
cette  association  bizarre.  M*"*  de 
Laferté-Imbault,  malgré  ?a'répu- 
tation  de  sagesse,  se  laissant  quel- 
quefois entraîner  par  la  vivacité 
de  son  esprit,  mêlait  dans  ses  plai- 
santeries l'étourderie  à  la  raison; 
et  le  roi  de  Pologne  (Stanislas 
Lcczinski)  ,  qui  entretint  long- 
temps avec  elle  une  correspondan- 
ce suivie,  l'appelait  souvent  sa 
chère  folie  Imbault.  Trop  louéfe 
dans  un  temps ,  et  peut-être  trop 
blâmée  dans  un  autre ,  en  raison 
des  yarîatiohs  qui  se  firent  remar- 
quer dans  sa  conduite  et  ses  af- 
fections ,  M*'  de  Laferté  montra 
néanmoins  dans  toutes  les  circons- 
tances importantes,  le  désir-d'^tte 


LAF 

utile;  elle  se  dévoua  tout  entière 
au  bonhçur  d[e  sa  famille  adoptive, 
et  sut  trouver  le  sien  dans  le^ 
jouissances  dé  l'esprit,  les  sentî- 
tnens  de  l'aiiiîtié  et  le  plaisir  qu'on 
éprouve  à  faire  le  bi^n.  C'est  ain- 
si qu'elle  arriva  au  terme  de*  sa 
carrière.  Bile  mourut  à  Paris  en 
1791,  dans  sa  76*  année.  Les  let- 
tres les  plus  intéressantes  de  sa 
correspondance ,  parmi  lesquelles 
on  en  trouve  de  Madame  Elisabeth, 
du  roi  Stanislas ,  du  cardinal  de 
Bernis,  du  duc  de  Nivernois ,  du 
baron  de  Secondât,  fib  de  Mon- 
tesquieu, et  de  Piron,  sont  restées 
entre  les  liiains  du  marquis  dTEs- 
tampes  de  Laferté-Imbault,  'fils  de 
Tun  dtes  deux  frères  à  qui  cette  da- 
me avait  servi  de  mère.  Le  Récit 
du  voyage  de  W"'  Geojfrin  en  Po^ 
togne  se  trouTe  aussi  dans  les  mê- 
'mes  inains. 

LAFPON-DE-LADEBAT  (Aw- 
brïé-Dàniel),  né  à  Bordeaux,  le 
5o  novembre  174^,  appartient  à 
une  famille  proscrite  par  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Natitcs.  Son 
père,  rentré  en  France ,  établit  à 
Bordeaux  un  commerce  considé- 
rable, et  rendit  des  services  im- 
portans,  qui  lui  valurent,  en  1773, 
de  nouvelles  lettres  de  nobliesse. 
Le  jeune  Laffon-de-Ladebat  vînt 
le  rejoindre,  après  avoir  teirminé 
ses  études  à  TunîTersité  de  Franc- 
ker,  dans  la  Frise  hollandaise. 
L'étude  de  l'éconottiîe  politique, 
de  l'agriculture  et  des  arts,  à  la- 
quelle 11  se  livra  à  son  airivée  -à 
Bordeaux,  fut  le  fondement  des 
connaissances  étendues  qu'il  mon- 
tra par  la  suite  dans  les  finatices. 
Il  commença  à  se  faire  connaître 
par  un  écrit  sut  la  libetté  du  com- 
merce de  l'Inde,  fit  des  déirich«- 


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LAF 

mens  daos  les  landes  du  Haut- 
MédoCj  et  quetque  temps  après  il 
publia  un  mémaire  au  sujet  de 
conteatatloas  d'intérêt  q^e  sa 
maison  eut  avec  le  mini^stre  Nec- 
ker,  et  dans  lequel  il*  se  livre  à  des 
détaiW^  intéresaans  sur  la  situa- 
^tion  de  Pindostan.  Député ,  en 
1789,  par  la  minorité  de  la  no- 
blesse de  Guienne  aux  états-gé-? 
néraux«  il  se  rendit  à  Versailles; 
niais  son  élection  ne  fut  point 
confirmée ,  et  il  retourna  à  Bor- 
deaui^,  où  il  fut  nommé  membre 
du  direetoii'e  du  département  de 
la  Gironde.  En  1791,  il  fut  élu, 
par  le  même  département,  dépu- 
té à  l'assemblée  législative ,  se 
montra  constamment  opposé  aut 
principes  de  la  révolution ,  et 
n'en  présida  pas  moins  le  comité 
des  finances  durant  toute  la  ses- 
SâOïu  Pendant  la  journée  du  20 
juin,  il  alla  offrir  ses  secours  au 
roî  et  à  la  reine,  et  le  i3  juillet  sui- 
vant devint  président  de  l'assem- 
blée. Le  même  jo\ir,  il  fut  con- 
traint de  recevoir  la  députation 
des  citoyens  de  Paris,  qui  venaient 
demande^  la  déchéance  de  Louis 
XVI.  mfis  deux  jours  après  il  ocça' 
siona  le  plus  grand  tumulte  dans* 
l'assemblée ,  en  rappelant  à  l'or- 
dre le  député  Chabot,  qui  deman- 
dait la  même  déchéance,  et  dé- 
clarait quQ  le  peuple  avait,  quand 
Il  le  voulait,  le  droit  de  changer  la 
consUtution.  Forcé  de  céder  la 
présidence  à  Aubert-Dubayet  9  il 
fut  lui-même  rappelé  à  l'ordre  par 
un  décret,  et  faillit  être  envoyé  le 
même  jour  à  l'Abbaye,  sur  la  de- 
mande de  Merlin  de  ïhionville. 
Il  n'en  continua  pas  moins  d'agir 
dans  l'intérêt  de  la  famille  royale, 
et  le^  10  août,  au  moment  où  le  roi 


LAF 


277 


vint  se  réfugier  dans  rassemblée, 
il  occupait  encore"  le  fauteuil,  qu'il 
céda  alors  à  Guadet.  Il  fut  incul|»é 
pour  avoir  sauvé  plusieurs  Suisses, 
échappés  à  l'attaque  du  château; 
quelques  jour;^  après,  il  déter^ 
mina  Chabot  à  agir  en  faveur  de 
l'abbé  Sicard,  pendant  les  massa- 
cres de  sejptembre;  mais  il  fût  lui- 
même  arrêté  à  l'ouverture  de  la  ses- 
sion conventionnelle;  néanmoins 
peu  après  il  obtint  sa  liberté.  Il  di- 
rigea, jusqu'à  sa  suppression,  la 
cs^isse  d'escompte,  et  ensuite  se 
chargea  de  sa  liquidation.  Arrêté 
une  seconde  fois,  pendant  le  rè- 
gne de  la  terreur,  il  soi*tit  bien- 
tôt de  p^rison,  et  prit  part  aux 
travauiK  du  comité  de  salut  public 
pour  le  service  du  trésor.  U.  Laffon-^ 
de-Ladebat  se  prononça  contre  la. 
convention  à  l'affaire  du  i5  ven- 
démiaire an  4»  i^t  la  même  année, 
il  fut  nommé  député  au  conseil 
des  anciens,  par  les  départemen.^ 
de  la  Seine  et  de  la  Gironde.  Ilpar^ 
là  souvent  sur  des  matières  de  fi- 
nances, et  fut  traité  de  contre-ré vo- 
lutiomiaire  par  Clauzel,  pour  s'ê- 
tre opposé  aux  mesures  proposé^^ 
afin  d'assurerle  cours  des  mandats. 
Il  s'éleva  contre  l'étabjii^emen^ 
des  patentes  et  la  prohibition  de^ 
marchandises  anglaises.  Persévé- 
rant dans  ses  principes,  il  s'était 
lié  au  parti  de  Ciicky,  et  il  osa  de- 
mander la  destitution  et  l'arrestar 
tion  du  général  en  chef  Bonapar- 
te, au  sujet  des  adresse^  envoyéef 
par  l'armée  d'Italie,  auf  appror 
chea  du  18  fructidor.  Ce  jour  mê- 
me, il  présidait  le  conseil,  et  il  fit 
tous  ses  efforts  t)0ur  faire  triQm* 
pher  sop  parti  ;  mais  l'arrestation 
de  Pichegru  renversa  tou^  se3 
projets,  et  il  fut  lui-même  arrêté 


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ar8 


LAF 


cbex  lui,  avec  plusieurs  de  ses 
collègues.  Conduits  d'ahord  au 
Temple,  ils  lurent,  2  jours  après, 
déportés  pour  la  Guyanne,  et  ils 
s'embarquèrent  sur  la  corvette  la 
f^ aillante,  qui  les  transporta  à 
Cayenne  l  hprès  une  longue  tra- 
versée. Là,  ils  obtinrent  quelques 
jours  de  repos,  et  ils  furent  ensui- 
te conduits  à  Sinamari,  où  Bro- 
I  tliier,    Lavillebeurnois,  Murinais 

et  Tronçon-  Ducoudray  expirè- 
rent ,  épuisés  par  les  fatigues. 
M.  Laffbn-de-Ladebat  avait  refusé, 
ainsi  que  Barbé-Marbois,  avec  qui 
il  était  intimement  lié,  d'accom- 
pagner Pichegni,  Ramel  et  autres 
dans  leur  évasion  ;  ils  furent  tous 
deux  exposés  aux  différentes  mesu- 
res du  commissaire  du  directoire, 
qui  les  lit  transporter  de  Sinamari 
à  Cayenne,  et  de  Cayenne  à  Sina- 
mari. Plusieurs  tentatives  d'éva- 
sion,  faites  en  leur  faveur,  ne 
réussirent  pas;  cependant  ils  ob- 
tinrent l'autorisation  de  rester  à 
Cayenne;  et  bientôt  ajfrèsles  ser- 
vices qu'ils  rendirent  à  la  colonie, 
dans  une  insurrection  qui  éclata, 
déterminèrent  le  directoire  à  les 
faire  transférer  à  l'île  d'Oleron. 
La  révolution  du  18  brumaire  eut 
lieu  pendant  leur  traversée,  et  leur 
permit  de  rentrer  dans  la  capitale. 
M.  Laffon-de-Ladebat,  proposé 
comme  candidat  au  sénat-conser- 
vateur,par  plusieurs  départemcns, 
ne  fut  point  accepté  par  Bonapar- 
te. Il  rentra  alors  dans  le  com- 
merce, et  se  chargea  de  la  direc- 
tion de  la  banque  territoriale,  qu'il 
ne  put  soutenir  malgré  son  crédit. 
Ses  comptes  avec  le  gouverne- 
/  ment  étaient  attaqués  :  il  en  solli- 
cita un  examen  sévère,  et  fit  lui- 
même   paraître  le  compte  rendu 


♦  LAF 

de  toutes  les  opérations  de  la 
caisse  d^escompte,  depuis  son  ori- 
gine jasqu'à  sa  liquidation.  Ce  ne 
fut  qu'après  avoir  long  -  tenrips 
réclamé  devant  les  tribunaux, 
qu'il  obtint,  en  i8i5,  le  règle- 
ment de  ses  droits;  la  cour  de» 
comptes  arrêta,  à  cette  époque,  ù 
plus  de  3,000,000,000  de  francs 
effectifs,  le  montant  de  sa  ges- 
tion ,  à  laquelle  plus  de  5,ooo  fa- 
milles durent  la  conservation  de 
leurs  droits.  M.  Laffon-de-Lade- 
bat ,  en  vertu  d'une  ordonnance 
royale,  se  rendit,  au  commence- 
ment de  181 5,  à  Londres,  pour  ré- 
clamer des  sommes  déposées  par 
lui,  en  1795,  à  la  banque  d'Angle- 
terre. Pendant  son  séjour  dans  cette 
capitale,  il  s'est  procuré  des  ren- 
seignemens  précieux  sur  le  com- 
merce, l'administration,  ainsi  que 
sur  les  établiesemens  d'éducatioa 
et  de  bienfaisance.'  M.  Laffon-de- 
Ladebat  était,  avant  la  révolution, 
membre  des  sociétés  d'agricultu- 
re et  d'encouragement  de  Paris, 
et  il  avait  été  président  des  acadé- 
mies des  sciences  et  des  arts  de 
Bordeaux,  et  de  peintu^^de  |:i 
même  ville.  Il  a  été  noiiflié,  de- 
puis le  retour  des  Bourbons,  admi- 
nistrateur de  l'institution  royale 
des  jeunes  aveugles,  et  membre 
du  comité  cantonnai  du  1"  arron- 
dissement de  la  Seine,  pour  la 
'  surveillance  de  l'éducation  pri- 
maire. On  a  de  lui  un  travail  sur 
les  finances  ,  qu'il  a  soumis  au 
roi  ,  intitulé  :  des  Finances  de^ 
la  France  ,  ou  les  Budgets  de 
18 16  et  des  années  suirantes  , 
avec  des  observations  pràliminai^ 
res  sur  l'opinion  dun  membre 
de  '  la  commission  du  budget  de 
1817.  lia  aussi  fait  des  olwèrva- 


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7ômt*  lo. 


A^^     2  7^. 


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LAF 

^ons  sur  la  Guyi^nne  française. 
LAFITË  (madame  de ) ,  femme 
3e  lettres ,  a  publié  différens  ou- 
vrages qui  ont  attaché  à  son  nom 
une  juste  célébrité.  On  lui  doit  : 

1**  Histoire  de  la  conversion  du 
,eomie  de  Siruenzée,  traduction  de 
l'allemand,  de  Manter,  1775,  in- 
8°;  2°  Entretiens  ,  drames  et  con- 
tes moraux  à  l'usage  des  efnfans» 
Cet  ouvrage,  dédié  à  la*  reine  d'An- 
gleterre, a  été  réimprimé  plusieurs 
fois.  La  4"*  é(jlition,  2  vol.  in-8** 
et  in-  la,  est  dé  Tan  .9.  5**  Réponses 
à  démêler,  ou  Essai  d*une  manière 
d'exercer  l* attention,  Lausanne, 
in-i 2 ,  1792 ;  4"  ^'^  ^t  Lettres  de 
Gellert,  traduites  de  râllemand. 
les  Entretiens,  etc.,  et  les  Répon^ 
ses,  etc.,  font  ordinairenlfent  suite 
aux  ouvrages  d'éducation  de  M"** 
de  .Genlis. 

.  LÀFITTE  (le  bahon  Justin),  né 
le  4  juin  1772,  servit  dans  le 
commencement  de  Ta  révolution, 
et  était,  en  i$o5,  parvenu ,  par 
son  courage  et  ses  talens  militai- 
res, au  grade  de  n^ajordu  20"*  ré- 
giment de  dragons.  .L'année  sui- 
vante ,  il  fut  nommé  colonel  du 
18""  régiment  de  la  même  arme. 
II  se  distingua  à  la  tête  de  ce  oorps 
dans  les  campagnes  de  1806  et  1807, 
et  obtînt,  le  14  mai  de  la  même 
année,  la  croix  d'officier  de  la  lé-^ 
gion-d'honneur.  Passé  à  l'armée 
d'Espagne  en  1808,  il  mérita  d'ê- 
tre cité  dans  différentes  affaires  , 
et  principalement  au  passage  du 
Tage,  près  de  Talavera-de-la  Rey- 
Qa ,  où  il  soutint  avec  la  ]6lus 
grande  intrépidité  les  efforts  de 
l'ennemi.  Rentré  en  France ,  il  y 
fut  nommé  général  de  brigade  avi 
commencement  de  18 13,  et  con- 
tjuua  de  se  distinguer  jusqu'à  la 


LAF  27g 

fin  de  la  guerre.  Pendant  les  cent 
Jours,  en  181 5,  le  général  Lafitte 
.  commandait  le  département  ^e 
.  l'Arriége.  Il  est  chevalier  de  Saint- 
Louis  et  commandeur  de  la  lé- 
gion-d'honneuV.  Il  vit  retiré  dans 
son  département ,  où  il  jouit  de 
l'estime  générale. 

LAFFITTE  (Jacques)^  membre 
de  la  légion-d'honneur  et  de  la 
chambre  des  députés,  est  né  à 
Rayonne  en  1767.   Il  entra  fort 
jeune  dans  lexommerce,  et  vint 
travailler,  en  1788,  dans  la  mai- 
son de  banque  du  sénateur  Perre- 
gaux.  Ses  tolens  et  sa  conduite  le 
firent  bientôt  distinguer  par  son 
chef,  et  lui  valurent,  au  bout  de 
quelque.temps,  un  intérêt  dans  les 
affaires  de  la  maison.  Le  premier 
usage  qu'il  fit  de  sa  fortune,  fut 
d'appeler  auprès  de  lui  toute  sa 
famille,  composée  de  loenfans, 
qui,  tous,  ont  prospéré  comme 
lui,  et  composent  aujourd'hui  une 
des  familles  les  plus  nombreuses, 
les  plus  unies,  les  plus  respecta- 
bles et  les  plus  estimées  du  royau- 
pie.  En  1804 9  M.   Perregaux  le 
choisit  pour  être  son  associé,  son 
successeur  et  son  exécuteur  ^es-» 
tamentaire.  Après  la  mort  de  M. 
Perregaux,  le  fils  de  ce  dernier 
devint    son   associé    commandi-   ' 
taire,   et  dès -lors,   sa  maison, 
qu'il  géra  seul  pendant  10  ans, 
prit  un  essor  qui  la  plaça  en  pre- 
mière ligne  sous  les  rapports  de 
la  fortune,  de  la  direction,  de  l'é- 
tendue de  ses  opérations,  et  de  la 
ipanière  franche  et  loyale  de  les 
traiter.  Jamais  il  n'a  fait  une  opé- 
ration qui  ne  fût  dans  l'intérêt  du 
pays;  jamais  il  n'a  laissé  échapper 
une  occasion  de  rendre.  séEviee;  eit 
il  y  a  peu  d'exemples  d'un  homme 


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GooqIc 


li$Ô 


LA? 


3UÎ  ait!  reçu  atitaht  <K  ihaft|tiëi' 
'cstîîùé  de  ses  rôncîtoyén^,  et- 
qaî  ait  éproufé  plhs  de  bicnvéil- 
fatrôe  dfe  ïa  part  de  ses  rÎTâwi.  EnF 
1809,  il  fut  nfôtnmé  fégent  de  W 
batiquè  de  Finance,  et  succéda  à 
A.  Dïipont  dé  Nemoûts  dans  laf 
présidence  de  la  cïrambre  die  com- 
merce de  «Paris.  En  i8i5,  a  fut 
Aômmé  juge  au  tribinVaï  de  Com- 
merce, et,  en  r8 14>  àtf  dép'arf  àvt 
comte  Jaùbert,"^  il  lé  ifehiplaça  enr 
qualité  dé  gouverneur  et  la  ban- 
que dé  France ,  sans  vouîoîr  du: 
traitement  considérable  attaché  à 
cette  fonction.  Les  comptes  qu'il 
à  reridus  atinùellemént  des  opé- 
rations de  Cet  établissement ,  sont 
remarquables  par  la  clarté,  la  pré- 
cision ,  et  \ei  Vues  utiles  qu'ils 
Renferment  darts  l'intérêt  ][>ublic. 
Appelé,  avec  MM.  Delessert,  Hot- 
tînguer  et  Chàptal,  à  la  chambre 
dès  repi-ésentaiïS,  comme  député 
du  commerce,  il  ne  parut  point  à 
hi  tribune.  Après  la  seconde  capi- 
tulation de  Paris,  an  mois  de  juil- 
let 181 5,  le  trésor  public  ne  pôu- 
iant  Subvetiîr  aux  frais  de  la  re- 
traite de  Tarmée  française  de^rîèfe 
là  Loire  ,  le  gouvernement  se 
trouvait  réduite  rextrémité  d'ex- 
posef*  la  capitale  à  de  grands 
âialfièurs  par  l'itiexécution  d'une 
des  principales  clauses  du  traité, 
eu  dé  puiser  de  force  dans  la  caisse 
de  la  Banque,  mesure  qui  ne  pou- 
vait manqtiei*  de  porter  une  fu- 
neste atteinte  au  crédit  public.  M. 
laflltte  h'bésita  pas  dans  cette  cir- 
cohstànce  Critique,  et  remit  entre 
les  mains  du  ministre  du  trésor  ^ 
Moltien,  la  somme  de  a  millions, 
prise  dans  sa  propi-e  caisse  ;  ser- 
tice  Important  que  l'on  confondit 
li&al-à-propdd,  dans  la  chambre  des 


lAF 

dépfert^sf  de  f  8 1 5,  avec  la  Vente  de 
3  miltionis  de  rentes,  ordonnée 
qtrélquë  teitfp^  a^u^^araràtît  par 
Répolèon  lui  -  même ,  ël  au  sufet 
dé  laquelle  eut  lieu  une  enquête 
Cotitre  M.  OutRiii»  {vojr.  ce  nom 
et  la  lettré  éhfergique  qtte  M.  Laf- 
fiftte  adressa  à^  Ja  chambré  à  cette 
ôccasionr.  )  En  1816 ,  M.  Laffitte 
rédigea,  sur  la  banque  de  France, 
trtr  rappoi't' détaillé,  d'après  lequel 
ôh' voyait  clairement  que,  pendant 
rexércîce  de  ï8r5,  au  mifieu  des 
désai^tres  causés  par  l'invasioff  dey 
troupes  étrangères ,  la  banque  de 
France  afvait  inspiré  une  confian- 
ce telle,  qu'on  préférait  ses  biHets 
'à  fargent  mêrtie;  qu'elle  atait  a- 
timenté  ktrésm*  pufeKc,  escompté 
pihts  de  200  mrillions  de  Valeurs,  et 
payé  enfin  si  s^es  actionnaires  un 
dividende  de  six  deux  cinquièmes 
pour  cent.  Les  malheurs  de  la  se- 
conde invasion ,  lès  contributions 
énormes  qui  allaient  peser  sur  la 
France  ,  exigeaient  des  moyens 
éltraordinaires.  tJne  commission 
consultatite  fut  nommée  pour 
présenter  un  système  général  des 
finances.  Appelé  par  le  gouternc- 
ment  à  faire  partie  de  Cette  com- 
mission, M.  Lafiitte  combattit  tou- 
tes les  idées  reçues  alor^nde  ban- 
queroute, d'emprunts^fotcés,  de 
cédules  hypothécaires,  qui  au- 
raient dangereusement  pesé  sur 
le  peuple  et  sur  les  propriétaires; 
il  proposa  et  fit  adopter  parla  force 
de  son  caractère  et  l'évidence  de 
ses  raisonriemcns ,  le  système  de 
crédit  qui  a  si  puissamment  con- 
couru à  sauver  la  France  de  ses 
embarras  et  à  développer  les  res- 
sources de  l'agriculture  et  de  l'in- 
dustrie. En  octobre  18165  M.  Laf- 
fitte fût  élu  membre  dé  la  cbam^ 


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UF 

bte  ém  éèj^utê^  par  le  Collège  é- 
lecicH^l  da  dé^tetnéot  de  la  Sei- 
ne. It  tiMinta  pour  la  preotîère  fols 
a  la  ff&utte  k)râ^  de  lliviporMate 
di9Ca^0Q  shit  là  loi  des  financé». 
Le  dbcotrrs  qvk*i\  ftmonça  p#o- 
&B^H  «ttfe  tif  e  setidfflîon;  toute  la 
partie  f  eehniqoe  (ù%  géfièralement 
approayéey  et  Vnh  de  ëe»  adter- 
saire»  (f^ialifitf  toéaie  Topinion  de 
M.  Laffittede  diseussiùk  ùdmirabU 
ikur  le  Crédit;  mais  il  n'en  fot  pas 
de  même  de  la  partie  morale,  dans 
laquelle  il  défeioppait  des  idées 
qui  n'étaient  pas  en  narmonie  ateo 
celles  de  la  nHijorité  de  la  cham- 
bre. L'orateur  appuyait  TÎiremept 
la  proposition  d'affecter  la  totalité 
des  bois  de  l'état  à  k  caisse  d'a- 
mortissement,  et  repoussait  lepro^ 
jet  de  distraire  une  Taleur  de  4 
millions  en  faveur  du  clergé,  qui 
préfendait  déjà  rentrer  dans  tous 
se&  droits  et  possessions.  Les  opi- 
nions écrites  de  H.  Laffitte  s'éle- 
talent  à  un  ordre  d'idées'  qyi  fai- 
saient supposer  à  ceiix  qui  ne  le 
connaissaient  pas  qu'il  employait 
le  secours  de  lumières  étrangères. 
il  ~a  répondu  à  cette  accusation 
mâlyeîllante  par  dirers  discours 
improtisés  4  et  dans  des  circons- 
tances imprévues  qui  l'ont  justifié 
de  ce  reproche  aut  yeux  de  tous^ 
ceux  qui  ont  pu  l'entendre  ,  sur*' 
tout  à  l'occasion  du  crédit  de 
So  millions  de  rentes^  occasion 
dans  laquelle  il  traita  k  fond  la 
gi'ânde  question  du  crédit,  et  en- 
traîna tous  les  suffrages.  M.  Laf- 
fitte fut  réélu,  en  1 8 1 7,  au  premier 
tour  de  scrutin,  par  le  même  dé- 
partement ,  membre  de  la  cham- 
bre des  députés.  Dans  la  séance 
dû  16  décembre ,  il  prononça  un 
discours  plein  d'éloquetice  et  d'é- 


LÂF 


%%i 


iiergie  sur  la'  liberté  de  la  presse  / 
et  rota  contre  le  projet  présenté 
par  te  ministère.  Il  se  cllstingua 
aussi,  dan»  la  discussion  sur  Fem- 
pmnt  de  3oo  mil^ons^  parla  clar- 
té tx  la  précision  de  ses  raisonne- 
mens.  Dans  la  session  de  1819,  U 
sie  prononça  fortement  contre  les 
\f^%  d'exception^  et  fut  l'un  de^gS^ 
membres  qui  firent  de  courageux, 
mais  de  vains  efforts ,  pour  qu'on 
ne  portât  pas  de  nouvelles  attein- 
tes à  la  loi  des  élections.  Quel- 
que temp»  après,  la  place  de  gou-^ 
vemeur  de  la  banque  de  France, 
qu'il  remplissait  gratuitement,  fut- 
donnée  au  duc  de  Gaëte  avee  uit 
traitement  considérable.  Au  mois 
de  juin  1819,  des  troubles  éclatè- 
rent dans  Paris.  C'est  M.  LaffiUe 
qui  annonça  à  la  chambre  la  mort 
du  jeune  et  malheureux  Lalle- 
mand ,  et  fit  1»  motion  que  toute 
délibération  fût  suspendue  jusqu'à 
ce  que  la  chambre  eOt  reçu  des 
éclairctssemens  sur  les  circonstan- 
ces  dont  ce  funeste  événement  a-^ 
Tait  été  accompagné.  Dans  la 
séance  du  7  juin ,  il  monta  à  la 
tribune ,  et  fit ,  en  qualité  de  dé- 
puté de  Paris,  la  peinture  yéridi- 
que  de  la  situation  de  cette  ville, 
où  le  sang  des  citoyens  avait  cou-^ 
lé;  le  10,  après  avoir  retracé  les 
désordres  auxquels  la  capitale  à- 
vaît  été  en  proie  dansia  journée 
du  9 ,  il  lut  une  pétition  signée 
d'un  grand  nombre  d'habitans,  de 
laquelle  il  résultait  que  des  fem- 
mes ,  des  vieillards  et  même  des 
enfans,  avaient  été  sabrés  jusque 
sur  les  portes  des  maisons  et  des 
boutiques,  et  foulés  aux  pieds  àe^ 
chevaux.  Il  demanda  pourquoi  la 
garde  nationale ,  qui  avait  fait 
preuvede  tant  de  zèle  et  d'activité 


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!|8a 


£af 


en  1814  et  en  18 15,  n'avait  pas 
été  ôeulé  chargée  de  dissiper  les' 
rassembleraens ,  et  de  veiller  au 
maintien  de  la  tranquillité  publi- 
que. Il  s'opposa  en  outre  à  l'adop- 
tion du  procès- verbal  avant  que 
les  ministres  n'eussent  justiâé 
leurs  mesures,  et  rendu  compte  à 
la  cHambre  de  ce  qu'ils  préten- 
daient faire  pour  arrêter  l'etfusion 
du  sang.  M.  Laffltte  a  pris  part  a- 
vec  succès,  depuis  cette  époque, 
à  toutes  les  grandes  questions  fi* 
nancières  et  politiques ,  quoiqu'il 
aimât  peu  à  se  montrer  à  la  tri- 
bune, non  par  défaut  de  courage 
et  de  dévouement,  mais  par  une 
timidité  mal  entendue.  Chacun  se 
rappelle  son  discours  du  i5  avril 
i8aa,  dans  lequel  il  fixa  d'une 
manière  si  positive  la  situation 
véritable  de  nos  finances,  le  dan- 
ger de  notre  situation  politique, 
les  causes  du  progrès  de  l'agricul- 
ture, de  l'industrie  et  du  crédit; 
enfin,  sa  brillante  réplique  au  dis- 
cours du  ministre  des  finances, 
qui  voulut  le  combattre.  Aappelé 
pour  la  quatrièu^e  fois  à  la  cham- 
bre des  députés  par  les  dernières 
élections,  et  réélu,  sans  interrup- 
tion, régent  de  la  banque  de  Fran- 
ce, s'il  fait  tous  ses  efforts  pour 
acquérir  de  nouveaux  droits  à  l'esr 
time  publique^  il  semble  que  l'es- 
time publique  augmente  pour  lui 
en  raison  des  attaques  de  ses  en- 
nemis. Sa  position  a  changé ,  son 
caractère  est  invariable  ;  simple 
dans  ses  goûts,  chéri  de  tout  ce 
qiri  l'entoure,  le  souvenir  des  heu- 
reux qu^il  a  faits  le  console  de 
toutes  les  attaques  de  la  malveil- 
lance et  de  l'esprit  de  parti.  On  ne 
saurait  faire  un  usage  plus  hono- 
rable que  celui  que  fait  M.  Laf- 


,     LAF 

fitte  d'une  fortune  si  honorable- 
ment acquise.  Il  est  peu  d'entre- 
prises utiles  qu'il  ne  sanctionne.' 
C'est  à  lui,  entre  autres,  que  le* 
éditeurs  âes  Classiques  latins  sont 
redevables  des  fonds  nécessaire* 
à  l'achèvement  de  cette  magnifi- 
que collection  ;  mais  s'il  est  obli- 
geant envers  les  artistes ,  il  n'est 
pas  moins  prodigue  envers  les 
malheureux,  et  ce  n'est  pas  dans 
l'enceinte  de  sa  -municipalité  que 
se  renferment  ses  bienfaits.  On  sait 
qu'il  a  fait  verser,  cet  hiver  (  1 8a5), 
10,000  francs  dans  la  caisse  du 
jjtoe  arrondissement,  pour  être 
distribués  aux  pauf  res  dont  cette 
municipalité  est  surchargée.  La 
courageuse  intégrité  de  M.  LaflQt- 
te  lui  a  obtenu  des  preuves  bien 
éclatantes  de  confiance.  £n  181 5, 
quand  Louis  XVIII  crujt  devoir  se 
retirer  à  Gand ,  il  avait  déposé 
chez  M.  Lalïitte  des  somme  s,  con- 
sidérables. Trois  mois  après ,  Na- 
poléon ,  fugitif  à  son  tour,  confia 
à  M.  Lafiitte  un  dépôt  de  même 
nature.  Napoléon  avait  respecté 
la  propriété  du  roi.  Le  roi  a  voulu 
qo'on  respectât  celle  de  Napoléon, 
et  qu'on  ne  mît  aucuqi  obstacle  à 
ce  que  les  fonds  fussent  distribués 
conformément  aux  intentions  ex- 
primées dans  le  tejstament  signé  à 
Sainte-Hélène. 

LAFFITTf;-CLAVÉ,inspecteur- 
général  des  fortifications,  naquit 
en  1 760 ,  à  Clavc  près  de  Mou- 
crabeau,  département  de  Lot-et- 
Garonne  ,  et  embrassa  la  carrière 
des  armes.  Envoyé  en  Turquie , 
en  1785,  il  prit  du  service  dans 
les  armées  ottomaues,  et  se  dis-** 
tingua  dans  la  guerre  contre  I9 
Russie.  A  la  défense  du  fort  de 
Kinburo^  Laifitte  re^ut  en  présenl^ 


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tAF 

<îu  grand-seigneur  une  épée  ma- 
gnifique, et  à  sdn  retour  en  Fran- 
cej,  il  fut  nommé  ^colonel  et  direc- 
teur des  fortifications  à  Valencien- 
ries.  En  1792,  il  fit  Ja  campagne 
de  la  Belgique,  comme  comman- 
dant le  corps  du  génie,  et  il  ob- 
tint le  grade  de  'maréchal  -  de- 
cam^.  Employé  ensuite  à  l'armée 
des  Pyrénées-Occidentales,  sous 
les  ordres  des  généraux  Scrvan  et 
Lacuée  ,  il  y  rendît  des  services 
importans  ;  mais  il  n'en  fut  pas 
moins  arrêté ,  ainsi  que  beau- 
coup d'autres  officiers-généraux  , 
i\  cette  époque.  Son  innocence 
iiyant  bientôt  été  reconnue  ,  la 
convention  lui  adressa  le  brevet 
de  général  de  division;  mais  cette 
nomination  arriva  trop  tard':  le 
brave  Laffitte,  accablé  de  chagrin, 
était  mort  la  veille.  On  a  de  lui  : 
i*  Traité  élémentaire  de  castramé- 
tation  et  de  fortification  pûssa  gère; 
ouvrage  composé  en  langue  tur- 
que, pour  une  école  fondée  dans 
cet  empire,  Péra,  1787,  2  part,  in- 
4S  avec  20  planches;  2*  Mémoi- 
re militab-e  sur  (a  frontière  du 
Nord,  in-8%  1 779. 
'  LAFLIZE  {  DoMiNiQUB  )  ,  na- 
quit à  Nanci,  où  il  exerça  la  mé- 
decine, et  où  il  est'mort,  le  23 
janvier  179^.  On  a  de  lui  ri**  Mé- 
thode nouvelle  et  facile  ti* adminis- 
trer le  vif-argent  aux  personnes 
attaquées  de  la  maladie  vénérienne^ 
traduit  du  latin,  de  Slenk,  NUnci. 

1768,  în-|2;  2"  Dissertatio  phy- 
siologica  sistens  raram  placentas, 
supra  capuf  ddliœsion em  j  Nanci , 

1769,  in-4*';  3*  De  aquis  fiànceia- 
nis ,  1 770 ,  in-4° ;  4'  QiKBstiones 
medirœ,  an  in  morbis  acutis  exan* 
themata  sint  critica,  1771 5  in^4*. 
Il  existe  encore  de  lui  des  discours 


LAF 


«85 


et  des  mémoires^  qui  ont  été  cou- 
ronnés par  Tacadénaie'  de  chirur- 
gie de  Paris. 

LAFLOTTE  (A.  de),  fils  de  M. 
de  Laflotte ,  ancien  chevali«r  de 
Saînt^-Louis ,  auteur  d'un  Essai 
historique  sur  l*Inde,  résident  des 
villes  Anséatiques  en  France,  était 
à  peine  âgé  de  16  »ns  lorsqu'il  en- 
tra au  service  de  France  en  1782, 
en  qualité  de  sous-lieutenant  dans 
le  régiment  Royal-Suédois.  Le  8 
septembre  de  la  même  année,  il 
se  distingua  devant  Gibraltar.  En 
1786,  le  comte  de  Vergennes,  mi- 
nistre des  afi'aires  étrangères,  en- 
voya M.  de  Laflotte  à  Venise,  en' 
qualité  de  secrétaire  en  second  at-v 
taché  à  l'ambassade.  En  i  ^'88 , 
l'ambassadeur  ayant  eu  quelques 
démêljés  ave,c  le  sénat,  fut  rappelé, 
et  présenta  au  conseil  du  roi  un 
mémoire  explicatif  que  M.  de  La- 
flotte avait  rédigé  avec  beaucoup 
détalent.  Cette  circonstance,  dont 
M.  de  -Montra orin  fut  informé, 
valut  à  l'auteur  du  mémoire  lu 
place  de  chargé  d'affaires  à  Gènes. 
Ce  poste,  devenu  très-épineux  eii 
1790,  eût  exigé  une  tête  moins 
jeune  et  moins  ardente.  Son  rap- 
pel fut  la  suite  de  ses  démêlés  a- 
-vec  le  gouvernement  de  Genève. 
Sa  conduite ,  louée  par  les  uns  et 
blâmée  par  les  autres,  trouva  un 
approbateur  dans  M.  de  Semon- 
ville,  qui  venait  d'être  nommé  mi- 
nistre plénipotentiaire  à  Gènes,  et 
à  la  sollicitation  duquel  M.  de  La- 
flotte fut  nommé  chargé  d'affaires  à 
Florence  en  avril  1811.  Il  se  con- 
duisit dans,  ce  poste  avec  autant  de 
prudence  que  d'habileté  ;  et  lors 
de  l'insurrection  de  Rome,  il  ac- 
cueillit de  la  manière  la  plus  hono- 
rable et  la  plus  généreuse  les  ar- 


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284 


LAF 


listes  qui  se  refugièitmt  à  Floren- 
ce; il  «sa  de  son  crédit  et  de  sa 
bourse  pour  pourvoir  à  leurs  be- 
soins et  à  leoTS  études.  C'est  ici 
le  cas  de  relever  les  erreurs  consi- 
gnées dMïs  la  Biographie  des  frè- 
res Micfaaud  :  par  une  confusion 
de  nonfis  ,  peuMtre  volontaire  , 
on  y  attribue  à  M.  de  Laflotie^  ré-  s 
sident  alors  à  Florence,  les  étour- 
deries  du  major  De&ottes,  que  M. 
Latoùche-mé ville ,  commandant 
une  escadre  française  devant  Na- 
pies ,  avait  expédié  à  M.  Basse- 
ville,  et  cbargé  de  faire  reconnaître 
le  gouvernement  français  par  le 
pape.  Les  suites  des  imprudences 
commises  par  le  major  Deflottes 
ont  été  trop  funestes  pour  ne  pas 
les  restituer  à  leur  véritable  au- 
teur ,  et  pour  en  laisser  peser  le 
rep)*oche  sur  M.  de  Laflotte,  qui 
les  a  réparées  autant  qu'il  était  en 
lu}.  (Les  autres  erreurs  dont  four- 
mille le  même  article  dans  la  mê- 
me Biographie  f  trouveront  leur 
rectification  dans  la  nôtre  aux  arti- 
cles M  AKÀr  et  Làtouche-Plévillc). 
De  l-etour  en  France,  M.  de  Là- 
flotte  fut  dénoncé  par  un  des  artis* 
tes  français  réfugiés  à  Florence, 
auquel  îi  avait  rendu  le  plus  de 
services  ;  incarcéré  pendant  plu- 
sieurs mois  au  Luxembourg,  il  en 
sortit  en  floréal  an  â ,  et  fut  exilé 
à  Belleville.  Depuis  cette  époque, 
M.  de  Laflotte  8*est  voué  à  l'étude 
des  lois  ;  il  exerce  en  ce  moment 
la  profession  d'avocat  près  la  cour 
royale  de  Douai.  Il  est  auteur 
d'un  Essûi  historique  et  politique 
sttr  Gènes,  i  vol.  in-8*. 

LAF0LÏE(  Charles- Jean  ),  né 
à  Pari^  vers  1780,  était  employé 
à  la  préfecture  du  département  de 
}a  Seine,  partie  de  Tinstruction 


LAF 

publique,  à  Té^eque  du  procès 
du  général  Moreau.  Ce  guerrier 
n'avait  point  alors  porté  les  armes 
contre  la  France,  et  seà compa- 
gnons d'ariiaes,  ses  amis,  nombre 
de  Français,  ne  pouvaient  encore 
voir  en  lui  un  guerrier  que  les  bou- 
lets français  devaient  frappar  un 
jour.  Le  jeune  Lafolie  partageait 
l'opinion  générale,  favorabJe  au 
vainqueur  d'Hoheiilinden,  et  il  eut 
le  courage  de  dédier  à  Napoléon  Bo- 
naparte lui-même,  un  écrit  fait  à 
ce  sujet,  intitulé  : /'0/?i«ion />a^/*- 
que  sur  le  procèà  du  générai  Mo- 
reau.  Le  passage  suivant  de  cette 
brochure,  prouve  que  le  plus  ab- 
solu des  monarques  n'a  pas  tou- 
jours été  sourd  à  la  voix  de  l'o- 
pinion publique.  «  Des  merce- 
«naires  à  gages,  dit  Tauteur^  o- 
»sènt  affirmer  que  personne  ne 
»  doute  plus  de  la  complicité  de 
)>Moreau;  que  personne  ne  doute 
»plus  de  la  part  qu'il  a  prise  à  la 
»  conspiration  ;  que  son  crime  est' 
»  avéré  ;  et  ces  misérables  libellis- 
«tes,  jugeant  de  l'âme  du  chef 
»de  l'état,  par  les  passions  hon- 
Dteuses  dont  la  leur  est  dévorée, 
«appellent  déjà  la  vengeance  sur 
»la  tête  de  l'illustre  et  malheu- 
»  reux  général.  Il  importe  d*éclaî- 

»rer  le  gouvernement Tous 

»  ceux  qui  ont  assisté  à  la  procé- 
»dure,  tous  ceux  qui  ont  lu  les 
«pièces  du  procès  imprimées  par 
»rordre  même  du  gouvernement, 
»tous  ceux  qui  ont  lu  et  les  dis- 
»  cours  du  général  Moreau  et  son 
«mémoire  justificatif,  ont  une 
«même  opinion,  et^cette  opinion 
«est  celle  de  rinhocencc  di  l'ac- 
«cusé.  Le  peuple,  qui  ne  juge 
«que  par  sentiment ,  mais  que  le 
«sentiment  conduit  si  souvent  à 


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LAF 

»la  yérité,  a  aussi  œtte  opinion. 
«L'intérêt  pour  ce  général  s'est 
»  accru  au  point  de  ne  pouyoir 
»  plus  croître.  Tous  les  citoyens  se 
Dsont  étonnés  d'être  frappés  d'un 
9  sentiment  qui  n'était  pas  encore 
«celui  du  cnef  de  l'état  :  ils  se 
«sont  étonnés  que  9  par  une  de 
»ces  inspirations  familières  à  un 
»  héros,  il  n'eût  pas  pressenti!' in- 
»  nocence  de  cet  îlltisti-e  général , 
»  lorsqu'ils  en  étaient  tous  con- 
«Taincus.  »  On  assure  que  la  lec- 
ture de  cet  ouvrage  décida  Napo- 
léon ^  à  user  de  ménagemens  en<- 
Tersle  général  Moreau.  M.Lafolîe, 
qui  sous  un  autre  gouvernement 
eût  couru  le  danger  de  perdre  «a 
place,  obtint  même,  en  i8o5,  celle 
de  chef  des  bureaux  de  M.  Mé- 
Jean  A  Milan.  Un  peu  trop  de  sin- 
cérité dans  sa  correspondance  po- 
litique av.ec  oe  ministre,  qui  a- 
vait  accompagné  le  yice-rdi  à 
i'armée,  le  fit  disgracier;  cepen- 
dant il  ne  tarda  pas  êtreemplo  jé  de 
DoÙTeau  comme  secrétaire-géné- 
ral de  la  préfecture  du  Taglia- 
mento.  Après  avoir  administré  lui 
seul  ce  départemtsnt -pendant  quel- 
ques mois,  il  fut ' nommé  soa«*pré- 
fet  deRavennes.M.liafolieestren- 
tréen  Erance  après  la  chute  deNa- 
poléon  ■,  jet  il  est  devenu  conserva- 
teur des  monumenfdesartsà'Paris, 
.«ous  la  direction  du  ministère  de 
l'intérieur.  On  a]dé  lui  :  deséditions 
nouvelles  du  Janua  iiniguœ  latkm 
reserata,  Paris,  i8oe,  et  de  ki 
'Grammaire  HaliennedéPert'Roy^li 
'Paris,  i$o4;  ^  traduction  en  ita- 
lien du  roman  i^Eipsaketh,  ou  des 
Emiés  €n  Stbérie  de  M~  Gottin, 
Milan,  1S06;  V Angleterre  /ugée 
fiureite-même.  Milan,  1^06,  in-8^ 
Il  a  encore  été  l'un  des  collabora- 


LAF 


a83 


tears  du  journal  Ht^taire  de  cet-  ' 
te  ville ,  qui  a  poiir  tt^e  14  PoU* 
grafo,  \ 

LAFON  (  ^CAK-«A9Tisra-fl[TA- 
ciKTHB  ) ,  connu  liOtts  le  nom  de 
l'abbé  Lafon,  est  un 'de^es  per- 
sonnages dont  le  nom  s'^attache 
à  presque  toutes  le»  conspirations) 
formées  contre  les  gouvei^nomens 
divers  qui  se  sont  »uocédé  de- 
puis la  révolution  ynsqu'en  1814. 
Né  dans  le  département  de  la  "Gi- 
ronde, et  jeune  encore,  en  1795, 
à  l'époque  où  s'organisait  dans  le 
Midi  l'association  connue  sous  le 
nom  d*înstitut  philuntropiifu& , 
dont  le  but  était  de  renverser  ylc 
gouvernement  d'alors^  et  de  ré- 
tablir sur  «es  ruines  l'ancienne 
monarchie ,  Tabbé  Lafon  montra 
un  ïèle  et  une  activité  extraordi* 
naires  dans  la  mission  qu'il  reput, 
de  faire  pénétrer  cette  institution 
dans  ^quelques  départemens.  Il  se 
rendit  ensuite  ^ur  le  théâtre  de  la 
chouannerie,  où  il  parvint  à  faire 
embrasser  cette  cause  à  plusieurs 
'habitans.  Lors  de  l'occupation 
des  États  de  TËglise  par  Tarmée. 
française^,  il  fit  imprimer  les  pro- 
testations du  pape,  ainsi  que  la 
-bulle  d'excommunication  lancée 
contre  Napoléon,  et  fut,  peuxie 
temps  après ^  arrêté  à  Bordeaux,' 
de  là  transféré  A  Paris,  et  renfer- 
mé, dans  les  prisons  de  la  prélec- 
ture de  (police.  Sa  correspondant 
-ce,  dont  J'aotorité  s'était  empa- 
rée, renfermait  despreoveS'irrécu- 
«ables  de  ses- diverses  >entrepriseÂ. 
Mais  il  eut,  à  ce  qu'on  assure,  J'a« 
Presse  ypeadantle  premier  iatmrro- 
gatoire  qu'iUubît,  de  soustraire  du 
dossier  les  deux  pièces  de  la  pro- 
cédure qui  déposaient  le  plus.for- 
tement  contre  lui.  "Sauvé  par  «• 


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286 


iAF 


moyen ,  il  fut  conduit  à  là  Force, 
d'où  il  eut  encore  le  bonheur  de 
sortir,  sous  prétexte  d'une. mala- 
die. Il  fut  alors  transféré  à  la  mai- 
son de  san^é  de  Saint-Aatoîne, 
où  se  trouvaient ,  dans  le  même 
temps«J\lj\l.  de  Polignac,  de  Puy- 
vert  et  le  général  Malet.  A  cette 
époque,  Napoléon  s'était  enfoncé 
ayec  ses  armées  dans  l'intérieur 
de  la  Russie.  L'élpi^nement  du 
ichef  de  l'état,  et  le  peu  de  troupes 
qui  se  trouvaient  à  Paris ,  firent 
concevoir  à  ces  détenus  l'espéran- 
ce de  renverser,  le  gouvernement 
impérial.  Ils  n'avaient  pour  tous 
moyens  d'exécuter  leurs  projets , 
que  leur  audace  et  le  désespoir. 
Après  avoir  /ait  leur  manifeste, 
l'abbé  Lafon  et  Malet  sortent  de 
prison  le  23  octobre,  pendant  la 
nuit;  ils  se  présentent  aux  caser- 
nes, gagnent  la. troupe  par  leurs 
promesses,  après  lui  avoir  annon- 
cé la. mort  de  Napoléon,  courent, 
délivrer  .les  généraux  Guidai  et 
Lahorie  , ,  et  se  partagent  leurs 
forces  avec. lesquelles  ils  se  portent 
sur  les  points  principaux.  L'abbé 
Lafon  s'empare  de  la  préfecture 
de  police,  où  il  laisse  le  jeune 
Boutreux;  de  là  il  se  rend  au  mi- 
nistère de  la  police ,  où  il  trouve 
Lahorie  installé  et  occupé  à  se 
faire  prendre  mesure  du  costume 
ministériel,  en  même  temps  qu'il 
écrivait  quelques  circulaires;  en- 
fin il  arrive  à  l'état-major  de -la 
place  ,  où  venait  d'échouer  le 
général  Malet  après  avoir  blessé 
le  comte  Hullin.  Lafon  demande 
à  parler  au.  commandant  de  la 
place  ;  on  lui  répond  que  s'il  e«- 
ire  il  ne  sortira  pas  quand  il  vou- 
dra.Jpes  paroles  lui  indiquent  as- 
sez le  danger  auquel  il  s'expose 


lAF 

en  persistant.  Il  se  retire;  mais 
il  est.arrêté  dans  le  jardin  des  Tui- 
leries par  deux  soldats  qui  Ty  ont 
suivi.  Conduit  devant  le  lieute- 
nant-colonel, Laborde ,  qui  igno- 
rait encore  la  trace  de  cette  cons- 
piration ,  il  paie  d'audace,  ob- 
tient sa  liberté,  est  arrêté  de  nou- 
veau et  reparaît  devant  M.  La- 
borde, à  qui  il  se  phiint  haute- 
ment des  mesures  exercées  con- 
tre lui.  Relâché  une  seconde  Ibis, 
il  alla  avertir  le  jeune  Boutreux 
de  l'arrestation  de  Malet,  et  il  stf 
cacha  quelque  temps  dans  Paris, 
où  il  fît  courir  le  bruit  de  sa  mort. 
L'abbé  Lafon  se  retira  ensuite  à 
Louhans,  où  il  arriva  en  même 
temps  que  son  signalement ,  et  il 
n'y  obtint  pas  moins ,  dans  l'en- 
seignement public,  une  place  , 
qu'il  a  su  conserver  jusqu'à'  la 
chute  de  l'empire.  A  cette  époque, 
il  revint  à  Paris,  et  pendant  les 
cent  jours  il  se  rendit  dans  les 
départemens  de  l'Est,  où  il  resta 
jusqu'après  la  bataille  de  Water- 
loo. Il  parvint  alors  à  faire  arbo- 
rer le  drapeau  blanc  dans  quel- 
ques communes,  et  fut  ensuite 
décoré  de  la  croix  de  la  légion- 
d'honneur.  Il  a  publié,  en  i8i4«,  . 
V Histoire  de  la  Conspiri^tion  de 
Malet.,  avec  des  détails  officiels  sur 
cette  affaire,   % 

LAFON  (Pierre),  né  en  1775, 
en  Périgord,  fit  ses  études  au  coU 
lège  de  Guienne  à  Bordeaux,  où  il 
se  distingua  dans  les  divers  exer^ 
cices  dramatiques  qui  se  faisaient 
alors  à  la  fin  de  l'année.  La  pas- 
sion du  théâtre  ne  tarda  pas  à  se 
développer  en  lui,  et  pour  avoir 
occasion  de  paraître  comme  ama- 
teur sur  la,  scène,  il  composa  e^ 
fit  jouer,  à  17  ans,  une  tragédie  eo 


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tAF 

5  Qôtes  ,  la  Mort  d* Hercule,  où 
il  remplit  un  des  principaux  raies 
à  la  grande  satisfaction  du  public 
bordelais^  qui  se  plut  à  encoura- 
ger dans  le  jeune  poète,  ks  talens 
précoces  q,u'it  annonçait  pour  Fart 
théâtral.  Mais  ses  parens  le  desti- 
naient à  la  médecine.  Il  suivit  d'a- 
bord arec  succès  les  cours  de  la 
Faculté  de  Montpellier.  Ses  illus- 
tres professeurs ,  les  Chaptal ,  les 
Fouquet ,  les  Dumn^  ,  fondaient 
déjà  sur  lui  de  justes  espérances^ 
mais  le  jeune  Lafon,  entraîné  par 
un  penchant  irrésistible,  abandon- 
na bientôt  cette  partie  pour  se  li- , 
vrer  à  l'étude  du  théâtre,  où  l'at- 
tendaient les  plus  honorables  suc- 
cès. Cédant  aux  conseils  des  gens 
de  goût,  M.  Lafon  Tint  à  Paris,  et 
silivit  au  Conservatoire  les  leçons 
de  Dugûzon.Cet  habile  professeur 
eut  bientôt  reconnu  et  développé 
les  heureuses  dispositions  de 'son 
élève;  et  la  scène  française  comp- 
ta un  grand  acteur  de  plus.  Les 
débuts  de  M.  Lafon,  en  mai  1800, 
ont  fait  époque  dans  l'histoire  du 
théâtre.  Ses  succès  furent  aussi 
brillans  que  mérités.  On  le  vit 
reproduire  avec  le  même  talent 
presque  tout  l'ancien  répertoire 
qu'on  avait  abandonné  depuis 
long-temps,  et  Achille,  Tàncrède, 
Orosman&j  le  Cid^  Zamore^  Ven- 
dâme^  Jrsare,  etc.  etc.,  méritè- 
rent au  jeune  tragédien  les  applau- 
-dissemens  de  tous  les  amateurs  les 
plus  distingué;»,  et  les  faveurs  du 
gouvernement.  £n  1 806,  M.. Lafon 
débuta  avec  le  mêrœ  succès  dans 
la  comédie.  Le  public  ^accueillit 
avec  transport  dana  le  Métromane, 
te  Glorieux ,  le  Misanthrope,  Dor- 
mis des  Femmes  savmitesi  V Amant 
àf&urt*Up  Dorsan  de  la  Femme  ja- 


Uf 


aS; 


louse^  Amphitrion,  etc.;  mais  des 
obstacles  ^nombreux  arrêtèrent 
bientôt  ce  brillant  essor,  et  la  co- 
médie fut  privée  d'un  interprète 
dont  Mole  avait  deviné  le  talent, 
et  qui  peut-être  eût  été^son  digne 
successeur.  Une  diction-  pure, 
vraie ,  animée;  une  belle  tenue; 
des,  gestes  nobles  et  gracieux;  une 
sensibilité  exquise,  ont  toujours 
maintenu  honorablement  Mé Lafon 
à  côté  de  Talma,  qui,  depuis  long- 
temps, lui  abandonnait  tous  les  rô- 
les chevaleresques.  Enfin,  après 
a3  ans  d'une  carrière  constam- 
ment marquée  par  des  succès  de 
pliis  d'un  genre,  des  malheurs  do- 
mestiques joints  à  quelques  cir^ 
constances  particulières  ont  dé^ 
terminé  M.  Lafon  à  solliciter  saire- 
traite;  et  au  moment  où  nous  ren- 
dons dans  cet  article  l'hommage 
dû  à  ses  talens  et  à  son  caractère 
estimable,  le  théâtre  français  a 
peut-être  déjà,pe/du  un  de  ses 
plus  fermes  appuis,  qui ,  long- 
temps encore,  aurait  pu  être  un 
des  ornemens  de  la  double  scène 
de  Melpomène  et  de  Thalie. 

L  A  F O NT  (CHiJLLES-PHlLIPPE)4 

professeur  de  violon,  et  l'un  des 
plus  célèbres  exécutans  de  cette 
époque,  est  né  à  Paris.  Il  reçût  d« 
son  oncle  Bertheaume,les  premiè- 
res leçons  de  l'art  dans  lequel  il 
s'est  distingué.  Après  avoir  eu 
successivement  pour  maîtres  de 
composition,  M.  Navoigille  l'aîné 
et  M.^Berton,  il  apprit  le  chant,  et 
fit  plusieurs  voyages  avec.Ber- 
theaume^  qui  lui  procurèrent  l'ocr 
casion  de  faire  admirer  les  pre- 
mîer^  essais  de  squ  beau  talent 
dans  les  principales  villes  de  l'Eu- 
rope. De  retour  eu  France  en  1 794» 
il  fut,  sous  les  auspices  de  M.  Ga- 


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as 


LAF 


raty  présenté  d^abcNrdeomme^afi'- 
t€ur;  mais  c'est  «ornne  viakuii 
ifu'on  le  vit  bteolêCAfHrè»,  aux  con- 
eerts  de  FOpéra  et  de  la  satie 
Olympique,  obtenir  des  «ppiaur 
étsMmeiM  «oi verscis.  ^m  admirait 
la  facilité  avec  laquelle  il  trionir 
phait  des  plus  ^ande«  dîffîci^tés; 
et  la  renotnnoiée  de  cet-artiste^  qm 
lamais  ne  laissa  échapper  de  «on 
instrument  un  son  faux  wol  dou«- 
teux,  ne  fit  depuis  que  s'accvoitre. 
f  1  ât  un^  voyage >en  Eussîe ,  et 'ré«- 
»ida  pkisieurs  années  à  Péters*- 
l>oiirg,  eu  rempereur  Alexandiue 
Pavait  nommé^on  premier  viokm. 
Malgré  les  avanta^s  que  M.  La^- 
font  trouvait  dans  le  ïïord,  il  «e- 
Ttnt  dans  sa  patrie,  oà  de  nouveaux 
suffrages  de  ses  compatriotes  Tat^ 
tendaient  ."En  1^1 69  le  roi  le  nomi- 
ma. premier  riolon  de  sa  chapelle. 
M**  Lafont,  dont  le  talent  égale  la 
beauté ,  raccompagne  souvent 
dans  ses  concerts.  ^Ils  ont  fait  en*- 
semble  9  en  16199  un  noureau 
Yoyage  à  Tetra nger,  en  donnant 
des  concerts  dans  les  principales 
villes.  Partout,  et  notamment  à 
Bruxelles,  ils  ^ttirtirent  une  at- 
fluenee  considérable  d'auditeurs. 
De  retour  en  France,  M.  La- 
font  continue  èneore  aujourd'hui 
(iê!t5),  d'attirer  une  foule  dV 
mateurs  à  'Ses  concerts. 

LAFONT-DArUSSO^NE  (l'ab- 
Bé),  littérateur  et  poète,  a  publié, 
en  18145  VHMtoire  de  M^  ée 
Mttintenon,  fondatrice  de  Smnt- 
CyVf  et  de  ia  c&ar  de  Louis  XilV, 
a  Tol.  iii-ë''.  Il  est  aussi  Fauteur 
à'\meÉpitreàC^bbéSic0irdreXé^}X- 
ne  élégie  intitulée:  Merie  Stuenrt, 
reine  tt-Etosse ,  prête  à  n^onter  sur 
Véchafaud,  là^Mmanach  poétique 
des  Demoiselle  &fsmt,  en  i8i6, 


lAF 

attribué  cette  pièce  m  Ji»  1^  comte 
de  Pmisjr*-d'£^^  ceft^  mépriiie 
fournit  à  M.,  i'abbé  l'ooc^^»  de 
^re  iosééor  daoe  Mms  tes  |our> 
ika«ix,uii£  lettire.  dans laqu^ite  11 
xai^latt  que  n  an^  |ii^)9«avant 
•il  aurait  publié  un  ouvrage  allégo- 
rique, intitulé  :  MiarÀe  StUfiri^  rei- 
aie  4*Écm^i  préi0  à  minier  sur 
4'éckafmd;  'que  cet  ou^sage  av^t 
concouru,  en  1&06,  èr  l'acadÀmie^ 
4es  |eux  Âo^u:!;;  qu'en  ^8o8,il  à- 
vait  en  l'honneur  de  l'acbesser  à 
S.  A.  ift.  Madame,  en  pajs  étran- 
^per;  qu^eufiB,il  en  arak  fait  distri- 
buer i^atMÎtement  en  France  des 
4in]lie»s  d'exemplaires,  et  qu'en 
iëi49  ^  ffivaitf>ré6enté  à  la  même 
^inoesse  «t  au  pGince^régent,^son 
recueil  de  PcésUs  fugitives^  ^m  fit 
le  plus  grand  plaisir  aux  Anglais. 

LAFONT  DE  CAVAIGKAC 
(N.),  maréchalrde-camp.,  ch^a- 
(lier  de  la  légioa^d'hoMieiur  et  de 
l'ordre  royal  de  Saint-Louis^  «et  di- 
recteur du  parc  d'artillerie  delà  gar- 
de royale,  a  été  nomméy^n 4:8119,  à 
ia  diambre  des  députés  par  le 
corps  électoral  du  département  de 
Lot-et-fGaronne.  Après  sa  .nomi- 
nation, dans  le  discours  de  remer-, 
dment  qu'il  adressa  aux  éleoteuirs, 
il  dit  :  «Qu'il  voyait  dans  la  ohar- 
j>  le  et  la  dynastie  des  Bourbons,  la 
»seule  ^et  unique  garantie  du  bon- 
9  heur  de  la  France.  » 

LAFO^TAI^E  (Atovstk),  l'un 
•des  plus  féconds  romanclecs  de 
inotre  époque  ,  .né  le  -6  ièvrier 
1^56,  ^.Brunswick,  d'uoe  ËHiiille 
protestante  de  nét«giés  .fcaotçnis , 
.futd'abord  destiné  à  l'état  recelé- 
^iastique  ,  bien  que  son  père  pro- 
fessât l'art  de  la  pemturer  JLfit  s«s 
cours  de  théologie  à  l'unlvieirsité 
de  Hekiistadt;t  iB^^  0^  ^^  isealaat 


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\ 


LAF 


tAt* 


•289 


aMCMiie  dUposilîon  à  entrer  dans 
les  ordres^  il  préféra  occuper ,  en 
1786,  remploi  de  gouverneur  des 
enfans  du  général  prussien  Thad- 
den,  dont  la  résidence  était  à  Hal- 
le. Se»  relations  avec  le  général 
lui  firent  obtenir,  en  1789,  la  pla- 
ce d'aumônier  d'un  régiment^ 
qu'en  cette  qualité  il  accompagna 
en  Champagne  en  1792.  Après  lé 
traité  conclu  ù  Baie ,  il  rerint  à 
Tuniver^ité  de  Halle,  dont  il  s'est 
rarement  éloigné  depuis.  M.  Au- 
guste de  Lafontaine  s'est  alors  li- 
vré tout  entier  à  son  goût  pour  la 
littérature.  Parmi  ses  productions^ 
qui  sont  en  grand  nombre,  on  dte 
ayec  distinction-  les  suivantes  : 
i*  BkinchB  étMinna^  ou  les  Mœurs 
hourgeoises;  2*  les  Systèmes  de  mo- 
rale^; 3*  le  Civisme  et  l'Am&ur  de 
famiUe  ;  4**  Raphaël,  ou  la  Vie 
»paisible;  5**  Charles  et  Emma ,  ou 
les  Amis  d* enfance;  6'  le  Village 
de  Loheinstein  y  7*  la  Famille  de 
Halden;  8"  Emile  dans  le  monde; 
9**  JValther,  ou  l*  En  font  du  champ 
fie  bataille;  !#"*  Henriette  Belle- 
rnan;  11"  Elisée  ou  les  Papiers  de 
famille;  1 2*  le  Baron  de  Flemming, 
ou  la  Manie  dejs  titres;  iS"  Flem- 
ming  fils  s  ou  la  Manie  des  systèmes; 
i4'  les  Tajbleaux  de  famille  ,  ou 
Journal  de  Charte»  Engelmann  ; 
i5"  le  Aiinistre  de  campagne^  ou 
les  Nouveaux  Tableaux  de  famille. 
Presque  tous  ces  ouvrages  ont  été 
traduits  en  français,  la  plupart  par 
M*"*  de  Montolieu.  Dans  les  deux 
Tableaux  de  famille,  on  trouve 
des  portrajts  d'une  originalité  pi- 
quante ,  une  philosophie  aussi 
douce  que  tolérante,  une  critique 
rarement  amère,  et  souvent  de  la 
gaieté. 

LAFONTAINE  (  le  cuEVALiEa 


Aifred-DUsibéde),  colonel  dec.t*- 
Talerie,  officier  de  la  légîon-d'hon- 
neur,  né  le  21  février  1787,  à  Na- 
mur ,  fi  t  au  collège  de  cette  viHe 
de  très-bonnes  études.  Admié  à 
l'école. Militaire  de  Fontainebleau, 
lorsqu'il  eut  achevé  ses  classes ,  il 
obtint, en  1806,  le  grade  de  sous* 
lieutenant,  et  Ht,  en  servant  al1fçl^ 
nativement  dans  l'infanterie,  dans 
la  cavalerie  et  dan»  l'état-major , 
les  campagnes  du  Finisse  ^  de  Po- 
logne, d'Espagne,  de  Kussie,  de 
Saxe  et  de  France.  Dans  toutes 
les  occasions ,  il  danna  des  preu- 
ves de  talent ,  d'intelligence  et  de 
courage^  et  conquit  tous  ses  gra- 
des sur  le  champ  de  bataille.'  Il 
n'était  encore  que  so^us-Ueutenant 
des  grenadiers  du  75"*  régimenl 
d'infanterie ,  quand ,  à  la  bataille 
d'Eylau,  il  se  fit  remarquer  par 
son  sang-  froid  et  son  courage  , 
sous  les  ordres  du  général  de  di- 
vision Legrand,  qui  depuis  ne  ces- 
sa de  lui  donner  des  preuve^  d'at- 
tachement et  d'estime.  Son  éclar 
tante  bravoure  fixa  l'attention  du 
général  Sébastian!,  qui  lui  con- 
fia la  mission,  non  moins  honorar 
ble  que  dangereuse,  d'enlever  aux 
Espagnols  des  }>atteries  formida- 
bles; il  s'en  acquitta  avec  succès^ 
Présenté  à  l'empereur  Napoléon 
par  le  général  Sébastiani,  lorsque 
ce  princç  fit  sa  revtie  près  de  Mas 
drid  en  1809,  M^  de  Lafontaine  en 
reçut  des  éloges  avec  le  litre  de  car 
pitaine.  Choisi  peu  de  temps  après^ 
avec  un  petit  nombre  de  braves, 
par  le  maréchal  Lefèvre,  il  frau-, 
chit  sous  la  mitraille  espagnole 
une  rivière  grossie  par  les  pluies , 
et  força  à  la  retraite  le  corps  enne- 
mi placé  sur  l'autre  rive.  Blessa 
d'un  coup  de  feu  eu  ralliant  ses 
»9 


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29t>  ^     LAF 

grenadiers  à  la  bataille  ât  Talarey- 
ra,  il  fut  mentionné  dans  le  bulle- 
tin comme  l'un  des  intrépides 
guerriers  qui  kyaient  le  mieux 
ni,érité  de  la  patrie.  Nommé  comr 
mandant  de  Taracona^  il  chassa 
/  les  ennemis  qui  avaient  déjà  pé- 
nétré dans  cette  piace^  et  leur  tua 
an  grand  nombre  d'hommes  et  ^t 
cbeyaux,  au  moyen  d'une  embus- 
cade qu^il  leur  tendit.  Il  fut  ensui- 
te chargé  de  la  défense  du  fort  de 
Coca,  dans  la  Vieille-Cas  tille,  où 
par  de  fréquentes  sorties,  tou- 
jours couronnées  du  succès  ^  il 
triompha,  par  son  audace,  d'un 
ennemi  bien  supérieur  en  nom^ 
bre.  Atcc  une  poignée  de  greoa* 
diers ,  il  défendit  te  passage  de 
FEresma  contre  un  corps  espa- 
gnol, composé  de  5oo  chevaux  et 
de  5oo  hommes  d'infanterie,  qu'il 
tailla  en  pièces.  Vers  le  même 
temps,  le  capitaine  Lafontaine ,  à 
la  tête  de  ^o  grenadiers,  tomba 
sur  un  détachement  de  t^oo  bom- 
mes,  qui  venait  de  s'emparer  d'un 
convoi  destiné  au  fort  de  Coca. 
li  reprît  le  cohvoi ,  et  délivra  3o 
prisonniers  qu'emmenaient  les  £s- 
pagnpl^.Un  courrier  français,  dont 
on  avait  attaqué  l'escorte,  était 
sur  le  point  de  tomber  entre  les 
mains  de  l'ennemi  ;  il  vole  à  son 
secours:  tout-à-coup  le  feu  cesse.  NL. 
Lafontaine  prolroqué  à  un  combat 
particulier  par  te  commandant  es- 
pagnol, accepte  le  défi.  Les  deux 
guerriers  s'avancent  à  cheval  au 
milieu  de  l'enceinte  que  formaient 
leurs  soldats,  et  là,  par  des  coups 
redoublés ,  portés  et  parés  avec 
autant  d'adresse  que  de  courage, 
ils  retracent  l'image  de  ces  temps 
antiques  où  l'oiv  voyait  des  chefs 
iaîre  «uspendre  un  comba^  géoé- 


LAF 

rai  pour  combattre  seuls  et  corps 
à  corps.  Cependant  TEspagnoi^ 
atteint  de  plusieurs  coups  de  sa- 
bre ,  allait  succomber ,  lorsque 
quatre  de  ses  officiers  volèrent  à 
son  secours  en  chargeant  déloya- 
lement  le  vainqueur.  Cette  atta- 
que imprévue  ne  déconcerta  point 
le  capitaine  Lafontaine ,  qui,  sans 
perdre  son  sang- froide  sut  parer 
tous  les  coups  qu'on  lui  portait, 
et  mit  hors  de  combat  deux  des 
assaillans.  Il  obtint  bientôt  après 
le  grade  de  lieutenantHsolonel ,  et 
passa  en  AUenaagne,  où  il  fit  en^ 
core  des  prodiges  de  valeur.  Pa- 
raissant inopinément  et  seul  de- 
vant 5oo  Prussiens  placés  au  dè^ 
tour  d'un  bois,  il  les  somma  avec 
une  telle  assurance  de  mettre  ba» 
les  armes,  que  ceux-ci,  déconcer- 
tés, et  croyant  qu'un  corps  nom- 
breux allait  les  envelopper,  obéi- 
rent à  cette  audacieuse  somma- 
tion. Il  montra  toujours  une  con- 
naissance parfaite  de  la  tactique 
militaire,  et  le  célèbre  général 
Drouot,  maître  ei^  ce  genre,  lui 
doana  les  plus  grands  éloges  dan» 
un  rapport  qu'il  fît  à-  l'empereur, 
qui  lui  accorda  le  titre  de  co- 
lonel et  la  décoration  d'officier 
de  la  légion-Kl'honneup.  £n  iSia,: 
le  général  Grouchy,  le  consi- 
dérant comme  un  des  meilleurs 
officiers  de  Tariuée,  voulut  l'a-^ 
voir  pour  son  premier  aide-de- 
cauip.  C'est  en  celte  qualité  que 
le  colonel  Lafontaine  raccompa- 
gna pendant  la  malheureuse  cam- 
pagne de  Waterloo.  Après  les  évé- 
nemens  de  1814,  le  colonel  Lafon- 
taine rentra  dans  son  ancienne  pa- 
trie. Le  roi  des  Pays-Eas,  qui  con- 
naissait tout  son  mérite ,  le  nom- 
ma^ en  1818^  comnundant  géné- 


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LAF 

rail  des  forces  militaires  de  la' colo- 
nie de  Batavia. 

LA  FORCE  (le  Drc  Louis-Jo- 
seph-Nompar  i>E  Gavmont  de),  pÂir 
de  Frarîce,  maréchal-de-camp, 
officier  de  la  légion-d'honneurf  et 
grand  d'Espagne  de  première 
classe.  11  descend,  du  côté  pater- 
nel, des  maréchaux  de  Laibrce,  et 
est, dir  côté  de  sa  mèrejarrière-pe- 
tit-fiis  du  maréchal  de  Tounrille. 
Né  le  22  avril  1 768,  il  n'avait  que 
la  ans  lorsqu'il  entra  au  service. 
Il  était,  à  l'époque  de  la  révolu- 
tion, major  en  second  des  carabi- 
niers; mais  il  prit  bientôt  le  par- 
ti de  quitter  sa  patrie,  et  devint, 
pendant  l'émigration  ,  •  aide-de- 
camp  dé  Monsieur  (aujourd'hui 
Louis  XVIII).  Il  reçut  de  l'em- 
pereur d'Autriche  une  décoration 
militaire  pour  prix  de  sa  con- 
duite à  l'afialre  de  Mons.  Cet- 
te croix  était  accompagnée  d'une 
kttre  très-flattedse.  En  1809',  le 
dtjc  de  Laforce  rentra  en  France 
et  prit  du  service  sous  l'empereur 
Napoléon.  Il  se  trouva  à  toutes 
les  grandes  batailles  données  de- 
puis cette  époque,  jusqu'en  i8i4« 
Il  reçut  à  celle  de  la  Moskowa 
plu:4ieurs  blessures,  et  fut  nommé 
sur  le  champ  de  bataille  même, 
ofiicier  de  la  légion>d'honneur. 
Le  duc  de  Laforce  était  membre 
du  eprps  -  législatif  au  mois  de 
marj»  18149  et  signa  l'un  des  pre- 
miers la  déchéance  de  l'empereur. 
Le  roi  ayant  institué  la  chambre 
des  pairs,  Ten  nommd  membre. 
Chargé  de  faire,  devant  cette  cham*' 
bre,  le  rapport  sur  l'affaire  du  gé- 
néral Excelmans,  il  proposa  Tor- 
dre du  jour.  Lorsque  la  famille 
TOjale  eut  quitté  les  Tuileries  le 
20  mars  181 5,  le  duc  de  Laforce  se 


LAF  291 

rènditàNîmes,  auprèsdeM.lednc 
d'Angoulême,  qui  le  chmgea  de 
plusieurs  missions'dîfïiciles ,  et  le 
nomma  commissaire  du  foi ,  pour  y 
les  départemens  de  Lot-et-Garon- 
ne, de  Tarn-et-Garonne ,  et  dk 
Lot.  Il  courut  à  Cahors  les  pliis 
grands  dangers.  Le  drapeau  trico- 
lore flottait  sur  les  tours  de  cette 
ville,  lorqu'il  se  présenta  à  la  pré*- 
fecture  avec  la  cocarde  blanche 
au  chapeau.  A  l'instant  i}  se  vit 
entouré  d'une  foule  immense  qui 
faisait  entendre  des  menaces  vio- 
lentes, et  ce  ne  fut  paé  sans  peiné 
que  la  troupe  parvint  à  le  con- 
duire aux  casernes,  d'où  il  fut  à- 
mené  à  Paris  sous  escorte.  Le  se- 
cond retour  du  roi  le  rendit  ù  la 
liberté.    . 

LAEOREST  XANTouïE-RsHé- 

ClUIlLES-MATaiJRIII,  COMTE  DE,  PAIR 

DE  FftÀNèE),  commandant  de  la 
légion-d'honneur,  est  hé  le  8  août 
1^56,  à  Haire,  dans  la  ci -devant 
province  d'Artois,  d'une  ancienne 
famille.  Son  père ,  capitaine  au 
régiment  de  la  Reine  et  chevalier 
de  Saint -Louis,  le  destinait  à 
l'état  militaire.  Il  lui  fit  obtenir, 
irèè-jeune  encore,  une  sous-lieu- 
tenance  dans  le  régiment  de'Hai- 
naut;  mais  le  penchant  du  jeune 
Laforest  l'entraînait  vers  une  autre 
carrière  :  son  goût  pour  la  diplo- 
matie lui  fit  solliciter,  comme  une 
faveur,  la  permission  d'accompa- 
gner, en  qualité  de  secrétaire  de{ 
légation,  le  chevalier  de  La  Luzer- 
ne, nommé  ambassadeur  aux  £- 
tats-Unis.  Il  obtint  cette  mission, 
et  fut,  peu  de  temps  après,  nom- 
mé d'abord  vice-consul  à  Savan- 
iiah ,  ensuite  à  Philadelphie,  et  en 
dernier  lieu  à  New -York,  l^^e 
marquis  de  Muustier   ayant,  en 


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aga 


LAF 


1 78S9  remplacé  le  chefalier  de  Là 
Luzerne  dans  les  fonctions  de  mi- 
nistre du  roi  près  du  gouverne- 
lûeat  des  États-Unis,  le  consulat- 
général  de  France  l*ut  alors  remis 
à  M.  de  Laforest  en  remplacement 
de  M.  Barbc-Marboîs.  Les  orages 
de  la  révolution  l'ayant  déterminé 
à  renoncer  à  ses  fonctions ,  il  se  liai 
éloigné  de  la  France,  et  n'y  rentra, 
en  1795,  que  pour  vivre  dans  la 
retraite  et  loin  des  affaires.  Cepen- 
dant après  la  révolution  du  18 
brumaire  an  8,  il  fut  placé  par 
le  gouvernement  consulaire  à  la 
tête  de  Tadministralion  des  postes. 
Il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'au 
mois  dV)Ctobre  1860,  qu'il  fut 
chargé  d'aller  remplir  celles  de 
premier  secrétaire  de  légation,  au 
congrès  de  Luné  ville.  Lorsque  la 
paix  fut  signée,  M.  de  Laforest 
fut  envoyé  immédiatement,  en 
qualité  de  ministre  plénipotentiai- 
re, à  Munich.  Cette  mission  ne 
fut  pas  \af  seule  qu'il  eut  alors  à 
renàplir;  à  Munich,  il  reçut  l'ordre 
de  se  rendre  ù  Ratisbonne,  pour 
y  déployer  près  de  la  diète  germa- 
nique le  caractère  de  ministre  mé- 
diateur, dont  le  baron  de  Biihle, 
ministre  de  Russie,  se  trouvait 
également  revêtu.  Là  fut  ré- 
glée définitivement  la  répartition 
des  indemnités  accordées  aux 
princes  dépossédés  par  la  ces- 
sion faite  à  la  France ,  de  la  rive 
gauche  du  Rin.  Cette  négociation 
terminée,  M.  de  Laforest  alla  à 
Berlin,  où,  jusqu'en  i8o6,  épo- 
que de  la  rupture  entre  la  France 
et  la  Prusse ,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  ministre  plénipotentiaire. 
A  son  retour,  il  fut  nommé  con- 
çeiller-d'ét^t;  il  avait  reçu,  en  180"^', 
le  titre  de  commandant  de  la  lé* 


LAF 

gion-d'honneur.  Après  la  paix  df 
Tilsitt,  il  fut  désigné  pour  l'ambas- 
sade de  Berlin;  mais  celte  destina- 
tion fut  presque  aussitôt  changée 
par  un  ordre  qu'il  reçut  de  se  ren^ 
di^  en  Espagne,  où. il  fut  recon- 
nu comme  ambassadeur  en  1868. 
Il  occupa  ce  poste  cinq  ans;  mais 
la  multiplicité  aes  travaux  et  le 
changement  de  climat  ayam  sen- 
siblement altéré  sa  santé,  il  obtint 
l'autorisation  de  rentrer  en  Fran- 
ce, où  il  vivait  depuis  quelque 
temps  à  sa  campagne,  près  de 
Blois,  quand  les  revers  éprouvés 
par  l'armée  française  déterminè- 
rent l'empereur  Napoléon  à  enta- 
mer une  négociation  avec  le  prîn^ 
ce  des  Asturies  (Ferdinand  VII). 
Ce  fbt  encore  à  M.  de  Laforest 
que  cette  mission  fut  confiée;  mais 
comme  elle  était  secrète,  on  l'avait 
chargé  de  la  remplir  sous  le  nom 
de  Dubosque,  Ce  fût  en  effet  sous 
ce  nom  qu'il  se  présenta  au  princQ 
le  17  novembre  18 1 5,  .et  lui  e:^>osa 
les  conditions  auxquelles  il  pour 
vait  espérer  de  retourner  en  Es- 
pagnei  II  paraît  qu'elles  ne  furent 
pas  toutes  accueillies,  et  que  le 
négociateur  se  relâcha  sur  quel- 
ques-unes..Enfin  il  signa,  le  i5  dé> 
çembre,  avec  le  duc  de  San-Car- 
los,  le  traité  qui  rétablissait  la 
paix  entre  les  deux  puissances. 
Ferdinand ,  remonté  sur  le  trône 
d'Espagne,  témoigna  dans  une 
lettre  ù  Napoléon  sa  satisfaction 
de  la  conduite  de  M.  de  Laforest, 
et  des  égards  qu'il  avait  eus  pour 
sa  personne.  Après  le  rétablisse- 
ment des  Bourbons,  en  18149  1<^ 
roi  confia,  par  intérim,  le  porte- 
feuille des  aifaires  étrangères  ù  M. 
de  Laforest,  et  lui  rendit  peu  après 
le  titre  de  conseiller-d'etat.  Il  fut 


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LAF 

lîécoré  dû  grand-cordon  de  laJé- 
gion-d'honneur  dans  le  mois  d'aéût 
suivant.  Pendant  les  cent  jours,  il, 
fut  rayé  de  la  liste  des  conseillers- 
d'état^cé  qui  n'empêcha  pas  le  corps 
électoral  du  département  de  Loir- 
et-Cher  de  le  nommer  à  la  cham- 
bre des  représentans.  A  la  fin  de 
juin,  il  fut  l'un  des  commissaires 
désignés  par  le  gouvernement 
provisoire  pour  se  rendre  au  camp 
des  alliés,  afin  de  leur  faire  con- 
naître les  dernières  résolutions  de 
la  chambre.  On  sait  que  la  rapidi- 
té avec  laquelle  se  succédaient  les 
événemens  rendit  cette  démarche 
sans  résultat.  Le  comte  de  Lafo- 
rest,  rentré  après  le  second  retour 
'  du  roi  dans  ses  fonctions  de  con- 
seiller-d'état, a  présidé,  en  août 
1 8 1 5 ,  le  collège  d'arrondissement 
de  Vendôme.  Marié  à  la  fille  aînée 
du  comte  de  Moustier,  il  passe  à 
la  campagne  une  grande  partie  de 
Tannée,  et  s'y  occupe  avec  succès 
de  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'agri- 
culture. M.  le  comte  de  Laforest 
a  été  créé  pair  de  France  par  l'or- 
donnance royale  dû  2  mars  1^19. 
f  Dans  la  session  de  iSsS,  il  a  été 
nommé  membre  delà  commission 
chargée  de  présenter  un  projet 
d'adresse  en  réponse  nu  discours 
du  trône  :  on  sait  que  l'adresse 
présentée  par  cette  commission  a 
été  adoptée  par  la  chambre,  et 
qu'elle  a  repoussé  divers  amende- 
mens  qui  avaient  pour  objet  de  ne 
pas  faire  la  guerre  au  gouverne- 
ment constitutionnel  d'Espagne. 

LAFORGUE  (L.  )  ,  exerçant  à 
Paris  la  profession  de  dentiste, 
s'est  fait  connaître  par  la  publica- 
tion de  plusieurs  ouvrages  inté- 
ressans.  On  a  de  lui  :  1  "  Effets  des 
nerfs  et  du  fluide  des  nerfs ^  1788, 


LAF  293 

in-8*  ;'2'*  Dissertation  sur  fart  dé 
conserver  les  dents,  1788-1790, 
in-8";  5°  Étrennes  aux  amateurs 
de  la  propreté  et  de  la  conservation 
des  dents,  1793,  ia-i8j  4*  ^'^- 
sept  articles  relatifs  aux  maladies 
de  dents,  1 799,  in-8<^  ;  5*  Théorie 
et  pratique  de  fart  du  dentiste, 
1802-1806-1810,  2  vol.  in-8%  or- 
nés de  16  planches  ;  6"*  rfé  la  S^- 
méiologie  IfUccale,  1810,  in-8*;  7* 
le  Triomphe  de  la  première  denti' 
tion,  i8i5,  in-24.  Si  Temploi  des 
moyens  indiqués  dans  cesjouvra- 
ges  produisait  toujours  l'effet  pro- 
mis, l'auteur  aurait  sans  doute  le 
droit  d'être  considéré  comme  un 
des  plus  grands  bienfaiteurs  de 
l'humanité  souffrante. 

LAFORTELLE  (N.),  auteur 
dramatique,  a  fait  représenter,  sur 
les  théâtres  du  Vaudeville  et  des 
Variétés ,  un  grand  nombre  de 
pièces,  parmi  lesquelles  on  cite  :  ' 
i"*  Tout  pour  renseigne^  ou  la  Ma- 
nie du  Jour;  2°  le  Mot  de  l'Enigme; 
3'*  r Ecole  des  Gourmands  ;  4P  ie 
Château  et  la  Chaumière;  5**  Cas- 
sandre,  maladehnaginaire'jQ"  Crou^ 
ton,  ou  l' Aspirant  au  sillon,  i8i4; 
7^  Poisson  chez  Colbert;  8*  une 
Fisite  à  Saint-Cyr  ;  9»  Voltaire 
chez  Ninon;  10"  le  Cordier  de  Sa- 
marcande,  181 5.  Quelques-unes 
de  ces  pièces  furent  faites  en  socié- 
té d'autres  auteurs. 

^  LA  FOSSE  (le  baron  Jacques- 
Màthcein)  ,  maréchal-  de -camp- 
d'infanterie ,  officier  de  la  légion- 
d'honneur,  né  dans  le  départe- 
ment du  Calvados,  le  10  niars 
i  757 ,  embrassa  de  bonne  heure 
la  profession  des  armes ,  et  servit 
d'abord  dans  le  régiment  de  Blai- 
sois.  Nommé  capitaine  de  l'un  de» 
bataillons  du  Finistère  à  l'époque 


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294 


LA  F 


de  la  rëyolution ,  il  ne  tarda  pa$ 
à  passer,  avec  le  même  grade,  au 
g*"'  régiment  de  ligne.  Le  âi  fruc- 
tidor (7  septembre  1799),  il  fut 
nommé  chef  de  bataillon.  Par  un 
décret  impérial  du4  janTÎer  1806, 
il  obtînt  le  grade  de  colonel,  et  le 
5o  mai  1807,  il  reçut  la  décora- 
tion d'ofiicîer  de  la  légion-d'hon- 
neur. Napoléon,  en  récompense 
des  services  que  le  colonel  Lafosse 
n'avaif  cessé  de  rendre  à  la  patrie, 
ajouta  aux  faveurs  qu'il  lui  avait 
dé)à  accordées,  le  titre  de  baron, 
un  majorât,  et  une  dotation  de 
6,000  francs,  en  Italie  et  en  West- 
phalie.  Le  colonel,  envoyé  en  Es- 
pagne en  1808,  mérita  par  sa  con- 
duite au  siège  de  Lérida,  d'être 
élevé  au  rang  de  général  de  bri- 
gade. Il  se  signala  également  à 
Tattaque  de  Cifuentes  en  décem- 
bre 18 11,  et  fut  nommé,  en  18 15, 
commandant  du  département  de 
Thrasimène,  emploi  que  les  événe- 
mens  de  1814  lui  firent  perdre.  Il 
fut,  à  son  retour  en  France,  envoyé 
en  demi- solde  dans  son  départe- 
ment; cependant,  par  une  ordon^ 
n^nce  du  17  janvier  181 5,  le  roi  le 
créa  chevalier  de  Saint-Louis.  Pea- 
daatles  («n(/oar«,Napoléon  le  nom- 
ma au  commaDdement  des  gardes 
nationales  actives  dans  la  16**  di- 
yisioQ  militaire.  Après  le  second 
retour  du  roi,  M.  Ife  baron  Lafos- 
se obtint  sa  pension  de  retraite , 
comme  ay^nt  plus  de  quarante 
ans  de  service  :  retiré  à  Lisieux , 
sa  ville  natale ,  il  y  vit  paisible- 
ment au  sein  de  sa  famille. 

LÂFOSSE  (Philifpe-Etiçnne), 
médecia -vétérinaire  distingué,  est 
né  À  Paris  en  1738.  Au  mérite 
d'une  longue  et  habile  pratique , 
M.  Lafosse  joint  celui  d'être  un  bon 


LAG 

théoricien;  ses  ouvrages  jiiuissent 
de  l'estime  de  ses  confrères ,  et 
sont  très- utiles  aux  études  des  é- 
lèves.  On  lui  doit  :  i*  Dissertation 
sur  la  morve  des  chevaux,  1761  , 
in-ia  ;  2**  Guide  du  maréchal, 
avec unTraité sur  la  ferrure,  1767, 
io-4'*;  3*  Coure  d*hippiatrique,  ou 
jinatomie  physiologique  et  patho- 
logique du  cheval ,  1 769 ,  in-fol.  ; 
nouvelle  édition  ,  même  format  , 
*774>  4"  Dictionnaire  raisonné 
d'hippiatrique,  cavalerie ,  manège 
et  maréchalerie ,  1776,  a  vol.  in- 
4%  nouvelle  édition^  4  ^^^*  iP'^'» 
1786;  5*  Observations  et  Décour 
vertes  if  hippiatrique,  lues  dans  plur 
sieurs  sociétés  savantes j  i8ni,  in^ 
8";  6*  Manuel  (fhippiatrique^  plu- 
sieurs éditions;  la  3"*  est  de  180a, 
1  vol.  in-ia,  et  la  5"*,  même  for- 
mat, de  18 15, 

LAFROGNE  (N.),  nommé  à  La 
diambre  des  députés,  parle  dépar- 
tement de  la  Aleurthe,  en  1816.  Pen- 
dant cette  session,  il  vota  le  rejet  du 
projet  de  loi  sur  les  commissaires- 
priseurs.  M.  Lafrogne ,  d'abord 
ministériel,  cessa  de  l'être  lors  de 
la  discussion  sur  la  loi  des  élec- 
tions, en  se  montrant  l'un  des  dé^ 
fenseurs  de  la  loi  du  5  février.  Il 
mourut  au  mois  de  juin  1819.  Il 
exerçait  A  Nanci  les  fonctions  d« 
notaire  royal. 

LAGALLISSONNIËRE  (Au- 
gustin -  Fiux-ËLisÀBSTtf  BARanv , 
COMTE  de)  ,  ex-officier-général  de 
l'armée  de  Condé,  ancien  colonel 
de  la  légion  de  Flandre  et  de» 
chasseurs  des  Pyrénées,  était,  à 
l'épof^ue  de  la  réTotutîon,  maré- 
chal-de-camp et  grand- sénéchal 
d'épée  héréditaire  des  5  séné- 
chaussées de  l'Anjou  et  du  paya 
^aumurois.  Parles  fonctions,  lor» 


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LAQ 

de  la  convocation  des  étau-gépé* 
raux  en  1 789 ,  il  se  trouyait  de 
droit  président  des  trois  ordres,  et 
fut  noimné  premier  député  de  la 
noblesse  d*Ânjou.  Il  soutiijt  les 
prétentions  de  spn  ordre ,  et  sié- 
gea constamment  au  côté  droit  de 
rassemblée  constituante.  Dans  des 
observations  qu'il  fit  sur  les  grains 
et  les  subsistances,  à  la  séance  du 
16  juin  1789,  il  attaqua  Tadminis- 
tration  de  M.  Necker^  et  au  mi- 
lieu des  yiolens  murmures  de  l'as- 
semblée et  des  tribunes,  il  s'écria 
que  ce  ministre  serait  connu  un 
jour;  mais  que  quand  les  yeux  se 
dessilleraient,  la  monarchie  serait 
enveloppée  d'un  crêpe  funèbre. 
Les  opinions  qu'il  a  émises  sont 
nombreuses;  il  les  a  fait  imprioaer 
toutes  :  nous  pous  contenterons  de 
Wter  les  suivantes  :  i'*  sur  l'Eta- 
blisêenient  d'me  miike  ou  gartU 
kourgeolse;  a*  ^ur  le  Rapport  «(« 
Jtf,  Mounier,  concernant  la  cons-r 
titutiçn;  5*"  sur  la  Déi-'Uration  des 
droits  d0  l'homme^  4"  sur  la  Ga^ 
Mie;  ^°  cqntre  la  Vente  des  biens 
du  clergé  ;  6°  sur  la  Question  si 
L*^werciçe  du  droit  de  la  guerre  et 
4^  ta  paix  doit  être  délégué  au  roi 
ou  au  eorps  législatif  ;  7°  sur  (es 
Moyens  d^  pnysr  la  dette  publique; 
^^  contre  la  Suppression  de  la  n^- 
bl^se  ;  9*  contre  Is  Changement 
do  /#  coiàleur  tta  pavillon  de  Fran  - 
ce;  10°  sur  les  fnconvériiens  de  réu^ 
nir  la  marine  militaire  à  la  marine 
marchande;  1 1*  sur  les  Assignats; 
ifk"*  si^r  les  Invalides  ;  )5**  sur  la 
faculté  d'accordfir  des  Lettres  de 
grâce  qu'on  proposait  d*enl^er  au 
rai;  i4'*  le  Roi  est-il^  oui  ou  non, 
justiciable  d*m  tribunal  quelcon^ 
^UH?  x^"  sur  la  Liberté  et  la  Sanc^ 
iipn  Uh  roi  ;   16"  sur  le  Sermsnt 


LAC 


n^ 


eâsigs  des  ecclésiastiques.  Le  3i 
septembre  1791 ,  M.  de  Lagallis- 
soni^ière  s'opposa,  avec  beaucoup 
de  véhémence,  à  la  séparation  de 
l'assemblée;  et  ce  qui  semble  im- 
pliquer contradiction ,  il  signa  les 
protestations  contre  les  opé- 
rations de  cette  asseipblée.  Il 
quitta  la  France  en  1 792 ,  pour 
aller  se  réunir  à  l'armée  des  prin- 
ces, dont  il  commanda  l'îtvant- 
garde.  Lorsque  cette  armée  fut  li- 
cenciée, il  passa,  en  1795,  à  celle 
de  Condé ,  puis  rentra  en  France 
sous  le  gouvernement  consulaire 
en  1801.  Le  département  de  la 
Sarthe  l'ayant  élu  député  au  corps- 
législatif  en  1809,  il  fut  porté,  en 
1810,  sur  la  liste  des  candidats  au 
sénat -conservateur.  Il  fut  aussi 
noïnmé  candidat  à  la  présidence 
du  corps-législatif  en  1811.  Lors-* 
que  après  le  retour  des  Bourbons, 
une  plus  grande  liberté  eut  été  ren- 
due au  corps-législatif,  M.  de  La- 
gallissionnière  parut  plusieurs  fois 
à  la  tribune,  où  il  parla  sur  Tîm- 
portation  des  grains  ,  sur  la  liste 
civile ,  sur  la  responsabilité  des 
ministres,  sur  l'organisation  de  la 
garde  royale,  etc.  Plusieurs  de  ses 
rapports  ont  été  imprimés  par  or- 
dre de  l'assemblée.  Le  a  a  juin 
1814,  le  roi  le  nomma  lieutenqqt- 
général,  et  le  a5  août  de  la  mpme 
année,  commandeur  de  Tordre  de 
Saint-Louis.  L'ordonnance  royale 
du  i3  juillet  181 5  ayant  dissous 
le  corps-législatif  dont  M.  de  La- 
gallissonnière  faisait  partie  9  il  n'a 
point  rempli  de  fonctions  politi^ 
ques  depuis. 

LAGAI^DË  (  Joseph-Jbin ,  b4- 
BON  ),.est  particulièrement  connu 
comme  secrétaire-général  du  ilr- 
rectoire  exécutif  et  dès  consuls,  et 


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Î496  LAG 

comme  préfet  du  département  de 
Seine-et-Marne.  Le;  moindre  dé- 
faut de  deux  articles  qui  le  con- 
cernent, l'un  dans  une  biographie 
imprimée  en  Allemagne,  en  1806, 
l'autre  dans  la  biographie  de  Mi- 
chand,  est  d'être  incomplets.  Ils 
.  sont  d'ailleurs  inexacts,  et,  de 
plus,  faux  et  même  calomnieux 
Nous  devons  rétablir  ici  la  vérité, 
et  le.  faire  avec  quelques  détails 
dans  lesquels  nous  ne  serions  peut- 
être  pas  entrés  ,  sans  l'injustice 
de  ceux  qui  nous  ont  précédés  dans 
la  carrière  que  nous  parcourons, 
M.  Lagarde  est  né  à  Narbonne, 
département  de  l'Aude,  le  1 1  mai 
1^55.  Reçu  avocat  au  parlement 
de  Flandre,  en  1776,  il  parcou- 
rut cette  carrière  avec  beaucoup 
de  succès.  Il  exerça  concurrem- 
ment les  fondions  de  substitut 
du  procureur  du  roi  près  la  maî- 
trise des  eaux  et  forêts  établie  à 
Lille,  puis  celles  de  l'un  des  con- 
seillers au  même  siège.  En  1788, 
il  a  été  pouvu  d'un  office  de  con- 
seiller du  roi  au  bailliage  de  Lille. 
Il  a  été  admis  à  l'exercice  de  cet 
office  par  arrêt  du  parlement  de 
Flandre,  du  22  février  de  Ja  mê- 
me année,  avec  exemption  d'exer- 
cer, ù  raison  de  la  manière  distin- 
guée avec  laquelle  il  avait  fait 
îusqu'alor;»  la  profession  d'avo- 
cat. M.  Lagarde  obtint  la  confiance 
de  tous  les  corps  auxquels  il  a  suc- 
cessivement appaitenu,  et  c'est  là 
lui  que,  dans  diiftrentes  circons- 
tances ,  les  officiers  de  la  maîtrise, 
les  conseillers  au  bailliage  et  l'or- 
dre des  avocats  à  Lille,  confiè- 
rent la  défense  de  leurs  droits  ju- 
ridictionnels et  de  leurs  intérêts. 
Lors  des  assemblées  bailliagères 
pour  la  formation  des  états-géné-^ 


LAG 

raux ,  il  fut  l'un  des  deux  député» 
de  l'ordre  des  avocats.  Lors  de  la 
disette  de  1789,  le  bailliage  et 
l'intendant ,  qui  exerçaient  con- 
curremment la  police  dans  la  chû- 
tellenie  de  Lille,  parvinrent,  par 
leur  concours ,  à  faire  cesser  ce 
fléau  dans  la  province  :  et  c'est  M. 
Lagarde  que  le  bailliage  avait  spé- 
cialement chargé  de  se  concerter 
avec  l'intendant ,  sur  les  mesures 
.  qu<;  les  circonstance»  exigeaient. 
Il  était  aussi  secrétaire  per- 
pétuel d'une  académie  qui  exis- 
tait à  Lille,  sous  la  dénomination 
de  collège  des  Philalèthes.  Lors 
de  la  première  assemblée  électo- 
rale,  en  1 789 ,  pour  la  formation 
de  l'administralioix,  du  départe- 
ment, M.  Lagarde  fut  nommé  ^se- 
crétaire du  collège ,  à  une  majo- 
rité de  1 137  sur  1 148  votans.  Il  fut 
ensuite  nommé  secrétaire-géné- 
ral du  département.  En  1791 9  le 
roi  et  l'assemblée  constituante 
ayant  demandé  à  toutes  les  ad- 
ministrations de  département ,  iei 
compte. raisonné  de  la  première 
année  de  leur  gestion ,  il  fat 
chargé  de  ce  travail  pour  le  dé- 
partement du  Nord.  Le  ministre 
lui  fit  donner,  à  Ce  sujet,  un  témoi- 
gnage spécial  de  satisfaction.  Dans 
la  même  année,  l'université  de 
Douai  fut  réorganisée,  et  la  chai- 
re de  droit  français  fut  confiée  à 
M.  Lagarde,  qui  exerça  ces  nouvel- 
les fonctions  concurremment  avec 
celles  de  secrétaire-général  du 
département.  Le  3  joillet  1792  , 
il  rédigea  et  fit  adopter  par 
le  directoire  du  département,  un 
arrêté  tendant  à  empêcher  que 
l'on  envoyât  à  Paris  des  députés 
armés  pour  la  fédération  qui  y  é- 
tait  illégalement  convoquée.   Le 


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LAG 

lendemain  4  du  même  mois,  il 
fit  de  même  adopter  deux  adres- 
ses, l'une  au  roi,  Tautre  à  ras- 
semblée nationale ,  pour  deman- 
der Ta  punition  des  attentats  coni- 
^  mis,  le  20  juin  précédent,  aux 
Toileries ,  contre  la  personne  de 
Louis  XVL  Au  mois  d'dcto1>re 
17(^2,  radministralion  du  dépar- 
tement ayant  été  entièrement  re- 
nouvelée ,  on  pensa  que  les  fonc- 
tions du  secrétaire  avaient  cessé. 
On  procéda  à  une  nouvelle  no- 
mination, et  il  fut  réélu  A  la 
pluralité  de  ag  voix  sur  3o  vo- 
tans.  IJn  membre  prétendit  alors 
que  M.  Lagarde  ne  pouvait  cu- 
muler les  fonctions  de  secrétaire 
du  département  avec  celles  de 
'  professeur  en  droit;  M.  Lagarde, 
sans  laisser  prendre  de  délibéra- 
tion ,  opta  pour  les  fonctions  de 
secrétaire.  En  octobre  i  793 ,  il 
fut  dénoncé  à  des  représen- 
tans  en  mission,  comme  auteur 
de  l'arrêté  et  des  adresses  ci -des- 
sus mentionnés  et  relatifs  aux  é- 
vénemens  du  ao  juin  ;  il  fut  dé- 
claré suspect  et  dangereux  par  son 
influence  sur  son  département;, 
il  fîit  arrêté  et  envoyé  dans  les 
prisons  d'Arras.  Le  mois  suivant, 
il  fut  mis  en  liberté;  mais  sa  place 
avait  été  donnée  dans  l'intervalle, 
et  il  reprit  la  profession  d'avocat. 
Am  commencement  de  vendé- 
miaire an  5,  il  fut  mis  en  réqui- 
sition, par  des  représentant  du 
peuple  qui  étaient  à  Bruxelles  , 
pour  qu'il  vînt  y  organiser  les  bu- 
reaux de  la  commission  centrale 
de  la  Belgique  ,  et ,  après  avoir 
acbeve  et  mis  en  mouvement 
cette  organisation^  il  demanda  à 
retourner  dans  ses  ipyers,  et  fut 
remplacé  par  un  secrétaire-géné- 


LAG  2^7- 

ral  et  deux  adjointis.  De  retour  à 
Douai,  M.  Lagarde  y  vivait  retiré, 
lorsque  la  constitution  de  l'an  3 
fut  promulguée.  Le  directoire-exé- 
cutif, le  lendemain  de  son  instal- 
lation,avait  nommé  M.  Trouvé  se-  . 
crétaire-général;  mais  M.  Trouvé 
n'entra  pas  en  fonctions.  Rewbell 
proposa  alors  de  faire  un  choix 
parmi  les  secrétaires-généraux  du  \ 
département  qui  avaient  le  mieux 
marqué  comme  travailleurs,  et  ■ 
comme  ayant  l'habitude  et  la  tri- 
ture des  affaires  administratives  et 
des  bureaux.  M.  Lagarde  fut  indi- 
que  comme  ayant  organisé  le  dé- 
partement du  Nord  ,  ainsi  que  la 
commission  centrale  de  la  Belgi- 
que, et  comme  auteur  du  compte 
de  gestion  dont  nous  avons  parlé; 
et,  sur  ces  renseigfiemens,  il  fut 
nommé  secrétaire -général,  par 
arrêté  du  1 S  brumaire  an  4-  L  ar- 
rêté lui  parvint  à  Douai ,  le  iB  à 
2  heures  du  matin;  il  partit  le 
jour  même,  et  fut  installé  le  ao.  M. 
Lagarde  mit  ses  soins  à  se  renfer- 
mer sévèrement  dans  les  fonc-  ^ 
tions  de  sa  place;  il  chercha  mê- 
me à  en  resserrer  le  cercl«^  et  il  ob- 
tint d'en  faire  détacher  l'adminis- 
tration de  la  maison  directoriale  ^ 
et  des  5oo,ooo  fr.  que  la  loi  assi- 
gnait annuellement  à  ses  dépen- 
ses. Cette  attribution  fut  en  con- 
séquence transportée  au  ministè- 
re de  l'intérieur.  Ai.  Lagarde  évita, 
avec  un  soin  égal,  de  s'immiscer 
en  rien  dans  la  direction  des  affai- 
res ;  il  ne  forma  et  n'eut ,  en  au- 
cun temps ,  aucune  liaison  parti-  ^ 
culière-avec  aucun  des  membres 
du  directoire.  Et  c'est  ainsi,  qu'é- 
tranger à  tous  les  partis  qui  se 
formaient  et  se  renrersaient  suc- 
cessîvemenl  autour  de  lui,  il  coii-      \ 


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^ 


UG 


serva  sa  place  malgré  les  cotncnp^ 
lions  aombreases  qui  signalèrent 
l'existence  du  directoire,  durant 
laquelle  54  ministres  se  succédè- 
rent. Le  ai  messidor  an  7,  Fri- 
son,  membre  du  ^conseil  des  cinq- 
cents,  dénonça  M.  Lagardepourde 
prétendues  dilapidations.  La  dé- 
nonciation fut  envoyée  àTexamen 
d*une  commissio|}9  et  le  conseil 
fit  un  message  au  directoire  pour 
lui  en  donner  connaissance.  Dès 
le  lendemain,  M.  Lagarde  présenta 
au'  directoire  un  mémoire  dans  le- 
quel il  détruisait  victorieusement 
tous  les  chefs  de  la  dénonciation 
hasardée  contre  lui ,  «t  le  direct<)i- 
re  arrêta  de  transmettre  lui-mê- 
me ce  mémoire  au  conseil  par  un 
message ,  pour  qu'il  fût  envoyé  à 
la  commission,  seule  chose  que 
Al.  Lagarde  demandait.  Il  se  ren- 
dit ensuite  au  conseil  des  cinq* 
cents  pour  y  voir  son  dénonoia- 
,  teur  lui-mênf)e,  et  fut  fort  étonné 
de  reconnaître ,  en  lui  «  un  homr^ 
me  à  qui  il  avait  rendu  des  services 
essentiels  à  Bruxelles.  L'entrevue 
devint  alors  un  peu  vive  de  la  part 
de  M.  Lagarde,  qui  ne  fit  grâce 
à  Frison  d'a«cun  des  chefs  de  sa 
dénonciation ,  et  les  lui  fit  passer 
tous  en  revue  pour  lui  en  prouver 
la  fausseté.  L'explication  avait 
lieu  daos  l'un  des  vestibules  du 
conseil,  et  elle  était  en  quelque 
Horte  publique,  parce  que  M.  La- 
garde affectait  d'interpeller  Fri- 
son à  voix  haute,  et  qu'un  grand 
siombve  de  députés  circulaient 
près  d'eux.  Personne  ne  put  donc 
se  tromper  sur  la  nature  de  Tex- 
plîcalîûn.>  et  Ton  fut  convaincu 
que  Frison  avait  mal-à- propos 
HOciiséM.  Lftgarde,  dont,  par  sui-* 
le,  an  4ésini  connaître  les  fléfen- 


LAG 

ses.  ^Qus  donnons  ici  ces  détails 
pour  expliquer  comment  il  s'est 
fait,  au  grand  étonnement  de  tout 
le  monde,  que  dans  la  séance  du 
ïi5,  où, le  message  du  directoire 
fut  présenté ,  une  imposante  ma- 
jorité ,  composée  d'hoiximes  de 
toufe  espèce  d'opinions ,  se  pro- 
nonça pour  M,  Lagarde.Dans  cette 
séance,  la  faible  minorité  qui  res- 
ta à  Frison  sentit  que  sa  seule 
ressource  était  d'empêcher,  s'il 
était  possible ,  la  lecture  du  mé- 
moire de  M ,  Lagarde,  et  e|  ie  s'y  op- 
posa avec  la  plus  grande  opiniâ^ 
treté.  &J disses  efïbrts  furent  vaiiis; 
la  lecture  fut  ordonnée*  elle  fut 
faite  :  la  justification  de  rincrimi'' 
né,  conformément  à  son  vœu,  fut 
envoyée  à  la  commission;  et  per- 
sonne, après  la  lecture  du  mé- 
moire ,  personne ,  pés  même  t*rt- 
son ,  ne  prit  la  parole  pour  tefi^ 
ter  de  combattre  ou  d'atténuer 
la  réponse  du  secrétaire-rgénéral. 
Pour  connaître  les  détails  de  cet* 
te  séance  ,  on  peut  recourir  Au 
Moniteur  9  dans  sa  feuille  du  1*' 
thei;midor  an  7 ,  que  les  biog ra<- 
pbes  qui  nom  ont  précédés  au** 
raient  dû  consulter,  comme  npus 
l'avons  fait,  pour  ne  pas  laisser 
leurs  lecteurs  dans  l'incertitude 
sur  les  résultats  d'ua<e  dénoncia- 
tion dont  ils  avaient  cru  devoir 
doniier  connaissance.  Gettç  feuilr 
le  contient,  en  entier,  le  mémoire 
justificafif  deM.  i^arde,  et  nous 
nous  dispensons ,  par  cette  raisoD^t 
de  le  reproduire  ici.  Néanmoios, 
et  pour  en  donner  ui^e  idée,  noua 
en  extralroQssarépooseau  preqiief 
chef  de  dénonciation  relatif  à  900 
traitement.  $  Je  ne  me  livrerai» 
»  disait-il,  4  aucune  disoussion  k 
»  cet  égard;  j'observerai  seitlcmienl 


Digitized  by  VjOOQIC  , 


XAG 

.«que  Bdon  traitement  a  été  fixé 
»par  la  loi  in  23  frimaire  an  6. 
»Le  directoire  9  dans  Taperçu  des 
Indépensés  pour  cette  année  5  a- 
»vait  porté  mon  traitement  au 
«même  taux  que  celui  des  mîniê- 
»tres.  Les  deux  commissions, 
«chargées  successivement  de  ce 
«traTail  par  les  deux  conseils, 
»  trouvèrent  cette  fixation  juste,  et 
»  la  loi  y  fut  conforme.  Dès^lors , 
iinon*seulement  j*ai  pu  toucher 
»ce  traitement,  mal  je  n'ai  pu  me 
»  dispenser  de  le  toucher,  puisque 
«l'article  370  de  la  constitution 
«porte  que  nul  citoyen  ne  peut 
«renoncer,  ni  en  tout  ni  en  par- 
«tie,  à  Tindemnité  ou  au  traite- 
«ment  qui  lui  est  attribué  par  la 
«loi  à  raison  de  fonctions  publi- 

>  «ques^  »  M.  La^arde  répondait  en- 
suite avec  la  même  simplicité ,  la 
même  justesse  et  la  même  clarté, 
au  surplus  des  faits  articulés  dans 
la  dénonciation ,  et  ii  finissait  par 
dire  :  «Je  proteste  au  directoire 
«que  si  le  corps-législatif  pense 
«  devoir  rapporter  les  lois  qui  ont 
»fixé  les  émolumens  de  ma  place., 
«et  les  diminuer,  mon  zèle  à  rem- 
»  plir  mes  devoirs  n'en  sera  nulle- 
«  ment  altéré.  »  La  dénonciation  de 
Frison  demeura  ainsi  sans  effet , 
et  M.  Lagarde  conserva  sa  place 
que  des  envienx,et  probablement, 
ses  dénonciateurs  eux  -  mêmes , 
convoitaient.  Le  iS4>rumaire  an 
8,  M.  Lagarde  se  rendit  de  bonne 
heure  au  lieu  ordinaire  des  séan  * 
ces  du  dii^ctoire ,  pour  y  attendre 
et  recevoir  le  décret  que  le  con- 
seil des  anciens  pliait  rendre,  et 
eé  décret  chargeant  le  général  Bo- 
naparte <^e  son  exécution,  M.  La- 
garde se  rendit  aux  Tuileries  pour 
le  lui  porter.  Le  généra)  mit  Veae- 


LAG 


^99 


quatur  au  décret.  M.  Lagarde  en 
fit  de  ^uite  partir  des  expéditions 
par  des  courriers,  et  en  fit  don- 
ner en»  même  temps  avis  par  le 
télégraphe  sur  toutes  les  lignes 
établies.  Vers  a  heures,  Gohier 
et  Moulins  étant  venus  se  réunir 
à  Sieyes  et  Aoger  Ducos ,  aux 
Tuileries  ,  un  second  exequaiwr 
fut  donné  surabondamment  au 
décret  en  forme  ordinaire.  Lé 
soir.  M'.  Lagarde  assista  à/une  réu- 
nion qui  eut  lieu ,  aux  Tuileries , 
de  plusieurs  membres  des  de«x 
conseils  et  de  Bonaparte,  Sieyes  et  ' 
Roger  I>ucos.  Le  i9,M.  Lagarde  se 
rendit  à  Saint-Cloud,  où  il  fit  le 
travail,  en  tout  ce  qui  pouvait  le 
concerner,  près  de  Bonaparte 
chargé  de  Texécutioii  du  décret 
du  conseil  des  anciens,  et  le  len- 
demain ao,  il  reprit  ses  fonctions 
près  des  consuls  provisoires.  A 
l'institution  du  consulat  définitif, 
M.  Lagarde  était  porté  sur  la  liste 
des  membres  du  sénat  qui  allait 
être  installé  ;  le  général  Bonapar^ 
te  l'engagea  à  ne  point  s'y  absor- 
ber, et  à  continuer  ses  fonctions 
de  secrétaire-général.  M.  Lagarde  y 
consentit,  et  occupa  la  place  jus- 
qu'au moment  où ,  en  brumaire 
an  10,  ses  fonctions  furent  réu- 
nies à  celles  du  ministre  secrétai- 
ré-d'état;  ce  qui  présente  cette 
particularité  asscs  remarquable,- 
que,  seul,  il  a  occupé  la  place  de 
secrétaire-général  du  gouverne > 
ment,  pendant  tout  le  temps 
qu^elle  a  existé.  Peu  après  réta- 
blissement du  consulat,  un  pro- 
cès a  été  suscité  à  M.  Lagarde,  à 
l'occasion  d'un  journal;  et  les 
précédentes  biographies  ,  dont 
nous  avons  déjà  parlé ,  ont  pensé 
devoir  faire  mention  de  plaintes  et 


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3oa' 


LAG 


d'afïiches  virulentes  dirigées  con- 
tre ce  fonctionnaire  à  l'occasion 
de  ce  même  procès.  Nous  n'exa- 
minerons pas  si  cet  objet  était 
de  nature  à  devoir  figurer  dans 
une  biographie  :  mais  enfin^  puis- 
que l'on  voulait  en  parler,  la 
justice  ne^  permettait  point  que 
l'on  se  bornât  à  ce  qui  avait  été 
dit  et  fait  contre  M.  Lagarde;  elle 
voulait  que  l'on  fît  connaître  les 
résultats  de  FaiTaire,  et  la  justice 
éclatante  qu'il  avait  obtenue. 
Nous  devons  donc  remplir  encore 
cette  lacune,  et  dire  que  les  plain- 
tes de  l'adversaire  de  M.  hagarde 
ont  été  rejetées  par  une  ordon- 
nance du  juge-de-paix,  en  date 
du  g  messidor  an  8  ;  par  les  con- 
clusions du  commissaire  du  gou- 
vernement près  le  directoire  de 
jury,  du  i"  fructidor  suivant;  par 
l'ordonnance  définitive  du  direc- 
toire du  jury,  du  même  jour; 
par  un  rapport  du  ministre  de  la 
justice;  enfin,  par  une  décision  du 
conseil-d'état,  rendue  sur  ce  rap- 
port, le  18  thermidor  même  an- 
née, et  approuvée  le  même  jour 
parle  premier  consul.  La  place  de 
secrétaire-général  du  gouverne- 
ment ayant  cessé  d'exister,  com- 
me nous  l'avons  dit,  M.  Lagarde  fut 
immédiatement  nommé  préfet  du 
département  de  Seine-et-Marne, 
et  en  prit  les  fonctions  le  20  bru- 
maire an  10.  Il  a  reçu  la  déco- 
ration de  la  légion -d'honneur,  à 
rinstitution  de  cet  ordre.  £n  l'an 
12,  il  a  été  nommé  candidat  au 
:>éaat ,  par  le  collège  électoral  du 
département  qu'il  administrait. 
Le  i5  août  1809,  il  a  été  nommé 
baron  de  l'empire,  et  il  a  enfin 
cessé  ses  fonctions  de  préfet  >  en 
novembre    i3io,   épOque   à   la- 


LAG 

quelle  il  a  été  remplacé  par  M.  le 
comte  de  i^lancy.  C'est  à  l'occa- 
sion de  ce  remplacement  que  Tim- 
partalité,  qui  est  le  plus  rigou- 
reux de  nos  devoirs  ,  nous  fait  u^ 
ne  loi  de  relever  sévèrement  les 
biographies  dont  nous  avons  par- 
lé. M.  Lagarde,  disent-elles^  a  été 
destitué  pour  affaire  de  conscrip- 
tion, et  elles  ajoutent,  immédia- 
tement, qu'il  s'est  retiré  jouis- 
sant d*une  fortune  considérable. 
D'après  quoi,  une  troisième/ bio- 
graphie ,  imprimée  ultérieure- 
ment à  Bruxelles  en  1819,  saisis- 
sant la  couleur  que  les  deux  pre- 
mières avaient  donnée  à  la  pré- 
tendue destitution  de  M.  Lagar- 
de, et  voulant  la  caractériser,  a 
été  jusqu'à  dire  qu'il  avait  é- 
té  destitué  d'une  manière  flétris- 
sante. Il  est  difficile  de  concevoir 
comment  des  écrivains  ,  qui  se 
présentent  au  public  comme  re- 
cueillant et  préparant  des  maté- 
riaux pour  l'histoire ,'  se  sont  per- 
mis des  imputûtionè  aussi  graves 
et  aussi  notoirement  calomnieu- 
ses. Nous  n'avons  pas  cru  devoir 
nous  borner  à  les  repousser  par 
la  seule  faveur  de  l'opinion  publi- 
que dont  Ai.  Lagarde  n'a  cessé  de 
jouir  ;  nous  avons  voulu  vérifier 
les  faits  arec  un  soin  scrupuleux, 
et  c'est  sur  le  vu  de  pièces  au- 
thentiques que  nous  les  rectifions. 
Le  décret  qui  concerne  la  ces- 
sation des  fonctions  de  M.  Lagasde 
est  du  7  novembre  1810,  et  il 
porte  simplement  ces  mots  :  a  Le  * 
»  sieur  Lagarde,  préfet  du  dépar- 
»tement  de  Seine-et-Marne,  est 
»  suspendu  de  ses  fonctions.  »  On 
voit  donc,  d'abord,  que  le  décret 
ne  porie  pas  destitution,  et  qu'il 
ne  s'agit  point  d'affieure  de  cons- 


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LAÇ 

cription,  ni  d'aucune  autre  incul- 
patioa  quelconque.  Anipliation  de 
ce  décret  a  été  envoyée  k  M.  Lagar- 
de,  par  lettre  du  ministre  de  Tinté- 
rieur,  du  i4  du  même  mois,  et 
ceti^e  lettre  contient  l'expression 
d'un  regret  obligeant  pour  lui;  a-* 
près  quoi  la  lettre  confie  à  M.  L^gar- 
de  lui«-même  le  choix  de  celui  des 
eonseill^ers  de  préfecture  par  qui 
il  voudrait  'faire  remplir  l'inté- 
rim de  sa  place;  et  le  ministre 
l'autorise  à  motiver  l'arrêté  qu'il 
devait  prendre  à  cet  égard ,  sur 
ce  que  les  ordres  de  Sa  Majesté 
l'appelaient  hors  le  département. 
Nous  devons  faire  remarquer ,  en 
outre ,  que  le  décret  qui  suspen- 
dait M.  Lagarde  de  ses  fonctions  est 
resté  dans  le  portefeuille  du  mi^ 
nistre;quele  gouvernement  ne 
l'a  fait  insérer  ni  dans  le  Bulletin 
des  lois  y  ni  même  dans  le  Moni-^ 
teur;  et  que  la  seule  chose  que  le 
pubU<^  ait  connue  de  cette  affaire, 
est  le  décret  du  5o  novembre 
1810,  portant  que  M.  de  Plancy 
était  nommé  préfet  du  départe- 
ment de  Seine-et-Marne  ,  sans 
même  dire,  en  remplacement  de 
qui.  Nous  avons  enfin  sous  les 
yeux  la  preuve  que  les  regi:ets 
les  plus  honorables  pour  M.  La- 
garde  ont  été  hautement  mani- 
festés sur  sa  retraite,  tant  par 
les  fonctionnaires  ^publics  qui  a- 
yaîent  été  ses  collaborateurs ,  que 
par  ses  administrés.  Au  sur- 
plus, la  calomnie  hasardée  contre 
lui,  pour  motiver  son  remplace- 
ment, n'est  pas  seulement  gros- 
sière, mais  elle  est  maladroite;  car 
il  est  notoire  que  la  conscription 
^e  faisait  dans  son  département 
^vec  une  justice  et  une  impartia- 
lilé  telles,que  cette  ins^titution  s'y 


LAG  3oi 

était  en  quelque  sorte  popularisée. 
Les  adi;ainistrés  de  M.  Lagarde  lui 
devaient  d'ailleurs,  sur  cette  ma- 
tière, un  travail  assez  important 
que,  dans  leur  intérêt,  il  avait  fait 
publier  l'année  précédente  sous  le 
titre  à^ Instruction  spéciale  sur  la 
.conscription,  en  ce  qui  intéres&e 
les  conscrits  e\  leurs  parens.  Après 
leur  avoir  '  fait  connaître  leure 
droits  et  leurs  devoirs,  M.  Lagarde 
les  y  guidait  dans  toutes  les  dé- 
marches que  les  circonstances 
pouvaient  exiger  d'eux ,  et  il  les 
prémunissait  surtout  avep  un  soin 
tout  particulier  contre  cette  idée, 
qu;e  jamais  ils  pussent  rien  obte- 
nir par  des  moyens  de  fraude  où 
dç  corruption.  M.  Lagarde,  à  l'oc- 
casion de  cet  ouvrage ,  a  reçu  les 
lettres  de  satisfaction  If^s  plus  flat- 
teuses de  la  part  du  gouverne- 
ment. Quant  à  cette  fortune  im- 
mense dont  les  précédentes  bio- 
graphies pnt  gratifié  M.  Lagarde , 
c'est  une  chimèrfs  que  dément  sa 
manière  d'exister  simple  et  mo- 
deste. En  octobre  i8i5,ayantcon> 
serve  son  domicile  politique  dans 
le  département  du  Nord,  il  s'était 
rendu  à  Lille  pour  la  session  dû 
collège  électoral,  qui  fut  présidée 
par  M.  le  duc  de  Berri.  M.  La- 
garde eut  l'honneur  d'être  pré- 
senté à  ce  prince,  qui  lui  témoigna 
beaucoup  de  bienveillance,  et  qui 
même,  après  son  ^retour  à  P^ris, 
s'occupa  personnellement  de  lui 
faire  obtenir  la  pension  (}e  retrai- 
te, u  laquelle  il  avait  droit,  et 
que  le  roi  lui  a  accordée  par 
ordonnance  du  16  mars  .  1816; 
cette  pension  est  aujourd'hui  la 
principale  des  ressources  de  cet 
homme,  connu  par  de  bons  et 
longs  services  publics,  et  par  une 


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Sol 


LAG 


TÎe  constamment  laborieuse,  La 
nature  des  fonctions  auxquelles^ 
M.  Lagarde  a  été  successivement 
appelé,  ne  lui  laissait  pas  le  temps 
de  s'ooouper  d'objets  qui  y  fus- 
sent étrangers  ;  ses  ouvrages  con- 
sistent principalement  en  mémoi- 
res de  jurisprudence  et  d*admi- 
^  nistration,  dont  nous  ne  pourrions 
donner  la  nomenclature.  Nous 
devons  cependant  en  extraire,  et 
faire  remarquer  le  compte  de  ges- 
tion du  département  du  Nord , 
ainsi  que  Tinstruction  spéciale  sur 
la  conscription,  dont  nous  avons 
eu  occasion  de  parler  dans  cet  ar- 
ticle; un  mémoire  historique,  po- 
litique et  commercial  du  port  de 
Dunkerque,  présenté  au  roi,  en 
septembre -18 14;  les  articles  pré- 
fet,  sous- préfet  et  maire  dans  le 
Répertoire  universel  de  jurispra*, 
dence;enûtif  et  princtpalement,une 
instruction  aux  maires  du  dépar- 
tement de  Seine-et-]yiarne,sur  tou- 
tes leurs  fonctions,  travail  que  M. 
Lagarde  entreprît  dans  Tintention 
de  régulariser  et  d'assurer  la  mar- 
che des  administrateurs  locaux, et 
de  lui  donner  cet  ensemble  et  cet- 
te uniformité  si  favorables  à  l'ac- 
tioin  de  l'administration  supérieu- 
re.' M.  Lagarde  laissa  publier  cet 
ouvrage,  à  là  fin  de  1808^  d'après 
l'approbation  spéciale  qu'y  avait 
donnée  le  miqistre  de  Tintériéur. 
Beaucoup  de  préfets,  lorsqu'il  pa- 
rut, se  le  procurèrent  pour  le  dis- 
tribuer à  leurs  maires ,  et  il  a  été 
réimprimé  6  fois  en  moins  d'une 
année.  M.  Lagarde  s'occupe,  en  ce 
moment,  d'une  nouvelle  édition, 
qu'il  espère  publier  dans  le  cours 
ée  1823. 

