*^
ma
-•^•'
^^^
. \
r:^%'
^#i
"^-r^^:,.-
^- . /-m
Kf*-^^'^'ù
^**^S9K^
^ BIOGRAPHIE
NOUVELLE
DES CONTEMPORAINS.
L
Les soussignés déclarent que les Exemplaires non revêtus de
leurs signatures seront réputés contrefaits.
<a^
>^.
Z:^^^^^'""'^^^ ■ ■ ^'^^
^^
t ./
'{ //i/wecc
DE l'imprimerie DE PLASSAN, RUE DE \AT GIRARD, N" l5,
DERRIÈKE l/onKON.
MF.BC
BIOGRAPHIE NOUVELLE
H
DES
CONTEMPORAINS,
ou
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE ET RAISONNE
DE TOL'S LES KOMMES QUI, DEPUIS LA RÉVOLUTION
FRANÇAISE, ONT ACQUIS DE LA CÉLÉBRITÉ
PAR LEURS ACTIONS, LEFRS ECRITS, LEURS ERREURS OU LEURS CRIMES,
SOIT EN FRANCE, SOIT DANS LES PAYS ÉTRANGERS;
Précédée d'un Tableau far ordre chronologique des époques célèhres et des èvéne-
mens remarquailes, tant en France qu'à l'étranger, depuis lySy jusqu'à ce jour,
et d'une Table alphabétique des assemblées législatives, à partir de l'assetnblée
'Constituante jusqu'auas dernières chambres des pairs et des députés.
Par mm. A. V. ARNAULT, ancien membre »e l'Institut; A. JAY;
E. JOUY, DE l'Académie française; J. NORVINS, et autres
Hommes de lettres, Magistrats et Militaires.
ornée de 3oo portraits au burin,
d'après les plus célèbres artistes.
TOME SEIZIÈME.
PAN I— POP
PARIS,
A LA LIBRAIRIE HISTORIQUE, HOTEL D'ALIGRE,
RUE SAINT-HONORÉ, N" 1^3.
1824.
'%'
a:
t
'c
NOUVELLE
DES CONTEMPORAINS.
P^ PANIS (N\), ilépiiU'î de Paris, A
la coiivcîitioii n.'îlionîile, né dain le
Pcrif^ord, élail venu jeune ache-
ver ses ctiuk's et «e taire recevoir
avocat à Paris. A Tépoqne de lu
révolution en 17H9, il éiait un
tics mcinl)res les moins connus
i]\) barrian delà 1 apilale. Mais l'a-
vocat sans cause et sans renoiîi-
mée au parlement, se crut destiné
à jo'er un grand rCde coaiime dé-
fenseur (le la cause populaire, et
5e lança avec longue dans l'arène
politique. Panis acquit bientôt
une célébrité qid date, malheu-
reusement pour lui, des horribles
journées des 2 et 3 seplend)re
J799,. S'il n'en lut point le pr.o-
Inotenr, ni un des auteurs, comme
on rainjusleir>entavarK;é,annioins
:j'en rendit-iH'apologiste. Jusqu'au
10 août il avait été peu question
de lui, quoiqu'il fût devenu le
beau- frère du brasseur Santcrre,
qui exerçait déjà une giaude in-
îluencc surle peuple desfaubourgs,
avant d'êtrenommé commandant-
général de la garde nationale pari-
sienne. Panis avait figuré, ilil-on, à
la lêJe des rusicmbleiricns qui se
T. V VI.
PANI
portèrent aucliâlean des Tuileries
dans la matinée du 10 août; ce
qu'il y a de plus certain, c'est
que, lorsque le succès de celte ré-
volution fut assuré, il en profita
un des premiers. Dans la nuit
du 1 I au 13, il s'installa à l'HAteN
de-Ville, en qualité de membre de
cette commune monstrueuse, qui,
inopinément, sans élection popu-
laire,usurpant tous les pouvoirs, se
constitua de sa propre autorité, el
chassa les véritables représentans
des citoyens de Paris. Lii nouveUn
municipalité choisit bientôt dans
son sein une commission compo-
sée de démagogues des plus vio-
lens, et à laquelle elle donna ht
nom (.'q Comité de salut-public.
Panis en fut nommé membre, el
signa en cette qualité, avec Marat,
Jourdhcuil, Duplain, Sergent, et
quelques autres, l|épou vantabir:
circulaire envoyée dans tous les
déparlemens, pour rendre comp-
te des massacres des 2 et 5
septembre, et pour engager le-
autres communes de la France a
imiter l'exemple donne par celle
de Paris. Il y est dit : « que de?
"Conspirateurs féroces, détenus
))(]ans les prisons, ont été mis à
» mort par le peuple; que cet acte
"de justice avait été jugé nécessaire
«pour retenir par la terreur ces
siégions de traîtres cachés dans
))les murs de Paris» au moment
»où le peuple allait marcher à
«l'ennemi; et sans doute la nation
«entière s'empressera d'employer
»cc moyen si nécessaire de salul-
)) public, et sans doute tous les
«Français s'écrieront comme les
«Parisiens : Marchons à l'enne-
nmi, mais ne laissons pas derrière
«nous ces brigands, pour égorger
«nos enfans et nos femmes.... »
Au lieu de l'effet que les signatai-
res de l'adresse s'étaient promis, un
cri presque général d'indignation
et d'horreur, s'éleva dans la Fran-
ce entière et au «ein de la conven-
tion même, contre les provoca-
teurs de cttte Saint-Barthélemi
politique. Panis eût bientôt voulu
laver de son sang, le nom qu'il
avait apposé à cette exécrable
circulaire, mais l'empreinte en
est restée ineJTaçable, et au moins
les crimes politiques de septembre
1792, n'ont-ils|>oint trouvé d'apo-
logistes parmi les historiens, com-
me en ont eu les crimes religieux
du mois d'août 1572. La terreur qui
s'était emparée d'une foule de ci-
toyens hormêtes de la capitale, et
qui laissa le champ libre à quelques
démagogues forcenés , contribua
puissamment ù l'élection de Pani.-»,
qui fut nonmié député A la con-
vention. Il se fit peu reniarquer
à la tribune, et ne jtrit guère lu
parole que pour repousser les vi-
ves sorties de quelques-uns de ses
collègues, et particulièrement des
membres de la députatiou de la
PA\
Gironde, qui ne cessaient d'atta-
quer les égorgeur»- de septembre
et de demander leur mise en juge-
ment. Dans le procès du roi, Panis
vota pour la mort, contre l'appel
au peuple et contre le sursis. II de-
vint ensuite , pendant quelque
temps, membre du comité de sûre-
té générale, et parut dévoué à la fac-
tion de Robespierre, jusqii'à l'épo-
que où ce derniei fit condamner
à mort Danton. Panis se rangea
dès-lors parmi les adversaires de
celui qui menaçait de décimer la
convention, et prit une part active
aux événemens du 9 et 10 thermi-
dor an 2 (37 et 28 juillet i794)-
Dès le 8, il avait courageusement
interpelé Piobespierre , encore
tout-pui.-sanl, le sommant de dé-
clarer s'il l'avait aussi porté sur
la liste des proscrits. Dans la
journée du 1" prairial an 5 (20 mai
179.5), ii tenta de défendre les
chefs de.) insiu'gôs, dont la con-
vention venait d'ordonner la mise
en accMJsalion ; mais il ne put
parvenir à se faire écouler, et l<i
7 prairial suivant (27 mai), ayant
encore voulu parler pour la dé-
fense de son ami, le député Lai-
gnelot, Panis fut lui-même décré-
té d'arrestation. On lui reprocha
son adhésion aux massacres de
septembre ; il protesta vainement
de la pureté de ses intentions,
vanta son humanité et ses vertus,
invoqua Dieu, et p;nla quel-
que teujps comme un homme
en délire. Un de ses collègues,
Auguis, dont il implora le témoi-
gnage, et qu'il appela son ami,
s'écria :« Point d'amitié avec lu
«colporteur d«? la mort. «Arrê-
té à la sortie de la séance, Panis
ne lecouvra »a lii)Ci'lé qu'api è-r
Il
PAN
l'aministietlu :\ brumaire an 4 {'^^
octobre 1795). Il a été employé
depuis dans l'administiatiou des
hospices de Pari.'î. Il était resté
pauvre au milieu des troubles et des
spoliations de celte époque, et on
ne l'a, du moins, jamais accusé
de s'être approprié les dépouilles
des proscrits. Il a même rendu
quelques services individuels, et
n'était point inexorable envers les
infort unes qui s'adressaient directe-
n)ent à lui. On l'a souvent enten-
du déplorer le malheur descircons-
tances où il s'était trouvé, et sur-
toul(quoiquecene fût pas là le mot
propre) le malheur de s'être laissé
entraînera jouer un rôle en 1792.
«.Je n'ai été, s'écriail-il, qu'un ci-
ntron dont on a exprimé le jus, et
«qu'ensuite on a rejeté; cependant
«j'ai fait quelque bien et empêché
• beaucoup de mal. «Cette faible
compensation ne sera point admi-
se par l'inflexible postérité, et les
saiin;lantespagesdenos annales qui
retracent les forfaits de septembre,
n''cn peuvent être arrachées. Panis
s'est depuis lonf;-temps retiré de
la scène politique, où il n'aurait
jamais dû paraître. Une biographie
étrangère l'attache à toutes les po-
lice* secrètes qui se sont succé-
dé sous les divers gouvernemens
de la France jusqu'en 1816, et le
fait encore exister dans ce paya
avec une l'ai!)le pension : ces faits
ne sont nullement prouvés. Il est
plus probable, ain!<i que l'ont an-
noncé quelques fi;uilles publiques,
(ju'il est sorti de France en 1816,
et qu'il s'est élal)li en Italie.
PANNKTIER DK VALDOTTE
(l.E COMTE CLAt'HE-i>lARIU-J0SEPH),
Miaréchal-de-camp , né dans le
Dugey, embrassa l'état militaire,
PAN 5
et obtint pendant les campagnes
de la révolution, un avancement
rapide. Le 29 août i8o3,iI fut éle-
vé au grade de général de brigade,
et nommé, le 14 mars 1806, prési-
dent du collège électoral de l'Ain.
Employé en 1811 à l'armée d'Es-
pagne, il prit d'assaut Porlada, se
dii^tingua l'année suivante au siè-
ge de Valence, et contribua, en
18 »3, à faire lever le siège de ïar-
ragone. Après l'évacuation de la
péninsule, il rentra en France,
où il combattit avec gloire sous le
maréchal Augereau. Dans la cam-
pagne de 1814, le général Pennc-
tier de Valdotle déploya de grands
lalensetune rare intrépidité. Le 19
février, il entra i\ Mâcon, après a-
voir repoussé l'armée ennemie, se
porta sur Chûlons, puis sur Lons-le-
Saulnier, chassant toujours devant
lui les troupes alliées. Au retour
des Bourbons, il fut décoré de la
croix de Saint Louis. Il comman-
dait un corps à Waterloo, et ne fit
sa retraite qu'au commencement
de juillet, au moment où il allait
être enveloppé par l'ennemi. De-
puis le licenciement de l'armée
française en 181 5, le général
Pannetier de Valdotte est à la de-
mi-solde.
PANZER (George-Wolfgand-
François), naquit, '\Sulzbach,d^ns
le Haut-Palalinat,le 16 mai 1729,
et fit ses études à l'université d'Alt-
dorf; de retour dans sa patrie, il
exerça le ministère évangélique ,
et se livra à la littérature. Nom-
mé, en 1751, ministre à EyeUvang,
et, en 1773, pasieur de la paroisse
de Saint-Sébald à Nuremberg, il
lit tous ses efforts pour supprimer
les pratiques religieuses qui lui
semblaient des restes de catholi-
/f TAN
rismc, et inlioduisit dans sa pa-
roisse l'usage de la confession pu-
blique. On lui doit une Descrip-
tion des plus anciennes bibles alle-
mandes , une Histoire des bibles
imprimées à ISuremba'g depuis
l'invention de l'imprimerie, une
Histoire de t' imprimerie dans les
premiers temps à Nio'etnberg jus-
qu'en i5oo, et des Annales de
l'ancienne littérature allemande ',
ou Annonces et Description des li-
vres allemands , imprimes depuis
l'invention de l'imprimerie jus-
qu'en i5'iO. Mais le plus impor-
tant de ses ouvrages, sans contre-
dit, est celui qui porte [)Our titre :
Annales typoi^rapliici ab artis in-
tentes origine ad annuîn M. D. post
Maittairii , Dentsii , aliorunu/ue
doctissimorum virorum curis in or-
dinem redacti , emcndati et aucti ,
Nureinbeig, i^go-iSoS, li vo-
lumes in-4°. Panzer mourut le 9
juillet i8o5, d'une attaque réilé-
4-ée d'apoplexie.
PAOLl (Fasca-l), célèbre géné-
ral corse, naquit à Voisinu en
Corse, et fut élevé au collège mi-
litaire de ISapIes, où il fît de rapi-
des progiès dans les sciences.
Au sortir de ses études , il fut
nomn)é lieutenant dans un régi-
ment dont son père était colo-
nel. Ce dernier, l'un des plus
habiles guerriers d» la Corse, 0-
bligé de quitter son pays, se réfu-
gia à Naples, pour éviter les per-
sécutions du gouvernement gé-
nois. Paoli avait un frère nommé
Clément, qui, brave comme lui,
battit souvent les mercenaires de
Gênes. En i^55, Paoli le père, re-
tiré à Naples, envoya son fils Pas-
cal Cil Corse, où il fut aussitôt
reconnu pour conimanuant-géné-
rai, quoiqu'il n'eût que 20 ari.«.
Sans troupes réglées, sans armes,
sans munitions, sans vivres, sans
argent, sans procteclions, il par-
vint à soutenir la guerre contre
une partie de ses compatriotes at-
tachés au parti génois, et contre
le gouvernement de Gênes lui-
même. Pour surmonter de pareils
obstacles, il fallait réunir au gé-
nie de rhonnne d'état le courage
du héros; aussi, Frédéric-le-Grand
l'appeiail-il le premier capitaine
de l Europe. Ce général, qui n'a-
vait jiour soldat que des citoyens,
sulcxalterde plus en plus l'amour
de la liberté dont ils étaient en-
flammés. Etant parvenu ù apaiser
les guerres civiles, à rétablir lo
calme et le bon ordre dans l'inté-
rieur de l'ilc, il s'occupa à com-
battre les Génois, les chassa de
position en poiiliou, et les força
à se concentrer dans les principu-
les villes maritimes de la Corse.
En ij:G3il fil une expédition con-
tre l'île de Caprara, alors occupée
pur une forte garnison génoise :
600 braves vidontaires corses s'em-
parèrent de cette île escarpée et
défendue par un fort qui tlomiuo
le pays et la mer. Toutes les
trou[>es génoises et leurs forces
maritimes tentèrent en vain d^ la
reprendre. Paoii avait commen-
cé à former une marine, qui de-
vint l'eÛroi du commerce de Gê-
nes; le pavillon corse, ù la lêle de
Maure, fut reconnu et res[>ecté
parles puissances voisines, llavait
une correspondance suivie avec
les cours de l'Europe; enfin, sans
aucun appui étranger, il battit
partQullesGénois, qui furent obli-
gés d'avoir recours à la France.
En 176^1, elle envoya en Corst-
cytftT c a l ua ou/
l'AO
C,ooo hommes de troupes auxi-
liaires, ce qui n'empêcha pas les
Génois d'êlre forct'S, en 1768,
d'abandonner la Corse, de renon-
cera leur domination lyranniquc,
et de céder cette île à la Franco.
La Corse ne refusait pas de luire
partie intégrante du territoire fran-
çais, mais elle ne voulait pas être
vendue par le gouvernement de
Gênes, à qui elle ne reconnaissait
pas ce droit. La nation cor!?e ,
par l'organe de son chef, fit à cet
égard de justes représentations à
lu cour de Versailles ; mais elles
furent rejetées, et en 1768, la
cour envoya 20,000 hommes de
troupes réglées pour conquérir
celte île. Les Corses, convaincus
que les Français combattaient
pour les Génois, se levèrent eo
masse, prirent les armes , et se
haltircnt valeureusement pour la
f|[loire et la liberté de leur patrie.
Le succès couronna leur cons-
tance, et l'honneur delà France se
trouvant compromis; le roi fit pas-
ser aussitôt de nouvelb.s troupes,
des armes, des vivres, des muni-
lions, et surtout de l'argent, ainsi
que des brevets destinés à gagner
des officiers parmi 1-es insulaires.
En effet, ce furent des bataillons
formés des mécontens corses, qui
servirent d'avant-garde à l'armée
française , et celle politique, en-
core plus que la force, eut le suc-
cès que la cour de France en at-
tendait. Cependant les Corses,
sOus la conduite de Paoli, se bat-
taient en désespérés; la France,
maîtresse des villes maritimes ,
n'eut à conquérir que l'intérieur
de l'île, et le général Paoli, grand
dans sa défaite, eut la gloire de
lutter pendant deux ans seul et
l'AO 5
.vans autre appui que ses conci-
toyens contre les premières puis-
sances de l'Europe. Trahi par la
fortune , il se réfugia à Londres.
Un millier de braves patriotes
quittèrent avec lui la Corse et se
réfugièrent en Toscane. Paoli par-
tagea tout ce qu'il possédait avec
ses compagnons d'infortune , et
continua à vivre dans la retrai-
te, malgré les offres brillantes
que lui fit la cour de Versailles,
pour l'engager à retourner en
Corse. Rappelé dans sa patrie
par im décret de l'assemblée
constituante du 5o novembre
i^Sp , il y rentra couînie simple
citoyen; mais avec ce titre, le
seul qu'il ambilionnût , il n'en
fut pas moins reçu comme un
souverain. Bientôt son inlluenco
fit ombrage ;'i la convention na-
lion;i!e : le 2 avril 1795, il fut
décrété d'accusation; le 5 juin
suivant, ce décret fut suspendu;
niai*, le lyjuillet, un autre décret
le déclara traître à la république,
et le mit en même temps hors Li
loi. De semblables décrets que
nous nous abstiendrons de juger
ne peuvent néanmoins ni ternir
ni diminuer la réputation de Pao-
li : si pendant le lègne de la ter-
reur on a cherché à sacrifier cet
homme célèbre, ses compatriotes
se sont toujours mis on avant pour
lui servir d'égide et lui faire un
rempart de leurs corps. Les Cor-
ses n'ont jamais oublié et n'ou-
blieront jamais les services qu'il
leur a rendus; jamais son génie,
ses talons militaires, sa conduite
républicaine, son zèle, son amour
pour la liberté et le bien de sou
pays , ne s'effaceront de leurs
CTOurs. Paoli gouverna la Covsw
G Î'AO
pendant plus de quînre ans a-
vec gloire, tant comme militaire
cpie comme homme d'état. Il é-
lait plus législateur encore que
guerrier, a dit Voltaire; son cou-
rage était dans l'esprit. Quelque
chose qu'on ait dit de lui, il n'est
pas possible que ce chef n'tfit de
grandes qualités: établir un gou-
vernement régulier chez un peu-
ple qui n'en voulait pas. réuuir
sous les mêmes lois des hommes
divisés et indisciplinés, former ù
la fois des troupes réglées, et ins-
tituer une espèce d'université (]ui
pouvait adoucir les moeurs; établir
des tribunaux de justice, mettre un
IVein à la fureur des assassinats et
des meurtres, policer la barbarie,
se faiie aimer en se faisant obéir,
tout cela n'était pas d'un homme
ordinaire. Il ne put en faire assez,
ni po'-ir rendre la Corse indépen-
dante,niponrrégner pleinemer.t :
mais il eu fit assez pour acquérir
de 1 1 gloire. L'Europe le regarda
comme le législateur et le protec-
teur de sa patrie. Il ujourut à Lon-
dres le 5 février 1807.
PAOLI ( N. ) , professeur de
mathématiques à Pise , a cultivé
cette science avec beaucoup de
léle et de succès. On lui doit des
Elèrnens d' algèbre en 4 volumes :
les deux premiers ont paru en
i;:95, et les deux autres en 1804.
La classe des sciences mathémati-
ques de l'institut de France en a
rendu le compte le plus avanta-
geux dans le passage suivant d'un
de ses rapports : « Le degré de
«perfection qui manque au traité
«de Cousin , sur la Tliéorie tien
r< limites, se trouve dans le second
n volume des Elémevs cC algèbre,
ï- publiés par RL Paoli* Cet excel-
PAP
«lent abrégé de calcul différentiel
»et intégral présente, dans un or-
))dre bien méthodique , très-sou-
>'vent la substance, et presque
>; toujours l'indic-'ition des métho-
»des les plus récentes; et le troi-
nsième volume se recommande
«encore, par les recherches parti-
«culières de l'auteur, sur divers
«points importans d'analyse trans-
«cendante. »
PAPILLON DE LA FERTÉ
(D. P. .T.), intendant des Menus-
Plaisirs du roi à l'époque de la ré-
volution, occupait cette place de-
puis un grand nombre d'années.
Le nouvel ordre de choses la lui
fit perdre : il perdit même, par
suite des événemcns, sa fortune
et sa liberté. Arrêté comme sus-
pect, et détenu au Luxembourg,
il s'y trouvait encore lorsque les
agtns du comité de salut-public
prétendirent qu'une conspiration
qui avait des ramifications dans
toutes les prisons de la capitale é-
taitau moment d'éclater. Compris
dans celte accusation, qui pesait
sur presque tous les détenus, M.
Papillon de La Ferté fut traduit au
tribunal révolutionnaire, qui le
condamna à mort le 20 messidor
an 2 (8 juillet 1794). Le fils de M.
Papillon de La Ferté, qui servait
alors dans un régiment de hus-
sards à l'armée que commandait
Pichegru, en apprenant cette fu-
neste nouvelle, quitta son régi-
ment, et passa en pays étranger.
il rentra en France sous le gou-
vernement impérial; mais il pa-
raît qu'il n'y occupa aucun emploi.
Après la re.>^tauratîon en iSi4' d
obtint la place d'intendant des Me-
nus-Plaisirs du roi. Cette adminis-
tration ayant été supprimée , et
PAT
Jépuis remplacée par celle de la
dircclion des fctes et sperfacles de
la cour, M. Papillon de La Ferlé
est aujourd'hui directeur de cette
dernière; il est baron et olïicier de
l'ordre royal de la légiou-d'hon-
neur.
PAPIN (Élie), maréchal-de-
camp, cpiilla, en 1790, la profes-
sion de négociant , qu'il exerçait
à Bordeaux, et prit du service à
l'armée des PjTénées-Orientales,
où il parvint rapidement au grade
de général de brigade. Tout-à-
coup il cessa de servir la républi-
que et revint à Bordeaux , au il
s'attacha à l'Inslitut-royaliste, qui
lui donna le titre de commandant
de cette ville. Cette association
ayant été bientôt dissoute par l'ar-
restation des chefs, le général Pa-
pin essaya de la réorganiser en
1801. Ses démarches éveillèrent
rattcnliou du gouvernement, et il
l'ut recherché et poursuivi. Une
eon)mission militaire le condamna
à mort par contumace le aS fri-
maire an i4 (i8u()), comme cons-
pirateur et complice de l'Angle-
terre. Il alla se fixer en Amérique,
et s'y livra à des spéculations
commerciales. Il y amassa une
l'ortune assez considérable , que
par suite du rétablissement du
gouvernement royal en 1814 «1
rapportait en France ; mais son
vaisseau fut submergé , et il fut
grièvement blessé en se sauvant
à la nage. Son premier soin , en
rentrant dans sa patrie , fut de
faire annuler (1817) par le a"' con-
seil de guerre de la 1" division
militaire, le jugement qui l'avait
condamné et privé de la jouissan-
ce de ses droits civils.
PAPLN (N.), curé de Marly-l^i-
PAP
ville, fut nommé député du cler-
gé de la prévôté et vicomte de Pa-
ris aux états-généraux en 1789 ; ii
s'y prononça avec chaleur pour les
idées nouvelles, il prêta le ser-
ment civique et religieux, et fit dé-
créter, après une sortie énergique
contre le préjugé qui faisait atta-
cher l'infamie à la famille des con-
damnés, «que les fautes sont per-
sonnelles, et que la honte du cri-
me ne peut rejaillir sur l'innocent,
quel que soit le lien qui l'unisse
au coupable. 0 Ces principes a-
v-aient été développés, en 1733,
avec une grande lorce de raison-
nement et une hiule éloquence,
dans l'excellent discours de M. La-
crclelle aîné, sur le préjuge des pei-
nes Infamantes. Après la session de
l'assemblée constituante, M. P.t-
pin a repris l'exercice de son mi-
nistère.
PAPIN (le comte Jeiu-Baptis-
te), président du canton d'Aire
pendant la révolution, fut élu en
mai 1797 député du département
des Landes au conseil de> anciens.
Il se montra partisan de la révolu-
tion du 18 brumaire an 8 (9 no-
vembre »799)j et passa la même
année au corps-législatif. L'empe-
reur l'appela au sénat-conservu-
teur le 1" février i8o5. Le comte
Papin mourut quelques années
après.
PAPION (N.), directeur et pro-
priétaire de l'ancienne fabrique des
damas et lampas de Tours, n'est
pas moins distingué par ses con-
naissances variées que par ses vues
patriotiques. Il a publié sur l'éco-
nomie politique des ouvrages qui
ont été favorablement accueillis.
Ce sont : 1° Solution des trois fa-
meux problèmes de géométrie, 178/1,
8
r.vp
ir»-8" avec fig., la quadrature du
oerole, la Iriseclion de l'angle et
la duplication du cube; a" Considé-
rations sur les établissemcns néces-
saires à la prospérité de l'agricul-
ture, du commerce et des fabriques,
i8o5, iii-8°; 7>° Réflexions sur le
crédit public, i8n6, in-S"; 4° ^l^-
tiioire sur ta culture des mûriers,
i8ib, in-S"; 5" Mémoire sur l'ad-
ministration générale du commerce,
présenté au roi, i8i5, in-8"; G"
Opinion d'un Français sur tes fi-
nances et la contribution de guerre.
Tours, i8i5, in-8"; 7° Opinion sur
la dette des puissances du continent,
les dangers et les ressources pour
leur liquidation, que rendra stable
la paix générale de l' Europe, 1818,
iii-8°.
PAPON Cl' ABBÉ Jeau-Piebre),
historien, naquit au Pujel de Kci-
ney, près de Nice, département
des Alpes - Maritimes , vers ijSO.
Admis jeune encore chez les PP.
do rOraloire, où il professa avec
distinction pendant plusieurs an-
nées , il se fit aimer de sa congré-
gation , qui le chargea de plusieurs
missions dont il s'acquitta avec ta-
lent. Pour se consacrer plus libre-
ment à la littérature, il quitta, du
consentement de ses chels . la con-
grégation, et devint garde de la bi-
bliothèque de Marseille; l'abbé
Papou publia une Histoire géné-
rale de Provence, dont le second
volume fut dédié au comte de Pro-
vence ( aujourd'hui Louis XVIII).
Les états de cette province récom-
pensèrent le zèle de l'auteur et le
mérite de l'ouvrage, par une pen-
sion de 8000 francs, et le gouver-
neur, le maréchal de Bauveau ,
augmenta ce revenu de la valeur
de son traitement de gouverneur.
PAP
L'abbé Papon s'était fixé à Par!'* ,
où il resta jusqu'après les mas-
sacres de septembre; il se retira ,
à cette époque, dans le départe-
ment du Puy-de-Dôme. Il revint,
en 1797. dans la capitale, et n'eu
sortit plus : il y niourut d'une at-
taque d'apoplexie, le i5 janvier
181 5. On doit à l'abbé Papon :
1° Ode sur la mo7't, imprimétî dans
lu recueil de l'aeadéinie des jeux
floraux ; 2" l'Jrt du pointe et de
l'orateur, plusieurs fois imprimé :
la première édition parut à Lyon
en 1 7t)6 ; 5 ' Oraison funèbre de
Charles Emmanuel III , roi de
Sardaigne , Turin, 1773» impri-
mée en fr.mçais et v.n italien; 4*
Voyage littéraire de Prot^etwe , Pa-
ris , 1787, 2 vol. in - 12 : cet ou-
vrable . écrit avec talent , est plein
d'érudition ; 5° Histoire générale
de Provence , 4 ^^^' '"-4"? ouvrage
curieux , mais « où , disent les con-
tinuateurs de l'abbé Feller, on
aurait désiré que plusieurs faits
eussent été présentés avec plus
d'étefldue. La notice des hommes
célèbres de Provence est excessi-
vement courte ; l'article A' Agri-
cola, par exemple ,ne contient que
six lignes, et l'on s'étonne que
dans cet le notice l'abbé Papon ait.
oublié son confrère l'illustre Mas-
sillon. La relation do la peste de
Marseille et celle du siège de Tou-
lon , faites sur les mémoires du
maréchal de Tessé , ne manquent
pas de mérite. La partie des mon-
naies anciennes, et leur compa-
raison avec les nouvelles, fournie
par le président de Saint- Vincent,
ne laisse rien à désirer ; on y trou-
ve aussi des détails très- uliles et
trè;-éteiidus surl'histoire naturelle-
de Provence. Quelques gravures
vw
(1(; s<'s beaux monuinens antiques
n'auraient pas nui au succès de
Pou vragc. On ne saurait assez louer
IczMect l'acliviiéde l'auteur pour
le rendre le plus parfait possil.ie ,
au moins eu ce qui regarde riii:>-
torique des laits : aûu de se pro-
curer des rcnseig^neinens anlogrn-
plies. il fit le voyage de Naples,
royatuiie que les comte? de Pro-
vence avaient long - temps possé-
dé. » 6" Histoire du gouvernement
français depuis rassemblée des no-
tables , duii février i'^?>y, jusqu'à
la fin de la même année, Londres et
Paris, 1788, iu-8°. On peut join-
dre à cet ouvrage un discours que
l'abbé Papon fit paraître dans la
même année sous le voile de l'ano-
nyme; il a pour titre : De l'action
de l'opinion sur les gouvernemens.
r" Époques mémorables de ta peste
et moyen de se préserver de ce fléau ,
Paris, 1800. Cet ouvrage, qui com-
prend les époques depuis la peste
qui ravagea Athènes au temps de
Péric'ès et d'Hippocrate, jusqu'à la
peste de Marseille, a été fait un
peu précipitamment ; mais il eut
le motif le plus honorable. Ce fut
l'expédition d'Egypte qui y donna
lieu. J/auleur craignait « que nos
communications, devenues assez
lréqu('i»le? avec une contrée où
cet le maladie est endémique, n'eus-
sent des suites funestes pour la
France et même pour l'Europe. »
8" Histoire de la révolution de
France^ Paris , 181 5, (i vol. in-8";
elle comprend une période de 10
-années ( de 1 789 à 1 799 ). Cet ou-
Trage est peu digne du talent <ie
l'auteur, qui d'ailleurs n'eut pas le
temps d'y melire la dernière main.
PAPORET (AsToiNE-PiriiRF.),
juge à Saiul-Qucntin , est né dans
rAR
«>
cetic ville le 5 mars ijôS-. Après
y avoir commencé des études, qu'il
vint ensuite terminera Paris, il fut
nommé conseillera la cour des ai-
des, place qu'il occupait encore en
1789. Il retourna à cette époque
dans sa province, et dans les années
1792 et suivantes, exerça les fonc-
tions de maire et d'agent munici-
pal de sa commune. Après le 18
brumaire, il fut réélu maire, et
nommé en même temps membre
du conseil-général d'arrondisse-
ment de Saint-Quentin. Le dépar-
tcnient de l'Aisne le porta, en
i8o5 et i8of>, comme candidat
au corps-législatif; mais il n'y fut
point appelé. Au second retour
des Bourbons, en i8i5, il fit par-
tie de la chambre des députés, jus-
qu'à ce que l'ordonnance du 5
septembre jSiG en eut prononcé
la dissolution; il vota constam-
ment avec la majorité de cette
chambre dite introuvab'e.T{ééUi eu
i8i6, il siégea au centre jusqu'en
1819, et depuis ne fit plus partie
de la représentation nationale. 11
est toujours juge an tribunal de 1"
instance de Saint-Quentin.
PARADIS (Boniface), avocat
avant la révolution, fut élu, eu
1795, député du département do
l'Yonne au conseil des anciens,
en devint secrétaire, puis prési-
dent au mois de septembre de 1 1
mC'me année. M. Paradis, qui pas-
sait pour appartenir au parti cli-
chien, s'éleva vivement, en 1797,
contre la disposition de la loi du
3 brumaire, qui excluait des
fonctions publiques les paren*
d'emig:rés, et vola aussi la clôture
de toutes les sociétés politiques.
La lutte entre le directoire et la
majorité des conseils ay lut été d< -
1» PAU
ci«lée par le 18 fructidor ar» 5,
M. Paradis fut condamné à la dé-
portation. Son épouse réclama
en sa faveur, mais la mesure fut
maintenue. Toutefois il échappa
à l'exil de Cayenne, se rendit à
Oleron eu janvier 1798, fut rap-
pelé en 1799 par les consuls, et
devint ensuite président delà cour
de justics criminelle de l'Yonne.
Membre de la légion-d'honneur,
il a obtenu, lors de la réorganisa-
lion des tribunaux en 181 i , une
}»lace de substitut du procureur-
général à la cour impériale de
Paris , mais on l'a remplacé en
18 16.
PARADIS- DE -RAYiMÔISDIS
(.Jean-Zachakie; , homme de let-
tres , naquit le C février 174^
à Bourg en Bre.'ise, où son père
était pourvu de la charge de lieu-
tenant-général du bailliage. Jeune
encore , Paradis - de -Rayniondis
lui succéda dans cet emploi ;
mais la faiblesse de sa santé
ne lui permit pas de l'exer-
cer long-temps : il fut obligé de
s'en démettre pour aller, d'après
l'avis des médecins, passer cha-
que année l'hiver à Nice. Il y ren-
contra Thomas, et bientôt l'auji-
tié la plus tendre s'établit entre ces
deux jeunes gens, que rapprochait
le goût le plus vif pour la littéra-
ture. Paradis- de -Raymondis se
trouvait encore dans cette ville
lorsque, le 28 septembre 1792, le
général Anselme, qui, avec trois
bataillons de ligne, quelques vo-
lontaires et 5oo chevaux, avait
osé traverser le Var, puur aller
attaquer 8,000 hommes de trou-
pes réglées du roi de Sardaigne,
et 13. 000 hommes de milice, pa-
riât devant ^'ice. La ville est à
PAR
l'instant évacuée par les trnnpi'â
piémontaises , les magistrats eu
apportent les clefs au général An-
selme ; les forts de Montalban et do
Ville-Franche ouvrent leurs portes,
et la France compte un départe-
ment de plus. Paradis-de-Rayinon-
dis s'éloigne alors et se retire à
Udine, dans le Frioul, 011 il s'oc-
cuj)e de faire valoir une très-belle
maison de campagne que lui loue
le comte Fabio Aquiuo. Appre-
nant que Louis XVI allait ê're
mis en jugement, il sollicita, mais
en vain, l'honneur de défendre cet
infortuné monarque; revenu en
Franco en 1797, il resta pendant
quelque temps à Paris, et profita
de son séjour momentané dan.s
cette ville pour y faire imprimer
un ouvrage qui respire la raison
et la philosophie ; cet ouvrage peu
connu, et qui mérite de l'être, a
pour titre Des Prêtres et des cul-
tes. Paradis-de-Raymondis se ren-
dit ensuite dans sa patrie, où il
possédait encore quelques pro-
}iriétés assez étendues, et dès-lors
il fit de l'agriculture l'objet uni-
que de ses études. Cet écrivain
spirituel, ce savant modeste, mou-
rut à Lyon le i5 décembre 1800.
On a de lui, outre qtielques opus-
cules sur diverses branches de la
science agricole, notamment sur
l'amélioration des terres et la cul-
ture des pommes de terre, un pe-
tit traité de morale et du bonheur,
ouvrage qui parut sans nom d'au-
teur, et dont la seconde édition
est de 1795. Un des rédacteurs
d'une de nos feuilles publiques
s'exprime ainsi en rendant comp-
te de ce traité : «Personne n'a
vanté ce livre : mais son mérite a
percé comme l'odeur de la viobl-
PAR
te s'élève du seia de l'herbe. La
renommce al teindra l'auteur dans
son obscurité et dans sa retraite,
où il mérite de trouver le bonheur
dont il a si bien enseigné la re-
cherehe. »
PARADISI (le CvOmte Jea?*),
"rand-dinrnitaire de la couronne
de fer, décoré du grand-cordon
de la légion-d'honneur, membre
de l'insiiiut de Milan, ex-prési-
dent du sénat du royaume d'Ita-
lie, etc., naquit à Preggio de Mo-
dène,vers l'année 1760. Son père,
poète distingué de son temps, lui
laissa plus d.; réputation que de
fortune. Ami de son pays, et par-
tisan de la liberté que la révolu-
lion française promettait à tous les
peuples, M. Paradisi en embrassa
la cause avec ardeur. Le général en
chef Uorwiparle. qui avait eu occa-
sion de connaître et d'apprécier ses
talens, le fit nommer l'un des di-
recteurs de la nouvelle république
Cisalpine. M. Paradisi y déploya
<les vertus qui devinrent incom-
modes à quelques-uns de ses col-
lègues. Il fut victime de leurs in-
trigues auprès du général Brune,
qui, au nom du directoire fran-
çais, lui iutima, en avril 179^,
l'ordre de donner sa démission. M.
Paradisi rentra dans la (lasse des
simples citoyens, et il ne prit pbis
aucune part aux affaires de la ré-
publique. Il n'en l'ut pas moins
exposé aux |>ersécutions des Au-
trichiens, qui, de retour en Lom-
bardie, le comprirent parmi ceux
qui furent déportés et enfermés
dans les fmteresses de Caltaro. II
se consola de ce nouveau mal-
heur en se livrant entièrement à
l'élude et à la lecture des auteurs
classiques. La bataille de Ma-
PAR
1 1
i<»tigo ayant rétabli le pouvoir
du général en chef Bonaparte
en Italie , le premier soin du
triomphateur ftit de briser les fer^
de tant d'illustres victimes de
la liberté. M. Paradisi revint à
Milan , où il fut accueilli d'une
manière honorable par le gouver-
nement et par le peuple. Appelé à
faire partie du gouverncnientpro-
visoire, il donna l'exeinple de
1 oubli du passé et du pardon en-
vers ses ennemis. Eu 1801, il pa-
rut aux comices de Lyon , où il
se montra favorable aux vues
du premier consul , se rappelant
peut - être le mauvais usage
que la multitude avait fait des
pouvoirs qu'on lui avait confiés.
M. Paradisi mérita ainsi la faveur
du prince , qui l'en récompensa
par une confiance illimitée. M.
Paradisi n'en abusa pas : ses en-
nemis mêmes rendent justice à sa
modération , à son désintéresse-
ment, à ses vertus publiques, qui
sont d'autant plus précieuses .
qu'elles sont moins communes et
plus nécessaires danss les temps
de révolution et de trouble. Le
comte Paradisi, par reconnaissan-
ce envers ses bienfaiteurs, insista
fortement dans la célèbre séance
du 17 avril 1814 1 pour que le
sénat du royaume d' Italie fit une
démarche auprès des alliés , et
parliculièreuient de l'Autriche ,
])0ur obtenir que la couronne en
lût placée sur la tète du prince Eu-
gène {voj, Beauiiarnais). Mais la
majorité se déclara contre ce vœu,
et il fut décidé qu'on se bornerait
à demander la cessation des hosti-
lités, l'indépendance du royaume
et l'intégiité de son territoire,
garantie aux termes du traité de
12 PAR
Luncville. Apres la chute de Na-
poléon , Paradisi resta quelque
leinps à Milan, où on le vil plu-
sieurs fois à la tête de l'iuslitiU
dont il était le président. Il rentra
enfin dans ses foyers à lVep;gio ,
où, privé de ses emplois, il vit
retiré et avec la plus sévère éco-
nomie. Ses onvraj;;es imprimés
sont : 1" Discorso rec'Uato nella
prima adananza dell' instilato ita-
liano , in-4''; 2° Ricerche sulla vi-
Itrazione délie lamine elastiche, Bo-
logne , 1806, in-.'i"; "5" Ilvitalizio
commedla. Milan, i8a3. in-8°.
PARCKVAL-GllANDMAISON
(Frasçois-Augusïe) , membre de
l'institut et de la légiond'lionneur,
est né à Paris, le 7 mai 1759, d'une
famille de la haute finance; il cul-
tiva d'abord la peinture, où il eut
pour maître Suvée; après quel-
ques essais infructueux où il ac
quit la preuve qu'il ne se ferait
jamais un noui dans l'art des
David et des Girodet, il se livra
sans réserve à la poésie sous I in-
lluence et l'inspiration de l'abbé
Delille. M. Paroeval conserva quel-
ques-uns des défauts de cette éco'e
brillante, où trop souvent le luxe
des mots couvre la misère des i-
dées.Il accompagna le général en
chef Ronaparte en Egypte en 179S,
et devint membre de l'institut du
Caire; il fut, dans cette expédi-
tion, le jouet du sort, qui ne res-
pecte pas les poètes ; et ses a-
■ventures auprès des pyramides ap-
partiennent au ^cnva héroï-comi-
que. Membre du conseil dos pri-
ses, sous le gouvernement impé-
rial, il publia, en 1804, son poë-
ine des Amours épiques , ouvrage
plus remarquable par la facture
<ics vers, que par l'invention, puis-
PAIV
qu'il ne se compose que de nar-
rations extraites de différons poti-
mes épiques , et que M. Parceval
a souvent traduites ou imitées a-
vec un rare bonheur. Il prélu-
dait, par cet ouvrage, à un grand
poëme dont Philippe-Auguste est
le héros, et qu'il termine au mo-
ment ( Î824) où nous écrivon»
cette notice. Invente, ta vivras! dit
Lemierre : en effet , l'invention
seule peut tirer un poète de la
classe vulgaire des hommes qui
s'occupent de lier des rimes et de
cad(;ncer des mots.
PARDESSUS (Jean -Marie),
fils d'un avocat de Blois , est né
dans cette ville le 11 août 1772,
et fut reçu avocat en 1795. Oppo-
sé aux principes de la révolution,
il consacra son ministère à la dé-
fense des proscrits, et ses efforts
ne furent pas toujours infructueux.
En i8o5, il se familiarisa avec le
pouvoir, et accepta du gouverne-r
ment impérial la place d'adjoint
delà mairie de Blois, et ensuite
celle de maire de la même ville.
Appelé, en 1807, par le choix du
sénat, au corps-législatif, M. Par-
dessus fil marcher de front ses fonc-
tions administratives el législa-
tives avec ses occupations du bar-
reau et ses éludes de juri«j)ruden-
ce. Il avait publié à la fin de 1806
le Traité des servitudes ; il fit pa-
raître, en 1809, celui du Contrat-
du-Change. Après la session il
ne fut pas réélu au corps-législatif,
jtar suite du sénatus-consuUe qui
prescrivait l'âge de quarante ans
pour être admis dans ce corps.
Le gouvernement, qui le regardait
sans doute comme un de ses par-
tisans les plus zélés, le nomma
à la chaire de professeur de droit
I
PAR
« ouuuercial à l'école de droit de
l'ari:?, place qu'il occupait encore
à l'époque de ia prcniière restnu-
ration, en 1814. Alors M. Pardes-
sus se voua tout entier au gouvcr-
ueuienl royal. Nommé déj)uté à
la chambre de 181 5 par le dépar-
lemeut de Loir-et-Cher, il prit
place au côté droit, et développa
ses p?incipes dans une prot"e?sioii
de loi qui est devenae historique,
et qui finissait par ces mots re-
manp'.ables : « Nous voulons la
«charte que le roi nous a donnée;
))nous voulons toutes les garanties
•xjue celle charte nous assure;
«nous voulons surtout, et bien
«plus que ceux qui tenteniient de
«nous calouiuiei', la liberté indivi-
«duelle, la liberté de la presse, la
«liberté des consciences, l'égalilé
«des citoyens devant la loi. » Il
fut ensuiteappeiéà toutes lescom-
missifms iuiporianlf.s de cette as-
semblée, et notammenl à celles
qui avaient pour objet l'examen
des projets de loi sur l'anmislie
et sur le budget. Il concourut
au projet de la commission
qui inodiljait la clémence offerte
par le gouvernement; il soutint
fortement son opinion dans la
discussiou qui eut lieu à ia
séance du 3 janvier 1816; il n'ap-
puya pas avec moins de force le
système du renouvellement inté-
gral de la chanibre tous les cinq
ans, et répondit à ceux ([ui vou-
laient un renouvellement par cin-
quième, comme plus favorable
a l'influence minisiérielle, par ces
paroleséncrgi(pjcs: «Les électeurs
«démon dépaUement m'ont dit :
» Sercfi le lui ; ils ne uï'en ont
»|uis dit autantsur le ministère. »
A roccaiiond'tmcpélition préseu-
TAR j5
lée, le 25 avril de la même année,
sur le jugement qui venailde con-
damner à mort le général Travot,
rhonorable dépulé, M. Colomb,
après avoir parlé des succès mili-
taires de ce général et de la répu-
latioit d'hunuuiité dont il jouissait
parmi ses ennemis mêmes , ayant
laissé entrevoirquelques soupçons
sur la justice de la senteuce pro-
noncée c^:)nlre lui, M. Pardessus,
qui entrait dans le moment, et
qui avait entendu les derniers
mots, s'élance aussitôt à la tribu-
ne, et réfute vivement l'orateur.
Son zèle lut récompensé le 8 mai
i8i(), par la place de membre de
la commission de surveilUuicu
des caisses d'amortissement et
de consignation. 11 ne fut point
réélu après la dissolution de la
chambre par l'ordonnance d.i
5 septembre (1816), et eut
de plus la douleur, bien grande
sans doute pour cet ancien profes-
seur, de réclamnr en 1819, lors
des trouilles de l'école d<; droit,
le s». cours de l'autorité contre ces
mêmes élèves, quil [xéteudait
avait rendus si dociles en i8i4-
Il reparut enfin à ia chambre
des députés ; mais alors il avak
oublié les principes qu'il avait
hautement prol'essés en i8i5 : il
votaen faveur des lois d'exception,
de la nouvelle loi des élections, et
contre la liberté de la presse; il
lit aussi un humble aveu de la fai-
blesse qu'il avait eue de prêter ser-
ment à Napoléon pendant les f<;77/
Jours , et cette espèce de péni-
tence pul)li({uequ'il s'imposait lui-
même a dQ ellacer aux yeux d»?
ses honorables amis la mobilité
momentanée de sa conduite politi-
que, lléélu à la nouvelle chambre
>1
PAR
<!e 1824» ses improvisations, dès
les premières séances , l'ont déjà
signalé comme un des plus zélés
défenseursdes projets ministériels.
M. Pardessus s'occupe d'un ou-
vrage sur le droit commercial u-
niversel, cl sur les lois des divers
états de l'Europe, coniparées avec
celles de la France. Outre les deux
ouvrages que nous avons cités plus
haut, il a encore publié : Élémens
de jurisprudence commerciale, in-
8°, 1 8 1 1 ; Cours de droit commer-
cial, 4 ^*^1- iri"8% >Si4> i8i5et
jSiG.
PARDIEU (le COMTE N. de),
ancien offîcier, député par la no-
blesse du bailliage de Saint-Quen-
tin aux états-généraux en 1789,
fut un des vingt-sept membres de
Ja chambre delà noblesse qui pro-
testèrent, le 19 juin, contre la ma-
jorité, et qui se réunirent au tiers-
état. Il prononça à cette occasion
un discours très - remarquable.
jNommé, dans le courant de la
session, commandant de la garde
nationale de Saint- Quentin , il
demanda et obtint un congé pour
aller l'organiser. De retour à son
poste, il s'y fit remarquer par son
y.èle à concourir à toutes les réfor-
mes. Il j)arut une fuis entre au-
tres à la tribune pour se plaindre
des motions sans cesse renaissan-
tes sur les finances; il demanda
et fit arrêter qu'il n'en serait plus
entendu de nouvelles. Après la
session, il rentra dans la vie pri-
vée.
PAJIE (N.), premier clerc de
Danton, lorsque celui-ci était avo-
cat aux conseils du roi, adopla ses
principes politiques , mais avec
beaucoup plus de modération. Il
lut d'abord employé en qualilc de
commissaire dans le déparlemcut
PAR
de la Seine. Danton devint minis-
tre de la justice en août 1792,
et presque aussitôt , Paré fut
nommé secrétaire du conseil exé-
cutif provisoire. Il passa , l'an-
née suivante , au iriinistère de
l'intérieur, en remplacement de
M. Garât. Cette place était au-
dessus de ses forces; il fut peu
de temps après obligé de l'aban-
donner. En 1794, Hébert et Vin-
cent, qui rap()elaient le nouveau
Rolland, le dénoncèrent aux Cor-
deliers, mais cette dér)onciation
n'eut pas de suites. Après la mort
de Danton, de nouveaux dangers
vinrent le menacer : il fut pour-
suivi aux Jacobins par Couthon ,
qui accusa Rousselin de colpor-
ter ses écrits pour relever le par-
ti abattu. Il devint eu 1799, com-
missaire du directoire-exécutif
près du département de la Seine,
et ensuite administrateur des hô-
pitaux militaires. Paré, retiré de-
puis dans une campagne aux envi-
rons de Paris, y vécut tout-à-fail
étranger aux affaires publiques.
PARENT (Marie -Barbe), jeu-
ne fille née à Valenciennes, parta-
gea l'enthousiasme qui enflammait
tous les coeurs aux premiers symp-
tômes de guerre au commence-
ment de la révolution : elle
déguisa son sexe, prit les armes,
et servit avec une grande bravoure
pendant quinze mois, comme vo-
lontaire à l'armée de la Moselle.
A3ant été blessée au siège de
Mayence, elle fut alors reconnue
potu- l'emme. Elle obtint son con-
gé, et reçut une gratification du
Goo francs, avec lesquels elle re-
tourna dans sa ville natale.
PARKM' (François-Nicolas),
ancien curé de Ruissy-la-lierliauil
près de Meiua, département de
I
I
l'AR
Soi ne-et- Marne, naquit à Melun,
en 1752, et n'entra dans la carriè-
le ecciésiaslique que par l'ordre
formel de son père. Engagé mal-
gré lui dans on état qui ne con-
venait ni à son esprit ni à ses
goûts, il adopta avec exaltation
les nonve/inx principes, et renon-
ça solennellement à ses fonctions
cccic.-iastiques. En ijgS il se ma-
ria , et à cette époque lut le ré-
ducteur du J ournal des cnmpngves,
Icuilie qui, malgré les désordres
du temps, renfermait générale-
ment des articles sages et modé-
rés. On lui attribue le Courrier
français, in-^j", qui parut égale-
ment pendant la révolution. Sous
le gouvernement impérial, Parent
occupa im faible emploi dans les
bureaux de la police; il en fut
privé lors de la première restau-
rUion en 1814. Réduit à coniger
des épreuves dans une imprime-
rie, il vécut dans la plus grande
gêne, et mourut, à l'âge de 70
ans, le ao janvier 1822. On rap-
porte qu'il disait à ses derniers
momcns : « Mon Dieu, vous savez
«que ce que j'ai fait était dans
• l'intimité de ma conscience; je
» ne m'en rcpens pas.» Il a pu-
blié, en 1799, in -8° : Recueil
d' Hymnes plnlosopliiques , civi-
qii'^s et muraux, augmenté de la
nute en pluin-chanl , d'après la
Viuûque d'is meilleurs auteurs,
pour faciliter dans les campagnes
la câlcbrution des fêtes républicai-
nes. Son extrême pauvreté ne lui
» pas permis de mettre au jour
dilTérens opuscules dont il a fait
tirculer de» copies. Ce sont : i»
i Ennemi du sang; 1" Raisonnons
tons, raisonnons tout; 5° Mon .
épitaplie et mes confissions, ou Ma
Profession de foi.
PARENT-DE-CHASSY (Nico-
las), était avocat du roi au con-
seil et au prcsidial de Troyes, lors-
qu'il fut élu, en 1789, député du
tiers-état du bailliage du Niver-
nais aux états-généraux, oi"i il se
fitpeuremarquer.il retourna dan»
son déparlement après la session ,
et avait renoncé aux affaires pu-
bliques, lorsque des papiers troti-
vés dans l'armoire de 1er aux Tui-
leries , l'ayant fortement compro-
mis, il fut décrété d'accusation
par la convention nationale; con-
duit à Paris et livré au tribunal
révolutionnaire, il lut condamné
à mort coimne conspiralenr. et
exécuté le 2 février 1796; il était
à peine âgé de 7ty ans.
PARENT -REAL (N. J. M.).
avocat à la cour royale de Paris,
est né à Ardres, arrondissement
de Sainl-Omer, au mois d'avril
1768. Son père, qui avait servi
dans la gendarmerie, le destinaii
à entrer dans ce corps dont la sup-
pression le força à changer ses
projets. Il dirigea vejs la profes-
sion du barreau la vocation encore
incertaine de son fds. Envoyé au
collège de Sainl-Omer, le jeune
Parent y lit de bonnes études »
qu'il acheta chez les oratoriens,
à Boulogne, et au collège de Sain-
te-Barbe, à Paris, où il fut le con-
disciple de l'abbé Nicole, ex-rec-
teur de l'acadéiriie de Paris; de
iM. Lemairc, professeur de la fa-
culté des lettres; de M. Planche,
professeur de rhétorique , et
de plusieurs autres élèves, qui
se sont depuis distingués dans
diverses carrières. Décidé à suivre
l.i carrière tlu barreau, il fit son
droit, et fut reçu avocat au par-
leuieut de Paris, le 6 février 1790,
duratit les vacances extraordinai-
i6
PAR
resqui précédèrent la suppression
des parleinens. Il exerçait la pro-
fession d'avocat au tribiiiiai de
district de Sainl-Oiuor , lors(|u'il
fut nommé, par dis[>ense d'âge ,
secrétaire en chef de l'adminis-
tration du district de Calais, du
directoire duquel il devitit bientôt
l'un des membres. La loi du 17
frimaire an 3, portant que les pa-
rons etaUiésjusqu'au degré de cou-
sins-germains ne pouvaient être
en même temps, l'un receveur de
district, et l'aulre adminislraleur
du directoire du même district,
M. Parent-Réal, qui était le beau-
frère du receveiu', se démit de
5<'s fonctions, et fut nonuné à cel-
les de juge-de-paix du canton
d'Ardres, qu'il exerça jusqu'à la
mise en aclivilé de la constitution
de l'an 3. A rinslallatiou du di-
rectoire-exécutif, il devint suc-
cessivement son conunis>aire prés
de l'administration municipale de
Saint-Omer et près de l'adminis-
tration centrale du département
du Pas-de-Calais. Après le coup
d'état du 18 fructidor an 5, l'an-
cien commissaire près de cette
administration ayant été rappelé
à ers mêmes fonctions, M. Parent-
Réal fut nommé administrateur
du département, et il en était bî
président, lorsqu'il fut élu l'un
des députés du département du
Pas-de-Calais an conseil des cinq-
cents. Une circonstance remar(jua-
ble dans les élections de ce dépar-
tement, en l'an 7, c'est que sur
huit députés à élire, la petite ville
d'Ardres, dont la population s'élè-
ve à peine à (Joo âmes, avait foiu'-
ni trois députés, dont l'un pour le
conseil des anciens, M. Garnier,
et deux pour le conseil des c!n.'{-
cents, ?(iM. Paipiit-iiéalol Saiul-
PAll
Amour. Durant son commissariat
à Saint-Omer, l'on avait tenté,
en prairial an 10, d'organiser dans
celte ville des compagnies d'égor-
geurs, pour y répéter les désor-
dres d'Aix et de Marseille; mais
il réprima ces inouvemens sé-
ditieux, et prévint les crimes eu
annonçant, dans une proclamalicKJ
énergicjue, « qu'il sévirait égale-
«ment contre le disciple de iMarat
» et contre le compagnon de Jésus,
MClque le gouvernement, qui avait
"brisé les échafauds, empêcherait
«les hécatombes, d M. Parent-Réal
proposa au conseil des cinq-cents
de consacrer, d'une manière spé-
ciale, la publicité des lois, portant
la déclaration (pi'ime armée «a bien
mérité de la patrie » par Tinscrip-
liou en entier du décret sur u'i
drapeau porté dans l'armée, alter-
nativement à la lête de chaque
compagnie, il parla sur le projet
derésoiulion relatit'aux tribunaux
de commerce; et fit la proposition
nouvelle d'établir prés de ces tribu-
naux un commissaire du gouver-
nement , pour y surveiller et as-
surer l'exécution des lois, ainsi
que le ministère public le fait
près des autres juridictions. Il pro-
nonça plusieurs autres discours,
et s'était fait remarquer dans
cette assemblée, où il ne siégea
que quelques mois, parla sagesse
de ses opinions et de ses volOo.
Après le 18 brumaire an 8, M.
PiU'enlrRéal fut élu «ncmbrc du
tribunal. Il y demanda, par mo-
tion «l'ordre, que les présentations
à faire j)ar le tri!)unat de candidat
pour l(! sénat-conservateur lussent
moiivées; il parla contre l'appli-
cation du principe des cautionnc-
mens aux fonctioimaires et em-
ployés non comptables; il coni-
PAU
baltil le pi()j«'t de loi portant é-
tabiis^iMiK'nl de Iribuiiaiix crimi-
nels spéciaux; il s'éleva aussi con-
tre la recherche de la paternité
non avouée, et il prononça de-
vant le corps -législatif, comme
orateur du Iribtuiat, un discours
sur le projet de loi tendant à dé-
clarer que rarmée d'Orient, les
administrateurs, les sa vans et les
artistes de l'expédition d'Egyp-
te, avaient également bien mérité
de la pairie. 11 lut compris, en
l'an lo, dans le premier cinquiè-
me sortant, par voie d'élimination,
€l ne quilta plus depuis cette é-
poque la vie privée, que pour
exercer successivement le ministè-
re d'avocat à la cour de cassation,
au conseil- d'état et aux conseils
du roi. Lors de la condamnation
du général Moreau, par le tribunal
du département criminel de la Sei-
ne, il ofl'ril d'être son détenseur de-
vant la cour de ca^ssation; mais le
général refusa de tenter aucune
espèce de recours. Parmi les tra-
vaux et les succès judiciaires de
M. Parent-Réal, l'on a pu distin-
guer une demande en prise à par-
lie pour M. de Boileau, avocat à
Abbeville, et plusieurs mémoires
sur la question de validité de paie-
nicns elTectués en rescriptions de
la trésorerie et en mandats faisant
office de rescriptions, pour solde
d'acquisitions de bois nationaux.
(]elle contestation, soulerme pour
la négative, opiniâtrement par le
fisc, intéressait pour une somme
de plusieurs millions, valeur iné-
lallique, le plus grand nombre des
«cquéreurs del)oi> nationaux dans
le déparlement du Pas-de-Calai-i,
ainsi que dans plusieurs autres.
Nous devons aussi mentionner un
T. XVl.
PAR
»7
plaidoyer prononcé dans une cau-
sti capitale, pour un cultivateur,
accusé d'avoir assassiné sa femnie,
dontiM. Parent-Réal prit la défen-
se, étant commissaire près l'ad-
ministration municipale de Saint-
Omer, et qu'il fit acquitter. C'est
ainsi que durant ses fonctions ad-
ministratives, il voulut reprendre
l'exercice de sa profession pour
servir l'humanité, comme il aima
toujours aussi à cultiver les scien-
ces morales et philosophiques,
au milieu même de ses devoirs
publics. Sa carrière s'est divisée
entre le barreau, l'administration
et les lettres. Aujourd'hui avocat
à la cour royale de Paris, il se dé-
voue particulièrement à ceux des
travaux de sa profession qui con-
viennent le mieux à la retraite du
cabinet, et qui s'accordent le plus
avec le goût des études littéraires.
M. Parenl-Réal a publié une Pe-
tite Revue des instilations oratoires
de M. Delanialle, et il est l'un des
collaboraleur» delà Revue encyclo-
pédique. C'est un de ces hommes
si précieux, si honorables qui,
en joignant le talent et le goût à
un noble caractère et à de vastes et
solides connaissances, contribuent,
avec plus de services que d'éclat,
aux continuels progrès du bon es-
pi'it dans leur siècle. Il a dû rece-
voir connue un gage de l'estime
de tous les bons juges dims notre
philosophie et dans notre littératu-
re aciuelle, la mention distinguée
que M. Lacretelle aîné a faite de
lui dans la revue des écrivains qui
ont servi la science judiciaire (i"
partie de la collection de ses œuvres,
récemment publiée). C'est la jus-
tice de l'amitié entre des hommes
dignes de ne connaître enlre eux-
i8
PAR
mêmes qu'une vérité de conscien-
ce : celte justice-là ne sait pas
plus çxajîérer i'éJoge que l'affji-
blir.
PARFA1T(N.), médecin du mi-
nistère de la jçuerre, et memtire de
la société de vaccine , a publié :
1° Réflexions historiques et criti-
ques sur les dangers de la variole
naturel le, sur les différentes métlio-
des de traitement, sur les avantages
de l'inoculation et les succès de la
vaccine pour C extinction de la vario-
le, hSo5, in-H"; 2° Mon Journal
de 1807;, ou Voilâtes gens du 16'
siècle, 2' édition, 1808, in-8°.
PAREDAENS (N.)' libérateur
belge, est né à Mons dans le Hai-
nault aulrichien. Après s'être fait
connaître avantageusement par
plusieurs articles insérés dans les
)ournatix de Bruxelles et par quel-
que» poésies légèrcSj il paraît de-
puis quelque temps avoir exclu-
sivement consacré sa plume i\
célébrer les bau ts faits de ses conci-
toyens. Il a fait paraître, en 1819,
un ouvrage intitulé : Fastes de la
Belgique, destiné à retracer toutes
les actions remarquables dont
riiistoire, tant ancienne que mo-
derne de ce pays, a consacré le
souvenir. Cet ouvrage tait égale-
ment bonneur au patriotisme et
au talent de son auteur.
PAl>IINI (Joseph), poète ita-
lien, naquit, en i ^"^9, su ries bords
du lac de Pusiano, dans le Mila-
nez. Parini père, presque sans for-
tune , se transporta à Milan pour
y surveiller lui mên)e l'éducation
de son fils, qu'il plaça au gymnase
Arcimboldi, sous la direction des
barnabites. Le j(june élève, qu'un
penchant irrésistible entraînait
vers la poésie, dut se soumettre
PAU
à la volonté paternelle, qui l'obli-
gea de se vouer à l'état ecclésias-
tique. Réduit, pour vivre, à co-
pier les factums d'un avocat, et à
étudier la théologie pour obtenir
les ordres, Parini se dédomma-
geait de ce double ennui par la
lecture de quelques bons poètes
qui l'aidèrent à former son goût
et A développer ses talens. Il
essaya même de composer des
vers que ses amis, dans l'intérêt
de sa fortune plutôt que de sa ré-
putation, l'engagèrent à publier
dans un petit recuiil qui parut,
en 1752, sous le nom de Ripano
Eupilino, que l'auteur emprun-
tait à Eupiti, ancienne dénomina-
tion du lac de Pusiano. Cette pu-
blication, quoique prématurée,
lui fit des admiraieurs ne pouvant
pas encore lui donnerdes envieux,
et lui valut l'honneur d'être admis
au sein d< l'Arcadieet des Trasfor-
rnati. Oijiigé de chenber des res-
sources dans le travail, Parini ac-
cepta une place de précepteur
ch*'z les Borronieo et les Scrbel-
loni , deux des plus illustres fa-
milles milanaises ; et il put s'ac-
quitter ainsi d'un devoir bien doux
pour son cœur, celui de subvenir
aux besoins de sa mère, à laquelle
il avait déjà fait le sacrifice de son
modeste héritage. En 1756, Pa-
rini se trouva engiigé dans une
querelle littéraire jtour soutenir la
réputation de Segneri , sévère-
ment jugé par Bandiera dans un
ouvrage intitulé : / Pregiudizi
délie umane lettere ; cette polémi-
que ajouta encore à sa réputation;
mais ce qui éta!)lit sa célébrité fut
la publication du premier chant
d'un poëme dans lequel il se mon-
tra l'invenleur d'un nouveau gen-
PAR
re de poésie. Ce poëine, intitulé
il Giorno, et divisé en quatre par-
ties, // Mattino , il Mezzogiorno ,
// Fespro, la Notte, contient la
description satirique des mœurs
et dos habitudes d'une classe
d'hommes qui, pour être la plus
éminente dans la société, n'en est
pas ordinairement la plus utile.
L'auteur prenant le ton de pré-
cepteur d'im jeune noble, lui ap-
prend sérieusement à consacrer
sa matinée i\ la toilette, son midi
aux importantes occupations de la
I. table, le soir à la promenade, et la
i; nuit au jeu et aux conversazioni.
"■ Une grande vigueur poétique est
employée dans les fréquens épi-
sodes dont Parini a enrichi son
poëme ; cl les actions les plus fri-
voles, les folies les plus extrava-
gantes, quelquefois même les vi-
ces les plus honteux, sont racon-
tés avec une solennité de slyle
qui eu rend l'ironie plus amère.
La variété des sujets et les nom-
breux porlrfiils des individus cap-
tivent l'attention du lecleur, tan-
dis que l'exacte et élégante des-
cription des mœurs, la magnifi-
cence du langage et la richesse de
la poésie piquent sa curiosité, et
rendent l'intérêt encore plus vif.
Dieu difiéreut dos autres poêles
italiens qui négligent les vices de
leur temps et frondent ceux des
siècles p.issés, Parini, rappelant la
poésie à sa destination primitive,
se sert «lu prestige des vers pour
rendre sa morale moins austère,
et frapper de ridicule les travers
de ses contemporaitis. // Mattino,
publié en 17O3, fut applaudi par
toute l'Italie, «jui admira la nou-
veauté du genre et la brillante
exécution de l'.nivragp; elle hâta
PAR
•9
de ses vœux la publication du
Mezzogiorno, qui se fit attendre
jusqu'en i;G5. Ces deux poëmes
découragèrent les imitateurs de
Bettinelli, d'Algarotti et de Fru-
goni, qui avaient remis à la mode
les vers alïVanchis du joug de la
rime, que les Italiens désignent
sous le nom de sciolti. Tl est pos-
sible que des vers tnédiocres ca-
chent leur farblesse sous le char-
me musical produit par le retour
des mêmes sons; mais pour que
les sciolti se soutiennent, ils ont
besoin de frapper l'esprit avant
de caresser l'oreille, car ils repré-
sentent la poésie des idées plutôt
que celle des mots. Le comte de
Firmian , gouverneur autrichien
en Lombardie, qui avait encou-
ragé Parini à publier sou poëme,
voulant tirer un meilleur parti de
ses lalens,lui proposa d'écrire un
journal qui eût servi de modèle 11
d'ignobles compilations qui cir-
culaient alors en Italie; il le nom-
ma aussi professeur de belles-let-
tres à la Canobiana, dont les é-
coles étaient destinées à combat-
tre l'influence des jésuites sur
l'enseignement. A la suppression
de cet ordre, Parini réunit les
chaires d'éloquence et des be mx-
arls dans le gymnase de Bréra.
Ce fut alors qu'il composa ses
Priricipi délie belle lellere , qui,
malgré leur peu de développe-
ment, furent regardés comme su-
périeurs à tous ceux dont on a-
vait jusqu'alors fait usage en Ita-
lie; c'étaient comme les premiè-
res lignes d'un cadre que le pro-
fesseur se chargeait de remplir
dans ses leçons. Il travaillait en
même temps au Vcspro et A lu
Notte, et composait des odes qui
20 PAR
sont le j)lns beau monument ly-
rique delà poésie iialienne. Apres
la mort du comte de Firmian, les
eni)emi«dePariiiiclieichèreiilàlui
imire auprès de son siiccesseiir,qui
le menaça de la perte de ses em-
plois, mais qui n'osa pas les lui
retirer. En altendant, Parini ap-
plaudissait aux réformes que Jo-
seph II- introduisait dans ses états,
et qui préludaient aux chan^e-
mens plus importans que devait
y opérer la révolution française;
il ouvrit son âme à l'espérance de
voir briller un meilleur avenir
pour sa patrie. S'adonnant tout
entier à la politique , il suivait
attentivement la marche des évé-
nemens et les progrès de la liber-
té; sa vue aft'aibiie déjà par le
travail, souffrit encore de la lec-
ture assidue des journaux, et son
œil droit se couvrit d'une cata-
racte qui, quelques années plus
tard, se répandit sur le gauche.
Lorsque Léopold II vint à Milan,
il prit des informations sur Pari-
ni, et api)renant qu'il n'avait pas
une fortune proportionnée à ses
besoins , il ordonna qu'on aug-
mentât SCS pensions, et qu'on
le mît à la tête des écoles de
Brera. Les devoirs de son état, et
son goût pour la politique, le
tinrent quelque temps éloigné de
la poésie; il y revint enfin pour
céder au désir que lui témoi-
gnait l'archiduchesse JVlarie-Béa-
trix d'Esté, de voir son poëme
achevé. Parini était occupé à po-
lir les derniers chants du Giorno^
lorsque les Français firent la con-
quête de hi Lomhardie. Le géné-
ral Bonaparte le fit nommer chef
de la municipalité de Milan, pla-
'Ce dans laquelle Parini resta tant
PAR
qu'il se flatta de pouvoir faire le
bien de son pays; mais dès qu'il
s'aperçut qu'on voulait se servir
de son influence pour mieux as-
servir ses concitoyens, il se dé-
mit de ses fonctions, et fit distri-
buer en secret aux pauvres l'ar-
gent qu'il avait tiré de ses ap-
pointemens. S'enfermant alors
dans le cercle de ses occupations
littéraires 4 il conçut le plan d'un
ouvrage sur la Cène de Léonard
de Vinci, que malheureusement
pour les arts il n'eut pas le temps
d'exécuter. Cependant les Autri-
chiens qui avaient reparu en Ita-
lie, en avril 1799, renversèrent la
république Cisalpine, et persécutè-
rent ceux qui avaient pris la moin-
dre part aux affaires publiques. Pa-
rini fut respecté, et, profitant de cet
intervalle de repos, il se fil opérer
d'un œil qu'il eut le bonheur de
recouvrer. Mais, obligé de se te-
nir long-temps couché et immo-
bile, il se manifesta une hydropi-
sie dans ses jambes, pour laquelle
les médecins lui conseillèrent d'al-
ler habiter la campagne. Il s'y
transporta en effet, mais n'ayant
pu en supporter l'air trop vif pour
un corps épuisé, il revint à Milan,
où il mourut, septuagénaire, le
i5 août 1799. Parini était d'un
goût très-sévère , et se montrait
toujours mécontent de ses pro-
ductions : «Je ne puis pas louer,
i> disait-il, ce que les autres admi-
»rent : je sais ce qui manque à la
«perfection de mes vers, mais je
«suis trop vieux pour être en état
«de mieux faire.» Il a pourtant
laissé des traces profondes dans
la route qu'il s'est IVayée. Auii é-
clairé des arts, il avait une prédi-
lection marquée pour la vie des
f PAR
peintresde Vasari, dontil faisait sa
lecture habituelle ; il aimait aussi
Plutarque, qu'il appelait le plus
honnête écrivain de l'antiquité;
et, en parlant de Macchiavelli, il
disait : «Cet auteur apprend t\
«penser, à parler et à écrire libre-
»ment. » La musique exerçait un
charme inexprimable sur ses sens;
il fut intimement lié avec Sacchi-
ni , dont il déplora la mort dans
une ode qui est regardée, à juste
titre, comme l'une des plus belles
qu'il ait composées. Il regardait
Allieri comme le créateur de la
tragédie italienne, et comme ce-
lui qui s'était le plus rapproché
du caractère du théâtre grec ,
dont le but était de rendre odieux
les tyrans, et d'élever le peuple à
la liberté par des sentiuiens no-
bles et hardis. Varini aimait l'or-
dre et la justice; il n'était pas de
ces esprits turbulens qui ont fait
à la cause de la liberté plus de
mal que ses ennemis mêmes. Il
combattit contre tous les excès :
« Par la persécution et la violen-
»ce, disail-il, on ne vient à bout
»de rien : le chemin de la liberté
» n'est pas celui de la licence, ef
«l'on ne doit pas se flatter d'y
«parvenir par les crimes. » Lors-
que le général Despiuois s'empor-
ta d'une manière brutale contre
la municipalité de Milan, Parini
se retournant vers ses collègues,
leur dit en riant : « On va remon-
»ter un peu plus haut nos échar-
apes , et nous serrer le cou avec
» elles. » Un homme qu'il n'estimait
pas lui reprochait un jour d'avoir
donné- l'aumône à un prisonnier
autrichien.... : «Je ne la refuse à
«personne, répondit Parini, je la
«ierais A un Turc, à un Juif, i\
PAR 2T
» toi-même, si tu venais me la de-
»mander. » On voulut l'obliger
un jour à crier devant le théâtre,
mort aux aristocrates ! «Yive la
«république! cria-t-il, et mort \
«personne. » A l'arrivée des trou-
pes autrichiennes à Milaij, lors-
que ses ennemis redoublèrent
d'efforts pour lui faire perdre ses
places, il refusa les olîres d'un
ami en disant : "Je demanderai
«l'aumône, et je vivrai pour
«l'exemple de la postérité et la
«honte de mes concitoyens. » Le
dernier jour de sa vie , il dicta
encore à un de ses amis un
sonnet contre les Autrichiens ,
alors maîlres du territoire de sa
patrie. L'astronome Oriani , qui
ne put pas obtenir du gouverne-
ment autrichien de consacrer en
public la mémoire d'un si illustre
citoyen, lui fit, au retour de la
république, élever à ses frai> un
monument sous les portiques du
gymnase de Brera. Outre les ou-
vrages mentionnés dans le cours
de cet article, Parini a laissé des
éloges, des discours, des lettres,
des poésies de toute espèce, des
contes, et plusieurs progranmies
pour des sujets de peinture et de
sculpture qui prouvent son gofit
et son imaj;inatinn. La collection
de ses œuvres fut publiée à iMi-
lan , en 1801, 6 vol. in-S", par
l'avocat Reina, qui a composé l'é-
loge de ce célèbre poète.
PARIS (N.), ancien garde-du-
corps du roi l.ouis XVI, n'avait
point attiré l'attention publique
avant la révolution ; une seule
action l'a rendu fameux. Cédant
à l'indignation que lui avait ins-
pirée la condamnation du roi, il
crut servir son parti , en im-
sa PAR
niolant un des membres ilc la con-
vention qui avaient voté la mort
du inonar(|ue. Fai is avait d'abord
résolu, dit-on, de tuer le doc
d'Orléans, et chercha vainement
l'occasion de frapper ce prince,
qu'il ne put approcher. Le -io
janvier 1795, il entra chez un
restaurateur du Palais - Royal ,
nommé Février, et y reconnut un
des hommes qu'il avait dévoués à
la mort, Paris l'aborde aussitôt,
lui demande : <i N'êtes- vous pas
JLepelelier de Saint-Fargeau ? —
Oui. — Vous avez voté la mort du
roi? — Oui. » A l'instant il lui
plonge dans le corps le sabre qu'il
portait sous son manteau. Lepele-
lier expira peu de rnomens après.
Au milieu du lunnilte. Paris trou-
va le moyen de s'échapper, et
sortit bientôt des murs de Paris.
Son signalement fut répandu dans
toute la France. Un décret de
peine de mort fut porté contre
quiconque lui donnerait asile.
Après avoir erré quelques jours
aux environs de Paris, il fut re-
connu dans une auberge où il ve-
nait de se réfugier, et au moment
où la force armée y entrait pour
le saisir, il mit lui-même un ter-
me aux poursuites, et se tua d'un
coup de pistolet.
PARIS (Félix), greffier du tri-
bunal révolutionnaire de Paris,
embrassa la cause de la révolution
avec enthousiasme, et se fit auto-
riser, en 1793, à prendre le nom
de Fubricius pour quitter celui
du garde-du-cor])S qui avait frap-
pé Félix Lepeletier. 11 n'est pas
étonnant dès-lors qu'il se soit lié
avec Danton; mais il l'est da-
vantage qu'il fût à la fois mem-
bre de la société des Jacobins
PAR
et de celle des Cordeliers. Dans
le courant d'octobre, Hébert l'ac-
cusa aux jacobins d'avoir été
dans son département pour y scru-
ter sa conduite, et Momoro, pour
fortifier l'accusation, ajouta que
Fahricias était an patriote de
fraîche date. Au moment où Ro-
bespierre voulait se débarrasser de
Danton, Paris, qui eut connaissan-
ce de l'intrigue, fit tous ses efforts
pour arracher celui-ci à son insou-
ciance naturelle : le jour même de
son arrestation il lui annonça qu'on
devait se saisir do sa personne pen-
dant la nuit, et le trouvant tou-
jours incrédule, il le rejoignit à
l'Opéra pour l'empêcher de ren-
trer chez lui; tout fut inutile. Dan-
ton s'obstina à regagner son do-
micile ; il y fut arrêté, et de là con-
duit à l'échafaud. Paris fut incar-
céré au 9 thermidor an 2 (27 juil-
let 1794); '"a»s ayant recouvré la
liberté, il fut nommé greffier du
tribunal révolutionnaire regénéré,
et mourut sous le gouvernement
directorial. v
PARIS (P. L.), membre de la
congrégation de l'oratoire et pro-
fesseur «le belles-lettres à l'époque
de la révolution, en embrassa les
principes avec exagération. Au
mois de juillet 1792, il fut arrêté
pour avoir provoqué l'insurrec-
tion contre Louis XVI, en s'c-
rriant dans sa section : « C'est ici
«un combat à mort entre Louis
»XVI et la liberté. » Plusieurs
sections de Paris réclamèrent con-
tre la détention de Paris, et l'as-
semblée législative enjoignit au
ministre de la justice de faire un
rapport sur les poursuites exer-
cées contre ceux qui l'avaient or-
donnée. Paris sortit de prison. En
PAU
venant remercier l'assemblée de
lui avoir rendu la liberté , il
demanda la mise eu accusa-
tion du juge - de - paix Dupe-
ron, qui avait lancé contre lui le
mandat d'arrêt; il devint, peu de
temps après, oflTicier municipal de
la ville de Paris. En 179^, le con-
seil-général de la commune le
chargea d'écrire l'histoire de la
journée du 3i mai, et lui adjoi-
gnit plusieurs écrivains qui par-
tageaient ses opinions. Paris con-
tinua d'exercer les mêmes fonc-
tions jusqu'au 9 thermidor an 2
(27 juillet 1794)? mais alors il fut
mis hors la loi comme complice
de Robespierre; traduit au tribu-
nal révolutionnaire le ii, il en-
tendit son arrêt avec fermeté, et
son courage ne se démentit pas
dans ses derniers momens. Il a
publié : 1" des Odea sur ie globe
aérostatique , sur l'électricité , et
sur J. J. Rousseau, 1786; 2° les
Eloges de Peiresc , du capitaine
Cook, 1790; 5" un Projet d'édu-
cation nationale.
PARIS (le babon Marie- Au-
guste), lieutenant-général, officier
de la légion - d'honneur, né, en
1771, dans la commune de Ville-
neuve, arrondissement de Miran-
de, département du Gard, est
mort à Perpignan, le 3 juin 1814.
Il était fils d'un juge de la ville
d'Auch. Sa mère, restée veuve
avec une nombreuse famille, li-
vrée entièrement à l'éducation de
ses enfans, avait destiné Auguste
Paris à l'état ecclésiastique. Son
peu de vocation pour cet état lui
lit quitter le séminaire, afin de se
réunir à ses frères, qui avaient é-
tabli une maison de commerce à
Cordeaux; mais l'invasion de la
PAR
â5
France par les Espagnols déran-
gea ces projets; il fut appelé à la
défense de son pavs, et un des ba-
taillons de la Gironcle vit les cinq
frères Paris enrôlés dans la même
compaîifnie. Auguste Paris, par-
venu au grade de capitaine adju-
dant-majur, fut détaché de l'ar-
mée des Pyrénées pour se rendre
dans la Vendée. La destination de
son bataillon ayant été changée à
son passage à Rochefort, il fut
mis à la disposition de Victor Hu-
gi!eseten)I)arqué pour les Jles-du-
Vent. C'est avec ce bataillon que
la Guadeloupe a été rc])risesurles
Anglais, et c'est à la tête de ce mô-
me bataillo!! que l'adjudant-major
Paris donna de nouvelles preuves
de son courage et de ses talens. Il
était colonel lorsqu'il fut griève-
ment blessé à la prise du camp de
Saint-Jean, où l'armée anglaise,
commandée par le général Gra-
ham, fut obligée de niettre bas les-
armes; il fut élevé au grade de gé-
néral de brigade par les commis-
saires du gouvernement, Victor
Hugues et Lebas. Resté à la Gua-
deloupe sous les ordres des gou-
verneurs qui leur succédèrent, le
commandement lui en fut confié
après la déportation du général
Desfournaux, par les habitans de
cette île. De retour en France, il
fut employé dans l'expédition de
Flessingue et ensuite en Espagne.
Sous les ()rdres du maréchal Su-
chet, il prit part à toutes les ac-
tions et ù tous les sièges entrepris
par ce maréchal dans la Catalo-
gne, l'Arragon, et le royaume do
Valence ;il fut blessé à la célèbre ba-
taille de Sagonte, qu'il décida en
faveur de nos armes par une charge
vigoureuse, à la tôle de sa briga-
24 PAR
de. Le maréchal lui confla le goii-
■vernement de Sarragosse. Le gé-
néral Paris ont dans ce coininan-
dement de grandes diflficultés à
surmonter. Tour-à-tour attaquant
et attaqué, il déploya une activité
extraordinaire, et s'engagea dans
des expéditions plus ou moins im-
portantes, qui foutes tournèrent à
l'avantage de l'armée. En i8i3,
abandonné à Sarragosse à ses pro-
pres forces, il fut le dernier à quit-
ter le sol espagnol. Sa division ne
se compo::;ait que d'un très -petit
nombre de troupes, et tous les
passages lui étaient fermés : ce-
pendant il ne se laissa point inti-
mider par le général Mina à la
"^ tête de toutes ses bandes réunies.
Après l'avoir quelque temps évi-
té en employant tout l'art de la
stratégie, il lui passa sur le corps,
parvint sans perle au fort de Ja-
ca, et fit sa jonction avec l'armée
du maréchal Soult, à laquelle il
resta attaché. Cette action lui mé-
rita le grade de général de divi-
sion, et le commandement delà r"
division de l'armée du maréchal
Soult. Le général Paris s'opposa
long- temps, avec de très-faibles
moyens , aux entreprises de la
grande division anglaise, com-
mandée par le général major Ilill.
La bataille d'Orthez lui fournit
bientôt les moyens de déployer
son courage et son habileté ac-
coutumés. Quoiqu'il souffrît beau-
coup de ses blessures, il ne put
consentir à prendre du repos dans
les circonstances difficiles où la
patrie se trouvait engagée. Il con-
tinua de prendre part avec la ujê-
me activité à toutes les opérations
de la riMraite remarquable termi-
uée par la bataille de Toulouse. A
PAR
la paix , le général Paris fut rap-
pelé avec sa division à l'armée du
maréchal Suchet,,à Narbonne et
à Perpignan. Il mourut, jeune
encore, dans cette dernière ville,
par suite de ses blessures et des
fatigues de la guerre. Le désinté-
ressement et la modération du
lieutenant -général Paris, dans
l'exercice des fonctior»s et des
gouvernemens qui lui furent con-
fiés, lui ont acquis l'estime des
ennemis qu'il avait à combattre.
11 n'a laissé àsa veuve et à sa fille,
retirées à la Martinique, d'autre
fortune qu'une modicpie pension.
PARIS (Louis-Michel), naquit
à Argentan en 1740" ^'^ de bonnes
études, et embrassa l'état ecclé-
siastique. Ayant refusé de prêter
le serment exigé des prêtres en
1 790 , il fut obligé de quitter ht
France, et partit pour l'Angleter-
re le 1 1 septembre 1792. Il s'y
consacra à l'instruction de la jeu-
nesse, éleva d'abord une école à
ses frais , où il réunit un grand
nombre d'élèves. Lié avec l'abbé
Carron, il ne quitta son établisse-
ment que pour aller contribuer
aux succès de l'école que ce der-
nier avait fondée en faveur des
enfans de familles fiançaises ré-
fugiées à Londres. Paris y resta
deux années, pendant lesquelles
il fit paraître une Introduction à
C étude de la géographie , et des
Klémcns de grammaire française.
Ces deux ouvrages , écrits avec
méthode et clarté, obtinrent un
succès mérité. Paris profita de la
révolution du 18 brumaire an 8
pour revenir en France, et rentra
dans le sein de sa famille le 5 dé-
cembre 1801. La carrière de l'ins-
truction était devenue l'élémeiH
PAR
de l'abbé Pari?; il y forma un pen-
sionnai dont la réputation s'éten-
dit an loin, et lui attira en peu de
temps une fonle d'élèves , ce qui
décida le gouvernement à l'éri-
ger, dès i8o3, on école secondai-
re. Parmi les ouvrages qu'a pu-
bliés l'abbé Paris, on cite particu-
lièrement une jolie collection de
4^ petites Cartes élémentaires d'as-
tronomie et de géograpliie , in-iS,
gravées à Alençon par iM. Go-
dard, connu par la perfection avec
laquelle il exécute ses gravures en
bois; le texte a été imprimé sur le
revers à Falaise, en 1807. Ce pe-
tit ouvrage très-instructif, ainsi
que l'introduction à la géogra-
phie , allaient bientôt reparaître
plus dignes de leur premier suc-
cès lorsque l'abbé Paris mourut
dan? sa ville natale le 16 juin
1 80G.
PARIS (Pierre-Adrien), archi-
tecte, naquit à Besançon, en i7'i7.
Son père, qui le destinait ;\ suivre
la carrière on il s'était distingué
comme intend;iiit des hâlimens de
l'évêqu(; de Bâie, lui donna les
premiers principes du dessin. I-es
progrès du jeune PAris lui rendi-
rent bientôt nécessaire ime ins-
truction plus étendue : il fut en-
voyé à Paris, et placé sous la di-
rection de Trouard, arcbitecle du
roi , qui lui fit suivre en même
temps les cours de l'école d'archi-
tecture. A Vîii^ii de '20 ans, il par-
lit pour Rome , avec le titre d<!
pensionnaire; il s'y appliqua à la
niimismatiquc et à l'archéologie ,
.sans négliger néanmoins les mo-
numcns d'architecture, dont il
dessina les plus remarquables. De
retour en France, le premier usa-
ge qu'il fit de ses laleiis fut d'en-
PAR a5
richirde riches dessins les tableaux
de la Suisse, par La Borde, et le/
Voyage à N aptes, de Saint- > on;
ce qui le fit connaître assez avan-
tageusement pour devenir, en
1778 , dessinateur du cabinet du
roi, architecte des économats.
Il fut ensuite chargé de tous les
détails des fêtes de Versailles, de
Marly et de ïrianon; il remplaça,
peu <le temps après, Soulflot à
l'académie d'architecture, et par-
tit une seconde fois pour l'Italie,
d'où il revint avec une ample col-
lection de dessins. 11 avait été
nommé pendant son absence ar-
chitecte de l'Opéra ; et l'on dut à
son talent, depuis 17S5, toutes les
décorations qui furent exécutées
à ce théâtre, dont plusieurs sont
du premier mérite, telles que cel-
les (l'Armide, de Pan 11 rge, etc. Il
donna encore le plan du beau por-
tail de la cathédrale d'Orléans,
dont il surveilla la conj^lruction.
Paris fut créé, en 1788, par Louis
XVI, chevalier de Saint-Michel.
Les lettres de noblesse qui lui fu-
rent expédiées sont conçues dans
les termes les plus htmorables.
Aux approches des troubles de
la révolution, il se retira dans un
asile que l'amitié lui avait offert
au château de Colmoulin, près du
Havre. Sa saule, qui avait toujouis
été délicate, s'était de plus en plus
affaiblie; il suivit le conseil qu'on
lui donna de voyager pour se
rétablir, et passa pour la troisième
fois en Italie. La place de direc-
teur de l'école de France était
alors vacante par la mort d(; Su-
vée : il en fut chargé par intérim.
Quelque courte que fût son ad-
ministration, elle se fit remarquer
par les améliorations sensible»
26
PAR
qu'elle apporta an sort des pen-
sionnaires. Assujélis à tontes les
formes de la discipline militaire ,
leur traitement ne dilVérait pas de
celui des soldats dans une caserne.
Paris, dans un mémoire adressé au
ministre de l'intérieur, fit valoir la
nécessité de remettre en vij^ueur
l'ancien renflement, et y proposa
même certaines ujodifications, qui
furent adoptées. L'estime qu'il
avait su se concilier à Rome dé-
termina les membres de la con-
sulte à lui oflVir la place de con-
servateur de la basilique de Saint-
Pierre ; quelque lucrative qu'elle
fût, il ne balança pas à la refuser,
déclarant qu'elle appartenait à un
archite(;te italien, et désigna celui
qu'il jugeait le plus digne de
l'occuper. Il était enfin déterminé
à revenir en France, pour y pas-
ser le reste de ses jours au sein
de sa famille, lorsque le gouver-
nement français l'invita à traiter
de l'acquisition des antiques de la
villa liorghèse : Paris accepta
celte marque de confiance, se
trouvant heureux de continuer à
procurer à son pays ime collection
qui fait aujourd'hui le principal
ornement du musée royal. En
1811, il dirigea encore, stir l'invi-
tation qui lui en fut faite, les fouil-
les du Colisée, et dressa un plan
de restauration de ce monument,
le plus vaste que les anciens aient
exécuté, après avoir dessiné avec
exactitude toutes les parties que
les décombres tenaient cachées.
Rien ne le retenait plus en Ita-
lie en 1814, si ce n'est son at-
tachement pour un ami qui lui
était bien cher , le respectable
d'Agincourt, alors malade, et au-
quel il avait fourni des dessins
PAR
])Our son histoire des arts ; il
il craignait d'agraver son état ,
en s'éloignant de lui dans de telles
circonstances; ce ne fut que trois
ans après c, lorsqu'il lui eut rendu
les derniers devoirs, qu'il partit
pour la France. Il arriva à Resan-
fon, épuisé de fatigues, et affaibli
par im genre de vie sévère , que
rien ne le put jamais déterminera
changer. Il s'occupait depuis vingt
ans d'un travail important sur les
édifices anciens de l'Italie; il se
hâta d'y mettre la dernière main,
et put se féliciter de l'avoir termi-
né avant sa mort, arrivée le i*'
aofit 1819. Cet artiste avait toutes
les qualiiés qui procurent les suc-
cèsrdu goût, de l'imagination, beau-
couptle connaissances, un caractè-
re facile et liant. Les savans, les
artistes, et les littérateurs les plus
distingués de France et d'Italie,
le connaissaient et l'aimaient. Il
était habile architecte; mais il a
trouvé peu d'occasions d'exercer
ses talens en ce genre. On ne con-
naît de lui que le portail de la ca-
thédrale d'Orléans, dont nous
avons parlé, et quelques bâtimens
particuliers. Il avait aussi donné
les plans de l'hôtel-de-ville de
Neuchâteletde l'hôpital de Bourg;
mais il les a désavoués publique-
ment, parce que les constructeurs
les avaient dénaturés, en y faisant
des changemens essentiels sans sa
participation. Il a traduit en fran-
çais : V Agriculture des Anciens ,
par Dickson, Paris, 1802, in-S", 2
vol. fig. , et ï Agriculture pratique
des différentes parties de l' Angle-
terre, parAlarshal, ibid., i8o3, 5
vol. in-8°, et atlas. Il a laissé en
manuscrit les traductions des Oi-
servations sur le Vésuve , par W.
I
PAR
llamilton; du Traité de la sobrièlé
par Carnaro; du Voyage au nord
de l' A ngleterre, par Arthur Youn^;
et des Lettres écrites de Barbarie,
par Jardin, I! existe aussi de cet
artiste un Recueil de dessins et
d'études d'architecture, se com-
posant de 9 vol. très-grand in-
iolio ; c'est en ce genre une des
collections les plus précieuses. On
a encore de cet artiste : Examen
des édifices antiques et modernes de
la ville de Rome , sous le rapport
de l'art, etc., in-fol. avec des pi.
L'auteur avait traité pour la pu-
blication de cet ouvrage avec un
graveur célèbre qui, ne s'étant pas
cru obligé de remplir les condi-
tions convenues, s'est dessaisi du
manuscrit en faveur des héri-
tiers. L' Amphithéâtre FlaDien,vul-
gairement nommé le Cotisée, res-
tauré d'après les détails encore
visibles de la construction, etc.,
in-folio, 4-ï pi- Ce travail se trou-
ve à la bibliothèque du roi, mais
on en voit aussi une copie à la bi-
bliothèque (le Besançon, à laquelle
Paris a également légué ses livres,
ses tableaux et ses antiques. Il
existe un catalogue raisonné du
cabinet de cet artiste, imprimé à
Besançon, en 1821, in-8°, par
l'ordre du conseil municipal; il
e.st précédé d'une notice sur la vie
«le Paris, et orné de son por-
trait, et de 5 planches qui repré-
s<!ntent des antiques.
PARI5EAU (Nicolas de), né
à Paris, en 1703, d'une famille
assez riche, y lit de bonnes élu-
des, et, en outre, son père lui
ayant laissé le choix de la carrière
qu'il devait suivre, le jeune Fari-
seau se consacra exclusivement à
Kart dramatique, et fut nommé
PAR 27
directeur des élèves pour la danse
de l'Opéra; les soins qu'exigeait
cette place, ne l'empêchèrent pas
de composer pour plusieurs théâ-
tres de la capitale un assez grand
nombre d'ouvrages, dont quel-
ques-ims eurent beaucoup de suc-
cès, et révèlent dans leur auteur
l'habitude et l'entente de la
scène, une certaine facilité à
créer un sujet, à conduire une
intrigue et à imaginer des res-
sorts comiques. Les bluettes é-
chappées à la plume de cet écri-
vain , se distinguent en général
par un style naturel qui ne man-
que ni de gaîté ni d'originalité. Il a
donné : 1^ au Théâtre-Français,
le Prix académique, comédie ea
un acte, en vers, 1780; 2° au
théâtre Italien, la Veuve de Can-
cale, parodie en 5 actes, en vers,
de la Veuve du Malabar, tragédie
de Lemierre, 3 octobre 1780; 5*
Adélaïde, oui' Innocence reconnue,
pantomime en 3 actes, «780; 4*
au théâtre Italien, Richard, pa-
rodie de Richard III , tragédie
de Rozoy, 1781; celte parodie est
piquante et spirituelle ; on y ap-
plauditsurtout le couplet suivant :
Riehardjimpatientédes refus de la
princes.se qui ne veut pas répondre
■\ son amour, lui dit :
J'ai des procédés ,
Et vous m'excédez !
Mais à la fin , moi , je tranche.
Je suis tout rond ,
£1 ma façon
Est franche :
Concluons donc
L'iiymen où njon
Cœur penche.
Réfléchissez-y
Jusqu'à samedi :
Nous nous marierons dimanche.
5" Au théâtre Italien , la Soirée-
d'été, divertissement en un acte et
en vaudevilles , 1 78a ; 6° la l>ind(
28
PAR
ifa ManSj comédie en un acle, en
prose, 1^85; 7° tes Deux font ta
^aire, ou tes Deux bottes de foin,
comédie en un acle, en pro*e ,
1783 ; 8° le roi Lie , parodie
en un acte , en vers , du Roi
Léar, tragédie de Ducis, 1 785; 9°
au théâtre Italien , le Bouquet et
les étrennes^ comédie en un acte,
en vers : le sujet de celte pièce est
tiré d'un conte d'Imbert ; 10° au
théâtre Italien, le Rendez-vous, ou
les deux Rubans , comédie en un
acte, mêlée d'ariettes ; les airs de
cette pièce furent faits avant les
paroles. L'auteur de la musique
l'ayant fait entendre sur des sylla-
bes sans ordre ni suite, Pariseau
eut la patience de les remplir.
1 1° Julien et Colette, comédie en
im acte, en vers, 1788; la" Jean
La Fontaine, comédie en 3 actes,
en prose, 1790. Pariseau rédigea
dans les premières années de la
révolution, le journal intitulé la
Feuille ^du jour, journal qui ren-
fermait une foule d'articles sati-
riques , dans lesquels Pariseau
attaquait vivement les doctrines
du moment; devenu suspect par
ses opinions, il fut arrêté pendant
le régime de la terreur, et enfer-
mé au Luxembourg; la ressem-
blance de son nom avec celui de
M. Parisot {voyez ce nom), ancien
capitaine de la garde' constitu-
tionnelle du roi, qui se réunit aux
Suisses pour défendre le château
des Tuileries le 10 août , le fit
comprendre dans une conspira-
tion dite des prisons , et il périt
victime de la tyrannie en 1795.
Quelques-uns de ses amis qui n'a-
vaient cessé de faire des démar-
ches pour lui, et qui ignoraient
son funeste sort, obtinrent enfin
PAR
du comité de saliif-public, et peu
après le 9 thermidor, sa mise eu
liberté. Impatiens d'embrasser cet
infortuné, d'alb r briser ses fers,
ils volent au Luxembourg , de-
mandent que les portes soient ou-
vertes à leur ami. Quelle est leur
surprise! quelle est leur douleur!
on leur apprend que deux jours
auparavant Pariseau avait péri sur
ré(hafaHd sous le nom et le titre
de Parisot , capitaine de la garde
royale.
PARISET (Etienne), médecin
et littérateur, est né en 1770, à
Grands, dans l'ancienne Champa-
gne. Ses parens, hor? d'état de lui
donner une éducation soignée ,
l'envoyèrent à l'âge de iG ans, à
Nantes, chez un oncle, parfumeur.
Il profilait de ses momens de
loisirs pour se livrer à l'étude, et
deux ans après, en 1788, admis au
collège de l'Oratoire, il y parut un
des meilleurs écoliers de rhétori-
que. Forcé, en i7()3, de partir
pour les frontières, il fit, l'année
suivante, la guerre de la Vendée,
pendant laquelle, à ce qu'on pré-
tend, il rédigea les pétitions qui
servirent de base au ra[)port du
conventionnel Pons- de -Verdun,
en faveur de M°" de Bon champ,
femme du célèbre général de ce
nom ; ainsi il <nit le bonheur de
(Contribuer à sauver la vie de celte
dame. De relour à Nantes, il se
livra à l'étude de la médecine, et
obtint, au concours de l'école de
Santé, la place d'élève qui venait
d être créée. Il soutint, en i8o5,
pour obtenir le titre de médecin,
une thèse sur les Hémorragies uté-
rines. Quelques années après, il
fit des Cours de physiologie et d'i-
déologie à l'Athénée de Paris. En
PAR
1820, il s'était manirestô à Cadix,
une iTiafiulie dans laquelle on crut
apercevoir les symptômes d'une
contagion meurtrière ; iM. l'ariset
se rendit dans celle ville avec le
jeune Mazet , son ami , et pour
ain^i dire, son élève. Il a bientôt
reconnu le caractère du mal qu'il
se proposait de combattre, et le
juge moins dangereux qu'on ne le
croyait. Les craintes qu'avait é-
prouvées Cadix eu iSao, furent
ressenties à Barcelonne, l'année
suivante, et eurent »m eflét plus
terrible. iM. Pariset partit acconj-
pagné de Mazet, et de deux autres
de ses confrères ; par une fatalité
des plus déplorables, ce fut à Ma-
zel qu'il dorma , en quelque sorte,
ses premiers soins, et il eut la
douleur de le voir périr, après 10
jours de maladie. Le genre de cet
ouvrage ne nous permet pas de
discuter la part qui revient à M.
Pariset dans la gloire acquise par
la commission qui fut envoyée à
Barcelonne. Nous dirons simple-
ment qu'à son retour dans sa pa-
trie, il fut comblé des faveurs du
gouvernement. Il devint censeur
et membre de la société des bonnes-
lettres. M. Pariset a traduit plusieurs
ouvrages d'Hippocrate, ce sont : 1"
Hippocralis de morbis vulgaribus
libri primas et ter t lus integri ,
1811, in-52 ; 2° des notes dans le
Formulaire magistrat, dcM-Caiiel-
Gassicourt; 5° A phorismes d'Hip-
pocrate, latin-français, traduction
nouvelle, 1817, 2 vol. in-52. i>l.
Pariset est aussi l'un des rédac-
teurs du Journal de Médecine. Il
a fourni ù plusieurs journaux, et
notannneut au Spectateur politi-
ijue et littéraire, et au Dictionnaire
ides sciences médicales t difféieii» ar-
PAR ag
ticles ; il est secrétaire perpétuel
de l'Académie royale de Médecine,
et cbevalier de Sainl-Micbel et
de Tordre royal de ia légion-d'hon-
neur.
PAliISI (Joseph) , lieutenant-
général du génie, grand'croix de
l'ordre militaire de Saint-Georges,
membre de l'académie royale des
sciences, et de l'institut d'encou-
ragement de Naplt s, des acadé-
mies italienne, ionienne, etc., na-
quit à Moliterno en Basilicate le
27 mars 1745 > d'une famille ins-
crite à l'ordre de la noblesse de
Coseuza. Après avoir étudié les
mathématiques , la philosophie
et le droit sous le célèbre Genove-
si, et soùs d'autres habiles maîtres,
M. Parisi prit le parti des armes;
il servit d'abord dans un régiinent
d'artillerie , et ensuite dans le
corps du génie. Ln 1781, il pu-
blia un ouvrage intitulé : Elementi
deW architeltura militare, en 4
vol. in-8", dont il parut une nou-
velle édition eu iiSo2. Cet ouvra-
ge donna une bonne opinion des
lalens de rauleur,qu'on jugea di-
gne d'aller «-xaminer les progrès
(pie l'art militaire avait faits en Al-
lemagne. Il y lit un séjour de trois
ans, qui lui servirent à étendre le
cercle de ses connaissances. A
son retour dans sa patrie , il fut
promu au grade de colonel, et
chargé de l'organisation d'ime é-
cole militaire dont la direction lui
fut confiée. En 171)6, le roi de
Naples le plaça à la tête de l'état-
major de l'armée qu'il avait im-
provisée pour couvrir les frontiè-
res de son royaume; deux ans
après il l'éleva au grade de ma-
réchal-de -camp , et le nomma
quartier -maître-général de" l'ai-
5o PAU
niée confiée au général Mack.
M. Parisi se déclara contre la
guerre , et eut uiGine le courage
de prédire à la reine Caroline la
funeste is«ue de cette campagne,
à laquelle la cour de Naples se
"préparait contre la France :
« Soixante ans de paix, lui disait-
ail, nous rendent inhabiles à la
«guerre. » Sous les règnes de
Joseph Bonaparte et de Joachiin
Murât, le général Parisi a occu-
pé les places les plus éminentes à
la cour et à l'armée. Il était con-
seiller-d'élat , inspecteur- général
<3u génie et de la garde nationale,
gouverneur dis pages, et décoré
du grand-cordon de l'ordre des
Deux- Siciles. Au retour du roi
Ferdinand, le général Parisi, des-
titué de toutes ces fondions > se
relira au sein de sa famille, où il
se consola de sa disgrâce, dans
l'élude et par les souvenirs d'une
"vie sans remords et sans honte.
En 1820, il quitta de nouveau sa
retraite, se rendant aux vœux de
ses amis et de ses concitoyens, qui
l'appelaient à faire partie du gou-
vernement provisoire , nommé
par le roi lor-qu'il donna une
constitution à ses peuples. C'est
de l'école militaire fondée par ce
général que l'on a vu sortir tant
de bons officiers, qui déplorent
comme lui de ne pas appartenir
à une autre armée.
PARISOT (Jacques-Théodore),
officier de marine, né à Paris, ie
20 mai 1^85; se destinant, dès sa
première jeunesse , à la carrière
des armes, que son père avait ho-
norablement parcourue , il n'en
cultiva pas moins, avec soin, les
heureuses dispositions dont il était
doué pour les lettres et les scien-
pAii
ces. Après avoir fait de bonnes é-
tudes dans les grandes écoles na-
tionales, il entra, à l'âge de i5ans,
au service de la marine, en qua-
lité d'aspirant, grade auquel ses
connaissances théoriques lui don-
naient droit. Il fut bientôt promu
à celui d'officier, et dans un corps
où l'avancement, à cette époque,
n'était rien moins que rapide, il
parvint, à l'âge de 28 ans, sans
autre recommandation que celle
de SOS services, au grade de lieu-
tenant de vaisseau. Depuis 5 ans,
il en avait déjà le rang, ayant été
nonuiié au commencement de
1807, capitaine - adjudant- major
d'un bataillon de marins. M. Pa-
risot eut part à plusieurs combats
pendant la guerre maritime que
vint suspendre , pour quelques
mois, la paix d'Amiens, et après
la rupture de cette courte trêve,
il se fit remarquer de nouveau
dans diverses occasions où la flot-
te de Boulogne eut à combattre
les croisières anglaises. Employé
ensuite sur la flotte de l'Escaut,
il se distingua, en 1809, lors de
l'expédition que les Anglais tentè-
rent à l'embouchure de ce fleuve,
et plus particulièrement encore
lors de leur nouvelle tentative
contre la place d'Anvers, en 1814.
Pendant le bombardement de ce
port, le gouverneur Carnot lui a-
vait donné le commandement d'un
des principaux bastions où se
trouvaient des batteries de pièces
de 18 et de mortiers, qui firent le
plus grand mal aux ennemis ;
pour le récompenser des services
qu'il n'avait cessé de rendre , le
gouverneur lui confia le com-
mandement d'un des forts exté-
rieurs de la place, qu'il défendit
PAR
jusqu'à la fin du siégp. Après les
événeiu«n.s de i8i5, M. P.irisut se
vit ti»ut - à-coup an'êtor dans sa
carrière inililaire , à l'âge do 32
ans. Le vicoinfe Dabouchage, a-
lors ministre de !a marine, ne ju-
gi'a point à propos de conservera
{'état un pareil officier, el il ne
fut point compris dans la nouvelle
organisation du corps de la ma-
rine, dont ce minisire présenta le
projet au roi. Des hommes dont
le même ministre connaissait sans
doute le mérite, et beaucoup d'au-
tres qui avaient servi dans l'étran-
ger, lurent alors employés de pré-
l'érenoe : ^I. Pari<ot n'eut même ni
pension ni retraite. Il supporta,
avec courage, une disgrâce minis-
térielle, qu'il partageait d'ailleurs
avec plusieurs olïiciers des plus
distingués de sou arme , comme
lui bons militaires , mais peu
courtisans. Les hîttres qu'il n'avait
pas ces^!é de cidtiver devinrent son
unique consolation. A la connais-
sance approfondie des diverses
parties de l'art de la guerre , M.
Parisot joint celle des principales
langues de l'Europe. Il a fourni
des renseignemens précieux pour
la partie nic»ritin)e, ainsi que des
notices et des articles à plusieurs
ouvrages publiés depuis i8i5, tels
que Victoires et Conquêtes ; An-
nales des faits et des sciences mili-
taires , etc. Ou lui dcfit aussi la
traduction de quelques romans
anglais, tels que Florence Macar-
thy, de lady Morgan , le Château,
de Kcnilwurth, de AValter Scott,
t d autres ouvrage'? plus impor-
tans, notamment les Vicws of A-
merica, de miss Wright, The Elé-
ments of polit icai cconomy, de J.
iMill, et lc8 fameuses Letters of
PAPi
5i
Janius, qui ont paru en i823.
Dans ce dernier ouvr.ig>>, le tra-
ducteur eut à reproduire en notre
langue, les mâles beautés d'un
patriote anglais , dont le nom est
resté ignoré, mais dont la plume
fît pâlir plus d'une fois les minis-
tres prévaricateurs de son pays.
Ces lettres, comme on sait, ont
survécu aux circonst;mces qui les
firent naître, et sont encore au-
jourd'hui citées en Angleterre
comme des chefs-d'œuvre. En
rendre les pensées dans toute leur
concision, et les éloquentes ex-
pressions en toute leur énergie,
n'était point une tâche facile; M.
Parisot s'en est acquitté avec suc-
cès. Il a aussi coopéré depuis plu-
sieurs années, à la rédaction de
journaux, et autres ouvrages pé-
riodiques, au Mercure de France,
jusqu'à ce qu'il cessât de paraître
sous ce titre ; à l'ancien Diable
boiteux, à la Renommée, etc. Il est
aujourd'hui l'un d(!s rédacteurs
du journal le Courrier français, et
de l'Encyclopédie moderne, publiée
par iM. Gourtin.
PARISOT (N.), membre du
conseil des cinq-cents et de la lé-
gion-d'honneur, était, avant la
révolution, avocat au parlement
de Paris, et attaché comme con-
seil à la maison de Soubise, et,
en la même qualité, à l'adminis-
tration des fermes générales. Il
fut nommé, en 1792. capitaine de
la garde constitutionnelle du roi,
et concourut à la défense du châ-
teau lors des événemens du 10
août. Grièvement blessé, il dut la
vie à quelques grenadiers de la
section des Filles-Saint-Thomas,
qui l'enlevèrent des cours du châ-
teau. A peine rétabli, il donna de
ù^ PAR
nouvelles preuves d'attachement
à la tamille royale : il vendit son
argenterie et en ût remettre le
montant à madame Elisabeth,
soeur du roi [voyez Elisabeth).
Cette auguste princesse ne put
lui témoigner sa gratitude, qu'en
lui adressant quelques mots tracés
avec la pointe d'une épingle. Après
la mort du roi, et ayant tout à
craindre de la haine de. ses enne-
mis, il quitta la France. Il était à
peine éloigné, qu'un rédacteur de
la Feuille du jour, portant à peu
près son nom [voyez Parisead),
fit condaniné à mort, bien qu'il
prouvât qu'il n'avait pas servi
dans la garde constitutionnelle et
qu'il fût, enfin, étranger à l'indi-
vidu que l'on poursuivait. Parisot
reparut après la révolution du q
thermidor an 2 (27 juillet 179^),
et devint, en 1797, membre du
conseil des cinq-cents. Il s'y mon-
tra sage et modéré, et échappa au
coup d'état du 18 fructidor an 5
(4 septembre 1797). Opposé à la
journée du 18 brumaire an 8 (9
novembre 1799), il fut exclu du
nouveau corps -législatif. Depuis
celte é})oque jusqu'au retour de
la famille royale, en 181 4, il Té-
cut loin de Paris , étranger aux
affaires publiques. Il reçut du roi
la décoration de la légion-d'hon-
neur, et fut admis au conseil de
M°" la duchesse douarière d'Or-
léans ; il en était encore mem-
bre lorsqu'il mourut en 1816.
PARK. (voyez Mlngo-Pauk).
PARKER (sir Hyde), amiral
anglais, fut destiné do bonne heu-
re au service de mer. Il se fit re-
marquer dans plusieurs circons-
tances, et parvint rapidement aux
premiers grades. Promu au grade
PAR
de vice-amiral, il futconstamment
employé contre la France, soit en
Amérique, soit dans la Méditer-
ranée. I! se signala particulière-
ment, le 14 février 1797, à la ba-
taille gagnée par lord Saint-Vin-
cent sur la flotte espagnole ; la
commune de Londres lui envoya
des lettres de bourgeoisie dans
une boîte d'or de la valeur de 100
guinées. Néanmoins, au mois de
novembre 1801, il fut mis en ju-
gement pour avoir expédié aux
Indes-Occidentales, sans un ordre
positif, les biltimens V America et
la Cléopâtre; mais la cour mar-
tiale, devant laquelle il comparut,
l'acquitta honorablement, 11 mou-
rut, en décembre 1802, dans sa
terre du comté de Surrey.
PARKER (William), capitaine
de vaisseau anglais, entra, très-
jeune encore, dans la marine^ et
mérita par ses services le com-
mandement d'un vaisseau. La
guerre de la révolution française
lui fournit plusieurs occasions de
se distinguer, notamment le 28
mai 1794, où il soutint, avec V Au-
dacieux, de 74, un combat contre
le vaisseau français la Bretagne,
de U2 canons. Le lendemain, il
eut un nouvel engagement avec
une frégate et deux corvettes. Il
courut se réparer dans le port de
Plymoulh, et se trouva à la ba-
taille que livra, le 1" juin, l'amiral
Howe. Le capitaineParker qui était
aussi à l'attaque devant Boulogne
en septendjre 1801, y reçut une
blessure grave, dont il mourut peu .
de jours après,
PARKER (Samuel), évêque
de l'église épiscopale des états de
Massachusselts, naquit à Ports-
moulh, dans le New-ll.ampshirc,
PAR
en 1^45; fit ses études an collège
irHarvard, y prit ses grades en
1765, et se livra pendant 9 ans à
l'instruction de la jeunesse, à
Newburg et dans d'autres villes.
En 1775, il fit le voyage d'Angle-
terre pour y prendre les ordres;
il les reçut de l'évt que de Lon-
dres, et retourna sur-le-champ à
Boston, où on le noiniiia, en 1774?
ministre assistant de l'église de la
Trinité, dont il devint recteur, en
1779. Tous les ecclésiastiques é-
piscopaux avaient abandonné la
contrée pendant la guerre de l'in-
dépendance; Parker, lesté seul à
son poste, préserva, par l'ascen-
dant de son mérite et par sa fer-
meté, son église de la disper-
sion. Quelques aimées après, il
fut mis à la tête des églises épis-
copales du pays des Massachus-
setts, poste devenu vacant par la
mort de l'évêque Bass; mais il ne
l'occupa que quelques mois , la
mort l'ayant surpris inopinément
à Boston, le 6 décembre 1804. Sa
mort laissa des regrets dans la
contrée qu'il avait habitée; il s'y
était rendu recoumiandable par
ses nombreux actes de bienfai-
sance. 11 avait publié, en 1797,
un choix de Sermons et quelques
discours de circonstance, etc.
PARKER (Richakd), chef de
la révolte qui éclata, en 1797, à
bord de l'escadre anglaise, naquit,
en i70o,àExator. Il avait reçu une
assez bonne éducation, et était en-
tré dans la marine en qualité de
surnuméraire, à l'époque de la
guerre d'Amérique. A la paix , il
se maria avantageusement, mais
il eut bientôt dissipé la fortune de
sa femme; réduit alurs à contrac-
ter des dette», qu'il ne put acquit-
T. XV».
PAR
55
ter, il fut mis en prison à Edim-
bourg. La résolution que prirent,
dans cet intervalle , les différens
comtés de lever des matelots pour
la marine royale, lui fournit une
occasion de briser ses fers. Il s'en-
rôla pour être libre, et fut conduit
à Nore, où il monta à bord du Sand-
wich; il ne tarda pas à s'y faire re-
marquer par des propos séditieux,
et des provocations contre les of-
ficiers; elles brisèrent peu à peu les
liens de la discipline, et lui acqui-
rent toute la confiance des mate-
lots. Bientôt la révolte éclata sur
toute la flotte, et ses nombreux
partisans l'en nommèrent amiral.
Il montra dans cette circonstance
une dignité et une résolution qui
surprirent tous ceux qui en furent
témoins, et il ne parut nullement
étranger à des fonctions si impor-
tantes et si nouvelles pour lui. Cet-
te fièvre d'insurrection se calma
enfin; la crainte du châtiment fît
naître des réflexions, et Parker s'a-
perce vant que son rôle était fini, se
livra lui-même, le i5 juin, entre
les mains de quatre de ses cama-
rades, ne leur demandant que de
le garantir des insultes des mate-
lots qui s'étaient refusés à recon-
naître son autorité. On l'embar-
qua alors, sous escorte, dans une
chaloupe, et le peuple, à son dé-
barquement, l'accueillit à coups
de sifflets. Ne me sifflez pas, je me
justifierai, s'écria-l-il douloureuse-
ment. Déposé d'abord à Maidsthone,
il fut bientôt transféré à Shcerness.
Scpljours entiers furent employés à
lui faire subir diflérens interroga-
toires, dans lesquels rien ne fut
épargné pour découvrir les mo-
teur.-, secrets de l'insurreclion : ses
a veux ne procurèrent aucun éclair-
54
PAR
cissement. Le 22 juin, on enten-
dit plusieurs témoins, qui tous dé-
posèrent contre lui. Son caractè-
re ne se démentit pas un seul ins-
tant; il répondit à tout avec au-
tant de noblesse que de fermeté.
Sur la fin du mois, il fut condam-
né à être pendu. Il entendit son
arrêt sans rien perdre de sa tran-
quillité, et assumant seul le crime
qu'il allait expier, il sollicita l'in-
dulgence de ses juges en faveur
des autres matelots qui avaient
pris part à l'insurrection. L'exécu-
tion eut lieu le 3o juin, près de
Sheerness, à bord du Sandwich.
Il conserva jusqu'au dernier mo-
ment la plus parfaite résignation.
Son corps fut ensuite exposé sur
l'île de Cheppi, vis-à-vis de la ra-
de du Nord.
PARRES (Samuel), savant chi-
miste, né en Angleterre, est au-
teur de plusieurs ouvrages esti-
més. Son Catnliisme chimique,
publié â Londres en- 1806, in-8",
était, en 1 8 1 2, à sa cinquième édi-
tion. On a encore de lui : Rudi-
mens de chimie et récits de quelques
expériences t}ouvelles,v?!>oi^,'\n-ii'>; et
Essais chimiques sur divers sujets,
i8i5, 5 vol. in-13. M. Parkes est
memi)rc des sociétés linnéenne et
géoldgifpie , de la société des an-
tiquaires de Perlh, etc., etc. Il
est propriétaire d'une gntfïde ma-
nufacture de produits chimiques,
près de Londres.
PARRHLJRSÏ (.Jean), ministre
de l'église anglicane, naquit, en
i^'^S, à Catesby-House, comté de
Noribampton, et mourut, le 21
février 1797, à Epsomen-Surrey.
II était très-instruit, et dès 1753,
il avait écrit contre Wesley. De-
puis 1762, il a fait successive-
PAR
ment paraître : 1° Son Diction-
naire hébreu, sans points, précédé
d'une Gramm.(iire hébraïque et chat-
daique, également sans points :
une cinquième édition de cet ou-
vrage, généralement eslimé, a été
publiée à Londres, gros in-8°, en
1802; 2° un Lexique grec et an-
glais du N oweeau-T estament , pré-
cédé d'une Grammaire: grecque :
la première édition de 176^5 , in-
4°, a été suivie de plusieiu^s au-
tres; 5° la Divinité et la préexis-
tence de Jésus - Christ , prouvées
par l' Ecriture; ouvrage particu-
lièrement dirijïé contre Priesllev.
On trouve encore une Lettre cu-
rieuse de Parkhurst, sur la confu-
sion des langues à Babel ; elle a
été insérée dans le Gentleman Ma-
gazin,dn u)ois d'août 1797. Ce sa-
v;mt était aussi recomniandable
par ses vertus que par ses vastes
connaissances.
PARMENTIER ( Antoine- Au-
gustin), inspecteur ~ général du
service de santé , membre de l'ins-
titut, naquit, en 1737, à Mont-
didicr, département de la Somme,
d'ime bonne famille de bourgeoi-
sie. Étant bien jeune encore, il
perdit son père et ne put être
placé au collège par le défaut de
foitune de sa famille ; mais sa mè-
re , dont l'éducation avait été très-
soignée, lui enseigna les élémens
des langues française et latine,
leçons que sa situation pénible
ne lui permit pas de continuer.
Parmentier fut mis, en 1755, en
apprentissage chez un apothicaire
de Monldidier. Ses heureuses dis-
positions firent sentir la nécessité
(!<; ['(Mivoyer à Paris, 011 il pour-
rait avec ))lus d'avantages se livrer
aux études de celte profession.
A.\.>^
Qj a/nic/if(('/-
PAR
Placé chez mi pharmacien de ses
parens, puis employé comme
)ihariii;icien dans les hôpilaux de
rarmée de Hanovre, il fixa par
-«on zèle et son aplilude l'attention
do Bajen, pharmacien en chef,
»|iii le présenta à M. de Chamous-
set, intendant- général des hôpi-
taux. « Stimnié, disent quelques-
nns do ses biographes français et
étrangers, par ses vertueux maî-
tres , il profita avec ardeur de
toutes les sources d'instruction qui
s'olTrirent à lui , visitant les fabri-
ques dans les villes, travaillant
dans les laboratoires des pharma-
ciens habiles, et observant à la
campagne les pratiques des fer-
miers. Fait cinq fois prisonnier,
et transporté dans des lieux éloi-
gnés , il apprit alors, par sa pro-
pre expérience, jusqu'où peuvent
aller les horreurs du besoin, ce
qui allniiia peut-être en lui ce beau
feu d'humanité dont il a été ani-
mé durant sa longue carrière. » La
paix de 1765 ramena A Paris ce
jeune et habile praticien , qui ,
pour augmenter ses connaissances
dans les différentes parties de son
art, suivit les leçons des NoUet,
Rouelle, Antoine et Bernard de
.lusàiuu. En 1766, il remporta au
concours une place inférieure
(mais vivement disputée) de phar-
macien,vacante i\ l'hôtel royal des
Invalides. Ses supérieurs, frappés
lie son instruction et de son zèle
infatigable, obtinrent du roi, en
1772, la place de pharmacien en
chef, dont il ne toucha que les
énioUnnens, les sœurs de la cha-
rité, en possession, depuis la for-
mation de cet établissement, de la
<lircction de la pharn)acie,étan t par-
Tenues à conserver les droits dont
PAR
35
elles voulaient la possession exclu-
sive. Libre, contre son espér.mce,
de disposer de tout son temps, il
se livra à des travaux d'utilité do-
mestique. Quelques années aupara-
vant, en i'y()()^ une disette géné-
rale avait déterminé l'académie à
proposer un prix pour le meilleur
mémoire qui signalerait les végé-
taux capables de suppléer aux plan-
tes céréales, Parmentier remporta
ce prix. La pomme de terre, trans-
plantée du Pérou en Europe dès
le i5" siècle, devint l'objet de sa
constante prédilection; il la re-
commanda avec une persévérance
infatigable; combattit les préju-
gés qui la repoussaient depuis plus
de deuxsiècles, d'abord parce qu'on
prétendait qu'elle était suscepti-
ble d'engendrer b lèpre, ensuite
parce qu'elle pouvait être la cause
de fièvres nombreuses , et vit en-
fin , mais non sans peine, triom-
pher cette utile racine. Non-seule-
ment il avait démontré que l'on
pouvait trouver un aliment déli-
cat dans la fécule de la pomme de
terre, naguère exclusivement li-
vrée aux animaux , mais encore
qu'elle n'appauvrissait point, com-
me on le prétendait, le terrain où
elle était semée , et qu'elle triom-
phait même des terres les plus in-
grates. Pour parvenir à ces prin-
cipaux résultats, il sollicita de
Louis XVI et obtint 5'jarpens de la
plaine des Sablons, dont l'entiè-
re stérilité n'avait encore pu être
vaincue. Le terrain ensemencé, il
attend patiemment (\^\Q la gcrmi-
naison vienne justifier ses espéran-
ces et ses promesses que l'on ju-
geait illusoires. Les fleurs parais-
sent enfin, etParmentier enchanté
schàted'en former un bouquet dont
56 TAR
ilestadmisà faire un hommage
solennel au roi, qui protégeait
son entreprise. Louis XVI en pare
aussitôt sa boutonnière, et par son
suttVage royal détermine celui des
courtisans. La piovince voulut
jouir des avantages de cette utile
tentative, que Parmenlier renou-
vela avec le même bonheur dans la
pl.iine de Grenelle. Il lit aux Inva-
lides, avec un succès parfait, et en
présence de Franklin, l'essai d'un
procédé pour obtenir « un pain sa-
voureux de la pulpe et de l'ami-
don de la pomme de terre combi-
nés à égaie portion , sans aucun
mélange de farine. » Parmenlier
enseigna aux pâtissiers de Pa-
ris , avec son désintéressement or-
dinaire, le secret de fabriquer le
gâteau ou biscuit de iSavoie, qui a
pour base l'amidon de pommes de
terre. Enfin ou raconte qu'il don-
na un dîner « dont tous les apprêls,
jusqu'aux liqueurs, consistaient
dans la pomme déterre, déguisée
sous vingt formes différentes , et
où il avait réuni de nombreux con-
vives : leur appétit ne fut point en
défaut, et les louanges qu'ils don-
nèrent à l'amphitriou tournèrent
à l'avantage delà merveilleuse ra-
cine. » Ces succès répandirent le
nom de Parmentier et de sa plante
chérie dans toutes les parties de
l'Europe. M. François de Neufchâ-
teau proposa de sul)sliluer au nom
impropre de la Pomme de terre,
celui de la Parmenlicre. Eu effet, le
nom de ce célèbre agronome et celui
de ce végétal, sont devenus insépa-
rables dans la mémoire des a mis des
hommes. Lepeuplen)ême les avait
imis , mais ce n'était pas toujours a-
vec reconnaissance, car lorsqu'à
certaine époque de la révolution
PAii
31. Parmentier fut proposé pour
une place municipale, un des vo-
tans s'opposa à son élection, en
s'écriant avec colère : oIL ne nous
fera manger que des pommes de ter-
re ; c'est lui qui Us a Inventées. »
Au surplus, c'est aux hommes de
l'art à consigner dans les fastes de
la science et de l'utilité publique ,
à signaler enfin tous les services
que Parmentier a rendus dans les
différentes fonctions qu'il a rem-
plies. Son humanité a toujours été
égale à ses talens. Le gouverne-
ment directorial le nomma, en
1796, membre de l'institut. Sous
le gouvernement consulaire , il de-
vint président du conseil de salu-
brité du département de la Seine,
et fut confirtué dans ses fonctions
d'inspecteur-général du service de
santé et d'adminiî-trateur des hos-
pices,qui lui avaient été précédem-
ment confiées. Parmentier mourut
généralement regretté, le 17 dé-
cembre i8i3. Voici le portrait mo-
ral et phyfique que l'on a fait de
cet excellent citoyen. «Partout, ce
qui pouvait être utile avait droit
d'exciter son attention , d'exercer
son activité; partout où l'on pou-
vait travailler beaucoup, rendre
de grands services et ne rien rece-
voir, partout où l'on se réunissait
pour faire du bien, il accourait le
premier, et l'on pouvait être sur
de disposer de son temps, de sa
plume, et au besoin, de tout ce
qu'il possédait. Une taille élevée et
restée droite jusqu'à ses derniers
jours , une figure pleine d'aménité,
un regard à-la-fois noble et doux ,
de beaux cheveux blancs comme
la neige semblaient faire de ce res-
pectable vieillard l'image de la bon-
té et delà vertu. » M. Cuvier, au
PAU
ivjom de l'instilut , M. Silvestic, au
nom do la société d'iigncullurc,
etfeuC;ulcl-de-Ga5sicourt,aunom
de la sociélé de phar^nacie , ont
fait l'Eloge de Parmentier. Nous
allons donner, d'après la Biblio-
fraplUc agronomique , une liste a-
brégée des ouvrages de ce célèbre
agronome, sur le mérite littéraire
desquels on doit peu s'arrêter, mais
qui, sous le rapport de l'ulilité,
sont 2>i"esque tous dignes de fixer
l'attention; ce sont : i° Examen
cliimique des pommes de terre, Pa-
ris, 1775, in- 12; 1" Manier e de
faire le pain de pommes de terre
sans mélange de farine, Paris, 1799»
in-y"; 5" lleclierckes sur les végé-
taux nourrissans qui, dans les temps
de disette f peuvent remplacer les
alimens ordinaires, Paris, 1781,
in-8' ; 4" Traité sur ta culture et les
usages des pommes de terre , de la
patate et du topbiambourg^ Paris ,
1789, in-8°; ^V Récréations physi-
ques, économiques et cUimiques de
Model , Paris , 1774? 2 vol. in-8°,
avec des observations de Parmen-
tier, notamment sur les champi-
gnons; Ct" Avis aux bonnes ménagè-
res des villes et des campagnes sur
la manière de faire le pain , Paris,
1774 , reproduit, en 1778, sous le
titre suivant : 7° le Parfait boulan-
ger, ou Traité complet sur la fabri-
cation et le commerce du pain, Pa-
ris, 1778, in-8"; 8° Traité de la
châtaigne f Paris, 1780, in -8°;
9" avec M. Cadet- de-Vaux, Re-
cueil de pièces concernant les exhu-
mations fuites dans l'enceinte de
l'église Saint- Éloi de Dunkerque ,
en 178/1; 10" Le mais ou blé de
Turquie, apprécié sous tous ses rap-
ports , 3* édition , Paris , imprime-
rie impériale : lu i" édition avait
PAR
57
paru, en 1786, à Bordeaux; 11°
Instruction sur les moyens de sup-
pléer à la disette des fourrages, et
d' augmenter la subsistance des bes-
tiaux, 1785; i '2" Chimie hydrau-
lique de Lagaraye, 1785, nouvelle
édition avec des notes de Parmen-
tier , dans lesquelles il présente des
observations sur celles de nos plan-
tes indigènes d'où l'on peut retirer
une recule bleue comparable à l'in-
digo ; 1 5° Dissertation sur la-natu-
re des eaux de la Seine , avec des
remarques sur les propriétés phy-
siques et économiques de l'eau en»
général, à Paris, 1787; 14° /?!&-
Iruction sur la conservation et les
usages de la pomme de terre, pu-
bliée par ordre du gouvernement,
1789; ï 5° Economie rurale et do-
mestique dans la Bibliothèque des
Dames, 1790, 8 vol. in- 18; i6°
Précis d'expériences et d'observa-
tions sur les différentes espèces de
lait, considérées dans leurs rapports
avec la chimie^ la médecine et l'éco-
nomie rurale, Strasbourg, 1799,
in-8°; 17" Mémoire sur le sang,
Paris, 1791, in-4° : ces deux der-
niers ouvrages, composés en socié-
té avec M. Deyeuxi voy. ce nom ),
lurent couronnés par la société de
médecine, en 1790 et 1791 ; 18"
plusieurs Rapports au ministre de
l'intérieur : les plus remarquables
sont ceux sur les soupes àla Rum-
ford et sur la substitution de l'orge
mondé au riz, avec des observa-
tionssur les soupes aux légumes ou
à la Rumford; 19° Code pharma-
ceutique, '807, 3'édilion ; 0.0° Ins-
tructions sur les sirops et conserves
de raisins destinés à remplacer le
sucre ,dei8o8à i8ii;2r Nouvel
aperçu des résultats obtenus de la
fabrique des sirops cl conserves de
58
PAU
raisins, i8i3,in-8"; 22° enfin il
a donn«; un grand nombre d''Jrti-
cles au Cours d'agriculture de l'abbé
Rozier, i\ la Bibliotlièque physico-
économique , au Journal de physi-
que, à VEncyciopcdie par ordre de
madères , au Théâtre d'agriculture
d'Olivier de Serres, édition de M.
Huzard, au BuUelin de pharmacie,
au Traité théorique et pratique) sur
la culture de ta vigne, efc. , etc.
PARNY (Évariste-Désirk-Des-
FORGES,CHEVALiER de), naquit à l'île
Bourbon. C'est le plus p;u'fait des
poètes erotiques que la France ait
produits. A une époque où la fa-
veur et la prétention se parta-
geaient l'empire de la poésie légè-
re, il fond », entre Dorât et Desina-
his, une école de poésie naturelle
et brillante, où toute la pureté du
goût, toute la grâce du bon ton,
s'unissaient à l'abandon du senti-
ment. A g ans, il quitta les cbanips
que le soleil du tropique brûle
et féconde, et vint faire ses études
à Rennes. Dégoûté des travaux
pédantesques qu'on lui imposait,
il fut un écolier paresseux; et
bientôt son âme, qui avait besoin
d'enthousiasme, se livra tout en-
tière aux idées mystiques. On l'ar-
rêta dans le cours de ses dévo-
tions; on lui défendit la lecture de
la Bible. Il ne tarda pas à changer
de passion, et se livra au plaisir
avec la mtMne exaltation qu'il avait
portée dans sa prétendue vocation
religieuse. Devenu militaire, il
partit pour l'île Bourbon, où il
connut Éleonore B***, jeune créo-
le, moins belle que jolie, et qui
possédait surtout la grâce,
Cette grâce plus belle encor que la beauté.
Uléonoie avait trciic ans; Parfiy
PAU
en avait vingt. Il employa aiiprns
d'elle et le huigage de la passion
ardente qu'il ressentait, et loutrs
les ressources de la séduction : le
cœur d'Eleonore fut sa récompen-
se ; il ne lui fut pas permis de lui
donner son nom, et sa maîtresse
devint l'épouse d'un autre. Notre
littérature ne connaissait point l'é-
h'gie erotique : Parny écrivit en
vers harmonieux le roman de ses
amours. Ses accens étaient purs
comme la nature, ardens comme
la passion. Les chants maniérés de
Pezay, de Cubières et de toute l'é-
cole de Dorât, disparurent devant
la poésie facile et gracieuse de Par-
ny : c'était la voix du rossignol qui
se faisait entendre au milieu des
accens factices de ces oiseaux cpie
l'on instruit à conlrelaire la voix
humaine. C'est eu vain qu'un cri-
tique sans âme, La Harpe, osa pla-
cer au-dessus de Parny, du poète
de l'amour, Berlin, le poète des
bonnes fortunes. Bertin avait ver-
sifié avec soin, et quelquefois avec
bonheur, les nondireux souvenirs
de sa vie galante Parny avait im-
pi'imé à ses poésies tout le naturel
et toute l'ardeur de la volupté :
c'était (le lui que l'on pouvait di-
re comme de Sapho : spirant com-
missi culores . . .œoliœ fidibus puellœ.
Le chevalier de Parny avait déjà
marqué sa place au premier rang
des poètes élégiaques, lorsque des
affaires de famille le rappelèrent
à l'île Bourbon : pendant ce temps,
son frère, occupé d'un autre gen-
re de gloire, faisait ses preuves de
noblesse, pour entrer <lans les car-
rosses du roi. A son retour, le poè-
te voyageur publia sa jolie épître
aux insurgens, qui ne fit pas for-
tune à la cour. Les plaisirs le ber-
PAPx
ocrent jusqu'au moment où la ré-
volulion éclala. Il en adopta les
principes. « Elle ne m'ôte, (lisai{-il,
«ni places, ni préjugés, ni pen-
» siens, n Cependant il avait écrit tm
joli poëuie sur les an)Ours des rei-
nes de France, poëme qu'il brûla,
par une loyauté et une délicatesse
bien rares, lorsqu'il vit renverser
les idoles de la monarchie. Le peu
de fortune qu'il possédait l'ut en-
traînée dans le déluge des assi-
gnats. Employé dans rintruction
publique, nommé administrateur
du théâtre des Arts, il vécut dans
un état de médiocrité, quelquefois
si voisin de l'indigence, que les
secours de deux amis généreux
(iM. Français de Nantes et le gé-
néral Macdonald ) soulagèrent
souvent sa détresse. Les trou-
bles de la révolution comman-
çaifnt à se calmer lorsqu'il pu-
blia «a Guerre des DieuiCf prëme
que la pudeur hésite à nommer,
que la dévotion voit avec scanda-
le, n»ais qui ne le cède qu'à la Pa-
cclte de Voltaire pour l'imagina-
tion, la verve et le coloris brillant
de grâce , de satire et d'esprit.
Napoléon, qui voulait rassurer
les esprits sur l'espèce d'indiflè-
rence en matière de religion, dont
il avait fait preuve en Egypte, fit
rayer le nom d«i poète impie de la
liste des candidats à la place de
bibliothécaire des Invalides. Nom-
mé membre de rin-«lilut en 180.";,
il publia deux autres poiimes tout
aussi peu orthodoxes, le Paradis
perdu et les galanteries de ta Bible :
ce sont des esquisses voluptueu-
se», et non des caricatures satiri-
ques. P;irny ne fit aucune basses-
se pour recouvrf r la faveur impé-
riale : il ne chanta point la gran-
PAR 39
deur qui s'était élevée sur les dé-
bris de la république. Ses derniers
poëmes, les Roses Croix, God-
dam, Isnel et Aslega, renferment
encore quelques étincelles éparses
de son beau talent. Il est mort le
5 décembre i8i4- M- Jouy fut
son successeur à l'académie. Par-
ny est à la fois le Catulle et le Ti-
bule de la France : et tant que le
sentiment de la grâce et le goût
d'une simplicité pleine de chai mes
se conserveront dans notre litté-
rature, le chantre d' Eléonorc rcs-
tera le modèle du genre gracieux,
et le poète des amans.
PAROLETTI (Victor- Modes-
te, CHEVALIER DE ) , membre de la
légion-J honneur, est né à Turin
en 1765. Destiné dans sa jeu-
nesse à la carrière judiciaire, il fut
reçu docteur en droit, et devint
un des membres les plus distin-
gués de l'académie de Turin. En
1799, il fut nonmié secrétaire-gé-
néral du g(>uvernement provisoire
établi à cette époque dans le Pié-
mont, et, l'année suivante, mem-
bre de la consulta. En 1802 , il fit
partie de la commission exéculive,
et futchargé de plusieurs fonctions
administratives. .M. Paroletti a sié-
gé an corps -législatif de France,
depuis le mois d'avril 1807 jus-
qu'à la fin de 1811 ; nonnné dé-
puté du département du Pô, où
ses concitoyens l'avaient élu à la
presque unanimité des suffrages,
il parut plusieurs fois à la tribune,
et devint secrétaire de cette assem-
blée en 1811. Il lui fit hommage
de la belle gravure Du jugement
dernier de Michel-Ange , exécutée
fixr Piroli, et parla à cette occa-
sion avec éloquence des iMicoura-
gemens donnés par la France aux
4o PAR
arts en Iulic, des élablisscmens
d'utilité publique, et des moiiu-
rnens qui s'y élevaient de toutes
parts. 11 avait aussi communiqué
à l'académie de Turin la décou-
verte de plusieurs vases antiques et
précieuxqui venait d'être laite dans
une des terres de sa famille. Après
les événemens de i8i4iil s'est
retiré des fondions publiques, et
a obtenu, l'année suivante, des
lettresde naturalisation en France,
où il s'est établi. On a de lui plu-
sieur/i mémoires scientifiques et
liistoriques, présentés aux différen-
tes académies dont il est membre ,
unenire autres sur le surintendant
Fouquet. Il a en outre publié les
onvrao;es suivans : i' Recherches
sur l'influence que la lumière exerce
sur la propagation du son, Paris,
1804, in-4° ; 2" Description histo-
rique de la basilique de Superga ,
Turin , 1808, in-fol. ; 5° Disserta-
tion sur les maladies des vers à soie;
4" Correspondance vaudoise , ou Be-
cueil de quelques lett'es des hahilans
des vallées de Pignerol sur le trem-
blement de terre, 1808, in -8"; 5°
Discours sur le caractère et l'étude
des deux langues française et ita-
lienne , 1811, in- 4"; 6" Éloge
historique de M arie-C lotilde- A dé-
lalde-Xavière de France, reine de
Sardaigne, ouvraf;;epubliéen 181 1,
et accueilli par S. M. Louis XVIII,
auquel l'auteur a été admis à le
présenter.
PAROLETTI-GAETAN ( Ca-
mille-Thomas, CHEVALIER De),
frère puîné du précédent, maré-
chal-de-camp au servicede France,
officier de la légion-d'honneur , et
chevalier de Saint - Louis, né à
Turin, le 3o décembre 1769. Il
était destiné à l'état ecclésiastique
PAR
par sa famille, et y entra fort jeu-
ne. Mais il renonça à cet état lors
de l'entrée des Français en Italie,
et se distingua bientôt dans la car-
rière des armes. Nommé chef de
bataillon dans l'armée cisalpine,
il passa ensuite au service du Pié-
mont , en qualité d'adjudaut-com-
inandant en l'an 9, et obtint le
même grade dans l'armée fran-
çaise, lorsque le Piémont fut réuni
à la France. Il se fit remarquer
par son courage et ses talens mili-
taires pendant les campagnes d'I-
talie; il fut blessé et fait prison-
nier en 1809 pî»r les Autrichiens.
Après son échange, il servit avec
la même distinction en Espagne,
fut élevé au grade de général de
brigade , passa en Allemagne avec
le corps d'armée du maréchal Gou-
vion-Saint-Cyr, et se trouva avec
lui dans toutes les affaires" de la
campagne désa^trueuse de 181 3,
ainsi qu'à la capitulation de Dres-
de, conclue, le 11 novembre, et
méconnue quelques jours après par
les alliés. Rentré en France , le gé-
néritl Paroletti fut maintenu dans
son grade par le roi, et nommé
chevalier de Saint-Louis. Pendant
lescentjourscn i8i5,il commandait
dans le département de la Haute-
Loire, et après le licencienjent de
l'armée, il fut mis à la demi-sol-
de. Ainsi que son frère , il est na-
turalisé Français, et habite avec
lui Paris.
PAROY (Jean-Philippe-Legen-
TiL , MARQUIS de), chevalier de
Saint-Louis, né, en i^So, d'une
ancienne famille de Bretagne , a-
vait embrassé fort jeune l'étal mi-
litaire, et était colonel à l'époque
de la révolution. Opposé aux
principes qu'elle proclamait, il
PAR
quitta le service, et consacrait à
la peinture tous ses niomcns de
loisir. Son père, imbu des anciens
préjugés de la noblesse, lui avait
expressément interdit cette occu-
pation . et un jour qu'il le trou-
va, malgré sa défense, la paielte
et les pinceaux à la main, il les
saisit et les jeta dans les fossés
de son cliâleau, en disant qu'il ne
voulait pas que l'héritier de son
nom fût un artiste. Quelques an-
nées ajM'ès , cependant ^ celaient
devint l'unique ressource de toute
la famille; il sauva même M. de
l'aroy père, de la mort, com-
me émigré et comme membre du
côté droit de l'assemblée consti-
tuante, par les prolecteurs qu'il
acquit à son fils. Celui-ci s'est en-
tièrement perdu dans l'obscurité
de la vie privée. Il a publié : i"
Opinions religieuses, royalistes et
politujues (te M. Antoine Quatre-
mére-(ie-Qitiiicy , imprimées dans
deux rapports faits au départe-
ment de Paris, 1816. in-8", avec
une gravure représentant un tour-
ne>ol, entouré de quatre mers, la
mer royaliste, la mer religieuse,
la mer révolutionnaire et la mer
d'intrigue, a'édition, 1816, in-8°,
( voyez QuATiiEMÈRE-DE- Quincy);
2" Précis kistorique de l'origine de
l'académie royale de peinture ,
sculpture et gravure, i8j(), iu-8°.
PAKQLE (le duc bet.), lieute-
nant-général, député aux cortès,
grand-d'Espagne de première clas-
se, chevalier de presque tous les
ordres de S. M. C, etc., est né
à Valladolid en ijSS. Destiné par
sa famille, l'une des plus illustres
de la Castille, à la carrière mili-
taire, il entra au service presque
immédiatement après avoir ter-
TAR
4'
miné ses-études, et était déjà par-
venu, en 1798, au grade de lieu-
tenant-général. L'empereur Na-
poléon ayant envahi l'Espagne,
en 1808, le duc del Parque fut
appelé à la junte de Rayonne. Il
se prononça en faveur de Joseph,
qui le fit son capitaine des gardes,
mais cet officier-général renonça
bientôt au service du nouveau
monarque, «convaincu que l'inté-
rêt national ne peut jamais se
concilier avec l'influence étrangè-
re. » La junte suprême lui confia
le commandement des levées de
Castille et des restes de l'armée
du marquis de la Romana (voyez
La Romana), alors réunis aux en-
virons de Ciudad- Rodrigo. Le
duc del Parque remporta, le 18
octobre 1809, quelques avantages
à Tainames sur le général Mar-
chand, et le repoussa jusqu'à Sa-
iamanque, où il entra lui-même,
le 35 octobre, peu d'heures après
l'évacuation de la ville par les
Français. Il eut encore des succès
vers la fin du Jiiois suivant. Dans
les preim'ers mois de ï8io, il
combina ses opérations avec le
général Castanos, et se dirigea sur
Séville avec l'élite de ses troupes
pour couvrir cette ville; mais elle
était déjà au pouvoir des Fran-
çais. Le s5 novembre, attaqué à
Carpio, il refusa le combat, et se
retirait sur Alba de Torme, lors-
qu'il fut rejoint par le général
Kellermann qui, malgré sa vive
résistance, le battit complètement.
Il rallia néanmoins les débris de
son armée, et se joignit au duc
d'Albuquerque à Puente del Ar-
zobispo, le i5 décembre. Envoyé
en Catalogue, en juin i8i3, avec
une forte division pour seconder
42
PAR
l'armée anglaise occupée à faire le
sié^je cleTarragone, il y fut défait;
mais il répara ce nouvel échec ,
et prit une Irès-beîle part à l'aflaire
de Castalla , qui ouvrit Valence
aux armées alliées. Le duc del
Parque , très-bien reçu de Ferdi-
nand VII, lorsque ce prince re-
monta sur le trône en 1814, re-
fusa, en 1816, l'ambassade de
France à laquelle il fut nommé.
Kn ibiQ, il fit partie du conseil-
d'état. En 1820, s'étant prononcé
franchement en faveur de la ré-
volution qui éclata dans sa patrie,
il fut élu député aux corlès, qu'il
a présidées avec autant de sagesse
que d'impartialité. Le duc del
Parque, dont l'âge et les fatij^ues
ont altéré la sauté, jouit de l'es-
time de tous les amis de la liberté
constitutionnelle.
PARREIN ( PiEBRE-MAïniEii ),
général de brigade, ex -comman-
dant du département de Saône-et-
Loire, exerçait avant la révolution
la profession d'avocat et cultivait
les lettres. 11 jouissait à cette épo-
que d'une réputation sans tache,
et n'a cessé de la mériter que par
Texagération de ses principes po-
litiques. Au commencement de
1791, il dénonça une fabrique de
fciux assignats, et reçut , le 3 mai
de la même année , de l'assemblée
législative, une somme de i'.î.ooo
francs à titre de récompense. C'est
au 10 aofit 1792 qu'il se fit remar-
quer pour la première fois par son
intrépidité , et en même temps par
son extrême exaltation. L'année
suivante, il fut envoyé dans la
Vendée en qualité de commissaire
national; il y mérita que le trop
fameux Rossignol fît l'éloge de sa
conduite; il fut ensuite nommé
PAR
président de la commission mili*
taire de Saumur. Commandant a-
vec Ilonsin de l'armée révolution-
naire, il fut appelé à Lyon par
Collot-d'Herbois, et devint prési-
dent de l'horrible comnîis!?ion tem-
poraire établi*- danscette ville, qui
livraà l'échafaud un si grand nom-
bre d'individus comme rebelles.
Vers le même temps, nommé gé-
néral de iirigade , il accompagna
le général Hoche dans la Vendée ;
de retour à Paris, un peu avant
l'insurrection du 1"' prairial an 5
(20 mai 1795), il fut dénoncé
conime l'un des chefs de ce mou-
vement populaire, diri';é contre la
convention nationale. Le comité de
sftreté-géuérale le fit arrêter, mais
l'amnistie du 4 brumaire an 4 hii
rendit la liberté. Le général Par-
reiu fut implique dans le priuès de
Babeuf; mais il ne se trouva au-
cune charge suffisante contre lui ,
et il fut absous. Après la révolu-
tion du i8 fructidor an 5 ( 4 sep-
tembre 1797 ) , il fut rétabli duns
son grade et iiommé commandant
du département de Saône-et- Loi-
re. Le directoire-exécutif l'ayant
soupçonné au mois de germinal
an G ( avril 1798), d'influencer les
élections en faveur des républi-
cains exagérés, lui ordonna de
cesser ses fonctions , et de quitter
le départenjent. Il obtint, après
le 18 brumaire an 8(9 novembre
1799), par la protection de Fou-
ché , ministre de la police, dont il
était particulièrement connu, mais
dont il ne fut jamais l'agent coiti-
me on l'a prétendu à tort , une
pension de retraitecomme officier-
général. Cette pension paraît lui
avoir été retirée depuis i8i4. Fixé
à la campagne , il y vitentièrement
PAR
ignoré. Le général Parrcîn esl au-
tfiur d'une pièce en 3 actes et eu
prose, intitulée: La prise de la
Bastille. Elle fut représentée à Pa-
ris à la fin de 1792 ; il a publié de-
puis Histoire des crimes des parle-
meiis ou les Horreurs des prisons
judiciaires dévoilées.
PARÏOUNEAUX (le comte
Louis), lieutenant- général, mem-
bre de la chambre des députés, où
il a été élu par le département du
Var, est né à Paris le 2G septembre
17G9, et sortait à peine du collège
lorsque la révolution éclata. 11
s'enrôla en qualité de volontaire
dans le premier bataillon de gre-
nadiers qui fut organisé dans la
raj.iiale; il entra ensuite comme
-ous-lieutenant dans le régiment
«le llainault, où son zèle et son
activité le firent bientôt parvenir
au grade de capitaine. Il fit ses
premières armes avec distinction
sous le 'général Dugommier, et
monta le premier à l'assaut d'une
redoute dont la prise décida du
sf)rl de Toulon; i! fui nommé
adjudant-général sur le champ de
bataille. En 1796, il servit à l'ar-
mée d'Italie, sous les ordres du
général en chef Bonaparte. 11 s'y
fit particulièrement estimer de
.Ioubert,qni lui pn^uva sa confian-
ce en le chargeant de diverses
missions délicates. Sa conduite
brillante à la bataille de Vérone
lui valut le grade de général de
brigade. A la mrdheureuse jour-
née de Novi, où le brave général
Joubert fut tué, il fit preuve de
talent et de courage, fut blessé,
et tomba au pouvoir d'un enne-
mi bien supérieur en nombre ;
mais il fut presque aussitôt échan-
gé conlrc M. de Zach, major-gé-
PAR
^i5
néral. Le 27 août i8o3, il reçut
le grade de général de division.
En 1804, il fut employé à l'armée
d'Angleterre sous les ordres du
maréchal Ney, dont le corps était
campé à Montreuil. L'année sui-
vante, il alla rejoindre en Italie
l'armée que commandait Massé-
na, et fut charge du commande-
ment de la division des grenadiers
de cette armée. Il s'y distingua
dans plusieurs occasions, notam-
ment à Véronnette et au village
de Saint- Michel , où il culbuta
successivement l'ennemi et le mit
en déroute le 25 octobre. Plus
tard il coopéra à la défaite du
corps autrichien de Ruban, et
l'empr'cha de se rendre à Venise.
Appelé au commandement d'une
division de l'armée du roi Joseph,
il enleva Capoue, dans le courant
de février 1806, et ne trouva plus
d'obstacles pour arriver à Naples.
Le 19 mai suivant, le général Par-
louneaux reçut la grande décora-
tion de l'ordre des Deux-Siciles,
et fut iiomnïé, peu de temps après,
gouverneur des Abruzzes. La po-
lice et la sûreté des routes signa-
lèrent son administration dans ce
pays. Il força les Ani^lais, le 29
mai 1809. à lever le siège de
Scylla en Calabre, et bien qu'il
n'eût avec lui que cinq bataillons et
deux escadrons de cavalerie, il fit
beaucoup de prisonniers, et s'em-
para de toute l'artillerie ennemie.
Eii 1812, il fit partie de l'expédi-
tion de Russie et du corps com-
mandé parle duc de Bellune. Lors
de la retraite dcMoskoUjSa division,
qui fut placée à l'extrême droite,
était à peine forte de 5,Zîoo hom-
mes; lout-à-coup elle fut cernée
sur la rive gauche de la Bérésina
44
PAR
par Platow, Witgenstein et ïsit-
chakow. EUe se trouvait sans mu-
nitions, sans vivres, et toutes ses
coinmunieations avec le gros de
l'armée française étaient coupées.
Le général Partouneaux parvint
néanmoins à prendre position, le
27 novembre, sur les hauteurs de
Borisow. Le canon et la fusillade
se faisaient déjà entetidre dans la
direction du pont établi sur la Bé-
résina pour le passage de l'armée.
Il fit à la hâte ses dispositions
d'attaque, et ne craignit point
d'engager le combat, malgré la
disproportion de ses forces avec
celles de l'ennemi. Ce combat
fut très-acharné, les Français y
firent des prodiges de voleur^ et
pendant quelque temps eurent l'a-
Tantage ; mais enfin ils furent
obligés de céder au noiiibre. Le
général Partoimeaux, après avoir,
dans l'obscurité de la nuit, erré
plusieurs heures à travers des ma-
récages et des bois, en essayant
de lemonter la Bérésina, t(M!i!)a
avec le reste de sa division au
pouvoir des Russes. La capitula-
tion qu'il fit en cette o.ccasion lui
attira des reproches qui lurent
rendus publics dans le ag""" bulle-
tin de la grande armée. Ces re-
proches lui parurent injustes, et
lorsque les événemens de- 1814
lui eurent fait recouvrer la liber-
lé, il réclama contre des assertions
qu'il appelait mensongères. Il en
conservait encore un vif ress»jnli-
ment à l'époque du 20 mars 1 8 1 5,
et le témoigna dans une lettre
qu'il adressa à Napoléon, dont il
ne reçut aucun emploi. Après la
seconde restauration , le général
Partouneaux fut nommé gouver-
neur de la 8"" divlsioni\ Marseille,
PAS
puis, au mois d'octobre de l'année
suivante, gouverneur de la 10"" à
Bordeaux. Vers le même temps,
le roi lui donna le titre de comte.
Il a publié, pour la justification
de sa conduite militaire en Rus-
sie : 1° Adresse et rapports sur
l'affaire du 27 au 38 novembre
1812, qu'a eue la 12* division du
9° corps de la grande -année au
passage de Hi Bérésinu, i8i5, in-
4°; 2" Lettre sur le compte rendu
par plusieurs historiens de la cam-
pagne de l'iussie, et par le 29' bul-
letin de l'affaire du 27 au 28 no-
veinhre 1812, in-4°, 1817. Le
gétu'.ral Partouneaux commande
aujourd'hui (1824) la première
division d'infanterie de la garde
royale.
PASCALIS (N.), célèbre juris-
consulte, était, i\ l'époque de la
révolution, avocat au parlement
d'Aix en Provence; il joignait à
des connaissances profoiiles en
jurisprudence, des notions éten-
dues sur l'administration publi-
que, et avait publié sur cette par-
lie plusieurs écrite jusleuient es-
timés. Son éloignemenl pour les
nouveaux principes, et le peu de
ménagemens qu'il mit dans ses
discnuis et dans sa conduite, lui
firent de nombreux et redoutables
ennemis. Il fut tué, le, 12 décoin-
bre 1790, dans une émeute qu'.i-
vait excité»! l'ouverture à\\ïi cî-ib
dit des Amis du roi et du clergé.
Sa morl précéda de peu les excès
qui eurent lieu à celle époque à
Avignon et dans une partie du
Midi.
PASQUIER (E.), savant juris-
consulte, issu d'une famille de
robe^ depuis long-temps connuç
dans la magistrature, suivit la mû-
PAS
me carrière et exerça, long-temps
avant la révolution . les l'onctions
de conseiller au parlement de Pa-
ris. Ennemi de la révolution, il
prit part aux arrêtes du parlement
de Toulouse des aS et 27 sep-
tembre 1790, contre les opéra-
tions de l'assemblée constituante.
Pendant le régime de la terreur,
il tut dénoncé, puis arrêté, et tra-
duit au tribunal révolutionnaire,
qui le condamna à mort le 21 a-
vril i7()4-
PASQUIER ( Etienne- Denis,
comte), fils du précédent, pré-
fet de police sous le gouver-
nement impérial, et, sous le gou-
vernement royal, ministre de la
justice, garde-des-sceaux, et, en
dernier lieu, ministre des affaires
étrangères, naquit à Paris le 22
avril 1767, «it fut élevé. au collège
de Juiily. Il descend en droite
ligne , selon la Biographie des
hommes^ vivaiiSj tome V , du l'a-
nieux Etienne Pasquier, avocat-
général sous Henri IV, magistrat
intègre et adversaire prononcé
des jésuites, qu'il parvint à rédui-
re, pour bien peu de temps il est
vrai, à l'impuissance de nuire.
Le grand-père du baron Pasquier
l'ut au contraire l'ami des jésuites,
chez lesquels il lut élevé, et ac-
quit quelque célébrité d'abord
comme procureur du roi au Châ-
telct, et ensuite comme conseil-
ler au parlement. Ce fut lui qui
fit le rapport dans le procès du
comte de Lally et qui montra un
si grand zèle pour obtenir la con-
damna (ion à tuort de l'accusé; ce fut
aussi lui qui fit mettre un bâillon k
ce vieux général, lorsqu'on le con-
duisit au supplice, afin qu'il ne
pftt point parler au peuple :
PAS
45
(voy. Biographie universelle, tome
53.) Le père de iM. Pasquier avait
destiné son fils à la njagistrature,
et lui avait acheté de bonne heure
une charge de conseiller au parle-
ment de Paris, où il en occupait
une lui-même. Le fils ne remplit
aucune foiiction publique pen-
dant les temps orageux de la
révolution,mais après l'avènement
de Napoléon à l'empire, il sollicita
et obtint, non sans quelque peine,
une place d'auditi'ur au conseil-
d'état. L'archi-chancelier Camba-
cérès, le ministre secrétaire d'état
duc de Bassano, et le comte lle-
gnault de Saint-Jean-d'Angély,
protégèrent les premiers pas de
M. Pasquier dans cette nouvelle
carrière, et parvinrent à vaincre
la répugnance que Napoléon té-
moignait à élever plus haut le jeu-
ne auditeur. Il fut enfin nommé
maître nas requêtes, le 8 février
j 8 10, et peu de temps après pro-
cureur-généraldu sceau des titres,
baron elolTicier de la légion-d'hon-
neur. Lors de la disgrâce qu'en-
courut le préfet de police Dubois,
après la catastro[ihe de la fête don-
née à l'empereur par le prince
de Schwarzemberg , pour célé-
brer le mariage de l'impératrice
Marie-Louise , le baron Pasquier
obtint ce poste de haute con-
fiance. Il le remplit avec distinc-
tion. Mais malgré les frais consi-
dérables consacrés à cette adminis-
tration et les r<dnibreux agens
qu'elle employait, le général Mal-
let {voy. ce nom), parvint à déro-
ber au préfet de police toute con-
naissance de la trame qu'il
ourdissait du fond de sa pri-
son. Surpris en son hôtel, enlevé
et jeté dans une voiture de place,
46
PAS
le préfet fut conduit à la prison
de la Force, où il resta enfermé
jusqu'à ce que i'auil.icieuse entre-
prise de Mallet eut entièrement
échoué. On crut généralement
dans le public qu'une immédiate
destitution de M. Pasquier serait la
suite du retour de Napoléon, qui
avait paru très-irrilé; mais contre
toute attente, le préfet de police sut
fléchir son maître et se maintenir
dans sa place. Le préfet de la Seine,
M. Frochot, qui n'avait pas été in-
carcéré par Mallet, (ut seul dis-
gracié. M. Pasquier se tiouva
cependant plus éloigné que ja-
mais du ministère de la justice ,
auquel son mérite lui donnait
sans doute des droits évideas ,
et les lettres insérées, les 5 et 12
avril i8i4 ? dans le Journal de
Paris f et dans celui des Débats, a-
près l'entrée des^étrangers, prou-
vent qu'une pareille injustice lais-
se toujours de profonds ressenti-
mens. Dès la première restaura-
ration, M. Pasquier fut nommé
membre du conseil-d'élat royiil ,
et appelé, le 2i mai suivant, à la
direction det» pouts-<!t-chaussées ,
qu'il conserva jusqu'au retour de
iSapoléon de l'île d'Elbe. Cette
fois, malgré les démarches des
premiers protecteurs de M. Pas-
quier, auxquels se joignit son an-
cien collègue le conseiller-d'état
Ptéal, Napoléon resta inflexible, et
le ci-devant préfet de police ne
fut investi d'aucun de ces timplois,
<ju'i! n'eût désirés sans doute que
pour mieux servir la cause roya-
le. Mais, h; jour même de la se-
conde rentrée de S. M. Louis
XVIII, M. Pasquier fut nommé
iTiinistre secrétaire-d'état de la jus-
tice, garde-des-sceaux , membre
PAS
du conseil privé, et peu de temps
après grand-cordon de la légion-
d'honneur.ll fut élu, en septeujbre
181 5, membre de la chambré des
députés, et se trouva pendant
quelque temps privé du porte-
feuille et de la garde du sceau,
qui furent donnés à M. Barbé-
Marbois; mais il eut pour dédom-
magement la place de commissai-
re-juge pour la liquidation des
créances des sujets des puissances
étrangères. Rappelé par le dépar-
ment de la Seine à la chambre
des députés, en 18 16, il s'y montra
constamment le zélé défenseur
de tous les actes et projets minis-
tériels. Présenté par la chambre
au nombre des candidats pour la
présidence, il fut nommé par le roi
à celte haute fonction, et la rem-
plit jusqu'au mois de janvier
1817. M. Pasquier reprit alors sa
place de garde-des-sceaux, dont
M. Barbé-Marbois fut privé, et
la perdit dans un u(*uveau revire-
ment ministériel, où, en décembre
1818, il eut pour successeur M. de
Serre. Au mois d%Jctobre 1819,
M. Pasquier présenta, dit-on, un
mémoire au roi sur la situation
de l'Europe et sur la marche d»;
l'administration en France, de-
puis qu'il n'en faisait plus partie.
En novembre xle la même année,
un portefeuille lui fut rendu, mais
ce ne fut pas celui de la justice;
il remplit les importantes fonc-
tions de ministre des aftaires é-
Irangères jusqu'en 1822. Obligéde
nouveau de sorlirduministère avec
la vive douleur de ne pouvoir plus
aussi utilement servir l'état , il
retnit son portefeuille au vicomte,
aujourd'hui duc de Montmorency,
qui ne le conserva pas long-temps.
PAS
M. Pasquier a été nommé pair de
France, avec le titre de comte ,
et a t'ait briller en plusieurs occa-
sions, dans la chambre haute, les
falens oratoires dont il est doué.
Dans la session actuelle (1824), il
a parlé contre le projet ministé-
riel pour la réduction des rentes :
ce fait est d'autant plus remarqua-
ble, qu'en recherchant la populari-
té, l'orateur marche cette fois en
sens inverse de ses habitudes.
On a peine à reconnaître à ce fait
l'homme qui, au sujet de la loi de
la liberté des journaux , fit une
réponse si remarquable et sou-
vent citée depuis. Quelques dé-
putés lui reprochant de ne servir
que les intérêts d'un ^eul parti, di-
saient : mais c'est l'arbitraire que
vous demandez? — oui; c'est l'arbi-
traire que nous voulons, leur dé-
clara le ministre, La polite.-se ne
nous permet pas de voir autre cho-
se qu'une naïveté dans cette saillie,
qui rappelle celles de l'abbé Terrai.
PASSA C ( Philippe- JÉuÔME
Gaucher de) , est né à Vouvray,
prés de Tours en 1755, d'une
iamille noble. Il fut élevé à l'école
Militaire de Vendôme, entra dans
l'arme de l'artillerie, en 1784,
et fut reçu officier l'année suivan-
te. L'auteur des Liaisons dangereu-
ses, M. de Laclos, servait dei)uis
long-temps dans le régiment de
Toid , où il fut placé, et, malgré
ladifférenced'âge, il s'établit entre
eux des rapports d'amitié que la
mort seule a pu rompre. iM. de
Pa<sac, opposé aux principes de
la révolution, sortit de France en
J7<)2, servit d'abord dans l'armée
des princes , passa ensuite dan>;
l'armée anglaise, en Hollande
«•t eu Portugal, où il reprit du ser-
vice dans rarlillcrie. llentré en
PAS 4;
France en 1802, il habita le dé-
partement de Loir-et-Cher , et
y remplit des fonctions adminis-
tratives. Ef» i8i4, il fut nommé
chevalier de Saint-Louis, puis
chef de bataillon d'artillerie , et,
en 181 5, commandant d'artillerie
à Laon. Mais l'état de sa santé
ne lui permettant pas d'en rem-
plir les fonctions, il demanda sa
retraite. M. de Passac est auteur
d'un grand nombre d'ouvrages.
Voici les principaux : 1° Plusieurs
Notices biographiques dans la Re-
vue philosophique et littéraire ; 2*
Vie de W^ilUam ColUns, suivie de
la traduction de quelques églogues
orientales de ce poète, d:ms les
Archives philosophiques et littérai-
res ; 5° Honorine, ou Promenade
dans l'ile de IValcheren, roman ,
imprimé avec divers morceaux
de poésie, traduits de l'anglais, 2
vol. in- 1 2, 1 808; 4° un grand nom-
bre de poésies légères insérées dans
divers recueils périodiques; 5" un
Eloge de Gribeauval.
PASSKRONI (Jean-Charles),
poète italien, né en I7i5, à Con-
d iinine, village du comté de Nice,
fit les étiulcs convenables à l'état
ecclésiastique pour lequel il était
destiné : mais vivant au milieu
d'une petite société, ses talens n'a-
vaient qu'un dévelop[)ement lent
et borné. Heureusement pour lui ,
son oncle, qui était à la tête d'une
école élémiutaire à Milan, appela
le jeime Passeroni auprès de lui ,
pour «m faire un répétiteur; c'est
ainsi qu'il devint maître avant de
cesser d'être écolier. Après avoir
appris aux autres le peu qu'il sa-
vait , il allait chez les jésuites pour
y puiser les connaissances qui lui
manquaient ; il tempérait l'ennui
de ses devoirs par les vers que lui
AS
PAS
inspirait nne muse facile et pré-
coce; et, quelle que fût la faiblesse
lîe ces premiers essais , ils annon-
çaient le poète et le firent juger
cligne d'êlre admis au nombre des
restaurateurs de l'ancienne acadé-
mie AG^iTrasfonnati. Il s'y déclara
le protecteur de Parini , dont l'ad-
mission éprouvait quelque diffi-
culté, et ses conseils ne furent pas
inutiles au chantre du Giorno.
Doué d'un caractère heureux qui
le tenait à l'abri des embarras et
des ennuis de la vie sociale , et
ayant une facilité extraordinaire
pour la versification , il conçut le
projet, et trouva le loisir d'écrire
un long poëme héroï-comique sur
la vie de Cicéron. Il en lut les pre-
miers chants à l'académie des Trrt5-
formati ; il en récita d'autres à celle
des Arcades, qui l'avait accueilli
dans son sein , lors d'un voyage
qu'il avait fait à Rome, où il avait
suivi Mgor. Lucini, qu'il accompa-
gna de même à Cologne. Le Cicé-
ron de Passeroni est dans le genre
de Tristramshandy , c'est-à-dire ,
une feinte biographie, où ayant
l'air de raconter les traits de la vie
d'une personne, on se perd en di-
vagations pour parler de choses
disparates et étrangères au sujet.
Ce poëme se compose de loi
chants, qui contiennent 11097
octaves ; et dans un si long travail,
la vie de Cicéron ne forme qu'un
petit épisode, presqu'impercepti-
ble, au milieu des détails sans
nombre, dont il l'a surchargée.
On pourrait l'appeler une Jascrie
en vers, qui pourtant ne manque
. pas de but , car Passeroni attaque
souvent les vices et les ridicules
de son temps; mais il le fait sans
amertume ni fiel; il mord et ne
PAS
blesse pas. Son styie est comme le
caractère de l'auteur, simple, mo-
deste , et enjoué : sa muse se mon-
tre badine partout, ambitieuse
nulle part : la spontanéité est son
mérite, la prolixité son défaut.
C'est pourtant Passeroni que Pa-
rini, le plus concis de tous les
poètes italiens après Alfieri, con-
sidtait pour la correction de ses
vers. Ce qui peut aider à expli-
quer l'état actuel de décourage-
ment des lettres en Italie, et faire
apprécier les avantages des lois ,
qui garantissent la propriété des
autturs , c'est que iorque Sterne
se rencontra avec Passeroni à IMi-
lan, il demanda à celui-ci ce que
son poëme lui avait rapporté. «Je
» n'aurais, répondit Passeroni, qu'à
«vous conduire dans les magasins
jde mon libraire, pour vous mon-
>i trer la plus grande partie de mon
» édition, dont l'écoulement a été
«rendu impossible par la quantité
«des contrefaçons exécutées en
«Italie même. » Plus heureux ,
Sterne voyageait en grand sei-
gneur avec le produit de son ma-
nuscrit. Passeroni, n'ayant pour
subsister que le revenu de ses mes-
ses, se soumettait à beaucoup de
privations : il était très-sobre , se
servait lui-même, et quant à son
habillement, il était ordinairement
en lambeaux : sa vie était tout-à-
fait poétique. Ses amiséchouaient
auprès de lui , toutes les fois qu'ils
essayaient de lui faire accepter
quelque secours. Animé par un
esprit de pauvreté vraiment phi-
losophique, il s'était résigné à pas-
ser toute sa vie dans l'indigence.
S'il lui arrivait parfois de ga-
gner quelque somme d'argent, il
se montrait tout empressé de la
PAS
répandre en aumônes : ce qu'on lui
vit faire, lorsque la n'îpiibliqne ci-
salpine lui fit remettre ut) rouleau
de 4o séquins. S'étant rendu chez
un ami pour le prier de lui indi-
quer quelque honnête homme loai-
bé dans le besoin, afin de lui don-
ner celte somme : Je ne connais
personne de plus indigent, ni de
plus honnête que vous, lui répon-
dit l'autre, et il obligea Passeroni
de garder son argent pour lui-
même. Passeroni, non content
d'avoir fait un long pocme sur Ci-
céroii, pour donner, ii ce qu'il
prétendait, le modèle de l'orateur,
se proposait d'en commencer un
autre sur Pétrarque , dans la vue
de présenter celui du poêle. Il à
laissé aussi sept voluiiiesde fables,
qu'il a composées sur le retour de
l'âge. En lus lisant , ou ne les croi-
rait pas le fruit de sa vieillesse ; on
y admire la même facilité, la mê-
me négligence, et surtout la même
intempérance de faire des vers : le
style en tst même moins correct
que celui delà vie de Cicéron, et
j)our le rendre naïf, il l'a abaissé
lie manière à le rendre vulgaire. Il
avait aussi trouvé moyen de com-
poser une dizaine de volumes de
poésies mêlées, ce qui fait que son
héritage poétique se compose de
'jS volumes. Passeroni mourut à
Milan, le 26 décembre i8o3. Voici
les titres de ses ouvrages : 1° Il
Cicérone, Milan , 1 7G8 , in - 8° , 6
vol. ; 'i" Rime , ibid. , 1776, 10 vol.
in- 12 ; 5" Favole Esopiane , ibid. ,
1779, in- 12, 7 vol. Ils ont été
plusieurs fois réimprimés.
PASSEWAN-OGLOIJ, ou Pass-
wan-Oglo«, pacha de Widdin.
Son grand-père, Osman, était
crieur de nuit (ramoneur) à Wid-
T. XVI.
PAS
49
din ; il servit dans la guerre de
1755 contre les Russes, se fit dis-
tinguer par sa bravoure, et obtint
diverses récompenses , entre au-
tres, le fief de Parabin, en Molda-
vie, où il passa le reste de sa vie,
occupé de l'éducation de son fils,
Omar-Aga, qui parvint au grade
de bassi aga, ou chef de district.
Omar eut deux fils : l'un, Ibrahim-
Bey , qui s'établit négociant à
Constantinople ; l'autre, Osman,
surnonuTié Pazman Ohlu, ou Pas-
sewand-Oglou (fils du crieur de
nuit ou du ramoneur). Sou père,
qui habitait Widdiu une partie de
l'année , le fit instruire dans les
sciences politiques, économiques
et miliîaires. Le jeune Osman, qui
était né en 1753, joignait à une
grande activité d'esprit un carac-
tère très-violent. En 1785, étant
ù la campagne avec son père, il se
prit de (juerelle avec lui , et les
choses eu vinrent au point que le
fils s'étant mis à la tête de quel-
ques-uns des vassaux de son père,
qui lui étaient dévoués , attaqua
et mit en fuite ceux qu'Omar a-
vait armés pour sa défense. Les
principaux habitans de Widdin
s'inlerposèreul dans celte querel-
le, qui dura plus de 2 ans. Enfin,
en 1788, le j)ère fut réduit à de-
mander la paix, et la réconcilia-
tion se fit. Depuis ce moment, les
hommes qu'ils avaient enrôlés lu-
rent réunis en un seul corps de
troupes, assez nombreux pour que
ces deux hommes devinssent en
quelque manière les maîtres dans
la ville de Widdiu, où leur auto-
rité s'accrut de jour en jour avec
le nombre de leurs partisans. Ib
abusèrent tellement de leur in-
fluence, qu'ils faisaient arbilraire.-
4
So PAS
ment arrêter quiconque voulait
s'opposer à leur volonté. La Porte,
alarmée de celt»; usurpatiou de sa
souveiainelé, envoya contre eux,
en 178S, Madined, pacha , avec
12,000 hommes. » l !ui promit le
pachaiik. de Widdin s'il parvenait
à les expnlstr de la ville. Ils fu-
rent assiéj^és , pendant 3 mois ,
dans "NViddin ; mais ne pouvant
résister à des forces si considé-
rables, le père et le fils prirent le
parti de se réfugier, avec 600 hom-
mes qui leur restaient, près du
prince Maurujcni , en Yalacliie.
Celui-ci leur accorda sa protec-
tion , les nomma l'un et Tautre
bir bassa , commandant de 1,000
himjmes , et établit Omar com-
mandant à Czernetz , et Passe-
wan-Og!ou à Gjurgyero, avec
ordre de défendre ces postes con-
tre les Autrichiens. Omar fut
bientôt après délogé de Czcrnetz
par les tniupes in)périales , et se
sauva avec 17 des siens sur la rive
droite du Danube, où il s'établit
dans le château de Kulla, àGlieues
de Widdin, Le pacha c|e 'NViddin
ne fut pas plus tôt instruit de l'ap-
parition d'Omar , qu'il envoya
1,000 hommes, avec ordre de le
prendre mort ou vif. Omar, avec
ses 17 hommes, soutint l'attaque
pei\dant 3 ou 4. jours, cl reçut
^blessures; mais enfin, le château
de Kulla fut pris d'assaut , la pe-
tite garnison égorgée , et Omar
fut pris vivant avec son secrétaire, ,
Mula-lbrahinj. Au moment où
Ton apprit à Widdin cet événe-
ment, le peuple s'ameuta en leuv
faveur, et demanda qu'ils fusseiit
relâihéfi; le p,a( ha , craignant les
suites, de; ce mou,ven)ent populai-
re, envoyjï au-devant du bey, qui
PAS
amenait les deux prisonniers. Tor-
dre de leur couper la tête secrète-
ment, ce qui fut exécuté, et il fut
répandu aussitôt le bruit qu'Omar
était parvenu à s'échapper, et ce
iiiux bruit calma le peuple de
AViddin. Mais Passewan-Oglou ,
instruit de la mort trai;ique de
son père, résolut d'en tirer ven-
geance. Il recruta de tous côtés
des troupes en Vidachie, et étant
parvenu à former un corps de
a, 000 houimes, il passa le Danube
en 1789, et alla s'établir à Bagna
(entre ISissa et Widdin) , d'où il
entretint, pendant quelque temps,
des inielligences avec les habitans
de Widdin, à Teflel d'exciter con-
tre le pacha le ressentiment des
partisans de son père , et de les
engager à seconder l'attaque qu'il
méditait. Pendant ce temps , il
continuait à faire des recrues dans
la Bulgarie; dès qu'il se vit à la,
tête de C),ooo hommes, outre les
partisans secrets qu'd avait dans
W iddin, il entra de miit dans cel-
te ville, dont ses adhérens lui ou-
vrirent les portes, et s'empara de
la citadelle sans coup- férir. Le
pacha, tombé en son pouvoir, lui
présenta pour sa justification un
firman du grand-seigneur, qui lui
ordonnait de mettre à nxjrtOmar-
Aga. Passcwan - Ogiou lui fit
grâce de la vie, lui ordonna de
licencier ses troupes, au nombre
de 1.000 à i,5oo homnics , ei lui
permit de vivre à Widdin, confor-
mément à sa dignité , mais sans
aucun pouvoir. Devenu maître de
Widdin, Passewan-Oglou en con-
fia l'administration à Bekir-Aga ,
l'un de ses parens, âgé de 60 aus;
et quant à lui , ilse rendit avec son
corps de troupes, fort: de, 6000
PAS
lioinmes.aiiprèsdugrand-vjsir Jus-
suffPacha. qai l'accueillit parfaite-
iiienl, et Imï donna encore G,ooo
hommes à coitiinaiuler. Passevvan-
Oglou, avec ce corps de troupes,
se porta sur la Slorawa, pour ta-
ol)er de secourir la l"or{eie-«se de
Belgrade , a'^siéjjée p;ir les Au-
trichien.-; mais il lut altaq.ié par
un corps de troupes impériales,
qui mirent sa tr )upe en pleine
déroute, après lui avoir tué près
de 3,000 hommes, en sorte que
PassewauOg'iOu se vit réduit à se
iH^-tirer avec 5oo hommes au camp
du grand- visir, auprès duquel
\{ pa-sa encore deux moi-', après
quoi il retourna à VViddin, où il
se tint ti'dnquille pendant trois
ans,, sans s'occuper, ^ n apparence,
ni du Commandement, ni de l'ad-
ministration; mais enfin, il deman-
da au vieux lieckir-Ag.i compte
de sa gestion, et celui-ci ayant re-
fusé de satisfaire à sa demande,
Passewan-Oglou le fit mettre à
mort, et s'empara «le s«s hiens.
Cependant la Porte envoya un
nouveau pacha, nommé Alchio-
Pacha ; celui-ci, ayant instiuit
le grand ->ieignfMir de rantorité
qu'exerçait à Widdin Passewan-
Oj;lou , soutenu par les habitans
de celte vilh;, demandait un ren-
fort de i'i,ooo hommes pour l'ex-
pulser» II reçut pour réponst! un
ûrman, qui lui oid(mu.nt d'en-
Toyer à Constanlinople la tête
de Pîissewan-Oglou , mai? on ne
lai envoya pas les forces nécessai-
res pour l'exécution de ce firmàri.
Passe w»n-Oglou, iristruit de ce qui
iii passait, rassemble 2,000 hom-
mes, attaque le pacha, qui en a-
vail 5,000, le force de s'enfermer
duus lauitadulLe, et le réduit bien-
PAS 5i
tôt à capituler. Le pacha, fait pri-
sonnier, consent à licencier ses
troupes, à l'exception de 5oo hom-
mes pour sa garde , et s'engage à
obtenir du grand-seigneur la grâ-
ce de Passewan-Oglod : l'un et
l'autre vécurent pendant quelque
temps à Widdin en assez bonne
intelligence; niais dans le mois dô
mai 1792, Passewan-Oglou étant
aile à la cairipague avec 60 de ses
]>artisans,le pacha envoya après lui
400 hommes, qui l'atleiguirent
dans le village de Tatesta, à trois
lieties de Widdin; il y eut un
combat très-vif, à la suite du(|uel
Passewau-Oglou se trouva enfermé
avec 5o des siens dans une maison,
d'où il parvint à se sauver à la
faveur d'un déguisement. Le pa-
cha découvrit «a retraite, et l'atta-
qua de nouveau; mais Passewan-
Oglou avait eu le temps de ras-
seud-)ler du monde. Le pacha fut
blessé dans le combat, et fut re-
poussé avec perte de 200 hommes,
Passewan-Oglou ne perdit pas de
temps à renouer ses intelligences
avec les habitans de VViddiii, et ù
renforcer ses troupes ; dès qu'il
eut rassemblé 3, 000 hommes, il
sejela<lans Widdin (en juin 1792),
et après un combat assez vif, il
parvint à chasser de la ville le pa-
cha et Sît garnison, et prit, pour
la seconde fois , possession de la
forteresse à main armée. Il est
sans doute extraordinaire de voir
nu simple particulier, sans em-
ploi, sans autorité légale, par-
venir à se rendre maître d'une
forteresse importante, s'y mainte-
nir pendant plusieurs années,
après avoir expulsé le mandataire
du souverain, et remplir en même
temps s«s autrej duvuirig'do saiet
02 PAS
fidèle; ainsi Passewan-Oglou, a-
près avoir commis divers actes de
rébellion, va servir dans l'armée
du grand-seigneur, et à son re-
tour, il continue d'agir en maitre
à \Yiddin. Vainqueur une pre-
mière fois du pacha de la Porte,
il lui pardonna la mort de son pè-
re , en considération du firnian
qui l'y autorisait; vainqueur d'un
nouveau pacha, il ne lui impose
d'autre loi que de demander sa
grâce au grand -seigneur : ces
conditions dans la conduite de
Passewan - Oglou s'expliquent
par la nature même du gouverne-
ment ottoman. La personne du
souverain est tellement sacrée
aux yeux des Musulmans, qu'un
pacha rebelle, même en portant
atteinte à son autorité, ne se per-
mettrait jamais de s'écarter du res-
pect dû à sa hautesse, et il n'alta-
que ouvertement que ses manda-
taires, sous prétexte qu'ils sont
ses ennemis personnels , ou des
traîtres envers le grand-seigneur.
On se rappelle qu'à l'époque de
l'année 1792? l'ambassade françai-
se àConstantinople parvint à dé-
terminer la Porte à former divers
corps de troupes sur le pied euro-
ropéen, et que cette innovation
excita un mécontentement général
parmi les janissaires. Peu de
temps auparavant, la Porte, vou-
lant punir de leur lâcheté et de
leur insubordination les garnisons
de quelques forteresses sur le Da-
nube, et particulièrement celle
de Belgrade, avait licencié les
janissaires et les saphis qui les
composaient, et les avait rem-
placés par les kersales , corps de
volontaires ou de troupes irrégu-
lièresj qui ne son assujétis à au-
PAS
cune discipline. Passewan-Oglou
profita habilement de ces circons-
tances, et se montra dès-lors
ouvertement le protecteur des
janissaires expulsés , qui pour
la plupart, étant habitans et pro-
priétaires de maisons dans des vil-
les, se voyaient dépouillés à la
fois de leurs propriétés et de leur
solde. Le zèle avec lequel il prit
leur défense accrut le nombre de
ses partisans dans tout l'empire, et
jusque dans le divan, oi'i il existait
une secrète opposition. Dès ce
moment, Passewan-Oglou devint
le chef d'un paili d atifanl plus
puissant , qu'il reposait sur des
liaisons avec tous les mécon-
tens de la Turquie d'Europe et
d'Asie, et si l'on a vu depuis ce
chef combattre avec une poignée
d'hommes une grande partie des
forces de l'empire ottoman, ses
succès doivent être attribués au-
tant à ses intelligences secrètes
avec les mécontcns qui se trou-
vaient dans l'armée , qu'à son
caractère ferme et audacieux. La
Porte envoya, en 1794» le pacha
Hassi-Mufli, pour conférer avec
Passewaii-Oglou, et savoir à qnel-
lescondilions il voulait se soumet-
tre; mais celui-» i, sou[)çonnant
qu'on lui tendait un piège, rompit
bientôt les conférences, et congé-
dia le mandataire de la Porte.
Peu de ten)ps après, au commen-
cement de 1795, Pa.-sewan-Oglou
leva des troupes à Widdin et aux
environs, et envoya un détache-
ment de 1,000 hommes, avec or-
dre de s'emparer de la forteresse
de Nikopolis, à vingt lieues au-
dessus de Widdin, sur la rive droi-
te du Danube, sous prétexte que
la possession de cette place était
PAS
nécessaire à Widdin. Après vingt
jours (le siège, Passewan-Oglou
s'empara de Nikopolis, y Diil
garnison, et en donna le comman-
dement à un de ses lieulenans.
Vers le môme temps, il envoya de
nombreux émissaires en Bulgarie
et en Servie, pour exciter les ja-
nissaires licenciés et les autres
méconlens de ces provinces à se
rassembler en corps de troupes;
et peu de mois suffirent à l'exé-
cution de ce projet. Dès le com-
mencement de juin, une foule de
mécontens , secrètement dirigés
par Passewan-Oglou , qui leur a-
vait fourni de l'artillerie, se por-
tèrent en corps d'armée devant
Belgrade, s'emparèrent des fau-
bourgs et de la ville basse, et peu
s'en fallut qu'ils n'obligeassent le
commandant Hassan-Pacha, qui
s'était réfugié dans lacitadelle, l'i se
rendre prisonnier; mais celui-ci
ayant tenu bon et ayant reçu des
secours du pacha de Bosnie, par-
vint , après plusieurs combats
sanglans, à mettre en fuite les mé-
contens, au mois de juillet. La
Porte, instruite de la part que
Pa!<sewan-Oglou avait eue à cette
insurrection, jugea qu'elle n'au-
rait jamais de tranquillité tant
que ce chef audacieux existerait;
en conséquence, elle fit marcher,
en 1796, une armée de 5o,ooo
hommes, aux ordres du baglier-
bey de Ron)élie, et de quatre au-
tres pachas, avec l'ordre d'atta-
quer Passewan-Oglou, et de le
soumettre. Celui-ci comptait alors
près de 5o,ooo hommes qui lui
étaient entièrement dévoués, et
qu'il avait exercés au maniement
des armes. Il avait d'ailleurs fait
fortifier AlViddin avec la plusgran-
PAS 55
de activité, et y avait rassemblé
une immense quantité de vivres
et de munitions, sans qu'on ait
jamais su comment il se procurait
des fonds nécessaires pour armer,
soudoyer, et nourrir tant de mon-
de. On sait seulement qu'un cer-
tain nombre d'ingénieurs français
et de polonais fugitifs s'étaient
rendus auprès de lui; que les pre-
miers l'avaient servi de leurs talens
dans l'art des fortifications, et les
seconds avaient introduit parmi
ses troupes quelques notions de
tactique. Après plusieurs atta-
ques infructeuses contre Widdin,
le commandant de l'armée otto-
mane eutrecours auxnégociations,
et le résultat fut que Passewan-O-
glou payerait 5oo bourses àlaPorte,
moyennant la promesse qu'il se-
rait reconnu pacha de Widdin, et
qu'il y aurait une amnistie géné-
rale : la Porte ayant ratifié cette
convention, l'armée eut ordre de
lever le siège de Widdin, qui avait
din-é trois mois. Mais bientôt Pas-
sewan-Oglou transporte la scène
en Homélie. Une foule innombra-
ble de mécontens , qu'on a dési-
gnés sous le nom de voleurs de
Uoniélie, couvraient de leurs ra-
vages cette province, depuis Tir-
nowa jusqu'à Andrinople. Le be-
glier-bey , Haru-Pacha, accusé
de les avoir combattus avec trop
de mollesse, est déposé et rempla-
cé par cet Alo-Pacha, qui, rappelé
de la Natolie, parce qu'on le ju-
gea le seul homme capable de
sauver l'empire , trahit les espé-
rances de la Porte, et, après avoir
commis les plus grandes exactions
et les plus horribles massacres
dans les pays qu'il était chargé de
de défendre, parvint, par ses né-
54
PAS
gocintions secrètes avec Pa«scwan-
Oglou , à l'aire dissoudre raraiée
des uiéconlens, que celui-ci diri-
geait de Wid«lin par des lils iiivi-
bles. Ainsi Alo- Pacha obtint la
gloire d'avoir terminé celle guer-
re, et d'avoir en même temps
réconcilié à la Porte Passe-
wan-Oglou. iMais celni-ci n'a-
vait lait que rappeler auprès de
lui cette horde de niéconteris qu'il
semblait n'avoir di tachés dans le
voisinage de Con>tantinople, que
pour s'a^surc^ du degré de fai-
blesse du gouvernement, et il
prouva peu de temps après qu'il
l'avait parfaitement apprécié. Jus-
qu'en 1797 Passcwan-Oglou ne
l'ut que le moteur secret des
rebelles de Homélie, mais après
leur expulsion des environs d'An-
drinople, il les attira ouvertement
auprès de lui, les forma en corps
de troupes, dont il grossit la petite
armée qu il avait à Widdin, et
dès qu'il se vit à la tête de 3o ou
40,000 hommes, il suivit un plan
plus vaste et plus régulier sous le
rapport militaire et politique. Il
commença par s'assurer tout le
cours du Danube entre Belgrade
et Rusdtuck, et mit des garnisons
à Nikopolis et Sistow^e , au des-
sous et au-dessus de Widdin; il
s'empara d'Ossowa et de Semen-
dria, d'où il pirut vouloir atta-
quer Belgrade; mais le comman-
dant de cette place ayant appelé
à son secours les pachas de Bos-
nie et de Thronic, Passewan-0-
glou se borna à mettre un corps
d'observation dans le voisinage de
Belgrade, et avec le reste de son
armée, il se porta rapidement en
deux colonnes sur la route d'An-
drinople, l'une par Nissa et So-
PAS
phin, l'autre par Tirnowa et Phi-
lippopoli. Il battit , chemin fai-
sant, à INissa, un corps de Bosmas-
ques, qu'il obligea de se réfu-
gier dans Belgrade, et il répandit
dans l<i Bulgarie et la Servie des
émissaires pour gros,-.ir le nombr€'
de ses adhérens. l'n des moyi n$
qu il employa avec le plus de suc-
cès, fut de diminuer de moitié
les impôts dans tous les pays qu'il
occupait , et de se concilier la
confiance des habitans par une
exacte justice, et par la pro-
tection du couimerce et des })ro-
priétés. En peu de tenips , il fut
maître <îe toute la Servie et de la
Bulgarie , jusqu'à Philippopoli f
où il établit son camp. Alo-Pa-
cha, beglier-bey de Homélie, eut
ordre de l'attaquer; mais trop in-
férieur en forces, il se tint sur la
défensive aux environs d'Andrino-
ple , tandis que Passewan Oglou
envoyait des partis jusqu'aux
portes de cette ville, et même sous
les murs de Constanlinople. Quel-
ques pachas de Macédoine et de
la Grèce étaient d'ailleurs d'intel-
ligence avec Passewan-Oglou, et
une pariie des troupes que l'on
faisait marcher contre lui allait
se fondre dans son armée : tout
semblait alors annoncer une révor
lution dans la Turquie d'Europe,
lorsqu'enfin la Porte, sérieuse-
ment alarmée, fit accourir de
ses provinces d'Asie un grand
nombre de troupes , dont elle
donna le commandement au célè-
bre Hussein!, capitari -pacha ,
qu'elle revêtit de la dignité de sct
rasquier, en mettant sous ses or-r
dres le beglier-bey Alo- Pacha, et
les autres pachas restés fidèles à
leur souverain, Çientôt l'armée
PAS
ottomane, forte de près de 100,000
hommes, se rassemble dans les
environs d'Andrinople, et menace
d'attaquer Passewan-Oglon dans
son camp de Philippopoli ; mais
Htisseim-Pacha trouva plus pru-
dent de le tourner par ïirnowa.
11 dirigea une forte colonne vers
cette place, dont il s'empara sans
coup-férir, étant parvenu à gagner
le commandant que Passewan-
Oglou y avait établi. Dès-lors ce-
Jui-ci ne se trouva plus en sûreté
■à Philippopoli, et prit le parti de
faire sa retraite sur Widdin. Cette
marche rétrograde, les sanglantes
exécutions qu'ordonna le capitaii-
paoha dans la Bulgarie, où il fit
mettre à mort un grand nombre
d'adliérens de Passewan-Oglou ,
la réputation éclatante de ce se-
rasqiiier, la rapidité de sa marche
et la force de son armée, les suc-
cès qu'obtint sur le Bas - Danu-
be? le p icha de Nikopolis, ceux
qu'obtinrent en môme temps les
pachas de Servie et de Bosnie,
qui reprirent les forteresses de Se-
mendria et d'Orsowa, la nécessité
où se trouvait Passewan-Ogloa
de s'enfermer dans Widdin, par
suite de ces revers, tons ces événe-
mens arrivés coup sur coup, jetè-
rent le découragement et l'épou-
vante dans ses troupes, dont plus
de la moitié l'abandonna. Aiosi
ce pacha rebelle, qui pendant deux
ou trois mois s'était vu à la lêted'u-
ne armée formidable, qu'il avait
portée à plus de 60,000 hommes,
se vil réduit i\ se défendre dans sa
forteresse avec i5ou 16,000 hom-
mes qui lui restaient; il y fut bien-
tôt investi par l'armée du seras-
quier, renforcée des troupe<; de
douze pachas, tant d'Europe que
PAS
55
d'Asie, et tout annonçait que Pas-
sewan-Oglou succomberait î-ous
des forces aussi imposantes.
L'armée de siège fut bientôt se-
condée dans ses opérations par une
flottille de chaloupes armées, qui
était venue de Constantinople par
la mer Noire, et avait remonté le
Danube. Tout ce que la constan-
ce, le courage; l'art et la ruse,
pejivent opposer à la supériorité
des forces, fut employé par Passe-
wan-Oglou pendant quatre ou
cinq mois que dura le siège, f/ar-
mée ottomane fut repoussée avec
une perte considérable dans plus
de trente attaques; enfin les trou-
pes d"Alo-Pacha ayant été mises
en déroute, et ce beglier-bey s'étant
réfugié à Sophia avec les restes
de sa troupe , l'armée ottomane ,
affaiblie et découragée par tant
de traverses, fut à son tour attaquée
par Passewan-Oglou, et mise en
déroule complète après un mas-
sacre épouvantable : ou porte à
10,000 hommes le nombre des
tués dans cette dernière action.
Le serasquier Hus>eim-Pacha se
retira avec les faibles débris dé
l'armée à Lonya (c'est dans cette
ville que le capitan-pacha attira le
heglier-bey Alo-Pacha, et le tua
de sa propre main pour le ptmir de
sa perfidie, à laquelle il imputait
le» désastres de l'armée ottomane),
d'où il ouvrit des négociations, au
nom de la Porte , avec Passewan-
Oglou. Au bout de quelques mois,
les commissaires du grand -sei-
gneur conclurent avec lui un traité
dont les principales conditions con-
nues sont : que Pa<(sewan-Oglou
conserverait le pachalick. de Wid-
din,avecunagrandissemcntde ter-
ritoire; qu'il serait élevé A ladigni-
56
PAS
té de pacha à trois queues; que
les janissaires, expulsés de Belgra-
de et des antres places, seraient
rétablis dans leurs propriétés; en-
fin on dit qu'il exigea la destitu-
tion de quelques pachas du voisi-
nage. Il paraît que ce qui déter-
mina principalement Passewan-
Oglou à se soumettre lut la
crainte de se voir attaqué à Wid-
din par un corps de 4o?ooo Rus-
ses, en vertu d'un article du trai-
té d'alliance entre l'empereur de
Russie et le grand-seigneur, par
lequel le premier promettait de
taire marcher ce nombre de trou-
pes contre le pacha rebelle à la
première réquisition de la Subli-
tne-Porte. Après cet accoirimode-
inent conclu à la fin de 1798, Pas-
sewan-Oglou licencia une partie
de ses troupes, mais en retint as-
sez pour résister aux attaques im-
prévues des pachas voisins; l'évé-
nement justifia bientôt ses pré-
cautions : le pacha de Romélie,
que ses cruautés avaient fait sur-
nommer r/iomme terrible, rassem-
bla en secret des forces considéra-
bles , et entra brusquement, en
1797, sur le territoire deWiddin;
il croyait surprendre Passewan-
Oglou et l'éxrascr. Celui-ci Tal-
tendait. Il le bat complètement à
diverses reprises , et le poursuit
jusqu'aux portes de Sophia. Il rap-
pelle alors les troupes qu'il a li-
cenciées et se montre plus redou-
table que jamais. La Porte, épou-
Tantée, lève une armée impériale,
dont elle donne le commandement
au grand-visir. Il allait entrer en
campagne, lorsque la mort de Pas-
sewan-Oglou (arrivée en 1800),
mit fin aux alarmes du sultan.
PASTEUR (Jean-Datid) , dé-
PAS
pulé à la convention nationale de
la république batave, et auteur
distingué, naquit à Leyde , le 25
mai 1^55, de parens estimés, qui
lui firent faire de bonnes études.
Obligé de se procm'er des moyens
honorables d'existence, il s'adon-
na à l'étude du droit dans sa ville
natale , mais il consacra tous ses
loisirs à l'élude des sciences natu-
relles : celles-ci prirent bientôt
un tel ascendant sur son esprit ,
qu'il abandonna la jurispru-
dence pour s'y livrer tout en-
tier. Lorsque la révoluti(»n écla-
ta en J795, ses lalens, secondés
de ses opinions politiques, ne tar-
dèrent pas à l'élever aux emplois
supérieurs. A cette époque, beau-
coup de vaisseaux hollandais se
trouvaient dans les ports de l'An-
gleterre; il importait de les faire
rentrer dans leur patrie; les re-
présentans provisoires du peuple
delà HoUandechargèrent de cette
mission délicate M. Pasteur, et
le lieutenant de marine, M. J. L.
Vitriavins, en les autorisant àcon-
certer entre eux les mesures les
plus propres à effectuer cette me-
sure, en persuadant aux capitai-
nes des vaisseaux de guerre de
quitter ce pays avec les bâtimens
qui étaient sous leurs ordres. Les
commissaires hollandais rempli-
reiit leur mission avec im succès
complet. Deretourdans sa patrie,
M. Pasteur fut immédiatement
nommé membre du comité de la
marine, et le 1" mars de la même
année, élu représentant du peuple
à la piemière convention nationa-
le, où son zèle n'éclata pas moins
que sa modération. Ces qualités
furent appréciées, et lefirent nom-
mer, le 1" septembre 1797, prési-
PAS
dent de la seconde convenlion
nationale. La révoliilion du 22
janvier 1798 ayant dissous cette
assemblée, M. Pasteur fut en-
voyé comnae prisonnier d'état à la
n)aison du Bois, près de La Haye,
avec plusieurs de ses collègues ;
il n'en sortit qu'après le 12 juin
suivant, lorsque les modérés, qui
triomphèrent alors , lui rendirent
la liberté , ainsi qu'à ses compa-
gnons d'infortune. Le corps-lé-
gislatif s'étant alors divisé en deux
chambres, M. Pasteur fut nommé,
le 26 septembre 1798 , secrétaire
de la seconde chambre; mais,
lorsqu'en 1801 la représentation
nationale ne forma plus qu'une
seule chambre, il devint secrétaire
du corps-législatif. Il termina son
honorable carrière le 9 janvier
1804. Il a publié : i" Histoire na-
turelle des mammifères [Belcnopte
natuurlyke historié der zoogende
dieren), 3 vol. in-8°; 2° les Rus-
ses en Nord-Hollande, drame en
3 actes. M. Pasteur a aussi traduit
une foule d'ouvrages, parmi les-
IL quels on distingue : 1° le Voyage
IP" de Cook autour du monde, i5 vol.
in-8°; 2° VAn 2440 de Mercier;
3° VHistoire naturelle du mont
Saint-Pierre, par Faujasde Saint-
Fond; 4" le Voyage d'Utrecht à
Francfort, par Cogan. Il a été
publié une notice sur la vie de M.
Pasteur, par M. Verbeck, son a-
mi, dans le Courrier des Arts et
Belles- Lettres du 9 mars i8o^|.
PASrORKT (le marquis Clau-
de- Emmanuel - JftsEPH - Pierre ),
né, en ly.îG, à Marseille, d'une
famille honorable, fut destiné à la
magistrature. Il exerça d'abord
la profession d'avocat, passa en-
suite, en 1781, en qualité de con-
PAS
^7
sciller, à la cour des aides de Pa-
ris, et devint maître des requêtes
quelque temps après. En 1784, il
remporta, à l'académie des ins-
criptions et belles-lettres, un prix
qui lui en ouvrit les portes l'an-
née suivante, et il avait justifié ce
choix d'avance par une nouvelle
palme obtenue la même année.
II adopta, en 1789, les principes
de la révolution, maisilï<ne chan-
gèrent rien à la modération de
son caractère et à la douceur de
ses mœurs. Nommé, en 1790, par
Louis XVI, ministre de l'intérieur
en remplacement de M. de Saint-
Priest, il accepta celte place, qu'il
n'occupa que très-peu de temps.
Il fut élu successivement, le 5o
janvier 1791, président du dépar-
tement de Paris, et, le i4 février,
procureur-syndic du même dé-
partement. Il était à la tête de la
députation qui, après la mort de
Mirabeau , alla demander à l'as-
semblée constituante que la nou-
velle église de Sainte-Geneviève,
fût consacrée i\ recevoir les cen-
dres des grands hommes auxquels
le corps-législatif accorderait cet
honneur. Il présida, la même an-
née, l'assemblée électorale de Pa-
ris, et fut nommé député à l'as-
semblée législative. Dans la pre-
mière séance, en qualité de pré-
sident, il prononça un discours,
dans lequel il félicitait l'assemblée
constituante d'avoir marché avec
autant de talent que de courage
dans la carrière qui lui avait été
ouverte. Vers la fin d'octobre, il
se plaignit des rigueurs exercées
contre les émigrés, et proposa de
les restreindre aux fonctionnaires
publics qui auraient abandonné
leur poste au moment du danger.
Il
56 PJiS
Le 5i décembre^ il conlribua à
faire abolir les coinpliiuens et les
félicitiilions d obligation au renou-
vellement de l'année; sou inten-
tion fut mal interprétée, et le mê-
me jour, il fit comprendre dans
l'amnistie qui avait été décrétée
pour les délits révolutionnaires,
les 4o soldats de Château vieux,
condamnés aux galères pour l'af-
faire de Nanci ; le 25 lévrier
1792, il provoqua et obtint la sup-
pression du tribunal de l'uiiiver-
silé , et aj>puya cette niesuie de
raisons philosophiques qui con-
vainquirent l'assemblée. Dans la
séance du 9 avril 1792, il se pro-
nonça pour l'abolili.in de l'escla-
vage et de la traile des nègres;
mais il fut d'avis de n'exé<;nter
que graduellement ce grand acte
d'humanité et de justice, et déve-
loppa les motifs de son «jpiiiion.
M. Pastorel était ennemi des par-
tis extrêmes, et si on le vit quel-
quefois flotter entre les diverses
opinions, c'est qu'il cherchait à
les concilier tontes pour éviter les
suites fime.«tes des divisions; ainsi,
quoiqu'il siégeât au côté droit, il
appuya, le 20 du même mois, la
déclaration de guerre à l'Autriche.
Le 16 juin, il demanda et fit dé-
créter l'établissement d'une place
et rérection d'une colonne, sur-
montée de la statue de la liberté,
sur l'emplacement de la Bastille;
le 19, il présenta un rapport lu-
mineux et fort de raisonnemens,
pour démontrer la nécessité de
séparer des fonctions ecclésiasti-
ques les actes civils qui constatent
les naissances, les mariages et les
décès; le 21, il fit rejeter une mo-
tion de Couthon, ayant pour ob-
jet de Hure rendre les décrets exé-
PAS
cutoires sans la sanction du roi;
le 5o, en invitant l'assemblée à
faire punir les auleiirs du mouve-
ment du 20. il insista sur l'avan-
tage de rester unis, en prouvant
que l'esclavage serait la suite né-
cessaire des divisions et des trou-
bles. Dès ce moment, M. Pastoret
vit toute l'étendue des maux où
serait entraînée la France par une
assemblée qui réunirait tous les
pouvoirs, et s'attacha avec un nou-
veau zèle à soutenir la prérogative
roj'ale ; aussi un membre ayant
demandé, le 5juilh!l suivant, que
l'assemblée s'emparât de l'exerci-
ce du pouvoirexécutif, M. Pasto-
ret, s'élevant avec force contre la
proposition, prouva qu'elle était
inconstitutionnelle, et insista pour
que Toraleur fût envoyé à l'Ab-
baye. Il dénonça le 28 lesen)piète-
men'^ des municipalités sur le pou-
voir judiciaire, fit voir le despo-
tisme qui résulterait de pareils
abus, et proposa des mesures ef-
ficaces pour les faire cesser. Nom-
mé niembie d'une commission
extraordinaire pour examiner la
conduite du général L\ Fayette
{voyez Vkhette)- qui, ayant quitté
l'armée sans autorisation , était
venu défendre à la barre de l'as-
semblée les droits du trône cons-
titutionnel, il armonça. dans son
rapport du 8 août, que sur i5
membres 7 avaient voté coiitre le
décret d'accusation. Les événe-
mens du 10 août ayant mis sa li-
berté et même ses jours en dan-
ger, il prit la fuite, et eut ensuite
le bonheur d'échapper au régime
de la terreur. Il ne reparut s:ir la
scène politique qu'au mois de bru-
maire an 3 (novembre 1795), é-
poque où le déparlement du Var
Il
PAS
l'élut député au conseil de? cinq-
cents. Il y niontiii lii nunie énergie
fin laveur «les droits acquis, et sur-
tout de lu liberté de hi presse, que
le diitctoire -exécutif voulait en-
traver: iJ plaida aussi la cause des
prêtres déportés qu'où punissait,
disait-il, pour une consti'ution re-
ligieuse qui n'existait plus; il par-
la sur l'administration despri?ons,
et fut éiu président le 19 août. JM.
Pastoret se fit constamment rc-
ijQurqucr, pendant ceite session .
par ses lumières et ses opiuinus
osst'Z {^énéraleuient constitution-
nelles et pliilo.sophiques ; mais
insensiblement il piit une part
plus active aux divisions qui s'é-
levaient entre la majorité des
conseils et celle du directoire. Le
i5 mars 1797, il repous.^a, com-
me pro[)re ù exciter des lr«mbles,
la proposition du directoire, ten-
dant à exiger des électeiirs un ser-
ment de haine à la royauté ; de-
puis ce moment jusrpi'au j8 fruc-
tidor, c« ne fut plus qu'une lutte
entre M. Pastoret et le parti direc-
lorial. Le 28 du même mois, il
s'opposa à ce que Brottier et La-
villeheurnois , agens royalistes,
fussent jugés par une commission
militaire, et le 3o, il déclara con-
tre-révolutionnaire un message
du directoire, qui défendait l'exé-
cution d'un arrêt dd tribunal de
cassation sur cette nlfaire, décla-
rant qu'une commission militaire
ne pouvait en être juge. Le 28
juin, il parla en faveur des fugitifs
de Toulon. Vers la même époque,
il accusa la conduite des ageus
du directoire dans les colonies, et
surtout à l'égard des États-Unis;
il proposa que la nomination de
ces agens lui fût retirée. Le 4
thermidor (22 juillet), il demanda
PAS
^9
la suppression des réunions popu-
laires. Cet étal d'hostilités con-
tre le directoire devait l'exposer à
toute sa vengeance, du moment
où il aurait saisi le pouvoir au-
quel il tendait; il lriom!)ha le 18
fructidor au 5 (4 septembre 1797),
et M. Pastoret fut porté un des
premiers sm' les listes de dépor-
tation. Prévenu à temps, il put se
réfugier en Suisse, où il resta jus-
qu'en 1800, quoiqu'on eût fait cou-
rir le bruit qu'il s'était rendu à l'île
d'Oîeron. Il fut rappelé en Fran-
ce à cette époque. Le premier (;on-
sul Bonaparte le nomma, en 1801,
membre du conseil-général des
hospices et secours publics, et en
1804, proiésseur du droit de la
nature et des gens au collège de
France. Après avoir été <lésigné
d«'ux fois par le collège électoral
de la Seine, pour entrer au sénat,
il y fut admis en 1809, et devint
membre de la légion-d'honneur.
Le I" avril 1814, il vota la créa-
tion d'un gouvernenient provisoi-
re et la déchéance de INapoléon.
Au retour du roi, il fut nommé
pair de France, commandeur de la
légion-d'honneur, conseiller de l'u-
niversité royale, et enfin, en 18 15.
président du collège électoral dM
département du Var. W. Pastoret
qui, pendant toute sa carrière po-
litique, avait évité tout ce qui lui
semblait exagéré, parut en 1818
oublier ses principes, en appuyant
de son vole la proposition de son
collègue, M. Barthélémy, contre
la loi des élections. Il est aujour-
d'hui (1824) vice- président de la
chambre des pairs. On lui doit
un grand nombre d'ouvrages com-
me littérateur. Ce sont : 1° Eloge
de Voltaire, 1 799; 2° Tributs of-
ferts à Cacadcwie de Marseille,
6o
PAS
1782; 3" Elégie de Tiballe, 1783;
4" Discours en vers, sur l'union
qui doit régner entre la magistratu-
re , la philosophie et les lettres,
1^85; 5" une dissertation sur cette
question : Quelle a été l'influence
des lois maritimes des Rhodiens,
sur la marine des Grecs et des Ro-
mains, et de l'influence de la marine
sur la puissance de ces deux peu-
ples? inh'.^; 6' Z oroastre, Confu-
cius et Mahomet, comme sectaires,
législateurs et moralistes, avec le
tableau de leurs dogmes, de leurs
lois et de leur morale, 2'édit , 1787;
7° Moise considéré comme législa-
teur et comme moraliste, 1789; 8"
Traité des lois pénales, 1 vol. in-
8°, 1790; 9° Ordonnancs des rois
de France, lom. X\ , iS 1 1, in-fol. ,
travail dont il fut chargé par l'ins-
titut ; 10'^ avec MM. Brial, Dau-
nou et Q'ingiiené^H istoire littéraire
de la France, tom. XIII, i8i4,
in-4°, commencée parles religieux
bénédictins de la congrégation de
Saint-Maur^; 11" un rappoit très-
étendu et très-instructif fait au
conseil des hospices en 1816;
12° Histoire de la législation, 4vol.
in-8°.
PASTOIVET(i,E COMTE Amédée),
fils du précédent, maître des re-
quêtes, s'était voué à la carrière
administrative. Le 7 avril i8i3, il
fut nommé sous-préfet de Cor-
beil, et passa, dans les premiers
jours de janvier 1814, à la sous-
préfecture de Chaions-snr-Saône.
A cette époque, où le territoire fran-
çais était envahi, il rassembla tous
les habitans de bonne volonté,
elils furent en grand nombre, mar-
cha à leur tête contre l'ennemi, et
chargea avec une rare intrépidité
lin corps avancé de plus de 200
PAT
hommes. Il est aujourd'hui (1824)
maître des requêtes en service ex-
traordinaire, ayant séance, et com-
missaire du roi près la commission
du sceau. On a de hi\:Des moyens
mis en usage par Henri IF pour s'' as-
surer lacouronne et pacifier la Fran-
ce au sortir des troubles civils, 2*
édition, 1817, in-S", ouvrage qui
a rempoi té le prix à l'académie de
Chrdons-.sur-Marne en 18 1 5,
PATAUD (l'abbé Jean-Jacques-
FRAîifçois),naquitleiooclobrei752
à Orléans, département du Loiret,
exerça quelque temps la profession
de commerçant, qui était celle de
son père; mais bientôt entraîné
par ea vocation pour le sacerdoce,
il se fit recevoir prêtre, et prêcha
avec quelque succès dans les prin-
cipales églises du diocèse d'Or-
léans. A l'époque de la révolution,
où il ne lui était pas permis d'exer-
cer son ministère, il se livra â l'é-
ducation de quelques jeunes gens;
il le reprit après le concordat de
1801, et ne le cessa qu'i\ sa mort,
arrivée le 25 mai 1817. L'abbé Pa-
taud a publié : 1" Discours pronon-
cés à différentes époques en présen-
ce de tous les corps constitués de la
ville d'Orléans, in-8°, sans date ni
indication de lieu, mais présumé
imprimé en 18 i3, tiré seulement
à 20 exemplaires : on remarque
dans ces disCours, au nombre do
quatre , celui qui renferme l'E-
loge de Jeanne-d' Arc; 2° différens
Opuscules insérés dans les Etren-
nes orléanaises de i8ii à i8i5, et
tirés séparément; 3° en manuscrit
une Histoire d'Orléans, tic. Le tra-
vail de l'auteur, formant deux vol.
in-S", mais qui n'a été continué
que jusqu'en 1810, est devenu la
propriété de la bibliothèque publi-
PAT
que d'Orléans, à qui l'abbé Pataud
l'a légué par lestauienl ainsi que
sesatitres manuscrits. Le prospic-
tus de cet ouvrage avait paru, eu
181 5, rsous ce titre : Hiiloired' Or-
léans et des principales villes du
Loiret, depuis la mort de Jeanne-
d'Arc, précédée d\m précis histori-
que de la situation d'Orléans, à da-
ter de l'origine de la monarchie Jus-
qu'en 1 540, d'après les pièces jus-
tificatives tirées des archives de ta
préfecture, de la mairie, de l'évê-
ché, etc.; suivie de la topographie
historique, par ordre alphabétique^
de toutes les communes du départe-
ment du Loiret, des monumens qui
les décorent, des faits particuliers
qui les distinguent ^ des familles qui
les ont illustrées, etc. On trouve
dans les Etrenncs orléanaises de
1818 une notice sur l'abbé Pataud,
par M. de Laplace, président de
la cour royale d'Orléans. On rap-
porte que cet ecclésiastique avait
une mémoire prodigieuse, et l'on
donne pour exemple qu'étant allé
entendre par défi le sermon du
missionnaire Beauregard, il le re-
tint tout entier, et le répéta le len-
demain dans la paroisse dont il é-
tait vicaire, n'ayant, au dire mê-
me de l'abbé Beauregard, altéré
que trois expressions.
PAÏERSON (Daniel) , colonel
anglais, aide-quarlier-maître-géné-
ral de l'armée britannique, a pu-
blié plusieurs ouvrages estimés.
On lui doit : 1° Nouvelle descrip-
tion exacte de toutes les principales
routes de l' Angleterre et du pays
de Galles, 1771Î in-8", r* édition,
qui a été suivie d'une vingtaine
d'éditions consécutives; 2° Dic-
tionnaire du voyageur, ou Tables
alphabétiques d«s distances dt tou-
PAT
bi
tes les villes, bourgs, etc. , de l'An-
gleterre et du pays de G«//e4-, 1772,
2 vol. in 8' •, 3" Description topo-
graphique de l'ils de la Grenade,
1780, in-4°; 4° Itinéraire de l'em-
pire britannique , 1785, 2 vol.
in-8°.
PATRAT (Joseph), auteur dra-
matique, naquit à Arles, départe-
ment des Bouches-du-Rhône, vers
1752. Il se fit connaître d'abord
comme coiTiédien ; mais il eut peu
de succès , et il renonça à cette
profession, pour se livrer à lu
composition de pièces de théâtre,
dont sa famille porte le nombre à
57. Il fut plus heureux dans cette
carrière, et plusieurs de ses comé-
dies sont vues avec plaisir sur les
théâtres secondaires et en provin-
ce. En général, elles olYrent des
situations plaisantes et un dialo-
gue facile. Nous donnerons, d'a-
près un de nos bibliographes les
plus distingués, la liste des pièces
imprimées. Ce sont : i" les Deux
Morts', 2° C Anglais, ou le Fou rai-
sonnable ; 5" les Déguisemr.ns a-
vioureux, ou la Résolution inutile',
4' le Présent, ou l'Heureux qui-
proquo ; 5° les Deux Grenadiers ,
ou les Quiproquos; 6° r Officier de
fortune, ou les Deux Militaires;
7° l'Heureuse erreur; 8" l'Amour
et la liaison, ou les Volontaires Or-
léanais; 9" les Méprises par ressem-
blance; 10" Isabelle de Rosalro; 1 1"
le Complot inutile (cette pièce a
été faite en société avec M.\l. Jauf-
fret et Weiss); 1 2° les Deux Frères,
pièce imitée de l'allemand, et jouée
avec succès sur le Théâtre- Fran-
çais; i3" la Pension genevoise, ou
l'Éducation : elle parut {dus tard
sous le titre de l.i Pension de jeu-
nes demoiselles; 14" François et
6a
PAT
Rouffignac ; \5° les Avions protces,
ou Qui compte sans son hôte comp-
te deux fols; 16" Mina, ou le Pré-
jugé de l'amitié; ij:" un Prologue
pour le théâtre de l'Odéon ; 18"
avec M. >Vei'S. Honneur et Indi-
gence; iQ" le Sourd et l'Aveugle;
ao° la Petite rusée; 21° Toberne,
ou le Pécheur suédois, repré.-enlt'e
sur le théâtre Feydcau ; 22° la
Vengeance; 25" l'Orpheline; 24°
la Fête du cœur; 25" l' Heureuse
ressource, ou le Pouvoir du zèle ;
26° // ne faut pas condamner sans
entendre; 27* l'Espiègle; 2^° un
prologue intitulé : le Répertoire;
29" la coniéJie' de Lagrange , les
Contre-temps, réduilt; en un acte,
par Patrat; 5o° le Déserteur, de
îMercier, retouché; 5i" le Valet
mal servi; oa" Henneval de Saint-
Méry ; 53° la Kermesse , ou la
Foire allemande ; 34" Toinette et
Louis; 55" Adélaïde de Mirval;
36° le Point d' honneur; 57" les
Etrennes, ouïes Débats des Muses;
38" le Conciliateur à la mode, ou
les Etrennes du public. Ces huit
dernières pièces n'ont pas été iin-
primées.Patrat moiii*utà Paris, en
1801, dans l;i 79' année de son âge.
PATUIN (Kugène-Louis-iMel-
chior) , député du département
du Rhône à la convention nationa-
le, sa vaut naturaliste, à qui l'on doit
plusieurs découvertes iniportanles
en minéralogie el en géologie, na-
quit à Lyon en 1742. Destiné
par se» pareus à la carrière du
barreau , il l'ahandonna de bonne
îreure pour se livrer en entier au
penchant qui l'entraînait vers l'é-
tude des sciences naturelles. Il
résolut, après avoir terminé de
là manière la plus brillante ses
cours de physique el de chimie,
PAT
de visilcr les contrées septentrio-
nales de l'Europe, pour recueillir
tous les faits qui lui paraissaient
propres à établir un système gé-
néral de géologie, et à éclaircir
l'histoire du globe. Patrin se ren-
dit d'abord en Allemagne, parcoii-
lul en observateur éclairé l'Autri-
che, la Bohême et la Hongrie, me-
sma la hauti-ur des montagnes,
descendit dans les principales mi-
nes, etamassa uneriche collection
d'échantillons de toutes les subs-
tances minérales. Il continua en-
suite ses savantes investigations en
Pologne. A WHna , il trouva im
de ses compatriotes, le professeur
Gilibert, qui l'engagea à aller en
Russie, et lui donna de; lettres
de recommandation pour les prin-
cipaux membres de l'académie de
Péfersboiirg. Parfaitement accueil-
li en cette ville, »;t encoiu'agé d'a-
bord par le célèbre voyageur Pal-
las , dont il cul à se plaindre de-
puis, (piand Patrin parut devenir
un dangereux compétiteur de
gloire, il obtint du gouvernement
l'autorisation devisilerla Sibérie.
On lui donna pour escorte et pour
guide un sous-oflîcier russe, qui
devait pourvoir au besoin du na-
turaliste français dans ces contrées
sauvages, où il n'est point facile
de se procurer même les objets de
j)rcmière nécessité pour la vie.
l'atrin partit de Pétersbourg en
1780, et employa huit laborieuses
années à parcourir les irrtn)ense3
chaînes de montagnes de TAsi*
septentrionale, depuis les monts
Oural jusqu'au delà du méridien
de Pékin. Il eut à supporter des
privations de tout gefire et des
fatigues inouïes. A des étés bien
courts, mais brûlans, pendant
PAT
lesquels des myriades d'insectes
tourmerileril sans relâche le voya-
geur, succèdent dans ces contrées
hyperborécnues les pins ligoinenx
hivers. Pati'in.surnionta avec autant
de courage que de persévérance
tons les ol»-tacles, et revint heu-
reusement à Pélersbmn-g à la fin
de 171^7. Il avait rempli avec zèle
tons les engagemeii.s qu'il avait
pris avec l'académie des sciences' de
cette ville, lui avait envoyé di-
vers mémoires et de^ échantillons
de tous les minéraux. Il s'était
aussi fait précéder de sa collection
particulière, mais il reconnut
bientôt qriePallas s'était approprié
à chaque envoi une partie des mor-
ceaux les plus précieux, et il se plai-
gnit amèremenide l'avidité scien-
tiûque de ce célèbre naturaliste,
auquel il ne pardotma jamais. As-
sez mécontent des savans de la
Russie, Palrinrevinldanssa patrie
après 10 ans d'absence, et se
fixaà Paiis. 11 ol'tVit au cabinet du
Jardin du Roi sa ri( hc collection
des minéraux de la Sil>érie , sous
la seule condition de ne la point
morceler. Elle consistait eu 5o
quintaux environ d'échantillons
classés et étiqueté? avec soin,
mais l'oUre ne fut point acceptée,
lautc d'espace, lui répomlit-on ,
pour placer convcnablerrient tou-
tes ces ricliej-ses. Patriu, qui s'é-
tait consacré tout entier aux
fecienfîi.'s, n'avait juis aucime j)art
aux événemens politiques de cette
épocfue i'ragpu.se, et depuis nom-
bre, d'années, il était éloi;<né de
su ville natale; mais l'estime géné-
rale dont il jouissait parmi ses
concitoyens b fit porter , par les
électeurs de Lyon, à lu représcn-
taliuii natiunule; et il se vit
PAT 65
nommé contre son vœu ii la con-
vention nationale. Il s'y montra
coust.unment ami de l'ordre ,
de la justice et d'une sage li-
berté, et mérita la haine des par-
tisans de Robespierre. Dans le
pro(;ès du roi, il vota avec la mi-
norilé contre la peine de mort,
potu' l'appel au peuple et pour le
sursis. Lorsque la ville de Lyon
se souleva en 179^ contre la majo-
rité de la convention, Patrin iïU
accusé d'avoir excité ses conci-
toyens à s'insurger. Frappé d'un
décret équivalent à une sentence
de mort, il eut le bonheur d y é-
chapper, et de trouver nu asile
iinjiénétrable, où il resta caché
pendant tout le règne de la ter-
reur. Après le 9 thermidor , il
rentra à la convention, et fut en-
voyé par le nouveau comité de
salut - public pour surveiller la
manufacture d'armes de Saint-É-
tienne. Lors de la création de
l'école des mines , il en fut nom-
mé bibliothécaire ; il dorma à cet
établissement sa collection des mi-
néraux, et reprenant ensuite avec
joiele cours de ses travaux scientifi-
ques, il eut une grande part à la ré-
daction du Journal des Mines,
publié par les professeurs de l'é-
cole, et l'em-ichit de mémoires
iutéressans. Ce savant estimable
se retira vers la fin de sa vie'A
Sarnt-Vallier, près de Lyon, otV il
mourut le i5 aoftt 181 5, à l'âge
de 75 ans. La bonté et la noblesse
de son caractère, son indifférence
pour la fortune, sa modestie et son
amabilité dans toutes les relations
sociales-, lui avaient acquis de
nouibreux airii», qui lui restèrent
conslammenl attachés. Patrin a
laissé une foule de mémoires in-
04
PAT
s«;rés dans Xa Journal de Physique,
dans la Bibliothèque britannique ,
dans les Aiinales des Mines et
dans le Nouveau Dictionnaired' his-
toire naturelle. Doué d'une imagi-
nation vive et féconde, il a cher-
ché à expliquer par de nouvelles
hypothèses la plupart des grands
phénomènes de la nature, tels que
la formation des minéraux et des
montagnes, Forigine des sources,
la cause des volcans, etc. Le na-
lurali>te lireislak [voyez ce nom)
s'est emparé de la Théorie des
Volcans de Patrin, et l'a déve-
loppée dans son Voyage dans la
Campanie. On a encore du savant
Lyonnais : l" Relation d'un voyage
en Sibérie, aux monls u' Attalce ^
etc., Pélersbourg, 1785, iti-8",
et insérée par Pallas dans les
Nouveaux Essais sur le nord :
on trouve dans cet écrit des ob-
ser va lions géologiqueslrés-cu rieu-
ses et des détails iuléressans sur
les dangers que Tintrépide voya-
geur a courus dans cette contrée,
qu'il appelle la désolation du nord,
comme les navigaleursont nommé
les environs du cap Horn la déso-
lation du midi; 1° Histoire naturel-
le des minéraux ^ Paris, 1801, 5
vol. in-18, avec 4'> planches, ou-
vrage qui fait suite aux oeuvres
du liuffon publiées par Cas-
tel, et qui offre beaucoup de
faits nouveaux; 5° Notes sur les
Lettres à Sophie^ par M. Aim.é
Martin, Paris, 1810, 2 vol. in-8" :
ces notes contiennent l'explication
ingénieuse de plusieurs phén(tmè-
nes de la nature, tels que la com-
bustion, les étoiles fdantes, la ro-
sée, l'origine des sources, les
aurores boréales, les volcans, etc. ;
l'auteur atlriliue la formation de
PAT
ces derniers à la circulation conti
nuelle de divers fluides , dont une
partie devient concrète par la fixa-
tion de l'oxigène. Pétrin était cor-
respondant de l'institut, membre
de l'académie des sciences de Pé-
tersbomg, de la société d'agricul-
ture de Paris, et de plusieurs au-
tres sociétés savantes. On trouve
dans les Annales encyclopédiques,
année 1818, une bonne notice
sur ce savant, par M. Viller-
mé.
PATRIS-DE-BREUIL(L. M.),
juge-de-paix à Troyes, s'est fait
connaître dans la littérature, d'a-
bord comme éditeur des Œuvres
de Grosley, et ensuite comme au-
teur des ouvrages sui vans: ï° Opus-
cules en prose et en vers, 1810,
in- 1 2 ; 2° Eloge de Louis XVIII,
roi de France. Ce discours a été
prononcé le 35 août «8i5, à l'hô-
tel-de-ville de Troyes.
l'ATRIX ( N. ) , général en chef
de l'armée avignonaise, naquit à
Avignon, d'une lamille honorable;
quoiqu'il fût jeune encore à l'épo-
que de la révolution , il en em-
brassa la cause avec la plus grande
exaltation , et dut surloutà sa fou-
gue et à son audace le commande-
ment en chef de l'armée patrioti-
que d'Avignon , qui voulait la réu-
nion du Comtat à la France. Ses
principes devinrent plus modérés,
et lorsque ses troupes, au com-
mencement de 1791, après s'être
emparées de la ville de Sérian , la
livrèrent au pillage, Patrix fit
paraître des sentimens de justice
et d'humanité qui, à ce qu'on pré-
tend , devinrent la cause de sa
perte. Bientôt il fut dénoncé à son
é4at- major, pour avoir favorisé
l'évasion d'un prisijnnier; son ju-
PAT
gement fut prompt, et il fut fusillé
à MoiilitMix. Ijv général Fatrixeut
pour siiL'ces^tnir le trop fameux
J(»iir(iau, dit Coupe-tête.
PATTE (Pierre) , architecte peu
■connu par les cuiislnictrons qu'il
a exécutées, mai» qui s'est nio-
mentanémenl fait remarquer coui-
me l'antagoniste de son célèbre
confrère Soufflol, à qui l'on doit le
beau monument ded'église Sainte-
Geneviève, long-temps connue sous
le nom de Panthéon français. Patte
s'associa d'abord avec les auteurs
de rKncyclopédie pour la direc-
tion des dessins et des gravures de
cet ouvrage; mais bientôt il se
brouilla avec eux. M. Foisset rap-
porte qu'il «publia dan^' les feuilles
de Fiéron , que les éditeurs de
l'Encvclopédie n'avaient d'autres
planches que celles qu'ils avaient
dérobées à Réaumur. Comme ce
savant avait légué toutes ses plan-
ches à l'académie des sciences, les
libraires demandèrent à celte com-
pagnie des commiî'i-aires pris dans
son sein pour cnmparcr les des-
sins inédits de l'EucycIopédie avec
ceux de IVéaumur. Il fut reconnu
que ces premiers dessins étaient
originaux, et Palle se vit obligé
<le rétracter son assertion témé-
raire. I) La construction de la
nouvelle église de Sainte-Gene-
viève fut l'objet d'une censure a-
inère de sa part. Grimm , dans sa
correspondance , venge Soufllot
des attaques dirigées contre ce cé-
lèbre ouvrage. Il accuse Patte d'ê-
tre « un lionune tracassier, qui,
n'ayant rien lait pour l'art , se
constituait, sans titres et à contre-
temps, leccnseur det(iut ccqu'cxé-
culaient les bons artistes, dont il
nep(»uvailOtre le rival. » En 1780,
T. XVI.
PAT 65
Patte attaqua encore Soufilot dans
les Annales politiques de l.iiiguet,
à l'occasion des altérations jque
quelques pierres avaient éprou-
vées; enfin en 1799, il fournit an mi-
nistère de l'intérieur de nouvelles
observations sur ce monument.
L'hôtel Cliarost, à Paris, est à peu
près le seul ouvrage de Patte, qui
prenait le litre d'architecte du duc
des Deux-Ponts, pour lequel il
avait construit le château de Jares-
bourg, dessiné sur le modèle de
Trianon. Patte a publié, i*^ Mé-
moire sur la construction de la cou-
pole projetée pour couronner l'é-
glise de Sainte -Geneviève y in-4°,
Paris, 1770; 1° Moiiumensérigés en
France en C honneur de Louis KV ,
précédés d'un Tableau du progrès
des sciences et des arts sous son rè-
gne, id-fol. , figures, Paris, 1765;
5° Projet d'éclairage pour une gran-
de ville ; !| ' Mémoires sur les pro-
jets les plus importons de l'archi-
tecture, in-4° ^'vec planches. Ils
oflVenl des considérations sur la
distribution vicieuse des villes, et
des instructions à un jeune archi-
tecte sur la construction des bâti-
niens. On trouve encore dans cet
ouvrage des considérations sur la
manière de fonder les édifices im-
portans et sur la construction des
(juais; la méthode de fonderies
ponts sans bâtardeaux ni épuise-
mens; les meilleurs moyens pour-
construire les plates-bandes et pla-
fonds des colonnades, enfin, une
Description historique de la colon-
nade du Louvre et un Mémoire sur
l' achèvement du portail de Saint-
Sulpice. 5" Traité de la construc-
tion des hâtimem, 5 vol. in-S", des-
tinés à faire suite au Cours d'ar-
chitecture civile de Blondi^l; (>' de
66
PAT
l'architecture théâtrale ^ .ivcc les
priricipop d'optique et d'acoiisli-
qué tiéco'iSJiiiL's à observer dans la
dislribiÉlion d'une salle de .«pec-
tàcle, un vol. in-8°; ç° Description
du théâtre uljmpique de Vicence,
chef~<Cœun-e de Palladio, in 4°j
8° Mémoires qui intéressent parli-
euliéremcht Paris, in-4 , Ji" 9
(i8oi): tes mémoires, au nombre
de tr(»is, ont pour objet le dôme
du Panlbéon, la trarislalion des
cimetières hors de Paris, et le mau-
vais état du lit de la Seine; [)" Etu-
des d'architecture , contenant les
proportions générales, entrecolon-
tiemetis, portes, niches, croisées,
profils et détails choisis des édifices
modernes, in-t'ol., i^'ô.'i: les plan-
ches ont été (Travées par Patte lui-
même; in" Discours sur l'impor-
tance de l'étude de l'architeclure ,
et m.anière de l' enseigner en peu de
temps, avec un Abrégé de la vie
de Èoffrand , in-8°, i755; 1 1" Vé-
ritables jouissances d'un être rai-
sonnable vers son déclin , in-i9, a'
édition, i8o3. Patte s'était adonné
A la gravure ; il a gravé les estam-
pes de ses ouvrages, et a publié,
d'après Piranesi , six estampes de
perspective et d'architecture, el,
d'après le Lorrain, un temple de
Vénus {voir\e Journal de Verdun,
mars ij5f\, et juin 1755}. Il est
éditeur des Mémoires de Charles
Perrault, 1759, iu-12, et des œu-
vl*es d'archiieclure de Bofl'rand ,
in-fol. , 1 r55. Cet architecte, dans
les ouvrages duquel on trouve sen-
tent des idées jnst«s et des obser-
vations utiles, hiourut a Manies
le 19 aofil 1812; il était né à Paris
le 3 janvier i7'.)5.
PATTKRSON (William), gou-
verneur de la province américaine
PAT
de New - Jersey, juge à la cour
suprême des Étals- Unis, fui l'un
des magistrats les plus intègres
et l'un des hommes de bien les
pitis recommandables du INouveau-
Monde. Patterson avait pris ses
grades, en 1763. à New-Jersey,
où il était né , et après avoir rem-
pli plusieurs fonctions publiques,
il était devenu , en 1787, mem-
bre de la convention qui a rédigé
et sanctionné la constitution qui
depuis cette époque sert de base
au gouvernement américain. En
1789, il devint membre du sénat
de New-Jersey, et en J 790 , il lut
choiî^i pour succédera Léviugston ,
le premier gouverneur de cet étal
après la révolution. Il était juge
de la cour supérieure des États-
Unis lorsqu'il mourut à All)any,
le 9 septembre 180G, générale-
ment regretté.
PATTERSON (Samuel), librai-
re el biographe anglais, naquit à
Londres en 1728. Il fit ses études
en France, et de retour dans sa
patrie , il y forma un établissement
de librairie pour les ouvrages é-
Irangers. Le succès n'ayant pas
couronné ses efforts, il entreprit
des ventes publiques de livres, et
futsouventappclé pour dresser des
catalogues dans la vcnledesi)iblio-
ihèques remarqualiles , telles, en-
tre autres, que celles de Beau-
clerk, de Crofl, de Piuelli. etc. Le
marquis de Lonsdowne le choisit
pour son bibliothécaire, emploi
qu'il conserva jusqu'à sa mort, ar-
rivée en 1802. On rapporte que le
nuuiuscrit de Jules Césara^'anlété
mis en vente comme de vieux pa-
j>i<;rs, il les mit en ordre et les fit
adjuger à un amateur movennant
3t)u livres sterlings. Ilavaitfait, en
l'AU
1776, un voyage dans différentes
contrées de l'Europe, et en avait
rapporté une collection de livres ra-
re? et précieux, dont il publia le ca-
talogue sous le titre de Bibiiolheca
iniiver salis selecla.Qf. ^'As ixnihWû'u)-
graphe a composé plusieurs ouvra-
ges,entre autres des Reniarqaexra-
pides dans un itoyageaax Pays-Bas;
des Considérations sur la loi et les
gens de loi; enfin un ouvrage pé-
riodique intitulé le Templier.
PAUCTON( Alexis-Jean-Pier-
re), mathématicien, correspon-
dant de l'institut, ancien employé
au bureau du cadastre , naquit
près de Lassay , département de la
Mayenne , vers ty'ôQ. Quoique
pauvre, sa famille lui fil donner
une bonne éducation ; il apprit les
mathématiques et le pilotage h
Nantes, vint à Paris, et fut envoyé
à Strasbourg pour y occuper la
chaire de mathématiques. A l'épo-
que où lesAulrichiens menacèrent
cette place d'un blocus rigoureux ,
Paucton n'ayant pas les moyens
de se procurer des provisions pour
la durée du siégt-, fut, ainsi que
tous les autres ha bilans qui se
trouvaient dans la môme situation,
obligé de sortir de la ville. Il alla
à Dole , lui , sa femme et trois en-
fans , entra chez un maître de pen-
sion , où il enseigna les iriathéma-
liquesanxappointemensde Goo fr.
par aimée. Informé de cette situa-
lion déplorable, le ministre de l'in-
térieur lui donna, le 2 frimaire an
.^(1790), un emploi au btu'eaudu
ca<lastre. où il fut occupé aux cal-
culs de la Connaissance des temps ,
et l'institut l'admit au nombre de
ses associés corrcsponda us. La con-
vention lui avait précédemment
accordé, cotnme savant, un sii-
PAU 67
cours de 5.ooo franc*. Il mourut
le i5 juin 1798. 0;i lui doit : 1*
Théorie de la vis d' Arehimède , i
vol. in-i 3 , 1 768 ; 2° Métrologie ou
Traité des mesures-, poids et mon-
naies des peuples anciens et moder-
nes, ouvrage où l'on trouve entre
autres principales idées, celles d'é-
lever dans les villes de premier or-
dre un obélisque ou métromètre où
sciaient tracés les types et les di-
mensions linéaires et cylindriques
de nos poids et mesures , afin que
l'uniformité en restât inaltérable.
L'idée de Paneton a été reproduite
dans le rapport fait p;ir IM t\I. Abeil-
le et ïillat à la soc'été d'agricul-
ture de Paris, qui le publia en
1790. 3 ' Théorie des lois de la na-
ture, ou ta Science des causes et des
effets, Paris, un fort vol. in- 8°;
f\" Dissertation sur les pyramides
d' Egypte , 1 780 , in - 8° ; 5 " Pauc-
ton a laissé en manuscrit une tra-
duction des Hymnes d'Orphée ; un
ouvrage ayant pour titre: Doctrine
évangélique, apostolique et catholi-
que; une traduction de 1 hébreu
des psaumes et cantiques; <;nfin la
Théorie des mesures, des machineSf
des travaux et des salaires, etc.
PAUL PETUOWnZ, premier
du nom, empereur autocrate de
toutes les Kussies, naquit le i*'
octobre 1764, dix ans af)rès le ma-
riage de la grande-duchesse sa
mère (depuis l'iinpéralrico Ca-
therine II), avec le grand-duc,
qui régna quelques mois sous le
iKun île Pierre III. Le jeune
prince était venu au monde sous
les auspices les plus funestes; les
sentimens hostiles qui divisaient
sa famille, et qui prirent bientôt
entre le grand-duc et son épouse
le caractère du dégoût et de la hai-
m
PAU
ne, ne préparaient point à Paul
«ne enfance heureuse. Il ne connut
jamais raiTeclion d'un père , et la
soif de régner, qui dévora bientôt
l'ambitieuse Catherine, laissait peu
de place à la tendresse maternel-
le dans une âine aussi, avide
du pouvoir que jalouse des droits
bien légitimes qui pouvaient être
opjiosés à ses vœux. L'éducation
du jeune prince ne fut cependant
point entièrement négligée. Tout
ce qui avait rapport à son ins-
truction fut confié au célèbre et
savant physicien iEpiniis. et on
lui donna pour gouveineur le
comte Panin, dont les égards et les
tendres soins auraient dû lui mé-
riter toute la reconnaissance de
son élève. L'impératrice Elisabeth,
après une réconciliation avec la
grande-duchesse Catherine, qui
avait été long-temps en disgrûce,
se rendit un jour seule avec
cette princesse et le jeune Paul au
spectacle, présenta l'enfant aux
gardes qu'on avait fait entrer au
parterre, et le leur recommanda
comme leur futur souverain.
Cette scène, à laquelle le grand-
duc Pierre n'avait point été ad-
mis, excita son ressentiment, en
inême temps qu'elle produisit
une vive sensation dans le public.
Bien des yeux se tournèrent dès-
lors vers Catherine, qui, en faisant
naître de nouvelles espérances,
et en caressant adroitement de
nouvelles ambitions, sut bientôt
se créer un parti puissant. Au lit
de mort de l'impératrice Elisa-
beth, une réconciliation apparen-
te eut cependant lieu entre les
deux époux. Tous deux, age-
nouillés devant la souveraine
mourante, reçurent su bénédiction,
PAU
suivie des plus touchantes exhor»
tations de vivre désormais en bon-
ne intelligence. Ils le promirent;
mais les sermens prodigués par
tous deux pendant celte scène so-
lennelle, furent oubliés peu de
jour» après. Pierre III, parvenu
au trône, ne montra plus que de
l'aversion pour son épouse, et mê-
me pour son fils, qu'il résolut de
désavouer publiquement par ufi
ukase impérial. La révolution qui
mit un terme au règne et à la
vie de l'infortuné Pierre III, en
176a, sauva, il est vrai, le prince,
mais couronna sa mère. Il p:i-
raissait bien naturel que le fils,
né pendant l'union de Pierre a-
vec Catherine, montât sur lu
trône. Quelques voix se firent en-
tendre en sa faveur, mais elles
furent soudain étouffées, et celle
qui avait souvent dit qu'elle pré-
ferait le tilre de mère de l'empereur
à tout autre, et qui devait, selon
plusieurs de ses partisans alors
les plus dévoués , se contenter du
titre de régente et ne régner que
pendant la minorité de son fils,
fut proclamée impératrice, et so-
lennellement couronnée dans l'é-
glise de Kazan , par l'archevê-
que de Novogorod. Le grand-duc
Paul fut réduit au rang de sujet,
et resta pendant vingt et quelques
années le sujet le plus fidèle et
le fils le plus soumis. Confiné
dans son palais de Gatsc.hina ; é-
loigné de toute participation au
gouvernement intériem^ , comme
aux opérations du dehors pendant
un long règne si fécond en entre-
prises politiques et militaires; pou
respecté , pour m; rien dire de
plus, des divers favoris de sa mère;
environné de suggestions ambi-
PAU
tîeuses , chéri du peuple et des
soldats, il n'en persista pas uioins
dans une obéissance passive, et
repoussa toujours loin de lui tous
les projets tendans à porter la
moindre atteinte à l'autorité d'u-
ne souveraine, dont il n'ignorait
point cependant qtie le rang et
le pouvoir auraient pu lui appar-
tenir. En 17745 '<^ grand duc é-
pousa une fille du landgrave de
Hesse - Darîustadt , princesse ai-
mable et spirittielle, qu'il eut le
malheur de perdre au moment
où elle allait le rendre pèro, Il
chérissait tendrement sa femme;
mais l'impératrice ne paraissait
point l'aimer, et le favori du jour
avait usé de toute i^n influence
pour enlever à la grande-duchesse
le crédit et la faveur que ses
qualités distinguées auraient pu
lui obytenir à la cour. A son lit de
mort, cette princesse avait appelé
une de ses dames-d'honneur, en
qui elle avait la plus grande con-
fiance, et lui avait remis une cas-
sette contenant une correspon-
dance, très-innocente sans dou-
te, mais aussi très-piquante et dans
laquelle on s'exprimait libre-
ment sur les intrigue» di; la cour
et sur le compte des personnes
du plus haut rang. Quelques fai-
blesses ou travers du grand-duc
même, étaient malignement rele-
vés. Au lieu de détruire ces let-
tres, ainsi qu'il lui avait été or-
donné, la dame-d'honncur porta
la cassette à l'impératrice, qui,
pour consoler son fils plongé dans
la plus vive douleur, se hatâ de
la lui envoyer, L'ell'et fut immé-
diat, dit-on. L'imprudent cor-
r('sj»on(lanl de la grande-duches-
se, le jeune comte Razoumofsky,
PAU
%
ûls de cet hctman des cosaques ,
qui avait rendu d'éminens servi-
ces à Catherine lors de la révolu-
tion qui la plaça sur le trône, fut
éloigné de Pétersbourg et envoyé
en qualité de ministre de Ilussie
auprès de la cour de Naples. La
reine Caroline chercha à le conso-
ler de sa disgrâce, et il obtint en-
core de brilians succès en plus d'un
genre à cette cour, ainsi que dans
les autres missions diplomatiques
dont il fut successivement chargé
à Stockhohn, et en deinier lieu
A Vienne. A peine les funérailles
de la première grande-duchesse
furent-elles achevées , qu'on son-
gea à la remplacer; le prince
Henri, frère du grand Frédéric,
venait d'arriver à Pétersbourg;
Catherine le chargea de négocier
de suite im mariage entre le grand-
duc et la princesse de Wurtem-
berg, nièce du roi et du prince
de Prusse. Les conditions en furent
bientôt stipulées; le grand - duc
accompagna le prince Henri ;V
Berlin, et reçut sa nouvelle épou-
se des mains de Frédéric II, qui
avait saisi avec le plus grand
empressement l'occasion de les-
serrcr de plus en plus les lien;»
qui l'unissaient à la Russie. La
ïiouvelle grande duchesse parut
à Saint-Pétersbourg en Ï77O ,
dans tout l'éclat de la jeunesse
et de la beauté.. Les grâces de sa
personne attiraient tous les regards
et sa bonté lui gagnait tous les
cœurs. Sa conduite ne cessa d'être
im modèle de sagesse, et ses ver-
tus, qui auraient pu servir d'exem-
ples dans la cour la plus austère,
furent au moins respectées, sinon
in)itées dans celle de Catherine 11.
Ces vertus nese sont jamais démeu-
70 PAU
lies dans les difféiens élats où le
sort a placé l'impératrice Marie,
comme tVinme, veuve et mère
d'empereurs. Une nombreuse pos-
térité , quatre fils et cinq fillc'i ,
devinrent les fruits de l'union de
cette princesse avec le jrrand-duc.
Bientôt la fastueuse Catherine ,
contente cette fois de sa belle-
fille, voulut montrer à rKurope
les héritiers de son troue d.ms
tout leur éclat. Un voyagç d'appa-
rat fur ordonné en 1781 , et les
heureux époux, sous le nom de
comte et de comtesse du iSord ,
.suivis d'un brillant cortège , par-
coururent la Pologne, l'Autriche,
l'Italie, la France et la Hollande.
A Naples, le grand-duc retrouva
ce comte Razoumol'sky, dont il
croyait avoir à se plaindre, et fut
forcé de se faire présenter par lui à
la cour; mais il témoigna publique-
ment toute l'aversion qu'il éprou-
vait, el ne lui adressa jamais la pa-
role; les fêles les plus splendides
furent prodiguées à Versailles aux
illustres voyageurs. Le prince de
Coudé leur en donna une non
moins brillante à Chantilly; par-
tout les souverains leur firent le
inêrn»; accueil, et la foule se pres-
sait en tous lieux sur leur passa-
ge. C'était peut-être l'époque la
])lus heureuse de la vie d'im prin-
ce destiné à devenir l'autocrate de
toutes les Russies, mais qui devait
régner avec si peu de bonheur,
et finird'une manière si déplorable.
Le voyage dura 14 mois, el coû-
ta des somnje^p immenses. Le
grand-duc était entouré d'obser-
vateurs dévoués à sa mère ; des
courriers expédiés à de couris in-
tervalles, rendaient compte de
chaque fait, de chaque parole
PAU
même, qui lui échappait. A son
retour à Pétersbourg, il fut, ainsi
que son épouse , reçu avec une
grande ostentation de ttndresse,
el rentra bientôt dans sa retraite
de Gatschiua , oOi le désœuvre-
ment et l'ennui le firent souvent
se livrer aux occupations les plus
futiles. Las enfin de harasser
d'exercices et de petites manœu-
vres à Gatschina, la faible troupe
qu'on y avait abandonnée à ses
plaisirs, le grand-duc désira pas-
sionnément s illustrer par de plus
beaux faiis d'armes. iVlais cette
ardeur guerrière n'obtint jamais
rassenliment d'une njère soup-
conneu>e. Elle savait trop bien à
quoi l'on pei|^ entraîner le soldai.
En 1788, lorsque la guerre fut de
nouveau déclaréeaux l'urcs, Paul
sollicita avec de vives instances
la permission de se rendre à l'ar-
mée. « Toute l'Europe, écrivil-il
»à l'impératrice, connaît le disir
«que j'ai de combattre les Olto-
«niaus; que dira-t-elle quand elle
«apprendra que je ne puis le fai -
»re? «Catherine ne répondit que
par ce peu de mots : « L'Europe di-
■) raque le grand-duc est uii fils
n respectueux. «Elle lui permit,
il est vrai, quelque temps après,
de se montr<;r un moment à l'ar-
mée de Finlande, mais l'héritier
de l'empire n'y eut pas même un
•«eul régiment à ses ordres. Privé
de tout commandement, entouré
d'espions, abreuvé de dégoûts,
il tomba malade, et revint plus
humilié que jamais dans son châ-
teau de (iatschina. Paul veu lit
d'accomplir sa 4'-^' année, quand
sa destinée changea en un mo-
ment. Une apoplexie foudroyante
termina, le 17 novembre tJoO, U
PAU
longue et brillante carrière de Ca-
therine II, et son fils, proclamé
empereur sur-le-champ, passa,
dans la même journée, de la su-
jétion la plijs complète, au pou-
voir le plus absolu. Le peuple,
qui à chaque changement de maî-
tre espère quelqiie.amélioratioa à
son sort, était dans l'ivresse de la
joie. On croyait généralemeiit
qu'un prince qui avait eu si
long-temps à souffrir des rigueurs
et des caprices du despotisme, se
les interdirait à lui-même, et
qu'un sujet qui avait fait preuve
de sagisse et de modération, de-
viendrait un gouveraijï, humain
et magnanime, i^hais les passions
impétueuses de Paul, pour avoir
été longtemps comprimées parla
terreur que lui inspirait sa mère,
n'étaient nullement amorties, et,
avec les moyens de les satisfaire,
il se livra bientôt à toute leur fou-
gue. Les premiers actes de son
gouvernement révélèrent déjà la
bizarrerie de son caractère. Tout
en ordonnant des obsèques ma-
gnifiques à sa mère , il déclara
que l'empereur Pierre III avait
été injustement frustré après sa
mort des hoimeurs qui lui étaient
dus. Il fit exhumer les restes de
ce prince enseveli depuis 55 an-
nées, et procéda de nouveau avec
le plus grand éclat à ses funérail-
les. Les deux époux si désunis de
leur vivant , devaient être ainsi
réunis après leur mort. Pour ajou-
ter ù l'ell'et dramatique de cette
cérémonie funèbre, il ordonna
que le» deux individus qui exis-
taient encore, et qui j)assaient
pour avoir en part à la fin tragi-
que de Pierre III (Alexis Orlolf
et Baraliuijky), tinssent le drap
PAli 7»
mortuaire. Tous Ifes regards s'at-
tachèrent à eux pendant les lon-
gues heures que dura celte scène ex-
traordinaire. On crut que Paul l"
pousserait encore plus loin sa
vengeance. Il eut avec Orloff un
entrelien reinarquabl»-. « Vous de-
))vez, lui dit-il, avoir éprouvé de
» terribles remords. — (]zai',répon-
»dii Orloff, si je n'en avais pas a-
»gi comme je l'ai fait, vous ne se-
rt riez pas dans le cas de me [»arler
«; aujourd'hui en souverain. Vous
»ne pouvez pas ignorer que Pier-
»re III avait rendu un ukase par
» lequel il dédai'ait que vous
«n'étiez pas son fils. » \je comte
Alexis OrlofI' eut ensuite ordre
de sortir desjitatsde l'empereur,
el ne revint en Puissic qu'après
la mort de Paul I". Tout ( hangea
bientôt de face dans i'empire. La
plupart d«;s anciens serviteurs dé-
voués à Catherine furent privés
de tout emploi, et d'autres furent
exilés. Les honunes qu'elle avait
disgraciés jouirent de la plus hau-
te faveur. L'empereur dans un
de ces jnomens de justice et de
générosité qui succédaient assez
fréquemment chez lui à des acles
de rigueur, brisa les fiis du bra-
ve Kosciusko et de ses frères
d'armes , plongés encore dans les
cachots, et rendit aussi la lil)erté
à tous les rpalbeureux Polonais
qui avaient survécu à leur exil
dans les dési;rls de la Sibérie. De
nombreux changcmens furent in-
troduite dans toutes les branches
de l'admininislration , et princi-
palement dans l'armée , dont il
changea les uniformes et jusqu'à
la coilVuve. Toutes les têtes furent
poudrées, et de longues queues
furent attachées aux cheveux
73 l'Ai]
courts des soldats. On était sûr de
mériter la laveur du prince quand
on paraissait devant lui avec un
habit militaire exactement pareil
à celui qu'il avait adopté j)onr
lui-même. Le vieux Souwarow
ne put cacher son mécontente-
ment, et disait avec naïveté : « De
»la poudre aux cheveux, ce n'est
»pas de la poudre à canon, et des
«queues ne sont pas des baïonnet-
»tes. » Des ordres sévères interdi-
rent rusai;e des chapeaux ronds,
les pantalons lurent aussi rigou-
reusement proscrits , tout ce qui
\cnait de Fiance était réputé ré-
volutionnaîre , et les moindres
transgres>ions aux nouvelles or-
donnances sur le costume, étaient
souvent punies par h" knout ou
l'exil en Sibérie. L'ciupt'reur vou-
lait aussi que toutes les person-
nes qui se trouveraient sur son
passage descendissent aussitôt de
voiture, et se prosternassent de-
vant lui. Ce nouvel ordre donna
lieu à une foule de vexations que
se [)vrmirent des hommes à la
suite du souverain, et indisposa
la noblesse, le haut commerce et
tous tes gens àéqnipages de Saint-
rélersbourg. La femme d'un des
j'-rincipaux nét^ocinns, qui avait
aperçu de loin la voilure de l'em-
pereur, crut pouvoir éluder l'or-
dre en faisant tourner la sienne,
et prendre une autre rue pour é-
viter la rencontre. Mais un aide-
de-camp l'atteignit bientôt, et la
conduisit sur-le-champ dans une
maison de correction ; là , celte
dame fut fouettée, et après cet
indigne traitement , Paul la fit
renvoyer à sou mari. Dans un
beau et louable mouvement de
zèle pour la vérité , l'empereur
TAU
fit établir à côté de l'escalier de
son palais un bureau destiné à
recevoir toutes les lettres qu'on
voudrait lui écrire, annonçant
qu'il n'en laisserait aucune sans
réponse. Sous ses prédéces-
seurs, quiconque s'adressait direc-
tement au souverain courait de
grands risques; mais il renonça
bientôt au pénible soin de pren-
dre quelque connaissance des
nombreuses réclamations qui lui
furent ainsi adressées ; et l'on
perdit alors tout espoir d'obtenir
par cette voie le redressement
des torts graves de cette foule
d'agens siibaltern'''^ du pouvoir
absolu, toujours aussi impérieux,
et souvent plus injustes que leur
maîlre même. La politique ex-
térieure se ressentit à son tour
de la véhémence que mettait Paul
1" dans tontes ses opérations.
Catherine II s'était montrée fort
opposée aux principes qui avaient
prévalu en France en 1789; mais
elle s'était bornée à des démons-
trations, des promesses, et à des se-
cours donnés aux émigrés ; elle
n'avait point jugé à propos de
faire marcher ses armées; ce n'é-
tait point vers l'occidenl qu'elle por-
tait de prédilection ses vues. Son fils
traita ce système de pusillanime,
et embrassa avec une tonte autre
chaleur, ce qu'il appelait la cause
des rois. Il déclara la guerre à la
France, et voulait en quelque sor-
te être considéré comn)e le chef
de la puissante coalition formée
contre elle. Il y avait bien des
droits par les immenses sacrifices
qu'il imposait à ses sujets et par
les nombreuses armées (|u'il lança
du fond du Nord, dans le midi de
l'Europe , en Suisse , en Hol-
PAU
lande, et jtisqu'en Italie. Le san-
guinaire vainqueur d'Ookzacowet
de Praga, qui avait déjà immolé,
tant de Turcs et de l'olonais, fut
choisi de préférence pour exter-
miner non moins de Français. Sou-
warow marcha à la tête de 80,000
Russes au-delà des Alpes, et rem-
porta d'abord de grands avantages,
qui exnitèrent au plus haut point
en l'âme de son maître, les espé-
rances et la soif d'une gloire nou-
velle. Mais ces vœux furent dé-
çus : après la plus brillante cam-
pagïie, le vainqueur de la Trébia
■vit flétrir tous ses lauriers, dans
le* njontagnes de l'Helvélie. Le
général Rorsakow, qui jouissait
aussi dans le Nord d'une haute
réputation militaire, l'ut à son tour
outrageusement battr. àZurich. Les
IVussesse plaignirent alors, non de
leurs chefs, mais de leurs alli'''S. qui
les avaient abandoimés, disaicnl-
ils,avecperfidie,et parurent m (dus
irrités contre leur vainquein'iM is-
.séna quecontre l'archidncChaibs.
Le corps russe fourni aux Anglais
pour les aider à soumettre la Hol-
lande, ne fut pas plus heureux.
Battu i\ Bergen parle généra! Bru-
ne , engat^é imprudemment dans
une mauvaise position, où le duc
d'York, qui eut tant de peine à
se sauver lui-même, ne put le se-
courir, ce corps fut obligé de ca-
pituler en entier, et les Français
virent avec étonncmcnt arriver
chez eux les nombnux convois
des premiers prisonniers de guer-
re russes. Paul, mécontent de
ses généraux, mais indigné con-
tre ses alliés , S(î livra au plus
violent courroux. 11 rappela d'a-
bord SCS armées; le vieux Sou-
warow eut ordre de ne point se
présenter devant lui, et alla biiii-
PAU 75
tôt mourir de douleur dans la
disgrâce et l'exil. Paul signala
eu'iuile de la manière la plus é-
clatanle sa colère envers les ca-
binets de Vienne et de Londres :
il avait pour sa part agi avec im-
pétuosité, mais avec franchise et
désintéressement; c'était contre
la république française et pour
les intérêts monarchiques qu'il
avait pris les armes; il ne voulait
dépouilh r aucun roi, etnepréten-
dait à rien pour lui-même, si ce
n'<st au protectorat de l'ordre
de Malte , dont il venait de se
proclamer le grand - maître.
Mais il voyait avec indignation
que l'Aulriche voulait s'agrandir
en Italie aux dépens du roi de Sar-
daigne et du pape, et qu-^' l'Angle-
terre éprouvait aussi la soif des
conquêtes. Celte dernière puis-
sance avait en outre eu le lort de
contrarier ses projets sur Malte,
et Paul y attachait la plus haute
imj>orlance. Ses idées chevale-
res(pies lui faisaient envisager
comme im avantage inapprécia-
ble, la gloire d'exercer sa supré-
matie sur toutes les noblesses de
l'iMirope, et tie voir une foule
d'illustres familles lui donner
leurs enfans en otage, sous le li-
tre de chevaliers. Aussi, se hâta-
t-il, quoique marié et professant
la religion grecque , de se décla-
rer le (;hef d'un ordre ralholique,
composé de célibataires; il en
distribua avec profusion les déco-
rations à des luthériens, à des cal-
vinistes, et indistinctement à des
membres de toutes les commu-
nions chrétiennes. Peut-être à
cet acte , alors taxé de folie, joi-
gnait-il de plus hautes vues poli-
tiques; peut-être voulait-il don-
ner ;'i la marine et au commerce
r4 < PAU PAU
de In Russie un boule vart au mi- des états de l'enipereur. Ses an-
lieu de la IMéditerraiiée. Les ooa- cieiis allies, ahaudoniiés à leurs
lises se flatlèreiil uu moment dt; seules lorces, ciiirenl prudent de
le ramener, uiaislt'urssoumis>ions tiaitci à leur liuu- avec son uou-
luient vaines, et les explications vel et grand ami le premier con-
q^ie donnèrent leurs ministres sul, et les paix d'Amiens et de
ne lui parurent~'ni frauclies ni Lunéville furent conclues. Kn
suffi aiites. Il intima brusquement changeant son système de politi-
l'ordre aux amliassa.lem'-^ d Autii- que extérieure, UKilheureu^ement
ehe et d'Angleterre de quitter ses pour lui Paul ne suugea point à
états dans le plus brddéliii, lap- alieger le joug de ier (pi'il taisait
pela les siens, et rompit toute pe^er sur ses sujet-. Toutes les
liaison avec ses anciens alliés. Bien délations étaient accueillies jtar
plus, pour mieux les braver, il un prince aussi soupçoniieux que
contracta une alliance avec leur violent. Ufirejeton decellerace t'é-
enneu>i, envoya en ambassade le coude, quipuilulesous lesnvaitres
général baron de Spreng|>orten ,* enclins à la rigueur, le fnooureur-
auprès du premier consul Hona- général Oboljaninow, dirigeait la
parle, qu'il reconnut l'ormelle- police et l'expédition secrète, es-
meut en cette qualité , et proies- pèce de tribunal d'inquisition. Le
sa hautement son admiration pour secret des lettres était violé par
le cher de la république franc. use, lui, et les plus innocentes se trou-
dont il fit placer avec solennité valent souvent interprétées d'une
le buste dans son nouveau jtalais numière funeste à leurs auteurs.
de Miîhaïbiwitsch. Dès-lors Paul C'est ainsi qu'un vénérable pas-
I" retira toute protection aux leur de Dorpat en Livonie , sur
princes franrais. Il avait reçu avec la dénonciation du nommé Tu-
éclat Moiksieur, frère de Louis inauski. délateur attitré à Riga, re-
XVI,danss(!sétals,ctavaitassigné eut le knout, et fut envoyé ira-
pour résidence à ce prince le pa- vailler aux mines en Sibérie pour
lais de Mittau, où il devait vivre une conuiiunication insignifiante,
avec la magnificence d'un souve- Des olliciers, des hommes de tous
rain. Le prince de Coudé, qui a- les états, éprouvèrent un sort pa-
vait si bien accueilli le grand-duc reil, pour des délits aussi peu gra-
à Cbaulilly, fut traité avec non ves. Obuijaninow ne cherchait
moins d'égards et de générosité, qu'à irriter le monar(jue et à niul-
Paul avait signé le contrat de ma- liplier les victimes. Les exilés les
riage du duc d'Augoulême, et or- plus favorisés étaient expédiés à
donné qu'une copie en fûl dépo- Tobolsk ou à Irkulzk, dans des
sée dans les archives du sénat de voitures du pays ou des kibilkes
Russie. Maintenant ces disposi- découvertes,mais(rautres en grand
tiens changèi-ent loialement. Aux nombreétaienlforcésd'alleràpied,
honneurs succédèrent les outra- enchaînés deux à deux, et escor-
ges, et la cour de Mittau eut or- tés par des paysans armés qui se
dre, au milieu delà saisim la plus relevaient de village en village;
rigoureuse, de sortir sur-le-champ ils restaient souvent plus de six
PAU
mois en roule. Ceux dont on
craignait I»i désespoir, portaient
autour de leur cou une fourche
de bois dont le manche jtros et
pesant leur tombait sur la poitrine,
de^ctndalt jusqu'aux iienyux , et
dans lequel étaient pratiqués deux
trous remplis par leurs mains,
qu'on y avait fait entrer de fi»rce,
digne invention du procureur-
général, chef des expéditions pu-
bh'ques et secrètes! Le-< plus cou-
p.ibles , qui sont ordinairement
envoyés aux mines de Nerts-
chiiiski, avaient, après avoir su-
bi le supplice du knout, eu les
narines fendues. Un des plus fer-
vens adorateurs du pctuvoir ab-
solu, le célèbre drau)aturae Ivot-
zei)ue, avait aus-i. par une de ces
méprises singulièies du desp(»îi-*-
uie, qui fra[)pe parfois. ses propres
partisans, été envoyé en Sibérie.
Mais, après un court exil de quel-
ques niois, il en fut rappelé par
l'empereur même, qui le combla
de richesses et d'éclatantes fa-
veurs. Kotzebue devint dès-lors
son panéjfyrisle. Cependant dails
un ouvraf^e plein d'adidation pour
ce njonarque comme pour son
successeur, et dans lequel il es-
sai<' de réfuter l'auteur des Mc-
moires secrets sur ta Russie ,
Kolzebue s'exprime ainsi qu'il
suit sur sa position, toute bril-
lante qu'elle était devenue:» Hé-
las! mes alarmes, mes inquié-
tudes personnelles, m'étaient eom-
names avec tous les habitans
de Saint-Pétersbourg. Des mé-
chans abusant de la <;on(iaiice et
des bontés d'un monarque qui
ne voulait que, le bi<n , n'étaient
occupés qu'à lui présenter des
fantômes de choses, qui uou-
PAU 75
seulement n'existaient pas. mais
auxquelles ils ne croyaient pas
eux-ni' mes. Je ne me couchais ja-
nuiis qu'avec les plus noirs pres-
senlimens; à chaque voilure qui
s'arrêtait dans le voisinage , un
tremblement involontaire s'em-
parait de tout mon corps.... Si je
sortais, j'étais tians une anxiété
nmrtelle de nie trouver sur le
pa-sage de l'empereur, et de ne
pouvoir assez vite me précipiter
hors de ma voiture. Je veillais a-
vec une attentiim particulière à
la couleur, la coupe et la façon
de mes habits... J'élai> obligé de
faire la cour à des femmes d'une
réjMitation équivoque, à des hom-
mes bornés, sans vertus, sans ta-
lens. Ne me fallait-il pas encore
suppurter l'in'^olence «l'un igno-
rant maître ((<' ballets (le mari de
l'actrice M™" Chevalier. qui jouis-
sait de toute la faveur de Paul) ?
Si l'on donnait un ouvrage nou-
veau, je tremblais que l'inquisi-
tion secrète, ou la police, ne uic fît
un crime, et ne me rendît re,>pon-
sabie d'un passage innocent, que
des perfides auiaient trouvé dan-
gereux. Si mi femme tardait à
rentrer, je me disais, peut-être
n'e>t-ellepas descendue assez vite
de voiture devant l'empereur,
peut-être l'a t-on conduite dans
une maison d'arrêt. La consola-
tion d'épancher n)es peines dans
le sein d'un ami m'était refusée :
tous les murs avaient des oreilles;
le frère n'osait plus se fier à son
frère; |)oint de lecture, les livres
étrangers étaient généralement
défendus ; je n'osais écrire : lie
pouvait-on pas, d'un moment à
l'autre, saisir mon portiîfeuille et
mes papiers?.... les promenades-
76 PAU
les plus riantes, loin iroffiir quel-
que dissipation . ne présentaient
que le spectacle déchirant des in-
fortunés que l'on venait danêlt-r,
et que l'on conduisait pour rece-
voir If knout.». .Ce tableau, tracé
par une main amie, et depuis lors
constamment occupée à flatter le
fils de son bienfaiteur et les sou-
verains de l'Allemagne, peut don-
ner quelque idée de l'existence
habituelle des habitans de l'empi-
re, à la fin du règne de Paul 1".
Mais il est un terme à toute pa-
tience humaine, et un tel état de
{■hoses ne pouvait se perpétuer
indéfiniment, même eu Russie.
Quand un seul fait trembler tbus
pour leur liberté et pour leur vie,
il peut à son tour irendder pour
son propre sort. Malgré sa vigi-
lance et les plus rigoureuses pré-
cautions, malgré l'inquisition se-
crète, les polices si chèrement
payées, les délateurs et les es-
pions , des complots se forment.
Si les premiers échoueifl, d'autres
mieux coujbiués leur succèdent,
jusqu'à ce qu'enfin un dernier
réussisse. Dans la nuit du 1 1 au
13 mars i8oi, des hommes dé-
terminés à tout sacrifier, et sa-
chant bien qu'ils seraient des le
jour suivant déchirés par le knout
s'ils échouaient dans leur entre-
prise, marchèrent vers le pal lis
de l'empereur. Des troupes de
toutes les armes, soldats, grena-
diers de la garde, hussards du corps,
cosaques, garde maltaise, etc.,
distribués en postes divers, gar-
nissaient et les dehors et l'i nié-
rieur de ce palais. Les conjurés
y entrèrent cependant, et pénétrè-
rent jusqu'à la chrtmbre où dor-
mait le monarque. Une sentinelle
PAU
voulut leur en interdire l'entrée ,
elle tomba morte à leurs pieds r
Paul au premier bruit s'était sau-
vé presque nu et par un escalier
en limaçon devenu célèbre, dans
un cabtiiet où se pinçaient les
drapeaux des régimens des gardes.
Les conjurés se crurent un mo-
ment perdus, mais un d'entr'euxdé-
couvrit son maître enseveli sous
les vains insignes d'une force qui
ne pouvait plus le défendre. Le gé-
néral-commandant de la garnison
de Saitit-Pétersbourg arriva bien-
tôt à la tête d'un nonsbreux corps de
troupes, on proclama un nouvel
empereur, Paul 1" avait cessé
d'exister. Le 12 mars dès la poin-
te du jour, l'avènement d'Alexan-
re au trône de son père se répan-
dit dans toute la ville; les grands
de l'empire coururent en toute hâte
aupalaisd'Hiver, se prosterner de-
vant le nouveau souverain , qui
montrailla plus vive douleur de l'é-
vénement terrible, qu'il n'avait pu
prévoir ni empêcher; mais le peu-
ple se livra à des transports de joie,
et l'allégresse était générale ; le
soir, la ville de Saint-Pétersbourg
fut en entier illuminée. Le pro-
cureur-général Obuljaninow ne
fut que renvoyé, traitement bien
doux, comparé à ceux qu'il avait
fait esss\iyer à ses nombreuses
victimes; l'expédition secrète, ce
terrible fléau de la société, fut sup-
primée; l'actrice Chevalier garda
ses trésors, mais eut ordre de
sortir de l'empire; les prisonniers
des forteresses de Pélersbourg, de
Cronsladt, etc., furent remis en li-
berlé; les exilés en Sibérie, furent
rappelés; on courait, on s'embras-
sait dans toutes les mes, et l'or»
entendait retentir de toutes parts
PAU
ces mots , Nous n'aurons plus le
knout; nous n'irons plus en Sibé-
rie.
PAULIN ( Aimé-Heni), physi-
cien , naquit à Nimes , départe-
ment du Gard , le lo mars i y'22. Il
fit ses études chez les jésuiles, fut
admis dans leur société, et professa
la physique pendant plusieurs an-
nées dans un de leurs collèges.
Cette société ayant été supprimée,
le P. Paulin rentra dans la vie pri-
vée, où il se consacra exclusive-
ment aux sciences , et mourutdans
sa ville natale, le 17 juillet 180a.
Les ouvrages que ce savant a com-
posés sont généralement estimé? ;
ce sont: 1" Dictionnaire de physi-
que, 5 vol. in-8', 9 éditions de
1761 à 1782; 2° Dictionnaire des
nouvelles découvertes faites en phy-
sique , 1787, 2 vol. in-8° ; 'b°Nou-
velles conjectures sur les causes des
phénomènes électriques, 1 76*^, in-4 ;
4° Traité de paix entre Descartes
et Newton, 1764, 3 vol. in - 12 ;
5° Système général de philosophie ,
1769, 4 vol. in-12 ; 6" Dictionnaire
philosopha - théologique , 1 774 ,
in-4''; 7° Guide des mathémati-
ciens ou Commentaires des leçons de
mécaniquede La (Jaille, 1772, in-8°;
8° Véritable système delà nature,
1788 , in-8° ; 9° Commentaire sur
l'analyse des infinimens petits de
l'Hôpital, Paris, 1768, in-8".
PAULiMIER (Louis -Pierre),
instituteur des sourds- rnucts de
l'institution royale de Paris, élève
et colluhoratcur de l'abbé Sicard ,
est né à Couches, département de
ure ; il montra dès sa jeunesse
grand désir de s'instruire, et fut
surpris dans le cuurs de ses études
parla premit-re réquisition. Il al-
lait partir pour la Vçndée, lorsque
PAU 77
l'administration du district de Ver-
non le chargea de conduire 4?- voi-
tures à l'armée du Nord; il y fut
employé dans les bureaux, et en-
fin licencié comme tous les autres
employés de l'armée par suite de
la paix. Il vint i\ Paris; mais en
sa qualité de réquisitionuaire , il
dut repartir pour l'armée. S'étant
rendu à Toulon, il fut nommé
greffier d'un conseil de guerre,
emploi qu'il occupaquatre années.
De retour dans la capitale , il en-
tra en qualité de répétiteur à l'ins-
titution dessourds-muets: son ar-
deur à remplir ses devoirs et àétu-
dierl.i mélhodederinslilulion, in-
téressa M. l'abbé Sicard, qui après
avoir prodigué pendant quinze ans
à M. Paulmier ses soins comme
son protecteur et son n)aître, di-
sait de lui à M""" Diifresnoy, avec
la bienveillance et la gaîté de l'a-
mllié , que Paulmier avait été créé
et mis au monde pour être insti-
tuteur des sourds - muets. L'un
des administrateurs de l'insti-
tution ,*dit aussi un jour à cette
femme cébsbre, que cet élève de
l'abbé Sicard avait soutenu l'hon-
neur de l'institution à l'époque où
les souverains alliés étaient à Pa-
ris (1814 et i8i5). En efiet, M.
Paulmier exposa la méthode à uni;
foule <rétiangersde marque qui ve-
venaient visiler l'institution des
sourds - muets. M. Sicard assis-
tait rarement aux leçons : plus
de dix ans avant sa mort, c'était
M. Paulmierqui les dirigeait, etqui
expliquait la méthode à tontes les
personnes que M. Sicard lui adres-
sait aux (dasses. Il a reçu des prin-
ces, des ambassadeurs, le prince
et la princesse de Danemark, le
prince et la princesse Gagarine,
78
PAU
russes, etc.' Il fit plusieurs séances
publiques, entre autres, une j l'é-
poque du concile tenu l'i Paris, et
à laquelle se trouvaient des cardi-
naux, des archevêques, des évê-
ques, et beaucoup d'ecclésiasti-
ques. M. Gallaudct, jeune ministre
protestant envoyé par les Ktals-
IJnis d'Amérique pour apprendre
la méthode, ne reçut de leçons
pendant plus de trois mois que de
M. Paulmiêr, qui a aussi formé le
jeune Grivel , suisse; Henrinn,
répétiteur distingué de l'institu-
tion d'Aix-la-Chapelle; Dunan,
de l'inslilution d'Auray; Milsand,
de l'institution d'Arras, etc. ; en-
fin, il a formé à l'institution royale
de Paiis plusieurs élèves distin-
gués : Picard de Paris, Pages de
Nîmes, lîerthier, Gazan et Lenoir.
M. l'abbé de l'Kpée a inventé la
méthode; M. l'abbé Sicard {voyez
ce nom) l'a perfectionnée. En sui-
vant le développement naturel des
facultés, M. PauImier Ta appli-
quée à l'éducation sociale et litté-
raire, en inspirant aux élèves le
goût de la lecture, et en leur fai-
sant sentir qu'elle était indispen-
sable, surtout aux sourds-nniets;
enfin en graduant cette lecture
au point que les élèves de toutes
les classes commencent à lire dans
des livres à leur portée. Les élèves
de la première classe lisent les
p.rincipaux ouvrages de notre lit-
léralitre, soit <lans l'éloquence,
^oit dans la p >ésie, ce qui n'a-
vait pas lien il y a aujourd'hui
i5 ans. 11 existe peu de sourds-
inuets à l'institution, qui ne puis-
sent prendre intérêt à la lectu-
re. M. PauImier a aussi trouvé des
procédés et des formules éprou-
vées pour enseigner la contexlurfe
PAU
du discours. Pour concevoir la
formule de la phrase simple, on
reconnaît d'abord un ordre de gé-
nération, constant, universel, qui
a trois idées fondamentales, sa-
voir, la nature, Vesprit , Vexpf'es-
sion. Pénétré de ces vérités éter-
nelles, iM. Paubnier a trouvé que
le grammairien, borné à sa scien-
ce, y a introduit des dénomina- /
lions vicieuses, et en a mal dis-
tingué les parties constitutives
contre les règles de l'étymologie
naturelle. Tous ces mots, ce com-
plément dii^ect indirect circons-
tanciel, appartenant plus à la logi-
que qu'à la grammaire, et n'ayant
aucune analogie avec l'ordre na-
turel extérieur, sont au moins inu-
tiles , et ne font que jeter la con-
fusion dans de jeunes imagina-
lions; il a cru qu'en remontant
au principe de la phrase, confor-
mément ù la nature des choses
exprimées, on arrive successive-
mi nt ù ce résultat : Agent, ac-
tion , existence , manière , objet
d'action, lieu, temps, raison. On
trouve une application claire de
ces principes dans l'ouvrage de M.
PauImier. intitulé : Coiip-ffceil sur
('instruction des sourds -muets ,
page a 99; et dans un autre ou-
vrage, intitulé : Aperçu du plan
d'éducation des sourds-muets , qui
lui fut demandé par l'administra-
tion de l'institution; c'est à l'aide
de ces procédés, que M. PauImier
est parvenu à fermer les princi-
]>anx élèves de rétablissement de-
puis au moins dixans. Cet ouvrage
est à sa 3' édition; il eut pour ori-
gine une lettre de 60 pages, que
1>J. PauImier adiessa à M. BazOt
(voyez ce nom), aiiteiu- de VEIoge
historique de l'abbé de l' Epée. M.
VAV
PiUilmier a apîM-i? à parler à deux
élèves. Cloché de Thion ville et
f a-^ès de Perpignan , qu'il eut
rhoniïeur dt' présenter au roi. Les
Feuilles publiques en firent men-
tion. II avait appris à huit élèves
à prononcer très - distinctement
toutes les combinaisons de l'al-
phabeth ; ces élèves élaient diri{^és
dans cet exercice par un autre
somd-iiiuel . le jeune Berlhier.
Celte expérience fut faite devant
l'adiuinistratinn de l'inslitut royal
des sourds-miiet*. Le succès com-
plet promettait une tradition de la
parole dans l'école; mais comme
M. Paulmier était le seul qui se
livrât à ce genre d'enseignement,
et que la partie essentielle, la cul-
ture de l'esprit, aurait pu en souf-
frir, il se vit forcé d'abandonner
cette branche d'éducation, qui lui
parut toujours infaillible et d'im
grand secours comme moyen de
cOitimunicalion. M. Sicard pro-
posa plusieurs fois à M. Paulmier
«le l'envoyer dans l'étranger pour
fonder une école, il ne voulut ja-
mais quitter son maître ni ses élè-
ves de France. Lors de la mort de
l'abbé Sic. ird , M. Paulmier était
](', seul élève qui eut la tradition
de la méthode acquise par 2o ans
d'études sous les yeux de son maî-
tre. On avait pensé qu'il serait ap-
pelé à lui succéder; néanmoins ce
fut M. l'Aumonier, de l'institution
do Bordeaux, qui obtint cet hon-
neur. Il fut installé; mai^ quelque
temps après il df»nna sa démission.
A l'époque où M. l'abbé Perrier a
été nonuné directeur de l'institu-
tion royale de Paris, M. Paulmiw
u été nommé instituteur.
PAU'LO (le comte Jules de) ,
dernier des descendans du graod-
PAU 79
maître de Malte de ce nom , se
montra l'un des principaux chefs
de l'insurrection royale dans le
midi en 1797. On sait qu'à cette
époque le dirccloire-exéculif ve-
nait de rendre la l:>i des otages,
triste pendant de celle des sus-
pects; des révoltes éclatèrent dans
le département de la Haute-Ga-
ronne, et dans ceux qui l'environ-
naient. Les royalistes s'associèrent
de toutes parts, se soidevèrent ,
et mirent à leur tête le général de
brigade Rougé et le comte de
Panlo. Celui-ci, jt^une et plein
d'enlhousiasujc, mais sans expé-
rience , crut que pour triompher,
ik suflisait d'être brave. Ignorant
les secrets de l'art de la guerre,
il les remplaça par un rare cou-
rajre, et une fermeté à toute è-
preuve. Les royalistes, vamqueurs
à Lauta, fur<'nt battus en même
temps dans le département du
Lot, devant Toulouse, et à l'île
Jourdain. Chassés de poste en
poste jusqu'à Muret, ils se réfu-
gièrent sous le commandement
de Rougé, qui avait réuni dans ce
lieu un corps de 4 à 5,ooo hom-
mes. Le comte de Paulo marchait
cependant contre les habitans des
Pyrénées, qni avaient suivi le
drapeau tric<»I(tre. A deux lieues
de Muret, il défait un corps de
républicains, qui tombe dans une
embuscade. ÎSuivi de presque
toute la cavalerie royale, il arrive
à Martres, oi'i il apprend qu'un
général occupait , avec des trou-
pes de ligne et les gardes nationa-
les de l'Arriège , la position d«
Saint-Martory, et que plusieurs
pièces d'artillerie ajoutaient à la
force des cnrjjs qu'il coinmai. fiait.
Il fallait franchir un étroit delilé,
So PAU
ou fuir. Le' comte de Paulo ii'hésila
pas; il presse la truirche de sa co-
lonne avec tant de vivaciié , que
les républicains, qui le croyaient
encore loin, n'avaient pris au-
cune précaution ; ils sont sur-
pris et mis en déroute. Les suites
de cette victoire lui ouvrirent
tous le pays jusqu'à Saint-Gau-
dens et Montrejeau. Ce fut dans
cette dernière position qu'il vou-
lut attendre les républicains ,
mais à son tour il ne songta ni ù
élever des reiranchemens ni à as-
surer sa retraite. Attaqué par
les généraux Berthier et Lannes,
et i'adjudant-général Nicole, il
fut entièrement défait. Deux mil-
le morts couvrirent le champ de
bataille, plusieurs centaines d'hom-
mes périrent en voidant traverser
la Garonne à la nage, enfin la dé-
route fut complète : vainement
les débris de l'armée royale , for-
mant au plus 1,100 hommes, se
dirigèrent sur la vallée d'Arans,
tout l'ut perdu. Le comte de Pau-
lo, qui durant le combat avait
montré sa bravoure accoutmnée,
passa en Espagnepour se soustrai-
re aux persécutions qu'on dirigea
contre lui. Le 18 brumaire arriva;
lecomtedePaulo, après avoir erré
en Espagne et en Angleterre ,
rentra en France, le premier con-
sul ayant accordé une anmisfie
solennelle pour lui et pour sou é-
Uit-major. Fixé à Toulouse, il y
mourut peu de temps après, en
1804.
PAULUS (PÉTERs"), grand-pen-
sionnaire de HolLuide, naquit à
Amsterdam, et lit ses premières
armes dans la marine, où il occu-
pait le grade de capitaine de vais-
seau, lorsque les événemens, oc-
PA15
casionés par l'entrée d'une armée
française en Hollande, le firent
élire grand-pensionnaire au com-
mencemetitde février i^gS. Char-
gé , en cette qualité, de présider
les états, il se hâta de les convo-
quer dans la nuit du 7 au 8 du
même mois, afin qu'ils délibéras-
sent sur les mesures A prendre
dans des circonstances si délicates.
N'ayant accepté la présidence que
parce qu'elle était un des attributs
de la dignité de grand-pensionnai-
re, il aurait bien voulu pouvoir
s'en démettre, mais il fut en quel-
que sorte forcé de la conserver
jusque vers le milieu du mois
d'avril. Alors il fut l'un des dépu-
tés chargés par les états de con-
clure, avec la république françai-
se, un traité de paix et d'alliance.
Le 1" mars de l'année suivante ,
la convention nationale balave,
ayant ouvert sa ses-sion, les mem-
bres qui la composaient nonunè-
rent à l'unanimité M. Paulus pré-
sident. Il ne remplit pas long-
temps ces nouvelles fonctions,
aussi honorables qu'iuipoi tantes:
altaqué subitement d'une maladie
grave, il mourut le 17 mars 170)6.
Lu convention balave, pour rendre
un juste hoMim.ige à la mémoire
de son président, décréta qu'une
médaille serait frappée wi son
honneur, après avoir jiréablement
déclaré qu'il n'avait jamais cessé
de bien mériter de la patrie. Cet-
te déclaration, accompagnée de
son écharpe tricolore, fut remise
à sa veuve. Paulus a publié
quelques ouvrages , parmi les-
quels on dislingue : 1° Apologie
du Stadkoiidérat, ouvrage estimé,
quoiqu'il fût le fruit de ses pre-
mières méditations; a° Mémoire
PAU
sur te droit de la province de Zé-
lande à l'étntilissement d'une aca-
démie, 1775; 5' Commentaire sur
l'union d'Utrecht, 1778, 4 vol in-
8"; 4" Mémoire sur Cégalité parmi
les hommes, Haarlem, 1793, in-8°;
4°" édition, 1795. On trouve un
portrait parfaitement ressemblant
de ce citoyen estimable , dans
la Continuation de l'histoire na-
tionale de W^ agenaar , tome 23.
PAULZE(N.), fermier-général,
naquit dans le département de la
Loire. Il occupa long-temps , à
Montbrison, une place dans la ma-
gistrature, et fut, sons le ministère
de l'abbé Terrai , son parent, ap-
pelé à Paris, et nommé fermier-
général. En 1794^ compris dans la
proscription qui enveloppa les au-
tres fermiers -généraux, il fut
condamné à mort le 8 mai de la
môme année. On assure quMl
possédait en matière de commerce
des connaissances très-étendues;
il avait même formé pour la Guia-
ne une compagnie dont le but
était d'améliorer et d'augmen-
ter les produits de cette colonie,
sur laquelle il publia plusieurs
Mémoires. On lui attribue aussi
un travail très-intéressant sur tout
ce qui a rapport aux possessions
françaises d'Asie et d'Amérique.
PAUTRIZEL (N.), propriétai-
re à la Guatieloupe, fut nommé,
en septembre 179a, député de
cette colonie à la convention na-
tionale, où il ne prit séance qu'a-
près le 21 janvier J793. Le sort
des colonies l'occupa spéciale-
ment : il discuta néanmoins le pro-
jet de la nouvelle constitution, et
ce fut lui qui proposa la création
d'un conseil exécutif composé de
vingt-quatre membres. Quoiqu'il
PAU 81
eût toujours montré beaucoup de
modération dans sa conduite , il
se déclara contre la majorité de la
convention, en faveur des dépu-
tés qui favorisèrfint l'insurrection
du 1" [)rairial an 4 (20 mai 1795),
ce qui motive le décret d'arresta-
tion rendu contre lui le 25 du
même mois; mis en arrestation,
M. Pautrizel fut rendu à la liberté
par suite de l'amnistie du 4 bru-
maire an 5. Après la session con-
ventionnelle, il est rentré dans lu
vie privée.
PAUWELS (Jean), composi-
teur de musique et chef d'orches-
tre du théâtre de Bruxelles, na-
quit dans cette ville en 1771. Fils
d'un musicien, et secondé par ses
dispositions naturelles pour la mu-
sique, il cultiva cet art avec tant
de succès qu'il obtint la réputation
d'un excellent violoniste , avant
même d'avoir atteint l'âge de l'a-
dolescence. Il vint à Paris à 18 ans,
et ses talens, qui le firent bientôt
remarquer, tacilitèrent son entrée
à l'orchestre du théâtre Feydeau.
Pauwels ne fit pas à Paris ua
très-long séjour; cependaut, lors-
qu'il en sortit pour retourner dans
sa ville natale, son jeu s'était telle-
ment perl'ectionné, qu'il fut reçu
eu qualité de premier violon a
l'orchestre du théâtre de Bruxel-
les, dont il obtint la direction. Il
consacra à ta coiuposilion la plus
grande partie de son temps. (>e
compositeur mourut à la fleur de
son âge, en 1804. Trois de ses opé-
ras furent représentés à Bruxelles;
ce sont : i" la Maisonnette dans
tes bois, 2° l' Auteur malgré lui; 5"
Léontine et Fonrose: ce dernier
est son chef-d'œuvre. On dislingue
parmi ses œuvies dexcellens
83
PAW
concertos de violon , de flPite
et de forte- piai»o , et difterens
airs composés pour le grand con-
cert qu'il avait fondé à Bruxelles.
PAVIE (N.), membre du con-
seil des cinq-cents, où il fut nom-
mé, en 1797, p;ii- le déparlemt'nt
de l'Eure, s'attacha au parti CU-
chien, embrassa avec chaleur la
cause de la religion catholique, en
demandant le libre exercice de
celte religion, que la majorité des
Français a])pelaient, disail-il, le
culte de leurs pères. Il demanda
aussi, le 1" novembre de la môme
année , que les presbytères de-
vinssent la propriété des commu-
nes. Com[)ri» au nombre des dé-
putés qui, par suite de la journée
du 18 fructidor an 5 (4 septembre
1797), devaient être déportés à
Cayenne, il parvint à se soustraire
aux recherches <leceux qui étaient
chargés de l'arrêter, et se tint ca-
ché jusqu'à l'époque du 18 bru-
maire. Alors les consuls le rappelè-
rent, niais ne luidonnèrenl aucun
emploi. Il paraît qu'il n'en a point
occupé depuis.
PAW (Corneille de), chanoine
et littérateur allemand, appartenait
h une famille noble; il était on-
cle du fameux Anacharsis Cloots,
membre de la convention nationa-
le. Paw embrassa l'état ecclésias-
tique, et obtint dans son |>ays un
riche canonicat, au moyen du-
quel il put se livrer à la culture
de la liltéralure ancienne. Ses
jRerherclies sur tes Grecs, les Ainé-
rica'ms , les E<^yplicns et les Chi-
nois, attestent l'étendue de ses con-
naissances ; mais on découvre
bientôt qu'en se livrant trop faci-
ment à ses conjectures, il affirme
souvent des choses dont la majo-
PAY
rite des historiens doute, et même
que son but principal est de les
contredire tous. Malgré la singula-
rité de ses idées, qui ressemblaient
souvent à celles de son neveu,
on ne peut lui refuser beaucoup
d'esprit, une érudition profonde
et une grande rectitude de juge-
ment. Il rapporte nombre de
faits qu'on chercherait inutile-
ment ailleurs. Son esprit philo-
sophique lui fit parmi le clergé de
violens ennemis , et lui valut ,
en revanche, l'estime du roi de
Prusse, Frédéric- le -Grand. Au
surplus, ses ennemis mêmes ren-
daient hommage à ses vertus. II
fut nommé corrunissaire du gou-
verneiïient français après la réu-
nion à la France des départemens
du Khin. Il remplissait les fonc-
tions <le celte place lorsqu'il
mourut, le 8 juillet 1799, "
Xanten , près d'Aix - la - Cha-
pelle.
PAYAN (Claude- François),
né à Saint-Paul-Trois-Chàleaux ,
départen)ent de la Drôme, d'une
famille ancienne et considérée
dans cette |)rovincc, et dont plu-
sieurs membres avaient rempli
des fonctions importantes dans la
magistrature et dans l'armée.
Destiné dès sa jeunesse, ainsi que
tous les cadets de sa famille, à l'é-
tat militaire, il s'y prépara par de
bonnes éludes, et entra dans le
corps de l'artillerie, où il se fit re-
marquer au commencement de la
révolution en 1789 |»ar des opi-
nions irès-exaltées et par son op-
position contre le nouvel ordre
de choses. Il était alors traité, se-
lon l'expression en usage, d'aristo-
crate. Mais vers la fin de 1790,
il abandonna à la fois le service
PAY
militaire et la marche qu'il avait
suivie ju<qu'alors, pour .se jeter a-
vec toute la t' tugue d'une jeunesse
inconsidérée , dans le parti des
hommes les plus exagérés. Brû-
lée (le tuus les feux du nudi ,
sa l,êle ardente ne concevait que
les extiêmes. Nommé en 1790
administiateur du département
de la Drômc, il eut, pendant une
mi-siou particulière à Paris, des
relations fréquentes avec Robes-
pierre. Ur> inconcevable aveu-
glemenrle porta à se passionner
en laveur de ce tyran, alors l'idole
d'un peuple égaré, qui ne pronon-
çait guère son nom sans y join-
dre l'épithèle du vertueux ou de
t'ineorruptible, et que ce mC-me
peuple accompagna bientôt au
supplice en poussant des cris de
joie. Payan paya lui-même de sa
tfite son dévouement au chef des
démagogues. Après avoir rédigé
sous ses auspices, avec plus d'es-
prit et de talent que n'exigeait Vê-
poque,\p]o\}vnii\diiVJnliféd<'Tatis-
te, Payan fut nommé par te comité
dit de salut- public agent natio-
nal près de la commune de Paris,
et Robespierre, qui l'avait entière-
ment subjugué, le détermina à
accepter cet emploi , qu'il avait
d'abord refusé. Il ne se dissimidait
point les dangers de ce poste, et
s'en ex[»liquait souvent avec ses
amis; mais tout eu prévoyant sa
destinée, il résobil de la l3rav«T.
Ses discours improvisés à la com-
mune, furent toujours couverts
d'applaudissemens, et cités par les
journalistes du parti, connue des
chefs-d'œuvre d'éloquence. Lors
des événemens de thermidor, il
se prononça , ainsi que tonte
la commune, pour Robespierre.
PAY
85
Dans la nuit du 9, quelques amis
lui proposèrent de quitter l'hôtel-
de-ville, et lui oifiirenl le- moyens
de se mettre en ^ûreté. Mais il re-
poussa leurs a vi-, et répondit qu'il
saurait mourir au poste qu'il avait
accepté. iMis hors la loi avec ses
collègues de la commune de Paris,
il fut exécuté le lo thermidor,à l'â-
ge de 38 ans, et montra jusqu'à la
lin un courage digne d'une meil-
leure cause. On a de lui jtlusieurs
écrits en prose et en vers, d'un
style élégant it facile, qui font re-
gretter le déplorable usage au-
quel il consacra depuis les ta-
lens dont la nature 1 avait doué.
PAYAN DUMOULl,>f (Joseph-
François), né à Sainl-Paul-ïrois-
Châteaux, département delà Urô-
me, frère aîné du précédent, était
conseiller maître à la cour des
comptes avant la révolution. Loin
de se laisser entraîner j)ar la fou-
gue insensée rit; s(m frère cadet,
Payan Dumoulin, sincère auji de
l'humanité, adopta les espér inces
et les principes d'une meilleure
organisatitm politique, avec cet
esprit de sagesse et de modéra-
tion qui n'a cessé de le guider
dans l'exercice des diverses fonc-
tions publi(|ues qu'il a rem[)lies.
Il fut nommé d'ibord adininis-
traleurdu département de la Drô-
me,et ensuite procureur-général-
syndic du même départennml.
Tousses efforls tendirent au main-
tien do l'ordre et de la tranquilli-
té intérieure pendant les temps
les plus orageux de la révolution,
et il eut le bonheur d'y réussir.
Tandis que les dé[)arteinens voi-
sins servaient de théâtre aux plus
violens excès, celui de la Drôme
resta vierge de sang, et il conlri-
84
PAY
bua puissamment à sauver de
tonle atleinle et les citoyens et
les propriétés. Après les dét^as-
treiiso journées du 3i mai et du
commeuceinent de juin 1793,
radmiiiislrition du département
de la Drôme resta long-temps in-
décise, mais finit par se soumet-
tre au parti de la majorité con-
Tentionnelle, qui venait de s'eui-
parer de la direction des affaires
de la république. Cette adminis-
tration espérait ainsi éviter la
guerre civile, dont le feu mena-
çait d'embraser tout le Midi.
Payan Dumoulin était encore
président de l'administration en
i7p4' *^t y jouissait de l'estime
générale , lorsqu'il fut nommé
commissaire de l'instruction pu-
blique. Il désirait rester dans son
département, où il se croyait plus
utile à ses concitoyens, et refusa
le poste auquel on l'appelait à
Paris; mais le comité de sa-
lut-public lui fit signifier qu'il
était mis en réquisition , et lui
donna l'ordre de se rendre immé-
diatement en cette ville, ordre
auquel il était dilli» ile à cette é-
poque de se soustraire. Payan
Dumoulin s'employa dès-lors a-
vec zèle à remplir les nouveaux
devoirs qui lui étaient imposés,
et à contribuer, autant qu'il était
possible en ces temps malheureux,
à l'encouragenjent de.» lettres, des
sciences et des ails. Il ol)liut par
ses instances réitérées auprès du
comité de ^alut-pld)lic, la aii»e en
liberté de plusieurs liouimesde let-
tres et artistes recomniauil.iljles,
injustement détenus. Il n'en lut
pas moins fr;^ppé lui-même, à l'é-
poque du 9 thermid()r,par iiri dé-
cret ^i le mettait hors la loi. Le
PAY
rôle que jouait son frère à la com-
mune de Paris, où il servit avec
ardeur les intérêts de Robesi)ier-
re, le fit envelopper momentané-
ment dans la même proscription.
Il n'existait point d'autre motif
que cette pu'enté, et le décret
n'en présenta aucun ; Payan Du-
moulin, par la nature de ses fonc-
tions, était étranger à la partie
révolutionnaire du gouvernement;
il l'était encore davantagtî par
son caractère, et n'avait cimservé
aucune relation politique avec son
frère,dont il ne partageait ni l'exal-
tation, ni les principes. Il fut prouvé
même qu'il n'avait jamais fait par-
tie de la trop fameuse société des
jacobins. Après avoir passé la
plus grande partie de la nuit du 9
au 10 thermidor dans les bureaux
de la commission d'instruction
publique au petit Luxembourg,
et ensuite chez lui, il apprit le
matin qu'il était proscrit, et n'eut
que le temps de sortir en toute
hâte de Paris; il erra long-temps
dans les environs, et fui enfin as-
sez heureux pour gagner la Suis-
se, où il trouva un asile. L'injus-
tice de sa proscription ayant été
reconnue, et le décret de mise
hors la loi rapporté, il revint en
vendémiaire an 4 ■' Paris, où il
servit avec autant de zèle que de
succès un grand nomUre des vic-
mes échappées au règne de la
terreur. Il fut ensuite immmé di-
recteur des contributions direc-
tes, et en exerça les fonctions dans
divers départeuieiis pendant 18
années consécutives. Il s'esl retiré
en 1816. Fonctionnaire laborieux
et désintéressé, il n'a point dé-
menti, pendant sa longue carriè-
re, ce caractère de justice et d'in-
tégrité qui lui a conserré de nom-
breux amis, même pendant les
époques les plus orageuses. Payan
Dumoulin a aussi cultivé les let-
tres; on a de lui différentes pièces
en vers et en prose, insérées dans
le Mercure, le Courrier de C Eu-
rope, et autres ouvrages pério-
diques.
PAYAN DUMOULIN (Louis
de), de la même famille que les
précédens. avait établi son domi-
cile à Aubenas, département de
l'Ardéche. Sa mémoire est encore
en vénération dans c«!ttc partie de
l'ancien Vivarais, jadis presque
inculte et stérile. Il y a naturalisé
le premier les plantations des mû-
riers nains et perfectionné \'\ cul-
ture de la vigne. Les anciens états
du Languedoc, auxquels il pré-
.senta divers mémoires, lui décer-
nèrent des éloges et des encoura-
gemens. L'abbé Rozier, dans son
Cours complet d'agriculture, et
Faujas de Saint-Fond dans son
histoire naturelle du Daiiphiné,
fout une mention honorable de
ses travaux et de ses succès. On
a de lui, outre divers mémoires
publiés sur la culture du mûrier,
et sur l'éducation des vers à soie,
un Essai fur la théorie des vents,
dédié à son ami le célèbre Vau-
canson; divers éfrils sur l'écono-
mie politique, l'organisation mi-
litaire, les impôts, etc., et un
discours mentionné honor-ible-
ment par l'académie de ChSlons,
concernant les meilleures lois
pénales pour la répression des
crimes. 11 est mort dans un Age
très-avancé, au commencement de
la révolution.
PAYAN DE L'ETANG (Joseph
de) , frère du précédent, tué à la tôle
PAY
85
du régiment dont il était colonel,
en 1745, au camp des Cinq-Etoiles
en Flandre, fut père d'Henriette
de Payan, qui s'est distinguée dans
la république des lettres, sous les
trois noms de d'Antremont, de
Bourdic et de Viot.
PAYEN (N.). s'occupait d'agri-
culture lorsqu'il fut nommé, par
le tiers-état d'Artois, aux états-gé-
néraux en 1789. Il fut peu remar-
qué de l'assemblée au commence-
ment dt; la sessioti ; cependant,
en 1791, il fit un rapport sur l'as-
semblée coloniale de Saint-Do-
mingue, dont on avait proposé
de mettre les membres en accusa-
tion, et parvint à faire rejeter cet-
te proposition. De retour dans ses
foyers à la fin de la session, il ne
fut point réélu aux assemblas sui-
vantes. En 1793, ayant manifesté
des opinions monarchiques, il fut,
par ordre du conventionnel Jo-
seph Lebon , mis en arrestation,
puis traduit au tribunal révolu-
tionnaire d'Arras, qui le condam-
na à mort au commencement de
PAYEN DE BOISNEUF (N.),
possédait dans la ci-devant pro-
vince deTouraine de grandes pro-
priétés, qu'il exploitait lui-même,
lorsqu'il fut nommé par le tiers-
état du bailliage de Tours , dépu-
té aux états-généraux en 1789.
M. Payen, qui avait des connais-
sances étendues, se fit peu remar-
quer à la tribune, mais il travail-
la beaucoup dans les comités des
colonies, de la marine et des re-
cherches. Après la session, il fut
appelé , par la confiance de ses
commeltan*, à remplir les fonc-
tions de haut -juré du départe-
ment d'Indre-et-Loire. Il parait
86
PAY
n'.'jvoir point occupé d'emploi
public depuis celle époque.
PAYNE (Thomas), député à la
conveatioi) nationale, né en An-
gleterre, à Thelford dans le coinlé
de Norfolk, le 29 janvier 17^7,
acquit dès sa jeunesse de la célé-
brité par ses écrits politiques, ainsi
que par la part active qu'il prit aux
démêlés des colonies anglaises de
l'Amérique septentrionale avec la
métropole, et à la londalion de la
république des Elats-L'ni-<. Payne
était fils d'un honnête fabricant
de Thctt'urd , quaker de religion,
très-zélé pour sa croyance, mais
qui ne put réussir, ni à inculquer
à son fils ses opinions religieuses,
ni à lui voir exercer long- temps
.son état. Après avoir fait quelque
séjour à Londres, le jeune Payiuî
voul«j|*enter la fortune sur tner,
et s'embarqua avec plusieurs amis
de son âge siu' un corsaire. Les fa-
ligues furent plus grandes que les
profits, et après deux campagnes,
pendant lesquelles il eut occasion
de se distinguer, du moins par son
courage , il céda aux vives ins-
tances de son père, repartit pour
Thelford, et s'établit ensuite à
Sandwich, où il épousa, à l'âge
de 2") ans, la fille d'un employé
de l'accise. Il eut bientôt lui-mô-
nie un emploi subalterne dans
cette adminlslralion , mais s'en dé-
goûta au bout d'un an, retourna
à Londres, où il devint sous-maî-
tre dans une école. En enseignant
aux autres, il étendit la sphère d(i
ses propres connaissances, en ac-
quit d'assez étendues en mathé-
matiques et en astronomie, et cul-
tiva en môme temps avec succès
la poésie. Dn meilleur emploi dans
l'accise lui ayant été offert, il l'ac-
PAY
cepta, et alla l'fxercer à Lewes
en Sussex. Les talens littéraires et
les vi.'rs d'un homme oc(U])é de
fonctions si peu analogues au com-
merce des muses, firent du bruit
dans toute la province , et bienlôt
ses Collègues les employés de l'ac-
cise le choisirent pour plaider leur
cause auprès du parlement bri-
tannique. Us demafidaient une
augmentation de salaire, et Payne,
dans un mémoire très-habilenient
rédigé, son premier ouvrage en
prose, démontrait la nécessilé de
mettre tout fonctionnaire public
à l'abri de la tentation de gagner
par des voies illicites ce qui est in-
dispensable à sa subsistance, et que
lui refuserait le gouvernement.
Quelque succès qu'eût le mémoire
de Payne; il n'en jouit point per-
sonnellement. Sa femme venait de
mourir ; il en épousa une autre ,
mais ne trouva point de bonheur
dans cette nouvelle imion , et ne
voulut point cohabiter avec celte
femme par des motifs qu'il n'expli-
quait point, et (|ui ne regardaient,
disait-il, que lui seul. Abandon-
nant la province, l'accise et tous
les emj)lois suballernes , il alla
s'établir à Londres, et y travailla
pour les journaux. Ses talens ,
comme écrivain , le firent recher-
cher par plusieurs hommes distin-
gués. Goldsmith, l'auteur du Vi-
caire de Wakefield et de tant d'au-
tres ouvrages accueillis par le pu-
blic, fut au nombre de ses plus
intimes amis ; mais ce qui influa
plus particulièrement sur la desti-
née du publiciste anglais, fut sa
liaison avec le célèbre Franklin ,
député des colonies américaines
et chargé de plaider leur cause à
Londres. Celui-ci, appréciant tout
I
l'A Y
le mérite rie Payne, l'engagea à se
rendre en Amérique, et à consacrer
ses talens et sa plume à la défense
des colons opprimés par le minis-
tère de la mère-patrie. Fortement
recommandé par Franklin à ses
amis et aux principaux hommes
d'état d'outre-mer, Payne, arrivé
à Philadelphie , se fit d'ahord con-
naît re, ainsi que l'avait fait Frank lin
même, par d'excellens articles de
journaux, ayant tous pour but des
objets d'utilité publique. Le Pen-
.syhaiiian Magazine dot un accrois-
sement et des succès rapides à ce
nouveau collaborateur. Ses ré-
flexions sur l'administration du
gouvernement anglais dans 1 Inde,
sur la vie et la mort tragique du
fameux lord Clive, furent parti-
culièrement citées comme un ta-
bleau historique tracé de main de
maître. Payne eut bientôt à s'oc-
cuper de matières d'une plus haute
importance. La mission de Fran-
klin à Londres, en 1774? n'avait
obtenu aucun succès ; un monar-
que inflexible, et des ministres
qui sacrifiaient leurs propres opi-
nions au désir de conserver leurs
places, repoussaient les demandes
les plus équitables. Malgré l'op-
position éloquente et énergique de
lord Chatham et de quelques pa-
triotes éclairés des deux chambres
du parlement, il fut résolu d'user
envers les colonies des moyens les
plus rigoureux , et mêtne de la
iorce des armes. Payne publia
alors, en 1776, son fameux pam-
phlet, the commun Sensé (le Sens
commun ) , et jamais aucun écrit
politique ou religieux n'eut de suc-
cès pareil et une influence aussi
marquée. L'auteur aurait pu pren-
dre pour épigraphe le vers d'un
PAY
87
poète français : L'injustice à la fin
produit C indépendance. Les Amé-
ricains proclamèrent la leur, et
surent bientôt la conquérir, com-
me ils savent encore la défendre.
Payne se dévoua dès-lors à cette
cause, et professa jusqu'à la fin de
ses jours le plus ardent républi-
canisn)e. Son premier écrit eut
un débit prodigieux; plusieurs édi-
tions consécutives le mirent bien-
tôt dans toutes les mains. Mais
l'auteur aspirait à plus d'un genre
de gloire; il se rendit à l'armée,
où il combattit vaillamment. Dans
les loisirs des camps, il composa
encore une suite de brochures'et
feuilles périodiques sous le titre
the Crisis (la Crise), se succédant
par numéros jusqu'à la paix, ou
deptiis 1776 jusqu'en 1783, et for-
mant en tout i5 livraisons, qui
contribuaient à entretenir l'esprit
public au milieu des revers qu'é-
prouvèrent d'abord les armes amé-
ricaines. Payne avait été rappelé
de l'armée en 1779, po'Ji" occuper
un poste de confiance; le congrès
le choisit pour secrétaire du co-
mité des afTaires étrangères, où il
travailla pendant deux ans; mais
ayant mécontenté quelques mem-
bres iufluens en signalant dans les
journaux un agent infidèle qu'ils
protégeaient, il crut devoir don-
ner sa démission. Les dilapida-
tions de ce concussionnaire, qui
se sauva on Angleterre , furent
cependant prouvées depuis, et l'on
rendit pleine justice à Payne. Le
congrès chargea ce dernier, vers
la fin de 1781', de se rendre en
France avec le colonel Lawrence,
pour y solliciter un emprunt. Il
retrouva à Paris son ami Franklin,
qui seconda de tout son crédit
88 PAY
relte mission. Elle obtint un suc-
cès coiuplet : non- seulement le
gouvernement français accorda
aux Américains un don de 6 mil-
lions, mais il se rendit en outre
garant d'un prêt de lo millons que
leur flt la répul)lit|ue de ilollande.
Pendant son séjour à Paris, Pajne
conçut le téméraire projet de se
rendre en secret en Angleterre,
pour y publier un ouvrage sur
l'état des affaires en Amérique ,
propreà ouvrir les yeux du peuple
et à convaincre tous les hommes
de bonne foi de l'inutilité des ef-
forts qu'on tentait pour subjuguer
les colonies; mais le colonel La-
wrence s'opposa à ce départ, et ne
voulut point se séparer de son col-
lègue, qu'il ramena presque mal-
gré lui en Amérique, où ils reçurent
tons deux l'accueil que leur méri-
tait une mission si honorablement
terminée en Europe. La plus glo-
rieuse paix vintcouronoerdés l'an-
née suivante les nobles efforts des
Américains pour conquérir leur
liberté, et la nouvelle république
des Etats-L'nis fut solennellement
reconnue par toutes les puissan-
ces. L'Angleterre gagna en com-
merce plus qu'elle ne perdit en
domination par l'indépendance de
ses colonies, et ses intérêts furent
mieux soignés que ceux de la
France, dont on parut assez vile
avoir oublié les éminens services.
Le ministère anglais en garda seul
un long souvenir, et ses projets
de vengeance passèrent en héritage
d'une administration à l'autre. Le
congrès des Etats-Unis s'empressa
de reconnaître les services de Pay-
ne, et lui fit un don de 3ooo dol-
lars ; l'état de New-York y joignit
une concession de 5oo acres de
PAY
terre avec une habitation; l'état
de Pensylvanie lui donna Sooo
livres sterlings, et celui de Virgi-
nie se disposait à suivre cet exem-
ple , mais on y observa que Payne
dans un de ses écrits, tlie Public
Good, avait contesté les droits des
Virginiens sur un grand territoire
à l'ouest, et, à la majorité d'une
voix, la motion de récijmpeiiser
l'auteur du commun Sensé fut re-
jetée, llentré dans la vie privée,
il se livra ^avec une nouvelle ar-
deur à l'étude des sciences et des
arts mécaniques. L'université de
Philadelphie le nomma maître ès-
arts , et la société philosophique
américaine l'admit au nombre de
ses membres. En 1787, Payne re-
vint à Paris, et présenta à l'aca-
démie des sciences le modèle d'un
pont en fer, tel qu'on commen-
çait alors à en construire en Amé-
rique. Son plan fut approuvé;
mais il ne trouva point de capi-
taux pour exécuter son projet. Il
passa alors en Angleterre, visita
sa ville natale, et y trouva sa mère
qui, devenue veuve, vivait dans un
état voisin de l'indigence ; il pour-
vut généreusomçnl à ses besoins,
et assura son sort pour l'avenir.
S'étaut ensuite associé avec un
maître de forges à Rothi'rham ,
dans le Yorkshire, il poursuivit
ses projets de construction de
ponts en fer, en présenta les plaris
à la société des arts de Londres,
et publia ime lettre à ce sujet,
adressée à sir Georges Staunton,
imprimée à Rotherham en 1789,
dans laquelle il développait les
avantages qu'on pouvait retirer
de ce genre de constructions. Les-
premiers fonds mis à la disposi-
tion de Payne ne suffirent point
PAY
pour sa grande entreprise. II en-
gagea alors tous ses biens en Améri-
que , mais la faillite de son agent
le jeta dans le plus grand eml:)ar-
riis , et il lut même détenu
pour dettes pendant quelques
semaines. On vint enfin à son se-
cours. Un ouvrage, que Payne a-
\ait publié depuis son retour en
Europe, sur la politique de la
Grande-Bretagne et les intérêts
du continent, venait d'ajouter à
sa réputation comme écrivain. On
y trouve des aperçus d'une saga-
cité remarquable. L'auteur avait
su démêler de bonne heure les
vues ambitieuses du jeune minis-
tre placé à la tête des affaires de
l'Angleterre. Le fils de lord Cha-
iham avait hérité de toute l'ani-
niosité de son père, contre la
France, et n'épargnait rien pour
assurer la prépondérance de son
pays, en semant les troubles et les
divisions sur le continent. Les
•luerelles du stathouder avec les
patriotes de la république des
Provinces-Unies,avaient déjà four-
ni à Pitt les moyens de s'attacher
la maison d'Orange par des liens
qui se sont perpétués jusqu'à ce
jour. Il Taisait de plus agir à son
gré la Prusse, et saisit avidement
l'occasion d'humilier la France,
qui d'abord avait soutenu les pa-
triotes hollandais, mais qui les
abandonna bientôt, retira ses trou-
pes des frontières, et laissa le
champ libie aux .^o.ooo Prus-
siens , avec lesquels le duc de
Brunswick envahit la Hollande,
et la soujnil à l'influence anglaise.
Payne prédit à l'Angleterre les
n)aiix que traînerait à sa suite le
machiavélisme de ses ministres,
calcula tout l'or et le sang qu'il
PAY
«9
lui faudrait prodiguer en des lut-
tes nouvelles, et prouva victo-
rieusement que chaque guerre ne
ferait qu'ajouter à ses embarras
financiers, au poids accablant des
taxes, sous lequel le peuple gé-
missait, et à sa dette publique,
déjà si énorme. Dès 1787, Payne
avait fait imprimer d'autres pré-
dictions remarquables :« C'est un
» fait connu, disait-il, de tous ceux
»qui ont été récemment en Fran-
))ce, qu'un changement très-ex-
«traordinaire s'opère dans l'esprit
«du peuple de ce royaume; chan-
«gementqui rendra la France for-
omidable, aussitôt que son gou-
). vernement voudra saisir l'heu-
«reuse occasion qui se présente,
» pour doubler sa force, en unis-
»sant, s'il est permis de le dire,
»la majesté du souverain à la ma-
wjesté de la nation. » Cet ouvra-
ge, publié à ïjondres, eut trois
éditions consécutives. Deux ans
jdus tard, la révolution éclata.
Payne s'était lié, tant en France
qu'en Angleterre, avec des hom-
mes marquons. Il avait eu à Pa-
ris un libre accès auprès de l'ar-
chevêque de Toulouse, alors à la
tête du ministère français, qui dé-
sirait une paix constante entre la
France et l'Angleterre. Condor-
cet, Achille Duchâtelet, des phi-
losophes, des littérateurs distin-
gués, étaient au nombre des amis
et des admirateurs de Payne.
Il entretenait une correspondance
suivie avec le célèbre Burke, qui
avait soutenu, avec auliiut d'é-
nergie que d'éloquence, la cause
des Américans devant le parle-
ment britannitiue. Buike était en-
core alors au nombre des mem-
bres les plus opposés au minislè-
9»
PAY
re de son pays; ii paraissait adop-
ter, avec la chaleur qu'il inetlait
à tout, le système politique de
Payne, qui, au lieu d'exciter et
d'entretenir les haines nationales,
tendait à les éteindre, et à les
remplacer par des senliniens plus
justes, d'estime et il'affection ré-
ciproques. Il croyait que deux
peuples voisins , tous deux puis-
sans, riches, et industrieux, mais
dont les cruels débats avaient si
long- temps ensanglanté la terre
et les mers, devaient cesser de se
déchirer, confondre leurs intérêts,
et tbrmerune alliance étroite, pour
leur propre bonheur, comme pour
celui desautres nations qui se trou-
veraient bientôt soumises à leur
influence. Les Français et les An-
glais se seraient ainsi placés à la
tête de la civilisation européenne,
et jamais les autocrates du Nord
n'auraient été appelés à devenir
les arbitres des destinées de la
plus belle partie du monde. Mais
Pitt en avait autrement décidé.
Les premiers excès de la révolu-
tion le servirent à souhait. L'é-
tranger ne cessa de fomenter de-
puis des troubles et des excès nou-
veaux en France, et toutes les
haines trouvèrent d'abondans ali-
inens. L'Ame ardente et généreuse
de Burke se révolta une des pre-
mières, et en entraîna d'autres.
Lui-même ne sut point renfenner
son indignation dans de jusies
bornes. Abandonnant son parti ,
rompant avec tous ses anciens a-
inis, et Fox en pleura de douleur,
ii seconda les vues d'un ministère
qu'il détestait, et lança ses véhé-
mentes Philippiques contre la
France. Payne y répondit par ses
fameux Droits de r homme, qui
PAY
furent imprimés à Londres en
1791, Plus de 5ooo exemplaires
en furent enlevés en peu de temps.
L'année suivante il en publia, de
même à Londres, une seconde par-
tie. Le succès de l'ouvrage en An-
gleterre, quoiqu'il fut vivement
attaqué par les nombreux parti-
sans du ministère, inspira à celui-
ci quelques alarmes. Il résolut de
Taire poursuivre l'auteur comme
ayant excité le peuple à la révolte
contre le gouvernement monar-
chique. Payne fut traduit devant
le tribunal du banc du roi, et y
fut défendu par un des plus célè-
bres avocats du barreau anglaise,
Thomas Erskine, orateur généra-
lement estimé pour son beau ta-
lent, et plus encore pour son no-
ble caractère. Son plaidoyer passe
pour un chef-d'œuvre d'éloquence
et de raisonnement. Des démar-
ches de plus d'un genre avaient
été faites auprès de lui pour l'em-
pêcher de se charger de cette cau-
se. Dans son exorde, il ne peut
s'empêcher de parler de ces faits
déjà connus, et de déplorer qu'on
l'ait cru capable de refuser son
ministère à un accusé qui se con-
fie à lui, et qui n'a violé aucune
loi. Lui-même, sincèrement at*
taché aux lois et au gouverne-
ment de son pays, et dont le dé-
vouement n'est point ignorédeses
concitoyens, il ne prétend nulle-
ment discuter les opinions ou fai-
re ra|)ologie des principes de son
client; mais il croit pouvoir prou-
ver que celui-ci avait le droit de
les énoncer, et que selon les lois
anglaises établies en faveur de
la liberté de la presse , Payne ne
devait point être déclaré coupa-
ble pour avoir écrit comme il l'a-
PAY
vait fait. L'orateur, à l'appui de sa
(lûreiisc , lut plusieurs passages
d'auteurs connus, et cités pour
leur attachement à la monarchie,
tels que Hume, Burke et autres,
prouvant que ces écrivains a-
vaient, sans êlre inquiétés, atta-
qué aussi énergiqueinent les ahus
du pouvoir monarchique. Payne
n'eu fut pas moins condamné, et
son avocat perdit une place lu-
crative, qc'il tenait d'un prince.
La société des amis de la liberté
de la presse vota des remercî-
mt-ns publics à M. Erskine, et
une riche et nombreuse clientelle
le dédomnifigea bientôt de ia perte
(lésa place. L'auteur qu'on pour-
suivait à Londres , dont on brû-
lait dans quelques réunions poli-
fiqjies l'elligic et les écrits, tandis
que dans d'autres on faisait l'i-
nauguration de son buste, en l'or-
nant de la couronne civique, Pay-
ne se hâta d'aller jouir en France
des honneurs extraordinaires qui
v«!naient de lui être décernés en ce
pays. Avant même que son pro-
cès ne fût instruit en Angleterre,
l'asseinblée nationale lui avait
conféré le titre et les droits de ci-
toyen français. Les électeurs du
département du Pas-de-Calais al-
lèient encore plus loin dans leur
enthousia.snie pour le défenseur
ihs droits de l'homme, et le nom-
mèrent, à l'unanimité, leur re-
présentant à la convention na-
tionale; ils lui envoyèrent mCmc
une députalion en Angleterre,
pour lui annoncer leur choix. Il
accepta, sans hésiter, cette mis-
sion, se rendit à Douvres, où il
essuya encore, avant de s'embar-
quer, les vexations et Jes insultes
des douimiers , qui cherchaient
PAY
9'
ainsi à bien mériter du gouver-
nement ; mais il franchit enfin le
canal, et aborda heureusement
sur la plage, où le peuple était
accouru en foule pour le rece-
voir. Vingt minutes après son dé-
part de Douvres, l'ovdre de l'ar-
rêter y iirriva , dit-on, de Lon-
dres. Il reçut, dès son entrée en
France, le^ plus éclatans témoi-
gnages de cette faveur passagère,
qui devait bientôt se changer pour
lui, comme pour tant d'autres
idoles d'un peuple inconstant et
passionné, en haine et en persécu-
tion. La garnison de Calais était
sous les armes , un officier lui
présenta la cocarde aux trois cou-
leurs, et une des plus jolies fem-
mes de la ville l'attacha à son cha-
peau. Des salves d'artillerie an-
noncèrent son arrivée; il fut con-
duit, aux cris multipliés de Vive
Thomas Payne, à l'hôtel-de-ville,
où le maire, à la tête de la muni-
cipalité, reçut et harangua le nou-
veau représentantdn peuple fran-
çais. Celui-ci malheureusement
ne siivait point s'exprimer dans la
langue de ses commcttans, et ne
put témoigner sa reconnaissance
que par gestes et en portant sa
main sur son cœur. Au théâtre, à
la Société dite constitutionnelle,
et partout où on le promenait, les
mêmes témoignages d'amom' et
de vénération lui étaient prodi-
gtiés. Il fallut, à la seconde séan-
ce de la société des amis de la
constitution, abandonner le local
insuffisant des Minimes , où elle
s'était réunie jusqu'alors , et se
transporter dans la grande église,
tant rem[>ressenn'nt des curieux,
accourus de toutes parts, était ex-
trême. D'autres départemens se
9»
PAY
disputèrenl le publiciste anglais,
et les villes de Beau vais, d'Abbe-
ville, et de Versailles, le noininè-
rent leur représentant; mais il op-
ta pour le département du Pas-
de-Calais, qui l'avait élu le pre-
mier. Arrivé à Paris, il publia ime
adresse au peuple français, pour
le remercier de sa confiance et de
l'insigne honneur dont son choix
l'avait comblé. Mais à cet hon-
neur, prodigué en inême temps
à des Marat, des Couthon , des
Robespierre, se bornèrent tous les
succès de Payne en France. Il ne
joua qu'im rôle suballerne à la
convention nationale, où il ne
put parler que par interprête; et
quand dans le procès de Louis
XVI, il osa depuis braver coura-
geusement la faction dominante,
la perle du député étranger fut ré-
solut'. Ce républicain exalté et
réputé si farouche, qui avait puis-
samment contribué à la chute de
lit royauté diins le nouveau mon-
de, et qui venait d'adresser une
lettre aux Anglais, dans laquelle
il disait que « leur gouvernement
né», lit le type de la corruption, et
nqu'ils n'avaient besoin ni A\iii
»maitr«; Gueljtht' , ni de se:- fils
«prodigues, pour les gouverner, »
Paynesedi clar.thaiitem.ut contre
la peine de m.)rt, qir(,n uu)iitrait
le fimesle d»;sseiu de pronouct r
contre le roi. llobe^pierre avait
vaineujeut con)pté sur ce suffra-
ge; Payne vola pour le bannisse-
ment après la paix, et quand, mal-
gré ses eiîbrts, la mort fut pro-
noncée, il demanda ra[ipel au
peuple, le sursis à l'exécution, et
fit imprimer sou opinion forte-
ment motivée. Un pareil vote
pouvait à celte époque être con-
PAY
sidéré comme un acte de cou-
rage, et l'Anglais qui, en cher-
chant à sauver le roi, se mettait
en opposition si manifeste avec
un parti puissant, ne se dissimu-
lait point qu'il courait plus de
dangers que les nationaux. Depuis
long -temps Marat reprochait à
Payne de n'avoir que les |»riuci-
pes d'un quaker, et \in des pre-
miers usages que fit Robespierre
du pouvoir qu'il usurpa, fut de le
faireexciure de la convention com-
n\e étrangt-r. Le déparlement du
Pas-de-Calais, oubliant tous les
honneurs qu'il lui avait rendus,
se hâta alors de f.iire passer une
adresse à la convention , dans la-
quelle il déclarait que Payne avait
perdu la confiance de ses commet-
tans et s'tm était rendu indigne.
Robespierre ne borna point là sa
vengeance; sans se laisser arrêter
par la considération du plaisir
exlrr-tne qu'il allait faire au parti
de la haute aristocratie, ou peiit-
êti^e même pour satisfaire à la
vengeance de ce parti avec le-
quel tant de personnes ont cru
qu'il eut des relations secrètes, il
fit incarcérer l'ex - député au
Luxembourg, et tint long temps
le glaive suspendu sur sa têt»'. La
victime idlail enfin être immolée,
quand leçj theruiidor vint fiapper
le sacrificatem-. Après onze nn»is
d'une dure captivité, et sur les
instanles réclamation» de M. Mon-
roe , au nom du gouvernement
américain dont il était le ministre
en France, Payne fut enfin rendu
à la liberté ; il reprit sa place à la
convention le 8 décembre 1794;
lui fit hommage d'un nouvel ou-
vrage Sur les premiers principes
du i^ouvernement f Paris, 1^95;
PAY
parla,toujoiirs par interprète, de la
nécessité de changer l'iniorme et
iuixécntal)le coii>tituti')n de ijqS;
fit encore un discours sur la divi-
sion déparleinenfale de la Kraiice,
et le placement des municipalités;
el termina ainsi sa carrière légis-
lative. Il avait Inng-tenjps fait
partie du comité de législation,
mais san" y produire un grand
effet. Madame Roland dit de lui
dans .-es mémoires : « La h «rdie-i.-
))se de ses pensées, l'originalité de
>son style, ces vérités fortes je-
»tées au milieu de ceux qu'elles
» offensent, ont dû produire une
«grande sensation; mais je le croi-
«rais plus propre à semer pour
» ainsi dire ces étincelles , qu'à
• discuter les bases, ou préparer
»la formation d'un gouvernement,
«l'ayne éclaire mieux une révo-
nlutiou qu'il ne peut concourir à
»une constitution. » Il publia en-
core plusieurs ouvrages eu Fran-
ce, Sur les finances W Angleterre;
Sur la justice agraire opposée aux
lois agraires, etc. Celui qui fit le
pins di; sensation, surtout en An-
gleterre,où il révolta tout le cler-
gé anglican, qui fil paraître phi-
sieurs réfutations, ce fut sou ou-
vrage sur la religion naturelle, in-
titulé : l' Age de la raison, l'ayne
y avait travaillé pendant sa dé-
tention au Lnxemboing, entière-
ment dépourvu de livres, citiuit
de mémoire la Bible, et écrivant
dans les intervalles d'une fièvre
ardente. Il s'y |)rononce forte-
ment contre l'athéisme, mais aussi
contre les religions révélées, a Je
«voyais ma vie eu danger conti-
■)nuel, écrivit-il à un de ses an-
"ciens amis en Améri((ne , Sa-
nnmel Adams. Mes amis lombaient
PAY
9^
«aussi rapidement que la guillo-
))tine pouvait les abattre; moi-
» même je m'attendais chaque jour
»au même sort. Dans ces circoas-
» lances, je résolus de commen-
«cer mon ouvrage. Il me semblait
«que j'étais sur mon lit de mort,
«car la mort m'environnait de
nions les côtés, el je n'avais pas
))de temps à perdre. En effet, j'a-
» vais fini la première partie de-
»puis six heures quand on vint
•une sai->ir et me jeter en prison.
» J'avais vu le jieuple français se
'•précipiter tête baissée dans l'a-
>) théisme, je fis donc traduire et
«publier cette première partie de
«l'ouvrage en français, pourarrè-
» 1er la nation en cette route, et
«la ramener au premier article de
«foi, de quiconque a une foi,
«c'est-à-dire, à la croyance en un
» Di»"!!. J'avais exposé ma vie en
«m'opposaut d>ms la convention
«au supplice du roi, je courus de
«nouveaux dangers en m'oppo-
»sant aux progrés de l'athéisme.»
Payue. quel cpje fût son désir de
propager les principes pour les-
qn»'ls il fut poursuivi en Angle-
terre et en France, ne persécuta
au moins jamais personne, et ne
fut complice d'aiicun crime des
chefs de parti. Peu de lemps aprè?
sou arrivée à Paris, quand il ve-
nait de [)ren(lre place à la con-
vention, et qu'il était encoie en-
touré de la plus haute faveur po-
pulaire, il eut un jour ime que-
relle avec im capitaine anglais;
celui-ci, indigné de l'entendre
dans un lii-u public pai;-ler avec
le plus grand m';pris du gouver-
nem-^nl brilanni(pie , se jeta sur
lui et lui porta un coup vi )lenl.
Le capitaine fut arrêté par les a»'-
94
TAY
sistans et conduit en prison. Son
supplice paraissait inévitable, mais
à force d'instances auprès du co-
mité de salut-public, Payne par-
vint à le sativer et <!i le i'aire pas-
ser en Angleterre. 11 est encore à
remarquer que le républicain d'A-
mérique ne fit jamais partie du
club des jacobins en France ; mais,
en 1797, il se lit inscrire au cercle
constitutionnel : « C'est, écrivit-il,
))la seule société en France dont
«j'aie été membre. .J'y allai parce
«qu'il était nécessaire alors que
))Ies ami:^ de la liberté se rallias-
»«ent sous l'étendard de la cons-
«titution, et j'y rencontrai nom-
nbre de ces vieux amis. >> Ce cer-
cle donna bientôt ombrage au
gouvernement directorial, et fut
fermé. Après la révolution du 18
brumaire au 8 (9 novembre 1 799),
Payne voyant la domination d'un
seul s'établir peu à peu sur les
débris de la republique, n'aspira
plus qu'à retourner aux Etals-U-
nis, où d'ailleurs son ami le pré-
sident Jeftersou le rappelait. Ce
ne fut qu'après la paix d'Amiens,
en 1802, qu'il put satisfaire à ce
désir. Il y revint lieureiisemcnt,
mais manqua quelque temps après
d'être assassiné dans sa maison
de New-Rocbelle, état de New-
York. Un inconnu, et dont on
ne put jamais retrouver les traces,
lui lira un coup de pistolet à tra-
vers la fenêtre. Plusieurs démar-
ches furent faites pour ramener
Payne à la foi en la religion révé-
lée. Il reçut de Baltimore uue dé-'
pulation de la secte dite de la
Nouvelle Jérusalem, Le ministre
qui portail la parole lui dil qu'on
avait enfin retrouvé dans son égli-
se la véritable clef de la Bible ,
PAY
perdue depuis mille et tant d'an-
nées. Payne se contenta de lui ré-
pondre : « Elle doit être bien rouil-
lée ! » Deux ecclésiastiques vinrent
encore quinze jours avant sa mort
travailler à sa conversion : son mé-
decin se joignit à eux, mais leurs
efforts furent vains, et il persistai
jusqu'à la fin dans son opiniâtre
incrédulité. Les anecdotes pu-
bliées par certains journaux anglais
sur les derniers jours de Payne
ont été démenties en Aioérique.
Selon ces feuilles, il aurait décla-
ré qu'il n'avait été toute sa vie
que l'agent du diabin; que c'était
le diable même qui avait dicté
chaque ligue de l' Age de la raison;
que maintenant lui Payne, bien
converti, désirait que tous les
exemplaires de cet ouvrage fus-
sent brftlés, etc. Ce qu'il y a de
plus certain, c'est que son intem-
pérencc et l'usage immodéré qu'il
fit long-temps des boissons spiri-
tueuses et à la fin des liqueurs les
plus forles, minèrent sa couslilu-
lion robuste, et hâtèrent de beau-
coup sa ^\\\. 11 mourut le 8 juin
1809. Les quakers refusèrent de
recevoir son corps, et il fut enter-
ré, ainsi qu'il l'avait désiré, dans
sa ferme de New-lîochelle. Un
écrivain, q>ii a dppuis cherché
en Angleterre et en Amérique
divers moyens d'arriverà la fortu-
ne et h la célébrité, le prétendu
Anû (la peuple, Cobbet, conçut ,
en 1817, le projet de déteirer les
ossemens de l'ayne et de les por-
ter en Angleterre. La translation
a eu lieu en effet, selon Cobluit,
qui a atnioncé fastueusement
l'arrivée de ces reliques dans l'an-
cien inonde. Selon quelques feuil-
les ministérielles, ce ne sont que
PAY
les restes d'un pendu qu'on y a
apportés. Ou a rappelé de plus,
en celle occasion, que Cobbet a-
vait lui-même écrit autrefois
contre Payne; au reste la viola-
tion de la tombe que ce dernier
s'était choisie, sera aussi peu
profitable au spéculateur qui se
l'est permise, qu'inutile à la gloire
du mort. Payne a sans doute
conservé des partisans dans son
ancienne pairie ainsi qu'en Amé-
rique. Sa statue se trouve en di-
vers lieux de réunion ; mais le
monument qu'on a proposé d'é-
lever au pnbliciste républicain en
Angleterre, n'y sera jamais toléré
par le parti ministériel, et celui-
ci trouvera au prenjier signal as-
sez de mains pour démolir le mau-
solée et pour disperser les osse-
ujens. Plusieurs écrivains ont pu-
blié des notices sur Payne. Sa vie,
par Cheelbam, a été imprimée
aux Etats-Lnis , i8ib, i vol. in-
8% et réinjprimée à Londres. Une
animosité particidière contre le
sujet qu'il traite, paraît avoir
guidé la [)lnnie du biographe a-
méricain. Le libraire anglais Car-
lile a depuis publié la Vie <le Pay-
ne, Londres, iS-io, i vol in-S",
destinée à faire partie d'im»; édi-
tion complète de ses œuvres, que
le même libraire a annoncée.
Mais cet admirateur passionné
est le constant panégyriste bien
plus qui- l'exact historien de son hé-
ros. Lue tÉ-aduction allemande des
principaux écrits de Payne, attri-
buée au savant professeur G. F.
Cramer, a été publiée à Copenha-
gue, en 0 vol. in 8", 179") et 179-'!.
Deux ouvrages posthumes, Essai
\aur roi'i^ine de la franc-maçon ne-
|r<«, et Répliijae à l'évCqiu de Lnu-
PAY
9»
daff, ont été publiés à New- York
en 1810; le premier a été traduit
en français par Bonneville, Paris,
1812, 1 vol. 10-8". Outre les ou-
vrages cités plus haut, il a paru
en France, Recueil de divers écrits
de Thomas Payne, sur la politiqtn:
et la légi^slation , Pavh, 1792, •
vol in-iS°, orné de son porlrail.
On trouve à la fin de la vie de
Payne, la liste exacte de tous ses
écrits publiés par Carlile, et qui
se compose de 8 morceaux en vers
et de ii5 en prose. Ce libraire subit
en ce moment (1824) ladétenlion
i laquelle il a été condanuié pour
la publication de VJge de la rai-
son^ et de quelques autres écrits;
c'est de sa prison de Dorchester
que Carlile date sa vie de Pay-
ne.
PAYNE (Jean), littérateur a-n-
glais, se livra d'abord au commer-
ce de la librairie, auquel il renon-
ça bientôt pour s'occuper exclusi-
vement de littérature. Ecrivain-
infatigable, il a publié un très-
grand nombre d'ouvrages , tant
sous les pseudonymes'' de George
Auguste H eroey^ de IVilliams Fré-
déric Melniotli, etc., que sous sou
nom véritable. On estime quel-
ques-imes de ses productions, en-
tre autres Vllistoire navale de la
Grande-Bretagne, en 5 vol. in-8";
ctp u'rai ses ouvrages avoués, ceux
dont les litres suivent : i" Systè-
me de géographie, un vol in-8'; 2"
Abrégé d' histoire naturelle, 2 vol.
in-8", 1 79"); 3" Extraits géograplii-
(jucs, un vol. in-8", «790; 4" His-
toire abrégée de la Grèce, un voL
in-8", iNoo.
PAYSON (Philippe), ministre
de la religion réformée, naquit i
Chcisea, dans l'état de [\las;-achiis-
96 PAZ
setts, le 18 janvier 1736, du ré-
vérend Philippe Paysoii deWalpo-
le. Il fit de bonnes études, et prit
ses degrés au collège d'Hervard
en 1754. Payson fut l'un des ha-
bitans de la colonie américaine
qui pendant la guerre de l'indé-
pendance, soutinrent avec le plus
d'énergie, par ses discours et ses
exemples civiques, la cause de la
patrie. II était très-instruit, fut
un excellent professeur d'humani-
tés, un bon physicien et un astro-
nome du premier mérite. On a
remarqué ses Mémoires publiés
dans les Transactions des arts et
des sciences d'Amérique. En 1778,
il publia un choix de Sermons; en
1782, un discours composé à l'oc-
casion de l'ordination de sou frère
Seth Payson de Kindge, et en
1800 un Discours sur ta mort de
Washington. Ce ministre, distin-
gué par ses talens, ses vertus et
le plus parfait patriotisme, mou-
rut le 11 janvier iSoi, emportant
l'estime et les regrets de ses con-
citoyens.
PAZUlMOT (François), géo-
graphe du roi, professeur de physi-
que , naquit à Beaune , départe-
ment de la Côte-d'Or, le 5o avril
1735, d'une famille distinguée de
la Bourgogne. Il fit de bonnes étu-
des dans sa ville natale, et se
rendit à Paris, où il se fit connaî-
tre par ses Mémoires géographi-
ques sur les antiquités de la Gaule,
avec caries, qu'il publia en 1765,
et auxquels il dut peu de temps
après le brevet de géographe du
roi. Ces Mémoires, très-favorable-
ment accueillis, furent jugés di-
gnes de ceux de Belloy. Pazumot
se rendit en Auvergne par ordre
du gouvernement, afin d'y exa-
PAZ
miner les volcans éteints, et d'en
mesurer les hauteurs et les distan-
ces. Après trois années, consacrées
exclusivement à remplir sa mis-
sion, il donna la carte de la partie
septentrionale de cette province,
et fut chargé de s'assurer de l'exac-
titude du travail des géographes
qui avaient mesuré la partie oppo-
sée. Nommé, en 1776, professeur
de physique à Auxerre, il en rem-
plit les fonctions pendant 8 ans,
et fit imprimer ses cours. Pazu-
mot se rendit ensuite en Suisse,
qu'il visita avec soin, ainsi que le
Mont-Blanc et les Pyrénées; il fit
aussi imprimer les différentes ob-
servations qu'ilavait rédigées dans
ses voyages. Modéré dans ses o-
pinions, et se tenant sagement éloi-
gné du mouvement poliliciue, il
ne fut point victime des orages de
la révolution, et il mourut paisi-
bletnent à Beaune, en 1804, esti-
mé et regretté de ses concitoyens.
Les Mémoires, Observations et
Lettres dont il est l'auteur, sont
en très-grand nombre; nous cite-
rons les principaux. Ce sont : 1°
Lettres sur les urnes cinéraires trou-
vées à Cotcote, près Dieppe, insérées
dans le Mercure de France, année
1761; 3° Lettres sur tes bains en
m^osaique^ et quelques antiquités
trouvées à Corsaint, près Scmur
en Auxois ('publié dans le Journal
de Verdun, février 1765); 5°
Principaux usages de la sphère ar-
millaire , de celle de Copernic , et
des globes célestes et terrestres ,
Paris, 1775, in- 12; 4° Mémoire
sur la cristallisation du fer, 1 779;
5° Lettre sur les roches de la forêt
de Rougeau, sur le bord de la Sei-
ne, 1 780; G " Lettre sur les ossemens
trouvés à Montmartre, 1782; 7»
VKt
Observations sur la congélation de
l'eau en filets prismatiques verti-
caux dans un terrain calcaire, 1 782;
8° Hauteur comparée des plus
hautes montagnes du globe, et ni-
vellement de Paris, sopleuibre
1785; 9® Description d'un camp
romain , près de Tonnerre, à Flo-
pni, sur les bords de l\4rmacon
(imprin)t'c dans les iMémoires de
l'aciidérnie de Dijon, toii). li); 10°
Description, plan, coupe, nivelle-
ment des grotlesd' Arcy-sur-Eure,
suivis d' observations physiques; 1 1°
Lettre sur quelques volcans de la
haute Auvergne (insérée dans le
Journal de France, par Fonlcnay,
1^85); la" Lettre sur les deux
chiens de Sibérie, et sur le sommeil
des chats; i5" Voyages physiques
dans les Pyrénées , en 1 788 et
1789, Paris, ï 7';)7. Ce savant se
proposait de mettre au jour, lors-
que la mort le surprit, un ouvrage
en un vcdume in-:j", sous ce titre :
Antiquités de Bourgogne, pour
faire suite aux antiquités de Cay-
lus et de la Sauvugére.
PAZ.ZIS (l'abbé Maxime de Se-
Gi'iNS de), naquit vers 1 765 à Car-
pentras, départenu-nl de Vauclu-
se, dunf tiunille noble, en posses-
sion d'un iief qui l'obli^jeait à
prendre le nom de Pfl-:i, ancien-
ne et illustre maison de Florence.
Destiné par sa l'amilleà l'état ec-
clésiastique, dès qu il eut été or-
donné prêtre, il obtint ini ricbe
bénéfice dans le diocèse d'Amiens,
dont un de ses oncb'.s était évè-
que. L'abbé de Pazzis émigra au
commencement d»- la révolution,
et ne retint en France qu'après le
traité de Lutiéville. A cette épo-
que, il entra dans la carrière admi-
. nistralivxi, qu'il quitta en 1809,
T. XVI,
PEA
97
pour se rendre à Troyes , en qua-
lité de grand- vicaire de M. de Bou-
logne [voy. ce nom), récemment
nommé à l'évêché de cette ville.
Deux ans après, par suite de l'ar-
restation du prélat, l'abbé de Paz-
zis fut rappelé à Paris, qu'il quitta
de nouveau pour accompagner M.
de La Brue, nouuné par l'empe-
reur iNapoléon à l'évêché de Gand.
Il eut jusqu'en i8i4? époque de
son retour dans la capitale, des
discussions assez vives avec le cler-
gé de Flandre, qui persistait à re-
connaître pour chef l'ancien évê-
que, M. deBroglie. L'abbé de Paz-
zis mourut le '24 août 1 817; il a pu-
blié : 1° Eloge ou Notice historique
de Malachie d'Inguimbert, évêqu»
deCarpentras, iu-8°, an i5 (i8o5);
u° ly émoire statistique sur le dépar-
tement de Faucluse, un vol in-4"
de 554 pages, 1808, ouvrage plein
de faits curieux,etdont le style est
pur et facile. L'auteur annonçait
dans une note qu'il publierait sé-
parément des notices historiques
sur les hommes illustres de ce dé-
parlement, mais elles n'ont point
été mises au jour; il parait même
que ce travail est resté très-in-
complet. 7}" V œu de Louis FUI,
brochure politique à l'occasion du
rétablissement de la famille roya-
le sur le trône, Paris, in-8°, i8i4;
4° Observations sur le récit des
troubles du diocèse de Gand, inséré
dans VAmide la Religion et du Roi,
journal ecclésiastique, politique et
littéraire, du 20 juillet 1816; 5"
traduction,' restée en manuscrit ,
des Psaumes.
PEAUSON (Richard), méde-
cin, membre des sociétés royales
de médecine et i\e.> antiquaires
de Londres, et de plusieurs autres
9» PJiA
sociétés savantes nationales et é-
trangères, fit ses études médica-
les à Edimbourg, et y reçut le
doctorat en 1786. Sa thèse inau-
gurale, qu'il publia à cette épo-
que, et qui fut remarquée, porte
ce titre : Dissertalio inauguralis de
.Scrophulâ. Il fut nommé méde-
cin de l'hôpital de Birmingham ,
où il se distingua par ses soins et
son zèle. Sa réputation , comme
savant et comme praticien, le fit
bientôt connaître à Londres, où,
s'étant rendu vers 1790, il forma
une clientelle nombreuse et bril-
lante. Il s'associa à ses confrères
Hutton et Flaw pour la rédaction
d\\i\ A brégé dus transactions phi-
losophiques. La partie des ou-
vrages de médecine et la bio-
graphie médicale Im' furent con-
fiées. La faiblesse de sa santé ne
lui permit pas de se livrer long-
temps à des travaux si multipliés;
il fut obligé de renoncer à l'exer-
cice de sa profession, et il se reti-
ra à Reading. Le docteur Pearson
a publié les ouvrages suivans:
1° De (a nature et des propriétés
des différentes espèces d'air, en
ce qui est relatif à C usage qu'en
fait la médecine, in-8°, i794j
3° Argumens en faveur de la dia-
thesis inflammatoire considérée dans
l' hidrophobie, in-S", 179H, secon-
de édition, i8ia; T)" Observations
sur les fièvres bilieuses, in-8°,
1799; 4 Observations sur la fièvre
catarrhale , in-S", i8o5; 5° Es-
quisse d'un projet pour arrêter les
progrès de la contagion , in-8°,
1804 ; 6° Synopsis pratique de la
matière alimentaire et de la matiè-
re médicale, iu-8°, i8o8; 7" Thésau-
rus medicamentorum , collection
de formules médicales, qui a été
PEA
réimprimée pour la quatrième
fois en 1810, iu-8°; 8° Notice sur
une préparation particulière du
poisson, salé, in-8°, 1812; 9° Des-
cription de la peste, in -8°, i8i3.
PEARSON (Georges), méde-
cin, membre de la société royale
de médicine de Londres, est né
dans le comté de Derby. Son pè-
re, médecin distingué, le fit éle-
ver avec soin et l'envoya à Edim-
bourg, où ses connaissances en
médecine lui procurèrent bientôt
son admission parmi les membres
de la société de médecine de cet-
te ville; plus tard, 1 ' célèbre doc-
leur J. Brown , son concurrrcnl
pour la présidence de la même
société, ne l'emporta que d'un
seul suffrage. Pearson fut reçu
docteur, en 1773, sur sa thèse
De Putredine, qui fait partie du
premier volume des Commentai-
res médicaux d'Edimbourg. 11 sui-
vit, étant à l'université, les cours
d'Adam Ferguson , et composa
une dissertation sur l'approbation
morale (morale approbation), que
Ferguson honora de son suffra-
ge, et qui valut à Pearson l'ami-
tié de ce célèbre professeur. Pear-
son se rendit à Londres, où il fré-
quenta les hôpilaux, et voyagea
ensuite en France, en AUemague
et en Hollande, pour s'y perfec-
tionner dans lii science qu'il cul-
tivait. De retour à Londres en
1777, il n'a plus quitté cette ville,
où il est généralement estimé. Un
reproche est cependant adressé
à cet honorable praticien : c'est
d'avoir imprudemment prétendu,
lorsque le parlement anglais déli-
béra sur la récompense à accor-
der à l'illustre Jenner [voyez ce
nom), qu'il méritait mieux cetl«
PEC
récompense que l'atni de l'hiiina-
nilé, à qui l'on doit l'inexprima-
ble bienfait de la découverte de la
vaccine.
PECHELIN (le baron de), gé-
néral suédois, né en 1730, était
entré au service de son pays dès sa
jeunesse, (;l s'était distingué par
son courage et ses tatens, dans les
deux guerres malheureuses que lu
Suède eut à soutenir contre les
Russes, en Finlande, et les Prus-
siens, en Poméranie, Il prit en-
suite une part active aux dissen-
tions politiques qui agitèrent long-
temps sa patrie. Deux partis s'y
poursuivaient avec achainement.
Jls avaient pris chioiin pour signe
de ralliement, un des tuiblêmcs
de la liberté, le chapeau de Guil-
laume Tell , ou le bonnet de la
déesse , et on les distinguait
sous les titres bizarres de Cha-
peaux et de Bonnets. Le général
Pechelin ne *e dévoua ni à l'un
ni à l'autre exclusivement. Il ten-
ta de former un parti intermé-
diaire d'hommes comme lui, fran-
chement iudépcndans, et se vil,
pendant quelque temps, caressé
tour à tour par les deux partis,
(|ui chacun voulait s'appuyer du
renfort ((ue Pechelin et les siens
jtouvaient lui amener, mais tous
deux se réunirent enfin contre lui.
Pondant une diète orageuse, une
faction prit enfin le dessus, et a-
busatit, comme toutes les factions,
de son triomphe, elle voulut chas-
ser du séui) t, et des difl'érenles fonc-
tions publiques, les hommes qui
ne lui appartenaient point. Le gé-
néral indépendant s'opposa avec
son énergie habituelle , à cette
mesure inique : * Je ne suis nulle-
»mentattaché,s'écria-t-il ua jour,
PEC
99
B aux fonctionnaires que vous vou-
» lez chasser, mais j'aime encore
» mieux les mouches repues, que les
y> mouches affamées : les premières
» piquent moins. «A ces mots, un
cri géîiéral d'indignation s'éleva
contre lui , et un représentant
ayant proposé de le chasser lui-
même de l'assemblée, on alla sur-
le-champ aux voix, et il fut, à
une grande majorité, exclu de son
ordre. Le roi Gustave 111, par sa
révolution militaire de 1772, par-
vint à loriasser les deux partis, et
la couronne victorieuse eflaça tous
les emblèmes de la liberté. Il ne
fut bientôt plus question ni de
bonnets, ni de chapeaux, mais les
membres épars des deux partis se
réunirent quelques années plus
tard, et formèrent celui des pa-
triote*, qui s'opposa avec vigueur
au parti des royalistes exagérés.
Pechelin avait prédit la révolu-
lion que Gustave méditait, et
cherchait tous les moyens de
l'empêcher d'éclater. Les élats-
générauxde Suède, réunis à Stock-
holm, depuis un an ordonnèrent, à
la première nouvelle des troubles
qui se manifestaient dans le midi
du royaume , à ce général d'al-
ler se mettre à la tête de quel-
ques troupes fidèles à la constitu-
tion. Le roi, de son côté, envoya
un des jeunes olTiciers de sa cour,
pour l'arrêter en chemin ; celui-
ci l'atteignit en effet, mais ne put
exécuter ses ordres. « Il appartient
»bien, dit Pechelin en portant la
«main sur son épée, à un blanc-
«bec de cour comme vous, d'ar-
» rêter un général qui a une nn's-
xsion des états du royaume! IVe-
» tournez sur-le-champ d'où vous
• êtes venu, ou je vous fais arrêter
100 PEC
j) vous-même! » et il continua sa
roule; mais il trouva la soldates-
que déjà gagnée. En 1789, il s'op-
posa, avec aussi peu de succès, à
la nouvelle révolution que Gus-
tave opéra en complément de la
première. Ce monarque fit alors
arrêter le comte de Fersen, le
général llorn, et les principaux
membres de l'ordre de la nobles-
se, el publia une nouvelle consti-
tution, portant le titre iVActe de
sûreté, par lequel il s'investissait
du reste de pouvoir qu'il n'avait
point cru devoir exiger des états-
généraux en 1772. Lors de la
catastrophe qui termina le rè-
gne et la vie de ce prince, le
•vieux général Pechelin l'ut encore
arrêté comme un des principaux
complices d'Anckarstrœm. Le mi-
nistère public l'accusait d'avoir eu
pleine connaissance de cette tra-
me ourdie chez lui, et d'avoir pro-
mis aux conjurés de se charger,
malgré son grand âge, de prés de
73 ans , du commandement de
Stockholm, après la réussite du
complot. Ces faits ne purent être
prouvés, il ne reconnut aucun des
nombreux accusés qui lui furent
confrontés, et il ne se présenta
point de témoignages graves à sa
charge. Le chef de hi police redou-
bla d'elTorts pour obtenir n\\ aveu
auquel il mettait la plus haute im-
portance, el n'y put réussir. La
question ordinaire et extraordinai-
re, ainsi que toutes les tortures, a-
vaient été abolies par une loi for-
melle, pendant le règne même de
Gustave IJI; maison crut pouvoir
suppléer, en <;ette circonstance,
.lUX moyens que la législation
nouvelle enlevait à la police. On
déclara au vieux général qu'il ne
PEC
dormirait plus jusqu'à ce qu'il
eût avoué son crime, et nommé
tousses complices. Deux hommes
se relayèrent d'heure en heure,
de jour et de nuit, et lempêchè-
rent, en eflet, de se livrer au som-
meil. On crut enlin avoir cause
gagnée. II demande un jour aa
prêtre pour se confesser et rece-
voir l'absolution de tous ses pé-
chés. Un ministre du saint Evan-
gile fut choi,-i par la police, et se
rendit aussitôt près du pénitent,
qu'il trouva étendu sur un mé-
chant grabat, et qui paraissait ex^
ténue de fatigue. Pechelin deman-
da la permission de se recueillir
pendant quelques inslans , en
ayant bien long à dire, et se tour-
nant ensuite vers le mur, s'en-
dormit d'un profond sommeil ,
que l'honnête ecclésiastique, ému
de pitié, lui permit d'achever en
paix. A soi» réveil, il lui serra la
main, et lui dit :« Je n'ai plus be-
soin de votre ministère. » Un ca-
pitaine dé la garde bourgeoise,
tailleur de son métier, était au
nombre des gardiens du prison-
nier, et lui répétait sans cesse la
phrase convenue: « Avouez tout,
» général, vous n'avez plus qu'un
«pied sur la terre, l'autre est déjà
»au fond de la tombe. ■ — • La posi-
» lion est sans doute pénibl«, dit
«enfin celui-ci, mais vous pour-
»riez l'adoucir, capitaine; four-
nnissez un vêlement commode à
»)un pauvre vieillard qui a un pied
«ici haut, et l'autre là-bas, et n'y
» épargnez pas le drap. » Après la
mort du roi et le supjiiice de son
meurtrier Anckarstrœm, le zèle
du chef de la police se ralentit,
et ort laissa dormir l'accusé, dont
aussi bien on n'espéra plus rien
TEC
llrcr. N'ayant été convaincu d'au-
cun délit, il fut cependant trans-
porté dans la forteresse de Ward-
berg, sur les bords de Ja mer,
pour y attendre, était-il dit, le ja-
gement de Dieu , les hommes
n'ayant pu, quelque envie qu'ils
en eussent, le condamner iaute
de preuves; mais il n'y l'ut plus
martraité. On l'accusa bientôt de
pervertir l'esprit des bourgeois de
celte petite ville , qui lui don-
naient des soins, et de les rendre
tous patriotes. Le général Peche-
lin mourut à Wardberg , presque
octogénaire. Son fds , militaire
distingué, occupait un grade su-
périeur dans l'armée suédoise.
PECHEUX (le babon Marc-
NicoLAs-Lotis ), lieutenant-géné-
ral, commandant de la légion-
d'hoimeur, et chevalier de Saint-
Louis, est né le 28 janvier 1769,
à Bucilly, près Vervins, départe-
ment de l'Aisne. Au moment où
l'Europe coalisée s'arma contre la
France, il prit les armes pour la
défense de nos frontière!», et pai-
tit comme capitaine, dans un ba-
taillon de volontaires de l'Aisne.
Promu presque aussitôt au grade
de chef de bataillon, il fit, avec
distinction , les campagnes d'Ita-
lie, pendant lesquelles il obtint le
commandement d'une demi -bri-
gade. Le corps qui était sous ses
ordres, ayant été détruit, il passa
au QJ"" régiment d'infanterie de
ligue, qu'il commanda dans le
Hanovre; il fit ensuite la campa-
gne de i8o5, en Autriche, et mon-
tra, ;'i la bataille d'Auslerlitz, ce
courage tranquille qiii le distin-
gue éminemment. Les charges de
la cavalerie de la garde ijnpériale
russe, ne purent entamer ses car-
PEC 101
rés, dont le feu fit, au contraire,
éprouver ime perte considérable
à l'ennemi. Le colonel Pecheux
ne déploya ni moins de valeur,
ni moins de talens, dans les cam-
pagnes de Prusse et de Pologne;
il se battit à Schleitz, à léna, char-
gea, à la tête de son régiment, à
l'affaire de Halle, et culbuta la
réserve du prince de Wurtem-
berg. Il se distingua ù la prise
d'assaut de Lubeck, au combat
de Spandau, en 1807, et enfin, à
la bataille de Friedland, où son
régiment fit partie de la réserve.
En 1808, il passa en Espagne, et
s'empara, le 10 novembre de la
même année, conjointement avec
le 94""* régiment, du plateau de
Spinosa. Décoré, pour re beau
fait d'armes, de la croix de com-
mandant de la légion-d'honneur,
le colonel Pecheux se distingua
de nouveau à ïudela et à la prise
de Madrid. Le i5 janvier 180g, il
se ])attit h "Vclès, le j8 mars à Al-
maras, et ie 38 à Médellin, où il
eut une part importante à la dé-
faite des Espagnols. A Talavcra,
son corps fut un de ceux qui char-
gèrent sur ce fameux mamelon,
contre lequel , par une fatalité in-
concevable, on ne dirigea que des
ell'orts partiels. L'arniée conserva
ses positions, mais elle ne put
enlever celles de l'ennemi. Le co-
lonel Pecheux combattit le 19 no-
vembre, et contribua à la brillante
victoire d'Ocana, après laquelle
l'armée éprouva peu de résistance
jusqu'à Cadix. Eu 1810, pendant
le siège de celte ville , l'un des
plus anciens colonels de l'armée,
et l'un de* plus estimés, il fut é-
levé au grade de général de bri-
gade, auquel l'appelaient, depuis
loa PEC
long-temps, ses services et ses
connaissances militaires. Pourvu
alors du commandement de la
ville de Xérès, il y resta jusqu'à
la fin de 1811, époque à laquelle
il fut employé au siège de Tarifa,
stn- le détroit de Gibraltar. Quel-
que temps après, le général Pe-
cheiîx lut chargé du commande-
ment important de l'aile gauche
des troupes employées au siège de
Cadix. A la retraite de l'Andalou-
sie, et pendant la poursuite du
général anglais "Wellinglon . le
maréchal Soult lui confia l'avant-
garde de l'armée, avec laquelle il
culbuta l'arrière-garde anglaise à
Samunos. Au commencement de
181 5, le général Pecheux quitta
l'Espagne, fut nommé général de
division, et passa on Allemagne,
où il eut un commandement sous
les ordres du maréchal prince
d'Eckmiihl i voyci Oavoust). En
septembre de la même année, il
reçut l'ordre de se porter sur Mag-
dcbourg, avec sa division, com-
posée de 8000 hommes, afin de
déloger les troupes ennemies qui
occupaient la rive gauche de l'El-
be. Des lettres interceptées appri-
rent au général comte de Walmo-
den, les intentions du général Pe-
cheux. Pour les prévenir, il fit des
dispositions si habiles, qu'en dé-
robafit aux Français le nombre de
ses troupes , il les attaqua avec
des forces tellement supérieures,
qu'ils furent obligés de battre en
retraite , après avoir opposé une
résistance que le comte de Wnl-
moden lui-même ne put s'empê-
cher d'admirer, en la qualifiant
d'étonnante dans son rapport of-
ficiel, A la fin de 181 3, le général
Pecheux fut enfermé dans Magde-
PED
bourg, où il se maintint pendant
la campagne de France. Après la
première restauration, en i8i4»
il fut nommé chevalier de Saint-
Louis; pendant \e!i cent jours, en
181 5, il commanda, à l'armée du
nord, une division sous les ordres
du général Grouchy. Après la ba-
taille de Waterloo, il se retira dans
le sein de sa famille, où il s'occu-
pait de l'exploitation de ses pro-
priétés , lorsqu'il fut appelé, en
1818, an commandement de la
lu"* division militaire, à Nantes.
Le général Pecheux conserva peu
de temps ce poste difficile, et fut
nommé inspecteur d'infanterie.
Depuis iS'^o jusqu'en «823, il ne
fut pas employé; mais alors le
ministre de la guerre, le duc de
Bellune, qui plus que personne
avait apprécié son mérite, l'appe-
la à l'armée d'Espagne, dans le
corps d'armée du maréchal Lau-
riston. Le général Pecheux con-
tribua puissamment à la prise de
Pampelune, l'un des faits d'armes
les plus importons de cette guerre.
A la rentrée de l'armée en Fran-
( e, il s'est de nouveau retiré dans
SCS foyers. Le général Pecheux a
conservé dans les camps la simpli-
cité de mœurs des généraux des
premiers temps de la république
romaine : il en a la valeur antique
et le désintéressement.
I»EI)1\I1NI ( N. ), partisan de la
révolution en Italie , fut nommé ,
en 1796, député au congrès cisal-
pin. Il acquit alors de la célé-
brité , et peut être considéré com-
me l'un des membres qui influè-
rent le plus sur les délibérations
de l'assemblée. Il paraissait fré-
quemment à la tribune , et prenail
la parole dans presque toutes Ift.?
PEK
discussions. Le i" janvier 1797,
il proposa, pour la république
cisalpine, l'adoption de la consti-
tution française, sauf de légers \
changemens que la localité sem-
blait exiger. Il fit décréter que par
l'acte de réunion du congrès , la
consulta de Bologne se trouvait
dissoute de droit, insista beaucoup
p«»ur qu'on s'occupât sans délai de
la con>ititu(i()n , demanda l'abull-
tion du droit d'aînesse , et le rap-
pel des nobles, à qui la crainte des
innovations avait (ait abandonner
leur patrie. Depuis cette époque,
Pedrini ne paraît pas avoir pris
part aux aiîaires publiques.
PEEL (siR IIobert) , membre
de la chambre des communes
d'Angleterre, né dans le comté de
Lancasler, en 17'îo. Dès sa ving-
liènte année, il fit d'heureuses
spéculations commerciales, et for-
^na un grand établissement de
manufacture de tissus de coton,
à Bury, où il entra en société a-
vec un riche fabricant, M. Yates.
Celle manufacture prit bientôt
une extension considérable , et
devint la source de la fortune
du fon'Iateur. En 1787 , sir
Robert Peel acheta de vastes do-
maines dans le comté oi'i il était
né , ainsi que dans ceux de Straf-
ford et de Warwick. Les diverses
manufactures qu'il y a établies
occupent plus de i5,ooo ouvriers.
Il a été nommé au parlement par
le bourg de Tamworth. Au com-
mencement de la révolution fran-
çaise, et pendant toute la durée
des sessions de l'assemblée cons-
tituante, sir Robert se montra
partisan des réformes salutaires,
qui paraissaient promettre une
amélioraliun générale à l'ordre
PEE io5
social, et les dicours qu'il pro-
nonça à cette époque à la chambre
des communes, firent non moins
honneur à ses talens comme ora-
teur, qu'à ses sentimens comme
citoyen. Mais quand il vit que
des homntes pervers uàurpaient
le pouvoir et poussaient à tous
les excès avec les intentions les
plus perfides , il trembla pour
sa patrie. A|)puyant dès-lors de
toute son influence le ministère
anglais, il devint un des plus zé-
lés promoteurs des mesures hos-
tiles coulre la France. En 1797,
sa maison fournit 10,000 livres
sterlings dans la souscription ou-
verte pour contribuer aux frais de
la guerre. Craignant de voir des
principes démagogiques prendre
faveur dans son pays , et ayant,
par sa fortune, plus que personne
à redouter des mouveiriens ultra-
révolutionnaires, il a faitdepuis de
grands sacrifices pour en empê-
cher la propagation, et a montré
dans plusieurs circonstances son
dévouement aux intérêts monar-
chiques. En 1801 , .«ir Robert
Peel futcréé baronnet. II a ensuite
été nommé gouverneur de l'hôpi-
tal du Christ, vice-président du
Fonds littéraire, et président de la
chambre des secours de Manches-
ter. Il est de plus un des membres
les plus actifs de la société
philanlropique, établie pour a-
inéliorer le sort des pauvres ,
et ses libéralités particulières ,
ainsi que les charités judicieu-
sement répandues par lui et par
son associé, M. Yates, dont il a
épousé la fille, montent annuel-
lement à des sommes considéra-
bles. Ses deux fils sont membres
du parlement, et représentent, l'uQ
io4 TEE
runivei'sité d'Oxford , et l'autre
Bos^inty. Sir IVohert Peel est un
des orateurs de la chambre des
communes dont les discours sont
en général accueillis avec le plus
de faveur, même partes meuibres
qui si< ;i;ènt d'un côte opposé au
sien. Siiuèremeni dévoué au gou-
veriieuient cousliluliouncl de son
pays, on n'a point eu à lui repro-
cher de prêter son appui à certai-
nes nji sures ministérielles, qui
avaient pour objet d'empiéter
sur les droits du peuple et I4 li-
berté des ciloyeus. Il a souvent
parlé en faveur de l'émancipa-
tion des cathidiques d'Irlande ,
et a laissé d'honorables souve-
nirs dans celte île, où il a pendant
quelque temps lait partie de l'ad-
ministralion civile. Dans toutes
les questions qui ont rapport à
l'industrie manufacturière, il a
aussi émis des opinions sages et
désintéressées, qui ont obtenu l'as-
sentiment de la majorité. En 1816,
il vint au secours du secrétaire
de l'amirauté, M. Croker, qui
s'était fait accorder ime augmenta-
tion considérable de salaire , et
que l'opposition traitait sévère-
ment, flï. Brougham avait, à cette
occasion, signalé l'avidité toujours
croissante et la corruption de
quehpies fonctionnaires publics,
et présentait ce dernier acte com-
me un marché scandaleux. Sir
Robert Peel a publié quelques
ouvrages, parmi lesquels le litre
du premiei- par;iît coiitenir un pa-
radoxe assez extraordinaire; cest
la Dette nationale productive de
la prospérité de ta nation , Lon-
dics, 1780, 1 vol. in-8°. On a aus-
si de lui Substance des discours
de Robert Peel à la chambre des
PEG
communes , sur l'union de l'Ir-
lande, Londres, 1799, i volume
in-8°.
PEERLRAftlP (Pierre Hoff-
man), recteur de Técoh; latine de
Harlem, membre de la société de
litlérature de Leyde, est auteur
de plusieurs ouvrages estimés. On
a de lui : 1° Oratio de Xenopontc
Epliesio : accedit in eundem ob-
sei'vationum criticaruni spécimen ;
2° Fitœ excellentium Batavorum,
1809, un vol. in-8°; 5° Epistolœ
aliquot excellentium Batavorum,
1807, in-8''; 4° Carmina quinque
pertinentia ad calamitatem Ley-
densem , 1807 ; 5° Constantinl
Hugenii de vitâ propriâ sernionum
inter liberos libri duo; Primum
edidit et annotatione illustravit ,
P. H. Peerlkamp , betgicis versi-
bus adumbravit A. Loosjes Har-
lemi, 1817, in-8° ; 6° Discours (en
hollandais'* sur les deux derjiières
parties de la vie de Constantin
Huggens.
PEGOT (Guillaume- Alexan-
DiîE-ÏHOMAs), maiéchal-de-camp,
officier de la légion - d'honneur,
chevalier de l'ordre royal et mili-
ta ire de Saint-Louis, commandeur
de l'ordre royal des Deux-Sicile?,
etc., est né à Saint-Gaudeas, le 7
maii775.Ilentra comme volontai-
re dans la marine, le 2 février 1790,
devint cajutaine du 5"" bataillon
des Hautes- Pyrénées, le 2 juin
1792, et lieutenant-colonel dans
ce cor;)?, le 8 septembre de la
même aimée. Il a fait les campa-
gnes d'Espagne en 1794» '70>'>et
1796; celles de l'an 7, en Italie,
etdc 1806, au campdt^ Boulogne.
De là, il passa en Allemagne, et
prit part à la conquête de Naples.
En 18085 il entra en Espagne,
PEG
où il demeura jusqu'en 1810. 11
s'cst signalé dans plusieurs ren-
contres, notamment à l'affaire du
5 iVuclidoran 7, et en Allemagne,
où il se montra digne, par sa bra-
voure, des récompenses qu'il ob-
tint. Le 20 juin 1806, il passa au
service de Naples, reçut la croix
de la légion -d'honneur, fut fait
colonel du 1" régiment de ligne
napolitain, le 16 novembre 1807,
et commandeur de Tordre des
Deux-Siciles, le 19 mai 1808. 11
devint ensuite direcleur- général
des revues de l'armée de terre et
de mer, et du recrutement à Na-
ples; mais qii.md le roi Joacbim
[voyez Mcrat) abandonna la cause
de la France, M. Pegot n'hésita
pas à lui remettre tous ses em-
plois , et à rentrer dans sa patrie,
pour combattre l'invasion étran-
gère; il command.iit à Bordeaux
en 181 5. Après la seconde restau-
ration , il fut mis en disponibi-
lité, où il est encore aiijourd hui
(i8;i4)- ^^ général Pegot est cité
avec distinction dans l'ouvrage
des Victoires et Conquêtes ( tome
18, page lô.)).
PEGOT ( LE CHEVALIER JeAN-
Gaxidens-Cladde) , n)aréchal-de-
camp, commandeur de l'ordre de
la légion-d'honneur, chevalier de
Saint-Loui-», naquit à Saint-(iaa-
dens, département de la Hante-
Garonne, le 6 juin 1774' Animé,
dès sa pins tendre enlaîice. pour la
gloire, il quitta, en i ^Qi, à i8ans,
la maison palernellr, le jour où
une protMafnalion solenneile an-
nonça que la pairie était en dan-
ger. Pegot fut joindre à Mice,le
5°" b.itaillon de la H iule (iaron-
ne : il devint eapiluine d'arlille-
rie, et se trouva au siège de ïou-
PEG io5
Ion. Il passa ensuite à l'armée
d'Espagne,commandée touràlom'
par Dugomier et Pérignon, qui.
Ions deux, lui vouèrent une ami-
tié fondée sur l'estime qu'il inspi-
rait; il se rendit ensuite en Italie,
servit sous Augercau, et contri-
bua aux victoires de Millesimo ,
de Dego et de Lodi, en 1 796. Plus
tard, la fortune ayant trahi la cau-
se de la France, Pegot, investi
dans Coni, fut, après la plus glo-
rieuse résistance, contraint à se
rendre prisonnier. Il dut sa liber-
té au général Pérignon, qui, rete-
nu comme lui, trouva les moyens
de faire échanger son ami. Le peu
d'avancement que présentait alors
l'arlillcrie , détermina Pegot à
quitter cette arme, pour entrer
dans le 7"" régiment de ligne. Il
fit partie de l'expédition de Saint-
Domingue , commandée par le
général Rochambeau. Là, il s'ac-
quit une nouvelle réputation , ob-
tint un sabre d'honneur, et fut
nommé chef de bataillon. A la ca-
pitulation de Saint-Domingue, le
3o novembre i8o5, Pegot obtint
de Dessalines, de ne pas être com-
pris parmi les prisonniers de guer-
re. Le général noir, qui avait pu
l'apprécier, lui envoya en cadeau,
une paire d'éperons d'argent, ac-
compagnée d'une lettre honora-
ble , dans laquelle étaient ces
mots : Il Brave citoyen Pegot", je
osais respecter l'honneur et le
» courage partout où je le rencon-
)) tre, et même chez mes ennemis;
))je vous en donne la preuve, en
» vous exemptant du nombre des
» prisonniers de guerre. » De re-
tour en France, Pegot devint ma-
jor au 26"° de ligne ; il fit la guer-
re de Prusse et d'Allemagne, et
io6
PEG
obtint enfin, avec le grade de co-
lonel, le commandement du 24"".
Dans la campagne de Russie, en
181 y,, après plusienr? affaires bril-
lante:*, il fut fait, sur le champ de
bataille, commandantde la légion-
d'honneur. Des intrigues s'oppo-
sèrent à sa nomination de général
de brigade. Il suivit le prince Eu-
gène (voyez Beuharnai'; ) en Ita-
lie, où de nouveaux faits d'armes
forcèrent enfin l'envie à se taire,
et il eut le grade qu'il méritait si
l)ien. Dans les dernières affaire*»,
en 1814, et comme il s'opposait
au débarquement des troupes
commandées par lord Benlinck,
il rc eut deux coups de feu , l'un à
In poitrine . l'autre au bras gau-
che. Le roi le nomma chevalier
de Saint-Louis, et le mit en re-
traite. Il reprit du service au re-
tour de Napoléon, en i8i5, et
commanda, à Waterloo, une bri-
gade (le la division Diiruttc : re-
poussé , mais non vaincu, il ra-
mena les troupes jusque à Au-
goulême , oi'i le licenciement eut
lieu. Il se fixa momentanément
dans cette ville; depuis, il rentra
à SaintGaudens, où il mourut le
1" avril 1819, généralement re-
gretté.
PEGOT (N.), frère des précé-
dens, entra au service en 181 1, et
fit les campagnes de l'armée d'Es-
pagne, sous le ujaréchal Suchet.
II se distingua aux assauts donnés
à Lérida, à Sagonte , à Taragon-
ne , et à Torto»e, et fut fait suc-
cessivement, et toujours sur le
champ de bataille, sous -lieute-
nant, lieutenant, capitaine et che-
valier de la légion-d'honneur. De-
puis 1814 ♦ il a été mis à la retraite.
PEGKI ( LE COMTE Louis) , che-
PEI
valier des ordres de la légion-
d'honneur, de la Couronne de-
Fer et des Deux-Sif iles , est !ié h
Mantoue en 17Ô8 ; il entra au ser-
vice de la France, le i3 octobre
1796, dans un grade inférieur;
mai» il devint, quelques mois a-
près, chef de bataillon 11 fit avec
distinction les campagnes d'Ita-
lie , dans les années 5 et6 ( 1^97 *^^
1798) , et obtint le grade de colo-
nel. La valeur et les talens mili-
taires dent il continua à donner des
preuves, lui valurent, dans les
campagnes suivantes, le grade de
général de brigade. Il se sign da
également pendant la campagne
d'Autriche en j8o5 et dans celle
de 1806, contre la Prusse. Il par-
ticipa aux brillantes opérations qui
eurent lieu dans le Tyrol en 1809
et 1810 , et fut nommé général de
division , le 3o décembre ( 1810).
Envoyé à cette époque en Espa-
gne, il s'y fit principalement re-
marquer dans les combats qui eu-
rent lieu en Arragon et en Catalo-
gne ; souvent en proie h des dou-
leurs physiques qui l'empêchaient
de monter à cheval, et n'ayant point
oublié l'exemple que donna à >Va-
gram l'intrépide Masséna , il se fai-
sait porter sur une chaise à la tête
de sa division; là, on le voyait
donner ses ordres avec une pré-
sence d'esprit et un sang-froid im-
perturbables. C'est ainsi qu'il fit la
campagne de i8i3 en Saxe. Après
les évéuemens de )8i4' l« comte
de Pegri a quitté le service, et
s'est retiré à Mantoue, sa patrie.
PEIGNOÏ (Gabriei,). ancien
avocat, littérateur et bibliogra-
phe, est né le i5 mai 1767 i'k Arc,
département de la Haute- Marne,
et fil de bonnes études. Il exerça
PEI
pendant quelques années la pro-
fession d'avocat à Besançon , fit
partie, de 1791 à 179?, de la ^ur-
dc constitutionnelle de Louis XVI,
et se livra ensuite aux letlrcs, et
parti* ulièrernent à la science bi-
bliographique,dans laquelle il s'est
fait un nom distingué. Dans lïn-
lervalle de 1794 à »8i5, M. Pei-
gnot a été successivement biblio-
thécaire du département de la
Ilaute-Sjône, principal du collè-
ge de Vesnul, et it»specteur de la
librairie à I)ijon ; en i8i5, il de-
vint proviseur du collège royal de
celle ville, entploi dont on le croit
encore revêtu aujourd'hui (iSa'i).
M. Peignot a publié : 1° Opuscu-
les philosophiques et poétiques ,
1796, in -16; 2° Manuel bihlio-
graphiquCf ou Essai sur les hiblio-
thèques anciennes et modernes , et
sur la connaissance des livres,
1800, in-8°; 3° Petite hibliothcque
choisie (c'est un extrait de l'ou-
vrage précédent), 1800, in-S"; /j"
Bagatelles poétiques et dramati-
ques, 1801, in -8°; ^"Dictionnaire
raisonné de hihliologie, 1 8o'i - 1 80/] ,
3 vol. in-8" ; 6° Essai de curiosités
bibliographiques , 1804, in-S"; 7°
Dictionnaire n'itique , littéraire el
bibliographique des principaux li-
vres condamnés au feu, supprimés
ou censurés, 1806, -j vol. in-8° ; 8°
Petit dictionnaire des locutions vi-
cieuses, 1807, in- 12; 9" Jmuse-
mens philvlogi''ues, ou Variétés en
tous genres, 1808, in-8"; 10° Bi-
bliographie ancienne, 1808, in-8°;
II' Répertoire de bibliographies
spéciales, curieuses et instructives,
I Hof), in -8° ; 1 1' Répertoire biblio-
graphique universel, 181a, in-8»;
lo" Essai sur l'histoire du parche-
min et du vélin , 1812, in -8° ; 1 4»
PÉL 107
Bibliothèque choisie des classiques
latins (plan de l'ouvrage), 18 i3,
in-8°; i5° Précis chronologique ,
généalogique et anecdotique de
l'histoire de France, 181. 5, in-8";
16° Précis chronologique du règne
de Louis XV III en 1814. 181 5
et i8i6.iii-S°. 1816; \y° Mélanges
littéraires, philosophiques et biblio-
graphiques, 1 8 1 8, in 8". Le Diction-
naire biographique et bibliographi-
que portatif, i8i2-i8i5, sur le
frontispice duquel sont les initiales
L. G. P., a été i)rés€nté au nom de
M. Peignot à lachainbre des dépu-
tés. On prétend néanmoins qu'il
n'a rédigé de c«it ouvrage que la
moi lié des articles de la lettre À.
PELAGE (Magloire"!, homme
de couleur, né à la Marliuique,
mort dans un temps où la bravou-
re et l'intelligence des choses do
la guerre étaient si cotnmunes,
qu'il semblait impossible de se
distinguer parmi tant d'hommes
de cœur et de tête, dont la Fran-
ce était couverte. Pelage parvint
à suriîionter les obstacles que sa
couleur, les conditions de sa nais-
sance, et la valeur de ses concur-
rens, lui opposaient : il fut re-
niarqué, et se lit un nom qui mé-
rite d'être conservé. Au moment
où les premiers trouble^ de la
Martinique éclalèrent , Pelage,
quoique très-jeune , embrassa la
cause des planteurs : il mérita
Tapprobalion de ses chefs par
lies taletis précoces, par un sang-
l'roid très -rare à son âge sous
le ciel enflammé des Antilles. Pen-
dant le siège de la ville de Saint-
Pierre, en i794i «1 déploya, dans
plusieurs engagemens avec le.s
Anglais , tant d'inlelligetjce el
d'intrépidité, qu'il fut nomflié
io8 PÉL
lieutenant sur le champ de batail-
le , par le généial Rochainbeau,
et qu'à son arrivée eu France, il
Alt fait capitaine de grenadiers.
L'année suivante, il attira sur lui
tous les regards par sa conduite,
à-la-fois prudente et audacieuse ,
à l'attaque de Sainte-Lucie, et par
la constance et les ressources
qu'il déploya pour retarder la
reddition de celte île, lorsque
les Anglais vinrent, avec des for-
ces supérieures , pour la repren-
dre. Echangé en 1798, et nommé
chef de brigade en 1799, d.illaàla
Guadeloupe, en qualité d'aide-de-
cainp de Jeannet, l'un des agens
du directoire dans cette île, sous
l'administration du capitaine-géné-
rale Lacrosse. Les circonstances
devinrent difTiciles , et l'on vit se
former plus d'un orage menaçant.
La prudence du colonel Pelage
contribua puissamment à les con-
jurer; mais les applaudissemens
que cette sage conduite lui mérita
firent naître l'inquiétude et la ja-
lousie dans l'âme de ses chefs. A
la mort du général Belhencourt,
le commandement des troupes
lui était dévolu ; il en fut privé,
et conserva seulement celui de la
grande terre, dont il avait été in-
vesti par les délégués du gouver-
nement français. Le capitaine-
général ne cessait de faire l'é-
loge de la conduite de Pelage, de
lui témoigner une confiance sans
limites; cependant l'ordre de l'ar-
rêter fut donné. Attiré , par
une simple invitation, chez le
chef d'état-major, des armes fu-
rent dirigées sur sa poitrine : il
parvint à les écarter et à se réfu-
gier au fort de la Victoire; mais il
y trouva les troupes de couleur
PEL
en pleine insurrection. La vil-
le de la Pointe- à -Pitre était
menacée d'un horrible massacre.
Ce péril, plus grand que celui au-
quel il venait d'échapper, n'ébran-
la pas sa fermeté. L'insurrection
avait été causée par l'arrestation
de plusieurs officiers de couleur
et par les menaces faites à un plus
grand nombre d'autres. Pelage
ne s'opposa pas de front à la vio-
lence de ces premiers mouvemens,
mais il sut rendre vaines les me-
naces les plus sinistres, en lais-
sant un libre cours aux paroles
et aux démonstrations. Il prit
sous sa protection ce même
chef d'état-major chez lequel peu
d'heures auparavant, sa vie avait
été menacée. Ses efforts pour pré-
venir l'effusion du sang et regor-
gement des blancs se multipliaient
comme le danger qui semblait
croître de minute en minute. Pla-
cé entre l'alternative ou d'accep-
ter le titre de général en chef de
l'armée de la Guadeloupe, ou de
voir ce titre et les pouvoirs qui y
étaient atttachés passer entre les
mains du. mulâtre Ignace, officier
fougueux, et chef de l'insurrection.
Pelage dévoua sa tête. Les trou-
pes voulaient marcher à l'instant
même contre celles que cou)inan-
dait la capitaine-général. Il éj)ui-
sa leur fureur en les fatigant
jusqu'à la nuit par des marches
et des contre-marches; mais les
lenteurs, les tergiversations du
chef de la colonie et des menaces
imprudentes sorties de sa bou-
che , portèrent les révoltés aux
dernières violences. Pelage re-
çut un coup de baïonnette au
visage , en protégeant le capitai-
ne-général, assailli par les sol-
PEL
\|lats de couleur : il parvint même à
lui sauver la vie, mais !e capiiai-
né-général fut renvoyé en Fran-
ce. L'oblijçation de conserver le
pouvoir fut imposée à Pelage
par la nécessité de pourvoir au
salut de tous. La vie des blancs se
trouva uK'iiacée par de* troupes
qui venaient de rompre le frein de
la discipline, et (|iii, au moment
de devenir victimes elles-mêmes
de leurs propres fureurs, n'étaient
plus retenues que par un reste de
respect pour Pelage. 11 s'adjoignit
un conseil provisoire, choisi par
les habitans de la Pointe-à-Pilre,
les plus recomrnandablcs parleurs
lumières et leurs vertus. Le pre-
mier acte de ce gouvernement
provisoire fut un serment de fidé-
lité à la France. Ce serment, ré-
pète par les troupes, réveilla dans
tous les cœurs l'amour de l'ordre,
de ladiscijdineet du nom français,
et donna le temps à l'expédition,
eonuuaudée par le général Riche-
panse, d'arriver et. le sauver la colo-
nie siU' laquelle la torche incendiai-
re et le poignard des insurgés res-
taient sns[»endus. Au débarque-
ment des troupes de l'expédition
les humiliations ne furent point
épargnées à Pelage : il les dévora
en silence, sans irritation , sans
bassesse, conservant toute la di-
gnité que donnent la IVuce de l'âme
et le calme d'une boime conscien-
ce. L'ordre de l'arrêter avait été
signé avant le débarquement,
mais la contenance de Pelage le
fit révoquer; il ne laida pas à ob-
tenir du nouveau capitaine-géné-
ral (onte la confiance qu'aurait dfi
lui accorder celui que le général
llichepansi! venait remplacer. Ce
général lui donna l'ordre de raï-
PEL
109
sembler les troupes dont il vou-
lait passer la revue. Cet ordre
fut exécuté, mais les officiers
nouvellement arrivés se portèrent
à des actes de violence en rele-
vant les postes, et à des menaces
trop justifiées. Le lendemain,
par l'embarquement d'une partie
de^ tr.oupeï, le reste se débanda,
prit la fuite, et alla porter le feu
de la révolte dans tous les quar-
tiers de la basse-terre. Cette ré-
volte ne put être étouffée que
par la force, et durant la lutte,
le sang européen ne coula pas
avec moins d'abondance que
le sang africain. Pelage rendit
de grands services dans celte
guerre d'extermination. Il sauva
la basse-terre, dont les habitans
se défendaient, barricadés dans
leurs maisons, contre les insur-
gés, qui s'étaient rendus maîtres
de la ville, et allaient y mettre
le feu. Ils signalaient leur re-
traite par le pillage et l'incendie.
Pelage les suivit de près, leur
enleva la forte position de Bidda-
ry, délivra au Dolé 80 femmes
et en fans blancs, que le mulâtre
Ignace avait réunis dans un lieu
où il y avait des poudres; déjà
le nègre qui devait y mettre le
feu, s'avançait la mèche à la
main , lorsque Pelage y parut.
La Poinle-à-Pitro, dégarnie de
tronpeii, fut inopinément mena-
cée par un parti d'insurgés. Le
général .se voyant dans l'impos-
sibililé d'y conduire sur-le-chaiYip
des soldats harassés, y envoya
Pelage seul. Son activité, la con-
fianc»! qu'il inspira, intimidèrent
lesassiégeans,etsauvèrent la ville,
lisse retranchèrent dans la redmite
de Baimbridge, et c'«st là que lo?
no
PEL
restes de l'insurreclion furent é-
crasés. Tant de servicts méritaient
une récompense. Ils reçurent cel-
le dont le pouvoir est le moins a-
vare. Pelage et les hommes hono-
rables qui s'étaient dévoués au
salut de la colonie , en l'absence
de toute autorité préservatrice ,
furent embarqués avec d'autres
habitans, transportés en France,
et mis en prison. La liberté leur
fut rendue quand on vit qu'il é-
tait impossible de leur ravir la vie
ou l'honneur sans violer trop ou-
vertement la justice. Pelage avait
droit à de l'avancement. Il dut se
trouver heureux d'être employé
comme colonel, et fut envoyé en
Espagne, où il donna de nouvel-
les preuves de valeur. Mais il ne
survécut que peu de jours aux
désastres de Vittoria et de la
campagne de i8i5. Il mourut
en France, ignoré, et sans se plain-
dre ni du sort ni des hommes.
PELARD (N.), membre de
la légion -d'honneur, servait eu
ijgt) Il l'armée d'Italie, en qua-
lité de simple carabinier. Au mois
de septembre de la même année ,
il se fit remarquer par une action
d'éclat, dont les détails se trou-
vent dans un compte rendu au
<lirectoire- exécutif par le géné-
ral en chef Bonaparte : « Au pas-
•>sage de la Brenta. dit le géné-
»ral, le braiVe Pelard traversa
«trois pelotons ennemis, arrêta
«l'olTicier- général qui les com-
» mandait, et tua lui seul treize
0 hommes. »Cet acte d'intrépidité
fit obtenir à Pelard de l'avance-
luent, et plus lard la réc(»nipense
la plus chère aux braves, la croix
de la légion-d'honneur. Il se si-
gnala depuis en diverses occa-
PEL
sions, et l'armée française 1%
comptait, en 1806, au nombre
de ses ofTiciers les plus recom-
n)andables, lorsqu'il fut tué sur
le champ de bataille.
PELÉ (N.) , ancien député et
magistrat, adopta avec modéra-
tion les principes de la révolu-
tion, et, fut nommé, au mois de
septembre 1792, député à la con-
vention nationale par le départe-
ment du Loiret. Dans le procès
de Louis XVI, il vota la déten-
tion jusqu'à la paix, et le bannis-
sement à cette époque. Pelé fut
du nombre des conventionnels
qui passèrent au conseil des
cinq-cents, dont il cessa de faire
partie le 20 mai 1798. Appelé
aux fondions de juge au tribu-
nal criminel de son département,
il les remplit d'une main'ère ho-
norable jusqu'à l'époque de sa
mort, arrrivée en 1808.
PELIiï (Jean- Jacqces-Ger-
MA!!s), maréchal-de-camp d'état-
major, ancien général des chas-
seurs à pied de la vieille garde,
conunandant de la légion-d'hon-
neur (en i8i3), chevalier de
Saint-Louis et du mérite militaire
de Bade, est né à Toulouse eu
1779. Il partit comme conscrit en
1800; dès son arrivée à l'armée d'I-
talie, il fut ad mis en qualité de sous-
lieu tenant dans le corps des ingé-
nieurs-géographes. Ses services
de guerre et de paix, ses blessu-
sures, lui valurent un avancement
assez rapide, qui ne fut jamais ai-
dé par aucune intrigue, et qui
s'est arrêté en i8i4 : alors s'ou-
vrait devant lui la grande carrière
des armes , pour laquelle il était
né, et qui a été l'unique passiort
de sa vie. Bien jeune encore, il
PEL
mérita par ses travaux d'être ad-
mis, dans les circonstances cri-
tiques, au conseil des généraux.
Il fut choisi par le maréchal .lour-
dan pour l'accompagner dans ses
reconnaissances des montagnes
du Tyrol, «-t, en !8o5, par le ma-
réchal iVlasséna pour être son aide-
de-camp. Il rtsla 6 ans attaché à
cet illustre guerrier, qui l'honora
de son aim"tié, de son intime con-
fiante, et qui le nommait son fils
d'armes. Il commanda en Russie
le 48"* régiment, l'un des plus
beaux de l'armée. Général de bri-
gade en avril i8i5, il fut bientôt
désigné pour entrer dans la garde,
par l'empereur, qui l'avait distin-
gué, en I 809, dans les expéditions
et les reconnaissances de l'île de
Lobau, et surtout, en 1811, dans
deux audiences fort orageuses,
où le chef de bataillon Pelet lui
rendit compte du résultat de l'ex-
pédition de Portugal. Ce fut à la
lin de la seconde audience, que
l'empenMir le congédia en lui di-
.•♦ant. Adieu., colonel. Napoléon le
chargea, en 181 1, 18 13 et 181 4< de
divers travaux particuliers. La
laveur dont jouissait le général
Pelet fut purement militaire, car
il ne reçut ni titres ni dotations;
uiais, non moins reconnaissant de
tant de marques de confiat)Ce, il
s'en montra digne jusqu'au der-
nier moment. Ce général a fait
depuis 1800, avec la plus grande
activité, toutes les campagnes des
grandes armées; il a été blessé aux
batailles de Caldiero, d'Ebers-
berg, Krasnoë, de Léipsick. Par-
mi de nombreux faits d'armes, les
Victoires et Conquêtes et les Fas-
tes (te la gloire, citent sa (îouduite
au paasage de l'Adigc, en 180 5,
PEL 1 1 1
et au siège de Gaëte, où il rendit,
comme dans toute sa carrière,
des services bien au-dessns de
son gradt;; en 1809, l'enlèvement
des habitans de Koking, où les
Autrichiens allaient appuyer leur
aile droite dans la b.itaille d'Eck-
miJhl ; l'expédition de l'île du
Moulin (2 juillet 1809), ainsi que
des autre,- îles autour de celle de
Lobau; en 18 lo et iHi 1, plusieurs
actions en Espagne et en Portu-
gal; en 1812, l'attaque du fau-
bourg de Uacseuska à Smolensk;
l'arrière-garde de l'armée de Rus-
sie, sauvée par sa vigueur et par
se« conseils; le 18 novembre, à
Krasnoë , dans cette affaire, que
le général anglais VVilson a noin-
mée la bataille des héros, et où
le colonel Pelet fut blessé de
trois biscaïens ; en i8i5 et
1814 » les batailles de Dresde,
Léipsick, iVlontmirail, Craonne.
Laon , Arcis, etc., avec la garde;
enfin, la défense de Planchenoit ,
à la bataille île iVIont-Safnt-Jean ,
et la conservation de l'aigle des
chasseurs au milieu des plus vio-
lentes attaques des corps prus-
siens. Ces ouvrages citent aussi
les paroles remarquables de Na-
poléon, en i8o5, au sujet de mé-
moires historiques sur les batailles
d'Italie, dont avait été chargé le
jeune ingénieur, et les marques
touchantes d'attachement qu'à
toutes les époques, «!t surtout au
licenciement, la vieille garde don-
na au général Pelet. Il connnan-
dait alors la division des chasseurs
à pied; et après la mort du géné-
ral Michel, tué à Waterloo, il a-
vail «'té nnnuïié colonel en second
de l'arme. Le général Pelet ne
«'est pas moins distingué par iui
112 PEL
écrits militaires que par ses ac-
tions. Au dépôt de la guerre sont
réunis beaucoup de mémoires,
faits parlai comme ingénieur-géo-
graphe, ou dans le cours des cam-
pagnes, lia concouru, à diverses
époques, aux travaux historiques
qui s'y préparaient. Ce général a
écrit des journaux fort détaillés
de chaque guerre, et une grande
quantité de mémoires sur les
hautes parties de l'art militaire.
En iSi-i» dans les grandes ma-
nœuvres de la garde à Naney, il
avait commencé à faire exécuter
nu système de tactique abrégée
et perfectionnée pour l'infanterie,
sur lequel il a préparé un ouvra-
ge. En 1818, ayant été nommé
mendjre et secrétaire de la com-
mission de défense du royaume,
le général Pelet a fourni près des
deux cinquièmes de la collection
des travaux de la commision, et
a fait de pins un système particu-
lier 2)0ur une défense nationale,
qui est resté dans ses mains. La
France y trouverait des ressour-
ces précieuses pour des temps
de malheur. Il s'occupe, depuis
son entrée ;v» service, de l'his-
toire de nos guerres. Napoléon
ayant applaudi dès iSojaux pre-
miers travaux du général Pelet,
ce général n'a pas cessé de les
poursuivre. Alaflndechaque cam-
pagne il préparait les matériaux et
la rédaction de son histoire. Déjà
plusieurs ouvrages ont donné des
extraits de ce travail. Parmi ces
ouvrages, on remarqué ceux du
Pff'cis (tes c'v4n.anens militaires ,
pour i8o5, et du Mémorial de
Sainle-lïéUne, pour Eckmiihl e>t
'NVagram. Nous avons pu noi;s
j\S5ur€r nous-mêmes q,ue> dans les
PEL
matériaux réunis par le général
Pelet sur les campagnes d'Italie,
il y avait une conformité parfaite
avec ce que Napoléon a dicté à
Sainte-Hélène. Nous devons a-
jouter que le récit de la campagne
d'Italie, dans la notice de Bona-
parte, a été extrait des mémoires
que le général Pelet communiqua
à l'auteur, et a, depuis long-
temps, justiTié ce que nous ve-
nons de dire. On attendait avec
in)patience la publication de ces
mémoires. Le général Pelet vient
de la commencer par la campagne
de 1809, en 4 volumes, avec des
pièces du plus grand intérêt; deux
volumes ont déjà paru. 11 se }>ro-
pose de donner, sur le même
plan, Ifiutes les campagnes de nos
grandes années :1e général écrit
ce qu'il a vu, et, en partie, ce qu'il
a fait. Il veut venger l'arm/e et
Napoléon des calomnies dont ils
ont été l'objet. Il porte dans son
travail la loyauté et la fermeté
qu'il a montrées pendant toute sa
vie. Son épigraphe. Honneur et pa-
trie, est la mesure et la garantie
de ses sentimens. L'histoire de
nos guerres, publiée par un
homme qui les a toutes écrites sur
les champs de bataille, porte avec
elle un intérêt, qu'aucun autre é-
crivain .ne peut atteindre. C'est
la gloire prise sur le fait par celui
qui l'a partagée. Les faits d'armes
ont besoin d'être dessinés d'après
nature, sans cela leur vérité é-
chappe et Ja physionomie d'une
campagne disparaît. Le général
Pelet a su habilement conserver
tout leur caractère aux opérations
de la guerre de 1809, *-' <^" ^^^^
son ouvrage ne sera pas moins re-
chorch»; pa^il^ tacticiens, que par
PÏÏ.L
ceux qui cherchent encore un au-
tre inlérêl dans les récits militai-
res. On lit à la fin d'uue police
qui se trouve dans le Dictionnaire
des Généraux : « Il fut bon soldat,
«bon citoyen, bon fds, bon ami,
') honnête homme par-dessus tout.
1)11 obtint l'amour de ses soldats,
«le respect des peuples vaincus,
ola confiance- et l'estime des uns
»et des a. I très. »
PKLET-BEAtPREY (P. F.
N. ) , député à la convention
nationale, où, au mois de sep-
tembre 1792, le nomma le dé-
partement de l'Orne, vota avec la
njajorité dans le procès du roi. Il
ne prit depuis cette époque que
trés-pen de part aux discussions
violentes qui agitèrent si souvent
l'assemblée. En septembre i^gS,
il .passa de la convention au con-
seil des cinq-cents, par suite de
Il réélection des deux tiers, et
cessa de faire partie de ce conseil,
en mai 1798. M. Feict-Beauprey
n'a point été appelé depuis à rem-
plir des fonctions publiques.
l'ELEÏ-DE-GRAVIÈRE
(LoDisj, surnommé k'iacely, l'un
«les chefs royalistes du midi. Dès
le commencement de la révoiu-
lion. il s'rn montra le violent en-
nemi, et sellorya d'en arrêter les
progrès dans le pays qu'il habi-
tait. En septembre 17949 'es ad-
nn'nistrateurs du district de Ca-
nourges le signalèrent à la con-
vt.'iuion nationale coimne entrete-
nant une correspondance active
avec Dominique Allier, autre chef
royaliste, qui, dans ce moment,
«lierchail à soulever les départe-
iiifus de l'Ardèche et de la Lozère.
INIet dc-Gravière l'ut tué peu de
temps après, en combattant avec
I. XVI.
PEL
ii3
ce même Dominique Allier dont
il était l'ami dej»uis lon{i;-'einps.
PELET - DE - LA- LOZERE
(Jean, comte), commandant de la'
légion-d'houneur.né à Saint-Jean-
du-Gard, avait été rtçu très-jeu-
ne avocat au parlement de Pro-
vence , et était cité connue un
des membres les plus distingués
du barreau d'Aix, à l'époque de la
révolution. Il en adopta les prin-
cipes en honnne de bien, et fidèle
jusqu'à la fin de sou honorable
carrière aux mêmes opinions, il
se montra le sincère ami de la
liberté, le défenseur de toutes les
mesures de justice, et l'adversaire
prononcé de tous les excès. Ses
concitoyens le nommèrent en
1791 président du directoire du
département de la Lozère, et le
députèrent, au mois de septembre
de l'année suivante, à la conven-
tion nationale. Il y porta le mê-
me esprit de sage-^se et de njo-
dération qui l'avait déjà distin-
gué. Eloigné de Paris pendant le
procès du roi, il ne put y pren-
dre part. Son vote n'eût point été
douteux, et peut-être sa voix, son
exemple et son influence, au-
raient-ils pu contribuer à sauver
le monarque. Pelet-de-la-Lozère,
à son retour, parut plusieurs fois à
la tribune de la convention natio-
nale. Il s'opposa avec énergie à
la proposition d'un membre de
continuer a{)rès le 9 thermidor
les mêmes pou voir? aux membres
restans de l'ancien comité de sa-
lut-public, et lediscoiir» improvi-
sé qu'il prononça à celte occasion,
le 29 fructidoi- an 3 (i5 septem-
bre 1794)^ fit ime vive sensation
sur rassemblée. Il obtint depuis
la liberté du contre- amiral Lacros.
ii4 PEL
se, et de l'écrivain De La Croix,
tous deux injustement incarcérés.
Nommé président de la conven-
tion nationale, le 4 germinal de
l'année suivante f24 mars 1795),
il déploya le plus grand cou-
rage dans ce poste , pendant l'in-
surrection populaire qui éclata
le i'2 du mois suivant. Il de-
manda aussi la réforme' totale de
la constitution de 179^, et pro-
posa la prompte convocation des
assemblées primaires. Chargé d'u-
ne mission en Catalogne , pour
apaiser quelques mou vemens dans
l'armée française , et pour en-
tamer une négociation avec l'Es-
pagne, il réussit dans cette don -
hie entreprise , et le nouveau
comité de salut-public lui don-
na alors l'ordre de se rendre à
Lyon, où la présence d'un homme
conciliant et modéré paraissait
nécessaire. Mais le parli exagéré
de la convention, qui venait de
reprendre plus d'influence, par-
vint à faire révoquer le décret
qui l'y envoyait; après la journée
du i5 vendémiaire an 4 (5 octo-
bre 1793), Pelel-de-la-Lozère fut
dénoncé ainsi que Boissy-d'Anglas,
Lanjuinais et quelques autres dé-
putés,comme étant un des chefs de
l'insurrection sectionnaire. Le co-
mité secret de la convention, réu-
ni dès le i4» paraissait mal dis})08é
pour lui, et son arrestation allait
être décrétée, quand il parvint
enfin à se justifier. Après la ses-
sion conventionnelle, Pelet-de-
la - Lozère obtint une distinc-
tion bien flatteuse : il fut élu à la
fois par soixante et onze départe-
mens pour la nouvelle représenta-
tion nationale; il fit alors p ntie
du conseil des cinq-cents, où sa
PEL
conduite ne fut pas moins hono-
rable qu'aux époques précéden-
tes. Il y parla en faveur de M.
Bergasse, que ses opinions et ses
écrits avaient compromis, et que
le 9 thermidor avait sauvé de
l'échafaud, mais qui languissait
encore en prison, et il obtint sa
mise en liberté. En février 1796, il
fit la motion d'inviter le directoi-
re à s'occuper des moyens de ren-
dre enfin la paix à l'Europe, pro-
position qui excita de vifs débats
dans l'assemblée. Il obtint qu'on
passât à l'ordre du jour siu' une
demande du directoire, qui vou-
lait ajouter encore à l'extension
des pouvoirs et de la juridiction
des tribunaux militaires. Nommé
à la présidence du conseil des
cinq-cents le i" messidor an 4
(19 juin 1796), il fit adopter et
convertir en décrets deux propo-
sitions qu'il avait faites, la pre-
mière pour accorder par l'état
des secours à tous les enfaus d'é-
migrés et de condamnés, la se-
conde pour faire payer sans délai
tous les pensionnaires derétat,tant
civils que militaires et ecclésiasti-
ques. Pelet-de-la-Lozère se pronon-
ça dans toutes les occasions avec
la plus grande énergie en faveur
d»i maintien des lois sur la liberté
de la presse. Quelques orateurs
avaient comparé les journalistes
de cette époque à des prostituées;
il releva l'inconvenance de cette
expression, et cita les noms ho-
norables de plusieins écrivains,
inaccessibles à toute corruption,
et qui ne s'étaient prostitués à au-
cun pouvoir, tandis que des dépu-
tés, qu'il croyait n'avoir pas be-
soin de nommer, se livraient suc-
cessivement, et pour le plus vil
PEL
intérêt, à toute autorité dominan-
te qui daignait les payer. A la
sortie du conseil, Pelet-de-la-
Lozère se retira dans ses foyers.
Nommé en 1800 préfet de Vau-
cluse, il parvint, à force de sa-
gesse et par des voies conciliatrices,
bien mieux que par des mesures
de rigueur, à pacifier entièrement
ce département, déchiré jusqu'a-
lors par des factions acharnées. En
1802, lepremierconsul l'appelaau
conseil-d'étal, et lui donna la di-
rection du 3' arrondissement de
la police générale, qui comprenait
tout le midi de la France. Il fut
en outre chargé de plusieurs mis-
sions particulières î Bayonne en
i8i3, et à Montpellier en 1814.
A la fin de juin, en i8i5, il rem-
plit pendant quelque temps les
fonctions de ministre de la po-
lice générale. Après le second re-
tour du roi, Pelet- de- la-Lozère
rentra dans la vie privée, entouré
de l'estime et de l'affection de ses
concitoyens, que d'éminens servi-
ces rendus à sa patrie et une con-
duite constamment irréprochable,
lui avair-nt si légitimement ac-
quises.— Son fils aîné, le baron Pe-
let, né en 1^85, fut nommé au-
diteur au conseil-d'état en 1806,
et quelque temps après, adminis-
trateur-général des forêts de la
couronne, place qu'il occupa jus-
qu'en 1814, époque de la suppres-
sion de cette administration su-
périeure. Il a depuis été nom-
mé par le roi à la préfecture de
Loir-et-Cher, résidence de Blois.
Mais n'ayant pu sans doute entiè-
rement satisfaire en ces derniers
Icrnps aux nouvelles exigences
ministérielles, il a été éloigné eu
189,3 d'une place, où il avait dé-
PEL 11. 5
jà recueilli de nombreux témoi-
gnages de la reconnaissance et
de l'attachement de ses adminis-
trés.
PÉLISSIER (N.), exerçait avec
distinction la profession de méde-
cin lorsqu'il fut nommé, par le tiers-
état de lasénéchaussée d'Arles, dé-
puté aux états-généraux, en t 789.
Le déparlement des Bouches-du-
Rhône le nomma, au mois de sep-
tembre 1792, membre de la con-
vention nationale. Dans le procès
du roi, M. Pélissier vota la mort
sans motiver son opinon; vers la fin
de la même année ( 1793), il fut
nommé secrétaire. En octobre
1795, il dénonça Chambon et
Cadroy, au retour de leur mission
dans le Midi, pour n'avoir pas, en
montrant plus de fermeté, répri-
mé les assassinats, qui se com-
mettaientpresque sous leurs yeux.
Après la session conventionnelle,
M. Pélissier fut employé quelque
temps en qualité de cominissaire
du directoire-exécutif, puis nom-
mé administrateur du départe-
ment des Bouches-du-Rhône. Élu
au conseil des anciens en 1798, il
en sortit par suite de la révolution
du i8 brumaire an 8. Il reprit
alors sa profession de médecin,
et l'exerça jusqu'en i8i6, que
la loi du 12 janvier de cette an-
née, rendue contre les conven-
tionnels dits votans, l'obligea de
sortir de France; il s'est retiré en
Suisse.
PÉLISSIER (le comte Heniii-
Félix de), nommé, le 4 juin
1814, maréclial-de-camp, et che-
valier de Saint-Louis le 27 dé-
cembre suivant, commandait A
Nîmes, lorsque Napoléon débar-
qua i\ Cannes , au mois de mars
ii6
PEL
181 5. Il fit d'inutiles efforts pour
empêcher ses troupes de se réunir
i\ celles de Napoléon. Il fut même
mis (Ml arrestation, ainsi que son ai-
de-de-camp, et conduit à Montpel-
lier, où il paraît qu'il demeura jus-
qu'au second retour du roi. On voit
dans une biographie que le com-
te Pélissier obtint à cette époque
le grade de lieutenant-général; ce-
pendant plusieurs années après, il
figure encore sur la liste des ma-
réchaux-de-camp. En 1823 et
1823, il ne se retrouve ni sur la
liste des maréchaux de-camp , ni
sur celle des lieutenans-généraux.
Ce qui est plus certain, c'est que,
nommé membre de l.i chambre des
députés en i8i5,il partagea les
opinions de la majorité de cette
chambre , dissoute par l'ordon-
nance royale du 5 septembre
1816. Le comte Pélissier n'a
point été réélu pour les sessions
suivantes.
PELLËGRINI (JosEPH-LoiJs),
naquit à Véronne en 1718. Entré
de bonne heure dans l'institut de
Loyola , il s'adonna à la prédica-
tion, et pa-sa pour l'un des plus
éloquens orateurs de son temps.
Marie-Thérèse, qui lui fit témoi-
gner le désir de l'entendre, l'attira
à Vienne , où il prêcha plusieurs
ibis devant la cour impériale. Pel-
legrini était aussi poète, et ses
compositions sont remarquables
f»ar la fraîcheur du coloris , la dé-
icatcsse du sentiment, et la jus-
tesse de l'expression. Il déplora à
80 ans la mort d'une amie dans
des vers remplis de tendresse et
de sensibilité. Ils sont dans le
genre des poésies de Pétrarque ,
sans pouvoir dire qu'ils soient
Pelrarcheschi, l'auteur ayant eu
PEL
l'adresse d'éviter l'imitation ser-
vite d'un si grand modèle : on sent
que sa douleur est vraie, parce
que l'expression en est spontanée.
Pellegrini mourut à Véronne , le
i3 avril 1799. Ses ouvrages im-
primés sont : 1° Poésie latine ed
ilaUane , Bassano , 1 79 1 , in - 8° :
ce volume contient un poëme sur
une éruption du Vésuve; sur le
pont de Veja; sur les cieux ; sur le
tombeau de Dimice, anagramme
de Medici ; -i^al PopoloVeronese,
orazione, Vérone, ib^oo , in-8" : on
y a joint l'éloge de l'auteur par le
comte Giuliari; 5" Versi in morte
d'Ainaritte, in -8", 1800: Amaritte
est l'anagramme de Marietla : ce
nom, et l'autre caché dans la pre-
mière anagramme, composent ce-
lui de son amie, qui était Mariette
Medici ; 4° Debora, Giepte, Giona ,
lezioni sacre, Venise, 1804, 2 vol.
111-8"; 5° Tobia, ragionavienti ,
ibid. , 1818, 2 vol. in-8" ; 6° fre-
dic.be, ibid. , 1818, 5 vol. in-8';
r;" Panegirici, ibid., i820,in-8°.
PELLEMEliTE ( N.),. oITicier
français, naquit à Saint- Venant,
département du Pas-de-Calais, et
s'enrôla comme simple soldat. Il
montra, dès les premières campa-
gnes de la révolution , la plus
grande inlrépidité sur le champ
de bataille, et donna plus d'im
exemple du plus parfait palriolis-
me. Quatorze blessures qu'il avait
reçues, le 22 noveird)re 1790, à
l'atfciirede Monnaie, le retenaient
à l'hôpital, où il était loin d'être
guéri, lorsque le bruit du canon
vint retentir A son oreille. Ne
pouvant obtenir la permi-sion de
sortir, il s'élança d'une croisée
haute de i5 pieds, pour courir à
Tatupleuve, où se livrait U- corn-
PEL
bat qui était des plus vifs. Arrivé
sur le champ de bataille, Pelle-
ineule se jeta dans la mêlée, et
{'ut assez heureux pour déj;ager le
général Noël, qu'entourait un pe-
loton d'ennemis, et l'euipêcher
d'être pris. Mais il n'obtint cet
avantage, qu'en ajoutant 8 bles-
sures nouvelles aux i4 qu'il avait
déjà. Il l'ut nomuié lieutenant,
par décret de la convention na~
tionale; mais la perte de ses for-
ces et l'affaiblissement de sa vue,
causés par ses blessures, lui ôlè-
rent tout espoir d'avanceuumt
en ne lui permettant plus de
se livrer aux fatigues de la guer-
re. En 1798, il fut nommé adju-
dant de place à Hesdin, et mou-
rut quelque temj)s après.
PEL LE PORT (le vicomte
Pierre), lieutenant-général, com-
mandeur de la légion-d'boimeur,
chevalier de Saint-Louis , de la
couronne de fer, et de l'ordre de
Saint-Ferdinand de 4°" classe, est
né à Montréjeau, déparlement de
la Haute-Garonne, le 26 octobre
1773. Il entra au service, comme
soldat, dans un des bataillons de
la levée en masse de son départe-
ment, et fit dans ce corps les cam-
pagnes des Pyrénées-Orientales,
où il fut promu au grade de sous-
lieutenant. Il passa , par suite
d'embrigadement, dans le 18"" ré-
giment de ligne, où il a obtenu son
avancement jusqu'au grade de gé-
néral de brigade. M. Pellepori a
fait la campagne d'Italie, en l'an
4 et en l'an 5, et s'est trouvé aux
batailles de Rivoli, où il fut bles-
sé, de Casliglioue, d'Arcole, etc.;
il fut nommé lieutenant, par le
choix de .ses camarades, et, bien-
tôt après, adjudant-major, par le
PEL 1 17
conseil d'administration de son
corps. La paix ayant été faite en
Italie, le 18°" régiment entra eu
Suisse, et, quelque temps après,
il fut désigné pour l'expédition
d'Egypte. Il lit toutes les campa-
gnes d'Orient; combattit à Alexan-
drie, aux Pyramides, à Saint-Jean
d'Acre, où il fut de nouveau bles-
sé; à Héliopolis, à Aboukir, etc.,
et reçut le grade de capitaine. Ren-
tré eu France, il fut admis dans la
légion-d'honneur à l'institution
de cet ordre. A la reprise des hos-
tilités, le 1 8""" régiment fit les cam-
pagnes d'Autriche, de Prusse et de
Pologne; cetoHicier était à la ba-
taille d'Austerlilz, après laquelle
il fut nonnné chef de bataillon;
à léna ; enfin, à Eylau, où il re-
çut plusieurs blessures; il lui fut
donné une dotation après la pai>x
de Tilsitt. Dans la campagne de
1809, en Autriche, il fui nommé
colonel du 18"" régiment, après
la bataille d'EssIiug; officier de la
légion-d'honneur, et baron, avec
une nouvelle dotation, apiès les
batailles de Wagram et de Znaïm.