LAGARDE  (le  comte  de),  litté- 
rateur et  poète,  né  en  France, 


LAG 

quitta  sa  patrie  quand  les  ora^s 
politiques  vinrent  l'assailiîr.  Il  9e 
retira  en  Pologne,  où  le  comte 
Félix  Potocki  lui  offrit  une  hospi- 
talité généreuse.  Sous  les  hospi- 
ces de  ce  seigneur,  célèbre  par 
l'influence  que  \a\  donnaient  son 
patriotisme ,  sa  popularité  et  ^a 
fortune  ,  il  se  livra  à  l'agriculture 
dont  il  fit  son  occupation  favorite. 
litïVomte  Potocki  avait  réussi  à 
faire,  des  déserts  les  plus  sauva- 
ges, des  campagnes  délicieuses;  un 
vaste  et  magnifique  jardin  qu'il  a- 
vait  créé,  sous  le  nom  de  So- 
phiowka  son  épouse,  venait  d'être 
achevé  par  lut)  Un  poète  polonais, 
nommé  Trambecki,  ami  du  com- 
te, entreprit,  à  l'âge  de  70  ans,  de 
com]pk)ser  un  poëme  saiSèe  nouvel 
Eden.  Le  comte  de  Lagarde,  dans 
la  seule  Intention  d'offrir  à  ses 
bienfaiteurs  un  tribut  de  sa  recon- 
naissance, entreprit  de  traduire 'ce 
poëme  en  vers  français.  Il  réussit 
au-delà  de  ses  espérances ,  puis- 
que cet  ouvrage  le  plaça  au  rang 
des  poètes  les  plus  distingués. 
Cette  traduction  si  recommanda- 
ble  sousie  rapport  de  l'exaotilvKie 
et  de  la  versification ,  est  accom- 
pagnée de  notes  savantes,  conte- 
nant des  recherches  sur  l'origine 
des  peuples  Slaves,  et  ornée  de 
gravures,  exécutées  par  les  plus 
habiles  artistes  de  Vienine.  Il  a  pu- 
blié, en  outre  ,une  Ode  sur  lamort 
de  Koscitisko,  où  l'on  remarque 
de  fort  belles  strophes;  plusieurs 
romances,  dont  l'une- sur  la  mort 
de  Poniatowski,  musique  de  La- 
font,  a  obtenu  beaucoup  de  suc- 
cès. Le  comte  Lagarde  a  profité 
des  événemens  de  181 5  pour 
rentrer  en  France.  Il  est  membre 
de  l'académie  de  Naples. 


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LAG 

]ÎAGARD£(Pibbib),  maître  des 
reqSièes  eh  service  extraordinaire, 
ancien  directeur  de  la  police  du 
g^nd-^  duché  de  Toscànie ,  était 
professeur  au  collège  Mazarin 
lorsque  la  révolution  éclata  ;  il  en 
adopta  les  principes  avec  modéra^ 
tion,  et  concourut,  même  au  plus 
fort  de  la  terreur,  à  la  rédaction 
du  |oumal  diri^  par  Perlet,  sans 
se  départir  de  ses  opinions.  Lé 
parti  dont  la  révolution  du  o  ther* 
midor  an  s  (27  fuillet  1794)  ren- 
versa le  principid  chef,  étant  enco- 
re puissant  longtemps  même  a- 
Eres  révénement,  il  l'attaqua  avec 
eaucoup  de  vigueur.  Au  18  fruc- 
tidor an  5  (4  septembre  1797)9  il 
éprouva  une  persécution  qui  l'ut 
heui^sement  momeQtanée ,  et  il 
put  bientôt  prendre  part  à  la  ré- 
daction du  Publieiête,  qui  avait 
succédé  aux  Nowûeiies  politiques, 
et  qui  se  perdit  dans  la  Gazette  de 
France,  (M.  Lagarde  fut  chargé 
sous  le  gouvernement  consulaire, 
en  1804»  de  la  surveillance  de  la 
presse  et  des  journaux.  Il  passa 
ensuite  en  qualité  de  chef  dans  les 
bureaux  du  maréchal  Moncey, 
commandant  supérieur  de  la  gen- 
darmerie, et  devint  successive- 
ment  chef  de  la  police  k  Milan ,  ù 
Llvourne,  à  Venise,  en  Portugal, 
oà  il  eut  en  outre  le  titre  d'inten- 
dant-général ,  et  enfin  en  Toscane 
en^  1810,  comme  directeur-géné- 
ral. 11  remplit  ces  dernières  fonc- 
tions jusqu'à  la  chuté  du  gouver- 
nement impérial  en  France,  en 
1814.  De  retour  à  Paris,  après  l'é- 
vacuation de  l'Italie  par  les  Fran- 
çais, il  occupa  la  place  de  chef  du 
secrétariat  particulier  de  MM. 
Beugnot  e^  Dandré ,  pendant  la 
oou;*te  durée  de  leur  ministère  ou 


LAG 


3o^ 


direction-générale  de  la  polfbe. 
Pendant  les  cent  jours,  en  i8i5y 
Napoléon  nomma  M.  Lagardë  pré^ 
fet  du  département  de  la  Sarthe. 
U  fut  remplacé  le  8  juillet,  immé^ 
diatement  après  la  seconde  restau- 
ration. Les  services  de  M.  Lagar- 
de comme  fonctionnaire  public, 
ont  été  récompensés  par  le  titre 
de  maître  des  requêtes  en  service 
extraordinaire ,  en  vertu  de  Tor- 
donnance  royale  du  34marsi8i9. 
LAGARDË  (le  comte  AtJcrsTB  - 

MARIB-BALTHAZia-CHAftLfiS  PcLLE- 

TiCE  de),  est  né  dans  le  départe- 
ment de  Vaucluse.  Il  sortait  à 
peine  de  l'enfance  lorsque  ses  pa- 
rens  émigrèrent  en  1792,  et  rem- 
menèrent avec  eux.  Dès  qu'il 
put  porter  les  armes,ilprrt  du  ser- 
vice en  Russie ,  et  ne  tarda  pas  à 
devenir  aide-de^camp  du  marquis 
d'Autîchamp,  son  parent.  Par  la 
suite  il  devînt  major-général,  puis 
chambellan  de  l'empereur  Alexan- 
dre. Les  événemens  de  1814  le 
ramenèrent  en  France,  et  le  roi 
le  nomm<a  commandant  militaire 
à  Nîmes.  Dans  une  émeute,  sus- 
citée dans  cette  ville  contre  les 
protestans,  en  18 1 5,  le  comte  de 
Lagarde  fut  grièvement  blessé 
d'un  coup  de  pistolet,  en  s'efifor- 
çant  de  rétablir  l'ordre.  Obfigé 
par  les  suites  de  cette  blessure  de 
quitter  le  service  militaire,  il  fut, 
en  1816,  nommé  ministre  pléni- 
potentiaire de  France  à  la  cour  de 
Bavière.  On  a  fait  beaucoup'  de 
conjectures  sur  la  cause  qui  avait 
pu  déterminer  M.  Lagarde  à  vou- 
loir soustraire  son  assassin  aux 
poursuites  de  la  justice;  il  a  cru 
sans  doute  que  c'était  un  royaliste 
emporté  par  un  excès  de  zèle  : 
mais,quelie  quefût  l'opinion  poU- 


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3o4    ^  LAG 

tique  ''de  ce  scélérat,  soq  crîme 
Èà'en  était  pas  moins  punissable. 
D'ailleurs  le  but  de  la  faction  que 
servaient  cet  assassin  et  ses  compli- 
ces, était  le  massacre  des  protes- 
tants du  Midi;  et  la  générosité  qu^ 
le  général  montraen^ers  lui,'J>ou- 
Tait  devenir  funeste  à  uùé  foule 
de  citoyens.  Cette  opinion  est 
fondée  sur  celle  que  développa 
avec  autant  de  raison  que  d'élo- 
quence, le  garde-des-sceaux  (M. 
de  Serre),  dans  le  discours  qu'il 
prononça  en  comité  secret,  à  la 
chambre  des  députés ,  le  a3  mars 
1819.  Il  prouva  jusqu'à  l'éviden- 
ce, que  l'impunité  accordée  à  de 
pareils  crimes  devenait  un  atten- 
tat envers  la.  société  entière.  Le 
comte  de  Lagarde  a  été  envoyé 
en  dernier  lieu  auprès  du  roi  d'Es- 
pagne, en  qualité  de  ministre  de 
S.  M.  le  roi  de  France.  Il  était  à 
Madrid  lors  des  événemens  du 
mois  de  juillet  i8aa.  Il  a  quitté 
Madrid  par  ordre  du  gouverne- 
ment français,  à  la  fm  du  mois  de 
janvier  i823;  son  caractère  a  été 
respecté  dans  la  capitale ,  et  pen- 
danf  toute  la  route  jusqu'à  Bayon- 
ne,  d'où  il  s'est  rendu  à  Paris  ;  le 
jroi  vient  de  le  nommer  pair__de 
France. 

LAGARDE  (le  chevalier  de), 
oflicier  de  la  marine  royale  à  l'é- 
poque de  la  révolution ,  quitta  la 
France  avec  les  premiers  émigrés, 
et  servit  dans  les  huUans  britan- 
niques,avec  le  grade  de  capitaine. 
En  1795,  il  se  réunit  aux  Ven- 
déens et  fit  partie  de  l^armée  de 
Stofllet,  ce  qui. le  fit  connaître  de 
l'abbé  Bernier,  dont  il  devint  le 
secrétaire.  Ce  dernier  le  fit,  en 
1795,  nommer  agent-général  des 
armées  royales  auprès  des  pui&- 


LAG 

sances  belligérantes.  Il  se  rendit  à 
Londres  en  cette  qualité,  afin  de 
solliciter  des  secours  du  ministère 
anglais.  Il  n'obtint  qu'après  beau- 
coup de  démarehes  une  somme 
de  5oo  liv.  sterling  pour  l'armée 
d'Anjou.  Stofllet,  qui  en  était  le» 
chef,  mourut  pendant  cette  négo- 
ciation, et  l'argent  fut  remis  il  son 
successeur.  Devenu  secrétaire  de 
l'agence  royale,  et  chargé  par 
elle  d'une  nouvelle  mission ,  il  se 
préparait  à  la  remplir,  quand  il 
tomba  dans  une  patrouille  de  ré- 
publicains ^  et  courut  lès  plus 
grands  dangers.  Il  échappa  .ce- 
pendant, mais  avec  peine,  et  en  fut 
quitte  pour  la  perte  de  sa  corres- 
pondance et  une  blessure  peu  dan- 
gereuse à  l'épaule.  Au  moîii  de  mars 
1 795,  il  fut  chargé  de  se  rendre 
«lux  divers  quartiers  -  généraux, 
pour  établir  les  communications 
nécessaires  entre  eux.  Il  partit  en- 
suite pour  Edimbourg,  avec  des 
instructlonsdeM.de  Puysaye  pour 
le  comte  d'Artois.  Le  chevalier  La- 
garde rentra  en  France,  après  la 
pacification  de  la  Vendée,  sous  le 
gouvernement  consulaire,  et  vé- 
cut dans  la  retraite  jusqu'en  18 14- 
Il  reparut  alors,  ainsi  que  l'année 
suivante,  dans  les  rangs  des  roya- 
listes vendéens. 

LAGENETIÈRE  (Feançois- 
Gi;iLLA.vME  l'Abiourbux,  cooitedr)^ 
major  en  second  au  64*"*  régiment 
de  ligne ,  membre  de  la  légion- 
d'honneur  et  chevalier  de  Saint- 
Louis,  né  vers  1780.  Lorsqu'on 
eut  appris  l&  débarquement  de 
Napoléon,  le  i*'mars  181 5,  M.  de 
Lagenetière ,  qui  était  en  demi- 
solde  à  Besançon,  alla  trouver  le 
marquis  de  Bourmout,  comman- 
dant de  la  province,  pour  liy  ol^ 


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I 

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2hn 


F(Zffe/3o, 


J^e^ny  «^/  e^  */h$i4^- 


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LAG 

irir  sei$  '  services  ;  demandant  à 
marcher  contre  Napoléon,  sous 
les  ordres  du  maréchal  Ney.  L'of- 
fre fut  acceptée,  et  le  iimars, 
il  se  rendit  à  Lons-le-Saunier,  où 
•se  trouvait  Té tat-major  du  prince 
de  la  Moskowà.  Le  i4>  il  fut  dé- 
signé pour  remplir  les  fonctions 
de  chef  d*état-major  de  la  i"  di- 
vision, aux  ordres  du  général  Le- 
courbe,  et  pendant  Tabsence  du 
baron  de  Précbamp,  il  eut  le  com- 
mandement de  cet  état -major. 
Daas  rinteryalle,  le  maréchal  a- 
Tait  adressé  aux  troupes  une  pro- 
clamation qui  fut  la  cause  de  sa 
mort,  et  dans  laquelle  il  déclarait 
que  le  retour  de  Napoléon  était  le 
vœu  de  toute  l'armée  française. 
Comme  on  supposait  que  Napo- 
léon se  rendrait  à  Dijon ,  où  se 
trouvait  déjà  le  général  Bertrand, 
son  grand-maréchal ,  les  troupes 
eurent  ordre  de  partir  de  Lons-le- 
Saunier,  le  i5,  afin  d'arriver  le  iÇ 
et  le  17  à  Dijon,  pour  se  réunir 
autour  de  leur  ancien  chei.  Le 
comte  de  Lagenetière  suivit  le 
mouvement  général  et  partit  com- 
me les  autres,  mais  il  s'arrêta  à 
Dôle ,  d'où  il  écrivit  une  lettre 
au  maréchal  Ney,  dans  laquelle 
il  lui  déclara  qu'il  ne  se  croyait 
pas  dégagé  des  promesses  qu'il 
avait  faites  au  roi ,  lorsqu'il  avait 
reçu  des  mains  de  Monsieur  la 
décoration  de  l'ordre  de  Saint- 
Louis.  Ayant  reçu  ensiiite  des  or- 
dres du- duc  de  Feltre,  ministre  de 
la  guerre  de  Louis  XYIII ,  il  se 
rendit  en  Suisse,  pour  y  remplir 
les  fonctions  de  sous-chef  d'état- 
iiliajar  de  l'armée  royale  de  l'Est. 
Cette  armée .  avait  pour  général 
le  00m  te  Gaëtaa-de-Larochefon- 
fiivk.  Le  comte  de  Lagenetière 


LAG 


5o5 


fut  ru(i  des  témoins  qui  déposé-    , 
vent  contre  le  ntmrécbal  Ney. 

LAGOILE-DE  -  LOCHEFON- 
TAINE  (N.),  était,  en  1789,  cha- 
noine et  sénéchal  dé  l'église  mé- 
tropolitaine de  Reims,  et  fut  nom- 
mé, par  le  bailliage  d^  cette  ville> 
député  du  clergé  aux' états-géné- 
raux. Il  a  constamment  voté  avec 
la  majorité  de  son  ordre,  et  signé 
la  protestation  du  12  septembre 
1791,  contre  les  opérations  de 
l'assemblée  nationale.  M.  Lagoile- 
de-Lochefontaiae  n'a  poii^t  repa- 
ru depuis  sur  la- scène  politique. 

LAGO  Y  (LEMAaQvis  bs),  membre 
de  la  chambre  des  députés,  nommé 
eu  1819,  par  le  département  des 
Bouches-du-Ahône,  était  avant  la 
révolution  officier  au  régiment 
du  Eoi  infanterie.  11  n'a  pômt  quit- 
té la  Fraace  pendant  la  révolu- 
tion, et  n'a  occupé  aucune  place 
sous  les  divers  gouveraemens  qui 
se  sont  succédé  depuis  179a,  ce 
qui  lui  a  fourni  l'occasion  de  blâ- 
mer amèrement  ceux  qui  ont  cru 
devoir  servir  leur  patrie  pendant 
cette  époque.  Le  marquis  de  La- 
goy,  dont  le  nom  de  famille  est 
Meyran,  a  pris  place  au  côté  droit 
de  la  chambre,  et  a  voté  en  faveur 
de  toutes  les  lois  d'exception  et 
du  nouveau  système  électoral. 

LAGRANGE  (Joseph-Louis,  comi- 
té), membre  du  sénat  -  conserva-- 
teur,  grand-officier  de  la  légion 
d'honneur,  grand'croix  de  l'ordre 
^e  la  Réunion,  l'un  des  plus  grands 
géomètres  de  notre  époque,  naquit 
à  Turin,  le  iï5  janvier  1736,' d'une 
famille  d'origine  française.  Il  est 
arrière-petit-lils  d'un  capitaine  de 
cavalerie,  qui  passa  du  service  de 
Louis  XIY  à  cel^i  de  Charles  £m- 
manuel  II,  duc  de  Savoie,  et  que 


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So6 


kAG 


ce  prince  fixa  à  sa  cour«  en  lui  fai'- 
sant  épouser  une  D**'  Conti,  ap<- 
partenant  à  une  illustre  fiunille  de 
Rome.    Cet  officier  était   parent 
d'une  dame  d'atours  de  la  r^ine* 
mère  du  monarque  français.  Le 
père  de  Lagrange  occupait  la  place 
de  trésorier  de  la  guerre  de  la 
Tille  de  Turin.  Des  malheurs  ayant 
détruit  la  fortune  de  «a  famille,  le 
Jei^ne  Lagriinge,  qui  faisait  ses  è* 
tu  des  au  collège  de  la  yille  où  il 
était  né ,  sentit  9  de  très-bonne 
heure  »  la  nécessité  de  se  créer  ^ 
par  son  travail ,  une  existence  in*- 
dépendtmte.  Il  devint  professeur 
de  mathématiques  aui  écoles  d'ar^ 
ttllerie  de  Turin ,  et  dès  Tâge  de 
17  an»^  entra  en  correspondance 
arec  le  célèbre  Euler  et  plusieurs 
autres  savans  de  TËurope.  Ce  fuf 
dans  les  loisirs  que  lui  laissait  sa 
^place,  qu'en  un  très-petit  nombre 
d'années  il  commença  à  se  faire 
connaître  dans  le  monde  savant 
par  des  découvertes  «d'une  grande 
importance,  et  résolut  d'abord  le 
fameux  problème  des  m^ximis  et 
minimiê  des  formules  intégrales 
indéfinies.  La  solution  en  fut  pn> 
«entée  à  Ëuler,  et  surprit  d'admira-- 
tion  ce  grand  géomètre,  qui ,  de- 
puis 10  ans,  avait  fait  un  appel  aux 
savans  de  l'Europe  pour  résoudre 
cette  grande  question.  C'est  en  lai- 
sant  des  notes  sar  les  ou  vragesd'Ëu- 
1er  que  Lagrange  parvint  ù  l'égaler, 
et  que  souvent  la  solution  d'une 
simple  question  lui  donnait  lie« 
de  développer  toute  une  théorie. 
Fort  îeune  encore,  il  inventa  une 
nouvelle  branche  de  mathémati^ 
qcies,  le  calcul  des  variations,dont 
sa  première  découverte  lui  avait 
donné  la  clef.  De  cdncert  arec  le 
médecin  Cigna  et  le  chevAlier^ 


LAG 

depuift  marquis  de  Saluées,  il  foa>- 
da  l'académie  des  sciences  tie  Tu- 
rin, qui  bientôt  publia,  sous  le» 
au^tces  du  duc  de  Savoie  9  des 
Afémoires  où  se  faisaient  remar- 
quer en  première  ligne  ceux  de 
son  principal  fondateur.  Le  pre*- 
mier  volume  parut  en  1759,  et  le 
second  en  176».  Parmi  la  multi- 
tude d'objets  nouveaux  dont  il  en- 
richit la  science,  on  doit  particu- 
lièrement remarquer  ses  recher-^ 
ches  sur  la  propagation  du  son  9 
question  importante  qui  lui  donna  . 
lieu  de  perfectionner  et  d'agrandir 
un   genre  de  calcul  inventé  par 
d'Alembert  pour  la  solution  des 
problèmes  de  physique ,   et  qui 
soumet  à   l'analyse    mathémati- 
que cette    branche  étendue    des 
connaissance»  humaines.  La  belle 
dissertation  qu'il  donna  à  ce  sujet» 
parut  dans  le  »*'  volume  des  iHé- 
moires  de  l'académie  de  Turin,  pu- 
blié en  1 759,  et  dont  il  existe  une 
analyse  détaillée  par  M.  de  Mon*- 
tucla  dans  le  Journal  Etranger  de 
mai  i'7Go.  Nous  en  donneront  un 
passage  dans  ce' qui  est  d'un  inté^ 
rêt  plus  général,  a  M.  Lagrange 
»  s'attache  d'abord  à  montrer  l'in- 
«sudisance  de  la  théorie  de  New> 
»  ton,  et  à  Taide  de  la  méthode  de» 
»  variations,  il  résout  la  question 
»  par  les  principes  directs  et  lumi-. 
»neux  de  la  dynamique;  toutes  le» 
»  propriétés    de    la    trunsmi^on 
>»sont  renfermées  dans  la  formule 
»  générale  de  M.  Lagrange.  Voici 
•  le»  conséquences  principales  qu'M 
»en  tire  :  i*"  que  ta  vitesse  du  son 
)ne  dépend  aucunement  de  la  vi* 
^tesse  ou 'de  la  force  de  l'ébran- 
«  lement  imprimé  à  lair;  a"  que  le 
»  son  se  propage  également  de  tou» 
»  le»  edifo  au  corp»  qui  le  proiu»^ 


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»5"  que  la  vitesse  est  la  même 

•  dans  toute  l'éteadue  de  la  flbre 
»  élastique;  4**  q^i®  cette  vitesse  ne 
»  dépend  point  de  la  longueur  de 
»  cette  fibre  9  c'est-à-dire,  que  le 
»son  se  transmet  avec  la  même 
<»  vitesse  dans  un  air  libre  que  dans 
V celui  qui  est  renfermé.  La  plu-f 
•part  de  ces  conséquences  étaient, 
»îl  est  vrai,  déjà  connues  par  l'ob- 
»  servation;mais  nous  pensons  qu^l 

•  ii'j  a  aUcun  physicien  qui  mé- 
V  connaisse  le  mérite  d'avoir  dé- 
»duit  ces  faits  d'une  solide  théo» 
»rie.  »  M.  Choron,  l'un  de  nos 
plus  habiles  théoriciens  en  musi- 
que, s'exprime  ainsi  :'  «  Passaut 
•ensuite  à  l'examen  de  la  réflexion 
»du  son,  ou  formation  des  échos, 
»Lagrange  n'a'  besoin  poiu*  cela 
»  que  de  développer  quelques  cas 
»de  sa  formule.  Elle  lui  montra 
»  que  si  1a  fibre  aérienne  et^t  ter*^ 
«minée  de  l'un  ou  de  l'autre  côté 

•  par  un  obstacle  quelconque,  la 
»  vibration  des  particules  de  l'air 
n  doit  retourner  en  arrière  avec  la 
Bmême  vitesse.  L'oreille  pourra 
»  donc  entendre  une  seconde  fois 
B  par  réflexion  le  son  qu'elle  aura 
»  déjà  entendu  directement.  Si  la 
«fibre  aérienne  n'est  terminée  que 
»d'un  côté  ,  l^écho  sera  évidem- 
»ment  simple;  mais  si  cette  fibre 
i^est  terminée  par  les  deux  bouts, 
»  eile  sera  mfeltiple,  car  le  son  ré- 
»  fléchi  par  une  des  extrémités,  le 
«  sera  de  nouveau  par  l'autre  ;  et 
»  cela  aurait  lieu  à  l'infini,  si  ce  mou- 
»  veinent  ne  s'afi^blissaitet  ne  s'a- 
»  néantissait  à  la  fin.  Cette  explica- 
»tion  des  échos  est  sans  doute  la 
«> véritable;  et  il  ne  resterait* rien 
9  à  désirer  dans  la  théorie  de  ce 
«phénomène,  si  l'on  connais- 
«sait  les  circonstances  nécessaires 


LAG 


5o7 


«  pour  procurer  oetle  espèce  de  ré- 
»  flexion ,  ou  pour  la  rendre  per-^ 
»  ceptible.  »  Lagrange  poursuivait 
ses  doctes  travaux.  Ëuler ,  direc- 
teur de  la  classe  des  mathémati** 
qués  de  l'académie  de  Berlin,  sui* 
vait,  avec  la  plus  noble  et  la  plus^ 
•fl'i^tueuse  sollicitude,  les  prbgvès 
de  son  jeune  rival.  H  le  fit  nom- 
mer membre  de  cette  académie , 
et  lui  en  annonça  la  nouvelle  dans 
une  lettre  des  plus  flatteuses.  L'a- 
cadémie royale  des  sciences  de 
Paris  proposa  un  prix  sur  la  théo- 
rie de  la  libration  de  la  lune.  La*- 
grange  remporta  ce  prix  en  1764* 
Ce  géomètre,  en  résolvant  ce  pro* 
blême  à  l'aide  du  principe  des  vt-» 
tesses.  virtuelles  ,  eombÎDé  avec' 
celui  de  d'Alembert,  s'ouvrit  une 
route  entièrement  nouvelle,  et  par 
ses  savantes  démonstrations  ,  a«- 
grandit  considérablement  le  do^ 
maîne  de  la  mécanique.  C'est  dané 
ce  problème  diflicile  qu'il  déter-* 
mina  l'inclinaison  de  i'équateur 
lunaire  sur  l'écliptique  ;  expliqua 
la  raison  de  la  coïncidence  des 
nœuds  de  I'équateur  et  de  l'orbite 
lunaire.  Il  dut  à  ces  savantes  re- 
cherches qu'il  dut  la  première 
conception  de  sa  célèbre  Méca-- 
nique  analytique ,  ouvrage  dans 
lequel  toutes  les  grandes  questions 
sur  l'équilibre  des^corps  et  des  flu^r 
des,  et  sur  leurs  mou  ve mens,  sont 
réduites  à  des  formules  savantes 
qu'il  ne  s'agit  plus  que  d'intégrer, 
et  qui  prouvent,  par  conséquent, 
que  c'est  de  la  perfection  du  cal'^ 
cul  intégral  que  doiveot  dépendra 
à  l'avenir  toute  la  perfection  de  la 
mécanique.  Ce  calcul,  dont  New 
ton  et  Leibnitz  se  disputent  la  gloire  - 
de  l'invention ,  expliqué  jusqu'a- 
lors par  des  coosidérations  de  It- 


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5oS 


LAG 


limiteâ  ou  de  quantités  évanouis- 
santes 9  ne  se  rattachait  pas  à  l'al- 
gèbre ordinaire,  et  présentait  des 
difficultés  dans  sa  métaphysique. 
Lagrange  leya  tous  ces  obstacles 
dans  son  célèbre  traité  des  fonc- 
tions analytiques,  et  parvint  à  trou- 
ver les  coefficiens  différentiels  de 
la  formule  de  Taylor,  sans  em- 
ployer d'autres  moyens  que  la 
théorie  des  suites.  En  1766,  il  eut 
la  gloire  de  remporter  le  prix  pro- 
posé par  Tacadémie  des  sciences 
sur  les  mouvemens  des  satellites 
de  Jupiter.  Ce  problème  embras- 
sait dans  une  plus  graride  généra- 
lité le  fameux  problème  des  trois 
corps,  dont  la  solution  avait  fait 
tant  d*honneur  à  Claîraut  et;à  d'A- 
lembert,  et  consistait  à  déterminer 
les  mouvemens  exacts  d'une  pla- 
nète telle  que  Jupiter  ou  Saturne, 
dérangée  continuellement  dans  sa 
marche  par  les  attractions  qu'exer- 
cent sur  elle  ses  satellites.'La solu- 
tion de  ce  problème ,  en  perfec- 
tionnant les  tables  de  Jupiter  et 
de  Saturne,  et  par  conséquent  en 
facilitant  la  détermination  des  lon- 
gitudes en  pleine,  mer,  était  d'aune 
utilité  inappréciable  pour  la  navi- 
gation. Une  question  non  moins 
digne  des  efforts  de  ce  grand  géo- 
mètre, est  celle  qui  concerne  la 
détenniiHaion  des  mouvemens  sé- 
culaires. On  entend  par-là  ces  dé- 
rangemens  qu'éprouvent ,  à  aes 
époques  très-éloignées,  les  planè- 
tes dans  leur  CQurs,  et  qui  ne  se 
manifestent  à  nons  qu'après  une 
longue  suite  d'observations.  La 
solution  de  ce-  problème  condui- 
sit Lagrange  ùl  cet  important  ré- 
sultat :  que  si  lè^  inclinaisons  des 
plans- des  planète^,  leurs  excen- 
tfîcités,  leunf  nœuds,  leurs  péri- 


LAG 

hélies,  etc.,  varient  avec  le  temps^. 
il  n'en  est  pas  de  même  des  grands 
axes  et  des  moyens  mouvemens 
de  ces  planètes,  qui  ne  peuvent 
*  jamais  éprouver  la  moindre  alté- 
ration; d'où  il  suit  que  notre  sys- 
tème planétaire  est  fixé  dans  le 
ciel  à  des  bases  inébranlables. 
Nous  ne  suivrons  pas  davantage 
Lagrange  dans  cette  sublime  car- 
rière ,  où  embrassant  de  ses  re- 
gards Tunivers  et  les  siècles  futurs, 
il  pénétra  des  mystères  qu'il  n'ap- 
partenait qu'à  l'architecte  suprê- 
me de  dévoiler.  Nous  nous  borne- 
rons à  dire  que  son  vaste  génie 
répandit  la  lumière  sur  toutes  le* 
parties  des  mathématiques,  et  que 
l'algèbre  même  a  changé  de  face 
depuis  que  dans  les  élémens  de 
cette  science  on  a  introduit  une 
foule  de  théories  dues  à  son  in- 
vention. Pendant  le  séjour  mo- 
mentané qu'il  fit  à  Paris  ^  où  le 
désir  de  voir  les  savans  français 
l'avait  conduit,  il  fut  constamment 
accueilli  par  eux  avec  une  sorte 
d'enthousiasme.  A  la  suite  d'une 
maladie  assez  grave  qu'il  fit  dans 
la  capitale  ,  il  retourna  à  Turin. 
Bientôt  appelé  à  Berlin  par  Fré- 
déric-le-Grand,  à  la  recommanda- 
tion d'Euler  et  de  d'Alembert,  La- 
grange y  devînt,  à  son  arrivée,  au 
refus  du  savant  français,  directeur 
de  l'académie  de  celte  ville.  Ce 
ne  fut  pas  sans  peine  qu'il  obtint 
du  roi  de  Sardaigné  l'autorisation 
de  se  rendre  en  Prusse.  Le  roi 
même,  dans  une  audience  particu- 
lière, lui  avait  positivement  refusé 
son  congé;  et  Lagrange  sortait  as- 
sez confus  du  peu  de  succès  de  sa 
démarche,  lorsque  le  prince  se 
rappelant  qu'il  venait  d'être  ques- 
tion d'une  lettre  par  laquelle  le 


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LAG 

géomètre  était  appelé' à  Berlin, 
lui  demanda  à  la  Toir.  Lagrange 
la  lui  remit  avec  confiance,  et  sans 
penseï^  que  le  monarque  porterait 
son  attention  ^ur  une  phrase  qui 
devait  blesser  la  dignité  royale. 
Après  avoir  lu  ces  mots  :  «  Il  faut 
«que  le  plus  grand  géomètre  de 
«l'Europe  se  trouve  auprès  du 
«plus  grand  de  ses  rois,  »  il  dit  à 
Lagrange  :  «  Allez,  monsieur,  al- 
«lez  joindre  le  plus  grand  roi  de 
«rEurope;»  et  Lagrange  obtint  sur- 
le-champ  la  permission  de  partir. 
Pendant  20  ans  qu'il  fut  directeur 
de  l'académie  à  la  place  d'Euler, 
il  fournit  au  recueil  de  ce  corps 
savant  plus  de  60  dissertations  sur 
toutes  les  parties  des  mathémati- 
cpies,  et  ne  négligea  point  de  payer 
son  tribut  à  l'académie  de  Turin; 
il  devint,  en  1772,  associé  étran- 
ger de  l'académie  des  sciences  de 
Paris.  Lagrange,  savant,  modeste 
et  laborieux,  homme  à  la  fois  re- 
ligieux et  philosophe,  jouissait  de 
la  plus  haute  considération  dans 
l'esprit  de  Frédéric,  qui  le  nom- 
mait le  philosophe  sans  crier  ^  et 
était  parvenu  à  vaincre  les  préven- 
tions nationales  contre  les  étran- 
gers en  possessio  de  places  émi- 
nentes.  11  se  maria  à  Berlin  avec 
une  dé  ses  parentes  qu'il  avai^  fait 
venir  de  Tupn,  et  qu'il  eut  le  mal- 
heur de  perdre  quelques  années 
après  à  la  suite  d'une  longue  ma- 
ladie. Profondément  affligé  de 
cette  perte ,  et  bientôt  de  la  mort  ' 
de  Frédéric,  il  résolut  de  venir  se 
fixer  en  France,  où  l'entraînait  son 
penchant  secret.  Il  refusa  les  pi'o- 
positions  des  ambassadeurs  de 
Sardaigne,  de  Naples  et  de  Tos- 
cane, et  accepta  celles  de  M.  de 
Breteuil,  ministre  de  France.  Il 


LAG  5og^ 

éprouva  pour  son  départ  les  mo- 
ines refus  qu'il  avait  déjà  essuyés 
à  Turin  ;  cependant ,  vaincu  par 
des  sollicitâitions  puissantes  ,  le 
successeur  de  Frédéric  consentit 
à  se  priver  d'un  homme  d'un  m 
haut  mérite,  mais,  néanmoins,  à 
la  condition  qu'il  continuerait  k 
enrichir  de  ses  mémoires  l'a- 
cadémie de  Berlin,  condition  qu'il 
a  fidèlement  remplie.  Ce  fut  Mi- 
rabeau qui  V  le  premier,,  étant  en 
Prusse  ,  engagea  l'ambassadeur 
français  à  écrire  à  M.  de  Vergen- 
nes  pour  le  déterminer  à  attirer 
Lagrange  à.  Paris.  De  son  côté , 
l'abbé  Marie^  q|ni  de  l'illustre  géo- 
mètre ,  pria  M.  de  Breteuil  9  quî 
avait  dans  son  département  les 
différentes  académies,  de  disposer 
le  roi  à  agréer  le  projet  conçu  par 
Mirabeau.  Louis  XYI  exprima 
tout  l'intérêt  qu'il  portait  à  cette 
négociation;  et  Lagrange,  à  son 
arrivée  en  1787,  reçut  une  pension 
de  6,000  francs ,  égale  au  traite- 
ment qu'il  avait  à  Berlin  comme 
directeur  de  facadémie  ;  fut  logé 
au  Louvre;  et  afin  qu'il  pût  jouir 
du  droit  de  suffrage  dans  les  dii- 
férentes  délibérations  de  l'acadé- 
mie, on  lui  donna  lé  titre  de  Pen- 
sionnaire-vétéran, Depuis  un  an, 
Lagrange  avait  terminé  sa  Méca- 
nique analytique;  et  ce  qui  paraî- 
tra aujourd'hui  peu  croyable,  ce 
fut  la  peine  que  l'abbé  Marie  eut 
à  trouver  un  libraire  qui  voulût 
faire  les  frais  de  cet  ouvrage,  et 
celui  qui  s'en  chargea  n*y  con- 
sentit que  sur  l'engagement  écrit  ^ 
de  faire  retirer  les  exemplaires 
qui,  à  une  époque  déterminée,, 
n'auraient  point  été  vendus,  c  A 
))ce  premier  service,  dit  M.  De- 
»lambre,daas  VÈhge  d«  ce  savant» 


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3id 


LAG 


»  Tabbé  Marie  en  ajouta  un  autre  au* 
«quel  Lagrange  fut  au  moins  aussi 
«sensible.  Il  Jui  procura  un  éditeur 
»  digne  de  présider  à  Fimpression 
«d'un  tel  ouvrage.  M.  Legendre 
»se  dévoua  tout  entier  à  cette  ré- 
»  vision  pénible,  et  s'en  trouvait 
«payé  par  le  sentiment  de  véné- 
»  ration  dont  il  était  pénétré  pour 
»  l'auteur,  et  par  les  remercîmens 
»  qu'il  en  reçut  dans  une  lettre 
«que  Lagrange  avait  remplie  des 
A  expressions  d'une  haute  estime.» 
Enfin,  en  1788,  fut  livré  au  publia 
cet  ouvrage  qui,  trop  au-dessus 
des  connaissances  de  ce  tempç-là, 
et  ne  renfermant  sgjcune  planche 
pour  expliquer  les  constructions 
géométriques,  ne  fut  répandu  que 
parmi  un  très-petit  iriombre  de  géo- 
mètres ,  capables  de  l'entendre. 
Peut-être  fàul-iX  attribuer  à  cette 
cause  le  refroidissement  que  La- 
grange éprouva  '  alors  momenta- 
nément pour  les  paathématiques, 
malgré  tous  les  honneurs  que  lui 
procurait  cette  science.  Protégé 
par  la  reine ,  aimé  et  honoré  de 
ses  nouveaux  collègues  et  de  tous 
les  hommes  distingués,  Lagrange 
était  heureux  ;  mais  il  le  témoi- 
gnait peu.  M.  Delambre  rappor- 
te ,'  dans  V Eloge  déjà  cité ,  que  : 
«  Souvent  dans  une  réunion  qui 
«devait  être  selon  son  goût,  au 
»  milieu  de  ces  savans  qu'il  était 
o  venu  chercher  de  si  loin ,  parmi 
«les  hommes  les  plus  distingués 
»  de  tous  les  pays  qui  se  rassem- 
«  blaient  chaque  semaine  chez  111- 
»  lustre  Lavoisier,  on  le  voyait  rê- 
»  veur,  debout  contre  une  fenêtre 
«où  rien  pourtant  n'attirait  ses 
»  regards  ;  il  y  restait  étranger  à 
«tout  ce  qui  se  disait  autour  de 
«lui.  Il  avouait  lui-même  qu'il  a- 


LAG 

«  vàit  t»ei<du  le  goût  deé  matbéma- 
»  tiques ,  et  qu'il  n'éprouvait  plu^ 
»  cet  enthousiasme  qui  se  raUuiiaa 
«plus  tard  avec  tant  de  vivacité. 
rt  D'Alembert  avai^  déjà  passé  , 
»  dit-on,  par  de  pareilles  alterna- 
«tives  :  chose  étrange  ,  qu'une 
«telle  passion  puisse  s'éteindre  et 
«se  rallumer.  En  serait-il  de  sfes 
»  effets  comme  de  ceux  des  pas- 
»  sions  vulgaires  ;  et  des  joulssan- 
»  ces  intellectuelles  trop  vives  au- 
«  raient-elles  aussi  le  pouvoir  d*é- 
«nerver  les  esprits  les  plus  vîgou- 
«  reux?  »  Mais  .un  génie  tel  que  le 
sien  pouvait-il  rester  inactif  ?  La- 
grange abandonnant  les  mathé- 
matiques, s'occupa  de  l'histoire 
des  Religions,  de  la  théorie  de  la 
Musique  ancienne,  de  la_ théorie 
des  Langues,  et  de  la  Médecine,  Il 
prit  une  grande  part  aux  décou- 
vertes nouvelles  en  chimie,  àr  la 
réforme  philosophique  du  langage 
de  cette  science,  et  dit  ce  mot  si 
souvent  répété  depuis  :  «  La  chi- 
0  mie  est  aisée  maintenant; elle  s'ap> 
»  prend  comme  l'algèbre.  »  Il  con- 
courut de  tous  ses  efforts  à  l'adop- 
tion du  Système  piétrique  qui  fut 
soumis  à  une  commission  d'aca- 
démiciens dont  il  faisait  partie. 
En  1791,  rassemblée  nationale 
confirma  de  la  manière  la  plu» 
honorable  la  pensioii  de  6,000 
francs  qui  lui  avait  été  accordée 
en  1767.  n  fut  nommé  quelque 
temps  après  membre  du  bureau, 
chargé  de  proposer  des  récom- 
penses en  faveur  des  inventions  et 
des  découvertes  utiles,  et  au  mois 
de  mars  179a,  l'un  des  3  admi- 
nistrateurs de  la  monnaie.  Au 
mois  de  mai  de  la  même  année, 
il  épousa  M"*  Lemonnier,  dont  le 
père,  l'oncle  et  le  grand- père  a- 


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LAG 

f aÎMC  œeupé  ou  oeeupaieat  en* 
cove  un  rang  dlstin^^  panni  le» 
académiciens.  Le  décret  du  16 
Qdobne  1793  ordonnait  à  toute 
personne  qui  n'était  pas  née  en 
France  de  quitter  le  territoire  de 
la  .  république.  Gvytcht  ob  SIor- 
vsAir  (voyet  ce  nom)  conçut  le 
projet  de  soustraire  Lagrange  k 
e^te  me9UD|,  en  faisant  prendre 
au  eouiité  dK  salut  public  9  un  ar- 
rêté par  lequel  le  célèbre  géomè- 
tre c  était  mis  en  réquisition  pour 
»coBtiiuier^  calculs  sur  Isl  ihéo- 
«rie  des  pro|ectiles.  «  Xa  mort  fu« 
neste  de  BaiUj  Taffigea  Tiv^ment, 
et  lorsque  Lavoimer  eu<  éprouY^ 
k,inéiiie  sort*  il  dit  douloujreuse- 
■wiit  à  M.  Delambre  :  «  Il  œ  leur 
»a  fallu  qu*un  moment  pour  faire 
»-toaaber  cette  tête,  et  cent  années 
Afkeut-être  ne  Auffîront  pas  pour 
»««  reproduiFe  imesemblablel»  On 
oançut  pendant  quelque  lemps  des 
{■quiétudes  pour  l.agraage,et  Hé- 
rault de  Séchelles  offrit  de  lui  pro- 
curer une  mission  simulée  en 
Pmsee;  heureusement  le  régime 
df  la  terreur  cessa ,  et  dès  la  ibr- 
saation  de  Técole  Normale |  il  fui: 
appi^é  à  y  remplir  les  fonctions 
die  professeur.  Cette  circonstance 
le  ramena  de  nouveau  dans  la  car- 
rière àeê  mathématiques.  Laplace 
et  Monge  y  furent  ses  collabora* 
teurs,  et  il  suffît  de  quelques  mois 
à  ces  illustres  professeurs^  pour  y 
opérer  une  révolution  complète 
dans  renseignement  des  mathé- 
Biatiques.  Une  nouvelle  circons- 
tance donna  lieu  de  compléter  cet- 
te grande  réforme;  ce  fut  la  création 
de  récoie  Polytechnique ,  dans 
laquelle  ces  hommes  célèbres  fu- 
rent également  appelés  à  proiësser. 
CfBBt  là  que  les  plus  habiles  nro- 


fesseurs  aceourureot  pour  enten- 
dre les  leçons  de  Lagrange.  On 
l'a  vu,  dominé  par  ses  idées,  quit- 
ter subitement  le  tableau  des  dé- 
monstrations f  et  aller  se  placer 
parmi  les  auditeurs  9  i^e  s  aper- 
cevant pas  que  les  élèves  et  les 
professeurs  attendaient,  dans  un 
respectueux  silence,  qu'il  fût  sorti 
de  ses  sublimes  rêveries.  D'autues.. 
fois  il  s'eti^barrassait  dans  le  calcul 
le  plus  siir^le  ^  et  avec  la  naïveté 
d'uA  enfant«  il  cherchait  la  cause 
de  son  erreur.  C'est  encore  avec 
cette  même  ingénuité  qu'il  disait 
un  jour  :  «  Voyez  ce  diable  de  Mon- 
9ge  avec  son  application  de  l'ana-^ 
»lyse  &  la  génération  des  surfaces: 
»i[  sera  immortel!  il  sera  immor- 
»tell  4  Monge,  de  son  côté,  ne  lui 
rendait  pas  moins  justice.  Interro- 
gé un  jour  par  un  de  $e&  élèves 
(M«  Boucharlat),  sur  le  mérite  res- 
pectif de  deux^  de  nos  premiers 
mathématiciens,  Alonge  répondit  : 
«  Je  regarde  Newton  comme  su- 
«périeur  ù  £uler;  mais  je  place 
»  Lagrange  au-dessus  de  Newton,  ji 
C'est  en  parlant  du  système  du 
monde  du  géomètre  anglais^,  que 
Lagrange  s^écriaît  d'un  air  cha- 
grin :  «  que  Newton  avait  bien  eu 

•  du  bonheur  d'avoir  un  pareil 
«système  à   expliquer,   bonheur 

•  qui  ne  se  rencontrait  pas  tous 
«les  jours.  »  Ce  système  du  mon- 
de était  l'objet  constant  de  son 
admiration.  Considérant  un  jour 
la  disparité  qui  existe  entre  «  les 

•  constantes  des  orbites  planétai- 
»  res  et  les  autres  éléuiens»  il  sem- 
sble,  diâait^il,  que  la  nature  ait 
•disposé  ces  orbites  ejcprès  pour 
•qu'on  puisse  les  calculer.  Ainsi 

•  rexcentriciié  des  planètes  est 
»trèâ-pel3tey  et  cette  des  comètes 


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3ia 


LAG 


»  est  énorme.  Sans  cette-  disparité 
»si  favorable  aux  approximations, 
»et  si  ces  constantes  étaient  d'une 
»  grandeur  moyenne  ,  adieu  les 
Y>  géomètres  :  on  ne  pourrait  rien 
»  faire.  »  Il  n'y  a  pas  loin  de  cette 
nature  qui  a  des  volontés,  à  celle 
d'une  providence  qui  régit  le  mon- 
de; ou,  autrement  dit,  d'un  être  su- 
prême ;  aussi  Lagrange  ne  regar- 
dait pas  comme  impossible  de  dé- 
montrer l'existence  de  Dieu. Lors- 
qu'il communiquait  une  observa- 
tion à  quelque  savarit,  il  avait  l'ha- 
bitude de  préluder  ainsi  :c7éj  nesals 

pas  si Cette  espèce  de  doute 

était  toujours  l'annonce  d'une  dis- 
position de  son  esprit  à  la  ré- 
flexion. Ces  mots,  je  ne  sais  pas^ 
étaient  encore  sa  réponse  ordinai- 
re à  celui  qui  lui  taisait  une  ques- 
tion; noais  insensiblement,  tout  en 
paraissant  éluder  une  réponse,  une 
foule  d'aperçus  se  présentaient  â 
.  lui,  et  il  traitait  complètement  ia 
question.  Ondoit  aussi  ajouter  qu'u- 
ne certaine  défiance  de  soi-même, 
faisait  qu'il  craignait  toujours  de 
se  mettre  en  avant;  aussi  lors- 
qu'il professait  à  l'école  Polyteclv-. 
nique,  exigeait-il  qu'une  question 
lui  fût  proposée  par  écrit  avant  d'y 
répondre  ?  Une  chose  encore  bien 
digne  de  remarque,  c'est  que  ce  sa- 
vant illustre  qui  avait  approfondi 
toutes  les  parties  d'une  science 
aussi  vaste  que  les  mathématiques, 
et  qui  possédait  une  foule  d'autres 
connaissances,  n'était  cependant 
doué  que  d'une  très-faible  mé- 
moire. Celle  des  mots  surtout  lui 
manquait  entièrement;  c'est  peut- 
être  pour  cette  raison  que,daas  ses 
études,  il  s'attachait  toujours  à  un 
auteur  favori.  «  Je  n'étudiais  ja- 
»mais,  disait-ii,    dans   le  même 


LAG 

»  temps  qu'un  seul  ouvrage;  mai» 
»s'il  était  bon,  je  le  lisais  jusqu'à} 
»  la  fin.  Je  ne  me  hérissais  point 
»  d'abord  contre  les  difficultés^- 
«  mais  je  les  laissais  pour  y  reve- 
»  nir  ensuite  âo  fois  s'il  le  fallait; 
»si  après  tous  ces  efibrts  je. ne 
»  comprenais  pas  bien,  je  cherchai» 
»  commentun  autre  géomètre  avait 
»traité  ce  point-là.  Ja  ne  quittais 
»  point  le  livre  que  j5vais  choisi^ 
'»sans  le  savoir;  et  je  passais  tout 
»  ce  que  je  savais  bien  quand  je  le 
«rencontrais  de  nouveau.  En  étu- 
ndiant  un  auteur,  disait  encore 
»  Lagrange,  j'en  faisais  ordinaî- 
A  rement  le  résumé;  mais  mon  tra-. 
»  vail  fini ,  jamais  je  ne  relisais  ce. 
•  que  j'avais  écrit,  tf  Cet  homme 
qui  savait  si  bien  se  diriger «dai» 
ses  études,  n'aimait  pas  à  dirî-. 
ger  celles  des  autres;  et  ce  qui  est. 
étrange,  c'est  que  les  mathéma- 
tiques n'étaient  point  >  la  partie 
dont  il  conseillait  l'étude.  Un  jeu- 
ne honame  venant  un  jour  lui 
communiquer  le, désir  qu'il  avait 
de  se  livrer  à  cette  science  :  Avez- 
vous  de  la  fortune?  lui  demande 
le  géomètre.  —  Non,  monsieur. — 
c(  Tant  pis ,  tant  pis  :  le  défaut 
»  de  fortune,  et  de  l'existence 
«qu'elle  donne  dans  le  monde, 
»est  un  aiguillon  constant  que 
»  l'on  ne  peut  remplacer,  et  sans 
«lequel  on  n'apporte  point  à  des 
»  travaux  aussi  pénibles ,  toufe  la 
»  suite  nécessaire.»  Aussi  Lagrange 
disait-il  :  «  Si  j'avais  eu  de  la  fortu- 
»ne,  je  n'aurais  probablement  pas 
tffaît  mon  état  des  mathématl- 
»ques.  »Cet  état  pourtant  le  con- 
duisit au  faite  des  honneurs  et  de 
la  gloire.  A  la  création  de  l'insti- 
tut national,  il  fut  le  .premier  ins-. 
criLpour  faire  partie  de  ce. corps. 


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LAG 

Ainsi  que  da  bureau  des  longitu- 
des que  l'on  venait  de  créer.  Le 
Piémont  passa  à  cette  époque  sous 
l'influence  du  gouYemement  fran- 
çais. Comme  le  père  de  Lagran- 
ge  existait  encore ,  M.  de  Talley- 
rand,  ministre  des  relations- exté- 
rieures ,  écrivit  à  M.  d'Eymar, 
commissaire  civH  du  directoire- 
exécutif  de  Fiance  à  Turin  :  «Vous 
»irez  chez  le  vénérable  père  de 
^nihistre  Lagrange,  et  vous, lui 
«direz  que  dans  les  éyénemens 
»qui  viennent  de  se  passer,  les 
«premiers  regards  du  gouverne- 
9  ment  français  se  sont  tournés 
»  vers  lui ,  et  qu'il  vous  a  chargé 
»  de  lui  porter  le  témoignage  du 
»  vif  intérêt  qu'il  lui  inspire,  etc.» 
M.  d'Eymar,  accompagné  des  gé- 
néraux de  la  république  et  de  plu- 
sieurs citoyens  distingués  de  Fran- 
ce et  du  P4émont,se  rendit,  aussi- 
tôt la  réception  de  cette  dépêche, 
ôhez  le  père  de  Lagrange ,  et  lui 
donna  connaissance  de  sa  mission. 
«  Heureux  père ,  ajouta  le  com- 
«missaire  du  directoire,  jouissez 
xtfle  la  reconnaissance  de  tous  les 
»  amis  de  la  vérité;  je  suis  dans  ce 
»  moment  leur  interprète.  Jouissez 
«du  bonheur  d'avoir  donné  le  jour 
»  à  un  homme  qui  honore  l'espèce 
»  humaine  par  son  génie,  que  le 
»  Piémont  s'enorgueillit  d'avoir 
«vu  naître,  et  que  la  France  est 
»  glorieuse  de  compter  parmi  ses 
«citoyens.  »  Ce  bon  vieillard,  âgé**^ 
alors  de  90  ans,  répondit:»  Ce 
«jour  est  le  plus  heureux  de  ma 
it  vie ,  et  c^st  à  mon  fils  que  je  le 
«dois.  Témoignez  au  gouverne- 
»ment  français  toute  ma  recon- 
«  naissance.  Et  mon  fils!  il  y  a  32 
«ans  que  je  ne  l'ai  vu.'...!  »  Le 
vainqueur  de  l'Italie,  général,  pre- 


LAG 


5i5 


mier  copsul  ou  empereur,  eut 
toujours  pour  Lagrange  la  plus^ 
profonde  admiration.  Lorsque  par 
son  seul  mérite  il  fut  admis  à 
l'institut,  c'était  près  çlé  Lagrange 
qu'il  allait  se  placer,  et  sa  joie  la 
plus  vive  était  lorsque  par  quel- 
ques-unes de  ses  questions  impré- 
vues, \\  parvenait  à  l'embarrasser 
quelques  instans.  Interprète  de  la 
reconnaissance  nationale,  il  le 
combla  de  faveurs,  et  le  nomma 
successivement  membre  du  eénat, 
grand -officier  de  la  légion-d'hon- 
neur, comte  de  l'empire,  grand' 
croix  de  l'ordre  delà  Réunion,etc. 
Épuisé  par  ses  longs  travaux , 
plus  encore  qu'accablé  par  les  an- 
nées, Lagrange  succomba  à  une 
maladie  de  quelques  jours,  le  10 
avrili8i5,dansla  76' année  de  son 
âge.  Ses  restes  furent  solennelle- 
ment portés  au  Panthéon,  où 
Mm.  de  Lacepède  et  de  Laplace 
prononcèrent  chacun  un  ^discours 
funèbre.  Le  genre  de  cet  ouvrage, 
les  bornes  imposées  aux  notices 
ne  nous  permettent  pas  de  don- 
ner une  histoire  complète  de  la 
vie  d'tin  aussi  grand  géomètre. 
Elle  est  toute  dans  ses  travaux; 
mais  on  consultera  avec  fruit,  sut* 
ce  sujet,  l'excellent  ELo^e  de  La- 
grange, par  feu  Delambre,  et  par- 
mi plusieurs  productions  très-dis- 
tinguées, une  notice  dans  le  Jour-^ 
nul  de  l  Empire,  du  28  avrili8i5, 
une  Lettre  dans  le  Moniteur  du  26 
février  1814?  et  V Eloge  de  La- 
grange^ par  Cossali,  en  italien, 
Padoue,  i8i3.  MM.  Virey  et  Po- 
tel  ont  aussi  donné  un  F'réeis  his- 
torique sur  la  vie  et  la  mort  de  La- 
grange ^  in-4",  Paris,  i8i5.  La- 
grange a  publié  M**  Additions  à 
t algèbre  d'Euler,  dans  l'édition 


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Si4  LAG 

de  cet  ouvrage  imprloié  &  Lyoa 
•a  1774»  «  ▼<>*•  in -4%  <5t  rèlaifM'i- 
mé  eo  1796.  Ces  AdditioM  occu* 
pent  plus  de  3ao  page^  du  secood 
Tolume.  a*  Mécanique  analytique^ 
kl- 4%  Parîft,  1787.  Uiie  a*  édition 
parut^  savoir: le  1*'  vol.  en  181 19 
et  le  a*  après  la  mort  de  Tau- 
tour,  en  t8t5»  par  les  «01113  de 
MM.  de  Prooy  t  Garaîer  et  J.  H'h^ 
nfet.  3"  Théerie  des  fonctions  ana^ 
fytiques,  Paris,  au  5  (i797),in-4*; 
a*  édition,  i8i3,  Paris^  in -4'*;  4" 
Résolution'^  des  éqwiiions  numéri- 
qwsj  Pari»,  ia-4%  aa  6  (1798), 
nouvelle  édition,  Paris,  1808,  in- 
4*;  5"  Leçons  sur  le  calcul  des  font- 
lions ^  plusieurs  éditions;  la  plus 
e»tîmjée  eat  de  18069  Paris,  1  voL 
in-S";  6"  Leçons  d^arithmétiqus 
et  d'algèhre  données  à  t école  Nor- 
maie.  Elles  ont  été  publiées  dans 
différentes  collections,  notamiment 
dans  le  Journal  de  l'école  Poly- 
teehniqne^  oahîecs  7  et  S.  7*  Essai 
d'aritJimétique  politéfuCf  imprimé 
dans  la  collection  de  M.  Rœderer, 
an  4  ('  796);  8*  un  nombre  consi- 
dérable deMémoires,  cpie  Ton  porte 
à  plus  de  cent,et  qui  sont  imprimés 
dans  les  recueils  des  académies  de 
Turin,  de  Berlin  et  de  Paris,  et 
dans  difieren tes  autres  collections. 
9*"  Enfin  différeuB  manuscrits  que 
M.  Carnot«  étant  ministre  de  Tin* 
térieur  en  i8i5,  fit  acquérir  par 
le  gouvernement.  Soumis  à  Texa- 
tnen  d'une  commission  àe  Taca- 
demie  des  sciences ,  ce$  papiers 
4>nt  été  en  partie  destinés  à  être 
imprimés;  les  aiUres  sont  déposés 
à  la  bibliothèque  du  même  corps. 
Lagrange,  ainsi  qu'on  l'a  vu  pré^ 
cèdemment,  avait  un  esprit  fort 
original.  Il  réglait  chaque  jour  son 
itavail  pour  1^  lende«iain«£'#tfjpr^ 


LAG 

est  pareiseupç^  ^djsait-il;  il  faut  I0 
tenir  en  haleine  pour  prévenir  sa 
lâcheté  naturelle^  et  en  développer 
habituellement  les  forces  pour  /r« 
trowDer  prêtes  au  besoin.  Son  ad- 
miration pour  d'Aiembert,  Ëuler 
et  Newton  était  sans  lM)rnes.  Elw^ 
diez  Euler  si  vous  voulez  être  ^éû^ 
métre^  disait-il  à  ceux,  qui  lui  de- 
mandaient des  conseils,  et  travaU" 
lez  à  résoudre  vous-mêmes  les  queS' 
lions  qu'il  se  propose.  U  disait  à 
un  de  ses  confrères  de  racadémie, 
qui  paraissait  surpris  qu'une  opi- 
nion toursÀ-tour  adoptée  et  re  jetée, 
ad^iiie  et  modifié  par  les  savans» 
fût  devenue  un  préjugé  populai* 
re;  £A  quod  cela  vous  étonne?  ae-  ^ 
pendant  il  en  arrive  toujours  ainsi;  . 
les  préjugés  ne  sont  que  la  défro-' 
que  des  gens  d'esprit  qui  habille  la 
coHaille.  Ami  des  jeunes  gens  et 
des  &mmes,ilse  plaisait  dans^leur 
société.  Les  femmes  mêmes  1m 
plus  âgées  lui  ofEraieut  quelque 
chose  de  délicat ,  de  touchant,  de 
naïf  dont  il  était,  chartué.  Est-ce 
que  vous  avez  vu  des  femmes  do 
do  ans?  dirait-il  un  jour  dans  ui\e 
société  où  Ton  parlait  des  femmes 
de  cet  âge  :  Pour  maijs  iCon  ai  ja- 
mais rencontré,  La  musique  Its 
plongeait  dans  une  douce  rêverie* 
Mais  le  spectacle  était'ioîn  de  lui 
causer  le  même  plaisir.  On  l'a  vul 
quelquefois  en  sortir  sans  pouvoir 
se  rendre  compte  de  la  pièce  qu'on 
y  avait  représentée.  Ce  ^vant^ 
persuadé  que  les  produits  de  l'es- 
prit ont  seuls  droit  au  «sourenir 
île  la  pastérité,  ne  voulut  jamais 
3e  laisser  peindre.  Son  buste  a  été 
fait  après  sa  mort.  Il  est  placé 
dans  la  salle  des  séances  de  là 
chambre  des  pairs»  Le  trait  que 
ju>us  dppnnns   est  d*apjnèa  «ne 


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Google 


LAG  p 

nH/èdaille  <le  la  bibliothèque  du^lel. 
LAGRANÇE  (le  COMTE  Josepb), 
lieutenant-général,  grand-oilicier 
de  la  légion  d'bonneur«  né  le  lo 
janvier  1761,  à  Auch,  chef-lieu  du 
département  du  Gers.  Il  fit  lea 
premières  campagnes  delarévo* 
iution,  et  avait  déjà,  par  sa  bonne'^ 
conduite,'obtenu  le  grade  de  gé- 
néral de  brigade  lorsqu'il  accom» 
pagna  le  général  Bonaparte  en  É- 
gypte.  Au  retour  de  cette  expédi- 
tion 9  on  lui  donna  Pinspection-gé* 
nérale  de.  la  gendarmerie.  Le  38 
■septembre  1800,  il  fut  promu  au 
grade  de  général  de  division;  le 
commandement  de  la  14**  divi- 
sion militaire,  à  Caen,  lui  futcoo- 
fié,  en  1801.  Le  14  juin  1804^  il 
reçut  le  brevet  de  grand-officier 
de  la  légion -d'honneur  9  et  en 
1805,11  fut  chargé  du  commande- 
ment en  chef  de  l'expédition  en- 
voyée pour  secourir  Saint-Domin- 
gue qiie  les  Noirs  tenaient  assiégé. 
La  fljotte  était  commandée  par  l'a- 
miral Missiessy,  et  cette  expédi- 
tion revînt  en  France  après  avoir 
iait  éprouver  des  pertes  aux  An- 
glais et  chargée  des  dépouilles  de 
l'ennemi.  Le  général  Lagrange,  à 
^  son  retour,  commanda  pendant 
l'hiver  de  1806,  après  le  traité  de 
Presbourg,  une  division  de  l'ar- 
mée cantonnée  en  Hollande.  Il  fit, 
dans  la  même  année,  la  campagne 
contre  les  Prussiens,  et  lorsque 
les  troupes  françaises  eurent  oc- 
cupé la  Hesse,  il  fut  appelé  au 
commandement  général  de  ce 
pays.  Lorsque  Napoléon  eut  nom- 
mé son  frère,  Jérôme,  roi  de  Wert- 
phalie,  le  général  Lagrange  passa 
au  service  de  ce  prince,  qui  le  fit 
bientôt  son  ministre  de  la  guerre 
et  son  chef  d'état-majoi*.  En  18089 


LAG 


.3iS 


il  '  passa  à  l'armée  d'Espagne^  se 
distingua,  le  18  novembre,  ù  l'at- 
taque de  Oascarte,  et  poursuivit 
les  ennemis  jusqu'à  Tarracina* 
Rappelé  en  France,  il  fut,  l'année 
suivante,  mis  à  la  tête  des  troupes 
alliées  eu  grand-duché  de  Bade^  - 
et  commanda  dans  la  Haute-Soua* 
be.  Pendant  la  guerre  de  Ru«sle, 
il  commanda  une  division  du  9"* 
corps,  sous  les  ordres  du  maréchal 
duc  de  Bellune.  Le  général  La- 
grange se  signala  encore ,  j^ar  la 
plus  haute  valeur,  pendant  la  cara- 
pagne  de.  18 149  en  France»  etpar- 
culièrement  au  combat  de  Champ- 
Aubert,  où  il  fut  blessé  à  la  tête. 
Après  la  première  restauration, 
,il  se  retira  près  de  Gisors,  dans 
la  terre  de  Dangut,  faisant  par- 
tie des  domaines  de  sa  femme. 
En  1817,  le  roi  l'a  nommé  prési- 
dent du  collège  éledoral  du  Gers. 
Par  l!ordonnance  royale  du  aa 
juillet  18  e  8,  il  fut  compris,  en 
qualité  d 'inspecteur-général  de  la 
gendarmerie  royale,  dans  le  cadre 
d'organisation  de  l'état-maj or-gé- 
néral de  l'armée.  Le  comte  de  La- 
grange était  l'un  des  amis  les  plus 
intimes  du  maréchal  liannes,  duc 
de  Monlebello,  tué  à  la  bataille 
d'Essling.  lia  épeusé,  en  i8oa, 
M"*  dé  Talhouet  d'une  ancienne 
famille  de  Bretagne.  ( 

LAGRANGE  (le  aubqvis  Fean- 
ço<s  -  Adélaïde  -  BI.AISB  u  LiIiveb 
de),  lieutenant- général,  né  en 
176Ô,  embrassa  fort  jeune  l'état 
militaire.  Il  se  prononça  en  1789 
pour  les  principes  de  là  révolu- 
tion, et  fit  les  premières  campa- 
gnes contre  les  coalisés;  mais  son 
avancement  ne  devint. rapide  que 
sous  le  gouvernement  impérial  » 
auquel  il  se  dévoua.  Napoléon 


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>i6 


LA6, 


le  nomma  lîetiteoant  -  général , 
grand-officier  de  la  légion-d'hon- 
neur,  et  lui  donna,  en  1812,  le 
Cf>ramandement  d'un  des  quatre 
régiments  des  gardes  d'honneur. 
Après  le  retour  des  Bourbons  9  en 

s  1814,  il  obtînt  du  roi  la  place  de 
capitaine-lieutenant  des  mousque- 
taires noirs,  que  son  père  avait 
anciennement  occupée.  Au  90  mars 
181 5,  il  fut  accusé  trop  légère- 
ment, sans  doute\  d'avoir  licencié 

xà  fiéfhuAe  la  maison  du  roi,  sans 
en  avoirypréalàblement  reçu  l'or- 
dre. On  ajoutait  que  plusieurs 
officiers  dés  dîflTérens  corps  qui 
composaient  cette  maison  avaient 
été  engagés  par  lui  à  retourner  à 
Paris,  pour  s'y  réunir  sous  les  dra- 
peaux de  Napoléon.  Ces  accusa- 
tions, imprudemment  répétées, 
donnèrent  lieu  à  une  scène  violen- 
ta, dont  le  marquis  de  Lagrange 
faillit  devenir  la  victime.  Il  se  ren- 
dit ÙL  Arnou ville,  après  le  second 
retour  du  roi,  pour  y  reprendre 
son  service ,  lorsqu'il  fut  assailli 
par  une  foule  de  jeunes  militaires. 
Il  rend  compte  lui-même  de  cet 
événement  dans  un  mémoire  qu'il 
adressa  au  roi ,  pour  lui  deman- 
"der  justice  des  insultes  qu'il  avait 
reçues.»  J'étail  seul,  dit-il,  dans 
«une  voiture  de  voyage,  conduit 
»par  des  dhevaux  de  poste.  Mon 
»  habillement  était  le  petit  unifor- 
)>me  de  lieutenant-général.  J'avais 
«l'épée  au  côté,  les  décorations 
»  du  lis,  de  la  légion -d'honneur  et 
»du  Mérite-militdrre  de  Bavière; 
»mon  cordon-rouge  m'était  pas 
»  apparent.  Au  moment  où  je  des- 
wcendis  de  ma  voiture,  je  deman- 
))dai  à  des  gardes-du-corps  de  Vo- 
wtre  Majesté  si  le  ch^eau  où  j'ar- 
»  rivais  était  celui  qu'elle  habitait 


lAG 

'  »  en  ce  moment.  On  ne  me  répon- 
Ddîl  qu'en  m'envirunnant  et  en 
»  m'assaillant  de  toutes  parts.  Plu- 
)>sieuri^  mains  se  porfèrefit  à  la  fois 
»sur  mon  épée;  on  l'arracha  de 
»mon  côté  :  outrage  que  j'étais 
«hors  d'état  de  prévenir,  n'ayant 
«qu'un  bras  (M.  de  Lagrange  a 
«perdu  l'autre  à  l'armée).  Je  fus 
«heurté  vivement.  Je  ne  sais  pas 
»  bien  quelles  autres  armes  que  des 
«baïonnettes  y  furent  employées; 
»  mais  je  suis  certain  qu'on  dirigea 
»  des^baïonneftes,  et  plusieurs  fois, 
'?>  contre  ma  tête  et  contre  ma  poi- 
«trine.  Des  militaires  se  portèrent 
»  à  cet  excès  d'égarement  et  de  fu- 
«reur  contre  un  officier-général. 
«Je  ne  distinguai  pas  l'uniforme; 
»  le  foud  cependant  en  était  bleu  , 
«et  je  vis  des  collets  rouges.  Je 
«voulus  parler  et  demander  la 
»  cause  de  ceà  violences  que  je  ne 
«pouvais  comprendre;  on  nie  cria 
«que  j'étais  un  traître,  que  je  ser- 
«  vais  Bonaparte,  et  que  je  venais 
«de  Paris.  Mon  habit  fut  mis  en 
«pièces;  on  prit  sur  moi,  mon  lis^ 
«  mes  croix,  mes  épaulettes,  mon 
«  chapeau  et  mon  épée.  Je  me  ré- 
«fugiai  dans  une  maison  où  M.  le 
»  duc  de  Feltre ,  alors  ministre  de 
«la  guerre,  prit  la  peine  de  venir 
»  me  trouver,  et  me  fit  rendre  mon 
«épée.  Le  sentiment  profond  des 
«outrages  que  je  venais  de  rece- 
«  voir,  et  surtout  de  leur  affreuse 
«injustice,  ne  me  permit  de  lui 
«dir^B  que  quelques  mots  pour  de- 
•  mander  justice  d'un  attentat  sans 
»  exemple ,  assurément ,  dans  au- 
«cune  des  armées  de  l'Europe;  il 
»  voulut  bien  me  la  promettre  et 
«m'envoyer  deux  officiers  pour 
«ma  surêté.«  Les  plaintes  de  M. 
de  Lagrange  furent  entendues,  son 


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LAG 

commandement  des  mou^quetai-- 
res  noirs  lui  fut  restitué ,  et  on  y 
ajouta  le  gouvernement  de  la  ao"* 
division  militaire,  par  ordonnance 
du  y  septembre  181 5.  Après  le  li- 
cenciement des  mousquetaires,  le. 
corps  qu'il  avait  commandé,  vou- 
lant lui  témoigner  ses  regrets  et  son 
estime,  l'invita  à  un  banquet,  et  lui 
fit  hommage  d'une  épée.  Deux  frè- 
res de  M.  de  Lagrange ,.  Charles 
et  Auguste,  ont  servi  avec  distinc- 
tion dans  les  armées  françaises , 
et  fait  toutes  les  campagnes  d'Al- 
lemagne et  de  Russie.  Leur  con- 
duite politique  et  militaire  a  été 
constamment  des  plus  honorables. 
LAGRANGE,  député  au  conseil 
des  anciens,  était  homme  de  loi  à 
Leictoure  avant  la  révolution.  Il 
fut  nommé,  en  1791,  par  le  dé- 
partement du  Gers,  député  sup- 
pléant à  l'assemblée  législative, 
où  il  ne  parut  point,  la  suppléan- 
ce n'ayant  pas  eu  lieu.  En  1797, 
le  déparlement  de  Lot-et-Garon- 
ne le  nomma  au  conseil  des  an- 
ciens, d'où  il  passa  en  1799  au 
corps -législatif,  où  il  siégea  jus- 
qu'en i8o4* 

.  LAGRAVE  (madame  de),  l'une 
de  nos  romancières  les  plus  fécoa- 
des ,  mais  non  des  plus  célèbres , 
et  qu'à  son  long  silence  on  pour- 
rait supposer  n'exister  plus.  Cette 
dame  n'a  rien  mis  au  jour  depuis 
environ  18  ans.  Elle  avait  publié  : 
1*  Sophie  de  Beauregard^  ou  le' 
véritable  amour,  1798,  1  vol.  in- 
12;  a"  Zabethy  ou  la  victime  de 
l'ambition,  1798,  a  vol.  in- 12;  3* 
Minuit,  ou  les  Aventures  de  Paul 
de  Mirabon,  1798,  1  vol.  in- 12; 
4°  le  Château  d* Alvarino,  ou\les 
Effets  de  la  vengeance,  1799, 2  ^^^* 
ifl-12;  5'*  IH,Ménard,  oui' Homme 


LAG 


317 


comme  il  y  en  a  peu,  180;»,  3  vol. 
in- 12;  6**  la  Chaumière  incendiée, 
1802,  2  voL  in-i2;,7°  Juliette 
Bel  four,  ou  les^Talens  récompen- 
sés, nouvelle. anglaise  dédiée  aux 
jeunes .  personnes  ,  i8o3  ,  i  vol. 
in-ri2;  8"  Hector  de.Romagny,  ou 
l'Erreur  d'urie  bonne  mère,  .i^o'b, 
2  voL  in- 12;  9*  Paulina,  1804,  2 
voL  in- 12;  10"  la  Méprise  du  co- 
che ,  ou  à  quelque  chose  m,alheur 
est  bon,  avoL  in-12,  i8o5. 

LAGRENÉE  (Louis  Jean-Fran- 
çois) ,  peintre  d'histoir e^,  membre 
de  la  légion-d'honneur,  profes- 
seur-recteur de  l'école  des  beaux-: 
arts,  et  conservateur  du  Musée, 
naquit  à  Paris  le  3o  décembre 
1724.  Il  montra  de  très-bonne 
heure  un  goût  prononcé  pour  leé 
beaux-arts ,  et  fut  un  des  élèves 
les  plus  distingues  de  Carie  Van- 
loo,  l'un  des  chefs  de  l'école  fran- 
çaise ,  à  une  époque ,  il  est  vraj , 
où  cette  école ,  illustrée  par  Le 
Poussin  et  Lcsueur,  avait  beau- 
coup perdu  de  sa  célébrité.  La 
carriière  de  Lagrenée  fut  heureu- 
se ;  et  sans  avoir  rendu  à  son  art 
des  services  du  premier  ordre,  il 
obtint  dans  sa  jeunesse  des  encou-r 
ragemens  ,  et  dans  l'âge  mûr  de 
flatteuses  réconipenses.  On  le  voit 
avec  intérêt,  dès  son  début,  rem- 
porter le  grand  prix  de  l'académie, 
par  son  tableau  de  Joseph  expli- 
quant les  songes.  Le  triomphe  du 
jeune  lauréat  lui  procura  de  plus 
l'avantage  d'aller  puiser  de  nou- 
velles inspirations  sous  le  beau  ciel 
de  l'Italie  ,  et  d'étudier  les  chefs^ 
d'œuvre  de  l'antiquité.  Pension* 
naire  de  l'académie  à  Rome ,  il  y 
améliora  son  colpris ,  et  y  devint^ 
habile  dessinateur.  A  son  retour  à 
Paris,  en  1753^  il  eut  l'honneur 


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r 


3i» 


LàG 


d'être  agrégé  &  Tacadéniie,  dont 
il  ftt  paftte  comme  membre  titu** 
laire  a  ans  après.  Aujourd'hui  en- 
core 9  après  deux  tiers  de  siècle, 
ea^  présence  des  chefs-d'œuvre  de 
David  9  le  restaurateur  de  Tart  en 
France,  et  le  dbef  vivant  de  notre 
èeole^  devenue  européenne,  on 
nli^uve  avec  plaisir,  dans  une 
saUe  du  palais  des  beaux<*arts  ,  le 
tftbleatt  de  VEnièvtment  de  D^Jm-^ 
nire  fuar  U  centaure  Nessus,  qui 
valut  à  Lagrenée  le  titre  d'acadé- 
micien. Quelques  autres  compost- 
lions,  notamment  deux  aUégories 
destinées  au  château  de  Choi&j, 
et  qui ,  après  en  avoir  fait  renie- 
ment, passèrent,  dans  le  cours  de 
la  révolution,  au  musée  français  de 
Versailles,  portèrent  sa  réputation 
jusque  chez  l'étranger.  L'impéra- 
trice Elisabeth  Petrowna  lui  -fit 
témoigner  le  désir  de  le  voir  à  la 
cour  de  Russie.  11  accepta  les  pn>> 
positions  avantageuses  qui  lui  IW 
rent  faite»,  et  se  rendit  à  Saint-* 
Pétersbourg ,  oà  il  devint  diree-^ 
teur  de  l'académie  de  peinture*, 
et  premier  peintre  de  l'impétatrî* 
ce.  Mais  les  honneurs  étrangers  ne 
dédommagent  pas  long-^temps  l'ar- 
tiste  français  de  son  absence  de  la 
patrie.  11  se  bâta  de  terminer  dif- 
i'érens  ouvragies  qui  devaient  orner 
les  palais  impériaux ,  et  il  revint 
ÙL  Paris ,  où  Vièn ,  alors  chef  de 
l'écok  française  ,  et  son  illustre 
élève. David,  venaient,  par  leurs 
talens  et  leur  exemple,  de  rame-» 
ner  les  artistes  ù  l'étude  de  la  na- 
ture ,  et  de  ses  plus  heureux  imi^ 
tateurs,  les  Grecs  et  les  Romains. 
Le  roi  nomma,  en  1781,  Lagrenée 
•directeur  de  l'école  française  à 
Rome  , .  où  il  retourna ,  et  où.  il 
«composa,  £Dtre  autres   tableaux 


LAG 

d'histoire,  sa  production  oapitale,' 
la  Veuve  du.  Malabar  se  sacrifiant 
sur  le  bûcher  de  son  époux.  J\  re- 
çut de  la  munificence  royale  une 
pension  de  a,4oo  fr.;  mais  à  la  ré« 
volution ,  cette  pension  et  le  fruit 
de  ses  économies  dt^àif  urent  pres- 
que en  totalité.  Déjà  avancé  en 
âge ,  il  ne  pouvait  plue  réparer 
ces  pertes  par  le  travail.  Heureu-* 
sèment ,  la  proscription  de  1 795 
ne  l'atteignit  point ,  et  sa  famille, 
par  ses  soins  et  ses  secours,  adou- 
cit les  rigueurs  de  sa  position.  Na- 
poléon le  nomma,  en  juillet'i8Q49 
membre  de  la  légîon-^'honneur. 
Il  était  professeur-recteur  de  Té'* 
cole  spéciale  des-beauX'-arts,  con- 
servateur et  administrateur  hono« 
raire  du  musée  du  Louvre,  lors>- 
qu'il  mourut,  à  l'âge  de  81  ans,  le 
19  juin  i8o5.  Lagrenée  n'a  point 
connu  le  beau  idéal ,  et  son  pin- 
ceau manque  de  rigueur  et  de 
grandiose;  mais  ces  défauts  à  part, 
on  accorde  à  cet  artiste  un  talent 
réel  poui^  les  tableaux  de  cheva- 
let. Il  savait  donner  à  ses  ligures 
de  femme  un  air  de  volupté ,  une 
expression  si  naïve,  que  Fran|tiin 
le  surnomma  ï^jéfbane  français. 
Les  ouvrages  de  Lagrenée  sont 
encore  recherchés  par  les  ama- 
teurs ,  et  il  est  peu  de  cabinets  de 
tableaux  qui  ne  soient  enrichis  de 
quelques-unes  de  ses  composi- 
tions, lia  fait  pour  le  roi  un  grand 
nombre  d'ouvrages  que  l'on  re<^ 
trouve  aux  Gobelins,  à  Versailles 
et  à  l'académie.  Un  nombre  non 
moins  considérable  de  ses  compo- 
sitions e»ste  à  l'étranger  et  en 
France.  Elles,  sont  réparties  à 
SaÎRt-Pétersbourg  ,  à  Vienne  ,  à  ^ 
Londres  et  à  Patis.  On  cite  plus 
paiiiculièren)ent  :    a**  Alexmàrê 


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LAG 

eons^lémt  la  familh  de  Darius; 
9^  ie  Sacrifice  de  Polixène;  3*  U 
Ckexmtiêr  danois;  4*  ^^  ^^^''^  ^^ 
dauphin;  5"  la  T^s  ds  Pompés 
présentés  <l  César;  6*  la  ehasie  Su^ 
tanne;  7*  Us  Grêcss  luiinant  les 
^iffoorf.*  cette  compMÎtion  lurmè^ 
ritâ  les  éloges  de  Franklin,  et  ie 
sornom  de  VJlbane  frmkçais;  8* 
Joseph;  9*  /«  Poésie  ei  la  Philoso- 
phie; lo**  C^^  enseignant  l'agri^^ 
culture;  1 1  •  /a  Vierge  aux  ange$; 
la*  /«  i^ei»  tf/0  t enfant  Jésus;  x^" 
l'Entretus  ds  Saint- Louis  et  du 
papa  Innocent  IV;  i4'*  la  Déses- 
poir d*jérmide;  i5*  Apollon  et  la 
Sièylle;  i6' Popilius;  17"  les  Pré- 
paratifs 'du  combat  de  Paris  et  de 
Ménélas;  tS'  Marcsllus;  itf  Sara 
et  Àf(ar,  femmes  d* Abraham,  etc* 
La  plapart  de  ses  tableaux  ont  été 
reproduits  par  la  gravure.  Lagre* 
née  a  laissé  un  âls  qiii  cultive  la 
peinture  av<»c  succès.  Il  est  ac- 
tuellement  (  i8a5  )  à  Saint-Pé- 
tersbourg. 

LAGRË VOL  (  Jbàv  -  Baptiste  )  ^ 
membre  de  rassemblée  législatif 
▼e  9  et  juge  à  Yssangeaux,  dépar* 
tement  de  la  Haute- Loire,  exer* 
çaitdans  cette  ville,  à  l'époque  de 
hi  révolution,  la  profession  d'hom* 
me  de  loi.  Il  fut  nommé,  en  1790, 
juge  au  tribunal  civil,  et  en  sep- 
tembre 1791 9  député  à  l'assem- 
blée législative  par  le  départe- 
ment de  la  Haute- Loire.  Il  se 
montra  partisan  des  principes  de 
la  révolution,  mais  sans  s'écar- 
ter de  ceux  de  la  modération.  Il 
défendit  le  ministre  Bertrand  de 
Molleville,  accusé  par  la  société 
des  Jacobins,  11  vota  pour  les 
lois  rendues  par  l'assemblée  con* 
tre  les  émigrés  et  les  prêtres  ré- 
firactaires;  fut  Dommi^^  le  6  avril 


LAG 


319 


1 79a  9  secrétaire  de  l'hsiiemblée  , 
et  fit  décréter  qu'à  l'avenir  les  ar» 
chives  de  l'état *oivil  seratoal  Goa<- 
fiées  aux  officiers  rniHÛeipaux.  Bn 
1 795,  il  fut  envoyé,  en  qualité  de 
commissaire  du  pouTotr  exécistî^ 
dans  les  pays  que  la  PraRce  aivait 
déjà  soumis  par  ses  armes.  £n 
1800,  il  fut  de  nouvea4i  nommé 
juge  à  ¥ssangeattx  ;  il  en  remplit 
les  fonctions  pendant  pliisteuis  an- 
nées, et  n'a  plus  reparu  depuis  sur 
la  scène  politique.  *• 

LAGLErr E-  MO&NAY  (  N.  ),  , 
membre  de  la  chambre  des  repré^ 
sentans,  né  d'une  famille  ancien* 
ne,  à  Nantua,^ département  d* 
TAin  \  embrassa  la  protession  des 
armes  à  la  suite  d'excellentes  étu* 
des,  terminées  à  l'école  Poly* 
technique.  Après  avoir  perdu  un 
bras  en  combattant  les  ennemis 
de  la  France,  à  la  suite  de  plusieurs 
campagnes  dans  lesquelles  il  s'é- 
tait toujours  distingué,  il  obtint  sa 
retraite.  M.  Laguette-Udornay  vi- 
vait paisiblement  au  sein  de  se» 
foyers,  lorsque,  dans  les  cent  jours 
en  i8t5,  ses  compatriotes  le  nom-^ 
mèrent  membre  de  l'assemblée  des 
representans.  Il  s'y  conduisit  d^ 
manière  à  justifier  la  confiance 
des  citoyens  qui  l'avaient  élu.  Il 
détendit  constamment  les  princi^ 
pes  d'une  liberté  fondée  sur  le  res* 
pect  des  lois.  Ses  collègues,  dans 
les  derniers  jours  ,  le  nommèrent 
l'un  des  commissaires  chargés  de 
se  rendre  près  de  l'armée,  eampéft 
sons  les  murs  de  Paris.  La  pré^enr 
ce  et  les  exhortations  d'un  brave 
mutilé  au  service  de  la  patrie,  pro- 
duisirent sur  les  vètérausde  la  gloi<- 
reun  enthousiasinediûicile  à  décri- 
re. Chacun  de  ces  vieux  sroldatsV 
«'écoutant  que  son  courage ,  ejûit 


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520 


LAG 


voulu  recevoir  l'ordre  de  charger 
sur-le-champ  renneoii.  M.  Laguet-? 
te-Mornay ,  invité  9  ainsi  que  les 
autres  coofimissaires ,  à  la  réunion 
qui  eut  lieu  chez  le  prince  d'£ck» 
tnuhl  (maréchal  Qavoust) ,  au 
quartier -général  de  la  Yillette, 
eut  avec  le  baron  de  YitroHes  une 
altercation  fort  vive  relativement 
à  quelques  principes.  11  ne  fut  pas 
porté  cependant  sur  la  liste  de 
proscription  où  plusieurs  de  ses 
coUëgues  furent  inscrits.  Aprèd 
le  rétablissement  du  gouverne- 
ment royal,  M.  Laguette-Momaj 
se  retirade  nouveau  au  sein  de  sa 
famille. 

•  LAGUIRE  (N.)i  juge -de -paix 
du  canton  de  Manciet,  et  député 
à  l'assemblée. législative  par  le  dé-  v 
parlement  du  Gers ,  fut,  en  sep- 
tembre 1792,  nommé  à  la  conven- 
tion nationale.  Dans  le  procès  du 
roi,  il  rejeta  l'appel  au  peuple  et  le 
sursis,  et  vota  la  mort.  M.Laguirea 
depuis  totalement  disparu  de  la 
scène  politique. 

LAGUYOMARAIS  (P.  J.  G. 
Lamotte  de)  ,  d'une  ancienne  mai- 
son de  Bretagne,  naquit  à  Lambal- . 
le.  Ennemi  déclaré  de  la  révolu- 
tion, il  fut,  en  1792,  l'un  des  mem- 
bres de  cette  fameuse  confédéra- 
tion bretonne  qui  alluma  la  guerre 
civile  dans  l'Ouest  de  la  France; 
Ce  fur  dans  le  château  de  Lagu  jor 
marais  que  le  chef  La  Rouairie 
se  retira  dans  les  derniers  jours 
de  la  même  année.  Comme  ce 
dernieir  avait  apporté  avec  Jui  des 
papiers  contenant  des  renseigne- 
mens  de  la  plus  haute  importance 
sur  le  plan  des  confédérés,  La- 
guyomarais,  qui  comprit  le  dan- 
ger qu'il  y  aurait  A  les  garder,  se 
huta  de  les  porter  lui«même  en  un 


LAH 

lieu  dit  la  Fosse  Hinguant,  où  il 
les  enterra  dans  un  *bocal  de  ver- 
re. Cette  action,  bien  que  se- 
crète, fut  cependant  connue  de 
l'un,  des  conjurés,  qui  la  dévoila 
à"  Morillou,  agent  du  conseil  exé- 
cutif. Celui-ci  dénonça  Laguyo- 
marais,  qui  fut  arrêté  ainsi  que 
sa  femme,  les  demoiselles  Desil- 
las,  et  plusieurs  autres  personnes 
soupçonnées  d'avoir  des  relations 
avec  lui.  Tous  les  papiers  furent 
saisis,  et  les  accusés,  au  nombre  de 
douKe ,  traduits  au  tribunal  révo- 
lutionnaire, qui  les  condamna  à 
mort,  le  12  avril  1793. 

LAHARPË  (Jean-François  de), 
naquit  à  Paris,  le  20  novembre 
1739*  de  parens  inconnus.  On  lui 
-donne  cependant  des  parens  no- 
bles du  pays  de  Vaud,  et  son  père 
était,  dit-on,  capitaine  d'artillerie 
au  service  de  France.  Laharpe  a- 
.doptaît  volontiers  cette  version, 
et  entre  à  ce  sujet  dans  quelques 
détails,  en  repoussant  (Mercure 
deFrance^  année  1790  j  les  agres- 
sions peu  généreuses  de  l'abbé 
Royou.  Néatlmoins  il  avoue^que, 
orphelin  avant  l'âge  de  9  ans,  «  il 
»fut  nourri  six  mois  par  les  sœurs 
»de  la  Charité  de  la  paroisse  Saint- 
»  André-des-Arts.  »  Étendant  leur 
bienfaisance  au-delà  de  sa  preoiiè* 
re  éducation,  ces  bonnes  sœurs 
lui  acquirent  des  protecteurs  ;  et 
l'abbé  Asselin,  proviseur  du  col- 
lège d'Harcourt,  l'ayant  pris  en  a- 
mitié ,  lui  fît  obtenir  une  bourse 
dans  cet  établissement.  Surpas- 
sant les  espérances  que  l'on  avait 
conçues  de  ses  dispositions,  La- 
harpe remporta  le  prix  d'honneur; 
mais  ce  triomphe  fut  suivi  bientôt 
d'une  humiliation  cruelle.  Accusé 
d'avoir  composé  uœ  satire  contre 


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lome  jo . 


Ta^e  Jzo. 


Qf..J^yLy,.^ 


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LAH 

Tftbbé  A&selin  i  son  protecteur  9  il 
fut  noD*seuleiiient  puni  dans  i*eu-* 
ceinte  de  la  maison  9  mais  dénon- 
cé aulîeutenant-généralde  police, 
M.  de  Sartine.  Ce  mag^istrat  en- 
voya l*écolier  à  Bicêtre»  puis  au 
fort  rÉvêque,  où  il  resta  pi usieurn 
mois  :  procédé  injuste,  en  ce  qu'il 
appliquait  une  peine  civile  à  une 
faute  de  collège,  et  surtout  en  ce 
qu'il  flétrissait  d'une  tache  îneiTa- 
cable  un  coupable  qui  était  encore 
dans  un  âge  envers  lequel  la  loi  se 
montre  indulgente;  elle  ne  dés- 
honore les  hommes  qu'à  Tâge  où 
elle  désespère  de  les  corriger. 
Cette  rigueur  excessive  inspira 
contre  Laharpe  des  prévention;» 
assez  fortes  pour  qu'il  ait  senti  la 
nécessité  de  s'en  expliquer  dans 
l'avertissement  qui  suit  sa  tragédit; 
de  Ti^oléon.  Il  y  dit  :  «  Il  est  bien 
9  vrai  qu'à  l'âge  de  ig  ans ,  )e  fis 
»  très  -  imprudemment  quelques 
»  couplets  contre  des  particuliers 
«du  collège  d'Harcourt,  et  que 
«quelques-uns  de  mes  camarades 
»les  recueillirent,  et  en  ajoutèrent 
»  d'autres;  mais  dans  ces  couplets, 
»  il  n'est  nullement  question  d'au^ 
Dcuu  homme  envers  qui  }'eusse 
»le  moindre  devoir  à  remplir.  » 
£t  il  invoque  à  cet  égard  le  témoin 
gnage  de  l'abbé  Asselin  lui-même. 
Colardcau  avait,  par  son  épître 
d'Héioise  à  Abeilard^  mis  en  gran- 
de réputation  le  geare  de  l'héroii- 
de.  Ce  fut  par  ses  épîtres  de  Mon^ 
tézume  à  Cortès  et  d'ÉlUabeth  à 
don  Certosj  que  Laharpe  débuta, 
en  1769,  dans  la  carrière  des  letr 
très  :  c'était  préluder  à  la  tragé-^ 
die.  Il  fit  précéder  cet  essai  d'une 
dissertation  sur  l'héroïde.  Fréron 
découvrit  dans  le  jeune  poète  et 
dans  le  jeune  dissertateur  un  phi- 


LAH  521 

tosophe  naissant  :  c'en  fut  assez 
pour  le  traiter  avec  sévérité,  et 
pour  blâmer  un  écoli^ci  qui,  d'u- 
tt  ne  main  encore  soumise  à  la  fé- 
>)  rule ,  osait  peser  le  mérite  d'un 
»  poète  tel  qu'Ovide.  »  Le  ton  dé- 
nigrant de  ces  conseils  révolta 
Lahai^pe,  qui,  dès  ce  moment, 
voua  à  î^auteur  de  VJnnée  iiité^ 
raire  une  haine  que  celui-ci  lui 
rendit  bien«  et  qu'il  irrita  encore 
en  donnant  à  son  antagoniste  le 
nom  de  iféhé  de  la  littérature,  par 
allusion  «u  fameux -nain  du  roi  de 
Pologne  Stanislas.  La  critique  in- 
juste atîmule  l'esprit  quand  elle 
ne  le  décourage  pas.  Laharp«^ 
maltraité,  n'en  travailla  qu'avec 
plu$  d'ardeur.  £n  i^3,  il.  donna 
la  tragédie  de  Warwicky  quî'^  jouée 
d'abprdàlAcour  et  ensuite  au  théâ^ 
Ire  Fr0nçai3  avecsuccès»  lui  méri- 
ta l'honneur  d'être  pcésenké  à 
Lo^Î9  XV..  Laharpe  ajouta  à  soa 
trjf^nphe ,  en  faisant  hommage 
de  sa  tragédie  à  Voltaire.  A  comp- 
ter de  ce  jour,  des  relations  jnti- 
mes  s'établirent  entre  le  maître  et 
le  disciple ,  relations  dans  lesquel- 
les Voltaire  se  montrait  tout-à-fait 
bonhomme.  Laharpe  faisait  de  fré- 
queqs  voyages  à  Ferney,  où  il 
jouait  \^  conjiédie  avec  sa  femme , 
dont  Voltaire  vantait  le  talent  pour 
la  déclamation*  Chabanon  rappor* 
te  que  Laharpe.se  permettait  quel- 
quefois de  corriger  les  rôles  qu'il  de-r 
vait  jouer«  Ayant  refait  un  jour 
plusieurs  vers  de  la  tragédie  à^A- 
délaîdeDuguesclin,  il  dit  à  Voltaire: 
»  Papa,  j'ai  changé  quelques  vers 
»qui  me  paraissaient  faibles.  » -r-* 
Voltaire  écoute  les  chaogemens 
et  reprend  vivement  :  «  Boni  mon 
«fils,  cela  vaut  mieux ;^  changez 
»  toujours  dç  même,  je  ne  puif; 


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52:» 


LAH 


nqu'y  gagner.  »  Laharpe,  jeune 
et  entier  dans  ses  opinions ,  abu- 
sait un  peu  de  la  patience  de  Vol- 
taire, qu'il  contredisait  purfois  a- 
vec  opiniâtreté.  L^illustre  vieillard 
se  contentait  de  répondre  à  ceux 
qui  lui  en  témoignaient  leur  éton- 
nement'.ttll  aime  ma  personne  et 
»^raes  ouvrages.  »  Timolton  parut 
une  année  après  ïVarwick ,  en 
1764;  à  Timoléon  succédèrent 
Pharàmond  en  1765,  Gustave  en 
1766,  Menzicoffea  1776,  les  Bar^ 
mécides  en  1-778,  Jeanne  deNaples 
en  1781,  les  Brames  t^t  Philêctète 
eni  1785,  Coriolanen  1784,  et  f^ir- 
^inie  en  1786.  Il  avait  composé 
en  1770,  mais  il  ne  put  faire  jouer 
qu'en  i795>  le  drame  de  Mêlante^ 
ou  la  Reiiffieusfe,  Cependant  cette 
pièce  n'était  pas  inconnue.  L'au- 
teur en  avait  fait  de  nombreuses 
lectures  ew  socrété,  et  elle  avait  été 
]pepré8enté«'  plusieurs  fois  sur  le 
théâtre  particulier  de  M.  d^Argen- 
fal.  Il  répétait  avec  une  grande 
complaisance  ces  mots  de  Voltai- 
re :♦  «  L'Europe  attend  Mélanie  ;  » 
mais,  il  n'ajoutait  pas  ceux  que 
Grimm  avait  recueillis*,  et  qu'il  ci- 
té dans  sa  Correspondance' (^ansier 
1780).  «  Cela  n'est  pas  très-bon; 
«cela  réussira  pourtant  :  c'est  un 
«drame,  et  l'on  aime  aujourd'hui 
»les  drames  à  Paris.  »  /Ifélanie 
réuvSsit  en  effet.  Le  fond  de  la  piè- 
ce est  véritable,  et  Fauteur  a 
peint  les  vertus  du  pasteur  d'après 
le  protecteur  de  sa  jeunesse ,  le 
respectable  curé  de  Saint-André- 
des-Arcs,  M.  Léger.  Tant  que  La- 
harpe  fut  philosophe,  qualité  qu'il 
se  donnait  encore  quand  il  était 
devenu  démagogue,  il  vit  avec 
orgueil  les  larmes  que  son  drame 
faisait verseraux  spectateurs;  mais 


LAH 

du  moment  qu'il  se  fut  fait  dévot, 
il  retira  sa  pièce  du  théâtre,  où  de 
long-temps  sans  doute  on  ne  la 
verra  reparaître.  Laharpe  a  com- 
posé deux  petites  pièces  en  un  ac- 
te et  en  vers  :  les  Abuses  rivales, 
ou  l'Apothéose  de  Voltaire^  et 
Molière  à  la  nouvelle  salle  ,  ou  les 
Audiences  de  T halte ,  allégories 
ingénieuses  en  l'honneur  de  deux 
des  plus  grands  maîtres  de  l'art 
dramatique.  Juge  sévère  de  lui- 
même,  Laharpe,  bien  qu'il  pensaf 
que.  «  s'il  n'avait  pas  contribué 
»  aux  progrès  de  l'art  dramatique, 
D  il  ne  devait  pas  être  accusé  d'en 
»  avoir  accéléré  la  décadence ,  j» 
s'exprime  ainsi  sur  ses  tragédies 
dans  un  extrait  sur  Gustave  trou- 
vé dans  ses  papiers  :  «  Je  sortis  a- 
nvant  la  fin  de  la  pièce,  trouvant 
»  même  le  public^  trop  patient  de 
»  vouloir  bien  m'^entendre  jusqu'au 
»  bout,  et  je  ne  voulus  jamais  con- 
»  sentir  qu'elle  fût  imprimée.  Ti- 
urnoléon  et  Pharàmond  étaient  des 
»  conceptions  moins  vicieuses  ^ 
»mais  beaucoup  plus  faibles.  Il 
»  n'y  avait  de  bon  dans  le  premier 
)»que  le  principal  rôle,  et  quel- 
9  ques  traits  de  celui  de  la  mère  , 
»que  je  reportai  depuis  dans  Co^ 
nriolan.  Ce  rôle  de  Timoléon  avait 
«soutenu  la  pièce  pendant  quel- 
»  ques  représentations,  et  feus  la 
»  farblesse  de  l'imprimer,  ou  plu- 
»  tôt  je  cédai  au  besoin  de  la  ven- 
odre;  mais  j'en  connaissais  assez 
»  les  défauts  pour  ne  la  pas  faire 
«entrer  dans  l'édition  de  mes  œu- 
«vres  (imprimées  en  1778),  non 
«plus  que  Pharàmond^  que  je  je- 
«  tai  au  feu,  et  Gustave^  dont  je  ne 
»  gardai  que  des  fragmeiis.  Grâces 
«À  la  difficulté  d'introduire  sur. la 
«scène  un  premier  ouvragei  yen» 


/ 


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LAH 

aie  loisir  de  travailler  WarwUk 
Darec  soin  et  avec  défiance;  et 
»  ensuite  j  ^âces  à  toute  la  fa- 
»Teur  qui  suit  naturellement  ua 
•grand  succès ^  je  fus  à  portée  de 
»  faire  jouer  en  dix-huit  mois  trois 
»  pièces  qui  devraient  se  sentir  de 

•  cette  précipitation,  qui  estTabus 
»de  la  tacilité  et  la  suite  d'une  con- 
«fiance  téméraire.  On  peut  voir 
»  aussi  que  mes  études  dramati- 
»ques  n'avaient  pas  été  tout-é-*fait 
«infructueuses 9  lorsque  cinq  ans 
»  après,  je  rentrai  daps  la  carrière 
ppar  Méianie.  Jeanne  de  N aptes, 
ii  Virginie,  Corioian  ne  sont  pas 
vnonpius  des  plus  mal  conçus;  et 

•  j'avoue  que  celui  de  Virginie 
»  surtout  me  paraît  à  peu  près  ir- 
»  réprochable,  et  peut-être  ce  que 
»  j'ai  fait  de  plus  fini  :  je  ne  compte 
»  pas  Phiioçtètej  qui  est  à  Sopho-* 
»cle.  »  Si  dans  la  carrière  drama- 
tique Laharpe  éprouvait  de  fré- 
quens  revers,  il  en  trouva  la  com- 
pensation dans  les  concours  de  l'a- 
cadémie, où  il  a  remporté,  dans 
l'espace  de  dix»  années,  onze  pal- 
mes, huit  à  l'académie  française 
et  différens  accessits,  et  trois  prix 
dans  des  académies  de  province. 
Ses  principaux  discours  en  prose 
tt  ses  pièces  en  vers  sont  :  un 
Discours  sur  les  Grecs  anciens  et 
modernes,  un  autre  sur  les  Mai-- 
heurs  de  la  guerre  et  les  avantages 
de  la  paix  (  1 767) ,  V Éloge  de  Char- 
tes  V  (même  année) ,  V Eloge  de 
BenrilV  {\^%),y  Eloge  de  féné- 
ion   (i77i)>   V Eloge  de  Racine 

Îi^ya),  \  Éloge  d€  La  font  aine 
1774)9  V Éloge  de  Catinat  (  1Ç75), 
VOde  sur  la  navigation,  les  Con- 
seits  à  un  jeune  poète,  VÉpltre  au 
Tasse,  le  Dithyrambe  aux  mânes 
de  Voltaire^  etc.  Toutes  ces  pièces 


LAH 


SaS 


ne  furent  pas  couronnées.  Champ- 
fort  lui  enleva  le  prix  de  V Éloge 
de  La  fontaine^  et  Gaillard  celui  de 
V Éloge  de  Henri  IV;  la  vanité  de 
Laharpe  pourrait  bien  avoir  nui  à 
ses  succès  dans  ces  dernières  00^ 
casions.  Il  eut  l'imprudence  de  li- 
re dans  des  cercles  nombreux  ces 
deux  discours;  c'était,  en  appa- 
rence au  moins ,  vouloir  imposer 
l'académie.  Diderot,  fut  encore 
plus  sévère  pour  Laharpe  que  les 
quarante.  Ce  philosophe,  en  style 
qui  n'est  pas  irréprochable,  lui  re- 
proche de  manquer  d'énergie ,  de 
ne  s'abandonner  jamais  à  l'élo* 
quence  de  la  passion,  et  d'être 
toujours  méthodique.  «  Il  coule, 
»  dit-il,  mais  il  ne  bouillonne  point; 

•  il  n'arrache  point  sa  rive,etn'en- 
»  traîne  avec  lui  ni  les  arbres^  ni  les 
»  hommes,  ni  les  habitations  :  son 

•  ton  est  partout  celui  de  l'exor-^ 
»  de. . .  Rien  ne  lui  bat  au*dess4is  de 
A  la  mamelle  gauche.  »  Ce  censeur 
le  juge-t-il  comme  poète  à  l'occa* 
sion  de  son  É pitre  sortes  talens? 
«  Cela  commence  froidement,  con* 
»  tinue  et  finit  froidement  ;  ce  sont 

•  des  vers  enfilés  les  uns  au  bout 

•  de^  autres;  ^c'est  une  eau  fade 

•  qui  distille  goutte  à  goutte.  » 
L'abbè  Delilie  lui-même,  mécon- 
tent d'entendre  vanter  avec  en- 
thausiasme  les  odes  de  Laharpe , 
dit,  en  rappelant  qu'il  était  l'au- 
teur de  la  romance  de  :  ^  ma  ten^- 
dre  musette! 

De  {'admiration  ré^imec  le  délire; 
Parlez  d«  ta  musette,  et  non  pas  de  sa  l}rre« 

Laharpe  fut  reçu,  en  1776,  à  l'a- 
cadémie française,  à  la  place  deCo- 
lardeau.  II  avait  traduit,  six  ans 
auparavant,  pour  plaire  au  duc  de 
Choiseul,  son  protecteur,  la  Vie 
des  douze  Césars  de  Suétone  (a  vol. 


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S!i4 


LAfi 


ia-8').  Qei  ouvrage  fut  diterse* 
Q3eat  )ugé  ;  on  reprocha  générale^ 
ixient  au  traducteur  de  n'avoir  pas 
toujours  compris  le  sens  de  son 
auteur:  toutefois  on  loua  la  pure- 
té d)e  sa  diction ,  le  mérite  de  ses 
notes,  la  sagacité,  des  jugemens 
énoncés  dans  sa  préface ,  et  i^ur*^ 
tout  ce  passage  où  il  p^int  Tacite 
par  un  trait  digne  de  Tacite  :  «Le» 
»  tyrans  nous  semblent  punis  quand 
»  il  les  peint.»  Il  traduisit  aussi  ^ 
sur  la  version  littérale. du  text» 
portugais  par  d'Hermilly,  la  Lu* 
êUde  de  Camoëns  (a  vol.  in-S** , 
4776).  Cette  traduction,  en  prose 
poétique^  est  accompajg^née  de  no* 
.  tes  pour  Fintelligence  du  texte  9 
et  d'une  notice  sur  la  vie  et  les 
productions  du  poète.  En  1780, 
(et  années  suivantes) ,- il  publia 
un  Abrégé  de  l'Histoire  générale 
de»  voyages  par  Fabbé  Prévost. 
Cette  entreprise  ,  asses  considéra** 
ble^  puisqu'elle  fonne  ag  volu- 
mes ^  n*a|outa  rien- à  sa  renom- 
mée ;  mais  elle  fut  utile  à  sa  for- 
tune.. Dans  cette  même  Année 
(1780),  il  ât  paraître  V Éloge  ds 
V pilaire  9  production  digne  à  la 
fois  du  maître  et  de  l'élève.  Ce  fut, 
dit'On,  pour  imposer  silence  à  ses 
ennemis  que  Labarpe  paya  ce  tri- 
but solennel  à  la  mémoire  du  plus 
grand  homme  qui  ait  illustré  Ija 
France*  JLahio'pe  était  accusé  de 
manquer  de  *  necoonaissance  en- 
vers celui  qui  l'avait  adopté  :  on 
avait  encore  sous  les  yeux  ses  ar- 
ticles où  Zulime  était  traitée  par 
lui,  dons  le  Mercure,  avec  une  sé- 
vérité révoltante.  On  se  souvenait 
que  l'illustre  vieillard  avait  dit  à 
Labarpe,  peu  de  temps  aupara- 
vant, à  L'occasion  dos  Earmécides  : 
«Moii  ami,  cela  ne  vaut  rien;  ja^ 


LAH 

ornais  la  tragédie  ne  jpaaierà  par 
»  ce  chemin<rlà;  a  et  l'on  aHgnorait 
pas  qtie  Laharpe  s'était  tenu  pour 
offensé  de  cette  opinion.  On  a'i-» 
gnorait  pas  non  plus  que  I^aharpe 
était  mécontent  que  Voltaire  ne 
l'eût  pas  porté  sur  son  testanieat; 
et  l'on  accusait  d'ingratitude  celui 
à  qui  de  si  légères  disgrâces  Dal- 
laient oubIier«[e  longs  et  nombreux 
bienfaits.  Laharpe,  par  son  Éloge 
de  Foliaire^  reconquit  l'estime  gé- 
nérale :  l'éloge  fut  jugé  ne  pouvoir 
être  une  simple  production  del'es^ 
prit,  et  le  cœur  d'où  il  était  sorti 
fut  réhabilité  aux  yeux  des  hou- 
nêtes  gens.  Recommandé  par  de 
nombreux  litres  littéraire»,  riche 
de  ses  pensions  et  du  produit  de 
ses  ouvrages,  Laharpe  tenait  un 
rang  supérieur  parmi  les  gens  de 
lettres.  La  pureté  et  la  sévérité  de 
son  goût  avaient  acquis  en  littéra- 
ture à  son  jugement,  une  grande 
autorité.  La  tendance  de  son  es- 
prit, son  Instruction)  aa.  longue 
habitude  de  la  polémique  lui  don- _ 
"naient  plein  droit  de  professer. 
La  création  du  iycée^  aujourd'hui 
athénée  de  Paris,  lui  en  fournit 
l'occasion.  Attaché  .à  cet  établis-^ 
sèment  en  1786,  comme  profes- 
seur ,  il  y  lut  les  cahiers  qui  ont 
été  imprimés  depuis  sous  le  litre 
de  Cours  de  Littérature  ancienne 
et  moderne^  ouvrage  en  partie  ex«- 
cellent;  ouvrage  où  les  auteurs  an- 
ciens sont  jugés  et  appréciés  av«e 
une  justesse  et.  avec  an  goût  ex^ 
quis;  ouvrage  qui  serait  en  tout 
un  modèle  de  critique,  si  Laharpe 
avaifsu  être  aussi  juste  envers  se$ 
contemporains  qu'envers  ses  de- 
vanciers; s'il  avait  pu  se  débar- 
rasser dies  préventions  et  des  re»- 
sentimeus    qu'il  cofliservuit  à  la 


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LAD 

plupart  des  auteurs  avec  lesquels 
tl  s'éuit  trouvé  en  rivalité.  La  ré- 
volution le»  surprît  au  milieu  de 
cette  occupation.  Philosophe  en- 
core, et  voyant  dans  le  renouvel- 
lement du  corps  social  l'accomplis- 
sement des  plus  belles  théories  de 
ia  raison  humaine  et  de  ses  pro- 
pres vœux,  il  adopta  les  nouveaux 
principes  avec  un  extrême  enthou* 
siasme;  et  comme  il  était  immo- 
déré en  tout,  il  ne  sut  pas  s'arrêter 
quand  la  révolution  dépassa  le  but 
indiqué  par  la  raison*  ^Laharpe 
dès-lors  ne  fut  plus  qu'un  forcené, 
atteint  d'un  délire  qui  n'a  fini  qu'a- 
vec sa  vie,  après  avoir  éprouvé 
toutefois  certaines  modifications 
dans  ses  crises  diverses.  Il  ne  s'est 
plus  signalé  que  par  les  plus  dé- 
plorables extravagances.  Le  bon- 
net rouge  sur  la  tête,  il  ouvrit,  le 
5  septembre  179a,  la  séance  du 
lycée  en  récitant,  à  l'occasion  du 
..  manifeste  du  duc  de  Brunswick , 
un  Hymne  à  la  liberté.  Voici  ce 
qu'il  chantait  alors  : 

La  politiffue  habile  en  complots  odieux, 
A  tendu  dans  les  cours  ses  rets  insidieux: 
Elle  a  de  toutes  p«rts  jeté  le  cri  d'alarmes, 
Et  le  lâche  intérêt  a  partout  cimenté 
La  ligue  des  tyrans  contre  l'humanité. 

Soldats,  avances  et  serrez; 

Que  la  baïonnette  homicide, 
Au  devant  de  vos  rangs,  étincelante,  avide. 
Heurte  les  bataillons  par  le  fer  déchirés. 
Le  fer,  amis,  le  fer,  il  presse  le  carnage  : 
C'est  l'arme  du  Français,  c'est  l'arme  du  courage, 
L'arme  de  la  victoire  et  l'arbitre  du  sort. 
Le  fer  !  il  boit  le  sang  !  le  sang  nourrit  la  rage , 

Et  la  rage  donne  la  mort  î 

SI  ma  main,  étrangère  fiux  fatigues  de  Mars, 
Est  trop  faible  déjà  pour  le  fardeau  des  armes, 
Du  moins  pour  mon  pays,  brûlant  d'un  saint  amour, 

Du  moins  je  veux  qu'on  dise  un  jour. 
Que  chantant  les  vengeurs  de  la  France  insultée. 

J'eus  râroe  et  la  voix  de  Tyrtée. 
Toujours  de  l'esclavage  à  nos  jreuK  présenté. 