Dans la cauqiagne de 1812, en
Russie, le 18°" régiment faisait
partie du S*"" corps, aux ordres
du maréchal Ney; il combattit à
Valontina, à la Moskowa, à Vias-
raa, à Krasnoy, etc. Il fut nom-
mé commandant de la légion-
d'honneur après la première af-
faire, et général de brigade après
la campagne. Dans celle de Saxe,
en 18 15, il eut le commande-
ment de la première brigade de
la divisioti du général Compans;
il se trouva aux batailles de Lnl-
zeii, de Bautzeuel de Léipsick; il
fut blessé à cette dernière affaire,
et oommé chevalier de la couron-
ii8 PEL
ne de fer. Dans la campagne de
1814, en France, il combattit à
Brienne, à Meaux , où il fut bles-
sé, à la Ferre-Champenoise, à
Belleville; il fut encore très-dan-
gereusement blessé à cette der-
nière affaire. A la première res-
tauration, en i8i4j le général
Pelleport fut nommé chevalier de
Saint-Louis; il prit le comman-
dement d'une brigade de la gar-
nison de Paris, fut employé en-
suite dans le département du Can-
tal, et dans les iuj-pections d'in-
fanterie , depuis 1817 jusqu'en
1823 : fonctions dans lesquelles
cet officier-général s'est acquis la
réputation de porter, dans l'exa-
men des diverses parties du ser-
vice, cette connaissance appro-
fondie des hommes et des choses
du métier, qu'une longue étude
pratique fait seule acquérir. Le
général Pelleport reçut, vers cet-
te époque, le titre de vicomte, et
le conimandi'ment de la 3°" bri-
gade de la 6"" division , armée
d'observation du Midi; il entra en
Espagne avec les 24"" et 39" régi-
ment de ligne: il commandait la
6°" division à l'affaire de Campillo
de Arenas, après laquelle il fut
nommé lieutenant-général.
PELLERIN DE LA BUXIÈRE
(N.), était propriétaire à Orléans,
lorsqu'il fut élu, par le tiers-état
du bailliage de cette ville, député
aux états-généraux, en 1789; il
y prononça un discours sur la dé-
claration des droits de l'homme,
en proposant d ajouter à cette dé-
claration celle des devoirs. II se
constitua le défenseur des pro-
priétés du clergé, en les établis-
sant sur les fondations; et malgré
son zèle dans cette circonstance ,
PEL
il réclama, en 1791, contre l'in-
sertion de son nom sur la liste des
membres du club monarchique.
M. Pellerin de la Buxière n'a point
été appelé à faire partie d'aucune
autre assemblée législative.
PELLETAIS ( Philippe-Jean ) ,
chirurgien en chef honoraire de
l'Hôlel-Dieu, membre honoraire
de l'académie royale de médeci-
ne, membre de l'institut et de la
légion - d'honneur , est regardé
comme l'un des plus habiles pra-
ticiens de l'Europe. Il a succédé au
célèbre Desault {voyez ce nom),
dans la place de chirurgien en
chef de l'Hôtel - Dieu de Paris,
dont il est aujourd'hui honoraire
(1824). M. Pelletan a publié, ou-
tre des observations importantes
pour enlever les corps étrangers
de la trachée-artère, les ouvrages
suivans : i" Clinique chirurgicale,
ou Mémoires et observations de
chirurgie clinique, 3 vol. in-8*,
1810; 2° Observations sur un os-
teo-sarcome de l' humérus , simu-
lant un andvrisme, in-8", 18 1 5.
PELLETAN (N.), médecin par
quartier du roi, chevalier de la lé-
gion-d'honneur, fils du précédent,
a ajouté par ses talens à la consi-
dération attachée au nom qu'il
porte. Il a reçu, en 1817, de l'em-
pereur d'Autriche, une bague en
hrillans pour les soins qu'il avait
donnés aux soldats autrichiens lors
du séjour des troupes étrangères
en France. M. Pelletan, l'un des
auteurs du Dictionnaire des scien-
ces médicales, a publié, en 1817,
in-S", un Mémoire sur l'éclairage
par le gaz tiré du charbon de terre,
pour servir de complément à l'ou-
vrage de M. Accum, sur le même
sujet; il a fait paraître par sou«-
PEL
criplion un Dictionnaire de chimie
générale et médicale, dont le roi a
pris un certain nombre d'exem-
plaires pour ses bibliothèques par-
ticulières, Paris, 182452 vol. in-8°.
PELLETIER (N.), habitait la
Tille de Bourges à l'époque de la
révolution. Le zèle avec lequel il
en embrassa la cause, le fit bientôt
nommer à des fonctions munici-
pales et administratives. Au mois
de septembre 1792, le départe-
ment du Cher l'élut à la conven-
tion nationale. Dans le procès du
roi il se prononça pour l'applica-
tion de la peine imposée par les
votes de la majorité; ce fut la seu-
le fois qu'il prit part , du moins
d'une manière ostensible, aux dé-
libérations de l'assemblée. Après
le () thermidor, il fut envoyé en
mission, et n'ayant pas été réélu
aux conseils après la session, il
exerça pendant quelque temps les
fonctions de commissaire du di-
recloire-exécutifdans son départe-
ment. Atteint, comme votant, par
la loi du 13 janvier 1816, M.
Pelletier a quitté la France et s'est
retiré en Suisse.
PELLICCIA ( Alexis ), savant
archéologue , et membre du der-
nier parlement de Naples, naquit
dans cette capitale en i744- Élève
distingué de l'abbé Genovesi , il
dirigea ses études vers la carrière
ecclésiastique, qu'il s'était décidé
d'embrasser. Appelé , en 1781 , i\
occuper la chaire d'antiquités chré-
tieimesdansl'universitéde Naples,
ses nouveaux devoirs lui firent é-
tendre le cercle de ses recherches.
Il examina en observateur éclairé
les archives et le» monumens, en
recueillant des renseignemens pré-
cieux pour un cours d'antiquités
PEL
»»9
qu'il se proposa de rédiger à l'u-
sage de ses élèves. Sous l'admi-
nistration du roi Joachim {voy.
Murât) , il fut nommé professeur
de diplomatique à l'université ,
président du jury d'examen, et vi-
caire-général de l'église de Naples.
Ses concitoyens lui donnèrent
une preuve encore plus éclatante
de leur estime, en le proclamant
membre du nouveau parlement
pendant le règne momentané de la
constitution napolitaine. Pclliccia
ne survécut pas long-temps aux
nouveaux événemens politiques;
il mourut le 28 décembre 1822. Ses
ouvrages sont : x'dePublicâ et pri-
vât â prece pi'o principibas, Naples,
1789, in -8° : cet ouvrage parut
d'abord en italien, en 1760, fut
traduit en latin par l'auteur lui-
même, à qui l'impératrice Marie-
Thérèse l'avait fait demander pour
le faiie adopter dans ses états ; on
en fit aussi une traduction alle-
mande. 3" Corso di antichità eccle-
siastiche , ibid.,4 vol. in-8°: c'est
un cours complet de discipline
ecclésiastique pendant le moyen
âge ; il y explique avec beaucoup
de jugement et d'érudition l'ori-
gine et l'usage des catacombes de
Naples , dont il donne plusieurs
plans et rapporte diverses inscrip-
tions; 3° Cronache e diarj del regno
di Napoli : la plupart de ces pièces
étaient inédites; l'auteur les a en-
richies de notes et de dissertations,
ibid. , 5 vol. in-4"; elles font suite
ù la collection des historiens de
Naples, imprimée par Gravier;
4" Dissertazione sul ramo degli
Appennini , che ter mina dirim petto
ail' isola di Capri, ibid., in-8" ;
5" Dissertazione sopra Cantica città
di Equa, ibid. , in-8'; 6" Disserta'
1 20 PEL
zione sutvero signlficato délia SHEOt
del teste ehrnico, ihid. , in - 8" ;
y" delCtilto délia clùesn greca verso
la Verqive, ibi'l, . 1820, in - 8°;
8° IsUtuzlnni drlla scievza diploma-
ticn , dont il n'a parn que le 1" vo-
lume en i8i5. Le marquis de iMaf-
fei s'était engafré de composer un
cours de diplomatique, qu'il ne
publia jamais; l'ouvrap^e de Pel-
liccia aurait fait moins rep-retter
celte perte, s'il eût élé achevé.
9' la Topografia di Napoll e sob-
borgln dal fecolo sesto al qnindl-
cesimo ; 10" Origine e vicevde délie
proprietà, délia chiesa de Longo-
bardi. Ces deux derniers ouvrages
ne sont point imprimés.
PELLICIER (dos Jean-Antoi-
ne), savant espagnol, bililiothé-
caire de Charles III, et membre
de l'académie royale des sciences,
naquit à Valence en 1 758. Il fit de
brillantes études à l'université de
Salamanque, et se fit connaître
comme un des houimes les plus
instruits, parliculièremont dans
l'histoire et les antiquités. Char-
les III l'appela à Madrid, et lui
témoigna constamment la plus
grande bienveillance. Pellicier
mourut dans cette ville en 1806.
Parmi les ouvrages eu assez grand
nombre qu'il a laissés, on remar-
que les suivans : 1" Essai d'une
bibliothèque de traducteurs espa-
gnols, >Iadrid, 1778, iu-4'', avec
une Notice sur les f^ies des plus
célèbres poètes espagnols, et des
Observations sur l'histoire littérai-
re de 'l'hsj'agne, ouvrage très-ins-
trui'lif; '2 Histoire de la biblio-
thèque royale, avec une Notice sur
les bibliothécaires et autres écri-
vains : cet ouvrage, que l'auteur
termina en i8oo, ne put être mis
PEL
sou» presse qu'en 1808. Pellicier
a donné une édition magnifique
de Don Quichotte, et est le pre-
mier, dit on, qui ait fait connaître
la véritable patrie de Cervantes :
il serait né à Alcala-de-Hfcnarès, à
4 lieues de Madrid.
PELOUX(N.), député suppléant
du lit-rs-état de la sénéchaussée de
Marseille aux états-généraux , ei>
1789, ne prit séance à l'assemblée
nationale qu'après la dén»ission de
M. lloussier. M. Peloux.quine
fut point réélu aux assemblées
suivaiitos, se trouvant i\ Marseille
peu après le 3i mai I7Ç)3, em-
brassa avec chaleur la défense des
députés de la Gironde, proscrits
à la suite de cette journée. Le 12
juin suivant, il signa, en qualité
de président du Cf»n)ilé général
des sections de Marseille, une
proclamation adressée à tons les
citoyens français , proclamatioi>
dans laquelle le comité annonçait
qu'il ne reconnaissait plus la con-
vention nationale. Cette adresse,
rédigée avec beaucoup d'énergie,
produisit une grande sensation;
mais ses résultats ne furent pas
favorables à ceux qu'on voulait
sauver. M. Peloux parvint à se
soustraire à l'ordre qui fut donné
de l'arrêter. Il mourut l'année
suivante.
PELÏIER (Jean), écrivain
politique et journaliste français à
Londres, est né à Nantes, où son
père avait ime maison de com-
merce. Venu jeune à Paris pour
achever son éducation, il s'y trou-
vait à l'époque de la révolution
en 1789. Il en adopta d'abord les
principes , et il avoue lui-même
dans ses écrits, publiés en Angle-
terre, que des réformes lui avaient
TEL
paru très-nécessaires; mais bien-
tôt il changea d'opinion, se lia
avec Hivarol, Chanipcencts, Mi-
rabeau jenne, et lança «Jans le pu-
blic quelques pamphlels assez pi-
quans. Le premier, pubiit' vers la
fin (le 1789, et dirigé contre l'as-
semblée constituante, était intitu-
lé : Sauvez- nous ou sauvez-vous.
Dans un autre, portant pour titre :
Domine salvum fac Regem , il at-
taquait vioUinment le duc d'Or-
léans. iMirabeau l'aîné, et plusieurs
députés, sans apporter cependant
d'autres preuves à ses assertions
que des sarcasmes et des injures.
Il travailla enstiite, de C'incert
avec ses amis et les trois collabo-
rateurs cités ci-dessus, aux fa-
meux Acles des Apôtres , où les
hommes les plus marquans de
l'époque étaient successivement
mis en scène , et tournés en
ridicule d'une manière plus ou
moins plaisante. Après la jour-
née du 10 août 1792, il s'enfuit
en Angleterre , et échappa ainsi
au sort de s(m ami le marquis
de Champcenels. Il y publia deux
volumes de mémoires sur cette
révolution, réimprimés après le 9
thermidor en France, mais qui
ne firent pas une grande sensa-
tion ni dans l'un ni dans l'autre
pays. Après avoir ensuite donné
une série de pamphlets sous le
litre de Tableau rie Paris depuis
Vannée lyQ^ jusqu'en 1802, il en-
treprit avec plusieurs émigrés
français un ouvrage périodique
en règle, intitulé : L'Ambigu,
qui a été continué jusqu'en ces
(itrniers temps, et dont la collec-
tion entière formerait près de 100
volumes. L'orgueil national des
Anglais était journellemeot carea-
PEL 121
se dans cette feuille, et la maniè-
re dont les événemens qui se pas-
saient en France étaient représen-
tés, ainsi que les attaques dirigées,
dès le premier numéro , contre
le premier consul Bonaparte , et
depuis contre Napoléwn empe-
reur, dcmnèrent une grande vo-
gue à l' Ambigu, non-seulement
en Angleterre, mais dans toutes
les parties du continent qui n'é-
taient pas soumises à l'influence
française. Personne n'a publié en
Europe des diatribes plus violen-
tes contre le chef du gouverne-
ment français, que M. Pellier.
Il est vrai que dans la position
inexpugnable où l'écrivain se
trouvait à Londres, il pouvait
le braver sans courir le moindre
risque. Après la paix d'Amiens ,
on fit, à la vérité, des démarches
auprès du gouvernement anglais,
pour imposer quelques digties à
ce torrent d'injures, mais il fut
répondu que la nature de la lé-
gislation britannique ne permet-
tait pas de donner à la liberté de
la presse de pareilles entraves;
que d'ailleurs la voie des tribu-
naux était ouverte à quiconque
se trouvait calomnié. Ce moyen
fut en eflét employé, et M. Pel-
tier, accusé devant la cour du
banc du roi, où il fut défendu par
un des plus célèbres avocats du
barreau anglais, M. iMa(;kintosh ,
se vit condamner comme calom-
niateur, à un dédommagement
pécuniaire et aux frais de la pro-
cédure. Une souscription publi-
que, ouverte dès le même jour,
et presqu'aussitôt remplie, aurait
fourni au journaliste le moyen
de payer l'amende à iaquelie il
était condamné , mais la guerre
123 PEL
qui éclata de nouveau entrn la
France et l'Angleterre empêcha
le jugement d'être exéculé. La
feuille de M. Peltier eut un dé-
bit encore plus considérable après
ce procèvS; il y joignit la relation
de la procédure entière , et sous
prétexte de taire connaître le
corps du délit, il trouva l'occasion
de commenter et de répandre avec
profusion tous les articles qui l'a-
vaient fait mettre eu cause. Ses
feuiliesélaient ornées d'une vignet-
te représentant le Sphinx avec la
tête de l'empereur, et entouré de
figures hideuses, emblème de tous
les vices. M. Peltier a fait valoir ses
nombreuses productions périodi-
ques, comme autant de preuves
de son dévouement à la maison
de Bourbon , et il est revenu deux
fois en France , d'abord après la
première restauration eu i8i4»
et ensuite à la fin de i8i5, pour
jouir des récompenses qu'il croyait
lui être légitimement dues. Mais
n'ayant point obtenu tout ce qu'il
désirait, il paraît avoir abandonné
tout-à-fait son ingiate patrie, pour
s'établir en Angleti-rre, où il a é-
pousé une femme du pays, et où
il jouit d'une pension du gouver-
nement. Ce secours et le produit
de ses ouvrages étant bien loin
de suffire à une existence très-
dispendieuse, il s'était rendu l'a-
gent diplomatique et le chargé
cl'affairesdu roi noir de Haïti, Hen-
ri I*' (le nègre Christophe), auprès
du gouvernement britannique. Ce
souverain, tant que dura son règne
éphén)ère, payait les honoraires
de son jninistre en bonnes car-
gaisons de sucre et de café. Celte
niission d'un genre nouveau , et
les conlradiclions où tombait sans
PEL
cesse un publiciste passant du
blanc au noir, et chargé en dernier
lieu d'établir les droits légitime?
d'un esclave couronné, devinrent
une source inépuisable de plai-
santeries pour les adversaires de
M. Peltier. La constitution et les
loi.'' organiques du royaume d'Haïti
fureiit insérées tout au long dans
l'Ambigu: les hautes qualités du
monarque et de son fils le prince
royal furent aussi convenablement
célébrées. Ils succombèrent mal-
heureusement tous deux, et leur
fin tragique mit un terme à la
mission du diplomate. On n'a
point appris que le président
Boyer, qui a succédé au pouvoir
dans l'île d'Haïti, ait encore cher-
ché à se légitiiner auprès de M.
Peltier par des cargaisons de
denrées coloniales. On a de cet
écrivain : i" Sauvez-nous, etc., Pa-
ris, 1789, in-8°; '2° Domine salvum
fac regem, avec Pange lingua,
Paris, 1789. in-S"; 3° Jetés des A-
pâtres, Paris, 1790, (t années sui-
vantes,'11 vol. in-8"; /i" Dernier
tableau de Paris, ou Précis de la
révolution du 10 août et du 2 sep-
tembre, des causes qui l' ont pro-
duite, des événemens qui l'ont pré-
cédée, et des crimes qui l'ont suivie,
Londres, 1792, et Paris, 1797,
2 vol. in-8° ; .5" Histoire de la
restauration de la monarchie fran-
çaise, ou la campagne de 1795,
publiée en forme de correspondan-
ce, Londres, 17955 f^° Courrier
de l'Europe, ensuite Courrier de
Londres, et enfin Tableau de l'Eu-
rope pendant 1794 ^t 1795, Lon-
dres, 2 vol. in-8°; 7° Paris pen-
dant les années de 179.^ à 1802, 260
numéros, formant 55 vol. in-
8" ; 8° Tableau du massacre des
PÉM
tninislres du culte catholique aux
Carmes et à l'Abhaye Saint-Ger-
main, Lyon, 1797: (y Naufrage
du brigantin américain le Commer-
ce, publié par J. l^iley, traduit
de ranf!;lais, Londres, 1817, 2
Tol. in-8°; 10° l' Ambigu , etc.
PÉMARTIN (Joseph), né le
19 janvier ij54, exerçait à Oleron
la profession d'avocat, lorqu'il fut
♦;lu , en 1 789 , par le tiers-état du
Béarn , député aux états - géné-
raux en 1789. Il sortit de rassem-
blée nationale sans s'y être fait re-
marquer, ce qui ne l'empêcha pas
d'être nommé, en 1792, député
à la convention parle département
des Basses-Pyrénées. Il vota dans
le procès de Louis XVI pour la
détention pendant la guerre, et le
bannissement à la paix. Appelé
deux fois au comité de sAreté gé-
nérale , après la révolution du 9
thermidor an 2, il en faisait par-
lie lors de l'insurrection du 12
germinal an 4 » et fut chargé de
faire un rapport sur les événemens
de cette journée. Au mois de sep-
tembre suivant, compris dans la
réélection des deux tiers , il passa
de la convention au conseil des
cinq-cents, dont il sortit , le 20
mai 1798, et où il fut réélu en 1799;
enfin il se vit privé des ses fonc-
tions par la révolution du 18 bru-
maire an 8. Néanmoins il entra
bientôt au nouveau corps-législa-
tifs , fut porté , au mois de mars
1806, comme candidat pour la
questure, et nommé vice-])rési-
dent, en décembre 1809. Réélu
par le sénat, en 1810, il lit partie
du corps - législatif jusqu'au 20
mars 181 5. M. Pémartin n'a point
été appelé aux chambres qui se
sont succédé depuis celte épo-
PEN
123
que. Il est chevalier de la légion-
d'honneur.
PEMBERTON (Thomas), com-
merçant et littérateur américain ,
d'une famille distinguée de Boston,
où il naquit en 1728, fut destiné
par son père au commerce, lapins
noble profession dans un état ré-
publicain; il rendit, en cette qua-
lité, des services importuns à sa
patrie. Il lui fut encore utile par
ses connaissances littéraires, lors-
qu'il cessa d'exercer sa profession.
Membre de la société historique
de Massachussetts, il lui légua
tous ses manuscrits. Il avait com-
posé une Chronologie du pays de
Massachussetts pendant le 1 8' siècle.
Cet ouvrage, en 5 volumes ma-
nuscrits, contient tous les événe-
mens importans de chaque année,
et ime biographie historique des
hommes qui se sont le plus distin-
gués. Le docteur Holmes a beau-
coup profilé de cet important Iva-
\a\\.LesMémoirestiNoticesdc?em
bertonformenlenvironi5 volumes.
Cet hontjrable citoyen mf)urut gé-
néralement regretté, le 5 juillet 1807.
PENDLETON ( Edmond ) , sur-
nommé par ses concitoyens le Pa-
triarche, naquit à la Virginie , et
devint, en 1774? membre du pre-
mier congrès. Réélu en iy^^^ il
refusa celle no\ivelle preuve de
confiance dans ses lumières et son
patriotisme , à cause de la faiblesse
de sa santé. En 1787, Pendleton
devint président de la convention
de Virginie, au moment où cet
état concourait à la constitution de
l'indépendance américaine. Son
nom , ses talons , son dévouement
à sa patrie aidèrent puis-^amment
à faire adopter celle constitution.
Washington nomma, en 1789,
124
PEN
Pendli'ton juge de Virginie , place
honorable qu'il se vit dans Tiuipos-
sibiiilé d'accepter. Des dilléreus
s'étant élevés en irgS entre le gou-
vernement américain et le gouver-
nement français, le Patriarche pu-
blia un Discours dans lequel il pro-
testait « contre la guerre avec un
• pays fait pour être toujours ami
«de l'Amérique. » Cet excellent
citoyen mourut dans sa SS" an-
née, le 2(J octobre i8o3; il était
alors président de la cour d'appel
de Virginie, où il avait été juge
avec les célèbres Blair et >Vhyte.
Pendleton fut regretté de tous ses
concitoyens, et des Français, dont
il avait mérité la haute estime.
PEÎN lÈRES ( Jean - Augistin ) ,
membre de plusieurs assemblées
législatives , était garde-du-corps
à l'époque de la révolution, dont
il adopta les principes avec cha-
leur. Le département de la Cor-
rèze le nomma, au mois de sep-
tembre 1791, député à l'assemblée
législative, où il se fit peu remar-
quer. Le même département le
réélut, en septembre 1 792 , à la
convention nationale. Au mois de
novembre de la même année , il
s'opposa avec force à la réunion
de la Savoie à la France , préten-
dant qu'une trop grande extension
de territoire entraînerait de graves
inconvéniens. Lors du procès du
roi, il se réunit à la majorité, et
demanda en même temps l'aboli-
tion de la peine de mort. Dès ce
moment, il se montra opposé à la
majorité, et osa proposer, au mois
de février 1795, que Marat fût re-
gardé et traité comme atteint de
maladie mentale. Par suite de la
défection de Dumouriez, il atta-
qua Danton et Lacroix, fondant
PEN
son accusation sur les rapporfs
qu'ils avaient eus avec ce général.
11 combattit avec une grande éner-
gie, au mois de mai, les signataires
de la pétition par laquelle ils de-
mandaient la fête de 22 des mem-
bres du parti de la Gironde. Son
courage faillit le compromettre lui-
même. Ses 23 collègues furent dé-
crétés d'arrestation le surlende-
main, et il dut de n'être point
proscrit au silence qu'il s'imposa
depuis cette époque jusqu'à la ré-
volution du 9 thermidor an 2 ( 27
juillet )794)- Alors il reprit sou
énergie, s'associa à toutes les pro-
positions qui avaient pour objet
de réparer les maux du régime de
la terreur , et demanda que ceux
des membres de la convention qui
avaient échappé à la mort fussent
rappelés aux fonctions législatives.
Le 12 germinal an 3 (i" avril 1795),
il fut envoyé par l'assemblée pour
réprimer le mouvement insurrec-
tionnel de la section des Thermes.
Sa mission fut méconnue des sé-
ditieux, cl il faillit être atteint des
coups de fusil qu'on tira sur lui.
De retour dans l'assemblée, il ren-
dit compte de ce qui s'était passé
à cette section , et demanda par
suite de ces événemens auxquels
n'étaient pas étrangers plusieurs
membres de la convention , qu'elle
s'épurât elle-même; il insista forte -
ment pour la déportation de tous
ceux qui s'étaient opposés à l'éloi-
gnement de Collot - d'Herbois ,
Billaud - Varennes et Barrcre.
Au i3 vendémaire an 4 ( ^^ octo-
bre 1795), il se montra intrépide
à son poste, et concourut à re-
pousser l'attaque des sections in-
surgées. Il devint membre du con-
seil des cinq-cents par suite de la
PEN
réélection des deux tiers conven-
tionnels, et y soutint honorable-
ment le caractère que depuis le 3i
mai il avait déployé, lléélu immé-
diatement après sa sortie, en 1797,
il combattit, eu octobre, le projet
contre les nobles. Partisan de la
révolution du 18 brunjaire an 8
( 9 novembre 1 799 ) , il passa au
tribunat, et devint, en 1807, mem-
bre du corps-législatif. iM. Peniéres
ne fixa plus l'attention publique
que par son élection à la chambre
des représentans pendant les cent
Jours, en 18 15. Dans cette assem-
blée il s'opposa, le 28 juin, à la
proposition qui avait pour but d'a-
dopter la constitution de 1791, et
demanda , le 4 juillet , que les trois
couleurs fussent mises sous la sau-
ve-garde de l'armée et de tous les
citoyens. Forcé par la loi du 1 a jan-
vier 1816, rendue contre les con-
ventionnels dits votans,de sortir de
France , il s'embarqua à Bordeaux
et se retira aux États- Unis, où il
mourut en 1820.
PENNANT (Thomas), célèbre
naturaliste anglais, naquit, eu
1726, dans le comté de Flint, et
fit ses études à l'université d'Ox-
ford. L'histoire naturelle fixa par-
ticidièrement son attention , et les
progrès qu'il fit dans l'étude de
cette science turent rapides. Il visi-
ta successivement les provinces de
l'Angleterre qui lui parurent les plus
propres à augmenter les connais-
sances qu'il avait déjà acquises;
il vint en France , où il eut de fré-
qucns entretiens avec Voltaire et
liulfon. De retour dans sa patrie,
il fit un nouveau voyage aux lié-
brides, à l'île de Man et dans le
pays de Galles, et consigna ses
découvertes dans la relation qu'il
PEN
laS
donna de ses diflérens voyages. Ce
savant, que l'on peut considérer
comme un de ceux qui ont le plus
contribué à répandre en Angle-
terre le goCitde l'histoire naturelle,
mourut en 1798. Indépendam-
ment de la relation de ses voya-
ges, il a publié un grand nombre
de Mémoires insérés dans les Tran-
sactions pliilosopliiques , et plu-
sieurs autres ouvrages, parmi les-
quels on distingue : 1° VIndian
Zoology ; 2° Histoire des quadru-
pèdes. Ces ouvrages, écrits avec
méthode et (îlarté, sont estimés.
PENTHIEVRE ( Locis- Jean-
Marie de BouKBON, DUC de), grand-
amiral de France, etc. , descendant
de Louis XïV, dont son père, le
comte de Toulouse, était fils na-
turel; il naquit le iG novembre
1725. La vie de ce prince fut un
enchaînement de bonnes actions ;
il avait l'esprit orné et l'âme gran-
de ; la base de son caractère était
la douceur et l'aménité. Appelé
par son rang à la profession des
armes, il fit sa première campa-
gne dans la guerre de la succes-
sion, en 1742, et se trouva à la
bataille de Dettingen, oi'i il se con-
duisit avec distinction. Il épousa,
en 1744 1 li* fille du duc de Modè-
ne , princesse dont les dispositions
bienfaisantes et le caractère doux
et sounns firent le charme d'une
union vraiment symj)athique. En
1746, au moment où les Anglais
paraissaient vouloir opéier une
descente en Bretagne , le duc de
Penthièvre fut nommé gouverneur
de celte province, puis élevé à lu
dignité de grand-arniral. Les états
de Bretagne venaient d'être assem-
blés ; il y parut , et fut aussitôt en-
vironne de la considération que
126
PEP
mérifaientses qualités étninçntes et
sa haute naissance. La paix ayant
été conclue, en 174^? ^^ prince
revint à Paris , où il contribua
beaucoup au rétablissementduduc
de Modèue, son beau -père, qui,
s'étant déchiré contre la France,
avait perdu ses états par les chan-
ces de la guerre. La mort de son
épouse, arrivée en 1754, lui causa
une vive afiïiction , et dès ce mo-
ment la bienfaisance fut presque
exclusivement l'occupation du res-
te de sa vie. Ce noble exemple de-
■vint celui que se plut à suivre son
illustre fille, M"" la duchesse douai-
rière d'Orléans. A la suite d'un
voyage dans ses domaines d'Ku,
en 1776, il fit construire à ses frais
une écluse de chasse au Tréport,
afin de faciliter dans le port de ce
bourg, situé à quelques lieues de
Dieppe, l'arrivage et le départ des
navires. Le duc de Penthièvre
mourut le 4 mars 1793.
PÉPÉ ( Klobestan), lieutenant-
général napolitain , grand'croix
de l'ordre de Saint-Georges de la
réunion, grand-cordon de celui
de Saint-Ferdinand , chevalier de
la légion-d'honneur, elc, naquit
en 1780, d'une boinie famille de
Squillace, ville de la Calabre ulté-
rieure. S'étant décidé pour la
carrière des armes, il alla, à l'â-
ge de 17 ans, achever ses é-
tudes à Naples , dans le collège
militaire. Nommé sous - lieu-
tenant dans un régiment d'in-
fanterie peu avant la campagne
de 1798, il fut témoin de la dis-
solution de l'armée napolitaine,
et de la chute de son gouverne-
ment. Il passa dans les rangs do
la nouvelle république, dont il
fut un zélé partisan. Blc.^sé dans
PEP
un dernier combat livré aux por-
tes de la capitale contre les ban-
des du cardinal Ruffo, il se jeta
dans un fort, et profitant de la
capitulation accordée à la garni-
son française, il vint en France, et
s'enrôla en qualité de simple vo-
lontaire dans la légion italienne ,
avec laquelle il fit les campa-
gnes de 1800 et de 1801. Après
le traité de Florence , il rentra
dans sa patrie, où il vécut dans
la retraite jusqu'à l'année 180G,
que les Français firent de nou-
veau la conquête du royaume
de Naples. Promu au grade de
major des gardes provinciales
en Calabre, il ne put se rendre à
son poste, à cause de l'insurrec-
tion qui s'était manifestée dans
ces provinces. Il demanda et ob-
tint d'assister, comme volontaire^
au siège de Gaële, sous les or-
dres du maréchal Masséna , qu'il
suivit aussi en Calabre. Ce géné-
ral fut rappelé en France, et Pépé,
nommé d'abord commandant d'ar-
mes à Gaële, prit ensuite le com-
mandement militaire de la pro-
vince de Molise, où il rendit des
services importans lors de l'insur-
rection de 1809. L'année suivan-
te il fut attaché en qualité de
chef d'état-major à la division
napolitaine envoyée en Espagne,
et fit les campagnes de 1810 et
181 1, en Catalogne, sous les ordres
des maréchaux Macdonald et Su-
chet. Ce dernier voulant récom-
penser la bravoure montrée par
cet oflicier à la prise de Tarrago-
ne, échangea, d'après sa demande,
les prisonniers napolitains, et lui
obtint la croix de la légion-
d'honneur : il le chargea de con-
duire en France le général es-
pag'nol Blake, fait prisonnier an
fiége de Valence. Après s'être ac-
quitté de celle commission, Pépé
revintà Naples , oùle roi Joachim
{voy. iMtRAT)l'élevaaii grade de gé-
néral de brigade, et le nomma chef
derétal-majordeladivisioiuiapoli-
taine, qui devait faire partie do la
grande-armée. Il la rejoignit à Vé-
ronne,etlaconduisilà Dantzick,où
il arriva eu octobre 1812. Étant venn
àWiliiaponry attcndreJoachim,il y
prit le commandement de la briga-
de de cavalerie napolitaine, atta-
chée à la division Loison, chargée
d'ouvrir les communications de la
grande -année. C'est avec les dé-
bris de ces régimens qu'il escorta
l'empereur Napoléon d'Osmiana
jusqu'à Wilna : legénéral Pépé per-
dit dans ce court trajet plus de la
moitié de ses soldats, et eut lui-
même un de ses pieds gelé.
Malgré son état, il ne voulut pas
se séparer de ses camarades, pré-
férant de s'enfermer avec eux à
Dantzick, plutôt que de regagner
ses foyers. A peine ses plaies fu-
rent-elles fermées, qu'il reprit son
service, et fit plusieurs sorties,
dans une desquelles (celle du 27
septembre) il osa [lénétrer à la tête
d'un régiment napolitain jusqu'au
centre du quartier-général russe,
à Pitzkendorfî. Avant la capitu-
lation de Dantzick, il fut de l'avis
de ceux qui proposaient de s'ou-
vrir un chemin l'épée à la main ;
mais l'opinion contraire prévalut.
Lorsque le général russe viola la
convention qu'il venait de signer
avec le gouverneur de la place, le
général Pépé se rendait prison-
nier en Russie; bientôt de nou-
veaux rapports entre Joachim et
l'empereur Alexandre décidèrent
PEP 127
autrement de son sort. Il alla à
Bologne auprès du roi de Naples,
qui lui ordonna de partir immé-
cîialemenl pour les Abruzzes ,
où venait d'éclater une forte in-
surrection , qui menaçait d'em-
braser tout le royaume. Le géné-
ral Pépé, n'ayant que 2.000 hom-
mes de troupes, et 2 pièces d'arli!-
rie, sut par sa prudence et sa
fermeté, intimider les factieux,
et soumettre sans violence les vil-
les insurgées. Ses services furent
payés d'une disgrâce, et il resta
inaperçu jusqu'au commencement
de ia campagne de i8i5. On lui
oiïVit alors le commandement d'u-
ne expédition maritime, qui fut
contremandée, et celui de la 4""
division niilitaire, qu'il ne vou-
lut pas accepter. 11 se rendit au-
près de Joachitn, h côté duquel il
combattit à la bataille de Tolenti-
no. Il en reçut le brevet de lieu-
tenant-général, et l'ordre d'aller
à Pescara, pour y rassembler, s'il
était possible, les fuyards de l'ar-
mée. Il passa ensuite à Naples,
dont il fut nommé gouverneur,
et où il parvint à entretenir l'or-
dre et la tranquillité jusqu'à l'arri-
vée de l'armée autrichienne. Il
conserva son grade après la res-
tauration, et resta en disponibili-
té de service jusqu'aux événe-
inens de juillet 1820. La nuit du
<)de ce mois, le général Guillaume
i*cpé {voy. son article plus bas),
quitta !Na}>les, pour se mettre à
la tète de l'insurrection qui s'était
déclarée dans les provinces d'A-
vellino, Salerne et Foggia. Il a-
vait caché ses projets à son frère,
qui , chargé par le roi d'annon-
cer au général Carascosa la prn-
me.-.se d'une constitution, el dtt
138
PEP
taire suspendre les négociations
entamées avec les chefs des ré-
voltés , remplaça ce général , et
ramena dans la capitale l'armée
qui devait agir contre celle de son
frère. Appelé à faire partie de la
Junte provisoire de gouvernement ,
il n'y resta que jusqu'au moment
où la révolution de Palerme écla-
ta. Envoyé en Sicile, pour recon-
naître l'état de cette île, il s'ac-
quitta de cette commission, et re-
vintà Naples prendre le comman-
dement de l'expédition ordonnée
contre les insurgés de Palerme.
Les instructions qu'il reput de la
junte et du ministère, perlaient
qu'il devait occuper la Sicile,
pour y garantir l'ordre public.
Les moyens mis à sa disposition
pouvaient à peine atteindre ce but;
mais ils auraient été insuffisans
pour des opérations militaires,
car il n'avait que G,ooo hommes,
les garnisons disséminées dans
les places, et une flottille, com-
posée en grande partie de bar-
ques canonnières. Le général
Pépé débarqua le lo septem-
bre à Messine, où il fit ses dispo-
sitions pour marcher sur Palerme.
Deux régimens étaient déjà en
route, lorsque le prince de Villa-
i'ranca, seigneursicilien, qui avait
fait partie d'une députation er>-
voyée à Naples, pour y deman-
der l'indépendance de la Sicile ,
et promellre en attendant tm bon
accueil à l'armée napolitaine, se
présenta au quartier-général de
Pépé, pour le prévenir que l'exal-
tation de la populace à Palerme é-
tait à son comble, et qu'elle lais-
sait peu d'espoir à la junte de
celle capitale de pouvoir tenir les
engagemenjî pris avec le gdu-
PEP
vernement de Naples. Celte com-
munication mil le général Pépé
dans la position la plusdiffi<:ile, car
il se trouvait forcé d'attaquer une
ville qu'il venait défendre : regar-
dant néanmoins comme un grand
bienfait pour elle de l'aider à sor-
tir de ran.ircliie où elle était tom-
bée; et se confiant moins dans le
nombre que dans r«'sprit et la
discipline de ses soldais, il hâta
son mouvement sur Palerme, où
il devança de quelques jours la
flotte et l'artillerie de siège. 11 fit
une attaque vigoureuse, et péné-
tra dans une partie de la ville,
jusqu'à la casine de la Caltolica;
mais le petit nombre de ses trou-
pes , et la natuie des obstacles
qu'il rencontra, lui firent sentir la
nécessité d'aliendre Pcscadie et
le parc d'artillerie. Il prit une po-
sition avant.igeuse aux environs
de la ville, et de là il repoussa les
sorties faites contre lui, et chassa
les insurgés des hauteurs de la
vallée de Palerme. Le 2 et le 5
octobre, les sorties firent plus
fréquentes; et les Palermitains,
battus à plusieurs» reprise? par les
soldats de Pipé, perdirent 5o
pièces de canon. Ce général crut
le njoment favorable p-mr offrir
une capitidation à la ville : plu-
sieurs propositions furent faites,
et divers olliviers envoyis ; mais
tous les nu)yens de coucili.ition
parurent épuisés, lorsque l'oij vit
que les parlementaires étaient
retenus ou repousses. Dans cette
extrémité le major Ciamiulli,
jeune officier de la plu^ hante
distinction, et d'une bravoure à
toute épreuve, n'ayant en vue
que le bien public, eut la géné-
reuse audace de se jeter au milieu
PEP
d'une populace effrénée pour lui
porter les dernières paroles de
paix. ïoinbè dans les mains de
ce> furieux, sa vie courut le plus
grand danger; mais les subju-
guant par son intrépidité et par
ses discours, il les fit consentir à
le relâcher, et même à traiter
avec l'armée napolitaine. Le prin-
ce de Paterno , jouissant de la
confiance publique, fut le pléni-
potentiaire sicilien, eties généraux
(Jampana et Fardella négocièrent
au nom du gouvernement consti-
lutionnelde Naples. A défaut d'un
terrain neutre, on lut obligé d'ou-
vrir les conférencessur un brick an-
glais moiiillédanslarade. On signa
une convention militaire, portant
<|ue la ville de Palerme avec ses
forts, serait occupée par les trou-
pes du général Pépé, à condition
que les rapports politiques de la
Sicile avec Naples fussent à l'ave-
nir établis sur les bases annoncées
par la députation dont on a par-
lé plus haut. Il n'était certaine-
meiitpas dimslespouvoirsd'un gé-
néral de changer la nature des rap-
ports réciproques entre deux
pays; mais -es instruction», où le
cas de cette prétenlinn n'avait pas
été prévu, ne s'y opposaient pas
explicilement. Un relus de la part
de Pépé allait faire retomber Pu-
lermedans l'afiaichie, et compro-
mettait la sftreté de son année,
affaiblie par les perles qo'elle avait
éprouvées;cnfin, il était hors d'état
de lutter plus long-temps contre
une ville peuplée alors d'environ
200,000 habitans, ayant deux châ-
teaux, une enceinte bastionnée,
et protégée par 200 pièce* d'ar-
tillerie. De sa décision dépendait
en grande partie le sort du gyu-
T. XVI.
PEP
129
vernement napolitain, qui avaij
déjà plusieurs autres ennemis à
combattre. Les circonstances é-
taient trop graves pour s'enfer-
mer timidement dans le cercle é-
troit des form;dités et des devoirs.
Legénéral Pépé le franchit, ratifia
la capitulation, et le 6 octobre,
il put annoncer au gouvernement
de Naples que Palerme était oc-
cupée, et l'anarchie éteinte. La
douceur de son caractère, la dis-
cipline de ses soldats, firent que
le général Pépé fut aimé et esti'^
mé des Sicilens , qui ordinai-
rement n'ont pas l'habitude d'es-
timer et d'aimer les Napolitains.
La nouvelle de la fin de cette
funeste guerre civile, se ré-
pandit rapidement dans tous les
quartiers de la ville de Naples,
et fut partout reçue avec les mar-
ques les plus éclatantes de joie
et de satisfaction. Mais le 10 no-
vembre, le dé|mté Gabriel Péj)é
{voy. son article ci-après), dans le
seindu parlementdontilétaitmem-
bre, fit une motion violente contre
Florestan Pépé, qui avait reconnu
aux Siciliens des droits qu'il n'é-
tait pas dans ses attributions d'ac-
corder , tandis qu'il aurait dû ne
les considérer que comme des su-
jets rebelles, et leur réserver
le même châtiment que la conven~
tion avait fait éprouver à Lyon.
Ce di>cours, plein de chaleur et
de mouv(;ment, et dans lequel la
question était présentée sons un
seul aspect, qui était cebii du
droit, entraîna toute l'assemblée,
en y réveillant les anciennes pré-
ventions contre les Siciliens. Le
général Pépé fut rappelé et accu-
sé d'avoir dépassé ses pouvoirs :
sa convention fut aimtilée par
9
i5o PEP
le purlemcnt, et sa conduite ap-
prouvée par tout le monde ; le
roi même le décora du grand-
cordon de Saint- Ferdinand, qu'il
ne voulut point aocepter,sa capitu-
lation n'ayant pa< été maintenue.
Son procès (ut abandonné, et à
l'approtlie des troupes autrichien-
nes, il tut de nouveau rappelé à
l'armée , et revêtu des fondions
de chcîf de l'état- major-général.
Au retour du roi dans ses états*.
Florestan Pépé fut destitué de son
grade, et dépouillé de ses déco-
rations; on ne lui conserva que
celle de Saint-Ferdinand, qu'il
n'a jamais portée.
PÉPÉ (Giillaxime) , frère du
précédent, ex-lieu tenant -général-,
grand'croix de l'ordre de Saint-
Georg-es de la Réunion , etc. , est
né à Squillace, dans la Calahre
ultéritMue , en 1782. A l'âge de i5
ans il fut placé au (•ollégc militaire
deNaidc^, où il se trouvait encore
lorsque la révolutionde 1799 écla-
ta. Quoiqu'il n'y eût pris d'autre
part que de s'enrôler dans un corps
de volontaires calabrais , il n'en
fut pas n»oins obligé de quitter son
pays, et de chercher un asile en
France contre la réaction. Il alla
rejoindre la légion italionne, qui
avait déjà repassé les Al(>rs; et la
paix de Florence lui ouvrit plus
tard les portes deNapIcs, où quel-
ques étourderies de jeunesse atti-
rèrent sur lui l'atlention de la po-
lice : il f(Jt arrêté . et jeté dans les
prisons de Maretimo (c'est une
île dépendante de la Sicile, et où
le gouvernement de iNaples en-
voie les prévenus pour cause
d'opinion ou d'état; il y a un
chAteau , et l'on a converti en pri-
son une ancienne citerne creusée
PEP
dans le flanc d'un rocher), où il
resta enfermé jusqu'à l'été de
1806, époque de la seconde inva-
sion française dans le royaume de
INaples. Comme il ne prit aucune
part à la tentative faite par ses
compagnons d'infortune pour se
soustraire au traitement barbare
de leurs geôliers, cette conduite
lui valut un rapport favorable, sa
mise en liberté, et la permission
de rentrer au sein de sa famille
en Calabre. Il y arriva peu de
temps après la perte de la bataille
de iMaïda , dont les suites furent
si funestes pour la tranquillité de
Ces provinces ; l'insurrection s'y
étaitmanifestéesur tous les points,
et Pépé , bloqué à Scigliano par
une bande de brigands , aurait
péri sous leurs coups, sans la pro-
tection qui lui fut accordée par
leur chef. Il se rendit à Naples pour
y briguer une place dans l'armée.
Nommé major des gardes natio-
nales en Calabre , il partit pour
sa nouvelle destination. Envoyé
en garnison aux Scpt-Iles, il y
resta toute l'année 1808, et revint
à Naples l'année suivante. Le roi
Joachim [voyez IVIwrat) le choisit
pour son ofïicier d'ordonnance.
Après plusieurs voyages en Cala-
bre pour y apporter les ordres du
roi au général Partouneaux , il
obtint le grade de colonel, et peu
après le oormnandement du 8* de
ligne napolitain , qu'il alla rejoin-
dre en Espagne. Dans les deux
campagnes qu'il y fit, il n'eut pas
d'occasion de se distinguer mili-
tairement ; mais il en chercha
pour ujontrer un esprit d'opposi-
tion eonlre les Français , qu'un
sentiment de patriolisnio et d'in-
dépendauce mal placé le portait
TEP
à haïr. Les officiers de son corps
désapprouvaient hautement les
discours de leur chef, qui n'a-
boutissaient qu'à leur faire des
ennemis de ceux mêmes dont ils
partugeaienl les dangers. Celle
inésiutelligence nuisit à la disci-
pline de son régiment, et lui at-
tira les reproches el même une
punition de la part du maréchal
Suchet, sous les ordres duquel il
servait. Rentré à Naples avec les
débris de son corps, il s'y occupa
de le réorganiser, et vers la fin
de i8i3 il fut élevé au grade de
général de brigade, avec ordre
de prendre le commandement de
deux régimens qui faisaient par-
tie de seconde division en Abruzze.
Pépé, à la tête de cette même
brigade, occupait une partie de
la Romagne en 1814» lorsque le
roi Joacliim signa son traité d'al-
liance avec l'Autriche. Honteux
de sa défeclicm, qu'il n'osait pas
annoncer à ses compagnons de
gloire, ce prince reculait le mo-
ment qui devait le séparer d'eux.
Le général Pépé, de son propre
mouvement, mit fin à ces incer-
titudes , ordonnant aux officiers
français attachés à sa brigade de
se prononcer entre Naples et la
France. La réponse de ces bra-
Ye» fut unanime : ils donnèrent
tous leur démission. Cette déter-
mination affligea profondément
Joachim ; on crut alors que le gé-
néral Pépé serait destitué, mais
il en fut quitte pour une forte ré-
primande. Il fit la campagne de
1814, après laquelle il reçut le
titre de baron , et une riche dota-
tion en terres, lin iSiD, il se trou-
Tait en congé à Naples , où il eut
une discussion très- vive avec le
PEP i3i
roi Joachim, auquel il demanda,
en des termes peu mesurés, l'ex-
pulsion des Français des emplois
civils, et une constiintiou pour
son pays. Leroi se contenta de le
renvoyer dans les Marches , où sa
brigade était restée cantonnée.
Dans l'absence tnomentanée du
général en chef, il prit le com-
mandement de deux divisions, et
sa première idée fut de marcher
sur la capital», pour arracher par
la force ce qu'il n'avait pu obtenir
autrement. Deiix officiers supé-
rieurs auxquels il fit part de son
projet, le repoussèrent avec hor-
reur. Découragé de l'opposition
qu'il rencontrait dans ses collè-
gues, il n'osa plus rien enti^-
prendre. Le roi Joachim venait
de proclamer l'indépendance de
l'Italie. Cet événement, qui sym-
pathisait avec les idées de Pépé,
renouvela son enthousiasme sans
chatiger son caractère. Détaché,
à la tête de sa brigade , pour cou-
vrir la position de Carpi, il viola
les instructions qu'on lui avait
données, ctprit l'ollensiveau lieu
de se renfermer dans un système
de défense. Repoussé par les Au-
trichiens, il sacrifia une partie de
ses tri^upes, et se relira en désor-
dre sur iVlodène, où le général
Carascosa lui donna le ternps de
rallier ses soldats. Quelque soin
qu'on eût mis à déguiser sa con-
duite dans cette affaire , elle lui
fit beaucoup de tort dans l'opinion
de l'année, et ce ne fut qu'au pont
du Rcno où il put, par son cou-
rage, rétablir sa réputation ccun-
me soldat, après l'avoir perdue
comme général. Le roi le noumia
son aide-de-camp, sans le-séparer
de sa brigade, avec laquelle il se
i52 PEP
r€nflit à Capoue. Le général Caïas-
cosa lui confia le gouvernement
de cette place, et comme Pépé lui
témoignait le désir d'avoir le grade
de lieutenant-général, Carascosa
appuya cette demande auprès du
roi, qui mit son approbation en
marge du rapport. Après le traité
de Casalanza, Pépé fit des démar-
ches pour être reconnu dans son
nouveau grade. D'après les maxi-
mes adoptées par le ministère
d'alors , il aurait dû en perdre la
propriété et n'en conserver que le
rang, car il lui manquait un décret
revêtu des formalités exigées par
la loi; mais il avait été le premier
à redemander du service. Lui
sachant gré peut-être d'avoir mon-
tré de l'aversion contre les Fran-
çais, le nouveau gouvernement le
traita avec faveur, et le nomma
lieutenant- général et président
d'une commission militaire. Lors-
que le général Nugent fut chargé
de l'organisation de la nouvelle
armée napolitaine, Pépé, qui avait
eu des relations intimes avec lui,
«t qui partageait sa haine contre
la France, le mit dans les intérêts
de son ambition, et obtint par ce
moyen le commandement en se-
cond d'une division qu'on dut créer
exprès pour lui. En 1818, sans é-
gard pour 5 lieutenans-généraux
plus anciens, Pépé fut destiné à
commander une division territo-
riale, et reput le cordon du nouvel
ordre de Saint-Georges, auquel
il n'avait point de droits, n'étant
<|ue commandeur de celui des
l)eux-Siciles. Dans ces hautes
foiuîtions, il mit beaucoup de zèle
pour l'organisation des milices;
mais comme ce service dispen-
♦lieux et incommode inspirait un
PEP
éloignement, que son système de
rigueur ne pouvait qu'augmenter,
ses elïbrts ne produisirent aucun
résultat satisfaisant. Il allait re-
noncer à son entreprise lorsque ,
dit-on, quelques chefs des Carbo-^
nari, dont il était environné , lui
firent comprendre que pour inté-
resser tout le monde à cette orga-
nisation, il fallait laisser entrevoir
un but politique qui fût d'accord
avec les vœux de leur secte; les
affiliés de cette société auraient
alors pris sur eux de lui aplanir
tous les obstacles. Pépé n'était pas
carbonaro, mais il mettait un très-
grand amour-propre à briller par-
mi ses collègues. La proposition
qu'on lui venait de faire aurait pu
lui paraître en opposition avec ses
devoirs , si elle n'eût répondu à
ses désirs; il n'y vit qu'un bon
moyen de se faire remarquer aux
yeux du gouvernement, sans s'in-
quiéter aucunement des consé-
quencesqui pouvaient en dériver.
Il souscrivit aux conditions qu'on
lui dictait, et en peu de temps les
milices d'AvelIino et de Foggia
furent organisées et habillées, et
le brigandage, maladie indigène
de ces contrées, entièrement dé-
truit. Le gouvernement, surpris
de ce double résultat, en fit tér-
moigner sa satisfaction au général
Pépé, qui, chose étrange, rece-
vait les éloges de ceux dont il pré-
parait la chute. En attendant, la
secte lui demandait d'accomplir
ses promesses , et le général Pépé
se défendait de son mieux , en
donnant des espérances. Les choses
en étaient en cet état, lorsque la
révolution d'Espagne exalta tous
les esprits. Pépé n'avait pas de
plan arrêté : en donnant l'éveil au
PEP
foiirerncment sur l'état de fer-
meiitalion qui refînait dans lesJ pro-
vinces, il t-e flaltiiit d'obtenir par
la crainte, qui n'était pas d'ail-
leurs sans fondement, quelques
concessions qui eussent pu apai-
ser les carbonari, et satisfaire de
celte manière aux engagemens
qu'il avait contractés avec eux.
Mais ses avis ne furent point écou-
tés : le chevalier Medici répondait
en plaisantant à tous ceux qui lui
parlaient des projets de la carbon-
nerie, et suivait avec opiniâtreté
le plan de conduite qu'il s'était
tracé. Ces tentatives réitérées de
Pépé ne réussirent qu'à le rendre
suspect : il fut décidé qu'on l'en-
verrait commander en Calabre :
détermination aussi imprudente
qu'inexplicable delà part du gou-
vernement, qui ne sauvait pas une
province, et en exposait une au-
tre. Pépé de son côté se montrait
mécontent de cette translation :
sa vanité en était blessée, et il crai-
guaitd'ailleurs que son successeur,
instruit de ses projets,ne les dévoi-
lât, et ne fît connaître en même
temps ses promesses aux carbo-
nari. 11 était à intriguer à Naples
pour rester dans son ancienne ré-
sidence, lorsqu'on y apprit la dé-
sertion d'un détachement de ca-
valerie eu garnison à Nola. Cet-
te nouvelle effraya le gouverne-
ment, qui avait le secret de sa fai-
blesse. Parmi les premières dispo-
sitions qu'on se hâta de prendre,
on remarqua non sans étonnement
l'ordre donné à Pépé de se rendre
immédiatement à Avellino : on lui
dicta même un ordre du jour qu'il
devait transmettre en son nom,
pour rappeler à chacun le devoir
de défendre le trône contre les at-
FEP
i5*
taques de ses ennemis; mais quel-
ques heures plustardje roi fit con-
trcmander le départ de Pépé, et or-
donna même à Nugent de s'assu-
rer de sa personne. Dans la nuit
du 5 au6 juillet, on se présenta chez
Pépé pour l'avertir que l'ordre de
son arrestation, suspendu par les
bons offices du capitaine-général,
allait être exécuté. On ne manqua
pas de l'effrayer sur sa position, et
de lui faire comprendre qu'il ne
lui restait d'autre ressource, que
celle de quitter la capitale pour se
mettre à la tête de l'insurrection.
On lui parla de la défection du
corps du général Nvmziaote, de la
ville de Salerne tombée au pouvoir
des constitutionnels, et de la dis-
position où étaient deuxrégim-ents
de la garnison de Naples de le sui-
vre à Avellino, etc. Pépé hésitait en-
core, mais l'espoir de réussir dans
une entreprise qu'il regardait
presque comme assurée, le décida
à partir. Arrivé le 6 à Avellino,
où la promesse d'une constitution
l'avait précédé, le chef d'escadron
Deconciliis, qui avait pris le com-
mandement des insurgés, balan-
ça s'il devait reconnaître ce nou-
veau chef; mais la tendance de la
révolution, étant de se couvrir
d'autorité, on crut le sort de
l'armée constitutionnelle plus a-
vantageusement conCé entre les
mains d'un lieutenant -général.
La présence de Pépé ne fut pas
sans utilité pour l'ordre public :
son rang, qui dominait sur ceux
de tous les autres, servait comme
d'un centre pour dosmer un en-
semble à tojites ces individualités
et faire taire tant de prétentions.
Les révoltés se trouvèrent, sans le^
soupçonner , entraînés d»ns un
\04
TEP
système ordinaire de discipline et
de dépendiince. La révolution prit
un caractère monarchique; la co-
carde des carbonari Fut abattue,
et le roi, an moment du plus grand
abaissement de son pouvoir, put
exercer librement le droit de choi-
sir ses ministres parmi des hom-
mes étrangers aux intrigues de la
secte et jouissant de la considéra-
tion générale. Ayant conservé la
suprême direction de l'armée jus-
qu'à l'ouverture du parlement ,
Pépé contribua beaucoup au main-
tien de la tranquillité publique ;
mais sa position était fuisse , ses
Vœux bornés, et ses talens médio-
cres. 11 aurait voulu mériter lu
confiance de la cour, et ne pas
mécontenter son parti , dont il
ne pouvait se séparer sans perdre
>*on influeure , ni le diriger sans
devenir factieux. Son ambition
s'ojîpusail au premier rôle, sa mo-
ralité répugnait à l'autre. Toute
sa conduite était un mélange de
vanité et de modestie, de C(miplai-
sance pour les prétentions de la
*ecte, et d'eiforls pour la compri-
mev. Au 1" o'ctnbre, il déposa son
commandement dans les mains du
roi, qui lui fit offrir une forte som-
me d'argefit et le cordon de Saint-
lanvier, pour que ce sacrifice ne
lui inspirât pas du ressentiment.
Pépé y mit cîe la dignité, et refusa
ee dédoinniiigement : le rôle de
Washington somiait A son imagi-
{lation , mais il ne sutïisait pas A
^on « œur, «t l'on n'est pas Was-
hington lorsqu'on ne sait pas
dompter ses passion^. Sans cou-
naissances politiques, «ans habitu-
des libérales , yieudant tout le
temps qu'il pi^ôs<da la force publi-
que, av uti sut *ltre qu'un ofTicier
PEP
de détail. Ou voyait que pour lui
la liberté n'était autre chose que
la dictature miliiaire d'un bon ci-
toyen et d'un grand homme, et il
se croyait l'un et l'autre. Il tâchait
de s'étourdir sur les dangers qui
menaçaient son pays, ne se sen-
tant jtas assez de courage pour les
regarder en lace r accablé de la
responsabilité qui pesait sur lui ,
et embarrassé de soutenir avec é-
clat le rôle dont il s'était chargé,
il cherchait par des parades, des
proclamations et des exemples
historiques, aussi mal choisis que
mal appliqués, à calmer les appré-
hensions publiques et les siennes.
Il fit un voyage dans les Abruzzes,
où il ne trouva pas cet enthousias-
me auquel il s'était attendu; mais
il crut le faire naître en faisant in-
sérer dans les journaux du 24
janvier 1821 un rapport emphati-
que sur l'énergie et l'esprit de li-
berté et d'indépendance de ces
provinces, qu'il regardait comme
le boulevard du royaume. Sa po-
litique ordinaire consistait à faire
parler dans chaque province du
bon esprit qui régnait dans les au-
tres, en abusant tout le monde,
à commencer par lui-même. Lors-
que le roi partit pour Laybach, il
ne douta plus de la paix. Ses flat-
teurs lui conseillaient de faire im
bon mariage, pour consolider sa
fortune et se reposer de ses tra-
vaux : il goûtait ces avis, et son-
geait déjà à conquérir la main
d'une demoiselle, croyant qu'il
ne lui restait plus rien à faire
pour assurer l'indépendance de
son pays. Mais les décisions du
congrès de Laybach, et la condui-
te du roi, détruisirent îe charme,
et jetèrent l'alarme dans son
PEP
nœur. Il se rendit en Abruzze ,
pour se metlre à lu tête d'un
corps d'armée, composé de 9,000
honmies de troupes réglées, et de
18,000 de gardes nationales. Ces
moyens n'étaient pas considéra-
bles; mais si tout ce qu'il avait
dit du bon esprit de ces provinces
eût été vrai, il aurait pu combat-
tre avec avantage l'ennemi qui se
serait présenté pour franchir ime
Ironlière hérissée de diflicultés et
d'obstacles. Mais le décourage-
ment était dans son esprit, la dis-
seution dans les milices, le mé-
contentement et l'insubordination
dans les troupes. Les populations,
iriitées des vexations auxquelles
elles étaient exposées par l'indis-
cipline des soldats et la faiblesse
des chefs, regardaient avec indif-
férence le dénouement d'un dra-
me qu'elles n'étaient pas encore
en état debien couiprendre.Pépé,
contre les instructions qu'il avait
reçues, attaqua Rieti le 7 mars,
sans même annoncer le commen-
cement des hostilités au général
Carascosa , qui commandait le
premier corps d'armée posté à
S. Germano, et dont il aurait pu
tirer quelques secours. Après
tin combat de quelques heures,
dans lequel il ne perdit que 200
liummes, sans être délogé d'une
-eule de ses positions, il se trouva
au bout de quatre jours hors des
Abruzzes , n'ayant conservé que
îiooo hommes. Arrivé à Isernia ,
il s'exhalait en [)laintes contre tout
le monde, en disant que les Abruz-
zais ne preuaient aucun intérêt à
la constitution , que ses soldats
avaient été démoralisés dans leur
c(julact avec les milices, et que
celles-ci ne se souciaient pas de
PEP i35
se défendre : c'était le même hom-
me qui avait écrit et signé le rap-
I port du mois de janvier! Ce mou-
vement de Pépé a été générale-
ment regardé comme la cause des
désastres de Naples. On ne peut
pas nier que son attaque fût pré-
maturée, mal conduite , et plus
mal combinée. On ne fait jamais
une reconnaissance en déployant
toutes ses Ibrces devant une tête
de colonne ennemie. Le débande-
ment des milices peut être seule-
ment accepté comme une justifi-
cation , mais cela prouve que le
mal avait des racines {)lus profon-
des; qu'on s'était abusé sur l'es-
prit public de la nation, et qu'on
avait donné pour la réalité ce qui
n'était qu'une illusion. Pépé fut
terrassé par ses revers; la crainte
d'ime ])eine infamante s'empara
de son esprit, et lui fil songer plu-
tôt à sa sûreté qu'à celle des au-
tres. Il se hâta d'arriver dans la
capitale, et prit la résolution de
s'embarquer pour l'Espagne, re-
fusant, avec le désintéressement-
qui lui est natui'el, une somme de
40,000 francs qu'un illustre per-
sonnage lui fit offrir pour payer
les frais de son voyage. Il ne fut
pas mieux reçu en Espagne, qu'il
ne l'avait été à Naples. IMécon-
tent de tout le monde, il alla s'em-
barquer à Lisbonne pour passer
en Angleterre, où il écrivit un
mémoire pour se justifier. On le
voit, sous le charme de ses an-
ciennes illusions, insulter en mê-
me temps à la raison et a la mora-
le ; coffSeiller au roi de Naples,
qu'il déclare prisonnier des Au-
trichiens , de relever la constitu-
tion espagnole, et avouer qu'il a
été toujours en conspiration per-
i36 PEP
manènte contre Joachim et Ferdi-
nand, qui l'avaient comblé de fa-
veurs. Cette aberration d'esprit a-
cheva de le perdre dans l'opinion
publique. Le général Pépé aurait
occupé une place, sinon éininen-
1e, au moinspeu commune dans les
annales des ré voluti()ns,s'il avait eu
le bon esprit de dire : « Des cir-
» constances extraordinaires m'ont
«placé dans une position au-des-
»sup de mes forces : une révolu-
Dtion porte mon nom, et c'est la
«seule dans laquelle une goutte
«de sang n'a été répandue, où
«une larme n'a été versée : j'en
«suis sorti sans crimes et sans for-
«tune.... J'ai fait mon malheur et
» celui de mes compatriotes ; cette
«idée fera mon toiu-ment, et rem-
splira d'auiertume le reste d'une
«vie que je passerai dans l'obscn-
«rité et dans l'exil. « Mais un
homme , né avec le be-oin de la
gloire et sans moyens pour y par-
venir, ne potivait pas se deviner,
ni se contenter d'une place si se-
condaire dans l'histoire. Nous n'a-
vons pas cru nécessaire de rappor-
ter les détails du duel do Pépé
avec Carascosa : c'est un événe-
ment trop peu important dans la
vie publique d'un personnage po-
litique. Le général Pépé, dépouil-
lé de son grade et de ses titres,
vit A Londres , loin de son pays,
où un arrêt de mort a été pro-
noncé contre lui.
PÉPÉ (Gabriel) , ex-colonel,
ex-député au parlement de Naples,
chevalier de l'ordre de Saint-Geor-
ges, naquit en 1781, à Bojano,
dans la province de Molise. La ré-
volution de jjrggréloigna des pai-
sibles éludes de droit pour le jeter
dans la carrière militaire. Envc-
PEP
loppé dans la proscription, il vint
en Frmce, s'enrôla dans la légion
italienne, et fit les campagnes de
1800 et 1801, en Italie. Rentre
dans ses foyers à la suite de la paix
de Florence, il reprit avec ardeur
SOS anciennes occupations; mais
au retour des armées française»
dans le royaume de Naples, il pré-
féra une place de lieutenant dans
un régiment d'infanterie, avec le-
quel il fut employé pendant deux
ans à la destruction des brigands,
avant de passer en Espagne sur un
théâtre plus vaste , mais non moins
dangereux. Blessé à l'assaut du
Rlonty de Gironne , il reçut la
croix des Deux-Siciles, et fut pro-
posé pour celle de la légion-d'hon-
neur. Ayant ramené à Naples les
débris de son bataillon, il en de-
vint le chef, et n)it beaucoup d'ac-
tivité pour en hâter la réorganisa-
tion. Attaché au général Pigna-
telIi-Strongoli , il le suivit dans
une mission au quartier-général
des souverains étrangers k Troyes,
et à son retour il prit le commande-
ment d'un bataillon du ô" de ligne
napolitain, à la tête duquel il fit les
campagnes de 1814 et 181 5. Dan-
gereusementblessé dans une affaire
où il déploya autant d'énergie que
d'intelligence, il mérita d'être nom-
mé colonel en second , grade qui
lui fut confirmé à la rentrée de
Ferdinand dans ses états. Destiné
d'abord au commandement d'une
province, Pépé reçut ensuite ce-
lui d'un régiment d'infanterie lé-
gère, en garnison à Syracuse, où
il se trouvait lorsque la révolution
éclata. Elu député de sa province,
il vint siéger au parlement de Na-
ples, le n octobre, et trois jours
plus tard, il y proucnca un dis-
PEP
eours violent contre la convention
militaire de Palerme {voy. l'art.
Florestan Pépé ). La voix d'un
soldat couvert de blessures élec-
trisa les esprits, et entraîna l'as-
semblée. Il fut décidé que la ca-
pitulation accordée aux Palermi-
tains serait annulée, et qu'on rem-
placerait le général Pépé en Sicile,
1 pour l'obliger de justifier son abus
de pouvoir. Ce succès donna une
grande popularité à l'orateur; mais
peu de jours après, la léflexion
condamna ce que l'enthousiasme
avait approuvé : on sentit toutes
les con:!équences de la motion de
Pépé; on ne lui pardonnait pas
d'avoir été fouiller un exemple
sanglant dans les annales de la
révolution française, et le conseil
donné au gouvernement de traiter
Palerme comme la convention a-
vait fait traiter Lyon; on le rendait
enfin responsable des n»aux aux-
«luels on devait s'attendre de celte
inalheureuse scission entre la Si-
cile et le royaume de Naples. Nul
doute que le discours de Pépé n'ait
été la source de beaucoup de mal-
heurs; mais c'est moins à lui qu'au
parlement qu'on doit en adresser
le reproche. Un député peut se
tromper sur l'application d'un
principe, et demander mal à pro-
pos la stricte exécution d'une loi:
(;'était le cas de Pépé. Mais il est
•Kl devoir d'une assemblée de ju-
ger froidement du résultat d'une
délibération , et de combattre le
zèle par la prudence , opposant les
calculs de la raison aux égaremens
dun patriotisme imprévoyant. Le
rolonel Pépé, habitué à une vie
simple et retirée, fut ébloui de
•on triomphe. Il prit dans le par-
Irmcnt le ton d'uji tribun, et se
PEP
i57
chargea d'y appuyer les motions les
plus violentes. Ce fut lui qui accu-
sa les ministres à l'occasion du mes-
sage du 7 décembre ; et dans cette
circonstance, comme dans l'autre,
son principe pouvait être vrai ,
mais l'application en était faus-
se. Dans toute sa carrière parle-
mentaire, il se montra toujours
d'un caractère franc, loyal et im-
pétueux. Il aurait voulu donnera
la constitution des cortès cette vé-
nération qui ne peut être ins-
pirée que par le temps ; la
moindi'e déviation du sens lit-
téral de ses articles lui paraissait
un crime, et tout homme qui eût
voulu une autre liberté que celle
d'Espagne, ou qui eût essayé d'y
parvenir par d'autres moyens, de-
venait à ses yeux un mauvais ci-
toyen et un parjure. Il se faisait
illusion sur l'esprit de la nation ,
dont il ne jugeait que d'après ses
propres seutimens; mais il se désa-
busa lorsque, placé à la tète d'un
corps, il y trouva une autorité au-
dessus de la sienne; et cette auto-
rité résidait auprès de son tam-
bour-major, qui était le chef d'une
vente établie au sein de son régi-
ment. Arrêté après la chute du
gouvernement représentatif, Pépé
fut livré aux Autrichiens, et dépor-
té en Moravie, où il est resté à
peu près deux ans; il a supporté
avec dignité son malheur, et lors-
que la liberté lui a été rendue, il
est allé vivre à Florence, où il cul-
tive son esprit et agrandit le cercle
de ses idées. Il est versé dans les
langues savantes, et familiarisé a-
vec les bons auteurs, anciens et
modernes. Nul doute que l'étude
n'ait des charmes pour lui, et
Qc parvienne à le faire revenir
138
PEP
de ses brillantes mais funestes
illusions.
PEPIN DE BELLÏSLE ( N. ) ,
maître des requêtes, meirii)re de
la légion -d'honneur, préfet du
département de la Charente-In-
férieure , naquit à Nantes , en
1788. et commença la carrière
des affaires puhliques sous le gou-
vernement impérial par être au-
diteur au conseil-d'état, puis il
devint intendant de Bilbao lors
de la guerre d'Espagne. Son in-
tégrité dans son administration
lui acquit l'estime des habitans de
cette contrée. Il fut nommé par le
roi, après la première restauration
en i8i4ï préfet du déparlement des
Côtes - du - Nord. « L'impartialité
de sa conduite, dit M. Guizot dans
une Notice sur ce fonctionnaire,
sa fermeté avec les troupes étran-
gères qui s'étaient avancées jus-
qu'aux confins de son départe-
ment, le rendirent cher à tous ses
administrés ; étranger à toute pré-
vention, à toute faiblesse, il j)ro-
tégea ceux qui avaient besoin de
protection, et ne flatta j)oiat ceux
qui pouvaient lui nuire à lui-mê-
me. Il fut destitué, en iHiG, sous
le ministère de M. le comte de
Vaublanc. Il avait fait faire, dans
lesCôtes-du-Nord, de rapides pro-
grès aux écoles d'enseignement
mutuel. » Après l'ordonnance du
5 septembre 1816, qui fut saluée
par tous les amis de la monarchie
constitutionnelle, comme une nou-
velle ère de la liberté légale, M. .
Pépin de Bellisie devint successi-
vement préfet des déparlemens
de la Creuse, de la Dordogne, de
la Sarlhe et de la Charcnto-Infé-
rieurc. Il y rendit son adminis-
tration recommandable , et s'y fit"
PEP
constamment remarquer par son
indépendance et sa justice. «Il a
fuit exécuter dans le dernier dépar-
tement, dit encore M. Guizot, que
nous nous plaisons à citer, des tra-
vaux de dessèchement qui contri-
bueront puissamment à la salu-
brité et à la prospérité du pays.
Il s'occupait toujours avec zèle
des établissemens et des entre-
prises qui pouvaient améliorer la
situation du peuple, persuadé que
ce sont là les souvenirs que doit
laisser après lui im administra-
teur. ') Atteint, malgré ses efforts
pour le bien public, et son zèle
pour le gouvernement constitu-
tionnel, par unii nouvelle destitu-
tion,il était rentré dans la vie pri-
vée, lorsqu'il mourut en septem-
bre 1823 d'une inflammation de
poitrine, n'ayant pas atteint sa
5i>* année. Deux mois avant sa
mort, il avait épousé la nièce de
M. de Girardiu , membre de la
chambre des députés.
PEPIN-DESGROUETTES(P. ,
A. ) , ancien avocat à Paris, adop-
ta avec chaleur les principes de la
révolution, et pour mieux se po-
pulariser il rédigea des Mémoires
en faveur des forts et des marchan-
des des halles. Après la journée du
10 août 1792, il devint l'un des
juges du tribunal institué pour ju-
ger ceux qui avaient participé à la
défense du château. On le vit de-
puis figurer dans presque tous les
mouvemens populaires, dont il
n'était pas cependant l'homme le
plus dangereux. Après l'explosion
(le la machine infernale du 3 nivôse
an 9 (24 décembre 1800) , Pepin-
Desgroueltes fut compris sur la
liste des personnes condamnées à
la déportation. Il mourut aux îles
Séclielles clans le courant fie «8o5.
{'KRALDI (Maru's) , député de
l'île de Corse à rassemblée légis-
lative, fnt chargé, après la journée
du lo aoOt 1793, de se rendre,
eonjoinlement avec Antonelle et
Kersainl , à l'armée des Ardennes,
que commandait le général La
Fayettp. La mission des commis-
saires <^lait d'obter)ir l'assentiment
de l'armée en faveur de la révolu-
lion qui venait de s'opérer; mais
le général, de concert avec la mu-
nicipalité de Sedan, les prévint en
ordonnant leur arrestation. Cepen-
dant cette mesure n'ayant pas rem-
pli l'attente du général La Fayette,
que l'insubordination des troupes
força de s^expatrier, Peraldi et
se» collègues recouvrèrent leur
liberté ; le premier retourna en
Corse à la fin de la session. Lors-
que plus tard de« tioubles éclatè-
rent dans cette î!e, à l'effet de la
«ouslraire à la domination fran-
çaise, l'eraldi se réunit à Paoli,
qui , soutenu parles Anglais, était
à la tête des insurgés. L'arrivée
des troupes françaises ayant forcé
les Anglais d'évacuer la Corse,
Peraldi, obligé de fuir avec Paoli,
passa en Angleterre, où il mourut
depuis.
PÉRARI) ( Charles- Frahçois-
.?KAif), député à la convention na-
tionale, montra de bonne heure
un esprit indépendant. Jeune en-
core, il participa aux troubles de
Bretagne, se mit ensuite à la tête
de la jeunesse d'Angers, et entra
dans la confédération de Pontivy.
Kn 1793, député du département
de i>laine-et-Loire à la convenlion
nationale , il vota dans le procès
du roi avec la majorité. Quelque
temps après , le brave général
PÉR
i39
Beysser, qui servait dans la Ven-
dée, fut accusé devant la conven-
tion. Pérard, son ami, embrassa
sa défense avec une chaleur et un
zèle qui n'étaient pas sans danger;
il s'offrit pour caution de sa con-
duite, dont il répondit sur sa tête.
Ce généreux dévouement ne fit
que retarder la mort de Beysser;
rendu pour un temps à la liberté,
il monta sur l'échafaud quelques
mois après. A la suite du 9 ther-
midor an 2, Pérard, envoyé dans
le département de l'Aisne pour y
épurer les autorités constituées,
s'acquitta de sa mission avec sa-
gesse et impartialité, fit mettre
en liberté un grand nombre de
détenus, et, par le compte qu'il
rendit de ses opérations, provo-
qua le rapport du décret qui dé-
clarait la commune de Beauvais
en état de rébellion. A la suite
des journées de vendémiaire, il
prononça un discours sur la né-
cessité de créer un triumvirat, ou
commission extraordinaire de
trois membres, pris dans les comi-
tés , poui' présenter des mesures
de gouvernement analogues aux
circonstances présentes. Cette
proposition ne fut point accueil-
lie. Compris plus tard dans la
liste des conventionnels qui fu-
rent «îxilés de Paris après la cons-
piration dite de Grenelle, Pérard se
retira ù l'hôpital de Saiut-Cyr. Il
fut, depuis, chef de bureau au
ministère de la police, et occupa,
après le iS brumaire an 8, la pla-
ce de connnissaire-général <le po-
lice ;\ Toulon. Mais rappelé à la
suite de quelques altercations a-
vec les autorités du dé[>artement,
il n'exerça aucune fonction publi-
que jusqu'au 17 mai i8i5. A cette
i4o PEK
époque, il fut nornmé lieutenant-
extraordinaire de police à Dieppe,
et remplit cette place jusqu'au
mois de juillet. Atteint comme
votant par la loi du 12 janvier i8i6,
il a quitté la France.
PERCEVAL (N. de), officier
de génie avant la révolution ; il
ne servit pas sous la république,
mais il occupa sous l'empire la
place de commissaire- ordonna-
teur. C'est en cette qualité qu'il
fit la campaj,me de 18 15, où il fut
fait prisonnier. M. de Perceval u
été nommé, en 1814? commissai-
re-ordonnateur de la maison du
roi; en 181 5, commissaire-ordon-
nateur de la garde; en 1817, in-
tendant militaire ; et enfin , en
1820 , secrétaire-général du mi-
nistère de la guerre. Il donna, eu
1825, sa démission de ces derniè-
res fonctions lorsque le baron de
Damas remplaça le maréchal duc
de Bellune après les événemens de
la guerre d'Espagne de cette an-
née. Devenu membre de la cham-
bre des députés , M. de Perce-
val a siégé au centre droit, et a
constamment voté avec le minis-
tère. On ne l'a vu qu'une seule
fois monter à la tribune : ce fut
pour y faire l'apologie de M. de
Latour-Maubourg, alors ministre,
et pour s'opposer à la réduction
du budget de la guerre. Sorti de
la chambre en 1823, il n'a point
été réélu l'année suivante.
PERCEVAL (Spencer). (Voy.
\e Supplément an présent volume.)
PERCIVAL (Thomas), physi-
cien anglais, naquit à Waringlon
en 1740, fut élevé d'abord à l'é-
cole de cette ville, puis à celle
d'Edimbourg, où il étudia la mé-
decine avec tant de zèle et de suc-
PER
ces, qu'à peine âgé de 24 ans, il
fut reçu membre de la société
royale. Après plusieurs voyages
et un séjour de quelque temps à
Paris, à Hambourg, et particuliè-
rement à Leyde , où on lui con-
féra le grade de docteur, il se fixa
dans son pays natal en 1766.
L'année siu'vaiile, il alla exercer
la médecine à Manchester; il con-
tribua, par ses excellens mémoi-
res de physique et d'histoire na-
turelle, à la fondation de la société
de Manchester, qui les a publiés
dans ses Transactions. Médecin
très-distingué , Penuval s'est de
plus fait un nom dans la littéra-
ture. On lit avec plaisir ses Ins-
tructions d' un père à ses en fans ,
et ses Dissertations morales et Ut~
téraires. Il mourut en 1804.
PERCY (Pierbe-François, ba-
ron), inspecteur-général du ser-
vice de santé militaire, chirurgien
en chef des armées, et comman-
dant de la légion-d'honneur, na-
quit à Montagney, dans l'ancien-
ne province de Franche-Comté,
en 1754. D'éminens talens, des
découvertes précieuses pour les
progrès de son art, et une vie en-
tière courageusement consacrée
au soulagement des maux de l'hu-
manité, lui ont mérité la recon-
naissance et la vénération de ses
concitoyens. Son père, ancien
chirurgien-major d'un régiment,
s'était retiré du service , mécon-
tent de son sort , et avait décidé
que son fils ne suivrait pas la mê-
me carrière. Il donna les plus
grands soins à son éducation, et
le jeune Percy fit d'excellentes
études au collège de Besançon ,
où il remportait régulièrement
chaque année les premiers prix.
PER
Pour obéira sou père, il se livra
avec ardeur à l'étude des mathé-
matiques, devant entrer dans le
corps royal du génie , mais un
goût dominant l'entraînait vers la
médecine, la chirurgie et les tra-
vaux anatomiques. Il fit bientôt de
si grands jirogrès dans cette der-
uière partie, qu'il fut jugé digne
de diriger les études des autres
élèves, et d'enseigner lui-même.
Il lui fut enfin permis d'embrasser
l'état où il devait s'illustrer, et où
il contribua depuis si puissam-
ment à élever la chirurgie mili-
taire française, au haut point de
renommée dont elle jouit juste-
ment en Europe. En 1770, il fut
pramu docteur en médecine par
ia faculté de Besançon, distinction
que lui valurent à l'âge de 21 ans,
ses travaux assidus et les prix qu'il
^vait remportés aux divers con-
cours de cette faculté. Sa récep-
tion ne fut pas même chargée de
ttfus les frais ordinaires, et se
trouva presque gratuite. M. Percy
fut attaché peu de temps après, à
la gendarmerie de France , en
qualité d'aide-chirurgien, et resta
à ce poste près de 6 ans. Il publia
plusieurs mémoires pendant cette
époque , dont le premier fut des-
tiné à prémunir le public conire
rusaj;e inconsidéré d'un remède
empirique alors en vogue, les
Grains (le vie , et un antre contre
un ouvrage très-superficiel, sur
l' Art (les accouchemenSf qui avait
c«'pendanl valu à son auteur un
des principaux emplois de la chi-
rurgie militaire. Ai. Percy profita
dvs leçons du célèbre Lafosse,
alor.> hippiatre en chef de la gen-
diuiUKrie. et acquit sous cet ha-
bile maître, une connaissance ap-
PER
»4»
profondie de l'art vétérinaire.
Nommé, en 1782, chirurgien-
major du régiment de Berry ca-
valerie, il' se rendit à ce corps, et
tout en remplissant avec autant
de zèle que de succès, ses nou-
velles fonctions, il trouva le temps
de concourir pour tous les prix
que l'académie de chirurgie de
Paris proposait. Ayant remporté
successivement les premiers prix,
sur les instrumens tranchans, et
particulièrement sur les ciseaux
d'incision ; sur la question ten-
dant à restreindre le nombre des
instrumens destinés à l'extraction
des corps étrangers; sur les bis-
touris; sur les cautères, etc. , l'aca-
démie se cru t obligée de le prier de
ne plus envoyer de pièces au con-
cours, afin de laisser quelque es-
poir de succès à ses nombreux ri-
vaux découragés par une supério-
rité aussi marquée, et elle le nom-
ma en même temps son associé
regnicole. Mais les palmes acadé-
miques dont il était chargé, quel-
que nombreuses qu'elles fussent,
puisqu'il se vit couronner dans
seize concours publics des princi-
pales académies de l'Europe, fu-
rent bien loin de sulfirc à la gloire
de M. Percy, et en forment aussi
la moindre partie. C'était dans le»
guerres sanglantes où la France
se trouva bientôt engagée, c'était
sur les champs du carnage et au
milieu du feu le plus meurtrier,
qu'il devait signaler son amour
pour l'humanité. Bravant tous les
dangers personnels, ou paraissant
plutôt ignorer qu'il en existât
pour lui, il prodiguait toutes h's»
ressources de son art et de son gé-
nie, et volait, sous le canon mêm«
de renftemi, au secours de ses
1^2
PER
frères d'armes atteints par le fer
ou l<i feu. Ce n'était pas le géné-
ral ou l'officier supérieur qu'il ju-
geait seuls dignes de ses soins, son
habile main soulageait également
les maux du guerrier des derniers
rangs, et les soldats appelaient
Percy leur père. Ce fut lui qui
organisa le premier, à l'armée du
Khin, ce corps mobile de chirur-
gie militaire qui rendit , dès sa
création, de si éminens services,
et qui après avoir excité 1 admira-
tion et l'envie dfs armées coali-
sées, leur servit de modèlie pour
en organiser de pareils. Ce lut en-
core lui qui en Espagne, foruia
presque entièrement, à ses propres
frais, un premier bataillon de sol-
dats d'ambulance, et une compa-
gnie spéciale de brancardiers qui,
pourvus de brancards d'une cons-
truction nouvelle , inventée par
lui, se transportaient partout pour
relever les blessés. L'étranger se
hâta aussi de proliter de celle ins-
titution, qui l'ut d'abord Ires-louèe
en France, et ensuite à peu près
négligée. Après les désastres mi-
litaires de 18 14» et la première
entrée des coalisés à Paris, il se
trouvait, sans compter les blessés
français, plus de 12,000 Russes,
Prussiens, Bavarois el étrangers
de tous pays, qui avaient élé mis
hors de combat sous les murs de
la capitale. Ils languissaient à peu
près abandonnés, faute de chirur-
giens sullisans, et manquaient a la
fois d'asiles, de pansemens, de
linge, et même de pain. iM. Percy
devint leur providence. Sur sa
demande, les vastes abattoirs de
Paris furent mis à sa disposition.
tin appel fut lait aux généreux
habilans de celte ville, qui s'eui-
PER
pressèrent de fournir du linge ,
des couvertures, des matelas et
des secours de loute espèce à leurs
ennemis blessés, tandis que ceux
de leurs camarades qui étaient
restés sous les armes, pillaient et
dévastaient les habitations des ci-
toyens aux environs de la capita-
le, el que les cosaques vendaient à
l'enchère dans les rues, le mobi-
lier et les bestiaux qu'ils ne pou-
vaient emmener ou dévorer. En
50 heures, im service régulier fut
établi dans ces abattoirs, et des
milliers d'étrangers lui durent la
prolongation de leur existence.
Les souverains, en échange des
soins de M. Percy pour la vie de
leurs sujets, le récompensèrent
maguifiquomeol par îles cordons:
il eut la décoration de l'ordre de
Sainle-Amie de Russie, de l'aigle
rouge de Prusse, du uiérile de
Bavière, etc., etc. En 181 5, il fut
appelé par ses concitoyens , et à
runanimité des suffrages des élec-
teurs de sou déparlement, à la
chambre des représenlans. Il ne
parut qu'à un petit lujmbre des
séances de la seconde chambre,
et ne parla que pour ses enfms.
les soldats malades. Ce n'était pas
au milieu d'une asseuïblée déli-
bérante, qu'il croyait sa présence
le plus utile; il se rendit de nou-
veau à l'armée, et servit avec la
plus haute distinction jusqu'après
la bataille de Waterloo. Depuis
celte époque, on ne trouve plus
M. Percy à la tête de la chirurgie
militaire française. Il faut sans
doute supposer qu'il a detnandé
lui-même sa retraite, après la se-
conde rentrée du roi, pour se re-
poser de ses longs et honorables
travaux. Il a enrichi les mémoires
PER
de l'académie des sciences, dont il
est membre, ainsi que des prin-
cipales académies de l'Europe,
d'une foule de rapports et d'arti-
cles non moins remarquables par
la vaste érudition de leur auteur
que par un style pur. élégant,
harmonieux, et par des traits d'u-
ne piquante originalité. Les dif-
férens journaux de médecine, le
Magasin encyclopédique , le Dic-
tionnaire des sciences médicales,
dont il c^t collaborateur, lui doi-
vent aussi des mémoires et arti-
cles précieux. M. Fercj a. en ou-
tre, publié : 1° AJémoire (cou-
ronné) sur les ciseaux d'incision,
Paris, 1785, in-4''; 2° Manuel des
chirurgiens d'armée, Paris, 1792,
in- 12, avec figures; 5° Pyrotech-
nie chirurgicale pratique, ou l'Art
d'appliquer le feu en chirurgie ,
Paris, 179'!, in-S", et une nouvel-
le édition en 1810; 4° Réponse
aux questions épuratoires propo-
sées par la commission de santé ,
Metz, an 3, in- 13 ; 5° Eloge his-
torique de Sahatier, Paris , 1812,
in-4' 6f in-8°; 6° Éloge histori-
que d'Anuce Foës , Paris, 1812,
in-8", etc.
PERE (le comte N.), fiU pré-
sident du tribunal criminel du dé-
partement (les Hautes-Pyrénées
dans les premières années de In
révolution , et ensuite député de
ce département au conseil des an-
ciens. Il se montra favorable à la
révolution du 18 brumaire au 8,
devint membre de la commission
intermédiaire du conseil et mem-
bre du sénat - conservateur an
iru)is de décembre i7»>G , enfin ,
comte de l'empire et connnan-
deur de la légion-dlionneur. Le
I" avril 1814, il donna son adhé-
PER 145
sion à la déchéance de Napoléon,
et fut nommé , le 4 juin suivant ,
pair de France. M'ayant accepté
ni }>lace , ni dignité, pendant les
cent jours, en 181 5, il a continué
de siéger à la chambre des pairs,
dont il fait encore partie aujour-
d'hui (1824).
PEREIRA DE FIGUEIREDO
(Antoine } , célèbre historien et
théologien portugais , membre
de l'académie royale des science.-,
de Portugal, interprète des lan-
gues de la secrétairerie d'état des
alTaires étrangères et de la guer-
re , etc., naquit, le 14 février
1725, d'Antoine Pereira et do
31arie F'igueiredo , habitaus du
bourg de Macao. Ses parens le
destinèrent à la carrière ecclésias-
tique, et l'envoyèrent au collège
des jésuites de Villa-Yiciosa , où
il apprit la grammaire, le latin, et
la musique. Au sortir de ses étu-
des, il fut admis comme musicien
et organiste au monastère de
Sainte-Croix de Coïmbre. Il n'y
resta que quel<]ues mois, et en-
tra, en 1744' dans la congréga-
tion de l'oratoire de Lisbonne. En
1751, il publia des Exercices sur
les langues latine et portugaise, à
l' usage de la congrégation de l'o-
ratoire. Cet ouvrage fortifia la ré-
putation dont il jouissait déjà com-
me grammairien. Méanmoins, son
mérite ne fut généralement ap-
précié qu'après la publication
qu'il fit, en 1752, de sa Nouvelle
méthode de la grammaire latine;
cet ouvrageeut 10 éditions. 11 fut
choisi, dans la même année, pour
enseigner sa méthode , emploi
qu'il exerça jusqu'en 1755, lors-
qu'il fut forcé, par suite du trem-
blement de terre dont il faillit è-
144
PER
Ire victime, de passer dans la mai-
son de Notre-Dame des Nécessités
dépendante de sa congrégation.
Là il commença à enseigner la
rhétorique; mais son extrême ap-
plication au travail le força, par
ordre des médecins, de se retirer
à Viseu, dans la province deBei-
ra, dont le climat améliora sa san-
té. Bien accueilli de l'évêque de
cette ville, D. Jules-François de
Oliveira , que l'oratoire avait
compté parmi ses membres, Pe-
reira de Figueiredo comptait faire
un long séjour dans sa nouvelle
retraite. La faveur du prélat fut
de peu de durée, et il fut obligé de
se fixer à Porto. Sa santé se réta-
blit entièrement dans celte ville,
et, en 1769, il retourna à Lis-
bonne. Choisi pour enseigner la
théologie, il se vit bientôt appe-
lé, par suite des longues dissen-
tions du Portugal avec la cour de
Rome, à combattre en faveur de
sa patrie contre celte même cour.
11 le fit avec succès. Il provoqua
et dirigea, en 1^65, les célèbres
thèses par lesquelles il prouvait
que les rois avaient un souverain
pouvoir sur les biens des ecclé-
siastiques : système consigné dans
le recueil intitulé Collectio tliesiu-
mœ, imprimé à Paris en 1768, et
où l'on trouve quelques-uns des
principes de la constitution civile
du clergé de Fra nce de 1 79 1 • Dans
son ouvrage qui parut sous le titre
(\eTentativatheologica^eU\^\\%on-
tient « que lorsque le recours au
saint-siége trouve des obsracles ,
la faculté de dispenser des ein|)ê-
chemens de mariage est dévolue
aux évêques, aussi-bien que celle
de pourvoir aux besoins spirituels
des fidèles dans tous les cas rcser-
PER
vés au pape, toutes les fois que le
bien public et la nécessité le de-
mandent. (Jet ouvrage, estimé par
les uns et critiqué par les autres,
a été traduit en plu>ieurs langues,
et cité par les plus habiles théolo-
giens et canonistes de tous les
pays. On dit que la traduction
française fut faite par un avocat
du parlement de Paris, à l'insti-
gation de l'abbé de Bellegarde,
chanoine d'Utrecht, ami et cor-
respondant de Pereira de Figuei-
redo. » Ces tristes débats failli-
rent coûter la vie au roi de Por-
tugal, qui n'échappa qu'avec pei-
ne au fer d'un assassin. Pour ren-
dre la tranquillité à ses états , ce
prince défendit, en 1760, sous les
peines les plus sévères , toute
communication spirituelle ou
temporelle avec la cour de Ro-
me. Les évêques portugais ren-
trèrent ainsi dans leurs droits, et
c'est dans ce* circonstances que
fut publié l'ouvrage du savant
théologien Pereira de Figueire-
do, l'homme le plus savant de son
siècle. Joseph I", pour récompen-
ser les services de ce savant, le
nomma député ordinaire du tri-
bunal de censure, emploi qu'il
conserva, de sa création, en 1768,
jusqu'à son extinction. Joseph l"
lui donna l'ordre, en i^Oy, de
quitter la robe de l'oratoire pour
remplir à sa cour le double em-
ploi de premier interprète des lan-
gues de la secrétairerie d'état des
afl'aires étrangères, et de la se-
crétairerie de la guerre. Il exerça
ces fonctions jusqu'à sa mort, ar-
rivée le 14 août 1797. Pereira de
Figueiredo a traduit une foule de
pièces et de documens olliciels,
soit par ordre du roi, soit par ce-
PEU
lui du principal minisire, le mar-
quis de Poinbal, qui chargea, eu
outre, cet historien de traduire les
nouveaux statuts de l'université de
Coïmbre, « dans le bon latin, disait
»le ministre, qu'il avait coutume
» d'écrire. » Les nombreux travaux
auxquels l'assnjétissait son emploi
ne l'éloignèrent pas de la carrière
littéraire. Il a transporté dans sa
langue maternelle une foule d'ou-
vrages de divers auteurs étran-
gers, et a composé un nombre
considérable de dissertations, thè-
ses et écrits théologiques , dont
rénumération occuperait plu-
sieurs colonnes. Ce qu'il a fait,
d'un intérêt pfus général en ce
genre , ce sont : i" Eté mens
d'histoire ecclésiastique en forme
de dialogues, 2 vol. in-8°, lyGS:
le premier contient les élémens
de la chronologie, et le second,
ceux de la géograithie ; deux au-
tres volumes , restés manuscrits,
renferment l'histoire des conciles
avec des remarques, observations,
etc., sur les écrits des SS. PP.;
2° les Portugais aux conciles -gë-
néraux, ou Relation des ambassa-
deurs , prélats et docteurs portu-
gais, qui ont assisté aux conciles
généraux d'Occident , depuis les
deux premiers de Latran jusqu'à
celui de Trente, in-4"', 1787; 3*
Analyse de la profession de foi de
Pie IF, in-4'', ''79^ ouvrage mu-
tilé par la censure, réimprimé en
italien, en 179a, avec des notes:
il existe encore de celte analyse
une traduction en espagnol, faite
de concert avec l'auteur, et une
traduction en français par M.
Mouton; elles sont restées inédi-
tes; 4° de Ferbo Dei scripto et tra-
dilfl, imprimerie royale, 179a;
T. XVI.
PER
145
5" il a donné, en 1756, un Com-
mentaire latin et portugais , avec
des notes sur le tremblement de
terre et l'incendie de Lisbonne;
6", en 1761, des Ep/iémérides de
ce qui s'est passé en Portugal, de-
puis le tremblement de terre Jusqu'à
r expulsion des jésuites; 7' un ma-
nuscrit sous le titre de Lusitania
sacra, ou état ancien et moderne
de l'église de Portugal ; 8 ' des
Eloges, Inscriptions , etc., dans
lesquels il célébrait les grands
événemens du règne de Jo-
seph I" et les services que ren-
daient à l'étal les premiers fonc-
tionnaires publics; 9" enfin, son
principal ouvrage, la Bible, tout
entière traduite en portugais, avec
préface et notes, a paru en •ïô vol.
iu-S". Il donna d'abord, en 6 vol.,
l'histoire du Nouveau-Testament,
dédiée aii cardinal Da Cumha }
1778; puis 17 vol. de V Ancien'
Testament, de 1783 a 1790: l'ou-
vrage a presque entièrement été
imprimé à l'imprimerie royale.
Les livres apocryphes ont aussi
été traduits par Pereira de Fi-
gueircdo, mais ils n'ont pas été
publiés.' Il était au moment de
metlre au jour une nouvelle édi-
liim, revue avec soin, de la Bible,
lorsqu'il mourut. Il fut vivement
regretté pour ses talens et ses
vertus. ^
PKRES (Joachim), avocat ù
Mirande à l'époque de la révolu-
ti(Mi, fut nommé, en 1789, député
du tiers -état de la sénéchaussée
d'Auch aux états-généraux, puis
élu en 1 79a, par le département du
(iers,député suppléant à laconven-
tion nationale, où il fut appelé
vers la fin de la session. l£n »79i>,
il passa au conseil des cinq-cents,
10
)46 PER
ot parla le 22 décembre 1 jQtî sur
le projet d'amnistie pour délits re-
latifs à la révoiutioa; le 1" mai,
il signala les prêtres réiVactaires
comme les ennemis les plu» opi-
niâtres de la révt)!(ition, et sollici-
ta contre eux des mesures sévères;
le 5 janvier 1797, il dénonça les
maisons de jeux, dont le nombre se
multipliait d'une maiiièie effrayan-
te pour la morale et la tran-
(piillité des pères de famille; le 9
juillet il s'oppoi^a au décret en fa-
veur des inj^'itifs de Toulon; le 1"
mai 1708, ii parla en faveur des
citoyens iu'^Ciits sur les listes d'é-
migrés, et essaya de prouver que
la loi du 19 fructidor (5 septembre
1797), était injuste et désastreuse,
eu te qu'elle exposait à être arrê-
tés et fusillés dans les vingt-qua-
tre heures, des individus qui bien
souvent ignoraient l'inscription de
leurs noms sur les listes fatales. Il
sortit de cette assemblée, etdevint,
après le 18 brumaire an 8, mem-
bre du conseil de préfecture du
département du Gers, fondions
qu'il a exercées jusqu'en 1822. U-
ne biographie moderne prétend
qu'il avait été nommé, par le gou-
vernement consulaire, préfet du dé-
partement de Sambre-et-i\leuse ;
c'est une en eur : ce fut Perès-La-
gesse, dont l'article suit.
PERÈS-LAGESSE (Emmawlel),
né le 22 mai 1752, était avocat en
1789, lorsqu'il fut éin député
suppléant du tiers-état flu pays de
llivière-Verdun , aux états-géné-
raux, où il ne parut point. Nom-
mé, an mois de sepiembre 1792,
député du département de la
Haute-Garonne, à la convention
nationale, il vota dans le procès du
roi la détention et le bannissc-
pEn
ment à la paix; il fut de l'avis du
sursis. En 1794, M. Perès-La-
gesse parla avec beaucoup de cha-
leur en faveur d'un grand nom-
bre de citoyens du Nord, presque
tous cultivateurs, qui avaient été
incarcérés comme complices de
l'étranger. A la fin de 1795, il se
rendit à l'armée de Sambre-et-
Meuse, d'où il transmit à la con-
vention les vœux dt^s Belges pour
leur réunion à la France. Devenu
membre du consdl des cinq-cents,
il continua à professer des princi-
pes de sagesse et de modération,
et réfuta Pérès (du Gers), qui
s'opposait à une amnistie en fa-
veur des citoyens détenus pour
opinions politiques. Il avait, peu
de jours auparavant , pro}»osé
dindemniser les parens des con-
danuiès , en les autorisant à faire
des acquisitions de biens natio-
naux avec les I)ons qu'on leur a-
vait délivrés, on remplacement de
leurs biens vendus. 11 appela l'at-
tention du conseil, dont il était de-
venu secrétaire, sur les hôpitaux,
et la loi qui les avait dépouillés.
En août, il signala les prêtres dé-
portés et rentrés, conjme les en-
nemis de la chose publique ; il
coopéra ensuite à la révolution
du i8 fructidor an 5. 11 présenta,
le 17 février 1791S, une adresse de
la ville de Toulouse, contre la
cour de Rome , sortit du conseil
dans le mois de mai, et fut réélu
aussitôt à celui des anciens, dont
il fut successivement secrétaire et
président. Enthousiaste de la gloi-
re nationale, il célébra souvent à
la Iribime, la valeur et le succès
de nos armées , et particulière-
ment les faits brillans de l'armée
d'Italie. Il s'occupa vivement d'à-
PEU
untliorer le sort des Kelges, et fit
supprimeriez ordres religieux de
ce pays. Après le 18 brumaire au
8, il fut nommé préfet du dépar-
tement de Sauibre-el-Meusc, où
il ne cessa de mériter l'estime et
la reconnaissance publiques. lien
exerça les fonctions jusqu'en i8i4»
époque à laquelle les Français fu-
rent contraints de renoncer aux
provinces belgi{|ues.
PKKETH- DELLA - ROCCA ,
grand-vicaire d'Aleria, fut nommé
député du clergé de Corse aux é-
tats-généraux en 1789. Partisan
exagéré de toutes les anciennes
doctrines, il ne voulut pas recon-
naître le besoin qu'avait la France
de nouvelles institutions, et ne
rendit pas justice aux intentions de
l'assemblée constituante. Dés le
principe , Peretli-dclIa-Rocca se
déclara l'auteur d'une lettre écrite
de Corse contre les décrets de celte
assemblée, et depuis il signa les
protestations des 12 et 1 5 septem-
bre 1 79 1 . Depuis cette époque, de-
venu étranger aux affaires publi-
ques, il est resté dans l'obscurité.
PEREYRA (Ioseph), naquit à
Bayonne en 1 ^/p» d'une fau)ille
belge. Etant venu s'établir à Pa-
ris comme manufacturier de ta-
bac, il se prononça lorlenieut en
faveur de la révolution française,
se lia avec la société des corde-
liers, partagea en 1790 la mission
de Dubuisson auprès de Dumou-
riez, et fit ensuite partie du comité
central révolutionnaire de la com-
mune de Paris, qui, sous la direc-
tion de Marat, contribua à assurer
le triomphe de la Montagne sur la
Gironde au 5i mai 1795. Depuis,
ayant déplu à Robespierre, qui l'a-
vait fait chaiscr du club des Jaco-
PER
1/17
bins, comme vendu à l'étranger,
il fut enfermé à Saint-Lazart; avec
Défieux. Vincent et Ronsin vin-
rent fréquemment les visiter dans
leurs prison. Pereyra fut condam-
né à mort le 4 germinal an 2 (24
mars 1794), comme complice de
la faction des hébertistes.
PERGEN (le comte de), grand-
maréchal des états d'Autriclie et mi-
nistre de la police sous Jf)seph îl.
fut envoyé à Londres par l'empti-^
reur François II, en avril 1790,
pour ratifier les articles d'un traité
de subsides que l'Autriche venait
de conclure avec l'Angleterre. De-
puis, en 1797, l'empereur le nom-
ma un de ses ministres plénipo-
tentiaires au congrès de Rastadt.
Le comte dePergen mourut quel-
ques années après.
PÉRIER (MM.), députés, etc.
{voy. le Suppl. du présent vol.)
PERIEIV (les fuèues Jacques-
Constantin et Auguste- Charles),
tous deux né# à Paris , se livrè-
rent, avec un 5° frère, le pins jeu-
ne d'entre eux, qui mourut à l'â-
ge de 24 ans, à l'étude des arts
mécaniques. Leur premier ouvra-
ge, la pompe centrifuge, que Jac-
ques - Constantin et Auguste-
Charles exécutèrent de concert ,
donna de grandes espérances de
la réunion de leurs talens, et l'é-
tablissement du (Conservatoire
des arts et métiers compte
parmi les choses remarquables
qu'il renferme dans ses salles, la
galerie des modèles qu'ils exécu-
tèrent pour le duc d'Orléans.
Jacques - (Constantin, voulant se
perfectionner dans la connaissance
du mécanisme et des nombreuses
apj»licalions des machin(;s à va-
peur, fit cinq voyages s^uccessifs
t',8
PER
en Angleterre, et à son retour
dans sa patrie , U fit établir les
deux pompes à feu qui sont à
Chaillol près des Champs-Ely-
sées. Elles élèvent l'eau de la
Seine sur la plus haute éminence
de Chailiot, où sont construits des
réservoirs qui distribuent cette
eau dans Paris au moyen de con-
duits en fonte. Une semblable ma-
chine est placée , pour le service
du faubourg Saint -Germain , au
Gros-Caillou près de la Seine. Dans
le premier établissement , quatre
fourneaux à réverbère peuvent
fondre chacun , dans l'espace de
trois heures, cinq milliers de ma-
tière. Il sert à l'exploitation de
différentes branches d'industrie,
telles entre autres les mines de
charbon, les filatures de coton,
les fabriques de draps, les fonde-
ries et perceries <le canons. On y
fabriqua, sous la direction de Mon-
ge, au commencement de la ré-
volution , 120 pièces de canon,
au nombre desquelles étaient des
pièces de seize, avec un matériel
considérable d'artillerie. Cet éta-
blissement avait, dès son origine,
mérité l'attention du gouverne-
ment. En 1811, l'institut, dans
son rapport sur les prix décen-
naux , lui donna les plus grands
éloges. Les rapporteurs s'expri-
mèrent ainsi : « L'établissement de
MM. PérieràChaillot, dit ce rap-
port, est le premier et presque le
seul eu F'rauce où l'on puisse faire
exécuter toutes sortes de machi-
nes. On y a fabriqué la majeure
partie des pompes i\ vapeur ré-
pandues dans l'empire, une gran-
de quantité de pompes de toute
espèce , des balanciers , des dé-
coupoirs, des cylindres à papiers:
PER
ils fondent, en fer ou en cuivre,
toutes sortes de pièces.... C'est à
eux à qui l'on a souvent recours
pour la construction de manèges,
d'assortimens de machines à filer
le coton, etc., enfin pour l'exécu-
tion des machines en général.
MM. Périer ont contribué beau-
coup à affranchir l'industrie fran-
çaise du tribut qu'elle payait à cel-
le des étrangers.» M. Jacques-
Constantin Périer , membre de
l'académie royale des sciences a-
vant la révolution, et depuis mem-
bre de l'institut, a fait insérer
dans le recueil de l'académie des
sciences ditTéretis Mémoires sur
les avantages de cette machine,
qui a servi à la mise en activité de
près de 100 ateliers ou usines dans
î'ituérieur de la France. Ce sa-
vant, qui créa la fonderie des ca-
nons de la marine h Liège, où on
tenait à-la-fois en fusion 1 10 mil-
liers de matière, était né à Paris le
3 novembre 1742; il mourut dans
la mênie ville le 17 août 1818.
M. Jomard lui a consacré une No-
tice dans le bulletin de la société
d'encouragement pour l'industrie
nationale, 1819, pag. i55-i38.
Après la mort de Périer aîné, M.
Scipion Périer, qui n'est pas de
la même famille, a acheté l'éta-
blissement de Chaillut, et y a fait
des changemens avantageux dans
les opérations de la fonderie.
PERIER (Jean-Fbançgis), dé-
puté aux états-généraux, ancien
évêquc constitutionnel du Puy-
de-Dôme, pu isévêque d'Avignon,
membre de la légion-d'hnnueur,
est né à Grenoble, département
de l'Isère, le 16 juin 17/10. Au
sortir de ses études ecclésiasti-
ques, il entra dans la congréga-
4
: c J/L . ( / ('/ 'f(//i o/i
PEU
lion de l'oratoire , et devint curé
de Saint- Pierre d'Etampes. Le
clergé du bailliage de cette ville
l'élut député aux états-généraux
en 1789. M. Périer se fit remar-
quer dans celte assemblée par
son amour pour la concorde ; il
prêta, en 1791, le serinent exigé
parla nouvelle constitution civile
du clergé; fut élu évêque consti-
tutionnel du Puy-de-Uôme dans
la même année; et donna sa dé-
mission lors du concordai de 1801.
Mais dans l'institution des évê-
ques, qui suivit à cette époque
(1802) la réorganisation de l'égli-
se de France, il obtint le siège d'A-
vignon, et reçut, quelque ttmps
après, la décoration de la légion-
d'honneur. M. Périer s'est de nou-
veau démis de son siège épisco-
pal entre les niains du roi , en
1817, et a continué de l'adminis-
trer jusqu'en 1820, époque à la-
quelle il a été statué sur le nou-
veau concordat.
PÉRIGNON (Dominique-Ca-
therine MARQUIS de), maréchal et
pair de France, grand'croix des or-
dres de la légion-d'honneur et de
Saint-Louis, grand-dignitaire de
l'ordre des Deux-Siciles, naquit à
Grenade, département des Landes,
le 5i mai i754> Il montra dès sa
jeunesse du goût pour la profes-
sion des armes, fit des études ana-
logues, et entra au service comme
sous-lieutenant dans le corps des
grenadiers royaux de Guyenne; il
devint aide-de-camp de M. de
Preissac. 11 était juge de paix du
canton de Monlech, département
de Tarn-et-Garonne , lorsqu'au
mois de septembre 1791, le dépar-
tement de la Haule-Garomie le
nomma député à l'assemblée lé-
PEll
ï49
gislative, où il ne se fit point re-
marquer. Cédant au mouvement
général qui portait tous les ci-
toyens aux frontières, il renonça
aux fonctions civiles, et rentra au
service en qualité de comman-
dant d'une légion des Pyrénées-O-
rientales; bientôt promu au grade
de général de brigade, il succéda
au commandement en chef de cet-
te armée après la mort du générai
Dugommier {voy. ce nom). Il fit
avec succès les campagnes de 1 794
et 1795, remarquables par les vic-
toires du 7 juin 1794? près de la
Jonquière; du 7 novembre suivant
à Saint-Sébastien et à la Made-
lène, et du 20 du même mois de-
vant Figuières, où fut tué le géné-
ral espagnol La Union {voy. La
Union), et où, maître de la ville,
il 619,000 hommes prisonniers, et
s'empara de 71 pièces de canon
avec un matériel considérable. Cet-
te campagne, qui fut terminée le
7 mai 1795 par la prise de Roses,
amena la paix avec le gouverne-
ment espagnol. Pour parvenir au
brillant résultat qu'obtint le géné-
ral Pérign(m dans cette dernière
circonstance, il avait fait tailler
dans le roc un chemin de plus de
Irois lieues, et placer sur une mon-
tagne de 2,000 toises, une batte-
rie de canon et de mortiers, qui
foudroyèrent la ville et en ame-
nèrent la reddition, ainsi que cel-
le du fort, qui jusqu'alors avait ré-
sisté à toutes les attaques. Le géné-
ral Pérignon, nommé peu de temps
après son retour à Paris , ambas-
sadeur à Madrid, partit pour sa
destination au mois d'avril 1796.
Sa suite était nombreuse et bril-
lante, et il fui très-bien reçu du
roi, avec lequel il conclut, quatre
1 5o PÊIV
mois après, un traité d'alliance
oftensive et défensive entre la
France et l'Espagne. En 1797, le
vice-amiral Truguet succéda au
général Pérignon dans l'ainbassa-
de à Madrid; celui-ci, employé en
1 799 à l'année d'Italie, fut chargé
du commandement de l'aile gau-
che à la bataille de Novi; il y fut
grièvement blessé, et fait prison-
nier en protégeant la retraite. Le
])remier consul Bonaparte le nom-
ma sénateur en 1801, et le pour-
vut de la sénatoreriede Bordeaux,
en 1804. Au mois de inars de la
même année, il piésid;'. le collège
électoral du déparlemcut de la
Haute-Garonne, et fut compris
dans la première promotion des
niatéchaux de l'empire. Il se ren-
dit, en i8u6, au poste de gouver-
neur de Parme et Plaisance, où il
venait d'être appelé; en 1808 il
i-emplaça, à Naples, le général
Jourdau, et prit le commaudement
de toutes les troupes franrais<;s
dans ce royaume, dont il rje s'é-
loigna rpi'à l'époque où le roi Joa-
chim {voj. Murât) abandonna la
cause de l'empereur Napoléon.
De retour à Paris, le maréchal Pé-
rignon adhéra à la déchéance de ce
prince et au rétablissement de la
maison de Bourbon su r le trône de
France. Monsieur, lieutenant-gé-
néral du royaume, lenon)ma com-
missaire extraordinaire dans la
première division militaire. Il de-
vint, par ordonnances r<)yales, le
3i mai 18 j4? président de la com-
mission qui devait constater les ti-
tres, brevets, lettres de service,
etc. , des anciens oïïiciers de l'ar-
mée des émigrés; le 1*' juin, che-
valier de Saint-Louis, et le 5 du
même mois, pair de France. Le
PER
maréchal Pérignon habitait sa ter-
re de Monbech, près de Toidou-
se , lorsque Napoléon quitta l'île
d'Elbe au mois de mars 181 5. Alors
le maréchal se réunit au baron de
Yitrolles, commissaire de Louis
XVIII, pour organiser des moyens
de défense dans le Midi. Pendant
les cent jours, il refusa de pren-
dre part aux affaires publiques.
Le roi, à son second retour, le
nomma gouverneur de la premiè-
re division militaire, puis com-
iriandeur, et, en 1818, grand'croix
de l'ordre de Saint-Louis. Le ma-
réchal Pérignon mourut en 1819.
Son û\$ lui a succédé dans son ti-
tre de marquis et dans sa dignité
de pair de France.
PERIGN Y ( LE MARQUIS DE ) , fut
élu, en 1789, par la colonie de
Saint - Domingue, député aux
états-généraux, fin 1791 , il écri-
vit à l'assemblée , « Qu'il cessait
»de prendre part aux séances, a-
» près l'adoption de l'article con-
» cernant les hommes de couleur. »
Cependant, après le départ de
Louis XVI pour Varennes, on vit
M. de Perigny reparaître au sein do
l'assemblée, où il prêta serment de
fidélité. Pendant la session de l'as-
semblée législative, il fît un voyage
en Suisse pour y propager les doc-
trines de la révolution ; les dan-
gers qu'il courut le forcèrent à re-
venir en France. Il se mit alors à
la tête de la société populaire de
Strasbourg, et y prononça diiTé-
reus discours où il exprimait ses
opinions avec beau coup d'énergie.
De])uis ce temps, le marquis de
Perigny n'a plus reparu sur la
scène politique.
PÉRIN ( liEwÉ ), homme delet-
Ires, auteur de plusieurs ouvra-
i»Ea
ges en prose et vers , el d'un grand
nombre de pièces de théâtre, est né
à Paris, le 2 novembre 1775,
d'une famille de robe. Son père
était avant la révolution avocat
aux conseils dn roi, et membre
des conseils de Monsieur et du
comte d'Artois. M. Périn, arrêté
pendant le règne de la terreur, fut
enfermé aux Carmes, el n'obtint
sa liberté qu'après la chute de Ro-
bespierre. Nommé sous-prcfct au
mois d'avril 18 15, il perdit cette
place après le retour du roi, et n'a
point rempli depuis de fonctions
publiques. Il a publié : i" le Fla-
geolet (VÈrato, ou le Chansonnier
du V audeville , i8oi,in-i8; 2" les
nouveaux Athées, ou Réfutation des
nouveaux Saints , en vers avec des
notes historiques, 1801 , in- 12;
5' Mémoires de M"" de Pompadour,
suivis' de sa correspondance , 1801,
5 vol.in-S"; 4" Choix des poésies de
Pezay, Saint - Péravi, la Conda-
mine, Masson de M orvilUers , Bar-
the et Flins, avec des notices,
1810, 2 vol. In - 18; 5" Vie mili-
taire de J. Lannes , maréchal de
C empire, duc de Montebeiloj j 8 1 o ,
in-8";6'' Œuvres de Lemierre, 1810,
5 vol. in-B" ; '^"Beautés historiques
de la maison d'Autriche, iSii,
2 vol. in-12; ^'' Itinéraire de Pan-
tin aumont Calvaire, \)iir M. de^Mai-
sonterue, parodie piquante del'iti-
néraire à Jérusalem , de 31. de
Châteaubriant ; 9° Pensées de La
Harpe, i8i4, 1 vol. in-12; 10"
Abrégé du cours de littérature de La
Harpe, 1821, a vol. in- 12, et
seconde édition 1823. On a de lui
les pièces de théâtre suivantes :
Beaumarchais en Espagne; Cécile et
Fitz Henri, ou encore une Fille cou-
j)able; la Boite aux fiches; lesjn-
PER i5i
diens à Marseille, comédie en 5
actes, imi tée deKotzebue. (Avec M.
Pillon : ) ia grande ville ou les Pari-
siens vengés ; le Voyage autour de
ma chambre ; Mole auc Champs-
Elysées , comédie en 1 acte et en
vers, i8o3; tous tes Niais de Pa-
ris, tragédie burlesque, en 5 actes
et en vers; (avec M. Rougemonf.)
Henri IV et d'Jubignc, comédie
en 3 actes, iSi/\', l' Intrigue avant
la noce, comédie en 3 actes, 181 5;
le Vieil oncle, comédie en 1 acte,
1 816 ; le Garçon sans souci , mélo-
drame comique, tiré du roman de
Pigault-le-Brun, 1818, in-8»; /a
nouvelle Cendrillon, comédie en 4
actes, en prose, 1810; le Libelle,
comédie en 1 acte et en vers ,
1811; l'Héroïsme des femmes, mé-
lodrame en 3 actes; la Demande
bizarre, comédie en 1 acte, en
prose, 1H19; (avec M. Félix Noga-
ret : ) Dugay-Trouin , mélodrame
en 3 actes, 1807; (avec le Roy;)
Isabelle de Levanzo , mélodrame
en 3 actes, 1 821. On avait attribué
à M. Vir'in, le Dictionnaire des Gi-
rouettes, mais dans une hittre in-
sérée dans différeus journaux, il a
formellement désavoué cette com-
pilation [voy. Beuchot).
PERISSE -DIJLLC(N.), était
imprimeur-libraire à Lyun , quand
il fut élu député du tiers -étal de
cette ville aux états- généraux, en
178g. Il siéga au côté gauche,
et s'occupa plus particuiiéreujent
d'objets relatifs aux monnaies et
aux assignats; il devint membre
du comité colonial. S'étunl déclaré
à Lyou , en 1793, contre le parti
conventionnel, il fut cundannié à
mort après le siège.
PERLET (Chables), né à Ge-
nève VOIS 1705, vint fort jeune
l52
PER
à Paris , et y devint libraire et
imprimeur. Dès le commence-
ment de la révolution, il entre-
prit un journal auquel il donna
son nom. Les }»rincipes qu'y pro-
fessèrent d'abord les rédacteurs
donnèrent h leur entreprise un
grand succès, et procurèrent à
M. Peilel beaucoup d'aisance ;
mais un changement d'opinion
trè.s-prononcé en 1^97, à l'épo-
que (le la lutte du directoire avec
le parti dit de Cliclii, après avoir
donné une sorte d'importance à
M. Perlet dans ce parti, qui
com|lait sur une victoire certai-
ne, détruisit les bases de sa for-
tune par les événemens inatten-
dus des 18 et 19 fructidor (4 et 5
septembre 1798). Compris dans
la liste de dépoitalion du 18,
il parvint d'abord à ^e cacher;
mais découvert et arrêté en 1798,
il fut conduit à Rochefort, et de
là transporté à la Guiane; le 18
brumaire an 8 le rendit à sa
patrie. 11 revint en France, en
passant par l'Angleterre et l'AlIe-
mai'ne , où l'on prétendait qu'il
s'était lié avec quelques roya-
listes, et de retour à Paris, il
y reprit son commerce de librai-
rie; mais manquant de crédit, il
ne put le faire pro-'pérer. Ici com-
mence pour M. Perlet une nou-
velle carrière bien différente de
celle qu'il \euait de parcourir. On
l'a peint c<u)staunnent sans ins-
truction, sans connaissances, sans
aucune espèce d';iptitude; il a-
vait fait une entreprise, que les
rédai |eur^ auxquels il prêtait son
nom, avaient rendue tiès-Incrati-
ve ; mais ces lédacteurs l'entraî-
nèrent peut-être à son insu dans
des jtrincipes qui n'étaient pas les
PER
siens, et on dut le plaindre quand
il fut puni d'une faute qu'il n'a-
vait pas commise; mais il fut mal-
heureux sans cesser d'être hon-
nête homme. jNous allons le voir
bientôt transformé en intrigant,
et lié à des complots qui suppo-
sent beaucoup d'aptitude, et mê-
me de flnesse, qualités qu'on lui
avait jusqu'alors constamment re-
fusées. Nous rapporterons les
faits sans y attacher aucune 0-»
pinion particulière, sans les ga-
rantir, et simplement parce qu'ils
tiennent à l'histoire de l'époque"
où ils (Mit eu lieu. On dit donc que
pour se procurer des moyens de
subsistance, Perlet se fit l'agent
du gouvernement impérial, et fut
admis, en qualité de commis, à
la préfecture de police. C'est a-
lors qu'il noua de nouvelles intri-
gues à l'aide de ses anciens rap-
ports avec les royalistes de l'inté-
rieur. Il fit plus : il ouvrit une
correspondance secrète avec Fau-
che-Borel, qui se trouvait alors
à Londres, en lui faisant croire
qu'il avait réuni à Paris un comi-
té d'hommes puissans, dévoués
au rétablissement du trône des
Bourbons. On lui répondit; on
lui envoya des instructir»ns et de
l'argent, et il servait ainsi la po-
lice royaliste, et la police impéria-
le. (!ui dictait sa correspondance.
Perlet fit un voyage en Angleterre,
fut accueilli, et reçut des instruc-
tions pour l'intérieur. Rentré en
France, il continua de servir les
deux partis, et donna tous ses
soins à faire croire à ses correS-
pondans de Londres , que le co-
mité dont il leur parlait depuis
long-temps, sans l'avoir jamais
fait coDDaîtrÈ, existait réellement,
PER
ft qu'il avait de grands moyens
(l'exéoulion. Des assurances aus-
si positives décidèrent enfin les
royiilistes à envoyer à Paris une
personne de confiance pour s'as-
<uier que les renseignemens don-
nés par Perlet étaient exacts. Le
jeune Vite! , neveu de Fauche-
Borel , se chargea d'autant plus
volontiers de cette mission, qu'el-
le paraissait présenter peu de
dangers. Ne connaissant que Per-
î.'t, n'ayant de recommandation
nue pour lui, ce jeune homme, si
l'on en doit croire Fauche-Borel,
fut livré à la police par une suite
incroyable de perfidies, et fut fu-
sillé quelques jours après son ar-
rivée dans la capitale. Fauche-
Borel , revenu en France à la sui-
te du roi , dans le mois de mai
181 4, prit un logement chez Per-
let, et ce ne fut que six mois après
qu'il assure avoir acquis la preu-
veque son neveu avait été livré par
Perlet. Fauche-Borel publia con-
tre ce dernier une brochure, dans
laquelle il le signalait comme un
traître, et le dévouait à l'exécra-
tion publique. Ceci se passait au
commencement de 1816. Perlet
se prétendit gravement offensé ;
non-seulement il répondit à son
accusateur, mais il l'attaqua lui-
même. Fauche profita de celte
circonstance pour le traduire cora-
rtic calomniateur devant la poli-
ce correctionnelle, et conclut à ce
que les sommes qu'il afiirmaitque
Perlet s'était fait envoyer pour
sauver Vitel lui fussent restituées.
Perlet parut au tribunal, et mon-
tra beaucoup de fermeté pendant
les premières audiences, mais
tout-à-coup il disparut. Ce juge-
nicnl, eu date du 24 mai 181^,
PER
i53
l'a condamné à cinq ans de pri-
son, à 2,000 francs d'amende, et
a ordonné la suppression de sa
brochure, intitulée : Exposé de
via conduite. Perlet se réfugia à
Genève, sa patrie, où il rédigea
un journal ayant pour titre : l'E-
cho de runivers. La troisième li-
vraison de cet ouvrage renferme
une apologie de sa conduite dans
les faits que nous avons rap-
portés.
PERNETY (dom Antoinb-Jo-
seph), que différens auteurs écri-
vent Pernetti, savant et célèbre
bénédictin, naquit à Roanne, dé-
partement de la Loire, le 1 3 février
1^16. La congrégation de Saint-
Maur, à laquelle il appartenait,
l'attacha à ceux de ses membres
qui s'occupaient à l'abbaye de
Saint Germain-des-Prés, de tra-
vaux de sciences et de littérature.
Dom Pernety fut signataire de la
requête que 28 de ses confrères
présentèrent en i^GS, afin d'obte-
nir différentes modifications à la
règle de la congrégation. Il n'at-
tendit pas l'issue de celle affaire,
et se rendit secrètement à Berlin,
où Frédéric-le- Grand le fit son bi-
bliothécaire. Dom Pernety désirait
entièrement se soustraire à la ju-
ridiction de ses supérieurs; il ob-
tint le titre d'abbé in partibiis, et
revint avec celte qualité à Paris.
L'archevêque de Beaumont vou-
lant user de son autorité poiir le
faire rentrer dans son monastère,
dom Pernety se pourvut devant
le parlement, qui, par un arrêt,
l'autorisa \ rester maître de ses ac-
tions, c'est-à-dire à vivre libre el
hors de la dcpendaiice de la con-
grégation. Ce savant mouriil en
1800. Il s'était retiré à Avignon,
i54
PER
et s'y était affilié aux associations
franchos-uiaconniques. On distin-
gue panui ses nombreux ouvra-
ges : 1° traduction du Cours de
mathématiques de IVolf, in-8° ,
*747j ^° Manuel du bénédictin,
1754, in-8"; 5° Dictionnaire de
peinture , sculpture et gravure,
1767, in 12; 4° f(tbles égyp-
tiennes et grecques, dévoilées et ré-
duites au même principe, avec une
explication des. Itiérogfyphes et de
la guerre de Troie, X758, 3 volu-
mes in-S", 2' édit., 1786, ouvrage
curieux et recherché de toutes les
personnes qui s'occupent de la
science hermétique, parcequeTau-
teur prétend trouver les allégories
et les secrets de celte science dans
les ouvrages d'Homère; 5° Diction-
naire mytho-liermétique, i7'î8,
iiJ-8"; 6° Discours sur la physiono-
mie et les avantages des connaissan-
ces ptiysiognomiques, Berlin, 1769,
in-8"; 7° Journal historique d'un
Voyage aux lies Ma!ouines,en 1 743
et 1764» Berlin, 1767, 3 vol. in-8°;
8" Histoire d'un voyage aux lies
Malouines, nouvelle édition, re-
fondue et augmentée d'un Dis-
cours préliminaire, Paris, 1770,
in-S"; 9° De l' Amérique et des A-
inéricains , ou Observations curieu-
ses du philosophe la Douceur, qui
a parcouru cet hémisphère pendant
la dernière guerre, en faisant le no-
ble métier de tuer les hommes sans
les manger : cet ouvrage, imprimé
à Berlin eu 1771, in-8°, et attribué
par quelques personnes à Nicolas
Bonneville, est dirigé contre les
recherches de Paw ; 10° Con-
Jiaissance de l'homme moral par
celle de l'homme physique , Berlin ,
1776, grand in-8°; 11" Les vertus,
le pouvoir, la clémence et la gloire
de Marie, mère de Dieu, Paris,
PER
1790, in-8"; 12* une traduction en
français de YHistoire des merveil-
les du ciel et de l' enfer, et d.es terres
planétaires et australes, du latin
d'Emmanuel de Swedenborg,
Berlin, 1784, in-8". Il avait tra-
vaillé au 8* vol. diiGallia cliristia-
na, à une traduction de Columel-
le,et avait mis en ordre les ambas-
sades de la maison de Noailles,
ouvrage commencé par l'abbé de
Vertot; enfin il a donné un grand
nombre de Mémoires aux recueils
académiques de Berlin.
PERNETY (le vicomte Joseph-
Marie) , lieutenant -général d'ar-
tillerie, conseiller-d'état, grand-
croix de la légion -d'houneur,
chevalier de Saint-Louis, et de
plusieurs ordres étrangers, est
fils de Jacques Pernety , directeur
des fermes générales, et ex-con-
seiller privé des finances de Fré-
déric 11, dont était bibliothécaire
son frère D. Pernety, savant bé-
nédictin {^ûoy. l'article précédent),
est né en 1706, à Lyon. Il termi-
na ses études à l'école militaire
de Tournon , et fut nommé offi-
cier d'artillerie en 1785. Capitai-
ne en 1791,11 fit sa première cam-
pagne à l'armée des Alpes , et
passa, en 1793, à l'armée d'Italie.
Il se distingua à la défense du
Belvéder et à la prise de Saorgio.
En 179'i, il devint directeur du
parc de siège de Mantoue, et en-
suite commissaire pour recevoir
l'artillerie de cette place. Il prit
part aux batailles de Bassano, Aréo-
le et Rivoli : à celte dernière il fut
nommé chef de bataillon. En
1 799, il reçut le commandement
de l'artillerie de l'expédition d'Ir-
lande, sous les ordres du général
liardy, et fut fait prisonnier sur le
vaisseau le Hoclie, à la suite d'un
PER
combat meurtrier. Echangé peu
de temps après, il commanda l'artil-
lerie fie la division AVatrin, qui, la
première, passa le mont Sainl-
Bernard; il se trouva aux batailles
de Castoggio et de !Vlarengo,el fut
désigné, à la suite de cette bataille,
pour recevoir des Autrichiens, en
qualité de commissaire , l'artille-
rie d'Alexandrie. Nommé, en 1802,
colonel du 1" régiment d'artille-
rie à pied, il commanda l'artille-
rie de l'armée d'Helvétie, et fut
promu au grade de général de
brigade en i8o5. Chef de l'état-
major-général de l'artillerie de l'ar-
mée des côtes de l'Océan, qui de-
vint grande -armée d'Allemagne,
il se trouva aux batailles d'UIm,
d'Austerlitz etd'Iéna, et fut nom-
mé commandant de la légion-
d'hooneurle 5 mai 1807. Envoyé
en Silésie, pour y conjmander
en chef l'artillerie dont le person-
nel était presque tout composé de
Bavarois et de Wurlembeigeois ,
il contribua clïïcacement à la
prise des diverses places, et reçut
dans la même année (1807) le
grade de général de division, et,
du roi de Bavière, la croix de com-
mandeur de l'ordre royal et mili-
taire de Maximilien. L'Autriche
ayant repris les arme.s, le général
Pernety eut, en 1809, '^ comman-
dement de l'artillerie du 4" corps
sous les ordres du maréchal Mas-
séna ; il fut, lors de la prise de
Vienne , chargé d'organiser et de
faire jeter sur le Danube les ponts
de bateaux nécessaires pour s'em-
parer de l'île de Lobau. Après la
bataille d'Essling, iî commanda
l'artillerie dans l'île, quil fit en-
tourer de nombreuses batteries,
et disposa l'établissement des ponts
de sortie. A Wagram, il reçut des
PER
i55
éloges publics du maréchal Mas-
séna, et devint, quelque temps a-
prés, grand -officier de la légion-
d'honneur. La paix ayant été si-
gnée, il fut chargé de tracer les
limites entre l'Autriche et la Ba-
vière, et reçut à cette occasion
la graud'croix de l'ordre militaire
de Maximilien. Il eut, en 1811,
le commandement en chef de
l'artillerie du corps d'observation
de l'Elbe, qui devint le 4' corps
de celte grande-armée, victorieu-
se dans les batailles, et vaincue
par les élémens. Le général Per-
nety commença la célèbre batail-
le de la Moskowa avec trente bou-
ches à feu dirigées contre les re-
doutes russes, dont il seconda la
prise concurremment avec l'ar-
tillerie de la garde. Il ramena
presque toute son artillerie jus-
qu'au - delà de la Bérésina ; mais
bientôt, hommes et chevaux, furent
victimes d'un froid de 37 degrés.
En 18 i5, il fut chargé de l'organi-
sation et du commandement en
chef de l'arlillerie de l'armée du
Mein, qui fut réunie à celle venant
de Magdebourg, et qui gagna les
batailles de Lutzen et Baulzen,
où l'artillerie rendit d'importans
services. Il prit part aux batailles
de Dresde, Léipsick et Hanau;
il a été fait chevalier de Saint-
Louis au mois de juin i8i4' Ap-
pelé en i8i5 comme chef de
la division de l'artillerie au mi-
nistère de la guerre, il opéra a-
vec succès la réorganisation de
cette arme. Le général Pernety
fut nommé, en 1817, vicomte et
conseiller-d'état, enfin chevalier de
l'aigle rouge de a" classe. Il a
depuis présidé le comité central
de l'artillerie et fait diverses tour-
nées d'inspection générale. C'est
i56
PER
en 1821 qu'il devint grand'croix
de l'ordre de la légion-d'honnneur.
PEllON (François), correî.pon-
dant de l'in^ttitut, membre de la
sociélé de médecine, de la socié-
té philomatique et de plusieurs
aiiires sociélés savantes, naquit à
Cerilly, département de l'Allier,
le 22 août 1775. Son intelligen-
ce s'annonça dès ses premières
années, par une extrême curiosi-
té, et par un vil" désir de s'ins-
truire. A peine sut-il éjielfr qu'il
prit pour la lecture une telle pas-
sicm, que pour la satisfaire il
employait toutes les ruses que
les tul'ans imaginent ordinaire-
ment pour se livrer au jeu. La
mort d(^ son père le laissa sans
fortune, riKiis sa mère s'imposa
h'.s plus pénibles privations pour
lui faire faire ses études dans le
collège de la petite ville de Ceril-
ly. Llle en fut rligntmenl récom-
pensée par les rapides progrès du
jeune Pérou. Lorsqu'il eut fini sa
rhétorique, on lui conseilla d'em-
brasser l'état ecclésiastique; mais
déjà les esprits se tournaient vers
la politique et la guerre, déjà les
courages s'enflammaient, et la ré-
volution, qui commençait, impri-
mait à tout un mouvement irré-
sistible. Péron ne fut pas insen-
sible à cet enthousiasme général;
il partit, en 1792, pour Moulins,
où il s'enrôla à 17 ans dans le
2* bataillon de l'Allier. Ce bat;ul-
lon fut envoyé à l'armée du
Rhin,etdelàau secours de Landau,
qui était assiégé , et il partagea
bientôt les honorables périls des
braves qu'il venait seconder. Pé-
ron, qui avait été fait sous-olfi-
cier, donna dans ces circonsiar»-
ces des preuves d'une intrépidité
PER
rare et du plus grand sang-froid.
11 fut blessé à la tête penilant
le siège, et après sa levée il alla
avec son corps rejoindre l'armée
du Rhin sous les lignes de Weis-
sembourg. Il fut fait prisonnier
par les Prussiens à la bataille de
Kayserslautern , livrée le 26 dé-
cembre 1795, et conduit d'a-
boid à Wesel, puis à la citadelle
de Magdebourg. Péron mit à profit
l'inaction forcée à laquelle il était
condamné ; il employa l'argent
qu'il avait pu conserver, à se pro-
curer (les livres, et il se livra à
rétude des historiens et des voya-
geurs , se détournant à peine de
son travail pour prendre quelques
momens de sommeil. Échangé 5
la fin de 1 794, il se rendit à Thion-
ville, où il reçut son congé de
réforme, motivé sur ce qu'il avait
perdu l'œil droit par suite de ses
blessures. 11 revint à Cerilly au
mois d'août 1795, et après avoir
passé quelques mois dans sa famil-
le, il sollicita et obtint du minis-
tre de litilérieiir , une place
d'élève à l'école de médecine
de Paris , où, pendant 3 ans , il
suivit les cours de l'école. Mais
une seule branche des sciences
ne pouvait sufTire à l'ardeur qui
le portait vers l'étude : il continua
à se livrer à la poésie, pour la-
quelle il avait toujours montré
du goût; il voulut aussi tout à la
fois cultiver les différentes parties
de l'histoire , la géographie et la
jurisprudence, qui s'y rattachent
souvent. 11 apprit en outre les
mathématiques , l'astronomie , la
physique et la chimie. L'étude des
langues nefut pour lui qu'un délas-
sement, et il se rendit bientôt fatni-
liers le grec, l'italien, l'anglais et
PER
l'espagnol. Jusqu'alors la méde-
cine était restée son objet princi-
pal ; l'histoire naturelle vint s'y
joindre ; il conclut pour elle au-
tant de passion que pour la mé-
decine ; et après avoir assis-
té aux cours de zoologie et d'ana-
tomie comparée du muséum d'his-
toire naturelle , il devint égale-
ment familier avec ces deux scien-
ces. La rapidité de ses progrès et
l'étendue de ses connaissances en
médecine allaient le faire recevoir
docteur, lorsqu'une circonstance
particulière le détermina à renon-
cer à son projet. Le gouvernement
français venait d'ordonner une
expédition pour les terres austra-
les. Deux vaisseaux , le treogra-
phe et le Naturaliste, commandés
par le capitaine Bandin , déjà ar-
més au Havre, n'attendaient que
les dernières instructions du mi-
nistre. Pérou demande à être em-
ployé dans celte expédition, mais
le nombre des savaus est corqir
plet ; il s'adresse, à iVl. de Jussieu,
l'un des commissaires chargés du
choix des naturalistes, le prie de
solliciter pour lui, et lui dévelop-
pe avecchaleur son plan, ises vues
et ses moyens. M. de Jussieu,
qui n'a pu l'entendre sans éton-
uemenl et sans émotion , lui
conseille de faire un mémoi-
re, dans lequel il exposera ses
motifs , et quelques jours a-
près, Péron lit à l'institut un mé-
moire sur la nécessité d'attacher
à l'expédition un médecin nalu-
rali>le, spécialement char}?é de
faire drs recherches sur l'anthro-
pologie, ou histoire de Thom-
me; cet écrit réunit Ions les .-uf-
frages, et Péron obtint du minis-
tre sa nomination à une place de
7-oologiste. Après avoir employé
PER i57
le peu de jours qui lui restent
jusqu'au départ de l'expédilion, à
recevoir des instructions de MM.
deLacepède,Cuvieret Degerando,
Péron va à Cerilly prendre congé
de sa mère, et se rend au Havre,
où il s'embarque sur le Géographe.
Les deux vaisseaux mirent à la
voile le 19 octobre 1800. Dès ce
moment commença entre Péron
et Lesteur (voy. ce nom) une a-
mitiéqui ne s'est jamais démentie.
Ces deux amis mettaient leurs
travaux en commun. Lesueur
dessinait ce que Péron décrivait;
ils s'entendaient sur tout, et ja-
mais l'un deux n'a cherché à se
l'aire valoir aux dépens de l'autre.
Le jour même de son arrivée à
boni , Péron commença des ob-
servations météorologiques, qu'il
répéta constamment, d(! 6 heu-
res en 6 heures, pendant la durée
du voyage. Il lit sur la températu-
re de l'Océan ces belles expérien-
ces qui démontrent que les eaux
sont plus froides dans le fond
qu'à la surface, et qu'elles le sont
d'autant plus que la profondeur
est plus grande : résultat qui,
réuni à ceux des expériences de
Forster et de Irwing, conduit à
des conséquences importante»
pour la physique générale. En
approchant de l'équateur, la phos-
phorescence de la mer attira son
aHeiilion, Ce phénomène avait
souvent été observé par des voya-
geurs ; mais ils n'avaient pas en-
core vu l'Océan présenter l'as-
pect du ciel pendant une aurore
J)oréale : on aviince, et l'on recon-
naît que celte lumière est due à
une multitude innombrable d'a-
nimaux qui ressemblent à de»
charbons ardens ; on en pêche
plusieur.^, qui, après avoir pri*
i58
PER
successivement toutes les couleurs
de l'arc-en-ciel, et brillé de l'éclat
le plus vif, finisseut par s'obscurcir
insensiblement. L'impression que
ce phénomène fit sur Péron le
détermina à étudier plus par-
ticulièrement les zoophytes, et
pendant tout le voyage, Lesneur
et lui furent tour-ù-tour pen-
chés sur le côté du vaisseau
pour recueillir les espèces qu'ils
pouvaient apercevoir. Après cinq
mois de navigation, il arriva a
l'île de France : c'étaitlà qu'on
devait prendre les objets néces-
saires pour aller aux terres aus-
trales; mais par l'elVet de la plus
coupable spéculation, au lieu de
se pourvoir d'abondans rat'raîcbis-
scmetis, on n'euibarqua qu'une
petite quantité d'alimens détério-
rés, |tltis capables de nuire que de
soutenir les lorces. Justement el-
frayésde l'avarice du commandant
de l'expédition, et redoutant les in-
dignes traitemens auxquels les a-
vait déjà exposés sa dureté, plu-
sieurs uliicier?, naturalistes, pein-
tres , et quarante des meilleurs
matelots, restèrent dans l'île, se
hâtant d'abandonner un chef dont
l'avarice fait craindre la famine
pendant le cours d'une longue
navigation. Péron ne pouvait s'a-
veugler sur l'aÛVeuse perspecti-
ve qui se présentait, mais sa re-
solution n'en fut point ébranlée;
il se rallie au petit nombre d'hom-
mes couiageux, restés fidèles à
leur premier dessein, tous s'unis-
sent par les liens d'une indissolu-
ble amitié, loua jurent de se
prêter un mutuel secours. Ils
partent dans cette généreuse ré-
solution , et , quoique encore
dnns le port , ils éprouvent
PEU
dl'y, les effets d'un dénue-
ment presque absolu : triste pré-
lude et principale source des mal-
heurs qui devaient les accabler
par lasuile! Nous ne suivrons |)as
Pérou dans les détails de son
voyage, mais nous croyons devoir
nous arrêter un monjent dans les
lieux qui furent le principal théâ-
tre de ses observations. En par-
lant de l'Ile-de-France , on se di-
rigea vers la pointe la plus occi-
dentale de la Nouvelle-Hollande,
et l'on mouilhi dans une baie qui
reçut le nom de Baie du Géo-
graphe. On remonta ensuite la
côte occidentale, où l'on fit plu-
sieurs relâches, et l'on se rendit
à Timor : c'est essentiellement
au séjour que Péron fit dans
cette île qu'on doit son travail
sur les mollusques et les zoo-
phyles. La mer est peu profonde
sur sur cette côte; il passait la
plupart des journées sur le rivage,
^'enfonçait dans l'eau au milieu
des récifs, toujours au péril de
sa santé et même de sa vie, et ne
rentrait que le soir chargé d'une
nombreuse (olkclion, qu'il exa-
nn'nait avec Lesueur. L'espoir
d'échapper au scorbut, qui tour-
mentait l'équipage , avait fait
relâcher à l'île de Timor ; mais
le séjour de cette île funeste
produisit à la place de ce terrible
scorbut une dyssenterie plus cruel-
le encore. Péron voit bientôt suc-
comber ses camarades, ses amis,
malgié le zèle et les soins de MM.
L'Hatidon , Bellefin et Taillefer,
médecins de rexpédilion. Remar-
quant que les habitans de l'île é-
chappaient â l'influence du cli-
mat, Péron en rechercha la cause,
et la trouva dans l'usage qu'ils
font de belel. En quiitant Timor,
l'expédition se dirigcii vers le cap
Sud de ia terre de Diemen. Après
avoir reconnu la partie orientale
de cette terre, elle entra dans
le détroit de Bass , et elle sui-
vit la côte méridionale de la
Nouvelle-Hollande. Nous ne retra-
cerons pas ici le tableau des ra-
vages que le scorbut exerça sur
des corps (.xténués par la famine
et la dyssenterie, il nous suiïira
de dire que lorsque le Géographe
arriva au port Jackson , il n'y avait
plus que 4 hommes de l'équipage
en état de fiire le service. Loin de
se livrer an repos, Pérou profile
de son séjour dans cette colonie
pour continuer ses recherches de
physique et d'histoire naturelle;
il étudie le régime civil et politi-
qued'un établissen)ent où ùe^ lois
à la fois s.iges et sévères, et la
nécessité du travail, ont changé
des brigands, chassés de leur pa-
trie, en utilfs cultivateurs ; où des
femmes jadis perdues de débau-
che ont fait oublier leur ancien a-
vilissement , et sont devenues de
laborieuses mères de famille. Aj)rès
le départ du port Jackson , d'où
fe Naturaliste avait été renvoyé en
France, une navigation non moins
périlleuse restait à exécuter. Il
fallait examiner les îles situées à
rentrée occidentale du détroit de
Bass, suivre de nouveau !es côtes
de la Nouvelltt-Jtlollande, et en
faire le tour j)our entrer dans le
golfe de Carpentarie. Les dangers
se multipliaient ;\ chaque instant
sur ces côte> inconnues et héris-
sées de récifs; ils étaient plus
grands encore pour les naturalis-
tes, qui saisissaient toutes les oc-
«asions de s'enfoncer dans 1 inté-
PER i59
rieur des terres. Péron déploya rni
courage et une activité inconce-
vables. 11 allait chercher les sau-
vages, sans s'efiVayer de leur per-
fidie et de leur férocité; il recueil-
lait un grand nombre d'animaux
de toutes les classes, et ne négli-
geait rien pour examiner leurs
habitudes, et reconnaître ceux qui
pouvaient offrir une ressource aux
navigateurs, ou qui étaient sus-
ceptibles d'être naturalisés en Eu-
rope. Des cinq zfiologistes embar-
qués, deux étaient restés à l'Ile-
de-France, deux étaient morts;
Péron se trouvait chargé, avec Le-
sueur, d'un immense travail, et ils
suilirent à tout. Uniquement oc-
cupés du but qu'ils se proposaient,
ils comptaient pour rien les priva-
tions. Peu de temps après le départ
de limor, le capitaine ayant refu-
sé les liqueurs spiritueuses abso-
lument nécessaires pour la conser-
vation des mollusques que Péron
ramassait, Lesueur et lui se privè-
rent, pendant tout le voyage, do
la portion d'arack qui leur était
accordép poilr leur boisson , et ils
firent partager leur enthousiasme
à leurs amis MM. Freycinet frè-
res, Ransonnet et Montbazin, qui
consentirent à faire le même sa-
crifice. C'était surtout au milieu
des dangers que Péron montrait
l'énergie de son caractère. Pen-
dant la tempC'te, aidant aux ma-
nœuvres eomme im sim[»lc mate-
lot, il observait aussi |)aisil)lement
que s'il eût été sur le rivage. Au-
cun événement ne détournait son
attention , et il -avait mettre à
profit toutes les circonstances.
Etant descendu à l'île King, avec
Lesueur et quelques natiiralistca,
un coup de vent cha':sa le vaisseau
i6o
PER
fn mer, et pendant quinze jours
ils ne l'aperçurent plus. Le calme
de Péron n'en fut point altéré : ii
continuait ses recherches , sans
s'inquiéter de l'avenir dont il était
menacé. Pendant son séjour dans
cette île, où la plus magninque
végétation n'offre rien qui puisse
servir à la nourriture de l'homme,
sans abri , et malgré la violence
des vents et de la pluie , il recueil-
lit plus de 180 espèces de mollus-
ques et de zooph^Mes. Lors de sa
dernière relâche à Timor, Péron
compléta ses premières obser-
vations sur cette île. Seul avec
Lesueur, il osa aller à la chasse
de ces énormes crocodiles, objets
de terreur et de vénération pour
les habitans, et, sans aucun aide,
ils tuèrent un de ces animaux, le
dépouillèrent , et préparèrent le
squelette qui est aujourd'hui dans
les galeries du Muséum. Les vents
s'étant opposés à ce qu'on pût
aborder à la Nouvelle-Guinée et
entrer dans le golfe de Carpenla-
rie, l'expédition revint à l'Ile-de-
France, où, pendant un séjour de
cinq mois, Péron étudia les pois-
sons et les mollusques, et en re-
cueillit beaucoup d'espèces nou-
velles. On fit encore une relâche
au (<a|)de Bonne-Espérance; il en
profita pour examiner la confor-
mation singulière d'une tribu de
Hottentots nommés Boschismans,
dont quelques-uns se trouvaient
par hasard au C;ip. Knfin , après
ime absence de 3 ans et 6 mois, il
débarquai! Lorient, le;; avril 1804»
et se rendit à Paris. Il employa
quelques mois à mettre en ordre
ses collections , qui furent dépo-
sées au Muséum , puis il se rendit
yuprèsde sa mère à Cerilly. L'état
de sa santé, affaiblie par de lon-
gues fatigues, et surtout par le
germe de la maladie qui s'est dé-
clarée depuis, lui rendait le repos
rigoureusement nécessaire; mais
apprenant bientôt qu'on cherchait
à persuader au gouvernement que
le but de l'expédition était man-
qué, il revient à Paris, se rend
chez le ministre de la marine; là ,
avec autant de modestie que de
fermeté , il expose ce que ses
compagnons avaient fait pour la
géographie , la minéralogie , la
botanique; il présente l'énuinéra-
tion des objets qu'il avait rappor-
tés , des dessins exécutés par son
ami Lesueur; il ne parle qu'en
passant des dangers qu'il a cou-
rus et des sacrifices qu'il a faits
pour augmenter la collection. On
lai adresse des questions auxquel-
les il répond avec netteté, et l'im-
pression qu'il produisit fut telle
que le ministre lui promit de faire
rédiger la partie nautique du voya-
ge par M. L. Freycinet, et l'a-
dressa à M. de Champagny, mi-
nistre de l'intérieur, pour la par-
tie historique. Le même succès
l'attendait chez ce dernier : il y fut
accueilli de la manière la plus
flatteuse, et il fut chargé de pu-
blier la relation du voyage et la
description des objets nouveaux
en histoire nalurelhî, de concert
avec son ami Lesueur. Il résulte
du rapport rédigé par M.Cuvier,
au nom de la commission nom-
mée par riustitut, pour examiner
la collection déposée au Muséum
par Péron el Lesueur, que cette
collection contient plus de 100,000
échantillons d'animaux, parmi les-
quels on a découvert plusieurs
genres; que le nombre des espè-
PER
ces nouvelles s'élève à plus de
35oo,et que ces ileux naturalistes
ont eux seuls fait connaître plus
d'animaux que tous les naturalis-
tes-voyageurs de ces derniers
temps. Cependant la maladie de
poitrine dont Pérou était atta-
qué, faisait des progrès elfrayans;
elle fut encore aggravée par le
chagrin que lui causa la mort de sa
mère. Jugeant lui-même son miU
incurable , et cédant néanmoins
aux ( onseils de MM. Corvisart et
Réraudren , qui l'angagèrent ù
passer un hiver à Nice, il entre-
prit ce voyage. La douceur du cli-
mat parut le rétablir; dès- lors il
se livra avec uncnouvelle ardeur
à la continuation de ses recherches
sur les mollusques et les poissons,
el à répéter ses expériences sur la
température de la mer à diffé-
rentes profondeurs, sans toutefois
se faire illusion sur le bien-être
qu'il éprouvait, s'applaudissant
seulement d'avoir quelques mois
de plus à travailler. De retour à
Pai is. il retomba bientôt dans une
situation pire que celle où il était
ayant son départ. Voulant finir ses
jours dans la ville (pii l'avait vu
naître, il se rendit à Cerilly, où il
mourut à 55 ans, dans les bras de
Lesueur, le i4 décembre 18 lo.
Pérou avait de la force dans l'es-
prit, de la viva(;ité dans le caractè-
re, une extrême franchise, et sur-
tout un cœur excellent. SesalVec-
tions étaient solides et durables :
jamais il n'oublia leplus léger ser-
vice; jamaisil ne cruls'être entiè-
rement acquitié de ceux qu'il a-
vait reçus. 11 joignait une grande
modestie au sentimentqu'il devait
avoir de ses for< es. Son esprit
embrassait de front l'étude de
PER if)i
toutes les sciences. 11 lui eût été
facile de profiter pour sa fortune
de la faveur dont il jouissait au-
près des premiers fonctionnaires
de l'état, mais il ne demanda ja-
mais aucune place; ou lui en of-
frit même d'importantes après
son retour, il les refusa dans lu
crainte d'être détourné de ses tra-
vaux favoris. Peut-on calculer ce
qn'aurait su produire un génie
aus^i actif, aussi lumineux et aus-
si profondément observateur, si
la mort ne l'eût pas arrêté dès le
commencement de sa carrière! Le
genre de cet ouvrage ne nous per-
met pas de donner ici une analyse
des mémoires que Pérou a lus à
l'institut, au muséum, à la société
de n)édecine, et à la société philo-
matique de Paris; de signaler les
faits nouveaux, les résultats posi-
tifs, les vues lumineuses que ren-
ferment ces mémoires: nous nous
bornerons à indiquer le sujet de
quel(pies-uns : i" Observations
sur l' Anthropologie, Paris, an 8;
2° Sur la force physique des Sauva-
ges, comparée acelleùcs Européens,
imprimé dans le 1" vol'ime de
la relation du voyage; 5" Obser-
vations sur les maladies des pays
chauds et sur C usage du hetel ,
joonial de médecine, chirurgie
el pharmacie , par MM, Corvi-
sart, Leioux et Boyer, tome 9,
page 57; [{"Notice sur quelques ap-
plications de la méléorologie à l' hy-
giène navale dans le Bulletin des
sciences mtMJicales, avril 1808; 5"
Sur la température de la mer, soit
à sa surface, soit à diverses pro-
fondeurs (annales du muséum
d'histoire naturtdle, cahier 2G,
page 125); G° Sur quelques faits
zoologiques applicables a la théorie
idl
PER
du globe', Sur le nouveau genre
pyrosonia (annales du muséum,
cahier 2^, pag. /|5;): Sur l'habita-
tion des animaux marins, mémoire
dans lequel il prouve qu'aucune
espèce de ces animaux n'est véri-
tablement cosmopolite. Il a publié
en outre avec Leisnenv.i'' Histoire
générale et particulière des inédù-
ses,\n-Y> '^"Sur les méduses du gen-
re équorée (annales du muséuiti).
On peut reprocher à Pérou d'a-
voir quelquefois employé diuis
la relation du Foyagc aux terres
australes, un luxe de style qui
ne convient pas à la simplicité d'u-
ne narration; mais aucun voya-
geur, si l'on excepte George Fors-
ter, ne s'est autant appliqué à sai-
sir les caraclères physi(|ues et
moraux qui distinguent les dift'é-
rentes peuplades, à marquer le
rapport qui se trouve entre leur
organisation, leurs mœurs et leur
intelligence, et il a sur le natura-
liste anglais l'avantage de s'être
garanti de tout esprit de système.
Il y a dans cet ouvrage des mor-
ceaux descriptifs qui sont d'une
beauté remaïquable et dignes de
la plmne de Buffon, entre autres
le tableau des sauvages de la
terre de Diemen. Nous devons
aux notices de i\lM. Alard et
Deleuze les matériaux de cet ar-
ticle.
PERPONCHEK (W. E. de),
littérateur • hollandais, a donne,
«[uoiqu'il ne fût point théologien
de profession, plusieurs ouvrages
de théologie et de morale, parmi
lesquels on cite ses Observations
sur les épitres de Saint Paul, et,
avec des notés, une traduction
hollandaise de la version de l'An-
cien-Testaraent faite par Michaë-
lis. U a aussi publié un recueil
PEU
de poésies hollandaises, qui a prt-
ru à Utrecht eu 1808, in-8°. Eu
18 13, le général iMoIitor, qui a-
vait alors sou quartier- général
dans cette ville, l'envoya comme
otage à Paris. Perponcher mourut
à Utrecht en 1819, dans un âge
fort avancé.
PERPONCHER (le baron H.
de), neveu du précédent, lieute-
nant-général au service du royau-
me des Pays-Bas, ét;rif , en 1792,
capitaine au régiment des dra-
gons de Byland, et en 179^, adju-
dant du prince d'Orange Frédéric;
il passa avec S. A. au service
d'Autriche après les événemens
de «795, partagea ses dangers
dans plusieurs affaires engagées
contre les troupes françaises, et
assista, en 1799, aux derniers
momens de ce prince , si regretté
des Hollandais, et dans lequel le
parti stadhoudérien perdit alors
son principal appui. M, de Perpon-
cher passa ensuite au service de
l'Angleterre, cl se trouva i'i la cé-
lèbre bataille d'Alexandrie en E-
gy[>te. En i8i3, il fut avec M.
Fagel , membre de la députalion
adressée par le gouvernement
provisoire au prince d'Orange,
depuis roi des Pays-Bas , pour
l'inviter à acccfiler la couronne.
Le j)rince devenu roi, lui confia
depuis plusieurs missions. Lieu-
tenaul-général en 181 5, M. de
Perponcher soutint à Frasnes, le
i5 juin, le choc du maréchal Ney,
qui attaquait la position des Qua-
Ire-Bras. Il combattit aussi à Wa-
terloo, où il obtint la croix de
commandciu' de l'ordre militaire
de Guillaume. Depuis il fut en-
voyé à la cour de Berlin, en qua-
lité de ministre du roi des Pays-
Bas, et reçut du roi de Prusse
PEIV
l'ordre de l' Aigle-rouge. II épousa
<*ii iHi() la ctjiiilesse de Reede ,
danie-dliomicur de la reine de
Pruîise.
PEUUAULÏ (A.), membre de
la société des Jacobin» de Pa'ris ,
y lut dénoncé en 17945 pour a-
voir diTeiidu une i'enune noble.
Celle dénonciation n'eut pas de
î-uiles, et quelques jours après ,
il signala dans un discours les
♦'rimes du gouvernement anglais.
Désarmé et incarcéré comme ter-
roriste par l'assemblée générale
de la section de la Fralernité., a-
près le () thermidor an 2 (u8 juil-
let i79.,'|),il lut ensuite mis en
liberté, et réarmé an i3 vendé-
miaire an 4 (5 octobre ijgS), par
ordre du comité de sûreté généra-
le. Après )'explosif>n de la machi-
ne inlérnale, 5 nivôse an 9(24
décembre iSoo), Perrault fut
iléporté, et mourut en Afrique.
PERKEAU (Jean-André), hom-
me de lettres, membre du tribu-
nal, inspecteur- gt;uéral dts écoles
de droit, etc., naquit a Nemours,
tlépartemenl de Seine et-Marne,
le 17 avril 1 749« H fit de buruies
éludes, et débuta dans la canicre
littéraire, en 1771, par le drame
(le Clarice, dans lequel se font re-
marquer des situations intéressan-
tes, mais l'ouvrage est en général
troidement écrif. Il a donné de-
}>uis : I" Lettres illinoises , Paris,
1792, in-K"; 1" Eientens de l'/iis-
Ivire des anciens peuples, Paris,
1775, in-t!"; 5" Eloge du cimiice-
lier de l'Hôpital, Paris, 1777, in-
8"; 4* Miirim ^ ou te Sage à la
fflur, Neufchâtel, 1781, in-8"; 5"
le liai voyageur, ou examen des
ulius de l'administration de la Ly-
die, Londres, 1784; 6° Instruc-
tion du peuple, J786, in-ia; 7°
PER
165
Théorie des sensations (consulter le
Magasin encyclopédique de tMil-
\\n),^° (]n;?, Contes, Epitres, et au-
tres poésies, qui otïrent des détails
agréables et un style facile. Per-
reau adopta avi c sagesse les prin-
cipes de la révolution, et fut, en
1791, rédacteur de la feuille inti-
tulée : le Vrai citoyen. Nommé,
en décembre 1799, professeur à
l'école centrale du Panthéon, puis
professeur suppléant du droit de
la nature et des gens, au collège
de France, il entra au Iribunat
en 1801, y vota dans le sens du
gouvernement , et se pnuionoa
pour l'établissement des tribu-
naux spéciaux criminels. Il pré-
senta comme rapporteur, lors de
la discussion du Code civil, les li-
tres de Vadoplion et de Vusufruil.
Elu secrétaire le 20 août i8o5, et
président le 25 septembre de la
même année, il sorlit de l'assem-
blée en 1804, et fut nommé pres-
que aussitôt inspecteur- général
des écoles de droit. Perreau mou-
rut au mois de juillet 18 13. On
lui doit, outre les ouvrages que
nous avons cités, des Considéra-
tions physiques et morales sur
l'homme dans les quatre âges, 3
vol. in- 8°, Paris, i8o3, dont il
avait fait hommage au tribunal en
1802, et un Traité sur la législa-
tion naturelle, dont Chénier parle
avec éloge dans son Tableau histo-
rique de l'état et des progrès de la
littérature en France, depuis 1789.
« C'est, dit Chénier, Fouvrage
«d'un écrivain sage et d'un bon
» citoyen. »
PERREAU DE MAC NIES
(Loms-ilEiNRi-AiMÉ), membre de
la chambre des représentans et
de la chambre des députés, est né
ù La Châtcigneraie, département
i64
PEU
de la Vendée, le i5 avril i^^S. Il
tut le témoin des discordes civiles
qui agitèrent si long-temps les
départeniens de l'Ouest, et apprit
à en détesli'r le funeste princi-
pe, en voyant tous les malheurs
<jui les suivirent. Son expérience
et sa modération surent pendant
près de lo ans, de i8o5 à i8i5,
qu'il exerça la première autorité
municipale de sa ville, éloigner
de ses administrés, les haines et
les troubles. En 181 5, il fut porté
à la chambre des représentans ,
par les suffrages de ses concitoyens
de la Vendî-e. On le vit pendant
la courte durée de cette assem-
blée , prendre part à toutes les
mesures qui avaient pour objet de
préserver la France des malheurs
dont la menaçait la seconde
invasion étrangère. En 1818, le
dép.irtemont de la Vendée le
nontma membre de la chambre
des députés : sa place était mar-
quée au côlé gauche, et il y fut
fidèle. Dans la session d(! 1S18 à
i8iM,il s'inscrivit contre la résolu-
lion de la chambre des pairs, re-
lative à la loi des élections; de-
manda des explications sur une
sonm)e de i 5o,ooo fr. employée
pour dépense secrète, dans l'ar-
riéré des all'aires étrangères; pro-
posa de retrancher dans la [)artie
du budget relative aux pouls et
chaussées, utu'somtne de4>'>o,ooo
fr. portée connue fonds de ré-
serve, et qui lui send)hiit n'avoir
été inscrite que pour former la
somme de 5o millions; enfui, il de-
manda que l'enltelieu des églises
cathédrales lui à la charge des com-
munes. Dans la séance du 19 juin,
il fait reniar<juerj en réponse
oux observations du garde-des-
PE1\
sceaux contre les pétitions en fa-
veur des bannis, que la première
parvenue à la chambre, a été a-
dressée par la ville de Fontenay;
que cette pétition , en faveur du
comte de Lapparent {voyez Co-
chon), est revêtue des signatures
de beaucoup de chevaliers de
Saint- Louis, et, entre autres, de
celle <!u Régulas français, M. Hau-
dendine, dont parle M°" de La
Roche- Jacquelein dans ses Mé-
moires sur 1 insurrection de la
Vendée. Il s'oppose à l'établisse-
ment de la caisse de Poissy, et
surtout contre le droit qui s'y
perçoit au profit de la ville de
Paris, comme illégal, inconstitu-
tionnel, et contraire aux dr(»i{s et
à la liberté du conunerce. M. Per-
leau de Magnies combat, le i5
avril i8iy, dans la session de cet-
te armée à 1820. plusieurs parties
des comptes aniérieurs à l'exer-
cice de 1819; il signale des er-
reurs et demande ditïV-rens éclair-
cissemens; le 16 juin, lors de la dis-
cussion du budget, il veut qu'on
emploie une partie des fonds du
clergé à remplir les succtirsales
vacantes; fait différentes observa-
tions sur l^espiit du clergé catho-
lique, qu'il ne trouve point en
harmonie avec les intérêts nou-
veaux consacrés par la charte, et
teiiniue par demandi-r comment
24 niis'^innnaiies peuvent coûter
à l'étal 'A,l\o,(>i,<) fr., sans compter
le casuel. Le 26 juin, il propose,
sans .'juccès , une réduelion de
i2.'j.5aofr. sur les pensions pour
les extimUions présumées. Enfin,
il demande, mais cette motion
n'est pas appuyée , qu'on ajoute
'î8o,ooo fr. au chapitre de l'ad-
ministration des monnaies', afin
PER
que l'on s'occupe plus prompte-
inciH (le la refonte des vieux écus.
Sorti en 1823, il n'a point été
réélu aux fessions suivantes.
PERRECIOT(C;LAr de-Joseph),
ancien avocat au parlement de
Besançon et historien, naquit, en
1728, à Roulans près de Beaume-
les-Danies, département du Doubs.
Après avoir terminé ses études, il
se fit recevoir avocat,' devint suc-
ce^sivcmenl procureur du roi près
de la maîtrise de^ eaux et foiêts,
<:l , en 1768, maire de Beaiune.
Ces dernières fonctions lui firent
composer un niémoiie sur l'ori-
gine, l'antiquité et les accroisse-
inens de la ville oi'i il exerçait la
première m a i^istra lu re municipale.
Son travail fut couronné, en 1769,
par l'acadéniie de Besançon , r)ù il
remporta plusieurs autres prix en
se livrant a ditrércnles recliorches
sur les antiquités du comté dcBour-
gopne, et il devint membre, en
1782 , de cette académie , eu mê-
me temps qu'il recevait du minis-
tre Berlin la charge de trésorier
an bureau des finances, A l'époque
de la convocation des éVits-géné-
raux, en 1789, il fut l'un des com-
missaires chargés de rédiger le
cahier des représentations du bail-
liage de Besançon , et , en 1 790 , il
devint membre del'adnjinistration
du déparlenient du Doubs. S'élant
relire dans le canton de Roulans où
il était né, il en fut nommé juge
de paix, en 1792, par les sull'rages
unanimes de >es concitoyens ; in-
carcéré sous le régime de la ter-
reur, il recouvra la liberté après
la révdintion du 9 thermidor an 2
( 27 juillet 1794). Peneciot mou-
rut le 12 février 1798; il a publié:
1° de l'Etat-cieU des personnes , et
PER 105
de ta condition des terres dans les
Gaules , depuis les temps celtiques
jusqu'à la rédaction suisse, Be-
sançon, 1786, 2 vol. 10-8°: une
seconde édition a été faite à Lon-
dres, en 1790, 5 vol. in- 12, sans
la participation de l'auteur. Cet
ouvrage est divisé en huit livres.
Dans le premier, Perreciot traite
de l'état des personnes libres dans
les Gaules, depuis l'invasion des
Romains jusqu'à celle des Fran-
çais; dans le second, de l'escla-
vage des serfs, de leur affranchis-
sement, et enfin de l'extinctjon de
la servitude ; dans le troisièuîe, de
la noblesse: dans le quatrième,
des lètes et des terres létiques.
« L'auteur prétend que les lètes ,
ainsi nonnnés du mot allemand
letliig ou ledis; ( vacant ), étaient
des Gaulois qui , forcés d'aban-
donner leur pays, se réfugièrent,
sous le règne d'Auguste, dans
des cantons inhabités, sur les
bords du Rhin , dont les Romains
b'.iir permirent de cultiver les
terres à la condition de payer
une redtivance annuelle : c'est ;\
ces lèles refoulés dans les Gaules
par les Francs, que Perreciot fiiit
remonter l'établissement du sys-
tème seigneurial au moyen âge,»
Dans le cinquième, il traite de la
main-morte, qu'il regarde comme
une suite de la condition létique;
dans le sixième, de Toiigine des
aleus, los et droits de retrait;
dans le septième, de l'origine des
fiefs; enfin dans le huitième, des
abus de la féodalité qu'il importe
de supprimer. « L'intérêt que Per-
reciot cherchait à exciter en fa-
veur des mains-mortables, qui,
malgré le noble exemple donné
par Louis XVI, subsistaient en-
i66
PEU
eore dans plnsii^iirs provinces,
lui fit ^éprouver des tracasseries
dont il ne put s'empêcher de re-
douter les suites; il nous apprend
lui-même qu'il voulut jeter an
l'eu son livre, dont l'impression
était presque terniinée ; mais que
ses amis le retinrent et l'encou-
ragèrent à lo continuer. » On
trouve à la fin du second volume
de cet ouvrage , fruit do vingt ans
de recherches et de méditations,
une foule de pièces hisloriques ,
entre autres celles d'un procès fait
en 1640, par le juge de Belvoir,
à une pauvre femme accusée de
sorcellerie , et qui fvit brûlée vive ,
après avoirété appliquée à la ques-
tion. Elle avoua dans les tourmens
qu'elle avait été ime fois au sabat,
mais on ne put lui faire déclarer
qu'elle y eût vu quehpies person-
nes de sa connaissance, 2° Obser-
vations mv la (li^scrtalionde l'abbé
de Gourchj, rehitivement à celte
question: Quel fat l'état des per-
sonnes en France sous la preinièi'e
et laseconde race de nos rois? 1786,
iti-,:j° ; ces observations se réunis-
sent à l'ouvrage précédent ; 5° /)/,«-
sertation sur l'étendue des deux
provinces appelées sous lesJiomaius
Germanie supérieure et Germanie
inférieure ; et sur la formation de
celles (ju on nomma ensuite Germa-
nie première , Germanie seconde et
province Séquanoise, insérée dans
{'Histoire (C Alsace, par l'abbé
(irandidier ; 4' Dissertation sur
r origine des Francs , sur l^établis-
sfinent de la monarchie française
dans les Gaules, et sur l'Alsace
ttiuringienne , insérée dans l'His-
toire d'Alsace ; 5° Description his-
torique d'une partie des Doyennés
d'yjjove , Granges et Rougcmont ,
PER
extrait de la dissertation sur le com-
té d'Elsgau, insérée dans V Alma-
naclt de Franche - Comté, année
1788; 6° en manuscrit, une cen-
taine de dissertations sur la Séqua-
nie et pays adjacens. et de nom-
breux matériaux sur l'histoire de
France du moyen âge. Ces manus-
crits sont déposés à la bibliothè-
que de Besancon.
PERRÉbl(.lEAN Baptiste-Emma-
nuel), contre - amiral , naquit à
Sain l-Valery -sur-Somme , dépar-
tement de la Scmmie, le 19 dé-
ceinbre 1761. Son père, qui avait
parcouru la carrière maritime , le
destina à la même profession , et
le fit entrer de très - boiu)e heure
dans la marine marchande, où il
parvint successivement au grade
de capitaine. 11 passa, en 179J ,
dans la marine militaire, en (jua-
lité de lieutenant de vaisseau. Com-
mandant de la frégate la Proser-
pine, il captura dans une seule
croisière 65bâlimens, parmi les-
quels se trouvait une frégate hol-
landaise de 3î>. canons, qui ne se
rendit qu'après un combat vigou-
reux. Ces brillans succès le firent
nnuuner, en 179/4» capitaine de
vaisseau. Il moula alors la Miner-
ve, et, à la lêle de quatre frégates
et de deux corvettes , il alla sur les
côtes d'Afrique détrm're lesétablis-
semens que les Anglais y avaient ;
il s'empara en outre, dans le cours
d(! sa mission, de 54 bâtimens ri-
chement ("barges. Il reçut, eni 795,
l'ordre d'aller reprendre dans la
rade de Tunis une frégate et deux
corsaires que les Anglais avaient
enlevés; il sortit du port de Tou-
lon et réussit complèlenient dans
cette entreprise. En 1798, il fit
partie de l'expédition d'Egypte,
l'ER
en qnalilo de chef de division,
sous les ordres de l'amiral Brneys.
A la suite du désastre d'Aboukir ,
le général en chef Bonaparte char-
gea Perrée de parcourir le Nil ,
afin de concouiir aux opérations
de l'armée. Perrée réunit et arma
im grand nombre de bâtimens lé-
gers, et rendit des services jour-
naliers aux troupes, soit en leur
fournissant des vivres, soit en
transportant de l'artillerie et des
nîunilions sur les points où l'on
n'aurait pu arriver que très-diffici-
lement par terre. Il eut aussi dille-
rens engagemens sur le Nil avec
la flotte dfs Mamelucks, qu'il par-
vint à détruire : succès qui fut ré-
compensé par un sabre magnifique,
sur lequel était gravée cette ins-
cription : d'tm côté , Bataille de
Chébreiss ; et de l'autre. Donné
par le général en chef Bonaparte.
N'ayant sous ses ordres qu'une fai-
ble division, il rendit d'utiles ser-
vicesà l'armée qui assiégeait Saint-
Jeand'Acre,et croisa peudantplus
de six semaines sur la côte de
Syrie, entre deux divisions de l'es-
cadre anglaise. Perrée revenait en
France, et allait rentrer dans le
port de Toulon avec la division de
frégates et de corvettes qu'il rame-
nait, lorsqu'il fut atteint, le 19
juin 1799, P'"' '" fl'^tl^^ ennemie,
qui le poursuivait depuis 28 heu-
re?. Il se défendit vaillamment ;
mais il fut accablé par des forces
supérieures et fait prisonnier. Le
gouvernement français se hâta de
l'échanger, le nomma contre-ami-
ral, au mois de décembre i79î^,
et lui confia la mission de ravitail-
ler Malte. Des vents contraires le
retinrent long-lemps ; enfin il par-
lit, le 10 février i8oo , monté sur
PEIV
167
le Généreux, qu'accompagnaient
une frégate, deux corvettes el une
flûte, portant 0000 hommes, beau-
coup de vivres et de munitions de
guerre. Dans sa traversée, il dé-
truisit plusieurs bâtimens anglais,
et, le 18 du même mois , il était à
la hauteurde Malte, où il comptait
arriver dans quelques heures, lors-
qu'il se vit menacé par quatre
vaisseaux et plusieurs frégates.
Sur-le-champ il donne aux bâti-
mens de sa division le signal d'ef-
fectuer leur retraite. Pour lui , ne
pouvant éviter un combat si dis-
proportionné, il s'apprêta à mourir
avec gloire. II essaie cependant de
se frayer un passage au travers des
quatre vaisseaux, et fond sur le
Foudroyant , monté par l'amiral
Nelson; niais il couîbat en vain :
attaqué i la fois par les quatre
vaisseaux, il est blessé à l'œil gau-
che d'un éclat de bois; néanmoins
il reste à son poste , continue \
diriger les manœuvres avec le plus
grand sang-froid, et fait des efforts
inouïs de courage Un boulet
lui emporte la cuisse droite , et il
meurt avant même que les Anglais
se soient rendus maîtres de son
vaisseau, totalement démâté et dé-
semparé. Le corps du brave Perrée
fut inhumé dans l'église de Sainte-
Lucie, le 21 févner 1800, et ses
armes suspendues au-dessus de sa
tondie . à gauche de l'autel.
PERRblE-DUlIAMEL (Pieree-
Nico^As ) , commandeur de la
légion d'honneur , est né à Gran-
ville le 8 avril )747"> •' <^'l'"t 'né-
gociant et armateur quand la révo-
lution éclata. Nommé, en 1789,
député du bailliage de Coulan-
ces aux états-généraux, il devint,
après la session, maire de sa com-
i68
pEa
mune ; puis en septombve 1795,
député de la Manche au conseil
des anciens, dont il sortit en mars
1799. Au iTiois de déccuibre, il
devint membre du tribunal. Lors
de la suppression de ce corps,
le 19 août 1807, M. Perrée lut
appelé aussitôt aux fondions de
maître des comptes.. Conseiller-
maître en 1816, il avait cessé
d'être porté sur le tableau en
18.7.
PERREGAUX (Alphonse-Clai;-
DE-ChARLES-BeRNARDIN, C(tMTE),
membre du sénat-conservaleur,
né à Neuchâtel en Suisse, était
venu jeune à Paris, et se trouvait
à la tête d'une maison de banque
considérable, à l'époque de la ré-
volution. Les services qu'il avait
rendus à la France en faisant, sur
son crédit particulier, venir des
subsistances de l'éfraiiger, pen-
dant les temps de disette, n'empê-
chèrent point qu'il ne tût arrêlé
comme riche et comme suspect,
en 1795. Mais le comité de salut-
public ayant encore le désir qu'il
se charfîeût de fournitures nouvel-
les, le remit bientôt en liberté à la
condition qu'il pourvoirait le plus
promptement possible aux besoins
qu'on éprouvait. Il se rendit de
suite en Suisse, fit de nombreux
marchés, et crut, après avoir ainsi
employé une grande partie de sa
fortune, pouvoir revenir en tou-
te sûreté à Paris. Il venait cepen-
dant d'y être dénoncé de nouveau,
et le même comité avait décidé
qu'il serait arrêté et livré au tribu-
nal révolutionnaire dès son retour.
Un des employés de la maison Per-
regaux eut |)ar hasard avis de cet-
te mesure, et vola au-devant de son
chef, qu'il rencontra heureuse-
PER
ment en route, et qu'il fit retour-
ner aussitôt à Neuchâtel. Arraché
ainsi à une mort presque certaine,
M. Perregaux ne rentra en Fran-
ce qu'après la chute de Robespier-
re; un de ses premiers soins fut
d'assuier une rente de (5, 000 francs
à celui qui lui avait montré tant
de dévouement, et qui est encore
attaché à la maison de banque Jac-
ques Lafitle et compagnie, une
des plus estimées de l'Europe et
quia continué celle de Perregaux.
Lors de la création du sénat-con-
servaleur, après la révolution du
18 brumaire, M. Perregaux en fut
nommé un des premiers membres
avec le titre de comte. Il mourut
quelques années après. Sa fille a
épousé le maréchal Marmont, duc
dellagiise. — Alphonse-Perregaux,
(le comte de) son fils devint cham-
bellan de Napoléon et épousa en
i8i3 une des filles du maréchal
Macdonald, duc du Tarente. fen-
dant les feA(/70H/\f en 181 5, Napoléon
le nomma pair de France, mais il
cessa de faire partie de cette
chambre après le second retour
du roi.
PERREGEAN (Piebhe), naquit
à Tours, en 1701 , d'une famille
estimable de cette ville; au sortir
de ses études il entra dans les
pouts-et-chaussées , où des lalens
remarquables le firent parvenir
successivement à îa j)lace d'ins-
pecteur-génjiral. Il fut ensuite
nommé directeur des travaux ma-
ritimes, membre de la commission
mixte des travaux publics, et che-
valier de la légion-d'honneur. Il
mourut à Paris le '27 janvier
1814.
PERRET-DE -TREGADORET
(F. M.), membre de la légion-
PEU
(l'honneur, était avocat à Ploër-
mel, quand la révolulion éclata.
Il en adopta les principes avec
modération, et fut nommé dé-
puté de l.'i .sénécliaii.>isée de Ploër-
mel aux états-généraux en 1789;
il prit place au côté gauche. De
retour dans ses foyers, après la
session , il échappa aux proscrip-
tions du régime delà terreur, et
fut nommé, en septendjre 17q5,
député du département du Mor-
bihan au conseil des cinq-cents.
Après la révolulion du 18 bru-
maire an (S (9 novembre 1799),
il dovint juge au tribunal d'appel
du département d'Ille-et-Vilaine,
puis président du tiibifnal crimi-
nel du Morbihan , dont il exerça
les fonctions pendant plusieurs
années. Il fut ensuite admis à
la retraite.
PERRÏER ( Iean - Baptiste ) ,
professeur de littérature et de gram-
maire, membre de la société roya-
le académique d<;s sciences , de
l'athénée des arts, de la société
grammaticale, de la société pour
l'enseignement élémentaire, de la
société des méthodes, e-îc. , est né
à Villeneuve-le-Roi , département
de l'Yonne, le 29 décembre 1767.
Il commença ses études au collège
de cette ville , et à 19 ans, en mai
1787, il était maître de quartier
au collège des Crassinsà Paris , où
il remplaça plusieurs fois le pro-
fesseur de quatrième. Il y fut reçu
maitre-ès-arls, ce qui depuis lui a
fait conférer le titre de bachelières
sciences et de bachelières lettres.
Il s'occupait alors de la jurispru-
dence, dont il suivait des cours ,
sans négliger néanmoins la littéra-
ture, et surtout la grannuaire. Il
fut nommé, en 1791, ù une chaire
PER 169
au collège royal de Joigny, dèpar'
temenl de l'Yonne ; il l'a remplie
avec distinction pendant quatre
ans. Ensuite il fut appelé au minis-
tère de la guerre, au bureau de la
justice militaire , où il a été sous-
chef. C'est là que M. Perrier a ré-
digé et publié le seul ouvrage qui
soit encore dans les mains des
membres des tribunaux n)ililaires ,
ouvrage qui a eu trois éditions de
2000 exemplaires chacune , le
Guide: (/es juges ndlUaires. Il fut , à
celte époque, nommé assesseur de
juge de paix, puis commissaire de
bienfaisance à Paris , et remplit a-
vec zèle et imparlialitè ces fonc-
tions honorables ei gratuites , dont
il s'occupa pendant 4 •'"i''- 1' '^h-
tint aussi des lettres de licencié en
droit, et remporta à Grenoble le
prix sur cette question : Quels sont
les moyens de perfectionner l'éduca-
tion physique et morale des en fans?
Son mémoire a été imprimé. M.
Perrier, qui est l'un des réducteurs
des Annales de grammaire, a sous
presse (1824), un ouvrage intitu-
lé : Grammaire, logique et rhétori-
que françaises réunies , ou Traité
complet du langage.
PERRIER (Marie-Victobine,
wÉe Patras , VEUVE ). Cette dame
aimait les lettres, et les a cultivées
avec quelque succès. On lui doit :
1° Récréations d'une bonne mère
avec ses filles, ou Instructions mo-
rales sur chaque mois de l'année, à
l'usage des Jeunes demoiselles, Pa-
ris, I vol. in-i2, i8o4; "2," Adresse
de Maric-V ictorine aux Français,
brochure d'imc feuille et demie
d'impression , publiée à Lyon en
i8i5 , in-S", et signée. Veuve
Perrier, née Patras; 5° ime petite
comédie en 1 arle et en vers, re-
170 PER
présentée sur le' théâtre de !a Por-
te-Saiiit-Marlin en 1820, et bien
Mcciieillie du oublie; 4° "fi grand
nombre de Poésies fugilives pt d»
Chansons insérées dans différent
recueils, et particulièrement dans
le Petit Magasin des Dames; 5° en
manuscrit, plusieurs Comédies eu
I acte. M"" Perrier mourut à Pa-
ris au mois d'avril 1820.
PERRIÈS (Joseph), l'un des
partisans les plus modérés de la
révolution, remplit dans sa com-
mune des fondions municipales,
et futensuile élu, en i7()a, dépu-
té du département de l'Aude à la
convention nationale. Dans le
procès du roi , il vola la déten-
tion pendant la guerre, et le ban-
nissement à la paix. Attaché au
parti des Girondins, il lut décrété
d'arrestation, avec 72 de ses collè-
gues signataires des protestations
contre les événemens du 3i mai
i795;mais après la mort de Robes-
pierre, il lut réintégré dans le sein
de la convention. Par suite de la
réélection des deux tiers conven-
tionnels , il devint membre du
conseil des cinq-cents , où il ap-
puya le projet contre les détrac-
leurs des mandats. Il sortit de
l'assemblée le ao mai 1798, et
n'a plus reparu depuis dans nos
assemblées délibérantes.
PERRIN (Jean- Baptiste), dit
Perrin des Voges, négociant à É-
pinal au moment de la révolu-
tion. Il en adopta les principes
avec chaleur, l'ut d'abord chargé
de fonctions municipales , puis
élu, en 1792, député à la conven-
tion nationale, où il vota la mort
du roi. Dans le courant de cette
session, il parut souvent à la tri-
bune , pour y traiter des objets de
PER
finances, et y attaquer avec une
égale véhémence les royalistes et
les partisans de la terreur. Pendant
le cours des diverses missions dont
il fut chargé dans le déparlement
des Ardennes, du Nord et du Pas-
de-Calais, il n'eut i\ se reprocher
aucun acte de violence. Après la
chute de Robespierre, il fut en-
voyé dans les départemens du.
Gard, de l'Hérault et de l'Avey-
ron, pour y renouveler les auto-
rités. Il revint ensuite à la con-
vention, et fut nommé au comité
de sfireté générale, le 1 5 pluviôse
an 3(3 février 1793). Lors des
troubles du 13 germinal, il de-
jnanda qu'on fît sortir de la capi-
tale 5o, 000 étrangers venus à Paris
depuis trois mois, et 8000 mili-
taires destitués ou suspendus. Il
fit ensuite décréter que quiconque
aurait arraché ou tenté d'arracher
la cocarde aux trois couleurs, se-
rait sur-le-champ livré à une com-
mission militaire. Quoiqu'il eût
renouvelé la proposition de confier
l'élection d«;s deux tiers des mem-
bres de la convention aux assem-
blées électorales, il se prononça
avec force contre les insurgés des
sections de Paris, dès l'époque de
son retour de Calais, où il s'était
rendu pour y faire accepter la cons-
titution par la garnison. Réélu au
conseil des cinq-cents, il y présenta
un projet relatif aiix finances, a-
près a voir appuyé quelques proposi-
tions de son collègue Bailleulsurle
même sujet; parla ensuite en la-
veur de la création des mandats, fit
une sortie contre ceux qui en dépré-
ciaient le système , et défendit un
projet sur la libération des acqué-
reurs de biens nalionaiix. Il monta
aussi à la tribune pour signaler
PER
comme perturbateurs de son dé-
parleiTient les prêtres rétVactaires
et déportés rentré^. Il sortit du
conseil le 20 mai 1797, fiJt admis à
celui des anciens en 1798, et en
devint d'abord secrétaire , puis
président. Il se déclara en faveur
des événemens du 18 brumaire an
8 (i;-99), et fit partie de la com-
mission intermédiirire du conseil
des anciens, cliargée de présenter
nn nouveau projet de constitution.
Membre du corps- léfrislatif, Per-
rin en tut le premier président, y
siégea plusieurs années, et mou-
rut en iHi5.
PERRIN ( Pierre - Nicolas ) ,
était négociant à Troyes en 1789.
D'abord maire de cette ville , il fut
quelque temps après élu député
(lu département de l'Aube à l'as-
semblée législative, puis à la con-
vention, où il vota la réclusion
de Luin's XVI pendant la guerre,
et son bannissement à \\ paix.
Nommé meiubre du coinilé des
marchés, il offrit et fournit |)(;r-
sonnellement à la république pour
5,000.000 de toile de coton. Il iut
accusé par Cbarlier, le 23 sep-
tembre 1790, de recevoir des in-
térêts dans les fournitures. Traduit
presque sur-le-champ devant le
tribunal criminel, il eut la don-
leur, lui représentant du peuple
et seulement coupable d'amour
pour la patrie, de se voir con-
damné à douze années de fers et
à six heures d'exposition. Envo3'é
ii Toulon , il ne put supporter
l'idée d'une telle infamie, et mou-
rut de chagrin , à l'âge de 42 ans.
Après la chute de Robespierre,
«on jugement fut annulé, sa mé-
moire réhabilitée ; et la république
'Ordonna, par un décret, de payer
PER 171
à sa veuve le n)ontant de ses in-
deuinités de représentant. Cbar-
lier, son dénonciateur, essaya de
nouveau de motiver l'accusation
qu'il avait portée contre lui.
PERRIN (N. ), dit Perrin de
LA Gironde, accusateur public près
le tribmial criminel de ce dépar-
tement, l'ut élu parses concitoyens
au conseil des cinq-cents, où il
fit preuve de connaissances en ma-
tière de judicature; il fut nommé
secrétaire du conseil en 1799. H ;>
depuis rempli les fonctions de juge
à la cour d'appel de Bordeaux ,
dont il ne faisait plus partie à l'ù-
poquede la première restauration,
en 181 4-
PERRIN (N.), dit Perkin delà
Moselle, fut nommé tribun par
le sénat-conservateur, en mars
1802, lors du premier renouvel-
lement de ce corps. Élu secré-
taire le 21 février 1804, il parla,
en mai suivant, pour que le pre-
mier consul Bonaparte fût déclaré
empereur. Nommé, pende temps
après , procureur-général-impérial
près de la cour d'appel de la Mar-
tinique, et en même-temps mem-
bre de la légion-d'bonneur , M.
Perrin n'a plus figuré depuis sur
la scène [>olitique.
PERRIN (N.), dit Pirrin de
l'Orne, membre du corp,'<-légis-
latif, naquit le 8 décembre i74i'
Dès sa jeunesse il se livra à l'étude
des lois. Devenu procureur au par-
lement de Paris, il en exerfa pen-
dant 20 ans les fonctions, et mérita
l'estime et la confiance publiques,
par une probité à toute épreuve
et les connaissances les plus éten-
dues. La révolution le compta au
nond)re de ses partisans les plus
modérés. S'étant fixé à l'Aigle,
172 PKR
par suile d'acciuisitioiis considé-
rables cl.'ins le tlônartcnient de
l'Orne, il fut bieniôl appelé au
conseil d'agricultnre du départe-
inent, piu's à la commission ad-
ministrative des hospices, où il
seconda puissamment la bieniai-
sance et la sollicilude paternelle
du gonveriiement. Dans les fonc-
tions de conseiller municipal de
la ville de l'Aigle , qu'il lemplit
depuis, il continua de s'atliier la
considération et l'attachement de
ses coriciloyens, qui s'<-mpressè-
rent de lui en donner un témoi-
gnage honorable, en le proposant
comme candidat au corps-légis-
latif, où il l'ut noumié. Il moinut
en 1808.
PKUKOCIIEL (N.), agent di-
plomalique, naquit aux environs
de CaeUjil'une famille noble, sui-
vit la carrière ecciésiastique, et
était grand- vicaire du diocèse
d'Angers quand la révolution é-
clata. A cette époque, il devint
l'anu de Laréveilière - Lépaux,
qui, en 1 ^qS, lui fit ubieuir la pla-
ce de chargé-d'afi'aires à la cuur
de Suède; il en remplissait les
fonctions avec zèle et di»linclion,
quand toul-à-coup des démêlés
s'élevèrent entre les deux gouvrr-
nemens, en i'^fp- llappelé alors
par le directoire, M. Perroohel suc-
céda à l'amiral Truguet en la mê-
me qiuilité, à la C(iur de Madrid.
Peu de temps après, envoyé en
Suisse comme ministre plénipo-
tentiaire , il conclut une traité
avec cette puissance, fut rappelé
de nouveau en juin 1799, et a-
bandonna la carrière politique
pour rentrer dans la vie privée.
PERUOiNET (JEAN-RoDotPiiE),
premier inspecteur des ponts-et-
PER
chaussées de France, ancien ins-
pecteur-général de< salines, che-
valier de Saint- Michel , membre
des académies royales des sciences
de Paris, de Stockholm, de Ber-
lin, de la société royale de Lon-
dres, etc., naquit l'i Siiréne, près
de Paris, en 1-08. Sa famille,
dont le chef était originaire de
Vevey et oiïid» rdans un régiment
suisse au serviec de France , le
destinait à suivre la carrière du
génie, à biquelle le jeune Perro-
net fut bientôt obligé de renoncer
par suite de la mort de son père.
Uni(|ue appui de sa fann'IIe, il é-
tudia l'architecture, qui lui olfrait
plus de ressources, et entra chez
Debeausirc, architecte de la ville,
qui lui confia, malgré sa jeunesse
(Perronet n'avait alors que 17
ans), la direction des travaux du
grand égout , et de la partie du
quai qui forme Vahrcuvoir entre le
pont Louis-Seize et les Tuileries;
il le chargea encore des travaux
ù^i trottoir en encorbellement du
quai Pelletier, près du punt Notre-
Dame. En 17^7, Perronet devint
inspecteur, et si:ccessivemenl in-
génieur et ingénieur en chef des
ponts-et-chaussées. Dix ans après,
le ministre Trudaine le nomma
diiecteur de l'école (pi'il venait de
fondt r dans cette partie, et lui fit
obtenir, dans la même année, le
titre de premier ingénieur des
ponts-et-chaussées de France.
Sfuis la direction de Perronet, cet
établissement acquit la plus haute
importance , tt la réputation du
directeur s'augmenta des grands
travaux dont il l'ut chargé. i> D'a-
bord, dit M. Lesage dans la Notice
qu'il a donnée en i8o5 pour ser-
vira l'élotre de Perronet, du fond
TER
(le la Russie, les magnats durent
invo(|uor les tuleiis de Peironet
pour Construire uu pont à Saint-
l'éler.sbourg. Eu i;78, il projeta
un uiouuitieut magnifique. Ce
pont était de 7 arches, G piles et
2 culées. ^J^'ar(;l)e du milieu avait
10 toises, les autres avaient iS, 16
et 14 toises d'ouverture; l'épais-
seur des piles du milieu était de
3o pieds, les autres de 27 et 24
pied» ; les demi-piles des culées
avaient 12 pieds, ce qui donne à
la Neva, en cet endroit, une lar-
geur de 622 pieds. La largeur du
pont était de 56 pieds. L'arche du
milieu s'ouvrait pour livrer passa-
ge aux vaisseaux matés. Les deux
piles du milieu étaient surmontées
d'un arc-de-lriomphe et de tro-
phées sur les quatre fayes. » En
France, les ponts, au ncunbre do
i5. cpi'il construisit ou fit exécu-
ter d'après ses ordres, se distin-
guent surtout par la solidité , la
précision de la constriiction , et
l'élégance des C(uubes des arches.
Les plus remarquables sinl ceux
de Louis XVI, ;'i Paris, de Neuilly,
de Nemours, de Saint-Maxen. e,
d'Orléans, de Mantes, de (Jbâteau-
Thierry et de Bruuoi. Il a donné
les pbuis de 7 piuils, sav<u'r : de
IVleluu; (le la Salpêlriére, vis-à-vis
le jardin du Roi à Paris (où se
Irouviî aujourd'hui le pont d'Aus-
terlitz, construit en Ter); sur la
Sa('')ue , à Lyon ; de Merel-sur-
Loiug; de Pontoise; sur la Loire,
à Nantes, et .-.ur la N(!va à Saiul-
Pélersliouig. Le preujier |»onl h(»-
rizoolal fut celui de Neuilly, com-
mencé en 17G8 et déciutré le 22
septembre 1772, en préserjce de
loule la cour, qui avait voulu a?-
ifister à l'opération du décintre-
PER
173
ment : trois minutes suffirent pour
l'aire tomber les ferrures des cinq
arches. Le pont Louis-Seize (pen-
dant la révolution appelé de la
Concorde) est le plus be;tu de Pa-
ris. L'auteur a employé dans la
construction de ce pont im genre
d'architecture nouveau qui sacri-
fie les apparences de la solidité à
l'élégance et à la légèreté. Les ar-
ches surbaissées sont soutenues
par des piles légères avec des co-
lonnes engagées. D'élégantes ba-
lustrades en forment les parquets.
Enfin, ce pont réunit tous les gen-
res de beauté : élégance, solMlité,
conùnodilé, abords faciles. L'in-
tention de Perronet était de l'or-
ner de trophées, mais ce projet a
été changé sous le gouvernement
impérial. Au lieu de trophées, ce
devaient être les statues des grand»
hommes qui ont illustré la France.
Le décret impérial est au moment
de recevoir son exécution, seule-
ment il y aura quelques modifica-
tions dans les persormages appelés
A jouir de l'homuMjr de cette apo-
théose. (< Une chose remarquable,
dit M. Bertrand, auteur d'ime ISo-
tire sur cet ingénieur, c'est que
dans le temps 011 Perronet, jeune
en "ore, étudiait l'architecture au.
Louvre, l'académie avait proposé
pour prograuune d'un prix de
UK.is, le projet d'un pont à cons-
truire en face de la nouv^(îlle église
de la Madeleiru! , et que Perronet
avait remporté le prix. » Perronet
a fiit coruiailre dans 5 volume?
iu-f(dio, (pie le gouvernement a
fiil imj)!imer à ses frais, ses nom-
breux travaux. « Ou y voit que»
durant l'espace de trente ans»
dans la seule généralité de Paris,
dont la direction lui était plu;*
»74
PER
particulièrement attribuée, plus
de 600 lieues de longueur ont
été ouvertes, reclifiéeset plantées
d'arbres; qu'une mullilude de
routes sinueuses et trop rapides y
ont été successivement élargies,
adoucies, et nnidues accessibles
à tous les genres de circulation ;
enfin qu'en «790 plus de 2000
ponts de toute grandeur j étaient
entretenus aux trais du gouverne-
ment par le corps des pouls-et-
chaussées. » M. Lesage , dans la
Notice que nous avons déjà citée,
s'exprime ainsi à l'éffard des autres
travaux de Perronet. « Il créa , en
1793, un projet pour construire
en pierre, des ponts dont les ar-
ches auraient depuis 100 jusqu'à
5oo pieds d'ouverture. Il forma
en outre un projet de navigation
de la Loire depuis Nantes jusqu'à
Paimbœut"; il traça le canal de
Bourgogne par Tonnerre, et celui
de l'Yvette. Il inventa une drague
pour enlever le sable et les vases ;
une planchette qui porte un crayon
pour mesurer exactement les an-
gles ; une double pompe qui joue
par un mouvement continu ; une
petite voiture ou camion prisma-
tique ; une roue à aubes, dont
l'arbre e>>t vertical ; une autre
dont l'arbre est horizontal ; deux
scies àrccéperlespieux sous l'eau;
et un odomètre pour les épuise-
uicns. Il composa des mémoires
;icaiJémi(pies sur le cinlreujent et
le décinlreinent des ponts ; sur les
différentes méthodes de Ibnder la
maçonnerie dans l'eau; sur l'é-
paisseur des piles et la courbure
lies voûU^s ; sur les pieux et pi-
lotis , sur les éboulemens des
montagnes, etc. Il donna des avis
détaillés sur la rade de Cherbourg,
PUR
sur le port du Havre et celui de
Dunkerque, sur la forme de Tou-
lon, sur la fonderie de canons à
l'île d'Ouderit , et sur la manufac-
ture de porcelaine de Sèvres. »
Perronet était chéri de ses élèves,
au nombre desquels on doit citer
SIM. de Prony et Lesage. Le corps
des ingénieurs fit exécuter son
buste en marbre , avec cette ins-
cription : Pairi caris.simo fam'Uia,
et le lui offrit comme un gage de
sa tendre vénération. Ses élèves
firent aussi graver son portrait,
pour lequel Diderot, son ami,
composa une inscription. Enfin
il reçut de la société des arts
de Londres, un hommage bien
flatteur : elle fit placer son por-
trait dans la salle de ses séances ,
à côté de celui do Franklin, hon-
neur qu'elle décerne rarement,
et surtout aux étrangers. Per-
ronet avait adopté avec sagesse
les principes de la révolution,
dont les orages ne l'atteignirent
point. Il nnturut paisiblement, et
généralement regretté, le 27 fé-
vrier 1794- Il a publié : \" Des-
cription des projets de la conslruc-
tion des ponts de Neuilly, de Man-
ies, d'Orléans, etc. , Paris, 1782-
1769, 5 vol. in-fol. , oij 1778,
5 vol. 10-4° et atlas in-fol. ; 2"
Mémoire sur les moyens de con-
duire à Paris une partie de l'eau
des rivières de l' Yvette et de lu
B lèvre , Paris, 1776, 10-4", avec
3 planches; 3" Mémoire sur la
lecherche dt!S moyens que l'on
pourrait employer pour construire
de grandes arches de pierre, de.
200 jusqu'à ôoo pieds d'ouver-
ture , qui seraient destinées à fran-
chir de profondes vallées, bordées
de rochers escarpés, Paris, 1793»
I
TER
in-4'', arec planches; 4° tl'^t:rens
Mémoires dans le recueil de l'aca-
démie royale des sciences.
PERROT (Clément), ministre
non conformiste d'Aîiglelerre,
vint, en 181 5^ dans le midi de la
France, pour y observer l'état
})olitique et moral des protestans,
♦■t t'iit témoin des excès auxquels
se livrait l'esprit de parti à Nis-
mes et (ians les environs. Dans
un rapport , impriu)é et accueilli
avec le plus grand empressement
en Allemagne et en Angleterre,
Perrot peint, avec toute l'énergie
d'une âme généreuse, les funestes
effets des dissentions civiles. On
a imprimé à Paris, dans la Bihiio-
tliéque lùstorique, des fragmens
de ce rapport, auquel MM. deBer-
nis et d'Arbaud -Jonques ont es-
s.oyé de répondre : l'un, dans sou
Précis lie ce. qui s'est passé e/i 1 8 1 5
dans le déparleihenl du Gard, Pa-
ris, 1818; et l'autre, par son His-
torique des troubles et agitations
du département du Gard en i8i5.
PERSON DE BERAINVILLE
(PiEaRF.-CiAiiDE), littérateur, mem-
bre de plusieurs sociétés savantes
et littéraires, est auteur d'un grand
nombre de petites pièces de théâ-
tre, où l'on trouve des détails gra-
cieux et spirituels. Il a publié : i"
la Nouvelle Hf- des Esclaves, drame
lyrique ; 2" Emélie, ou le double
dénouement, drame; 5° le Nouvel
{v^e d'or, allégorie, opéra-panto-
mime en trois actes ; 4° Belplié-
gur, comédie; 5" le Mariage par
magie, comédie; 6° La force de
r inclination, comédie; 7" // ne
faut désespérer de rien, comédie-
\no\v.r\yG\^' Etrennes patriotiques,
on Recueil anniversaire d'allégories
iur les époques du règne de Louis
PER i;5
XVI , première suite, 1777, in-
24; 9° le Bouquet de la veuve , co-
médie en un acte et envers, 1791;
10° Recueil de mécaniques, et des-
cription des macliines relatives à l'a-
griculture et aux arts, 1801, in-4":
l'auieur avait exposé y5 de ces
machines au salon du Louvre, de-
puis 1792 jjisqu'en 1 800 ; II" Pe-
tite grammaire des jeunes demoisel-
les, 1810, in-12; 11' Impromptu
pour la naissance du roi de Rome,
inséi é dans le recueil intitulé Hom-
mages poétiques, de MM. Lucet et
Eckard.
PERSONNE (J. B.), procu-
reur à Saiut-Omer, en 1789, se
prononça avec chaleur pour la ré-
volution, et fut nommé, en 1792,
député du département du Pas-
de-Calais, à la convention natio-
nale, où il vota la détention du
mi pendant la guerre et son ban-
nissement à la paix; il fut aussi de
l'avis du sursis. Il embiassa le
parti de la Gironde, et fut décla-
ré par son département « indigne
»de la confiance de ses conci-
«toycns. « Il partagea la proscrip-
tion des Girondins, et fut exclu
comme eux du soin de la conven-
tion, où il rentra après le 9 ther-
midor. Il fit alors j)arlie du comi-
té de législation, et obtint l'annu-
lation de plusieurs jugemens ren-
dus pendant le règne de la ter-
reur. Membre du conseil des an-
ciens , par suite de lu réélection
des deux tiers conventionnels, il
en sortit en mai 1798, cl après le
18 brumaire, il devint juge au tri-
bunal civil de .Saint-Omer. Il est
mort depuis plusiems années.
PERSOON (Chrétien), savant
naturaliste, membre de» sociétés
linnéennes de Londres et de Phi-
176
PER
ladelplîie, de l'académie des scien-
ces naturelles de Berlin, corres-
pondant de la société royale de
Goëttingiie , etc., naquit dans la
colonie hollandaise du Cap-de-
Bnnne-Espcrauce, et la quitta, à
l'âgL- de 12 ans, pour achever son
éducation en Europe. Après avoir
fait de- bonnes études au collège
de Bingen et aux universités de
Leyde et de Goëtlingue, où il sui-
vit avec assiduité les cours de phi-
losophie, de médecine, et d'his-
toire naturelle, il se consacra par-
ticulièrement à l'étude de la bo-
tanique. M. Persoon a publié
plusieurs ouvrages très -estimés
des savans, et un autre, non
moins utile à toutes lesclassesdela
sociétérc'est un Traité complet sur
les champignons comestibles, dans
lequel il s'attache principale-
ment à indiquer les différences
qui les caractérisent, et à préve-
nir les méprises funestes qui font
souvent confondre les espèces vé-
néneuses avec les nutritives. On
a aussi de lui plusieurs mémoires
intéressans, insérés dans les ou-
vrages périodiques ou fournis aux
différentes académies dont il est
metrdîre. Cet écrivain laborieux
a de plus ^iwhWk'.i" Obsertaliones
mycologicœ, Lèipsick , 1796, 2
part, iu-8"; '2'Commentatio de fan-
gis rlavœ formihus, Lèipsick, 1797,
in-8";3" Systema vegetabiliuni, i5*
édition, Lèipsick, 1797, in-<S° ,
4° Tentamen disposiliovis mjetho-
dicœ fungoram , Lèipsick, 1797,
in-8"; 5* Icônes et descriptiones
fungorum minus cognitorum, Lèip-
sick , 1799-iHoo, 2 fasc. in-S";
6° Commenlarius lac. Chr. Scliœf-
feri fungorum Bavarice indigeno-
rum icônes pictas differentiis speci-
PEll
fie. sjnonjmis observât, sélect, il-
lustrans, Erlang, )8oo, grand in-
4°; 7" Synopsis metliodica fungo-
rum, Goëttinsiie, 1801,2 p. in-
8°; 8° Icônes pictœ specierum ra-
riorum fungorum^ etc., Paris et
Strasbourg, i8o5, 2 fasc. in-.'|°;
9' Synopsis plantarum seu enchi-
ridium hotanicum, Paris, i8o5 et
1807, 2 vol. in-13: ce petit ma-
nuel, commode pour les amateurs
de botanique, est fort estimé.
PERSLIS (Locis-Luc Loiseau
de), chevalier de Saint-^Lichel ,
surintendant honoraire de la mu-
sique du roi, naquit à Metz le 4
juillet 1769. Son père, maître de
musique de la cathédrale de cette
ville, lui donna les premières le-
çons de l'art dans lequel il devait
tenir un jour un rang distingué.
Dès l'âge de 20 ans, ils se fit con-
naître à Paris, par plusieurs ou-
vrages joués au théâtre de l'Opéra-
Comiqne; nommé en 1793 par la
voie du concours, professeur de r*
classe au Conservatoire de Musi-
que, et peu d'années après maître
du chant au grand Opéra, i! fut suc-
cessivement et cuinulativement
maître de chapelle du roi, inspec-
teur-général (le la musique et pre-
mier chef d'orchestre de l'Opéra,
et enfin directeur de l'Académie
royale de Musique et du théâtre
royal Italien. Il développa dans
cette place dilficile les qualités d'un
excellent administrateur, et ceux
que mécontentaitquelquefois l'in-
flexibilité de son caractère, recon-
nais>iaient cependant sa probité et
sa justice. L'Opéra brilla sous sa
direction d'iui éclat qu'il n'avait
pas »!U depuis long-temps, et le
théâtre Italien, qu'il avait formé
lui-même, fut regardé comm<! un
PER
des meilleurs de l'Europe. Mais
les soins qu'il donnait avec une
ooiistiince sans relârhe à ces deux
élahlissemens, achevèrent bientôt
de détruire sa santé altérée depuis
long-temps par le travail, et il
succomba, à l'âge de 5oatis et de-
mi, à une maladie de poitrine, qui
l'avait forcé deux mois avant à de-
mander sa retraite. Il l'oluinl avec
la croix de Sainl-iMichcl et une
pension honorable. Ses composi-
tions dramatiques, qui se recom-
mandent par un goût et un sl}'le
classique», sont : Tau théâtre de
rOpéra-Comique , la Nuit espa-
gnole. Este/le <■( Nf'nwin, Phanor
et. Angela, Marcel, leFruit défen-
flu, Fanny Morna; 2" au graml
Opéra, Léonldas ou les Spartiates,
le Triomphe de Trajan, la Jéru-
salem df^livrée. On lui doit en ou-
tre la charmarUe musique des bal-
lets de Nina, de l'Epreuve villa-
g-'oise, et partie de celle du Car-
naval de Venise. En 1814, il com-
posa le chant Vive le Roi , vive la
France! qui est répété dans toutes
les fêtes (le circonstance. II faut
aussi lui faire honneur de la remi-
se du Itei opéra des Danaldes qui
avait <lisparu du théâtre depuis 3o
ans. et au grand -uci è> duquel il
a r onlribué par le-) chaugemens
liijureux qu'il fit dans la marche
de l'ouvrage, du cousontement de
l'auteur, I illustre Saliéri. Les por-
tes de l'Institut n'auraient pas
lardé à lui être ouverte-. En liài;-,
s'élant tnis sur les rangs pour suc-
céder à >Uéhul à laclas<e îles beaux-
arts, il crut devoir publier dans les
journaux pour condjattre des insi-
nuations malveillantes, la lettre
<|ui suit : Le. Journal du Commer-
s>ce, en énuuieranl les ouvrages
t. XVI.
PER
177
«des différcns candidats pour la
«classe de l'académie royale des
» beaux-arts à l'Institut, a réduit:
!) mes compositions <i trois ouvra-
«ges, dont un en société. Cette
» fausse C)i)fiilence, faite avec em-
«pressemeul au public, a été ac-
» compagnie d'inductions gratui-
» tement injurieuses. Je ne répon-
ndrai pas à ces dernières; maiscom-
» me j'ai eu l'honneur d'envoyer
Ȉ messieurs les membres de l'a-
DCadémiedcs beaux-arts la nomen-
nclature de mes ouvrages, je crois
»de mon devoir d'assurer qu'elle
» contient l'exacte vérité. » Cette
juste réclam, ition produisit l'effet
qu'il devait en espérer. Il eut la
satisfaction de voir beaucoup de
suffrages se réunir en sa faveur à
l'élection qui eut lieu peu de mois
avant sa mort, arrivée le 20 dé-
cembre 1819.
PliRTHUÏS DELAILLEVAUT
(LÉON de), ollicit-r de génie, mem-
bre de la société d'agriculture du dé-
])artement de la Seine, esc, naquit
àGermini-l'EvêquejprèsdeAleaux,
département de Seine-et-iMarne ,
le j 1 avril 1757. Destiné par sa fa-
mille à la carrière militaire, il fut
élevé à l'école de Mézières, où se
dévelop[)a son goût pour le dessin
et la mécanique. Admis en «773
dans le génie, et chargé en 1778,
avec deux autres olïïciers di; soa
arme, de la construction du fort de
Cbâteauueuf, qui défend la ville
de Saint- Malo, i)l, de Perthuis
quitta le servicepeu de tempsavant
la révolution, qu'il Ira versasans ac-
cident. Depuis 1791 il s'était retiré
à la campagne, où il s'occupait
exclusivement d'agronomie. 11 a
néanmoins exercé pendant 12 ans
les fonctions de membre du con-
1^8
PES
seil-général du département de
l'Yonne; il mourut le 17 octobre
1818. M. d»'. Perthuis n coopéré à
l*édition que la société d'agricul-
ture du département de la Seine
a donnée des ouvrages d'Olivier de
Serres, et a été l'un des collabora-
teurs du Nouveau Cours complet
d'Agriculture , publié par le li-
braire Déterville. On lui doit: i"
Mémoire tiré du Traité de la con-
servation et de L'aménagement des
forêts, 179g, in-8"; 2" Traité de
l'aménagement des bois et forêts de
France, ouvrage rédigé sur les no-
tes et observations que feu IM. de
Perthuis, le père, avait l'ailes dans
le cours de sa vie, i8o3, in-8°; 5°
Mémoire sur l'art de perfectionner
les constructions rurales, i8o5, in-
4", couronné par la société d'a-
griculture de Pari^, dont il devint
membre par la suite, et à laquelle
il a fait un grand nombre de rap-
ports; 4° Mémoire sur l'améliora-
tion des prairies naturelles et sur
leur irrigation, i8o5, itj-8% avec fi-
gures, « ouvrage où, dit i\l. deLas-
» te} "ie, on reconnaît im auteur qui
»a su joindre aux notions théori-
»ques celles d'une pratique éclai-
» rée; » 5° Traité d'architecture ru-
rate, 1810, i»i-4°.
PESGHE (Jt'LiEN-REMi), phar-
macien, né à Souvigne, dépar-
tement de la Sarthe, le 1" oc-
tobre i7«So, abandonna cette pro-
fession en 1818, pour publier uu
journal au Mans, sous le titre de
l'Argus deCOuest, journal desti-
né à propager les principes cons-
titutionnels dans toute cette ré-
gion de la France , devenue si
célèbre par les troubles civils
qui long-temps l'ont signalée à
l'attention publique. Le prospec-
tus de ce journal; répandu duos
PES
ces départemens, y excita une as-
sez vive sensation, par l'énergie
et la rectitude avec lesquelles les
principe s constitution iiels y étaient
développés; mais les obstacles que
l'on apportait déjii à l'établisse-
ment des f<uilles libérales, et cens
qu'on employa contre la puljlica-
tion de l'Argus de l'Ouest en par-
ticulier, fuient invincibles ])Our
l'éditeur, et le for( èrent à renon-
cer à cette pid>licaiion. M. Pes-
chese fixa idors à Paris, où il exer-
ça la librairie pend. ml plusieurs
années, et toutes ses espérances
de pouvoir drleiiilre les docliines
constitutionuellts lui ayant été
ravies, ain-i qu'à tant d'autres é-
crivains, il s«! décida à reprendre
Texercice de la (ibarmncie. On a
de lui, dès I79<), un grand nom-
bie d'arliclrs dans le journal l' I n-
dépendanl, que publiait abus leu
Plancher Volconel.el d ms leJour^
liai du département de la S art lie;
une brochure intitulée : Essai sur
les bureaux de charité , à l'occasion
des di.-elles de 1812 et de 1817, le
Mans. 1817, in-8', 4'J pages; son
prospectus de l'Argus de l Ouest,
et le numéro dernier de ce jour-
nal, qui en est eu iiiêine temps
le premier nmnéro, et d.nis lequel
il lait connaître les obstacles qui
l'ontempêché d'exécuter cette en-
treprise; plusieiiis .irlicles dans
le Journal général de la Société de
Médecine^ dans le Bulletin et dans
le Journal de Pharmacie. M. Pes-
che a aussi publié des Chansons
dans les Saisons lyriques , recueil
pour le 1" janvier 1821, et dont
il est l'éditeur, etc., etc.
PESCHELOCHE (Joseph-
Louis), colonel du i5' régiment
de dragons, olUcier de la légion-
d'hoaueur^ naquit le 19 aot^t
PES
1761 , à Besançon , départe-
inenl du Doubs , d'une famil-
le estimable, et reçut une bon-
ne éducation. Il embrassa par
goût la profession des armes, et
entra comme simple soldat dans
le régiment de Flandres, le 00
juin ijôîS. Fait capcu-al eu 1770,
il n'avait encore que ce grade en
177a, lorsqu'il obtint, par faveur,
son congé, afin de suivre la car-
rière du barreau pour obéir au
vœu de son père. Le. jeune Pes-
cheloche apporta une grande ap-
plication à l'étude des lois. Reçu
avocat, il aimait à consacrer plus
particulièrement ses soins et ses
talcns à ses cliens les plus pau-
vres, et sou excellent cœur met-
tait au premier rang la veuve et
l'orphelin. Dès l'aurore de la ré-
volution, il se fit connaître com-
me un de >es plus fidèles, et en
même temps de ses plus sages dé-
fenseurs. Le 1" septembre 1789,
il fut noimné aide-major de la
garde nation.de de Paris, où de-
puis long-temps il s'était fixé.
L'assemblée constituante l'envoya,
en celte qualité, à Nancy, pour y
rétablir l'ordre. Il était capitaine
de la 00' division de la gendar-
intîrie lorsqu'il se rendit à l'armée,
qui bientôt marcha sur Trêves;
recourut Valencicnnes et Lille,
et pénétra dans le Brabant. Tou-
jours à l'avant-garde , il fut sur-
nommé par ses camarades Vln-
trépide. Pescheloche passa suc-
cessivement adjoint aux adjudans-
généraux , et adjudant en chef.
Le général Joubert le chargea
d'une mission de confiance et d'u-
ne grande importance dans l'in-
térêt des Hollandais. Il justifia
la préférence dont il avait été l'ob-
PES
»79
jet, et son général se plut à lui
donner souvent des marques de
son estime. Cet officier supérieur
reçut peu de temps après le com-
mandement en chef de Bois-!e-
Duc, et une nouvelle mission pour
Londres, où il sut faire aimer
et respecter le caractère français.
Un succès entier couronna son
zèle et son adresse ; le 14 prai-
rial an 7, Pescheloche fut nommé
chef d'escadron, et adjoint au \"
régiment de cavalerie, dont il de-
vint titulaire le 8 pluviôse an 11.
Le 6 brumaire de l'année sui-
vante, il reçut sa nomination
comme major du i5' régiment
de dragons. Conservant le beau
surnom d'Intrépide , que ses ca-
inarades lu i avaient précédemment
décerné, il se montra dans toutes
les campagnes, dans toutes les af-
faires, bravo, infatigable, et plein
de talens. Ce fut à la bataille
d'Austerlitz qu'il se signala plus
particulièrement, et qu'il termina
glorieusement sa carrière. Dans
cette affaire mémorable , après
avoir chargé à la tête de son régi-
ment avec la plus grande intrépi-
dité, et mis en pièces une colonne
de 4>ooo hommes, il est griève-
ment blessé au genou. Sou cou-
rage n'en est point ralenti, et il
continue à prendre part à la ba-
taille. La victoire était aux dra-
peaux français. « Son casque brisé,
))dit un historien , son sabre cas-
» se, sa blessure ouverte, attestaient
«ses travaux : il entre dans un
» village pour en chasser quelques
«hullaus qui s'y défendaient enco-
«re. Là, un coup de pistolet à bout
«portant, lui donne la mort; il
«tombe entre les bras de ses dra-
»g0Ds; il s'écrie : iY^ vous arrêtez
î8o
PES
» pas, vies aîïiis! chargez, nous som-
nmes vainqueurs! Il expire. Le
Minot vainqueur fui le dernier
«qui sortit de sa bouche. «Pesclie-
Inclie avilit été nommé colonel la
veille même de <a mort. Lorsque
le grand- duc de Bergf (Joacliim
iMurat, depuis roi de Naples) ap-
prit la perle de ce brave, il dit avec
douleur : « C'est une grande et
>■> funeste perte que celle du colonel
nPcscheloche. wCesparolcs valent
tout une oraison funèbre.
PESSUTI (JoAcniM), malhé-
malicien italien, naquit à Piome
en 1743' I' ^^^ ^^^ progrès rapides
dans les sciences exactes, pour les-
<iuelles il annonça de bonne heu-
re un penchant décidé; il les en-
seijj;nait aux autres avant d'avoir
cessé de les apprendre lui-même;
la clarté, la méthode, et la précision
avec lesquelles il communiquait
ses idées, lui acquirent une telle
célébrité, qu'il reçut l'invitation,
bien flatleusc pour un jeune sa-
vant, d'aller occuper une chaire
de mathématiques au collège des
cadets à Pétersbourg. Sa santé ne
lui permit pas de s'y fixer, mais
il en revint honoré de l'amour de
ses élèves et de l'amitié du grand
Euler, qui avait su deviner son
niérile. Avant de rentrer dans sa
patrie, il voulut visiter la capitale
de la France, où il eut occasion
de contiaître la plupart d«s grands
hommet» du siècle dernier; s'é-
taul plus particulièrement rappro-
ché de d'Alemberl et de Condor-
cet, ils le prirent eu aiTt-ction, et
Pessuli resta en (•orre'<po'<d;ince
suivie avt'c eux. De retour à Ro-
me, il fut nommé à l'univer^-ilé
de laSàpienza, profes-*eur des ma-
thémafliques appliquées, et devint
PES
d'abord le collègue et ensuite le
successeur du célèbre BiaU' oui
dans la rédaction de tleux jour-
naux liltcraires; donnant ainsi le
spectacle peu commun d'im bon
litléraleur el d'un grand mathé-
maticien réunis dans la même
personiie. 11 eut uxw. dispute avec
le comte Riccati au sujet de ses
institutions analytiques, donl Pes-
.-uti releva plusieurs erreurs ; mais
il différa de répondre à la rénliijue
de l'auteur afin de ne pas aflliger le
cœur d'un vieillard pour lequel il
avait la plus grande vénération.
Pessuli appartenait à plusieurs so-
ciétés savantes ; ses con( itoyens
le nommèrent l'iui des consuls de
la nouvelle république romaine,
qu'il aurait voulu voir s'éb'ver à
la grandeur de l'ancienne, etd.iut
il fut condaumé à voir la chute.
Il rentra alors sans regret dans le
cercle de ses habitudes, et mou-
rut le 20 octobre iSi'i. Ses ou-
vrages sont : i' R^flessioni anali-
tiche sopra una lettera di Riccati,
Rome, 1777 : c'est la réponse à
Riccati, qui ne parut qu'après sa
mort; 2" S alla teoria délie trombe
idrauliclte; 5" SuUa legge délie ve-
locità deir acfua provenietue da'
picfioU fori de' vasi, dau:^ le même
volume, ibid., 17S9; 4° Sopra la
teoria e la pratica del livello Uge-
îiiano, ibid.,i79/i; 5" Sal inaneg-
gio ed usi del Teodolilo , ibid.,
1794 ; 6" Mcmoria per dt'terminare
le occaltdzioui délie slelle fisse die-
tro il disco Innare, ibirl., 1802; 7*
Niwve considerazioni su di alciine
sirigolari proprieià délia formola
del binomio di Nruton , dans le
tome XI des Jjtlémoires de la so-
ciété il.dieime; 8° Considerazioni
sopra un probicma meccanico,[h\d.,
PES
tome XIII; 9' Metodo d'approssi-
viazione per In risoluzione numeri-
cn d'ogiii snrta d'equazioni, il)i<l.;
i«»* Teoria dell' azione de' tubi ca-
pillari, ihirl., tome XIV; W'Nuo-
vo metodo délia trigoiwmetria sfe-
rica, ibid., tome XV; 12 Tratla-
to xiille fanzioni derioate ed alcune
nnnotazioni alla meccanica céleste
di Laplace, inédit.
PESTA LOZ/J ou PESTA LUZ
(Hesri), écrivain tlistidj-ué et
philosophe-pratique, devenu non
moins célèbre que recommanda-
ble par «a nouvelle méthode pour
l'instruction de la jeunesse, est
né à Zurich, le 12 janvier i745>
d'une ancienne {'amille patricienne
de cette ville. Orphelin dès l'en-
fance, et ses parens ne lui ayant
point laissé de fortune , il se trou-
va de bonne heu;>;,réduit ;\ la né-
cessité de subvenir par lui-même
à ses besoins, et loin de se laisser
abattre par la rigueur du sort, il
se livra dès sa jeimesse aux tra-
vaux les plus assidus. Doué d'un
esprit à la fois actif et réfléchi et
d'un toeur sensible, étranger à
toute espèce de frivolité, il s'oc-
cupa pendant sa vie entière, non-
seulement de son propre bien-
être, mais de tout ce qui pouvait
contribuer au bonheur de ses sem-
blables. Après avoir pourvu par
de solides études à son instruc-
tion, il reconnut combien celle
du peuple était négligée, même
dans l'état républicain, où le ha-
sard l'avait fuit naître. PestalozzP
se trouva bientôt entraîné p.ir un
penchant irrésistible vers les fonc-
tions d'instituteur populaire. II
avait achevé avec succès quelques
éducation^ de jeimes gens, que
leurs parena lui avaient confiées,
PES
t8j
et pendiint le cours desquelles il
avait encore étendu ses pmpres
idées, et formé un plan nouveau
pour l'amélioration du sort des
indigens, basée sur le développe-
ment des facultés morales et in-
tellectuelles des habilans des cam-
pagnes. On rapporte que ce fut
dans une contrée aride du canton
de Berne, sur le Birrfeld, où Pes-
talozzi , avec un de ses élèves ,
habitait la campagne de Ncuenhof,
qu'il eut d abord le spectacle affli-
geant d'une population encore as-
sez noin'oreuse, mais accablée de
misère, et livrée à tous les maux
que produisent la plus profonde
ignorance et le défaut de toute in-
dustrie. C'est là qu'il connut l'idée
d'un ouvrage à la portée des der-
nières classes de la société, et qui
obtint du succès même parmi les
plus élevées; c'est une espèce de
roman, i^ititulé Lienhard et Gcr-
trude, qui fut d'abord iujprimé à
Léipsick , 1781-1^87, ensuite à
Zurich, 1791-1792, qui a eu plu-
sieurs éditions, et qui a été tra-
duit dans presque toutes les lan-
gues. Il n'est peut-être aucun livre
où l'heureuse influence de la pro-
bité, de l'amour de l'ordre et du
travail, de la piété sans supersti-
tion, et d'une bienfaisance éclai-
rée, ait été présentée au peuple
avec autant de clarté et d'une
manière plus persuasive ; tout y
inspire des affections douces et
r.'unour de la vertu. Les intrigues
cl les vexations subalternes dont
les pauvres habitant des campa-
gnes sont si souvent les victimes,
s'y trouvent aussi détaillées , et
le tableau est frappant de vérité.
Cet ouvrage devint bientôt popu-
laire en Suisse et dans toute VAX-
tSa
PES
lemagne. Pestalozzi fut puissam-
ment secondé dans tous ses pro-
jets philantropiques par un riche
propriétaire bernois , M. ïschar-
ner, bailli de Wildenslein , dont
il s'est plu à retracer le noble ca-
ractère dans son roman , sous le
nom à' Amer. Encouragé^ par cet
administrateur éclairé et par les
suffrages de ses concitoyens, à
poursuivre la carrière littéraire à
laquelle il ne s'était pas d'abord
destiné, mais où il se distingua
constamment depuis par l'énergie
et la noblesse de ses sentimens ,
Pestalozzi composa un grand nom-
bre d'ouvrages dans le même es-
prit. 11 employa tous ses moyens
à éclairer les gouvernemens et les
peuples sur leurs devoirs récipro-
ques; il publia, en 1781, un écrit
sur les lois somptunires , Bille , 1
vol. in-S"; sur la législation et
l'infanticide, 1781 et 1^83; une
feuille hebdomadaire pour les cam-
pagnes, dont les livraisons réunies
forment a vol. in-8°, Dessaii ,
1 782 ; Lecture de Lienkard et Ger-
trude , faite par Christophe et
Elise , et leurs remarques pendant
la lecture, Dessau, 2 vol. in-8° ,
1782; Lettres sur l'éducation des
enfans de parens indigens , insé-
rées dans les Éphémérides de l'hu-
manité, par le chancelier de la
république de Bâie, M. Iselin ;
mes Réflexions sur la marche de
la nature, dans le développement
^l'éducation) de l'espèce humaine,
Zurich, 1797, 1 vol. in-8°; Images
pour mon Abécédaire, ou Elémens
de logique pour mon usage, Bûle ,
1797, * ^^^' ''i"8°' C'est un re-
cueil de fables plus ou moins in-
génieuses, dont la moralité offre
une maxime ou une satire poli-
PES
tique. Après la révolution qui s'é-
tait opérée en Suisse par suite de
l'invasion française, en 1798,
lorsque les conseils helvétiques
furent convoqués à Arau , il leur
adressa des Réflexions sur les be-
soins de la patrie , principalement
sur l'éducation et le soulagement
des pauvres , et publia, la même
année, un écrit sur les droits féo-
daux. Il fut, à cette époque,
chargé de la rédaction d'un ou-
vrage périodique, que le ministre
de l'instruction publique faisait
imprimer, sous le litre de Feuille
helvétique à l' usage du peuple, et
qui était destinée à calmer l'effer-
vescence ultrà-révolutionnaire, à
ramener les esprits vers des idées
d'ordre, et à faire renaître la con-
fiance et l'union parmi les ci-
toyens. Le gouvernement helvé-
tique venait d'établir une maison
d'orphelins àStantz, dans le can-
ton d'Underwald, et en nomma
Pestalozzi directeur, en 1799. Les
fonds consacrés à cet établissement
étaient peu considérables, et se
trouvèrentbientôtinsulïîsans pour
entretenir une foule d'enfans, dont
les parens avaient péri du s'étaient
dispersés pendant la guerre san-
glante dont ce pays venait d'être
le théâtre. L'ardente philantropie
de Pestalozzi parvint à pourvoir
aux plus pressans besoins, et il se
fit à la fois instituteur, économe
et pourvoyeur de cet établisse-
scment. Parmi les infortunés qu'il
y recueillit, il se trouvait un assez
grand nombre d'enfans abandon-
nés depuis quelque temps dans
ces montagnes, et qui, devenus
à moitié sauvages, étaient livrés
au brigandage et aux vices. Pour
ces êtres dégradés , le plus léger
PES
travail et les rèples les moins
austères parurent d'abord une su-
jétion odieuse. Les écrits de Pes-
lalozzi développent par quels pro-
diges de douceur et de patience il
parvint enûn à gagner le cœur de
cette jeunesse luibnlente : elle
apprit à voir en lui , non un maître
sévère, mais l'atni le plus dévoué,
et bientôt l'exemple de ses vertus
opéra un ebangement si complet,
que le désir d'épargner des ch:)-
grins à leur ami , fit régner parmi
ses élèves l'ordre et la régularité,
leurs mœurs adoucies, il s'oc-
cupa avec non moins de succès de
leur instruction. C'est au milieu
d'eux qu'il fixa ses idées et per-
fectionna sa méthode nouvelle
pour l'éducation de la jeunesse.
Après la dissolution de l'établis-
sement de Stantz, le gouverne-
ment cantonal de Berne donna à
Pestalozzi b'S moyens de généra-
liser sa méthode, et le ministre
de rinstruttion publique lui fit
concéder le château de Berthond
(Burgdorf), à quatre lieues de
Berne, où il établit un grand pen-
sionnat. On s'empressa de toutes
parts à lui envoyer des élèves, et
le nombre en devint bientôt si
considérable, qu'il l'ut obligé de
chercher un local plus vaste. Il
transporta alors son établissement
au chraeau d'Yverdun, dont la
jouissance lui fut abandonnée par
le gouvernement du canton de
Vaud. Sa belle institution y fleurit
encore, et il s'est vu dans la né-
cessité de séparer ses élèves, trop
nombreux , et d'en placer une
partie dans la succursale qu'il a
fondée à Buchsée, dans le canton
de Berne. Il eut un moment l'idée
de se réunir à son ami M. Fellen*
PES
i85
berg (voy. ce nom ) , mais on lui
filcraindrequeson institution d'Y-
verdun ne devînt alors à son tour
une simple succursale d'Hofwyl,
et la fusion des deux établisse-
mens n'eut point lieu. Plusieur»
écrivains, MM. Amaury-Duval,
Chavannes, Jullien, Raymond,
etc. , ont rendu compte de la
méthode de Pestalozzi. La diète
helvétique, de son côté , a nom-
mé une commission pour exami-
ner ses élablissemens. L'abbé Gi-
rard de Fribourg, un des mem-
bres de cette commission , a ré-
digé le rapport publié en )8o5. Il
en résulte : « que le système de
» Pestalozzi consiste bien moins à
«rendre un élève éminemment
«propre ;\ l'exercice de telle ou
» telle profession, qu'A le disposer,
»par une marche lente, ralion-
«nelle et sûre, exempte de toute
•) routine conmie de tout charla-
Dtanisme, et bisée sur la marche
«que suit la nature elle-même,
«à pouvoir développer dans une
«partie quelconque les facultés
«qu'il a repues en nai-^sant, et
«dont l'instituteur s'attache A tirer
«le plus grand jiarli possible, en
«lui formant un jugement sain,
«et en lui donnant celte justesse
«d'esprit si précieuse quand elle
«est jointe à la droiture du cœur. »
En i8o3, le canton de Zurich
avait nommé Pestalozzi membre
de la consulte lielvi'tique que Na-
poléon appela à Paris, pour s'y
concerter avec elle sur les modi-
fications que les anciennes insti-
tutions de la Suisse pouvaient
subir, et que demand. tient en
grande majorité les citoyens de
celle république. Mais le chef de
l'institutioD d'Yverdun ne put
i84
PES
rçster long-temps éloigné de ses
élèves ; le séjour de la France
n'avait nul attrait pour lui, et
après avoir exprimé brièven)cnt
ses avis sur les principaux objets
«n discussion , il quitta l'assem-
blée avant la clôture de ses ses-
sions, pour aller rendre ses soins
à ses enfans. Il n publié depuis un
grand nombre d'écrits sur sa mé-
thode, soit seul, soit en société
avec ses collaborateurs. Son der-
nier ouvrage , intitulé Conseils
adressés à mes contemporains, se
fait remarquer, comme les précè-
dent, par une foule d'idées non-
seulement ingénieuses et neuves,
mais éminemment utiles et d'une
application aisée; peut-être y dé-
sirerait-on un style mieux sou-
tenu, des transî-lions moins brus-
ques , une liaison plus claire et
plus intime entre les diverses par-
ties, qui en coordonnât parlaitt-
ment le tout. Parvenu à un âge
très-avancé, Peslalozzi, qui a tant
fait pour les autres , ne s'est ja-
mais occupé de ses intérêts ; il a
vécu avec ses élèves, et n'a point
de fortune à lui. Les souverains
du nord ont généreusemenl sous-
critpourun grand nombre d'exem-
plaires de la coHeciion complète
de s<"- œuvres. Cet exemple sera
sans doute suivi par plusieurs pè-
res de famille, et par les jeunes
gpns devenus hommes sous sa di-
rection. 11 faut espérer que le pro-
duit de cette publication suifira
pour assurer ini repos honorable
à la vieillesse du sage d'Yverdun.
L'empereur de Russie l'a décoré
de l'ordre de Saint -AiVladimir.
Pestalozzi a vécu assez long-temps
pour jouir au moins de l'avan-
tage de voir naturaliser son sys-
PES
tème d'éducation dans plusieurs
pays (le l'Europe.
PESTEL (Frédéric-Guillau-
me), célèbre professeur de droit
public, né à Kinteln, petite ville
de la \N'est|>halie, eu 172^, se fit
connaître dès sa jeunes-e par plu-
sieurs ouvrages estimés, p.u'n>i
lesquels on cite pâlit ulièrement
ses observations savante^ sur Ta-
cite. En 1765, il fut appelé à l'u-
niversité de Leyde pour y occu-
per la chaire du droit public,
en remplacement du professeur
Weiss, et il entra en fonctions, le
16 mai de cette année, par un dis-
cours qui obtint le plus grand suc-
cès , De damnis ex neglectii juris
puhlici in civilules redundantihus.
Sa réputation s'étendit bientôt au
loin, et Ton v it afïluer de toutes les
parties de l'Europe mie foule d'é-
tudians qui se rendaient à Leyde,
}»rincipalement pour suivre les
cours du professeur Pestel. Il pu-
blia, en i^r5, la preu)ière édition
d'un ouvrage, accueilli non-seu-
lement par ses nombreux disci-
ples, à l'usage desquels il était
principalement utile, mais par les
savans de tous les pays :il est in-
titulé Fundamenta jurispradenliœ
nataralis delineata in usuni audito-
runij un vol. grand in-8", traduit en
français (1795), en allemand, et
en hollandais. Ce livre , monu-
ment durable de l'esprit philoso-
phique , du talent d'analyse , et
de la vaste érudition de son au-
teur, a eu plusieurs éditions, dont
la 4' ^ i>avu en 1788 avec des
augmentations considérables. Pes-
tel publia, en 1782, ses commeii-
tarii de republicâ Baluvâ, en un
vol. 10-8°, augmentés et portés,
en 1798, dans une nouvelle édi-
PET
tion à 3 vol. in-8». C'est un des
meilleurs ouvrages qui iiitMit paru
^ur l'histoire, la statistique, et le
droit public, de la république des
Provinces-Unies. La révolution de
1795 priva momentanénicut Pes-
tel (le sa chaire. Ses opinions po-
litiques ne l'arurenl point, à cette
époque, en harmonie avec ce'les
des goiiveruaus du jour, et Tu-
niveisilé de Leyde perdit en mê-
me temps un de ses plus habiles
professeurs et une foule d'élè\es.
11 se relira alors en Allemagne, sa
patrie, et eut pour successeur M.
Jean ^Valckenaiir, fils du célèlire
lielléniste de ce nom. En 1 8o5,
cette injustice fut réparée, llappe-
lé ;\ Leyde et rétabli dans ses di-
gnités, Pestel se livra avec le mê-
me succès à renseignement pu-
blic, mais l'université ne joiiil pas
long-temps des talens de ce su-
vaut recommandable, qui mourut
en i8o5. Son éloge l'ut prononcé,
la même année, par le professeur
Tewater dans l'asseuïblée de la
société de littérature de Leyde.
Outre les ouvrages déjù cités, Pes-
tel a publié: 1° Oratio de Liltera-
rum Sludiis florenlibus pro eo quo
a populorum recloribus rohonoraii-
tur, prctio, Leyde, 1775, iu-4°;
•2' Oralio de differentiis prœcipuis
in veteri et recentiori getitium Eu ■
ropœarum potiticâ, Leyde, 1778,
in-4"; 3" Oratio de fructibus qui
ex jiiris prudeutiâ perfcctiori ad po-
pulos Europceos seculo XVI II
peroenerurit , Levde, 178»), in-4°.
PETAGNA (Vincent), méde-
cin et botaniste italien, naquit en
i73'j, à Naples. Il fut élevé chez.
les jésuites, et étudia ensuite la
médecine , profession pour la-
quelle il s'était décidé. En 1770,
PET
i85
s'étant attaché au prince de Kau-
iiitz, ministre d'Autriche à la cour
de Naples, il le suivit en Italie et
en Allemagne , étudiant partout
la nature , et se mettant en rela-
tion avec les savans nationaux et
étrangers. De retour dans sa pa-
trie, il s'occupa de mettre en or-
dre ses collections d'histoire natu-
relle, surtout celle des insectes,
qu'il avait beaucoup augmentée
dans ses voyages. Dans une ex-
cursion qu'il fit en Sicile, il exa-
mina les productions d'une île
peu explorée dans les temps mo-
dernes, et dont il fit connaître
plusieurs richesses. Ses travaux
lui méritèrent la place de profes-
seur de bolani(|ue à l'univï-rsité
de Naples, »;t de membre de plu-
sieurs corps savaus, entre autres,
de la société royale de Londr.\s,de
celle de Florence, etc. Il mou rut à
Naples, le 6 octobre 1810. Sesou-
vraj^es s(uit : l' Institutiones bota-
iiicœ, Naples, 1785, 5 vol. in-8",
(ig. : le premier volume s<;rt d'in-
troduction à l'ttuvrage, et l'auteur
y expose les différeiis systèmes des
plus illustres botanistes moder-
nes; les (juatre autres contien-
nent la description des plantes;
2° Spécimen inscrtorum Calabriœ
ulferioris/iWid. , 1780, iu-4". fig. ,
réimprimé à Utrecht; 3" Iiistilu-
iiones cntomologicœ, ibid. , i7î)0,
a vol. in -8", fig.: l'auteur s'est
borné à la description des insectes
de l'Europe, en s'étendant un peu
davantage sur ceux du royaume
de Naples ; il a beaucoup profité
de la philosophie entomologi(iue
de Fabricius. 4" Dclle Facollà délie
piatile, ibid., 1797,5 vol. in-S":
c'est un traité dans lequel sont dé-
taillées les qualités tuédicale.s de«
i86
PÉT
plantes, et leur usage dans la méde-
cine et l'économie Hfiine>li(|iie.
PÉTHION (Alexandre), pré-
sident de la république d'Haïli,
né au Port-au-Prince (Saint-Do-
mingue), le 2 avril 1770. Son
père étnit un colon européen ,
nommé Sabès, qui jonissait d'une
fortune assez considérable dans
J'île, et sa mère une mulâtresse
libre. Leur fils, quoique homme
de couleur, ne connut jamais
les liens de l'esclavage; il reçut
une éducation libérale, et fut dès
son enfance l'objet des plus ten-
dres soins de son père. Le nom
dePéthion, qu'il devait illuslrer
un jour, était un de ces sobri-
quets d'enfance que les mères
se plaisaient à donner à leurs fils.
On a faussement avancé qu'il l'a-
vait pris pour avoir quelque cho-
se de commun avec le u)aire de
Paris {voy. Pétion de Villeneuve),
dont l'existence même était alors
entièrement inconnue à Saint-Do-
mingue. A peine 5gé de 20 ans,
Péthion fut un des premiers qui
prirent les armes lorsque les trou-
bles de la métropole se propagè-
rent d'une manière si effrayante
dans sa plus riche colonie. Il se dis-
tingua bientôt non-seulement par
des talens et par la plus brillante
valeur, mais par des qualités en-
core plus rares à une époque de
dévastation et de carnage, par sa
bienfaisanceet son humanité. Tou-
jours sensible à l'infortune de
ses semblables, de quelque cou-
leur et de quelque parti qu'ils
fussent, il leur tendait une main
secourable, et adoucit, autant qu'il
dépendait de lui , les horreurs de
la guerre civile. Plusieurs colons
blancs lui durent la vie. Péthion
PÉT
remplissait les fonctions d'adju-
d.nit-géuéral quand lesAnglais é-
vacuèrent la colonie de St. -Don lin-
gue en 1798. Le nègre Toussaint-
Lou vertu re(roj.LorvEBTXJRE), sous
le titre de général en chef, s'était
emparé du pouvoir absolu , et a-
Viiit résolu de secouer le joug de
la France. Les hommes de cou-
leur, nés des Français, lui étaient
tous suspects, et après avoir ex-
terminé lus blancs, il s'essayait à
étendre la proscription sur les
miilâlres. Le général Rigaud ,
homme de •■ouleur lui-même, se-
condé par Pélhion, s'opposa avec
courage à Toussiiiut-Louverlure,
et rallia sous ses drapeaux tous
les hommes de sa caste, ainsi
qu'un petit nombre do noirs.
La guerre civile se ralluma avec
une nouvelle fureur. Pélhion se
jeta dans la place de Jacmel ,
point important liconst;rver,«"l que
Tous>aint-Louverturi' a-*'iégeait
en personne. Les habitans étaient
découragés, et la place m il p(iur-
vue de vivres et de munitions de
guerre. II n'en opposa pas moins
une longue et vigoureuse ré-
sistance aux forces supérieures
des assiégcans. Quand enfin la
famine le forç;i d'évacuer Jac-
mel, il protégea la rtlnile des
vieillards, des femines et des en-
fans, et à la têle de 1.900 com-
battans, il s'ouvrit à la biiïonuet-
te un passage h travers l'armée
de Toussaint, forte de 22,(100
hommes. Ayant ensuite rejoint
le général Rigaud, qui lutta en-
core long-temps contre son célè-
bre compétiteur noir, ils furent
enfin forcés tous deux de céder à
la fortune de Toussaint, et s'em-
barquèrent pour la France avec
PÉT
quelques compagnons fidèles. Pê-
thion n'y prit aucune part aux
affaires publiques, mais se livra
avec ardeur ;i l'étude, et acquit
des connaissances étendues, dont
il fit souvent preuve depuis. Lors
de l'expédition du général Le-
clerc, Péthion fut employé, dans
le grade de colonel, avec son gé-
néral et son ami Rigaud. Tous
deux rendirent d'éminens servi-
vices. L'influence qu'ils avaient
conservée à Saint-Domingue, leurs
conseils et leurs exemples, entraî-
nèrent plusieurs autres habitans
de l'ile, qui jouissaient de la con-
fiance publique, et bientôt tout
fut soumis à l'autorité de la Fran-
ce. Toussaint-Louverture parut
même s'y être rallié de bonne
foi; mais l'impéritie, l'orgueil
et la cruauté des nouveaux chefs
perdirent tout. On avait solennel-
lement promis aux noirs , comme
aux hommes de couleur, la liber-
té , et la jouissance paisible des
biens qu'ils avaient acquis au
prix de tant de sang; mais on
viola bientôt, d'une manière aus-
si injuste qu'impolitique, les plus
saints engagemens. Toussaint s'é-
tait retiré dans une habitation
qu'il possédait à l'intérieur de
l'île, et y vivait paisible. Des sol-
dats français vinrent l'enlever; on
le je<ta dans un bâtiment, qui fit
aussitôt voile pour la France, où
il expira de faim dans un cachot.
Le général lîigaud fut de même
déporté. Après la mort du com-
mandant en chef de l'expédition
française le général Leclerc, son
successeur, qui se trouvait dans
une position diflicile, avec des
troupes affaiblies, crutdevoirsup-
pléer i\ la force par la violence,
PET
187
et voulut régner par la terreur.
Bientôt il ne mit plus de bornes
à ses fougueux emportemens.
Les colons européens même,
revenus à Saint-Domingue avec
l'expédition française, ne furent
point épargnés. Plusieurs furent
déportés et spoliés, d'autres fu-
rent fusillés. Pour les noirs on
s'en débarrassait par des supplices
de différens genres. Des officiers,
des chefs, étaient cousus dans des
sacs, et jetés à la mer; le mal-
heureux général Laplume, resté
constamment fidèle à la France,
fut de ce nombre. On envoya en-
fin à la terre ferme chercher de»
équipages de chiens, pour chas-
ser et dévorer les nègres, et l'on
eut soin d'entretenir l'ardeur de
ces animaux, en leur fournissant
des rations journalières de chaire
noire. Péthion, indigné de tant
d'horreurs, et menacé dans sa pro-
pre existence, se retira dans les
mornes ou montagnes inaccessi-
bles de Saint-Domingue. Tous ses
compatriotes qui purent échap-
per à la surveillance française vin-
rent le joindre. Le général noir Des-
salines prit le commaYidement
en chef des mécontens, et l'on
déclara la guerre aux persécu-
teurs de l'Europe. Ce qu'il eût
été facile de prévoir, arriva. Les
guerriers français, déjà réduits en
nombre, et avec eux U» restes
des braves de la légion polonaise,
qui avait si vaillamment combat-
tu ùl'arméed'Ilalie, étaient mois-
sonnés chaque jour par le fer de
l'ennemi ou par les maladies épi-
démiques d'un climat dévorant.
Les Anglais, de nouveau en guer-
re avec la Franco, se hâtèrent de
fournir des armes et des muni-
i88
PET
tions de guerre à fous ceux qui
couibaltaierit leurs etinemis. En-
fin les faibles débris des forces
naguère si imposantes , que la
mère- pairie avait envoyées à
grands frais dans sa plus belle
colonie, furent obligés de l'éva-
cuer, et de cherchfr un refuge
sur leurs vaisseaux, qui devinrent
bientôt la proie des (-roisières bri-
tanniques, el les soldats échappés
de Texpédition de Saint-Domin-
gue allèrent achever de mourir
sur les ponio is anglais. Le plus
féroce des nègres. Dessalines,
s'empara alorsde l'autorité suprê-
me, et se fit proclamer, sous le
nom de Jacques 1", empereur
d'Haïti. M lis ses fureurs le ren-
dirent odieux aux hommes qui
naguère étaient ses égaux, et
qu'il voulut soumettre à un joug
encore plus pesant qut; celui des
blancs. Le nouvel empereur lais-
sa percer la résolution ((u'il avait
prise de se défaire de tous les
hommes de couleur, dont l'ins-
truction et la valeur pouvaient
opposer des digues à son despo-
tisme , et de ne conserver dans
l'île que les noirs qu'il croyait
plus faciles à opprimer. On le
prévint, et dans la journée du 17
octobre, pendant qu'il passait une
revue au Port-au-Prince, il fut
immolé au milieu de ses gardes.
Le nègre Christophe, chef des
conjurés , qui avait fait preu-
ve dans plusieurs occasions de
courage et de talens militai-
res, mais qui était aussi avide
du pouvoir absolu, et presque
aussi cruel que Dessalit»es , fut
proclamé président et généralis-
sime de la république d'Haïti.
Il nomma d'abord Pélhion son
VÊT
lieutenant, et gouverneur de la
partie du sud. Les états-généraux
de la nouvelle république furent
convoqués au Cap, et prirent le
titre d'assemblée nationale. Les
divisions y éclatèrent bientôt en-
tre les chefs. Péthion, ardent et
sincère ami de la liberté, voulait
le gouvernement représentatif,
tel qu'il sut def)uis l'établir-
Christophe voulait être le maî-
tre de l'état, et ne pouvait sup-
porter ni un égal, ni une autorité
quelconque , balunçant la sienne.
Aussi, à l'aide des troupes noires,
qui lui étaient alors presque en-
tièrement dévouées, se fit-il pro-
clamer et couronner roi d'Haïti
au Cap-Français, capitale de ses
états, où il régna despotiquement
sous le nom de Henri I". Dans
une proclamation qu'il publia
contre Péthion, il déclai'a celui-ci
rebelle, ajoutant que l'autorité
souveraine appartenait de droit
comme de fait au plus fort, selon
le coJe Henri. Mais les parties de
l'ouest et flu sud, se formèrent
en une république dont le sénat
et les représentans du peuple
nommèrent à l'unanimité Péthion
le président. Il s'établit dès-lors
au Port-au-Prince, et sut bientôt
faire chérir et respecter son au-
torité constitutionnelle. Les hosti-
lités ne tardèrent pas à commen-
cer par terre et par mer entre ces
deux chefs. Le roi Henri avait
sous ses ordres des troupes plus
nombreuses, et en général mieux
armées et mieux éipiipées. Le
président Péthionétait plus aimé,
et trouva dans le dévouement et
la persévérance des citoyens qui
vivaient heureux sous son admi-
nistration, des ressources qui man-
PET
quèrent à son enneiiii. Celui-ci,
furieux de voir soustraire i\ sa
domination de riches, et belles
conlrées, vint à plusieurs repiises
attaquer le Port-au-Prince. Le i"
de janvier 1808, Pélhion rem-
porta une victoire mémorable sur
le roi noir, qui avait cependant
une armée deux fois plus forte
en combat tans. Le vaincu fut
forcé de se retirer en toute hâte
au Cap, où il recruta de nouveau
et disciplina de son mieux une ar-
mée composée en grande partie
de ses anciens compagnons; mais
l'esclave qu'ils avaient couronné
était devenu un niiiitre impitoya-
ble, et il ne régnait plus sur eux
que par la terreur. Il marcha de
nouveau en 1811, sur le Port- au-
Princf, avec des forces considé-
rables. Pélhion se tint sur la dé-
fensive. Son lieutenant, son ami
et son successeur, hoyer, à la tê-
te d'une poignée d'hommes de
couleur, repoussa plusieurs at-
taques des assaiilans , et ^se
couvrit de gloire. Las du joug
de fer de Henri I", 5,ooo hom-
Dïes, formant un corps d'éli-
te de sa garde, passèient avec
leur colonel, le mulûtre Marc,
du côté de Pélhion. Celte défec-
tion fut suivie de plusieurs au-
tres, et détermina encore Henri
à se sauver au Cap, où, dans sa
rage, il fit égorger sans distinc-
tion d'âge ni de sexe, tous les gens
de couleur qui existaient dans ses
domaines. Mais il parut au moins
avoir acquis par cette dernière ex-
pédition la certitude que tous ses
eir.irts contre Pélhion ne seraient
jaujais cturounés par le succès,
et sans conclure de paix po»ill-
>e, il rcnonjia à de nouvelles at-
PET 189
laques. Le président de la répu-
blique d'Haïti proflla de ce repos"
pour achever l'ouvrage qu'il avait
commencé. Son armée, augmen-
tée par tous les soldats qui avaient
abandonné son adversaire , fut
mise sur un pied respectable;
ses places frontières furent forti-
fiées, ses ports furent oiiverts à
ton les les nations européennes;
les Français même, que le com-
merce y attirait, trouvaient pro-
tection et sécurité sous son ad-
ministration. Non-seulement il
encourageait le commerce, mais
il mit le zèle le plus louable à é-
tendre dans ses états la civilisa-
tion et les lumières; il forma des
élablissemens pour rinstruclion
des noirs et des mulâtres, en-
couragea le travail, mit de l'ordre
dans les finances , paya des som-
mes considérables qui étaient ducs
aux Américains pour fournitures
faites à son armée, et bientôt la
sécurité générale du pays, la
tr.inquillifé, la paix et le bonheur
dont jouissaient les citoyens sous
un gouvernement à la fois ferme
et équitable, firent proclamer Pé-
lhion le père de la patrie. Il sut
aussi faire respecter la lépubliquc
au dehors. Quelques différens s'é-
levèrent entre lui et les États-U-
nis de l'Amérique septentrionale.
Ln matelot de leur pays avant
tué lui honune d'Haïti, fut jugé,
condamné et exécuté sm-- le-
champ. Les agens américains se
plaignirent, Péthion leur répon-
dit qu'il fer.iil constamment exé-
cuter les lois contre amis et enne-
mis, sans ménagement pour qui
que ce pût être. Sa fermeté en
in)po-<a , et l'interruption mo-
mentanée des relations coinmer-
igo PET
ciales cessa bientôt. En i8i5, il
fut réélu président, pour 4 ans, au
terme de la constitution. Des né-
gociations furent entamées aveclui
l'année suivante par le gouverne-
ment français; mais il refusa d'é-
couter les propositions de tout
agent étranger, qui ne serait
point autorisé à reconnaître so-
lennellement l'indépendance de
Haïti , condition première , et
sine qaâ non de tout traité. La po-
litique de Péthion le portait à
accorder des secours aux indé-
pendans de l'Amérique méridio-
nale. Ils trouvèrent asile et pro-
tection dans leurs revers, et deux
bataillons de noirs, qu'il leur
fut permis de lever à Haïti , leur
rendirent d'éminens services. Il
procura ainsi aux commerçans de
sa république de nombreux avan-
tages, et entretinten même temps
des relations amicales avec les
colonies des nations européennes
dans les îles et sur le continent
américain. ïoutparaissait assurer
à Péthion une existence calme et
glorieuse, et il semblait n'avoir
plus qu'à jouir de ses longs et u-
tiles travaux; mais sa santé décli-
nait depuis quelque temps, et il
souffrait à certaines époques des
douleurs aiguës. On assure que
satisfait du rôle qu'il avait rempli,
querassasié d'honneurs et de l'exis-
tence même, il résolut de dispo-
ser librement et seul de sa vie.
Après en avoir fixé le terme, il
refusa obstinément, malgré les
vives instances de tous ceux qui
l'entouraient, et particulièrement
de son ami le général Boyer,
de prendre aucune nourriture, et
expira d'inanition au septième
jour, le 29 mars i8ib. Sa mort
PET
répandit une consternation géné-
rale ; toute la population de la
république prit spontanément le
deuil, les funérailles du président
furent célébrées avec pompe au
milieu des plus solennelles cé-
rémonies religieuses, et un mo-
nument a été élevé en sa mé-
moire par les citoyens recon-
naissans. Péthion avait rempli
sa dernière obligation envers sa
patrie, en désignant à son lit
de mort, et ainsi que la cons-
titution le lui permettait , le
général Boyer pour son succes-
seur. Celui-ci marche sur les
traces de son illustre prédécesseur,
et paraît destiné à achever son
ouvrage. Déjà il a vu crouler la
monarchie éphémère de Henri
1", dont les esclaves ont voulu re-
devenir citoyens. La partie ci-
devant espagnole de Saint-Do-
mingue a aussi adopté les lois
de la république d'Haïti. Boyer,
comme Péthion, appartient à cet-
te race d'hommes, qu'un cheva-
lierfrançais de Saint-M....dit« ne
«pouvoir être rangés dans la clas-
se des peuples, puisqu'ils n'ont
point paru au berceau des hom-
mes , puisqu'ils ne sont que les
fruits bizarres de la découverte a-
ventureuse du Nouveau-Monde,
et les produits d'alliances presque
toujours illégitimes. » Peut-être
cependant que si l'on eût usé de
plus do loyauté, de plus d'huma-
nité envers des frères, à qui la
nature ne paraît avoir refusé que
la couleurblanche, peut-êtrealors
la France e(Jt-elle conservé sa
plus belle colonie et sa plus rich»
possession dans les Deux-Indes.
Maintenant ces hommes , qui
n'ont point joui de l'avantage
PET
d'avoir de représentant loM de la
création du inonde , ont cherché
ù réparer ce malheur, en se créant
une représentation nationale, et
il sera plus lacile de les accuser
d'illégiliinité que de combattre
leurs forces, et de leur ravir leur
indépendance et leur liberté.
PÉTHION {VOJ. PÉÏION DE
Villeneuve).
PtTIET (Clavde), ancien mi-
nistre de !a jjnene , iulentlant-gé-
néral des armées l'rançiiise.'', séna-
teur et f{rand-i)iririer de !a légioii-
«l'hoimeur, na']iiit d'une famil-
le honorable à Chàlillon-sur-Sei-
ue, le lo février 1 74;)' ^'"^ pére
était lieuteu-iul-]^'i'neral du bai!-
Iia<(e de celle ville. Après avoir
fait de Ixumes éludes, il eulra
très-jeune dans la {gendarmerie de
la maison du roi, et fut ensuite
pourvu d'une charge de commis-
saire des guéries. Les talens ad-
miiiisMalifs qu'il déploya de bonne
heure , et l'eslime générale qu'il
sut se concilier, le firent nommer,
à l'âge de a5 ans, secrétaire en
chefetsubdelégué-général de Tin-
tendan<;e de Bretagne. Dans te
poste important, où il géra pen-
dant 20 ans les affaires d'ime des
plus grandes provinces du royau-
me, souvent agitée de troubles,
et où il était bien difficile de satis-
faire à la fois aux désirs souvent
opposés du gouvernement, ôei
états de la province, et du peuple,
Petiet acquit la réputation d'un
hofome de bien, fidèle à tous ses
devoirs , sincère ami des citoyens,
et ne négligeant d'iutrc S'jiu que
celui de sa propre fortune. Aussi,
à l'époque de la révidiition en
17^9. quand les anciennes iusli-
tulious des y-aya d'état s'écroulc-
PEt
»d»
rent, nvec beaucoup d'autres, et
quand ses fonctions en Bretagne
eurent cessé, y reçut-il d'un peu-
ple fier et jaloux de ses droits,
des témoignages éclatans d'estime
et de reconnaissance. Il fut d'a-
bord , et à l'unanimité des suffra-
ges des électeurs, nommé pro-
cureur-général-syndic du dépar-
tement d Ille-et-Vilaine , et le
même département l'élut plus tard
son représentant au conseil des
anciens. Il n'occupa que peu de
temps le premier emploi. Le gou-
vernement réclama l'emploi de
ses talens; la guerre venait de s'al-
lumer, et Petiet, nommé en pre-
mier lieu commissaire-ordonna-
teur, fut bientôt placé à la tête de
radministration de l'une des gran-
desarmées qui se formaient alors,
et servit successivement en qua-
lité de commissaire -général, à
celles du centre, de Sjmbre-et-
Meusc et de l'Ouest. Pendant qu'il
se trouvait à la première, sous
les ordres du général La Fayette ,
le roi lui envoya la croix de Saint-
Louis. Dans ces différons postes,
le zèle, l'activité elle désintéres-
sement de Petiet le firent respec-
ter de tous les partis , et personne
n'eut à se plaindre de lui, si ce
n'est les ennemis du dehors, aux
revers desquels il contribua puis-
samment par une administration
vigoureuse, qui avait bien aussi
quelque droit de réclamer sa part
aux honneurs du trioni[)he. Ap-
pelé, par ses fonctions, en Bre-
tagne pendant que la guerre civile
y exerçait toutes ses fureurs, il
fut pendant quelque temps desti-
tué par les députés de la conven-
tion * dont il était bien loin d'ap-
prouver ou de seconder les me-
IQU,
PET
sures violentes ; mais le besoin
extrême qu'on avait de ses talens,
força bientôt le gouvernement à
le rétablir dans ses emplois. Le
fait suivant peut prouver à lui seul
à quel point Petiet avait su méri-
ter l'estime générale dans les mal-
heureuses contrées de l'Ouest. Il
se trouvait à Nantes lorsque les
habitaus de cette ville repoussè-
rent l'armée des Vendéens. Quel-
ques jours après, les affaires de
son administration l'obligèrent à
la quitter. Il part sans escorte , et
tombe au milieu d'un détache-
ment de ces hommes, qui poussè-
rent si souvent leurs représailles
contre les républicains jusqu'à la
dernière barbarie. Entouré, saisi,
mis en joue, il allait être immolé,
quand son nom , répété par les
Vendéens, fit soudain tomber de
leurs mains les armes qu ils diri-
geaient contre lui ; il ne trouva
plus que des amis piirmi des bom-
mes d'opinions si opposées , el sa
vie fut sauvée, parce qu'il avait
consacré ."a vie entière à la justice
et à la bienfaisance. En 1795, il
venait à peine de prendre place
au con^-eil des anciens, où le dé-
partement (rille-et-Vilaine l'avait
député, qu'il fut appelé au minis-
tère de la guerre. î'etiel >e char-
gea de cet immense fardeau dans
les circonstances les plus dilïîciles
où peut-être ministre se soit ja-
mais trouvé. Le trtsor de l'état
était épuisé, la chute du })apier-
moiinaie jetait de la méfiance et
de l'incertitude dans toutes les
transactions; des dil ipidations é-
normes s'étaient introduites dans
les diverses branches de Tadmi-
nistration pendant le gouverne-
ment directorial, et les besoins
PET
des soldats croissaient à chaque
moment ; la victoire seule leur'
restait fidèle. Mais ces braves
guerriers , long-temps négligés y
retrouvèrent un ami aussi zélé
qu'actif dans le nouveau ministre,
qui consacrait ses Jours «t ses nuits
au travail, et qui parvint enfin à
pourvoir aux besoins pres>^ans des
nombreuses armées de la France.
La disette cessa, une comptabilité
sévère fut établie , les plus graves
abus furent extirpés , et insensi-
blement tous les rouages de cette
grande machitie se trouvèrent re-
montés et mis en harmonie. Les
victoires de iMoreau sur le lUiin
et de Bonaparte en Italie furent
remportées sous son ministère..
Après une année d'exercice, Pe-
tiet eutencore, le premier depuis
la l'évolution, la gloire de sou-
mettre un compte clair et précis
de ses opérations au jugement de
ses concitoyens et à l'examen du
corps-législatif. Ce compte, géné-
ralement adniiré , a servi do tuo-
dèle à tous les ministres qui lui
ont succédé. Apre? avoir rempli
pendant près de deux ans avec
celte rigoureuse j)robité, base de
son caractère, unposte laborieux
et pénible, Petiet eut besoin de
quelque repos, el se retira au .sein
de sa l'amiile, destinant à l'édu-
cation de ses enfans , de? jours que
ne réclamait plus la pitrie; mais
bientôt ini nouvt;ui témoignage
de la c(»nfiance publi(]ue viit I ar-
racher à sa retraite. Les suiV.ages
unanimes des électeurs du dépar-
tement de la Seine, auquel il eiait
cependant étranger, le portèrent,
en mars 1799. à la represenlatiou
nationale, el il fut député par eux
au conseil des cinq-cents. Le pre-
PET
micr consul l'appela, l'année sui-
vante, au conseil- (l'état, et le
général Alexandre Berthier (de-
puis maréchal de l'empire et prince
deNeuchâtel) réclama le secours
de ses lumièrt-s au ministère de la
guerre, où Petiet s'honora encore
<i la seconde phioe, après avoir si
dignement rempli la première.
Quand les armées françaises eu-
rent de nouveau franchi les Alpes
et soumis une seconde fois l'Italie,
il fut nommé au gouvernement de
la Lomhardie, avec le litre de
ministre extraordinaire. Pendant
deux années de séjour à Milan,
une administration sage et équi-
table parvint ù réconcilier les Ita-
liens avec la domination française,
et à les attacher par les liens de
la conûance et de l'espoir d'un
avenir heureux. Quand Napoléon
eut conçu le projet d'une descente
en Angleterre, et qu'il eut ras-
semblé des forces formidables dans
les trois camps de Boulogne, de
Montrenil et de Bruges, il recon-
nut le besoin d'un chef habile
pour diriger l'administration de
ces armées, et fit choix de Petiet,
qu'il en nonmia l'intfndant-géné-
ral. La santé de celui-ci s'altéra
visiblement à la suite de ces tra-
vaux et des fatigues qu'il eut à
supporter : nue maladie grave le
n)it bientôt aux portes du tom-
beau. Mais la camp;igne d'Aus-
terlitz venait de s'ouvrir; à peine
en convalescence, il part pour
l'armée, consultant plus son dé-
vouement que son état. Il entre
avec le vainqueur à Vienne, com-
mande un dernier service à ses
forces exténuées, revient mou-
r.uit à Paris, et, sans quitter les
fonctions qui lui sont confiées,
PET i<)5
signe des ordres relatifs à son ad-
ministration , jusqu'au jour même
où il succomba. Petiet venait
d'être nouuîié membre du sénat,
et grand- officier de la légion-
d'honneur. Il mourut le aS mai
180G, laissant après lui une mé-
moire vénérée de tous ceux qui
l'ont connu, et pour fortune à
ses enfans, l'héritage honorable
des exemples qu'il leur avait four-
nis. Ses funérailles furent célé-
brées avec la pompe ordonnée par
Napoléon, et ses restes reposent
dans un des caveaux de l'église
Sainte-Geneviève, alors destinés à
recueillir les cendres des grands-
dignitaires de l'état. Petiet a laissé
quatre enfans, iine fille mariée au
général Alphonse Colbert, qui a
servi avec la plus haute distinc-
tion en Egypte, à Saint-Domin-
gue, en Italie, en Espagne et en
Belgique , et trois fils : l'aîné ,
membre de la légion-d'honneur,
après avoir servi dans l'artillerie ,
a occupé des places importantes
dans l'administration publique; il
a été intendant de la liste civile
en Toscane , préfet du départe-
ment des Hautes-Alpes , et il est
aujourd'hui attaché à la direction
générale des vivres sous le comte
Dejean, pair de B'rance. — Au-
gustin Petiet , second fils du sé-
nateur, a suivi la carrier»: mili-
taire depuis 1800. Nommé, à l'âge
de 'M ans, chevalier de la légion-
d'honneursur le champ de bataille
d'Austerlitz , et officier du môme
ordre à la bataille de Dresde, il
compte 16 campagnes, et a été
blessé dans 4 combats. Après la
bataille de Mont-Saint-Jean , «il
fut promu au grade de génér.il
de brigade, qui ne lui apas été cou-
Ï94
PET
firme depuis. Il est chevalier
de Saint-Louis depuis 18 14- —
Sylvain Petiet, dernier fils du
sénateur, après avoir reçu plu-
sieurs coups de lance dans la
campagne de Russie, a été nom-
mé chevalier de la légion d'hon-
neur il la bataille de la WoscoAva ,
et capilaiiie au 8" régiment de
hussard». Il est aujourd'hui em-
ployé, d;ms le même grade, au
réginnnt des chasseurs à cheval
(le l;i Somme.
PÉTION 1)K VILLENEUVE
(Jérôme), membre de rasseml)lée
cousiiluaute, et ancien maire de
Paris, exeiçait à (Chartres 1 1 pro-
fession d'avocat, lorsqii'il lut nom-
mé, par le tiers-élal du bailliage
de cette ville, dipulé aux états-
généraux. Il adopta dè> l'aurorede
la révoliUion les principes qu'elle
consacrait, et qui bientôt ébran-
lèrent jusque dans ses fondemens
l'édifice de la monarchie. Sa sévé-
rité républicaine lui fit un grand
nond>re d'eiinemi> parmi les dé-
fenseurs des anciennes institu-
tions; sa haine pour la tyrannie de
quelques chefs qui se .-ubsliluèrent
au pouvoirabsolu, qu'eux-mêmes
avaient concouru à détruire, pré-
para et hâia sa perle. Il l'ut un des
premiers qm', après la séance roya-
le du aiî juin 1789, s'élevèrent
contre l'acte d'anlorilé que l'on
avait conseillé au roi, et qui en-
couragèrent rassend)lée i\ persis-
ter dans ses résolution*. Les pro-
testations de la minorité trouvè-
rent en lui un ceuseuÉ' sévère, et
il demanda, le 5i juillet, la mise
en jugement des ennemis du nou-
vel ordre de choses. Dans la séan-
ce du 18 août, Mirabeau ayant
proposé de renvoyer l'adoption
PET
de la déclaration des droits de
l'homme, après la sanction de la
constitution par le roi.il accusa son
illustre collègue d'entraîner l'as-
semblée dans des opinions contra-
dictoires. On le vit, le 1" septem-
bre, se déclarer en faveur du veto
suspensif à accorder au roi; le 5,
appuyer la permanence et l'unité
du corps-législatif; le 3o, s'oppo-
ser à ce que le roi eût le pouvoir
d'interpréter Ici lois; le 5 octo-
bre, dénoncer les événemens de
la soirée et de la nuit du 1" au 2,
et dans le nu'me mois, demander
que le roi prît le titre de roi des
Français par le consentement de la
nation, en supprimant la formule
par la grâce de Dieu, «car, dit-
il, c'est calomnier Dieu : Charles
IX était aussi roi par la grâce de
Dieu. nCet te proposition inattendue
produisit un effet maïqué sur l'as-
sendilée. Dans une autre séance,
le 5i, il combattit avec beaucoup
de force l'opinon de l'archevêque
d'Aix, en faveur des biens du cler-
gé. 11 observa « que les richesses ne
faisaient que corrompre un ordre
dont le renoncement aux biens et
aux vanités de la terre était le
premier devoir et la première ver-
tu.» Il vota, le la février :7<)0, la
suppression des ordres religieux, et
le '25 l'égalité de partage dans les
successions des nobles. Jusqu'au
4 déccmbie, qu'il fut élu président,
il s'opposa à ce que le roi eût le
droit de paix et de guerre, provo-
qua la réunion à la France du corn-
tat d'Avignon, fut pour la création
des assignais, et les projets de
Mirabeau sur les finnnces. On re-
marqua dans la séance du 17 jan-
vier 1791, seul discours sur l'orga-
nisation du jury, et sa réponse.
PET
dans la séance du 21 février, à
un membre f(tiigneux du côté droit,
qui demandait des mesures pour
rétablir la tranquillité publique.
« La tranquillité publique n'est
troublée, dit-il avec force, que
par la révolte constante de la irii-
norité.» Approbateur des lois pé-
nales contre l'émigration, il décla-
ra 0 que la famille royale devait y
être soumise en temps de trou-
bles. » Il attaqua, le 27, un article
proposé par le comité de consti-
tution, portant que <> toute invita-
tion faite au peuple de désobéira
la loi est un crime.» Dans la séan-
ce du II mars, protecteur éclairé
des hommes de couleur, il parla
aVec éloquence en faveur de leur
cause. Dans la séance du 22, i! se pro-
nonça pour la régence élective;
enfin le 21 m.ii, il soutint le plan
de Buzot, relatif à la division du
corps-législatif en deux sections
égales, combattant avec avantage
la défaveur que faisait naître cet-
te ressemblance avec le parle-
ment d'Angleterre. Pétion fut
nomtné, au mois de juin, prési-
dent du tribunal criminel de Pa-
ris. Après le départ du roi et son
arrestation à Varennes, il reçut la
mission avec deux de ses collègues
de se rendre auprès de ce prince,
et de l'accompagner de Varennes
à Paris. Par suite des événemens
du Champ -de -Mars, du 7 juillet
1791, les membres de l'assemblée
constituante qui faisaient partie de
la société des jacobins s'en retirè-
rent; Pétinny resta, luit)"". «Ladis-
cussiou, disent les auteurs d'une
biographie étrangère, «'étant éta-
blie sur la fuite de Louis XVI, Pé-
tion attaqua le système d'inviola-
bilité du roi, et demanda qu'il fût
PET
19a
jugé par une convention nationa-
le convoquée à cet eifet. Le 28
août, il prit hautement la défense
des soldats qui s'iiisiu-geaient con-
tre leurs chefs; accusa ceux-ci des
troubles qui survenaient dans leurs
corps, et fut interrompu par M.
Alexandre de Lauieih, qui, sans se
dissimuler combien était dange-
reux l'iniivisuie des officiers,
voyait avec douleur et effroi quel-
les funestes conséquences pou-
vaient résulter pour l'indépendan-
ce nationale, d'un tel état d'insu-
bordination, qui menaçait de lais-
ser la France sans armée, et de la
livrer sans défense aux signataires
de la coalition de Pilnilz. L'aveu-
glement de Pétion et de ses amis
était même porté si loin à cette
époque, que le mot de trahison
pouvait ne pas sembler trop fort à
de sincères amis de la liberté, qui
n'auraient pas connu le fond de
son cœur et les motifs de sa con-
duite.» A la fiîi de la session, l'as-
semblée constituante ayant termi-
né sa session, ces mêmes auteurs
ajoutent:» Lié avec M"" de G
qui professait alors des opinions
républicaines dont cette dame
s'est défendue depuis avec une in-
trépidité que Ceux qui la connu-
rent alors peuvent prendre pour
de Timpudence, Pétion l'accom-
pagna eu Angleterre, à la fin de
septembre 1791.» Le motif ou le
prétexte de son voyage était une
mission pour Londres, que l'on a
prétendu , sans preuve, être dan*
l'intérêt du ducd'Orléans. A son re-
tour à Paris, il succéda A rillusiie
Bailly (yoj. cenom)dar»s la premiè-
re magistrature municipale de cet le
ville, et fut solennellement instal-
lé dans ses fonctions le 17 novem-
tgO VÈT
bre. Il dirigea, dit-on, d'après le
vœu du parti connu sous la déno-
uiinati(Wi de Girondins, le mouve-
veineul populaire du 20 juin, dont
le but était de forcer Louis XVI,
en l'intimidant, de rappj^er au con-
seil les ministres Roland , Servan
et Clavière. L'administration dé-
parlementali; de Paris, de l'assen-
timent dn roi , su-^pendil de leurs
fonctions Pétion el Manuel (ce der-
nier étaitprocureurde la commu-
ne), pour leur co*iduite dans cette
grave circonstance. Le roi repro-
cha même à Pction, publiquement
et d a»s des lern)es extrêmement
sévères, d'avoir mal fait son de-
voir. Piiion, pour se justifier et
peut-être pour se venger du parti
delacour. reiulit public, par la voie
de l'impression, l'entretien qu'il a-
vail eu avec le monarque. Le peu-
ple partageant le mécontentement
de son premier magistrat, le rede-
manda à gr.mds cri>; un nombre
considrrable d'individus parcou-
rurent les rues portant cette devi-
se tracée en gros caractères sur leurs
chapeaux, et uiême sur leurs vêle-
mens : Pétion ou la mort. Alors
Pétion jKirutà la barre de l'/issem-
blée législative (12 juillet 1792),
«non pour se justifier, disait-il,
niais pour provoquer une justice
sévère.» Son discours en ellét fut
tout en récriminations et en sarcas-
mes contre la cour et les mem-
bres du déparlement. Mais Pétion,
qui lut étranger aux événemcns
du 10 août, cessa dès cette époque
d'être l'id le du peuple; un parti
plus puissant, celui de Robespier-
re, d'»nt il avait été long-temps
l'ami, de Danton, Marat, etc., lui
enleva sa popularité, qu'il ne re-
gretta plus du moment où il vit le
PÉT
but sinistre où l'on tendait. Il fut
impuissant pour arrêter les massa-
cres de septembre. Deux fois il
s'était rendu à la prison de la For-
ce, sans que sa présence produi-
sît d'autres résultats que de les
suspendre momentanément. Le 0
septembre il païul à l'assemblée
législative, el termina son récit en
invitant les représentans « à jeter
un voile épais sur les épouvanta-
bles événemens qui venaient de se
passer, assurant qu'il n'en avait
été instruit que lorsqu'il n'était
plus temps d'y remédier. Hérault-
de-Séchelles, président, lui répon-
dit que l'assemblée était satisfai-
te d'opposer à des événemens
malheureux un homme de bien
tel que lui, et qu'elle se reposait
sur sa sagesse.» La convention na-
tionale, convoquée au mois de sep-
tembre 1792, Pétion y fut nom-
mé par le département d'Eure-et-
Loir, fonctions qu'il préféra t\ cel-
les de maire de Paiis, devenues
de plus en plus dilHciles. Premier
président d'une assemblée qui,
quelques mois après, devait le
proscrire, il se montra, dès l'ou-
vertore des séances, l'im des plus
ardens antagonistes du parti de la
commune, et surtout de Hobes-
pierie, l'vui de ses chefs. Dans un
discours qu'il prononça à la tribu-
n«.', il développait les rivalités du
conseil-généial de la commune de
Paris avec l'assemblée, et les cau-
ses qui avaient amené les massa-
cres commis à la suite du 10 août.
Il y disait qu'il ne croyait pas que
Robespierre aspirât à la dictatu-
re, et que Marat seul était capable
de cette folie féroce. Il conjurait
au reste les partis qui divisaient
la république d'oublier leur» res-
PET
senlimens et leurs préventions, et
de se réunir pour l'intérêt public.
Lors du procès du roi, il vola la
mort avec ramendomcnt de Mail-
he (voy. Mailhe) , et fut de l'avis
de l'appel au peuple et du sursis.
Pétion devint, le 25 mars, mem-
bre du premier comité de salut-pu-
blic, et de délénse générale. Pen-
dant toute la durée de la lulte f.n-
trelaGirondect\aMontagiie,Vélioa
ne cessa de combattre cette der-
nière, saisit la première oi'casion
favorable pour la perdre. « Le gé-
néra4 Miaczinski , condamné à
mort comme ayant voulu intro-
duire l'ennemi dans la place de
Lille, eut la faiblesse, disent les
biographes que nous avons précé-
demment cités, d'accuser quel-
ques députés qui sans doute n'é-
taient pas également irréprocha-
bles; mais il nomma parmi eux
Gensonné et Pétion, et celte dé-
claration, faite à l'instant du sup-
plice et dans l'espoir de prolon-
ger sa vie, devint, sans être utile
à Miaczinski, l'un des prétextes
qu'employèrent (indiques jours a-
près bs dominateurs de la con-
vention, pour faire comprendre
ces deux repiésentans dans les
listes de proscription dressées par
la faction de la montagne, et pré-
sentées par elle à la convention.»
Pétion fut sur-le-champ décrété
d'arrestation (2 juin), et momen-
tanément constitué prisonnier
dans son domicile, sons la surveil-
lance d'un gendarme. Il échappa
avec Bnzot et Salles ù cette sur-
veillance, qui allait être convertie
en une détention dans une mai-
.•*on d'arrêt, et tons trois se ren-
dirent déguisés à Caen, oii l'on
organisait une armée destinée ù
PET
197
marcher sur Paris, afin de sous-
traire la convention nation.ile à la
tyrannie de la Montagne. Les suc-
cès des troupes (le« départemens
fédérés ne répondirent point à
leur attente. (]es troupes furent
battues et dispersées à Pacy , dé-
. parlement de l'Eure, et les dépu-
tés proscrits obligés de se procurer
un nouvel asile. Pétion, Buzot,
Salles et Guadet, s'embarquèrent
pour le département de la Giron-
de ; mais bientôt ils durent cher-
cher un refuge dans les cavernes.
Quelque temps après les trois
premiers furent trouvés dans un
champ de Saint-Emilion, morts et
à moitié dévorés par les animaux.
Pétion a été jugé avec une extrê-
me sévérité par les ennenîis de la
révolution. Il ne l'a pas toujours été
avec justice par les défenseurs de
la cause qu'il soutenait. Le temps
ne paraît pas encore venu où l'on
peut porter un jugement impartial
sur ce personnage, que ses partisans
ont honoré du beau nom d'Aris-
tide, et qui peut-être est trop ca-
lomnié par les uns et trop loué
par ceux qui pensent comme M""
Roland, dont nous allons rappor-
ter l'opinion extraite de ses ?né-
moires. « Véritable homme de bien
et bon, dit-elle, Pétion est inca-
pable de faire la moindre chose
qui blesse la probité, comme les
plus légers torts ou le plus petit
chagrin A personne; il peut né-
glig«'r, beaucoup de choses pour
lui, et ne saurait exprimer un re-
fus d'obliger qui que ce soit au
monde. La sérénité d'une bonne
conscience, la douceur d'un ca-
ractère facile, la franchise et la
gaîté, distinguent sa physionomie.
il fut maire prudent, représeo-
Kj8
PET
tant fidèle, mais il est trop con-
fiant et trop paisible pour prévoir
les orages et les conjurer. Un ju-
stement sain, des intentions pures,
ce qu'on appelle la justesse de l'es-
prit, caractérisent ses opinions et
ses écrits, marqués au coin du bon
s,ens plus qu'à ceux du talent. II
est froid orateur, et lâ<he dans
son style comme écrivain. Adnji-
tiistratenr équitable et bon ci-
toyen, il était fait pour pratiquer
les vertus dans une république,
et non pour fonder un tel gouver-
nement chez un peuple corrom-
pu, qui le regarda, durant quelque
temps, comme son idole, et se
réjouit de sa proscription comme
de celle d'un ennemi. » M"" de
G<nlis fut aussi l'amie intime de
l'étion. Dans le précis de sa cofi-
dulte durant la rùwliUion , cette
dame déclare ; « qu'elle eut pour
lui une véritable estime jusqu'à la
mort du roi. » On a réuni en 4
vol. in-8', Paris, ijqS, les ouvra-
ges de Pétion ; ils comprennent
ses D/.vt'c^ars dans Tassendilée cons-
tituante et à la convention natio-
nale, ses Comptes rendus comme
maire de Paris, et ses différens O-
puscules politiques.
PETIOT (Jean- JosEPn) , che-
valier de la légion - d'honneur,
président honoraire du tribunal
chel'-lieu judiciaire du déparle-
ment de Saône-et-Loire, était pro-
cureur du roi au bailliage, présidial
de Châlons-sur-Saône , lorsqu'il
fut nomajé en 1789, par le tiers-
état, et à la presque unanimité,
premier député aux états-géné-
raux. Il vota constamment avec la
majorité, dans les rangs des mo-
dérés, et ne prit la parole que pour
des affaires spéciales à Sfui dé-
PET
parlement. Après la session, il se
retira dans ses foyers, qu'il ne quit-
ta pendant quelques mois que
pour se soustraire aux regards des
agens de la terreur. Membre depuis
1^89 de tous les collèges électo-
raux, de l'un desquels il fut élu
président; mis en réquisition le la
frimaire an 3 par un député en mis-
siori, pour remplir une place d'ad-
ministrateur du déparlement, il
obéit; mais ne croyant pas devoir
ajouter à la sévérité des lois contre
les émigrés, partie dont il était spé-
cialement chargé, il fut remplacé
après dix mois d'exercice. Nommé,
le 8 frimaire an 4i commissaire,
du gouvernement près dt- l'admi-
nistration du canton qu'il habitait,
il fut révoqué en l'an 6, à peu près
par suite du même esprit de mo-
dération. Membre du conseil-gé-
néral du département, depuis son
établissement en Tan 8, il en fut
président pendant trois sessions.
Appelé en avril 1809 au tribu-
nal chel-lieu judiciaire du dépar-
tement, sur la demande des juges
qui le componaient, il le présida
jusqu'en janvier 1816, époque où
on l'admit à la retraite, et il cessa
dans la même année les fonctions
de président du tribunal et de pré-
sident du conseil-général , sans
qu'on ait su s'il devait à la bien-
veillance de ses amis cette double
retraite, que d'ailleurs il désirait ;
quoiqu'il fût sincèrement attaché
â la charte , ses opinions , qui
n'ont pas varié depuis 1789, ne
furent pas jugées dignes de la
confiance du gouvernement. 11 a-
vait été député en 181 5 pour aller
à Lyon, représenter au duc d'Al-
buféra (^vojez Suchex), qui com-
mandait l'armée, que les habilans
PET
de Châlons-?ur-Saôiie, quoiqu'ils
eussent arrêté les Autrichiens pen-
dant nn mois lors de la première
invasion, ne pourraient seuls em-
pêcher le passage de l.;i Saône; sur
la réponse du maréchal qu'il ne
pouvait fournir aucun secours ,
réponse rapportée par M. Petiot,
non sans danger d'être pris par les
Autrichiens qui venaient de passer
la Saône à Mâcon, la ville ouvrit
ses portes. 11 vit maintenant au
milieu de sa famille , honoré de
l'estime de ses conciloytîus.
PETIT ( Antoine) , célèbre mé-
decin , naquit, en 17 iS, à Orléans,
département du Loiret, d'une fa-
mille estimable. Son père était
tailleur, et sou grand-père avait été
notaire. Au sortir de ses études ,
Antoine Petit vint à Paris, où il
suivit avec succès les cours de
chirurgie, de médecine et d'accou-
chement. Repu professeur de ces
diverses parties de b> science et de
l'art de guérir, il acquit bientôt
une grande réputation; mais sa
pauvreté ne lui permettant pas
de faire les sacrifices pécuniaires
(Gooo fr.) qu'exigeait son admis-
sion à la faculté de médecine ou
au collège de chirurgie , il témoi-
gna à la faculté le désir d'être reçu
ad meUorem forlunarn , droit que
ces deux corps s'étaient réservés;
la faculté refusa avec orgueil d'ac-
cueillir le mérite indigent. Petit
était au moment d'obtenir du col-
lège de chirurgie la faveur qu'il
sollicitait, lorsque la faculté, par
un rnolif bien moins noble , ce-
lui de ravir à un corps rival nn
homme déjà si distingué, lui ou-
vrit ses portes : il devint docteur-
régent en 1746. Petit exerça ,
concurrennnent comme proîcs-
PET 199
seur et comme praticien , la méde-
cine et la chirurgie, et dut à sa célé-
brité, sous ce double rapport, son
admisMon, en 17O0, <i rac^idèmie
des sciences, et , eu 1 j68, la chaire
d'analomie au jardin du Roi, va-
cante par la mort de Ferrein. Il
s'illustra dans cette chaire, où il
se fit suppléer, en 1776. par l'un
de ses élèves les plus distingués ,
Vicq-d'Azir, auquel il aurait voulu
la céder; mais on lui adjoignit M.
Antoine Portai ( voy. Portal) , qui
l'avait pendant dix ans remplie en
l'absence de Ferrein. Petit fonda,
à la faculté de médecine de Paris,
une chaire d'anatomie et une de
chirurgie. I! désigna Leclerc pour
occuper la première, et Corvisart
{voy. ce nom ) pour la seconde.
« La fondation qu'il fit à Orléans,
sa ville natale , dit M. Fournier
dans uneiVo//<;e,est plus considéra-
ble ; il y consacra plus de 100,000
livres : son objet est la nomina-
ti()n (le quatre médecins et de deux
chirurgiens, pour doimer des soins
gratuits aux m.dafîes indigens de
la ville, et, les jours de marché,
des consultations à ceux de la cam-
pagne, dans un édifice qu'il fit
bûlir à cet effet. Deux avocats et
un procureur ayant , comme les
premiers, des appointemens fixes,
remplissaient, à des jours mar-
qués, leur ministère auprès des
pauvres qui venaient le réclamer.
Bouvard , dans les querelles litté-
raires qui s'étaient élevées entre
lui et Petit, lui avait reproché
d'être fils d'un tailleur, et lui disait
dans une de ses controverses que
ses idées étaient mal cousues , et
que cependant il devait savoir
coudre. Petit était trop philosophe
pour s'offenser d'une pareille in-
200 PET
jure. Il s'honorait de son père; et
voulant que la postérité n'ignorât
pas son origine, il établit dans
l'acte de fondation dont on Tient
de parler, que le concierge de l'é-
difice consacré aux consultations
gratuites, serait toujours un pau-
vre tailleur de la ville d'Orléans,
en mémoire de son père. » Petit
.«^'efforçait d'enseigner à ses élèves
ces primipes si recommandables,
que les hommes qui exercent l'art
de guérir doivent des soins gra-
tuits aux indigens et aux porson-
nes'peu riches. «Ce sont les riches
qui doivent payer convenable-
ment , disait - il : lorsque j'étais
jeune je rougissais lorsqu'un ma-
lade m'offrait de me payer; main-
tenant je rougis lorsqu'on ne me
paie pas. « Cet estimable savant
avait recueilli sa mère dans la mai-
son qu'il possédait i\ Fontenai-
aux-Roses : ce séjour lui dtivint
insupportable du moment qu'il
l'eut perdue, et il se retira à Oli-
vet, village près d'Orléans, où il
mourut, le 21 octobre 1794? "^
laissant aucun héritier direct de
.son nom et de sa fortune, qui était
considérable. Nous ferons remar-
quer, à cette occasion, que Des-
FOBGEs(r)o_y. ce nom) , par le plus
inconcevable cynisme , déshono-
rant sa mère, s'est prétendu dans
son roman du Poète ou Mémoires
d'un homme de lettres, le fils ano-
nyme de ce célèbre médecin. Si
Petit eût été en effet le père de
Desforges, il est permis de penser,
d'après son caractère bien connu ,
et surtout sa bonté et sa généro-
sité, qu'il lui eût laissé quelque
portion de sa fortime. Il est vrai
que Petit avait sur les moeurs des
femme? l'opinion la plus défavo-
PET
rable , et que dans ses relations
privées , il a été généralem«nt
peu scrupuleux; mais était-ce une
raison pour Desforges de procla-
mer uij Scan* de ou une calomnie?
Petit a publié les ouvrages stii-
vans : i" l'Anatomie chirurgicale
de Pal fin , avec des notes et un
Traité d'ostéotogie , Paris, i753,
2 vol. in-ii; nouvelle édition
augmentée d'un discours sur la
chiruigie , Paris , 1 757 , in - 4* j
2' Rapport en faveur de l' inocula-
tion, Paris, in-8', 1768; "5" Recueil
de pièces concernant les naissances
tardives, Paris, 2 vol. in-S", 1766.
C'est à l'occasion de cet ouvrage ,
l'un des plus remarquables qu'il
ait produits, qu'il eut à soutenir
contre M. Bouvard une polémique
où plus d'une fois la modération
fut oubliée de part et d'autre, sur-
tout pariM. Bouvard. [\° Projet de
reforme sur l'exercice de la méde-
cine, Paris, iu-8°. Petit était enne-
mi des médicamens et des mélan-
ges pharmaceutiques, et souvent
il attaqua des apolhi<;aires qui se
faisaient médecins sans avoir les
connaissances nécessaires : il s'àt-
la(>ha plus particulièrement i\ la
médecine expeclaute. C'est de l'é-
cole de cet habile professeur que
sont sortis nos plus célèbres mé-
decins.
PETIT (Marc-Antoine), chi-
rurgien en chef de l'Hôtel-Dieu
de Lyon, membre de l'académie
de cette ville, correspondant de
l'institut, etc., naquit à Lyon, le
3 novembre 1766. Il était fils na-
turel; mais sa mère s'imposa les
plus grands sacrifices pour lui
faire donner une bonne éducation.
Il sut en profiter, et suivit, par
égard pour la volonté de su mère,
TET
la carrière chirurgicale, malgré
son goûl pour les lettres. A l'âge
de 17 ans, il obtint au concours
une place de chirurgien interne à
l'hospice de la Ciiarilé de Lyon.
En 1788, il obtint également à la
?uile d'un second concours, la
place de chirurgien en chef de
l'Hôtel - Dieu; mais conformé-
ment au vœu de l'administration
des hospices de Lyon, il devait,
avant d'exercer cet emploi, passer
(rois années à Paris, et ensuite
trois autres années à l'hospice
même, en qualité d'aide-major. Il
ttail hors d'état de faire les sacri-
fices pécuniaires qu'exigeaient son
voyage et l'absence obligatoire des
trois années ; heureusement un
homme généreux, M. Trollier de
Fe(an,vint àson secours,et Petit se
lendit à Paris. Après y avoir suivi
(jiielque temps les écoles , il
;dla à Montpellier, où il fut re-
çu docteur, le aS octobre 1790.
J)e retour à Lyon, en 1791, il y
continua ses travaux. A l'époque
du siège de cette ville, en 1793, il
l'ut obligé de s'en éloigner pour
éviter la persécution. Néanmoins,
il y revint pour prendre posses-
sion de son eiriploi de chirurgien
en chef de l'hôpital , et il ne fut
plus inquiété. Il l'exerça jusqu'à
sa mort, arrivée le 7 juillet 181 1,
en\iron un moi» après sa nomi-
nation en qualité de correspon-
dant de l'institut. Petit était dis-
tingué <|omme professeur et com-
me praticien. Il avait fondé une
école de chirurgie clinique, dont
chaque année il faisait l'ouver-
lin-e par un discours intéressant.
Comme praticien, il était habile,
et avait une grande présence d'es-
prit. Il opéra 117 malades de la
PET
201
pierre, et eut le bonheur d'en sau-
ver io5. Voici une circonstance
où son apparente tranquillité pro-
duisit le plus heureux effet. « Il
avait opéré de la pierre un habi-
tant de Dijon; depuis deux heu-
res le sang coulait en abondance:
Petit n'était pas sans inquiétude,
quoiqu'il n'en témoignât rien ;
mais le malade effrayé s'écria :
C'est fait de moi, je perds tout
mon sang. — Vous en perdez si
peu , repartit le médecin avec
tranquillité, que vous serez saigné
dans une heure; ce n'était pas
l'intention de Petit, mais l'idée
imprévue d'une saignée opposée
<à l'idée de l'hémorragie, frappa
l'esprit du malade, et le rassura:
son sang ne tarda pas à s'arrêter,
et il fut sauvé. »0n rapporte à la
louange de Petit, qu'il était désin-
téressé et bienfaisant, et que sou-
vent il donnait an malade indi-
gent, le salaire qu'il venait de re-
cevoir du riche. Lorsque la for-
tune eut récompensé son infatiga-
ble activité, il alla trouver le bien-
faiteur dont les secours lui avaient
été si utiles quelques années au-
paravant. i\l. Trollier de Fetan
refusa de reprendre la somme
qu'il lui avait remise : « Cet or,
lui dit- il, n'est plus à moi ; je vous
l'ai oflert pour assurer à l'huma-
nité un talent qui lui fut utile :
secourez les malheureux, et sa
destination est remplie. » Petit
crut devoir insister à plusieurs re-
prises. Il reçut cette réponse :
u Eh bien! vous ne serez que le
dépositaire de celle somme; et je
vous la confie, afin que vous en
fassiez pour un autre, l'usage que
j'en ai fait pour vous. » La volonté
du donataire acte (jdolemcut sui*
302
PET
vie. Le célèbre Lapeyrouie avait
montré la même généroisité, en
déposant une somiiie de 'io,()00 l'r.
dans les mains de son ancien élève
et ami Antoine-Louis, chirurgien
en chef des armées ( cojcz Lolis).
Petit remit à un élève distingué ,
la somme qu'il avait repue sous
la condition d'en perpétuer la
transmission. On doit à Petit les
ouvrages suivans : i" Éloge de
Desault , lu à l'Hôtel -Dieu de
Lyon, le 5 septembre 1795, pour
l'ouverture du cours d'anatomie
et de chirurgie : c'est le preniier
dont la mémoire de ce célèbre
chirurgien ait reçu l'hommage;
2° Essai sur la médecine du cœur,
in-S", Lyon,i8o5 : on trouve dans
ce recueil, outie VÉlose de Dc^
sault, quatre E pitres en vers a-
dressées à un jeune homme qui se
destine à la profession de méde-
cin; un discours sur l' [nfluencede
la rctolution française sur la santé
publique; un auti»- sur la Manière
d'exercer la bienfaisance dans les
hôpitaux; un troisième sur la
Douleur: enfin un quatrième sur
les Maladies principales observées
pendant neuf ans dans l'Hôtel-
Dieu de Lyon. 5" Onan , ou le
Tombeau du mont Cindre, poëinc
suisi de noies hi^toriqui-s , pré-
senté, en 1809, à l'académie des
jeux floraux ; [^"Poésies, éparses
dans différens recueils; 5" plu-
sieurs Opuscules dans les Actes de
la société de médecine de Lyon ,
parmi lesquels on remarque l' E-
loge de Tissot ; 6" Obseroations
cliniqtes . publiées d'après ses
manuscrits, par MiM. Antoine Lus-
terbourg et Théodore Jobert de
Lyon, i8i5, i vol. in-8". MM.
Cartier, Parât et Dumas, ont lait
PET
imprimera Lyon : le premier. Elo-
ge de M. A. Petit, lu à l'académie
de Lyon, 1813; le second. Notice
sur Marc-Antoine Petit, lue à la
société de médecine de la même
ville, in-4°; et le troisième, Hom-
mage rendu à la mémoire île Marc-
Antoine Petit, pièce de vers, avec
des note?, 1814, in-8°.
PETIT (Alkxis-ThÉrèse), pro-
fesseur à l'école royale Polytech-
nique, naquit à Vesoul, départe-
ment de la Haute -Saône, v»^*
1791. Il commença ses éludes à
l'école centrale de Besançon, et
suivait simultanément les cours
delans:ues anciennes et de malhé-
matiques. Avant l'.lge de 10 ans,
il avait toute l'instruction néces-
saire pour être admis à l'école
Polytechnique, où il ne put entrer
qu'à l'âge de )G ans; jusqu'à cet
âge il dut à l'amitié de M. Ha-
chette [voyez ce nom), de forti-
fier ses connaissances dans une
institution parliculière dirigée par
d'habiles maîtres. Admis à l'éco-
le Polytechnique dès la première
piomotion, il fut presque aussitôt
nonmié répétiteur à cette école, et
professeui- au lycée qui porle au-
jourd hui le nom de collège de
Bourbon. Reçu docteur ès-scien-
ces à 20 ans (181 1), dans la mê-
me année, il devint professeur ad-
joint de physique à l'école Poly-
technique , et professeur en pied
lors de la réorganisation de l'éco-
le en 18 15. Il venait d'épouser,
lors de celle dernière nomination,
M"' Carrier, dont le pèr<î est in-
génieur des pouts-et-chaussées.
Veuf deux ans après, il moiu'ut
d'une affection de poitrine le 31
juin 1820, dans la 29" année de
son âge. Petit a produit peu d'où-
PET
vrages,s'étant presque exclusive-
ment livré aux soins du professo-
rat ; cependant les travaux aux-
quels il a pris part recommandent
puissamment son nom à l'estime
des savans. En 1814? de concert
avec son beau- frère, M. Arago,
il a publié : 1° Mémoire sur les
variations que le pouvoir réfrin-
gent d'une même substance éprou-
ve dans les divers états d'agréga-
tion qu'on peut lui llonner par
l'ejfet gradué de la chaleur, inséré
dans les Annales de physique; 2"
Mémoire sur l'emploi du principe
des forces vives dans le calcul des
machines, impriujé en i8i8 dans
le même recueil; 5" av<;c M. Du-
long, Recherches sur la théorie de
la chaleur, insérées dans le Jour-
nal de l'école Polytechnique , il*
cahier, 1818, et dans les Annales
de physique: elles furent couron-
nées par l'académie des sciences ;
4" avec le même nutaxir, /Uémoire
sur la chaleuf spécifique des corps,
ouvrage présenté à l'institut en
181g. M. Biot a donné sur ce jeu-
ne physicien une Notice historique
qu'il a lue à la société philomati-
que le i5 février 1821, et fait in-
sérer dans les Annales de physi-
que, même année, tome XVI.
PETIT (le bakonJlan- Martin),
maréchalde-camp et commandeur
de la légion-d'houneur, né le 22
juillet i;72. Il servait avec dis-
tinction depuis plusieurs années,
lorsqu'en 180G, dans la campagne
contre les Prussiens et les Russes,
sa conduite au combat de Ciarna-
vow le fit particulièrement remar-
quer. Eu 1808, il obtint l'autori-
sation de porter la décoratif)n de
Saint-Henri de .Saxe. Général de
brigade le 28 juin 18 13, il com-
PET 2o5
njandait,dans la célèbre campagne
de 1814» un des corps de la gar-
de impériale, et prit part à tous les
combats où cette garde s'est cou-
verte de gloire, particulièrement
dans les plaines de la ci -devant
Champagne. Il fut nonnné com-
mandant de la légion-d'honneur
le 22 février, et le 20 avril ce fut
lui que l'empereur embrassa à
Fontainebleau lorsque ce prince,
prêt à partir pour l'île d'Elbe, fit
ù sa gar<le de solennels adieux.
Le général Petit fut nommé che-
valier de Saint-Louis le aS juillet
de lii même année. Pendant les
cent jours, GU i8i5, il continua son
service en qualité de major du i"
régiment des grenadiers à pied de
la garde. Deux bataillons de ces
mêmes grenadiers qu'il forma en
carré, le 18 juin 181 5, après avoir,
sous son commandement, résisté
à vingt charges, restèrent les der-
niers sur le champ de bataille de
Waterloo. Le général Petit se trou-
va compris dans le licenciement
de l'armée qui s'était réunie der-
rière la Loire. Il est aujourd'hui
(1824) eu disponibilité.
PETIT (Michel-Edme), mem-
bre de la convention nationale,
où le nomma, en 1792, le dépar-
tement de l'Aisne , vota avec la
majorité dans le procès du roi. Le
25 mai 1793, il s'éleva avec force
contre Marat, et dit « que les dé-
»partemens n'avaient pas envoyé
»des députés pour être témoins
»des farces de ce pantin féroce.»
Il proposa d'exclure de la conven-
tion , par im décret, tout député
qui, dans les discufisions, se per-
mettrait des termes injurieux con-
tre quelqu'un de ses collègues;
déclara à la tribune que la cou-
204
TET
\ention n'avait pas été libre dans
les journées du 3i mai, i" et 2
juin; et après la chute de Robes-
pierre, il attaqua vivement tous
ceux qui avaient participé aux me-
sures extrêmes dont la France a-
vait g-émi sous le règne de la ter-
reur. Il proposa encore d'interdi-
re aux députés l'enjploi à la tribu-
ne des dénominations de parti, et
demanda en même temps que cha-
cun d'eux fît imprimer l'état de
sa fortune. La convention passa à
l'ordre du jour sur ces deux pro-
positions. M. Petit n'a point fait
partie des conseils ni du corps-lé-
gislatif, mais il a exercé long-
temps les fonctions de juge à À-
miens. Il avait public, avant la ré-
volution : 1° Eloge de J. J. Rous-
seau; 2' des Chaiigemens que l'a-
mour de la vérité produira dans la
poésie et l'éloquence.
PKTIT - DE - BEAL'VERGER
(le baron) , ancien procureur au
parlemi-nt de Paris, devint, dans
les premières années de la révo-
lution, membre du conseil-géné-
ral du département de la Seine.
Porté en iSoi sur la liste des
candid:its , il fut élu député au
corps-lrgiïlalif, y siégea jusqu'en
1814, et entra à cette époque
dans la nouvelle chambre des dé-
putés, instituée par la charte. Il
cessa ses fonctions législatives en
181 5 , et n'a point été réélu
depuis. Si. Petit-de-Beauverger
est beau-frère de M. Frochot ,
ex-préfet du déparlement de la
Seine.
PETIT - DE - BEAU VERGER
(N.), fils du précédent, d'abord
auditeur au conseil-d'élat, obtint
successivement la place de secré-
taice-général du gouvernement
des villes anséatiques, et celle de
PET
préfet de l'Ems- Occidental. Il
perdit cette dernière lors de l'in-
vasion des troupes étrangères
en 1814. Appelé pendant les
cent jours, en 181 5, à la préfec-
ture du Lot, il y fut remplacé
après la seconde restauration^, et
n'a point rempli de fonctions pu-
bliques depuis cette époque.
PETIT-D'HAITERIVE (Pier-
re), ancien magistrat, naquit en
1775, à Riceys-Hauterive, dépar-
tement de l'Aube. A l'époque de
la révolution il était procureur
au parlement de Paris; il s'est
fait distinguer comme magistrat
dan.H les diverses fonctions de
l'ordre judiciaire qui lui ont été
contiées, et notamment dans cel-
les du mini>tère public, qu'il a rem-
plies pendant les temps les plus
critiques de la révolution. Dénon-
cé à la société des Jacobins en
1795, par suite de son refus d'ac-
cepter la place de juge au tribunal
révolutionnaire, il n'échappa qu'a-
vec peine au danger qui mena-
çait sa tête, (^e tribunal ayant été
renouvelé après le 9 thermidor
an 3 (27 juillet 1794)» M- Petit-
d'Hauterive en fit partie connne
substitut de l'accusateur public ,
et se montra également l'ern)e et
modéré dans la poursuite des cri-
mes qui avaient euj^anglanlé la
France. Ses réquisitoires contre
Carrier (rojez ce nom) et le comi-
té révolutionnaire de Nantes at-
testent à la fois l'éloquence et
l'impartialité de ce magistrat. Il
fut nommé commissaire du gou-
vernement près les directeurs du
jury (l'accusation, et ses travaux
utiles sont consacrés par se» réqui-
sitoires et ses conclussions dans des
milliers de procès criminels : fonc-
tions d'autant plus pénibles que,
PET
«leul alors, il était chargé d'un
travail partaj^é aujourd'liui entre
16 mogistrats qui composent le
parquet de première instance ,
et qu'indépendamment des ju-
ges directeurs du jury d'accusa-
tion, les 48 juges de paix de Paris
se livraient àrinslruclion des affai-
res criminelles. M. Pelit-d'Haute-
rive avait occupé différens em-
plois, et était juge au tril)unal cri-
minel du département de la Seine,
devenu depuis cour de justice cri-
minelle et^spéciale, lors de la siip-
pression de ces cours. N'ayant
pas été appelé à faire partie de
la cour d'appel, il conçut un si
vif chagrin de cet oubli, qu'il y
succomba en 1812, à l'âge de 5y
ans. Scrupuleux dans l'examen
des affaires, inébranlable dans la
ligne delà justice, M. Petit-d'IIau-
terive fut homme de bien, magis-
trat intègre, inaccessibleà la crain-
te et à la séduction. II a laissé sa
famille dans une honorable pau-
vreté. L'édition des luis criminel-
les. impriiriées par Sagnier, lui
doit des recherches judicieuses
qui ont tourné en partie au profit
de la léjiislation. Le plus jeune
de ses trois fils, sorti de l'école
militaire de Fontainebleau, s'est
distingué dans la carrière des
arme>i. Depuis le retour du roi ,
le second a rempli des fonctions
dans l'ordre judiciaire au-delà des
mers. L'aîné, que l'état de sa santé
éloigne niomentanéinenl du bar-
reau, a conservé, parla noblesse de
sa couduiteet son désiiitéresseiTKcnt
eonniie avocat, le plus précieuxdes
j)atriiuoiius, l'honneur et la pro-
bité.
PETIT -JEAN (Madeleine),
née à Paris, habitait cette ville à
PET 2o5
l'époque de la révolution. Déjà
mère de 17 enfans, en 1793, elle
prit des habits d'homme, et s'en-
rôla , comme canonnier, dans
l'un des bataillons de Paris, desti-
né pour la Vendée. Elle se trou-
va à plusieurs combats, y fit
preuve de courage , et fut prise
par les royalistes, qui, ne soup-
çonnant pas son sexe, la relâchè-
rent au bdut de quelque temps.
La convention nationale, d'après
un rapport de ses comités, ren-
dit, le i5 juin 1794? ""i décret
qui acccordait à iMa.leleine Petit-
Jean , une gratification de 5oo
livres.
PETIT-JEAN (François), tré-
sorier des guerres à Toul, en
1789, adopla d'abord les princi-
pes de la révolution; il fut nom-
mé commissaire-ordonnateur, et
employé en cette qualité , puis
en celle de payeur-général, dans
les armées que commandèrent
successivement Dumouriez, Dam-
pierre, Custines et Houchard. Il
devint l'objet d'un grand nombre
de dénonciations, échappa à la
plupart; mais comme elles se re-
nouvelaient sans cesse, il finit
par y succomber au mois de
septembre 1793. A la suite d'une
longue détention à l'Abbaye, il
fut traduit au tribunal révolu-
tionnaire, qui le condamna à
mort, le 7 mai 1794, comme
complice de Dumouriez, et ayant
pour seconder ses projets , lais-
sé sans subsistances l'armée et les
places du Nord.
PETIT-JEAN (N.), député à
la convention nationale par le
département de l'Allier, vota a-
vec la majorité dans le procès du
roi; M. Petit-Jean ne fut point
âo6 PET
réélu aux assemblées suivantes.
PETITAIN (Louis -Germain),
littéraleur, naquit à Paris le 17
février 1765, et fit ses études au
collège iVlazarin. Les événemens
de la révolution le déterminèrent
à se faire inscrire parmi les avoués
près du tribunal civil du départe-
ment de la Seine; mais il en exer-
ça peu les fonctions, et préféra la
carrière administrative. Il fut em-
ployé dans l'administration des
domaines nationaux, puis attaché
comme secrétaire à Regnault de
Saint-Jean-d'Angély , et à M. de
Corbigny, préfet du département
de Loir-et-Cher; employé dans
l'administration française de Trê-
ves et deWestphalie, et enfin sous-
chef dans les bureaux de l'octroi
de Paris. Il occupait encore ce
dernier emploi lorsqu'il mourut
le 12 septembre 1820. On trouve
dans le Journal de ta librairie, ré-
digé par M.Beuchol (année 1820,
pag. 617-620), la liste des ouvra-
ges de Petilain. Ce sont : 1° Un
mot pour deux individus auxquels
personne ne pense , et auxquels il
faut penser une fois, Paris, an 3,
in-8° : cet acte de courage en fa-
veur des enfans de Louis XVI, fut
revendiqué, en 1814 et en 1818,
par MM. Morcau de Mersan , et
Laisné ^e Villévêque , mais la
priorité appartient à Petitain ; 2°
les Français à Cythère, pièce hé-
roïque en un acte et en prose, mê-
lée de chants : elle n'a point été
représentée; l'auteur la fit impri-
mer, en 1798, in-8*. "b" Mémoire
sur cette question proposée par
l'institut national : l'Emulation
est-elle un bon moyen d'éducation?
ce mémoire obtint la première
mention honorable dans la séan-
PlET
ce publique de l'institut du 1 5
messidor an 9 (1801), et fut im-
primé, dans la même année, in-8";
4° Quelques contes , par G. P. ,
brochure in-S" de i5 pages; 5°
Annuaires du département de Loir-
et-Cher, pour les années de 1806
à 1812. Ces annuaires, dit M.
Ikuchot, sont curieux et intéres-
sans ; mais ils se ressentent du
caractère naïf du rédacteur. On
doit aussi consulter le journal de
ce savant bibliographe sur l'édi-
tion que Pelitain donna des OEu-
vres dej. J. Rousseau, Paris, Le-
febvre, 22 vol. in-8% 1819-1820.
Petitain avait travaillé à différens
journaux et recueils périodiques,
tels que la Décade philosophique ,
le Journal de Paris , les Mémoires
d'économie publique, de morale et
de politique, rédigés par M. Rœ-
derery etc.
PETIT-RADEL (Loris- Char-
les-François ) , littérateur distin-
gué et savant antiquaire, admi-
nistrateur do la bil)liolhèque Maza-
rine, membre de la légion-d'hon-
neur et de l'institut, né à Paris en
1756. Il était avant la révolution
vicaire - général et chanoine de
Couserans. Porté par ses goûts et
des études approfondies vers les
recherches des monumensde l'an-
tiquité, il se rendit, en 1791, en
Italie, où il recueillit d'immenses
matériaux pour un ouvrage sur les
monumens dits Cyclopéens on Pé-
lasgiques. Le savant Yisconti ,
dans sou rapport à l'institut de
France , fait en 1810 au nom de la
classe d'histoire , sur les progrès
de la littérature ancienne , s'ex-
prime ainsi : « M. Petit- lladel a
oie premier conçu l'idée de dis-
))tin2:uer dans les diverses cons-
PET
»truclions, ou plutôt substruc-
') lions des murs des vil les antiques,
ries parties anciennement minées
«qu'on doit regarder comme ap-
oparlenant aux époques des fon-
» dations priuiilives de ces villes.
))II montre que ces ruines formées
»de blocs en polyèdri s réguliers
»et sans ciment, attribuées jus-
» qu'alors par les antiquaires, soit
«aux Étrusques, soit aux Komains,
rtsoit aux Golhs et aux Sarrazins,
«sont les mêmes constructions
» cyclopéennes qui ont été décrites
■)par les écrivains grecs, et dont
«l'origine remonte incontestable-
»ment à la plus haute antiquité;
'•d'où il conclut que ces construc-
» tions étant semblables et dans
«les assises inférieures des murs
))des plus anciennes villes de la
• Grèce, et dans celles des murs
«des anciennes bourgades de l'I-
'italie, il doit s'ensuivre que plu-
"sieurs de ces monumens furent
» l'on vr.ige des antiques dynasties
» auxquelles les anciennes tradi-
II tions recueillies par Dcnysd'Ha-
• licarnasse attribuent la civilisa-
olion primitive de ces contrées. )
L'inslitiit national s'empressa d 'ad-
mettre M. Petit- Uadel au nombre
de se» membres (en 1806), après
la communication des Mémoires
manuscrits de ce savant biborieux.
Ils ne furent point en entier livrés
à l'impression , mais le$ difiérens
extraits qui en furent connus du
public, ainsi que les questions et
éclaircissemens auxquels ils don-
nèrent lieu , mirent d'autres voya-
geurs sur la voie. Les résultats
des nombreuses recberrhes de
M\l. Clarke Dodwell et Gell, An-
glais, et de iMM. Cboiseid-Gouf-
ûer, Fauvel et Pouqueville, Tran-
PET
20!
çais , qui ont eu pour objet plus
de 240 monumens de construction
cyclopéenne, sont tn faveur du
système de M. Petit Radel , et
confirment ses découvertes. On
devra sans doute aux eflorts réunis
de ces savans, des connaissances
plus précises et quelques degrés
de certitude de plus , sur certains
points inléressans de l'bistoire an-
cienne. Les autres ouvrages pu-
bliés par M. Petil-Radel sont :
1° Notice historique et comparée
sur les aqueducs des anciens , et la
dérivation du canal de l'Ourcq,
i8o3, in-8"; 2° Explication des
monumens antiques du musée^ édi-
tion de Piranesi, 1804 et 1806,
4 vol. {0-4° ; «5" Mémoire sur l'o-
rigine grecque du fondateur d' Ar-
gos, inséré dans le Recueil de ia
classe d'histoire et de littérature
ancienne de l'institut. Les mé-
moires suivans ont été lus par
l'auteur à la même classe , et font
partie du même recueil : 1" Mé-
moire sur les monumens relatifs
aux origines de l'Jrgolide , de
l'Attijue et de la Béotie; sur le
premier livre 'des Antiquités ro-
maines de Denys d' Halicarnasse ,
et sur l'autorité de cet historien;
sur les monumens pélnsgiques cités
par Varron. 1" Sur les murs anti-
ques de Tarragone et de Barcelone,
et sur les H omonymies géographi-
ques communes à diverses contrée»
des côtes d'Etrurie et d' Es pagne ;'b''
Sur le Ceratonia siliqua, et ses rap-
ports avec la fête funéraire des an-
ciens ; sur le rameau de l' Eiresione.
4" Sur l' origine des anciennes ar-
moiries de la ville de Paris; 5° sur
les anciens Russes ou Roxolans , et
sur la chronique de Nestor. Il a aus-
si publié des Recherches sur les Bi-
2o8
PET
bliothèques anciennes fSulv'ies d'une
notice historique sur la Bibliothèque
Mazarine, Paris, 1818, in-8".
PETIïOT (Claude- Bernard),
homme de lettres, né à Dijon le
3i mars 1773. Après avoir fait de
bonnes études an collège de cette
ville, il vint à Paris en 1790, et
ne s'y occupa que de littérature
jusqu'en 1800, époque à laquelle
il fut nommé chef du bureau de
l'instruction publique à la préfec-
ture de la Seine. Ayant quitlé
cette place en 1804, il n'avait rem-
pli aucune fonction publique pen-
dant quelques années, quand son
ami, M. de Fontanes, le fit nom-
mer, en 1809, inspecteur-géné-
ral de l'université. Il fut ensuite
chargé de plusieurs missions dans
les déparlemens, pour régler et
coordonner les études dans les é-
tablissemens publics, et s'en ac-
quitta avec zèle. Pendant l'époque
des cent jours en i8i5, iM. Peti-
tot donna sa démission de la place
d'inspecteur-général. Au second
retour du roi, il fut nommé se-
crétaire-général de la commission
d'instruction publique, et fut ap-
pelé, en 182Î , à faire partie du
conseil royal de l'université, pos-
te qu'il occupe encore aujourd'hui
(1824)- Il débuta dans la carrière
littéraire par plusieurs tragédies :
la première , la Conjuration de
Pison , en 1790, n'eut point de
succès ; la seconde, Geta et Cara-
calla, 1797, eut quatie représen-
tations; et la troisième, Laurent
de Médicis. en 1799, en eut douze,
qui ne furent interrompues que
par suite de riucendie do théâtre
de l'Odéon. M. Petitot a publié
depuis : l'une traduction élégiui-
Ic et correcte des Tragédies d'Jt-
PET
fieri ^ 1802, 4 vol. in-S"; 2° une
nouvelle édition de ta Grammaire
générale de Port-Rojal > avec les
notes de Duclos, et précédée d'un
essai sur l'origine et les progrès
de la langue française, i8o5, un
voL^n-S" : cet ouvrage a été réim-
primé en 1810; 3° chargé par M.
de Fontanes de la rédaction du
Mercure de France, M. Petitot
travailla à ce journal jusqu'en
1809; [^ Répertoire du Théâtre-
Français, avec des notices sur les
auteurs et un examen de chaque
pièce, 23 vol. in-8" : cette collec-
tion, fort augmentée, a été réim-
primée en 1818, 33 vol. in-8"; 5'
Œuvres choisies et posthumes de
La Harpe, édition originale d'a-
près les manuscrits autographes
de l'auteur, i8o6, 4 '^ob 111-8"; 6"
une édition stéréotype dos OEu-
vres de Jean Racine, avec les va-
riantes et les imitations des au-
teurs grecs et latins, 5 vol. in-S";
7° une traductior) élégante et fidè-
le des Nouvelles de Michel Cer-
vantes, 4 vol. in-i8; 8° une édi-
tion stéréotype des Œuvres de
Molière^ précédée de la vie de
l'auteur avec des réflexions sur
chaque pièce, 1812, 6 vol. in-8''.
les connnentaires et remarques
judicieuses de l'éditeur donnent
un nouveau prix à cette édition ;
9" M. Petitot commença, en 1819,
la publication des Mémoires rela-
tifs à l'Histoire de France; cette
collection est divisée en deux sé-
ries : la première contient plus
de quarante ouvrages, et commen-
ce à Philippe-Auguste, se termi-
nant aux premières aimées du 1 7""
siècle. Cette partie est presque
entièrement terminée, et il s'en
publie maintenant (1824), ime
PEÏ
nouvelle édition. La seconde sé-
rie se compose d'un nombre de
pièces à peu près égal; elle com-
mence au règne de Henri IV, et
va jusqu'à celui de Louis XV itj-
clusivemenl. 11 en a déjà paru 5o
volumes en mai 1824- Ce monu-
ment, élevé aux fastes de la mo-
narchie française, est une entre-
prise vraimeut nationale, et tous
ceux qui voudront désormais ap-
proioudir l'histoire de leur pays,
ou en traiter quelque partie, trou-
verout un guide sûr et une sour-
ce abondante d'instruction dans
cet immense recueil de maté-
riaux.
PÉTRASCH frE babon de), l'eld-
maréchal aulri<;hie[i , issu d'une
famille noble, entra de bonne
heure dans la carrière militaire,
s'y distingua, obtint un avance-
nn-nt rapide, et fut employé, en
1790, à l'armée des Pays-Bas, a-
vec le grade de général -major. Le
baron de Pélrasch se conduisit a-
vec beaucoup de bravoure pen-
dant cette campagne, et se fit par-
ticulièrement remarquer à l'alFai-
re de Jiohaiu, le 17 avril. Au com-
mencement de 1794» il reçut le
grade de maréchal-lieutenant et le
commandement de Manheim. Les
Français venaient de pénétrer en
Franconie et en Bavière. Dans le
mois de décembre de la même an-
née, le baron de Pétrasch, pro-
fitant (Wiu échec que venait d'é-
prouver l'armée de .lourdan, sor-
tit de Manheim à la tête de sa gar-
nison, et força im petit corps fran-
çais à se retirer de Brtischal. (le
sucrés facilita la jonction de la
garnison de Philisbourg avec la
sienne; le renfort d'un corps de
cavalerie, qui lui fut envoyé de
T. XVI.
PET
209
la grande-armée par M. de Meer-
feld , le mit à même de faire un
mouvement sur Kehl. Il empor-
ta d'abord la plus grande partie
des retranchemens ; mais la belle
défeiise de quelques bataillons
français qui occupaient les der-
nières redoutes, en retardant la
prise du fort, leur donna le temps
de recevoir des secours. Alors les
Autrichiens furent repoussés avec
perte jusqu'à Bischofsheim. Après
cette tentative infructueuse, le ba-
ron de Pétrasch se dirigea sur
Stultgard, et de là sur Vilingin et
Doneschingen , dans l'intention
d'opposer des obtacles à la retraite
du général Moreau. Ln nouvel é-
chec le força de se retirer; il eut
le Commandement de la forteresse
d'Ulm en iSoo. Il mourut l'année
suivante.
PETB.ONI (Etienne Ecinio) ,
né le i5 novembre 1770, à San-
Feliciano, sur les bords du ïrasi-
mène , à 4 lieues de Pérouse.
Après avoir fait ses études à l'u-
niversité de cette ville, il passa à
Sienne et à Florence, où il se
trouvait à l'époque de la premiè-
re invasion française en Italie.
Prenaivt part aux mouvemens de
la révolution en Lombardie , il
fut entraîné dans la chute de la
république Cisalpine, et obligé de
venir chercher en France un re-
fuge, qu'il ne quitta qu'après la
bataille de Marengo. Voulant cé-
lébrer le triomphe <iui avait sous-
trait son pays au joug autrichien,
il imagina d'écrire un poëme dont
leplan fut trouvé plusheureuxque
l'exécution. La Napoléonide, qui
ne parut qu'en i8io, se compose
de cent médailles re[)résentant les
principaux exploits de Bonaparte,
>4
210 PET
et d'autant d'odes qui les expli-
quent. Ces médailles, dessinées
dans le gcûl antique et accoinjja-
gnées de légendes latines, ruppel-
Fent toute la vie militaire et poli-
tique de Napoléon jusqu'à la paix
deTilsilt. L'année suivante, l'au-
teur donna une traduction italien-
ne des tables de La Fontaine, qui
ne plut ni aux Italiens, ni aux Fran-
çais : ce manque de succès peut
être excusé par la difficulté de
l'entreprise, car il est presque im-
possible de taire passer dans une
autre langue cette naïveté, qui
forme le caractère principal du
iabidisle français; elle a trop d'o-
riginalité pour espérer de la con-
serveç dans une copie. M. Petroni
est actuellement (1824) à Londres,
où il s'occupe de la confection d'un
nouveau dictionnaire italien-fran-
»;ais et anglais. Ses ouvrages sont:
i" Poésie dioerse, Italie, 2 vol.;
2* Dissertazioni e prose accadcrni-
clie, ibid., un \(A. ; 3° la Socielà,
l'Amicizia e laReligione, poëmes,
ibid., un vol. ; 4° '^ Nozze di Sara
<jTo6m,i,épithalame,ibid., un vol.;
5° le Muselière, poésies, ibid., un
vol. ; 6" la Napoleonide, poëme
lyrique-nunjisniatique, iri-4", iu-
fol. et in-S", trois édilions. Ma-
pies et Paris, 1810; 7° Ritratti
storico - poetici de' soggetCi più
noti délia bibbia, Italie , 4 ^'t''-
iu-S"; 8* Proverbj di Salomoue,
Naples, in-4", et Paris, in-8", avec
le texte de la Fulgate, et une tra-
duction italienne ; 9° T raduzione
in versi di treiitadue favnle di Pe-
dro, naovamente scoperle, Paris,
\n\ vol. in-H°, avec une préface de
(îinguené et une tradiicli'tîi iVan-
çaise de Biagioli ; 10" la Fcdru e
i' Andromaca , trad. de Racine,
PET
Paris, un vol. IutS"; ii* l'Amor
conjugale, poëme, ibid., in-4°;
12" Cantate, epitalamj ed opère
série teairali, Italie, un vol. ; i5"
Traduzione in versi di lutte le fu-
vole di La Fontaine, Paris, 4 vol.,
avec le texte; i4* Gesta navali
britlanichc dut grande Alfredo,
sino a questi ultinii tempi, poëme
de .^)0 chants, Londres, 2 vol. in-
4 " ; 1 5* Dante, Ariosto e Tasso :
c'est un abrégé de la vie de ces
auteurs, avec une analyse de leur»
poëmes, ibid, , in-8" ; i()" Nuovo
dizionario ituLano, inglese e fran-
cese ; on y m.irquera pour la pre-
mière fois la prononciation exac-
te de chaque mot de la langue
ilaliennc : il est sous presse à
Londres.
PETROWITZ (Pierre), évo-
que et prince des Monténégrins,
peuple belliqueux qui professe
la religion grecque et habite les
montagnes de l'Albanie. A l'exem-
ple de ses prédécesseurs , Petro-
witz se constitua le défenseur de
l'indépendance de sa nation. Dans
l'inléiêt de ses concitoyens, et
suivant les inspirations d'une po-
liti(jue habile, il rechercha toar-à-
tour l'alliance îles Russes, des
Serviens et des 'iurcs. En 18 1 5,
il sollicitait auprès du gouverne-
ment autrichien l'indépendance
de la république de Uaguse. Des
négociations étaient entamées à
cet égard, et déjà le CQugrès do
Vienne s'en occupait, lorsqun
tout-à-coup il s'empara par sur-
p.rise de la ville et du territoire
de llaguse. On est à peu près
convaincu que dans cette entr<f-
prise l'évêque dcîs Monténégrins
fut favorise par la Porie-Oltcuna-
ne; cepeodant il n'avait point as-
PET
sei de forces pour conserver celte
cnnciuT-le, qui bienlôl lui lïit en-
levte. Pétrowitz a dû depuis unir
sa cause à celle des Grecs, ses
compatriotes. ,
FETRL'S-MALS, fameux chef
de brigands allemands, généiale-
lïient connu s-oiis le nom ^i^i Pier-
re Le fort , naquit à ÎSoremberg
en i^'SS, d'une fatuille [)auvre. A
17 ans il s'enrôla comme soldai;
mais les désagrtrnens d'un servi-
ce Irè^-rnde. et ^urfout les coups
de bâton, le dégoûlèrent bitnlôt
de cet état. Il dé.-erta et se réu-
nit à une bande de Bohémiens
ol de voleurs, dont son intrépidi-
té et sa force le firent bientôt de-
venir chef. Celte troupe se rendit
redoutable sous ses ordres, et
se signala pendant plusieurs an-
nues , par ses brigandages; elle
npundit la terreur et l'ciVroi, d'a-
bord sur les rives du Rhin, puis
successivement sur les frontières
de l'Italie, de l'Espagne et de la
France. Petru,«-l\laus parlait avec
facilité la langue des t»avs (ju'il
parcourait, et savait s'introduire,
dans les grande» villes, au seiu
des socittés les plus brillantes,
toujours sous le nom de quelque
seigneur étranger. On raconte de
lui des choses qui, quoique Irés-
vraies, ressemblent parlaitemenl
à des aventures de roman. Il s'é-
tait associé avec Herman - h-
Grnvd , autre chef de brigands,
non moins fameux ; celui- ci fut
pris par les Français, condamné
à moi t et exécuté à Hambourg;
mais Petrus-Maus sut échapper au
dangerqui le menaçait, après avoir,
dans diverses attaques dirigées
contre lui, donné des preuve» d'u-
ne valeur indomptable. Sa trou -
PEU
au
pe se trouvait pre-qne dispersée;
il en rallia les débris, et Cf num't
de nouveaux excès dans q; elques
provinces de l'Allemagne et de
la Pologne ; enfin il fut pris dans
les environs de Lubeck, en )8i8.
Condamné à mort, il fut exé-
cuté dans la même année à Stoc-
kelsdorff; il était â^é de 65 ans.
PELCHET (Jacques), homme
de leUros, est né à Paris en 1760.
11 fil des éludes distirgnées au col-
lège des Crassiii'*. el fut reçu maî-
tre ès-aris in l'université. Après
avoir étudié quelque temp.» la mé-
decine, il suivit les cours de droit,
et devint avocat. Jusqu'en 1786,
il resta étranger aux affaires pu-
bliques. S'ctant lié alors avec l'ab-
bé L>lorellet, il s'occupa de matiè-
resd'économie politique, el travail-
la aux mémoires contre la nouvel-
lec<)mpagnie des Indes, dont W. de
Cidonne venait de rét.iblir le pri-
vilège. Le gouverru;ment faisait
4,000 francs de fonds aruujels
pour la rédaction d un Dictionnai-
re univenct de commerce; Tabbé
Morellet, qui en était chargé, y at-
tacha M. Piuchel; mais ii mor-
gue et la huulenr de l'académi-
cien ne permirent pas à M. Peu-
chel de travailb r lon^-lemps avec
lui. Il se retira de sa société et
prit par' aux travaux de V Euryclo-
pédie metltodique, doul il fit la par-
tie de la police et municipalité, a
vol. in- 4". Les deux assemblées
des notables de 1787 et 17^8. fu-
rent l'occasion |iour lui de travaux
administratifs; il fut 8m',ce>sive-
ment employé par M. de Calon-
ne et l'archevêque de Sens. Mais
ayanl marqué de Toppositiun aux
opinions de ce dernier sur l'affai-
re du parlement, il cessa d'être
2 13
PEU
occupé par le minisire. La coii-
vocalion des assemblées électora-
les pour la tenue des élals-géné-
raux en 1789, le fit entrer dans
les fonctions publiques. Successi-
vement électeur, représentant de
la commune, il fut nommé un des
membres de l'adminislralion mu-
nicipale au département de la po-
lice, qu'il géra depuis septembre
1789 jusqu'au mois d'août de l'année
suivante, époque où de nouveaux
membres furent nommés. M. Peu-
eliet, qui avait figuré dansles rangs
des plus zélés réformateurs, adop-
ta, après les scènes des 5 et 6 oc-
tobre, un système de modération
qui le classa parmi les patriotes
monarchiques. Il se rapprocha de
la f;our, et eut pour ami particu-
lier iM. de Montmorin, ministre
des affaires étrangères, qui lui
dorma, avec l'agrément du roi, en
1790, la rédaction de la Gazelle
officielle de France : iMallet-Dupan
ayant reçu l'année suivante une
mission de Louis XVI auprès des
princes en Allemagne, M. Peu-
chel fut aussi cbaigé de la rédac-
tion de la partie politique du Mer-
cure de France, recherché alors
pour la vigueur avec laquelle on
y défendait la personne du roi et
les principes de la liberté consti-
tutionnelle. L'événement du 10
aoftt renversa l'existence p(dilique
et littéraire de M. Peuchet; il cou-
rut risque de la vie. Arrêté quel-
ques jours après, il fut bienlôt re-
mis en liberté, et se retira à la
campagne dans le départertient de
Seine-ot-Oi.-e ; il fut appelé à l'ad-
ministration du district de Gones-
se d;ins le temps de la terreur. La
«constitution de l'an 3 ayant été
mise en activité, le ministre de la
PEU
police le fit venir à Paris, pour
lui donner la direction du bureau
des lois et des matières conlen-
lieuses sur les émigrés, les prê-
tres et les conspirateurs. La mo-
dération, la justice, l'indulgence
qu'il apporta dans cette place im-
portante, le firent beaucoup re-
gretter lorsqu'il fut compris dans
les proscriptions qui sniviient le
18 fructidor an 5, Dans sa reli-ai-
le forcée, M. Peuchet s'occupa de
son grand travail de la Géographie
commerçante, qu'il ne livra à l'im-
pression qu'en l'an 8, 5 vol. in-4'*.
Cette production, qui annoufail
des connaissances en matière de
commerce et d'économie politi-
que, le fit, l'année suivante, nom-
mer par le ministre de l'intérieur,
M. Chaptal, membre du conseil de
commerce et des arts, où il resta
jusqu'au changement survenu
dans l'organisation de ce conseil
sous les ministres suivans. Le con-
seiller-d'élal directeur des droits
rénni'^, l\l. Français de Nantes, qui
aimait à protéger les lettres et les
sciences dans ceux qui les culti-
vaient, donna à M. Peuchet une
place dans son administration ;\
Paris. Il la conserva jusqu'au réta-
blissement du gouvernement royal
en 1814. Nommé alors censeur
des journaux jusqu'au 20 mars
i8i5, il obtint, après la seconde
restauration, uii emploi qu'il oc-
cupe encore aujourd'hui (11S24),
de chef de bureau à la préfecture
de police. Ilestauleurd<; beaucoup
d'ouvrages contms et d'un assez
grand noird)re d'anonymes. Voici
la liste de quehpies-uns : 1" Expo-
sition de la gestion, 1792, in-S";
'ï"De la classification des Lois, 1 795,
in-8"; 5" Vocabulaire des termes
PEU
de commerce j in- 4° et in-8*; 4'
Uu Commerce des neutres en temps
de guerre, tiaduction de l'italien,
de Lîiinpirdi , in-8", 1801; 5° Sta-
tistique élémentaire de la France,
in-S", i8o5; 6° Considérations sur
l'utilité du rétahUssemcnt de la fran-
chise du port, de la ville et du terri-
toire de Marseille, in-8°, 1800; 7"
Collection des lois, ordonnances et
rég/emens de police, depuis le i3'
sièilejusgu'éi l'année 1818: les trois
premiers volumes de la 2* série
commençant en i6;Jj', parurent
celle même année 1818; 8" Bi-
bliolhèque commerciale , ouvrage
périodique, entrepris sous la pro-
tccliGn du ministre de l'intérieur
en 1801, et suspendu à l'époque
du blricus continental : cet ouvra-
ge périodique avait eu un grand
succès. Il a contribué puissam-
ment à la création et aux premiers
succès du Moniteur, qu'il a enri-
chi de nombreux articles, et au-
quel il travaille encore. On assu-
re que M. Peuchet s'occupe de ses
Mémoires, que ses liaisons avec
la cour de Louis XVI, et les fonc-
lious qu'il a remplies à la nnini-
cipaliié et à la police, doivent ren-
dre intéressaus et précieux.
PEUVEKGIJE (N.), député à
la convention nationale, où il lut
nommé par le déparlement du
Cantal, y montra de la sagess»;
et de la niodéralion; dans le pro-
cès du roi , il vota la détention et
le bannissement à la paix. Il ne
prit aucune part aux discussions
qui suivirent, et donna jnême sa
démission peu de temps après.
Il retdiunail dans ses foyers lors-
que l(;s autorités de Nevers le fi •
rent arrêter ; mais la convention
nationale, instruite de cet événc-
PEY 2i5
ment, ordonna par nn décret la
mise en liberté do M. Peuver-
gue , qui, depuis celte époque,
n'a plus reparu sur la scène po-
litique.
PEYMANN , général danois ,
commandait à Copenhague, lors-
que les Anglais vinrent, en 1808,
attaquer inopinément cette ville,
qui, surprise et mal pourvue de
moyens de défense, ne put oppo-
ser qu'une faible résislance aux
envahisseurs. Après avoir vidé les
arsenaux et les magasins bien four-
nis de la marine danoise, cette
expédition de flibustiers s»; termi-
na, comme on sait, par la capture
de tons les vaisseaux de ligne,
frégates et autres bâiimens de
guerre qui se trouvaient dans le
port de Copenhague, et qui fu-
rent conduits comme de bonne
])rise dans les ports de la Grande-
Bretagne. Le général Peymann ,
ainsi que plusieurs autres officiers,
fut traduit devant une cour mar-
tiale , pour n'avoir point, selon
l'acte d'accusation, rempli dans
cette circonstance tons les de-
voirs que loi imposait le po^le
intportanl qui lui avait élé confié.
Après une longue procédure la
coi;r le déclara l'oiipable » de n'a-
voir pas suivi en tous points les
inslrutUions du prince royal (le
roi Frédéric VI d'aujourd'hui);
de n'avoir pas fait les derniers ef-
forts pour la défense du port et
de la ville, soit en ne s'opposant
pas à la descente de l'etniemi, soit
en ne faisant pas les sorties qu'il
aurait dû faire, soit en négligeant
d'établir des retranchemeus au-
devant de la place; en ne se ser-
vant pas de l'artillerie de la mari-
ne ; en laissant le général Cas-.
3i4 PEY PEV
tenskjcelc] sans canons ot sans mu- in-R"; 2' édition, 1808, 2 vol. in-
nilions; enfin en c<'4)iHilanl sans 8% avec 5oo figures, a été citée
nécessité iiigt-nlc. et liviaiil aiivsi avecéingc dans le rapport de l'ins-
la flotte danoise à l'ennemi. » Le titiit impérial sur les prix décen-
tribunal le condamna en ( onsé- nanx : <> C'est la seule complète,
quence à la p( ine de mort. Mais «di-ent les rapporteurs, qui exis-
la sentence fut connnuée au nom «te en IVancais du plus grand géo-
du roi, par le prince royal. »t le )>mèt!-e de l'antiquité. > Outre cet
géner.d dut subir une detenliou ouvrage, on lui doit : 1" r/^ /a A'^a-
perpétuelle dans une lorleresse de lare et de ses lois , f^" édition , in-
l'état; cetlepeine fut aussi mitigée 8 et in-i8, an 2 de la république
au bout de quelque temps. Il a (i;94); 2° Cours de mathémati-
été remis en libeité depuis; mais r/ues à l'usage de la maritie et de
la défense de porter l'uniforme l'urllllcrle, par Bczout : celte édi-
lui a été intimée. diîion. augmentée et revue avec
PEYNÏEK (le comte de) , chef soin, parut en 4 vol. in-8", 1798-
d'escadre, était à l't poipie de la ré- 1 1799 ; la quatrième édition e-t de
volulion gouveineiir .le .Saùit-Do- 1801; 5° traduction de l'ouvrage
mingue, où sa conduite feiine et de H C. Agrippa, intitulé : de la
prudente re(ar<la long-temjis les Supérlorlti' de la fcmiite sur l' kom-
malheurs qui depuis ace iblèrent lue; 4" traduction par 1 abbé Bat-
cettecolonie. Lesmesuresqu'ilprit teiix e( Peyrud des Poésies com-
poury maintenirla Iranqudlilefii- plètes d' Horace , texte en regard,
lent approuvée» jiar un décretren- i8ii5, 2 vol. iii-12; 5 traduction
du en I j"9opari'assemldée natioua- liiterale des Elémens de géométrie
le. T)e reloiif en France l'année d' IhicUde , avec des tiotes, 1804,
suivante, au moment de l'émigra- in-8° ; ii" Alphabet français, in-8",
lion de la plupart des piin(;i[)aux i8o5; 7" Supplément à la traduc-
ollieiers de l.i n)ariue. il reçut le tion de la géométrie d'EucUde ,
counnandement de l'escadre de i^n)^ ux--^"; ^'' Statique géométri-
iîvtt^\ \ ma. s le réiablissement de que, démontrée à la manicre d' Ar~
la diseipiiue reutlait celte lâche cliimède, t8 1 2, in-S"; n)" Œuvres
dilïiijle à reujplir, et les désagré- d'Eurlide: cette tra<luction est é-
meus qu'il éprouva le déterminé- gaiement citée avec distinction
renl à duuuer sa démission et d<ms le rapport de l'institut sur les
à -e retirer au sein de sa fa- piix décennaux. Avec des titres
mille, où il mourut quelques an- aus-i recommandables, on s'éton-
nées après. ne (pie M. Peyrard n'ait point fait
PKYRAllD (F,), pntfesseur de partie de l institut,
irsathénuitiques et traducteur, an- l'EYIlE (N.), membre de la
cien bibliothécaire de l'école Po- convention nationale, fut îiommé
lyte( huique, a composé ou traduit à cette assemblée au mois de sep-
plusieurs ouvrages Irès-esliuu'js. teudire 1 ^92, par le départemetit
Sa traduction liltér de des OEa~ dss Basses-Alpes, H se rémiil à la
rrcs complètes d' Archimède , avec majcuilé dans le procès du roi, a-
commcntaires, i"ùiilion, 1807, près avoir été luutcf.da de l'avis
PEY
de l'appel an peuple. Lors de la
lutte entre le parti de la Montagne
et celui de la Gironde au 5i mai
1795, iVI. Peyre se prononça en
laveur de ce dernier, et signa la
protestation du 6 juin contre la
tyrannie des Montagnards. Us se
vengèrent bientôt de son opposi-
tion , en le faisant comprendre
dans le décret rendu contre les
partisans des Girondins. Néan-
moins, ses amis eurent assez d'in-
fluence sur lui pour le déterminer
à retirer sa signature de la protes-
tation. Cet acte de condescen-
dance, qui lui fut en quelque sorte
arraché, le sauva des mesures de
rigueur, mais ne le fil plus réin-
tégrer immédiatement dans ses
fonctions. Ce ne fut qu'au mois
de décembre 1794* et par suite de
la révolution du 9 thermidor an 2
(27 juillet 1794)? q"'il fui admis
avec ses autres collègues , qui a-
vaient échappé à la proscription,
à reprendre sa place à la conven-
tion, fin juin 1795, il se rendit,
e!i qualité de représentant du peu-
ple, à l'armée d'Italie. Au mois
de septembre, il devint membre
du conseil des cinq-cents, dont il
!-ortit le 20 mai 179H, et depuis
cette époque il n'a plus reuipli de
fonctions publiques.
PEYRE ( Antoise-Fbançois ) ,
fds de M. J. Peyre, architecte du
roi , et lui-même architecte dis-
tingué, uiend)re de l'académie des
beaux-arts et chevalier de l'ordre
de Saint-Michel, a publié : i" une
nouvelle édition des OEiivres d'ar-
rldfeclure de M. J. Peyre (sou
)!ère), Paris, 179'), in-fol.; 2"À^.9-
liiuration du Panthéon français ,
«ouqite rendu, Paris, 1799, in-4°.
• — Un neveu du même nom a pu-
PEY 2i5 I
blié : 1° Projets d'architecture ^
18 12, in-fol. ; 2° Considérations
sur la nécessité de rétablir C acadé-
mie d' architecture , et un Système
d'admiiiistralion qui puisse con-
cilier à la fois la gloire de l'art et
les iniérc'ts du gouvernement,
181 5, xn-'x".
PEYRE (Jeaîï-Marie), capitai-
ne au 117' régiment d'infante-
rie, chevalier de la légion-d'hon-
neur, né à Montpellier, départe-
ment de l'Hérault. Aprè.s s'être fait
remarquer par sa bravoure dans
la plupart des campagnes qui eu-
rent lieu depuis la révolution, il
se distingua particulièrement en
1810 aux sièges de Tortose et de
Sagonte. Le 25 décembre jSi."),
il se signala de nouveau au pas-
sage de la rivière de Cuadalaviar,
devant Valence, et pénétra le pre-
mier, à la têle de sa compagnie,
dans les retranchemens ennemis,
où d'abord il s'élança sur les bat-
teries, et donna par cet acte de
dévour;u]ent| héroïque l'élan aux
voltigeurs d'avant -garde qu'il
commandait ; ceux-ci le sec\in-
dèrent avec une ardeur incroya-
ble, et tandis qu'ils s'emparaient
des pièces, toute la colonne fran-
çaise, s'ébranlant à leur exemple,
vint par la défaite des Espagnols,
assurer h nos armes un brillant
succès. Ce fait d'armes est l'un
des plus beaux de l'armée d'Ar-
ragon, et le maréchal duc d'Al
buféra {voy. Suchet), on faisant
consigner les détails dans. un or-
dre du jour, y rend un éclatant
littmmage à la valeur du capitai-
ne Peyre, auquel il attribue prin-
cipalement le succès de cette opé-
ration , succès qui seul pouvait
rendre possible le blocus de Vu-
2(6
PEY
lence. Le capitaine Pe3're a ob-
tenu sa retraite apr»';s la restau-
ration en 1814.
PEYRE-FEiVRY (Joseph-Eli-
sée) . capitaine au 86' régiment
d'infanterie de lij^ne, chevalier de
l'ordre royal de la légion-d'hon-
neur, est né, le 23 février 1775,
à la Martinique; il n'était pas âgé
de 17 ans lorsque, en 1792. il se
lendit aux armées. En 1795, il fit
partie des troupes qui assiégèrent
Toulon. Il fil toute cette campa-
gne aux avant- postes, en qualité
de sergent de gnuiadiers. Il se
trouva à la tête des braves qui con-
tribuèrent à expulser les Anglais
de la redoute de la Convention ,
dont ils venaient de s'emparer. Ce
fut à cette affaire décisive qu'il fut
remarqué du général Dugom-
fiiier, commandant en chef cette
aimée; ce général l'attacha dès ce
moment à son état-major. Il sui-
vit Dugommicr en Espagne, et fit
avec lui la campagne de 1794 (''T'
2 et 3), qui illustra les armes
françaises, mais qui coûta la vie
au général en chef. Après la paix
d'Espagne, il passa en Italie, où il
servit à rétat-major-général, puis
à l'armée des côtes de l'Ouest. En
l'an 10 (1802). lorsque l'Europe
semblait se reposer de ses longues
convulsions, il partit avec l'expé-
dition (le Saint-Dont)ingue, sous
les ordres du capitaine-général
Leclerc, et ensuite sous ceux de
Rochambeau. Il fit toute cette
campagne :\ la tête de la compa-
gnie des grenadiers de la 71' de-
mi-brigade, qu'il commandait, et
qui formait l'avanl-garde d'une
des brigades de la division du gé-
néral Rochambeau. Le i5 ventôse
an 10 (4 mars 1802), après une
PEY
affaire très-chaude entre celte di-
vision et des forces bien plus con-
sidérables coinmandées yiar Des-
salines, et dans laquelle les trou-
pes de ce dernier furent taillées
en pièces, le balaillon delà 71* re-
çut ordre de se diriger, par les
Mornes, vers l'habitation Magnan,
située dans le Grand-Creux. Quel-
ques personnes qui s'y trouvaient,
et entre autres nn des aides-de-
camp de Dessalines, prirent la fui-
te à l'approche des Français. Cet-
te habitation renfermait toutes le.«
marchandises enlevées par le gé-
néral îiègre, à Saint-Marc, au Port-
au-Prince et ailleurs. M. Peyre-
Ferry fut chargé de faire évacuer
des sacs et des barils de poudre
dont un cabinet de cette habita-
tion se trouvait encombré. A pei-
ne eut-il commencé cette opéra-
tion, qu'il s'aperçut que cette pou-
dre masquait une très-grande
quantité d'autres sacs remplis de
j)iastres gourdes. Il en donna de
suite connaissance au comman-
dant du balaillon de la 71', qui se
constitua gardien de ce trésor, re-
connu bientôt pour appartenir à
Dessalines. Deux heures après, le
général RochaiTdieau arriva suivi
de toute la division. Il fit distri-
buer sur cet argent, ;\ tous les gé-
néraux, officiers, soldats et em-
ployés, deux mois de gralifica-
tion ; mais la somme était si loin
d'être épuisée que, n'ayant pas
assez de moyens de transport, il
fit remettre à chaque soldat de la
division un certain nombre de pias-
tres, pour les poiter jusqu'à la
première destination. Quand l'ar-
mée reçut, quel([ne temps après ,
deux mois de solde, le général en
chef fit niettre à l'ordre que la di-
TE Y
vision Rochambeau ne recevrai l
pas ces deux mois, les ayanl tou-
chés par anticipation. Il paraît que
le capitaine Peyre-Fcrr}^, qui a-
vait découvert le trésor de Dessa-
lines, trésor évalué à plusieurs mil-
lions, n'a point été récompensé,
et que le commandant du batail-
lon fut, peu de jours après, nomme
chef de brigade. Au siège de la
(>rète à Pierrot, principal boule-
vartde l'armée de Toussaint-Lon-
verlure, M. Peyre-Ferry fut dési-
gné pour aller incendi(.'r, pendant
la nuit du a au 5 germinal an lo
(25 - 24 mars 1802), les appro-
ches de ce fort. Il remplit sa mis-
sion à la tête de quelques braves,
et les nègres évacuèrent presque
aussitôt ce poste important. En-
voyé le 7 vendémiaire an 1 1 (29
septembre 1802), par le général
de division Quantin, en mission
extraordinaire auprès du général
en chef Leclerc, il reçut des féli-
citations sur sa conduite. Le gé-
néral Leclerc lui fit présent d'un
sabre, qui devait être converti en
sabre d'honneur. A la 'rentrée en
France des débris de l'armée de
Saint-Domingue (en j8o4), M.
Peyrc-Fcrry fut envoyé dans le
86' régiment de ligne, qui s'orga-
nisait à Bayonne. Il fit dans ce
corps lesdilTérentes campa^rncs de
cette époque, et passa avec lui, en
1807, en Portugal. C'est d'après
le bon témoignage qui lut rendu
au <luc d'Abrantés de la conduite
du capitaine Peyre-Ferry, (ju'il
lui confia h; premier conimand»;-
mcnt qui fut donné en Portugal,
celui de Caslel-Branco et de son
arrondissement jusqu'à la frontiè-
vv. d'Espagne. Ce commandement
était délicat et diflicile, dans les
PEY 217
circonstances où se trouvait l'ar-
mée française, par les vexations
de toute espèce qu'avaient éprou-
vées les habitans. Le capitaine
Peyre-Ferry eut le bonheur de
réussir dans sa mission, et peu de
jours après son arrivée à Castel-
Branco, la confiance était telle-
ment entière , que non-seulement
toute la [)opulalion de cette ville ,
qui était en fuite, s'empressa de
revenir d.ms ses foyers, mais en-
core elle doubla par les habitans
des villes voisines qui venaient y
chercher une sûreté qu'ils ne trou-
vaient plus chez eux : aussi en-
voyèrent-ils une députation au
duc d'Abrantés, pour le remer-
cier du choix qu'il avait fait de cet
officier, A la fin de juillet 1808,
une division de l'armée française,
en Portugal, traversa leïage pour
se rendre dans l'Alenlejo. M. Pey-
re-Ferry, à la tête d'une colonne
de 5oo hommes, dont il avait re-
çu le commandement du général
Avril, avait l'ordre d'éclairer ce
corps d'armée. Il opéra, avec sa
troupe, le désarmement d'un ré-
giment de chasseurs espagnols,
qu'il conduisit «;nsuile à Eivas, où
il en fit la remise an général Kol-
lermann. Cette division fut arrê-
tée devant Evora, principale ville
de cette province. Les habitans,
qui avaient fait entrer lesEspàgnols
dans lein's murs, pour en fermer le
passage aux troupes françaises, ac-
cueillirent ces dernières par un feu
terrible d'artillerie et de mous(jue-
terie. L'ne redoute formidable, ar-
mée de six bouches à feu, défen-
dait cette place. Le général Mar-
garon ordonne au cajiilaine Pey-
re-Ferry d'en débusquer l'enne-
mi. Cel/olTicier, suivi seulement
2i8 VEÏ
de trente braves, s'empara, mal-
gré une vive ré>islance, de la re-
doute et des pièces qui la défen-
daient; cette uclion d'éclat déci-
(ia, en grande partie, de la prise
d'Evora. Au mois d'août suivant,
le capitaine Peyre-Ferry se fit de
nouveau remarquer à la bataille
de Vimeiro. Il fut blessé d'une bal-
le en faisant prisonniers deux ti-
railleurs anglais. Lors de la ren-
trée de l'année française de Por-
tugal en Espagne (en décembre
1808), le commandement de l'im-
portante ville de Palencia lui fut
confié par le lieutenant-général
comte Delaborde, qui comman-
dait provisoirement en chef cette
armée. Le général Delaborde fit
observer à cet officier qu'il Isii
donnait un commanden)ent bien
au-dessus de son grade , mais
qu'il avait fait choix de lui en sou-
venir de sa conduite à Caslel-
liranco.Dece comn)andenient, M.
Peyre-l'errj passa à celui de Vial-
lon, et fut Mils ensuite, par le gé-
néral Dufresso, à la tête d'une
forte colonne formée d<'s hommes
de tous les corps restés en arrière.
Ce ne fut pas chose aisée de main-
tenir l'ordre et la discipline dans
un corps composé d'hommes dont
la plupart n'étaient pas les nmdè-
les de leurs régimens. Il parvint
cependant à leurfaire observer la
di?cipiine la jdus sévère, et il les
conduisit à Olmedo, où il eut le
commandcmenl de la garnison.
C'est dans une sortie qu'il fit de
cette place qu'il fut attaqué, à Or-
nillos, par les guérillas romuiau-
dées par rEujpeciueido. Emporté
par son ardeur, le capitaine Pey-
rt!-Ferry fond sur les Espagnols :
il eât de suite entouré de quinze
PEY
cavaliers , qui le chargent à coups
de sabre. Après s'être vaillam-
ment défendu, couvert d'un grand
nombre de blessures, il est laissé
poMr mort sur la place. De retour
eu France, il reçut sa retraite par
l'impossibilité où le nombre et la
nature de ses blessures le met-
taient de continuer un service
actif.
PEYMER (N. de), l'un des
plus riches propriétaires du dé-
partement de l'Isère, résidait à
Grenoble à l'époque de la révo-
lution, dont il adcqjta les princi-
pes avec enthousiasme. En 1788,
la fameuse assemblée du Dauphi-
né fut réunie dans son château de
Vésilles, et en 1790, il abandon-
na, en faveur des victimes des
troubles de Vannes, 20,000 francs
de ses domaines. 11 reçut à cette
occasion une lettre de satisfaction
que lui adressa le président de l'as-
.sembléc nationale, au nom de cet-
te assenjblée. Appelé, en i8oo, au
corps-législatif, il mourut, en i8o3,
laissant à ses héritiers une fortune
immense. Ou a prétendu qu'il l'a-
vait considérablement augmentée
par son avarice; cependant des
traits tels que celui que nous ve-
nons de citer, semblent justifier
suffisamment la mémoire de Pey-
rier de ce reproche.
PEYROiX (.Iean-Fbançois-
Pikkre), peintre d'histoire, mem-
bre de l'ancienne académie de
peinture, gravure et architecture,
dir'ccleur de la manufaclure des
Gobelins, naquit à Aix, déparle-
ment des Bouches-du-Rhôiie, le
1.5 novembre i744» d'une famille
estimable mais peu riche , et qui
néanmoins ne négligea rien pour
lui donner une bonne éducation.
PEY
Entraîné por sa passion pour les
beaux-art-, il obtint df .^on |>èie,
qui le destinait à siiiie la carriè-
re adniiiii-lralive, U pertnission
d'étudier la peinture sons un élè-
ve distingué de Uenrdetlo luitli,
et en^aiite de venir à Paris, on il
entra, en 17^)7, dan-< l'alelier de
Lagrcnee l'aîné. Les ouvrages du
P<»ussin, le Uaphaël l'rançais, fu-
rent ceux qui enfliinnjèrent sa
jeune imagination , et il dut à
leur inspiration le grand prix de
peinture qu'il remporta, «;n 1775,
()our son tableau de la Mort de
Sénèque. il se reiidit à Home en
qualité de peiisionnaire de l'école
de France, et bientôt il y surpassa
les espérances qu'il avait données.
Cimoii se dévouant à la prison pour
en retirer et faire inhumer le corps
de son père, le fit remarquer par
une itnilation de ranti(|ue, qui é-
tait alor* une nouveauté, quiu'qne
Vien t ût déjà commencé la réfor-
me de l'itrl en France. Le tableau
de Cinion est placé aujourd'hui
«lans lu grande galerie du Konvre.
Cet ouvrage l'ut suivi de Sorrate
retirant Alclbiade d'une maison de
courtisane , et des Jeunes Athé-
niens tirant au sort pour être livrés
au Minoiuurc, compositi(»ns égale-
ment remar(inables. Il revint à
Paris, en 1781 , oprès un séjour
de 8 années, dont 4 à ses propres
frais. Dès 1783, il fut nomtné
membre de 1 académie royale de
peinture, et, en 1 787, directeur d.;
la manoi'actnre royale des Gobe-
lins. Peyron eX[)Osa an célèbre
>alori de 1787 uti tableau repré-
sentant Curius refusant les pré-
sens des Samniles, et une premiè-
re composition di; la Mort de So-
crate , où les figure:} sont d'un
PEY
219^
pied et demi de hauteur, c Par une
rencontre assez singulière, dit M.
ÉM)eric-I>avid dans une notice sur-
cet artiste, ce sujet fut traité, la
mrMne année, par David, dans lei
mênjes prouortians. L'affluence
du public fut grande, pour juger
les compositions des deux nou-
veaux acadénn'ciens, distinguées
par des beautés particulières, mais
tontes deux remarquables par une
ordonnance, un de-sin et un co-
loris qui ne ressemblaient en rien
à la précédente école. Plusieurs
excelîens ouvrages , tant de Pey-
rnn que de David, et de leurs ému-
les, aviiient précédé ceux-là, mais
on peut regarder ce salon et cette
année 1787 comme l'époque où
la peinture a été totalement ré-
générée.» Peyron reproduisit son
tableau de la Mort de Socrate ,
l'année suivante, mais ses figures
sont grandes comme nature. H
orne aujourd'hui l'une ties salles
de la chambre des députés. Il fut
privé, parles événemens de la ré-
volution, de la direction de la ma-
nufacture des Gubelins , et des
travaux dont il avait été chargé
par le roi ; néanmoins le chagrin
qu'il en éprouva n'altéra point
son talent, et il a docmé depuis :
Paul-Emile s' indignant de l'humi-
liaiion où se réduit Persée , qui se
prosterne à ses pieds : il fait partie
de la grande galerie du Loiivri-;
Aniigone, fi/ie d'OEdipe, sollici-
lant de son pire le pardon de son
frère Poiinice , tableau gravé par
M. iVlotJsaldi; les F iltesd' Athènes,
nouvelle composition grivée par
B''is-:on; enfin rieuxpetitsfableanx:
Pjth'igore avec S5,« disciples , et
L' Entretien de Dcmurite avec [li/)^
poirale. • La manière de Peyron,
a2o
PEY
(îit lM. Émeric David, atteste émi-
nemment la réforme de l'arl, à
laquelle il a contribué. Sa compo-
sition est sage, raisonnée, quel-
quefois un peu trop méthodique,
mais tutijoiirs pleine d'intérêt. Il
a souvent traité des sujets neufs
et ingénieusement choisis , tels
que Cimon, Paul-Emile^ les Fil-
les d' Aluènes; son style est grave,
énergique, généralen)ent correct.
Ses draperie.s ont de l'ampleur et
de la simplicité; la transparence et
la suavité de ses teintes, la ferme-
té, la vivacité, l'esprit de sa tou-
che, forment un des attributs dis-
tinetii's de son talent. Dans ses
derniers tableaux, ses chairs sont
im peu violettes, mais ses lumiè-
res sont toujours habilement mé-
nagées : l'ensemble est parfaite-
nieul harmonieux, et la touche
n'a rien perdu île sa légèreté. »
PejM'on mourut le so janvier iSao.
« On a entendu à ses obeèques,
ajoute M. Emeric David, l'émule
de sa j<!unesse pron(mcer eu im
seul mot un éloge de ce maître, que
l'histoire de l'art ne doit pas lais-
ser perdre , Peyron m' a ouvert les
yeux : aveu également honorable
pour le grand maître qui l'a profé-
ré et pour l'homme de talent au-
quel il se rappoite. » Peyron a
gravé à l'eau forie plusieurs su-
jets d'après le Pouftsin , llaphaël,
et d'après ses {irnpres tableaux.
Le frère de cet artiste, Jea.n-Fuan-
eois Peyron, né en \';'\o -, et
mort, en 1784, à Gondeloiud ,
où il était commissaire des colo-
nies, .s'est fait connaître comme
liltérateur-tradiiclenr. On lui doit,
de sa propre conq)osition : Essai
sur i Espai^ne , et voyage fait en
l'P'yy et 1778, où l'on traite des
PEY
mœurs f du caractère , des monU'
mens, du commerce , des théâtres
et des tribunaux f particuliers â ce
royaume, Genève, 1780, 2 vol.
in-8". Dans cet ouvrage, qui a eu
les honneurs de la contrefaçon en
1782, sons le titre de Voyage en
Espagne pendant lyyyetir'^S, -2 vol.
in-H", l'auteur fait preuve de gran-
des connaissances dans les beaux-
arts et antiquités, de raison, de
goût, et d'une telle fidélité enfin
dans ses descriptions, que ce mê-
me ouvrage servait de guide aux
dessinateurs employés à la con-
fection du Voyage en Espagne.
On peut encore le consulter avec
fruit.
PEYRON (Victor-AmÉdée) ,
docteur eu théologie, professeur
de langues orientales, et membre
de l'académie des sinences de Tu-
rin, naquit en cette ville vers l'an-
née 1784. Il s'appliqua de bonne
heure à l'étude des langues orien-
tales sous la direction de l'abbé
Valperga de Caluso, qui le comp-
tait parmi ses nieilleurs élèves.
Ses progrès furent si rapides, qu'à
l'âge de 20 ans il fut en état de
renipUicerson illustre maître, dont
il occupa la chaire après sa mort.
Les premières productions de ce
jeune savant furetit : 1 " Descrizio-
ne d'un evangeliario greco, Turin,
1808, iu-8"; 2" Empc.doclis et Pur-
menidis fragmenta ex codicetaur.,
etc., Léipsick, 1810, in-S" ; 3" A^o-
tilia lil>rorum manu-scrlpt. vel
descriplorum qui donante Valper-
ga Calusio il/ati sunt in régla
taur. atlienœi bibliollicca , ibid.,
1820, iu-8°. Les découvertes de
l'abbé Mai ayant tourné l'atten-
tion des savans sur les vieux ma-
nuscrits dans l'e.-poir d'y trouver
PEY
des restes d'nuteurs classiques ca-
chés souj des pnges insigDifiantes
de chroniqiU'S , de légendes, de
glossaires et d'autres productions
des temps barbares, l'abbé Pey-
ron s'en occupa également, et il
eut le bonheur de retrouver dans
les palimpsestes de ce nn'ine mo-
nastère de Bobbio (qui ont fourni
à l'abbé Mai ses plus belles dé-
couvertes ) , des fragniens pré-
cieux des oraisons de Cicéron,
qui remplissent des vides ou com-
plètent en partie ceux de Milan,
et qui font même reconnaître des
lacimes parmi les discours qu'on
a cru entiers jusqu'à présent. Ces
morceaux joints à l'hisloire des
manuscrits de l'abbaye de Bob-
bio, et au catalogue raisonné de
ceux qui y existaient au i4° siè-
cle, forment un volume in-4°, qui,
envoyé il y a deux ans à Stuttgard
pour y être imprimé, ne devrait
{)as tarder à paraître. Tandis qu'on
impiime cet ouvrage en Allema-
gne, le savant et infatigable pro-
fesseur piémonlais vient de pu-
bil( r, avec d'excellens commen-
taires, des morceaux du même
gt-nre, tirés d'un manuscrit de la
biblioihéqnc de Turin, sous le
titre (le /j" CodicisT heodo.^iani frag-
menta inedita, ex codice palymp-
<esto hihliolli. taur., Turin, «824,
in-4". L'on doit aussi à l'abbé Pey-
rou ime traduction avec addi-
tions de la grammaire de la lan-
gue grecque d'Auguste Mathias,
ibid., i8/5, dont il a [)aru le pre-
mier volume. On attend avec em-
p>esseinent celle de l'histoire de
Thiicidido, qu'il a achevée et en-
richie de noies hisîoriques et phi-
lulngiqiios. L'abbé Peyrou n'a pas
"lleinl sa quarantième année, et il
PEY 221
s'occupe en ce moment de l'étude
de la langue et des caractères des
anciens Egyptiens ; surtout depuis
l'arrivée à Tuiin delà magnifique
collection des nionumens de ce
pays acquise dernièrement par le
roi de Sardaigne, et formée par
Drovelti.
PEYSSARD (J. P. C), garde-
du -corps du roi et chevalier de
Saint-Louis, fut nommé député
à la convention nationale par le
département delà Dordogne. Dans
le procès du roi il vota avec la ma-
jorité. Après 1.1 journée du 3i mai
1^93, Peyssard se rendit à l'ar-
mée du Nord, en qualité de com-
missaire de la convention, et dé-
nonça le général Houch^rd {voyez
ce nom) et son état-major. A l'é-
poque du g thermidor, il étaitcom-
missaire près de l'école de Mars.
Lu chute de Robespierre et de»
principaux complices de sa tyran-
nie n'empêcha point Peyssard de
rester constamment attaché au
parti de la Montagne; comme tel,
il fut accusé d'être l'un des chefs
de l'insurrection du 1" prairial an
3 (20 mai 1795), et le même joui'
décrété d'arrestation , puis con-
damné à la déportation le 18 juin
suivant. Rendu à la liberté par
l'aumistie du 4 brumaire^ il de-
vmt, après la révolution du i8
fructidor an .5 (4 septembre 1 797),
admim'strateui du département de
la Dordogne; mais le direcloire-
exéculif le destitua à l'approche
des élections de «79^; il n'crt
remplit pas moins les fonctions
d'électeur. Il mourut quelques an-
nées après.
PEY.SSONNEL(L. C), consul-
général à Sniyrne, correspondant
de l'académie des inscriptions tit
222 PEZ PEZ
belles-lettres, était fils du célèbre que ce pays fut envahi par les
ijntiquaire Charles Peyssnnnel. Il Français en 1808. Après le réla-
parcourut comme lui la triple car- bii<senient de Ferdinand VII, en
Hère des lettres, des sciences et »Bi4, Pezuela tuf envoyé dans
des consulats. Des renseignemens I Auiériqiie méridionale en qua--
qui se trouvent dans les difTérens lité de général en chef des troupes
mémoires qu'il adressa au gou- royales, pour s'y o poster aux pro-
vernement français , pendant le grès de l'indépendance des colons
cours de sa résidence en Orient, esjiagnols. Il ohlinl sur les insur-
ne contribuèrent pas peu à déler gés des avantages considérables,
miner depuis le directoire-exécn- et défit, le 29 novembre iSi5, le
tifà l'entreprise de la mémorable général Rondeau, devenu, depuis,
expédition d'Egypte. Peyssonnel chef du nouveau gouvernement
était très-avancé en âge lorsqu'il établi à Buélios-Ayres. Par cette
mourut à Smyrne en 1790. On délaite, les iodé[)enJans se virent
lui doit les ouvrages suivans : i" obligés d'évacuer le Pérou et de
Observations historiques et gàogra- se retirer sur Rio- de-la- Plat 1. De
phiqucs sur les peuples barbares nouveaux et importans succès as-
qui ont habité les bords du Danube surérenl à don Pezuela la possts-
et du Pont-Euxin ; 2° Traité sur sion entière de cette riche con-
le commerce de la mer Noire ; 5° trée , dont le roi d'£>pagne le
Dissertation sur la situation poli- noujuja vice-roi. Il fit , en cette
tique de la France, et ses rapports qualité, sou entrée solennelle à
avec toutes tes puissances de l'Eu- Lima, capitale du Pérou, le 17 a-
rope; [\'' Discours sur l'alliance de vril i8i(i. La modératiun et la
la France avec les Suisses et les clémence pouvaient >< nie.'» assu-
Grifons. rer le fruit de sa complète , mais
PEZ.OUS (^•), exerçait, en il préféra les mesures de ri^Mienr;
1789, à Alby , la profession d'à- il s'aliéna tous les cœurs, ei les
vocat, lorsqu'il fut nomirié dépu- prépara ainsi à secouer déîiuitive-
lé aux états-généraux par le tiers- ment le joug de la métropole. En
état de la sénéchaussée de Cas- :82o, la garnison de l-ima, mé-
trés. Après la session il devint contante de la conduite de don
juge au. tribimal criminel du dé- Peiuela , le contraignit d.'ab-
partement du Tarn, et fut élu, au diquer la vice- royauté , et init
mois de mars 1799, membre du en sa place le général Li Serna,
conseil des anciens, dont la révo- qui, bientôt, fut fore»' d'abandon-
lut'ion du 18 brumaire le fit sortir, ner la ville aux approches dé I ar-
En 1800, il fut appelé à la prési- mée victorieuse du général iiulé-
dencc; du tribunal de 1" inj-tance pendant Saint-Martin.
d'Alby. Il en a constamnujnt rem- PEZZ,Al\A (Ange), conserva-
pli les fonctions jusqu'à ce jour teur de la bibliolhé(|U(' royale de
(1824). Parme, nuimbre d' la société ila-
PEZLELA (don JoACHiM hela), lienne, di- l'académie de^ beaux-,
vice-roi du Pérou, combattit pour arts de Vienne, etc. , naquit à,
Tindépendance de l'Espagne lors- Parme, en 1772. Séparé de bonne.
PEZ
heure deson père, qui, enveIoj>pé
dans la disgrâce du ministre Du
Tillot, fut obligé de chercher un
refuge en France, le jeune Pezza-
na s'occupa de cultiver son esprit,
et de faire choix d'une profession
honorable qui pourrait réparer les
malheurs de sa famille. 11 se dé-
cida pour le barreau, et prit I»; de-
gré de docteur v.n droit dans l'uni-
versité de Padoue ; mais dégoûté
))ar le désordre des lois , par la
vénalité des jug'-s, par la bassesse
et les cabales nécessaires à un a-
vocal, il ne songea qu'à saisir la
première occasion favorable pour
se dérober à un spectacle si peu
con forme à ses sentimens et à ses
principes. Il profila des change-
mens politiques survenus dans
son pays, pour aspirer à la place
de bibliothécaire , qu'il obtint en
1804. Ami éclairé des lettres et
des arts, il etjtra dans une carriè-
re plus analogue à ses désirs. Il
mit en ordre la bibliothèque qui
venait de lui être confiée, et ne
s'occupa plus que des études qui
se liaient avec ses nouvelles occu-
ltations. iM. Pezzana jouit de l'es-
time et de la considération géné-
rales : t^on esprit est aussi cultivé
que son cœur est vertueux. Einic-
mi de la flatterie, étranger à tout
esprit de rivalité et de faction, il
piirtage son temps entre l'étude
et la retraite. Il est maintenant
occupé de la continuation de l'his-
toire de Farnte, et «le celle des
ScriHori par/nigioîii, commencée
par son prédécesseur Afi'o, dont il
})romet d'écrire la vie. S; s ouvra-
{{(••' Mint : 1^° C Anlichità del map-
/tamonda de Puif^ani , fatto nel
ir>G7, etc. Paruie. 1M07, iu-S".
^Ce précieux monument géogra-
PFE 223
phique, dont a parlé aussi M. Bua-
che, dans le tome VI des Mé-
moires de l'institut, est ujainte-
nant déposé à la bibliothèque de
Parme. Le cardinal Zurla croit
que les frères Pizigani n'étaient
que de simples dessinateurs de
caries, et non pas des géographes,
comme on l'a supposé. Ils vi-
vaient à Venise, après la moitié
du 14°"' siècle. 2" Notizie biblio-
grafiche intorno a due rarissime
(dizioni del secotoXJ^ , ibid. , 1 808,
ia-8"; 3" Leltera circa le cose dette
del M il tin intorno la città di Par-
ma, ibid., 181g, in-8''; l\" Epis-
tola interno a Clémente Bondi,
ibid., 1821, in-S"; 5" Elogio sto-
riro di Pietro liubini, ibid., 1822,
in-8": il a été aussi inséré dans le
tome XIX des Mémoires de la
société ilalieime, pour laquelle
l'auteur l'a écrit; G" Osservazioni
concernenli alla liiii^ua italiana, ed
a' suoi voraholarj, ibid., 1823, in-
8°; 7° Risposta aile censure pub-
blicale intorno al libro précédente,
ibid., 1823, in-8".
PFEFFEL ( Chri.stuîî-Fbédé-
Ric) , jurisconsulte et diplomate,
membre de la légion-d'honneur,
etc., naquit à Colmar le 5 octobre
1720. Il descend d'un poète du
i3' siècle, et son père, né dans le
p:iys de Baden, était un juriscou-
sulle et nu diph>uiale distingué.
A sa mort, arrivée en 173ÎS, il
exerçait les fonctions de stettmes-
tre de Colmar, l'une des princi-
pales magistratures municipales
de celle ville. Christian-Frédéric
Pfellél fit ses éludes à Strasbourg»
et apprit le droit public sous le
célèbce Schfjofïlin , qu'il aida en-
suite utilement dans la composi-
tion de V/ilsatia illustrata. Von-
a34
PFE
lant succéder aux emplois dont
son père était revêtu , il suivit a-
vec autant de zèle que d'intelli-
gence, la carrière des affaires pu-
bliques; Goniinença par être atta-
ché au comte de Loss, ambassa-
deur de Saxe en France, puis fut
nommé secrétaire d'amliassade.
L'Abrégé chronologique de l' his-
toire de France, du président Hé
nault, qui venait de paraîtio, lui
donna l'idée de composer, et il
publia peu de temps après , eu
1754, Abrégé chronologique de
l'Histoire du droit public de C Al-
lemagtie. Cet ouvrage fit connaî-
tre honorablement IMeffel. Il se
rendit à Dresde, et y devint bien-
tôt le protégé et l'ami du ministre
de l'électeur roi de Pologne, le
comte de Bruhl, qui le fit nom-
mer conseiller d'ambassade, et
lui donna l'espoir de succéder à
M. de Paiil, directeur des affaires
étrangères. Chargé de plusieurs
négociations au commencement
de la guerre de scpl-ans, il s'en
acquitta avec habileté, et tut le
concurrent de M. de GutscliHiidt,
depuis ministre du cabinet, pour
la place d'envoyé de Saxe au con-
grès d'Augsbourg. Le congrès
n'ayant pas eu lieu, et Pfeffel. qui
n'avilit accepté du service à la cour
de Saxe que sur Tautorisalion du
roi de France, obtint du comte de
Bruhl, l'autorisation de rentrer
dans sa pairie. Son protecteur le
recommanda au cardinal de Bi;r-
ni.o, qui l'envoya, eu 1768, à Ha-
tisbonne, successivement en qua-
lité de conseiller de légaliou et de
chargé d'affaires par intérim piès
de la dièle. Pleffei fut de nouveau
autorisé à s'attacher à une cour
étrangère, et il devint, eu 176^,
I
PFE
résident du duc des Deux-Ponts,
à la cour de Bavière. Nommé, à
cette époque, membre puis direc-
teur de la classe d'histoire de l'a-
cadémie de Munich, il en remplit
les fonctions jusqu'en 1768, qu'il
fut rappelé à Versailles, pour être i
altaihé au ministère des affaires
étrangères, en qualité de juriscon-
sulte du roi; il exerça cet emploi
jusqu'en 1792, «et, dit un de ses
biographes , il y a peu d'actes
diplonuitiques importans à la ré-
daction desquels il n'ait concouru
ou sur lesquels il n'ait été consul-
té par les ministres successifs, et '
souvent sur l'ordre exprès du roi.»
La seule diversion qu'il donnait à
ses graves occupations, consistait
en un assez grand nombre d'arti-
cles qu'il faisait insérer dans les
Notices politiques de Schloetzer,
où il combattait avec force les
préventions des ennemis de la
France. Il avait obtenu, en ré-
compense de ses utiles services,
une charge de steltmestre dans sa
ville natide, et l'adjonction de son
fils [voyez l'article suivant), dont
les brillantes dispositions promet-
taient une troisième génération de
jurisconsultes du même nom. La
révolution apporta des change-
mens à ces projets. Chargé, en
1790, par le ministère de France,
d'aller à Deux-Ponts, traiter des
indemnités que le duc et les au-
tres princes possessionnés en Al-
sace, avaient droit de réclanier, il
y résidait encore lorsqu'il lerut
l'ordre de cesser ses fonctions.
Dès i7>S7, il avait obtenu du duc,
en récompense de ses services, un
fiel" et (les lettres de naluralilé. De,
retour dans sa patiie avec le litre
de conseiller intime d'état au ser-
PFE
vice du dr.c des De;ix-Pnnts, il
n'en fut pas moins porté sur la
liste (les émiji;rés . et les biens
qu'il avait en France, furent ven-
dus. PfelTel s'était hàlé de retour-
ner à Deux-Ponts, où le duc con-
tinua de l'employer dans la direc-
tion principale de ses alfaires ;
mais après la, mort de ce prince,
arrivée en 1795, son successeui-,
le duc iVJaximilien-.Iosejih, depuis
électeur et roi de Bavière, ayant
cessé de lait icher à son service,
Pfeffcl se relira à Nuremberpf, et
ne rentra dans sa ville natale
qu'après l'étaldissement du gou-
vernement consulaire. Il dut à la
bienveillance de M. de Talley-
rand, minisire des relations exté-
rieures, sa promotion dans la lé-
gion-d'honneur, et un peu plus
lard, sa nomination en qualité de
meuïbre de la conuiiission mixte
de l'oclnii dn Rliin, place dont il
étaitencoreen possession lorsqu'il
mourut le 19 mars 1807, dan> la
Si"* année de son âgv. Le> prin-
cipaux ouvrages de Pleflcl sont :
1° Abrégé chronologique de l'His-
toire et du droit pul/lic d' Allema-
gne, publié en 175'i.Cel ouvrage,
qui eut quatre éditions à des épo-
ques assez rapprochées les unes
des autres, obtintparticulièrement
les suDfrages des protestans ; il est
souvent cité par Robertson, dans
son Histoire de Charles- Quint ,
et a été très-utile aux auteiirs de
i' Art de vérifier les dates. Ce mê-
me ouvrage, contre le gié de l'au-
teur, fut opposé, par des amis
imprudens, aux Annales de l'em-
pire de Voltaire, et lui attira (piel-
ques disgrâces littéraires de la part
d'un petit nombredes admiraleurs
de ce grand hommtt. La 3* édi-
I. KVI.
PFE 2a5
tion de V Abrégé chronologique est
très-mal traitée dans la (Corres-
pondance de Grimm. 2" Rech'^rches
historiques concernant les droits
du pape sur la ville et l'état d' Avi-
gnon, avec des pièces justificatives,
Paris, I7*)8; 5" Etal de la Polo-
gne, avec un Abrégé de son droit
public et les nouvelles constitutions,
etc. , Paris , 1 770 ; 4" Dissertation
historique sur les matières suivan-
tes : sur les limites de la Bavière,
dans les l\' et X' siècles ; sur l'o-
rigine et l'antiquité des fiefs de
Bavière ; sur les sceaux des anciens
ducs de Bavière et l'origine de
leurs armoiries; sur l'histoire des
anciens margraves du Nordgau
nu Haut-Palalinat; sur l'illustra-
tion du droit public de l'Allema-
gne par celui de la Pologne, etc.
Ces dissertations et un assez grand
noudîre d'autres du même genre,
ainsi qu'une foule de mémoires sur
diverses matières, ont été insérés
dans la collection des travaux his-
toriquesde l'académie de Vlunich,
connue sous le litre de Monumenta
Boica, entreprise qu'il avait fon-
dée en 17G3, étant directeur de
l'Académie de Munich.
PFEFFEL (Chrétien-Hubert),
diplomate, est fds du précédent,
auquel il avaitété adjoint, en i 786,
en qualité de stettmestre de Col-
mar, sa ville natale. Pfeffel suivit
avec succès la carrière des affaires
publiques. Il publia, dès son dé-
but comme diplomate, une disser-
tation très-remarquable, sous ce
litre : de Limitibus Galliœ. Forcé,
par la révolution, de s'expatrier,
il se rendit, en 1792, près de son
père, en Bavière, s'attacha au
service du souverain de cette con-
trée, devint l'un de ses conseillers-
i5
226
VFK
d'étal, et son envoyé extiaorili-
naire à Londres.
PFEFl''EL(THÉOPIlILE-CoîiRAD'),
littérateur, membre honoraire de
l'académie de Berlin, présidcîit
du consistoire évangélique de Col-
mar, secrétaire-interprète de la
préCectiire du département du
Haut-lVhin , est frère cadet de
Christian-Frédéric Pfeffel. Il na-
quit à Colmar, en 1756, et mou-
rut dans cette ville le i"mai 1809.
Après avoir terminé ses études,
il se rendit à Halle, afin d'y suivre
les cour* de jurisprudence. Son
ardeur pour le travail acheva de
détériorer sa vue, déjà très-1'aible,
et il tut frappé d'une cécité com-
plète peu de temps après son re-
tour dans sa patrie, à l'âge de 21
ans. Cette perte cruelle n'altéra
point la sérénité de son lîme, et
n'influa en rien sur sa gaîlé natu-
relle. Il épousa, deux ans après,
en 17^9, nue jeune et aimable
personne qu'il avait chantée dans
ses poésies, sous le nom daDoris.
Cette union fut heureuse. Pfeft'el
publia en 1704 son premier
recueil de poésies,' elles furent
reçues avec faveur. En 1775 il
voulut attacher à son nom le sou-
venir d'une institution utile, et il
fonda à Colmar, pour les jeunes
protestans , une école militaire ou
maison d'éducation dont il parta-
gea la direction avec un de ses
amis, nommé Lersé. Il devint,
en 1788, membre honoraire de
l'académie de Berlin. On vit sortir
de l'établissement de PfelTel une
foule d'élèves distingués, de plu-
sieurs nations; mais la révolution
devint funeste à cet établissement,
qui fut détruit en 179a. Son fon-
dateur se h vra alors exclusi vement
PFE
à la culture des lettres, jusqu'ea
i8o5. A cette époque il fut nom-
mé président du consistoire évan-
gélique de Colmar, et peu de temps
après secrétaire-interprète de la
préfecture du département du
Haut-Rhin. On doit à cet auteur un
grand nombre d'ouvrages dramati-
ques, en allemand, parmi lesquels
on remarque : le Trésor, pastora-
h; ; VErmite, tragédie ; Pliilémon
et Baucis, drame, représentés en
1761, 1762 et 1765. Il a traduit,
ou plutôt imité, du français, la
Veuve, deColié; la jeune Indien-
ne, deChcunfort; Zelniire, de De
Belloy ; Eugénie, de Beaumar-
chais; les Moissonneurs, de Favart;
le Philosophe sans le savoir, et /*
Roi et le Fermier, de Sedaine,
etc. Ct;s pièces furent bien reçues
des spectateurs allemands, et il
les publia avec plusieurs autres,
sous le litre de : Aniusemens drama-
tiques d'après des modèles français;
elles sont au nombre de 25, et
parurent en cinq collections ou li-
vraisons, à Francfort et Léipsick,
dei765à 1 774- Lessinget plusieurs
autres écrivains allemands s'eftbr-
cèrent de les critiquer et de leur
enlever les sulfrages du public,
qu'ils firent reporter sur des pièces
du théâtre anglais. Pfeiïel a con»-
j)osé un grand nombre de Fables,
de Contes, d'E pitres, de Chan-
sons, etc., qui toutes ont été ac-
cueillies avec plus ou moins de
faveur. On a remarqué surtout
une épître adressée au protecteur
«le son frère, le comte de Bruhl,
sur la révolution française, que
rauleurcélèbreavec le plus grand
enthousiasme. On doit encore à
Pfeffel ; 1° Hochets dramatiques ,
composés pour ses enfans et ceux
PFE
de ses amis, Strasbourg, 17O9,
I vol. in-8"; 2° Chansons à l'usage
de l'école militaire de Colmar, Co-
logne, 177H; o" Principes de droit
naturel, Colmar, 1781, en fran-
çais; 4" Magasin historique pour
la raison et le cœur, 1 vol. in-8 ' ,
1' édit. , Strasbourg, 1792, en
français et en allemand; 5° tra-
duction, en prose, faite avec le
chevalier d'Abquerbe, des Fables
de Liclitwer; 6° il est l'un des tra-
ducteurs de la Géographie de Bus-
ching. M. ^Jéhée de la Touche a
traduit en français, Paris, i8i5,
3 vol. in- 12 : Contes, Nouvelles, et
autres pièces posthumes de Pfeffel.
PFEIFFEll (.Jean S'rÉdéric) ,
économiste et littérateur alle-
mand, naquit à Berlin en 1718.
II fit de bonnes études, et entra
d'abord dans la carrière militaire.
Apres la célèbre bataille île Moll-
witz , où il assiiitait , il devint
commissaire des guerres et con-
seiller de guerre et des domaines.
Chargé, à la paix, par Frédério-
le-Grand , de la direction des li-
quidations et des nouveaux éta-
blissemens dans la Marche électo-
rale, il marqua son inspection par
la création de cent cinquante vil-
lages et élablissemens consacrés à
l'industrie ou à ragricnlture , et
fut nommé en récompense con-
seiller intime. Enveloppé dans
une affaire de concussion , où il
fut, sans jugement, enfermé et
remis en liberté, il quitta la Prus-
se, et, après a voir exercé quelques
emplois publics sous plusieurs pc-
lils princes de l'empiic, il se livra
exclusivetnent à la carrière litté-
raire , où il «te fit remarquer par
des ouvrages d'une utilité géné-
rale. De 1782 à 1789, époque de
PFE
227
sa mort, il occupa la chaire des
sciences économiques ù l'univer-
sité de Mayence. Pfeiffer a publié
les ouvrages suivans : 1" De la
culture de la soie en Allemagne,
Berlin, 174^» in-8°; 2° Catéchis-
me des économistes, Berlin, in-8";
3" Précis de toutes les sciences éco-
nomiques, Manheim, 1770-1780,
4 V. in-4°; ^f Histoire de la houille
et de la tourbe, Manheim, 1774?
in-8", traduit en français; b" Se~
cret d'améliorer la houille et la
tourbe, traduit en français ; 6°
Projet d' améliorât loti et idées fran-
ches sur plusieurs objets concernant
les subsistances, la population et
l'économie politique en Allemagne,
Francfort , 1777 - 17^78, 2 vol.
10-8"; 7° Précis de la vraie et de la
fausse politique, Berlin, 1778-
1779, 2 vol. in-8*; ^"Science na-
turelle de la police, Francfort,
1779 — 1780, 2 vol. in-8"; 9"
l'antiphysiocrate, ou Examen dé-
taillé du prétendu système physio-
cratique, Francfort, 1780, in-8";
10° Des Manufactures et des Fa-
briques d' Allemagne dans leur état
naturel, avec des Observations sur
les moyens de les perfectionner,
Francfort, 1780- 1781, 2 vol.
in-8°; ir Principes de la science
financière, M.àn\\Gun^ 1781, in-8°;
12° Principes de la science fores-
tière, Manheim, 1781, in-8°;
iS" Examen critique d'écrits re-
marquables de ce siècle, sur l'éco-
nomie politique, les finances, la
police, etc., Francfort^ 1781-
1786, 6 vol. in-8° : ouvrage dans
lequel l'auteur s'attache plus par-
ticulièrement au système finan-
cier de M. Necker, et où il dis-
cute les projets pour ou contre ce
système; 14° Principes de Céco"
a28
PFE
vomie générale , Fninctbrt, 1782-
17H3, 2 vol. in-S" ; i5° Lettres
critiques sur des objets importons
et d'utilité générale, Offeribach,
1784- 1785, 2 cahior-i; iQ' Exa-
men d'an projet d'amélioration
pour la félicité publique et les puis-
sances de l' Allemagne, Francl'ort ,
1786, in -8°; 17° Principes et Rè-
gles de l'économie politique, 1 787 :
ils furent publiés à Mayence , j>;>r
J. N. Moscr; 18° enfin un grand
nombre d'articles sur l'économie
politique, dans V Encyclopédie al-
lemande, imprimée à Francfort.
PFEIFFEll (N.), était membre
du directoire helvétique, où il a-
vait été nommé au mois d'avril
1798, lorsque deux mois après
le commissaire français Rapinat
(voyez ce nom), qui ne trouvait
point dans Pfeitîerl^a docilité con-
veniihle à ses projets, lui enjoi-
gnit de donner sa démission; Pfeif-
fer obéit. Quand le président du
directoire helvétique [voyez Ober-
iiN et OcHs) , annonça à Rapinat
que son collègue avait souscrit à
sa demande , il ajouta : « Quant
aux intentions qui lui sont prêtées,
il en appelle à notre estime, qu'il
emporte avec lui, et à la justice
de l'avenir. » Cette justice ne se
fit pas long -temps attendre; la
réinstallalion de l'feilTer eut lieu
peu de temps après, mais alors il
profita de la circonstance pour
donner une démi>sion volontaire,
et fut remplacé par Ochs de Bâle.
Ce citoyen recommandable a de-
puis vécu dans la retraite.
PFIFFER (FRA^çoIs-Lov'IS de),
inaréchal-de-camp au service de
France , commandeur de l'ordre
de Saint- Louis, naquit, en 17 16,
ù Lucerne, d'une ancienne famille
PFE
de ce canton. II entra très-jeune
encore dans le régiment suisse de
la garde royale, dont son père,
auquel il succéda, était capitaine.
Il fit les campagnes de Flandre et
d'Allemagne depuis 1754, et se
distingua aux sièges de Menin ,
Ypres et Fribourg, et aux affaires
de Rocoux et de Laufelt. En ré-
compense il obtint le grade de
maréchal-de-camp et le cordon de
commandeur de l'ordre de Saint-
Louis. Le général Pfiffer se retira
dans sa patrie, et y devint mem-
bre du petit-conseil du canton de
Lucerne. On cite de ce vieux gé-
néral un chef-d'œuvre de patience
et de précision : c'est un Plan-re-
lief de la Suisse, qu'il fut dix ans
à exécuter, et dont voici la des-
cription : (1 Ce qui a été terminé
de ce plan, comprend les cantons
d'Lnderwalden, Schwifz et Uri, et
une partie de ceux de Lucerne,
Zug, et Berne. Le lac de Lucerne
en ocou|)e le centre; et tout au-
tour s'élèvent d'immenses chaînes
de montagnes dont Pfiffer avait
mesuré les hauteurs avec une pré-
cision admirable. Les détails sont
d'ime exactitude telle , qu'au tra-
vers d'immenses forêts le voya-
geur retrouve sans peine le cha-
let ou le bouquet d'arbres qui l'a-
vait frappé dans sa route. Les fo-
rêts de pins s'y distinguent par im
vert plus foncé; les rivières sont
figurées par de la chenille , les
routes piir des soies, les lacs par
des morceaux de glaces taillées,
etc. Ce plan, qui a 22 pieds et de-
mi de long, sur 12 de largeur, se
compose de i56 pièces qu'on peut
séparer à volonté. Il a été gravé,
dans les Tableaux pittoresques de
la, Suisse. Le burio de Michel l'a
PFE
rcproJiiit, en ijSâ, avec plus
d'ex.ictiliide ; et Pfilïer l'a fait gra-
ver, en 1793, par Clausner à
Z;jg, flans la forme d'une carte
géographique, avec l'indication Je
la hauteur de toutes les somrnité>.»
Lors de la conquête de l'Helvétie
parlesarinées françaises, en 1790,
ce curieux ouvrage fui au moment
d'être transporté ;\ Paris. Pfiffer
obtint du directoire- exécutif de
France qu'on ne le priverait pas
du fruit de sa longue patience et
d'un objet de curiosité pour tous
les étrangers qui visitent la Suis-
se. Il mourut, et» 1802, dans la
^6" année de son âge. Le Journal
lielvélique de 1^57 renferme la
Relation d'une promenade au mont
Pilât, qui a été traduite en alle-
mand.
PFLIEGER (J, A.), aîné, cul-
tivateur à Altkirch , déparlement
du Haut-Hhin, fut élu député du
bailliage de Béfortet d'Huningue,
aux états-généraux en 1789. A la
fin de la session, il devint procu-
reur-syndic du district de ^a ville
natale, et fut nomn)é, en septem-
bre 1792, député i la convention
nationale par le département du
Haut -Rhin. Dans le procès de
LouTs XVI, il vota avec la majo-
rité. Il passa, par suite de la réé-
lection des deux ti<;rs convention-
nels , au conseil des cinq-cents,
dont il sortit le 20 mai 1798. Ren-
tré à celte époque dans la vie pri-
vée , il n'en est pas sorti depuis.
PFLUGDER (Damf-l), littéra-
teur, e>t né à Morgcs, cintor» de
Vaud, et vint jeune encore à Pa-
ris ; il s'est beaucoup occupé d'a-
gronomie , et est auteur de plu-
sieurs ouvrages estimés sur l'agri-
culture pratique, dont le prlnci-
PHE
229
pal a pour titre : Cours d'agricul-
ture pratique , divisé par ordre de
matière f ou l'Art de bien cultiver
la terre, 1809, 2 vol. in-S", etc. ;
ses autres ouvrages sont : 1° les
A musemens du Parnasse, ou Mé-
lange de poésies légères, 1810, in-
18 ; 2" Manuel d' instructions mo-
rales, o. vol. in- 12, 181 1; "5° Cours
d'éludé à l'usage de la jeunesse ,
1813, in-13; 4" il a f''it imprimer,
en 1819, un Cours d'agriculture
complet, sous le titre de Maison
des champs, 4 vol. in-8".
PFNINGER (N.), né dans le
canton de Zurich, était préfet de
cettt' ville lors(|ue les Français oc-
cupèrent la Suisse en 1798. Il se
fit alors remarquer par un acte de
courage, en refusant de livrer les
clefs du trésor à Rapinat {voyez cg
nom) , commissaire du directoire-
exécutif de France. Pfninger figu-
ra de nouveau dans les événemens
de 1802, qui changèrent encf)re
les institutions de sa patrie. Il fut,
au mois de septembre de la mê-
me année, anêté à Stœsa et trans-
porté à Schwitz, où il subit quel-
ques mois de détention. Remis en
liberté, il n'a depuis celte épo-
que rempli aucune fonction pu-
blique.
PHELINES (N. be), capitaine
du génie, en 1789, fut nommé
celle même année député de la
noblesse du bailliage de Blois aux
et its-généraux. L'un di-s plus zé-
lés membres de la minorité de
son ordre, il prote-^ta le 19 juin
contre la majorité, et se réunit au
tiers- état du moment qu'il se fut
constitué en assemblée nationale.
Lors du voyage de Vainjunes, M.
de Phelines fut envoyé à Lanilau
en qualité de commissaire de l'as-
a3o PHE
semblée nationale. Au retour de
cette mission , il fil adopter un
projet relatif à l'admission des é-
lèves aux écoles d'artillerie et du
génie, et tontinua à prendre une
part active aux ojiérationsqui mar-
quèrent celte célèbre session, à la
fin de laquelle il rentra dans la
■vie privée.
PHELIPPEADX ( A. le Pi-
card de), oflicier vendéen", dont
M. Pressigny nous a fait connaî-
tre, dans une notice biographi-
que, les services et la rivalité de
collège avec ce jeune élève de
l'école militaire, qui a été empe-
reur des Français. « SI. de Phe-
lippeaux, dit M. Pre.ssigny , na-
quit en 1768 dans le Poitou, et
appartenait à l'une des plus an-
ciennes familles de cette provin-
ce. Son père, ofïicierau régiment
de Fleury infanterie , l'ayant
laissé orphelin fort jeune , il fut
envoyé de bonne heure à l'école
militaire de Pontlevoy, où il
lit d'excellentes «^tudes. Il pas-
sa en 1^85 à celle de Paris, et
s'y distingua pur son aptitude et
par sa conduite. BiioNAPAnTE s'y
trouvait alors; ils étaient à peu
près du même âge , mais de ca-
ractères fort oppo?és : l'un gai,
franc et ouvert; l'autre som-
bre, sauvage, et renfermé en lui-
même : ils n'avaient de commun
qu'une fermeté qui tenait de la
roideur. Des occasions fréquen-
tes de rivalité ne firent qu'accroî-
tre l'anthipalhie qu'ils ressen-
taient. » Nous suspendrons un
moment notre citation pour évi-
ter le détail des coups de pied
que IM. Peccadiic , alors sergent-
major de l'écfde, et depuis !)aron
de Uerzogenberg, général au-
PHE
trichien, chef des écoles militaire»
et du géniede Vvmp'uc.inteiceptait
en voulant pendant les heures d'é-
tude empêcher l(;s elfets de leur
inimitié, coups de pied qu'ils s'a-
dressaient par-dessous la table y et
dont ses jambes étaient toutes noi-
res. Maintenant nous allons rap-
porter la suite du parallèle que
M. Prrssigny établit entre les
deux élèves, n Dans les divers con-
cours où ils se trouvèrent en
rivalité l'un de l'autre, Phelip-
peaux obtint toujours l'avanta-
ge. Il était d'usage de présetiter
chaque année à Monsieur , comte
de Provence, quatre candidats
pris parmi les élèves les plus
distingués; et ce prince en choi-
sissait deux auxquels il donnait
la croix de iMont-Carinel. Le nom
de Phelippeaux se trouva le se-
cond sur la liste, et celui de Buo-
NAPARTE le troisième ; le premier
fut préféré , et le dernier fut ex-
clu. Ils se présentèrent ensemble
à l'examen de 1786, pour l'artille-
rie, et furent reçus tous deux :
mais l'ascendant de Phelippeaux
ne se démentit point : il précéda
innnédiatement son rival dans
la promotion qui eut lieu. » On
trouvera aux articles de Bona-
parte et de Napoléon la notice
abrégée de la vie de cet élève, que
devançait toujours M. de Phe-
lippeaux. Ce dernier fut admis
dans le régiment de Besançon. En
juillet 1789, il commandait « l'u-
ne des batteries qui devaient dis-
siper les atlroupemens formés sur
la place Louis-Quinze si le baron
de Bezenval efit fait son devoir. »
En i7-)i , M. de Phelippeaux é-
migra, et fit la canipagne de 1792
à l'armée des princes; elle fut li-
piir.
cenciée, et il passa à l'armée du
prince de Condé. En i7g5, il ren-
tra eu France avec MM. Diiprat
et Beaiimanoir-de-LangIc, pour y
servir la cause royale. En 1796,
à trois lieues d'Orléans, ils déli-
vrèrent trois émigrés que l'on con-
duisait à Paris. Quelque temps a-
prés, nommé adjudanl-général, il
s'empara à la tête d'un corps de
royalistes de la ville de Sancerre,
et livra plusieurs combats où il
remporta toujours l'avantage. La
déroute de Quiberon paralysa les
efforts des royaliste^. M. de Phe-
lippeaux, à la tête de son corps, ne
put se montrer « qu'au moment
où la Vendée succombait. »I1 re-
tourna alors à Orléans, où il s'ef-
Ibrça de ranimer le zèle des défen-
seurs de la monarchie ; mais il
fut dénoncé v.l arrêté le 12 juin
(1796). Il tomba malade. A peine
en convalescence, il était dirigé
sur Bourges, lorsqu'une de ses
parentes le fit évader. M. de Phe-
lippeaux se tint caché jusqu'a-
près le 18 fructidor an 5 ('797);
alors il rejoignit l'armée du prin-
ce de Condé, qui était près du lac
de Constance; elle se dirigea sur
la Russie, où il ne jugea pas utile
de l'accompagner. Il revint à
Paris. Son séjour dans cette ville
fut marqué par l'évasion de sir
Sydney Smith , détenu au Tem-
ple. Les auteurs de plusieurs bio-
grapliies prétendent, contre l'o-
j)inion de M. Pressigny, que
« lorsque Sydney Smith et Phe-
lippeaux eurent été faits prison-
sonniers ensemble et amenés à la
prison du Temple à Paris, Phe-
lipp<;aux n'échappa ;\ la mort qui
h; menaçait, comme émigré pris
les armes i\ la main, qu'en se fii-
PIÎlî a3i
sant passer pour le domestique du
Commodore. Il joua ce rùie fort
long-temps, et s'enfuit ensuite de
cette prison avec Sydney Smith. »
Les moyens qu'il employa tien-
nent une place importante dans
la notice de M. Pressigny. Il se
procura un blanc-seing du mi-
nistre de la police, se ménagea
des intelligences auprès de la fille
du geôlier, et par elle, trompa le
gardien. Il se déguisa en commis-
saire, fit déguiser quatre de ses
amis en gendarmes, et parvint
sans accident avec son protégé
à Londres , où le peuple détela
et traîna leur voilure. La recon-
naissance de sir Sydney Smith va-
lut à M. de Phelippeaux le grade
decolonel, que l'amiral anglais lui
fit obtenir. Sir Sydney Smith re-
çut un commandement dans la
Méditerranée; M. de Phelippeaux
l'accompagna. L'amiral se déter-
mina à défendre Sainl-Jean-d'A-
creque le général en chef Bonapar-
te se disposait à attaquer. « JN'ayant
auprès de lui aucun officier, ni du
génie, ni de l'artillerie, il chargea
Phelippeaux de la direction des 0-
péralions.»Cet ancien officier d'ar-
tillerie fit toutes les dispositions
convenables pour résister. Les
Français voulurent d'abord atta-
quer de vive force; bientôt ils
sentirent la nécessité de faire un
siège en règle, et ils s'avancèrent
assez près de l'escarpe. « Mais ils
étaient dépourvus de grosse artil-
lerie, et les assiégés ayant fait
sauter leurs ouvrages par deux
fois, ils n'hésitèrent pas ;\ lever le
siège, le 20 mai 1799, après 6i
jours de tranchée ouverte. Phe-
lippeaux épiait leurs mouvemens;
il saisit l'instant favorable, fit une
25a
PHE
sortie des deux tiers de sa ^nr-
nisoii , et tomba sur eux avec
impétuosité. Cette atlaqiie im-
prévue augmenta leur troulile, et
leur retraite ne fut bientôt phis
qu'une déroute. Le vainqu«Mir
se disposait à le^ suivre et à It^s
harceler; mais lui-même touchait
au terme de sa vie. » Ce ua^t
point, et nous en faisons la re-
marque pour qu'on ne s'y trom-
pe pas, un historien anglais, rus-
se ou allemand, qui parle ainsi
des revers des Français ; c'est
l'auteur de la notice sur i\l. de
Phelippeaux, qui du re^te la ter-
mine comme il l'a commencée,
en opposant les deux anciens é-
lèves, toujours ennemis, et, se-
lon lui, toujours rivaux. « On
peut remarquer, dit-il, que le
nom de Phelippeaux n'a jamais
paru datis aucun bidielin fran-
çais ; que l'on a même affecté
d'insinuer que le défenseur de
Saint- Jean-d' Acre était un ancien
officier du génie. Buouaparte re-
doutait-il jusqu'à l'onibre du ri-
val de sa jeunesse? ou ne suivait-il
que son animosité contre lui en
cherchant à anéantir son souve-
nir? » M. de Philippeaux mourut
à la suite de ce siège d'une inflam-
mation de poitrine ou de la pes-
te, ^ous terminerons en rappor-
tant un éloge un peu moins exa-
géré que celui de >1. de Pressigny,
mais qui n'est pas moins flatteur
pour M. de Phelippeaux. « Il est
certain, disent les auteurs d'une
biographie imprimée à l'étranger,
que ses conseils et ses opérations
contribuèrent puissamment à la
résistance de Saint-Jean-d Acrr,
devant laquelle vint échouer la
fortune du vainqueur de l'O-
PHI
rient ; et cette circonstance s
attaché de la célébrité à son
nom. »
PHILIBERT (J. C), littéra-
teur, s'est occupé avec succès de
botanique, et a publié sur cette
science plusieurs ouvrages élé-
mentaires qui ont eu du succès.
Ce sont : i" Histoire naturelle a-
brégée du ciel , de l'air et de la ter-
re, ou Notions de physique géné-
rale, 1798, nouvelb; édition, in-
8", 1809; 2° Introduction à l'étu"
de de la botanique, 1799, 3 vol.
in-8"; 5" Notions élémentaires de
botanique, 1802, i\\-^° ; ^ Exer-
cice de botanique à l'usage des com-
mençans , iHo3, 2 vol. in -8°: 5°
Dictionnaire abrégé de botanique,
i8o3, in-8"; 6" Dictionnaire uni-
versel de botanique, i8o4, 3 vol.
in-8".
PHILIDOll (François -André
Danican, dit), musicien-composi-
teur, né a Dreux le 7 septembre
1726. Le nom de Philid'»r fut don-
né à son grand-père, Michel Dani-
can, par le roi Louis \III, dont il
était musicien de la chaud>re, et
qui voulait rappeler ainsi la mé-
moire du |>lus fameux hautbois de
son siècle. Le compositeur Cani-
pra,qui jouissait d'une grande cé-
lébrité, devint le maître du jeune
Philidor, élevé aux pages de la
musique du roi, et qui montra dès'
reulance les plus heureuses dispo-
sitions pour son art. A i "> ans il
obtint la faveur de faire exécuter
ses motets à la chapelle royale. Il
voyagea ensuite en Hollande, en
Aliemagiie, en Angleterre, et pen-
dant son séjour à Londres il mit
eu musique la fameuse ode de Dry-
den, intitulée la Fête d' Alexandre.
Savant liarmunisic, ou reprochait
PHI
cependant à ses chants de manquer
tropsoiivenl d'expression et de mé-
lodie. De retour en Fr-ince, il fit
exécuter en i'p5!\, à la cha[)eile de
Ver.'jailles, un Lauda Jérusalem^
qui fut très-vauté à cette époque.
Depuis, il consacra presque exclu-
sivement son talent à l'opéra-couji-
que, genre dont Philidor peut être
regardé avec Duni,commele créa-
teur en France. Ses compositions
sont très-nombreuses. En 1756, il
fit la musique du Diable à quatre,
opéra-comique en 3 actes de Sé-
dain^'. Biaise le savetier, r Huître
et tes Plaideurs, du même auteur,
furent joués en 1759; et depuis,
Philidor donna régulièrement au
moins un opéra par an. On a de lui
le Quiproquo , pièce de Mouston:
le Soldat magicien, dAnseaume;
le Jardinier et son Seigneur, de Sé-
<laine ; le Maréchal Ferrant, de
Quêtant; i.Çfl«c/(o Pança, le Bûche-
ron, les Fêtes de la paix, le Sor-
cier, Tome-Jones, le Jardinier de
Sidon, le Jardinier supposé, la
Nouoelle école des Femmes, le Bon
fils, Sémire et Mélide, Ernelinde,
grand opér 1 , etc. Pou de ces
pièces sont restées au théâtre.
Le puhlic revoit cejiendanl en-
core avec plaisir le Maréchal fer-
rant, et le Diable à quatre. Quel-
que temps avant la révolution,
Philidor composa pour le Car-
niœn Seculare d'iimucii, une musi-
que (jue ses admirateurs proclamè-
rent un chef-d'œuvre "le l'art. Cet-
t'i production, si vantée alors, esli\
]>eu prèsoubliécaujourd'liui. Mais
les combinaisons harmoniques ne
lurent point la seule occupation Je
Philidor. Il était reconnu pour le
premier joutMiiiréchecs de l' Euro-
pe , et il se flatta même pendant
PHI
255
quelque temps de faire servir sa
supériorité à ce jeu, d'instrument
à sa fortune. Il fit publier en An-
gleterre, par souscription, son A-
nalj se des échecs, ouvrage qui a
eu plusieurs éditions. Celle de
Londres, de 1777, in-8% est ornée
du portrait de l'auteur, gravé par
Bartolozzi. Un mois avant sa mort,
ilfitencore, quoique aveugle, deux
parties d'échecs à la fois, contre les
plus habiles joueurs, et les gagna
toutes les deux. Eifrayé des pre-
miers troubles de la révolution ,
Philidor s'était retiré à Londres, où
il mourut le 3 1 août 1795. Des qua-
lités estimables, un caractère franc
et généreux, l'avaient rendu cher
à tous ceux qui le connaissaient,
quoiqu'il ne se distinguât nulle-
ment par les av.mtages de l'esprit.
On raconte qu'un de ses grands ad-
mirateurs , Laborde , valct-de-
chaudore du roi, entendant un jour
Philidor dans une société, débiter
beaucoup de trivialités, s'écria
plaisamment : * Eh bien, voyez
»cet honmie lii, il n'a pas le sens
«commun, c'est tout génie. »
PHILIPART (Jean), écrivain
anglais, est né à Londres, et fut
placé par sa famille, qui le desti-
nait à la carrière du barreau, chez
un avocat écossais, où il fit si peu
de progrès qu'il renonça à cette
profession. Il obtint, en 181 i ,
une place dans le gouvernement
par la protection de lord Sheffeld,
dont il avait été se<;rélaire en
1809. Tout dévoué aux doctrines
ministérielles, M. Philipart les
soutient à outrance dans ses ou-
vrages, ce qui lui attire souvent
dos critiques sévères de la part
des journaux de l'opposition. Voi-
ci la liste de ses principaux ou-
254 PHI
Trages : i" Observations sur tes
systèmes militaires de l'empire bri-
tannique, et plan pour rendre les
traitemens des officiers- généraux
suffisans pour soutenir leur rang,
iii-8°, 1812; 2° Mémoires du prin-
ce royal de Suède, in-8°, i<Si5; 5°
Campagnes du Nord, 2 vol. in-S°,
i8i4; L\° Mémoires et Campagnes
du général Morcau, in-8°, ï8i4;
5' Lettre à lord Castlereagh sur la
révision du bill , .pour rendre la
milice utile dans le service étranger,
i«i-8°; 6° Campagnes en Allema-
gne et en France, depuis l'expira-
tion de l'armistice jusqu'à l'abdi-
cation de Napoléon Bonaparte ,
3 vol. in-S", i8i4; 7° Àlmanach
royal m.iHtaire, contenant les ser-
vices de tous les officiers-généraux
rivant à la fin de 1814? 2 ^"'- iii-8°,
i8i5; 8° il a inséré trois articles
dans le Pamphleteer : i" Supplé-
ment au plan pour un fonds en fa-
veur des officiers ; 2' Observations
sur divers ailleurs et ouvrages an-
glais ou étrangers ; 3" Observations
supplémentaires sur la lettre du co-
lonel Roberts à l'armée, çf Vie
des généraux anglais. iM. Philipart
est propriétaire et éditeur du Pa-
norama militaire. Sa femme cul-
tive les muses, et, imbue de ses
principes politiques, elle a donné
deux poëmes, l'un intitulé : la
Moscovite, in-S", i8i5, et l'autre:
Victoria, in -8% 181 3.