J'ai  repoussé  l'ignominie; 
Mes  derniers  vœux  seront  contre  la  tyrannie, 

Et  mon  dernier  cri  :  Littrti,' 

Ces  gage»  donnés  à  la  révolution 
détoiimée  de  son  but,  la  rédac^ 


LAH 


3&5 


tiôti  tout-à-faît  ultra-révolution- 
naire du  Mercure  pendant  l'année 
1795,  la  violence  de  ses  écrits, 
d'accord  avec  le  caractère  de  dé* 
magogie  qu'il  imprimait  à  toutes 
ses  actions,  ne  le  sauvèrent  point 
de  la  proscription  qu'il  avait  pro- 
voquée en  pariant ^avec  un  mépris 
moins  prudent  que  juste,  des  ta- 
lens  oratoires  de  Robespierre.  Tout 
susceptible  qu'il  était,  jjaharpe 
né  ménageait  guère  la  susceptibi- 
lité des  autres.  Il  paya  cher  une 
véracité  qui  lui  avait  attiré  déjà 
plusieurs  disgrâces  moins  graves. 
Arrêté,  et  enfermé  dans  la  prison 
du  Luxembourg,  eu  1794?  il  y  res- 
ta pendant  cinq  mois.  Là,  «'opéra . 
en  lui  un  changement  nouveau, 
quoiqu'il  n'eût  jamais  \;uitté  le 
bonnet  rouge  dans  la  prison.  Il 
sortit  dévot  et  pénitent  du  Luxem^ 
bourg,  où  il  était  entré  au  moins 
incrédule.  Une  traduction  du 
Psautier,  faite  pendant  la  réaction 
thermidorienne  ,  et  dont  il  fit 
présent  à  Migneret ,  qui  l'impri^ 
ma,  fut  le  premier  indice  de  sa  coq<^ 
version.  Dans  le  discours  prélimi- 
naire ,  tout  en  discutant  sur  tes» 
prit  des  livres  saints  et  le  style  des 
prophètes,  le  pécheur  converti  at- 
taquait déjà  Voltaire.  L'agt'ession 
était  prématurée  :  le  livre  n'eut 
pas  de  succès.  Laharpe  reprit  ses 
travaux  littéraires,  et  continua  ses 
leçons  du  lycée.  Il  se  proposait, 
.  daiis  ce  cours,  de  donner  en  quel- 
que sorte  l'histoire  raisonnée  de 
l'esprit  humain  9  d'après  les  ou- 
vrages des  poètes  et  des  orateurs 
classiques,  depuis  Homère  jus- 
qu'à nos  jours  ;  il  devait  aussi  é- 
tendre  ce  travail  à  la  littérature  é- 
trangère.  Regrettons  que  la  diver- 
sion faite  dans  son  esprit  par  ia 


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3a6 


LAH 


politique  Tait  empêché  de  mettre 
cet  utile  projet  entièrement  à  exé- 
cution, et  qu'il  soit  mort  saris^  a- 
voir  eu  le  loisir  de  revoir  son  ou- 
vrage ainsi  qu'il  en  avait  l'inten- 
tion. On  fait  au  Cours  de  Litté- 
rature des  reproches  graves;  point 
de  proportion,  dit-on,  dans  la  dis- 
ti:ibution  des  matières.  L'auteur 
réunissant  à  ses  leçons,  les  articles 
littéraires  un  peu  importans  que 
depuis  quarante  années  il  avait 
insérés  dans  les  journaux*,  'dans 
les  feuilles  périodiques  et  dans  ses 
propres  ouvrages,  ne  les  coordon- 
ne point,  ne  les  lie  pas,  ne  les  dé- 
gage pas  de  toutes  superfluîtés. 
Tantôt,  il  donne  aux  hommes  plus 
d'importance  qu'ils  n'en  devraient 
avqir  ;  tantôt ,  il  semble  leur  refu- 
ser celle  qui  leur  est  due.  L'exa- 
men de  Lucain,  par  exemple  ,  est 
au  moins  du  double  plus  étendu 
que  celui  de  Virgile  ;  à  peine  s'oc- 
cupe-t-il  d'Hérodote,  de  Thucy- 
/  dide  et  de  Xénophon.    Molière, 

coQime  Virgile,  lui  fournit  à  peine 
quelque^  pages,  tandis  que  l'exa-» 
men  des  ouvrages  de  Beaumar- 
chais et  de  Fabre-d'Églantine  lui 
prend  un  volume  entier.  Il  est  in- 
juste pour  Corneille ,  et  il  repro- 
duit l'opinion  de  Vauvenargues , 
qu'il  ne  homme  point,  lorsqu'il 
juge  VOde  à  la  Fortune ,  de  J.  B. 
Rousseau  ;  mais  ces  défauts  nesont- 
ils  pas  rachetés  par  des  qualités  du 
premier  ordre  ?  Lorsque  Luharpè 
parle  des  principes,  donne  des  pré- 
ceptes, expose  ses  doctrines  litté- 
raires, c'est  un  guide  sûr,  un  maî- 
tre supérieur.  Parle-t-il  d'Homè- 
re, de  Démosthène,  de  Cicéron, 
de  Tacite,  d'Anacréon,  de  Tibul- 
le,  on  voit  qu'il  s'est  formé  ù  leur 
école,  qu'il  s'est  pénétré  de  leurs 


LAH 

différentes  beautés  :  son  style  chan" 
ge  avec  lé  sujet.  Tour-à-tour  ma- 
jestueux, abondant,  flexible,  plein 
de  grâces,  il  prend  avec  une  rare 
facilité  tous  les  tons,  toutes  les 
formes,  et  pénètre ,  anime  l'audi- 
teur ou  le  lecteur  d'un    charme 
qui  va  toujours  en  augmentant  Le 
Cours  de  Littérature  est  le  seul 
monument  de  ce  genre  dans  les 
lettres  françaises.  11  convient  éga- 
lement aux  hommes  instruits,  aux 
jeunes  gens  studieux  et  aux  hom- 
mes du  ftiond'e  :  c'est  à  la  fois  le 
code  des  règles  et  le  recueil  des 
exemples,  et  rien  de  plus  juste  que 
d'avoir  décerné  ù  son  auteur  le 
nom  de  Quintilien-  français.  La- 
harpe  le  publia  en  la  volume/ 
in-8°.  Après  sa  mort,  arrivée  le 
2a  pluviôse  an  12(11  févrieri8o3), 
ce  cours  fut  publié  en  lô  vol.  ,même 
format;  il  a  aussi  été  réimprimé 
in- 12  et  in- 18;  il  a  même  été  abré- 
gé pour  les  écoles.  La  conversion 
de  Laharpe  ne  le  rendit  ni  plus  so- 
ciable, ni  plus  charitable,  et  fe  vieil 
homme  se  reproduisit  sous  un  nou- 
vel habit.  Ses  attaques  seulement 
changèrent  d'objet;ellès  tombèrent 
principalement  sur  ceux  qui  ne 
partagaient  pas  ses  opinions ^  soit 
politiques,  soit  religieuses  ;  c'est- 
à-dire  sur  ceux  qui  étaient  restés 
fidèles  aux  opinions  qu'il  avait  ab- 
jurées. Laharpe,  dans  cette  nou- 
velle guerre ,  se  montra  plus  in- . 
juste  et  plus  injurieux  que  jamais. 
Des  injures  ne  sont  pas  des  argu- 
mens ,  et  il  en  sema  avec  profu- 
sion dans  son  pamphlet  du  Fana- 
tisme de  la  langue  révolutionnaire. 
Un  journal  qu*il  rédigeait  avec  MM. 
de  Fontanes  et  Vauxcelles  {le  Mé-^ 
morial)n  outragea  tant  et  si  sou- 
vent le  directoire-exécutif >  qu'au 


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i8  fructidor  an  5,  ce  journal  fit 
comprendre  Laharpe  dans  la  pros^ 
cription  qui  suivit  celte  journée. 
Laharpe'^se  cacha  i\  Corbeil,  ce  que 
^le  ^gouvernement  feignit  sans  doute 
d'ignorer,  rar  ne  se  dénonçait-îl 
pas  par  les  correspondances  jour- 
nalières qu'il  entretenait  de  là,  pour 
Tim pression  de  son  Cours  de  Lit-; 
térature  ?  La  révolution  du  18  bru- 
maire an  8  (9  novembre  1799)  '"* 
rendit  la  liberté ,  et  lui  permit  de 
reprendre  ses  cours  au  lycée ,  où 
l'on  ne  venait  pas  chercher  Thom- 
me  politique  9  mais  le  professeur 
distingué.  La  conversion  de  La- 
harpe ne  l'empêcha  pas  de  se  li- 
vrer à  de  nouveaux  scandales. 
Celui  qui  semblait  devoir  être  in- 
compatible avec  l'humilité  et  la 
charité  chrétienne,  est  la  publica- 
tion de  la  correspondance  littérai- 
re qu'il  avait  entretenue,  de  1774 
à  1 79 1 ,  avec  le  comte  de  Schowalof 
pour  le  plaisir  du  grand-duc  de 
Russie.  Dans  cette  espèce  de  jour- 
nal, tout  ce  que  l'envie,  la  haine ^ 
la  vanité  blessée,  l'amour-propre 
le  plus  confiant,  l'égoïsme  le  plus 
parfait  peuvent  faire  imaginer  sur 
les  productions  d'autrui,  y  e^t  con- 
signé avec  une  fidélité  scrupuleuse; 
d'un  autre  côté,  plein  d'indulgen* 
ce  pour  lui-même,  Laharpe  ne  lais- 
se échapper  aucune  occasion  de 
se  louer,  ou  de  rapporter  complai- 
samment  les  éloges  qu'on  lur  ac- 
cordait ,  soit  par  estime ,  soit  par 
crainte.  La  publication  des  Mé- 
moires littéraires,  ou  Correspond 
dance  russe  (4  vol.,  1801),  éveilla 
toutes.  les  attentions  et  blessa  tous 
les  amours-propres.  A  son  tour, 
il  fut  en  butte  à.  niiUe  traifs  plus 
ou  moins  acérés ,  et  un  aBonymc 
malin  se  hâta  de  recueillir  et  de 


LAH 


5^7 


publier  dans  la  même  année,  une 
Correspondance  turque  pour  servir 
de  supplément  à  la  Correspondance 
russe.  Cette  Correspondance  tur^ 
queûtune  vive  impression  surl'esr 
prît  de  Laharpe.  Il  était  impossi- 
ble de  Te  plus  maltraiter  :  anecdo- 
tes scandaleuses  depuis  son  aven- 
ture du  collège,  satires,  épigràm- 
mes,  jugemens  sévères,  injustes 
même,  de  ses  ouvrages,  à  l'ex- 
ceptioQ  de  son  Cours  de  Littéra^ 
ture,  rien  n'est  ouljlié.  Il  s'en  fît 
presque  simultanément  deux  é- 
ditions..Ces  cruelles,  mafs  justes 
représailles  lui  ôtèrent  l'envie  de 
mettre  au  jour  la  suite,  en  2  yoL, 
de  la  Correspondance  russe;  et  ce 
fut  sans  doute  un  de  ses  plus 
cruels  ennemis  qui  la  publia  en 
1807,  quatre  ans  «après  sa  naortv 
C'est  là  que  Laharpe  montre  ea 
littérature  comme  en  politique  la 
mobilité  et  la  partialité  de  ses  o- 
pinions  sur  ses  contemporains <. 
Nous  n'eu  ctleroris  qu'un  exemple. 
Mirabeau  y  est  tantôt  un  bateleur 
gui  souffler  k  feu,  tantôt  un  sublime 
transfuge  ^  enfin  le  Démosthène 
français.  Le  gouvernement  con- 
sulaire n'obtint  pas  plus  que  le 
gouvernement  directorial  les  suf- 
frages de  Laharpe.  On  prétend 
qu'il  refusa  une  pension  de  4*060 
francs,  dont  le  premier  consul  vou- 
lait le  gratifier,  sans  y  mettre  de 
condition.  Laharpe  jugea  plus  u- 
tile  à  ses  intérêts  sans  doute  de 
continuer  ses  déclamations.  Ren- 
tré dans  la  retraite  qu'il  s'était  pré- 
cédemment choisie  à  Corbeil,  il  y 
subissait  une  espèce  d'exil  lors- 
qu'on sut  que  sa  santé,  qui  s'était 
très-^afiaiblie,  exigeait  qu'il  revînt 
à  Paris  :  son  retour  ayant  été  auto- 
risé, il  reparut  dans  la  capitale,  et 


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5aR  LAH 

j  fut  oUeInt  de  la  maladie  dont  il 
mourût f<et  qui  fut  occasionée  par  la 
fraîcheur  et  l'humidité  des  églises, 
où  il  passait  quelquefois  six  heu> 
res  entières  prosterné  sur  le  pavé. 
M.  Laore telle  aîné  qui  lui  succéda 
dans  ce  corps  illustre  où  Laharpe 
arait  enfin  daigné  entrer ,  y  pro^^ 
nohça  son  éloge.  Cet  honorable 
littérateur  a  traité  sévèrement  son 
tlevancier.  Saint -Lambert  avait 
dit,  après  avoir  passé  quelque 
temps  à  la  campagne  avec  Lahar- 
pe :  «  £n  huit  jours  de  conrersa- 
vtion  presque  continuelle,  il  ne  lui 
»  est  échappé  ni  une  erreur  en  mar 
»tière  de  goût,  ni  un  propos  qui 
»  annonçât  le  moindre  désir  de 
«plaire  à  personne.»  Voltaire  éic- 
cepté,  Laharpe  est  sans  doute  le 
premier  littérateur  de  Tépoqucoù 
il  a  vécu,  et  depuis  sa  mort,  Ché- 
nier  seul  s'est  élevé  à  une  pareille 
liaateuf  ;  mais  ^i  Laharpe  avait  en 
littérature  une  érudition  des  piiis 
vastes,  un  goût  des  plus  purs,  qui 
le  gardent  de  toute  erreur  quand 
il  juge  les  anciens,  on  ne  peut  dis- 
simuler que  son  extrême  présomp- 
tion ,  que  l'esprit  de  dénigrement 
dont  il  n'a  jamais  su  s'affranchir 
qnand  il  parlait  de  ses  rivanx ,  en- 
tadient  presque  toujours  les  juge^ 
mens  qu'il  a  portés  sur  .ses  con- 
temporains ,  Voltaire  y  compris. 
La  vanité  dominait  dans  le  parac* 
tère  de  Laharpe  ;  elle  est  empreins 
te  dans  toutes  ses  actions,  dans  sa 
conversion  même.  N'étant  pas  à 
la  tête  des  révolutionnaires,  il  vou- 
lut être  À  la  tète  du  parti  contrai-^ 
re,  et  se  Et  ehef  dés  dévots ,  de 
dépit  de  n'être  pas  celui  des  phi- 
losophes. IVl.  Chaaet  a  fait  son  élo- 
ge ,  à  l'ouverture  des  cours  deFa- 
thénée  de  Paris,  en  i8o5,  et  M. 


LAH 

Mély-Jeannin  a  écrit  sa  vie  en  t^.^ 
te  du  Cours  de  Littérature^  édi- 
tion de  Costes^  18 15. 

O  Catinat  !  quelle  voix  enrhumée  î 

•1 

MAL  Saignes  et  Barbier  ont  publié» 
le  premier.  Mélanges  inédits  dt 
Littérature  de  J,  F.  de  Lakarpe , 
pouvant  servir  desaite  au  Cours  de 
Littérature  (1810)  :  ce  sont  des 
morceaux  pour  la  plupart  «xtraits 
du  Mereare  de  France  /  et  le  se- 
cond Nouveau  Supplément  au  Cours 
de  Littérature  de  J.  M  de  Lahar- 
A«  (1818)^  contenant,  \^  Éloge  de 
Voltaire,  inséré  dans  la  seule  édi- 
tion de  Kehl;  a*"  Réfutation  des 
Lettres  de  M.  Gingwené  sur  èes 
Confessions  de  J.  J.  Rousseau; 
5**  Réfutation  des  principes  de  ^* 
J,  Rousseau  sur  la  soUveraineté 
nationale;  4**  Lettre  de  S  élis  à  La- 
harpe  sur  le  collège  de  France,  avec 
la  réponse  de  ce  dernier;  5**  nouvel* 
le  édition,  revue ,  corrigée  et  aug- 
mentée de  VEcMùnen  de  plusieurt 
assertions  hasardées  par  /.  F.  La- 
harpe dans  sa  philosophie  du  18* 
siècle^  par  M*** (Barbier).  Indé- 
pendamment des  ouvrages  dont 
on  a  précédemment  parlé,  Lahar- 
pe a  composé  plusieurs  poëmes 
de  genres  différais,  parmi  lesquels 
-on  a  remarqué  une  satire  fort  pi« 
quante,  f  Ombre  de  Dudes;  un 
poipie  en  vers  de  dix  syllabes, 
intitulé  :  Tangu  et  Félime,  Ce  su* 
jet ,  tiré  des  contes  arabes ,  est 
écrit  avec  grâce  et  facilité,  quaH-* 
tés  qui  se  retrouvent  généralement 
dans  les  pièces  fugitives  de  Lahar- 
pe,  et  surtout  da;ns  ses  romances  ; 
mais  on  les  chercherait  en  vain 
dans  le  poëme  qu'il  a  intitulé  :  le 
Triomphe  de  la  Religion,  ou  le  Roi 
iwar/jr.  Triste  épopée!  paraphrase 


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LAH 

de  l'Apocâljrpse  ^  qui  se  restent 
partout  de  l'état  d'aliénation  unen^ 
taie  où  Fauteur  a  passé  la  demièk^ 
Partie  de  sa  vie  :  c'est  le  rêve  d'un 
malade.  Laharpe  avait  commencé 
aussi  une  traduction  en  vers  de 
la  Jéramlem  (iéiivrée^  dont  il  ré- 
cita un  chant  à  un  bal,  en  1800 , 
chez  M.  de  Talleyrand,  ali^rs  mi'- 
nistre  des  relations^xtérieures,  non 
pas  sous  le  directoire^  mais  sous 
le  consulat.  M.  Germain  Garnie)^ 

Ïmblia,  en;?  volumes in-^"(  1807), 
e  Commentaire  sur  le  théâtre  de 
Rûûine^  que  Laharpe  a^Vaitcompo^ 
se  en  1795  et  179(8,  et  dans  le- 
quel il  dit  beaucoup  de  mal  du 
commentaire  de  Luneau  de  Bois- 
germain;  mais^  ce  tort  à  part^  ses 
préfaces  et  ses  remarques  sont  pré- 
férées à  celles  de  Geoffroy,  auteur 
également  d'un  <^mmentaire  du 
théâtre  de  ce  grand  poète*  L'un 
est  ouvrage  d'un  homme  de  goût, 
d'un  critique;  l'autre,  celui  d'un 
pédant,  d'un  satirique,  qui  a  réuni 
sous  un  titre  menteur  ce  qu'il  a. 
dit  pendant  dix  ou  douze  ans,  non 
pas  sur  Racine,  mais  à  propos  de 
Racine*  heJeurnài  de  la  LibrairUn 
rédigé  par  M.  Beuchot,  contient, 
dans  ses  n*  58a  et  583  (  1817) , 
une  explication  assez  curieuse  de 
la  prédiction  attribuée  à  Cazotte , 
en  1788,  des  événemens  les  plus 
désastreux  de  la  révolution ,  et  é- 
crite  par  Laharpe.  M.  Petitot  la 
&t  connaître  le  premier  au  public, 
en  l'insérant  dans  les  Œuvres ckoi- 
siei  et  posthume»  de  Laharpe ,  4 
vol.  în-8%  1806.  Cette  pièce  existe 
réellement,  et  M.  Boulard,  ami  de 
Laharpe,  en  possède  Toriginal; 
mais  on  ne  sait  pourquoi  l'éditeut 
a  jugé  à  propos  de  supprimer  la 
fin  de  cette  pièce^  oà  Laharpe  dU 


LAH 


529 


sait  positivement  que  «  \6t  prophé-p 
)»tfe  n'est  que  supposée.» 

LA  II A RP E  (  AMiDÉfi  - EmMa^ 
)vtBii),  général  de  division,  l^aquit 
en  1754»  du  château  des  LUtins, 
près  de  Rolle^  pays  de  Vaud  :  cett« 
province  était  alors  bernoise. 
Destiné  à  l'état  militaire,  le  jeune 
Laharpe  entra  au  service  de  Hol- 
lande daiM  le  régiment  de  Maj,' 
commandé  par  M.  Constant  de 
Rebecque,  pèrede  M.  Benjamin 
Constant.  Obligé  bientôt  de  ren- 
trer dans  sa  patrie  pour  surveiller 
l'administration  de  ses  biens  ^  il 
renonça  à  la  carrière  des  armes. 
Ici  trouveraient  place  les  événe- 
mens politiques  qui  troublèrent  la 
tranquillité  de  cette  partie  de  la 
Suisse,  où  Laharpe  avait  ses  pro-^ 
priétés.  Ils  influèrent  tellement 
sur  la  si«nne,que  par  suite  des  vio- 
lences extra-judiciaires,  exercées 
par  les  fameux  oligarques  du  gou- 
vernement de  Berne,  il  fut^  en  rai- 
son de  sa  conduite  politique,  con- 
damné à  mort,  et  la  peine  s'éten- 
dit sur  ses  6  e;  fans,  par  la  vente  à  . 
vil  prix  qui  fut  faite  de  tous  ses 
biens.  On  voit  que  c'était  la  guer- 
re des  privilégiés  contre  les  pa- 
triotes. Ce  récit  n'est  pas  de  la 
compétence  d'une  notice  biogra- 
phique. Laharpe  alla  chercher 
dans  le  camp  des  Français  un 
asile  honorable  contre  la  proscrip- 
tion» Nommé,  sur  la  fin  de  179!) 
chef  du  4*  bataillon  des  volontaires* 
du  département  de  Seiue-et-Oîse, 
il  se  distingua  bientôt  par  ses  ta- 
lens  militaires  ,  et  se  fit  aimer  par 
ses  qualités  personnelles  autant 
que  respecter  par  sa  persévérance 
inflexible  à  maintenir  l'ordre  et  la 
discipline.  A  cette  époque,  ]^s  em- 
barras  de    toute    espèce  étaient 


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53ô  LAH 

grands  :  une  méfiance  générale  ac< 
crue  par  de  fréquentes  désertions, 
et  même  par  des  trahisons,  faisait 
courir  à  J^  France  des  dangers 
d'autant  plus  imminens  que  les 
étrangers  menaçaient  déjà  ses  fron- 
tières. Placé  par  le  maréchal  Luck- 
ner  dans  le  château  de  Kodemaki 
avec  une  partie  de  son  bataillon, 
sur  le  point  même  où  l'invasion 
devait  commencer,  Laharpe  re- 
connut bientôt  rimpossibilité  de 
la  résistance  avec  d'aussi  faibles 
moyens;  mais  il  pouvait  peut-être 
encore  servir  sa  patrie  adoptive, 
en  donnant  l'exemple  du  dévoue- 
ment. Le  bon  esprit  de  ses  com- 
pagnons d'armes  lui  étant  connu, 
il  leur  développa  avec  franchise 
ce  que  la  France  attendait  d'eux 
dans  ces  conjonctures ,  et  ne  fut 
point  trompé  dans  son  attente. 
Tous  ces  braves  jurèrent  de  ne 
point  capituler,  de  se  faire  jour 
î'épée  à  la  main,  et  s'il  y  avait  im- 
possibilité, de  s'ensevelir  avec  les 
assaillans  sous  les  ruines  du  châ- 
teau ,  dans  les  souterrains  duquel 
on  disposa  une  grande  quantité  de 
poudres.  Le  maréchal  Luckner 
apprit  cette  résolution  assez  à 
temps  pour  ordonner  l'évacuation 
de  Rodemak ,  dont  l'artillerie  et 
les  munitions  furent  transportées  à 
Thionville,  sous  les  yeux  niême 
de  l'ennemi  qui  occupait  déjà  les 
environs  de  cette  place.  Une  opé- 
ration si  hardie  valut  à  celui  qui 
la  dirigeait  le  surnom  de  Brave, 
dont  Luckner  l'honora  à  la  tête  de 
l'armée,  dans  le  camp  de  Riche- 
mont.  Le  -gouvernement  lui  don- 
na une  marque  de  sa  confiance, 
en  le  nommant  commandant  de 
Bitche.  Laharpe  eut  le  bonheur 
(l'étouoer,  dans  les  environs,  des 


LAH 

tentatives  insurrectionnelles  qui 
auraient  pu  compromettre  le  sort 
de  cette  place;  il  sut  rallier  par 
son  esprit  conciliant,  ceux  que  son 
énergie  avait  contenus.  Il  prit  part 
momentanément  aux  attaques  di- 
rigéeâ  près  de  Trêves,  par  le  gé- 
néral Beurnonville,  et  eut  ses  ha- 
bits criblés  de.  balles,  au  pied  des 
retranchemens  ennemis.  Le  théâ- 
tre des  grandes  opérations  militai- 
res ayant  changé,  Laharpe  fut 
nommé  au  commandement  de 
Briançon,  et  appelé  à  faire  dans 
les  Alpes  une  guerre  périlleuse, 
mais  peu  brillante.  Plus  tard  ,  il 
fit  partie  de  l'année  qu'on  chargea 
de  reprendre  Toulon,  et  il  s'y  dis- 
tingua. Chargé  de  l'attaque  de  l'un 
-des  forts,  dont  dépendait  l'éva- 
cuation de  la  place ,  il  l'emporta 
d'assaut  avec  une  intrépidité  qui 
lui  valut  les  applaudissemehs  de 
l'armée,  et  le  grade  de  général  de 
brigade.  Il  prit  temporairement  le 
commandement  de  Marseille ,  et 
s'y  fit  estimer;  il  reprit  ensuite  son 
poste ,  à  l'avant-garde  de  l'armée 
d'Italie,  qui,  sous  les  généraux  en 
chef  Dnmerbion  ,  Kellermann  et 
Schérer,  soutenait  au  milieu  du 
plus  affreux  dénûment,  une  guer- 
re aussi  fatigante  que  glorieuse 
contre  un  ennemi  très-supérieur 
en  forces,  etc.  En  juin  179491e  gé- 
néral Laharpe  mérita  particulière- 
ment les  éloges  de  ses  supérieurs, 
pour  sa  conduite  dans  les  combats, 
de  Garessio  et  de  Gairo,  qui  assu- 
rèrent les  communications  si  im- 
portantes de  l'armée  avec  Gènes. 
Le  gouvernement  lui  avait  destiné 
le  commandement  des  forces  qui 
devaient  reconquérir  la  Corse; 
mais  l'expédition  ayant  été  forcé- 
ment ajournée,  il  reprit  à  l'armée 


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'     LAH 

d'Italie  son  poste  accoutumé.  Le 
général  en  chef  Kellennann  con- 
tinuait, à  cette  époque,  à  se  soute- 
nir à  force  de  persévérance  et  de 
bravoure  au  milieu  des  privations 
<Je  toute  espèce.  Forcé  de  concen- 
trer son  armée  sur  Final  pour  ré- 
sister aux  troupes  austro-sardes 
-  que  commandait  Devins ,«  il  confia 
à  Laharpe  l'importante  opération 
de  couvrir  sa  retraite,  et  cette 
confiance  fut  honorablement  jus- 
tifiée par  les  combats  livrés  près  de 
Vado  et  de  Savone,  depuis  le  23 
jusqu'au  3o  juin  1 796,  combats  qui 
assurèrent  les  positions  de  l'armée, 
et  continrent  l'ennemi.  Promu  au 
grade  de  général  de  division  en 
récompense  de  ses  services,  La- 
harpe fut  cité  honorablement  par- 
mi les  généraux  qui  se  distinguè- 
rent en  1790,  dans  la  sanglante 
bataille  de  Loano,  sous  le  général 
en  chef  Schérer.  En  1796,  il  com- 
manda la  droite  de  cette  invinci- 
ble armée  d'Italie,  dont  les  exploits 
seront  cités  avec  admiration  dans 
tous  les  âges,  et  il  eut  que  grande 
part  au  succès  des  combats  de 
Monlenotte,  Milesimo  et  Dego,  qui 
ouvrirent  cette  carrière  de  gloi- 
re. «  L'effroi  que  vous  inspirez 
»  aux  ennemis  de  la  république,  lui 
décrivit  le4irectoire-exécutif,peut 
»seul  égaler  la  reconnaissance  et 
Dl'èsttme  dues  à  votre  courage  et  à 
»  vos  talens.  »  Tandis  que  le  géné- 
ral en  chef  de  l'armée  d'Italie  tra-. 
vaillait  à  isoler  l'armée  piémon- 
taîscjpour  obliger  le  roi  de  Sardai- 
gne  à  faire  une  paix  séparée,  La- 
harpe fut  chargé  de  tenir  en  échec 
Je  général  autrichien .  Beaulieu  ; 
opération  difficile  de  la  plus  haute 
importance,  qu'il  exécuta  avec  au- 
tant d'habileté  que  de  courage. 


LAH 


35i 


La  bataille  de  Mondovi  lui  four- 
bit l'occasion  de  montrer  les  plu» 
nobles  sentimens.  Plusieurs  offi- 
ciers d'un  régiment  bernois  a- 
vaient  été  faits  prisonniers,  et 
dans  le  nombre  quelques  -  uns  a- 
vaient  pris  part  à  sa  proscription. 
Le  général  Laharpe  les  accueillit 
avec  une  extrême  bonté.  «  Mes- 
»  sieurs,  leur  dit-il,  j'espère  qu'un 
«jour  nous  nous  reverrons  en 
«Suisse  comme  bons  amis.»  Après 
la  conclusion  du  traité  de  Cheras- 
co,  il  fut  chargé  d€^  surpendre  le 
passage  du  Pô,  à  la  tête  de  l'avant- 
garde.  Cette  grande  opération  a- 
Tait  réussi  ;  mais  Laharpe  ne  de-* 
vait  pas  en  voir  les  brillans  résul- 
tats. Après  le  combat  de  Foubio, 
il  avait  pris  position  à  Codogno, 
sur  la  route  de  Crémone  à  Lodi, 
lorsqu'une  colonne  ennemie  éga- 
rée vint  attaquer  et  repousser  ses 
avant-postes  au  milieu  de  la  nuit. 
Toujours  le  premier  prêt,  il,  se 
porta  rapidement  sur  les  lieux ,  et 
rétablit  l'ordre.  Il  revenait  au  mi- 
lieu de  son  escorte,lorsque  l'obscu- 
rité faisant  prendre  celle-ci  pour  les 
troupes  ennemies,  les  troupes  fran- 
çaises firent  une  décharge  qui  lui  ôta 
la  vie.  L'armée  entière  donna  des 
pleuVs  à  la  mort  funeste  de  ce  bra- 
ve. Son  éloge  est  tout  entier  dans  [ 
le  témoignage  que  lui  rendit,  dans 
sa  dépêche  au  directoire -exécutif, 
le  général  en  chef  de  l'armée  d'I- 
talie. «  La  république  perd  un 
»  homme  qui  lui  était  très-attaché; 
»  l'armée  un  de  ses  meilleurs  gé- 
»  néraux ,  et'  tous  les  soldats  un 
»  camarade  aussi  intrépide  que  se- 
»vère  pour  la  discipline.  »  Le  gé- 
néral Laharpe,  dépouillé  de  sa  for- 
tune dans  son  pays  natal,  par  une 
sentence  injuste^  n'en  avait  acquit 


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Bon 


LAH 


aucune  dans  sa  nouTèile  patrie.  Il 
n'eut  pas  la  consolation  de  voir  le 
tîanlon  de  Vaud,  rendu  à  sa  digni- 
té primîtiTe,  prendre  place  parmi 
les  membres  de  la  confédération 
suisse  :événemens  qui  eurent  lieu 
a  ans  après  sa  mort.  Il  a  laissé 
4  fils,  dont  ^  ont  servi  dans  les 
armés  françaises;  l'un  y  est  mort 
des  suites  de  ses  blessures.  Le  nou- 
veau gourernement  de  son  pays 
natal  s'empressa,  en  1798,  de  dé- 
créter qu'il  serait  élevé  un  monu^ 
ment  en  son  honneur.  Le  monu- 
ment n^existe  pas,  mais  le  souve- 
nir du  général  Labarpe  vit  enco- 
re dans  le  cœur  de  ses  concitoyens, 
comme  celui  d'un  martyr  de  leur 
indépendance;  et'l'armée  françai- 
se n'oubliera  pas  le  brave  guerrier 
qu'elle  avait  adopté,  et  qui  se 
montra  constamment  digne  de 
conduire  ses  phalanges  à  la  vic- 
toire. 
.  LAHARPE  (FBiDââic-CÉSAK), 

•  ex-directeur  de  la  république  Hel- 
vétique, général  titulaire  au  ser- 
vice de  Russie,  et  chevaliei"  des 
ordres  de  cette  puissance,  né  dans 
le  pays  de  Vaud,  y  exerça  avec 
distinction  la  profession  d'avo- 
cat pendant  quelques  années.  Il 
se  rendit  ensuite  en  Russie,  où  sa 
réputation  l'avait  précédé  ,  et 
où  il  fut  chargé  de  l'éducation 
des  grands  -  ducs  Alexandre  et 
Constantin ,  flls  de  Paul  I".  De- 
puis son  avènement  au  trône, 
l'empereur  Alexandre  s'est  plu  à 
reconnaître  ,  en  diverses  occa- 
sions ,  tout  ce  qu'il  devait  à  son 
instituteur,  et  l'on  a  entendu  l'au- 
tocrate' de  toutes  les  Russies  se 
vanter  même  d'avoir  reçu  une  édu- 
cation républicaine.  Il  est  certain 

•  qu'à  la  cour  de  l'impératrice  Ca  - 


LAH 

therine  II ,  Laharpe  se  distinguait 
autant  par  sa  franchise  et  se»  opi- 
nion» libérales  que  par  son  savoir 
et  ses  vertus.  Il  est  certain  aussi 
que  cette  princesse  éclairée  y  et  si 
souvent  fatiguée  de  la  seryllité 
d'une  foule  de  courtisans  ^  sut 
apprécier  le  caractère  d'un  hom- 
me libre,  et  ne  retira  jamais  à  La- 
harpe son  estime  et  sa  confiance. 
Lorsqu'il  eut  achevé  Thonorablc 
tâche  dont  il  s'était  chargé^  il  re- 
vint dans  sa  patrie.  L'impératrice 
lui  avait  assigné  une  pension  9  et 
lui  avait  en  outre  donné  le  rang 
de  colonel.  La  révolution  venait 
d'éclater  en  France.  Laharpe  pu- 
blia quelques  écrits  où  la  cause  de 
la  liberté  était  défendue  avec  ta- 
lent, et  où  il  cherchait  à  établir 
les  droits  imprescriptibles  des  peu- 
ples à  être  gouvernés  dans  l'in- 
térêt de  tous ,  et  non  dans  rio- 
térêt  d'un  maître  absolu,  ou 
dans  celui  de  quelques  oligarques 
privilégiés.  La  manifestation  fran- 
che de  ces  principes  lui  attira  tout 
le  ressentiment  de  l'aristocratie 
bernoise,  à  laquelle  le  pays  de 
Vaud  était  alors  soumis.  La  per- 
sécutton  qu'il'  éprouva  le  força 
bientôt  à  s'iexpatrier,  et  il  vint  en 
iPrance ,  où  continuant  de  s'occa- 
per  d'écrits  utiles  à  la  propaga- 
tion des  principes  de  la  liberté, 
il  publia  un  ouvrage  sous  le  titre 
de  Lettres  de  PhUantropus.  On  a 
insinué ,  avec  autant  de  malignité 
que  de  mauvaise  foi,  dans  un  ou* 
vrage  biographique ,  que  Laharpe 
et  son  compatriote  Ochs  furent 
chargés  par  les  directeurs  Merlin 
et  Rewbell ,  en  1 798,  de  préparer 
une  révolution  en  Suisse,  par  des 
pamphlets  et  des  proclamations. 
L'intention  d'injurier  un  homme 


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£Atr 

d'un  caraetère  honorable ,  e»  le 
faisant  considérer  comme  l*agea^ 
d'une  intrigue  étrangère ,  est  ici 
manifeste ,  tandis  qu'i(  n'avait 
dans  toutes  ses  actions  d'autre 
objet  que  celui  de  rendre  au  pays 
de  Vaiid ,  sa  dignité  et  son  indé- 
pendance primitive.  Il  Touiait 
sans  doute  roir  prendre  à  sa  pa-^ 
trie  le  rang  qui  lui  convenait  «  et 
qu'elle  a  obtenu  depuis,  comme 
canton  libre  et  membre  de  la  con* 
fédération  helyétique  ;  mais  pour 
parvenir  à  ce  but^  il  n'eut  recours 
à  aucune  intrigue,  et  fut  surtout 
bien  loin  d'agir  dans  l'intérêt  d'u- 
ne autre  putèsanoe.  Aussi  son  xèle 
et  son  patriotisme  furent^ils  di- 
gnement appréciés  par  les  meil- 
leurs juges^ses  compatriotes.  L'as^ 
semblée  provisoire  du  pays  de 
f^aud  9  dans  sa  séance  du  3o  mars 
17989  dernier  jour  de  sa  session , 
lui  décerna  une  médaille  d'or  du 
prix  de  5oo  fr. ,  portant  d'un  côté 
un  faisceau  de  lances  surmontq 
du  chapeau  de  la  liberté  hèlvéti-^ 
que,  et  de  l'autre,  cette  inscrip- 
tion :  A  Frédéric  César-Lakarpe^ 
le  peuple  VaudoU  reconnaissuni^ 
Lorsqqe  les  armées  françaises  .eu- 
rent pénétré  en  Suisse ,  et  qu'une 
nouvelle  organisation  fut  donnée 
à  ce  pays ,  il  devint  l'un  des  di- 
recteurs de  la  nouvelle  républi- 
que. Eapinat,  d'odieuse  mémoi- 
re, commissaire  du  directoire  Iran-^ 
çais ,  dont  lé  nom  est  encore  exé- 
cré eh  Suisse,  voulut infirpier cet- 
te nomination  ;  mais  Laharpe  s'a- 
dressant  aussitôt  au  gouvernement 
français,  réussit  à  faire  agréer  sa 
promotion.  La  discorde  engen- 
drée par  la  divergence  des  inté- . 
rets,  ayant  élevé  une  lutte  terri- 
ble entre  les  pouvoirs  législatif 


lÂfi 


533 


et  exécutif  de  l'Helvétic,  M.  La-> 
harpe  crut  pouvoir  sauver  la  pa- 
trie par  un  coup  d'état;  il  se  trom- 
pa. Il  voulait,  conjointement  avec 
deux  de  ses  collègues  (  Sécré- 
tai» et  Oberlin  )  ,  dissoudre  le 
corps-législatif,  qui,  toujours  sous 
rinfluence  des  idées  aristocrati- 
ques, mettait  chaque  jour  des  en*^ 
traves  à  la  marche  du  gouverne- 
ment. Son  projet  fut  éventé;  U 
faiblesse  de  ses  collègues  ne  lui 
permit  point  d'agir,  et  le  direc- 
toire helvétique  fut  dissous.  Une 
couunission  executive,  provisai-- 
re,  composée  de  sept  membres 
fut  établie.  La  correspondanoe  dé 
Laharpe,  ainsi  que  ses  messages 
et  procladiations  y  fuient  exami** 
nés.  La  question  de  le  mettre  en 
jugeaient  fut  agitée  au  oommen« 
cernent  de  1 800;  mais  elle  fut  écar-, 
tée  par  la  majorité  des  membres 
du  grand-conseil ,  qui  décida  seu- 
lement que  cetex-diivcteur  serait 
mis  en  surveillance.  II  venait  de 
publier  un  précis  de  sa  conduite 
privée  et  politique,  quand  le  pre- 
mier consul  de  la  république  fran- 
çaise passa  à  Bâle,en  1803.  Lahar« 
pe  se  présenta  àlui ,  et  en  obtint  la- 
permission  de  se  rendre  à  Paris. 
Ce  fut  pour  lui  une  nouvelle  oc-- 
casiou  d'obtenir  encore  des  mar-- 
ques  de  la  confiance  de  ses  com- 
patriotes, puisque  3  cantons  le 
chargèrent  d'être  leur  re]présen- 
tant  à  ia  (x>nsulte  qui  devait  se 
réunir  à  Paris ,  pour  y  régler  dé- 
finitivement les  affaires  de  la  Suis- 
se. Il  ne  crut  pas  devoir  accepter 
cette  mission,  et  préféra  vivre^ 
dans  la  retraite,  sans  s^occuper 
de  fonctions  publiques.  U  passa  ain- 
si plusieurs  années  en  France,  et 
se  trouvait  à  Paris  lors  de  la  pre- 


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554 


tAH 


mlère  iûyasioD  des  arméeê  coalisées 
en    t8i4«   L!einpereur  Alexandre 
auquel  il  se  présenta,  ôharmé  de 
revoir  son  instituteur  9  lui  fit  Tac- 
cueil  le  plus  distingué,  le  décora 
du  grand-cordon    de  l'ordre  de 
Saint-André ,  et  changea  son  titre 
de  colonel  en  celui  de  général. 
Bientôt  M.  Laharpe  fut  chargé  de 
se  rendre  au  congrès  de  Vienne , 
pour  y  défendre  les  intérêts  du 
pays  de  Vaud^queles  prétentions 
bernoises  ne  cessaient  de  mena- 
cer. Dans  cette  occasion,  son  élo- 
quence patriotique  fut  puissam- 
meut  secondée  par  la  protection 
de  L'empereur  Alexandre ,  et  l'in*- 
dépendance  des  cantons  de  Vaud, 
d'Argovie  et  du  Tessin  fut  garan- 
tie par  l'acte  de  médiation.  Après 
la  séparatioa  du  congrès,  le  gé- 
néral retourna'  dans  sa  patrie,  01^ 
l'estime  et  la  reconnaissance  de 
ses   concitoyens  l'ont  suivi  dans 
la  retraite  qu'il  s'est  choisie. 
;    LAHARY    (is  CHBVALia),   né 
dans  le  département  de  la  Gironde, 
exerçait,  à  l'époque  de  la  révolu- 
tion, la  profession  d'avocat  à  Bor- 
deaux. £n   1798,  il  fut  nommé 
eommissairc  du  directoire  auprès 
de  l'administration  de  son  dépar- 
tement. Élu  peu  de  temps  ap^ 
âu  conseil  des  cinq-cents,  on  as- 
sure qu'il  fut  un  de  ceux  qui  se 
trouvant  initiés  dans  le  sedret  de 
la  révolution  du  18  brumaire,  y 
coopérèrent  le  plus  efficacement. 
Bonaparte,  devenu  premier  con- 
sul, appela  M.  Lahary  aux  fonc- 
tions   de    tribun,   qu'il    remplit 
jusqu'à  l'époque  où  le  tribunat  ces- 
sa d'exister.  Élu  membre  du  corps- 
législatif  en  1808,  par  le  corps  élec- 
toral du  département  de  la  Seine, 
il  en  fit  constamment  partie  jus- 


qu'«o  181 5.  £n  août  1S14.  U  ap-* 
puya  avec  véhémence  le  projet  de 
foi  tendant  à  restreindre  la  liberté 
de  la  presse;  il  fit  même,  pendant 
les  débats,  preuve  d'une  vaste  é- 
ruditioa,  en  remontant  jusqu'à 
l'origine  du  monde,  pour  prouver, 
par  des  exemples  historiques,  qu'il 
n'y  avait  point  de  contradictions 
entre  les  restrictions  qu'on  voulait 
établir  et  la  déclaration  du  roi  ^ 
du  a  mai  de  la  mê^me  année.  Par- 
tant de  ce  principe,  il  prétendit 
prouver  encore  que  les  droits  les 
plus  naturels,  les  plus  Incontesta- 
bles, pouvaient,  selon  les  circons- 
tances, être  limités.  ^L  Lahary  a 
été  chargé  par  le  cbmité  des  péti- 
tions de  diiïérens  rapports ,  entre 
autres,  de  celui  du  9  septembre, 
dans  lequel  il  rendit  compte  des 
demandes  en  suppression  de  l'ar- 
riéré des  droits-réunis.  Il  vota  aus- 
si pour  le  renvoi  au  ministre  des 
finances  d'uiie  pétition  de  86  em-* 
ployés  de  ces  mêmes  droits-réunis, 
réfugiés  à  Paris  depuis  l'évacua- 
tion de  la  Hollande.  M  Lahary  n'a 
point  été  réélu  pour  les  sessions 
suivantes 

LAHAYE  (A.  N.  m),  grajeur- 
géographe,  d'un  mérite  distingué, 
naqbît  à  Paris  en  1726,  et  y  mou- 
rut en  1800.  Il  reçut  de  son  père 
les  premières  leçons  de  son  art,  et 
eut  l'avantage  d'avoir  pour  maître 
le  célèbre  géographe  Delisle,  sous 
les  auspices  duquel  il  devint  lui- 
même  l'un  des  artistes  français  les 
plus  célèbres  dans  le  genre  qu'il 
avait  embrassé.  On  a  de  lui  1,200 
cartes,  ou  plans,.qui  tous  attestent 
la  précision,  la  netteté  et  la  pu- 
.reté  de  son  burin.  La  carte  des 
Alpes  et  celles  des  forêts  de  Fon- 
tainebleau, les  œuvres  de  Dan- 


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LAH 

▼îlle  et  de  Robert  de  Vaogon- 
dy ,  et  un  atlas  d'après  Manne.vR- 
lette,  aisurent  à  jamais  sa  répdtâT- 
tîon. 

LAHORIE  (VicTOB- Claude-A- 
lexandre FA5NEAU  de)  adjudaat- 
g^éiiéral,  naquitleôjanyicr  1766,  à 
Gavron,  département  de  la  Mayen- 
ne. Il  se  montra,  en  17S9,  l'un 
des  plus  zélés  partisans  de  la  ré- 
volution; devint  9  en  1792,  com- 
mandant de  l'un  des  bataillons  de 
Tolontaires  du  département  de 
l'Orne;  nt  arec  distinction  les  pre- 
mières campagnes  de  la  liberté, 
et  ne  tarda  pas  k  obtenir  le  grade 
d'adjudant- général.  Moreau,  se 
l'étant  attaché,  le  nomma  son  chef 
d'état-major  lors  de  la  retraite  du 
général  DessoUes.  Après  la  paix 
de  Lunéyille,  il  rentra  en  France 
avec  l'armée  du  Rhin ,  et  comme 
il  possédait  toule  la  confiance  de 
son  général  en  chef,  il  ne^essa 
depuis  d'être  son  ami.  On  Tac- 
ou«a  même  d'avoir,  en  1804» 
employé  toute  l'influence  que 
lui  donnait  l'amitié,  pour  décider 
Moreau  à  entrer  dans  la  conspira* 
tion  de  Pichegru  et  de  Georges 
contre  le  premier  consul.  Averti 
à  temps,  il  parvint  ù  se  soustraire 
aux  recherches  de  la  police, 
et  évita,  par  la  fuite  en  pays  é- 
tranger,  le  sort  qui  atteignit  les 
autres  conspirateurs.  Il  avait  quit- 
té la  France  avec  Fresnières,  se- 
crétaire de  Moreau;  il  y  rentra  au 
bout  de  quelques  années,  et  s'y 
conduisit  d'une  manière  assez  im- 
prudente. La  hardiesse  avec  la- 
quelle il  s'expliquait  en  public 
surlegouTerneraentde  Napoléon, 
attira  de  nouveau  sur  lui  les  re- 
gards de  la  police;  et  cette  fois,  il 
fut  arrêté  et  détenu  à  la.  Force 


LAÈ  355 

jusqu'en  181a.  C'est  du  sein  de 
cette  prison  que,  le  27  octobre  de 
la  même  année,  il  devint  l'un  des 
principaux agens  de  la  conspiration 
du  général  Malet,  dont  l'étonnan- 
te audace  faillit  renverser  le  gou- 
vernement impérial.  Lahorie,  tra- 
duit pour  ce  fait  devant  une  com- 
mission militaire,  fut  condamné 
à  mort  le  28  octobre  et  fusillé  1» 

LAHOSDINIERE  (B.),  nom- 
mé, en  septembre  1792,  député  à 
la  convention  nationale,  parledér 
partement  de  TOiïie.  Lors  du  pro- 
cès du  roi,  il  vota  pour  la  peine 
la  plus  sévère,  et  parut  quelque 
temps  après  se  repentir  de  son 
vote,  accusant  alors  les  comitéd^ 
d'avoir  soustrait  à  la  connais- 
sance de  l'assemblée  des  piè- 
ces de  ce  grand  procès,  d'autant 
plus  importantes  qu'elles  étaient 
favorables  au  prince.  En  mars 
.1793,  il  flt  décréter  le  partage  des 
biens  communaux  entre  les  habî- 
tans  les  plus  pauvres  de  chaque 
canton.  Il  fut  nommé  membre 
de  la  commission  des  douze,  for- 
mée pour  mettre  un  frein  aux  u- 
surpations  de  la  municipalité  de 
Paris.  L'orage  qui  bientôt  menaça 
cette  commission  jeta  1  épouvante 
dans  son  âme.  Il  se  htita  de  don- 
ner sa  démission,  ce  qui  n'eiupê- 
cha  pas  Bourdon  de  l'Oise  de  de- 
mander son  arrestation,  qui  fut  en 
effet  ordonnée ,  et  qui  eut  lieu  a- 
près  les  journées  du3i  mai,  i"et 
2  juin.  Il  fut,  pendant  quelque 
temps,  gardé  chez  lui  par  un  gen- 
darme. Mais  les  députés  Duroy  et 
Saint-Juftt  prirent  sa  défense,  au 
-sein de  la  convention  même,  assu- 
rant qu'il  avait  été  plus  trompé 
que  coupable^  et  parvinrent  à  lui 


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836 


LÂH 


faire  .  obtenir  sa  liberté.  Après  là 
session  conTenttonncUe,  M.  La- 
hosdînière  fiit  employé,  par  le  dî* 
rectoire,  en  qualité  decommissai-» 
re.  Depuis  la  révolution  du  iS 
bruonaire,  qui  mit  fin  à  ce  gouverr 
nement ,  il  a  cessé  de  remplir  des 
fonctions  publiques. 

LAHOLSSAYË  (Aimafd  Le- 
•HUN,  BABOK  Di),  lîeutenant-géné» 
rai 9 commandant  de  la  légion-d'hoo* 
neur,  est  né  le  20  octobre  1768. 
11  fut  soldat  9  dès  qu'il  put  porter 
les  armes;  la  valeur  et  Tintelligen- 
•ce  qu'il  déploya  dans  les  diffé- 
rentes  campagnes  qui  eurent  lieu 
depuis  la  révolution,  lui  firent  ob- 
tenir rapidement  tous  ses  grades. 
Nommé,  en  1B04,  général  de  bri- 
gade et  commandant  de  la  légioi>' 
d*bonneur,  il  fit  la  guerre  de  i8o5, 
et  celle  de  1806  et  1807,  contre 
les  Autrichiens,  les  Prussiens  et 
les  Russes.  Il  gagna,  par  sabrillan- 
te  conduite  à  la  bataille  d^Ëylau, 
le  i4  luai  1807,  le  grade  de  géné- 
ral de  division.  £n  1808,  il  passa 
en  £spagne;  prit,  au  mois  de  dé«- 
ccmbre  de  la  même  année,  une 
part  active  à  la  réduction  de  Ma- 
drid ,  et  fut  chargé  de  s'emparer 
du  palais  de  TEscurial,  ce  qu'il 
exécuta.  £n  janvier  1809,  il  sou- 
tint ail  combat  de  Prieras  l'attar 
que  la  plus  vive.  Le  è  août ,  il  se 
signala  avec  le  5**  corps,  sous  les 
ordres  du  maréchal  Mortier  (  duc 
de  Trévise),  au  passage  du  Tage, 
près  de  Talaveyra.  Le  bi  avril 
1810,  il  cueillit  de  nouveaux  lau- 
riers à  Villar-del-Orno  ;  et  le  10 
juillet  de  la  même  année,  avec  u- 
V  ne  poignée  de  braves,  ilbattitl'en- 
nemiau  pont  d'Occana,  et  lui  fit 
1 200  prisonniers.  En  18 1 2  ^  il  re- 
çut l'ordre  de  rentrer  en  France , 


LAH 

et  fut  d^  suite  employé  dans.  Tun 
des  corps  de  la  grande -armée, 
prête  à  pénétrer  en  Russie.  Prison- 
nier à  la  bataille  de  la  Moskowa, 
il  ne  revint  dans  sa  patrie  qu'après 
les  événemens  de  i8i4»  Le  19 
juillet  de  la  même  année,  le  roi 
nomma  M.  de  Lahoussaye  cheva- 
lier de  Saint-Louis.  Il  fut  employé, 
au. mois  de  juin  181 5,  dans  le  i** 
corps  d'armée  du  Nord,  2".'  divi- 
sion de  cavalerie.  I>epuis  le  second 
/retour  du  roi ,  il  a  été  maintenu 
sur  la  liste  des  lieutenans-généraux 
en  activité  de  service. 

LAHOUSSAYE  (  Xv^vm  mr 
Gaidin),  chef  des  chouans  ^  na- 
quit en  Bretagne  d'une  famille 
parlementaire,  U  abandonna  la 
Franee ,  très-jeune  encore,  se  mit 
au  service  de  l'Angleterre ,  et,  a- 
près  le  désastre  de  Quiberon  ,  se 
jeta  dans  lesdépartemens  de  l'Ouest 
pour  se  mêler  aux  bandes  de 
chouans.  Arrêté  à  CaeD ,  comme 
émigré,  il  parvint  à  s'évader»  et 
se  rendit  dans  le  Maine,  avec  l'in- 
tention de  servir  dans  l'ancienne 
division  de  Rocbecotte*  Il  fut  ar- 
rêté de  nouveau  et  condiiit  dans 
les  prisons  du  Mans.  M.  de  Bour- 
mont  s'étant  emparé  de  cette  vil- 
le, vers  la  fin  de  septembre  1 799, 
il  rendit  Lahoussaye  à  U  liberté, 
et  lui  confia  le  commandement 
d'une  de  ses  divisions.  Celui-ci 
justifia  le  choix  qu'on  avait  fait  de 
sa  personne,  et  combattit,  mais 
sans  aucun  succès 9  les  troupes  ré- 
publicaines; puis,  suivant  l'exem^ 
pic  des  chefs,  il  posa  les  armes  et 
se  soumit  en  1800.  Il  se  rendit  à 
Paris;  mais  toujours  actif  et  re* 
muant,  il  fut  plusieurs  fois  arrêté 
par  ordre  de  la  police,  et  enfin 
transféré  dans  la  citadelle  de  Be- 


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LAfi 

9^DÇon,  où  il  fut  détenu  jusqu'en 
i8o5.  Il  fit  unToyage  en  Italie,  en 
r8o6;  repassa  en  France,  où  Fou- 
ché  rattacha,  dit-on,  à  son  minis- 
tère; il  remplit  plnsieurs  misions 
dans  la  Bretagne  et  dans  l«s  dépar- 
temens  méridionaux;  on  le  reyità 
Paris,  en  1814  9  après  la  restaura- 
tion. 

LAHOUSSAYE  (Pierre),  violo- 
niste,  ancien  professeur  de  premiè- 
re classe  au  conservatoire  impé- 
rial de  musique,  et  le  plus  célè- 
bre des  élèves  de  Tartini,  naquit  à 
Paris,  le  12  avril  1755.  II  avait 
reçu  de  la  nature  l'organisation  la 
plus  heureuse  pour  la  musique, 
et  biei>  qu'il  n'eût  point  encore  eu 
de  maître,  il  avait  à  peine  7  ans 
qu'il  jouait  du  violon  d'une  manière 
remarquable.  Il  reçut  ses  premiè- 
res leçons  d'un  musicien  de  l'O- 
péra, nomitié  Piffet,  qui  le  mit  en 
état  de  débuter  à  neuf  ans  au  con- 
cert spirituel.  Introduit  peu  de 
temps  après  chez  le  comte  de  Sen- 
neterre,  il  eut  l'avantage  d'y  en- 
tendre les  virtuoses  les  plus  re- 
nommés de  l'époque,  tels  que 
Pagin,  Gavîniez ,  Pugnani ,  Giar- 
dinî,  Yanmalder  et  Domenico  Fer- 
rari. Chacun  d'eux,  ayant  joué 
une  sonate  à  solo,  eut  l'occasion 
de  remarquer  l'enthousiasme  qu'il 
avait  produit  sur  l'imagination  du 
jeune  Lahoussaye,  à  qui  Ferrari 
n'hésita  pas  de  présenter  son  vio« 
Ion.  Cette  faveur  fut  pour  le  jeu- 
ne homme  un  nouvel  aiguillon  qui 
lui  fit  produire  des  merveilles.  Il 
préluda  non-seulement  d'une  ma- 
nière brillante,  mais  il  rendit  par- 
faitement, de  souvenir,  plusieurs 
traits  d'une  sonate  de  Tartini,  que 
venait  de  jouer  Pagin,  ce  qui  lui 
valut  les  plus  grands  éloges.  £n- 


LAH 


35? 


chanté  de  ses  dispositions,  Pagin 
Fadopta  pour  élève,  et  par  sa 
protection,  il  devint  bientôt  vio- 
loniste des  concerts  du  prince  de 
Clermont.  Il  avait  depuis  long- 
temps conçu  le  dessein  d'aller  à  Pa- 
doue  pour  y  voir  Tartini,  premier 
objet  de  son  admiration;  le  sort 
heureux  dont  il  jouissait  déjà  ne 
put  lui  ôter  ce  désir.  Ce  fut  ce  qui 
l'engagea  à  s'attacher  au  prince  de 
Monaco,  prêt  à  partir  pour  l'Italie. 
il  put  donc  aller  à  Padoue  rendre 
hommage  à  celui  dont  les  subli- 
mes productions  lui  avaient  servi 
de  modèles.  L'idée  que  Lahous- 
saye s'était  faite  du  mérite  du  cé- 
lèbre virtuose  qu'il  brûlait  d'enten- 
dre, était  encore  bien  imparfaite; 
aussi  son  étonnement  fut-il  extrê- 
me lorsqu'il  entra  dans  l'église,  au 
moment  où  Tartini  commençait 
son  concerto!  Ce  fut  là  que  la 
pureté,  la  justesse  du  son,  le 
charme  céleste  de  l'expression 
et  la  magie  de  l'archet  le  plongè- 
rent dans  un  ravissement  difiicile 
à  exprimer;  ce  fut  là,  enfin,  que 
son  admiration  put  embrasser 
toutes  les  perfections  de  l'art  au- 
iquel  il  s'était  consacré.  La  surpri- 
se qu'il  venait  d'éprouver  ne  lui 
laissait  presque  pas  la  force  de  se 
présenter  devant  Tartini;  il  triom- 
pha pourtant  de  sa  timidité,  et  le 
grand  artiste  le  reçiit  avec  une 
bienveillance  qui  lui  était  naturel- 
le, mais  qui  ne  fit  que  s'accroître 
lorsqu'il  reconnut  dans  Lahous-f 
saye  sa  manière  et  son  école.  Vou- 
lant alors  favoriser  les  progrès 
d'un  talent  déjà  remarquable,  il 
lui  donna  des  leçons^  suivies.  Le 
prince  de  Monaco,  qui  avait  per- 
mis à  Lahoussaye  de  le  quitter  mo- 
mentanément, l'ayant  rappelé  au- 


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55S 


LAH 


près  de  lui,  il  (|uittâ  avec  regret 
Padoue  pour  se  rendre  à  Parme,  où 
rinfantdonPbilippéetles  seigneurs 
de  sa  cour  l'entendirent  arec  un  vif 
plaisir.  iPendant  le  séjour  qu'il  fit 
dans  cette  ville,  il  apprit  la  cooi-* 
position  du  célèbre  Tr^etta;  ce  qui 
le  mit  à  même  de  faire  un  gmnd 
nombre  d^airsde  ballets,  qui,  dand 
ks  opéras  de  Parme  et  de  Venise,' 
furent  couronnés  du  plus  grand 
succès.  Comblé  des  bienfaits  de 
'  Tinfant,  Lahoussâye  quitta  Panne 
pour  visiter  les  principales  villes 
de  l'Europe.  Il  repassa  à  Padone, 
pour  y  voir  encore  une  fois  ïar- 
tini,  qui  le  reçut  ave<^  de  grandes 
démonstrations  d'estime  et  d'ami- 
tié. Après  avoir  demeuré  dix-huit 
arts  en  Italie  et  en  Angleterre;,  où 
il  avait  dirigé  les  premiers  or- 
chestres, il  revint  à  Paris,  et  fBt 
d'abord  nommé  chef  d'orchesli^ 
du  concert  spirituel  et  de  la  co- 
médie Italienne.  Devenu  chef  d'or- 
chestre- du  thécltre  de  Monsieur^, 
en  1789,  il  passa  ensuite  à  la  di- 
rection de  celui  de  Feydeau.  Lors 
de  la  création  du  conservatoire  de 
musique,  il  en  fut  nommé  pre-^ 
mier  professeur.  Cependant  son 
mérite  et  quarante  ans  de  service 
ne  l'empêchèrent  pas  depuis  d^rë 
supprimé,  sans  avoir  pu  obtenir 
nne  pension,  bien  qu'il  fût  père 
d'une  nombreuse  famille.  La  tra^ 
dition  de  son  grand  talent  semble 
même  se  perdre,  ou  du  moins 
s'affaiblir  considérablement  au-* 
jourd'hnî.C'estpourtantdeluique 
Tartini  disait  avec  une  satisfaction 
marquée,  on  apprenant  ses  bril- 
inns  succès  :  «  Je  n'en  suis  pas 
«surpris,  j'ai  toujours  dit  que 
^  mon  élève  Pi<etro  serait  ia  terreur 
•nfiês  vhUns»  »   Laboussaye,  quj 


LAH 

avait  en  manoscrit  douze  concer- 
tos pour  l'église,  3  œu»ru  de  duos, 
et  8  œuvres  de  sonates  pour  le  yio- 
Ion,  n'a  publié  à  Paris,  où  il  mou- 
rat  en  18 1  ë^qu'uD  œuvre  de  sonates. 
LAHOUSSOCHË  (F&àuçois)  , 
plus  connu  sous  le  nom  de  Lako- 
€HE ,  capitaine  au  25"*  régiment  de 
dragons,  membre  de  la  légîoii- 
d'honneur,  est  né  le  i5  janvier 
11775,  à  Ruffeo,  départeoQeat  de 
la  Charente.  Lorsque,  au  Com- 
mencement de  la  révolution,  nos 
frontières  furent  menacéch  par  les 
armées  étrangères,  il  partit  comme 
volontaire  dans  le  premier  batail- 
lon du  département  de  ia  Charen- 
te. Le  1*'  décembre  1791,  il  fi>t 
fait  sous  *- lieutenant ,  et  enroyè 
en  cette  qualité  au  5*'  régiment 
de  cavalerie;  le  so  avril  de  la 
même  année,  il  passa  au  25** 
régiment  de  dragons,  où  il  derint 
lieutenant  le  1"  avril  1795,  et  ca- 
pitaine le  !24  plnviôse  an  a.  11  a 
fait  les  campagnes  de  179a,  1795 
et  de  Tan  %  aux  armées  de  la  Mo- 
selle et  du  Nord.  Réformé  le  1 6 
nivôse  an  6,  le  capitaine  LahouH- 
soche  fut  remis  en  activité  le  1*' 
floréal  an  7 ,  et  fit ,  au  même 
régiment,,  la  campagne  de  Fan 
8  et  de  l'an  9  à  l'armée  du  Rhin. 
Il  s'est  distingué  dans  beaucoup 
d'occasions.  Nous  en  citerons 
deux.  La  première,  le  a8  ger- 
minal ,  étant  à  l'armée  du  Nord, 
à  la  tête  d'un  escadron  en  avant 
d^Étreiix,  il  chargea  quatre  esca* 
drons  de  dragons  autrichiens  de 
Latour,  les  mit  en  déroute  et  leur 
prit  2  pièces  de  canon.  La  seconde  « 
le  11  frimaire,  étant  à  l'armée  du 
Rhin,  enavaotde  Nekerguemiri, 
et  à  la  tête  d'un  petit  nombre  de 
braves,  il  reprit  à  l'ennemi   une 


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LAH 

compagnie  de  grenadiers,  qu'il 
tïinnienait  prisonnière.  £n  récom- 
pense de  ses  senrices,  il  fut  nommé 
chevalier  de  la  légion-d'honneur 
en  l'an  12.  On  croit  que  ce  brave 
a  été  tué  quelque  temps  après. 

LAHOZ  (N.),  général  de  la  ré- 
publique Cisalpine,  naquit  dans 
le  Milanais,  d'une  famille  noble 
de  ce  pays.  Il  embrassa  fort  jeunç 
la  profession  dçs  armes  ,  et  se 
prononça  énergiquement  un  des 
premiers  pour  la  liberté  et  l'indé- 
pendance de  sa  patrie.  .Considé- 
rant les  Français  comme  des  libé- 
rateurs ,  il  les  servit  de  tous  ses 
moyens  dès  leur  entrée  en  Italie. 
Employé  dans  l'armée,  il  adressa, 
au  mois  d'avril  1797,  une  procla- 
mation au  peuple  de  Brescia,  dans 
laquelle  eti  recommandant  le 
maintien  de  l'ordre,  il  menaçait 
des  peines  les  plus  sévères  ceu3f 
ifui  le  troubleraient  à  l'avenir.  £q 
juillet  1798,  il  parut  sur  les  fron- 
tières du  Piémont,  à  la  tête  des 
troupes  de  la  république  Cisalpi- 
ne. Chargé  d'une  mission  très-dé- 
licajie  auprès  du  directoire  fran-r 
cais,  il  s'en  acquitta  avec  plus  de 
courage  que  de  succès.  "N'ayant 
pu  obtenir  de  cette  autorité  une 
audience  à  l'effet  de  lui  exposer 
ses  griefs,  il  rendit  publique  la 
lettre  par  laquelle  il  l'avait  de-* 
mandée.  On  y  remarquait  le  pas- 
sage suivant  :  «  Il  s'agit  de  déjouer 
)>Mne  conspiration  odieuse  contre 
j» la  constitution,  et  de  connaître 
»le  sentiment  du  directoire  sur  u- 
I)  ne  poignée  de  scélérats  qui  s'as- 
»  semblent  chez  l'ambassadeur 
»  Trouvé ,  et  qui  composent  le  co- 
»  mité  des  novateurs.  »  Le  direc- 
toire, blessé  de  cette  hardiesse, 
destitua  le  général  Lahoz,  Igi  don- 


LAH 


359 


na  l'ordre  ,  ainsi  qu'à  son  aî- 
de-de-camp,  de  quitter  Paris,  et 
fit  insérer  dans  les  journaux  diver- 
ses notes  dans  lesquelles  on  le  re- 
présentait comme  un  agent  de 
l'étranger.  Dès  ce  moment  Lahoz 
devint  l'ennemi  des  Français^  ou 
plutôt  celui  de  leur  gouverne- 
ment. Il  seconda  les  opérations 
des  Autrichiens  en  se  mettant  à  la 
tête  d'un  grand  nombre  de  mé- 
contens  insurgés.  Il  commandait 
une  des  divisions  qui  formaient  lé 
siège  d'Ancône,  en  1799,  quand 
dans  une  sortie  vigoureuse  faite 
par  les  Français,  il  reçut  une  bles- 
sure dont  il  mourut  a  heures  a- 
près.  On  a  répandu  des  bruits  in- 
jurieux ^  la  mémoire  du  général 
Lahoz,  en  disant  qu'on  avait  trou- 
vé sur  lui  un  cachet  aux  armes 
de  l'empereur  d'Autriche,  où  se 
trouvait  une  devise  portant  ces 
mots  :  mort  aux  Français,  Ceux 
qui  ont  connu  ses  principes  et  son 
caractère,  pensent  qu'il  n'était  pas 
plus  l'ami  des  Autrichiens  que  des 
Français;  mais  comme  tous  ses 
vœux  étaient  pour  l'indépendance 
de  sa  patrie,  il  devait  naturelle- 
ment  être  l'ennemi  de  tous  ceux 
qui  cherchaient  à  l'opprimer. 

LAHLIRE  (Louis -Joseph,  BAr 
ron),  lieutenant  -  général ,  né  à 
Mons  en  1767.  Après  la  révolu- 
tion de  la  Belgique,  il  se  retira  eu 
France,  et  contiîbua  à  l'organisa- 
tion de  la  légion  formée  de  Belges 
réfugiés  ;  il  fit  avec  cette  légion  la 
campagne  de  1 792  en  qualité  de 
capitaine.  Nommé  chef  de  batail- 
Ion  au  mois  de  janvier  suivant,  il 
se  distingua  à  la  tête  d'un  batail- 
lon de  tirailleurs  sur  la  frontière 
4u  Nord ,  et  contribua  beaucoup , 
comme  commandant  d*uQ  corps 


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54o 


LAri 


de  troupes  légères,  aux  succès  de 
l'armée  sous  les  ordres  de  Piche- 
gru  en  i794«  Par  suite  de  l'entrée 
des  troupes  françaises  à  Amster- 
dam 9  il  fut  chargé  d'aller  prendre 
possession  de  la  Nord-Hollande, 
11  conçut  le  hardi  projet  de  s'em- 
parer, avec  un  détachement  de 
hussards  et  de  tirailleurs  montés 
en  croupe,  de  la  flotte  hollandaise 
qui  était  retenue  dans  les  glaces  du 
Helder.  11  exécuta  avec  un  rare 
bonheur  cette  expédition  brillan- 
te, qui  fait  autant  d'honneur  à  son 
esprit  qu'à  son  intrépidité.  Il  sau- 
ra bientôt  après  les  nombreux  é- 
migrés  qui  se  trouvaient  cernés 
dans  cette  partie  de  la  Hollande, 
et  fit  respecter  les  propriétés  pu- 
bliques et  particulières  avec  un 
zèle  digne  des  plus  grands  éloges. 
Promu  au  grade  de  chef  de  la  i5' 
demi-brigade  d'infanterie  légère, 
il  se  distingua  avec  elle  en  Alle- 
magne, en  Italie,  et  dans  le  royau- 
me de  Naples.  Lin  sabré  d'hon- 
neur fut  alors  le  prix  de  sa  bra- 
voure. 11  fut  nommé  général  de 
brigade  sur  le  champ  de  bataille 
de  la^rébia,  où  il  reçut,  en  s'em- 
parant  d'une  batterie  ennemie, 
une  blessure  grave  qui  Ta  empê- 
ché depuis  de  servir  activement 
aux  armées.  Le  département  de 
Jemtnapes  le  porta  sur  la  liste  na- 
tionale comme  absent  pour  le  ser- 
vice public,  distinction  d'autant 
plus  flatteuse,  qu'un  seul  absent 
pouvait  l'obtenir.  Élu,  en  i8o5, 
membre  du  corps-législatif  pour 
le  département  de  Jemriiapes,  et 
présenté  comme  candidat  pour  la 
présidence,  il  a  fait  partie  de  ce 
corps  par  des  réélections  succes- 
fives  jusqu'à  la  dissolution,  de 
l'empire,  ti  s'y  est  fait  remarquer 


tAH 

par  la  modération  et  l'îadép^- 
dance  de  ses  opinions.  Il  était 
chargé  en  même  temps  de  divers 
commandemens  dans  l'intérieur. 
Le  général  Lahure ,  qui  commao^ 
dait  le  département  du  Nord,  lors 
des  invasions  de  i8i4ct  de  i8i5, 
a  donné  à  cette  époque  des  preu- 
ves éclatantes  de  son  dévouement 
à  la  patrie,  en  lui  sacrifiant  son 
emploi  et  la  plus  grande  partie  de 
ses  propriétés,  qu'il  fit  inonder 
pour  contrarier  les  mou  vemens  de 
l'ennemi.  On  lui  a  dû  la  con^er- 
yation  de  plusieurs  places  impor- 
tantes de  ce  département,  celle 
des  établissemens  précieux  et  des 
riches  matériaux  que  l'une  d'elles 
renfermait.  Le  général  Lahure  a 
toujours  été  du  nombre  des  mi- 
litaires qui  se  sont  montrés  ani- 
més, dans  le  cours  de  leur  carrière, 
du  désir  de  servir  la  patrie.  Nom- 
mé commandant  de  la  légiond'hon- 
neur  dès  la  création  de  cet  ordre, 
et  chevalier  de  Saint-Louis  lors  de 
la  première  restauration  en  18149 
il  reçut  chez  lui  le  duc  de  Ber- 
-  ri ,  lors  du  passage  de  ce  prince 
à  Douai.  Le  général  Lahure,  qui 
au  mois  de  mai  18 15  s'est  trouvé 
dans  une  position  extrêmement 
difïicile,  a  cependant  donné  les 
plus  grandes  preuves  de  fidélité  à 
la  famille  des  Bourbons ,  tant 
qu'elle  a  été  sur  le  territoire  fran- 
çais. Quoiqu'il  fût  au  service  de 
France  depuis  sa  jeunesse,  il  a  dû 
demander  et  a  obtenu  des  lettres 
de  naturalisation.  Il  a  cessé  d  *être 
employé  après  le  second  retour  du 
roi.  Admis,  en  1 8 18,  à  la  retraite  de 
maréchal-de-camp  avec  le  grade 
de  lieutenant-général,  il  vît  main- 
tenant retiré  au  sein  de  sa  nom- 
breuse famille,  à  Wavrechain ,  où 


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LAI 

il  exploite  avec  succès  une  grande 
étendue,  de  terre.  Le  général  La>- 
hure  peut  être  compté  parmi  les 
hommes  les  plus  distingués  de 
l'armée,  non t seulement  comme 
Taillant  capitaine,  mais  encore  à 
cause  des  connaissances  précieu- 
ses et  variées  qu'il  possède. 

LAIGNELOT  (  Joseph- Frak- 
çois),  député,  au  mois  de  septem- 
bre 1792,  à  la  convention  natio- 
nale par  le  département  de  Sei- 
ne-et -Oise,  est  né  à  Versailles, 
en  1^52 ,  et  cultivait  les  lettres 
à  l'époque  de   la  révolution.   Il 
avait  fait  représenter,  en  1779? 
sur  le  théâtre  de  sa  ville  natale, 
et  en  1782  à  Paris,  une  tragédie 
intitulée  AgiSy  qui  obtint  du  suc- 
cès. Il  fut  un  des  membres  qui 
dans   le   procès  du  roi  votèrent 
pour  la  peine  la  plus  forte.  En- 
voyé en  mission,  quand  les  puis- 
sances coalisées  avaient  commen- 
cé d'envahir  le  territoire  français, 
il   excita  vivement   les  citoyens 
k  défendre  le  sol  de  la  patrie.  En 
septembre  17949  il  se  prononça 
avec  énergie  contre  Carrier,  et 
fut  nommé  membre  du  comité  de 
sûreté  générale  ,  le  12  novem- 
bre de  la  même  année.  Les  4  co- 
mités réunis  ayant  arrêté  qu'il  se- 
rait fait  en  leur  nom  un  rapport 
sur  la  nécessité  de  suspendre  la 
société  des  Jacobins,  et  de  fermer 
le  lieu  de  leurs  séances,  M.  Laî- 
gnelot  fut  chargé  de  ce  rapport , 
qui  fut  accueilli  par  des  applaudis- 
semens,   et  terminé  par  un  dé- 
cret de  la  convention  conforme 
aux  propositions  qu'il  contenait. 
Depuis  il  fut  accusé  d'avoir  pris, 
part  aux  insurrections  populaires 
du  12,  germinal  (  1"  avril  1795  ), 
4u  3  et  du  5  prairiatl  (.  ï2^  et  24 


LAI 


^f^^^ 


mai  de  la  même  anqée  ).  Décrété 
d'arrestation  pour  ce  liait,  il  né 
partagea  point,  faute  de  preuves  - 
suffisantes ,  le  sort  de  ses  collè- 
gues, Romme,  Soubrany,  Du- 
roy ,  etc. ,  et  recauvra  la  liber- 
té par  l'amnistie  du  4  brumaire. 
Accusé,  en  1796,  d'être  l'ami  de 
Babeuf,  il  fut  de  nouveau  arrêté  et 
traduit  devant  la  haute  -  cour  de 
Vendôme;  il  y  fut  acquitté.  Le  dî^ 
rectoire  lui  offrit,  en  1799^  une 
place  de  receveur  des  droits  de  pas- 
se 9  qu'il  ne  jugea  pas  à  propos 
d'accepter,  préférant  désormais 
se  livrer  aux  paisibles  occupations 
de  la  littérature.  Il  a  donné,  en. 
1 804 ,  une  édition  nouvelle  de  sa 
tragédie  de  Rienzi,  qui  lui  attira 
de  la  part  de  l'autorité  quelques 
tracasseries.  IVl.  Laignelot  n'ayant 
rempli  aucunes  fonctions,  pula^in 
ques  pendant  les  cent  jour^Syne  î^t 
point  obligé  de  quittter  Paris^  par. 
suite  de  la  loi  du  12  )anvie4r;^i8i6.^ 
Il  jouît  paisiblement,  au  sein  de  sa 
famille,  de  l'estime  des  hommes, 
qui  savent  faire  laparjt  des  cir- 
constances, dans  une  révolution 
telle  que  celle  dont  nous  ayons  é- 
té  témoins ,  et  distinguer  dané  les 
acteurs  de  ce  grand  drame,  ce 
qui  est  l'effet  du  vil  égoïsme  et 
de  la  perversité  du  caractère,  de 
l'impulsion  d'une  âme  ardente, 
qui  a  pu  errer,  mais  qui  ne  vou- 
lait d'abord  que  ce  qu'il  croyait 
avoué  par  l'équité  naturelle. 

L AIGUË  (AsTOiNE-Locis  de), 
employé  au. ministère  de  la  justice 
en  qualité  de  chef  des  archives, 
est  né  d'une  famille  noble  de  l'an- 
cienne province  du  Dauphiné,.  en 
1765.  Il  est  auteur  d'un  ouvrage 
assez  peu  connu ,  Intitulé  :  Les 
familles     françaises,     considérées 


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342 


LAI 


itous  tè  rapport  de  leurs  préroga" 
tives  honorifiques,  héréditaires ,  ou 
Recherches  historiques  sur  tiyrigi^ 
ne  de  la  noblesse,  les  divers  moyens 
dont  elle  pouvait  être  acquise  en 
Franee^  C institution  des  majorats, 
l'établissement  des  ordres  de  dhe^ 
Valérie^  de  la  lé gion-d'  honneur,  et 
des  noms  et  armoiries ,  Pari<^^ 
181 5,  in-8'.  Une  Table  chronolo^ 
gique  des  lois  et  ordonnances  ren- 
dues sur  chaque  matière  est 
jointe  à  cet  ouvrage» 

LAINE  (Joseph  -  Henbi  -  Joa- 
cbim),  est  né  à  Bordeaux  le  11 
novembre  1767.  Très*  jeune  en- 
core au  commencement  de  la  ré- 
volution ,  il  avait  embrassé  la 
profession  d'avocat .  s'y  était  fait 
remarquer,  et  avait  ainsi  pré- 
paré répoque  où  ses  talens  ora- 
toires auraient  à  s'exercer  sur  les 
plus  hauts  intérêts ,  et  à  se  déve- 
lopper sur  un  plus  grand  théâtre. 
M.  Laine  ne  se  montra  point  en- 
nemi des  nouvelles  doctrines;  dans 
}a  scission  qui  eut  lieu  le  5i  mai 
entre  les  républicains,  M.  Laine 
ne  suivit  point  le  parti  de  la  Gi- 
ronde, qui  fut  proscrit  dans  ce  dé- 
partement. Il  occupait,  en  1793, 
la  place  d'administrateur  du  dis- 
trict de  la  Réole  pour  la  partie 
des  subsistances.  Son  zèle  et  son 
activité  dans  cette  partie  furent 
^  très-utiles  à  ses  concitoyens.  Il 
était  heureux  à  cette  époque  que 
des  hommes  tels  que  M.  Laine 
fussent  investis  de  quelque  in- 
fluence. Les  reproches  qu'on  Ini 
a  faits  à  cet  égard  sont  injustes. 
En  i8o8,il  fut  appelé  au  corps-lé- 
gislatif par  le  département  de  la 
Gironde.  Dans  cette  assemblée, 
dont  le  mécanisme  ne  consistait 
qu'à  déposer  sa  boule  dans  F  urne, 


LAI 

^ans  autre   discussion   qu«    celle 
des  orateurs  du  go'UTernement*  et 
où  par  conséquent  l'éloquence  é- 
tait  à  peu  près  nulle,  M.  Ldiné  se 
fit  pourtant  distinguer  par  sa  TÎve 
opposition  au  système  des  confis- 
cations que  le  gouvernement  vou- 
lait introduire  dans  les  codes  cri- 
minel et  correctionnel,  en    for- 
mant la  demande  d'un  comité  se- 
cret, où  il  pût  en  démontrer  l'in- 
justice. Mais  cette  tentative  libé- 
rale échoua,  faute  de  pouvoir  ob- 
tenir le  nombre  de  signatures  né- 
cessaires à  la  formation  légale  du 
comité.  On  crut  généralement  a- 
k>rs  que  sa  démarche  lui  attirerait 
la  disgrâce  du  chef  du  gouverne- 
ment; cependant  il  n'en  fut  point 
ainsi,  car  elle  ne  l'empêcha  pas 
d'obtenir  la  croix  de  la  légion- 
d'honneur.  £n  181 3,  à  l'époque 
de  l'invasion  des  armées  de  la  coa- 
lition ,  le  corps-législatif  nomma 
une   commission    extraordinaire^ 
chargée  de  faire  connaître  quel 
pouvait  être  le  rœu  de  la  nation 
dans  cette  situation  critique.   M. 
Lai  né,  rapporteur,  lut  à  la  tribune 
le  travail  qu'avaient  feitetarrêté  en 
commun  ses  collègues  Kaynouard, 
Gallois ,  Flaugergues  et  Maine  de 
Biran.  Cette  commission,  après 
avoir  fait  connaftre  le  résultat  des 
négociations  antérieures  et  pen- 
dantes,  ajoutait  :«  Les  désirs  de 
i>  l'humanité  se  dirigent  vers  une 
'»paix  honorable  et  durable  :  ho- 
»  norable,  parce  que  parni'i  les  na- 
n  tiens  comme  parmi  les  individus, 
tvrhonneur  consiste  à   maintenir 
»  leurs  prétentions  légitimes,  et 
Ȉ  respecter  les  droits  des  autres; 
«durable ,  parce  que  la  meilleure 
»  garantie  de  la  paix  consiste  dans 
nia  détermination  des  puissance? 


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LAI 

)^  contractâmes,  à  s'étré  fidèles  à 
nettes- mêiiuis....  Qui  donc  nous 
» prirerait  de  ces  bienfaits?  A  une 
«époque  pareille  à  celle  où  nous 
^  TÎTons,  la  puissance  de  Tempifre 
»se  déploierait  plus  vigoureuse*- 
^ment  encore  ^  en  resserrant  les 
w  liens  qui  unissent  la  nation  et  son 
«souverain.  Des  assurances,  en 
»  forme  de  proclamatiott,  seraient 
»  un  moyen  d'imposer  silence  aux 
»  reproches  de  l'ennemi  f  au  sujet 
»de  la  soif  des  conquêtes  et  d'une 
«puissance  colossale;  elles  tran^ 
^quilliseraient  le  peuple....  Une 
«nous  appartient  pas  de  mettre 
*»des  paroles  dans  la  bouche  du 
7>  prince;  mais  une  semblable  déf 
»  claratîon,  pour  pouvoir  £aire  une 
«impression  avantageuse  sur  les 
«puissances  étrangères ,  et  avoir 
40»  en  France  une  juste  infloeace , 
*>  ne  devrait*^lie  pas  annoncer  so<- 
»  iennellementy  à  la  face  de  TËuro- 
»  pe,  que  nous  ne  taisons  la  guerre 
»  que  pour  Tindépendance  du  peu*- 
«  pie  franç^ais  et  pour  i'invioiabi* 
»iité  de  notre  territoire?  Toute- 
«fois  les  noms  de  paix  et  de  pa* 
M  trie  ne  seraient  qu'un  vain  son, 
»  tant  que  les  hommes  ne  peuvent 
«assurer  les  limites  constitution- 
«  nelles,  dont  dépendant  tous  les 
«bienfaits  de  l'une  et  de  Tautre. 
'>  Votre  comnaHSsion  regarde  donc 
»  comme  un  devoir  impérieux  ^ 
»  tandis  que  le  gouvernement  a- 
»dop  te  les  mesures  les  plus  promp- 
»tes  pour  la  défense  de  l'état,  de 
n  supplier  Sa  Majesté  de  maintenir 
\  Texécution  pl^e  er  entière  des 
«lois  qui  assurent  aux  Français 
»  les  droits  de  la  liberté  personnelle 
«et  la  sûreté  des  proprîétés,  ainsi 
«que  le  libre  développement  de 
»  leurs  droite  politiques.  »  NapOî- 


UI  545 

léon  ne  vit  dans  cette  déclaration 
du  leorpb-législatif  9  qu'iua  mani- 
feste dirigé  contre  son  gouTierue- 
ment,  plutôt  propre  à  augmenter 
la  crise  qu'à  fournir  les  moyens 
d'en  sortir  avec  houoneur;  il  r^ut 
fort  mal  les  membres  de  (a  com- 
mission 9  reprocha  à  ;  M,  l^^^ue 
d'être  un  factieux ,  et  ajouwa  le 
6orps4égislatif.  M.  Imak  profita 
de  cet  ajournement  pour  ^  ren- 
dre à  Bordeaux,  où  il  ^e  irouv^a  le 
4a  mars  iSi4-  ^^  ^^1  opràs  <}ette 
journée,  que  le  duc  d'Angoulêai« 
lenomoaa  à  la  préfecture  de  œt^te 
viltet  qu'il  accepta  provi^oireo^nt 
aprësquelques  difficultés.  Lecorps- 
législatif  ayant  été  transformé  en 
chambre  des  députés, dans  le  mois 
de  juin  suivant,  AL  Laîaé  fut  rap*- 
pelé  à.  Par»,  et  présida  cette 
chambre  pendant  toute  la  durée 
de  la  session.  Dans  la  séam^e  du  5 
flov«mbire,  dans  laquelle  fut  votée 
4a  loi  qui  rendait  aux  émigrés  leurs 
hiens  invendus,  M.  Laine  quitta 
4e  fauteuil  pour  écarter  à  lu  Iriiiu- 
œ  un  article  additionnel  qui  con- 
âaorait  Finviolabiiité  des  biens  ac- 
quis, cooune  inûrovint  la  parole 
rojaie  et  la  disposition  de  la  ch^u*- 
ie  qui  ta /«onsacrent.  Par^  le  res<- 
te  de  oette  session  qui  fut  close  le 
5o  décembre,  M.  Lmé  nje  .prit  la 
pairoie  que  pour  prononcer  le  djs- 
<}ours  de  clôture.  L'o.uyerture  de 
la  nouvelle  session  avait  /été  indi." 
•quée  pour  le  mois  de  mai  deiBi.S; 
mais  la  aouvelle  du  débar^qu^- 
4uent  de  Napoléon  s'étant  répan- 
due, une  ordonnance  du  6  mar^ 
convoqua  extraordinaire m^t  h 
<sbambre9  ^  «He  s'ouvrit  le  l; 
mars  sous  la  présidence  de  M. 
JL»ainé  :  mais  la  marobe  de  Nap^- 
4éon  fut  si  jraq^ide,  qu -tillo  a.e  kij^: 


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544 


XAl 


sa  pas  à  la  chambre  le  temps  de 
délibérer.  A  peine  M.  Làioé  put- 
il  se  faire  entendre  dans  la  séance 
du  16  marS)  à  laquelle  le  roi  assis- 
tait. «Que  les  hommes  de  tous  les 
«partis,  dit-il,  oublient  au jour- 
»d'hui  leurs  ressentiraeos  pour  ne 
»  se  ressouvenir  que  de  leur  quali* 
»té  de  Français.  Nous  réglerons 
»nos  différens  après;  mais  aujour* 
»  d'hui  réunissons  nos  efiforts  con- 
»tre  Tennemî  commun^  »  La  séan- 
ce du  surlendemain  qui  fut  la  der- 
'nière,  fut  employée  à  la  lecture 
et  à  Tadoption  de  la  proclamation 
nationale,  proposée  par  le  général 
Augier,  et  M.  Laine  prit  la  route 
de  Bordeaux.  Le  28  mars ,  il  pu-r 
blia  dans  cette  rille,  au  nom  de  la 
chambre  des  députés  dont  il  était 
président,  une  protestation,  en 
forme  de  déclaration,  contre  la 
dissolution  de  la  chambre,  contre 
tous  les  décrets  que  Napoléon 
pourrait  rendre,  et  délia  les  Fraa*- 
çais  de  l'obligation  de  payer  l'im- 
pôt et  d'obéir  aux  lois  de  la  cons^ 
cription  militaire.  Cette  déclara- 
tion, qui  n'est  ni  d'un  légiste  ni 
d'un  législateur;  eut  le  sort  ordi- 
naire de  toutes  les  mesures,  qui 
n'ont  pas  la  sanction  de  la  force 
publique.  Immédiatement  après 
que  M"*  la  duchesse  d'Angoulême 
eut  quitté  Bordeaux,  Ai.  Laine 
s'embarqua,  dit-on,  pour  la  Hol- 
lande. Au  second  retour  du  roi,  il 
Tint  reprendre  la  présidence  de  la 
chambre  des  députés,  et  fît  partie 
de  la  commission  d'enquête  char- 
gée de  l'examen  des  inculpations 
élevées  contre  MM.  Gaudin  et 
Mollien,  ex -ministres  des  finan- 
ces et  du  trésor,  et  de  celles 
dirigées  contre  la  maison  Ferre- 
gaux  et  Laffitte,  à  raison  du  dé<» 


LAI 

pôt  de  1',  56o,ooo  francs  que  cette 
maison  avait  fait  à  la  banque  de 
France.  Au  renouvellement  de  la 
chambre ,  qui  eut  lieu  dans  le 
mois  d'août  suivant,  il  fut  de  nou- 
veau porté  à  la  chambre  des  dé- 
putés par  le  collège  électoral  de 
la  Gironde,  que  présidait  M.  le  due 
d'Angoulême,  et  dont  il  était  lui- 
même  secrétaire.  Dans  cette  nou  - 
velle  session,  M.  Laine  fut  eacûr« 
désigné  pour  la  présidence,    et 
quitta  plusieurs  fois  le  fuuteuU 
pour  combattre  à  la  tribune   un 
projet  de  loi  électorale,  à  la  fa- 
veur de  laquelle  le  parti  qui  for- 
mait alors  la  ma}orité  voulait  se 
rendre  maître  des  collèges  électo- 
raux, et  se  débarrasser  d'une  mi- 
norité importune,  et,  par  une  con* 
séquence  nécessaire,  de  tous  les 
obstacles  que  l'on  opposait  à  sa 
marche  contre«révolutiannaire.  M. 
Laine   attaqua  les  raisonnemens 
des  partisans  du  pr<)jet  avec  une 
logique  si  forte  et  si  pressante,  que 
la  chambre  des  pairs  l'ayant  amen- 
dée, elle  fut  renvoyée  à  la  ckam.- 
bre  des  députés  ,  et  soumise  à  un 
nouveau  rapport  et  à  un  nouveau 
scrutin.  Dans  cet  intervalle ,  M. 
Laine  avait  fait  imprimer  une  opi- 
nion relative  au  renouvellement 
de  la  chambre   par   cinquième, 
suivant  la  disposition  textuelle  de 
la  charte,  tandis  que  le  parti  de 
droite  le  voulait  intégral.  M.  de 
Yillèle ,  rapporteur  dii  projet  a- 
mendé ,  se  disposait'  à  remplir  sa 
mission,  lorsque  le  président  lui  fit 
observer  que  l'ordre  du  jour  ap- 
pelait la  discussion  de  la  loi  sur 
les  douanes.  Sur  cette  observa- 
tion, M.  Forbin-des-Lssarts  donna 
un  démenti  brutal  à  M.  Laine,  quî 
annonça  que  sa  santé  ne  lui  pet" 


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LAI 

mettait  pas  de  eontÎQuer  à  prési- 
der la  chambre»  et  sortit  de  la  saU 
le  après  s'être  fait  remplacer  par 
M.  de  BouTille.  Le  surlendemain, 
M.  Laine  reparut  9  reprit  le  fau- 
teuil f  et  commuaiqua  à  la  cham* 
bre  une  lettre  du  duc  de  Riche* 
lieu,  qui  le  priait^  et  au  besoin  lui 
ordonnait,  au  nom  du  roi,  de  con- 
tinuer de  présider  la  chambre,  au 
moins  jusqu'à  la  fin  de  la  discus- 
sion du  budget.  «  Cette  lettre,  a- 
»  jouta  M.  Laine,  explique  la  pré- 
useace  du  président  au  fauteuil.» 
Toute  sa  présidence  fut  pénible, 
parce  que  pendant  tout  le  cours  de 
cette  session ,  le  président  et  les 
ministres  eurent  continuellement 
à  lutter  contre  une  majorité  hos- 
tile. Le  29  a?ril,'après  la  lecture 
officielle  par  un  ministre  du  roi , 
de  l'ordonnance  de  clôture,  M. 
Laine  se  borna  k  lire  à  la  chambre 
les  articles  du  règlement  relatifs  à 
cette  formalité.  Environ  un  mois 
après,  le  roi  confia  le  portefeuille 
de  l'intérieur  à  M.  Laine,  et  lui 
fournit  l'occasion  de  s'acquérir  des 
droits  à  le  reconnaissance  natio- 
nale, en  le  faisant  concourir  àPor- 
dônnauce  du  5  septembre,  portant 
dissolution  de  la  chambre  des  dé- 
putés de  181 5,  et  abrogation  d'un 
"  acte  précèdent  du  trône,  qui  au- 
torisait la  révision  de  quelques  ar- 
ticles de  la  charte.  Dand  la  célèbre 
session  de  1816,  où  de  si  grands 
intérêts  furent  discutés  par  une 
majorité  que  les  nouvelles  élec- 
tions avaient  formée  ministérielle, 
M.  Laine  parut  souvent  à  la  tribu- 
ne, et  comme  ministre  et  comme 
député.  Comme  ministre,  il  pré- 
senta les  projets  de  loi  sur  la  com- 
position d«s  collèges  électoraux, 
^v  l'autorisation  à  donner  aux  é- 


LAI 


345 


tabllssemens  ecclésiastiques  d'ac^ 
quérir  des  immeubles  ,  etc.  ; 
comme  député,  il  soutint  avec 
une  force  et  une  éloquence  entraî- 
nantes, contre  d'habiles  adversai- 
res, tout  le  premier  projet,  et  no- 
tamment la  disposition  de  la  char- 
te, qui  appelle  au  droit  de  suffrage 
tout  Français  qui  verse  au  trésor 
3oo  francs,  et  celle  qui  n'admet 
qu'un  seul  degré  d'élection,  a  Si 
»  l'appel  dans  les  collèges  électo- 
»raux,  dit -il,  de  tous  les  con- 
«tribuables  qui  paient  un  impôt 
»  de  5oo  franca,  et  dont  le  nom- 
»  bre  s'élève  dans  toute  la  Fran- 
»ce  à  iod,ooo  environ,  empreint 
»  d'un  caractère  démocratique 
»  les  élémens  de  la  faculté  électi- 
»  ve ,  la  restriction  de  l'éligibilité 
«aux  seub  propriétaires  payant 
»  1,000  francs  d'impositions ,  et 
»qui  ne  dépassent  pas  le  nombre 
j»de  16,000  dans  tout  le  royau- 
»me,  leur  conserve  un  caractère 
»  monarchique  capable  de  rassurer 
»  sur  ces  réunions,  dont  la  forma- 
»  tion  partielle  dans  un  cinquième 
»  seulement  de  nos  provinces ,  la 
»  durée  fixée  au  court  intervalle  de 
»  5  jours ,  et  l'objet  constitution- 
A  nellement  restreint  aux  seules  o- 
»pératlons  relatives  à  la  nomina- 
»  tion  des  députés,  écarteront  faci- 
ttlement  tout  danger  politique.... 
»  Loin  de  favoriser  l'influence  per- 
»  sonnelle  des  mini^ilres,  rien  ne  la 
«déjouerait  a;irec  plus  de  succès 
1»  que  des  collèges  nombreux  qui 
»  réunissent  à  la  fois  et  les  grands 
«propriétaires qu'on  ne  tente  pas, 
»et  ces  médiocres  propriétaires 
»  qu'on  n'a  pas  besoin  de  tenter. 
«Ce  serait  bien  plutôt  en  rjestrei- 
«gnant  les  cercles  des  électeurs 
»  qu'on  redonnerait  une  activité 


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546 


LAI 


»plus  ^ande  à  rinfluence  des  mi- 
unistres.  La  seule  influence  que 
»  peuvent,  que  doivent  exercer, 
n  non  les  ministres ,  mais  le  gou- 
»  veprnement  du  roi,  c'est  celle  que 
»  lui  attribue  le  projet  de  loi  par  la 
»  nominatiop  des  présidens  qui  sont 
»en  quelque  sorte  des  candidats 
»que  le  monarque  présente  à  ses 
«sujets;  ce  qui  leur  impose  la  né- 
»  cessité  de  faire  porter  leur  choix 
9  sur  des  hommes  dignes  de  lui  et 
»  des  contrées  qu'ils  doivent  repré- 
»  senter.  »  Il  n'y  avait  rien  de  rai- 
sonnable à  opposer  à  celte  dé- 
monstration. Aussi  le  projet  fut-il 
adopté.  A  l'occasion  de  Ri  discus- 
sion du  budget  de  1817,  M.  Clau- 
sel  de  Coussergues  proposa  dure- 
ment la  suppression  des  secours 
accordés  aux  Espagnols  réfugiés; 
M.  Laine  monte  à  la  tribune  ,  et 
inspiré  par  l'indignation  que  cette 
proposition  sauvage  avait  soulCi* 
vée  dans  son  âme,  «  Ce  n'est  pas  la 
»  première  fois,  s*écrie-t-il,  q«e  de 
»tels  articles  parent  les  budgets 
»  des  rois  de  Frapce;dan$  un  comp- 
ote mémorable  imprimé  en  1788, 
»on  voit  figurer  def>  secours  don- 
»nés  à  deux  espèces  de  réfugiés, 
»dont  l'une,  sous  une  monarchie, 
»  semblait  ne  pas  mériter  un  égal 
»  intérêt.  Un  sentiment  plus  doux 
>  encore  que  la  bienfaisance  s'op- 
«pose  à  la  radiatioo  d'un  article 
»  maintenu  par  l'hamanité  :  les 
^n-ois  qu'on  a  justement  comparés 
»  à  des  pères  de  famille  quelque- 
))fois  irrités,  comme  eux  ferment 
»  l'entrée  de  leur  pays  à  -des  en- 
)>fans  égarés  ;  au  fond  du  cœur^ 
»  ils  ne'  sont  pas  fâchés  que  des 
w  parens  ou  des  voisins  recueillent 
«Ces  fugitifs  pour  les  leur  rendre 
»  au  jour  de  la  miséricorde.  »  II  est 


lÀI 

inutile  de  dire  quel  fut  le  Kort  de  la 
proposition  de  M*  Clausel  de  Cous- 
sergues. L'assemblée  était  coneipo- 

»ée  de  Français «,  et  M.  Laine 

n'avait  été  que  l'interprète  de 
leurs  sentimens.  Après  tant  d'ho* 
norables  garanties  fournies  au 
parti  de  la  justice  et  aux  principes 
tutéiaires  de  la  liberté  publique , 
il  nous  est  pénible  d'ajouter  que 
depuis  le  28  décembre  1818^  épo- 
que à  Isiquelle  il  cessa  d'être  mi- 
nistre, M.  Laine  a  paru  se  ré^mr 
à  la  faction  turbulente  foudroyée 
par  l'ardonnance  du  5  septeoÉbre, 
et  contre  laquelle  il  avait  lui<>mê- 
me  lutté  avec  tant  de  gloire  et  a- 
vec  tant  de  persévérance.  Il  est 
aussi  difficile  d'expliquer  cette  pre- 
mière dé  viati<m,  que  d'assigner  les 
causes  de  sa  désertion  ouverte  à 
l'époque  de  la  proposition  du  mar- 
quis Barthélémy,  pour  les  modi- 
fications à  apporter  à  la  loi  élec- 
torale du  5  février  tSi^,  Quoi  qu'on 
en  puisse  penser ,  le  changemeut 
des  principes  de  M.  Laine  n'en  est 
pas  moins  constant;  il  ne  l'est  pas 
moins  que,  dans  le  comité  secret 
du  5  mars  comme  dans  la  séance 
publique  du  a5,  où  la  proposition 
du  marquis  Barthélémy  fut  agitée, 
M.  Laine  s'est  mis  en  contradic- 
tion avec  lui-même ,  et  qu'il  n'a 
cpposé  que  des  paradoxes  et  des 
sophismes  indignes  de  sa  logique 
et  de  sa  réputation,  aux  raisonne- 
mens  solides  dont  il  avait  appuyé 
la  loi  électorale  dans  la  séance  du 
ao  janvier  18 17.  Depuis  cette  é- 
poque ,  M,  Laine  a  voté  avec  le 
c6té  droit,  et  s^'est  rarement  mon- 
tré à  la  tribune  ;  il  a ,  depuis  <,  été 
décoré  du  cordon-bleu.  <^  ne 
peut  refuser  à  M.*  Laine  quelques- 
unes  des  plus  brillantes  qualités 


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LAI 

Ae  l'orateur.  Quoîqu'ii  vise  trop 
évidemnient  à  l'effet,  il  a  de  l'élé* 
vatîon  dans  la  pensée  et  de  la  cha- 
leur dans  les  sentimens^  de  Téclat 
dans  les  images.  Il  a  toujours  Tair 
de  parler  avec  conviction ,  et  son 
langage  ,  quelquefois  incorrect , 
est  souvent  énier^que  et  entraî- 
nant. Il  n'a  conservé  à  la  tribune 
aucun  des  défauts  si  communs  au 
barreau*  Il  n'est  ni  diffus,  ni  ian-^ 
guissa«t  ;  il  commande  teujoHrs 
l'attention.  Si  sa  discussion  était 
aussi  solide  qu'animée ,  il  laisse- 
rait peu  de  cho^  à  désirer.  £n 
résumé ,  M.  Laine  se  sert  de  la 
parole  avec  talent  et  autorité;  la 
tribune  nationale  en  gardera  le 
souvenir.  Dans  la  séance  du  9  fé- 
vrier iSaS,  la  chambre  des  dépu- 
tés ayant  à  délibérer  sur  un  pro- 
jet d'adresse  en  réponse  au  dis- 
cours que  le  roi  avait  prononcé 
à  l'ouverture  de  la  session  légis- 
lative de  cette  année,  M.  Laine  » 
proposé  un  amendement  en  faveur 
du  maintien  de  la  paix  avec  l'Es- 
pagne; cet  amendement; vivement 
appujé  par  le  côtéi^auche,  a  été 
repoussé  par  la  majorité.  Dans  la 
séance  du  ^^  février,  M.  Royer- 
€ollard  prononça  un  discours  en 
faveur  du  maint iei)  de  la  paix  a- 
rec  l'Espagne  ;  le  côté  gauche  en 
demanda  l'impression  ;  quand  M. 
le  président  mit  aux  voix  cette 
proposition,  M.  Lainé  se  leva  avec 
le  côté  qui  l'avait  faite ,  mais  elle 
fut  rejetée  encore  parla  majorité. 
Ces  deux  faits  honorables  pour 
M.  Lainé  ne  doivent  pas  être  pas- 
sés sous  silence. 

LAINÉ  (Pierre-Maaie),  lieute- 
nant-colonel de  gendamnerie,  che- 
valier de  la  légion-d'honneur  et  de 
Saint -Louis  ;  né  le  2 a  décembre 


LAI 


547 


1768  à  Natites«  Il  fit  partie  de  la 
garde  nationale  de  cette  ville  en 
1789,  et  entra,  en  1791^  comme 
simple  fiisiliérdans  le  i*' bataillon 
de  la  Loire-Inférieure. ,  Sa  valeur 
lui  fit  bientôt  obtenir  de  l'avance-  ' 
ment,  et  il  mérita  tous  ses  grades 
sur  les  chmiips  de  bataille.  Il 
combattit  «uecessivement  dans  la 
Vendée,  en  Italie,  à  Saint-Domin- 
gue, dans  l'intérieur  de  la  France 
et  sur  l'Océan.  Commandant,  en 
1794 9  le  feu  des  chaloupes  de  la 
frégate  l'Embuscade,  il  prit  à  l'a- 
bordage un  vais$ea,u  anglais.  Ail 
mois  de  mars  181 5^  il  était  major 
du  régiment  de  chasseurs  à  cheval 
de  Berri,  et  s'opposa  avec  fermeté 
aux  tentatives  faites  pour  engager 
ce  régiment  à  se  déclarer  en  fa-^ 
vcur  de  Napoléon.  Destitué  le  5 
mai  181 5,  il  ne  reprit  les  fonc- 
tions de  son  grade  qu'après  le  se* 
cond  retour  du  roi.  Le  fig  no- 
vembre i8i6^  il  obtint  des  lettres  de 
noblesse,  et  fut  nommé  lieutenant- 
colonel  de. gendarmerie  de  la  place 
de  Paris. 

LAINEZ  (Éwenwe),  l'un  des 
chanteurs  les  plus  distingués  de 
l'académie  royale  de  musique,  à 
laquelle  il  a  cessé  d'appartenir  de-  ' 
puis  quelques  années,  est  né  k 
Vaugirard,prèsdeParis,vers  1756- 
Ses  dispositions  pour  le  chant  s'é- 
tant  manifestées  de  très -bonne 
heure,  il  fut  demandé  à  sa  famille 
par  M.  Berton,  directeur  de  l'O- 
péra, q«i  lui  fit  faire  les  études 
nécessaires  à  la  carrière  qu'il  de- 
vait parcourir.  Ses  dispositions, 
développées  par  le  travail  et  beau- 
coup de  goût,  lui  permirent  de 
débiiter  en  1770,  n'ayant  pas  at- 
teint sa  quinzième  année,  dans  uu 
des  pe1;its  actes  que  l'on  représen- 


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54B 


LAI 


tait  sur  le  théâtre  de  l'Opéra,  sous 
le  titre  de  Fragmens,  Il  y  obtint 
du  succès,  et  pendant  quarante 
ans  qu'il  a  occupé  la  scène,  il  fut 
toujours  accueilli  avec  fayeur. 
N^us  ne  parlerons  pas  des  désa- 
gréç[ienâ  qu'il  éproura  au  com- 
mencement de  la  révolution,  où 
des  exagérés  de  tous  les  partis, 
s'occupant  plus  de  Fopinion  poli- 
tique de  l'acteur  que  de  son  ta- 
lent, l'applaudissaient  ou  le  sif- 
flaient, toutes  les  fois  qu'ils  ju- 
geaient l'occasion  propre  à  le  flat- 
ter ou  4  le  blesser  dans  des  senti- 
mens  dont  il  n'était  pas  justiciable, 
soi  t  qu'il  chantât  par  deroir. comme 
comédien  dans  Iphigénie  fin  AuU- 
de,  qui  commence  par  ces  mots: 
Chantons,  célébrons  notre  reine; 
soit  qu'il  entonnât  le  chant  inti- 
tulé le  Réveil  du .  Peuple,  Lainez 
a  créé  un  grand  nombre  de  rôles, 
et  leur  a  donné  un  cachet  particu- 
lier, qui  les  rend  éminemment 
dramatiques.  La  nature  paraît  seu- 
le avoir  été  son  maître  pour  le 
chanl;  mais  les  grands  modèles  du 
théâtre  Français,  entre  autres  Le 
Rain ,  lui  ont  servi  d'étude  dans 
la  déclamation,  et  on  s'est  ac- 
cordé généralement  à  lui  recon- 
naître une  chaleur,  une  énergie 
qui  animaient  la  scène,  en  même 
temps  qu 'elles électrîsaient  le  spec- 
tateur. Lié  avec  Sacchini  de  la 
plus  tendre  amitié,  «  sans  lui  peut- 
Ȑtre,  disent  les  auteurs  du  D/c- 
T^tionnaire  historique  des  musi^ 
»ciens,  ce  grand  compositeur  n'eût 
»  pas  travaillé  pour  l'académie  de 
«musique.  Ce  fut  à  M.  Lainez  qu'il 
»  confia  les  premiers  rôles  de  ses 
»  opéras.  »  Après  sa  retraite  de  la 
scène  lyrique,  M.  Lainez  prit  la  di- 
rection du  théâtre  de  Lyon;  mais 


LAI 

cette  administration  lui  fiiti  très-^ 
onéreuse,  et  il  se  hâta  de  la  quit- 
ter. Il  revint  à  Paris,  et  reparut, 
en  1817,  dans  la  représentatioR 
donnée  à  son  bénéfice.  Le  public 
le  revit  avec  plaisir,  et  le  lui  prou- 
va par  des  applaudi ssem eus  una- 
nimes. Il  mourut  en  183a. 

.LAING  (Malcoim),  avocat,  né 
en  Ecosse,  membre  du  parlement 
d'Angleterre,  et  auteur  de    plu- 
sieurs ouvrages  historiques  très- 
estimés.   II  s'étoit  déjà  distingué 
dans  la  carrière  du  barreau,  lors- 
qu'il entreprit  la  continuation.de 
V Histoire  d'Angleterre,  du  doc- 
teur Henry.  Laing  y  a  ajouté  un 
sixième  volume,  avec  des  notes 
intéressantes  et  une  vie.de  Fau- 
teur, 1793,  in-S**.  Il  publia  ensui- 
te :  Histoire  de  ï' Ecosse  depuis  J'u' 
nion  des  deux  couronnes  par  l' avè- 
nement de  Jacques  VI  au  trône 
d' Angleterre,  jusqu'à  la  nouvelle 
union  sous  le  règne  de  la  reine  An- 
ne^ 1800,  a  vol  in-8".  Une  secon- 
de édition  du  même  ouvrage  pa- 
rut en  1807,  4  vol*  iu-<8".  Celte 
histoire  est  précédée  d'une  notice 
pleine   d'intérêt  sur   l'infortunée 
Marie,  reine  d'Lcosse,  et  donne 
des  détaib  peu  connus  jusqu'a- 
lors, sur  la  mort  de  Damley,  son 
dernier  époux,  ainsi  que  sur  la 
part  à  cette  catastrophe  qu'on  at- 
tribuait à  Marie.  Un  homme  d'é- 
tat célèbre,  qui  à  tant  d'autres  ti- 
tres de  gloire,  joignait  celui  d'his- 
torien aussi  fidèle  qu'élégant  du 
règne  des  derniers  Stuarts  et  de  la 
révolution  de  1688,  Fox  citait  sou- 
vent les  écrits  de  Laing,  et  en  fai- 
sait un  cas  particulier.  Il  opposait 
la  véracité  de  cet  écrivain,  sou 
exactitude   dans  la   relation  des 
faits,  la  force  et  la  justesse  des 


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LAI 

-conclusions  qu'il  en  tirait,  à  la 
partialité  reconnue  aujourd'hui  de 
Macpherson,  Dalrymple,  So'mer- 
ville,  et  même  à  Tillustre  Humé , 
•qu'on  accuse  d'avoir  trop  cherché 
à  atténuer  les  torts  des  Stuarts.  Il 
appartenait  à  une  nouvelle  école 
et  à  un  autre  pays,  d'établir  en 
principe  qu'on  devait  écrire  1  his- 
toire avec  partialité.  Lès  auteurs 
qui  se  sont  )usqu'ici  livrés  sans 
honte  à  leurs  animosités  person- 
nelles, auraient  encore  rougi  d'en 
faire  publiquement  l'aveu;  mais 
il  appartenait  à  certaine  coterie  de 
vouloir  les  affranchir  de  toute  pu- 
deur importune.  Laing  a  aussi  pu- 
blié les  Poésies  dfOssian  et  les  oa- 
vrages  poétiques  de  James  Macpher' 
son,  avec  des  notes  et  des  éclair- 
cissemèns,  180 5,  2  vol.  in-8*. 

LAIR  (Noel-Piebbe-Aime)  ,  lit- 
térateur, secrétaire  de  la  société 
d'agriculture  et  de  commerce  de 
Caen ,  est  né  dans  celte  ville,  le  2 
mai  1769.  M.  Laîr  était  destiné, 
par  sa  famille ,  à  remplir  la  place 
de  lieutenant  de  police  que  son 
grand-père  avait  occupée.  La  ré- 
volution ne  permit  pas  l'exécution 
de  ce  projet;  et,  comme  M.  Lair 
fut  poursuivi  en  qualité  de  réqui- 
sitionriaire,  il  se  livra  à  l'étude  de 
la  médecine,  sous  la  direction  de 
Desault  et  de  Corvisart.  Ne  vou- 
lant être  ni  militaire  ni  médecin, 
et  n'ayant  j^lus  à  craindre  d'être 
conduit  de  force  sous  les  armes , 
il  se  mit  à  voyager  pour  son  plai- 
sir et  pour  son  instruction.  Il  par- 
courut à  pied,  dans  le  cours  des 
années  1796,  1797,  1798  et  1799, 
la  France,  lés  Pays-Bas,  la  Hol- 
lande et  l'Allemagne,  et  décrivit 
ce  qu'il  jugea  le  plus  intéressant 
de  ses  voyages.  S'étant  fixé  à  Caen, 


LAI  54^^ 

il  devint  secrétaire  de  la  société 
d'agriculture  et  de  commerce  de 
cette  ville,  et  concourut,  en  cette 
qualité,  à  donner  un  nouvel  eàsor 
à  l'industrie  du  département  du 
Calvados,  en  organisant  différen- 
tes expositions  publiques  des  pro- 
duits de  cette  industrie.  Le  zèle 
de  Al.  Lair  fut  justement  apprécié. 
En  1 809 ,  il  devint  adjoint  au  maire 
de  Caen,  et  en  1811,  conseiller  de  , 
préfecture,  fonctions  qu'il  remplit 
encore  aujourd'hui  (1823).  On  lui 
doit  :  1"  Essais  sur  les  combustions 
humairtù,  produites  par  un  long 
abus  des  liqueurs  spiritueuses ,  Pa- 
ris, in- 12,  1800;  ^'^  Notice  kisto^ 
rique  sur  Moisson-Devaux ,  18  ï5, 
in- 12;  3*  Notices  historiques  lues 
à  laSociétéd* agriculture  et  de  com^ 
merce  de  Caen,  1807,  iu-8°;  4* 
Rapports  Sur  les  travaux  de  la  So-^ 
.ciétéd* agriculture  de  Caen^  in- 8'; 
^"Description  des  Jardins  de  Cour* 
set,  situés  aux  environs  de  Boulo- 
gne-sur-Mer^  i8i5,  in-8";  6"/)« 
l'Utilité  de  là  culture  des  pommes 
de  terre  dans  le  département  du 
Calvados^  1820;  ^'^ Description  d^ 
Couverture  de  l'avant- port  de  Cher' 
hourg^  qui  a  eu  lieu  le  27  août 
i8i3,  în-8%  i8i5;  S'^Noticesur 
les  bains  de  Bagnols^  i8i5;  9" 
différens  articles  dans  les  Annales 
des  voyages  ,  le  Nouveau  Diction- 
naire d  histoire  naturelle  ^  de  Dé- 
terville,  etc.  Son  zèle  patriotique 
pour  la  gloire  de  l'un  de  ses  com- 
patriotes, le  célèbre  poète  Mal- 
herbe, lui  fit  proposer  une  sous- 
cription, dont  l'objet  était  de 
frapper  une  médaille  en  l'honneur 
de  ce  restaurateur  des  lettres  fran- 
çaises. Cette  idée  fut  accueillie 
comme  elle  le  méritait.  L'exécu- 
tion de  la  médaille,  confiée,  en 


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55o 


LAI 


iSiSy  à  Tua  de  nos  meîlkurs  gra- 
veurs {voyez  GATTEâvx),  servît 
bientôt  de  modèle  à  toutes  eelles 
que  le  même  sentimeot  d'admira- 
lioo  pour  DOS  grands  hommes  fit 
consacrera  leur  mémoire.  Ces  mé- 
dailles 9  d'une  forme  très  agréable, 
sont  dues  aux  talons  des  artistes 
les  plus  distingués  dans  cette  par- 
tie des  beaux-arts. 

LAIR£  (  Faavçois-Xatieii)  ,  un 
des  plus  célèbres  bibliographes  du 
18"**  siècle ,  naquit  le  10  novembre 
i^3Sy  à  Vadans,  village  près  de 
Gray,  dans  la  ci-devant  province 
de  Franche -Comté.  Il  reçut  sa 
première  éducation  d'un  de .  ses 
oncles  9  curé  d*une  paroisse  voisi- 
ne, et  fut  envové  au  collège  de 
Dole ,  pour  y  achever  ses  études. 
Étant  entré  très-jeune  dan»  l'ordre 
des  Minimes,  il  fut  quelque  ^mps 
après  envoyé  au  collège  d'Arhois,. 
f>Oiir  y  enseigner  la  philosophie. 
Avide  d'instruction,  il  désirait  de<- 
puis  long  ^  temps  visiter  Tltaiie, 
et  obtint,  en  17749  ^  pertnxssion 
de  se  rendre  à  Rome.  Il  s'attacha 
particulièrement,  dans  ee  séjour 
des  arts,  à  visiter  les  bibliothèques 
publiques,  et  à  déerire  les  ancien- 
nes éditions  qu'elles  renferment. 
Il  y  sut  mériter ,  par  son  travail 
assidu ,  l'estime  des  savans.  Le 
prince  de  Salm-Salm  lui  donna  le 
titre  de  son  «bibliothécaire.  Les 
principales  villes  d'Italie,  telles 
que  Naples  ,  Florence  ,  Venise , 
qu'il  parcourut  ensuite,  augmen- 
tèrent le  produit  de  ses  recherches, 
et  il  revint  à  Dôle  pour  mettre  en 
ordre  les  nombreux  matériaux 
qu'il  avait  recueillis.  La  place  de 
bibliothécaire  du  cardinal  de  Brien- 
ne  lui  ayant  été  proposée  en  1 786, 
il  l'accepta  avec  empressement. 