PHILIPP (N.), capitaine de
navire avant la révolution, fut a-
vant l'époque du 9 thermidor an
2 (1794), l'un des agens des co-
mités de gouvernement. Il figura
comme tel (en 1795), dans les dé-
})artemens de la Meurthe et du
li.'is-Rhin, où souvent on le soup-
ç'onna d'outrer à dessein les me-
PIII
sures dont l'exécution lui était
confiée, afin de rendre odieux le
gouvernement. Le 2 juillet 1794,
se trouvant à Paris, il s'introdui-
sit dans la salle de la convention,
bien qu'il ne fût pas député, et
alla s'asseoir paruu les membres
siégeant à la Montagne. Mallarmé,
contre lequel il avait publié peu
de temps auparavant une diatribe,
l'apostropha, le sign.tia connue un
calomniateur, un intrigant, et le
fit arrêter. Philipp ne recouvra sa
liberté que lors des événemens du
i3 vendémiaire an 4» après une
détention de quinze mois. Impli-
qué dans l'aflaife de Babeuf en
1796, il fut traduit devant la hau-
te-cour nationale de Vendôme ;
mais l'accusateur public n'ayant
pas trouvé contre lui de preuves '
suflisanles, se borna à déclarer
qu'il ne le croyait pas exempt d'im-
prudence et de blAme : il fut ac-
quitté. Il avait, dans sa défense,
manifesté son étonnement de se
voir associé à des hommes dont les
principes, disait- il, étaient si dif-
férens des siens : celte observa-
tion s'appliquait particulièrement
aux conventionnels qui, selon lui,
avaient usurpé la souveraineté du
peuple. Employé pendant quel-
que temps dans les vivres de l'ar-
mée de l'Ouest, il a depuis été
entièrement perdu de vue,
PHILIPPEAUX (Pierre), né à
Eerrièrcs, département de la Sar-
the, en 1759. Il exerçait la pro-
fession d'avocat, lorsqu'il fut élu,
en 1792, par le département de la
Sarthe, député ii la convention na-
tionale. Dans le procès du roi, il
vota la mort, rejeta l'appel et le
sursis, et appuya la proposition de
Bourdon- de-l'Oise, de faire assis-
PHI
ter à réxéciilion les patriotes bles-
sés le 10 août. Il soiilint, le lo
mars 1793, le projet présenté par
Robert Lindet, pour la formation
d'un tribunal révolutionnaire sans
jurés, projet qui n'eut que lui et
Duhem pour appuis, et lut rejeté
par l'immense majorité de l'as-
semblée. Il se déclara contre les
députés de la Gironde, participa
aux mesures prises dans les jour-
nées du 3i mai , 1" et 2 juin , et
fut envoj'é à Nantes, pour y réor-
ganiser les administrations, com-
posées dt; républicains, alors dé-
signés sous le nom de pkléralistes,
qu e le peu pie cou fondai t avec rova-
Uslcs. Comme Pbilippeaux était
luimêine républicain, il ne tarda
pas à se brouiller avec ses collè-
gues en mission dans les autres
villes de la Vendée. A la suite de
vives alttrcations avec eux, il s'u-
nit aux généraux qui conmian-
daient vers Nantes, et leur fit a-
dopl«;r un système de guerre op-
posé à celui que suivaient les re-
présenlans et les généraux réunis
à Saunmr. Il ne parlait qu'avec
dérision de cette réunion dans la-
quelle se trouvaient Rfuisin, Ros-
signol et Santerre, qui, disait-il,
n'avaient d'autre talent que celui
de brûler des villes et des ha-
meaux, et de faire des exécutions
barbares. Il parvint d'abord à fai-
re adopter son plan par le comité
de salut-pidilic ; mais les succès
qu'il promettait n'ayant pas eu
lieu, il se vit exposé aux plus vio-
lens reproches. Alors, pour se jus-
tifier, il accusa ses antagonistes
d'avoir eux-mêmes préparé les
revers qu'on attribuait à l'exécu-
lion de ses plans. Cependant le
parti de ceux-ci l'emporta; il re-
PHI
235
prit la direction de cette guerre,
et Pliilippeaux fiit rappelé. Loin de
ménager des ennemis qui pou-
vaient le perdre, il ne parut à la
tribune que pour les dénoncer. II
fit en même temps paraître une
brochure tellement accusatrice,
que le comité de salut-public s'y
voyant désigné comme complice
des généraux qui par leurs cruau-
tés perpétuaient la guerre, ne lui
en pardonna jamais la publicité.
Il est constant que dès-lors sa mort
fut résolue. Bientôt le club des
Jacobins déclara Pbilippeaux in-
trigant, modéré, traître à la patrie,
et l'exclut de son sein. D'une pa-
reille exclusion à la mort il n'y a-
vait qu'un pas. Arrêté, comme
conspirateur, dans la nuit du 10
au 1 1 germinal an 2 (du 3o au 5i
mars 1794), et traduit quinze
jours après au tribunal révolution-
naire , il fut condamné à mort avec
Danton, Lacroix, Camille-Des-
moulins, etc. Pendant son inter-
rogatoire, l'accusateur public,
Fouquier-ïinville, habitué à a-
dresser à ses victiujes des paroles
outrageantes, joignit plusieurs fois
aux questions qu'il lui faisait Tin-
sulle et l'ironie : «Il vous est per-
mis, lui dit Philippi;aux avec fier-
té, de me faire périr, mais m'ou-
trager. ... je vous le défends.»
Il montra la plus grande fermeté
en allant au supplice.
PHILIPON DE LA MADE-
LEINE (Louis), homme de let-
tres , mendire des académies de
Lyon et de Besançon , naquit à
l>yon au mois d'octobre 1734'
Destiné par sa famille à la carrière
ecclésiastique, il préféra, au mo-
ment de prendre les ordres , sui-
vre celle de la magistrature j et il
256
PHI
se rendit à Besançon, où il fit ses
cours de droit. Jl se fixa dans
cette ville, et s'y maria. Avocat du
roi près du bureau des finances
de Besançon ( ancienne chambre
des comptes de Dôle), il en rem-
plit les fonctions jusqu'en 1786; il
lui pourvu , à celte époque , de'
l'intendance des finances de M.
le comle d'Artois. Celte place
fut supprimée au commencement
de la révolution, qui, mal{j;ré son
esprit éclairé, le blessait trop dans
ses intérêts pour qu'il en adoptât
les principes. Son opposition ,
trop manifestée , le fit décréter
d'arrestation peu après les événe-
mens du 10 août 1792. La crainte
d'être victime de la proscription,
le rendit plus circonspect, et il é-
vita avec le plus grand soin de se
mettre en évidence. Cultivant les
lettres, et ne prenant aucune part
aux agitations politiques, il se fit
dis amis, et obtint même, par un
décret de la convention du 5 jan-
vier 1795 . un secours de 2,000
francs. Il fut presque en même
temps nommé bii>liothécaire du
ministère de l'intérieur. Cet em-
ploi et ses travaux littéraires le
mirent bientôt à même de jouir
d'une modeste aisance. Il vil
passer ainsi tous les gouvcrne-
niens qui se succédèrent jusqu'à
celui de la restauration en i8i4-
Monsieur, frère du roi, à qui il
fut présenté, lui accorda, avec
une pension , le titre d'intendant
honoraire de ses finances. 11 a-
vait alors 80 ans ; il mourut le
ic) avril 1818, dans sa 84* année.
< Il fut , dit particulièrement un
de ses biographes , homme «le
bonne compagnie , et conser-
va, jusqu'à ses derniers momens,
tout le charme de l'urbanité fran-
PHI
çaise. Doux, sensible, gai, d'une
humeur égale, ami sûr, toujours
occupé à rendre service, toujoin-s
attentif à dire des choses aimables
et affectueuses, ne s'élant jamais
permis ni une épigramme, ni mê-
me un mot piquant , il est mort
sans avoir eu d'ennemis. » (^et é-
loge est vrai en tout pniut. Comu)e
l'un de nos plus aj;réables chan-
sotiniers, il n'a pas moins mérité
cet autre éloge que son an)i M. Le
Prévost d'iray a fait de se-^ chan-
sons dans le discours qu'il pro-
nonça sur sa tombe. « Ses chan-
sons si connues sont pour la plu-
part de^i espèces d'hymnes consa-
crés aux dieux des plaisirs déli-
cats. Par la fraîcheur et la délica-
tesse de son esprit , il se montra
conslanimenl le digne émule du
chantre de Théos; et, comme lui
encore, il laissait entrevoir tout
le charme de l'âge heureux des
illu.-ions à travers ses cheveux
blancs. wPhilipon de la Madeleine
a publié un grand nombre d'ouvra-
ges. INous citerons les suivans :
1" plusieurs conjédies jouées sur
le lliéâire du Vaudeville, et f.iites
en société avec MlVI. Léger, The-
riguy, vicomte de Ségur, et Le
Prévost d'Iray. Ce sont : le Dédit
mal gardé , Catinat à Saint-Gra-
tieti; Maître Adam, ou le Menuisier
de JSevers; Carlin débutant à lier ga-
nte. Gentil Bernard , les Trouha-,
dours , Chaulieu à Fontenai , le
Caveau. 2° Choix de Chansons de
M- Philipon de la Madeleine, Pa-
ris, I vol. in-18, 1810. Ce recueil
avait d'abord paru sous trois titres
différens : Jeux d'un enfant du
Vaudeville , Paris, 1 vol. in-18:
c'est la première édition; V Elève
d'Epicure, Paris, 1 vol. in-18, an
9 (i8o3) : lu troiàième édition
PHI
porte ce dernier titre ; 5° Dis-
cours sur cette question : le Désir
de perpétuer son nom et ses actions
dans ta mémoire des hommes est-il
conforme à la nature et à la raison?
(inséré dans le l^our et le Contre,
ijOi , in-8°). 4" Discours sur la
nécessité et les moyens de suppri-
mer les peines capitales, 1770, in-
8°, ouvrage qui a été traduit en
allemand, Bâle , in-8% 1786; 5°
Mémoire sur les moyens d'indem-
niser un accusé reconnu innocent ,
1782 . in-8°; 6° Vues patriotiques
sur l' Education du peuple tant des
villes que des campa i^nes. Cet ou-
vrage, qui concourut pour le prix
proposé par racadéinie-l'raiiçuise
en laveur de l'ouvrage le plus u-
tile composé dans l'année , ne le
céda que d'une voix à l'Ami des
Enfans de Berquin. 7° Diseours
sur les moyens de perfectionner l'é-
ducation des collèges en France ,
1785, in-8°; 8° Agricol Viata, ou
le Jeune lier os de la Durante , fait
historique et patriotique , an 2
(1794)» in-S" ; 9° Géographie élé-
mentaire de la France, an 5, in-i u;
réimprimé eu 1801 , même for-
mat. 10° Manuel et nouveau Guide
du promeneur aux Tuileries, 180G;
1 1° des Homonymes français , 1
vol. in- 8°; 5" édition, 1817. 12°
Manuel épistolaire, 1 vol. in- 12,
Paris, i8ao, 7° édition, ouvrage
adopté pour les lycées; iS" Gram-
maire des gens du monde, in- 12,
1807, 2' édition; la première avait
paru, en 1800, s'uis ce titre :
Choix de remarques sur la langue
française. i4° Dictionnaire portatif
des poêles français morts depuis
\o3t) Jusqu'en 1804, précédé d'une
Histoire abrégée de ta poésie fran-
çaise , Paris, i8o5, in-i8; i5*
PHI
207
Dictionnaire portatif des rimes,
précédé d'un nouveau Traité de
la versification française , et suivi
d'un Essai sur la langue poétique,
Paris, 1806, in- 18, 2" éditiim; i6*
Dictionnaire portatif de la langue
française d'après le système ortho-
graphique de l'académie, Paris, in-
18, 3' édition, 1819; 17" enfin, il
a donné : Voyages de Cyrus , par
Ramsay , nouvelle édition, avec
des notes géographiques, histori-
ques et mythologiques, i vol. in-
12, 1807; Lettres de la duchesse
Du Maine et de la marquise de
Simiane, nouvelle édition, Paris,
i8o5 ; Élémcns de la Grammaire
française de Lhomond , nouvelle
édition, avec des remarques; Trai-
té sur les Participes, nouvelle édi-
y ion. in- 12, 1812; Morceaux choi-
sis des caractères de La Bruyère ,
avec une Notice sur l'auteur, in-
12. 1808.
PHILIPPON (le baron), lieu-
tenant-général, (;on)mandeur de
la légion-d'houneur et chevalier
de Saint-Louis. Plusieurs campa-
gnes, faites avec distinction, l'a-
vaient fait parvenir au grade de
colonel du 8"°' régiment, lorsqii il
fut employé en Espagne, où sou-
vent il eut l'occasion de se faire
remarquer. Au siège de Cadix,
en 1810, sa brillante conduite lui
valut le grade de général de bri-
gade, et le î9 février 1811, il don-
na, à la bataille de la Gebora, des
preuves d'une rare intrépidité.
Chargé de défendre Badajoz con-
tre les Anglais, quoiqu'avec de
faibles moyens, il sut, par l'opi-
iiiâlrelé de son courage , prolon-
ger assez la défense, pour donner
le temps au maréchal duc de Ra-
guse de Tonir avec son corps d'ar-
a58
iPHi
mée au secours de cette place. Il
fut alors nommé général de divi-
sion, et en i8i5, il faisait partie
du corps d'armée d»; Vandainme,
engagé dans les montagnes de la
Bohême. Se voyant dans l'impos-
sibilité d'empôcher le général en
chef, cerné de toutes purts, d'être
lait prisonnier, il réunit ce qu'il
put de troupes, se mit à la tête de
ces faibles débris, et les déroba,
non sans de grands dangers, aux
poursuites d'un ennemi bien supé-
rieur en nombre. Il rejoignit la
grande-armée, et fit ensuite par-
lie des troupes restées à Dresde,
Prisonnier avec elles, par la vio-
lation de la capitulation, le baron
Philippon n'est rentré en France
qu'après le retour du roi : H devint
à cette épo(iue chevalier de Saint-
Louis, et cessa d'être en activité
en 1816.
PHILLIPS (sir Richard), écri-
vain anglais, né à Londres en 1768,
fut élevé avec soin par un oncle,
riche brasseur de cette ville. Après
avoir fait de bonnes études, il fut
employé, en 1786, dans une école
publique à Chester, qu'il quitta,
en 1790, pour s'établir à Leicester,
où il commença un commerce de
librairie, et publia un journal in-
titulé Leicester Herald. Il s'inté-
ressa en outre dans une entreprise
lucrative de canaux. En 1793, il
fut poursuivi pour avoir publié
quelques écrits de Thomas Payne
{^voy. ce nom), et condamné à une
année de détention. Son établisse-
ment d'imprimerie et de librairie
avait été consumé par le feu; mais,
à sa sortie de prison, il fit honneur
i\ ses alfaires , et entreprit , avec
l'aide de ses amis, la publication
d'un nouveau journal patriotique.
PHI
le Mont h/y Magazine , qui obtint
le plus grand succè'^. En 1807, il
fut élu un d«s shérifs de la ville
de Londres. Le ministère désirait
se l'attacher, et lui fit donner, par
le roi , le titre de chevalier. Sir
Richard Phillips crut pouvoir ac-
cepter cette faveur , mais n^ea
montra point une grande recon-
naissance. Il vendit , quelque
temps après, le fonds de son jour-
nal, et n'en resta pas moins un des
principaux rédacteurs; le Monthly
Magazine a corrstamment depuis
soutenu les mêmes principes, et
se trouve souvent en oj-position
très-prononcée avec le ministère.
Sir Richard est connu par une
autre singularité, son attachement
au système des pythagoriciens. "^
Dès sa jeunesse, il a montré une
horreur invincible pour toute
nourriture provenant de la chair
des animaux, et s'en est toujours
abstenu. Outre ses ouvrages pé-
riodiques, il a publié : 1° Lettre à
la bourgeoisie de Londres , sur les
devoirs et l'emploi de shérifs, 1808,
in- 13; 2° Traité sur les pouvoirs et
les devoirs des jurés, 181 i, in- 12;
3" Notice sur la Datura stramo-
nium comme an remède pour l'asth-
me, 1811, in-8"; 4° Rî^S-^ ^'^^
pour les jurés.
PHILLIPS ( Samuel) , lieute-
nant- gouverneur de l'état de Mas-
sachussetts. dont son père fut l'un
des conseillers; il (Ui fut aussi l'un
des hommes les plus recomman-
dables par leurs vertus et les ser-
vices qu'ils rendirent à leur patrie.
Samuel Phillips naquit à Andover
en 1753 , et fit ses études au col-
lège d'Harvard, où il prit ses
degrés en 1771. En i795, il fut
élu membre du congrès provin-
PHI
cial et de la chambre de» repré-
seiilaiis; il fit partie de cette der-
nière jusqu'en 1780, et coopéra
à la formation de la constitution
de Massachussetts. Il devint en-
suite membre du sénat, fut appe-
lé, en 1^85, à la présidence de ce
corps , et en remplit honorable-
ment les fonctions jusqu'en 1.801.
11 fut aussi , pendant cet inter-
valle, membre de la cour de jus-
tice d'Essex (depuis 1781 jusqu'en
1797). Nommé, en 1801, lieute-
nant-{gouverneur de Massachus-
setts, il ne put occuper long-temps
cette place par suite de l'aflaiblis-
&emeni de sa santé ; il mourut le
10 février 1802, emportant au tom-
beau les legrets de tous ses conci-
toyens. Samuel l'hillips protégea
constamment les académies d'An-
dover et d'iixeter, dout son père
et son oncle furent les fondateurs
et les bienfaiteurs.
PHILIUN ( Armand - Pierre-
Paul ), homme de iellres, e!St né
à Paris en 1784. Il fil ^es études
au Prytanée français, et enira vo-
lontairement au service. M. Phil-
pin a fait les campagnes de i8o3,
1804» i8o5 eti8o(j, à la suite
desquelles il passa dans l'adminis-
tration des contributions indirec-
tes, qu'il quitta quelques années
après, pour s'attacher au maré-
chal Ney,en qualité de secrétaire.
En 181 5, il accompagna le géné-
ral Carnot à Anvers, et fut en par-
tie chargé de la rédaction du jour-
nal du siège de cette place. 11 re-
vint en Franco avec ce général.
Lors de leur départ d'Anvers , la
(iazette Fan - lirahon , à la fin
d'un article consacré à Carnot ( 5
mai i8i4), s'exprima ainsi : « Ceux
«qui ont approché du général se
PHI 239
«plaisent à rendre justice à la pc-
))Iitesse , à la complaisance et aux
ntalcns de M. Philpin, secrétaire
«particulier du gouverneur ; c'est
» un tribut que ses bonnes quali-
» lés lui méritent. » Après son re-
tour, M. Philpin fut quelque temps
employé près du ministère de la
guerre. Au mois d'avril 18 i5, il
accepta la sous-préfecture de Vire,
lorsque Carnot était ministre de
l'intérieur, et se conduisit d'une
manière honorable, en se rendant
caution, auprès du ministre delà
police , de gardes-du-corps, qui
lui durent ainsi leur liberté. M.
Philpin n'apposa point son appro-
bation à l'acte additionnel aux cons-
titutions de l'empire. Cependant ,
malgré la sagesse de son adminis-
tration et la modération de sa con-
duite, il fut remplacé à la sous-
préfecture de Trévoux ( départe-
ment de l'Ain ), où sa nomination
avait été annoncée dans le Moni-
teur du 17 juillet i8i5, sous le
ministère de M. de Vaublanc. Il a
été admis à présenter au roi plu-
sieurs de ses ouvrages, dont il
a fait hommage à la chambre
des députés. Rentré dans la vie
privée , il se livre aux travaux lit-
téraires. Il a publié plusieurs ou-
vrages, parmi lesquels on distin-
gue : 1° Annales de l'administra-
tion publique^ 181 5; 2° la Situa-
tion de la France en 181 7 ; 5° quel-
ques brochures sur la politique et la
législation ; 4" «« Recueil de poé-
sies ; 5° une Ode sur la guerre
d'Espagne en 1824; Q'des Elégies^
et une Epltre aux députés français
( session de 1824)- M- Philpin a
été nommé par le roi, membre d«
la légion-d'honnaur ; il est asso-
cié à plusieurs sociétés savantes.
240
PIA
PU (P. N.), chimiste »li.slin-
gué, naquit à Paris le j5 sep-
tembre 1721. 11 fit (Je bonnes étu-
des, et devint à la suite de ses
conrs de médecine et de chimie
pharmacien en chef de l'hôpila! de
Strasbourg, place qu'il occupa
long-temps avec autant d'huma-
nité que de zèle. En 1770, il re-
vint à Paris, où il fut nomnié é-
chevin. Dè>-lors il conçut le pro-
jet de signaler son administration
par desétabli.-'semens utiles. L'un
de ces établissemens fut la forma-
tion et le dépôt des boîtes funjiga-
toires destinées ' à rappeler les
noyés à la vie , lorsqu'ils ne sont
encore qu'asphyxiés par le dé-
faut de respiration. On doit
aussi à Pia le perfectionnement
des instrumens propres à faire
parvenir l'air dans les poumons,
et i\ introduire de la fumée dans
les intestins. Les avantages ré-
sultant de ces moyens de se-
cours sont tellement incontesta-
bles, que dès la première année
de leur emploi, a'i noyés retirés
de la Seine furent rendus à la
vie. L'établissement de Pia pros-
pérait lorsque la révolution vint
le détruire en grande partie. Cet
homme recommandable perdit
sa fortune, et mourut dans un é-
tat voisin de l'indigence, le 11
mai 1799. Il avait publié les ou-
vrages suivans : 1° Description
de la boite d'entrepôt pour les se-
cours des noyés, 1770; 3° Détails
des succès de l' établissement que
la ville de Paris a fait en faveur des
personnes noyées, i775'
PIALÈS "(Jean-Jacques), ju-
risconsulte, naquit à Jlhodez ,
département del'Aveyron, vers
1720. Les progrès qu'il fit dans
PIA
l'élude du droit canonique, à la-
quelle il se livra exclusivement,
le firent devenir en quelque sorte
l'oracle du cler^fé,et générale-
ment de tous les possesseurs de
bénéfices, qui souvent avaient
à faire décider sur cette matière
les questions les plus importantes.
Il p«rdit la vue en 1765. Ses é-
crits, sous le nom de Traités,
sont nondîreux, et forment 26
volumes in- 12. Pialès mourut à
Paris, le 4 août 1789.
PI A 11, homme de couleur,
général des indépendans de l'état
de Venezuela (aujourd'hui ré-
publique de Colombie). se«dislin-
gua dès son entrée dans la car-
rière des armes par ses talens ,
une activité infatigable, et sur-
tout par la plus brillante valeur.
On l'a vu plusieurs fois A la tête
d'une poignée de braves qu'il a-
vait formés aux combats, cl qui
se croyaient invineil)Ies sous ses
ordres, attaquer des forces trois
foi» supérieures en nombre, les
intimider, et en triompher par
.son audace. Quand le général
Bolivar, après son débarquement
à Ocumare, marcha sur Caraccas,
il confia à Piar un corps considé- ,
rabie d'infanterie, qui, soutenu M,
par la cavalerie légère de Roxas W
et de Moganas, devait occuper ^f
les plaines, tandis que le général *
en chef espérait emporter la capi-
tale ; mais Bolivar échoua dans
son entreprise, et fut repoussé
avec perte. Son lieutenant Piar
opéra sa retraite en bon ordre,
et parvint à réparer bientôt cet
échec. Il battit ensuite l'ennemi,
en plusieurs rencontres, et l'em-
pêcha plus souvent encore, de
profiter des avantages qu'il dut,
PU
«u commencement de celte guer-
re, Il des forces supérieures et
mieux diîiciplinées. Lue témérité
presque toujours couronnée par le
succès, avait rendu Piar l'idole
des soldats. Mais son ambition ,
qui n'avait d'abord en vue que
l'affianchissement de sa pairie,
croissait avec ses succès. Mécon-
tent de ne jouer qu'un rôle se-
condaire dans l'état, il aspirait au
rang suprOme, et crut pouvoir
y monter à l'aide des Indiens et
des hommes de couleur, qui
lui étaient en partie dévoués. Il
fallait, il est vrai, sacrifier les
blancs, et commencer par son
ami Bolivar même; et l'on assure
que Piar en avait pris la résolu-
tion , quand ses projets furent
découverts. Investi à cette époque
du commandement en second de
1 armée anjéricaine, il n'en fut pas
moins arrêté au milieu de ses com-
pagnons d'armes, et transféré,
par ordre des autorités supérieu-
res, à Augustura, où un conseil
de guerre était convoqué pour le
juger. Les principaux généraux
de l'armée, presque tous hom-
mes de couleur comme lui, et
auxquels on avait adjoint l'amiral
Brion , composaient ce tribunal
présidé par Bolivar. Peut-être
quelque jalousie des frères d'ar-
mes «le Piar, importunés par la
supériorité que sa valeur et l'af-
fection des soldats lui avaient ac-
quise, indua-l-elle sur le jugt-
ment : il fut des plus sévèies.
Après une assez courte procédure
il fut déclaré convaincu d'avoir
tramé un complot tendant à faire
insurger les mulâtres et les In-
diens, à égorger tous les blancs,
ù s'emparer de la dictature, et
T. XVI.
PIA
241
en conséquence, il fut condamné
à être fusillé. On assure que Boli-
var, après avoir lait de vains ef-
forts pour sauver l'accusé, se vit
contraint, à son grand regret, de
signer la sentence de mort, ce qui
prouverait que l'existence d'un
coniplot dangereux pour l'état é-
lait bien réelle. I! n'y eut cependant
aucun des complices de Piar de
mis en cause. Celui-ci marcha d'un
pas ferme vers le lieu fixé pour
son exécution. Le fatal cortège
passa sous les fenêtres du général
Bolivar, qui, saisi de la plus vi-
ve douleur, salua encore de la
main son ancien frère d'armes,
et lui cria d une voix entrecou-
pée : « Adieu , mon malheureux
»ami. ' Arrivé hors des portes
d'Augustuia, Piar se plaça, avec
son intrépidité ordinaire, en face
des soldats qui devaient lui don-
ner la mort, se découvrit la poi-
trine, et commanda lui-même le
feu. Percé de sept balles, il ex-
pira sur-le-champ. Ses projets
ambitieux furent niés par ses nom-
breux amis, et bientôt oubliés;
mais ses beaux faits d'armes sont
encore célébrés par les gtierriers
de Colombie.
PIAZZI (Joseph), directeur-
général des observatoires de Na-
ples et de Palerme , membre de
l'académie royale des .••ciences de
Naples, Turin, Goëtlingue, Ber-
lin, Pélersbourg, associé étran-
ger de l'institut de France, et de
la société royale de Londres ,
mend)re ordinaire de la société
italienne , et correspondant de
l'institut de Milan , est né à Ponte,
dans la Valteline , le lii juillet
174^. Il prit l'habit des ihéatins
dans le couvent de Saint-Antoine ,
iG
2 43 PU
à Milnn, où il acheva sou novi-
ciat. Dans ses études, qu'il fit
successivement à Milan, à Turin
et à Rouie, il eut l'avantage de
compter au nombre de ses maî-
tres les PP. Tiraboschi, Beccaria,
Leseur et Jacquier. Destiné à par-
courir lui-même la carrière de
l'enseignement, il alla professer
la philosophie à Gènes, où, par
quelque.^ thèses qu'il y publia, il
alarma le zèle des dominicains
de la ville, qui auraient troublé
son repos, si le grand -maître
Plnto ne l'eût engagé à se rendre
aupiès de lui, pour enseigner les
mathématiques dans la nouvelle
univfcisité de Malle. Lorsqu'elle
fut supprimée par son successeur •
Ximènes, Piazzi se lendil à Rome,
etensuite àRavenne^ où il occupa
la chaire de philosophie et de ma-
thématiques au collège des nobles,
dont il devint aussi le directeur.
Il s'y fit des ennemis, par la pu-
blication de nouvelles thèses phi-
loso[>hi(].ies , qui ])ariwent trop
hardies de l:i p;ut d'un jeune reli-
gieux. Malgré cela, on le crut di-
gne de rtinplicei' le prédicateur
ordinaire de Crémone, où il s'é-
tait relire . après que les ihéatins
eurent renoncé ;\ l'administration
du collège de Ravenne ; il fut
même nommé lecteur de théolo-
gie dogmatique à Saint- André-
della-Valle, à Rome, où il eut
pour toliègue le P. ChiaraiTionte ,
qui (diiserva pour lui sur le trône
pontifical les scntimens qu'il lui
avait voués dans le cloître. En
17H0, cédant aux conseils du P.
Jacquier, qui l'employait à véri-
fier ses calculs, Piazzi accepta la
plaie de professeur de hautes-
mathématiques à l'académie des
PIA
études de Palerme. Il y réforma,
en arrivant, la méthode de l'en-
seignement, en remplaçant Wolff
par des ouvrages modernes, et en
y rendant familiers ceux de Lock
et de Condillac , qui y étaient
presque inconnus. Par son in-
fluence et ses lumières, il contri-
bua puissamment à dissiper les
ténèbres qui, sous la double pro-
tection de 1 inquisition et des jé-
suites, couvraient encore le sol
de la Sicile. Non content d'y avoir
fait renaître l'amour des lettres,
il parvint à inspirer au prince de
Caramanico, qui en était alors le
vice-roi , le désir de voir trans-
formée en observatoire une an-
cienne tour dans le palais des rois
de Sicile , à Palerme. Il obtint
aussi la permission de se rendre
en France et en Angleterre, pour
y faire l'acquisition des instru-
mens nécessaires à ce nouvel éta-
blissement, et pour se mettre en
relation avec les astronomes les
plus renommés par leurs travaux
et leur savoir. Il vint d'abord
à Paris , où Lalande , Jcaurat .
Bailly, Delambre, Pingre, et au-
tres , lui témoignèrent le plus
grand intérêt. S'associant à l'ex-
pédition de Cassinl, Méchain et
Legendre, chargés de détermi-
ner la différence des deux méri-
diens de Paris et de Greenwich,
il profita de cette occasion , la
plus favorable pour un astrono-
me, pour visiter l'Angleterre, où
il connut Maskelyne , Herschel ,
Vince, et surtout Ramsden, au-
quel il confia la construction de
ses instrumens. Il allait souvent
à l'observatoire de Greenwich ,
et c'est de là qu'il examina Té-
clipse solaire de 1788, dont il
PIA
remlit compte d;ins un mémoire
in.séré dans les Transactions philo-
sophiques de Londreji. Convaincu
de rin( ertitude dans laquelle lous
les quarts de cercle laissent l'es-
prit d'un observateur, Piazzi en-
^ajjea Ramsden à lui construire
un cercle vertical de cinq pieds
de diamètre, accompagné d'un
azimntal , et divisé avec cette
précision dont cet artiste seul était
al(.rs capable. Il se rendait tous
les jours dans ses ateliers pour en
presser les travaux; mais, mécon-
tent de la lenteur de l'artiste, il ima-
gina de stimuler son amour-propre
en faisant publier ime lettre, adres-
sée à Lalande, sur la vie et les ou-
vrages de Ramsden. Cette ruse
lui réussit : en peu de temps il eut
la satisfaction de voir son grand
cercle terminé, et il put même y
ajouter un instrument des passa-
ges, un sextant, et d'autres ma-
chines secoud;iires. Le ministère
anglais prétendit que le cercle,
appartenant à la classe des décou-
vertes, devait être assujetti aux
droits prohibitifs, et ne pas sortir
de l'Angleterre. Mais llamsden
déclara que si c'était une nouvelle
invention, la gloire en était due à
Piazzi, dont il n'avait fait qu'exé-
cuter les idées. Cette protestation
imposa silence aux ministres , qui
permirent à Piazzi d'emporter ses
instrumens. Il se hâta de rentrer
en Sicile, pour mettre en activité
le nouvel observatoire, le plus
méridional qui existât alors, de-
puis que celui de Malte avait été
incendié, en 1789. Aussitôt que
les instrumens purent y être pla-
cés, Pitizzi y commença ses ob-
servations , dont il consigna les
résultats dans un volunte publié
PIA
243
eu i^ga, auquel on en vit bientôt
succéder un second. Persuadé, dès
le commencement, que la vraie
position des étoiles est la base do
l'édifice astronomique , il se pro-
posa d'en dresser le catalogue,
dirigeant tous ses travaux vers ce
grand but. Le Français-Lalande
en France , Cagnoli en Italie ,
de Zach, Heniy, Barry en Alle-
magne, avaient entrepris , en ce
genre, des travaux partiels, se
fondant tous sur la position des
trente-six étoiles que Maskelyne
avait indiquées aux astronomes
comme termes assurés de compa-
raison. Piazzi, au contraire, ne
crut pas de voir se fier à la position
des astres , déterminée d'après
une simple observation : la moin-
dre inexactitude de la pari de
l'observateur, la plus petite im-
perfection dans ses instrumens,
lui paraissaient des accidens trop
probables , pour les repousser
comme inadmissibles. Il savait
aussi que si Flainsteed, Mayer
et Le Monniei' eussent mis plus
de suite dans leurs observations,
ils auraient probablement dérobé
à Herschcl l'honneur de sa dé-
couverte. Ces considérations le
forcèrent à revenir plusieurs fois
sur la même étoile avant d'eu fixer
la position, et c'est d'après celle
méthode laborieuse, mais exacte,
qu'en parlant des trente-six étoiles
de Maskelyne, Piazzi acheva son
premier grand catalogue , conte-
nant 67/4^ étoiles, qui fui ac-
cueilli avec admiration par tous
les astronomes , et mérita d'être
couroimé par l'institut de France.
Mais un plus beau résultat de ce
système fut la découverte d'une
neuvième planète, qui fraya ia
244
PIA
roule à de nouvelles conquêtes
dans le ciel. Le i" janvier 1801,
l'iazzi , en voulant observer la
8^' étoile du catalogue zodiacal
de La Caille, entre la queue du
bélier et le taureau, aperçut une
étoile de 8' grandeur, qu'il ob-
serva également par occasion ;
son habitude de vérifier les ob-
servation* de la veille lui fit re-
marquer le lendemain une difië-
rence dans la position du petit
astre, qu'il crut d'abord ctre une
comète. Il communiqua ses ob-
«ervaiions à Oriani, qui, voyant
que ce point lumineux n'avait pas
la nébulosité des comètes, et qu'il
avait été stalionnaire et rétrograde
dans un assez petit espace, ;\ la
manière des planètes , le calcula
dans un cercle. Il ne s'abusa pas
dans son hypothèse, qui, confir-
mée par tous les astronomes , as-
snra à Piazzi les avantagés de
la découverte , àlaquelle il imposa
le nom de Cerès F(Tdinandea, à
cause de la déesse de la Sicile et
de son roi actuel. Lalimde préten-
dit qu'on aurait plutôt dfi l'appe-
ler P/fl^zi. Le roi de! Naples voulut
récompenser l'astronome, en fai-
sant frapper une médaille d'or en
son honneur, mais Piazzi, mo-
deste dans son triomphe, deman-
da que la valeur de ce présent fAt
employée a l'achat d'un équatorial,
qui manquait à son observatoire.
11 continuait, en' attendant, avec
persévérance les outrages qu'il
iivait commencés : ni les soirl.* dfe
son grand catalogue, ni les tra-
vaux qu'avait exigés la décoiîvcrté
de Cerès, ni même ime fièvre
qui le mina ])endant l'espace de
quatre ans, ne purent rahintir son
ardeur, ni le détourner un ins*
PIA
tant des études. On commençait
presque généralement à se défier
de la position assignée par Mas-
kelyne à plusieurs étoiles; mais,
pour détruire ses observations, il
fallait les refaire , et Piazzi était
trop engagé dans ses recherches,
pour songer à rectifier les ouvrages
des autres. ïl chargea M. Caccia-
lore, le plus distingué de ses élè-
ves, de la comparaison directe
des principales étoiles avec le so-
leil, pour la formaticin d'un nou-
veau catalngue fondamental. Ce
travail, qui au lieu des 56 étoiles
de Maskelyne, en contenait jus-
qu'à 120, servit de base à Piazzi
pour refondre son ancien catalo-
;,Mie ; il soumit le ciei à d- nou-
velles observations, q'i'il appuya
sur la position de ces étoiles ,
comparées directement avec le
soleil. Ce second catologue, qu'il
acheva en 1814, comprend 70)46
étoiles, outre un discours préli-
minaire, qui est un morceau ex-
trêmeu)ent précieux. Tant d'ob-
servations sur les astres , grossis-
saient chaque jour la masse de ses
matériaux sur les différentes par-
ties de la science. Pressé par se»
amis et ses élèves, Piazzi s'occupa
de la rédaction de plusieurs Mé-
moires, adressés aux différentes
académies aux(juelles il appar-
tient. Il ■ s'acquittait en môme
temps de plusieurs commissions
que son gouvernement lui don-
nait, entre antres dé la formation
d'uncode métrique, pour établir
l'uniformité dés poids et des me-
sures en Sicile. Sou travail fut
précédé par un essai publié en
1808, et par une instruction
adressée aux curés de toutes les
communes de l'île. Pendant le ré-
PIA
giine de la constitution de 1812
dans ce royaime, l'iazzi l'ut charge
d'une nouvelle division territo-
riale; le parlement rado|ita telle
qu'il l'avait proposée, et elle lut
respectée inêuie après la destruc-
tion du gouvernement représen-
tatif. La comète de 1811 l'ournit
it Piazzi l'occa-ion de manifester
ses opinions sur la nature de ces
corps, dont il ne croit pas la for-
mation contemporaine de celle des
planètes; il pense plutôt qu'ils se
forment de temps en temps dans
l'iunnen.^ité de l'espace, où ils se
dissipent ensuite, à peu près com-
me ces globes et ces météores
lumineux qui s'engendrent et dis-
paraissent dans l'atmosphère ter-
restre. Plein de cette idée , il a
toujours mis peu d'importance à
observer les comètes , regardant
même comme inutiles les travaux
des astronomes sur ces astres. En
iSij Piazzi fut appelé à Naples,
pour y examiner les plans du nou-
vel observatoire fondé par Joachim
Murât sur les hauteurs de Capo-
di-iMoule; il y apporta plusieurs
changemens, dont il rendit comp-
te dans un ouvrage publié peu
avant son retour à Palerme. Rem-
placé dans la direction immédiate
de l'observatoire, par son élève
Caccialore , il peut maintenant
jtrendre part aux travaux d'une
commission chargée de l'instruc-
tion publiqueenSicile, et s'occuper
de la réformation des études dans
ce pays, qu'il regarde comme une
seconde patrie : il l'a préférée aux
offres brillantes que lui faisait
Napoléon pour l'attirer à Bolo-
gne, et à celles du roi Ferdinand ,
qui aurait voulu le retenir à Na-
ples. Ses ouvrages sont : i" Resuit
PIA
245
of calculations of tlie observations
made at various places of tlie éclipse
of the sun xvick liappeiied on J une
5, 1788, dans le tome LXXIX
des Transactions philosophiques
pour l'année 1789; 2° Lettre sur
les ouvrages de âî. Bantsden, de
la société royale de Londres, adres-
sée à M. de Lalande, dans le
Journal des savans , novembre
1788, et réimprimée dans la tra-
duction de la Machine à diviser,
de Ramsden, par Lalande ; 3"
Discorso recitato nelT aprirsi la
prima volta , la cattedra d'astro-
nomia neW accademia degli studj,
Palerme, 1790, in-4'' : ce dis-
cours, de 54 pages, a pour objet
l'histoire <le l'astronomie; ^^ délia
Sperola astronomica de' regj studj
di Palerino, libri IV, ibid. , 1792,
iu-fol. , fig. : cet ouvrage contient
la description détaillée du beau
cercle de Ramsden , la détermi-
nation exacte de la latitude de
l'observatoire de Palerme , qui est
58° 6' 45", sa longitude 11" i' 45"
à l'orient de Paris, et la réfrac-
tion à 45° 55' 9"; 5° délia Spe-
cola astronomica de' regj studj di
Palermo , libro V, ibid., 1794»
in - fol. : c'est un appendice de
l'ouvrage précédent; il contient
les calculs de la comète de 1793,
beaucoup d'observations sur le
soleil et les planètes, des recher-
ches sur les réfractions, déter-
minées, pour la première fois,
d'après la méthode des angles azi-
mutaux, et une nouvelle rectifi-
cation de la position de l'obser-
vatoire. 6° SuW orologio itatiano
e l'europeOf ibid., 1798. in 8" : le
but de cet ouvrage, publié à l'oc-
casion d'une nouvelle horloge
placée sur le haut du palais royal
240
PI A
à Palerme, est de prouver les
avantages de l'horloge réglée à
l'européenne, sur celle réglée à
l'ilalienne; '^° Risuttati délie osser-
vaiioni délia nuova sletla, scoperta
il di 1° Gennajo, ail' osservatorio
di Palenno, il)id., 1801, in-ia:
ce sont les premières observations
sur la nouvelle planète, avec ses
élémens ; 8° Délia scoperta del
niiovo piancta CerereFebdinandea
otlavo Ira i primarj del nostro sisle-
via solare 3 ibid., 1802, in-8°; 9°
Prœcipaaram stellarum uierran-
liian positiones mediœ , ineunte se-
culo XIX, ex observalionibus ha-
hitis in spécula panorniitana ah
anno 1792 ad i8os, ibid. , i8o3,
in lui. : ce catalogue, qui, com-
me, nous l'avons dit , contient
0748 étoiles, obtint le premier
prix astronomique, fondé par La-
lande; 10° Prœripuarain stellarum
inerrantium positiones medice, in-
eunte seculo XIX , ex ohservatio-
vibus kabitis in spécula panormi-
tana ab 179a ad annum i8i3,
ibid., i8i4 : il t>e faut pas con-
fondre ce second catalogue avec
le premier; outre qu'il contient
un plus grand nombre d'étoiles
(7046)5 les observations en sont
encore plus exactes; il mérita aussi
le prix d'utilité, fondé par La-
lande. 1 i" Memoriasuir obbliquità
deir eccUttica, dans le tome XI
des Acles de la société italienne,
et couronné par le même; 12"
Memoria sulla precessione degli
effuinozj, dedotta dalla declinazione
délie stelUj dans les Éphémérides
de Milan, de i8o4; j3° Riccrche
sulla parallasse di alcune prinripali
stelle, dans le tome XII des Actes
de la société italienne; i4" Sulla
misura delt' anno tropico solare.
PIA
dans le tome XIII du même re-
cueil; i5° Saggio su' movimenti
proprj délie stelle fisse, dans le
tome I" des Actes de l'institut ita-
lien; 16" Del reale osservatorio di
Palermo, libro VI, Palerme, i8o(),
in-fol. : c'est un second appendice
du num. 4j il contient le cata-
logue fondamental des 120 étoi-
les, augmenté de cent autres; la
détermination de la longueiu' de
l'année, l'équation de Torbile, le
mouvement de l'apogée du soleil,
et celui des équinoxes , et quel-
ques points principaux de la théo-
rie du soleil; à la fin de ce volu-
me , on trouve un catalogue de
210 étoiles. 17" Sislema melrico
per la Sicilia , presentato à S. M.
dalla deputazione di pesi c misurc ,
ibid. , 1808 : dans cet essai préli-
minaire, l'auteur a exj)osé le systè-
me qu'il se proposait de suivre; 18"
Istruzione diretla ai parrorhi ail'
occasione délia leggesà pesi e mi-
sure, ibid., 1810; 19" Lcgge nella
quale si stabilisée uniformità di mi-
sure , e di pesi in tutto il regno di
Sicilia, e sue adjacenze, colla prima
parte délie riduzioni délie misure ,
ibid., 1810; 20" Codice metrico
siculo divisa in due parti, Catania,
1812, petit in-fol.; 21" Délia co-
mcta del 181 1, Palerme, 1812, in-
8"; 22° Lezioni di astronomia , ad
uso del real Osservatorio di Paler-
mo, ibid., 1817, 2 vol, in-8"; 23°
Suit' obbliquità dell' eccUttica, en-
voyé à Milan eu 1818 : c'est un
supplément au num. 1 1 ; 3/1' Sull*
aberrazione délia luce, e sulla nuta-
zione dell' asse terrestre , dans le
tom. 1" des actes de l'académie
royale des sciences de Naples; 25°
Ragguaglio del reale Osservatorio
di ISapoli , eretlo sulla colliua di
--A/f" ^ q/ CC<l/(ù
PIC
Capo-di-Monte, Naples, iSaJ, in-
PICARD (Louis -Benoit),
homme de lettres > membre de
l'académie-française el de la lé-
gion-d'honneur, né à Paris en
y^Qc). Son père exerçait honora-
blement les fonctions d'avocat
au barreau de Paris ; son oncle
maternel, M. Gastelier, était un
médecin non mQ|ps renommé.
L'éducation de M. Picard fut sur-
veillée avec soin, et il fit d'excel-
lentes études; mais il ne se sentit
aucun goût pour les travaux du
barreau, ni pour l'art de guérir.
Un penchant irrésistible l'entraî-
nait vers le théâtre, et les nom-
breux succès qu'il a obtenus dans
cette carrière ont justifié son
choix, el l'ont placé au premier
rang parmi no.s écrivains drama-
tiques vivans. Une étroite amitié,
et dont aucune rivalité de ta-
lens ou de succès ne vint jamais
interrompre le cours, lia M. Pi-
card dès sa jeunesse avec M. An-
drieux et Collin-d'Harleville. Il
rechercha les conseils de ces ai-
mables écrivains, leur en donnait
parfois à son toi^r, et convient
lui-même que ceux qu'il en re-
cevait n'étaient pas les moins uti-
les. Ce fut M. Andrieux qui se
chargea de présenter au théâtre
de Monsieur, nouvellement établi
à cette époque, la première pièce
de M. Picard, le Bndinage dange-
reux ; elle fut assez favorable-
ment accueillie. La même troupe
française , transportée peu de
temps après au Théâtre-Feydeau,
y représenta sa seconde comédie,
Encore des Méneclimes. Il donna
ensuite à l'Opéra-Comique la
jolie pièce des FisitandineSi qui
PIC
'a47
fut vivement applaudie, et qui
est restée an théâtre, où elle ne
cessait d'attirer la foule, jusqu'au
moment où il ne fut plus permis
de plaisanter sur les nonnes et les
capucins. Quelques pièces de
circonstances, légères débauches
d'esprit , suivirent de près cet
opéra, et furent jouées avec plus
ou moins de succès pendant les
premières années de la révolu-
tion. Mais non content de faire
représenter ses nombreux ouvra-
ges , M. Picard, dont le goût
pour l'art dramatique était deve-
nu une véritable passion, voulut,
en suivant les traces de Molière,
avoir encore quelque chose de
commun avec ce grand homme,
et désirait remplir lui-même les
principaux rôles dans ses pièces.
Après avoir souvent joué avec
succès la comédie en société, \\
avait même paru sur le petit
théâtre Mareux , rue Saint-An-
toine, quand il prit la résolution
de se donner tout entier à la scè-
ne, et débuta, ainsi que son frè-
re, au théâtre Louvois, dont il
prit la direction. Il y reçut dans
la comédie du Collatéral et dans
plusieurs autres de ses ouvrages-
un accueil flatteur, et l'acteur
n'eut pas moins à se louer de la
bienveillance du public que l'au-
teur. Un théâtre plus vaste, celui
de rOdéon , fut remis, en 1801,
à la disposition de M. Picard.
Son zèle et son activité suffirent
pour quelque temps à ses triples
fonctions, et ce fut pendant sa
première direction de ce théâtre
qu'il remporta ses plus beaux
succès. 11 se lassa cependant,
après quelques années d'exercice,
de la profession de comédieu , et
248
PIC
dans l'espoir de composer pins
de pièces, il renonça au plaisir
d'en jouer. En 1807 l'inslilut
admit M. Picard au nombre de
ses membres, et il y prononça son
discours de réception le même
jour que MM. Laujon et Ray-
nouard. Napoléon le décora peu
de temps après de la croix de
la légion-d'honneur, et lui confia
l'administration du {,'rand Opéra,
qu'il quitta en 1816 pour repren-
dre la direcliou de l'Odéon. (le
fut à celte occasion qu'il s'éleva
entre lui et M. Alexandre Du val
{voy. ce nom) quelques débats
qui furent portés devant les tri-
bunaux ; mais ce dernier crut
devoir aussi plaider sa cause de-
vant le public, et s'acquitta de
cette tâche d'une manière origi-
nale et piquante , en publiant
un factum en vers , qui procura
quelques jouissances à la maligni-
té des lecteurs. M. Picard ré-
pondit en prose, et avec une
grande modération, à son mordant
adversaire, et ce procès, qui a-
vait paru promettre plus de scan-
dale , se termina par une tran-
saction à l'amiable entre les deux
auteurs. L'administration de l'O-i
déon fut interrompue par deux
incendies qui consumèrent l'in-
térieur de ce bel édifice. Dans
l'intervalle de la reconstruction,
M. Picard transporta son specta-
cle au théâtre des anciens Italiens,
}>alle Favart, où il obtint la per-
mission de faire jouer en même
temps la tragédie, et tout le
répertoire du Théâtre- Français.
L'Odéon s'élant enfin relevé plus
brillant que jamais de ses cendres,
c'était à ce théâtre que devait
«'exécuter le projet depuis long-
PIC
ten)ps réclamé par les amis de
l'art dramatique, de donner au
premier Théâtre -Français une
succursale, où de nouveaux ac-
teurs, ainsi que les auteurs qui
d(;puis long-temps attendaient la
représentation de leurs ouvrages,
pourraient être jugés par le pu-
blic. On espérait qu'une heureu-
se émulation s'établirait ainsi
entre les anunns sociétaires et
leurs jeunes rivaux , entre les
écrivains déjà en possession de la
scène et les nouveaux aspirans.
L'art devait y gagner ; mais ce
projet, sagement conçu, n'a pu
jusqu'ici par diverses causes in-
tervenantes, recevoir qu'une exé-
cution imparfaite; et l'administra-
tion de l'Odéon cédée par M. Pi-
card , est successivement passée
en beaucoup d'autres mains. Ce
fécond écrivain a composé environ
soixante - dix pièces de théâtre.
Le caractère distinctif de son ta-
lent est une gaîté franche et na-
turelle ; il y joint une entente
parfaite de la scène, et un dialo-
gue vif et animé. S'abandonnant
à sa facilité , il soigne parfois
peu son style, et ses pièces en vers
sont sous ce rapport plus né-
gligées que celles en prose.
Quoiqu'il se soit principalement
attaché à peindredesmœtu's bour-
geoises, et qu'il semble plus oc-
cupé à faire rire des ridicules
du jour qu'à rendre odieux les
vices de tous les temps, il s'est
cependant élevé , dans quelques
ouvrages, aux plus hautes con-
ceptions dramatiques et morales.
Des caractères hardiment tracés ,
et des tableaux dont le coloris a
de la vigueur, se retrouvent dans
Médiocre et lianipaiU, dans Du-
PIC
Itautcours ou le Contrat d'union,
le Mari ambitieux, l'Entrée dans
le monde, Vauglas, etc. Parmi
les autres compositions dramati-
ques (le M. Picard , nods ne cite-
rons ici <|ue les pliis remarqua-
bles. Le Conteur, ou les Deux
Postes; le Cousin de tout le mon-
de; les Conjectures; les Amis de
collège; les Trois M^ris; ta Pe-
tite faille; ta Grande Ville, ou les
Provinciaux à Paris; le Vieux
Comédien; M. Musard; les Tra-
casseries ; le Susceptible; M. de
Probancour, ou les Capitulations
de conscience; les Oisifs; l'Alcade
de Molorido ;' un Lendemain de
fortune; la Vieille Tante; la Noce
sans mariage; les Filles à marier;
les Marionnettes ; la Manie de
briller; les Ricochets; M. de Cou-
lainrille, ou la Double Réputa-
tion ; les Deux Philibert (avec
M. Iladet) ; une Matinée de Hen-
ri IV ; la Maison en loterie. Le
Théâtre de L. B. Picard a paru
en 1812 , 6 vol. in-8". Outre
plusieurs poésies légères qui ont
paru dans les recueils périodi-
ques, M. Picard a encore pu-
blié trois romans : 1° les Aventu-
res d'Eugène de Senneoille et de
Guillaume Delorme, 18 i3, 4 vol.
in-8''; ^'' Jacques Fauve l, 1823,
4 vol. in- 12 ; 5^ Gabriel Desau-
dry, ou l'Exalté, 1824, 4 vol.
in-12. Un quatrième roman, in-
titulé le Gilblas de la révolution ,
est déjà annoncé comme devant
paraître sous peu d»; jours. Si cet
ouvrage est digne des autres, il a-
bondera en scènes piquantes, en
observations fines, en portraits
dessinés avec habileté ; il sera
écrit d'un style à la fois spirituel
et naturel, et on y trouvera une
PIC 249
grande connaissance du cœur hu-
main.
PICARDET (C. N.), ancien
priein- de Neuilly, et membre de
l'académie de Dijon , a publié dif-
férens ouvrages, parmi lesquelson
distingue : i" les Deux Abdalony-
mes, histoire phénicienne, 1777;
2° Histoire météorologique, nozo-
logique et économique, pour l'an-
née 1785. Il avait entrepris un ou-
vrage immense qui, sous le litre
de Grande Apologétique , devait
contenir la réfutation de toutes
les hérésies qui s'élevèrent dans
le monde depuis l'établissement
du christianisme , mais le dépé-
rissement de sa santé le força de
renoncer à ce travail. Il avait
aussi fonde un prix de vertu pour
une rosière , dont le couronne-
ment eut lieu plusieurs années de
suite et ne fut interrompu que
par les événemens de la révolu-
tion. Il mourut vers i79'|. Son
frère , mort à peu près dans le
même temps, avait été conseiller
à la table de marbre du palais de
Dijon, et comme lui, membre de
l'académie de cette ville. Ce der-
nier est auteur d'un Journal d^s
observations du baromètre de La-
voisier, inséré dans les Mémoires
de l'académie de Dijon , en 1785,
et de quelques poésies assez esti-
mées. Ces deux littérateurs eu-
rent pour soeur, IV1°" Guylon-Mor-
veau, connue par plusieurs tra-
ductions d'ouvrages allemands et
suédois.
PICAULT (Antoine-Acgbstb-
Michel), propriétaire dans le dé-
partement de Seine-et-Marne,
remplit pendantles premières an-
nées de la révi^lution des fonction*
municipalcr et judiciaires, et fut».
35o picr
en 1795, nommé député au con-
seil des anciens. Il y fit, au mois
de septembre de l'année suivante,
un rapport favorable aux prêtres
qu'ime loi rendue précédemment
condamnait à la réclusion. Sorti
du conseil le 20 mai 1799, "'^^
nouvelle élection l'y fit rentrer
aussitôt. Après la révolution du
18 brumaire an 8 il devint niein-
bre du tribunat. En 1801, il com-
battit les dispositions du projet
de loi portant établissement des
tribunaux spéciaux, el en vola le
rejet. Élu secrétaire du tribunat
le 20 août i8o3, il sortit peu de
temps après de ce corps. En
1804, il obtint la place de di-
recteur des droits - réunis dans
le département de Seine-et-Mar-
ne. Il occupait encore cette place,
lorsqu'il lut uomnié, dans le mois
d'août i8i5, membre du conseil
de préfecture du même départe-
ment. M. Picanlt remplit toujours
les mêmes fonctions; il est cheva-
lier de la légion-d'honneur.
PICCINNI (Nicolas), célèbre
compositeur italien, naquit en
1728 à lîari, capitale de la pro-
vince de ce non) , dans le royau-
me de Naples.Piccinni père,dégoû-
té de sa profession, avait défendu
à son fils de l'embrasser: c'était
celle de musicien, qui devait fai-
re, sinon le bonheur, du moins
la réputation de cet enfant. Des-
tiné à l'état ecclésiastique, le jeu-
ne Piccinni assistait aux cérénio-
nies religieuses, et s'amusait de
ce conflit de sons et de voix, qui
lui servirent néanmoins do thè-
mes pour s'exercer, à la dérobée,
.sur un vieux clavecin , qu'il trou-
vait chez son père. Un jour, se
croyant seul, il s'était livré aux
mêmes exercices dans l'anlichaui-
PIC
bre de son évêque; ce prélat, qui
l'avait entendu de la ])ièce voisi-
ne , vint à lui, en applaudissant,
et lui fit répéter toutes ses sonates.
Etonné de la précision du jeu de
cet enfant, il engagea son père à le
mettre au conservatoire de^San^'O-
nofrlo, dirigé alors par le célèbre
Léo. Le jeune élève fut confié
d'abord à un maître inhabile, qui,
embarrassé souvent par les ques-
tions qu'il lui adressait, lui faisait
expier ))ar de mauvais traitemens
les élans précoces de son génie.
Choqué de l'ignorance et de la
brutalité de son précepteur,
Piccinni prit le parti de travailler
seul et d'après ses propres inspi-
rations. C'est peut-être à cette ré-
solution qu'il dut l'originalité de
son talent. Il composa des psau-
mes, des oratorios, des airs d'o-
péras, qui fiient naître la jalousie
de ses camarades, après en avoir
excité l'admiration. Léo, qu'on a*
vait instruit des progrès sponta-
nés et extraordinaires de Piccinni,
voulut en juger par lui-même. Uti
jour il le mande auprès de lui ,
l'oblige à livier la partition d'une
messe qu'il venait d'achever, la
feuillette d'un bout à l'autre, et
sans s'expliquer davantage, il traî-
ne le jeune compositeur dans la
salle des répétitions. Piccinni le
supplie vainement de lui épar-
gner un affront; mais il voit avec
frayeur qu'on se dispose à dé-
chiffrer sa musique, et que même
on lui ordonne d'en marquer la
mesure. N'ayant pu sesoustraireà
une humiliation publique, il ras-
semble toutes ses forces, et d'une
main tremblante, il frappe les pre-
miers coups; luais entraîné par l'el-
fet des instrumens, il les dirigea
bicnlOt avec l'assurance d'un mai-
PIC
Ire. Léo se jelteàsoncou, l'accable
de caresses, et lui permet de ve-
nir tous les jours prendre de ses
leçons. Il n'en profila pas long-
temps : la mort surprit Léo ,
qui fut remplacé par Duran-
te dans la direction de ce même
• oiiservaloire, qui a été la pépiniè-
le des plus célèbres compositeurs
italiens. Le nouveau directeur,
qui eut bientôt reconnu le mérite
de Piccinni, le prit en affection, et
en lui prodiguant ses soins, il di-
sait souvent : Les autres sont mes
(colif.rs, mais celui-ci est mou fils.
Après s'être formé à l'école de
deux maîtres aussi distingués ,
Piccinni sortit du conservatoire,
sacisant tous les principes, et ini-
tié dans tous les secrets de son
art. il composa pour le théâtre dit
des Florentins , l'opéra intitulé :
te Donne (Jispeitose, qu'une main
puissante soutint contre les in-
trigues des amis de Logrosci-
no , qui jouissait exclusivement
alors de la faveur publique ;
mais ces contradicteurs Juê-
mes furent obligés de l'applau-
dir, et son triomphe n'en fut que
plus flatteur. Ce premier succès
l'encouragea à nmlliplier ses es-
sais , qui fondèrent bientôt sa
réputation. Son génie se déployait
avec une étonnante facilité. On
admira déjà dans la Zenobiu ,
qu'il composa, en 1^56, pour
le théâtre de Saint-Charles, les
|)rincipes qui ont toujours gui-
dé Piccinni tlans ses nombreu-
ses compositions. Les instru-
mens ne sont pour lui qu'un
moyen pour renforcer l'effet de 1 1
voix, on pour expriuter ce qu'el-
le ne peut pas rendre. Ce luxe
d'harmonie , ces accompagnc-
PIC i5i
mens figurés , sans nécessité
et sans but, qui ont envahi la
scène moderne, et qui établissent
une lutte entre le chanteur et l'or-
chestre , ne lui paraissaient que
des contre -sens et des abus. Sa
musique avait un accent pur et
naturel, dont les altérations é-
taieut marquées par les nuances
des sentimens et des idées. Il dé-
sapprouvait ces dessins obstinés
d'accompagnement que Jomelli
avait mis à la mode de son temps,
et qui se prolongeaient uniformé-
ment dans presque toute l'éten-
due d'un morceau. Les effets con-
tinus d'orchestre, ces tnasses indi-
gestes d'harmonies, et l'affectation
des dissonances, n'étaient à ses
yeux que des ressources em-
ployées par des talens médiocres
pour déguiser leur faiblesse. Le
public, sans pénétrer dans le secret
de ces théories , était séduit par
cette élégance de style qui répan-
dait dans la musique de Piccinni
un charme particulier et inconnu
jusqu'alor-!. Appelé à Rome en
17ÔG , il y composa V Alessandro
neir Indie, et la Cecchina, qui ob-
tinrent le plus grand suc(;ès. Ce
dernier opéra surtout y excita
ime admiration portée jusqu'à
l'enthousiasme : cependant cette
musique si belle, si originale,
si brillante, n'avait coOlé à Pic-
cinni que bien peu de travail.
En moins de 18 jours sa par-
tition fut faite, les parties copiées,
les rôles aj)pris , répétés et joués.
11 introduisit dans les finals de
cette pièce une nouveauté, que
les autres compositeurs s'empres-
sèrent de reproduire. Logroscino
avait été le premier à remplacer
les duor, les trios, les quatuors,
a5a
PIC
qui terminaient les actes des an-
tiens opéras boulions, par de plus
grands morceaux d ensemble, di-
visés par le poète en plusieurs
scènes, et par le musicien en dif-
t'érens motifs, qui peignaient les
changemens de situation des ac-
teurs. Piccinni eut Theureuse i-
dée de les annoncer aussi par des
chaogemens de mouvemens et de
mesure, donnant, par ce moyen,
au final . moins d'uniformité et
plus de développement et d'éten-
due. Un succès bien plus éclatant
et tout aussi mérité couronna
l'année suivante son Olympiade,
«]ui le mit en présence de trois ri-
vaux redoutables, dont il eut le
bonheur de triompher. Les con-
naisseurs comparaient ensemble
les morceaux les plus marquans
des partitions de Pergolèse, Ga-
liippi, Jomeili, et Piccinni, sur le
même poëme, et ils trouvaient dans
ceux de ce dernier plus de vérité
dans le chant, et une plus savante
économie dans les accompagne-
inens. (]e fui dans un duo de cet le
pièce [ne' gionii ^wo/'/L'/ù/j, regar-
dé comme l'écueil de tous les
compositeurs, que Piccinni fil l'es-
5ai d'une nouvelle forme musica-
le, qui consiî^tait à soutenir jus-
<^u'au but, en croissant, le mouve-
jncnt accéléré une fois imprimé
à l'orchestre; au liiîu de le faire
revenir à la lenteur de l'adagio,
qui sert ordinairement d'introduc-
tion à un air, et qui, avant Pic-
cinni, lui servait aussi de fin. dette
dernière coupe, moins favorable à
l'expression, n'élait pas non plus
dans la nature des passions, dont
l'énergie et la rapidité sont eu pro-
portion de leur développement.
11 n'y avait plus de réputation
PIC
que Piccinni n'efïaçât. Tontes les
villes, tous les théâtres se le
disputaient à l'envi; et ses com-
positions, en remplissant l'Italie
entière, enrichissaient la langue
musicale d'une foule d'expressions
et de motifs tous ingénieux et
nouveaux. Applaudi, retherché,
fêté par tout, il revenait avec pré-
dilection à Home et à Naples, qui
avaient été les témoins de ses pre-
miers triomphes. Tout paraissait
lui assurer la faveur du public, et
le tenir en possession de ses longs
suftVages, lorsque Aufossi se pré-
senta pour les lui disputer. Son
Inconnue persécutée, donnée er»
17^5, produisit le plus grand ef-
fet sur les spectateurs. Un chant
pur, une coupe d'airs régulière,
d(!saccompagnemensde bon goOt,
et surtout deux longs finals, qui
offraient des mouvemens bien
contrastés et de très-beaux efftts
d'orchestre, rendaient cette pro-
duction d'Anfossi, digne des élo-
ges qu'on lui prodiguait. Piccinni
n'en fut point jaloux, mais ce qui
le blessa profondéirient, ce fut de
voir retirer du théâtre une de ses
pièces, jusqu'alors applaudie, pour
laisser la salle entièrement à lu
disposition d'Anfossi. La nouveau-
té de ce malheur, et l'acte d'injus-
tice qui l'avait accompagné, l'af-
fectèrent tellement, qu'étant par-
ti précipitamment pour Naples, il
y tomba malade en arrivant. Sa
maladie fut longue et dangereuse.
Dès qu'il eut recouvré la santé ,
il s'adonna de nouveau à la com-
position, se promettant bien de ne
plus rien écrire pour une ville qui
s'était nlontréc si ingrate envers
lui. Il se consacra tout entier aux
théâtres de Naples, qu'il enrichit
PIC
(le plusieurs chefs-d'œuvre. Piccin-
ni devenu l'idole de ses compa-
triotes, jouissait au milieu d'eux
de la plus haute distinction.
Les premières maisons de Naples
se disputaient le plaisir de le pos-
séder, et il n'y avait pas d'étran-
ger de dislifiction qui, voyageant
en Ilalie, n'eût le désir de le voir
et de l'entendre. Ce l'ut dans ces
circonstances qu'on renouvela au-
près de lui les propositions qui lui
avaient été déjà laites pour l'atti-
rer en Frafice. Laborde avait été
charge par Louis XV de celte
première négociation, qui était
près de se terminer, lorsque ce
prince mourut. Dès que la nou-
velle cour put s'occuper de ces
objets, le marquisdaracciolo, am-
bassadeur de ÎNaples à Paris, ob-
tint de la reine la permission de
renouer cette aliairc. 11 écrivit à
Piccinni en l'éblouissant par des
ofl'res avantageuses, qu'il était au-
torisé de lui l'aire au nom du gou-
vernement. Piccifuji se laissa é-
branler : il quitta l'Italie, que
depuis vingt ans il remplissait
de son nom et de ses ouvra-
ges , et il se rendit en France ,
où on devait l'abreuver de dé-
goûts et d'amerlume. Arrivé à
Paris vers la fin de i77<>, il dut
se contenter d'un logement in-
commode qu'on lui avait arrêté
dans un hôtel garni, et y rester
près d'un mois, jusqu'à ce qu'on
lui eût arrangé et meublé, à ses
frais, un appartement dans la rue
Saint- Honoré , vis-à-vis de la
maison où demeurait alors Mar-
moniel. Dès qu'il put s'y établir,
ri recommeuçii , pour ainsi dire,
son éducation, car n'ayant ja-
mais appris le français, il dut su
PTC
2 55
résigner à l'ennui de l'étudier.
Ce fut Marmonlel qui voulut ê-
tre son maître; et quoiijue d'un
âge avancé, et habitué à consa-
crer ses matinées au travail, il
se donnait la peine de sortir tous
les jours, de monter chez Piccin-
ni, et de passer avec lui deux à
trois heures, pour l'initier dans
toutes les finesses de notre lan-
gue. Le premier fruit de ce péni-
ble apprentissage fut Roland, qui
marque une époque dans l'his-
toire de la musique en France.
Il eut à lutter contre les admira-
teurs de Gluck, qui était, à juste
titre, si digne d'en avoir. Après
avoir, par son Iphigénie en Au-
Ude, naturalisé en France les for-
mes de récitatif et de chant de
l'école italienne, et la force d'har-
monie de l'école allemande, il
terrassa, par VOrpliée et VAlces-
te, les ignoraus partisans de no-
tre vieux système mélodramati-
que, en rendant impossible le
retour des opéras de Rameau et
de Lulli ; mais depuis que ses
ennemis avaient disparu, il s'é-
tait formé un parti de fa;iatiques,
dont les exagérations arrêtèrent
les progrès de celte révolution
musicale commencée par Gluck,
en se déclarant aveuglément con-
tre tous ceux qui venaient en par-
tager les travaux et la gloire. C'é-
taient ces enthousiastes qui, de-
venus les arbitres des réputations
musicales, jugeaient en dernier
ressort du mérite d'un opéra , et
en entravaient le succès par leurs
préventions et leurs cabales. Pic-
ciniii , tout entier à son art, et
aussi élrangeraux intrigues qu'aux
mœurs, aux goûts, aux usages, à
la langue du pays qu'il venait ba^
tD4
ne
biter, passait les journées au mi-
lieu de sa famille, et dans nu cer-
cle borné d'amateurs et de gens
de lettres, étudiant assiduement
notre langue , et partageant son
temps entre la composition de ses
ouvrages et la lecture de nos é-
crivains les plus renommés. Mais
ses ennemis ne se tenaient pas à
l'écart : ils avaient déjà tait cou-
rir des bruits sinistres sur le mé-
rite de Roland, et après avoir
blâmé l'ouvrage, ils déchirèrent
l'auteur, n'épargnant pas même
l'école à laquelle il appartenait.
A l'approche de la représenta-
tion, ces atlaques devinrent plus
bruyantes, et ne laissèrent h IMc-
cinni aucun espoir de succès. Le
jour de la représentation, lors-
qu'il partit pour se rendre au
théâtre, sa famille n'eut pas le
courage de l'y accompagner, et
fit tous ses etVorts pour l'empê-
cher d'y paraître. Des rapports,
maladroits et exagérés, y avaient
jeté le plus grand trouble. Sa
femme et ses domestiques étaient
en larmes. Ses amis avaient beau
faire, ils ne pouvaient pas parve-
nir à les consoler. Piccinni seul
se montrait calme au milieu de
cette désolation générale. Quand
ilsorlit, les larmes et les gémis-
semens redoublèrent : on eût dit
qu'il marchait au supplice. A la
fin, ému lui-même, « Mes en-
»fans, leur dit -il, pensez que
» nous sommes chez le peuple le
»plus poli et le plus généreux de
• l'Europe. S'il.» ne veulent pas de
»moi comme musicien, ils me
iTespectenmt comme homme et
«comme étranger. Adieu, rassti-
»rez-vous; je pars tranquillement,
»et je reviendrai de même, quel
PIC
«que soit le succès. » Ce succès
fut des plus heureux, et l'artiste
fut ramené chez lui en triomphe.
Le nombre et la variété des mor-
ceaux qui se succédaient rapide-
ment, sans se ressembler et sans
se nuire, éblouirent, pour ain-i
dire, les yeux mêmes de l'envie,
et enlevèrent tous les suffrages. Ce
dont on parut le plus surpris, ce fut
d'entendre des airs de danse mode-
lés, de grâce, d'élégance et de mé-
lodie. Piccinni n'en avait jamais
fait ; il avait même pour la danse
sinon de l'aversion, au moins de
l'indifférence. Les deux célèbres
maîtres de ballets, Dauberval et
Yestris père, ne parvenaient, qu'à
force d'importunités , à lui arra-
cher tantôt une entrée, tantôt u-
ne gavotte, un menuet , une cha-
conne. Le soir de la première re-
présentation , M"" Guymard se
plaignit de n'avoir point, dans la
fête villageoise du troisième acte,
un air où elle pût développer la
grâce de son talent et la souplesse
de son corps. Vestris, après la ré-
pétition, arrive chez Piccinni,
qu'il trouve fatigué, et qui frémit
en le voyant. Le chorégraphe lui
apprend le motif de sa visite, et
le prie de ne pas se refuser aux
instances de M"' Guymard. « Mon
» cher ami, lui dit Piccinni, vous
•) voulez donc me tuer ? Allons, il
» faut bien m'y résoudre, et vous
» faire encore de la bergerie, pnis-
«que c'est pour une si aimable
«bergère; mais que fera-t-elle ?
«voyons, montrez-le-moi, pour
«que j'écrive ses pas avec des no-
«tes. « Alors Vestris se met à fi-
gurer une entrée. 11 va , vient ,.
retourne, regarde, guette, sus-
pend ses pas, les précipite. Peu-
ne
dant que le danseur se débat dans
la chambre, Piccinni, debout et
immobile près de sa cheminée,
suit des yeux tous ses mouve-
mens. Après un certain temps,
il fait signe, d'ime main, à Ves-
tris de s'arrêter et de s'asseoir. II
prend du papier de musique, et
sur le bord de sa cheminée mê-
me, il écrit de suite, et tout en-
tière, la longue et charmante ga-
votte du troisième acte, le plus
joli air de tout l'ouvrage. Piccin-
ni se délassait des soins qu'exi-
geait son Roland, par la compo-
sition d'une petite pièce, intitu-
lée Phaon, qui, jouée à la cour,
le mit en faveur auprès de la rei-
ne. Il allait régulièrement deux
fois chaque semaine à Versailles,
donner des leçons de chant à
Marie-Antoinette, qui le payait en
amabilités et en politesses. Il ne
put jamais en retirer les frais de
voitures qu'il était obligé de faire
pour s'y rendre. En attendant, la
présence de Gluck, de retour de
l'Allemagne, avait rendu la guer-
re lyrique plus acharnée. Une
brochure intitulée : Entretiens
sur l'état actuel de l'Opéra de
Paris, lui donna un nouveau dé-
gré de violence. Berton , alors
directeur de l'Opéra, essaya d'a-
paiser les partis en réconciliant
les chefs. Il donna un grand sou-
per, où Gluck et Piccinni, après'
s'être embrassés, furent places
l'un près de l'autre. Ils causè-
rent pendant tout le repas , et se
séparèrent aussi cordialement
qu'ils s'étaient accueillis. Mais la
guerre dont ils étaient le sujet
n'en dura pas moins, et les Glui-
kistes survécurent môme à leur
rhef, qui quitta la France peu a-
ric
255
prés pour rentrer dans ses foyers.
Il fut remplacé par Sacchini ,
dont on voulut faiie un nouveau
rival de Picinni, arec lequel on
parvint à le brouiller. C'est au
milieu de tous ces désagrémens
que celui-ci donna sa Didon, re-
gardée conuTie la meilleure de
ses pièces, et qu'on doit ranger
au nombre des plus beaux monu-
mens de la scène lyrique françai-
se. Sacchini et Gluck moururent
à une année de distance l'un dt;
l'autre, et fournirent à Piccinni
l'occasion de se parer d'un nou-
veau litre de gloire, en faisant
l'éloge de tous les deux, et en
les proclamant les plus grands
compositeurs de leur temps. Il
avait Mtême proposé qu'on leur
décernât des hommages publics,
mais ses vœux ne furent point
accueillis. Les événeinens arri-
vés en France en 1789, l'ayant
privé de ses traitemens et de ses
pensions, il prit le parti de re-
tourner à Napies, où le roi lui fit
la réception la plus flatteuse, et
lui accorda même une pension.
En I79'i, il composa Jonathas,
oratorio en trois actes, et un opé-
ra bouffon intitulé : la Serva ono-
rala. Ces deux ouvrages captivè-
rent tous les suffrages, et auraient
recommencé une nouvelle ère de
prospérité pour l'auteur, s'il n'a-
vait pas eu l'impiudence de ma-
nifi-ster trop vivement des idées
poIili(pies qui l'exposèrent à de
nouveaux malheurs. Menacé d'èlro
compris dans les mesures de ri-
gueur que le gouvernement de
?iaples avait adoptées à C(îtte é-
po(|ue, Piccinni resta quatre ans
enfermé chez lui, dans un état
d'abandon, d'oppression, et d'iii-
s 56
PIC
digence qu'il était si peu fuit pour
mériter, mais qu'il supporta avec
résignation et courage. Celte
position malheureuse, qu^i tut en-
core aggravée par la perte de
tout Ce qu'il avait laissé en Fran-
ce, dura jus(}u'en 1798, où, à la
faveur d'un engagement qu'on
lui avait procuré pour Venise,
il put sortir de son pays pour
revenir en France. Le lendemain
de son arrivée à Paris, il assista
à la distribution des prix du con-
servatoire , qui lui donna peu a-
près une fête magnifique pour cé-
lébrer son retour. Piccinui était
dans un tel état de dénuement
qu'il était embarrassé de paraître
décemment dans ces brillantes
réunions; et en revenant chez Itii,
il expiait par le froid et la faim
les honneurs dont on le comblait
en public. Les démarches de ses
anus ne purent pas obtenir le ré-
tabli*senient de sa pension à l'O-
péra, et ce fut parmi les adminis-
trateurs de l'Opéra même qu'il
trouva ses plus impitoyables ad-
versaires. C'était A l'auteur de
Roland, de Didon, d'Endymioii,
iVAtliys, de Pénélope, qu'on avait
la barbarie de refuser du pain ! ! !
On lui procura un logement ù
l'hôtel d'Angevilliers, où une par-
lie de sa famille vint le rejoin-
dre. Dans un autre moment c'eût
été une grande consolation pour
lui que de se voir entouré des objets
de son affection; mais dans la mi-
sère où il était plongé, la vue de
ces êtres chéris ne pouvait qu'aug-
menter sa douleur. Les chagrins
de sa position, et son inquiétude
pour une partie de sa famille,
qui était restée à Naples, lui cau-
sèrent une attaque de paralysie.
PIC
Relevé de cet accident, il se traîna
chez le premier consul Bonaparte,
qui l'encouragea d'un regaril. Il
lui demanda une marche pour sa
garde consulaire, pour avoir le
prétexte de lui faire accepter un
secours ; il ordonna en même
temps la création d'une sixième
place d'inspecteur du conserva-
toire, pour l'offrir à Piccinni, à ti-
tre de reconnaissance nationale..
Mais cette faveur apporta une
Consolation tardive à l'âme de cet
illustreinfortime.il succomba peu
de temps après à une nouvelle at-
teinte de sa maladie habituelle,
et fut enterré à Passy, où on l'a-
vait transporté, espérant que le
bon air et l'aspect de la campagne
pourraient ranimer ses forces. Il
laissa une veuve, et six enfans
qui n'avaient pour tout bien que
sorï génie, et qui héritèrent de
son malheur.
PICHARD-DL-PAGE (F. J.),
né, en ijSo, dans le département
de la Vendée, était à l'époque de
la révolution secrétaire du roi à
Fonlenay. Il se montra alors par-
tisan des nouvelles opinions , et
l'ardeur avec laquelle il embras-
sa la cause de la liberté lui acquit
une si grande popularité que
ses concitoyens, après l'avoir
porté en triomphe dans les rues
de Fonlenay, le nommèrent pro-
ciireur-général-syndic du dépar-
tement. Cette place était difïicile
à remplir dans les circonstances
où l'on se trouvait. En vain Pi-
chard -du - Page, pour prévenir
la guerre civile, voulut employer
des moyens sages et conciliateurs;
en vain il montra dans toute sa
conduite la plus grande modéra-
lion : la modération, flétrie sous
t
fl
^\
( />av^r/ ' /û'/^y//v/
JLtJtron .
Frerni/ Ofi <'( >*'«'
ric
îe nom de modêrantisme , était
devenue un crime aux yeux de
ceux qui croyaient ne voir dans
les Injuimes modérés que de? en-
nemis déguisés du peuple. Lors-
que l'insurreclion royaliste eut
pris un caractère plu-; prononcé, les
mêmes hommes qui avaient porté
en triomphe Pichard -du - Page ,
l'accusèient d'en être le principal
moteur. Il fut arrêté et traduit, a-
prés une détention assez longue,
devant la commission militaire de
Fonlenay, qui le condamna à la
réclusion. Dénnncé de nouveau
comme conspirateur, par Faillau,
Carrier et Goupilleau de Fonle-
nay, il fut , par un décret de la
convention nationale, traduit au
tribimal révolutionnaire de Paris,
qui le condamna à mort le 28 avril
PICHEGRU (Charles), géné-
ral de la répuhlique française, né
en 17G1, à Arljois , dépaitement
du Jura, de pareus peu riches.
Des moines de l'ordre des mini-
mes dirii/eaient un collège dans
cette petite ville ; Pichegru y lit
sey études, et montra, dès sa jeu-
nesse, les pluh heureuses disposi-
tions , surtout pour les sciences
exactes. Les Perts minimes re-
connurent bientôt le mérite de
leur élève, et résolurent de tirer,
pour Ifur propre com|ite, parti de
ses taleus. Ils le déterminèrent fa-
cilement, tj 'ayant alors que de.-, res-
sources très-hornées, à se rendre à
Brienne, où ils dirigeaient un plus
grand collégi: , et où il devint ré-
pétiteur des classes de philos(tp]»ie
et de mathématiques. Quoique
portant Thabit religieux, il ne fit
jamais de vœux, et n'a point été
X. XVI.
1 PIC 257
moine , comme on l'a faussement
avancé. Bonaparte faisait, à la mê-
nie époque, ses éludes au collège
de lirienne, et reçut des leçons de
malhématiques de l'ahbé Piche-
gru., comme il l'appelait alors.
.Mais celui-ci, lassé bientôt de son
rôle de pédagogue subalterne , et
se sentant le courage et les lalens
nécessaires pour se distinguer
dans la canière des armes, quitta,
jeune encore, le collège, et s'en-
gagea comme simple soldat dans
le i" régiment d'artillerie. L'édu-
cation qu'il avait reçue, sa bonne
conduite et ses connaissances en
malhématiques , le firent remar-
quer de ses chefs, et il obtint bien-
tôt le grade de sergent. Il fit, en
cette qualité, les dernières campa-
gnes de la guerre d'Amérique , se
distingua par sa bravoure, acquit
des notions nouvelles et étendues
sur les manœuvres de terre et de
mer, et sur la tactique générale.
Il revint en France avec le grade
d'adjudant-sous-oHicier, au-dessus
dtiquel sa fortune militaire se se-
rait probablement peu élevée sans
la révolution de 1789. Un nouvel
ordre de choses fit cesser les dis-
tinctions absurdes élablies entre
les officiers de fortune, parvenus à
leur grade par leur seul mérite, et
les nubles, à qui leur naissance
seule snllisait pom- entrer d'abord
comuie olliciers dans la carrière, et
quand ils tenaient à la noblesse de
cour, |)our être colonels à 31 ans.
Aussi, Pichegru se déclara-lil avec
chaleur pour la révolution, et de-
vint un des membres les plus zélés
des premières sociétés pojjulaires.
Il n'était encore que sous-ollicief
quand il présidait le club de Be_
'7
a5$
PIC
sançon. Un bataillon de vulonlai-
res nationaux du département
du Gard y passait à cette époque,
et ce Corps n'avait pas encore
nommé de tou»mandant, quand le
club proposa d'élever à ce poste
son président, dont l'ardent patrio-
tisme , non moins que les talens
militaires , justifierait sans doute
le choix. La proposition fut ac-
ceptée par acclamation, et voilà
comme l'ichegru devint enfin of-
ficier. Le nouveau chef de batail-
lon des volontaires du Gard con-
duisit bientôt à l'armée du Rhin
une troupe dont l'instruction ne
laissait rien à désirer, et où il était
parvenu, i'i force de soins et d'ha-
bileté , à soumettre la bravoure
même au joug nécessaire d'une
discipline, bien difficile alors à faire
supporter aux jeunes tolonlaires.
Employé, en 1792, à l'état-major
de l'armée du Rhin, il fut rapide-
ment porté, par son mérite et sa
bravoure , au rang de général de
brigade et de général de division.
En octobre 1793, sans être intimi-
dé par les exeniples de Custines,
de Houchard, de Riron, et d'au-
tres généraux qui avaient péri sur
l'échafaud, même après des suc-
cès, Piohegru accepta le comman-
dement en chef d'une armée qui
venait d'essuyer de grands revers.
Les lignes de Weissembourg a-
taient été forcées, les troupes fran-
çaises battaient en retraite de tou-
tes parts , le décour.igement et
l'indiscipline portaient la désorga-
nisation danç plusieurs corps. Il
parvint à arrêter les progrès de
l'ennemi, à rétablir l'ordre, et ob-
tint bientôt quelques succès con-
tre les Autrichiens, malgré la supé-
riorité de leurs forces de toutes
PIC
armes, et principalement de leur
nombreuse cavalerie. Le général
Hoche vint alors, à la tête de l'ar-
mée de la Moselle, joindre celle
du Rhin, et les commissaires de
la convention lui doniïèrent, con-
tre l'avis de Saint-.lust , le com-
mandement en chef. Pichegru ser-
vit quelque temps de second à
son rival; mais le fougueux Saint-
Just, qui s'était déclaré le prolec-
teur du premier, et dont Hoche
{voy. ce nom) avait en plus d'une
occasion blessé l'orgueil, fit bien-
tôt changer ces dispositions. Le 17
pluviôse an 2 (5 février 1794)^ '*
Commandement en chef de tous
les corps réunis, sous le nom d'ar-
mée du Nord, fut doimé par le
comité de salut-public au général
Pichegru. H venait sans doute
d'acquérir de nouveaux droits à la
bienveillance des gouvernans du
jour, et tandis que l'homme qu'il
haïssait le plus, son jeime compé-
titeur de gloire, le brave Hoche,
allait expier ses succès dans les
cachots de la Conciergerie en at-
tendant la mort sur l'échafaud ,
Robespierre et ColIot-d'Herbois
faisaient, à la tribune de la con-
vention et à celle des jacobins, un
pompeux éloge du patriotisme
ardent de Pichegru, et des impor-
tans services qu'il avait rendus
à la république, tant sous les rap-
ports politiques que militaires. Il
venait eu elTet d'intercepter le3
correspondances de plusieurs émi-
grés de marque , qu'il avait en-
voyées au comité de salut-public;
il avait dénoncé au même comité
des trames à l'intérieur contre les
patriotes, et tout en affectant ea
ses discours et en ses rapports le
républicanisme le plus exalté, et
\
PIC
la passion de l'égalité, il savait mé-
nager habilement les prétentions
et la vanité des représentans en
mission aux armées, leur soumet-
tant tous ses projets et ne parais-
sant suivre que leur impulsion.
Aussi, lors de son passage à Paris,
en se rendant à son nouveau pos-
te, fut-il comblé d'éloges et d'hon-
neurs par les puissans du jour, et
de son côté , avant de partir, il é-
crivit à la société des jacobins
pour lui témoigner sa reconnais-
sance et son éternel dévouement.
« Je jure, disait-il dans sa lettre
«d'adieu, de faire triompher les
«armes de la république , d'exter--
«miner les tyrans, ou de mourir
»en les combattant. Won dernier
»mot sera toujours : vive ta Répu-
«blique! vive la Montagne! » Dès
son arrivée A l'armée du Nord, il
adressa aux soldats une proclama-
tion en style aussi énergique. Mais
il fallait autre chose que des phra-
ses de démagogue pour rétablir
l'ordre et la confiance dans une
armée accablée par des revers
successifs, et dont plusieurs chefs
avaient été destitués, emprison-
nés ou immolés par de stupides
proconsuls qui portaient partout
avec eux le découragement et la
désorganisation, Pichegru sut ap-
porter de prompts remèdes à tant
de maux, et ce fut à cette époque.
la i>lus glorieuse de sa vie, qu'il
déploya ces éminens talens mili-
taires qui le placèrent au premier
rang des guerriers tacticiens de
nos temps. Les Autrichiens étaient
maîtres de Condé, de Yalencien-
nes, du Quesncd, de Landrecies,
et ne se trouvaient plus qu'à ^o
lieues de Paris. Le prince de Co-
bourg commandait leur armée ,
PIC
2^9
dont le centre était couvert par la
forêt de Mormale, où ce prince a-
vait élevé des retranchemens inex-
pugnables. On s'était obstiné à
l'attaquer par ce point, et les Fran-
çais y furent constamment repous-
sés avec d'immenses pertes. Pi-
chegru eut encore ordre du co-
mité de salut-public de renouve-
ler ces imprudentes attaques , et
ne fut pas plus heureux que ses
prédécesseurs. Mais il répara bien
glorieusement ces premiers é-
checs , et fixa pour long-temps la
victoire sous les drapeaux aux
trois couleurs. Se livrant à ses
propres inspirations et sans atten-
dre les ordres du comité, il réso-
lut d'entamer l'ennemi par ses
flancs. Se portant avec rapidité,
en avril 179^, sur la West- Flan-
dre , il battit les Autrichiens à
Courtray , au Mont-Cassel et à
Menin. Leur ligne, si long-temps
impénétrable , fut ainsi rompue ,
t't profitant avec autant d'habileté
que de promptitude de ses suc-
cès , il se fit joindre par 20,000
hommes qu'il avait laissés oppo-
sés au centre de l'ennemi , où il
était décidé à ne plus rien tenter,
et se trouva, avec toutes ses forces
réunies, en présence de la grande-
armée des alliés. Le prince de Co-
bourg commandait en chef cette
armée, le ducd'Yorky avait ame-
né un nombreux corps d'Anglais,
et l'empereur François -venait
d'y arriver pour anin)er les trou-
pes par sa présence. On se battit,
pendant plusieurs jours , avec le
plus grand acharnement de part
et d'autre. Le 10 et le 11 mai, dt;
sanglanscombats se livrèrent sous
les murs de Tournay et de Cour-
tray; le général autrichien Clair-
•26o
PIC
fiiyt se montra , dans le dernier,
un redoutable adversaire ; enfin ,
le 17 mai , la grande-armée des
alliés attaqua les Français à Sau-
ghien, tandis que Clairfayl s'avan-
çait sur la Lys ; Pichegru céda le
terrain dans celte journée , mais
le 18 il allaqua à son tour les coa-
lisés enlie Menin et Courlray, et
remporta, après la plus opiniâtre
résistance, une victoire complète
et décisive. On s'était battu, depuis
la pointe du jour, jusque dans la
nuit. Les Autrichiens , sous ies
yeux de leur empereur , avaient
déployé une valeur et une cons-
tance admirables. Mais rien ne put
résister aux savantes manœuvres
de Pichegru, exécutées avec la ra-
pidité de l'éclair par ses troupes.
Lue foule de prisonniers, 65 piè-
ces de canon, des drapeaux, é-
lendaids, chevaux, bagages, etc.,
furent les premiers fruits de la
victoire. Moreau , avec un corps
détaché , avait eu ordre de tenir
en respect celui de Clairfayt , et
luttait contre lui avec des forces
inférieures. Muis , apprenant la
défaite de la grande-armée , le
général autrichien se retira sur
Thiel , où il prit uno position
avantageuse. Pour l'eu tirer, Pi-
chegru feignit d'attaquer la ville
forte d'Yjtres, qu'il cerna dans les
premiers jours de juin , et celte
ruse lui réuss^il. Les Autriciiicns
marchèrent au secours de la place,
et furent encore battus le 10 juin
à Rousselaer, et le i3 à lldoglède.
Cette dernière victoire décida du
sort de la Fhuidre. Ypres se rendit
le 17; les villes de Bruges, Osten-
de, (iand, Anvers, ïournay, linis-
le-Duc, Venloo et Nimègue, tom-.
bèrent suGcessivemenl entre les
PIC
mains des vainqueurs, qui se trou-
vèrent en outre maîtres d'un des
pays les plus riches et les plus fer-
tiles de l'Europe, et dont les iné-
puisables ressovirces fournirent
abondamment aux besoins d'une
armée couverte de gloire , mais
manquant souvent des choses les
plus nécessaires. Les quatre places
occupées par les Autrichiens en
France furent investies, et bientôt
délivrées de la présence de l'é-
tranger. Les alliés , découragés
j)ar une suite inouïe de revers ,
n'offraient plus qu'une faible ré-
jjstance. L'empeieur François a-
vait quitté l'armée , et le duc
d'York fut bientôt forcé à la plus
pénible retraite ; déjà toutes les
troupes des coalisés , rejetées
derrière ia Meuse et le Rhin, n'a-
vaient d'espoir que dans ies obs-
tacles opposés aux vainqueurs par
la nalure même, en un p;iys cou-
pé de canaux, de marais et de lar-
ges rivières, où toutes les ressour-
ces de l'art avaient été employées:
pour défendre les principaux pas-
sages, cl où les inondations ordi-
naires de la mauvaise saison au^
raient pu rendre une campagne
d'hiver impossible. M:iis cette fois
la nature même se déclara en la-
veur des Françai-^. Un froid exces-
sif fit, dès la fin de l'automne, re-
tirer les eaux débordées; et aprè^
avoir eu long-teuips à marcher et
à combattre dans les terres fan-
geuses où le soldat s'enfonçait
jusqu'aux genoux , il put enfin
franchir les fleuves mêmes sur
une glace solide. On passa ainsi
le Wahal ; les villes de Breda et
deCiave capitulèrent; on emporta
l'ili^ de Bonimel et le fort' Saint-
André; on entra dans Thiel dés les
PIC
premiers jours de janvier 1795 ,
après un combat où les Autri-
chiens, abandonnés par les An-
glais , résistèrent avec valeur.
L'armée hollandaise se débanda;
les Anglais cherchèrent un refuge
sur leurs vaisseaux; le 28 nivôse
an 5(17 janvier 1795) , Utrecht
et Aaiersfort se rendirent; le Leck
fut passé le même jour, et les li-
gues de la Greb emportées ; le
vainqueur s'y saisit de 80 pièces
de canon. Gertruydenberg capi-
tula après 4 jours de bombarde-
ment; Gorcuni et Dordrecht se
rendirent à leur tour, et, le 21
janvier, Pichegru entra en triom-
phe dans la ville d'Amsterdam.
Toute la Nord-Hollande avait de
même été rapidement conquise ,
et un corps de cavalerie française
venait de s'emparer des vaisseaux
de guerre balavcs pris par les
glaces; fait d'armes nouveau dans
les fastes militaires, Eès les pre-
miers jours de février (1795), tou-
te la république des Provinces-
Unies se trouva soumise à la ré-
publi(|ue française; le stadlhou-
«1er avait fui avec sa famiile et ses
principaux partisans en Angleter-
re. Pichegru ne s'arrêla qu'à l'ex-
trême frontière, où il ne trouvait
plus d'ennemis à combattre, les
généraux prussiens lui ayant fait
part des négociations qui venaient
de s'ouvrir entre leur souverain
et le gouvernement français, en
l'engageant à en attendre le ré-
sultat et à ne pas enirer sur le
territoire prussien. Pendant le
cours de cette brillante campa-
gne, ime grande révolution s'était
(tpérée en France. Le 9 thermi-
dor avait lui; Robespierre, Cou-
thon, SuintJust, venaient de por-
PIC 261
ter leur tête sur l'échafaud. Pi-
chegru avait paru J!:sque-là dé-
voué A la faction qui venait de
succomber; il était surtout inti-
mement lié avec Saint-Just, au-
quel il devait en grande partie sa,
forlime militaire; mais il s'em-
pressa un des premiers à faire
parvenir à la convention une a-
dresse de félicitation sur le triom-
phe qu'elle venait de remporter.
Les mots de Five la Montagne!
furent dès - lors prudemment
supprimés dans toutes ses procla-
mations comme dans cette adres-
se; mais ceux de vive la républi-
que! y étaient d'autant plus pro-
digués, et elle ne pouvait selon
lui que vivre et prospérer depuis
que les «triumvirs, Saint-Just et
')ses acolytes, les ennemis du
«peuple et des soldats, avaient été
«punis de leurs forfaits.» La con-
vention reçut les félicitations et
bientôt les nouveaux rapports des
triomphes de l'armée de Pichegru,
avec les transports du plus vif
enthousiasme. Le général fut com-
blé d'éloges et de faveurs. Il re-
çut le i3 ventôse (3 mars 1795),
le conjuiandemcnt en chef de l'ar-
mée de Rhin-et-Moselle, tout en
conservant la direction supé-
rii'ure des armées du Nord cl de
Sambre-et-Meuse , commandées
par les généraux IMoreau et Jour-
dan , qui se trouvèrent sous ses
ordres. Ce général eut ainsi à sa
disposition plus de troupes qu'on
n'en avait enc(ue confié à aucun
chef. Il se rendit à Paris vers la
fin du même mois, sur la deman-
de du comité de salut-public , et
s'y trouvait au moment où une
insurrection populaire des fau-
bourgs éclata contre la convea-
263
PIC
tion. On lui confia aussitôt le com-
mandement de toutes les trou-
pes qui formaient la garnison de
cette capitale, et, dans les jour-
nées du 13 germinal an 5 (i"
avril 1795) et suivantes, il dis-
persa ou soumit sans grande pei-
ne les révoltés des faubourgs. En
rendant compte à la barre de la
convention de ce dernier succès,
il fut accueilli par de nombreux
applaudissemens, et proclamé de
nouveau le sauveur de la patrie.
II se hâta cependant de quitter
Paris, se dérobant ;\ des honneurs
qui n'avaient plus de prix à ses
yeux, et se rendit à l'armée du
Rhin pour exécuter les vastes des-
seins qu'il avait conçus depuis
quelque temps. Après avoir ser-
vi avec tant d'éclat et de dévoue-
ment la république, Pichegru ve-
nait de former le projet de la ren-
verser. Entré en correspondance
secrète avec le prince de Coudé,
par l'intermédiaire d'un libraire
de Nt'ufchâtel, nommé Fauche-
BoREL [voyez ce nom), il avait pris
l'engagement d'employer tous ses
moyens pour relever la monar-
chie en France, et rétablir la mai-
son de Bourbon sur le trône. Dès
l'arrivée du général sur les bords
du Rhin, le même agent vint le
retrouver; la correspondance et
les négociations avec le prince
de Coudé furent reprises avec
une nouvelle activité. Les pro-
messes du prince étaient magnifi-
ques : il assurait au général , le
tout au nom du roi, le gouver-
nement de l'Alsace, la proprié-
té du château de Chambord, un
million en argent, 200,000 livres
de rente, la terre d'Arbois, qui
prendrait le nom de Pichegru, et
PIC
qui serait exempte de contribu-
tions pendant i5 ans; 12 pièces
de canon, et enfin le grand-cor-
don-rouge de l'ordre de Saint-
Louis; car on ne pouvait encore se
résoudre à promettre le cordon
bleu à un homme de rien comme
Pichegru. La perspective la plus
brillante se inontrait sans doute
aux yeux du Monk français ,
mais le rôle se trouva au-dessus
de ses forces. On perdit d'abord
un temps précieux à débattre le
mode d'exécution d'un plan, dont
la seule condition première, la
proclamation d'un roi, était déci-
dément arrêtée. Pichegru propo-
sa au prince de Coudé de le lais-
ser pénétrer en France avec son
armée , à travers la république
helvétique, dont il fallait à la vé-
rité violer la neutralité, mais cet
acte serait légitimé parle succès;
si cette irruption ne convenait
point au prince, Pichegru lui pro-
posait de passer lui-même le Rhin
avec un corps d'élite français, et
de le réunir à l'armée de Condé.
Le prince n'adopta aucun de ces
projets, et exigea bien d'autres
garanties. Il insistait pour que
l'armée républicaine arborât d'a-
bord le drapeau blanc , et pour
qu'elle lui livrât Strasbourg ou
quelques autres des principales
places fortes de la France, avant
qu'il passât le Rhin avec son
corps. A cette époque, c'était de-
mander l'impossible, Pichegru
voulait de son côté s'assurer de la
coopération des Autrichiens ; le
prince ne croyait pas devoir les
mettre dans son secret. Le pre-
mier mobile de toutcîs les entre-
prises pareilles, l'argent, manquait
des deux côtés. «.Je ne ferai riou
PIC
1» d'incomplet, disait Pichegru à
«l'a^fent du prince. Je ne veux pas*
»êlre le troisième tome de La
» Fiiyette et de Dumouriez. Mes
n moyens sont grands, tant à l'ar-
/)mée qu'à Paris.... Mais il laut,
»en faisant crier vive le roi au
«soldat français, lui donner du
«vin et lui mettre un écu dans la
» main : il faut que rien ne lui man-
nque dans ce premier momenl ;
M il faut solder mon armée jusqu'à
nsa troisième ou quatrième mar-
))che sur le territoire français,
s etc. » Le secret d'une corres-
pondance aussi long-temps qu'in-
fructueusement continuée, fut en-
fin trahi. Le général Wurmser et
l'archiduc Charles en furent ins-
truits. Ils en profitèrent, quoique
assez faiblement, pour les intérêts
de l'Autriche, mais ne voulurent
pas que l'armée de Condé eût
l'honneur du rétablissement de la
monarchie en France. Ils n'aplani-
rent donc fMillement les obstacles
qui s'opposaient à l'exécution des
projets de son chef. S. A. R. Mon-
sieur, qui s'était rendu à cette ar-
mi'.e, causait aussi par sa présence
de l'ombrage au cabinet de Vien-
ne, et, malgré les plus pressantes
sollicitations auprès de l'empe-
reur et de l'archiduc Charles, ce
prince fut obligé de s'éloigner.
L'époque paraissait favorable sans
doute pour exécuter d'anciens
desseins, et pour prendre posses-
sion de l'Alsace au nom de l'Au-
triche, comme on avait fait des
places du Nord pendant une des
campagnes précédentes, ce qui ne
pouvait entrer dans les vues de
Pichegru ou des princes français,
i'eudant le cours de ces longues
négociations, ic général avait re-
PIC
265
eu du comité de salut-public l'or-
dre réitéré de passer le Rhin. Il
fut enfin obligé d'exécuter ce pas-
sage ; mais il ofiVit bientôt à la
cause qu'il venait d'embrasser, le
plus grand des sacrifices. 11 ma-
nœuvra de manière à se laisser
battre, ordonna la retraite à ses
troupes, dans les occasions où elles
pouvaient triompher, mit dans la
place de Manheim et aux postes
avancés ou diflicijes, les comman-
dans les plus inexpérimentés ,
pour ne rien dire de plus, et offrit
ainsi en holocauste, non-seule-
ment sa propre réputation mili-
taire, mais la vie de ses frères
d'armes et de ses concitoyens.
Cette conduite n'eut point le suc-
cès qu'il en avait espéré. Il perdit
en grande partie son crédit dans
l'armée, et devint suspect aux au-
torités. La constitution de l'an 3
venait d'être adoptée, et le direc-
toire-exécutif avait pris en mains
les rênes de l'état. Un émigré,
transfuge du parti royaliste, livra
le premier à ce qu'on assure aux
directeurs, les secrets du prince
de Condé et de Pichegru, secrets
auxquels il avait été initié, et ob-
tint, pour prix de sa délation, de»
récompenses pécuniaires et des
missions d'observateur à l'étran-
ger. Ce quil y a de certain, c'est
que le commandement des armées
fut subitement ôté au général Pi-
chegru , à l'étonnement de bien
des personnes; mais on n'osa point
sévir plus rigoureusement contre
lui; ses partisans étaient alors
nombreux, et les preuves de sa
défection ne se trouvaient point
encore assez évidentes. Le direc-
toire lui offrit même l'ambassade
de Suède pour l'éloigner par un
264
PIC
exil honorable , et pour rompre
ainsi tous les fils d'une trame dan-
gereuse. Mais il rejeta bien loin
l'offre d'une mission à l'étranger,
et son refus, ainsi que plusieurs
autres circonstances, vinrent con-
firmer les soupçons que le gou-
vernement avait conçus. Piche-
gru se retira dans le domaine na-
tional de Bellevaux, ancienne ab-
baye de Bernardins, qu'il avait
acquise près d'Arbois, sa ville na-
tale, et n'en sortit qu'eu germinal
an 5 (mars 1797), lorsque l'as-
semblée électorale dé son dépar-
tement Teut aiipelé aux fonctions
de législateur. Dès son entrée au
conseil des cinq-cents, il fut porté
par s»!S collègues à la piésidence,
et ne larda pas à se signaler par
son opposition au directoire. Il
devint aussitôt l'espoir et le chef
lin parti dit de CUchy. Riais ce
parti était divisé lui - mêm»; en
plu-icurs coteries différentes, dont
tous les membres désiraient, il est
vrai. Il chute du directoire, et du
crédit, des honneurs et des fonc-
tions lucratives pour eux-mêmes,
mai- n'étaient guère d'accord sur le
reste. Quebpies hommes dévoués
à la maison de Bourbon se trou-
vaient parmi eux, et s'occuj)aient
sans relâche des moyens de la ré-
tablir sur le trône; mais une fou-
le d'autres avaient déjà ])rouvé,
connue ils l'ont fait d(;puis , que
tout système de gouvernement
leur était bon s'il favorisait leiu-
ambition personnelle. Pichegru
se la iulimement avec les pre-
miers, mais il ne put faire mar-
cher le plus grand nondire vers
im but fixe, ni s'assurer de la dis-
crétion ou calmer la pétulance de
quelques orateurs aussi hardis *à
PIC
la tribune que faibles et timide»
dans l'action. Un coup de main
povivait seul faire triompher son
parti : il fallait attaquer inopiné-
ment, porter les premiers coups
au directoire, pour renverser en-
suite la république; le général vou-
lut tenter ce violent moyeu, tandis
que ses soldats effrayés voulaient
délibérer encore. Le directoire,
averti de tout ce qui se tramait
contre lui, prit l'initiative, et frap-
pa lui-même le coup d'état du 18
fructidor (4 septendore 1797). Dès
le -2 thermidor (20 juillet), Piche-
gru avait fait un rapport pour de-
mander une prompte organisa-
tion de la garde nationale, qu'il
espérait pouvoir faiie agir et op-
poser avec succès aux troupes dont
le gouvernement disposait, et sur
lesquelles le i5 vendémiaire avait
appris au parti (7/'67//«/k|u 'il ne pou-
vait pas compter. Le 8 du même
mois (2G juillet), Pichegru avertit
le conseil de la marche des trou-
pes que le directoire appelait à
Paris, et présenta un projet pour
fixer autour du corps-législatif des
limites qu'aucun soldat ne devait
franchir. Ces différeus projets fu-
rent très-applaudis, et le 2 fructi-
dor (19 août), les généraux Pi-
chegru et Willot fuient portés par
la majorité de leurs collègues àla
commission des inspecteurs de
la salle, et particulièrement char-
gés de veiller à la sûreté du corps-
législatif. Mais reiidu à son poste
le 18 au matin, il y fut arrêté,
ainsi que^Yillotet les autres mem-
bres de la commission, par la gar-
de même du corps législatif, et
Iransporlé sur une charrette à lu
prison du Ten»ple. Une liste de
proscription fut dressée dès le Icn-
PIC
demain. Pichegni s'y trouva ins-
crit le premier; et ainsi que toutes
les listes pareilles, qui ont précé-
dé ou suivi celle du î8 fructidor,
les autres noms y étaient portés
au gré des haines et des vengean-
ces particulières des vainfjiienrs.
Sans examen ni jugement préa-
lable, vingt des malheureux col-
lègues de Pichegru, parmi les-
quels plusieurs vieillards, turent
jetés avec lui sur des charrettes,
surmontées de cages grillées, et
conduits ainsi comme les plus vils
criuiinels au port de Rochefort.
Une forte escorte de cavalerie ,
commandée par un homme qui
avait acquis son grade de général
dans les antichambres des hom-
mes alors en place, accompagnait
les captifs. La rapacité et l'inhu-
manité de ce conducteur le firent
cependant destituer aprèsquelques
jours de marche. Entassés ensuite
dans l'entre-pont d'une corvette
qui les allendail à llocheftirt, les
proscrits curent presque autant à
se plaindre de l'officier de marine,
commandant du bâtiment qui les
déportait à Cayenne. Pende temps
après leur arrivée en celte colonie,
le commissaire du pouvoir-exécu-
tif, Jannet, les*fil transporter en-
core plus loin, dans les déserts de
Sinnamari, L'ancien ami de Pi-
chegru, le général iMoreau [voyez
ce nom), avait envoyé à Paiis, un
peu tardivement il est vrai, une
série de lettres saisies dans un des
fourgons du général émigré
Klinglin ; le directoire fit publier
celle correspondance avec les
généraux autrichiens et le prince
de Condé, pour justifier le coup
d'élat du 18 fructidor. D'anires
p tpie^ssai.^is à Barcufh, elles let-
PIC a65
très du comle d'Antraigues, servi-
rent depuis à confirmer tout ce que
JMoreau venait de dénoncer, il
eût été facile d'examiner légale-
ment, mais il est tant de parve-
nus à l'autorité qui aiment mieux
proscrire;! Après quelques mois de
séjour au milieu des marais pes-
tilentiels de Sinnamari , où péri-
rent plusieurs de ses compagnons
d'inforlune, Pichegru parvint a-
vec Barlhélemi, Willot, Delarue,
Aubry et Ramel, à g igner,snr une
frêle pirogue, et à travers les plu.»;
grands diingers, la colonie hollan-
daise de Surinam. Embarqués en-
suite sur un vaisseau anglais qui
les porta rapidement dans un port
de la Grande-Brelagne, l'un d'eux,
Pichegru, se hâta de se rendre à
Londres, où il lecutdn gouverne-
ment anglais l'accueil le {>lus dis-
tingué et t«i us les secours qu'il pou-
vaitdésirer.Bientôtemployésur le
continent pour suivre ses projets
contre le gouvernement fiançais,
il se trouvait en Allemagne pen-
dant la campagne de 1799, si dé-
sastreuse pour la république, et
se rendit ensuite en Suisse auprès
du général russe ivorsakolT, au-
quel, à ce qu'on assure, il donna
d'utiles avis, que celui ci ne dai-
gna point écouler. Après la dé-
fdte des Russes et des Autri-
chiens, Pichegru revint en Alle-
magne, où il courut quelques
dangers, et fut sur le point d'être
arrêté à Bareuth avec Imbert-
Coulomès. Précy, et autres émi-
grés; l'ordre en était donné par
le ministère prussien, sur la de-
mande du gouvernement français,
mais il parvint à s'y soustraire par
mie prompte fuite, et retourn >
en AnglcterjCjOÙ il rc^la jusquuti
266
ric
i8o-^|. Au commencement de cet-
te année, le général Piclu'gru,qui
s'élait lié à Londres avec Georges
Cadoudal et plusieurs chefs ven-
déens, se rendit ainsi qu'eux se-
crétemenl à Paris. Leur dessein,
selon ce qu'ils dirent eux-mêmes
dans leurs interrogatoires , était
d'attaquer le premier consul Bo-
naparte. La police l'ut instruite de
leur arrivée par les déclarations
du nommé Querelle, qui avait été
arrêté peu de tcntps après son dé-
barquement. Un décret du sénat
lut promulgué dans toutes les
rues de la capitale, qui défendait,
sous peine de mort, (le donner asile
aux conjurés. Après s'êtrejusque-là
soustrait à toutes les recherches,
Georges Cadoudal et plusieurs des
siens venaient d'être saisis. Fi-
chegru , errant de maison en mai-
son penilatU plusieurs jours, crut
trouver un refuge chez un cour-
tier de con)merce, logé rue de
Chabannais. Cet homme, qui sans
doute d'après la rigoureuse loi
qu'on venait de publier eût été
excusable s'il n'avait point donné
d'asile au proscrit, venait au con-
traire de l'accut'illir dans le des-
sein, dil-on, de le livrer pour obte-
nir une misérable récompense pé-
cuniaire ou le prix du sang. Le
28 février 1804, à 5 heures du
matin, le commissaire de police
Conîminge paitvint à s'introduire
dans la chambre où Pichegru dor-
mait d'un profond sommeil , et
à se saisir de lui avant qu'il j)ût
faire usage des pistolets et du poi-
gnard dont il était muni. Conduit
aussitôt devant le conseiller-d'é-
tat iléal, chargé de l'interroger, il
répondit avec fermeté, et repous-
sa, surtout par de constantes déné-
rrc
galions, tout ce qui pouvait com-
promettre le général Moreau , a-
vec lequel il avait eu quelques en-
trevues sans résultat. Conduit en-
suite dans la prison du Temple,
il y subit plusieurs nouveaux in-
terrogatoires, et montra toujours
le même dédain pour ceux qui
l'examinaient, et pour la vie mê-
me. Lassé sans doute d'une pro-
cédure dont il prévoyait que le
terme , plus ou moins éloigné , ne
pouvait que lui être funeste , il ré-
solut de disposer lui-même de son
sort. Le 6 avril i8o4> on le trouva
mort dans sa prison. Son corps
fut aussitôt transporté au grell'e
du tribunal criminel, un procès-
verbal fut dressé et signé par les
médecins et chirurgiens appelés à
cet examen , qui l(uis attestèrent
qtui le prisonnier s'était étranglé
lui-même avec sa cravate. Les !
ennemis du premier consul ne
manquèrent point de répandre le
bruit, que c'était lui qm' avait }
donné l'ordre d'étrangler dans son
cachot un rival qu'il redoutait. Le
temps a déjà fait en grande partie
justice de cette accusation, relé-
guée par les gens sensés parmi les
fontes absurdes. Un crime aussi
lâche, aussi odieUx, n était com-
mandé ni par la politique, ni par
aucune nécessité. Pichegru dans
les fers, et à la veille d'être frap-
pé d'un arrêt juridique, ne pou-
vait, à cette époque, inspirer au-
cune crainte. Le premier consul
n'avait-il pas d'ailleurs- ainsi qu'il
l'a dit depuis , des juges pour pro-
céder légalement, et des gen- *
darmes pour faire exécuter la sen-
tence ? Il ét!iit un autre chef esti-
mé du peuple , chéri des soldats ,
accusé , mais non convaincu , et
PIC
conl'e lequel toutts les charges
accumulées ne pouvaient établir
ni la conviction des juges, ni celle
chi public , Moreau enfin , qui de-
vait tout aulrenient porter om-
brage, et l'on sait qu'il ne lut
[loinl lâchement assassiné dans les
lénèbres. Sans ajouter au récit
d'une fin cruelle des détails con-
trouvés,ou à la longue liste des for-
laits politiques un crime inutile,
qui , selon les renseignemens les
plus certains, ne fut jamais com-
mis, l'historien ne peut que dé-
plorer le sort funeste d'un des pre-
miers généraux de nos temps, ad-
miré par ses ennemis mêmes , et
qui s'était cou vert de lantde gloire
à la iêle des armées françaises.
Pichegru périt misérablement dans
une prison de cette même France,
dont il avait long-temps préparé
les triomphes , fin indigne d'un tel
homme. Ce n'était point là que
le vainqueur des Autrichiens, des
Prussiens , des Anglais, aurait dû
terminer une vie si long-temps
honorable.
PICHON (THOMis-lEAN), doc-
teur en théologie, administrateur
de l'hôpilul du iMans , ville où il
naquit en i^Si, et où il fit ses é-
tudes, montra dès sa jeunesse de
la vocation pour le sacerdoce. Re-
çu prêtre, il s'attacha A M. d'A-
vrincoiirl, évêque de Perpignan,
par la protection duquel il devint
chanoine et chantre de la sainte
Chapelle du Mans. Monsieur, frè-
re du roi, le nomma son histo-
riographe pour l'apanage que ce
prince avait dans celte partie de
la France. A l'époque de la révo-
lution, l'abbé Pichon , à qui l'on
olïiit, dit un de ses biographes,
l 'évèché constitutionnel du iMans,
PIC
ïC7
le refusa, et ne voulut accepter
que la place d'administrateur de
l'hôpital de la ville. Son zèle, sa
charité, y ont laissé des souvenirs
durables. L'abbé Pichon mourut
le i8 novembre i8i'i. Il a publié
un grand nombre d'ouvrages, dont
nous citerons les principaux : i"
ta Raison triomphante des nouveau-
tés, ou Essais sur les mœurs et
l' incrédulité, Paris, 1758, i vol.
in -13; 2" Traité historique et cri-
tique de la nature de Dieu^ '758,
in- 12; 3" Cartel aux philosophes,
ou l' Immatérialisme opposé au
matérialisme, Bruxelles, 17G5, in-
8"; 4" fd Physique de l' histoire, ou
Considérations générales sur les
principes élémentaires du tempéra-
ment et du caractère naturel des
peuples, la Haye, 17^)5, in- 12;
5" Mémoire sur les abus du célibat
dans l'ordre politique, Amst«!rdam,
176G, in- 12; 6° Mémoire sur les a-
busdans les mariages, Amstcrdatn,
1766, in-12; 7' les Droits respec-
tifs de l'état et de l'église, rappelés
à leurs principes , Avignon, 1766,
in-12; 6" des Etudes thcologiques,
ou Recherches sur tes abus qui s'op-
posent aux progrès de la théologie
dans les écoles publiques, et sur les
moyens possibles de les réformer en
France, par un docteur maucem,
Avignon et Paris, 1 7B7, in-S"; 9"
Principes de la religion et de ta
morale, extraits des ouvrages de
»yfluri«, ministre du saint Évangile,
i7()8, 2 vol. in-12 : les auteurs du
Dictionnaire des Anonymes (totu.
4, pag. 027) font remarquer que
le véritable auteur de cet ouvrage
c.-t un ministre du saint Evangile à
Lausanne, uotnnié Durand. Ie(|uel
le publia eu i7G7,sou,sle titre (rJSi-
prit de Saurin. L'abbé Pichon
a68
PIC
s'empara du fond de ce livre, y (it
des retranchemens et des addi-
tions, et le donna ensuite avec le
titre précédeuiment cite, lo" Sa-
cre et couronvemcnt de Louis XV l,
précédé de recherches sur le sacre
des rois de France , et suivi d^un
journal historique de ce qui s'est
passé à cette cérémonie , avec figii-
.res par Patas, l'aris, 1775, in-4:
les Recherches appartenaient à Go-
bert, et le Journal à l'abbé Pi-
chon; 1 1° les Argumens de la rai-
son en faveur de ta religion et du sa-
cerdoce, 1776; Examen de l' H omme
d'Ilelvétius, même année. Les^Z»M5
du célibat , etc., les Etudes théolo-
giques, e!c., contiennent quelques
idées philosophiques qui contras-
tent assez l'ortement avec l'esprit
de ses autres ouvrages. Elles lui
furent sévèiement reprochées.
PICHON (Loiïis-AndrÉ), di-
plomate, né à Nantes en 1771.
En 1791, il passa aux Etats-Unis
d'Amérique, et se trouvait à Phi-
ladelphie lorsque la légation fran-
çaise perdit son second secrétai-
re, qui se noya dans la Delaware.
Le jeune Pichon , avec une con-
naissance parfaite de la langue an-
glaise, possédait <les lalens qui le
rendaient propre à remplacer le
.secrétaire qui venait de périr; il
était connu du ministre français,
qui se l'attacha sur-le-champ. En
1793, il revint en France avec la
légation, et fut dès-lors employé
au ministère des relations exté-
rieures, en qualité de sous-chcf
de division. Après avoir exercé
pendant quatre ans cet emploi, il
fut chargé de missions importan-
tes, en Hollande et en Suisse. En
1800, il devint chargé d'affaires
iie France, e!t consul-général près
PIC
du gouvernement des Etats-tnis,
où il demeura jusqu'en i8o5. A
cette époque, il fut rappelé, et
sous divers prétextes, on lui sus-
cita au conseil-d'état une sorte de
procès politique. Le motif de ces
tracasseries était, dit-on, que dans
sa correspondance il avait émis
des opinions peu i'avorables au sys-
tème du gouvernement impérial,
et fait sur l'expédition de Saint-
Domingue des observations très-
sévères. Destitué par un décret
qui, à ce qu'on ajoute, fut imposé
au conseil-d'état contre le vœu de
la majorité de ses membres, cette
disgrâce ne l'empêcha pas néan-
moins de devenir, en 1809, con-
seiller-d'élat du roi de Westpha-
lie, .ïérôme Bonaparte, qu'il avait
connu pendant son séjour en A-
mérique. Il devint même direc-
teur de la caisse d'amortissement
et chefdu trésor, sous le nom d'in-
tendant-général. On ignore la cau-
se qui lui fit donner, en 1812, sa
démission de tous ses emplois; a-
lors il rentra en France, et n'y
remplit aucune fonction; mais en
1814 1 après le retour du roi , il
devint maître des requêtes. En
1817, M. Pichon fut chargé par le
roi de l'inspection des Iles-du-vent.
On a de lui les ouvrages suivans:
1° de nos Constitutions futures,
1814, in-8°; 2° Manuel du droit
parlementaire, ou Précis des règles
suivies dans le parlement d' Angle-
terre et dans le cotigrès des Etats-
Unis, traduit de l'anglais, 1814,
in-H"; 3° de l'Etal de la France,
sous la domination de Napoléon Bo-
naparte, 1814, in-8°.
PICHON fCHARiEs), capitaine
au 10"^ régiment d'infanterie lé-
gère, chevalier de la légion-d'hon-*
PIC
neur, né, le 3o janvier ijrS? à
Kuftec , déparlement de la Cha-
rente, entra, en qualité de volon-
taire, au 4"" balaillon de ce dé-
partement, le 5 août i;92. Il fit
la campagne de cette année sur
les côles de Cherbourg, passa, en
i7()3, dans la Vendée, et fut en-
suite employé successivement à
l'armée du Rhin , au camp de
Saint -Omer, à l'armée d'Angle-
terre et à celle du Danube, tn
i8o5, iSoGet 1807, il fit les cam-
pagnes d'Autriche et de Prusse,
et passa depuis en Espagne avec
le corps dont il faisait partie; il de-
meura dans ce pays jusqu'en i8i5.
Sa conduite dans les diverses af-
faires où il s'est trouvé fut digne
d'éloges; il reçut, en combattant
vaillamment, quatre blessures sur
les champs de bataille, obtint un
sabre d'honneur le 29 germinal
an II (19 mai i8o3), la croix do
la légion-d'honneur le 1" vendé-
miaire an 13, et le grade de ca-
j)itai!ie au lo"" régiment d'infan-
terie légère, dont il faisait partie
depuis long-temps. Parmi les ac-
tions d éclat dans lesquelles le ca-
pitaine Pichon a fait preuve de
valeur, nous citerons celle du 5
vendémiaire an i>, où il s'empara,
au passage de la Limalh , d'une
pièce de canon et des quatre che-
vaux dont elle était attelée, et la
})rise , à la bataille d'Austerlitz .
d'une autre pièce de canon, qu'il
servit lui-même, comme canon-
nier, pendant tout le temps que
dura l'action. Relire dans ses
foyers, le ca[titaiiie Pichon jouit
(le sa [)»'iisii)u de retraite.
PICOT (Pjerbte), parleur et
prof(;.-»seur de ihéologie àGenive.
naquit le ag janvier 1746- H
PIC 2()9
descendait de Nicolas Picot , de
Noyon, qui alla s'établira Genè-
ve, en i53l>, avec Calvin, son
compalriott.'. Destiné , par sou
propre choix, au ministère tvan-
gélique, Picot dirigea ses études
vers ce but; mais il s'en traça
lui-même un cercle étendu , et fit
preuve de bonne heur*' de connais-
sances variées dans différentes thè-
ses, dont une sur le déluge, impri-
mée, en latin, à Genève, 176C, in-
4°. Peu d'années après, se trou-
vant à Londres, il gagna l'estime
Cl l'amitié de Franklin, qui aurait
voulu l'engager à accompagner le
capitaine Cook dans son second
vo3"age autour du monde, pour
faire les observations astronomi-
ques. Pendant toute sa vie, et au
milieu des occupations île son état,
Picot cultiva raslronomie avec
une sorte de passion. Aucune é-
tude ne lui semblait se lier mieux
avec les grandes pensées de la
religion, et c'était souvent en con-
templant la voûte céleste, qu'il
élevait son âme, et préparait ses
plus éloquente» prédications. Il
eut des relalions avec Lalandc :
affligé autant que surpris que le
grand observateur des cieux pût
ne pa3 adorer leur auteur, il lui
écrivit à ce sujet, dans l'effusion
de son cœur, une lettre qui nré-
riterait , dit-on , d'être publiée.
Picot, doué de toutes les qualités
qu'on aime et qu'on estime, cher
à sa famille, à ses concitoyens,
à ses nombreux amis, avait con-
servé, jusqu'à sa 77* année, une
sauté et des forces morales qui
faisaient espérer pour lui une vie
égale à celle de ses païens, morts,
l'un à 94 ans, et l'autre à 90, après
59 années de mariage. Peu avant
270
PIC
sa mort, il prêcha eticore avec un
feu qui frappa vivement ses audi-
teurs, et i4 jours après, il suc-
comba, sans douleur, à une atta-
que d'apoplexie, le 3i mars 1822.
On a publié, depuis cette époque,
un volume de ses Sermons, précé-
dés d'une A^'^o^ife/'/oiTApAt^u^, dont
cet article est extrait (Genève,
1823, in -8"). La nobless^e des
pensées et du style , la richesse de
l'imagination, la chaleur et quel-
quefois un pathétique entraînant,
caractérisent ces discours. La re-
ligion catholique y est peinte dans
toute sa grandeur, sans esprit de
secte ou de système; on sent par-
tout l'élan d'une belle âme, qui
voudrait pouvoir conmiuniquer
sa conviction à toutes les autres.
PICOT (Jean), fils du précé-
dent, né à Genève en 1777, ci-
devant professeur d'histoire , et
aujourd'hui exerçant des emplois
public^, est auteur des ouvrages
suivans : i* Thèses sur la gravUa-
t ion universelle^ *795; 'i" Histoire
des Gaulois, depuis leur origine jus-
quà leur mélange avec les Francs ,
Genève, 1804, o vol. in-8"; 5°
Tablettes chronologiques de l'His-
toire universelle, sacrée et profane,
depuis la création du' monde jusqu'à
l'année 1808, rédigées d'après
celles de Lenglel-Dufresnoy, Ge-
nève, i8o8, 3 vol. in-8"; i^" His-
toire de Genève , depuis les temps
les plus anciens jusqu^à nos jours,
accompagnée de détails sur les an-
tiquités, 1rs mœurs et usages, les
lois, les monnaies, les progrès des
sciences et des arts, Genève. 1811,
3 vol in-8°; 5" Statistique du can-
ton de Genève, insérée dans VJl-
manach helvétique, en allemand,
lit imprimée séparément en fran-
PIC
çais, 1817, un petit vol. ; 6"i5'^a-
tistique de la Suisse, Genève,
1819, in-S"; 7° enfin divers opus-
cules.
PICOT (N.), chef de chouans,
néàPiOuen, où il résidait en 1792,
adopta d'abord les principes de la
révolution, et s'enrôla dans les
chasseurs de la Montagne; mais il
ne resta que peu de temps dans ce
corps, déserta avec Chandelier,
et alla offrir ses services aux frères
Chovan {voyez ce no?n), qui les ac-
ceptèrent. Après avoir ftiit pen-
dant quelque temps partie de l'ar-
mée de Scépeaux, il passa dans la
ci-devant Normandie, où Frotté
le nomma l'un des chefs sous ses
ordres. La division que Picot com-
mandait, occupait, vers la fin de
1799, les «environs d'Argentan.
Lorsque le général Hédouville eut
pacifié la Vendée, et signé, le
28 nivôse an 8 (18 janvier 1800),
le traité de Montfaucon, Picot,
qui n'avait point participé à ce
traité, ne voulut point en accepter
les conditions, et il se retira en
Angleterre. Il revint en France,
avec plusieurs de ses compagnons,
au mois de février i8o5. Depuis
un mois il était caché à Rouen ,
lorsqu'on découvrit sa retraite.
Picot, prévenu d'avoir tramé de»
complots contre la personne du
premier consul Bonaparte, fut tra-
duit devant une comttrission mi-
litaire, qui le condamna à mort.
PICOT (LoTJis), néàJosselin,
petite; ville du départrment du
Morbihan, entra fort jeune au ser-
vice d'un maître des postes , qu'il
quitta pour suivre les chouans,
dont il devint l'un des capitaines.
Après le traité d'Amiens, il passa
eu Angleterre, où il obtint U
1»1C
confiance de Georges Cadouda! ,
qui se l'attacha. Il accompagna ce
chef lorsqu'un complot, ayant
pour objet d'enlever le premier
consul, et auquel il fut associé,
le ramena en France en 1804.
Arrêté avec Georges Cadoudal et
plusieurs autres conjurés, Ficot
fut conduit avec eux au Temple,
et mis en jugement peu de temps
après. Condamné à mort le 9 juin
1804, il fut exécuté n'ayant pas
atteint sa vingt-huitième année.
PICOT (Philippe), baron de
LK Peybouse, chevalier de la lé-
gion-d'honneur, ancien avocat
des eaux-et- forêts à la table de
mîtrbre, associé correspondant de
l'inslitut de France, membre de
l'académie des jeux floraux , et
secrétaire perpétuel de celle des
sciences de Toulouse, associé à la
plupart di>s académies et sociétés
savantes de l'Europe, ancien mai-
re de Toulouse , doyen de la fa-
culté des sciences de cette ville,
y naquit le 20 octobre i744- Après
avoir fait des études brillantes,
un mouvement de piété le con-
duisit dans la milice de Saint-Do-
minique, et Picot devint novice au
couvent d<'s jacobins. Mais sa fer-
veur diminua ; il crut qu'il valait
mieux servir son pays que passer
sa vie à l'ombre d'un cloître, et
rentra dans le monde. Ses instans
se partageaient entre l'étude di^s
l(tis et celle des belles-lettres. Il
refusa, en 1 771 , de faire partie des
nouvelles cour> créées par le chan-
celier Manpenu (voyez ce nom),
donna la démission de sa charge,
et fut chercher dans les Pyrénées
de la gloire et des délassemens.
Les premiers mémoires qu'il pu-
blia sur la contexture des monta-
ric
271
gneset les végétaux qu'elles ren-
ferment, attirèrent sur lui l'atten-
tion des érudits. Les académies des
sciences de Paris, de Stokholm,
de Turin et de Toulouse, l'asso-
cièrent à leurs travaux. En atten-
dant , il guidait Dolomieu sur les
monts qui environnent Barège, et
lui sauvait la vie sur le roc dange-
reux de l'Hieris. Linnée, BufFon,
Daubenton, Mauduit, M. de La-
cepède , etc., entretenaient avec
lui une correspondance aussi utile
qu'intéressante. Son Traité des for-
ges et des mines du pays de Foix,
obtint une célébrité qu'il méritait.
Cet ouvrage, traduit en allemand
et en suédois, réimprimé à diver-
ses époques, devint classique dans
les pays où l'on s'occupe beaucoup
de la manipulation du fer. La ré«
volution éloigna momentanément
Picot de son cabinet. Devenu
président du disctrî(;t de Toulou-
se, il montra de la fermeté et du
caractère, j)rotégea les bons ci-
toyens, et sauva ime multitude de
monumens et d'objets d'arts qui
sans lui eussent disparu. Jeté lui-
même dans les cachots, il ne dut
sa liberté qu'au 9 thermidor ; il en
profila pour aller encore dans les
Pyrénées, qu'il a explorées durant
trente ans avec un zèle infatiga-
ble, et^se délassait de ses occupa-
tions sérieuses en inventant de
nouveaux procédés pour la gra-
vure des plantes., INommé inspec-
teur des mines, il vint à Paris, et
ouvrit à l'école des mines plu-
sieurs cours, où de nombreux é-
lèvcs applaudirent à l'élégance et
à la clarté de ses discours, et à la;
profondeur de ses vues. Charmé
de retourner dans sa ville natale,
il accepta la place de professeur
272 PIC PIC
d'histoire naturelle ù l'ticole ceu- talens, des académies dont ils é-
lraledeToiiloii6e;s'atlonnantaus.si taient membres. Ces prnjfts res-
à la zoologie, il y fit d'importantes lèrent heureusement sans exécu-
découYerles, qu'il déposa dan.- les tion. Il mouiul le 18 octobre 1818.
recueils périodiques du temps. On a de lui : 1° plusieurs Mémoi-
Après le 18 brumaire, le premier res inséré- dans le recueil des ac-
cousul Bonaparte appela dans les les de l'académie des .«ciences de
premiers corps de l'état, da-ij ton- Slokholm ; 2" diftérens Mémoires
tes les pliîces* imporîanles, les dans le Journal de physique; 5°
hommes dont les lalens avaient Traité des forges et des mines du
fixé l'attention publique. Picot lut comté de Foix, Toulouse, un vol.
nommé maire de Toulouse; c'é- in 8° , plan.; 4" Description de
tait alors un fardeau pesant. L'ad- plusieurs espèces nouvelles d'ostru-
minislralion présentait l'imago du cites, iirl.ing, un vol. iu-lbl., fig.
chaos. Les divers partis se heur- co). ; 5" Flore des Pyrénées, hi-UA.,
laient; le nouveau maire parut, planches, ouviage qui n'a pas été
et eu peu de temps tout fut jemis entièrement publié : le beau tra-
à sa place. L'ordre, la salubrité, vail sur les saxifrages en fait par-
la paix, régnèreul dans Toulouse; lie; 6" Recherches sur les organes
les hôpitaux dépouillés furent de du chant dans les cyiines, in-Z|°; 7°
nouveau dotés richement; de non- Description et histoire du Trar/uet
velles rues furent percées : on pro- montagnard, in-4° ; 8° Description
jeta plusieurs places publiques qui d'un météore singulier; 9° Mémoi-
ont été construites depuis; le jar- re sur la mortalité des ormes dans
din de botanique fut créé, grand les environs deToiilousc ; 10° Frag-
élablissemenl qui fait l'un des ment de la minéralogie des Pyré-
plus beaux ornemens de Toulon- nées; 11" Description de la barge
se. Le musée, les bibliothèques aux pateè rouges ; 12" E.rpérieni es
s'ennchireiil. II décida l'établisse- sur la hauteur du mercure faites
ment <hi I école spéciale des scieii- sur le pic du midi de liarègi \ i3"
ces et des arts; enfin il fit beau- Histoire naturelle du lapo^irle;
coup de bien, mais s'attira de i^" Description de quelques plantes
nombreux ennemis, et bientôt il des Pyrénées ; 15" Mémoire sur une
quitta la mairie pour retourner à mine de manganèse native ; iCy I)es-
ses paisibles occupations. Ce lut cription de quelques cristallisa-
alors qu'il mit le comble à ses tra- lions; 17" Fragment d'un voyoge
vaux par la publication d'im- au mont perdu; 18° Tableau mé-
portans ouvrages sur l'histoire na- thodique des mammifères et des oi-
iur<;lic des Pyrénées. Ku 18 15, le seaux du département de la llaute-
coliége électoral de la Haute-Ga- Garonne, in-8'', an 7,Toulou^e; ig"
ronne le nomma à la chambre des Histoire abrégée des plantes des
représenlan-. Peu après celte épo- Pyrénéen, et itinéraires des bota-
que, on le persécuta; on voulait lui nistes dans les montagnes, ifi-8'',
eidever ses places et l'éloignei', i8i5 , Toulouse; '20° Suppli-ment
lui et un grand nombre d'hommes à l'histoire abrégée des plantes des
estimables «t distingués par leurs Pyrénées, in-S", i8i8; 21° Mé-
PIC
moire sur la prestation en nature;
22° Stalistique agricole du canton
de Montaslruc; 23° un grand nom-
bre de Notices lùstoruiues, de bro-
chures poliliques , etc. ; enfin ,
plusieurs manuscrits intéressans
dont son fils, le baron I>5idoie Pi-
cot de la Pe\'rouse, professeur
d'histoire naturelle en l'académie
de Toulouse, et qui marche avrc
distinction dans la carrière où l'au-
teur de ses jours s'est illustré, en-
richira sans doute les sciences.
PICOT BELLOT (Jeats de),
frère puiné du précédent, né com-
nîc lui à Toulouse, en 1748, entra
dans un des corps qui composaient
la garde du roi, et cultiva avec
succès la nuisique et la poésie. 11
composa plusieurs opéras joués
sur des théfitres particuliers , ou
«lans les pays étrangers. La cause
d«; la révolution devint la sienne
en i^^ij). Il la seconda par plu-
sieurs écrits où respiraient la cha-
leur et l'enthousiasme. Il fit jouer
à Paris, au théâtre du L_ycée-des-
Arts, le 5 novembre 1794, un
drame en trois actes, intitulé : les
Dangers delà calomnie, qui eut un
grand succès. Nommé commis-
saire des guerres, il n'abandonna
pas la littérature, et publia à Saint-
Gaudens, le Père comme il y en a
peu , ou le Mariage assorti ,
comédie en 5 actes et en prose.
Picot Bellot mourut leSmai 1820.
Jl a laisï-é en manuscrits un assez
grand nombie d'ouvrages politi-
ques. Le département lies Hautes.
Pyrénées lui doit plusieurs genres
d'industrie qti'il y a introduits.
PICOT-DK-LI.MOELAN ( M.
J. A.), naquit ù Saint-ililalo. d'une
fauiille noble de cette ville. Dès
l'aurore de la révolution, il se uion-
PIG 275
tra l'un de ses plus ardens enne-
mis. Intimement lié avec La Roua-
rie , il entra dans la conspiration
dont celui-ci était le chef, et l'aida
de tous les moyens dont il pouvait
disposer. Le complot ayant é-
choué. Picot de Limoëlan fut arrê-
té,conduit àParis, et traduit devant
le tribunal révolutionnaire, qui le
condamna à mort. Il avait près
de 60 ans lorsqu'il fut exécuté, le
18 juin 1793.
PICOT DE PECCADUC (lk
COMTE Auguste), gentilhomme
français sous le titre de comte, et
gentilhomme allemand sous le
titre de baron do Ilerzogenberg,
est fils d'un conseiller au parle-
lement de Bretagne. M. Picot de
Peccaduc fut élevé à l'école mili-
taire de Paris, dont il sortit, en
1785, décoré de l'ordre de Saint-'
Lazare, et avec le grade de lieu-
tenant. Il servit dans le régiment
de Metz artillerie, et, dès 1791, il
éuiLgra. S'étant rendu à l'armée
du prince de Coudé, il fit sous ses
ordres toutes les campagnes con-
tre la France; il avait gagné par
ses services la croix de Saint-
Louis. Libre à la suite du licen-
ciement de l'armée du prince de
Condé, il passa sous les drapeaux
autrichiens, «où, dit un de ses
biographes, chaque campagne lui
valut un grade ou une décora-
tion. » Une faveur plus grande lui
fut îiccordée; l'empereur d'Autri-
che lui donna des lettres de natu-
ralisationspus le nom de baron de
Ilerzogenberg. C'est vraisembla-
blc;ment comme su jet étranger qu'il
commandait, au nom des puissan-
ces alliées, la ville de (Uiâtillon,
lors de la campagne de Fiance en
18 i4- Tout fait présumer que i\l.
18
274 PIC
Picot de Peccatluc n'est plus Fran-
çais, puisque outre ses services
dans les armées étrangères, il s'est
marié à une comtesse autrichien-
ne nommée Sedlnitzky, dont il a
plusieurs enfans, et qu'il est chef
d'une division de grenadiers au-
trichiens.
PICOT DE PECCADUC (le
VICOMTE Henri) , frère du précé-
dent, mais qui paraît attaché au
service de France, quoique, com-
me le comte de Peccaduc, il ait
passé la plus grande partie de sa
vie militaire sous les drapeaux é-
trangers. Le vicomte de Peccaduc
prit du service, en 1787, dans le
régiment de la Guadeloupe, et
se rendit, en 1791, à l'armée des
princes. Il fit la campagne de
1792, sous les ordres de M. le duc
de Bourbon, compagnie de S.A.K.
le duc d'Angoulênie. Ajtrès le li-
cenciement de l'armée des prin-
ces, le vicomte de Peccaduc par-
tit pour la Hollande, et fit contre
la Frani;e trois campagnes sous
les ordres du prince d'Orange,
qu'il suivit en Angleterre, lors de
la conquête de la Hollande par
les Français. Il fut au service de
S. M. britannique, en activité jus-
qu'en 1802, et en inactivité jus-
qu'en i8o8 ; à cette époque, il re-
çut de l'emploi dans les troupes
allemandes de la confédération du
Rhin. «Cette remise en activité,
dit un de ses biographes, lui va-
lut plusieurs grades supérieurs et
décorations, et sa première cam-
pagne de colonel fiitcellede iVlos-
kou. Dans la campagne de Saxe,
en 181 3, il eut le commandement
d'une brigade, comme général
provisoire; mais le sort des armes
l'ayant fait tomber entre les mains
PIC
de 1 enneu)i avec la garnison de
Dresde, le 11 novembre i8i3, il
ne put être confirmé dans ce der-
nier grade. Aussitôt qu'il apprit
(étant prisonnier de guerre en
Hongrie) que les princes de la
maison de Bourbon allaient ren-
trer en France, il se hâta de venir
leur olïrir ses services. » Au mois
de mars 181 5, lorsqu'on fut in-
formé du départ de Napoléon de
l'île d'Elbe , le roi confia au vi-
comte Picot de Peccaduc l'orga-
nisation et le commandement des
bataillons de réserve du départe-
ment de la Seine. Le rétablisse-
ment de Napoléon sur le trône de
France, pendant les cent Jours ,
fit licencier ces bataillons, et le
chef resta sans activité et inconnu.
Après le second retour du roi, il
fut nommé colonel de la légion
du département d'Ille-et-Vilaine.
Il est aujourd'hui (1824) maré-
chal-de-camp en disponibilité,
chevalier de Saint-Louis et offi-
cier de la légion-d'honneur.
PICOT DE PECCADUC (le
CHEVALIER Joseph), colonel, che-
valier de Saint-Louis, frère des
précédens, « se trouva, disent les
biographes de cette famille, dès
le commencement de la révolu-
tion, en rapport avec les chefs des
armées royales de l'intérieur, et
servit constamment avec eux. »
PICOT-DESORiMEAUX (N.),
maire de Parigué l'Evêque , près
du Mans, est né vers 1770, dans
le département de la Sarthe, oi"! il
possède des propriétés considéra-
bles. Il fut destitué de ses fonc-
tions de maire dans les derniers
mois de 18 15; mais les services
éminens qu'il avait rendus à sa
commune firent que personne ne
PIC
î^e présenta pour le remplacer.
Nommé, en 1817, membre de la
chambre des députés par le dé-
partement de la Sarthe, il siégea
constamment au côté gauche, et
vota contre les lois d'exception et
contre le nouveau système électo-
ral, M. Picot-Desormeaux, sorti
de la chambre en i8'22, n'a point
été réélu.
PICOT LACOMBE (N.), d'une
famille autre que celle du précé-
dent, fut élu par le département
du Puv-dc-Dôme, au conseil des
cinq -cents, au mois de mars
1797; mais son élection fut an-
nulée par l'efTet de la révolution
du 18 fructidor an 5 (4 septembre
1797). Le gouvernement consu-
laire le nomma, en 1800, com-
missaire près le tribunal civil de
Clermont. Il était membre du
corps- législatif lors des événe-
meus politiques de 1814. Le 2 dé-
cembre de cette année, il fit, en
comité secret, un rapport sur la
proposition de M. Dumolard, ten-
d int à ce que la chambre présen-
tât une adresse au roi , pour le
supplier d'accorder incessamment
aux juges des cours et des tribu-
naux l'institution voulue par la
charte. Le retour de Napoléon au
20 mars 18 15, l'éloigna de la
chambre, où, depuis, il n'a point
été rappelé.
PICQUÉ (Jean-Pierre), est né
en 1750, à Lourdes, et fut député
par le département des Hautes-
Pyrénées i\ la convention natio-
nale e( au conseil des cinq-cenls,
dont il devint l'im des secrétaires.
Il avait publié, à la fin de 1788, un
Voyage aux Pyrénées françaises ,
11,"* Feillées Béarnaises, le Moyen
de détruire la mendicité , et , en
PIC
375
1789, plusieurs ouvrages en fa-
veur de la liberté. On a pu le ju-
ger , plus par ses écrits que par
son audace à aborder la tribune.
Sou opinion sur la nécessité de
conserver les relations et l'union
avec l'Espagne disposée favora-
blement à adopter les maximes
républicaines, ne fut pas celle des
partisans de la guerre. On ne le
voit plus ensuite figurer que dans
le procès du roi, où il vota l'appel
au peuple, la peine capitale et le
sursis , jusqu'à la paix générale.
M. Picqué, après sa sortie du con-
seil des cinq-cents, est rentré dans
la vie privée.
PICQUET (N.), chevalier de
la légion-d'houneur, exerçait, en
1789, les fonctions d'avocat du
roi à Bourg en Bresse , lorsqu'il
fut élu , par le tiers-état de ce
bailliage , député auii états-géné-
raux. Il siégea constamment au
côté droit de cette assemblée, et
signa les diverses protestations de
I.i minorité. Néanmoins , il n'é-
prouva aucune persécution sous
le régime de la terreur, et, dans
le mois de mars 1 797, le départe-
ment de l'Ain le nontma député
au conseil des anciens; son élec-
tion fut annulée par suite de la
journée du 18 fructidor. Après là
révolution du i8 brumaire , M.
Pic(juet devint président du tri-
htmal de première instance de
Bourg, Il en remplissait encore
les fonctions en 1819; à celte é-
poque , il fut remplacé par M.
Chevrières de Corcelles.
IMCTEÏ ( Mauc - AuGi'STE ) ,
membre du tribunal , l'un de-»
inspectenr<*-généraux de l'imiver-
silé impériale , correspondant de
l'institut , membre des sociétés
2^6
PIC
royales de Londres, d'Edimbourg,
tie Munich, etc., est né en 175?,,
à Genève, d'une famiile ancienne
de cette république. Elève et ami
du célèbre Saussure . il l'accom-
pagna plusieurs fois dans ses
voyage;^, et le remplaça, en ij'-ô,
dans la place de professeur de phi-
losophie, puis, dans les fonctions
de président de la société pour
l'avancement des , arts , place
qu'il occupe encore actuellement
(1824). M. Pictet , quoique
livré spécialement aux sciences
proprement dites, n'était point é-
Iranger à la science du gouverne-
ment, et il fut employé avec suc-
cès comme l'un des négociateurs
chargés, en 1798, de concourir au
traité de réunion de la république
de Genève , d'acquitter avec 14
de ses concitoyens les dettes de
son gouvernement, et d'adminis-
trer en même temps, sous la dé-
nonjination de Société économique,
les fonds destinés ù l'entretien du
culte protestant et les établisse-
mens d'instruction publique. 11
devint , en 1802 , membre du
Iribunat , dont il fut secrétaire
l'année suivante. Ses discours ,
dans cette assemblée , sont re-
marquables par des vues sages
<;xprimées avec talent; ils eurent
plus parliculiérenient pour objet
l'économie politique relativement
aux douanes, aux canaux et aux
i;randes roules; il fut du nombre
des U)en!i)ies qui votèrent le con-
.■julat à vie et l'élablissement du
gouvernement inq)érial. Le tri-
bunat, par l'opposition de la ma-
jorité de ses mendjres, s'élait ren-
du suspect au chef de l'état; il fut
supprimé. M. Piclet, que ses con-
iiais^sances et son nicrilc person-
PIG
nel avaient rendu recommunda-
ble , devint , peu après , l'un des
cinq inspecteurs-généraux de l'u-
niversité impériale, l'ar suite des
événemens politiques de 18 14? il
s'est fixé à Genève. On lui doit :
1° Essai sur le feu, 1791 : on trou-
ve dans cet ouvrage un grand
nombre d'expériences nouvtdles
et curieuses; 2° Description d'une
suite d' expériences sur la compres-
sion et sur l'action de la chaleur ,
traduction de l'ouvrage de l'au-
teur anglais James Hall, 1 vol. in-
8" ; 5" avec son frère et M. Mau-
rice , ancien maire de Genève , la
rédaction de la Bibliothèque bri-
tannique, qiu, depuis 1816, porte
le titre de Bibliothèque universelle^
etc. Cet ouvrage , exclusivement
destiné aux objets de littérature
et de sciences d'origine étran-
gère, est recherché pour son
utilité sous le double rapport de
la science et de la morale. M. Pic-
tet y est particulièrement chargé
de la partie des sciences. Il fit ,
dans l'intérêt de l'entreprise, deux
voyages en Angleterre, et les let-
tres qu'il adressa à ses collabora-
teurs parurent non - seulement
dans ce recueil, mais elles furent
imprimées séparément sous le ti-
tre de : Voyage de trois mois en An-
gleterre, en Ecosse et en Irlande,
in-8°. « Parmi les divers objets
intéressans pour les sciences et
les arts qu'il rapporta de ce voya-
ge, et qu'il mit à son retour sous
les yeux de l'institut, dit un de ses
biographes , était un étalon au-
thentifuie des mesureis anglaises ,
destiné à établir exactement leurs
rapports avec le mètre , dans le
but de faciliter le rapprochement
des ujesures géodésiques entre-
PIC
prises dans les deux pays pour
déterminer la figure de la terre.
L'institut nomma une commis-
sion pour faire celte comparaison
avec toutes les précautions néces-
saires , et le résultat a été consi-
gné dans ses registres. Cet étalon
l'ait partie d'une collection consi-
dérable d'instrumens de physi-
que, qui appartient à M. Pictet,
et avec laquelle il a donné plu-
sieurs cours suivis par un grand
nombre d'amateurs. » La ville de
Genève a fait, en 1824. l'acquisi-
tion de celle riche collection ,
qui est aujourd'hui au nombre
des collections du musée acadé-
mique de cette ville. 4° Différens
Opuscules cités dans l'Histoire lit-
téraire de Genève par Sennebier
(toni. 3, pag. 207 et ao8); 5° plu-
sieurs Morceaux au Journal de
Paris , aux Lettres de Deluc, aux
V oyages de Saussure, etc.
PICTET (Charles), ancien mi-
litaire au service de France, diplo-
mate et littérateur, frère du pré-
cédent, est né en i;55. Destiné
par sa famille à la profession des
armes , après avoir terminé ses
éludes , il entra au service de
France dans le régiment suisse de
Diesbach, et, après 10 ans passés
honorablement sous les drapeaux,
il rentra dans ses foyers , où fut
ouverte une nouvelle carrière à
ses talens. îl se distingua dans
plusieurs emplois civils, et faillit
devenir victime de la révolution
qui éclata dans sa patrie. M. Pic-
tet vécut assez long-temps, exclu-
sivement livré aux travaux de l'a-
gricullure et à l'élude des lettres.
Après les événemens politiques
de 1814 et de i8i5, il rentra dans
la carrière des aflaircs publiques,
PIC ~'x-,7
et fat envoyé successivement aux
congrès de Vienne , de Paris et
d'Aix-la-Chapelle ; enfin à la cour
de Turin , pour y négocier le
traité particulier avec Genève. M.
Pictet a rédigé une partie consi-
dérable de la littérature et toute
la partie de l'agriculture de la Bi-
bliothèque britannique ou Biblio-
thèque universelle ( voy. l'article
précédent). Plusieurs des analy-
ses des ouvrages qu'il a dotmés
à ce recueil , ont élé publiées
séparément. On lui doit : 1° Ta-
bleau de la siluation actuelle des
Etats-Unis d' Amérique , d'après
Morse et les meilleurs auteurs amé-
ricains , 1795-1796, 2 vol. in-8°;
2" Éducation pratique, Iraduclion
libre de l'anglais de Marie Edge-
worlh. 1800, in-S"; 1801, 1 vol.
in- 8°; 3° Traité des assolemens, ou
l'Art d'établir tes rotations des ré'
colles, 1801, in-S"; f\'' Faits et Ob-
servations concernant la race des
mérinos d'Espagne à laine super-
fine, et les croisemens, j8o2, in-8°;
5° Théologie naturelle, ou Preuves
de l'existence et des attributs de la
Divinité , tirées des apparences de
ta nature, traduction libre de l'an-
glais d'après Paley, 1804, 1817,
in -8"; 6° Recherches sur la nature
et les effets du crédit du papier
dans la Grande-Bretagne, traduit
de l'anglais de H. Thornton, vol.
in-8°; 7° Vues relatives à l'agri-
culture- de la Suisse et aux moyens
de la perfectionner, par £. Fellen-
bcrg , traduites de l'allemand et
enrichies de notes, 1808, in-8°; 8"
Cours d'agriculture anglaise, avec
les déoeloppemens utiles aux agri-
culteurs du continent , liSio, 10
vol. in-8''. C'est la réimpression
de la partie de l'agriculture de lu
378
PIE
Bibliothèque britannique ou Biblio-
thèque universelle.
PICTET DIODAÏI ( Mahc-
.Tc»«TE ) , président de la cour su-
prême de Genève , né dans celle
\ille le i5 juin 1768, et parent é-
loigné des précédens, a long-temps
rempli des fonctions publiques en
France. Membre du barreau de
(ienève, il devint, après la réunion
de ce pays à la France , l'un des
;idministrateurs du département
du Léman. Au mois de décembre
1799, il fut député au corps-légis-
latif, où il resta pendant 5 ans.
Remplacé dans ce poste par son
compatriote M. Leforl, il passa à
la présidence de la cour criminelle
du Léman , que M. Lefort avait
quittée, et rentra au corps-légis-
latif en 1810. Il en faisait encore
partie lors des événeniens politi-
ques de iSj/j. m. Piclet Diodati
adhéra à la déchéance de l'empe-
reur, et néanmoins, pendant les
cent jours en i8i5, il prélendit
reotrer à la chambre, dont il fut
exclu comme étranger. Devenu
président de la cour suprême de
Genève , il occupe encore cette
place.
PICTET MALLET ( Pierre ) ,
de la famille des précédens, est
auteur de la traduction de l'ou-
vrage anglais de Forsyth , jardi-
nier de Kensington, sur la Culture
des arbres fruitiers, 1802, in-S";
el de celle du Voyage en Espagne
de Townshend , 3 vol. avec des
notes du traducteur, qui, lui-mê-
me, a séjourné dans cette contrée.
M. Pictet Mallet a encore publié
un Itinéraire des glaciers de Cha-
mouny.
PIE YI (Jean-Ange-Braschi) ,
naquit à Césène le 27 décembre
PIE
1717. Les bienfaits de Benoît XIV
le mirent sur le chemin des hon-
neurs. Nommé trésorier par Clé-
ment XIII , recevant le chapeau
de Clément XIV, il se rapprocha
d'un trône qui devait l'ensevelir
sous ses ruines. Porté aux hautes
dignités ecclésiastiques par trois
papes de principes et de caractères
différens , on avait raison de le
croire ou un homme médiocre, se
renfermant dans le cercle de ses
devoirs sans aspirer à le franchir,
ou un esprit rusé, cédant au pou-
voir pour cacher son ambition.
La première de ces opinions , qui
paraissait la mieux fondée, et qui
était aussi la plus répandue , don-
nait peu de chances au cardinal
Braschî de devenir le successeur
de Clément XIV. L'abolition des
jésuites, l'acte le plus hardi de la
courte domination de ce pontife ,
avait livré le monde catholique à
deux partis prêts à entrer en lice
pour altaquer ou défendre les
droits de cet ordre trop fameux.
Le conclave qui s'ouvrit en 1779,
coniposé lui-même d'élémens in-
cohérens, se trouva, dès son dé-
but, exposé aux dissentions et aux
cabales des amis et des ennemis
des disciples de Loyola. Moins par
calcul que })ar cet instinct qui l'a
toujours guidé dans ses choix, le
sacré- collège , après plusieurs
mois d'hésitation et d'atlenle ,
triompha des efforts des partis, et
se déclara en faveur de Braschi,
également étranger à tous les
deux. Sa nomination ne peut é-
tonncr que ceux qui ont peu mé-
dité sur les maximes traditionnel-
les de l'église; l'expérience ayant
presque constamment prouvé que
la majorité des suffrages s'y réu-
ip
Qj^À^YL.
PIE
nit de préférence sur ces hommes
moyens qui n'ont ni opinions con-
nues, ni principes avoués, et aux-
quels il suffit de n'avoir pas d'en-
nemis pour trouver des adora-
teurs. Les premiers actes d'auto-
rité du nouveau pape furent de.
distribuer des aumônes, de répri-
mander le gouvernement de Ro-
me, de supprimer plusieurs pen-
sions onéreuses , de faire rendre
un compte sévère au préfet de
l'annône , et d'achever au Vatican
un musée commencé par son pré-
décesseur, et destiné à recueillir
les déhris de l'antiquité provenant
des fouilles de ses états- Aspirant
à illustrer son pontificat par quel-
que entreprise d'éclat, il se décida
pour la plus ruineuse, et ordonna
le dessèchement des marais Pon-
tins, qui avaient résisté, pendant
des siècles , au bras puissant des
empereurs romains. Au moment
où la capitale du monde ne trou-
vait plus d'ennemis à combattre,
le censeur Appius Claudius , qui
s'était chargé d'aplanir les roules
(racées par la victoire et la con-
quête, avait ouvert sur ce sol in-
hospitalier une communication
facile aux voluptueux habitans de
Parténope et de Baies. César, avide
de tous les genres de gloire , son-
geait à le rendre à la fertilité, lors-
qu'il expira sous le fer des conspi-
rateurs. Auguste, en le rempla-
çant sur le trône, s'empara de son
projet, et fit creuser, le long de la
voie Appienne, un canal destiné à
procurer un écoulement aux eaux
félidés des marais. Ces grands
travaux, ai)andoués après la mort
dOclavien , ne fuient repris que
sous le règne de Trajan; mais tou-
tes ces tentatives , et celles que ,
PIE
ra
long-temps après , fit Théodoric
pour empêcher le débordement
des eaux, ne purent pas en arrêter
les ravages. Les eflbrts des papes
ne furent pas plus heureux que
ceux des Césars, et ce que le génie
actif de Boniface VIII , de Martin
V, de Léon X, de Sixte V, n'avait
pas pu exécuter , dut paraître à
leurs successeurs indolens pres-
que impossible à obtenir. Pie VI,
aveuglé par un amour désordonné
de gloire, ne vit pas tous les obs-
tacles qu'il fallait vaincre pour as-
sainir cette contrée. Voulant juger
lui-même de la gravité du mal, et
en examiner les remèdes pour le
guérir, il se berça de toutes les
espérances , s'enivra de tous les
éloges, et crut l'entreprise facile
parce qu'il la trouva extraordinai-
re. Rêvant à la prospérité future
de ce pays, qu'il allait retirer des
eaux, il traçait le plan d'une nou-
velle ville qu'on devait y bâtir, et
la dotait déjà d'un musée qui de-
vait être alimenté par les produits
des fouilles voisines. Cette entre-
prise, que le succès seul aurait pu
justifier, fut la cause princi})ale de
l'appaof rissement des finances ro-
maines; et lorsqu'elle échoua, on
la regarda généralement comme
téméraire dans le projet , désas-
treuse dans l'exécution, et hon-
teuse pour le but, ne tendant qu'à
enrichir un membre de la famille
papale. Le peuple de Rome , ré-
duit aux privations les plus dures,
vil avec dépit le mauvais emploi
qu'on faisait de la fortune publi-
que , et s'exprima librement sur
les fautes de son gouvernement ,
livrant au ^ridicule ceux qui le
condamnaient à la misère. Lors-
qu'en 1^85, on imagina de relever
28o
PIE
à grands frais l'obélisque du Qui-
riujil, un des nombreux frondeurs
écrivit au b;is de ce monument :
Domine , die ut lapides isti panes
fiant. (Seigneur, ordonne que
cette pierre se change en pain.)
Ce mécontentement dans le pu-
blic éclata encore plus ouverte-
ment lors du procès intenté à la
famille Lepri pour soutenir un
testament qui ordonnait la spolia-
tion d'une pupille au profit d'un
neveu du pape. Pie VI, dans cette
occasion , ne sut pas .«e défendre
de cet espiit de népotisme qui a
fait tant de tort à la tiare , et sa
scandaleuse intervention, dans un
procès de famille, fit une fâcheuse
impression sur toutes les classes.
Lorsqu'après de longs débats, la
voix d'une mère fut enfin enten-
due par les magistrats, et put en
arracher un jugement équitable ,
le pape eut le chaf>rin de voir le
peuple se poiter eu foule devant
le palais de la liola, et applaudir,
par ses bruyantes acclamations ,
au triomphe de la justice. Pie VI,
eu montant sur le trône , avait
jeté un regard inquiet sur la situa-
iion morale et politique de<i'Euro-
j>e. La plupart des rois, à l'exeu)-
j)le de Louis XIV, y travaillaient
à étendre leurs prérogatives , à
s'affranchir de tous les obstacles,
et à niveler les rangs de la société,
pour que l'action liu pouvoir y fût
plus rapide et plus uniforme. Les
])riviléges des nobles , les préten-
tions du clergé , les libertés des
communes, attaqués en partie par
leurs prédécesseurs, étaient me-
nacés d'un anéanlissemeul total.
iiC dernier but dupO(ivoir absolu
était de parvenir au despotisme
administratif, et de ne voij- autour
PIE
de lui d'autres bornes que celles
que la volonté seule du monarque
saurait s'iiriposer. Les peuples , à
qui les progrès dans la civilisation
avaient révélé de nouveaux be-
soins et rendu nécessaire une
différente organisation , secon-
daient l'élan donné par les gou-
verncmens, et les aidaient à dé-
truire l'ancien édifice social pour
s'emparer de ses débris et pouvoir
reconstruire plus facilement le
nouveau. C'était par conséquent
dans des vues opposées que les
rois et les philosophes marchaient
ensemble contre les abus et les
institutions de l'Europe barbare.
La féodalité et le clergé, attaqué*
sur tous les points, ne trouvaient:
plus d'abri pour se défendre, et
commençaient à céder pas à pas
le terrain qu'ils avaient envahi.
Ces dispositions hostiles dans tou-
tes les classes de la société avaient
donné naissance à une école mi-
nistérielle qui , placée à côté de
la j)hilosophique , eu empruntait
le langage et les armes. Elle ré-
sidait auprès des Pombal, des A-
randa, des ïanucci, et remontait
jusipi'aux princesqui savaient être
iudépendans de leurs ministres, tels
que Pierre Léopold, Joseph. Frédé-
ric et Catherine IL Ces pren)iers
réformateurs, jugés par les enne-
mis de la liberté avec plus de pré-
vention que de justice, ont été dé-
chues responsables de la chute du
pouvoir monarchique en Europe.
En effet, rieu de plus insensé que
de vouloir fonder un système sans
autre appui que la volonté d'un
individu; mais il faut avouer aussi
qiu; ce qui restait des anciennes
institutions, par manque d'accord
avec les vœux et les lumièri-s des
PIE
nations, ne pouvait plus servir de
base à un ordre de choses quel-
conque. De tous les gouverne-
niens , celui de Rome était le
moins fait pour subir ce? innova-
lions. II était même appelé, comme
théocratique, ù combattre les i-
dées modernes qui menaçaient sa
croyance , et à repousser toute
espèce de perfectionnement qui
eût pu com[»rometln; celte im-
mobililé a laquelle il doit une
grande partie de ses forces. Ce-
pendant, le chef de l'éj^lise était
pressé de tous les côtés pour avan-
cer sur un terrain qu'il lui était
aussi difficile que dangereux de
parcourir. Joseph II, animé par
l'esprit de son temps et par la hai-
ne héréditaire de sa maison contre
Rome , commença son règne en
supprimant des couvens y en re-
tranchant des fêtes , en réglant
même les cérémonies de l'église.
Pie VI lui écrivit plusieurs fois
pour essayer de le ramener à des
•sentimens moins hostiles; mais ne
pouvant pas le fléchir par ses
biefs , il se flatta de le désarmer
par sa voix, et prit la résolution
inattendue de le surprendre dans
sa capitale. Ce voyage donna le
secret de sa faiblesse et la mesure
de son autorité. Cherchant à dé-
guiser à ses propres yeux tout ce
qu'il y avait d'îiumiliant dans cette
démarche, il s'environna de ce qui
pouvait servir à lui donner quel-
que éclat; mais, au travers de tant
de mjgnificeucc, on apercevait la
distance qui séparait Pie VI de cet
arrogant ponlife qui excommu-
niait l'empereur Frédéric, brisait
le serment de fidélité de ses su-
jets, et appelait les malédictions
du ciel sur la tête sacrée d'uu
PIB
28 1
triomphateur. Le jour fixé pour
son départ (27 février 1781), Pie
VI fit sa prière accoutumée dans la
chapelle du Vatican, reçut les a-
dieiix de ses parens et de ses ser-
viteurs , et s'éloigna de Rome en
présence d'un peuple immense
qui lui demandait ses dernières
bénédictions. Les marques de res-
pect et d'amour qu'on lui prodi-
guait sur la route, durent lui faire
oublier un instant le rôle qu'il al-
lait jouer à Vienne : des popula-
tions entières tombaient devant
lui sur son passage ; le roi d'Es-
pagne , le sénat de Venise , les
princes italiens , l'empereur lui-
même , rivalisaient de zèle pour
lui faire arriver leurs hommages.
Plus le pape s'approchait de Vien-
ne , plus ces témoignages deve-
naient éclatans : l'empereur et
son frère Maximilien allèrent à sa
l'encontre à quelques lieues de la
ville , et y firent ensemble leur
entrée au milieu d'une foule de
curieux qui se pressaient autour
de leur voiture , faisant retentir
l'air de leurs vives acclamations.
La vanité de Pic VI se trou-
va satisfaite de tant d'empres-
sement et d'égards; mais il ne tar-
da pas à s'apercevoir que l'cmpe-
rem-, sous la politesse de ses ma-
nières , cachait l'inflexibilité de
son caractère, et qu'il était décidé
à ne sacrifier aucun de ses droits
aux devoirs de l'hospitalité. Il
évitait toutes les occasions d*en-
trer en explication avec le pape ,
qu'il renvoyait à Kaunitz , non
moins philosophe et tout aussi
diflicile à séduire que son maître.
Ne lui restant alors auctm espoir
sur l'issue de celte négociation. Pic
VI ordonna les dispositions pour
282
PIK
hâter son retour. L'empereur se
inoatra, à sou départ, ce qu'il a-
vait été à son arrivée : en se sépa-
rant de lui, il lui oflrit un ma-
gnifique pectoral, enrichi de dia-
mans, que le pape accepta, et un
diplôme de prince de l'empire
pour son neveu Braschi , qu'il ne
voulut point recevoir. « Je ne
» veux pas, dit-il, qu'on puisse me
«reprocher de m'être plus occupé
»de l'élévation de ma famille que
»des intérêts de l'église. « Il quit-
ta Vienne avec le chagrin de n'y
avoir pas opéré les changemens
auxquels il s'était attendu. Il prit
la route de Munich , le seul pays
de l'Europe où l'autorité du saint-
siége fût restée sans atteinte.
Lacoiir, quoique renommée pour
sa galanterie , avait conservé un
grand attachement pour les for-
mes religieuses , et le peuple ,
plongé dans la plus stnpide igno-
rance , était regardé comme le
plus superstitieux de toute l'Alle-
ïnagne. Le pape s'y trouva plus
révéré qu'à Rome mOme, où, a-
près une absence de quelques
mois, il rentra peu satisfait de son
A'oyagc. Il en fit néanmoins un
récit ^)ompeux , qu'il déhita en
plein consistoire , et prit même
l'engagement d'en rendre compte
à toute la catholicité pour lui faire
apprécier les avantages qui en é-
laient résultés pour l'église : mais
celte promesse, aussi imprudente
que ridicule, ne voila pas les
diflicultés qu'il y avait à la rem-
plir. Personne ne se dissimulait
lesinconvéniens du ce voyage, qui
n'avait abouti qu'à endetter le
tré*or et à déconsidérer le ponti-
fe. Tandis que Pie VI se vantait
de son triomphe pour no pus a-
PÎE
vouer sa défaite, l'empereur pour-
suivait avec persévérance le plan
de réforme qu'il avait adopté, et
portait les derniers coups aux im-
munités de l'église. Si l'on était
étonné de la contradiction qui ré-
gnait entre les paroles du pape et
la conduite du cabinet de Vienne,
on le fut bien plus encore lors-
qu'on sut que le voyage de Joseph
à Rome , sous le prétexte d'une
politesse, renfermait des vues mys-
térieuses contre la puissance pa-
pale,et qu'il ne s'agissait rien moins
que de soustraire l'empire à toute
espèce de dépendance de la cour de
Rome. Le mêuje esprit de dissi-
dence s'était manifesté en Tosca-
ne , gouvernée alors par le génie
éclairé de Pierre-Léopoid. Parta-
geant les senti mens de son frère,
et soutenu par les conseils de
Mgr. Ricci, il avait, dès l'année
1780, adressé une circulaire à tous
les évêques pour leur annoncer
un plan de réforme dans la disci-
pline ecclésiastique. Deux syno-
des, rassemblés à Pistoie et à Flo-
rence, avaient alarmé le saint-sié-
ge par l'indépendance de leurs
discussions. En s'occupant des
changemens à faire dans la litur-
gie, on y avait émis des maximes
hardies sur la foi, la grâce, l'auto-
rité de l'église et la prédestina-
lion. Déjà Pie VI, excité parles
fanatiques qui l'enlouraient, avait
préparé une bulle de proscription
contre les prélats réfractaires.
Mais la crainte d'irriter le mal par
ce remède violent, et l'espoir que
la cour d'Espagne interviendrait
en sa faveur, arrêtèrent la foudre
prête à lui échapper. Le pape se
borna à faire des réclamations é-
nergiques, auxquelles le grand-duc
PIE
rt'pondit en ordonnant l'impres-
sion des actes des deux synodes ,
accompagnés de l'apologie des
membres qui y avaient siégé, et de
la réfutation des différentes pré-
liMitions de la cour de Rome. Il
recommanda en même temps aux
évêqnes de se conformer stricte-
ment aux décisions du synode de
Pistoie, et réclama le duché d'Ur-
l)in , qu'il reprochait aux papes
d'avoir usurpé. Ce n'étaient pas
les seuls ennemis que le saint-
siége avait à combattre : il avait,
avec la cour de Naples , des que-
relles plus anciennes, plus graves,
et dont les suites furent encore
plus fâcheust'S. L'infant don Car-
los, eu nmntant sur ce trône, avait
trouvé le royaume livré à la cupi-
dité du clergé et dans une dépen-
dance honteuse de la cour de Ho-
me. Quoique pieux , il avait des
idées justes sur son autorité, qu'il
voulut affranchir de ce joug :
mais, appelé ù régner sur l'Espa-
gne, il n'eut pas le temps d'exé-
cuter les projets qu'on aurait pro-
bablement oubliés «i la direction
des affaires ne fût tombée dans
les mains d'un homme fait pour
les réaliser. Tanucci, ancien pro-
fesseur l'i l'université de Pise, qui
avait déployé une grande opposi-
tion contre les t-nvahisseraens des
corporations religieuses , indigné
de l'espèce de vasselage auquel
était descendue ime couronne
dont il était le premier ministre ,
s'occupa sérieusement d'en reven-
diquer les droits. Après plusieurs
réformes opérées dans les diver-
ses branches de l'administration ,
el qui tendaient plus ou moins di-
rectement A borner les privilèges
et l'influence du clergé, il ûl dé-
riE
285
clarer au pape que la présentation
de la liaquenée se ferait à l'avenir
sans celte bruyante cérémonie ,
qu'il regardait comme avilissante
pour la dignité de son prince. Ce
tribut , arraché à la faiblesse de
Charles d'Anjou, qui avait intérêt
de légitimer son usurpation , s'é-
tait perpétué dans ses successeurs.
Il consistait à offrir un cheval blanc
richement harnaché, et à déposer
aux pieds du pape une somme
de 6,000 ducats renfermés darjs
une bourse attachée à la selle du
cheval. Le prince Colonna, grand-
connétable du royaume, jouissait
du privilège d'en faire la présen-
tation tous le? ans, la veille de la
fête de Saint-Pierre et Saint-Paul.
Cette cérémonie était destinée à
rappeler aux rois de Naples que
leurs états relevaient du saint-
siège, dont ils n'étaient que les
vassaux couronnés. Pie VI ne
voulut pas souscrire aux condi-
tions qu'on lui dictait'; il protesta
contre la violation de ses droits,
et chargea le cardiiial Borgia de
les soutenir par un écrit, qui ne
resta pas saris réponse. 11 aurait
été difficile de prévoir la fin de
ces débats, que les premiers symp-
tômes de la révolution fran(;aise
vinrent interrompre. On sentait
des deux côtés le besoin de
se rapprocher pour se défendre
contre un ennemi redoutable qui
attaquait à-la-fois le trône et l'au-
tel. On s'était disputé i5 ans sans
s'entendre , on s'entendit en un
jour sans disputer. Il fut stipulé
que chaque roi de Naples payerait
à son avènement au trône une
somme de 5oo,ooo ducats , en
l'oruje de pieuse offrande à Saint
Pierre , au moyen de laquelle la
384
PIE
présentation de lahaqiienée reste-
rait abolie pour toujours. Ce traité
fut suivi d'une visite que le roi et
la reine de Napics firent au pape
au printemps de 1791 , et scellé
par les protestations les plus so-
lennelles d'une sincère et inviola-
ble amitié. L'église sortait enfin
triomphante de tant d'obstacles et
de dangers : la mort de Joseph II,
la réconciliation de Léopold , de
nouveaux conseils dans le cabinet
de Naples , avaient amorti les
coups portés contre l'autorité du
pape. Lorsque du sein d'un royau-
me qui n'avait pris aucune part
auxcombatsqu'on lui avait livrés,
s'élève contre elle nn orage dont
les progrès l'enveloppèrent dans
de nouveaux malheurs. Le 5 mai
1789, s'ouvrirent les états-géné-
raux à Versailles. La tendance de
l'assemblée était vers un plan gé-
néral de réforme et d'affrancliisse-
iTient : c'étaient aussi les vœux
de la France fatiguée des préten-
tions du saint-siège, honteuse des
Uibuts qu'on lui payait, scandali-
sée de l'opulence du haut clergé,
et de l'existence de ces légions
de moines qui ne luisaient pas
même pardon ner, par leurs niœurs,
leur onéreuse oisiveté. Mais si la
\oix de tous les hommes éclairés
s'élevait contre ces abus, l'intérêt
de plusieurs se liait à leur conser-
vation. Le clergé formait un des
trois ordres de l'état , et le plus
puissant de tous . à cause de son
organisation, de l'esprit qui le do-
minait , et des richesses dont il
pouvait disposer. Quelques étin-
celles de philosophie avaient j)é-
nélré dans le haut clergé, et c'est
parmi C(îs prélats, beaucoup plus
ambitieux que philosophes, que
PIE
certaines réformes avaient été pro-
jetées ;, mais elles se bornaient à
diminuer les attributs du saint-
siége, pour ajouter à leur propre
puissance. Renchérissant sur leur
exemple , les rcprésentans de la
nation demandèrent et obtinrent
successivement la suppression des
ordres religieux , l'abolition des
vœux monastiques , et une nou- .
velle constitution du clergé. Par
ces mesures préliminaires , ce
corps, naguère si redoutable dans
l'état, disparut de l'assemblée, et
n'eut pas assez de force pour dé-
fendre les biens ecclésiastiques,
qui furent déclarés biens natio-
naux. Le roi, en acceptant la cons-
titution civile du clergé, avait é-
crit à Pie VI pour le prier de la
sanctionner à son tour. Le pape
assemble un synode do cardinaux,
et se décide, d'après leur avis, à
consulter les évêques de France.
Trente d'entre eux, ayant à leur
tête M. de Boisgelin , archevêque
d'Aix, signèrent un écrit sous le
titre d'Exposition ries principes
sur la constitution du clergé, dans
lequel ils défendirent toutes les
prérogatives de l'église, se répan-
dant même en regrets sur l'abo-
lition des couvens. L'assemblée
dédaigna cette poignée de contra-
dicteurs, et invita les évêques et
les curés à prêter le serinent à
la constitution du clergé, qui de-
vint le fondement de la nouvelle
éjîlise ijallicane. Les circonstances
étaient trop graves, les esprits trop
aigris , pour que la moindre im-
prudence n'occasionât pas les plus
grands désastres. Cependant le
pape n'hésita pas à adresser deux
brefs aux évêques de France pour
les engager à discuter l'acte fou-
PTE
(lamentai de leur uoiivelle orga-
nisation. Dans le premier, il de-
mandail auxévêqiits députés d'a-
viser aux moyens de conciliation,
et dans l'autre, écrit en contradic-
tion du précédent aux évêques,
au clergé et aux fidèles de Fran-
ce, il applaudissait à la déclara-
tion des trente évêques, hlrtmait
la défection de leurs collègues,
et ordonnait à tous les ecclésias-
tiques de rétracter, dans le ternie
de quarante jours, le serment de
fidélité qu'ils avaient prononcé ,
sous peine d'être suspendus de
l'exercice de leurs fonctions. Cet-
te mesure inconsidérée n'arrêta
pas les travaux de l'assemblée
nationale ; mais elle exposa dans
la suite le clergé à la persécu-
tion, et aurait probablement a-
mené un schisme en France, i-i
la nation, trop occupée de. ses dé-
bats politiques, n'eût dédaigné de
se jeter dans des querelles re-
ligieuses. Le peuple de Paris se
contenta de brûler les derniers
brefs du pape; le gouvernement
lui réponJit par l'envahissement
«l'Avignon et sa réunion à la Fran-
ce, et l'archevêque de Sens, dont
la voix trouva des échos partout,
lui déclaia i- qu'il ne balançait pas
«entre sa patrie et un chapeau, et
nqu'il lui renvoyait ce dernier.»
La nïésinielligence entre les doux
gouvernement était à son com-
ble, lors(jue l'assassiuatd'un agent
de la république {voyez Bassevil-
le),sous les yeux mêmes de l'au-
torité papale, fournit de nouvel-
les armes contre la cour de Rome.
La lutte devint alors plusacharnée;
cl les fou<lres du directoire-exé-
cutif rie France, plus redouta-
bles que celles du Vatican , ne tar-
PIE
28:
dèrent pas à tirer vengeance de
ce crime. En 1796, lors des pre-
miers succès des armées françai-
ses en Italie, une division de trou-
pes républicaines passe le Pô,
s'empare de Bologne, de Ferrare,
et s'étend jusqu'à Ancone. Peu
avant cette irruption , Pie VI a-
vait envoyé à iMilan, le chevalier
Azara, ambassadeur d'Espagne à
Uome, espérant que la médiation
de ce ministre pourrait conjurer
l'orage prêt à fondre sur ses états.
L'habileté de ce diplomate ne
parvint à le détourner qu'en si-
gnant un armistice à des condi-
tions extrêmement dur*s. Le pape
était condamné à perdre les deux
légations de Bologne et de Ferra-
re , à payer une contribution de
quinze millions, et à sacrifier une
partie des objets précieux qui fi-
guraient dans ses principales col-
lections. Le pape recule d'eflroi
devant ces prétentions; mais trop
faible pour les repousser, il lui
fallut avoir le courage d'y sous-
crire. Il tira du château Saint-
Ange le trésor qui y était enfer-
mé, demanda l'argenterie des é-
glises,et se disposait à rempli** la
partie la plus onéreuse du traité,
lorsque le directoire le rendit
inexécutable en imposant au pa-
pe la rétractation des brefs contre
la constitution civile du clergé.
Pie VI assemble une congréga-
tion composée de ce qu'il y avait
de plus éclairé dans le sacré-col-
lége : il lui soumet les proposi-
tions du directoire, accueille tou-
tes les observations, et déclare
indigne de lui d'acheter la paix
en sacrifiant la dignité de son ca-
ractère, et en faii^ant périr dans
ses mains rinfaillibilité du vicaire
286 PIE
du Christ. Le j'oie de chef de lé-
gli«e était fini : il ne restait plus à
Pie VI que de déposer son triple
diadème pour ceindre la couronne
du martyre : mais, séduit par les
offres des ennemis de la France ,
il se jeta imprudemment dans la
coalition qu'on tramait contre
elle, et prit l'attitude de guerrier,
moins imposante sans doute que
celle d'un apôtre. Le 6 janvier
1797, on bénit les drapeaux de
plusieurs corps qui devaient défen-
dre l'ancien patrimoine de saint
Pierre. Ils déployaient avec au-
dace le laburum de Constantin,
avec ces mots rassurans : In hoc
signo viitces. Au milieu de cet en-
thousiasme, il était difficile de
raisonner. Cacault, ministre de la
république française , fît néan-
moins quelques propositions
qu'en toute autre circonstance on
aurait acceptées. Mais la congré-
gation refusa d'entrer en aucun
arrangement avant que les deux
légations n'eussent été évacuées.
Tant d'arrogar)ce de la part d'un
conseil qui s'était inontré quel-
ques jours avant si timide, s'ex-
pliquait par les rapports secrets
qui existaient entre la cour de
home et le cabinet de Vienne. Le
général en chef Bonaparte en ac-
quit la preuve dans une lettre in-
terceptée du cardinal Busca, nou-
veau secrélaire-d'état , à iMgr.
Albani, nonce du pape en Autri-
che. Le cardinal y exposait sans
détour ses projets, ses désirs, et
tnême le plan d'amener une guer-
re civile en France, sans trop
compromettre le sainl-siége. Après
une pareille découverte, il n'y a-
vait plus de ménagemens à gar-
der. Le i3 pluviôse ( 1" février
PIE
1797), Bonaparte, du quartier-
général de Bologne , annonce la
rupture de l'armistice violé par le
pape, qui n'avait cessé d'exciter
les peuples à la croisade, qui avait
même fait avancer ses troupes
jusqu'à dix milles de Bologne,
entamé des négociations hostiles
avec la cour de Vienne, et s'était
refusé de répondre aux ouvertu-
res pacifiques du ministre Ca-
cault. Aussitôt après cette décla-
ration , l'armée française occupe
les états de l'Eglise, s'empare en
courant d'Imola, de Forli , de
Cesena; établit des garnisons dans
le duché d'Urbin, dans la marche
d'Ancône, et arrive le 17 du mê-
me mois àTolentino. Rome n'ap-
prit pas sans elîroi la marche
triomphante du général eu chef
Bonaparte ; elle se hâta de lui en-
voyer des plénipotentiaires, ««ui
signèrent une convention encore
plus rigoureuse que la première,
et dont les principaux articles
portaient que le pape paierait
5i millions, fournirait 1,600 che-
vaux harnachés, renoncerait aux
trois légations de Ferrare, Bolo-
gne et llavenne, et accepterait
garnison française dans la qua-,
trième d'Ancône. Le lendemain
de la stipulation de ce traité, le
général en chef Bonaparte et son
état-major étaient déjà sur la rou-
te de l'Autriche , pour reparaître
dans les états héréditaires. La
paix de Tolentino mettait le pape
en guerre contre ses sujets , et
excitait le mécontentement et les
plaintes dans toutes les classes de
la société. Un parti de patriotes
se formait dans la ville, et insul-
tait à la faiblesse du gouverne -
nient. Des mm-mures, des plu-
PIE
cnrds, des attroupemens, tons les
syinplôiiies avant-coureurs d'une
{grande catastrophe, annonçaient
déji'i l'audace des rebelles. Sur
ces entrefaites arrive à Rome le
nouveau ministre plénipotentiai-
re de la république française :
c'était le frère du vainqueur d'Ar-
cole. Tous les yeux se tournèrent
Sur lui, cherchant à interpréter
ses moindres propos, ses démar-
ches les plus insignifiantes. Son
début, son langage, parurent de
bon augure, et les partisans du
saint -siège commencèrent à se
flatter que le pape était encore
redoutable aux yeux de la Fran-
ce. Mais dans le sein de ce calme
trompeur se forma un orage qui
détruisit toutes les illusions. Le
28 décembre 1797, une sédition
éclata dans Rome : le gouverne-
ment envoya des troupes pour
dissiper les factieux : ils se retirent
dans le palais de France; on les y
poursuit. Parmi les personnes qui
entouraient l'ambassadeur fran-
çais, et qui concoururent avec
lui à contenir l'effervescence des
insurgés et l'aveugle fureur des
troupes, se trouvait le général
Duphot (voyez ce nom), connu si
avantageusement par sa brillante
valeur. Il s'élance vers cette sol-
datesque effrénée, qui avait déjà
immolé tant de victimes dans les
cours, dans le vestibule et jusque
sur les escaliers du palais de Fran-
ce; et ce jeune héros, que l'hy-
men allait (mir quelque jours a-
• prés à la sœur du général en chef
Bonaparte, tombe victime de son
dévouement sous les coups re-
doublés dt^s lâches qu'il nviiit vou-
lu désarmer. L'ambassadeur quit-
te brusquement Rome , et en-
PIE
2^7
voie au directoire la relation dé-
taillée de cet atroce événement. Le
pape offrit toute sorte de satisfac-
tion ; mais la dernière heure de son
existence politique était sonnée,
et le général Berlhier fut char-
gé de venger l'affront fait à la ré-
publique , et d'apaiser les mâ-
nes d'un citoyen. Le 25 janvier
1798, plusieurs colonnes de trou-
pes françaises et cisalpines sont
en marche sur Rome. A leur ap-
proche, une députation de la vill»;
vient annoncer à Berthier que le
peuple romain a repris sa souve-
raineté. Bientôt après, ce géné-
ral, à la tête de tous les grenadiers
de son armée, accompagné de
son étal-major et de 100 chevaux
de chaque régiment des. troupes
h cheval, marche droit au Capi-
tule, en traversant les flots d'une
foule immense de spectateurs.
Arrivé dans ce lieu témoin de
tant de triomphes, le général
Berthier prononce un discours
dont la laconique énergie mérite
d'être transmise à la postérité :
« Mânes des Caton, des Pompée,
»des Bruius, des Cicéron, des
oHortentius , recevez Ihommage
«des Français libres dans le Ca-
«pitole, où vous avez tant de fois
» défendu les droits du peuple, et
«illustré la république romaine.
"Ces enfans des Gaulois, l'oli-
» vier de la paix à la main, vien-
rtuent en ce lieu auguste y réta-
nblir les autels de la liberté dres-
«sés par le premier des Bruius.
» Et vous, peuple romain, qui ve-
«nez de reprendre vos droits lé-
ogitimes, rappelez-vous ce sang
»qui coule dans vos veines; jetez
oies yeux sur le^-monumens de
«gloire qui vous environnent:
a88 riE
«reprenez votre antique grandeur
net les vertus de vos p<,'res. » Le
général Berthier prit les rênes du
gouvcrnenienl,qui n'avait encore
que des chefs nominaux. Il coui-
mença par faire célébrer une cé-
rémonie funèbre en l'honneur du
général Duphot, auquel on éleva
un monument expiatoire sur la
place même du Vatican. On créa
ensuite un directoire sous le nom
de consulat, qui devait remplacer
l'ancien gouvernement. Ces car-
dinaux, si fiers de leur dignité, se
trouvent dépouillés tout-à-coup
de ces brillans dehors dont s'eni-
vrait leur orgueil. Enveloppés in-
distinctement dans la même pros-
cription, ils ne devinrent intéres-
sans que depuis qu'ils étaient
malheureux. Au milieu de la fer-
mentation générale qui ré{;nait à
Home, on conçut des craintes [)Our
la sûn^té du pape, dont la person-
ne pouvait réveiller des sentimens
opposés dans les deux partis qui
s'étaient formés à sa chute. Les
commissaires Irançais demandè-
rent son éloigiiement de la capi-
tale, et même de l'état ecclésias-
tique. Dans la nuit du 19 au ao
février, il prit la route de Yiterbe,
en s'éloignant du Vatican, qu'il
ne devait plus revoir. Conduitd'a-
burd à Sienne, dans uncouvent des
Auguslins, il y vivait paisiblement
lorsqu'un tremblement de terre
vint ébranler l'asile qu'on lui a-
vait choisi, et fit écrouler plusieurs
bâtimens voisins. On le transféra
à la Chartreuse de S. Cassia-
iio, près de Florence, où il reçut
la visite du grand-duc et de sa
fiimille, ainsi que celle du loi et
de la reine de Sardaigne. Com-
bien de rétlexioiîS ne dut-elle pas
PIE
faire naître, cette réunion de sou-
verains détrônés ou menacés de
l'être! Le directoire, inquiet sur
le sort de l'Italie, vint troubler de
nouveau la retraite de Pie VI : on
craignait que, voisin encore de
ceux qu'il avait si long- temps
éblouis de l'éclat de, sa dignité, le
pape ne servît d'occasion ou de
prétexte à quelque complot con-
tre la sûreté générale. Il fut ques-
tion de l'envoyer à l'abbaye de
Molk, où il s'était arrêté peiîdant
son voyage de Vienne ; mais la
guerre éclatée entre l'empereur
d'Autriche et le gouvernement
français ne permit pas qu'on exé-
cutât ce projet. II fallut se décider
pour la France; et, le 27 mars
1799, Pie VI se mit en route pour
se rendre à Valence, lieu marqué
pour son exil, où il arriva le 14 juil-
let suivant; son entrée dans cette
ville eut presque l'air d'un triom-
phe : la générosité française ne se
montra jamais mieux que dans
cette occasion ; elle dut êf.re d'une
grande consolation pour le cœur
d'im vieillard rempli de chagrin
et d'amertume. Son séjour n'yfut
pas de longue durée; son grand
âge, ses malheurs et ses infirmi-
tés qui s'étaient accrues pendant
ce voyage, tout avait contribué à
hâter la fin de ses jours. On ve-
nait encore lui signifier l'ordre
donné par le directoire de le trans-
porter à Dijon , lorsqu'il fut saisi
par un vomissement qui le laissa
sans connaissance. Revenu à lui,
il demanda son confesseur, et se
disposa ù recevoir les derniers sa-
cremens, que le cardinal Spina
lui administra. Se sentant appro-
cher de sa fin 5 il voulut qu'on le
revêtît de ses habits pontificaux,
^^y
43.
VII.
Fri'iiiif iM.e/ Seuil)
PIE
e.l qu'on le descendît de son lit
de repos. Il fit sa profession de foi,
pria pour l'éj^lise, et déclara qu il
pardonn.iil à ses ennemis. C'est
ainsi qu'il s'éteignit le 29 août
1 799. âj^é de prcsqne 82 ans, dont
il avait passé les vingt- quatre
derniers sur le trône. Ses restes,
déposés d'ab'>rd dans un souter-
rain de la citadcile de Valence,
lurent qnelqiii- temps après remis
au mênje cardinal Spina, et trans-
portés à llome,oi\ les attendait un
magnifique tombeau élevé dans la
basilique de Saint-Pierre. Pen-
dant son règne, un des plus longs
qu'ait vus l'église, Pie VI créa 62
cardinaux, parmi lesquels son suc-
ce>seur et quatre Français, iVlM.
de La Rochefoucauld, de Rohan,
de Louiénie et de Montmorency.
Pie VI illustra les dernières an-
nées de sa vie par la nobie et tou-
chante résignation qu'il montra
dans ses adversités. Se niettant à
la hauteur de son infortune,
n'ayant plus d'état à gouverner
ni d'intérêts à défendre, il ne prit
soin que de sa dignité. Une vie
j)ure, un âge avancé, une figure
imp(»«iante, ^on haut rang, et l'ha-
bitude qu'il avait de la représen-
tation, intéressaient vivement en
sa faveur, et les vertus du tnar-
tyr ex|>ièrtnt les torts du pontife.
Il i.'en eut pas de graves à se ra-
procher, n'ayant été ni persécu-
teur, ni fanatique; sa vanité seule
doit être regardée comme la sour-
ce principale de ses fautes et de
ses revers. Par une destinée sin-
gulière, l'honnne qui avait tou-
jours lutté contre la France, n)ou-
rut recevant les hommages dé-
sintéressés de tous les Français, et
celui qui par ses erreurs avait le
T. XVI.
PIE 289
plus contribué à l'abaissement du
pouvoir spirituel, lui fut d'une
grande utilité, et contriiuia peut-
être à le relever par sa catas-
trophe. Pie VI, grand, bien fait,
d'iuie physionomie heureuse,
ayant la démarche noble, tirait
vanité de ces avantages extérieurs,
et cherchait toutes les occasions
pour les faire admirer. On lui a
sévèrement reproché cette faibles-
se peu digne d'un esprit judi-
cieux, et presque coupable dans
un souverain pontife. Mais la plu-
part des cérémonies religieuses
sont destinées à frapper les sens,
et rien n'était plus imposant que
de voir , dans des jours d'appa-
reil , Pie VI la tète ceinte d'un
triple diadème, paré de vête-
niens d'une blancheur éblouis-
sante, planer sur une multitude
prosternée, et semblant annon-
cer aux peuples sa domination
universelle sur la terre.
PIE VII ( Grégoire -Barnabe-
Louis - Chiaramonte ) , naquit à
Césène le 24 août 174a. Sa famille,
plus noble que riche, se disait
l'alliée de l'illustre maison fran-
çaise de Clermont. Entraîné par
une véritable vo' ation , le jeune
Chiaramonte adopta l'institut de
Saint- Benoît, où ses premières
années se passèrent dans la médi-
tation et l'élude. Après avoir en-
seigné quelque temps là théologie
dans son couvent, dont il de-
vint abbé, il se vit élevé à la
dignité épiscopale, occupant suc-
cessivement les sièges de Tivoli
et d'imola. Ce fut daus cette der-
nière résidence qu'il reçut le cha-
peau de cardinal. En 1796, lors-
que l'armée française envahit l'I-
talie, pîfr une absurdité dont les
'9
ago PIE
hommes se sont rendus souvent
coupables, ou tourna contre les
populations, les armes destinées
à briser leurs chaînes. Le car-
dinal Chiaramonte se trouvait
au milieu d'une masse insurgée
contre les Fruiçais, et à la tête
d'un diocèse arraché au sceptre
pontifical pour faire partie d'une
nouvelle république, dont la cons-
titution blessait le double pouvoir
de Rome. Dans une position aussi
difTuile, où un prince de l'église
ne p()uvait qu'applaudir aux ef-
forts de ses diocésains contre des
soldats étrangers, l'évêqued'lmo-
la, ne calculant que les maux prêts
à fondre sur un peuple inexpéri-
menté, rappela son troupeau à
l'ordre et à l'obéissance, et se
chargea de plaider sa cause au-
près d'un vainqueur irrité , dont
il parvint à désarmer la vengean-
ce. .Voulant s'opposer en même
temps aux machinations des arti-
sans de discorde , et combattre les
fanatiques avec leurs propres ar-
mes , il publia cette fameuse ho-
mélie, monument de paix et de
sagesse, où il établit, par l'appli-
cation adroite de quelques pas-
sages de l'Ecriture, la compatibi-
lité de la religion catholique avec
le système républicain ; usant ainsi
de J'influence de son ministère ,
pour empêcher que le peuple ne
se jetât dan.s les chances incalcu-
lables d'un mouvement révolu-
tionnaire. Cette conduite lui ga-
gna Teslime des vainqueurs, et
la reconnaissance de ses ouailles,
que sa voix seule avait pu arrêter
sur le bord de l'abîme. La mort
de l^ie VI laissait le vaisseau de
l'église expo&é à mille tempêtes.
Il y avait plus de dévouement que
riE
de calcul à vouloir en être le pilo-
te; cependant toutes les ambitions
étaient en jeu pour en saisir le
timon. Le conclave qui s'ouvrit à
Venise vit accourir de toutes parts
les membres épars du sacré-col-
lége , qui durent s'étonner de ce
qu on leur permettait de s'occu-
per de la réélection d'un pontife.
Le cardinal Cbiaramonte parut au
milieu de ses confrères sans pro-
jets et sans espérance. Il ne se
flattait pas de trouver une cou-
ronne diuis une ville où , sans les
secours d'un ami, il aurait été
embarrassé d'arriver. Mais le sort
en avait disposé autrement : l'é-
vêque d'Imola fut proclamé pape,
par une de ces transactions, qui
déterminent souvent le choix d'un
conclave. 11 s'empressa de se ren-
dre à Rome, contre l'avis de plu-
sieurs cardinaux, et malgré les
démarches de la cour de Vienne ,
qui aurait voulu le retenir dans
une ville soumise à la domination
autrichienne. Il trouva sa capi-
tale occupée par les troupes na-
politaines, dont la présence ne
l'empêcha pas de désapprouver la
sanglante réaction de la cour de
Sicile contre ses sujets , et de se
prononcer fortement contre l'exé-
cution d'un évêque et de plusieurs
ecclésiastiques. La révolution du
18 brumaire venait de changer la
face des afl'aires en France. Bona-
parte, en renversant la constitu-
tion qu'elle s'était donnée, et que
la faiblesse du directoire-exécutif
n'avait pas pu garantir, avait lait
un essai hardi de ses forces. 11 ne se
déguisa pas la facilité qu'il aurait
de s'emparer du pouvoir, et par-
mi les moyens qu'il se proposait
d'employer, la religion ne lui pa-
PIE
rut pas le moins puissant pour s'y
affermir. Lorsque la victoire de
Marengo remit complète me ntdans
ses mains les destinées de la Fran-
ce, il crut ce moment favorable
pour exécuter ses projets. Au mi-
lieu du carnage de cette journée
et sur le champ de bataille même,
il ouvrit les premières négocia-
tions avec le saint-siége , dont il
réveilla toutes les prétentions. Un
concordat entre Home et la France
fut signé, à Paris, le i5 juillet
1801, et cet acte, qui a eu une si
grande influence sur notre avenir,
rendit nécessaire la promulgation
des lois organiques , qui au lieu
d'en faciliter l'exécution , ne firent
qu'en entraver la marche : les
deux parties auraient voulu res-
saisir dans l'application du traité,
les concessions qu'elles s'étaient
faites par le traité même. Dans le
système de Bonaparte , les ecclé-
siastiques n'étaient que des fonc-
tionnaires publics entièrement
soumis à l'autorité civile , tandis
que d'après les maximes de la cour
de Rome , ils ne devaient recon-
naître , pour ce qui regardait la
disciplitie inférieure de l'église et
la direction des consciences, d'au-
tres chefs que leurs évêques, ni
d'autre autorité que l'ultramon-
taine. Cette divergence d'opinions
et de principes était une source
intarissable d'empiétement et de
griefs, qui augmentaient chaque
jour la niésintelligence entre les
deux gouvernemens. Il y eut quel-
que apparence de réconciliation
vers l'aïuiée i8o4> époque à la-
quelle le premier consul, devenu
empereur, se montra moins hos-
tile envers le pape, pour l'attirer
à Paris, où il désirait se faire cou-
PIE
291
ronner par lui. Cet acte a été re-
gardé par les vieux républicains
couuïie tendant surtout à rempla-
cer la souveraineté du peuple par
le droit divin, etàdé[touiller la ré-
volution de ^a première conquête.
Pie VII désista lonj^^-temps à cette
invitation : il ne se dissiidulait pas
qu'en C(uisentaulà jdaccr le diadè-
me impérial sur le front d'un con-
quérant , il se détachait de la ligue
des anciennes dynasties, et con-
courrait au triomphe des nou-
velK s doctrines qui avaient porté
les plus graves atteiiites au pou-
voir spirituel. Mais d'autre côté
la France était rt-ntrée dans le gi-
ron de réglise : il aurait été par
conséquent ridicule de prêcher
une croisade ccuitre une monar-
chie religieuse, puisqu'elle n'a-
vait pas réussi contre une républi-
que prétendue athée : il était plus
sage d'accepter les offres d'un ami
puissant, ne pouvant pas être un
redoutable adversaire. D'ailleurs
l'église avait été relevée par le
consul, et il était juste qu'elle se
chargeât de sacrer l'empereur :
il y aurait eu en outre une espèce
d'inconséquence de vouloir pren-
dre avec la même personne une
attitude différente, par la seule
raison que ses titres n'étaient plus
les mêmes. Ces considérations dé-
terminèrent Pie Vli à entrepren-
dre le voyage de Paris. Dans un
consistoire qu'il tint quelques
jours avant son départ, il annon-
ça que la correspondance de Na-
poléon était si satisfaisante, et
ses promesses d'améliorer le sort
de l'église .«-i positives, que ceftt
été presque un crime de ne pas
se rendre à ses sollicilations. Le
pape quitta Rome le a novembre
393
PIE
1804, et après i.\ jours de voya-
ge, il arriva à Fontainebleau, où
il eut une première entrevue avec
l'empereur. L'accueil qu'il avait re-
çu d'un peuple regardé jusqu'alors
comme irréligieux, lui donna la
mesure de ses l'orccs, et lui servit
peut-être ù calculer la résistance
qu'il pourrait opposer aux pré-
tentions futures de son nouvel
allié. 11 lui présenta une série de
demandes toutes relatives aux
besoins de l'église, à l'indépen-
dance des pasteurs, et à la sup-
pression de plusieurs articles or-
ganiques. Mais Naptjléon exigeait
des concessions, et n'était pas dis-
posé d'en faire. Peu après les cé-
rémonies du sacre, le pape se re-
mit en route pour «es états, sans
avoir rien obtenu de l'heureux
guerrier sur lequel il venait de dé-
poser la couronne des Césars. Il
ne tarda pas à se re[)cntir de
sa condescendance : il y avait à
peine six mois qu'if avait quitté la
capitale de l'enipire, que le géné-
ral Saint-Cyr eut ordre d(; s'em-
parer d'Ancône, et d'en occuper
le château et le port. Pie VII éleva
la voix pour se plaindre de cette
violation de territoire; mais ces
réclamations ne j)ouvaienl pas
contrarier les grands plans mili-
taires de Napoléon , qui armait
l'Europe contre l'Angleterre; loin
d'obtenir l'évacuation d'Ancône,
il eut la douleur de se voir enle-
ver toutes les villes situées sur les
côte? de l'Adriatique, ainsi que
les deux principautés de Béné-
vent et de Pontecorvo, dont on
disposa en faveur de d(;ux amis
deî'emriereur. Ces envahissemens
brouillèrent les rapports formés
entre Napoléon et Pie VII , et ren-
PIE
dirent impossible toute réconcilia-
tion entre eux. L'un s'annonçait
comme le vicaire de Jésus-Christ,
l'autre se disait le successeur de
Charlemague, et ces deux volon-
tés, dont l'une était absolue par
caractère, et l'autre inflexible par
devoir, formaient une espèce de
nœud gordien que i'épéc seule
pouvait trancher. Les heureux ré-
sultats des campagnes de i8o5 et
1806, mirent Napoléon en état
d'accomplir ses desseins sur l'Ita-
lie. Il poussa se* légions jusque
sur le détroit de Sicile, détrôna
les Bourbons de Naples , occupa
la ville de Bome, et donna les
Marches au royaume d'Italie, et
l'EtrurieàlaFrance.PieVII protes-
ta du haut de son trône chancelant
contre ces nouveaux envahisse-
mens, et pria l'empereur de lui dé-
clarcrpositivement quelles étaient
ses intentions sur les états de l'E-
glise. Il Je les respecterai, lui fit
«répondre Napoléon, à condition
«que vos ports seront fermés aux
«Anglais, et vos places ouvertes
Ȉ mes soldats, chaque fois que
"l'Italie sera menacée d'une inva-
»sion étrangère. » Ces demandes,
qui étaient en harmonie avec la
politique de la France, ne furent
pas acceptées par le pape : il ré-
pondit que son ministère sur la
terre était un ministère de paix,
qui lui défendait de se mettre en
état de guerre permanente contre
aucune puissance de l'Europe,
encore moins contre l'Angleterre,
qui aurait pu aggraver le sort des
catholiques d'Irlande. Ce refus fut
payé de menaces : à une réception
à Saint-Cloud, l'empereur dit au
cardinal Caprara, que si le pape ne
se rendait pas à ses désirs, il ferait
l'IE
occuper le reste de ses états , et
attacher les aigles aux portes de
toutes ses villes. Pie VII com-
prit alors qu'il n'y avait pas à lut-
ter avec un caractère aussi indomp-
table. Dans un mouvement d'indi-
gnation , il se rappela qu'il por-
tait un trirègne, et s'élevant sur
l'abîme prêt à l'engloutir, il en
mesura courageusement la pro-
fondeur. Dès-lors son parti fut
arrêté : il ne fallait pas, comme
?on prédécesseur, combattre avec
ses moyens temporels; il ne devait
employer que son pouvoir spi-
rituel, et opposer la résignation
à l'emportement, et la conscience
à la force. Il donna ordre au car-
nal Caprara, son légat à Paris, de
cesser toutes ses fonctions publi-
ques, aussitôt que Napoléon en
serait venu aux mesures extrê-
mes qu'il lui avait annoncées.
Il écrivit à Napoléon lui-même
pour lui reprocher tous ses torts,
et le menacer de faire usage de la
force que le Dieu tout- puissant avait
mise dans ses mains; il lit enfin
transmettre à tous les membres du
corps diplomatique résidant à Ko-
me, les copies de sa correspon-
dance avec la cour impériale des
Tuileries. Cette résistance enflam-
ma la colère de l'empereur. Vain-
queur des plus grands potentats
(le l'Europe , il ne souffrit pas
«pie le chef d'im état borné , sans
soldats, sans argent, sans ressour-
ces, osût résister à su volonté, et
lui tenir même un langage mena-
yunt. La pejte du gouvernement
papal fut décidée : rien ne pouvait
plus le mettre à l'abri du ressenti-
ment d'un monarque tel que celui
qu'on venait de braver. La ruptu-
re inattendue d'une nouvelle guer-
PIE
ligo
rc, remplit la pensée de Napo-
léon de soins plus importaris, et
relarda de quelque temps encore
la chute du saint-siège, qui ache-
tait par des humiliations et des
sacrifices, les derniers jours de su
pénible existence. Depuis l'arri-
vée du général iMJollis à Rome, lu
capitale du monde chrétien était
gouvernée militairement sons les
yeux du chef de l'église, qui, en-
fermé dans le Quirinal, conser-
vait l'attitude d'un général délogé
de sa place, et assiégé dans une
citadelle. On l'entendait souvent
protester contre les actes du nou-
veau gouvernement, qui n'aurait
fait aucun cas de ces réclamations
si le pape n'avait imposé à ses
employés le devoir de la déso-
béissance. Cette opposition, hono-
rable sans doute pour celui qui
l'exerçait, plaçait l'empereur dans
l'alternative de reculer ou de pas-
ser outre. H se jeta dans ce iler-
nier parti, qui était plus confor-
nje à son caractère. Par un décret
daté du camp de Vienne, il onlon-
na la réunion définitive des étals
romains à l'empire. En le procla-
mant à Rome, ou redoubla de pré-
cautions et de surveillance. La
garnison n'y était pas nond)reuse,
et en cas de soulèvement il eût
été dillicile de contenir la popu-
lace. On tâcha de pénétrer ce qui
se passait dans l'enceinte du Qui-
rinal; mais, connue toutes les a-
venues en avaient été murées, et
que rien ne transpirait au dehors,
on craignit qu'il ne s'y tramât
quelque complot. Les membres
de la consulte, usant amplement
des pouvoirs dont le gouv(!rne-
ment avait cru nécessaire d<; les
investir, résolurent de se reridie
294
PIE
maîtres de la personne du pape.
Le plan d'enlèvement fut combi-
né entre les généraux Miollis et
Uadet. Dans la nuit du 5 au 6 juil-
let 1809, un détachement consi-
dérable de la f!;arnison de Uonie
se porla en silence vers le palais
du Quirinal , et l'investit de tou-
tes parts. Le général Radet, à la
tête de quelques soldats, pénétra
jusque dans les appartemens du
pape, qu'il trouva revêtu de ses ha-
bits ordinaires, et occupé à écrire.