LAI 

parce  qu'elle  le  mettait  ù  même  de 
se  livrer  tout  entier  à  sa  passion 
pour' les  livres.  En  178B,  le  P. 
Laire  se  rendit  une  seconde  fois  à 
Rome ,  pour  examiner  les  biblio- 
diéques  des  savans,  et  signaler 
les  éditions  rares  qui  pouvaient  y 
rester  dans  l'oubli.  Il  y  vit  bientôt 
arriver  son  premier  protecteur,  le 
cardinal  de  Brienne,  qui,  après  un 
court  et  malheureux  ministère, 
crut  trouver  à  Rome  quelques  con- 
solations dans  sa  disgrâce.  Ils  tî imi- 
tèrent ensemble  les  bibliothèques 
de  Venise ,  de  Florence  et  de  Pa- 
doue,  et  rentrèrent  enFrance.  Le 
pape  Pie  VI  avah  offert  au  P.  Laire 
une  place  de  conservateur  À  la  bi- 
bliothèque du  Vatican,  et  le  grand- 
duc  Léopold  lui  avait  écrit  en  mê- 
me temps  pour  l'attirer  à  Vienne; 
mais  son  atlachement  inviolable 
pour  lé  cardinal  l'avait  décidé  à 
partager  son  sort ,  et  rien  ne  |)ut 
l'engager  à  se  séparer  de  lui.  En 
1791 ,  il  sut  préserver  les  biblio- 
thèques et  les  monumens  publics 
de  la  destruction  dont  ils  étaient 
menacés;  et,  outre  les  mesures 
qu'il  provoqua  de  la  part  du  gou- 
vernement, il  opposa  souvent  à 
leur  dégradation  une  résistance 
qui  hii  ût  courir  plus  d'un  danger. 
On  lui  doit  particulièrement  la 
^conservation  du  mausolée  du  dau- 
f^in ,  qu'on  a  replacé  depuis  dans 
le  chœur  de  la  cathédrale  de  Sens. 
Quand  les  écoles  centrales  furent 
iirganisées ,  Laire ,  devenu  biblio- 
thécaire du  département  de  l'Yon- 
ne, se  fixa  à  Auxerre.  Plein  d'ar- 
deur pour  l'élude,  malgré  son  âge 
et  SCS  infirmités,  et  voulant  faire 
jouir  le  public  du  fruit  de  ses  tra 
vaux,  il  ouvrit  un  cours  de  biblio- 
graphie, dont  le  plan,  qu'il  publia 


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LAI 

alors  #r6çiit  l'assentiment  général. 
La  mort  Tint  mettre  un  terme  à 
son  zèle  ;  il  fut  enlevé  aux  nom** 
breux.  amis  qu'il  deyait  à  ses  con* 
naissances  yariées  et  à  son  carac^ 
tère  franc  et  ouvert ,  le  217  mars 
itoi ,  à  l'âge  de  65  ans.  Il  était 
membre  de  l'académie  des  Arca- 
des de  Rome ,  de  la  société  Co* 
lombaire  de  Florence,  de  Faca- 
demie  de  Besançon ,  et  do  1  jcée 
d'Auxerre  9  dont  il  était  l'un  des 
fondateurs.  Il  a  publié  :  i^'Speei-* 
men  hisioricum  typograp'hiœ  rama^ 
mtXVsdtculi,  Rome  5 1778,  in-S*. 
Cet  ouvrage  «  où  Fauteur  se  pro- 
pose surtout  de  faire  connaître  les 
imprimeurs  qui  «ot  exercé  leur  art 
dans  Rome  au  i5"*  siècle  9  traite 
de  Torique  de  l'imprimerie ,  et  de 
ses  commencemens  en  Italie  ;  cite 
les  villes  où  elle  fut  d'abord  ad* 
mise»  et  enfin  l'époque  où  on  l'in* 
troduisit  dans  Rome  :  c'est  la  1'* 
partie.  La  9*  contient  le  catalogue 
des  livres  qui  y  ont  été  imprimés^ 
4veo  des  notes  critiques  et  litté-» 
raires.  Cet  ouvrage,  où  il  s'esl 
glissé  quelques  erreurs,  a  été  a^ 
mèrement  critiqué.  Laire  a  répon-» 
du  aveo  vivacité,  dans  une  lettre 
qui  n'a  été  tirée  q^u'à  18  exem-o 
•  plaires,  Paris,  Didot,  i778,.in-8'i 
^"  DissevtaUan  sur  t  origine  et  Uê 
progrès  de  l*  Imprimerie  ^  en  Fran* 
che-Comté,  pendant  ie  i5^*. siècle^ 
Dôie,  1785,  ia*8*de  58pag. ,  ou* 
vrage  curieux  et  rempli  de  ren- 
Sieignemens  sur  l'époque  où  l'im-^ 
primie^rie  fut  apportée  dans  cette 
province ,  sur  les  différentes  villes 
où  des  presses  furent  établies,  et 
enfin  sur  les  ouvrages  qui  en  sont 
sortis.  5°  Série  d^W  eéiûoni  jilf 
dine,  Pise,  1790,  in-ia;  «t  avee 
des  additions,  Padoue>  1790;  Ve^ 


LAI 


55 1 


nise,  1799;  Florence,  1800,  mê-» 
mefonnat.  Cet  travail,  auquel  il 
paraît  que  le  cardinal  de  Brienne 
a  pri«  part,  n'est  annoncé  que 
comme  un  esssai  pour  aider  à 
composer  un  catalogue  complet 
des  éditions  fournies  par  les  pres« 
ses  des  Aide.  M.  Renouard  a  rem* 
pH  le  vœu  émis  par  l'auteur,  qu'il 
semble  avoir  jugé  avec  un  peu 
trop  de  sévérité.  4'  Ii^àex  libro^ 
rum  ab  inventa  typographiâ  u*que 
ad  annum  i5oo,  ckronologicè  dis^ 
positus.  Sens ,  1791 ,  a  vol.  in-8*. 
Ce  catalogue  des  anciennes  édi- 
tions .,  rassemblées  par  l'auteur 
lui-même  dans  la  bibliothèque  du 
cardinal  de  Brienne,  est  acoom* 
pagné  de  notes  curieuses  et  inté-^ 
ressantes,  qui  donnent  un  nou^ 
veau  prix  à  ses  savantes  recher- 
ches. Les  autres  ouvrages  de  Lai- 
re, la  plupart  inédits,  et  relatifs  à 
la  bibliographie,  portent  tous  i'em* 
preinte  d'un  travail  infatigable  et 
d'une  critique  judicieuse;  il  est  a 
désirer  que  ceux  qui  en  sont  les 
dépositaires  en  fassent  jouir  les 
amateurs  des  éditions  anciennes. 

LAIS  (  Fbapçois  -1  Lat  ) ,  prit 
le  nom  de  Lits  en  adoptant  la 
carrière  théâtrale ,  où  il  devait 
rendre  ce  Dom  célèbre,  et  obte- 
nir le  rang  de  l'un  des  meilleurs 
chanteurs  que  la  France  ait  pro- 
doits*  Laïs  naquit  le  16  février 
1768,  à  la  Barthe  de  Nesse,  nn*^ 
-cien  diocèse  de  Comminges.  Placé 
à  7  ans,  comme  enfant  de  chœur, 
à  la  chapelle  de  Guarasen,  située 
au  milieu  des  bois,  et  dont  les 
maints  habitans  charmaient  par 
d'excellente  musique  les  ennuis 
de  leur  solitude,  le  jeune  Laïs  fit 
des  progrès  rapides.  On  l'envoya 
étudier  en  philosophie  ,  i  Auch^ 


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35a 


LAI 


où  il  deyint  précepteur  ides  enfaiis 
du  secrétaire  de  Tintendance.  Ce- 
pendant l'état  ecclésiastique  au- 
quel on  le  destinait,  n'était  pas 
sa  réritable  vocation.  Il  se  rendit 
à  Toulouse ,  où  il  étudia  le  droit 
pendant  une  année.  Comme  son 
talent  de  chanteur  avait  déyk  fixé 
sur  lui  l'attention ,  il  fut  appelé  à 
Paris,  en  1779,  par  les  chanoines 
de  Saint- Etienne,  non  pour  prê- 
cher, mais  pour  chanter  les  hjm* 
iies  saintes.  Il  se  hâta  de  quitter 
Toulouse,  lorsqu'il  eut  appris  sur- 
tout qu'il  était  l'objet  d'une  lettre 
de  cachet  dont  le  porteur  venait 
d'arriver  dans  cette  ville.  Après 
iin  séjour  de  quelques  semaines 
è  Paris,  il  se  présenta  à  l'Opéra, 
y  débuta  avec  succès,  ^t  dévelop- 
pa dès-lors  cette  voix  pleine  et 
forte ,  et  cette  habileté ,  que  l'on 
a  tant  admirées  depuis.  L'exprès* 
sion  des  sentimens  mâles ,  l'éner- 
gie des  passions  fortes,  trouvè- 
rent en  Lab  un  interprète  fidè- 
le. Comme  chanteur  il  n'a  pas  de 
rivai.  Comme  acteur ,  dès  son  dé- 
but il  sentit  que  l'élégance  et  la 
dignité  du  théâtre  auquel  il  était 
attaché,  n'admettaient  qu'en  se- 
conde ligne  le  développement  du 
talent  pour  la  comédie  que  lui  a- 
vait  doané  la  nature;  et  à  force 
de  travail  et  d'art,  il  atteignit  la 
majesté  et  la  grâce  nécessaires  aux 
rôles  héroïques  de  ce  répertoire. 
D'une  déclamation  simple  et  fer- 
me,d'uHdébit  gravement  cadencé, 
savoir  s'élever  à  toutes  les  nuan^ 
ces  de  la  passion  et  à  toutes  les 
variétés  de  la  mélodie;  accentuer 
avec  netteté,  et  traverser  toute  l'é- 
chelle musicale,  avec  une  force 
soutenue  et  une  grâce  pleine  de 
vigueur  :  tel  est  le  talent  que  Laïs 


LAI 

a  fait  admirer  pendant  prèAle  40 
années  aux  Français  et  aux  étrafi- 
gers.  Le  Dictionnaire  historique 
des  musiciens  de  M.  Choron,  ex- 
cellente autorité  dans  cette  partie 
des  beaux-arts ,  rapporte,  après 
l'éloge  le  plus  flatteur  de  ce  chan- 
teur célèbre,  que  c'est  à  Laîs  que 
Grétry  dut  le  succès  de  son  opéra 
dé  Panurge  dans  Vile  des  Lanter^ 
nés.  «  Le  jour  même  de  la  repré- 
Dsentation,  dit-il,  deux  individus 
«menacèrent  Laîs  de  le  rouer  de 
»  coups  de  bâton ,  s'il  avait  l'au- 
»dace  d'articuler  une  parole  du 
»rôle  de  Panurge.  Le  soir,  il  eut 
nie  courage  de  chanter;  Il  fut  sif- 
»flé  à  chaque  m#t,  et  néanmoÎDs 
«parvint  à  faire  aller  la  pièce  jus- 
»  qu'à  la  fin,  en  alliant  le  respect 
»  qu'il  devait  au  public  et  l'amitié 
«qu'il  avait  pour  l'auteur  de  la 
«musique.  Le  succès  de  Panurge 
»  fut  décidé  à  la  seconde  représen- 
«tation,  et  cette  pièce  a  été  jouée 
»6oo  fois.  «  Cet  estimable  artis- 
te donna ,  quelque  temps  après,  à 
Vogel,  auteur  de  Démophon,  une 
peu?e  de  l'excellence  de  son  goût 
et  de  la  bonté  de  son  cœur.  Une 
duchesse  chez  laquelle  on  répé- 
tait cet  opéra,  subjuguée  par  l'o- 
pinion de  plusieurs  critiques  in- 
fluens  et  très  -  prononcés  dan^ 
leur  censure ,  disait  à  Laïs  :  a  £h 
»  quoi  !  monsieur,  vous  trouvez  ce- 
»  la  bon  ?  —  Madame ,  répondit 
»  Laïs ,  je  suis  obligé  de  m'y  oon- 
»  naître.  »  Parmi  les  nombreux 
rôles  qu'il  a  créés,  celui  où  il  a 
obtenu  le  plus  de  succès ,  est  le 
personnage  d'Anacréon.  «  Dans 
»  les  six  cents  vers  de  son  rôle,  dit 
*>M.  Choron,  il  a  su  passer  par 
«toutes  les  nuances  de  la  mélodie 
«et  de  la  déclamation,  jusqu'au  sim- 


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»  pie  liéb^.  9  II  s'est  d'tstingaé  par- 
ticulièrement dans  les  opéras  de 
Gluck,  de  Piccini,  de  Sacchini, 
etc.  9  et  tut  toujours  éc(^uté  avec 
enthousiasme  dans  rOre«/6  d7pA<- 
génie  en  Tauride,  et  dans  les  con- 
certs spirituels  9  ot^  il  partageait 
le  triomphe  de  Ai''*Saint-Huberti. 
Comme  il  est  excellent  latiniste, 
il  accentufiit  admirablement  les  pa- 
roles qu'il  chantait  dans  la  musi- 
que d'église.  On  reconnaît  géné- 
ralement à  ce  célèbre  chanteur  la 
meilleure  méthode.  Sa  modestie 
est  telle',  que  lorsqu'on  le  félicite 
d'avoir  bien  chanté  dans  un  opé- 
ra n  il  répond  avec  autant  de  fran- 
chise que  de  simplicité  :  «  En  ce 
»  cas-là,  j'ai  mieux  accentué  qu'à 
»  l'ordinaire.  »  Laîs  est  auteur  de 
nombre  de  morceaux  de  musique, 
qu'il  n'a  jamais  voulu  publier,  et 
qui  n'étaient  pour  lui  qu'un  moyen 
de  mieux  juger  et  de  mieux  ap- 
prendre celle  des  autres.  Il  a  for- 
mé plusieurs  élèves  distingués,  au 
premier  rang  desquels  on  doit 
placer  M*^'  C héron.  Laîs  avait  les 
droits  les  plus  réels  aux  honneurs 
qui  lui  furent  rendus  ^  en  i8o8, 
par  ses  compatriotes  ,  lorsqu'ib 
inaugurèrent  son  portrait  dans  le 
salon  de  musique  de  la  préfec- 
ture à  Tarbes. 

LAISNÉ  DE  VILLÉVÉQUE 
(N.),  membre  et  secrétaire-géné- 
ral du  département  du  Loiret, 
membre  de  la  chambre  des  dépu- 
tés ,  était  d'abord  destiné  à  servir 
dans  la  marine  ;  mais  une  longue 
et  cruelle  maladie  de  poitrine 
dont  il  fut  att^iqué  dans  sa  jeunes- 
se «  Toblfga  de  renoncer  à  cette 
première  Tocation,  et  sa  conva- 
lescence, qui  se  prolongea  pendant 
5  ans,  durait  encore  lorsque  la  ré- 


LAI 


S55 


Tolution  éclata.  lien  embrassa  les 
principes  avec  ardeur;  mais  au- 
tant il  aimait  une  liberté  sage,  au- 
tant il  détestait  les  excès  qui 
déshonorèrent  les  premières  an- 
nées de  notre  régénération  politi- 
que. Aussi,  fut-il  en  butte  aux  per- 
sécutions, et  obligé  de  se  tenir 
caché  en  1795  et  1794*  H  repa- 
rut à  la  fin  de  cette  année,  et  au 
mois  de  juin  1795,  il  fut  le  pre- 
mier, à  élever  la  voix  en  faveur 
de  Madame,  fille  de  Louis  XYI, 
pour  réclamer  la  cessation  de  sa 
captivité.  Il  fut  nommé  en  1  Soc, 
membre  du  conseil -général  du 
département  du  Loiret;  et  peu 
de  temps  après ,  il  publia  un 
écrit  de  la  plus  grande  importan- 
ce, dans  lequel  il  démontrait  que, 
la  Louisiane ,  ancienne  colonie  de 
la  France,  pouvait  offrir  des  dé^ 
bouchés  immenses  aux  produits 
de  son  agriculture  et  de  ses  fabri- 
ques ,  et  rece.voir ,  à  cause  de  son 
climat  fertile  et  tempéré,  le  su-' 
perflu  de  notre  population,  d'où 
il  tirait  cette  conséquence,  que  le 
gouvernement  français  devrait  en 
réclamer  la  possession.  Membre 
et  secrétaire-général  du  départe- 
ment du  Loiret  en  i8oa,  il  enga- 
gea ses  collègues  qui  votaient  u- 
ne  adresse  au  premier  consul ,  à  y 
insérer  la  demande  de  la  rentrée 
des  émigrés.  Lorsqu'en  i8o5,  la 
guerre  un  instant  suspendue  se 
ralluma  entre,  la  France  et  l'An- 
gleterre, il  proposa  au  conseil- 
général  du  Loiret  d'offrir  au  gou- 
vernement la  bonatruction  et  Par- 
mement  d'une  frégate ,  persuadé 
qu'il  sufi^sait  de  donner  un  élan 
généreux  aux  io5  départemens 
qui  composaient  alors  le  territoi- 
re français ,  pour  les  déterminer  à 

23 


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5^ 


LAI 


fuim  eet  exenifile;  il  iMigeft  •! 
adresM  eu  premier  cotisai  un  mé- 
TA(Àr»y  dans  lequol  il  indiquait  des 
aryens  de  relever  le  commeree 
de  la  France  aux  dépeas  àe  celui 
de  l'Angleterre.  Après  l'abdica- 
tion de  Napoléo»,  M.  Laîsné  de 
YâléTèque  s'empressa  de  faire 
proclamer  le  gouTf  mement  royal 
4atts  Orléans^  Sécrétai ve  du  oon- 
•eil'général  de  son  départeineiM) 
au  90  mars,  il  resta  fidèle  au  ge«i- 
Temeflaent  du  roi,  et  refusa  de 
prêter  seraient  à  Napoléon.  Mais 
ù  d'un  côté  il  donnait  des  preu- 
ves d'une  noble  indépendance ,  il 
défendait  de  l'autre  avec  lèl^  et 
courage  les  libertés  publiques  et  les 
principes  Hbéraux ,  prodamés  et 
^garantis  par  la  charte.  Il  fut  nom- 
mé membre  de  la  chambre  des 
députés  en  1817,  et  depuis  ce 
momeut  il  n'a  pas  cessé  de  sié- 
ger au  côté  gaucbe.  Ses  yotes  «t 
ses  discours  ont  toujours  été  con- 
formes à  la  conduite  âranehe  et 
loyale  qu'il  avait  tenue  jusque4à. 
Il  a  profitéde  la  liberté  de  la  tribu- 
ne,  pour  combattre  tout  ce  qu'il 
regardait  «Morae  dangereux,  et 
pour  appuyer  tout  ee  qui  lui  pa- 
raissait utile  à  son  pays.  Instruit 
dans  toutes  les  parties  de  l'admi-- 
nistration,  il  a  montré  lors  dee 
discussions  autant  de  talent  que 
de  cour«ge ,  en  signalant  partout 
les  abus  et  en  indiquant  des  a- 
mélioratioDS.  Il  suait,  pour  en 
être  cooTaincu  9  de  jeter  un  coup 
d'^il  sur  les  principales  questions 
qu'il  a  été  appelé  à  traiter.  Le  19 
janvier,  il  s'éleva  contre  les  ré->- 
ductîons  faites  par  le  ministre  de 
la  marine  aux  pensions  des  offi- 
ciers de  mer ,  et  prouva  que  dans 
une  foule  de  circonstances,  lei»mar 


LAI 

rias  se  sontmontrég  aussi  bnne  sol- 
dats sur  terre  que  les  troupos  de 
ligne.  Le  8  mars ,  il  combat  le 
projet  de  loi  suspensif  de  la  liber- 
té individuelle;  proaoncn  à  cet 
eâet  un  discours  éloquent,  oà  il 
établit  en  principe,  que  iamais  ui 
en  France  ,  ni  dans  aucun  pays 
/du  uuMide,  les  orîoMs  tentés  ou 
commis  centre  les  cbeâ  des  états, 
ne  devaient  servir  de  prétexte 
pour  renverser  les  liberté  publi- 
ques, et  vote  contre  le  projet  de 
loi.  Le  ai  mars,  où  il  fut  ques- 
tion de  la  loi  de  censure,  il  éta- 
blit que  la  liberté  des  journaux 
constitue  la  véritable  liberté  de  la 
presse,  et  s'appuie  sur  l'histoine  et 
sur  des  faits  récens,  pour  prouver 
que  dans  l'absence  ou  le  silence 
des  journaux,  une  foule  de  sou- 
verains ont  péri  par  la  violence, 
dans  différentes  parties  du  mon- 
de, et  que  les  idées  libérales  se 
sont  propagées  dans  plusieurs  con- 
trées, et  notamment  en  Espagne. 
Le  16  mai ,  lors  de  '  la  nouvelle 
loi  sur  les  élections,  il  fait  voir 
que  le  seul  crime  qu'on  puisse  re- 
procher aux  collèges  électorauX) 
c'est  d'avoir  envoyé  à  la  chambre, 
des  députés  indépendans^  atta- 
chés à  la  charte,  partisans  de  l'é- 
conomie, ennemis  de  l'arbitraire 
et  des  abus.  11  en  conclut  qu'il 
n'y  a  plus  de  probité  politique,  ni 
dans  les  collèges  éleptoraux,  ni 
dans  la  nation  ,  et  qu'elle  s*est 
toute  réfugiée  dans  les  rangs  d^ 
agens  de  l'autorité.  JEt  il  s'écrie  : 
«Pauvre  France!  que  tu  dois  te 
»  trouver  heureuse  dans  ton  malr 
»heur,  en  pensant  que,  )>ar  un  mi- 
»racle  signalé  de  la  Providence, 
»la  corruption  a  épargné  jusqu'ici 
»les  ag^n^,  les  a<^Mk  agens»  1^ 


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««KOmApetixageDSide  l*autorilé!. . .» 
Il»  s'attache  \  déinoBfrer  ensuite 
i}ua  le  projiet  est  contraire  à  hs^ 
çba^^ ,  perfide  9  fnachfa?éUque 
da^  ses  comhinaîdoos,  in)ttrieax 
i  la  i^ation  et  aux  députés ,  dau'* 
fereuik  pour  le  Irène  luinnéBEie; 
et  dém^Q^e  <|ue  le  gouvememeat 
«<^préseQtatil  corrompu «»st  le  pire 
de  t^s  les  gouyeriieneBs.  Après 
plusieurs  mouvemeos  oratoires 
de  la  plus  grande  force,  il  ter* 
0^14^  eq  rappelait  sou.  déyoue- 
«aeot^.  e.t  leS'Senrices  qu'il  a  ren^ 
du4  au  gQuveroeuaseot  royal»  do^ 
ftu»  Nûiiulstère  ii^prudent  pourrait 
po^apromettre  la  destinée  ;  et  vp* 
te  le  rejet  ie  la  loi.  C'est  avec  cet- 
te énergie  qu^  jusqu'ici  Ai,  iais* 
M  de  V^iévfque  s'est  toujours 
0KlffWé  da»4  1^11  questions  ioi'r 
|KMrtaQt£s,  «t  toujours  il  a  eu-  p&uc 
p«Dséd  unique  d«  consolider  ^1^ 
^ouTemeiûent^  eu  dé£éadant  la 
ekane  et  Les  li|)ertés  natjona-n 
les. 

LAJARB  (  PtiimiE-AiM}ii6irB  )» 
idU  de  i^  âeinif^  mpni.stre  de  Louis 
X^I^  naquit;  4  l^lontpellier,  le  ao 
âTfit  i^$^7,  d'uiie  famille  anobH<3 
m^m  l^uîs^X^iY.  U  servit  d'abqrd 
4!^j9«aine  sous  -  lieutenant  dani| 
te  régi0>ei%t  cj<?  Médoc  ,  d'oi!»'  ii 
eiortîl  pour  passer  en  Hollande»  a-r 
#ee  le  gf£^de  éie,  c«ipit(jiine  dans  1^ 
légicM^  de  AlailkMs;  et  quand  oe 
corps  fi^t  supfa*in)é ,  il  entra  avec 
U  même  r^pg  f^laqs  le.  bataillon 
dies  ebes^urs  dçs  Alpes.  Il  devînt 
ensuite  »d^^*pa^p  du  .marquis, 
de  I^mb^rt»  el  lui  resit;a  attacli^ 
)iis«|ii'en  ly^  9  o^  il  fut  nommé 
premier  aide^tnajor^f^fal  de  la 
9«irde  naiiooale  pari^^i^^,  sous 
£es  ordres  dé  M-  .d!9  La  fViyette^ 
dent  il  saérilia  Vestjaa^  el}  raïuitiéu 


u\ 


555 


En  iyg^9  lors  de  l'organisaiioa 
^€^  compagnies  soldées  9  il  fut  é- 
levé  au  grade  d'ad)udant-général- 
çeloBely  oht\i\K  la  croix  de  Saint- 
l^ouis ,  et  fut  employé  dans  la  di* 
Tîsioi^  de  Paris.  Cet  emploi  l'ayan^. 
fait  Gonnaîfre  de  Louis  XYI,  Il 
fut  fiQmmé  ministre  deja  guerre,, 
en  remplacement  du  général  Ser- 
«van,  le  16  jiun  1792.  Il  acceptait) 
dans  des  circonstances  ditTiciles^ 
cette  preuve  de  la  ccn&ance  du 
monarque,  qu'il  avait  refusée 
^9f)fi  des  temp3  moins  orageuii» 
Le  ^o  juin  9  4  jours  après  sa  no- 
mination, lorsque  la  populace  def^ 
faubourgs  envahit  le  château  des. 
Tuileries,  M.  Lajard>  scu4  auprès, 
de  Louis  XYIy  avec  MM.  de  La- 
borde ,  valet  de  chai^bre  du  mo- 
narque, Acloque,  phef  de  division 
de  la  garde  nationale  y  et  deux 
fusiliers  de  la  même  garde,  vit  le 
danger  que  courait  le  prince  s'il 
éi^\t  enveloppé  par  les  assaillans,^ 
et  eut  la  présence  d'esprit  de  l'en- 
gager   se  placer  dans  renfonce- 
ment d'une  croisée,  au-devant  de. 
bqueile  ils  se  placent  tous  5,  et 
garantirent  ainsi  le  monarque  des 
excès  auxquels  pouvait  se  porter 
H»e.  populace  e&r<^née^  C'était  le, 
moDQient  oi)  Tinv^ion,  étrangère^ 
menagait  la  Fraqceji  et  oiX  toi|s  le^ 
S/^viees  étaient  déserganisés*  M* 
Laj^rd,  pendant  les  deux  mois  que, 
dura  son  ministère,  parut  plusieurs, 
fois^  rassemblée,  et  le,  19  juillet}, 
lorsque  tous  les  ministres,  d^si 
rinapuissançfç  de  remédier  aux, 
maux  présens,  se  décidèrent  à 
donner  simultanément  leur  dé- 
mission, M.  Lajard;^  qui  prévit 
tout  l'avantage  qu'en  tireraient  le^^, 
eiinemis  de  U.  ro jauté^  vpulut  s'y; 
opposer;  mais  il  oé^ai  au^  avis  A^, 


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35(> 


LAJ 


ses  collègues,  et  se  rendit  arec 
eux  à  l'assemblée  léfiflslatite,  où 
M.  Dejoli  f  ministre  de  la  justice, 
portant  la  parole  an  nom  de  tous, 
déclara  que,  «  vu  Tanéantftsement 
nde  la  force  publique,  l'avilisse* 
«ment  des  autorités  constituées, 
»et  les  attentats  impunis  et  tou- 
i>  fours  croîssans  de  l'anarchie,  qui 
«paralysaient  tous  leurs  efforts* 
«pour  le  bien,  ils  avaient  de  con- 
wcert,  dès  la  veille,  donné  leur 
«démission  an  roi.  »  Néanmoins 
M.  Lajard  ne  remit  que  le  6  août 
le  porlefeoîUe  à  M.  d'Âbancourt. 
En  sa  qualité  d'adjudant -généial 
de  la  division  sous  les  ordres  du 
général  Boissieu,  il  fut  chargé,  le 
10  août  au  matin,  de  défendre  la 
porte  ro3'ale  du  château  des  Tuî- 
îeries;  mais  le  parti  que  prit  le  roi 
ayant  rendu  toute  résistance  im- 
possible, il  eut  ordre  de  disposer 
une  force  suffisante  pour  protéger 
le  passage  de  ce  prince  et  de  sa  fa- 
mille à  la  salle  de  l'assemblée  na- 
tionale. Il  se  rendit  bientôt  en  An- 
gleterre, pour  échapper  au  décret 
d'accusation  lancé  contre  lui  le  28 
août.  I^éanmoins,  -lors  du  procès 
du  roi,  il  offrit  à  la  t;onvention  de 
1-e  venir  en  France,  et  de  prendre 
sur  lui  toute  la  responsabilité  de 
ses  actes  administratifs  :  trait  de 
dévouement  dont  on  ne  lui  sut  pas 
gré  alors,  mais  dont  l'histoire  doit 
conserver  le  souvenir.  \]tï  autre 

■•trait  honore  également  cet  officier; 

.lorsqu'il  rentra  en  France,  en  1800, 
et  qu'il  eut  été  rayé  de  la  liste  des 
émigrés,  il  demanda  et  obtint  sa 
réforme  d'adjudant-général-colo- 
ncl  :  or,  c^était  le  grade  qu'il  avait 
en  1792,  en  entrant  au  ministère 
de  la  guerre;  ainsi,  devenu  minis- 
tre, il  ne  5*était  pas  donné  l'avan- 


LAJ 

cernent  dont  il  disposait  pou/lcs 
autres.  En  1808,  sur  la  présenta- 
tion du  collège  électoral  du  dépar- 
tement de  là  Seine,  il  fût  nommé 
député  au  corps-législatif,  où  il  se 
trouvait  encore  en  1814.  Il  fut  du 
nombre  des  77  députés  qui ,  sur 
lluvîtation  du  gouvernement  pro- 
vîsoîi-e,  votèrent  la  déchéance  de 
Napoléon  et  le  rappel  des  Bour- 
bons. Quelque  temps  après,  il  foj 
créé  officier  de  la  légion -d'hon- 
neur, et  élevé  an  grade  de  maré- 
ehal-de-camp.  En  18149  îl  vota 
arec  la  minorité  dans  la  chftinbre 
des  députés,  et  dans  ses  votes  ou 
ses  rapports,  il  suivit  constamtneot 
les  principes  constitutionnels  qu'il 
avait  professés  et  défendus  dans 
le  cours  de  la  révoyution  :  H  en 
donna  une  preuve  éclatante  dans 
son  rapport  particulier  sur  une 
ordonnance  du  roi  du6  juillet,  qui 
semblait  exiger,  pour  l'admission 
aux  nouvelles  écoles  réunies  de 
Saint- Germain  et  de  Saint -Cyr, 
l'ancienne  preuve  de  plusieui-s 
quartiers  de  noblesse.  Après  avoir 
rapproché  cette  disposition  de  cel- 
le de  la  charte,  qui  établit  l^ad" 
missibilité  cùnstitutionnelU  âe  tout 
Français  aux  emplois  civils  et  mi' 
iilaires,  le  rapporteur  s'exprima 
ainsi  :  «  Conservateurs  du  dépôt 
»  sacré  de  la  charte,  il  vous  appar- 
»  tient,  messieurs,  lorsqu'une  dé- 
»viation,  involontaire  sans  doute, 
»y  porte  atteinte,  d'intervenir  et 
»de  chercher  dans  votre  sagesse 
»  le  moyen  le  plus  convenable  de 
»  rétablir  les  véritaMes  principes.» 
M.  Lajard,  que  la  modicité  de  sa 
fortune  a  exclu  des  élections,  jouit 
dans  la  retraite  du  repos  et  de  ses 
honorables  «ouvenîi's,  ainsi  que  de 
l'estime  de  ses  concitoyens. 


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LAJ 

LAJARD  (Jsah-Bàttistb)»  dit  d^ 
V Hérault,  par«[it  du  précédent  et 
beau-frère  de  Tex-ministre  Chap* 
tal,  comte  de  Chanteloup,  est  aus- 
si né  à  Montpel/ier.  Compromis  à 
l'occasion  d'uoe  fourniture  de  sou- 
liers pour  l'arniée  des  Alpes,  il  fu( 
dénoncé)  en  179a,  par  les  commis* 
saîrea  de  la  convention  nationale  à 
Lyon,  décrété  d'accusation,  arrê- 
té ù  Montpellier,  renvoyé  devant 
le  tribunal  crimin|el  de  Rhône-et- 
Loire,  et  enfin  acquitté,  par  un 
nouTeau  décret  de  la  convention, 
avec  Lebrun,  son  assoi.cié.  Il  vé- 
cut ignoré  pendant  les  temps  ora- 
geux de  la  révolution,  reparut  en- 
fin sur  la  scène  politique,  et  fut 
nommé  au  corps-législatif,  par  le 
collège  électoral  de  l'Hérault,  dont 
le  nom  fut  toujours  ajouté  au  sien, 
pour  le  distinguer  de  l'ex- minis- 
tre, désigné  sous  celui  de  Lajard 
de  la  Seine,  M.  Lajard  est  sorti  du 
corps  f  législatif  par  la  réélection 
de  181 5.  Il  fut  nommé,  en  1816, 
directeur  des  contributions  direc- 
tes à  Montpellier,  et  occupe  encore 
cette  place  aujourd'hui  (1823).  Il  a 
reçu  la  décoration  d'omcler  de  la 
iégion-d'honneur. 

LAJAHAIÈRË  (N.)9  lieutenant 
au  63"*  régiment,  officier  de  la  lé- 
gton-d'honneur,  est  né  à  Lautrec, 
dépi^rtement  du  Tarn.  Il  entra  le 
6  juillet  1793,  étant  encore  très- 
jeune,  dans  le  a"*  bataillon  de  son 
département.  Peu  de  temps  après, 
U  fut  nommé  sergent;  le  16  octo- 
bre suivant,  sergent -major,  et 
so.us-lieutenant  le  1*'  pluviôse  an 
a.  Après  avoir  fait  les  campagnes 
des  Pyrénées-Occidentales  pen- 
dant les  années  1 793,  et  a  et  3  de  la 
république, «il  passa  à  l'armée  de 
VOuest  en  l'an  4*  et  fit  les»  campa- 


LAJ 


00: 


gnes  d'Italie,  depuis  l'an  5  jusqu'A 
l'an  8.  A  la  batailfe  de  Novi,  le  28 
thermidor  an  7,  il  fut  nommé  lieu- 
tenant sur  le  champ  de  bataille. 
Au  déblocus  de  Gènes,  il  reçut 
un  sabre  d'honneur,  par  suite  de 
sa  belle  conduite  au  village  de 
3aint-  Martin ,  où  il  assaillît  l'en- 
nemi avec  la  plus  rare  intrépidité. 
Plusieurs  Autrichiens  s'étant  ras- 
semblés dans  une  maison  de  ce  vil- 
lage, le  lieutenant  Lajarrière^eul, 
a,vec  un  sergent,  s'élance  dans  la 
maison,  et  malgré  la  vive  résistan- 
ce Qu'on  lui  oppose,  tue  ou  désar* 
mentes  Autrichiens.  Pendant  le 
blocus  à  une  sortie  qui  eut  lieu  le 
8. prairial  an  8,  il  fut  blessé  de 
deux  balles,  dont  l'une  lui  traversa 
la  cuisse  droite.  Il  fit  partie  de  l'ar- 
mée du  Portugal  pendant  les  an- 
nées 9  et  10,  et  fit  les  campagnes 
de  l'an  u  et  de  l'an  12.  Ce  fut  au 
mois  de  pluviôse  de  cette  dernière 
année,  qu'il  fut  nommé  officier  de 
la  légion-d'honneur. 

LAJOLAIS  (F.),  général  fran- 
çais ,  naquit  à  Weissembourg  en 
1761.  Il  était  fils  du  lieutenant  du 
roi  de  cette  ville.  Destiné  à  l'état 
mih'taire,  il  l'embrassa  de  bonne 
heure,  et  s'éleva  en  peu  de  temps 
au  grade  de  général  de  brigade. 
£n  1794 9  il  était  employé  aux  ar- 
mées du  Rhin  et  de  la  Moselle, 
que  commandait  alors  Pichegru  ; 
il  eut  occasion  de  se  lier  étroite- 
ment avec  ce  général,  partagea 
tous  ses  projets  pour  le  rétablis- 
sement des  Bourbons  sur  le  trône 
de  France,  et  le  seconda  de  tous 
ses  efforts  dans  leur  exécution; 
mais  £^yaf>t  été  compromis  par  les 
pièces  sais|e,s  dans  le  fourgon  du 
général  Klingliq,  il  fut  mis  en  ar- 
restation aprè?  le  1 8  fructidor  1 797* 


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358 


tAK 


Trâfluîttietant  un  €0hs«tl  èe  giier» 
rc  à  Strasbourg,  atiwî  que  Badou* 
TÎÎle  et  plusieurs  autres,  ils  furent 
tous  acquittés  en  janvier  1800.  l! 
Youlut  paraître  s'attacher  au  gou^ 
ternement  consulaire,  et  sollicita 
à  cet  effet  dii  service,  niais  il  né 
put  en  obtenir.  A^aut  conçu  alors 
un  plan  plus  vaste,  il  imagina  et 
réconcilier  Moreau  et  PîMicgru, 
et  passa*  en  i8o3  à  Londres,  où  il 
reçut  des  secours  du  gouverne- 
ment britannique,  auquel  il  com- 
muniqua ses  ^tans  et  revint  bien- 
tôt après  à  Paris,  précédai^  de 
peu  de  jours  Georges  Cadoudal, 
Picbegru  et  leurs  coopérateurs  ; 
taaîs  cette  trame  fut  bientôt  dé- 
couverte. Làjolais,  arrêté  avec  ses 
tomplices,  fut  traduit  devant  le 
tribunal  de  la  Seine,  et  condamné 
ft  mort  le  10  juin  i8o4*  Sa  famille 
obtint  cependant  sa  grôce  de  l'em- 
pereur, et  la  peine  fut  commuée 
en  celle  de  quatre  ans  dé  déten*- 
tion  au  chdteau  de  Joux.  Il  ne 
jouit  pas  complètement  de  cette 
faveur;  tombé  malade  dans  sa  pri- 
soh ,  il  j  mourut  la  veille  même 
du  jour  où  il  devait  recouvrer  sa 
liberté. 

LAKÂNÂL  (Joseph),  député  à 
la  convention  nationale,  membre 
xln  conseil  des  cinq- cents  et  de 
i*i«stitut,  était  prêtre  doctrinaire 
et  professeur  de  belles  -  lettres  a- 
vant  la  révolution.  Il  fat  nommé, 
en  1J91,  vicaire-général  constitu- 
tionnel, et  en  179a,  il  devint  dé- 
puté de  TArriége  à  la  convention, 
où  il  Tota  la  mokt  de  Louis  XYI 
sans  appel  et  sans  sursis.  En  mars 
1795,  chargé  d'enlever  lu  château 
de  Chantilly  tout  l'or,  l'argent,  lie 
t»ivre  et  le  fèr  qui  s'y  trouvaient^ 
il  fit  pas^r  au  tréisor  public  aàt>6 


LAR 

tearte  d*or  et  d'ar^nt;  il  s'empa- 
ra également  de  tons  les  papierè 
de  la  maison  dB  Gondé.  Memb^ 
du  comité  d'instruction  publique, 
t)n  le  vit  constamment,  pendant  la 
«ession  cduventionnelle,  faire  des 
rapports  sur  cet  objet;  ce  qtrî, 
dans  la  suite ,  le  fit  placer  dur  h 
liste  des  membres  de  l'institut.  Lé 
1*  juin  1795,  il  fit  décréter  qu^ 
les  villes  dfont  les  noms  rappelaient 
des  idées  de  royauté  en  porteraient 
de  nouveaux,  qu'il  indiqua.  11  pro* 
posa,  te  17  avril  1794?  d'élever  tr* 
ne  colonne  en  mémoire  dfes  tîl- 
toyens  morts  le  10  août  179a;  et 
dans  te  courant  de  la  même  an- 
née,* à  la  suite  d'un  rappoit  sur 
f  écolfe  Normale,  qu*îl  était  cliargé 
de  surveiller,  il  fit  décréter  l'éta- 
blissement des  écoles  primaires, 
6t  trois  mois  après  celui  des  éco- 
les centrales.  Au  mois  d'août  i  796, 
il  parut  plnsieurs  fois  à  la  tribune, 
et  y  discuta  les  moyens  de  rem- 
placer le  tiers  qui  devait  sortir  de 
l'assemblée.  Le  7  octobre  même 
année,  il  parla  avec  véhémence 
contre  les  sections  de  ParÎB,  qui 
deax  jours  auparavant  s'étaient 
soulevées  contre  la  convention  na- 
tionale, et  il  demanda  à  cette  oc- 
casion qu'elles  fussent  désarmées; 
que  tous  ceux  qui  n'habitaient 
point  Paris  avant  1 789  fussent  ex- 
pulsés de  cette  viHe,  et  qu'enfin  il 
fût  établi  une  garde  pour  te  corps- 
législatif.  Le  projet  qu'il  proposait 
alors,  et  qui  avait  été  rejeté  t^is 
ans  auparavant,  aurait  épargné 
bien  du  sang ,  s'il  avait  été  mis  à 
exécution  lorsque  lés  Girondins  et 
tant  d'autres  l'avaient  demandé, 
proposition  qui,  faite  alors  sans 
succès^  fut  un  prétexte  pour  en- 
voyer À  l'èchafeud  la  plupart  d'en- 


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tr»«Bx.'M.  Lakaoalentraani  conseil 
ded  ciaq-ceote  le  3o  octobre  17959 
el  en  sortit  le  %o  mai  1 797;  il  rem- 
pUl^  ea  i7(|(>f  la  place  de  coanni^ 
Mire  du  pouvoir  exécutif  près  des 
départémens  réunis*  S^étant  bau- 
temeat  pro&oacé  contre  ta  révo- 
lutioa  du  18  brumaire^  il  fut  des- 
titu6«  quelques  mois  après,  par  le 
§ott?ememeiit  consulaire.  Il  de^ 
vint  ensuite  censeur  du  lycée  Bo- 
naparte^  et  en  exerça  les  fonctions 
jusqu'en  180^;  il  faisait  encore 
partie  de  la  classe  d'histoire  et.de 
littérature  ancienne  de  T^nstitut^ 
au  moment  de  la  restauration  en 
18  »4*  ^1  cessa  de  taire  partie  de 
nette  société  savante  en  181G. 
M*  Lakanal  est  depuis  sorti  de 
France 4  a  passé  aux  États-Unis 
d'Amérique,  et  s'est  ûxè  sur  les 
bords  de  l'Ohio,  où  il  a  acquis  u*- 
ne  propriété. 

LAKE  (GiEAxi^  Loxo  TicomB), 
général  anglais»  dont  la  famille  fait 
remonter  son  origine  ik  Lancelot- 
du-Lac  (Launcebie-'of-Lttke)^  l'un 
des  chevaliers  ue  la  table  ronde, 
naquit  en  1744*  ^^  ^'^K^  ^  ^4 
^ans,  il  obtint  une  place  d'enseigne 
dans  le  premier  régiment  des  gar-^ 
des  à  pied.  Il  fit  la  guerre  de  s$pt 
an»,  et  s'y  distingua  par  son  sang- 
froid  et  son  intrépidité.  Il  devint 
bientôt  après  aide-de-camp  du  gé- 
néral Pearson.  Le  prince  de  Gai- 
lesy  auquel  il  fut  présenté  en  1768, 
sut  distinguer  son  mérite ,  et  lui 
accorda  son  estime  et  son  amitié, 
qu'il  lui  a  toujours  conservées  de^ 
puis«  Lake  servit  en  Amérique 
sous  Comwallis,  et  se  fit  remar-^ 
quer  au  siège  d'York.  Revenu  à 
Londres,  après  la  prise  de  cette 
place,  il  fut  nommé  par  le  roi 
l'un  de  ses  aides-de-camp.   En 


LAK 


Mff 


1793,  k>raqi;^e  l'Angleterre  eut  dé- 
claré la  guerre  à  la  France,  Lake 
passa  en  Hollande,  à  la  tête  de  la 
premièrc|  brigade  des  gardes,  et  fit 
Jever  le  siège  de  Wilhemstaiilt.  Il 
se  trouva  à  toutes  les  affaires  qui 
signalèrent  les  années  1793  et 
1794*  retourna  en  Angjeterre^  à 
la  suite  des  succès  obtenus  parles 
Français;  et  ne  fut  en^loyé  qu'en 
1797,  où  le  gouvernement  l'en- 
voya en  Irlande,  pour  apaiser  les 
troubles  qui  désolaient  ce  malheu- 
reux royaume.  Les  mesures  éner- 
giques qu'il  y  déploya  ne  firent 
qu'aigrir  les  esprits.  Néanmoins, 
il  parvint  à  battre  complètement 
.  les  insurgens,  le  a  1  juin  1 798.  I&iais 
i,5oo  Français  ayant  débarqué  à 
Killala  le  d2  aoCM  suivant,  sous 
le  commandement  du  général 
Humbert,  les  Irlandais  reprirent 
courage  et  se  réunirent  à  eux.  Le 
général  Lake  courut  à  leur  rencon- 
tre avec  une  armée  nombreuse; 
mais  il  fut  battu  à  Castlebar,  per- 
dit 6  pièces  de  canon ,  et  fut  mii 
dans  l'impuissance  d'arrêter  les 
progrès  dos  assaillans.  Bientôt  ren« 
forcé  de  troupes  fraicbej»»  et  sou- 
tenu par  lord  Cornvirallis  qui  avait 
sous  ses  ordres  toutes  les  force» 
anglaises,  il  joignit  cette  poignée 
d'ennemis,  le  8  septembre,  près  de 
Ballynamak;  après  un  combat  opi- 
niâtre et  long-tempsdisputé,  lava- 
leur  dut  céder  au  nombre,  et  lea 
Français  furent  forcés  de  se  rendre 
prisonniers.  Les  Irlandais^  privée 
de  leurs  auxiliaires,  ne  résistèrent 
plus  que  faiblement,  et  le  royau- 
me entier  fut  bientôt  soumis  et 
pacifié.  En  1800,  Lake  obtint  le 
eommandem^nten  chef  des  forces 
anglaises  dans  l'Inde.  Dès  son  ar- 
rivée à  Calcutta,  en  mars  1801,  il 


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56o 


LAK 


donna  tous  ses  soins  à  établir  la 
discipline  dans  Tannée  du  Sienga- 
le^  toute  composée  de  naturels  du 
pays,  et  obtint  du  Nabab- Yexier 
que  le  subside,  quMl  payait  an- 
nuellement, serait  remplacé  par 
une  cession  de  territoire  en  fareur 
de  la  compagnie.  Il  attaqua,  dans 
le  printemps  de  1802,  les  Zemin-  ' 
dars  de  Sasni  et  de  Cotehoura, 
qui  refusaient  de  se  soumettre  à 
la  domination  anglaise,  et  s'empa- 
ra de  toutes  leurs  places.  Au  mois 
d^août  i8o3,  après  avoir  forcé  le 
général  français  Perron  d'aban- 
donner une  forte  position  qu'il  oc- 
cupait près  de  Goëi ,  sui*  le  terri- 
toire des  Mahrates,  et  s'être  ren- 
du maître,  par  un  coup  de  main, 
de  la  forteresse  importante  d'Aly- 
Ghor,  il  fit  une  marche  de  a5 
milles  dans  la  saison  des  plus  gran- 
des chaleurs;  atteignit,  le  1 1  sep- 
tembre i8o3,  les  principales  forces 
de  l'ennemi  dans  la  plaine  de  Deh- 
ly,  et  força,  après  un  combat  san- 
glant, deux  brigades  du  général 
Perron  à  se  rendre  prisonnières. 
Lake,  poursuivant  ses  succès,  dé- 
livra Cnfll-Aâlem ,  détenu  par  les 
Mahrates;  pourvut  à  la  sûreté  de 
la  capitale,  et  s'empara  d'Agra, 
défendu  par  des  troupes  mahrates 
et  françaises.  Ainsi ,  eh  moins  de 
3  mois,  toutes  les  possessions  de 
Scindia ,  à  Test  de  la  rivière  Te- 
homboul,  se  trouvèrent  en  son 
pouvoir.  Sur  la  fin  de  cette  année, 
il  conclut  un  traité  définitif  avec 
le  rajah  de  Djaipour,  et  en  février 
i8o4,il  alla  au  secours  de  ce  prince, 
inenacé  par  Djecent-Raou-Holcar. 
Après  s'être  emparé  du  fort  de 
Gwajior  et  de  Rampoura ,  et  fait 
lever  le  siège  de  Dehly,  il  se  mit  à 
poursuivre  Holcar  qui  avait  péné- 


LAK 

tré  dans  le  Douâb,  qu'il  menaçait 
de  dévaster.  Etant  parvenu  à  l'at- 
teindre, par  la  vitesse  de  sa  mar- 
che, il  tomba  sur  lui  à  l'improvis- 
te,  le  força  dans  son  camp  de 
Ferromkabad  et  lui  fit  éprouver  u- 
ne  défaite  complète.  Il  battit  en- 
suite le  corps  d'infanterie  qui  pro- 
tégeait le  fort  de  Dehly,  et  s'empa- 
ra de  ce  poste;  puis  sans  donnera 
ce  chef  le  temps  de  réparer  ses 
pertes,  il  se  porta,  en  }anvier  i8o5, 
suivBartpore  qu'il  investit,  et  for- 
ça ainsi  Holcar  à  lui  demander  la 
paix;  celui-ci  s'y  soumit  alors,  .pour 
ne  pas  voir  en  la  puissance  de  son 
ennemi  la  seule  place  qui  lui  res- 
tât. La  paix  ne  dura  qu'autant  que 
Holcar  ne  put  pas  recommencer 
la  guerre.  Il  s'était  retiré,  ain^ique 
Mirkhan ,  avec  ce  qui  lui  restait 
de  cavalerie;  mais  ayant  rassemblé 
de  nouvelles  forces,  ils  reprirent 
les  hostililés  sur  la  fin  de  180 5. 
Holcar,  de  nouveau  poursuivi,  se 
réfugia  dans  le  pays  de  Lahôre,  où 
il  se  crut  à  l'abri  d^  Européens, qui 
connaissaient  peu  cette  contrée. 
Néanmoins,  il  s'y  vit  tellement 
pressé  qu'il  fut  réduit  à  demander 
de  nouveau  la  paix.  Le  général 
Lake  la  lui  accorda ,  et  la  conclut 
le  6  février  1806.  Il  repartit  ensui- 
re  pour  l'Angleterre,  où  il  arriva 
en  septembre  1807,  après  une  ab- 
sence de  7  ans.  Le  roi  récompen- 
sa tant  d'importans  services,  en  le 
nommant  pair  d'Angleterre,  avec 
le  titre  de  lord  Lake,  baron  de  Deh- 
ly et  Lasvfarri;  bientôt  après,  il  a*- 
jouta  à  ces  dignités  celle  de  vi- 
comte, et  la  place  de  gouverneur 
de  Plymouth.Lake  put  à  peine 
jouir  de  quelques  momens  de  re- 
pos :  il  mourut,  après  une  courte 
maladie,  le  ai  février  1808. 


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Tbmeyjû . 


J^a^e  36i 


/^ 


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LAL 

LAK£  (Gborgb-Avgitste-Feédé- 

rig),  second  ûls  du  précédent,  na- 
quit en  1780.  Il  était  jeune  enco- 
re lorsqu'il  embrassa  la  carrière 
militaire.  Il  fit  ses  premières  ar- 
mes en  Irlande,  en  1796,  comme 
aide'de*camp  de  son  père.  En  1 799, 
il  se  rendit  en  Hollande,  avec  une 
compagnie  dont  il  ayait  obtenu  le 
commandement,  mais  il  n'y  arrira 
qu'après  la  retraite  du  duc  d'York. 
Nommé  adjudant-général,,  pour 
accompagner  son  père  dans  l'In-^ 
de,  il  se  distingua  d'une  manière 
particulière  dans  l'emploi  de  dé- 
puté •  quartier-maître-général  de 
l'armée,  qu'il  remplit  depuis  1801 
jusqu'en  1807,  revint  avec  lui  en 
Angleterre,  et  fut  élevé  au  grade 
de  lieutenant-colonel  du  a9"*  ré- 
giment d'infanterie.  Nommé  pour 
accompagner  lord  3penoer  dans 
son  expédition,  il  s'embarqua  avec 
lui ,  le  suivît  à  Gibraltar  et  à  Ca- 
dix, passa  ensuite  en  Portugal,  et 
se  trou  va  à  la  bataille  de  Roleia , 
oiVil  fut  tué  le  17  août  1808.  Il  a- 
vait  mérité  l'estime  et  la  confiance 
de  ses  supérieurs. 

LALANDË  (JosBPfl-JÉftÔHE  ls 
Fbânçâis  bb),  l'un  dès  plus  célè- 
bres astronomes  de  France,  na- 
quit le  11  juillet  1732, à  Bourg-en- 
Bresse,  d'une  famille  honorable.  • 
Il  eut  de  bonne  heure  le  goût  de 
la  célébrité,  et  le  conserva  toute 
sa  vie.  Doué  d'une  imagination  vi- 
ve, il  se  passionnait  pour  tous  les 
objets  qui  le  frappaient  fortement  : 
ainsi,  élevé  par  des  parens  pieux, 
il  s'attacha  d'abord  aux  pratiques 
les  plus  minutieuses  de  la  dévo- 
tion ;  ainsi,  lorsque  après  d'excel- 
lentes études,  il  fut  en  rhétorique, 
l'éloquence  seule  eut  des  charmes 
pour  lui ,  et  il  voulut  être  avocat. 


LAL 


36i 


La  comète  remarquable  de  1744 
lui  fit  porter  toute  son  attention 
sur  les  phénomènes  du  ciel;  mais 
il  ne  se  voua  entièrement  à  l'étu- 
de de  l'astronomie  qu'après  avoir 
suivi  les  observations  du  P.  Bé- 
raud,  son  professeur  de  mathé- 
matiques-au  collège  de  Lyon, sur 
la  grande  éclipse  du  25  juillet 
1748.  Pour  se  livrer  tout  entier 
à  cette  nouvelle  passion,  il  réso- 
lut de  se  faire  jésuite.  Ses  parens 
crurent  le  guérir* de  cette  fantaisie 
en  l'envoyant  à  Paris,  où  il  fit  son 
droit  et  fut  reçu  avocat;  mais  il  y 
trouva  aussi  tous  les  secours  pro- 
pres à  seconder  son  goût  favori. 
Il  y  fit  connaissance  de  Delisle,  qui 
avait  établi  un  observatoire  dans 
l'hôtel  même  qu'il  habitait,  et  ou  - 
tre  qu'il  recevait  ses  leçons,  il  as- 
sistait avec  lui  au  cours  d'astrono- 
mie que  faisait  Messîer  au  collè- 
ge de  France.  Lalandeen  tira  d'au- 
tant plus  d'avantages ,  qu'étant  a- 
lors  le  seul  élève  qui  pût  en  profi- 
ter, Messier  sut  se  mettre  à  sa 
portée,  et  graduer  sa  marche  sur 
ses  progrès.  Lemonnier,  devenu 
célèbre,  surtout  pour  avoir  mesu- 
ré un  degré  au  cercle  polaire,  ou- 
vrait à  cette  époque  un  cours  de 
physique-mathématique,  au  collè- 
ge de  France  :  il  voulut  s'attacher 
exclusivement  Télève  de  Messier, 
et  le  détourner  de  suivre  les  le- 
çons d'un  maître  trop  vieux,  di- 
sait-il, pour  être  observateur  ha- 
bile. Lalande  sut  ménager  deux 
rivaux  qui  lui  étaient  également 
utiles ,  et  profiter  des  leçons  de 
l'un  et  de  l'autre.-  Cette  conduite 
adroite  lui  valut  bientôt  le  moyen 
de  se  faire  connaître.  Il  s'agissait 
alors  de  déterminer  la  parallèle  de 
la  lune,  ou,  en  d'autres  termes. 


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562 


LAL 


la  distance  de  cet  astre  h  la  terre. 
La  Caille,  en  se  rendant  an  cap  de 
Bonne-Bdpérance  pour  cet  objet, 
avait  enf^agé  les  saraiis  de  FËdro*- 
pe  à  le  seconder  parde^  obserya-" 
tîoti»  cof respondantes.  L'obserra- 
toire  de  Berlin  se  trouvant ,  à  peu 
près,  sous  le  méridien  du  Cap,  é^ 
tait  le  plus  avantageusement  situé; 
mais  il  n'avait  ni  bon  instrument  ^ 
ni  astronomes  soUiëamment  exer^* 
ces.  Lemonnier^  qui  possédait  le 
meilleur  quart-dè-eercle  (pii  fut 
en  France,  offrit  de  se  rendre 
dans  cette  ville  avec  <;et  instru* 
ment;  et  quand  il  en  eut  obtenu 
Tautorisation,  il  ne  lui  fut  pas  dif- 
ficile dé  se  l'aire  remplacer  par 
son  élève,  asset  instruit  pour  une 
expérience  de  cette  nature.  Lalkn- 
de  arriva  à  Berlin,  et  fut  présenté 
au  roi  par  Maupertuis.  Frédéric, 
qui ,  sur  le  bruit  public ,  croyait 
cette  mission  importante,  témoi- 
gna d*abord  de  la  surprise,  en 
voyant  le  jeune  astronome.  «Mais, 

•  ajouta-t-il  aussitôt,  puisque  l'a- 
ft  cadémie  vous  a  nommé,  vous  jus* 
«tIfiereE  son  choix;»  et  il  donna 
des^  ordres  pour  que  rien  ne  s'op- 
posât au  succès  des  observations. 
Lalande,  repu  membre  de  l'aca* 
demie  de  Berlin^  passait  les  nuits 
dans  son  observatoire^  les  mati- 
nées che£  Euler,  dont  il  recevait 
les  leçons  sur  l'analyse^  et  les  soi- 
rées avec  les  philosophes  Mau- 
pertuis, d'Argens,  La  Mettrie 
etc*  Il  disait  dans  la  suite,  au 
sujet  des  principes  qu'on  y  pro- 
fessait, et  qui  durent  lui  paraître 
bien  différens  de  ceux  qu'il  avait 
puisés chet  les  jésuites,  «qu'on  en 

•  avait  de  fausses  idées,  etquel'in- 
«»  compatibilité  n'était  pas  telle 
«qu'on  l'imaginait  entre  la  doctri- 


LAI 

»ne  dés  deux  écoles.»  Be  retour  à 
Bourg,  il  continua  à  se  conduire 
comme  auparavant ,  accompQ|;iid 
sa  mère  aans  tous  ses  exen^fs 
de  piétés  et  plaida  plusSears  cau^ 
$9ê  pour  plâtre  à  son  pèi^ ,  plus 
flatté  d'avoir  un  avocat  qu'an  aca^ 
déroicien  dans  sa  fomille.  Lalande 
rendit  compte  de  la  manière  dont 
il  avait  rempli  sa  misdon^  daosu- 
ne  notice  80H8  ce  titre  :  D.  ds  £a- 
iand$  astronomi  regii^  de  oêfêerw* 
tionibuê  9UiS  bériHnemêibai  ^  ad 
patailamn  iunœ  déftnimdMm,  (  art. 
erudi  angosti^  i^Sa).  A  l'âge 
d*environ  ai  ans ^  il  fut  nommée 
une  place  d'astronome  ^  vacante 
depuis  plttflietn's  années.  Son  tiv'- 
vail  sur  la  lune  le  liait  avec  U 
Caille,  dont  11  appréciait  le  méri- 
te; mais  Lemonoîer  n'aimait  pas 
La  Caille,  et  dès  lors  il  vitdemau- 
Tais  œil  la  liaison  de  son  élève  a- 
vec celui  qu 'il  appelait  son enâeini* 
Un  différend  s'étant  élevé  entré 
les  deux  astronomes,  au  sujet  du 
degré  d'Amiens,  et  Lalande  s'é- 
tant joint  à  la  commission  qui  a* 
ratt  été  contraire  à  Lemonnier, 
se  l'aliéna  encore  davantage*  Mais 
un  jour  qu'il  exposait  à  l'acadéoiie 
ses  méthodes  pour  tenir  compte 
de  l'aplatissement  de  la  terre  dan» 
le  calcul  des  parallaxes^  ayant  don- 
né une  règle  qui  se  trouvait  con- 
traire à  une  formule  d'Ëuler,  Le- 
monnier, mécontent  de  son  élève, 
crut  avoir  trouvé  l'occasion  de 
l'humilier,  et  il  l'accusa  haute- 
ment de  s'être  trompé.  La  dispu- 
te sléchauffant  entre  eux,  l'acadé- 
mie nomma  dès  conimissaires: 
La  Caille  fut  du  nombre  et  donna 
raison  à  Lalande.  Dès  lors  le  maî- 
tre et  l'élève  furent  entièreoaeat 
brouillés;  etlârancviâe  du  premier» 


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LAL 

r:tmmti  Vé<OriTakpl)KbaMilii«iif)« 
Second  en  stfle  astrofeomiqae^ 
diiihi  pendtirtit  une  rérolution  «û- 
tièfè  des  n(tottd$  éè  la  lufie,  o'èit- 
À-^dfre  pendaot  dîx4iii>ît  ans.  Hé- 
lait dîffidle^  eti  efltet)  que  deas 
tiotntti«s  occupés  sans  eesse  à  é- 
pier  1»  qtri  poutait  leur  échapper 
d'assertions  hasardées  '  <)Ci  d'ob* 
JectioAs  înconsîdéréos,  fassent  ja- 
mais d'mtclligènce.  Lesobserta* 
tkms  faîtes  au  Cap  et  à  BediiinV 
matent  pas  ehcore  produit  le  ré- 
sollàt  qu'on  en  aftendaii,  parce 
qu*ùn  ne  connaissait  pas»  <tveo  la 
dernière  précîsion^ie  diamètre  de 
la  lune.  Lalande,  ayant  fait  owis- 
truîre  un  héliomètw  de  i8  pieds, 
le'pîus  grand  qu'on  ait  fait,  par- 
Tînt,  après  une  longue  suite  d'nb* 
servatîons  précises,  répétée»  pla- 
sietirs  fbis  et  à  des  reprises  éittk^ 
ï^ntes,  à  déterminer  ce  diamètre, 
et  son  rapp(Jrt  constant  arecla  pa- 
raflate  horizontale.  DèsloUBils'oo*- 
cupa,  plui«  sérieusetttent  que  ja- 
mais^ de  la  théorie  des  planètes^ 
(È  laoueile  il  avait  dé)&  travaillé,  et 
qui  âerint  l'étude  de  tootte  sa  tîe. 
Son  héliomètre  lui  servitd'ahord  à 
observer  deux  passages  de  Mer- 
cure sur  le  Mileil  ;  ce  qui  lui  fit  i- 
maginer  de  nouvelles  méthodes, 
pour  dépoulHer  ces  observations 
des  effets  de  la  piirallase.  L'épo- 
que approchait  où  deux  passages 
de  Vénus  sur  le  soleil  devaient 
avoir  lieu;  ^  Importait  alors  de 
tttettre  lès  astronomes  à  portée  de 
ohoiftir,  sur  tout  le  globe,  les  sta- 
tînns  les  plus  avantageuses  :  il  dé- 
veloppa, à  cetefiBêt,  la  méthode  de 
Delisle,  et  Hsprésenta,  sur  une  car- 
te géographique,  l'heure  de  ren- 
trée ta  Cislle  de  la  sortie  de  Ténus, 
pour  tes  SItèrens  pays  de  la  terre; 


lai; 


86S 


On  ^MMiTftit  employer,  san»  doute, 
une  méthode  4iussi  sùve  ^  plus 
èxpéditive  :  mais  oe  qui  prouve  en 
feveur  de  Celle  de  Lïilande,  c'est 
queLagrangequî,  quelques  annexes 
après,  roulut  la  vérifier,  arriva, 
au  moyen  de  l'analyse  la  plus  sa- 
vante, aux  même»  résultats',  et 
confirma  ainsi  l'erreur  dans  laqueU 
le  Halley  était  tombé  sur  le  mê- 
me sujet,  et  qu'avait  déjà  signalée 
Tl^uohet,  astronome  d'Auxerre. 
Lalande  aimait  la  gnomonique; 
le  temps  qu'lly  employait étsdt  un 
délassement  qu'il  se  permettait, 
pour  se  reposer  de  travaux  plus 
importans  et  plus  difficiles  :  c'est 
dans  cette  vue  qu'il  expliqua  ufi 
cadran,  d'une  espèce  singulière, 
qui  existait  à  Bourg  même ,  son 
pays  natal.  La  démonstration  qu'il 
en  donne  n'est  peut-être  pas  asset 
Claire,  et  il  eût  pu  en  trouver  une 
plus  lumineuse  dans  ses  propre» 
ouvrages.  Il  expliqua  également 
un  cadran,  d'une  construction 
tout  aussi  singulière,  placé  à  Be- 
sançon ,  dont  il  donna  la  démons- 
tration dans  le  Jûurnal  dés  Sdvans, 
de  juin  i^SH.  Enfin,  il  a  donné 
l'explication  et  les  calculs  d'un 
autre  cadran,  assez  extraordinaire, 
que  Pingre  avait  imaginé  pour  la 
colonne  de  la  Halle-au-Blé,  alors 
hôtel  de  Soissons.  Lalande  s'é- 
tait surtout  appliqué  à  rendrel'art 
de  construire  les  cadrans,  facile  à 
ceux  même  qui  avaient  le  moins 
de»  connaissances  mathématiques. 
L'histoire  de  la  comète  de  i^Sc), 
dont  le  retour  avait  été  prédit 
par  Halley,  devînt  extrêmement 
ihtéressante  sous  la  plume  de  La- 
lande. D'abord  il  fournit  à  Clai- 
raut  tous  les  calculs  astronomi- 
ques dont  son  analyse  avait  be- 


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364 


LAL 


soîn^  pour  trouver  de  combien  de 
Jours  les  perturbations  planétaires 
devaient  retarder  ce  retour;  travail 
immense  dans  lequel  il  fut  aidé 
par  Lepaute.  II  donna  ensuite 
des  renseignemens  nouveaux  sur 
la  dernière  apparition  de  cette  co- 
mète, l'histoire  détaillée  de  toutes 
les  apparitions  précédentes,  et  en- 
fin la  notice  de  toutes. les  recher- 
ches qu'elles  avaient  occasionées. 
Il  y  ajouta  les  tables  d'Halley, 
quelque  incomplètes  qu'elles  fus- 
sent ,  et  y  joignit  les  additions  et 
les  améliorations  qu'il  y  avait 
faites.  Il  devînt  alors  rédacteur  de 
la  Connaissance  des  temps^  dont 
IVloraldi  était  forcé  d'abandonner 
la  direction,  parce  qu'il  devenait 
pensionnaire  de  l'académie  des 
sciences.  Il  avait  pour  concurrent 
Pingre,  connu  par  un  Eiat  du 
ciel,  ouvrage  du  même  genre  qpe 
la  Connaissance  des  temps ,  mais 
spécialement  rédigé  pour  la  ma- 
rine. Laknde  obtînt  lu  préfé- 
rence, et  il  eut  la  modestie  d'im- 
primer que,  cette  fois,  l'académie 
s'était  trompée  dans  son  choix. 
Néanmoins,  il  porta  cette  Connais- 
sauce  des  temps  à  une  perfection, 
où  jamais  elle  ne  fût  arrivée  sans 
lui.  Il  en  composa  16  vol.,  de- 
puis 1760  jusqu'à  1775  inclusive- 
ment ;  il  y  fit  prévaloir  pour  dé- 
déterminer les  longitudes,  la  mé- 
thode de  La  Caille ,  qui  voulait 
qu'on  y  introduisît  les  distances 
de  la  lune  au  soleil  ou  aux  étoiles , 
et  il  employa  les  meilleures  tables 
que  l'on  cpnnût  alors ,  celles  de  La 
Caille,  pour  le  soleil  etles  étoiles; 
celles  de  Mayer,  pour  la  lune;  et 
celles  de  Halley,  pour  les  planètes. 
Lalande  n'y  omit  rien  de  ce  qui 
pouvait    être   utile  aux   naviga- 


LAL 

leurs,  piquer  leur  curiosité ,  per- 
fectionner ra»tronomie,..et  mettre 
ceux  qui  s'intéressaient  à   cette 
science  au  courant  de  tous  les  é- 
vénemens  qui  y  avaient  rapport  : 
en  cela  il  a  eu  la  gloire  de  tra- 
cer une  marche  que  ses  succes- 
seurs  ont   constamment   suivie. 
Mais    comme    les    améliorations 
qu'il  avait  introduites  dans  cet  ou- 
vrage exigeaient  des  explications 
plus  étendues,  il  en  fit  un  voluooe 
séparé,  qu'il  publia  sous  le  titre 
àExposition  du  calcul  astronomi'- 
que,  Paris  «  176a.  Cet  fut  à  cette 
époque  que  D«lisle,  presque  octo- 
génaire ,  lui  résigna  sa  place  de 
professeur  d'astronomie  au  collè- 
ge de  France.  Lalande  se  trouvait 
là  sur  son  propre  terrain;  plein  de 
la  science  qu'il  était  chargé  d'en- 
seigner, il  déploya  tout  le  zèle  et 
toute  l'activité  dont  il  était  capa- 
ble, et  fit  briller  cette  chaire  d'un 
éclat  qu'elle  n'avait  jamais   eu. 
Les  soins  qu'il  donnait  à  ses  élè- 
ves ne  se  bornaient  pas  à  l'ensei- 
gnement public;  il  savait  distin* 
guer  ceux  qui  annonçaient  d'heu- 
reuses dispositions;  il  les  attirait 
ensuite  chez  lui,  les  prenait  sou- 
vent en  pension  à  un  prix  très- 
modique,  et  les  formait  ainsi,  à 
toutes  les  heures,  aux  observa- 
tions et  aux  calculs.  C'est  par  cet- 
te conduite  conslamtnent  suivie, 
que  sa  maison  devint   une  sorte 
de  pépinière  d'où  sortirent  tant 
d'élèves  célèbres  qui  peuplèrent 
les  observatoires,  et  qui  intrpdui- 
sirent  sur  les  vaisseaux  l'usage  des 
instrumens  et  de»  méthodes  astro- 
nomiques. Des  services  aussi  émi- 
nens  furent  appréciés;  Lalande, 
repu  d'abord  à  l'académie  de  ma- 
rine de  Brest,  obtint  eQSuite  du 


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LÀL 

goiiireraement  «ne  pension  de 
I  ,obo  francs,  il  ne  Tarait  pas  sol- 
Keilée,  et  H  la  consacra  sur-le- 
champ  à  Tinstruction  d*un  jeune 
élève.  Ainsi  Ton  peut  assurer  que 
c^est  Lalande  qui  a  formé  k  plu* 
part  des  astronomes  qui  se  sont 
fait  connaît-re  depuis  qu'il  occupa 
la  chaire  de  professeur,  soit  qu'ils 
aient  reçu  tetlr  première  instruc- 
tion de  ses  lepons  orales,  soit  qu'ils 
l'aient  puisée  dans  son  grand  trai- 
té d'astronomie.  Il  suffit  de  nom- 
irtei*  les  Henry,  tes  Barry^  les 
Piazzi^  lesBurckart,  son  neveu.  Le 
Françaî^'Lalande,  et  enfin  Méohio^ 
pour  juger  de  ee  que  Icri  doit  la 
science  astronomique.  Dans  son 
Traité  d' A stronùmie  dont  il  a  don- 
né trois  éditions ,  et  dont  la  pre- 
nùère  parut  en  1764^  en  a  Ibrt^ 
Tolumes  in-4*9  Lalande  s'attacha 
snitout  à  réparer  les  omissions 
que  l'on  i'eprochaft  aux  ouvrages 
estimables  que  da  France  possé- 
dait défà,  tels  que  les  Éiémens  de 
Cassini  ^  les  Institutims  astrono*- 
miifueê  de  Lemonnter,  et«urtout  les 
Leçûhs  élémentaire»  de  Lsi  €«illë. 
La  partie  pratî^iie ,  les  méthode» 
div  ealcni,  là  description  et  l'uM^e 
des  divers  instrumens,  tous  objets 
négligés  dans  ces  différens  ouvra^- 
gesj  remplissent  le  second  volui- 
me  de  Lalande  ;  le  premier  renfer- 
me les  notions  générales ,  le  8ys>- 
tème  du  monde,  la  théorie  de  tou- 
tes les  planètes  et  celle  des  éclip«- 
ses.  Il  y  avait  rassemblé  tout  ce 
qu'il  avait  appris  de  ses  trœs  maî- 
tres, tout  ce  qu'il  avait  trouvé  de 
mieux  dans  les  anciens,  et  ce  que 
son  expérience  lui  avait  fait  dé- 
couvrir. L'édition  de  1770  con- 
tenait aussi  ses  nouvelles  tables 
des  planète»,  et  dans  un  quatrième 


LAL  566 

tolome  ,  publié  en  1780,  il  avait 
rassemblé  une  suite  nombreuse 
d'observations  sur  les  marées ,  et 
y  avait  ajouté  un  grand  mémoire 
de  Dapuis  ,  pour  expliquer  l'ori- 
gine astronomique  de  toutes,  les 
fables,  dont  celui-ci  avait  puisé 
l^idée  dans  les  cours  de  Lalande  9 
au  collège  de  France.  Ce  mémoire 
est  le  germe  de  y  Origine  des  cul' 
tes.  L'époque  du  passage  de  Yé* 
ilus  sur  le  soleil  approchait  (  on 
touchait  à  l'année  1769);  Lalan- 
de voulut  forcer  tous  les  savans 
astronomes,  d'y  prendre  part  ;  il 
éerivit  à  cet  effet  aux  ministres,  et 
même  ;aiix:souverains .des  divers 
états  5  pour  les  engager  à  envoyer 
ceux  de:  leurs  astronomes  qui  vou- 
draient prendre  cette  peine ,  dans 
les  lieux  de  leur .  domination  les 
plus  propres  aux  observations  ju- 
gées nécessaires.  Quant  à  lui,  mal- 
gré plusieurs  invitations  qui  lui  fu- 
rent faites,  il  résolut  de  ne  point 
se  déplacer^  se  réservant  le  soin  de 
calculer  et  de  comparer  les  obser- 
vations qu'il  pourrait  recueilUr^et 
à^en  déduire  la  distance  du  soleil 
À  la  terre.;  et  c'est  ce  qu^l  exécuta 
dans  plusû^rsouvrages,  et  notam- 
ment dans  celui  qu'il  intitula  : 
Mémoire  sur  le  passage  de  Fénue, 
observé  le  ZJuin  1769,  pour  servir 
de  suite  à  l^  explication  de  la.  car  te 
publiée  en  17649  Paris,  177a  in-4'« 
Lalande  re^ut  de  tous  lesastrono,- 
mes  qu'il  avait  désignés,  et  de  tous 
ceux  avec  lesquels  il  était  en 
correspondance,  les  observations 
qu'ils  avaient  faites.  Le  P.  Hell» 
astronome  de  Vienne^  fyt  te  seul 
qui  nç,  lui  envoya  rien.  Lalande 
soupçonna  d'abord  des  intentions 
peu  honorables  au  P.  Hell,  et  en- 
suite traita  sévèrement  les  observa- 


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m  UL 

HoM  <fu*il  pabt»  :  moM^'i  raisomittl 
MoDtôt  que  te  F.  Htll  a'aral  f<»C 
Cfue  Mihrre,  dans  sa  côodtttMiy  lo» 
erdresrdu  {«cnrTerneisicfttqui à'fom*- 
ployait  ;  et  quant  à  soa.  obaef vih 
tk»»y  elle  lut  l'une  des  plus  c^oir 
plètes  que  Ton  ait  obtenues  de  ce 
passage»  ajant  été  faîte  sous  Itmel 
le  phis  pur  et  le  plu'^  serein.  Tous 
-les  faits  se  trouTenI  coostguéft  dans 
^  Fappinidtce  aux  Éphém^rides  de 
Vienne,  pour  1775,  publié  par  le 
P.  HclL  Au  reste»  sans  entrée  daaH 
le  détaH  des  suppositioM  ^  dts 
calculs  de  Lalande ,  ni  dus  obîec^ 
fions  du  P.  Hell»  il  sufiit  de  s^ 
voir,  pour  l^intérèt  de  laatreM^ 
nie,  que  cette  dispute  n*aTak 
pour  ol))et  qu'un  einquJèDM>de  Se- 
conde ,  doat  Lalande  faisph  k  pa- 
rallaxe du  soleil  plus  petite  ^\it  lis 
P,  Hell,  et  que  cette  erreuir  a  été 
reotifiée  ;  ainsi ,  on  peut  ceiBolure 
i|ue  la  distance  du  soloil  à  la  terr^ 
est  ausai  bien  connue  qu;'il  k  faut 
poor  lee  opérations  les  plus  éclîr 
cales  de  TastFonomie.  O^jé  un  dé- 
mêlé avait  existé  entre  ces -deux 
astronome»  ;  tous  deux  étilient  é- 
lè?e»de  La  Caille^  et  toiM  deut  le 
i»éfièraieatégaLeiiieBt«Laia*deqa[, 
CJMnme  HélU  se  serTaît;  continuel^ 
lement  de  ses  tablés  du  soleil,  j 
apoKOTait  dan&  la  manière  dont 
rèquatioo  du  temps  y  était  oaloci^ 
lie,  ttfie  légère  erreur  qui  avait 
échappé  au  P.  Hell^  «t  ^u'il  ne 
i^oùKttpaateconnaUBe^  quoiqu'elr 
le  eût  été  signalée  par  Lalande 
^m%  la  première  édition  de  son 
Agronomie  en  i  f^fol^  Sur  ce&  eqv 
4ref dites,  Maskeyne  éerÎTit  un  mé- 
moire à  cette  occasion ,  dans  le>- 
^uel,  tout  en  se  déclarant  en  far- 
ceur do  l'opinion  de  Lalande ,  il 
'S^'attribuait  Fhoaneur  de  la  décau- 


Tl»rtt:^M  «HfiStÂM-  Iftten^ftfçp^-^ 
4it  un-  pit»  TiiN^mfn.t  pe*ït  -  être 
à  ce  non  vol  adversaire  9  qui  ne 
répliqua  poi»t,  et  1»  Ifonne  intel- 
US^ïQCe  «continua  à  régner  etitrc 
^%:\  \lk  parait  qu'elle  »(9  rét{4>ii«^  «- 
gaiement  eniit<^  JUalAixde  et  1^  P. 
JîeU»  puisque  e^bii-^ci  étant  mort 
qtielqne  temp«  qprè^»  l'autre  fît 
*on  eUg^^tccMivint,  a^eç  la  fran- 
chisa qui  le-qafactiérisctttx  de^  to^tip 
qu'il. avait  <«uk»  «nvors  lui»  ea  cpn- 
teS'tantaTQQ  pesi^ÉQUil'^ïpellwce  de 
«on  obstrva^M  lor9  dupasa^gf^dv 
Véotts  «ur  lésoJfiiU  W  1?^-  Njuas 
avons  vuqiiii^Lalandff  aipiait  la  cé- 
iébrilé,  ©aUf  .^MH^uft  qw  scr  ra^t^ 
.cbaité  rastrQmii|^i««  lUvait  l^,.eo 
t^p^  lions  {^.Elmpi9i  d^  l€L,phi» 
iQ^0phie  dA\  NmDtan%  P^  Vplt^rc , 
quel  la:  revcpotre  d'191^  CKStmèjte  qui 
viendrait  oboquiir  la  ferré  pour- 
i»iAabiCttrdes<8Uiitefi  t^fribl^s»  qs^^id 
<|Mce  la  ProvîdetiOfî  9innK  IWf  di^ 
pQsé  deiniini4r%é  w^dre  ce$te  reu- 
Q$>atrè<tiiiposelble«  L4ki\4.e9'éleva 
4Mmti9  celte  a«sei#cin^  0t  ^'éjC^yant 
dès.ealoui»  de:Ctair«At»  qui*,  à 
l'oocasiiOA  de  la  comète  de  i7£»9, 
4^Tiiî£dé»iQiitré  ^tt#  tes  attf^clîons 
p^nétaires  fUdjièVAienttLliii^cfr 9qp^ 
sU^lemeiut  uaetoubît^,!  \\9^  p^rsu»- 
da,.  apr^  avair  eiamiaé  somm^- 
nelnent  la  ^efition ,  4{ue  1^  cli^e 
ft'^k»ii  pas  abApliimeii£impo9sibief 
quoique  4s^rûfMm9nt.  invraisem- 
-khbUi  et  il  avait  oowip^^^é  sur  cr 
dii|ot  u»  n»éJ9ioiire  avec  ce  titre;  : 
Réft^aiomaar  k^  c^mètps  gt^  /?«^- 
vent  approcher  d^  lu  terre,,  Ce  titre 
linàonçait  une  qui^stion  iqtéres* 
àant«,  et  le  mémpif/^  n'ayant  pas 
été  lu  dans  la  sé*nce.p?Mir  laqt^el- 
Jbon  rayait diefttirté*  on.eq  conclut 
^ùé  )a  Ie4tur0  n'cii  afalt^été  sup- 
primée qui^  pQuif  Qacb(9r  au  p^t^liP 


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ut 

lc«  malheur»  qui  y  étaient  annon-p 
cèsi  Talarme  même  tut  telie^  que  le 
lieutenant-général  de  poliee  se  fit 
remettre  le  mémoire.  Il  le  lut,  et 
a*y  trouvant  rien  qui  pût  motiTer 
les  crainte^  qui  s'étaient  répan-^ 
dues,  il  en  ordonna  Ja  publîeatiooi 
Cette  précaution  au  lieu  de  calc- 
iner le»  esprits,  les  agita  de  plus 
an  plus;  on  crut  que  pour  fair^ 
cesser  la  terreur,  l'auteur  avait 
retranché  Tanqonce  de  la  catasr 
tf  ophe  dont  on  était  menacé  ;  et 
ce  ne  fut  qu'insensiblement  que 
le  publie  put  se  rassurer  sur  les 
«vénemens  terribles  qu'il  avait 
redoutés.  La  disparition  de  Tan-» 
neau  de  Saturne,  que  l'on  annon- 
ça, dans  le  même  temps,  lut  encore 
pour  Lalande  une  occasion  d'atti* 
rer  swt  lui  l'attention  publique. 
Pour  mieux  saisir  l'instant  de  cetr 
te  disparition ,  il  se  transporta  à 
Sésiers,  sous  le  plus  haau  ciel  de 
fa  France  ;  mais  la  faiblesse  de  sa 
vue  nuisit  à  son  obserTatioù ,  qui 
fut  trou^vée  moins  bonne  que  ceK 
les  qu'on  avait  faites  à  Loadi-es 
ou  à  Paris.  Lalande,  à  cette  occar 
sion,  fut  attaqué  à  différentes  rer 
prises  par  Cassini  de  Thury  ;  il  fi-r 
ait  par  s'en  oBEenser,  et  répondit 
par  des  personnalités  piquantes, 
dont  Cassini  voulait  se  venger  : 
des  amis  se  portèrent  pour  média^ 
teurs.  Cassini  retira  sa  plaîntç^ 
(«alaade  supprima  son  écrit,  et 
ils  vécurent  ensemble  comme  au- 
paravant. L'écrit  de  Lalande  était 
intitulé  :  Lettre  sur  Panneau  di 
Saturne,  écrite  par  M,  Lalande  à 
M,  Cassini,  au  sujet  de  son  avis 
imprimé  dans  le  Journal  politique 
d'aoàti773,  Toulouse,  in-8^  La^ 
lande  continua  en&uite  les  Éphé- 
mérides  de  La  CwUe,  et  les  porta, 


LAL  i6f 

depuis  1^75,  où  celui-oi  les  avait 
laissées,  jusqu'en  1800.  Cet  ou* 
vrage,  devenu  inutile  depuis  la 
publication  delà  Connaissance  des 
temps,  et  dont  Lalande  faisait  fai- 
re tous  les  calculs  par  ses  élèves , 
ee  recommande ,  comme  ceux  de 
La  Caille,  parles  discours  prélimi- 
naires, l^s  additions  et  les  tables 
subsidiaires.  En  1775,  il  fit  paraî- 
tre son  globe  céleste  d'un  pied  de 
diamètre;  en  1776,  il  enrichit  les 
supplémens  de  VEncydopédle  de 
plusieurs  articles  curieux;  et  en 
17B9,  il  refond  itj  dans  V Encyclo- 
pédie méthodique  f  tous  les  arti- 
cles de  Vancieaue  Mncychpédief 
que  d'Alepabert  s'était  contentî 
d'extraire  des  institutions  astrono- 
miques de  Lemonnier.  Cette  ré- 
daction ,  plus  exacte  et  plus  clai- 
re, coûta  peu  de  travail  à  La- 
laade  :  il  en  trouvait  les  maté- 
riaux dans  son  Astronomie,  En 
1778, 11  publia  ses  Réfteœions  sur 
les  éclipses  de  soleil,  accompagnées 
de  remarques  nouvelles,  mais  en- 
core incomplètes,  sur  la  figure  des 
lignes  de  commencement  et  de  fin 
pour  les  divers  endroits  de  la  ter- 
re. En  1  780,  il  donna  une  quatriè- 
me édition  des  Leçons  élémentai- 
res d- astronomie  de  La  Caille,  aux- 
quelles il  ne  fit  qu'ajouter  quel- 
ques notes  Depuis  Ion  g- temps  il 
fournissait  au  Journal  des  Savane 
tous  les  articles  concernant  les 
mathématiques  et  la  physique. 
Parmi  ces  articles ,  on  remarque 
particulièrement  ceu^  -  cî  :  trois 
Lettres  sur  h  platine  :  c'est  le  pre- 
mier écrit  qui  ait  fait  connaître  ce 
métal  en  France.  Remarques  sut^ 
tes  monnaies  de  Fiémont;  Homo- 
nymie de  neuf  Lalande  (novembre 
1791,  pag.  694}.  Il  a  aussi  travail- 


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568 


LAL 


lé  au  Nécrotoge  des  hommes  céiè-^ 
bres  de  France;  au  Journal  de  Phy- 
sigue,  auquel  il  s(  fourni,  en  i8oa, 
quatre  articles  sur  la  planète 
Piazzi  (Cèrès);  au  Magasin  ency- 
clopédique ,  où  il  a  inséré  son 
Voyage  au  Mont-Blanc,  lait  en 
août  179B,  et  imprimé  à  part,  in- 
8**  de  20  pag.  Il  a  aussi  publié  dir 
vers  morceaux  dans  les  ^écta  eru-^ 
ditorum  de  Léipsick,  les  Philosor 
phicat  Transactions,  les  Mémoires 
de  Berlin,  de  Dijon,  etc.  Il  don- 
na encore  la  traduction  française 
de  la  Description  d'une  machine 
pour  diviser  les  instrumens  de  ma- 
thématiques ,  par  Ramsden,  qui 
parut  à  Londres,  en  1790.  Bailly 
avait  laissé  incomplet  un  excellent 
travail  sur  les  diamètres  des  satel- 
lites de  Jupiter,  et  sur  la  portion 
de  leurs  disques,  qui  est  encore 
éclairée  à  Tinstant  où  ils  disparais- 
sent à  nos  yeux.  L'idée  en  était 
ingénieuse ,  et  était  due  à  Grand- 
jean  de  Foucbj.  Lalaode,  en  de- 
mandant à  Bailly  son  agrément 
pour  compléter  le  travail  qu'il  a- 
vuit  commencé  sur  cet  objet,  lui 
disait  avec  franchise ,  qu'il  faisait 
plus  de  cas  de  lui,  pour  les  trois 
mémoires  dont  son  ouvrage  se 
composait,  que  pour  les  honneurs 
dont  il  le  voyait  environné.  Bailly 
ne  balança  pas  à  lui  accorder  l'auto- 
risation  qu'il  lui  demandait,  et,  lui 
rendant  con6ance  pour  confiance, 
avoua  qu'il  se  souvenait  à  peine 
d'avoir  été  astronome  :  un  torrent 
avait  passé  qui  avait  entraîné  toutes 
ses  idées  de  science.  Malgré  cette 
foule  de  travaux,  Lalande  fai- 
sait imprimer  tous  les  ans  VHiS" 
toire  de  l* astronomie  :  ce  n'est  qu'un 
simple  recueil  de  titres  et  de  dates, 
recueil  utile  néanmoins  à  consul- 


LAL 

ter.  Il  termina,  en  1792,  la  troisiè- 
me édition  de  son  Astronomie,  5 
vol.  in-4*;  fit  paraître,  avec  de 
nouvelles  notes^  le  Traité  de  Ya- 
vigation,  fàehou^uer^  que  La  Cail- 
le avait  déjà  commenté  et  refoadu 
en  partie  «  et  publia  un  catalogue 
des  étoiles  qu'on  ne  trouvait  plus 
dans  le  ciel  aux  places  maix|uées 
par  les  astronomes.  En  1 79^  ,  il 
publia  son  Abrégé  de  Navigation 
historique  j  théorique  et  pratique, 
avec  des  tables  horaires,  calculées 
par  M"'  Lalande,  sa  nièce^  1  vol. 
in-4'.  Il  y  a  joint  le  catalogue  de 
tous  les  bons  livres  de;  navigation 
qui  ne  se  trouvent  point  dans  la 
Bibliographie. astronomique:  ce  li- 
vre est  devenu  rare.  L'opération 
qui  donne  l'heure  par  la  nauteur 
observée  du  soleil  ou  d'une  étoi- 
le, dépendait  d'un  calcul  extrê-^ 
mement  simple,  mais  que  les  ma- 
rins trouvaient  encore  trop  lon^ 
et  trop  difficile  :  on  avait  tenté  de 
l'abréger  par  des  tables,  mais  el- 
les ne  remplirent  qu'imparfaite^ 
ment  le  but  proposé.  Lalande  re- 
média à  cet  inconvénient ,  en  pu- 
bliant des  tables  plus  complètes  , 
qu'il  fit  calculer  par  M**  Lepaute. 
£n  17949  i^s  circonstances  l'obli- 
gèrent à  reprendre  la  directlon.de 
la  Connaissance  des  temps^  dont  il 
resta  chargé  jusqu'en  1807.  En 
1 795,  il  avait  donné  une  seconde  c- 
dition  de  son  Abrégé  d* astronomie, 
1  vol.  in-8®,  et  son  Astronomie  des 
dames,  1  vol.  in-18.  En  1795,  il 
publia  un  Catalogue  de  mille  étoi- 
les  circompotaires,  et  un  Mémoire 
sur  la  hauteur  de  Paris  au*deesus 
du  niveau  de  la  mer.  Il  signala  aio' 
si  la  45*  année  de  sa  carrière,  as- 
tronomique. Ce  mémoire  était  le 
1 5o*  qu'il  insérait  dans  le  Recueil 


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liAL 

avadémique;  enfin  il  donna  ses  det- 
nières  tables  de  Mercure.  Il  avait 
pm  tant  de  précautions  pour  les 
améliorations^ de  ces  tables,  qu*il 
croyait  en  avoir  amené  la-  théorie 
à  un  état  Voisin  de  la  perfection. 
Le  5  mai  1789,  un  passage  de 
Mercure  devait  avoir  lieu;  Lalan- 
de  9  suivant  sa  coutume ,  l'avait 
annoncé  la  veille  dans  le  Journal 
de  Paris ,  et  avait  désigné  la  mi- 
mite  et  la  seconde  à  laquelle  Mer- 
cure devait  quitter  le  disque  du 
soleil ,  parce  que  l'entrée  devait 
précéder  le  lever.  Tl  arriva  que  le 
ciel  fut  entièrement  couvert.  Les 
astronomes  n'avaient  abandonné 
leurs  lunettes  qu'une  demi-heure 
après  le  moment  indiqué;  deux 
seuls 9  pour  difierens  motifs,  é- 
taient  restés  à  leur  poste  ;  mais  le 
soleil,  se  découvrant  tout-à-coup, 
leur  laissa  voir  Mercure  isur  le 
bord  dont  il  était  près  de  se  sépa- 
rer :  Terreur  était  de  plus  de  qua- 
rante minutes.  Lalande  reconnut 
qu'il  s'était  trompé;  c'est  à  cette 
mésaventure  qu'on  dut  la  perfec- 
tion des  tables  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut;  ou  n'était  plus 
fait  i\  de  pareils  mécomptes  en  as- 
tronomie, et  probablement  ils  ne 
se  reproduiront  plus.  £n  1798, 
Lstknde  publia  une  nouvelle  édi- 
tion du  Traité  de  la  sphère  et  du  ca- 
lendrier, par  Rivard;  et  en  1800, 
il  corrigea  les  Mondes,  de  Fonte- 
nelle,  en  y  ajoutant  quelques  no- 
tes relatives  à  la  théorie  des  tour- 
billons, dont  l'auteur  était  tou- 
jours resté  le  partisan.  Il  donna 
encore,  en  1800,  une  seconde  édi- 
tion de  V Histoire  des  mathémati- 
ques, à^  Montucla;  en  1802,  il  la 
coliipléta,  en  y  ajoutant  2  volumes 
qu'il  avait  promis  pour  la  tcrmi- 


LAL  369 

ner.  Il  travaillait  depuis  long- 
temps à  la  Bibliographie  astrono^ 
inique  :  cet  ouvrage  »  malgré  sou 
utilité,  ne  pouvait  pas  faire  espé- 
rer un  débit  capable  de  couvrir 
les  frais  d'impression  ;  le  ministre 
de  l'intérieur,  François  de  Neuf- 
châteauy  la  fit  exécuter  aux  frais 
du  gouvernement.  Pour  faciliter 
les  recherches  dans  un  vol,  in-4* 
de  près  de  1 ,000  pages,  contenant 
environ  5,5oo  articles  rangés  par 
ordre  chronologique,  le  P.  Cott© 
y  a  joint  une  table  méthodique  , 
extrêmement  commode.  Lalande 
prouva  dans  cet  ouvrage  qu'il  é- 
tait  moins  occupé  de  sa  propre 
gloire  que  de  celle  de  la  science  , 
puisqu'il  oublia  d'y  parler ,  sous 
l'année  1792,  du  volume  d'Épl^- 
mérides  de  1793  à, 1800,  qu'il  pu- 
blia cettç  même  année.  Il  y  a  joint 
V Histoire  de  C Astronomie  depuis 
l'an  1781  jusqu'à  la  fin  de  1802, 
époque  delà  publication.  Ën]8oiy 
le  ministre  Benezech  avait  égale- 
ment fait  imprimer,  aux  frais  du 
gouvernement,  son  Histoire  céles- 
te française^  contenant  les  observa- 
tions de  plusieurs  astronomes  fran- 
çais,\o\cl  comme  Lalande,  qui  ne 
prend  que  le  titre  modeste  d'édi- 
teur, parle  de  cet  ouvrage  dans  sa 
préface  :  a  Ce  recueil,  dit-il,  pour- 
*ra  renfermer  de  nombreuses  ob- 
»  nervations  des  Cassini,  de  Pierre 
»Lemonnier^  de  Joseph  Delisle, 
»  de  Charles  Messier  ,  etc.  ;  mais 
^)j'ai  cru  devoir  commencer  par 
»  les  plus  récentes,  et  surtout  par 
«les  observations  des  étoiles,  qui 
»sont  les  premiers  fondeniens  de 
»  l'astronomie.  J'avais  délégué  à 
))Lepaute-Dagelet  la  description 
ï)du  ciel  étoile;  il  commença  en' 
»  1 782,  et  l'on  trouve  dans  ce  vo- 
a4 


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57P 


LAL 


nliu^e  une  partie  de  ses  obsenrei- 
ntioos.  Le  voyage  de  La  Peyrouse 
pinous  l'enleva  le  i5  juin  1785. 
»  Mtchel  Le  Français-Lalande,  mon 
»  neveu,  me  seconda  au-delà  de  mes 
»  es^pérances ,  et  il  est  arrivé  à  5p 
«mille  étoiles.»  Cet  éloge  du  ne- 
veu dans  la  bouche  de  Toncle 
pourrait  paraître  suspect,  s'il  n'é- 
tait confirmé  par  un  savant  étran- 
ger, excellent  juge  3ur  ces  matiè- 
res ,  le  célèbre  docteur  Olbers^ 
.«Je  nç  balance  pas  à  déclafer,  dit- 
»11,  que  cette  histoire  céleste  est 
«l'une,  des  plus  importante  pro- 
ntluGtîons  du.iS*  siècle;  je  suis 
»  très  ^  persuadé  que  la  postérité 
»  confirmera  ce  jugement,  et  que 
»  les  astronomes  sentiront  un  jour 
»tout  le  prix  d'une  description  si 
»ndèle  et  slcQmplète  du  ciel,  à  la 
afin  du  18*  siècle.»  Lalande  au- 
rait pu  prendre  à  la  tête  de  cet  imi- 
portant  ouvrage,  un  aptre  titre 
que  celui  d'éditeur,  car  on  ne  peut 
nier  que  sans  lui  il  n'aurait  pas 
existé.  Il  a  Ibrmé  et  dirigé  l'ob- 
servateur; il  a,  parsjon  crédit,  fait 
bAtir  l'observatoire  de  l'école  Mi- 
litaire,,et  enfin  il  a  fait  acheter,  par 
le  gouvernement,  le  quart  de  cer- 
cle qui  fut  confié  à  Dagenet,  et 
qui,  après  lui,  passai  son  neveu, 
Michel  Lalande.  Nous  n'avons  par- 
lé que  des  ouvrages  qufi  Lalande 
a  présentés  à  l'académie,  ou  qu'il 
a  mentionnés  dans  sa  Bibliogra- 
phie astronomique,  et  ils  sont  as- 
sez nombreux  pour  remplir  la  plus 
longue  carrière.  Il  en  a  fait  beau- 
coup d'autres,  parmi  lesquels  00 
distingue  un  Voyage  d'Italie, 
1786,  9  vol.  ih-12,  avec  un  atlas, 
qui  contient  les  plans  topographi- 
ques des  villes  principales,  et  l'i^ 
tinéraire  le  plus  sûr  que  puis^ç 


LAL 

consulter  un  voyageur;  ua  TraiU 
de9  canaua  de  navigation,  1778, 
ia-fol.,  qu'il  composa  en  visitant 
dans  toute  son  ét^due  le  canal 
de  Languedoc;  la  Descriptic^n  de 
neUf^artfi  differens,  qui  font  partie 
du  ftecueil  de  l'académie;  un  dis- 
cours couronné  par  l'académie  de 
Marseille  sur  ce  sujet  :  l* Esprit  de 
Justice  fait  la  gloire  et  la  sûreté  des 
empires;  un  Mémoire,  couronné 
par  l'académie  de  Copeahague, 
sur  la  longueur  de  l* année;  plu- 
sieurs Mémoires  sur  la  rotation  du 
doleil  et  oeUe  de  la  lune,  dont  on 
retrouve  la  substance  dans  son  as- 
tronomie; un  Éloge  du  maréchal 
de  Soûpe;  un  Discours  prononcé 
publiquement  à  Lyon,  et  dans  le- 
quel il  cherchait  à  établir  la  pré- 
férence que  l'on  doit  à  la  monar- 
chie sur  toute  autre  forme  de  gou- 
vernement :  doctrine  que  l'auteur 
a  manifestée  dans  les  temps  même 
où  il  était  le^lus  dangereux  de  le 
faire;  un  Discours  sur  la  douceur, 
qu'il  relisait  tous  les  ans,  pour 
s'inculquer  des  principes  qu'il  lui 
arrivait  quelquefois  d'oublier.  La- 
lande a  composé  beaucoup  d'au- 
tres ouvrages;  nous  n'avons  rap- 
pelé que  ceux  qui  ont  pu  servir  à 
sa  gloire,  à  l'instrilction  publique, 
ou  aux  sages  doctrines  qu'il  Pro- 
fessait, avec  un  zèle  infatigable; 
quant  à  ceux  qui  n'étaient  que  le 
fruit  d'une  erreur  momentanée, 
ou  d'un  esprit  souvent  trop  hardi, 
nous  avons  cru  devoir  les  passer 
sous  sileiice.  D'autres  astrono- 
mes de  cette  époque  ont  fi|it  sans 
doute  des  découvertes  plus  Unpor- 
tantes,  et  leurs  observations  ont, 
ainsi  que  celles  de  Lalande,  le  mé- 
rite de  la  plus  scrupuleuse  exacti- 
tude; mais  ce  dernier  tient  incou- 


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LAL 

testabkment  le  premier  rang,  com- 
me professeur.  Personne    n'a  su 
comme  lui  répandre  l'instruction  et 
le  goC^t  de  la  science,  et  il  semble 
qu'il  ne  voulait  être  célèbre  que 
pour  associer  l'astronomie  à  sa 
célébrité.  Toutes  ses  démarches, 
tous  ses  trayâux,  toute  l'influence 
d'un  nom  derehu  populaire  n'eu- 
rent jamaispourbut  quedeconcou- 
rir  au  bien  de  la  science  qu'il  chéris- 
sait; il  voulut  même  la  servir  après 
sa  mort,  en  fondant  une  médaille 
que  l'institut   décerne  annuelle- 
ment à  l'auteur  de  t* obsei^ation  la 
plus  intéressante,  ou  du  mémoire 
le  plus  utile  aua  progrès  de  l'as- 
tronomie. Sa  passion  pour  la  célé- 
brité, noble  dans  son  principe,  a- 
vaît  dégénéré  dans  sa  vieillesse, 
et  s'attachait  à  des  objets  Ihdignes 
de  lui.  Il  regardait  comme  un  trait 
fort  original  de  manger  des  arai- 
gnées; d'ailleurs  c'était  à  ses  yeux 
une   grande  victoire   qu'il    rem- 
portait  sur  l'usage.    Ainsi ,   peu 
d'années  avant  sa  mort,  il  se  te- 
nait toute  une  soirée  sur  le  Pont- 
Neuf,  et  faisait  voir  aux  curieux 
les  variations  de  l'éclat  de  l'étoile 
algol;  ainsi  il  voulut  attacher  son 
nom  à  la  découverte  de  Montgol- 
fier,  dont  il  était  admirateur  en- 
thousiaste, et  annonça  le  projet 
d'aller  à  Gotha.  Il  partit  en  effet; 
mais  son  conducteur,  à  qui  on  a- 
vait  donné  le  mot,   le  descendit 
au  bois  de  Boulogne.  Malgré  quel- 
ques travers,  il  donna,  dans  tojus 
les  temps,  des  preuves  de  la  bon- 
té  de  son  ûme  ;  le  malheur  eut 
toujours  des  droits  sur  elle.  Après 
le  10  août  1792,  il  s'fexposa  au  dan- 
ger de  perdre  la  vie,  pour  sauver 
celle  de  Dupont  de  Nemours,  qu'il 
tint  caché  à  l'observatoire  du  col- 


LAI  3;i 

lége  Mazarin;  il  sauva  de  même 
l'abbé  Garnier,  et  donna  un  asile 
dans  les  bâtimens  de  l'Observa- 
toire, a  quelques  prêtres  échappés 
aux  massacres  de  l'Abbaye,  en  lés 
faisant  passer  pour  astronomes. 
Lalande  était  aussi  généreux  qu'hu- 
main. Instruit ,  par  son  curé,  quà 
70  enfans  désignés  pour  faîte  leur 
première  communioïi  étaient  dans 
le  plus  grand  besoin,  il  lui  envoya 
2,000  francs  pour  pourvoir  à  leui* 
habillement.  Voici  un  autre  trait 
qui  ne  lui  fera  pas  moins  d'hon-» 
neur.  Un  de  ses  collègues  de  l'ins- 
titut lui  dît  un  jour  qu'il  était  for- 
cé de  vendre  sa  bibliothèque  pour 
payer  ses  dettes  et  augmenter  sou 
faible  revenu,  en  plaçant  le  sur- 
plus. Dans  le  courant  de  la  con- 
versation, Lalande  lui  demanda 
combien  il  comptait  vendre  ses  li- 
vres :  5o,ooo  francs,  lui  répondit 
l'académicien.  Le  lendemain,  l'as- 
tronome les  lui  envoya  et  lui  lais- 
sa sa  bibliothèque.  Pour  faire  con- 
naître le  caractère  de  ce  savant 
sous  toutes  les   faces,  il  ne  sera 
peut-être  pas  inutile  de  Kipporter 
que  tous  les  ans,  dans  la  semaine 
sainte,  il  se  faisait  lire  et  écoutait 
avec  beaucoup  d'intérêt  la  Pas- 
slan  de  Jésus-Christ;  ce  qui  prou- 
verait qu'il  n'est  pas  cerlain  qu'il 
fût  athée.  Lalande,  malgré  sa  fai- 
ble complexiôn,  a  généralement 
joui  d'une  bonne  santé.  Une  jau^ 
nisse  et  un  dépérissement,  sui- 
te d'un  travail  forcé,  firent  crain- 
dre pour  ses  jours  en  1767  :  l'exer- 
cice du  cheval  lui  rendit  la  santé. 
La  diète,  l'eau,  les  longues  cour- 
ses composaient  toute  son  hygiè- 
ne. Ce  système,  qui  lui  conserva 
quelque  temps  la  vie,  finît  par  luî 
devenir  fatal,  en  voulant  toujours 


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37d  LAL 

l'observer  dans  les  temps  les  plus 
rigoureux  9  et  malgré  son  état  d'é- 
puisement total.  Il  sentit  sa  fin 
approcher,  et  s'y  réçigrfa  ayec 
tranquillité.  Il  conserva  «jusqu'au 
dernier  moment  le  même  sang- 
f^-oid  et  la  même  présence  d'es- 
prit. Je  rCal  plus  besoin  de  rien, 
dit-il  enfin  à  ceux  qui  l'entou- 
raient,  allez  vous  reposer.  Ce  fu- 
rent ses  dernières  parole».  Il  cess^ 
de  vivre  le  4  avril  1807,  au  matin, 
^  l'âge  de  75  ans  environ.  Il  était 
membre  du  bureau  des  longitudes 
et  de  la  légion-d'honneur,  et  asso- 
cié des  principales  académies  de 
l'Europe. 

.  LALANDE  (Michel-Jeân-Jerô- 
meLe  Français),  neveu  du  précé- 
dent, et  membre  de  l'institut^  a 
marché  dignement  sur  les  traces 
de  son  oncle,  et  occupe  un  rang 
distingué  parmi  les  astronomes  de 
nos  jours.  Il  concourut  à  la  Con- 
naissance des  temps;  il  y  a  inséré 
différens  morceaux.  11  a  consacré 
beaucoup  de  temps  à  la  théorie  el- 
liptique de  la  planète  de  iMars,  et 
on  lui  doit  une  description  exacte 
de  toute  la  partie  du  ciel  étoile  qui 
se  voit  sur  l'horizon  de  Paris.  M. 
Dagelet  s'était  beaucoup  occupé 
de  ce  travail  pénible,  lorsqu'il  par- 
tit pour  l'expédition  de  La  Pey- 
rouse,  dans  laquelle  il  périt  La- 
lande  l'avait  recommencé  sur  un 
plan  plus  régulier,  mais  il  a  laissé 
à  son  neveu  la  gloire  de  le  com- 
pléter, et  celui-ci  s'en  est  acquitté 
de  manière  à  mériter  les  éloges  et 
la  reconnaissance  des  premiers  as- 
tronomes de  l'Europe.  L'habitude 
d'observer  les  astres  a  foit  con- 
tracter à  ce  savant  celle  de  dormir 
un  œil  .ouvert.  —  M"*  Amélie  Le 
Français  de  Lalattde  est  l'auteur 


LAL 

des  tables  de  V Abrégé  de  Pfaoiga^ 
tion  historique,  théorique  et  prati- 
que de  son  oncle. 

LALANDE  (N.  de),  était  lieute- 
nant de  maire  d'Ernoc,  et  ancien 
maître  particulier  des  eaux  et  fo- 
rêts du  Maine;  il  fut  député  du 
tiers -état  de  cette  sénéchaussée 
aux  états-généraux,  et  a  cessé  a- 
vec  cette  assemblée  ses  fonctions 
politiques. 

LALANDE  (Joseph),  député 
aux  états  -  généraux ,  était  curé 
d'Illiers-l'Evêque,  au  moment  où 
la  révolution  éclata.  Il  fut  élu,  en 
1789,  député  du  clergé  du  bail- 
liage d'^vreux  aux  états  -  géné- 
raux, et  y  manifesta  des  principes 
opposés  à  ceux  qui  triomphaient 
alors.  Néanmoins  il  se  fit  peu  re- 
marquer dans  cette  assemblée, 
et  prit  peu  de  part  aux  débats  de 
la  tribune;  mais  il  signa  les  pro- 
testerions des  la  et  1 5  septembre 
1791,  contre  les  opérations  légis- 
latives; et  après  le  10  août  1792, 
il  fut  enfermé ,  comme  prêtre  ré- 
fractaire  ,  ^ans  le  séminaire  de 
Saint-Firmin.  Il  s'y  trouvait  en- 
core dans  les  fatales  journées^  de» 
2  et  3  septembre,  et  y  perdit  la 
vie  avec  ses  compagnons  d'infor- 
tune. 

LALANDE  (Luc-François),  é- 
vêque  constitutionnel  de  Nanci, 
député  à  la  convention  nationale 
et  au  conseil  des  cinq-cent»,  s'é- 
tait voué  de  bonne  heure  à  Té- 
tât ecclésiastique,  et  y  Técut  i- 
gnoré  jusqu'à  l'époque  de  la  ré- 
volution, dont  il  embrassa  lu  cause 
avec  une  chalenr  qui  le  mit  en  évi- 
dence. Il  prêta  le  serment  civique, 
décrété  par  l'assemblée  consti- 
tuante, et  fut  élu,  en  1791,  évo- 
que constitutionnel  du   départe- 


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LAL 

fiaent  de  la  Meurthe.  Ses  prînci- 
p€?s  et  sa  conduite  lui  ayant  méri- 
té, de  plus  en  plus,  la  con6ance 
de  ses  concitoyens,  il  fut  nommé, 
au  mois  de  septembre  1792,  dé- 
puté de  son  département  à  la  con- 
vention nationale.  Ennemi  des  par- 
tis extrêmes,  il  y  vota  contre  la 
mort  9  dans  le  procès  de  Louis 
XVI,  et  pour  le  bannissement 
hors  du  territoire  français.  Il  fut 
assez  heureux  pour  échapper  aux 
différentes  réactions,  et  passa  au 
conseil  des  cinq-cents  après  le  i5 
vendémiaire.  Il  garda,  pendant 
cette  cession,  le  même  système  de 
prudence  qu'il  avait  suivi  jusque- 
là,  et  termina  ses  fonctions  légis- 
latives en  1^98.  Depuis  cette  épo- 
que, îl  n*a  plus  reparu  sur  la  scène 
politique. 

LAXANNE  (  Jean-Baptiste  )  , 
littérateur,  est  né  à  Dax,  dépar- 
tement des  Landes,  vers  Tannée 
1770.  Le  premier  ouvrage  qu'il  a 
donné  a  été  accueilli  avec  beau- 
(Boup  de  faveur  :  le  Potager,  poë- 
me  didactique  que  l'auteur  â  mo- 
destement nommé  Essai,  a  fait 
connaître  un  poète  formé  à  l'éco- 
le des  Delille  et  des  Fontanes ,  et 
heureusement  inspiré  par  ses  mo- 
dèles. Chéhier,  par  suite  de  son 
antipathie  pour  le  genre  didac- 
tique, a  traité  M.  Lalanne  avec 
uife  grande  sévérité  ;  mais  Palis- 
sot  s'est  montré  plus  juste  et  plus 
bienveillant.  Il  lui  a  consacré  un 
article  dans  ses  Mémoires  sur  la 
littérature,  où  il  fait  remarquer, 
après  plusieurs  citations  toutes 
honorables  pour  le  poète ,  qu'à 
l'exemple  de  M.  Castel  (  dans  le 
poëme  des  ^Fiantes  ),  il  brave  a- 
vec  raison  le  préjugé  qui  voudrait 
proscrire,  en  poésie,  le  nom  de 


LAL 


575 


nos  légumes.  Palissot  ajoute  que 
M.  Lalanne  lutte  avec  avantage 
contre  M.  Castel ,  en  ne  voulant 
que  l'imiter,  et  il  cite  à  cette  oc- 
casion les  vers  suivans  : 

Lëgutnes  nourriciers,  oui,  de  vos  noms  divers. 
Si  Phœbus  m'avouait,  j'embell.rais  mes  vers. 
A  ces  nom*  ennol?Iîs  accoutumant  l'oreille. 
Ma  Muse  vengerait  le  persil  et  l'ofeille. 
Peut-être,  en  ma  faveur,  le  dédain  désarmé 
Sourirait,  dans  mes  chants,  au  cerfeuil  parfuml. 
L'ail  aux  sucs  irritans,  l'épinard  salutaire, 
Au  censeur  délicat  pourraient  ne  pas  dëplaîre; 
Le  navet,  Jont  l'Auvergne  ensemence  ses  monts, 
Paraîtrait  hardiment  sans  craindre  les  affronts. 
La  carotte  offrirai  sa  racine  dorée^ 
Et  je  peindrais  la  plante  à  Memphis  adorée. 
Le  chou,  même  le  chou,  parure  de  mes  vers. 
Braverait  le  mépris  ainsi  que  les  hivers. 

Ce  poëme  qui  a  paru  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1800,  a  eu  une  se- 
conde édition,  in-8",  et  une  5"* 
in- 18.  Cette  dernière  renferme  le 
Voyage  à  Sorèze^^  qui  avait  déjà 
été  publié,  in-8',  en  1802.  M. 
Lalanne  a  encore  mis  au  jour,  en 
1804,  în-18  ,  les  Oiseaux  de  la 
ferme ,  production  qUi  a  égale- 
ment obtenu  du  succès.  Il  n'est 
point  Tauteur  d'une  Ode  sur  f* in- 
cendie de  Moscou,  insérée  dans  le 
Mercure  de  France  et  signée  d'u- 
ne personne  qui  lui  est  entière- 
ment étrangère  quoiqu'elle  porte 
son  nom.  L'auteur  du  Potager  et 
des  Oiseaux  de  la  ferme  travail- 
lait, assure- t-on  ,  vers  la  fin  de 
i8^7,  à  un  poëme  sur  Bagnères  et 
ses  environs, 

'  LALAUZE  (  C.  F.  A.  ) ,  litté- 
rateur,  s'est  principalement  occu- 
pé de  l'économie  domestique,  et 
a  publié  sur  ce  sujet  différens  ou- 
vrages, entre  autres  :  i""  Écono- 
mie rurale  et  civile,  3  vol.  in-8°, 
1790-1791  ;  2"  Traité  sur  réduca- 
tion  des  abeilles  et  des  vers  à  soie, 
un  vol.  in-ia,  1809;  ^^  ^^-  ^^" 
lauze  a  été  un  des  collaborateurs 
du  Cours  complet  d'agriculture^ 


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574 


LAI. 


de  Tabbé  ftoziery  et  de  louvra- 
ge  publié  par  Herbin  sous  le  titi-e 
de  Statistique  de  la  France. 

LALLART  (N.),  faisait  partie 
de  la  cbambre  des  députés^  eu 
i8i5;  et  Tota  constamment  avec 
la  majorité.  Lors  de  la  discussiau 
au  sujet  des  impôts  indirects ,  il 
se  prononça  pour  le  rejet  des  six 
âoureaui  impôts,  et  proposa  de 
renvoyer  à  Tannée  suivante  Texa- 
ïnen  d'un  système  propre  à  rem- 
placer le  monopole  dft  tabac.  De- 
puis celte  époque  son  départe- 
ment 9  le  Pas-de-Calais,  ne  Ta 
plus  renommé  aux  fonctions  lé- 
gislatives. 

LALLEMAND  (Fbançois  Ahtoi- 
ifE,  baron) 4  lieutenant- général, 
est  né  à  Metz,  le  25  juin  1774-  U 
embrassa  dès  sa  jeunesse  Tétat 
militaire,    passa  successiveqaent 

Sar  tous  les  grades  inférieurs  ,  et 
evint  bientôt  aide -de- camp  du 
général  Junot.  En  1802,  lors  de 
l'expédition  de  Saint-Domingue, 
il  fut  chargé,  par  le  premier  con- 
sul, d'une  mission  auprès  du  gé- 
néral Lecierc,  et  peu  dé  temps  a- 
près  élevé  au  grade  de  colonel  du 
»7*  régiment  de  dragons.  Il  ut  en 
cette  qualité  la  campagne  deiSoS, 
y  déploya  la  plus  grande  valeur, 
et  mérita  d'être  cité  honorable- 
ment dans  plusieurs  circonstan- 
ces. Il  ne  se  fît  pas  moins  remarquer 
les  années  suivantes  eh  Prusse  et 
en  Pologne,  et  reçut  alors  la  dé- 
coration d'officier  de  la  légion- 
d'honneur.  Il  passa  en  Espagne 
en  1808,  y  tint  une  conduite  éga- 
lement bHilante,  continua  d'y  ren- 
dre d'importans  services,  et  ob- 
tint^ le  6  août  1811 ,  le  grade  de 
général  de  brigade;  el-le  11  juin 
1812,  il  tomba^  près  de  Yalencia^ 


LAL 

sur  uae  colonne  de  caTdlerie  an- 
glaise, qu'il  battit  complètement. 
Après  l'évacuation  de^'Espagne^ 
il  rentra  en  France,  et  défendit, 
en  1814»  le  territoire  français  con- 
tre les  puissances  coalisées.  Après 
la  restauration  9  il  reçut  la  croix 
de  Saint- Louis,  et  fut  chargé  du 
commandement  du  département 
de  l'Aisne.  Il  en  exerçait  encore 
Iqs  fonctions,  lorsque  l'on  apprit 
le  débarquement  de  Napoléon.  U 
chercha  alors  à  s'attacher  les  trou- 
pes des  garnisons  de  Guise  et  de 
Chauni,  et  à  s'emparer  de  l'arse- 
nal de  la  Fère.  Ayant  échoué 
dans  l'une  et  l'autre  entreprise,  il 
fut  arrêté  avec  son  frère,  et  con- 
duit de  prison  en  prison.  Il  ne  re- 
couvra sa  liberté  qu'après  le  20 
mars.  Napoléon  le  nomma  lieute- 
nant-général ,  et  membre  de  la 
chambre  des  pairs.  Il  alla  bientôt 
rejoindre  l'armée  aux  frontières, 
se  trouva  aux  batailles  de  Fleurus 
et  de  Waterloo,  et  y  conibattit  a- 
yec  sa  valeur  accoutumée.  Après 
cette  dernière  journée,  il  s'embar- 
qua pour  l'Angleterre,  et  deman- 
da à  accompagner  Napoléon  à 
Sainte-Hélène,  ce  qu'il  ne  put  ob- 
tenir. Traité  lui-même  en  prison- 
nier, le  général  Lallemand  fut  jeté 
sur  un  vaisseau  anglais,  et  con- 
duit à  Malte,  où  il  fut  enfermé  au 
fort  La  Valette.  Rendu  enfîo  à«la 
liberté  quelques  jnois  après  avec 
ordre  de  quitter  l'île  de  Malte,  il 
se  rendit  à  Smyrne,  d'où  un  nou- 
vel ordre  du  grand-seigf^eur  To- 
bligca  bientôt  de  s'éloigner*  Il  alla 
alors  chercher  un  asile  en  Perse. 
Le  général  Lallemand,  compris 
dans  l'article  2  de  lajoi  d^24 
juillet  181 5,  a  été  cité,  en  1Ô16, 
devant  le  2*  conseil  de  guerre  de 


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Lâi 

la  k**  divisibn  militaire  9  «t  eon- 
damné  à  mort  par.contuiDace.  Il 
s'est  depuis  .retiré  dans  les  États- 
Unis  d- Atnéf iqiie.  En  1817,  il  arma  * 
quelques  bâtimeos  chargés  de  mu* 
niiîons  de  guerre ,-  et  fonda  au 
Teaas  une  colonie  de  réfugiés  fran-. 
çais^  qui  prit  le>  nom  de  Ckatnp-* 
d* Asile,  Get.étabKsMineiiC  côin* 
mençàit  ù  prospérer;  mais  il  était- 
fondé?  sur  ie  rt^rîtoire  espagnol  » 
et.  le  voisinage  d'un  p^t  état  in*; 
dépendant  portait  aussi  ^  oÉabragG 
au  gouTemement  des  État9*l][nfîs.  ' 
Gelùf'fCit  trattàtt  à  èeltc  époque  a»: 
Toe  TE^pagne  de;  la!  «cessioa  de  la^ 
FLûsidé;  leàdeuis  puissances  con- 
TÎttTBnt  d-anéantir  rétablissement 
français^  et  les  colons  du  Cbaœp^ 
d'Asile  furent  dispersés.  Le  géné-( 
rarl  Lallelnand  habite  aujourd'hui^ 
Itt  NiNiTieUe-^Orléaûs. 

:  LALLEMAND  (tsiAAoïr  Doxnru 
QOB  )  ^  frère  cadet  du  pirécédent  9 
comme  lui  né  à  Mvtz^  embrassa ^ 
_  dès  sa  iennesse^la  carrière  des  ar* 
mes»  et  se  distingua  partofut  où  il 
eut  à.  combattre.  Sa:  valeur  et  sa 
h<»»ne»  eondùlte  lui  àyàtent  mérité 
le  grade  dé  général  de  brigade 
d'antSierie  avant  18149  et  c'est  en 
cette,  qualité  qu'il  défendit  alors  le 
sot  français  contre  les  armées  coa^ 
Usées.  Xe  ftoaoûtdela  même  an-« 
née ,  il  fut  créé  par  le  roi  «heva** 
lier  de  Saint-Louis.  Au  moB  de 
mars  Miivant^  dès  \e^  premières 
nouvelles  du  débarquement  à  €an^ 
nés»  -il  se  néunit  à  son  frère  pour 
opérer  quelque  mouvement  dans 
le  département  de  l'Aisne;  n'ajant 
pu  y  réussir»  il  iut  arrêté  et  déte-^ 
nu  ju»]u'à  l'arrivée  de  Napoléoa 
à  Paris.  .Nommé  lieutenant-géné*- 
rai»  il  combattit  à  Waterloo  »  à  la 
tète  de  Tartillerie  de  la  garde»  et  j 


lAL 


Sj5 


fit  dei  prodiges  de  Takilr. -il  refvint  • 
ensuite  avec  i'armiée  60iis  les  mnrs 
de  Paris  »  la  suivit  au-'delà  de  la 
Loire,  et  passa  bientôt  au<  Etats-'- 
Unis.  Compris  comme  son  frère 
dans  l'article  2  de  la  loi  du  &4  Y^^' 
let  18 15»  ilfufe  cotidamné  à  ooort 
par  contmnâce  en  tdftd;^  une  or- 
donnance du  1*'  août  s8iâ  avait 
afBFVulé  sa  nomination  au  grade  de 
lieutenam-général.  Peu  de  temps 
après  son  arrivée  en  Amérique^  le 
général  Lallemand  y  .épovsa  une 
riche  héritière.  Il  s'est  »  ainsi  que 
son  frère,  retiré  à  là  NoiivéMe- 
Orléans.  '  » 

LALLEMANT  (Richaiï)  Coh- 
ïRâAT)»  imprimeur»'  s*est  rendu 
célèbre  dans  l'art  des  Etienne  et 
des  Planttn»  en  donnant  de  bonnes 
éditions  des  meilleurs  auteurs 
classique^.  U  préside  en  quelque 
scute  depuis  près  d'un  sièttlie  à  l'é^ 
dùeatton  de  la  jeunesse»  dont  il  fa- 
cilite les  succès  par  les  secours- 
nombreux  qu'elle  trouve  dans  se^ 
estimables  ouvrages.  Il  naquit  à 
Rouen»  en  1736;  ii  fitd^excellen- 
tes  études»  et  embrassa  la  profes-^ 
sion  de  son  père»  qju'il  devait  ho-i 
norer  par  une  foulé  d'entreprise» 
utiles.  La  considération  dont  il 
}ouissaif  lui-même  n'était  pas  due 
tout  entière  à  ses  ouvrages;  eUé 
provenait  encore^  de  son  niétite 
persoonel»qui  le  fit  élire -plusieurs 
.  ibis  juge'^syndic  dû  eomnàeree  et 
Houen»  p^iis  échei'in  et  enfin  mai-* 
re  de  cette  ville.  Sa  répdtatioù  é- 
tablie  sur  de&  services  réels  ^  ren^ 
dus  ù  l'instruction^  franchit  les  li-» 
mites  de  sa  province»  ^'étendit 
jusqu'à  Paris». é(  pénétra  même  é 
la  cour.  Louis  XY  lui  fît  expédier 
des  lettres  de  noblesse.  Il  mlourat 
k  Rouen  le  3  avril  1807»  à  l'ftge 


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5;$"^  LAI. 

de  81  ans.  >Piuriiii  uns  fôulerd'ou-^ 
vrages  sortis  de  ses  pilasses,  on 
distingue  >.  parti  eu  liërem  eut:  iMe* 
PeUt  Jlf^fforat  royal,  ou  nouveau 
dictionnaire  universel  ^  français  et 
latin:,  très-aiigmenté  et  corrigé- 
(i76o)i  in'-^*.  Cette  édition  d'un 
livre  titîle,  et  conçu  surnn  excel- 
lent plan,  a  servi  âe  base  à  toutes  * 
celles  qui  ont  paru  depuis,  «tqut 
n'en  diffèrent  que  par  des.aug^. 
inentAtions  successiyes.  La  der;* 
nière  q«iâ"est'  la  15",! publiée  .ea: 
]  8 1 84  est  enrichie <le  1 5oo  articles; 
2**  L'Éeole  de  la  chassa  aux  cklmt 
courans^  par  Verrier  de  La.Coute-» 
rie  (1765),  in -8°.  Cet' ouvrage 
est  précède  de  la  BikUothèqàe  ée^ 
therêulieagrapkes .,  c'est  -  à  -  dire 
des  auteui^s  qui  ont  traité  d^, 
la  chasse.  Lalleiaant  y  a  rétini» 
tons  le;3  livres  qui  oiit  paru  sud 
cette  matière,  en  a  foi t/le». analy- 
ses ex^ctes^y^  joint  sut'iCihaqufcér^ 
dit^on  des  notes  critiques  estimées. 
Ce  morceau'^dont  s'honore  la.bi^ 
bliographie ,  «st  terminé  par  une 
table  qui  peut  servir  de  modèle  en 
ce  genre.  .Les.: amateurs  ont  vu 
chez  M.  ilutard',  libra[ire,  à  Paria, 
deux  exemplaires  de  cet  ouvrage;^ 
Tun  était  enrichi  des  notes  et  ad-* 
ditions  de  l'abbé  Mercier  de  Saint- 
Léger,  et  l'aiitre  des  siennes.    . 

LALLY-TOLLENDAL  (le  mar^ 
QUis  Thchpbime  Gérard. de  ),  né  à 
Paris,  leSmars  i75i,  est  fils  de 
ce  malheui^uxi  Lally  qui  fut  traî'- 
né  à  l'échafaud  avec  une  cruauté 
dont  on  ne  trouve  des  exemples; 
que  dans  les  annales  de  la  barba- 
rie ou  du  fanatisme.  Il  étudia  a-> 
▼ec  succès  au  collège  d!HarcDurt.' 
Instruit  du  secrétde  sa  naissance^ 
la  veille  n^me  du  jour  où  il  de- 
vait perdre  sen.  père,  il  se  livra 


lal: 

dès  l'iSfe  le  plus  fendre  à  l'idée 
unique  de  le  faire  réhabiliter  pour 
la  postérilé  du  moios;.  A  peine  c- 
^tait-il  sorti  du  collège  que  lés  tri- 
bunaux retentirent  def  ses  récla- 
mations; elles  étaient  appuyées 
de  cellas  de  Voltaîre,  qui  n'avait 
pas  ntoins  d'.horr^r  pour  les  as- 
sassinats: jurfdic|ues  qtie 'pour  tes 
i&assacres  veligteuxy  La  )us4lce  et 
llHumanité  ;titiôhiphèrent  enfin. 
Quatre- arrêts  duicoDseil  avaient 
successivethentoissé  les  lugemen» 
de».tparlemens<^  et  l'aiDiiire  eût  été 
probaJ^e^enfi  décidée  conipié te- 
ntent» àncélui  die  Rouen  où  elle  a-- 
vait  été  portée;  ipais  i^Sg^rril^a^  et 
elle  ne  tut  ipoitit' terminée.  Cet  ar- 
rêt déânitif,  aureste^'étaitsuper- 
finrL'opinioB  publique  l'avait  dès 
long-temps  prononcé.  Yoltaireap- 
prenant  au  lit  de  mort  le  premier 
arrêt  por'  lequd  le  conseil' avait 
caisse,  celui  du  pdriement^  se  rani- 
ma pour:écriré:ïe  billet  sui^vant  à 
JVL  de  Laily. >v>IuB\ mourant  ressus- 
«cite  un  apprenant  cette  grande 
»  nouveUe.ilembniissebien  tendre^ 
»ment  M.  de  LalJy.  U!  voit  cfue  le 
»  roi  es(fi  le  défenseur  de  la^)^5tice. 
aII  ^mourra  content;:  »  le  aS mai 
i^^8.  Il  ranurutlëi^o.  Les  provi- 
sions de.  la  chargée  de  grandr^bailli 
d'Ëtampes  «^é'M.  de Lalfy ache- 
ta qu^que  temps  après  ^  portent 
qu'elles,  lui  ont  été  accoixlées 
pour  les  services  rendus  à  l'état 
par  son  père  ,.  et  à  causé  de  sa 
piété  filiale.  L'éclat  qtie  ce  procès 
avait  jeté  su^M^de  Lally  appela 
sur  lui  lattentîon'des  électeurs  de 
1789, ;et  il  fut  nommé  député  de 
la  noblesse  de  Paris  aux  élats^gé- 
néraux.  Partisan  de  la  réforaie,  et 
passionné  pour  les  système  de 
M.  Necker^  le  25  juin,  Use  réuiiit 


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LAL 

aux  cotàmun'es  aveè  ta'mîriorifé' 
de  .la  noblesse.  Le  u  juillet ,  en 
pariant  de  la  déclaration  des 
droits  de  rbomme,  proposée  par 
M.  de  La  Fay«tte ,  il  dit  :  «  L'aa- 
»teur  de  la  déclaration  parle  de  la 
1»  liberté  comme  il  l'a  défendive.  » 
Le  i5  do  même  mois  ^  il  fit»  dé-*-* 
clarer,  de  concert  avec  M.  Mou- 
nier,  que  la  dette  publique  était 
sous  la  sauvegarde*  de  l'honneur 
et  de  la  loyauté  française.  Nom- 
mé membre  du  comité  de  consti*- 
tution  9  le  i4  fuillet  ^  il  fit  partie, 
te  même  jour,  d'une  députation 
ayant  pour  objet  de  calmer  l'agi- 
tation'du  peuple.  Le  1 5,  il  haran- 
gua le  peuple  à  rtiôtét-de^Ville,' 
et  lui  dit  :  «  que  l'assemblée  avait 
«dessillé  les  yeux  du  rof,  que  laf 
f>  calomnie  avait  voulu  tromper.  » 
Le  17,  tifuand  Louis  XVl  parut  â 
rHÔtel-de- Ville,  M.  de  Lalïy  par- 
^a  d'abord  au  peuple,  et  lui  mit 
ffous  les  yeux  les'  nombreux  bien- 
faits dont  l'avait  comblé  le  mo- 
narque ;  et  s'adresâatnt  ensuite  au 
roi ,  il  fit  valoir  les  sentitnen's  d'a- 
mour, de  fidélité  et  de  reconnais- 
sance dont  ie  peuple  'était  péné- 
tré pour  lui.  On  ne  fut  pas  géné- 
ralement montent  de  ee  discours 
de  M.  de  Lally;  on  crut  y  voir 
d'abord  une  parodie  de  VEece  Aè- 
îho  :  îl  cemmèn{;ait  en  effet 'par 
ces  mots  :  letoUà^te  roi!  On  repro- 
chait ensuite  à  l'orateur, 'de  n'a- 
voir pas  tenu  une  balance  iexaete 
dans  les  principes  coneiliateurs 
sur  lesquels  était  fondé  son  dis- 
cours; rexcuse  de  M.  de  LaUy  é- 
tait  d^ans  ses  intentions.  Il  voulait 
réconcilier  deux  pouvoirs  que  l'es- 
prit de  parti  tendait  sans  cesse  à 
diviser  y  et  que  defs  prétentions 
exâj^érécs  {>buvâlërit  conduire  à 


LAt  S77 

leur  perte.  Quelque  temps  après» 
il  quitta  le  rôle  de  médiateur  et  se' 
prononça  ^n  faveur  de  la  cdur;  il 
attaqua,  d'une  manière  indirecte  à 
la  vérité,  Mirabeau  et  sesamis,  et 
ajouta,  en  parlant  des  excès  de  la 
capitale:  %  Si  l'on  n'art-Ote  pas 
«bientôt  l'esprit  de  révolte,  nous 
»  n'aurons  secoué  le  joug  du  mi- 
»nistèrc  que  pour  en  prendre  un 
«pltfs  pesant.  »  Puis  désignant 
plus  particulièrement  Mirabeau , 
il  continua  ainsi  :  «On  peut  avoir 
j^de  l'esprit,  de  grandes  Idées,  et 
»être  un  tyran.  »  Le  ig  août,  il 
pressentit  les  dispositions  de  l'as- 
semblée par  un  discours,  où  il  ad^ 
nfettait  trois  pouvoirs  distinciift , 
idée  dômîtiante  de  M.  Necker;  en- 
suite il  essaya,  comme  rapporteur 
du  premier  comité  de  consUtu- 
tion,  de  faire  adopter  un  systèwte^ 
fondé  sur  la  charte  anglaise.  On 
substitua  à  ce  projet,  celui  de 
créer  un  sénat  et  Une  chambre  de 
représentans;  avec  cette  clause  li- 
bérale, que  pour  être  membre  du 
sénat,  on  n'exigeait  qu'une  fortu- 
né un  peu  plus  considérable.  Miais 
cette  proposition  fut  également 
écartée.  Le  comité  de  constitution 
fut  dîssbus,  et  on  en  forma  un 
autre  qui  présenta  la  constitution 
de  1791,  laquelle  régit  la  France 
pendant  11  mois.  Mais  M.  de 
Lally  se  montra  surtout  partisan 
de  l'égalité  et  mérita  des  applau- 
dîssemens  unanimes^  lorsque  dans 
la  discussion  des  titres  qui  don- 
neraient le  droit  de  prétendre  aux 
fonctions  publiques,  il  se  déclara, 
sans  hésiter ,  pour  l'admission  de 
tons  les  citoyens  à  tous  les  em- 
plois, sans  autre  distinction  que 
telle  des  talens  et  des  vertus.  Il 
ci*oyait  le  veto  absolu ,  nécessai- 


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5;^»: 


LAJi 


re  à  ré<Hiilibre  des  liouToirs;  H 
le  (âéfenaîc  avec  énergie  9  malgré 
le  parti  poissant  qui  s*j  opposait. 
Il  osa  également  se  plaindre  de  ce 
qu'en  rédigeant  les  concessions 
faites  par  les  deux  premiers  or- 
dres «  dans  la  nuit  du  4  aoflt,  on 
s'était  permis ;de  les  étendre  jus^ 
qu'à  attaquer  de  yéritables  pro- 
priétés. Enfin  les  journées  des  5 
et  0  octobre  lui  paraissant  le  pré-* 
sage  des  malheurs  prêts  à  fondre 
sur  la  France,  et  jugeunt  que  l'as- 
semblée manquait  ou  de  force  ou 
de  Tolonté  pour  rétablir  l'ordre  9 
il  oe  put  se  résoudre  à  attendre 
les  maux  qu'il  prévoyait;  il  qi^tta 
ses  fonctions  et  se  relira  en  Suis- 
se ^  auprès  de  son  ami*Mounler. 
M.  de  Lally  publia  alors  un  ou- 
vrage intitulé  :  QaipU^s  CepitoU- 
ntts,  dans  lequel,  passant  en  re- 
vue les  opérations  de  l'assemblée 
nationale ,  ii  discute  les  bases  do 
la  constitution  de  1791 9  relève  oe 
qu'il  <ax>it  y  voir  de  défectueux  , 
et  venge  les  deux  premiers  ordres 
des  expropriations  <{u'on  leur  a 
fait  subir  ;  mais  toujours  ami  de 
son  pays,  jamais  on  ne  le  vit  cher« 
cher  par  la  violence  à  ramener.les 
Français  i  des  principes  modérés, 
ni  grossir  le  nombre  de  ceux  qui 
voulaient  porter  ehe%  eux  le  îer 
et  le  feu ,  et  leur  imposer  toutes 
les  horreurs  des  guerres  ciifiies. 
11  rentra  en  France  en  1 793  ^  et 
de  concert  avec  MSI.  dé  Montroo- 
rin  ,  Bertrand  de  Moileville  et 
Malouet  ,  il  travailla  à  sauver 
jLou»  XVI  du  précipice  entr'pu* 
vert  sous  se^  pas.  Ses  efforts  in^ 
rent  inutiles.  La  conduite  et  les 
principes  de  M.  de  Lally  étaient 
connus  :  aussi  fut-il  arrêté  après 
les  évtoemeàs  du  10  août>  et  enr 


LAI 

fermé  à' l'Abbaye.  Plu9  heureux 
que  la  plupart  des  prisonniers ,  it 
échappa  aux  massacres  de  sep- 
tembre ,  et  se  retira  en  Angleter- 
re. Privé  de  toute  espèce  de  res- 
source, il  reçut  quelques  faibles 
secmirs  du  gouvernement  faritan- 
niî|ue.  Au  moment  du  procès  de 
Louis  XY I ,  il  écnvit  à  la  conven- 
tion ,  et  s'offrit  comme  défenseur 
de  ce  prince;  n'ayant  point  élé  a- 
gréé  ,  il  fit  imprimer  ses  plai- 
doyers eà  sa  faveur.  Sa  sollicitu- 
de s'étendit  aussi  sur  les  émigrés; 
mais  il  ne  s'intéressait  qu'au  soit 
de  ceux  que  la  force  seule  avait 
contraints  d'abandonner  leur  pa* 
trie.  Le. ^8: brumaire  le  rendit  à  la 
France.  Il  habita  Rordeaax  jus- 
qu'à i8o5,  époque  à  lacpkelle  il 
vint  à  Paris,  pour  présenter  ses 
hommages  «u  souvteraiQi»<pontlfe, 
qui  venait  de  consacrer  4'élévatiott 
de  Napoléon  à  renipire.  Lciconcor- 
dat  est  dé  tous  les  actes  qui  signa- 
lènent  le  gouvernement  de  Napo- 
léon, celui  qui  a  obtenu  le  piui 
d'éloge^  deMv  deLaUy.  «Celui, 
»disaU-il>'  à  qui  toute  force  a  été 
»dotoée  pour  pacifier  le  monde, 
»à  qui  tout  p<Hivoh*  a  été  confié 

•  pour .Restaurer  la  France,  a  dit 
t  au  prince  ^es  prêtres,  comme  ao- 
ût refois  Cyrus  i  Jébovah ,  le  Dieu 
tdu.del,  m'a  livré  Le  noyaiùmede 
«la  terre,  et  il  m'a  coimnis  pour 
»  relever  son  tempLe^.  Ailes,  moo- 
utes  sur  la  montagne  sainte  de  Jé- 
»  ru^dem,  jreb^tiâseB  le  temple  de 
jiJéhovah.  ^  Dans  xme  de  ses  let- 
tres 9  il  disait  en  parlant  du  mê- 
me ob}Qt  :  ««  QsueJque  attiicbé  que 
«L'on  soit  au  roi)  il  ne  feutt  pas 

•  sacrifier  3o  millioos  d'âmes  pour 
^»UA  seul  hommes  n  Content  de 

l'accu^  graoieax  q«|ie  lui  avait 


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foUle  pontife  romaîn,  il  ae  »0FtU 
4e  sa  retraite  que  lorsque  les  évé* 
iiemen»  de  i8i4  rappelèrent  au 
trôii^    la  famille   royale.    Il  fui 
nommé  par  Louis  XVIII  membre 
de  «OQ  coascîl  privé,  et  suivit  ce, 
prince  $1  Gand,  en  mars  i8i5.  Ce 
fut  lui  -  qui  fit  le  rapport  d'après. 
lequel  fut  rédigé  le  manifeste  du 
rQÎ  à  lai  nation  française.  Ne  pou- 
vaal»  à  cause  du  mauvais  état  de 
sa  saaté,  exercer  la  présidence  du 
collège   élisctoral    de    THérault^ 
pour  laquelle  il  avait  été  désigné 
en   août  suivant ,  il  écrivit  p  au 
rapport  d'une  biographie ,  AUK  é* 
lecteurs  poqr  les  engager  à  faire 
des  choix  propres  à  consolider  un 
gourernement  tout  à  la  fois  ferme, 
et  modéré  9  royaliste  et  national. 
Bientôt  une  pl^s   vaste  carrière. 
vint  s'ouvrir  pour  lui;  il  futéle-. 
Té  à  la^  pairie  par  ordonnance  du 
poi,  du  i^du  m^me  mojs.  Il  vota. 
pour  la  loi  d'amnistie ,  prop^ée, 
en  îafiYÎer  iSi6,  par  le  gouven>e- 
ment;  mais  il  fit  se^itir  combien 
étaient  inconvenantes,  irréguliè- 
r€0 ,  et  même  inconstitutionnelles, 
les  expressions  de  èorUé  toute  gra-- 
Mt<  p  consignées  dans  le  procès- 
verbal  de  la  ebambre  des  dépu- 
tés, pour  caractériser  une  am- 
aî^i^   qui   avait  servi   de    pré- 
texte   à   de   noHvelle%  per^écu- 
lions.    Parlant,  de  la  nature  du 
concours  respectif  des  trois  biran- 
ebes  de  la  lé^slation  à  des  ac- 
tes du  genre  de  celiû  qu'il  ve- 
nait de  traiter,  il  développa  àt&- 
opinions  qui  ne  firent  qu'accroi-^ 
tra  la  malveillaace  que  lui  portait 
dé^à  une  faction  décidée  à  tout 
détfuirtii.  I^e  19  janvier,  M.  delaal- 
Ij  demanda  que  le  jour  anniver- 
saire de  b  mort  de  toui^  XYI  fftt 


tAL 


8?9 


annueUeitient  célébré  par  un  deuil 
général,  ta  vacance  des  tribunaux, 
celle  de  tous  les  ollices  civils  et  la 
clôture  des  spectacles;  ajoutant 
que  ce  crime  n'eOt  pas  eu  lieu^ 
s'il  avait  été  présenté  à  Ja  sanction 
du  peuple.  La  loi  des^^  élections 
n'eut  pas  de  ^plus  vigoureux  dé-. 
Censeur,  lorsqu'elle  fut  soumise  à 
la  discussion;  il  se  prononça  fom 
tement  en  faveur  des  principes 
qui  l'avaient  dictée,  et  se  déclara 
surtout  pour  le  maintien  du  renou- 
vellement de  l'assemblée  par  cin^ 
quième,  quoique  d'ailleurs  il  eût 
fait  beaucoup  d'observations  sur 
diverses  dispositions  de  cette  loi. . 
La  même  question  ayant  été  re- 
produite en  1817,  lorsque  la  ma- 
jorité était  passée  dans  les  rangs 
ministériels,  M.  de  Lally,  chargée 
d*en  faire  le  rapport  et  d*en  résu- 
mer les  débats,  dé  fendit  le  pro|et,> 
«comme  le  plus  pur. dans  son. 
»  principe,  le  plus  nécessaire  dans 
»8on  but*  le  plus  sage  dans  ses 
»  moyens,  et  le  plus  salutaire  dans 
>xses  effets.  »  Après  avoir  prouvé 
jusqu'à  l'évidence  ces  diâërentes 
propositions,  il  détruisit. les  objec- 
tions dirigées  contre  l'article  le 
plus  important,  celui  qui  établis- 
sait un  seul  degré  d'élection  im- 
médiate pour  tous  les  électeurs  de 
3eo  francs  et  au-dessus;  et  il  ap-< 
puya  ses  raisonnemens  d'exei»-^ 
pies  tirés  des  états  qui  jouissent 
du  même  genre  de  gouvernement,, 
et  surtout  des  résultats  des  der- 
nières élections.  Enfin,  après  avoin 
appKqué.à  la  question  présente 
les.principes  qu'il  avait  déjà  en  on*, 
ces  dans  la  séance  du  16  novem- 
bre 1 S 16,  et  appelé  l'attentioB  de 
la  chambre  sur  les  dangers  aux-, 
quels  la  faction  détruite  par  Tor-K 


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38ô 


LAL' 


donnanise  dn  5  septembre  avait 
expogé  la  France,  il  conclut  h  TacT- 
inis9ion  pleine  et  entière  du  pro- 
fit présenté  par  les  ministres»  Il 
discuta  avec  la  môme  force  de 
principes  la  loi  du  budget  en  mars 
1816  :  il  en  adopta  Tensemble; 
mats  il  combattit  Topinion  de  ceux 
i|ui  YOttiatent  la  restitution  des  bois 
intendus  du  clergé»  en  soutenant, 
par  la  spécialité  des  titres,  que  ces 
bienb  avaient  été  affectés  à  tel  ou 
tel  établissement  religieut,  dont 
la  destruction,  en  s'opposant  aux 
-vues  des  donateurs,  avait  rendu 
l'état  propriétaire.  En  fanvier 
même  année,  il  avait  demandé 
que  la  chambre  des  pairs  fût  in- 
vestie de  rinitiative  de  la  loi  rela* 
live  à  la  responsabilité  ministériel- 
le ,  que  le  noble  pair  présentait 
comme  la  conséquence  pécessaire 
de  Tinviolabilité  rojale.  A  Tocca- 
sion  d'une  résolution  prise  en  fé- 
vrier, relativement  à  la  saic^ie  des 
livres ,  il  osa  aborder  la  grande 
question  de  la  liberté  de  la  presse. 
Voici  comme  il  termina  cette  im- 
portante discussion.  «  Les  princi- 
»pes  sont  maintenant  connus  ;  des 
«volunlKesne  parviendraient  pas  à 
)^ks  obscurcir ,  et  quatre  mots 
«suffisent  pour  les  résumer:  point 
»de  gouvernement  représentatif 
»qui  n'ait  pour  fondement  et  pom* 
«obîet  la  liberté  publique  et  indi» 
.  »viduelle  ;  point  de  liberté,  ni  pu- 
nblique,  ni  individuelle,  sans  la 
»  liberté  de  la  presse  ;  point  de  li- 
vf  berté  de  la  presse,  sans  la  liberté 
«des  journaux;  point  de  liberté 
»de  la  presse,' ni  des  journaux, 
»  partout  où  les  délits  des  journaux 
«et  de  la  presse  sont  jugés  autre- 
nment  que  par  un  jury,  soit  or- 
«dinàire,  soit  spécial;  enfin,  point 


LAL 

»  dé  liberté  d^aucun  genre^  si ,  à 
»ù6té  d'elle,  n'est  une  loi  qui  en 
•>  garantisse  la  jouissance  par-là 
«même  qu'elle  en  l'éprimc  les  a- 
itbus.»  Lorsqu'il  fut  question,  en 
décembre  i8i6«  de  soumettre  en- 
core pour  un  an  les  journaux  à  la 
censure  de  la  police ,  M.  de  Lally 
parla  en  faVeur  de  cette  mesure 
et  vota  pour  la  loi.  En  1817,  il 
prit  rang  parmi  les  marquis  dan? 
la  nouveHe  organisation  de  la 
chambre  des  pairs.  Un  noble  pair 
ayant  Tait,  en  février  1819,  la  pro- 
position de  modifier  la  loi  des  é- 
lections,  M.  de  Lally,  qui  crut  s'a- 
percevoir, par  l'obscurité  dont  on 
enveloppait  les  modifications  ré- 
clamées ,  que  modifier  était  Ici  le 
synonyme  de  rapporter,  chercha 
d'abord  à  concilier  les  esprits ,  et 
finît  par  se  ranger  à  Topinion  des 
défenseurs  de  la  loi.  M.  de  Lally 
qui  par  ses  discours,  bien  qu'on 
puisse  leur  reprocher  quelque 
emphase,  a  droit  d'être  cité  com- 
me orateur,  tient  aussi  à  la  littéra- 
ture par  d'autres  titres.  11,  a  traduit 
plusieurs  oraisons  de  Cicéron ,  et 
s'est  même  essayé  dans  l'art  dra- 
matique. Il  a  composé,  sur  la  fin 
déplorable  du  malheureux  minis- 
tre de  Charles  I*',  deStrafford,  une 
tragédie,  qui  a  été  reçue  au  théâ- 
tre Français  en  179a;  il  a,  de  plus, 
composé  quelques  chansons  plus 
joyeuses  que  malisnes,  et  c'est  le 
bon  genre.'  On  m  s'étonnerait 
donc  pas  qu'il  fût  membre  de  l'a- 
cadémie Irançaise,  quand  même 
ii  n'y  aurait  pas  été  porté  par  une 
ordonnance  royale.  Le  21  mars 
1816,  il  a  publié  :  Observations 
sur  la  lettre  écrite  par  Jlf .  ie  cùmt^ 
de  Mirabeau,  au  comité  des  recher- 
ches, contre  M*  U  comte  de  Saint" 


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EAL 

JPriest,  ministre  d'état,  17899.10- 
8";  Rapport  sur  te  gouvernement 
qui  convient  à  la  France,  1789,  in- 
8*;  Lettres  à  mes  commettons,  réu- 
nies eq  1  volume  în-f8°,  avec  des 
pièces  justificatives,  conteoant  les 
différentes  motions  de  M.  Lally- 
Tollendaly  f  aris,  1790;  Mémoire, 
ou  seconde  Lettre  à  mes  commettans, 
1 790,  in-8";  Quintus  Capitolinus, 
ajuLX  Romains  i  extrait  du  3*  livre 
duTite-Live,  1790,  in-8*;  Lettre 
à  M.  Burke,  1791,  in-8";  Lettre  à 
M.  l'abbé  D..  grand-vicaire,  au- 
teur de  l'écrit  intitulé  :  Lettre  à 
M.  le  comte  de  Laltjr,  par  un  offi- 
cier français  9  1793,  in-8°;  Plai- 
doyer pour  Louis  XV J^  »7939  in- 
8";  Mémoire  aurai  de  Prusse,  pour 
réclamer  la  liberté  de  La  Fayette, 

1795,  in-8*;  le  comte  deStrafford^ 
Londres,  1795,  in-8*;  liéipsick, 

1796,  in-S**;  Paris,  1794,  in-8'; 
Défense  des  émigrés  français,  a- 
dressée  au  peuple  français,  1797,2 
vol.  in-8";  Lettre  au  rédacteur  du 
Courrier  de  Londres  ^  sur  le  bref 
du  pape  aux  évéques  français,  1 80 1 , 
in-8';  Lettre  au  rédacteur  du  Jour- 
nal de  V Empire,  18 ii,  in-8'. C'est 
une  réponse  à  un  article  de  ce 
journal ,  qui  semblait  attaquer  la 
mémoire  du  père  de  M.  de  Lallj. 
Déclaration  demandée  par  M.  Fer- 
ris,  i8i4>in-4%  etc.,  etc. 

lALOl  (Pierre-Antoike),  dé- 
puté À  la  convention  nationale, 
était  avocat  à  Chaumont  lorsque 
la  révolution  éclata.  Les  princi- 
pes qu'il  manifesta  alors  lui  mé- 
ritèrent la  confiance  de  ses  con- 
citoyens, qui  le  nomnièrent  suc- 
cessivement administrateur  du  dé- 
partement de  la  Haute-Marne,  et 
député  à  rassemblée  législative 
en  1791.  Au  mois  de  septembre 


LAL  36i 

179a,  le  même  départemeat  l'é- 
lut à  la  convention  nationale. 
Dans  le  procès  du  roi,  il  vota  pour 
la  peine  de  mort ,  sans  appel  et 
sans  sursis.  Immédiatement  après 
le  9  thermidor,  Laloi  fut  n4>auné 
membre  du  comité  de  salut  pu- 
blic; mais  il  y  exerça  peu  d'influen- 
oe.  £n^  septembre  1795,  il  passa 
au  conseil  des  cinq-rcents,  le  pré- 
sida en  février  1797,  en.  sortit  le 
ao  mai  1798,  et  fut  appelé  aussi- 
tôt au  conseil  des  anciens,  dont  il 
devint  d'abord  secrétaire,  puis  pré- 
sident au  mois  d'août  suivant..  A- 
près  la  révolution  du  18  brumai- 
re ,  il  fît  partie  de  la  Commission 
intermédiaire,  et  devint,  au  mois 
de  décembre  (1799)*  membre  du 
tribunat.Parsuitedelasuppression 
de  ce  corps,  il  passa  au  conseil  des 
prises,  et  conserva  cette  place 
jusqu'en  18149  époque  où  le  roi 
supprima  ce  conseil.  Le  19  m'ui 
18 15,  Napoléon  le  nomma  con- 
seiller de  préfecture  du  départe- 
ment de  la  Seine  ;  mais  le  retour 
du  roi  le  força  bientôt  à  quitter 
ces  fonctions.  Frappé  parla  loi  du 
12  janvier  1816,  il  fut  obligé  de 
sortir  de  France  et  de  se  réfugier 
à  l'étranger.  Il  a  trouvé  un  asile 
en  Belgique. 

LALOU£  (N.),  fut  nommé,  par 
le  département  du  Puy-de-Dôme, 
député  à  la  convention  nationale. 
Dans  le  procès  de  Louis  XYI,  il 
se  déclara  pour  l'appel  au  peuple,, . 
vota  la  mort  et  contre  le  sursis. 
Après  la  session  conventionnel!^, 
il  devint  membre  du  conseil  des 
cinq-cents;  il  en  sortit  en  1797, 
et  fut  réélu  pour  un  an;  depuis 
cette  époque,  il  a  cessé  de  remplir 
dos  fonctionj\  politiques. 

LALOUETTE  (CLACDEJosEifjf) , 


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58^ 


lÀL 


ancien  sotis -préfet  de  Bajeux,  et 
mcEifore  du  corps-législatif,  où  il 
âTait  été  élu ,  le  5  mai  181 1,  par 
le  sénat-consenrateur  pour  le  dé- 
partement du  Calrados.  M.  La- 
louet^  fit  partie  de  la  chambre 
des  députés,  en  i8i4>  et  y  montra 
un  esprit  de  sagesse  et  de  mode- 
^  ration.  C'est  ainsi  que,  leû6  oc- 
tobre de  cette  année,  lors  de  la 
discussion  du  projet  de  hoi  relatif 
à  la  remise  aux  émigrés  de  la  par- 
tie de  leurs  biens  qui  n'ayait  pas 
été  aliénée,  il  dit  :  «  La  rérolùtion 
»  française  a  été  nationale  ;  il  n*est 
»  plus  permis  d'en  demander  comp-* 
«te  aux  individus;  tous  les  Fran- 
wçais  y  ont  concouru;  les  malheurs 
»qui  en  ont  été  la  suite  sont  deye-*- 
»nus  communs  à  tous.  Le  passé 
»  n'est  plus  à  nous  :  fe  émigrés  ont 
«beaucoup  souffert;  mais  tous  les 
»  Français  ont  souffert  comme  eux. 
»  La  remise  proposée  en  leurfaveiir 
»  est  juste  et  politique  ;  mais  il 
»  faut  la  combiner  de  manière  à  ne 
.  »  pas  troubler  Tordre  public.»  Dis- 
cutant ensuite  le  projet  de  loi ,  ri 
se  rangea  de  l'avis  de  la  commis- 
sion, et  proposa  quelques  amen- 
demens,  dont  l'objet  était  d'établir 
que  ce  ne  serait  point  à  titre  de 
restitution,  d'indemnité,  mais  bien 
à  titre  de  bienvetllance  nationale. 
Le  9  septembre  précédent,  il  avait 
présenté  un  projet  de  loi  sur  le  co- 
de rural,etsurlesrevenùsetlacom« 
ptâbilhé  des*communes.  Sorti,  en 
181 5,  delà  chambre,  il  n'a  point  été 
réélu.  Ondoità  M.  Lalouèlte  ;  Eté- 
mens  de  V administration  pratique^ 
avec  cette  épigraphe  :  Uart  d'ad- 
ministrer est  de  tout  régulariser  en 
rendant  tout  facile.  Ce  vol. ,  in-4% 
paryt  au  mois  de  novembre  1812, 
«t  fut  reprod>rit,.en  1817,  sous  le 


LAL 

titre  de  Classification  des  lois  ad- 
ministratives. 

LA  LUZERNE  (CésAR-GritLÀU- 
HB  ï)ç),  cardîn^l-duc-évêque  de 
Langres,  paif  de  France,  né  à  Pa- 
risf  en  1758,  descendait  d'une  an- 
cienne famille  de  la  Normandie, 
et  était ,  par  sa  mère,  petit-fils  de 
M.  de  Lamoignon  chancelier  de 
France.  Destiné,  dès  <:a  jeunesse, 
à  l'état  ecclésiastique,  il  entra  an 
séminaire  de  Saiut-Magloire,  pilts 
à  la  maison  de  Navarre ,  fit  de 
brîHantes  études,  et  fut  proclamé, 
en  176a,  le  premier  de  sa  licence. 
Il  était  vicaire-général  de  Narbon- 
ne  lorsque,  en  1765,  il  fut  élu  a- 
gent-général  du  clergé  de  France. 
Le  roi,  Louis  XV,  le  nomma,  en 
1770,  au  siège  ducal-épîscopal  de 
Langrès.  Il  prononça  à  Notre-Da- 
me l'orarson  funèbre  do  roi  de 
Sardaigne,  en  1775;  et  Tannée 
suivante,  dans  lamêmeeglhe,  cel- 
le djB  Louis  XV.  Appelé,  en  1 7B7, 
à  l'assemblée  des  notables,  il  fut. 
Tannée  d'après,  élu  à  Tunanimité 
par  son  clergé  député  aux  états< 
généraux.  M.  de  Laluzerne  est  un 
des  premiers  qui  proposèrent  Té- 
tablissement,  en  France,  d'un  sys- 
tème- représentatif,  à  Tinstar  de 
celui  d'Angleterre,  avec  la  créa- 
tion de  deux  chambres;  mais  ce 
projet  ne  fut  alors^oûté  par  au- 
cun parti.  Sensible  aux  maux  de 
la  patrie,  il  appuya  ensuite  le  pror- 
jet  d'hypothéquer  un  emprunt  con- 
sidérable sur  les  biens  du  clergé, 
et  d'autoriser  le  rachat  des  dîmes 
pour  subvenir  aux  besoins  de  l'é- 
tat ,  et  porter  remède  à  l'épuise- 
ment des  finances.  Mais  il  s'oppo- 
sa à  ce  qu'on  fît  précéder  l'acte 
constitutionnel  par  une  déclara- 
tion des  droits  d«  Thomme^  et  se 


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LAL 

prononça  en  fayeur  du  tieto  abso- 
lu, qu'il  fallait,  selon  lui,  accorder 
au  roi.  Il  fut  porté  à  la  présidea- 
ct:  de  rassemblée  constituante ,  le 
3i  août  1789.  Après  les  funestes 
journées  des  5  et  6  octobre ,  il  se 
retira  dans  son  diocèse ,  d'abord  a 
Clairvaux,  ensuite  à  Langres;  mais 
des  troubles  ayant  éclaté  dans  cet- 
te dernière  Tille ,  à  son  sujet ,  il 
prit  le  parti  de  l'émigration,  se 
rendit  en  Suisse,  s'établit  pen* 
dant  quelque  temps  à  Constance, 
et  ensuite  à  Wels.  De  là  il  passa 
en  Italie.  Pendant  son  séjour  à 
Venise,  il  prodigua  ses  soins  et  ses 
secours  aux  prisonnier^  français, 
qui  y  languissaient  dans  les  bôpi- 
taux,  et  faillit  y  perdre  la  vie,  at- 
teint lui-même,  à  76  ans ,  par  le 
typhus  qui  le  mit  creux  fois*  au 
bord  du  tonubeau.  M.  de  Laluzer- 
ne  rentra  en  France  sous  le  gou- 
yernement  de  Napoléon ,  et  pu-' 
blia,  le  16  février  1802,  une  lettre 
pastorale  dans  laquelle  il  annon- 
çait qu'il  accédait,  pour  sa  part, 
au  concordat  passé  entre  le  saint- 
siége  et  le  gouvernement  fran- 
çais. En  1814,  leroi,appès  sa  ren- 
trée ^n  France,  invita  M.  de  La- 
luierpe  à  venir  à  Paris  reprendre 
son  rang  de  duc  et  pair,  et  il  fut 
peu  de  temps  après  revêtu  de  la 
pourpre  romaine.  Il  mourut  dans 
un  âge  très -avancé,  à  Paris,  en 
1822.  Le  cardinal  de  Laluzerne  a 
laissé  plusieurs  ouvrages,  dont  les 
principaux  viennent  d'être  réim- 
primés à  Paris,  i"  Oraison  funèbre 
de  Chartes  Emmanuel  II J,  roi  de 
Sardaigne,  1773,  in-4'  etin-id; 
a"  Instruction  sur  le  rituel,  in-4'; 
3"  Oraison  funèbre  de  Louis  XV, 
1774>  in •4"  et  in- 12;  4*  Disserta-- 
Uon   sur  la  liberté  de  i' homme,. 


hkh  583 

1808,  in-ia;  5*  Sur  i*ewistmwe  et 
les  attributs  de  Dieu,  1 808 j  ini  1 2; 
6"  Instruction  pastorale  sur  U 
schisme  de  France,  1808,  2  vol. 
in-12;  7"  Dissertatii^n  sur  les  égli- 
ses catholiques  protestantes,  i8i6, 
2  vol.  in- 12;  8*  Sermon  sur  les 
causes  de  l* incrédulité,  1818,  in-8»; 
9*  Dissertation  sur  la  loi  naturel- 
/«y  1810,  in- 12;  lo**  Considérations 
sur  l'état  ecclésiastique,  1810,  in- 
12;  11°  C Excellence  de  la  reiigiony 

1810,  in-12;  12"  Dissertation  sur 
la  révélation  en  général,  18  lo,  in- 
12;  i3*  Dissertation  sur  ies  pro' 
phéties,  1810,  in-12;  14*  Di^jtfr- 
tation  sur  la  vérité  de  la  religion, 

1811,  2  vol.  in-iar,  i5*  Jiir  ladif- 
férence  de  la  constitution  française 
et   de    la    constitution   anglaise, 

18 16,  in-8';  iQ* Sur 4a  responsable 
lité  des  ministres,  1816,  în-8''; 
*7*  Considérations  sur  divers 
points  de  la  morale  chrétienne,  2*» 
édition,  1816,  4  vol.  in-12;  i8* 
Dissertations  morales,  lues  à  Ye* 
nise  dans  l'académie  desFilareti, 
et  dans  l'Athénée,  Paris,  1816,  in- 
8";  19'  Explication  des  évangiles, 
nouvelle  édition,  1816,  4  vol.  in- 
12;  20*  Sur  l*  instruction  publi-^ 
qus,  i8i6,  in-8*;  2r  Réponse  au 
discours  de  M,  de  Latty-Tollendal 
sur  la  responsabilité  des  ministres, 

1817,  in-8'';  2a**  Observations  s'ur 
le  projet  de  loi  à  ci  sujet,  1817, 
in-8^ 

LALUZERNE  (le  comte  de),  a- 
vait  servi  avec  distinction  dans  la 
marine  française,  et  fut  nommé 
ministre  de  ce  département,  par 
Louis  XVI,  quelques  années  a- 
vant  la  révolution.  Il  donna  sa 
démission  en  1787,  mais  il  reprit 
le  portefeuille  quand  M.  Necker 
rentra  dans  le  mlnist^rie  en  1789. 


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384  /I^AM 

Dénoncé,  au  paois  d'ofitobrc  de 
Tannée  suivante,  par  M.  Gguy- 
d'Arcy  à  l'assemblée  nationale, 
et  celle-ci  ayant  déclaré  que  le 
ministre  de  la  marine  avait  perdu 
la  confiance  de  la  nation»  il  donna 
de  «uite  sa  démission.  Le  roi  lui 
écrivit  une  lettre  flatteuse,  en  l'as- 
surant de  son  estime  et  de  son  af- 
fection. M.  de  Laluzerne  émigra 
peu  de  temps  après  et  mourut 
en  pays  étranger. 

LALUZERNE  (ie  mabquis  de), 
proche  parent  du  précédent,  avait 
embrassé  l'état  militaire  dans  sa 
jeunesse.  Il  entra  dans  la  carrière 
diplomatique  en  1775,  et  fut  em- 
ployé ,  en  qualité  d'envoyé  pléni- 
potentiaire de  France  auprès  de 
l'électeur  de  Bavière.  Il  passa  en- 
suite aux  Etats-Unis  d'Amérique, 
dans  la  même  qualité,  et  fut  par- 
ticulièrement chargé  de  conclure 
un  traité  de  commerce  entie  la 
France  et  cette  république.  Après 
avoir  eu  à  lutter  pendant  5  années 
contre  des  difficultés  de  tous  gen- 
res, il  parvint  à  poser  les  bases 
d'un  traité  -avantageux.  Pendant 
son  séjour  à  Philadelphie,  il  avait 
su  mériter  l'amitié  de  Washing- 
ton, et  il  reçut  à  son  départ  des 
témoignages  d'estime  fl<itteurs  du 
congrès  américain.  Nommé  à  son 
retour  ambassadeur  en  Angleter- 
re, M.  de  Lahizerne  prêta,  en  jan- 
vier 1791,  le  serment  constitu- 
tionnel exigé  alors  des  employés 
de  l'état.  Il  mourut  à  Londres  le 
4  septembre  de  la  même  année. 

LAM ARCHE  (J.  F.),  évêque 
de  Saint-Pol-de-Léon,  naquît  dans 
le  diocèse  de  Quimper  en  1729. 
Il  se  destina ,  dès  sa  plus  tendre 
jeunesse,  à  l'état  ecclésiastique; 
obtint,  en  1772,  l'év^ché  de  Saint- 


LAj» 

Pol-de-Léon,  et  fut  sacré  le  7  sep- 
tembre de  la  même  année.  A  l'é- 
poque de  la  révolution,  il  se  pro- 
nonça fortement  contre  les  opi- 
nions nouvelles,  et  fut  mandé  ù  k 
barre  de  l'assemblée  constituante 
par  décret  du  i4  février  1791?  à 
l'occasion  des  troubles  du  Morbi- 
han, qu'on  l'ilccusait  d'exciter.  Le 
5  décembre  suivant,  le  conseil- 
général  du  département  au  Fi- 
nistère le.  signala  comme  auteur 
des  désordres  dont  ces  contrées  é- 
taient  agitées.  Il  se  retira  alors  en 
Angleterre;  mais  il  n'en  continua 
pas  moins  à  entretenir  des  corres- 
pondance avec  les  chefs  de  sou 
parti  en  Bretagne,  et  fut  encore 
accusé,  à  la  convention  nationale, 
de  fomenter  les  troubles  dans  l'in- 
térieur, qui  éclatèrent  vers  la  lin  / 
de  1 792.  Pendant  la  guerre  civile 
de  la  Vendée,  il  fit  répandre  avec 
profusion ,  dans  les  pi'ovinces  de 
rOuest,,ses  mandemens  épisco- 
paux,  qui  contribuèrent  à  y  entre- 
tenir l'insurreclion ,  en  exhortant 
ses  malheureux  Jiabitans  à  ne  point 
poser  les  armes,  et  leur  promet- 
tant l'appi^i  du  ciel  et  des  secours 
des  puissances  de  la  terre.  £it 
180a,  il  se  réunît  aux  évêques  qui 
refusèrent  de  souscrire  au  concor- 
dat conclu  entre  le  pape  et  le  ché 
du  gouvernement  français, et  mou- 
rut, peu  de  temps  après,  à  Lon- 
dres, où  il  n'avait  cessé  de.  résider 
depuis  sa  sortie  de  France. 

LAMÀRCHE  (N.),  général  de 
division,  était  issu  d'une  famille 
noble.  Il  avait,  à  l'époque  de  la 
révolution ,  le  grade  de  capitaine 
de  hussards.  Devenu  général  de 
division,  il  servit,  en  cette  qualité, 
dans  les  guerres  de  Flandre,  pea- 
dant^-.lcs  années  179a  et  1793,  et 


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LAM 

56  trouva,  le  9  mai ,  par  la  mort 
de  Dampîerre ,  commandant  en 
chef  de  Tarmée  du  Nord.  Le  gé- 
néral Lamarche  déclara  bientôt 
avec  modestie  qu'il  ne  se  sentait 
pas  les  talens  nécessaires  pour  le 
commandeniieat  en  chef  d'une 
grande  armée  9  et  demanda  à  être 
remplacé  ;  la  convention  fit  droit 
à  sa  demande  9  et  lui  donna  Gus- 
tines  pour  successeur.  Néanmoins 
il  fut  envoyé,  peu  de  temps  après, 
au  commandement  de  Tarmée  des 
Ardênnes;  il  ne  le  conserva  que  le 
moins  qu'il  put,  et  le  céda  bientôt 
à  Jourdan,  ayant  donné  sa  démis- 
sion au  commencement  de  sep- 
tembre. Il  se  trouvait,  en  1794 9 
enfermé  dans  Landrecies ,  et  fut 
,  un  des  officiers-généraux  qui  si- 
*  gnèrent  la  capitulation  de  cette 
ville.  Depuis  cette  époque ,  il  a 
cessé  d'être  etnployé. 

LAMARCHE  (  N.  ) ,  l'un  des 
hommes  attachés  au  service  de 
feu  le  duc  tl'Orléans,  pendant  le 
cours  de  ses  prospérités  ^  fut  le 
seul  qui  n'abandonna  pas  ce  prince 
lorsque  le  cfours  des  événemens 
de  la  révolution  l'eut  amené  au 
comble  du  malheur.  Ceux  qui  se 
disaient  les  amis  de  Philippe,  qui 
avaient  été  ses  conseiller! ,  ses 
confidens  ou  les  compagnons  de 
ses  plaisirs,  s'étaient  éloignés  de 
lui  dès  l'instant  que  la  fortune  lui 
était  devenue  contraire.  €é  fidèle 
serviteur  donna  un  rare  exemple 
de  constance  et  de  dévouement. 
Lamarche  suivit  son  maître  en 
prison ,  le  servit  avec  zèle ,  l'ac- 
compagna jusqu'au  pied  de  l'é- 
chafaud,  et  fut  inconsolable  de  sa 
perte.  Le  duc  d'Orléans  eut  un  ami. 

LAMARLIÈRË  (Antoine-Nico- 
las CoLUBR,  comtvJS^b),  uaqjuiit  à 


LAM 


385 


Crépi,  département  de  la  Marne, 
le  5  décembre  174^*  Il  commença 
ses  études  dans  le  collège  de 
Meaux,  et  les  termina  à  Paris. 
'Destiné  à  Tétat  militaire ,  il  servit 
dans  Dauphin  infanterie,  obtint 
le  grade  de  lieutenant  en  17&1,  et 
devint  successivement  sous-aide- 
major  et  aide~ma|or  du  même  ré- 
giment. l\  passa  en  Allemagne  en 
176a,  assista  à  toutes  les  opéra- 
tions de  cette  campagne,  et  fut 
blessé  au  bombardement  de  Ham. 
Quelque  tenips  après  9  il  suivit 
son  régiment  en  Corse,  y  fit  la 
campagne  de  1(^69,  et  ne  quitta 
cette  île  qu'après  !«a  réunion  à  la 
France*.  En  1778,  il  obtint  le  gra-*^ 
de  de  m&yor  ««  réjgtment  provin- 
cial de  Grenoble,  et  bientôt  après 
il  fut  nommé  lieutenant  du  roi, 
chargé  du  commandement  des 
ville  et  citadeUe  de  Montpellier. 
Quand  ta  révolution  éclata,  il  en 
adopta  les. principes  avec  une  sage 
modération,  et  mérita  d'être  élevé 
au  grade  de  colonel  du  i4"*  régi- 
ment d'infanterie.  En  i792,char<- 
gé  de  conduire  à  Lille  neuf  batail- 
lons, il  parvint  à  s'introduire  dans 
la  place  que  les  Autrichiens  com- 
mençaient à  bombarder,  et  en 
partagea  le  commandement  avec 
le  général  Rtiault.  Nommé,  le  a  1 
août  1792,  général  de  brigade,  il 
commanda,  en  cette  qualité,  l'a- 
vant-garde  de  l'armée  du  Nord, 
se  distingua  d'une  manière  parti* 
eulière  dans  les  différentes  actions 
qui  signalèrent  cette  campagne,  et 
contribua  surtout,  par  sa  pruden- 
ce et  son  activité,  aux  succès  qui 
soumirent  aux  Français  la  Gueldre 
prussienne.  En  1795,  époque  o(^ 
tl  était  encore  iàttaché  à  l'armée  du 
Nord 9  il  attaqua,  à  la  tâie  dejon 

a5 


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566 


LAM 


corps,  left  Aistricbiçns  postés  entre 
Wassember^  et  Borghem ,  et  les 
battit  complètement.  Il  exerça  en* 
suite  les  fonctions  de  ckef  d'étàt- 
major  aux  armées  du  Ekin  et  des 
Ârdennes,  et  le  S  avril  1795,  il  fut 
élevé  9  en  récompense  de  sa  bril-<- 
lante  conduite,  au  grade  de  gêné* 
rai  de  division.  Le  a4  mai,  il  rem* 
porta  s«r  les  Hollandais ,.  à  Bou^ 
cye«-les*Turcoîng  ,  un  avantage 
signalé,  il  fit ,  pendanC  quelque 
temps  encore,  une  guerre  de  pos* 
tes,  où  il  eut  de  nouVeaux  succès, 
et  fut  envoyé  ensuite  à  Lille  avec 
le  titre  de  cora mandant  de  la  ville 
et  des  détacheniens  campés  et 
cantonnés  sout»  ses  murs.  C'était 
le  moment  où  DusnAurièz,  aban-^ 
domié  de  ses  troupes  s'était  dé- 
cidé à  passer  à  Tenaerni.  Le  gé- 
néral Lmnarlière  donna  tousses 
soins  à  réorganiser  une  ornoée 
qae  cette  défection  avait  disper*- 
•ée,  et  il  en  Tint  à  bout.  Mais,  aoi- 
€usé,  bien  infustemeat,  sans  doute, 
d'avoir  été  le  complice  de  Dumoui- 
Ties  « t  de  Gustities,  le  braveet  maL- 
heuvtusL  Lamarlière  fut  décrété 
d'aocvsation.  On  n'eut  égard  ni  i 
seseuccès  non  interrompus,  ni  à  sa 
oonduite.  Il  .fiit  traduii  au  tribunal 
révolutionnaire  de  Paris,  et  con- 
damné À  mort  le  a  5  novembre  1793. 
LAMAilQUË  (François),  an^ 
esen  avocat,  ex-membre  de  dif* 
férentesi«gislature$,  préfet  du  dé- 
^Tt^nent  du  Tum ,  substitut  du 
pn>cureur<»général ,  de  la  cour  de 
4)assation,  ete.,  chevalier  de  la  lé* 
gion*< d'honneur,  avait  été  reçu^ 
en  1785,  avocat  au  parlement  de 
l^aris,  et  en  execçait  le  minis-^ 
tére  ù  Périgueux  en  17^^  Il  em- 
brassa avec  chaleisr  la  cause  de 
lu  révolution  4U:s  17S9,   çt  fol 


LAN 

nommé,  Tannée  suivants  ^  )uge 
au  tribunal  du  chef- lieu  de  son 
département.  Le  collège  électoral 
de  la  Dordogne  le  porta ,  au  mois 
de  septembre  1791 ,  à  l'assemblée 
législative,  où  il  montra  une  gran* 
de  énergie  contre  les  faonuoes  qui 
appelaient  i\  leur  secours  les  puis- 
sances étrangères,  et  il  prit  part 
aux  délibérations*  si  orageuses  de 
oette  assemblée,  sans  néanmoins  s« 
rendre  coupable  d'aucun  acte  per- 
sonnel  de  violence  ou  d'actes  arbi-^ 
traires  Envoyé  en  aiission  près  de 
l'année  du  maréchal  Luckner,  il 
iut,  à  son  retour,  nommé  membre 
de  la  convention  nationale ,  ^où 
il  rota  la  mort  du  roi,  et  devint 
membre  du  oomité  de  défense  gé- 
fiéraie.  Le  27  mars(i795),  il  s'oppo- 
sa à  ceque  leduc  d'Ckléansfût  com- 
pris dans  le  décret  qui  bannissait 
le.s'Bourbonsdu  territoire  français. 
Au  mois  d'avril  de  la  même  an- 
née, il  fut  envoyé,  avec  ses  col- 
lègues Camus,  Quinette,  Seur- 
nonville,  etc. ,  à  l'armée  du  Mord, 
-pour  y  faire  arrêter  le  général  Du- 
«mouriez ,  accusé  de  trahison  :  le 
générai  les  Hvra  au  prince  de  Co- 
:bourg,  et  ces  représentans  restè- 
rent prisonniers  des  Autrichiens, 
jusqu'en  décembre  1795,  qu^h 
furent  édiangés  contre  la  princes- 
se fille  de  Louis  X¥I,  aujourd'hui 
Madame  la  dndkesse  d'Angoulè- 
me.  A  son  retour  en  France,  M. 
Lomarque  entra  An  conseil  des 
ctnq«ceQts,  où,  qumqtie  encore  en 
pays  étranger,  il  avait -été  aoaa- 
flié  par  les  départemens  delà  Dor- 
dogne, des  Basses- Pyrénées  et  du 
mord.  L'ige,  les  événeinens  pas* 
ses,  l'expérience  commei^saient  à 
calmer  son  exaltation;  il  disait,  et 
l'impaaslUe  Mauii^iir  l'a  répété  : 


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ti  Chacan,  jsnivaot  sm  intérêt»  » 
»5a  justice  «t  »a  raiMio;  qiw9  1$^ 
^)  censtkuëon  «t  la  loi  sont  la  jus^ 
»tice  de  tous...*  Jjoio  d«  nous  ces 
•  temfis  désastreui:  où  i'on  a^m- 
»blait  avoir  baaiii  de  notre  $al 
j»  toute  idée  de  vertu;  oi^ l-oo  vo jait 
»  partout  des  coupables,  et  où  Ton 
•proscrivait  et  iVappait,  noD  pour 
9  riotérêt  des  moBurs  et  des  }ois, 
«mais  pour  sacrifier  à  des  intérêts 
»de  parti^et  salss£ûre  les  passions 
»et  les  vengwaces  persQDJieUes... 
H  Le  grand  soin  du  corps-législatif, 
ndu  directoire  et  de  toiites  les  au- 
»4Kurités  coastituèes,  doit  être  avi- 
njourd'hui  de  faire  oublier  ce  ipo- 
nment  de  dépravation,  par  un  ré- 
«gime  doux,  sage  et  moral;  et 
»Vua  des  principes  les  plus  esseï)- 
«4ie^  de  la  morale,  est  de  ne  viQir 
•»de  délit  que  là  où  il  y  a  .eu  iateo- 
i>;tion  de  le  commettre,  et  de  ne  ja- 
«mais  repu  ter  crime  ce  qui  a  pM  4- 
»  tre  Tefifet  de  rerrenr.  »  (RfippçrU 
du  %o  pluniâ4e  itt  du  a5  vênté»e 
'4m  5.)  «Une  expérience  pénible, 
«mais  finuctueuie,  nou»  a  fait  9en- 
ntir  la  nécessité  d'éteipdre  tp^t 
«esprit  de  partl^'étouffer  les  ger^- 
.»me6  de  divisiâas  politiques,  e:t 
»  de  rallier  tous  les  Français  ^qi^ 
»  fatigués  d'orages,  de  secousse^ 
-»etde  crises,  ne  peuvent  plvs  esr 
H»  ^cer  le  booheur  et  la  liberté  que 
j»  parlajolérafiee  etla  modér^ion.  y 

iDUeowrs,  en  qualité  4e  préf^^t 
Lu  Tara,  le  5  brumaire  an  9, 
iëQi«)  Au  mois  de  septembi^f 
iç^  itl  fit  uiie  mQtion  s^r  1  las* 
tructioa  publique  et  l'enseigner 
,9»ent  des  langues  vivanleis,  e(i  fa- 
veur desquelles  il  réclama,  contre 
l^opinion  de  L.  S.  Mercier,  l'étar 
klissement  dc/ebaires  pvtblique^  et 
^ratuitfts.  JU  98  dé^oâ)£e  9mmh 


U  99  prwpi^a  poiurl^  inîiintiep  dç 
}a  y^^rljé  de  la  presse,  et  tou- 
tefois fut  de  l'avis  de  M.  Daunov 
povr  la  répression  de  la  calo^Kûe. 
I^  4  février  1797,'dans  la  discus.- 
.aion  relative  aux  papiers  saisis 
cbeis  l^avilJeheumoby  il  fit  obser- 
ver qu'il  résultait  de  l'ej^amen  dei 
cette  conspiration,  qu'on  ne  devait 
point  l'attribuer  à  la  faction  dit^ 
d*  Orléans,  mais  bien  aux  émigrés 
et  aux  étrangers.  £lu  président  le 
2Q  avril,  il  proposa,  quelques  jours 
après,  l'abolition  de  toutes  les  lois 
incoast^tutionnelles ,  et,  rappe- 
lant les  crimes  cooiimis  au  nçm  de 
la  religion,  il  demanda  que  1<^ 
minjstres  du  cuUe  çatjbolique  fu^^ 
sent  soumise  u^  nouveau  serment. 
Il  prit  part  4  la  lutte  q^i  s'^^bUt 
.  entre  U  directçirç  et  Iç^  conseiU. 
.  Qraigqant  le  renversement  dif  gQ\ir 
vernement  de  la  république^  il  Si( 
raç^ea  du  côt^  du  directpire  poa- 
tre  Je  parti  CUcAm^  et  prçsidf 
le  conseil  des  cinq-cents,  qui  se  tiat 
à  l'Qdéon  le  18  fructidor  au  5  (4 
septembre  1797).  Peu  de  temps 
après  t^s  ;^vénemens  de  oettç  jour- 
née, il  prononça^  en  qualité  de  pi^ 
;Mden^der«^^emblée,  le  discQurs 
anniversaire  de  la  fondation  de  If 
république.  ï-e  917  novembre,  tf 
vot^en  faveur  d^  la  suçcçssibilit^ 
4^s  enf^ainf  naturels.  Le  ?2  mar» 
1 798,  il  émit  \ine  opinion  sur  l'in- 
fluence que  les  théâtres  exerceot 
^ur  l'esprit  du  peuple,  et  sur  la  n^- 
ççssit^  de  faire  tourner  au  proJÔjt 
de  la  morale  et  de  l'esprit  public 
les  représentatÎQns  dramatiques.  4 
^i'épuque  des  élections  de  gçrmin$^ 
et  de  floréal  ^n  Ç  (»798),  U  com- 
battit vivement  le  projet  de  Bailr 
leui,  q^i,  ajfmt  poui:  butcje  dé- 

<^§im  qwfï  la  fw^fift  i^mé- 


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38S  LAM 

dats  élus  devait  être  la.  seule  règle 
des  choix  du  peuple,  tendait  à/ 
faire  annuler  une  partie  de  ces 
chcAE,  et  à  dépouiller  ainsi  le  peu- 
ple de  «es  droits  les  plus  impor- 
tans.  «  On  ose,  s'écrie  M.  Lamar- 
»  que,  s'autoriser  de  l'exemple  du 
'»i8  fructidor!  Ah!  que  cei^  qui 
4  Tinyoquent  connaissent  peu  cet- 
»  te  journée  et  les  hommes  qui  l'ont 
»  faite  r  Ceux-ci  ont  versé  des  lar- 
«mes  de  sang  sur  le  plus  néees- 
«  saire  des  triomphes.  Ils  ne  se  dls- 
»  simulaient  pas  qu'ils  mettaient  la 
«constitution  de  côté  et  la  liberté 
'»eh  danger;  mais  il  fallait  opter 
ventre  cette  mesure  et  le  renver- 
»  sèment  de  la  république.  »  La 
loi  du 22 floréal  ano(i  i  mai  1798) 
annula  comme  illégales  les  nomi- 
nations faites  par  un  grand  nom- 
bre de  départemens;  M.  Lamar- 
que  et  plus  de  cent  de  ses  collè- 
gues furent  ainsi  privés  du  droit 
de  siéger  au  corps-législatif.  Le 
gouvernement,  pour  le  dédomma- 
ger de  cette  élimination,  le  nom- 
ma, contre  son  gré,  ambassadeur 
à  Stockholm,  où  il  se  rendait, 
lorsque  GustavbIV  {voy.ce  nom) 
retxisa  de  le  reconnaître  en  cette 
qualité.  Il  se  retira  à  Hambourg, 
et,  quelque  temps  après,  revint 
en  France.  Au  mob  de  germinal 
an  7  (mars  1799)?  il  fut  réélu  au 
Conseil  des  cinq-cents',  où  il  fît 
l'éloge  du  général  Joubert ,  mort 
glorieusement  sur  le  champ  de 
bataille  de  Novi,  et  le  proposa 
comme  l'un  des  braves  qui  de- 
vaient servir  de  modèles  à  tous  les 
défenseurs  de  la  patrie.  Le  géné^ 
rai  Jourdan  ayant  voulu  quelque 
temps  après  ^ire  déclarer  la  pa- 
trie en  danger,  M.  Lamarque  ap- 
puya cette  propotrHon.  Examinant 


LAH 

s'il  était  utile  d^imprimer  une  pias 
grande  action  à  la  marche  consti- 
tutionnelle, et  si  au  lieu  de  con» 
server  à  cette  action  un  caractère 
ministériel  et  secret,  il  n'était  pa» 
plus  convenable  de  lui  donner  un 
caractère  national  et  public,  il  se 
prononça   pour  TaffirmatiTe ,   et 
rappela  qu'en  179a,  la  déclara- 
tion de  la  patrie  en  danger  avait 
enfaiité  des  armées.   La  mesure 
proposée  par  le  général  Jourdan 
n'eut  point  lieu.  Après  les  événe- 
mens  du  iB  brumaire  an  8  (9  no- 
vembre 1799)9  il  ne  fit  point  par- 
tie du  nouveau  corps -législatif. 
Au  mois  de  mars  1800,  il  fut  ap- 
pelé aux  fonctions  de  préfet  du 
département  du  Tarn,  et  ne  les 
cessa,  en  1804»  que  pour  passer 
au  tribunal  de  cassation,  en  quali- 
té de  substitut  du  procureur-  gé- 
néral.   Après    la    première    res- 
tauration, en  18149  il  remplissait 
encore  le  même  emploi;  mais  il 
cessa  de  l'occuper  à  la  réorgani- 
sation de  cette  cour,  en  février 
181 5.  Napoléon,  eu  retour  de  l'île 
d'Elbe,  réintégra  M.   Lamarque 
dans  la  place  qu'il  avait  perdue,  et 
à  l'époque  de  la  èon vocation  du 
champ-de-mai,  il  le  nomma  pré- 
sident des  collèges  électoraux  du 
département  de  la  Dordogne.  Frap- 
pé par  la  loi  d'amnistie  du  1  a  jan- 
vier 1816',  il  a  quitté  la  France. 
Après  s'être  ûxè  momentanément 
à  Genève,  où  il  avait  obtenu  l'au- 
torisation de  résider,  il  s'est  ren- 
du en  Autriche,  où  pn  le  croit  en- 
core. 

LAMARQUE  (Maximilien), 
lieutenant-général,  grand-officier 
de  la  légion-d'honneur,  grand-cor- 
don de  l'ordre  des  Deux-Siciles,  est 
oé'  à  Saint-Sever,départemeDtdes 


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Ibnw'j/f . 


Pa^f  36  S 


^: 


TA^Vi 


'ent^fi.  ^^no"'  ■ 


l'refrty  t/el  et  i/hr^^jf . 


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LAM 

Landea.  Son  père  qui  ét^iit  mem- 
bre do  rassemblée  constituante, 
lui   inspira  de  bonne  heure  l'a- 
mour  de  la  patrie  et  l'amour  de 
la  liberté. La  belle  yie  militaire  de 
Maximilien  Lamarque  témoigne 
ainsi  que  sa  vie  privée,  ainsi  que 
ses  éorits,   que  ces  deux  grands 
sentimens  ont  été  le  mobile  de 
toutes  ses  actions.  Le  premier  cri 
de  guerre  qui  se  fit  entendre  en 
1793  9  est  répété  par  le  jeune  La-* 
marque.  Fils  unique  d'une  famil- 
le riche  et  honorée ,  il  peut  être 
nommé  officier  :  il  préfère  le  deve- 
nir, prend  un  fusil  de  soldat,et  mé-> 
rite  bientôt  d'être  fait  capitaine. 
Il  commanda  les  grenadiers  dan» 
cette  troupe  si  fameuse ,  qui  était 
le  phalange  des  braves,  la  tendeur 
des  ennemis,  une  des  gloires  de  la 
république,  dans  la  colonne  in- 
fernale, dont  le  chef  est  Latour- 
d'Auvergne,  le  premier  grenadier 
de  France.  L'armée  française  est 
devant  les  Pyrénées.  Son  avant- 
^arde,aux  ordres  du  général  Mon- 
oey ,  se  bat  tous  les  >ours  sous  le 
feu  de  200  pièces  de  canon.  A  la 
bataille  du  17  pluviôse  an  !2«  La- 
inarque,avec  a  compagnies  de  gre- 
nadiers, arrête  une  colonne  espa- 
gHole,qui  va  tourner  notre  aile  gau- 
che ;il  reçoit  deux  blessures  graves. 
Notre  armée  franchit  les  frontiè- 
res, et  débute  par  de  beaux  ex- 
ploits. Le  capitaine  Lamarque,  à 
la  tête  de  aoo  grenadiers,  se  char- 
ge de  la  prise  de  Fontarabie.  Il 
passe  la  Bidassoa,  enlève  les  re- 
doutes qui  eomn»andent  k  ville, 
se  précipite  avec  les  siens  dans  les 
fossés  de  la  place,  abat  le  pont- 
levis,^  et  reste  avec  ^5  brave»;:  les 
auipes  ont  péri   à  cette  attaque 
meurtrière.    Mais  Fontarabie  se 


LAM 


589 


rend  à.  ceux  qui  survivent,  etiSoo 
prisonniers  et  80  bouches  à  feu 
sont  les  trophées  du  jeune  capitai- 
ne. Une  grande  récompense,  ceUe 
qui  atteste  ce  beau  fait  d'arme;s, 
lui  est  donnée;  c'est  lui  qui  va  por- 
tera la  convention  le^  drapeaux  de 
Fontarabie.  Un  décret  le  nomme 
adjudant-général,  et  déclare  que 
h  capitaine  Lamarque  à  bienmérité 
de  la  patrie.  Il  n'a  encore  que  ao 
ans;  mais  son  nom  vient  d'être 
Qonnu  de  toutes  nos  armées;  celles 
d'Italie  ,  d'Irlande ,  d'Angleterre, 
et  cette  belle  armée  du  Rhin ,  le 
comptent  successivement  parmi 
les  foraves,et  il  a  une  belle  place  dans 
la  victoire  de  Hohenlinden.  Après 
la  paix  de  Lunéville ,  Lamarque 
retourne  en  Espagne,  et  va  com- 
mander une  division  sous  les  or- 
dres du  général  en  chef  LecleiVB  y. 
beau-frère  du  premier  consul.  £m-* 
ployé  dans  le  7*  corps,  dans  la 
campagne  que  termine  si. glorieux 
sèment  le  ^triomphe  d'Au^terlit^ 
Lamarque  continue  d'attacher  son 
nom  à  tous  aos  beaux  faits  d'ar- 
mes, à  toutes  nos  grandes  renom- 
mées militaires.  La  paix  qui  est  le 
repos  de  l'armée  d'Allemagne^ 
n'en  est  pas  un  pour  le  général 
Lamarque.  Joseph  Bonaparte- mar- 
chait à  la  conquête  de  son.  premier 
royaume;  le  général  reçoit  l'ordre 
de  partir,  traverse  leTyrol,  où,  a- 
vec  son  escorte,  il  est  enseveli  sous 
une  avalanche  ;  il  échappe  mira- 
culeusement, est  attaqué  à  son  en- 
trée sur  le  territoire  napolitain, 
par  la  bande  du  fameux  Fra  Dia- 
vola,  sorti  de  Gaëte  ;  se  défend 
contre  tant  d'assassins  avec  8  soU 
dats,  parvient  à  arriver  sain  et  sauf 
devant  Gaëte,  et  a  l'honneur  de 
contribuer  à  la  prise  de  cette  forte 


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596 


lAii 


Uè  Afïi^lé^i  et  ctmtfé  l(èê  bdn^lr 
qtr!  Mééteht  le  royâoiti«  de  Ifâ- 
plcè,  ga^rè  ^ffldlè,  |>érilleade  et 
sans  gloire,  mAl^  Ie$  combats  et 
les  sièges,  Fes  dânger9  et  Jfes  è»* 
{)toitS  de  toute  nature,  distinguent 
les  brtllans  serrices  du  général 
Lamàrque.  Le  roi  Joseph  le  nom^ 
me  son  aidé'^e-camp,  mais  il  faut 
quitter  le  drapeau  français.  Legé« 
héral  refuse.  Le  roi  l*en  estime 
datantage,  le  fait  son  chef  d'état- 
ma}or,  et  Terapereur  le  nomme 
général  de  dîtîsion.  Joàcfafm  soc-' 
èède  i  Joseph  sur  le  trône  de  Na- 
pies,  et  tetlt  prendre  Titnprenable 
Caprée,  nonteaa  Gibraltar,  oik 
commande  le  futur  geôlier  de 
Sainte^Hélène ,  le  trop  fameux 
Hadson  Lowe.  Toute  l'île  por- 
tée sur  des  rochers  de  a  à  i^od, 
pied^d'éléyation  perpendiculaire, 
ti'est  ^'une  forteresse.  Elle  e^t 
hérissée  de  canons,  de  redoutes^ 
d'ouvrages  récens,  et  défendue  par 
^600  Anglais.  Le  canon  de  Caprée 
sert  de  signal  à  la  station  de  l'tle 
de  Ponza,et  de  loin  assure  ainsi  sa 
défense.  Joachîm  chargeLamarque 
de  la  prise  de  Caprée,  et  lui  donne 
une  troupe  de  1600  soldats  d'élite. 
La  nuit  du  4  Au  5  octobre  1808, 
toit  partir  îcette  poignée  de  bra- 
ves, autre  colonne  infifernale ,  que 
Lamarque  conduit  à  la  victoire  ou 
&  la  mort  :  le  glorieut  départ  a 
pour  témoin  Naples  tout  entière  : 
cioq  cent  mille  spectateurs  accom- 
pagnent de  leurs  regards  et  dé  leurs 
voBux  la  flottille  na|)olitaine,  et 
attendant  sur  le  ritage  l'issue  de 
cette  audacieuse  expédition. Tour- 
mentée par  des  vents  contraires, 
la  flottille  ne  peut  arriver  que  lé 
lendemain  à  5  heures  après  mîdij 


LAM 

à  I«  hatjteor  de  l'ile.  M«îs  il  ft'y  a 
pour  rivages  que  des  rochers  à 
pic,  et  lê^  ftdbles  embarfsatiods 
qm  portent  la  petite  armée'  ne 
trouvent  pas  u(i  seul  point  de  dé- 
barquement. Enfin  on  se  hasarde 
dans  un  rentrant ,  où  la  mèv  bat 
avec  tiiofns  de  force^  et  on  parvient 
à  fixer  contre  le  rocher  5  échel- 
les l'une  an  bout  de  l'antre.  C'est 
ptfr  Cet  étrange  diemin ,  sous  le 
feu  de  l'artillerie  et  de  la  mous-^ 
queterie  de  1400  Anglais^  que  la 
général  Lamarque  guide  6dtf  Sol- 
dats, qui,  un  à  un,  parvienneiit  à 
escalader  la  première  enoekite. 
On  Veut  emporter  les  positions  su- 
périeures $  mais  touQ  eeu^  t|Qi  se 
présentent  trouvent  Ui  mort;  il 
faut  ménager  ses  braves  et  vaincre. 
C'est  la  pensée  du  général  :  dans 
le  premier  but,il  résout  d'attendre 
la  nuit;  dans  le  second,il  ordonne 
d'éloigner  les  embaroations.  C'é- 
tait aus^  brfilerses  vaisseaux.  Ce 
terrible  moyen  ira  encore  rénssir; 
è  y  heures  du  soir,  Lamarque  fait 
marcher  sa  troupe  silencieuse, 
que  protège  la  nutt.  On  ne  i^pond 
point  au  feu  de  l'enAemi,  on  arri- 
ve^ et  à  coups  de  baïonnettes  la 
fnrie  française  enfonce  les  assié- 
gés, s'empare  du  fort  Sainte-Bar- 
be, et  fait  1 100  prisonniers*  La 
partie  supérieure  de  Caprée  est 
conquise.  L'inférieure  ne  Test  pas. 
Il  faut  s'emparer  de  la  Grande 
Marine.  Mais  pour  descendre  à  la 
position  inférieures  le  danger  est 
le  même  que  pour  gravir  à  la  po- 
sition supérieure.  Il  n'y  a  d'autre 
communication  entre  la  partie 
haute  et  la  partie  basse,  qu'un  es- 
iDalier  de  58o  marches,  chacune 
haute  d'one  coudée^  où  il  ne  peut 
passer  qu'on  homme  de  front  >  et 


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LÀU 

^ai  est  bâim  par  12  pièces  de  36 
à  petite  poftée.  L'intrépide  La*' 
marque  d<miie  ftexeoiple.  Sa  troa« 
pe  le  suit.  La  Grande  Marine  est 
occupée»  Il  d'y  fortifie,  reçoit  des 
munitioas,  et  le  17  octobre,  mal-^ 
gré  les  renforts  arrirés  et  d'autres 
attendus  9.  les  assiégés  qui  voient 
tomber  en  brèche  les  murailles  et 
se  préparer  à  un  assaut  général, 
rendent  la  place,  les  forts ,  aban« 
donnent  l'artillerie ,  ses  vivres  et 
les  munitions.  Sir  Budson  Lime 
av^  alors  un  général  français  à 
combattre,   et    non  un   général 
françnis  4  garder.  Saitcetli,   mi* 
nistre  à  Naples,  vint  à  Caprée,  et 
il  écrivittdJ'yai  trou?é  iesFrani^ 
«çtis,  mais  je  ne  puis  pas  croire 
«qu'ils  y  soient  entrés.  »  Le  roi 
Joaehim  donne  au  général  Lamar- 
que  un  domaine  dans  saconquête. 
-L'empereur  le  récompense  «ussr, 
mais  c'est  en  lui  donnant  une  di- 
vision dans  l'armée  du  vice-rot. 
Cette  armée,  d'abord  indignement 
surprise,  ne  parvient  qu'à  force 
de  combats  des  bords  de  l'Adige 
à  cewt  du  Danube.  Villanovà ,  la 
Piave,  OberlitE,  ont  vu  la  marche 
victorieuse  de  la  division  Lamar- 
•que.  A'Leybach,  6  de  ses  bataiU 
Ions  forcent  le  camp  retranché  des 
Autrichiens,  font   5,ooo  prison- 
niers, enlèvent  65  pièces  de  canon. , 
Deux  fois  à  la  tête  de  cette  brave 
division,  son  général  enfonce  l'ar- 
mée   autrichienhe  aux    batailles 
d'Ëngendorf  et  de  Wagram*  Dans 
cette  dernière  fournée,  il  a  eu  4 
<^vaux  tués  sous  lui,  et  l'empe- 
reur le  nomme  grand^officier  de 
la  légion  ^d'honiieur.  Après  Wa«- 
gram,  le  général  Lamarqne  est 
enroyé  À  Anvers^  où  il  rend  de 
nouveaux  services  contre  l'Angle- 


LAM 


39» 


terre,  loadiim  se  résout  à  l'expé* 
difion  de  Sicile;  il  redemande  le 
preneur  de  Captée,  qui  l'accom- 
pagA^.  Mais  des  obstacles  que  la 
puissance  de  Joachim  ne  pouvait 
vaincre,  rendent  inutiles  les  pré«* 
paratifs  et  les  efforts  de  cette  con- 
quête  romanesque.   Des  Enonta* 
gnes  de  la  Calabre,  Lamarqiiè  est 
rappelé  pour  la  troisième  fois  en 
Espagne.   Pendant  3  années  les 
périls  de  cette  guerre  si  active ,  si 
funeste ,  sont  une  suite  dé  succès 
pour  le  général.  Lr  combat  d'Atta* 
JuUia,  où,  réuni  au  général  Mauri- 
ce Mathieu,  il  fait  lever  le  siège  de 
Tarragone,  ceux  de  Aipouil,  du 
Col-Sacro,  de  Bagnolas^  et  surtout 
celui  de  la  Saiud,  ne  font  qu'ajou» 
ter  à  sa  réputation.   Dans  cette 
dernière  affaire,   enveloppé  pen- 
dant a  fours  par  l'armée  enne- 
mie, il  parvient  pardes  efforts  sur* 
fiaturels  à  dégager  sa  division: 
5,000    Espagnols     sont  tués  où 
blessés.  A  l-évacuation  de  l'Es* 
pagne,  le  général  Lamarque  est 
appelé  au  poste  le  plus  périlleux, 
il  commande  l'arrière-garde ,    et 
il  est  chargé  de   faire  sauter  les 
fortifications  de   Gironne    et   de 
ftoses.  Le  désintéressement,  l'hu*- 
maaité,    honorent  constamment 
dans  la  péninsule  les  opérations 
militaires  du  général  Lamarque,  et 
son  nom  est  resté*  cher  aux  Cata- 
lans, qu'il  a  battus  tant  de  fois. 
Hentré  en  France  après  ia  premiè- 
re restauration,  le  générai  Lunar- 
que  n'est  pas  employé.  Au  retour 
de  l'Ile  d'£ibe,Napoléon  lui  donne 
successivement  le  commandement 
de  Paris  et  celui  d'une  forte  division 
sur  les  frontièretrde  la  Belgique;  et 
enfin  danslemoisdemai^il  est  nom- 
mé générât  €n  chef  de  C  armée  de  la 


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59^  LAM 

Vendée.  C'est  sur  le  théâtre  de  cette 
guerre  jadfs  si  fatale  qu'il  semoatre 
à  la  fois  patriote  et  guerrier^  habile 
et  généreux,  plus  jaloux  de  ramener 
les  Français  de  la  Vendée  que  de 
Jes  vaincre,  de  les  épargner  que 
de  les  r  détruire  ;  enfin  y  par  une 
belle  inspiration  du  génie  militaire,' 
se  plaçant  tout-à-coup  audadeu* 
sèment  entre  Tarmée  royale  et  les 
escadres  anglaises,  il  troure  les 
moyens  de  terminer  la  guerre  dans 
une  seule  bataille ,  dans  celle  de 
Laroche-Serviére.  Il  avait  écrit  au 
gouvernesient  :  «  C'est  avec  des 
«pompes  qu'on  éteint  les  incen- 
»  dies,  »  et  le  9  juin,  il  écrivait  aux 
Vendéens  :  &  Je  ne  rougis  pas  de 
M  vous  demander  la  paix,  cardans 
«les  guerres  civiles,  la  seule  gloire 
»est  de  les  terminer.  »  Ainsi  ^  cet 
homme  des  périls  et  des  champs 
de  bataille  poursuivait  les  Ven- 
déens avec  ses  propositions  plus 
vivement  qu'avec  ses  colonnes. 
Propriétés,  prisonniers,  blessés, 
habîtans,  sont  l'objet  surtout  de 
son  respect  et  de  celui  de  son 
armée.  Cependant,  un  assassin 
lui  tire  un  coup  de  fusil  démère 
une  baie  à  bout  portant.  Le  gé- 
néral Tarrache  avec  peine  à  la 
fureur  du  soldat,  et  lui  donne 
la  vie.  Mais,  pjeu  de  temps  a- 
près ,  son  assassin  le  dénonce  dans 
les  journaux.  Enfin ,  la  paix  de  la 
Vendée  est  signée  à  Choliet  le  a6 
)uin  181 5^  et  la  France  est  un 
moment  consplée.  Une  belle  et 
noble  récompense ,  aussi  neuve 
que  remarquable  dans  ces  temps 
de  calamités,  celle  qui  honorait  à 
la  fois  les  talens  et  les  qualités  du 
général  Lamarque,  lui  est  offerte 
par  les  chefs  vendéens.  Le  27  juin, 
MM.  Duchesne  et  Duperrat  sont 


LAM 

chargés,  par  MM.  de  Saphiaud  et 
de  Larochejaquelin ,  de  lui  porter 
le  vflBU  unanime  dès  Vendéens,  de 
se  réunir  à  ses  troupes,  et  de  com- 
battre sous  ses.  ordres  commeFràn- 
çais  pour  s'opposer  à  toutes  ten- 
tatives des  puissances  étrangères 
qui  auraient  pour  but  le  démem- 
brement* de  la  France.  Tout  est 
français  dans  cette  démarche.  I3ne 
telle  circonstance  qui  établit  si  no- 
blement le  caractère  national,  ras- 
sure aussi  sur  l'impossibilité  du 
retour  de  la  guerre  civile  dans  no- 
tre patrie,  et  indique  qu'elle  sera 
toujours  le  ralliement  des  partis 
qui  pensent  la  diviser.  Dans  le 
courant  de  juillet,  2a  départemens 
se  trouvent  soiis  les  ordres  du  gé- 
néral Lamarque.  Il  a  le  bonheur, 
par  la  discipline  de  son  armée, 
de  sauver  les  plus  grands  maux 
aux  villes  populeuses  de  Nantes 
et  de  Tours.  II  fait  plus  :  au  milieu 
de  la  désertion  générale  qui  suit 
le  désastre  de  Waterloo,  et  la  se- 
conde occupation  étrangère  de  la 
capitale,  il  parvient  à  retenir  son 
armée  sous  les  drapeaux.  Il  veut 
se  conserver  intact  et  victorieux 
à  sa  patrie.  Mais  dans  le  même 
moment,  il  apprend  que  son  nom 
est  placé  sur  la  secondé  liste  de 
l'ordonnance  du  .24  juillet.  Le 
pacificateur  de  la  Vendée  est  pros- 
crit; son  armée  éprouve  et  mani- 
feste la  plus  violente  indignation  : 
mais  il  veut  lui  donner,  par  sa  con- 
duite ,  le  plus  grand  exemple  de 
patriotisme  qui  ait  jamais  honoré 
sa  carrière.  Il  lui  ordonne  d'obéir, 
comme  il  obéit  lui-même,  et  l'exi- 
lé quitte  la  France  en  formant 
pour  elle  lés  vœux  d'Aristide.  Ar- 
rivé en  Belgique  sans  haine,  il  re- 
pousse également  l'idée  de  rentrer 


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LAM 

un  lotir  dans  sa  patrie  par  des  con- 
cessions. Mais  calomnié  pendant 
l'obscurité  dont  il  sait  ennoblir  sa 
proscription,  il  sent  qu'il  doit  à  la 
France  ,  pour  laquelle  il  a  com- 
battu 3o  ans ,  de  répondre  à  une 
infâme  persécution.   C'est  de  la 
terre  d'exil  qu'est  sortie  la  fameuse 
Lettre  du  général  Lamargue  au 
générai  Canaei,  Une  argumentation 
pressée,  une  diction  piquante,  sati- 
rique, un  style  vigoureux  et  élevé, 
clair,  original ,  rappellent  au  lec- 
teur les  Mémoires  de  Beaumarchais 
et  les  Lettres  de  Port-^Royal.  Ce 
petit  ouvrage ,  si  fort  de  choses  et 
de  talent ,  donne  un  nom  dans  les 
lettres  à  celui  qui  n'avait  songé  i 
en  avoir  un  que  dans  les  bulletins 
de  l'armée.  Rappelé  en  France  en 
novembre  1818,  au  lieu  d'aller 
retrouver  à  Saint-Sever  les  dou- 
ces consolations  de  la  famille  et  de 
la  patrie,  le  général  Lamarque 
s'arrête  à  Paris,  et  se  fait  le  défen- 
seur officieux  des  compagnons  de 
son  exil.  Il  parvient  à  prouver  aux 
autorités,  au  moins  pour  plusieurs 
d'entre  eux,  que  son  rappel  est 
une  injustice  pour  les  exilés.  £n 
i8ao,  une  brochure  remarquable, 
intitulée  :  Nécessité  d'une  armée 
permanentef  occupe  tout-à<<;oup  le 
public,  et  donne  la  mesur^  du  ta- 
knt  de  son  auteur.  Dans  sa  lettre 
au  général  Canuel,  le  général  La- 
marque avait  prouvé  les  moyens  de 
triompher  toujours  de  la  Vendéej 
dans  ce  dernier  ouvrage,  il  prouve 
ceux  de  défendre  toujours  la  France 
contre  toute  agression  étrangère. 
Une  grande  pensée  d'écrivain  ac- 
compagne le  grand  sentiment  de 
citoyen  qui  lui  a  inspiré  cet  écrit 
distingué.  Reposé  de  la  guerre,  de 
la  gloire  des  armes,  le  général  La- 


LAM 


393 


marque  ne  cache  pas  l'engage- 
ment qu'il  a  pris  vis-à-vis  de  lui- 
même,  de  consacrer  sa  plume  à  la 
France  comme  il  lui  a  consacré 
son  épée.  Il  a  le  droit  d'écrire  sur 
l'honneur  militaire  et  civil  de  son 
pays.  Par  un  privilégie  singulier, 
la  vie  publique  du  général  Lamar- 
que a  commencé  et  fini  par  le  plus 
beau  suffrage  qui  puisse  honorer 
un  Français.  On  a  vu  que  pour  la 
prise  de  Fontarabie ,  .son  premier 
succès,  les  représentans  de  la  na- 
tion avaient  déclaré  par  un  décret 
que  le  capitaine  Lamarque  avait 
bien  mérité  de  la  patrie.  Le  même 
honneur  fut  décerné,  par  la  cham- 
bre des  cent  jours ,  au  général  en 
chef  Lamarque ,  pour  la  pacifica-. 
tion  de  la  Vendée. 

LAMARTELLIÈRE  (J.  H.  F.), 
auteur  dramatique  et  romancier, 
se  fit  d'abord  connaître  par  un  dra- 
me, imité  de  l'allemand  de  Schil- 
ler, Robert j,  chef  de  brigands,  pièce 
en  5  actes  et  en  prose ,  représen-, 
tée  avec  succès  en  1 795,sur  le  théâ- 
tre de  la  rue  Culture-Sainte -Ca- 
therine, et  ensuite  sur  celui  de  la 
république ,  aujourd'hui  Théâtre- 
Français.  C'est  dans  cette  pièce, 
qui  a  eu  plusieurs  centaines  de  re- 
présentations, dues  en  partie  au 
talent  de  l'acteur  principal,  que 
s'est  fait  remarquer  Raptiste  aîiié, 
qui  a  établi  le  rôle  de  Robert ,  et 
qui  a  depuis  ennobli  son  talent 
sur  le  premier  théâtre  de  la  nation: 
cette  pièce  fut  suivie  du  Tribunal 
redoutable,  ou  la  suite  de  Robert, 
autre  drame  en  5  actes  et  en  pro- 
se qui  n'eut  point  de  succès.  Ou- 
tre ces  deux  pièces,  M.  Lamartel- 
lière  a  donné  :  1*  une  traduction 
du  Théâtre  de  Schiller,  a  vol.  in- 
8**,  1799,  remarquable  parl'éner- 


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LAM 

gi«  et  là  correction;  c'est  le  m«il-« 
leur  outrage  de  Tàuteur.  a"*  Léi 
trois  Gil  Bios,  ou  einf  ana  de  folie, 
histoire  pour  les  uns  et  roman 
pour  les  autres,  180^9  4  "^ol.  in-» 
lsi$  y  f'i&teUa,  ou  i^  influence  da 
eoiillon,  faisant  suite  aut  Trois  Gil 
Blàs,  180SI9  4  TOL  in-is;  4*  Al-* 
fred  et  Liska,  ou  le  hussard  parées- 
nu,  rottiftn  historique  du  17*  siè- 
tle^  4  vol.  in-iâ,  i8o4;  S'Gusta^ 
te  en  Ddlécprlie,  ou  les  mineurs 
suédois,  anecdote  historique  en  5 
actes  et  en  prose,  in-8%  i8o5;  6^ 
le  Cultivateur  de  la  Louisiane,  4 
toi.  in*t2,  1808;  7*  la  Partie  de 
campagne,  comédie,  1810;  8^ 
Pierre  et  Paul,  ou  une  journée  de 
Pierre-le^Grand,  comédie,  in-8*^ 
18 1 5;  9*  Conspiration  de  Bonapsar" 
te  contre  Louis  XflII,  i8i5, 
in-8». 

LAMARTILIÈRE  (LsCOMtBOB), 
général  d'artillerie,  né  en  i^Sa. 
Il  entra,  en  1  y5y^  dans  la  carrière 
militaire,  en  qualité  de  sous-lieu- 
tenant  d'artillerie.  Après  atoir  fait 
avec  distinction  la  guerre  de  sept 
ûns^  il  fut  employé  dans  l'île  de  la 
Guadeloupe.  C'est  à  cette  époque 
que,  joignant  la  pratique  à  la  théo- 
rie, il  publia,  sur  Tartillerieet  sur- 
tout sur  la  fonderie  ,  divers  ou- 
thiges  qui  le  firent  compter  par*- 
mi  les  plus  habiles  et  les  plus  sa* 
vans  officiers  de  rarlillene  fran- 
çaise. Nommé  colonel  en  1789,  il 
fit  toutes  les  campagnes  de  la  ré- 
volution ,  et  contribua  nu  succès 
de  toutes  lès  opérations  importan- 
tes des  diverses  armées  où  il  fut 
successivement  employé.  Il  se  dis- 
tingua éminemment  à  l'armée  des 
Pyrénées- Orientales.  Chargé  du 
commandement  de  l'artillerie,  il 
rtéfendît  Perpignan,   dirigea  en^ 


LA  M 

suite  avec  beaucoup  d'Intelligeo* 
ce  et  de  succès  la  défense  du  fort 
de  Beliegarde,  fit  les  sièges  de  la 
Gitadelie  de  Roses  et  du  fort  de  la 
Trinité.  A  l'attaque  de  Porestorta 
et  du  village  de  Lupia,  le  même 
coup  qui  tua  le  brave  général  Dih 
gommier  lé  blessa  lui-même  dan* 
gereasementi  Ses  services  aigna* 
lés  lui  firent  obtenir,  en  1796,  le 
grade  de  général  de  division ,  et 
il  donna  de  nouvelles  preuves  de 
ses  talens  militaires  ù.  l'armée  de 
Rhtn-et-Moselle,  et  à  celte  d'Aile^ 
magne.  Envoyé  à  Gènes,  il  y  trou» 
va  une  artillerie  considérable, 
mois  dans  un  tel  désordre,  qu'el^ 
le  était  devenue  inutile  et  hors 
d'état  de  servir.  Le  général  Lamar- 
tilière,  toalgré  son  grand  âge,  mit' 
une  activité  étonnante  à  cj-éer  de 
nouveaux  moyens  de  défense,  et  à 
rétablir  l'ordre  dans  toutes  les  bran- 
ches de  l'administration  militaire. 
Le  4  janvier  1802,  il  Ait  appelé  an 
sénat,  nommé  grand^Acier  de  la 
légion^d'honneur,  et  pourvu,  deux 
ans  après,  de  la  sénatorerie  d'A* 
gen<Le4)uin  i8i4!ileroîlenom'^ 
ma  pair  de  France,  et  membre  des 
conseils  de  perfectionnement  et 
d'inspection  de  l'école  Polytech" 
nique.  Une  nouvelle  édition  de  ses 
Réflexions  sur  la  fabrication  en  gé- 
néral des  bouches  à  feu  ayant  été 
achevée  en  18 1 7,  il  en  fit  homma- 
ge à  la  chambre  des  pairs.  On  a 
encore  de  lui  :  Recherchée  sur  les 
meilleurs  effets  à  obtenir  de  Vartil^ 
/«nV,-i8i2,  *  vol.  în-8*.  Ilmo«i-^ 
rut  à  Paris,  en  1819,  à  l'âge  de 
87  ans,  emportant  Testîme  et  le;: 
regrets  de  tousses  compagnons  de 
gloire. 

LAM  ARTINI£R£(lb  barok  m), 
général  de  brigade ,  eommanda»t 


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LAM 

de  la  légion-d'honnear,  etc.  Long* 
temps  colonel  da  Se*  ék  ligne^  à  la 
tête  duquel  il  a  constatninetit  don* 
ùë  àèê  preuTès  debi^toure,  et 
liarliôùlièi'etDeAC  à  la  bataille 
d^Auèterlitz;  ûotniAé  ôotnmandatit 
\  de  la  légion  -  d'honneur  mr  le 
'^<shani{^  de  bataille^  il  obtînt  emui- 
te,par  9on  intrépidité  et  ses  sertî-^ 
èes  distingués  pendant  les  campai" 
gnes  de  1806  et  1807,  le  grade  de 
général  de  brigade;  mais  il  ne  jouit 
pas  long-temps  du  commande- 
ment attaché  à  ce  grade.  Goutert 
d'honorables  blessures^  seé  înfir-» 
mités^  toutes  contractées  sur  le 
champ  de  rhonneuf,  le  foi^cérent, 
malgré  sa  bonne  yolonlé,  à  pren« 
dre  sa  retraite.  Depuis  cette  épo« 
que,il  ne  fait  plus  partie  des  géné^* 
faux  en  disponibilité. 

LAMB,  membre  distingué  du 
parlement  d'Angleterre.  Apparte-^ 
nant  au  parti  des  anciens  Wigs, 
Il  siégé  sur  les  bancs  4^  ï'opposi* 
tfon;  on  remarqua  cependant  qu'en 
181^9  il  rota  atec  le  ministère 
pour  la  suspension  temporaire  de 
l'acte  d^hàbeas  corpus.  En  1819, 
il  eut  pour  concurrent  aux  élec- 
tions de  Londres,  M.  Hobhouse4 
candidat  populaire,  proposé  par 
sir  Francis  Burdett,  et  fortement 
âppUj^é  par  ses  nombreux  parti- 
sans. D'un  autre  côté,  M.  Hunt , 
à  la  tête  d'un  petit  parti  de  réfor-^ 
moteurs  radicaudb^  s'op|H)sait  aussi 
à  l'élection  de  M.  Lamb.  Ce  der- 
nier Remporta  cependant^  et  fut 
réélu,  mais  après  lés  plus  vives 
contestations,  qui  dégénérèrent 
bientôt  en  voies  de  fait.  Pendant 
toute  la  durée  du  polt^  où  les  can- 
didats et  leurs  amis  haranguèrent 
tDur-t\-tour  le  peuple,  M.  Lamb 
fin  con^tatûment  en  butte  ant  in*^ 


LAM 


5g5 


veotives  et  aux  outrages  de  quel*- 

Sues  radicaux.  La  populaee  inves* 
t  même  une  hôtellerie  où  le  nou« 
tel  éhi  et  ses  amis  s'étaient  réu* 
nîs.  Ils  furent  obligés  de  s'évader 
paf  une  fenêtre.  La  cavalcade  qui 
accompagnait  M.  Lamb  dans  iei 
rues  de  la  capitale,  suivant  l'an^^ 
cien  usage  établi  en  Angleterre, 
fatînftoltée;  et  dans  la  lutte  qui 
l'engagea  entre  son  cortège  et  la 
multitude  9  quelques  personnel  9 
respectables  par  leur  caractère  et 
liftur  conduite  politique,  couru- 
rent de  grands  dangers  :  enfin  l'or^ 
dre  se  rétablit,  mais  non  sans 
dommage  pour  quelques  jouma-^ 
listes  )  dont  le  peuple  attaqua  les 
habitations  et  brisa  toutes  les  vi-^ 
très»  L'année  suivante,  M.  Hob- 
house  fut  élu,  et  M.  Lamb  a  de- 
puis reconquis  une  partie  de  son 
ancienne  popularité. 

LAMBEL  (N.))  exerçait  la  pro- 
fession d'avocat  à  Mur^e-Barés. 
Il  fut  nommé  député  du  tiers-état 
de  la  sénéchaussée  de  Villefran- 
che  aux  états-généraux.  Jusqu'au 
moment  de  la  révolution  ^  il  s'é« 
tait  beaucoup  occupé  de  généalo- 
gie, et  était  devenu  célèbre  avocat 
darts  cette  partie.  Il  prit  souvent 
la  parole  à  l'assemblée  nationale  f 
et  fut  le  premier  qui,  le  19  juin 
1700,  demanda  que  les  titres  et  la 
noblesse  fussent  supprimés;  il  par- 
la aussi  dans  les  discussions  sur  les 
contributions  publiques.  Depuis 
cette  époque  9  il  a  cessé  d^être  en 
évidence. 

LAMBERT  (C.)4  deBélao,  éom^ 
mença  S|i  carrière  politique  par  é'-  ' 
tre  juge  du  canton  d'Autricourt, 
Le  département  de  la  €ôte-d'Or 
le  nomma  député  à  l'assemblée 
législative,  et  ensuite  à  la  eon^t 


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5g6  LAM 

veatioD  nationale.  Dans  le  procès 
de  Louis  XVI,  il  rota  la  détention 
et  le  bannissement  à  là  paix;  il 
tînt  constamment^pendant les  deux 
sessions  ,  aux  principes  modéi'és 
qu*il  avait  adoptés  ;  mais  ayant 
proposé,  le  ii  février  179a,  d'ac- 
corder les  honneurs  du  Panthéon 
à  Louis  XII  et  à  Henri  IV,  il  fut 
vivement  improuvé  par  les  tribu- 
nes et  par  quelques  membres.  Il  a 
fait  paraître ,  en  avril  1792.,  des 
Réflexions  sur  la  démocratie ,  et  a 
disparu  depuis  cette  époque  de  la 
scène  politique. 

LAMBERT  (lb  comte  Marie- 
Ch4bles  de),  né  à  Paris  ^  le  i5 
juillet  1773,  fils  aîné  du  marquis 
de  Lambert,  était  enseigne  au  ré- 
giment des  gardes-françaises  lors- 
que la  révolution  éclata.  Son  pè- 
re ayant  été  chargé  des  affaires  des 
princes  français  auprès  de  l'armée 
prussienne,  il  fit  la  campagne  de 
179a,  comme  son  aide-de-camp. 
Il  quitta  cette  armée,  en  1793, 
pour  passer  au  service  de  la  Rus- 
sie avec  le  grade  de  major,  et 
se  signala  à  l'assaut  meurtrier  du 
faubourg  de  Prague  devant  Var- 
sovie, en  s'emparant  d'une  re- 
doute avec  le  détachement  qu'il 
commandait.  Cette  action  fut  ré- 
compensée p^r  la  croix  de  Saint- 
George  de  4*  classe.  Dans  la  cam- 
pagne dé  Perse  ,  il  comniandait 
un  régiment  de  Cosaques;  se  dis- 
tingua de  nouveau, en  1797, à  la 
prise  de  Derbeut ,  et  fut  nommé 
colonel,  par  suite  des  services 
qu'il  rendît.  En  1799,  il  fut  em- 
ployé en  Suisse,  etgrièvement  bles- 
sé à  la  bataille  de  Zurich.  *A  la  sui- 
te de  cette  campagne,  il  fut  nom- 
mé général-major  et  chef  ii'un  ré- 
giment de  cuirassiers  de  son  nom. 


LAM 

En  i8o3,  il  eut  le  commandement 
du  régiment  d'Alexandre  -  Hus- 
sards. Employé  en  1806,  sous  les 
ordres  du  comte  ^d'Ostennan,  il 
défendit  vaillamment  le  passage  du 
Bug,  dans  la  journée  du  26  dé- 
cembre, et  commanda,  trois  jours 
après,  une  division  de  l'année  à 
Pultusk.  Le  courage  qu'il  déploya 
dans  ces  deux  a&ires,  où  il  fut 
encore  grièvement  blessé  9  lui  va- 
lut la  croix  de  Saint-George  de 
3"*  classe.  Après  la  bataille  du 
Friedland,  il  obtint  l'ordre  de  Sain- 
te-Anne de  1"  classe,  et  ceux  de 
Saint-Wladimir  et  de  l'Aigle-Rou- 
ge,  pour  avoir  sauvé*  par  une  ma- 
nœuvre hardie,  une  division  d'ar- 
tillerie sur  le  point  d'être  enve- 
loppée par  les  Français.  Il  com- 
mandait, en  1812,  en  qualité  de 
lieutenant-général,  l'avant-garde 
de  l'armée  de  la  ÂVolhynie ,  aux 
ordres  du  général  Tchitchagof^ 
lorsque  cette  armée  s'avança  vers 
Minsk,  et  ayant  rencontré  dans  sa 
marche  le  corps  polonais  du  géné- 
ral Kossetzki ,  il  le  repoussa ,  et 
arriva,  le  ao  novembre,  à  cinq 
lieues  de  Borissow.  Le  lendemain, 
il  attaqua  dans  ses  retranche- 
ments le  général  Dombrowski, 
et,  après  un  combat  des  plus  opi- 
niâtres ,  il  parvint  à  enlever  cette 
position^  prit  6  pièces  de  canon, 
fit  beaucoup  de  prisonniers  5  et 
facilita  aux  Russes  le  passage  de 
laBérésina.  Dangereusement  bles- 
sé sur  la  fin  de  cette  action  meur- 
trière, il  remit  le  commandement 
de  son  corps  d'armée  au  général 
comte  de  Pahlen.  Dans  la  cam- 
pagne de  18149  îl  accompagna 
l'empereur  Alexandre,  dont  il  était 
l'aide-decamp-général.  Le  3o  mars, 
il  s'empara  des  villages  de  BeU 


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LAM 

Jeville  et  de  Ménîlmontant  à  la 
tête  d'un  corps  de  grenadiers  rus- 
ses, et  fut  successivement  décore 
du  cordon  de  Saint- Alexandre- 
Newskî  de  i"  classe,  nommé  com- 
mandeur de  Tordre  de  Saint-Louis 
et  cheyalier  de  l'ordre  Militaire  de 
Bavière ,  et  de  celui  de  Léopold. 
Le  comte  Lambert ,  qui  a  eu  le 
malheur  de  combattre  si  long- 
temps contre  ses  compatriotes  et 
de  repaître  ses  yeux  des  épouvan- 
tables désastres  de  la  guerre  de 
Russie,  est  resté  au  service  de  cet- 
te puissance.  Il  est  retourné  à  Pé- 
tersbourg  en  1816,  et  a  obtenu  un 
commandement  en  Ukraine. 

LAMBERT  (Henri,  comte  de), 
frère  du  précédent,  né  à  Paris,  le 
1"  février  1778  ,  servit  d'abord 
dans  la  marine  française.  Il  s'em- 
barqua avec  le  capitaine  d'Entre- 
casteaux,  en  1791,  sur  la  frégate 
ia  Recherche,  pourallersurles  tra- 
ces de  La  Peyrouse,.et  n'ayant  pu 
être  employé  dans  le  grade  d'offi- 
cier, son  louable  zèle  le  porta  à  se 
présenter  comme  volontaire  ou 
comme  simple  mousse,  et  il  ser- 
vit efiectivement  en  cette  qualité. 
Après  deux  ans  d'une  navigation, 
en  partie  infructueuse,  ils  doublé^ 
rent,  en  1793,  l'extrémité  orien- 
tale de  l'île  Saint-Aignan,  formée 
par  le  cap ,  auquel  on  donna  le 
nom  d'Henri.  Enfin,  en  1795,  la 
frégate  rentra  en  Europe,  et  le 
comte  Lambert,  sur  l'invitation 
de  son  frère,  entra  au  service  de  la 
Kussie  en  qualité  de  major,  et  fit  la 
campagne  de  Perse.  Il  passa  après 
au  département  des  affaires  étran- 
gères, et  fut  successivement  se- 
crétaire d'ambassade  en  Espagne 
et  à  la  Chine.  Il  est  aujourd'hui 
conseiller-d'état  russe,  chambel- 


LAM  597 

lan,  chevalier  de  Sainte-Anne  de 
!'•  classe,  et,  dépuis  1817,  chef 
de  la  caisse  d'amortissement  nou- 
vellement établie  à  Pétersbourg. 
LAMBERT  (Atlmer-Bourke), 
membre  de  la  société  royale  de 
Londres,  de  celle  des  antiquaires, 
et  vice-présidept  de  la  société  lin- 
néenne,  a  publié  en  anglais  :  i* 
A  Description  of  the  genus  cin- 
chona,  in-4%  ï797«  C'est  la  des- 
cription des  espèces  de  quinquina 
connues  jusqu'à  présent.  2**  A 
Description  ofthe  genus  pinus,  in- 
foL,  Londres ,  i8o3.  Dans  cet  ou- 
vrage précieux ,  enrichi  de  plan- 
ches et  imprimé  avec  un  grand 
luxe  typographique,  on  trouve 
décrites  et  figurées ,  avec  l'exacti- 
tude la  plus  scrupuleuse ,'  toutes 
les  variétés  connues  des  pins  et 
des  sapins.  On  doit  aussi  à  son 
zèle  infatigable  la  découverte  d'u- 
ne espèce  remarquable  de  lichen 
d'Islande.  Les  savans  ont  don- 
né, par  reconnaissance,  le  nom 
de  iambertia  à  une  espèce  de  très- 
beaux  arbustes  importés  de  la 
Nouvelle-Hollande. 
.  LAMBERT  (C.  G.),  conseiller 
au  parlement  et  au  couseil-d'état, 
maître  des  requêtes ,  contrôleur- 
général  des  finances^  naquit  à  Pa- 
ris en  1726,  d'une  ancienne  fa- 
mille de  robe  ;  il  entra  dans  la 
magistrature  à  la  sortie  de  ses  clas- 
ses, et  devint  successivement  con- 
seiller et  maître  des  requêtes.  En 
1787,  il  fit  partie  de  l'assemblée 
des  notables,  et  en  juillet  1789, 
lorsque  M.  Necker  quitta  le  mi- 
nistère, M.  Lambert  fut  appelé  au 
conseil  des  finances ,  et  nommé , 
peu  de  temps  après,  à  la  place  de 
contrôleur-général,  qu'il  n'exer- 
ça   que   quelques  momens.    Par 


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39» 


LAM 


suite  d'une  dénoaciatien  qui.  iul 
faite  contre  lui  le  19  octobre 
1790  9  rassemblée  nationale  pro- 
nonça quMl  a  Tait  perdu  la  con»- 
fi^nee  de  la  nation,  ce  qui  l'enga- 
gea à  donner  sa  démission.  M. 
Lambert  quitta  Paris  pour  échap- 
per au  régime  de  la  terfe^r,  et  lie 
retira  •  à  Sainte  -  Foy.  Arrêté  au 
commencement  de  férrier  179S9 
et  traduit  au  tribunal  révolution* 
naire  de  Paris  9  il  fut  eondamné  à 
mort  le  97  juin. 

LAMBERT  (L.)»  berger  du  all- 
iage d'Ëtoges  )  en  Champagne. 
Sao8  autre  instruction  que  celle 
qu'il  pouvait  recueillir  des  inspi* 
rations  de  l'équité  naturelle,  il  éf 
tait  parvenu  à  se  former  quelques 
maximes  de  droit  qu'il  appliquait 
merveilleusement  aux  petits  diffé- 
rends qui  embarrassaient  les  ha<- 
bitaas  de  la  campagne.  Il  réussit 
4i  souvent  à  les  concilier,  qu'il  lui 
en  resta,  dans  tous  les  villages  en^ 
TÎronnans,  la  réputation  d'homme 
à  bons  conseils.  Mais  la  révolution 
survînt,  et  la  lecture  des  journaux 
enflamma  tellement  la  tête  de 
Lambert ,  que ,  renonçant  à  ses 
consultations  et  à  la  g^rde  de  son 
troupeau,  dont  il  chargea  sa  fem- 
me, il  ne  s'occupa  plus  que  dç 
politique.  Pour  ne  pas  manquer 
d'aliment,  il  était  continuellement 
8ur  la  grande  route  d'Ëtoges ,  où 
un  relais  de  poste  était  établi,  pour 
y  questionner  les  postillons  et  les 
Tojageurs  sur  les  événemens  po- 
litiques qui  étaient  à  leur  connais- 
sance. Ce  fut  dans  l'une  de  ses 
excursions  qu'il  fit  la  rencontre 
t)u  représentant  du  peuple  Saint- 
Just,  qui,  surpris  de  la  dialecti- 
que et  des  principes  politiques  de 
Lambert,  prit  son  nom  et  son  do- 


LAW 

mieilo.  Arrif  é  &  Paria»  SiM&l-^ust, 
dont  l'enthousiasme  pour  Lam- 
bert ne  s'était  point  ralenti,  fît 
part  de  t^  phénomène  à  Robes- 
pierre et  à  ses  collègues  du  comi- 
té de  salut  public.  Aussitôt  Lam- 
bert reçoit  l'invitation  de  se  ren- 
dre h  Paris.  Il  y  vole;  Robespierre 
le  voit,  il  le  revoit  e^ore,  l'en- 
tretient loQguemeot ,  et  lui  pro- 
iposa*  dit-on»  de«  enaplois  împQr- 
tans.  Mais  Lambert,  à  qui  l'aioour 
de  la  révolution  n'avait  pourtant 
pas  fait  perdre  so4  boa  sens  natu- 
rel, ne  se  orat  propre  qu'îk  diriger 
l'esprit  public  da09  9op  départe- 
ment, et  réduisit  à  c#tte  mission 
unique  les  offres  considérables  de 
Robespierre.  Pe  retour  À  Ëtoges, 
avec   le   titre    de    oommiss^ire- 
géaéral  du  comité  de  9alqt  |hi- 
blic,  il  ne  tard^  pa^  d'y  rece- 
voir une  extension  de  pauvw 
pour  les  départemens  de  la  Hav- 
te-Marpe  et  des  Arde^^es  ,  daa$ 
lesquels  il  fut  expressément  pbar- 
gé  de  l'arrestation  de^  aristocrates, 
des  fédéralistes  et  des  9a^pect$.  Ce 
changement  de  fortuae  ne  lit  ^M- 
ouu  efiet  sensible  sur  Lambert.  Il 
faisait  toutes  ses  courses,  4aa»  les 
différens  points  9oumis  à  sa  ai^r- 
veiilance,  à  pied ,  un  biltorf  à  la 
main,  et  aous  son  habit  ordinaire 
de  berger.  Il  ajoutait  à  oet  équi- 
page, quand  il  se  rendait  à  Paris» 
une  petite  charrette,  qu'il  condui- 
sait Luinméme»  Dans  le  cours  de  s>9 
mission ,  il  fit  de  nombreuses  ar- 
restations; mais  on  ne  lui.  impute 
ni  extoraions  ni  même  des  in  justi- 
ces. £t  faut-il  hi^n  qu'il  ait  mi% 
une  certaine  équité  dans  l'appli- 
cation des  lois  don^  l'exécution  lui 
était  confiée,  pui^qu'àla  chute  de 
Robespierre  9 'avQunepl^t*  9  ^^^ 


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Giioe  réclaçiaUon  n'ont  été  élevées 
contfe  lui»  et  qu'il  a  pu  retourner 
paisibiemeot  k  se»  inoutoas  et  à 
ses  coQSultations. 

LAMBERT  (Bbuiaad),  relî* 
§ieujs.  dowaicaia*  Né  en  Proren- 
ce,  en  1^58 ,  il  fit  son  noviciat  et 
prooooça  ses  vœux  au  couvent  de 
la  petite  viUe  de  Saint-Maximia , 
dont  les  religieux  avaient  été  in- 
terdits par  Tarcbevêque  d'Aix,  à 
raison  de  leurs  opinions  anti-jé* 
suitiques.  Lambert,  élevé  dans  les 
gaines  doctrines  religieuses,  ne 
larda  pas  à  se  faire  remarquer  par 
son  %è]e  à  les  soutenir.  Cboisi 
|k>ur  professer  la  théologie  dans 
son  ordre ,  il  manifesta  $ea  opi- 
nions dans  deux  tbéses  qu'il  sou- 
tint successivement  ù  Carcas- 
sofme,  en  1762,  et  à  Limoges  en 
i^i)i.  Ces  deux  tbéses  le  mirent  en 
haute  réputation  parmi  les  reli- 
gieux de  son  ordre;  mais  la  der- 
nière ,  mise  À  l'index  à  Aome ,  lui 
causa  des  dèsagrémeas  qui  le  for- 
oèrent  à  quitter  Limoges.  Après 
avoir  circulé  long-temps  de  mai- 
son en  maison  ,  il  se  fixa  enfin 
pendant  quelques  années  dans 
celle  de  Grenoble  ,  d'où  il  fut 
appelé  à  Ljoa  9  par  l'arcbevêque 
Montazet,  conau  par  ses  lumiè- 
res, ses  vertus,  et  son  attache- 
met^i  aux  libertés  de  l'église  galii- 
i^ane.  Aussi  crut-on  retrouver 
dans  les  mandemens  de  ce  pré- 
lat, des  ^r\ne$  adroitement  enve-» 
ioptpés  des  doctrines  du  P.  Lam^ 
bert.  Encouragé  par  ses  succès,  îl 
vint  «à  Paris,  oé  l'archevêque  de 
Beaumont  refusa  d'abord  de  le 
recevoir,  et  ne  consentit  plus  tard 
À  tolérer  sa  présence,  qu'à  condi- 
tion qu'il  y  rentrerait  sous  le  nom 
die  Laplaigne,  qui  était  celui  de  sa 


LAK 


399 


mère ,  et  qu'il  prendrait  l'mif age- 
ment  de  ne  plus  écrire  que  contre 
les  incrédules.  La  promesse  fut 
mal  remplie ,  car  presque  tous  les 
ouvrages  du  P.  Lambert  tendei^t 
plus  ou  moins  à  l'appui  de  la 
cause  qu'il  voulait  faire  triom- 
pher Le  P.  Lambert  fournit  à  M. 
de  Montazet,  archevêque  de  Lyon, 
les  matériaux  de  V Instruction  paS" 
tûrale  contre  f  incrédulité ,  qu'il 
publia  en  1776.  On  a  de  ce  théo- 
logien un  grand  nooabre  d'ouvra- 
ges. Nous  ne  citerons  que  ceux 
qui  ont  quelques  rapports  avec 
les  circonstances  récentes.  l'^Let" 
tre  de  M,,,  à  M.  l'abbé  A,<,  cen- 
seur et  approbateur  du  discours  à 
lire  au  conseil  du  roi  sur  les  pro^ 
testans^  1787,  in-8';  a*  Traité 
dogmatique  et  moral  de  la  justice 
chrétienne ,  1 788 ,  in- 1  a  ;  5*  Mé^ 
moire  sur  le  projet  de  détruire  les 
corps  religieux,  et  2  Adresses  des 
dominicains  de  Parih  à  l'assemblée 
nationale^  1789;  4*  Mandemeni 
et  instruction  pastorale  de  Af .  de 
Chabot,  évêquede  Saint-Olaode, 
pour  annoncer  un  synode ,  1  ^90 , 
iti-4";  5*  Avis  a,ux  fidèles,  1:791  ; 
6'  le  Préservatif  contre  le  schisme 
(de  Larrière)  convaincu  de  gr'oces 
erreurs ,  1791 ,  in-8' ;  7*  l'Auto* 
rite  de  l'église  et  de  ses  ministre^ 
défendue ,  contre  le  raêtoe,  1 79a» 
in  -8^  ;  8^  Avertissement  aux  fidè'» 
Us  sur  les  signes  qui  annoncent 
que  tout  se  dispose  pour  le  retour 
d'Israël,  1793,  in -8";  9**  Ré^ 
flexions  sur  le  serment  de  liberté 
et  d'égalité,  i793;  10"  Deroirs  dui 
chrétien  envers  la  puissance  publia 
que,  1793,  in-8';  11*^  Lettres  aux 
ministres  de  la  ci-devant  église 
constitutionnelle  9  179^5  et  1796; 
la*  Dissertation  o(i  l'on  justifie  lie 


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4oo  LAM 

soumission  aux  lois  et  le  serment 
de  liberté,  1796,  in-S®;  iS"  Apo- 
logie de  la  religion  chrétienne  et 
catholique  contre  les  blasphèmes  et 
les  calomnies  de  ses  ennemis^  17969 
in- 8*;  i4'  là  Vérité  et  la  sainteté 
du  christianisme  vengées  contre  les 
blasphèmes  et  les  folles  erreurs 
d'un  litre  intitulé  :  Origine  de 
tous  les  cultes  ou  Religion  univer- 
selle, par  Dupuîs,  1796,  in-S'*; 
i5*  Lettre  au  P.  Minard;  i6*il^- 
ftexions  sur  la  fête  du  ^i  janvier; 
17*  Remontrances  au  gouverne-- 
ment  français  sur  les  avantages 
d'une  religion  nationale  y  li^oi  ; 
18*  Manuel  du  simple  fidèle^  i8o5; 
19°  Quatre  Lettres  d^un  théolo- 
gien à  M,  févêque  de  Nantes  ;  20** 
Exposition  des  prédictions  et  des 
promesses  faites  à  l'Eglise  pour 
les  derniers  temps  de  la  gentilité. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  un  trai- 
té contre  la  secte  des  Théophilan- 
tropes.  Cet  infatigable  écrivain  se 
montre  dans  tous  ses  ouvrages 
théologien  subtil,  controversiste 
opiniâtre  et  très-irascible,  prodi- 
guant  les  injures  à  ses  adveraaires. 
11  mourut  à  Paris  en  18 15,  d'une 
attaque  d*apop)exie. 