Le général s'approche pour lui
déclare) que ce n'était qu'en abdi-
quant sa souveraineté temporelle,
qu'il pourrait continuer à séjour-
ner à Rome. Le pape lui répondit
que n'étant que Fadministraleur
(lu domaine de l'Kgiisc , il ne pou-
vait [las disposer d'un bien qui ne
lui apparienait pas. « Dans ce cas,
reprit le général, j'ai ordre de
vous emmener hors de Rome. »
Pic VII, sans rien dire, se lève,
et sort de son appartement, en
donnant la main au cardinal Pacca,
son secrétaire d'état. Tant de ca-
lamités, accumidées sur la tête
d'un vieillard, n'en ébranlèrent
pas le courage : sa conduite lut
toujours ferme, noble et exem-
plaire. Le seul acte qu'on pourrait
lui rcpr(»cher, ce serait la bulle
d'excommunication lancée contre
Napoléon et ses agens : mais
dépouillé de toute puissance tem-
porelle, c'était le seul moyen de
protestation qui lui restait, et on
ne peut pas lui faire un reproche de
l'avoir employé. On le conduisit à
Savone, lieu fixé pour son exil. Il
s'y montra , comme à Rome ,
au-dessus de ses malheurs, inac-
cessildc à la séduction et à la
crainte. Repoussant toutes les pro-
PIE
positions qu'on lui fit pour le
fléchir, il disait qu'il ne pourrait
s'occuper des affaires de l'église ,
qu'étant libre ; et qu'il ne le serait
que sur son trône, et au milieu de
son fieuple. C'est à peu près la ré-
ponse donnée aux évêques qui lui
écrivirent de Paris, et à ceux qui
allèrent le solliciter à Savone. Fa-
tigué de cette résistance, l'empe-
reur voulut opposer les décisions
d'un concile à l'autorité du pape :
il convoque un sjmode composé
des évêques de France et d'Italie,
qui, au nombre de quatre-vingt-
quinze , s'assemblent le 17 juin
1811, dans la basilique de Notre-
Dame. Depuis le concile de Trente,
on n'avait pas vu une plus nom-
breuse réunion d'évêques : ils
étaient présidés par le cardinal
Fesch , qui , a{)rès les cérémonies
d'usage, invita chacun des mem-
bres présens à répéter le serment
qu'il prononça le premier , de se
tenir attaché à la foi. et de rendre
au pontife romain une véritable
obéissance. Ce début suffit à l'em-
pereur pour pénétrer l'esprit de
l'assemblée : il ne tarda pas à
la dissoudre, pour ne pas rencon-
trer un obstacle là où il s'était
flatté de trouver un appui. Peu
avant son départ pour la Russie,
Napoléon ordonna que le pape
vînt habiter Fontainebleau , où il
alla le voir, en revenant de cette
désastreuse expédition , qui avait
ruiné sa puissance. Il y posa les
bases d'un nouveau concordat,
que le pape refusa de ratifier: l'em-
pereur se disposait à venger celte
insulte, lorsque sa situation, deve-
nue plus précaire, l'obligea de
songer à sa propre défense. Il
avait à combattre les soldais de
PIE
presque toute l'Europe, qui se pré-
cipilaicnt sur la Frtince. Deux
rois sortis des rangs de l'armée
française , et portés sur le trône
par le bras victorieux de nos guer-
riers, s'étaient ralliés aux enne-
mis de leur patrie, et tournaient
leur fer sacrilège contre leurs an-
ciens compagnons de gloire. La
défection du roi Joacliim(iioj. iMu-
bat) influa beaucoup sur la déli-
vrance du pape, dont l'apparition
en Italie ne pouvait que déranger
les calculs ambitieux de cet im-
prudent transfuge. Pie VII quitta
Fontainebleau le 20 janvier 1814,
et traversa en triomphe la France
et l'Italie. Arrivé sur le ïaro , il
fut remis aux avant- postes napo-
litains, qui l'escortèrent jusque
dans sa capitale. loachim alla à sa
rencontre , et dans une entrevue
qu'il eut avec lui, il tâcha d'en
obtenir la cession des Marches,
dont il s'était emparé ; mais le
même homme qui avait eu le cou-
rage de les refuser à Napoléon
dans la grandeur, n'était pas fait
pour les céder à un de ses lieute-
nans dans la disgrâce : il réclama
la restitution de ses états, et pro-
testa contre les traités qui en a-
vaienl disposé. Dans ce voyage, le
pape montra un grand talent de
conversation, et témoigna bcau-
eoup d'égards aux généraux qui
l'accompagnaient : il leur parlait
souvent de Napoléon , avec plus
d'intérêt que de ressentiment. Un
jour, s'étant arrêté près de Narni,
un paysan, affligé d'une maladie
chronique, se traîne jusqu'à sa
voiture, en lui demandant avec
ferveur de le guérir avec sa puis-
sance. Pie VII se tourne du côté
de l'officier qui se tenait à sa por-
PIE agS
tière , et lui dit : « Général, voyez
si ce peuple est fait pour l'indé-
pendance quevous voulez lui don-
ner. ') Ce grandenlhousiasme qu'il
avait révt^illé sur son passage, di-
minuait pourtant à mesure qu'il
s'approchait des états qui crai-
gnaient de retomber sous la théo-
cratie romaine. En effet, l'adminis-
tration de Fie VU fut d'abord un
mélangede modération et de violen-
ce. L'une était dans son conseil, et
l'autre dans son caractère : se lais-
sant aller aux insinuations de ses
amis , il faillit perdre sur le trône
l'opinion qu'il s'était acquise dans
l'exil. Lorsque Joachim tenta vai-
nement de soulever l'Italie contre
l'Autriche, Pie VII dut encore
destendre de son siège pour se
nitttre à l'abri d'une invasion. Il
paraissait disposé à s'abandonner
aux promesses de Joachim, qui
lui av-tit t'ait dire que sa capitale
ne serait })oint occupée; mais le
ministre de Vienne calculant que le
pape eu fuite devant les troupes
napolitaines, produirait une fâ-
cheuse iuipre-sion sur le peuple,
détermina l'ii; Vif à se retirer en
Toscane, et ensuite à Gênes. La
restauration des Bourbons sur le
trône deNaples, ramena le pape
dans ses états, dont le congrès de
Vienne respecta l'intégr té et l'in-
dépendance. Le cardinal Gonsal-
vi , (jui s'était mis à la tête des
affaires, suivit l'impulsion gi-né-
rale, qui tendait à la modération et
à la tolérance. Il chercha même à
doimerà l'administration nmiaine
une organisation tdus régulière, et
des formes moins surannées :
mais il s'aperçut bientôt qu'im
gouvei iiement théoctratique est de
sa nature incompatible avec les
296 PIE
perfectionnemens et les réfor-
mes. Il se contentii d'ouvrir un
asile aux proscrits,, d'accorder
une noble hospitalité aux indi-
vidus de toutes le.- comniunious,
d'empêcher toute espèce de réac-
tion . et de s'opposer au zèle
des dévots et des fanatiques.
Mais l'acte le plus maonaniine
du règne de l'ic VII, fut d'ac-
cueillir avec empressement dans
ses états, la fau)ille erranle de
l'homme dont il venait de quitter
les priions, et de la soutenir dans
l'adversité, contre la h<iine de
ceux qui en avaient mendié la fa-
veur dans la fortune. Pie VU ,
malgré ses malheurs , avait con-
servé une santé parfaite, jusqu'i'i
un âge très-avancé: rien n'annon-
çait encore sa mort, lorsqu'un ac-
cident vint la hâter. Le 6 juillet
1825, jour anniversaire de son
enlèvement de Kornc, le pape
se félicitait d'avoir passé heureu-
sement cette journée. Le soir,
vers les dix heures, après avoir
renvoyé son service, il s'entretint
quelque temps avec son audi-
teur, qu'il congédia bientôt. Res-
té seul, il voulut se lever de son
fauteuil, en s'apj)uyant d'une main
sur son bureau, et en chferchant
de l'autre un cordon attaché à la
muraille ; n'ayant pas pu l'attein-
dre, il tomba sur le carreau de
marbreeutre la table et le fauteuil.
Plusieurs personnes étant surve-
nues à ses cris, on le releva pour
le porter sur son lit. Quelques
mouvemens convulsifi^ firent con-
naître quelle avait été la A'iolence
de la chute. Dès la première visi-
te, les chirurgiens déclarèrent que
le col du fémur était cassé. La fa-
culté réunie confirma ce premier
PIE
jugement. Pendant huit jours, on
laissa ignorer au pape la gravité
de riiccidciit qui lui était arrivé.
Quand on le lui apprit iln'enparut
ni sur}iris ni affligé. La maladie se
prolongea près de six semaines,
avec des alternatives de bien et de
mal. Vers la fin cependant, la fai-
blesse s'accrut tont-à-coup au point
d'enlever toutes les espérances de
le conserver. Le 16 août, le déli-
re se joignit au reste des symptô-
mes eft'rayans qui s'étaient annon-
cés depuis quelques jours. Le
malade se croyait à Savone et à
Fontainebleau. Le lendemain, le
mal devenu plus alarmant enco-
re, le saint-père demanda à com-
munier. Peu après, il perdit la
parole : on apercevait seulement
à quelque» sons articulés de sa
voix, qu'il était intérieurement en
prière. Aussitôt que cette nouvel-
le se répandit dans Rome, un sen-
timent universel de regret et de
douleur se manifesta dans toutes
les classes d'habilans. Ils appri-
rent bientôt que Pie VII n'était
plus; il expira le ao août iSaS.
Pie VII a eu la gloire de laisser à
son successeur le patrimoine de
l'église dans son antique intégri-
té, et l'héritage, plus précieux
encore, de ses vertus et de sa dou-
ceur. Son nom sera chéri par la
postérité, si les jésuites qu'il a
rétablis ne la forcent à le mau-
dire.
PIE (N.), grenadier français,
l'im des premiers qui, en 1792,
volèrent à la défense de la patrie,
se distingua autant par la noblesse
de ses sentimens que par son cou-
rage. Blessé à la retraite de Quié-
vrain , au moment où une partie
de l'armée venait de s'insurger
PIE
et de massacrer un de ses chefs,
il parut moins touché de i>n bles-
sure que du désordre qui régnait
parmi les troupes, et dit à Alexan-
dre lieauharnais, alors adjudant-
général, qui se trouvait près de
lui : u Mon officier, achevqz-
'imoi, qne je ne voie pas la
"hotite de cette journée; vous
» voyez que je meuis à côte de
nmon fusil, avec la douleur de
«ne plus pouvoir le porter.» Ou
transporta ce brave à l'hôpital de
Valenciennes. L'assemblée législa-
tive, iristruite de ce lait, décréta
que le nom de Pie serait inscrit
au procès-verbal de ses séances,
qu'il lui serait envoyé un sabre
d'honneur, et que son président
lui adresserait une lettre detelici-
talion. Jlétabli de sa blessure,
il rejoignit son corps, et fut tué
(|uelque temps après sur le champ
de bataille.
PIEDOU-D'HÉUÏTOÏ (N.),
fut nommé , au mois de mars
i7<)7, député au conseil des an-
ciens par ledéparîenientdu Calva-
dos. Conmie il était de ceux qui
attaquaient chaque jour les me-
sures du directoiie- exécutif, il
en fut bientôt la victime. Non-
seulement on annula son élec-
tion par suite de la journée du
18 fructidor an 5 (^ septembre
1797), mais encore on le mil en
état d'arrestation. Il recouvra la
liberté quelque tempsaprés, et de-
puis cette épo(]ue ne reparut plus
sur la scène politique.
PIENEMAN (Jean-Guillaume),
peintre dhistttire, chevalier de
l'ordre du Lion-Belgique, mem-
l)re de l'institut royal des Pays-
lias, né en 1779, à Abconde, vil-
lage situé ù deux lieues d'Aïuster-
PIE 297
dam. Il perdit, dès l'âg-e de 2 ans,
son père; sa mère, qui s'établit à
Amsterdam, et ses tuteurs, le des-
tinaient au commerce , mais le
jeune Pieneman marquait, dès sa
tendre enfance, des dispositions
extraordinaires et un goût pro-
noncé pour la peinture. Sans maî-
tre proprement dit, il se forma
lui-même en étudiant la nature,
et en travaillant avec assiduité i\
acquérir toutes les connaissances
nécessaires pour parcourir, avec
succès, la carrière des arts. Les
institutions publiques pour l'en-
couragement et l'étude des arts,
établies à Amsterdam, et surtout
l'acîidémie de dessin de cette ville,
où les jeunes élèves travaillaient
d'aprè< le modèle vivant, furent
d'un grand secours pour le jeune
peintie, Dénuéde fort meetobligé
de trouver des moyens d'existence
dans son talent, il s'essaya dans
les genres divers du paysage, du
portrait, des tableaux d'histoire,
et obtint des succès dans tous.
Eu 1800, il remfiorta le premier
prix à l'académie «l'Amsterdam;
les trois années suivantes, la so-
ciété connue sous le nom de FelLtx
Meritis, lui décerna aussi ses pre-
miers prix pour deux grands pay-
sages et un tableau d'histoire. En
1804 et i8o5, il obtint les mêmes
avantiiges ù l'académie de Leyde,
pour son grand tableau de Aj.vt-
mnqae, blessé par Alexandre, et
pause par ce prince, et pour un
paysage re])résentant un Clair de
lune cl an village en feu. M. Pie-
neman fut quelque temps après,
nommé professeur de dessin à
l'école d'artillerie et de génie éta-
blie alors à Amcrsi'ort, et trans-
portée depuis à Ddft. Il conserv*
298
PIE
cette place sous les différens gon-
vernemens qui se sont succédé
en Hollcinde; et depuis la création
du nouveau royaume des Pays-
Bas, il a été appelé par le souve-
rain, en 1816, à la direction du
cabinet royal de tableaux à La
Haye, fonctions qu'il remplit en-
core aujourd'hui. On doit an pin-
ceau facile et gracieux de M. Pie-
neman, une foule de tableaux de
divers genres qui enrichissent les
cabinets de la famille royale et de
quelques particiditrs. En ces der-
niers temps, il s'cat surtout occu-
pé de satisfaire à l'orgueil natio-
nal des Belges, en peignant des
tableaux de bataille où leurs faits
d'armes sont retracés. Le combat
dit des Qualre-Bras, dans lequt-l
le jeune prince d'Orange fut bles-
sé, a fourni le sujet d'un tableau
de 20 pieds de largeur, sur i3 d'é-
lévation, commandé par le gou-
vernement, et qui passe pour le
chef-d'œuvre de l'auteur. Il a été
successivement exposé à Amster-
dam, à Bruxelles et à Gand, et on le
cite comme im de ceux qui font
le plus d'honneur à l'école hollan-
daise moderne. M. Pieneman est
ausî^i membre des sociétés des
beaux-arts d'Anvers, de Gand et
de Bruxelles. Cette dernière ville
lui a en outre décerné, en 1818,
une médaille d'honnetu".
PIERRES(PinLipPE-UENis),l'nn
des plus célèbres typographes du
i8°" siècle, naquit à Paris en 1 74 '•
A la suite d'excellentes études, il
embrassa la profession d'impri-
meur, et acquit bientôt, par la
connaissance approfondie de son
art , une réputation méritée. Il
obtint le titre de premier impri-
meur du roi, et fut choisi par le
PIE
roi de Pologne pour fournir le .
plan de la bibliothèque publique
que ce prince voulait établira Var-
sovie, et faire le choix des livres
qu'elle devait contenir. Pierres a
publié sur la typographie plu-
sieurs ouvrages du plus grand in-
térêt pour ceux qui pratiquent cet
art. La révolution détruisit sa for-
tune, et le força d'abandomier Pa-
ris, pour aller chercher un refuge
à Versailles. Il ne tarda pas à quit-
ter cette ville, et se retira à Dijon,
où il vécut dans, l'obscurité jus-
qu'à l'époque de sa mort, arrivée
le 28 février 1808. Il occupait
alors un modique emploi au bu-
reau de la poste aux leltres de Di-
jon. Dans le temps où la philoso-
phie répandait ses lumières sur
l'Europe, et particulièrement sur
la France, Pierres fut lié avec plu-
sieurs hommes célèbres, notam-
ment avec Francklin et Dau-
benton.
PIERRET (J. N.), député à la
convention nationale par le dé-
partement de l'Aube, il se réunit
à la minorité dans le procès du roi,
et vola la détention et le bannis-
sement à la paix. Il fut un des
membres de l'assemblée qui, après
la révolution du 9 thermidor an
2, poursuivirent à leur tour avec
acharnement le parti vaincu, et il
se rendit à cette époque dans le dé-
partement delà Haute-Loire, où il
épura les autorités. Au mois d'a-
vril 1795, nommé secrétaire de la
convention, et le 20 mai suivant
membre du comité de sûreté gé-
nérale, il présenta à la conven-
tion, au commencement de sep-
tembre, un rapport où il attaquait
avec violence les membres des so-
ciétés populaires, les accusant d'à-
PIE
voir provoqué des décrels et des
mesures ultra -révolutionnaires.
Le 1 1 novembre de la même an-
née, il apostropha son collègue
IVomme, et lui reprocha de s'ex-
primer avec trop de faiblesse sur
la conduite exécrable de Carrier.
M. Pierret passa de la convention
au conseil des cinq-cents, dont il
sortit le 20 mai 1797. Il n'a plus
rempli de fonctions législatives de-
puis cette époque.
PlEimON (J. J. L.), néàBriey,
département de la Moselle, fut
l'un des premiers qui, à l'époque
de la révolution, prirent la cocarde
liicolore. Il fonda un club dans sa
ville natale, et fut, en 1790, nom-
mé juge au tribunal civil de cette
même ville. Elu, en 1791, député
à l'assemblée législative, il y mon-
tra peu de caraclère, et chercha
siicce.'si veinent;'» se rapprocher de
tous les partis. Après la session ,
il fut nommé admiuistrateurde son
département. Il en remplissait en-
core les fonctions lorsqu'en 1794»
on l'accusa d'avoir employé des
manœuvres secrètes pour entraver
la vente des biens nationaux. Tra-
duit pour ce fait au tribunal ré-
volutionnaire, il fut condamné à
mort, comme cons{>irateur, le
1 7 floréal an 3 (6 mai 1 794)- Pier-
ron n'avait pas encore atteint !-a
33* année.
PIERROT (François), notaire
à Anvilliers-les-Forges, était mem-
bre du département des Ardennes
à l'époque de la nomination des
députés à l'assemblée législative.
Il y fut élu par son département,
et ne s'y lit remarquer qu'en s'op-
posant vivement à la permanence
des comités. M. Pierrot ne fut
point élu à la convention, et rcn-
PIE 299
tra alors dans l'obscurité de la vie
privée.
PIESTRE (Jean-Louis), impri-
meur-libraire à Lyon, a publié
dans cette ville plusieurs ouvrages
relatifs à sa profession. On cite les
suivans : 1° la Synonymie françai-
se, ou Dictionnaire dé tous les sy-
nonymes français définis jusqu'à ce
jour, par MM. Girard, Beauzée,
Roubaud, G uizot et autres auteurs,
1810, 2 vol. in-13; 2° Nouveau
Vocabulaire français , 4"" édition,
18 13, in-8" : cet ouvrage fut fiiit
en société avec Cormion.
PIET (N.), nommé en i8i5,
par le déparlement de la Sarthe,
membre de la chambre des dépu-
tés, siégea constamment au côté
droit, prit part à toutes les délibé-
rations importantes qui eurent lieu ^
dans les sessions successives jus-
qu'en 1819. Dès le g novembre
181 5, dans les discussions aux-
quelles, donna iieu la loi contre les
cris et les écrits srditinux, il pré-
tend « que le travail du rapporteur
))(M. Pasquier) est fait pour ho-
«norer son auteur;» se prononce
pour l'application de la peine de
mort dans le double cas où le dra-
peau tricolore aurait été arboré,
et dans celui de menace et de pro-
vocation contre la personne du
roi; fait à cette occasion une in-
terpellation énergique aux habi-
tans de l'Ouest, du Midi, du Nord
et de l'Est; attaque les philoso-
phes, et vote enfin avec l'amen-
dement de substituer la peine de
inort à la -ndéporlation. Il appuie
ensuite M. Roux-de-Laborii; sur lu
question d'améliorer le sort du
clergé. Quant aux élections, il dit
que. (' c'est avec une circonspec-
n lion religieuse que la commis^»-
ooo
PIE
» sion a proposé deux modifications
» à la charte , et (prelle se félicite
" de n'en avoir proposé que deux. »
Il fait un rapport sur la proposi-
îion de M. Luchéze-Murel , ten-
dant à rendre aux prêtres l'état-ci-
vil, et vote pour son adoption. Au
sujet de l'extinction des pensions
ecclésiastiques , il démontre que
pour l'église, l'embarras n'est pas
d'administrer, mais d'avoir des
biens à administrer. M. Piet suit
les mêmes principes dans la ses-
sion de 1816 à 1817. £n parlant
sur les établissernens ecclésiasti-
ques, ((Vous savez bien, dit l'o-
«ratfur, ce que cest qu'un évê-
«que; l'évêque et le titulaire s'u-
wniront pour former au i-oi la de-
« aiande d'être autorisés à faire do-
» nation.» Il vote en consé(|uence
avec la commission. Lorsqu'on a-
pita de nouveau la question des
élections, il lit une critique vio-
lente du projet et vota contre, s'ap-
puyant sur cette allégation qui pa-
rut égayer la chambre : (( On a dit
«•que les électeurs seront témoins
»de ce qui se passera, moi je sou-
«liens qu'ils n'y verront rien...»
Il proposa aussi des amendemens
iiti projet de loi relatif aux prison-
niers pour dettes, et dans la dis-
cussion du budget, il compara les
députés qui sondent les plaies de
l'état aux chirurgiens qui, appelés
à faire des amputations cruelles,
se bouchent les oreilles et s'ar-
ment d'insensibilité pour ne pas
entendre les cris de leurs malades;
et après s'être élevé contre l'alié-
Tiation des bois, apanage des rois
de France, et contre la vente des
bois du clergé , il se prononce
pour l'emprunt, et vote pour le
lenvoi du projet au gouverne-
PIE
ment. Dans la session de 1818,
lors de la loi du recrutement, il
parle contre l'avancement par an-
cienneté ; niais dans la discussion
du budget , il s'indigne de ce qu'il
oflVe, comme celui des années
précédentes, un excédant des dé-
penses sur les recettes, parcourt
tous les moyens de se procurer de
l'argent etnployés jusqu'à ce jour;
compare la France à Saturne , qui
dévore les ressources des généra-
tions futures, et propose d'acquit-
ter toutes les dépenses de l'étal
avec 486 millions. M. Piet, dans
les sessions snivanteg, a occupé la
tribune, et y a montré les mêmes
sentimens et la même éloquence.
Il fait partie de la chambre actuel-
le (.824).
PIETllO (Michel di), prélat
romain, naquit à Albano, le 18
janvier i747- H commença ses
études ecclésiastiques au sémi-
naire épiscopal de celle ville, et
les termina à Rome. Après avoir
obtenu de brillans succès dans le.<»
chaires de l'université grégorien-
ne et dans l'archi -gymnase ro-
main , sur l'histoire ecclésiasti-
que et sur le droit canonique, il
fut nommé, par Pie VI, secrétaire
delà congrégation extraordinaire
créée par suite des troubles qui sur-
vinrent dans l'église, dès son avè-
nement au souverain pontificat.
« File eut à s'occuper entre autres
aflaires, dit l'auteur d'une notice
sur M. di Pietro, du synode de
Pistoie, tenu par l'évêque Ricci,
et dont les décisions étaient favo-
rables à ce qu'on nomme les jan-
sénistes. Cette affaire établit des
rapports fréquens entre M. di
Pietro et le savant Gerdil ; et ils
concoururent ensemble à la ré-
PIE
daction de la bulle Juctorem fidei,
publiée en 1794' contre les actes
du synode. On cite encore de M.
di Pit'lro, un mémoire conWii les
actes de la même assemblée. «La
manière dont M. di Pietro justi-
fia dans cette circonstance la con-
fiance du chef de l'église, lui va-
lut toute sa bienveillance, et il
devint successivement, mais en
peu de temps, évêque d'Isaure in
partibus , considteur de l'inquisi-
tion, examinateur du clergé, en-
fin camérier d'honneur de S. S.
Pie VI, forcé de quitter Rome en
1798, nomma M. di .Pietro délé-
gué apostolique , pour tout le
temps que durerait son absence.
« Dans ces circonstances diffici-
les, ajoute l'auteur de la notice
que nous avons déjà citée, M. di
Pietro eut à répondre daas diver-
ses parties de la chrétienté, sur
beaucoup de questions délicates.
On cite plus particulièrement de
lui, dans la collection des brefs
de Pie VI, une Lettre à M. l'évê-
qae de Grasse, et une décision
sur le serment de haine à la royau-
té, exigé en France des ecclésias-
tiques , à cette époque : l'une et
l'autre sont datées (lu24 septembre
1798. » Pie VII étant monté sur
le trône pontifical après la mort
de son prédécesseur, M. di Pie-
tro devint patriarche de Jérusa-
lem et cardinal en 1801. Il suivit
Sf)n sfMiverain en l'rance, lorsque
S. S. s'y rendit poin- sacrer Napo-
léon comme empereur. Nommé
jtrel'et de la propagande, il prit
une part intime à toitcs les afl'ai-
n s (le l'cgîise, et fut le conseil et
le confident du pape, qui le noui-
nia, en 1809, lors de ses discus-
sions avec l'empereur, son dé-
PIE 3oi
légué pour le remplacer à Rome,
d'où il s'éloignait. Mais M. di
Pietro fut bientôt forcé lui-même
de se rendre à Paris. Ce prélat est
accusé par Napoléon, dans les
Mémoires publiés par M. de Mon-
tholon, d'avoir voulu établir dans
les sièges vacans, des vicaires a-
postoliques, et l'on voit dans ce
même ouvrage qu'il en conserva
un vif ressentiment contre le pré-
lat étranger. Celui-ci ajouta de
nouveaux motifs au mécontente-
ment de l'empereur. Refusant,
en 1810, de se rendre à la céré-
monie religieuse du mariage de
Napoléon avec l'archiduchesse
Marie-Louise jJI-^ût privé de ses
revenus, et reçut la défense de
porter les insignes de ses dignités.
Exilé avec les cardinaux Gabrielli
et Oppizzoni, à Semur, départe-
ment de la Côte-d'Or, M. i\\ Pie-
tro rédigea le bref que le pape
adressa dans la même année au
cardinal Maury , archevêque de
Paris. Cette opiniâtre résistance
le fit enfermer lui et ses deux
collègues, au donjon de Vincen-
nes , d'où ils ne sortirent qu'en
181 3, à l'époque de la réconcilia-
tion de Napoléon avec le pape. Il
se rendit i\ Fontainebleau, près de
S. S., dont il fut encore séparé au
commencement de 1814. La Fran-
ce étant subjuguée à cette époque
parles armées étrangères, le car-
dinal di Pietro fut libre enfin de
retourner à Konie , où Pie VII le
nomma sur-le-champ grand-péni-
tencier et préfet de l'index, et en
i8itj, cardinal-évêque d'Albano.
Pourvu, en 1820. des sièges réu-
nis de Porto et de Sainte-Rulline,
il mourut le 2 juillet 1821. Le
cardinal di Pietro, « nourri dans
002
PIE
les principes du clergé romain,
possédait aussi cette trempe de
caractère circonspect et flexiiîle,
qui semble en faire partie ; il était
considéré comme une des lumiè-
res du sacré-coUége, tant pour ses
connaissances théologiques que
pour sa capacité dans les affaires.»
PIETTE (J. B.), fut nommé
par le département des Arden-
ues, député suppléant à la con-
vention nationale, et n'y fut ap-
pelé qu'après le procès de Louis
XVI. Il y professa des principes
modérés, parla en faveur des
créanciers des émigrés, prit la
défense de plusieurs citoyens
du département des Ardennes,
traduits injustement devant les
tribunaux; enfin il s'intéressa vi-
vement pour iM"* de Sombreuil ,
qui s'était dévouée avec un cou-
rage si héroïque pour sauver les
jours de son père. Ce langage
austère fut fatal à son auteur, qui
fut traduit devant le tribunal
révolutionnaire , condamné à
mort , et exécuté à l'âge de 76
ans.
PIEYRE (Alexandre), né à Nî-
mes, en 1752, d'une famille de
négooians, fit ses études à Paris,
et fut occupé ensuite dans le com-
merce de son père jusqu'à l'âge
de 3o ans. Le goût des lettres l'a-
vait toujours emporté chez lui
sur le goût des affaires; et sa pen-
sée s'étant tournée vers le théâtre,
il fit jouer à Nîmes et à Rloutpel-
lier, en 1782, une comédie en 5
actes et en vers, intitulée : l'É-
cole des Pères. Le succès qu'elle
obtint lui fit espérer qu'elle réus-
sirait à Paris. Elle fut reçue au
Théâtre- Frafiçais, et il vint, en
J787, pour la faire jouer : son at-
PIE
tente ne fut pas trompée. Celte
pièce eut quarante représenta-
tions dans cette année. M. le duc
de Duras lui écrivit, au nom du
roi et de la reine, pour lui expri-
mer leur satisfaction de la morale
de cette pièce; et il lui remit une
riche épée , aux armes de France
sur la garde, et avec ces mots au-
tour de la peignée : Don du roi à
M. Pieyre^ auteur de l'École des
Pères, i" février 1788. Il dédia
cette comédie à M. le duc de Char-
tres, aujourd'hui duc d'Orléans,
alors âgé de 1.4 ims; et il fut des-
tiné à lui être attaché, au sortir
de son éducation. Regardé , dès-
lors, comme tenant à la maison,
il devint assidu auprès du jeune
prince; et vers la fin de 1790, il
eut son logement à côté de lui au
Palais-Royal. Au mois de juin
1791, il le suivit à sa garnison de
Vendôme, puis à Valenciennes et
ensuite à Metz, d'où il revint a-
près l'affaire de Valmy. Le prin-
ce partit sans délai pour la Flan-
dre ; M. Pieyre ne put pas le sui-
vre, s'étant marié en octobre, à la
veuve de Bartiie. Il l'emmcMa
dans sa famille, où ils passèrent
l'hiver. Ils se retirèrent au prin-
temps , dans sa campagne, à i5
lieues de la ville, et ils y vécurent
à l'abri des agitations de celfe é- '
poque, mais non sans de vives
craintes. La chute de Robespierre
leur rendit le calme, et ils restè-
rent encore quelques années dans
le département du Gard. Ils vin-
rent s'établir à Paris, eu 1800,
conservant quelque aisance, après
des pertes assez con-idérables. 51
préféra son indépendance au trai-
tement d'une place qu'il aurait
pu obtenir, et il n'eu rechercha
PIE
anciMie. Il perdit sa femme en 1806.
Resté sans enfans, il se retira chez
son frère, préfet à Orléans, par-
tageant l'année entre cette ville et
Paris, ju<*qu'à la restauration. Il
retrouva chez M. le duc d'Orléans,
l'ancienne bienveillance dont M.
le duc de Chartres l'avait honoré;
mais son â^^e et le peu de goftt
qu'il a toujours eu pour les affai-
res, le détournèrent de la pensée
d'entrer dans son administration.
Toutefois désirant vivement d'ê-
tre à portée de cultiver les bontés
de celte auguste famille, il dévoua
ses loisirs aux intérêts de M"°
d'Orléans , qui donnaient alors
peu d'occupation par la modicité
de sa fortune. Quand son héritage
lui permit de se former une mai-
son, il y eut le titre de secrétaire des
commandemens ; mais séparé du
soin des aflaires, remises en d'au-
tres mains. Il a fait imprimer, en
1808, deux volumes de pièces de
théâtre, en vers; l'une d'elles, en
cinq acte'^, reçue en 1800, à la
Comédie-Française, et sur le point
d'être jouée en 1802, fut soumise
à une seconde lecture, et rayée du
tableau. Depuis cette époque, il
a renoncé à travailler poir la
scène , ne se reconnaissant point
les qualités qui en rendent l'accès
facile. J/Ecole des pères, qui est
restée au répertoire, et qui, sou-
vent reprise, a été toujours revue
avec le même intérêt , est mise en
oubli depuis six années, sans qu'il
ait cherché à en rappeler le sou-
venir. Cet oubli des comédiens
est justement blâmé parle public
L'Ecole (les pires est una l)onne
comédie, où la morale se déve-
loppe avec un intérêt toujours
croissant. On y rctaarque un trait
PIE 5o5
frappant quia beaucoup contribué
au succès de la pièce, et qui fait
toujours la même impression : au
momentoùle fils, après avoir ou-
vert le secrétaire de son père, va
pour s'emparer de l'argent, il y
trouve un papier sur lequel est é-
crit : Acceptez, ne dérobez pas.
PIEYRE (le baron), frère du
précédent, est né à Nîmes en 1755,
ety fit ies études avec succès. Jeime,
il séjourna une année en Italie,
que son goCU pour les beaux-arts
lui fit parcourir, et fut reçu à Ro-
me membre de l'académie des
Arcades. De retour à Nîmes, il
fut admis à l'académie de cette
ville. Membre du directoire du
département du Gard en 1790,
et nommé en 1791 à l'assem-
blée législative, il partagea, a-
près le 10 août 1793, les crain-
tes de ceux qui comme lui avaient
siégé au côté droit, où il s'était
avantageusement fait connaître
dans les comités. Lorsque après
la chute de Robespierre la con-
vention nationale voulut réta-
blir l'ordre, il fut appelé à la
place de procureur-syndic du dis-
trict de Nîmes, et peu après à cel-
le de membre du déparlement du
Gard, dont il était président. Lors
de la création des préfectures, il
devint préfet du département de
Lot-et-Garonne. Sa facile et con-
ciliante administration lui mérita
l'ordre de la légion-d'honneur, dès
l'époque de son institution; et en
i8o(), après 6 ans d'exercice, la
préfecture du Loiret, sans aucune
demande de sa part. Présenté deux
fois comme candidat pour le sénat-
conservateurparles collèges électo-
raux de Lot-et-Garonne et du Gard,
il continua ses fonctions adminis-
5o4
PIG
tratives à Orléans jusqu'à la fin d'a-
vril 1814 ; se retira alors à Nî-
mes; et au retour de Napoléon de
l'ile d'Elbe, nommé par ce collège
à la chambre des représentans, il
envoya sa non acceptation. Son
fils, qui était depuis 4 anssons-pré-
iet à Nîmes, donna alors sa démis-
sion. Les troubles du département
du Gard les ont amenés à Paris,
où ils résident depuis avec leur ia-
inille. Son titre de baron fut con-
firmé par le roi. M. Pieyre termi-
ne paisiblement sa carrière dans
la culture des lettres, à laquelle il
regrettait de ne pouvoir assez se
livrer, au milieu des soins et des
travaux que lui imposaient ses de-
voirs de fonctionnaire public.
PIGALLT-LEBRUN , homme
de lettres, un des plus féconds
écrivains de notre temps, et qui a
particulièrement obtenu, dans le
genre du roman, des succès qu'on
peut, sous tous les rapports , ap-
peler populaires. Doué d'une gran-
de facilité pour le travail et de fi-
magination la plus vive, il a con-
sacré la plus belle partie de sa vie
à ces compositions, dont le nom-
bre s'est accru au point de former
une collection de 40 volumes en-
viron.Tous les ouvrages de M. Pi-
gault-Lebrun sont loin sans doute
de mériter, sans restrictions, les
suffrages des lecteurs; mais ou
trouve dans tous un talent incon-
testable, beaucoup de verve et
d'originalité, de la vérité d ms le
tracé des principaux caractères,
dont quelques-uns déj^énèienl oe-
pendant en caricatuies, de fart
dans le tissu des évéïiemens, et
par-dessus tout une gaieté tVaiirhe
et spirituelle, qui se communique
«m dehors, et qui a souvent déridé
PIG
les fronts les plus sévères. Plu-
sieurs de ces romans paraissent
avoir été conjposès pour les der--
nières classes de la société; la phi-
sophie de l'auteur est moqueuse et
bouffonne; et dans ses tableaux
grivois, pour ne rien dire de plus,
les mœurs et le bon goût ne sont
point, selon lesnondireuseset jus-
tes critiques qui en ont été faites,
assez respectés ; niais malgré ces
critiques, et peut-être par le genre
de torts mêmes qui leur ont été re-
prochés, ces ouvrages n'en ont pas
moins été recherchés avec avidité
par le public. M. Pigault-Lebrun
s'est aussi acquis de ia réputation
comme auteur dramatique. Ses
comédies du Pessimiste, de l'Â-
mour et la Raison , des Rivaux
d'eux-mêmes, ses opéras du Petit
Matelot, du Major Palmer (le su-
jet de ce dernier est tiré de son
roman des Barons de Felsheim),
son drame de Chartes et l Jardine,
qui retrace une des aventure" de
sa jeunesse, etc., sont restés au
théâtre, et se revoient avec plai-
sir. 11 avait déjà donné, peu daul les
premières aimées de ia révolu-
tion, quelques pièces, qui fuient
Irés-.ipplaudies, telles que les
Dragons et les Rènéfl'rtines , les
Dragons en cantonnement , etc. ,
joués en 1790 et • '■94- On lui at-
tribue de plus <pielqu« s ouvrages
auxquels il n'a point juge à j)ro-
pos d'attacher son nom , entre
autres le Citateur , qui fut ^aisi
par la p<dic6 iuq)ériale dans un
nuurieiit de fervtur religieuse. Les
autres uuviviges de M. f'ig.iult-
Lebrun sont : 1 les Barons de Ftls-
licini, 4 vol. iri-12; 3" Mon Oncle
Thomas, 4 ^'O'- in- 12; o" Jngéli-
ne et Jeanneton, 1 vol. in- 1 a (une
PIG
<3es plus agréiibles productions
de l'auteur); 4° VErifant du Car-
naval, 2 vol. in-i;i; 5" M. Botte,
4 vol. in-12; 6" la Folie espagno-
le, 4 ^t)l. in- 12; 7" Idées généra-
les sur notre position et celle des
differens états de l'Europe, 1800 ,
I vol. in-8°; 8° Jérôme, iSo-l, 4
vol. in-12; 9" Théâtre et Poésies^
1806, 6 vol. in- 12; 10" la Famille
Luceval , 180G, 4 vol. in-i:!; 11°
l'Homme à projets, 1807, 4 vol.
in-12; 12" ili. de Roberville, 4 vol.
in-12 (faisant suite à l'ouvrage
précédent) ; lô" Une Macédoine,
1811, /) vol. in-12; 14° Tableaux
de société, ou Fanc/iette et nonori-
nc, i8i5, el 2' édition, i8i-, 4
vol. in-12; i5* Adélaïde de Mé-
ran, 181 5, 4 vol. in- 12 (concep-
tion tri>tc et malheureuse, dont
les sombres lahicaux contrastent
avec les autres productions de
l'auttiur); i(i' Mélanines littéraires
et critiques , i8i»j,2 vol. in-12;
17° Encore du magnétisme, 1817,
in-8"; 18" le Garçon sans-souci,
1818, 2 vol. in-12; \(}" l'Officieux,
1818,2 v(d. in-12; 20" l'Officieux,
etc. M. l'igaull- Lebrun , après
s'être si long-temps oc<:upé de
romans et d'aventm-es imaginai-
rt's, vient tout récemmeni de
consacrer sa plume aux vérités
liisloriques. lia publié, en 18245
les deux premiers volumes d'un
grand ouvrage intitulé : Histoire
de France, abrégée, critique et phi-
losophique, à l'usage des gens du
monde, avec celte épigraphe : La
vérité, foule la vérité, rien que la
vérité. L'auteur a très- bien vu
rienmensc lacune (|ue laiss:.ient
dans nos annale^ el ses devanciers
el nos contemporains. Ce qui lui
aj>parlient en propre, et ce qui
I. XV J.
PIG
3o5
fait désirer vivement la continua-
tion de ce travail important, c'est
le soin que l'auteur donne à tous
les détails, l'amour de la vérité qui
le guide, et cet esprit d'impar-
tialité qui, empreint dans chaque
page, montre le travail qu'il s'est
imposé pour connaître ce qui
est vrai, et le devoir dont il ne s'é-
carte point de le dire sans cesse, sans
fausse honte, et sans faux respect.
S'il continue ainsi qu'il acommen-
ce, il prendra une place distinguée
parmi les historiens de la France,
et peut-être sera-t-il celui qu'on
lira avec le plus de plaisir, parce
qu'il n'a ni la sécheresse des uns,
ni la mauvaise foi des autres , ni
la bassesse de qiielques historiens
passés, ni l'esprit de parti de quel-
ques historiens présens. Sous ce
rapport son travail est un service
rendu à l'époque présente, et
c'est précisément parce qu'on n'en
attendait pas un pareil de M. Pi-
gault-Lebrun qu'il faut lui savoir
gré de le rendre, et le féliciter de
l'avoir déjà en partie rendu.
PIGALLÏ-MAUBAILLARCQ,
négociant à Calais, frère du pré-
cédent, a publié (pielques ouvra-
ges estimés, parmi lesquels on cite
principalement la Famille pyie-
land ou les Prodiges, roman an-
noncé comme traduction libre
d'un ma<iscrit américain , 1807,
4 vol. in-12, et Isaure d'Aubigné,
imitation de l'anglais, 1812, 4
vol. in-12. (k>s deux écrits offrent
de l'inlérèl, et prouvent une ima-
gination féconde.
PIGEAU( N.), professeur de la
faculté de droit de Paris , et an-
cien procureur au Chàielct , s'est
fait cnnuaîlre par des ouvrages de
jurisprudence, qui jouissent de lu
3o6
PIG
confiance des praticiens et de l'es-
time publique. Ce sont : i° Procé-
dure civile du Châtelet de Paris et de
toutes les juridictions du royaume,
1779, 2 vol. in-4°; Q." Introduc-
tion à la procédure civile , exposée
par demandes et par réponses, 1 784»
in-S"; 181 1, in-8" ; iSiô, in-S";
réimprimée sous le titre de: Cours
élémentaire du Code civil, 2 vol
in-8° ; 3° Notions élémentaires du
nouveau droit civil, ou Exposé tné-
thodique des dispositions du Code
civil, i8o4> 2 vol. in -8°; 4° ^«
Procédure civile des tribunaux de
France, détnontrée par principes ,
1807, 2 vol. in -4°; 2^ édition,
1812, in-4°; 5° Cours élémentaire
des codes pénal et d'instruction cri-
minelle, 1813; 2* édition, 1817.
PIGEON (N.), général répu-
l)licain, l'ut d'abord simple soldat;
il s'éleva par son courage et par
ses talens au premier posie mili-
taire, et servit successivement
avec distinction dans les difl'é-
rentes armées que la France op-
posait alors sur plusieurs points
î\ ses ennemis, mais il tut particu-
lièrement employé à l'armée d'I-
talie. 11 s'y distingua surtout
à la bataille de Roveredo, où il
commandait les troupes légères
de la division de Masséna. Il avait
sous ses ordres une division de l'ar-
mée en 1799, lorsqu'il fut blessé à
mort ;\ la malheureuse attaque de
Vérone, dirigée par le général en
chef Schérer. Il emporta l'esti-
me et lus regrets de tous ses com-
pagnons d'armes.
PIGEON TN.), remplissait
les fonctions de juge au tribunal
civil du déparlement de la Dor-
dogne, lorsqu'il fut nommé, en
mars 1799, par ce département,
PIG
député au conseil des cinq-cents.
Il devint, en décembre de la mê-
me année, membre du corps-
législatif; il en sortit en ï8o3.
Depuis lors il n'a plus çxercé de
fonctions publiques.
PIGNATELLI (François), delà
maison des princes de Strongoli ,
capitaine général napolitain, naquit
à Nuples, vers 1732. Il commença
sa carrière militaire sous Charles
III, dont il encourut la disgrâce
pour avoir tué en duel le cheva-
lier Pollatrelli. Plus heureux sous
le règne de son successeur, Pigna-
telli fut chargé de l'organisation
d'un bataillon de cadets, que les
ministres de ce jeune prince lui
conseillèrefit comme un amuse-
ment, et dont le but caché était de
le distraire de soins plus sérieux.
Cette proximité avec le roi ne fut
pas sans profit pour Pignalelli,
qui en devint le confident et l'ami.
Il n'avait encore aucune influence
dans les aflaires, lorsqu'il se pré-
senta une occasion qui lui permit
enfin de jouer un rôle. La chute de
ïanucci et la présence de la reine
au conseil (voyez Caroline d'Au-
triche) avaient détaché le cabinet
de Naples de ses anciens rapports
politiques. Réuni à la France et à
l'Espagne , ce p-'iys faisait partie
d'un système qui répondait à l'es-
prit de la maison de Bourbon,
et aux besoins du midi de l'Eu-
rope. La reine, n'ayant en vue
que les intérêts de sa famille, tâ-
chait d'échapper à la tutelle espa-
gnole, pour se placer sous l'in-
fluence autrichienne, et entrer
dans la coalition des puissances
du Nord. Charles III , en sa qua-
lité de père et de prince, ne vit
pas sans chagrin la tendance de la
PIG
cour deNaples, et essaya vaine-
ment de s'opposer à ces projets,
qui lui paraissaient aussi faux en
politique qu'injurieux pour sa per-
sotuie. En posant la couronne de
Naples sur la tête de son fils , il
avait eu soin de l'entourer de con-
seillers fidèles, qui par politique,
ou par devoir, tenaient au pacte
de famille : mais l'arrivée d'Acton
( voyez ce nom) et la faveur dont
l'honorait la reine, dérangèrent
ces combinaisons , et donnèrent
un organe à la volonté de Caro-
line. Ce nouveau ministre appor-
tait dans le conseil de Naples, ses
affections pour l'Angleterre, et sa
haine contre la France et l'Espa-
gne. L'en)pire qu'il exerçait sur
le cœur de la reine, et l'ascendant
qu'il cherchait à prendre sur l'es-
prit du roi, alarmèrent le cabinet
de Madrid , et engagèrent Charles
111 à demander brusquement à son
fils le renvoi d'un homme qui tra-
vaillait à troubler la paix de leur
famille, et le système politique de
leurs états. Le roi fut frappé de
cette sommation : il avait de la
vénération pour son père, et as-
sez de bon sens pour sentir la jus-
tesse de ses conseils. Mais asservi
déjà par son ministre, et n'osant
pas contrarier la reine, il résolut,
d'après l'avis de l'un et de l'au-
tre, d'envoyer un homme de con-
fiance en Espagne, pour mieux
disposer le roi à l'égard d'Acton, et
soutenir celui-ci contre ses etme-
mis. Son choix tomba sur Pignalel-
li,i\quilareinedilenpartanl:aQucl-
»le que soit l'issue de votre négo-
» dation, ma volonté est qu'à votre
') retour vous assuriez le roi que
• son père est entièrement revenu
'•de ses préventions contre Acton,
PIG 5o7
»et qu'il n'insiste plus sur son
» éloignement. » Pignatelli accepta
cette responsabilité, et promit d'a-
gir d'après les instructions qui ve-
naient de lui être communiquées.
Ce qu'on lui demandait pourtant
était le comble de la perfidie, le
dernier degré de la corruption et
de la bassesse d'un courtisan : il
devait trahir la confiance de son
roi et de son ami, se faire un jeu
d'un monarque aussi respectable
que Charles III , semer la discorde
entre le père et le fils pour servir
les passions de la reine, et main-
tenir en faveur un étranger qu'il
n'aimait pas, et dont il était ab-
horré. Mais telle était l'opinion
qu'on avait alors de la toute-puis-
sance de la reine, de la nullité du
roi, et du peu d'influence de lu
cour d'Espagne, que Pignatelli
crut ne pas se compromettre beau-
coup en se chargeant d'une tra-
hison et d'un mensonge. Arrivé à
Madrid, il fut admis à l'audience
du roi, qui lui demanda si l* hom-
me était parti. Pignatelli lui répon-
dit par un mouvement de tête qui
exprimait le contraire de ce que
le roi voulait savoir. Charles llï
lui tourna le dos, et ne le revit
plus. De retour à Naples, Pigtta-
telli y rendit compte de sa mis-
sion , parla au roi dans le sens de
la reine, et reçut des éloges de
tous les deux, sur les heureux ré-
sultats de cette négociation. Mai-
bien peu de temps après, Char-
les 111 interrompit sa correspon-
dance avec son fils, et ne com-
muniqua plus avec lui que par les
voies diplomatiques. Pendant ce
temps, le système du midi fut
détruit à Naples: Acton y devint
très-puissant; le marquis de la
5o8
PIG
Sainbuca el les autres conscillors,
dévoués à la cour d"Es{);;giie , Iti-
renl éloignés du conseil, et la
reine putyvoir ses vœux accuri-
plis, sans avoir désormais à crair>-
dre de nouveaux obstacles. Char-
les m, en mourant, punit la
désobéissance de son fils, en le
déshéritant de la couronne d'Es-
pagne et des Indes ; mais Pi-
gnatclli n'en resta pas moins le
lavori du roi, et le protégé de la
reine, dont il avait si bien secon-
dé les désirs. Les trcmblemens de
terre des Calabres , ce terrible
fléau qui détruisit la prospérité
de celte belle partie du royaume
deNaples, servirent à récompen-
per la fi.lélilé ou plutôt la dé-
loyauté de Pignatelli , qui fut in-
vesti d'ime espèce de dicl.ilurc
pour soulager ces malheureuses
provinces : m;iis le remède f>e lit
qu'irriter le mal, car les hommes
s'v montrèrent aussi impitoyables
que la nature. Parmi les moyens
emi)loyi's pour l'administration
temporaire de ces contrées, on
imagina la fondation d'une caisse
appelée sacrée , à cause de la des-
tination qu'elle avait de recueillir
les revenus el les richesses des
couvens, qui existaient en Cala-
bre, el dont le nombre égalait la
fortune. Pignalelli y renouvela
l'ex* mple de rapacité dorme par
Verres, en Sicile; mais celui-ci
mourut dans l'exil , taudis que Pi-
gnalelli revint tranquillement à
Naples y jouir du fruit de ses con-
cujisions. Ce fait seul pourrait ser-
vir à drinnei' la mesure de ce qu'é-
taient les anciens gouverntuiiens ,
dont on a vu la cluite avec éton-
nemcnt, lorsqu'on aiirait dû en
regarder l'existence comme un
PIG
miracle. Nommé gouverneur de la
ville, cl réunissautà ces fonctions
déjà importantes en elles-mêmes,
celles de chef de la police, que Me-
dici tombé en disgrâce venait d'a-
bandonner, Pignalelli trouva en-
core moyen de s'enrichir, en pré-
sidant à la construclion de ce»
vastes magasins à blés (i grandi),
placés aux portes de la capitale,
et (|u'on montre inainlenant aux
étrangers comme un objet de cu-
riosité et de luxe. Au premier si-
gnal de la révolution française,
Pignalelli fut élevé au rang de ca-
pitaine-général, et chargé de la
police de tout le royaume. Sa
maison devint alors le repaire im-
pur des hommes les plus méprisa-
bles, et le centre de ce système
d'espionnage qui remplit en peu
de temps ce malheureux pays de
délateurs et de victimes : sans sor-
tir de ses iippaiteuieus, il pou-
vait entendre les accusations des
uns et les gémissemens des au-
tres, ayant eu l'allreuse idée de
transformer en cachots les écu-
ries et les remises de sou palais.
Altéré de richesses et d'honneurs,
il se proposa d'épouser la fille uni-'
que du comte de l'Acerra, riche
héritière de l'illustre famille de.s
Cardenas, qui, mariée depuis plu-
sieurs années au duc de Maddalo-
ni, fut déliée de ses sermens, en
vertu d un divorce, repoussé par
les mœurs <lu pays el par les maxi-
mes de l'église. Mais les C(»uluines
et les lois furent violées pour sa-
tisfaiie l'avidité d'un favori, et
pour la misérable cr.u'nte de voii^
réunies deux grandes fortimes
dans la même famille. Pignalelli,
sans influence dans le conseil,
nepritaùcime part active auxévé-
riG
ncmens de 1798. Livré aux dé-
tails de la police de la capitale et
du royaume, il se vautrait dans
toutes les iufainies, et cédait à
toutes les suggestions des gens
dont il s'était environné. Parmi
les maux inévitables du despotis-
me , c'est la crainte d'en dévoiler
les horreurs qui en est un des plus
lunettes : il aurait suffi de bien
déterminer le caractère de celte
longue et hideuse administration
de Pignatelli , pour justifier les
Napolitains de tous les efforts que
long-temps ils tentèrent afin de ré-
former leur gouvernement. Lors-
que Ferdinand , cédant à la pusil-
lanimité et aux conseils d'Acton ,
se décida à abandonner ses étals ,
ce ministre lui proposa de nom-
mer Pignatelli ù la place honora-
ble, mais dangereuse, de vicffire-
général du royaume. On assure
que la reine lui laissa, en partant,
des ordres sévères contre les hau-
tes classes de la société, regardées
par elle comn)e les ennemies du
trône, dont elles sDut destinées à
être le soutien. Pignal«dli ne s'y
conforma que trop. Il signa un
armistice au moment où douze
mille homujes arrivaient d'Orbi-
lello et de la Toscane, sous les
ordres du généial Roger de Da-
mas , que le duc de Roccaro-
mana (voyez son article j venait
de remporter un avantage sur
le Volturne, et que la place de
Capoue se défendait encore contre
les ennemis , que des populations
entières hai-celaient de tous cô-
tés. Pignatelli ne tenant aucun
compte de ces ressourc«;s , brûla
la flotte , fit jeter les munitions de
guerre i la mer, désarma les trou-
pes, ouvrit le» forts à une popu-
PIG 009
lace effrénée, et livra la ville de
INaples à la plus furieuse anarchie.
Eile devint bientôt si menaçante,
que les partisans de l'ancien ré-
gime, et jusqu'aux amis du roi,
se réunirent aux vœux des répu-
blicains, pour hâter l'entrée des
Français, dont la présence seule
pouvait arrêter les progrès de
cette insurrection. Lesjjons ci-
toyens furent ainsi placés dans la
fâcheuse position de regarder avec
effroi la courageuse résistance du
peuple napolitain, qui se mon-
trait, les armes à la main, bien
au-dessus de ceux qui le gouver-
naient. Par cette atroce conduite,
Pignatelli détruisait le lien qui atta-
chait la nation à son prince; car
les gouvernemens sont faits pour
s'opposer à l'anarchie; et en l'ex-
citant, ils prouvent qu'ils ne sa-
vent, ne peuvent, ou ne veulent
point remplir leurs devoirs, tou-
jours nécessaires , et môme indis-
pensables , pour mériter l'amour
des peuples. Pignatelli s'enfuit en
Sicile, où il resta tout le temps que
les Français occupèrent le royau-
me de Naples ; il y retourna après
le roi , dont il ne put plus rega-
gner la faveur. En 1807, il entra
dans des intrigues pour favoriser
le retour de la cour de Sicile dans
ses états, gouvernés alors par le roi
Joseph (^twyez Bonapaute). Arrêté
par le gouvernement français, il
n'aurait pas évité la mort, si le
prim.e de Strongoli , son neveu
f voyez l'article suivantj, n'eût pas
intercédé pour lui auprès du nou-
veau roi, qui se contenta de le ban-
làr du royaume. Il vécut quelque
temps à Rome, d'où Joachim [loy.
Mukat) le rappela peu après son a-
vénement au trône de INaples. PI-
3io
PIG
gnatelli y mourut en 1812, en
proie aux remords et aux terreurs
religieuses. (
PIGNATELLI (François),
prince de Strongoli , lieutenant-
{ïénéral napolitain , grand'croix
de l'ordre de Saint-Georges de la
réunion, chevalier de la légion-
d'honneur, naquit à Napics en
1775. Placé dans un collège de
cette ville pour y achever ses é-
tudes, il en sortit pour aller fai-
re ses premières armes en Au-
triche, où il obtint le grade de
sous-lieutenant dans uu régiment
de chevau-légers , avec lequel il
fitles campagnes de i795et 1794-
Tandis qu'il se battait contre la
France, ses frères étaient persécu-
tés à Naples, comme partisans de la
révolution française. Il en apprit
la nouvelle, en recevant un coup
de sabre dans une action , où il
s'était fait remarquer par sa bra-
voure. Aussitôt que l'armée au-
trichienne eut repassé le Rhin ,
il quitta le service pour voler au
secours de ses frères. Mais il ne
fut pas plutôt arrivé à Naples ,
qu'on lui lit un crime du sentiment
qui l'avait ramené chez lui , de
la démission qu'il avait donnée
en Autriche, et même du séjour
qu'il avait fait en France et en
Hollande. Il vit alors qu'on cher-
chait un prétexte pour l'envelop-
per dans la persécution de sa fa-
mille, et que sans sauver les au-
tres, il aiu'ait risqué de se perdre
lui-même. Pressé par s«s parens
et par ses amis , il demanda ses
passeports pour Malte , où il dit
vouloir faire ses caravanes, pour
être admis dans l'ordre de Saint-
Jean. Il ne s'arrêta dans cette île
que le temps nécessaire pour
PIG
trouver un vaisseau qui l'emmè-
nerait en Toscane. Débarqué à
Livourne, il se rendit à Florence ,
pour y reprendre tranquillement
ses études, lorsqu'd^n lui écri-
vit que ses frères s'étaient sau-
vés, mais que leur fortune était
perdue. Un séquestre général ar-
rachait à la famille Strongoli son
riche héritage, et la plongeait
dans la plus profonde misère. Pi-
guatelli réclama contre cet acte
arbitraire, qui frappait indistinc-
tement l'innocent et le coupable;
mais sa voix ne fut point enten-
due. Il ne vit d'autres ressources
que de se présenter au général
Berthier, qui lui ordonna de le
suivre à Rome. La populace de
cette ville , réunie aux insurgés
de Velletri et d'Albane , profitant
d'un moment d'insubordination
manifestée dans l'armée, avait at-
taqué plusieurs de ses avant-pos-
tes. Pignatelli, le prince de San-
ta-Croce, le prince Aldobrandini,
font un appel au patriotisme des
bons citoyens, en leur exposant
les dangers qui les menacent; ils
les entraînent par leurs discours
et leur exemple, et tombent sur
ces révoltés, qu'ils poursuivent
jusque dans leurs repaires de
Trastevere. (^e service fut ré-
compensé par le grade de capi-
taine que Pignatelli obtint dans
les grenadiers de la légion romai-
ne. Eu 1798, lorsque le roi de
TNaples {voy. Feudinand I) enva-
hit les états romains sans déclara-
tion préalable de guerre, Pignatel-
li, qui n'était que chef de bataillon,
commandait la légion romaine à
la bataille de Civita-Castellana :
il se trouva en présence de la gau-
che de l'armée napolitaine, qui
PIG
fut ropnussée en déboucluint du
liois de Falari, où le chevalier de
Saxe, qui la commandait, resta
dangereusement blessé. Dans cette
action, ['ignatelli se battit corps à
corps avec un officier albanais,
dont il reçut nne blessure , mais
qu'il étendit mort à ses pieds. Sa
conduite lui mérita d'être nom-
mé colonel sur le champ de ba-
taille. En 1^99, Pignatelli faisait
partie de l'armée française qui
marchait à la conquête de Na-
ples. Le général Championnet
lui confia deux bataillons, avec
lesquels il se jeta sur les collines
qui bordent cette capitale, en dé-
logeant plusieurs embuscades,
et en poursuivant l'épée aux reins
les lazzaronis, qui se précipitaient
sur sessoldats pourleurdisputer le
passage. Il se dirigea vers le fort
de Saint-EIme pour y renforcer
Je parti républicain, qui venait de
s'en rendre maître, C'estdu hautde
CCS rempartsqu'il donna lesignal de
l'attaque à l'armée française, dont
il seconda les efforts en pénétrant
jusqu'au centre de la ville. Quand
Scbérer fut battu sur l'Adige, et
que Macdonald reçut l'ordre de se
porter sur le Pô, Pignalellî suivit
l'armée française, dont il ne se sé-
para qu'après la bataille de Novi,
étant au nombre des officiers à la
la suite, que Moreau renvoyait
en France pour y chercher de
l'emploi. C'est pendant son sé-
jour à Paris qu'il reçut l'annonce
fatale de la mort de ses deux frè-
re* aînés, exécutés à Naples, en
invoquant la capitidation qui leur
garantissait la vie!!! En 1800, Pi-
gtiatelli s'occupait de l'organisa-
tion d'une légion italienne, dont le
directoire l'avait chargé, lorsque
PIG
3ii
le général en chef Bonaparte revint
d'Egypte. Bonaparte, que la jour-
née du 18 brumaire avait rendu l'ar-
bitre de la France, méditait déjà la
conquête de l'Italie, et en calculant
tous les moyens de succès, il crut
plus convenable de mettre à la tête
de la légion italienne un officier
qui eût des rapports directs avec le
pays qu'on devait envahir. D'a-
près celte détermination, Lecchi
fut destiné à remplacer Pignatel-
li , qui, envoyé à Gênes, y arriva
lorsque Massénaen reprit le com-
mandement après la bataille de Ma-
rengo. A l'ouverturede la nouvelle
campagne entre la France et l'Au-
triche, Pîgnatelli entra en Tosca-
ne avec la division Pino, et y or-
ganisa une légion italienne. Il dut
encore se battre contre les Na-
politains, qui sous les ordres du
général Roger de Damas s'étaient
avancés jusqu'à Sienne pour for-
cer les Français à évacuer la Tos-
cane. Mais attaqués par le géné-
ral Miollis, ils se replièrent sur
Rome, et proposèrent un armis-
tice, qui ameni la paix de Floren-
ce. C'est à la faveur de ce traité
que Pignatelli put rentrer dans
sa patrie, où il vécut dans l'inac-
tion jusqu'à l'époque de la secon-
de invasion française dans le
royaume de Naples. Elevé au gra-
de de général de brigade, et des-
tiné au commandement de la pro-
vince de Basilicale, Pignatelli dé-
ploya une grande énergie pour
y arrêter les progrès de l'insur-
rection qui la menaçait de tous
les côtés. Au moment où Reynier
venait d'éprouver un échec à
Santa-Eufemia, et que le général
Yerdier se voyait obligé d'aban-
donner la Calabre, Pignatelli re-
3l2
PIG
poussait (les corps nombreux de
brigands qui s'avançaient sur tou-
tes les directions, les b;ittail à Se-
nise , à la Canna, à Rocca-Inipé-
riale, et rouvrait les communica-
tions avec Reynier, dont il facili-
tait la retraite sur Cassano. Ha p pelé
à Naples pour assister ii la prise de
Capri, il partit l'année suivante
poiu" la Catalogne, où il prit le
commandement d'unepelile divi-
sion composée des cadres de trois
régimcus, qui avaient fait la c im-
pagne de 1809, sous le général
Saint- C3'r, et des débris de deux
autres corps provenant du Ty-
rol. C'est à la tête de ces trou-
pes, recrutées en grande partie
d'ans les prisons de INaples, quePi-
gnatelli s'empara du fort de l'île de
Las Medas, et soutint les opéra-
tions du général le ISourry , char-
gé d'armer les côtes de la Catalo-
gne depuis Calioure jusqu'à San-
Filioux. Lorsque la division na-
politaine eut ordre de passer en
Arragon, c'est avec ces mêmes sol-
dats qu'il dut proléger le transport
des munitions par leri-e et par l'E-
bre, pour commencer les sièges
de Tortose et de Tarragone. A la
suite de quelques différens entre
le maréchal iVlacdonald et le géné-
ral Piirualelli, ce dernier se rendit ;\
NapU,-s, où Murât a r rivait, en iSii,
de r«'tour de la malheureuse expé-
dition de Ilussie. Le prenn'er plan
de ce prince fui d'occuper l'Italie
jusqvi'au Pô, d'y lever beaucoup
de >uldats. d'y établir tin gouver-
nement unique et constitutionnel ^
et de, s'allier à une grande puis-
sance qui eût voulu l'admettre
dans son système, en s'adressant
d'abord à la France, s'il eût été
possible de s'entendre avec jNapo-
léon. Mais lorsque les souverains
PIG
alliés se proposèrent de subjuguer
la France, ils cherchèrent à s'as-
surer de Joachim, dont l'attitude
leur parut imposante. Ils craigni-
rent qu'en se réunissant au, vi-
ce-roi, il n'eût opéré une forte
diversion en Autriche, et dérangé
le plan générai de la campagne.
On lui expédia des commmissai-
rcs pour lui garantir la cou-
ronne de ÎNaples , et lui offrir
même uu agrandissement de ter-
ritoire, à prendre sur les états
de l'Eglise. Séduit par ces espé-
rances, Joachim signa un traité
avec les ennemis naturels de sa
dynastie. Pignatelli, qui avait été
envoyé en Italie pour y préparer
l'exécution du premier plan de
Murât , fut très-étonné d'en re-
cevoir une dépêche qui lui ordon-
nait de se rendre au quartier-gé-
néral des alliés, poin- y demander
la ratification du nouveau traité
qu'on avait stipulé, eu sou absence.
Mais il le fut encore plus , lors-
qu'en rapportant au roi l'accepîa-
tioti de l'empereur François, ex-
primée dans une lettre autogra-
phe, il le trouva disposé à se dé-
clarer contre l'Autriche. Pignatel-
li osa lui représenter les dangers
de cette conduite, et, s.e mettant
d'ac,eord avec ses collègues , il
signa la lettre que plusieurs géné-
raux adressèrent à Murât pour
l'engager à rester dans l'alliance
de l'Autriche, ayant déjà contri-
bué aux succès des coalisés en
Franceeten Italie. Ku effet, après
la réunion des Autrichiens iivet;
les Prussiens et les Russes, et le
départ d'Augereau, les affaires
de Napoléon ne laissaient plus au-
cune chance favorable. En jSif),
lorsque Napoléon revint de l'île
d'Elbe, Mural, (pii n'avait pas
riG
.'ibandonné son premier projet sur
l'Italie, en proclama l'inJépen-
dance, et tourna l'épée contre les
Autrichiens, qui d'un côté se
concentraient sur le Pô, et de
l'autre débordaient en Toscane,
en menaçant le:- flancs de l'armée
napolitaine. PignatoUi et Livroii ,
à la têle de la garde , devaient
marcher sur Florence, tandis que
le r»;ste de l'armée, sous les or-
dres du roi, se serait avancée par
les' Marches. Ce double mouve-
ment, qu'on aurait dû calcu-
ler de manière à tenir les deux
parties de l'armée toujours à la
même hauteur et à peu de dis-
tance entre elles, paraît avoir été
«ixécuté avec plus de vitesse d'un
côté que de l'autre : dès-lors il
n'y eut plus d'ensemble entre les
opérations des deux armées; et
tandis que la garde s'emparait de
Prato et Florence, la division
d'Ambrosio était repoussée de-
vant Occhiobello , et le général
Pepe se laisait battre à Carpi,
sans que les suc«',cs d'une colonne
eussent pu réparer les pertes des
autres. Le roi Joachim n'ayant pu
forcer la ligne du Pô. se retira
sur Ancône, ordonnant à Pigna-
lelli d'abandonner la Toscane.
Ce mf)uvement rétrograde fut
rxécuté en bon ordre, quoique
l'insurreclion, organisée par lord
Burghess, ministre d'Angleterre
à FloriMice, y éclatât sous les pas
de l'armée. Le a njiii, Joachim
remjiorta im avantage sur l'avant-
garde du général Bianclii, près de
]>L'iccrata; et le lendemain il paya
ce succès par la perte de la batail-
le deToleutiuo. Pignatidli. qui prit
part à celle journée, s'était élabli
au Colle de (^antagallo, position
PIG
3i3
favorable , où il soutint quelque
temps le choc des Autrichiens,
qui vinrent l'occuper à leur tour.
Après la chute de .loai hiin, Pigna-
telli, qui était son aide-de-camp-
* général et son capitaine des gar-
des, se retira du service, qu'il ne
reprit qu'en )820, lorsqu'il lui é-
tait permis d'espérer que sa patrie
pourrait prospérer à l'ombre d'u-
ne sage constitution. Il se déclara
d'abord pour celle des corlès, qu'il
désira voirmodifiée, et se pronon-
ça en même temps contre la mau-
vaise orgnisation de l'armée, et
pour la formation des gardes na-
tionales. Destiné au ctjmmande-
ment d'une division d'infanterie,
il fit partie du corps d'armée du
général Cara'^cosa, dont il ne put
éviter les revers. Au retour du
roi de Laybacb, le général Pigna-
telli , privé de son rang et de ses
lionneurs, a, parson patriotisme et
son instruction, conservé un rang
honorable parmi ses concitoyens.
Le général Pignalelli est auteur
d'nn ouvrage dont la première
partie parut en 1820, sous le ti-
tre de : Memorie inlortio al a slo-
ria ciel regno di Nopoli daW aiino
i8o5 al i8i5. Il serait ù souhai-
ter que l'auteur pût s'occuper d'eu
donner la suite.
PIGNATELLI ( Vincent), frér.!
du précédent, lieutenant-général
napolitain, commandeur de l'or-
dre de Saint -Georges de la Uéu-
nion, officier de la légion-d'hon-
neur, naquit, en 1781, à Naples,
où il reçut sa première éducation
dans la maison ptilernelle. Des-
tiné, malgré lui , à. l'état ecclésias-
tique, il le quitta, (!n 171)9» pf>"i"
entrer dans un régiment, que se*
frères organL-jaicut pour lu uou-r-
5i4
PIG
velle république. Poursuivi et ar-
rêté , au retour de la cour de Si-
cile , il eut à souiriir une longue
captivité, rendue plus aflVeuse par
le spectacle de deux frères exécutés
presque sous ses jeux. Condamné
hii-niême à l'exil , il vint en Fran-
ce s'enrôler dans la légion ita-
lienne , avec laquelle il repassa
les Alpes. A la réorganisation des
troupes cisalpines , Pignatelli ,
nommé chçf d'escadron des dra-
gons Napoléon, partit pour rejoin-
dre l'armée campée sur les côtes de
l'Océan. Il y resta jusqu'en i8o3,
époque de son rappel en Italie ,
pour la campagne de 1 8o5. L'année
suivante , ,son corps faisait partie
de l'armée de INaples, où il rentra
a vec le roi Joseph (î;oj, Bon aparté),
qui lui confia l'organisation d'un
régiment d'infanleric , et le nom-
ma ensuite colonel de cavalerie.
Pignatelli assista au siège de Gaë-
te, sous les ordres du maréchal
Masséna , et après la reddition de
cette place, il fut en)p!oyé à la
dcstruclion des brigands dans la
jirovince de Basilicale. lîlevé au
grade de général, il prit le com-
mandement d'une brigade atta-
chée à l'armée rassemblée par Joa-
chim sur les côtes de 31isène, pour
intimider les Anglais, qui s'é-
taient emparés des îles deProcida
etd'Ischia, Aprè$ leur départ, Pi-
gnatelli retourna en Basilicate, oCj
il eut plusiems affaires avec les
brigands , qu'il détruisit à Chiara-
monte, où ilen tua3oo. En 1810, il
fut chargé deprotégcrsur les côtes
du Cilento , les bûliniens de trans-
port qui s'y rassemblaient en pré-
sence des croisières anglaises, pour
porter des vivres et des munitions
de guerre aux troupes destinées
PIG
contre la Sicile. S'élant acquitté
d'une manière satisfaisante de cet-
te commission , Pignatelli fut
nommé aide - de - camp du roi
Joachim, qu'il suivit en Russie.
Il s'y distingua en plusieurs ren-
contres , et en fut doublement ré-
compensé par le grade de lieute-
nant-général , et le brevet d'offi-
cier de la légion-d'honneur; mais
il ne tarda pas à expier ces faveurs.
Dans la retraite de l'armée, il eut
les pieds gelés et les doigts em-
portés. C'est dans les plus horri-
bles souffrances qu'il acheva son
voyage des frontières de la Prus-
se jusques aux portes de Naples.
Hors d'état de rester en activité, il
jouissait d'une pension de retraite,
lorsque , par un noble dévoue-
ment, il reparut dans les rangs
de l'armée , et se chargea de l'ins-
pection-générale de la cavalerie,
pendant la dernière révolution de
Naples. Le roi , à son retour de
Laybach , le priva de son rang et
de ses honneurs ; il ne lui reste
plus que ses blessures.
PIGNEALX (N.), évêque d'A-
dran, naquit d.ins le département
de l'Aisne, vers 1740; il s*^ consa-
cra à l'état ecclésiastique, et par-
tit comme missionnaire pour la
Cochinchine , vers 1770, avee
l'autorisation du pape et le titre
de vicaire apostolique de cette
contrée. Il y forma une petite co-
lonie de chrétiens, dont la bonne
conduite fut bientôt counjie à la
cour, et mérita au prêtre français,
l'estime particulière du roi Caung-
Schung, qui lui confia (malgré la
différence de religion ) l'éduca-
tion de son fils unique. M. Pi-
gneaux, devenu évêque d'Adran ,
en 1774) redoubla de zèle pour la
PIG
oiospérité de son troupeau, mais
ic^ troubles qui bouleversèrent
alors l'empire de son protecteur,
<;x('itèrent contre lui une persé-
' ution à laquelle il ne put se dé-
rober qn'en fuyant avec ses ouail-
les, dans la ville de Sat-Gond, oi\
ii se proposa d'invoquer le secours
de la France. Le roi de Cochin-
chine ne manquait ni de courage
ni de talent; mais il s'était laissé
'iiiprendre par trois frères ambi-
tieux qui avaient bouleversé son
•^npire , et l'avaient lui-même
forcé de chercher un asile dans
l'île de Pulo-Wa. L'évêque fait a-
gréer son projet au roi, et amène
de son consentement, son fils à
Paris, en 1787. Il fait un traité
offensif et défeusif entre la France
et la Cochinchine; celle-ci cédait
1.1 baie de Turon, l'un des ports
de celte contrée les plus sûrs pour
les vaisseaux, et les plus avanta-
geusement situés pour le com-
merce. L'évêque repart ensuite
revêtu du caractère d'ambassa-
deur extraordinaire à la cour de
Cochinchine. Arrivé à Pondi-
chéry, où il devait prendre les
secours accordés par la France ,
il y éprouve quelques retards;
sur ces entrefaites, la révolution
française éclate, et tout secours
lui est refusé, mais il ne perd pas
to\irage ; il part et retrouve le roi
dans l'île de Pulo-^Va, qui y était
resté deux ans, vivant de racines.
Parmi les fauteurs de l'usurpa*
lion, les uns étaient morts, les
autres avaient excité l'indignation
générale. Caung-Schung profile
du mécontentement de ses sujets,
et iepr«!nd le pouvoir en 1790. Il
créa l'évêque d'Adran , son pre-
iiii(.'r minisire, et sous la direction
PIG
3i5
de ce prélat, il établit des manu-
factures, construisit des roules et
encouragea la culture. Il fit .ex-
ploiter des mines et remonter la
marine. L'évêque traduisit pour
lui en chinois, im Traité de tacti-
que, et enfin, éleva des écoles où
les pères de famille étaient obligés
d'envoyer leurs enfans dès l'âge
de 4 'i"s. Il mourut en 1800.
Caung-Schung lui survécut6 ans;
il conserva toujours pour l'évêque
d'Adran , l'admiration que ses
vertus lui avaient inspirée. Lors-
que les missionnaires eurent célé-
bré ses funérailles, le roi le fit dé-
terrer malgré eux, pour lui ren-
dre les honneurs funèbres à la
manière des Cochinchinois.
PIGNOTÏI (LAUfiENx), poêle
et historien italien, naquit à Fi-
gline , en Toscane, en 1739. Son
père, riche négociant de ce pays,
éprouva des revers, qui lui enle-
vèrent sa fortune. Le jeune Pi-
gnotti, devenu ofphelin, se retira
à Arezzo chez son oncle, qui le
plaça dans le séminaire de la ville,
où il reçut son éducation. Poussé
par une curiosité qui embrassait
tout, et par une mémoire qui n'ou-
bliait rien, Piguotti devint l'admi-
ration de ses condisciples , dont il
s'éloignait chaque jour, pour se
rapprocher de ses maîtres. Les
premiers vers qu'il composa, dé-
celèrent son penchant et son gé-
nie. L'évêque d'Arezzo, frappé
d'un développement si précoce,
encourageait Pignofti dans ses
études; et dès qu'il put disposer
d'une chaire dans son séminaire,
il s'empressa de la lui ofi'rir : mais
le jeune savant ne voulut pas l'ac-
cepter, pour ne pas.s'engagerdans
l'état ecclésiastique, dont on lui
m
5i6 PIG
faisait nn devoir. Ce refus servit
de prétexte à son oucle pour lui
retirer ses secours. Pignotti dut ù
l'affection de son beau-frère, de
pouvoir aller à Pise achever son
éducation, dans cette fameuse uni-
versité,dont ildevait être le chef un
jour. En y renouvelant l'exemple
de son illustre compatriote Redi,
il tut y allier les talens a},'réables
du poète, aux études profondes
du médecin ; et après y avoir
pris les degrés de docteur, il se
rendit à Florence pour y faire son
cours de clinique, dans le grand
hôpital de la ville. Il s'y fit remar-
quer par son esprit et par son sa-
voir. On en parla au grand-duc
Léopold , qui lui confia la chaire
de physique dans la nouvelle aca-
démie qu'il venait de fonder pour
la noblesse, à Florence. Quelques
années plus tard, Pignotti fut
chargé de la même chaire à l'u-
niversité de Pise , où ses le(;ons
furent très - suivies , quoitpi'il
n'eût pas une grande facilité à
s'exprimer. Mais ses discours ne
manquaient pas d'élégance et de
clarté ; et au défaut de l'éloquence
de» paroles, ils avaient la préci-
sion des idées. Eu cherchant à se
délasser de ces travaux, Pignotti se
rappela qu'il était poète , et com-
posa des fables , genre de compo-
sition do4it le Parnasse italien ne
peut pas déguiser la pauvreté, au
niilieu de sa fécondité et de ses
richesses. Ces fables parurent ,
pour la première fois, en i^Sj,
et peu d'ouvrages ont eu un plus
grand succès. Elles n'ont ni la
concision de celles d'Esope et de
Phèdre, ni la naïveté de celles de
La Fontaine : ce sont moins des
i>pologue.s que des narrations or-
PIG
nées de tout le luxe de la langue
poétique d'Italie. Pignotti, pour
désartner l'envie qui affectait de
ne voir en lui qu'un fabuliste, pu-
blia ses conjectures météorologi-
ques sur les variations du baro-
mètre, d'après la théorie de LeRoy.
Ses *aisoni:emeus sont plus ingé-
nieux qu'exacts ; l'auteur en avait
lui-même reconnu les imperfec-
tions, et s'était empressé de les cor-
riger. Partisan des idées et des pro-
grès deson siècle, il avait misa pro-
fit les nouvelles découvertes dans
la physique, la chimie et la pneu-
matique : mais ses corrections
s'égarèrent dans les mains du li-
braire , auquel il les avait confiées
))Oiir les faire imprimer. Dans un
poëme intitulé la Treccla rupita
(la tresse de cheveux enlevée ) ,
Pignotti, bien différent de tous les
autres poètes héroï-comiques ita-
liens, qui font parler aux Muses
le langage le plus vulgaire, a,
comme Boileau et Pope, mis une
espèce de dignité dans le ridicule :
il ne va jamais plus loin que la
gaîté du sujet ne l'exige. Après
avoir donné ses premières années
à la poésie, Pignotti consacra les
dernières à l'histoire, et c'est celle
de sa patrie qu'il se proposa d'écri-
le : tableau }dus animé fpie vaste,
et d'un graiid intérêt dans les an-
nales modernes des nations. Gib-
bon, appelé par la force de son gé-
nie à manier le burin de l'histoire,
balança long-temps sur le choix
d'un sujet. Dausiesménioiresqu'il
nous a laissés de sa vie , il avoue
que deux révolutions l'avaient
frappé davantage: celle de l'ilel-
vétie pour recouvrer sa lil)erlé, et
celle de Florence pour établir sa
grandeui'. Il raconte aussi qu'il est
vm
parvenu à rassembler un {jrand
nombre de matériaux précieux,
pour traiter ce dernier sujet pour
lequel il s'était décidé. .Mais eu
méditant t^ur les ruines du Capi-
tole, lors de son voyage à Rome,
il abandonna tout autre projet, et
ne s'occupa plus que dus causes
qui avaient contribué à la déca-
dence de l'empire. L'ouvrage de
Fignotti, mieux conçu qu'exécu-
té , ne nous dédommage pas de
celui de Gibbon. Son histoire de
^a Toscane est partagée en cinq
livres: dans le premier, qui lui
srrt d'introduction, l'auteur a ex-
posé ses idées sur l'ancienne his-
toiie des Etrusques; dans le se-
cond, il montre ce peuple tombé
sons le glaive des Romains, et le
droit de conquête y remplacer ce-
lui de la nature : celle triste pé-
riode finit par la domination de la
cointt;sse Matbilde, qui fit trem-
bler les empereurs et les rois d'I-
talie. Dans le troisième, il pré-
sente le tableau des troubles et
des guerres qui accompagnèrent
l'usurpation des ducs d'Athènes;
dans les quatrième et cinquième
«!ofin, il noys fait assistera l'élé-
vatiî)n et à la puissance de cette
f.miille qui se montra d'abord si
jalouse des droits du peuple, pour
mieux l'asservir ensuite. Pignotti,
en adoptant la manière de Vol-
taire, a écarté du récit des évcne-
mens tout ce qui pouvait en em-
barrasser la marche. Il a traité
dans cinq dissertations ajoutées à
son histoire, des questions impor-
portantes, qui servent à jeter mi
grand éclat sur les époques qu'il
parcourt, il s'y livre à des recher-
ches sur l'art de la guerr«- dans le
moyen âge; sur l'origine de Iji
Plîf
oiy
langue italienne, sur la renais-
sance des lettres, sur le commerce
de la Toscane, et sur 1 état des
sciences, des lettres et des arts, à
la fin du îS' siècle, et an com-
nuMicement du iG*. La santé de
Pignotti s'aflaiblit sons le poids
d'un travail si extraordinaire. En
1801 , son gouvernement le dis-
pensa de donner des leçons pu-
bliques , et dans les années suivan-
tes , il le nomma historiographe
de la cour, membre du conseil
d'instruction publique, et enfin
recteur de l'université de Pise ,
qui est la plus grande dignité lit-
téraire en Toscane. En 1809, Pi-
gnotti ressentit une première at-
teinte d'apoplexie, qui aiîaiblit
considérablement sa mémoire :
ses facultés intellectuelles s'étei-
gnirent peu à peu sous les coups
redoublés de cette terrible mala-
die, pour laquelle on lui conseilla
d'aller respirer l'air de Pise. Il ne
s'y transporta que pour y mourir
le 5 août 1812. Ses restes repo-
sent dans le CampoSanto de cette
ville, où les fils de son beau-
frère, (|ue par reconnaissance il
avait institués ses héritiers, lui
firent élever un beau mausolée.
PIHOREL( Louis-Emmanuel),
docteur en médecine de la faculté
de iMontpellier, ex-chirurgien-ma-
jor de cavalerie, chevalier de la
légion-d'honneur, e^^t né à Falai-
se , département du Calvados. Il
manifesta dès sa jeimesse dugofit
pour l'art de guérir, et vint faire
ses études njédicinales à Paris ; il
n'avait pas 20 ans qu'il était élève
de première classe de l'école prati-
que , et le plus jeune des mem-
bres de la société d'instruction
médicale. En i8o3, il prit du ser-
5i8 PIH
vice dans la marine, et fut attaché
au port de Brest. 11 fit, en i8o5,
la campagne en Afrique, au Bré-
sil et aux Antilles, sous les ordres
du contre- amiral Willaumez , et
retira de ce voyage malheureux
tout le fruit qu'on pouvait atten-
dre de son zèle à remplir les de-
voirs de sa profession. En 180;; ,
M. Pihorel, qui alors appartenait
au service de l'armée de terre, fut
envoyé en Espagne et atlaohé, en
1808, au i5" régiment de cuiras-
siers; il passa , en février i8i5,
ù la grande-armée, et fut bloqué
dans Glogau avec le régiment
dont il était chirurgien - major
(le i5i°). Rentré en France, en
1814 5 il vint à Paris, où il exerça
la médecine jusqu'au mois de fé-
vrier 1816, qu il fut désigné pour
l'hôpital d'instruction de Lille.
Chirurgien-major au 4" régiment
de dragons, il a obtenu une mo-
dique retraite, récompense bien
faible deses serviceselde longues
campagnes faites dans les quatre
parties du monde. Il s'est fixé à
Rouen, où il exerce honorable-
ment la médecine. On a de lui :
1° Dissertation surle scorbut , dont
les observations curieuses et pra-
tiques sont relatées dans le dic-
tionnaire des sciences médicales,
article Scorbut ; •!" Observation
suivie de l'autopsie d'un lépreux
ou élcTphMith\^e;'5'' Nouveau moyen
de guérir la gale, en fri(;tionnant
les pieds ; 4" Nouvelles méthodes de
traiter la sipldlis , en employant
le mercure uni au sulfure de chaux
ammoniacé, ce qui em()êche la
salivation d'avoir lieu; ^'Notice
sur les en fans trouvés, avec les
moyens d'en cimserver un grand
nombre.
PII
PUS ( Pierre -Antoine- AiGis-
TiN de), chansonnier, auteur de
vaudeville, membre de la légion-
d'honneur, d'après la notice qu'il
a publiée sur lui-même, est fil» de
M. Pierre-Joseph de Piis, cheva-
lier de Saint-Louis. Destiné, dit-
il, à servir dans le régiment du
Cap , la faiblesse de sa santé le
força de renoncer à la carrière des
armes ; mais comme il se livra à
l'étude des lettres, ce que Mars
perdit tourna au profit des Muses.
M. Piis, ou de Piis, dit avoir été
guidé dans ses premiers travaux
par l'abbé de l'Attaignant , par
Saint-Foix, et par l'abbé de Ber-
nis. Quel est cet abbé de Bernis •*
Un seul ecclésiastique a rendu ce
nom célèbre en poésie ; mais cet
abbé qui, depuis 1758. était dési-
gné par la qualification de cardi-
nal, fut envoyé en 1769 à Borne,
où il contribua très-activement à
la destruction des jésuites, et où
il résida en qualité d'ambassadeur
de la cour de France, jusqu'à sa
mort , qui eut lieu le i" novem-
bre 1794- Dans quels momens, et
par quels moyens cette éminence
a-t-elle donné ses soins à l'éduca-
tion poétique de M. le chev. de
Piis ? c'est un point que les bio-
graphes futurs s'attacheront sans
doute à éclaircir. Quoi qu'il eu
soit , les soins de l'abbé ou du
cardinal de Bernis ne tardèrent
pasà être récompensés. En 1776,
sou jeune élève donna à la comé-
die italienne, la Bonne Femme, pa-
rodie d'Aiccste. Seize comédies
mêlées de couplets, dont M. le
chevalier de Piis a enrichi le ré-
pertoire du Vaudeville, furent la
conséquence du bon accueil que
reçut la lionne Femme. Parmi ces
m
pièces, qui n'obtinrent pas toutes
le même succès, on distingua les
Vendangeurs , le Sabot perdu, et
les Amours d'été, opéras remplis
(le couplets charmans, de situa-
tions ingénieuses, et de tableaux
gracieux. M. de Piis s'était asso-
cié pour les composera M. Barré.
A cette époque de frivolité, la na-
ture et l'éclat du talent de M. de
Piis, lui concilièrent bientôt la
laveur de la ville et même celle de
la cour. En 1784 ^ il fut nommé
secrétaire - interprète de M. le
comte d'Artois, place sans fonc-
tions, qu'il exerça jusqu'à la ré-
volution, et qui lui a été rendue
depuis la restauration, ftl. de Piis,
ainsi qu'on le voit , doit être ran-
gé paririi ces hommes rares, dont
les orages de la révolution n'ont
point altéré les affections cl les
opinions primitives. Ces affec-
tions et ces opinions se conci-
liaient très-bien sans doute avec
les fonctions qu'il a remplies darjs
la garde nationale, soit à Paris,
soit ii Corbeil, où il était proprié-
taire; mais peut-être est-il moins
facile dt les faire concorder avec
les fonctions d'agent de la com-
mune de Chennevières-sur-Mar-
ne, de commissaire directorial du
canton de Sucy, de commissaire
du directoire près du premier
arrondissement de Paris, et aveo
celles de membre du bureau cen-
tral de cette vilie. La formule du
serment que les fonctionnaires
publics étaient obligés de prêter
à celte époque, était de nature
à répugner à des royalistes moins
prononcés même que M. de
Piis. Après le 18 brumaire, M.
de Piis passa des fonctions de
membre du bureau central à cel-
PII 319
les de secrétaire -général de la
préfecture de police, place qu'il
a occupée jusqu'en 181 5; il ne
l'exerça pas toutefois pendant les
cent jours , mais il n'en fut pas
moins employé par le gouverne-
ment intérimaire, en qualité d'ar-
chiviste de la préfecture de poli-
ce. Rétabli dans ses premières
fonctions parla seconde restaura-
tion, il les perdit bientôt, et à
dater du 14 août 181 5, il fut ren-
du tout entier à ses occupations
favorites. Les nombreuses chan-
sons que M. de Piis a publiées
dans toutes les phases de sa vie
politique, prouvent que le soin
des affaires ne lui faisait pas né-
gliger les lettres; il n'est pas \\n
événement, il n'est pas un gou-
vernement qu'il n'ait chanté sur
des airs connus, à commencer
par celui de God save ifie King.
On retrouve il est vrai entre les
divers sentimens exprimés dans
les couplets de M. de Piis, la con-
tradiclion qui existe souvent en-
tre ses principes et sa conduite,
mais c'est en cela surtout que res-
sort la souplesse de son esprit;
jamais franc royaliste n'a paru si
bon républicain, jamais homme si
religieux n'a paru philosophe plus
déterminé. Faut-il en fournil* la
preuve, entre nulle autres? pre-
nons au hasard le couplet suivant,
il est tiré d'une chanson intitulée
de l'Inutilité des prêtres,
EnÇcance adroite et fanatique ,
Qui viviez jadis de l'autel ,
Voulez-vous de la république
Obtenir un pardon formel ?
En uniforme, en casque, en guêtres.
Armez vos btas d'un fer vengeur.
Et perdez , en prenant du c.eur,
Votre caractère de prêtres.
Ce n'est pas, nous le répétons»
dans ces couplets qu'il faut cher-
520
PII
cher la véritabfe pensée de M. de
Piis, mais dans ceux qu'il a fait iii-
sérer depuis, st)il dans la Foudre,
soil dans les Lettres champenoises,
soit dans d'autres pamphlets du
même genre. Désavouant ses opi-
nions silnulées, M. de Piis, plus
orthodoxe que personne au mon-
de, ne travaille jdus aujourd'hui
que pour l'amour de Dieu. Croyant
probahleineut que la iDultJplieité
de ses compositions compensait
leur peu d'impoi tance, ce poète
s'est mis plusieurs lois sur les
raun^s pour l'institut et pour l'a-
radcniie-lrançaise. En cela encore,
il s'est montré inconséquent avec
ses piincipes. En 1798 ou 99,
de concert avec un autre cheva-
lier, le clievalier de Cubières, le
chevalier de Piis avait fondé une
institution appelée le Portique ré-
puhlicaiîu iiistilntioii lellement in-
com])alihle avec l'inslilut, que par
un aiiicK; si)écial de son regle-
ïnent, nul uitinbre de l'institut
n'y pouvait être admis. Peut-être
l'institut a-t-il pris tacitement una
résolution pareille, lelativemenl
aux UMMubres du Portique. Les œu-
vres de M. Piis ont été imprimées
et publiées en quatre volumes par
sou^cripiion, lorsqu'il était préfet
de police. Cette édition , fort chè-
re dans l'origine, a perdu les trois
quarts de sou piix. Il n'en est pas
ainsi de sa valeur. Car indépen-
damment d'une romance tiès-
sentimentale sur les huîtres, ou y
trouve plusieurs })ièces assez cu-
Tieuses, et entre antres un poëme
sur les lettres de I alphabet, où
sont les vers suivans :
Le (^) traînant sa queue et querellant tout bas.
L'X ex>.i(ant la rixe.
"Voilà ce que M. de Piis appelle de
PII
Vharmonie cmitative. Sans rabais-
ser le mérite de ce poëme, nous
croyons pouvoir avancer que M.
de Piis fait mieux. Quoique dans
ses meilleures chansons il soit
prolixe et bizarre, et qu'il n'ait
pas produit une chansr)n par-
faite, il s'est placé par plusieurs
couplets, au niveau de nos meil-
leurs chansonniers. Ce n'est pas,
toutefois, parce couplet qui se
trouve dans une de ses dernières
productions :
Parer, en fastueux coquet,
Son ironique boutonnière
Dun œillet rouge ou d'un bouquet
De violette printanière ,
'• C'est être imurrccti nncl ,
•> £t non constitutiannei. ••
Que, de la retraite qu'il habile,
M. de Piis envoie de temps en
temps de pareils couplets à cer-
tains journaux, il n'y a rien là que
d'innocent, rien qui ne. soit com-
patible avec l'esprit de la réforme
dans laquelle il s'est jeté; mais il
n'en est pas ainsi des attaques qu'il
se pertntt trop fréquemment con-
tre les fauteurs des opinions qu'il
a feint de parlaj^er. Qu'il se sou-
vienne que la charité est la pre-
mière des vertus chrétiennes, et
qu'il faut être indulijent quand
on a eu besoin d'indulgence. M.
le chevalier de Piis est nu des fon-
(ialeurs du théâtre du Vaudeville,
et réclame, à ce litre, des pro-
priétaires de cet établissement,
une [icnsion (pi'il n'a pas encore
oblenue. Sic vos non vohis. S'il
n'est pas de l'acadeinie-fiatiçaise ,
il a été membie du Careau, socié-
té (juijpendaiilviugt ans, a fait des
chansons pour boire, et bu pour
faire des chansons. Les inégalités
du talent de M. le chevalier de
Piis lui oui attiré plusieurs épi-
PII
gammes , provoquées par son
nom ; Di Ttiellora Pus, lui disait
l'un, en parodiant Virgile ; //«^'e
Pii<t ingenium, disait l'autre , en pa-
rodiant le Ilitiiel. D'autres, jouaut
sur le noui du plus ingénieux des
associés do cech:insonnier,di'<aient
que dans les ouvrages de Piis il y
aidait beaucoup de choses à barrer
(à Barré), M. Piis aura sans doute
ri le prenner de ces pointes, que
nous ne rappelons que pour l'é-
gayer. Ses priiUMpaux ouvrages
sont : 1° Les AugustUis , contes
nouveaux, 1777 , 2 vol. in- 12 ; 2°
la Carlo Roherliade , ou E pitre des
chenaux , ânes et mulets de ce bas
monde au sujet des ballons , 1784 •,
in-S"; j'Cliarisonsnouoetles, >785,
in- 12; 178*:), in- 12 ; 4' Harmonie
imitalive de la langue française ,
poëme en 4 chants, 1786, in-ia ;
5° les OEufs de Pâques de mes cri-
tiques, dialogues mêlés de vaude-
villes, 178G, in-8° ; 6° Opuscules
diners, 1791 , in- 12 ; 7° Chansons
choisies, 1 806, 2 vol. in- 1 8; 8° OEu-
vres choisies, 1810, 4 vol. in- 8";
9° Chansons pour la naissance du
roi de /î«mc(dans les Hommages
poétiques deMM. Liicet et Eckart) ;
lO" A quelques Portes très- spiri-
tuels ( matérialisme à part ) , stan-
ces familières , 1 8 1 8 , in - 8°. Les
pièces qu'il a composées en société
avec M. Barré sont au nombre de
seize ; en voici les titres : la Bonne
femme ou le Phénix^ parodie lï Al-
cesle; V Opéra de province, parodie
A\4rmide ; Cassandre oculiste, ou
l'Oculiste dupe de son art , co'.né-
die-parade ; Arislnte amoureux ,
ou le Philosophe bridé , opéra co-
mique ; les V endangcurs , ou les
doue Baillis , divertissement ; Cas-
sandre astrologue, ou le préjugé de
PIL 521
la sympathie, comédie-parade ; les
Etrennes de Mercure, ou le Bonnet
magique , opéra comique ; la Ma-
tinée et la f'^eillée villageoises, ou te-
Sabot perdu, divertissement; te
Printemps, divertissement; les
deux Porteurs de chaise, comédie-
parade ; les A mours d' été, di vertts-
sement ; le Gâteau à deux fines, di-
vertis.^e'uent ; l' Oiseau perdu et re-
trouvé, ou la Coupe des foins, o\)é.CA
comique; le Mariage in extremis,
comédie, les Voyages de Rosine, 0-
péra comique; tiX lesQ uatre coins ,0-
péra comique. 3J.de Piis acomposé
seul , laFausse Paysanne, ou Heu-
reuse inconséquence , comédie ; les
troisDéesseS rivales, ou le double Ju-
gement de Paris, divertissement;
les Sacoyardes, ou la Continence de
Bayard, comédie; les Solitaires de
N ormandie,o\)é.vii comique; la suite
des Solitaires de Normandie, opéra
comique ; les deux Panthéons , co-
médie vaudeville ; les deux Limo-
sins , op(ivava\iilevil\e; l' abbé y erd;
le Savetier et le Financier; le Maria-
ge du vaudeville et de la morale ; les
Plaisirsde r hospitalité et les Plaisirs
de l'adoption , opéras vaudevilles;
Santeuil et Dominique , pièce anec-
dotique ; et enfin, te Rémouleur et
la Meunière, divertissement.
PILAllD (l'al)bé Jeav-Char-
les), né le 17 octobre 1767, était
curé de Suint-Jean de Corconé
dans la Vendée, à l'époque où la
guerre civile y éclata. Il se réunit
à l'armée catholique, passa la Loi-
re avec elle, et accompagna les
chouans tiiia l'instant qu'ils se ras-
semblèrent. Pendant la première
guerre, ce fut à M. de Scépeanx,
chargé du commandement de l'An,
jou, que s'attacha l'abbé l'ilard. Il
eut occasion de se lier alors avec
ai
7)22 PIL
le général Bourmont ( voyez ce
nom), dont il devint depuis l'a-
gent intime , et qui , à la seconde
guerre qui eut lieu en 1799, le nom-
ma aumônier-général de l'armée
et trésorier. Il joua dès-lors un rôle
important dans ces l'atales circons-
tances; il était à raison de son der-
nier titre admis à lt)usles conseilîT,
et iniiié à tous les secrets, ne quit-
tant pas un instant le général en
chef, le suivant même dans toutes
ses expéditions, et jusque sur les
champs de bataille. L'abbé Pilard
<'St rentré, depuis la pacification ,
dans l'exercice de ses fonctions sa-
cerdotales,pi us chères sans doute à
son cœur depuis qn'elles nont
plus pour objet que la paix et la
charité. Il a été nommé à la care
de Souelles, dans le département
de Maine-et-Loire.
PILASTRE DE LA BRARDIÈ-
RE (Up.bain-René ) , habitait le
bourg de Chefles, ci- devant An-
jou, aujourd'hui département de
Maine-et-Loire, lorsque la révolu-
tion éclata, 11 fut nommé député
de la sénéchaussée d'Anjou, aux
états-généraux en 1789, et ne prit
part que par son vote aux impor-
tantes questions qui y furent agi-
tées. En septembre «792, il fut de
nouveau élu })ar le département
deM.iine-et-Loire à la convention
nationale, où dans le procès du roi,
il votaladétention pendant la giaer-
le, et le batmissement à la paix. A-
près la session, il passa au conseil
des anciens, d'oi"» il sortit le 20 mai
1798. Il devint alors l'un des ad-
ministrateurs des hospices civils
de Paris, place qu'il ne conserva
que jusqu'à la révolutiondu 18 bru-
maire an 8, à la suile de laquelle
(en décembre 1799) il fut encore
PIL
élu membre :lu corps-législatif. Il
cessa d'en faire partie en i8o5, et
n'a point rempli depuis cette épo-
que de fonctions jHibliques.
PliiLE (Lotus-Antoine comtk
Dr) , lieutenant - général , offi-
cier de la légion - d'honneur et
chevalier de Saint- Louis, né à
Soissons, le i4 juillet 1749? était
avant la révolution secrétaire-
général de l'intendance de Bour-
gogne. Jl se prononça avec cha-
leur pour le nouvel ordre de
choses, et lors de la levée des
premiers bataillons de volontai-
res, il fit partie d'un de ceux qui
se formaient à Dijon, et en fut
bientôt nommé commandant. Il
passa avec ce corps à l'armée que
commandait Dumouriez, se dis-
tingua dans plusieurs occasions
par sa bravoure et ses talens mi-
litaires, et obtint à la fin d'août
1792, fc grade d'adjudant-géné-
ral; mais s'étant trouvé en di-
verses circonstances opposé au
général Dumouriez, et bien éloi-
gné de vouloir seconder ses pro-
jets , celui-ci le livra aux Autri-
chiens lorsqu'il passa de leur cô-
té, et l'adjudant-général Pille fut
long-temps retenu pareux prison-
nier dans la forteresse de Maës-
tricht. Rendu etifin à la liberté, il
fut appelé à Paris par le gouverne-
ment, qui le nomma commissai-
re-général de l'organisation et du
mouvement des armées de terre,
place équivalente alors à celle de
ministre de la guerre. Pendant
son adminislralidii, il fut dénon-
cé aux jacobins par Sijas, mais
cette altaque n'eut pointde suite,
et il continua à remplir les mêmes
fonctions, jusqu'après le 9 ther-
midor (27 juillet 1794)- Employé
PIL
alors dans le grade de général de
brigade à l'intérieur de la Fran-
ce, il fut attaché, en 1797, à l'ar-
mée d'Italie, et commanda depuis
successivement les places de Mar-
seille et de Lille. Après la révo-
lution du 18 brumaire an S (9 110-
veitihre 1799), le général Pille eut
une inspection, et tut chargé long-
temps à Paris de fonctions con-
cernant particulièrement le recru-
tement et la conscription. Lors
du retour du roi en 1814 ■. il fut
nommé chevalier de Saint-Louis,
et eut, le a3 septembre 1 8 1 5, le li-
tre de conite. lia depuisobtenu sa
retraite. L'aïeule maternelle de ce
général était la sœur de l'illustre
Racine.
PILLET (Fabien), homme de
lettres, membre de la société royale
académique des sciences de Paris,
olïicierdcl'universitéjestnéà Lyon
en 1772. Il a successivement coo-
péré à la rédaction du Journal gé-
néral de France, du Journal d' ins-
truction publique, du Déjeuner,
feuille dont les auteurs furent con-
damnés à la déportation à l'épo-
que du 18 fructidor, et enfin du
Journal de Paris , dont il est au-
jourd'hui le plus ancien rédacteur,
pour la partie des arts et de la lit-
térature dramatique. M. Fabien
Pillet a occupé diverses places
d'administration, notamment cel-
les de chef de bureau des théAtres
et de secrétaire principal de la di-
rection générale de l'instruction
publique, et en dernier lieu de chef
du bureau descolléges royaux à l'u-
niversité, lia fourni beaucoup d'ar-
ticles à la Biographie universelle ,
ceux, entres autres, des acteurs du
Théâtre-Français et de plusieurs
poètes, peintres et sculpteurs.^
PIL
5?.5
Une pièce de circonstance, JVen-
zel ou le Magistrat du peuple, opé-
ra en 3 actes, musique de Ladur-
ner, lui valut, en 1794, l'avantage
d'être rappelé de l'armée, et exemp-
té de la réquisition militaire, par
un arrêté spécial du gouverne-
ment. Il a donné depuis avec suc-
cès, mais sous le voile de l'ano-
nyme, un opéra en un acte, Duval
ou une Erreur de Jeunesse, qui eut
au théâtre de l'Ambigu-Comique
i 5o représentations, et une coirié-
die en un acte, le Refus par amour,
imprimée [)ar Barba. L'opéra de
Duval fut f til en société avec M. Gré-
try neveu. On a de M. Fabien-Pil-
let un grand nombre di; poésies
fugitives, et surtout ù'Epigram-
mes, qui sont éparses dans les re-
cueils et dans les journaux, et Ton
cite particulièrement, comme cel-
le de ses pii;ces bachiques qui a
eu le plus de vogue, la chanson qui
commence ainsi ;
Voulez-vous suivre un bon conseil ?
Buvez avant que de combattre , etc.
Ses querelles épigrammatique*
avec Legouvé, Despaze, Vigée,
Geoffroy, Dorât Cubières, MM.
l'abbé Feletz, Baour-Lormian, Le-
brun -Tossa, etc., ont pendant
quelque temps amusé les oisifs de
la capitale. Son ouvrage intitulé :
la Lorgnette des Spectacles, et sa
Revue des comédiens (2 vol. in- 12)
serviront utilement à l'histoire du
théâtre. Il est peu de livres de ce
genre où le talent des acteurs en
réputation soit soumis à une ana-
lyse plus approfondie et plus im-
partiale. Sa critique du salon de
1812, qui parut à cette époque
sous le litre de te Noir et le Blanc,
et ses articles du Journal de Paris,
sur les expotiitions publiques des
0'24
PIL
années suivantes, ne sont pas non
plus sans intérêt pour les liomuies
qui se proposent d'écrire l'histoire
de la peinture. On a de lui, en ou-
tre, des Lettres critiques à un
membre de l'athénée de hyon ,
sur les cinq satires de M. Despaze,
et des brochures politiques, pu-
bliées après le 9 thermidor an 2,
savoir : Sommes-nous libres ou ne
le iommes-nous pas? Des Lois et
non du sang, etc., etc. On lui a
long-temps attribué un pamphlet
satirique, intitulé : Revue des Au-
teurs vivons, qui causa une sorte
de scandale parmi les gens de let-
tres (1797), et qui l'exposa même
à la colère du directoire-exécutit";
mais il a constamment désavoué
cette brochure, où la hardiesse al-
lait jusqu'à la témérité, et l'on a
lieu de croire du moins qu'il n'en
était pas l'unique auteur. On re-
marque, au surplus, que depuis
l'époque du i8 fructidor, où il fut
proscrit avec ses amis, MM. Des-
tor et E. Dupaly, il s'est abstenu
d'écrire sur la politique.
PILLKINGTON (Marie), da-
me anglaise, auteur de plusieurs
ouvrages estimés, principalement
consacrés à l'instruction de la jeu-
nesse, née à Cambridge, en 1766.
Son père était un chirurgien très-
habile ; mais plus occupé de son
^rt que de sa fortune , il laissa eu
mourant sa l'en:me et sa fille dans
le besoin. Cette dernière fut éle-
vée par son grand-père, ecclésias-
tique respectable, qui se plut à
cultiver les heureuses dispositions
dont elle était douée. Elle épousa,
en 1786, un chirurgien de la ma-
rine, et pour suppléer à son peu de
fortune, elle entreprit l'éducation
<le plusieurs jeunes demoiselles.
PIN
Ayant ensuite publié quelques
écrits qui obtinrent du succès,
elle s'adonna tout entière à la
littérature. Les principaux ouvra-
ges de mistriss Pillkington, sont:
i" Histoire de Mortimer I^uscetles,
17975 iu-ï2; 2° Histoires tirées de
l' Ecriture-Sainte, 1798, in- 12; 5*
Miroir pour le sexe, 1798, in- 12;
f\° Beautés historiques pour les
jeunes dames, 1798, in- 12; 5*
Contes de Marmontel , choisis et
abrégés, 1799, in-12; Qt" Biogru'
phie pour tes jeunes garçons, 1 799,
in-12 ; 7° Biographie pour les jeu-
nes filles, 1799, in-12; 8" Nou~
veaux contes du Château ^ 1800,
in-12 ; 9" Contes delà Chaumière,
i8oi, iu-12; 10° Contes pour les
jeunes dames, 1801, in-12; 1 1*
Aventures merveilleuses , ou les
vicissitudes d'une Chatte, 1802,
in-12; 12" Abrège de l'Histoire de
ta nature animée, par Goldsmith,
i8o5, in-12; 13" la Fertu, 1804»
in-12 ; 14° Dictionnaire biographie
que des Femmes célèbres, 1804,
in-12; i5° Crimes et caractères ,
i8o5, 3 vol. in-12; 16" Hélène,
1807,3 vol. in-12; ly' Explica-
tions sacrées, ou Remarques du di-
manche soir, 1809, in-12; 18°
Sinclair, ou l'Orphelin mysté-
rieux, 1809, 4 vol. in-12; 19° /n-
cidens caractéristiques, tirés de la
vie réelle, 1809, in-12; ao" Poè-
mes originaux, 1811, in-S" ; 2 1° les
Malheurs de César, ou Aventures
d'un chien trouvé, ) 8 1 3, in- 1 2; 22°
Lettres d'une mère à sa fille, etc.
PINARD (Joseph), naquit,
en 176S, à Christophe-Dubois,
département de la Vendée. Les
premiers troubles de la révolu-
tion l'attirèrent à Paris; il y figura
dans tous ceu-t qui eurent lieu
successivement, et devint l'un
des menibres les plus frénétiques
et les plus sanguinaires de la so-
ciété des Jacobins de Paris. Il
fut, i\ ce titre, remarqué par
CanifT, qui, envoyé en mission
djtns II' départoment de la Loire-
Inttrieiire, le choisit pour l'ac-
cnntpagner. A peine arrivé à
Nantes, Pinard fut nommé n\em-
brc du Cfjmilé révolutionnaire
de cette ville, et rexocuteur de
confiance des assassinats journa-
lier'» qu'il provoquait, et qu'or-
donnait ensuite le comité; il était
surtout chargé des arrestations
à faire dans les campagnes. Ses
furfurs et ses rapines s'étendaient
sur tons les départemenscuviron-
nans, où son nom seul répandait
un effroi général, he 9 thermi-
dor mit nn terme à tant d'hor-
reurs. De retour dans la capitale
après cette époque, il fut dénon-
cé par sa section, et compris dans
le procès intenté contre !es mem-
bres du comité de Nantes. Le
tribunal révolutionnaire de Paris
Je condamna à mort le aS frimai-
re an 5 (i5 septembre 1794)5
comme complice de Carrier,
« ayant commis plusieurs assas-
«sinats de femmes, de vieillards
oet d'enfans, incendié plusieurs
nhabitations, volé une somme de
n4»ooo livres, etc., etc. » Il fut,
avec Moreau- Grandmaison , le
seul membre de ce comité qui
accompagna Carrier à Técha-
faud. Pinard était âgé de 26 ans.
P I N I) lii M 0 N T E (le marquis
Jean), poète italien, naquit à Vé-
ronne, en 175». Hiwoyit de bonne
heure au collège des ISoblesà Mo-
dène, il s'y montra poète, et mê-
me improvisateur. Encouragé à
PIN
3a5
cultiver ces dispositions, il vou-
lut imposer un frein à son imagi-
nation pour avoir le temps de for-
mer son talent. Mais aussi peu
maître de l'un que de l'autre, il
composa des vers avec plus de fa-
cilité que de goût, en croyant y
avoir mis du sentiment, parce
qu'il y avait de la chaleur. Plu-
sieurs de ces compositions paru-
rent à la suite d'une traduction
poétique des Remèdes de l'amour
d'Ovide, que l'auteur fit impri-
mer en 1791, à Vicence , sous
le nom d'Éschilo Acanzio. Il y
exerçait alors les fonctions de pré-
leur que la république de Venise
lui avait confiées. A une époque
où la scène italienne rérilamait un
successeur de MalFei, et cherchait
un meilleur interprète que Pepoli
(?'ov. cet article an Si'pplément),
Pindemonle descendit dans l'a-
rène pour y briguer l'honneur de
se parer de la première couronne
dramatique de l'Italie. Ses tra-
gétlies, presque oubliées main-
tenant, attiraient la foule au théâ-
tre , dans un temps oi'i celles
d'Alfieri y étaient écoutées avec
impatience. Pindemonte s'y mon-
tra novateur, et fut des premiers
à y enfreindre les règles d'Aris-
tolc. Ses componimenli teatrali, au
nombre de onze, imprimés à Mi-
lan en 1804, 4 ^o'- in -8", et
précédés d'un Discorso sal tea~
Ira ilaliano, échouèrent devant la
crili(|ue des littérateurs, après a-
voir enlevé les suffrages du pu-
blic. Dans un éloge composé en
l'honneur de Sainl-Thonias-d'A-
quin, Pindemonte eut la préten-
tion d'être éloquent, et ne fut qu'é-
rudit : cet essai sufïit à le faire ju-
ger aussi médiocre prosateur que-
526
PIN
médiocre poète. ObIig:é de s'éloi-
f;ner de Venise, il vécut quelque
temps à Paris, où il eut occasion
de se faire remarquer du premier
consul Bonaparte, qui le nomma
jnembre du corps-législatif ita-
lien. Pindernonte mourut en 1812.
PUS DEMONTE (le chevalier
IIippolite) , frère du précédent,
ei meilleur poète que lui, naquit
à Vérone en 1755. Placé au col-
lège des nobles, à Modène, il y
entreprit ses études, et y annon-
ça son penchant pour la poésie.
A j8 ans, il s'était déjà placé
parmi les bons poètes italiens, et
avait enrichi le Parnasse de quel-
ques élevantes productions. Se
formant d'abord sur les classiques
grecs et latins, il eut ensuite l'oc-
casion d'observer la société et les
hommes, et de soumettre à l'expé-
rience les idées qu'il avait puisées
dans l'étude, il parcourut succes-
.«ivement la France, agitée par la
révolution, l'Anglelerrr, terre de
réalités, et ITlalie, pays d'espéran-
ces. Ces tableaux variés de l'espèce
humaine firent une profonde im-
pression sur son esprit, et contri-
buèrent à modifier ses opinions.
Il échangea la lib<îrté contre les
privilèges , et tomba dans la dé-
votion en se sauvant des bras de
l'amour : mais ses ouvrages con-
servent la trace lumineuse des
différens sentimens qui se sont
tour- à -tour succédé dans son
cœur. Le Viaggi, lo plus long
de ses sermons, et Aharitle,
roman qui lui a été attribué, sont
une espèce à.' Album, où l'auteur
a consigné les réflexions aux-
quelles il s'était livré pendant
ses voyages. Il a composé aussi
des poésie campestri , où il parle
PhN
avec une grande admiration de
l'Angleterre, dont il décrit les
campagnes et les mœurs; en gé-
néral, les poésies de Pindernonte
portent lempreinte de ce calme,
de ce repos , de ce rare bonheur
qu'on ne fait éprouver aux autres
que lorsqu'on est capable de le sen-
tir soi-même. Enfin Pindemonte a
composé une tragédie sur la mort
d'Arminius, ce héros de la Ger-
manie, qui, après avoir délivré
son pays du joug étranger, en-
courut sa vengeance pour avoir
tenté de le sf)uinettre au sien.
Cette pièce s'écarte de la sévé-
rité des anciemujs règles sans
pourtant les violer trop ouverte-
tement. L'auteur y a introduit
des chœurs de guerriers et de jeu-
nes fdies, qu'on regarde comme
de bons modèles de style. On ne
peut pas juger de l'efiet que V Ar-
/Aim/o aurait au théâtre, celle pièce
n'ayant janiais été jouée, et pa-
raissant même peu susceptible de
l'être. Les ouvrages de Pinde-
monte qu'on estime le plus, sont
ses poëines lyriques, surtout les
épîtresel les sermons, qui out une
certaine gravité d'idées et de sen-.
timeus, que l'auleur semble avoir
puisée dans la littérature anglaise,
dans laquelle il est très - verSé.
11 vient de publier une traduc"
tion en vers blancs de l'Odys-
sée, dont il avait fait paraître
deux chants, il y a quelques
années. Pindemonte a peut-être
bien fait de la [iréférer à l'Iliade,
qui aurait exigé plus d'imagina-
tion, et une plus grande vigueur
dans le style. Animé par un noble
sentiment de patriotisme et d'ami-
tié, il a répandu souvent des fleurs
sur le tombeau de ses amis et de ses
PIN
compatriotes. Maflci, Spolverini,
Pompei, Torelli, Rosa Morando,
ont re^îii tour-à-tour ses homma-
ges et ses éloges. L'âge et les infir-
mités ont reiulii Pindemonte d'u-
ne dévotion trop austère pour un
esprit cultivé. Le temps qu'il don-
ne à ses prières nuit à ses travaux,
et c'est avec raison qu'on lui repro-
che le partage trop inégal qu'il en
fait entre ces mêmes travaux et
ïa conscience. Cet auteur n'est
pas du nomhre des hommes ex-
traordinaires qui l'Italie a pro-
duits; mais l'as?iduité de ses études,
la dignité de sa vie et de ses écrits
lui assurent tm rang honorable par-
mi ses contemporains, et le re-
commandent d'avance à l'esti-
me de la postérité. Ses autres ou-
vrages sont : 1° Inno à Cerere ,
in-8": c'est une traduction de
l'hymne attribuée à Homère ; 2"
i Sepolcri: c'est une réponse à un
poëmequeFoscolo luiavaitadressé
sur le même sujet; 5" le Nozze di
Teti et di Pelen ^ traduction du
poëme de Catulle ; 4° Lettera di
Pénélope ad U lisse, traduction de
l'héroïde d'Ovide; 5° Gibilterru
salvata, poëme; 6° la Fala morga-
na, poëme (description d'un phé-
nomène qu'on observe dans le
cauid de Messine) ; 7" Antonio
Foscurini, nouvelle. Ces deux der-
niers ouvrages et quelques au-
tres morceaux de poésie ont été
publiés sous le nom de PoUdete
Melpornenio. 8° Discorso sul gusto
prescrite in letteratura; {)" de' Giar-
dini inglesi; 10" Saggio di traduzio-
ni di f'^irgilio. Nous avons déjà
parlé de l'essai de sa traduction
d'Homère. L'auteur lesfit paraître
en même temps. 1 1° Plusieurs tra-
ductions du groc, imprimées avec
PIN
^a?
celles de Pompei; 12" Etogio di
Gcssner; 15° Elogio di Gozzi; i4°
il Colpo di Martello, petit poëme
sur l'usage du temps. Ses derniè-
res productions sont deux o-
des , Vuvcp. sur le retour du ca-
pitaine Parry, de son expédition
au pôle, et l'autre sur la mort
de miss Bathurst, qui se noya
dansle Tibre. iM. Pindemonte vit
à Venise, qu'il regarde comme sa
seconde patrie. Il est membre de
l'institut italien, et de plusieurs
autres corps savans.
PIiNEL (Philippe), est né en
1745» à Saint- Paul, près de La-
vour, département du Ttirn, où son
père exerçait l'art de guérir. Il étu-
dia fort jeune encore la médecine à
Toulouse, et, en 1764, fut reçu
gratuitementdocteiu' en médecine
de la faculté de cette ville , en con-
sidération des connaissances éten-
dues dont il avait déjà fait preuve,
et des espérances qu'il donnait
pour l'avenir. Il se rendit immé-
diatement après à Montpellier ,
cité célèbre alors par l'instruction
médicale qu'on venait y puiser de
toutes parts, pour se perfection-^
ner dans la science qu'il devait un
jour illustrer. Après quelques an-
nées de séjour dans cette école,
pendant lesquelles le jeune doc-
teur s'était livré à l'enseignement
des mathématiques pour subve
nir aux frais de son existence, il
vint à Paris, où il .s'adonna d'a-
bord avec ardeur à l'étude des
diiVéreiUes sci^'uces nécessaires à
la niidecipe» comme la botanique,
la ïoologie, l'analomie comparée,
etc. Il se lia bient»''»t avec (juelques
hommes au jourd'iiuilrès-célèbres,
dont plusieiu-s vivent encore, et
particulièrement avec Portai, De-
SaS riN
sault, Chaptal, Berthollet, Four-
croy. Desfontaines, etc. Dans la
suite M. Pint'l se livra exclusive-
ment à la tnèdeciite, et jeta les
fondernens de celte aérie do tra-
vaux qui lui ont valu une si juste
célébrité parn)i les successeurs
d'Hippocrate. En 1785, il publia
une traduction de la médecine
pratique de Cullen sur la nosolo-
gie qu'on put alors étudier; L'an-
née suivante, il donna une édition
des œuvres de Baglivi, célèbre
médecin de Rome ; il rédigea ,
pendant quelque temps , la Gazette
de Santé ^ et travailla à un recueil
intéressant créé par Fourcroy , et
inlitulé, la Médecine éclairée par
les sciences physiques ; il prélu-
dait ainsi à de plus grands travaux
qui devaient faire une sorte de ré-
volution en médecine; il en fut
distrait pendant quelque temps
par sa nr mination i\ la place de
médecin en chef de Bicêtre , en
1 792. Son ardente philantropie fut
bientôt mise à ime rude épreuve
dans un hospice - prison , où les
aliénés étaient enchaînés et con-
finés dans des cachots infects. M.
Pinel, convaincu par une étude
approfondie , qu'on ne faisait
qu'empirer l'état des aliénés
par des châtimens réservés aux
criminels et une réclusion ri-
goureuse, résolut de les traiter
avec douceur, de les laisser jouir
des bienfaits de l'exercice, du tra-
vail et d'un air salubre , en se bor-
nant pour eux à une surveillance
exacte et paternelle ; il fit donc
tomber leurs chaînes.... Cette in-
novation , qui trouva d'abord de
l'opposition de la part de l'auto-
rilé, eut tout le succès possible;
et M. Pinel; qui rendit par cet acte
PIN
d'un esprit supérieur un service
in.-^igiic à rhumanilé, ]K'ut être
considéré comme le bienfaiteur
des aliénés, k\ le promoteur de
tout ce qui a élé fait en leur faveur^
en Fraiice et à l'étraniier. C'est
assurément un beau titre de gloi-
re, que ce célèbre médecin aug-
menta encore par son Traité médi'
co - philosophique sur l'aliénation
mentale, qui fut le fruit des études
prof'indes et philosophiques qu'il
avait faites sur cette cruelle mala-
die de l'espiit, à Bicêtre et à l'hos-
pice de la Sal[>étriére, où il fut
ensuite appelé en qualité de mé-
decin en chef. Ce magnifique éta-
blissement, le plus beau comme
le plus utile de tous ceux qui exis-
tent en Europe, est son ouvrage.
M. Pitiel, occupé de travaux scien-
tifiques , songea peu aux honneurs
qu'obtinrent plusieurs de ses amis
sous le gouvernement qui succéda
aux orages de la révolution; il au-
rait pu cependant y aspirer, étant
lié d'amitié avec les Fourcroy. les
Chaptal, les Berthollet. lesCabanis,
et admisdan? les célèbres réunions
d'hommes distingués que iVl^'Hel-
véfius recevait à Auteuil. H fut
loin de rechercher les h. iules ré-
compenses qne le gouvernement
accordait aux savans et aux hom-
mes de génie; tous ses mnmens
étaient consacrés aux recherches
qu'il avaitentreprises A laSalpétriè-
re , pour la composition de son
grand ouvrage de mé<ler'ine, inli-
tulé : Nosographie philosophique ,
ou Méthode de l'analyse appliquée
à /fl me</m/j^, publiépour la premiè-
re fois en 1798, et qui a eu depuis
six éditions consécutives. L'auteur,
dans cet ouvrage encore aujour-
d'hui le plus classique cl le plus
PIN
élémentaire de nos traités <\p mé-
decine, t. rrassa le'* vieilles hypo-
thèses de Y humorisme , remplaça
des divisions vagues et surannées
par une classification nouvelle ,
où les maladies .«ont distribuées ,
autant qu'il était possible de le
faire alors, d'après leur siège. Le
g"Af exquis qui j>résida à la ré-
daction de ce livre, la philosophie,
le ton sévère et la critique pi-
quafile qu'on y rem uque , l'habi-
leté profonde de l'auteur à {géné-
raliser ses idées et à manier le
grand iri.-trument de l'analyse mo-
derne ; enfin ww style animé, con-
cis et plein d'éiier;^ie firent la ré-
putation de cet ouvragequi devait
opérer une révolution com;ilèie
dans la science médicale, et exciter
l'enthousiasme parmi les disciples
que M. Pinel attirait à laSalpétriè-
re, où il faisait des leçons de Méde-
cine clinique , et à l'école de sauté
dt)nî il venait d'être nommé pro-
fesseur. Les écrits de M. Piiiel sur
la médecine, dilVèrens mémoires
qu'il avait publiés .sur l'anato-tiie
comparée, la zoologie, etc., mar-
quèrent sa place dans la classe des
sciences physiques et mathémati-
ques de l'institut , dont il fait en-
core partie ( i83/i)commemeiribre
de l'académie des sciences. Ce fut
à-peu-près à l'époque de son ad-
mission à l'académie qu'il fut dé-
coré de la légion - d'honneur.
Quoique ce médecin célèbre fût
loin d'avoir Télocution et la mé-
thode nécessaires h un bon pro-
fesseur, ses aperçus profonds et
philosophiques, son enthousiasme
et son espèce de réforme, lui con-
ciliaient généralement les suffra-
ges de ses confrères et l'admira-
tion d'une jeunesse ardente à s'ins-
PIN 32î>
truïre. Les salles de la Salpétriére
el le vaste amphithéâtre de l'école
de médecine pouvaient à peine con-
tenir la foule de ses auditeurs. M.
Pinel est considéré comme ayant
ramené en France le goût des bon-
nes études médicales et de la mé-
decine d'obs(Tvati"n, Ses travaux
loi ont acqui.- une réputation euro-
péenne, et plusieurs de ses ouvra-
ges ont été traduits en diverses
lar»g>i»'s. Consullé de tmtes j)arts,
cond)lé des faveiir> de la renom-
mée . ce célèl)re médecin l'aurait
été de celles de la fortune , si les
malheureux n'eussent eu une gran-
de part au fruit de ses travaux. Il
s'est cimtenté d'une honnête ai-
sance qui suffît à sa grande mo-
destie, à sa ren)arquable simpli-
cité ; mais cette aisance a été dimi-
nuée par le renversement de l'an-
cienne écoie de médecine ; il n'est
qu'honoraire dans la nouvelle ,
avec une très - modique retraite.
Outre les ouvrages dont nous a-
vons parlé , M. Pinel a publié une
Médecine clinique inJérieure sous
plusieurs rapports à ses autres
écrits , et en partie l'ouvrage de
ses nombreux élèves; il est aussi
l'un des collaborateurs du vaste
dictionnaire des sciences médica-
les en 60 volumes. La majeure
partie des articles importans qu'il
y a insérés, lui sont communs
avec iM. Bricheteau , l'un de
ses élèves qu'il a honoré de sa
confiance et associé à ses travaux.
Ce vénérable médecin, aujour-
d'hui accablé par l'âge et les in-
firmités , unit à des talens de
premier ordre, la pratique des
plus hautes vertus, une philoso-
phie rare et un patriotisme éclairé ;
il se montra courageux au jour du
33o
PIN
danger, et» cachant dans sa propre
maison, de concert avec une per-
sonne respectable, ri'ifortuné Con-
doicel {voy. Condorcet) qui en sor-
tit malheuieusoniL'iit trop loi, mais
dans la crainle de coinpronietlre
un ami si généreux.
PINELLl (BarthÉlemi) , pein-
tre italien, né à Rome, de parens
pauvres, annonça de bonne heure
un tabnt extraordinaire pour la
peinture. Placé à l'académie de
Saint-Luc, établie alors dans les
salles du Capitule, il se forma
moins d'après les préceptes de
ses maîtres, que sur les modèles
de l'antiquité qu'il avait sous
les yeu.v. Pressé par le be-
soin , et obli};é d'employer ses
crayons pour subsister, il abandon-
nait souvent son école pour s'a-
donner à des travaux lucratifs. Il
esquissa quelques sujets d'histoi-
re avec tant d'espriletde vigueur,
que ces croquis suffirent pour faire
fipprécier son talent. Ce succès
l'éloigna entièrement de l'acadé-
mie, où il n'y avait que des cen-
seurs rigides, tandis qu'il lui fal-
lait des admirateurs gétiéreux. A-
husaut de sa facilité, et se livrant
à sa propre impulsion, il voulut
être, et il lut eflectivemenl, des>i-
nateur, peintre et graveur. Au-
cun travail ne lui paraissait diffi-
cile, et c'est avec la môme adresse
qu'il maniait le burin et les pin-
ceaux. Il entreprit de donner une
collection d<-,s tableaux les plus
renommés de Ronje , qu'il grava
au trait, sur de petites dimen-
sions. Vulgaire par gofit, plus en-
core que par naissance , il ne se
plaisait que dans la société de ce
qu'il y avait de plus ignoble dans
la ville; et c'est encore dans les
PIN
cabarets de Traslevere que sont
ses ateliers, et parmi la popula-
ce de Rome qu'il choisit ses mo-
dèles. Vivant au milieu des Ro-
mains modernes , cachés sous les
ruines des Romains d'autrefois, il
a été le premier à en dévoiler les
usages el les mœurs, et le recueil
de ses scènes populaires est sans
contredit le plus piquant de ses
ouvrages. Dans une série de y.So
estampes, composées et gravées
par lui-même, Piuelli a présenté
les faits remarquables des histoi-
res grecque et romaine. Ses su-
jets sont bien choisis, les groupes
principaux sont presque toujours
arlistement disposés; mais le des-
sein en est maniéré, et l'expres-
sion des figures manque de celle
dignité et de cette noblesse, qui
sont indispensables dans des ta-
bleaux d'histoire. Pinelli dans ses
inomens de loisir s'était amusé à
reproduire les trop célèbres des-
sins de Jules Romain, gravés par
iMarc-Antoiue , pour les sonnets
de TArétin, Cette imprudence
faillit l'exposer à une terrible per-
sécution de la part du gouverne-
ment papal, qui ordonna la sup-
pression de l'ouvrage, et obligea
l'auteur à en briser les planches,
et à en retirer les copies : ce qui
les a rendues presque aussi rares
que les originaux. Cet artiste est
maintenant occupé à graver une
suite de vignettes pour un poiime
populaire, connu sous le nom de
Meo Patacca. h*' notubre des des-
sins e^ des gravures de Pinelli
est incalculable : à force d'eu
produire, il a contracté une telle
aptitude dans le travail, qu'ij
compose, dessine et grave tout ;'i
la fois. Il peint rarement à l'hui-
lo ot en détrempe, mais sou?ent à
r<iqiiarelle et en couleur : il se
l'ait admirer todjours; c'est sur-
tout dans ces derniers dessins
qu'il se montre inimitable. Celle
extrême facilité qu'il a, et qui lui
promet le succès dans tout ce qu'il
«ntreprend , doit l'aire regretter
fjiie sou talent n'ait pas eu le
temps de se perfectionner. Pi-
nelli aurait été un grand [)ein-
tre de chevalet, comme il est
certainement le plus étonnant im-
provisateur en peinture. Il est
grand, bien fait, son regard est
vif, et sa physirmomie agréable,
ïf umble avec les petits, il est fier,
et presijue insolent avec les grands.
Son cœur est bon et géiiéreux ;
mais ses goûts , ses manières et
SCS h.ibiludes sont ignobles. Il ai-
me la raillerie, cherche le plaisir,
et ne revient que par fore»' au tra-
vail. On le rencontre souvent dans
les rues de Home , entouré de
chien>, et évitant la société des
honmies, qu'il se plaît à observer
de loin dans les fête? et les spécia-
les, auxquels il est rare qu'il ne
prenne pas quelque part.
PINET (Jacqi'es), né, en
1760, à Bergerac, département
de la Dordogne, adopta avec
chaleur la cause de la révolu-
lion, fut élu, en 1790, adminis-
trateur du district de Bergerac,
et nommé, l'année suivante, dé-
puté du département de la Dor-
dogne à l'assemblée législative,
d'où il passa à la conven-
tion nationale. Dan< le procès
du roi, il vola avec la majorité.
Envoyé après le 5i mai à l'armée
de l'Ouest, et en 171)4 dans le»
déparfemens des Pyrénées-Orifin-
tules , il suivit le système de sé-
PIN
7)5 1
vérilé établi par ses prédécesseurs.
Au mois d'avril de la même an-
née, on lui dénonça une conspi-
ration, dont le but était d'insur-
ger le département des Landes,
pour porter la guerre (;ivile sur
les derrières de l'armée française,
tandis qu'elle serait attaquée de
front par l'armée espagnole. Pi-
net partit à l'instant de Bayonne,
et, en parcourant le département
des Landes, fil faire un grand
nombre d'arrestations. On porta
à 80 le nombre des détenus, dont
trois furent condamnés à mort.
Rappelé de l'armée après le ()
thermidor, il fut dénoncé à la
convention par quelques habi-
tans de Bayonne; mais la dénon-
ciation n'eut aucune suite; il ne
fut décrété d'arrestation que le
soir du 1" prairial an 3 (20 mai
i7;)4), comme l'un des chefs de
la conspiration qui avait éclaté
le jour même contre la convention
nationale. L'amnistie du 4 bru-
maire l'ayant rendu à la liberté,
il fut nommé administrateur du
déparlement de la Dordogne ,
dont le directoire exécutif lui re-
tira les fonctions en 1798, pour
avoir influencé les élections do
ce département. Allcint par la
loi du 12 janvier 1816, Pinet
a été obligé de quitter la Fran'-e.
PINLT (N.), né dans le dépar-
tement de la iManche, adopta a-
vec chaleur les principes de la
révolution, et fui élu , au mois
de septembre 1792, député à la
convention nationale; il s'y fit peu
remarquer. Dans le procès de
Louis XVI, il fut de l'avis de
l'appel au peuple; déclara qu'il ne
pouvait cmnuler les fonctions
de juge et de législateur; vota
532
PIN
pour la déteulioii , et adopta le
sursis. Après la session, il entra
au conseil des cinq-cents, d'où il
sortit en 1797. I' "'^ V^^^ reparu
dans les assemblées législatives.
PINET (N. ), agent-de-chan-
ge à Paris, a joui pendant deux
ans. de 1787 à 1789, d'une cer-
taine célébrité due uniquement
à l'appât qu'il offrit à tous les
avides et crédules capitalistes
de la capitale, en empruntant
de l'argent à un taux exorbitant
et inouï jusqu'alors; ce qui lui
attira surtout la confiance géné-
rale, c'est qu'il payait les inté-
rêts avec une exactitude scrupu-
leuse, et qu'il rendait les fonds
à tous ceux qui témoignaient la
moindre inquiétude, sans qu'au-
cune instance pût les lui faire re-
prendre. On aura peine à croiie
à celle sorte d'épidémie morale,
lorsqu'on saura que Pinet, sans
aucun capital apparent qui lui
servît de caution, vit passer dans
ses mains , en fort peu de temps,
des sommes considérables; mais
la même chose avait eu lieu 70
ans auparavant dans le fameux
système de Law, et le résultat ici
fut A peu près le même. Le duc
d'Orléans, qui passait pour le
premier autour de sa fortune, l'a-
vait employé à ce qu'on préten-
dit, d'a])rès le système de ca-
lomnie établi alors coxitre ce
prince, dans les accapa^emens
de grains que la disette fit suppo-
ser à celle époque {voy. le PrÉ-
voT'DE-Beaumont); aussi la cour,
qui recherchait alors les causes
de cette disette, au moment où
les états- généraux se rassem-
blaient, fii-ellc appeler Pinet à
Marly; il s'y trouva avec plu-
PIN
sieurs autres personnes soupporr-
nées comme lui d'être dans le
secret de ces accaparemens. On
lui promit la place de garde du
trésor royal , s'il donnait des
renseignemens sur cet objet , et
il s'engagea à en fournir ; mais il
fut assassinéquelques jours après,
le 1*9 juillet, dans un bois près
du Raincy. Voici comme M.
Bertrand-de-Molleville raconte cet
événement : « Le duc d'Orléans
«engagea Pinet à aller cher-
Dchor son portefeuille an Raincy,
»où il était déposé, et le ren-
«voyadans une voiture, avec des
Mgens de sa maison. Comme il
arevenailà Paris, il fut assas-iné,
»et les gens du duc déposèrent
ixju'ils avaient été attaqués par
»des voleurs. Après les premiers
«secours qu'on lui admislra, Pi-
»net s'écria: Mon portefeuille!
«mon portefeuille! les scélé-
nrats! » Si l'on en croit le même
auteur, les créanciers de Pinet,
ayant découvert, ù la fin de 1791»
un ancien valet-dc-chambre du
prince , entamèrent avec lui une
négociation , et en obtinrent des
détails précieux; mais au moment
de paraître devant la justice, cet
homme s'échappa tout -à -coup
de Paris, sans qu'on ait pu savoir
ce qu'il était devenu. On crut dans
le temps, comme de raison, qu'il
avait vendu son silence au duc
d'Orléans, et que celui-ci assura
sa fuite. Voilà de ces faits qu'on
est obligé de rapporter , parce
qu'ils se trouvent dans les mé-
moires du temps; mais heureuse-
ment ils semblent n'exister que
pour prouver jusqu'où peut aller
la calomnie ou l'aveuglement de
l'esprit de parli.
PIN
PINGERON(Jean-Clatjde), lit-
térateur, secrétaire du musée de
Paris, membre de l'académie de
Barcelonne , naquit à Lyon vers
1 75o, Il fitde bonnesétudesetem-
brassala profession des armes. Au-
torisé ensuite à prendre du service
en Pologne, il devintcapitaine d'ar-
tillerie et ingénieur de Zamosc.
De retour dans sa patrie, il obtint
un emploi au bureau des bfitimens
de la couronne. Pingeron voyagea
en Italie, et séjourna assez long-
temps à Rome et à Naples. Il par-
courut les Echelles du l.evant, etse
rendit à Malte et en Sicile avec le
marquis de Néelle. En ly^G, il ac-
compagna l'abbé Sestiiii dans son
voyage do Cafane au mont Gibel.
Pingeron revint pour la seconde
fois eu France. Il coopéra en 1779,
a u Joarval de l'agriculture, du com-
merce, des arts et des finances, an-
quel il donna plus pariiculièrement
des articles sur l'utilité publi(|ue.
L'un des fondateurs du musée de
Pari*, il en fut le premier secré-
taire. Il élail dej)uis long-temps
mend>re de l'académie de Barce-
lonne. Pingeron mourut à Versail-
les en 1795. On lui doit comme
littérateur ou traducteur : i" Trai-
ta des vertus et des récompenses, par
le marquis de Ilyac, traduction
de l'italien, Paris (Amsterdam),
1768, in- 12. Cette version a été
reproduite en langue polonaise.
•j." Conseils d'une mrre à son fils,
poëme traduit de l'italien de M"'
Piccolomini-Gérardi, in- 12, 1769;
r»° Essai sur la peinture du comte
Algarotli, traduction de l'italien,
in- 12, 1769; 4" Traité des violen-
ces publiques et parliculicres, avec
une Dissertation sur les devoirs des
magistrats, 1769; 5° les Abeilles,
PIN 533
poëme de Ruccelaï, traduction de
l'italien, Amsterdam , 1781. Pin-
geron a enrichi sa version d'un
Traitécomplet des Abeilles, d'après
les meilleurs auteurs. 6° Vies des
architectes anciens et modernes, tra-
duction de Miiizia, 2 vol. in-12,
1771. On trouve dans la préface
des recherches fort intéressantes
sur l'origine et les progrès de l'ar-
chitecture. 7° Voyage dans la Grè-
ce asiatique, traduction de l'abbé
Sestini, in 8°, 1789; S' Lettres de
l'abbé Sestini à ses amis pendant
le cours de ses voyages, traduction
avec des notes, 3 vol. in-S", 1789;
9" Voyage dans la partie septentrio-
nale de l'Europe pendant les an-
nées de 1 768 à 1 770, traduction de
l'anglais de Jos. Marshal , in-S",
1776; 10° Description delà Jamaï-
que, traduction de l'anglais, Paris,
in-12, 1782; 1 1° Description d'u-
ne machine électrique construite et
perfectionnée , traduction de l'an-
glais de Cuthbcrson, Paris, in-8",
1790; 12" Expériences et recher-
ches utiles à l'humanité, aux hospi-
ces, au comme/ ce et aux beaux-arts^
traduction de différens ouvrages
étrangers publiée après sa mort ,
Paris, in-S", i<So5; i5° quelques
Articles dans la Bibliothèque phi-
sico-économique, et au très recueils.
Enfin on lui attribue VArt de faire
soi-même des ballons aérostatiques,
Paris, in-8", 1783.
PINGRE (Alexandre Guy), as-
tronome, bibliothécaire de Sainte-
Geneviève, membre de l'acadé-
mie royale des sciences, puis de
l'institut national, naquit à Paris
le \[\ septembre 171 i, et mourut
dans celle ville, le 1" mai 1796.
Il fit de très- bonnes étndes, et
montra, dès sa jeunesse, une grau-
jj4
riN
de activité et beaucoup de dispo-
sitions pour les sciences. Lecat ,
aniiloaiiste distingué, et tondaleur
de l'académie de Rouen, le lit re-
cevoir iiienibre de ce corps. Pin-
gré ne larda pas à se faire connaî-
tre. Il calcula l'éclipst^ tie lune ar-
rivée le 28 décembre i ^49- H don-
na ensuite un Almanack nautique^
destiné à faciliter aux navigateurs
l'observation des longitudes. Le
gouvernement le chargea succes-
sivement d'aller dans la mer du
Sud observer le passage de Vé-
nus sur le disque du soleil, et en
Hollande, avec Courlanvaux, vé-
rilier les horloges marines de Le
Roy. 11 s'embarqua ensuite sur
Vlsis et la Flore pour accroître les
progrès de l'astronomie et de la
géographie. A son retour en Fran-
ce, il publia, en 17^3 et 1778, une
relation de chacun de ses voyages,
en 2 vol. in-4°. Ces travaux le fi-
rent nommer astronome-géogra-
phe de la marine, et membre de
l'académie des sciences. A la réor-
ganisation des c.orpsacadémiques,
en 1796, il d»;vinlmeudMe de l'ins-
titut national. On lui doit, outre
lesouvrages dont ila déjà éléques-
tion : 1° Elut du ciel, pendant les
années 1754, 1/55, 1756 el 1757;
•j." Mémoire surlesdécouverlesfai-
tes dans la mer du Sud avant les
derniers voyages des Anglaise! des
Français autiiur du monde, 1758,
■in-4"; 3° Corne tograpliie ou Traité
■^ùstoriqae et Ihéorique des comètes,
1785, 'J. vol. in-4''; c'est l'ouvrage
le plus considérable que Pingre ait
publié. 4" Traduction des Astro-
nomiques de Manilius, 1780, in 8".
Il y a réuni les autres poètes latins
•tjui ont écrit sur le cours des as-
Ires. 5" Histoire de l' astronomie
PIN
du dix-septième sincle, i7gi,ln-4",
dont il avait niis au jour le projet
dès 1756; 6" il est l'éditeur des
Mémoires de l'abbé Arnauld, fils
aîné du célèbre Arnauld d'Andilly,
publiés en 175(3, en 5 vol. in-4'';
7° il est également éditeur de la
onzième édition de la Géographie
en vers artificiels de Buflier, qui
parut en 1781, in- 12; 8" il est au-
teur dans la nouvelle édition de
l'Art de vérifier les dates, des Cnf-
culs des éclipses qui ont eu lieu
milleans avant l'ère vulgaire; 9°en-
fiu il a donné dans les Mémoires de
l'académie des sciences im grand
nouibre de dissertations et mémoi-
res remarquables.
PINI ( LE P. Herménégilde),
entra jeune encore dans la congré-
gation des [)rôtres de Saint-Paul,
dits Barnabiles, et s'y livra à son
goût pour les scierjces; il devint
profes-ieur du collège de Saint-
Alexandre à Wilan , dont, par ses
talens , il a encore contribué à
augmenter la célebiité. Le P. Pi-
ni a cultivé avec un soin parti-
culier les sciences physiques et
l'hisloire naturelle ; et c'est cette
dernière qu'il enseignait avec le
plus grand succès avant la révo-
lution. Il possédait aussi im cabi-
net d'histoire naturelle extrême-
ment curieux , qu'il avait amassé
à grands frais. II eut le boidieur de
le conserver pendant les troubles
politiques , et de pouvoir conti-
nuer ses fonctions et ses études.
Ce savant , que tous les hommes
instruits qui se rendaient à Milan ,
s'empressaient de visiter, devint,
sous Napoléon, l'un des trois ins-
pecteurs-généraux des études,
l'un des membres de l'institut des
sciences, lettres et arts d'Italie, et
rii\
chevalier de la conronne-de-Fer.
Ou doit au P. Piiii une foule d'é-
crits important sur lu minéralo-
gie , la géologie , etc. , parmi les-
quels on distingue les suivans :
1° dell' Arcliilettaru dialoghi. Mi-
lan , 1770 , in- 4° ; 2° Ozervazioni
mineralogiche , su la miniera di
ferro di Rio ed al ire parti de II' isola
d'Elha, \i)\d.f 1777, iu-8°; 7)° Mé-
moires sur de îwuvelles cristallisa-
tions de feld - spath et autres sin-
gularités des granits, ibid. . 1779,
in - 8" ; 4° f^i^f^ëgi^o geologico per
diverse parti meridionali deW Ita-
lia , 2' édition, iWid. , an 1 délia
rep. ital. , in-8°; 5° Réflexions ana-
lytiques sur les systèmes géologi-
ques [an italien, Milan, 1811);
sort i)nt principal dans ces ré-
flexions était de réfuter un ouvra-
ge récent de Breislack , intit(dé
Introduction à lu géologie, dans
lequel Celui-ci avait soutenu que
la fluidité primitive du globe était
ignée, tandis que le V. Pini sou-
lieiil qu'elle était aqueuse. Une
divergtMice d'opinion s'éleva éga-
b'ment entre ces deuxs;ivans, au
snj».'tde riiistoire du déluge, selon
Moï>e : Breislack, en hasardant
une explication du phénomène des
corps organiques fossiles, avait
su{)posé que la uier lut jadis el
long-temps élevée bien au-dessus
de son niveau actuel; le P. Pini
au conliiu're soutient, d'après l'au-
torité de l'histoire sacrée, que ce
phénomène s'explique également
par une inondation extradinaire
et passagère. La manière d'écrire
<lu P. Pini est pleine d'intérêt et
d'agrément.
PINKENEY(N.), diplomate a-
méricain , fut, en 179^. un des
ronunis-aires envoyés en Augle-
PIN 5" 5
terre pour terminer les différent
survenus entre son pa^^s et cette
puissance. Il y resta ensuite en
qualité de ministre plénipotentiai-
re, et vers la fin de 1795, il fit vin
voyage en Espagne pour régler
les intérêts des États-Unis relati-
vement à la Floride. Ses fonc-
tions de ministre plénipotentiaire
d'Angleterre furent révoquées en
mai 1796; mais dès 1797, son
gouvernement l'envoy;! près de
la république française, et le nom-
ma l'un des trois comtnissaires
chargés d'entamer une négocia-
tion qui n'eut aucun résultat. Le
directoire -exécutif ayant établi
pour préliminaire une demande
qui ne fut point accordée, il passa
ensuite en qualité de ministre des
États-Unis à la cour de Madrid.
Il y resta jusqu'en 1802, époque
à laquelle il quitta cette résiden-
ce pour se rendre en Italie, com-
me surintenili+nt-général des con-
sulats américains. Il en exerçait
encore les fonctions en i8o5. En-
voyé de nouveau en Angleterre
en 1809, à l'occasion des difficul-
tés survenues pour le soutien du
droit des neutres, il ne put, mal-
gré l'habileté qu'il déploya dans
cette circonstance, obtenir du ca-
binet britannique que des conces-
sions de peu d'iuiportance ; elle»-
n'empêchèrent pas, bient«3t après,
que la guerre n'éclatât entre les
deux puissances. En juin 1816, M.
Pinkeney reparut sur la scène po-
litique en qualité d'ambassadeur
des Etats-Unis auprès de la cour
de Russie, et fut envoyé préala-
blement à Naples, pom" y deman-
der définitivement la restitution-
de [)ltisieurs vaisseaux améric lin*
confisqués sous le règne du roi
556
PIN
Joachim {voy. Murât), ou une in-
demnité complète pour ces bûti-
mens et leurs cargaisons. Les
journaux anglais du temps parlè-
rent de prétentions tellement exa-
gérées relativement à cette aflai-
re, qu'on s'étonne, non pas qu'el-
les aient été rejetées par le gou-
vernement napolitain, mais qu'el-
les aient pu être laites par ordre
d'un gouvernement aussi sensé
que celui des Américains. On de-
mandait en effet, suivant les
journaux anglais, « qu'il fût cédé
«par indemnité, dans une posi-
wtion convenable, à Messine, par
«exemple, un établissement naval,
"qui devait comprendre un hôpi-
»tal, un arsenal et quelques sta-
» lions télégraphiques, et ensuite
non avait désiré la cession de
«l'île Lampedouse.» Une escadre,
envoyée par les Etats-Unis, ajou-
tent les mêmes journaux, devait
appuyer leurs prétentions , qui
n'en parurent pas plus justes et
n'en furent pas plus favorablement
accueillies. Au reste, il paraît que
la bonne intelligence entre la cour
de Naples et les États-Unis ne te-
iiiiit pas absolument au succès de
cette négociation, puisque M. Pin-
keney prit congé du roi de Naples
le 17 octobre 1816, aprè". avoir
terminé à l'amiable les dilTérens
qui divisaient les deux gouverne-
mens. Il parlitensuite pour Saint-
Pétersbourg, et fut présenté àrem-
pereur Alexandre le i5 janvier
1817, en qualité d'ambassadeur
des États-Unis.
PliNKERTON (Jean), écrivain
anglais, mendjre de la société des
antiquaires de Londres, d'Ecosse
et de plusieurs autres sociétés sa-
vantes , n« à Edimbourg, le 17
PIN
février 1758. II se distingua dès
sa première jeunesse par la rapi-
dité de ses progrès dans les scien-
ces et la connaissance des langues.
Au collège de Lanerk, où il lit ses
études , il était cilè comme le pre-
mier des élèves, et ses traduc-
tions des auteurs anciens furent
quelquefois préférées par ses maî-
tres , (i celles des meilleurs écri-
vains modernes. Revenu dans la
maison paternelle, M. Pinkerton
continua ses travaux avec la mê-
me ardeur, et acquit des connais-
sances étendues en divers genres.
Les mathématiques et la langue
française devinrent pendant quel-
que temps l'objet particulier de
ses études. Sa famille le destinant
à suivre la carrière du barreau,
le plaça chez un avocat , où il pas-
sa plusieurs années; mais après la
mort de son père , il alla , eu 1 780,
s'établir à Londres, où il forma
des liaisons avec plusieurs hom-
mes de lettres distingués, et se
fit connaître avantageusement lui-
même par la publication de poè-
mes élégiaques, qui obtinrent du
succès et annonçaient un vérita-
ble talent pour la poésie;. mais
il l'abandonna bientôt pour se
livrer entièrement à des recher-
ches historiques sur les peuples et
les monumens de l'antiquité , et
il fit une étude approfondie de la
numismatique. Eu 17841 il publia
un ouvrage intitulé : Essai sur
les médailles, qui est généralement
estimé. Le dernier lord Orford ,
plus connu sous le nom d'Horace
Walpole , homme très-distingué,
écrivit à l'auteur pour le féliciter
sur son ouvrage , et bientôt une
liaison intime s'établit entre eux;
elle dura jusqu'à la mort du pre-
PIN
mier. M. Pirikerton publia, en
1785, sous le nom supposé de
Robert Héron, un autre ouvrage
qui fit grand bruit en Angleterre
dans la république des lettre* , et
qui devint bientôt l'objet de vio-
lentes critiques. C'étaient ses Let-
tres sur la littérature. On repro-
chait à l'auteur d'avoir avancé les
paradoxes les plus extraordinai-
res, d'avoir jugé les écrivains
anciens et modernes avec une har-
diesse présomptueuse, d'avoir im-
prudemment tenté d'introduire un
nouveau système d'orthographe
bizarre, etc. Quelques hommes
d'un mérite reconnu, tels que Gib-
bon, auteur de l'histoire de la déca-
dence et de la chute de l'empire
romain, Walpole et autres, lui ac-
cordèrent cependant leurs suffra-
ges et prirent sa défense; il ne pa-
rut pas d'ailleurs très-affecté des cri-
tiques de ses adversaires, et ne mé-
nagea nullement dans ses propres
écrits la vanité ou les prétentions de
ses contemporains. Aussi le nom-
bre des ennemis littéraires de M.
Pinkerton, blessés par le ton de
hauteur et d'autorité qu'il affec-
te, s'est -il considérablement ac-
cru dans ces derniers temps. A-
près la mort de son ami lord
Ortbrd, il fit paraître, sous le titre
de IValpoUana, un recueil des let-
tres, discours et bons uiots de cet
homme célèbre, précédé de sa vie,
et enrichi d'une foule d'anecdotes
intéressantes qui le concernent.
Le rédacteur du Monlhly Maga-
zine, M. Phillips ( î;oy. ce nom),
se rendit éditeur de cet écrit, qui
eut un débit prodigieux. Mais les
ouvrages qui ont fait connaître le
plus avantageusement M. Pinker-
lon sont sa Dissertation sur l'origi-
T. XVI.
PIN 33;
ne des Scythes ouGothSj sesSouve-
nirs sur Paris, et son Système géné-
ral de géographie ; ce deruier sur-
tout a rendu la réputation de l'au-
teur européenne, et a été traduit
dans toutes les langues. M.Walcke-
naer en adonné une traduction très-
estimée en français; un autre au-
teur, M. Malte - Brun [voyez ce
nom), a puisé largement dans
l'original anglais pour composer
ses Annales et son grand onvrage
de Géographie. M. Pinkerton a
réclamé avec son énergie et sa
vivacité ordinaires, contre le.» pré-
tentions personnelles, m lifestées
par certains traducteurs et ampli-
ficateurs de son ouvrage. Ce sa-
vant recommandable, doué d'au-
tant d'activité que de facilité pour
le travail , a publié un grand nom-
bre d'ouvrages, dont nous cite-
rons ici les principaux: 1° Élégies
et poésies légères y 1781, in -8°;
2° Contes en vers , 1 782 , in - 4" ;
3° deux Odes dithyrambiques sur
l' enthousiasme et sur le rire, 1782,
iu-4°; 4° Essai sur les médailles ,
1784» a vol. in - 8° , traduit en
français avec notes et additions ,
par J. G. Lipsius, Dresde, 1794,
in-4''; 5° Lettres sur la littérature^
par Robert Héron, 1785 , in - 8° ;
6° Anciens poèmes écossais de la
collection de sir Richard M ait land ,
1786, 2 vol. in-8"'; 7° Dissertation
sur l'origine et les progrès des Scy-
thes ouGoths, 1787, in-S", traduit
en français; ii°Filœ antiquœSancto-
rum, 1789, in-8'; 9° Bruce ou
Histoire de Robert , roi d'Ecosse,
écrite en vers écossais , par Jean
Barbour, 1789, 3 vol. in - 8° ;
10° Medallie History, ou Histoire
en médailles de l' Angleterre jusqu à
la révolution , 1790, in - 4°j avec
r>38
PIN
4o planches ; 1 1" Poëin&s écossais ^
léimpiimés après des éditions ra-
res , 1792, 3 vol. in-8" ; 12" Be-
■cherches sio' l'Histoire d'Ecosse a-
xant Malcûlm, 1789, 3 vol. in-8;
13" Histoire d'Ecosse depuis L' avè-
nement de la maison des Staart ,
1^97, a vol. in-4° ; '4" Iconogra-
phie écossaise, ouPor traits des illus-
tres personnages d'Ecosse, avec
des noies biographiques, 1795-
1^97, a vol. m-8"; xb" Galerie écos-
saise , ou Portraits des personnages
les plus éminens , avec leur ca-
ractère, 1799, in-H"; \& Géogra-
phie rédigée sur un nouveau plan ,
1802, 3 vol. in- 4° ? et seconde
édition, 5 vol. in-4° *, x')" Abrégé
delà géographie, etc., 1 vol. in-8°.
Cel ouvrage, résumé du précé-
dent , a été «onvent réimprimé; la
dernière édition de 1 8 1 7, gros in-8",
avec allas, a été revue et aug-
mentée pai l'auteur. 18" Recotlec-
tions , etc. , ou Souvenirs de Paris
eu 1801, 1802, i8o3, i8u4 et
i8o5, 2 vol. iii-8", ouvrage pi-
quant, qui a été vivement criti-
qué en Angleterre ; nj" Collection
générale des F ojages^ i3vol. in-4%
de 1808 à i8i3; 'H)" Nouvel Atlas
moderne , de 1 809 à 1 8 14 ; 21" Pé-
tralogie, ou Traité sur les rochers,
181 1, 2 vol. in- 8°; 22° Recherches
sur l'Histoire d'Ecosse, à laquelle
est ajoutée une Dissertation sur
l'origine et les progrès des Golhs,
1814 1 2 vol. in-8*, etc.
PINO ( i,E COMTE Dominique ) ,
feld-marrchal italien au service
d'Autiiche, grand- tordon de la
légion-d'honneur, grand- cordon
de la couronne-de-f'er, etc. , né à
Milan en 1760, fut un des pre-
miers à se jeter dans les rangs de
l'armée républicaine en Italie. Il
PIN
s'était enrôlé le 6 janvier 1796,
comme simple grenadier, et le
même jour il se vit, à la tête d'une
brigade, chargé de pénétrer dans
les états du duc de Parme. L'an-
née suivante, il reçut sa nomina-
tion de colonel , et prit le com-
mandement d'un régiment levé
aux frais de la répulslique cisal-
pine. S'associant au ressentiment
du général Lahoz ( voy. son arti-
cle ) , dont il partageait déjà les
opinions, Pino trempa dans la
conspiration <iui avait pour but de
soustraire l'Italie à la dépendance
du directoire-exécutif, après l'a-
voir délivrée du joug des Autri-
chiens. Mais plus prudent que son
frère d'arme, et moins emporté que
lui, Pino ne se montra pas offensé
de sa destitution, et alla combat-
tre, en qualité de simple volon-
taire, dans l'armée du général
Mounier, à Ancône, tandis que
Lahoz passa dans le camp des Au-
trichiens , et vint assiéger cette
même place, que Pino défendait
avec tant de l)ravoure. Il arriva
que Lahoz blessé dangereusement,
et fait prisonnier par les Fran-
çais, se rencontra un joi;r avec
son ancien ami , qui détourna
les yeux en l'apercevant. Mais
en lui entendant demander vaine-
ment à un soldat cisalpin la mort
(pie ses blessures lui montraient
connne inévitable, et qui pouvait
seule !e soustraire à une peine in-
famante, Pino eut le courage d'or-
donner qu'on achevât cet athlète
de la liberté, dont il j)leura long-
temps le malheur. Dès-lors Pino
montra un dévouement sans bor-
nes à la cause des Français , et
contribua très - ellicacemeni à la
défeiiàc d'Aiicône. Nommé gêné-
PIN
rai de brignde, le 16 décemlire
1798 , il dut se réfugier peu après
«0 France, à la suite de l'inva-
sion de l'armée austro - russe.
Il ne rentra dans sa patrie qu'en
1800, à la tête d'une brigade coui-
t>osée de tous les réfugiés italiens.
Elevé au rang de général de divi-
sion, il fit partie de l'armée de
MiolJis, et envahit la Toscane et
la Romagneeo 1801 et 1802. Rap-
pelé à Milan, il y reçut, en 1804,
le portefeuille de la guerre, qu'il
conserva jusqu'à l'année suivan-
te, qu'il reprit le commandement
de sa division, à la tête de la-
quelle il combattit en Allemagne,
en Espagne et en Russie. Envoyé
en Italie, en i8i3, pour secon-
der les efforts du vice- roi contre
les progrès des Autrichiens , il ma-
nœuvra d'abord avec beaucoup
d'intelligence sur Adelsberg et
Fiume; il rassembla ensuite les
troupes qui étaient à Bologne,
pour attaquer l'ennemi qui avait
débarqué sur le Fô. L'attitude que
Murât avait prise en Italie, fitcrain-
dre au vice-roi que ce prince ne
fût d'accord avec les anciens pa-
triotes italiens pour faire de l'Ita-
lie un seul état indépendant. Il
conçut des soupçons contre Pino ,
qu'il renvoya tout-;»-coup à Milan.
Le sachant dans quelques embar-
ras de fortune, le prince Eugène
[voyez Bëa.ithabnais) lui offrit une
forte somme d'argent pour l'aider
à mettre en ordre ses affaires. Mais
cette générosité ne suffit pas à é-
leindre son ressentiment. Au mo-
ment où le sénat de Milan délibé-
rait, en i8r4, pour demander aux
puissances alliées Eugène pour
roi d'Italie, Pino, qui comman-
dait la garnison de lu ville, y or-
riN 539
ganisa secrètement les moyens de
déjouer ce projet, et ne fut, dit-
on , rien moins qu'étranger à l'in-
surrection du 10 avril , dans la-
quelle le ministre Prina fut massa-
cré par le peuple. On entendit mê-
me dans quelques quartiers crier:
yive le roi Pino! Ce qui fit croire
que ce général s'étaitflatté de pou-
voir hériter de la couronne de la
Lombardie. Cette disposition des
esprits, qui peut n'avoir rien de
commun avec l'ambition de Pino,
prouve son influence sur le peu-
ple, et donne le droit de penser
qu'il aurait pu arrêter les désor-
dres de Milan, s'il l'avait vftulu.
Devenu l'un des sept membres de ^
la régence provisoire, et investi
du commandement en chef de la
force armée, il ne put jouir Uwg-
lemps, par l'arrivée des trou-
pes autrichiennes, de la puissance
qu'il venait d'acquérir. Elle con-
tribua probablement au contraire
à le faire mettre à la retraite , avec
une pension et le grade de feld-
général-lieutenant. Lorsque le gé-
néral Bellegarde fit arrêter pla*
sieurs individus, soupçonnés de
conspiration contre le gouverne-
ment autrichien, parmi lesquels
était un aide-de-camp de Pino,
celui-ci partit à l'instant même,
sous prétexte de voyager, et re-
tomba, en 18 15, sous la surveil-
lance des Autrichiens. Il parvint
cependant à conjurer l'orage, en
se retirant dans une campagne
près de Milan , où il se condam-
na au plus rigoureux isolement.
N'ayant pris aucune part aux der-
niers troubles, de l'Italie, il a pu
continuer à jouii- de sa tranquillité
et de sa fortime. Le général Pino
est un officier distingué par ses ta-
O.|0
FIN
lens et par sa bravoure. 11 était ai-
mé de ses soldats, envers lesquels
il se montrait généreux et affable;
mais dès qu'il rentrait dans la so-
ciété, il prenait des formes hau-
taines, et s'entourait de ces vaines
formalités que l'étiquette peut im-
poser quelquefois, mais auxquel-
les un homme supérieur trouve
toujours moyen d'échapper.
PINTE VILLE (le baron Pierre-
Alexis DE ) , maréchal - de - camp
en retraite, officier de la légion-
d'honneur , chevalier de Saint-
Louis, est né, en 1771, à Vau-
couleurs , département de la Meu-
se ; il fit de bonnes études, et prit
du service au mois de décemlire
1790. La notice consacrée à cet
ollioier- généi-al dans la Biogra-
phie des hommes vioans des frères
Michaud , et reproduite dans l'ou-
vrage des Victoires et Conquêtes ,
étant de la plus grande inexacti-
tude , nons allons rétablir les faits
d'après le Moniteur, les ordres du
jour et les bulletins des armées.
IVi. de Pinleville passa rapidement
par tous les grades , jusqu'à celui
de chef d'escadron, qu'il obtint en
1796, et fut nommé successive-
ment m.'iior du II"" régiment de
chasseurs, colonel du So""" régi-
ment de dragons, colonel -major
et général de brigade dos dragons
de la garde , dont il a commandé
une brigade en i8i5. Il a fait dix-
huit campagnes dans les armées
d' A llemagne, des côtes de l'Océan,
d'Irlande, de Saint-Domingue,
d'Espagne, de Pologne , de Rus-
sie et de Saxe. Sa conduite bril-
lante à l'alfaire de Bautzen lui fit
conlérer par l'empereur le titre de
baron , que le roi lui a depuis
confirmé. M. de Pinteville a été
PIO
plusicHrs fois cité pour sa belle
conduite ; lia été blessé deux fois;
la seconde si grièvement à la ba-
taille près de Kulm, en Bohême,
au mois de septembre i8i5, que
dès.- lors il a été hors d'état de
servir.
P 1 N U E L A ( DON SÉBASTIEN ) ,
minisire d'état espagnol , naquit
dans l'Estramadure , d'une famille
noble de ce pays. Il se livra avec
succès à l'étude de la jurispru-
dence, et bientôt son mérite lui
fit obtenir l'un des plus impor-
tans emplois du royaume. La ma-
nière dont il en remplit les fonc-
tions, attira sur lui les regards
de la cour, et Ferdinand VII, de-
venu roi d'Espagne en 1808, par
la révolution d'Aranjuez, le nom-
ma ministre de justice et de grâce
pendant le court espace de temps
qu'il occupa le trône à cette épo-
que. M. de Pinuela suivit depuis ce
prince a Bayonne, où il fut témoin
des événemens qui firent passer
la couronne de Charles IV sur la
tête de Joseph Bonaparte. Il ac-
cepta néanmoins du nouveau roi,
sa nomination au ministère qu'il
avait occupé près de Ferdinand ,
et devint conseiller -d'état le 8
mars 1809. Il mourut dans le cou-
rant de la même année.
PIO (le chevalier Louis), lit-
térateur, né en Italie, était à l'é--
poque de la révolution secrétaire
de l'ambassade de Naples en Fran-
ce. Il embrassa avec chaleur la
cause populaire, ce qm lui attira
la disgrâce de son gouvernement;
mais il reçut, par une espèce de
compensation, le titre de citoyen
français, que lui déféra, en 1790,
ia commune de Paris. Le cheva-
lier Pio fut l'un des pcrsonnagi'S
rro
de la fameuse dèputation dite du
genre humain qui, sous les aus-
pices d'Anacharsis Clootz, se pré-
senta à la barre de l'assemblée na-
tionale , pour lui présenter les
hommages de tous les peuples de
l'univers, au nom desquels elle
prétendait parler. Le chevalier
Pio, qu'on supposait être l'un des
agens les plus adroits et les plus
actifs des chefs du gouvernement
républicain, n'occupait néanmoins
qu'un emploi très-secondaire à la
municipalité de Paris, dans le bu-
reau des passeports. Après la mort
de Danton, à la faction duquel il
paraissait appartenir, il fut enfer-
mé au Luxembourg, et détenu
jusqu'à la chute de Robespierre.
Depuis cette époque, le chevalier
Pio a tout-à-fait renoncé à la po-
litique, et ne s'est plus occupé que
de littérature. Indépendamment
de plusieurs traductions, il a pu-
blié à Paris, en 1807, \t^ Leltere
italiane scelle , in- 12.
PIOCH (Louis), lieutenant-co-
lonel au u"" régiment de chasseurs
à pied de la garde impériale, che-
valier de la légion-d'honneur, na-
quit à Montpellier, déparlement
de l'Hérault. Il avait à peine at-
teint sa 18" année lorsqu'il entra
au service, dans la 45"" demi-bri-
gade d'infanterie de ligue. Dès les
premières campagnes de la révo-
lution, il se fit remarquer en don-
nant des preuves d'une rare intré-
pidité. En 1795, il était caporal-
Iburrier, et faisait avec son corps
partie des troupes qui investis-
saient xManlouc. Le 19 décembre
la garnison de cette ville eflectua
une sortie, et après dix heures du
combat le plus acharné, força le
général Chabot d'opérer sa rctrai-
PIO
5Ai
te sur un terrain entrecoupé en
tous sens de fossés très-profonds,
ce qui rendait la marche des sol-
dats aussi dilTicile que périlleuse.
Plusieurs d'entre eux s'étaient
noyés en essayant de franchir ces
fossés, et le brave Maiîiot, capitai-
ne de sa compagnie, allait éprou-
ver le même sort si on ne l'eût se-
couru. Pioch s'en aperçoit, rétro-
grade à l'instant et vole à son se-
cours ; mais il est chargé par deux
houlans. Pioch , conservant son
sang- froid, tue l'un d'un coup de
fusil, et va à son tour fondre sur
celui qui reste, lorsque celui-ci
prend la fuite. Il s'élance dans le
fossé, et malgré le feu de plusieurs
pelotons autrichiens, il parvient à
sauver son capitaine. Après celle
action courageuse, il se disposait
à rejoindre ses camarades, lors-
qu'il aperçut une maison isolée,
dans laquelle s'étaient retranchés
cinq Autrichiens. Il enfonce la
porte à coups de crosse de fusil,
les attaque à la baïonnette, en
blesse deux, et les ramène tous
prisonniers. Plusieurs antres ac-
tions d'éclat l'ayant fait parvenir
au grade de lieutenant-colonel
dans la garde impériale, il pou-
vait justement espérer de ne point
s'arrêter en si beau chemin, lors-
qu'il fut tué par un boulet de ca-
non , le 26 août i8i5, à la batail-
le de Dresde.
PIORRY (Pierre-François),
né à Poitiers, département de
la Vienne , fit ses études à l'uni-
versité de cette ville, prêta., en
1785, le serment d'avocat au
parlement de Paris, et fut agré-
gé à l'ordre des avocats de la
cour présidialc de P(»iiiers, où
il plaida, l'eçu, en 1788, doclcui*
343 PIO
en droit, il avait eu l'intention
de concourir pour une chaire de
professeur; mais il ne put obte-
nir la dispense de l'année de
stage, prescrite par les règle-
mens. Au commencement de la
révolution, il fut nommé capitai-
ne de la garde nationale, et l'un
des notables du corps municipal
de Poitiers. La garde nationale
de cette ville aj'ant eu le projet,
à l'exemple des ci-devant provin-
ces de Bretagne et d'Anjou , de
former une fédération, M. Pior-
ry fut nommé secrétaire de cette
fédération, et il rédigea, le 26
mars 1790, une circulaire pour
l'accomplissement d'un pacte fé-
dératif dans les murs de l^oitiers.
Chargé, comme orateur, d'annon-
cer l'objet pour lequel celte fêie
avait lieu, il sut, par un discours
plein de patriotisme et d'énergie,
produire une impression proton-
de dans tous les esprits, et l'on
signa, le 11 avril suivant, sur
l'autel de la patrie, le pacte fé-
dératif projeté. Er.tre autres dis-
positions de ce pacte, mis sous
les yeux du roi et de l'assemblée
constituante, on y était unanime-
ment convenu « de soutenir jus-
wqu'à la mort la constitution du
«royaume, de mamtenir sur le
«trône de Henri, le roi, reslau-
xrateur de la liberté de son peu-
»ple, et son auguste famille; de
»se prêter dans toutes les occa-
« siens le-' secours mutuels de la
» fraternité , de maintenir dans
«leurs fonctions tous les tribu-
» naux créés ou autorisés par la
« loi, et de prêter mnin-forle à la
«perception des impôts légale-
Mineot établis... » Au mois de
mai de la même année, il fut
PIO
nommé président de sa section r
membre de l'assemblée électora-
le du département de la Vienne,
l'im des membres du conseil-
général de ce même départe-
ment, et admis, en cette dernière
qualité, au mois de juillet sui-
vant, à présenter à la barre de
l'assemblée constituante une a-
dresse de félioilation sur ses ira-
portans travaux. Après cette mis-
sion, il siégea parmi les cinq mem-
bres qui composaient le directoi-
re du même département, fut
élu secrétaire du collège électo-
ral en 1791, et, dans la même
année , député à l'assemblée lé-
gislative ; en 1792, il fut réélu
à la convention nationale. Dans la
première assemblée, il fit partie
du comité des domaines, et suc-
cessivement , dans la seconde, des
comités de législation, des péti-
tions, de surveillance des mar-
chés,d'habillernens et équipemens-
militaires, enfin de révision de
la loi sur les émigrés. Il servit
d'organe en plusieurs circonstan-
ces à divers comités. Dans le
procès du roi, il vota avec la ma-
jorité. Délégué au mois de mars
1793, comme l'un des commis-
saires de la convention pour le
recrutement de 4^0,000 hom-
mes, il rendit compte de ses o-
pérations dans le dépar'ement
de la Vienne, donna des rensei-
gnemens sur les premiers trou-
bles de la Vendée, et ne se char-
gea d'aucune mission ultérieure.
Inculpé comme membre du co-
mité de surveillance des mar-
chés, il offrit à la tribune la dé-
mission de ce poste ; mais loin
d'être acceptée, il fut au même
instant admis, par décret du 5o
Il
PIO
septembre 1793, à remplacer l'un
♦les secrétaires du bureau, qui se
trouvait en mission. En floréal
de l'an 2, il fit, au nom de
ce dernier comité, un rapport
général sur les quatre administra-
tions chargées de riiabillement
et de l'équioement militaire, de-
puis le 5 juillet 1792 jusqu'au 5i
juillet 1793, entra dans le détail
de leurs o[)érations sous différons
ministères , proposa la mise en
liberté de trente administrateurs,
et le renvoi de deux, comme
prévenus de fraude et d'infidélité,
par-devant les tribunaux compé-
tens. Le 2 prairial de l'an 5, un
membre de la convention avait
demandé que Piorry s'expliquât
surle fait qui lui était personnelle-
ment imputé dans cette journée,
celui d'avoir fait sonner le toc-
sin aux écuries d'Orléans, où il
avait alors son domicile. Il pro-
lesta à la tribune contre cette im-
putation ridicule et calomnieuse;
Ja convention passa à l'ordre du
jour. Décrété d'arrestation, le 22
thermidor, à la suite d'une dé-
nonciation faite par les admi-
nistrateurs de la Vienne, il fut
ensuite amnistié; et rendu à la
liberté, il rentra dans la carrière
judiciaire. Le directoire-exéculif
lenomma, le 29 vendémiaire an 6,
commissaire près les tribunaux
jcivil et criminel à Anvers. Au
mois de brumaire de l'an 7, une
révolte avait éclaté sur l'une des
rives de l'Escaut; il reçoit à cette
occasion, de l'administration cen-
trale du département des ûeux-
Nèthes, le pouvoir de se trans-
porter à Paris, pour faire con-
naître l'état de cette contrée,
et solliciter des sec'ours. Il rem-
PIO
545^
plit cette mission périlleuse ;
mais au mois de ventôse de
la même année, il s'en trouva
puni. On l'avait dénoncé au di-
rectoire comme paraissant, dans
les cérémonies publiques et dan»
l'exercice de ses fonctions, avec
ime décoration qui portait l'em-
blème de la constitution de 1793.
Sur ce fait qui, selon le dénon-
ciateur, était un attentat commis
contre la sûreté générale de l'état,
le directoire ordonna l'arresta-
tion de Piorry, et sa translation
à la maison d'arrêt, pour être
jugé conformément aux lois. L'af-
faire soumise à un jury spéfiial
d'accusation, l'objet de la dénon-
ciation fut reconnu faux, et It;
directeur du jury prononça jja
mise en liberté du prévenu au
mois de germinal an 7. Au mois
de brumaire de l'an 8, il fut
nommé juge au tribunal de réyi-
sion, établi à Trêves, pour les
quatre déparlemens de la rive
gauche du Pihin, et, successive-
ment, vice-président de ce tribu-
nal , assimilé , (juant à ses fonc-
tions, à celles de la cour de cas-
sation de Paris. Mais comme cel-
te inslitiilion n'était que tempo-
raire, elleservit .^ composer la cour
d'appel de cette dernière ville ,
dont il devint l'un des membres.
Au mois de ventôse an i3, il fut
incorporé à la cour d'appel de
Liège, et réélu en avril i8ii,
conseiller à la même cour. En
janvier 1814, il perdit, par suite
de l'invasion des troupes étran-
gères, le poste honorable dont
il était revêtu, et depuis il n'exer-
ça aucun autre emploi, nv. prit au-
cune partaux événeniensde i8i5,
ne signa point Vacte additionnel ^
544 ï'io
et ne se trouva compris alors dans
aucune des loisetordonnances ren-
dues par suite de ces événemens.
PIOZZI (miss Esther-Ltnch-
Saltisbury, d'abord femme Thra-
LE, et ensuite del Signor), naquit
en 174" i Boswel, dans le pays de
Galles, au comté de Caernarvon.
Elle montra de si heureuses dispo-
sitions pour l'étude, que sa famil-
le, qui Jouissait d'une honorable
aisance, consentit à lui faire don-
ner une éducation bien au-dessus
de son âge et de son sexe. En peu
d'années, elle apprit à fond le la-
tin, le grec, l'ijébreu et plusieurs
langues vivantes. Mariée à 24 ans
à un riche brasseur, membre du
parlement, miss Salusbury se fai-
sait remarquer dans la société par
le bon ton de ses manières et la
solidité de son esprit. Le célèbre
docteur Johnson, charme du mé-
rite de cette dame, accepta avec
joie les relations amicales qu'Ar-
thur Mtirphy (foy. ce nom), se
]>lut à établir entre i\l. Thrale et
le docteur Johnson. Ces relations
devinrent même si fortes que les
deux ménages furent bientôt com-
muns, soit à la maison de South-
wark, du docteur, soit à celle
que ïhrale occupait, à Strea-
tham. La société de Johnson n'é-
tait cependant pas exemple de
désagrémens. Le docteur était bi-
zarre , jaloux, brusque jusqu'à la
violence, et assez mauvais admi-
nistrateur de sa fortune; mais
Thrale et sa femme supportaient
avec beaucoup de résignation ces
fréquentes inégalités de caractère,
et prenaient de la personne et des
intérêts de leur ami un soin qui
<»nnonpait l'excellence de leurs
cœurs et leur admiration pour le
PIO
plus célèbre critique de l'Angle-
terre. Ces relations durèrent ce-
pendant 17 années, et ne furent
interrompues qu'un an après la
mort de Thrale, arrivée en 1781 ,
par l'impossibilité où la veuve se
trouva de continuer un genre de
vie qu'une plus grande suscepti-
bilité de Johnson lui avait rendue
insupportable. Elle résolut de se
séparer de son vieil ami, etelleprit
pour prétexte la perte d'un procès
et l'impossibilité où sa fortune la
mettait de continuera vivre à Lon-
dres. Elle se retira à Bath. Cette
séparation fut vivement blâmée
par leurs amis communs, et au
point que mistriss Thrale se vit
dans la nécessité de prendre la plu-
me pour donner des explications
à cet égard. Comme la séparation
s'était faite à l'amiable, une cor-
respondance bienveillante eut lieu
de part et d'autre pendant quel-
que temps. Le mariage que mis-
triss Thrale contracta, à l'âge de
4'j ans, avec un maître de musique
de Bath, Florentin d'origine, nom-
mé Piozzi, fut désapprouvé de
Johnson, et de ce moment toute
correspondance cessa entre lui et
M°" Piozzi. tt Au mois de sep-
tembre 1784, dit l'auteur d'une
Notice sur cette dame, elle tra-
versa la France avec son mari, et
se rendit à Milan, où elle passa
l'hiver. L'année suivante, elle
parcourut le reste de l'Italie, et
vint se fixer pour quelque temps
à Florence, où il se forma, sous le
titre délia Crusca, une société de
littérateurs anglais des deux sexes,
qui bientôt mirent au jour un vo-
lume de prose et de vers, intitulé : '\
the Florence Miscellaiiy , lequel
ne fut distribué d'abord qu'à un
PIO
petit nombre d'amis. Celte réu-
nion littéraire a été vivement at-
taquée par un critique nommé
Gifford, dans la préface d'un écrit
intitulé : Baviade et Mœviade. Au
contraire, un journal intitulé le
Monde se fit le prôneur, en Angle-
terre, de la réunion littéraire de
Florence, et parvint à lui donner
de la célébrité. Il publia, en les
accompagnant de grands éloges,
les productions poétiques de la
nouvelle académie. Elles se fai-
saient remarquer surtout par le
clinquant du style, et l'exagération
des métaphores, empruntées à la
langue et au génie de l'Italie. Sui-
Yanl l'usage du même pajs, tous
ces vers étaient signés d'un nom
poétique et emprunté. Le journal
qui les prônait parvint à mettre ce
genre à la mode, et ce fut bientôt
une véritable fureur d'écrire dans
ce goût. Telle est du moins l'idée
que M. GifFord a essayé de don-
ner de la réunion littéraire de Flo-
rence et des productions qui en
sont émanées. Quoi qu'il en soit,
M"" Piozzi a fait preuve d'un vrai
mérite comme poète, et son conte
intitulé les Trois Avis {the tliree
JVarnings) , doit être distingué
des bagatelles versifiées délia Crus-
ca. « M"* Piozzi, après avoir visité
les principales villes de l'Italie, de
l'Allemagne et de la Hollande, re-
tourna en Angleterre, où elle
mourut en 1821 , à l'âge de 83 ans.
Elle était veuve de son second
mari depuis 1801. » Elle avait sr
bien conservé ses forces physi-
ques et ses facultés morales jus-
qu'au terme de sa carrière, qu'el-
le donna et ouvrit elle-même un
bal,à ITige de 82 ans. » On doit à cet-
pio ' 545
te dame : 1° the Florence Miscel-
lany ( Miscellanées de Florence),
10-8°, ir85, en société avec MM.
Merry, Parsons, Greathead et au-
tres; 2° Observations and Reflec-
tions, etc. (Observations et Ré-
flexions,faites durant un voyage en
France, en Italie, en Allemagne),
ir86, 2 vol. in-S", ouvrage frivo-
le, qui néanmoins obtint beau-
coup de succès; 3° Anecdotes of
D'SamuelJohnson (Anecdotes sur
le D' Samuel Johnson, durant les
vingt dernières années de sa vie),
178(1, in-8"; 4° Lelters to and from
D' S. Johnson, Lettres du D' S.
Johnson ou à lui adressées, 1788,
2 vol. in-8". Elles ont été écrites
depuis l'année 17G5 jusqu'à l'an-
née 1784. Ces lettres et les anec-
dotes furent traitées avec une ex-
trême partialité parBaretti;et\Vol-
cott, dans une satire, sous le li-
tre de Bozzi et Piozzi^ ne les trai-
ta pas plus favorablement. 5" Bri-
tish Synonimy, etc. ^(Synonimie
anglaise, ou Essai sur l'emploi ré-
gulier des mots, dans la conversa-
tion familière), Londres, 1794 ? 2
vol. in-8°. Critiqué avec une ex-
trême sévérité, cet ouvrage, au-
quel on prétendit à tort que John-
son avait eu part, annonce dans
l'auteur un jugement sain et un
esprit observateur. 6" Rétros pec-
tion, or à Revievi>,elc. (Retrospec-
tion, ou lievuc des événemens,
des caractères, des circonstances
les plus remarquables du genre
humain pendant l'année 1800,
avec leurs conséquences), 1801, a
vol. in-4"'. 7° Enfin les Trois Avis,
conte imité de La Fontaine, une
imitation de l'Epitre de Boileau
à son jardinier, et différens autres
j4C
pm
opuscules insérés dans des recueils
périodiques.
PIPKLET (M""), ray. Salm-
DvcK.
PIRAULT-DES- CHAUMES
( Jean-Baptiste-Vincent ), avocat
et littérateur, est né à Paris, le 27
septembre 1767. Fils d'un procu-
reur au parlement, qui refusa son
ministère pendant toute la durée
de l'exil de 1771, il fit de bonnes
études au collège de Montaigu,
Au commencement de la révolu-
tion, dont il adopta avec modéra-
tion les principes, il fut persécuté
et se réfugia à l'armée de Dii-
mouriez ; il revint à Paris, après
l'affaire de Jeinmapes. Successi-
vement avoué et avocat au tribu-
nal de la Seine , professeur de
droit à l'académie de législation ,
on l'an 8, il déplut par la liberté
de ses opinions politiques, et fut
supprimé, en 1808, de ses fonc-
tions d'avo'ié. Devenu maire de
iVanterre , il fut obli^^é de donner
sa démission eu 1816, pour s'être
signalé dans les élections on fa-
veur des candidats libéraux con-
tre ceux du ministère. Nanterre
doit ii M. Pirault-des-Chaumes,
un plus grand revenu annuel
pour SCS pauvres, et l'établisse-
ment d'un bel abattoir à porcs,
qui rapporte 5 à 4000 fr. à la caisse
«ommunale, etc. Lors du procès
fait à Toccagion de la souscription
nationale , il s'est empressé de
s'associer aux souscripteurs, et a
offert ses veilles, comme avocat,
» ceux qui pourraient être victi-
mes de l'arbitraire ; il est l'un d(;>;
signataires de la consnilalion en
faveur des auteurs de la souscrip-
tion. M, Pirault-des-Chaumes
n'est pas seulement un de nosavo-
PIR
cats distingiiés, il est aussi hom-
me de lettres , et a donné avec
succès la traduction en vers fran-
çais de l'Art fie plaire, du Remède
d'amour et dos Amours d'Ovide,
et un Voyage à Plombières. '^
PIRE ( Marie - Guillaume de
RosrcviNEU, COMTE de), lieutenant-
général, commandeur de la légion-
d'honneur, chevalier de Saint-
Louis, et de l'ordre militaire de
Wurtemberg, est né à Rennes, le 3i
mars 1778, d'une ancienne famil-
le de la Bretagne, illustrée dans
les fastes de cette province. Son
grand-père, le marquis de Pire,
présidait la noblesse à la tenue
des états de 1770. Dès le com-
mencement de la révolution en
1789, son père, qui s'était
vo\ié à la cause contraire, se hâ-
ta d'aller rejoindre les princes à
Coblentz, emmenant avec lui son
fds à peine sorti de l'enfance. Le
jeune Pire suivit long-temps les
mêmes drapeaux que sou père ,
entra àl'âge de i4iuis dans les gar-
desdu-corps, compagnie de Gram-
mont, et fit les campagnes de
Parméc du prince de Condé. A-
près le licenciement de cette ar-
mée, il entra en 1793 avec le gra-
de de sous-lieutenant dans le ré-
giment d'infanterie que le prince
de Rohan - Montbazon venait de
lever à Gand, et qui fit partie de
l'armée anglaise que commandait
le duc d'York sur le continent. II à
fit avec elle la campagne de Hol- *
lande en 179'!, et fut nommé
lieutenant sur le champ de bataille
d'Appeldoorn, après que son régi- |
ment eut été en partie détruit par '
l'avant-garde française au passage
de la Meuse. En juin 1795, il s'em-
barqua à Sladc avec les cinq
PIR
régimens émigrés Rohan, Salm,
Férigord, Beon et Damas, qui for-
inaieiit la division Sombreiiil, et
qui tinrent débarquer dans la baie
de Quiberon. lVI. de Pire fut griè-
vement blessé lors de Tatlaque
du fort Penlhièvre par les troupes
françaises, sous les ordres du gé-
néral Hoche, et ne parvint à se
rembarquer que par une espèce de
miracle. 11 se réfugia avec les dé-
bris de cette funeste expédition
sur les rochers de Tîle d'Houat.
Le comte d'Artois lui donna des
témoignages d'estime et de satis-
faction : ce prince lui dit « que
si jamais il rentrait en France ,
une des premières faveurs qu'il
accorderait, serait pour M. de
de Pire; »et ayant égardà sa bles-
sure, il l'envoya de l'Ile- Dieu
se rétablir en Angleterre, et ie
chargea de ses dépêches pour le
minislère à Londres. Par suite de
l'incorporation du régiment émi-
gré de Rohan dans celui de La
Châtre, M. de Pire fut réformé à
l'âge de 17 ans, avec le grade de
capitaine ; mais l'ardeur de son
zèle et cette soif de combats dont il
paraissait altéré dès sa jeunesse, le
portèrent à solliciter vivement sa
remise en activité, et à être em-
ployé dans la funeste guerre in-
térieure , qui déchirait le sein
même de sa patrie. 11 obtint ce
triste avantage, pt accompagna
en mars 1796, MM. de Sérent
que les princes envoyèrent dans
la Vendée, avec M .M. de Bonr-
mont de Suz-anelte et autres chefs
royalistes. Blessé de nouveau en
débarijuant la nuit sur les côtes
de Bretagne près de Sainl-Malo,
il vit périr dès le lendemain la
plupart de ses compagnons d'ar-
PIR
54:
mes; MM. de Sérent furent tué»
dans les marais de Dole, et M, de
Pire, poursuivi par les troupes ré-
publicaines, ne parvint qu'après
avoir couru les plus grands dan-
gers, à s'éclwpper et à rejoindre
enfin le chef royaliste de Puisaye.
dans les environs de Fougères.
Il servit avec ce général jusqu'à
l'époque de la pacification de l'an
4, qui le fit rentrer dans le sein
de la grande famille française.
Le général Hoche, par considéra-
tion particulière, et malgré ses
instruclions, ne comprit point M.
de Pire parmi les émigrés qu'il
fut obligé de renvoyer en Angle-
terre ; mais ce dernier n"en resta
pas moins, et long-temps, sous
une sévère surveillance, fut sou-
vent dénoncé comme émigré et
royaliste, et ne recouvrit une en-
tière liberté qu'à l'époque du con-
sulat du général en chef Bonaparte.
Une nouvelle carrière s'ouvritalors
devant lui, et toujours animé du
désir de faire la guerre , il entra
dans les rangs de la grande-armée
française, où il n'eut plus le mal-
heur d'avoir à combattre ses con-
citoyens. M. de Pire prit d'abord
du service dans un régiment de
hussards volontaires, avec le grade
de capitaine, et fil honorablement
la guerre d'Allemagne. Son corps
ayant été réformé après la paix de
Lunéville , il rentra pour quelque
temps dans ia vie privée, et se ma-
ria ; mais il rejoignit en i8o5 l'ar-
mée, et se distingua de nouveau
jiendant les glorieuses canipagnes
(rAuslerli(z,d'Iénaet de Wagram.
Succc<sivemeiit capitaine au 7'
régifnent de hussards, chef d'esca-
dron au 10*, colonel du 7"^ régi-
ment de chasseurs à cheval^ aide-
548
PIR
de-camp du prince de Neuchâtel,
général de brigade , et bientôt
général de division, il fit toutes
ces campagnes à l'avant-ganle de
la grande-armée , en Allemagne,
en Pologne, en Espagne et en Rus-
sie. Partout il fit preuve de talens
militaires, et d'ime haute valeur.
Blessé plusieurs fois, ses grades
et ses décorations lui furent dé-
cernés sur les champs de bataille,
et sesélats de service porlenlqu'il
prit une part active à 5o batailles
rangées, et à plus de loo combats
d'avant-garde. Elève et ami des
généraux Lasalle et Montbrun, et
distingué par l'enjpereur, il fut
dans les derniers temps chargé
par lui du soin d'éclairer l'armée.
La surprise de Léipzick avec 5o
hussards derrière l'armée prus-
'sienne, 4 jours avant la bataille
d'Iéna; la capitulation de la ville
forte de Slettin, en 180G; sa con-
duite au combat de Somo-Sierra,
en Espagne, où Napoléon lui avait
donné par mis-ion spéciale le
commandement de l'escadron du
service des lanciers polonais de la
garde qui s'y couvrit de gloire; le
combat d'OsIrowno en Russie, et
d'autres affaires où les bulletins
de la grande-armée ont fait du
général Pire une mention honora-
ble, l'ont placé aux premiers rangs
des vieux guerriers de la France.
A l'époque de la restauration en
18 14, de fortes préventions politi-
ques s'étant élevées contre lui,
loin d'avoir part aux récompenses
ou aux faveurs que ses antécédens
semblaient devoir lui promettre,
il fut envoyé en une espèce d'exil
dans ses terres en Bretagne. ].,a
croix de Saint -Louis, donnée à
tous les officiers-généraux, lui fut
PIR
refusée, et aucune de ses récla-
mations ne fut accueillie. 11 se
trouvait dans cette situation péni-
ble, en i8i5, quand le retour di;
l'île d'Elbe eut lieu. Il paraît que
les sujets de mécontentement que
le général Pire croyait avoir,
joints à d'anciens souvenirs de
gloire, lui firent embrasser de nou-
veau avec une grande chaleur la
cause de Napoléon. Après avoir fait
reconnaître son autorité en Breta-
gne, il fut envoyé dans le midi
contre les troupes réunies sous
les ordres de S. A. R. le duc d'An-
goulême. Rappelé à Paris après
les événemens de Valence et du
pont Saint-Esprit , il fut nommé
gouverneur des Tuileries, du Lou-
vre , et chambellan de Napoléon.
On l'envoya immédiatement à
Laon prendre le commandement
provisoire du G' corps d'armée.
A la suite du combat des Quatre-
Bras et de la bataille de Waterloo,
où il commandait la cavalerie lé-
gère de l'aile gauche sous les or-
dres du maréchal Ney, il revint
sous les murs de Paris, et prit
encore une part glorieuse au com-
bat de Roquancour près Versailles,
où, avec son'amile général Excel-
mans, il prit ou détruisit en entier
deux régimens de hussards prus-
siens. Après le second retour du roi,
le général Pire fut compris dans
la seconde série de l'ordonnance
du 24 juillet 181 5. Arrêté le i"
août suivant, il ne sortit de pri-
son que par l'intervention de l'em-
pereur de Russie, qui lui offrit un
asile à Pétersbourg, où il se ren-
ditde suite, et passa tout le temps
de son exil. Rappelé en France
en 1819, et replacé sur le tableau
de l'armée, il a aussi reçu du roi la
riR
croix de Saint-Louis. En 1825 il a
cru devoir de nouveau solliciter
de l'aclivité de service, et a de-
mandé à faire la campagne d'Es-
pagne. iMais !"es démarches à cet
égard étant restées sanseflét, il
continue à vivre retiré en Breta-
gne dans l'ancienne demeure de
ses pères, où il s'occupe de tra-
vaux agricoles, prêt à revoler au
premier appel sous les drapeaux
de son pays.
PIRE LU (Francisco), législa-
teur et littérateur napolitain, naquit
à Naples, où il reçut une éducation
distinguée, et se livra dès sa jeunes-
se à la culture des lettres; il avait
déjà obteim des succès dans cette
carrière lorsqu'il fut nommé pré-
sident de la chambre royale. Les
principes de la révolution fran-
çaise, s'étant rapidement propagés
dan» diverses contrées de l'Euro-
pe, Pirelli les adopta , et quand,
sous les ai;spices de la France,
en 1799, les Napolitains formè-
rent la république dite parthéno-
péenne, il devînt membre du
corps-législatif de cette républi-
que. Il refusa d'abord par mo-
destie les fondions législatives;
cependant il céda au vœu de ses
compatriotes et aux instances du
commissaire français, M. Abrial.
Lorsque les troupes royales, sous
la conduite du cardinal Ruffo, fu-
rent rentrées datis Naples, Pirelli
fut incarcéré comme ayant par-
ticipé à la révolution napolitaine.
Il ne tarda pas cependant à re-
crjuvrer sa liberté, en produisant,
dit-on, un billet du commissaire
français, dans lequel c<* dernier
le menaçait d'exécution militaire
s'il n'acceptait pas le? fonctions
de législateur. Le roi condamna
PIR 34g
depuis Pirelli à uuexil perpétuel,
mais dont le terme ne fut pas
long, car il mourut au bout de
quelques années. C'était un hom-
me de bien et un sincère ami de
sa patrie.
PIRON (N.), dit PlRON-DE-LA-
Varenne , près Oudon , départe-
ment de la Loire- Inférieure ,
lieu où il naquit, est un des gé-
néraux vendéens les plus distin-
gués par ses talens, et surtout par
son intrépidité. Il fit sa première
campagne dans les chevau-légers
de l'armée des princes; et de re-
tour, au mois de mars «793, il
s'efibrça de soulever les habitans
de sou canton. Cette tentative
n'ayant pas eu de succès, il pas-
sa laLoire à latête d'uneoinquan-
taine de Bretons, et se réunit à
Bonchamp {voy. Bonchamp), dont
il devint l'ami. Ce fut d'abord
comme simple volontaire qu'il sui-
vit l'arniée catholique et royale
de la Vendée; mais employé, au
mois de juin, comme officier,
il se distingua bientôt. La bataille
où il prit la plus belle part est'
celle de Vihiers, le 18 juillet, où
les Vendéens erdevèrentaux trou-
pes de la république af) canons,
presque toutes les munitions, et
où ils firent 3, 000 prisonniers.
Au combat de Torffbu, de concert
avec Bonchamp, il repoussa la
brave et célèbre gwrnison de
Mayence , encore épuisée de fa-
tigues , et dont les forces étaient
bien inférieures à celles des insur-
gés. Le sort de l'armée vendéen-
ne, pressée de toutes parts, pa-
raissant devoir «"tre décidé par
\\nc bataille vers Mortagne et
Chollet, Bonchamp appela près
de lui Piron-dela-Varenne , qui
55o PIS
commandait l'avant-garde de la
division de Lirot-de-Ia-Patrouil-
lère. Il arriva comme l'action é-
îait commencée. Sa présence
soutint quelque temps les efforts
des troupes vendéennes, qui fu-
reptenfin mises en déroute. Piron-
de-la-Vareiine ne s'occupa plus
qu'à protéger la retraite des dé-
bris de l'armée, et il y réussit
avec quelque succès. Passant
la Loire au mois d'octobre, il
combattit vaillamment à l'affaire
de Laval et au siège de Grandvil-
le. Il commandait une division
inix déroutes du Mans et de Save-
nay. Il se tint caché pendant
quelque temps dans les environs
de Nantes, et chercha à soulever
les chouans. Dans l'espérance de
rejoindre les Vendéens, et de ser-
vir plus utilement la cause roya-
le, il tenta de repasser la Loire.
Le bateau dans lequel il était fut
;iperçu par une canonnière, qui
lui donna la chasse. Son bateau
ayant été atteint, il tut tué de
plusieurs coups de l'usil. Piroii-
de-Ia-Varenne montra dans celte
funeste guerre, où tant d'héroïs-
me et de férocité furent déployés
des deux côtés, un caractère di-
gne de briller sur un théâtre qui
n'aurait point été souillé par les
excès des discordes civiles. Il est
regardé comme un des héros de
la Vendée, et son nom est, dit-on,
consacré dans les chants de ces
guerriers.
PISAM (A. A. C), noble vé-
nitien , servit d'abord dans la ma-
rine d'Angleterre, et ensuite dans
celle de Hollande, doù il passa
au cap de lionne -Espérance. Il
obtint dans cette colonie un em-
|)!oi qu'il occupait encore lors-
PIS
qu'elle fut prise en 1796, par les
Anglais. Pisani retourna alors eu
Angleterre, mais comme prison-
nier. Il demeura à Lonidres long-
temps après son échange, et s'y
occupa de la relation de ses voya-
ges dans l'intérieur de l'Afrique
pendant l'espace de 13 ans, de
i^bi à 1793. Lorsqu'il eut termi-
né cet important travail, il vint
à Paris, où les sa vans , à qui il
communiqua son manuscrit ,
l'accueillirent d'une manière dis-
tinguée. Le manuscrit ayant
été présenté à l'institut en i8o5,
une commission chargée de l'exa-
miner en fit un rapport très-favo-
rable. L'ouvrage fut publié l'an-
née suivante. M. Pisani s'est dé-
puis retiré dans sa patrie. Un au-
tre Pisani, de la même famille,
fut, après le traité de Presbourg,
d'après lequel Venise se trouvait
réunie au royaume d'Italie, char-
gé de se rendre à Vérone, pour y
féliciter, au nom de ses compa-
triotes, le prince vice-roi, Eugè-
ne de Beauharnais.
PISANI - DE - LA - GAUDE
(Chaules -François-Joseph), évê-
que de Namur, naquit à Aix en
Provence, le 4 mars 174^» d'une
ancienne famille noble d'origine
italienne. Il se consacra dans sa
jeunesse à la carrière judiciaire,
et acheta une charge déconseiller
au parlement de Provence. Mais
ayant eu le malheurde voir frapper
d'une mort subite et violente, une
jeune personne qu'il était à la
veille d'épouser, il résolut de
quitter ses fonctions et d'aller
s'eofcrmer à l'abbaye de la Trap-
pe. Après quelque séjour dans ce
monastère, et sur les représenta-
tions de l'abbé, qui ne trouvait
PIS
pas sa vocation assez décidée pour
une règle aussi sévère , M. Pisaiii
se détermina à rentrer dans lemon-
de, où il embrassa toutefois l'état
ecclésiastique. Son oncle, évêque
de Sëint-Paul -Trois -Châteaux,
le nomma d'abord son grand- vi-
caire, et les autres dignités de l'é-
glise étant à cette époque regar-
dées comme appartenant presque
exclusivement et de droit aux
hommes d'une naissance illustre,
M. de Fixani obtint bientôt (en fé-
vrier 1784)» l'évêché de Vence.
Les suites d'une passion toute
mondaine, mais malheureuse,
l'ayant ainsi porté à l'épiscopat ,
auquel il n'aurait jamais pensé
sans la fin tragique de ses premiè-
res amours, le nouvel évêque crut
cependant devoir signaler son ad-
ministration spirituelle par quel-
ques actes éclafans de ferveur. Il
lança dansle public plusieurs man-
demens contre les philosophes,
et ces pièces d'éloquent;e qui ex-
titèrent parfois l'hilarité générale
même dans le diocèse de Vence,
ne firent d'ailleurs de tort à per-
sonne. Dès le commencement de
l'émigration , il se hûta de sortir
de France, et se rendit d'abord à
Vetn'se, où il fut accueilli par la
famille dont il portait le nom, et
ensuite, à Rome, où il refusa, dit-
on, la place d'auditeur de la Ilote,
qui lui fut oiï'erte parle pape. Les
progrès des armes françaises en
Italie, engagèrent l'évêque de
Vence à chercher un nouvel asile
en Alleinague, d'où il passa eu
Angleterre. Il obtint bientôt de
M;ipoléon la permission de ren-
trer en France, et fut investi après
le concordat du 1802, de l'évêché
«le Namur. Il paya largement son
PIS
55 1
tribut d'éloges au chef de l'empT-
re , et ses mandemens n'eurent
plus pour objet principal que la
célébration des victoires de l'em-
pereur. Après la création du
royaume des Pays-Bas, auquel
le diocèse de Namur se trouva
joint, l'évêque professa quelques
opinions ultramonlaines,qui don-
nèrent lieu à l'auimadversion du
nouveau gouvernement. Pisani
lit d'abord cause commune avec
l'évêque de Gand , Maurice de
Broglie; mais le pape même ayant
désapprouve les éclats d'un zèle
intempestif , l'évêque de Namur
chercha à justifier ses intentions,
et protesta dans une nouvelle let-
tre pastorale de sa soumission à
la constitution ecclésiastique du
royaume des Pays-Bas. Il a de-
puis administré son diocèse sans
trouble, et sans être aucunement
inquiété par l'autorité civile.
PISAINSKI (Georges-Ciikistg-
piie) , théologien et littérateur
prolestant, directeur de la socié-
té allemande de Kcjenisberg, ap-
partient à une famille protestante,
originaire de Pologne, qui alla se
fixer en Prtisse ; il est fils du pas-
teur de Pisauizzen. Pisauski ,
né en 1725, fit ses études à Rœ-
nisberg,et par le conseil du natu-
raliste Helwig, son aïeul uiaternel,
il suivit la carrière de l'enseigne-
aient. D'abord recteur, puis, en
1775, docteur en théologie à l'u-
niversité de Rœnisberg, il y pro-
fessa la poésie, l'histoire, tant na-
tionale que générale, la philoso-
phie pratique, la théologie, la
statistique, etc. Il était très-ins-
truit; sa piété était éclairée, et
il fut généralement regretté lors-
qu'il mourut l« I i octobre 1790.
5D2
PIS
Outre ses principaux o\ivrages
que nous allons indiquer, il a lais-
sé un grand nombre de manus-
crits dont il a fait don par tes-
tament à la bibliothèque de l'éco-
le dite Rneiphof : i° Curiosités du
lac de Spird/ng, Kœnisberg, 1749^
in-4'' ; 3° de Felicitate doceiitium
in scholis, Kœnisberg, 1749?'""
loi. ; 5° de Merilis Prussorum in
poesin latinam, Kœnisberg, 1781,
in-4°; l\° Eclaircissemens sur quel-
ques restes du paganisme et du pa-
pisme en Prusse , Kœnisberg ,
1^56, in-4°; 5° Discussion sur la
question de savoir si Annibal en
passant les Alpes a fait fendre les
rochers par le vinaigre, Kœnis-
berg, 1 769 , in-4'' ; 6" Commenla-
tio de linguâ polonlcâ, Kœnisberg,
I7()3, in-4'; 'p" Historia linguœ
grœcœ in Prussiâ , Kœnisberg ,
I 766, in-4°; 8" Examen de la pré-
tendue démonologie biblique, Dant-
Rick, 1778, in-4°; 9° de Errore
Irenœi in determinandâ esta te cliris-
ii, Kœnisberg, 1778, in- 4°; 10°
Remarques sur la mer Baltique,
Kœnisberg, 1781, in-8"; \i° de la
Fête grégorienne dans les écoles ,
Kœnisberg, 1786, in-4"; 12" An
liber Jonas non historiam sed fa-
bulam corttineat? Kœnisberg,
1789, in-4"; 15° Esquisse d'une
histoire de la littérature de la Prus-
se, publiée après la mort de l'au-
teur par Borowski , son confrère
à la société allemande de Kœnis-
berg, qui y a ajouté une^Notice bio-
graphique, Kœnisberg, 1791, in-
8° : cette notice a été imprimée
séparément ; 14° Pisanski a com-
posé un nombre considérable (Vê-
lages et de notices des principaux
savans et gens de lettres prus-
siens; il a en outre fourni des
PIS
Mémoires, dissertations, etc., au
recueil de la société allemande de
Kœnisberg,dont il était directeur,
et a concouru à la rédaction de ,
plusieurs gazettes, entre autres jj
celles de Dantz'k, ïhorn, etc.