LAMBËRTË  (T.),  imprimeur  ù 
Paris,  fut  un  des  agens  de  Robes- 
pierre, et  remplit ,  par  ordre  des 
comités  du  gourernement  de  cet- 
te époque,différentes missions  dans 
plusieurs  départemens ,  entre  au- 
tres dans  celui  de  Seine-et-Marne, 
où  il  justifia  trop  bien  le  choix 
qu'on  avait  fait  de  lui.  Impliqué 
dans  le  procès  de  Babeuf,  il  com- 
parut, en  1797,  devant  la  haute- 
cour  de  Vendôme,  où  faute,  de 
preuves  il  fut  acquitté.  Il  reprit 
dans  la  capitale  l'exercice  de  sa 
profession,  et  parut  youloir  s'^ 


LAM 

livrer  exclusivement;  mais  bien- 
tôt il  se  défit  de  son  imprimerie, 
et  retourna  à  Meaux,  sa  ville  na- 
tale. Il  s^y  lia  imprudemmefnt  avec 
les  hommes  connus  par  la  violen- 
ce de  leurs  opinions,  réveilla  ainsi 
l'attention  de  Tautorité ,  et  fut  ar- 
rêté de  nouveau  ;  les  événemens 
du  3o  prairial  an  7  (19  juin  1799) 
firent  cesser  sa  captivité.  Alors  il 
publia  un  journal  intitulé  le  Dé* 
mocrate*  Cette  feuille,  plusieurs 
fois  défavorablement  signalée ,  ne 
put  survivre  à  la  révolution  du  18 
brumaire  an  8  (9  novembre  1799), 
et  son  auteur  fut  inscrit  sur  une 
liste  de  déportation  qui  néanmoins 
resta  sans  effet.  Lamberté,  dont 
tant  de  secousses  n'arrêtèrent  pas 
la  turbulence ,  et  dont  les  liaisons 
ne  cessèrent  pas  d'être  suspectes, 
fut  frappé  de  la  <  mesure  qui  at- 
teignit les  restes  du  parti  démago- 
gique à  la  suite  de  l'explosion  de 
la  machine  infernale  du  5  nivôse, 
bien  que  la  suite  n'ait  pas  prouvé 
qu'il  eût  pris  part  à  cette  atroce 
tentative.  Conduit  à  Oleron,  il  s'y 
fit  maître  d'école.  Il  mourut  en 
i8o5,  en  Afrique,  où  il  avait  en- 
suite été  transporté. 

LA Mfi£RTl  (Jacques,  comte), 
chevalier  de  la  Couronne-de-fcr, 
membre  et  ancien  président  du 
collège  des  Dotti  de  Bologne,  ex- 
membre du  grand-conseil  de  la 
république  Cisalpine  et  du  direc- 
toire cisalpin,  sénateur,  etc.,  s'est 
constamment  montré  attaché  aux 
opinions  libérales.  Lorsque  les 
Français  envahirent  l'Italie,  M. 
Lamberti  se  prononça  en  leur  fa- 
veur, et  fut  nommé  membre  du 
grand  -  conseil  de  la  républi- 
que Cisalpine,  où  il  proposa^  au 
mois  de  mars*  1797,  l'aboli tiou  de 


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LAM 

toutes  les  distinctions  nobiliaires. 
En  avril  1798,  il  combattit  et  fit  re- 
jeter la  motion  de  son  collègue 
Compagnon!,  en  faveur  de  la  poli- 
garnie.  Le  général  Brune  le  nom- 
ma, au  mois  de  niai  de  la  même 
année,  membre  du  directoire  ci- 
salpin, à  la  place  de  Paradisi,  dé- 
missionnaire. Il  fut  maintenu  dans 
ces  fonctions  par  le  citoyen  Trou- 
vé, agent  diplomatique  du  direc- 
toire-exécutif de  France.  Après  la 
révolution  du  18  brumaii^  an  8 
(9  novembre  1799)?  M.  Lamberti 
cessa  de  faire  partie  du  gouverne- 
ment cisalpin;  néanmoins  il  obtînt 
sucessivement  de  l'empereur  Na- 
poléon, devenu  roi  d'Italie,  le  ti- 
tre de  comte  et  celui  de  sénateur. 
M.  Lamberti,  juste  appréciateur 
des  belles  qualités  du  prince  vice- 
roi  ,  Eugène  de  Beauharnais ,  s'é- 
tait attaché  à  sa  cause,  et  lorsque, 
en  i8>i4  9  le  sénat  italien  fut  con- 
voqué extraordinairement  pour 
décider  s'il  était  convenable  de 
demander  ce  prince  pour  roi  aux 
puissances  alliées,  il  fut  un  des 
premiers,  et  l'un  de  ceux  qui  se 
montrèrent  les  plus  fidèles  et  les 
plus  dévoués  à  ses  intérêts.  La  po- 
pulace, révoltée  par  les  sourdes 
menées  des  agens  étrangers,  fut  au 
moment  de  massacrer  M.  Lam- 
berti, lorsqu'il  voulut  la  haran- 
guer pour  la  ramener  à  des  senti- 
mens  pacifiques.  Depuis  ce  temps, 
il  vit  dans  le  retraite. 

LAMBERTYE  (Pibbbe-Michel, 
MAitQvis  de)  ,  maréchal-de-camp, 
fut  député  aux  états-généraux  de 
1789  par  la  noblesse  du  Poitou. 
Il  signa  les  protestations  des  12 
et  i5  septembre  contre  les  décrets 
de  l'assemblée  nationale,  et  émî- 
gra  peu  de  temp»  aprè»  la  disso-. 


LAM  401 

lution  de  cette  assemblée.  Le  mar- 
quis de  Lambertye  a  servi  dans 
l'armée  des  princes.  Après  le  re- 
tour du  roi,  il  a  été  nommé  com- 
mandeur de  l'ordre  de  Saint- 
Louis,  et  admis  à  la  i-etraite. 
LAMBESC  (  Gharles^ëugisne 

DE  LOERÂINE,  PRINCE  DE  ),  ué  le  25 

septembre  1761,  fils  d'un  des 
princes  de  la  maison  de  Lqrraine, 
et  parent  de  la  reiiie  Marie-An- 
toinelte ,  était  avant  la  révolution 
grand-ccuyer  de  France  y  et  co- 
lonel propriétaire  du  régiment  de 
Royal-Allemand  ;  il  entra ,  jeune 
encore,  au  service  de  France,  et  se 
montra  dévoué  à  la  reine  épouse 
de  Louis  XVI ,  qui  lui  avait  fait 
obtenir  la  charge  importante  de 
grand-écuyer.  Le  prince  de  Lam- 
besc  joussait  à  la  cour  d'une  gran- 
de influencé;  la  révolution  la  lui 
ayant  fait  perdre  en  partie.  Use 
montra  l'un  des  plus  violens  en- 
nemis du  nouvel  ordre  de  choses* 
Employé  au  camp  que  la  cour 
avait  rassemblé  près  de  Paris, 
au  mois  de  juillet  1789,  le  12  du 
même  mois ,  il  reçut  l'ordre  dé 
dissiper  les  rassemblemens  qui 
s'étaient  formés  sur  la  place  Louis 
XV.  Le  prince  de'Lambesc,  em- 
porté par  une  ardeur  diflicile  à 
expliquer,  franchit  à  la  tête  de 
ses  soldats  le  pont-tournant,  et  se 
précipita  au  grand  galop  dans  le 
jardin  des  Tuileries,  qu'il  se'mit 
en  devoir  de  faire  évacuer.  N'a- 
yant pas  été  soutenu  dans  cette 
charge  par  les  autres  corps  ,  il 
fut  obligé  de  se  retirer  précipitam- 
ment devant  les  gardes-française» 
qui  se  réunirent  à  la  foule  occupée 
à  barrer  le  chemin  avec  des  chai- 
ses, et  qui ,  en  jetant  des  pierres 
aux  soldats  de  Royal- Allemand  y 
>6 


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4oa 


LAM 


exprimait  son  indignation  et  sa 
fureur.  La  conduite  du  prince  de 
Lambesc  fut  dénoncée  à  l'assem- 
blée nationale  par  le  comité  des 
recherches ,  qui  .accusa  le  prince, 
non-seulemeut    d'être    un     des 
«igens  de  la  conspiration  anti -po- 
pulaire ,  mais  encore  d'aToir,  en 
chargeant  dans  les  Tuileries ,  tué 
un  malheureux  vieillard  et  blesse 
un  (eune  homme  qui  n'obéissaient 
pas  assez  promptement  <k  l'ordre 
qu'il  leur  avait  donné  de  se  reU- 
rer  :  «  Accusations,  disent- les  au- 
»  teurs  d'une  biographie ,  que  le 
9  Châtelet  déclara  plus  tard  n'a- 
«voir  pas  été  prouvées.  »  A  l'é- 
poque de  ce  procès,  le  prince  de 
Lambesc  s'était  déjà  retiré  en  Air 
lemagne,  où  son  régiment  le  re- 
joignit en  179a.  Il  servit  à  l'ar- 
mée des  princes  frères  de  Louis 
XYI,  fit  avec  les   Prussiens    la 
campagne  de  la  fin  de  cette  an- 
née (  179a  )  en  Champagne,  et 
prit,  en   1793,  du  service  en  Au- 
triche, où  il  devint,  peu  de  temps 
après,  général-major,  et  en  1796, 
feld-mar^chal-lieutenant.  La  car- 
rière militaire  du  prince  de  Lam- 
besc a  répandu  peu  d'éclat  sur 
son  nom,  et  les  Français  ont  pres- 
que toujours  ignoré  qu'il  a  fait 
contre  eux  les  campagnes  sur  le, 
Rhin  et  en  Italie.  Ce  prince  épou- 
sa, en  i8o3,  la  comtesse  Anne  de 
Cettner ,  veuve  du  comte  Cs^jetan 
Potoki,  et  s'est  remarié  en  181a, 
à  la  comtesse  douairière  de  Col- 
loredo.  On  prétend  que  le  princn^ 
Lambesc  est  porté  sur  la  liste  des 
pairs  de  France  sous  le  nom  de 
duc  d'Ëlbeuf. 

LAMBINËT  (Pierre,  aibé),  jé- 
suite, savant  bibliographe,  naquit 
ajourne,  près  de:]tfézièresx  dé- 


LAM 

partement  des  Ardennes,  en  174a. 
Il  fit  d'excellentes  étu4es  au  col- 
lège des  jésuites  de  Charleville,  et 
fut  admis  dùn»  leur  société ,  où  il 
resta  jusqu'à  sa  suppression  par  le 
pape  Clément  XIY.  Il  entra  en- 
suite dans  l'ordre  des  Prémontrés, 
et  fit  profession  dans  Fabbaje  de 
Villers-Cotterets;   mais  quelques 
années  après ,  il  quitta  l'ordre  et 
l'habit,  et  se   fit  séculariser  du 
consentement  de  l'abbé -général 
de  la  congrégation  qu'il  abandon- 
nait.   L'abbé   Lambinet  se  voua 
particulièrement  à  la  science  bi- 
bliographique,   e(  y  acquit  des 
connaissances  très-étendues.  L'ins- 
titut de  France  a  donné  publique* 
ment  des  éloges  à  son  érudition 
et  à  l'exactitude  de  ses  travaux. 
Cet  homme  laborieux  a  publié, 
vers  1776,  un  Éloge  de  C impéra- 
trice Marie-Thérèsej,  Bruxelles, 
in-8°;  et  en  1785,  une  Notice  de 
quelques  manuscrits  qui  concernent 
l'histoire  des  Pays-Bas.  Cet  ou- 
vrage a  été  imprimé  dans  les  Mé- 
moires  de  l'académie  de  Bruxelles, 
tome   5.  Il  fit   paraître    peu   de 
temps  après ,    dans  l'Esprit   des 
Journaux,  plusieurs  lettres  sur  la 
Bible  des  pauvres,  sur  le  Missel 
Ambroisien,  etc.  On  le  croit  au- 
teur de  la  Table  alphabétique ,  en 
4  vol.  in-ia,  imprimée  à  Bruxel- 
les, de  C Esprit  des  JowrnauiP,  pour 
les  années  de  177a  à  1784»  U  oiit 
au  jour  en  1798,  à  Bruxelles,  eu  1 
vol.  in-8%  des  Recherches  histori- 
ques^   littéraires  et  critiques  sur 
V origine  de  l* imprimerie  ^  particu- 
lièrement sur  ^ses  premiers  étahlis- 
semens  au  ib*  siècle  dans  la  Setgi^ 
que.  La  seconde  édition  de  cet  ou- 
vrage ,  augmentée  d'un  Tolume , 
parut  en  1810,  «qus  ce  titre:  Ori^ 


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gine  de  l'imprimerie,  d* après  les 
titres  authentiques,   l'opinion  de 
M,  Daunou  et  celle  de  M .  Van- 
Praet^  suivie  des  établissemens  de 
cet  art  dans  la  Belgique,  et  de  r/iis-  * 
taire  de  la  stéréotypie.  On  regar- 
de ce  travail  de  l'abbé  Lambinet 
comme  le  plus  exact  de  ceux  qui 
ont  été  publiés  sur  cette  matière; 
X Analyse  des  opinions  diverses  sur 
l'origine  de  l' imprimerie  ^  par  Mi 
Daunou  f    %'y   trouve  reproduite 
textuellement,   et  nVst  pas  l'un 
des  documens  les  moins  rçcom- 
mandables.    L'abbé   Lambinet    a 
encore  publié,  en  i8i0yin-i2,  en 
latin ,   une  édition  stéréotype  de 
V Imitation  de  Jésus-Christ,  dms 
laquelle,  en  adoptant  l'opinion  qui 
admet  Kerapis  comme  l'auteur  de 
cet  ouyfMe,  il  accuse  fiauzée  d'a- 
voir, à  l'exemple  de  Valart,  falsifié 
le  texte  autographe.  Cette  accu-r 
sation   déjà   portée  en  1809  par 
l'abbé  Lambinet,  qui  concourait 
à  la  rédaction  du  Journal  des  Cu- 
rés ^   lut  relevée  victorieusement 
par  M.  Genoe.   L'abbé  Lambinet 
aussitôt  qu'il  en  eut  connaissance, 
reconnut  noblement  son  erreur. 
I!  écrivit  dans  ce  sens  le  5  juillet 
i8]5,  à  l'éditeur  de  fieanzée,   et 
fit  supprimer,  dans  la  préface  de 
son  édition,  l'imputation  ipjYi rieu- 
se, mais  involontaire,  qu'il  s'était 
permise  à  l'égard  du  célèbre  gram- 
mairien, bans  le  courant  de  cette 
mêmeannée(iBi 5), l'abbé  lambi- 
net fut  atteint  d'une  paralysie,  dont 
il  mourut  peu  de  temps  après,  le 
10  décembre,- à  Mézières,  où  il 
s'était  retiré.        , 

LAlViBLÂRDIË(JAGQr£s-EuE), 
insptcteur-générai  des  ponts-et- 
chaussées  ,  etc. ,  naquit  à  Loches 
emj?^^,  de  parens  honnêtes,  mais 


Lm 


4o5 


peu  favorisés  de  la  fortune.  Il  crut 
d'abord ,  à  l'exemple  de  son  frère 
aîné,  ne  pouvoir  assurer  son  exiè^ 
tencc  qu'en  embrassant  l'état  ec-; 
clésiastique,  et  vint  dans  cette  in-» 
tention  joindre  ce  frèi-e  à  Paris. 
Mais: dans  ce  foyer  immense  de 
toutes  les  connaissances  humai- 
nes, où  l'homme  studieux  trouve 
tant  de  moyens  d'en  acquérir,  son  ' 
goftt  pour  les  sciences  exactes 
prévalut  sur  la  théologie;  et  il  se 
livra  à  l'étude  des  mathématiques 
avec  tanj^  d'ardeur,  qu'il. ne  tarda 
pas  à  obtenir  des  succès  remar- 
quables. Le  célèbre  Perronet  l'ad- 
mit à  l'école  des  ponts^et-chaus-» 
sées  ,  et  le  fit  bientôt  employer 
comme  son  ingénieur  sur  les  côtes 
de  la  Normandie.  Les  mémoires 
scientifiques  qu'il  publia  alors,  et 
les  moyens  ingénieux  qu'il  pro- 
posa pour  repousser  les  barres  dé 
galets  qui  encombrent  les  ports 
de  cette  côte ,  lui  firent  confier  la 
construction  de  la  grande  écluse 
de  Dieppe.  Il  réussît  parfaitement 
dans  l'exécution  de  ce  grand  ou-^ 
Y  rage,  malgré  les  difficultés  qu'op- 
posaient les  localités.  En  1783,  il 
fut  enfoyé  au  port  du  HaVre  en 
qualité  d'ingénieur,  et  c'est  aux 
grands  travaux  qu'ily  a  ordonnée 
que  ce  port  doit  l'avantage  d'être 
devenu  un  des  plus  beaux  et  sur- 
tout des  plus  utiles  de  la  France, 
Lamblardie  fut  ensuite  envoyé 
dans  le  département  de  la  Somm^ 
en  qualité  d'ingénieur  en  chef^  et 
fut  nommé  membre  de  la  com*- 
mission  des  travaux  du  port  de 
Cherbourg.  En  1793,  Perronet., 
qui  avait  eu  occasion,  d'apprécier 
ses  connaissances  et  ses  taletis,  le 
demanda  pour  adjoint  dans  la  di- 
rection de  l'écoié  de»  ponts-et-- 


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4<>4  I-AJl 

chaussées,  et  à  la  mort  dé  cet  ha- 
bile ingénieur,  il  lui  succéda  dans 
la  direction  de  Técole ,  et  devint 
ainsi  le  premier  directeur  de  l'é- 
cole Polytechnique.  Ces  nouvelles 
inai-ques  de  confiance  exaltèrent 
tellement  en  lui  Târaour  du  tra- 
vail, qu'il  y  sacri6a  sa  santé,  et 
succomba  épuisé  par  des  veilles 
et  des  fatigues  immodérées  en 
1801  ,  emportant  les  regrets  et 
l'estime  de  tous  ceux  qui  l'avaient 
connu ,  et  particulièrement  de  ses 
nombreux  élèves.  ^ 

LAMBRECHTS  (  Pierbb-Igni- 
GE,  COMTE  de),  ancicu  sénateur, 
ex-ministre  de  la  justice,  et  mem- 
bre de  la  chambre  des  députés, 
est  né  en  Belgique,  le  5i  juil- 
let 174^.  Après  avoir  fait  de 
bonne  études  à  l'université  de 
Louvain,  où  il  fut  reçu  docteur 
en  droit,  il  srîvit  avec  succès  la 
carrière  du  barreau.  Appelé  par 
l'empereur  Joseph  II  à  Vienne, 
il  y  assista  aux  cours  d'une  école 
normale ,  établie  par  ce  prince 
dans  l'espoir  de  former  de  bons 
professeurs,  dont  il  comptait  se 
servir  pour  répandre  les  lumières 
dans  son  vaste  empire,  où  les  peu- 
ples croupissaient  encore  dans 
l'ignorance,  et  où  les  prêtres  et  les 
inoines  ne  cherchaient  à  propager 
que  le  fanatisme  et  la  superstition. 
Revenu  en  Belgique,  M.  Lam- 
brechts  fut  bientôt  obligé  de  s'exi- 
ler de  sa  patrie,  insurgée  en  1790 
contre  le  gouvernement  autri- 
chien, auquel  ses  concitoyens  le 
soupçonnèrent  de  rester  toujours 
dévoué.  Après  l'issue  de  la  ré- 
volution belge  et  le  rétablisse- 
ment de  la  domination  autri- 
chienne, M.  Larabrechts  retour- 
na à  Bruxelles  et  reprit  la  prati- 


LA^r 

que  du  droit.  Il  aUàît  être  nommé 
membre  du  grand-conseil  de  Ma- 
lines,  quand  les  Français  s'empa- 
rèrent, en  1794*  des  Pays-Bas. 
La  réputation  qu'il  s*était  acquise 
par  ses  talens,  et  son  intégrité,  le 
firent  nommer,  lors  de  la  réunion 
de  ces  provinces  à  la  France, 
commissaire  du  direct oîre-exéca- 
tif  près  le  département  de  h 
Dyle.  Il  se  distingua  dans  ceitr 
place  par  ses  connaissances  admi- 
nistratives et  son  zèle  pour  1^^ 
bien  public.  Le  4  septembre  179;- 
il  fut  appelé  à  Paris ,  et  nomrat 
au  ministère  de  la  justice  à  la  pla- 
ce de  Merlin  de  Douai ,  poste 
qu'il  remplit  honorablement  jus- 
qu'en juillet  1799,  où  il  eut  Cam 
bacérès  pour  successeur.  M.  Lam- 
brechts  avait  été,  en  ifjj^S ,  mi? 
sur  les  raYigs  pour  remplacer Rew- 
bell  au  directoire-exécutif;  aprt> 
la  révolution  du  18  brumaire  (9 
novembre  1799  )  ,  il  fut  nommé 
par  le  gouvernement  consulaire 
membre  du  sénat- conservateur, 
et  reçut  de  Napoléon,  en  i8o4>l3 
décoration  de  commandant  de  \* 
légion-d'honneur.  Pendant  les  i5 
années  qu'il  siégea  au  sénat,  il  fit 
plus  d'une  fois  preuve  de  courage 
et  de  patriotisme,  se  réunissaut 
dans  foutes  les  occasions  impor- 
tantes, ù  l'estimable  minorité  des 
Lanjuinais,  Garât,  Volney,  Des- 
tutt-Tracy,  Collaud,  etc.,  qui  dé- 
fendirent avec  plus  de  zèle  que  dt 
succès  les  intérêts  nationaux.  M. 
Lambrechts  émit  en  1814  sm. 
vœu  pour  le  rétablissement  de  la 
maison  de  Bourbon  ,  et  obtint  la 
même  année,  après  la  rentrée  dii 
roi ,  des  lettres  de  grande  natura- 
lisation ,  qui  attachent  invariable- 
ment aujourd'hui  sa  destinée  nu 


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LAW 

.    pays  qu'il  a  si  long-temps  et  si 
;    honorablement  servi. En  i$ 1 5,  M. 
Lambrechts  vota  contre  l'acte  ad- 
ditionnel, et  se  refusa  à  prêter  au- 
cun serinent.  Deux  départemens, 
celui  de  la  Seine-Inférieure  et  du 
Bas- Rhin,  ThoBorèrent  à  la  foid 
de  leur  choix  en  1819,  pour  les 
re  présenter  i\  la  seconde  chambre. 
Il  opta  pour  le  dernier;  et  dès  la  pre- 
mière séance,  il  osa,  malgré  les  cris 
^     de  la  majorité,  se  lever  poui  Tad- 
mîssion  de  M.  Grégoire,  élu  par  le 
département  de  l'Isère.  Il  vola 
constamment,  depuis,  avec  les  a- 
mis  des  droits  nationaux  consacrés 
par  la  charte,  s'opposa  aux  loio 
d'exception,  et  fut  un  des  96  dé- 
putés qui  se  prononcèrent  contre 
le  nouveau  système  électoral.  M. 
.  Lambrechts.  a  publié  quelques  é- 
crits,  remarquables  par  la  justesse 
et  la  profondeur  des  vues,  ainsi 
que  par  le  patriotisme  et  le  véri- 
table esprir  constitutionnel  qui  y 
régnent.   Nous    citerons   ici    ses 
Principes  politiques,   publiés  en 
1 8 1 5^  et  son  dernier  ouvrage  inti- 
tulé :  Réflexions  à  l'occasion  du  li- 
■'     vre  de  M,  Cabbé  Frayssin ous  s  ur  les 
vrais  principes  de  l'église  gallica- 
ne^ Paris,  1818.  Il  a  su»  dans  ce 
dernier  ouvrage,  ajouter  encore 
aux    argumens    victorieux    dont 
Bossuet  et  tant  d'autres  illustres 
''      défenseurs  des  libertés  de  l'église 
'      gallicane  se  sont  servis  pour  com- 
battre les  prétentions  de  la  cour 
de  Rome.   M,   Lambrechts  siège 
^      encore  aujourd'hui  (  1825)^ dans 
'       la  chambre  des  députés,  où  cet 
'       homme  de  bien ,  invariable  dans 
ses  principes ,  défend  avec  le  mê-> 
'       me  zèle  qui  a  honoré  toute  sa  car- 
zi'ière  politique  ,  les  intérêts  des 
viitoyens  et  les  droits  nationaux , 


LAiM 


4o5 


acquis  au  prix  de  tant  de  sacriû- 
ces,  par  le  peuple  français.     • 

lAMBTON,  membre  dû  parie- 
ment  d'Angleterre,  un  des  ora- 
teurs les  plus  populaires  de  th 
chambre  des  communes ,  où  il 
siège  sur  les  bancs  de  Topposîtion. 
En  février  18 15,  il  se  prononça  a- 
vec  force  contre  le  traité  qui,  en 
violation  manifeste  de  la  foi  pro- 
mise, livra  la  république  de  Gènes 
à  son  ancien  ennemi  le  roi  de 
Sardaigne.  «  £h  quoi  I  s'écria 
»  Lambton  ,  un  général  anglais 
»(lord  Bentîock)  arrache  lesiGé- 
miois  au  joug  de  Bonaparte;  il  les 
»  invite  à  s'armer  pour  l'indépen- 
A  dance  de  l'Italie;  il  les  engage  à 
«rétablir  leur  ancienne  constitu- 
»tion.  Tout  annonce  que  les  guér- 
ie riers  de  l'Angleterre  n'ont  paru 
»  à  Gènes  que  pour  y  faire  triom- 
opher  la  liberté;  et  ce  sont  les 
>>  Anglais  qui  trahissent  les  pro- 
»  messes  les  plus  solennelles ,  ce 
»sont  les  Anglais  qui  livrent  euÀ- 
»  mêmes  Gènes  au  roi  de  Sardai- 
»  gne!  »  Le  discours  de  l'orateur 
patriote  produisit  une,  sensation 
extraordinaire;  les  ministres  assez  , 
vivement  attaqués  vinrent  cepen- 
dant faire  compliment  A  M.  Lamb- 
ton sur  ses  talens  oratoires  ;  mais 
ils  n'en  persistèrent  pas  moins 
dans  leur  odieux  projet.  Le  mar- 
ché d'âmes  était  déjà  conclu. 
L'ancienne  république  de  Gènes 
fut  rayée  du  nombre  des  états  in^ 
dépendans  de  l'Europe  ,*  et  sacîi- 
fîée  à  la  convenance  du  roi  son 
voisin.  M.  Lambton  s'opposa,  en 
mai  1817,  à  l'envoi  de  M.  Georges 
Canning(ministre  actuel,  1 825)9en 
qualîlé  d'ambassadeur  à  Lisbonne, 
avec  un  traitement  considérable, 
mission  aussi  inutile  qu'onéreuse 


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4o6 


LAM 


pôar  le-  trésor  public^  puisque  la 
cour  de  Portugal  se  trouvait  alors 
à  Rlq-Jâneiro  au  Brésil.         ^ 

LÂMETH  (Le  comte  Chasles^ 
Mâix)- François  be;,  lieutenunt- 
général)  membre  de  Vasseroblée 
des  étatS'généraux,  en  178g,  est 
né  le  5  octobre  i^S^.  Il  passa  eh 
Amérique  à  1 -époque  oiUescolonj^s 
anglaises  combattaient  pour  leur 
indépendance,  et  il  y  servît  com- 
me aide-tnaréchal-général-de-io- 
gis  dans  Tarihée  commandée  par 
le  maréchal  de  Rochambeau.  Son 
courag'e,  ses  taléns,  et  son  zèle 
pour  la  cause  de  la  liberté  le  fi- 
rent remarquer ,  et  il  y  obtint  le 
grade  de  colonel  en  second  des 
dragons  d'Orléans  et  la  croix  de 
Saint -Louis  9  a^ant  eu  la  jambe 
droite  et  la  rotule  gauche  fracas- 
sées sur  le  parapet  d'une  redoute 
à  York-Town ,  à  l'attaque  de  la- 
quelle il  se  trouva  con^rae  volon- 
taire. Après  son  retour  en  France, 
il  fut  nommé  colonel-comman- 
dant du  régiment  des  cutrassîers 
du  roi  et  gentilhomme  d'honneur 
•du  comte  d'Artois.  Il  donna  sa  4é- 
mission  de  cette  place  dans  les 
premiers  mois  de  la  réunion  des 
^tats- généraux.  Les  hommes  et 
les  écrivains  de  parti  reprochent 
^  MM.  de  Lameth  d'avoir  man- 
qué de  reconnaissance  envers  la 
cour,  qui,  disent-ils,  avait  accordé 
aux:  quatre  frères  une  bienveillan- 
ce et  une  protection  particulières. 
Ce  reprdche  d'ingratitude  est  une 
injustice  envers  MM.  de  Lameth, 
qui  ont  Su  concilier  ce  4|u'ils  de- 
vaient au  roi  en  dévouement  et  en 
fidélité,  avec  ce  qu'ils  devaient  à 
la  nation  comme  députés  aux  é- 
tats- généraux.  Ce  reproche  est 
également  une  injure  envers  le 


LAM 

gouvernement  du  roi ,  en  ce  qu'il 
semblerait  établir  que  les  grâces 
^uHl  accorde  sont  des  moyens  de 
corruption.  Au  reste,  l'avancement 
militaire  de  MM.  dé  Lameth  un 
pas  eu  une  rapidité  si  extraordi- 
naire qu'on  doive  la  remarquer; 
elle  s'explique  naturellement  par 
les  services  de  leurs  parens  et  les 
leurs  ^  ayant  tons  les  quatre  seni 
duns  le  Nouveau -Monde.  On  leur 
reproche  ausèt  '  dans  quelques  oc- 
casions leur  attachement,  que  l'on 
qualifie  d'excessif,  p6ur  le  nouvel 
ordre  de  choses.  Là  question  de 
l'exagération  est  délicate  à  traiter 
dans  les  temps  de  révolution,  et 
ce  reproche  ne  part  presque  tou- 
jours^ qiie  d'hommes  exagérés  eux- 
mêmes.  Si  MM. 'de  Lameth  furent 
parfois  entraînés •  par  le  torrent, 
pour  juger  l'ensemble  de  leur  con- 
duite et  de  leurs  rues  politiques , 
il  tant  les  suivre  jusqu'à  la  fin  de 
l'assemblée ,  jusqu'à*  la  révision. 
£n  1789,  M.  Charles  de  Lameth 
fut  nommé  député  de  l'Artois  aux 
états-généraux,  et  se  réunit  avec 
plusieurs  de  ses  collègues  de  lu 
noblesse  à  la  chambre  des  com- 
munes qui  s'était  constituée  eo 
asi^emblée  nationale.  On  dit,  dan^ 
des  biographies,  qu'il  prit  une 
part  active  aux  affaires,  et  que 
sans  paraître  souvent  à  la  tribune, 
il  intervenait  dans  toutes  les  dis- 
cussions et  parlait  de  sa  place.  Il 
eût  été  plus  simple  et  plus  exact 
de  dire  qu'il  prenait  beaucoup 
tl'intérêt  au  succès  de  la  constitu- 
tion. Ce  ne  fut  pas  lui  non  plus 
qui  rehonça  à  lin  privilège  hérédi- 
taire dans  les  états  d'Artois  ;  mais 
bien  sob  f^re  Alexandre,  dont 
l'article  fait  suite  à  celui-ci.  Dans 
la  discussion  relative  à  l'unité  du 


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LAM 

oorps-légi.slatif,  il  demanda  qu'a- 
vant d'aller  aux  voix ,  on  décidât 
quelle  serait  l'organisation  des 
deux  chambres  ;  repoussa  l'insti- 
tution du  marc  d'argent  comme 
condition  d'éligibilité,  parce  qu'el- 
le tendait  -à  consacrer  l'aristocra- 
tie des  richesses;  vota  en  faveur 
de  la  liberté  de  la  presse ,  faisant 
connaître  en  même  temps  tout  le 
mépris  que  lui  inspiraient  les 
pamphlets  et  les  libelles;  se  pro- 
nonça pour  la  liberté  des  cultes  ; 
exprima  le  désir  que  l'armée  ne 
fût  pas  étrangère  à  la  constitution; 
réclama  la  suppression  des  justices 
prévôtales,  la  prompte  sanction 
des  décrets  relatifs  à  l'organisa- 
tion de  l'armée,  l'établissement 
des  jurés  en  matière  criminelle  et 
civile;  s'opposa  à  ce  que  le  pou- 
voir^exécutif  eût  le  droit  de  faire 
grâce ,  et  la  liberté  de  rejeter  les 
|uges  désignés  par  le  peuple.  Il 
présenta  des  observations  à  l'as- 
semblée sur  la  conduite  de  M.  de 
Seint-Priest,  ministre  de  la  guer- 
re, aU  sujet  de  ta  surprise  des  forts 
de  Marseille  par  le  peuple ,  et  $ur 
celle  du  baron  de  Marguerite, 
maire  de  Nîmes,  relativement  aux 
troubles  de  cette  ville;  il  insista 
plus  purticuUèrement  à  l'égard  de 
ce  dernier  agent  du  pouvoir,  et 
le  procès  récent  de  M.  Froment 
prouverait  le  mérite  de  ces  obser- 
vations. Ayant  été  {provoqué  par 
M.  le  duc  de  Castries,  il  se  battit 
avec  lui.  Ce  n'est  point  par  suite 
de  ce  combat  que  le  peuple  irrité 
se  porta  à  l'hôtel  du  duc  et  en  bri- 
sa les  meubles  ;  mais  bien  par  l'ef- 
fet des  provocations  systématiques 
dont  les  députés  du  côté  gauche 
étaient  alors  l'objet.  Pendant  la 
discussion  sur  le  livre  rouge,  M. 


LAM 


407 


Charles  de  Lameth  fit  reporter  au 
trésor  public  une  somme  de  60,000 
francs  que  sa  famille  avait  reçue 
de  la  cour.  Cette  somme  cepen- 
dant était  la  juste  compensation 
des  réductions  que  l'abbé  Terray 
ût  sur  la  pension  que  M**  de  La- 
meth avait  obtenue  comme  fille  et 
sœur  des  maréchaux  de  Broglie , 
et  comme  veuve  d'un  officier-gé- 
néral mort  à  l'armée,  étant  chef 
de  l'état-major  de  l'armée  du  ma- 
réchal de  Broglie,  son  beau-frère. 
Sur  la  question  du  droit  de  paix  et 
de  guerre,  il  fut  de  favis  que  pour 
que  la  guerre  fût  définitivement 
déclarée,  cette  grande  décision  de- 
vait être  approuvée  par  les  repré- 
sentans  de  la  nation.  Le  19  juin 
1790,  il  appuya  la  suppression  des 
titres  honorifiques,  et  contribua  à 
faire  rendre  plusieurs  décrets  sur 
l'organisation  militaire.  A  peu 
près  vers  la  même  époque ,  il  fit 
publiquement  dans  l'assemblée 
cette  h9norable  profession  de  foi 
politique,  que  les  ennemis  des 
gouvernemens  représentatifs  lui 
reprochent  avec  tant  d'amertume  : 
a  Je  suis  ennemi  de  toute  aristo- 
ncratie.  J'entends  par  aristocra- 
»tie,  le  désir  de  dominer,  désir 
«contraire  à  l'égalité  politique,  - 
»  qui  se  trouve  dans  les  états  des- 
»potiques  où  les  hommes  sont  é- 
»gaux,  parce  qu'ils  ne  sont  rien, 
»  et  qui  est  la  base  de  notre  cons- 
»  titution  ,  dans  laquelle  les  hom- 
»  mes  sont  égaux  parce  qu'ils  sont 
«tout....  Je  faisais  autrefois  partie 
nd'un  ordre  qui  avait  quelques  a- 
»  vanta ges  aristocratiques  ,  j'y  ai 
«renoncé  par  amour  pour  pioti 
«pays.  »  M.  Charles  de  Lameth  ) 
combattit,  dans  la  séance  du  98 
juillet,   la  proposition  de   Mira- 


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4o8 


LAM 


beau  9  tendant  à  déclarer  traître 
à  la  nation  le  prince  de  Condé, 
s'il  ne  désavouait  pas  le  manifeste 
qu'on  lui  attribuait.  Il  fit,  à  l'occa- 
sion d'une  adresse  des  amis  de  la 
constitution  de  Londres ,  qui  dé- 
nonçait les  armemeYis  de  l'Angle- 
terre,, une  sortie  énergique  con^ 
tre  le  système  d'asservissement 
organisé  contre  les  peuples.  Il 
prétendit  9  dans  la  séance  du  18 
décembre,  contre  l'opinion  de  Mi- 
rabeau^ que  les  membres  de  la  fii- 
mille  royale,  le  roi  et  le  dauphin 
exceptés,  rentraient  dans  la  classe 
des  simples  citoyens.  Au  mois  de 
janvier  1791 ,  il  demanda  que  les 
places  des  ecclésiastiques  qui  n'au- 
raient pas  prêté  serment  à  la  cons- 
titution civile  du  clergé,  décrétée 
le  12  juillet  précédent,  fussent 
déclarées  vacantes.  Par  suite  du 
départ  du  roi  et  de  la  famille 
royale  dans  la  nuit  du  20  au  21 
juin ,  il  invita  vivement  rassem- 
blée à  prendre  des  mesures  de 
salut  public,  proposa  de  tirer  le 
canon  d'alarme,  et  proToqua  le 
serment  de  fidélité  à  la  nation, 
que  prêtèrent  les  militaires,  mem- 
bres de  l'assemblée.  Il  demanda 
le  renvoi  au  comité,  de  la  propo-^ 
sition  de  confier  le  pouvoir  exécu- 
tif aux  ministres;  l'adjonction  du 
ministre  des  affaires  étrangères  au 
comité  diplomatique;  la  lecture 
du  Mémoire  que  le  roi  avait  remis 
avant  son  départ  à  l'intendant  de 
la  liste  civile  ;  enfin ,  l'arrestation 
du  marquis  de  Bouille ,  et  la  sus- 
pension des  ofUciers  .  suspects. 
Porté  à  la  présidence  de  l'assem- 
blée le  5  juillet  1791 ,  il  occupait 
encoi^  le  fauteuil  lors  des  événe- 
mens  du  Champ-de-Mars ,  le  17 
du  même  mois.  Il  serait  injuste  de 


LAM 

passer  sous  silence  l'immense  ser- 
vice que  M.  Charles  de  Laineth 
et  ses  amis  rendirent  à  la  royauLé, 
en  èmpêcKant  la  déchéance  de 
Louis  XVI,  et  en  contribuant  aux 
différentes  mesures  qui  amenè- 
rent la  dispersion  des  insii^gés. 
Ce  ne  fut  pas,  comme  on  le  pré- 
tend dans  une  biographie  étran- 
gère, à  compter  de  cette  époque 
que  MlVl.  de  Lameth  se  rattachè- 
rent à  la  monarchie  constitution- 
nelle. Ils  n'ont  jamais  cessé  de  lut 
être  dévoués.  Ils  l'étaient  avant  le 
21  juin;  ils  le  furent  au  retour  du 
voyage  de  Vareunes;  ils  l'ont  été 
constamment  depuis.  La  même 
biographie  prétend  qu'après  la 
journée  du  10  août  1792  5  M. 
Charles  de  Lameth  s'enfuit  au 
Havre,  où  il  fut  arrêté.  C'est  une 
erreur.  11  était  absent  de  l'armée 
par  congé ,  lorsque  la  réyolution 
du  10  août  éclata.  Il  partit  pour 
conduire  sa  femme  et  sa  fille  au 
Havre;  mais  il  fut  arrêté  en  route 
le.  12  août,  et  transféré  sous  bon-, 
ne  escorte  à  Rouen^  eu  vertu  d'u- 
ne décision  de  Clavière^  ministre 
de  l'intérieur.  Il  resta  47  jours 
enfermé  au  secret,  et  ne  recouvra 
sa  liberté  que  par  suite  du  cou- 
rage avec  lequel  son  frère  Théo- 
dore le  défendit  à  l'assemblée  lé- 
gislative, qui  renvoya  l'examen 
des  motifs  de  son  arrestation  aux 
ministres,  lesquels  le  firent  mettre 
en  liberté,  ne  trouvant  ni  dénon- 
ciation, ni  aucune  cause  qui  pût 
justifier  cette  arrestation.  M.Char- 
les de  Lameth  rejoignit  sa  iiimille 
au  Havre,  et  ne  s'expatria  que 
lorsqu'il  apprit  qu'il  était  arrivé 
à  la  municipalité  de  cette  ville, 
uA  ordre  du  comité  de  salut  pu- 
blic de  l'arrêter  de  nouveau.  Tant 


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LAM 

qu'il  fut  à  l'étranger,  ii  résida, 
autant  qu'il  en  eut  la  possibilité , 
en  pays  neutre.  Il  avait  comman- 
dé la  division  de  la  cavalerie  de 
l'armée  du  Nord  dans  la  campa- 
^e  de  1792.  Rentré  en  France  le 
1"  janvier  1801 ,  il  se  retira  dans 
ses  foyers  avec  son  grade  de  géné- 
ral de  brigade  réformé  ;  il  y  vécut 
jusqu'en  1809.  Au  mois  de  mai 
de  cette  ^nnée,  il  reçut  à  la  cam- 
pagne l'ordre  du  ministre  de  la 
guerre,  duc  de  Feltre,  de  rejoin- 
dre l'armée  d'observation  à  Ha- 
nau.  A  la  fin  de  la  campagne ,  il 
fut  nommé  gouverneur  du  grand- 
ducbé  de  Wurtzbourg,  et  revint  en 
France  vers  la  fin  de  1810.  Le 
grand-duc  lui  offrit  alors  la  déco- 
ration de  commandeur  de  son  or-, 
dre  de  Saint-Josepb.  Au  mois  de 
juin  1812,  il  reçut  l'ordre  du  mê- 
ine  ministre  d'aller  prendre  le 
gouvernement  de  Santoâa,  située 
sur  la  côte  de  Biscaye.  Il  défendit 
ce  poste  important  pendant  181a 
et  i8i3,  et  une  partie  de  1814» 
contre  les  Espagnols^  les  Portugais 
et  les  Anglais  :  il  le  remit,  par  or- 
dre de  Louis  XVIII,  aux  Espa- 
gnols le  16  mai  i8i4>  Le  22  juin 
de  la  même  année,  il  fut  nommé 
lieutenant-général. 

LAMETH  (Alexandre),  est  né 
le  28  octobre  1760,  à  Paris,  et  y  fît 
ses  études.  Dans  la  guerre  de  l'in- 
dépendance américaine,  où  il  prit 
part,  ainsi  que  ses  deux  frères, 
Cbarles  et  Théodore,  il  fat  aide- 
de-camp  de  M.  de  Rochambeau, 
et  ensuite  adjudant-général,  lors- 
'  que  l'armée  du  général  français 
passa  dans  l'Amérique  méridiona- 
le pour  attaquer  la  Jamaïque.  Son 
instruction  et  ses  talens  lui  acqui- 
rent la  réputation  d'un  excellent 


LAM  409 

officier,  et  à  son  retour  dans  sa 
patrie,  il  devint  colonel  en  second 
du  régiment  de  cavalerie  Royal- 
Lorraine.  En  1 789,  l^noblesse  de 
Péronne  le  nomma  député  aux  é- 
tats-généraux.  Il  porta  dans  cette 
assemblée  l'esprit  d'indépendan- 
ce et  de  liberté  qu'il  avait  puisé 
aux  sources  mêmes  de  l'indépen- 
dance américaine,  et  servit  avec 
dévouement  la  cause  de  la  révo- 

'  lution  française.  Il  fut  un  des  43 
membres  de  l'ordre  de  la  nobles- 
se, qui  passèrent  aux  comnAines. 
Le  premier,  il  proposa  dans  la 
nuit  du  4  août,  de  consacrer  la  li- 
berté des  cultes.  Plusieurs  articles 
de  la  déclaration  des  droits  furent 
adoptés  sur  sa  proposition  ou  d'a- 
près sa.  rédaction.  Il  renonça  aux 
privilèges  que  lui  accord^ille  droit 
de  membre  ,des  états  d'Artois. 
L'assemblée  adopta  encore  sur  sa 
proposition  une  nouvelle  défini- 
tion de  la  liberté.  Le  29  août,  il 
demanda  que  les  bases  du  pouvoir 

*  législatif  fussent  posées  avant  cel- 
les du  pouvoir  exécutif;  vota  pour  , 

%|ue  le  roi  eût  un  veto  suspensif; 
fit  décréter  qu'il  fût  défendu  aux 
parlemens,  |lors  en  vacances,  de. 
se  réunir  sous  peine  de  forfaiture, 
et  que  les.  chambres  de  vacations 
continuassent  à  rendre  la  justice, 
jusqu'au  moment  où  l'assemblée 
aurait  décrété  l'organisation  de» 
corps  judiciaires  :  proposition  dont 
le  résultat  fut  la  suppression  des 
parlemens.  En  février  1790,  il 
présenta  un  rapport  sur  l'organi- 
sation de  l'armée,  qui  produisit 
un  tel  efiet  que  son  auteur  fut 
nommé  membre  du  comité  mili- 
taire, non  au  scrutin,  mais  par  u- 
ne  délibération  de  l'assemblée^ 
Dans  la  séance  du  soir  du  i3  juin 


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4io 


LAM 


1790^  M.  Alexandre  Lame th  de- 
manda, à  Toccasioii  de  l^ànnîver- 
saire  et  de  la  fédération  du  14 
juillet^  l'enlèvement  des  trophées 
élevés  sur  la  place  des  Victoires, 
parce  qu'ils  rappelaient  des  sou- 
venirs d'humiliation  aux  ci-de- 
vant provinces  de  l'Alsace  et  de 
la  Franche-Comté,  et  qu'ils  fus- 
sent remplacés  par  des  emblèmes, 
qui  exprimeraient  l'union  de  la  li- 
berté et  de  la'  royauté.  Le  1 5  mai, 
il  mit  en  question  si  l'on  donnerait 
au  roi*le  droit  de  paix  et  de  guer- 
re, et  se  trouva,  dans  cette  célè- 
bre discussion,  en  opposition  «vec 
Mirabeau ,  qui  soutenait  que  Ce 
droit  devait  être  dévolu  à  la  cou- 
ronne. L'amendement  de  M.  A- 
lexandre  Lameth  qui  consistait 
en  ces  mSts  :  «  que  la  guerre  ne 
»  peut  être  déclarée  sans  un  dé- 
Dcret  de  l'assemblée,  n  obtint  la 
majorité.  Lui,  et  son  ami  Barna- 
ve,  furent  reconduits  en  triomphe, 
par  l'immense  foule  des  specta- 
teurs, qui  remplissait  le  jardin  des 
Tuileries  et  les  avenues  de  la  sal- 
le. Plus  de  409O00  personnes  en- 
touraient l'assemblée.  Lors  de  la 
discussion  relative  aux  journaux, 
il  se  prononça  fortement  en  faveur 
^e  la  liberté  de  ces  feuilles,  et  lors 
de  l'admission  à  la  barre  d'une 
députation  de  Liégeois,  que  le  cô- 
té droit  accueillit  avec  une  extrê- 
me défaveur,  il  ne  put  modérer 
son  indignation  contre  la  minori- 
té qui  ne  voulait  pas  admettre  la 
députation.  Il  répondit  à  M.  de 
Montlosier,  qui  prétendait  que  le 
côté  gauche  n'avait  pas  la  majori- 
té dans  la  nation  :  «  Tous  frémiriez 
»  si  les  Français  venaient  à  se  comp- 
»  tet.  »  Lorsque  M.  d'Esprémenii 
proposa,  dans  une  autre  séance^ 


LAM 

le  rétablissement  pur  et  simple  de 
l'ancien  régime ,  M.  Alexandre 
Lameth ,  pour  ne  laisser  aucune 
incertitude  sur  les  sentîmens  qui 
animaient  l'assemblée,  proposa 
de  motiver  ainsi  Tordre  du  jour. 
u  L'assemblée  ayant  entendu  jus- 
D'qu'à  la  6n,  pour  prouver  l'entiè- 
)>re  liberté  des  opinions,  le  dis- 
»  cours  de  M.  d'Esprémenii,  ju- 
»  géant  qu'il  ne  peut  être  que  le  ré- 
»sultat  d'une  imagination  en  déli- 
»re,  passe  à  l'ordre  du  jour.  «  II 
fut  nommé  président,  le  20  no- 
vembre- 1790.  Le  28  janvier  1791, 
il  fit  un  rapport  sur  les  Ofiojens 
de  pourvoir  à  la  défense  duroy^u- 
me,  qui  obtint  Tassentiment  géné- 
ral. En  février,  il  devint  membre 
du  département  de  Paris;  dans  les 
mois  de  mai  et  de  juillet ,  il  pré- 
senta plusieurs  rapports  au  comi- 
té militaire,  et  fit  adopter  et  dé- 
créter diJBFérentes  mesures  relati- 
ves aux  frontières,  aux  milices  et 

^  aux  armées.  Le  travail  sur  l'avan- 
cement militaire,  qui  ouvrit  la  car- 
rière à  tous  les  brave»  qui  depuis 

*  ont  tant  illustré  nos  armées;  et  la 
levée  des  bataillons  de  gardes 
nationales,  qui  doublèrent  comme 
par  enchantement  le  nombre  de 
nos  défenseurs,  sont  des  services 
que  la  France  ne--peut  oublier. 
Au  21  juin  lorsque  le  >aî  partît 
pour  Varennes,  M.  Alexandre 
Lameth  joua  un  des  principaux 
rôles  dans  l'assemblée  constituan- 
te ;  il  y  développa  une  force  de 
caractère  qui  contribua  efficace- 
ment à  la  belle  conduite  que  tint 
rassemblée  dans  cette  périlleuse 
circonstance.  Nommé  président 
des  deux  coinîtés  réunis,  celui  de 
constitution  et  le  comité  militai- 
re, qui  étaient  chargés  de  présen- 


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LAM 

ter  à  l'assemblée  toutes  les  mesu- 
res de  paix  publique  et  de  sûreté 
générale,  Nécessitées  par  la  situa- 
tion de  la  France,  il  se  m<witra  digne 
d'une  si  grande  marque  de  confîan-* 
ce.  Cefutluiqui  proposa  d'envoyer 
une    députation    de    l'assemblée 
pour  garantir  les  jours  du  roi,  de 
la  reine ,   de  l'héritier  présomptif 
et  de  M"*  Elisabeth.  Nommé  mem- 
bre du  comité  de  révision  de  la 
constitution,  il  travailla  avec  Tou- 
rette,  Adrien  Duport,  Talleyrand, 
Bamave ,  Target ,  etc. ,  à  la  révi- 
sion et  au  classement  des  drfférens 
décrets  que  la  multiplicité  des  é- 
vénemens    et  leur  importance, 
souvent  inattendue,  n'avaient  pas 
permis  de   placer  d'une  manière 
méthodique.  Ce  comité  se  vit  for- 
cé de  proposer  quelques  change- 
mens,  lorsque  des  décrets  rendus, 
à  différentes  époques,  présentaient 
deSj  contradictions  :  il  déclara,  à 
l'unanimité,  que,  particulièrement 
les  deux  décrets ,    dont  l'un  dé- 
fendait la  réélection  des  députés, 
et  l'autre  les  empêchait  de  pou- 
Toir  être  promus  à  aucune  fonc- 
tion du  pouvoir  exécutif,  pendant 
les  deux  années  qui  suivraient  la 
législature  dont   ils  avaient  fait 
partie,  entravaient  entièrement  la 
marche  du  gouvernement,  et  en- 
traîneraient infailliblement  la  des- 
truction de  la  constitution.  Le  co- 
mité ne  put  réussir  A  convaincre 
l'assemblée,  qui  se  laissa  entraî- 
ner, dans  cette  circonstance,  par 
un  sentiment  de  désintéressement 
dont  les  suites  ont  été  funestes. 
M.  Alexandre  Lameth  est  de  tous 
les  membres  de  l'assemblée  celui 
qui  a  fait  partie  de  plas  de  comi- 
téS)  pendant  le  cours  de  l'assem- 
blée constituante;  il  se  livrait  plus 


LAM 


4ii 


particulièrement  aux  travaux  de 
ceux  des  finances,  des  colonies  et 
du  comité  militaire,  dont  il  fut 
prorogé  président  pendant  toute 
la  durée  de  la  session  II  partagea 
l'opinion  de  Barnave,  qui  soute- 
nait qu'un  appel  subit  des  hom- 
mes de  couleur  à  l'exercice  des 
droits  politiques  (droits  refusés  en 
France  â  plus  des  19  vingtièmes 
de  la  population  blanche)  ne  pou- 
vait avoir  que  des  conséquences 
funestes  pour  la  métropole  et  pour 
les  colonies  elles-mêmes.  Cela  ne 
l'empêchait  pas  d'être  membre  de 
la  société  des  amis  des  Noirs,  et  de 
professer  hautement  cette  opi- 
nion, aujourd'hui  générale,  qu'ils 
avaient  les  mêmes  droits  que  ^ous 
les  autres  hommes.  Après  la  clô- 
ture de  l'assemblée  constituante, 
et  même  depuis  le  retour  du  roi, 
M*  Alexandre  Lameth,  ainsi  que 
ses  amis  4^rien  Duport  et  Bar- 
nave, vojBr  la  monarchie  cons- 
titutionnelle prête  à  se  dissoudre, 
crurent  ne  pouvoir  refuser  au  roi 
l'assistance  de  leurs  conseils,  que 
Louis  XVI  réclama  avec  instance; 
mais  ils  mirent  la  conditionrque  ce 
ne  serait  que  pour  assurer  le 
triomphe  de  la  constitution.  Mal- 
heureusement le  roi  était  déjà 
sous  l'influence  des  terreurs  reli- 
gieuses ,  et  l'on  était  parvenu  à 
l'effrayer  sur  la  mesure  prise  rela- 
tivement  aux  biens  du  clergé.  La 
reine  avait  alors  deux  autres  con- 
seils, l'un  à  la  tête  duquel  se  trou- 
vait l'archevêque  de  Toulouse, 
M.  de  Fontanges,  et  l'autre  à 
Bruxelles,  que  dirigeait  le  baron 
de  Breteuil.  M.  Alexandre  La- 
meth et  ses  amis  parvinrent  à 
empêcher  uu  grand  nombre  de 
fausses  mesures^  et  à  en  faire  a* 


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4iîi  LA  M 

dopter  quelques-unes  de  favora- 
bles à  rétabU^se'ment  db  la  liber- 
té; mais  lès  conseils  des  courti- 
sans et  des  ennemis  de  la  révolu- 
tion ,  entraînèrent  Je  roi  et  la 
France  dans  les  malheurs  qui  ne 
tardèrent  point  à.arriver.  Dès  que 
la  guerre  fut  déclarée,  M.  Alexan- 
dre Lameth  rejoignit,  comme  ma- 
réchal'decamp,  Tannée  du-  Nord, 
commandée  parle  maréchal  Luck- 
ner.  Il  commanda  l'avant-garde 
de  cette  armée,  et  fît  tracer  le 
camp  de  Maulde,  qui  n'avait  ja- 
mais été  occupé  dans  aucune  dea 
guerres  prépédentes.  Il  était  em- 
ployé au  camp  ^e  Maubeuge  à 
l'époque  du  lo  août  ijga,  et  re- 
}oig[nit  M.  de  La  Fayette  qui  ve- 
nait de  prendre  le  commande- 
ment de  l'armée  du  Nord.  Ayant 
été  chargé  de  défendre  la  frontiè- 
re des  Ardennes^  il  avait  soii  quar- 
tier-général à  Mézièresj  lorsqu'il 
fut  décrété  d'accui>aiii)|ppar  l'as- 
semblée législative.  lï  quitta  l'ar- 
mée et  la  France,  avec  M.  de  La 
Fayette  et  un  assez  grand  nom- 
bre d'offlciers-généraux  et  supé- 
rieurs. On  connaît  tout  ce  qu'a  eu 
de  révoltant  et  de  barbare  la  dé- 
tention dont  il  a  été  la  victime,  a- 
vec  MM.  de  La  Fayette,  Latour- 
Maubourg  et  Bureaux  de  Fuzy.  La 
captivité  de  M.  Alexandre  Lameth 
a  duré  t  ans  et  5  mpis,  ses  fers 
.  n'ayant  été  brisés  qu'en  décembre 
1 795.  Au  commencement  de  1 796, 
il  se  rendit  en  Angleterre.  Mais 
le  gouvernement  inhospitalier  de 
ce  pays  lui  intima  l'ordre  de  quit- 
ter la  Grande-Bretagne ,  ordre 
qui  fut  inutilement  combattu  par 
le  célèbre  Fox.  Alors  il  se  r^êtlra 
à  Hambourg  avec  ;son  frère,  et 
tous  deuic  y  formèr^tit  une- mal-: 


LAM 

son  de  commerce  aVec  leur  ami 
M.  le  duc  d'Aiguillon.  Ils  sollici- 
tèrent, en  1797»  près  du  directoi- 
re-exécutif leur  radiation  de  la 
liste  des  émigrés;  n'ayant  pu  L'ob- 
tenir, ils  profitèrent  de  la  nnésin- 
teliîgence  qui   régnait  entre    les 
dfifférens  membres  du  gouverne- 
ment, et  de  la  tolérance  générale 
3ui  en  élait  la  suite,  pour  rentrer 
ans  leur  patrie,  au  mois  de  )uin 
de  la  même  année.  La  révolution 
du  18  fructidor  an  5  (4  septem- 
bre 1797)  les  contraignit  bientôt 
de  s'en  éloigner  encore.  A  la  suite 
des  événemcns  du  iS  brumaire 
an  8  (9  novembre  1 799),  ils  purent 
reparaître  sans  danger  sur  le  ter- 
ritoire français,  et  ils  obtinrent, 
du  gouvernement  consulaire,  en 
1800,  leur  radiation  définitive  de 
la  fatale  liste.  M.  Alexandre  La- 
meth Tut  nommé,  en  avril  1602, 
préfet  du  département  des  Basses- 
Alpes  et  membre  de  la  légion 
d'honneur,  etenfévrier  i8o5,  pré- 
fet du  département  de  Rhin-et- 
Moselle;  il  devint  ensuite  officier 
de  cet  ordre,  et  fut  appelé,  en 
1806,  à  la  préfecture  de  la  Roër, 
et  en  1809  à  celle  du  Pô.  Il  avait 
été  nommé  précé4efnment  maî- 
tre des  requêtes  etbarpn  de  l'em- 
pire. De  ses  nombreux  titres ,  le 
grade  de  général  est  le  titre  auquel 
il  a  toujours  attaché  le  plus  de  prix. 
Dévoué  à  sa  patrie  et  désintéressé 
dans  sa  fortune,  loin  d'augmenter 
son    patrimoine  si  considérable- 
ment réduit  par  la  révolution ,  il 
l'a  presque  entièrement  anéanti  par 
les   nombreux  sacrifices    qu'il  a 
faits  pour  soutenir  la  dignité  de 
ses  différentes  magistratures.  H  a 
su   également   soutenir   par  ses 
4ifférens  travaux   sous   le   goun 


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LAM 

Tememeat  impérial ,  la  brillante 
réputation  que  son  zèle,  ses  ta- 
lens  e%  son  patriotisme  lui  avaient 
méritée  à  l'assemblée  constituan- 
te, et  il  passe  à  juste  titre  pour  un 
des  bommes  d'état  et  un  des  ad- 
ministrateurs dont  la  France  doit 
le  plus  s'honorer.  Les  événemens 
poÙtiques  de  iSi4  forcèrent  M. 
Alexandre  de  Lameth  à  quitter  la 
préfecture  du  Pô.  A  son  retour  en 
France,  au  mois  de  mai  (  1814  ) 9 
il  fut  nommé  préfet  de  la  Somme 
et  lieutenant-général.  Napoléon  , 
pendant  les  centjours^  lui  conser- 
va les  mêmes  titres  et  fonctions , 
et  le  nomma  membre  de  la  cham- 
bre des  pairs.  M.  Alexandre  de 
Lameth  ne  cessa  pas ,  malgré  ces 
laveurs,  d^étre  fidèle  aux  princi- 
pes que,  4ès  la  commencement 
de  la  révolution  y  il  avait  mani- 
festés. Dans  la  séance  di^  atl  juin  , 
il  appuya  l'opinion  de  M.  Boissj- 
d'Anglas  relative  à  la  suppression 
du  projet  de  loi  de  police  et  de 
sûi*eté  générale.  Il  dît  :  «  Il  n'est 
«aucune  responsabilité  en  corps; 
»il  nous  faut  des  hommes  pour 
«répondre.  Je  conçois  les  motil^ 
«qui  ont  engagé  la  commission  à 
«adopter  la  résolution  textuelle" 
»de  la  chambre  des  représentans. 
»Je  sais  qu'on  doit  chercher  par 
•une  similitude  de  résolutions,  à 
»  entretenir  l'harmonie  entre  les 
«deux  chambres;  maisil  est  une 
«autre  considération  qui  doit  sur- 
«tout  nous  émouvoir,  nous  qui, 
«depuis  25  ans ,  avons  vu  tant  de 
«révolutions.  Cette  révolution-ci 
»  passer^  comme  toutes  les  autres; 
»mais  les  principes  ne  passant 
»  pas.  Les  lois  d'exception  ne  sont 
«jamais  que  desi  lois  de  partis.' 
»  Aujourd'hui  on  veut  vous  faire 


LAM'  4i5 

»  appliquer  des  mesures  rigoureu- 
«ses  aux  royalistes.  Qui  sait  si, 
«près  comme  nous  sommes  de 
«grands  événemens,  on  ne  se 
«prépare  pas  déjà  à  nous  poursui- 
«vre  avec  des  lois  dont  vous  ne 
Il  pourriez  vous  plaindre,  puisque 
»  vous-mêmes  les  auriez  fuites  ?  « 
Il  était  impossible  d'avoir  plus  de 
justice,  de  sagesse  et  de  pré- 
voyance. Après  la  seconde  restau- 
ration, au  mois  de  juillet  (181 5), 
M.  Alexandre  de  Lameth  resta 
sans  fonctions.  £n  1817,  il  apprit 
qu'un  grand  nombre  d'électeurs 
se  proposaient  de  lui  donner  leurs 
voix.  Il  se  hâta  de  déclarer  dans 
les  journaux ,  que  ne  payant  pas 
les  contributions  exigées,  ces  suf-  ' 
frages  n'auraient  point  d'objet. En 
1819,  M.  Alexandre  de  Lameth  a 
été  nommé  député  à  une  immen- 
se majorité,  par  le  département  de 
la  Loire -Inférieure.  Dans  le  cours 
des  4  sessions  qui  ont  eu  lieu  de- 
puis sa  nomination,  il  a  parlé  dif- 
férentes fois,  et  toujours  avec  cet- 
te supériorité  qui  l'avait  fait  re- 
marquer à  l'assemblée  constituan- 
te. Cette  illustre  assemblée  ayant 
été  l'objet  des  attaques  de  M.  de 
Serre  ,garde-des-sceaux,  M.  A- 
lexandre  de  Lameth  se  hâta  de  lui 
répliquer,  et  termina  son  discours 
par  ces  mots: «Au  reste,  je  n'ai 
«point  été  étonné  d'entendre  soi- 
^>tîr  des  injures  contre  l'assemblée 
«constituante,  de  la  même  bouche 
«qui  avait  proclamé  à  cette  tribu- 
«ne, que  la  majorité  de  laconven- 
«tion  avait  été  saine.  >>  Dans  la 
séance  du  a5  février  1821,  M.  de 
Labourdonnaie  apostrophant  le 
côté  gauche  par  ces  mots  :  c<  La 
«France  ne  veut  plus  de  vous  »; 
M.  Alexandre  de  Lameth  lui  ré-. 


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4i4 


LAM 


pondit  sur-le-champ  :  <r£t  de  qui 
»  donc  veut-elle  ?  Sei-ait-nce  de  Fé- 
»  migration  armée  ?  Mais  l'émigra-^ 
ntion  n'a-t-elle  pas  été  considérée 
»par  l'Europe  entière,  par  les  sou- 
»verains  eux-mêmes,  comme  une 
)>des  fautes  les  plus  graves  qui" 
»  puissent  être  enregistrées  .dans 
»  les  annales  de  l'histoire  ?  Serait- 
»ce  le  fameux  vœ  victis,  qui,  au 
»  reste,  ne  peut  être  invoqué  que 
»par  l'immoralité,  qui  serait  là 
»  pour  nous  faire  courber  la  tête  ? 
ttÔoblentz  a-t-il  vaincu  la  France? 
»Sont«ce  ses  armées  qui  ont  en- 
K  vahi  notre  territoire  P  £t  de  quel 
«droit  se  présenterait- on  ici  fen 
»  triomphateurs  ?  iiu  Cette  réponse 
énergique  produisit  une  vive  et 
profonde  impression.  M.  Alexan- 
dre de  Lameth  a  prononcé,  sur  la 
légitimité  et  sur  les  colonies^  deux 
opinions  qui  ont  été  imprimées. 
Dans  la  dernière  session  (i8aa), 
après  avoir  établi  que  les  minis- 
tres voulaient  faire  la  éontre-ré- 
volution ,  il  ajouta  :  «  Quels  sont 
«donc  les  antécédens  politiques 
M  des  hommes  qui  osent  tenter  une 
«telle  entreprise?  Sont-ce  des  Ri- 
1»  chelieu,  des  Ximenès,  des  Pom- 
nbals,  des  Ghoiseul?  Je  jette  les 
»  yeux  sur  le  banc  des.  ministres, 
»et  cette  vue  me  rassure.  »  M. 
Alexandre  Lameth  a  publié  plu- 
sieurs écrits  en  faveur  de  la  liber- 
té. En  1798,  pendant  son  séjoui' 
à  Hambourg,,  il  a  fait  avec  le  gé- 
néral Mathieu- Du  mas,  le  Précis 
des  évènemens  militaires ,  ouvrage 
qui  eut  alors  le  plus  grand  succès. 
Depuis  son  retour  en  France ,  il  a 
composé  un  écrit  sur  le  projet  de 
loi  d'élection  du  5  février,  qu'il 
blâmait  comme  n'admettant  pas 
un  assez  grandnombre  de  citoyens 


LAM 

à  Fexercice  des  droits  politiques^ 
et,  par  conséquent ,  n'intéressant 
pas  assez  la  nation  au  maintien 
de  ses  droits.  Enfin  on  lui  doit 
différens  articles  d'économie  po- 
litique, insérés  dans  la  Minerve 
françûise ,  .  et  un  grand  nombre 
d'articles  dans  d'autres  journaux, 
notamment  dans  le  Constitution'^ 
nel,  articles  qui  ont  été  remar- 
qués de  tous  les  hommes  instruits, 
et  qui  ont  produit  le  meilleur  effet 
sur  l'esprit  public. 

LAMETH  (Théodore),  né  le  a4 
juin  1766,  entra,  en  1770,  au  ser- 
vice de  la  marine,  où  il  fut  en- 
seigne de  vaisseau  a^H'ès  avoir  fait 
plusieurs  campagnes ,  notamment 
celles  d'évolution  dans  les  esca^ 
dres  commandées  par  les  amiraust 
d'Orvillier  et  de  Guîchen.  Passé,  en 
1 774»  capitaine  au  régiment  Royal 
cavalerie,  en  1778,  il  remplit  au 
camp  de.  Vaussieux  commandé 
par  le  maréchal  de  Broglie,  les 
fonctions  d'aide  -maréchal -  géné-^ 
rai  des  logis  de  l'armée.  La  guerre 
s'étant  déclarée,  il  obtint  de  se 
rendre  en  Amérique,  où  il  fut  bles- 
sé au  combat  de  la  Grenade.  CHar^ 
gé  par  le  comte  d'Estaingde  com- 
munications importantes  avec  le 
ministre  de  la  marine,  il  revint  en 
France,  où  il  fut  nommé  colonel 
à  la  suite  des  dragons,  et,  succes- 
sivement, colonel  en  second  du 
régiment  du  Mestre-de-camp- gé^ 
néral  de  la  cavalerie  et  dans  la 
même  armée,  colonel-comman- 
dant des  régiments  Royal-Piémont 
et  Royal-Étranger.  En  1791,  son 
rang  d'ancienneté  le  port^au  rang 
de  jEnaréchal-de-camp  et  au  com- 
mandement d'une  brigade  de  ca- 
valerie. M.  Théodore  Lameth  fut 
un  des  quatre  colonels  chargea  de 


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LAM 

la  fonnation  de  l'ordonnance  des 
manœuvres  des  troupes  à  cheval 
encore  en  usage  aujourd'hui.  Son 
expérience  dans  cette  arme,  son 
instruction   et  son  zèie  auraient 
pu  postérieurement  être  utilement 
employés;  mais  une  réponse  que  Je 
premier  consul  trouva  trop  fière, 
et  que  sa  conduite  ne  désavoua 
point,  le  fit  mettre  à  l'écart,  et, 
dès-lors 9  il  ne  fut,  par  la  suite, 
que    momentanément   employé. 
En  18149  ce  général  était  depuis 
long-temps,  par  son  ancienneté, 
le  second  maréchal- de -camp  de. 
toute  l'armée  :  néanmoins  il  ne  fut 
pas  compris  dans  les  nombreuses 
promotions  de  lieutenans- géné- 
raux qui  eurent  lieu  à  l'ordinaire; 
au  contraire,  il  fut  mis  en  retraite. 
En  1 790,  l'estime  et  l'affection  des 
habitans  du  Jura,  où  il  était  pro- 
priétaire, l'avaient  fait  élire  prési- 
dent de  l'administration  générale 
du  Jura,  et,  l'année  suivante,. dé- 
puté à  l'assemblée  législative.  Cet- 
te bienveillance  ,  ainsf  que  celle 
des  Bourguignons,  était  particu- 
lièrement la  sui^e  des  importans 
services  que  son  régiment  (Royal- 
Étrangor,  7"*  de  cuirassiers)  ayait 
rendus  dans  leurs  provinces,  en 
y  maintenant   la   paix   dans  des 
temps  orageux ,  par  sa  sagesse , 
sa  subordination  et  sa  fermeté. 
Comme  administrateur,  M.  Théo- 
dore Lameth  se  fit  remarquer  par 
son  zèle  pour  les  intérêts  du  Jura, 
par  son  dévouement  à  la  véritable 
liberté,  sa  modération  et  l'énergie 
avec  laquelle  il  s'opposa  à  tous  les 
désordres.  Comme  député,  il  dé- 
fendit avec  courage  et  persévé- 
rance la  constitution  de  1791.  Il 
siégeait  au  côté  droitde  la  chambre 
des  députés^  où  se  réunissaient  alors 


LâM  41 5 

ceux  qui  voulaient  demeurer  fidè- 
les à  leur  serment.  Appelé  au  co-* 
mité  de  la  marine,  dans  laquelle 
il  avait  servi.  M,  Théodore  La- 
meth fut  chargé  Me  rédiger  une  or- 
ganisation de  l'artillerie  et  de  l'in- 
fanterie  de  ce  corps.  Elle  fut  adop- 
tée par  l'assemblée,  à  la  suite  d'un 
rapport  qui  présentait  des  notions 
peu  connues  sur  une  si  importante 
partie  de  la  force  publique,  qui  en 
temps  de  paix,   non  moins  que 
pendant  la  guerre ,  acquiert  sans 
cesse  des  titres  à  l'attention  et  la 
justice  du  gouvernement.  A  l'é- 
poque du  2  septembre  179a  (ainsi 
que  l'a  rappelé  M.  le  comte  de 
Boissy-d'Anglas,  pair  de  France, 
dans  la  vie  de  M.  de  Malesherbes), 
dans  un  moment  où  l'effroi  arrê- 
tait tout  efibrt,  toutes  réclama- 
tions, M.  Théodore  Lameth  fit  en- 
tendre à  la  tribune  les  accens  de 
la  justice  et  de  l'humanité  révol- 
tée. A  la  dernière  séance  de  l'as- 
semblée  législative,   il  y  monta 
de   nouveau    pour    défendre   M. 
Charles  Lameth,  détenu  au  secret 
dans  les  prisons  de  Rouen.  Malgré 
la  défaveur  qui  environnait  alors 
les    hommes    modérés  ,    il    eut  - 
l'inexprimable  bonheur  de  sauver 
son  frère.   En    1793,  le  général 
Lameth,  poursuivi  comme  tous 
les  constitutionnels,  fut  obligé  de 
quitter  sa  patrie  ;  mais  il  s'arrêta 
en  Suisse,  où  il  porta  toujours  les 
couleurs  de  la  liberté;  surla  froa- 
tière  du  Jura,  du  département  où 
l'amitié  et  la  reconnaissance  lui 
conservaient  des  souvenirs  et  lui 
offraient  les  moyens  de  servit  les 
malheureux,  il  en  usa  sîins  cesse; 
ses  ennemis ,  ceux  de  ses  frères  , 
pourraient  l'attestier,  ainsi  que  se^ 
efforts  à  l'aurore  du  repo$  pour 


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4i6 


LAI^I 


leur  faire  recouvrer  leur  patrie  et 
leur  fortune.  M.    Théodore   La- 
melh,  élu  en  i8i5  parle  départe- 
ment de  la  Somme 9  siégeait  avec 
les  députés  .qui  s'opposèrent  aux 
réactions,  et  qui ,  sous  les  baïon- 
nettes des  étrangers,  entourèrent 
l'autel  de  la  patrie  pour  lui  jurer 
une  éternelle  fidélité.  W.  Théodore 
Lameth  s'est  toujours  distingué, 
dans  sa  vie  publique  comme  dans 
sa  privée,  par  l'honorable  réunion 
d'une    grande   fermeté  et   d'une 
constante   modération.   Servir  la 
liberté  de  son  pays  et  contribuer 
au  bonheur  de  ses  concitoyens, 
tel  a  été  l'emploi  de  toute  sa  vie. 
XAMETH  (Alfred  ET  Adolphe). 
Nous  ne  quitterons  poiiir  un  nom 
si  cher  à  la  cause  constitutionnelle 
et  à  la  profession  des  armes,  sans 
jeter  quelques  fleurs  sur  la  tom- 
be creusée  en  terre  étrangère ,  de 
deux  jeunes  Lameth,  neveux  des 
précédens  :  -— ^Alfred  Lameth,  na- 
quiteni^S^fentra  en  iSoor  dans  les 
volontaires  du  premier  consul  Bo- 
naparte, et  partit  sur-le-champ 
dans  le  corps  d'armée  commandé 
par  le  général  Brune,   quî,   au 
milieu  dés  glaces  et  des  précipices, 
traversa  le  Splugel.  Après  cette 
campagne  périlleuse,  il  fut  nommé 
lieutenant  dans  le  cprp^  des  cara- 
biniers. Devenu  capitaine,  il  fut 
aide-de-camp  du  maréchal  Soult, 
et  parvint,  aprè?  plusieurs  cam- 
pagnes sous  cet  illustre  guerrier, 
au  grade  de  chef  d'escadron  dans 
la^  garde  impériale.  Il  accompa- 
gna en  Espagne,  comme  aide- 
de-camp,  Joachîm  Murât,  grand- 
duc  de  Berg,  et  se  signala  par 
son  intrépidité  dans  une  révolte 
de    la*   ville    de   Madrid    contre 
les  Français.  A  23  ans,  il  avait 


LAM 

déjà  fait  sept  campagnes,  et  dans 
toutes  s'était  fait  remarquer  au- 
tant par  son  intelligence  militaire 
que  par  sa  bravoure.  Deux  fois  il 
avait  été  blessé,  l'une  sous  les 
yeux  de  l'empereur,  qui,  le  croyant 
tué,. avait  exprimé  ses  regrets  sur 
sa  perte.  Envoyé  en  Espagne,  et 
se  trouvant  seul  avec  un  de  ses 
camarades  et 'deux  chasseurs 9  il 
fut  massacré  par  un  parti  nom- 
breux de  guérillas.  Alfred  Lameth 
fut  généralement  et  vivement  re- 
gretté par  toute  Tannée,  dont  il  é- 
tait  chéri  pour  la  réunion  des  qua- 
lités les  plus  aimables,  une  valeur 
brillante  et  un  esprit  également  gai 
et  original. — Adolphe  Lambtb  en- 
tra à  Tâge  de  1 5  ans  dans  la  marine. 
A  17,  il  montra  une  intrépidté  re- 
marquable lorsque  l'armée  fran- 
çaise succomba  à  Saint-Domingue. 
Commandant  d'une  petite  embar- 
cation ,  comme  aspirant  de  la  ma- 
rine ,  il  retourna ,  au  milieu  des 
coups  de  fusil  et  de  la  mitraille, 
jusqu'à  quinze  fois  sur  le  rivage 
pour  sauver  les  blancs  exposés  aux 
plus  imminens  dangers.  Revenu 
en  France,  il  allait  entrer  au  ser- 
vice de  terre,  lorsque  Tamiral 
Villaret-Joyeuse,  qui  l'aimait  et 
le  traitait  comme  son  fils,  le  déci- 
da à  retourner  avec  lui  en  Améri- 
que. Il  périt  victime  de  la  fièvre 
jaune  dans  l'île  de  Sainte-Lucie. 

LAMIBAL  ( Dominique  Har- 
gourt),  né  ij^Lyod,  département 
du  Rhône,  vers  l'année  i75o,  a 
publié  quelques  ouvrages  sur  l'A- 
frique, et  particulièrement  sur  les 
possessions  françaises  au  Sénégal. 
Destiné  par  sa  famille  à  suivre  la 
carrière  du  commerce  et  des  fa- 
briques, il  préféra  l'état  militaire, 
et  s'engagea  dans  le  régiment  de 


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LAM 

ProTence;  Ce  corps  était  en  gar- 
nison au  Havre,  et  Lamiral  s'y 
faisait  reiharquer  par  son  zèle  et 
son  exactitude  à  remplir  •  ses  de- 
voirs. M.  Eyriès  •  lieutenant  de 
vaisseau,  lui  ayant  reconnu  des 
talens  distingués  pour  le  dessin 
et  la  levée  des  plans,  une  belle  é- 
criture  et  une  instruction  peu 
commune,  lui  fit  obtenir  son  con- 
gé qu'il  paya  de  ses  propres  de-  ^ 
jiiers,  et  le  prit  pour  son  secrétai- 
re. Il  n'eut  qu'à  se  louer  de  son 
clioix;  et  lorsque  cet  officier,  après 
la  conquête  du  Sénégal  par  les 
Français,en  1779,  eut  été  nommé, 
par  lé  roi ^  commandant  et  admi- 
nistrateur de  ce  pays,  Lamiral  ré- 
sida près  de  lui  en  qualité  d'agent 
de  la  compagnie  de  la  Guiane  en 
Afrique.  £n  1781,  M.  Eyriès  quit- 
ta le  Sénégal  pour  servir  en  Es- 
pagne. Son  protégé  resta  dans  la 
colonie,  et  ne  revint  en  Europe 
qu'en  1783;  deux  ans  après,  il  y  re- 
tourna comme  agent  de  la  même  - 
compagnie,  qui  avait  obtenu  le 
commerce  exclusif  de  ces  con- 
trées. La  fortune  avait  rendu  La- 
miral prodigue;  il  mécontenta  ses 
chefs,  qui  le  i^âppelèrent  en  1787. 
La  révolution  fut  tour-à-tour  fa- 
v<irable  et  funeste  à  Lamiral  ;  pen- 
dant le  régime  de  la  terreur,  il 
fut  poursuivi ,  arrêtéf^  relâché  , 
incarcéré  de  nouveau ,  et  enfin 
rendu  une  seconde  lois  à  la  liber- 
té. Il  occupa,  en  sortant  de  prison, 
un  emploi  dans  une  administra- 
tion publique,  et  mourut  au  mois 
de  septembre  1796.  Il  a  publié  :i'' 
r Afrique  et  le  peuple  africain  con- 
sidérés sous  tous  Leurs  rapports 
avec  notre  commerce  et  nos  colonies, 
etc.,  Paris,  1  vol  in-8%  avec  6 
igures    et .  une    carte.   L'auteur 


LÀM 


417 


présente  dans  cet  ouvrage  à  l'as-  * 
senhiblée  des  états-généraux,  les 
réclamations  et  les  griefs  des  ha- 
bitans  du  Sénégal  contre  la  com- 
pagnie privilégiée,  dont  il  se  plaint 
avec  amertume,  et  qui  fut  en  effet 
supprimée  en  1791.  Si  la  passion 
s'y  montre  quelquefois  k  décou- 
vert,et  rend  Lamiral  injuste  envers 
la  compagnie  dont  il  était  l'agent, 
on  ne  peut  néanmoins  méconnaî- 
tre l'utilité  de  la  plupart  de  ses 
vues.  Il  y  joint  des  observations 
piquantes  et  un  très-grand  nombre 
de  faits  nouveaux  et  curieux.  La 
relation  de  son  voyage  à  Galam^ 
qu'il  fit  par  eau,  contient  aussi  des 
détails  intéressans,  et  offre  des 
avis  utiles  adressés  aux  personnes 
qui'  font  le  commerce  d'Afrique. 
Lamiral  a  encore  fait  imprimer,e^ 
1791  :  Mémoire  sur  le  Sénégal,  1 
volume  in-4%  dans  lequel  il  traite 
à  fond  de  l'administration  et  du 
commerce  de  ce  pays.  Les  vérita- 
bles intérêts  de  la  France,  comme 
ceux  de  ses  colonies  lointaines,  se 
trouvent  parfaitement  développés 
dans  cet  ouvrage,  aussi  bien  pen- 
sé que  bien  écrit. 

LAMOIGNON  (<:Hi»LEs-FaAif- 
çois  DE  ),  garde -dcs-sceaux  pen- 
dant lé  règne  dé  Louis  XVI,  et 
chancelier  de  l'ordre  du  Saint-Es- 
prit, naquit  à  Paris,  le  18  décem- 
bre 1735.  Issu  d'une  ancienne  fa- 
mille dont  plusieurs  membres  a- 
vaient  illustré  la  magistrature  ,  il 
suivit  la  même  carrière  et  devint, 
jeune  encore,  président  à  mortier. 
Il  se  prononça  avec  énergie  contre 
les  mesures  arbitraires  du  chan.- 
celier  Meaupou ,  et  fut  exilé  avec 
le  parlement  de  Paris  en  1773. 
Rappelé  dès  les  premiers  jours  du 
règne  de  Louis  \S\x  îl  ^^  montra 
27 


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4>» 


Um 


de^â  eette  époque  coastamaii^Qt 
4éYQiié  à  la  cour  9  et  9e  trouva 
souvent  en  opposition  avec  la 
majorité  des  ndembres  du  parle- 
ment. Jd.  de  Lamoigoon  fit  partie 
de  la  première  aâseioblée  des  no-? 
^able;^  convoqués  par  le  roi,  en 
1 785J ,  et  fut  nommé  ^arde-des- 
sceaut](  ea  retpplacemeut  de  M. 
BuedeMiroinénii.  Lié  intimement 
avec  l'archevêque  de  Toulouse  , 
lioméaie  de  Brienne ,  depuis 
cardipal  et  archevêque  de  Sens, 
que  le  roi  venait  de  nommer  son 
principal  ministre  »  M.  de  Lamoî- 
gHiOa  appuja  ses  mesuresT^etcon* 
courut  avec  lui  aus  édit^  du  tira- 
hc0  et  de  la  subvention  territoria- 
le, édits  que  le  parlement  refusa 
d'eoregisirer,  malgré  le  lit  de 
justice  teBu  à  Versailles,  le  6  août 
17^7.  Pour  punir  le  parlement  de 
Paris  4e  sa  résistance ,  il  fut  exilé 
à  Troyes;  Monsieur»  ft^th  du  roi, 
et  te  comte  d'Artois^  se  rendirent 
ensuite  le  premier  à  la  chambre 
des  comptes,  et  le  second  à  la 
cour  des  aides ,  pour  y  faire  en^ 
registre?  les  édits«  Le  parlement, 
ennemi  du  garderdes-sceaum ,  a-* 
vait  fait  proposer  par  Tévêque  de 
Rennes  ,  au  cardinal  ministre , 
d'accorder  Tenregistrement  si  M. 
de  Lamoigoon  était  renvoyé;  oiais 
cette  cooditîoa  ayant  été  rejetée, 
la  lutte  entre  le  parlement  et  le 
ministère  continua  avec  une  gran* 
ée  violence.  Les  deux  édita  forent 
révoqués  le  19  septembre ,  et  le 
parlement  fut  rappelé  à  Paris  le 
ao;  mais  les  ministres  trouvèrent 
des  magistrats  aussi  insensibles  à 
h  faveur  qu'à  la  disgrâce.  Les  lit» 
de  |udti$e  se  succédèrent  en  vain  ; 
on  menaça  d'arriter  les  membre» 
tes  i^us  distingués' du  pademeat 


au  sein  même  de  leur  assemblée, 
et  l'on  assure  que  plusieurs  ofliciev» 
gentilshommes  déclarèrent  qu'ils 
n'obéiraient  point  aux  ordres  qui 
leur  seraient  donnés,  sli  s'agissait 
d*arrôter  las  magistrats.  Mais  M. 
d'Agoult  exécuta  enfin  oet  ordre, 
entra  avec  des  gardes-du^orps  au 
palais  où  toutes  les  chambres  du 
parlement  étaient  réunies,  et  saû- 
sit  MM.  d'Eprémenil  et  Monsa- 
bert,  au  .milieu  de  leurs  collègues 
consternés,  qui  protestèrent  en 
vain  contre  cet  acte  de  l'autorité.. 
L'abbé  Sabatbier  de  Cabre  fut 
aussi  mis  en  prison  pour  avoir  le 
premier  demandé  la  Aonvoca- 
tion  des  états-^généraux  :  mats  ce 
mot  une  fois  prononcé,  le  vœu  en 
devint  bientôt  géaér^;  ropîoion 
de  la  France  entière  se  manifesta; 
les  parlemens  déclarèrent  qu'ils 
n'avaient  pas  le  droât  d'enregis- 
trer de  nouveaux  impôts;  et  le 
ministère,  après  avoir  tenté  sans 
succès  l'établissement  dHine  cour 
plcnière,  pour  remplacer  le  par- 
lement «de  Paris,  fut  foreé  décé- 
der, et  de  promettre  au  aom  du 
roi  la  convocation  de  ces  état»*gé- 
nérauxsi  vivement  réclamée  ée 
toutes  parts.  La  longue  lutte  dan» 
laquelle  le  ministère  s'était  impru^ 
demment  engagé ,  et  qu'il  n'avait 
soutenue  cfêt  par  des  coups  d'état 
devenus  de  plus  en  plus  odieux , 
amenèrent  sa  chute.  Les  princes 
eus-mémes  allèrent  demander  au 
roi  le  renvoi  de  l'archevêque  de 
Sens.  M.  de  Lamoignon  succom- 
ba avec  son  ami;  les  sceaux  lui 
furent  ôtés  et  donnés  à  M.  9areii- 
tin;  il  se  retira  alors  dans  sa  terre 
de  Baville,  et  le  16  mai  1789,  il 
fut  trou  ré  mort  dans  son*  parc, 
ayant  à  côté  de  lui  son  fusîL  L'o- 


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pinion  qu'il  s'était  tué  lui-mênse 
prévalut  généralement  siMes  as-* 
serttons  de-  quelques  auiis  »  qui 
prétendirent  que  sa  mort  avait  é- 
té  causée  par  «n  accident  de  chas- 
se'. Il  laissa  3  fils  :  Tainé  était  con« 
»  seijler  au  parlement,  le  second 
périt  dans  la  malheureuse  expé^ 
dîitîon  des  émigrés  à  Quiberon, 
et  le  troisième  est  aujourd'hui 
pair  de  France.  (  Voytz  l'article 
ci-après.  ) 

I4AMOIGNON  (  ChEISTIAK,  VI- 

coMix  DE  ),  fils,  puîné  du  précé-t 
dent,  appelé  par  le  roi  à  la  cham- 
bre des  pairs,  le  17  aoOt  18149 
a¥ait  émigré  dès  le  commence- 
ment de  la  révolution.  Il  se  trou- 
Ta  avec  son  frère  à  Quiberon ,  et 
fut  bleësé  pendant  le  combat; 
mais  il  eut  le  bonheur  de  pouvoir 
se  rembarquer  et  retourna  en  An* 
gleterre.  Il  ne  renti^a  en  France 
qu'après  l'établissement  du  gou<- 
Yernencient  consulaire ,  et  épousa, 
peu  de  temps  après,. sa  nièce, 
sceor  du  comte  Mole,  ministre 
de  Napoléon,  et  quii'a  été  depuis 
de  Louis  XVIII.  M.  de  Lamoi- 
gn^n  fut  nommé,  le  fi6  mars 
1812,  membo^e  du  censeil-r général 
du  département  de  la  Seine,  et 
accepta  cette  place  quoique  peu 
importante.  Le  nom  de  M.  Chris- 
tian de  Lamoignon  se  trouve  au  bas 
de  la  célèbre  adresse  que  ce  conseil 
Tota  à  l'unanimité  après  la  défec- 
tion des  Prussiens  ,  •  et  qui  fut 
présentée  à  Napoléon  le  12  jan- 
TÎer  i8i5;  mais  après  lesévéne*- 
mens  de  l'année  suivante,  00  a 
réclamé  contre  cette  signature,  et 
avancé,  dansl-intérêt  1^  M. de  La- 
moignon, qu'il  ne  s'était  point 
trouvé  présent  à  l'assemblée  où 
cette  adresse  fut  arrêtée.  Il  sigoa 


celle  rédigée  par  H.  Bellîillt,  le 
i"  avril  T 8 14,  contre  Napoléon,  et 
fut  nommé  par  le  roi  chevalier  dé 
la  ]égion*d'honneur  et  membre 
de  lu  chambre  des  pairs.  N'ajnnt 
point  fait  partie  de  la  chambre 
haute  formée  pondant  les  cent 
jours f  en  181 5,  il  rentra  de  droit 
dans  celle  que  le  roi  composa  lors 
de  la  seconde  restauration.  Mem- 
bre de  la  commission  spéciale 
chargée,  au  mois  d'arnil  1816,  de 
l'examen  du  projet  de  loi  pourTa-r 
bolition  du  divorce,  il  devint  le 
i*apporteur  de  cette  commission, 
et  soutint  que  l'immoralité  du  di- 
vorce et  son  origne  révolutionnai- 
re devaient  le  faire  abolir  en 
France,  quoiqu'il  se  trouve  admis 
dans  plusieurs  autres  pays  de 
l'Europe,  dans  presque  toutes  les 
religioi»,  et  même  de  temps  im- 
mémorial parmi  les  catholique» 
de  Pologne.  M.  de  Lamoignon  sa 
prononça  avec  une  extrême  cha- 
leur contre  le  ministère  du,  roi, 
en  1819,  et  fut  un  des  membres 
les  plus  ardeos  de  cette  majorité , 
dont  on  crut  devoir  diminuer 
l'influence  menaçante  par  l'or- 
donnance du  5  septembre,  et  par 
la  création  d'ua  grand  nombre  de 
nouveaux  paii^.  £ette  nomlnatioa 
eut  lieu  le  $  mars  suivant,  et  dans 
âne  séance  extrêmement  orageuse, 
le  lendemain,  dans  la  chambre 
des  pairs,  M.  de  Lamoignon  pre* 
posa  une  adresse  au  roi,  afin  d'ex-* 
primer  «  le  regret  avec  lequel  la 
»  chambre  haute  voyait  l'augmen^ 
station  du  nombre  de. ses  loem-* 
»bres.  »  Celte  proposition  fut  d'a^ 
bord  prise  en  considération;  mais 
après  d'assez  vifs  débats,  elle  fut 
Bejetée,  la  chambre  reconnais- 
sant que   le  droit  de  créer  deç^ 


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4^0  l/^U 

pairs  faisait  partie  de  la  préroga- 
tive royale, 

LAiMOlGNON    DE    MÂLES- 

HERBËS.    (^0/^2:  MlLESHERBES.) 

LAMONTAGNË  (PiEaaB  de), 
homme  de  lettres^  a  publié  entre 
autres  outrages  :  i*  la  Lévite  con' 
quise,  poëme  en  2  chants,  in- 
8*»,  1782;  2*  ia  Th^âtromanie^ 
comédie  en  2  actes  et  en  rers, 
in-8*,  1783;  5*  l'Enthousiasme, 
comédie  en  2  actes  et  en  vers, 
in-8%  1784;  4»  la  Fisite  d'été,  ovl 
Portraits  modernes^  par  l'auteur 
de  G.  Bfittemanet  M  aria  ^  traduc- 
tion de  l'anglais,  1 788,  2  vol.  in- 
12;  5®  Mémûires  relatifs  à  l'état 
de  Clndej  par  M.  flastings,  tra- 
duits du  persan  et  de  l'anglais,  par 
MM.  Langlès  et  de  Lamontagne , 
in-8',  1788;  6"  De  l'influence  des 
passions  sur  les  maladies  du  corps 
humain,  par  Falconer,  traduction 
de  l'anglais^  in-8°,  1 788;  7*  Poé' 
sies  diverses,  in-8*,  1789;  8*  Cor* 
nelia  Sedley^  ou  Mémoires  dune 
jeune  veuve,  traduction  de  l'an- 
glais, 4  ▼<>ï*  in-ia,  1789;  9'  Ara- 
belle  et  Altmnont,  tragédie,  in-8% 
1792;  lo**  Traduction  de  plusieurs 
ouvrages  de  Xénophon,  insérée  à 
lu  suite  de  la  vie  de  cet  historien^ 
par  M.  de  Fortia;  W  Elhelinde , 
eu  la  Recluse  du  lac^  par  Charles 
Smith,  traduction  de  l'anglais,  in- 
8*,  1796;  12*  Discours  prononcé 
lors  de  la  cérémonie  de  la  translH" 
tion  des  cendres  de  Michel  Montai- 
gne,  1801;  15**  /a  bataille  de  jUa- 
rengo,  ode,  în-8%  1808;  i4'  ies 
saints  Stigmates,  in-8%  1810;  i5* 
tes  Oreilles  d*âne,  conte ,  în-8", 
t8i4;  16*  la  Mort,  ode  philoso- 
phique, in-8%  1816. 

LAMONTAGNE  (J.  L.),  fr^re 
du  précédent,  et  comme  lui  hom* 


LAM 

me  de  lettres,  a  publié  les  ouvra^' 
ges  suNbns  :  i*  rOrpheliri  polo- 
nais, tragédie  en  5  actes  et  en 
vers  ,  in  -  8**,  1801  ,  2"'*  édi- 
tion, 1812,  in-8";  2"  leCulteréta' 
bit  y  ode  à  Napoléon  Bonaparte, 
in'8",  1802;  5"  C Europe  vengée  ,  * 
ode  à  l'empereur  et  roi,  in-8% 
1 808;  4*  '^  Cri  des  Français,  di- 
thyrambe, 18145  iu-8*';  5*  Ode  sur 
la  campagne  faite  par.  la  légion  de 
Mirabeau  en  1793,  in-8',  i8i4; 
6*  Anniversaire  du  ^\  janvier,  in- 
8%  1816. 

LAMORANDIÈRE  DE  RO- 
BERT (le  baron  ETiEimE- Fran- 
çois), né  le  i3  décembre  1769, 
embrassade  bonne  heure  l'état  mi- 
litaire. Après  avoir  fait  les  premiè- 
res campagnes  de  la  révolution,  il 
servit  en  Espagne  en  qualité  de 
colonel,  et  donna  des  preuves  é- 
clatantes  de  valeur  au  combat  de 
Villa  del  Orio.  En  i8i3,  il  fut 
fait  général  de  brigade ,  et  le  22 
août  1814?  le  roi  lui  donna  la  croix 
de  Saint-Louis.  Dans  les  cent  jours. 
Napoléon  lui  confia  le  comman* 
dément  des  gardes  actives  de  la 
6"*  division  militaire.  Depuis  cette 
époque ,  il  n'est  plus  compris  au 
nombre  des  officiers  supérieurs  en 
activité. 

LAMORLIÈRE  (  Alexandre  ), 
lieutenant-général  des  armées  du 
roi ,  grand'croix  de  l'ordre  royal 
et  militaire  de  Saint-Louis,  naquit 
vers  1707,  et  mourut  en  1793.  Il 
était,  au  commencement  de  la  ré- 
volution, d'un  âge  très-avancé,  et 
allait  prendre  sa  retraite  lorsque, 
en  1791,  il  fut  nommé  par  le  roi, 
en  considération  de  ses  anciens  et 
honorables  services,  commandant 
de  la  division  d'armée  qui  occu- 
pait les  départemens  de  l'Allier, 


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LAM 

de  rindre ,  de  la  Vienne  et  de  la 
Creuse.  Dévoué  au  roi ,  mais 
n'ayant  plus  assez  d'énergie,  il  se 
laissa  tuur-à-tour  subjuguer  par 
les  partis  qui  divisaient  déjà  la 
France.  -  Son  aide-de-camp,  atta- 
ché au  nouvel  ordre  de  choses,  et 
qui  était,  pour  le  général  Lamor- 
lière,  une  espèce  de  mentor,  l'en- 
traîna enfin  du  coté  populaire. 
Ce  général  passa,  en  1792,  au 
commandement  de  l'Alsace,  et  se 
trouvait  dans  cette  belle  provin- 
ce lorsque  la  guerre  éclata  en- 
tre la  France  et  l'Autriche.  Dans 
le  mois  de  juin  de  la  même  an- 
née, le  général  Lamorlière  adres- 
sa ,  à  l'assemblée  législative ,  des 
plaintes  contre  Tinsubordination 
de  ses  troupes,  et  contre  le  minis- 
tre Servan,  qui  l^avaît  traité  avec 
une  extrêriîc  légèreté,  sans  égard 
pour  son  grade,  et  pour  son  âge 
alors  plus  qu'octogénaire.  Le  4  juil- 
let suivant,  il  fit  arborer  àses  trou- 
pes le  drapeau  tricolore,  et  écri- 
vit au  roi  :  «que  si  le  chef  suprê- 
»  me  de  la  nation  et  de  l'armée  a- 
«Talt  besoin  de  son  appui.  Tarmce 
»  saurait  se  montrer  fidèle  à  ses 
Dsermens.a  Ce  fut  à  cette  époque 
qu'il  devint  grand'croix  de  l'or- 
dre de  Saint-Louis;  destitué  et 
mis  à  la  retraite  en  1793,  il  mou- 
rut dans  la  même  année. 

LAMOTHE    (ÉTlENîîE-AtJGUSTB 

Goulet,  baron  de  ),  lieutenant-gé- 
néral ,  commandant  de  la  légion- 
d'honneur  et  chevalier  de  Saint- 
Louis,  né  à  Paris,  le  5  avril  1772. 
Entré  jeune  au  service  militaire, 
il  se  distingua  par  sa  bravoure  à 
l'armée  d'Italie,  et  fut  nommé  ca- 
pitaine sur  le  champ  de  bataille. 
Après  raffaire  du  Mincio,  il  devint 
âide-de-camp  du  général  Oudinot. 


LAM 


42t 


Colonel  du  4""  régiment  de  dra- 
gons, il  fit,  à  la  tête  de  ce  corps  , 
plusieurs  charges  brillantes  à  la 
bataille  de  Friediand  ,  le  i4  juin 
1807  ,.se  précijpita  sur  une  batte- 
rie russe,  et  l'empoVta  le  sabre 
à  la. main,  fîonorablement  cité 
pour  sa  belle  conduite  ,  dans  le 
bulletin  officiel  de  cette  bataille,  il 
fut  bientôt  promu  au  grade  de  gé- 
néral de  brigade,  et  passa  Tannée 
suivante  à  l'armée  d'Espagne,  sous 
les  ordres  de  Masséna,  duc  de  Ri- 
voli. Le  général  Lamothe,  de  re- 
tour à  Paris  eu  1812,  se  trouvait 
logé  dans  la  même  maison  que  la 
femme  du  général  Mallet,  et  son 
nom  se  trouva  cité  dans  la  cons^ 
piration  de  ce  dernier,  de  laquel- 
le il  n'avait  cependant  eu  aucune 
connaissance.  Nul  indice  n'ajant 
pu  le  faire  mettre  en  cause,  il  n'en 
fut  pas  moins  momentanément 
disgracié  par  Napoléon ,  et  mis  à 
la  retraite.  Cependant,  vers  la  fin 
de  son  règne,  l'empereur  le  remit 
en. activité,  et  le  général  Lamothe 
servit  encore  avec  distincticiiy 
pendant  la  campagne  de  1814  9 
dans  l'intérieur  de  la  France.  Il 
fut  nommé,  après  la  première 
rentrée  du  roi,  commandant  de  la 
légion -d'honneur,  chevalier  de 
Saint-Louis;  et  le  grade  de  lieute- 
nant-général, qui  Smi  avait  été  don- 
né parle  gouvernement  provisoire^ 
fut  confirmé.  Le  général  Lamothe 
s'était  rendu  à  Bordeaux,  en  1814  > 
lorsque  Napoléon,  à  son  retour  de 
l'Ile  d'Elbe,  venait  de  débarquer  à 
Cannes.  Chargé  par  M'^Ma  duches- 
se d'Angoulême,  qui  se  trouvait 
à  Bordeaux,  de  prendre  le  com- 
mandement de  la  place  de  Bajon- 
ne,  il  fit  preuve  de  sagesse  et  de 
fermeté    pendant    l'exercice   de$. 


/^ 


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4'Jtt 


LAm 


fooctioû^  délicates  qui  lui'  furent 
«confiées.  La  discijpHne  sévèrement 
maintenue^  et  Ténergie  de  ses  me- 
surcsy  sauvèrent  la  ville  de  Bajon^ 
ne  de  tout  trouble  intérieur,  et  les 
habitans  lui  en  témoignèrent  so- 
lennellement leur  reconnaissance. 
Le  général  Lamothe  fut  envoyé 
auprès  du  roi  dans  les  premiers 
jours  de  juillet  181 5,  chargé,  par 
la  plus  grande  partie  des  généraux 
et  des  officiers  de  l'armée,  d'une 
mission  importante.  Il  sollicita  à 
Cambrai ,  où  il  fut  présenté  à  ce 
prince,  la  conservation  des  dra- 
peaux et  de  la  cocarde  aux  trois 
couleurs.    Il   échoua   dans  cette 
négociation;  et  quelques  person* 
ne»  du  plus  haut  rang,  qui  jus- 
que-là avaient  été  des  mieux  dis- 
posées   en  sa  faveur,  lui  surent 
très-mauvais  gré  de  s'être  rendu 
l'organe  d'une  pareille  demande , 
et  lui  tvelirèrent  leur  haute  pro- 
tection. On  trouve  cependant  en- 
core son  nom  sur  la  liste  des  ofïi- 
ciers-généraux  en  activité  de  ser- 
vi^. M.  de  Lamothe  a  épousé  la 
jeune  veuve  du  général  Béchot,  et 
j^uit  d'une  fortune  indépendante. 
Lamothe    (Benoît),  homme 
de  lettres,  né  à  Paris,  a  publié  un 
recueil  de  poésies ,  intitulé  :  rjmi 
d'Éraio,  1788,  in-ia;  ies  Veillées 
dtn  presbytère,  %\x\^\t^(t Opuscules 
patriotiques  et   tiitéraires ,  1797, 
in-ia;  Méfnoites  de  miss  Bellamj, 
actrice  du  théâtre  de  Covenl-^ar- 
den,  A  Londres,  traduits  de  l'an- 
glar»  sur  la  4™*  édition,  1779^  1 
v©K    in-8";  Laurent  de   Médicis^ 
acte  héroïque  en  vers,  1 800,  in-  )  2; 
CaléMsme  des  muses  ^   ou  Jhré- 
gé  des   règles  de   la  versification 
français,  par  demandes  et  par  ré- 
ponses, 18a  I,  in-ia^  Élégie  ^ar  le 


LAM 

càlendrierrépubiicàin»  M.  Lamoihe 
a  aussi  ^té  le  rédacteur  de  tObser^ 
valeur  du  département  de  C  Yonne. 

LAMOTHE  (FfcANÇois),  après 
avoir  accompagné  deux  jeunes 
Anglais  dans  leurs  voyages,  a  pu- 
blié :  Voyage  dans  le  Nord  de  t' Eu- 
rope, etc. ,  avec  1 5  planches  et  une 
carte  de  la  Norwège,  18 15^  in-6*. 

LAMOTHE  (JxâNTfB  db  Lfk,  dc 
Sjlikt-Reht,  de  ¥alois  ,  costbssb 
db),  née  le  32  juillet  1756,  à  Fon- 
tette,  petit  village  de  Ui  ci-devant 
province  de  Champagne.  Cette 
femme,  qni  est  devenue  célèbre 
par  ses  intrigues  à  Versailles  ^  ses 
liaisons  avec  le  cardinal  de  Roban, 
et  un  procès  scandaleux,  naquit 
sous  le  chaume  et  dans  l'indigen- 
ce. Son  père,  quoiqu'il  portât  l'an- 
tique nom  de  Valois,  n'était  qu'un 
pauvre  paysan  qui  vivait  pénible- 
ment du  travail  de  ses  maîns.  M"* 
de  Bodàinviltiers  vit  un  jour,  de 
sa  terfasse,  une  petite  fille  asseï 
jolie,  succombant  sous  le  goids 
d'une  lourde  charge  de  fagots. 
Le  curé  de  la  paroisse,  qui  se  pro- 
menait aussi  avec  cette  dame,  lui 
dit  qu'on  conservait  dans  la  chau- 
mière du  père  de  l'enfant,  des 
papiers  curieux,  qui  paraissaient 
constater  que  leur  famille  des- 
cendait des  Valois.  On  raconte  que 
le  dernier  de  ces  Valois ,  dont  on 
ait  eu  connaissance,  habitait  la 
terre  de  Grosboi$;  que  venant  rare- 
ment à  la  cour,  Lnms  Xill  lai 
demanda  un  jour  ce  qu'il  faisait 
pour  rester  toujours  à  la  campa- 
gne; et  que  ce  M.  de  Valois  se  bor- 
ria  A  lui  répondre  :  Sire,  je  n*y  fais 
que  ce  que  Je  dois;  mais  que  de- 
puis on  découvrit  qu'il  faisait  à 
Grosb'ois  de  la  fausse  monnaie. 
M**    de    Boulainvilliers    slntc- 


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LA51 

.reMa  eu  sort  de  la  petite  paysan^ 
.ue,  qui  aktnonçait  de  Tesprit,  et 
qui  aTait  une  figure  agréable;  elle 
l  amena  chez  e^le  et  la  fit  élerer 
arec  toin.  Elle  chargea  auB»i  le 
juge  d'armes  de  la  noblesse  de 
Franee,  de  rechercher  la  Térîtabie 
origine  de  sa  jeune  protégi^e.  Le 
généalogiste  d'Hokîer^  après  une 
«xacte  investigation  des  titres  et 
papiers,  lui  donna  un  certificat, 
attestant  qu'elle  descendait,  par  la 
branche  des  comtes  de  Saint-Re- 
mj,  de  la  maison  rojale  de  Valois. 
Cette  auguste  origine  ne  lui  Val^Ut 
.pas  cependant  de  grandes  faYeuns 
À  là  coure  Madame,  belle-^sœur 
du  roi,  y  devint  à  peu  près  sa  seu- 
le protectrice^  et  lui  fit  obtenir 
une  mince  pension  de  12  ou  i5oo 
francs*  Elle  épousa  ensuite  un 
simple  garde>-du-cofps  de  Alon-- 
-sieur,  nommé  Lnmotho,  et  prit 
alors  le  titre  de  comtesse.  Ils  de*- 
meuraient  à  Versailles,  dans  une 
petite  auberge ,  à  renseigne  de  la 
Belle  Image.  Mais  la  jeune  com- 
tesse sut  bientôt  suppléer  par  ses 
talens  pour  Tintrigue,  à  ce  qui  lui 
manquait  en  fortune.  Sans  êtl'e 
régulièrejuent  belle,  elle  arait.de 
la  grâce  et  de  la  fraîcheur;  sa  phy- 
sionomie était  spirituelle;  elle  s'é^- 
nonçait  avec  facilité,  et  savait 
pi*eodre  au  besoin  lin  air  d'inno- 
DCBce  et  un  ton  dé  candeur  qui 
faisaient  découler  la  persuasion  de 
ses  lèvres.  La  naissance  et  les 
malheurs  d'une  descendante  des 
Valois,  firent  sur  l'âme  compatis- 
.sante  d'un  prince  de  l'église ,  la 
plus  vive  impresi^ion.  Le  cardinal 
•de  Rohan,  grand-aum^Voier  de 
•France,  la  vit,  lui  accorda  d'abord 
•M  protection  $  et  bientôt  toute  sa 
«onfiance*  Il  lui  conseilla  de  s'a^ 


LA  Ai  4^^ 

dresser  directemetit  à  la  reine  Ma- 
rie-Antoinette, déplorant  qu'il  ne 
pût  lui-même  procurer  à#M"*  de 
Lamothe  une  entrevue  avec  cet- 
te généreuse  princesse,dont  il  avait 
bien  innocemment  eu  le  malheur 
d'encourir  la  disgrâce.  Son  Éml'- 
nenee,  dans  tous  ses  entretietis,se 
plaignait  af ec  amertume  de  ce 
malheur.  La  haine  que  la  souve- 
raine avait  conçue  pour  lui,  em- 
poisonnait, disait-il,  ses  pluÀ  beaux 
jours»  De  protégée,  M"'  de  La- 
mothe devint  à  son  tour  protec- 
trice. Elle  persuada  au  trop  cré- 
dule cardinal,  qu'elle  avait  coiA^ 
plétement  réussi  à  obtenir  les  bon- 
nes grâces  de  la  reine,  qu'elle  était 
admise  même  dans  la  fâmlliat^té 
la  plus  intime,  et  qu'elle  était 
enfin  parvenue  à  dissiper  toutes 
les  préventions  que  cette  prïnoes- 
se  avait  contre  le  grand-aumônier. 
Elle  se  chargea  ensuite  de  remet- 
tre à  la  reine  une  justification  é- 
crite  de  la  main  du  cardinal  ;  for- 
gea, à  l'aide  d'un  nommé  Villette, 
une  réponse  des  plus  flatteuses, 
et  établit  enfin  une  correspondan- 
ce suivie  entre  ces  illustres  ^-» 
sonnages,  dictant  elle-même  les 
lettres  de  Marie^Antoinette ,  dont 
Villette  avait  appris  à  imiter  l'é- 
criture. Les  demandes  d'argent 
que,  sous  dififérens  prétextes,  la 
reine  adressait  dans  ces  fauisse» 
lettres  au  cardinal,  procurèrent  à 
M"*  de  Lamothe,  successivement, 
jusqu'à  iao,ooo  francs,  sans  que 
rien  pût  dessiller  les  yeux  de 
l'homme  immoral  et  abusé  qu'ion 
trompait  par  de  pareils  moyens. 
Ces  manœuvres, dont  le  succès  n'a- 
vait coûté  à  M"*  de  Lamothe  que 
des  mensonges,  et  quelques  feuil- 
les de  papier  h  lettre  h  tranches 


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4^4 


LA» 


dorées,  renhardireot  à  tenter  uoja 
fraude  plus  lucrative.  Les  bijou- 
tiers dQ  la  reine,  Bashmer  et.Ba»- 
saoge 9  avaient  réuni  à  grands  frâi;$ 
des  diainans  d'une  rare  beauté,  et 
en  avaient  composé  un  collier 
qu'ils  désiraietit  vendre  au  prix  de 
I,  800^000  francs.  M"'  de  La- 
mothe  parvint  à  persuader  au  car- 
dinal que  la  reine  désirait  ar- 
demment ce  collier;  que  voulant 
Tacheter  à  Tinsu  du  roi,  et  le  payer 
successivement  avec  ses  écono- 
mies,, elle  était  prête  à  donner  au 
cardinal  une  preuve  pardculière 
de  s'a  bîenveillance,en  le  chargeant 
de  faire  cette  emplette  en  son 
nom;  qu'à  cet  e£ret,il  recevrait  une 
autorisation  écrite  et  signée  de  sa 
main,dont  il  ne  se  dessaisirait  qu'ii- 
près  le  com]^et  paiement  du  col- 
lier. Le  cardinal  donna  dans  ce 
piège;  ce  superbe  bijou  fut  acheté 
et  livré  à  ,  Û"*  de  Lamothe,  qui, 
pour  compléter  l'égarement  du 
prélat,  lui  promit  de  lui  faire  avoir 
un  entretien  secret  avec  la  reine, 
dans,  un  des  bosquets  du  jardin 
de  Versailles.  Une  demoiselle  d'O- 
live, qui  habitait  le  Palais-Rojal  à 
Paris,  dont  la  taille  et  la  ÎSgure  a- 
vaieat  quelque  ressemblance  avec 
celles  de  la. reine,  fut  choisie  par 
M**  de  Lamothe  pour  jouer  la 
scène  du  bosquet.  Elle  s'en  ac- 
quitta parfaitement.  L'heureux  car- 
dinal s'approcha  avec  respect  ;  la 
fausse  reine  lui  dit  à  voix  basse  : 
«  Je  n'ai  qu'un  moment  à  vous 
«donner;  je  suis  contente  die  vous; 
»\e  vais  bientôt  vous  élever  à  la 
»plas  haute  faveur,  v  Elle  lui  ret- 
rait ensuite  une  boîte ,  où  était 
son  portrait  et  une  rose.  Un  bruit 
concerté  avec  quelques  personnes 
par  M**  de  Lamothe  se  fit  alors 


LAM 

entendre;  la  fausse  reine  dit: 
«  Voilà  Madame  et  M-  d'Artois 
A  il  faut  nous  quitter.»  Laséparatlon 
ainsi  brusquée  par  Thabile  intri- 
gante, le  cardinal,  compIétémeiU 
trompé ,  maudissait  encore  le  fâ- 
cheux contre-temps  qui  l'avait 
privé  du  bonheur  de  prolonger  un 
'entretien  si  intéressant  pour  tui« 
et  qui  ouvrait  un  vaste  avenir  ù 
son  ambition.  Jusqu'ici  tout  avait 
réussi  au  gré  des  désirs  de  M"' du 
Lamothe.  Sou  mari  était  passé  en 
Angleterre  avecjes  diamans;  mais 
dès  la  première  époque  d'échéance 
ûnèe  pour. en  acquitter  le  prix, 
toute  la  trame  fut  découverte. 
Bœhmer  se  plaignit  à  la  reine  de 
n'être  point  payé.  Cette  princessC) 
•indignée  qu'on  eût  abusé  de  son 
nom,  ignorant  quels  avaient  été 
les  projets  du  cardinal ,  et  com- 
ment il  avait  été  trompé  lui-mê- 
me par  M**  de  Lamothe,  exigea 
une  réparation  publique.  D'après 
les  conseils  du  baron  de  Breteuil, 
ennemi  juré  du  cardinal,  le  roi  fit 
arrêter  avec  éclat  son  grand-au- 
mônier, revêtu  de  ses  habits  sacer- 
dotaux, et  le  fit  conduire  de  Ver- 
sailles à  la  Bastille.  Un  procès  tel 
que  les  fastes  judiciaires  n'en  a- 
vaient  point  jusqu'alors  fourni  , 
d'exemple,  fut  intenté  devant  le 
parlement.  Un  prince  de  l'église, 
revêtu  des  plus  hautes  dignités,  et 
membre  de  l'illustre  famille'  des 
Rohan;  une  demoiselle  d'01iva,qui 
trafiquait  publiquement  de  ses 
charmes;  un  charlatan  d'Italif?,  Ta 
célèbre  Cagliostro;  un  faussaire, 
Rétaux  de  Villette;  M**  de  La- 
mothe enfin  et  son  mari,  contu- 
mace, furent  mis  en  cause.  L'his- 
.torique  de  ce  long  et  fameux  pr<>- 
ces  qui  dura  plus  d'un  an,  qui  re- 


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LAH 

teolit  dans  toute  TEurope ,  et  qui 
parla  déconsidéràttoQ  qu'il  jeta  sur 
des  personnes  du  plus  haut  rang^ 
hâtu  la  révolution,  ne  saurait  en- 
trer en  cet  article.  Le  cardinal)  lu  ' 
demoiselle  d'Oliva,  Cagliostro, 
s*en  tirèrent  heureusement  ;  mais 
Tissue  devint  funeste  pour  M"*  de 
Lamothe.  Sans  égard  pour  son 
rang  et  sa  haute  extraction,  elle 
fut  condamnée  à  être  fouettée  et 
marquéesur  Tes  deux  épaules  de  la 
lettre  ^,  et  enfermée  à  perpétuité 
à  l'hôpital.  La  cour  de  Versailles 
fut  très-méconténte  du  jugement 
porté  par  le  parlement,  qui  dé- 
chargeait le  cardinal  de  toute  accu- 
sation; C'était  luiqu'on  avait  trouvé 
d'ahord  le  plus  coupable,  et  qu'on 
désirait  le  plus  voir  sévèrement 
puni.  Le  châtiment  infamant  in  Qîgé 
à  M"*  de  Lamothe  semblait  aussi  ^ 
trop  violent,  et  un  écrivain  se  per- 
inil  même  de  dire  :  ^que  le  parle- 
»  ment  avait  sévi  avec  tant  de  rî- 
»  gueur  contre  cette  femme  descen- 
»  dante  des  Valois,  afin  de  mortifier 
»  de  -la  manière  la  plus  cruelle  la 
»  famille  régnante.  »  Le  parlement 
eut  cependant,  au  bout  de  quel- 
ques jours  de  délai,  la  permission 
de  faire  exécuter  son  arrêt.  Quand 
il  fut  prononcé  à  M"*  de  Lamothe, 
elle  se  roula  à  terre  en  poussant 
des  hurlemens  affreux.  On  eut 
toutes  les  peines  du  monde  à  la 
transporter  dans  la  cour  du  palais, 
où  eue  devait  subir  sa  condamna- 
tion. Il  était  6  heures  du  matin,  et 
peu  de  personnes  se  trouvèrent 
présentes.  Elle  saisit  l'exécuteur 
au  collet,  lui  mordit  les  mains  de 
manière  à  emporter  la  pièce,  et 
tomba  enfin  dans  des  convulsions 
▼tolentes.'  On  lui  déchira  ses  vête* 
inens»    pour  lui  imprimer  tant 


LAM 


425 


bien  que  mal  le  fer  chaud  sur  les 
épaules,  et  on  la  jeta  ensuite  dans 
un  fiacre  qui  la  conduisit  à  l'hô- 
pital. Mais  elle  n'y  resta  enfermée 
que  10  mois:  soit  qu'elle  eût  ga- 
gné ses  geôliers  ;  soit ,  ce  qui  est 
plus  probable,  que  le  gouverne- 
ment autorisât  en  secret  son  éva- 
sion ,  elle  parvint  à  se  sauver  en 
Angleterre.  M.  de  Lamothe  avait 
écrit,  dit-on,  de  Londres ,  et  me- 
nacé d'y  faire  imprimer  des  pièces 
qui  compromettraient  plusieurs 
personnes,  si  on  ne  kii  rendait  pas 
sa  femme.  On  dît  aussi,  dans  le 
temps,  que  la  sœur  qui  avait  mé- 
nagé sa  sortie  de  l'hôpital,  lui  a- 
dressa  en  la  quittant,  ces  paroles  à 
double  sens: «Adieu,  madame  la 
«comtesse,  prenez  garde  de  vous 
«faire  remarquer.»  Dès  son  arrivée 
a  l'étranger,  M"*  de  Lamothe  fit 
composer,  sous  le  nom  de  Mé- 
moires justificatifs  s  des  libelles 
affreux  contre  la  reine.  On  en  sai- 
sit le  plus  grand  nombre  d'exem- 
plaires; et  une  édition  entière,  en- 
voyée en  France,  fut  livrée  aux 
flammes  par  l'intendant  de  la  liste 
civile.  M"*  de  Lamothe  mourut 
des  suites  d'une  chute,  à  Londres, 
le  23  août  1791. 