PISON-DU-GALAND (N.) ,
avocat à Grenoble, fut nommé
par le tiers-état du ci-devant Dau-
phinéaux étals-généraux en 1789.
Il acquit quelque réputation à la
tribune, où il ne se montrait que
par intervalle , en tâchant toujours
de balancer l'influence de la capi-
tale par celle des départemens.
Avant la réunion des trois ordres
en assemblée nationale , il avait
été nommé secrétaire des com-
munes sous la présidence de Bail-
ly, avec lequel il coopéra forte-
ment à la réunion et au serment
du Jeu de Paume. Chargé, en
1790 et 1791, au nom du comité
des domaines, de différens rap-
ports , il s'en acquitta avec talent
et sagesse. Il ne fit point partie de
l'assemblée législative , ni de la
convention; mais, en 1797 » '' fut
élu parle département de l'Isère,
député au conseil des cinq-cents,
dont il devint successivement se-
crétaire et président. Appelé au
nouveau corps- législatif après le
18 brumaire an 8, par suite de
l'alfaiblissement de sa santé, il re-
nonça aux l'onctions au mois de
décembie 1801.
PISSUT (Noel-Laurent), fils
d'un libraire de Paris, et long-
temps libraire lui-même, s'est
occupé de littérature, et a produit
comme auteur ou éditeur les ou-
vrages suivans : 1° Marcellin, ou
les Epreuves du monde, un vol.
in- 18, Paris, an 8; 2" Contes mo-
raux, par Imbert, et autres ou-
PIS
vrages recueillis pour la première
fois, 2 vol. in-12, Paris, i8o5; 5°
Jes Friponneries de Londres mises
au jour, traduction du l'anglais,
un vol. in-ia, Paris, i8o5; 4°
Poésies de Maître Adam Bit-
lauty un vol. in-ii, Paris, i8o6;
5° la Campagne de trois mois en
vaudeville, un vol. in-12, Paris,
1806; 6° les Plaisirs de l'imagi-
nation, poëme en 5 chants, nou-
velle édition, un vol. in-12, Paris,
1806 : c'est sans doute, dit M.
Beuchot, la traduction d'Akensi-
de, par d'Holbach; 7° Œuvres
inédites de Chrétien - Guillaume
Lamoignon de M aies lier hes, avec
un Précis historique, un vol. in-
12, Paris, 1808; 8" Manuel du
culte catholique , un vol. in-12,
Paris, 1810; g" Précis historique
sur les cosaques, un vol. in-12,
Paris, 1812; lo" Cèles Une, ou les
Preuves de l'amour,na vol. in-18,
Paris, i8i5. Sur la fin du gouver-
nement impérial, Pissot,qui était
malheureux, espéra obtenir quel-
que soulagement à sa misère en
écrivant contre le souverain que
l'Europe armée venait précipiter
du trône. Il publia : le Mea culpa
de Napoléon; l'Aveu de ses perfi-
dies et de ses cruautés , 1814, in-
8"; et une Histoire de plusieurs
aventuriers fameux depuis la haute
antiquité jusques et compris Bona-
parte, Paris, 18 14, 2 vol. in-ia.
Le pain que le malheureux Pissot
espérait ne vint pas, et il mourut
à l'hôpital le i5 mars 181 5. Il est
encore auteur de plusieurs ouvra-
ges : Lettres de Henri If^ à M""
de Grammont, 18 14; Sièges sou-
tenus par la ville de Paris, depuis
l'invasion des Romains dans les
Gaules jusqu^au 3o mars 1814 ;
T. f VI.
PIS
5v53
Paris, 181 5; les Véritables pro-
phéties de Michel Nostradamus ,
avec les Aventures de la révolu-
tion, 18 i6, 2 vol. in-12; et enfin,
le Frère criminel, un vol. in-j8,
Paris, 1818 : ces deux derniers
ouvrages sont posthumes.
PISTICCI (le P.), religieux
franciscain de Naples, dont le nom
est consacré par la reconnaissance
de tous les Français, naquit à Na-
ples en 1765. Admis dès l'âge de
1 5 ans dans le cou vent des Francis-
cains, il s'y fit remarquer par .sa
piété et la douceur de ses moeurs.
C'est le témoignage que lui ren-
dent ceux mêmes qui se prononcè-
rent le plus fortement contre lui.
Ce religieux avait l'esprit éclairé,
et il ne repoussait pas de ses lectu-
res habituelles les bons livres de
philosophie. Ils fortifièrent à la
fois son esprit et son cœur. La ré-
volution française, dont il eut bien-
tôt connaissance, ne lecompta point
au nombre de ses ennemis. Il en
admira les principes et n'en détes-
ta que les excès. Lorsque les Fran-
çais eurent conquis en 1799, '^
royaume de Naples, le P. Pisticci
fut informé que les lazzaroni, at-
tachés au roi Ferdinand IV, tra-
maient dans l'ombre et dans le plus
profond secret , un complot contre
les Français. La seule humanité
l'inspira. Il veut sauver une foule
de victimes du fer des assassins, et
il consent, pour atteindre ce noble
but, i\ feindre une indignation pro-
fonde contre les conquérans de sa
patrie. La haine est aveugle; elle
croit que tous les cœurs se déna-
turent pour recevoir ses funestes
impressions. Les lazzaroni entou-
rent le P. Pisticci, ils ne doutent
pas qu'il n'entre dans le complot
554
PIS
qu'ils ont formé, et lui annoncent
leur projet, qui tend à égorger dans
une seule nuit les Français établis
à Naples et tous les patriotes na-
politains. Quatre d'entre eux le
conduisent, mais en prenant loufc-
l'oij la précaution de lui mettre un
bandeau sur les yeux, dans le lieu
où ils ont caché leurs armes et
leurs munitions. Là, le P. Pistiici,
clTrayé ù la vue de leurs immen-
ses munition-, de tonte espèce, par-
vient cependant à les Irompersur
le sentiujcnl qii'il éprouve. On
l'éloigné avec les mêmes précau-
tions. Libre enfin de toute surveil-
lance, cet homme généreux va
rendre compte au général français
des projets des lazzaroni et des
moyens qu'ils ont à leur disposi-
tion. Connne il ne peut désigner
la caverne où il a été conduit, il
prend le parti de se faire arrêter
comme conspirateur avec ses gui-
des. On les enferme; mais les 4
lazzaroni soupçonnant que leur
détention est son ouvrage, refusent
de lui faire connaître les projets de
leur corporation. Les Français et
leurs partisans furent sauvés par
les déclarations du P.Pisticci, qui,
devenu lilire, retourna aussitôt à
«on couvent, ne voulant aucune
récompense du service qu'il avait
fendu, guidé par la plus pure gé-
nérosité. L'armée napolitaine ne
tarila pas à rentrer dans Naples.
Lecardioid Ilufl'o,qui la comman-
<lait, ne .-«e crut point engagé pur la
capitulation solennelle qu'il avait
consentie; il fit arrêter le P. Pis-
ticci et tous ceux qui comme lui
se croyaient à l'abri de toute réac-
tion. Ce religieux fut condamné à
être pendu; il fut exécuté au mois
Je novembre de la même année
PIT
(ï/tj;)); Sfi mort fut courageuse et
calme comme sa vie. Il légua sa
mémoire aux ï"rançais et à la pos-'
térité.
PriAllO (A.), docteur en phi-
losophie et en médecine, né eu
Calabre d'une famille notable de
ce pays, fit d'excellentes études à
Naples, et devint, avant l'âge de
20 ans , professeur de physique
dans le corps royal d'artillerie du
royaume. Il venait d'être nonuné .â
professeur de chimie au corps de *
la marine lorsque la révolution é-
clata à Naples en 1799. Comme il
n'en adopta pas les principes , il
fut obligé de s'expatrier, et vint
cheicher un asile en France. M-
Pitaro exerça long-temps et avec
distinction la profession de méde-
cin à Paris, et était, en 1807. mem-
bre de la société médicale d'ému-
lation et de la société galvanique.
Il e>t rentré dans sa patrie depuis
les évéuemens politiques de i8i4-
PITOU (Louis-Asge), anciea
chanteur populaire, et, depuis l.«
restauration , libraire de iM"" la
duchesse d'Orléans, est né en 1769,
à Valinville , prés de Châteaudun ,
départeu)ent d'Eure-et-Loir, et
prétend descendre de l'auteur de
la Sutjre Ménippée. Al. Pitou s'est
acquis une sorîe de célébrité dans
les premiers temps de la révolu-
tion , par les chansons royalistes
qu'il composait et chantait devant
le peuple rassemblé autour de lui
par ses chants et ses lazzis. Des
allusions souvent grossières, quel-
quefois fines et piquantes, contre
le gouvernement, en amusant ses
auditeurs, attiraient sur lui l'atten-
tion de la police, et le firent sou-
vent arrêter; mais à peinfc était-il
remis en libellé, qu'il recommcn-
PIT
çait ses attaques , donl l^e résultat,
opi'ès 16 arrestations, fut, par jii-
jjjeiiient (hi tribuiiai criii)inel de '
Paris, au luuis de novembre l'y^'yi
une cundainnation à la déporla-
tioi. perpétuelle. Goiuluit à la
Guiane, il parvint à rompre son
ban, revint à Paris après les évé-
nemeus du 18 brumaire an 8(9
novembre 1799 ) , et l'ut arrête.
Cette lois , la j)olice se contenta
de le déposer dans les prisons de
la Force, o«'i il resta assez long-
temps. Voici , à Toccasion des
services que M. Pitou a rendus à
la cause royale, comme il s'expri-
me lui-même dans son recueil :
Toute tu vérité au roi, etc. « Sans
avoir eu d'autre appui au com-
mencement que la liberté des o-
pinious et la lutte entre les jaco-
bins et les républicains , je suis
parvenu à former un parti si nom-
breux pour la cause du roi , que
tout Paris est venu me voir, me
criti(|uer, me délendre et m'en-
tourager; que je suis le seul dans
toute la France qui ait, pendant 3
•iins, péroré tons les jours deux ou
trois mille hommes en laveur de
la roy,iuté; que vingt fois j'ai fait
fuir la police et la force armée, se
présentant pour m'arrêter en pu-
i)lic ; qu'après tant de revers et
une résistance aussi longue, aussi
courageuse, je suis le se»d «[ni ail
écliappé aussi miraculeusement
à la mort après y avoir été con-
damné deux fois. « il ajoute dans
M\ autre paragraphe : 0 Je me dis,
en 1795 : la Satyre Ménippée, ou-
vrage de mes aïeux, dessilla les
yeux du peuple , déconcerta les
ligueurs , et valut des armées au
Kearnais. Nous sommes dans les
uièmes crises , essayons des mè-
PIT
355
mes moyens. De 1793 à 1797,
j'ai composé, imprimé et vendu
en public, tous les jours, dans tout
Paris, des Satyres Ménippéesqinont
fait plus de quarante mille prosé-
lytes à la mouarclue. Ces satires
m'ont rapporté 260,000 francs.
Cette fortune était ime propriété
bien légitinie que j'avais acquise
au prix de mon sang, en combat-
tant pour votre majesté. Fidèle à
mon serment, j'ai distribué cette
somme pour briser mes fers, pour
sauver la vie à plusieurs agens du
roi qui étaient sous les verroux,
et pour seconder les mouvemens
opérés en faveur de la royauté ,
pour faire réussir le contre-dix-
huit fructidor. J'en appelle au té-
moignage de 80,000 hommes. »
M. Pitou parait avoir obtenu de la
munificence royale, peu après la
j)remiére restauration, en 18 i4« "-
ne pension de i,5oofr.On trouvera
à ce sujet des détails fort curieux
dans son ouvrage : Toute la vérité
au foi, etc. Il a fait imprimer: i"
f^oyage à Cayenne, dans les deux
Amériques et chez les antropo plia-
ges, 2 vol. in-8°, fjg., 1808, 2* é-
dition; %" le Chanteur Parisien, ou
Recueil de vaudevilles qui ont fait
exiler L. A. Pitou, i8oh^, in- 18;
3" Tablettes des grands événemens
depuis l'^Sy Jusqu'à i8o8, in- 18,
1808; 4° l Urne des Stuarts et des
Bourbons, ou le fond de ma confes-
sion sur les effets du 21 janvier,
etc., 16, 17, 18 et 19' siècles ,
i8i5, in-8" ; 5" Analyse de mes
malheurs et de mes persécutions de-
puis a5 ans, 181G, in-H" ; 6' aux.
Amis de C ordre et de la pai.v, 1817,
in-8" ; 7° Prières au tombeau des
Bourbons, 1818, \n-S";i>" leTrônr.
du martyr du iZ février 1820, bro-
556 Plï
chure à l'occasion de ras?as«inat
du duc de Berii , et à la réclama-
tion que M. Pitou a laite du dernier
coucher de ce prince contrç la
prétention de M. (ïrandsire, secré-
taire-général de l'académie royale
de musique, à la possession de ce
coucher, Paris, in-8"; Ç)" Toute la
vérité au roi et à le justice sur des
Jaits graves touchant l' lionne ur de
tamaison de Bourbon, Paris, i8ai,
2 vol, in-8".
PUT (Williams), second fils
du grand Chalham , de ce Chatham
le plus éloquent et le plus probe
de.i ministres de sa nation , éleva
l'Angleterre à un degré éminent
de prospérité commerciale, tint
les rênes du gouvernement depuis
sa première jeunesse, lutta seul
contre l'opposition de l'Europe
entière , ligua tous les rois contre
la France, et poursuivit dans tout
le cours de sa vie un seul but,
une pensée unique, l'abaissement
de celte nation ; il le chercha par
tous les moyens ; il employa ,
pour obtenir ce résultat, tous les
ressorts de la politique. Homme
d'état ferme et habile, auquel
l'admiration de ses partisans prêta
des combinaisons profondes qui
ne lui appartinrent jamais; pous-
sant l'and/uion jusqu'au délire,
et' tomnienlé du besoin de sou-
mettre l'Europe au machiavélisme
anglais: doué de persévérance,
de sagacité et de force dans l'es-
prit, mais que rien n'arrêtait, ni
humanité, ni philosophie, ni mo-
rale publique, et qui imprima,
surtout aux opérations du cabinet,
de Saint-James, ce caractère d'é-
goïsmc barbare que l'histoire ne
lui pardonnera pas. On ne peut'
oifrir dans celte notice biogra-
PIT
phique autre chose que les grand.9
traits d'une vie politique, rempli»!
d'ailleurs de calculs secondaires
et de mouvemens de peu d'intérêt.
Il n'est point né en France, com-
me on l'a prétendu, mais dans le
comté de Reur, dans la maison
de campagne de son père , à Haye,
le 28 mars 1709. De nombreuses
maladies le menacèrent de la mort
dès sa première enfance ; cepen-
dant il apprit de bonne heure le
grec elle latin. La lecture deThu-
cidide et l'étude de l'algèbre, ses
occupations favorites, semblaient
annoncer ce qu'il devait être plus
tard, et signaler les penchans na-
turels de son esprit. Jl acheva ses
études sous son oncle, l'évêquede
Winchester; et, reçu avocat, il
plaida plusieurs causes avec suc-
cès. Déjù l'amliition de se distin-
guer d la chambre des communes
agitait ce jeune homme ; ou le
voyait paraître à toutes les séan-
ces; il étudiait les ressources de
l'éloquence parlementaire, et,
après s'être vainement présenté,
en 1780, comme candidat à l'uni-
veisité de Cambridge, il fut élu
l'année suivante pour le bourg
d'Appleby. C'était un pesant far-
deau que le souvenir et le nom de
Chalham. Pilt, dès son début,
se montra digne de le soutenir. II
entra dans l'opposition, (pii don-
nait tant de peine à lord Norlh,
dont le mérite était bien inférieur
à celui de ses adversaires. Burke,
Fox, Shéridan (voyez ces différens
noms) allaquaient chaque jour une
administration maladroite et mys-
térieuse. Pilt se rangea, dès son
entrée an parlement, au nombre
de ces ennemis redoutables du
ministère. Son premier discours
'\'^,ll,„m /l)ll
FIT
fut consacré à appuyer une motion
de Burke , lenJante à opérer des
réformes dans la liste civile. On
"vit avecétonnement se développer
un talent d'un nouveau genre. Ce
n'était pas l'éloquence abondante
de Fox, ni l'énergie brrilanle de
Burke, c'était une vive dialec-
tique, une facilité singulière à tout
résumer et à tout combattre, une
connaissance parfaite du sujet, et
un grand nombre de vues fines et
d'aperçus heureux jetés dans la
discussion. Des applauilissemens
universels saluèrent l'héritier du
grand Chatham. Cependant la
guerre d'Amérique occupait tous
Jes esprits , et fixait lou le l'attention
des politiques. Pift s'était déclaré
contre elle. Dans le cours des dis-
cussions, étonné d'entendre citer
son père comme l'un des partisans
de la guerre contre les colonies,
il se leva pour prouver que lord
Chatliam avait toujours désap-
prouvé celte mesure, et, dans un
discours plein d'énergie , prédit les
malheurs qu'elle entraînerait un
joisr. Enfin l'opposilion triomphe,
le ministère change. Le jeune Pitt
ne fait point encore partie de la
nouvelle administration ; il con-
tinue ses attaques, se livre tout
entier aux systèmes de l'opposi-
tion, et prononce, le 7 mai 1782,
un long discours en faveur de la
réf'irme parlementaire. Mais le roi
Ceorge III, qui avait de l'amilié
pour Pitt , lui manda que ces
théories lui inspiraient le plus
grand éloignement , et l'ambi-
tieux les abandonna, Ilockingham
meurt : Pitt eslnommé chancelier
He l'échiquier. Ici commence la
longue guerre que se livrèrent les
deux hommes d'état les plus célè-
PIT
5D7
bres et les plus dissemblables de
leur temps, Fox et Pitt. Shelburne
tenait le timon des affaires. Fox et
North , ligués contre lui, le for-
cèrent bientôt à donner sa démis-
sion; et Pitt, resté seul ministre
en activité, se trouva obligé de
soutenir le poids de toutes les dis-
cussions parlementaires. Il sembla
un moment fatigué de ces travaux,
refusa de se mettre à la tête du
cabinet , comme le désirait le roi ,
et résigna son olïice. C'était ob-
server avec sagacilé l'élatdes cho-
ses , et plier à propos devant la
coalition de North et de Fox. Bien-
tôt cette coalition devint le mi-
nistère. Pitt fait un voyage en
France, et revient en Angleterre,
où il siège au parlement avec une
apparente modestie et comme s'il
était prêt à se réunir aux minis-
tres. Celte paisible indifférence é-
lait un piégc. Fox y tomba. Les
affaires de l'Inde et l'état du reve-
nu, avait dit un jour Pitt dans le
cours de la discussion , sont les
deux pivots de la politique actuel-
le. En entrant dans les vues de
Pitt, le ministre crut achever de
le gagner; et bientôt il lut un bill
sur l'administration de l'Inde.
C'était là que Pitt l'attendait. Il
s'empare du bill tout entier, le
discute, le présente comme atten-
tatoire aux droits de la couroime,
et comme tendant à établir un em-
pire dans un empire. Le roi parta-
ge ces idées; Pitt, nommé premier
lord de la trésorerie, et chancelier
de l'échiquier, se trouve placé de
nouveau à la tête des affaires. 11
avait 34 '''"S, peu d'influence, peu
de fortime; on croyait que son
administration durerait peu; et la
chambre des communes était rem-
558
riT
plie d'ennemis formidables. Com-
ment, dans des circonstances si
difficiles, parvinl-i! à recomposer
une administration à laqtndle per-
sorme ne vonlait s'attacher, et à
dissoudre un parlement qui îe jrê-
nail? Pe loii«,'ues menées, une
profonde adresse, purent seules
je faire parvenir à ce but. Enfin,
il Tainquit la chambre des com-
nîunes, comme le dit Shéridan;
et lord North, qui se piquait Ae
connaître les ressorts des gonver-
iiemcns. dit tout haut à propos de
IMtt : Cet homme est né iniriistre.
Une grande irritation des esprits
suivit la dissolution du parlement ;
Vnr fut versé de tous côtés ; les en-
nemis de Pilt se réunirent pour
î'empêcher de triompher dans la
iiouvelle élection. Il triompha ce-
pendant, et plus de 160 membres,
qui avaient volé contre lui dans
ie parlement précédent, nefnrent
point réélus. Il ouvrit la session
avec une majorité très-prononcé»!.
Cependant les obstacles qu'il ren-
contrait étaient en }»rand nombre.
Le trésor était vide, le revenu
obéré par l'aiulace et le nombre
des contrebandes, et l'admislra-
lion de l'Inde demandait une
main habile x't ferme. Pitt com-
mença par arrêter les fraudes
commerciales, par un n»oyên in-
g'énieux et aussi simple qu'effica-
ce: il dimimia les droits sur les
matières que l'on importait fraii-
du!€u«;ernent ; et réduisant ainsi
les gains des contrebandiers, il les
empêcha de continuer un métier
devenu stérile. S'il diminua cet
impôt, i\ augujenl.i rimj»ôt sur
les fenêtres, et la popuiarilc qne
lui itvai^t acquise le premier de
ces deux actes, f:il détruite par le
PIT
second. En ouvrant une pins va<-
te concurrence aux souscripteur*
d'emprunt pour l'état, il réduisit
leurs piétentions et leurs profits,
datis la pr<iportion de six à trois.
Il soumit ensuite à divers impôts-
un a'isez grand nonibre d'objets
de luxe, les gazes, les rubans, les
fleurs artificielles; et à force d'é-
conomic-s partielles et de taxes ad-
ditionnelles, il réalisa un fonds
d'un milion sterling, destiné au
rachat annuel <le la dette publi-
que. Des membres de l'adininis-
tralion, nommés commis.saires de
la caisse d'amortissement on celte
somme fut versée, en réglèrent
l'emploi ;el ce remède au déficit,
qui se trouva efficace jusqu'au
temps de l'administration de lord
Lansdown, pas.sa justement pour
l'un des plus solides titres de
gloire de Pilt. Les alîaires de l'In-
de l'occupèrent ensuite : il soutint
le crédit chancelant de la com-
pagnie, lui fit accorder un assez
Ifing délai pour payer ce qu'elle
devait au gouveruein< nt, et chan-
gea totalement l'administration
intérieure et extérieui-e de ce
pays. ïl prit part aux différentes
discussions qui «urenl lieu dans
le parlement jusqu'au commence-
ment de la révolution française.
Ce lut sous ses auspices que fut
con(due, en 1-88, la triple allian-
ce, de l'Angleterre, du roi de
Pru-^se, et du slathouder. On le
vil s'opposer conslaiument , au
commerce, à l'industrie, à la
prospérité de la France, et soule-
ver, en 178g, la Suède contre la
Russie, dont il redoutait l'ambi-
tion. Cependant la révobition
française éclate : Pili observe les
progrès d'un incendie qui mena-
FIT
eait de gapner rAnjileterre et de
dévorer l'Europe. On ne peut
douter qu'il n'ait pris plai.sir à fo-
menter des troubles qui déchi-
raient la rivale de l'Angleterre.
Des espions nombreux l'avertis-
saient de tout ce qui se passait en
France : il jetait l'or à propos ; et
d'une main il alimentait la révo-
lution, qu'il écrasait de l'autre
dans son propre pays, car elle
avait fait en Angleterre des pro-
grès rapides. La neutralité qu'il
garda jusqu'en 1792 ne laisse au-
cun doute sur le système qu'il a-
vait adopté; cependant la mort de
Louis XVI força le ministre à
suivre les intentions de Georges
m, et à déclarer la guerre: il s'y
était pré|)aré depuis long- temps,
par drs armemens considérables,
par Valien-bUl, qui expulsait tous
les étangers qui déplaisaient au
gouvernement, et par le bill des
attroupetnens , diiigé contre les
entreprises des Anglais parii>^ans
de la rév(dution. (]'est alors qu'on
le vit saisir, pour ainsi dire , la
révolution corps à corps et lut-
ter avec elle. Il força bientôt tou-
tes les puissances de l'Europe à se
réunir sous ses bannières; et les
rois , soulevés par un jeune hom-
me de peu de naissance contre la
liberté française, ne firent Jjue ser-
vir les intérêts conurierciaux de
l'Angleterre. La ligue à la tête de
laquelle se trouvait Pilt, eut d'a-
bord quelque succès : Toulon «'l
Valenciennes furent pris ; mais eu
un instaut une énergie terrible
s'empare de la nation : la terre en-
fante des hommes ; et tandis que
les partis s'agitent et se déchirent
à l'intérieur, les armées républi-
caines battent partput Ui» armées
PIT 359
royales; l'Espagne est forcée do
déclarer la guerre à l'Angleterre,
et la sanction de la victoirtî con-
sacre partout la nouvelle liberté
de la France. Le ministre anglais
eut alors une lutte ditlicile à sou-
tenir : le débarquement des Frau:
çais dans le pays de Galles , épour
vantait l'ouest de l'Angleferre.
L'Irlande menaçait d'une insur-r
reclion ; la révolte des flottes de
Plynioulh et de Porsmpujh appre-
nait à l'Europe que les UKuins
de l'Angleterre étaient prêts f»
tourner leurs armes contre leur
patrie. La dette publiqu*; pienait
tous les jours un accroissement
plus considérable. On s'ellVaya ;
et les négocians demandèrent U
remboursement des billets en es-
pèce. La banque d'Angleterre n'é-
tait point en mesure de satisfaire
à cet engagement qu'elle avait
pris ; elle s'adressa pour cet effet
au gouvernement, qui lui devait
des sommes très - considérables.
l'itt la tira de peine , en suspen-
dant, par un arrêt du conseil, les
paiemens en argent. George 111
versa des larmes en. signant cet
arrêt, qui bientôt fut converti en
bill. Pilt trempa lui-même la plu-
nje dans l'encre, la plaça entre les
doigts du monarque, et lui dit:
« Sire, il fautabsohiment signer.»
La mesure adoptée, fut nommée
par l'opposition une, banqueroute
(li'guisée. Mais cette résolution ri-
goureuse était le fruit d'un calcul
profond ; et sans elle on aurait vu
le con\merce et rindu>trie an-
glaises,frappés tout-à-coup de pa-
ralysie , s'arrêter au milieu de l'a-
bondance dont ce pays jouissait.
Le papier de la banque d'Angle-
terre acquit chaque jour plus liç
36o
FIT
valeur; le calme se rétablit. Ce-
pendant l'Europe entière avait re-
culé devant la France : Malmej-
bury commença une paix qui n'eut
rieu de durable; toutes les puis-
sances avaient abandonné l'Angle-
terre ; et elle eût été forcée de
soutenir seule cette guerre , si Pitt
n'avait trouvé le moyen de former,
en J79H, une nouvelle coalition,
romposée de l'Autriche, de la
Turquie et de la Russie. Cette coa-
lition n'eut pas plus de succès que
l'autre. L'étoile de Bonaparte com-
mençait à paraître; et Marengo
ouvrit cetle longiie carrière de
victoires qui fit perdre à Pitt dans
les champs de batailles, tout ce
qu'il pouvait gagner dans le, cabi-
net. La paixde Luné ville fut signée.
La nouvelle amitié de Paul 1" et
deBonapar(eporlabientôt>mcoup
terrible à la politique de l'Angle-
terre. L'assassinat de cet empereur
la délivra de beaucoup de crain-
tes. On essaya vainement de traiter
tnsuitedela paix avec la France. En
x8o2, l'Irlande, i\ laquelle on a-
vait fait espérer l'émancipation de
ses catholiques, futréimie à l'An-
gleterre , mais le roi refusa de te-
nir la promesse que ses minisires
avaient faite en ïon nom. Alors
Pitt, qui voyait avec peine que la
paix allait être signée avec la Fran-
ce, donna sa démission , et con-
courut lui - même à la formation
du ministère qui lui succédait.
C'était garder le pouvoir en se ca-
chant derrière quelques hommes
choisis de sa main, vains simula-
cres d'autorité. Mais bientôt ces
liom mes voulurent marcher seuls ;
Pitt se brouilla avec eux, reprit
ses anciens titres, les remplaça, et
s'occupa aussitôt à créer une nou-
PIT
velle coalition contre la France. If
vit ses dessins trompés, et le génie
de Bonaparte eftVayer l'Europe :
cependant son lit de mort fut en-
touré des trophées deTrafalgar. Il
tomba dangereusement malade en
décembre i8o5, et cessa d'exister
le 5 janvier 1806. Il n'avait que
47 ans. Si Pitt fût parvenu à la
vieillesse , il eût vu la France hu-
miliée et tous ses désirs réalisés.
Les historiens qui ne jugent que
d'après le succès, lui ont fait
honneur de ces événemens, et lui
ont attribué ce changement des
affaires après sa mort : c'est trop
accorder à son génie et trop peu à
la fortune. Le philosophe ne par-
donnera point au ministre anglais
sa perfidie pendant le cours de la
révolution , le machiavélisme et la
barbarie de sa politique extérieu-
re, les actions horribles que l'on
commit aux Indes sous son gou-
vernement, et cette abnégation
complète de tous les sentin)en&
moraux et généreux que l'on re-
cotmaîl dans les actes de sa -vie
publique. Mais on ne peut nier
qu'il n'ait été administrateur plein
de sagacité, de finesse, de persé-
vérance et d'habileté. Comme ora-
teur, il se fit surtout remarquer
par la netteté des idées, la préci-
sion de l'analyse , une diction
brève et imposante, et plus forte
que majestueuse. La colère était
le seul mouvement qu'il mêlât à
ses discours : ses ennemis l'appe-
laient l'enfant colère [tfie ungry
hoy). Il avait les traits fins et dé-
liés, la physionomie haute et fer-
me. Ses mœurs furent sévères : on
l'appelait le ministre sans tache.
L'ivresse était le seul défaut au-
quel il se livrât sans réserve. C'é-
PIX
tait un assez singulier spectacle
que de voir Pitt, chargé des fu-
mées du vin , répondre nettement
aux éloquentes invectives que Fox
lui lançait dans l'ivresse où il était
plongé ; et Shéridan, qui ne venait
au parlement qu'après avoir bu
plusieurs bouteilles d'eau-de-vie,
reprendre la question après ces
deux honorables membres. On
paya les dettes de Pilt , et, malgré
l'opposition de Fox, un monu-
ment lui fut élevé à Westminster.
M. Gifford et l'évêque de Win-
chester ont écrit moins sa vie que
son éloge. C'est i\ l'histoire sévère
qu'il appartient de juger Pitt ;
constant ennemi de la France, et
sacrifiant toujours au besoin d'é-
craser son ennemie , ces principes
de probité et d'honneur qui ne
règlent pas seulement les affaires
des particuliers, mais qui s'éten-
dent encore aux intérêts des peu-
ples et des empires.
PIXKKÉCOUKT (René-Char-
LES-GlIlLBERT De), Ic pluS féooud
des auteurs dramatiques vivans,
a fait représenter avec succès ,
sur les théâtres secondaires, une
foule de pièces, où les gens de
goOt ont reconnu, au milieu des
habitudes du genre et des défauts
auxquels l'auteur s'était condam-
né eu l'adoptant, une grande en-
tente de la scène et l'art de pré-
parer et de disposer les effets dra-
matiques. M. Pixérécourt est né à
INauei, Icîsa janvier 1775. Il venait
de ternn'ner son droit, lorsque la
tourmente révolutionnaire l'em-
porta en pays étranger. Il rentra
en France vers la fin de 1795, se
réfugia *à Paris sous un nom sup-
posé, et ne put se montrer sous
son nom vérilably qu'après deux
PIX 36i
années entières. La lecture d'une
jolie nouvelle de Florian, intitulée
SelicOf détermina la vocation de
M. Pixérécourt; il composa sur
ce sujet une pièce en 4 actes, qu'il
fit jouer au théâtre iMolière. Cette
pièce eut du succès, ainsi que l'o-
péra de Claudine, tiré d'une autre
nouvelle du même auteur. M.
Pixérécourt, encouragé par l'heu-
reux succès de ses deux pre-
miers ouvrages, composa succes-
sivement : la Forêt de Sicile
( '79^)> ^" '^ol^^e des Champs-Ely-
sées (1799); le Mal avisé (1799);
Léotiida , grand opéra (1799)"»
Fictor (1798); Rosa ()8oo); Fla-
minius à Corinthe (1801) ; Mar-
cel (i8oi); le Petit Pa<j;e, opéra-
comique (1800); le Chansonnier
de la paix (1801); Avis aux Fem-
mes ( 180 1); Cœtina (1800); le Pè-
lerin blanc (1801); l'Homme à trois
visages (1801); la Femme à deux
maris (1802); les Mines de Polo-
gne (1802); la Peau de l'Ours
(1802); Tékéli (i8o7)); tes Maures
d'Espagne (1804); Plzarre ( 1 802);
la Forteresse du Danube (i8o5):
Rohinson Crusoà (i8o5); Kontouf
(1806); le Solitaire de la Roche-
Noire (1806); l'Jnge tutétaire
(1808); la Citerne (1809); Mar-
guerite d'Anjou (1810); les Ruines
de Bahyhne (1810); le Pî'écipice
(181 1); le Fanal de Messine {]Hï2);
le Chien de Mnntargis (1814);
Charles - le - Téméraire (i8i4) »
Christophe Colomb (i8i5); /« Mo-
nastère abandonné (1816); la Cha-
pelle des boi^. (1818); la Fille de
l'Exilé (1819); Bouton de rose
(1819); le Mont-Sauvage (1821);
le Pavillon des Fleurs, opéra-co-
mique (1822); Fnlentine (1822);
Ali-Iiaha (1822); le Château de
563
PIZ
Loch-Leven (1823); le Behéder
(1818); les Chefs écossais (1819);
la Place du Palais (i8ii4). Ou ne
peut refuser à l'auteur de ces piè-
ces une grande i'écondité d'iniagi-
iintion, tt le succèi populaire
qu'elles ont oljtenu prouve assez
en leur faveur. II est malheureux
i|ue M. Pixérécourl n'ait pas porté
sur de plus grands théûires, et
soumis aux juges plus sévères qui
en composent le public, le talent
dramatique dont il était doué : il
sait graduer l'intérêt ; son dialo-
gue a de la vérité, de l'énergie; il
n'a point cherché de moyens et
d'ertets aux dépens de la njorale.
i>l. Pixérécourl a été nouuné , en
1824» directeur de l'Opéra-Comi-
que. Il appartient au temps seul
<le justifier les espérances qu'ont
données sa j)robi(é «t la fermeté
de sou caraclére. Fondateur de la
société des Biblioptiiles français, il
a publié plusieurs ouvrages, outre
ses pièces de théâtre : les Soaoenirs
de Paris, de Rolzebue; les Souve-
nirs d'Italie, du uiême (G vol.
1804, l8o.^). M, Pixérécourt a
5U|)primé les injures iudécentes
dont l'écrivain allemand accablait
une nation qui lavait trop bien
accueilli. Charles XII, roman
(/«/.); une V in deDaUiyrac, et une
édition très-bien faite des Œuvres
de Floriau, jusqu'alors iuédiles,
PIZ7A (l'abbé Joachim), poète
et littérateur, membre inùscuslode
ou gardien général de l'académie
d«'s Arcades de Rome, naquit dans
cctle^ ville en 1718. 11 Cl ses étu-
dcsau cnlIégcRomain des jésuites,
et s'annonça de bonne heure par
d(.'s poé>ies légères, qui eurent le
plus brillant succès. Honnne ai-
mable, riche, et estimé pour ses
PIZ
qualités personnelles el ses talens.
il devint membre des Arcades en
1701 ; et après la mort de l'abbé
Morei, en 1759, il fut nommé
son successeur à la place de gar-
dien général de l'académie. Sous
la direction de l'abbé l'izzi , cette
société, déjà si célèbre, reçut un •
nouvel éclat. Les littérateurs et
les poètes les plus distingués en
firent partie, et l'on vit sur le ta-
bleau de ses membres les noms
de princes et de souverains étran-
gers qui s'honoraient d'y être ins-
crits. Une improvisatrice renom-
mée, native de Pistoie, Marie-
Madeleiue iMorelli ( voj. Morelli ),
s'étant rendue à Rome, y fixa l'at-
tention publique par sa beauté ,
ses grâces et ^es talens. Bientôt
tout ce que Rome comptait d'il-
lustre, par la naissance ou le mé-
rite, entoura la célèbre étrangè-
re. L'abbé Pizzi fut du nombre
de ses courtisans les plus empres-
sés. Les talens de la belle im-
provisatrice parurent dignes de la'
couromie qui avait été décernée
à Pétrarque et au Tasse, el l'abbé
Pizzi se montra disposé à céder au
vœu général. Klle fut reçue mem-
bre de l'académie sous le nom de
Corilla 01impica,et c^)nronnée a*j
Capitole leSi aoûti76G. La cri-
tiqueempruntant les noms de Pas-
quiu el de Marforius , protesta con-
tre ce triomphe , et le custode ne
fut pas épargné dans les pam-
phlets. C'est ce qui «lui faisait \
dire,« que le comonnemenl de
«Corilla était devenu pour lui le
«couronnement d'épines. » L'abbé
l'izzi ne se borna point à cette
plaisanteiie spirituelle, ileul l'im-
prudence de répondre à des sai-
casmes injustes, et fournit par-
PLA
là un nouvel aliment an scandale,
qui eut bientôt un terme par le
départ de Corilla. L'abbé Pizzi ,
réconcilié depuis ce moment avec
les censeurs, qui ne l'accusaient
que de s'être laissé séduire par la
beauté de Corilla, vécut en paix
et honoréde l'estime générale jus-
qu'à l'époque de sa mort arrivée
le 18 septembre 1790. Parmi les
ouvrages qu'il a publiés on cite
les «ui vans : 1° Discours sur ta poé-
sie tragique et comi{fue , Rome ,
1 772 ; 2" Dissertation sur un camée
antique; 5° la Pulsion de VEden,
poëirje en 4 chants, tiré en partie
de l'Apocalypse, Rome, 1778 : ce
poëme e«t, dit-ou, digne d'éloges,
soit j)ar la beauté des images, soit
par l'harmonie de la versification ;
4° le Triomphe de la poésie, impri-
mé à Parme par Bondoni, 1782, a-
vec un grand luxe typographique,
dans la collection qui a pour li<re :
Actes du couronnement solennel de
Corilla Olimpica, publiés par les
soins de l'abbé Pi/.zi.
PLAAT (André-Henri -JcAN
Vander), lieutenant -général au
service du royaume des Pays-
Bas, commandeur de l'ordre
royal et militaire de Guillaume,
né en 1763 à Grave, entra dés l'â-
ge de 12 ans, comme cadet d'ar-
tillerie, au service de Hollande.
Il le quitta à l'épcxpie de la révo-
Intion de 1787, pour passer à ce-
lui de l'impéralriee dfi Russie,
Catherine Jl, où il obtint le gra-
de de major dans le corps du gé-
nie. \\ fit eii relie qualité la guer-
re contre la Suédt;, (;t donna dans
toutes <es aftaire-i des preuves de
valeur et de takns militaiics.
Ktnployé ensuite dans la guerre
<.!>ntre les Turcs en 178901 «790, il
PLA 56."5
se distingua de nouveau aux siè-
ges de Bender, d'Ackerman, et
au terrible assaut d'ismaïlow, où
il reçut trois blessures. L'impéra-
trice lui envoya pour récompense
de la valeur brillante qu'il avait
déployée en cette occasion , une
épée d'or et la croix de l'ordre de
Saint-Wladirair. A la bataille de
RLitchin, où le grand-visir Jussull-
Pacha fut complètement battu ,
M. Vander Plaat fut encore hono-
rablement cité comme îiyant con-
tribué à la victoire. Après la paix
de 1792, il fut chargé, conjoinle-
ment avec le général- major de
Wollacrt, passé comme lui du
service de la Hollande à celui de
la Russie, des plans de défense
pour les provinces méridionales
de l'empire, et dirigea les travaux
entrepris à Odessa, el.ensuile ceux
de la nouvelle fortei-esse deTeres-
pol sur le Dniester, qui furent a-
rhevés en 179*). L'année suivante,
il fut nommé directeur- général
du département du génie pour la
province de Livonie. Après avoir
obtenu sur .sa demande, et dans
les termes les plus honorables ,
sa démission du service de la
Russie , il rentra en qualité de
gêné rai- major à celui de Hollan-
de, et fut mmimé, en décembre
i8i3, gouverneur de Breda. Cet-
te place était encore dépourvue
d'armes , de munilions de gnerre,
et de presque tout ce qui est né-
cessaire à la<léfense, quand elle
fut attaquée par un corps français
venant d'Anvers, et qui espérait
s'en emparer par un coup de
main. i\lais le général j)arvint
à force d'activité et de courage à
pourvoir aux besoins les plu*
pressans et à sauver la ville. L'em»
564 PL A
pereilr Alexandre le décora à cet-
te occasion de la fijrand'croix de
l'ordre de Sainte-Anne. En i8i5,
il fut nommé lieutenant-général
et commandant do la province du
Bral)ant-Scptentrional. Le gou-
vernement d'Anvers et le com-
mandement général de la quatriè-
me division militaire lui lurent en-
suite confiés. Le général Van der
Plaat mourut à Anvers, le i5
février 1819, vivement regretté
de son souverain et de ses l'rères
d'aniîcs.
PLACE (Pierre Antoine DE la),
littérateur, naquit, en '707, à
Calais, et fit de Ijonnes études. Sa
carrière a été uniquement litté-
raire, el néanmoins cet auteur est
médiocrement estimé. Sans génie,
sans talent supérieur, il s'est mon-
tré quelquefois homme de goût
el plus souveni litléralour labo-
rieux et utile, smlout comme tra-
ducteur. Voici à cet égard le ju-
gement de Palissol, extrait de ses
Mémoires sur la littérature : « On
doil, dit-il, à La Place l'utile tra-
duction du théâtre anglais, et il
est mi des premiers qui nous
aient luit connaître les bons ro-
mans écrits dans cette langue ;
celui de Tom-Jones surtout, l'un
des meilleurs que l'Angleterre ait
produits. f> La Place tut pendant
plusieurs années directeur du
\Mercure de France. Celte époque
de sa vie est très-honorable, cl
jamais les collaborateurs de ce
recueil littéraire, les auleurs esti-
mables, n'curenl à se plaindre de
lui. Il mournl en ^'yfÇj. Voici la
liste de ses dillérenles produc-
tions : 1° Théâtre anglais, traduc-
tion en 8 vol. in-ia, Paris el
Londres, «746- La Place prit pour
PLA
modèle de son travail la traduc-
tion du Théâtre des Grecs, par le
P. Brumoy. Sous le rapport du
style, il est inférieur au traduc-
teur du Théâtre des Grecs; mais
il mérite des éloges pour avoir
corrigé les irrégularités des au-
teurs originaux; et plusieurs au-
teurs dramatiques français lui doi-
vent des plans, des situations et
des caractères. 2° Histoire de Tom
Jones, 4 vol. in-ia, Paris, 1767,
traduction libre de l'anglais, sou-
vent réimprimée; 5° C Orpheline
anglaise, qui, ainsi que plusieurs
autres romans anglais traduits par
Je même auteur, a été plusieurs
fois réimprimée. En général le
style des traductions de La Place
est incorrect et sans énergie ; mais
il est exempt d'images et d'ex-
pressions de mauvais ton. 4° Plu-
sieurs tragédies: Venise sauvée,
J eanne d' Angleterre , Jeanne
Gray , C altiste, Adèle de Pon-
ihieu, etc. Adèle de Ponlhieu, a-
près 18 mois d'attente, fut jouée
parordreduilucde Richelieu, que
l'auteur remercia par un quatrain,
dont voici le dernier vers:
Tu pri'ç Minorquc, et fi? jouer AdcU,
Venise sauvée est imitée d'Ot-
way : la marche en est simple,
naturelle, et le slyle, sans être
élégant, est assez bien soule-
im ; plusieurs scènes sont écrites
avec chaleur. « La tragédie de
Vt^nise sauvée, dit Palissot , eut
beaucoup de succès dans sa nou-
veauté; mais elle a été moins
heureuse à la reprise. » Outre ces
ouvrages, on lui doit encore : 1*
un Recueil d'épilaphes , sérieuses
et badines, 1782, 5 vol. in-13 ; ?."
Pièces intéressantes el peu con-
PLA
nues, 8 vol. in-12, Paris el Bruxel-
les, 1781, et années suivantes;
3° Hermippas redivivus , ou le
Triomphe du sage sur la vieillesse
et le tombeau, traduction de l'an-
glais Cohausen, 1789, 2 volumes
in-8" ; 4" ^^ Valère Ûaxivie fraii-
cais, pour servir à l'éducation de
la jeunesse, 1792, 2 vol. in-S",
couipilation assez estimée. Nous
terminerons cet article en rap-
portant une anecdote assez pi-
quante. « Ses premiers essais, dit
l'auteur d'une Notice sur cet écri-
vain , furent peu remarqués dans
un temps où la littérature était
presque le seul aliment de la cu-
riosité publique. Piqué d'une telle
indifl'érence, il imagina un moyeu
singulier d'attirer sur lui l'atten-
liorïf Caché dans le fond d'ime
province, il fit écrire à Paris qu'il
était mort. Cette nouvelle fut mi-
se dans les feuilles de l'abbé Des-
fontaines, avec une lettre d'un
prétendu ami, qui s'étendait beau-
coup sur la perte d'un jeune hom-
me de si grande espérance ; mais
le stratagème fut bientôt décou-
vert, et l'on en rit beaucoup. »
( Voir la Correspondance littéraire
de La Harpe.)
PLAICHARD - CHOTTIÈRE
(R. F.), exerçait à Laval la pro-
fession de médecin à l'époque de
la révolution, dont il se déclara Je
partisan. Nommé d'abord officier
municipal , il fut ensuite élu dé-
puté-suppléant de la Mayenne à
l'assemblée législative; il n'y prît
point séance, et le même départe-
ment le nomma , eu septembre
179-2, député à la convention na-
tionale. Lors du procès de Louis
XVI, il vota la réclusion pendant
la guerre et le bannissement à la
PLA
365
paix. Au i3 vendémiaire an 4
(5 octobre ijgS), il fut rete-
nu prisonnier dans sa section ;
mais aussitôt le triomphe de la
convention, il recouvra la liberté.
i>L Plaichard-Chottière passa au
conseil des anciens, dont il devint
secrétaire. Il cessa ses fonctions
le 20 mai 1797, ^^ retourna dans
son département, où il reprit
la profession de médecin.
PLANARD (Eugène) . auteur
dramatique, né le 4 février 1784
à Milhaud (Aveyron), d'une fa-
mille distinguée, de l'ancienne
province de Rouergue. Pendant
le cours de ses études , il laissa
déjà entrevoir un goût assez vif
pour la littérature dramatique;
mais destiné par son père à sui-
vre la carrière du barreau, il lui
fallut se livrer à un travail plus
sérieux, et, en 1806, sa famille
l'envoya à Paris pour y faire son
droit. M. Planard sentit bientôt
se réveiller en lui le désir de bri-
guer les faveurs de ïhalie, qui ne
se montra pas trop sévère pour
lui; il a donné : 1° au théûtre
LoiiYois, le Curieux, comédie en
un acte, en vers, 1807: c'est son
premier ouvrage ; 2" au ThéStre-
Français, les Pères a'éanciers, co-
médie en un acte, en vers; 3* la
A'^iè(?e,5a/)/;o,s<?t', comédie en 3 actes,
en vers; 4° le Paravent, comédie en
un acte, en vers: fond léger, mais
de jolis vers, des idées heureuses;
5" l'Heureuse rencontre, ou les
Deux valises, comédie en 3 actes,
en prose; i'f au thé/ître de l'Odéon ,
le Portrait de famille, comédie
en un acte, en vers, 1809; 7" le
Faux paysan, comédie en 3 actes,
en vers, 181 1; 8° l'Epouseur de
drilles fi inmes, comédit; en 3 actes,
566
PLA
vn vers. Cette pièce, dont le suc-
cès l'ut contesté, faillit donner
lieu à un procès entre l'auteur et
le rédacteur d'un journal , le der-
nier ayant dit ai-sez brutalement
que l'auteur de la pièce avait
sans doute étudié le monde dans
les corps - de -garde , etc. 9° la
Pacotille, ou l'ambition subalter-
ne, comédie en 5 actes; in° le
iiravil Marronler, vaudeville en
un acte : une situation comique
et quelques jolis couplets; 11° un
Prologue, en vers, ajouté au Mar-
ché aux fleurs, comédie en un ac-
te, de IVl. Dumcrsan, pour le nia-
riafje de l'empereur, 1810; 12" au
théâtre Feydeau , l'Eclielle de
soie, opéra en un acte, en vers,
musique de Gaveaux, 1808, poè-
me agréable, musique charman-
te; i5° l' Emprunt secret^ opéra
en un acte, musique de Pradher;
li^" le Mari fie circonstance, opéra
t;n im acte, musique de Plantude:
action légère, mais intrigue vive,
serrée , beaucoup de traits heu-
reux dans le dialogue ; c'est un des
ouvrages les plus agréables de ce
maître, 18 15; i5'/r5 iVof^* rfi'G'a-
mat/ie, opéraen2actes,musiquede
Bochsa; 16" Nourma^ ou le Règne
lie douze heures, opéra en 2 actes,
uui'-iquc de Brum, 181/4: faible
succès ; 1 7° /a Bergère châti'laine,
opéra en 5 actes, musique d'Au-
ber, suicès dfl au compositeur;
18" les Héritiers de Miehau, ou le
Moulin de Lieursaint , opéra en
un acte, musique de Bochsa, piè-
ce que la circonstance a l'ait naî-
tre, et qui atnail pu lui survivre;
19° Emma, ou la Promesse impru-
dente, opéra eu 5 actes, musique
U'Aulier; le poète et le musicien
peuvent revendiquer chacun avec
PLA
justice leur part du succès que
cette pièce a obtenu ; elle est res-
tée au répertoire; 20° l'Auteur
mort et vivant, opéra en un acte,
musique d'Hérold : faible pièce;
musique savante, mais sans char-
jue; 2 1° le Portrait de famille,
opéra en un acte, musique de
Kreubé ; c'est la coniédie jouée,
en 1809, à rOdéon : succès réel,
i8t4; 2'^" le Solitaire, opéra en
5 actes, musique de Caraffa : une
musique pleine de grAoe et de mé-
lodie, et surtout un air (c'est le
Solitaire), voilà ce qui a donné au
Solitaire une certaine vogue; 25"
les deux Jumelles, opéra en un
acte, musique de Fétis : ca'ievas
sur lequel M. Fétis a brodé quel-
<pie jolis airs pour faire briller
deux cantatrices également aîKlfiées
du \)i\bUo;'ili'' Marie Si uart, opéra
en 3 actes (avec iM. Roger), musi-
que de Fétis : succès contesté; 25"
les Deux contrats, opéra en 1 acte,
i824" ^i- Planard a épousé la plus
jeune des fdies de M"" Saint-Au-
l)in. Il occupe depuis long-temps
la place de secrétaire du comité
de législation du conseil-d'état.
PLANAT (N.), officier d'ordon-
nance de Napoléon, fut chargé, en
mai i8i5, de parcourir les dépar-
teniens du iMidi et de l'Est, pour
en juger la situation militaire et
observer l'esprit public. Les rap-
ports de M. Flattât parvinrent à
leur destination ; mais ils survé-
curent aux événemens qui les a-
vaient fait naître, et quelques-uns
furent trouvés après la bataille de
Waterloo, dans le portefeuille du
b.u'on Faiiî , secrétaire de Napo-
léon. On voulut voir l'opinion
particulière de M. Planât dans ses
réflexions sur les dispositions qu'il
PtA
avait remarquées dans les pays
qu'il venait de visiter, et nolam-
inent la frontière espagnole, où
se trouvait alors M. le duc d'An-
goulême. M. Planât fut un des
officiers qui accompagnèrent Na-
poléon dans son voyage à lloclie-
fort; il s'embarqua avec lui sur le
Belléroplion, mais il ne put obte-
nir de faire partie du petit nom-
bre de ceux qui suivirent ce prin-
ce à Sainte-Hélène. Les Anglais
le transportèrent à l'île de Malte,
d'où il ne sortit qu'avec MM. Sa-
vary et Lallemand, qui y avaient
été également conduits.
PLANCHE, professeur de rhé-
torique au collège de Bourbon,
était un des élèves les pfus distin-
gués <le l'ancien collège (le Sainte-
Barbe, oi"i il devint ensuite maîîre
des éludes. lia publié un Z)à7/o/(-
naire f^rec et français. 1809, in-8",
et 2° édit. , 1817; plusieurs dis-
cours latins, et des poésies latines
très-estimées. M. Planche a au. -si
été pendant quelque temps colla-
borateur du Mercure de France.
PLANCHE (L. A.), pharmacien
à Paris , est collaborateur du Bul-
letin de pharmacie , et a publié la
Pharmacopée générale , à l' usage
des pharmaciens et des médecins
modernes, traduit de l'italien, avec
des notes et augmenlatior.s consi-
dérables du traducteur, P.u'is,
181 I, 2 vol. in-8'.
PLANCY ( AoRiÉîf- Godard
d'Aucourt, coMTi: de), odicier de
l'ordre royal de la légiou-d'bon-
iicur, ancien préfet, ancien maître
des requêtes, etc. En l'un 8, M. de
Plancy, connu «lu consul J.ebrmi,
qui dfpuis le choisit [>our gendre,
fut nommé auditeur au conseil-
l^'état. L'empereur lui domia d'a-
PLÀ
567
bord la sons-préfecture de Sois-
sons, et peu apiès la préfecture
d'Yvrée , en Piémont. Il fut suc*
cessivemenl préfet de la Marne, et
de Seine-et-Marne. En i8i4,le3
circonstances étaient graves. M.
de Plancy employa toute l'éner-
gie naturelle à son caractère à re-
pousser, comme il le devait, les
bandes étrangères qui inondaient
une partie de la France. La ré-
sistance était juste et les moyens
légitimes. M. de Plancy fut n)ain-
tenu par le roi dans la préfecture
de Seine-et-Marne. Au retour de
l'île d'Eibe, Napoléon l'y retrouva.
Les temps étaient devenus de plus
en plus diUiciles, et de grands dé-
sordres menaçaient le département
confié à M. de Plancy. Il crut de-
voir continuer Texercice de ses
fonctions, alin de préserver ses
administrés des malheurs contre
lesquels il avait lutté courageuse-
nieul; mais moins heureux à la se-
conde restauration, il fut rempla-
cé paruji chambell ui de Napoléon.
Depuis cette époque, M. de Plan-
cy, rentré dans la vie commune,
s'est consacré exclusivement, et
avec le plus grand succès, aux tra-
vaux de l'agriculture, et à son
perfectionnement, non -seulement
par des essais et des expérien-
ces utiles, mais encore par des é-
crits, dont l'application est fivo-
rable à celte véritable science
du bien public. Parmi ses écrit»
on ren)ai(|ue l'ouvrage ayant pour
titre : De l' Administration de l'a-
griculture appliquée à une exploita-
tion. En donnant à la fois la pra-
lii|ne et la théorie, M. de Plancy
rend un double service à son pays.
La facilité qu'il accorde aux agro-
nomes de visiter les beaux établis-
368
PLA
seuiens qu'il a formés dans ses
terres, justifie la réputation de pa-
triotisme qu'il a méritée constam-
Kieul dans sa \ie publique et dans
sa vie privée.
PLANELLI DE LA VALETTE
(le comte), ex-inspectear-général
des gardes nationales , maréchal-
de-camp, membre de la légion-
d'honneur, lui nommé, en 18 15,
, par le département de l'Isère ,
membre de la chambre des dépu-
tés, où il vola avec la majorité; a-
près la dissidution de la chambre
par suile de l'ordonnance du 5
septembre 1816, il fut réélu par
le même département , et siégea
conslaniment au côté droit. Dans
la session de 1818, lors du projet
de loi sur le recrulement , il ap-
puya l'opinion du marquis de Do-
ria , qui s'opposait à ce qu'on for-
mât des corps de légionnaires-vé-
térans, et à l'avancement par an-
cienneté. Il appuya l'amendement
du général Dupont, et demanda,
avec la formation de cadres d'ins-
truction élémentaire , qu'aucun
olïicier ne pût être privé de son
grade sans jugement. M. Planelii
de la Valette cessa ses fonctions
législatives cette même année, et
les reprit en 1819, par suite d'une
élection nouvelle. Il subit la dis-
solution totale opérée par l'ordon-
nance du roi en 1823, et reparut,
en 18241 •» 1^ chambre des dépu-
tés, où il fut porté par le collège
du département de l'Isère; il ve-
nait d'être nommé préfet du dé-
partement du Gard.
PLANTA (Joseph), diplomate
anglais, né en i744i t't issu d'une
ancienne famille du pays des Gri-
sons, l'ut éUîvé dans la maison pa-
lernelle à Londres, où son père ,
PLA
qui jouissait d'un bénéfice ecclé-
siastique , présida à sa première
éducation. Envoyé aux universi-
tés dTJtrecht et de Goëttingue
pour y terminer ses études , il
voyagea ensuite dans le midi de
l'Europe , et séjourna quelque
temps en France. De retour à
Londres , il entra dans la carrière
diplomatique , et débuta par l'em-
ploi de secrétaire de la légation
britannique à Bruxelles. Plus tard,
il devint bibliothécaire, puis con-
servateur du musée britannique ,
et enfin, directeur desiiianuscrits
et des médailles. Le mérite de M,
Planta ne tarda pas à être remar-
qué : à peine entré dans la carrière
littéraire , il fut aggrégé à la so-
ciété royale de Londres , et , peu
de teinps après , élu secrétaire ,
emploi qu'il a rempli avec dis-
tinction pendant près de 3o an-
nées. Ses connaissances diploma-
tiques lui avaient aussi mérité d'ê-
tre attaché au département des
affaires étrangères , et il était en
même temps secrétaire de lord
Castlereagh, dont la protection le
fit nommer sous-secrétaire d'état
en 181 7. M. Planta a enrichi d'u-
ne foule d'articles importans plu-
sieurs ouvrages périodiques; il fut
un des membres les plus actifs
d'une commission établie par le
parlement pour la recherche de
pièces fondamentales du droit pu-
blic du royaume. Il a publié : 1°
une Dissertation sur la tangue ro~
manche du pays des Grisons, qui
a été jugée digne d'être insérée
dans les Transactions philosophi-
ques; 2" un Catalogue Irès-délaillé
des manuscrits de la bibliothèque
Cottonienne , qui est déposé au
musée britannique; 3° une Histoire
PU
de la confédération hehétufue, 1800,
a vol. 10-4° ; 2' édition , 2 vol.
in-8°.
FLANTERRE (N.), acteur et
auteur. Après avoir joué long-
temps la comédie en province, où
il fit représenter plusieurs ouvra-
ges, il yiot à Paris, en 1790, et
donna successivement an théâtre
des Amis de la patrie (Louvois) :
1" Agnès de CliâlUlon, ou. ~e Siè-
ge de Saint-Jean-d' Acre , opéra
ii grand spectacle, en vers, musi-
que de Loire Froulé, 1792; 2"
Agnès, ou les Espiègles, opéra-
cAmiqiie en 3 actes ; 3° au théâ-
tre de la Cité, .d Fête de la fra-
ternité ^ vaudeville 4?n 2 actes,
179'i; 4° '« Pête de l' égalité , co-
médie en un acte, en vers, 1792;
5" les Charlatans, opéra comitpie
en 2 actes, musique de Foigiiet
père, '792; 0° à l'Opéra-Cumi-
que, Midas au Parnasse, opéra-
comique en un acte; 7" le Bailli
coiffé, opéra-comique en un acte;
8° les deux Ermites, opéra-comi-
que en un acte, musique de
Gaveaux, <793; g" /a Fandlle in-
digente, opéra en un acte, musi-
que de Ga veaux. »793; tous ces
ouvrages obtinrent nu succès com-
plet. La Famille indigente, et les
deux Ermites, attirèrent long-
temps la fotde au théâtre Fey-
deau ; c'est dans ce dernier ou-
vrage que se trouve le duo char-
mant et si bien mis en scène :
Connaissez-vous le père Ambroise?
La manière de Planterre est frati-
che, son style a du naturel, de la
rapidité, ses vers sont faciles, ses
couplets ingénieux. Il coiuiaist*ait
bi<Mi la scène et surtout lcsn)oyens
tl'y produire dos effets, d'amener
des situaliodâ louchuules. Ij avait
PLA 5O9
Ce qu'on appelle en termes de
coulisses , du métier. Planterre
mourut en 1800, laissant une
tamille nombreuse et peu de for-
tune.
PLASSAN (N.), d'une ancien-
ne famille originaire d'Ecosse, na-
qin't à Bordeaux, dépailen)ent de
la Gironde, où il a rempli pen-
dant long - temps des fonctions
dans l'ordre judiciaire. I) était
conseiller i la cour royale de cet-
te ville lorsqu'il mourut, eu 1820,
avec la réputation d'un magistrat
aussi probe qu'éclairé.
PLASSAlN (N. Leb|.o]sd), fils
du précédent. Il fit d'excellentes
études à Bordeaux, lieu de sa nais-
sance , el prit peudaul quelque
temps des levons de l'abbé Sicard,
auM de sa famille. Son penchant
le portant au service; de mer, il
entra dans la marine, où, mal-
gré sa jeunesse, il se fit bien-
tôt distinguer par sa bravoure,
son zèle et ses connaissances. Il
courniandiut la corvette la Bayon-
naise, dans l'escadre de Roche-
fort, faisant partie de l'expédition
du général Leclerc contre Saint-
Domingue. Chargé pendant cet-
te cauipagtie do différentes mis-
sions auprès des autorités espa-
gnoles de Santa-Fé, dans le .nou-
veau Mexique, de divers ports '
de la mer du Sud , il s'en ac-
quitta avec autant de zèle que de
prudence. A son retour en Fran-
ce, la Buyonnaise fut attaquée près
des côtes d'Espagne, par 4 vais-
seaux anglais, qui s'en seraient in-
failliblement rendus maîties si,
après la plu* vigoureuse défense,
M. Plassan n'«.'ût pris la résolution
de faire sauter.son bâtiment. Il fit
en coiiséqueucedébarquerious les
«4
5^0
PLA
hommes de son équipage, et, quoi-
que blessé d'un coup de feu qui lui
traversait le corps, il ne quitta son
bord que le dernier, et après a-
voir mis lui-même le l'eu à une
mèche qui communiquait aux
poudres. Son canot n'ét;iit enco-
re éloigné que d'une demi portée
de fusil lorsque lu corvette sauta;
il fut couvert de débris , et le ca-
bestan du vaisseau retomba sur le
bout de l'aviron d'un des mate-
lots, qui eut la tête emportée du
contre-coup. M. Plassan n'atten-
dit pas l'entière guérison de sa
blessure pour se rendre à Bayon-
ne,où il arriva aprè? avoir traver-
sé une partie de l'Espagne, rap-
portant son pavillon, dont la con-
servation était due à son courage
età sonsang-iVoid. A la création de
la légiou-d'honneur, il en obtint
la décnialinu sur la présentation
de ses chefs. Lors du glorieux
mais fatal combat de Trafalgar,
RI, l'Iassan était embarqué com-
me lii'uleuant de vaisseau sur/'^/-
gésiras, que montait le brave con-
tre-amiral iMagon. S'apcrcevant
que les gabiers des vaisseaux an-
glais qui entouraient /'y^/i,'^m.ffl,ç di-
rigeaient particulièrement leur feu
sur ce général, il essaya, à son
insu, de le soustraire au danger
qui le menaçait, et prétextant que
sa présence était nécessaire dans
les batteries basses, il l'engageait
à y descendre flans le moment oii
le contre -amiral reçut le coup
mortel. Tous les autres ofliciers
furent de la iniMoe manière et
successivement mis liors de com-
bat, et, quoique également blessé,
M. IMassanprit le commandement
du vaisseau, qu'il p^irviul à déga-
ger et à faire rentrer dans la baie
PLA
de Cadix. Il a depuis été pourvu
de plusieurs commandemens, et
est parvenu au grade de capitaine
de vaisseau. Pendant la guerre
d'Kspagne, en iBaS. il comman-
dait la frégate la Magicienne, et fut
chargé de transporter devant Ca-
dix les Français dits transfuges qui
se trouvaient à la Corogne lors de
la capitulation de cette place. II
fit voile pour le Brésil au mois de
janvier 1824; mais ni le but ni le
résultat de sa mission ne sont en-
core connus. Le roi l'a nommé
chevalier de Saint-Louis.
PLASSAN (Pierre), de la mê-
me famille que les précédens, né
à Bordeaux, en 1751, a exercé
pendant 4o ans la profession de
libraire et d'imprimeur à Paris. Il
a imprimé et publié ditl^reufes .
éditions justement estimées, en-
tre autres L'Orlando Furioso, 4
vol. in-4°; le même, 4 vol. in-8°;
Virgile, latin et français, 4 vol.
in-4"; le même, 4 vol. in-8°;
Histoire des quadrupèdes ovipa-
res, serpens , poissons et cétacées,
par M. le comte de Lacepède,
8 vol. in-8"; le même, 17 vol.
in-12; OEuvrcs de Buffon, 76 vol.
in- 18; Montesquieu, 5 vol. in-
4°, etc., etc. M. Plassan avait é-
pousé une fille de M. Saugrain, de
l'une des plus anciennes maisons
de librairie de France : il est n\ort
en 18 lo. M. Plassan fils, qu'une
blessure accidentelle a obligé de
quitter le service de la marine,
continue à Paris la même profes-
sion que son père; son nom est
avantageusement connu dans la
typographie. Parmi les travaux
qui le recommandent, nous cite-
rons la Bible in-8", et le Rabelais
in- 18, publiés par Dcsoër, dont
PLA
Timpression égale celle des plus
belles ôditions des Elzevlrs.
P L À S S C H A £ U T ( Joseph ) ,
maire «le Louvaiii. membre du
corj)h-l(j>;i«slalif de France, et en
dernier lieu meuibre de la secon-
de chambre des états- généraux
du ro^-aume des Pays-Bas, na-
quit a Bruxelles en 1760. Il lut,
au sortir du collège, attaché en
qnaliié d'auditeur au conseil su-
périeur du Brabant, lorsque les
provinces du Pays-Bas aj)})arte-
naient à rAutriche , et en 1792,
son go uvernemeut le nomma mem-
bre de la junte administrative,
établie pour régir les provinces
conquises ou à conquérir sur la
France. Les premiers suocè> des
Autrichicïis , la prise de Coude;,
de Maubeuge et de Valenc <;nnes,
leur avaient l'ait croire qu'ils au-
raient bientôt de grands pays à
administrer après le demembre-
nieul de la France;; juais ce vœu
des coalisés l'ut trahi par la l'ortu-
ne, et, dès l'anni-e suivante, la
junte n'eut plus de tondions à
exercer. M. Plass* haert, après la
conquête de la Belgique par les
troupes IVançaises, resta long-
temps éloigné des afl'aires publi-
ques, sans toutefois cesser d'être
utile à son pays j»ar ses lumières,
et cultiva av»'C succès les lettres.
Il accejtta enfin, en l'an 9, une
place de conseiller de prélecture
du département de la I)yle, à la-
quelle iM. l)oulret-de-PoutfcC(Ui-
lanl, alors préfet de Bruxelles,
le fit a[)pe[er. Il remplaça ce ma-
gistrat pendant une assez longue
absence, que celui-ci fut oblige
de faire, et s'acquitta de ses fonc-
tions provisoires avec zèle et é-
quilé, mérilaQt à la fois la con-
PLA
071
fiance du gouvernement, etl'affec'
lion de ses administrés. Ses con-
citoyens lui donnèrent une preu-
ve de leur estime, en le députarijt
au corps-législatif à Paris, où U
siégea pendant plusieurs années.
Nommé ensuite maire de la ville
de Louvain , piès de laquelle M.
Plasschaert avait de grandrs pro-
priétés, il exerça ces fonctions
d'une manière non moins hoiiora-
rable, jusqu'à l'époque où les ar-
mées coalisées , maîtresses de la
Hollande, s'avancèrent \ersles an-
ciennes provinces belge>J. Il don-
nu alors sa déujission et rentra
dans la vie privée, d'où une nou-
velle preuve de la cotdi.mce de
ses couciloyens , le fit sortir en
1818, [)oiu' siéger à la seconde
chambre des états - généraux. Il
s'y distingua parla sagesse de ses
vues, la franchise et l'éloquence
de ses discours. Le J2 novembre,
il vota en faveur de l'abolition de
l'odieux trafic des noirs, propo-
sant toutefois quelques amende-
mens relatifs aux peines établies
par le projet de li»i coulre les ca-
pitaines et armateurs de vaisseaux
se livrant encore à cette traite.
Il se prononça avec btrce contre
un nouveau projet de loi sur
la milice, en demanda le rejet
comme inconstitutionnel , et ex-
priuui en mênu;»tenips le vreu
de voir enfin abolir dans les ar-
mées de sou pays, les punitions
serviles (les coups de bruon )
qu'on inlligcait de nouveau aux
soldats pour les moindres l'autes
de discipline, pratique aussi im-
politique que rcvollaute. Dans les
longues discussions sur le bud-
get de 1819, M. Plasschaert dé-
veloppa des connaissances finan-
572
PL A
cières fort étendues, et se montra
dans toutes les occasions un di-
gne uiandatiiire du peuple. Sa
mauvaise santé le força à la fin de la
session de donner sa iléinission,
et il se retira dans sa belle proprié-
lé de W esplaer près de Lonvain,
où la mort vint l'enlever deux ans
yprès à sa famille et à ses nom-
lireux amis. M. Fla^schaert a lais-
sé une mémoire vent rée ert Bel-
"{îique , 011 son patriotisme, ses
taléns et le généreux emploi
■d'une belle fortune, lui avaient
acquis depuis long temps une
'juste considération'. On a de lui,
"outre plusieurs poésies légères et
pièces fugitives , deux ouvrages
(pli obtinrent un grand succès.
Dans le premier, intitulé de l'In-
fluence des langues sur la cioilisa-
tion, l'auteur, après avoir judi-
cieusement traité son sujet, et
prouvé cette inQuence , démontre
aussi l'absurdité des prétentions
fioUandaises, tendant à proscrire la
langue française dans les provinces
belgiques. Orf n'en a pas moins
■persisté dans la mesure de substi-
tuer h vnie langue généralement
en usage, le dialecte bollandais,
en tout ce qui concerne les rap-
ports judiciaires et adnn'nistratifs.
Celte mesnie préparatoire, déjà
■prévue par M. Plasschaert , a eu
le résultat qu'il avait annoncé,
Bt n'a point ajouté à l'affection
des Belges pour les Hollandais,
ni resserré les liens de leur union
politique. Le second ouvrage de
Plasschaert , intitulé : de la No-
blesse, des Titres, et de la Féoda-
lité, parut à l'époque où la haute
aristocratie s'agitait en tout sens
dans le nouveau royaume des
Pays-Bas, pour y reconquérir
PLA
d'iuiciens privilèges, réclamant le
droit exclusif de cha>se, ainsi que
d'au très droits seigneuriaux, et tou-
tes les institutions du moyen âge.
On espérait que la condescendan-
ce du monarque et le silence des
citoyens favoriseraient ces gothi-
ques prétentions; mais M. Plass-
chaert rompit le premier ce si-
lence, et sou ouvrage, aussi re-
commandable par le style que |>ar
la pensée, réduisit à l'absurde les
exigences des imprudeus mais fei-
vens adorateurs de la féodalité.
PLATNER (Ersest), savant
Allemand, le plus ancien profes-
seurde l'université de Léipsick, né
en cette ville, le i5 juin 1744-
Ses nombreux élèves, pour qui il
a toujours eu l'affection d'un père,
l'ont surnommé le Nestor de l'u-
niversité de Léipsick. Ou doit à ce
savant respectable un grand nom-
bre d'ouvrages importans, et gé-
néralement estimés. Nous ne ci-
terons ici que les principaux :
1° VAntropologie, 1772, in-8* ;
2° Nouvelle Antropologie, 1790 ,
in-S"; 3" Questionum P/iysiologi-
carurn, iibri II, 1 ^-gS , 2 vol in-8°;
If A phorismes philosophiques, 1 7g5
et i^oo. Une grande sagacité d'a-
nal)'se, et une mélhr)de rigoureu-
se, sont les caractères distinctifs
des recherche.- scientiliques de cet
auteur. En 1816, le roi de Saxe
l'avait nommé membre de la com-
mission chargée de la rédaction
d'ime nouvelle loi sur la liberté de
la presse. Les journaux, allemands
ont annoncéque le professeur Plat-
ner était mort à Léipsick, en 1824?
à l'âge de 80 ans.
PLATOW ou PLATOFF (le
cojfrE ) , helman des cosaques du
Don, naquit vers 1705, dans la
PLA
Russie méridionale, où sa famille,
d'origine grecque , s'était fixée
depuis long-temps. Il entra très-
jeune an service, et devint heiuiari
( grade de général) à la suite de
plusieurs aclions d'éclat. Employé,
en i8ot) et 1807, comme lieuter-
liant -général à l'armée dest-inée
à soutenir les Prussiens dans la
campagne contje l'armée tVançaj-
se, il st; distingua de nouveau.
Après la paix de Tilsilt j il se ren-
dit à l'armée de Moldavie dirigée
contre les Turcs. Il les défit plu-
sieurs lois, et leur jtrit de vive
for<;e, au mois d'août 1809, la
l'orleresse de Babad. Pour le ré-
coujpenser de ses services, l'em-
pereur Alexandre le nomma géné-
ral de cavalerie. Le comte Platow
l'ut un des généraux chargé? il^
s'opposvr à Tinvasion des Frau-
çais dans la compagne coijtre la
lVussi<; en 1812. Ses efiorts ne fé-
^jondirenl pas ù ses espérancçs ni
juême.à Sun courage; plusieurs l'ois
vaincu, particulièrement près de
.Grodno., If 3o juin de la même
;innée , il rentra précipitamment
dftus l'intérieur avec les débris des
troupes russes ; mais bientôt la
fortune changea avec leséléniens,
.et Plalow, chargé principalement
de harceler la malheio^euse armée
J'nniçaisç , triompha pr^csque sans
con)battre. Cette campagne fut
néanmoins funeste à pou jeune fils,
qu'un hulan polonais tua d'un
coup de lance : perte qui, en lui
la^isjîantl'uniqueespoirdesavieil-
Jesse et son successeur au com-
mandement des troupes de sa na-
tion, le plongea datis lapins vive
douleur, lin i8i5, par suite de la
bataille de Léipsick , le comte Pla-
tow fit la campague-de I"><mce , et
PLA
573
apiès le combat de Bar-surAube,
l'arméje, des souverains étrangers
s'ctantdi visée en deux parties pour
marcher sur Paris, il eut ordre de
mauœuvrer entre elles, (^es trou-
pes, à demi sauvages et avides d^
butin, étaient très-dévouées à c,e
chef, qui avait sur e|Jes une gran-
de autorité ,.iparce qu'il les lais-
sait se livrer sans entrave à leur
ardeur pour le piilage : tous les
souverains décorèrent à l'pnvj dç
leurs ordres lin chef qui leur a-
vijit- rendu de si éuiinens ser-
vices. JIjc comte Plat<)W entra à
Paris avec le quartier-général des
souyerains alliés, et suivit Tem-
pe.rei|r Ah-xandre en Angleterre,
où le commerce de Londres lui
vqla un sabre magnifique ,, et où
d'ailleurs i) partagea avec le géné-
ral BliJcljer , tous les l,énK)ignages
de Tudutiration des Anglais. Lors
de la seconde invasion co,ntre la
France ,ep i8^5, le comte Platow
revint i\ Paris à la tête de -jes trou-
pe.s,i et après \^ traité de paix. •'
alla^habiterljC iji,ou veau TcherL^pk.
Il y moinut en 1.818. XJuatre ans
après on publia, à Saint - PéterSr
bourg, une vie de Platow p^r
Sifùffffy^' ,,'
PLAY FA IR (Ja>^es),, ujémbrç
de la société royale etde.lasociétjé
des anli(|uaires d'Edimbourg, curé
d^? t\ieigle , et. principal des, collè-
ges rénnis de Saint-Salvador et de
Saijit-Léonard, dans rjiniversité
de Saint-André, né à Bendochie,
dans le comté (,rAngiis , en 1740,
s'est fait connaître avantageuse-
meul par un ouvrage intitulé Sys-
tème de chronologie , divisé en huit
parties, 1784» in-folio. Pt^Y-
FAiH [,Jean) , son fils, ecclésiasti-
que écossais , professeur de ma-
074
PL A
thématiques a l'iinix ersité d'Edim-
bourg, menil)re de la société
rôy;ile et de lii société des antiquai-
res; de cette ville, est l'iui des coo-
pérateïirs h s r)lu' acîif's dilicirnal
estimé VEdimhur'j: Rtview.W apn-
b!ié les onviafîes siiivaus : i" Elé-
mensde Géométrie, 1 7;)6. in-S" : 2°
Eclairrissnnens sur la théorie de la
terre, purHuttoii/wx-y^', 181 i. Dans
cet ouvrage. M. Playfair défend
et développe avec beaucoup de
talent le Système deHulton [voyez
ce nom], et {|uoi(|ue ecclésiasti-
que lui-Ki'rMiie, repousse 'les accu-
sations d'irréligion qui furent pro-
diguées à l'auteur, parce que sa
théorie de |a terre était dinUcHe à
^idncilier avec la Cenès'e. o'^Sys-
iivie Complet de Céograpide , tin-
cierine'et modrrne, 5 vol. xn-^" ,
'diont lé' dernier a pariS en 18 i5',
^Esquisse de pli'ilosùphie iiata-
mte, 1^1 â, in -8", etc.
PLAÏFAÎR(WiLLiA-Ms), écri-
"vairi driglais, ni' à Edimbourg, Vint
jeifue encore s'établir à Loi\dreS,
où'ïî séjourna pendant 5o an's', et
oiï il publia un grand nombre
d'iùivragcs sur les intérrts politi-
ques et commerciaùxde la (îrandc-
Bretagne, ainsi que sur les év'éne-
mcns qui se passaient en France.
La véhémence de ses diatribes
contre cette puissance, et contre
les hommes les plus marquans de
l'époque, donna en Angleterre
un moment de vogue aux écrits
de M. Flayi'air. Ses principaux ou-
vrages sont : 1" Règles pour l' inté-
rêt de Vargènt, 1^85, irt-8° ; 2"
j4 lias commercial et polit iqae,i^S6,
in-^" ; ^^ Tableau arilhinétlq lie du
commerce des finances, et de la
dette nationale, avec dos planches,
1787- 178(3, in-4''; 4° Inévitables
PLA
Conséquences de la réforme parle-
mentaire, I79'2, iu-S"; 5 Vue géné-
rale des forces et des ressources ac~
taetles de laFrance, 1795, in-8°;
6° Meilleur apenir pour les négo-
cions et les manufacturiers de la
Grande-Bretagne, 1793, in-S";
7" Pensées sur l'état actuel politi-
que de la France, '793j in-8';
8° Paix avec les jacobins , chose im-
possible, i794i in-8° ;()" Lettre au
comte Fitz fVilliam, 1794» ''^-8°;
10" Histoire du jacobinisme, 1795,
in-8"; 1 i" Etat véritable des finan-
ces et des ressources de la Gfande-
Brecugne , 1800, in-4°; xi" Tables
statistiques de tous les états de /' Eu-
rope, 1800, in-4'': 13° Manuel
slalistique , montrant d'après une
m^'thode entièrement nouvelle les
ressources de chaque état et royau-
me de l'Europe, 1801 , in-8°. Cet
Ouvrage a été traduit en français
par D. F. Donnant, Patis, 1802,
in -8°. J 4" Preuves de la falsifica-
tion par les Français des lettres in-
terceptées, trouvées à bord de l'a-
miral Ap'hi, 1804, 'in-8\ Ces
preuves, malgréles «'ffortsde i'au-
lénr, ne prouvent tnalheureuse-
rnent rien, x^" Recherches sur les
causes de la décadence et de la
chute des riches et puissantes na-
tions, i8o5, in-4", el seconde
édition publiée en iHoy; 16" Ri-
chesse des nations, de Smith, avec
des notes et des chapitres supj>lé-
metitaires, 2" édit. , i8o.5, 5 vol.
in -8°; 17" Notice statistique des
Efats-Unis de l'Jméri 'ue , 1807,
in-8 ; 18° Plan pour établir laia-
lance du pouvoir en Europe , 1 8 1 3,
in-8°; 19* Portraits politiques et
modernes , avec des notes histori-
ques et biographiques, i8o5, 3 vol.
in-8°, ouvrage fait sur les plus
PLE
faux renscigneinens, et dicté par
une t'meiir aveugle; ^o''Déta'ds sur
le complot de Bonaparte, donnés au
comte Balhurst et à l' ambassadeur
de France , i8i5, in-8°. L'auteur,
dès le commencement de cette
année (février i8i4)» avait écrit
aux ministres , en Ai.gleterre, que
Napoléon ne resterais pas à l'île
d'JKlbe , et qu'il ne tarderait pas à
se ressaisir du pouvoir eu France.
Après la seconde rentrée du roi,
M, Playfair vint à Paris , où ii tra-
vaillait en 1818, à, un jourual an-
glais intitulé : Galignani's Messen-
ger. Il lut attaqué en justice par
la comtesse veuve de Saint-Mor-
rys, pour avoir calomnié la mé-
moire de son mari , et fut condam-
né au mois de juillet de la même
annéd, .par le tribunal dcipolice
correcii(»niif.lle, à trois uiois de
prison, et-ù'5»ooo francs d'a-
mende. !i'}; ■
PLAZANET (N.), nommé ai*
mois de septembre 1792, par le
deftjutenjent de la Corrèze, député
suppléant à la convention nationa-
le^ ne fut appelé au sein de cet-
te assemblée qu'après le procès de,
Louis XVL II ne prit que jieu ou
poiut de part aux grandes ^lisçus-
sioiis qui agitèrent ,si ispuyent ia
convention nationale, et entra, ar
près la scission, au conseil .des
cinq-cents, dont il sortit en, mai
1797. M. Plazanel paraît n'avoir
rempli aucune fonction publique
depuis cette époque. . , • ,
PLEIGNIEU aîné (Jacques),
né en i^tii, à llesonville , dépar-
tement de la Moselle, vint se fixer
à Paris pour y exercer la profes-;
sien de corroyeur, et s'établit ruo
du Petit - Lion Saint - vSauv'fjur;
Pleignicr était.boD père de famille
PLE 575
et commerçant honnête; mais un
caractère enthousiaste, l'absen-
ce de toute instruction, des lectu-
res mal conçues , et surtout les
funestes conseils des agens provo-
cateurs, le portèrent à jouer un
rôle pour lequel il n'était pas fait.
Dès le mois de février i8i6, Plei-
gnier, à l'aide de ses associés,
parmi lesquels se trouvaient ,
comme le prouva l'instruction
du procès, plusieurs agens de po-
lice, composa >une proclamation
dite des Patriotes de 181G, et
distribua des cartes de rallie-
ment, sur lesquelles op lisait ces
mot : Unions Honneur, Patrie. La
police fit, saisir et déposer à la
Conciergerie Pleignier, ainsi que
27 autres personnes plqs ou
moins connues. Mis en jugement,
le 27 Juin, avec ses co-accusés, il
persista, pendant toute l'instruc-
tion du procès, à soutenir qu'il
ignorait tout, qu'il ne se rappelait
rien; et quand on lui reprochait;
sa manière évasive de ropoiudre
aux jquestions qui lui étaient a-,
dceisees, il se rejetait sur son dé-
finit de mémoire ou de santé. Ce-
pendant, dè< t{) seconde audience»,
il reiull un écrit, .dans lequel « il
» se f-bcrtniKiissait le seul auteur dé
«l'entreprise, déclarant qu'il n'a-
»,vait fppint de.-ciOin.pJices ; que
rf.Carbopneau s'était-t>orné à co-
upief Ui proclamation, et Tolle-
»wnii\ grave;vle timbre ^Ifisc.arle?,;
*elideio;>ndait à êtrç ci)fidlHt hors
j)de France, avec i?a fe,nnne et ses
nenfans.» Après celle déclaration,
il piirut oublier de nouveau, tout
ce i\\\\ avait eu lien , s'obstina ù
ne rien ajouler à. sa déclaration,
el.dit seulement qu'il voulait par-
ler au roi , et f]uUl sa,uverait ta
France. Le chanct-lier se rendit
dans sa prison pour l'entendre,
HKiis il n'obtint aucune espèce
d'aveu : les paroles que Pieignier
avait adoptées furent les seules
qu'on put liier de lui pendant tout
le reste du piocès. Le 4 juillet,
quand son défenseur prit la parole
en sa favtur, et chercha à rejeter
.»€S projets sur l'altération de ses
tbcultés morales, IMeignier se ca-
cha le vi>age dans ses mains et
fit entendre des sanrglots. Ce lut la
seule foi-i. pendant celle longue
et terrible procéduie , qu'il parut
ému. Le 6, il entendit prononcer
.«c» sentence de mort, avec la tran-
«fuillité qu'il avait montrée pen-
dant le cours des débats, lit se bor-
WA à décjarer qu'il avait une ob-
sei'Vatioh'a faire, mais qu'il dési-
lait qi('»dle pût cire enlenduTe du
public. La séance ayant été levée
M\ moment niêine, it> ()résid«nt,
W. Romain Desôze , fils du pre-
jVïîer président de la cour de cas-
Slj-tian,'lui déclara qu'il le ver-
rait dans sa -prisoti , seul èildi^oit
où il pftt enoôtë'pe faire entenéfe
désmagistrats, Pieignier y r'épéifâ'
qti'il !jtti!néi-ait la France, mais
qti'il fJdlait qu'il parlât au roi; du
reste il «"articida alicun fait d*inï-
portance. Il se pourvut en cassa^
lion, et eut. recours à la ci«nien(^e
du roi , mais sans succès. Le 28
juillet 18 1-6, Pieignier Ciirbofi-
heau et Tolleron (ivy. ccfe /idtn*)
furent 4-yil:»enés de lîicetr(ji''ù 1;»
prison dé la lionciergerie* 'poiir
subir leur jugement, le jour mô-
me. L'exécution, qui devait ;» voir
lieu à quatre heures , fut difféiée
jusqu'A huit; alors arriva du mi-
nistère de la justice l'ordre do
coiifluire ces malheureux au sup->
plice. A l'iuslant de monter sur la
PLÉ
fatale charrette, Pieignier répan-
dit quelques larmes; mais ensui-
te, durant le trajet , et pendant la
lecture du jugement au pied de
l'échafaud, il montra un courage
qui ne se démentit plus. Il était
en chemise, et avait la tête entou-
rée d'un voile noir. Avant la dé-
capitation il eut le poing coupé.
PLÉVJLLE LE PÈLE Y (Geoh-
ges-René), vice-amiral, ancien
ministre de la marine, membre du
sénat-con.servaîeur, grand-officier
de la légion-d'honneur, décoré de
l'ordre de Cinciunatus, etc., na-
quit à Graiidville, département de
11» iUanche, le a(i juin 1726. Sa fa-î
mille, qui ne le destinait pas à la
carrière maritinu.', le fit entrer do
bonne heure au collège ; la voca-
tion (hi jeune Pléville Le Péley ne
])ouvant tnom;dier de la résolu-
tion de ses pa'rens^ dès l'âge de i:j
ans il se rendit secrètement dans
ïm port de France , fui rteéu sur
un vaisst>au sous le nom de/^/»<V/',
et, 8 ans après* ii conlmandail un
coï'saire. Il n'avait pas atteint, .sa
3 1* année, que, livrant un combat
à un vaisstftfu anglais, il eut Id
jatnbe 'eWiportée par uni ;'baiilet;
Cette grave blessure ne le forçq
pas^ii 'quitter la carrière &ù déjà 'd
avait iUustré son;iiotn. Pai> un de^
hasards* les plus singuliers * de Iji
guerre , rcvéntuut de l'Amérique
eu Europe , dans un itouytttiH
Combat qu'il eut À soutenir iiiqutre
ces mêmes Anglais, lui bouliet lui
einporla la jambe de bois qui rem-
plaetiit celle qu'il avait déjà per-
du<;. Malgré la vidlcnte commo-
tion qu'il ressentit, il ne put s'eh)»-
pêcher de s'écrier en riant î « ht
boulet s'est trompé! « Admis en
1755 dans la marine -royale , ii
coiTuuandîJ, en 1750, conjme en-
PLir
"teigne de vaist'eau , une coi'vettfi
lie l'escadre du célèbre La Galis-
sonnière. Pléville Le Péley par-
vint aux g^r ides de lieutenant de
vaisseau le 17 aortl ir()2, de capi-
taine de frégate le 1" janvier 1766,
de lieutenant oe port le 5i mai
1770, de capitaine de vaisseau le
10 mars 1779. Tous ces grades
furent la récoinpense de son cou-
rage et de ses talens. Il fit plusieurs
voyages do long cours , et enri-
chit la rn^irine de plusieurs ob-
servations importaiiti's. (>omme
capihiine de port, il ne se rendit
pas moins tecommandable, « Ad-
ministrateur éclairé, travaillt-ur
aussi ardent qu'habiN; fonction-
naire, d'une probité àioute épreu-
ve, dit l'auteur d'un*; rwitice sur ce
célèbre marin, il prouva qu'aucun
dftiSït^tails minutieux du service
des ports ne lui était étranger.-
(lelui dç iVL-useille lui fut confié,
et ce, fut lit que son énei'gique ac-'
tivité prépar'a et mit en rnouve-
ineht tou-i les ressorts nécessaires
mi» succès de l'expédition de Ma-
hon . confiée au maréchal de Ki-
rhclieii. 0 N-ous emprunterons au
dlsic-/^)urs que ftL François (de
Meufch.ile'anjpt'nnonça le jour des
ohsèqiiesde ce vice-amiral, deu»
anecd<»fes qui honorent le cai-actè-
rfc de Plévilk Le Péley. u Ce fut
ett'IfOA* Pléville Le Péley ctail
oà^^-fc-iV' Marseille. Detix vais-
st»nu^ anglais sont assaillis par la
teuT*j4ête. L'un d'e+iîï est la frégate
Y ÀtaUnte , commandée par lord
Jervis , aujourd'hui lord Saint-
Vincent , et toni Nclnon. (les
deux vaisseau'x s'alî'alerji'à la côt«
d^'.Marseilk', et toul^ lesliorreurs
é\i naiffrage les iuftnâceht. La
gofcrrt divisait Ahtk \c» Aenx no--
PLÉ 577
tions. Qu'importe ? ces Anglai.s
sont des hommes , ils vont périr,
et Pléville Le Péley est Français !
Il vole à leur secours, il appelle
autour de lui les pilotes et les ma-
telots les plus expérimentés; son
zèle brave tous les obstacles, lève
toutes les difficultés , crée toutes
les ressources, enflamme tous les
esprits. L'on affronte le courroux
des fl!»ts , on en triomphe ; on a-
borde les vaisseaux, on les relève,
un les sauve, on les con«erve, et
leurs nombreux équipages sont
rendus à la vie. L'amirauté de
Ji<mdres sut apprécier la magna-
nimité de Pléville Le Péley. Elle
fit faire en argent le modèle de la
frégate VAtalarile, et, pour le lui
porter, lui députa lord Jervis,
qui eiit ordre de ne voir que Plé-
ville ii»' Péley à Marseille . tJt dé
repjirtir sur-le-champ. Dans des
temp"i plus rapprocliés de fiows ,
le directoire-exécutif ordonna à
Piéville Le Péley, ministre dd»la
marine alors, de faire une tournée
sur les côtes de l'Ouest, et lui al-
loua 40,000 francs pour ce voya-
ge. Le modeste Pléville Le Péley
ne prit de celte somme que 12.000
freines ,■ n'en dépensa que 7 da<ws
sa tournée, et, xiifvn retour, vou-
lut remettre le reste' à la tresorci
rie nat1onat<r, qui avait porté ctl
com[»le les 40,000 (Vaud*. Lo gou-
vernement ne <'rut pas de sa di-
gnité "de souscrire à l'inlcfltio-u du
ministr-*-. Pléville Lu Péjey m«
pouvant iusi«ler. et ne voulant
pas non plus gaiidt^- une somme à
laquelle il ne te croyait aucun
droit, v<uilut au moins qu'elle
touruAl à l'utilité rie l'^t^t . et *i
consacrai ii l'exéoution dilt'^légra-
phe que l'oh TCit encore aujotir-
o^S PLO
, ' d'hui sur l'hôtel du ministère de
la marine; et cependant, il était
peu riche, et sa famille, qu'il sou-
tenait, était extrêmement nom-
breuse. » En 1778, Pléville Le
Péley montait le vaisseau le Lan-
i^tiedoc ; il accompagna le comte
.d'Estaing, et fit la guerre de l'in-
dépendance américaine. Ses ser-
vices, dans cette guerre mémora-
ble, lurent bien noblement récom-
pensés parle gouvernement de la
noiivellerépublique. II lui conféra
l'ordre de Cincinnatus, quoiqu'il
ne fût que lieutenant de vaisseau.
Cet ordre, cependant, ne s'accor-
dait qu'au capitaine de vaisseau ou
au colonel dans l'armée de terre.
Lorsque la révolution française
éclata, il comptait 12 campagnes
de mer. Il s'était trouvé à 5 ba-
tailles navales et, au siège de Ma-
hon. Sous le gouvernement direc-
torial , il fut nommé , en l'an 5
(1797), l'un des plénipotentiaires
( qui «levaient traiter de la paix à
Lille , et , dans la même année ,
ministre de la marine et des colo-
nies. Son administration fut mar-
quée par l'activité des construc-
tions navales dans les différens
ports. Elle lui valut le grade de
contre-amiral, puis celui de vice-
amiral. Il se démit de «on minis-
tère, et fut chargé^ en l'an 7, d'or-
ganiser la marine française sur le»
côtes dltalie. Après la révolution
du 18 brumaire an 8 (9 novem-
bre 1779) , il devint membre du
sénat-conservateur , et , quelque
temps après, grand-olïicier de la
légion-d'bonneur. Cet illustre ma-
rin mourut généralement regretté
le 10 vendémiaire an 14.
PLOWDEN (Francis) , avocat
qui a acquis de la célébrité au bar-
PLO
reau anglais, vint jeuneen France,
et fut élevé dans la religion ca-
iholiqueau collège de Suint-O rser.
Revenu dans sa patrie , il y publia
quelques ouvrages remarquables
en analyse et en défense de la
constitution anglaise, qui lui va-
lurent, en 1793, le grade de doc-
teur ès-lois à l'université d'Ox-
ford. Il exerça ensuite pendant
plusieurs années, et avec beau-
coup de distinction , les fonc-
tions d'avocat à Londres. M. Plow-
den y avait obtenu une riche
clientelle ; mais ayant dans de
nouveaux ouvrages historiques ,
d'ailleurs très-estimés du public,
attaqué sans ménagement la con-
duite de plusieurs agens du gou-
vernement , il fut à son tour atta-
qué par eux en calomnie, et ne
put apporter des preuves judiciai
res suffisantes pour quelques-unes,
de ses assertions, dont la vérité
était cependant a.-,seî générale-
ment reconnue. Il succomba ainsi
dans ce procès, et fut condamné
à 5ooo livres sterlings de-domma--
ges et intérêls. Il se retira alors
en France, pour éviter les suites
de cette condamnation. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : i" Examen
des droits naturels des sujets bri-
tanniques, 1784, in-8'', avec un
supplément , 1 786 ; 2" Histoire a-
brégée de l'empire brit((nnic/ue, pen-
dant les derniers vingt mois, 1794»
in-8" ; 3° Histoire abrégée de fem-
pire britannique, pendant l'année
1794» in-8°, 1795 (traduit en
français, par André, 1 vol. ii)-8°);
4° VEgtise et l'Etat , ou llecher-
ches sur l]0rigine , la nature et l'é-
tendue de l'autorité ecclésiastique
et civile , dans ses rapports avec la
constitution britannique, 1795,
PLO
10-4°; 5° Revue historique de rétat
de l' Irlande , depuis l'iîivasion de
ce pays pur Henri 11, jusqu'à son
union (ivee ta Grande-Iirelagne ,
i8o5,5v".l. in-4'. oinraj^o plein
de retherches cm ieiises, écrit avec
bomu; Un el impartialité ; 7" Deux
letltes historiques à sir John Cox
Hii'pisley , iii-8°. Madame Plow-
I)E^ [Françoise) ySa femme, a a(i«si
cuiiivi; avec succès la liltératiiPe.
Elle est, entre antres ouvrages,
auteur de l'opéra de f^irginie, en
Iroié actes, i8(to, in-8*. l'LowrtF.N
{Charles), prêtre cathiliqiie, frère
du précé<ient, fut élevé ainsi que
lui an collège de Saint -Orner , où
il entra jeune encore dans l'ordre
des Jésuites. A son retour en An-
gleterre, il fut pend.'ïnt quelques
années professeur dans un sémi-
i\iiit-e(ial Indique, à Stor»ghonst,
dans le comié de Lan«"astre : il
passa ensuite « la direction d'une
chapeLe à BiistoL Ce révérend
père jé'uile a fait quelque sensa-
tion en Angleterre, et pins paiti-
cnlièrenienl parmi les catholiques
d'Irlande, jtar la publication de
ses opini(Mis nitra-montainés. Il
s'est même mis en opposition pro-
noncée avec le comité catholique
de celte île, dans les discussions
sur le serment,' en i^t)o et 1791,
c'a soutumi aveoivéhemenced'an-
CieniK'S prétentions de la cour de
Rome. Loin de servir ainsi ses co-
réligiorniaire'» , il a augmenté les
ohstacles qn'ilsonl rencîontrésjits-
qu'ici dans leurs pins justes de-
mandetf, et le saint-siége même
na pas t(Mijf»nrs a[)prunvé le zè-le
ardent du l\ Hlowden. Ses prin-
ci|>aux ouvrages sont : i* Hcuiar-
quessur les écrits d<J. lierringlon,
adressées au clergé catholique d'An'
PLU 379
gleterre , 179a, inS" ; 2" Considé-
rations sur l'opinion moderne de ta
faiUibilité du pape , i7()6,in-8°;
5' Quelques lettres au journal de
Bristol , sur l' émancipation des ca-
tholiques.
PLUMPTRE (Anhe), seconde
fille du docteur Robert Plnmptre,
homme distingué par l'étendue de
se.s connaissances, qui fut pen-
ilant 28 ans, président du collège
de la reine, à Cambridge, était née
avec les plus heureuses disposi-
tions; son père se chargea lui-
même du soin de diriger ses étu-
des, lui fit suivre des cour?< de
belles-lettres, et lui enseigna les
langues vivantes : le français,
l'allemand, l'italien et l'espagnol,
lui furent bientôt aussi familiers
que sa langue maternelle. Amie
Plumptre voulut pressentir le
goût du public avant de se faire
■coimaître. Elle s'essaya dans quel-
ques o-puscules. insérés dans des
ouvrages périodiques ; elle publia
ensuite \.\n roman, sous le voile
de l'anonyme , et Jic .se hasarda à
y inetlre son nom qu'à la seconde
édi'tion. Elle a fait paraître : r
Antoinettk , rmnah, 2 vol. in-12.;
2" le Fils du Becteur, id., 5 vol,
itirX2, 1798-; 5" sept pièces de
théâtre, traduites de l'allemand
de Kotzebue, in-8% 1798-1799; 4"
Lettres écrites de différentes parties
du Continent, traduites de l'alle-
nianddeF. Malthisort, in-8% 1799;
5" V oyages physiognomiques , tra-
duits de rallemand de Musœus, 5
vol. in-12, 1800; 6'' F ie et carrière
littéraire de Kotzebue, in-8°, 1800;
7" Quelque chose de nouveau, ou A-
ventures de l'hôtel Campbel, 5 vol.
in-12, 1801; 8° Relation histori-
que de la peste de Marseille en 1 720»
38o l'LL
traduite du uiami.scrit iVançais de
Bertrand, in-B", i8o5; 9° ilécit de
trois années de séjour en France,
5 vol. in-8°, 1810; 10° Histoire de
moi-mêiiie et de mon ami fVoniaii,
4vol. iii-i2, 1812: 11° Voyage
dans l'A frique méridionale , tra-
<luit de l'alleinand de Lichteu^i-
ttern, in-4", 1812: le second volu-
me a paru en i8i5 ; 12" Voyages
dans tu Morée, l'Albanie et autres
yarlies de l'empire ottoman. Ira-
iJuit,* du français de Pouqueville,
^n^4°« i8i5; 10" Voyage au Bré-
sil, dans la mer du Sud, le Kants-
chatka et le Japon, traduit de l'al-
Jeniandde Langsdorff, in4", i8i5:
le second volmiie parut en 1814»
t» LU NRhTT(Jl A dame), roman-
cière anglaise, est <ilie dn gérjérai
•Ganni/ig, et de miss Minifie, qui
.«se lit coniiailre par la piibli(UJlion
de quelques roînari». Kllc se livra
de boinie heure à la culture deë
lettres, .sous les auf<jiices djeiia du-
chesse de BerlFor* y !tl»i|)iiis long-
temps protectrice de :.»a mère.
Cette protection, ueaiuno^ir^s. leur
manqua tout-à-«Mi«p. 1.-» l'amilie
du général Gnnuing it'riaut étéiac-
cn^èe auprè,s ^le fa duel>esse^ d'ji-
toir praticpié des .intrigues pour
entrer daiij> ralliatu>e d'une iiitus-
Ire famille. Miss Gunniug épousa
dcpxHS M..> Phuikiett, ollicier aiir
glais. Parmi les ouvrag.(;s publiés
par cette dame, on distingue : i"
Gipsoy'cisuntess (la Couitfcsse ho-
liémjeime), 4 v<>l, in-i'2, i^^ç) ; 2"
le Valet du Fermier, roma n , . j vol. ,
1803, traduit d'un ouvrage de M.
l^v\cVdy-V%\\iiV\\ù\;'o''i'Exilxl'Erin,
3 Vol. in-ia, 1808; 4" Dangers de
JatiV', 5 vol. in- 13, 1810; b" Mé-
riwires d'an homme à la mode,
irt-1'2, 1^1 5.
PLU
PLTJQUET (l'abbé Fbançoir-
André-Adrien ) , littérateur, na-
quit à Bayeux , département du
Calvados, en t^iG, et mourut le
18 septembre 1790. Il commença
ses études à Caen, et les termina
à Paris , où il fut reçu bachelier
en 174^1 et licencié en théologie
en i^So. Par la protection de .M.
de Chois<;nl, archevêque de Cam-
bray, il obtint d'abord un canoni'-
cat dans sa cathédrale, pui» ttuc-
cessivement, s'étaut fixé à Paris,
la chaire de philos(»phie niçrale
au collège royal, et en 1778, celje
d'histoire au même collège, fonc-
tion dont il se démit en 178»;.
L'abbé PInquct ^'élait lié avec le?
geys de lettres qui s'efiorçaient de
combattre \;eux surnommés les
Emyclvpédistes , c'est-à-dire, les
savans et les Jillérateurs les plys
distinguer) de l'époque. L'iiblSé
PUiquet ne fut pas heureux en
c«'mbattaut les philosophes; ec-
p^indant coiume il élait Irès-^itis-
-tiiuit et d'un caractère modéré, il
lia» point partagé la c^éitébrité
qu'ils ont in'ipiiinée. à ses confrè^
res Nonolte;, Patouillet, BibuiU
1er, etc., etc., etc. Voici la liste
dqs principaux ouvrages qu'il n
uns au jour : \" Examen du fata-
lisme, ou E.iposition et réfutation
des différens systèmes de fatalisme,
Paris, Tnvol. iH-12, ly^y', ^"Let-
tre à un ami sur li'S arrêts du<oii-
seil, du ?}0 août 1777, concernant
la librairie et l'imprimerie, Lyn,-
dres, 1777? in 8°; 5° Seconde let-
tre à un ami sur les affaires de la
librairie, Londres, 1777» in S°; 4"
les Livres classiques de l'an pire de
la Chine, recueillis (et traduits dp
chinois en laliu) par le P. No^l
(du latin en français), par riii>ibé
PLU
Pluquet , précédés d' observations
(du fraducletir français) sur l'o-
rigine, ta nature et les effets de ta
pliilosopliie morale et politique de
cet empire, Paris, de Bure, 1784
»;t 1785, 7 vol. in-18; 5° Mémoi-
res pour servir à ftiistoire de l'es-
prit humain, par rapport à la reli-
gion c/irétienne^ ou Dictionnaire
des liérésies, Paris, Nyon, 1762, 2
vol. in-8°. « Ce livre est précédé
à\\n discours où l'auleur recher-
che quelle a été la religion primi-
tive des hommes, et quels sont les
changeniens qu'elle a subis jus-
qu'à l'établissement du christia-
nisme. L'auteur recherche et suit
les pauses de ces changemens,
ainsi que les effets qui eu ont ré-
sulté. Le reste de l'ouvrage est
proprement un dictionnaire où les
hérésies sont rangées par ordre
alphabétique , décrites avec les
détails convenables, et solidement
réfutées C'est surtout dans cet
ouvrage que rabl)é Pluquet a si-
gnalé son talent, son érudition et
la justesse de son esprit. On vient
de doiuier une édition de ce dic-
tionnaire, corrigée et augmentée,
Besançon, Petit, 1819, 2 vol. in-
8°. L'éditeur y t» ajouté quelques
articles qui ont rapport au jansé-
nisme et î\ l'église constitulionnet-
le. » 6" Recufil de pièces trouvées
dans le porte feuille d' un jeune hom-
me deiTtans ( le vicomte de Wall),
avec un avertissement de iM. de
Virieu ; le tout j)ublié par l'abbé
Pluquet, Paris, Didot rainé,i788,
in-8''; 7° De la sociabilité, 1767,
2 vol. in-ia. « L'auteur y prouve
([ue l'homme est sociable par sa
nature, et que, loin d'être t>é mé-
chant et en état de guerre, com-
Wic !e \eut Hobbes, M est naturel-
POC
38 1
lement porté au bien et à l'exer-
cice de toutes les vertus. >> 8"
Traité p/iilosophique et politique
sur le luûte. 1786, 2 vol. in-12; 9°
De la superstition et de l'enthou-
siasme. Cet ouvrage, que l'auteur
avait, laissé en manuscrit, a été
mis au jour par D. Kicard, un fort
vol. in-12, Paris, 1804. L'abbé
Pluquet a encore laissé en manus-
crit un ouvrage que la mort ,ne
lui a pas permis de terminer, el
qui a pour titre : Histoire générale.
PLUQUET (FrédÉsic), phar-
macien, associe correspondant de
la société royale des antiquaires
de France, petit-neveu du précé-
dent, est né à Bayeux, le 19 sep-
tembre 1781 ; il a donné au pu-
blic : 1° Nouvelles recherclies sur
tes diverses variétés de quinquina,
employéesen médecine, Paris, 1 808,
10-8°; 2° Essai sur la nature des
poisons, Caen, 1809, in-S°. On ;t
encore de lui plusiem's articles
dans le Journal de pharmacie, et
\\n^. Lettre insérée dans la Chro-
nique religieuse, tom. H, 20" ca-
hier, où il réclame i'ortenient con-
tre une édition du Dictionnaire
des liérésies, imprimée à Besan-
çon, dans la(juellé on a inséré une
foule d'articles grossiers e> inju-
rieux qui ne sont point de sou
oncle.
POCIIOLLE (PiEnuE-PoMPONE-
âmÉdÉë), déj>ulé à la convention
nationale , né à Dieppe, en 1776,
était entré fort jeune dans la con-
grégation delOratoire, mais sarjs
y faire de vœux , ou contracter
aucun lien. Il avait professé la
rhétorique dans un des collèges
de cet ordre, quand sou père,
juge et subdélégué à Dicp(>c , le
rappela auprès de lui , pour le
382 roc
former aux fonctions dans les-
quelles il espérait l'obtenir pour
successeur. Mais la révolution
vint jeter celui - ci dans une
plus vaste et plus dangereuse
carrièrt'. 11 adopta avec tout
renth(>u^ia«nic de la j-jutussc,
les principes et toutes les espé-
rances qu'embrassèrent à celte
époque tant d'hommes d'un Ti-
ge mur et d'un esprit distingué.
Ses concitoyens l'élurent maire
de Dieppe, en 1791, et quelques
mois après député suppléant à
l'assemldée législative. Il fut de
nouveau, en septembre 1792, éîu
par eux, membre de la conven-
tion nationale , où dans le pro-
cès du roi il vota avec la niajo-
rité. Les mémoires du temps at-
testent, et les biographes les moins
modérés conviennent , que pen-
dant les différentes missions dont
ce député fut successivement char-
gé par la convention , d'abord en
Bretagne et les provinces de
l'Ouest, ensuite à Lyon, à Tours,
etc. , il montra une modération
malheureusement bien rare à cette
époque de fureurs réciproques , et
de sanglantes rcpi'ésaiilcs. Knvoyé
à Lyon peu de temps a[)rcs le 9
thermidor, il fit aussitôt cesser
les démolitions ordonnées par le
comité de salut-public ; rajtpela
tous les citoyens que la terreur
avait contraints de luir; ranima
l'industrie et la confiance; pourvut
aux besoins de la ville pendant
une disette long-temps désiistreu-
se quoique factice, et (d)tint en-
fin le décret qui rendit à la ville
de Lyon son nom, qu'on avait
changé en celui de commune af-
franchie, après y avoir versé à
ffrands flots le sang des habitaas.
POC
Pendant celte mission, M. Po-
cholle avait éloigné de la ville t(nis
les étrangers partisans ou fauteurs
de l'odieux régime de lu terreur;
mais il avait su en même temps
compri mer ton s ceux t| ni croyaient
le moment venu d'exercer leurs
vengeances particulières, en bra-
vant les magistrats et les lois. Ce
ne fut qu'après son départ que les
réactionnaires de Lyon pureiit se
livrera leiu'S fureurs, dont leJUiône
emporta jusqu'aux mers les nom-
breuses victimes, et bientôt, dans
tout le midi de la France, les compa-
gnies dites de Jésus et du Soleil
de vinrent les dignes émules des ter-
roristes. Dans une nouvelle mission
à Tours^ en germinal an 5 (avril
1795), ftl. Pocholle eut ordre de
la convention de faire désarmer
en masse tous les hommes que les
réactionnaires poursuivaient alors
sous le nom de terroristes : il n'en
trouva point dans la ville ni aux
environs, et ne fit exécuter le
décret que sur la j)ersonne du
bourreau. Cette conduite dé-
plut aux ré iclionuaires , qui le dé-
noncèrent à la convention; mais
M. Doulcet de Pontécoulant [)rit
vivement sa déiense , et toutes les
accusations furent écartées par
l'ordre du jour. La même année,
et deux jours après l'iiisurrection
sectioimaire du i.'^ vendémiaire an
4 (5 octobre 1795), il ne s'en op-
posa pas moins dans le sein de la
convention à la demande de rap-
porter ce même décret de désar-
mement, déjà opéré à Paris. On
lui reprocha depuis, comme une
perfidie, cette opposition. Il avait
voulu, disait-on, augmenter les
dangers de la convention , en di-
minuant le nombre de ses dé-
POC
fenseurs , tandis qu'il n'avait
voulu qn'ôler aux sections de
Paris un des prétextes de leur ré-
sistance. M. Pocholle, qui avait
laissé d'honorahJes souvenirs dans
le département de la Mayenne, y
fut élu au conseil «les cinq-cenls;
mais les difïicultés que le direc-
toire éleva bientôt sur sa nomina-
tion, l'emiiêchèrent de siéger dans
cette assemblée. Il se rendit alors
en Italie, et s'étaiit trouvé à Milan
à l'époque où le général en chef
Bona[)arte, après la conclusion du
traité de Campo-Formio, organi-
sait en départemens les îles Io-
niennes, il accepta la place de
commissaire- général dans le dé-
partement d'Ithaque, et en exerça
les fonctions à Céphalonie jus-
qu'au irioment où les flottes des
Turcs et des Russes, alors réunies,
attaquèrent ces îles : il entra alors
à Gorlbu , quelipie temps avant le
siège, et s'embarqua à bord du
vaisseau le Généreux , commandé
par l'intrépide capitaine Le})ille,
qui traversa les flottes eimemies et
le porta à Aucune, où il sollicita des
secours pour Corfou; mais cette
place se rendit avant qu'ils pus-
sent y arriver. Il revint ensuite à
Paris, et s'y trouvait à l'époque
de la révolution du 18 brumaire,
contre laquelle il se prononça assez
hautement, quoiqu'il n'eût point
ou à se louer du directoire, dont la
pnissancefutalors renversée. M. Po-
cholle resta long-leuips sans exer-
cer de fonctions publiques, mais il
futenfin nommé secrétaire-général
du département de la Ruer, et en-
suite sous-préfet àNeufchàtel, dé-
partement de la Seine-Inlérieure.
La douceur de ses mœurs et ses
qualités sociales , la sagesse et Vk-
POC
383
quité de son administration , par-
ticulièrement en tout ce qui con-
cernait l'exécution des lois sévè-
res de la conscription, lui acqui-
rent bientôt l'estime générale et
l'afl'ection de ses concitoyens. Pri-
vé de son emploi en i8i4j il le re-
prit momentanément en 181 5; -
en fut pri\é de nouveau après
la seconde rentrée du roi ; et
se trouvant atteint par la loi du
12 janvier i8i6 , il se relira
dans le royaume des Pays-Bas.
M. Pocholle s'y est créé des occu-
pations analogues à son goût pour
les lettres : il les avait constam-
ment cultivées pendant une lon-
gue carrière politique et arlniinis-
trative, à travers tous les orages
de la révolution. El si l'élude ne
lui a pas toujours servi d'égide
contre de nouveaux malheurs
dans son exil, elle l'a aidé à en
supporter les maux, et lui a four-
ni les moyens de suppléer par un
travail honorable aux faveurs de
la fortune , qu'une philosophie in-
souciante lui a toujours fait né-
gliger.
POCQUET (L. B. W.), capi-
taine de vétérans, naquit à Rue,
département de la Somme, en
i'^t\T>. Grenadier de la légion de
Soubise en 1 76 1 , il reçut plusieurs
blessures dans les campagnes de
Hanovre , où sa conduite fut re-
marquée de ses chets. Le corps
où il servait ayant été réformé en
17(17, l'ocquet ehtra dans les gar-
des-du-corps , y resta quelques
années, puis passa successive-
ment dans la gendarmerie et dans
le régiment de Rohan infanterie.
En 1790, admis comme lieute-
nant à l'Hôtel-des-Invalides, il fut
peu de temps après nommé capi-
384
POD
taine de la 40"* compagnie de vé-
léians, que l'on dirigeaitstir Auch,
département du Gers. A son arri-
vée dans cette ville, il trouva
les habitans vivement indisposés
contre une demi-brigade qui en
formait la garnison, et dont ils a-
m vaienl à se pl.iiudre. Les soldais et
les citoyens étaient égalejnent
sous les armes; l'effervescence
portée au comble, le sang allait
couler. Pocîquet, séparé de sa trou-
pe, n'hésita pas â se rendrtî au lieu
où le péril paraissait le plus immi-
nent. C'est en vain que quelques
baïonnettes se tournent contre
lui; il relève les fusils, arrache
même, avec nue intrépidité rare,
ceux «les plus furieux, leur repro-
che avec énergie que c'est contie
«les Français et des frères qu'ils
veulent faire usage de ces armes,
destinée* seulement à déiéndre
la patrie; enfin, il rappelle aux
militaires l'obéissance qu'ils doi-
vent à leurs chefs, et aux citoyens
leurs devoirs envers les magistrats
chargés de faire exécuter les lois.
Cette harangue produisit l'ellét
qu'il en espérait : tout rentra dans
l'ordre, et le cahne se rétablit. Ce
Irait de sa vie n'est pas celui qui
l'honore le moin>. Eu 1791, Poc-
quet obtint le commandement en
second d un corps de vétérans,
formant la garnison du fort de Bel-,
legarde, daus le département des
Pyrénées-Orientales. Il y déjoua
Hes manœuvres secrètes employées
par les Espagnols pour semer
la discorde parmi les troupes fran-
çaises, et se rendre maîtres de la
place au moyen de la trahison.
Ce militaire citftyen ujourut (|uel-
ques années après.
PO DE VIN ( lii!iLi.AtjaE-FB AN-
POD
çois), né à lioulogne-sur-Mer ,
en 1760, d'une famille de négo-
cians, fit ses études au collège des
oratoriens de cette ville, et devint
membre de cette congrégation sa-
vante. Il exerçait la profession
d'avocat à (^abiis, lorsqu'il fut élu
procureur-syndic du district. Son
impartialité et sa modération le
firent distinguer dans ces foncr
lions, jusqu'à <'e qu'il fut nommé,
eu floréal an n, secrétaire-géné-r
rai de la commission des adminis-
trations civiles, police et tribunaux,
établie à Paris, et qui représentait
alors les ministères de la justice,
de l'intérieur et de la police. Sa
conduite dans cette place impor-
tante fut tellement irréprochable.,
qu'après le 9 thermidor, époque
à la fois de salut public et d'injusr
tes réactions, il y fut continué, et
l'on voulait l'y retenir, lorsque,
vers le mois de germinal au 5,»son
mariage av«;c la veuve du général
de Merenvue le déternuiia à don-
ner sa démission. N'aspirant alors
qu'à retourner en province, il se
retira dans une campagne près
Calais. A l'installation du direc-
toire-exécutif, les premières pla-
ces du dé{»artement dans l'ordre
judiciaire ou administratif lui fu-
rent offertes, mais il les refusa tou-
tes, pour n'accepter que celle de
Connnissaire du directoire-exécu-
tif de son canton. Il remplit ces
modestes fonctions jusqu'au 18
brumaire an ë. L'un des (uen)iers
actes de la commission consulaire
executive fut de l'appeler aux
fonctions de comnjissaire près de
l'admiuisiratiou centrale du dé-
}>artement du Pas-de-Calais. Il sut
répondre, dans ces circonstances
dilliciles, à la confiance du gou-
POE
veruement, et, dès l'établissement
des préfectures, il fut nommé sous-
préfol à Bélhune. Son adminis-
tration fut juste et tutélaire, et il
eut l'art d'adoucir l'obéissanco, en
faisant exécuter les lois mêmes
qui exigent un plus grand sacri-
fice d'afl'ections ou d'intérêts.
Nommé candidat au corps-légis-
latif, trois fois consécutives, il né-
gligea, à dessein, de solliciter son
élection par le sénat, préférant de
renoncer au titre de législateur
plutôt que d'abandonner ses admi-
nistrés. Podevin mourut le 20 fé-
Tfier 181 5. Il a laissé un fils,
digue héritier de ses vertus publi-
ques et privées, et qui, jeune en-
core, se distingue dans l'adminis-
tration de la commune de Pihen,
dont il est maire.
POEIUO (Joseph), ex-dépulé
du parlement napolitain , naquit ,
à Catanzaro, d'une bonne famille
de la province. Destiné à la profes-
sion d'avocat, il étudia le droit,
et se rendit à Naples pour en fré-
quenter le barreau. Il s'y fit remar-
quer par son éloquence, et par l'é-
nergie avec laquelle il pliiidait la
cause de ses cliens. Bientôt il n'y
eut [dus de procès important dans
la ville, pour lequel il ne fût appe-
lé, et c'était déjà un gage de triom-
phe que de l'avoir intéressé en sa
faveur. Avec un courage et un zè-
le dignes souvent de meilleurs
succès, mais toujours honorables
dans lin avocat, M. Poerio éclair-
cissait tous les doutes, dissipait
tous les soupçons, attaquait tous
les abus, et ébranlait par sa voix
l'ilme des spectateurs et la cons-
cience des juges. Une têle aussi
ardente ne pouvait pas rester
calme au milieu de la fermenta-
T. XVI.
POE
385
tion générale qui s'était manifes-
tée à Naples, aux premiers symp-
tômes de la révolution française.
C'est en descendant dans les ca-
chots, en défendant les opprimés,
et en s'élevant contre les injustices,
qu'il avait appris à connaître et à
haïr le despotisme. Se réunissant ^
à la classe éclairée de ses conci-
toyens, il fit alors des vœux pour la
cessation de tant de désordres. Il
n'est pas étonnant si, avec ces dis-
positions, M. Poerio fut des pre-
miers à se jeter dans le parti qui
proclama la république parthéno-
pécnne, et s'il fit des eÛbrts pour
en consolider l'existence. Mais le
peuple napolitain qui n'était pas à la
hall teur de ses régénér.itenrs, atten-
dit le départ de l'armée française,
que des revers imprévus rappelè-
rent sur le Pô, pouree déchaîner
contre eux, et détruire leur ouvra-
ge. M. Poerio fut arrêté et livré j\
des hommes qui sous la toge du
magistrat se montraient les es-
claves des vengeances politiques.
Condamné à périr sur l'échafaud,
il n'obtint la vie qu'à condition
d'aller la terminer dans les pri-
sons de la Favignanii. La paix
de Florence, en ouvrant les por-
tes de son cachot, mit un ter-
me à ses .souffrances. Rendu à
la liberté, il reprit ses occupa-
tions , et plus heureux qu'on
ne l'avait été pour lui-même,
il eut souvent la satisfaction de
plaider la cause de l'innocent, et
de le soustraire au sort des cou-
pables. Au retour des armées fran-
çaises dans le royaunje de Nâpies,
M. Poerio fut nomnié préfet de la
province de Capitiuial;:, l'une des
plus vastes et des plus llorissantes
de ce pays. Des dési»rdres graves
25
S86
POE
qui eurent lieu dans sa préfec-
ture, obligèrent le gouvernement
à le rappeler l'année sui vante à Na-
ples , oi'i il vécut dans l'inaction
jusqu'à l'arrivée de Joachini {voy.
Mïrat). qui réleva à la place de
procureur - général de la cour
de cassation. Dans ces hautes
fonctions M. Poerio contribua
beaucoup à déteruiiuer le sens
des loi?, qui, par leur nouveauté,
étaient un sujet continuel de con-
troverse et de doute. Il dut s'arra-
cher souvent à ces utiles travaux,
pour remplir les l'onctions de com-
missaire du roi, en Calabre, et as-
sister aux séances du conseil-d'é-
tal, dont il avait été élu membre.
Le roi Joa(hiin le choisit aussi
pour organiser les départemens
italiens, occupés momentanément
par ses troupes, en 181 4 et en
18 if). l.i>rs delà chute deJoachim,
ftl. l^ierif), se rappelant les dan-
gers qu'il avait courus à la pre-
mière restauration du roi Ferdi-
nand, s'éloigna du royaume pour
ne pas s'exposer à une nouvelle
persécution. Ce ne i'ut qu'en 1818,
qu'il crut pouvoir vivre iranqiiil-
lement dans ses foyers. Il revint
à Naples, et rentra dans la clas-
se des avocats, qui l'accueilli-
renl avec les égards dus à un an-
cien hiagislral. C'est au milieu
d'eîix que la révolution de 1820
le surprit. Étranger à tous les
changement qui venaient de s'o-
pérer dans son pays, M. Poe-
rio crut pouvoir, sans crime ,
prendre part à un ordre de choses
que le roi avait proclamé , et
qu'il promettait de détendre. Il
accepta la nomination de dépu-
té au parlement de Naples , se
nn^ntrant à la tribune ce qu'il a-
vait été au barreau. Mais, moins
POG
familier avec les questions poli-
tiques, qu'il ne l'était avec le»
débats judiciaires, il éblouissait
l'assemblée par son éloquence,
sans la dominer par ses opinions.
Erronées comme celles de ses collè-
gues, elles n'auraient mené qu'aux
mêmes résultats. M. Poeiio igno-
rait les véritables dispositions des
cabinets d'Europe, et se faisait il-
lusion sur les ressources de son
propre pays. Dans un discours
improvisé le i5 février i8'ii, M.
Poerio examina avec beaucoup
de talent le droit d'intervention
que l'Autriche avait mis en avant
pour justifier son agression contre
Naples. « Si une ou plusieurs
"puissances, disait-il, encouragées
» par la faiblesse des autres états,
» s'a visaientde les gouverner par des
» décrets avant de les avoir aiisujétis
npar des victoires, c'est alors, et
«alors seulement t que l'indépen-
ndance des nations seraitdétruite.»
(]c principe était vrai; mais ce qu'on
pourrait reprocher à M. Poerio.
c'est d'en avoir parlé en théorie,
tandis que le momerrt de l'appli-
cation était déjà venu pour l'Eu-
rope. Peu après l'envahissement
du royaume de Naples, M. Poerio,
qui s'était toujoui-s exprimé avec
\iue gîande réserve sur le compte
du roi, et qui avait été même le
premi<îr à se prononcer pour son
voTng(î <le Laybach , fut arrêté et
déporté en Autriche. Ce n'est
qu'après deux ans de détention à
Gratz, qu'il lui a été pernns d'al-
ler vivre à Florence.
POGCilALI (Caietan), littéra-
teur italien , naquit à Livourneen
i^-So. Amateur passionné de la
liltératurt; de son pays, il passa
toute sa vie à rassembler une col-
lection nombreuse d'ouvrages ita-
POG
liens, plus digne de la magnificen-
ce d'un prince, que pruportionn(';e
à la lorlnne d'un particulier. Il
surveilla aussi la réim[)ression
d'un grand nombre d'ouvrages
classiques . auxquels il a ajouté
de sa vans comnieiitaires qui ont
rendu ces éditiitns extrêmement
recherchées. Puggiali avait or-
donné l'impression d'un catalo-
gue raisonné de sa bibliothèque,
qu il avait partagé en trois classes,
dont la première se composait des
acteurs cités par l'académie de la
(^rusca,ia seconde des ouvrages,
non cités, appartenant aux mêmes
auteurs, et la troisième des écri-
vains qui, par la pureté du style,
«t par Timporlancc accordée ù
leurs travaux, méritaient d'être
rangés au nombre des te^li di Un-
f^ua (c'est le nom qu'on dotmc en
Italie, aux ouvrages cités par l'a-
cadémie de la Gruscd). Chaque ar-
ticle était en outre accompagné
de remarques bibliographiques ,
contenant des rcnseignemcns pré-
cieux sur les ouvrages et les au-
teurs. Ce catalogue, qui, comme
on voit , est un répertoire classi-
que de la littérature italienne, fut
publié par les soins de iM. [\iggia-
11 fils, -sous le litre de : Série de'
tesli di lingua sturnpati, cke si cita-
110 ncl yoaibolario degli accndemi-
ci délia Crusca, posscduta du Gae-
iano Poggiali, Livourne, 2 vol in-
8^. La collection entière, achetée
par l'eu ie grand-din; de Toscane ,
l'ait aujourd'hui partie de la biblio-
ihèq ut! ducale de Fbjrence.Pnggiali
inourutàLiv(uirne,au!noisdemars
1814. Les ouvrages dont il a été
l'éditeur, et qui sont très-cslinîés
en Italie, sont : 1° Teatro itaUano
antico, 8 vol. iu-ia% ijSU; 2" Rai-
POI
387
colta de' mlgliori satirici italiani, 7
vol. in- 12, 178G; 3^ Raccolla de'
migliori noveltatori italiani^ 26
vol. in-8", J789 et suivantes; 4°
Opère di MarchiacelU, tom. tî,
in-8" (sous la fausse rubrique de
Philadelphie), 175)6; 5° Orlando
farioso, de' Ariosle, 4 ^td. in- 12,
i';()<^: ir)" Storia di Tohia, iii-8°,
1799; 7" Drainmi musicali di Ri-
nucciiïif iu-S", 1802; 8" Opère di
Omero volgarizzate ^ 9 vol. in-8°,
i8o.5; 9" la Divina cominedia di
Danle^ 4 ^^^- in-8'', 1807; 10° la
Gerasalemme di Tasso, 2 vol. in-
12, 18 io; ï i" Rime di Baccio del
/iene , in-8''; 12" Egloglie e rime
del Lasca, in-8".
POIGNOT ( N. ) , négociant ;\
Paris, fut nommé par le tiers-état
de celte ville, député aux états-
généraux en 178g. Il se montra
peu à la tribime; mais il travailla
beaucoup ('ans le comité d'aliéna-
tion de^ biens nationaux. Au mois
de novembre 1790, il fut élu
secrétaire de rassemblée natio-
nale, A la fin de la ses^-ion, il
reprit les occupations de la vie
ju'ivée.
POINSINKT DE SIVIIY
(Louis), littérateur, membre de
l'académie de Nancy, cousin et
non frère de Poinsinet de Sivry,
auteur de la comédie du Cercle,
naquit à Versailles, le 20 février
1753, et était fils d'un huissier du
cabinet de .\I. le duc d'Orléans.
Il fit des études distinguées au
collège de la Marche; et publia à
l'âge de 21 ans, sous le titre d'JS-
glèides , un recueil de poésies
amoureuses (p»i obtint assez de
succès pour le décider à suivre la
carrière des lettres. A cet ouvrage
succéda une iruductiou en vers
>88
POI
[TAnacréon, Sapho, Bion , Mos-
cltas , Tyrtée , etc.; elle fit beau-
coup d'iiouiieur au jeune poète,
qui , n'ayant pas atteint sa 26' an-
née, donna la tragédie de Brlséis.
Dans cet ouvrage, l'auteur sut
réunir avec autant de goût que de
bonheur, les plus belles scènes de
riliade, et sa pièce était repré-
sentée avec un succès général,
lorsque Lekain se démit le pied :
cet accident en interrompit les re-
présentations. Reprises jdus tard,
elles lurent suivies por le public
avec la même faveur. «Le style de
cette tragédie (dit Palissotdans ses
Mnno'ires sur la littérature, art.
Sivhy), très-supérieur à celui de
nos pièces modernes . l'a conser-
vée au théâtre — Il y a dans /??•/-
fieis des vers qui srtnt évidemment
de reçoit! de Racine, et que ce
grand fioète eût approuvés — Le
beau récit du passage du Xante a
été traduit, v»!rs pour vers, en
latin, par son fds (Louis-Cliarles
Poinsinetde Sivry), jeune homme
<lc l'âge fie 18 ans, d'un esprit et
d'un goût très-sain.', (jiii a t'ait
d'excellentes études , et à qui on
ne peut reprocher que de porter
beaucoup trop loin la ujodeste dé-
fiance qu'il a de lui-même. » Ce
récit a été imprimé à la liu de la
*'•' cdition de Briséis , Paris, an 5
( 1 7;)7), in-8". La tragédie dePoin-
siiict de Sivry fait partie du Réper-
toire du TlfUltre-Françaisj publié
par M. Pelilot. Une autre tragédie,
celle qui a pour litre Ajax, succé-
da à peu d'intervalle à Briséis,
mais elle n'eut pas la môme desti-
née. Comme cela arrive presque
toujours, l'auteur se roidit contre
nue censure sévère, mais juste;
jitiii-seuleuient il Oîu en appeler
POI
Du parterre en tumulte au parterre attentif,
mais encore il fit imprimer sa
pièce , et la défendit par un appel
au petit nombre , ou le procès de la
multitude (ij;6a). Vains efforts de
l'amour-proprc irrité! il ne recueil-
lit de cette tentative que des cha-
grins nouveaux, et il couronna
celte imprudence par le tort, du
moins momentané, de renoncer
à travailler pour le théâtre. Palis-
sot prétend qiCAjaw renferme un
plus grand nombre de beaux vers
que Briséis, ((mais,ajoute-t-il, cette
tragédie fut moins heureuse par
l'extrême simplicité de son sujet ,
qui ne promettait guère qu'une
lieUe scène : celle de la dispute
des armes d'Atliille. iVL Poinsinet
de Sivry. on a tiré tout le parti
qu'on en pouvait espérer, et nous
désirerions de revoir au théâtre
celte pièce qu'il serait si facile de
réduire en 3 ai;tes, sans lui rien
faire perdre de ses véritables beau-
tés. » Sans fortune, Poinsinet de
Sivry vivait des produits de sa
plume. Forcé par la nécessité, il
devint l'une des victimes de ces
libraires qui immolent à leur cu-
pidité le talent que le malheur
met dans leur dépendance. Pour
du pain, il fil tout: histoire>
morale, traductions, antiquités,'
grammaire générale, jouinaux;
tout ce qui pouvait le mettre à
mêu)e de satisfaire aux besoins
journaliers de sa famille. Ce triste
et pénible travail avilit en quelque
sorte son nom, que son heureux
début avait honorablement signa-
lé. En 1789, il rentra dans la car-
rière comme auteui' dramatique,
et composa Calon d' Utif/ue,Un^è-
(lie que les approches de la révo-
lution ne lui avaient pas permis de
POI
fiilre représenter. Il adopta avec
rhaleur, mais sans exagération,
les nouveaux principes politiques,
bien que la révolution lui eût (ait
perdre la pension qu'il recevait de
M. le duc d'Orléans. La conven-
tion nationale le comprit au nom-
bre des gens de lettres à qui elle
ilonna des secours. Poinsinet de
Sivry mourut à Paris, pauvre, et
presque oublié, le i i mars iSo'j.
il a publié: i" Egléidcs , Paris,
Jn-8°, 1^54; 2* Vlnocutation, poè-
me, Paris, in-S", 1756; '5" Le faux
Dcrvis , opéra comique en un acte,
Paris, 1767, xn-^"; l\'' Anacréon .,
Saplio, Moschus, Bion, Tyrtée, et
autres poètes grecs, traduits en
vers français, i758,in-i2; 2'edit. ,
1760, iu-12; 3' édit., 1777, in 8";
4' édit., avec difl'érens morceaux
(V Homère, 1788, in-8''; le même
ouvrage avait aussi été imprimé
en 1771, in-12, à Deux-l'onts,
sous le titre des Muses Grecques.
5" La Berlue, in- 12, Paris, 1759;
6" Brisais, tragédie, 1759; 7° Pyg-
7»îfl//o/i, comédie, Paris, 1 760, in-8';
H" Ajax, tragédie, 1762; il don-
na, en 1764, nn recueil intitulé:
Œuvres diverses de théâtre , etc. ,
nn vol. in- 12. 9" Les Philosophes
de bois, comédie eu un acte et en
vers , Paris, 1 7t)o , in- 1 ji ; 1 0° Cas-
sandre , parodie du drame de Di-
derot, le Père de Famille, Paris,
in-S", 17G1; i i' Traité de la poli-
tique privée, extrait de Tacite et
de plusieurs autres auteurs, Ams-
terdam , 17O8, in-13; 13° Traité
dos causes physiques et morales du
rire, relativement à l'art del'eaxi-
trr, Amsterdam, 17(^8, in- 12;
1 5° Origine des premières sociétés,
des peuples , des sciences , des arts
et des idiomes anciens et modernes.
POI
3%
in - 8*, 1769. Cet ouvrage a en
quelque sorte été entrepris en op-
position à celui de Boulanger, qui
ne trouvait partout que des traces
diluviennes, tandis que Poinsinet
de Sivry prétendait que tout de-
vait se rapporter aux différens usa-
ges du feu :« L'ancienne Celtique
étant, selon lui, la première Con-
trée où l'usage du feu a étéconnu,
il en conclut qu'elle a V;té la pre-
mière habitée; enfin que les Celtes
uriens, en se multipliant, ont en-
voyé des colonies dans tout le res-
te de la terre. Poinsinet de Sivry
ne trouve partout que des traces
uriennes. » i^" Phasma ou V Appa-
rition, histoire grecque , où se
trouvent les aventures de Noce-
lès, fils de Thémistocle, Paris,
1772, în - 12; iS" Fragment du
91* livre de l'Histoire de Tite-
Live, extrait d'un manuscrit de lu
bibliothèque du Vatican , traduit
en français, Paris, 1775; i6° ffis-
taire naturelle de Pline, traduc-
tion du français avec le texte , et
accompagnée de notes critiques
du traducteur, 12 vol. in-S", Pa-
ris, 1771-1782. On la doit au zèle
de Poinsinet de Sivry, zèle que
l'illustre Malesberbes avait stimu-
lé eu engageant, dès 1760, plu-
sieurs sa van s à s'occuper de repro-
duire un si important ouvrage. Le
lr;ulucteur ne dissimule pas qu'il
doit beaucoup au travail de ses
prédécesseurs : LaNauze, qui s'oc-
cupa des 7 premiers livres; .lault,
professeur de syriaque au collège
de France, et Querlon , qu! tradui-
sirent les livres suivaus. 17° Nou-
velles recherches de la science des
médailles , inscriptions et hiéroy
gljphes antiquesy avec une table des
divers alphabets, Macstrichi, iu-4'»
590
POÏ
1^76, 6 planclics. « Cet ouvrage,
dit l'un des bi(. graphes de Poinsi-
net de Sivry, est divisé en 8 cha-
pitres. Dans les 4 premiers , l'au-
teur cherche à prouver que les
pièces antiques, surtout h'S romai-
nes , ne sont pas des nioniinies,
mais de vérilables médailles frap-
pées pour perpétuer le souvenir
de quelque événement ; que les
monnaies romaines n'ont com-
mencé à porter l'effigie des empe-
reurs, que sous Alexandre-Sévè-
re; et, d'après ce principe, il ré-
fute les explications que le P. Har-
douin i\ d'autres numismates ont
données des diveises médailles.
Dans le 5' haiulre , il traite des a-
mulelies. pierres et anneaux com-
plétés. Le6' contient une nouvelle
explication de l'inscription grec-
que trouvée sur le tombeau d'Ho-
mère, et des caractères hiérogly-
phiques (pi'on lit sur l'antique du
cabine! du roi de Sardaigne, con-
nue sous le nom ô'Isis de Turin;
enfin, dans le dernier chapitre,
il a rassemblé divers alphabets an-
ciens, qu'il croit très-utiles pour
aider à lire toutes sortes de carao
tères. » iS°Th£âlred''Jristop/i(iiie,
traihn'tion en (1 aurais, partie en
vers et partie en prose, auquel
l'auteur a ajouté b s Fragmens de
Mrnaiidre et de PlàU'inon , Paris ,
1784, 4 *'"'• ifi-i^" > chaque pièce
est précédée d'une préface et ac-
compagnée de notes philologiques
et historiques. Celte édition . la
plus complèlede cellesqui avaient
j)aru à cette époque , et dont liro-
Jier, neveu de l'éditeur de Tacite,
a beaucoup profité sans la faire
oublier, annonce une giande con-
naissance de la langue , des usa-
ges et des mœurs des Grecs ; mais
POT
on voit avec regret que partageant
les préventions ou plutôt l'injus-
tice d'Aristophane à l'égard de So-
crate , il le représente « comme
un homîTie dangereux, qui méri-
tait la peine à laquelle il a été
condaniné » 19° Cutoii d'il tique,
tragédie , précédée d'une épître à
la patrie et d'observations sur la
n)ort de Calon , Paris, in - 8° ,
1789; 20° Manuel poétique de l'a-
dolescence républicaine , Paris , an
3, 2 vol. in- 12; 21" Abrégé de
l'histoire romaine , en vers fran-
çais avec des noies, Paris , i8o5 ,
in-8" ; 22° Précis de l'histoire d'A n-
gleterre, en vers techniques; enfin
il adonné uneéditiion latine A'' Ho-
race avec un commentaire en fran-
çais, Paris, in -8°, Didot , 1778.
Parmi les manuscrits dfiPoinsinet
de Sivry, sont une traduction en
vers des 4p''c'n)iers chants de 1'//-
liade, et une traduction àaPlaute.
Cette dernière devait former 10
volumes. 11 paraît qu'il a réclamé
le Commentaire de Racine, qu'il
avait livré à Luneau de Boisger-
maiu pour l'édition que ce der-
nier a donnée de Racine.
POIN SOT (Louis), membre de
l'académie royale des sciences,
ancien professeur à l'école Poly-
technique, et chevalier de la lé-
gion-d honneur , est auteur d'un
ouvrage intitulé: Elémens de Sta-
tique, 1804 et 1811, in ~ 8°. En
1816, le roi a numi;ié M. Poinsot
examinaleiir d'admission à l'école
Pidytechnique. Il est en même
temps l'un des inspecteurs-géné-
raux de l'université.
POINSOT ( Pierre- Georges ) ,
membre de la société d'émulation
et de celle d'agriculture de Lau-
saime , né en 174^» •' pnblié le»
I
POI
♦ouvrages suivans : i° l'A mi des
Jardiniers, ou Iiistructio» métho-
dique à la portée des amalturs et
des jaidiiiiers de profession, sur-
tout en ce qui concerne les jardins
fruitiers et polagers , parcs, jar-
ilins anglais, parterres, orange-
rieset >erreschaii<les, 1804 iSo5,
3 vol. in-8°; 2" l'A mi des malades
de la campagne y i8o4<i'»-^°; t'e-
conde édition considérablenieiit
augmentée, iho6. in-S"; 3" l'Ami
des cultivateurs ^ i8o5, 2 volumes
in -8".
POINTE. Voy. Noël Pointe.
POIRET(J. L. M.), savant na-
turaliste, a publié en 1789, son
voyage en Barbarie , pendant les
années 1^85 et i^Htj, suivi de Re~
cherches sur l'histoire naturelle de
la Numidie, 2 vol. in-H", ouvrage
estimé et plein de détails intéres-
sans. On lui doit encore un ouvra-
ge sur les Coquilles /luoialiles et
terrestres, observées dans le dépar-
tement de l'Aisne, 1801 , i vol.
in-8°. M. Poiret a fourni un grand
nombre d'articles aux trois pre-
miers volumes du Dictionnaire bo-
tanique de VEncyclapédie niéllio-
dique, commencé pariVl. Lamarck,
et il s'est cluirgé de la rédac-
tion des neuf derniers. I! est aussi
un des rédacteurs d(! la Flore mé-
dicale, et du Dictionnaire des scien-
ces naturelles.
POIRIER (dom Gebmain), sa-
ant et célèbre bénédictin de la
ongrégation de Saiut-Maur, asso-
cié de l'acadénue des inscriptions
et belles-Ietties , membre de l'ins-
titut, naquit à Paris le 28 janvier
1724. Après avoir terminé ses élu-
es à l'université, et à peine âgé de
5 ans, il fut admis dans lemonas-
re de Saint-Faron à Meaux, où
POI
«>9»
il fit profession l'année suivante,
en 1740- r.hargéparses supérieurs
d'enseigner la théologie, cl ensuite
la philosophie, il s'acquitta avec
tant de zèle et de succès de ses
devoirs comme professeur, qu'ici
mérita l'estime et la confiance de
toute la congrégation. On le nom-
ma secrétaire du visiteur de la pro-
vince de France, place qui l'obli-
ge;iit à de fréqùeus voyages, dont
il profitait poisr visiter les archives
e't les bibliothèques des uiouastè-
rt-s. Sa passion pour b.-s recher-
ches historiques en fut augmen-
tée , et bien loin de désirer
les supériorités du monastèrn
auxquelles il avait droit de pré-
tendre, il voulut se borner aux
travaux littéraires, et obtint avec
une grande joie la garde dc^ archi-
ves cle Saint- Denis. Là, il com-
pulsa et inventoria les pièces de ce
riche et antique dépôt. Il les avait
toutes lues, et se trouva bientôt
en état de continuer la gr tnde en-
treprise du recueil i!cs Historiens
des Gaules et de France , presque
abannoimé depuis la mort de dom
liousquet. Il fit paraître, eu 1767,
le 11' volume de cet ouvrage avec
des notes, des supplémens, des
observations et une préface, mor-
ceau savant d» 240 pages, où il
rectifiait tout ce qui était défec-
tueux dans la partie déjà impri-
mée de ce volume. Il avait ygné
la fameuse requête de 17C5, ten-
dant à obtenir une plus grande
liberté, et en effet il sortit de la
congrégation, se fit ainiier à celle
d'Alsace, et reçut des bulles d'alibé
in partibus qui le rendaient indé-
pendant. Néanmoins il sollicita ax.
rentrée à l'abbaye Saint-Germain-
des-Prés, dont il devint archiviste.
Zçf9. POI
Le roi le noinuia associé libre tîe
l'académie des inscriptions et bel-
les-lettres. La révolution ne l'éloi-
gna pas de son poste de gardien
des archives de l'abbaye Saint-
Geruiain-des-Prés, et il fut témoin
de l'incendie qni , le 20 août iJO^»
dévora la ritbe et précieuse biblio-
thèque de cet antique dépôt. « Il
dut . dit un de ses biographes , res-
ter au milieu de ces décombres,
pour veiller A la conservation des
manuscrits que l'incendie avait
épargnés. Il y passa l'hiver , sans
feu , exposé à l'intempérie de la
saison, dans unbûliment en ruine,
et obligé, pour se rendre dans
une chambre sans toit, et dépour-
vue de tout, de gra\ir un esca-
lier à moitié détruit. Au sortir de
là, tels étaient son dé[)ouillenienl
et sa misère, qu'il se vit réduit à
désirer une place dans une de ces
maisons réservées à l'indigence. Ou
eut honte néanmoins de ce îiaile-
ment à l'égard d'un vieillard à qui
les lettres étaient si redevables. On
lui procura une place à la biblio-
thèque de l'Arsenal, cl, en 1802,
iors de Porganisalion nouvelle de
l'Institut, il fut appelé à en faire
partie (section de l'histoire). Ces
âcux places rendaient à D. Poirier
quelque aisance. II n'en vécut pas
moins avec économie, et l'on s'est
aisstiré après sa mort que tout ce
qu'il av.iil recouvré était pour les
pauvres : elle fut imprévue. Le 5
février i8o5, lorsqu'on entra dans
sa chambre, il était sans vie. D(»m
Poirier a publié : 1° Le 1 1' volume
delà Nouvelle collection //es Itisto-
riensdes Gaules et de France, avec
<lom Précieux et dom Husseau ,
I j6^; 2" ilaconcoui Ui'i l'édition de
VArt de ccrifier les dates, 3voI. in f",
POI
1783-1792; 3° il eut la part fil
plusimportante au travail fait vers
1780, sous la direction de M. le
garde-des-sceaux , pour préparer
luie Collection générale des diplô-
mes et chartes du royaume, à l'ins-
tar de celle de Ilymer pour l'An-
gleterre ; 4° dom Poirier commu-
niqua à l'académie un grand nom-
bre de Mémoires relatifs à l' His-
toire de France; 5° il a donné un
Examen historique et critique de
i histoire de Charles VI , compo-
sée par un moine, .sous le litre
iï Anonyme de Saint-Denis ,ouyrà
ge plein de recherchessur le règne
(le ce prince ; enfin on doit à dom
Poirier une Instruction sur la ma-
nière d' inventorier et de conserver
tous les objets qui peuvent servir aux
arts , aux sciences et à renseigne-
ment, ouvrage qu'il composa avec
Vic(i-d'Azir , Paris, an n, in-Zj".
M. Dacier, secrétaire perpétuel de
l'académie des inscriptions et bel-
les-lettres , a donné une Notice
historique sur la vie et les ouvra-
ges de dom Germain Poirier , lue
dans la séance publique de l'insli-
lul, b' vendredi 2 germinal an
12 ( 25 mars 1804 ) , Paris, 1804.
VOIRSON , savant géographe,
chevalier de la légioii-d'honneur,
a fouini les dessins de plusieurs
des meilleures cartes géographi-
ques modernes. Le Nouvel Atlas
élémentaire , à l' usage de la jeunes-
se, a, entre autres, été gravé sur
ses dessins et cvxix de M. Lapic,
son collaborateur. iMais ce qui a
surtout donné de la célébrité aux
travaux de M. Poirson , pour l'il-
lustration de la science qu'il a cul-
tivée toute sa vie, c'est la confection
de deux globes terrestres de la pin»
grande dimension, et d'une exécu-
POI
tion parfaite. Le premier se volt au-
jourd'hui dan.s la galerie de Diane,
aux Tuileries; il est de 3 pieds 3
poucesdediamètre,elavaitété fait
surla demande de Napoléon, pour
l'instruction de son fils. La partie
mécanique en a été exécutée par
M. Pichon, ingénieur en instru-
men» de mathématiques, et artiste
célèbre. Le second globe exécu-
té par M. Poirson , et auquel il a
consacré dix années de travail, a
été achevé en i8i4; il a été ac-
quis depuis par le roi, pour être
placé dans son cabinet. Ce globe
a 5 pieds de diamètre, ou i5 pieds
environ de circonférence , et sur-
passe de beaucoup par rexaclitu-
de mathématique et le mérite de
l'exécution , tous les ouvrages de
ce genre qui se voient en Europe.
Un rapport de l'institut, conçu
dans les termes les plus honora-
bles pour l'auteur, a constaté la
perfection de son travail. M. Poir-
son-Delestre, fils du précédent, dif
recteur actuel du théâtre du Gym-
nase, est auteur de plusieurs ou-
vrages dramatiques. Il a composé
en société , avec M. Scribe, pour
le théâtre du Vaudeville, une Nuit
de la garde nationale; le Nouveau
Pourceaupiac ; une Fisite à Bed-
lain , etc.
POISSAC (le baron de) , con-
seiller au parlement de Bordeaux
à l'époque de la révolution, fut ,
en 1789, élu député aux états-
généraux par la noblesse de la sé-
néchaussée de Tulles-, sa ville na-
tale. Ses opinions étaient peu fa-
vorables aux principes que pro-
fessait la majorité de celte as-
semblée, et il donna sa démission
dès le mois de juin de la même
année II retourna à Tulles, où sa
POI
593
présence excita des troubles qui
l'exposèrent aux plus grands dan-
gers, ainsi que M. de Massai, ca-
pitaine au régiment royal de Na--
varre. La multitude furieuse les
poursuivit jusque dans leurs mai-
sons. Ce ne fut même qu'en les
traduisant en prison que l'autorité
put les sauver de la vengeance
populaire. Rendu quelques jours
après à la liberté . le baron de
Poissac alla se réunir aux émigrés,
et est resté inaperçu depuis cette
époque.
POISSON (Denis-Siméon), sa-
vant mathématicien, professeur à
l'école Polytechnique, membre de
l'institut et chevalier de la légion-
d'honneur, est né en 1781, à Pi-
thiviers, département du Loiret. Il
fut nommé professeur de mécani-
que à l'école normale dès le mo-
ment de sa formation en 1811. Il
devint, en 1818, l'un des mem-
bres du jury chargé par l'univer-
sité impériale de procéder à l'exa-
men des candidats, aux places de
{)rofesseurs de dessin à l'école
royale de l'artillerie de Metz, et
de répétiteurs de mathématiques
aux écoles d'artillerie de Douay et
de Valence. W. Poisson a publié,
en 181 1 , un Traité de mécanique
en 2 volumes. On lui doit aussi
plusieurs Mémoires très-intéres-
sans qui se trouvent dans le re-
cueil de l'institut et dans le jour-
nal de l'école Polytechnique. II
est membre du conseil royal de
l'université
POISSON DECODDREVILLE
(Jacqces), né le 6 février 1746»
exerçait la profession d'avocat à
l'époque de la révolution, et de-
vint successivement président du
tribunal de Saint-Lô et aduiinis-
594 POI
trateur du déparlement de la lUati-
che. En 1791,1! fut élu député du
même dépaileinent à l'assenil)lée
Jéj^islative, puis, député ù la con-
vention nationale dans le mois de
septembre de l'année suivante. M.
Poisson de Coudievilie vola la
déteation de Louis XVI pendant
la guerre et le bannissement de ce
prince à la paix. Du reste, on le
remarque peu dans celte session,
après laquelle il passa au conseil
des anciens, dont il lit partie jus-
qu'au ao mai 1797, en sortit alors,
et fut réélu aussitôt. Le ai avril
1798, nommé président du con-
seil, et, dans le mois de décembre
de l'année suivante, membre du
corps-législatif sous le gouverne-
ment con>ulaire, il fut appelé, en
i8o4'. aux fonctions de procureur-
général près de la cour criminelle
du département de la Manche. Ses
t.oncitoyer)s ie nonmièrenl, peuv
dant les cent jours an i8i5, mem-
bre de la chambre des représenlans.
lU. Poisson pariât avoir reçu sa re-
traite après la seconde restauration.
POISSON îSIEIV(Pie--.re-L>;aac),
médecin et chimiste, merrdjre de
l'académie <\\iis sciences, naquit
à Dijon, département de la Côte-
d'Or, le 5 juillet 1720. Il commença
ses études sous la direction de son
père, pharmacien distingué, et
vint les terminera Paris. Il reçut,
en 174^), le grade de docteur en
médecine, et, en 1749» il fut au-
torisé parle gouvernement à rem-
placer Dubois dans la chaire de
professeur de chimie au collège
de France. On j)eut donc ie con-
sidérer comme l'un des premiers
qui ouvrirent un cours public de
cette science dans la capitale. En
1754^ Helvétius, père de l'écri-
POÎ
vain célèbre de ce nom, choisit
Poissonnier pour le suppléer dans
l'exercice de ses fonctions d'ins-
pecteur des hôpitaux militaires ,
auxquelles son grand âge et ses
infirmités ne lui permettaient plus
de se livrer (Helvétius mourut peu
de temps après). Poissonnier ob-
tint la place de premier médecin
des armées , et celle de médecin
consultant du roi. A la fin de 1758,
le gouvernement français le char-
gea de se rendre en Russie, en ^
apparence pour y contribuer au
rétablissement de la santé de l'im-
pératrice Elisabeth , mais bien réel-
lement pour s'occuper avec cette
princesse de négociations secrè-
tes. La czarine accueillit Poisson-
nier de la manière la plus favora-
ble, et ce qui paraîtra sans doute
èlrange , c'est qu'elle donna au
médecin français le titre de lieu-
tenant-général de ses armées,
titre qui seul , d'après l'étiquette
.russe, pouvait le faire admettre à
la labié de cette souveraine , dont
il éprouva la faveur pendant un
séjour de deux ans à Saint-Péters-
bourg. Il avail rempli avec suc-
cès la mission dont l'avait chargé
la cour de Versailles, lorsque fati-
gué de son rôle politique , il solli-
cita et obtint son retour en Fran-
ce , malgré tous les moyen'» em-
ployés par l'impératrice pour le
retenir. Comblé de dons et de té-
moignages d'estime , Poissonnier
revint à Parisen 17^)1. 1! fut pour-
vu d'ime place de conseiller d'é-
tat. Le duc de Choiseiil qui avait
mis constamment ses dépêches
sous les yeux de Louis XV, et qui
savait cond)ien ce monarque était
satisfait de la conduite de Poisson-
nier, l'engagea à se consacrer en-
POI
tièrement à la diplomatie , mais il
ne put l'y dtiteiminer. Alors il le
fit nommer iiispecleur-général de
médecine , chirurgie et [iharma-
cie des colonies. Il en exerça les
lonctions plusieurs années; ses
services et ses expériences pour
dessaler l'eau de la mer, lui valu-
rent une pension de i 2,ouo livres.
Poissonnier jouissait en paix au
sein de sa famille d'une fortmie
honorablement acquise, quand la
révolution éclata. Apprenant, en
1791, qu'où Tavait inscrit sur la
liste des membres du club mo-
narchique, il réclama contre cette
inscription, dans une lettre qu'il
rendit publique, et déclara qu'il
ne voulait porter la livrée d'aucun
parti. Plus tard, il fut arrêté avec
sa fennne et son lils , et renfernié
dans la maison de détention de
Saint-Lazare, dont il ne sortitqu'a-
près la chute de Robespierre. Pois-
■ionnier perdit sa femme quelques
années après, et mourut de la dou-
leur que lui causa cette perte , le
i5 septembre 1798. Il était njem-
bre de pre>que toutes les sociétés
savantes de l'Europe, et, depuis
1765, associé libre de l'académie
des sciences. Son Eloge fut pro-
noncé par M. Sue, à la séance de la
société de médecine, et l'on trou-
ve dans le Magasin encyctopd clique,
J^" année, 1798, tome IV, une
police sur sa vie. par -Laliuide.
Les ouvrage publiés par Poisson-
nier ne soni pas nombjeux, mais
ils sont estimés. On distingue :
1° hssai sur ks moj eus de dessa-
ler l'eau de la mer ; a" Traité des
maladies des gens de mer ; 5" Abré-
gé d'anatoinie, à l'usage des élèves
rf« chirurgie dans les écoles royales
uuirine.
roi 395
POITEVIN DE MAISSEMY
(Charles), membre de la légion-
d'honneur, ué a Tirlancourt en
1702, était maître des requêtes à
l'époque de la révolution. Il en
adopta les principes, mais il évita
d'abord de prendre part aux affai-
res publiques , et ce ne fut qu'a-
près la révolution du 9 thermidor
an 2 (27 juillet 1794), qu'il fut
nommé administrateur du dépar-
tement de la Somme. Au mois
d'avril 1800, il obtint la préfec-
ture du département du Pas-de-
Calais, où la sagesse de son admi-
nistration, en adoucissant une par-
tie des maux que le régime de la
terreur y avait causés, lui concilia
l'estime générale. Victitne de quel-
ques intrigues obscures, il fut ap-
pelé, en iHo5, de la préfcctare du
Pas-de-Calais à celle du Mont-
blanc. Il s'y fit bientôt connaître
par son esprit conciliateur, son
impartialité, sa justice, et emporta
les regrets i\cs habita n s de ce pays
lorsqu'en 1810 il le quitta pour
aller administrer de nouveau le
département de la Somme. Eu
181 3, M. Poitevin, à qui son
âge avancé et les fatigues d'une
longue administration rendaient
le repos nécessair»; , quitta ses
fonctions et se retira au sein de sa
famille.
POITEVIN DE MAUREILLAN
(lE VICOMTE Casimir), lieutenant-
général, fil, avec distinction, les
premières campagnes de la révo-
lution , et se lit remarquer plus
particnlièn'inent à la prise de l'île
de Cassandria, le 28 juillet «794»
Son nom fut ahn's mentionné Uo-r
norablcment au procès-verbal de
la convention nationale. l\l. Poitt-r
vin de Mauieillan était déjà coio-
596 roi
nel du génie lorsque .»a belle con-
duite à la bataille d'Austerlitz lui
valut celui de général de brigade.
Il fut, peu de temps après, nom-
mé inspecteur- général des iorti-
fications. Erv 1812 , il fit par-
tie de l'expédition de Russie ,
et se distingua de nouveau à
la bataille de la Moskowa. Après
la désastreuse retraite de îlloskou,
on lui confia le commandement
de Tliorn. Il fit tout ce qu'il lui
fut possible pour mettre cette
place en état de défense , et s'y
maintint jusqu'au 6 avril i8i5 ;
mais alors il fut obligé de la ren-
dre à l'ennemi , n'ayant' avec lui
que des troupes étrangères peu
affectionnées à la France et livrées
à l'indiscipline. Ce fâcheux résul-
tat mécontenta beaucoup l'empe-
reur, qui prétendit que le général
roitcvin n'avait pas fait assez de
résistance, et ordonna que sa con-
duite fût examinée. Depuis cette
époque, il resta sans commande-
ment jusqu'au retour du roi, qui
le promnt au grade de lieutenant-
général le 26 avril 181 4. Il fut ,
dans le courant de la mêuje an-
née, nommé chevalier de Saint-
Louis et commandeur de la légion-
d'honneur, puis, chargé de tracer
sur divers points du royatune la
nouvelle ligne de démarcation des
frontières. M. Poitevin de Mau-
reillan a fait la campagne de 1S25,
r.n Espagne , comme lieutenant-
général . inspecteur du génie.
POITEVIN PEITAYI (Philip-
pe-Vincent), naquit à Alignon-du-
Vent, départeiuenl de lllérault,
en 17/12 ; il se fit recevoir avocat
au parlement de Toulouse, mais
ne se distingua pas par l'éloquence
de ses discours. Ladilfusion de ses
mémoirei et son peu de connais-
POI
sance en droit civil et en droit ca-
non, l'obligea de chercher ailleurs
la forluueet la considération. IlleS'
trouva en partie dans la littérature
et dans les protecteurs qu'il sut ha-
bilement se donner. Attaché à plu-
sieurs maisons parlementaires de
Toulouse , il passa sa vie à les
louer, et son dévouement ne se
démentit jamais. Quelques cou-
plets bien tournés, la géographie
mise en vaudeville comme Masca-
rille voulait faire de Thistoire ro-
maine, lui acquirent une réputa-
tion que rien n'a soutenue; car, a-
vant sa mort, il avait livré au feu
le manuscrit de ces légers ouvra-
ges. Emprisonné en 1794» rendu
plus tard à la liberté, il entreprit
la défense de plusieurs royalistes
arrêtés les armes à la main durant
l'insurrection du Midi en i7f>9.
Vivement secondé par M. Cam-
bacérès, qui déploya, en cette
circonstance , un noble caractère
en luttant pour des infortunés
contre le pouvoir, Poitevin atta-
cha son nom à une belle action.
Ce fut la plus parfaite de ses œu-
vres. Elu secrétaire- perpétuel de
l'académie des jeux floraux, il vou-
lut écrire l'histoire do sa compa-
gnie ; l'entreprise était au-dessus
de ses forces ; il ne donna qu'un
narré sec et fastidieux, tandis
qu'il était possible de porter un
vif intérêt dans une production à
laquelle pouvait se rattacher toute
l'histoire littéraire de l'Occitanic.
Poitevin mourut en 1818. On a de
lui : I" Mémoires pour servir à.
l' Histoire des jeux floraux, 2 vol.
in-S", i8i5, Toulouse; 2" Notice
historique sur Benoit d'AUgnon,
crcque de Marseille; 3' des Cou-
plets, âes Eloges, etc.; l\° quel-
ques Faclums, etc.
POL
POLI (François- Xavieu) , cé-
lèbre naturalisle italien, lieiitc-
iiaiit-coloncl, chevalier de l'ordre
de Saint-Ceorges , membre de la
société royale de Naples, de celle
de Londres, etc. , naquit, en ir/\G,
à MoU'etta, une des grandes villes
de la Pouille. Attiré par la célé-
brité dont jouissait alors l'univer-
sité de Padoue, il obtint de ses
parens la permission de s'y ren-
dre pour y achever ses éludes.
Facciolati , Poleni , Worgagni,
Toaldo, Valsecchi, Valisnieri lils,
Cesarotli et d'autres , présen-
taient dans cette ville le spectacle
peu commun d'une réunion de
grands hommes, se livrant à l'ins-
truction de la jeunesse. M. Poli
voulut profiterdes travaux de tous,
et comme si rien ne devait lui être
inutile, tout lui parut uécessaire.
De retour à Naples, il tut chargé
de donner im cours de physique
à l'université de cette ville, et un
autre de géographie et d'histoire
à l'académie militaire , qui por-
tait alors, sous les ordres immé-
diats du roi, le nom de Bataillon
royal Ferdinand. Use trouva par-
là engagé dans la carrière militai-
re, avec le grade de sous-licute-
naul. Envoyé peu après à Lon-
dres pour y faire l'acquisition de
plusieurs iostrumens indispensa-
bles pour ses expériences, il eut
l'avantage d'y connaître lessavans
les plus distingués, entre autres
Banks , Forst^ r, Solander, et la
jtliiparl de ceux qui acconjpagnè-
reut Cook dans son voyage autour
du mond»;. Il inspira à tous une si
favorable opinion de ses talens ,
qu'on le crut digne d'appartenir à
la société royale de Londres, dont
il fut déclaré utembre ordinaire
POL
^9:
(home mcmber), distinction aussi
rare qu'honorable pour un étran-
ger. En quittant l'Angleterre , M.
Poli se dirigea vers la Hollande et
l'Allemagne , qu'il voulut encore
revoir, lorsque associé au duc do
Gravina pour une mission extra-
ordinaire auprès de la cour de
France, il l'ut obligé de franchir
une seconde fois les Alpes, (l'est
en revenant de ce dernier voyage
qu'il fut nommé instituteur du
prince héréditaire de ÎNaples, et
attaché à l'éducation des princes-
ses ses sœurs. Dès ce moment ,
M. Poli ne s'est plus séparé de
son royal élève , qu'il a suivi
en Sicile, dans les deux voyages
que la cour de iSaples y a faits,
pour se mettre à l'abri des inva-
sions françaises. J>1. Poli a été
quelque temps à la tête de l'aca-
démie militaire, de l'école des pa-
ges, et du cabinet minéralogiquc
de Maples. Ami des sciences et
des arts, il a profité du peu d'in-
fluence qui lui a été accordée jus-
qu'à présent, pour coopérer à leur
avancement dans un pay^.oi'i tout
est en rétrogradation. C'est à ses
soins éclairés qu'on doit la fon-
dation d'une chaire de minéralo-
gie, le premier essai d'un jardin
botanique, l'introduction de lama-
cbine pour vider les canons, d'une
Irouîbe hydraulique à vapeur ,
j)ou rélever les eaux du Vol turne, et
de deux grands cylindres en acier
pour laujiner les planches de cui-
vre à l'usuge de la marine. Il s'é-
tait occupé, dans ses voyages, de
rassembler une grande quantité
d'objets d'histoire naturelle , par-
mi lesquels la série des lestacées
était le plus remarquable. Celle
CDlleglion, achetéa j»ar le gotiver-
neinent de Naples, a reçu le nom
de musée Poliano , qui doit en
nippeler l'origine. M. Poli pos-
sède maintenant un riche cabinet
de ir>onnai(;s grecques et romai-
nes, dont il se propose de publier
le catalogue raisonné. Sons le ré-
gimecoiislitutiunnelàiNapleSjil fut
porté par les sulfr.iges de ses conci-
toyens, au conseil-d'état, dont il
fut le premier président d'iîge.
Ses^uvrages sont : i" Testacea
utriasque Siciliœ forumque liisto-
ria et analonie , l'arnie , 1792, 2
vol. in-tol. , snpeibe édition de
Bodoni, ornée de Sj) planches,
dont il y a des exemplaires enlu-
minés. Ce travail, pour lequel de-
puis long-temps les amateurs de
la nature adressaient inutilement
leurs vœux aux savans italiens ,
fut entrepris par l'auteur . après
avoir lu les reproches que Born
et Pallas faisaient aux nalm'alistes
des côlcs de la Méditerranée et de
l'Adriatique, de n'accorder au-
cune ititenlion aux mollusques
renfermrs dans les coquillages de
leurs m*rs, et dt; se borner dans
ieurs écrits sur la cont hioli.gie, à
l'A sinjple description des coquil-
les qui constituent, sans aucun
doute , la partie la moins noble de
celte espèce d'animaux. Excité
par c^ plaintes, M. Poli conçut
Je plan de son ouvrage, dont les
deux premiers volumes lui ont
coûté douze années de recher-
ches. Le trnisièuje est très-avan-
cé; et sans les événemeos po-
litiques arrivés dans la pairie
de l'auteur, et qui l'ont obligé
deux fois de s'en éloigner, le pu-
l)lic serait en possession de cette
dernière partie , dont plusieurs
planchés sbnt <léjà gravées. Elle
PDL
comprendra la classe des univial-
ves, qui est la plus belle et la plus
jiarfaite de toutes. 2° Etementi di
fisica sperimentale, 5 vol. in -8",
fig. On vient d'en donner une
sixième édition , enrichie de plu-
sieurs importantes additions. 3°
Memoria sul tremuoto , in-8°; 4*
Rniiionamento intorno allô studio
délia natura, Naples, 1781, in-4°;
5° Lezloni di geografîa e di t^toria
mditare , 2 vol. 10-8°; 6" Forma-
zione Uel tuono, délia foUore e di
altre metcore. in -8°; 7" Rifessioni
intorno agli effetli di alcuni fulmi'
ni, in- 8"; 8° Brève saggio s alla ca'
lamita e sulla sua virtù medicinaley
ibid., i8i5, in -8°; 9* Saggio di
poésie ilaliane e siciliane , Paler-
me , 4 vol. in-8'. Dej)uis que ce
recueil a paru , l'auteur a compo-
sé plusieurs autres poésies ita-
liennes, siciliennes et napolitaines,
qui peuvent l'ournir l;i matière de
deux autres volumes. 10° Viag-
gio céleste , 2 vol. iii-S". Dans ce
j)oën)e en oltava rima, l'auteur a
exposé le système céleste, en se
servant du langage allégorique de
la mythologie. Il s'occupe d'un
autre poiime qui, sous le litre de
Viaggio sotterraneo, donnera une
iilée de ce qui est enseveli dans
les entrailles de la terre , et des
phénomèn(;s qui en résultent. Plu-
sieurs de ses dissertations ont élé
insérées dans les Opuscoti scelti
de Milan.
P()LIER( LE COLONEL AnTOIÎîE-
Louis-Henri de ) , meiid)re de la
société asiatique de Calt;uUa, na-
quit à Lausanne, en 174' , d'ime
famille française d'origine noble ,
qui s'était fixée en Suisse. Il é-
prouva très-jeune le désn- de pas-
.ser dans l'Inde , et dès 1756 , il se
POL
rendit en Angleterre pour y atten-
dre une occasion favorable : elle
s'oflVit deux ans après, et il partit
pour Cal. ul la, où commandait un
de ses! oncles ; mais à son arrivée,
le comnicindant venait d'être tué
en défendant la place. Admis com-
me cadet au service de la compa-
g:)ie anj(Iai-;e, il combattit d'abord
les Français sur la côte d'Orixa,
et fut envoyé ensuite contre les
radjahs. Pendant cette dernière
campagne, ses connaissances en
mathématiques Im' avaient mérité
l'ernjiloi d'ingénieur, et à son re-
tour à Calcutta . il devint succes-
sivem(înl inspecteur de la place et
ingénieur en chef. Son origne é-
trangére lui fit éprouver, en 1 762 ,
une première injustice, à laquelle
toutefois il se montra peu sensi-
ble. Ln officier anglais, récem-
ment venu d'Europe , le remplaça
dans l'emploi supérieur qu'il 0( -
cnpait. Polier envoyé contre Son-
ja oui- Doula, puis contre les Mar-
halles, se distingua , fut nommé
major dans l'armée du général
Clives, commanda avec succès un
corps de Cipayes , et regagna par
ses services la place dont il avait
été privé par l'arrivée de l'officier
anglais. Bientôt il réunit à l'em-
ploi d ingénieur en chef de Cal-
cutta, celle de commandant des
troupes de la garnison. Il al tendait
«ti; Londres le brevetde lieutenant-
colonel , aucpiel ses services lui
donnaient droit. Non - seulement
celle même origineétrangère le lui
fit refuser, njais encore les direc-
teursde la compagnie angl.iise en-
■vf)yèrent l'ordre de relarder son
nvaiiceuïent. Le conseil du Ben-
gale et le gouverneur - général
iiaslings ( voy. ce nom), qui le
POL 590
protégeaient et l'avaient fortement
recommandé, ne purent éluder
la volonté des directeurs ; mais ils
laissèrent iy Policr la liberté de
pa'^ser au service de Sonja - oul-
Donla , nouvel allié de l'Angleter-
re. Il se rendit à Feizabad, et de-
vint architecte et ingénieur en chef
du prince indien . (pii sut bientôt
apprécier le mérite de Polier, et
l'emuïena avec lui dans ses expé-
ditions guerrières conlre plusieurs
princes ses voisins. La faveur dont
Polier jouissait près de Souja-oul-
Doula, s'augnienta encore par la
prise, en moins de 20 jours, delà
place fortifiée d'Agra , qu'un des
alliés de Sonja assiégeait inutile-
ment dejiuis plusieurs mois , et
auquel le prince indien avait four-
ni avec regret plusieurs corps de
troupes, (^e prince mourut et eut
pour successeur son fi!s Azef-oul- .
Doula. Celui-ci traitait l'oflicier
étranger avec une exirt'me bien-
veill.ince et le consultait souvent.
Le nouveau conseil du Bengale en
conçut de la jalousie, et rappela
Polier à Calcutta , sous le prétexte
qu'il n'avait pas cesséd'èlre au ser-
vice de la compagnie anglaise. Il
obéit; mais, dès son arrivée, il
donna sa démission de ce service,
et retourna .en 1770, près d'Azef,
qui lui rendit, et, peu de temp»
après, lui retira ses emplois par
suite de rinfluencedes agens de la
compagnie anglaise. Polier avait
adopté les coulinnes et les usages
des ludous, et méritait parla l'ailec-
tion de ces peuples. Sans emploisv
il n'en vivait pas moin? au miliert
d'eux lorsque Azef- oui- Doula se
vil contraint de lui enjoiruire de
s'éloigner de ses étal'*. Polier se
rendit à Dehiy , oOr l'empereur
4oo
POL
Chah-Aalum , qu'il connaissait de-
puis 1761, l'accueillit bien, et lui
confia le coinmandeinent d'un
corps de 7000 hommes; et, en
l'élevant au rang d'omrah, lui
donna en propriété le territoire de
Kaïr. Polier soutint avec avantage
le rang et la faveur dont Chah-
Aalum l'avait honoré; il entreprit
plusieurs expéditions contre des
sujets rebelles de l'empereur, et
mérita de nouvelles récompenses.
Sa mauvaise fortune reprit le. des-
sus. Les vassaux des dernières
terres qu'il tenait de la munifi-
cence de Chah-Aalum méconnu-
rent son autorité, et la guerre qu'il
entreprit contre eux, pour son
propre compte, et qu'il lit diriger
successivement par plusieurs offi-
ciers qui turent tués ou mis en
fuite, lui o'cusiona des dépenses
trop considérables pour qu'il pût
les soutenir long-temps. Il se dé-
termina à renoncer à ses posses-
sion.-,ctà continuerson serviceau-
près de Chah-Aalum. Une intrigue
de cour, qui faillit lui être funes-
te, le détermina à quitter Dehly.
J.e changement du conseil -géné-
ral de la compagnie ariglaise , et
l'arrivée dans l'Inde du général
Coote , son ami , lui permirent de
rentrer au service de la compa-
gnie. Il suivit le général à Béna-
rès , et parcourut avec lui les pro-
vinces voisines. Coote, par son
crédit, obtint d'Azef-oul-Doula la
réintégration de Polier dans les
emplois qu'il occupait précédem-
ment près de ce prince; mais de
nouvelles intrigues pratiquéescon-
tre lui , les lui ravirent pour la se-
conde lois. Hastings lui conser-
vitit toute sa bienveillance; il le
fit noiwmer lieutenant -colonel et
POL
en même temps dispenser de res-
ter au service. « Polier, dit l'au-
teur d'une Notice sur cet olficier,
se relira à Luckuau afin d'_y mettre
ordre à ses afi'aires ; il employa
ses loisirs à rédiger des mémoires
historiques qu'il avait composés
pour Coote , surtout ceux qui con-.
cernaientl'histoircdes Séikhs. Ses
recherches, à cet égard, le con-
duisirent à étudier à fcmd la reli-
gion et l'histoire des Indous. Déjà
il possédait bien l'ourdouzébaïnou
langue vulgaire de l'Indoustan.
Kam - Tchouud , savant Pandil-
Séikh , qui avait été l'instituteur
du célèbre W. .Jones, devint celui
de Polier, qui le prit chez lui et
qui écrivit , sous sa dictée, le pré-
cis des principaux livres sacrés
samscrits; de sorte qu'il en résulta
nu système complet de mythologie
des Indous, tel qu'il a existé dans
toutes ses variations, et qui, en-
visagé sous un meilleur point de
vue, était très -différent de l'idée
que l'on s'en formait en Europe.
Le travail terminé fut soumis à des
brahmines et ;'i des pandits qui en
constatèrent l'exactitude. F'olier
quitta l'Inde, en 1788, et rentra
dans sa pairie après une absence
de plus de 5o années. Il était de-
puis quelque temps marié et fixé
à Lausanne, lors des troubles qui
survinrent en Sui-se par suite de
la révolution française. Il es})éra
trouver dans le pays de ses ancê-
tres la Iraiiquillité après laquelle
il aspirait; en 1793, il s'établit
dans les environs d'Avignon , où
il venait d'acquéiir une propriété
considérable. Habitué au luxe a-
siatique , il excita , par le faste de
sa manière de vivre, la cupidité
d'une troupe de brigands, dont
POL
'Celte contrée était alors tributaire.
Averti du danger qu'il courait par
l'assassinat d'un de ses voisins et
la dévastali^)n de sa niaison, il le
fut encore par .ses amis , <jui le
pressaient de se retirer datis la vil-
le. Il s'y rendait enfin pendant
qu'une portion des bandits s'in-
troduisait chez lui, et que l'autre
se mettait à sa poursuite. Enlevé
par elle et ramené dans sa maison ,
ily tut assassiné, le 9 fcvrier 1 795,
à ccfips de sabre et de crosses de
fusil , après avoir été dépouillé de
son argent, de ses bijoux et de
tout ce qu'il avait de précieux.
Sans les secours qui, presque au
même moment, arrivèrent d'Avi-
gnon, la famille de cet infortuné
eût éprouvé le même sort; les bri-
gands parvinrent » s'échapper en
laissant une partie des elVets qu'ils
em(>ortaieut. Treize d'entre eux ,
arrêtés quelque temps après, su-
birent la peine due à leurs crimes.
La uu)rt funeste de Polier ne lui
permit pas de livier à l'iujpression
son ouvrage sur l'Inde. Ses ma-
nuscrits, au nombre de 4^7 <!'*<)-
lies, persans, induustans et sams-
crits, ont été cédés par son fils à
la bibliothèque du Koi. Lors de
son arrivée eu France, l'olier a-
vait remis à M. Langlès , par suite
^l'échange, son manuscrit des Ins-
titdte.s (le l'empereur A khar, connu
sous le nom d'Àjee/i Akbery, ou-
vrage capital et Irès- précieux. II
avait aussi , loug-leujps aupara-
vant, envoyé la copie des Vedas,
eij 1 1 vol. in-f". , à sir Jos. Banks,
pour êire réunis à la collection du
Muséum britannique. i\l""= la cha-
noinessede Polir!r,sa parente^ ?;(y.
l'article suivant) , publia , d'après
les manuscrits aiiglais qu'il lui a-
T. XVI.
POL 401
vait confiés, une Mythologie des
Itidous, Paris, 2 vol. in-8% 1809.
« iMalheureusement, dit l'auteur
de la notice que nous avons citée ,
M""' de Polier crut devoir modifier
le fond de ce livre, et présenta
un grand nombre de faits d'après
ses idées particulière». Ce traité a
perdu par-là l'importance qu'il de-
vait avoir pour le sujet qu'il em-
brasse, et ne peut pas faire auto-
rité. »
POLIER ( iMakie- Elisabeth
de), chanoinesse du Saint-Sépul-
cre, née le 12 mai i74'^? s'est fait
connaître par la traduction de dif-
férens ouvrages, dont voici les
principaux : 1 "Antoine, anecdote
allemande, 1783, ih-ia; 2° A-
ventures d'Edouard Bomston ,
pour servir de suite à la iNouvel-
le-Hél()xse, 178G, in-8°; 5° le
Club des Jacobins, ou l'Amour de
la patrie, comédie en un acte,
traduite de l'allemand d'Auguste
de Rotzbiie, et mise eu deux ac-
tes, 1792, in-8°; ê^" la Sylpliydêy
ou l' Ange gardien, nouvelle, tra-
duite de l'anglais, de la duchesse
de Devonshire, '795, in-12; 5'
Eugénie, ou la Résignation, anec-
dote . traduite de l'allemand, de
Sophie de la Roche, 1795, in-12;
G" le Pauvre aveugle, traduit de
l'allemand, s 801, 2 vol. in-12.
Indépendamment des ouvrages
que xwn-r: venons de citer, i\l°" de
Polier a jiublié en 180g, mais
mutilée, la Mythologie des In~
dous, 2 vol. iu-8°, du colonel Po-
lier, son parent {voyez l'article ci-
<lessus).
POLIGNAC (GABRIELLE-YotAS-
DE-CLAnDE-MAKTINK, uéc PoLAs-
TivoN, DUCHESSE de) , gouvCmauLc
des EnJimi* de Franc*;, obtint l.i
4o2 POL
confiance de la reine Marie-Anloi-
nette, alors dauphine. La duches-
se de Polignac profita de cette
haute faveur dans l'intérêt de la
famille de son mari, qui fut com-
hlée des grâces de la cour. Il est
rare que dans une pareille posi-
tion on n'excite point l'envie; la
favorite l'ut bientôt en butte à ses
traits, auxquels vinrent se joindre
ceux de la calomnie. Il serait
pourtant injuste de ne pas répé-
ter, d'après ceux qui ont le mieux
connu M""" de Polignac, qu'elle
n'avait que peu d'ambition, et que
sans les vives sollicitations de sa
belle-sœur Diane de Polignac, el-
le n'eût probablement pas fait
beaucoup d'usage de son crédit.
A l'envie qui animait les courti-
sans contre elle, la révolution,
en soulevant toutes les passions,
ajouta la haine du peuple, d'au-
tant plus dangereuse qu'elle est
souvent aveugle. Obligée de quit-
ter la France, la duchesse de Po-
lignac la traveisa, non sans cou-
rir de grands dangers pour arri-
ver à la frontière. S'ctant rendue
à Vienne avec son mari, ce der-
nier y devint, auprès de la cour,
l'agent des princes , frères de
Louis XYI, et remplit ensuite les
mêmes fonctions à la cour de
Russie. C'est dans ce pays que
mourut M'"" de Polignac . vers la
fin de i^qS- Elle n'était dgée que
<ie 44 ^'^'' '■> "iais les malheurs de
la reine l'avaient tellement afl'ec-
tée, que celte cause a pu accélé-
rer sa fin. On cite, comme bien
honorable pour cette dame, ce
que disait Marie-Antoinette, lors-
qu'elle était seule avec elle :« Je
«ne suis plus la reine, je suis moi.»
POLIGNAC (N. DUC dk), pair
POL
de France, est issu des anciens confi-
tes de Polignac, souverains du
Velay, à l'époque où ce pays, qui
forme aujourd'hui la plus grande
partie du département de la Hau-
te-Loire, n'était point encore une
province française; il émigra a-
vec M""" la duchesse de Polignac
{voy. l'article précédent), dès le
commencement de la révolution,
et devint agent des princes, frères
de Louis XVI, près des cours de
Vienne et de Pétersbourg. Après
la niort de sa femme, il quitta la
Russie pour se rendre près des
princes, qui le chargèrent d'une
mission pour l'Angleterre. Il pas-
sa ensuite dans IX'kraine, où il
possédait, par la munificence de
Catherine II, une propriété assez
considérable. De retour en Fran-
ce, après la première restauration,
en j8i4, il fut nommé par le roi
membre de la chambre des pairs.
Le duc de Polignac mourut le 21
septembre 1817.
POLIGNAC (le Dtc Armand-
Jxjles-IMarie-IIéraclius de), pair
de France, chevalier de Saint-
Louis et de la légion -d'honneur,
premier écuyer et aide-de-camp
de Monsieur j frère du roi, fils aîné
du précédent, né en 1771, était
oflicier de hussards, et portait le
titre de comte à l'époque de la ré-
volution. Dès les premières agita-
tions, se trouvant parmi les grou-
pes du Palais-Royal, ses opinions
lui firent courir quelques dangers,
qu'il n'évita que par sa présence
d'esprit et le secours du jeune
Sombreuil, son ami. Il ((uitta la
France, et alla rejoindre son père,
après avoir épousé, en Italie, la
tille du baron de Nivenheim, Hol-
landais. Réuni à sa famille sur les
POL
bords du Rhin , il fit, à la lête
du régiment qui portait son nom,
les campagnes des princes. Après
le licenciement de l'armée du
prince de Condé, il se rendit eu
Angleterre, auprès de Monsieur ,
comte d'Artois, auquel il était par-
ticulièrement attaché. En i8o4,
il accompagna George -Cadou-
dal et les autres conjurés qui
se reixlirent à Paris, dans l'es-
poir, dit-on, de s'emparer, à main
armée, delà personne du premier
consul Bonaparte, et même de le
tuer. Ce projet ayant été déjoué
par la surveillance active de la
police, Georges Cadoudal et ses
compagnons furent successive-
ment arrêtés, et traduits devant
ie tribunal criminel, qui, le lo
juin de la même année, en con-
damna plusieurs à mort. De ce
nombre fut le comte Armand de
Polignac ; mais son épouse eut le
courage, quoiqu'elle fût alors
très-malade , d'aller se jeter aux
pieds de Bonaparte, qui depuis
peu avait revêtu la pourpre im-
périale. Les larmes de cette da-
me et ses sollicitations, vivement
appuyées par l'impératrice José-
phine, obtinrent de l'empereurque
le sentence de mort serait com-
muée en une prison, que devait
suivre !;« déportation à la paix
générale. Il fut eu conséquence
conduit au château de Haui , et
détenu pendant quatre ans dans
cette forteresse, d'où on le trans-
féra au Temple, puis à Vincennes,
où il demeura encore quatre ans.
Après ce temps il obtint la per-
mission d'habiter une maison de
santé au faubourg Saint-Jacques,
où déjà se trouvait son frère le
comte Jules, condamné dans la
POL 4o5
même affaire. lisse lièrentl'un et
l'autre avec le généra! Malet {voj.
ce nom), et participèrent à la cons-
piration de ce général. iVlalgré
l'infructueux résultat de cette en-
treprise dont Malet fut la victime,
le comte Armand de Polignac et
son frère ne cessèrent d'entretenir
des correspondances avec divers
chefs du parti royaliste, jusqu'à ce
qu'enfin ils parvinrent à s'échap-
per au commencement de janvier
1814. Ils se rendirent à Vesoul,
auprès de Monsieur^ qui les inves-
tit, ainsi que M. de Somalie, des
pouvoirs nécessaires pour agir an
nom du roi. Le comte Armand
de Polignac précéda à Paris les
souverains étrangers, et fut, con-
jointement avec son frère, l'un
des premiers qui, dans la matinée
du 3i avril 1814, arborèrent
le drapeau blanc. En 181 5, le
comte Armand fut élu memtjre
de la chambre des députés par le
département delà Haule-Loire ,
et vola constamment avec la ma-
jorité de cette chambre; en 1816,
il fit partie du conseil de guerre
qui jugea le général Lallemand.
En 1817, il prit le titre de duc,
et devint pair de France, par la
mort de sou père; le duc de Po-
lignac remplit toujours les fonc-
tions d'aide-de-camp et de pre-
mier écuyer de Monsieur. Il a été
nommé ambassadeur de France
près du gouvernement de la Gran-
de-Bretagne, en i8a3.
POLIGNAC (le comte Jules-
Auguste-Armand-Marie de), pair
de France, maréchal - de - camp ,
inspecteur-général des gardes na-
tionales de France, chevalier de
Saint-Louis et de la légion-d'hon-
iieur, frè-re cadet du précédent,
404 POL
esl né en i;^8o. Il eut pour mar-
raine la reine Marie-Antoinette.
Toutes les illusions de la grandeur
entourèrent ^on berceau, niais
bientôt 4a révolution vint les dis-
siper. Il suivit, encore enfant , sa
famille en Russie, d'où il passa
en Angleterre, et devint l'un des
aides-de-canip lie Monsieur, comte
d'Artois. En j8o4, il accompagna,
ainsi que son frère, George Cadou-
did voy. l'article précédent et Ca-
DOi'DAL.) Arrêté et mis en jugement
avec les autres conjurés, il fut
condamné à une détention de deux
années, qui fut prolongée, par
l'effet des craintes qu'inspirèrent
les intelligences qu'il ne cessa d'a-
voir avec les agens royalistes.
Le jugement du comte Jules of-
fre incontestablement leplus beau
trait de sa vie. Son frère aîné ve-
nait d'être condamné A mort; il
demanda à mourir a sa ])lace : « Je
«suis seul, s'écria-t-il, sans fortu-.
M ne, sans état, je n'ai rien à per-
»dre : mon frère est marié. Me
«livrez pas au désespoir une feui-
»ine vertueuse; et si vous ne sau-
«vez pas mon frère, laissez-moi
adu moins partager son sort. «On
sent bien que celte deniande ne
pouvait être accueillie des juges;
on a vu dans l'article précédent,
comment le duc Armand fut sau-
vé par les vives instances de sa
femme, et de l'impératrice José-
phine. Après avoir été transféré
dans diirérenles prisons, il par-
vint à s'échapper, et fut , par sui-
te du retour du roi , en 1814 , ré-
tabli dans tons ses honneurs et di-
gnités, auxquels on ajouta les ti^
très de maréchal -de -camp, de
chevalier de Saint- Louis et de
lu légion-d honneur. Au mois de
POL
mai de la même année, il fut en-
voyé, en qualité de commissaire
extraordinaire du roi, dans la lo*
division militaire à Toulouse. 11
fut ensuite nommé ministre plé-
nipotentiaire à la cour de Munich ;
mais au lieu de se rendre à cette
destination, il alla à Rome, rem-
plir une nouvelle mission dont le
roi l'avait chargé. Au mois de
mars 18 15, il suivit la cour à
Gand, d'où il fut immédiatement
envoyé sur les frontières de la
Savoie, afin d'y rallier les royalis-
tes errant sans direction. Il rem-
plit cette mission avec beaucoup
de zèle; ujais s'étant trop avancé
dans les lignes de l'armée des
Alpes, il fut fait prisonnier avec
le comte de Mac-Carthy, investi
des mêmes pouvoirs. Il trouva
bientôt les moyens de s'échapper,
en traversant les avant -postes
français, et contribua, au moyen
des intelligences qu'il avait dans
Grenoble, à la reddition de celte
place. M. de Polignacobtint alors
une gravide influence dans les dé-
partemens méridionaux, et devint
pair de France le 17 août 181 5.
II fut du nombre des pairs qui,
lors de leur admission, refusèrent
d'abord de prêter serment, et qui
molivèrenl ainsi leur refus : 1" Le
serment leur paraissait blesser
l'intérêt de la religion; 2" on n'a-
vait donné counai-isance à aucun
pair de la teneur de ce serment,
avant de leur proposer de le prê-
ter; 3" le serment était dilTérent de
celui qu'on devait prêter aux
termes du règlement de la cham-
bre. Un passage du discours du roi
prononcé à l'ouverture de la ses-
sion de 1816, ayant dissipé tous
les doutes sur ce qui était relatif
FOL
A h religion, MM. de Pùiiguid ,
muréchiil de Vioiuùnil,delaBour-
doniiaye, Jules de l'oiignac, etc.,
rassurés sur ce premier point,
abandonnèrent les autres, et prê-
tèrent leur serment. Le comte
Jule* de Poligiiac, marié eti 1816
à M"' Campbell, ap})arleiiiinl à
une laniille t.cossaise distinguée,
n'a pas ce.<sé d'êtie altaclié à la
personne de Monsieur^ en qualité
d'aide-ue-ramp.
POLIGNAC (le comte Mel-
CHiOR de), maréchal-de-camp,
chi-valier de Saint-Louis et com-
mandeur de la légion-d'honneur,
est frère des précédcns. Il n'avait
pas neuf ans, lorsque ses parens
quittèrent la France, au commen-
cement de la révolution, et l'em-
menèrent avec eux en Autriche et
en Russie. Il passa depuis en An-
gleterre, et ne revint à Paris qu'à
l'époque de la première restau-
ration, en 18 i4- Attaché, en qua-
lité d'aide-de-camp, à M. le duc
d'Angoulême, il accompagna ce
prince dans les départemens mé-
ridionaux pendant les cent jours,
en 181 5; s'embarqua avec lui
pour l'Espagne, et rentra égale-
ment en France après le second
retour du roi. Aux fonctions d'ai-
de-oiimp de M. le duc d'Angoulê-
me , le comte Melchior de Poli-
gnac réunit celles de gentilhom-
me d'honneur de S- A. R. , fonc-
tions qu'il n'a pas cessé de remplir
jusqu'il ce moment (1824).
l'OLISSAUT [ Philibert- An-
îoiNE ),ué le 7 octobre 1 738, exer-
çait la profession d'avocat à l'é-
poque tie la révolniion. Aii mois
de septembre 1793, il fut nommé
député au con-eil des cinq-cents
par le département de Saône el-
POL
4o5
Loife, puis en fut exclu peu de
temps après comme beau -frère
d'un émigré, et comme porlé lui-
même sur une liste d'émigré?.
Les élections de 1797 le reportè-
rent de nouveau au corps-législatif;
mais le directoire le fit compren-
dre sur la liste des déportés, le 5
septembre de la même année, à
la suite de la journée du 18 fruc-
tidor. Alors M. Polissart quitta la
France pour se rendre en Allema-
gne, où il retrouva plusieurs de
ses collègues, et se lia d'une ma-
nière intime avec le général Pi-
chegru. La révolution du 18 bru-
maire an 8 ( 1799) lui permettant
de reprendre ses droits de citoyen,
il rentra en France et fut, en 1804,
élu par son département candi-
dat au corps-législatif; Appelé aux
fonctions de receveur de contri-
butions à Marcigny -sur- Loire ,
M. Polissart les exerça pendant
plusieurs années, et fut élu par le
sénat, le lo a<;ût 1810, membre
du corps-législatif pour le dépar-
tement de Saône-et-Loire : il en
remplit les fonctions jusqu'il l'é-
poque de la dissolution de la cham-
bre des députés, en mars i8i5.
M. Polissart, anobli par lettres-
patentes du roi, en date du 18 août
1814 > a été nommé le 5 octo-
bre suivant, chevalier de la légion*
d'honneur.
POLLART DE SAINT- DENIS
(N.) était à l'époque de la révo-
lu tiim, religieux bénédictin à l'ftb*-
baye de Saint - Denis. L'ardeur
avec laquelle i! embra-^sa b's nou'
veaux principes le dét«rmina à
sortir de son cloître. I! devint suc-
cessivement olficier municipal et
maire de sa commune; enfin, c()in-
missairedudirectoireexcculif.Aut
4o6
POL
élections de l'an 6 ( 1798), s'étant
rangé du parti du directioire il fut
nommé député du département
de la Seine au conseil des cinq-
cents , où il appuj'a toujours les
mesures proposées par le gouver-
nement. Il sortit du conseil en
1799, et fut placé momentané-
ment, en qualité de connnissaire,
dans le dixième arrondissement
municipal de Paris. Vers 1806,
M. PoUart retourna habiter Sainl-
Denis et rentra dans la vie privée.
POLLLCHE ( François - Da-
niel), petit-fils de Daniel Pollu-
che, auteur d'un grand nombre
de mémoires estimés sur l'his-
toire de France , et particuliè-
rement sur celle de l'Orléanais,
est né il. Orléans en 1769. Ayant
perdu son père, en 1773, il fut
destiné à la carrière judiciaire
})ar son grand-oncle paternel, M.
Pitoin, ancien conseiller au Châ-
telet de Paris, el contrôleur-géné-
ral des finances de la maison d'Or-
léans. M. François-Daniel Pollu-
chcfut reçu avocat par 1»; parlement
de Paris en 17S8. La révolution
ayant détruit ses espérances, il
obtint, en 1793, un emploi aux
armées qui le conduisit dans le
département du Finistère, où il se
maria. S'y étant attaché en l'an
6 à l'administration départemen-
taie, il fut nommé meujbre de la
commission des hospices de Quim-
por, membre du jury central d'ins-
truction publique, et juge suppléant
au tribunal civil du Finistère. En
l'an 8 (1800), lors de l'organisa-
tion des préfectures, il entra dans
le conseil de préfecture du Finis-
tère , fut postérieurement chargé
de la sous-préfecture de Château-
lin, etpresque aussitôt nommé se-
POL
crétaire-général de la préfecture du
même département; place qu'il a
occupée depuis l'an 9 (i8oi), jus-
qu'au commencement de 18 i5.
Rappelé aux mêmes fonctions
pendant les cent jours, il les quit-
ta pour siéger à la chambre des
roprésentans comme député du
Finistère. Une commission spé-
ciale ayant été nommée dans les
derniers jours de juin pour soumet-
tre sur les moyens d'assurer le sort
de Napoléon et de sa famille, un
rapport que les événemens des
premiers jours de juillet ne per-
mirent pas de présenter, elle n'eut
que le temps de proposer, par
l'organe de M. Polluche, un pro-
jet de loi pour l'abandon à Napo-
léon de la bibliothèque de Tria-
non : projet qui fut adopté par
les deux chambres. Eloigné des
fonctions publiques depuis cette
époque, M. Polluche vit mainte-
dant à Paris, où il est venu se
fixer avec sa famille.
POLYEREL (N.), commissaire
français à Saint-Dominigue, était,
en 1789, à l'époque de la révo-
lution, syndic des états de Na-
varre. 11 transmit alors, à l'as-
semblée nationale, le vœu des ha-
bitans de cette contrée pour être
réunis à la France. Nommé, en
1791, accusateur public du pre-
mier arrondissement de Paris,
quelque temps après il fut sus-
pendu de ses fonctions, pour n'a-
voir pas prescrit toutes les pour-
suites que rendait nécessaires la dé-
couverte de fabricalenrs de faux
assignats. Il se justifia et obtint le
rapport du décret. Après le 10
août 1792, il fut nommé, con-
jointement avec Sonthonax, com-
missaire à Saint-Domingue , pour
roL
y faire exécuter le? décrets rela-
tifs aux colonies. L'exécution de
ces décrets , et notamment celui
concernant la liberté des nègres,
éprouva une vive opposition; la
lutte violente des blancs contre
les noirs, amena la révolte de ces
derniers, et nécessita l'emploi de
la force. Polverel et son collègue,
dénoncés par les colons dépor-
tés, furent accusés d'actes violens
et arbitraires ; mais les dénoncia-
teurs eux-mêmes étaient signalés
comme ayant voulu livrer la co-
lonie aux Anglais. Cependant, le
i6 juillet 1793, Polverel fut dé-
crété d'accusation, sur la propo-
sition de Bréard et de Billaud- Va-
rennes. Le 3i décembre de la
même année, une autre dépula-
tion de colons se présenta à la
barre de la convention nationale,
et demanda que Polverel et son
collègue fussent mis hors la loi,
et tous leurs actes désavoués.
Celle proposition adoptée n'eut
aucune suite ; mais dans le mois
«le janvier suivant, Danton pro-
voqua l'exécution du décret ren-
du contre les commissaires , qu'il
qualifia de brigands. Cette pro-
vocation resta encore sans efl'et.
Après la révolution du 9 thermi-
dor, Polverel obtint sa liberté pro-
visoire; comme les dénonciations
des colons le })Oursui virent encore,
la convention nationale décréta
qu'il serait entendu , ainsi que son
collègue iSonthonax, coutradictoi-
reinent avec ces mêuies colons.
Iv'instruction de ce procès était
commencée devant une commis-
sion spéciale, lorsque Polverel
mourut. Il ne s'était pas (enrichi
dans l'exercice de «es fonctions;
car on ne trouva point a sa mort
POL
407
de quoi payer ses dettes. Polverel
a publié des Mémoires et un Ta-
bleau de la constitution du royaume
de Navarre y et de ses rapports avec
la France, 1789.
POLWHÈLE (Richard), ec-
clésiastique et écrivain anglais, est
né en 1760, et descend d'une an-
cienne famille du Cornwall , où il
réside comme pasteur de Mana-
can. Le révérend Polvrhèle a fait
de brillantes études à l'université
d'Oxford, dont il sortit en 1789,
après y avoir terminé ses cours
de droit, sans toutefois prendre
ses degrés. S'étant déterminé à
embrasser l'état ecclésiastique, il
devint successivement curé de
Renton , dans le comté de Devon,
et en 1 795 , curé de Manacan, son
pays natal. Bon littérateur, poète
distingué, il a publié un grand
nombre d'ouvrages. Nous citerons
les principaux : 1° Le sort de Llé-
welyn, ou le sacrifice du Druide,
conte tiré des Légendes , in-4° ;
2" leGéniede Karabre, poiime, in-
4" ; 3" L'esprit de Fraser au géné-
ral Durgoyne, ode, in-4°; 4° '^
Château de Tintadgel , ou la Prin-
cesse de Danemarck captive, ode;
5° Peintures d'après nature j en
douze sonnets , et la Boucle de che-
veux transformée y in-4" , «785;
G° l'Orateur anglais, poëm« di-
dactique en quatre livres, \n-ly" ,
1786-1789. Cet ouvrage est esti-
mé. Les préceptes en sont excel-
lens, quoique les exemples don-
nés à l'appui manquent en général
dechaieuret d'intérêt. 7° Les /r/y/-
tes de Théocritc, de Bion, de
Moschus, et Elégies de Tyrtée, in- ^
4°, 1781»; seconde édition, 2 vol.
in-4", 1788, 5' édit., 18» 1 : tra-
duction en vers, remarquable par
4o8
POL
une grande fidélilé qui n'exclut
point l'élégance. Les notes dont il
l'a accompagnée, sont en grand
nombreetioéiitent de fixer l'alten-
tioii. 8° P^ues historiques du com-
té de Devon , 1 Vol. in-4\ ï/QS;
9" Histoire du comté de Devoii, 3
vol. in-lol. , i794-i8(;9. Cet ou-
vrage, pour lequel l'autour reçut
de noiTiljrcux encouragemens , ne
repondit pas à l'idée que l'on s'é-
tait tonnée du talent de Polwhèle.
io° Mémoires biographiques d'Ed-
mond Rai k ; 1 1° Poèmes , par des
gentlemen du comté de Devon et
de Cormvall, l\ vol. in -8°, i 794 >
1.2° l'Influence de l'attachement lo-
cal, poëmc , in-8", i7t)5 : bien su-
périeur à l'Orateur anglais, et que
les critiques de sa nation placent
au premier rang des meilleurs ou-
vrages en vers du i8' siècle. Pol-
whèle a adopté potir cet ouvrage
la forme du poëme de Spencer;
il est écrit en stances. \7i° Le Vieux
Anglais, poëme, in -8", 1797;
14° Vues de la Grèce , poëme , in-
^° » '7r/0> '5° ^^'^ Femmes sans
sexe, poëme, in-8°; i6° Sir Aa-
ron, ou les Torts du fanatisme, poë-
me , 1800; 17" Edaireissemens
sur le caractÎTe des Ecritures, in-
8° , 1802 ; 18" Histoire de Corn-
tc«//, 3 vol. in-4°, 1804 à 1818;
19" un Recueil de Sermons, où ,
dit-on, l'auteur a mis en pratique
l«s préceptes qu'il a donnés dans
son poëme de l'Orateur anglais ;
son style est élégant sans recher-
che; sa manière est libre et ani-
mée; il parle à la lois au cœur et
à l'esprit.
POLY (François CnARLEs-
GiiiLLAUME- Lotis ) , baron alle-
mand, né à Guritersblnm, dans
U Pulatinal, vint jeune en Fran-
POL
ce, où il prit du service en qua,
lilé de sous-lieutenant dans le ré-
giment de Hesse-Darmsladt, gra-
de qu'il occupait à l'époque de la
révolution. En 1792» il fut nom-
mé lieutenant au régiment de Gon-
ti, infanterie: mais peu de temps
après, il abandonna la carrière
militaire et fixa sa résidence à
ïruyes, où il devint, en 1793»
membre de la société populaire,
formée en cette ville. Cette qua-
lité ne I empêclia pas d'être mis
en arrestation, comme étranger
et suspect, llendu à la liberté par
la révolution du 9 thermidor an
2 (27 juillet 1794 ) , Poly se jeta de
nouveau dans àti^ intrigues poli-
tiques (pii déterminèrent le gouver-
nement à le faire arrêter en 1797»
comme agent de la conspiration
loyaliste de lirottier et Laville-
heurnois. Accusé d'embauchage ,
il crut devoir se renfermer dans
un système de dénégation. En mé^
connaissafil ses co-accusés, il sou-
tint que les propos qu'on lui prê-
tait étaient pour lui une véritable
énig'ue. Cependant le rapporteur,
ti'ouvant une connexilé parfaite
entre les faits imputés à Poly et
les griefs élevés contre Droitier,
déclara que tout ce qui consti-
tuait l'embauchage était avéré
contre le preniier. En conséquen-
ce , le conseil de guerre de la 17'
division militaire, séant à Paris,
condamna Poly à la peine de mort,
ki 12 mars. Cependant, cette pei-
ne fut commuée en cinq années
de détention ; celte indulgence
niéconleiita le directoire, et Poly
fut par son ordre réintégré dans
Il maison d'arrêt du Temple, pour
être de nouveau traduit devant les
tribunaux. La révolution du »8
PO M
l'ructidof an 5 vint fixer le sort de*
prévenus dans celle affaire : ils fu-
rent tous compris dans la mesure
de déportation , prise contre un
certain nombre de députés. Poly
partit avec eux pour la Guiane,
el divers événeniens les ayant sé-
parés, on n'a plus entendu parler
de lui depuis celte époque.
POMME (A.), député de la
Guiane iVançaise à la convention
nationale, fut envoyé, après la
révolution du 9 iherniidor an 2,
dans les départemens de l'Ouest,
où , d'après ses instructions , il tra-
vailla à la pacification de la Ven-
dée, Compris dans la réélection
des deux tiers conventionnels, il
passa au mois d'octobre 1795, au
conseil des cinq-cents; plusieurs
fois, il y défendit avec chaleur les
intérêts des colonies, et attaqua
la conduite de l'agent du directoi-
re-exécutif à Cayenne. Kn 1796,
il se montra très-dévoué au direc-
toire, dont il jyjpuya toutes les
mesures. Pomme cessa ses fonc-
tions législatives le 20 mai 1798,
et fut nonmié agent maritime à
Ostende. Il occupa cette place
pendant plusieurs années, puis re-
tourna à la Guiane au sein de sa
famille.