LAMOTHE-LANGON  (ie  ba- 
ron Ëtieune  Léon  de),  auditeur 
de  première  classe  au  conseil-d'é- 
tat, délégué  du  gouvernement  im- 
périal dans  la  lo**  division  mili- 
taire, successivement  sous-préfet 
de  Toulouse,  Livourne,  Carcas- 
sonne,  membre  de  l'académie  des 
jeux  floraux,  de  celle  des  sciences, 
inscriptions  et  belles-lettres,  et  de 
plusieurs  autres  sociétés  savantes, 
est  né,  le  1*'  avril  1786,  à  Mont- 
pellier, et  non  à  Toulouse,  com- 
me le  dit  la  Biographie  des  frères 


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436 


LA» 


Mickaud.  Sa  famille,  ïmae  éè 
GiiKnne ,  où  «lie  avait  possédé  la 
baronnîesouTerainedeLangon,  é- 
taît  établie  depuis  trais  siècles  à 
Toulouse.  C^ous  nous  plaisons  à 
eiter  les  titres  de  noblesse  des 
faotnities  qui  ont  des  droits  plus 
réels  à  ta  considération  publique» 
Au  oommencement  de  la  ré?olu^ 
tioii%  À  peine  âgé  de  7  ans  ^  le  bâ- 
ton de  Lamothe-Langon  fut  mis 
sur  une  liste  d*émigrés  ^  dont  on 
eut  beaucoup  de  pane  à  le  faire 
rayer.  Il  se  lirra  de  bonne  heure  à 
l'étude  de  l'histoire  et  des  belles- 
lettres.  Sa  patrie  obtint  ses  pre«> 
miers  hommages  littéraires.  A  17 
ans,  il  publia  une  ode  contre  l'An^ 
gleterre ,  et  des  chants  dithjram* 
biques  sur  la  giotre  nationale,  dont 
il  s'est  toujours  montré  vivement 
épris.  Déjà  plusieurs  académies 
l'avaient  admis  dans  leur  s«in, 
lorsqu'il  arriva  ù  Paris  en  1807^ 
et  parvint  à  mériter  Testime  des 
premiers  littérateurs  de  cette  é* 
poque.  Delille  lui  portait  une  vi- 
ve amitié.  L'empereur  l'appela  de 
son  propre  mouvement  au  con- 
seil-d'état,  en  qualité  d'auditeur, 
et  il  dut  au  prince  Gnmbacérès  la 
^ous-préfecture  de  Toulouse,  à 
laquelle  il  fut  nommé  le  14  juillet 
1811  :  dès-lors  il  se  livra  tout  en- 
tier aux  fonctions  de  sa  place;  Tes*- 
time  et  la  confiance  de  ses  admi- 
fiistrés  furent  la  récompense  de 
ses  efforts.  Magistrat  impartial  et 
dévoué  franithement  à  ia  cause 
qu'il  servait ,  de»  prétentions  ne  lui 
semblaient  pas  des  droits;  ceuxdes 
maires  des  campagnes^  et  particu^ 
lièrement  ceux  des  conscrits  lui  é-^ 
taient  chers;  il  ne  les  sacrifiait  pas 
W  fol  orgeuil  de  ces  hommes  du 
Tieux  privilège  qui ,  n'étant  rien 


LAH 

par  eux*raômes,  r ecotnmetieaient 
dès-lors  à  se  prévaloir  des  droits 
de  leurs  aïeul.  Ce  furent  le»  ins*- 
tances  réitérées  de  ce  feune  admi* 
nistrateur  qui  forcèrent  en  quel'- 
que  sorte  le  gouvernement  à  dé- 
clarer que  l'article  du  code  cons^ 
criptionoel  qui  établissait  une  fa^ 
veur  pour  le  fils  unique  d'une 
veuve,  s'entendait  du  seul  garçon, 
ayant  des  sœurs,  ^  non  pas  de 
l'enfant  unique,  comme  on  l'avait 
interprété  jusqu'alors.  La  disette 
de  181  a  mit  dans  une  honorable 
évidetioe  sa  sollicitude  pour  les 
tnfortimés.  Il  apaisa,  sans  avoir 
reooufts  aux  moyens  extrêmes  qui 
furent  employés  ailleurs,  les  mou* 
Temens  populaires  qui  agitaient 
plusieurs  communes  de  son  ar^ 
rondisseraent.  Le  bonheur  qu'il 
eut  de  sauver  la  ville  de  Yiliemui' 
des  périls  d'une  exaltation  dange* 
rense,  lui  valut,  de  la  part  du 
ministre  du  commerce,  une  lettre, 
où  ce  ministre  s'exprime  dans  les 
termes  les  plus  flatteurs  et  les  plu^ 
honorables  pour  M.  de  Lantothe, 
sur  l'activité,  le  sèle  et  le  courage 
qu'il  a  déployés  dans  ces  eiroons- 
tances  difficiles.  En  octobre  161 5, 
il  passa  à  la  sous-^préfecture  de 
Livourne  (Toscane),  et  se  signala 
dans  ces  contrées,  particulière* 
.ment,  au  combat  de  ¥iaregio  et 
au  siège  de  Livourne  en  déceiabre 
^8i3«  Lors  de  l'entrée  des  Anglais 
ù  Toulouse  en  1814  9  M»  de  La- 
mothe-Langon ,  qui  avait  évaoaé 
l'Italie  avec  toutes  les  administra- 
tions, vint  dans  cette  ville  Où  l'ap- 
pelaient les  plus  ohers  intérêts  dp 
sa  famille.  A  peine  mettait^il  pied 
À  terre  que  le  colonel  Mac«lloleoo« 
chef  d'état^«aajor  de  ia  place ,  l'o- 
bligea de  paraître  devant  le  gèaéral 


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LAM 

chef  des  armées  alliées.  Lord^Wel- 
lington  voulut  rengagera  lui  don- 
ner des  ren^ignemens  sur  la  posi- 
tion 4«s  tix)upeê  fran(>ai8es  ifnHi  Te- 
nait de  Cravérfiier;  in  réponse  de  M. 
àe  Lamodie  appartient  à  la  postéri^ 
4é.  41  Général,  lui dlt->il,  un  detoes 
>»  aïeux  fut  décapité  à  Bordeaux  > 
»en  punitio»  de  son  attachement 
•»à  la  France;  je  répudierais  son 
•nom  et  sa  gioire^  et  je  trahirais 
'»nia  p^rie  en  répondant  à  vos 
«quéslions  :  je  laisse  ce  rôle  aux 
«Français  qui  ne  k  sont  p4us,  et 
ndont  la  foule  tous  entoure.  » 
M.  de  Lamothe-Langon  ne  fut  pas 
€h)ployé  ïor»  de  la  noutelie  orga^ 
nîsation  de  l'empire  en  royaume; 
néanmoins  on  lui  offrit,  et  il  ac-- 
cepta,  le  i5  mai  181 5,  la  pla- 
ce de  sous -préfet  de  la  ville  de 
CSarcassotme ,  abandonnée,  le  4 
avril  précédent,  parle  chevalier 
de  Carrière.  Il  fit  régner  Tordre, 
et  parvint  A  réprimer  dani»  son  ar- 
rondissement leS)  excès  tiuxquels 
on  ne  tarda  pas  à  se  livrer,  lors'- 
€[ue  ie  retour  du  roi  eut  laisbé  à 
Carcassmine  un  libre  cours  aux 
ultras  révolutionnaires,  détenue 
tottt-à-coup  de  eélés  myalistes. 
M.  de  Lamothe  renonça  ù  sa  pla^ 
ce  arant  l'ordonnança  du  9  juil*- 
let  :  dès  *  lors  les  persécutions  ne 
lui  manquèrent  pas;  il  avait  déjà 
repris  le  cours  de  ses  études,  Iftrs- 
€fu-il  fut  nommé  sous-préiet  de 
Saint-Pons,  en  mars  1819;  mais  il 
fut  évincé  de  ce  poste  avant  de 
l'avoir  occupé,  par  l'effet  de  l'a- 
nimosité  d'un  parent,  qui  le  ren- 
dit victime  de  la  haine  la  plus  in- 
fuste  et  la  plus  ridicule;  mais  ces 
persécutions  intimes  ne  sont  point 
de  notre  ressort.  M»  de  Lamothe- 
Langon  est -auteur  de  pinceurs 


rom<ms,  fatbrabteineMt  aoeoeillis 
du  public.  Les  principaux  v>nt  : 
-démence  IsaHTv^  Gûêriel,  VEr- 
mite  de  (a  tomim^  Tèt^  de  mtrt, 
MmUre  Étietine,  Its  Vtprts  sici- 
ii^nnes,  ieé  CùurUsùns  et  ia  Filte 
-d'honneur.  Ces  ouvrages  se  font 
remarquer  par  beaucoup  d'imagi- 
nation, par  un  intérêt  vif  et  sou- 
temu  «t  par  cet  esprit  philosophie 
que  horb  duquel  il  n'y  a  point  de 
succès  durable.  Il  a  publié  un 
grand  nombre  de  romances ,  mi- 
ses en  musique  par  les  plus  habil- 
les compositeurs,  qui  sont  pour  la 
plupart  des  modèles  du  genre  naîf 
«t  chevalei^sque.  Nou^nous  con^- 
tenterons  de  citer  :  Roland,  Re^ 
fMud  de  Montanbnn,  h  marqnis 
Oiimer,  Ogiét  h  Dûnms,  Jstot" 
phe,  ('archevêque  Turpin.  Deux 
tragédies  du  même  auteur,  Se^ 
geste  et  Sapùr,  sont  reçues  au 
premier  thé<1tre  Français.  M.  de 
Lamothe  travaille,  depuis  plu- 
sieurs années,  à  un  poëme  épi- 
que, intitulé  :  Constantin,  ou  le 
Triomphe  de  ta  Religion^  et  dont 
plusieurs  fragmens  ont  paru  dans 
différons  journaux.  Il  est  l'auteur 
de  ia  Biographie  toulousaine,  qui 
Yient  de  paraître,  et  il  a  travaillé 
à  la  Biographie  unitersetlei 

LAiM[OTHE-PM}UET(N.)f  lieu- 
tenant-général des  armées  navales 
de  France,  s'est  rendu  célèbrepar 
ik)n  courage,  auquel  seul  H  dut 
les  grades  qui  en  furent  la  récom- 
pense. Il  servit  sa  patrie  pendant 
56  ans  dans  la  marine,  et  illustra 
son  pavillon  dans  un  grand  nom- 
bre de  combats.  Il  n'était  encore 
que  capitaine  de  vaisseau  lorsque,. 
dAns  les  mers  de  l'Inde,  il  fut  re-* 
marqué  A  la  fois  de  «es  chefs  et 
des  Anglais,  par  son  intrépidité  et; 


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4aS 


LAM 


son  indomptable  résistance  envers 
renMeniî.  f>ans  une  de  ces  circons- 
tances,, le  chef  de  l'escadre  fran- 
çaise, voyant  que  Timmense  su- 
périorité des  Anglais  ne  permet- 
tait pus  de  prolonger  la  lutte,  fit 
donnée  le  signal  de  la  retraite.  La- 
motte-Piquet  seul  n'obéit  pas.  A- 
lors  Pamiral  lui  envoie  uuoificier, 
pour  lui  en  donner  Tinjonction 
formelle.  «  Ah!  mordieu,  s'écrie 
»ropiniâtre  marin,  encore  quel- 
»ques  boi^dées  et  je  mâche  les 
•  boulets.  — Sur  votre  tête,  obéis- 
»^sez,  »  reprit  l'officier.  11  fallut,  cet 
te  fois,  s'éloigner  du  champ  de  ba- 
taille. Au  nombre  de  ses  actions 
les  plus  glorieuses,  on  cite  celle 
du  Fort- Royal  de  la  Martinique, 
dans  la  rade  duquel  il  mouilla  a- 
prés  avoir  eu  tous  ses  vaisseaux 
désemparés.  Il  montRitV A nnihalf 
qui  pouvait  à  peine  tenir  la  mer, 
tant  il  avait  été  maltraité  dans  cet- 
te affaire,  lorsqu'il  aperçut  un  con- 
voi français,  d*u ne. grande  impor- 
tance ,  attaqué  et  au  mouient  de 
tomber  au  pouvoir  de  14  vais- 
seaux anglais  qui  Tassaillaient  si- 
multanément. Lamotte-Piquet  ne 
peut  se  maîtriser  ;  avec  son  seul 
vaisseau,  il  vole  au  secours  du 
convoi,  le  défend,  disperse  les  as- 
saillans,  et  ne  rentre  au  port  que 
lorsqu'il  n'y  a  plus  de  danger 
pour  nos  vaisseaux.  Cet  illustre 
marin  eut  le  bonheur  d'échapper 
aux  orages  de  la  révolution,  et 
mourut  paisiblemeht  à  Brest ,  le 
10  juin  1791,  dans  la  ^i**  année 
de  son  âge.  Les  arts  ont  repro- 
duit l'image  de  ce  guerrier  si  cher 
à  la  patrie  ;  et  la  reconnaissance 
nationale  semble  avoir  gravé,  el- 
le-même, au  bas  de  son  portrait, 
cet  éloge  mérité  : 


LAM    ' 

MatÎA  dès  ta  première  tnrote, 
Gaerrîer,  cher  mcroe  à  ces  nvftux, 
La  France  sait  ce  <(ne  tu  vaux, 
Et  r Angleterre  mieux  encore. 

.  LAMOTTE  (  Chables-Ahtoiiie' 
HouDAR  DE  ),  colonel  y  comman- 
dant de  la  iégiou-d' honneur,  na- 
quit à  Versailles  en  1 775.  San 
grand-père  était  neveu  du  poète 
dramatique  à  qui  l'on  doit  entre 
autres  productions ,  la  tragédie 
fVInès  de  Castro.  Le  père  du  co- 
lonel Houdar  de  Lamotte,  chef  de 
bureau  dans  le  ministère  de  U 
maison  du  roi  «  le  destinait  k  par- 
courir la  carrière  administrative. 
La  révolution  développa  en  lui 
des  dispositions  plus  utiles  à  la 
patrie,  et  qui  devaient  donner 
plus  d^éclat  à  son  nom.  Il  servit 
d'abord  dans  le  corps  des  grena- 
diers parisiensj  et  la  guerre  déclor 
rée ,  il  passa  dans  les  grenadiers 
de  l'armée  du  Nord.  Il  fit  ainsi  les 
premières  campagnes  de  la  révo- 
lution ,  et  fut  successivement  em- 
ployé dans  differens  grades  sous 
Kléber,  Lefebvre  et  Joturdan.  A 
la  bataille  de  Fleurus  où  il  se  dis- 
tingua, il  reçut  des  éloges  publics 
de  ses  chefs.  Oificier  d'état-ma- 
jor à  l'armée  d'Italie,  il  mérita  la 
confiance  dii  général  fiaraguey- 
d'Hilliers  et  devint  son  aide-de- 
camp,  son  élève  et  son  ami.  II 
parcourut  le  Tyrol  sous  Joubert, 
et  se  trouva  à  Venise,  à  Gènes,  à 
Malte ,  à  l'expédition  d'Angleter- 
re, au  mémorable  combat  delà 
frégate  la  Sensible,  sur  les  côtes 
d'Irlande,  à  l'armée  du  Rhin  > 
dans  les  champs  de  Hobenlindeo, 
à  l'armée  des  Grisons,  en  Suisse» 
où  les  Russes  commandés  par 
Suwarow  furent  vaincus;  enfio 
à  l'armée  réunie  au  camp  de 
Boulogne,. où  le  général  en  chef 


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LAM 

le  nomma  colonel  du  56*  régi- 
ment de  ligne.  Il  était  parvenu,  a- 
Yant  cette  époque,  au  grade  de 
chef  de  bataillon  qu*il  avait  reçu 
sur  le  champ  de  bataille.  Le  colo- 
nel Houdar  de  Lamotte  cueillit 
de  nouveaux  lauriers  à  Ulm  ,  à 
Memmingen  et  surtout  à  Auster* 
lîtz.  L'armée  victorieuse  de  deux 
empereurs  allait  rentrer  sur  le 
territoire  français,  «  lorsque  la 
«Prusse,  dit  Joseph  La  vallée  , 
»  auteur  d'une  notice  nécrologique 
M  sur  le  brave  dont  nous  rûppe- 
nlons  quelques  traits  de  la  vie 
«glorieuse,  ferme  les  yeux  sur 
»  ses  véritables  intérêts  ;  elle  dé- 
«génère  de  la  sagesse  première 
»  de  ses  principes  ;  eMe  oublie  la 
»  religion  des  sermens  ^  les  de- 
">  voirs  de  Tamitié ,  la  reconnais- 
»sance  exigée  par  les  bienfaits. 
»  La  guerre  recomfhence ,  la  ce- 
«lèbre  journée  d'Iéna  arrive,  et 
»  c'est  là  que  Houdar  de  Lamolte 
»  trouve  la  plus  sublime  récom- 
»  pense  de  la  gloire ,  celle  qu'elle 
»  n'accorde  qu'à  ses  favoris ,  lors- 
»  que  la  nature  a  sonné  la  demie- 
»  re  heure  de  leur  vie ,  l'honneur 
»  de  mourir  sur  le  champ  de  ba- 
»  taille.  »  Le  colonel  Houdar  de 
Lamotte  tomba  percé  de  coups, 
sous  les  yeux  du  maréchal  Soult, 
et  fut  regretté  de  Tempereur  et 
de  toute  l'armée.  Sa  mort  héroï- 
que fut  douce  encore  ;  la  victoire 
était  décidée  en  notre  faveur,  et 
l'ennemi  fuyait  de  toutes  parts. 
L'auteur  de  là  notice  dont  nou!> 
avons  parlé,  trace  ainsi  le  portrait 
de  ce  brave  moissonoé  à  la  fleur 
de  ses  ans  :  «  Sa  taille  était  avan- 
»tageuse,  sa  figure  noble  et  dis- 
ntinguée,  son  ume  ardente,  son 
vcœur  généreux,   sou  caractère 


LAM 


429 


«ferme  et  décidé.  Il  ajoutait  à  ces 
»  avantages  tous  ceux  que  Ton  re- 
»tire    d'une   éducation  soignée, 
«c'est-à-dire,  le  développement 
«de  Tintelligence,  le  goût  pour 
«l'étude  et  pour  le  travail,  la  rec- 
«titude  du  Jugement  et  de  Tes- 
«prit,  et  cette  sagacité  perfectîon- 
«née   qui  rend  propre  à  remplir 
«tous  les  emplois,  selon  les  cir- 
»  constances  où  l'on  se  trouve.  On 
i^ne  parle  point  de  son  courage; 
«sa  vie  et  sa  mort  glorieuse  en  di- 
osent  plus  que  tous  les  éloges. 
»  Ses  vertus  privées  n'étaient  point 
«au-dessous  de  ces  dons  exté- 
»  rieurs  et  de  ces  qualités  acqui- 
»9es.   Nul   homme    ne   fut   plus 
«loyal,  plus  franc,  plus  probe, 
«plus  désintéressé;  nul  ne  porta 
»  plus  loin  la  piété  filiale  ,  nul  ne 
«remplit  mieux  tous  les  devoirs 
«de  l'amitié.  Dans  les  grades  infé- 
9  rieurs  il  se  fit  honorer;  dans  les 
»  grades  supérieurs  il  se  fit  chérir.» 
LAMOUilETTE  (Adrien),  évo- 
que constitutionnel,  membre  de 
l'assemblée  législative,  naquit  à 
Strevenl,  département  du  Pas-de- 
Calais,  vers  174^?  et  entra,  après 
avoir  terminé  ses  études  ecclésias- 
tiques, dans  la  congrégation  des 
Lazaristes.    Successivement    pro- 
fesseur et  supérieur  du  séminaire 
de  Toul ,  il  était,  à  l'époque  de  la 
révolution,  grand-vicaire  de  l'é- 
vêque  d'Arras.  Il   s'annonça  par 
quelques  écrits ,  où  il  cherchait  à 
allier  la  philosophie  à  la  religion, 
et  fixa  l'attention  du  célèbre  Mira- 
beau, qui  le  chargea  de  la  partie 
théologique  de  ses  discours,  rela- 
tifs au  clergé  de  France;  Tabbé 
Laiiiourette  paraît  être  véritable- 
ment le  principal  auteur  du  Pro- 
jet ((^adresse  aux  FrançaU  sur  la 


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430  un 

cMaiiiiUioH  chik  du  tlergi,  que 
Tilluatre  orateur  proBonfa  ù  la 
trit^ume  de  rassemblée  eonstituan- 
te.  Il  dut  à  rmAueace  de  co  grand 
homuie,  sa  nomination  i  réyêché 
constitutionnel  du  département 
de  Ahôoe-et-Loire ,  au  moi»  de 
mars  i^gt,  et  ensuite  son  admia- 
sîoo  à  rassemblée  légi$liitive<  au 
mois  de  septembre  suivant.  I«e 
nouveau  prélat  s'y  ût  remarquer 
par  sa  modération  ;  il  parla  sur  la 
constitution  civile  du  clergé  et 
contre  la  liberté  des  cultes.  Néan* 
moins  il  a'efibrça  de  rappeler  les 
différens  partis  k  l'union  et  à  (acon* 
corde.  A  Tépoque  des  troubles  du 
1)0  juin  1 79^,  il  s'opposa  à  ce  qu'on 
en  rechejrehdt  le»  auteurs,  ^rèa 
les  éyénemens  du  lo  août  de  la 
même  année,  il  demanda  qae  tou* 
te  communication  fût  interrompue 
entre  les  membres  de  la  famille 
royale.  Les  massacres  de  sopteui-^ 
bre  lui  inspirèrent  une  juste  bor-r 
reur,  et  sur  sa  motion  rassemblée 
décréta  que  la  municipalité  de 
Paris  répondrait  de  la  sûreté  pu- 
blique. Il  se  retira^  après  la  ses- 
sion,  à  Lyon,  où  il  se  trouvait  en-» 
core  pendant  le  siège  par  les  trou^ 
pes  conYentionnellos.  Après  la 
prise  de  cette  ville,  Tévêque  La- 
maurette  fut  envoyé  à  Paris,  et 
livré  au  tribunal  révolutionnaire. 
Il  était  ù  table  lorsqu'on  lui  ap- 
porta son  acte  d'accusation.  Il 
continua  de  s'entretenir  tranquil- 
lement avec  les  autres  détenus: 
U  Faut»il  donc  s'étonner  de  mou- 
ttrir,  leur  dit-il  philosophique- 
»ment,  et  la  mort  est-^lle  autre 
«chose  qu'un  accident  de  l'exisT 
1»  tence  P  »  Condamné  i\  mort  au 
«ommencement  de  janvier- 1794» 
Il  entendis  son  jugement  et  mou- 


LAJI 

r-ot  avee  beaucoup  de  fermeté. 
On  prétend  que  ce  fot  dans  le« 
entretiens  de  l'abbé  ^mery,  qu'il 
puisa  cette  force  d'âme  qai  ne 
l'abandonna  pas  au  moment  fatal. 
D'autres  victimes  ont  montré  le 
même  courage  qu'ils  trfHivaieot 
dans  la  seule  force  de  leur  âme. 
L'abbé  Lamourette  a  publié  dif^ 
féreas  ouvrages.  Mous  en  citerons 
quelques-uns  :  1*  Pensées  sur  la 
philaiephie  de  V ivcrédalUé  ,  ou 
jRéfie,vi0ns  sur  l'esprit  et  le  dessein 
des  philosophes  de  ce  siècie,  1786,  1 
in-S";  a*»  Penséeit  sur  la  phitoso- 
phie  de  la  foi ,  ou  te  Système  du 
chrisiianisme  ^  tonsidéré  dtms  son 
analogie  atec  les  idées  naturelles 
de  l'entendement  bumein  ,  1 789 , 
in -8';  3*  les  Délices  de  la  religion^ 
eu  le  Pouvoir  de  Cévangile  pour 
nous  rendre  keureuxj  1789,  in- 13. 
Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  espa- 
gnol, et  publié  i\  Madrid  en  1 795, 
in -8*.  4''  Désaslre  de  la  mmison 
de  Sainl'Lazare ,  1789,  în-8';  5* 
le  Décret  de  l'assemblée  naîienele 
sur  les  biens  du  clergé,  justifié  per 
son  rapport  atec  la  nature  et  les 
lois  de  tinsUtutian  ecclésiastique^ 
1789  et  1790^  in-S**;  6*  Lettre 
pastorale,  suivie  de  sa  Lettre  au 
pape,  Lyon,  1790  et  1791,  in-8*; 
7*  Prônes  civiques^  au  le  Pasteur 
patriote^  1790  et  1791»  in-8';  8* 
Considérations  sur  l'esprit  et  les 
devoirs  de  la  vie  religieuse:  elles 
ont  été  publiées  après  sa  mort^  in- 
la,  1795. 

LAMOUKOUX  (J.  V.  ),  pro- 
fesseur d'histoire  naturelle  à  l'a- 
cadémie royi.le  de  Caen  9  el 
membre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes et  littéraires^  est  né  à  Agen. 
Ce  savant  s'est  rendu  recomauin- 
dable  par  sa  méthode  d'enseigne- 


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tuent,  et  pdr  plusieurs  our^ages 
sur  rhbtoire  naturelle  justement 
e«timés.  Il  a  publié  à  Agen,  en 
1 8o5 ,  de»  Dissertations  sur  plu- 
sieurs ^pèc0S  de  fucus  peu  can^ 
nues  si  nouvelles,  avec  leurs  des- 
criptions^  tant  en  latin  qu'en  fronr 
fais.  \\  a  fuit  paraître  ensuite  un 
cmYrage  pluQ  important,  V Histoi- 
re générale  des  polypiers,  coralli' 
gènes  flembles^  i  vol.  ln-8%  a?cc 
i5  planches  contenant  plus  de 
i3o  igures  dessinées  par  Fauteur. 
Avant  d'être  livrés  à  Timpression, 
ees  ouvrages  ont  été  eommuni-» 
qués  à  rinstitut,  dont  M.  Lamou- 
roux  est  correspondant.  Jusqu'a- 
lors il  n'avait  compris  9  dans  son 
histoire  giîoérale,  que  les  espèces 
de  polypiers  qui  faisaient  partie 
de  sa  collection  des  productions 
vnarifies;  wais  en  181 5,  il  em- 
brassa tous  les  polypiers  signalés 
çt  décrits  par  les  diû'érena  auteurs 
qui  s'en  sont  oecupés ,  et  trouva 
dans  la  savante  division  qu'il  en 
fit,  ^6  |knres  au  lieu  de  i4  con* 
nus  avant  lui,  et  plus  de  140  es^ 
pèees  auipdessus  du  nombre  des 
espèces  décrites.  Ces  nouvelles 
fiècoujrertes ,  tant  dans  les  genres 
que  dans  les  espèces,  rendent  son 
histoire  la  plus  complète  sur  les 
diSérentes  familles  de  cette  prof 
duetion  marine.  Il  a  aussi  publié 
à  Ctien,  en  1817,  la  description 
d'une  nouvelle  espèce  ou  variété 
de  froment,  cultivée  avec  succès 
dans  quelques  parties  des  provin* 
ces  du  Nord,  sous  ta  dénomina-^ 
tion  de  blé  lamma,  M.  I^amou^ 
roux  travaille  à  un  grand  ouvrage 
d'histoire  naturelle,  sous  le  titre 
de  Flore  marine ,  et  a  reçu  des 
habiles  naturalistes  auxquels  il  a 
c<Mnmunit|ué  le  commencement 


UM 


4S1 


de  cette  q^tivre ,  les  plus  grands 
encouragemens  pour  en  achever 
l'entreprise.  £lle  le  serait  iqces* 
samment  si  le  gouvernement  fai- 
sait assigner  les  fonds  déjà  accor^ 
dés,  dit- on,  par  le  ministère  de 
l'inférieur,  pour  les  frais  des 
voyages  que  Tauteur  désire  faire, 
aân  d'explorer  le  golfe  de  Gasco- 
gne ,  les  côtes  de  la  Méditerranée 
et  l'île  de  Corse ,  où  il  espère  fai- 
re encore  des  découvertes  qui 
compléteront  son  utile  ouvrage. 

tÂAIPJl.I.AS  (  l'abbb  no» 
FaASçou  -  Xavier  )  ,  ex^jé&uite 
espagool  ,  naquit  A  Jaen  ,  en 
1739.  jEu  1767  ,  époque  de  la 
Suppression  de  son^rdre,  il  quit- 
ta SéviUe,  où  il  professait  les  bel- 
les-lettrea^  et  vint  chercher  un  a- 
sile  à  Gènes,  où  le  suivirent  quel- 
ques-uns de  ,ses  confrères.  Il  em- 
ploya ses  loisirs  à  se  familiariser  a- 
ven  la  langue  et  }a  littérature  ita- 
liennes, élude  qui  lui  fournit  les 
moyens  de  réfuter  dans  la  langue 
du  Tasse  le  Aesovgimento.degUstU' 
dj^  de  Bettineili,  et  V Histoire  de  la 
littérature  itaHeiine  deXiraboschi, 
où  les  deux  ex-)éâuites  s'expri- 
ment avec  peu  de  ménagement  sur 
la  littérature  espagnole.  U  publia 
contre  ces  deux  auteurs,  pour  ré- 
tablir rbonneur  de  son  pays ,.  le 
Saggio  storicOf  ou  essai  historique 
et  apologétique  de  la  littérature 
espagnoile,  en  réponse  aux  opi- 
nions et  aux  pré)Ugés  dequelques 
écrivains  modernes.  Gènes,  1^78- 
1781, 6  vol.  in-8".  L'ahbé  Lampil- 
las,  dans  cet  ouvrage,  citeles  cau- 
ses qui,  ik  deux  époques  différen- 
tes, ont  amené  la  décadence  de^ 
sciences  et  des  lettres  en  Italie.  A 
k  première  époque,  par  le  mau- 
vais genrernement  de  Rome,  qui 


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4521 


LAM 


provoqua  et  facilita  Tirruption  des 
Barbares  du  Nord.  Dans  la  secon- 
de ,  par  cette  foule  de  lirres  as- 
cétiques et  de  théologie  qui  étouf- 
fèrent la  bon  ne  littérature  et  firent 
triompher  le  matiTais  goût.  Il  é- 
tablit  ensuite  que  presque  toutes 
les  nations  de  l'Europe  croupis- 
saient encore  plus  ou  moins  dans 
les  ténèbres  de  la  barbarie  et  de 
rignorance  ,  lorsque  TEspagne 
comptait  déjà  des  écrivains  dis- 
tingués, dont  les  ouvrages  ont 
puissamment  contribué  à  répan- 
dre les  connaissances  chex  les  au- 
tres peuples.  Cet  ouvrage  eut  un 
grand  succès,  malgré  la  réponse 
de  Bettinelli  ef  deTiraboschi,  que' 
LarapiUas  réfuta  victorieusement. 
Outre  l'accueil  que  le  public  fit 
au  livre  de  Lampillas,  le  roi  d'Es- 
pagne Charles  III  lui  témoigna , 
par  de  riches  présens,  sa  satisfac- 
tion personnelle.  D'autres  ex  jé- 
suites espagnols  imitèrent  l'exem- 
ple de  Lampillas,  et  concouru- 
rent ayec  lui  à  dissiper  les  pré- 
ventions des  Italiens  contre  les 
littérateurs  espagnols.  On  a  aussi 
de  l'abbé  Lampillas  quelques  poé* 
sies  italiennes  qui  ne  sont  pas 
sans  mérite.  Il  mourut  à  Gènes 
en  1798. 

LAMPREDI  (  l'ABBé  ) ,  naquit 
à  Florence,  en  176a.  Il  fit  d'ex- 
cellentes études,  et  entra  de  bon- 
ne heure  dans  le  corps  enseignant 
des  scuoU  pie.  Depuis  1784  jus- 
qu'en 1796,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  pr^esseur  de  philosophie 
et  de  mathématiques  à  l'université 
de  Sienne.  Pendant  cette  période 
de  temps,  il  publia  plusieurs  é- 
crits  sur  la  physique  et  sur  les 
mathématiques.  Ayant  eu  quel- 
ques démêlés  avec  le  gouyerneur 


LAM 

de  cette  ville ,  il  donna  (»a  démis- 
sion et  se  rendit  à  Rome,  où  il  fut 
admis,  par  le  sénateur  Monge ,  au 
nombre  des  membres  de  Tiastitut 
romain.  En  17^9,  il  vint  en  Fran- 
ce, et  fut  nonuné  professeur  de 
mathématiques  au  collège  de  Sor- 
rèze.  En  1806,  il  retourna  en  Ita- 
lie. Quelques  biographies  l'accu- 
sent d'avoir  publié,  vers  cette  é- 
poque,  une  critique  amère  contre 
le  Bardo  défia  seiva  nera^  poërae 
de  Monti.  Voici  le  fait  :  M.  Gin- 
guené  ,  qui  s'occupait  dès-lors  de 
son  excellent  ouvrage  sur  VHis- 
foire  littéraire  d' Italie  j  pria  Lam- 
predt  de  lui  donner  des  rensei- 
gnemens  et  son  opinion  sur  les 
œuvres  poétiques  de  Monti.  Lara- 
predi  composa  une  espèce  de  dis- 
sertation ,  où  les  divers  ouvrages 
de  ce  poète  étaient  appréciés  a- 
vec  impartialité.  Ce  manuscrit 
tomba  entre  les  mains  de  Gianni, 
célèbre  improvisateur  italien,  et 
l'ennemi  personnel  de  Monîi,  qui 
le  publia  à  Milan  et  à  P As ,  avec 
de  nombreuses  additions  que 
Lampredi  s'empressa  de  désa- 
vouer. Après  avoir  fait  un  Tojage 
en  Espagne,  il  se  fixa  à  Milan,  où 
son  mérite  reconnu  lui  Talut  la 
place  de  professeur  de  hautes  ma- 
thématiques dans  la  maison  des 
pages.  De  concert  avec  M.  Lam- 
bertî,  littérateur  distingué,  il  en- 
treprit bientôt  après  la  rédaction 
du  journal  littéraire  il  PoUgra- 
fo.  Sa  participation  à  cet  écrit 
lui  suscita  des  ennemis  nom- 
breux ;*  il  renonça  alors  à  sa  place 
de  professeur  de  mathématiques, 
et  se  rendit  d'abord  à  Florence,  et 
ensuite  à  Naples,  où  il  séjourna  9 
ans  et  dirigea ,  en  qualité  de  pré- 
cepteur,  l'éducation  du  fils  dt 


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LAN 

son  protecteur  et  ami  le  prîoce 
Pignatelli.  M.  Lampredi  a  publié 
dans  les  journaux  de  Milan  ^  de 
Florence  et  de  Naples  »  un  grand 
nombre  d'articles  de  littérature 
pleins  d'intérêt.  En  1817,  il  fit 
représenter  dans  cette  dernière 
Tille  ,  sur  le  théâtre  San  -  Car- 
lo ,  un  drame  allégorique  intitu- 
lé :  Il  Sogno  di  Purtkenope.  Il  a, 
traduit  en  outre  presque  entière- 
ment en  vers  italiens  V Iliade 
d'ffomère;  mais  cette  tradu€tion 
est  jusqu'à  présent  restée  inédi- 
te. £n  i8!2i,  lors  de  l'entrée  des 
Autrichiens  à  Naples,  il  tut  accu- 
sé d'avoir  été  l'un  des  principaux 
rédacteurs  de  la  Minerve  napoli- 
taine^  feuille  patriote^  et  obligé  de 
quitter  cette  ville.  Il  est  actuelle- 
ment (  1 825)  à  Paris,  Oi\  il  s'occupe 
de  rédiger  les  ménu)ires  de  sa  vie% 

LA  AI  Y  (N.).  L'assemblée  élec- 
torale du  département  du  Puy-de^ 
Dôme  le  nomma ,  en  1797  9  au 
conseil  des  cinq-ceiits,  où  il  ne 
parut  qu'une  seule  fois  à  la  tribu- 
ne, le  jour  anniversaire  du  9  ther- 
midor, pour  faire  l'apologie  de 
cette  journée,  et  pour  proposer 
de  déclarer  que  la  convention  na- 
tionale avait  alors  bien  mérité  de 
la  patrie.  Ayant  adopté  plus  tard 
les  principes  du  parti  clichien ,  il 
TÎt  annuler  sa  nomination  après 
la  journée  du  18  fructidor. 

LANC ASTER  (Joseph),  célè- 
bre instituteur  anglais  ,  a  cy  la 
gloire  d'attacher  son  nom  à  un 
système,  perfectionné  d'éduca- 
tion,, qu'il  mit  le  premier  en  pra- 
tique en  Angleterre,  et  qui  depuis 
a  fait  le  tour  du  mcMide.  La  mé-. 
thode  dite  lanças  ter  ienne,  ou  /*«»•? 
seignement  mutuel ,  procure  à 
toutes  les  classes  de  ,1a  société 


LAN 


433 


l'instruction  1^  plus  prompte,  la 
plus  facile  et  la  moins  dispendieuse; 
elle  a  eu  de  grands  succès  partout 
où  elle  a  été  introduite,  malg4ré 
les  efforts  de  quelques  hommes 
de  parti,  ennemis  acharnés  des 
lumières»  et  qui,  pour  mieux  as- 
servir les  peuples  »  prétendent 
qu'il  faut  les  laisser  ci^oupir  dau.s 
l'ignorance.  Lancaster  ,  simple 
dans  ses  mœurs,  d'une  philoso- 
pliie  douce  et  bienveillante,  avait, 
dans  sa  jeunesse ,  adopté  la  doc- 
trine philantropique  des  quakers; 
mais  il  reconnut  bientôt  que  la 
saine  morale  et  la  pratique  des 
vertus  chrétiennes  ne  tenaient 
nullement  à  quelques  forfnes  ex- 
térieures 9  et  que  d'ailleufs^  sou5 
une  apparente  rigidité,  les  succe^«- 
seurs  de  Fox  et  deGui^ume  Pcnn 
étment  bien  dégénéKs  de  nos 
|ours.  Renoni.^ant  volontairement 
à  leur  secte,  il  n'en  fut  point  ex^^ 
du  y  comme  quelques  biographes* 
avec  leur  partialité  ordiuaire,  l'ont 
faussement  avancé*  Lancaster  se 
voua  dès-loi*s  exclusivement  à 
l'instruction  de  la  jeunesse.  Le 
doQteur  DEi.fc  [wy,  ce  nom),  ve- 
nait, à  cette  époque,  de  publier 
deux  ouvrages  sur  un  mode  d'ins- 
truction employé  dansTlndostan. 
Le  public  y  fit  d'abord  p«u  d'<it- 
tention;  mais  il  est  pix^bjtble,  ain^^i 
que  Bell  l'a  soutenu,  qtie  Lancas- 
ter puisa  dans  ces  ouvrages  .se<t 
premières  notions  élémentaires^ 
et  qu'il  les  étendit  et  perfectionna 
depuis.  Ce  qu'il  y  à  de.  certain* 
c'est  que  celui-ci- mit  le  premier 
Ki^  théorie  en  pratique;:  Il  forma 
sur  une  grande  échelle  soa  école 
primaire  à  Saint.- George»- Fieid. 
Le  Auccès  couronna  ton  entrepris 
sie:  ;  les  progrès  extrai»fdinaires  «t 
^9 


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434 


LAN 


rapides  de  ses  élères  Gaosèrent 
un  étonnenient  général ,  et  Lan^ 
caster  reput  bientôt  de  toutes  parte 
de  piiîssans  encouragemens ,  qui 
lui  tburhirent  les  luôjëos  de  par- 
courir les  trois  royaumes  de  la 
Grande-Bretagne,  et  d'établir,  en 
plusieurs  endroits  à  la  fois,  de^ 
écoles  sur  le-  modèle  dé  celle 
dé  Saint-Georges-Field.  Le  docteur 
Bell  réclama  alors  hautement  sa 
part  de  gloire,  et  accusa  Lanças- 
ter  d'une  coupable  ingratitude, 
pour  n'a'voir  pas  même  cité  une 
fois  son  nom  dans  ses  cours  pu- 
blics,  tandis  que  c'était  à  lui,  Bell, 
qu'ét£(it  due  la  découverte  de  la 
nouvelle  méthode,  et  tous  les  suc- 
cès de  don  heureux  propagateur. 
Une  controYcrse  très-vive  eut  lieu 
entre  les  àaax  instituteurs;  le  pu- 
blic prit  part,  pendant  quelque 
temps,  à  une  polémique  dans  la- 
quelle la  modération  fut  souvent 
oubliée  de  part  et  d'autr«;  ;  éeé  é« 
coIeS  rivales  s'établirent ,  et  cette 
lutte  tourna  au  profit  de  l'huma- 
nité. La  méthode  de  Bell  et  Lan* 
casterfut  perfectionnée;  Téduca- 
tiofl  en  général,  et  surtout  celle 
des  enfans  pauvres,  se  trouva  sen- 
siblement améliorée.  L'enseigne- 
ment mutuel  a,  au  reste,  été  pra- 
tiqué depuis  dès  siècles  dans 
l'Inde,  et  ni  Bell  ni  Laneaster 
n'ont  le  di^crit  de  s'en  intituler  les 
inventeurs;  mais  celui  qui  le  pre- 
mier a  eu  le  mérite  de  transpor-^. 
ter  cette  noéthode  en  Europe ,  et 
qui  a  eu  levaient  d'en  rendre  i'ap* 
plîcation  facile  et  populaire,  n'en 
a  pas  moins .  des  droits  incontes'- 
tables  à  la  rècounai^anre  des  gé- 
nératioiM  présentés  et  futures.  Il 
n'est  pas -sans  intérêt  de  eonnaibref 
comment  eHe  était  pratiquée  i\  hi 


LAN 

àouroc  d'où  elle  a  été  tirée.  Le 
voyageur  italien  Pietro  Délia  Val- 
le,  qnî  se  trouvait,  en  1618^  dans 
rindostan,  donne  ;\  ce  sujet  les 
détails  suivans.  «Après  avoir  visité 
le  temple  d'Hiulmant,  frèé  la  for- 
teresse de  Gourrada-Nagkar  9  je 
,  demeurai,  dit^il ,  sur  le  vestibule 
du  temple^  pour  y  voir  de  {eu nés 
enfans  qui  y  apprennent  à  lire, 
d'une  façon  fort  extraordinaire, 
dont  je  vous  ferai  part  comme 
d'une  chose  fort  curieUse  à  mon 
avis.  Ils  étaient  quatre  qui  avaient 
près  du  maître  une  même  leçon  ; 
et  afin  de  Tinculquer  parfaite- 
ment eu  leur  mémoire,  et  de  ré- 
péter les  précédentes  qui  leur  a- 
vaient  été  prescrites ,  et  de  peur 
de  les  oublier,  un  d'eux  chantait  ^ 
d'un  certain  ton  musical ,  uoe  li- 
gne de  laleçoiH  comme  par  exem- 
ple, deux  et  deux  font  quatre  ;  et 
pendant  qu'il  chantait  cette  partie 
de  la  leçon  pour  l'apprendre 
mieux .  il  l'écrivait  en  unême 
temps,  non  pas  avec  une  plume 
et  sur  du  papier,  mais  pour  l'épar- 
gner et  n'en  pas  gâter  inutilement, 
il  en  marquait  tous  les  caractères 
avec  le  doigt  sur  le  même  plan- 
cher où  ils  s'étaient  assi«  en  rood, 
et  qu'ils  avaient  couvert,  à  cet  ef- 
fet)  de  sable  très-délié.  Après  que 
le  premier  de  ceê  enfans  sivait  é- 
crit  de  la  sorte  en  chantant,  les  au- 
tres écrivaient  et  chantaient  la  mê- 
me chose  tous  ensemble  ;  ensuite 
le  premier  recomntençait ,  chau- 
tait  et  écrivait  une  autre  ligne  de 
la  leçon ,  comnne  par  exemple , 
quatre  et  quatre  font  huit,  que  les 
autres  répétaient  incontinent  a- 
près,  et  ainsi  toujours  àltemative- 
haent  et  de  la  iiiême  ftiçdn;  et  lor.^ 
que  le  terrain  était  couvert  de  ca^ 


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LAN 

ractèrés»  ils  passareiit  \a  tnaia  par- 
dessus, les  eifaçaîeat,  et  y  repan* 
daient  d'autre  sable,  s'il  était  né- 
cessaire, pour  y  tracer  de  no  u  y  el- 
les lettres,  et  continuaient  tou-^ 
jours  de  la  sorte  pendant  le  temps 
qui  leur  était  donné  pour  étudien 
Ces  entans  me  dirent  aussi  que 
de  cette  façon  ils  apprenaient  à 
lire  et  à  écrire,  sans  papier,  sans 
}}lcHues  et  sans  encre;  et  sur  ce 
que  je  leur  demandai  qui  les  en- 
seignait'et  qui  les  corrigeait  lors- 
qu'ils manquaient,  ou  qu'ils  é- 
taient  tous  écoliers ,  et  que  je  ne 
y  oyais  point  de  maîtres  parmi 
eux,  ils  me  repondirent  fort  rai-^ 
sonnablement ,  qu'il  était  impo$^ 
sible  qu'une  seule  ditficulté  les 
arrêtât  tous  quati^e^en  même  temps 
sans  pouvoir  la  surmonter ,.  et 
que,  pour  ee  sujet,  ils  s'exereaient 
toujours  ensemble,  afin  que  si  l'un 
manquait  )  les  autres  fussent  sesi 
maîtres  n  L'impulsion  beureusé 
donnée  par  Lancaster  en  Angle« 
terre  a  étendu  ses  effets  dans 
presque  toutes  les  parties  du  mon* 
de  civilisé.  Sa  métbode ,  dont 
l'emploi  ne  date  que  d'une  .ving-^ 
taine  d'années  ^  a  été  reportée 
par  des  missionnaires  anglais  en 
Asie,  et  par  quelques-uns  de  ses 
meilleurs  élèves  en  Amérique. 
Elle  est  généralement  adoptée 
dans  toutes  les  colonies  anglaises. 
En  France  l'enseignement  mutuel 
u  d'abord  été  introduit  par  quel- 
ques honorables  citoyens,  qui  ont 
fourni  aux  frais  d'établissement 
des  premières  écoles.  (  Voyez  les  ar- 
ticles ALBXiVDaC  LjkBOftDE,  LAFFrT-r 

TE,  DiiG  d'Ou.éaiis,  ctc.)  Lc  roi  lui 
a  accordé  sa  protection  ;  plusieurs 
princes ,  prélats  et  fonctionnaires 
pMblias  avaient  suivi  cet  exemple. 


LAN 


455 


Une  légère  somme  était  même  ac- 
cordée annuellement,  et  se  trou- 
vait portée  sur  le  budget  de  l'état'^ 
pour  le  traitement  des  instituteurs; 
Cette,  méthode  avait  été  employée 
avec  suGC^  dans  les  grandes  villes^ 
et  était  passée  de  \k  dasTs  les  peti** 
tes,  dans  les  bourgs  et  jusque 
dans  les  molndre|  communes  ru- 
rales. Elle  avait  même  pénétré 
dans  les  garnisons  ;  de  vieux  soU 
dats  apprenaient  à  lire,  à  écrire 
et  à  compter.  Au  bout  de  quel-* 
ques  mois,  l'empereur,  de  Russie^ 
frappé  de  ses  avantages ,  Ta  fait 
introduire  dans  ses  troupes.  Alais 
bientôt  un  parti  puissant  s'est  pro* 
nonce  contre  ce  mode  d'euseigne- 
ment.  Les  frères  des  écoles  chré- 
tiennes réot*ganisées  en  France, 
ont  voulu  seuls  présider  k  l'ins- 
truction du  peuple.  Ils  ont  trouvé 
de  puissans  protecteurs.  On  a  été 
jusqu'il  soutenir  q  Ad 'enseigne-* 
ment  mutuel  était  VJ^pôsé  à  Ja 
mors^le,  k  la  religion  et  au  gou- 
vernement monarchique ,  et  qu'il 
fallait.non-seulement  s'airâtenir  de 
Je  protéger ,  mais  se  hâter  de  le 
proscrira.  Chez  une  nation  décom- 
posée par  une  révolution  telle  que 
la  noire,  a-t-on  dit,  où  les  mœurs 
sont  aussi  dépravéesv(  car  îl  est 
prouvé  que  nos  mœurs  sont  plu» 
mauvaises  que  celles  de  nos  pères 
du  temps  de  la  régence  et  du  rè-* 
gne  de  Louis  XY),  il  est  éminem- 
ment dangereux  d'éclairer  trop 
promptement  la  jeunesse,^  et  d'a- 
bréger pour  elle  le  temps  ëi  bimi 
employé  par  l'ancienne  métho- 
de d'éducation.  On  n'apprend 
bien  d'ailleurs  que  ce  qu'on  ap- 
prend lentement,  et  les  frères  de 
la  doctrine  savent  parfaitement  ce 
qu'ils  font ,  en  consacrant  des  an- 


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436 


LAN 


nées  entières  à  inculquer  pénible- 
ment à  leurs  élèves,  les  connais-  ' 
sances  qu'on  acquiert  dans  les  é- 
coles  iancastériennes  en  quelques 
mois.  On  a  publié  en  France  plu- 
sieurs ouvrages  contre  renseigne- 
ment mutuel,  où  ces  doctrine!*  se 
trouvent  développées  :  ils  ont  été 
victorieusemen^réfutés  par  d'au- 
tres écrits;  mais  on  ne  saurait  dis- 
convenir que  depuis,  et  tandis  que 
cette  raétbodc  se  répand  généra- 
lement dans  tous  Les  autres  pa js , 
elle  n'ait  été  privée  en  France  de 
nombreux  appuis  ^  et  de  tous  les 
encourageniens  des  fonctionnai* 
res  publics.  Elle  s'y  maintient  ce- 
pendant encore  par  ses  propres 
forces,  et  par  les  secours  généreux 
de  quelques  honorables  citoyens. 
Elle  a  même  reçu  depuis  peu  une. 
nouvelle  extension  :  on  l'appli- 
qué aujour^ui  avec  succès  à 
l'enseigneiaplt  de  plusieurs  lan- 
gues, et  àKelui  de  la  musique. 
Les  israélistes  l'ont  adoptée  géné- 
ralement dans  leurs  écoles.  Il  est 
probable  enfin  que  ses  passionnés 
adversaires  ne  parviendront  point 
à  l'étouffer.  Lancaster  a  publié 
les  ouvrages  suivans:  i*"  Amélio^ 
rations  dans  ^éducation,  in -8", 
i8o3,  5*  édition,  i8o6;  2-  Lettre 
au  très- honorable  Jean  Porter,  sur 
(es  meilleurs  moyens  d'élever  et  de 
rendre  utiles  les  pauvres  en  Irlan^ 
de,  in-8%  1807;  S"  Appel  à  la  jus- 
t4ce  dans  la  cause  de  10,000  en  fans 
pauvres,  în-S**,  iSoy;^'' Syllabaire 
(SpeUing  book)  à  Vusage  des  éco^ 
les,  in- 12,  1808;  b^  Notice  sur  les 
progrès  du  plan  de  Joseph  Lanças*- 
ter  pour  Véducation  des  enfans, 
in-8",  1810;  6'  Rapport  sur  les 
progrès  de  Joseph  Lancaster  de- 
jmis  i7c>8,  in-S",  1811;  ^"^  Subsf 


LAU 

tance  d'une  leçon  prononcée  à  la 
taverne  des  Francs- Maçons,  în-8% 
1812. 

LANCELOT-CASTELLO  (Ga- 
briel), prince  de  Tonemuzza,  d« 
à  Palerme  en  1727.  Elevé  suruii 
sol  riche  en  grands  souvenirs  et 
célèbre  par  de  grandes  catastro- 
phes, il  se  livra  dès  ses  plus  jeu- 
nes années  à  l'étude  des  nrionu- 
mens  de  l'antiquité  et  à  la  nu- 
mismatique. Il  publia  bientôt  di- 
vers ouvrages  qui  firent  honneur 
^  son  érudition.  On  remarqua 
particulièrement  V Histoire  d*  A  le- 
«ia^  ville  gauloise  que  César  men- 
tionne dans  ses  Commentaires,  et 
un  autre  ouvrage  aussi  générale- 
ment estimé,  qui  contient  l'expli- 
cation' de  toutes  les  inscriptions 
anciennes,  relatives  à  la  Sicile. 
L'économie  publique  devint  en- 
suite l'objet  de  ses  savantes  inves- 
tigations, et  il  prouva  ses  con- 
naissances dans  cette  branche  de 
gouvernement ,  par  deux  intéres- 
sans  mémoires,  l'un  sur  les  ban- 
ques ,  et  l'autre  sur  les  ateliers  de 
monnaie  de  la  Sicile.  Ce  prince 
mourut  à  Palerme,  le  27  février 
1794.  François  Carelli,  secrétaire 
intime  du  gouvernement ,  pro- 
nonça son  éloge  dans  l'académie 
du  Buon4rusto.  II. laissa  une  col- 
lection précieuse  de  médailles, 
dont  Salvator  lllasi  a  publié  le  ca- 
talogue à  Palerme,  en  1794*  Ou 
place  au  nombre  de  ses  ouvniges 
les  plus  curieux  étales  pjus  im- 
portans  :  i*  Dissertazione  sopra 
una  statua  di  marmo^  Palerme, 
1749*  in-4"î  îï*  '^  antiche  iscri- 
zioni  di  Palermo,  \hîd.j  1763, 
in-fol.;  '5''  SicHiœ  veterum  popu- 
lorum ,  urbiunu  regum  et  tjranno- 
rum  numismata  quœ  Panormi  ex- 


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LAN 

tmnt  in  ejus  cimelio^  ibîd.,  17(^79 
in  -8*;  4"  SicUiœ  populorutn  et  ur^ 
hiam,  regum  quoque  et  lyranno- 
rum  veteri  nummi  Saracenorum  e* 
pochant  antécédentes,  Pulerme  y 
1781  9  avec  deux  supplémeos 
qu'il  y  ajouta  les  années  suivan- 
tes. 

LANCETTI  (Vimcbht),  homme 
de  lettres,  né  en  Italie^  s*est  fait 
connaître  par  une  traduction  du 
Satyricon  de  Pétrone ,  en  italien , 
avec  le  texte  latin  en  regard ,  et 
enrichie  de  notes  précieuses,  1 808, 
d  vol.  în-8*.  Cet  ouvrage,  remar^ 
quable  par  Télégance  du  style  et 
la  fidélité  de  la  version,  fut  dédié 
par  l'auteur  au  comte  de  Luosi, 
qui,  à  cette  époque,  était  grand- 
juge,  ministre  de  la  justice  du 
royaume  d'Italie ,  et  qui  en  ac- 
cepta la  dédicace.  IVl.  Lancetti  a 
occupé  long-temps  un  emploi 
dans  Tadministration  à  Milan ,  et 
était  chef  de  division  au  ministère 
de  la  guerre^  chargé  particulière- 
ment des  écoles  militaires.  Il  est 
très-estimé,  tant  pour  son  mérite 
littéraire  que  pour  ses  talens  ad- 
ministratifs. 

LA^^COSME  (  Sàvàbi,  màbqvis 
DE  ),  député  de  la  noblesse  de 
Touraine  aux  états-généraux  de 
1789.  Il  vota  d'abord  avec  la  ma 
jorité  des  membres  de  l'assem- 
blée constituante;  mais  dans  la 
séance  du  1 7  juin  5  il  s'éleva  et  pro- 
testai contre  l'abolition  delà  nobles- 
se et  des  droits  féodaux.  Il  signa 
ensuite  les  protestations  des  la  et 
i5  septembre  1791 9  Après  la  ses- 
sion de  cette  ptemière  assemblée, 
il  se  retira  de  la  scène  politique,  et 
n'y  reparut  qu'après  la  révolution 
du  18  brumaire.  Nommé  membre 
«lu  collège  électoral  du  départe-* 


UN  4S7 

ment  de  l'Indre  ^  il  vint  à  Paris  en 
181O9  à  la  tête  d'une  députation 
de  ce  collège,  et  félicita  Napo- 
léon sur  ses  victoires ,  sur  ia  paix 
de  Vienne ,  sur  ses  vertus  et  sur 
ses  bienfaits.  L'adresse  de  M.Lan- 
cosuie  se  terminait  par  les  phrases 
suivantes.  «  Pénétrés  de  recon- 
»  naissance  pour  les  lois  et  le  gou- 
overnement  de  votre  majesté  , 
»nous  ne  pouvons  rien  lui  oflHr 
»de  plus  que  nos  personnes,  nos 
«fortunes  et  nos  enfans.  Nbus 
»  n'avons  conservé  le  souvenir  de 
D  nos  maux  que  pour  bénir  tous 
»les  jours  la  main  qui  les  a  efia* 
«ces.  Ah!  sire,  si  vous  parcoure» 
»  un  jour  l'un  des  plus  fertiles  et 
Bdes  plus  industrieux  dépaite- 
»  mens  de  votre  empire ,  vous  n'y 
»  entendrez  de  tous  côtés  que  des 
»  vœux  et  des  prières  adressés  au 
nciel  pour  la  prospérité  de  votre 
»  majesté  et  celle  de  son  auguste 
»  famille.  «  On  a  réclamé  après 
la  chute  de  Napoléon ,  en  faveur 
de  M.  de  Lancosuie,  et  l'on  a  a- 
vancé  qu'il  n'avait  pas  été  le  ré- 
dacteur de  cette  adresse,  mais 
qu'il  avait  consenti  à  la  présenter 
par  déférence  pour  le  collège. 
L'on  apporte  en  preuve  le  refus 
qu'il  fît  du  titre  de  baron^  qui  lui 
fut,  dit-on ,  offert  à  cette  époque. 
Il  a  accepté  depuis ,  il  est  vrai , 
maïs  plus  tard,  le  titre  de  comte 
avec  la  croix  de  la  légion-  d'hon- 
neur. 

LANDAZURI  (Joachim),  ecclé- 
siastique espagnol ,  né  à  Yittoriu 
en  1734'  I*  s'est  livré  particulière- 
ment à  l'étude  de  l'histoire  et  -k  la 
littérature  de  sa  province,  et  les 
différens  ouvrages  qu'il  a  publiés 
successivement  à  Vittoria  ,  n'ont 
que  la  Biscaye  pour  "objet  :  l' ff  iV 


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458 


LAN 


loire  eailésiasiiclUe  et  potitique  de 
laBUeayey  i^Sa,  5  vqI.  in-4*;  a* 
Géographie  de  la  Biscuye,  1760,  2 
vol.  m-8*.  Outre  le  mérité  de 
Texâctitude,  cette  géographie  a 
yavaotage  de  fmre  conoaître  dee 
vallées  et  de»  cantons  que  le  non!-: 
bte  et  la  hauteur  des  montagpes 
qui  les  entourent  avaient  jusqu'a- 
lors laissés  inconnus.  5*^  Histoire 
des  hommes  illustres  de  la  Biscaye, 
1786,  I  vol.  in-4"«  Ces  ouvrages 
sont  très-^estÎQiés  en  Espagne» taQt 
pour  Texactitude  des  faits  que  pour 
la  chrté,  là  concision  et  Télégance 
du  style.  Landazuri  était  metnbi*e 
de  l'académie  espagnole,  et  jouis- 
sait d'une  pension  de  Charles  III, 
quand  il  niourut  à  Vjttoria  le  i  a 
fjinvier  1806. 

LANDEN  (Jean),  célèbre  ma- 
thématicien anglais ,  né  «V  Nor- 
^jHuptonjen  1719.  Ses  profondes 
connaissances  dans  les  hautes  ma* 
thématiques  étaient  d'autant  plus 
remarquables,  qu'il  les  avait  ac- 
quises par  lui-même,  sans  maîtres 
et  presque  sans  livres,  par  les 
seuls  eiforts  de  la  méditation.  On 
trouve,  dans  \e8  Transactions  phi-, 
iosophiquesn  plusieurs  de  ses  mé- 
moires qui  OHt  un  vrai  mérite.  Il 
publia  également,  en  1776,  sous 
le  titre  de  Lucubraiiom  malhéma^ 
tiques^  un  volume  qui  fut  suivj 
de  deux  volumes  de  mémoires 
d'm:^  grand  intérêt,  mais  qui  ne 
peuvent  être  consultés  que  par 
des  personnes  déjà  familiarisées 
aviecles  hautes  mathématiques  , 
tant  les!  propositions  et  les  .dé-^ 
nionstratiops  en  sont  profondes^ 
En  1776*  la  société  royale  de 
JiOndres  Tadmit  au,  nombre  de 
sej^  membres,  et  quelque  temps  a* 
\>fM  9.  te   comte   Fiti-Wilii^m  le 


LAN 

chargea  de  la  direction  de  ses  affai- 
res. Il  ne  quitta  cet  emploi  que  a 
ans  avant  sa  mort,  qui  eut  lieu  en 
1790. 

LANDOLPHE(AKTOiNE),ancien 
capitaine  de  la  marine  française, 
est  né  à  Montbelet,  en  1760.  Les 
connaissances  qu'il  avait  acquises 
dans  ses  fréquens  voyages  sur  les 
cotes  d'^Afrique,  l'avaient  appelé, 
avant  la  révolution,  à  la  direction 
de  la 'société  coloniale  phUan tro- 
pique d'Ouère,  en  Afrique.  Com- 
me le  .but  de  cette  société  était 
d'établir  et  d'étendre  le  commerce 
français  dans  le  vaste  royaume  de 
Bénin,  M.  Landolphe  avait  tnia 
tous  ses  soins  à  se  concilier  d'a- 
bord la  bienveillance  du  roi  d'Ouè- 
re. Il  y  réussit  complètement,  et 
en  obtint  la  pernaission  de  cons- 
truire un  fort  à  l'embouchure  du 
fleuve  de  Bénin ,  et  de  mettre  en 
culture  un  terrain  très -étendu. 
Cet  établissement  prospérait  ^  et 
ses  soins  continuiels,  soutenus  par 
les  bras  de  plusieurs  centaines  de 
Nègres  libres,  lui  donnaient  chaque 
jour  de  nouveaux  accroisseaiens. 
En  1792,  quelques  individus  mis 
à  terre  près  du  fort,  par  deux  vais- 
seaux de  commerce  anglais  o^nixés 
de  carions,  se  présentent  au  Oioin 
de  la  msûson  Dohson  et  compagnie 
de  Liverpool,  et  se  disent  chargés 
de  remettre  à  M.  Landolphe  de  ri* 
ches  présens  en  reconoaissaoc» 
des  services  rendus. l'année  d'aii-r 
paravant.â^  un  bâtiment  de  cette 
maison.  M.  Landolphe  accepta 
sans  méfiance  les  présens,  et  dou- 
na  aux  Anglais  un  dîner  aussi 
somptueux  que  la  localité  le  per- 
mit. La.  journée  se  passa  en  com- 
plimens  et  en  témoignages  mu- 
tuels d*esUm^. et  d'amitié;  A)!!»^ 


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LAN 

lEiuit,  et  lorsque  les  Nègre»  9  qui 
d'ailleurs  avaient  priij  quelque  part 
à  la  fête,  étaient  profondément 
endormis,  M.  Landolphe,  qui 
n'avait  avec  lui  que  deux  Euro- 
péens, se  réveille  au  bruit  des  ar- 
mes, et  se  voit  entouré  de  soldats 
menaçans  prêts  à  le  percer  de 
leurs  baïonnettes.  Sans  secours, 
sans  moyens  de  résistance,  pour- 
suivi à  coups  de  pistolet,  il  se  pré- 
cipite d'une  fenêtre  dans  les  fossés 
du  fort  qui  étaient  pleins  d'eau. 
Les  brigands  le  crurent  mort,  et 
se  hûtèreut  de  procéder  au  pillage 
et  de  remplir  leurs  canots.  Les 
cris,  le  tumulte  inséparable  d'u- 
ne pareille  expédition  parvinrent 
à  éveiller  quelques  Nègreï  ;  ceux- 
ci  sonnent  l'alarme,  on  s'éveille 
de  tous  côtés,  on  court  aux  ar- 
rnes;  mais  les  forbans  craignant 
d'êti-e  atteints,  se.  sauvèrent  en 
mettant  le  feu  aux  magasins,  et  en 
faisait  sauter  celui  qui  renfermait 
la  poudre.  Cet  acte  inouï  de  bri- 
gandage commis  en  pleine  paix,  et 
qui  excita  l'indignation  générale 
même  en  Angleterre,  n'a  jamais 
été  ni  recherché  ni  réparé.  La 
guerre  entre  l'Angleterre  et  la 
France,  qui  éclata  quelques  mois 
iiprès  celte  piraterie,  rendit  toutes 
les  réclamations  de  M.  Landolphe 
inutiles;  et  ses  démarches,  lors  de 
la  conclusion  du  traité  d'Amiens, 
n'eurent  pas  de  résultat.  On  n'a 
point  appris  même  qu^'l  ait  obtenu 
depuis  la  réparation  qui  lui  est  si 
légitimement  due. 

LANDON  (C,  P.),  peintre,  an- 
cien  pensionnaire  de  racadémic 
de  France  à  Rome,  conservateur 
des  tableaux  du  Musée  ,  corrcs-' 
pondant  de  Tacadémie  des  beaux- 
arts  de  l'institut,  membre  de  plu- 


LAN  439 

sieurs  sociétés  littéraires  ;  s'est 
fait  honorablement  connaître^^- 
me  artiste,  comme  écrivai^ret 
comme  éditeur  de  différens  ouvra- 
ges concernant  les  arts.  Il  a  pu- 
blié :  !•  Nouvelles  des  arts,  5  vol. 
in-8";  2"  Annales  du  Musée  et  de 

1  école  moderne  de$  beaux-arts^  17 
vol.  in-8%  publiés  de  1801  à  1810 
comme  auteur  et  éditeur.  On  joint 
à  cet  ouvrage  les  Paysages  et  Ta- 
bleaux de  genre^  4  vol.  in-8",  i8o5. 
5°  Annales  du  Musée  y' n''^  col- 
lection y  dans  laquelle  est  com- 
pris le  salon  de  1817,  la  vol.  in- 
8**;  4°  '«  Galerie  Giusliniani  et  la 
Galerie  Massias^  33  vol.,  ouvrage 
très-estimé ,  quoique  ces  sujets 
soient  gravés  au  simple  trait.  Cha- 
que volume  contient  72  planches; 
les  amateurs  recherchent  avec  em- 
pressement cette  belle  collection, 
parce  que  les  principaux  tableaux, 
qui  y  sont  reproduits  avec  fidélité 
et  talent,  ne  sont  plus  en  France. 
5"  yies  et  Œuvres  des  peintres  les 

.plus  célèbres,  20  volumes  in-4'*, 
i8o3  et  années  suivantes.  On  y 
trouve  les  portraits  et  les  œuvres 
complètes  du  Dominiquin,  de  Mi- 
chel-Ange, de  Raphaël,  du  Pous- 
sin et  de  Lesuéur,  avec  un  choix 
des  productions  capitales  de  l'Al- 
bane ,  de  Daniel  de  Volterre,  «Je 
Baccio  BandinelU  ,  et  le  premier 
volume  des  peintures  antiques.  6** 
Description  de  Paris  et  de  ses  édi- 
fices, avec  un  précis  historique  et 
des  observations  par  Legrand,  2 
vol.  in-8%  1806  à  iSog;  ^'^  Galerie 
historique  des  hommes  les  plus  cé- 
lèbres de  tous  les  siècles  et  de  toutes 
les  nations^  12  voL  in- 12;  8"  Choix 
de  Biographie  ancienne  et  moderne^ 

2  vol.  in-12,  avec  1 44  Portraits. 
C'est  un  abrégé  de  l'ouvrage  pré- 


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440 


LAN 


cèdent.  8'  antiquités  d^ Athènes, 
liJigMps  Stuart  et  ReTett,  5  vol.' 
iii^i.  Le  texte  de  cet  ouvrage  a 
été  traduit  de  l'anglais  par  Ai. 
Feuillet.  9'  Description  de  Lon- 
dres et  de  ses  édifices,  1  vol  in-8" 
avec  4^  planches;  lo""  Amours  de 
Psyché  et  de  Cupidon,  in-fol.^  im- 
primerie de  P.  Didot  Tainé^  avec 
5a  planches  gravées  au  trait,  d'a- 
près Raphaël;  w"  le  saint  Evangile 
deN.  S.  J.  C,  în-4%  inipriroerie 
du  même,  avec  5i  planches  gra*- 
vées  au  trait,  d'après  Raphaël,  le 
Poussin  et  l'Albane;  la*  Recueil 
des  ouvrages  (U  peinture  et  sculp- 
ture qui  ont  concouru  pour  les  pria> 
décennaux^  iii-8%  avec  4^  plan- 
ches; i5-  Atlas  du  Musée^  ou  Ca- 
talogue figuré  de  ses  tableaux  et 
statues, 

LANDREMONT,  général  fran- 
çais, était  capitaine  de  dragons 
dans  le  régiment  de  Schomberg 
au  commencement  de  la  révolu- 
tion. Employé,  en  1795,  sous  les 
ordres  du  général  Custines,  il  dé- 
buta, avec  bonheur,  par  la  conr- 
quéte  du  duché  de  Deux-Ponts. 
Il  fut  moins  heureux  devant  le 
Carlsberg,  d'où  il  fut  deux  fois 
repoussé  avec  perte;  néanmoins 
on  lui  donna  le  commandement 
de  l'avaut-garde  de  l'armée,  et  il 
eut  le  talent  de  jeter  un  convoi 
dans  la  place  de  Landau,  que  l'en- 
nemi cernait  de  toutes  parts.  C'est 
sans  doute  au  ravitaillement  de 
i-ette  place  importante  qu'il  dut 
le  commandement  en  chef  de  l'ar- 
mée, du  Rhin;  mais  il  éprouva 
bientôt  un  grand  revers.  Les  li- 
gnes de  Weissembourg  furent  for- 
cées, malgré  la  résistance  opiniâ- 
tre de  l'armée  française.  Cet  échec 
motiva  la  destitution  du  général 


LAN 

Landremont;  et  l'iotérêt  que  le 
représentant  du  peuple  en  missioii 
près  l'armée,  prit  à  lui,  ne  put  em- 
pêcher son  aiTestatîon  et  sa  trans- 
lation à  l'Abba^re.  Il  ne  fut  pour- 
tant pas  mi^  en  jugement,  et,  en 
1795,  il  fut  remis  en  activité.  11 
était  jemployé  sur  les  côtes  du  dé« 
partemc^nt  du  Nord,  lorsque  M. 
de  Choiseul  et  plusieurs  autres 
émigrés  y  firent  naufrage.  U  ^ut 
assez  d'influence  sur  le  conseil  de 
guerre  qui  les  jugea,  pour  les  sau- 
ver. Peu  de  temps  après  il  fut  des- 
titué. Depuis  cette  époque  il  est 
sans  activité,  et  il  s'est  retiré  à 
Nanci. 

LANDREN  (N.),fat  d'abord  offi- 
cier municipal  de  Vannes ,  dépar- 
tement du  Morbihan.  En  J795, 
il  figura  dans  les  sections  de  Paris, 
et  devint  un  des  agens  attachés  à  la 
Montagne  qui  préparèrent  la  jour- 
née du  5i  mai.  Il  se  fit  aussi  remar- 
quer dans  la  section  du  Panthéon. 
Landren  se  retira  ensuite  dans  sa 
ville  natale,  et  fut  élu  par  son  dé- 
partement, en  1798,  député  au 
conseil  des  cipq-cents.  Il  y  vota 
constamment  avec  le  côté  gauche^, 
mais  on  ne  le  vit  jamais  monter  à 
la  tribune.  Il  s'opposa  à  la  révolu- 
tion du  18  brumaire,  et  fut  exclu 
du  conseil. 

LAN  DRI N  (N.  j,  général  français, 
embrassa  le  parti  des  armes,  et 
obtint  un  avancement  rapide  à  l'é- 
poque de  la  révolution.  Il  fit  avec 
distinction  toutes  les  premièrei» 
campagnes,  et  fut  employé,  en 
1795,  en  qualité  de  général  dans 
Tannée  du  Nord,  commandée  par 
Bouchard.  Il  se  signala  en  diÔë- 
rentes  rencontres,  particulière- 
ment, le  7  septembre  «  près  de 
Dunkerque,  et  contribua  puissaui* 


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LAN 

ment  aux  succès  de  celle  journée. 
Les  alliés  furent  obligés  de  lever 
le  siège  après  avoir  éprouvé  une 
grande  perte  en  hommes  et  en 
matériel.  Malgré  les  services  que. 
le  général  Landrin  rendit  dans 
cette  affaire,  îi  fut  destitué  peu  de 
temps  après. 

LANDSDOWNE  (loeDjMJLeqch 
de),  du  très-petit  nombre  des  bons 
ministres  dont  le  nom  se  trouve 
î lisent  dans  les  annales  de  la  po- 
litique. Il  naquit,  en  1734?  du 
comte  de  Shelburne.  Lieutenant 
dans  les  gardes  du  roi ,  il  quitta  ce 
corps,  où  Ton  ne  se  forme  pas  aux 
périls  et  aux  travaux  de  la  guerre, 
pour  servir,  comme  volontaire, 
dans  la  guerre  de  sept  ans^  sous 
le  duc  de  Brunswick.  Général,  en 
1783,  il  dut  son  avancement  ra- 
pide ,  moins  à  sa  haute  naissance 
qu'à  son  courage  et  à  son  talent. 
Il  était,  dès  1762  ,  lord  du  com- 
merce, et  conseiller  privé.  Après 
la  retraite  du  duc  de  Frichmond, 
il  devint  secrétaire-d'état,  et  prit, 
à  la  inort  de  son  père ,  le  titre  de 
comte  de  Shelburne.  Un  grand 
caractère ,  celui  d'un  ministre 
honnête  homme  et  d'un  courti- 
san courageux,  commença  dés- 
lors  à  se  développer  aux  yeux  de 
la  nation.  Landsdowne  et  Cha- 
tham  se  liguèrent  pour  effectuer 
leurs  projets  philantropiques,  et 
faire  marcher  le  gouvernement 
dans  la  route  peu  frayée  du  bon- 
heur public.  Un  cabinet  occulte, 
une  volonté  secrète  et  puissante, 
contrarièrent  ces  vues,  avec  une 
persévérance  et  une  force,  qui  o- 
bligèrent  Chatham  à  quitter  un 
poste  où  le  bien  lui  devenait  im- 
possible à  faire.  Son  ami  Lands- 
dowae   le  guivit;  mais  ne  cessa 


LAN 


44t 


point  d'opposer  sa  Voix,  son  vote 
et  ses  travaux,  aux  usurpations 
du  ministère  qui  lui  succéda.  L'af- 
faire de  Wiikes,  la  guerre  d'Amé- 
rique et  les  débats  sur  l'effayantc 
progression  de  la<  dette  publique, 
lui  fournirent  l'occasion  fréquente 
de  signaler  et  de  coinbattre  l'in- 
fluence de  kl  couroniie  et  la  cor- 
ruption du  cabinet.  Lord  Nor^h 
tomba,  comme  dit  Junius,  du 
haut  de  son  ignorance  :  lord  Shel- 
burne le  remplaça.  A  peine  était- 
il  ministre,  que  la  paix  avec  la 
France  fut  signée,  et  l'indépen- 
dance américaine  reconnue.  Il 
contînuak  à  marcher  dans  cette 
voie  constitutionnelle,  quand  il  fut 
obligé  de  céder  sa  placeau  fils  d^ 
son  vieil  ami,  au  trop  fameux 
Pitt,  le  plus  adroit  et  le  plus  cau- 
teleux des  politiques,  et  qui,  à  a4 
ans,  réunissant  déjà  les  charges 
de  grand-trésorier  et  de  chance- 
lier de  l'échiquier*  commençait  sa 
carrière  par  supplanter  l'ancien 
ami  de  son  père  Chatham.  Lord 
Shelburne  était  retiré  dans  ses 
terres,  jusqu'au  moment  où  la  ré- 
volution française  vint  agiter  for- 
tement les  esprits  en  Angleterre. 
On  le  vit  se  placer  de  nouveau 
et  briller  dans  les  rangs  de  l'oppo- 
sition, coilibattre  constamment  ie 
ministère ,  souvent  entraver  ses 
démarches,  et  foudrbycr  ses  in- 
justes prétentions.  Aux  approches 
du  jugement  de  Louis  XVI,  tout 
en  protestant  contre  la  guerre  dé- 
clai'ée  à  la  France,  il  fit  l'hononv- 
ble  proposition  d'envoyer  auprès 
de  la  convention  un  ambassadeur, 
avec  là  mission  expresse  d'in- 
tercéder pour  le  monarque  fran- 
çais au  nom  de  l'Angleterre.  Il 
plaida  aussi  la  cause  des  io,oûo 


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442  .  Î.AN 

émigrés  français  qui  se  trouvaient 
répandus  dans  lesTrois-Royaumes» 
et  qui,  par  leurs  querellées ,  leurs 
prétentions  ,et  leur  arrogance,  dé- 
rogeaient sans  doute  à  la  dignité 
diiaialheur,  mais  qui  n'en  étaient 
pas  moins  en  proie  à  une  misère 
profonde.  Son  humanité  Tintéres- 
sait  à  eux;  sa  phjlantropie  lui 
Élirait  demander  le  renvoi  des  mi- 
.  BÎstr^  et  la  paix  avec  la  France. 
Constant  défenseur  des  libertés 
du  genre  humain,  sous  quelque 
forme  qu'elles  se  fussent  présen- 
tées à  lui,  il  vit  approcher  la  mort, 
à  66  an5  (i%>â)9  ^vec  ce  cahue 
d'une  consxïîence  qui  avait  traver- 
sé, pure  de  toute  sOuiliure ,  deux 
ministères  et  une  longue  carrière 
politique^  Il  aimait  les  arts,  et  son 
hôtel  de  Berkley-Square  est  l'un 
des.  plus  riches  de  l'Angleterre , 
en  statues  et  en  tableaux. 

LANDSDOWNE(siR  Henry-Pçt- 
TY,  MARQUIS  de),  pair  d' Angle  teire, 
chancelier  de  l'échiquier,  ministre 
d'état,  fils  du  précédent,  hérita 
de  la  fortune  et  des  opinions  po- 
litiques de  son  père.  Il  reçut  de 
ce  dernier  une  éducation  soignée, 
et  CCS  principes  de  justice  et  de 
probité  sociale,  qui  font  rarement 
partie  et  de  l'éducation  des  hom-y 
mes  et  surtout  de  l'éducation  des 
ministres.  Chancelier  de  réchi- 
<{uier  et  représentant  de  l'univerr 
site  de  Cambridge  en  i8o5^  il  suc- 
céda, en  1806,  au  célèbre  Pitt,  et 
se  montra  digue  de  le  remplacer, 
En  déployant  de  grands  talent 
administratifs  ,  il  fit  preuve  de 
probité  politique  :  et  c'était,  sous 
un  rapport  du  moins,  se  montrer 
plus  grand  que  son  illustre  prédér 
uesseur.  Fox  njourut,  le  mînistè- 
l-j^  fut.  dissous  :  lord  Petty  entra  à 


.    LAN 

la  chambre  des  pairs,  sous  le  nom. 
demarquisdeLandsdowne.  L'oppo- 
sition n'eut  pas  de  plus  ferme  sou- 
tien :  il  défendit  successivement, 
avec  beaucoup  de  force  et  d'élo- 
quence, les  droits  et  les  libertés 
de  la  France ,  de  l'Espagne  •  des 
Etats-Unis.  Les  catholiques  d'Ir- 
lande trouvèrent  aussi  en  lui  un 
avocat  éloquent  et  un  habile  dé- 
fenseur. En  1812,  lorsque  les  or- 
dres, dits  du  conseil,  menaçaient 
d'une  rupture  avec  le  gouverne- 
ment américain,  il  demanda  solen- 
nellement le  rapport  de  ces  or- 
dres. Au  commencement  de  18 15, 
il  s'occupa  du  cartel  d'échange 
des  prisonniers  anglais  et  des  pri- 
sonniers français*  Il  fut,  en  i8i4ii 
l'interprète  des habi  tans  d'Halî  fax  : 
ils  demandaient,  dans  une  péti- 
tion ,  la  radiation  de  l'article  du 
traité  de  paix  de  Paris,  qui  per- 
mettait à  la  France  le  libre  com- 
merce des  esclaves  nègres  pour  4 
ans.  Lord  Landsdown  provoqua 
l'intervention  de  la  nation,  pour 
obtenir  des  niodifîcations.  EniSiS, 
il  demanda,  avec  instance,  qu^ 
les  ministres  fussent  tenus  de  fai- 
re connaître  à  la  chambre  les  en- 
gagemens  de  l'Angleterre  avec  les 
puissances  étrangères,  relatÎTe- 
ment  au  séjour  des  troupes  anglai- 
ses sur  le  continent  :  mesuret^  di- 
sait-il, aussi  onéreusc-ppur  le  tré- 
sor que  contraire  à  la  constitu- 
tion. En  1816,  le  marquis  de 
Landsdownse  Irouvaità Paris.  De 
retour  ù  Londres^  il  prononça  uo 
discours,  extrêmement  violent  « 
contre  les  sinécures  et  les  sinécu-- 
ri^tes..  Apparemment  que  son  sé- 
jour en  France  lui  avait  donné 
lieu  de  faire  quelques  observa- 
tions nouvelles,   sur.leseroploif 


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LAÎf   . 

inutiles,  exploités  par  le  ministère 
et  ses  amis. 

LANGARA  (don  Juan),  amiral 
espagnol ,  oi^iaistre  de  la  marine , 
etc.  Pendant  la  campagne  de  i^gS* 
il  commandait  la  flotte  espagnole 
qui  se  réunit  à  la  flotte  anglaise 
dans'  la  Méditerranée  ,  et  entra 
dan»  le  port  de  Toulon  à  la  suite 
de  ramiral  Hood,  aTec  lequel  il 
nç  s'entendit  pas  parfaitement 
pour  toutes  les  mesures  que  ce 
dernier  roulait  prendre.  L'amiral 
LdHgara  se  chargea»  cependant,, 
d'incendier  à  la  retraite  les  vais- 
seaux français  ;  il  exécuta  cette 
mission  avec  le  zèle  le  plus  ar-^ 
dent  9  et  outrepassa  même  ses 
promesses  en  incendiant  aussi  les 
inagiisins  de  Tarsenai.  Au  retour, 
à  Madrid,  de  cette  expédition,  on 
lui  proposa  le  ministère  de  la  ma^ 
rine,  mais  il  le  refusa,  et  fut  con- 
tinué, pendant  1 794  et  1 795,  dans 
le  conimandementdes  flottes  es* 
pagnoles  dans  la  Méditerranée  et 
dan$  l'Océan.  Appelé  de  nouveau 
au  ministère  diB^la  marine  en  1 796 , 
il  se  crut  obligé  de  l'accepter,  mais 
U  dut  le  céder  bientôt  à  M.  do 
Grandellana  :  il  mourut  quelques 
années  après. 

^ANGJKRON  (  LE  COMTE  de  ) , 
Heutenant-^générai  au  service  de 
liussie,  né  en  1764  en  France, 
^ntra  d'abord  très-jeune  au  servi-* 
ce  d^  sa  patrie,  et  fit  avec  distiiie- 
liop  la  guerre  d'Amérique,  sous 
les  ordres  du  maréchal  de  Ro-^ 
chambeau.  A  son-  retour  en  Fran* 
ce,  il  fut  nommé  colonel  en  se- 
cond, mais  en  1787,  il  quitta  son 
pays  pour  se  rendre  an  Ritssie. 
L'impératrice  Catherine  liai  ac- 
i^orda  un  gr,ade  supérieur  dans 
se^  fermés»» 9  el  l'employa  dai^^^^ 


tAN  •  445 

guerre  contre  les  Turcs.  Il  y  fit 
preuve  de  valeur  et  de  talens  min- 
utaires.  Sa  nouvelle  souveraine 
lui  témoigna  sa  satisfaction  en  lui 
envoyant  une  épée  d'or  en  1791. 
Le  comte  de  Langeron  fut  chargé 
l'année  suivante  «  avec  les  ducs 
de  Laval  de  Polignac  et  autres 
pobles    français,   d'orgaiàiser  un 
coi^s  d'émigrés.  Parvenu  au  gra- 
de  de  lieutenant-général  en  Rus- 
sie ,  il  n'hésita  point  à  combattre 
ses  compatriotes,  et  commandait 
la  4"**  division  de  l'armée  russe, 
à  la  bataille  d'Austerlitz.  Mais  le 
vainqueur  des  Ottitnaas  trouva 
cette  fois  des  adversaires  devant 
lesquels  il  lui  fallut  fléchir,  et  qtii 
arrachèrent  la  victoire  la  plus  si- 
gnalée ^u  parti  qu'il  avait  em- 
brassé. Le  centre  de l'ârmèe, com- 
mandé   par  le    général  Pribits- 
chinsky,  fut  d'abord  enfoncé;  la  ' 
garde  impériale  russe  mise  en  dé- 
route ,  fut  sabrée  ou  faite  prison- 
nière; les  divisions  des  généraux 
Langeroij^   Buxhowden,  Milora- 
dowith  et  Bagration  entamées  à 
leur  tour ,  il  ne  resta  d'autre  par- 
ti que  celui  de  la  plus  prompte 
retraite.  Le  comte  de  Langeron 
la  couvrit  de  son  mieux,  et  fut 
employé  dans  toutes  les  campa- 
gnes suivantes.    Il   se    distingua 
dans  celle  de    1812,  lors  de  la 
dernière  invasion  en  Russie,  et  a- 
près  la  retraite  de  Mosca»  si  fu- 
neste aux  armées  françaises ,  il  ne 
put  voir,  dit-rcm,  sans  quelque é* 
motion,  les  malheurs  affreux  qui 
accablaient   de  braves   guerriers 
nés  dans  le  même  pays  que  lui. 
Il  chercha  ù  soulager  l'infiortune 
de  plusieurs  d'entre  eux,  et  l'on 
vante  beaucoup  le  zèle  qu'il  dé- 
ploya pour  fgire  accorder  des  se. 


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^i44 


LAN 


cours  aux  prisonDiers  français. 
Le  26  août  181 5,  il  attaqua  avec 
des  forces  supérieures  la  division 
du  général  Pu thod,  qu'il  entoura 
de  toutes  parts  à  Lowenberg;,  et 
qu'il  força^  après  une  opiniâtre  ré- 
sistance,  à  se  rendre.  A  la  bataille 
deLéipsick,  fi  commandait  le  corps 
russe  réuni  à  l'armée  suédoise^ 
sous  les  ordres  du  prince  royal  de 
Suède.  Le  18  octobre,  il  eut  une 
affaire  très- vive  au  village  de 
Schoenfeld  devant  Léipsick,  et  ne 
parvint  k  s'emparer  de  cette  posi- 
tion qu'après  avoir  perdu  beau- 
coup de  mdkde.  Il  ne  put  s'y 
maintenir  d'abord  9  et  repoussé  à 
plusieurs  reprises  9  ce  ne  fut  que 
vers  le  soir,  après  que  le  général 
Sacken,  par  une  attaque  impré* 
vue,  eut  pris  les  Français  à  dos  , 
qu'il  emporta  enfin  ce  poste  vail- 
lamment défendu.  Après  les  dé- 
sastres des  5  sanglantes  journées 
de  Léipsick,  l'armée  française  ^ 
ayant  été  forcée  d'abandonner  ses 
conquêtes  au-delà  du  Rhin  ,  le 
comte  de  Langerou  passa  ce  fleu- 
ve le  1"  janvier  i8i4'  Le  corps 
qu'il  commandait  était  joint  alors 
^  l'armée  prusienne  dite  de  Silé« 
sie,  sous  les  ordres  du  feld-maré- 
chai  Blucher,  et  il  commanda 
l'aile  droite  de  cette  armée ,  qui 
pénétra  dans  le  cœur  de  la  Fron- 
ce. Après  s'être  joint,  à  fileuax^avec 
la  grande  armée  des  coalisés,  le 
28  mars,  il  marcha  sur  Paris,  et 
ce  fut  le  comte  de  Langeron,  ap- 
puyé par  les  corps  prussiens  des 
généraux  Yorck  et  Kleist ,  qui 
eut,  dans  la  matinée  du  3o  mars 
1814  9  l'avantage  d'enlever  les 
derniers  et  faibles  retrauchemeus 
élevés  à  la  hAte  devant  la  capitale 
de  sa  patrie.  Il  y  eut  encore  beau- 


LAN 

coup  de  sang  français  et  ennemi 
de  répandu  à  cette  occasion,  mais 
M.  de  Langerou  s'empara  enfîn  des 
hauteurs  de  Montmartre.  L'empe- 
reur de  Russie  récompensa  ma- 
gnifiquement ce  général  de  ce  fait 
d'armes ,  et  lui  dit  en  le  décorant 
du  grand-cordon-bleu  de  son  em- 
pire, «  Qu'il  avait  trouvé  cet  or- 
»dre  sur  les  hauteurs  de  Alont- 
»  martre. ,»  Le  comte  de  Lange- 
rou eut,  en  181 5,  le  commande- 
ment d'un  corps  russe  de  35,000 
•hommes ,  quitta  Paris  au  mois 
d'octobre,  et  dirigea  la  marche  de 
cette  partie  de  l'armée  qui  re- 
tourna en  Russie.  A  son  arriyée, 
il  fut  nommé  gouverneur-général 
de  la  Crimée,  et  se  rendit  à  Odes- 
sa, où  il  remplaça  le  duc  de  Ri- 
chelieu, comme  lui  lieutenant- 
général  au  service  de  Russie  , 
mais  qui  était  alors  appelé  au  mi- 
nistère en  France.  Le  comte  de 
Langeron,  après  être  revenu  à  Pé- 
tersbourg,  en  1816,  pour  sollici- 
ter de  l'empereur  Alexandre  la 
franchise  du  port  d'Odessa,  qu'il 
obtint,  est  retourné  à  son  poste 
important  en  Crimée  qu'il  occupe 
encore  aujourd'hui. 

LANGHANS  (  Chaules -Go- 
tharb),  architecte  d'un  talent  dis- 
tingué,naquit  en,i753,àLandshut, 
en  Silésie.  Il  voyagea  d'abord, 
pour  former  son  goût  et  étendre 
ses  connaissances,  dans  les  villes 
principales  de  l'Europe,  et  revint 
ensuite  en  Silésie ,  où  il  donna, 
particulièrement  dans  la  ville  de 
Rreslau,  des  preuves  de  ses  talens. 
Appelé  à  Rerlin  en  qualité  de  pre- 
mier directeur  du  département 
des  bâtimens,  il  éleva,  dans  cette 
capitale  de  la  Prusse,  une  partie 
des  beaui^  mpnumens  qui  la  déco- 


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lômejjô. 


-Pa^e  44^- 


-^'^■^Z'''*'  '<•''  t^};^r^  . 


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LAN 

rent^  parmi  lesquels  le  voyageur 
dislingue  la  porte  de  Brandebourg 
et  la  nouvelle  salle  de  spectacle. 
La   première  ,  heureusement  si- 
tuée, offre  une  imitation  en  grand 
des  Propylées  d'Athènes.  Près  de 
cette  porte,  se  trouve  une  place 
spacieuse  qui  avoisine  d*un  côté 
la   promenade  des  titleulis ,  et  de 
Tautre  la  place  où  se|frouye  le  bel 
édifice  de  l'arsenal,  et  plus  loin  le 
palais  du  roi.  Il  est  à  regretter  que 
la  saHe  ait  été  en  grande  partie 
dégradée  par  un  incendie  il  y  a 
quelques  années.  L'emplacement 
en  avait  été  arrêté  par  Frédéric 
II  sur  la  grande  place  dite  des 
Gendarmes ,  entre  deux  églises. 
Indépendamment  des  beaux  mo- 
numens  qu'il  traça,  et  qui,  seuls, 
auraient  suffi  pour  faire  la  répu- 
tation d'un  artiste,  Langhans  con- 
signa, dans  des  mémoires  très-es- 
timés,  ses  principes  et  ses  connais- 
sances en  architecture.  Il  était  en- 
core estimable  par  la  douceur  de 
ses  mcaurs  et  par  la  franchise  de  son 
caractère.  Il  mourut,  dans  un  voya- 
ge en  Silésîe^  en  1808;  il  était  mem- 
bre de  l'académie  des  beaux-arts 
À  Berlin ,  de  celle  des  sciences  et 
des  beaux-arts  de  Bologne,  et  de 
la  société  patriotique  de  Silésie. 

LANGLË  (  Hovoré-Fbançois- 
MiR»  )  ,  musicien-compositeur, 
membre  et  bibfiolhécaire  du  con- 
servatoire inTpérial  de  musique, 
naquit  à  Monaco  en  1741*  Envoyé 
à  l'âge  de  16  ans  à  Naples,  pour  y 
étuaier  la  composition,  il  entra  an 
Conservatoire  de  la  Pietà,  et  prit 
des  leçons  de  Cafifaro,  le  meilteui^ 
élève  de  Léo.  Il  resta  huit  ans 
dans  cet  établissement,  et  y  étant 
devenu  premier  maître  de  chapel- 
le, il  fit  exéc!]ter  des  messes  et 


LAN 


445 


motets  qui  attirèrent  sur  hil  l'at- 
tention des  plus  célèbres  maître» 
d'Italie.  L^nglé  vint  en  France,  et 
se  fixa  à  Paris  en  1768.  Il  fut  au»» 
sitdt  remarqué  au  concert  spiri- 
tuel. Il  composa,  pour  le  concert 
des  amateurs,  où  il  obtint  les  mê- 
mes suffrages,  difierentes  scènes 
lyriques,  telles  que  :  le  monologue 
d^Alcide,  celui  de  Sapho^  la  can- 
tate de  Circé ,  etc.  Le  succès 
qu'obtint  son  opéra  de  Corisan^ 
are ,  représenté  sur  le  théâtre  de 
l'académie  royale  de  musique  en 
1791,  le  détermina  à  en  composer 
d'autres  :  Mahomet  II  ^  le  Choim 
d*Alcide^  Tancrède^  fttc;  mais  ils 
n'ont  point  été  exécutés.  Langlé 
était  un  excellent  théoricien,  et 
se3  ouvrages  ont  de  la  réputa- 
tion. On  cite ,  entre  autres  :  1* 
Traité  d'harmonie  et  de  modula- 
tion ,  1 793  ;  2"  Traité  de  la  basse 
sous  le  chant,  1797;  3*  Traité  de 
fa  fugue  9  1800;  4*  Nouvelle  Mé- 
thode pour  chiffrer  les  accords^ 
180  ] .  Parmi  ses  élèves,  ou  remar- 
que Daleyrac ,  que  les  auteurs  du 
Dictionnaire  historique  des  musi- 
ciens appellent  ingénieusement  le 
second  Grétry  de  l'Opéra-Comi- 
que.  Ce  compositeur  mourut  le 
20  septembre  1807.  M.  Fayollc 
lui  a  consacré  une  Notice  dans  le 
recueil  des  Quatre  Saisons  du  Par- 
nasse (Hiver),   1808. 

L ANGLES  (  Louis-M ATHitu  ), 
chevalier  de  la  légion-d'honneur, 
membre  de  l'institut  (académie  > 
royale  des  inscriptions  et  belles- 
lettres),  l'un  des  conservateurs  de 
la  bibliothèque  royale,  professeur 
et  administrateur  de  l'école  royale 
et  spéciale  des  langues  orientales 
vÎTântes  près  la  bibliothèque  du 
Roi  •  membre  honoraire  de  la  »o- 


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446  tAN 

crété  asiatique  de  Calcutta^  et  che-^ 
▼alier  de  Tofclre  de  Saint- Wlàdi-»- 
mir  de  Russie,  est  né  en  1763 9  ^ 
Péronne,  pfès  M^ntdîdier^  dépar- 
tement de  la  Somme.  Son  père^ 
ancien  militaire  et  chevalier  de 
,  Saint-Louis,  le  destinait  à  parcou- 
rir la  carrière  des  armes;  sans  re- 
fuiflr  de  suivre  une  direction  qui 
n'était  point  dans  ses  goûls  a- 
mis  de  l'étude ,  il  sollicita  de  ses 
parens  la  permission  d'apprendre 
les  langues  orientales,  afin,  di^ait- 
il,  de  servir  avec  plus  d'avant^iiges 
dans  rinde  comme  militaire,  et 
même  comme  diplomate.  Il  avait 
commencé  son  éducation  à  Mont- 
didier,  et  la  tennina  à  Paris ,  où 
ses  parens  l'amenèrent.  Après  a* 
voir  étudié  l'arabe  et  le  persan 
soûs  M.  Sîlvestre  de  Sacy,  et  suivi 
les  cours  de  MM.  Ruffm  et  Caus- 
sln  de  Percéval,  il  se  livra,  par  le 
conseil  des  ministres  Bertin  et  de 
Bréteuil,  A  l'élude  du  mantchotty 
ai  publia  un  Jiphahet  de  cette  lan- 
gue eii  1^87,  qu'il  dédia  à  l'aca- 
démie royale  des  inscription^  et 
hellfcs-lettrcs,  et  dont  elle  accepta 
la  dédicace  :  ce  fut  le  premier  ou- 
vrage en  langue  mantchou,  impri- 
mé en  caractères  mobiles.  Précé- 
demment, M.  Langlès  avait  donné 
les  Instituts  politiques  et  mititaires 
de  Tamerlan^  dont  la  même  aca- 
démie accueillit  la  dédicace.  Cette 
traduction  du  persan  fit  le  plus 
^rand  honneur  à  M.  Langîès ,  lui 
acquit  la  bienveillance  du  mare- 
■chai  de  Richelieu ,  et  lui  fit  obte- 
nir une  des  douze  pensions  que  lé 
tribunal  des  maréchaux  de  France 
accordait  aux  personnes  de  mérité 
"qui,  comme  M.  Langlès,  étaient 
attachées  à  ce  tribunal  en  qualité 
•d'officiers.  Ce  savant  publia ,  an 


tAïf 

mois  de  décembre  i  ^88 ,  le  Bie- 
tiôntiaire  liftantehou- français  ^  im-^ 
pdmé  par  P.  Didot  l'aîné^  et  eut 
l'honneur  de  faire  hommage  du 
premier  exemplaire  k-  Louis  XV ï. 
Dans  le  recueil  in- 18  et  in-8*  de 
Contes  ^  Fabf€s  et  Sentences  tirés 
de  diffèrens  auteurs  arabes  et  per- 
sans ,  qui  parut  peu  de  temps  a- 
près,  il  fait  Connaître  l'existence 
et  le  but  de  la  société  asiatique  de 
Calcutta.  La  même  année ,  vil 
encore  paraître^  pat*  ses  soins,  deux 
ouvrages  :  les  Ambassades  récipro- 
ques d'un  roi  des  Indes <t  de  la  Per- 
se ^  etc, ,  et  (tan  empereur  de  la 
Chine^  traduction  du  persan  d*Ab- 
doul-Rizâc  de  Samarcand,  avec  la 
vie  de  ces  deux  princes,  et  un 
Précis  historique  sur  les  Mahrat- 
tes,  traduction  du  persan  en  dia- 
lecte de  l'Inde.  Le  projet  de  M. 
Langlès  était  de  passer  dans  les 
établissemens  français  d'outre- 
mer; les  événemens  politiques  de 
1789  changèrent  sa  détermina- 
tion ^  et  il  resta  ù  Paris ,  oiï  il  se 
consacra  exclusivement  à  l'étude 
des  langues  orientales  vivantes. 
Persuadé  de  Tutilité  de  ces  lan- 
gues pour  faciliter  les  entreprises 
commerciales ,  et  concourir  en 
même  temps  aux  progrès  des 
sciences  et  de  la  littérature,  il  pré- 
senta en  1 790,  à  l'assemblée  cons- 
tituante, une  adresse,  dans  laquel- 
le il  développait  les  nombreux  a- 
vantages  qui  résulteraient  de  la 
protection  et  des  encouragémens 
que  le  gouvernement  accdi-derait 
ii  ce  genre  d'études.  Dans  la  même 
année,  il  publia  des  Fables  et  Con- 
tes indiens^  nouvellement  traduits, 
avec  un  discours  préliminaire  et 
des  notes  sur  la  religion,  les  mœurs 
et  la  littérature  des  Indous  (i  vol. 


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LAN 

în-8*etin-i6),  et  le  second  volume 
du-  Dictionnaire  manichou  -  /ran- 
çnii.  Il  fut  nommé  conservateur 
des  manuscrits  orientaux  de  la 
bibliothèque  du  Roi  en  1793,  et  fit 
partie'^  eu  1 793,  de  la  commîssiokt 
tehiporaire  des  arts  9  adjointe  au 
comité  d'instruction  publique.  A- 
prè«  la  révolution  du  9  themaîdor 
an  a  (37  juillet  ï794)>  îl  devint 
garde  du  dépôt  littéraire  établi  à 
l'ancien  couvent  des  Capucins  ^ 
rue  Saint-Honoré.  On  doit,  à  son 
zèle  et  à  la  faveur  dont  H  jouissait 
près  du  gouverneiment ,  la  créa- 
tion et  l'organisation  de  l'école 
spéciale  des  langues  orientales  vi- 
vantes; il  y  professa  le  persan.  En 
1795,  il  publia  une. nouvelle  édi- 
tion qU'il  avait  révisée,  des  Voya- 
ges de  Pallasy  traduits  par  Lapej- 
ronie,  et  y  ajouta,  de  concert  avec 
Jll.  Lamarck,  des  notes  assez  nom- 
breuses. Cette  édition,  en  8  vol. 
in-S",  parut  avec  un  atlas.  Vers  le 
raèmê  temps  9  il  donna  une  tra- 
duction du  Voyage  de  Thunberg 
au  cap  de  Bonne  -  Espérance ,  auo! 
lies  de  la  Sonde  et  au  Japùn^  enri- 
chie de  SCS  notes  et  de  celles  de 
W.  Lamarck  (  Paris  ^  ï79^»  4 
vol.  in-8*  et  ^  vol.  In-4«)l  A  la 
même  époque,  parurent  les  deux 
premiers  volumes  d'une  nouvelle 
édition  in-4''«»  qu'il  avait  également 
révisée,  du  Voyûse  de  Norden  en 
Egypte  et  en  Nubie  ,  avec  des 
notes.  Le  5""*  volume ,  compo- 
sé presque  entièrement  du  travail 
de  M.  Langlès,  contient  dès  Mé- 
moires  sur  le  canal  de  Suez^  sur  les 
pyramides  9  sur  Alexandrie^  etc. 
On  l*emarquc  dans  ces  Mémoires^ 
suivant  l'opinion  de  Fauteur,  que 
si  Omar  a  détruit  une  collection 
de  litres ,  ce  n'est  point  celle  des 


LA* 


447 


bibliothèques  du  Brucheîôn  et  dii 
Serapeïon,  lesquelles  avaient  icessé 
d'exister  long- temps  avant  l'éta- 
blisseiitent  de  l'islamisme.  Il  À 
encore  donné,  en  1795-1796,  uii 
extrait  de  la  traduction  anglaise  du 
Voyage  de  l'Inde  à  la  Mekke^  d'Ab- 
donl-Kerym,  pèlerin  musulman, 
ifui  fit,  avec  Taïuas  Couly-Kbân, 
le  voyage  de  l'Inde.  Ce  voyage 
forriïe  le  premier  volume  de  la 
CoKection:  portative  des  voyages  9 
traduits  des  langues  orientales  et 
de  plusieurs  langues  européennes. 
On  compte  5  volumes  de  cette 
précieuse  collection, qui  comprend 
jusqu'à  ce  jour  :  Voyage  de  la  Per- 
se dans  tinde,  en  144^-1444?  l*"^- 
duction  du  persan  d'Abdoul-Rizâc, 
et  du  Bengale,  par  Franklin,  tra- 
duit de  l'anglais ,  2  vol.  ,  1798  ; 
Voyage  pittoresque  de  l'Inde,  par 
Hogdes ,  traduction  de  l'anglais  ; 
Voyages  de  Sindbad  le  marin , 
1814.  Après  la  suppression  par  le 
directoire^ exécutif  de  la  commis-^ 
si'on  temporaire  des  arts  ,  ^t  la 
dispersion  dans  divers  étabKsse- 
mens  des  obj-ets  du  dépôt  des  Ca- 
pucins-Saint-Honoré^  M.  Langlès 
se  livra  exclusivement  û  son  pro- 
fessorat de  langfues  orientales^  et 
aux  soins  que  réclamait  sa  place 
de  conservateur  -  administrateur 
des  manuscrits  orientaux  de  la  bi^ 
bliôthéque  nationale.  Lors  de  la 
formation  dé  l'institut,  il  en  de- 
vint membre ,  et  fit  partie  de  la 
commission  des  travaux  littéraires, 
à  laquelle  il  a  donné  plusieurs 
mémoires  et  des  notices  de  ma- 
nuscrits. Ces  différens  ouvrage» 
ont  été  insérés  dans  la  collectioi^ 
de  la  classe  de  littérature  et  de» 
beaux-arts  de  cette  société.  M» 
Langlès  a  coopéré  à  la  rédaction 


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44«  I^N 

de  plusieurs  t>uilles  périodiijuês, 
En  17969  avec  MM.  Daunou  et 
Baudiq  des  Ardennes,  il  a  essayé 
de  rétablir  le  Journal  des  Savons. 
Cette  entreprise  n'eut  point  de 
succès^  et  après  six  mois  de  peines 
et  de  soiAs  inutiles  9  las  éditeurs 
ont  été  forcés  de  l'abandonner. 
Le  Magasin  encyclopédique,  rédi- 
gé p^r  feu  Millin,  renferme  un 
grand  nombre  de  Notices  et  Dis- 
sertaiions,  entre  autres,  celles  re- 
latives aux  Travaux  littéraires  et 
typographiques  des  Anglais  dans 
l  Inde;  une  traduction,  avec  des 
notes,  du  Catalogue  des  manuscrits 
samscritsde  ta  bibliothèque  du  Roi, 
que  M.  Alexandre  Hamilton  avait 
composé  en  anglais.  Ce  catalogue, 
imprimé  séparément,  format  in-8', 
est  devenu  fort  rare.  On  doit  en- 
core à  M.  Langlès  :  i*  Recherches 
sur  la  découverte  de  l^  essence  de 
rose,  1804.  Dans  cet  ouvrage,  re- 
gardé comme  un  chef-d'oeuvre  de 
typographie  orientale. ,  l'auteur 
prétend  que  la  découverte  de  ce 
parfum  est  due  au  hasard,  et  qu'el- 
le ne  remoi^te  qu'à  l'année  161a. 
2°  Une  édition  des  Foyages  de 
Chardin  en  Perse,  dans  laquelle 
il  a  introduit  plus  de  a,ooo  notes. 
On  remarque^  dans  le  lo"*"  volume, 
une  Notice  chronologique  de  Ja 
Perse  depuis  les  temps  les  plus  re- 
culés jusqu'en  1806,  travail  impor- 
tant, dû  à  son  instruction  et  au  icie 
qu'il  met  dans  tous  les  travaux 
qu'il  entreprend.  3*  Monumens 
anciens  et  modernes  de  l*  Hindous - 
tan,  composition  du  plus  haut  in- 
térêt, et  dont  il  a  déjà  paru  dou- 
ze livraisons;  4*  ^oyag^  du  Ben- 
^ale  à  Saint-Pétersbourg,  par  G. 
Forstcr,  traduit  de  l'anglais,  Paris, 
5  vol.  in-8%  i8oq;  5*:  Voyage  de 


LAÎf 

Fr.  Horn^manda^s  ^  Afrique  ^p^. 
ientrionate,  traduit  de  l'anglaU,  a- 
vec  des  notes,  Paris,  1805^  3  vol. 
in-8";  6'  Notice  sur  les  travaux 
des  missionnair^es  dans  flnde,  1817* 
in-8\  Il  existe,  non-seulemenC  eu 
France ,  mais  en  Europe ,  peu  de 
3avans  aussi  laborieux  que  M.  Lan- 
glès. Il  n'en  existe  pais  de  plus  o- 
bligéant.  Sa  bibliothèque  est  ou- 
verte à  tous  les  étrangers.  IL  est 
peu  de  collection  aussi  riche  en 
littérature  orientale  que  celle  qu'il 
a  formée. 

LANGLIËA  (N.),  était,  avaot  la 
révolution ,  un  des  cultivateurs 
les  plus  estimés  du  bailliage  d'A- 
miens. Le  tiers -état  le  uoinma 
député  aux  états  -  généraux  en 
.1789;  il  s'y  fit  peu  remarquer  et 
ne  parut  point-à  la  tribune.. Dans 
le  mois  de  mars  1793,  la  conven- 
tion nationale  le  nomma  juré 
au  tribunal  révolutionnaire  de 
Paris.  Après  sa  dissolution,  il 
rentra  dans  la  vie  privée,  et  re- 
.  prit  la  culture  de  ses  champs. 

LANGLOIS(JKiLN-THOMàs),avo. 
cat,  naquit  à  Paris,  et  y  exerçait  cet- 
te profession  au  parlement  avant  la 
révolution.  Quand  elle  éclata,  il 
se  prononça  fortement  en  faveur 
du  maintfen  de  l'ancien  régime , 
et  coopéra  pendant  deux  ans  avec 
Champcenets  à  la  rédaction  de< 
Actes  des  apôtres,  Langlois  eut  le 
bonheur  d'échaper  aux  orages  de 
la  révolution.  Il  a  publié  diffé- 
rcns  mémoires,  parmi  lesquels  on 
cite  particulièrement  celui  qu'il 
fit  paraître  en  18049.  ^^  faveur 
des  déportés  de  la  Guadeloupe, 
qui  lui  durent  le  gain  de  leur  cau- 
se. Langlois  mourut  à  Gisors  eu 
i8o5. 

LANGLOIS  (G.),  de  Louviers, 


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négocianu  Le  département  de 
FKure  le  nomma  député  à  la  pre- 
mière légtalatare.  Après  la  session, 
il  fut  élu  ik  la  présidence  de  Tad- 
ipiaistrattoa  départementale:  De 
cette  administration  9  il  passa ,  en 
1799,  au  conseil  des  anciens,  et 
deTint,  en  1800,  membre  du  corps- 
lég^islatif. 

LANGLOIS  (Isido&e),  jotirna- 
liste,  naquit  à  Rouen,  départe- 
ment de  la  Seine^Inférieure,  le  iÇ 
août  1770.  Il  «Tait  à  peine  termi- 
né de  très-bonnes  études,  lorsque 
la  révolution  éclata.  Il  en  embras- 
sa les  principes  ayecexaltadon,  et 
Tint  à  Paris,  où  les  événemens  qui 
se  succédaient  avec  une  effrayante 
rapidité  n'étaient  pas  de  nature  A  le 
calmer.  Il  marcha  à  Tattaque  du 
château  des  Tuileries,  \»  10  août 
1792,.  et  soutint  le  parti  populaire 
de  ses  discours  et  de  ses  conseils 
lusqu'à  la  un  lie  cette  ai:mée.  La 
catastrophe  du  &i  janvier  1795  fit 
une  profonde  impression  sur  son 
esprit;  et  lors  des  événemens  du 
5t  mai  1795,  il  se  déclara  forte- 
ment contre  la  tjrannie  du  parti 
de  la  Montaigne,  Président  de  la 
section  db  Bon -Conseil,  à  Tépo- 
que  du  i5  vendémiaire  an  4  (^^ 
octobre  1793)5  Langlois  marcha 
contre  la  convention  nationale,  et, 
pav  suite,  fut  arrêté,  mis  en  juge- 
ment^  et  acquitté  nuilgré  les  preu- 
ves nombreuses  de  sa  coopération 
au  mouvement  des  sections  de  Pa- 
ris. Enhardi  par  celte  impunité, 
qu'il- devait  peut-être  à  la  modé- 
ration de  la  convention  plus  en- 
core qu'à  ses  juges,  il  rédigea 
quelque  temps  après  le  Messager 
du  soir,  journal  oà  il  attaqua  avec 
jutant  d'emportement  que  d'im- 
prudence les  hommes  dout.il  avait 


LAN  449 

partagé  naguère  les  opinions.  Il 
attaqua  aussi  sans  ménagemens  le 
général  Hoche,  qui  s'oublia  )as-( 
qu'à  se  faire  justice  lui-même,  ea 
le  frappant  violemment  de  sa  can-> 
ne.  Lors  de  la  révolution  du  iS 
fructidor  an  5  (4  septembre  1797), 
il  fut  du  nombre  des  journalistes 
frappés  de  la  déportation.  Il  par- 
vint d'abord  à  s'y  soustraire;  mais 
arrêté  au  mois  de  frimaire  an- 6 
(179^)9  il  fut  enfermé  momentané- 
ment au  Temple,  et  enfin  envoyé 
à  l'île  d'Oleron.  Le  gouvernement 
consulaire  le  rappela  en  iSoo>  et 
Langlois  vivait  cti*an^er  aux  afiai* 
res  publiques,  lorsqu'l^mourut  au 
mois  d'août  de  la  même  année. 
La  conduite  de  Langlois  pendant 
la  révolution  était  moins  le  résul- 
tat d'un  esprit  faux  et  d'un  cœur 
dépravé,  que  d'un  tempérament 
bilieux  et  de  l'état  valétudinak'c 
dans  lequel  il  était  habituellement. 
Son  style  acre. et  mordant  lui  a* 
vait  fait  autant  d'ennemis  parmi 
ses  confrères  que  ses  opinions  po- 
litiques. 

LANGON  (  LE  MARQcis  DiQ  ),£n 
1789,  la  noblesse  du  Dauphiné. 
le  nomH>a  député  aux  états-géné- 
raux, où,  à  l'exemple  de  tous  le^ 
députés  de  cette  province ,  il  fut 
\»n  des  premiers  à  se  réunir  au 
tiers-état;  mais  il  fit  depuis  partie 
de  la  minorité,  et  apposa  sa  sir 
gnature  aux  protestations  des  và 
et  1 5  septembre  1791,  contre  le^ 
opérations  d^  l'assemblé^.  IL  p/ist- 
sa  ensuite  à  l'étranger,  et'par  suite 
de  son  inscription  sur  la  liste  dc^ 
émigrés,  toutes  ses  propriétés  fu- 
rent vendues.  On  croit  qu'il  moii- 
rut  pendant  i'émigrarion. 

LANGaENlIiaE  (N.  de),  ofli- 
cier  vendé.en,  né  d^^ns  l2^.oi.-4€* 
•  29 


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Google 


43<^ 


LAN 


vànt  province  àù  Poitou ,  d'une 
famille  noble.  Destiné,  dès  sa  plus 
fendre  jeunesse ,  à  la  profession 
des  armes,  il  entra  dans  les  rtious- 
quetafres  de  la  garde  du  roi ,  et 
servit,  dans  ce  corps  jusq^u'à  sa 
suppression.  Il  se  relira  à  cette  é- 
poque  dans  sa  province,  et  il  y  vi- 
vait paisiblement  lorsque  la  ré- 
volution éclata.  Il  se  déclara?  con- 
tre le  nouvel  ordre  dé  choses,  et 
employa  tout  son  crédit  i<  soule- 
ver les  peuples  d»  la  Vendée.  En 
1793,  il  prit  une  part  très-active 
auxinouremens  qui  eurent  lieu 
dans  son  département ,  et  devint 
oîTicier  supérieur  des  insurgés 
qu'il  commandait,  sous  le  nom  de 
Germain.  Il  se  fit  remarquer,  par 
son  courage,  dans  plusieurs  Com- 
bats contre  Tannée  républicaine, 
qui  s'étant  emparée  de  son  châ- 
teau, en  septembre  1793,  le  ré- 
duisit en  cendres.  Le  25  octobre 
delà  même  année,» après  avoir  li- 
vré,- près  de  Savenay  en  Breta- 
{^ne^  un  combat  opiniâtre ,  il  fut 
fait  prisonnier  par  les  républi- 
A;ains,  et  fusillé  sur  le  champ  de 
ljataille< 

LANGSDORPF(GEORGB<HBNRt 
m)-^  médecin  allemand,  consul- 
général  de  Russie  à  Rio-Janeiro, 
<okevaUer  dcFordre  de  Sainte  An- 
ne de  seconde  classe,  etc. ,  est  né  ^ 
en  17749  à  I^lsk,  dans  le  cercle 
de  Souabe.  Son  père  j  vice-chan- 
celier du  grand-duc  de  Bade,  lui 
iit. donner  une  éducation  distin- 
guée. Ce  fut  à  Tuniversité  de 
Goettingue  qu'il  prit  le  goût  de 
'la  médecine  et  de  l'histoire  natu- 
irelle,  dans  lesquelles  il  fit  de  ra- 
pides progrès,  suntout  dans  la 
botanique  et  la  ininéralogie*  Peu 
de  temps  après  son  admission  au 


LAîf 

doctorat,  il  fut  choisi  par  le  prin- 
ce de  Waldeck ,  pour  l'accompa- 
gner' dans  son  voyage  de  Lisbon- 
ne. Ce  prince  étant  mort,  M.  de 
Langsdorff  retourna  en  Allemagne^ 
et  en  repartit  bientôt  avec  le  che- 
valier de  Krusenstern,  capitaine  de 
marine  russe,  qui  se  proposait  de 
faire  un  voyage  autour  du  mon- 
de. L'empereur  Alexandre,  pour 
récompenser  le  savant  étranger 
qui  avait  introduit  dans  son  em- 
pire^ différentes  améliorations  im- 
portantes, le  décora  de  l'ordre  de 
Sainte-Anne,  le  nomma  conseiller 
aulique,  et  l'envoya  î\  Rio-Janeiro, 
en  qualité  de  consul-général,  fonc- 
tions qu'il  remplit  encore  (iSaS). 
M.  de  Langsdorff  a  fait  paraître,  eo 
a  vol.  in-4%  avec  une  carte  et  ai 
gravures^  Francfort,  1812,  des 
Voyages  dans  différentes  partit» 
du  monde j  pendant  (es  années  1 8o3, 
1804,  i8o5,  1806  ei  1^07.  Le 
premier  volume  de  cet  ouvrage, 
qui  a  été  traduit  en-  anglais,  con- 
tient un  Voyage  au  Brésil^  dans 
la  mer  du  Sud,  au  Kamtsclmtka  $t 
au  Japon;  et  le  second  volume, 
un  Voyage  aux  tles  Aleutiennes, 
et  sur  la  cote  du  nord-ouest  del'J- 
mérique^  et  le  retour  par  terre 
par  le  nord-est  de  l'Asie^  à  travers 
la  Sibérie,  jusqu'à  Saint  ^-Pèters- 
bourg.  On  remarque  que  c'est  la 
première  fois  que  cette  rente  a 
été  suivie  par  ces  savans  et  cou- 
rageux explorateurs» 

LANJUINAIS  (Josbphde),  é- 
crivain  connu  dans  la  littérature 
et  la  politique  ,  naquit  près  de 
Rennes,  département  d'Ille-et-Vi- 
laine,  vers  1725.  Il  était  fils  d'un 
juge  de  juridiction  seigneuriale. 
Après  avoir  terminé  ses  études  au 
collège  de  Rennes  i  M  entra  dan:^ 


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rtAK 

l'iu-dre-  de  Saiot-BeuQÎt,  où  il  fut» 
.pendant  quelqbe  tempâ  ,  profes- 
seur de  théologie.  Doué  d'une  i- 
maginafion  ardente  et  d'une  rai- 
son supérieure,  unissant  à  beau- 
coup d'eaprit  Une  grande  instruc- 
tion, Joseph  de  Lanjuinals  eut,  à 
Paris,  des  liaisons  soutenues  avec 
d'Aleuibert  et  Diderot,  dont  il  ai- 
mait les  doctrines.  £n  conséquent 
ce^  iL^prouva  dans  «on  couyent 
bien  des  tracasseries»  Fatigué  do 
cest  luttes  continuelles,  il  finit  par 
*e  décide»  à  quitter  son  rnonastè- 
re^  son  ordre  et  la  France  ;  après 
s'être  fixé  ù  Lausanne,  en  Suis;?e, 
il  embrassa  la  religion  réformée, 
et  devint  principal  du  petit  collè- 
ge de  Moudon*  Il  a  publié  diffé- 
rens  ouvrages  qui  ont  eu  du  suc-; 
ces  :  1°  le  Monarque  accompli,  où 
Prodiges  de  bonté,  de  savoir  et  de 
sagesse,  qui  font  iéloge  de  S^  M. 
l.  Josefili  II  f  et  qui  rendent  cet  au- 
guste monarque  si  précieux  à  l'hu- 
manité, discutés  au  tribunal  de  (a 
raison  st  de  l'équité,  1774?  3  vol. 
in-8'.  Dans  cet  ouvrage ,  où  Tau-; 
teuf  fait  un  portrait  remarquable 
de  ce  prince  philosophe  {voyez 
Joseph  II),  il  montre  constamment 
les  doctrines  les  plus  philosophi- 
ques :  il  diffère  néanmoins  d'opi^ 
nion  avec  les  économistes  sur 
plusieurs  objets,  tels  que  le  com- 
merce des  blés,  la  noblesse  com- 
merçante ,  etc.  ;  mais  avec  eux , 
comme  avec  tous  les  amis  de  l'hu- 
manité, il  réclame,  d'une  manière 
énergique,  la  tolérance  religieuse, 
l'abolition  de  la  traite  des  Noirs, 
la  suppression  graduelle  des  cou- 
vens,  Cet  ouvrage  était  publie  de- 
puis deux  ans,  lorsque  tout- à-coup 
il  parut  à  l'avocat  -  général  Sé- 
gnier  renfermer  des  princi|>«;s  se- 


LAS  451 

dilieux,  et  le  7  mai  1776,  -sur  soa' 
réquisitoire,,  ce  magistrat  obtint  la 
condamnation  d'un  livre  qui  fiU 
presque  aussitôt  réimprimé,  et 
dont  il  parut  une  3°*"  édition  en  ^ 
1780.  C'était,  dit -on,  Turgot ,  ' 
ministre  récemment  disgracié , 
que  l'avocat  -  général  Séguier 
poursuivait  dans  les  opinions  de 
Laifjuinais.  2*  Manuel  des  jeunes 
orateurs,  ou  tableau  historique  et 
méthodique  de  C éloquence,  1777, 
a  vol.  i  n  - 1 2  ;  3°  Supplément  à  l  Es-k 
pion  anglais  ou  Lettres  intéressan-, 
tes  sur  la  retraite  de  M.  Necker, 
sur  le  sort  de  la  France  et  de  l'An- 
gleterre, et  sur  la  détention  de  M. 
Linguet  à  la  Bastille,  1781,  în-S". 
Il  a  été  réimprimé  plusieurs  fois,  » 
4"*  Eloge  de  Catherine  II ,  binix 
que  cette  princesse  fût  encore  vi- 
vanle;  5"  la  traduction  des  Médi" 
talions  de  Dodd;  (>"  Esprit  du  pa- 
pe Clément  XI F,  mis  au  jour  par 
le  R,  V^  B.,  confesseur  de  ce  sou^ 
verain  pontife,  et  dépositaire  dfi 
tous  ses  secrets,  traduit  de  l* italien 
par  l*abbè  C7***  1776.  Quoique 
VEsprit  du  pape  Clément  XIV, 
du  genre  le  plus  satirique,  et  où 
l'auteur  reproche  à  l'église  ro- 
maine nombre  d'abus  et  d'er-? 
reurSf  parût  sous  le  voile  de  l'a- 
nonyme, Joseph  de  LîKijuinais 
l'avoua  dans  la  g"**  lettre  du  Supr 
plémenî  à  l'Espion  anglais.  Cet 
ouvrage  fut  prohibé  en  France 
comme  le  Monarque  accompli; 
mais  il  ne  fut  point  déféré  ,aux 
tribunaux,  Joseph  de  Lanjuinais, 
que  Ton  a  confondu  dans /quel- 
ques ouvrages  biographiques  a- 
vec  le  pair  de  France  de  ce  nom^ 
dont  l'article  suit,  mourut  <lan9 
son  collège  de  Mou  don ,  jouIht 
sant^4'une  grgndev^iime,  vçr4* 


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45^ 


LAN 


le  ootnméncement  du  19**  Mècle. 
LANJUINAIS  (u  coKTB  Jbak- 
DsRii»))  pair  de  France,  heveu  du 
précédent  et  fils  d*un  habile  aro-* 
cat  eu  parlement  de  Rennes ,  est 
«é  dans  cette  TÎile,  le  la  mars 
1753.  Il  s'y  distingua  par  des  suc* 
ces  prématurés  ,  par  une  vie  au»« 
tère,  et  une  application  profonde 
i  l'étude  des  lois.  Il  fut  reçu,  par 
dispenses  d'âge,  gucceisivementa- 
?ocat  en  1771,  docteur  éli  droit 
en  177^9  professeur  de  droit  ec- 
clésiastique en  1775,9  à  la  suite 
d'un  long  et  brillant  concours.  £n 
1 779,  il  fut  élu  ,  par  chacun  des 
trois  ordres,  l'un  des  conseils  dés 
états  de  la  Bretagne,  et,  en  17S9, 
nomme  député  aux  états-gétiéraux 
par  rassemblée  du  tiers-état  de  )n 
sénéchaussée  de  Rennes.  Il  lavait 
été  le  rédacteur  du  cahier  des 
yœux  de  cette  assemblée;  cahier 
remarquable ,  parce  qu'il  contient 
de  vifs  tableaux  des  Texations 
féodales  en  Bretagne,  et  trois,  de- 
mandes bien  précises  qu'on  ne 
trouve  point  réunies  dans  les  au*» 
tre«  cahiers,  Tabolition  de  la  féo- 
dalité, l'abolition  de  la  noblesse, 
et  une  constitution  monarchique 
et  représentative.  En  Bretagne, 
où  Ton  ûTait  It  régime  mimicipal, 
des  adimnîstrations  locales,  et  des 
état«  4]Ui  déllhérnient  publique- 
ment, et  même  avec  initiative,  la 
loi  et  riiùpôt^  l'on  Voulait  bien 
renoncer  à  ces  droits ,  comme 
droits  d'ordre  et  comme  privilè- 
ges; mtU  on  entendait  en  jouir 
dans  leur  plénitude,  comme  par- 
ticipant A>aternellement  au  droit 
commun  è  rétablir  pour  tous  les 
Français.  Il  développa  dans  l'as-- 
semblée  tiationaîe  ^  comme  il  Ta 
ftiU  4cipuij»  ifoi^  d'autres  l^isla* 


LAN 

tures,  un  amour  quelquefois  «r« 
dent,  mais  toujours  sincère,  d'une 
sage  liberté.  Il  prit  part,  aux  dé- 
libérations les  plus  imporlantes; 
s'éleva  avec  force  contre  la  no- 
blesse de  Bretagne,  toutes  les  fois 
qu'elle  manifesta  son  opposition 
aux  décrets  de  l'assemblée;  vota 
la  suppresMon  dés  parlemens  « 
eon courut  à  la  destruction  des 
privilèges,  et  demanda  l'exeroice 
des  droits  civils  et  politiques  en  fa* 
Teur  des  hommes  de  couleur  .Atta- 
ché constamment  à  la  religion  ca« 
tholique,il8€  montra  xélé  défenseur 
des  liberté»  de  l'églîse  gallicane. 
Membre  du  comité  ecclésiastique, 
il  fut  l'un  des  députés  qui  con- 
coururent le  pi  u«  à  la  constitution 
civile  du  clergé,  et  néanmoins  il 
avait  voté  contre  le  décret  qui  dé- 
clara ,  sans  exception ,  tous  les 
biens  du  clergé  biens  de  l'état. 
Mirabeau  s'étant  lié  au  parti  de  la 
cour,  qui  lui  offrait  un  ministère, 
demanda,  pendant  qu'on  délibé- 
rait sur  la  constitution,  que  les 
ministres  fussent  admis  dans  ras- 
semblée, sauf  à  décider  par  la  sui* 
te  s'ils  pourraient  en  être  mem- 
bres. M.  Lanjuinais  combattit  vi- 
vement ceUe  proposition^  et  fit 
décréter,  au  anilieu  des  applau- 
dissemens,  que  pendant  la  session 
alorts  actuelle,  aucun  député  ne 
pourrait  fali'e  partie  du  minii»tère. 
Lei  troubles  ^qui  eurent  lieu  au 
Champ -de -Mars  le  17  )uillet 
1791  ,  menaçant  la  monarchie 
constitutionnelle  et  les  Térî tables 
patriotes,  il  se  réunit  aux  honnme< 
à  qui  l'on  donna  le  nom  de  révi- 
snars,  et  qui  avaient  pour  but  d'é- 
carter du  trône  le  despotisme  et 
l'anarchie.  L'assemblée  constî- 
tuanta»   croyant  avoir  sufllsam- 


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Jô/ne  w. 


Pa4fe4Ù2 


0  ^'  r/J 


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LAN 

ftieot  rempli  sa  migskm ,  ^  sépa- 
ra. M.  Lanjuinais  fiH  nommé,  à 
Rennes,  professeur  de  droit  cons- 
titutîonoel  9  professeur  de  gram  • 
maire  générale  ^  et  membre  de  la 
liaute-cour  nationale.  Le  départe- 
ment d'Ille-et-^  Vilaine  Télut,  ati 
mois  de  septembre  1 79*1^  membre 
de  la  convention  nationale,  où  il 
développa  de  nouveaux  taieos  et 
une  nouvelle  énergie.  La  républi- 
que était  décrétée  lorsqu'il  entra 
dans  la  convention  :  il  a  été  fidèle 
à  cette  forme  de  ^gouvernement 
tant  qu'il  a  subsisté;  mais  dès  le 
&4  septembre,  il  appuya  la  motion 
de  Kersaint^  tendant  à  faire  ren* 
di-e  un  décret  contre  les  provoca- 
teurs à  Tassastfinat;  et  le  Snovem* 
bre,  il  soutint  les  dénonciations 
de  Louvet  contm  Robespierre. 
Lors  de  la  mise  en  accusation  du 
roi,  il  demanda  qu*oa  laissât  à  ce 
prince  les  mêmes  mojens  de  dé* 
fense  et  d'appel  qu'aux  autres  ac- 
cusés. Le  ad  décembre,  il  attaqua 
l'acte  mt*me  d'accusation  ;  le  iG 
Janvier,  il  vota^  nop  comme  juge, 
mais  comme  représentant,  la  ré- 
clusion et  le  bannissement  àla  paix, 
et  néanmoins  demanda  que ,  quel 
que  fût  le  jugement,  il  ne  pôt  a-' 
voir  force  de  loi  que  dans  le  cas 
oA  il  réunirait  les  deux  tiers  des 
suffrtiges;  proposition  d'une  haute 
importance;  qui  fut  malheureuse- 
ment  combattue  et  rejetée.  Le  8 
février,  malgré  les  menaces  d'hom* 
mes  armés  de  pistolets  et  de  pcM- 
gnards,  ii  s'opposa  à  ce  qu'on  rap- 
portât le  d^écret  qui  ordonmût  des 
poursuites  contre  les  auteurs  des 
massacres  des  premiers  jours  de 
septembre.  Il  combattit  en  vain  la 
création  d'un  tribunal  extraordinai- 
re, «t  demanda  qud  du  naokis  »es 


iittributtons  ne  s'étencpss^t  pas  au* 
déik  de  la  capitale.  Sommé  dans 
l'assemblée  même  3^  se  rendre  au 
comité  c}e  légisktion,  dont  il  était 
membre ,  et  d'y  coopérer  ù  la  loi 
du  monstrueux  tribunal ,  qui  de- 
vint ensuite  tribunal  révolutioa- 
naire ,  il  s'y  refusa  hautement.  Les 
2;j  et  a8  mm,  il  signala  et  la  com- 
m\me  usurpatrice,  et  les  membres 
delà  Montagne f  qui  voulaient  la 
dissolution  de  la  commission  de» 
douze,  et  la  mise  en  jugement  de 
ses  membres  {voj.  Gi;a»et).  Dès 
le5o,  il  dénonça  Chabot,  et  le  ras« 
te  du  comité  d'insuri^ection  qui  se 
tenait  dan?  la  salle  de  rarchefô* 
ehé  de  Paris;  et  le  â  juin,  il  atta« 
qua  de  nouveau  ce  même  député, 
comme  l'un  des  principaux  ehcfe 
de  la  proscription  méditée  contre 
la  minorité  des  députési  £n  vain 
Legendre  et  autres,  le  pistolet  à 
la  main,  et  le  lui  portant  sur  sa 
poitrine,  voulurent  l'arracher  de 
la  tribune;  il  s'y  maintint,  repre- 
nant hf  parole  avec  un  grand  cal-^ 
me ,  et  y  prononça  cette  phrase  , 
dévenue  célèbre ,  et  adressée  en*^ 
core  au  prêtre  Chabot  :  On  a  vu 
dans  l'antiquité  prner  les  i>iclimes 
de  fleurs  et  de  kandeléites;  mais  l* 
forêtre  qui  les  immolait  ne  les  itt» 
sullaitpas.....  Ce  texte,  imprimé 
dans  le  temps,  a  été  souvent  a£lai> 
bli  par  les  historiens,  qui  ont  vou- 
lu t'embeUir.  Ces  paroles  produi- 
sirent 5ar  l'assemblée  une  impres« 
S4<m  profonde,  et  les  proscriptetirs 
n'oséreut,  pour  le  moment,  por«- 
ter  les  coup)  qui  depuis  les  vtïi  si 
horrîbIemefi>t  signalés,  fiarère  in- 
vita les  mem^M'e»  accosét  par  la 
Commune  et  parla  Mcmtagne^  ù  sv 
suspendre  eux-mêmes ,  dans  Tiit- 
térêl:  de  Jkur  propre  strolL  M. 


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454 


LAN 


Lanjutnais  alors  prononça  le  yi- 
goureux  discours  que  cette  iuçi- 
clieuse  proposition  lui  inspira.  On 
y  lit  ces  paroles  remarquables  : 
«Si  j'ai  montré  jusqu'il  présent 
»  quelque  courage  9  )e  l'ai  puise 
»daiTS  mon  ardent  amour  pour  la- 
»  patrie  et  pour  la  liberté.  Je  se- 
»  rai  fidèle  à  ces  sentîmens^  je  Tes- 
»  père  5  jusqu'au  dernier  souffle; 
»  ainsi  n'attendez  point  de  suspea- 
»$ion  de  ma  part.  Je  ne  puis  pas 
»raé  démettre,  car  je  ne  suis  pas 
»  libre  ;  vous  ne  Têtes  pas  vous- 
-mêmes, pour  accepter  ma  dé- 
»  mission. . .  »  Cependant,  ù  la  fin  du 
jour,  un  certain  public  ayiint  été 
introduit  dans  les  rangs  des  dépu- 
tés, et  le  danger  imminent  ayant 
glacé  les  courages ,  il  y  eut ,  le 
même  jour  où  par  délibération  li- 
bre,  Tinnocence  des  députés  avait 
été  proclamée  malgré  une  insur- 
rection apparente   de   io5  mille 
gardes  nationaux,  il  y  eut  une  ap- 
parence de  décret,  qui  ordonna 
que  Lanjuinais  et  plusieur.<autre^ 
fussent  gardés  à  vu*  chez  eux  ; 
mais  il  se  déroba  à  lia  surveillan- 
.  ce  dont  il  était  l'objet,  et  se  ren- 
dit (i  Rennes.  Il  resta  caché  dans 
sa  propre  maison  pendant  18  mois. 
Il  y  "fut  sauvé  par  le  courage  de 
son  épouse  et  d'une  servante.  Le 
dévouement  de  M""  Lanjuinais  et 
de  sa  domestique,  Julie  Poirier,  a 
été  célébré  parLegouvé,  dans  son 
poëme    du    M^érite   des   femmes. 
Sept  mois  après  la  révolution  du 
9  thermidor  an  2  (^7  juillet  1794)* 
étant  rappelé,  il  prit  une  part  ac- 
tive aux  conférences  de  la  Mabi- 
lais,  et  rentra  dans  la  convention 
le    18    ventôse    an   3    (8   mars 
1795)  :jl  devint    présulent    de 
l'assemblée  peu  de  temps  apfès. 


LAS 

Ses  principes  de  justice  et  de  mo^ 
dération  étaient  les  mêmes,  et  ofi 
le  vit,  sans  étonnement,  faire  sou' 
vent  parler  l'humanité  en  faveur 
des  émigrés  et  des  prêtres  ;  de- 
mander et  obtenir  la  liberté  des  cul- 
tes et  l'ouverture  des  églises,  etc. 
Aux  insurrections  de  prairmi  an» 
5,  et  de  vendémiaire  an  4  «  ^  se 
prononça  avec  force  contre  les  a-, 
gitateurs  ;  mais  il  combattit ,  san» 
se  lasser,  toutes  les  mesures  ex- 
traordinaires dont  on  voulait  (Vap- 
per  les  vaincus,  quel  que  fûtle  par- 
ti auquel  ils  appartinssent.  La  con- 
vention nationale  ayant  été  rem- 
placée par  deux  conseils  législa^ 
tif»,  75  départemens  le  portèrent 
au  coiiseil-des-anciens,  dont  \\  fut 
secrétaire  ;  il  cessa ,  par  le  sort , 
de  faire  partie  de  cette  assemblée 
en  mai  1797.  Après  la  révolution 
dû  18  brumaire  an  8,  il  fut  nom- 
mé deux  fois  candidat  au  sénat 
par  le  corps-législatif,  et  nommé 
sénateur  par  le  w^énat,  le  2a  mars 
1800.  M.  Lunjuinais  se  prononça 
contre  le  consulat  à  vie  et  l'éta- 
blissement du  gouvernement  im- 
périal, "ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'être  nommé  comte  de  l'empire 
et  commandant  de  la  légion  d'hon^ 
neur.  Le  i"  avril  i8i4^  il  "vota  la 
déchéance  de  l'empereur  et  l'éta- 
blissement   d'un    gouvf^rnement: 
provisoire,  et  concourut  à  la  ré- 
daction du  projet  de  constitution 
rédigé  par  le  sénat.  Le  roi  le  nom- 
ma pair  de  France  le  4  jwin»  !*©«• 
dant  les  centjours^  en  i8t5.  Il  re- 
fusa plusieurs  fois  le  serment  à 
Napoléon;  il  ne  vota  point  l'acte 
additionnel,   et  néanmoins  il  fut 
nommé ,  par  les  électeur^  de  Pa- 
ris, à  la  ^;hambre  des  représentans^ . 
et  élu  président  ù  la  presque  unat 


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LAN 

nîmîté.  Napoléon  confirma  ce 
choix.  Après  la  seconde  reslaura- 
tion,  il  lut  conservé  dans  la  cham- 
bre des  pairs.  Comme  à  l'aurore 
de  la  révolution,  il  se  montra  jus^ 
te  envers  les  ministres  du  culte  ^ 
quoique  leurs  intérêts  eussent  en^ 
tièreinent  changé  d'objet;  mais  il 
s'opposa  à  la  fifculté  illimitée  don- 
née au  clergé,  d'acquérir  sans  loi, 
toute  quantité  et  qualité  de  biens; 
il  s'opposa  à  ce  que  les  prêtres 
mariés  fussent  privés  de  la  pen- 
sion qu'ils  touchaient  comme  ec- 
clésiastiques; il  s'opposa  surtout, 
avec  éclat  et  persévérance  ,  à  la 
suspension  de  la  liberté  individuel^ 
le,  de  la  liberté  de  la  pressa ,  et 
aux  privilèges  de  surséance,  ou 
paiement  des  dettes  privées.  Nom- 
mé «n  septembre  (i8i5)  prési- 
dent du  collège  électoral  du  dé- 
partement d'Ille-et- Vilaine  f  un 
pet,it  nombre  d'électeurs  préten- 
dirent trouver  dans  le  discours 
que  M.  Lanjuinais  prononça  à 
l'ouverture  du  collé j;;e  des  mao'l- 
mes  peu  conformes  à  l'esprit  du 
temps ,  et  prirent  de  là  occasion 
de  réclamer  après  coup,  dans  une 
adresse  au  roi,  contre  la  nomina- 
tion de  M.  Lanjuinais  à  la  prési- 
dence du  collège  électoral  d'IUe- 
et-Vilaine.  Cette  démarche ,  dic- 
tée par  l'esprit  de  parti  le  plus  dé- 
plorable, n'eut  point  de  suites,  et 
rhonorable  pair  se  montra  digne 
de  la  confiance  royale.  Pendant 
les  années  1 8 15  et  1816,  il  com- 
battit avec  un  zèle  qui  ne  s'e^it 
point  démenti,  toutes  les  propo- 
sitions qui  tendaient  à  s'écarter  du 
système  constitutionnel  ,  et  en 
1817,  il  publia  sur  le  concordat, 
conclu  avec  la  cour  de  Rome,  une 
critique  raisonnée,  et  en  même 


LAN  (\6^ 

temps  sage  et  èncl-gique,  d'un  ac- 
te qui  lui  paraissait  susceptible  de 
grandes  modifications.  Il  s'oppo-  ' 
sa,  le  16  février  181.9,  à  la  prise  en 
considération  de  la  proposition  de 
M.  Barthélémy,  ayant  pour  objet 
de  changer  le  mode  d'élection. 
Peu  de  temps  après ,  il  publia  un 
ouvrage  d'un  haut  intérêt,  sous  le 
titre  de  Constitutions  de  la  nation 
française,  précédées  d'un  Essai. hif* 
torique  et  politique  sur  la  charte, 
3  vol.  in-^8%  1819.  Outre  ce  dcrr 
nier  ouvrage,  on  a  encorq^de  lui  : 
1"  Mémoire  sur  l'origine,  lUns^ 
criptiùilitét  les  caractères  distinc-  ^ 
tifs  de  différentes  espèces  de  dîmes, 
et  sur  la  présomption  légale  de  Vo^ 
rigine  ecclésiastique ,  de  toutes  les 
dîmes  tenues  en  fief,  1786,  in-8*; 
2*  Rapport  sur  la  nécessité  de  suf- 
primer  les  dispenses  de  mariage, 
et  d^ établir  une  forme  purement  ci'- 
vile  pour  constater  Cétat  des  per- 
sonnes,  1791,  in-8*,  réiipprîmé 
en  i8i5;  3"  Discours  sur  la  ques^ 
tion  de  savoir  s'il  convient  de  fixer 
un  maximum  de  population  pour 
(fs  communes  de  la  république, 
1795,  in-8\  Ce  fut  à  la  suite  de  ce 
discours,  envoyé  par  décret  de  la 
convention  à  tous  les  départe- 
mcns,  que  la  punicipalité  de  Paris 
fut  divisée,  comme  elle  l'est  encore 
aujourd'hui,  en  12  municipalités. 
4*  Dernier  Crime  de  Lanjuinais, 
aux  assemblées  primaires,  sur  la 
constitution  fi^^i  793,  Rennes,  1 793, 
réimprimé  ,  an  5  (i79*5)  ;  5°  Rap- 
port sur  Ceffet  rétroactif  dfs  lois 
de  brumaire  et  du  17  nivôse  an 
2  (  1 795),  iutnS";  6**  Notice  sur  l'ou- 
vrage du  sénateur  Grégoire,  inti» 
tulé  :  de  la  Littérature  des  Nègres, 
1818,  in-8*;  7"  Mémoire  Justifica- 
tif, i8i5j  réimprimé  daii^  lamê- 


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^56 


LAN 


•me  ûnné«;  8^  Histoire  natareUê  dé 
dà  pixrole,  par  Court  de  Géhelin, 
avec  un  Discours  préliminaire  sur 
f  histoire  de  la  grammaire  générale^ 
^t  des  notes,  1806,  in-8*;  9*  No*- 
'tice  de  la  dissertation  de  feu  M. 
Saradère  sur  l'usure,  Pau,  1817, 
in-8*;  lo*  Appréciation  du  Projet 
relatif  aux  trois  concordats ,  dé- 
cembre 1817.  Cet  ouvrage  piu^ut 
fixer  Topfnioii  »  et  eut  5  éditions 
consécutives.  11*  Extraits  de  la 
grammaire  slave  de  la  Carniole, 
du  Miikidrates  d^Adelung ,  etc, 
insérés  dans  les  Mémoires  de  l'a- 
eadémie  celtique;  la*  une  savante 
^  Analyse,  en  a  vol.  in-4">  de  l'Ou- 
pt^ek'hat,  ou  de  la  Partie  secrets 
et  théologique  du  Veda,  dans  le 
Magasin  encyclopédique  ;  iS"  du 
Conseil'd^état  et  de  sa  compétence 
contre  l'article  6  de  la  loi  sur  les 
élections  du  5  février  1817;  i4* 
Aes  Officialités  anciennes  et  nouvel- 
les^ ou,,  cûmme  étéques,  rétablir  Us 
Officialités f  c'est  mal  faire  et  mal 
dire;  1 5®  de,  i' Organisation  muni- 


LAN' 

eipale  en  France^  etc.  (en  société 
'  avec  M.  Rératry);  16' Discours  sur 
la  compétence  de  la  chambre  ées 
pairs,  en  crime  d'attentat  à  la  sd" 
reté  du  roi;  17"  Histoire  abrégée 
de  l'inquisition  religieuse  en  Fr-an- 
ce;  18'  Fues  politiques  sur  Us 
.ehangemens  à  faire  à  la  canstitu- 
tion  d'Espagne,  a*  édition^  i8si; 
19°  Notices  biographiques  sur 
Christophe-Colomh,  Antoine  Ar- 
nauld,  Pierre  Nicole  et  Jacques 
Necker;  ao*  Opinion  contre  U  pro" 
Jet  d'indemnité  aux  émigrés^  pro- 
posé et  rejeté,  par  ajournement,  à 
la  chambre  des  pairs  en  1814»  ^^^ 
des  Dépenses  ei  des  Recettes  de  Vé- 
tat  pour  1818;  22*  Examen  du 
système  de  M.  Flaugergues,  sur 
l'omnipotence  ou  la  dictature  du 
roi  et  des  chambres*  M.  Lanjukiais, 
qui  avait  été  nommé  nieinkre  de 
rioetitût,  3*  classe  »  le  16  décem- 
bre 1808 /en  remplacement  de 
Bitaubé,  est  aujourd'hui  membre 
de  l'académie  rpjale  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres. 


FIN  DU  DIXIÈME  VOLUME. 


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SÙPPLÉMENS. 


CL€ZEL  (Bertrahb,  coiirrE^, 
iieulenant  -  générai ,  grand'croix 
de  la  légion-d*hônneur9  cheTalier 
de  SaÎDt-Louis,  est  né  à  Mirepoîx, 
département  de  TArnége,  le  i  a  dé- 
cembre 1775.  Il  entra  au  service 
en  1791,  après  s'être  fait  inscrire 
pour  marcher  comme  Tolontaire 
dans  un  des  bataillons  de  son  dé- 
partement; mais  le  roi  l'ayant 
nommé  sous-lieutenant  dans  la  li- 
gne;, il  fiit  envoyé  dans  le  43*  ré- 
giment, et  fit  par  favenr  la  pre- 
mière campagrie  avec  le  bataillon 
de  guerre  de  ce  corps ,  à  l'armée 
du  général  l>a  Fayette.  Il  fut  du 
nombre  des  officiers  qui  improti- 
vérent  la  déchéance  de  Louis XYf, 
et  crut  devoir  s'éloigner  momen- 
tanément du  corps  où  il  sertait  :il 
y  reparut  quelque  temps  après, 
pour  le  quitter  définitivement  de- 
vant Longwy  par  suite  de  la  re- 
traite des  Prussiens.  Il  passa ,  en 
179a,  en  qualité  de  capitaine  de 
chasseui-s  à  cheval  dans  la  légion 
des  Pyrénées.  Ce  corps  de  nouvel- 
le création  fit  la  campagne  de 
1795  aux  Pyrénées-Orientales;  il 
fut  placé  à  Tavant-garde.  Chargé 
d'une  surveillance  particulière  de 
la  ligne  des  avant-postes,  le  capi* 
taineClauzel  se  fit  remarquer  dans 
cette  circonstance  par  son  lèle  et 
son  activité.  Il  ftjt  promu  au  gra- 
de d'adjudant-géncral.  Ayant  ap- 
pris à  Toulouse  que  l'ennemi  blo- 
quait Perpignan,  il  partit;  trarer- 
sa  à  cheval,pendant  la  nuit,  la  ligne 
des  postes  espagnols,  pénétra  dans 
Perpignan ,  et  rejoignît  son  régi- 


ment. Les  Espagnols  attaquaient 
le  mêmre  jour  le  poste  du  Vernet, 
pour  rejeter  les  troupes  dans  la 
place.  L'adjudunt-général  Clause! 
commanda  la  cavalerie  de  la  lé- 
gion sortie  du  camp  de  l'Union , 
et  après  plusieurs  charges,  il  par- 
vint à  enfoncer  la  gauche  des  trou- 
pes espagnoles  qui  se  retirèrent 
dans  le  camp  de  Peyrestorte».  Le 
général  en  chef  ayant  résolu  d'en-' 
lever  ce  camp,  l'adjudant-géné- 
ralClauzel  eut  ordre  de  couvrir 
avec  la  cavalerie  sous  Ses  ordres, 
la  marche  de  l'infanterie  à  travers' 
la  plaine  qui  sépare  le  Vernet  de 
Peyrestortes*  Celte  manœuvre 
ayant  fait  croire  à  l'ennemi  que 
son  intention  était  de  l'attaquer, 
celui-ci  résolut  de  le  prévenir.  L« 
résultat  de  ce  nrouvement  fut  à 
l'avantage  des  Français:  il  fit  beau- 
coup d'honneur  à  l'adjudant-gé- 
néral  Clauzel,  et  le  fit  nommer 
chef  d'état-major  de  la  division  du 
général  Pérignon,  qui  forma  l'a- 
vant-garde  de  l'armée  jusqu'au 
moment  où  l'on  entra  en  Espagne. 
Clauzel  se  trouva  pendant  cette 
année  (1793),  à  5  batailles  et  à 
plus  de  60  combats  ou  en- 
gagemens  partiels.  En  17949  tes 
génér&ux  en  chef  le  chargèrent  de 
différentes  missions  auprès  du  gé- 
néral de  l'armée  espagnole.  Aprè^i 
les  victoires  entre  la  Jonquière  et 
Fîguières ,  où  il  se  dîstiifgua ,.  on 
l'envoya  porter  les  sommationn 
aux  garnisons  des  places  de  Fîguiè- 
res et  de  Roses.  Une  heure  après 
la  première  se  rendit;  La  secondct 


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458 


CLA 


se  fût  rendue  «gaiement  si  les  re- 
présentans  alors  en  mission  n'a- 
vaient exigé  aussi  la  remise  de  la 
flotte.  Ce  fut  en  portant  la  som- 
knatiôn  à  la  garnison  de  Roses, 
que  Tadjudant-général  Clauzel  re- 
connut à  80  toises  de  la  place,  un 
emplacement  propre  à  mettre  une 
batterie  de  brèche.  Les  autres  bat- 
teries n'ayant  pas  produit  le  résul- 
tat que  Ton  en  attendait ,  il  indi- 
qua remplacement  qu'il  avait  dé- 
couvert; on  y  pla^îa  1 8  à  ayo  pièces 
de  siège,  et  dans  une  journée  les 
remparts  furent  totalement  dé- 
truits. Clauzel  fut  chargé,  par  le 
général  Pérignon ,  d'apporter  au 
gouvernenqient  une  soixantaine  de 
drapeaux  eunemis.  Cet  officier  re- 
fusa le  grade  de  général  de  briga- 
de, préférant  rejoiudre  le  général 
en  chef,  dont  il  était  devenu  l'ami. 
Il  fut  l'un  des  trois  adjudans-gé- 
nèrauxqui  l'accompagnèrent^lors- 
que  après  la  paix  de  Bâie,  le  géné- 
ral Pérignon  vint  en  Espagne  en 
qualité  d'ambassadeur.  Le  crédit 
dont  il  jouissait  auprès  de  lui, 
donna  L'idée  aux  nombreux  émi- 
grés français  qui  étaient  à  Madrid 
et  à  une  foule  de  républicains  qui 
s'y  rendirent,  de  circonvenir  Clau- 
zel dans  des  vues  bien  différentes, 
afin  de  le  porter  à  déterminer  le 
général  ambassadeur  à  entrer  à 
Madrid,précédé  du  drapeau  aux  5 
couleurs.  Clauzel  ne  se  méprit 
point  sur  des  intentions  qui  n'a- 
v^aient  pour  but  que  -d'occasio- 
nerdes  désordres  utiles  aux  inté- 
rêts des  premiers,  et  qu'auraient 
amenés  Mnévitablement  la  folle 
bravade  des  autres;  il  cacha  dans 
kl  voiture  de  l'ambassadeur,  le 
drapeau  tricolore  qui  lui  avait  été 
présenté.  Cette  conduite  sage,  et 


CLA 

restime  qu^on  accordait  au  carac-* 
tère  de  l'ambassadeur,  aplani* 
rent  bien  des  difficultés.  Peu  de 
teqips  après,  l'escadre  de^Richcri 
sortit  de  Cadix,  escortée  par  toute 
la  flotte  espagnole,  et  le  traité 
d'alliance  avec  le  roi  d'Espagne 
suivit  de  près.  Les  intrigues  de 
quelques  émigrés  faillirent  plus 
d'une  fois  troubler  la  bonne  har- 
monie qui  régnait  entre  la  cour 
et  l'ambassadeur  de  France,  mai» 
la  prudence  de  Clauzel  et  sa  fer- 
meté parvinrent  à  les  déjouer. 
L'ambassadeur  et  l'adjudant-gé- 
néral  Clauzel  ne  rentrèrent  en 
France  que  lorsque  le  premier  fut 
rappelé  par  suite  des  événemens 
du  18  fructidor  an  5  (4  septembre 
1797).  L'adjudant-général  Clauzel 
fut  successivement  employé  sous 
les  ordres  du  général  Grouchy, 
dans  les  armées  d'Angleterre,  de 
Mayence  et  d'Italie.  C'est  à  cette 
époque  que  se  formait  la  seconde 
coalition  contre  la  France.  Le  gé- 
néral en  chef  Joubert,.  .ayant  ac- 
quis la  certitude  que  le  ministère 
du  roi  de  Sardaigne  adhérait  à 
cette  coalition^  crut  utile  de  s'em- 
parer des  places  fortes  du  Piémont, 
et  de  faire  mettre  in  sa  disposition 
l'armée  piémontaise.  Clauzel,  por- 
teur des  instructions  du  général  en 
chef,  fut  expédié  de  Milan  au  gé- 
néral Grouchy,  qui  occupait  déjà 
la  citadelle  de  Turin ,  et  le  1 5  fri- 
maire, sur  la  demande  que  fit  le 
roi,  de  pouvoir  conférer  avec  un 
ofllpier  français,  relativement  aux 
mesures  de  défense  qu'on  prenait 
dans  la. citadelle  et  dans  les  autres 
places  où  les  Finançais  avaient  des 
garnisons,radjudant-généralClau- 
zeleut  la  mission  difficile  de  faire 
connaître  au  roi  :  r  les  motifs  des 


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CLA 

précautions  que  Ton  était -obligé 
de  prendre  dans  les  circonstances 
où  les  ministres  allaient  entraîner 
le  roi  et  la  nation  piémontaise  dans 
une  guerre  contre  la  France;  a* 
de  demander  que  le  ministre  Rîoc- 
ca,  dont  on  avait  intercepté  des 
lettres,  et  le  duc  d'Aost,  frère  du 
roi,  reconnu  pour  être  l'ennemi  le 
plus  violent  des  Franç^ais,  fussent 
envoyés  en  France  ;  3*  enfin  que 
le  gouvernement  du  Piémont,  de 
la  Savoie,  etc.,  fût  confié  durant 
la  guerre  au  délégué  du  général 
en  chef  de  l'armée  d'Italie.  Après 
une  "conférence  qui  dura  une  nuit 
entière,  le  roi  remit  son  abdica- 
tion i\  l'adjudant-général  Clauxel. 
Cet  officier  sut,  par  toutes  sortes 
d'égard»  envers  le  roi  et  sa  famil- 
le, adoucir  ce  que  sa  mission  avait 
de  rigoureux;  il  prit  même  sur  lui 
de  ne  point  exécuter  les  ordres 
relatifs  au  duc  d'Aost ,  que  le  roi 
aimait  tendrement;  et  dans  une 
sédition  causée  par  la  haine  que  le 
peuple  portait  aux  agens  du  gou- 
vernement sarde,  et  où  la  vie  du 
monarque»  et  de  son  frère  put  pa- 
raître menacée,  il  sut  montrer 
tant  d'énergie  et  de  fermeté,  qu'à 
sa  voix  seule  le  rassemblement  se 
dissipa.  Le  monarque  et  sa  famille, 
témoins  de  la  conduite  courageu- 
se de  l'adjudant-général  Clauzel, 
lui  en  exprimèrent  la  plus  vive 
reconnaissance.  Clauzel  refusa 
toutes  les  récompenses  que  le  roi 
voulait  lui  offrir.  Ce  prince  ayant 
remarqué  tju'un  tableau  capital  de 
sa  galerie  (la  femnif.  hydropique  de 
Gérard  Dow),  dont  Catherine  II  et 
Paul  I"  avaient  successivement  of- 
fert 1  million,  avait  excité  plusieurs 
fois  l'attention  de  l'officjer  français, 
le  lui  etijoya  avec  une  lettre  des 


CLA  4V 

plus  flatteuses.  Clauzel  ne  pouvant' 
refuser  ce  don  sans  blesser  le  mo- 
narque ,  envoya  le  tableau  à  son 
gouvernement  qui  en  enrichit  le 
musée  du  Louvre.  Ce  tableau  n'a 
point  été  réclamé  par  les  souve- 
rains alliés,  en  i8i5.  Après  les 
changemens  opérés  en  Piémont, 
les  gouvernemens  des  républiques 
Cisalpine  et  de  Gènes  envoyèrent 
à  Turin  des  agens  pour  porter  les 
habitans  à  se  réunir  à  l'une  des 
deux  républiques.  Clauzel  fut  au- 
torisé par  le  général  Grouchy  à 
s'opposer  aux  menées  de  ces  agens. 
Le  succès  couronna  son  zèle;  le 
Piémont  préféra  se  réifliir  à  la 
France,  et  Clauzel  porta  à  Paris 
les  procès -verbaux  qui  en  consta- 
taient le  vœu  général.  L'armée 
commandée  par  le  général  Sche- 
rer  avait  déjà  reçu  plusieurs 
échecs  sur  l'Adige,  le  Mincio  et 
l'Adda.  Elle  continuait  sa  retraite 
sur  Alexandrie  et  Turin ,  lorsque 
Clauzel,  qui  était  devenu  général 
de  brigade,  fut  envoyé  sur  le  Bas- 
Pô,  sous  les  ordres  du  général 
Montrichard,  dont  la  division  fut 
détachée  en  Toscane  par  suite  de  ' 
la  défection  du  général  Lahoz.  Le^ 
général  Clauzel  proposa  de  garder 
Bologne ,  et  se  chargea  de  défen- 
dre cette  place  avec  quelques  com- 
pagnies d'infonterie,  et  3oo  che- 
vaux environ  pour  faire  des  sor- 
ties. Sa  brigade  fut  aussi  envoyée 
en  Toscane;  mais  la  ville  de  Bolo- 
gne avait  plusieurs  bataillons  de 
gardes  nationales.  On  pouvait 
compter  sur  leur  bravoure  et  sur 
leur  fidélité  à  la  cause  des  Fran- 
çais. Ils  fournirent,  jusqu'à  l'arri- 
vée de  l'armée  de  Naples,  les  pos- 
tes des  portes,  et  gardèrent  la  vil- 
le toutes  les  fois  que   le  général 


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4t)o 


CtA 


Clâuzel  fit  àt$  éxpédîtîon»  dans  h 
Roina«î:ne.  ComiDe  il  était  uôcc!*- 
saîre  d'avoir  une  place  pour  faire 
déboucher  Tarmée  du  général 
Macdonald ,  il  s'allarha  à  conser- 
ver Bologne  et  le  fort  d*Urbin,  et 
y  réussît  malgré  le.s  efforts  des  gé- 
néraux autrichiens  Klenau  et  Ho* 
hensollern.  Une  heureuse  entre- 
prise décida  de  la  conservation  du 
fort  d*Urbln.  Le  généra!  Clautel 
prit  avec  lui  400  hommes  d'infan- 
terie, et  sa  cavalerie  se  porta  rapi- 
dement ,  la  nuit ,  sur  ce  fort  que 
bloquait  le  baron  d'Aspres,  tomba 
à  rimpr^viste  sur  les  troupes  au- 
trichiennes, leur  fit  600  prison- 
niers, approvisionna  la  place  i'où 
il  fit  sortir  les  malades  et  les  bles- 
sés, et  rentra  dans  Bologne  avant  ' 
que  la  population  se  fût  pour  ain- 
si dire  aperçue  de  sa  sortie.  A  la 
malhkireuse  bataille  de  la  Trébia, 
sa  brigade  qui  était  en  tête  de  la 
colonne  de  la  division  Montri- 
chard,  chargea,sans  tirer  un  coup 
de  fusil ,  la  première  ligne  autri- 
chienne, qu'elle  obligea  à  abandon- 

.  ner  10  pièces  de  canon  ;  mais 
ayant  perdu,  par  la  fusillade  de  la 
ligne  autrichienne  faite  à  bout 
portant,  plus  de  la  moitié  de  son 
monde,  cette  brigade ,  qui  n^était 
pas  soutenue ,  fut  culbutée  à  son 
tour  par  des  réserves  autrîchîen- 

*  nes,^t  rejetée  sur  la  rive  droite  de 
la  Trébia.  Le  général  Clauzel  con- 
serva eu  bon  ordre  le  restant  de  sa 
troupe,  qui  se  montra  encore  en 
état  de  combattre  vaillamment 
toute  la  journée.  Elle  couvrit  la 
retraite  de  l'armée  par  la  grande 
route  depuis  Borgo  et  Sandonint) 
jusqu'à  Rubiera,dont  e^lle  défendît 
le  pont  pendant  une  journée  en- 
tière, avec  acharnement  et  sans  que 


CLA 

les  AutficMens  pussent  s'en  em* 
parer.  A  fa  bataille  de  Novi ,  le 
généra!  GlauEel  commandait  la 
réserve  de  f'inftiiiterie  de  l'aile 
gauche.  Sa  brigade  n^était  pas  de 
plus  de  5,000  hommes,  dont  2000 
conscrits,  arrivés  la  veille,  mal 
armés  et  ne  sachant  pas  encore 
faire  un  bon  usage  de  leurs  armes. 
Néanmoins  il  sut  profiter  de  leur 
ardeur,  les  mena  plusieurs  fois  à 
la  charge  à  la  baïonnette,  et  leur 
fit  enlever,  à  la  vue  de  la  vieille 
infanterie,  i  pièces  de  canon. 
Malgré  leurs  nombreuses  atta- 
ques, les  Autrichiens  ne  purent  le 
déloger  de  la  position  qti'îî  occu- 
pait à  gauche  de  Pctsturana;  mais 
ils  réussirent  â  le  déborder  et  à  oc- 
cuper la  route  de  Pasturana  à  Ga- 
vi,  que  l'armée  devait  prendre 
pour  effectuer  sa  retraite.  Quoi- 
que réduit  alors  à  moins  de  1,000 
combaltans,le  générale  laiisel  par- 
vint   rétablir  la  Communication 
avec  Gavi ,  oi*i  le  général  Mnreau 
se  retira  de  sa  personne,  et  où,  la 
bataille  étant  perdue ,  se  rendit  U 
général  CtauEel  avec  les  troupes 
qui  étaient  sous  «a  main ,  et  5ôo 
hommes  qu'il  avait  laissés  près  de 
Pa<5turana,  et  qu'il  alla  dégager  an 
risque  d'être  fait  prisonnier.  Pla- 
cé, après  la  battaîlle  de  Novi ,  en- 
tre Pinal  et  Albenga,  le  général 
Clauzel  prit  le  commandemeat 
d'une  division  qui  occtipaît  la  ri- 
yière  dite  du  Ponent  dans  la  ré- 
publiqne  de  Gènes.  Cette  division 
affaiblie  par  la  misère  et  les  mala- 
dies, fit  partie  «  dans  la  «ampa« 
gne  de  l'an  $,  du  corp*  d'armée 
du  général  Sachet.  Le  général 
autrichien  Ëlnitz  aniena  dansceN 
te  partie  de  la  république  àe  Gè- 
nes, un  coi^  d'arokét  d>nviron 


Digitized  by  VjQOQIC 


CLA 

SoyOôo  hommes.  Le  géoëral  Su^ 
chet  ne  complaît  pas  plus  de 
5,000  combattens  dans  ses  a  dî« 
disions,  et  celle  du  général  Clau- 
sel  n*était  pas  au-dessas  de3,ooo. 
Néanmoins  led|||m  gage  mens  arec 
l'ennemi  furent  fréquens  et  opi* 
nicitres ,  et  il  n*j  eut  aucune  po« 
sition  entre  Savone  et  le  pont  du 
Yar,  où  la  di vision  du  général 
Clauzel  ne  combattît  :  dans  l'es- 
pace de  a  mois  et  demi,  du  16 
germinal  à  la  fin  de  prairial ,  elle 
fit  plus  de  prisonniers  qu'elle  ne 
comptait  de  soldats.  Par  suite  des 
rapports  du  général  Suchet  au 
premier  consul ,  et  de  l'ordre  du 
chef  du  gouvernement,  le  minis- 
tère de  la  guerre  promit  au  géné- 
ral Clauzel  un  avancement  pro- 
chain. Ce  fht  sous  les  ordres  du 
général  Suchet  qu'il  fit,  en  l'an  q^ 
la  campagne  d'Italie.  A  la  paix, 
il  demanda  et  obtint  de  faire  par- 
tie de  l'expédition  de  Saint-Do- 
mingue 9  où  il  prit  9  dès  son  arri- 
rée,  le  commandement  d'une  di- 
vision. Il  ne  tacda  pas  à  s'aperce- 
voir des  difiicultés  de  cette  en- 
treprise ,  et  de  la  faiblesse  des 
moyens  pour  la  conduire  à  un 
bon  résultat.  Il  s'occupa  avec  soin 
à  établir  ses  troupes ,  à  reconnaî- 
tre les  positions  et  à  choisir  les 
meilleures,  à  organiser  des  trans- 
ports, à  épargner  les  fatigues  aux 
soldats  pour  se  procurer  des  pro- 
visions sans  aller  les  chercher  eux- 
jnemes  très»loin,  à  fortifier  des 
postes  pour  assurer  les  commu- 
nications, ù  établir  sur  les  mornes 
des  hôpitaux  séparés  pour  les  ma- 
lades et  pour  les  convalescens  ; 
enûn  il  prit  toutes  les  mesures 
conservatrices  de  la  santé  et  du 
moral  de  ses  soldats.  Il  évita  sa- 


CLA 


46i 


gement  les  combats  inutiles ,  e| 
préféra  les  positions  saines  dans 
les  mornusy  plutôt  que  celles  plus 
agréables  près  des  villes  et  des 
ports.  S'attacbant  tout  particuliè- 
rement u  connaître  l'esprit  des 
Noirs  et  de  ledrs  chefs,  sous  le 
commandement  des  Français,  il  # 
s'en  fit  des  amis  et  obtint  toute 
leur  confiiance.  Le  général  Clau- 
zel fut  attaqué  de  la  fièvre  jaune; 
1^  généraux  araient  àéy\  suc- 
combé; mais  il  fut  plus  heureux, 
et  il  était  convalescent  lorsque  le  > 
général  Boudet  partit  pour  la  ' 
France.  Il  prit  le  commande-* 
^lent  de  la  division  de  ce  général 
réunie  vers  le  haut  du  Cap,  et  se 
trouva  au  milieu  d'un  camp  dfi 
Nègres  avec  une  seule  garde  de 

<  3o  Polonais ,  lors  de  la  défec- 
tion de  Christophe,  de  Pétion  et 
de  Clairvaus  avec  leurs  brigades. 
Bientôt  les  généraux  noirs  ou  de 
couleur  vinrent,  à  la  tête  de  3o,ooo 
Nègres  armés,  enlever  quelques 
postes  et  s'établir  au  haut  du  Cap. 
Dans  ce  monient  môme  la  mala- 
die exerçait  ses  plus^  cruels  rava- 
ges, et  les  soldat^- qui  montaient 

.  la  garde  un  jour  entraient  à  l'hô- 
pital le  lendemain.  C'étaient  des  « 
soldats  accablés  par  la  maladie 
qui ,  retranchés  dans  les  maisons 
crénelées ,  défendaient  les  appro- 
ches du  Cap;  et  le  général,  ma- 
lade lui-même,  se  portait  avec 
«ne  faible  réserve  de  600  hom- 
mes ,  des  compagnies  d'employés 
de  l'armée  et  des  gardes  natio- 
nales du  Cap,  sur  les  points  atta* 
q«és  par  les  Nègres.  Avec  de  si 
faibles  moyens ,  il  résista  cepen- 
dant assez  pour  décourager  les 
Nègres  de  leur  entreprise;  et  les 
iatelUgenoes  «fu'H  «'était  (oéna* 


Digiti^^ed  by  VjOOQ LC 


46^  A:Lk 

.gées^dans  lé  cmxip  eonemi ,  acfae»- 
vèrent  de  désunir  les  conjurés  et 
leurs  troupes  qui  se  retirèrent  du 
Cap.  Sur  ces  entrefaites,  le  géné- 
ral Leclerc  mourut,  et  en  atten- 
dant l'arrivée  du  général  Ro- 
«hambeau ,  le  général  Clauzel 
prit  le  commandement  de  l'ar- 
mée. Quelque  temps  après,  il 
fut  envoyé  par  mer,  pour  repren- 
dre successivement  le  fort  Dau- 
phin, et  le  port  de  Paix.  Après 
ces  expéditions,  qui  réussirent,  le 
général  Rochambeau  partit  de 
nouveau  pour  l'Ouest,  emme- 
nant avec  lui  un  renfort  de  6,000 
hommes  venus  nouvellement  de 
France,  et  laissa  le  général  Clau- 
del avec  moins  de  2,000  hommes. 
Depuis  la  mort  du  capitaine-gé- 
néral Leclerc,  et  le  dernier  blocus 
du  Cap,  le  découragement  s'était 
emparé  des  riégocians  et  des  habi^ 
tans  de  cette  ville  :  des  construc-? 
tions  nouvelles  avaient  tout  r  à- 
coup  été  abandonnées  avant  leur 
achèvement,  et  un  grapd  nombre 
d'individus  cherchaient  à  quitter 
la  colonie.  Le  général  Clauzel 
parvint,  non  sans  peine,  à  rétablir 
la  confiance  et  à  obtenir  une  con- 
tribution volontaire,  au  moyen  de 
laquelle  il  établit  xtae  ligne  de  dé- 
fense qui,  partant  de  la  Petite-Anse 
et  passant  par  le  haut  du  Cap  et  le 
Morne,venaltaboutir  au  vieux  port 
Français.  Ainsi,  on  put  dès  ce  mo- 
ment s'étendre  dans  un  rayon  de 
plusieurs  lieues,  sans  avoir  à  crain- 
dre d'être  ni  surpris  ni  attaqué. 
Le  général  Clauzel  ne  se  contenta 
pas  d'avoir  jeté  la  défianee  parmi 
les  troupes  nègres;  il  tenta  et  par- 
vint à  dçtacher  du  parti  de  Des- 
salines  tous  les  Nègres  des  quar- 
tier$  qui  ^yciisipaj^nt  Iç  Cap,  et 


CLÂ 

de  tes  mettre  même  en  état  d'ho»^ 
tilité  contre  ce  chef  noir  et  contre 
Christophe,  qui  se  vit  obligé  de 
se  réfugier  à  Incha^  dans  la  partie 
espagnole.  Le  général  Clauzel  res- 
ta ainsi  maître  dfjjtoute  la  plaine 
du  Nord,  au  point  que  dans  plu^ 
sieurs  circonstances,  ayant  eu  be- 
soin du  concours  des  Nègres  con- 
tre Dessalines,  ceux*-ci  se  rendaient 
au  nombre  de  la  à  i5,ooo,  a^r  la 
position  qui  leur  était  indiquée  ^ 
et  combattaient  fidèlement  sous 
ses  ordres*  Pendant  cette  dernière 
époque  de  son  cora mandement 
dans  le  nord  de  l'île,  il  établit  un 
marché  chaque  semaine,  où  les 
Nègres  cultivateurs  se  rendaient 
pour  porter  à  leurs  maîtres  les 
trois  quarts  du  produit  de  leur 
travail,  et  ils  échangeaient  coutre 
des  marchandises  le  quatrîèjne 
quart,  portion  qui -leur  était  ré- 
servée. Après  son  embarquement, 
ces  marchés  cessèrent,  parce  que 
les  Nègres  refusèrent  à  son  suc- 
cesseur la  confiance  qu'ils  avaient 
dans  le  général  Clauzel.  Les  pro- 
priétaires de  la  partie  du  sud , 
ayant  appris  les  mesures  que  ce 
général  avait  prises  dans  le  nord, 
et  les  succès  qu'il  avait  obtenus 
dans  toutes  les  parties  de  son  ad- 
ministration, lui  avaient  député 
trois  des  principaux  habitaus  « 
MM.  de  Léoraont,  Pegni  de  Mon-* 
tagnac ,  ofïicier  de  gendarmerie , 
etc,  pour  l'engager  à  prendre  le 
commandement  de  la  partie  du 
sud  de  la  colonie;  et,  dans  Tespé- 
rance  de  l'y  déterminer,  ils  lui  fi- 
rent les  propositions  les  plus  a- 
vantageuses*  Il  refusa,  et  il  dut 
refuser.  Le  caractère  de  cet  ou- 
vrage ne  nous  permet  pas  d'en- 
trer daris  le  d^t^il  des  di^cussioiK 


.  Digitized  by  VjOOQIC 


CLA 

soit  perscmnelleS)  sotl  relatives  au 
service  des  colonies ,  qui  eurent 
lieu  entre  le  général  en  chef  Ro-* 
chambeau,  le  nouveau  préfet-co- 
loiiial  Magnitot  i  et  le  général 
Clauzel.  Cependant  nous  ne  pou-. 
voQS  passer  sous  silence  Tordre 
que  ce  dernier  reçut  de  s'embar-- 
quer  à  l'instant.  On  choisit  une 
fort  mauvaise  goëleMe  amérîcai- 
ne,  qui  était  hors  d'état  de  tenir 
la  mer,  au  dire  même  de  JVl.  Laus- 
sat,  son  propriétaire.  Le  général 
en  chef,  voulant  faire  mettre  son 
ordre  à  exécution ,  envoya  chez 
M.  Laussat  5oo  hommes  de  sa 
garde^  pour  y  rester  jusqu'au  dé- 
part du  bâtiment,  qui  dut  faife 
voile  dès  le  lendemain.  Le  capitai- 
ne du  port  Montagne-Laroque  eut 
ordre  de  couler  la  goélette  sur  les 
rescifs  du  Cap,  si  le  vent  s'oppo- 
sait à  sa  sortie.  Le  départ  du  gé- 
néral Clauzel  causa  généralement 
des  regrtits,  et  le  jour  même  qu'il 
s'effectua,  i,5oo  Nègres  armés, 
'qui  faisaient  le  service  avec  les 
troupes  françaises,  quittèrent  nos 
-  postes  et  se  retirèrent  dans  les 
mornes.  Le  commandant  de  la 
croisière  anglaise  devant  le  Cap 
fit  dire  au  général  Clauzel  qu'il 
était  indigné  de  la  conduite  que* 
l'on  tenait  envers  lui  et  ses  offi- 
ciers ,  et  lui  offrit  d'attendre  à 
bord  des  vaisseaux  de  son  escadre 
une  occasion  plus  favorable  pour 
partir.  Le  général  français  remer- 
cia le  commandant  de  l'escadre 
anglaise,  et  continua  sa  route. 
Assaillie  par  une  violente  tempête 
près  du  cap  Astras,  la  goélette 
fut  poussée  dans  le  fond  du  golfe 
<ic  la  Floride,  et  conduite  dans  le 
canal  de  Bahama,  où  elle  périt 
sur  la  côte  le  39*  jour  de  son, dé* 


CLA 

part  du  Cap»  Les  passagers  avaient 
eu  à  souffrir  la  faim,  la  soif  et  toutes 
les  misères  d'une  navigation  inal- 
heureuse.  A  son  retour  de  San}t- 
Domingue^  le  général  Clauzel  fut 
employé  en  Hollande,  sous  le  roi 
Louis,  et,  en  1806,  envoyé  çn  Ita- 
lie sous  le  prince  vice-roi.  £n 
1807,  il  reçut  de  l'empereur  l'or- 
dre de  se  rendre,  avec  une  divi- 
sion de  l'armée  d'Italie,  à  Ragu- 
se,  dont  il  administra  et  comman- 
da le  pays  jusqu'en  1809.  Ce  fut 
pendant  ce  temps  que  l'ancienne 
république  ragusaine  cessa  d'exis- 
ter; que  les  autorités  furent  cons- 
tituées à  la  française,  et  qu'eut  lieu 
l'établissement  des  grandes  routes 
jusqu'à  la  frontière  turque  vers  An- 
livari.  Plusieurs  officiers  français 
ayant  été  insultés  dans  les  pacha- 
licks  de  Scutary,  Berat  et  Janina, 
il  exigea  et  obtint  réparation,  con- 
traignit l'évêque  de  Monténégro 
à  rester  en  paix  avec  les  peuples 
de  l'Albanie  sous  son  commande- 
ment, et  fit^  tant  à  Cattaro«qu'à 
Kaguse,  différens  établissemens 
d'utilité  publique  qui  y  subsistent 
encore.  Dans  ses  rapports  à  l'em- 
pereur, M.  le  duc  de  Kaguse  n'a 
point  ^dissimulé  qu'il  devait  une 
grande  partie  des  succès  de  l'ar- 
mée de  Dalmatie  aux  conseils  du 
général  Clauzel,  lorsque  cette  ar- 
mée, qui  ne  comptait  que  10,000 
Jiommes,  entreprit  devant  une  ar- 
mée trois  fois  plus  forte  le  pas- 
sage difficile  de  la  Croatie,  et  une 
marche  de  plus  de  900  lieues  , 
pour  aller  joindre  la  grande-ar- 
mée devant  Vienne.  Après  la  ba- 
taille de  Wagram,  il  prit  le  com-^ 
mandement  du  11*  corps,  en 
l'absence  du  duc  de  Raguse;  l'em- 
pereur le  détacha  avec  ce.  mêint^ 


Digitized  ^y  VjOOQIC 


im  CLA 

corps  d'aranée  pour  occuper  les 
Provinces-Iilyriennes  cédées  par 
le  traité  de  Presbourf .  Il  fut  en- 
Toyé  ensuite  en  Espagne,  où  il 
cowiDanda,  soiis  le  duc  d'Abran* 
tes,  le  générai  Junot,  trois  bri- 
gades d'infanterie  et  deux  briga- 
def)  de  cayalerie.  Ayec  ce  corps,  Il 
fit  d'abord  le  blocus  d'Astorga,  et 
ensuite  le  siège  de  Rodrigo  sur 
TAgueda,  en  face  de  ravaot-gar* 
de.  anglaise.  Il  ^t  la  campagne  de 
Portugal  sous  les  ordres  de  Mas« 
Àéna ,  et  après  ^i  rentrée  de  cette 
année  en  Espagne,  il  commanda 
presque  toujours  'des  corps  d'ar- 
mée sous  le  duc  de  Aaguse,  jus* 
qu'à  la  bataille  de  Salamanque*  Il 
y  fut  blessé  pendant  qu*il  com- 
mandait en  chef;  et  quoique  sa 
blessure  fût  des  plus  graves,  il  ne 
quitta  pas  le  champ   de  bataille 

.  que  Tarmée  n'eût  repassé  sur  la 
rive  droite  de  la  Tonnés,  et  ne  se 
fût  réunie  à  Alba  de  Termes.  Il 
ramena  sans  pertes  Tarmée  de 

.  Portugal  derrière  le-  Duero  ,  la 
réorganisa,  la  disciplina  en  peu 
de  temps,  et  lui  nt  rept^ndre 
Poffensive  vingt  jours  après  la  ba- 
taille de  Salamanqiie  Lord  Wel- 
iin^on  se  vit  contraint  de  quitter 
Madrid,  et  de  venir  faire  face  ù 
l'armée  sous  les  ordres  du  géné- 
ral Clauzel  sur  le  Duero,  qui  me- 
naçait par  ses  détachemens  les 
communications  de  Tarmée  an- 
glaise avec  le  Portugal,  par  Sala- 
manque  et  Rodrigo,  et  coupait 
aussi  celles  avec  l'armée  d'Espa* 
gne  de  Galice.  Vingt  mille  Fran- 
çais manœuvrèrent  en  plat  pays 
devant  une  armée  de  plus  du  dou- 
ble, bien  pourvue,  ayant  une  ca- 
valerie immense,  et  mirent  i5 
fours  à  faire  une  retraite  de  ^9 


CLÀ 

lieues,  toi^oara  entourée  par  1  eu' 
Demi.  Peudaiit  les  i5  jour»,  les 
deux  armées  furent  cofiataœmcftt 
à  une  très-petite  distance ,  et  les 
généi'aux  Clauzel  et  Wellington 
se  rencontrèrent  souvent,  n'ayant 
entre  eux  que  la  Pissuerga  ou 
PAllanson.  Lord  Wellington  n'osa 
point  attaquer  son  vigibut  adrer- 
saire.  Le  général  Clautélremit,  au 
mois  d'octobre,  le  commandement 
au  général  Souham,  et,  sur  son 
invitation  et  les  ordres  du  minis^ 
tre  de  la  guerre,  continua  à  diri- 
ger, de  concert  avec  ce  général , 
le  mouvement  des  troupes.  L'ar- 
mée de  Portugal ,  réunie  à  celle 
du  nord  de  l'Espagne,  prit  l'offen- 
sive. Elle  marcha  »ur  Burgos  ,  et 
obligea  lord  Wellington  à  en  le-* 
ver  le  siège.  L'armée  anglaise  fit 
une  retraite  précipitée,  et  en  trois 
jours  elle  fut  ramenée  de  Burgos 
ÙL  Valladolîd.  Instruit  des  services 
du  général  Clauzel,  l'enipere.ur 
le  nomma,  à  son  retour  de  Mes- 
cow,  général  en  chef  de  Tamnée 
du  noi*d  de  l'Espagne.  Le  général 
Clauiel  réunit  les  troupes  qu'il  a- 
valt  avec  lui  en  Navarre,  et  par- 
tit le  18  juin  de  Pampelune,  pour 
se  porter  sur  l'Ebre  à  Logrono , 
et  aller  se  placer  de  là  sur  les  der- 
rières de  l'armée  anglaise.  Le  3 1 
juin,  il  se  dirigeait  sur  Haro,  lors- 
qu'il entendit  le  canon  du  côté  d« 
Vtttoria.  Il  marcha  aussitôt  sur  ce 
point,  mais  ne  put  arriver  que  le 
lendemain  de  l'aJOlaire.  Son  corps 
d'armée  n'étant  ni  assez  fort,  ni 
assez  pourvu  de  munitions  pour 
tenter  d'entrer  à  Vittoria,  il  en- 
voya l'ordre  aux  troupes  du  fort 
de  Pancorbo  de  se  retirer  de  nuit 
et  par  une  marche  forcée  sur  Lo- 
grono. Il  fit  ses  dispositions  pour 


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GLA 

réraouation  de  cette  place,  et  se 
mit  ea  état  de  suivre  9  par  les 
Sierras ,  les  troupes  anglaises  qui 
passaient  par  la  vallée  d'Araguil, 
en  suivant  l'armée  française  qui 
faisait  sa  retraite  sur  Pampelune. 
Cette  dispoâîlion  forçait  Tarmce 
ennemie  à  marcher  avec  circons- 
pection, et  à  ne  pas  presser  notre 
armée  qui  avait  combattu  à  Vitto- 
ria  ;  mais  elle  exposait  en  même 
temps  le  corps  du  général  Claustel 
à  avoir  la  majeure  partie  de  Tar- 
mée  anglaise  contre  lui,  ainsi  que 
celle  d'Andalousie,  les  troupes  du 
général  Mina,  de  Longa  et  de  plu- 
sieurs autres  chefs  d'insurgés.  Il 
resta  sur  le  flanc  droit  de  l'armée 
anglaise  jusqu'au  26  juin  ;  n^ais 
pressé  par  les  différons  corps  di- 
rigés contre  le  sien,  il  passa  l'Èbre 
au  pont  de  Lodosa,  au  moment 
où  le  corps  de  Mina,  suivi  par 
d'autres  troupes  espagnoles,  ap- 
puyées elles-mêmes  par  deux  di- 
visions de  l'armée  anglaise ,  arri- 
vait aussi.  Il  continua  son  mou- 
vement de  retraite' sur  Tudella  et 
Saragosse,  malgré  tous  les  obsta- 
cles, et  trompa  ainsi  l'attente  de 
lord  Wellington,  qui,  dans  ses  dé- 
pêches au  ministère  anglais,  avait 
annoncé  «  que  toutes  les  mesures 
»  étaient  prises  pour  que  le  corps 
»  d'armée  aux  ordres  du  général 
n  Clauzel  fût  fait  prisonnier,  »  Par 
suite  des  ordres  qu'il  reçut,  le  gé- 
géral  Clauzel  dut  rentrer  en  Fran- 
ce. Le  maréchal  Soult,  arrivé  ù 
l'armée  des  Pyrénées,  approuva 
ce  qui  avait  été  fait  par  son  pré- 
décesseur dans  le  commandement 
de  l'armée.  Peu  de  jours  après , 
on  livra  bataille  à  lord  Welling- 
ton sous  Pampelune;  on  fut  re- 
poussé et  obligé  de  s'établir  sur 


CLA 


465 


les  frontières  de,  France.  Le  gé- 
néral Clauzel  prit  paît  aux  diffé- 
rons combats  et  batailles  qui  eu- 
rent lieu  sur  la  frontière  devant 
Baronne,  à  Orthez  et  à  Toulouse. 
Il  n'est  point  de  positions  entre 
Toulouse  et  fiiaiyonne  que  son 
corps  d'armée  n'ait  défendueii 
pour  retarder  le  mouvement  des 
Anglais,  détruire  ou  diminuer,  en 
renouvelant  les  combats,  l'armée 
ennemie.  Lorsque  lord  Welling- 
ton eut  communiqué  à  l'armée 
française  l'abdication  de  l'empe- 
reur ,  le  général  Clauzel  opina  le 
premier,  dans  une  réunion  de  gé- 
néraux ,  pour  qu'on  n'eût  aucun 
égard  à  une  pareille  notification , 
tant  qu'elle  ne  serait  pas  faite  par 
l'empereur. lui-même,  ou  par  sou 
major -général;  et  ce  sentiment 
partagé  par  tout  le  monde,  on  at- 
tendit une  communication  offi- 
cielle du  quartier-général  impé- 
rial. Le  24  ™^rs  1815,  le  général 
Clauzel,  étant  inspecteur-général, 
accepta  le*  gouvernement  de  la  1 1* 
division  militaire ,  du  moment 
qu'il  eut  connaissance  de  la  Sortie 
du  roi  du  territoire  français.  Il  en- 
tra dans  Bordeaux,  sans  menaces 
ni  sommations,  après  le  départ  de 
M""*  la  duchesse  d'Angoulême, 
départ  qu'il  n'empêcha  et  ne  pré- 
cipita point.  Les  corps  constitués 
passèrent  la  rivière,  et  vinrent 
au-devant  du  général,  pour  lui 
rendre  les  honneurs  dus,  à  son 
rang  :  il  les  refusa.  Peu  de  temp^ 
après,  Napoléon  lui  confia  le  com- 
mandement des  deux  corps  d'ar- 
mée des  Pyrénées,  et  lui  remit, 
en  outre,  un  pouvoir  civil  et  mi- 
litaire, qui  s'étendait  sur  tous  les 
départemens  compris  entre  lo 
Rhône,  les  deux  mers,  les  Pyré* 
3g 


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466  CEA 

néie?  et  la  toîte.  It  en  usa  aveiB 
modéradon,  mais  toujours  dans 
les  intérêts  du  prince  de  cfuî  W  le 
tenait.  Néanmoins  il  fut  dénoncé 
par  le  ministre  Fouché ,  à  cauise 
de  la  protection  quMl  accordait 
aux  royalistes.  Il  ne  s'en  défendît 
point,  en  déclarant  hautement 
que  ceux  qui  ne  Tétaient  pas  n'a- 
vaient pas  besoin  de  protection. 
Napoléon  l'approuva  ,  et  la  dé- 
nonciation fut  sans  effet"  Le  gé- 
néral Clâruzel  organisa  en  peu  de 
temps,  aux  Pyrénées,  les  moyens 
de  résistance  contre  l'extérieur  et 
de  défense  dans  l'intérieur.  Au 
moment  de  la  déclaration  de 
guerre  qu'on  prévoyait  devoir  pa- 
raître contre  la  France,  il  remît 
au  général  Decaen  un  des  deux 
corps  d'armée  qui  étaient  sous  ses 
ordres  depuis  leur  organisation. 
Après  la  bataille  de  Waterloo ,  îi 
fut  Compris  sur  la  première  listé 
de  l'ordorthance  du  24  juillet 
18 15;  il  quitta  son  commande- 
ment le  28  du  mOme  mois,  pour 
se  rendre  à  l'armée  de  la  Loire,  et 
s'embarqua;  en  novembre  de  la 
même  année,  pour  les  États-U- 
nis. Un  capitaine  de  navire  de 
cette  nation  le  transporta  sans 
rien  exiger  pour  son  passage.  Un 
capitaine  d'un  navife  IVahçaîs  n'i- 
mita point  ce  gértéreux  procédé  : 
îl  exigea  une  somme  énorme  pour 
le  passage  du  général  sur  un  bâti- 
ment'(}ui  était  !a  propriété  de 
Joseph  Napoléon.  Les  commis- 
saires des  insurgés  espagnols  réu- 
nis à  Philadelphie,  ofl'rirent  au 
général  ClaUzel  la  commission  de 
général  en  chef  des  armées  des 
îndépendans  de  l'Amérique  espa- 
gnole. Il  n'accepta  point.  S'étant 
fixé  sur  la  baie  de  la  Mobile,  en 


€LA 

18174  il  y  éiablit  une  plantation, 
c*  y  demeura  comme  cultitateur 
jusqu'en   1820 ,  qu'il   revint  en 
Europe,  poiir  provoquer  le  juge- 
ment qu'il  n'avait  «cessé  de  sollr- 
citer.  Il  rentra,  en  juillet  de  cette 
année,  en  vertu  d'une  ordonnan- 
ce royale  qui  mettait   au  néant 
toutes    les    poursuites    intentées 
contre  lui.  11  s'est  retiré  depuis 
cette  époque  dans  sa  famille,  s'ôc- 
cupant  à  réparer  les  pertes  occa- 
sionées  à  sa  fortune  par  l'effet  de 
la  proscription.  En  arrivant  auk 
Etats  >Uni^,  il  eut  la  satisfaction 
d'apprendre  que  le  roi  Christo- 
phe et  le  président  Pétion,  qui  a- 
vaient  servi  Tuti  et  l'autre  son» 
ses  ordres  à  Saint-Domingue  ,  a- 
vaient  offert  i\  des  capitaines  de 
bâtimens    américains    allant    en 
France,  de  récompenser  généreu- 
sement leur  zèle  et  leurs  soins  * 
s'ils  parvenaient  à  sauver  le  géné- 
ral Clauzel,  et  à  le  conduire  en 
Amérique  :  Christophe  proposait 
100,000  francs,  et  Pétion  100  mil- 
liers de  café  et  denrées  colonia- 
les. La  vie  du  général  Clauzel  est 
un  beau  souvenir  et  une  bdie  es- 
pérance pour  la  France.  ï!  est  du 
petit  nombre  de  ces  hommes  prir 
Vilégîés ,  qui  dans  toute  circons- 
tance comme  dans  toute  carrière, 
se  trouvent  toujours  sur  leur  ter- 
rain. Grand  général,  grand  admi- 
nistrateur, bon  citoyen,  le  gféné- 
ral  Clauzel  trouverait  encore,  com- 
me homme  d'état,  de  nouveaux 
titres  à  l'estime  d'une  patrie  qu'il 
a  si  utilement  et  si  glorieusement 
servie  depuis  sa  plus  tendre  jen- 
nfesse.    Le    grand  maître    de    la 
guerre ,  Napoléon ,  regardait  le 
général  Clauzel  comme  un    des 
premiers  généraux  de  la  France; 


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D&A 

ai  Ât,  après  un  tel  svffrsge,  celai 
il'uQ  enoemi  peut  être  de  quel- 
que poids  9  le  géuéral  Wellington 
se  plaît  à  déclarer  que  dans  la 
guerre  d'Espagne,  il  a  toujours 

(L'article  consacré  à  M.  Dralet, 
de  hou  veaux  renseignemens  nous 
compléter.) 

DRALET,  (Étienhe-Feamçois), 
né  à  Neuf-Château,  département 
des  Vosges,  cheralier  de  la  légion- 
d'hottneur,  l'uo  des  4o  mainte^ 
neur»  des  jeux  floraux,  membre 
de  Tacadéoiie  royale  des  sciences, 
îiiscriptious  et  belles- Lettres  de 
Toulouse,  quitta,  en  iBdi,  la  car* 
rîère  de  la  magistrature  pour  s'at- 
tacher à  l'administration  des  eaux- 
et- forêts*  Il  fnt  alors  nommé  con- 
s<irratear  à  Toulouse.  Cette  place 
ayant  été  supprimée,  en  1817,  par 
Tdfet  d'une  mesure  générale,  le 
roi  créa,  en  faveur  de  M.  Dralet, 
celie  d'inspecteur  principal  des 
forêts  du  Midi,  qu'il  a  occupée 
jusqu'en  1819,  époque  à  laquelle 
il  a  repris  ses  pieoiières  fonctions 
de  conservateur  à  Toulouse.  Éori«* 
vain  laborieux,  tl'a  publié  un  as- 
sez grand  nombre  d'ouvrages  qui 
obt  eu,  pour  la  plupart,  plusieurs 
éditions.  On  lui  doit  :  1"  l'Jrl  du 
iaapier,  suivant  les  procédés  du 
C.  Aurignac,  1798,  in-8%  i3*  é- 
dition,  1807.  On  voit  par  le  nom- 
bre des  réimpressions  de  cet  ou- 
vrage en  au^si  peu  d'années,  qu'il 
réunit  toutes  les  qualités  désira^- 
blés  pour  atteindra  le  but  que 
l'auteur  s'est  proposé;  et  c'est  en 
effet  le  meilleur  traité  dans  ce 
genre  qui  ait  été  livré  au  public 
a*  Pl€n  détaillé  de  topùgr^kie  da 
département  du  Gers,  1801,  in-8''; 
cet  ouvrage  a  remporté  le  prix^ 


DRA 


4S7 


regardé  le  général  Clauiel  oimtm# 
son  plus  redoutable  adversaire. 
L'histoire  justifiera  ces  deux  juge» 
mens. 

tom.  IV,  pag.  69,  étant  inexact, 
permettent  de  le  rectifier  et  de  le 

au  jugement  de  la  société  d'agri- 
culture du  département  de  la 
Seine.  5"*  Traité  de  l'aménagement 
des  bois^et- forêts  y  1807,  Jn-i!i^ 
l'auteur  en  a  donné  une  nouvelle 
édition,  revue  et  corrigée,  en  181  a. 
4*  Traité  des  délité,  des  peines  et 
des  procédures  en  matière  (teaux^ 
et- forêts t  1807,  in-ia,  nouvelle 
édition,  1810.  5"  Traité  du  régi- 
me forestier,  servant  d'introduc** 
tion  au  traité  des  délits  et  des 
peines,  etc.,  181  a,  a  volumes  in*" 
8^  M.  Dralet  en  publiant  ces  trois 
traités,  a  rendu  un  véritable  ser« 
vice,  non-seulement  à  l'adminis- 
tration des  eaux-et«-forêts  «t  aux 
employés,  miâs  encoee  aux  per- 
sonnes qui,  par  des  délits  invo-* 
lontaires,  se  trouvaient  sounkises 
à  cette  jurisprudence.  6*"  Descrip* 
tion  des  Pyrénées,  18  la,  9  volu- 
mes in-8*;  7*  Considérations  sur 
l'histoire  jfiatwnelle  Mes  poissons^ 
sur  la  pêche  et  les  lois  ^ui  la  régis* 
sent,  i8ai,  1  vol.  in-8'  ;  8*  Divers 
mémoires  insérés  dans  la  Feuille 
du  cultivateur,  le  Journal  de  phy^ 
sique,  le  Recueil  4e  la  société  royu" 
le  et  centrale  d'agriculture f  le^ 
principaÉx  sont  :  Projet  d^un  code 
de  police  rurale,  couronné  par 
la  société  royale  d'agricultura 
d'Auch;  de  V Arpentage  des  ter-- 
raine  inclinés  ;  des  Inondations  et 
des  moyens  d'en  prévenir  les  effets 
désûstreuaf;  de  l'Air  q^ue  l'on  res- 


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FAfi 

/gntre  datis  ie^  montagnes;  deê  Ma-- 
latUês  qvd  attaquait  les  bestiaux-, 
sur  là  fin  de4'été.de  chaque  année,. 
«M.  Dralet,  dit  le  Moniteur  (a*. 
»  162,  année  iSiS),  joint  aux  vas- 
»(e!9    connaissances    dont   il   fait 

:  (  L'article  coasacré  à  M.  Fàbbroni  et  non  Fabhoni  comme  nous  Ta- 
vons  écrit,  pag.  12,  du  VIP  vol.  de  cet  ouvrage,  est  incomplet;  nous 
allons  le  rétablir  d'après  des  renseignemens  authentiques,  sur  rexacti- 
tude  desquels  on  peut  compter.) 


GAY 

»  preuve  dans  ees  ouvrages,  le  ta^ 
»  lent  de  les  tiendreplii^agréable» 
»  par  un  style  pur,  noble  et  animé 
»qui  distingue  le  yéritable  homma 
»<ie  lettre».  *. 


FABBRONI     {     LE.    CHEVALIBE 

JjsAN  ),  ancien  membre  du  corps- 
législatif  de  France,  directeur  des 
pontSr  et  -  chaussées  de  l'empire 
pour  les  dépactemens  atJ-deU  des 
Alpes,  correspondant  <ie  Tiusti- 
tut^  membre  de  la  légion-d'hon- 
neur ,  directeur  de  la  monnaie  dé 
Florence,  commissaire  royal  des 
forge» et  des  mines,  et  l'un  desi 
commissionnés.  pour  .le  cadastre 
universel  dani  la  Toscane,  l'un 
deis  quarante^ de  la  société  italien- 
ne des  sciences  ,  secrétaire  de 
■  t'ricadémle  des  georgophîles^,  pro- 
^sseur>honoraire  des  universités 
die  Pise  et  de  Wilna  ,  décoré  par 
S.  A.  vl.  le .  grand-due  de  l'ordre 
cltr  Mérite  sous  le  titre  de  Saint- 
Joseph^  etc.  ^  naquit  vers  17489 
*et  mournt  à  Florence,  le  17  dé- 
cembre 182a,  d'une  atlaque  d'a- 
poplexie Ibùdroyante;  ^Ce  savant , 
généralement  regretté  de  ses  com- 
patriotes des  deux  nations,  a  pu- 
blié un  grand  normbre  d-ouvrâges 
qui  tous  eurent  un  succès  mérité. 
]Ôn  y  rencontre  des  vues  étendues 
et  les  nij^ximes  les  p}ift  saines. 
Les  plus  connus  sont' ceux  qui 
traitent  des  moyens  d'approvl- 
sionneraens  des  denrées  ,  de  la 
prospérité  nationale,  de  l'équili- 
bre du  commerce, «de  i'institu- 
ibion  des  douanes ,  des  eftets  de  la 


liberté  du  commerce  des  laines, 
etc.  Il  a  encore  publié  plusieurs 
mémoires  intéressans  sur  les- prix 
d'encouragement  dans  *.  la  mar- 
chandise, sur  l'action  ehiitiique 
des -métaux,  sur  l'aloi'^  la  valeur 
et  la  proportion  réciproque  des 
monnaies ,  sur  les  balances  et  pe- 
sons des  Chinois ,  sur  les  forte- 
resses de  l'Espagne,  et  snr  l'agri- 
culture des  anciens  Hébreux.  On 
s'accorde  généralement  à  reoon- 
naître  que  partout  où  le  chevalier 
Fabbroni  a  dirigé  ses  recherches.» 
sou  génie  et  sa  critique ,  'l'ordre 
et  la  clarté  furent  les  caractères 
distinctifs  de  son  esprit.  Par  ses 
talens  et  ses  vertus,  il  fut  un  des 
ees  homikies  de  qui  un  poète  di- 
sait :  «  Quiconque  le  connaît^  l'ai- 
»me;etqui  l'aime  une  fois  l'ai - 
»  mè  toujours.  »  Ce  savant  laisse 
des  manuscrits  précieux.-  (  On 
peut  recourir  à  l'article  du  tonn. 
VII ,  pag.  1 2,  pour  l'indieatiou 
des  ouvrages  de  cet  auteur,  et 
tout  ce  qui  est  relatif  à  ses  tra- 
vaux littéraires.  )  ♦ 
'  GAY  (madame  Sophie).  Dans  nn 
pays  où  l'esprit,  le  goût  et  la  grâ- 
ce sont  le  partage  du  plus  grand 
nombre  des  femmes ,  M**  Sophie 
Gay  s'^t  fait,  par  ses  écrits,  une 
réputation  qui  Inî  assigne  un  rang 
particaiier  entre  les  Souta,   les 


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GAY 

Mo^iolieu  et  les  Élise  Voiart. 
J^autê  tPEételi  (Pougens,  1822, 
3  vol.);  Léonie  de  Montirrêase 
(Re^nard,  iSsS,  a  vol.);  et  Ana'- 
tôle  (Finnin  Didot,  i8i5,  2  vol.)^ 
ont  eu  un 'succès  4  que  fustifiaient 
Télégance^  la  finesse  et  la  pureté 
de  style  qui  Jes  caractérisent.  C'est 
a  près -avoir  lu  ce  dernier  roman, 
que  Marie-Joseph  Chénier,  juge 
sévère,  et  dont  la  critique  aimable 
et  philosophique  l'emporte  infini- 
ment sur  celle  de  Laharpe,  lui  é- 
crîvaît  :  —  14  floréal ,  à  1  o  heures 
du  Boir.  «  Il  TOUS  ressemble,  ma- 
»dame;  il  a  tout  ce  ^ui  plaît  et 
«tout  ce  qui  intéresse;  du  natUPeK 
»de  la  grâce,  qui  est  l'exquis  du 
»  naturel;  récils  rapides,  simplîci- 
»  té  de  composition  et  de  style:  de 
nTesprit^et  beaucoup,  et  d'autant 
j»plus  qu'il  n'y  en  a  jamais  trop. 
»  Veuillez,  madame,  accueillir  l'af- 
»  fectueux hommage  d'un  mourant 
♦  que  TOUS  ranimez.  »  M"*  t5ay  a 
donné  plusieurs  pièces  de  théâ* 
tre.  Elle  a  arrangé,  pour  l'Opéra-i> 
Comique,  la  Sérénade àe  Regnard, 
mise  en  musique  par  ft**"  Gail',  et 
toujours  entendue  avec  plaisir.  Le 
Marquis  de  Pomenars,  a  réussi 
sur  le  Théâtre -Français  :  cette 
pièce  offre  un  dialogue  étincelant 
d'esprit.  Une  Aventure  du  càevU" 
lier  de  Grammont,  comédie  en  3 
actes  et  en  vers,  a  été  jugée  avec 
unesévéritéinexplicable  :  les  traits 
piquans  dont  elle  est  semée,  la 
grâce  et  la  'fadlité  du  dialogue 
n'ont  pu  désarmer  le  public.  Mr* 
Gay  est  auteur  de  plusieurs  jolies 
romanees ,  dont  elle  a  composé 
tes  vers  et  la  musique.  Une  des 
filles  de  cette  dame,  jeune  person- 
ne de  i&ans^  d'une  beauté  re- 
marqiiaA>le,  a  remporté   l'année 


çto  4^ 

dernière  un  prix:  à  l'académie 
française;  cette  jolie  pièce  de  vers^y 
intitulée  :  Dévouement  des  sœurs  ée 
Salnte-Camilie,  promet  à  la  FiiaiK 
ce  une  nouvelle  Dnfr^noy. 

GËORGËT  (  Jean  )  ,  peintre 
sur  porcelaine  ,  avait  conomencç 
à^  suivre  la  carrière  théâtrale  y  et 
pendant  8  ans .  il  chanta  les  bas- 
ses-tailles au  théâtre  de  l'Opéra^ 
Comique ,  où  il  était  vu  avec  plai- 
sir; mais  ce  n'était  point  là  qu'rl 
devait  rendre  son  nom  recom- 
•mandable  par  un  mérite  réel.  Un 
accident  le  ibrça  de  prendre  sa 
retraite.  Georget  avait  reçu  une 
bonne  éducation ,  il  avait  de  l'es- 
prit naturel,  et  possédait  un  vrai 
talent  pour  la  miniature.  Il  fut' 
attaché  comme  peintre  de  porce- 
laine à  la  manufacture  de  Sèvres, 
et  presque  tous  ses  ouvrages  ont 
été  composés  pour  ce  célèbre  é- 
tablissement.  Néanmoins  il  con- 
courait quelquefois  aux  exposi- 
tioi^s  du  Musée  du  Louvre,  et  il 
a  donné,  à  celle  de  iSaa,  Fran- 
çois l^'  coiiduisaût  Chartesr:Qaini 
amw  tombeaux  de  Saint-Denis.  Ce 
tabietiu  peint  sur  porcelaine  d'à* 
près  celui  de  M.  Gros,  appartient 
à  IML"*  la  duchesse  de  Berrl.  Bon 
dessinateur  et  habile  coloriste  ^ 
nul'  artiste  de  nos  jours ,  M"»  Ja- 
quotot  (  voy,  Jaquotot  )  exceptée, 
n'a  peut-être  su  mieux  que  lui 
calculer  les  effets  du  .  feu  dans 
l'emploi  des  couleurs  minérales, 
et  leur  donner  le  briHant  et  l'é- 
clat dont  elles  sont  susceptibles. 
La  Femme  fiydropiqued''vtprèii  Gé- 
ratd  Dow ,  est  pour  sa  réputation 
ce  que  \st  Sainte  famUh  e^  pour 
M**  Jaquotot.  La  Femme  hydro- 
piqiiê'f  qui  a" été  l'Un  des  princi- 
paux   ornt^meas   de  l'exposition 


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470 


HtS 


pub^ue  de  i8a9,  des  produits 
de  nos  manufactures  9  est  d'une 
si  parfaite  exécation  «  qu'il  est 
presque  impossible -de  la  distin- 
guer de  Toriginal  dont  le  roi  de 
Sardaigneyson  ancien  possesseur^ 
refuiia  un  million  {voir  à  ce  sup* 
plément  même  l'article  €lac7z£c}. 
bepuî«i  4  Ans,  Georget  s'occupait 
de  l'exécution  de  ce  tableau;  et 
c'est  l'excès  de  travail  auquel  il 
s'est  livré  pour  lui  donner  le  de- 
gré de  periection  où  il  le  voulait 
porter,  qui  a  conduit  cet  estima- 
ble artiste  au  tombeau  :  les  arts 
et  l'amilié  l'ont  perdu  le  aB  mars 
i8a5. 

HÉNAULT  (JBAH-Faiifçois), 
négociant,  naquit  À  Liesse,  dé- 
partement de  l'Aisne,  et  mourut  à 
Paris  il  j  a  quelques  mois  (iBaS), 
sans  laisser  d'en  fans.  Une  vie  la-^ 
borieuse,  honorable,  et  une  fin 
toute  philantropique,  tels  sont  le9 
titres  que  M.  Ilénault  laisse  à 
l'estime  et  au  souvenir  de  ses 
semblables.  Des  traits  de  l'espèce 
de  ceux  que  nous  allons  citer 
oe  sont  pas  tellement  commuas 
qu'on  doive  les  passer  sous  «ilen-" 
ce..Kt  plus  d'un  homme  estima- 
ble figure  dans  notre  ouvrage 
consacré  à  honorer  tous  les  genres 
de  mérite,  sans  avoir  à  la  célébri-f 
té  les  nnémes  droits  que  ce  phi-* 
laotrope.  Son  nom  même  doit  se 
perpétuer,  par  une  des  clauses  de 
son  teslfusent,  et  peut-être  le  fils 
inconnu  de  son  adoption  l'oumi- 
ra-t-il,  à  d'autres  Biographies  con* 
témporaines ,  une  hérédité  de 
vertus  et  de  mérites.  Cette  clausa 
testamentaire  porte  qu'il  sera 
choisi,  parmi  le#  enfons  de  i'hes- 
pice  des  Eûfans-TroUiVés,  un  des 
garçons  les. plus  âgés,,  bien  cons- 


titué  et  montrant  les  dispositions 
les  plus  heureuses.  Le  testateur 
donne,  pour  qu'il  soit  instruit  et 
élevé  dans  un  état  distingué  con- 
«ibrme  à  »e9  dispositions,  une  som- 
me de  10,000  fr.  à  la  condition 
expresse  qu'il  portera  te  nom  de 
jEÀK-Fa^NÇOis  Hbhâvlt;  et  s'il 
s'est  bien  conduit,  il  aura,  pour 
son  établissement  et  son  mariage, 
la  somme  de  3o,ooo  fr.  une  fois 
payée.  Voici  les  autres  disposi* 
lions  de  oe  testament  plus  gêné* 
reuses  et  plus  phil  an  tropiques  en* 
oore.  Nous  les  rapportons  tex- 
tuellement :  1*  Je  donne  aux  pau- 
vres de  ma  paroisse  une  somme 
de  12,000  fr.«  et  en  outre  un  lit 
dans  un  hospice  du  faubourg 
Saint-Honoré.  a®  Je  veux  qu'il 
soit  employé  une  somme  de  6000 
fr.  aux  progrés  de  l'enseignement 
mutuel,  dans  les  12  arrondisse- 
mens  de  Paris.  5"  Je  veux  doter 
et  marier  1 2  jeunes  filles  de  Lies- 
se, département  de  l'Aisne,  les 
mieux  élevées  et  les  plus  ver- 
tueuses ;  je  dotme  et  lègue  à  cei 
effet  une  ^omme  de  6,000  fr. 
4"*  Je  donne  et  lègue  à  l'hospice 
dudit  Liesse  pour  l'amélioration 
d'un  lit  de  malade  de  plus,  ti 
pour  les  soins  des  malades,  5«ooo 
fr.,  et  pour  le  soulagement  des 
pauvres  de  la  même  ville  S^ooo 
fr. ,  une  fois  payés.  5"*  Je  veux 
qu'il  soit  distribué  une  somme  de 
4,000  fr.  à  24  indigentes,  veuves, 
dont  partie  veuves  de  militaires 
français;  et  pareille  somme  a  24 
vieillards,  veufs  de  même  classe 
et  condition.  6*  Je  veux  qu'il 
soit  délivré  plusieurs  individus 
détenus  pour  petites  detteis,  no- 
tamment- pour  mois  de  nourrices; 
)e  donne  et  lègne,  .à  cet  effets  la 


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Tomej-O . 


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r,  y/^SrtV>Jur/r> 


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^rt'my  /firi-r    <•/  t^n//>  ■ 


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HOC 

somme  de  69000  fr.  une  foi» 
payée.  ^'  Je  donne  et  lègue 
1 3,000  fr.  pour  servir  ik  Fappren- 
tissag^e  dans  divers  états  de  24  p^u- 
Très  enfans  orphelins  de  mon  ar- 
rondissement; le  tout  une  fois 
payé.  8' Je  donne  9,000  fr.  pour 
servir  à  doter,  pour  leur  maria- 
ge, lor  demoiselles  bien  nées, 
d'homifites  parens  de  mon  arron- 
dissement. 9*  Je  donne  i8«ooo 
fr.  pour  Servir  à  délivrer  des  pè- 
res <le  famille  industrieux  prison- 
niers pour  dettes,  et  no.tafX»ment 
pour  mois  de  nourrice.  Dians  les 
temps  de  dissentions  politiques, 
l'humanité  partage  quelque  fois 
les  défaveurs  attachées  à  un  parti. 
On  a  remarqué  que  les  journaux 
constitutionnels  sont  les  seuls  qui 
aient  fait  connaître  ces  ncmibreux 
actes  dé  bienfaisance. 

HOUDON  (N),  membre  de 
riostitut  de  France ,  classe  de  l'a- 
cadémie des  beaux-arts,  cheva- 
lier de  la  iégion-d'honneur,  est 
Tun  de  nos .  sculpteurs  les  plus 
distingués.  On  doit  à  cet  artiste 
iiïie  foule  de  compositions  inté- 
ressantes, et  plusieurs  chefs-d'œu- 
vre, dont  deux  ont  été  exposés 
au  salon  de  178a,  la  Diane  et  le 
y  oit  aire  assis.  L'admiration  que 
cet  homme  immortel  avait  inspi- 
rée à  M.  Houdon,  Ta  tellement 
identifié  avec  les  traits,  et  en  quel- 
que sorte  avec  le  génie  de  son  mo- 
dèle, quedans  ses  bustes  etdans  ses 
»*iit**es ,  soit  assises,  soit  debout , 
Voltaire  semble  être  vivant.  La 
Harpe  (  Correspondance  »  tom. 
.&,  5  et  4  )  fait  1  éloge  le  plus  flat- 
teur de  l'artiste,  et  dit  que  «  M"* 
»  Denis  a  offert  à  l'académie  »  qui 
»Và  acceptée  avec  recoonaissun- 
»  ce ,  la  staiue  en  mati)re  de  Foi- 


HUL 


4:3 


imandement  d^  la  place  de 
»86^n.  Chargé  ensuite  de  proté- 
diens  ih^uvement  rétrograde  des 
ont  placé  aain»s  de  l'armée  fran- 
théâtre ,  une  obj^nt  le  passage  du 
bre  de  F"  oit  aire  aSs^  milieu  d'u- 
ment  au  ciseau  de  SIS^iux  coups 
Grimm  (   Mémoires  ,    tohmr  en 
parle  encore  avec  plus  d'éloge 
talent  de  ce  sculpteur.  «  Parmi^ 
»  plusieurs    morceaux   précieux , 
«dit-il,  que  le  même  artiste  a  ex- 
»  posés  au  salon,  il  y  a  cette  année 
«un  petit  bas- relief  représentant 
..  »  une  Grive  morte^  attachée  à  un 
»clou  par  la  pâte.  Ce  morceau 
»est  d'un  effet  prodigieux;  plus 
»  on  le  Toit  de  pnbs,  plus  il  fait  il- 
ulusion.   Un  -enfant  de  6  ans  fut 
)$  mené  il  y  a  quelques  jours  dans 
«l'atelier  de  M.  Houdon;  il  exa- 
»mina  cet  oiseau,  et  demanda  d'a- 
»  bord  où  il  était  blessé.  Son  père  lui^ 
«dit  que  la  blessure  était  vraisem- 
»  blahlement  cachée.'  — *  Mais,  pa- 
»pa,  de  quoi  est  donc  fait  cet  oi- 
«seauP  —  De  marbre,  mon  ami. 
»  —  Âh!  ah!  reprit  l'enfant,  est- 
«ce  que  l'on  fait  des  plumes  avec 
«du  marbre?  Cette  naïveté  dut 
»  flatter  l'artiste  plus  que  les  éloges 
«presque  toujours   exagérés  des 
«connaisseurs.  »   Le  même  écri- 
rain ,  au  sujet  du  succès  général 
de  la  charmante  statue  de  Diane, 
que  La  Harpe  trouvait  très-belle, 
mais  trop  nue  pour  une  statue  ex  - 
posée  en  public ,  s'exprime  ainsi  : 
«  La  modestie  de  H.  Houdon  lui 
«a  fait  apporter  tous  ses  soins  à 
«empêcher  que  les  vers  qu'on  lui 
«a  adressés   de  tous   côtés  ,  ne 
«fussent   imprimés    dans   aucun 
«papier  public.  En  voici  que  M. 
«de  fthulière  fit  sur-le-champ,  a- 
»près  aT^ir  admiré  la  Diane  ; 


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4?a 


Hltf. 


.  Ou«,  c*e<t  DiaJK»  «t  mon  giit-enchanti    - 
Désire  dans  sa  courle  atteindra  *i  <)éesse, 
£c  mes  regards  devancent       vitesse. 
Aucun  habillement  ne  yotl^     .  j^eautë; 

Mais  son  elfyoi  Tui  rend  sa  chastetë. 
On  aurait  dans  Ephèse  adoré  ton  ouvrage ^ 
Rival  de  Phidias,  ingénieux  Houdon, 
A  jnoms  ffue  les  dévots^  en  voyauit  son  image. 
N'eussent  craint  le  sort  d'Actéon. 

Outre  le  baste  et  les  différentes 
statues  de  Voltaire ,  on  doit  i\  M. 
Houdon  un  grand  nombre  de* bus- 
tes d'h(»mnes  célèbres  ses  contem- 
porains, et  eatres  autres-,  celui  de 
.1.  J.  Rousseau,  dont  il  alla  modeler 
la  figure  à  Ermenonville,  dès 
qu*il  eut  appris  la  nouvelle  de  la 
mort  de  cet  illustre  «cri vain  ^  ce 
qui' fait  croire,  dit  La  Harpe  (mê* 
me  correspondance) ,  que  la  mort 
ae  Ta  pas  défiguré.  Pendant  les 
orages  de  la  révolution,  le  ciseau 
de  cet  artiste  demeura  presque 
entièrement  inactif;  mais  après  le 
rétablissement  des  corps  académi- 
ques, M.  Houdon  fut  admis,  icom* 
me  ayant  fait  partie  de  Taffecienae 
académie  royale  de  peinture  et 
sculpture,  à  l'institut  national,  et 
il  enrichit  de  ses  productions  les 
différentes  expositions  publiques 
du  musée  du  Louvre.  C'est  ainsi 
qu'on  remarqua  au  salon  de  Tan 
10  de  la  république,  les  bustes  en 
marbre  de  d*Atembert  et  deFabbé 


H€L 

Barthélémy;  ceux  en  plâtre  de  U"*^ 
Rode  eX.  deMenteliei  au  salon  de 
l'an  13,  les  bustes  de  M"?  la  mar- 
grave d'Anspach^  du  manécliai 
Ney,  de  MM.  Barlow  et  Fulion, 
et  la  atatue  de  Cicéron,  çomman* 
dée  par  le  gouvernement  pour  le 
sénat-conservateur.  Le  moment 
choisi  pour  représenter  .ce  prince 
des  orateurs  romains^  est  celui  où, 
il  adresse,  en  plein  sénat  y.  ces  ps^ 
rôles  foudroyairtes  à  Catilina; 

Du  s^natet  de  Rome,  il  «at  tempfqae  tu  0oi:ter. 

On  remarqua  particulièremeilt,  à 
l'exposition  de  i8o8,  les  bustes  de 
Napoléon  et  de  Joséphine,  M.  Hou- 
don ne  s'est  pas  contenté  d'enriehir 
les  art»  de  ses  productions;  il  a 
Touhi  être  utile  à  l'art  qu'il  a  si 
bien  cultivé  lui-inôme ,  en  com- 
posant pour  l'instruotion  dos  élè- 
ves en  sculpture,  un  écorehé  de 
5  pieds  et  demi  de  haut ,  qui  sert 
à  l'académie,  et  un  petit  modèle 
d'^iron;A<^  d'après  le  grand.  Depuis 
plusieurs  années,  M.  -  Houdon 
n'expose  plus  d'ouvrages  au  sa- 
lon. Son  âge,  déjà  avancé,  et  de 
longs  travaux,  paraissent  l'avoir 
entièrement  éloigné  de  la  carriè- 
re qu'il  a  parcourue  sr  honorable- 
ment et  avec  tant  de  succès. 


(L'article  consacré  au  lieu  tenant -général  Hullik^  dans  le  9^  volume^ 
contenant  quelques  erreurs,  nous  nous  empressons  de  les  rectifier 
dans  celui-ci.  Ce  nouvel- article  a  été  rédigé  sur  des  renseignemens 
dont  nous  pouvons  garantir  l'exactitude.) 

HULLIN  (  comte)  ,  lieutenant-     avec  succès.  Le  plan  des  construc- 


géuéral,  grand-officier  de  la  lé- 
gion-d'honneur, grand-Ksordon  de 
l'ordre  Palatin  de  Bavière,  de  l'or- 
dre de  la  Réunion ,  commandeur 
de  la  Couronne-rde-Fer,  est  né  à 
Paris^  en  1758.  Il  étud^  d'abord 
l'architecture  ^ous  le  professeur 
Biondel}  doat  il  suivit  les  cours 


tions  du  port  de  Cherbourg,  et 
l'expKcation  des  cônes  qu'il  livra 
au  public,  attirèrent  alors  sur  lui 
l'attention  des  artistes  et  des  hom- 
mes instruits^  •  Il  quitta  bieoiôl 
après  l'architecture  pour  enabras- 
ser  la  carrière  mflkaire.  Très-jeu- 
ne encore  )  il  prit  du  service  aiv- 


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près  de  la  République  de  Genève , 
et  reçut  le  brevfet  d'officier.  Les 
éveoemens  dont  la  France  devint 
le  théâtre  à  cette  époque,  lui  four- 
nirent bientôt  l'occasion  de  se  dis- 
tinguer. La  pri^e  de  la  Bairtille,  à 
laquelle  il  prit  une  part  des  plus 
actives,  fait  autant  d'honneur  à 
son  courage  qu'à  son  humanité. 
Des  témoins  oculaires  pourraient 
aujourd'hui  même  attester  qu'il 
fit  tous  <  ses  efforts  pour  arracher 
ù  la  fureur  du  peuple  le  malheu- 
reiix  Delaunay^  gouverneur  de  la 
Bastille*  Devenu  suspect  par  la 
modépfttion  dont  il  fit  preuve 
dans  les  scènes  tumultueuses  qui 
fte  tîtrdèrent  pas  à  éclater,  il  ache- 
va de  se  perdre  entièrement  dans 
Tesprit  du  parti  exagéré,  par  le 
dévouement  qu'il  montra  à  la  £a-* 
raille  roj-ale,  lors  du  retour  de 
Varenries,  en  portant,  à  travers  la 
foule  agitée  du  peuple,  Madame, 
fille  du  roi  y  jusque  dans  les  àppar* 
temens  des  ïoiîepies.  Breveté  ca- 
pitaine pap  Louis  XVI,  au  i4'°' 
régiment  d'infanterie  légère,  il  fit 
les  campagnes  de  Champagne,  de 
Flandre,  sous  Dumouriez;  com- 
battit à  Jemmapes  et  à  Nerwin- 
de ,  où  il  fut  grièvement  blessé. 
Rappelé  à  Paris  par  le  comité  de 
sàlut  public,  il  fut  cité  au  tribu- 
nal révolutionnaire,  d'après  la  ré- 
quisition de  Ghaumette,  procu- 
reur-syndic de  la  commune  de 
Paris,  et  jeté  dans  les.  cachots, 
d'où  il  ne  sortit  qu'au  bout  de 
qumze  mois,'après  la  journée  du 
9  thermidor.  Nommé ,  en  1795 , 
chef  de- bataillon  commandant  un 
corps  de  grenadiers,  il  fit  avec  dis- 
tinction les  campagnes  d'Italie. 
Klevé  au  grade  de  colonel,  il  pas* 
3a,  après  le  traité  de  Léoben,  au 


WùL 


473 


commandement  d^  la  place  de 
Milan.  Chargé  ensaite  de  proté- 
ger le  mouvement  rétrograde  des 
différens  corps  de  l'armée  fran- 
çaise, en  défendant  le  passage  du 
Pô,  il  resta  exposé,  au  milieu  d'u- 
ne' population  insurgée,  aux  coups 
d'un  ennemi  bien  supérieur  en 
nombre;  mais  il  parvint  cepen- 
dant; à  gagner  Bologne,  où  ayaoft 
épuisé  tous  les  moyens  possibles 
dé  défense ,  il  obtixit  du  général 
ennemi  Klèaau  une  capitulation 
honorable.  Après  avoir  t'ait  partie 
de  l'armée  d'occupation  dans  les 
Alpes,  en  qualité  de  sous-chef 
d'état -major  du  général  Riche- 
panse^  il  se.  rendait  à  Paris,  pour 
prendre  le.  commandement  d'un 
corps  de  la  garde  consulaire,  lors« 
qu'il  i^çutJGontre-ordre ,  pour  se 
diriger  sur, Dijon,  où  se  rassem- 
blait l!armée  qui  devait  bientôt  se 
cdûvrir  de  gloire  dans  les  plaines 
de  M-areogo.Cefuten  qualité  d'ad- 
jiidaat^général  du  général  Vatriu, 
qu'il  fit  cette  seconde  campagni^ 
d'Italie,  et  qu'il  eut,  pour  la 
deuxième  «fols,,  lé  commandement 
de  la  plade  de  Milan.  Nommé 
sous-chef  d'état-major  du  général 
Leclerc,  il  partit  pour  l'Espagne, 
et  devait  faire  partie  de  l'expédi- 
tion de  Saint-Domingue,  lorsque 
le  titre  d'officier  supérieur  du  pa- 
lais le  rappela  à  Paris.  Chargé 
bientôt  après  d'une  mission  secrè- 
te auprès  du  dey  d'Alger,  ii  pas- 
sa en  Afrique.  A  son  retour,  le 
commandement  de  la  garde  con- 
sulaire lui  fut  donné.  Appelé  à  lu 
présidence  du  tribunal  qui  jugea 
le  duc  d'Ënghien,  c'est  lui  qui 
prononça  la  sentence  portée  par 
une  majorité  dont  il  n'était  que 
Torgane.  Il  partit  ensuite  pour  le 


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V 


474 


J«il 


camp  de  Bouli^lftid)  et  •* associa  à 
tous  les. genres  de  gloire  dont  êe 
eouvrireat  nos  armées  dans  les 
batailles  qui  se  succédèrent  si  ra- 
pidement en  Allemagne.  Les  cam- 
pagnes d'Autriche  et  de  Prusse  lui 
'  Yalurentsuccessîvementles  grades 
de  général  de  brigade  et  de  général 
de  dirision*  et  le  commandement 
de  Vienne  et  de  Berlin.  Pendant  ia* 
campagne  du  Ruàsie,  il  était  com- 
mandant de  Paris,  et  de  la  i'^  di^ 
vision  militaire .  Sa  fermeté  et  sa 
présence  d'esprit  ne  se  démenti- 
rent pas  lors  de  la  tentative  bar-^ 
die  du  général  Mullet.  Quoique 
blessé  parce  général,  qui  lui  tira 
un  coup  de  pistolet  à  bout  por- 
tant, il  fit  échouer  cette  trame  par 
l'à-propos  de  ses  ordres.  Napo- 
léon, alors  à  Smolcnsk ,  écrivit  ùl 
cette  époque  au  général  Huiitn  la 
lettre  la  plus  flatteuse.  Après  les 
événetnens  de  1814.,  il  se  retira 
dans  ses  terres.  Au  retour  de  Na  •> 
poléon,  il  fut  réintégré  dans  le 
commandement  de  Paris,  place 
qu'il  perdit  de  nouveau  au  retour 
du  roi.  Frappé  par  l'ordonnancé 
du  24  juillet,  il  fut  obligé  de  jsor- 
tir  de  France,  et  passa  le  temps 
de  son  exil  soit  en  Hollande,  soit 
en  Belgique.  Rappelé  dans  sa  pa- 
trie par  une  nouvelle  ordonnan- 
ce. Il  vit  maintenant  retiré  à  la 
campagne ,  dans  un  état  presque 
complet  de  cécité. 

JUDICIS  (  Antoinc  ) ,  né  eii 
X730,  dans  la  petite  ville  de  Man- 
ies (département  du  Lot),  fit  ses 
iHudes  au  collège  des  jésuites  à 
Cahors,  et  fut  reçu  avocat  au  par*- 
lement  dé  Toulouse ,  en  janvier 
«766.  Cinq  ans  après,  de  retour 
<lans  sa  ville  natale,  il  fut  appelé, 
|»ar  le  vœu  de  ses  conoitoyeHs,  à 


la  place  d*un  des  deux  eonâttl.<  <, 
chefs  de  l'administration  munici- 
pale, et  s'y  fit  remarquer  dès  lors, 
comme  ennemi  des  privilèges  et 
ûeê  abus  de  l'ancien  régime.  A  la 
première  organisation  des  admi- 
nistrations municipales ,  il  fut 
nommé  membre  du  directoire  du 
département  du  Lot ,  et  bientôt 
après,  président  du  tribunal  cri- 
minel du  même  département.  II 
occupa  cette  place  sans  interrup* 
tion,  depuis  le  mois  de  septem- 
bre 1791,  jusqu'au  ]5  nivôse  an 
5 ,  époque  à  laquelle  la  conren- 
tion  nationale  l'appela  aux  fonc- 
tions d'accusateur  public  près  le 
tribunal  révolutionnaire,  à  Paris; 
fonctions  qui  n'étaient  plus  alors 
que  difliciles  et  périlleuses,  et 
qu'il  ne  lui  avait  pas  été  permis 
de  refuser.  Juste ,  ferme ,  impas- 
sible au  milieu  des.  convulsions 
qui  agitaient  encore  la  capitale, 
il  rappela  la  justice  dans  30a  tem- 
ple, d'où  la  terreur  l'avait  bannie: 
le  procès  de-rexécrable  Fouquie^ 
TinvîUe,  la  dignité,  la  fermeté 
avec  lesquelles  il  soutînt  l'accu- 
sation ,  honorent  moins  encore 
M.  Judicis ,  que  le  courage  qu'il 
mit  à  solliciter  la  suppression  du 
tribunal  d'exception  dont  il  était 
membre.  Après  la  révolution  du 
18  brumaire,  il  fut  appelé  à  la 
présidence  de  la  cour  crimineile 
du  Lot,  et  nommé  membre  de  la 
légion-d'honneur  ,  au  moment 
même  de  la  création  de  cet  ordre; 
néanmoins  il  ne  fut  pas  compris 
dans  l'organisation  des  cours  îm* 
périalesen  1811.  Il  était  alors  âgé 
de  7a  ans.  Après  40  années  de 
magistrature,  réduit  à  une  fortu- 
ne au-dessous  de  la  médiocrité  et 
voisine  du  besoin,  M.  Judicis  est 


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JLiD  ^^^  ^fi 

mort  l'année  dernière  (  ï8aîs  ),  à    rîtage  que  l'exemple  de  ses  ver- 
l'âge  de  84  aiis,  au  sdh  d'une  fa-     tus  et  de  son  attachement  a  son 
mille  nombreuse  et  respectable,     pays, 
à  laquelle  il  n'a  laissé  d'autre  hé- 


ERRATA. 

Tom,  W,  pag.  4!»9* 
BERTEZÈNE.  De  quelque  peu  d'étendue  que  soit  Farticle  de  M. 
Bertezene  {et  non  Berthezene,  comme  nous  l'avons  écrit),  inséré  au 
•  tome, II,  page  429,  de  cet  ouvrage,  il  convient  de  réparer  IcîT  erreurs 
que  nous  avons  commises,  faute  de  matériaux  exacts;  1»  Dans  le  pro- 
cès du  roi,  M.  Bertezène  vota  pour  l'appel  au  peunle  et  pour  le  sur- 
sis. Son  vote  pour  la  mort  fut  conditionnel ,  et  d  après  la  déclara- 
tion ultérieure  faite  par  46  membres,  du  nombre  desquels  ce  conven- 
tionnel se  trouvait ,  ce  vote,  assimilé  aux  votes  pour  la  réclusion, 
compta  non  pour  la  mort^  mais  très -positivement  contre.  On  ^eut  à 
cet  égard  consulter  les  appels  nominaux  contenus  dans  les  proces-ver- 
baux  de  la  convention  :  ces  appels  sont  les  seuls  atitbentiques.  a**^  11 
n'est  point  sorti  de  France.  3»  Enfkl  M.  le  général  Berthezene  n'est 

point  son  fils. 

Tom  FI*,  fag.  ijS. 

DUMONT  (André).  La  justice  et  l'impartialité  dont  nous  faisons 
profession,  après  avoir  dicté  l'article  que  nous  avons  consacré  au 
conventionnel  André  Dumont,  nous  fait  une  loi  d'opposer  à' notre  pro- 
pre jugement  celui  de  quelques  historiens  échos,  nous  devons  le 
dire,  d'une  sorte  d'opinion  publique.  Voici  comment  M.  Laçretelle 
jeune,  dans  son  Précis  historique  de  la  révolution  française,  s'explique 
sur  André  Dumont  :  «  La  mission  d'André  Dumont  dans  le  dépar- 
•  tement  de  la  Somme,  est  une  sorte  de  phénomène  historique.  Per- 
M sonne  ne  parla  avec  plus  de  dureté  que  lui  le  langage  révolution- 
nnaire;  il  fit  de  nombreuses  et  de  continuelles  arrestations;  mais, 
»  j'ose  le  dire,  parce  que  j'en  al  acquis  la  conviction  sur  les  lieux 
»  mêmes,  il  sauva  la  vie  de  ceux  envers  lesquels  il  se  montrait  si  re- 
»doutable,  et  le  comité  de  salut  public,  le  tribunal  révolutionnaire  et 
«l'échafaud  les  réclamèrent  en  vain.  »  Nous  ajouterons  qu'il  s'est 
glissé  une  erreur  de  fait  dans  l'article  de  la  notice  où  l'on  dit  que  le 
poète  Chénier  a  immolé,  sans  pitié,  A.  Dumont  aux  mânes  de  son 
frère  André,  attendu  que  A.  Dumont  n'a  eu  de  relation  qu'avec  Sau- 
veur Chénier,  qui  existe  encore. 

Tom.  Fil;  paff.  241. 

FOUCHÉ  (Joseph  duc  d'Otrante  ).  Il  s'est  glissé  dans  cel  article 
une  erreur  que  nous  devons  réparei^on  y  dit  que  Fouché  fut  exclu 


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476 

de  L' assemblée  y  et  dureté  {f  accusation  sur  la  proposition  de  Boissj^ 
d*Anglas  :  le  fait  n'est  point  exact.  Fouché  ne  fut  point  décrété  d^ac- 
cu^ation,  et  ji^r  conséquent  un  pareil  décret  ne  fut  ni  sollicité  ni  ob- 
tenu par  M.  Boissj-d'AnglaSy  qui  ne  prit  d'ailleurs  aucune  part  au 
décret  d'arrestation  dont  Fouché  de  Nantes  fut  frappé  à  cette  même 
époque. 

Toî».  IX^,  fay,  295. 

HUPPÉ.  DiiTérentes  inexactitudes  existant  dans  l'article  consacré 
au  colonel  Huppe  (il  faut  lire  Adam  Huppé),  tome  IX  de  cet  ouvrage, 
11  faut  lire  cet  article  avec  les  chang^mens  suivans. 

M.  Huppé  entra  au  service  de  Pologne,  le  11  mai  179a;  il  avait 
alors  14  ans,  et  fut  fait  sous-lieûtenant  d'artillerie,  sur  le  champ  de 
bataille,  en  1794 9  lors  de  l'expuhion  des  Russes  de  Yarsovie.  £11 
1796,  et  non  en  1^02,  il  vînt  en  France,  où  il  fut  nommé  sous-lieu- 
tenant de  la  compagnie  d'artillerie  légère  attachée  au  régiment  de  lan- 
ciers commandé  par  le  général  Rozincscky,  et  qui  j  ^t  incorporée 
eu  Tan  10  (1801).  En  1814»  Huppé  ne  voulut  pas  suivre  en  Pologne 
l'armée  polonaise  ;  il  donna  sa  démission ,  et  resta  en  demi-solde  au 
service  de  France.  En  i8i5,  après  le  licenciement  de  l'armée  de  la 
Loire,  il  se  fixa  \  Paris,  et  en. 1816,  il  fut,  sans  en  connaître  le  mo- 
tif, forcé  de  quitter  la  France.  H  voulut  alors  aller  à  Varsovie,  pour 
y  revoir  des  parens  qu'il  y  avait  encore  à  cette  époque;  mais  en  arri- 
vant sur  la  froritîère  de  Pologne,  il  apprit  qu'une  ordonnance  de  ce 
gouvernement  lui  défendait,  ainsi  qu'à  la  oÛiciers  de  son  ancien  ré- 
iment,  de  passer  outre,  sous  peine  d'être  arrêtés.  Obligé  de  revenir 
sur  ses  pals ,  il  resta  cinq  ans  eU  Autriche,  d'où  il  demanda  l'auto- 
risation de  rentrer  en  Pologne  ;  mais  il  ne  put  l'obtenir,  le  gouverne- 
ment le  considérant  comme  officier  français.  Il  revint  alors  à  Paris* 
pour  se  consacrer  définitivement  au  service  de  la  France,  sa  vérita- 
ble patrie. 


13 


FIN  DES  SUPPLEMENS  ET  DE  L  ERRATA. 


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