POMMERELL (François-René-
Jean , BARON de) , général de divi-
sion et conseiller-d'état, né à Fou-
gères, le 12 décembre 174^, d'une
ancienne famille noble, entra très-
jeune au service, A l'époque de la
révolution , il était capitaine dans
le corps royal de rartillerie, et
s'était distingué par ses connais-
sauces et ses talens militaires. Le
gouvernement napolitain ayant de-
mandé à celui de France un offi-
cier habile pour organiser son ar-
pom' 409
tillerie, M. de Pommereiil fut choi-
si, et se rendit à Naples au com-
menceiiicnt de. «790. Mais tandis
qu'il rendait les plus grands ser-
vices à l'allié de la France, il fut
porté, dans son pays, sur la liste
des émigrés, et toute sa famille
fut arrêtée sous ce prétexte. Il s'é-
tait cependant prononcé avec cha-
leur pour la cause de la liberté,
dès le commencement de la réro-
lution. Ayant enfin obtenu après
la chute de Robespierre de ren-
trer dans sa patrie , il reprit son
service militaire, vola aussitôt à
l'armée, se distingua pendant plu-
sieurs campagnes, et acquit par sa
bravoure les grades de général de
brigade et de général de division.
En 1800, il fut nommé préfet du
département d'Indre-et-Loire, et
y mérita l'estime de ses adminis-'
très. Mais il v eut d'assez vifs dé-
mêlés avec le clergé, et principa-
lement avec l'archevêque, M. de
Boisgflin, qui, après la conclusion
du concordat de Napoléon avec
Pie VII , était vcini occuper le siè-
ge épiscopal de Tours. La publi-
cation d'un calendrier nouveau,
autorisée par la préfecture, et dans
lequel tous les noms des saints é-
taient remplacés par ceux des phi-
l()so|)hes les plus renommés de
l'anliquilé e' des temps modernes,
avait d'abord liaulement scanda-
lisé'le prélat et ses grands-vicai-
res. Des altercations nouvelles sut
des objets encore moins impor-
tans , avaient envenimé la que-
relle. D'autres discussions avec le'
conseil - général du département
sur l'eniploi des sommes desti-
nées à la réparation des routes,
firent enfin désirer à M. de Pom-
Diercul de changer de préfecture,
4>o
PO^l
et il fut nommé à celle du Nord,
qu'il administra jusqu'en octobre
1810. Le département lui doit plu-
sieurs étabiissemens publics et de
grandes et utiles c9nstructions. Il
fut ensuite appelé au conseil-d'é-
tat et chargé, après le renvoi de
M. Portails, de la direction géné-
rale de l'imprinierie et de la li-
brairie. Celui-ci avait encouru la
disgrâce de Napoléon, pour sa
conduite à l'époque où fut rendu
un bref du pape, relatif au cardi-
nal Maury, et pour son dévoue-
ment à la cour de Rome; M. de
Pommereul était connu par ses
démêlés avec le clergé, aussi il di-
sait souvent lui-même, que c'était
par anliihèse qu'on lui avait don-
né celle place. Il en remplit les
fonctions pendant 4 ans, mais avec
une rigueur extrême, que la libé-
ralité connue de ses propres opi-
nions rendait encore plus inexpli-
cable. Les écrivains et les librai-
res lui reprochèrent souvent l'ex-
cessive sévérité de sa censure. En
mars 1814, lorsque l'impératrice
Marie-Louise quitta Paris, M. do
Pommereul se rendit dans une ter-
re en Bretagne, perdit son emploi,
et fut remplacé par M. Royer-Col-
lard. Lors du retour de Napoléon
de l'îled'Elbe, il fulrappeléau con-
seil-d'étal; mais après la secon-
de rentrée du roi, il fut porté par
Fouché sur la lisle des 58 , et frap-
pé par l'ordonnance du 24 juillet
i8ï5, qui le força de s'exiler de
sa patrie et de chercher un asile
dans le royauitic des Pays-Bas»
Après un an de séjour à Bruxelles,
où son grand âge, accompagné
d'infirmités et de tous les cha-
grins de l'exil, le retenaient dans
la plus profonde retraite, et pres-
POM
que toujours renfermé dans sa
chambre, le grand comité diplo-
matique réuni à La Haye, jugea
qu'il fallait encore ajouter aux ri-
gueurs du sort des proscrits. On
exigea impérieusement que M. de
Pommereul, ainsi que d'autres ré-
fugiés français , fussent arrachés
de leur asile. Le gouvernement
céda momentanément à celle in-
jonction du comité, appuyée par
le généralissime anglais; mais au
commencement de 1819, le roi
des Pays-Bas, louché du sort de
tant d'infortunés, permit, entre
autres, à M. de Pommereul de re-
venir i!i Bruxelles, et d'achever de
mourir dans son royaume II n'en
fut pas tout-à-fail ainsi. Une or-
donnance du roi de France, datée
du 18 novembre 1819, mit un
terme aux effets de l'ordonnance
du 24 juillet 181 5. Il fut alors per-
mis à celui qui, pendant un long
exil, n'avait cessé de former des
vœux pour le bonheur de sa pa-
trie, d'y rentrer et d'achever sa
carrière au milieu des siens. Le
général Pommereul ne survécut
en effet que peu de temps à son
rappel. Ses trois fils ont tous ser-
vi avec la plus haute dislinclion
dans les armées françaises. L'aîné
a de plus, pendant quelques an-
nées, rempli les fonctions de sous-
préfet à Clermont, département
de l'Oise, et s'y est fait estimer
par la conduite la plus honorable.
Le général Pommereul a publié
un grand nombre d'ouvrages es-
timés. Les principaux sont : i"
Histoire de Corse ^ 1779^ 2" Re-
cherclies sur l'ori{^ine de l'esclavage
religieux et politique du peuple de
France, 1781 ; 5° des Chemins et
des moyens les moins onéreux au
peuple et à Cétat, de les construire
et (le les entretenir, 1781 ; 4° Ma-
nuel d'Epictète , précédé de ré-
flexions sur ce philosophe et sur la
morale des stoïciens 1^83; 5° Ré-
flexions mr l'histoire des Eusses par
M. Levesque, i^83 ; Q»" Etrennes au
clergé de France, nii Explications
d'un des plus grands mystères de
l'église, 1786; 7° Essais minéralo-
giques sur la Solfalure de Pouzzo-
les, traduits do l'iralien de Breis-
lak , 1792; 8° Observations sur le
droit de passe, proposé pour sub-
venir à la confection des chemins,
in-8" , 1 79(J; 9" f^ues générales sur
i' Italie et Malte, dans leurs rap-
ports politiques avec la république
française, et sur les limites de la
France à la rire droite du Rhin,
'797? •'^" Campagne du général
Bonaparte en Italie, 1797, 1 vol.
in-S", ou 2 vol. jn-ia; 11° L'art
de voir dans les beaux-arts , tra-
duit de l'italien de iMilizia , 1798,
1 vol. in -8"; 12° f^oyages physi-
ques et lithologiques dans la Cam-
panie, par Scipion Breislak , tra-
duits sur le inaniiscril ilaliei),avec
notes et éclaircissernens , 1801,
in-8°. Il a aussi coopéré à plusieurs
grands ouvrages, tels que l'Art
de vérifier les dates, le Dictionnai-
re des sciences morales, économi-
ques et diplomatiques, le Diction-
naire géographique et historique de
la Bretagne; V Encyclopédie mé-
thodique; la Clé du cabinet des
souverains , etc. M. Barbier lui at-
tribue encore : Lettre sur la littéra-
ture et la poésie italienne, traduite
<l<; Holtiuelli, 1778, in-8°.
POMPIGNAN (Jean-Geobgks
I-kfrascde), archevêqiie deVien-
Pe, IVère du maniuis LetVanc de
uoii)pin;uan que Voltaire a ioi-
POM
411
mortalisé, naquit à Montauban »
département du Lot , le 22 février
1715. Il fit ses études au collège
Louis-le-Grand à Paris, et s'é-
tant destiné à l'état ecclésiastique,
il entra au séminaire de Saint-
Sulpicc: il devint, sa licence à
peine terminée , évêque du Puy-
en-Velay. L'un des premiers soins
du jeune prélat , dès son arrivée
dans son diocèse, fut d'y prépa-
rer une mission à laquelle il asso-
cia le P. Brydaine, missionnaire
alors fort eu vogue. M. de Pom-
pignan se livra avec un zèle sou-
tenu à l'administration tant spi-
rituelle que temporelle de son
évêché. En 1755, il fut député
à l'assemblée du clergé , et fit é-
galement'partie des assemblées de
1760 et de 1765 , dans lesquelles
il se trouva toujours en première
ligne. Il composa beaucoup d'ou-
vrages contre les moeurs de son
temps, q«ii en effet méritaient une
rigoureuse censure, et contre les
philosophes, qu'il attaqua avec une
véhémence plus courageuse qu'é-
vangélique. Llle lui attira dejeur
part de sévères reparties. Vol-
taire^ entre autres, exerça son es-
prit caustique et malin contre ce
prélat , qui feignit de ne point s'en
apercevoir. M. de Pompignan fut
nommé, en 1774? archevêque de
Vienne. L'année suivante, il pa-
rut à l'assendjlée du clergé , et
rédigea V Avertissement aux fidèles^
que cette assemblée publia con-
tre V Incrédulité. A son mande-
ment du 5i mai 178 1., à l'occa-
sion de l'édition annoncée des
œuvres de Voltaire, succéda ,deux
mois après , celui qu'il dirigea
contre les œuvres de J. .1. Rous-
seau et de l'ubbé Uaynal. En 1789,
4ia
POM
élu par la province de Daiipliino,
député aux états - g"-néraux, de
concert avec l'archevêque de Bor-
deaux et les évêqiies de Chartres,
deCoutances et de Rhodez, il con-
duiî^it, le 20 juin de cette année,
le clergé à la chiimbre du lier?-
état , démarche qui lui valut de la
part de Condorcet , cet éloge con-
signé dans sa Fie de Voltaire (É-
dition de Kehl, tom. ^o , p. 162) :
" i\l. de Pompignan vient d'effa-
cer par une conduite noble et pa-
triotique les taches que ses déla-
tions épiscopales avaient répan-
dues sur sa vie : on le voit adop-
ter aujourd'hui avec courage les
principes de liberté que , dans ses
ouvrages, il reprochait avec a-
amertume aux philosophes, n
L'exemple qut- donna, dans cette
circonstance , M. de Tompiguan ,
lui Talut l'honneur de présider un
des premiers l'assemblée consti-
tuante. Elle lui valut aussi, au
mois d'août suivant, son admis-
sion au conseil du roi, et la pos-
session de la feuille des bénéfices.
Perwlanl la courte durée de ses
fonctions, il ne ût instituer que
trois évêques. A cette époque (juil-
let 1790), il repiil une lettre de
Pie VI , où S. S, , après avoir
blâmé les nouveaux décrets, en-
gageait M. de Pompignau à résis-
ter ouvertement aux changemens
relatifs au clergé. «Vous êli-s plus
propre qu'aucun autre . lui dit-il ,
à rendre le grand service que je
vous demande. Vous avez déjà
donné tant de preuves de votre
zèle à défendre la sainte doctrine !
Mais le temps presse ; il n'y a pas
un moment à perdre pnurs.niver
la religion , le roi et votre patrie.
Vous pourrez certainement eng»-
POM
ger sa majesté à ne pas donner
cette fatale sanction. La résistance
fCit-elle pleine de danger, il n'est
jamais permis de paraître un ins-
tant abandonner la foi catholique,
même avec le dessein de revenir
sur ses pas , quand les circons-
tances auront changé. » Malgré
cette bulle, et celles que reçurent
presque en mT-me temps l'arche-
vêque do Bordeaux, M. de Cicé,
et Louis XVI, ce monarque don-
na , le 24 'if^ût (1790), sa sanction
h la constitution civile du clergé.
Les partisans des doctrines ultra-
monlaines ont fortement blâmé
M. de Pompignan de n'avoir point
mis au jour la lettre du pape. Soit
qu'il eût adopté franchement l'o-
pinion qu'il manifesta dès la con-
vocation des états-généraux, soit
qu'il fût absorbé par la maladie
qui l'enleva le 29 décembre 1790,
peu de mois après avoir repu cette
lettre , il est certain qu'elle ne re-
çut aucune espèce de promulga-
tion. Nous trouvons dans Mallet
du Pan un jugement que nous a-
doptons volontiers en ce qui re-
garde l'estime que méritait ce pré-
lat. Il dit : « En désapprouvant la
faiblesse qu'eut l'archevêque de
Vienne de fléchir devant les cir-
C(^nstances qu'il jugea impérieu-
ses, ou doit joindre l'éloge des
vertus évangéliques dont ce prélat
fut le modèle pendant quarante
ans. Il est juste dt; rappeler qu'au-
cun ministre de l'église ne mon-
tra de« mœurs plus austères , plus
d'éioigiipment pour toutes es[»è-
ces de mondanité», plus de dé-
VfHjement à ses devoirs, plus de
science, plus de simplicité, plus
de titre* à la vénération dont il é-
tait l'objet dans le clergé. Il avait
POM
passé sa vie à combattre la non-
Telle philosophie; et les injures
de Voltaire contre lui sont, je
pense, un correctif assez frappant
île celles que lui valut sa conduite
à l'assemblée nationale. Il ne fut
pas assez en garde contre les illu-
sions dont on l'avait bercé en Dau-
phirié,et contre l'ascendant qu'on
avait pris ^ur lui. Élu par les états
de sa province dans nue assemblée
commune des trois ordres, il re-
çut le maoïlat impératif de persé-
vérer dans cette forme de délibé-
ration ; et la députation entière
du Dauphiné lui donna l'exemple
de respecter cet engagement jus-
qu'à ce qu'une loi les en déliât. »
Parmi b^s iionibrt'ux écrits de AI.
de Pom|>ignan, nous citerons les
principaux; ce sont : i" Essai cri-
tique sur l'étut présent de la répu-
blique des lettres ^ 174'"'» 'i" Ins-
truction pastorale de l'évcque du
Puy, aux nouveaux convertis de
son diocèse , 1761 ; 3" le véritable
Usage de l'autorité séculière dans
les matières qui concernent la reli-
gion, I j53 ; 4° Questions diverses
sur l' incrédulité f ijSS; 5° la Dé-
votion réconciliée avec l'es prit, 1 7 53;
6° Conlrocerse pacifique sur l'auto-
rité de l'église , 1758; 7" l'Incré-
dulité convaincue par les prophé-
ties, 1751), in 4°- Il y J> of'e édi-
tion de cet ouvrage en trois vol.
in- 12. S" Instruction pastorale sur
la prétendue philosophie des incré-
dules modernes, 1763; 9° autre
Instruction sur l'hérésie, 176(5,
in-4° ; 10" la Religion vengée de
l' incrédulité par l'incrédulité elle-
même , 1772 ; 11° Défense des ac-
tes du clergé de France concernant
la religion, in-4'; la" Mandement
conlr»' l'édilion des Œuvres de
PON
4»5
Voltaire, 1781, in-S° ; 13° autre
Mandement portant défense de
lire les Œuvres de J. J. Rousseau
et de Kaynal, 1781, in-S"; 14° O-
raison funèbre de Marie Leczinska,,
reine de France, prononcée dans
l'église de Saint-Denis; i5" Let-
tres à un évêque sur differens points
de morale et de discipline , an 10 ,
2 vol. in-8° ; 16" en manuscrit,
un ouvrage sur la Fin de l homme
et la résurrection générale.
PONCE ( Nicolas) , graveur et
homme de lettres, chevalier de
l'ordre royal de la légion-d'hon-
neur, membre de plusieurs acadé-
mies françaises et étrangères, est
né à Paris le 12 mars i7'f(>. Il fit
ses études au collège d'Harcourt»
et s'adonna en même temps à la
géographie pour la construction
des cartes, et aux arts du dessin.
Il fut élève de M. Pierre, premier
peintre du roi, et se mit pour
la gravure sous la direction d'E-
tienne Fesf^ard , et ensuite de Ni-
colas de L;iunay, n)embre de l'a-
cadémie de peinture. On trouve
des gravures de M. Pouce dans
toutes les belles éditions sorties
des pre>ses françaises depuis plus
de 5o ans. Il a lui - mC-me fait des
élèves distingués, parmi lesquels
on doit citer iM.M. Petit, Bosq et
Civcton. Commegraveur, M. Fron-
ce a donné : 1° les illustres Français f
ou Tableaux historiques des grands
hommes de la France, en 56 sujets,
auxquels il a joint des Notices,
ouvrage utile et recherché pour
l'éducation; 7.' les peintures anti-
ques des Bains de Titus et de Livie,
en 75 planches : cette collection ,
dont la première édition faite en
Italie, était inconnue en France,
a beaucoup contribué à perfection-
4i4
PON
ner la décoration architecturale ;
5" les Vues de Saint- Domingue ,
poiirl'ouvragedeMoreaude Saint-
iSléry sur cette colonie; 4° (a guer-
re d' Amérique , repré.xentée en 16
planches, avec cartes et texte,
en société avec Godefroy père ;
5° les gravures in -4° d'après C(»-
chin , de la traduction de VArioste
de Duisieux; 6° il est éditeur de la
Bible de 3oo figures d'après iMaril-
lier; 7" ila dédié à Louis XVIII
la belle édition in-^" de laCharte,
qu'il a ornée d'estampes. Parta-
geant son temps entre les artset la
littérature, M. Fonce a tueilli plu-
sieurs palmes aux diverses classes
de l'institut. 1° A la classe dliis-
toire, il a remporté le prix sur ce
sujet : Quelles sont les causes qui
ont amené l'esprit de liberté qui
s'est manifesté en France en 1 789 ?
2" A la même classe, il a obtenu
la première mention honorable
sur la question : Du gouvernement
de l'Egypte sous tes Romains.
7)° A la classe des sciences mora-
les et politiques, une mention ho-
norable sur ce sujet: Du caractère
de bonté de l'homme public; sujet
qui a été retiré du concours. 4" A
la classe des beaux-arts, une au-
tre mention honoiable sur la ques-
tion : De l'influence des beaux-arts
sur l'industrie commerciale. Ce
mémoire a été couronné dans une
autre académie. Comme littéra-
teur, i\i. Ponce a fait imprimer:
i' le Mémoire couronné à l'insti-
tut : Quelles sont tes causa, elc. ,
in-S", an 9 ; 2" Quelles sont tes cau-
ses de la perfection de la sculpture
antique, in -8", an 9; ô" Quelle a
tté Cinfluence de la réformation de
Luther , sur la situation politique
des divers états de l'Europe et sur
PON
le progrès des lumières , in -8% an
i5; l\" Pour quels objets, et àquelles
conditions convient-il à un état ré-
publicain d'ouvrir des emprunts pu-
blics , in - 80, an 9. Ce sujet pro-
posé par l'institut a été retiré.
5° Le Lavater historique des femmes
célèbres anciennes et modernes, in-
18, '1°" édition, 1808 et 1809; 6"
Considérations politiques sur le trai-
té de Vienne, et sur la paix de l'Eu-
rope, in -8°, 181 5; '^"Désavan-
tages du maintien de laCharte pour
tous les Français en général, 1819,
in-8°. Cetouvrage est terminé par
ce paragraphe : « Heureux les peu-
ples qui, respectant et chérissant
les autorités établies pour leur
conservation et leur bonheur,
veillent à la ,-labilité des lois sur
lesquelles repose leur existence
morale et politique! Mais malheur,
cegt l'ois malheur à ceux qui ten-
teraient d'enlever une seule pierre
de la voûte de l'édifice social : ils se-
raient ensevelis sous ses débris ! »
8" Description historique, géogra-
phique et statistique des ports de
France, in- fol., 1819; 9° la tra- -A
duction de VArt de la-lithographie 1
de Senefelder , 'm-^", 1819. Vn
grand nombre (Varticles dans la
biographie universelle, ainsi que
dans l'ouvrage de M. Landon. Beau-
coup de Notices, etc. , etc. , dans le
Moniteur, le Mercure, le Journal
de Paris, le Journal des Arts, VA-
beille, \es/i Saisons du Parnasse, le
Mois, la Bibliothèque des pères de
famille, les lilrennes d'Apollon ,
etc. 31. Ponce avait adopté avec
sagesse les principes de la révo-
lution; il devint chef de bataillon
dans la garde nationale en 1792,
et commandait aux Tuileries le 3o
juillet, eu l'absence du chef de
PON
légion. Ce fut ce même jour que
des bataillons marseillais arrivè-
rent à Paris, et signalèrent leur
présence aux Champs-Elysées, par
plusieurs meurtres. M. Ponce fit
rapidement toutes les dispositions
nécessaires pour la défense des
objets précieux dent la garde lui
était confiée. Le roi l'ayant fait
demander,et s'en étant fait accom-
pagner pour la A'isite de tous les
postes, ce prince lui témoigna pu-
bliquement sa satisfaction des bon-
nes dispositions qu'il remarquait;
mais à la vue de divers officiers
blessés, qui s'étaient l'éfugiés à
l'état-major, le monarque com-
patissant ne put retenir ses lar-
mes , et dit à M. Ponce, sur le
bras duquel il s'appuyait pour re-
monter l'escalier du château , ces
parole* touchantes : Je ne regrette
du pouvoir qa on m'a ôté, que celui
qui ni était nécessaire pour empê-
cher ces horreurs-là. M Ponce a
fait imprimer, dans le Journal dB
Paris, du 4 'loût 1792, des dé-
tails relatifs à cette journée, liar-
baroux déclara à la convention,
le 00 octobre suivant, que le
5o juillet avait été choisi pour
l'attaque du château , mais que les
dispositions qui se faisaient re-
marquer dans l'intérieur, avaient
obligé de la remettre au 10 aoftt.
— Mabgt-erite Hémery, épouse de
M. Ponro, née en 174^, a long-
tenips cultivé les arts avec un suc-
cès flatteur : elle a gravé différens
sujets, dans le Cabinet Poulain ,
VIconologie de Gravelot , les OEu.-
vres de l'ahbé Prévôt, les Fables de
Dorât , etc. , etc.
PONCELIN DE LA ROCHE
TILLAC (l'abbé), journaliste et li-
braire, est né le i5 mai 1746, à
PON
4i5
Dissays , département de la Sar-
the. 11 fit des études pour suivre la
carrière ecclésiastique, et devint
chanoine de Montreuil-Bellay, dé-
parlement de Maine-et-Loire. M.
Ponc<;lin voulut ajouter à ses qua-
lités publiques celles de conseil-
ler à la taille de marbre, dont il
acheta la finance, et vint ensuite
à Paris, où bientôt il s'efforça d'ac-
quérir le titre d'homme de lettres,
en publiant quelques ouvrages de
littérature. La révolution éclata,
et il s'en montra le partisan zélé;
c'était sans doute pour obtenir u-
ne célébrité à laquelle il parais-
sait mettre beaucoup d'importan-
ce. Obscur dans la foule des parti-
sans du nouv(jl ordre de choses, il
se voua à la défense des principes
opposés, et après avoir rédigé la
feuille intitulée : Journal de l'Js-
semblée nationale, il publia le Cour-
rier français , auquel il donna, a-
ju'ès les événemens du 10 août
1793, le titre de Courrier républi-
cain, dont les auteurs furent con-
damnés à la déportation comme
royalistes. M. Poncelincréa ensuite
la Gazette française, pour la rédac-
tion de laquelle il s'associa M. Fié-
vée. L'esprit de cette feuille et l.i
conduite politique de son fonda-
teur le firent condamner à mort le
2G octobre 1795 par le conseil mi-
litaire de la section du Théâtre-
Français , comme ayant provo-
qué, dans sa Gazette, l'assassinat
des représenlans du peuple et le
rétablissement de la monarchie. Il
prit la fuite. En 1797, il reparut
sur la scène politique, redevint
journaliste anti-républicain, et
dans la même année se prétendit
victime d'un assassinatcommis sur
sa persomie dans le palais du di-
ii6
PON
rectoire-exéculif et clans l'appar-
tein«;nt inêincdudirccl'.Barras. <■!!
déclara, dit un de ses biographes,
qu'ayant vAc uiandc au Luxeui-
bourg, par ordre du direrleur
Barras, on l'avait introduit dans
le palais, etcnlernié pendant quel-
ques heures; qu'ensuite plusieurs
hommes s'elant eujparé» de lui,
ravaientlié,lui avaient l'ait souffrir
loul(;s sortes d'outrages, eu le sou-
uiellant à la puniiion qu'un inflige
aux enfans, et l'avaient à la (in re-
conduit tout couvert de sang jus-
qu'au milieu de la rue. Cette plain-
te, ajoute le biographe, fut suivie
d'une visite dans les apparlemens
du directeur Barras ; mais M. Pon-
celin ne reconnut pas la chambre
où il disait avoir été enfermé, et
8e dé^isla de ses poursuites.» Cet-
te ridicule affaire, que M Fiévée
soutint gravement dans la Gazette
française, et dont le public s'amu-
ga, n'ayant point corrigé M. Pon-
celin de son e«prit d'opposition,
elle «ut des suiles fâcheuses; il fut
compris dans la liste de déporta-
tion des journalistes, qui eut lieu
après le 18 fructidoi- an 5. Ses
presses furent brisées. Il reparut
aprè^ la révoluliou du 18 brunjai-
re an 8, et continua de gérer la
maison de librairie qu'il avait for-
mée au commencement de la ré-
volution; mais les persécutions
politiques avaient un peu dérar-
gé les affaiies de sou commerce.
Ijne nouvelle fuite put seule le
soustraire à ses créanciers. On
lui doit comme auteur et com-
me libraire : 1" Bil>liotlièque po-
litique, ecclésiastique, physique et
littéraire de la France, 1781, tom.
l", \n-[Ç; 1" Description liislori-
que de Paris et de ses plus beaux
PON
moininiens , tomes 2 et 3, 1781,
in-4° (le tom, i"<stde Beguil-
lel); 5" Conférences sur tes édits
conce) liant lus faillites, 1781, in- 12;
4° l'Art de nager, avec les instruc-
tions pour se baigner utilement,
1781, iu-8"; 5" Supplément aux lois
forestières de France, précédé d'u-
ne analyse de l' ordonnance de i665,
in-4% 1781; 6° Tableau du com-
merce et des possessions des Euro-
péens en Asie et en Afrique, selon
les conditions des préliminaires de
paix signés le 20 janvier 1785,
1785; 7" Histoire philosophique de
la naissance, des progrès et de la
décadence d'un grand royaume, ou
Révolution de Taïti, 1782, 2 vol.
in-i u; 8° Tableau politique de l'an-
née 1781, iu-12; 9" Histoire des
enseignes et des étendards des ancien-
nes nations, 1782, in- 12; xo," Cé-
rémonies et coutumes religieuses de
tous les peuples du monde, 1780, 4
vol. in-t"oI; 1 t" Superstitions orien-
tales, 1785, in-fol; ï2' Chefs-d'œu-
vre de l'antiquité sur les beaux-arts
et monumens précieux de la religion
des Grecs cl des Romains, de leurs
sciences, etc. , 1 784,2 vol. in-fol. ; 1 S'
OEuvrcs d'Ovide (traduction de
divers auteurs), «798, 7 vol. in-8°;
l^" Almanach américain, asiatique
et africain, 1 785 et années suivan-
tes, iu-12; iH" Code de commerce
de terre et de mer , ou Conférences
sur les lois tant anciennes que mo-
dernes, 4' édition, 1800, 2 vol.
in- 12, i\l. Ersch lui attribue; Choix
d'anecdotes anciennes et modernes,
i8o3, 5 vol. iu- 18.
l'ONCET-DE-LA-COlJR (An-
toine- François), maréchal-de-
camp, commandeur de la légion-
d'iiormeur, est né à Cbâlons-sur-
Saône, le 17 septembre 1750.
PON
Son père, receveur des contribu-
tions de cette ville, le fit entrer à
Técole royale du génie : cepen-
dant quelques contradictions qu'il
éprouva dans ses examens, le dé-
terminèrent à quitter ce corps pour
le régiment de iMédoc, infanterie,
où il fut d'abord sous-lieutenant.
Plus tard il accompagna en Hol-
lande le général Mathieu Dun»as,et
obtint à son retour une place dans
l'état-major de l'armée. Lorsque
la révolution éclata, il était em-
ployé à Strasbourg avec le grade
de lieutenant-colonel, et fut pro-
mu au grade de général de bri-
gade le 22 mai 1792. Il fit par-
tie de l'armée de Sambre-et-i>leu-
se, qui conquit la Hollande en
1795. Le géuéral Poncet fit aussi
avec distinction les campagnes sui-
vantes; mais sa carrière active fut
terminée à l'époque de la révolu-
tion du 18 brumaire an 8 (9 no-
vembre 1799). Depuis lors il fut
employé dans l'intérieur. Nom-
mé, en 1800, préfet du dépar-
temout du Jura , il en remplit les
fonctions jusqu'en 1808, et reçut
vers ce temps l'ordre de se ren-
dre à Lyon, en qualité de com-
mandant en serond du départe-
ment du Rhôiie : il occupait
encore cette place en 1814. Après
les événemens du 20 mars i8i't, il
fut nomuié commandant du dé-
partement de la Somute, puis
chargé de diriger la construction
des relranchemens de Paris. Le
général Poucet fut admis à la re-
traite le 1 septembre 1816.
PONCET-UELPLCH (N.) , a-
vocat et consul à Montauban, fut
élu, en 1789, député du tiers-é-
tal de la sénéchaussée du Qujjr-
cy.aux états - généraux , ni"i il
T. XVI.
PON
417
siégea an côté droit. En 1797»
il fut nommé au conseil des
cinq - cents , par une scission
de l'assemblée électorale du dé-
parlement du Lot; mais sa nomi-
nation fut annulléepar la mtijori-
té du corps-législatif, où domi-
nait alors le parti dit de Clichy,
auquel il paraissait opposé. Après
la chute de ce })arti , amenée par
la joiirnée du 18 fructidor, Pon-
cet-Delpech prit séanceau conseil;
mais il en fut de nouveau exclu
après la révolution du 18 brumai-
re an 8 (9 novembre 1799). En
1800, il fut nommé président du
tribunal civil de Moatauban, et
cessa d'en exercer les fonctions
quelques années avant la restau-
ration. Poncet-Dtdpech mourut le
11 mars 1817 î •' cultivait la poé-
sie, et divers recueils contiennent
de lui des Pièces fugitives. Son
fils, M. F. M. Poncet-Delpech, a
publié, en 1 8o5 : Mes quatre Ages,
poiime dont les journaux ont par-
lé d'une manière avantageuse. H
en a donné à Paris, en 181 5, une
nouvelle édition in- 18, avec fi-
gui-es.
PONT.ERVILLE (Jean-Baptis-
te-Antoine Aimé Samson de), est
né dans l'ancien comté de Pon-
thieu , quelques années avant la
révolution. Ses études furent in-
terrompues pai' la suppression des
collèges, mais il les continua avec
succès sous des maîtres particu-
liers. Il manifesta dès l'enfancti
son goftt irrésistible pour la poé-
sie; bien jeune encore il venait
de composer plusieurs ouvrages
qu'il destinait au théâtre, lorsque
le poëme de Lucrèce lui tomba
entre les mains : accoutumé à dis-
tinguer tes beautés de la littéralu-
*7
4i8
PON
re ancienne, dont il faisait une
étude particulière, il admira le
poète philosophe, rival heureux
de la sublimité d'Homère , et
qui,prê(aiit à la raison les grâces
de la poésie , stibslituail une mo-
rale douce et pure aux funestes
erreurs du fuMiitisMie. Le jeune
littérateur s'etinna qu'un chef-
d'œuvre, objet constant de l'ému-
lation Je Virgile et d'Ovide, fût si
peu connu et surtout si injuste-
ment apuréeié. Dès ce moment,
abandonnant tons les plans qu'il
avait traeés. il ne s'occupa qu'à
méditer les images poétiques et
les c<inct plions profondes du
chantre de la nature. Bientôt il
conçut le projet hardi de les tra-
duire en vers français. Kien ne put
le délouiner île son but : en vain
lui objectait-on la tiécisiou tran-
chante de La Harpe, et les ditfi-
cu!l<'>, sans nf>nd)re contre les-
quelles tuil é( liviiin n'avait osé
lutter; Sfinteni par cet enthou-
siasme que donne Famour des
arts aux hotnmes nés pour les
cultiver, M. de Pongerville ( on-
sacra tous st;> momcns à revêtir
les pensées de «Lucrèce des char-
mes de la \ei -^ilic.ilion française,
et à fantiliaîiser notre langue a-
vee des beautés mâles et hardies
qui lui éiaieol enCDre étrangères.
Parvenu au milieu desabmgueet
pénible lâcîie, le traducteur en-
voya ini «1)01(1 entier du poëme
au secretiiiie perpétuel de l'aca-
démie-lraiiçnis<,, en le priant de
lui dire avec franchise s'il jugeait
son Irtviill di^ne d'êlre continué.
L'.inl'Mir «les icmpliers , frappé
du taii'i;! oi'.e révélait ce premier
rss^ii, lui reti.indil : >'Venez à Pa-
ri?, le succès vous y attend. » M.
PON
de Pongerville quitta la terre d«
son père,dans laquelle il avait pres-
que toujours résidé; s'entoura
dans la capitale d'amis et de litté-
rateurs éclairés, et termina, après ~
quinze ans de travaux, sa noble
et courageuse entreprise. A peine
sa traduction de Lucrèce fut-elle
publiée, qu'elle obtint le suffrage
de nos plus célèbres littérateurs;
line rumeur bienveillante s'éleva
de toutes parts pour lui décerner
les plus justes éloges; la sensation
qu'elle produisit détourna même
l'attention publique des intérêts
de la politique; des voix ordinai-
rement opposées s'unirent pour
la louer à l'envi. Son éclatant
succès, en rappelant le succès de
la traduction des Géorgiques par
Delille, a fait regarder M. de Pon-
gerville comme le digne émule de
l'interprète de Virgile, et l'opinion
générale place sa traduction par-
mi les monumens qui honorent
notre époque littéraire.
PONGIBAUD (le comte Al-
bert-François DE iMoRÉ DE ), né
dans la ci-devant province d'Au-
vergne, d'une ancienne famille de
ce pays, qui le destina au service.
Il entra, en 17(59, dans les mous-
quetaires noirs, et devint, Ibrs de
la suppression de ce corps, capi-
taine au régiment de Provence. M.
de Pongibaud passa ensuite en
qualité de major dans le régiment
de Dauphiné, puis obtint le grade
de colonel d'infanterie. En 1791,
il se rendit à l'armée des princes,
où il servit jusqu'au licenciement
de cette armée. Alors il se retir»
en Suisse. A Lausanne, il s'y li-
vra à des opérations commerciales;
n-.ais l'arrivée des troupes françai-
ses le forcèrent de quitter cette ville:
.-^1
' w ■ / /'■ ■
,//""' l.fhi-nn iiiiui' .
P'niiii/ </<-/. r/ Si-ii/ii
PON
II se rendit successivement à
Constance, àVenise et à Trieste.où
la conflancé qu'il sut inspirer lui
permit de donner à son commer-
ce une plus gnuide extension.
Il fut parfaitement secondé dans
ses opérations par son épouse.
Cette dame, dont l'esprit est très-
cultivé, fut chargée de la corres-
pondance,et parvint à donner des
agrémens à un genre de relations
qui en est peu susceptible. M. de
Pongibaud, par son industrie et
son activité, en rendant d'intpor-
tans services au pays qui lui offrit
un asile, a pu regagner en grande
partie la fortune qu'il avait per-
due en quittant la France. La mai
son qu'il a établie à Trieste , où
elle existe encore sous le nom
de Joseph Labrosse, est devenue
une des plus opulentes de l'Alle-
magne.
PONIATOWSKI (Joseph,
i'bince), né à Varsovie, le 7 mai
1765, neveu du dernier roi de
Pologne, Stanislas-Auguste , était
fils du prince André Poniatowski,
feld-zeug-meisler, ou lieutenant-
général d'artillerie, au service de
l'impératrice-reine Marie -Thérè-
se, et petit- fils du célèbre com-
pagnon d'armes de Charles XII,
roi de Suède. Le malheureux mo-
narque polonais avait fait élever,
sous ses yeux et avec le plus grand
soin, son jeune neveu, dont il eut
quelque temps l'espoir de faire son
héritier. A TSge de »6 ans, le
prince Joseph entra au service
d'Autriche, où son père jouissait
de la plus haute considération. Il
y obtint np avancement rapide,
et se distingua par ses talens et sa
brillante valeur [tendant la guerre
qui éclata en 1787, entre l'Autri-
PON 4,9
che et la Porte-Ottomane. Il é-
tait alors colonel des dragons de
l'empereur et aide - de - canif
particulier de Joseph H. H fui
grièvement blessé à la prise de
Sabacz sous les yeux de l'empe-
reur même , qui lui prodigua ses
soins, et lui témoigna en toute
occasion son estime et saconfiance.
Malgré les nombreux avantages
que lui olïrait le service d'Autri-
che, il s'empressa de le quitter dès
qu'il crut que sa présence pour-
rait devenir utile à sa patrie. On
avait conçu en Pologne l'espoir
de se soustraire à l'influence étran-
gère. La diète venait, à la fin de
178g, de décréter une nouvelle
organisation de l'armée nationale;
le prince Poniatowski voleaussilôt
àVarsovie,el s'y occupe avec le plus
grand zèle à former et à instruire
les nouveaux corps. Bientôt la ré-
publique lui conlia le commande-
ment en chef de son armée. Il a-
vait su inspirer une entière con-
fiance aux citoyens, et il était de-
venu l'idole des soldats. En 1791
(3 tnai) , le roi, les membres de la
diète, à la presque unanimité, et la
nation polonaise tout entière , a-
vaient adopté avec enthousiasme n-
ne constitution libérale ; mais la li-
berté et le bonheur de la Pologne
n'entraient point dans les vues de
l'autocrate de toutes les Russies.
Catherine II envoya, dès l'année
suivante, une armée pour châtier
ce peuple rebelle à son autorité.
Le prince Joseph, avec des for-
ces inférieures et encore peu a-
guerries , fit de^» prodiges de râ-
leur pour s'opposer à l'invasioH
des hordes du Nord. Le brave
Kosciusko {i!oy. ce nom) comman-
dait alors une division sous sa*
420
PON
ordres. Ils remportèrent de signa-
lés avantages à Zielenca et à Du-
blinska; mais une politique pusil-
lanime et honteuse vint rendre
leur valeur inutile. Le prince ap-
prit bientôt que son oncle, le roi
Stanislas, épouvanté des menaces
de, la Russie, s'était de nouveau
soumis à son joug, avait accédé
à la confédération de Targowitz,
et signé l'acte rédigé par quelques
transfuges polonais, partisans des
Russes; il avait de plus conclu un
armistice avec l'ennemi. Le parti
qui s'était emparé du faible mo-
narque redoutait également la
présence du prince Joseph à l'ar-
mée et à Varsovie. Les Russes
craignaient aussi qu'il ne portTit
les soldats, qiii lui étaient entière-
rement dévoués, à quelque parti
extrême^ et que, malgré les ordres
du roi, il ne continuât une guerre
jusque-là glorieuse. Les vives ins-
tances de son oncle, et la crainte
d'attirer de plus grands malheurs
sur la Pologne, le décidèrent en-
fin à déposer le commandement
de l'armée, et même à s'exiler
bientôt de sa malheureuse patrie.
Ses compagnons d'armes firent
frapper une médaille à son effigie,
avec cette inscription. Mites Im-
peratori , qu'ils lui offrirent avant
son départ. Le prince Joseph voya-
geait àl'étranger, quand il apprit,
en 1794» qu'une nouvelle révolu-
tion avait éclaté en Pologne. Le
général Madalinski venait de le-
ver l'étendard de la liberté à Cra-
covic. Les Russes et leur chef,
Igelstroem , avaient été chassés
de Varsovie ; Rosciusko venait
d'ôtre déclaré général en chef de
toutes les forces nalionah's. Po-
niatowski n'hésita point à se ren-
PON
dre auprès de lui, et à prendre
le commandement d'un corps
d'armée sous ses ordres. On con-
naît l'issue de cette dernière et
sanglante lutte des Polonais pour
leur indépendance. Écrasés par
les forces su[)érieures des Russes
et des Prussiens, il leur fallut su-
bir le joug de l'étranger. Les vain-
queurs ordonnèrent au prince Jo-
seph de sortir de Pologne; il se ren-
dit alors à Vienne, vécut dans la re-
traite, et rejeta toutes les offres qui
lui furent faites d'entrer au service
d'une puissance étrangère. Après lu
mort de son oncle, le roi Stanislas,
l'empereur Paul I"inpistade nou-
veau pour qu'il acceptât le grade
de lieutenant- général de l'armée
russe, et sur le refus du prince,
ses biens patrimoniaux en Po-
logne furent confisqués. En 1798,
le roi Frédéric - Guillaume lui
rendit ceux qui étaient situés
dans la partie échue à la Prusse,
et lui permit de s'y retirer. Il alla
alors habiter la terre de lablonka,
sur la rive droite de la Vistule,
à quelques lieues de Varsovie, et
se plaisait à embellir cette retrai-
te, qu'il tenait de la succession
du roi Stanislas, s'y occupant ex-
clusivement d'agriculture et d'a-
méliorations rurales. La guerre
entre la France et la Prusse ,
la bataille d'Iéna (14 octobre
1806), si funeste à celte dernière
puissance, l'entrée des armées
françaises en Pologne, et les espé-
rances que Napoléon flt renaître
dans les cœurs des Polonais, vin-
rent encore arracher le prince
Ponialowski aux douceurs de la
vie privée. Il accepta d'abord la
place de ministre de la guerre dans
le grand duché deVarsovie, nouvel-
m.
PON
lement établi, et trouva les mo\ens
(l'organiser, dans ce pays épuisé,
une belle armée, composée de
1 2 régimens d'infanterie, de 16 de
cavalerie, et de plusieurs conipa-
gnips d'artillerie. Mais lors de la
guerre qui éclata de nouveau en-
tre la France et l'Autriche en
1809, cette petite armée se trou-
vait disséminée. Trois des plus
beaux régimens avaient été en-
voyés en Espagne, im autre en
Saxe; les garnisons de Dantzick,
des forteresses prussiennes de
Gustrin et de Stettin, des places de
Thorn, Modlin et Praga, étaient
fournies par les troupes polonai-
ses. Quand l'arcbiduc Ferdinand,
a la tête de 60,000 Aulricbiens,
traversant la Gallicie , se disposait
à tomber sur le grand-duché de
Varsovie, Poniatoswki n'avait que
8000 Polonais à lui opposer. On
«conseillait au prince de se retirer
et de ne point opposer ce noyau
précieux de l'armée polonaise à
une destruction presque certaine;
mais il eût fallu fuir devant l'enne-
mi, et lui abandonner honteu-
sement le grand -duché. Ponia-
towski et ses braves rejetèrent
es lâches conseils, et résolurent
défendre pied à pied le sol sa-
"cré delà patrie. Il prit position a-
vec sa petite armée en avant de
Varsovie, près du village de Ras-
zin, devenu célèbre dans les fas-
tes de la Pologne, par la batail-
le qui s'y livra le 10 mai 1809.
On s'y battit avec acharnement
pendant la journée entière ; les
Polonais i-epoussèrent toutes les
attaques des forces supérieures
de l'archiduc. La nuit vint en-
fin séparer les combattans, et
les deux chefs eurent une en-
PON
421
trevue celte nuit même. La va-
leur des Polonais avait fait une
telle impression sur leurs en-
nemis, que Tarchiduc offrit au
prince Joseph, pour n'avoir plus
dès le lendemain une nouvelle
lutte à commencer, la conven-
tion la plus honorable, par laquel-
le il eut la faculté de repasser la
Vistule avec la poignée de bra-
ves qui lui restait, et de prendre
position à Praga. Les Autrichiens
étant ensuite entrés dans la viUe
de Varsovie, qui fut forcée de leur
ouvrir ses portes, firent quelques
dispositions pour enlever aussi
le faubourg de Praga, faiblement
fortifié; mais le prince .loseph leur
déclara aussitôt que s'ils venaient
l'y attaquer, il se porterait aux
dernières extrémités, et mettrait
lui-même le feu à Varsovie, en
commençant par le palais (dit la
Blaka), sa propre résidence, qu'il
tenait du roi son oncle : cette me-
nace eut un plein effet. Les liabi-
tans de la capitale applaudirent
à sa courageuse détermination, et
le prince gagna un temps précieux,
qu'il sut bien employer. Il avait
conçu le projet de se jeter dans
la Gallicie , d'en appeler les
habitans aux armes, et d'inquié-
ter l'ennemi en lui coupant ses
communications avec les états
héréditaires de l'Aiilriche. Le gé-
néral Dombrowski (voj. ce nom),
qui se trouvait à Posen , seconda
le mouvement en armant les ha-
bitans de la grande Pologne. Le
succès couronna une entreprise
aus.^i hardie. Les paysans accou-
raiLMit en foule sous les drapeaux
de ces vaillans chefs, qui eurent le
bonheur de réunir leurs forces
sous les murs de Gracovie. Pcn-
4 '^2
PON
datit ce temps. Napoléon, à la tête
de son armée victorieuse, était en-
tré à Vienne; l'archiduc Ferdinand
se hâta d'évacuer ïhorn, Varsovie
et les autres places qu'il occupait,
pour regagner la Moravie, et le
prince Joseph fit sou entrée dans
l'ancienne capitale de la Pologne.
Il avait trouvé les moyens de réu-
nir dans les environs de Cracovie
une année de 5o,ooo hommes,
qu'il venait, pour ainsi dire, de
taire sortir dt; terre; mais, après
s'être heureusement débarrassé des
Autrichiens, ileutencore de violens
démêlésaveclesP»nsst's,àqui Napo-
léor» venait de céder une partie de
la (iallicie enlevée à l'Autriche.
L'inébranlable fermeté qu'il sut
opposer à toutes les prétentions
injustes de ces nouveaux envahis-
seurs, eut le succès qu'il avait le
droit d'attendre, et ajouta à pa
};loire. Rappelé bientôt dans la
capitale par le roi de Saxe, alors
souverain du grand - duché de
Varsovie, le prince Poniatowski
donn;i tous ses soins à fonder les
établisscniÊns militaires qui man-
quaient encore à l'armée polonai-
se, tels qu'une maison d'invalides,
et un hôpital pour les soldats des
écoles de génie et d'artillerie. Les
places importantes de Praga, de
Modlin, de Sandomir, de Zamosc
et de Thorn , furent aussi pour-
vue? des objets nécessaires, et leurs
fortifications furent considérahle-
inenl augmentées. Pendant la
campagne de Ilussie, en 1812, qui
se termina d'une njanière sifunes-
sc pour les Français et leurs al-
liés, le prince Poniatowski et
ses braves Polonais se couvri-
rent de gloire dans tontes les af-
faires où ils eurent part. Dès l'ou-
PON
verture de la campagne suivante,
de 181 3, il se rendit en Saxe, où
Napoléon lui confia le commande-
ment d'un corps d'armée compo-
séde troupes polonaises et françai-
ses. Sans avoir le titi"e de maréchal
de Fiance, l'empereur avait ordon-
né qu'il en eût les insignes, le rang
et les honneurs. Poniatowski avait
déclaré hautement « qu'il était fier
de se trouver le chef des Polonais,
et que toute autre distinction n^e
lui convenait point. » Cej)endant
après la journée du 16 octobre, où
il venait encore, à force de valeur et
de manœuvres habiles, d'obtenir
ks plus b ri lia ns succès. Napoléon fit
mettre à l'ordre du jour de l'armée,
que, « voulant donner an prince
Poniatowski une dernière marque
de sa haute estime, et en même
temps l'attacher plus étroitement
aux destinées de la France, il re-
levait au rang de maréchal de l'em-
pire. «)Le 18 octobre 18 1 5, il se bat-
tit enccne toute la journée. Char-
gé de couvrir la retraite de l'armée
française, après la glorieuse et fu-
neste bataille de trois jours à Léip-
/,ick , il était déjà arrivé à l'exl ré-
mité du faubourg de cette ville,
où il fit une brillante charge avec
une poignée de lanciers polonais,
dans laquelle il fut blessé. 11 pro-
tégea ensuite le passage de ses |
troupes légères, traversa la Pleiss 1
à la nage, mais se trouva enfin,
avec ime suite peu nombreuse, sur
les bords de la rivière d'Klster.
Par tme méprise bien funeste, les
ponts avaient été coupés par les |
Français eux-mêmes. L'ennemi lui J
criait en vain de se rendre; quoi-
que blessé de nouveau d'un coup de
feu à l'épaule, il n'hésita point, et
s'élança dans les flots, s'abandou-
PON
nant;\ son cheval, qui n'en put sur-
monter la rapidité. Le malheureux
prince y disparut. Son corps, re-
trouvé seulement le 24 octobre,
fut alors embaumé et porté à Var-
sovie, où tous les honneurs dus à
son rang lui furent rendus par or-
dre même de l'empereur Alexan-
dre. La mémoiredu prince Joseph
Poniatowski est en vénération en
Pologne , et doit l'être parmi
les brares de tous les pays. Les
ennemis de sa nation plaignirent
la 6n d'un si généreux adversaire,
et ses compagnons d'armes pleu-
rent encore leur chef vaillant, le
Boyard polonais^ comme lui mo-
dèle de fidélité, comme lui guer-
rier sans peur et sans reproche. Le
prince Joseph n'avait jamais été
marié, et dernier rejeton de la fa-
mille des Poniatowski, avec lui s'é-
teignit (si l'on en excepte un roi) u-
ne famille entière de héros. Les prin-
cipales dispositions de son testa-
ment, qu'il avait faitavant de partir
pour la guerrederiussie,élairnt tou-
tes en faveur de ses frères d'armes.
PONS ( François -Raymond -
Joseph de), ancien agent du gou-
vernement français à Caraccas ,
né à Saint-Domingue, a long-
temps séjourné en Angleterre , et
n'est venu se fixer en France qu'en
1804. M. de Pons a publié sur les
colonies plusieurs ouvrages que
i<es connaissances étendues dans
ce4te partie ont rendu dignes de
l'attention publique. Ce sont : 1°
Observations sur la situation politi-
que de Saint-Domingue, i7go,in-8";
2° les Cohnies françaises aux socié-
tés d'af^riculture, aux manufactu-
res et aux fabriques de France ,
sur la nécessité d'étendre à tous les
ports la faculté déjà accordée à
PON
423
quelques-uns, de recevoir des bois,
bestiaux , riz , poissons salés , que
la France ne peut fournir, 1791,
in- 1 2 ; 3° Voyage à la partie orien-
tale de la Terre-Ferme , dans l'A-
mérique méridionale f 1806, 3 vol.
in-S"; f^" Perspective des rapports
politiques et commerciaux de la
France dans les Deux-Indes , sous
la dynastie régnante , 1807, in-8°.
Dans cet ouvrage où l'auteur mon-
tre , comme dans tons ceux qu'il
a publiés, des vues très-judicieu-
ses , il émet des opinions fort op-
posées à celles que M. de Pradt a
développées dans son livre des
trois Ages des colonies. Ces deux
ouvrages doivent être également
consultés.
PONS DE VERDUN (Robert),
était , avant la révolution , avocat
au parlement de Paris , mais moins
connu du public par ses plaidoyers
au barreau, que par une foule de
poésies légères répandues dans les
différens recueils périodiques du
temps , et principalement dans
■ V Almunach des Muses. Il réussis-
sait surtout dans le genre du conte
et de l'épigramnie. L'originalité
de son esprit et la douceur de ses
mœurs lui avaient acquis dans la
société la réputation d'un homme
aimable, quand la révolution vint
le jeter dans une plus vaste et plus
dangereuse carrière. M. Pons de
Verdun eu embrassa avec chaleur
les principes, et le poète gracieux
se trouva bientôt transformé en
magistrat et en législateur. Nommé
d'abord, en 1^92, accusateur pu-
blic à Paris, il fut, quelques mois
après, élu par le département de
la Meuse , député à la convention
nationale , où presque constam-
ment attaché au comité de légis-
424
PON
lation, il prononça à la tribune un
grand nombre de rapports au nom
de ce comité. Dans le procès du
roi , il vota avec la majorité. Le
premier jour complémentaire de
l'an 2(17 septembre 1794)? S"r
un de ses rapports, la conven-
tion décréta en principe, qu'au-
cune femme accusée de crimes en-
traînant la peine capitale ne pour-
rait être mise en jugement, si elle
élail reconnue enceinte. Aussitôt
le décret rendu, il courut à la con-
ciergerie annoncer aux prison-
nières la promulgation de celle
loi, et eut le bonheur d'airacher
au supplice plusieurs femmes dé-
jà condamnées, ou sur le point
de l'être, auxquelles il fit passer
l'avis de se déclarer enceintes. Le
99 nivôse an 5 (18 janvier 1795),
il fit annuler par la convention un
jugement de la commission mi-
litaire do Nantes , qui venait de
condamner A la peine de mort la
veuve du général vendéen Bon-
champ. Il plaida on cette occa-
sion, avec éloquence et succès, la
cause d'une malheureuse victime
des troubles civils, et rappela la gé-
nérosité avec laquelle Bonchamp,
mourant, avait sauvé la vie à des
prisonniers républicains (roj. Bon-
ciiAip). Lors de l'insurrection des
sections de Paris contre la conven-
tion , en vendémiaire (1795), M.
Pons de Verdun fut élu secrétaire
de l'assemblée, et ensuite mem-
bre de la commission des cinq ,
chargée de présenter de nouvelles
mesures de salut public. Après la
session conventionnelle, il entra
au conseil des cinq-cents , y pa-
rut plusieurs fois à la tribune, et
fit un rapport , le 5 décembre
1797, dans lequel il cherchait à
PON
établir la nécessité d'élever les en-
fans mineurs des émigrés dans des
principes conformes au nouvel or-
dre de choses, et de les soustraire
à l'influence de. leurs parens. Au
mois de' mars 1799, il fut élu pré-
sident du conseil, et après la révo-
lution du 18 brumaire an 8 nom-
mé commissaire du gouverne-
ment près le tribunal d'appel du
département de la Seine. Napo-
léon le nomma ensuite substitut
du procureur-général près de la
cour de cassation , puis avocat-gé-
néral près de la même cour. Après
avoir rempli honorablement ces
fonctions importantes jusqu'en
1814, M. Pons de Verdun donna
sa démission peu de temps après la
première restauration, i'ut réinté-
gré dans sa place d'avocat-général
pendant les cent jours, en 18 15, et
la perdit de nouveau après le se-
cond retour du roi. Frappé com-
me votant par la loi du 12 janvier
1816, il se retira en Belgique,
mais il obtint, en 1819, l'autori-
sation do rentrer dans sa patrie.
M. Pons de Verdun a fourni, pen-
dant son exil , plusieurs contes en
vers aux journaux qui s'impri-
maient à Bruxelles. Il avait pulilié
eu France: Mes Loisirs, ou Poésies
diverses y 1780, in- 12, et seconde
édition, 1807, in-8°; Portrait du
générât Sawarow , '795, in-8°.
On a annoncé qu'il donnerait in-
cess. miment une édition complète
de ses oeuvres diverses.
PONSARD ( Louis) , avocat,
fut élu, par le déparlement du
Morbihan, membre de la chambre
des députés, en août 1816. Il se
montra constamment le défenseur
des droits du peuple; les princi-
pes qu'il suivit dans toute celle
PON
mission sont tracés dans ces mots
«jii'il prononça, au mois de jan-
vier suivant, lorsqu'il fut ques-
tion de la liberté individuelle :
<' C'est un devoir, dit-il, pour un
» député qui a passé la moitié de sa
» vie dans les prisons, occupé du
»soin d'adoucir la destinée des dé-
» tenus, et qui a été, plus que per-
» sonne, le témoin des abus d'au-
»torité, de se déclarer contre une
Ir nloi qui viole la liberté indivi-
P«d.uelle. » Dans l'importante dis-
cussion qui eut lieu à cet égard ,
M. Ponsard s'élayadu discours de
la couronne , pour réfuter le ta-
bleau alartnant présenté par M. de
Serres , et combattit le projet
comme funeste en l'absence de la
responsabilité ministérielle ; au
mois de février, ii proposa quel-
ques amendemcns au projet de
loi «ur les prisonniers pour dettes,
et demanda que l'on accordât aux
détenus pour dettes civiles, com-
me aux débiteurs pour dettes com-
merciales, le bénétice de l'article
18 de la loi du 5 avril 1798 , qui
veut que le commerçant soit ren-
du à la liberté après cinq années
de détention; il conibattit le pro-
jet de la commission sur les éla-
lilissemens ecclésiastiques , et fut
interrompu par le centre et le cô-
té droit, lorsqu'il demanda : «Qui
■^«acceptera les dotations ? sera-ce
Bplecuré, le desservant , la com-
• mnnion desfiJèles ?» Au sujetdes
élections, il se prononça avec for-
ce pour l'élection directe. De 1817
à 1818, en p;irlant sur la liherlé
de la presse, il établit que le pro-
jet de loi tendait moins à répri-
mer les abus que la liberté elle-
^Tiême ; qu'il confondait deux cho-
r '
PON 425
blication , et que l'institution seule
du jury, en matière de délit de
la presse, pouvait donner une
garantie suffisante. Il combattit
avec la même énergie la disposi-
tion relative à l'asservissement
des journaux, et s'opposa à la
réduction des dettes des colons de
Saint-Domingue. De 1818 à 1819,
il s'inscrivit contre la résolution
des pairs sur la loi des élections ;
quant au cautionnement des jour-
naux, il le concède, tout en de-
mandant une grande réduction ;
il se prononce aussi pour les jour-
naux des départemens, et propose
quelque disposition favorable re-
lativeu)ent au versement de fonds
exigé des propriétaires. Dans la
discussion relative au clergé , il
parla en faveur des curés que
leur âge ou leurs inGrmités met-
tent hors d'état de remplir leurs
fonctions, et se plaignit qu'une
somme exorbitante eût été dis-
tribuée à vingt-huit évêques, nom-
més à des bénéfices avant l'adop-
tion du concordat. 11 appuya eu-
suite, sans aucune restriction, le
budget de la marine. Quant aux
articles additionnels, après avoir
retracé l'origine des camps de Ju-
liers et d'Alexandrie , et les dis-
positions législatives et adminis-
tratives dVnit les vétérans ont été
l'objet , il demande que par addi-
tion leurs pensions fussent décla-
rées réversibles à leurs veuves et
à leurs cnfans. Enfin, dans les
chapitres des voies et moyens, il
développa divers amendemens ,
les uns en faveur des entrepre-
neurs des diligences imposés A un
dixième, même sur le prix des
places vides, d'autres en faveur
des entrepreneurs de messagerie».
426
»»ON
lendanl à diminuer les prix de
transport des effets et marchandi-
ses qui lenr sont confiés ; ainsi les
votes de M. Ponsard eurent tou-
jours pour objet les droits du peu-
ple, les encourageniens de l'in-
dustrie, et la protection duc aux
malheureux. Ses concitoyens le
réélurent en 1819 à lu chambre
des députés , mais il ne Crut pas
devoir accepter ces honorables
fonctions. Ce refus a vivement af-
fecté tous lesi amis de la patrie.
PONSONBY ( Gbouges) , mem-
bre de la chambre des communes,
et en dernier lieu , un des princi-
paux ehefs de l'opposition , naquit
en Irlande, le 5mars i^ôS. Son pè-
re, hoir.m« d'état distingué, était
orateur de la chambre des com-
munes du parlement d'Irlande.
Le jeune Ponsonby fil de brillan-
tes études à l'université de Cam-
bridge, et se consacra dès sa jeu-
nesse au barrcat), où il obtint des
succès. Lorsque le duc de Portiand
entra pour la seconde fois au mi-
nistère en 178a, et devint lord-
lieiilenant d'Irlande, il fit donner
à Ponsonby la place importante
et lucrative de premier avocat au
«■onseil du revenu. II devint aussi
membre de la chambre des com-
munes d'Irlande, et y soutint avec
talent les mesures de l'adminis-
tration. Mais, en décembre 1783,
un autre revirement ministéiiel
eut lieu : le duc de Portiand reçut
sa démission, et Ponsonby perdit
sa place, que le nnarquis de Buc-
kingham, à la tête du nouveau mi-
nistère, fit donner à M. Marciis
Beresford. Ponsonby, privé d'un
état brillant, reprit avec ardeur
l'étude des lois , obtint comme
avocat une riche et nombreuse
PON
clientelle , et répara bientôt la brè-
che faite à sa fortune par le mi-
nistère Buckingham. Il se fit non-
seulement la réputation d'un des
meilleurs jurisconsultes de l'Irlan-
de, mais il exerça une grande in-
fluence dans la chambre des com-
munes de Dublin , dont il n'avait
point cessé d'être membre, y fut
considéré comme le plus éloquent
orateur de l'opposilion , et le plus
redoutable adveiisaire du minis-
tère. Pendant la première aliéna-
tion mentale du roi Georges III,
il obtint même un triouaphe mo-
mentané sur le ministère, déter-
mina la chambre à inviier le prin-
ce de Galles à prendre la régence
pendant la maladie du roi, et força
le vice-roi d'Irlande, qui s'y était
opposé, à se retirer de .son pos-
te. Ponsonby continua depuis à
diriger le parti de l'opposition, et
s'éleva avec chaleur, en plusieurs
circonstanc(!S , contre la corrup-
tion , la violence et l'ineptie des
agens du gouvernement, qu'il ac-
cusait, en outre, d'avoir provo-
qué, par leurs mesures oppressi-
ves, le terrible soulèvement de l'Ir-
lan<le en 1798. Après la réunion
de cette île à l'Angleterre et la fu-
sion des deux parlemens, contre
lesquelles il s'était fortement op-
posé, Ponsonby fut nommé, par
le comté de Wicklow, député à la
chambre des communes du nou-
veau parlement, d'il impérial. Son
caractère honorable, l'opinion gé-
nérale et fondée qu'on avait de
son incorruptible probité, et ses
lalens oratoires, quoique moins
brillans que ceux des Fox et des
Sheridan , qui l'avaient précédé
dans la carrière, lui obtinrent, dans
la chambre des communes à Lou-
PON
dres, la même influence qu'il avait
exercée dans celle de Dublin. 11 fut
regardé en quelque «îorte, et jus-
qu'à sa mort , comfne le chef de
l'opposition. Il se prononça avec
énergie contre plusieurs mesures
ministérielles, principalement en
ce qui «oncernait l'administration
de la malheureuse Irlande. Il in-
sista aussi pour la suppression de
l'odieuse Income tax ( impôt sur
les revenus) qui, outre sou poids
accablant, établissait sur les for-
tunes particulières une espèce
d'inquisition, que les Anglais re-
fusèrent bientôt de supporter.
Quand l'alderman , sir William
Curtis, présenta à la chambre des
communes, au nom des comm-er-
cans , marchande et banquiers de
la cité de Londres, une pétition
revêtue de a2,ooo signatures, pour
demander la suppression de cet
im]>ôt, Ponsonby iuterpela vive-
ment le lord Castelr«agh. lui de-
mandant si c'était encore là l'œu-
vre d'une ignorante impatience ,
termes dont ce ministre s'était
.^ervi ilans la discussion quelque
leujps auparavant. Il eut bienlàt
lieu de témoigner sa satisfaction à
la chambre , lors de la cessation de
cet impôt, ainsi que de celui sur
la drèche, qui pesait particulière-
ment sur le peuple. Dans toutes
les questions qui intéressaient !a
liberté civile ou polititjue et les
droits des citoyens, Poiisunby s«;
prononça en vrai patriote . et tou-
jours l(»yal représentant du peu-
l)le. Il mourut, en :Si<), vive-
ment regretté de tous les hommes
de bien. Il était niembre du con-
seil-privé du royaume - uni , et
avait succédé momentanément à
lord Uedesdale dans les fonctions
l'OX 427
de chancelier d'Irlande; mais il
ne remplit ce dernier poste que
pendant un an environ, et donna
sa démission en 1807.
VONSONBY (Frédéric-Caven-
dish) , membre de la chambre des
communes pour le comté de Kil-
kenny, chevalier commandeur de
l'ordre du Bain, des ordres de
Marie-Thérèse d'Autriche et de
Saint-Georges de Russie, est fils
du comte de Besborough , pair
d'Irlande. Il a servi avec distinc-
tion, dès sa jeunesse, dans les
armées anglaises. Le prince ré-
gent l'avait choisi pour un de ses
aides-de-camp, et il était en ou-
tre Colonel du 12° régiment de
dragons, avec lequel il passa sur
le continent, lorsqu'il fut griève-
ment blessé à la bataille de Wa-
terloo le 18 juin 181 5.
PONTA ( JoACHiM) , poète ita-
lien , né à Gènes en 1 770. Il fut le
25"* et l'avant-dernier de ses frè-
res , qu'il vit tous dispanntre au-
tour de lui, à l'exception d'un
seul. Après avoir consacré ses pre-
mières années à profiter des leçons
de Solari et de iMassuccf», il fut
appelé, par stnx père mourant, à le
remplacer dans la direction d'une
fabrique de soieries qui formait
tout le patrimoine de sa nom-
breuse famille. Le jeime Ponla,
qui s'était déjà attaché à l'élude ,
(lut s'en séparer pour ()béir à la vo-
lonté de son père. Ayant eu le mal-
heur de le perdre quelque temps
après , il abandonna le commerce
pour s'adonner tout entier à la
poésie et aux beaux-arts. Le pre-
mier fruit de son application fut
un poëme didactique sur ta calce
( la chaux ) , qui eut quelque suc-
cès , tnalgré l'aridité du sujet. Il
^■iS
PON
entreprit ensuite un plus grand
poëme sur la Vaccinia ( la vacci-
nation), dont il chanta les avan-
tages et le triomphe. Ce poëme,
qui lui coula six ans de travail,
fut confié aux presses de Bodoni,
et dédié à Joacbim {voy. Mukat),
qui occupait alors le trône de Na-
ples. M. Ponta alla le lui oftVir lui-
même, et depuis ce moment, il
n'a plus quille ce pays, où il a
composé un grand nombre de poé-
sies fugitives, dont il se propose de
publier u.i recueil complet. Il s'est
aussi essayé dans l'impromptu,
dont le goût lui a é lé peut-èlre com-
muniqué par Gianni, avec lequel
il a ététrès-lié.En 1812, M. Ponta
eut occasion de faire la connais-
sance du duc de Berwich, qui lui
confia d'abord la direction de sa
bibliothèque et de son musée, et
ensuite réducalion de son fils. M.
Porta lui témoigna sa reconnais-
sance parun poëme généalogique,
intitulé : / fasU délia famigUa Ber-
wich.
PONTE (Hilaibe), capitaine
de carabiniers dans le bataillon
des tirailleurs corses, chevalier de
la légion-d'honneur, naqm'tàAjac-
cio. Sa famille , l'une des plus il-
lustres de la Corse , lui fil donner
une éducation conforme à sa for-
time, et son goût le porta de
bonne heure à embrasser la pro-
fession des armes. La protection
pouvait lui faire obtenir facile-
ment un grade qu'il voulut ne de-
voir qu'à son mérite. Il se distin-
gua aux batailles d'Ulm , d'Aus-
lerlitï et de Friedland. Au com-
bat d'Ebersbcrg, le 4 '«ai 1809 ,
Ponte, alors capitaine, montra
tant de valeur , qu'on le cita dans
le bulletin comme l'un des plus
PON
braves officiers de l'armée. « L'im-
«pétuosité des bataillons corses et
»du Pô, y est-il dit, a fixé l'at-
«tention de toute l'armée. Le
«pont, la ville et la position d'É-
«bersberg, seront des monumens
«durables de leur courage. Le
» voyageur s'arrêtera et dira : c'est
» ici , de cette superbe position, de
.•)ce pont d'une aussi longue éten-
»due, d'(m château aussi fort,
«qu'une armée de trente - cinq
» mille Autrichiens fut chassée par
«sept mille Français. Une com-
«pagnie du bataillon corse, en
«poursuivant l'ennemi dans les
«bois, a fait elle seule sept cents
«prisonniers. Les tirailleurs cor-
«ses et du Pô ont admiré la valeur
«du capitaine Ponte, dont la com-
«pagnie, étant à l'avant - garde
«dans cette affaire, a fait les sept
«cents prisonniers. » A la bataille
d'EssIing, quoique dangereuse-
ment malade , il voulut guider sa
compagnie au feu. Les chirur-
giens tentèrent vainement de l'en
dissuader, son courage triompha
de leur jésislance, et malgré son
état de faiblesse, il fit des prodi-
ges do valeur. Atteint d'un bou^
let de canon à la poitrine, il ter-
mina à vingt-deux ans une vie
glorieuse, et qui donnait les plus
grandes espérances.
PONTE (Antoike), chef de ba-
taillon de la garde impériale, che-
valier de la légion-d'honneur, et
des ordres royaux d'Espagne et des
Ueux-Siciles, né à Ajaccio , en
Corse, est frère du précédent, et
ne dut, comme lui, son avance-
ment qu'à sa valeur. Entré dans
la carrière militaire en qualité de
simple soldat, il obtint successi-
vement tous les grades jusqu'à ce-
^C'f'Jc .%nh>cou(<uir
■ 'lit/ t/c - ^'ntiui' .
PON
lui de capitaine, avec lequel il
pas?a dans la garde du roi Jo-
seph (»oj Bonaparte) à Naples ,
suivit ce prince en Espagne, et
rentra avec lui en France, par sui-
te des événemens de la guerre. Au
commencement de iSi/j? '^ capi-
taine Ponte fut admis dans la gar-
de impériale avec le rang de chef
de bataillon. Depuis l'époque du
consulat jusqu'à celle du traité de
Fontainebleau, il lit constamment
la guerre en Italie, en Calabre,
en Espagne et en France, et se si-
gnala en divers combats. Au siège
de Gaëte, il fut grièvement blessé
au talon, en montant l'un des pre-
miers à l'assaut du fort de Rocca-
Gloriosa. Il reçut encore trois
coups de feu, dont un lui traver-
sa la cuisse droite, le 3i août
i8i3, Jorsqu'avec 70 hommes il
enleva la position escarpée de la
chapelle de Saint-ftlartial, sur le
Bedeasore, et fit éprouver à l'en-
nemi, en blessés et en morts, une
perte considérable. Dans la cam-
pagne de 1814, le chevalier Ponte
montra autant de dévouement que
de courage; il entra le 31 juin de
la mr;me année dans le 2°" régi-
ment d'infanterie légère, fut mis
peii après en réforme, avec trai-
tement d'activité, et enfin il reçut
sa retraite en 1816.
PONÏÉCOLLANT (Louis-Gis-
TAVE-DoutCET, COMTE de) , Com-
mandeur de l'ordre de la légion-
d'honneur et dti l'ordre du crois-
sant, pair de France, est né dans le
département du Calvados au mois
de noveujbre 1764. Capitaine de
cavalerie en 1785, ofTicier des gar-
des-du-corps du roi à la fin de la
même année, il fit, en 1784, un
voyage d'instruction eu Prusse;
PON 429
assista aux grandes manœuvres de
Postdam et de Silésie, comman-
dées par Frédéric-le-grand, et à
celles de Bohême que faisait exé-
cuter à la même époque l'empe-
reur Joseph II. La révolution vint
le détourner de la carrière des ar-
mes , qui était celle de ses pères.
Administrateur en 1790, et prési-
dent, en 1791 , du département
du Calvados, il fut, dans la même
année, nommé suppléant à l'as-
semblée législative, et en 1792,
député à la convention nationale.
Dès le mois de septembre de cel-
te année 1792, M. de Pontécou-
lant fut envoyé, en qualité de com-
missaire , pour inspecter l'armée
du Nord, et pourvoira la défense
de cette frontière, attaquée par
l'armée autrichienne. Il prit la
part la plus active et la plus ho-
norable au siège que soutint la vil-
le de Lille, et aux dilTérens com-
bats qui précédèrent la bataille de
Jemmapes. Rappelé dans le sein
de la convention, après (|u'elle eut
décidé que le roi serait mis en ju-
gement et jugé par elle, M. de
Fontécoulant vola avec la minori-
té courageuse qui déclara , et fit
constater au procès- verbal, quelle
n'entendait pas prononcer un juge-
ment, mais seulement concourir à
une mesure politique. Son vote
fut pour le bannissement et pour
que le décret à intervenir fût sou-
mis à la ratification du peuple, ain-
si que le décret, précédemment
rendu, portant abolition de la
royauté. Il se prononça de la ma-
nière la plus explicite en faveur
du sursis, lorsque le décret de con-
damnation à mort eut été porté.
L'opinion qu'il publia sur cette
question, et celle que peu de jours
45o
PON
auparavant il avait également
publiée contre les auteurs des
troubles excités dans Paris, et con-
tre les odieuxinstigateurs des mas-
sacres du 2 septembre, lui méritè-
rent l'honneur de se voir inscrit
sur la liste des '22 premiers pros-
crits, dont la têle fut demandé»;
par la commune de Paris, le 16 a-
vril suivant. Les périisqui le mena-
çaient, et dont chaque jour accrois-
sait l'imminence, n'arrêtèrent pas
M. de Pontécoulant dans la route
honorable qu'il s'était tracée. On
le vit s'opposer, avec le même
courage dont il avait déjà fait preu-
ve, à la nomination du tribunal ré-
volutionnaire; dénoncer la muni-
cipalité de Paris ; demander la
suppression de la correspondance
établie entre les sociétés populai-
res; réclamer l'inviolabilité du se-
cret des lettre* et la libre circula-
lion des journaux; protester con-
tre toute délibération au 5i mai,
et s'opposer au décret d'accusation
contre les députés de la Gironde.
Décrété d'accusation lui-même
en octobre 1 793, et mis hors la loi,
il parvint, à travers des dangers
sans nombre, à se réfugier en Suis-
se, où, dénué d'appui et de tout
inojen d'existence, il se plaça,
comme ouvrier, chez un menui-
sier de Zurich. M. de Pontécou-
lant, rappelé en France au mois
de pluviôse an 3, et réintégré dans
ses fonctions, fut nommé, en flo-
réal, membre du comité de gou-
vernement , d'abord attaché à la
section de la marine, et quelques
mois après chargé seul des opéra-
lions des armées de terre. Son
premier soin, dans cette place é-
minente, fut de remettre tu acti-
vité l'ét;d)lissemeut du cabinet to-
PON
pographique militaire, créé par
Carnot, et dont le général Clark
avait la direction. N'oublions pas
une circonstance que l'histoire
s'empressera de recueillir : M. de
Pontécoulant adjoignit au bureau
topographique, pour ce qui con-
cernait les armées des Alpes et d'I-
talie, Bonaparte , qui depuis....
mais alors il n'était encore que gé-
néral de brigade. Depuis cette épo-
que, M. de Pontécoulant ne prit
que peu de part aux discussion»
toujours orageuses de la conven-
tion ; mais précédemment il avait
prononcé un discours pour la res-
titution des biens des condamnés et
contre le système général des con-
fiscations. Celte opinion de la plus
haute éloquence , et qui influa
beaucoup sur la décision de l'as
semblée, est du très-petit nombre
de celles que i\l. de Pontécoulant
crut devoir livrer à l'impression.
C'est ici le cas de remarquer que
le genre de talent de cet orateur
le portant toujours à improviser,
l'impression devenait pour lui un
second travail auquel il s'est
rarement livré. Il osa , dès son
exorde , flétrir le priacipe sur le-
quel reposait cette loi barbare.
« La confiscation des biens des con-
damnés est injuste, dit-il, même
eu considérant tous les condam-
nés comme coupables; le sacrifi-
ce do la vie est sans doute la plii,-
grande réparation que la patrie
puisse exiger d'un criminel, et
cette réparation ne peut être sui-
vie (l'aucune autre. Il n'est pas
vrai , comme on n'a pas craint de
vous le direct de l'imprimer, que
quel que soit le sort de la guerre,
tes dépouilles des morts doivent être
enlevées par tes vainqueurs. Les
PON
valets d'une armée peuvent bien
^e permettre de dépouiller les ca-
davres des vaincus, mais les vain-
queurs généreux, puisqu'ils sont
braves, ne s'abaissent point à cette
indignité.... La confiscation est in-
juste; elle fait supporter aux en-
fans la peine des crimes de leurs
pères; elle punit le frère innocent
de l'action du frère coupable....
Quels sont nos forfaits? vous diront
Icsenfans proscrits dès le berceau,
et qui ne connaissaient encore de
calamité que la perte des au-
teurs de leurs jours. Nous n'avons
point partagé les fautes de nos
pères : vous ne pouvez nous ren-
dre nos guides, nos soutiens, ah!
du moins ne nous privez pas des
moyens de subsistance qu'ils a-
vaient amassés pour nous, et que
nous n'avons pas mérité <le perdre.
Leur répondrez - vous : Nous con-
naissons votre innocence- mais vos
pères furent coupables , et vous devez
être punis comme eux Rome
libre ne prononça jamais de con-
fiscation; Sylla fut le premier
qui les ordonna , mais Sylla fut
un tyran La confiscation des
biens des condamnés est dangereu-
se pour la patrie; elle détache tous
ceux qu'elle frappe des intérêts
de la société ; elle les appelle
en quelque sorte i\ les maudire...;
elle est impoliiique, car elle fa-
vorise la tyrannie. Les hommes
qui veulent usurper le pouvoir
n'ordonnent pas de nouveaux
impôts; ils savent trop que ce
premier acte de l'autorité pour-
rait renverser leurs projets; ils
flattent d'abord les |)assions du
peuple; ils l'environnent de be-
soins et de défiances . ils lui
présetilvnt dans tout ce qui l'en-
PON 45 1
toure des ennemis et des cons-
pirateurs à punir. Le peuple une
fois trompé, le sang des hom-
mes riches, celui des hommes
de bien, inonde les places publi-
ques; les confiscations sont ordon-
nées, et les mains des confiscateurs,
teintes de sang et pleines d'or, ri-
vent les fers de la nation.... Je
n'irai pas chercher bien loin le>
preuves de cette douloureure as-
sertion ; il suffira de vous rappe-
ler ce mot atroce que vous avez
entendu, et qu'il importe de trans-
mettre à la postérité la plus recu-
lée, pour qu'elle se garantisse de
l'entendre à son tour : Nous bat-
tons monnaie sur les échafauds. »
Depuis le jour où il prononça ce
discours à la tribune de la con-
vention, M. de Pontécoulnnt s'oc-
cupa exclusi rement de la direc-
tion des opérations militaires et
des rapports sur celte partie. Im-
médiatement après la signature,
à Bille, de la paix avec l'Espagne ,
il dirigea un détachement consi-
dérable de l'armée des Pyrénées-
Orientales sur Nice, pour renfor-
cer l'armée d'Italie, qui bientôt
n'eut plus besoin que d'un chef
pour commencer celle longue
suite d'exploits qui a consacré la
gloire des armes françaises depuis
l'embouchure du Var jusqu'aux
sources de l'Adige et de la Bren-
ta. Élu président de la conven-
tion, au mois de messidor au 5,
il quitta le comité du gouverne-
ment, à la fin de fructidor sui-
vant, après avoir fait pronon-
cer l'abolition des décrets d'accu-
sation et d'exil portés par la con-
vention au mois d'octobre i^M^,
contre le général Monlesquiou,
Dénoncé «près le 1 5 vendémiaire.
u
432 PON
par le parti qui voulait ajourner ou
repousser le gouvernement cons-
titutionnel et proroger les pou-
voirs de la convention, il ne se
contenta pas de repousser les atta-
ques qui lui étaient personnelles ;
il fit rapporler les décrets d'arres-
tation rendus contre plusieurs de
ses collègues. M. de Pontécoulant
partagea avec MM. Lanjuinais ,
Boissy-d'Anglas et Pelel-de-la-
Lozère ( encore aujourd'hui ses
collègues à la chambre des pairs)
rhonneurd'êlre réélu par un très-
grand nombre de collèges élec-
toraux ( par plus de 70 ). Il op-
ta pour le département du Calva-
dos, qu'il avait déjà si honorable-
ment représenté, et entra au con-
seil des cinq-cents. Il s'y montra
fidèle au même système de mo-
dération courageuse, dont il ne
s'est jamais écarté dans le cours
da sa vie piditique. Au conseil
des cinq-cents comme à la con-
vention, il fit constamment partie
de cette minorité qui combattit,
toujours avec taleiis, quelquefois
avec succès, les nouveaux excès du
gouvernement ultra-révolution-
naire, et la honteuse oppression du
directoire. Nommé président du
conseil des cinq-cents, au mois
de ventôse an Zj, il défendit la li-
berté de la presse contre Louvet
et Chénier; il triompha dans cel-
te occasion de ses deux puis-
sans adversaires, qui soutenaient
alors les projets du directoire-
exécutif. M. de Pontécoulant
parle ensuite pour la levée du
séquestre des biens des parens
d'émigrés; contre la loi d'excep-
tion , dite du 5 brumaire an 4^ i-
mitée de la loi des suspects de
l'r.n 2; monte à la tribune pour
PON
y célébrer les victoires des armées
de Sambre-et-Meuse et d'Italie,
et propose un projet de loi sur les
honneurs à rendre aux braves
morts les armes à la main; il com-
bat les propositions du directoire,
relatives aux colonies, et dénonce
la conduite des commissaires
Santhonax, etc., et des divers a-
gens de l'autorité, comme ayant
amené et provoqué les désastres
de Saint-Domingue ; il demande
qu'ilsoitpris des mesures pour pré-
server de pareils malheurs les îles
Je France et de Bourbon; il s'élève
contre la conduite du directoire,
dans les révolutions de Venise et
de Gênes, et contre un débarque-
ment de forçats qu'il a fait opé-
ler en Irlande. Il défend le tribu-
nal de cassation contre le direc-
toire; se plaint de la marche des
troupes dans le rayon constitu-
tionnel; fait considérer cette me-
sure comme une attaque, ou du
moins une menace dirigée contre
le corps-législalil'; demande que
le directoire soit tenu de donner
à ce sujetde promptes explications;
ne trouve pas sufTisantes celles
que renferme le message directo-
rial; propose l'adjonction des re-
présentans Pichegru et Villot à la
commission des inspecteurs de la
salle, chargée de veiller à la sûreté
du conseil. Pour prix d'une dé-
feîise si intrépide et si persévéran-
te des libertés publiques, M. de
Pontécoulant ne dut pas s'éton-
ner de se trouver inscrit sur la
liste de proscription du 18 fructi-
dor, adressée par le directoire au
conseil des cinq-cents; néanmoins
il eu fut rayé par les efforts de
SOS collègues de la députation du
Calvados. Il échappa ainsi à la
PON TON 433
déportation dans les forêts de la iriflrmes, à extirper la mendicité
Guiane , que le directoire avait d'un pays où cette lèpje de la
prononcée contre les ennemis de société était si profondément in-
son pouvoir lâchement tyranni- vétérée qu'elle semblait pour
que. Le danger qu'il a couru et ainsi dire inhérente à son txis-
' qu'il peut courir encore n'empê- tence. Nommé sénateur au mois
che pas M. de Pontécoulant de de février i8o5, M. de Pontécou-
protester contre les événemens lant obtint bientôt après du chef
du 18 fructidor, comme il avait du gouvernement la permission
protesté contre ceux du 5i mai; de faire un voyage en Turquie. Il
il fait plus : il refuse de continuer se trouvait -^ Constantinople lors
à siéger dans une chambre dont de l'attaque de l'escadre anglaise
les droits ont été violés par le di- (féviier 1807), et contribua, sous
rectoire, et se retire dans le dé- la direction de l'ambassadeur de
partement du Calvados ; il y fut France, le général Sébastiani, son
nommé assesseur du juge-de-paix ami, à la défense du port, de la
de son canton, et en exerçait en- pointe du sérail et à celle du
cure les fonctions à l'époque du Bosphore. Le grand -seigneur ré-
18 brumairean 8. L'année suivan- compensa les services de M. de
te, iM. de Pontécoulant fut nom- Pontécoulant dans celte occasion
iné préfet du déparlement de la importante, en lui accordant la
Dyle. Cinq années d'une admi- décoration de son ordre du crois-
nistralion aussi ferme que bicnfai- saut. Après la retraite des Anglais,
saute, ont rendu son souvenir à il se rendit à l'armée du grand-
jamais cher aux habitans de ce visir sur le Danube, où il resta
pays : nous aurons résun)é en jusqu'à la conclusion de la paix
quelques lignes les travaux de de Tilsitt. Rentré en France à la
son aduiinislralion , en disant fin de l'année 1807, il vint re-
qu'il y rétablit l'ordre dans ton- prendre sa place au sénat; en
tes les parties; qu'il appela aux 181 1, il fut envoyé dans la sixiè-
fonctions publiques les grands me division militaire, eh qua-
propriélaires; détruisit les lis- lité d'inspecteur-général, chargé
tes d'émigrés, leva les séques- de l'organisation des cohortes ac-
tres mis sur leurs biens et an- lives du premier ban de la garde
nula les arrêts de déportation nationale des départemens de
rendus contre les prêtres. Les rou- l'Ain, du Doubs, du Jura, et de la
tes depuis long-temps négligées Haute-Saône; en i8i3, il se ren-
sont reconstruites dans toute l'é- dit en Belgique avec des pouvoirs
tendue de son déparlement, les é- extraordinaires pour la défense de
difices publics relevés, le culte ré- la frontière du Nord , et particu-
tabli, les sœurs de la charité ren- lièrement des départemens de la
dues à leurs pieuses fonctions; il Dyle, des Deux-Nèlhes, de Jem-
assure le service des hospices, et mapeset de l'Escaut. M. de Pon-
parvienl, en créant des ateliers de técoulant rentra dans l'ancienne
travail pcuir les pauvres valides, et France, eu février 1814 » avec
des refuges pour k^vioillards cl les la petite et brave armée du gé-
T. XVl. 2^
454 î*^^
nét-nl Maison; il siégea au sénat,
dans les t^éances où re corps rap-
pela au trône le roi régnant. Il fut
nommé pair de France par l'or-
donnance (lu 5 mars 18 14- Décla-
ré déiïiissioiHiaire par celle du
a4 juillet 181 5, et rappelé à la
chambre des pairs par l'ordon-
nance du 5 mars 181g, M. de Pon-
técoulant a constamment pris une
part active, et souvent lait briller
un talent de discussion très -re-
marquable dans les délibérations
de la chambre dont il est mem-
bre; mais la partie à laquelle il
paraît s'être plus spécialement at-
taché est csllc des questions judi-
ciaires. Aussi s'esl-il lait parti-
culièrement lemarquer dans les
diverses occasions où la chambre
des pairs a été constituée en cour
de justice. Ce lut sur sa propo-
posililion qu'une commission spé-
ciale fut Ibrmée eu 1820 pour dé-
terminer la compétence et régula-
liser les opérations de la chambre
constituée en cour des pairs. Il fut
aussi nommé mentbre des deux
autres conunissions formées pour^
le même objet en 1821 et en
1822 , et de celle formée en
1824 pour modifier, en les adou-
cissant, différentes dispositions du
code pénal; précédemment M. de
Pontécoulant avait été membre
de la commission qui rendit (en
1819) la liberté aux journaux.
Nous nous souunes bornés, oonj-
ine on a pu le voir, à lu plus
simple énonciution des évcne-
mens et des travaux qui ont si
honorablement marqué le cours
de la vie politique de M. de Pon-
técoulant. Qu( I autre cependant
pouvait lui payer un plus ju^te tri-
but d'éloges que l'auteur de celic
PON
notice, qui met au rang de ses
plus précieux souvenirs, sa coo-
pération en Belgique, aux travaux
adiuinistratifs de ce noble pair,
dont il avait été le camarade de
proscription, en 1793, et qui l'a-
vait ))ris pour aide, au comité
du gouvernement en Tan 3 et dans
sa préfecture de la Belgique?
PONTEÏ lils (Pierre-Bernard
de), membre de la légion-d'hon-
neur, fut élu par le département
de la Gironde, à la chambre des
députés; il y vota avec la majori-
té. De 181 5 à 18 16. lors du projet
de loi sur les élections, après une
discussion peu prolongée , il se
prononça pour les amendemens
de la commission < et adopta les
su[ipléans pi-oposés par M. de la
Bourdounaie , en partageant sou
avis tant sur l'âge de 4» ans qu'il
exigeait pour retnplir les fonctions
de député, que sur les trois degrés
d'éligibilité, qu'il réclamait égale-
ment. Profitant ensuite de l'occa-
sion, il attaqua les ministres, et
leur reprocha de n'avoir pas don-
né toutes les places à des hommes
connus par leur attachement inva-
riable à la monarchie. De 1816 à
1817. dans la discussion du bud-
get, il appuya l'emprunt et les
économies , revint sur le projet
déjà énoncé de rétablir les corpo-
rations, proposa ensuite quelques
amendemens an budget , et finit
par l'adopter. De 1817 à 1818, il
vota contre le recrutement, après
avoir reproduit toutes les objec-
tions déjà faites coutre les vé-
térans. De i8i8;'i 1819, lorsqu'il
fut question des livres supplémen-
taires delà dette publique, il con-
sidéra le jeu de bourse C(unme
tendant à faire disparaître les ca-
POP
pitaux en numt^raire , indispensa-
bles aux maiiuluclines, au com-
merce et aux jirupriétés : il àou-
lint en fonséq:ience que la loi
proposée n'oUVirait aux départe-
inens que des avanlaj;^es illusoires
ou d.mgereux. Après une sortie
contre les journaux, il vole le re-
jet. iVÎ. de Pontet, réélu en 1819,
siégeait encore dans la chambre
dissoute en iS^^; il ne IJl point
partie de la nouvelle chaaibre de
1824.
POPHAM (Sir Home-Uiggs ba-
ronnet), contre - amiral anglais,
commandeur de l'ordre du Bain,
membre de la chambre des Cf>m-
niunes pour le bourg de Yar-
mouth, dans lile de Wight, mem-
bre delà société royale, etc. , est né
t;n Irlaudeen 1763. M. Pophan) pè-
re, qui avait été consul brilarmiquc
à Teluan, dans l'état de Waroc. se
trouvait chargé d'une nombreuse
famille , et ses fils lurent em-
ployés dans les quatre partie* du
inonde. Sir Home Poj)hatn , l'un
des plus jeunes, entra au sortir
<le l'enfance dans la rnariiie roya-
le, et parvint an grade de lieute-
nant de vjùsseau pendant la guerre
d'Amériipie. Après la conclusion
de la paix, il [)rit le coinn>ande-
ment d'im vaisseau marchand , et
se rendit dans l'Inde, où il re-
trouva m> de ses frères, qui s'é-
tait distingué an service de la
compagnie anglaise. Lui-même
fut bientôt employé par lord Corn-
wallis, et chargé d'aller en 178H
reconnaître INew-Harbour, sur la
rivière Hougly, où l'on avait for-
mé le projet d'établir un gran<l
arspnal pour I» marine. Il trouva
ce lien moins favorable qu'on ne
l'avait représenté , et ayant en
POP 4:0
1791 pris de nouveau le comman-
deuHinl d'un vaisseau marchand,
qui devait aller du Bengale à Bom-
bay , il fut assailli on mer par de
yioknies tempêtes, qui l'obligè-
rent d'entrer dans le détroit de
Malacca , et de jeter l'ancre près
de l'ile du prince de Galles. Il y
découvrit un passage «néritlional,
et proposa d'établir l'arsenal de
la marine dans un endroit bien
plu> convenable 'pie celui qu'on
avait d'abord eu en vue. Son pro-
jet fut adopté . et des remercî-
me!»s publics lui furent adressés
par le gouvernement. Une pièce
de yaisselie avec une inscription
honorable lui (ut offerte eu plein
conseil. La cour des directeurs de
la compagnie des Indes le recom-
manda pour son avancement aux
lords de l'amirauté à Londres. En
1795, il fut nommé capitaine de
vaisv<eau à la recommandation du
duc d'York, auquel il avait rerv-
dn d'iurporlans services pendiMif
la malheureuse expédition des An-
glais en Flandre . dont il recueil -
lit les débris , qu'il escorta en An-
gleterre avec l£s frégates l'y/m-
pliion et la Dédale. En 1798, sir
Home Popham se rendit à Rével
et à Cron.-ladt afin de présider'»
l'end). uipienient des troupes que
Il lUissie fournissait à l'Angleter-
re, pour forn>*;r une nonvelle ex-
pédition destinée à chasser le.4
Français de la Hollande, entre-
prise qui eut , ronime ou sait .
l'issue la ])liis funeste pour les ai-
liés. ; mai-* les commencemens eu
lurent brillau'* pour {•• capitai-
ne angïai* ; il re(;ut l'accueil le
plu't flatteur en Hussie; leinpe-
rciu' et rimpéralrice se rendireni
à sou Lord , et le comblèrent de
/l56
POP
présens. Paul I", qui venait de se
créer lui-raêine grand-maître de
iMalle , créa sir Home Popham
commandeur de cet ordre, et
le gouvernement anglais, qui per-
mettait encore à l'autocrate de
toutes les Russies d'eu distribuer
les décorations, quoiqu'il se ré-
servât depuis la propriété de tou-
te l'île, autorisa l'oliJcier protes-
tant à prendre dans son pays le
titre de commandeur d'un ordre
catholique. Ce premier exemple
l'ut donné en septembre 1798. Les
troupes russes furent conduites
sur les vaisseaux anglais eu Hol-
lande, d'où elles passèrent à la fin
de la campagne , prisonnières de
guerre en France. A son retour
en Angleterre, sir Home Popbam
donna le plan d'une division de
tout le pays en districts mariti-
mes, et il obtint le commande-
ment de celui qui est situé entre
Deal et Beavy-Head. En 1800, il
s'embarqua pour les Indes-Orien-
tales , se rendit à Calcutta, et fut
chargé par le gouverneur-général
lord'Wellesley,de différentes mis-
sions diplomatiques auprès du shé-
rif de la Mecque et des scheiks de
l'Arabie, qu'il s'agissait de ga-
gner . et avec lesquels la compa-
gnie marchande et souveraine éta-
blissait de nouvelles relations de
commerce. L'habile négociateur
réussit jiarfaitement , à ce qu'on
assure, dans ces missions; mais
à son retour à Londres en i8o3,
il n'en trouva pas moins le nou-
veau ministère , formé en son ab-
sence , mal disposé à son égard.
On accusait sir Home Popham
d'avoir fait des dépenses exces-
sives dans l'Inde pour lu ré-
paration de ses vaisseaux , et
POP
d'avoir, pour satisfaire ses in-
térêts particuliers, promené son
escadre dans les parages du Ben-
gale , au lieu de la conduire di-
rectement à Bombay. Dans un
rapport public du ministère, cette
conduite se trouvait sévèrement
blâmée. Sir Home Popham, qui
avait cependant été élu mem-
bre de la chambre des com-
munes, se vengea de cette atta-
que en censurant vivement les
rapports officiels .des ministres au
parlement sur l'état de la marine,
et en signalant leurs graves er-
reurs. L'accusation n'eut point
d'autres suites que la non activité
de l'accusé pendant ce ministère.
Une nouvelle administration ayant
été formée, dont lord Melville,
prolecteur de sir Home Popham ,
devint membre, ce dernitu* eut le
commandement du vaisseau V An-
tilope , et fut ensuite mis à la tête
de l'expédition dite des Catama-
rans, brûlots qui, fabriqués pour
détruire la llottille de Boulogne,
n'incendièrent qu'une seule cha-
loupe. En i8o5, son triomphe au
j>arlement fut complet ; l'enquête
qu'il avait demandée ayant été fai-
te, et un long rapport du comité en-
tendu,sirWilliam Borrough annon-
ça à la chambre des communes une
motion pour la session prochaine ,
portant que la conduite de sir
Home Popham avait été trouvée
en tout point irréprochable; dé-
claratioji qui fut en effet adoptée.
Il fut chargé , la même année
1806, conjointement avec le gé-
néral David Baird, commandant
des troupes de terre, de l'expédi-
tion qui alla s'emparer de la riche
colonie hollandaise du Cap de
Bonne- Espérance , et fit depuis
POP
partie de l'expéuilion de flibus-
tiers , qui vint enlever la flotte
danoise dans le port de Copen-
hague. Créé baronnet après celte
brillante conquête, il fut active-
ment employé avec le grade de
contre-amiral sur les côtes d'Es-
pagne, pendant la guerre de la
péninsule, et lorsque lord Moïra
(aujourd'hui marquis de Haslings)
fut nommé gouverneur- général
du Bengale, il monta à bord du
vaisseau de l'amiral Popham , qui
le transporta dans l'Inde. Cet of-
ficier passe pour un des plus ha-
biles marins de l'Angleterre. On
lui doit plusieurs améliorations et
inventions ingénieuses. En 1816,
POP
437
il fit en pré.sence du duc d'York ,
des expériences du Sémaphore ,
qu'il a inventé, et qui réussirent
complètement. On assure que cet-
te machine est préférable aux té-
légraphes, qu'elle offre 3000 com-
binaisons au lieu de cent, et qu'elle
peut être montée et démontée a-
vec la plus grande facilité , et
transportée d'un lieu dans un au-
tre. Sir Home Popham a publié
les ouvrages suivans : 1° Précis
des faits relatifs au traitement qu'il
a éprouvé depuis son retour de la
mer Rouge, i8o5, in-S" ; 3° Des-
cription de l'île du Prince de Gal-
les , avec ses avantages comme étn-
hlissement de marine^ j8o5, in 8°.
FIN DU SEIZIEME VOLIME.
SUPPLEMENS.
BRICHETEAU (Isidore), doc- a eiinclii de notes et d'addi-
leur en médecine, e>t né à Siiiiif- tidiis. Ce itiécieriii a éf^^aleinetit
(jhiislophe , département de Ja [tiiblie nne quatrième édition du
Vienne, le 3 lévrier i78(); il Diclionnaire de médecine de
étudia l'anatoniie et la botanique Nysien, en im i;ros volume in-S",
à Poitiers, vint à l'aiis en 1809, ouvraj^e d'ime grande utilité, qui
et fui admis, par concours, au est en quelque sorte devenu le
nombre des élèves iiilernt.s en sien propre, par les nombreuses
MUïdeciue des hôpitaux civils de additions qu'il y a laites et la
l'aris , institution très-utile, (|ui non velie l'orme qu'il lui a donnée.
a produit unv l'oule d'vxcellens M. lîrichcteau est médecij» d'un
médecins et de proiesseurs distiii- des Di^pens^iires de Paris , et
a;u(>. Durant le couis de cette es- mend)re adjoint de l'académie
jiécf de novi(;iat, M. Bricheteati royale de médecine,
l'ut tcmarqué par le célèbre pro- CKLLES (A. P. F. G. De-
lesseur Piiiel [voy. Pinel), mé- vischer, baron de), d'une ancien-
decin en chef de l'IiApila! de la ne t'amille noble du Brabant,ost
Sulj'étriére , (jui lui donna une né à Bruxelles en 1779. Il y com-
i^raiule preuve d'alVeclion , en lui mciua une brillante éducation,
eonfiant la rédaction de quelques qu'il acheva dans les luiiversités
leçons, el de SCS nombreuses con- d'Allemagne, et en Italie ; ce qui
sultations. M. liricheleau , reçu lui a rendu l'aun'lier l'usage de ces
docteur- eu nîédccine en iHi/j, langues. L'administration publi-
débuta par wnv. Dissertation inau- que tut la première étude de M. de
giirale sur une maladie cérébrale Celles après sa premièie éducation.
di's enfans, dissri tiiliou devenue La nature sembla l'avoir formé
rare, et fpn" est rcclieri'hée. Choisi pom' les afl'aires : il acquit rapide-
par >L l'iiu'l pour son .collabora- ment des cotmaissauces étendues
teiir dans la rédaction de> articles dans les diverses branches de i'é-
(pi il devait l'ournir au vaste Die- conomie politique, et il s'attacha
tionnaire des scienres nn'dicalrs, il avec d'autant plus d'ardeur à cet-
se (iia avec honneur d'mi travail le grave occupation qu'elle avait
si épineux, et un i;raud ruunbre pour unique obj('t l'intérêt de sa
d'articles iuipoilan^ et estimés lu- palri<;. Il ne farda pas à se faire
rent le fruit de celte association, connaître sous ce rapport à ses
On doit à M. Bricbeteau plusieurs co'icitoycns. Nonuiu'; en l'an 3,
Mémoires de physiologie et de aux premières élections , membre
médecine, rédigés avec clarté et (\u collège électoral de la Dylc, il
préci-ion. Il ;i pu!)lié une (jua- fut aussi désigné |)our faire partie
liiéme édition de l'Hygiène de de la députalion qui fut envoyée
Tourlelle, ouvrage classique, qu'il au premier consul. Dès ce jom- IM.
CEL CEL 439
de Celles s'altacha ù la fortune dn augmenlées, elle salisferail à ses
Napoléon. De retour dans sa pa- enj^ageinens, tandis qu'en cas de
ttie, il y fut nommé conseiiier surcharge, le contraire était dé-
municipal. IM. de Chaban, alors montré. Ces engagemcti'i étaient
préfet de Bruxelles, trouva dans le d'autant plus sacrés, que c'étaient
nouvel administrateur un digne des rentes constituées à sa char-
auxiliaire de ses fonctions. M. de ge , dont le projet de décret or-
Celles concourut puissamment donnait la réduction, pour la con-
à former, à organiser les établis- fection du budget. Le projet futre-
semens civils plus particulière- tiré. La même année, M. de Cel-
ment consacrés au soulagement les fut appelé à l'importante pré-
de l'humanité, au bon ordre, à It feclure de la Loire-Inférieure, à
sûreté, comme à la santé publique. JNantes, oi"i pendar)t quatre ans il
De ce nombre, et en première donna la preuve du plus grand ta-
ligne, furent l'hospice des vieil- lent administratif. Ce fut à ses
lards, la maison de détention de soins que le lycée ouvert en i8o<)
Vilvorde, la propagation de la dut les fondsdeson établissement,
vaccine. Il se lit spécialement re- ainsi que la bourse du couimerce,
marquer daus le conseil delà vil- la salle de spectacle, le liatiment
le par les vues qu'il développa, et de la bibliothèque, le cabinet
le» moyens qu'il fit adopter pour d'histoire naturelle, le jardin bo-
l'amélioration de son régime fi- tanique, la continuation des quais,
nancier. Il devait bientôt faire et ^ réparation des routes, des
sur im plus grand théâtre l'appli- ponts, des églises, qui avaient été
cation de ces connaissances, et les détruits par la guerre de la Ven-
étendre à une école d'où sont sor- dée. Malheureusement pour M.
tis tant d'excellens administra- de Celles, l'empereur crut devoir
leurs. En février 1806, il fut ap- lui confier à la fin de 1810 la pré-
jtelé au conseil-d'état en qua- fecture du Zuyderzée. Il quitta a-
li(é d'auditeur. L'empereur l'y vec le plus grand regret un dépar-
distingua bientôt, et le nomma tement où il avait laissé de si ho-
maître des requêtes à la forma- norables témoignages de son ad-
tion, c'est-à-dire qfiatre mois a- ministration , et où le bien public
près. Il était difficile de débuter était un lien d'émulation entre le
d'une manière plus rapide et plus préfet et les habitans. Enfin il dut
brillante dans la carrière politi- obéir et se rendre dans le Zuyder-
tique. M. de Celles justifia le zée, où il trouva une tout autre
choix de l'empereur. Sa premiè- position. C'était un pays tout-à-
re opinion au ccnseil-d'élat fut u- fait étranger qu'il fallait rendre
ne bonne fortune. Il s'agissait des français. De plus on avait par une
intérêts de sa ville natale, et l'em- opération réellement lyrannique
pereur prési lait. M. de Celles é- introduit en Hollande la cons-
tablit d'une manière lumineuse la cription avec rétroactivité. Les
situation financière de la ville mots nouveaux de l'école impéria-
de Bruxelles, et prouva que si les le expricnaieut merveilleusement
chargea de cette ville n'étaient pa!) les choses. M. de Celles fit de
44o CEL
vaJnes réclamations. Il lui fallut
exercer sur ses administrés la lé-
gislation militaire qu'on leur im-
posai). Le régime des droits réu-
nit* \ int encore augmenter l'irrita-
lion publique. Le préfet réclama
encore d'après une loi bien impé-
rieust -Celle des habitudes locales.
Il ne fut pi iiit écouté. Il en fut
de même poin- les gardes d'hon-
neui , dont ii ne jugeait pas l'ins-
Uliition upplicubie à lu Hollande.
On lui demanda des explications,
il les dotma. Elles furent repous-
sées.Il reçut l'ordre impératif de le-
ver de^ gardes-dhonneur. Ce fut
al(>rs et pour la sauve-garde de
sa délicatesse, que M. de Celles
dut opposer un reiTipart d'airain
à toutes les exceptions de faveur,
qui lui furent demandées de tant
de manières. Sa rigidité à cet é-
gard était celle de la justice, o|^lle
que I (in a dû si justemenr re-
proch* r de n'avoir pas toujours
été emplnyée contre les sollicita-
tions relatives à la réquisition et
à la consciiplion. L'n adminis-
trateur prendrait sur lui le droit
de vie et de n)ort, si par une
considération non légale, il fai-
sait mari liLT un soldat au lieu
d'un autre. IVl. de Celles depuis
long-temps pénétré de l'austérité
de ce devoir, l'appliqua impitoya-
blement, dit-on, aux gardes d'hon-
neur de son département. En ce-
la il fut malheureux, puisqu'il
s'opposa tant qu'il le put à cette
terrible mesure, qui fit lever tant
d'erinemis contre îSapoléon, dans
toutes les parties de l'empire; mais
il fit son devoir, il fut juste. Et
si en rais(>n de cette sévérité il ne
fut ])oinl aimé, du moins, il ne
fut pas justement haï en raison
CEL
des exceptions qu'on aurait ar-
rachées à sa faiblesse; car il ne s'a-
gissait pas seulement de faiic
marcher les gardes - d'honneur ,
il fallait encore prouver qu'il a-
vait refusé les offres immenses
qu'on osa laire à M. de Celles,
pour tenter son inflexible pro-
bité. Alors il dut avoir des en-
nemis bien puissans , puisqu'ils
étaient dans la classe des famil-
les les plus riches; et ce furent
ceux-ci qu'il lui était surtout
important d'avouer. En i8i/j, M.
de Celles ne quitta la Hollande,
et même Amsterdam , que sur
l'ordre du prince, gouverneur-
général, M. le duc de Plaisance.
Il ne partit que cinq heures après,
à 9 heures du matin, en public,
dans sa voiture, pour se rendre à
Utrecht, où commandait le géné-
ral iMolitor. En 1819, M. de Cel-
les fut nommé, par l'ordre éques-
tre auquel il apparlieni, aux états
provinciaux du Brabant méridio-
nal. Il s'y distingua en demandant
que le jury fût rétabli. Cette pro-
position fut faite immédiatement
dans plusieurs autres provinces.
M. de Celles fut nomnié, en 18a 1,
membre de la seconde chambre
des états -généraux. Il prit part à
toutes les discnssioni- de finances
et de commerce ; il vola contre
plusieurs impositions nouvelles,
et notamment contre le droit dit
de inouture. M. de Celles a tou-
jours exprimé ses idées avec é-
nergie, et cependant avec modéra-
ration ; il s'est élevé à de gran-
des considérations commerciales
dans une discussion sur un pré-
lèvement fiscal à effectuer sur
les fortunes en porte-feuille, et
dans toutes ses im])rovisalion*
cou
on dans ses discours écrits à la
chambre, il a professé des princi-
cipes libéraux, .'oit en économie
politique* soit dans d'autres ma-
tières d'administration. M. de
Celles est sans contredit un des
membres les plus distingués des
états-généraux du royaume des
Pays-Bas.
COUSIN (Victor), né à Paris
en 1792, montra dés sa plus ten-
dre jeimcsse, les plus heureuses
dispositions pour l'élude des scien-
ces et des lettres, et couronna les
succès qu'il avait obtenus darts ses
classes par le prix d'honneur, qui
le lit exempter de la conscription.
Reçu le premier en qualité d'éle-
vé à l'école normale, qui venait
d'être fondée, il y fut bientôt maî-
tre de conférences. Son mérite
précoce, apprécié par tous ceux
qui en recueillaient les fruits, ne
pouvait échapper au professeur ti-
tulaire, M. Royer-Collard, qui,
appelé en 181 5 à de hautes fonc-
tions, désigna M. Cousin pour le
suppléer dans la chaire de l'histoi-
re de la philosophie , à la faculté
des lettres. Ces fonctions . qui exi-
gent de la part de celui qui les
exerce la profondeurdu jugement,
jointe à l'étendue des connaissan-
ces et à la facilité de l'éloculion,
furent exercées par M, Cousin de-
puis 181 5 jusqu'à 1820, tant à cet-
te faculté qu'à l'école normale.
Un succès toujours croissant, fit
presque oublier que M. Cousin n'é-
tait pas le professeur en titre. Il
s'était fait un plan d'enseignement
qui ajoutait un grand intérêt à
ses leçons : il n'a jamais séparé la
philosophie morale de la philoso-
phie spéculative. Après avoir par-
ié uti œil éclairé sur les philoso-
COU
44»
phes anciens, il crut pouvoir ju-
ger les modernes sous le rapport
métaphysique : Condillac n'a pas
trouvé grâce devant lui. Il pense
que sa philosophie est plus propre
à de beaux esprits serviles qu'à des
hommes librfs. Quanta lui sa pro-
fession de foi est précise : il se fait
honneur d'appartenir à l'école du
spiritualisme, système qui ne re-
connaît aucun être purement ma-
tériel. Malgré les succès conslans
que M. Cousin avait obtenus com-
me professeur, il fut destitué en
1820, et crut devoir cette défa-
veur à la perspicacité du ministè-
re, qui pensa que sa doctrine ne
fléchirait pas devant les principes
qu'on essayait d'établir à celte é-
poque, et qui se propagent de plus
en plus; ainsi il fut frappé dans l'u-
niversité, au moment même oîi
M. Royer-Collard était frappé dans
la haute région du gouvernemenl.
M. Cousin a publié : 1" les manus-
crits inédits de Proclus. philoso-
phe alexandrin du 4' siècle, 5
vol. in-8", grec-latin. 1820-1821;
3" deux volumes d'une traduc-
tion complète de Platon, Paris.
1 822 : le 3' est sous presse ; 5° une
édition complète de Descartes,
philosophe persécuté pendant sa
vie, couvert de gloire, mais dé-
laissé après sa mort, 6 vol. in-8°,
1824. Il a écrit un grand nombre
■d'articles dans le Journal des sa-
vans , dont il est un des rédacteurs.
Il a annoncé une édition fiançaise
des œuvres de Kant. M. Cousin
s'est déjà placé, comme on voit,
parmi les hommes remarquables
de notre époque, et promet de par-
courir la carrière la plus brillante.
A la manière dont il traite la mé-
taphysique, on peut espérer que
4V
m^
celte science finira par prendre
laveur , et qu'on lui reconnaî-
tra des charmes dont jusqu'ici,
selon l'opinion commune, on ne
la croyait pas susceptible. M. Cou
sin est aujourd'hui professeur-sup-
pléant de l'histoire de la philoso-
phie moderne à l'académie de
Paris.
DINCOURT DE METZ (Jean-
Baptiste) , chevalier de l'ordre
royal de la légion - d'honneur ,
inenibre de plusieurs sociétés sa-
vantes, est né en 1746. Cadet
d'une ancienne famille de Picar-
die, il était officier d'artillerie à La
Fère, lorsqu'il perdit son père,
consf'iller du roi, lieutenant-gé-
néral, et maire d'Amiens. Comme
il avait fait, sous trois oncles jé-
suires, des études distinguées,
voulant plus particulièrement se
livrer aux arts , il quitta Tartille-
rie pour les ponts et chaussées.
Un premier prix d'architecture
lui valut l'ho^incur d'aller à l'éco-
le française à Rome, comme pen-
sionnaire du gouvernement. In-
génieur en Limousin, sons l'ad-
ministration de M. Turgot , il y a
exécuté de très-grands travaux.
Il fut envoyé en n»ission extra-
ordinaire à l'assemhlée consti-
tuante par la ville de Limoges.
Devenu ingénieur en chef en Poi-
tou , il a contribué aux embellis -
s«'mens de la ville de Niort. Enfin,'
après avoir exercé pendant lon-
gues années les fonctions d'inspec-
teur divisionnaire au corps royal
des ponts et chaussées, M. Din-
court de Metz a obtenu, en 1831,
le brevet d'inspecteur- général ,
digne récompense de cinquante-
deux ans de service. Son fils,
chevalier de la légion-d'honneur,
GAM
est ancien capitaine de lanciers.
GAMOT (Charles), naquit au
Havre au mois d'octobre 1766.
Son père, propriétaire It capitai-
ne d'un navire de commerce de
celle ville, périt dans un naufra-
ge. Peu de temps après le jeune
orphelin fut appelé à Paris par
l'abbé Duval, son oncle maternel,
qui était alors proviseur du collè-
ge d'Haï court, et qui fut depuis
recteur de l'université. Il fit ses
études avec succès sous les yeux
de son oncle, et quand elles fu-
rent achevées, il retourna au Havre
près de sa mère,;\ laquelle il était
tendrement attaché , et dont il
eut bientôt à déplorer la perle.
Actif et plein d'énergie au milieu
d«î compatriotes dont la fortune
s'était faite, et s'accroissait par le
commerce, la même carrière lui
était ouverte , et sa vocation fut
décidée. H fit d'abord un voyage
à la Martinique, où le frère de son
père avait formé un établissement
qui avait prospéré; Les opérations
auxquelles il se livra lui-même
n'ayant point réussi, il revint au
Havre, d'où il repartit quelques
mois après pour gérer à Saint-
Domingue les affaires de la mai-
sou Foache,qui y possédait de
grand(îs habitations. Il avait ho-
norablement rempli celle mission
de confiance, et il commençait à
travailler utilement à sa propre
fortune, lorsque la révolution é^-
clata dans cette colonie. Il parta-
gea les opinions des hommes sa-
ges et éclairés qui s'y trouvaient
alors. Il travailla avec eux à réu-
nir les colons et les hommes de
couleur, et fut nommé président
d« l'une des -assemblées qui dres-
sèrent un concordat pour opérer
GAM
cette réunion. Les passions el If?
pWjuf'és l'emportèrent; les par-
lis en vinrent aux mains; les
blancs furent dofaitj, et M. Ga-
mot, après t)voir été témoin de
l'iniendie du Port-au-Prince et
de sa propre maison, ne trouva
de salut qu'en s<' rélugiant avec
deux nègres atïïdé» sur un esquif,
où il passa plusieurs jours luttant
contre les Ilots et le manque de
livres. Exténué de fatigue et de
besoin, il débarqua de nuit sur \\n
point de la côte qu'il croyait sûr.
xMais il y fut surpris pendant son
sommeil par uu parti de noirs qui
le traînèrent au Port-.iu-Prince,
où sa tête était mise à prix : il
allait périr si uu de ses auiis ne
lût parvenu à le sauver. Cepen-
dant il fallait se souslraii« à de
nouvelles persécutioiis : il s'em-
barqua pour les Etats-Unis. Les
Anglais s'emparèrent penduut sa
traversée du bâtiment qui le por-
tail. D<';pouiilé par eux de tiuit ce
qu'il possédait, et débarqué à la
Janii||ïque, il y tiouva d'anciens
correspondansqui lui procurèrent
les moyens de continuer son voya-
ge;, mais son navire se perdit, et
ce fut après un naufrage qu'il ar-
riva à Charles-Towu ; il se ren-
dit de t;ette ville à Philadelphie en
iraversant à pied les Apabiches et
les forêts (pii couvraient alors Cel-
te partie du continent. Il y sé-
journa pendant une aimée entiè-
re, attendant ime occasion favo-
lable de revenir en l*'rance , (»ù il
eut enûn le bonheur dt retrouver
sa famille et ses amis quelques
jours après le 9 thermidor. Jus-
qu'alors l'activité et les travaux
de M. Gamot n'avaient rien, ajou-
té à un pulriniuinc borné, mais il
GAM 445
s'était montré dans le Nouveau-
Monde, au milieu des plus grands
périls, homme d'honneur et de
résolution. Le courage qu'il avait
opposé à la mauvaise fortune lui
avait mérité l'estime de ses
compatriote.s, et ils lui en doimè-
rent le témoignage le plu.s flat-
teur, à son retour parmi eux, en
le nouunant membre de la muni-
cipalité de sa ville natale. Les
fonctions auxquelles il venait d'ê-
tre appelé lui fournirent plus d'u-
ne occasion de montrer la recti-
tude de son esprit, la bonté de
son cœur, la modération de ses
opinions. Mais ces fondions, bien
qu'houorablement exercé''S , ne
pouvaient lui procurer rin<lépen-
dance sociale qui était un des pre-
miers besoins de sou caractère.
11 était âgé de plus de 5o ans, et
il n'avait point encore d'état as-
.«uré. Contrarié dans quelques
projels qu'il avait formés, il (juit-
ta le Havre en 17;. 7» et vint à Pa-
ris, où il troMva pendant quelques
mois, dans la culture des lettres,
qu'il n'avait jamais abandonnées,
des distractions qui lui étaient
devenues nécessaires. Knfin, se-
condé par d'anciens amis, il y for-
ma un établissement de commer"
ce qui s'élevait sotis les plus heu-
reux Jjospices, lorsqu'il épousa, à
la fm de 179H, >1"* Anloinetlc
Auguié, nièce de lU"" Ciunpan,
et fille d'un ancien receveur-gé-
néral des (înances, qui était alors
administrateur des postes. Plu-
sieurs années s'écoulèrent dans
une douce mii»m, et M. Gamot,
exclusivement occupé du bonheur
de sa femme et de ses enfans, n'a-
vait à désirer que de voir se pro-
longer les avantages de sa situai'*
444
cou
tion. La rupture subite du traité
d'Amiens? en lui faisant éprouver
des pertes considérables, vint obs-
curcir son avenirde quelquesnua-
ges, et lui imposa le devoir de ne
point confier désormais à des spé-
culations hasardeuses le bien-être
et le repos de sa famille. Il fut
nommé vers cette époque admi-
nistrateur des droits-réunis. 11
montra , dans l'exercice de ses
nouvelles fonctions, l'activité dont
il était doué, et les connaissances
variées qu'il avait acquises. Le
nom et les recommandations du
maréchal Ney, qui était devenu
son beau-frère, pouvaient lui fai-
re parcourir d'une manière rapi-
de et brillante la carrière admi-
nistrative dans laquelle il était
entré. 11 fut nommé préfet du dé-
partement de la Losère au com-
mencement de i8i3. et, en 1814,
préfet du département de l'Yon-
ne. Les regrets qu'il a laissés dans
ces deux départemens atleslent
le bien qu'il y fit, et celui qu'il
avait l'intention d'y faire. Les
soins qu'il apporta à adoucir la
rigueur des lois sur la conscrip-
tion et la formation dos gardes-
d'honneur, y conserveront le sou-
venir de son nom. Rentré dans la
vie privée en i8i5, il devait y
subir les plus cruelles épreuves.
Le maréchal Ney lui avait cons-
tamment montré les sentimens
d'un frère et d'un ami dévoué.
GOU
Ses malheurs rendirent dans le
cœur de M. Gamot les devoirs de
l'amitié plus impérieux et les af-
fections de famille plus sacrées.
Il ne s'occupa plus qu'à secon-
der sa belle-sœur de ses soins et
de ses conseils dans tout ce que
la tendresse conjugale et le plus
touchant dévouement purent lui
inspirer de mettre en œuvre pour
sauver son mari. Pendant la durée
de ce déplorable procès, il porta
chaque jour au maréchal, dans sa
prison, la consolation et l'espé-
rance; et quand tout espoir fut
perdu, il passa près de lui les der-
niers momens qui précédèrent
l'heure fatale; peu de momens
après, il vint relever du champ de
mort le guerrier que la fortune
de tant de combats avait respecté
sur le champ de bataille; il lui
rendit de pieux et douloureux de-
voirs; mais leurs pénibles détails
l'affectèrent profondément. D'aus-
si grandes infortunes vues de si
près l'attachèrent plus fortement à
ses neveux. Le désir de relever la
gloire militaire de leur père le sou-
tint pendant trois ans au milieu des
souffrances dont le chagrin avait
été la source; il venait de termi-
ner l'histoire du maréchal , et de
leur adresser ce monument qu'il
élevait à sa mémoire, quand il fut
enlevé, dans la force de l'âge, à
sa farhille et à ses amis au com-
mencement de i8'io.
Des renseignenjens plus précis et d'une plus grande exactitude que
ceux qui ont servi à la rédaction de l'article du maréchal Gouviow
Saint-Cyr [voyez le 8*" volume), nous ont déterminés à consacrer une
nouvelle notice à cet illustre guerrier.
GOUVION-SAINT-CYR (Lau-
rent, MARQUIS de) , pair et maré-
chal de France , est né à Toiil , le
i5 avril 1764. H se livra d'abord
GOU
à la peinture, autant par goût
que par nécessité; fit, très-jeune
encore, un voyage en Italie, afin
de se perfectionner dans son art;
et, lors de son retour en France,
qui eut lieu peu de temps avant la
révolution, il entra comme sous-
lieulenaut dans un bataillon de
volontaires de Paris. C'est avec
ce grade qu'il arriva à l'armée du
Rhin , où il Tut attaché à l'état-
major du général Custines. Ses
conseils furent de la plus grande
utilité aux généraux qui se suc-
cédèrent rapidement au comman-
dement de cette armée, et il di-
rigea les combats nombreux que
les Français livrèrent aux Prus-
siens. Toutes les voix s'accor-
daient pour attribuer les succès
aux talens du capitaine Saint-Cyr.
Adjudant-général en 1795, il fut
envoyé , dans le cours de la même
année, à l'armée des Alpes, com-
me général de brigade , et chassa
les Piémontais de la Maurienne,
le 14 septembre ijgS. Il revint,
au commencement de 1794» ù
l'armée du Rhin-et-Moselle, avec
le grade de général de division,
et, le i3 juillet, il battit les Prus-
siens près d'Eithoffen, et emporta
le village d'Edessen après le com-
bat le plus opiniâtre. Dans le cours
de cette r;ur)pagne, le général Gou-
vion Sainl-Cyr fut constamment
opposé au fameux Bliicher, alors
général-major. Il le battit en di-
verses rencontres, et notamment
aux deux combats de Kayserslau-
tern. Dans l'année suivante , il
reprit la ville de Deux-Ponts sur
l'armée deClairfayl, et commanda
l'attaque du centre au blocus de
iMayeuce. Les manœuvres de Pi-
chegru, déjà dévoué au parti de
GOU
445
l'émigration, l'impéritie d'un gou-
vernement jaloux et faible, ayant
considérablement afifaibli leslignes
de l'armée française, ces lignes fu-
rent attaquées par les Autrichiens,
auxquels le général Gouvion Saint-
CjM' opposa la plus intrépide ré-
sistance. Le nombre l'emporta, et
le général français fut contraint
de se retirer sur tes lignes de la
Queich ; mais ce mouvement fut
exécuté avec tant d'art, que, d'a-
près le nombre de prisonniers faits
chaque jour à l'ennemi , cette re-
traite avait toute l'apparence d'u-
ne marche volontaire. Cependant,
le 1 5 mai 1796, Moreau est appelé
au commandement de l'armée du
Rhin-et-Moselle; l'aile gauche de
son armée est sous les ordres du
général Gouvion-Saint-Cyr, qui,
le 1 5 juin, attaque les Autrichiens,
et s'empare des positions qu'occu-
pait le maréchal de Wurmser, en-
tre Frankenthal et le Behut. Après
le passage du Rhin, il poussa une
forte reconnaissance sur le camp
de Biberack, et, le 2 juillet, il
enleva la redoute qui défendait la
gorge de la Renchen. Malgré les
pluies continuelles et la vive ré-
sistance de l'armée autrichienne ,
il emporte la position de Freu-
denstadt, et, le 6 juillet, à la
bataille de Rastadt, où il com-
manda le centre de Tarmée, il
soutint, avec une de ses divisions,
les attaques de Desaix sur cette
ville. L'ennemi, battu, se retire
sur Ettingen. Le 8, le général
Gouvion Saint-Cyr marche par
la vallée de la Murg, débouche
sur la gauche de l'ennemi, et,
le 9, attaque ses positions aux
sources de la rivière d'Alb. Il avait
en tête l'élite de l'armée aulri-
44«
GOU
chienne, qui défencfail Herenalb,
Fiawenalb, et le? hauteurs (\e Ko-
tensolhe, une des irumtagnes Its
plus élevées de la Forrt-Noire.
Quatre fois repoussés, les Fran-
çais reviennent quatre fois à la
charge; à la cinquième, ils enlè-
vent Iti position à la b.;ïouriette,
et mettent l'ennemi en pleine dé-
route. On prend i loo hommes,
12 olïieiers, un colonel, it une
pièce de canon. Moreau dit, dans
son rapport, que la conduite du
général Saint-Cyr est au-dessus
de tout éloge , et que la bonté de
ses dispositions avait assuré le
succès de la journée. Le i4, le
général Saint-Cyr détache de son
camp de Freudenstadt la division
Duhestne. pouraltaquer les Autri-
I hkns aux sources de la Kissche,
et soutenir les mouven)ens des
généraux Desaix et Ferino. Après
plusieurs combats autour de Ne-
resheim , le prince Charles ayant
reçu des renforts, se pirte sur
toute la ligne de l'armée française,
et dirige ses plus grandes masses
sur l'aile droite, commandée par
le général Saint-Cyr, qui , dé-
bordé, défendit ses positions avec
la valeur la plus opiniâtre, et obli-
gea les ennemis à la retraite. L'ar-
mée française poursuit l'archiduc
dans son mouvement rétrograde,
et, le 19 août, le général Saint-
Cyr occupe Engelholien et Lan-
genreich. Après la brillante vic-
toire du 26 et le passage du Lech,
le général Saint-(ïyr s'avance jus-
<|u'à Hamper, pour reconnaître
Frecing, qu'il attaque, le 7* sep-
tembre, avec une telle vigueur,
que l'ennemi, dans sa retraite, ne
peut pas coiip<îr le pont de llsi-r.
Le 7 il rencontre les Aulrithiciis
GOU
ù Maimbom-g, et leur fait 5oo pri-
sonniers. L'armée du Rhin-et-
Muselle est au cœur de la Bavière
ses avant-gardes «ont aux fron-
tières de l'Autriche ; mais la peirlc
de la bataille de Wurtzboui'g par
l'arfnée de Sambre-el- Meuse .
contraint Morean à la retraite. Le
i" octobre, l'armée française est
à Buchan , où les Autrichiens,
malgré quelques désavantages, se
maintiennent sur le chatnp de ba-
taille. Le 2, le général Saint-Cyr
les attaque de front à Stenhausen;
sa petite armée, forte de i4 ba-
taillons et 6 escadrons, marche
à l'ennemi entièrement déployée.
Dès le commencement de l'iwîtion
tontes ses réserves sont engagées:
les braves de la f^ti' demi-brigade
demandent au général le pillage
des canons : singulière récompen-
se , digne des soldats qui la récla-
maient. Moreau, qui se portait
avec les troupes de Desaix sur
Biberach, n'arriva que le soir et
lorsque la victoire était décidée;
il compléta le succès, et l'ennemi ,
poursuivi pendant toute la nuit,
laisse au pouvoir des Français
5ooo prisonniers, 65 officiers,
3 drapeaux et 20 canons. Le gé-
néral Saint-Cyr, attaqué, le 20
octobre, dans la vallée d'Enfer, ";
opposa à l'ennemi une telle résis-
tance , que celui-ci ne put pas
déboucher. Le 26 et le 27 les
Françai» s'établirent sur la rive
gauchi' du Bhin . et le général
Saint-Cyr partagea avec Desaix
l himncur de la défense de Kehl.
Ces drux généraux commandaient !
à tour de rôle. Desaix signa la ca-
pitulation. Le général Sidnt-Cyr
repa'^sa le Khin avec Moreau-, le
30 avril 1797, et prit une part
GOU
hrill.inte à la victoire du 2 i , vic-
loiie (jui fit retomber K.ehl au
pouvoir des Français. Peu de
temps après, envoyé en Italie, il
remplaça Masséna dans son com-
mandement, lorsqu'une insurrec-
tion e ut contraint(;elui-ci de quitter
Rome en 1798. L'insubordination
des troupes cessa avec les causes
qui avaient firoduit le méconten-
tement. Destitué à cette époque,
ainsi que plusieurs autres géné-
raux, legénéralGouvion S.iinl-Cyr
fut (presque aussitôt réintégré dans
sou grade, et il commandait, au
«nois de mars 1799, la gaucbe de
l'armée du Danube. L'archiduc
Charles, après avoir passé le, Lech,
se porte sur Memmingen, où il éta-
blit son quartier-général le 9.
Sa posilioFi sur l'Inn devint paral-
lèle à la ligne générale des opé-
rations des Français ; elle était
moyenne entre le Danube et la
rive orientale du lacde Constance.
Le général Saint-Cyr, après avoir
retranché les défilés de Freudens-
tadt . s'avança , par Moskirch ,
jusqu','. Siginaringen. Comme le
général ea chef, Jourdan , avait
reconnu 1» supériorité funnéri-
que des troupes de l'archiduc ,
il adressait de IVéquens courriers
à Berna dote , qui commandait u-
ne armée d'observation dans le
l'idalinat, pour le presser d'en-
voyer des renforts à sa gauche.
Après plusieurs mouvemens au-
tour de Piiillendorf , l'archiduc
attaqua les Français le 21 , sur
tout le front di; leur ligne; et sa
culoune de droite, aux ordres du
prince de Furstenberg, ayant pas-
sé près de iMengen , le long du
Danube, tourna l'aile gauche fran-
laiac, qui, après la résistance la
GOU
447
plus opiniâtre, se retira sur le»
hauteurs de Pfulleiidorf. Les dis-
positions que prit rarchiduc dans
la journée du 2-2 pour envelopper
cette aile, décidèrent le général
Saint-Cyr à se retirer sur En-
gen. Le aS , Jourdan ayant ré-
solu de livrer une bataille déci-
sive à l'archiduc , donna ordre au
général Saint-Cyr de marcher sur
l'avant-garde de M. de Merfeld ,
par le chemin de Tutt'ingen à
Liptingen. « Ce fut par cette aile
gauche que la bataille fut engagée.
Ses attaques impétueuses dépos-
lèrent le général Meerfeld de sa
position à Tuttlingen. Le général
Saint-Cyr battit cette avani-garde,
et la pressa si vivement qu'elle
fut Ibrcée de se retirer en désor-
dre jusqu'au bois situé entre Lip-
tingen et Stockach : une partie
fut poussée jusqu'à Schwandorf ,
sur le chemin de Tuttlingen à
Morsckiich. Le général Saint-Cyr
poussa le corps du général Meer-
îeld jusqu'à l'extrémité de ce bois.
La position de l'armée autrichien-
ne allait être tournée , quand l'ar-
chiduc tira des forces de s.-» gau-
che. Depuis cinq heures du ma-
tin, l'avantage était du côté des
Français... L'archiduc donna l'or-
dre d'attaquer le bois occupé par
les troupes du général Saint-Cyr.
Ici commença l'un des plus fu-
rieux combats d'infanterie qui ja-
mais aient été livrés. L'archiduc
mit pied à terre et chargea à la
tête «les grenadiers. Le prince
d'Anhalt et le prince de Fursten-
berg, qui y fut tué , conduisirent
de même leurs colonnes. Les Fran-
çais ne furent cependant repoussé*
jjors du bois qu'après une résis-
tanc; désespérée. Le coips des ca-
448 GOU
rabiniers couvrit lavetraite, et lut
chargé à la fois par les grenadiers
et les cuirassiers impériaux. Le
général Saint-Cyr dut céder à ce
terrible effort, et se replia sur Lip-
tingen. Le 26, il passa le pont de
Tutlîingen, et le 27, il arriva à
Hothweil. » [Précis des énénemens
mililaires.) Les revers de l'armée
du Rhin, ceux de Schérer en Ita-
lie, amenèrent une combinaison
nouvelle dans la guerre défensive
que la France soutenait. Le 19
juin , Joubert remplaça Moreau
dans le commandement de l'ar-
mée derrière l'Adda. Les ordres
du directoire sont de prendre l'of-
lénsive. Le général Saint-Cyr, qui
commandait la droite, était cou-
vert parla Bocchetla, et couron-
nait en avant du défilé de la ri-
vière, les revers de la vallée de la
Scrivia. Joubert s'était déterminé
à tenter un vigoureux effort pour
obliger Suwarow à lever le siège
de la citadelle de Tortone ; le gé-
néral Saint-Cyr, à la lèle de la
plus forte colonne, sorti par les
détilés de la IJocchetta , poussa
jusqu'à ÎNovi, et s'en empara. Il
envoie un détachement au-delà
de la Serivia, qui doit suivre les
montagnes et arriver sur Tortone
en poussant par Cassano. Ce mou-
vement décida Suwarow à atta-
quer le i5 août au malin. Le gé-
néral Saint-Cyr repoussa toute la
journée le cojps commandé parle
f;énéral K.ray, qui se trouva telle-
ment maltraité que Suwarow fit
tenter une seconde attaque con-
tre les hauteurs de Novi, par les
ilivisions aux ordres des généraux
Darfeld, Bagration et M(llorado-
vvilsch. Malgré les prodigieux ef-
forts des troupes russes, les Fian-
GOU
çais conservent leurs positions, et
le centre de l'armée alliée est dé-
truit dans les charges que Suwa-
row fait renouveler avec une iné-
branlable constance. Le général
Gouvion Saint-Cyr ne parvint à
se maintenir dans son poste que
par des prodiges d'habileté et Je
valeur. Cependant Mêlas atteint
les premières hauteurs de Novi
du côté de Pietali, à la tête de 14
bataillon? de grenadiers , et entre-
prend de tourner entièrement la
droite du général Saint - Cyr. Il
fait attaquer le flanc droit des
Français par la division du géné-
ral Froehiich. La première charge
est vivement repoussée, et le gé-
néral - major Lusignan demeure
prisonnier. Vers cinq heures du
soir, le poste de Novi étant enle-
vé et les troupes ne pouvant plus
résister aux attaques réitérées du
général Laudon et du prince de
Lichtenstein , le général Saint-
Cyr se trouvant presque envelop-
pé , commença sa retraite , qu'il
exécuta en bon ordre. Il occupe
la montagne Rouge, où, se te-
nant à portée de défendre , par la
route de Bavi,les accès de la Boc-
chetla, il donna au reste de l'ar-
mée, après la déroute de Pastu-
rano, la possibilité de rentrer dans
leurs anciennes positions. (]ham-
pionnet succède à Moreau , et
connnence avec Mêlas une guerre
de poste pour l'investissement de
Cotji, Le général Saint-Cyr a le
commandement de la dioile de
l'armée, formant un corps d'ob-
servation sur la rivièredi! Levant.
Il occupe Gènes et les ]'.>slc>< ad-
jacens. Il attaque, le 12 oclobro,
le général Klénau , dans son cauip
retranché de Rapallo, et le rc-
GOU
jette sur la Spezzia. Le maréchal
de Bellegarde amène du renfort
au général Klenau, et celui-ci mar-
che pour reprendre ses anciennes
positions. Cependant Champion-
net perd la bataille de Savigliano ,
et le feld-maréchal Kray passe la
Bormida, et attaque les Français.
Le général Saint Cyr assemble la
plus grande partie de ses forces
sur les revers des montagnes de
ISovi, et, le 5 novea)i>re, oblige
le maréchal Kray, qui avait fait
un mouvement ^)»»rses ailes , à les
replier sur ses divisions du centre.
Malgré ce succès obleuu à la droi-
te, l'armée se rallie avec peine
sur l'Apennin ligurien. Coni capi-
tule , Gênes est menacé : « Dans
cette extrémité, le général Saint-
Cyr forme la résolution hardie,
mais indisjwnsable, de prendre à
son tour l'offensive. En consé-
quence, après avoir averti le gé-
néral AVatrin des projets de l'en-
nemi, il uiarche, le ladécembre,
en personne contre le général Kle-
nau, dont la gauche était pres-
que inattaquable; elle s,'appuyait à
la mer, et était couverte par le
l'eu de deux vaisseaux de guerre
et de plusieurs bâtimens lég<;rs.
Tourner cette j)Ojition était une
opération difficile, sous le double
rapport de la disproportion des
forces et du désavantage du ter-
rain, preique inaccessible par son
élévation et la dilliculté des dé-
bouchés; mais il n'y avait pas
dalternalive. Le général Darnaud
reçoit ordre de tenir la défensive
sur le point appuyé veis la mer ,
tandis que le général Saint-Cyr,
après avoir détaché deux batail-
lons sur iMontefiuiio , se porta
»ur le centre et le liane droit des
X. XVI.
GOU
449
dispositions de l'ennemi. Après
un combat opiniâtre, les Français,
maîtres des débouchés , gravis-
sent les montagnes, enfoncent le
flanc droit des impériaux, dont la
déroute entraîne celle de la gau-
che.» {Précis des évéuemens in'dltni-
res.) L'armée battue vient se ral-
lier derrière la Mjirga, et la divi-
sion du général Ott, forte de 89 ba-
taillons et de 8 divisions de cavale-
rie, qui uïarchail an secours de
Klenau, prend ses canlountîmens
dans le duché de Modène et de Par-
me. Le premier consul Bonaparte
envoya au général Saint-Cyr un
sabre d'honneur : ce fut ki premiè-
re récompense naliouale que Bo-
naparte décerna coaune chef de
l'état; il y joignit la lettre suivan-
te : «Le ministre de la guerre m'a
» reiidu compte, général, de la vic-
tftoireque vous avez rempoitée sur
w l'aile gauche de f'armée i.utri-
« chienne; recevez comme témoi-
)gnage de ma satisfaction un beau
«sabre que vous porterez Us jours
odecouibat. Faites connaître aux
"Soldats qui sout sous vos ordres,
«que j«'. suis content d'eux et que
«j'espère l'être encore davantage.
» Le ministre de la guerre vous
«expédi»' le brevet de premierlieu-
» tena^it de l'armée... « A celte épo-
que le gouvernement de Gênes
lui fit ime oll're qu'il refusa avec le
désinléressement qui caractérise
toutes les époques de sa vie. Le
premier présent repoussé, h;s Gé-
nois eu envoyèrent un autre au-
quel ils savaient que le général
Saint-Cyr attacherait un grand
prix. Ce gage glorieux de la re-
c<umaissance d'une grande cité
ne lui est jamais parvenu. L'an-
née suivante le général Sainl-(^yr
'9 ,
.'i5o
GOU
commandait le cerîlre <Ie l'armée
dn llhin , et pas;;a le 26 avril le
Rhin à Brisach, Il s'empara de
Friboiirg, ri se porta sur Saint-
Biaise, où il se réunit à la réserve,
eonmiand*!e par le général en che!'.
Mureau aynut attaqué les Autri-
chiens à Engen . la victoire pen-
chait on faveur tle ces derniers,
lorscpie le içéuéral Kray apprenant
l'arrivée du général Saint-Cyr sur
Hohenhowen, battit en rv'traite:
ce dernier se porta sur Liptiuiren,
et arriva le 6 rnai sur les hau-
teurs qui dominent la rive droite
<lu Danube; niais Moreau n'avait
pas iharché de 'ce côté à la sui-
te de I ennemi, et le général Kray
avait passé pendant la nuit le Da-
nube à Sigmaringen. Le général
Saint-Cyr s'avança sur Buchau ,
et le 9 mai attaqua l'avant-garde
atitricbienne , rjui était séparée du
corps de bataille parla Ricss : il lu
culbuta dans la rivière, lui fit
i,5oo prisonniers, et s'empara de
«es canons, puis il poursuivit l'en-
nemi en longeant le Danube. Le
iG, l'arcbiduc Ferdinand ayant
percé la ligne du général Sainte-
Suzanne, et le for(;ant à rétrogra-
der, le général Sainl-C_yr fit faire,
à «on arrière-garde un n)ou veulent
rétrograde, et plaça surin rive
droite du Danube, des batteries
qui tiraient sur la roule d'Uhn ù
Érbach; l'archiduc crut qiie toute
l'armée allait passer le fleuve et le
couper; il se repli:» surDlm. Quel-
ques jours après le général Saint-
(!yr quitta l'arniée d^i llhin. Cel-
le n\ême année il fut nonnné coi»-
«eiller-d'état, et le premier consul
Bonaparte lui doima le cofninan-
deujenl des troupes réimies à Bor-
deaux pnm eftécti'.cr le passage
GOU
des Pyrénées, et pour aller se réu-
nira l'armée du prince de la Paix
[voyez GoDOï). Cette guerre contre
le Portugal ne fut pas de longue
durée, et un traité de paix qui
valut au favori espagnol des hon-
neurs inusités, ne tarda pas à ter-
miner cette campagne. Il remit
le commandement au général Le-
cierc, et succéda à Lucien Bona-
parte comme ambassadeur à iMa-
drid. Raj)pelé de ce poste pour être
envoyé en Italie, il prit ea i8o'^ le
commandement 'de l'arniée d'ob-
servation dans le royaume de Na-
ples. Le général Saint-Cyr refusa
de dicter aux troupes, sous ses or-
dres, des adresses pour solliciter
le preiYiier consul à se revêtir de la
dignité impériale; mais aussitôt
que le sénatus-consulîe du 18 iriai
i8o4 fut aiTivé à sa connaissan-
ce, ni lui ni son armée ne fwcnl
attendre leur adhésion , et le
courrier qui avait été envoyé à
Paris, rapporta au nom de l'empe-
reur des grades et de& décora-
lions pour les ofliciers et les sol-
dats, et, pour le général en chef,
sa nomination aux dignités de
grand-otïicier de l'eiftpire, et de
colonel générai des cuirassiers. Le
2 février i8o5, il fut nommé un
des (il» grands-aiglus de la légion-
d'hoMfieur; il assista au couronne-
ment de Milan, et il évacu.'r le 21
septembre les états napolitains, eu
vertu d'un traité de neutralité
conclu avec celte puissance. Ces
troupes formèrent le t" corps de
l'armée d Italie, destiné à agir sur
rAdig«,et à cerner Venise. Le
général Saint-Cyr battit" à Castel-
Franco le prince de Rohan, et le
fit prisonnier, ain^^i qu'un corps de
b\ooo Autrichiens. Il occupa Ve-
GOL
nise ;i la poix (rAusterlitz , et le
8 lévrier «8o6, entra, à la tète de
son armée, dans le royaume de Na-
ples. Nommé commandant (jn
chef du camp de Boulogne, en
remplacement du maréchal Bru-
ne, il reçut le litre de comte de
l'empire, et eélui de piésident du
collège électoral du Mont-ïonner-
re. . Le 17 août 1808, le général
Gouvion Saint-Cjr prit le com-
tnandement du 7' corps de la
grande-armée, destiné à opérer en
Catalogne. Napoléon Ini donna
corle blaurtie^ et lui dit pour ins-
truction particulière de l'aire tous
ses efforts ponjr conserver Barce-
lonne, car, ajouta-t-il, si vous per-
diez cette place, je ne la reprendrais
pas avec 8o,oou hommes. Le 5 dé-
cembre Rose capitula, après 17
jours de tranchée ouverte. Le iii
le général (iouvion Saint - Cyr
gagne la iialaille ileCardedeu. à la
suile de l.tquelle le marquis de Vi-
ves, capitaine-général de la Cata-
lalogne, est destitué; le 17, il arri-
ve derarjt Barcelofine . qu'U dé-
livre des rigueurs d'un blocus. Le
21 il attaque les Espagnols dans
]a iMîlle position de Molino del
Rey, les met dans la plus complct-
te déroule, leur prend i,5oo hom-
mes, dans le noiubre desquels se
trouve le général Caldagnés et
douze olficif.TS s»ipérieurs , s'em-
pare de 5o bouches à leu, et de
tous les magasins de poudre et <le
muuilious que les Anglais et les
Catalans avaient établis à Villa-
Friuica. Le 25 février iSoj), il
remporta à Wallo la victoire la
plus éclatante ^ur le général
en chef lleding, qui y perdit
la vie. Le général Gouvion
.Saint-(Jyr s"enij)ara des villes de
GOU
45i
Félin - de - Quixolo , diC Pala-
mos, et couvrit le siège de Giron-
ne. Une campagne aussi glorieuse
aurait mérité au général en chef
la seule dignité militaire qui lui
manquait. L'empereur le pensait,
et deux fois il fit rédiger et signa
le décret qui élevait le général
Saint-Cyr à la dignité de maré-
chal : deux fois un favori qui veil-
lait à entretenir dans le génie de
Napoléon l« s semences d'une vieil- y^
leaiiimoïité fit déchirerle décret. Le
maréchal Augereau fut appelé au
cominaiîdementde cette armée, et
quoique le général Saiut-Cyr n'eût
quitté la Catalogue qu'après avoir
obtenu de nouveaux succès, qu'a-
prés être resté cinq mois à la tête
des troupes, pour dcuiner le temps
à jon successeur de soigner sa san-
té, enfin qu'après avoir reçu une
permisssion du ministre de la guer-
re, on s'obstina à considérer son
départ connne une infraction à la
discipline militaire. Deux ans de
disgrâce furent la récompense de
ses travaux. Les détails de celte
campagne sont consigné» dans
l'ouvrage que le maréchal Saint-
Cyr a fait paraître en i8'^.j : l'exac-
titude des faits, l'intérêt de la nar-
ration, (ont vivement regretter
que la plupart des opérations mili-
tai rcs de l'armée française n'aient
pas eu de pareils historiens. L'au-
teur, après avoir exposé, à la ma-
nière de César, les actions où il a
«commandé d/nis celte lutte entre
la France et la péninsule , déve-
loppe avec les talens d'un habile
écrivain et d'un grand capitaine
quelques-uns des épisodes de celte
guerre, et après av<»ir donné d'il-
luslres exemples, il donne de sa-
{•eb conseils pour conserver à la
ri 52
GOU
France sou indôpendance, et à la
dynastie des Bourbons sa gloire.
Le général Gouvion Saint-Cyr
reparut dans les affaires de i8ii,
où il reprilses occupalions aucon-
.•^eil-d'état. En 1812, l'empereur
lui donna le commandement de
l'armée bavaroise, rassemblée à
Bamberg. Ces troupes. sous la dé-
signation du G' corp? de la gran-
de-armée , se réunirent après ie
passage du Niémen au a' corps
commandé par le maréchal Oudi-
not , et lormèrent la gauche de
l'armée française, destinée à opé-
rer sur la Dwina : elles étaient
opposées au comte de AiViltgens-
tein. Le début de la campagne ne
tut pas très-heureux. Séparée de
l'empereur, (pii s'était avancé au-
delà de SmoIcMsk, celte armét^a-
vait commencé un mouvement ré-
trograde, et les ordres étaient don-
lies pour qu'on repassât la Dwina.
N.ipoléon ifjquiet sur son ilanc
gdiiche , îittendait a Wittepsk,
;.yant interrompu sa marche sur
;>ïoskou. Le ir août le maré-
chal Oudiuot est blessé, et le com-
Kiau'lexnenl en chel'des deux corps
réunis revient au général Saint-
Cyr. Celui-ci arrête le mouve-
ment rétrograde, prend roffmsi-
\e, repousse l'ennemi au-delà du
détilé de Polotsk, et. le lende-
main, après avoir^Migagé le comte
de Wittgcnstein sur toute la li-
^rie, le met dans !;t déroule la plus
i.-oMPjdète, s empare de son ai'til-
lerie, de tons se^^ bag;iges , et lui
prend on ttie 700^) houimes. Le
bâton de maréchal de France tut
i ) récompense de ce beau lait d ar-
iiii!S ; si la récompense tut tardi-
ve-, <dle en parut [)lus éclalanle.
L»; iNiiiit'.- de W'itfgen^tein. ren-
GOU
forcé par les divisions de Finlan-
de et les milices de Saint-Péters-
bourg, reparut sur le champ de ba-
taille. Le 17 octobre, il attaqua les
Français dans leur camp devant
Polotsk. La lutte dura trois jours ,
pendant lesquels les Russes lurent
constamment repolisses. Mais le
moment des revers était arrivé, et
déjà Napoléon avait qui ttéWoskou.
Le maréchal Gouvion Saint-Cyr
disposa tout danslanuitdu 19 pour
commencer sa retraite. Cette re-
traite est i\n modèle que citent
avec de grands éloges les oiTiciers
les plus expérimentés, car les co-
lonnes françaises arrivèrent sans
coup - férir derrière la Ouli. Le
maréchal Gouvion Saint-Cyr,
blessé d'une balle au pied, remit
le commandement au duc de Reg-
gio. Il rejoignit l'armée pendant
sa désasîrense retraite, et fit avec
le vice-roi son entrée à Berlin,
dont il fut nommé gouverneur en
remplacement du maréchal Au-
gerean. Une chute qui donna de
vives inquiétudes , empêcha le
maréchal Saint-Cyr de prendre
une part active aux éclatantes vic-
toir(;s de Wurîchen et de Bautzen,
où reni[)ereur lui destinait un
commandement important. Pen-
dant Tarinistice, il organisa le i4'
coips, et le 17 août, lorsque les
hostilités reprirent leur cours, il
occupait an-dessus de Dresde le
( a/np de Pirna, sa gauche appuyée
à Konigstein. ïl était ainsi à che-
val sur la gr.tnde route de Dresde
à Pr.ig.ie, poussant des partis d'ob-
'.eiv:iiinn jus(|u'aux débouchés de
'\iar:onb(;rg. Gepenilant la princi-
pale ai niée îles alliés débouche, le
sri, \y.\r ia route de Peterswald. As-
sailli jiar 200 mille hommes, le
G ou
maréchal GouvioD Saint-Cyr dé-
l'end pied à pied toutes ses posi-
tioii!», opère sa retraite lentement,
lésisle derrière de faibles retran-
chetnens aux eflbrls de cette j>ran-
<le armée, et donne ainsi à l'em-
pereiir le temps de revenir de Si-
lésie. Napoléon n'arrive que le 26
à midi. Il est suivi du maréchal
î^ey, de quelques divisions de sa
garde, et d'une partie de la cava-
lerie du roi de Naples. Déjà les o-
bus pleuvaient dans Dresde; quel>
ques-unes des redoutes étaient en-
levées, les antres tournées; mais
tous les efforts des alliés avaient
expiré aa pied de la palanque où
se trouvait le jnaréchal Saint (îyr
avec la division Berthezène/i A
cinq heures du soir, le maréchal,
soutenu par les troupes arrivées
de Silésie , attaque l'armée du
prince de Schvvarzenberg, et sous le
feu d'une canonnade terrible, le
force à rétrograder et le rejette bur
les collines qui entourent Dresde.
Le lendemain, le maréchal Saint-
Cyr contribua puissamment au
gain de l'éclatante victoire s que
remporta Napoléon. Dans celte
journée, il commandait un des
eor.ps du centre et soutenait les o-
pérations de la gauche. Il pou*-
suivit l'ennemi qui se retirait
dans la direction de Muxea , lui
fit un bon nombre de prisonniers,
s'empara de plusieurs milliers dt;
voitures d'artillerie; mais il ne; put
arriver que le ^o au soir devant
le débouché deToplilz. Le 10 sep-
tembre, il attaque les déliiés du
Geyersberg, qui étaient dél'endus
à l'eterswald et à llellcndorf par
le corps d'armée de Ziethen, ren-
forcé par les divisions russes aux
ordres du comte Pahlen , et par
G OU
<\b'ô
l'infanterie du prince Schaschafs-
koy. A quatre heures la division
Bonnet avait emporté la tête, du
défilé, où le corps .des grenadiers
russes fit une rcsislance désespé-
rée. Lo maréchal Saint- Cyr s'a-
vança pur Ebersdorl' , s'empara
des hauteurs de Meckenlhtiria
et de celles d'Ober-Rraupeu, for-
ça le passage et se répanflil dans la
plaine de Tôplitz. Les difficultés
du terrafui ne lui permirent pas de
faire arriver' son artillerie, et le.
maréchal ne put compléter ce bril-
lant succès. .Le i4, l'ennemi ayant
assailli avec de grandes forco'»!»
camp de Gusliabel, occupé par le
I" corps, le i5 à deux heurt'S le
marée W Gouvion SaiiU-Gy»; at-
taqua le conite de AVittgensteiu
en position à Macklercbach , tour-
na la droite de l'armée russe, par
la division Mou,lon-Dii vern.çf , ot
obligea les 5% 4" et i^" corj)s d'ar-
uiéo russe à reculer jusqu'à Nol-
len,dorf. Le iG^ il délogea l'eilne-
mi de toutes ses positions en a-
vant de l'eterswald , lui fit un
gr.iad nombre de prisonniers ,
dans le nombre descpicls s^o irou-
ya le fils du maréchal lîliuher.
Le 17 Ifts généraux M ittgensleiu
et Ziethçn , ayant couibiué l«urs
mouvem^ns avec ceux du géné-
ral Meerj'eld, ikltaqiièrent, sons leS
yeux du roi de; Prusse, los Fran-
çais aupr(!"s dq Dorhn ; niais ils
furent repousses, et le maréchal
Saint-Cyr les ch^issa de nouveavi
dans la plaine de Toplilz. Le 18
il repoussa le corps prus>-i«:n du
général Kleisl jusqu'à (Jbcr-Rrau-
pen, cl le général Mecrfeld ayant
essayé de surprciulre les hauteurs
du village de Rcinitz, fut mis en
déruule, et perdit aooo honuucs,
454
CrOU
qui tombèrent ;iu poin'oir fîes
Fiançais. Ce{>cndant les alliés réu-
nissant leur armée de Silésie à
celle tle Berlin, et passant l'Elbe à
Dessan, tandis que la îjrande-ar-
inée débouche de Bohême el se
porte par Chemnitz sur Léipsiok,
l'empereur quitte Dresden le 7
octobre, et laisse le maréchal Saint-
Cyr, ayant sous ses f)rdres les 1"
et i/f' corps, pour dél'eudre la ca-
pitale de la Saxe. Napohéon mar-
che par la rive gaucdu; de l'Elbe
dans la direction de iMagdebnurg.
Plusieurs de ses corps sont réunis
sous.Wittendierg; il espère faire
avorter le projet de réiuiiou des
alliés, el vaincre l'uué ou l'aulrc
de leurs armées avant b-iKt jonc-
tion à Léipsick. Le i3 octobre le
maréchal Saint - Cyr attaqué le
cou)te de Tolsloy, In: tue aoof»
hommes, lui fait laoo- prisou-
iiicFS, prend 20 canon«, ses ba-
p^oges, et demeure ainsi maître des
défilés de la Bohême. L'empereur
attaque, le «6, la grandd-armée de
Bohème, la bat, et la déro.ile se
lait WMilir jusqu'à la cjueue de cette
ai^inée, où un bon nombre; ila
fuyards- et de bagages tottîbe au
]>oiiTiMr ilu maréchal Salnl-Cyr.
Il e>l probable que le maréchal
aurait nvarchè au canon, vualgi'é
Vs inslruotiotiji contraires de l'em-
pereur, s'il n'avilit pns reçu un
Idllet qu'il communiqua ùt ses gé-
néraux, par lft(piel iNapoléon lui
renouvelait l'ordre positif de res-
ter dans Dresde. Kéduît à ne jouer
aucnn rôle dans Ih nuitivaise for-
tune de notre armée, le tnaréchal
Saint-Cyr, après (pielques com-
bats, se renferma dans Dresde,
où il fut bientôt bloqué par le 4*
coips d(; l'armée autrichictmc.
GOU
réuni aux troupes russes du com-
te de Tolsloy, formant ensemble
60,000 hommes. Le maréchal si-
gna, le 11 novembre, une capi-
tulation d'après laquelle il devait
rentrer en France avec ses trou-
pes et une partie de son artillerie.
Celte capitulation ne fut point ra-
tifiée ; et en violation de toutes les
lois de la guerre , le maréchal de-
vint prisonnier avec toute son ar-
mée, et ne revint en France qu'a-
près la première restauration en
1814. Il fut créé à celle époque
commandeur de Saint - Louis, et
nu:mbre de la chambre des pairs.
Liu's du débarquement de Napo-
léon , il fut désigné pourcommnrr-
derv" sous les ordres de MossiEtiR ,
r.irmée q<ii se formait à Lyon , et
p;utit dans la nuit du 20 mars
181 5, pour se rendre à Orléans.
Il lit d'inutiles et périlleuses ten-
tatives pour com[»rimer dans cette
ville et dains Bourges , le mouve-
ment général qui se prononçait en
faveur de Napoléon. Pendant les
cent jours il vécut dans la retraite,
et, après la seconde restauration ,
i'i fui appelé au ministère de la
guerre, dont il remit le poite-
fcuillo au duc de Feltre à la fin de
septembre i8i 5. Nommé minis-
tre - d'état et membre du conseil
privé . il fut en outre créé grand'-
croix de l'ordre de Saintr Louis,
et gouverneur de la 5' division
militaire. Appelé au mois de juin
i8»7 an ministère de la marine,
il consacra sa trop courte admi-
nistration par quehfues ordonnan-
ces utiles, et par le départ de
r« xpédilion de la corvette l'f7/'«-
iiie. Le portefeuille de la guerre
lui fut remis le 17 octobre de la
même année, et le maréchal Cou-
GOL
vîon Siiinf-Cyr eut besoin de tous
^on dévouement à la monarchie
consiitutionnelle pour réparer les
grande» fafites de son prédéces-
seur. Sou.s SCS mains Tordre re-
vint dans les finances de ce dé-
parlement; un déficit de 12 mil-
lions est comblé sans qu'on ait be-
soin de recourir à des emprunts o-
néreux on à la mumfiience royale,
et cependant le maréchal obtint à
la fin de 1818 l'honorable avan-
tage de présenter aux chambres
un budjjet, dont la rédaction a
depuis été adoptée par les antres
ministères , et de rupporl<;r au
trésor 14 millions, fruits de ses
économies. Pendant la session
1817-1818, il présenta aux cham-
bres le projet de loi sur le mode
de recrutement et d'avancement
<le l'armée. Il soutint la discussion
parlenientaire avec une vigueur
de raison et une force d'éloquen-
ce, dont les traits rappelaient à
ses adversaires la hache de Pho-
cion. Un succès éclatant couron-
na ses travaux, et in France put
espérer une armée citoyenne. Le
maréchal Gouvion Saint -Cyr fit
ouvrira Paris, le 24 novembre de
la même année, un cours d'en-
seignement mutuel pour tous les
corps de l'armée. Il nomma une
commission d'olBi/iers-généraux ,
d'administrateurs et de juriscon-
sultes, pour réviser le code des
délits etdcs i;eines nulitaires, ainsi
que la juridiction des conseils de
guerre. Une autre commission fut
chargée d'examiner le grand sys-
tème de défense exécuté par Vau-
ban , et de rechercher les moyens
les plus eflicaces pour le mettre
en harmonie avec le nouveau sys-
tème de guerre introduit de nus
GOU
4j5
jours. Le choix des membres de
la commission, présidée par le
général Marescot, était digne de
liniporlance du sujet. A la fin de
1818, quelques minislies ayant
ufinoncé le projet de l'.iire subir
des modifications à la loi du 5 fé-
vrier, il s'établit dans le conseil
une lutte, à la suite de laquelle
tous les minisires remirent leurs
portefeuilles, à l'exception du ma-
réchal Saint- Cyr et de M. Deçà-
zes. Un nouveau ministère s'orga-
nisa sous la présidence du géné-
ral Desolles. Pondant Tannée 1819,
lemiiréchalSaint-Cyr, attaqué pur
de fréquens accès de goutte, té-
moigna à plusieurs rept ises le dé-
sir de quitter le ministère, mais
le roi l'engagea couïtaujUMMit à y
rester. An mois d'août, il fut dé-
signé pour témoin de Taccwuche-
ment de S. A. 11. M'"" la duchesse
de Bcrry. Le mauvais état de sa
santé ne lui permit pas d'accepter
cet honneur. Mais le parti qui a-
vuit levé le masque par la propw-
siticn de 31. Barthélémy, avait
j)énétré dans le conseil , et comp-
tait déjà pour appui le ministre le
plus influent. Cette grande ques-
tion de modifier la loi du 5 février
fut agitée en présence de sa ma-
jesté, et le 18 novembre 1819, le
maréchal Saint-Cyrremitsoii por-
tefeuille. Pendant ce ministère, le
njaréchal Saint-Cyr s'est dépouil-
lé de quelques-unes de ses digni-
tés en faveur d'olTiciers-généraux
maltraités par hi fortune. Il a quit-
té le pouvoir sans solliciter de
nouveaux honneurs , et sans se
conserver d'éminentes fonctions
pour lui servir de retraite. Il avait
abandonné le ministère une pre-
mière fois pour ne pas signer un
/|5G HAM HAM
traité de doulonreusc mémoire ; gardait comme la sauve-garde de
il le qiiitla une seconde fois pour la liberté contitutionnelîe.
ne pas attaquer une loi qu'il re-
De nouveaux renseignemens sur M. de IIammer [voyez le 9' vol.
page ap) nous mettent à même de rectifier et de compléter cet article.
HAMMEU (Joseph de), célè- qu'il avait des langues orientales,
bre oricntali.'^te , est né le 9 juin en attendant qu'il trouvât une oc-
J774 ^ '' Graetz, capitale de la c.ision favorable pour voyager en
Styrie. Après avoir terminé ses é- Perse. Le baron de Habert, ayant .
tndcs, il alla à Vienne en 1787. reçu la nouvelle du traité d'£l-
Là il se livra avec assiduité et a- Arisch, le chargea de se rendre en
\ec succès à la poésie et à l'étude Kgypie pour veilleraux affaires du
des langues orientales. Au bout consulat; mais M. deïlammer resta
de quelque temps il fut reçu élè- quekjue temps sur les bords du
■ve de l'académie orientale de cet- 'ligre, auprès de sir Sidney Smith,
le ville, où il resta 9 ans, faute auquel il servit d'interprète et de
d'occasion d'être employé comme secrétaire. Il était présent à la
interprète. Pendant les deux der- conlérence du grand-visir à Jaffa ;
nières années de son séjour à en 1801, il fit la campagne d'E-
\ ienne, M. de Hammer s'occupa gyple avec sir Sidney, et après la
principalement du persan, dans |»rise d'Alexandrie, il se rendit en
i'inierition de faire un voyage en Angleterre , d'après les conseils
Perse. .Son premier travail îitté- du baron de Herbert. Pendant le
riire fut une traduction d'un poë- trajet d'Alexandrie à Portsmouth,
um Uirc sur lu Jh) de foui ex choses, il traduisit Ibn Waschies sur les
Lo talent poétique de W. de Ham-
mer comu)ença à se développer
en 1797. Au printemps de cette
année . il chanta la fête anniver-
saire de la naissance de l'empe-
reur dans une ode intitulée la
Fête du 12 février. H eu dédia u-
ne autre au baron de Jeniscb , in-
titulée VAsie, et ime troisième à
Muller. I 'année suivante il fil un
voyage dans lo centre de l'Autri-
che et à Venise, accompagné de;
son ami le baron de Rriiffl. Au
])rintcmps de l'année 1 7Ç)9, le ba-
ron de Thngut l'envoya à Cons-
tantinople avec une lettre de re-
commandation au baron de Iler-
hiéroglyphes et les alphabets in-
connus, de l'aiabe en anglais. En
1802, il se rendit d'Angleterre à
(>jnslantino])le avec l'ambassa-
deur le baron de Sturmer , au-
quel il servit de secrétaire. Com-
me agent impérial de la Molda-
vie , RI. de Hammer se rendit à
.lassy en 1806. L'année suivante
il retourna à Vienne, où il se lia
avec le comteWeiiz-Rzewuski, qui
aimait particulièrement les lan-
gues orientales. Celui-ci n'eut pas
plutôt fait connaître I.i résolution
qu'il avait prise de fonder un éta-
blissement utile dans ce genre,
que W. de Hanmiei' lui proposa
berl , par laquelle il le pri.iit de de publier le recueil lilléraire in-
l'euvoyer à Halep et Basra pour \\\u\v. : Mines de l'Orient. Le jour
perfectionner les connaissances des Rois, 1809 , parut l'annonce
HAM
de la fondation de cet institut,
comme du foyer de* lang:ues de
l'Orient et de l'Occident. A cette
époque, l'institut de Paris fit une
mention très-honorable des mé-
moires de iVJ. de Hammer, sur l'in-
fluence de l'islamisme pondant les
trois premiers siècles de l'égire.
Tandis que les troupes françaises
étaient encore à Vienne, M. de
Hammer fit tous ses efforts pour
recouvrer les manuscrits dont la
bibliothèque impériale de Vien-
ne devait être dépossédée ; ses dé-
marches furent couronnées du
pins heureux succès : Sao restè-
rent à Vienne, et on restitua , en
1810, \.i plus grande partie de
ceux qui avaient été transportés à
Paris. Il dut ce succès inespéré à
l'appui du ministre de l'intérieur,
le comte de Montalivet, et au zèle
du baron Silvestre de Sacy. En
reconnaissance de son ouvrage ,
Constitution d'état de l'empire ot-
toman , il reçut en i8i5, de l'em-
pereur deRussie, l'ordre de Sainte-
Anne , ïcconde classe, et du roi
de Danemark , l'ordre de Dane-
brog. En 1816, il épousa la fille
aînée du chevalier Henikstcin. En
1817, M. de Hammer fut nom-
mé conseiller-d'élat impérial , ce
que le prince Metternich lui an-
nonça par une lettre de sa propre
main. En 1819, l'ambassadeur
persan Mirza - Abul - Hassan se
trouvant à Vienne , M. de Ham-
mer le conduisit solenneIlem<;nt
à l'audience de la cour, et reçut
peu après la décoration de l'ordre
fie Léopold , avec une lettre ho-
norable du prince de iMetternich.
En 1821 , il entreprit«(le fairt; un
voyage à Dresde et h Berlirv [loiir
voir les trésors des bibliothèijues de
HAM 45;
ces deux villes; il fut nommé cor-
respondant des acadéiTiies d'Ams-
terdam . de Paris et de Berlin ,
membre des académies de (iottin-
gue, de Munich et de Copenha-
gue , et membre honoraire de la
société philosophique, de Phila-
delphie, des sociétés asiatiques de
Calcutta, de Bombai, de Madras
et de Paris, et de la société des
beaux-arts de Vienne. Les ouvra-
ges littéraires de M. de Hammer
sont: 1°. Di'S Dessins dhin voyage
de tienne à Trieste par Venise ,
in-8", Berlin, 1800; nouvelle édi-
tion, i8'i2. 9° Coup-d'œil ency-
clopédique sur les sciences de l'O-
rient , deux parties in-8° . Léip-
sick, 1804 ; 5" La Trompette de la
guerre sainte, in-8", Berlin 1806;
4° Ancient Alphabets ofibn fVas-
/lie, Londres , î8o() ; .'>'' Schirin .
poëme romantique persan^ deux
parties in-8°, Léip«ick, 1809 ; 6"
Rapports de l' ambassadeur turc
Rcsmidi - Achmed- Ejfendi , etc. ,
in-8°, Berlin, 1809; 7" Furs to-
pographiques du Voyage dans te
Levant, in-4° . Vienne, 1811;
8° Romclie et Bosnie^ traduit du
turc, in-S", Vienne , 181259" Dja-
fnr , ou la chute des Bermékides ,
in-S" , Vienne , i8i3; 10° le Di'
van de Mohammed-Schems-Eddin-
Ha/iz, 2 vol. in-8", Stultgard,
i8i5; I x" RosenneU 2i)etits vol. in-
8°,ïubingen, i8i4; 1-2" Sonnettes
de Spencer, in-4'' , Vienne, 1814
(aux frais du prince Sinzendorf, et
ne se trouve pas chez les libraires);
les mêmes en anglais et en alle-
mand, in-S" , Vienne, 181G; 15'
Gouvernement et administration de
l'empire ottoman , 2 vol. in-8* ,
Vienne, i8i5; \l\° Feuille de Trè-
fle oriental, in-4", Vienne, 1818;
458
RUl
iS" Histoire de la Rhétorique per-
sonne, in-4'', Vienne, iHiS; i6"
Coup-d\eitsur an Voyage de Cons-
fnnlinople , etc. , in -4°» Pest ,
i 8 18 ; 17° Uistoife des assassins ,
fi;rancl in-8', Stullgard, i8i3 ;
18" Monument sur le tombeau
des deux derniers comtes de Puri^-
stal , iii-fol., Vienne. iSai (ne
ye trouve point chez le> librai-
res ) ; 19" Copie figurée d'un
rouleau de Papyrus, etc., Vien-
ne , 1822 (ne .se trouve point chez
les hbrairos) ; 20° Constantinople
et le JJosp/i<3re,'î\v\. gr, in-8'', l*est,
i$-2'2; '}.{' Fil de Perles d' A bout
Maani, in-8° , Vienne , 1822; 22"
C Histoire et ta Littérature des Ot-
tomans[{\nni l'histoire de la litté-
rature d'Eichorn) ; 25" la traduc-
tion de Motinabbi, le plus grand
poète arabe. Vienne, 1825. in-
8'; enfin, nn très-grand nonibie
d'articles important insérés dans
des jnurnaux et recueils litté-
raires d Europe. M. de Hanuner
a encre beaucoup d'ouvrnges
maknscrits ; la traduction (Van-
çiise <hi ronjan de chevalerie a-
rabc Antar, la traduction des con
tes des Mille et une Nuits , etc. Le
portrait de cet Orientaliste célè-
bre se trouve dans son Histoiie
de la Rhétorique persanne.
KlRCKiiOFF (JûscPH-lloMAiN-
Lotus de), docteur en médecine,
chevalier de plusieurs ordres, et
membre d'un grand nombre de
sociétés savantes, né à >!alh,
pi'ovince de Limbourg (royaume
des Pays-Bas), le 3 septembre
IJÏ89, d'unie famille noble origi-
naire d'Allemagne , montra dès
son enfance nn goût décidé pour
les lettres. Sa famille le destinait
;i l'étude du droit, mais un pen-
chant irrésistible l'entraînait vers
RllV
les sciences phj'^siqucs et naturel-
les. Il reçut, en 1811, à Stra^f-
bourg le titre de docteur, après
s'être fait avantageusement con-
naître par une Dissertation sur
l'air atmosphérique et son influence
sur Céconomie animale, réimprimée
en 1816 (Maestricht, vol. in-S"),
Il fit, en qualité de médecin à la
grande-armée française, la fu-
neste campagne de Russie , en
1812, et celle d'Allemagne, en
18 13, sur lesquelles il a publié
im volume à' Observations médi-
cales (in-8°, Maestricht, 18 14).
Cet ouvrage, qui s'est beaucoup
perfectionné dans la seconde édi-
tion (Utrecht, 1822), valyl à sou
auteur de nombreux diplômes aca-
démiques, et des lettres flatteuses
de plusieurs souverains. Son Hy-
giène militaire, dont la première
édition parut en i8i5, et la se-
conde en 1825 (Anvers, vol.
in-8") , mit le sceau à la réputa-
tion de M. deRirckhoff, considéré
dans son pays connue le digne
successeur des Boerhav»". et des
Rrugmans. Cet ouvrage, déjà clas-
sique, vient d'être tradtiit en lan-
gue hollandaise. M. de Kiri kholf
remjiiit les fonclious-de médecin
en chef de Thôpifal militaire de
liiégc , en i8i5, puis de celui
d'Anvers jusqu'en 1821; il y don-
na des preuves multipliées de ?ou
zèle et de soi» attachement à tous
ses devoirs. S'étant prononcé con-
tre la nouvelle organisation du ser-
vice sanitaire à la mort du docteur
Bnig^mans , il donna sa démission ;
mais il céda néanmoins aux ins-
tances qu'on lui fit de toutes parts
pour le fixex à Anvers. Outie les
ouvrages dont nous avons tléjà
parlé , l'on doit à M. de Kirckhoff
des Observations pratiques sur la
LEP
fiérre ad'mamique, vol. iu-8°, An-
vers, i8i8; 110 Traité sur (e ser-
vice de sauté militaire (en laiii;uc.
hollan(JiH:<e). vol. in-8", Utncht,
1822; plusieurs dissertations in-
sérées dans le Magasin hypocra-
tique de MM. Sander et Wachter,
entre autres sur la plique polonui-
LËP
459
se, sur la phthisie muqueuse, sur
la gangrené d' hôpital, sur le pana-
ris, suv les engelures, sur l'empoi-
sonnement par l' acétate de plomb,
etc. Il a fourni ai»ssi divers arti-
cles littéraires aux journaux de !:»
Hollande et à la Revue encyclo-
pédique.
L'arli( le Lecocq, inséré au 1 1* voluuie, étant incomplet et inexact,
se trouve reclitié par la notice suivante.
JJ^OCQ (Charles), licencié
ès-lois, secrétaire du comuierce
deTournay, inspecteur des écoles
primaires, ancien membre de la
seconde cliandwe des élals-géué-
ranx du royaume des Pays-Bas,
où il 'se distingua par^ su noble
fianchise et par une sag^e modé-
ration. 11 déCeudit couslamment
les intérêts de ragricultuie et de
l'industrie nationale; il c^tuibaltil
avec une éloquence entraînante
les lois sur la mouture et l'abat-
tage... Il avait lait paitie de la
commission d'état chargée de la
révision de tout le sy.'yiéme finan-
cier en 1819. Réélu-^ par les élec-
teurs de la pro'viuce d<^ flainaut,
à l'unanimité, en 1825, il donna
sa démission, IVuidée sur des mo-
lif-^ de -an lé; il empnrta, eu- quit-
tant les attaifes publiques . l'es-
Lft notice sur le général Le Pic
plére, elle doit élre remplacée p;
<|H«lle ou. peut com|Mer.
LE PIC (l.rnis, comte), lieute-
nant-général drs armées du roi,
est né à iMonljudlier le 50 sep-
tembre ir65. Entré fort jeune au
service dans les dragons de Les-
cure, il obtint successivement,
par »a bravoure et sa bonne Con-
lime et les regrets de tous ses
collègues, même de ses adver-
saires d'opinion. Il est âgé de /j^
ans. M. Lecocq a publié plusieurs
ouvrages très-estimés sur l'éco-
nomie politique : des Mémoires ;
une Statistique commerciale de
l' arrondissement de Tournay; un
Traité sur les douanes, dans leurs
rapports arec C instruction manu-
facturière et agricole , etc. Il est
luleur aussi de plusieurs bons li-
vres sur l'insfruofion publifpie ,
tels que : Essai sur la combinaison
des méthodes d'tnseignemcrU pri-
maire ; Elémens de grammaire,
de géographie , etc. Il est colla-
borateur des Fastes belgiques, en-
treprise littéraire et lithographi-
que, dont le discours prélimi-
naire fait. désirer lu continuation.
[voyez le 1 1* volume) étant incom-
ir celle - ci , sur rexactilude de la-
duite, tous les grades dont il lut
revêtu. De brigadier de la garde
constituti-mnelle de Louis XVI,
où il servit jusqu'au licenciemenfj
il passa en i^f)?., dans la division
des volontaires nationaux à che-
val, avec le grade d'adjudant-ma-
4(>o
LEi'
jor. et peu de temps après , il fut
nommé lieutenant-colonel du niô-
nie corps, puis du 21* régiment
de chasseurs à cheval, à la têle
duquel il fut envoyé à l'armée de
rOuest, sous les ordres du géné-
ral Beisser. 11 combattit dans la
Vendée , j reçut plusieurs bles-
sures, et l'ut assrz heureux pour
laisser dans cette contrée des sou-
venirs qui rhonorent: il sauva des
\i(:iilards, des feumies et des en-
l"an>, entre autres une jeune fille
de 3 ans et demi, qui était abau-
donnée au pied d'un arbre, et dont
la nourrice venait d'être massa-
crée. Cette jeune fille l'ut recon-
nue 25 ans après par sa fauiille,
qui est nue des plus illustres, et
die jouit aujourd'hui d'une gran -
de fortune. En i7()G, iM. Le Pic
fut envoyé à l'armée d'Italie, a-
vec le lo' régiment de chassem.'*
à cheval, dont il prit le comman-
dement. Il fit avec distinction les
campagnes de celte époque. A-
près la j)rise de Manloue, comme
le plus ancien officier su[Ȏrieur, il
fut chargé du commandemeiit d'u-
ne colonne de cavalerie, qui so,
lro\ivait placée sur le lac de Oe-
gensano. Un corps autrichien et
esclavon vient l'attaquer : tM. Le
Pic fait ses dispositions, repousse
l'ennemi, et s'empare de toute la
colonne, infanterie, cavalerie, ca-
nons et équipages. Cette colonne
était détachée du corp.s du géné-
ral Laudon qui manœuvrait alors
dans le Tyrol. Il se montra de la
manière la plus brillante à la ba-
taille de Véronne. Malgié plu-
sieurs blessures très-graves qu'il
y avait reçues, il ne resta pas moins
à la tète de son régiment, et cul-
buta la cavalerie ennemie quoi-
LEP
que en nombresupérieur ausien; il
resta pour mort sur le champ de
bataille. Ses chasseurs traversè-
rent les rangs ennemis, en s'é-
criant : Mort ou vif, il faut rame-
ner notre colonel. Celle preuve
de dévouement fut particulière-
ment reiriarquée par le général
Moreau, qui, rendant hommage à
la bravoure de M. Le Pic, fut le
premier à le proctilmer colonel du
régiment qu'il ne commandait a-
lors que par intérim, comm« pre-
mier chef d'escadron. Il prit part
à la bataille de Marengo. Un an
après, la campagne se rouvrit, et
se trouvant sur le Mincio, au
moment où l'armée prenait ses
bivouacs, il fut chargé de faire une
reconnaissance. IV^ncontrant une
partie du régiment des hussards
toscans , il attaqua cette arrière-
garde, qui se compo-.ait de /joo
hommes environ :^ il la fil prison-
nière, et la présenta au général
Suchet , de la division duquel il
faisait partie. Ce général se char-r
gea de conduire ces prisonniers
an quartier du général Brune, qui
lui témoigna sa vive satisfaction.
M. Le Pic fut promu au grade de
major dans les gienadiers à che-
val de la garde consulaire, qui de-
vint plus tard garde impé-
riale. C'est dans ce corps qu'il fit
toutes les campagnes de la gran-
de-armée. Il commandait le 1"
régiuient à la bataille d'^^u.slerlitz,
et à celle d'Eylau, où il se cou-
vrit de gloire par undes faits d'ar-
mes qui ont le plus illuslj'é la va-
leur française. Il reçut et exécuta
l'ordre de charger sur plusieurs
masses d'infanterie russe , et de
s'etnparer d'une baltcrie qui cau-
sait de grands ravages au quai-
LEP
fier-général IVançais. La charge
qu'il fit fut couronnée du plus
glorieux succès; mais la neige é-
tant tombée à gros flocons, il ne
pouvait plus reconnaître le point
d'où il était parti. Cerné de toute
part, il traversa trois lignes d'in-
fanterie, et s'ouvrit un passage à
travers le feu et les baïonnettes ,
sans presque essuyer de per-
te. 11 déboucha sur un corps de
l'armée française, qui, prenant
son régiment pour la cavalerie en
nemie, tira sur lui, et lui tua deux
grenadiers et quelques chevaux.
Le général Le Pic se hSla de dé-
tacher un de ses officiers, dont la
présence fit cesser cette fatale mé-
prise. L'empereur, qui depuis plus
de trois heures n'avait point de
nouvelles du i" régiment des
grenadiers à cheval de sa garde ,
nomma M. Le Pic général de bri-
gade sur le champ de bataille, et
lui donna une dotation de 3o,ooo
francs; il avait reçu plusieurs bles-
sures dans celte brillante action.
Devenu officier-général, il conser-
"va toujours le commandement de
son régiment. Il fit avec ce corps la
campagne de 1809 à la grande-ar-
mée. La bataille de VVagram , où
il s'illustra de nouveau , ajouta
il sa gloire militaire, et lui mérita
une nouvelle dotation de l'empe-
reur. Deux fois il fut envoyé eo
Espagne : il commanda une par-
tie de lu garde k iVladrid, sous les
ordres de Mural; il eut part aton-
ies les affaires contre les Anglo-
E-ipagnols. Il fit avec la gartle im-
périale la campjgne de iSi-i con-
tre la Russie. A la retraite de Mos-
kou, toujours à la tête du 1" ré-
giment, il chargea avec toute la
i$^ Valérie d» la garde, i^ous la» or-
MAR 46i
dres du maréchal Beissière, un
corps de 8 à 10,000 cosaques, le
poursuivit pendant 4 heures, lui
tua beaucoup de monde, et lui re-
prit des canons dont il s'était em-
paré. Fait général de division , le
9 février i8i3, il prit en cette
qualité le commandement Un 2*
régiment des gardes - d'honneur
qu'il organisa à Metz. Il fit avec
ce régiment la campagne de Saxe
en 1815, et celle de France en
i8i4- A la restauration le roi
confia au général Le Pic le com-
mandement de la 21* division mi-
litaire à Bourges, où il reçut de
toutes les autorités les témoigna-
ges les plus honorables de la sa-
gesse qu'il avait déployée dans ce
poste important , surtout d;jns das
circonstancesqui l'ont rendu si dif-
ficile à remplir. \\)viiilG$centjotirx,
en i8 i5', pendant lesquels il fut em-
ployé par Napoléon, le général Le
Pic fut mis à la retraite par le duc
de Feltre, ministre de la guerre.
Depuis cette époque il s'est fixé à
la campagne, où il se livre à l'a-
griculture et à l'éducation de 5
fils, qu'il destine à la carrière des
armes. Sous le gouvernement im-
périal, il a été Siiccessivenient
chevalier, officier et commandant
de la légiou-d'honneur; chevalier
de l'ordre militaire de Maximilien-
Joseph, de Bavière, et enfin baron
de l'empire. Le roi l'a créé cheva-
lier de l'ordre royal et militaire de
Saint- Louis, et nommé comlt-
le ly janvier 181 5.
MARGIERIT (le bakon IN. (J.
de), ancien officier de la maison
militaire du roi, chevalier de Sair»t-
Louis et de la légiorf- d'honneur,
est né à Berneville en 1772. Nom-
uié^ eji t78y, S(His-lieutenant d'in-
463
MAPv
fantcrie , il ne put suivre, pour
cause de maladie, sou régiment
dans les Antilies. En 179a, vou-
Jant sauver son parent, le vicomte
de Bigne , qui était au nomhre des
prisonniers d'Orléans, et qui pé-
rit avec eux le 9 septembre, à
Versailles, il courut les plus grands
dangers. Agent des princes, iltiut
une mission pour s'emparer, en
leur nom, de la ville de Mézières,
ce qu'il ne put effectuer par suite
de la retraite de l'armée prussien-
ne. Cette mission le fit mettre hors
ta loi, et il ne gagna pas sans peine
la Vendée, où il trouva un asile. Il
tut blessé dans l'un des combats
qui se livrère«it dans cette contrée.
Il prit part aux projets de Piche-
gru , et avait l'ordre de réunira
Saint-Cyr , près de Versailles,
plusieurs centaines de Vendéens
avec lesquels il aurait dû, dans
une nuit, se port«r au Luxeuî-
bourg et enlever les membres du
directoire -exécutir. Il quitta la
France après le 18 fructidor an 5
(4 septembre 1797) , et fit partie
du comité royal de Souabe, où se
concertaient les mouvemons mo-
narchiques de l'intérieur avec ceux
de l'armée de Coudé. Il rentra
dans sa patrie en 1801, et parut,
rn i8o5. sur les côtes de Boulo-
gne avec la mission d'accompa-
gner le prince qui aurait pénétré
en France , si les projets de Pi-
diegru et de Moreau s'étaient réa-
lisés. «Il fui , dit-on, condamné à
«mort, par suite de cette affaire,
«mais sous un faux nom, à l'aide
» duquel se cachaient les parli-
usans de la maison de Bourbon, a
M. iMarguerit ne reparut sur la
scène politique qu'en i8i4» dans
la garde à cheval de Paris qui pré-
PEP
céda l'organisation des gardes-du-
corps. Il suivit le roi ;\ Gand, à l'é-
poque du 30 mars i8i5, et reçut
l'ordre de revenir à Par»^, pour y
assister au comité royal dont fai-
saient partie MM. de Noue, de
Salperwick, de Colbert, de Dien-
ne, etc. Il fit par suite plusieurs
voyages à Gand. Après la seconde
restauration, il reçut des témoi-
gnages de la satisfaction du roi,
dans ces paroles que S. M. lui au-
rait adressées : « iM. de. Marguerit,
»je connais les services que vous
«m'avez readns; je ne les oublie-
»rai point. » Il a travaillé an Mer-
cure de France, lorsque cette feuil-
le comptait pour rédacteurs MM.
de Chateaubriand, de Fontanes
et Micbaud. C'est M. de Margue-
rit qui a fait insérer dans la Quo-
tidienne de-i 16 et ai mars 1818,
les deux Lettres contre M. Ben-
jamin Constant. On Connaît du
même écrivain uit assez grand
nombre de brochures sur la caisse
d'épargne de Lafarge.
PEPOLI (le comte Alexandke-
Hercule) naquit, eu 1757 d'une
illustre et ancienne faiwiilede Bo-
logne. Il reçut de la nature un
cœur susceptible de grandes pas-
sions, djnt il ne sut pas toujouis se
défendre. Un amour déréglé pour
la gloire, un goût pr )non(é pourles
choses extraordinaires, mie vanité
excessive, faisaient le fonds de son
caractère. Jeurje encure, il osa pu-
publier ses premiers essais dra-
matiques, sous le titre ambitieux
de Tentativi dell' Italia. Dans un
discours préliminaire, il s'expri-
mait d'une manière inconvenante
sur les auteurs it?<liens qui l'a-
vai«nt devancé dans la môme car-
rière, auctni desquels, si l'on en
PEP
exceptait Maffei, ne lui paraissait
digne d'entrer en comparaison a-
vec le dernier des tragiques fran-
çais. Ce mépris pour son paj's ,
de la part d'un jeune homme é-
chappé à peine à la férule de son
maître, et la prétention cachée
d'avoir fait beaucoup mieux que
les autres, lui attirèrent un grand
nombre d'ennemis , qui jugèrent
SCS ouvrages sévèrement. En ef-
fet, l'on est obligé de convenir
que parmi six volumes de tragé-
dies qu'il a laissées, il serait diflî-
cile d'en désigner une seule dont
l'Italie pût vraiment s'enorgueil-
lir. Aspirant à la gloire d inven-
teur d'un nouveau système dra-
matique , le comte Pepoli , en pu-
bliant son Ladislao, fixa les règles
de ce qu'il appelait genre fisedi-
(0. En examinant les principes
de cette nouvelle poétique, ou
Toit qiiç l'auteur mérite d'être
rangé parmi les cor3qihées du ro-
mantisme; car il y encourage à la
violation de toutes les règles, pour
se jeter dans tous les travers. Il
porta le même c-iprit d'indépen-
dance dans (me traduction qu'il
avait entreprise du Paradis perdu
de Milton, dont le premier livre
parut en 1795: le traducteur n'alla
pas plus loin que le second livre,
qui, de même que le précédent,
fut imprimé à la typographie
PepoUana , fondée à ses Irais à
Venise , et k laquelle on doit
qiu.'lqiies belles éditions. iMais
jdusieurs ouvrages de Pepoli sor-
tirent des presses de liodoni, en-
tre autres un recueil poéti(|ue
intitulé : Planti d' EUcona , in-
fol. , pour honorer la mémoire
de Thérèse Vernier. Les spec-
tacles , les exercices «jyranasti-
PER 463
ques et la poésie , furent les oc-
cupations de toute h\ vie de Pe-
poli. Son hôtel a Venise se trans-
formait presqu'en salle de spec-
tacles, toutes les fois que d'an-
ciennes habitudes condamnaient
au silence les théâtres de la ville,
(l'est alors que le comte Pepoli
avait la satisfaction de voir ses
pièces applaudies, et de s'enten-
dre proclamer le premier poète
tragique de l'Italie. Il *nourut à
Florence en 1796, âgé à peine de
j() ans.
>ERCEVAL (SpENt^ER), hom-
me d'état anglais, naquit à Lon-
dres le 1" novembre 17G2; son
père, Jean, comte d'Egmoht, ba-
ron Lovel et Holland, était placé
à la tête de l'amirauté sous le mi-
nistère de lord Bute, son ami. Il
espérait profiter de sa place, et de
la protection d'amis puissans, pour
faire parvenir ses enfans, dont
Speucer Perceval était le second,
aux premiers postes de l'état. Sa
mort inopinée ue lui permit pas
d'atteindre ce but, où Peix-eval
arriva par ses talens et son dé-
vouement aux intérêts de la cou-
ronne, kes ministres n'eurent pas
un plus 7.élé défenseur, et, minis-
tre lui-même, il tint par sa con-
duite tout ce qu'il avait promis «
ses protecteurs. Il ne fut point nu
homme d'état du premier mérite;
mais il cul des qualités rem iiqua-
bles, et par ses vertus privées il
fit oublier ses principes politiques.
Formé à l'école de Pitt, c'est sur-
tout comme ministre des finances
qu'il a consacré son nom dans les
fastes britanniques. Perceval, de-
venu orphelin dès l'âge de 8 ans,
fit ses études à l'ufiiversilé de
Cambridge, et suivit ensuite li\
464 PER
carrière du barreau. II fut un des
plus grands admirateurs de Pitt,
dont il fixa l'attention par une
brochure qu'il publia lors du pro-
cès de Hastings {voyez ce nom),
et dans laquelle il prouva qu'une
accusation n'est pas interrompue
par la dissolution du parlement
qui l'a admise. La double influen-
ce du ministre et de la famille de
Perceval , le portèrent au parle-
ment,où il représenta le bourg de
Norlbampton. Il ne crut pas de-
voir suivre l'exemple de la plu-
part des nouveaux élvis qui ,
pour se l'aire remarquer, se ran-
gent partni les membres de l'op-
position. Loin d'attaquer les ac-
tes du ministère, il les approuva
avc(; chaleur, et donna un gage
solennel de ses vues politiques
dans l'aflaire de l'insurrection de
la flotte mouillée au Nore, le 2
juin i7i)7. Pitt proposa un bill
contre tout complot tendant à ex-
citer la sédition. Le jeune admi-
rateur du ministre imagina un
moyen ingénieux d'abréger les
délais. Il ouvrit et soutint l'avis
d'accorder au gouvernement un
pouvoir discrétionnaire pour em-
prisonner ou déporter les coupa-
bles, L'aunée suivante, il appuya
l'orlement le bill sur les taxes as-
bises. 11 combattit dans toutes les
occasioiis les membres de l'oppo-
sition , et plus particulièrement
le célèbre Fox. S'il ne; le fit pas
t lujours avec succès, il le fit avec
adresse et talent, et sut se rendre
un auxiliaire nécessaire des mi-
nislrer-. Il parut s'attacher aux
matières des finances, dans les-
quelles il montra des conuaissau-
ces étendues. Elles lui ouvrirent
les portes de la faveur. Conseil de
PER
la couronne, en i8or , il soutint
les procédures contre les clubs, et
on ne doit pas reprocher à son
zèle si la plus grande partie des
accusés furent déclarés non-cou-
pables par le jury. En récompen-
se, il devint en peu de temps sol-
liciteur-général et procureur-gé-
néral. Sous Pitt, il s'était déclaré
pour l'union de l'Irlande ; sous
Addiugton, il soutint avec force
le bill sur les réformes dans la
ujarine, et eut, à cette occasion,
une altercation des plus vives a-
vcc lord Temple, que l'opposi-
tion comptait depuis quelque
temps dans ses rangs. L'un des
partisans outrés de la guerre a-
vec la France, il déclara, en i8o5,
« qu'il ne pouvait y avoir qu'une
opinion sur la nécessité d'arrêter
les progrès alarmans d'un enne-
uii si dangereux. » Il ?'opposa,
en i8o5, comme il l'avait fait pré-
cédemment, à ce qu'on accueillît
avec laveur la pétition que les
catholiques d'Irlande préienlè-
rent au parlement, et il fit avec
succès repousser la motion de Fox
à leur égard. Pitt mourut en 1806;
l'administration changea. Perce-
val cessa d'être procureur-géné-
ral. L'oppositioQ alors lui parut
légitime, et il prit place parmi ses
membres. La mort de Fox, arri-
vée en 1807. fit de nouveau chan-
ger le ministère. P<M'ceval chan-
gea aussi et obtint une place dans
le cabinet; il devint en même
temps chancelier de l'échiquier,
puis, et pri'sque aussitôt, cliauce-
lier du duché do Lancaslre, em-
ploi trè!>-lucratif. D(; jdus eu plus
prononcé contre Téinancipation
des catholiques d'Irlande, il fit
une adresse à ses commettaus de
I
PER
Northampton, qui produisit un
grand effet sur l'esprit des proles-
taus de toute l'Angleterre, d'où
bientôt ne s'élt-va qu'un cri :
«Poilu de papisme!» Sans êlre
premier ministre, puisqu'on ne
considère eoniine tel que celui
qui réunit à l'uince de chancelier
de l'échiquier, lu phice de pre-
mier lord de la trésorerie, et que
Perceval n'eut alors que la pre-
mière de CCS deux dignités, il n'en
était pas moins regardé comme
le chef du ministère, et c'est pen-
dant son administration qu'eut
lieu l'incendie de Copenhague et
l'enlèvement de la flotte danoise.
Il s'efforça de justifier celte mesu-
re aussi atroce qu'illégale, et crut
devoir supposer une collusion en-
tre le roi de Danemark it l'em-
pereur Napoléon. LetiGjuin 1H07,
il prononça un discours où il
montra beaucoup d'habileté et
d'éloquence pour l'aire rejeter la
proposition que faisaient lesaiem-
bres de l'opposition d'une adiesse
au roi afin d'oblenir le change-
ment des ministres. En 1808, il
présenta à la chambre un nou-
veau plan de finances où il offrait
aux propriétaires des trois pour
cent, 3gés au moins de 55 ans,
la faculté de les échanger contre
des annuités Viagères. Dans la
._^ discussion sur la traite des Noirs,
IB: il se prononça avec force contre
B«ce honteux et inhumain trafic. Au
■P mois d'octobre 1809, après la
mort du duc de Portland , il lui
succéda dans la place de premier
lord de la trésorerie. Cette nomi-
nation surprit généralement « par-
ce qu'il ne paraissait pa> avoir une
assez grande existence politique.-)
Se» amis lu soutinreul hubile-
PER
4<J5
ment dans cette circonstance, où
ses concurrens commençaient à
murmurer. Ils insinuèrent qu'il
n'occupait ce poste que jusqu'à
l'arrivée du marquis Wellesley,
ambassadeur en Espagne. Le mar-
quis revint; mais alors l'autorité
de la régence, que la maladie
mentale du roi avait fait établir,
était entourée de beaucoup de
restrictions, l'erceva! sut taire en-
tendre au marquis Wellesley que
ses nombreux partisans le ver-
raient avec peine prendre la di-
rection des affaires publiques tant
que ces restrii lions existeraient.
Le marquis Wellesley n'aperçut
pas le piège que lui tendait son
heureux rival, et il se contenta de
la place de secrétaire d'état des
affaires étrangères. Perceval avait
gagnç la confiance du prince-ré-
gent (aujourd'hui Geouges IV,
voyez ce nom), et lorsque le prin-
ce eut entièrement saisi les rênes
de l'état, Perceval fut confirmé
dans ses fonctions. Le marquis
Wellesley vit alors qu'il était le
jouet de l'ambition du premier
minisire, et en témoigna au prin-
ce tout son mécontentement. En
se démettant de l'emploi de secré-
taire-d'état des affaires étrangères,
il dit à S. A. R. qu'il pouvait
occuper une placi; avec M. Per-
ceval, mais jamais sous lui. « Ce
fut, au rapport de ses biographes,
pendant qu'il était à la têle du
cabinet, qu'eut lieu, en juillet
1809, l'affaire de Walkeren, en-
treprise mal concertée, et qui eut
une issue peu honorable pour les
armes britanniqu(ïs ; elle fil beau-
coupiletorlau ministreanglaisdans
l'esprit des différentes puissaices
de l'Europe, et fut vivement blâ-
3o
^i66
1>E!\
mée, même en Anj^lelerre, quoi-
que par des motifs bien différens.»
Perceval avait pris pour règle ,
dans la direction des affaires pu-
bliques, le .'système que Pilt avait
suivi pendant toute la durée de
son i.idministration ; mais il ne
parvint point à la célébrité de son
illustre prédécesseur, et peut-être
ne doit-il qu'à la catastrophe qui
termina sa vie l'éclat niomenlané
((ui s'est répandu sur son nom.
I.e II mai iSi'i, au moment oi'i
l'erceval allait entrer au parle-
ment, un ancien courtier «le com-
merce de Liveipool, nommé Bel-
lingham, lui tira un coup de pis-
tolet qui, en Palteignant au cœur,
loi laissa à peine le temps de s'é-
crier : «Je suis assas>iiné!» ('e
déplorable événemenl porta l'ef-
froi dans les deux chambres; un
puissant intérêt se répandit sur la
victime, et il n'y eut (ju'une voix
parmi les membres de la repré-
sentation nationale pour stijiplier,
dgns une adresse au prince-ré-
gent , S. A. R. , d'accorder une
pension de 5,ooo livies sterlings
à la veuve et aux douze enfans de
Perceval. On attribua à des mo-
tifs politiques la catastrophe qui
avait terminé la vie du ministre;
mais bientôt l'on sut par les in-
terrogatoires de l'assassin qu'une
cause purement personnelle l'a-
vait porté à lui arracher la vie, et
que sa haine ne venait que de
n'avoir pu obtenir satisfaction des
réclamallons qu'il lui avait adres-
sées. 11 Jéidara en outre qu'il n'a-
vait aucun complice. Le peuple
fut blinde pirtager les regrets des
memb'es des deux chambres, et
il e>^t difficile d'exprimer la joie
qu'il témoigna -à la nouvelle de sa
PEY
mort. Nous terminerons celte no-
tice eu rapportant l'opinion des
biographes dont nous avons déjà
parlé , et qui nous paraît dictée
par une exacte justice. « Perceval
jouissait d'une grande réputation
comme ministre des finances ,
quoiqu'il fût loin de pouvoir ri-
valiser avec Pilt, et qu'on ait eu
i'i lui reprocher quelques-unes des
mesures qu'il a fait adopter. Il se
montra, ainsi qu'on a vu, partisan
de la guerre contre la France, et
adversaire pronoîicé de l'émanci-
pation des catholiques d'Irlande.
On a attribué dans le temps la
première de ces deux opinions,
au désir qu'il avait de plaire à
lord Arden, son second frère, qui
était greffier de ramiraulé, place
dont les produits, nuls en temps
de paix, étaient imujenses en temps
de guerre ; et la seconde à ce que
lord Egmout, son frère aîné, était
propriétaire de 120,000 acres de
terre, confisqués sur les catholi-
ques. » Jj'année même de la mort
de Perceval, on publia en Angle-
terre un Essai biographique sur
M. Perceval : cet ouvrage, qui fut
presque aussitôt traduit en fran-
çais, a été imprimé format in-8*,
Paris, 1812.
PEYKONNKT (comte de), au-
jourd'hui garde-des-sceaux. Son
nom, récemment c<muu, ne se
trouve dans aucune biographie.
IM. Peyronnet était avocat à Bor-
deaux, lorsque la restauration lui
fournit les moyens de se mettre
en évidence. Il s€ montra zélé
pour la cause des Bourbons, et
s'attira ainsi l'attention des roya-
listes. Comme son talent d'avocat
n'était pas de premier ordre, il se
lança dans la carrière de la magis-
POU
traturc , et parvint, sous le mi-
nistère de M. Decazes, à ia place
de président du tribunal de pre-
mière instance de Bordeaux. Il
passa de ces fonctions à celles de
procureur-général près de la cour
royale de Bourges, où il com-
mença à se faire remarquer. Ce
fut lui qui, dans la conspiration
dite du mois d'août, en 1820,
porta la parole à la chaînbre des
pairs comme procureur-général.
Son début dans la capitale, com-
me orateur, ne fut pas très-lieu-
reiix; il s'est relevé à la chambre
des députés, où il a improvisé
l)lusieurs fois avec la facilité d'un
homme qui a l'habitiule de la pa-
role et de la discussion. La plus
refnarquable de ses productions
ministérielles, est la fameuse cir-
cnîaire relative aux élections de
1824, dans laquelle M. de Pey-
ronnet enjoignait à ses agens de
lui dénoncer les officiers de jndi-
cature qui se permettraient de
voter pour d'autres candidats que
ceux du ministère. Comme nous
nous faisons une loi de l'impar-
tialité, nous devons ajouter que
pendant sa présidence du Iribimal
civil de Bordeaux et ses fonctions
de procureur-général , il a inontré
l)eauC()U[» de zèle et d'activité
pour terminer les procès et main-
tenir la justice.
POUCET (le baron François-
René-Cailloiix de), maréchal-de-
camp, commandeur de la légion-
d'honneur , chevalier de Saint-
Louis, est né dans la ci-devant
province de Lftrraine, le 28 juil-
let 1767. Il entra au service en
qmililé de capitaine à la 1" levée
des volontaires de la Meurlhe
(4' bataillon), le 21 août 1791,
POU
467
fiit nOmmé adjudant- général chef
de bataillon sur le champ de ba-
taille au combat de Tribstadt,, le
22 messidor an 2 , et réformé par
suite du travail du convention-
nel Aubry(«oj. ce nom), le i5
messidor an 5. Rappelé au servi-
ce comme chef de bataillon , le 1"
nivôse an 7 , il devint major au
62* régiment d'infanterie de li-
gne, le 11 brumaire an 12, et co-
lonel du 26' régiment d'infante-
rie légère, le 20 ventôse an i3;
il combattit avec disrinction , à
la tête de ce régiment , à la
bataille d'Auslerlitz , à la suite de
laquelle il fut nommé oOTicier, puis
commandant de la légion-d'hon-
neur. Toujours à l'avant - garde,
le 2O' régiment sous les ordres de
M. Pouget,se distingua constam-
ment, et se fit surtout remarquera
la prise de Lubeok ; de la ville
d'EyIau; du château d'Ebersberg;
aux ccunbats de Hoffet de Ronis-
berg. aux batailles d'i'lylau , d'Ié-
na, d'Heilsberg , Landsberg et
d'Rssiing : c'est à cette première
bataille que le colonel Pouget fut
atteint par un boulet qui lui coupa
la moitié du pied fjauche, le 21
mai i8oy, en défendant le village
d'Aspern ; il fut nommé général
de brigade à la suite de cette jour-
née , le ."^i du même mois, et
reçut ime dotation comme am-
|)uté. En déccnd)re suivant, il prit
le commandement du déparlemenl
de la Marne; passa un in?tant au
commandement des Vosges, d'où
il fut appelé eu janvier 1812, pour
aller commander une brigade au
corps d'armée du duc de Reggio ,
qui se formait à Munster. Blessé
le 18 août à la bataille de Pollosk,
dans la Russie Blanche, le gêné-
468
POU
rai Pouget reçut le gouvernement
de la ville et celui de \Vitep?k , où
on le laissa avec 600 hommes. Il
y fut attaqué, le 7 novembre,
par une brigade russe; après s'ê-
tre courageusement défendu , se
voyant tourné sur la rive gauche
de la Dwina , il se retira, en bon
ordre avec sa petite troupe, qui
se composait d'un bataillon de sol-
dats de Berg fort de 4oo Iiomnies,
et de 200 convalescens et soldats
isolés. Toujours par division , à
distance de peloton et défendu par
ses tirailleurs, il fit vingt werstes,
ou quatre lieues de cette manière.
Ce ne fut que près du village de
Faikoswitz que sa troupe ne put
résister à une charge de cavalerie,
où le général Pouget fut sabré et
fait prisonnier, après avoir brûlé
POU
ses" pistolets sur deux dragons de
Riga. L'empereur Alexandre or-
donna que le général Pouget fût
conduit à Saint-Pélersbourgs ( fa-
veur extrêmement rare que lui
mérita sa conduite honorable pen-
dant son gouvernement). Rentré
dans sa patrie au mois d'août «8)4>
il fut nommé chevalier de Saint-
Louis le 20 du même mois ; laissé
en inactivité pendant la première
restauration ,il fut appelé, en avril
181 5, au <;ommaude-ment desBou-
ches-du-Rhône, d'où il fut de nou-
veau rendu à l'inactiim au licencie-
ment de l'armée. Le général Pou-
get se relira à cette époque dans
sa famille, à Nancy, où il jouit de
l'estime de tous ses concitoyens,
et où il est encore présentement
( 1824) eu disponibilité.
FIN DES SLJPPLEME.NS.
■^
u
?^ -J
'■^ -VS-*
. :j^?;^^^\
*é «-;
#
V ^>\
*4 *>